SES Terminale - Livre du Professeur - Ed. 2020 2017088188, 9782017088189


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French Pages 368 Year 2020

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SPÉCIALITÉ

le

SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES

LIVRE DU PROFESSEUR DIRECTEURS D’OUVRAGE Marjorie Galy Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg (67)

Rémi Jeannin Lycée Hector Berlioz, Vincennes (94)

Martin Anota Lycée René Descartes, Champs-sur-Marne (77)

Lycée de Stella, La Réunion (974)

Carole Bernier Lycée Jacques Monod, Clamart (92) Julien Borrelly Lycée Maximilien Perret, Alfortville (94) Jennifer Caux Lycée Paul Robert, Les Lilas (93) Clément Chanteloup Lycée Léonard de Vinci, Tremblay-en-France (93) Louise Chapel Lycée du Pays de Soule, Chéraute (64) 

Murielle Germanaz

Kevin Hédé Lycée Émile Zola, Rennes (35) Cédric Hounsou Lycée Rémi Belleau, Nogent-le-Rotrou (28) Erwan Le Nader Lycée français international de Bangkok (Thaïlande) Claire Oppenchaim Lycée Guy de Maupassant, Colombes (92)

AVERTISSEMENT Vous venez de télécharger gratuitement le Livre du professeur du manuel SES Tle - édition 2020. Nous vous rappelons qu’il est destiné à un usage strictement personnel. Il ne peut être ni reproduit ni mutualisé sur aucun site (site d’établissement, site enseignant, blog ou site de peer to peer), même à titre gracieux. Deux raisons principales : • Éviter de rendre le fichier accessible aux élèves dans les moteurs de recherche. • Respecter pleinement le droit d’auteurs : en effet, l’ensemble des guides pédagogiques et livres du professeur mis à votre disposition sont des œuvres de l’esprit protégées par le droit de la propriété littéraire et artistique. Nous vous rappelons que selon les articles L 331-1 et L 335-4 du Code de la propriété intellectuelle, toute exploitation non autorisée de ces œuvres constitue un délit de contrefaçon passible de sanctions de natures pénale et civile, soit trois ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende.

Couverture : Guylaine Moi Mise en page : Anne-Danielle Naname, Laurine Caucat Édition : Pascale Beauvois

www.Hachette-education.com © Hachette Livre 2020 58, rue Jean Bleuzen, 92178 Vanves Cedex ISBN : 978-2-01-708818-9 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L. 122-4 et L. 122‑5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations » dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ». Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie (20, rue des GrandsAugustins – 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

900 g éq. CO2

Sommaire Programme de l’épreuve écrite Mode d’emploi du Q-Sort

4 5

CH

CH

CH

CH

CH

I SCIENCE ÉCONOMIQUE AP

1

AP

2

AP

3

AP

4

AP

5

Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

7

Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ?

40

Comment lutter contre le chômage ?

72

Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

96

Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

128

CH

CH

CH

CH

CH

II SOCIOLOGIE ET SCIENCE POLITIQUE AP

6

AP

7

AP

8

AP

9

Comment est structurée la société française actuelle ?

155

Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ?

185

Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ?

205

Quelles mutations du travail et de l’emploi ?

228

AP

10 Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ?

254

CH

CH

III REGARDS CROISÉS AP

11

Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ?

278

AP

12 Quelle action publique pour l’environnement ?

Corrigés des Sujets Bac Tous les sujets Bac du manuel par type d’épreuves

313 351 360

Programme de l’épreuve écrite

4

heures

L’épreuve porte sur une partie du programme de l’enseignement de spécialité sciences économiques et sociales de la classe de terminale (cf. arrêté du 17 juillet 2019 paru au BOEN spécial n° 8 du 25 juillet 2019). Les questions évaluables dans le cadre de l’épreuve d’enseignement de spécialité de terminale sont définies selon une périodicité alternant années paires* et années impaires*. Les notions rencontrées en classe de première (cf. arrêté du 17 janvier 2019 paru au BOEN spécial n° 1 du 22 janvier 2019) mais non approfondies en classe de terminale, doivent être connues et mobilisables. Elles ne peuvent cependant pas constituer un ressort essentiel du sujet. Chapitres permanents

Science économique

Sociologie et science politique

Regards croisés

Chapitres années impaires*

Chapitres années paires*

Chapitre 1 : Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ? Chapitre 2 : Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ?

Chapitre 3 : Comment lutter contre le chômage ?

Chapitre 4 : Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? Chapitre 5 : Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

Chapitre 6 : Comment est structurée la société française actuelle ? Chapitre 10 : Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ?

Chapitre 7 : Quelle est l’action de l’École sur les destins individuels et sur l’évolution de la société ? Chapitre 8 : Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ?

Chapitre 9 : Quelles sont les mutations du travail et de l’emploi ?

Chapitre 12 : Quelle action publique pour l’environnement ?

Chapitre 11 : Quelles inégalités sont compatibles avec les différentes conceptions de la justice sociale ?

Source : Bulletin officiel spécial n° 2 du 13 février 2020. https://www.education.gouv.fr/bo/20/Special2/MENE2001800N.htm * année de la session du bac, par exemple pour l’année scolaire 2020/2021, la session du baccalauréat se déroule en mars 2021, donc année impaire.

4

Mode d’emploi du Q-Sort OBJECTIFS DU Q-SORT Le Q-Sort est une technique d’animation de groupe qui permet de collecter les représentations des individus puis, en les agrégeant, de susciter des échanges argumentés sur un sujet à venir. Le Q-sort n’est donc pas un exercice évaluant les prérequis ni un exercice vrai/faux. Les propositions du Q-Sort (items) sont, et c’est volontaire, souvent des phrases ambiguës, clivantes ou provocantes. Il s’agit d’amener les participants d’un groupe à « prendre position » afin de défricher une thématique, de faire émerger les représentations individuelles et de susciter l’intérêt, de mettre en action intellectuelle les participants d’un stage ou d’un cours. Finalement, les neuf items ne sont qu’un prétexte pour mobiliser l’attention des élèves, attiser leur curiosité et faire émerger leurs représentations (incomplètes, erronées ou fondées) sur un chapitre à venir. Grâce au module Hachette en ligne, l’enseignant pourra très rapidement, en classe, projeter une synthèse des réponses des groupes, repérer les items clivants et les items consensuels, et ainsi démarrer son cours en s’appuyant sur les représentations de la classe, qu’il aura ainsi pu faire énoncer et discuter par les élèves.

À l’issue de cette phase d’échanges argumentés, l’enseignant peut demander aux élèves, en groupes ou seul, de formuler quelques propositions/questions qui résument les interprétations divergentes de la classe  ; cela revient peu ou prou à faire problématiser les élèves. L’enseignant peut aussi proposer une ou deux problématiques qui seront les fils conducteurs du chapitre.

MARCHE À SUIVRE Remarque : Par défaut, ce sont les items du Q-Sort du manuel qui sont proposés en ligne, mais l’enseignant peut les modifier à sa guise ! ■ Avant le cours, sur le site collection, l’enseignant

imprime autant de grilles vierges de réponses au Q-Sort qu’il y aura de groupes. ■ En début de séance, l’enseignant demande aux élèves,

par proximité, de former des groupes de 3 à 6 élèves selon la configuration de la classe et les préférences de l’enseignant. On peut aller jusqu’à 20 groupes. ■ L’enseignant invite chaque groupe à compléter, par

Après que les groupes ont complété la grille de réponses, l’enseignant choisit deux ou trois items sur lesquels il demande aux élèves de tel groupe de justifier, en l’explicitant, leur accord face aux membres d’un autre groupe qui, sur le même item, étaient en désaccord avec ceux du premier groupe. L’enseignant peut laisser les élèves prendre la parole, ou nommer tel groupe ou tel élève pour qu’il explicite.

consensus, la grille du Q-Sort. Dans chaque case est écrit le numéro de l’item avec lequel le groupe est « tout à fait d’accord », « plutôt d’accord », « sans opinion », « plutôt pas d’accord », « pas du tout d’accord » (compter 10 minutes).

La forme du tableau de collecte des réponses des groupes est construit afin d’obliger les élèves à hiérarchiser les neuf items : celui avec lequel ils sont le plus en accord, celui avec lequel ils sont le plus en désaccord, et les autres items qui sont moins clivants.

■ Il collecte les grilles de réponses des groupes et com-

Important : Petit à petit émergent des points de clivage qui polarisent les échanges entre élèves. Il est important que l’enseignant ne participe pas à ces échanges, il n’intervient que pour réguler/relancer les échanges. L’enseignant (ou des élèves désignés) prend des notes sur les différents arguments échangés. L’enseignant propose aussi à la classe de s’interroger sur un ou deux items « neutres », ceux pour lesquels une majorité d’élèves est « sans opinion ». Il s’agit souvent de propositions qui font peu ou pas sens pour les élèves. L’enseignant demande alors aux élèves d’expliciter à la classe pourquoi le groupe n’a pas réussi à trancher sur l’item.

■ Après s’être connecté à l’interface Q-Sort en ligne,

l’enseignant crée le nombre de groupes en renseignant pour chacun les prénoms des élèves. plète leurs réponses dans l’interface informatique. Il peut aussi le faire faire tour à tour par les élèves dès qu’ils ont terminé. Pendant ce temps, l’enseignant peut circuler dans la salle. ■ Une fois tous les résultats des groupes saisis, l’en-

seignant vidéoprojette les graphiques de synthèse des réponses de la classe. ■ L’enseignant peut alors inviter les élèves de tel groupe

à formuler leur avis, et demander à un autre groupe de justifier leur avis opposé sur tel ou tel item. À l’issue de cette prise de représentations, l’enseignant doit s’assurer que les grands axes des échanges d’arguments apparaissent dans le cahier des élèves (soit prise en notes par les élèves, soit distribution, le cours d’après, d’une petite synthèse écrite des échanges). Cela sera le point de départ du cours, dont les apports permettront aux élèves d’enrichir leurs représentations et de répondre aux questions qu’ils se sont posées pendant le Q-Sort.

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1

Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ? ANALYSE DU PROGRAMME p. 16 Ce premier chapitre d’économie de Terminale permet d’aborder la question de la croissance économique sous l’angle de ses sources et des défis auxquels elle est confrontée. Il reprend donc les éléments habituels du chapitre sur la croissance des programmes antérieurs. Il introduit cependant une nouvelle thématique bienvenue, celle des effets contrastés de la croissance sur les inégalités. Ce chapitre est d’abord l’occasion de réfléchir aux origines de la croissance économique, grâce à l’accumulation des facteurs de production, mais aussi grâce à l’accroissement de la productivité globale des facteurs. C’est l’occasion de découvrir le rôle des innovations et du progrès technique, comme éléments centraux de la croissance endogène. L’innovation et, plus largement, la croissance économique nécessitent toutefois que les pays aient des institutions fiables. Celles-ci jouent, en effet, un rôle central dans l’incitation à investir et innover. Mais la croissance économique doit faire face à différents défis, puisqu’elle repose en partie sur le progrès technique, créateur d’activités nouvelles mais aussi destructeur d’activités anciennes. C’est ce que permet de montrer l’étude du processus de destruction-créatrice mis en évidence par J. A. Schumpeter. Le progrès technique peut aussi être à l’origine d’une augmentation des inégalités, en particulier les inégalités de revenus. Enfin, la croissance économique soutenable bute sur des limites écologiques de la croissance économique, qui peuvent parfois être repoussées par le progrès technique.

ORGANISATION DU CHAPITRE Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.

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Les origines de la croissance économique

– Dossier 1 « Quelles sont les sources de la croissance économique ? », sur le poids des facteurs travail et capital dans la croissance économique, mais aussi sur le rôle de la productivité globale des facteurs ; – Dossier 2 « Comment l’innovation favorise-t-elle la croissance ? », sur les innovations et le progrès technique comme facteur essentiel de la croissance endogène ; – Dossier 3 « Quel est le rôle des institutions dans la croissance économique ? », sur la nécessité d’avoir des institutions qui favorisent l’incitation à investir et à innover, en particulier en établissant des droits de propriété. Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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B

Les effets de la croissance économique et du progrès technique

– Dossier 4 « Le progrès technique : créateur ou destructeur ? », sur le processus de « destruction-créatrice » mis en évidence par Schumpeter ; – Dossier 5 « Comment le progrès technique engendre-t-il des inégalités de revenus ? », sur les effets biaisés du progrès technique selon le degré de qualification, ce qui a pour effet d’accroître les inégalités de revenus ; – Dossier 6 « La croissance peut-elle être respectueuse de l’environnement ? », sur les limites écologiques (notamment l’épuisement des ressources naturelles et la pollution) de la croissance soutenable et sur les effets possibles des innovations pour repousser ces limites. Deux activités permettent d’approfondir, à la fin du chapitre, certains objectifs d’apprentissage : – Activité 1 « Vers une stagnation séculaire », invite les élèves à réaliser un schéma sur les risques de stagnation séculaire dans les pays développés, en s’appuyant sur l’exemple de l’économie américaine. – Activité 2 « Faut-il favoriser le développement des voitures électriques ? », pour s’entraîner à rédiger des paragraphes AEI, en lien avec le dossier 6 sur les limites écologiques de la croissance économique, en vue de s’entraîner aux épreuves du bac. En fin de chapitre, des pages « Objectif bac » permettent de se préparer aux épreuves écrites et orales. – Objectif bac – Épreuve composée, pour se préparer aux trois parties de cette épreuve, avec un guidage méthodologique (« Affirmer / Expliciter / Illustrer ») sur la question de mobilisation des connaissances et l’étude d’un document, accompagnées de leur corrigé ; – Objectif bac – Dissertation, pour s’entraîner sur un sujet de dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire, avec un guidage méthodologique sur les étapes 1 et 2 (analyser le sujet et organiser ses connaissances) ; – Objectif bac – Préparer le Grand oral, pour repérer des sujets possibles sur ce chapitre, apprendre à les formuler, anticiper les questions du jury, et mettre en œuvre les méthodes sur un sujet guidé : « Croissance soutenable ou croissance zéro ? » Les rubriques habituelles complètent le chapitre pour donner aux élèves des outils de récapitulation et d’approfondissement des connaissances (Synthèse + schémas L’essentiel + sélection de vidéos), d’autoévaluation (Testez vos connaissances !) et de mobilisation des savoir-faire quantitatifs (Utilisez les statistiques).

OUVERTURE DU CHAPITRE p. 16-17 Dans le manuel, trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre : – Découvrir par la vidéo montre comment les terres rares sont devenues indispensables aujourd’hui dans l’industrie des produits de haute technologie, et donc pour la croissance économique, mais que leur exploitation, très largement dominée par la Chine, est extrêmement polluante. – Découvrir par l’image vise à s’interroger sur les défis de la croissance aujourd’hui : poursuivre le modèle de croissance productiviste actuel ou en changer pour protéger l’environnement ? – Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un questionnaire sur leurs représentations et d’avoir une vision d’ensemble des représentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont être traités dans le chapitre. L’interface Q-Sort en ligne sur le site collection permet de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe. 8 • I – Science économique

Proposition complémentaire : Découvrir en chanson « Respire » de Mickey 3D (2003) Clip vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=Iwb6u1Jo1Mc Cette chanson du groupe de rock français Mickey 3D permet d’insister sur le rôle des hommes et des activités humaines dans la destruction de la nature. On peut, par exemple, interroger les élèves sur les évolutions décrites par cette chanson.

A

Les origines de la croissance économique

DOSSIER  1 Quelles sont les sources de la croissance économique ? p. 18-19

DO

Cette séquence aborde les origines de la croissance économique sous l’angle de l’accumulation des facteurs de production (travail et capital) et de l’amélioration de la productivité globale des facteurs (PGF). Une grande partie de la croissance économique vient effectivement des gains de productivité. C

1

POUR COMMENCER Comment se mesure la croissance économique ? p. 18 Cette vidéo de la Cité de l’économie permet de réactiver les connaissances de 2de sur l’indicateur du PIB et sur ses limites. Elle permet également de préciser comment se mesure la croissance économique d’un pays et de rappeler que le PIB est un indicateur purement quantitatif qui ne mesure pas le bien-être de la population. Il est possible, en lien avec la question 5, de faire un rappel sur la distinction entre données en valeur ou en volume étudiée en classe de 1re pour, ici, mesurer le PIB réel. 1. La valeur ajoutée correspond aux richesses créées par une organisation productive pour une période donnée. Elle se calcule ainsi : valeur ajoutée = valeur de la production – valeur des consommations intermédiaires. 2. PIB = somme des valeurs ajoutées = somme des rémunérations versées = somme des dépenses effectuées. Le PIB se calcule précisément de la façon suivante : somme des valeurs ajoutées + impôts sur les produits (TVA et droits de douane notamment) – subventions sur les produits. 3. Le PIB peut augmenter parce qu’on a créé plus de richesses dans un pays une année donnée, ou parce que les prix des biens et des services ont augmenté (ou les deux à la fois). 4. Le PIB n’intègre pas le travail domestique et ne prend pas en compte l’utilité sociale des biens et services créés (soigner, éduquer...). 5. La croissance économique correspond à l’augmentation soutenue de la production de biens et services dans un pays pour une année donnée. Elle se mesure grâce au taux de variation du PIB en volume (c’est-à-dire du PIB en valeur déflaté par un indice des prix).

Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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DO

C

2

Quels sont les facteurs de la croissance ? p. 18 Le texte d’Antonin Bergeaud, Gilbert Cette et Rémy Lecat est accompagné d’un schéma pour permettre aux élèves de comprendre qu’il existe plusieurs facteurs de croissance économique. La croissance peut venir d’une augmentation des facteurs travail et capital (la notion de croissance extensive peut alors être introduite) et des gains de productivité dus à l’amélioration de l’efficacité de ces facteurs (la notion de croissance intensive peut également être expliquée ici). Il est question dans ce texte du « résidu » qui fait référence aux travaux de Solow. 1. Les facteurs de production correspondent à l’ensemble des éléments combinés par l’entreprise qui permettent de produire des biens et des services. Ils se composent du facteur travail (la main-d’œuvre) et du facteur capital (biens de production durables). 2. Si on augmente les facteurs de production (travail et/ou capital), les quantités produites vont augmenter. Par exemple, une entreprise fait un investissement de capacité (achat d’une nouvelle usine) : elle va augmenter les quantités produites. Il y aura donc croissance économique. 3. Le résidu est la partie de la croissance économique qui n’est pas expliquée par l’augmentation des facteurs travail et capital. La production peut augmenter plus rapidement que l’augmentation des facteurs de production. C’est l’écart entre la hausse de la production et la contribution des facteurs de production supplémentaires (travail et capital) qui est appelé « résidu » par les économistes. 4. Le « résidu » est la partie de la croissance économique qui vient d’une plus grande efficacité de la combinaison des facteurs de production, c’est-à-dire d’une amélioration de la productivité globale des facteurs. Le progrès technique incorporé dans le capital, la formation des salariés, une meilleure organisation du travail sont sources d’efficacité pour les entreprises, qui vont ainsi pouvoir augmenter les quantités produites. Remarques : - On peut rappeler ici aux élèves que les rendements d’échelle peuvent être croissants, constants ou décroissants selon que la production augmente plus vite que les facteurs de production, dans les mêmes proportions ou moins vite. - On peut rappeler également que la productivité globale des facteurs (PGF) permet de mesurer l’efficacité générale de la combinaison des facteurs de production dans l’économie. - On peut faire référence à Robert Solow qui parle du « résidu » comme la partie non expliquée de la croissance, c’est-à-dire la partie de la croissance qui ne vient pas de l’augmentation des facteurs travail et capital. La croissance s’explique alors par le progrès technique, considéré comme exogène.

DO

Pour aller plus loin Les sources de la croissance selon Philippe Aghion (professeur d’économie au Collège de France) Vidéo (2 min 54 s) : https://www.youtube.com/watch?v=gJ2fvp7JLvw C

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Croissance et population : quels liens ? p. 19 Ce graphique chronologique montre l’évolution du PIB réel ainsi que celle de la population en France et aux États-Unis, entre 1820 et 2018. Ces évolutions sont mesurées en indice base 100, ce qui permet de faire un rappel sur l’utilisation de cet outil statistique avec les élèves. Le graphique a pour objectif de montrer que le PIB en volume augmente beaucoup plus vite que la population dans chacun des pays sur longue période. Le but est donc que les élèves en déduisent qu’il y a d’autres explications à la croissance économique que la hausse de la population, et donc de la main-d’œuvre.

10 • I – Science économique

1. En France, entre 1820 et 2018, l’indice du PIB en volume est passé de 100 à 4 261, soit une multiplication par plus de 42. En France, entre 1820 et 2018, l’indice de la population est passé de 100 à 214, soit une multiplication par un peu plus de 2. 2. Aux États-Unis, entre 1820 et 2018, le PIB en volume a été multiplié par 829 alors que la population a été multipliée par presque 33 (32,53). En France, entre 1820 et 2018, le PIB en volume a été multiplié par presque 43 (42,61) alors que la population a été multipliée par plus de 2 seulement (2,14). 3. Dans ces deux pays, le PIB par habitant augmente fortement depuis 1820. En effet, le PIB en volume augmente beaucoup plus rapidement que la population. Aux États-Unis, le PIB en volume a augmenté 25 fois plus vite que la population sur la période, et en France il a augmenté 20 fois plus vite. Entre 1820 et 2018, le PIB par habitant a donc été multiplié par 25 aux États-Unis et par 20 en France. 4. Si le PIB en volume augmente plus vite que le nombre d’habitants, c’est qu’il y a d’autres explications à la croissance économique que la seule hausse du nombre de travailleurs. La croissance économique s’explique aussi grâce au facteur capital mais surtout grâce au progrès technique et aux gains de productivité qui en résultent.

4

EXERCICE Mesurer les sources de la croissance p. 19 Cet exercice a pour objectif de faire calculer aux élèves les contributions (en points de %) à la croissance économique mesurée, elle, grâce au taux de variation de PIB (en %). La somme des contributions est égale au % de variation du PIB. Il est ensuite possible de calculer le poids de chaque facteur (question 4) afin de mettre en évidence celui qui explique le plus la croissance économique selon le pays étudié. 1. En France, en 2017, selon l’OCDE, le PIB a augmenté de 2,2 % par rapport à l’année précédente. Ce chiffre correspond à la somme des contributions des différents facteurs : 0,6 + 0,7 + 0,9 = 2,2. 2. En France, en 2017, le PIB a augmenté de 2,2 % ; cette hausse du PIB s’explique grâce à la contribution du facteur travail à hauteur de 0,6 point de %, à la contribution du facteur capital à hauteur de 0,7 point de % et à la contribution de la PGF à hauteur de 0,9 point de %. 3. Nouvelle-Zélande : -1,5 point de % États-Unis : 0,7 point de % Allemagne : 0,8 point de % Corée du Sud : 2,4 points de % 4. 0,7/2,2 = 0,318 = 31,8/100 = 31,8 % La PGF explique 31,8 % de la croissance économique des États-Unis en 2017. 5. On remarque qu’en Nouvelle-Zélande, par exemple, le facteur travail est essentiel dans la croissance économique puisqu’il explique 3,2 points de la croissance du PIB, alors que la croissance n’est que de 2,5 % en 2017. C’est le cas aussi en Allemagne, où le facteur travail explique 43 % de la hausse du PIB. Pour un pays comme la Corée du Sud, par contre, ce sont le facteur capital et surtout la PGF qui expliquent l’essentiel de la hausse du PIB (ils contribuent respectivement pour 43 % et pour 80 % de cette hausse). En France également, la PGF explique une part importante de la croissance économique en 2017 (41 % de la hausse du PIB s’expliquent par la PGF). Enfin, on remarque qu’aux États-Unis, les trois facteurs contribuent de façon équilibrée à la croissance économique (respectivement 36 %, 32 % et 32 %).

Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

• 11

S’ENTRAÎNER

p. 19

1 Autoévaluation Il existe deux facteurs de production essentiels à la croissance économique : le facteur travail qui dépend de la population active occupée et de la durée du travail, et le facteur capital qui se cumule grâce à l’investissement. L’augmentation de ces deux facteurs va permettre d’augmenter les quantités produites, et donc elle crée de la croissance. Il existe, toutefois, une partie de la croissance qui ne s’explique pas par l’augmentation de ces deux facteurs de production, mais par une amélioration de leur efficacité. Ce gain d’efficacité est mesuré par la productivité globale des facteurs. Plus la combinaison des facteurs de production est efficace et plus les entreprises vont pouvoir augmenter les quantités produites, ce qui est synonyme de croissance économique.

2 Mobiliser ses connaissances La productivité globale des facteurs (PGF) permet de mesurer l’efficacité générale des facteurs de production et de leur combinaison. Elle permet d’expliquer la capacité de l’économie à croître, indépendamment de l’augmentation des stocks de facteurs de production (travail et capital) utilisés dans l’économie. Par exemple, une usine de fabrication de stylos a remplacé ses anciennes machines par de nouvelles, plus modernes, mais a également engagé des dépenses pour former les travailleurs à ces machines. Au final, le nombre de stylos produits et la valeur ajoutée produite ont augmenté, mais bien plus que les sommes engagées dans cette modernisation de la production. La PGF a donc augmenté. Mais il est impossible de savoir exactement quelle part vient des nouvelles machines et des salariés mieux formés, car c’est bien la combinaison productive de ces machines et de ces travailleurs qui est plus efficace, et non chacun de ces facteurs de production pris isolément.

DOSSIER  2 Comment l’innovation favorise-t-elle la croissance ? p. 20-21

DO

Cette séquence aborde la question des innovations et du progrès technique comme sources essentielles de la croissance économique. Après avoir distingué inventions et innovations, ainsi que les différentes formes d’innovation (documents 1 et 2), le lien est fait avec la croissance économique, en insistant tout particulièrement sur la croissance endogène (document 4) qui est une croissance autoentretenue grâce au cumul des différents capitaux (physique, humain, technologique et public) qui crée des externalités positives. C

1

POUR COMMENCER Qu’est-ce que l’innovation ? p. 20 Cette vidéo permet d’introduire le dossier par la distinction entre innovation de produit et innovation de procédé, ainsi qu’entre innovation majeure ou radicale et innovation mineure ou incrémentale. 1. Les innovations qui changent le « quoi » sont des innovations de produits. Celles qui changent le « comment » sont des innovations de procédés. 2. Innovations de produit : le smartphone, le réfrigérateur, le jeans, l’automobile. Innovations de procédé : la mécanisation ou robotisation, l’impression en 3D, la pasteurisation du lait en le chauffant à haute température, les engrais dans l’agriculture.

12 • I – Science économique

3. Parmi les innovations non technologiques, on trouve des innovations organisationnelles comme, par exemple, l’ubérisation ou plateformisation des tâches (livraison de repas à domicile, transport de particuliers, etc.) ou le « crowdsourcing » qui correspond à une forme d’externalisation des tâches, voire de collaboration possible avec des individus à l’extérieur de l’entreprise (grâce aux plateformes de micro-travail). On trouve aussi des innovations de commercialisation comme le streaming de musique en ligne (Deezer, Spotify), de films et de séries en ligne (Netflix, Amazon Prime Video, Apple TV+), la vente à domicile (Tupperware, Thermomix), le supermarché. 4. Une innovation radicale correspond à une innovation de produit ou de procédé pour mettre au point quelque chose de totalement nouveau, qui n’a jamais existé auparavant (exemples : le premier avion, le premier ordinateur, le premier vaccin, etc.). Une invention incrémentale correspond à des petites améliorations de produits ou processus déjà existants. Ce sont souvent des innovations mineures (exemples : du téléphone portable au smartphone, de la voiture à la voiture électrique).

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EXERCICE

De l’invention au progrès technique

p. 20 Cet exercice vise à distinguer les découvertes, les inventions, les innovations et le progrès technique. Il permet également de découvrir les différentes formes d’innovation distinguées par le Manuel d’Oslo de l’OCDE : innovations de produit, de procédé, organisationnelle, de commercialisation, et de les illustrer grâce à des exemples. 1. a) La machine à vapeur (1769) = innovation. La machine conçue par James Watt en 1769 a ensuite été commercialisée par son inventeur. b) Marquage des jeans Levi Strauss (1886) = innovation. Le premier blue-jeans a été commercialisé en 1873 par Levi Strauss, qui décide en 1886 d’apposer une étiquette de cuir au dos du pantalon portant le logo des deux chevaux pour distinguer son jeans de celui de la concurrence, créant ainsi le premier vêtement de marque. c) Le travail à la chaîne dans les usines Ford (1913) = innovation. Cette innovation est introduite par Henry Ford dans les usines Ford à Détroit en 1913, après l’avoir vue à l’œuvre dans les abattoirs de Chicago où les carcasses de viande se déplaçaient portées par des crochets et passaient ainsi de travailleur en travailleur. d) La pénicilline, premier antibiotique (1928) = découverte. Découverte par Alexander Fleming en 1928, c’est une substance issue d’un champignon, le penicillum, qui joue un rôle antibactérien ; mais ce n’est qu’en 1940 qu’Howard Florey et Ernst Chain arrivent à produire une poudre de pénicilline, qui guérira de nombreux blessés pendant la Seconde Guerre mondiale et sera produite par l’américain Pfizer. e) L’ADN (1953) = découverte. Dans un article d’une page publié dans la revue Nature le 25 avril 1953, James Watson et Francis Crick établissent la structure en double hélice de l’ADN, dont les utilisations apparaîtront bien plus tard. f) La machine de Turing, modélisation de l’ordinateur (1936) = invention. Contrairement à ce que laisse penser son nom, la « machine de Turing » n’est qu’un modèle mathématique, une sorte de ruban infini de caractères binaires, 0 et 1 ; le premier véritable ordinateur est l’ENIAC ou Electronic Numerical Integrator And Computer, conçu aux États-Unis en 1943 pour faire des calculs d’artillerie. g) Premier robot industriel (1961) = innovation. L’Unimate a été commercialisé à partir de 1961 par la société américaine Unimation, et utilisé dès 1961 par le constructeur automobile General Motors. h) Commercialisation de la première pomme de terre OGM (1994) = innovation. En 1994, mise en vente au Canada de la première pomme de terre issue du génie génétique, résistante au doryphore de la pomme de terre. C’est l’un des premiers OGM commercialisés au grand public. i) Le Macintosh d’Apple (1984) = innovation. Lancé en 1984 sur la base du Lisa (1983), c’est le premier micro-ordinateur avec une interface utilisateur simple (bureau, fenêtres, corbeille, souris). Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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j) Lancement de l’application Uber = innovation. Lancée en 2010, cette application permet d’accéder à une plateforme qui sert d’intermédiaire entre les chauffeurs et les clients. 2. a) La machine à vapeur = innovation technologique de procédé. b) Marquage des jeans Levi Strauss = innovation non technologique de commercialisation. c) Le travail à la chaîne dans les usines Ford = innovation non technologique organisationnelle (non technologique car ne nécessite pas de dépenses en recherche et développement). g) Premier robot industriel = innovation technologique de procédé. h) Commercialisation de la première pomme de terre OGM = innovation technologique de produit. i) Le Macintosh d’Apple = innovation technologique de produit. j) Lancement de l’application Uber = innovation non technologique de commercialisation, mais qui s’appuie sur des innovations technologiques de procédé (algorithmes complexes pour générer un appariement entre chauffeurs et clients, géolocalisation).

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3. La machine à vapeur, l’électricité, la chaîne de montage, la robotisation, les machines à commande numérique, le smartphone, l’intelligence artificielle, etc., sont des exemples d’innovations qui améliorent la productivité. C

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La productivité globale des facteurs aux États-Unis p. 21 Ce graphique permet de calculer le poids des différents facteurs explicatifs des gains de productivité aux États-Unis. Comme pour l’exercice 4 page 19 (dossier 1), la contribution est en points de % et la somme des différentes contributions donne le taux de croissance annuel moyen de la PGF (en %). Cela permet de comprendre que l’amélioration de la PGF vient à la fois d’innovations majeures, l’électricité et les TIC, mais aussi de l’amélioration du capital humain (éducation) et du rajeunissement du capital (investissement). 1. Aux États-Unis, entre 1975 et 1995, la productivité globale des facteurs a progressé de 1,1 % en moyenne par an. Cette hausse provient de la contribution de l’éducation pour environ 0,25 point de %, de la contribution des innovations liées à l’électricité pour environ 0,15 point de %, de la contribution des innovations liées aux TIC pour environ 0,25 point de % et de la contribution d’un résidu inexpliqué par les facteurs précédents pour 0,45 point de %. 2. À long terme, la croissance de la PGF décroît. En effet, elle a augmenté de 2,4 % par an en moyenne pendant la période 1913-1950, mais elle n’a progressé plus que de 0,45 % par an en moyenne sur la période 2005-2010. Cependant, un sursaut est survenu entre 1995 et 2005, puisque la PGF augmentait alors de 1,6 % en moyenne par an. N. B. : - Ce ralentissement séculaire de la hausse de la PGF est un des faits mis en avant par les économistes qui identifient l’arrivée d’une « stagnation séculaire », notamment Robert Gordon (voir Activité 1 page 30). - Le rebond des années 1995-2005 coïncide avec la diffusion des TIC aux États-Unis et un contexte de forte concurrence qui pousse à l’innovation, suivi d’une très forte concentration dans le secteur du numérique (les GAFAM), qui a pu ensuite désinciter à l’innovation. 3. Une meilleure éducation et un capital rajeuni sont le signe d’une meilleure qualité des facteurs de production (travail et capital). Cette meilleure qualité des facteurs permet une plus grande efficacité de la production. En effet, des salariés mieux formés sont plus productifs, et des machines plus récentes intègrent les nouvelles technologies, tombent moins en panne. Surtout, la combinaison de travailleurs mieux formés et de machines plus récentes permet d’accroître l’efficacité de la production, et donc la productivité globale.

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4. L’électricité a joué un rôle très important dans l’augmentation de la PGF de 1913 à 1975 aux États-Unis. Ainsi, de 1913 à 1950, l’électricité contribue à hauteur de presque 0,5 point de % à la croissance totale de la PGF, qui était de 2,4 % en moyenne par an, soit à environ 20 % de la croissance de la PGF. Les effets des TIC sont plus faibles. Entre 1995 et 2005 puis entre 2005 et 2010, les TIC contribuent à peine à hauteur de 0,2 point de % à la hausse de la PGF. N. B. : Ce document peut venir en appui des thèses de Robert Gordon (voir Activité 1, Document 2 page 30, vidéo qui peut être utilisée en prolongement de ce document), qui estime que les TIC n’ont pas les mêmes effets que les innovations antérieures, et notamment l’électricité.

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5. La hausse de la productivité globale des facteurs peut s’expliquer par une meilleure qualité des facteurs de production (éducation et âge du capital) et par la diffusion d’innovations majeures (électricité et TIC), mais il reste une partie non expliquée de cette hausse que l’on nomme ici encore résidu. Ce résidu peut être le résultat de la combinaison de ces quatre facteurs, de synergies entre ces innovations et de la meilleure qualité des facteurs, mal prises en compte quand ces facteurs sont isolés. Il peut aussi venir d’autres facteurs, comme la qualité des institutions ou les améliorations de l’organisation du travail. C

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Le progrès technique permet une croissance cumulative p. 21 Cet article de Pierre-Yves Geoffard, professeur à l’École d’économie de Paris (PSE), permet d’expliquer en quoi la croissance est endogène et pourquoi cette croissance est autoentretenue. Il permet d’élargir le concept de capital physique/matériel à d’autres formes, notamment le capital humain (déjà introduit en 2de) et le capital public (les infrastructures). Il peut aussi être l’occasion de réactiver les connaissances de 1re sur la notion d’externalité positive. 1. La croissance ne bute pas sur les quantités de ressources limitées car lorsqu’une ressource devient plus rare, son prix augmente, ce qui incite à mettre en œuvre des innovations pour diminuer l’utilisation de cette ressource ou la remplacer par d’autres. 2. Le progrès technique est endogène car il est créé par le système économique luimême, via les dépenses pour générer des innovations mais aussi pour les reprendre ou les utiliser. La croissance est donc autoentretenue car l’amélioration des connaissances permet aux entreprises d’innover, d’améliorer la productivité et donc d’augmenter la production. Cela permet en retour de dégager des recettes pour les dépenses nécessaires à l’innovation. 3.

• Éducation • Santé

Investissements en : • Recherche et Développement • Infrastructures

Croissance

Innovation Hausse de la productivité

4. Le progrès technique permet une croissance indéfinie car les innovations repoussent les limites matérielles de la croissance, et car chaque innovation profite non seulement à l’innovateur, mais aussi à tous ceux qui peuvent la reprendre et l’utiliser. Les dépenses à l’origine de l’innovation produisent donc des externalités positives Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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sur l’ensemble de l’économie, qui favorisent la croissance qui elle-même fournit des ressources à ces dépenses. S’ENTRAÎNER

p. 21

1 Autoévaluation 1. Faux. Certaines inventions ne trouvent pas d’utilisation à des fins productives (exemple : une grande partie des inventions du fameux Concours Lépine, qui récompense des inventions depuis 1901 à Paris, n’ont pas trouvé d’application). 2. Faux. Voir les données du document 2 de ce dossier : les TIC ont un effet beaucoup plus faible que l’électricité au début du xxe siècle. 3. Vrai. 4. Vrai.

2 Étude d’un document Entre 2005 et 2010, aux États-Unis, la PGF n’a progressé que d’environ 0,4 % en moyenne par an. Cette hausse s’explique essentiellement par la contribution de l’éducation (environ 0,25 point de % de cette hausse), des TIC (environ 0,2 point de %) et du résidu (environ 0,1 point de %). Au contraire, l’âge du capital et, marginalement, l’électricité, contribuent négativement à la hausse de la PGF (-0,15 point de %). Cela signifie que le non-renouvellement du capital ou son obsolescence ont des effets néfastes sur la hausse de la PGF aux États-Unis.

DOSSIER  3 Quel est le rôle des institutions dans la croissance économique ? p. 22-23

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Cette séquence aborde la question centrale des institutions dans la croissance économique, notamment celles permettant de protéger les droits de propriété comme les brevets. C’est l’occasion de faire des rappels de 1re où le marché est abordé comme une institution. La typologie de Dani Rodrik et Arvind Subramanian (document 3) permet d’approfondir ce concept en distinguant les institutions de création, réglementation, stabilisation et légitimation des marchés, institutions favorables à la croissance. C

1

POUR COMMENCER À quoi servent les brevets ? p. 22 Pour commencer la séquence, l’exemple d’un jouet très célèbre, la poupée Barbie, a été privilégié. Le document de gauche reproduit le brevet déposé par Mattel en 1961 aux États-Unis, et la photo de droite montre la variété de ce jouet dans la collection 2019. C’est l’occasion de rappeler ce qu’est un brevet, ce qu’il apporte à son détenteur, et d’introduire la notion « d’incitation à innover et investir ». 1. Les éléments importants sont les dimensions de chaque pièce, leur nombre exact, leur forme, la façon de les assembler… mais aussi la date de dépôt du brevet, le numéro du brevet, le nom du dépositaire du brevet (J. W. Ryan). Ici, le brevet de la poupée Barbie a été déposé au United States Patent Office qui est le bureau américain des brevets. 2. Déposer un brevet permet de protéger une innovation. Cette protection incite à innover puisqu’avec le brevet, l’innovateur est en situation de monopole, ce qui lui assure un surprofit par rapport à la situation de concurrence parfaite. Il est, en effet, le seul à pouvoir produire. Dans le cas de la poupée Barbie, on note que plus de 800

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millions de poupées ont été produites et vendues dans monde depuis le lancement du jouet par Mattel en 1959, ce qui en fait un des jouets les plus rentables de l’histoire. L’entreprise possédant le brevet peut aussi gagner de l’argent en vendant des licences à d’autres entreprises.

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En complément, on pourra informer les élèves d’éléments historiques sur la création de ce jouet, qui montrent que le brevet crée à la fois une incitation à innover mais peut aussi empêcher l’innovation par imitation. En effet, la société Mattel a lancé Barbie en imitant un jouet non breveté aux États-Unis, créé par l’entreprise allemande Hauser en 1955, Bild Lilli. Elliot Handler, cofondateur de Mattel, avait acheté ce jouet en Suisse pour sa fille Barbara qui l’adopta aussitôt, et il donnera son nom à Barbie. Plutôt que d’intenter un procès, l’entreprise Hauser finira par revendre à Mattel les droits de Bild Lilli. C

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Institutions et croissance p. 22 Ce texte de Mankiw et Taylor rappelle ce qu’est un droit de propriété et quelles sont les institutions nécessaires au respect de ce droit. De nouveau, c’est l’occasion de faire des rappels de classe de 1re sur la nécessité pour une économie de mettre en place des institutions pour que le marché joue efficacement son rôle de coordination. 1. Un droit de propriété donne au propriétaire une capacité à « exercer une autorité sur les ressources qu’il possède ». Le propriétaire peut choisir d’utiliser le bien (exemple : occuper son appartement), d’en tirer un revenu (louer son appartement), ou d’en disposer (vendre son appartement). 2. Les institutions juridiques telles que les tribunaux sont essentielles au respect des droits de propriété car elles les garantissent. Ces institutions doivent par ailleurs être non corrompues et fonctionner librement. 3. La corruption désigne le fait, pour une personne investie d’une fonction déterminée (publique ou privée), de solliciter ou d’accepter un don ou un avantage quelconque en vue d’accomplir, ou de s’abstenir d’accomplir, un acte entrant dans le cadre de ses fonctions. 4. La corruption est une entrave aux mécanismes du marché car le droit de propriété n’est alors pas respecté : il peut donc y avoir vol de marchandises à son propriétaire sans que ce dernier ne soit indemnisé, ainsi que l’achat ou la vente de marchandises à un prix sans aucun rapport avec un prix de marché. Avec la corruption, les agents économiques ne savent plus si les règles seront respectées (notamment les droits de propriété), ce qui ne les incite pas à passer des contrats d’échange, et donc rend inefficaces les marchés.

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EXERCICE Les institutions indispensables à la croissance économique p. 23 Cette typologie est reprise des travaux de Dani Rodrik et Arvind Subramanian. Elle présente quatre types d’institutions indispensables à l’activité économique et à la poursuite de la croissance économique. Cela permet d’insister sur le fait que de nombreuses institutions sont nécessaires, pas seulement les brevets. 1. Institutions créatrices de marchés : b) les droits d’auteur ; d) le tribunal de commerce ; f) la monnaie (pas de marché sans monnaie pour déterminer un prix) ; g) un brevet ; i) l’INPI. Institutions de réglementation des marchés : c) l’Autorité de la concurrence. Institutions de stabilisation des marchés : a) la Banque centrale. Institutions de légitimation des marchés : e) la Sécurité sociale ; h) l’impôt sur les bénéfices. Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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2. Le développement du chemin de fer a tout d’abord nécessité de définir les droits de propriété, en particulier pour décider des lieux où allaient passer les voies de chemin de fer (institutions créatrices de marchés). Il a fallu également distribuer des autorisations de construction et d’exploitation du chemin de fer (institutions de réglementation des marchés). Une fois tout le système mis en place, la question de la concurrence se pose également : le chemin de fer repose-t-il sur une organisation monopolistique (monopole naturel), comme en France jusque très récemment, ou bien faut-il introduire de la concurrence, comme les institutions européennes le prévoient (institutions de réglementation des marchés) ? C

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L’évolution des brevets délivrés entre 1997 et 2017 p. 23 Ce graphique chronologique de la World Intellectual Property Organization (WIPO) présente l’évolution du nombre de brevets déposés chaque année selon le niveau de revenu par habitant des pays (RNB par habitant). Ce document a pour objet de montrer une corrélation entre le niveau de richesse du pays et le nombre de brevets déposés. 1. Selon la World Intellectual Property Organization (WIPO), le nombre de brevets délivrés chaque année dans les pays à revenu élevé a été multiplié par un peu plus de 2 entre 1997 et 2017. 2. Le nombre de brevets déposés chaque année dans les pays à revenu élevé est 1,74 fois plus élevé que dans les pays à revenu intermédiaire supérieur, 58 fois plus élevé que dans les pays à revenu intermédiaire inférieur, et 174 fois plus élevé que dans les pays à faible revenu. 3. Plus le pays a des revenus élevés et plus le nombre de brevets délivrés est élevé. Une corrélation met en évidence un lien statistique entre deux variables. Toutes les corrélations ne sont pas des causalités ; c’est le cas seulement quand l’évolution d’une des deux variables est la cause de l’évolution de l’autre. 4. Les pays à revenu élevé et leurs firmes dépensent beaucoup d’argent en recherche et développement mais aussi en éducation. En conséquence, ce sont ces pays qui produisent le plus d’innovations. Ces innovations ont un coût élevé pour les innovateurs, d’où la nécessité de les protéger pour qu’ils puissent en récolter les bénéfices, et éviter d’être imités. S’ENTRAÎNER

p. 23

1 Autoévaluation Les droits de propriété sont fondamentaux pour favoriser la croissance économique. En effet, sans droit de propriété, les entreprises ne sont pas incitées à produire puisqu’elles peuvent se faire « voler » leur production. La contrefaçon, par exemple, est considérée comme une fraude puisque le droit de propriété est utilisé par quelqu’un qui n’y est pas autorisé. De même, un entrepreneur qui innove peut se faire dérober le résultat de ses recherches s’il ne dépose pas un brevet pour protéger son innovation. Pour cela, il faut que les pays disposent d’institutions solides et non corrompues (tribunaux, autorités de la concurrence, banques centrales…) pour inciter à innover et ainsi favoriser l’activité et la croissance économique.

2 Mobiliser ses connaissances Les brevets peuvent favoriser la croissance en créant un contexte institutionnel qui incite à innover. En effet, l’innovateur qui protège son innovation avec un brevet va être le seul à pouvoir l’utiliser dans la production, que ce soit un produit ou un procédé. Dans le premier cas, l’innovateur bénéficie d’un monopole temporaire et peut donc fixer un prix de vente élevé, qui lui permettra de réaliser un profit important 18 • I – Science économique

qui le rémunère pour les dépenses engagées et les risques encourus. Par exemple, au lancement des capsules Nespresso, Nestlé a déposé de très nombreux brevets pour protéger les capsules et les machines afin de dominer sans partage le marché du café expresso. Dans le second cas, l’innovation de procédé permet de produire à un coût plus faible, ce qui permet également à l’innovateur d’être seul à bénéficier de profits élevés. Ces innovations permettent donc à l’innovateur des gains de productivité : elles permettent de produire plus de valeur ajoutée avec moins de facteurs de production. Et ces gains de productivité se diffusent à l’ensemble de l’économie au fur et à mesure que les innovations sont utilisées, puis copiées et imitées, voire dépassées, par d’autres producteurs. Ces gains de productivité sont alors favorables à la croissance de l’ensemble de l’économie.

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Les effets de la croissance économique et du progrès technique

DOSSIER 4 Le progrès technique : créateur ou destructeur ? p. 24-25

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Cette séquence aborde la notion de destruction créatrice développée par Joseph Aloïs Schumpeter. Le document de sensibilisation évoque les effets créateurs et destructeurs d’une innovation qui se développe sur beaucoup de marchés : l’émergence de plateformes, comme Airbnb dans l’hébergement temporaire (document 1). Un extrait de Capitalisme, socialisme et démocratie de Schumpeter permet ensuite d’expliciter le mécanisme de destruction créatrice (document 2). Le document 3 permet, à l’aide de statistiques, d’illustrer ce mécanisme par l’exemple du marché de la musique. Enfin, le dernier document évoque les effets contradictoires du numérique : foisonnement d’innovations, mais performances économiques médiocres (document 4). C

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POUR COMMENCER Quels sont les effets des innovations sur l’activité économique ? p. 24 Le « capitalisme de plateforme » se développe fortement ces dernières années et est à l’origine de bouleversements dans de nombreux secteurs d’activités : transport de personnes, livraison de repas, location de résidences pour les vacances… Cet essor a pour effet de détruire des pans entiers de l’ancienne économie au profit de nouvelles activités ou de nouvelles formes de travail. Cet exemple permet donc d’illustrer le concept de destruction créatrice. 1. Il s’agit ici d’une innovation non technologique de commercialisation. 2. Cette innovation peut détruire des emplois dans le secteur de l’hôtellerie qui est aujourd’hui fortement concurrencé par la plateforme Airbnb. Grâce à la plateforme, particuliers hébergeurs et locataires sont mis directement en lien, avec une offre diversifiée de logements. 3. Elle peut avoir des effets créateurs. Par exemple, se développent dans les grandes villes des conciergeries pour mettre en relation offreurs d’appartements et vacanciers ayant recours à la plateforme Airbnb, pour proposer des services de ménage. Par ailleurs, le développement de ce tourisme low cost développe aussi le transport aérien et ferroviaire, et tout le secteur du tourisme. Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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Le processus de destruction créatrice p. 24 Ce célèbre texte de Schumpeter permet d’expliciter le mécanisme de destruction créatrice. Il est explicitement fait référence à la destruction créatrice dans le programme. Il est donc utile que les élèves étudient au moins un texte de l’auteur à l’origine de ce mécanisme. 1. Nouveaux objets de consommation : ebooks. Nouvelles méthodes de production et de transport : vélos électriques en libre-service. Nouveaux marchés : marché chinois en forte croissance. Nouveaux types d’organisation industrielle : décomposition internationale du processus de production et constitution de chaînes de valeur mondiales (voir chapitre 2). 2. Des « exemples du même processus de mutation industrielle […] qui révolutionne incessamment de l’intérieur la structure économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs ». 3. Les activités qui disparaissent sont celles des entreprises qui n’utilisent pas les innovations qui apparaissent, et qui sont conduites à la faillite faute de pouvoir faire face à la concurrence des entreprises innovantes. Les activités qui se développent sont celles des entreprises innovantes, avec à leur tête des « entrepreneurs-innovateurs » selon Schumpeter. Elles sont plus rentables car elles attirent la demande malgré un prix élevé, ou permettent de produire à un coût plus faible. Les entreprises de l’hôtellerie et Airbnb illustrent ces deux catégories d’entreprises. 4. Le progrès technique a pour effet de rendre obsolètes les anciennes innovations car les entreprises qui les mettent en œuvre ne sont plus compétitives. Certains produits ou certains processus de production vont ainsi disparaître, en même temps que d’autres apparaissent.

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Pour aller plus loin Les effets des innovations sur la croissance et sur l’emploi selon Philippe Aghion Vidéo (3 min 32 s) : : https://www.youtube.com/watch?v=glT0R3OHL0I C

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Le numérique bouleverse le marché de la musique p. 25 Ce diagramme en barres permet d’illustrer le concept de destruction créatrice grâce au marché de la musique. L’essor des musiques numériques, grâce en particulier au streaming, se fait au détriment des musiques enregistrées sur des supports. 1. En 2018, le chiffre d’affaires mondial total de la musique enregistrée s’élève à 19,1 milliards de $. Sur ces 19,1 milliards de $, 4,7 milliards correspondent au chiffre d’affaires pour la musique physique (c’est-à-dire enregistrée sur disque ou CD). 2. Entre 2001 et les années 2010, le chiffre d’affaires mondial de la musique enregistrée a connu un déclin important, passant de 23,9 milliards de $ à environ 15 milliards de $. Ce net déclin s’explique par une baisse importante de la musique enregistrée sur disque ou CD. En effet, le chiffre d’affaires sur ce type de support a baissé de 15 milliards de $ entre 2001 et 2011. À partir des années 2010, on voit que le chiffre d’affaires de la musique numérique augmente progressivement, mais ce n’est qu’à partir de 2014-2015 que l’essor de la musique numérique enregistrée permet un rebond du chiffre d’affaires mondial. 3. [(8,9 + 2,3) / 19,1] = 0,586 = 58,6/100 = 58,6 % En 2018, la musique numérique en ligne représentait 58,6 % du chiffre d’affaires mondial.

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4. L’évolution du marché de la musique depuis 2000 est un exemple de destruction créatrice. En effet, le déclin de la musique enregistrée sur des supports physiques s’explique par le développement de la musique en téléchargement puis en streaming sur Internet. Ces innovations ont accéléré le déclin des ventes de musique sur support physique, en particulier les CD, et le déclin des revenus des maisons de disques et des artistes, alors même que se développaient les profits des plateformes de téléchargement (Apple avec iTunes) et, dans un deuxième temps, de streaming (Spotify, Deezer). C

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Y a-t-il un essoufflement des innovations ? p. 25 Ce texte extrait d’un livre récent de Daniel Cohen montre que les perspectives technologiques n’ont jamais été aussi grandes et les perspectives de croissance aussi faibles. 1. Disparition des machines à écrire au profit du traitement de texte sur les ordinateurs de bureau, disparition des disques vinyles au profit de la musique numérique, disparition du courrier postal au profit des mails, disparition du téléphone fixe au profit du smartphone. 2. Les effets possibles sont des destructions massives d’emplois au sein des entreprises qui utilisent des innovations anciennes, et des créations d’emplois au sein des entreprises innovantes. Les effets sur l’emploi global dépendent de l’effet dominant : les destructions ou les créations. 3. Internet a été une innovation majeure et exceptionnelle mais ses effets, en particulier sur la productivité, n’ont pas été aussi importants qu’espérés, et surtout pas aussi importants que ceux permis par les innovations majeures du xxe siècle, comme l’électricité. Le smartphone et Internet sont deux innovations radicales mais pas suffisantes pour permettre une croissance économique solide et durable. 4. La destruction créatrice paraît moins intense aujourd’hui que pendant les Trente Glorieuses. Il y a eu des innovations, mais moins d’innovations majeures ou radicales susceptibles de créer une croissance économique forte. Remarque : ce texte peut être relié à l’activité 1 « Vers une stagnation séculaire », page 30, qui reprend les travaux de Robert Gordon. La stagnation séculaire s’explique, selon lui, du côté de l’offre (ralentissement des gains de productivité). Exercice complémentaire Cet exercice pourra être donné aux élèves pour illustrer la destruction créatrice. 1. Cherchez les activités qui ont été détruites par les innovations suivantes et remplissez le tableau. 2. Rédigez un paragraphe AEI montrant que le progrès technique est à la fois source de création et de destruction. Illustrez à l’aide d’un des exemples du tableau. Innovation

Activités détruites

L’automobile au début du xxe siècle La grande distribution dans les années 1950 à 1970 Les logiciels de traitement de texte dans les années 1980 Le courrier électronique dans les années 1990 La vente en ligne depuis les années 2000

Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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Corrigé 1. Innovation

Activités détruites

L’automobile au début du xx siècle

Activités de transport en calèche, en train…

La grande distribution dans les années 1950 à 1970

Disparition des petits commerces de proximité dans les centres-villes.

Les logiciels de traitement de texte dans les années 1980

Les emplois de secrétaires, la fabrication des machines à écrire...

Le courrier électronique dans les années 1990

L’activité de traitement et de distribution du courrier papier, la vente de timbres, la production d’enveloppes et de papier à lettre.

La vente en ligne depuis les années 2000

Déclin des hypermarchés et des grandes surfaces culturelles.

e

2. Le progrès technique permet à de nouvelles activités de se développer, ce qui crée de nouveaux emplois. Il faut tout d’abord inventer, innover, ce qui nécessite que des entrepreneurs ou des chercheurs mettent en place des activités de recherche et développement (R&D) et les commercialisent ensuite. Par exemple, l’invention du premier traitement de texte à la fin des années 1960 aux États-Unis a anticipé et favorisé le développement des micro-ordinateurs dans les années 1970 et 1980 et le développement du secteur informatique, en même temps qu’elle a permis des gains d’efficacité dans de très nombreuses professions (journalistes, écrivains, enseignants, chercheurs, cadres, etc.) qui se sont emparées de la nouveauté et ont changé leurs façons de travailler. Mais les innovations vont avoir pour effet de rendre obsolètes les activités anciennes, ce qui va les faire disparaître, mettant de nombreuses entreprises en faillite et créant ainsi du chômage. Par exemple, le développement de logiciels de traitement de texte a aussi eu pour conséquence de rendre l’activité des secrétaires sténos-dactylos moins indispensable, voire inutile, en même temps qu’il a conduit à la disparition des entreprises de production et de réparation de machines à écrire. Pour aller plus loin - La « stagnation séculaire » expliquée par la Cité de l’économie, en reprenant les approches de L. Summers et de R. J. Gordon Vidéo (3 min 31 s) : https://www.youtube.com/watch?v=cd5vWHPtjKs - La « stagnation séculaire » expliquée par Philippe Aghion Vidéo (4 min 44 s) : https://www.youtube.com/watch?v=Fl6Z6JgOBaw S’ENTRAÎNER

p. 25

1 Autoévaluation Invention

Innovation

« Grappes d’innovations » par imitation et diffusion Création

Destruction

Croissance de l’activité d’entreprises

Déclin de l’activité d’entreprises

Alternance de hausse et de baisse de la production et de l’emploi

22 • I – Science économique

2

Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire

Les savoir-faire s’appuient sur les Fiches méthode 1 et 2 («  Construire une argumentation », pages 370-371 et « Rédiger un texte long », page 372) et sur la Fiche Bac 2 (« L’épreuve composée », pages 380-381). Le progrès technique correspond à l’ensemble des innovations qui transforment les produits et les activités productives permettant généralement de réaliser des gains de productivité. L’ensemble de ces innovations (produits, procédés, commercialisation et organisationnelle) qui forment le progrès technique a des effets contradictoires sur l’activité économique. Elles permettent le développement des activités des entreprises qui utilisent ces innovations (I). Mais elles détruisent également les activités des entreprises qui utilisent des innovations du passé (II). Tout d’abord, les innovations stimulent l’activité économique. Les entreprises peuvent innover en lançant de nouveaux produits ou en mettant en place de nouveaux procédés. Dans le premier cas, l’innovateur se retrouve en position de monopole temporaire, ce qui lui permet de fixer un prix plus élevé. Dans le second, l’innovation de procédé lui permet de diminuer ses coûts. Dans les deux cas, l’innovateur dégage un profit plus élevé que les autres entreprises, profit qui lui permet d’investir et de développer ses activités. Si l’innovation permet des profits élevés et si elle n’est pas brevetée ou brevetable, elle peut aussi inciter d’autres entreprises à l’imiter et à l’améliorer, ce qui provoquera de nouvelles innovations, ou des innovations mineures, qui sont favorables à la croissance économique. Par exemple, la mise en place de la plateforme Airbnb (document 1) a donné à cette entreprise une position dominante. Mais dans le même temps, d’autres acteurs ont imité ce modèle de mise en relation via les plateformes dans de nombreux domaines (transport, livraison de repas, cours particuliers…), ce qui développe de nouvelles activités. Le progrès technique est alors « créateur » de nouvelles activités et de nouveaux emplois, pour reprendre l’expression de J. A. Schumpeter (document 2). Mais, dans le même temps, le progrès technique nuit à l’activité des entreprises qui utilisent des innovations plus anciennes. Ces entreprises sont moins compétitives car la demande se déplace vers les entreprises innovantes, soit parce que le nouveau produit est attractif (innovation de produit), soit parce que leurs coûts, et donc leurs prix, sont plus faibles (innovation de procédé). Par exemple, depuis 2004, le développement de la musique numérique en téléchargement puis en streaming a fait chuter les ventes de musique sur support physique (document 3). Ainsi, le chiffre d’affaires mondial de la musique enregistrée sur disque et CD a baissé de 80 % environ entre 2001 et 2018. De nombreuses entreprises ont été affectées et l’industrie de la musique a dû entièrement se recomposer. Le progrès technique est donc aussi « destructeur » d’activité et surtout d’emplois, comme l’a montré J. A. Schumpeter (document 2). De même, le développement des logiciels de traitement de texte puis des premiers ordinateurs de bureau a provoqué le déclin des entreprises produisant ou réparant des machines à écrire, ainsi que la disparition des métiers de secrétaires sténos-dactylos. Le progrès technique a donc des effets contradictoires sur l’activité économique. Il peut être à l’origine de formidables phases de croissance économique, en particulier quand des innovations majeures sont mises en place (électricité, automobile), mais il peut aussi être à l’origine de phases de contraction de l’activité économique quand les effets destructeurs l’emportent sur les effets créateurs.

Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

• 23

DOSSIER  5 Comment le progrès technique engendre-t-il des inégalités de revenus ? p. 26-27

DO

Cette séquence permet d’explorer le lien entre les innovations et les inégalités de revenus. Les innovations sont-elles à l’origine de la hausse des inégalités de revenus ces dernières décennies ? Les innovations, selon leur forme (produit ou procédé), ont des effets différents et parfois contradictoires sur les emplois et sur l’évolution des salaires. Ces effets se conjuguent aussi avec ceux des politiques éducatives pour engendrer des effets différents selon les pays. C

1

POUR COMMENCER De la librairie au commerce en ligne des livres p. 26 Ces images permettent de réfléchir avec les élèves aux conséquences du développement du commerce en ligne. Quels effets cette innovation de commercialisation a-t-elle sur les emplois, les qualifications et les salaires ? 1. Les emplois de libraires traditionnels sont fortement concurrencés par le développement d’entreprises de commerce en ligne, comme Amazon qui s’est implanté en France en vendant d’abord des livres (avant de se diversifier). Les librairies traditionnelles dans les centres-villes ont fortement souffert de cette nouvelle concurrence provoquée par l’innovation de commercialisation. 2. Sur la photo de gauche, on observe une libraire qui a une formation et des compétences élevées. Elle doit développer des compétences très diversifiées : conseiller les clients, choisir les ouvrages, anticiper les demandes de ses clients, découvrir de nouveaux talents, organiser et faire vivre son commerce, etc. À droite, le hangar Amazon accueille des emplois peu ou pas qualifiés. Ce sont des emplois de manutention ou à la chaîne pour la conception et l’envoi des colis. La destruction des emplois de libraire dans les centres-villes a pu être en partie compensée par la création d’emplois chez Amazon, mais il ne s’agit pas du même type d’emploi.

DO

3. Le commerce en ligne peut accroître les inégalités de salaires, en développant de nombreux emplois non qualifiés (travail dans les entrepôts, livreurs) et en détruisant des emplois de qualification intermédiaire (libraires). C

2

Les innovations profitent-elles de la même façon à tous les travailleurs ? p. 26 Cet extrait d’un article d’Alternatives économiques met en relation les innovations et l’emploi. Les entreprises qui innovent dans les produits préfèrent investir dans le capital humain et embaucher en CDI. En revanche, dans le cas des innovations de procédés, des emplois sont détruits. On constate également des effets opposés sur les salaires, selon que le travail et le capital sont complémentaires ou substituables. 1. Le capital humain correspond à l’ensemble des compétences individuelles qui permettent d’améliorer la productivité du travail, c’est-à-dire l’efficacité productive des travailleurs (voir chapitre sur l’emploi en 2de). L’augmentation du capital humain est donc favorable à la hausse du salaire. Flexibiliser l’emploi correspond au fait de le rendre plus facilement et plus rapidement adaptable, quantitativement et qualitativement, aux besoins des employeurs. 2. Les innovations de procédés ont tendance à détruire des emplois puisqu’une innovation de procédés a pour objectif d’augmenter la productivité et se traduit souvent par une substitution capital-travail. On constate alors une pression à la baisse sur les salaires dans les secteurs concernés.

24 • I – Science économique

3. Les entreprises qui innovent dans les produits ont tendance à plus investir en capital humain et ont tendance à favoriser l’emploi en CDI. En effet, pour que les salariés développent de nouveaux produits ou mettent en place leur production, ils doivent être qualifiés et avoir de l’expérience. Une entreprise qui investit dans le capital humain a tout intérêt à garder le plus longtemps possible ses salariés pour récolter les fruits de ses investissements. Elles n’hésitent donc pas à attirer les meilleurs avec des emplois stables et bien rémunérés. 4. Type d’innovations Conséquences sur la combinaison productive Relations entre innovation et emploi

DO

Effet sur les salaires

C

3

Innovations de procédé

Innovations de produit

Substitution du capital au travail

Investissement en capital humain

Substituabilité

Complémentarité

Baisse des salaires des emplois concernés

Hausse des salaires des emplois concernés

Les effets contrastés du progrès technique sur les revenus p. 27 Ce texte de Grégory Verdugo met en évidence les effets contrastés du progrès technique sur la rémunération du travail qualifié, en fonction de la politique éducative. 1. L’offre de travail correspond à la main-d’œuvre (salariés + chômeurs) et la demande de travail vient des entreprises. Le prix sur le marché du travail correspond au salaire. 2. Une augmentation du nombre de travailleurs qualifiés, à la suite d’une élévation du niveau d’éducation, correspond à une hausse de l’offre de travail qualifié, donc à un déplacement de la courbe d’offre de travail vers la droite : à salaire égal, il y a un plus grand nombre d’offreurs de travail qualifié. Si la demande reste la même, le salaire d’équilibre sur le marché du travail qualifié va donc baisser. Salaire

Marché du travail qualifié

Offre de travail

W W’

E

L

E’

L’

Demande de travail Quantité de travail

3. Le progrès technique a pour effet d’augmenter la demande de travail qualifié des entreprises. En effet, la production de nouveaux produits nécessite l’embauche de travailleurs plus qualifiés. La courbe de demande de travail qualifié se déplace vers la droite : à salaire égal, les employeurs demandent à embaucher un nombre plus important de travailleurs qualifiés. Si l’offre reste la même, le salaire d’équilibre sur le marché du travail qualifié va donc augmenter.

Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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Salaire

Marché du travail qualifié

Offre de travail

W’ W

E’ E Demande de travail L

L’

Quantité de travail

4. Le progrès technique et les progrès de l’éducation ont des effets opposés sur les salaires des travailleurs qualifiés. D’un côté, les entreprises demandant toujours plus de travail qualifié avec le progrès technique, les salaires des travailleurs qualifiés ont tendance à augmenter. De l’autre, l’élévation du niveau d’éducation fait que l’offre de travail qualifié devient abondante, ce qui fait pression à la baisse sur les salaires des plus qualifiés. En définitive, le progrès technique peut accroître les salaires des plus qualifiés, et donc les inégalités en l’absence de politique éducative ambitieuse, mais peut aussi s’accompagner d’une stagnation des salaires des plus qualifiés et des inégalités, si la politique éducative augmente l’offre de travail qualifié à hauteur des besoins en travail qualifié. Il peut aussi y avoir une baisse des salaires des plus qualifiés et des inégalités, si la politique éducative est très ambitieuse.

DO

Pour aller plus loin  Une note récente du Cereq (« Que gagne-t-on à se former ? Zoom sur 20 ans d’évolution des salaires en début de vie active », Céreq Bref, n° 372, Février 2019) montre que les écarts de salaires entre les peu diplômés et les diplômés d’un master ou plus se sont réduits en 20 ans en France. Dans le cas de la France, la course entre l’éducation et le progrès technique, selon l’expression de Claudia Goldin et Lawrence Katz, aurait été gagnée par l’éducation. Citation : « Le rapport entre le salaire médian des diplômés de grandes écoles, qui obtiennent les plus hauts niveaux de rémunérations, et celui des non-diplômés ou titulaires d’un brevet seul, est passé de 2,4 à 1,9 en 18 ans (pour les actifs occupés à 5 ans), signalant un tassement de la hiérarchie des salaires en fonction du niveau de diplôme. » https://www.cereq.fr/que-gagne-t-se-former-zoom-sur-20-ans-devolution-des-salaires-en-debut-de-vie-active

C

4

Quel lien entre innovation et inégalités de revenus ? p. 27 Ce graphique chronologique met en évidence une corrélation entre le nombre de brevets déposés aux États-Unis et les inégalités de revenus : plus il y a de brevets déposés, plus la part de revenus détenue par les 1 % les plus riches augmente. Le document est tiré d’un article publié par Philippe Aghion et quatre coauteurs, qui montre que les innovations augmentent les inégalités par la hausse des revenus du top 1 %, mais qu’elles n’auraient pas d’effets sur les 99 % restants de la population. 1. En 2013, aux États-Unis, il y avait 0,9 brevet déposé pour 1 000 habitants et les 1 % les plus riches détenaient 20 % des revenus. 2. La part des revenus détenus par les 1 % les riches aux États-Unis a été multipliée par 2,5 entre 1970 et 2013, et le nombre de brevets déposés pour 1 000 habitants a lui été multiplié par 2,4 environ.

26 • I – Science économique

3. Il y a une corrélation positive entre le nombre de brevets déposés et la montée des inégalités de revenus : plus le nombre de brevets déposés est élevé, plus les inégalités de revenus augmentent. Les innovations permettent aux entreprises innovatrices de fixer un prix plus élevé en cas de monopole temporaire lié à une innovation de produit, ou de baisser les coûts en cas d’innovation de procédé. Tout cela contribue à accroître les profits réalisés par ces entreprises, et donc les revenus de leurs propriétaires ou dirigeants. L’innovation induit donc une augmentation de l’inégalité en haut de l’échelle des revenus. Pour aller plus loin  - La croissance et la hausse des inégalités selon Philippe Aghion Vidéo (4 min 30 s) : https://www.youtube.com/watch?v=Kl4-qUTp8gM - La Revue de l’OFCE : « Croissance et progrès technique depuis la crise » de Aghion et Bergeaud, dans sa quatrième partie sur le lien entre innovation, progrès technique et mobilité sociale https://www.cairn.info/revue-de-l-ofce-2017-4-page-63.htm Les autres parties de l’article sont intéressantes pour les dossiers précédents. S’ENTRAÎNER

p. 27

1 Autoévaluation Les inégalités ont fortement augmenté ces dernières années dans les pays riches et développés. Une des explications possibles est le progrès technique. Les nouvelles technologies accroissent la productivité des travailleurs les plus qualifiés, ce qui entraîne pour ces derniers des rémunérations plus élevées. Mais face au développement des technologies, la population se forme toujours plus, ce qui a pour effet d’augmenter l’offre de travail qualifié et de baisser les salaires.

2 Mobiliser ses connaissances Le progrès technique a des effets variables sur les revenus des plus qualifiés. En effet, toutes choses égales par ailleurs, les entreprises qui souhaitent innover demandent fortement de la main-d’œuvre qualifiée, ce qui a pour effet d’augmenter les salaires de cette catégorie. En effet, la courbe de la demande de travail se déplace vers la droite et, si l’offre reste constante, alors le salaire du travail qualifié augmente. C’est le cas, par exemple, d’entreprises fortement innovantes comme Facebook, qui cherchent une main-d’œuvre très hautement qualifiée et qui attirent les meilleurs salariés avec des rémunérations très élevées. Mais dans le même temps, une politique éducative d’élévation du niveau d’éducation peut contrarier ces effets inégalitaires. En effet, cette politique augmente l’offre de main-d’œuvre qualifiée disponible sur le marché, ce qui a pour effet de faire pression à la baisse sur les salaires. Par exemple, si le nombre d’ingénieurs est supérieur à la demande d’ingénieurs, les salaires des ingénieurs baisseront. Le progrès technique a donc plutôt comme effet d’augmenter les inégalités de revenus, mais cet effet est très variable selon les pays, et notamment selon leur politique éducative.

DOSSIER  6 La croissance peut-elle être respectueuse de l’environnement ? p. 28-29 Cette séquence permet de découvrir le concept de croissance soutenable et de Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

• 27

DO

montrer qu’il présente des limites écologiques. En effet, la poursuite de la croissance économique sous sa forme actuelle épuise les ressources naturelles (document 1, avec l’exemple, qui peut paraître contrintuitif, du sable), crée de la pollution (document 4, sur les pollutions urbaines) et accélère le réchauffement climatique (document 2). Enfin le document 3, plus analytique, permet de s’interroger sur la soutenabilité de la croissance économique et sur le rôle des innovations face aux limites écologiques de la croissance soutenable. C

1

POUR COMMENCER Vers une pénurie de sable ? p. 28 Cette infographie permet d’illustrer l’épuisement d’une ressource naturelle, le sable, et de rappeler ce qu’est un bien commun (notion étudiée en 1re). C’est également l’occasion de revenir sur la « Tragédie des communs » mise en évidence par le biologiste américain Garrett Hardin en 1968. 1. Un bien commun est un bien accessible à tous, c’est-à-dire qu’il est impossible d’empêcher quelqu’un d’en bénéficier et de le faire payer pour son utilisation (c’est un bien non excluable). C’est également un bien rival, c’est-à-dire que la consommation de ce bien par les uns réduit la consommation des autres. Le sable est accessible à tous gratuitement (il est impossible d’exclure une personne de sa consommation) et c’est aussi un bien rival : sa trop grande exploitation par les uns diminue la disponibilité pour les autres. Le sable est donc un bien commun. 2. La demande de sable explose car c’est une matière première fortement utilisée dans la construction (pour le béton). Les pays en développement, principalement la Chine, en ont besoin pour développer leur économie, et en sont donc de très gros consommateurs. 3. Ce bien étant accessible à tous, gratuitement, il est surexploité (tragédie des communs). Les individus ont un comportement de passager clandestin (free rider). Ils profitent de la ressource gratuitement ou à un prix modique, sans supporter les coûts liés aux conséquences de la suppression du sable. 4. L’exploitation du sable marin a pour effet de diminuer les quantités disponibles de cette ressource, de faire disparaître ou s’affaisser des plages, d’élever le niveau de la mer, de détruire des paysages et de réduire la biodiversité. Pour aller plus loin  - « Des communs et des hommes », #DATAGueule, 20 juin 2015, sur la tragédie des communs Vidéo (3 min 57 s) : https://www.youtube.com/watch?v=qrgtbgjMfu0

DO

- « Pénurie de sable : un enjeu planétaire environnemental et économique », TV5 Monde, 12 août 2017 Vidéo (1 min 02 s) : https://information.tv5monde.com/info/penurie-de-sable-un-enjeuplanetaire-environnemental-et-economique-185813 C

2

Le CO2 s’accumule dans l’atmosphère p. 28 Ce texte du journal Le Monde permet de faire le lien entre l’activité économique et le réchauffement climatique. C’est l’activité humaine (industrie, transport, agriculture…) qui est à l’origine du réchauffement climatique actuel qui a pour effet, entre autres, la perte de biodiversité, la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes et la montée du niveau des océans. Il est possible ici de rappeler la notion d’externalité négative étudiée en 1re. 1. 36,3/1,5 = 24,2 Les émissions de CO2 dans le monde ont été multipliées environ par 24 entre 1950 et 2016.

28 • I – Science économique

DO

2. Les conséquences du réchauffement climatique sont nombreuses : la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes (ouragan, canicule…), la fonte des glaciers et la hausse du niveau des mers, la désertification de certaines zones, l’acidification des océans, la perte de biodiversité… On est en présence d’externalités négatives très nombreuses. Le réchauffement climatique a des effets sur les activités économiques et sur le bien-être de nombreuses populations, sans contrepartie monétaire pour les dédommager, et sans que le coût pour les autres ne soit intégré dans le prix des activités à l’origine du réchauffement climatique. C

3

Qu’est-ce qu’une croissance soutenable ? p. 29 Sylvie Brunel est une géographe spécialiste des questions de développement durable. Son texte permet de distinguer les deux approches traditionnelles du développement soutenable : la soutenabilité faible et la soutenabilité forte. Le document audio permet d’illustrer la notion de soutenabilité faible. Les innovations apparaissent alors comme la solution aux problèmes environnementaux. 1. Le capital naturel correspond à l’ensemble des ressources naturelles, renouvelables ou non. Ces ressources naturelles sont utiles à l’homme qui peut les exploiter techniquement et économiquement. Ce capital n’est pas « construit », contrairement aux autres capitaux. 2. Les tenants de la soutenabilité faible mettent en évidence que les capitaux sont substituables. Ce qui compte est le stock global de capital. Le capital naturel pourrait donc être remplacé par davantage de « capital construit », que ce soit du capital physique ou humain, par exemple. Les partisans de la soutenabilité forte estiment, eux, que le capital naturel est irremplaçable et qu’il doit « absolument être maintenu en l’état ». Les activités humaines doivent donc être limitées et la croissance économique tendre vers 0. 3. Le progrès technique joue un rôle central dans l’approche de la soutenabilité faible. Il doit permettre, en particulier, de remplacer du capital naturel détruit. Il ne faut donc pas ralentir la croissance économique qui permet d’avoir des ressources économiques et financières pour investir, développer des innovations et favoriser le progrès technique.

DO

4. Le robot pollinisateur correspond à une innovation qui pourra bientôt permettre de remplacer les insectes pour la pollinisation des végétaux. Cette approche correspond à la thèse de la soutenabilité faible. Mais des innovations non technologiques organisationnelles ou de commercialisation, comme le développement de circuits de recyclage ou de réparation des objets défectueux, peuvent contribuer aussi à diminuer la pression sur le capital naturel. Les innovations permettent alors de dépasser les limites écologiques de la croissance soutenable. C

4

Les villes les plus polluées au monde p. 29 Cette carte a pour objectif d’illustrer les problèmes de pollution rencontrés aussi bien dans les pays riches que dans les pays en développement (PED). Le développement des PED a d’ailleurs pour effet d’augmenter considérablement la pollution, ce qui est visible sur la carte lorsque l’on regarde où sont localisées les villes les plus polluées au monde. 1. Les villes les plus polluées au monde se trouve aujourd’hui dans des pays en développement en Asie et en Afrique. 2. À Delhi, le taux d’émission annuel de PM10 est 14,6 fois supérieur à celui recommandé par l’OMS (calcul : 292/20 = 14,6). À Paris, il est 1,8 fois supérieur (calcul : 35/20 = 1,8). Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

• 29

3. Les principales sources d’émissions de particules fines dans les villes sont le transport, les activités industrielles, le chauffage, le retraitement des déchets. 4. Une forte activité économique est synonyme de production importante de biens et services. En conséquence, les industries rejettent plus de particules fines car elles produisent plus. On a également besoin d’acheminer les matières premières, les produits semi-finis puis les produits finis, ce qui accroît aussi les émissions. Par ailleurs, lorsque les revenus augmentent, la population consomme plus, se déplace plus, part plus en voyage… ce qui, de nouveau, augmente les émissions. S’ENTRAÎNER

p. 29

1 Autoévaluation 1. Vrai. 2. Faux. Elle est ancienne, elle date de la Révolution industrielle dès le xviiie siècle en Europe. 3. Faux. C’est la thèse de la soutenabilité faible qui prône le développement des innovations. 4. Faux. La thèse de la soutenabilité faible prône l’innovation pour compenser la baisse du capital naturel par d’autres capitaux.

2 Mobiliser ses connaissances La croissance économique, qui correspond à l’augmentation soutenue de la production d’un pays pendant une période longue, nécessite des ressources, en particulier des ressources naturelles. La poursuite de la croissance actuelle, fondée sur une logique productiviste, se heurte à des limites écologiques : épuisement des ressources naturelles (I), pollution (II) et réchauffement climatique (III). En effet, la croissance économique dans sa forme actuelle épuise les ressources naturelles. Pour produire différents capitaux sont nécessaires. Le capital naturel, qui regroupe l’ensemble des ressources, renouvelables ou non, apporte les ressources nécessaires à l’activité économique. Certaines ressources non renouvelables (sur plusieurs générations) s’épuisent : c’est le cas du sable et du pétrole, par exemple. D’autres sont surexploitées, comme les ressources halieutiques, sans que les espèces aient le temps de se renouveler. Par ailleurs, la croissance économique crée de la pollution. En produisant toujours plus, les activités humaines créent des pollutions en rejetant dans l’air ou dans la nature des produits toxiques, des gaz, des particules fines. Par exemple, l’agriculture conventionnelle qui utilise massivement des pesticides, pollue pour des dizaines d’années les nappes phréatiques, les cours d’eau, les terres… Enfin la croissance économique accélère le réchauffement climatique. Les activités industrielles, agricoles, de transport émettent énormément de gaz à effet de serre qui sont responsables du réchauffement climatique. Ce réchauffement a des conséquences multiples, comme l’augmentation des sécheresses, des canicules, l’acidification des océans, la désertification, la montée des eaux, etc. Ces effets sont, par ailleurs, à l’origine d’une montée des inégalités entre les pays du Nord et du Sud, mais aussi à l’intérieur même des pays, entre les populations favorisées et défavorisées. La poursuite de la croissance économique dans ses formes actuelles est donc à l’origine de nombreuses externalités négatives, ce qui interroge sur sa soutenabilité.

30 • I – Science économique

AC

É1

TIVIT

Schématiser

Vers une stagnation séculaire ? p. 30 Présentation La thèse de la « stagnation séculaire » a d’abord été formulée en 1938 par Alvin Hansen dans le contexte de la Grande Dépression. Elle est reprise dans les années 2000 par Robert Gordon et Larry Summers pour expliquer le fait que les économies développées connaissent un rythme de croissance de plus en plus faible depuis les années 1970. Cette activité s’intéresse aux explications données par Robert Gordon pour justifier le ralentissement de la croissance aux États-Unis, dont un des facteurs dominants est le ralentissement des gains de productivité globale des facteurs, alors même que les innovations du numérique se diffusent. Cette activité permet donc de prolonger les objectifs d’apprentissage sur les sources de la croissance économique et sur le rôle du progrès technique, exposés dans les dossiers 1 et 2. Mise en œuvre L’activité se déroule en 55 minutes et en deux temps. Le premier temps permet d’analyser les deux documents (40 min environ). Le document 1 est un graphique chronologique classique qui permet d’établir le fait majeur du ralentissement de la productivité globale des facteurs. Le document 2 est une vidéo, conférence TED en anglais sous-titré, qui dure 12 minutes (il ne sera peut-être pas possible de la visionner plusieurs fois), mais qui est très vivante et très claire, car Robert Gordon est un orateur hors pair. Les élèves doivent prendre des notes qui leur permettront de remplir le tableau. Il peut s’avérer utile de faire quelques pauses durant le visionnage pour que les élèves mettent leurs notes au clair au fur et à mesure. Un temps de correction peut être utile également, avant que les élèves n’abordent la seconde partie de l’activité. Dans un second temps (15 min), les élèves devront s’appuyer sur leurs notes pour compléter le schéma de synthèse dont la trame est fournie.

ÉTAPE

1

ANALYSER LES DOCUMENTS

Document 1 1. En 2013, aux États-Unis, la productivité globale des facteurs a augmenté de 0,3 % par rapport à l’année précédente. 2. Deux périodes de forte croissance de la PGF : de 1951 à 1967 et de 1998 à 2006 ; deux périodes de faible croissance de la PGF : de 1967 à 1998 et de 2006 à 2015. N. B. : L’alternance de phases de forte et de faible croissance fait penser à la succession de deux cycles, mais avec une amplitude beaucoup plus faible dans les années récentes. L’enseignant pourrait éventuellement évoquer les cycles de Kondratiev, bien que ceux-ci ne soient pas au programme. 3. Pour la première période, il s’agit du pétrole et de l’automobile ; pour la seconde, il s’agit des nouvelles technologies de l’information et de la communication (informatique, Internet, télécommunications, etc.). 4. Pour maintenir une forte croissance aux États-Unis, il faut donc miser sur une croissance dite extensive, c’est-à-dire une augmentation de la production de richesses permise par une augmentation des facteurs travail et capital.

Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

• 31

Document 2 Difficultés rencontrées par l’économie américaine dans les domaines suivants :



Démographie

La population active représente une part plus faible de la population totale car les baby boomers partent à la retraite et car une partie importante de la main-d’œuvre en âge de travailler est sortie du marché du travail, en raison d’un trop faible niveau d’éducation et de formation.

Éducation

Le système éducatif américain n’est pas performant. Il y a une inflation considérable des coûts à l’université et, dans le même temps, on assiste à une explosion des dettes contractées par les étudiants américains (1 000 milliards de $). Pourtant, le taux de réussite des étudiants américains à l’université est bien inférieur à un pays similaire comme le Canada.

Dette

Les dettes atteignent des montants astronomiques, que ce soient les dettes des ménages qui se sont surendettés (et qu’ils remboursent aujourd’hui) ou celles du gouvernement fédéral. Le remboursement de ces dettes ou son coût (les intérêts) pèsent sur la demande globale.

Inégalités

Les inégalités ont crû fortement, ce qui est néfaste pour la demande globale. Les 1 % les plus riches se sont très fortement enrichis ces dernières années aux États-Unis, ce qui n’est pas le cas des 99 % les moins favorisés.

2

ÉTAPE

SYNTHÉTISER LES INFORMATIONS

Ralentissement des gains de productivité de l’économie américaine

Vents contraires Démographie en berne

Croissance économique très faible

Éducation peu performante

SAUF SI des innovations majeures comme l’électricité le moteur à combustion, l’informatique se développent au xxie siècle

Vents contraires Hausse des inégalités Dette record

TIVIT

É2

AC

Fin de la stagnation séculaire & Retour de la croissance économique

Rédiger un texte argumenté

Faut-il favoriser le développement des voitures électriques ? p. 31 Présentation Cette activité vise à entraîner les élèves à la rédaction de paragraphes argumentés AEI, en vue des épreuves de bac de fin d’année. Elle prolonge le dossier 6 sur les limites écologiques de la croissance, en ciblant un exemple particulier, le cas des voitures électriques. La mise en situation des élèves doit les inciter à préparer leurs arguments et à les illustrer au mieux pour convaincre le conseil municipal. Mise en œuvre L’activité se déroule en 55 minutes et en deux temps. Lors de la première partie de l’activité, les élèves travaillent en autonomie sur les trois documents et remplissent le tableau ci-dessous, ce qui leur permettra d’organiser 32 • I – Science économique

leurs arguments et illustrations pour rédiger les deux paragraphes AEI. Attention toutefois, le premier document est une vidéo (7 min 52 s) : soit elle peut être projetée en début de séance et les élèves prennent des notes ; soit les élèves disposent de matériel, comme des tablettes, et peuvent être complètement autonomes. Après une rapide correction, les élèves rédigent les deux paragraphes en utilisant éventuellement la Fiche méthode 1, page 370.

ÉTAPE

1

RÉPERTORIER LES ARGUMENTS

Oui, il faut favoriser le développement de la voiture électrique en France.

Non, il ne faut pas favoriser le développement de la voiture électrique en France.

- La voiture électrique n’émet pas de CO2 puisqu’elle ne brûle ni essence ni diesel, ce qui limite le réchauffement climatique. (DOC 1) - Le nucléaire est utilisé en France pour produire de l’électricité, ce qui permet de recharger les batteries sans émettre de CO2. (DOC 1) - Au bout de trois ans d’utilisation, une voiture électrique devient moins néfaste pour l’environnement qu’une voiture thermique, et peut produire deux fois moins de CO2. (DOC 1) - En France, les émissions de CO2 sur le cycle de vie d’un véhicule électrique s’élèvent à 85 g/km, ce qui est trois fois moins élevé que pour un véhicule thermique, en moyenne, en Europe. (DOC 2) - En moyenne, dans l’UE, les véhicules électriques émettent moins de CO2 que les véhicules thermiques. (DOC 2) - La France est en pointe dans le recyclage des batteries, en recyclant une grande partie d’entre elles. (DOC 3)

- La construction d’un véhicule électrique demande 50 % d’énergie de plus que la construction d’un véhicule thermique, en raison de la nécessité d’utiliser des métaux rares. (DOC 1) - La recharge des batteries nécessite de l’énergie, or dans de nombreux pays, ce sont le charbon et le gaz qui sont utilisés pour produire de l’électricité, ce qui réchauffe le climat. (DOC 1) - Le recyclage des batteries est extrêmement coûteux pour l’instant, et donc n’est pas suffisamment développé. (DOC 1) - Un véhicule électrique en Allemagne émet autant de CO2 en g/km que le véhicule thermique le plus efficace, en raison du type d’énergie utilisée dans ce pays. (DOC 2) - On trouve des métaux toxiques, du plastique et des acides dans les batteries des voitures électriques. (DOC 3). - Il reste 20 à 30 % des batteries qu’on ne peut pas recycler ; ces restes sont détruits, brûlés et enfouis. (DOC 3)

ÉTAPE SYNTHÈSE 2

Premier paragraphe AEI : Le développement de la voiture électrique en France semble être une bonne idée pour limiter les pics de pollution. Les voitures électriques qui circulent n’émettent pas de CO2 puisqu’elles n’utilisent ni essence, ni diesel. Par ailleurs, l’électricité en France vient dans une très large part du nucléaire, qui a certes de nombreuses limites, mais n’émet pas de CO2. Par exemple, en France, les émissions de CO2 sur le cycle de vie d’un véhicule électrique s’élèvent à 85 g/km, ce qui est trois fois moins élevé que pour un véhicule thermique, en moyenne, en Europe (document 2). Par ailleurs, la France est en avance sur d’autres pays dans le recyclage des batteries puisqu’elle arrive à en recycler jusqu’à 70 %. C’est donc une avance technologique qui permet de dire que la voiture électrique peut être la solution aux problèmes de pollution. Pour les batteries Nickel-Metal-Hydrure, par exemple, « c’est plus de 75 % de la batterie qui sont récupérés » (document 3). Deuxième paragraphe AEI : Il existe toutefois des limites qui montrent que le développement de la voiture électrique en France n’est pas forcément une bonne solution pour lutter contre la pollution. En effet, la construction d’un véhicule électrique demande 50 % d’énergie de plus que la construction d’un véhicule thermique, en raison de la nécessité d’utiliser des métaux rares, qui peuvent d’ailleurs être à l’origine de nombreuses pollutions comme celles de l’eau nécessaire à leur extraction (document 1). Par ailleurs, dans les pays où les principales sources d’énergie sont le charbon ou le gaz, l’utilisation de telles voitures ont finalement des impacts négatifs sur le climat. C’est le cas, par exemple, de l’Allemagne (document 1). Un véhicule électrique en Allemagne émet Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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autant de CO2 en g/km que le véhicule thermique le plus efficace (document 2), en raison du type d’énergie utilisée dans ce pays. Par ailleurs, le recyclage des batteries est extrêmement coûteux pour l’instant, et donc il n’est pas suffisamment développé (document 1). Les entreprises n’ont pas encore développé de nouvelles techniques de recyclage car une batterie dure 8 à 10 ans et il y en a peu à recycler actuellement. On trouve également dans les batteries des voitures électriques des métaux toxiques, du plastique et des acides (document 3). Par exemple, il reste 20 à 30 % des batteries qu’on ne peut pas recycler pour l’instant. Ces déchets sont « détruits et brûlés » et les 2 % restant sont « enfouis » (document 3).

UTILISEZ LES STATISTIQUES p. 35

1 Comparer des proportions 1. Selon l’INSEE, en France, entre 2012 et 2014, 45 % des entreprises du commerce étaient innovantes. Entre 2014 et 2016, 46 % des entreprises du commerce étaient innovantes. 2. Quelle que soit la période, c’est dans le secteur de l’information et de la communication et dans l’industrie que les entreprises sont les plus innovantes en France. Par exemple, entre 2014 et 2016, 72 % des entreprises de plus de 10 salariés dans le secteur de l’information et de la communication avaient innové. C’est le cas également de 69 % des entreprises dans l’industrie. On constate également que 69 % des entreprises dans les activités scientifiques et techniques avaient innové entre 2014 et 2016. 3. Ce sont les entreprises de 250 salariés ou plus qui innovent le plus. En effet, elles étaient 76 % à avoir innové entre 2014 et 2016, soit 1,6 fois plus que les entreprises de 10 à 49 salariés. 4. Dans l’information et la communication, la part des entreprises innovantes (taux d’innovation) a augmenté, passant de 71 % à 72 % entre les deux périodes, soit une hausse de 1 point de %. En revanche, dans les entreprises de 250 salariés ou plus, la part des entreprises innovantes a baissé, passant de 78 % à 76 %, soit une baisse de 2 points de %.

2 Interpréter des taux de variation moyens 1. La valeur du losange noir, c’est-à-dire la croissance du PIB, s’obtient en additionnant la contribution de chaque facteur (taux d’emploi, population, intensité capitalistique, PGF et heures travaillées). 2. Dans la zone euro, entre 1890 et 2017, le PIB a augmenté de 2,25 % en moyenne par an. Cette hausse s’explique grâce à la contribution positive de la PGF pour 1,55 point de %, de l’intensité capitalistique pour 0,7 point de %, et de la population pour 0,5 point de %. En revanche, le taux d’emploi et le nombre d’heures travaillées ont contribué négativement à la hausse du PIB pour respectivement 0,05 point de % et 0,45 point de %. 3. En France, la PGF a contribué pour 75 % à la croissance du PIB sur la période 18902017. Calcul : 1,7/2,25 = 0,75 = 75 %. 4. Pour l’ensemble des pays, on constate que c’est la PGF qui a le plus contribué à la croissance économique sur la période 1890-2017. Dans le cas de la France par exemple, la PGF a contribué pour 1,7 point de % à la hausse du PIB égale à 2,25 % par an en moyenne. Cela signifie que le progrès technique explique environ 75 % de la croissance sur la période. La contribution des heures travaillées, elle, est négative 34 • I – Science économique

quel que soit le pays du fait de la baisse du temps de travail sur la période car les gains de productivité ont été, en partie, utilisés pour réduire le temps de travail. L’intensité capitalistique a contribué positivement à la croissance des pays, en particulier au Japon où elle a contribué pour environ 1,5 point à la croissance économique du pays.

TESTEZ VOS CONNAISSANCES ! p. 36-37

1 Les facteurs de la croissance économique p. 36 Facteurs permettant d’augmenter les richesses produites Accumulation de... Travail 1. Embauche de 10 salariés dans une usine textile pour répondre à la hausse des commandes.

Capital

Productivité globale des facteurs

x

2. Construction d’un hangar pour accueillir 20 nouvelles vaches laitières dans l’exploitation de M. Martin.

x

3. Installation d’une nouvelle machine entièrement automatisée dans une usine de fabrication de pneus.

x

x

4. Achat d’un logiciel de graphisme ultraperformant dans une start-up de jeux vidéo.

x

x

5. Augmentation des heures supplémentaires des salariés d’une chocolaterie pour préparer les fêtes de fin d’année.

x

6. Achat de 5 scooters électriques par une pizzeria pour augmenter le nombre de livraisons.

x

7. Remplacement d’un lecteur optique par un nouveau modèle trois fois plus puissant.

x

8. Plan de formation de la main-d’œuvre.

x x

2 La croissance économique et le progrès technique p. 36 La croissance économique s’explique en grande partie par le progrès technique et les gains de productivité qu’il permet de réaliser. Il est donc fondamental de le stimuler via l’investissement. Les théories de la croissance endogène développées à partir des années 1980 insistent sur la nécessité d’investir dans la recherche-développement, l’innovation, l’éducation et les infrastructures pour créer les conditions de cette croissance. Par exemple, investir dans l’éducation permet d’accroître la somme des connaissances disponibles, ce qui profite à tous les secteurs d’activité et permet l’innovation. L’accumulation de capitaux résultant de ces investissements est à l’origine d’une croissance dite endogène. Le progrès technique est aussi à l’origine d’un double processus : celui de destruction des activités, industries et emplois vieillissants mais aussi de création grâce aux innovations de produits et de procédés. De nouveaux produits et secteurs d’activité se développent alors. On parle de destruction créatrice.

Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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3 Vrai ou faux ? p. 36 1. Faux. Ce sont les innovations de procédés qui pèsent sur les salaires des ouvriers et des employés. 2. Faux. Les emplois des plus qualifiés se transforment aussi. 3. Vrai. 4. Vrai. 5. Vrai et Faux. Certaines entreprises ont aussi besoin de main-d’œuvre peu ou pas qualifiée. 6. Vrai 7. Faux. Soutenable est synonyme de durable. « La croissance est endogène » signifie qu’elle est autoentretenue grâce à l’accumulation de différents types de capitaux. 8. Faux. Le processus de destruction créatrice signifie que l’innovation crée et détruit à la fois des activités et des emplois.

4 Mots croisés p. 37 Horizontal : 3. pollution – 5. inégalités – 7. brevet – 8. soutenable – 9. productivité – 10. investissement Vertical : 1. innovation – 2. endogène – 4. institutions – 6. travail

OBJECTIF BAC Épreuve composée p. 38-39

PARTIE 1  MOBILISATION DES CONNAISSANCES APPLICATION À l’aide d’un exemple, montrez que l’innovation s’accompagne d’un processus de destruction créatrice.

Selon Joseph Aloïs Schumpeter, l’innovation s’accompagne d’une destruction créatrice : création et destruction d’activités. Par exemple, le marché et l’industrie de la musique ont été bouleversés à partir du début des années 2000 par le développement du téléchargement puis du streaming de musique sur des plateformes telles que Spotify, Deezer ou Apple Music. D’une part, les activités de ces plateformes se sont fortement développées, de même que certains matériels permettant de l’écoute en mobilité : baladeurs mp3 dans les années 2000, smartphones, casques bluetooth. D’autre part, l’industrie du disque a vu son chiffre d’affaires s’effondrer, particulièrement pour ce qui est des ventes de CD, ce qui a entraîné une baisse de la production de supports CD et de lecteurs CD.

PARTIE 3  RAISONNEMENT S’APPUYANT SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE Guide méthodologique complet à télécharger sur le site collection

SUJET À l’aide de vos connaissances et du dossier documentaire, vous montrerez que l’innovation peut aider à reculer les limites écologiques de la croissance.

« Ce sujet invite à montrer comment les innovations, qu’elles soient de produit ou de procédé, permettent de diminuer l’épuisement des ressources naturelles, la pollution et le réchauffement climatique. » 36 • I – Science économique

I) Les innovations de produits permettent de reculer les limites écologiques de la croissance. §1 Mettre sur le marché des produits qui n’épuisent pas les ressources naturelles. Une innovation de produit consiste à inventer un produit qui n’existait pas auparavant (innovation radicale) ou à améliorer un produit existant (innovation incrémentale). Les chercheurs doivent inventer des produits qui n’épuisent pas les ressources naturelles, soit en s’en passant, soit en les utilisant de façon raisonnée pour ne pas épuiser les stocks de ressources, en particulier les ressources non renouvelables. Par exemple, des nombreux sacs aujourd’hui sont intégralement fabriqués à partir de déchets plastiques existants, ce qui permet le recyclage et limite les prélèvements de nouvelles ressources (le pétrole est nécessaire pour fabriquer le plastique). Avec une tonne de déchets plastiques, on peut produire jusqu’à 40 000 nouveaux sacs. §2 Mettre sur le marché des produits qui polluent moins et contribuent moins au réchauffement climatique. Les nouveaux produits qui apparaissent sur le marché ne doivent pas non plus être à l’origine de nouvelles pollutions (de l’eau, de l’air...). Ils doivent également avoir un bilan carbone neutre, c’est-à-dire utiliser différents moyens pour réduire et compenser les émissions de gaz à effet de serre dues à la production de ces nouveaux produits. Par exemple, des brevets sont déposés en France pour produire des voitures « propres » comme les voitures électriques. Les brevets pour limiter la pollution automobile responsable d’une partie des émissions de CO2 ont augmenté de 12,9 % par an, en moyenne, entre 1995 et 2005 (document 1). On peut aussi utiliser des biotechnologies pour fabriquer de nouveaux produits respectueux de l’environnement : les brevets déposés dans ce secteur ont progressé de 5 % par an en moyenne entre 1995 et 2005. II) Les innovations de procédés permettent de reculer les limites écologiques de la croissance. §3 Mettre en place des procédés de production moins gourmands en ressources naturelles. La production agricole conventionnelle est aujourd’hui polluante puisqu’elle utilise encore massivement des pesticides qui polluent l’air, les sols, les nappes phréatiques et développent des maladies. Cette pollution massive détruit l’environnement et dégrade la santé humaine. On parle d’externalités négatives ici. Or de nouveaux procédés existent, par exemple en agriculture biologique, pour produire tout en respectant l’environnement. De plus en plus d’agriculteurs, sensibles à la protection de l’environnement et à leur santé, se convertissent en agriculture bio et mettent en place des techniques innovantes non polluantes pour produire. §4 Mettre en place des procédés de production qui polluent moins et contribuent moins au réchauffement climatique. La production d’énergie est fortement polluante quand elle se fait grâce au pétrole, au charbon, au gaz. Or, en 2018, ces trois types d’énergie représentaient 69 % de la demande mondiale d’énergie (document 3). Il faut donc inventer des procédés qui n’émettent pas de CO2, en particulier pour limiter le rejets de gaz à effet de serre, et ainsi lutter contre le réchauffement climatique. Par exemple, l’Haliade X est une éolienne de nouvelle génération ; il s’agit de l’éolienne la plus puissante au monde (document 2). Cette innovation de procédé va permettre de créer un méga-parc éolien au large du Royaume-Uni, pour fournir de l’énergie verte qui pourra alimenter « 4,5 millions de foyers, soit 5 % de la production d’électricité au Royaume-Uni ».

Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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OBJECTIF BAC Dissertation p. 40-41 Guide méthodologique complet à télécharger sur le site collection

GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 1

Analyser le sujet

APPLICATION Analysez le sujet suivant :

Vous expliquerez pourquoi les institutions sont indispensables à la croissance économique. – « expliquerez » : il s’agit de décomposer les multiples effets des institutions sur la croissance économique. –«   institutions » : ensemble des organisations et des règles, formelles et informelles, qui encadrent et favorisent les relations entre les agents économiques. – « indispensables » : certaines institutions sont nécessaires à la croissance économique, sans être suffisantes pour la générer. – « croissance économique » : augmentation durable de la production dans un pays, généralement mesurée grâce au taux de croissance du PIB en volume entre deux années. Questionnement (ou problématique) : « Comment certaines institutions favorisent-elles la croissance économique ? Quelles sont les institutions qui jouent un tel rôle favorable ? » ÉTAPE 2

Organiser ses connaissances (notions, mécanismes, exemples)

Complétez le tableau suivant pour rassembler vos connaissances sur le sujet de dissertation : Notions Croissance économique Progrès technique Innovation Productivité globale des facteurs Destruction créatrice Inégalités de revenus Croissance soutenable

38 • I – Science économique

Mécanismes

Exemples

Progrès technique et croissance endogène. Destruction créatrice provoquée par les innovations. Les effets du progrès technique sur les inégalités de revenus. Soutenabilité de la croissance et limites écologiques de la croissance. Rôle de l’innovation pour repousser les limites écologiques.

Exemples d’innovations qui ont soutenu la croissance, comme l’électricité ou les TIC (doc 3 p. 21). Exemples d’innovations qui provoquent de la destruction créatrice, comme la numérisation de la musique (doc 3 p. 25). Exemples d’innovations créatrices d’inégalités, comme le développement des plateformes de type Airbnb (doc 1 p. 24). Déclin de la musique enregistrée sur disque au profit de la musique numérique grâce aux TIC. Exemples d’innovations qui permettent de concilier croissance et soutenabilité, comme le robot pollinisateur (doc 3 p. 29).

OBJECTIF BAC Préparer le Grand oral p. 42-43 Pistes de sujets possibles Les trois sujets proposés ne sont que des exemples possibles. Il faut formuler le sujet sous la forme d’une question, à laquelle le candidat répond lors du Grand oral. Apprendre à formuler un sujet efficace et attractif 1. Points communs : ces titres de Une portent sur les défis et les limites de la croissance. Différences : certains titres sont courts, sans verbe, alors que d’autres sont formulés sous la forme de phrase ; l’un est formulé sous la forme interrogative, les autres non ; certains semblent donner un avis engagé, d’autres sont plus informatifs. 2. Les titres les plus courts et qui ne sont pas formulés sous la forme d’une phrase sont plus attractifs. Le reprise d’une formule connue (« La France mollit mais ne rompt pas » est une référence à Jean de La Fontaine, « Je plie, et ne romps pas », dans Le chêne et le roseau) ou une forme interrogative (« Croissance et climat ? C’est possible ») attirent l’intérêt. Des pistes pour le Grand oral Les questions que le jury pourrait poser permettent aux élèves de mieux cerner les attentes du jury lors de l’entretien et de s’y préparer (connaissances et projet d’orientation). L’encadré « Conseils pour le jour du le Grand oral » s’attache ici à la communication non verbale : rappel de l’importance de la gestuelle et de la posture. (Voir Fiche Bac 6 « Le Grand oral », pages 388-391) Sujet guidé : « Croissance soutenable ou croissance zéro ? »

p. 43

Ce sujet guidé n’a pas vocation à être un sujet clé en main pour les élèves mais un exemple de marche à suivre pour effectuer sa recherche documentaire et analyser son sujet, en utilisant la même méthode que pour les sujets des épreuves écrites de dissertation ou de raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (EC3).

Chapitre 1 – Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?

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2

Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? ANALYSE DU PROGRAMME p. 44 Ce chapitre reprend des notions et des théories déjà présentes dans l’ancien programme sur le commerce international, avec en complément des savoirs sur l’internationalisation de la production. Ainsi, il s’agira dans une première partie d’aborder les explications de la spécialisation et du commerce international à travers la notion d’avantages comparatifs, pour expliquer le commerce entre pays très différents avec les dotations factorielles et technologiques, mais aussi pour expliquer le commerce entre pays comparables en prenant en compte la différenciation, la qualité des produits, et la fragmentation de la chaîne de valeur. Une deuxième partie s’intéresse au rôle des firmes dans la mondialisation, en montrant que la compétitivité des pays résulte de la productivité des firmes et que la fragmentation s’accompagne d’une internationalisation de la chaîne de valeur. Enfin, une troisième partie s’intéresse aux effets du commerce international, notamment sur les inégalités entre pays et au sein des pays, et aux termes du débat entre libre-échange et protectionnisme.

ORGANISATION DU CHAPITRE Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.

A

Les raisons des échanges commerciaux entre pays

– Dossier 1 « Pourquoi les pays se spécialisent-ils ? », sur la théorie de l’avantage comparatif qui permet de montrer que les pays peuvent avoir un gain mutuel dans le commerce international, et sur le rôle des dotations factorielles et/ou technologiques pour expliquer le commerce entre des pays très différents  ; – Dossier 2 « Pourquoi des pays comparables échangent-ils ? », sur ce qui permet de comprendre pourquoi des pays comparables échangent entre eux, à savoir le rôle de la différenciation, de la qualité des produits et de la fragmentation de la chaîne de valeur.

B

Le rôle des firmes dans la mondialisation

– Dossier 3 « D’où vient la compétitivité d’un pays ? », sur le rôle de la productivité des firmes pour expliquer la compétitivité-coût et hors coût des nations  ; – Dossier 4 « Quelles stratégies de production pour les firmes multinationales ? », sur les stratégies mises en place par les firmes multinationales et sur l’internationalisation des chaînes de valeur. 40 • I – Science économique

C

Les effets du commerce international

– Dossier 5 « Quelles sont les conséquences du commerce international sur les inégalités ? », sur la baisse des inégalités entre pays et la hausse des inégalités dans les pays ; – Dossier 6 « Libre-échange ou protectionnisme ? », sur les bienfaits attendus du libre-échange mais aussi sur ses limites pour comprendre que le protectionnisme peut parfois être préférable. Trois activités permettent d’approfondir, à la fin du chapitre, certains objectifs d’apprentissage : − Activité 1 « La spécialisation de la Côte d’Ivoire lui est-elle favorable ? », une étude de cas pour montrer que la spécialisation des pays peut évoluer dans le temps et que le choix de la spécialisation est plus ou moins favorable, ce que mesure l’évolution des termes de l’échange. Cette activité de recherche d’informations et synthèse utilise des outils TICE. − Activité 2 « La fragmentation de la chaîne de valeur dans l’industrie automobile », pour montrer l’intérêt qu’ont les firmes multinationales à fragmenter la chaîne de valeur et comprendre que cette fragmentation tient compte des avantages comparatifs de chaque pays. Les élèves vont rédiger des paragraphes AEI en vue de s’entraîner aux épreuves du bac. − Activité 3 « Faut-il craindre le retour du protectionnisme ? », un débat sur un des objectifs d’apprentissage du chapitre pour se préparer au Grand oral en classe entière, en mettant en œuvre des compétences orales. En fin de chapitre, des pages « Objectif bac » permettent de se préparer aux épreuves écrites. − Objectif bac – Épreuve composée, pour se préparer aux trois parties de cette épreuve, avec un guidage méthodologique sur les étapes 1 et 2 (analyser le sujet et organiser ses connaissances) de la partie 3 ; − Objectif bac – Dissertation, pour s’entraîner sur un sujet de dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire, avec un guidage méthodologique sur les étapes 3 et 4 (étudier le dossier documentaire et construire son plan détaillé). Une proposition de corrigé des trois parties de l’épreuve composée et un guide méthodologique complet du sujet de dissertation et de la partie 3 de l’épreuve composée sont disponibles sur le site collection. Ils offrent aux élèves des moyens d’appréhender les attentes de l’épreuve et de s’entraîner sur les savoir-faire attendus. Les rubriques habituelles complètent le chapitre pour donner aux élèves des outils de récapitulation et d’approfondissement des connaissances (Synthèse + schémas L’essentiel + sélection de vidéos), d’autoévaluation (Testez vos connaissances  !) et de mobilisation des savoir-faire quantitatifs (Utilisez les statistiques).

OUVERTURE DU CHAPITRE p. 44-45 Trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre : – Découvrir par l’image invite les élèves à commenter une photo montrant la production de jouets dans une usine en Chine, où le facteur travail est abondant. Le document permet de comprendre comment l’abondance ou la rareté des facteurs de production déterminent les spécialisations et le commerce international. La note introductive apporte des statistiques sur le marché mondial des jouets (production et ventes). – Découvrir par la vidéo invite les élèves, à partir d’un documentaire d’Arte Découverte, à suivre la production des crevettes, de leur pêche en mer jusqu’à leur consommation après achat dans un supermarché, en passant par le décorticage et le conditionnement. Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 41

1. Les crevettes parcourent 6 756 km entre leur capture et leur consommation, 13 jours plus tard. Il y a cinq étapes réparties dans trois ou quatre pays : pêche en mer du Nord (eaux territoriales de la Norvège, probablement) ; vente et conditionnement en gros dans un port d’Allemagne ; décorticage au Maroc ; conditionnement pour la vente au détail (en barquettes) aux Pays-Bas ; vente finale dans un supermarché en Allemagne. 2. La production est fragmentée en plusieurs étapes localisées dans des territoires différents en fonction des facteurs de production nécessaires pour réaliser ces étapes et de leur coût. Ainsi, la ressource naturelle est en mer du Nord mais le décorticage des crevettes se fait en Afrique du Nord car cette tâche minutieuse est faite à la main, et nécessite donc beaucoup de travail peu qualifié. Au contraire, le conditionnement en barquettes peut se faire avec des machines et peu de facteur de travail, d’où sa localisation aux Pays-Bas, près des marchés où les crevettes sont achetées et consommées. Enfin, ce qui autorise cette fragmentation et internationalisation de la production est le faible coût de transport maritime (containers réfrigérés et porte-containers). – Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un questionnaire sur leurs représentations et d’avoir une vision d’ensemble des représentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont être traités dans le chapitre. L’interface Q-Sort en ligne sur le site collection permet de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe.

A

Les raisons des échanges commerciaux entre pays

DOSSIER  1 Pourquoi les pays se spécialisent-ils ? p. 46-47

DO

Cette séquence aborde le raisonnement en termes d’avantages comparatifs qui permet d’expliquer pourquoi les pays peuvent avoir un intérêt mutuel à se spécialiser et échanger, puis les dotations factorielles et technologiques qui expliquent l’origine de ces avantages comparatifs et donc le commerce international entre pays très différents. Un document statistique montre aussi l’évolution de la spécialisation d’un pays (la Corée du Sud), évolution qui peut être reliée à celle de ses dotations factorielles et technologiques. C

1

POUR COMMENCER Serena Williams doit-elle tondre elle-même sa pelouse ? p. 46 Ce texte permet, en prenant appui sur un exemple simple, de comprendre la notion d’avantage comparatif qui, elle-même, repose sur la compréhension du concept de coût d’opportunité.

42 • I – Science économique

1. Forrest Gump

Serena Williams

4

2

50 $

30 000 $

500 - 50 = 450 $

30 000 - 500 = 29 500 $

Durée pour tondre la pelouse (en heures) Qui dispose d’un avantage absolu pour tondre la pelouse ? Quel est le coût d’opportunité pour chacun (en $) ? (Autrement dit, que perd chacun à tondre la pelouse ?) Qui dispose d’un avantage comparatif ? Quel est le gain à l’échange de chacun si Serena paie 500 $ à Forrest pour tondre sa pelouse ?

2. Le gain à l’échange dépend du coût d’opportunité de chacun. En effet, les individus ont intérêt à échanger dès lors que chacun gagne davantage après qu’avant l’échange. Dans cet exemple, si Serena Williams avait tondu sa pelouse, elle aurait renoncé au spot publicitaire qui lui aurait rapporté 30 000 $ ; de son côté, Forrest Gump renonce aux 50 $ que lui rapporterait son travail chez McDonald’s pour tondre la pelouse de Serena qui lui offre 500 $. Au final, celui qui subit le plus petit coût d’opportunité en tondant la pelouse, c’est-àdire la perte la moins importante, est Forrest. Il renonce à 50 $ alors que Serena, pour faire le même travail, aurait à renoncer à 30 000 $. Il a donc un avantage comparatif à tondre la pelouse. Et, comme l’indique la dernière phrase, tant que Serena rémunère Forrest plus que 50 $ et mois de 30 000 $, les deux obtiennent un gain à l’échange.

2

EXERCICE Les avantages comparatifs selon Ricardo p. 46 Cet exercice permet de réinvestir les notions vues dans le document 1 : avantage comparatif, coût d’opportunité, gain à l’échange. Il reprend le fameux exemple sur lequel s’appuie David Ricardo en 1817 pour montrer, grâce à des calculs simples, que chacun des deux pays peut avoir un gain à l’échange dans l’échange international. Nous proposons également un autre exercice pour vérifier la compréhension de ce raisonnement essentiel : « Testez vos connaissances ! », Exercice 1, page 66, mobilisant les personnages bien connus d’Astérix et Obélix. 1. Le Portugal a un avantage absolu dans la production du vin et du drap. En effet, le coût de production d’une unité de vin et d’une unité de drap y est plus faible qu’en Angleterre.   Corollaire à montrer aux élèves : en conséquence, le Portugal est également plus productif que l’Angleterre dans la production des deux biens, puisqu’il mobilise moins de temps de travail pour produire une unité de vin et une unité de drap. 2. Pour produire une unité de vin supplémentaire, le Portugal a besoin de 80 heures de travail. Or, chaque unité de drap nécessite 90 heures de travail. Dès lors, pour produire une unité de vin supplémentaire, le Portugal doit renoncer à produire 0,89 unité de drap (80/90 = 0,89). De même, pour produire une unité de vin supplémentaire, l’Angleterre a besoin de 120 heures de travail. Or, chaque unité de drap nécessite 100 heures de travail. Dès lors, pour produire une unité de vin supplémentaire, l’Angleterre doit renoncer à produire 1,2 unité de drap (120/100 = 1,2). 3. Le Portugal dispose d’un avantage comparatif dans la production de vin puisque le coût d’opportunité de produire une unité supplémentaire de vin y est plus faible. En effet, le coût relatif d’une unité de vin par rapport à une unité de drap y est plus faible (0,89) qu’en Angleterre (1,2). Le Portugal se spécialise donc dans la production de vin et l’Angleterre dans celle de drap.

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 43

N. B. : En s’appuyant sur cette réponse, il est possible ensuite de montrer aux élèves que les deux pays obtiennent un gain mutuel à l’échange si le prix du vin en unités de drap est compris entre 0,89 et 1,2. Il est possible de démontrer ce résultat simplement avec un prix du vin en drap de 1 : chaque unité de vin supplémentaire conduit le Portugal à renoncer à 0,89 unité de drap ; mais cette unité de vin peut être échangée contre 1 unité de drap provenant d’Angleterre, d’où un gain à l’échange. Du côté de l’Angleterre, chaque unité de drap supplémentaire conduit à renoncer à 0,83 unité de vin (100/120) ; mais cette unité de drap peut être échangée contre 1 unité de vin provenant du Portugal, d’où un gain à l’échange.

DO

Pour découvrir ce raisonnement à l’aide d’une vidéo : La Banque du Canada a publié une vidéo très claire sur l’avantage comparatif, qui peut être utilisée également pour présenter ce raisonnement ou pour le revoir à la maison. « Avantage comparatif et coût d’opportunité : des gagnants sur toute la ligne », Banque du Canada, 15 octobre 2018. Vidéo (5 min 07 s) : https://youtu.be/qGVbXe0lWP8 C

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Le rôle des dotations factorielles et technologiques dans la spécialisation p. 47 Ce texte permet de comprendre que la spécialisation des pays peut s’expliquer par l’abondance relative d’un facteur de production sur le territoire, mais qu’il peut aussi résulter de technologies plus efficaces. 1. La spécialisation du Canada dans les produits forestiers s’explique par ses dotations factorielles abondantes en capital naturel, relativement à la taille de sa population active. 2. Une dotation abondante dans un facteur abondant permet de disposer d’un avantage comparatif puisque ce facteur abondant est peu cher. Ainsi, le Canada dispose d’un avantage comparatif dans les productions utilisant de manière intensive le bois, peu onéreux sur ce territoire. 3. Le Japon ne dispose pas d’avantages comparatifs « naturels » comme c’est le cas du Canada, par exemple. La spécialisation du Japon dans l’automobile résulte du développement de techniques de production plus efficaces par les constructeurs automobiles japonais, c’est-à-dire par la constitution d’une dotation technologique. N. B. : L’enseignant pourra ici évoquer l’apparition et le développement de méthodes de production d’appel par l’aval et en « juste à temps » par l’ingénieur Taïchi Ohno au sein de l’entreprise Toyota dès les années 1950, qui finiront par supplanter l’organisation fordiste dans les années 1970 et 1980. Ceci anticipe des éléments qui seront abordés dans le chapitre 9. 4. La dotation en facteur travail évolue quantitativement en fonction de la démographie du pays, c’est-à-dire de la taille de sa population et de sa composition par âge, et des choix collectifs en matière d’âge de la scolarisation obligatoire et de départ en retraite. Elle peut aussi évoluer qualitativement en fonction des investissements en capital humain (éducation et formation). La dotation en facteur capital évolue en fonction de l’investissement intérieur, qui dépend à la fois de financements internes et externes (investissements directs à l’étranger). Les dotations technologiques évoluent en fonction des dépenses en recherche et développement, mais aussi en fonction des investissements directs à l’étranger ou de la sous-traitance internationale, à l’origine de transferts de technologie.

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L’évolution de la spécialisation de la Corée du Sud p. 47 Ce diagramme en barres empilées permet de visualiser l’évolution de la structure des exportations de la Corée du Sud entre 1967 et 2017. Il permet aussi de s’entraîner à la lecture de ces diagrammes en barres (voir Fiche outil 10, page 364) et à l’interprétation des % de répartition. 1. En 1967, les principales spécialisations de la Corée du Sud sont les services et le textile qui représentaient respectivement 28 % et 26 % du total des exportations de ce pays. En 2017, les principales spécialisations de la Corée du Sud sont l’électronique et la mécanique qui représentent respectivement 25 % et 16 % du total des exportations de ce pays. 2. La Corée du Sud était spécialisée, dans les années 1960, dans des activités qui nécessitaient une main-d’œuvre bon marché grâce à son abondance relative de main-d’œuvre (et la rareté du capital productif). Elle a fait évoluer sa spécialisation grâce à l’évolution de ses dotations factorielles : ralentissement de la croissance démographique, dépenses d’éducation et de formation qui s’apparentent à des investissements en capital humain, investissements en capital productif liés à des financements intérieurs (épargne) et extérieurs (investissements directs à l’étranger), dépenses de recherche et développement. N. B. : Avec des dépenses de R&D qui dépassent 4,5 % du PIB en 2018, la Corée du Sud est vice-championne du monde dans ce domaine (seul Israël est légèrement au-dessus) ; à titre de comparaison, les pays de l’OCDE consacrent en moyenne seulement 2,4 % de leur PIB à la R&D (2,8 % pour les États-Unis). S’ENTRAÎNER

p. 47

1 Autoévaluation Le Vietnam est relativement bien doté en facteur travail mais peu en facteur capital. C’est le contraire pour la France. Le Vietnam a donc un avantage comparatif dans les productions qui utilisent intensivement le facteur travail alors que la France a un avantage comparatif dans les productions intensives en facteur capital. Au Vietnam, le prix du facteur travail est relativement moins cher qu’en France car il est plus abondant. Le Vietnam se spécialise donc dans les productions qui utilisent davantage de facteur travail que de facteur capital, alors que la France se spécialise dans les productions intensives en facteur capital, ce qui permet aux pays d’échanger en obtenant un gain à l’échange.

2 Mobiliser ses connaissances Les dotations factorielles constituent l’ensemble des facteurs de production dont dispose un pays. Les échanges commerciaux prennent donc en compte ces dotations qui peuvent expliquer l’avantage comparatif et la spécialisation des pays. En effet, quand un pays est relativement bien doté en facteur travail par rapport au facteur capital, comme c’est le cas pour la Chine par exemple, le travail est relativement peu onéreux alors que le capital est cher, ce qui donne un avantage comparatif dans des productions utilisant beaucoup de travail et peu de capital. De même, les pays qui disposent d’une dotation en capital productif relativement importante par rapport au travail bénéficient d’un coût du capital plus faible, alors que le coût du travail y est plus élevé, d’où un avantage comparatif dans les productions utilisant beaucoup de capital et peu de travail.

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 45

DOSSIER  2 Pourquoi des pays comparables échangent-ils ? p. 48-49

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Cette séquence permet d’expliquer le commerce entre des pays de même niveau de richesse par habitant, une composante importante du commerce international qui ne peut pas s’expliquer seulement par les dotations en facteurs de production. Ce commerce de produits similaires s’explique notamment par la différenciation des produits et par la fragmentation des chaînes de valeur. C

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POUR COMMENCER La bataille de la différenciation p. 48 Ces images mettent en évidence que de nombreux produits, comme ici les glaces, sont produits dans des pays de niveau de richesse semblable, mais sous la forme de variétés différentes. Les glaces sont des produits qui se prêtent bien à la différenciation, une différenciation qui correspond à des préférences alimentaires différentes dans chaque pays (la marque Ben & Jerry’s a été fondée dans le Vermont aux États-Unis et l’entreprise produit toujours dans cet État ; de même, Carte d’Or produit toujours à Saint-Dizier en France), donc à des caractéristiques différentes (incorporation de Fudge Brownies dans la glace au chocolat américaine ; de caramel à la fleur de sel de Camargue pour la glace française), mais aussi à une demande dans des pays étrangers pour les glaces correspondant aux préférences alimentaires américaines et françaises.

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Cet exemple peut permettre d’évoquer deux analyses économiques fondatrices pour expliquer le commerce entre pays comparables de produits différenciés : l’idée que les exportations de chaque pays reflètent la « demande représentative » interne dans chaque pays (Staffan Burenstam Linder, 1961), et que ce commerce s’explique par le développement d’une « demande de différence » dans chaque pays (Bernard Lassudrie-Duchêne, 1972). Autrement dit, les glaces françaises et américaines ont d’abord été produites pour les populations de ces pays avant d’être exportées, car des Français aiment aujourd’hui les glaces américaines et des Américains aiment les glaces françaises. C

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La différenciation des produits et les échanges intrabranches  p. 48 Ce texte de Michel Rainelli explique l’existence d’échanges intrabranches par les stratégies de différenciation horizontale et verticale. 1. Pour différencier son produit de ceux des concurrents, une entreprise peut changer les caractéristiques de son produit en améliorant sa qualité ou en lui donnant des fonctionnalités nouvelles. Elle peut aussi investir dans des dépenses de publicité pour différencier l’image du produit. 2. Différenciation horizontale (même qualité mais caractéristiques différentes) – Design et couleur d’un produit (ex. : smartphones, vêtements de prêt-à-porter). – Taille de l’écran (petit ou grand) pour les smartphones. – Localisation d’un magasin en centre-ville ou dans un centre commercial à l’extérieur de la ville.

46 • I – Science économique

Différenciation verticale (qualité différente) – Haut de gamme / bas de gamme en termes de performances techniques (ex. : voitures, smartphones). – Nouveaux modèles qui attirent une demande forte les premiers mois (ex. : les produits Apple, Samsung et Xiaomi). – Service après-vente et réputation de fiabilité (ex. : les aspirateurs Dyson, censés résister à la chute d’un immeuble ; les sacs à dos Eastpak garantis 30 ans).

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3. Les produits différenciés se ressemblent parce qu’ils rendent le même service, mais sont aussi différents dans le sens où les consommateurs sont capables de les distinguer par la qualité perçue ou par d’autres caractéristiques. Dans le premier cas, deux pays peuvent échanger des produits de qualité réelle ou supposée différente, comme l’Allemagne et la France qui exportent mutuellement des automobiles vers le pays voisin, automobiles haut de gamme pour l’Allemagne, milieu de gamme pour la France. Dans le second cas, les pays s’échangent des produits avec des caractéristiques différentes, comme les glaces Ben & Jerry’s et Carte d’Or, ou encore les vins français et californiens. Ces échanges sont tous des échanges intrabranches. C

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Les nouvelles explications du commerce international p. 49 Ce texte montre comment les nouvelles théories du commerce international formulées par Paul Krugman expliquent le commerce intrabranche par l’existence d’économies d’échelle et d’une demande de diversité. 1. Après la Seconde Guerre mondiale, la majeure partie du commerce mondial se fait entre des pays de même niveau de richesse par habitant qui s’échangent les mêmes produits, mais différenciés. Or, les théories issues de l’analyse des avantages comparatifs par Ricardo expliquaient uniquement l’intérêt des échanges entre des pays très différents exportant des produits différents… mais standardisés. 2. L’essentiel du commerce international se réalise entre des pays de niveau de développement semblable. Ainsi, ces pays s’échangent des produits substituables, c’est-àdire issus d’une même branche d’activité. Dans ce contexte, la concurrence est forte, ce qui conduit les entreprises à différencier leurs produits pour obtenir un pouvoir de marché et bénéficier d’économies d’échelle grâce au fait d’être seules à vendre de grandes quantités de cette production. Donc, la différenciation permet à chaque pays de développer un avantage comparatif dans une variété ou qualité de produit, avec un renforcement de cet avantage comparatif grâce aux économies d’échelle. Ainsi, les entreprises Apple (États-Unis) et Samsung (Corée du Sud) fabriquent toutes les deux des téléphones portables de qualité comparable mais de variété différente, de même qu’Airbus et Boeing dans l’aviation.

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EXERCICE L’iPhone : un exemple de fragmentation de la chaîne de valeur p. 49 Cet exercice basé sur un document statistique illustre la fragmentation de la chaîne de valeur en prenant appui sur l’exemple de l’iPhone. Il propose de lire un % de répartition et de lui donner du sens à travers un calcul simple. 1. 3,6 % du coût total de l’iPhone 7 est réalisé en Chine. Autrement dit, sur 100 euros que coûte un iPhone 7 à sa sortie de l’usine, 3,6 euros proviennent d’activités de production qui se déroulent en Chine. 2. 237,45 x 3,6/100 = 8,55 $ La production réalisée en Chine (l’assemblage) représente un coût de 8,55 $, alors que le coût total de production de l’iPhone 7 à sa sortie de l’usine d’assemblage est de 237,45 $. 3. Les composants nécessaires à l’assemblage de l’iPhone 7 proviennent principalement des États-Unis, du Japon et de Taïwan, qui représentent respectivement 28,9 %, 28,5 % et 20,1 % du coût total de l’iPhone 7 à sa sortie de l’usine.

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 47

S’ENTRAÎNER

p. 49

1 Autoévaluation Depuis la Seconde Guerre mondiale, le commerce international a connu deux évolutions majeures : – le développement des échanges de produits similaires entre des pays comparables, ou commerce intrabranche. Il s’explique essentiellement par la diversité des goûts des consommateurs et par une volonté de différenciation des produits de la part des firmes ; – le développement du commerce intrafirme du fait de la fragmentation de la chaîne de valeur.

2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire Pour expliquer pourquoi les pays comparables commercent entre eux, la nouvelle théorie du commerce international avance deux propositions essentielles. D’une part, les produits sont différenciés, verticalement (différences de qualité) et horizontalement (différences de variété). En effet, les acheteurs ont un goût pour la diversité qui va conduire les entreprises à se spécialiser sur un segment de marché (le haut de gamme ou le bas de gamme, par exemple) ce qui favorise les échanges commerciaux entre pays comparables. D’autre part, les économistes montrent que les échanges s’expliquent par l’existence d’économies d’échelle. En effet, en produisant pour un vaste marché international, les firmes augmentent les quantités produites, ce qui leur permet de baisser le coût par unité produite. Ceci incite les entreprises à se spécialiser sur certains types de produits, et sur certains segments de marché d’un même produit, en tenant compte de la différenciation. Enfin, la fragmentation de la chaîne de valeur mise en œuvre par les firmes multinationales génère des échanges entre pays comparables et différents à la fois. Par exemple, l’assemblage de l’iPhone en Chine nécessite des importations de composants en provenance des États-Unis et du Japon, mais aussi de Taïwan et de Corée du Sud.

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Le rôle des firmes dans la mondialisation

DOSSIER 3 D’où vient la compétitivité d’un pays ? p. 50-51

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Cette séquence vise à expliquer que la compétitivité des pays, définie par le programme comme la capacité à exporter, dépend de la productivité des firmes sur le territoire. Elle permet de mettre en évidence les différentes formes de la compétitivité (coût et hors coût) et de montrer que celle-ci dépend à la fois des performances des entreprises et du contexte institutionnel. C

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POUR COMMENCER Les leviers de la compétitivité p. 50 Cette vidéo propose un reportage sur deux entreprises : Goubault, une entreprise d’imprimerie nantaise, et Krampouz, une entreprise quimperoise qui fabrique des appareils de cuisine, et notamment des crêpières et des planchas. Ces deux entreprises investissent dans de nouveaux équipements, mais aussi, pour la seconde, dans la recherche et développement, pour accroître leur productivité.

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1. Pour accroître leur productivité, ces deux entreprises investissent dans de nouveaux équipements : dans la première, une nouvelle imprimante industrielle qui augmente la vitesse d’impression et réduit la consommation de papier et d’énergie (innovation de procédé, rappel chapitre 1) ; dans la seconde, une machine de découpe laser qui permet de produire plus vite (innovation de produit, rappel chapitre 1). Par ailleurs, la seconde entreprise embauche des ingénieurs pour faire de la recherche et développement et créer de nouveaux produits, comme la plancha.

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2. Les gains de productivité qui résultent des investissements permettent à l’entreprise de produire moins cher. La recherche et développement permet de produire moins cher quand elle conduit à mettre en place des innovations de procédé, et permet de développer des nouveaux produits générant plus de valeur ajoutée, car sur des marchés où la concurrence sur les prix est moins rude. L’entreprise génère donc plus de valeur ajoutée, ce qui favorise à la fois les profits de l’entreprise, la pérennité des emplois et les salaires. C

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De la productivité à la compétitivité p. 50 Ce texte permet de relier le sens premier de la notion de compétitivité au niveau microéconomique, « compétitivité des entreprises », à son sens dérivé quand cette notion est utilisée au niveau macroéconomique, la « compétitivité d’un pays ». Il permet aussi de montrer que cette compétitivité résulte à la fois de coûts faibles et d’une productivité élevée. N. B. : Nous n’entrerons pas ici dans les débats, très vifs, sur la pertinence de la notion de « compétitivité d’un pays », une notion contestée notamment par Paul Krugman. Pour un point très utile et nuancé sur cette notion, les enseignants peuvent consulter en ligne la version intégrale de ce chapitre de L’économie mondiale que le CEPII a publié en 2012. http://www.cepii.fr/PDF_PUB/em/2012/em2012-07.pdf 1. Une entreprise est plus compétitive que ses concurrents quand elle parvient à obtenir davantage de parts de marché qu’eux en raison, par exemple, de la meilleure qualité de ses produits et/ou de prix plus attractifs. En revanche, une nation est plus compétitive qu’une autre quand elle est capable d’exporter davantage, mais aussi quand elle parvient à augmenter l’emploi, le niveau de vie et donc le bien-être de sa population (voir définition donnée par l’OCDE). 2. Une entreprise plus productive que ses concurrents est capable de produire davantage qu’eux avec moins de facteurs de production, ce qui lui permet d’avoir des coûts de production et donc des prix plus faibles. Elle peut donc gagner des parts de marché, et donc gagner en compétitivité. 3. Si le prix est un facteur indéniable pour gagner des parts de marché, l’entreprise peut aussi investir en R&D, innover et proposer des produits de meilleure qualité pour accroître sa compétitivité.

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4. Un pays compétitif attire les investisseurs en raison de la productivité des activités sur son territoire. Ces investissements favorisent en retour des gains de productivité, via la recherche et développement, l’amélioration du capital humain et des infrastructures. C

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Comment évolue la compétitivité-coût de la France et de l’Allemagne ? p. 51 Ce graphique chronologique permet de mettre en évidence les deux composantes de la compétitivité-coût : l’évolution de la productivité du travail et du salaire réel. 1. En France, la productivité du travail a augmenté d’environ 14 % (114 – 100) de 2000 à 2018 et, sur la même période, le salaire réel a progressé de 16 % (116 – 100).

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 49

2. En France, entre 2000 et 2018, la compétitivité-coût (voir encadré Repère) a diminué alors qu’elle a augmenté en Allemagne. En effet, en France, les salaires ont progressé plus vite que la productivité (voir question 1), alors qu’en Allemagne, c’est l’inverse : entre 2000 et 2018, la productivité du travail a augmenté d’environ 12 % alors que le salaire réel n’augmentait que d’environ 9 %. Le coût salarial unitaire a donc augmenté en France et a baissé en Allemagne, ce qui traduit une détérioration de la compétitivité-coût de la France par rapport à l’Allemagne. 3. Un coût du travail élevé n’est pas forcément synonyme d’une baisse de la compétitivité d’un pays. En effet, les salariés peuvent être mieux rémunérés s’ils sont plus productifs, ce que traduit l’évolution des deux courbes du graphique. C’est donc le coût salarial unitaire qui traduit l’évolution de la compétitivité-coût, en rapportant le coût du travail à la productivité du travail. Par ailleurs, il y a aussi d’autres dimensions de la compétitivité, appelées « compétitivité hors coût », que cet indicateur ne prend pas en compte.

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EXERCICE

Les déterminants de la compétitivité d’un pays

p. 51 Cet exercice fait le lien entre les compétitivités-coût, hors coût et la productivité. Il met donc en évidence les principaux facteurs qui influencent la compétitivité des pays. 1. La productivité du travail mesure l’efficacité de la production en rapportant celle-ci (mesurée par la valeur ajoutée par exemple) à la quantité de travail utilisée (nombre d’heures travaillées ou nombre de travailleurs). 2. Productivité du travail

Coût du travail

Coût salarial unitaire : Coût du travail / Productivité du travail Innovation

Image de marque

Qualité

Compétitivité hors coût

Compétitivité-coût Compétitivité

3. Pour produire, l’entreprise supporte des coûts de production. Le salaire est l’un de ces coûts dont elle doit tenir compte lorsqu’elle fixe le prix de ses produits. En effet, des salaires trop élevés augmentent le coût total de production et obligent l’entreprise à augmenter ses prix pour maintenir ses profits. Dès lors, les économistes considèrent qu’un coût salarial élevé nuit à la compétitivité-coût de la firme. 4. Une entreprise qui bénéficie d’une bonne image de marque inspire confiance aux consommateurs. Ainsi, lorsqu’un agent fait un achat, pour faire son choix il peut être amené à rechercher des informations afin de connaître la qualité du bien qu’il désire se procurer. Or, s’il achète un produit de marque connue pour sa fiabilité et sa qualité, cette simple réputation suffit à déterminer son choix, ce qui procure à l’entreprise qui propose le bien un avantage compétitif en termes de qualité. Elle peut alors développer ses parts de marché sans baisser ses prix.

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S’ENTRAÎNER

p. 51

1 Autoévaluation Innovation et/ou amélioration du capital humain

Hausse de la productivité

Baisse des prix

Amélioration de la compétitivité

Hausse des exportations

2 Étude d’un document Ce document est un graphique qui présente l’évolution des salaires et de la productivité du travail en France et en Allemagne de 2000 à 2018, sur la base de données Eurostat compilées par le Conseil national de productivité, en avril 2019. Il montre que si la France et l’Allemagne ont connu une hausse de la productivité à peu près similaire sur la période 2000-2018, de respectivement 14 % et 12 %, en revanche la hausse du coût du travail a été plus forte en France qu’en Allemagne. En effet, alors que le coût du travail progresse d’environ 16 % sur cette période en France, il n’augmente que de 9 % en Allemagne. Cette hausse plus rapide des salaires en France, alors que la productivité connaît une augmentation similaire à celle de l’Allemagne, pénalise la compétitivité-coût de la France par rapport à l’Allemagne. En conséquence, les entreprises qui produisent en France ont soit des marges plus faibles que celles qui produisent en Allemagne, ce qui pénalise l’investissement, soit doivent vendre leurs produits plus chers, ce qui conduit à la perte de parts de marché.

DOSSIER  4 Quelles stratégies de production pour les firmes multinationales ? p. 52-53

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Cette séquence met en évidence les différentes stratégies des firmes multinationales pour fragmenter leur chaîne de valeur en différentes étapes localisées dans différents pays. Il s’agit ensuite d’analyser les causes de cette internationalisation des chaînes de valeur, et ses conséquences sur la répartition de la valeur ajoutée créée dans les territoires. C

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POUR COMMENCER Renault, une firme multinationale p. 52 Cette carte est tirée du Document de référence du Groupe Renault remis aux actionnaires en amont de l’Assemblée générale du printemps 2019. Elle permet de visualiser les différentes usines du groupe Renault dans le monde et donc d’introduire le terme de « firme multinationale ». Ce sera aussi l’occasion de commencer à réfléchir avec les élèves sur les raisons qui poussent une entreprise à s’implanter dans différents pays. 1. Les usines du groupe Renault appartiennent au Groupe Renault alors que les usines partenaires sont des établissements qui appartiennent au Groupe Nissan avec qui Renault a noué une alliance, ou qui appartiennent à d’autres entreprises avec qui le groupe travaille. 2. Renault peut être qualifiée de firme multinationale puisqu’elle est implantée dans différents pays du monde. Il existe une maison-mère et des filiales qui lui appartiennent et qui sont localisées dans différents pays. 3. Si Renault produit dans différents pays, avec des usines en Europe, en Asie, en Afrique du Nord et en Amérique du Sud, c’est d’abord parce que les automobiles sont des produits lourds et coûteux à transporter, d’où la nécessité de produire à proximité des marchés desservis. Ainsi, par exemple, l’implantation en Chine peut s’expliquer

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 51

par la présence d’une main-d’œuvre abondante et bon marché, ce qui procure des avantages en termes de compétitivité-coût, mais aussi et surtout par l’importance du marché chinois et de l’Asie du Sud-Est, en pleine croissance. Par ailleurs, cette implantation très éclatée sur différents territoires est liée à la fragmentation des chaînes de valeur, certaines usines étant spécialisées dans la production de composants comme les châssis, moteurs et boîtes de vitesses, pour les véhicules du groupe Renault, du groupe Nissan, mais aussi pour d’autres constructeurs (Renault vend des moteurs et des boîtes de vitesse à Daimler-Benz, par exemple).

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EXERCICE Les stratégies des firmes multinationales p. 52 Cet exercice met en évidence les différentes stratégies de production que les firmes multinationales peuvent utiliser, en combinant deux décisions : produire dans le pays domestique ou délocaliser ; produire dans l’entreprise ou externaliser. 1. a) The Coca-Cola Company travaille dans le monde entier avec près de 250 entreprises partenaires sous licence. D b) Apple​fait assembler l’​iPhone​par des entreprises chinoises. D c) Peugeot​a racheté le constructeur allemand Opel en 2017. B d) Peugeot Sochaux achète les pare-chocs de la 3008 à l’entreprise AEE située à Audincourt. C e) Benetton​fait fabriquer des pièces textile au Bangladesh. D f) Tefal​(groupe Seb) réimplante sa production de grille-pains en Pologne. B g) Hermès fabrique les articles textile et maroquinerie dans 42 sites de production en France. A h) Peugeot​achète les boîtes automatiques à la firme japonaise Aisin. D i) Air France a racheté la compagnie néerlandaise KLM en 2004. B

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2. Quand une entreprise externalise son activité, c’est-à-dire qu’elle la fait réaliser par une autre entreprise, elle cherche à diminuer ses coûts et à profiter du savoir-faire d’une autre entreprise. C’est le cas, par exemple, de Peugeot qui achète des pare-chocs à un sous-traitant en France et des boîtes automatiques à un sous-traitant au Japon. Quand une entreprise délocalise, c’est-à-dire qu’elle choisit de faire réaliser une production sur un autre territoire, elle cherche également à baisser les coûts de production, mais aussi à se rapprocher de certains marchés. C’est ce dernier motif qui explique que Coca-Cola fasse produire son soda dans un réseau de 250 entreprises partenaires dans le monde entier pour fournir chaque marché. En revanche, c’est la baisse du coût de production qui explique qu’Apple fasse assembler l’iPhone par des entreprises sous-traitantes en Chine. C

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L’essor des chaînes de valeur mondiales p. 53 Ce texte met en évidence les principaux facteurs qui ont permis l’essor des chaînes de valeur mondiales. Il s’intéresse aussi aux stratégies que les firmes multinationales utilisent pour fragmenter leur chaîne de valeur, ce qui sera l’occasion pour l’enseignant de refaire le lien avec la théorie des avantages comparatifs vue en début de chapitre. 1. La baisse des coûts de transport, les nombreux accords de libre-échange qui permettent de diminuer, voire de faire disparaître, les droits de douane, la baisse des coûts de communication suite à l’avènement d’Internet, ainsi que le décollage économique de la Chine qui permet de réduire les coûts de production notamment grâce à une main-d’œuvre bon marché, sont autant de facteurs qui favorisent l’essor des chaînes de valeur mondiales. 2. Les entreprises décomposent leurs chaînes de valeur en tenant compte des avantages comparatifs de chaque pays. Les productions intensives en travail sont délo-

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calisées vers la Chine ou, plus généralement, vers le continent asiatique qui propose une main-d’œuvre peu coûteuse, alors que les productions intensives en capital sont davantage localisées dans les pays développés, où la main-d’œuvre est qualifiée, et qui offrent des technologies avancées.

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Pour aller plus loin Florence Palpacuer, « Les chaînes globales de valeur », Xerfi Canal, 28 septembre 2016 Vidéo (du début à 3 min 8 s) : https://www.youtube.com/watch?v=oLtZCH-RdVI C

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Comment la valeur ajoutée se répartit-elle entre les différentes activités ? p. 53 Ce document met en évidence la répartition très inégale de la valeur ajoutée sur l’ensemble de la chaîne de valeur, de l’amont (avant la fabrication des produits) à l’aval (après la fabrication des produits). N. B. : Cette « courbe du sourire » a été utilisée pour la première fois en 1992 par le fondateur d’Acer, Stan Shih, pour illustrer les problèmes auxquels étaient confrontés les fabricants du secteur des technologies de l’information de Taïwan, pris à l’époque dans le creux de la courbe. C’est un modèle qui est corroboré par les mesures du commerce international en valeur ajoutée menées conjointement par l’OMC et l’OCDE. 1. Les activités matérielles de production sont liées à la fabrication d’un bien, alors que les activités en amont ou en aval sont immatérielles : il s’agit de produire un service. Ainsi, en amont, il s’agit des activités de recherche et développement et de conception, et en aval des activités liées au marketing et à la distribution. 2. Depuis les années 1970, on observe une augmentation de la valeur ajoutée en amont et en aval des activités matérielles de production, alors que la valeur ajoutée générée par ces activités matérielles de production diminue. Le « sourire », relativement plat dans les années 1970, s’accentue pour former un « U ». 3. Apple pratique une fragmentation de son processus de production en tirant parti des avantages comparatifs de chaque pays et se spécialise sur les activités qui génèrent le plus de valeur ajoutée. L’entreprise décide donc d’externaliser les activités matérielles de production, alors qu’elle continue à réaliser elle-même les activités à fort contenu en valeur ajoutée que sont la recherche et développement, la conception, le marketing et les ventes (via son réseau d’Apple Store et son site). 4. Ce document montre que les activités en aval et en amont des activités matérielles de production génèrent plus de valeur ajoutée. Les firmes multinationales des pays développés se concentrent donc sur ces activités, ce qui explique l’évolution de leur spécialisation vers le secteur des services. A contrario, ce document explique pourquoi les activités matérielles de production sont réalisées dans des pays où le coût de la main-d’œuvre est peu élevé, puisque ces activités génèrent moins de valeur ajoutée, ce qui conduit ces pays à s’industrialiser. S’ENTRAÎNER

p. 53

1 Autoévaluation 1. Faux. Elle se fait aussi par une externalisation, domestique ou internationale. 2. Vrai. 3. Vrai. 4. Vrai.

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 53

2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire Si l’iPhone est un produit « made in world », de nombreux autres biens sont produits grâce à une fragmentation des chaînes de valeur. De cette façon les diverses opérations de conception, de logistique, de production et de services nécessaires à la production d’un bien sont réparties par les firmes multinationales dans un très grand nombre de pays en fonction de leurs avantages comparatifs. Comment expliquer l’essor de cette fragmentation des chaînes de valeur ? Ce processus de fragmentation des chaînes de valeur s’est intensifié sous l’influence de nombreux facteurs. §1 La baisse des coûts de transport et de communication Les progrès dans les transports et l’avènement d’Internet ont favorisé une baisse des coûts du transport et des communications qui expliquent une partie de la fragmentation des chaînes de valeur (document 3). Ainsi, la fabrication d’un bien peut avoir lieu dans les pays qui présentent des avantages en termes de coûts, tant au niveau de la main-d’œuvre que des matières premières, pour être ensuite assemblé et vendu sur le marché mondial. L’iPhone, par exemple, nécessite des matières premières en provenance d’Afrique, des composants en provenance du Japon, de Corée du Sud et des États-Unis, et est assemblé en Chine. §2 Les accords de libre-échange De la même façon, les nombreux accords de libre-échange signés entre les pays (GATT et OMC, Mercosur, l’Alena, l’Union européenne, etc.) abolissent les droits de douane et réduisent les prix. Ces accords démultiplient les possibilités de fragmenter la production dans de nombreux pays. §3 Une main-d’œuvre bon marché L’arrivée de la Chine dans le commerce mondial à partir des années 1980, jusqu’à son entrée à l’OMC en 2001, a participé à l’augmentation du processus de fragmentation des chaînes de valeur (document 3). En offrant une main-d’œuvre abondante et peu coûteuse, ce pays a permis aux entreprises dont la production est intensive en travail de réduire leurs coûts de production pour stimuler leur compétitivité et gagner des parts de marché. §4 La recherche d’une meilleure compétitivité et la spécialisation sur les activités à forte valeur ajoutée dans un contexte de concurrence exacerbée Les firmes multinationales définissent des stratégies internationales de production en choisissant pour chaque activité de faire ou d’externaliser, et en décidant de leur localisation en fonction des avantages comparatifs des pays (document 2). La fragmentation et l’internationalisation des chaînes de valeur permettent alors aux multinationales de se spécialiser sur les étapes qui génèrent le plus de valeur ajoutée, en amont et en aval des activités matérielles de production (document 4).

C

Les effets du commerce international

DOSSIER  5 Quelles sont les conséquences du commerce international sur les inégalités ?

p. 54-55 Cette séquence vise à analyser les effets du commerce international sur les inégalités entre les pays mais aussi à l’intérieur des pays, pour dresser un bilan global de l’évolution des inégalités mondiales. 54 • I – Science économique

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1

POUR COMMENCER La mondialisation, créatrice d’inégalités ? p. 54 Cette vidéo permet de visualiser l’évolution des inégalités mondiales en décomposant l’évolution des inégalités entre pays et dans les pays, dans la lignée des travaux de Branko Milanovic, cité pour sa fameuse « courbe de l’éléphant » (voir capture d’écran). Elle souligne que la mondialisation n’a pas les mêmes effets pour tous : elle fait des gagnants, mais aussi des perdants. 1. Entre 1820 et 1970, les inégalités entre pays n’ont cessé d’augmenter mais la tendance s’inverse depuis 1970, et surtout depuis 1988, date à laquelle la mondialisation s’accélère avec la chute du mur de Berlin. 2. Depuis les années 1970, les inégalités à l’intérieur des pays ont augmenté car la part de la richesse captée par les plus riches a augmenté, contrairement à celle des plus pauvres dans la plupart des pays. 3. Depuis les années 1970, les inégalités mondiales ont diminué pour la grande majorité des individus. Ainsi, les plus pauvres ont vu leurs revenus progresser de 40 %, les classes moyennes des pays émergents de 75 % et les plus riches de 65 %. Seules les classes moyennes et populaires des pays développés n’ont vu aucune amélioration de leurs revenus.

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4. Elle ressemble à un éléphant, d’où le nom donné par son créateur, Branko Milanovic, à cette courbe dite « courbe de l’éléphant ». C

2

La mondialisation favorise la baisse des prix p. 54 Ce texte explique comment la mondialisation favorise la baisse des prix et donc la hausse du pouvoir d’achat des ménages. Il met en évidence les gains que, notamment les ménages aux revenus les plus faibles, peuvent tirer d’une baisse de prix liée à l’intensification des échanges et de la concurrence. 1.

Prix du micro-ondes Nombre d’heures de travail pour l’acheter Salaire nominal horaire

1980

2018

Coefficient multiplicateur (2018/1980)

399,95 $

57,13 $

0,14

61 h

3 h

0,05

6,56 $

19,05 $

2,9

2. Si tous les ménages ont pu profiter de la baisse des prix due à la mondialisation, ce sont les ménages aux revenus les plus faibles qui en ont davantage bénéficié. En effet, lorsque ces ménages achètent un bien ménager, compte tenu du fait que leur revenu est faible, cet achat représente une part plus importante de leur revenu que pour un ménage riche. Dès lors, la baisse des prix de ces biens permet aux ménages les moins favorisés d’avoir davantage de pouvoir d’achat à consacrer à d’autres dépenses. 3. La spécialisation favorise une « meilleure utilisation des ressources », comme l’a démontré David Ricardo dans la théorie des avantages comparatifs. En effet, si chaque pays se spécialise dans la production pour laquelle il est relativement le plus productif, alors il va pouvoir produire avec un coût de production plus faible, et obtenir davantage de produits en exportant le produit sur lequel il s’est spécialisé qu’en produisant tout lui-même. L’intensification des échanges commerciaux permet donc à chaque pays d’obtenir plus de produits en utilisant plus efficacement les facteurs de production présents sur son sol.

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 55

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3

L’évolution des inégalités dans les pays dépend des dotations de facteurs p. 55 Ce texte permet de différencier les effets de la mondialisation sur les inégalités de revenus dans les pays selon qu’ils ont des dotations factorielles abondantes en travail ou en capital, en s’appuyant sur le modèle développé par Wolfgang Stolper et Paul Samuelson (1941). 1. Les travailleurs qualifiés sont relativement nombreux en Europe, ce qui est mesuré par un ratio (nombre de qualifiés/nombre de non-qualifiés) plus élevé qu’en Inde, où ils sont plus rares. En conséquence, sur le marché du travail, les travailleurs qualifiés obtiennent un surcroît de salaire plus faible en Europe qu’en Inde, ce qui est mesuré par le ratio (salaires des qualifiés/salaires des non-qualifiés). En effet, étant relativement nombreux en Europe, ils peuvent moins facilement revendiquer un salaire plus élevé, alors qu’étant plus rares en Inde, ils peuvent exiger des salaires élevés. 2. L’Europe a intérêt de se spécialiser dans la production d’avions puisque cette production nécessite une main-d’œuvre qualifiée qui y est abondante, et donc relativement moins onéreuse. L’Inde a intérêt à se spécialiser dans la fabrication de tee-shirts puisque cette production nécessite une main-d’œuvre peu qualifiée qui y est abondante, et donc peu onéreuse. 3. Le commerce international a pour effet d’accroître les inégalités à l’intérieur de l’Europe car la spécialisation dans la production d’avions augmente la demande de travail qualifié et diminue la demande de travail non qualifié, ce qui accroit le ratio (salaires des qualifiés/salaires des non-qualifiés).

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Inversement, le commerce international a pour effet d’accroître les inégalités à l’intérieur de l’Inde car la spécialisation dans la production de tee-shirts augmente la demande de travail non qualifié et diminue la demande de travail qualifié, ce qui diminue le ratio (salaires des qualifiés/salaires des non-qualifiés). C

4

Qui a bénéficié de la croissance des revenus ? p. 55 Ce graphique met en évidence l’évolution de la part des revenus touchée par les 10 % de ménages les plus favorisés depuis 1980 dans plusieurs pays de niveau de développement inégal. Il permet de tester les prédictions de la théorie de Stolper et Samuelson exposée dans le document 3. 1. En 1980, en Russie, les 10 % les plus riches percevaient 21 % de l’ensemble des revenus du pays, alors qu’en 2016 ils accaparaient 45 % de l’ensemble des revenus. 2. C’est en Inde et en Russie que les inégalités augmentent le plus, et c’est en Europe qu’elles ont le moins augmenté. 3. Les constats établis ici ne sont cohérents avec les conclusions du document 3 que pour ce qui concerne l’augmentation des inégalités dans les pays les plus riches : hausse très forte des inégalités aux États-Unis et au Canada, et dans une moindre mesure en Europe. Toutefois, ces constats ne sont pas cohérents avec les conclusions du document 3 pour les pays émergents spécialisés dans des productions intensives en travail peu qualifié : les inégalités augmentent très fortement en Inde et en Chine, alors que le modèle prévoyait une baisse de ces inégalités. 4. Les pays émergents (Russie, Chine et Inde) partaient en 1980 avec un niveau d’inégalités plus faible que dans les pays développés. Or, dans ces pays, l’abondance de la dotation en main-d’œuvre peu qualifiée a permis longtemps de maintenir des salaires faibles pour les peu qualifiés, sans que ceux-ci ne progressent, alors même que la rareté des travailleurs qualifiés provoquait une hausse de leur rémunération. Ensuite, les inégalités augmentent plus ou moins selon l’évolution des revenus du patrimoine, des revenus qui bénéficient d’abord aux plus riches.

56 • I – Science économique

Surtout, les effets du commerce international sur les inégalités sont très différents selon l’ampleur de la redistribution des revenus par l’État. C’est ce qui explique la moindre progression des inégalités en Europe par rapport aux États-Unis, et aussi la forte progression des inégalités en Chine, Inde et Russie, dans un contexte d’affaiblissement de la redistribution. Pour aller plus loin « Pays ouvert aux échanges = pays inégalitaire ? », France TV éducation, Décod’éco, 2 février 2018  Vidéo (3 min 10 s) : https://www.youtube.com/watch?v=bEtdXJiytc4 S’ENTRAÎNER

p. 55

1 Autoévaluation 1. Vrai. 2. Faux. Selon Branko Milanovic, ces inégalités diminuent, notamment avec l’émergence des pays nouvellement industrialisés en Asie du Sud-Est. 3. Vrai. 4. Faux. La mondialisation contribue à faire baisser le prix de certains produits. 5. Vrai.

2 Mobiliser ses connaissances Par le développement du commerce international, la mondialisation peut accroître les inégalités au sein des pays les plus riches. En effet, ces pays sont caractérisés par une abondance relative de travailleurs qualifiés, dont les salaires sont donc relativement moins élevés que dans les pays plus pauvres où ils sont plus rares. En conséquence, les pays les plus riches ont un avantage comparatif dans des productions qui nécessitent beaucoup de travail qualifié, et ont intérêt à se spécialiser dans ces productions en délaissant celles qui nécessitent beaucoup de travail peu qualifié, pour lesquelles les pays plus pauvres ont un avantage comparatif. Dans les pays les plus riches, cette augmentation de la demande de travail qualifié et cette baisse de la demande de travail peu qualifié accroissent les salaires des premiers et diminuent celui des seconds, d’où une hausse des inégalités. Ce processus a été particulièrement observé aux États-Unis et en Angleterre, des pays où cet effet inégalitaire du commerce international n’a pas été compensé par des politiques de redistribution.

DOSSIER  6 Libre-échange ou protectionnisme ? p. 56-57

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Cette séquence permet de comprendre les termes du débat entre libre-échange et protectionnisme, en analysant les avantages et inconvénients de chacun. C’est l’occasion de remobiliser des raisonnements présentés dans les dossiers précédents, pour les justifications du libre-échange (avantages comparatifs notamment), et de présenter les justifications du protectionnisme. C

1

POUR COMMENCER Le CETA, un exemple d’accord de libre-échange p. 56 Cette vidéo permet de comprendre en quoi consiste le CETA, accord de libre-échange entre l’UE et le Canada signé en octobre 2016 puis ratifié par l’Assemblée nationale en juillet 2019.

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 57

1. Les principales mesures mises en œuvre dans cet accord de libre-échange sont la baisse des droits de douane et l’uniformisation des normes entre les pays de l’UE et le Canada. 2. Cet accord doit être ratifié à la fois par le parlement européen et par les parlements nationaux. En effet, 90 % de l’accord s’appliquent depuis septembre 2017 car ils relèvent des compétences exclusives de l’UE sur le commerce international, et sont donc ratifiés par le seul parlement européen. Cependant, les 10 % restants ne peuvent pas s’appliquer sans l’accord de tous les pays car ils portent sur des compétences partagées entre l’UE et les pays membres. C’est pourquoi chaque parlement de chaque pays concerné doit le ratifier.

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3.

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2

Avantages du CETA

Inconvénients du CETA

– Extension du marché pour les entreprises de chaque pays. – Baisse des prix des produits importés. – « Veto climatique », censé limiter l’action des tribunaux d’arbitrage quand les réglementations portent sur le climat, la biodiversité ou la santé publique.

– Importations non conformes à certaines normes de l’UE (exemple : viande dopée aux antibiotiques activateurs de croissance ou issue d’animaux nourris aux farines animales). – Des échanges générateurs de pollution. – Tribunaux d’arbitrage qui permettent aux multinationales de contester des réglementations des États.

Quels sont les gains attendus du libre-échange ? p. 56 Ce texte permet de récapituler les avantages attendus du libre-échange, en s’appuyant notamment sur la théorie des avantages comparatifs présentée dans le dossier 1. 1. Lorsqu’ils se spécialisent en fonction de leurs avantages comparatifs, les pays consacrent leurs facteurs de production à la production dont le coût relatif est le plus faible, car c’est la production où ils peuvent être utilisés de la manière la plus efficace. Chaque pays peut donc produire et accéder à un plus grand nombre de produits avec la même quantité de facteurs de production, ce qui indique un gain d’efficacité. 2. Concurrence internationale

Avantage comparatif

Libreéchange

Baisse des coûts

Émulation Imitation

Gains Spécialisation et ouverture d’efficacité

Économies d’échelle

Innovations

Hausse de la production et gains de pouvoir d’achat Extension des marchés

3. Le libre-échange conduit chaque pays à se spécialiser dans la production où il a un avantage comparatif, ce qui lui permet d’augmenter à la fois la production et la quantité de produits auxquels les habitants ont accès pour consommer (gains de pouvoir d’achat). Par ailleurs, l’extension des marchés liée au libre-échange contribue aussi à augmenter la production dans le domaine où le pays se spécialise, ce qui génère des économies d’échelle. En produisant en plus grande quantité, les firmes voient leurs coûts moyens de production diminuer, ce qui renforce encore l’avantage comparatif de départ. 58 • I – Science économique

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3

Les arguments en faveur du protectionnisme p. 57 Ce texte met en évidence les arguments en faveur du protectionnisme. 1. Lors de la signature de ce décret, Donald Trump est entouré de responsables et de travailleurs des secteurs de l’acier et de l’aluminium, ce qui prouve bien que l’argument essentiel de ces mesures protectionnistes est de préserver les emplois nationaux qui risquaient d’être concurrencés par la Chine. 2. Les industries naissantes doivent être protégées car elles ne peuvent pas être immédiatement compétitives face à la concurrence des firmes déjà installées, alors même qu’elles sont porteuses d’effets positifs sur toute l’économie, comme l’élévation du niveau de qualification.

DO

3. La protection des industries naissantes n’est pas toujours efficace car l’État ne choisit pas toujours les branches les plus porteuses pour l’économie, d’autant plus que ses choix sont orientés par des groupes de pression. Par ailleurs, ces protections temporaires tendent à devenir permanentes et n’incitent pas les entreprises à être aussi compétitives que leurs concurrentes étrangères. C

4

Des barrières aux échanges variables selon les pays p. 57 Cette carte tirée de données de l’OMC montre que les droits de douane sont hétérogènes selon les pays. 1. En moyenne, en 2018, les produits qui entrent sur le territoire américain sont taxés à hauteur de 3,45 % alors que ceux qui entrent sur le territoire chinois sont taxés à hauteur 9,77 %. 2. Pays pratiquant des droits de douane élevés Soudan Algérie Éthiopie Inde Brésil

Pays pratiquant des droits de douane faibles États-Unis Australie Islande Pérou Union européenne

3. Les droits de douane consistent à taxer les produits étrangers lors de leur entrée sur le territoire national. Cette taxation renchérit le prix de ces biens qui, dès lors, vont être proposés aux consommateurs nationaux à des tarifs plus élevés que s’ils n’avaient pas subi de droits de douane. Les producteurs locaux font ainsi face à une concurrence moins forte et seront avantagés par rapport aux producteurs étrangers puisqu’ils n’auront pas été soumis à la taxe, et pourront donc proposer des prix plus attractifs. 4. Les pays qui pratiquent les droits de douane les plus élevés sont les pays les plus pauvres. En effet, ces pays ont besoin de protéger certaines branches de leur économie pour éviter que la concurrence d’entreprises étrangères plus compétitives ne pousse à la faillite certaines entreprises vieillissantes, ou pour donner le temps à des entreprises développant de nouvelles activités de devenir compétitives. N. B. : L’OMC et le GATT prévoient un « traitement spécial et différencié » qui permet aux pays en développement de protéger leur économie.

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 59

S’ENTRAÎNER

p. 57

1 Autoévaluation Le libre-échange génère des gains à l’échange car chaque pays produit plus efficacement en se spécialisant dans le domaine où il a un avantage comparatif, qui s’accroît avec l’extension des marchés et les économies d’échelle. Il favorise aussi la concurrence et donc l’innovation. Cependant, le protectionnisme peut permettre de sauvegarder des emplois ou de faire évoluer la spécialisation du pays.

2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire Si le libre-échange semble être la norme dans de nombreux pays développés, les politiques protectionnistes restent toujours d’actualité. Le protectionnisme, qui consiste à dresser des barrières tarifaires et/ou non tarifaires pour diminuer ou empêcher les biens étrangers d’entrer sur le territoire, se justifie dans plusieurs situations. Ainsi, certaines mesures protectionnistes visent à assurer une plus grande sécurité nationale et en particulier à protéger les consommateurs, comme c’est le cas des normes qui, si elles ne sont pas respectées, font obstacle à l’entrée de produits étrangers sur le territoire national. Il peut s’agir de normes liées à la sécurité mais aussi aux droits sociaux, ou encore des normes en matière d’environnement. Il en va ainsi des normes relatives au travail des enfants, ou celles qui s’intéressent à la pollution émise dans le processus de production. Toutefois, les normes sont aussi parfois l’occasion pour un pays d’éviter la concurrence étrangère.

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De la même façon, certaines mesures protectionnistes visent à éviter des licenciements dans des secteurs peu compétitifs. C’est la stratégie adoptée par Donald Trump lorsque son administration a imposé des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium en provenance de Chine. Enfin, certaines mesures ont pour objectif de protéger les entreprises dans l’enfance souvent trop peu expérimentées pour affronter la concurrence internationale, comme l’a d’ailleurs démontré l’économiste prussien F. List. C’est une des raisons pour lesquelles les droits de douane sont plus élevés dans les pays pauvres que dans les pays riches, selon les données de l’OMC (document 4).

Étude de cas

La spécialisation de la Côte d’Ivoire lui est-elle favorable ? p. 58 Présentation Cette activité TICE vise à rechercher de l’information et à réaliser des calculs simples pour décrire et expliquer l’évolution de la spécialisation de la Côte d’Ivoire depuis le début des années 2000 jusqu’à nos jours. Il faudra ensuite s’interroger sur les choix de spécialisation qui ont été faits et sur les conséquences qu’ils ont eu sur le niveau de richesse du pays considéré, pour montrer que l’insertion dans le commerce international n’est pas toujours favorable. Mise en œuvre L’activité se déroule en 55 minutes et en trois étapes. Le professeur aura besoin d’utiliser la salle informatique et devra s’assurer que tous les élèves ont une connexion Internet. Les élèves vont utiliser deux sites pour chercher les données : celui de la Banque mondiale pour les données économiques générales et l’Observatory of Economic Complexity (OEC) développé par une équipe du MIT, qui permet de visualiser les données sur le commerce international de tous les pays du monde de manière très parlante. 60 • I – Science économique

Ce travail de recherche pourra se faire en groupe, tout comme l’activité de synthèse qui vise à argumenter pour donner du sens aux résultats de la recherche. ÉTAPE 1 S’INFORMER SUR LES GRANDS INDICATEURS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX DU PAYS 1. RNB/habitant (en $ US courants)

Espérance de vie à la naissance (en années)

Taux de scolarisation (en %)

16,5

640

49,6

73,9

25

1 610

57

99,8

51,51

151,56

14,91

35,04

PIB (en milliards de $ US courants)

Population (en millions)

2000

717

2018

4. 007

Évolution 2000/2018 (en %)

301,29

2. L’évolution du PIB et du RNB/habitant en $ courants ne tient pas compte de l’évolution des prix. Ainsi, une hausse de ces indicateurs peut être liée à une hausse de la richesse moyenne des habitants, mais elle peut aussi être due à une augmentation des prix. Pour être sûr que cette hausse est bien liée à une augmentation des richesses, il est nécessaire de déflater les séries et de calculer l’évolution du PIB et du RNB/habitant en $ constants. ÉTAPE 2 S’INFORMER SUR LES EXPORTATIONS, LES IMPORTATIONS ET LA SPÉCIALISATION DE LA CÔTE D’IVOIRE 1. Conseils à donner aux élèves : – utilisez plusieurs onglets dans votre navigateur pour pouvoir passer d’une visualisation à une autre et les comparer ; – utilisez la barre d’adresse aussi pour construire des visualisations rapidement (exemple : https://oec.world/fr/visualize/tree_map/sitc/export/civ/all/show/1980/ donne la visualisation des exportations en 1980, et https://oec.world/fr/visualize/tree_map/sitc/export/civ/all/show/2017/ donne cette visualisation pour les exportations de 2017) ; – pour la question g) sur l’évolution de la spécialisation, vous pouvez changer le niveau de détail des catégories utilisées de SITC4 à SITC2, ce qui permet d’avoir des données pour des ensembles de produits plus vastes. a) La Côte d’Ivoire est spécialisée dans les fèves de cacao et le caoutchouc. b) En 2017, les exportations liées aux fèves de cacao rapportent 3,79 milliards de dollars et celles liées au caoutchouc 1,1 milliard de dollars. Ainsi, les fèves de cacao et le caoutchouc représentent respectivement 37 % et 11 % du montant total des exportations. c) En 2017, les deux produits les plus importés par la Côte d’Ivoire sont le pétrole et le riz qui représentent respectivement 7,9 % et 4,1 % du montant total des importations de ce pays. d) Solde commercial = Valeur des exportations – Valeur des importations = 10,3 – 8,37 = 1,93 milliard de $ (excédent commercial). e) Depuis 1995, la valeur des exportations est supérieure à celle des importations, ce qui signifie que la balance commerciale est excédentaire. Toutefois, la valeur des exportations augmente plus vite que celle des importations en tendance jusqu’en 2011, ce qui signifie que l’excédent commercial de la Côte d’Ivoire augmente de 1995 à 2011. Depuis, il se maintient en tendance, avec des évolutions annuelles parfois fortes (baisse en 2012 et 2013 par exemple). f) Les trois premiers produits exportés en 1980 étaient le café (26 %), les grumes de non-conifères, autrement dit du bois (21 %), et les fèves de cacao (20 %). Les trois premiers produits importés en 1980 étaient les voitures, les camions et camionnettes et les médicaments. Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 61

g) De 1980 à 2017, la spécialisation principale de la Côte d’Ivoire s’est concentrée sur le cacao qui prend une part grandissante de ses exportations. C’est encore principalement les fèves de cacao, non transformées, qui sont exportées. Mais la part du beurre de cacao, un produit transformé et plus élaboré, a beaucoup augmenté, passant de 3,9 % des exportations en 1980 à 13 % en 2017, de même qu’apparaissent des exportations de chocolat, pour un montant faible cependant (1,3 % des exportations). D’autres spécialisations ont disparu ou très fortement reculé, notamment les exportations de café (passées de 27 % des exportations à 1,3 %) et celles de bois (disparition des exportations de grumes de non-conifères). D’autres spécialisations apparaissent aussi, comme le caoutchouc, absent en 1980 et représentant 7,2 % des exportations en 2017. Globalement, les exportations de la Côte d’Ivoire sont donc toujours plus étroitement liées à la filière du cacao, avec une timide remontée de filière vers des activités plus transformées. 2. a) Selon la Banque mondiale, en 2018, l’indice des termes de l’échange de la Côte d’Ivoire est de 155,312, base 100 en 2000. En d’autres termes, les termes de l’échange se sont améliorés de 55,312 % entre 2000 et 2018. b) L’indice des termes de l’échange est calculé par le rapport entre l’indice du prix des exportations et celui des prix des importations, indices exprimés selon une année de base identique. L’indice des termes de l’échange de la Côte d’Ivoire est de 202,817 en 1980, base 100 en 2000 et de 155,312 en 2018, base 100 en 2000. Cela signifie qu’entre 1980 et 2000, les termes de l’échange se sont dégradés fortement puisqu’ils ont été divisés par deux. Puis, sur la période 2000-2018, ils ont progressé d’environ 55 %. Au total, de 1980 à 2018, les termes de l’échange se sont dégradés de 23,42 % [(155,312 – 202,817) / 202,817 = -23,42 %], ce qui signifie que le prix des exportations a moins augmenté que celui des importations. c) Les termes de l’échange de la Côte d’Ivoire se sont surtout dégradés à partir du milieu des années 1980. Cette dégradation peut s’expliquer par différents facteurs (voici quelques hypothèses possibles) : – une baisse du prix des matières premières et notamment du cacao qui, mécaniquement, réduit les recettes liées aux exportations ; – des investissements insuffisants en capital productif mais aussi dans l’éducation pour permettre de passer à des activités plus transformées, avec des prix plus favorables qui permettent de générer plus de valeur ajoutée ; – l’augmentation relative des prix des importations de biens industriels par rapport aux prix des biens agricoles exportés. ÉTAPE CONCLURE 3

Paragraphe AEI : De 1980 à 2018, le revenu par habitant a progressé en Côte Ivoire de 150 % et l’espérance de vie a gagné 7 ans, mais les progrès restent limités. En effet, la spécialisation s’est resserrée sur le cacao au détriment d’autres spécialisations, avec essentiellement des exportations de produits non transformés, même si une légère progression du beurre de cacao et du chocolat peut être constatée. Ainsi, si les termes de l’échange se sont améliorés jusqu’au milieu des années 1980, ils se sont dégradés depuis. Entre 1980 et 2000, ils ont été divisés par deux, ce qui signifie que les prix des exportations ont moins augmenté que ceux des exportations. Cette situation s’améliore cependant légèrement depuis 2000, avec une progression des termes de l’échange de 55 % environ entre 2000 et 2018.

62 • I – Science économique

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Rédiger un texte argumenté

La fragmentation de la chaîne de valeur dans l’industrie automobile p. 59 Présentation Cette activité permet d’approfondir l’étude de la fragmentation des chaînes de valeur, en analysant l’exemple de l’industrie automobile. Mise en œuvre L’activité se déroule en 55 minutes et en deux étapes. Pendant la première étape (35 minutes), les élèves prennent connaissance individuellement des deux documents puis répondent aux questions qui y sont associées. Une mise en commun, par groupe dans un premier temps, puis avec l’ensemble de la classe ensuite, permet de faire le point sur les idées essentielles à retenir. La seconde étape (20 minutes) consiste à réinvestir les principales informations extraites de l’étude des documents pour rédiger des paragraphes argumentés. Elle peut être réalisée individuellement ou en groupe.

ÉTAPE

1

ÉTUDE DES DOCUMENTS

Document 1 1. Lorsqu’elles décident de fragmenter leurs chaînes de valeur au niveau mondial, les entreprises françaises de l’automobile cherchent d’abord à réduire leurs coûts de production pour accroître leur compétitivité-coût. Toutefois, cette fragmentation des chaînes de valeur peut aussi correspondre à un impératif de mieux répondre à la demande locale en se rapprochant d’un marché. Ce sont ces deux raisons qui expliquent, par exemple, l’installation de Renault en Russie et en Inde. 2. De façon générale, le coût du travail est plus élevé dans les pays développés que dans les pays en développement. Dès lors, si une entreprise décide de produire une partie de son bien dans un pays développé, c’est qu’elle recherche une main-d’œuvre qualifiée et une compétitivité fondée sur des gains de productivité plutôt que sur des baisses de coût. Document 2 1. Selon l’OMC, en 2014, 34 % de la valeur ajoutée des exportations de produits automobiles en provenance de l’UE provenaient de l’Allemagne. 2. Selon l’OMC, entre 2000 et 2014, la contribution à la valeur ajoutée de l’Allemagne dans les exportations de véhicules de l’UE a progressé de 3 points de % (34 – 31). 3. Une partie de la valeur ajoutée des exportations d’automobiles par les pays de l’UE n’est pas réalisée dans l’UE parce que les entreprises de l’UE pratiquent la fragmentation et l’internationalisation de la chaîne de valeur. Elles produisent ou font produire certains biens intermédiaires dans d’autres pays, et ces biens intermédiaires sont importés dans l’UE pour produire des biens qui sont à leur tour exportés hors de l’UE. 4. Selon l’OMC, entre 2000 et 2014, la part de la valeur ajoutée réalisée à l’extérieur de l’UE dans les exportations de véhicules de l’UE a augmenté de 8 points de % (22 – 14), soit une augmentation de 57 % [(22 – 14)/14]. ÉTAPE SYNTHÈSE 2

Paragraphes AEI : Afin d’accroître leur compétitivité, c’est-à-dire leur capacité à affronter la concurrence, les entreprises du secteur automobile ont intérêt à internationaliser leurs chaînes de valeur au niveau mondial. Par la recherche d’une main-d’œuvre bon marché, les entreprises de ce secteur cherchent à accroître leur compétitivité-coût afin de gagner des parts de marChapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 63

ché, mais aussi afin de toucher de nouveaux marchés. Cette stratégie concerne notamment les constructeurs qui ont choisi de développer une production de véhicules à prix faible pour augmenter leurs parts de marché, en développant leurs activités dans des pays émergents. Ainsi, Renault a décidé de produire des voitures en Russie ou en Inde afin de proposer des tarifs attractifs sur des véhicules « bas de gamme ». Elle concerne aussi les constructeurs qui ont choisi de délocaliser ou sous-traiter des biens intermédiaires dans des pays où le coût de la main-d’œuvre est moindre. Ainsi, la part de la valeur ajoutée des exportations automobiles de l’UE réalisée hors de l’UE a progressé de 8 points de %, passant de 14 à 22 % entre 2000 et 2014, ce qui s’explique en partie par une localisation d’activités dans des pays à bas coût.

TIVIT

É3

AC

En revanche, les constructeurs positionnés sur des segments haut de gamme recherchent davantage une main-d’œuvre qualifiée. En effet, dans ce cas, la fragmentation de la chaîne de valeur se fait en tenant compte du capital humain et de la capacité de la force de travail à innover et à réaliser des gains de productivité. L’innovation est déterminante sur ce segment de marché où les consommateurs sont plus sensibles au confort et aux performances du véhicule qu’au prix. Les entreprises qui adoptent cette stratégie et qui sont à la recherche d’une compétitivité hors coût produisent davantage dans les pays développés. Ainsi, entre 2000 et 2014, la contribution à la valeur ajoutée de l’Allemagne dans les exportations de véhicules de l’UE a progressé de 3 points de %.

Débat



Vers le Grand oral

Faut-il craindre le retour du protectionnisme ? p. 60-61 Présentation Cette activité vise à analyser des documents puis à en extraire les informations essentielles pour être en mesure de construire un argumentaire. Il s’agit ici de faire le lien entre une problématique du chapitre, le retour du protectionnisme, ses avantages et inconvénients, et l’actualité économique. Les élèves devront notamment être capables de remobiliser les notions et mécanismes du cours pour enrichir leur argumentaire. De plus, la mise en place d’un débat a plusieurs objectifs : inciter les élèves à prendre la parole en vue de s’entraîner au Grand oral du baccalauréat, mais aussi prendre conscience de l’importance de la rigueur du contenu du discours pour être écouté et pour mobiliser l’auditoire. Au final, avec cette activité, le professeur pourra travailler autant sur le fond de l’épreuve du Grand oral que sur sa forme. Mise en œuvre L’activité se déroule sur 1 heure 30 minutes : 25 minutes pour l’étude individuelle des documents et la mobilisation des arguments, 20 minutes pour la mise en commun au sein des groupes des différents arguments en faveur ou contre le protectionnisme, puis 30 minutes accordées au débat en classe. Les élèves devront se répartir dans différents groupes et chacun d’eux aura un rôle bien défini. Le professeur veillera, à l’issue de l’étude des documents et du travail sur l’argumentation, à expliquer le rôle de chacun et notamment les règles du débat (voir Fiche méthode n° 4, pages 374-375). En amont de la séance de débat, l’accent peut être mis sur certaines méthodes de l’oral, comme ici l’importance du regard dans la communication non verbale (cf. encadré « Conseils pour le jour du Grand oral » page 61). Le débat peut ensuite être évalué par les membres du jury à l’aide de la grille d’évaluation téléchargeable sur le site collection. 64 • I – Science économique

ÉTAPE

1

PRÉPARATION DU DÉBAT

1. Étude des documents 2. Relecture des documents et mise en commun des arguments ÉTAPE

2

DÉBAT EN CLASSE

1. Répartition en groupes 2. Rappel des consignes, des règles du débat et du rôle de chacun 3. Débat Pistes d’arguments pour le débat Arguments en faveur du protectionnisme – Protectionnisme maintien des emplois peu qualifiés et limitation de la pression à la baisse sur les bas salaires chômage et inégalités. – Moins de « tourisme fiscal » des entreprises recettes fiscales amélioration de la qualité des services publics et meilleure redistribution des richesses qui participe à la réduction des inégalités. – Faire contribuer les importations autant que la production nationale à la réduction des émissions de CO2.

Arguments contre le protectionnisme prix des importations – Protectionnisme pouvoir d’achat pour les consommateurs et de la compétitivité des produits nécessitant des biens intermédiaires importés. – Protectionnisme moins d’émulation et de concurrence moins d’innovation et de croissance. – Représailles des pays partenaires (guerres commerciales) débouchés pour des productions nationales. Le protectionnisme est « perdant-perdant », comme le montrent les guerres commerciales des années 1930.

UTILISEZ LES STATISTIQUES p. 65

1 Lire et analyser un graphique chronologique 1. Selon le CEPII, 41 % des produits manufacturiers exportés par la Corée du Sud sont « haut de gamme ». 2. Les affirmations b), c) et e) sont les plus pertinentes parce qu’elles expriment une variation relative en % ou à l’aide d’un coefficient multiplicateur, plutôt qu’en points de %. Elles permettent donc une meilleure compréhension des évolutions. En effet, il est plus parlant de comprendre ce que représente une hausse de 58 % qu’une augmentation de 15 points de %. Enfin, dans l’affirmation f), il serait plus pertinent d’utiliser un taux de variation (-30 %) plutôt qu’un coefficient multiplicateur de valeur inférieure à 1. 3. En 2000, la part des exportations de la Corée du Sud dans le « haut de gamme » ne représentait que 26 % du total de ces exportations, alors qu’en 2016, elles représentent 41 % du total. La part des exportations de haut de gamme dans les exportations de Corée du Sud a donc été multipliée par 1,6 entre 2000 et 2016. Inversement, la part des exportations dans le « bas de gamme » a diminué sur cette période : elle est passée de 46 % à 32,5 % des exportations de la Corée du Sud, soit une baisse de près d’un tiers (-30 % environ). Ceci met en évidence une évolution de la spécialisation de la Corée du Sud vers des produits de meilleure qualité, c’est-à-dire une différenciation verticale.

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 65

2 Interpréter des indices 1. a) Faux. Ces données sont en indice et indiquent non pas une valeur absolue, mais une évolution. Les parts de marché mondiales de l’Espagne et de l’Allemagne ont donc diminué parallèlement, de 11 % environ entre 1999 et 2017, mais elles ne sont pas égales. b) Vrai. c) Faux. C’est un indice, et une lecture fine donnerait plutôt 89 que 85, base 100 en 1999. En conséquence, la part de marché mondiale de l’Allemagne dans les exportations mondiales de biens et services représentait en 2017 89 % de celle de 1999, soit une baisse de 11 %. d) Faux. Ces données sont en indice et indiquent non pas une valeur absolue, mais une évolution. Elles indiquent que le coût du travail a augmenté plus vite en France qu’en Allemagne entre 1999 et 2017, mais rien ne dit que le coût du travail est plus élevé ou plus faible dans ces deux pays. e) Vrai. 2. De 1999 à 2017, la part de marché de la France dans les exportations mondiales a diminué de 40 % et son coût du travail a progressé, sur cette même période, de 30 %. 3. De 1999 à 2017, la part de marché de l’Allemagne dans les exportations mondiales a diminué de 11 % alors que celle de la France a baissé de 40 %. Dans le même temps, le coût du travail a progressé de 30 % en France et de 20 % en Allemagne. De même, la part de marché de l’Italie dans les exportations mondiales a diminué de 36 % alors que son coût du travail a augmenté de 40 %. Ces données mettent en évidence une corrélation négative entre l’évolution des parts de marché et le cout du travail : un coût du travail trop élevé réduit les exportations en renchérissant le prix des biens et services. Pourtant, la situation de l’Espagne nous conduit à relativiser ce constat puisque sa part de marché dans les exportations mondiales diminue de 10 %, soit la même situation que l’Allemagne, alors même que son coût du travail a augmenté, comme la France, de 30 % sur la période, avec cependant une baisse du coût du travail depuis 2009.

TESTEZ VOS CONNAISSANCES ! p. 66-67

1 Les avantages comparatifs d’Obélix et d’Astérix p. 66 1. Obélix dispose d’un avantage absolu dans la production de chacun des biens. 2. Pour produire 8 menhirs, Obélix doit renoncer à 150 casques romains. Donc, pour produire 1 menhir, il doit renoncer à 18,75 casques romains (150/8). Le coût d’opportunité du menhir pour Obélix est donc de 18,75 casques romains. En revanche, pour produire 3 menhirs, Astérix doit renoncer à 130 casques romains. Donc, pour produire 1 menhir, il doit renoncer à 43,3 casques romains (130/3). Le coût d’opportunité du menhir pour Astérix est donc de 43,3 casques romains. Le coût d’opportunité de la production de menhirs est donc plus faible pour Obélix. Il dispose donc d’un avantage comparatif dans la production de ce bien. Astérix ne dispose d’aucun avantage absolu car il est moins efficace dans les deux domaines. Toutefois, pour rapporter les casques romains, il est moins désavantagé que dans la fabrication de menhirs. En effet, il est 2,6 fois (8/3) moins rapide dans la production de menhirs qu’Obélix, alors qu’il n’est que 1,15 fois (150/130) moins 66 • I – Science économique

efficace dans la récolte de casques romains. Astérix dispose donc d’un avantage comparatif dans la récolte de casques romains, car c’est dans ce domaine qu’il est relativement le moins désavantagé.

2 Vrai ou faux ? p. 66 1. Vrai. 2. Faux. Selon la loi des avantages comparatifs, les pays les moins efficaces se spécialisent dans la production où ils sont relativement les moins défavorisés et participent ainsi au commerce international. Donc, tous les pays ont un avantage comparatif. 3. Vrai. Fragmenter la chaîne de valeur n’implique pas nécessairement une internationalisation de la chaîne de valeur, même si les deux vont souvent de pair. 4. Vrai. 5. Faux. Le commerce international accroît les inégalités à l’intérieur des pays mais il diminue celles entre les pays. 6. Vrai. Au XIXe siècle, protéger les industries naissantes a permis aux États allemands de développer une industrie et de rattraper les pays déjà industrialisés (RoyaumeUni et France). 7. Vrai. 8. Faux. L’internationalisation de la chaîne de valeur favorise les échanges intrafirmes (entre la maison mère et les filiales) ou interfirmes (entre les entreprises et leurs sous-traitants), ce qui accroît le volume des échanges entre les pays. 9. Faux. Le commerce international favorise la hausse d’emplois qualifiés dans les pays développés et favorise la hausse des emplois non qualifiés dans les pays en développement. 10. Vrai. 11. Vrai. 12. Vrai.

3 Les effets du commerce international sur les inégalités au sein des pays p. 67 LIBREÉCHANGE Pays développés

Pays en développement

Spécialisation dans des productions intensives en travail qualifié

Spécialisation dans des productions intensives en travail non qualifié

et

demande de travail qualifié demande de travail non qualifié

des salaires des travailleurs qualifiés

des salaires des travailleurs non qualifiés

des inégalités salariales entre les travailleurs qualifiés et non qualifiés

et

demande de travail qualifié demande de travail non qualifié

des salaires des travailleurs qualifiés

des salaires des travailleurs non qualifiés

des inégalités salariales entre les travailleurs qualifiés et non qualifiés

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 67

OBJECTIF BAC Épreuve composée p. 68-69

PARTIE 1  MOBILISATION DES CONNAISSANCES SUJET

À l’aide d’un exemple, expliquez l’internationalisation de la chaîne de valeur.

L’internationalisation de la chaîne de valeur renvoie au fait qu’un bien n’est pas produit intégralement dans un seul pays, mais dans plusieurs. En effet, les firmes multinationales, cherchant à créer le plus de valeur possible, fabriquent chaque segment de leur produit (de la conception à la commercialisation) séparément les uns des autres et n’hésitent pas à répartir toutes les étapes de la fabrication du bien dans différents pays afin de tirer profit de leurs avantages comparatifs respectifs, minimiser leurs coûts de production tout en veillant à la qualité. Ce phénomène d’internationalisation de la production a été rendu possible par la baisse des coûts de transport, notamment maritimes, et le développement des technologies de l’information et de la communication. Ainsi, la firme française automobile Renault, comme ses concurrents, a internationalisé sa chaîne de valeur en localisant la conception, la production des tôles, des châssis, des moteurs, des boîtes de vitesse, etc. dans différents pays à travers le monde, là où les coûts de production et la qualité sont les meilleurs du fait des dotations factorielles et technologiques propres à chaque pays. Les étapes à haute valeur ajoutée sont réalisées dans les pays relativement bien dotés en capital humain et en technologie, les composants plus basiques dans les pays où les matières premières et la main-d’œuvre qualifiée sont abondantes et bon marché, mais aussi là où se situent les marchés (Amérique du Sud, Europe, Asie).

PARTIE 2  ÉTUDE D’UN DOCUMENT SUJET

1) Que mesure la croissance du PIB réel ? 2) À l’aide du document, vous comparerez l’évolution du commerce mondial de marchandises et celle du PIB mondial. 1) Le PIB est l’indicateur utilisé pour mesurer la croissance économique. Une hausse (baisse) du PIB peut être synonyme d’une augmentation (baisse) de la richesse produite sur un territoire au cours de l’année écoulée. Toutefois, pour savoir si la hausse du PIB est réellement due à une augmentation des richesses et pas seulement à une hausse des prix, il est nécessaire de calculer le PIB réel. Il s’agit du PIB déflaté, c’est-à-dire corrigé des éventuels effets de l’inflation. On le calcule en prenant le PIB courant et que l’on divise par l’indice des prix de la même année. De fait, une croissance du PIB réel, encore appelé PIB en volume ou PIB constant, permet donc de mettre en évidence une hausse du volume de production, donc des quantités de biens et de services produits d’une période à une autre. Il permet donc de neutraliser les effets éventuels de l’inflation. Par exemple, si le PIB nominal augmente de 2 %, on ne peut pas savoir quelle est la part qui est due à une hausse des quantités de biens et services produits et quelle est la part due à l’augmentation des prix. Si le taux d’inflation est de 1 %, le PIB réel est donc de 1 %, ce qui signifie que les quantités produites se sont accrues de 1 % au cours de l’année. 2) Ce graphique met en évidence une corrélation positive entre l’évolution du commerce mondial en volume et celle du PIB réel car les deux variables évoluent presque toujours dans le même sens. Par exemple, de 1982 à 1984 ou de 2009 à 2010, commerce mondial et PIB augmentent alors que de 1981 à 1982, de 1986 à 1991, de 2000 à 2001 et de 2007 à 2009, ils diminuent. 68 • I – Science économique

On remarque également que l’amplitude des fluctuations du PIB réel sont moindres que celles du commerce mondial en volume. On peut donc affirmer que les flux du commerce international sur-réagissent (ou amplifient) les variations de la production mondiale, à la baisse comme à la hausse. Ainsi, en 2000 le commerce mondial progresse de plus de 10 % et le PIB réel mondial augmente de près de 5 %. A contrario, la crise des subprimes se traduit par une baisse du commerce mondial en 2009 de 14 % et une chute du PIB réel mondial de 1 %. Inversement, la reprise du commerce mondial en 2010 qui progresse de 14 % s’accompagne d’une hausse du PIB réel mondial de 4 %.

PARTIE 3  RAISONNEMENT S’APPUYANT SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE Guide méthodologique complet à télécharger sur le site collection

GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 1

Analyser le sujet

APPLICATION

Analysez le sujet suivant :

Vous expliquerez ce qui conduit des pays comparables à commercer entre eux. – « expliquerez » : il s’agit de rechercher les causes. – « pays comparables » : pays de même niveau de revenu par habitant. – « commercer » : échanger des biens et des services. Questionnement (ou problématique) : « Qu’est-ce qui pousse des pays avec des revenus par habitant proches à échanger entre eux ? » ÉTAPE 2

Organiser ses connaissances (notions, mécanismes, exemples)

Complétez le tableau suivant pour rassembler vos connaissances sur le sujet de raisonnement : Notions Commerce international Inégalités entre pays / au sein des pays  Libre-échange Compétitivité Productivité Spécialisation internationale Internationalisation de la chaîne de valeur Dotations factorielles

Mécanismes

Exemples

Libéralisation des échanges commerciaux dans un pays développé (Théorème Stolper-Samuelson) demande de travail qualifié & demande de travail non qualifié salaires des travailleurs qualifiés & salaires des travailleurs peu qualifiés inégalités salariales. commerce international concurrence salaires pour la compétitivité-prix inégalités de salaires entre les secteurs exposés à la concurrence et ceux protégés. Ouverture au commerce international concurrence dégradation de l’activité des firmes les moins efficaces faillites chômage inégalités. Délocalisation emplois peu ou pas qualifiés dans les pays développés et emplois qualifiés inégalités entre ces salariés. Internationalisation de la chaîne de valeur coûts de production importations chômage dans le pays importateur inégalités.

Courbe de l’éléphant. Prix relatif du four microondes chez Walmart (ÉtatsUnis). Europe / Inde (industrie aéronautique, industrie textile).

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 69

OBJECTIF BAC Dissertation p. 70-71 Guide méthodologique complet à télécharger sur le site collection

Analyse du sujet Le libre-échange est-il préférable au protectionnisme ? – « libre-échange » : doctrine qui promeut l’abolition des obstacles aux échanges internationaux, qu’ils soient tarifaires (droits de douane, subventions, etc.) ou non tarifaires (quotas d’importation, normes, etc.). Le libre-échange est favorisé par la signature de nombreux accords internationaux. – « est-il » : sujet débat ; il faut discuter de l’affirmation « le libre-échange est préférable au protectionnisme » en comparant les avantages et inconvénients respectifs de la mise en œuvre de ces deux doctrines. – « préférable » : synonymes : meilleur, plus efficace, plus performant, c’est-à-dire générateur de davantage de croissance et de bien-être. – « protectionnisme » : doctrine qui vise à mettre en place des barrières aux échanges pour protéger les entreprises présentes sur un territoire de la concurrence extérieure. Questionnement (ou problématique) : « Quels sont les avantages du libre-échange ? / Le libre-échange n’a-t-il que des avantages ? / S’il a des limites, faut-il alors lui préférer le protectionnisme ? » GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 3 Étudier le dossier documentaire : extraire les informations en lien avec le sujet

Informations en lien avec le sujet (données statistiques, citations) Ces informations pourront vous servir à affirmer, expliciter ou illustrer.

Prolongements avec le cours ou lien entre les documents

Document 1

– Il existe des gagnants et des perdants au libre-échange. – La spécialisation peut concerner des produits dont la demande mondiale est peu dynamique. – Friedrich List : nécessité de protéger les jeunes industries (protectionnisme éducateur) afin qu’elles aient atteint une taille suffisante pour affronter la concurrence. – Le Japon 1870 (puis les « dragons » dans les années 1960-1970) mène une politique de protectionnisme éducateur avec succès, remontée de filière de l’aval vers l’amont.

– Dégradation des termes de l’échange des produits agricoles / produits industriels. – La spécialisation selon les avantages comparatifs désavantage les pays dont la spécialisation incorpore des produits à faible valeur ajoutée.

Lien avec le doc 1 : les effets positifs du libre-échange.

Document 2

La croissance a un impact important sur le commerce international : en 2009, la croissance mondiale ralentit ce qui se traduit par une chute d’environ 13 % du commerce mondial en volume. De la même façon, la reprise de la production mondiale en 2010 entraîne un rebond des flux de commerce international : le PIB mondial augmente de 4 % et le commerce mondial en volume augmente, quant à lui, de 14 %.

70 • I – Science économique

Document 3

Le libre-échange modifie la structure des emplois : la demande d’emplois peu qualifiés diminue dans les pays développés suite à la hausse des importations et aux délocalisations, alors que celle des emplois plus qualifiés augmente. Ainsi, l’emploi salarié dans l’industrie manufacturière en France n’a cessé de chuter depuis le début des années 2000, il baisse de 26 % entre 2000 et 2017. Si le déclin de ces emplois est moins marqué dans l’industrie agroalimentaire (-3 % en 17 ans) c’est dans la fabrication de biens d’équipement que la suppression des emplois salariés est la plus forte puisque ce secteur accuse une baisse de 31 % sur la période 2000-2017.

Le libre-échange est facteur d’inégalités dans les pays développés entre les salariés qualifiés, dont l’emploi augmente, et les salariés non qualifiés pour lesquels la baisse de l’emploi se traduit par une pression à la baisse des salaires.

Document 4

Entre 1999 et 2013, les secteurs abrités de la concurrence ont créé 13,5 % d’emplois supplémentaires alors que sur la même période, les secteurs exposés à la concurrence sont passés de 7 505 000 emplois en 1999 à 7 301 000 emplois en 2013, soit une baisse de 2,7 %. On remarque aussi que dans les secteurs exposés, ce sont les emplois agricoles, qui passent de 1 003 000 à 776 000, et industriels qui connaissent une baisse numérique importante, respectivement de 29,2 % et 21,7 %. Dans les secteurs abrités de la concurrence, c’est dans le domaine marchand que les créations sont les plus nombreuses : + 1 713 000 emplois sur la période.

Le libre-échange engendre des inégalités entre les salariés qui travaillent dans des secteurs abrités de la concurrence et ceux exposés à la concurrence, souvent peu qualifiés, et qui peuvent être délocalisés (ces conclusions confortent celles vues dans le document 3).

ÉTAPE 4

Construire son plan détaillé

Voici deux plans proposés pour le sujet de dissertation. Choisissez le meilleur plan, écartez l’autre en justifiant pourquoi. Plan 1 :  x Accepté

Rejeté

Plan 2 : 

Accepté x Rejeté

I) Les avantages procurés par le libre-échange le font préférer au protectionnisme. • §1 Le libre-échange permet aux pays de gagner en efficacité en se spécialisant. • §2 Il accroît la taille des marchés et favorise la croissance. • §3 Il stimule la compétitivité et l’innovation.

I) Le libre-échange a des limites. A) Le libre-échange défavorise certains travailleurs. • §1 Il réduit les salaires des travailleurs peu qualifiés des pays riches. • §2 Il provoque le chômage des travailleurs les moins productifs. B) Le libre-échange accroît le risque de faillite de certaines entreprises. • §3 Il accroît le risque de faillite des entreprises les moins compétitives… • §4 Mais aussi fragilise les activités naissantes.

II) Cependant le protectionnisme a des effets bénéfiques qui permettent de pallier les inconvénients du libre-échange. • §4 Il protège les salariés les moins qualifiés des pays riches. • §5 Il favorise la mise en place de barrières non tarifaires qui protègent les consommateurs. • §6 Il protège les activités naissantes.

II) Il est donc nécessaire de mettre en place des mesures protectionnistes. A) Le protectionnisme préserve certains emplois et le « made in France ». • §5 Le protectionnisme protège les emplois les moins qualifiés.  • §6 Il permet de préserver le savoir-faire national ou local. B) Le protectionnisme permet de protéger les plus « faibles ». • §7 Le protectionnisme permet de protéger les industries naissantes. • §8 Il préserve aussi les entreprises les moins compétitives.

Le plan 2 n’aborde aucun avantage du libre-échange, et ne permet donc pas de débattre de la préférence pour le libre-échange ou le protectionnisme. Il n’est donc pas adapté, car il ne traite pas une partie du sujet, ce que fait correctement le plan 1.

Chapitre 2 – Quels sont les fondements du commerce international et de l’internationalisation de la production ? • 71

3

Comment lutter contre le chômage ? ANALYSE DU PROGRAMME p. 72 Ce chapitre prévoit des objectifs d’apprentissage classiques au regard des programmes antérieurs. Il substitue cependant la distinction chômage conjoncturel/structurel à la distinction chômage keynésien/classique, qui prévalait jusqu’alors. En outre, la notion d’appariement fait son entrée explicite pour la première fois dans les programmes de SES. Après avoir défini le chômage, le sous-emploi, le taux de chômage et le taux d’activité, il s’agit d’étudier le chômage conjoncturel dû aux fluctuations de l’activité économique et le chômage structurel dû aux problèmes d’appariement, aux asymétries d’information (salaire d’efficience), et de mettre en évidence les effets positifs et négatifs des institutions, comme le salaire minimum ou les règles de protection de l’emploi afin, ensuite, de comparer les principales politiques mises en œuvre pour lutter contre le chômage : politiques de soutien de la demande globale, politiques d’allègement du coût du travail, politiques de formation et de flexibilisation pour lutter contre les rigidités du marché du travail. Le chapitre aborde des contenus communs ou proches du chapitre 5 (les politiques économiques dans le cadre européen) et du chapitre 9 (les mutations du travail et de l’emploi).

ORGANISATION DU CHAPITRE Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.

A

Les sources du chômage

– Dossier 1 « Comment définir et mesurer le chômage ? », sur la définition et la mesure du chômage, ainsi que sur celle du sous-emploi ; – Dossier 2 « Quelles sont les causes du chômage conjoncturel ? », sur les effets des fluctuations de l’activité économique sur le chômage ; – Dossier 3 « Quelles sont les causes du chômage structurel ? », sur les problèmes d’appariement, les asymétries d’informations et les effets contrastés des institutions sur le chômage.

B

Les politiques de lutte contre le chômage

– Dossier 4 « Le soutien de la demande globale permet-il de baisser le chômage ? », sur les mécanismes des politiques macroéconomiques de soutien de la demande globale pour lutter contre le chômage conjoncturel ; 72 • I – Science économique

– Dossier 5 « La baisse du coût du travail peut-elle réduire le chômage ? », sur les politiques de baisse du coût du travail pour lutter contre le chômage structurel ; – Dossier 6 « La formation et la flexibilité du marché du travail permettent-elles de lutter contre le chômage ? », sur les effets des politiques de formation et de réduction des rigidités du marché du travail sur le chômage structurel. Trois activités permettent d’approfondir, à la fin du chapitre, certains objectifs d’apprentissage : – Activité 1 « La politique française d’allègement du coût du travail est-elle efficace ? » invite les élèves à construire une carte mentale (outil de révisions) sur les effets de la politique de réduction des coûts du travail. – Activité 2 « Avantages et limites du modèle danois de flexisécurité », pour apprendre à analyser un dossier documentaire et rédiger une synthèse. – Activité 3 « A-t-on déjà tout essayé contre le chômage ? », pour se préparer au Grand oral en classe entière en mettant en œuvre des compétences orales, via la réalisation d’une chronique radio dans laquelle les élèves s’exercent à la rédaction et l’élocution pour l’oral. En fin de chapitre, des pages « Objectif bac » permettent de se préparer aux épreuves écrites. – Objectif bac – Épreuve composée, pour se préparer aux trois parties de cette épreuve, avec un guidage méthodologique sur la question de mobilisation des connaissances et l’étude d’un document, accompagnées de leur corrigé ; – Objectif bac – Dissertation, pour s’entraîner sur un sujet de dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire, avec un guidage méthodologique sur l’étape 5 (rédiger l’introduction). Les rubriques habituelles complètent le chapitre pour donner aux élèves des outils de récapitulation et d’approfondissement des connaissances (Synthèse + schémas L’essentiel + sélection de vidéos), d’autoévaluation (Testez vos connaissances !) et de mobilisation des savoir-faire quantitatifs (Utilisez les statistiques).

OUVERTURE DU CHAPITRE p. 72-73 Trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre : – Découvrir par l’image montre la difficulté pour les offreurs de travail d’accéder à un emploi lorsque la conjoncture n’est pas favorable aux embauches. – Découvrir en situation permet de mettre les élèves en situation de réflexion sur les moyens de lutter contre le chômage, en travaillant également l’argumentation orale. – Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un questionnaire sur leurs représentations et d’avoir une vision d’ensemble des représentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont être traités dans le chapitre. L’interface Q-Sort en ligne sur le site collection permet de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe.

Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 73

A

Les sources du chômage

DOSSIER  1 Comment définir et mesurer le chômage ? p. 74-75

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Cette séquence aborde la question de la mesure du chômage à travers le taux de chômage et le taux d’emploi, et distingue les deux conventions comptables, celle du Bureau international du travail (reprise par l’INSEE) et celle de Pôle emploi. Elle permet également de définir ce qu’est le sous-emploi et le halo autour du chômage.  C

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POUR COMMENCER 3 millions de chômeurs, ça représente quoi ? p. 74 Ces dessins de presse permettent d’aborder simplement la mesure du chômage en montrant qu’il est nécessaire de choisir l’ensemble pertinent pour rendre signifiant le chiffre du chômage en calculant un ratio : le taux de chômage. 1. La valeur « 3 millions de chômeurs » permet d’avoir une idée du niveau total de chômage en France. Cependant elle ne permet pas de se rendre compte de son importance. Rapporter ce chiffre à la population de la région Bourgogne-FrancheComté permet d’en mesurer l’importance, mais la plupart des chômeurs en France n’habitent pas dans ces régions, et les habitants de ces régions peuvent être trop jeunes ou trop âgés pour travailler. C’est pourquoi rapporter ce chiffre à la population active (1 sur 10) aide à se représenter le poids des chômeurs dans les différentes catégories de la population. 2. La mesure du chômage s’effectue en rapportant le nombre de chômeurs à la population active, soit [Nombre de chômeurs]/[Population active] car la population active est l’ensemble de référence auquel appartiennent les chômeurs.

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3. Les chômeurs font partie de la population active car ils ont vocation à participer à l’activité de production même s’ils en sont temporairement empêchés. Il faut donc les distinguer des étudiants, qui sont encore en formation pour atteindre une position socioprofessionnelle, mais aussi des retraités (qui n’ont plus vocation à travailler), ou des personnes au foyer (dont l’activité est non rémunérée et non déclarée). C

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Que signifie le taux de chômage ? p. 74 Ce texte extrait d’un manuel classique de macroéconomie montre que le taux de chômage peut refléter un marché du travail qui fonctionne bien ou mal. Le taux de chômage est une variable qui mesure un « stock » mais ne dit rien des flux entrants et sortants qui nourrissent ou font décroître ce stock. 1. Dans la métaphore utilisée par les auteurs, les chômeurs sont apparentés aux personnes qui attendent dans l’aéroport. Les avions qui décollent sont les embauches, tandis que les atterrissages correspondent aux licenciements. 2. D’après ce document, un taux de chômage peut être élevé du fait de réallocations permanentes sur le marché du travail. En soit, ce n’est donc pas forcément l’indicateur d’une situation négative si les chômeurs ne le sont pas sur la durée. Cela permet au contraire d’assurer la nécessaire mobilité du facteur travail dans une économie qui crée et détruit des emplois. 3. Le marché du travail a de nombreuses fonctions. Ce document s’intéresse à celle qui consiste en l’allocation du facteur travail entre les différentes entreprises d’une économie.

74 • I – Science économique

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Le choix de l’indicateur pertinent : taux de chômage ou taux d’emploi ? p. 75 Ce graphique permet aux élèves de voir la différence de mesure entre le taux de chômage et le taux d’emploi, à partir des données statistiques des États-Unis. 1. Selon l’OCDE, le chômage aux États-Unis s’élevait en 2018 à près de 4 % de la population active, pour un taux d’emploi proche de 71 % de la population en âge de travailler. 2. On observe une corrélation négative entre le taux d’emploi et le taux de chômage. En effet, lorsque le taux d’emploi augmente, le taux de chômage diminue. Par exemple, le taux d’emploi est passé de 71 % des personnes en âge de travailler en 2008 à 67,5 % en 2009 alors que le taux de chômage a cru de 3 points, passant de 6 à 9 % des actifs, sur la même période. On peut en déduire la corrélation suivante : plus il y a de chômeurs, plus le taux d’emploi est faible, et inversement. C’est une corrélation qui s’appuie ici sur un lien de causalité facile à établir : les créations d’emplois (hausse du taux d’emploi) font diminuer le chômage (baisse du taux de chômage), même si celui-ci dépend également de l’évolution de la population active.

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EXERCICE Comment mesurer le chômage ? p. 75 Cet exercice a pour objectif de mettre en activité les élèves sur les différences de mesure du chômage, selon que l’on retienne les critères du Bureau international du travail repris par l’INSEE ou ceux de Pôle emploi. 1. a) Agnès est au chômage au sens du BIT, elle est demandeuse d’emploi de catégorie A. b) Mario n’est pas chômeur au sens du BIT, il est cependant demandeur d’emploi de catégorie B. c) Amel n’est pas au chômage selon les critères du BIT, elle est en revanche demandeuse d’emploi de catégorie E. d) Dimitri ne répond pas aux critères du chômage retenus par le BIT car il suit une formation qui l’empêche d’être disponible pour prendre un emploi, mais il est demandeur d’emploi de catégorie D. e) Paolo n’est pas au chômage selon les critères du BIT, et il n’est plus demandeur d’emploi car non inscrit à Pôle emploi. 2. Taux de chômage au sens du BIT = [Effectif de chômeurs au sens du BIT] / [Nombre total des actifs] = (2 366 000 / 28 800 000) = 8,22 % En France, au deuxième trimestre 2019, 8,22 % des actifs étaient au chômage au sens du BIT. Taux de demandeurs d’emploi de catégorie A = [Nombre d’inscrits à Pôle emploi de catégorie A] / [Nombre total des actifs] = (3 377 000 / 28 800 000) = 11,73 % En France, au deuxième semestre 2019, les demandeurs d’emploi de catégorie A représentaient 11,73 % de la population active selon Pôle emploi. 3. La différence de mesure du chômage s’explique par une définition différente selon le BIT ou Pôle emploi. La définition du BIT permet de construire des statistiques de chômage comparables entre les pays : il faut avoir été totalement sans emploi pendant une semaine (pas même une heure de travail), être disponible pour occuper un nouvel emploi dans les 15 jours et avoir recherché un emploi activement durant les quatre dernières semaines. La définition de Pôle emploi permet à cet organisme de gérer l’indemnisation du chômage. Donc, pour entrer dans la catégorie A de Pôle emploi, il suffit d’y être inscrit et de justifier d’une recherche active d’emploi, sans avoir travaillé au cours du mois précédent. Mais d’autres catégories de demandeurs d’emploi ont droit à une indemnisation.

Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 75

S’ENTRAÎNER

p. 75

1 Autoévaluation 1. Faux. Les inactifs (écoliers et retraités, par exemple) sont sans emploi mais ne font pas partie de la population active, donc des chômeurs. 2. Vrai. 3. Faux. Ce sont des personnes en emploi mais travaillant moins que ce qu’elles le souhaitent. 4. Vrai.

2 Mobiliser ses connaissances Il ne faut pas confondre les situations de chômage et celles de sous-emploi. En effet, le chômage correspond à l’ensemble des personnes sans emploi, à la recherche d’un emploi et disponibles pour l’occuper, alors que le sous-emploi concerne les personnes qui travaillent à temps partiel et souhaiteraient travailler davantage. Par exemple, Anis est au chômage car il a perdu son emploi il y a trois mois, il n’a pas travaillé une heure dans une semaine et est inscrit à Pôle emploi pour retrouver une activité rémunérée. Mélissa, sa compagne, est en sous-emploi puisqu’elle a un emploi à temps partiel dans un magasin d’alimentation, mais elle souhaiterait travailler à temps plein.

DOSSIER  2 Quelles sont les causes du chômage conjoncturel ? p. 76-77

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Cette séquence se concentre sur le chômage conjoncturel, qui dépend de l’activité économique et notamment de la demande globale. L’exercice permet d’analyser le lien entre croissance, emploi et chômage, en introduisant une modeste modélisation, et le rôle de la productivité du travail, dont les fluctuations conjoncturelles reflètent la plus ou moins grande flexibilité de l’emploi. C

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POUR COMMENCER Les effets de la crise financière de 2008 sur l’emploi p. 76 Cette vidéo extraite du journal télévisé de France 2 revient sur les conséquences en France, en termes d’emplois, de la crise financière de 2008. Elle permet de montrer les effets d’une baisse de la croissance sur le chômage, en faisant un lien avec un exemple historique de crise abordé dans le chapitre 4. 1. La hausse du chômage à partir de 2008 s’explique par le ralentissement de l’activité des entreprises qui font face à une demande de biens et de services en baisse. À cause de la crise immobilière américaine, les banques du monde entier deviennent méfiantes et accordent moins de crédits. Les agents économiques (ménages et entreprises) voient leurs revenus diminuer et diminuent leurs dépenses (consommation et investissement), ce qui diminue la production et l’emploi.

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2. On parle de chômage « conjoncturel » car les suppressions d’emplois sont liées à une situation économique soudainement dégradée (fluctuations). Les employeurs sont incités à réduire leur activité et à mobiliser moins de facteur travail pour réaliser une production en baisse. C

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Le chômage dépend de la demande globale p. 76 Ce texte présente le rôle de la demande globale sur le niveau de chômage, à court terme, en convoquant l’analyse keynésienne.

76 • I – Science économique

1. Consommation Demande globale

Production

Emploi

Chômage

Investissement

Si les élèves ont des difficultés à réaliser ce schéma, l’enseignant peut en proposer la matrice avec une ou deux cases déjà complétées. 2. S’ils prévoient une hausse de la demande, les employeurs vont augmenter leur production, ce qui les conduira à créer des emplois. En revanche, s’ils anticipent une baisse de la demande, ils chercheront à réduire leur production, ce qui entraînera des suppressions d’emploi. Leurs anticipations de l’avenir, ce que Keynes appelle le « climat des affaires », jouent donc un rôle important dans leurs décisions d’embauche. 3. Pour analyser le « climat des affaires », l’INSEE interroge les entrepreneurs sur leur perception de l’avenir. Par construction, si l’indicateur obtenu a une valeur supérieure à 100, cela signifie que les entrepreneurs anticipent une activité en hausse ; si l’indicateur est inférieur à 100, ils anticipent une baisse.

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Pour aller plus loin Enquête mensuelle de conjoncture dans l’industrie – janvier 2020 et graphique de l’indicateur synthétique du climat des affaires (INSEE) https://www.insee.fr/fr/statistiques/4291598 C

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Quel lien entre croissance économique et chômage en France ? p. 77 Ce graphique permet de découvrir ou vérifier le lien entre chômage et croissance. C’est également l’occasion de faire travailler les élèves sur la lecture de données statistiques, la périodisation et l’argumentation. 1. D’après l’INSEE, le chômage représentait près de 9 % de la population active en 2018 alors que le PIB avait cru de 2 % par rapport à l’année précédente. 2. Au début des années 2000, la croissance ralentit, jusqu’en 2003, passant de 4 à 1 % de croissance annuelle sur la période. S’ensuit alors une reprise pour atteindre un niveau de croissance de 2 à 3 % entre 2003 et 2007. La crise des subprimes, qui touche la France en 2008, a pour effet d’atteindre une croissance nulle, puis négative en 2009 (contraction du PIB de 3 %). Elle retrouve un niveau positif en 2010 (2 %) avant de rechuter à environ 1 % de 2012 à 2016 et remonter à environ 2 % en 2017 et 2018. 3. Une baisse de la croissance peut se traduire par une hausse du chômage. En effet, quand la croissance diminue, les besoins en main-d’œuvre des employeurs diminuent, ce qui les conduit à licencier, ce qui augmente le chômage. Ainsi, la récession de 2009 (chute de 3 % du PIB) se traduit par une hausse du taux de chômage de 2 points en France (il passe de 7 % en 2008 à 9 % des actifs en 2009). 4. La corrélation négative entre croissance et chômage n’est pas toujours vérifiée. Par exemple, entre 2003 et 2004, la croissance s’accélère, passant de 1 à 3 %, alors que le taux de chômage continue d’augmenter (+0,5 point sur la même période). De même, entre 2007 et 2008, la croissance baisse de 2 points (elle passe de 2,5 % à 0,5 %) alors que le taux de chômage poursuit une tendance de baisse (-0,5 point entre les deux années).

Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 77

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EXERCICE Analyser le lien entre croissance, emploi et chômage p. 77 Cet exercice a pour objectif de permettre de comprendre la complexité du lien entre croissance et chômage à l’aide d’une petite modélisation. Celle-ci permet de montrer que les effets de la croissance sur l’emploi dépendent d’une troisième variable (la productivité du travail), et que les effets des créations d’emploi sur le chômage dépendent de l’évolution de la population active. 1. En % par an Croissance de Y 2% 0% 2% 3%

Croissance de Y/N = gains de productivité du travail 1% 1% 2% 2%

Croissance de l’emploi 1% -1 % 0% 1%

2. En France, une croissance de 2 % créerait [27 000 000 x 1 %] = 270 000 emplois, car la moitié de la croissance économique est absorbée par la hausse de la productivité. 3. Si l’emploi augmente moins vite que la production, cela signifie que la productivité du travail s’accroît. 4. Si l’on estime que les effets à court terme d’une croissance de 2 % se répartissent pour 1/3 en gains de productivité et pour 2/3 en créations d’emplois, on devrait alors observer que les créations d’emplois s’élèveront à [27 000 000 x (2/3) x 2 %] = 360 000 emplois ; 1/3 est absorbé par la hausse de la productivité du travail. 5. Si la population active augmente de 100 000 personnes par an, cela signifie qu’elle augmente moins vite que les créations d’emplois générées par la croissance de Y, ce qui entraîne une baisse du chômage de 260 000 personnes. S’ENTRAÎNER

p. 77

1 Autoévaluation Une hausse de la demande anticipée (consommation et investissement) par les entreprises entraîne une hausse de la production et, généralement, une hausse de la productivité du travail car les entreprises tardent d’abord à embaucher. Le chômage conjoncturel diminuera alors si, et seulement si, à terme, la hausse des emplois est supérieure à la hausse de la population active.

2 Mobiliser ses connaissances Les fluctuations de l’activité économique peuvent avoir des effets sur le chômage conjoncturel, c’est-à-dire à court terme. En effet, ce type de chômage est le résultat des mouvements à la hausse ou à la baisse de l’activité économique. Il varie à la baisse si la croissance est perçue comme durable par les entrepreneurs, ou à la hausse si la conjoncture est déprimée ou les perspectives jugées inquiétantes. Lors des phases de croissance forte, la production augmente pour s’adapter à une demande globale attendue à la hausse par les producteurs. À productivité constante, il faut donc produire plus et utiliser davantage de facteur travail pour suivre cette hausse de la production, ce qui crée des emplois et fait baisser le chômage. C’est ce qui s’est produit en France entre 2016 et 2018. Dans le cas contraire, lors des phases de ralentissement, les producteurs s’adaptent à une demande qu’ils attendent en baisse, et vont donc produire en moins grande quantité, avec moins de facteur travail mobilisé, ce qui détruit des emplois et fait augmenter le chômage. C’est ce qui s’est produit en France à partir de 2008 lors de la crise des subprimes. 78 • I – Science économique

DOSSIER 3 Quelles sont les causes du chômage structurel ? p. 78-79

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Cette séquence se concentre sur le chômage structurel, qui résulte de différents facteurs institutionnels qui encadrent le marché du travail, comme les difficultés d’appariement, faute d’institutions efficaces, ou les effets de l’instauration d’un salaire minimum. Les élèves percevront également que le chômage structurel peut résulter de stratégies rationnelles des employeurs pour lutter contre l’asymétrie d’information (salaire d’efficience). C

1

POUR COMMENCER Un chômage inégal sur le territoire p. 78 Cette carte de l’INSEE (dont la version interactive en ligne est proposée) permet de constater que le chômage n’est pas un phénomène uniforme sur le territoire français, ce qui permet d’introduire l’hypothèse de la faible mobilité de la main-d’œuvre. 1. Taux de chômage à La Réunion (24,3 %) – Taux de chômage à Paris (7 %) = 17,3 En 2019, le taux de chômage à La Réunion dépasse de 17,3 points de pourcentage celui de Paris, selon l’INSEE. 2. On peut envisager que le chômage ne soit pas le même partout en France métropolitaine parce que la répartition des demandeurs et des offreurs d’emplois n’est pas égale dans toutes les régions. Les régions sont plus ou moins dynamiques du point de vue de la production et de la création d’emplois.

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3. Les chômeurs des Pyrénées-Orientales ne sont pas forcément en mesure de chercher un emploi dans une autre région : si leur conjoint a déjà un emploi dans la région, ou s’ils sont dans l’impossibilité de se déplacer, ils seront contraints de rester à chercher un emploi sur place. En outre, la recherche d’emploi à distance est souvent moins fructueuse car la personne ne bénéficie pas de son réseau social de proximité pour amplifier ou appuyer sa recherche. C

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L’importance des institutions du marché du travail dans l’appariement p. 78 Cet extrait présente les mécanismes d’appariement du marché du travail, et les effets ambivalents d’un appariement rapide ou freiné. 1. L’assurance chômage peut ralentir le retour à l’emploi des chômeurs et ralentir l’appariement, mais elle peut également donner du temps dans la recherche d’emploi, ce qui permet une meilleure adéquation entre les qualifications des travailleurs et les emplois qu’ils occupent. Une politique de formation des chômeurs ou des dispositifs favorables à la mobilité géographique facilitent l’appariement en améliorant l’adéquation des emplois offerts avec les qualifications des travailleurs. 2. Un appariement rapide entre l’offre et la demande peut avoir pour avantage de se rapprocher du plein-emploi, c’est-à-dire d’une situation économique où les facteurs de production sont pleinement utilisés et dans laquelle le chômage est très faible. L’inconvénient peut être une dégradation de la productivité car les offreurs de travail peuvent être contraints d’accepter des emplois dont les qualifications sont inférieures aux leurs. 3. Aux États-Unis, l’appariement rapide est privilégié du fait d’allocations chômage de faible durée et de contrats de travail souples du point de vue du licenciement, mais au détriment de la qualité. En Europe, le choix a été de sécuriser l’emploi avec un droit du travail plus protecteur, au risque de ralentir l’appariement.

Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 79

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Les asymétries d’information, source de chômage structurel p. 79 Ce texte présente les stratégies rationnelles des employeurs pour lutter contre l’asymétrie d’information inhérente au marché du travail, tel le versement d’un salaire d’efficience élevé, générateur de chômage structurel. 1. L’asymétrie d’information qui existe entre employeurs et travailleurs porte sur l’incertitude relative à la productivité des travailleurs, une fois qu’ils sont embauchés. En effet, une fois recruté, un travailleur peut choisir de ne pas faire trop d’efforts pour atteindre sa productivité maximale. 2. Pour lutter contre le risque de comportement de « tire-au-flanc », les employeurs sont incités à proposer un salaire plus élevé que le salaire d’équilibre. Cela permettrait de motiver les travailleurs, qui seraient incités à maintenir une productivité élevée pour ne pas perdre leur emploi bien rémunéré. 3. Ce salaire supérieur au salaire d’équilibre a pour effet de déséquilibrer le marché du travail puisqu’il induit des salaires durablement supérieurs au salaire d’équilibre, empêchant l’égalisation de l’offre et de demande de travail. La demande de travail va être amoindrie du fait de salaires élevés, alors que l’offre va être accrue par le niveau attractif du salaire. Un chômage durable peut alors se développer, qui va toucher ceux qui sont désireux de travailler pour le taux de salaire proposé, mais qui ne sont pas recrutés.

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EXERCICE Les effets de l’instauration d’un salaire minimum sur le chômage p. 79 À l’aide de cet exercice qui s’appuie sur les acquis de 1re (chapitre sur le marché concurrentiel), les élèves peuvent expérimenter le déséquilibre qui apparaît suite à la fixation exogène d’un salaire minimum. 1. et 2. Niveau du salaire

Demande de travail des employeurs

Offre de travail des salariés

Salaire d’équilibre

Niveau de l’emploi

Nombre d’emplois

3. Dans cette situation d’équilibre, les individus qui ne souhaitent travailler que pour un salaire supérieur au salaire d’équilibre sont au chômage. Il s’agit d’un chômage volontaire.

80 • I – Science économique

4. et 5. Niveau du salaire

Demande de travail des employeurs

Offre de travail des salariés Chômage

Salaire minimum

Salaire d’équilibre initial

Quantités demandées de travail Niveau de l’emploi

Quantités offertes de travail

Nombre d’emplois

L’existence d’un salaire minimum supérieur au salaire d’équilibre induit que le nombre d’emplois offerts est supérieur au nombre d’emplois demandés. Il n’y a donc pas assez d’emplois proposés pour tous les travailleurs, ce qui génère un chômage involontaire. S’ENTRAÎNER

p. 79

1 Autoévaluation Le chômage structurel désigne la partie du chômage qui ne dépend pas de l’évolution à court terme de l’activité économique. Il résulte de problèmes d’appariement entre offre de travail (travailleurs) et demande de travail (employeurs) qui proviennent de frictions : des imperfections dans le fonctionnement du marché du travail, comme l’asymétrie d’information et certaines institutions (règles de protection de l’emploi, salaire minimum).

2 Mobiliser ses connaissances Les institutions peuvent avoir des effets négatifs ou positifs sur le chômage structurel, un chômage qui résulte de l’organisation du marché du travail. En effet, les institutions représentent ici les organisations et les règles formelles et informelles qui encadrent la relation salariale entre les agents économiques sur le marché du travail. Si elles accroissent la protection des travailleurs, par le renforcement du droit du travail ou par la mise en place d’une allocation chômage généreuse et durable, elles répondent à un objectif de protection des travailleurs, mais dans le même temps, elles ralentissent le retour à l’emploi. Par exemple, si un entrepreneur cherche à embaucher de nouveaux travailleurs mais qu’il est incertain quant à la pérennité de la reprise économique, et que le droit du travail rend plus difficile le licenciement de ces nouveaux salariés, il risque de renoncer à embaucher. A contrario, les institutions ont des effets positifs. D’une part, elles protègent les travailleurs en emploi et, d’autre part, elles permettent une meilleure adéquation entre les emplois proposés et les qualifications des salariés, lorsque ces derniers sont formés par des institutions ou peuvent prolonger leur période de recherche d’emploi afin de trouver l’emploi qui corresponde à leurs aspirations et qualifications.

Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 81

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Les politiques de lutte contre le chômage

DOSSIER  4 Le soutien de la demande globale permet-il de baisser le chômage ? p. 80-81

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Cette séquence ouvre la partie du chapitre relative aux politiques de lutte contre le chômage. Elle permet de s’interroger sur le rôle des politiques conjoncturelles de soutien de la demande dans la lutte contre le chômage conjoncturel. C

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POUR COMMENCER Relancer l’activité pour protéger l’emploi ? p. 80 Ce dessin de presse permet de débuter la séquence en montrant les enjeux d’un redémarrage de l’activité en soutenant le pouvoir d’achat des consommateurs. 1. L’illustration met en scène un producteur/vendeur de fruits et légumes et une cliente/acheteuse dans un supermarché. 2. Le dessinateur met en évidence le paradoxe suivant : les entreprises ont besoin de vendre leur production pour rentabiliser leur activité, mais elles se retrouvent face à des consommateurs qui ne disposent pas des ressources suffisantes pour acheter leurs produits. Si cette situation perdure, les entreprises seront contraintes de ralentir ou arrêter leur activité, créant ainsi du chômage, ce qui réduira les revenus distribués et réduira davantage le pouvoir d’achat des ménages (cercle vicieux).

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3. On peut imaginer une intervention publique en faveur du pouvoir d’achat des ménages, par le biais de politiques conjoncturelles augmentant les revenus de transfert, ou se substituant à la demande privée (commandes publiques et grands travaux). C

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Des politiques budgétaires de soutien de la demande globale p. 80 Ce document permet de montrer la légitimité des pouvoirs publics à intervenir temporairement en soutien à la demande globale, en revenant sur des interventions passées lors de la crise des subprimes, ou de la Grande Dépression. 1. Dans un contexte de récession, les acteurs privés (entreprises et ménages) sont en proie à l’incertitude, augmentent leur épargne de précaution et reportent leurs décisions de consommation et d’investissement, ce qui a pour effet d’aggraver les effets de la crise. C’est pour cela que l’État doit intervenir en se substituant à ces acteurs. 2. L’État peut soutenir la demande globale en augmentant ses dépenses de consommation et d’investissement dans les secteurs d’activités concernés et/ou en diminuant les prélèvements obligatoires.

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3. Les risques de cette politique sont le creusement du déficit budgétaire et l’augmentation conjointe de la dette publique. C

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Les effets de la politique monétaire sur la croissance et l’emploi aux États-Unis p. 81 Ce graphique permet aux élèves de voir la relation entre la politique monétaire aux États-Unis et l’évolution du chômage et de l’inflation.

82 • I – Science économique

1. Aux États-Unis, en 2019, l’inflation s’élevait à 1,75 %, tandis que le principal taux directeur de la Réserve fédérale était maintenu à 2,5 %. Dans le même temps, le chômage concernait 3,75 % de la population active. 2. Depuis 2009, la FED pratique une politique de taux bas, maintenus à 0 jusqu’en 2016, et remontés progressivement à 2,5 % en 2019. Sur la même période, le chômage n’a cessé de diminuer, perdant plus de 6 points entre 2009 et 2019. La politique monétaire de baisse des taux directeurs semble favoriser la baisse du chômage. 3. En maintenant ses taux extrêmement bas, la FED a rendu le recours au crédit bancaire facile et peu coûteux pour les entreprises et les ménages. De cette façon, ces derniers étaient incités à consommer (à crédit) et à investir pour créer de nouvelles activités (ou en développer d’anciennes) et ainsi accroître les besoins de main-d’œuvre, faisant ainsi baisser le chômage.

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EXERCICE Les effets d’une politique macroéconomique de soutien de la demande globale p. 81 Cet exercice permet de faire travailler les élèves à la fois sur les effets des politiques conjoncturelles de soutien à la demande et sur la capacité à représenter un mécanisme économique sous la forme d’un schéma.

Politiques de relance Politique monétaire (Banque centrale)

Taux directeurs

Politique budgétaire (État)

Salaire minimum

Coût du crédit

Prélèvements obligatoires

Dépenses publiques

Demande globale

Chômage

Emploi

Production

S’ENTRAÎNER

p. 81

1 Autoévaluation 1. Vrai. 2. Faux. Les effets de court terme peuvent être très prononcés, par exemple, lors de la crise des supbrimes, le taux de chômage en France est passé d’environ 8 à 9,5 % en quelques mois seulement. 3. Vrai. 4. Faux. C’est l’inverse, les taux directeurs élevés correspondent à une politique monétaire de rigueur qui déprime la demande. 2

Étude d’un document

Ce graphique produit par la Réserve fédérale américaine sur l’évolution des niveaux des taux directeurs de la FED, de l’inflation et du chômage aux États-Unis, permet de montrer le rôle des taux directeurs et donc de la politique monétaire pour soutenir la Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 83

demande et lutter contre le chômage. En effet, une politique monétaire de relance, par la baisse des taux directeurs de la banque centrale, permet aux banques de se refinancer à un taux plus faible, ce qui les conduit elles-mêmes à prêter à des taux d’intérêts plus faibles à leurs clients, notamment les ménages et les entreprises. En conséquence, les premiers consomment davantage et les secondes investissent plus, ce qui augmente la demande. Ceci peut alors avoir le double effet, d’une part d’augmenter la production, l’emploi et de faire baisser le chômage, d’autre part d’augmenter l’inflation. Ainsi, aux États-Unis, suite à la crise des subprimes en 2008, la Réserve fédérale ramène son principal taux directeur à 0 % entre 2009 et 2016, une politique monétaire de relance qui se traduit par une hausse de la demande, et par une baisse continuelle du chômage : il passe d’environ 10 % de la population active en 2010 à moins de 4 % de la population active en 2019, soit une baisse de 4 points de pourcentage, qui ne s’interrompt pas avec la légère remontée des taux d’intérêt directeurs à partir de 2016.

DOSSIER  5 La baisse du coût du travail peut-elle réduire le chômage ? p. 82-83

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Cette séquence permet d’étudier le rôle des politiques d’allègement du coût du travail pour lutter contre le chômage structurel. Elle peut utilement être prolongée par l’activité 1 « La politique française d’allègement du coût du travail est-elle efficace ? », page 86. C

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POUR COMMENCER Combien coûte une heure de travail en France ? p. 82 Cette infographie permet de débuter la séquence en précisant les composantes du coût du travail (salaire net, cotisations sociales) et leur répartition suivant le niveau de rémunération des travailleurs. 1. En France en 2019, un salarié au SMIC coûtait 1 615 euros à son employeur [1 183 + 338 + 94]. 2. Le salarié reçoit le salaire net, soit 1 183 euros, c’est-à-dire la part du coût du travail déduction faite des cotisations sociales patronales et salariales. 3. Les cotisations sociales représentent 26,81 % du coût d’un salarié au SMIC [(94 + 338) / 1615]. Elles pèsent 42,33 % du coût d’un salarié rémunéré 1,5 fois le salaire minimum [(535,5 + 767) / 3077] et 43,26 % pour un salarié dont la rémunération est équivalente à 2 SMIC [(704 + 1100) / 4170].

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4. Cet écart s’explique par les exonérations de cotisations sociales (« charges patronales ») sur les bas salaires autour du SMIC. C

2

Baisser le coût du travail pour stimuler les embauches ? p. 82 Ce texte permet de poser la question des effets de la baisse du coût du travail sur l’emploi, notamment en se penchant sur la distinction entre le travail qualifié et le travail non qualifié. Un encadré le complète en rappelant que ces politiques d’allègement du coût du travail sont menées constamment en France depuis 1993. 1. Les travailleurs non qualifiés peuvent être considérés comme trop coûteux du fait de leur faible productivité liée au manque de qualification. 2. La baisse du coût du travail a pour effet de diminuer le coût total de production pour l’employeur, ce qui le rend plus compétitif. 3. La baisse du coût du travail peut s’effectuer sans diminuer le salaire net perçu

84 • I – Science économique

par le travailleur. L’idée est au contraire de soulager le coût de production sans effet sur les salaires perçus par les travailleurs. Il s’agit donc de diminuer les cotisations sociales pour alléger le coût du travail, sans toucher au salaire net.

DO

4. À production constante, la baisse du coût du travail pour les travailleurs les moins qualifiés incite les employeurs à utiliser davantage ce facteur de production plutôt que des travailleurs plus qualifiés ou plutôt que du capital. Mais cette baisse du coût du travail a aussi pour effet de permettre une baisse du coût de production et donc, à marge constante, une baisse de prix qui soutient la demande, la production, et donc augmente l’utilisation de tous les facteurs de production. L’effet net est donc une hausse des emplois peu qualifiés proposés. C

3

Un coût du travail très inégal dans l’Union européenne p. 83 Ce graphique permet de constater les différences de coût du travail dans différents pays de l’Union européenne en 2019 et d’introduire les effets possibles de ces différences en termes de spécialisation, et donc d’emplois, un point développé plus précisément dans le chapitre 2 sur le commerce international. 1. En 2019, selon l’INSEE, le salaire brut moyen en France était de 25,1 euros par heure travaillée. 2. La France est un des pays européens qui possède le salaire horaire brut moyen le plus élevé. En effet, elle se situe près de 5 euros/heure au-dessus de la moyenne européenne, et plus de 2 euros/heure au-dessus de la moyenne de la zone euro. Mais il y a des pays qui ont un salaire horaire brut moyen plus élevé : l’Allemagne (27,5 euros/heure), le Luxembourg (35,5 euros/heure) et le Danemark (38,8 euros/heure). 3. Ces écarts de salaire brut entre pays de l’UE s’expliquent par des marchés du travail (niveau du salaire minimum) et par des États-providence plus ou moins protecteurs (montant des cotisations sociales). En outre, les écarts de salaire brut s’expliquent également par les écarts de productivité horaire du travail entre les pays, liés au niveau de qualification, à la qualité des équipements, à l’innovation.

DO

4. Le niveau supérieur du coût du travail français peut être nuisible à l’emploi en France si les travailleurs ne sont pas assez productifs. En effet, un coût du travail élevé, s’il n’est pas accompagné d’une productivité équivalente, va inciter les employeurs à chercher une main-d’œuvre proposant un meilleur rapport qualité-prix en faisant produire ailleurs, et les consommateurs et entreprises à privilégier les produits importés car moins chers. C

4

Comment évoluent le salaire et la productivité en France ? p. 83 Ce graphique chronologique permet de comparer l’évolution du salaire unitaire moyen et de la productivité des travailleurs en France. Il permet éventuellement de prolonger une notion introduite dans le chapitre 2 : celle de coût salarial unitaire, obtenu en faisant le rapport du coût du travail et de la productivité du travail. 1. En 2019, en France, l’indice du salaire moyen par tête était de 106,6, base 100 en 2012, ce qui signifie que le salaire moyen français a augmenté de 6,6 % par rapport à 2012, alors que la productivité apparente du travail n’a augmenté que de 4,6 % en 7 ans, selon l’INSEE. 2. L’évolution de la productivité du travail a été moins rapide que celle du salaire moyen par tête. 3. Cela a pour conséquence que le travail en France est devenu plus coûteux, la part de valeur ajoutée consacrée aux salaires a donc augmenté, et chaque heure de travail génère de moins en moins de valeur ajoutée. Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 85

4. Les conséquences de ces évolutions sur le marché du travail sont une baisse de la demande de travail, les employeurs étant incités à substituer du capital au travail ou à substituer du travail à l’étranger au travail utilisé dans le pays. Cela a pour effet l’augmentation du chômage en France. S’ENTRAÎNER

p. 83

1 Autoévaluation Moindre substitution du capital au travail

Stagnation des salaires nets

Baisse du coût du travail

Baisse des cotisations sociales

Hausse de la compétitivité

Hausse des emplois

2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire §1 Il existe un chômage structurel, qui ne dépend pas des fluctuations conjoncturelles. §2 Ce type de chômage concerne surtout les travailleurs les moins qualifiés. §3 La théorie néoclassique du marché du travail explique que le chômage peut être dû à un cout du travail trop élevé. §4 La baisse du coût du travail semble pouvoir être une solution, notamment via des allègements de cotisations sociales sur les bas salaires.

DOSSIER  6 La formation et la flexibilisation du marché du travail permettent-elles de lutter contre le chômage ? p. 84-85

DO

Cette dernière séquence permet de faire travailler les élèves sur la question des rigidités du marché du travail, qui peuvent être levées par des politiques de flexibilisation du marché du travail et de formation des demandeurs d’emploi. C

1

POUR COMMENCER La flexibilisation du marché du travail comme remède au chômage ? p. 84 Cette vidéo présente les nouveautés apportées par les réformes du droit du travail mises en œuvre en 2017, ici le CDI de projet. 1. Le CDI de projet peut permettre de contribuer à la baisse du chômage car, en offrant plus de souplesse d’embauche et de licenciement pour les employeurs, de moindres coûts salariaux (suppression des primes de précarité et de licenciement), il est censé les inciter à embaucher davantage. 2. Les rigidités levées avec la création de ce nouveau contrat sont celles concernant les règles d’embauche et de licenciement : suppression de la prime de licenciement pour l’employeur, les règles qui encadrent ce contrat ne sont plus déterminées de façon universelle mais adaptées à chaque branche, durée indéterminée en fonction de la durée du chantier, possibilité de réembauche. 3. Les syndicats pointent du doigt le risque de précarité accru pour les travailleurs qui se retrouvent moins protégés avec ce type de contrat (plus de date de fin de contrat, fin de la prime de précarité et de licenciement, pas de projection sur le long terme…).

86 • I – Science économique

DO

C

2

Flexibilité et chômage conjoncturel p. 84 Ce texte présente le lien entre flexibilité et chômage conjoncturel : plus la flexibilité du marché du travail est forte, plus le chômage a une composante conjoncturelle importante, à l’exemple du marché du travail aux États-Unis. Il est possible de relier ce document au document 4 page 77, « Analyser le lien entre croissance, emploi et chômage », pour montrer que ces pays connaissent également une productivité du travail très peu cyclique, d’où une baisse très forte de l’emploi en période de récession et une hausse très forte de l’emploi en période d’expansion. 1. On qualifie de « flexible » un marché du travail qui se rapproche du modèle de concurrence parfaite : mobilité des facteurs de production, liberté d’entrer et de sortir du marché, auto-ajustement des salaires selon l’offre et la demande. 2. Le marché du travail aux États-Unis est peu rigide, il est « l’un des plus flexibles des pays de l’OCDE », ce qui s’observe lors des récessions où la hausse du chômage est ample et rapide, et la baisse, elle aussi, ample et rapide lors de la reprise. Le marché du travail américain se caractérise par un ajustement systématique et sans contrainte des effectifs et des salaires selon les fluctuations de l’activité, la grande mobilité des travailleurs (aussi bien professionnelle que géographique), et un salaire minimum et une protection sociale « peu généreux ». N. B. : Cette faible rigidité ou forte flexibilité entraîne une productivité du travail peu sensible aux variations de la conjoncture. Voir exercice 4 page 77, qui peut être fait en prolongement de ce document.

DO

3. Un marché du travail flexible présente l’avantage d’un appariement rapide et d’un taux de chômage généralement faible. Les entreprises et les travailleurs, notamment les moins qualifiés, peuvent ainsi aisément embaucher/trouver un emploi. En revanche, soumis aux fluctuations économiques, ce type de marché du travail peut connaître des variations du taux de chômage très importantes, au détriment du bien-être des travailleurs. Le taux de chômage a par exemple été multiplié par deux aux États-Unis entre janvier 2007 et octobre 2009, notamment parce que la baisse des besoins de main-d’œuvre s’est traduite par des suppressions d’emplois plutôt que par la réduction du nombre d’heures travaillées pour chaque employé. Cette augmentation rapide du chômage lors des récessions peut aussi être procyclique, c’est-à-dire inflationniste lors des phases d’expansion, et récessive lors des récessions (cercle vicieux). C

3

Le rôle de la formation dans la lutte contre le chômage structurel p. 85 Ce texte permet de travailler l’apport de la formation dans la lutte contre le chômage, en mettant en avant la corrélation entre formation et accès à l’emploi. 1. Il existe une corrélation positive entre la formation des chômeurs et leur accès à l’emploi. En effet, les chômeurs formés sont plus nombreux à retrouver un emploi que les chômeurs qui n’ont pas reçu de formation (45,6 % ont retrouvé un emploi 6 mois après la formation, contre 33,9 % des non-formés). 2. Formation pour retrouver un emploi dans un secteur qui recrute

Meilleure adéquation entre offre et demande de travail

Accès à l’emploi pour les chômeurs formés

3. Une politique de formation continue peut avoir des effets positifs sur l’activité économique et sur l’emploi. En effet, la formation continue permet d’ajuster plus efficacement l’offre et la demande de travail et de résoudre les problèmes d’appariement. La formation est un moyen, pour les personnes qui en bénéficient, d’accéder à de nouvelles compétences ou d’en améliorer d’anciennes, de manière à correspondre Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 87

DO

aux profils attendus pas les entreprises qui recrutent. Par exemple, un employé de vidéo-club licencié à cause de l’essor de la vidéo en ligne et qui se forme pour devenir employé de restauration accroît ses chances de retrouver un emploi. C

4

Des formations continues, pour qui ? p. 85 Ce graphique permet de comparer la participation des chômeurs aux dispositifs de formation continue selon leur statut d’activité (emploi, chômage, inactivité) et selon le niveau de diplôme. 1. En 2016 en France, 22 % des individus sans diplôme ont suivi au moins une formation au cours des 12 mois précédent l’enquête réalisée par l’INSEE. 2. Les adultes qui bénéficient le plus d’une formation sont les individus diplômés du supérieur long et en emploi ; ceux qui en bénéficient le moins sont les inactifs (hors retraités) sans diplôme. 3. On constate que les principaux bénéficiaires des politiques de formation continue ne sont pas les individus les plus fragiles sur le marché du travail ou ceux qui en auraient le plus besoin pour retrouver un emploi. Cela peut s’expliquer par une plus faible propension au recours à ces dispositifs. Les personnes sans emploi et non diplômées sont exclues des formations dispensées par les entreprises pour leurs salariés et bénéficient d’un moindre accès à l’information et d’un rapport plus difficile aux procédures ouvrant droit à formation continue. Au contraire, les individus toujours en emploi et diplômés peuvent s’estimer plus légitimes à bénéficier de ces dispositifs dont ils ont connaissance et pour lesquels ils ont un accès facile et une plus grande appétence, du fait qu’ils ont déjà été en réussite face à un examen puisqu’ils sont diplômés. S’ENTRAÎNER

p. 85

1 Autoévaluation Flexibilité

Baisse des coûts de production

Baisse des prix

Créations d’emplois

Hausse de la production

Hausse de la demande de biens et de services

2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire §1 Le chômage structurel peut provenir d’une inadéquation des qualifications des offreurs de travail par rapport à la demande de travail. §2 Il est alors nécessaire de mettre en place une politique de formation continue à destination des chômeurs (notamment de longue durée). §3 Ce chômage structurel peut aussi provenir d’un coût du travail trop élevé par rapport à la productivité des salariés les moins qualifiés. §4 Il est alors nécessaire de mettre en place une politique de baisse du coût du travail.

88 • I – Science économique

AC

É1

TIVIT

Construire une carte mentale

La politique française d’allègement du coût du travail est-elle efficace ? p. 86 Présentation La lutte contre le chômage s’est traduite en France par de nombreux dispositifs visant à alléger le coût du travail supporté par les entreprises. Cette activité permet de revenir plus en détail sur cette politique en l’approfondissant à l’aide de documents supplémentaires, en recensant les faits et les connaissances dans une carte mentale, un outil utile pour synthétiser et stabiliser les savoirs dans l’optique du baccalauréat.

TIVIT

É2

AC

Mise en œuvre Utiliser la Fiche méthode 5 « Construire une carte mentale » (pages 376-377). Conseils complémentaires : – L’outil carte mentale, de plus en plus utilisé au collège, est un procédé alternatif de prise de notes, de réalisation d’une fiche de révisions, d’analyse d’un sujet, de brainstorming. Cependant, il ne convient pas à tous les élèves : pour certains, cela va représenter un outil très utile, pour d’autres, qui n’arriveront pas à construire une carte mentale, l’outil est inutile. Il est donc conseillé de l’indiquer aux élèves comme une possibilité et non comme une panacée pour toutes et tous. – Il est important que les élèves parviennent à repérer et isoler les mots clés du cours et à les relier du général (près du centre de la carte) au particulier (vers la périphérie). – Les premières branches correspondent aux grandes parties dans un plan de cours et les branches suivantes aux sous-parties. – L’utilisation de codes couleur et de symboles ou petits dessins améliore l’efficacité de la carte mentale ; incitez vos élèves à la créativité.

Rédiger une synthèse

Avantages et limites du modèle danois de flexisécurité p. 87 Présentation Cette activité vise à entraîner les élèves à la rédaction de paragraphes argumentés AEI, en vue des épreuves de bac de fin d’année. Elle s’appuie sur le dossier 6 « La formation et la flexibilisation du marché du travail permettent-elles de lutter contre le chômage ? », qu’elle permet d’approfondir par l’étude du cas du Danemark, pays modèle en matière de flexisécurité. Mise en œuvre L’activité se déroule en 55 minutes et en deux temps. Dans un premier temps, les élèves travaillent en autonomie sur les trois documents et peuvent remplir un tableau sur le modèle ci-dessous, ce qui leur permettra d’organiser leurs arguments et illustrations pour rédiger les deux paragraphes AEI. Après une rapide correction, les élèves rédigent ensuite les deux paragraphes, en utilisant éventuellement la Fiche méthode 1, page 370.

Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 89



ÉTAPE

1

ÉTUDIER LES DOCUMENTS Avantages de la flexisécurité

Limites de la flexisécurité

Document 1 – Licenciements faciles pour les employeurs et indemnisations généreuses des chômeurs (90 % du salaire pendant deux ans). – Politique du marché de l’emploi active (dite « politique d’activation ») : formation professionnelle tout au long de la vie. – Forte rotation des emplois, moindre chômage de longue durée (quand la conjoncture est favorable).

– Chômage sensible à la conjoncture : le taux de chômage a doublé entre 2008 et 2015. – Raccourcissement de la durée d’indemnisation qui a nécessité la création d’un nouveau statut accueillant les chômeurs en fin de droits, surtout des immigrés, des femmes et des jeunes.

Document 2 – Taux de chômage : 3,9 % en 2018. – Absence de chômage de masse. – Marché du travail «  hyper dynamique ». – Modèle danois de flexisécurité = flexibilité de l’emploi + sécurité financière pour les chômeurs. – Embauches et licenciements faciles. – Droit du travail et contrat de travail peu contraignants mais construits en concertation avec les syndicats puissants (taux de syndicalisation de 70 %).

– Contrôle permanent des demandeurs d’emploi (obligation de postuler à deux emplois par semaine pour les chômeurs). – Il faut accepter tout emploi qui est offert, même s’il n’est pas en adéquation avec la formation ou les souhaits des individus, sous peine d’arrêt de l’indemnisation et de 260 euros d’amende. Fort contrôle social formel sur les chômeurs. – Système perçu comme manquant d’humanité.

Document 3 – Reconnaissance de l’importance de la formation continue (consensus des partenaires sociaux). – Fort recours à la formation après la crise des subprimes (1 million de personnes en 2010, 850 000 en 2011), et baisse significative du taux de chômage.

– Le recours à la formation continue (AMU) est principalement le fait des travailleurs expérimentés et qualifiés (comme en France, voir dossier 6, document 4 p. 85). – Difficultés de reconversion pour les moins qualifiés. – L’offre coûteuse de formation continue est en baisse de même que les participants (découragés ?). Le taux de participation à l’AMU est passé de 70 % en 2010 à 40 % en 2017.

ÉTAPE RÉDIGER 2

Paragraphes possibles : §1 Le modèle danois s’est construit dans la concertation entre gouvernement et syndicats. Il permet un ajustement rapide sur le marché du travail, un faible taux de chômage, notamment de longue durée, et une indemnisation généreuse pendant deux ans. §2 En revanche, s’il est économiquement efficace, il repose sur un contrôle systématique des demandeurs d’emploi et les contraint à accepter tout type d’emploi. Les segments les moins « employables » de la population active peinent à bénéficier de la flexisécurité. 90 • I – Science économique

AC

É3

TIVIT

Vers le Grand oral

Réaliser une chronique radio

A-t-on déjà tout essayé contre le chômage ? p. 88-89 Présentation Cette activité de travail en groupe invite les élèves à approfondir un exemple précis des objectifs d’apprentissage du chapitre, en s’appuyant sur les documents du chapitre, en cherchant des compléments sur Internet et en construisant une argumentation à l’oral, enregistrée sur un support numérique, ce qui permet ensuite de la réécouter et de pointer les éléments à améliorer. Elle peut s’inscrire dans un dispositif de Webradio. L’activité est aussi une excellente préparation au Grand oral (rigueur sur le fond et clarté de la forme), d’où l’importance d’exposer en amont les conseils de méthode (encadré « Objectif bac : des pistes pour le Grand oral »), qui s’attachent ici à la diction : articulation, flux, intonation. Voir Fiche Bac 6 « Le Grand oral », pages 388-391. Mise en œuvre – L’étape 1 de préparation se réalise, idéalement, au CDI ou en salle informatique. – L’étape 2 de rédaction doit être l’occasion pour les élèves de construire leur argumentation en testant des formules et des expressions efficaces, pour une prestation orale convaincante. – L’étape 3 d’enregistrement peut se dérouler dans tout lieu avec un relatif silence pour ne pas perturber la captation, au CDI ou en salle informatique, ou dans une salle de classe avec des terminaux mobiles. Une étape supplémentaire peut être extrêmement formatrice : répartir les capsules audio entre les élèves et leur demander de les évaluer, ou en écouter quelques-unes en classe entière, pour pointer les qualités et les points à améliorer. Ce dispositif peut ensuite être décliné sur d’autres chapitres au cours de l’année. Voir Fiche méthode 3 « S’exprimer à l’oral », page 373.

UTILISEZ LES STATISTIQUES p. 93

1 Lire et comprendre un graphique de répartition 1. Au quatrième trimestre 2019, le taux d’emploi dans l’OCDE était de 68,9 %, c’est-àdire qu’en moyenne 68,9 % des personnes en âge de travailler occupaient un emploi dans les pays de l’OCDE. 2. Ce graphique ne permet pas de comparer les valeurs absolues des individus en emploi car il faut tenir compte de la taille de la population en âge de travailler, laquelle dépend notamment de la démographie (taille de la population, et % de personnes de 15 ans et plus). 3. 78 – 59,1 = 18,9 Au Japon, le taux d’emploi est supérieur de près de 19 points à celui de l’Italie en 2019, selon l’OCDE. 78/59,1 = 1,31 Au Japon, la proportion de personnes en âge de travailler en emploi était 1,3 fois supérieure à celle de l’Italie en 2019, selon l’OCDE. (78 – 59,1)/59,1 = 32 Le taux d’emploi au Japon est 32 % plus élevé que celui de l’Italie en 2019. Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 91

2 Calculer des variations et interpréter les résultats 1. 255 800/190 100 = 1,35 2. (255 800 – 190 100)/190 100 = 0,3456 soit 34,56 % 3. 255 800 – 190 100 = 65 700 4. Le résultat le plus parlant est le taux de variation car c’est une variation relative, qui indique l’ampleur relative de la variation par rapport à la donnée de départ en décembre 2015, et car exprimer cette variation relative en % est plus parlant quand cette variation est inférieure à 100 %, c’est-à-dire à un doublement.

TESTEZ VOS CONNAISSANCES ! p. 94-95

1 Vrai ou faux ? p. 94 1. Faux. Le chômage résulte d’une offre d’emplois inférieure à la demande. 2. Vrai. 3. Vrai. 4. Vrai. 5. Faux. Cela dépend du niveau de ce salaire minimum (supérieur ou pas au salaire d’équilibre). Des allègements de cotisations sociales peuvent compenser son niveau élevé, et ce salaire minimum peut soutenir la demande globale. 6. Vrai. 7. Vrai. 8. Faux. Le coût du travail correspond au salaire net (perçu par le salarié), auquel s’ajoutent les cotisations sociales salariales et patronales. 9. Vrai. 10. Faux. Le salaire d’efficience est un salaire supérieur au salaire d’équilibre, dont l’objectif est d’attirer les meilleurs travailleurs et de les inciter à être plus productifs.

2 Quelle politique pour l’emploi ? p. 94 Soutien de la demande : 3 ; 5 Baisse du coût du travail : 1 ; 6 Flexibilité : 2 ; 4

3 Les effets des fluctuations économiques sur le chômage p. 94 Hausse des taxes américaines sur les importations de vins français Baisse de la demande américaine en vins français Baisse de l’activité viticole française Baisse de la demande de travail dans les domaines viticoles Hausse du chômage conjoncturel

4 QCM p. 95 1. La flexibilité a pour objectif de réduire le coût du travail (b) et d’adapter la quantité de travail à l’activité de l’entreprise (c). 2. Le chômage représente les individus âgés de 15 ans ou plus sans emploi et en recherche active d’un emploi (b). 92 • I – Science économique

3. Le taux de chômage se calcule en rapportant le nombre de chômeurs à la population active (a). 4. La baisse du coût du travail peut être réalisée par la baisse des cotisations sociales des employeurs (b) et a pour objectif de stimuler la demande de travail (c).

OBJECTIF BAC Épreuve composée p. 96-97

PARTIE 1  MOBILISATION DES CONNAISSANCES APPLICATION Montrez que les asymétries d’information peuvent être source de chômage structurel.

Les asymétries d’information peuvent être source de chômage structurel. En effet, lors d’une embauche, les deux parties (l’employeur et le salarié) n’ont pas le même niveau d’information. Sur le marché du travail, les asymétries d’information entre offreurs et demandeurs de travail peuvent être importantes : l’employeur ne sait pas tout des compétences réelles et de l’investissement futur du travailleur qu’il recrute (et ce dernier ne sait pas tout de l’emploi qu’il va occuper). Aussi, afin de réduire cette incertitude quant à la réalité des compétences et de la productivité du travailleur, l’employeur peut avoir intérêt à proposer un salaire supérieur au salaire du marché, qu’on appelle le salaire d’efficience, afin d’attirer les meilleurs salariés et de les inciter ensuite à maintenir un bon niveau de productivité, car perdre leur travail pour manque d’investissement leur ferait perdre un bon salaire. Ces « sur salaires » sont coûteux pour les entreprises, ce qui les conduit à embaucher moins de travailleurs que si elles rémunéraient au niveau du salaire d’équilibre, d’où l’apparition d’un chômage structurel. Cela peut être par exemple le cas sur les segments les moins qualifiés du marché du travail.

PARTIE 3  RAISONNEMENT S’APPUYANT SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE Guide méthodologique complet à télécharger sur le site collection

Analyse du sujet Vous présenterez les effets des institutions sur le chômage structurel. – « présenterez » : ce verbe indique qu’il s’agit d’exposer, d’expliquer, d’analyser les liens de causalité entre les institutions et le chômage structurel. – « effets » : synonymes : conséquences, répercussions, impacts… Quels sont les effets des différentes interventions des institutions ? – « institutions » : il s’agit des organisations et des règles, formelles et informelles, qui encadrent et favorisent les relations entre les agents économiques. Exemples : l’existence d’un salaire minimum, le droit du travail qui définit notamment les modalités d’embauche et de licenciement, la mobilité géographique des travailleurs, le système de formation (initiale et continue) de la main-d’œuvre... – « chômage structurel » : le sujet porte sur le chômage qui ne s’explique pas par la conjoncture mais par les structures du marché du travail et des institutions qui l’encadrent. Questionnement ou « problématique » : « Ce sujet implique donc de détailler les mécanismes qui font que les organismes et règles formelles et informelles qui encadrent le marché du travail réduisent ou favorisent la partie du chômage indépendante des fluctuations économiques. » Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 93

Plan I) Les effets négatifs des institutions sur le chômage structurel §1 Le salaire minimum peut, à court terme, générer du chômage, notamment pour les travailleurs les moins qualifiés. §2 Le droit du travail concernant les licenciements peut dissuader les entreprises d’embaucher. §3 Le manque de formation des travailleurs peut entraîner un défaut d’appariement. II) Les effets positifs des institutions sur le chômage structurel §4 Un droit du travail assoupli peut permettre d’inciter à l’embauche. §5 Un système généreux d›indemnisation du chômage peut sécuriser les travailleurs, ce qui engendre une forte rotation des emplois et un meilleur appariement. §6 Des agences pour l’emploi nombreuses et bien dotées peuvent favoriser la formation continue des chômeurs et améliorer l’appariement.

OBJECTIF BAC Dissertation p. 98-99 Guide méthodologique complet à télécharger sur le site collection

Analyse du sujet Vous montrerez que la lutte contre le chômage repose sur une diversité de politiques. – « montrerez » : ce verbe indique qu’il s’agit d’exposer, d’analyser la diversité des politiques de lutte contre le chômage. – « lutte contre le chômage » : les États luttent contre le chômage pour réaliser le plein-emploi. – « chômage » : le chômage représente l’ensemble des personnes sans emploi, à la recherche d’un emploi et disponibles pour l’occuper. – « repose » : synonymes : consiste en, résulte de. – « diversité » : le raisonnement doit présenter plusieurs moyens pour lutter contre le chômage. – « politiques » : il faut se concentrer ici sur les dispositifs de l’État favorables à l’emploi. Questionnement (ou problématique) : « Ce sujet implique de présenter les différentes mesures mises en œuvre par les États pour faire baisser le taux de chômage, qu’il soit conjoncturel ou structurel. » Plan I) Le soutien de la demande globale pour lutter contre le chômage conjoncturel §1 Une demande insuffisante est une situation créatrice de chômage. §2 Le soutien de la demande passe par des politiques conjoncturelles (politiques budgétaire et monétaire). II) La baisse du coût du travail pour lutter contre une forme de chômage structurel : le chômage classique §3 Le coût du travail résulte des salaires nets et des cotisations sociales. §4 La baisse du coût du travail, via la baisse des cotisations sociales et des salaires nominaux qui augmentent moins que les prix, augmente la demande de travail. III) La flexibilité et la formation, pour favoriser un meilleur appariement et lutter aussi contre le chômage structurel §5 La flexibilité de l’emploi facilite les ajustements du marché du travail. §6 La formation, un moyen de faciliter l’appariement de l’offre et de la demande. 94 • I – Science économique

GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 5

Rédiger l’introduction

Points forts : – accroche assez pertinente ; – bonne annonce du plan. Points faibles : – absence d’analyse du sujet, pas de définition des notions clés (chômage, politique de l’emploi) ; – sujet simplement recopié, pas de problématique. Accroches a) Affirmation passe-partout, trop générale. b) Assez bonne accroche. c) Une succession de questions (qui pourraient être des sujets) ne correspond pas à une accroche. Exemples d’accroche à partir d’un élément du dossier documentaire « La baisse des cotisations initiée par le gouvernement Juppé en 1995, pour réduire le coût du travail, n’a pas fait la preuve de son efficacité contre le chômage de masse en France. » (document 4) « Avec 5,2 % en 2013, l’Allemagne était le pays de l’OCDE avec le plus faible taux de chômage malgré un indice de protection de l’emploi parmi les plus élevés. » (document 3) Exemple d’introduction La lutte contre le chômage est un thème qui revient régulièrement dans le débat public, et plus particulièrement lors des élections présidentielles. Les économistes ont mis en évidence plusieurs formes de chômage, notamment le chômage conjoncturel qui varie quand la conjoncture, c’est-à-dire la croissance, s’améliore ou se détériore, et le chômage structurel qui résulte des structures du marché du travail, et en particulier des institutions qui l’encadrent. Les mesures pour lutter contre le chômage sont nombreuses et diversifiées, selon les pays et les périodes. Les économistes distinguent cependant trois types de politiques de l’emploi, qui peuvent être complémentaires ou contradictoires, chacune d’elle repose sur des explications distinctes du chômage. Ce sujet implique de présenter les différentes mesures mises en œuvre par les États pour faire baisser le taux de chômage, qu’il soit conjoncturel ou structurel. Nous procéderons en trois temps. Nous verrons, premièrement, que le soutien de la demande globale permet de lutter contre le chômage conjoncturel, deuxièmement, que la baisse du coût du travail est utilisée pour lutter contre le chômage structurel et, troisièmement, que la flexibilisation du marché du travail et la formation sont utilisées pour favoriser un meilleur appariement.

Chapitre 3 – Comment lutter contre le chômage ? • 95

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Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ? ANALYSE DU PROGRAMME p. 100 Ce chapitre est très dense, avec des objectifs d’apprentissage qui mobilisent des savoirs d’histoire économique (connaître les principales caractéristiques de la crise financière des années 1930 et de celle de 2008) et des mécanismes d’analyse économique qui peuvent être ardus, et des implicites dans le programme (cf. les quatre derniers objectifs d’apprentissage). À la recherche d’un découpage simple et opératoire, nous avons découpés ces objectifs en deux parties. La première partie sur « Les causes des crises financières » permet de dégager les grandes caractéristiques de celles-ci (dossier 1 ; premier objectif d’apprentissage) à travers les exemples historiques de la crise des années 1930 et de la crise de 2008, mais sans entrer dans une analyse historique détaillée, puis d’analyser plus en détail deux mécanismes qui correspondent aux deux objectifs d’apprentissage suivants : la formation et l’éclatement des bulles spéculatives (dossier 2) puis les prises de risque par les banques, à l’origine des paniques bancaires (dossier 3). Analyser la prise de risque par les banques est un préalable qui nous a semblé nécessaire pour traiter dans la partie suivante des paniques bancaires elles-mêmes, et de la régulation bancaire, puisque le programme parle dans le tout dernier objectif d’apprentissage de « réduire l’aléa moral des banques ». La seconde partie sur « Les effets des crises financières et leur régulation » traite des trois derniers objectifs d’apprentissage, dans l’ordre indiqué par le programme : les faillites bancaires en chaîne et paniques bancaires (dossier 4), les canaux de transmission d’une crise financière à l’économie réelle (dossier 5) et les principaux instruments de régulation du système bancaire et financier (dossier 6).

ORGANISATION DU CHAPITRE Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.

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Les causes des crises financières

– Dossier 1 « Qu’est-ce qu’une crise financière ? », sur les principales caractéristiques des crises financières, à travers les exemples historiques de la crise des années 1930 et de celle de 2008 ; – Dossier 2 « À l’origine des crises financières, les bulles spéculatives ? », sur l’analyse de la formation et de l’éclatement des bulles spéculatives  ; 96 • I - Science économique

– Dossier 3 « Pourquoi les banques prennent-elles parfois des risques excessifs ? », sur les mécanismes qui poussent les banques à prendre trop de risques (la titrisation, le shadow banking et la constitution de banques « too big to fail »), à l’origine de faillites bancaires (dossier 4) et d’enjeux de régulation (dossier 6).

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Les effets des crises financières et leur régulation

– Dossier 4 « Pourquoi les banques font-elles faillite en chaîne ? », sur les paniques bancaires et l’effet domino des faillites bancaires en chaîne ; – Dossier 5 « Comment une crise financière affecte-t-elle l’économie réelle ? », sur les canaux de transmission de la sphère financière à la sphère réelle ; – Dossier 6 « Comment réguler le système financier ? », sur les instruments de régulation qui permettent de réduire les prises de risques des sociétés bancaires et financières, et donc de réduire les risques de crises financières. Trois activités permettent d’approfondir, à la fin du chapitre, certains objectifs d’apprentissage : – Activité 1 « Les inégalités, véritable moteur des crises financières ? » invite les élèves à réaliser un schéma pour approfondir une cause structurelle des crises financières. – Activité 2 « La prochaine crise viendra-t-elle de Chine ? » propose d’approfondir les causes des crises financières à travers les risques financiers actuels en Chine, par l’analyse d’un dossier documentaire et la rédaction d’une synthèse. – Activité 3 « Les réformes bancaires sont-elles allées trop loin ? », pour se préparer au Grand oral en classe entière en mettant en œuvre des compétences orales, via une activité de débat qui permet d’approfondir le dossier 6 sur la régulation de la finance. En fin de chapitre, des pages « Objectif bac » permettent de se préparer aux épreuves écrites. – Objectif bac – Épreuve composée, pour se préparer aux trois parties de cette épreuve, avec un guidage méthodologique sur les étapes 3 et 4 (étudier le dossier documentaire et construire son plan détaillé) de la partie 3 ; – Objectif bac – Dissertation, pour s’entraîner sur un sujet de dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire, avec un guidage méthodologique sur les étapes 6 et 7 (rédiger les paragraphes AEI et rédiger la conclusion). Les rubriques habituelles complètent le chapitre pour donner aux élèves des outils de récapitulation et d’approfondissement des connaissances (Synthèse + schémas L’essentiel + sélection de vidéos), d’autoévaluation (Testez vos connaissances  !) et de mobilisation des savoir-faire quantitatifs (Utilisez les statistiques).

OUVERTURE DU CHAPITRE p. 100-101 Trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre : – Découvrir par la vidéo (jusqu’à 4 min 27 s) invite les élèves, à partir d’une vidéo en images animées de Citeco, à découvrir comment une crise financière fictive qui touche les banques peut se transmettre à l’économie tout entière. 1. Il s’agit de l’interdépendance des banques qui se prêtent au jour le jour des liquidités sur le marché monétaire (rappel de 1re). 2. Les paniques bancaires, « bank run » en anglais, surviennent si les déposants redoutent une faillite de leur banque et une perte de leurs dépôts, qu’ils se précipitent de retirer. 3. Les banques ne se font plus confiance, craignant la faillite (banqueroute) des autres, et donc ne se prêtent plus. De ce fait, comme elles manquent alors de « cash » (rappel de 1re : de monnaie centrale), les banques réduisent leurs prêts aux ménages et aux entreprises (rappel de 1re : « les crédits font les dépôts », mais ces dépôts sont utilisés et ce sont des « fuites » en dehors du bilan de la banque qui a prêté). Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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4. Les entreprises anticipent alors une baisse des ventes et réduisent leur production, faisant croître le nombre de chômeurs, qui sont des consommateurs qui vont consommer moins. Les salariés en emploi vont, quant à eux, accroître leur épargne de précaution et, eux aussi, moins consommer. – Découvrir par l’image invite les élèves à s’interroger, à partir d’un dessin de presse de Patrick Chappatte paru en 2008, sur le rôle de l’État lors des crises financières. 1. Superman incarne « super-contribuable », qui figure l’État financé par les contribuables, c’est-à-dire tous les citoyens qui acquittent des impôts. Son action de soutien de la stabilité de « la bourse » (le système bancaire et financier) est commentée par des journalistes et des hommes d’affaires (en costume-cravate et avec un cigare). 2. L’État peut être amené à secourir les banques pour éviter des faillites bancaires en chaîne, une disparition des dépôts bancaires et une crise financière qui pourrait se transmettre à l’économie réelle. – Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un questionnaire sur leurs représentations et d’avoir une vision d’ensemble des représentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont être traités dans le chapitre. L’interface Q-Sort en ligne sur le site collection permet de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe.

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Les causes des crises financières

DOSSIER  1 Qu’est-ce qu’une crise financière ? p. 102-103

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Cette séquence aborde les principales caractéristiques et les mécanismes des crises financières, ainsi que leur diversité, en s’appuyant sur les exemples historiques de la crise des années 1930 et de celle de 2008. C

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POUR COMMENCER Le « jeudi noir » d’octobre 1929 p. 102 Cet extrait de l’INA d’un JT de 1997 est un court reportage relatant les deux krachs boursiers de Wall Street, celui de 1929 et celui de 1987. L’encadré qui l’accompagne définit la notion d’actif financier. N. B. : il peut être utile de passer un peu de temps à rappeler, en s’appuyant sur les acquis de première, qu’un actif financier se distingue des autres actifs par le fait qu’il est un « avoir », donc un actif pour celui qui le possède, mais représente simultanément un « engagement » (versement de revenus, remboursement ou titre de propriété) pour celui qui émet cet actif financier. Exemple : une action est un actif pour l’actionnaire et au passif de la société, car il représente un titre de propriété sur cette société, et donc un droit sur ses profits futurs. 1. Aux États-Unis, à partir du jeudi 24 octobre 1929 (le « jeudi noir »), le prix des actions (les « cours boursiers ») se sont écroulés. 2. Conséquences du krach de 1929 : les détenteurs d’actions contraints de vendre leurs biens, 76 millions d’entreprises américaines déposent le bilan, un quart des banques fermées, nombreuses expulsions des maisons achetées à crédit.

98 • I - Science économique

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Les mécanismes d’une crise financière p. 102 Ce texte récent de Gregory Mankiw relate les grandes étapes des crises financières, avec un enchaînement idéal typique : krach du prix d’un actif ou d’un ensemble d’actifs ; insolvabilité des sociétés financières et des agents débiteurs ; blocage du financement qui approfondit la chute du prix des actifs et transmet la crise à l’économie réelle. L’encadré précise la distinction entre insolvabilité et illiquidité. 1. Les banques et les marchés financiers jouent un rôle d’« intermédiation », c’est-àdire le rôle d’intermédiaire entre les agents à capacité de financement (les ménages qui épargnent plus que ce qu’ils investissement) et les agents à besoin de financement (par exemple les entreprises ou l’État, qui investissement plus que l’épargne qu’ils dégagent chaque année). Les banques et les marchés financiers transfèrent l’excès d’épargne des premiers vers les seconds pour financer leur besoin de financement. Mais les banques peuvent également satisfaire ce besoin de financement en accordant des crédits qui sont de la création monétaire, sans épargne préalable. 2. Avant 2008, aux États-Unis, les ménages se sont endettés massivement pour acquérir des logements. Les banques ont accordé des emprunts appelés « crédits hypothécaires » : le logement acheté à crédit sert de garantie à la banque en cas de défaut de paiement. Ainsi, les ménages comme les banques ont parié sur l’augmentation continue des prix de l’immobilier. Cependant, avec la baisse des prix de l’immobilier qui débute en 2006, les ménages se retrouvent surendettés : la valeur de leur crédit à rembourser, définie par rapport au prix d’achat du logement, est supérieure à la valeur de marché de leur logement. Ainsi, pour un grand nombre de propriétaires, la valeur de l’actif possédé est devenue inférieure aux dettes (patrimoine négatif), ce qui peut générer une insolvabilité : impossibilité de rembourser le crédit par la vente de la maison, si besoin de la vendre (à cause d’une baisse de revenus par exemple, ou d’une hausse des intérêts à payer). 3. Les ménages ne pouvant plus rembourser leurs crédits aux banques, ces dernières ont vu leur risque individuel de faire faillite (défaut de paiement) augmenter fortement, d’autant plus que chaque banque est liée aux autres par des transactions financières. 4. Le blocage du financement de l’économie peut entraîner une récession, c’est-à-dire une chute de la production et des revenus. Or, avec celle-ci, le système financier se retrouve davantage en difficulté : il y a un cercle vicieux. D’une part, les entreprises deviennent moins rentables, donc elles versent moins de profits à leurs propriétaires (notamment les actionnaires), ce qui entraîne la chute des cours boursiers. D’autre part, les revenus des entreprises (profits) et des ménages (hausse du chômage) baissent, ce qui augmente les problèmes d’insolvabilité. Pour aller plus loin « Les sources de financement des entreprises », Dessine-moi l’éco, janvier 2015 Vidéo (3 min 20 s) : http://dessinemoileco.com/les-differentes-sources-financement-dune-entreprise/

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EXERCICE Une diversité de crises financières p. 103 Cet exercice permet aux élèves de découvrir la diversité des crises financières et d’y associer les exemples historiques.

Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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1. Crise bancaire • Crise de change • Crise boursière • Crise de la dette publique • Crise immobilière •

• Chute brutale du taux de change d’un pays • Chute des prix des logements entraînant un surendettement de leurs propriétaires

• Hausse des difficultés des banques, se traduisant par une multiplication de leurs faillites et un rationnement du crédit

• Chute brutale du cours des actions • Hausse des difficultés de financement des États susceptible de les amener à la faillite

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2. a) crise boursière ; b) crise de la dette publique ; c) crise immobilière ; d) crise de change ; e) crise bancaire. C

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De graves récessions consécutives aux crises financières majeures p. 103 Ce double graphique permet de comparer la Grande Dépression des années 1930 et la Grande Récession qui a démarré en 2007. C’est l’occasion pour les élèves de s’entraîner à interpréter des indices. L’encadré précise la distinction entre récession et dépression. 1. Selon le NBER, aux États-Unis en 2015 (soit 8 années après le « pic » de 2007), le PIB était supérieur de 10 % au niveau qu’il atteignait en 2007. Toujours selon le NBER, aux États-Unis en 1940 (soit 11 années après le « pic » de 1929), le taux de chômage s’élevait à environ 15 % des actifs. 2. Aux États-Unis, le PIB a baissé au maximum de 30 % lors de la Grande Dépression et au maximum de 3 % lors de la Grande Récession. Il a fallu 7 ans suite à la Grande Dépression pour que le PIB retrouve son niveau initial de 1929, et seulement 3 ans suite à la Grande Récession. Ainsi, la Grande Récession provoquée par la crise de 2008 s’est révélée être bien moins sévère que la Grande Dépression provoquée par la crise des années 1930. 3. Aux États-Unis, le taux de chômage est passé de 3 % des actifs à pratiquement 25 % lors de la Grande Dépression, si bien qu’il a été multiplié par plus de 8. Lors de la Grande Récession, il est passé de près de 5 % des actifs à quasiment 10 %, si bien qu’il a presque doublé. Finalement, le taux de chômage a été 2,5 fois plus élevé lors de la Grande Dépression que lors de la Grande Récession. 4. Le PIB mesure à la fois la production de biens et services et la création de revenus. S’il baisse, cela signifie que l’économie produit moins de biens et services et génère moins de revenus. D’une part, si les entreprises produisent moins, elles auront moins besoin de main-d’œuvre, ce qui les incite à moins embaucher, voire à licencier. D’autre part, s’il y a moins de revenus, les ménages consomment moins, les entreprises investissent moins, ce qui diminue la demande, la production et donc augmente les licenciements. Ainsi, la baisse du PIB provoque une hausse du chômage. 5. Si le chômage augmente, le PIB risque à nouveau de chuter. D’une part, les travailleurs qui sont licenciés se retrouvent au chômage, donc avec un revenu moindre qu’auparavant, ce qui les pousse à moins consommer. D’autre part, les travailleurs toujours en emploi peuvent davantage craindre de perdre leur emploi, ce qui les incite à davantage épargner (c’est ce qu’on appelle l’épargne de précaution), donc à moins consommer. Or, si la consommation décline, les entreprises produiront encore moins. 6. La crise financière des années 1930 et celle de 2008 ont été suivies d’une baisse du PIB et d’une hausse du chômage. Mais la baisse du PIB et la hausse du chômage ont été moins marquées dans le sillage de la crise de 2008 que dans le sillage de la crise des années 1930 : la Grande Récession a été bien moins sévère que la Grande Dépression.

100 • I - Science économique

S’ENTRAÎNER

p. 103

1 Autoévaluation Crise financière 1. Baisse du prix des actifs

2. Hausse des difficultés des institutions financières

3. Diminution du crédit bancaire

4. Récession

2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire La crise de 1929 a des caractéristiques que l’on retrouve dans d’autres crises financières. §1 Dans les années 1920 aux États-Unis, on observe un boom économique résultant d’une euphorie liée à l’expansion du crédit, donc de l’endettement, et de l’essor de la spéculation boursière. §2 Cela conduit à la formation d’une bulle spéculative sur le marché des actions à Wall Street. §3 L’inversion brutale de l’euphorie donne lieu à un krach boursier qui contraint les détenteurs d’actions ruinés à vendre leurs biens : 76 millions d’entreprises américaines déposent le bilan et de nombreux ménages américains sont expulsés de leur maison achetée à crédit. §4 Les faillites bancaires se multiplient : un quart des banques disparaissent. §5 Il en résulte un effondrement de la production (-30 % en 4 ans, entre 1929 et 1933) et une forte hausse du chômage (qui passe de 3 % en 1929 à 25 % des actifs en 1933), qui nourrit en retour la baisse de la demande et de la production. Un cercle vicieux cumulatif s’enclenche et l’économie entre en dépression. La crise de 2008 a des caractéristiques que l’on retrouve dans d’autres crises financières. §1 Dans les années 2000 aux États-Unis, on observe un boom économique résultant d’une euphorie liée à l’expansion du crédit, donc de l’endettement, et de l’essor de la spéculation boursière. §2 Cela conduit à la formation d’une bulle spéculative sur le marché immobilier. §3 L’inversion brutale de l’euphorie donne lieu à un krach immobilier à partir de 2006. De nombreux ménages voient leur patrimoine devenir négatif : la valeur de ce qu’ils possèdent est inférieure à la valeur de la dette qu’ils doivent rembourser. §4 La multiplication des cas d’insolvabilité met les banques en difficulté. Celles-ci ne se font plus confiance, arrêtent de se prêter entre elles et ne prêtent plus à l’économie. Le financement de l’économie se bloque. §5 Il en résulte une baisse de la production sur les années 2008 et surtout 2009, c’està-dire une récession, qui fait doubler le taux de chômage (il passe de 5 % à 10 % des actifs entre 2007 et 2011). Mais l’activité rebondit vite : le PIB retrouve son niveau de 2007 en 2010, et le chômage baisse dès 2011.

DOSSIER  2 À l’origine des crises financières, les bulles spéculatives ? p. 104-105 Cette séquence aborde les causes des crises financières à travers l’étude de la formation et de l’éclatement des bulles spéculatives. Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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POUR COMMENCER Une bulle spéculative sur les tulipes au xviie siècle en Hollande p. 104 Cette vidéo de 2 minutes raconte le krach des bulbes de tulipes survenu en Hollande en février 1637, probablement un des premiers exemples historiques de bulle spéculative. 1. Les tulipes deviennent prisées car les cours royales de Hollande puis d’Europe en décorent leurs jardins, lançant ainsi un effet de mode. La tulipe va supplanter la rose, le lilas, les jacinthes. Elle est originaire d’Asie et est importée par des marchands hollandais en Europe, où elle va faire l’objet de sélections et de cultures afin d’en diversifier les formes et couleurs. 2. La spéculation sur la fleur de tulipe est impossible du fait de la faible durée de vie des fleurs. En revanche, le bulbe a la propriété de se conserver longtemps s’il est stocké dans un endroit sombre sans humidité, ce qui permet d’attendre pour le revendre au meilleur prix. 3. La spéculation conduit à faire augmenter la demande. Si cette dernière est durablement supérieure à l’offre, alors le prix monte. Cette hausse relance à nouveau l’achat par des individus qui ne cherchent pas à posséder des tulipes pour elles-mêmes mais pour les revendre en réalisant une plus-value. Ce mécanisme peut conduire à une hausse autoentretenue du prix, qu’on appelle « bulle spéculative » et qui peut conduire les prix à s’envoler au-delà de l’entendement. 4. Les prix finissent par baisser car « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel », c’est-àdire, qu’à un moment donné, la hausse est telle que les agents du marché deviennent nerveux et comprennent bien que ce prix n’est pas justifié, au regard du prix d’autres actifs (les maisons, par exemple, ici) ou au regard des coûts de production. Le retournement se fait brutalement, quand un groupe d’acheteurs amorce le mouvement de vente et que les anticipations de hausse des prix se retournent à la baisse. Alors, une véritable panique conduit les détenteurs de l’actif surévalué du fait de la spéculation à vouloir s’en débarrasser rapidement, avant que le prix ne baisse trop.

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Pour aller plus loin Interview de Christian Chavagneux, auteur d’Une brève histoire des crises financières, des tulipes aux subprimes, La Découverte, 2011. Ce livre est très accessible et la lecture d’un chapitre sur une des crises au programme (années 1930 ou 2008) peut être une activité de classe utile. Vidéo (17 min) : https://www.youtube.com/watch?v=q84zs6F1dFY C

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Les bulles spéculatives, au cœur des crises financières p. 104 Ce texte décrit la formation des bulles spéculatives à l’origine des crises financières. 1. Les spéculateurs cherchent à prévoir la psychologie du marché car leurs plus-values reposent sur la poursuite de la hausse de la demande et des prix de l’actif sur lequel ils spéculent. 2. Les comportements mimétiques renvoient à l’idée de mimétisme ou d’imitation. On parle aussi de comportements « moutonniers ». Les spéculateurs y sont sujets car leur rationalité consiste à acheter un actif pour le vendre plus cher. Ils sont donc guidés dans leurs décisions d’achat et de vente par leurs anticipations sur l’évolution du prix de l’actif, anticipations qui consistent à « prévoir la psychologie du marché », c’est-à-dire à anticiper ce que les autres anticipent. 3. Le gonflement d’une bulle spéculative relève d’une prophétie autoréalisatrice car c’est parce que des spéculateurs anticipent une poursuite de la hausse du prix qu’ils achètent l’actif. Et c’est parce que la demande pour l’actif augmente que son prix monte, validant ainsi l’anticipation haussière qui peut se poursuivre.

102 • I - Science économique

4. Les bulles finissent par éclater car « les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ». C’est-à-dire, qu’à un moment donné, la hausse est telle que les agents du marché deviennent nerveux et comprennent bien que ce prix est hors-norme et risque de s’effondrer à tout instant. Cette fébrilité s’accroît et finit par faire basculer le marché (lorsque la hausse cesse ou ralentit), c’est-à-dire qu’une véritable panique conduit les détenteurs de l’actif surévalué du fait de la spéculation à vouloir s’en débarrasser rapidement avant que le prix ne baisse trop, ce qui provoque le krach redouté. Là aussi on est en présence d’une prophétie autoréalisatrice.

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EXERCICE La métaphore du concours de beauté p. 105 Cet exercice est une adaptation de la métaphore du « concours de beauté » utilisée par Keynes pour décrire la formation des prix des actifs financiers (dans le célèbre chapitre 12 de la Théorie générale, 1936). Sur ces marchés, les prix sont déterminés par des comportements d’achats et de ventes qui sont guidés par une rationalité particulière : la spéculation (recherche d’une plus-value), qui s’appuie sur des comportements mimétiques et conduit à des prophéties autoréalisatrices. Il s’agit d’un jeu simple et divertissant qui permet à la classe de mettre en œuvre et de s’approprier ces notions de comportements mimétiques et de prophéties autoréalisatrices. N. B. : Pour réussir ce jeu il est important de demander aux élèves de garder leur vote secret. Entre l’étape 1 et l’étape 4, il y a convergence des votes vers l’animal qui a été le plus choisi lors du second vote.

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1. à 4. Vote des élèves à bulletin secret. 3. Les résultats des votes des étapes 1 et 2 sont distincts car à l’étape 2, les élèves votent non en fonction de leur préférence personnelle mais de ce qu’ils anticipent être la préférence la plus répandue dans la classe, y compris si ce n’est pas la leur. 5. Les résultats de l’étape 4 sont différents car les votent sont hyper-polarisés sur l’animal arrivé en tête à l’étape 2. 6. Les spéculateurs vont chercher à acheter les actions des entreprises dont ils pensent qu’elles seront les plus convoitées (du fait du versement passé de dividendes, du fait des bons résultats passés de l’entreprise, du fait d’informations vraies ou fausses propagées sur les entreprises, ou du simple fait que le cours de ces actions monte depuis plusieurs semaines/mois/années). Ils vont alors eux aussi acheter des actions de cette entreprise, même s’ils ne la connaissent pas et même s’ils ne peuvent pas être assurés que cette entreprise versera encore des dividendes. Faisant cela, ils vont participer à l’augmentation du cours de l’action, sachant que chaque spéculateur va adopter le même type de raisonnement. On est face à des comportements mimétiques et des prophéties autoréalisatrices. C

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De la bulle spéculative des années 1920 au krach de 1929 p. 105 Ce graphique chronologique permet de comparer, de 1920 à 1934, l’évolution des dividendes versés et du cours des actions à la bourse de New York. 1. Action : titre de propriété sur une partie du capital d’une société. Dividende : part des profits éventuellement distribuée aux actionnaires. 2. En octobre 1929 à la bourse de New York, l’indice des dividendes versés était de 170 et celui du cours des actions cotées de 300, base 100 en 1920. Cela signifie qu’entre 1920 et 1929, le cours des actions a triplé et le montant des dividendes versés a augmenté de 70 %. Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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3. Les années 1920 sont considérées comme des années de formation de bulle spéculative car les cours des actions ne cessent de croître, de façon importante et de plus en plus déconnectée du versement des dividendes (à partir de 1926). 4. Le marché des actions se retourne brutalement en octobre 1929 car l’écart entre le cours des actions et leur rendement (versement de dividendes) est élevé, ce qui suscite de la fébrilité chez les spéculateurs qui peuvent alors céder à la panique au moindre signal négatif. S’ENTRAÎNER

p. 105

1 Autoévaluation Mimétisme + Prophéties autoréalisatrices Demande des actifs

Prix des actifs Demande > Offre

2 Mobiliser ses connaissances Les marchés sont propices à la formation de bulles spéculatives car, comme l’a analysé Keynes, les spéculateurs qui y interviennent le font de la même manière que dans un concours de beauté, c’est-à-dire qu’ils sont sujet à des prophéties autoréalisatrices et des comportements mimétiques. En effet, les spéculateurs n’achètent pas des actifs pour leur valeur intrinsèque mais seulement dans le but de pouvoir les revendre plus chers qu’ils ne les ont achetés. Aussi, ils sont prêts à acheter tout actif haussier, même s’ils ont conscience que la hausse est exagérée. Ils « suivent le marché », c’est-à-dire que, par mimétisme, les comportements d’achat convergent vers quelques actifs dont les cours augmentent du fait d’achats moutonniers, validant ainsi la prophétie qui s’autoréalise. La prophétie fait augmenter les prix et les prix qui montent entretiennent la prophétie… L’histoire des crises financières est remplie de krachs qui succèdent à des bulles spéculatives sur divers actifs : les bulbes de tulipe en Hollande en 1637, l’immobilier à Tokyo dans les années 1980 et aux États-Unis dans les années 2000, les actions dans les années 1920 à Wall Street, etc.

DOSSIER  3 Pourquoi les banques prennent-elles parfois des risques excessifs ? p. 106-107 Cette séquence aborde les raisons qui conduisent les banques à prendre trop de risques : la titrisation, le shadow banking, et l’aléa moral des banques « too big to fail », c’est-à-dire de taille trop importante pour que les autorités publiques et monétaires les laissent s’effondrer. Elle est un préalable nécessaire à l’étude des paniques et faillites bancaires en chaîne (dossier 4), mais surtout à l’étude de la régulation du système bancaire et financier (dossier 6).

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POUR COMMENCER Gérer les risques par la titrisation, de David Bowie aux crédits bancaires p. 106 Ce document est composé d’une vidéo de 4 minutes qui présente de façon pédagogique l’innovation financière qu’est la titrisation, à travers l’exemple de David Bowie qui avait titrisé en 1997 dix années de droits d’auteurs, ce qui permet de comprendre l’utilisation de ce mécanisme par les banques pour titriser les crédits, un mécanisme au cœur de la crise financière de 2008 car il a conduit les banques et le système financier à augmenter les risques pris collectivement. Un encadré précise la notion de titrisation et la réponse aux questions permet de compléter un schéma explicatif. 1. Chaque année, David Bowie gagnait des recettes de la vente de ses disques. En titrisant ses droits d’auteur, il a pu obtenir immédiatement des revenus qu’il n’aurait sinon obtenus qu’après plusieurs années d’attente. En fait, il s’est « débarrassé » d’un risque : celui de ne plus gagner de recettes si, pour une raison ou une autre, ses ventes s’écroulaient. Remarque : ce qui a été effectivement le cas ; il a eu la chance d’effectuer cette opération et de récupérer un montant important avant le développement des formats numériques de musique (apparition de Napster et des mp3 en 2003) qui ont conduit à une chute des recettes de l’industrie du disque et des artistes. 2.

Véhicule financier 55 millions de dollars David Bowie Droits d’auteur pour 10 ans

Actif

Passif

Droits d’auteur pour 10 ans

Obligations

55 millions de dollars Acheteurs des titres Obligations

Véhicule financier

3.

Monnaie Banque Crédits = Créances sur des emprunteurs

Actif Crédits = Créances sur des emprunteurs

Passif Titres adossés à des actifs (ABS)

Monnaie Acheteurs des titres Titres adossés à des actifs (ABS)

4. Si une banque titrise ses prêts, elle se débarrasse immédiatement d’un risque, celui de ne pas être remboursée. C’est le « risque de défaut » : il y a une probabilité non nulle qu’une partie des emprunteurs ne parviennent pas à rembourser leur crédit en totalité. Ce sont ceux qui ont acheté les titres issus de la titrisation des prêts qui portent désormais le risque de ne pas être remboursés. Pour aller plus loin - Jean-Baptiste Duval, « David Bowie avait transformé ses droits d’auteur en placement financier », Huffington Post, 11 janvier 2016 https://www.huffingtonpost.fr/2016/01/11/david-bowie-finance-bond-obligation_n_8953868.html - Podcast (5 min) : « The man who sold the world », par Philippe Manière, France Culture, 12 janvier 2016 https://www.franceculture.fr/emissions/le-monde-selon-philippe-maniere/man-who-sold-world Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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Des banques « trop grosses pour faire faillite » ? p. 106 Ce texte explique la constitution et les risques que représentent les banques « too big to fail » dix ans après la crise des subprimes, afin de mettre en évidence le lien entre l’augmentation de la taille des banques et des comportements d’aléa moral. Un encadré rappelle la définition de la notion d’aléa moral, vue en première dans le chapitre 3 sur les défaillances de marché, mais aussi dans le regard croisé sur le risque (chapitre 11). 1. Une banque est d’importance systémique si sa faillite est susceptible d’entraîner la faillite de nombreuses institutions financières et de pénaliser significativement l’activité économique. 2. Dans la mesure où la faillite de banques de dimension systémique est (par définition) susceptible de remettre en cause la stabilité financière et de fortement dégrader l’activité économique, les autorités sont contraintes d’intervenir pour les sauver. Ces banques sont « trop grosses pour faire faillite » (too big to fail). En l’occurrence, les gouvernements vont les renflouer (entrée dans le capital) ou la banque centrale va jouer son rôle de prêteur en dernier ressort. L’existence de banques d’importance systémique crée donc un aléa moral : si une banque pense qu’elle est d’importance systémique, c’est-à-dire qu’elle sera sauvée par les autorités si elle se retrouve au bord de la faillite, elle sera incitée à prendre plus de risques (par exemple en prêtant davantage à des agents risqués ou en faisant des placements risqués) pour réaliser plus de profits, mais elle augmentera par là le risque qu’il y ait une crise financière. 3. Si une banque se pense trop grosse pour faire faillite, elle augmentera ses activités (en prêtant davantage, en réalisant davantage de placements), ce qui augmentera la taille de son bilan et son importance aussi bien dans le système financier que pour l’activité économique : cela augmente le coût de son éventuelle faillite pour le système financier et l’ensemble du système économique. Elle n’était pas forcément de dimension systémique initialement, mais en agissant ainsi elle est susceptible de le devenir. C’est également le cas si les autorités pensent (de façon erronée) qu’une banque est de dimension systémique : en la renflouant, elles peuvent la laisser continuer à développer ses activités, donc croître en taille. Dans les deux cas, il y a prophétie autoréalisatrice : le fait qu’une banque se croie trop grosse pour faire faillite ou que les autorités la considèrent comme telle fait qu’elle a plus de risques de devenir effectivement trop grosse pour faire faillite. Pour aller plus loin

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Extrait du film « Too Big to Fail : Débâcle à Wall Street » (Too Big to Fail), 2011, réalisé par Curtis Hanson et adapté du roman du même nom. https://www.youtube.com/watch?v=lt5y3189BXc Ou la bande annonce : https://www.dailymotion.com/video/x26mmfd C

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De la titrisation au « shadow banking » p. 107 Ce texte présente le développement de la titrisation et des acteurs de ce procédé : le « shadow banking » ou « banque de l’ombre » ou « système bancaire fantôme », qui encourage les prises de risques des banques car ils échappent à la régulation. Un encadré précise les notions de prêteur en dernier ressort et d’assurance des dépôts. 1. Lorsqu’elle accorde un crédit, la banque fait face à un risque, celui de ne pas se faire rembourser en totalité (c’est ce qu’on appelle le « risque de défaut »). 2. Si une banque titrise ses prêts, elle se débarrasse immédiatement du risque de ne pas être remboursée (le « risque de défaut »). Ce sont ceux qui achètent les titres issus de la titrisation des prêts qui portent désormais le risque de ne pas être remboursés.

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3. Le « système bancaire fantôme » ou « système bancaire de l’ombre » (« shadow banking » en anglais) désigne l’ensemble des institutions financières qui ne sont pas des banques traditionnelles, mais qui assurent certaines fonctions traditionnellement assurées par ces dernières. Elles peuvent effectuer une activité de transformation : emprunter à court terme pour prêter ou placer à long terme… ces prêts étant en partie rachetés à de véritables banques. Il y a aussi d’importantes différences entre le « système bancaire fantôme » et les banques traditionnelles. Premièrement, ces institutions n’ont pas le pouvoir de création monétaire : d’ailleurs elles n’accordent des prêts que dans la mesure où elles collectent au préalable de l’épargne (ou alors elles-mêmes empruntent pour pouvoir prêter). Deuxièmement, elles ne sont pas soumises aux mêmes réglementations que les banques traditionnelles, notamment en ce qui concerne l’activité de prêt (cf. dossier 6, p. 112-113). Troisièmement, elles ne profitent pas des protections apportées par les autorités publiques aux banques traditionnelles. C’est d’ailleurs précisément parce qu’elles sont soumises à des réglementations strictes que les banques traditionnelles peuvent jouir de cette protection. 4. Massivement utilisée à partir du début des années 2000, la titrisation a accru le risque de crise financière pour deux raisons. D’une part, comme les banques se débarrassent du risque de ne pas être remboursées en titrisant leurs prêts, elles sont incitées à accroître leurs prêts pour augmenter leur profit, notamment en prêtant aux ménages modestes. Les titres issus de la titrisation des prêts accordés aux ménages modestes aux États-Unis (les prêts « subprimes ») étaient d’ailleurs très attrayants car ils présentaient de forts rendements. Or, si le taux d’intérêt était élevé, c’était précisément parce que le risque de non-remboursement était élevé, mais la complexité des montages de titrisation faisait disparaître le niveau de risque supporté par les détenteurs des titres issus de la titrisation. D’autre part, la titrisation a contribué au développement du système bancaire parallèle. Ce dernier était grand demandeur de titres issus de la titrisation des prêts en raison de leur fort rendement (du moins jusqu’en 2006, c’est-à-dire avant que les défauts de remboursement des ménages américains ne commencent à augmenter). Non soumises aux mêmes contraintes réglementaires que les banques traditionnelles (cf. document 4 p. 113), les institutions du secteur bancaire parallèle s’endettaient fortement, notamment pour acheter ces titres. Or, ne jouissant pas de la protection des autorités publiques (intervention du prêteur en dernier ressort, assurance des dépôts, cf. document 3 p. 109), cela les exposait à des phénomènes de paniques bancaires (cf. document 2 p. 108).

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Pour aller plus loin Sur le site Images de crise (INA/Citéco), un extrait (1 min 55 s) d’une interview à Radio France de Daniel Cohen, le 31 mars 2008, qui explique le lien entre la titrisation et la crise financière dite des « subprimes » https://sites.ina.fr/images-de-crises/focus/chapitre/5/medias/P14316687 C

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La dette privée accompagne les bulles spéculatives p. 107 Ce graphique permet de comparer l’évolution des dettes privées de quatre pays de l’OCDE de 1999 à 2018, l’endettement privé accompagnant généralement la formation des bulles spéculatives. 1. Selon l’OCDE, en 2018, la dette privée aux États-Unis représentait environ l’équivalent de 210 % du PIB du pays. La même année, la dette privée en France représentait environ l’équivalent de 270 % du PIB du pays. 2. En Espagne, aux États-Unis et au Royaume-Uni, la dette privée (relativement au PIB) a eu tendance à augmenter jusqu’en 2007-2008, c’est-à-dire jusqu’à l’éclatement de la crise financière mondiale. Depuis, elle a tendance à diminuer. Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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3. Les ménages et les entreprises privées (notamment les institutions financières) ont pu emprunter de plus en plus pour acquérir, d’une part, des actions et, d’autre part, des logements, ce qui a pu faire gonfler les cours boursiers et les prix de l’immobilier. Réciproquement, la hausse des cours boursiers et des prix de l’immobilier a permis d’augmenter la valeur des patrimoines des agents privés, ce qui leur a permis d’emprunter des montants de plus en plus importants pour acheter des actions ou des biens immobiliers. Il y a donc une causalité circulaire entre la hausse de la dette privée et la hausse des prix d’actifs. S’ENTRAÎNER

p. 107

1 Autoévaluation Titrisation

Aléa moral

Augmentation des risques bancaires

Risque systémique

Protection des banques et des déposants

2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire Les situations d’aléa moral qui conduisent les banques à être moins prudentes : §1 Les interventions protectrices de l’État (recapitalisation, assurance des dépôts pour les particuliers) et des autorités monétaires (rôle de prêteur en dernier ressort de la banque centrale) peuvent conduire les banques à prendre davantage de risques. §2 C’est particulièrement le cas des très grandes banques, banques systémiques « too big to fail », de taille tellement importante qu’elles se perçoivent comme « trop grosses pour faire faillite » du fait des conséquences globales qu’aurait cette faillite, et donc de l’intervention probable des pouvoirs publics dans ce cas. §3 La titrisation permet aux banques de transférer le risque de défaut de paiement sur les crédits qu’elles octroient à des entités spécialisées qui portent ce risque, ce qui accroît les prises de risques par les banques. §4 Ces entités spécialisées sont comme un « système bancaire fantôme » (« shadow banking »), car elles détiennent des créances générées originellement par le système bancaire traditionnel et car elles transforment des ressources à court terme en des engagements à long terme (les créances achetées), mais elles prennent beaucoup de risques et ne sont pas régulées.

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Les effets des crises financières et leur régulation

DOSSIER  4 Pourquoi les banques font-elles faillite en chaîne ? p. 108-109 Cette séquence aborde les phénomènes de panique bancaire et de faillites bancaires en chaîne.

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POUR COMMENCER L’« effet domino » p. 108 Ce dessin de presse de Soulcié permet de débuter la séquence par l’effet domino afin d’introduire progressivement les aspects plus techniques des crise bancaires.

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Réponse à la question : Lorsqu’une banque fait faillite, elle se retrouve dans l’incapacité de rembourser une partie ou la totalité de ses créanciers, si bien que ces derniers (comprenant notamment d’autres banques) voient leurs chances de faire faillite à leur tour augmenter. C’est l’« effet domino » proprement dit. C

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Les paniques bancaires p. 108 Cet extrait d’un billet du blog Econoclaste rédigé par l’économiste Stéphane Ménia explique le processus de déroulement des paniques bancaires, illustré ici par l’exemple de la banque Northern Rock qui a subi cette épreuve en septembre 2007. Il est possible d’étudier le document 3 avant le document 2 afin de revoir le fonctionnement du marché monétaire et le rôle de la banque centrale pour assurer la liquidité sur ce marché. 1. Une banque n’est pas en mesure de faire face immédiatement aux retraits de la totalité des dépôts de ses clients car elle ne dispose pas de suffisamment de monnaie centrale dans un délai court pour le faire, que ce soit sous forme de billets ou sous forme de réserves en monnaie scripturale auprès de la banque centrale. En effet, dans le cas d’une demande de billets, elle doit convertir ses réserves en billets. Dans le cas d’un transfert vers une autre banque, elle doit disposer de suffisamment de réserves. Si ce n’est pas le cas, elle peut obtenir de la monnaie centrale en empruntant à d’autres banques ou à la banque centrale, en échange de la remise d’actifs qu’elle possède et qui serviront de garantie. (Rappel de 1re, chapitre 5 sur la monnaie) 2. Les clients de la Northern Rock ont commencé à douter de sa solvabilité lorsque la banque a demandé à la banque centrale (la Banque d’Angleterre) de lui prêter des liquidités. La Northern Rock n’était initialement pas insolvable, mais cette demande a pu suggérer aux déposants qu’elle l’était peut-être : elle leur confirma qu’elle rencontrait des difficultés. Avec la ruée bancaire qui suivit, son problème de liquidité s’est transformé en problème de solvabilité. 3. La ruée bancaire fonctionne comme une prophétie autoréalisatrice. En effet, si les déposants d’une banque pensent qu’elle est sur le point de faire faillite, ils risquent de se ruer « aux guichets » récupérer l’épargne dont ils disposent sur leur compte bancaire. Or, dès lors que les déposants sont suffisamment nombreux à le faire, la banque peut manquer de fonds propres pour satisfaire leur demande, et effectivement faire faillite. En fait, les déposants n’ont pas nécessairement à croire que la banque est insolvable pour se comporter ainsi. Il suffit que chacun d’entre eux pense que les autres déposants sont susceptibles de se ruer aux guichets pour s’y ruer. En définitive, la crainte d’une faillite a amené les déposants à changer de comportement pour s’en préserver, mais en changeant de comportement ils peuvent par là même conduire leur banque à faire faillite, même si cette crainte était initialement infondée. 4. Pour stopper la panique, les autorités doivent parvenir à rassurer les déposants : comme l’illustrent l’anecdote finale et notamment le passage souligné, les déposants ont peu de chances de se ruer aux guichets s’ils pensent qu’ils pourront récupérer leur épargne. La banque centrale peut jouer son rôle de prêteur en dernier ressort, c’est-à-dire veiller à fournir en liquidités les banques dès lors qu’elles sont liquides et indiquer publiquement qu’elle le fera (cf. document 3 p. 109). Les gouvernements ont également mis en place une assurance des dépôts (cf. document 3 p. 107) : dans la plupart des pays développés, l’État garantit aux déposants de ne pas perdre leurs dépôts en cas de faillite bancaire, jusqu’à un certain montant (en France, 100 000 € Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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par personne et par établissement bancaire). C’est précisément parce qu’un tel dispositif institutionnel a été mis en place dans les pays développés suite aux paniques bancaires des années trente qu’il y a moins de risques aujourd’hui que la contagion passe par les paniques bancaires lors des crises bancaires. L’épisode de la Northern Rock montre qu’une telle probabilité n’est toutefois pas nulle.

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Pour aller plus loin Sur le site Images de crise (INA/Citéco), un reportage du JT de France 2 du 18 février 2008 revient sur la faillite de la banque Northern Rock à l’automne 2007, à l’occasion de sa nationalisation par le gouvernement anglais. Vidéo (1 min 45 s) : https://sites.ina.fr/images-de-crises/focus/chapitre/5/medias/3558312001016 C

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Quand les banques rechignent à se prêter p. 109 Ce texte permet de revenir sur le marché monétaire dont un des compartiments est le marché interbancaire, où les banques se prêtent mutuellement de la monnaie centrale. Ce mécanisme vu en première (chapitre 5) est essentiel pour comprendre les problèmes de liquidité qui peuvent générer des faillites bancaires en chaîne, et le rôle de la banque centrale pour empêcher cet engrenage. 1. Quotidiennement, les clients d’une banque font des affaires avec les clients des autres banques, ce qui entraîne des transactions entre les banques elles-mêmes. Or, les banques ne peuvent se régler entre elles qu’en monnaie centrale : la monnaie que seule la banque centrale a le pouvoir de créer. Pour régler ses transactions auprès de ses consœurs (ce qu’on appelle la compensation), une banque doit disposer de suffisamment de monnaie centrale, sinon elle fera faillite. Si elle prévoit de ne pas en disposer suffisamment, elle peut en emprunter sur le marché monétaire, c’est-à-dire, soit auprès de la banque centrale, soit auprès de ses consœurs (marché interbancaire). Elle le fera en cédant en contrepartie des titres. 2. Lors des crises financières, les banques ont souvent des réticences à se prêter entre elles. Dès lors qu’elles soupçonnent les autres d’être au bord de la faillite, les banques disposant d’un excès de monnaie centrale préfèrent le garder plutôt que de prendre le risque d’en prêter, sauf à un taux d’intérêt élevé. Ainsi, le taux d’intérêt sur le marché interbancaire a tendance à augmenter lors de ces périodes de tensions. Or, précisément parce qu’elles ont du mal à s’approvisionner en monnaie centrale, si ce n’est à des taux d’intérêt élevés, les banques, en manque de liquidités, peuvent ne pas parvenir à en obtenir, ce qui augmente le risque qu’elles fassent faillite. 3. La banque centrale est la seule à pouvoir créer de la monnaie centrale. Lorsqu’une crise de confiance frappe le marché interbancaire, elle intervient via sa politique monétaire pour octroyer des prêts de monnaie centrale à des taux plus faibles ou avec des contreparties moins exigeantes du côté des titres qui peuvent servir de garantie. Elle peut aussi jouer le rôle de prêteur en dernier ressort pour prêter à une banque en difficulté et ainsi éviter des faillites en chaîne. Elle rétablit ainsi la confiance entre les banques, qui se prêtent à nouveau.

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EXERCICE Illiquidité et insolvabilité d’une banque p. 109 Cet exercice présente le bilan d’une banque, une notion vue en première dans le chapitre 5 sur la monnaie pour expliquer la création monétaire. Cette présentation permet de comprendre quelles parties de ce bilan jouent un rôle dans l’illiquidité et l’insolvabilité d’une banque.

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1. Les fonds propres d’une banque désignent les capitaux dont elle dispose, capitaux qui lui ont été apportés par ses propriétaires (par exemple des actionnaires) ou qu’elle a gardés de ses profits passés non distribués ou investis. 2. Le montant des fonds propres s’élève à 10 milliards d’euros alors que le total du passif est de 100 milliards d’euros. Les fonds propres représentent donc ici 10 % du bilan. 3. a. risque d’insolvabilité. b. risque d’illiquidité. c. risque d’insolvabilité. d. risque d’illiquidité. 4. Si une grande banque est illiquide, elle cherchera à gagner rapidement des liquidités pour faire face à ses engagements, ce qui l’incitera à vendre en catastrophe des actifs. Or, si elle vend de nombreux actifs (en l’occurrence, des titres financiers), le prix de ces actifs diminuera, si bien que les banques qui détiennent ces actifs (du côté de l’actif de leur bilan) verront la valeur de leur actif s’éroder. Elles auront plus de difficultés à faire face à leurs propres engagements, ce qui les incitera à vendre, à leur tour, des actifs en catastrophe. Ces ventes forcées d’actifs jouent un rôle important dans la contagion lors des crises financières (cf. document 3 p. 111). S’ENTRAÎNER

p. 109

1 Autoévaluation 1. Faux. Les paniques bancaires surviennent lorsque les déposants perdent confiance dans la monnaie, que leur banque soit prudente ou pas. 2. Vrai. 3. Vrai.

2 Mobiliser ses connaissances Voici deux canaux par lesquels une faillite bancaire en entraîne d’autres. Lorsqu’une banque fait faillite, elle ne peut plus rembourser les emprunts qu’elle avait souscrits auprès d’autres banques. Lorsque la taille de la banque est importante et que les montants de ces emprunts sont importants, cette faillite peut provoquer la faillite d’une banque qui détient des créances sur elle car la valeur de son actif se dégrade, ce qui peut provoquer une insolvabilité. Par ailleurs, la faillite d’une banque peut entraîner une défiance entre toutes les banques qui cessent de se prêter et deviennent illiquides : alors que la valeur de leur actif leur permet en principe de faire face à leurs engagements au passif, elles ne peuvent plus obtenir de monnaie centrale sur le marché monétaire puisque les banques cessent de se prêter les unes aux autres. En l’absence d’une intervention forte de la banque centrale, les banques peuvent être conduites alors à vendre au plus vite des titres pour obtenir de la monnaie centrale, des ventes de titres qui provoquent une baisse du prix des actifs et peuvent faire passer certaines banques de l’illiquidité à l’insolvabilité.

DOSSIER  5 Comment une crise financière affecte-t-elle l’économie réelle ? p. 110-111 Cette séquence aborde les principaux canaux de transmission d’une crise financière à l’économie réelle : effet de richesse négatif, baisse du prix du collatéral et ventes forcées, contraction du crédit. Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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POUR COMMENCER « À vendre ! » p. 110 Ce dessin de Patrick Chappatte paru en janvier 2008, en pleine crise des subprimes, permet d’illustrer le mécanisme des ventes forcées qui affecte tout autant les ménages que les entreprises et les banques. 1. Un ménage peut être contraint de mettre en vente son logement lorsque son revenu chute, ce qui peut notamment s’expliquer par un licenciement, une séparation, etc. Il peut aussi être contraint de vendre quand le taux d’intérêt de son emprunt immobilier augmente, s’il a souscrit un emprunt à taux variable, ce qui augmente le montant des mensualités qui peuvent devenir trop élevées. Ces deux effets ont fortement joué en 2007-2008 sur les ménages les plus pauvres : la baisse des revenus et la hausse des mensualités des emprunts ont conduit beaucoup à devoir vendre leur logement. 2. Si le nombre de logements mis en vente augmente, c’est-à-dire si l’offre de logements augmente, le prix des logements aura tendance à baisser. C’est ce qui a provoqué l’effondrement du marché immobilier aux États-Unis, particulièrement à partir de l’été 2007.

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Pour aller plus loin Sur le site Images de crise (INA/Citéco), un reportage du JT de France 2 de mai 2008 montre pourquoi des ménages américains pauvres sont contraints de vendre leur logement. Vidéo (2 min 03 s) : https://sites.ina.fr/images-de-crises/focus/chapitre/5/medias/3632599001016 C

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Les effets de richesse de la bulle spéculative p. 110 Ce texte issu de la revue du FMI, Finances & Développement, explique comment les effets de richesse positifs et négatifs relient les évolutions des marchés financiers à l’activité économique. 1. Jusqu’en 2006-2007, les prix de l’immobilier ont eu tendance à fortement augmenter aux États-Unis, ce qui a provoqué un effet de richesse « positif » : l’immobilier constituant le principal patrimoine détenu par les ménages, en particulier les classes moyennes et les plus modestes, les ménages ont eu tendance à « se sentir plus riches », ce qui les a incités à dépenser plus, donc à moins épargner. C’est ce qui a permis à l’économie des États-Unis de connaître une croissance robuste au début des années deux mille. 2. La baisse des prix de l’immobilier à partir de 2006-2007 a provoqué un effet de richesse « négatif » : se sentant « moins riches », les ménages ont mécaniquement moins consommé. Par ailleurs, beaucoup de ménages ayant dû s’endetter pour accéder à l’immobilier, ont été d’autant plus contraints de réduire leurs dépenses, afin de continuer à rembourser leur dette et de se désendetter. C’est cette compression des dépenses des ménages qui est à l’origine de la Grande Récession. 3. L’effondrement immobilier de 2006-2007 a été plus dommageable que le krach boursier de 2000 (l’éclatement de la « bulle Internet ») pour deux raisons. D’une part, les ménages s’endettent pour accéder à l’immobilier, non pour acheter des actions. D’autre part, lorsque la bulle Internet a éclaté, les prix de l’immobilier ont continué d’augmenter, ce qui a permis de compenser et d’atténuer l’effet de richesse négatif. Par contre, en 2007, les prix de l’immobilier et les cours boursiers ont chuté, ce qui a créé un puissant effet de richesse négatif. C’est pour cela que la récession en 2007 a été bien plus sévère que celle de 2000.

112 • I - Science économique

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EXERCICE Prix du collatéral et crédit p. 111 Cet exercice permet, à l’aide d’un schéma et d’un extrait d’un manuel de Paul Krugman, de comprendre ce qu’est le collatéral d’un emprunt, et comment les variations de prix des collatéraux influent sur le crédit et donc sur la croissance économique. 1. 2. Valeur des collatéraux Prix d’actif

Capacité d’emprunt

Valeur des collatéraux Prix d’actif

Achats d’actif PIB

Achats de biens et services

Capacité d’emprunt Achats d’actif

PIB

Achats de biens et services

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3. Lorsqu’un agent doit rapidement se désendetter (soit parce que ses engagements augmentent, soit parce que ses revenus chutent), il peut être tenté de vendre des actifs en catastrophe pour récupérer des liquidités. Or, s’il en vend massivement (ce qui peut être le cas d’une banque avec des titres) ou si d’autres agents vendent simultanément ces mêmes actifs en masse, alors le prix de ces actifs sera fortement poussé à la baisse. Mais par conséquent, les agents qui possèdent (encore) ces actifs verront leur propre situation financière s’aggraver, ce qui les poussera à leur tour à vendre des actifs. C’est en particulier le cas sur les marchés financiers. Cela peut non seulement alimenter la contagion entre les agents (en l’occurrence, entre les banques), mais aussi la contagion d’un marché à l’autre : si un marché financier s’effondre, les agents détenant les titres de ce marché chercheront à se désendetter en vendant des titres issus d’autres marchés, si bien que l’onde de choc se propage à d’autres marchés. C

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La contraction du crédit bancaire p. 111 Ce texte extrait d’un article du Monde permet de comprendre pourquoi les banques contractent les montants des crédits qu’elles octroient en période de crise financière, ce qui transmet la crise à l’économie réelle et diminue la croissance. 1. Quand elles se retrouvent en difficulté, les banques ont tendance à restreindre le volume de crédit qu’elles sont prêtes à accorder, à augmenter les taux d’intérêt, à demander davantage de garanties, etc. C’est ce qu’on appelle plus largement le « rationnement du crédit » (il y a alors contraction du crédit, mais parce que « l’offre » de crédit diminue). Le crédit risque surtout d’être rationné lors d’une crise financière ou lors d’une récession, quand les emprunteurs ont des difficultés à rembourser. 2. Les petites et moyennes entreprises sont très pénalisées par le rationnement du crédit, car elles sont très dépendantes du crédit bancaire : non seulement elles génèrent souvent trop peu de profits pour parvenir à investir en se contentant de puiser dans ces profits, mais, en outre, elles peuvent difficilement se financer directement sur les marchés financiers (émettre des titres), notamment parce qu’elles n’ont pas une réputation suffisante et parce qu’elles sont plus risquées que les grosses entreprises. 3. Les banques réagissent à une récession en rationnant le crédit. Mais ce rationnement aggrave en retour la récession. En effet, si les entreprises et les ménages peuvent moins emprunter, ils achèteront moins de biens et services, si bien que les entreprises seront poussées à moins produire, voire feront faillite, elles licencieront davantage, etc. Or, si les entreprises font moins de profits, elles auront plus de difficultés à rembourser leurs dettes ; de même pour les ménages s’ils se retrouvent au chômage ou, plus largement, si leurs revenus chutent avec la récession. Les taux de défaut de paiement augmentant, les difficultés des banques s’accentuent, en définitive. Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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S’ENTRAÎNER

p. 111

1 Autoévaluation Lors d’une crise financière, les ménages et entreprises dépensent moins, ce qui risque d’entraîner une récession. En effet, d’une part, la chute du prix des actifs crée un effet de richesse négatif : les ménages se sentent moins riches. D’autre part, il y a une contraction du crédit. En effet, comme les actifs servent de collatéraux aux crédits, les banques sont moins désireuses de prêter, et les ménages et entreprises peuvent moins emprunter. Ils sont forcés de réduire leurs dépenses et de vendre des actifs en catastrophe pour se désendetter, ce qui diminue encore le prix des actifs.

2 Mobiliser ses connaissances Une crise financière affecte l’économie réelle tout d’abord via des effets de richesse négatifs. En effet, la baisse des prix des actifs fait baisser la valeur du patrimoine des agents économiques. Pour reconstituer celui-ci, ils ont tendance à épargner davantage et donc à moins consommer, ce qui déprime la production et ralentit donc la croissance. C’est ce qui s’est passé lors de la Grande Dépression à partir de 2008, où la chute des prix de l’immobilier a conduit les ménages à comprimer leurs dépenses de consommation pour faire face à leurs remboursements d’emprunts immobiliers. Par ailleurs, une crise financière affecte aussi l’économie réelle en faisant baisser le prix des collatéraux apportés en garantie des emprunts, ce qui réduit le crédit. Ainsi, la baisse des prix des actifs immobiliers ou autres qui sont apportés en garantie des emprunts, appelés collatéraux, conduit les banques à accorder moins de crédit, d’autant plus qu’elles font face à une augmentation des taux de défaut sur les crédits précédemment octroyés. Cette contraction du crédit déprime la demande, que ce soit la consommation des ménages ou l’investissement des entreprises, et diminue la production et la croissance. Cet effet de credit crunch s’est déroulé en 2008 et a touché particulièrement les PME, qui se financent peu sur le marché des actions et ont vu d’un coup le crédit bancaire se contracter. C’est aussi un des mécanismes au cœur de la Grande Dépression des années 1930.

DOSSIER  6 Comment réguler le système financier ? p. 112-113

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Cette séquence aborde les principaux instruments de régulation du système bancaire et financier qui permettent de réduire les prises de risques par les banques et cherchent à éviter les problèmes d’aléa moral que créent les dispositifs de protection de leur activité en cas de crise. C

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POUR COMMENCER Qui surveille les banques en zone euro ? p. 112 Cette vidéo produite par la BCE explique le rôle du mécanisme de surveillance unique mis en place en 2014 et confié à la BCE, un des éléments de l’« union bancaire » mise en place au sein de l’UE pour apporter une réponse européenne aux questions de régulation bancaire. 1. Au sein de la zone euro, le mécanisme de surveillance unique (MSU) veille au bon respect des règles bancaires et à la solidité des banques, afin de réduire le risque qu’une crise financière éclate et de renforcer les banques pour éviter qu’elles fassent faillite. 2. Avant et pendant la crise financière mondiale, les pays, notamment au sein de la zone euro, n’avaient pas les mêmes règles pour juger de la bonne « santé » des banques, or les banques peuvent avoir des activités à l’étranger. Il fallait donc un

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mécanisme de surveillance supranational qui applique les mêmes règles pour juger de la solidité des banques opérant au sein de la zone euro.

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3. Ce mécanisme de surveillance supranational constitue l’un des premiers piliers de l’union bancaire que la zone euro cherche à mettre en place. En pratique, il associe la Banque centrale européenne (BCE) et les autorités nationales de surveillance : la première contrôle les banques les plus importantes, tandis que les secondes contrôlent les autres banques. C

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Les banques systémiques sont étroitement surveillées p. 112 Cet extrait d’un article de Jézabel Couppey-Soubeyran et Thomas Renault pour le site The Conversation France explique ce qu’est une banque systémique et pourquoi ces banques sont davantage contrôlées que les banques non systémiques. 1. Il est nécessaire d’identifier les banques d’importance systémique afin que les autorités sachent comment se comporter lorsqu’une banque annonce être sur le point de faire faillite. En faisant faillite, une banque de dimension systémique risque, par définition, d’entraîner la faillite de nombreuses autres institutions financières et de fortement pénaliser l’activité économique : sa faillite risque d’entraîner une crise financière et une récession, ou de les aggraver si elles sont déjà à l’œuvre. Si les autorités américaines ont laissé Lehman Brothers faire faillite en septembre 2008, c’est peut-être parce qu’elles n’avaient pas perçu sa dimension systémique. Dans tous les cas, lorsqu’une banque a une dimension systémique, les autorités (le gouvernement, la banque centrale) sont contraintes d’intervenir pour l’empêcher de faire faillite, puisqu’elle est « trop grosse pour faire faillite » (too big to fail), par exemple en la renflouant (en lui injectant des capitaux publics pour accroître ses fonds propres, cf. document 3 p. 113), en la nationalisant, en facilitant son rachat par une autre banque, en la démantelant, etc. Cette information peut être utile aux autorités avant même que cette banque s’annonce en faillite ou même qu’une crise financière éclate : elles pourraient resserrer les contraintes réglementaires dont la banque fait l’objet (notamment exiger qu’elle détienne davantage de fonds propres, cf. document 4 p. 113), la démanteler ou lui demander de céder des activités pour réduire significativement sa taille, etc., ce qui contribuerait à réduire le risque d’instabilité financière. 2. Les banques de dimension systémique ne sont pas forcément de « grandes » banques ; le texte rappelle d’ailleurs que Lehman Brothers n’était « que la 42e plus grande banque du monde » lorsqu’elle fit faillite le 15 septembre 2008. Certaines banques de dimension systémique le sont notamment en raison des connexions qu’elles ont avec les autres banques, celles auprès desquelles elles ont par exemple emprunté et qu’elles ne pourraient peut-être pas rembourser en totalité en cas de faillite, ce qui créerait alors un « effet domino » (cf. document 1 p. 108). 3. Il existe un système bancaire dit « parallèle » (ou « alternatif », shadow banking, cf. document 3 p. 107) qui n’est pas soumis aux mêmes contraintes que les banques traditionnelles et qui est, notamment pour cette raison, assez opaque et risqué (cf. document 2 p. 106). Il avait un poids important avant la crise financière de 20072008 (et a contribué à ce que celle-ci éclate et s’envenime), mais son poids n’a pas diminué depuis. Au contraire, le document note qu’il a gonflé de moitié entre 2007 et 2018. Or, si les banques traditionnelles ont réduit les connexions entre elles, elles ont augmenté leurs connexions avec le système bancaire parallèle, ce qui les rend peut-être plus vulnérables aux turbulences que celui-ci pourrait connaître. Certains pensent d’ailleurs que le resserrement des réglementations contraignant les banques traditionnelles dans le sillage de la crise financière internationale a amené celles-ci à davantage développer leurs activités dans le système bancaire parallèle. Dans tous les cas, il apparaît donc peut-être nécessaire que les superviseurs prennent également en compte le système bancaire parallèle et cherchent par exemple à le rendre plus transparent. Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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3

EXERCICE L’importance des fonds propres p. 113 Cet exercice présente le bilan de deux banques qui ont une structure différente de leurs ressources, au passif, avec un ratio de fonds propres appelé aussi « ratio de solvabilité » plus élevé pour l’une. Il permet de comprendre pourquoi ce ratio joue un rôle important pour garantir la stabilité du système bancaire face à une chute des prix d’actifs. L’exercice n’indique pas d’unités monétaires précises ; pour le rendre moins abstrait, on peut indiquer que les valeurs sont en milliards d’euros (ce qui n’est pas aberrant au vu des bilans des grandes banques dans la réalité, en ajoutant encore un 0 pour les banques systémiques). 1. À la différence d’un financement par endettement, le financement par fonds propres n’a pas à être remboursé. Par exemple, si une banque (ou une entreprise quelconque) émet des actions, la banque n’a pas à rembourser les actionnaires. C’est la différence des fonds propres par rapport au reste du passif : la banque doit rembourser les déposants (leur rendre leur épargne s’ils désirent la récupérer) et rembourser ses autres créanciers (notamment dans le cas où elle a émis des obligations). 2. Pour le Crédit rennais, les fonds propres s’élèvent à 20 unités monétaires et son actif (crédits + titres) s’élève à 100 unités monétaires, donc ses fonds propres représentent 20 % de ses actifs (20/100). Pour Lehman Sisters, les fonds propres s’élèvent à 10 unités monétaires et son actif (crédits + titres) s’élève à 100 unités monétaires, donc ses fonds propres représentent 10 % de ses actifs (10/100). 3. Si les cours des titres détenus par chaque banque baissent de 10 %, la valeur des titres détenues par chacune des deux banques passe à 45 unités monétaires. Le montant des fonds propres du Crédit rennais passe donc à 15 unités monétaires, celui de Lehman Sisters à 5 unités monétaires. Le montant de l’actif (comme le montant du passif) de chacune des deux banques passe à 95 unités monétaires. Le ratio des fonds propres sur les actifs passe à 16 % (15/95) pour le Crédit rennais et à 5 % (5/95) pour Lehman Sisters. Crédit rennais Actif (Utilisation des ressources) Passif (Ressources de la banque) Crédits50 Fonds propres 15 Titres45 Dettes80 Lehman Sisters Actif (Utilisation des ressources) Passif (Ressources de la banque) Crédits50 Fonds propres 5 Titres45 Dettes90

4. Le ratio de fonds propres de chacune des deux banques a diminué, mais le Crédit rennais dispose d’une plus grande marge pour éponger de nouvelles pertes que Lehman Sisters. Si les fonds propres de cette dernière s’épuisent, elle fera faillite. 5. Pour relever son ratio de fonds propres, une banque peut chercher à accroître le volume de ses fonds propres, par exemple en mettant une part plus importante de ses profits en réserve, en réduisant la part des profits qu’elle verse à ses actionnaires (sous forme de dividendes), en émettant de nouvelles actions, en exigeant davantage d’apports de la part de ses propriétaires, en demandant une injection de capitaux auprès de l’État (c’est-à-dire un renflouement), etc. Elle peut aussi chercher à réduire la taille de son actif, par exemple en freinant son activité de crédit et, à plus court terme, en vendant les titres qu’elle possède. Mais lors d’une crise financière, une telle réaction contribue à aggraver celle-ci (cf. document 4 p. 109 et document 4 p. 111). C’est d’ailleurs l’un des effets pervers mis en avant par les détracteurs des nouvelles réglementations bancaires, comme on le voit dans le document qui suit : exiger davantage de fonds propres de la part des banques est susceptible de les amener à moins 116 • I - Science économique

DO

prêter, certes au profit de la stabilité financière mais au détriment de la croissance économique. C’est d’ailleurs pour cette raison que les autorités peuvent réduire les exigences réglementaires en matière de fonds propres lorsqu’une crise financière éclate : cela réduit les incitations des banques à vendre des actifs en catastrophe ou à rationner le crédit. C

4

De nouvelles réglementations bancaires p. 113 Cet article tiré de la revue du FMI, Finances & Développement, explique pourquoi des ratios de solvabilité comportant des exigences de fonds propres plus fortes ont été imposés aux banques après la crise financière des subprimes. 1. Pour accroître le volume de ses fonds propres, une banque peut mettre une part plus importante de ses profits en réserve, réduire la part des profits qu’elle verse à ses actionnaires (sous forme de dividendes), émettre de nouvelles actions, exiger davantage d’apports de la part de ses propriétaires, demander une injection de capitaux auprès de l’État (c’est-à-dire un renflouement), etc. 2. La réglementation bancaire impose aux banques de respecter des ratios de solvabilité, c’est-à-dire de détenir un minimum de fonds propres relativement à la taille de leur bilan et par rapport aux risques de leurs actifs. Si cette réglementation est renforcée, comme ce fut le cas avec la réforme Bâle III dans le sillage de la crise financière mondiale de 2008, les banques doivent détenir davantage de fonds propres (relativement à la taille de leur bilan). Cela permet directement d’atténuer la sévérité des crises bancaires, dans la mesure où les banques disposeront davantage de fonds propres pour éponger leurs pertes si elles se retrouvent en difficulté. Il y a d’autres effets vertueux plus indirects : dans la mesure où elles pourront plus facilement absorber leurs pertes, les banques seront moins incitées à vendre des actifs en catastrophe et à rationner leur crédit, ce qui limitera la contagion entre les banques et le risque qu’une crise financière et une récession éclatent ou s’aggravent (cf. document 4 p. 109 et document 4 p. 111) ; les déposants seront davantage rassurés quant à la solidité financière de leur banque, si bien que le risque de panique bancaire diminue (cf. document 2 p. 108) ; les banques auront plus confiance entre elles, ce qui évitera une paralysie du marché interbancaire (cf. document 3 p. 109). Enfin, le renforcement des exigences prudentielles réduira la sévérité des crises financières précisément en incitant les banques à adopter un comportement plus prudent en période de bonne conjoncture : pour respecter les ratios de solvabilité, les banques doivent être plus prudentes lorsqu’elles réalisent des placements et lorsqu’elles accordent des crédits, ce qui réduit notamment le risque de bulle spéculative ; cela sera d’autant plus le cas dans la mesure où les banques sont censées avoir suffisamment de fonds propres pour éponger leurs pertes et où il y a, par conséquent, moins de chances que les autorités cherchent à intervenir pour les renflouer en cas de crise financière, ce qui réduit l’aléa moral auquel les banques sont confrontées. S’ENTRAÎNER

p. 113

1 Autoévaluation Les autorités cherchent à réduire la fréquence et la gravité des crises financières. D’une part, elles définissent des ratios de solvabilité, c’est-à-dire exigent des banques qu’elles disposent d’un minimum de fonds propres pour être plus prudentes et plus solides. D’autre part, à travers leur mission de supervision, les autorités, notamment les banques centrales, veillent au bon respect de ces règles prudentielles. Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire

TIVIT

É1

AC

§1 Des ratios de solvabilité avec des exigences de fonds propres plus élevées depuis 2008, ce qui permet de prévenir les crises financières en réduisant la vulnérabilité des bilans des banques à un krach des prix des actifs. §2 Une meilleure identification des banques systémiques, « too big to fail », et des contraintes renforcées sur ces banques. §3 La mise en place à partir de 2014 d’un mécanisme de surveillance unique dans l’ensemble de l’UE pour contrôler les banques de grande taille, dont l’activité s’effectue à une échelle européenne, ce qui renforce les contrôles plutôt que de les confier à chaque autorité de contrôle prudentiel nationale.

Schématiser

Le inégalités, véritable moteur des crises financières ? p. 114 Présentation Cette activité vise à approfondir le rôle du crédit dans les crises financières, en lien avec la montée des inégalités au sein des pays riches. Elle permet de découvrir que les crises financières n’ont pas seulement des causes conjoncturelles (endettement, bulles spéculatives), mais aussi des causes structurelles, et parmi celles-ci la montée des inégalités de revenu et de patrimoine. En effet, la montée de l’épargne des ultra-riches alimente l’offre de crédit et les achats d’actifs, tandis que le contexte de modération salariale alimente la demande de crédit des ménages les plus pauvres. Mise en œuvre L’activité se déroule en 55 minutes et en deux temps. L’étape 1 permet aux élèves d’étudier les deux documents en répondant aux questions qui en guident la compréhension. L’étape 2 les invite à synthétiser les notions et mécanismes découverts à l’étape précédente sous forme de paragraphes AEI rédigés. ÉTAPE  1 ÉTUDIER LES DOCUMENTS

Document 1 1. En 2018 aux États-Unis, le top 1 % détenait 20 % du revenu national et le top 10 % détenait, quant à lui, 47 % du revenu national. 2. Ces parts ont augmenté nettement depuis 1974. Pour le top 1 %, on observe que leur poids dans la concentration des revenus passe de 10 à 20 %, soit un doublement [20/10]. Pour les 10 % les plus riches, la concentration du revenu national passe de 35 à 47 %, soit une hausse de 12 points de pourcentage [47 – 35 ] ou de 34,3 % [(47 – 35) / 35]. L’augmentation de la concentration du revenu national a donc été plus forte pour le top 1 % que pour le top 10 %. 3. Le niveau de concentration du revenu national, donc d’inégalité économique, en 2018 est proche de celui des années 1920 aux États-Unis. On peut faire l’hypothèse qu’une trop forte concentration du revenu national pour le top 1 % ou le top 10 % précède les crises financières, comme ce fut le cas en 1929 et 2008 aux États-Unis. Document 2 1. La finance permet aux plus riches de s’enrichir facilement par les forts rendements qu’elle peut offrir à leur épargne placée dans des actifs qui s’échangent sur les marchés financiers. 2. Les classes moyennes et modestes cherchent à s’endetter car elles veulent imiter la norme de consommation des plus riches tout en ayant des revenus qui stagnent voire régressent, du fait de la compression salariale observée dans plusieurs pays riches qui ont mené des politiques d’austérité ou des réformes du marché du travail. 118 • I - Science économique

3. Les banques ont accepté de leur prêter car cela représente un nouveau débouché pour leur activité de crédit et parce qu’elles ont procédé à des innovations financières (titrisation) qui leur permettent de se débarrasser des risques d’insolvabilité de leurs clients les plus modestes. 4.

Revenu des plus riches Inégalités de revenus

Épargne Consommation des plus riches

Stagnation du revenu des plus modestes

Offre de crédit Crédit vers les ménages peu solvables

Risque de crise financière

Demande de crédit des plus modestes

TIVIT

É2

AC

ÉTAPE  2 RÉDIGER UN RAISONNEMENT ARGUMENTÉ

§1 La réduction des inégalités favorise la stabilité financière car elle limite l’épargne et la spéculation des plus riches qui alimentent les bulles spéculatives à l’origine des crises financières. §2 La réduction des inégalités favorise la stabilité financière car elle se préoccupe du pouvoir d’achat des plus modestes et permet de limiter la consommation à crédit. §3 La réduction des inégalités favorise la stabilité financière car elle évite que la norme de consommation des plus riches se détache de celle du reste de la population, limitant ainsi les désirs de consommation ostentatoire qui alimentent souvent la demande de crédit des classes modestes et moyennes. Rédiger une synthèse

La prochaine crise viendra-t-elle de Chine ? p. 115 Présentation Cette activité vise à approfondir la question de la survenue et des mécanismes des crises financières en invitant les élèves à se pencher sur le cas de la Chine. Elle permet de manipuler les notions et mécanismes de bulle spéculative et régulation bancaire. Mise en œuvre L’activité se déroule en 55 minutes et en deux temps. L’étape 1 permet aux élèves d’étudier les trois documents en répondant aux questions qui en guident la compréhension. L’étape 2 les invite à synthétiser les notions et mécanismes découverts à l’étape précédente sous forme de paragraphes AEI rédigés. ÉTAPE  1 ÉTUDIER LES DOCUMENTS

1. En Chine en 2018, la dette des entreprises (hors banques) représentait plus de 160 % du PIB. 2. 165 + 45 + 43 = 253 La dette des agents non financiers (entreprises, ménages, gouvernement central) représentait 253 % du PIB en 2018 en Chine. 3. Ce ratio n’a cessé d’augmenter depuis 2007, où il était environ de 150  %. L’augmentation la plus forte du ratio d’endettement concerne les entreprises à partir de 2011. Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

• 119

4. La hausse de la dette des ménages provient d’un doublement du recours au crédit renouvelable (revolving, carte de crédit) de 2014 à 2017 ainsi que de la hausse de l’endettement immobilier. 5. Les autorités chinoises sont réticentes à stopper l’endettement car ce dernier permet de soutenir la croissance économique qui a fortement ralenti, passant de 10 % à 6,5 % par an, ce qui, pour la Chine, est un plancher dont le dépassement l’exposerait à une hausse du chômage et à la contestation sociale du régime. ÉTAPE  2 RÉDIGER UN RAISONNEMENT ARGUMENTÉ

TIVIT

É3

AC

§1 Une crise financière est à craindre en Chine car les entreprises ont un fort taux d’endettement. §2 Une crise financière est à craindre en Chine car les ménages ont un fort taux d’endettement. §3 Une crise financière est à craindre en Chine car l’État ne veut pas stopper l’endettement pour soutenir la croissance. §4 Une crise financière est à craindre en Chine car les banques officielles sont contrôlées par l’État et concurrencées par un système bancaire parallèle qui spécule sur des placements à risque qui accumulent les créances douteuses.

Réaliser une chronique radio



Vers le Grand oral

Les réformes bancaires sont-elles allées trop loin ? p. 116-117 Présentation Cette activité permet de développer les compétences orales des élèves et de mobiliser de nombreux objectifs d’apprentissage du chapitre à l’occasion d’un débat sur la régulation bancaire. Le débat permet aussi de se préparer au Grand oral (rigueur sur le fond et clarté de la forme), d’où l’importance de mettre en œuvre cette activité avec en amont un exposé de conseils de méthode (encadré « Objectif bac : des pistes pour le Grand oral », lequel propose ici des conseils pour gérer le trac), et en aval une évaluation ou autoévaluation collective avec la grille à télécharger. Mise en œuvre Prévoir deux séances de 55 minutes : – une première pour préparer le débat à l’aide des documents proposés ainsi que d’éventuelles recherches documentaires au CDI ; – une seconde pour mener le débat, en s’aidant de la Fiche méthode n° 4 (p. 374-375). En amont de la séance de débat, l’accent peut être mis sur certaines méthodes de l’oral, comme ici la gestion du trac (cf. encadré « Conseils pour le jour du Grand oral » en bas de la page 117). Le débat peut ensuite être évalué par les membres du jury à l’aide de la grille d’évaluation téléchargeable sur le site collection.

120 • I - Science économique

Pistes d’arguments pour le débat Il est nécessaire de renforcer la réglementation bancaire.

Renforcer la réglementation bancaire est inutile, voire nuisible.

– Depuis 2014, chute des montants de fonds propres en % du PIB (de 24 à 22 %) = relâchement de la régulation ? (DOC 2) – Les banques sont un acteur majeur de la crise financière de 2008. Recours excessif à l’endettement de marché des banques et capitalisation insuffisante des banques pour assumer leurs pertes éventuelles. Les régulateurs ont imposé une levée des seuils de fonds propres (recapitalisation) mais les représentants du lobby bancaire sont largement intervenus pour affaiblir les re-réglementations. Les régulateurs mettent en place des règles trop complexes qui les rendent dépendants de l’expertise des banques pour concevoir les nouvelles règles ; les lobbys demandent et obtiennent des exceptions car ils sont trop associés aux travaux des régulateurs qui ont tendance à négliger l’intérêt général pour l’intérêt de l’industrie bancaire. (DOC 3) – Le régulateur ne s’est pas occupé de réduire l’interdépendance et la taille des banques (effet domino, too big to fail, aléa moral) ce qui n’incite pas les plus grosses banques à remonter leurs fonds propres sachant qu’elles seront sauvées par l’État en cas de difficultés. Bâle III ne s’occupe pas du shadow banking ce qui permet aux banques de déplacer leurs activités vers le circuit parallèle pour échapper à la réglementation. Pis, le renforcement des réglementations incite l’industrie bancaire à innover dans de nouveaux produits pour échapper à la réglementation, ce qui accroît les risques de la prochaine crise. (DOC 4)

– « Une estimation récente de l’Autorité bancaire européenne (ABE) vient de confirmer que la transposition de cet accord viendrait augmenter en moyenne de 24 % les exigences en capital pour les banques européennes, soit 135 milliards d’euros : un montant plus que significatif ! » (DOC 1) – « Une très grande partie de la capacité de développement des banques dans les années à venir devrait être ainsi consacrée au seul respect des nouvelles exigences prudentielles, sans marge de manœuvre pour accroître ses concours à l’économie ! » (DOC 1) – « On constate aujourd’hui que l’accompagnement de la croissance et de l’investissement en Europe repose sur un taux de croissance du crédit de 6 % dans des pays comme la France et l’Allemagne et c’est, donc, un moteur essentiel de la croissance qui serait touché. » (DOC 1) – Entre 2005 et 2014 dans la zone euro, hausse de 10 points de % des fonds propres des banques (de 14 à 24 %). (DOC 2)

UTILISEZ LES STATISTIQUES p. 121

1 Interpréter des indices 1. 108 mois après le pic de la crise de 2008, soit 9 ans, l’indice de la production industrielle mondiale était de 117, base 100 en avril 2008, soit une hausse de 17 % par rapport à la veille de la crise financière. 2. Lors de la Grande Dépression, la production mondiale a connu une baisse maximum de 38 % 3 ans après en juin 1931 (100 62) ; lors de la Grande Récession, la baisse maximale a eu lieu au bout de 10 mois, elle était de 12 % (100 88). 3. Si on compare ces deux baisses, on en conclut que le recul de la production industrielle mondiale a été beaucoup plus fort et durable lors de la Grande Dépression que lors de la Grande Récession. 4. Lors de la Grande Dépression, non seulement la chute a été plus forte mais aussi le rattrapage plus tardif. Il aura fallu 87 mois pour que la production industrielle mondiale retrouve son niveau d’avant krach de 1929, contre 31 mois lors de la Grande Récession de 2008.

2 Distinguer corrélation et causalité 1. Dans les grandes économies développées au cours de l’année 2018, le prix des maisons a augmenté en moyenne de 7 % et les crédits accordés aux ménages de 3,5 %. 2. Les prix des maisons ont chuté en 1996-1997, de 2008 à 2010 et de 2011 à 2013. 3. On observe une corrélation positive entre les variations du prix des maisons et le recours au crédit. Les deux augmentent et baissent de façon assez synchronisée. 4. Il est probable que l’accès facile au crédit du fait de taux d’intérêt bas ou d’innovations financières stimule la demande de maisons, et donc une hausse de leur prix.

Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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TESTEZ VOS CONNAISSANCES ! p. 122-123

1 Vrai ou faux ? p. 122 1. Faux. La Grande Récession de 2008 a été déclenchée par un krach immobilier à l’été 2007, qui a entraîné une crise bancaire, puis un effondrement de la bourse en septembre 2008. 2. Vrai. 3. Vrai. 4. Faux. S’ils pensent que les prix vont continuer à augmenter, les spéculateurs vont garder ces titres, voire en acheter encore, pour faire une plus-value (revendre plus cher que le prix d’achat). 5. Vrai. 6. Faux. Les banques remontent leurs taux d’intérêt pour augmenter leurs revenus, accorder moins de crédits et sélectionner des emprunteurs plus solvables. 7. Vrai. 8. Vrai. 9. Vrai. 10. Faux. Il faut aussi réguler les marchés financiers.

2 QCM p. 122 1. En général, lors d’une crise financière les cours boursiers chutent (a), les faillites bancaires se multiplient (b), les banques prêtent moins (d). 2. Lorsqu’une bulle spéculative gonfle, les spéculateurs tendent à s’endetter (a), l’euphorie gagne un marché d’actifs (b), la valeur des collatéraux augmente (d). 3. Il y a effet de richesse négatif quand les cours boursiers chutent (a), quand les ménages se sentent moins riches (c). 4. Les ventes d’actifs en catastrophe contribuent à la contagion des faillites bancaires (a), transmettent les crises financières à l’économie réelle (c), sont synonymes de ventes forcées (d). 5. Il y a contraction du crédit si les banques rationnent le crédit (a), la valeur des collatéraux chute (b). 6. Les fonds propres d’une banque incluent les actions qu’elle a émises (a), servent à éponger ses pertes (d).

3 Comment une crise financière devient un cercle vicieux p. 122 Le prix d’un actif chute !

1 b)

2 a)

3 e)

4 d)

5 c)

etc.

4 L’effet domino p. 123 Les crises financières sont marquées par des faillites bancaires en chaîne. Par exemple, les banques en difficulté vendent en catastrophe des actifs pour récupérer des liquidités, mais ces ventes forcées poussent à la baisse le prix de ces actifs, ce qui met en difficulté les autres banques qui en possèdent. Une faillite bancaire érode aussi la confiance vis-à-vis de l’ensemble des institutions financières. Les déposants peuvent se ruer aux guichets pour vider leurs comptes : c’est la panique bancaire. Ainsi, certaines faillites bancaires relèvent des anticipations autoréalisatrices : il suffit que ses créanciers et ses déposants pensent qu’elle va faire 122 • I - Science économique

faillite pour qu’une banque fasse faillite, même si elle était fondamentalement saine. Enfin, lorsque les banques se retrouvent en difficulté, elles restreignent leurs prêts, or une contraction du crédit pénalise l’activité économique : les entreprises risquent de connaître des faillites en chaîne, le chômage d’augmenter et le PIB de chuter. Les ménages et les entreprises auront plus de difficultés à rembourser leur crédit, ce qui aggravera en retour les difficultés des banques.

OBJECTIF BAC Épreuve composée p. 124-125

PARTIE 1 SUJET

MOBILISATION DES CONNAISSANCES Expliquez pourquoi un effondrement boursier peut aussi bien être la cause que la conséquence d’une crise financière.

Un effondrement boursier peut aussi bien être la cause que la conséquence d’une crise financière. Il y a crise financière lorsque le système financier ne parvient plus à canaliser l’épargne vers les agents à besoin de financement. Un effondrement boursier (krach) se manifeste, quant à lui, par une chute brutale et d’ampleur du prix des actions. D’un côté, c’est l’effondrement boursier qui peut être le point de départ de la crise financière. En effet, d’une part les spéculateurs qui se sont endettés pour détenir des actions risquent de ne plus être capables de rembourser leur crédit. La hausse des difficultés de remboursement déstabilise les banques, ce qui accroît le risque qu’elles fassent faillite et les amène à restreindre leurs prêts. D’autre part, les institutions financières, notamment les banques, détiennent des titres, si bien qu’elles se retrouvent en difficulté avec la baisse des cours. Cela a, par exemple, été le cas lors de la Grande Dépression des années trente, le krach de Wall Street en 1929 ayant conduit à une explosion des faillites bancaires et à un effondrement du crédit. D’un autre côté, une crise financière, quelle que soit son origine, risque d’entraîner un effondrement boursier. D’une part, si les institutions financières se retrouvent en difficulté, elles chercheront à récupérer des liquidités, ce qui les amènera notamment à vendre en catastrophe les titres qu’elles détiennent. D’autre part, avec la contraction du crédit, la demande va chuter, ce qui pénalise le profit des entreprises. Ces dernières verseront alors moins de dividendes. Les actionnaires auront moins intérêt à détenir des actions et donc les vendront, ce qui poussera les cours boursiers à la baisse. Cela a été plutôt le cas lors de la crise financière de 2007-2008, celle-ci ayant débuté par une crise immobilière qui affecta les banques, avant d’entraîner un effondrement boursier.

PARTIE 2

ÉTUDE D’UN DOCUMENT

SUJET

1) À l’aide du document, comparez l’évolution des prix de l’immobilier dans les pays de l’OCDE. 2) Expliquez quel pourrait être le rôle du collatéral dans le boom, puis l’effondrement des prix de l’immobilier. 1) Les pays développés, en l’occurrence l’Espagne, le Royaume-Uni, la France et les États-Unis, ont connu successivement un boom et un effondrement des prix de l’immobilier à partir de 2000. Le boom n’est pas de la même ampleur d’un pays à l’autre. Ainsi, durant le boom, les prix de l’immobilier augmentent de 100 % aux États-Unis, de 120 % en France, de 140 % au Royaume-Uni et de 145 % en Espagne par rapport à leur niveau au premier trimestre 2000. Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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En outre, les prix de l’immobilier n’atteignent pas leur pic au même moment. Les prix de l’immobilier amorcent leur chute aux États-Unis au début de l’année 2006, puis au Royaume-Uni au milieu de l’année 2007, et enfin en France et en Espagne au début de l’année 2008. Ensuite, c’est aux États-Unis que les prix de l’immobilier chutent le plus lourdement. En effet, leur baisse efface les trois cinquièmes de la hausse qu’ils avaient accumulée depuis le premier trimestre 2000. Sauf en Espagne, les prix de l’immobilier cessent de chuter début 2009. Par exemple, au deuxième trimestre 2009, ils retrouvent aux États-Unis le niveau qu’ils atteignaient début 2003, soit 40 % par rapport à leur niveau du premier trimestre 2000. Enfin, durant la période observée, seule la France connaît un rebond suffisant pour rattraper la chute des prix car les prix de l’immobilier dépassent fin 2010 le niveau qu’ils atteignaient lors de leur pic début 2008. Au deuxième trimestre 2011, ils étaient ainsi supérieurs de 125 % à leur niveau au premier trimestre 2000. 2) Pour que la banque accepte de leur accorder un crédit, les emprunteurs peuvent mettre en gage leurs actifs (par exemple leur logement) que la banque saisira s’ils ne parviennent pas à rembourser leur crédit. On dit que ces actifs servent de « collatéraux ». Ainsi, si le marché de l’immobilier connaît un boom, l’usage des logements comme collatéraux amplifiera ce boom. En effet, plus le prix des logements augmente, plus le montant que pourront emprunter leurs propriétaires augmentera, plus ces derniers pourront facilement acheter un logement. Or, plus la demande de logements est forte, plus les prix de l’immobilier sont poussés à la hausse. C’est par exemple la mécanique qui a été observée aux États-Unis au début des années 2000. Par contre, si le marché de l’immobilier s’effondre, l’usage des logements comme collatéraux aggravera l’effondrement. En effet, plus le prix des logements chute, moins leurs propriétaires pourront emprunter, plus il leur sera difficile d’acheter un (nouveau) logement. Au contraire, ils seront incités à vendre leur logement (actuel), notamment pour pouvoir continuer à rembourser leur crédit. Or, ces ventes en catastrophe poussent les prix de l’immobilier à la baisse. Par ailleurs, si les banques saisissent les logements et les mettent en vente, cela amplifie la chute des prix de l’immobilier. C’est par exemple la mécanique qui a été observée aux États-Unis à partir de 2006 et qui a amorcé la crise financière.

PARTIE 3

RAISONNEMENT S’APPUYANT SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE

Guide méthodologique complet à télécharger sur le site collection

Analyse du sujet Vous montrerez quels sont les effets d’une crise financière sur l’économie réelle. – « montrerez » : il s’agit ici de présenter des mécanismes. – « effets » : il s’agit de présenter certaines conséquences (et non les causes) d’une crise financière. – « crise financière » : il s’agit d’un dysfonctionnement du système financier se manifestant par un effondrement boursier, une contraction du crédit et une faillite en chaîne des banques. – « économie réelle » : expression qui désigne, par opposition à la sphère financière, la sphère de la production au niveau agrégé (par exemple d’un pays). Questionnement (ou problématique) : « Ce sujet implique donc de présenter les différentes conséquences que peut avoir une crise financière sur la production et donc sur l’emploi en détaillant les multiples mécanismes de transmission à l’œuvre. » 124 • I - Science économique

GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 3 Étudier le dossier documentaire : extraire les informations en lien avec le sujet

Informations en lien avec le sujet (données statistiques, citations) Ces informations pourront vous servir à affirmer, expliciter ou illustrer.

Document 1

Le document montre une corrélation positive entre la croissance du PIB réel et la croissance du crédit bancaire aux ÉtatsUnis : la croissance du PIB est d’autant plus forte que celle du crédit est élevée. Le document met en évidence une récession : en 2009, le PIB chute de 2,5 % et le crédit de 19 %.

Ce document permet d’illustrer le cercle vicieux entre récession et contraction du crédit avec l’épisode de la crise financière mondiale de 2008. D’un côté, une chute du PIB se traduit par une hausse des défauts de paiement, ce qui amène les banques à rationner le crédit. D’un autre côté, une contraction du crédit amène les entreprises et les ménages à restreindre (davantage) leurs dépenses, ce qui réduit le PIB.

Le document met en évidence une chute du patrimoine immobilier de 2006 à 2010 (290 % du revenu disponible à 230 %), ainsi que deux chutes du patrimoine financier : de 2000 à 2003 (400 % 250 %) et de 2007 à 2009 (350 % 250 %).

Ce document se focalise sur les effets de richesse négatifs. En 2000 la bulle Internet sur les marchés boursiers éclate. En 2006 la bulle immobilière éclate, entraînant une crise financière et notamment un effondrement boursier les années suivantes. Ces chutes du patrimoine sont susceptibles d’entraîner des effets de richesse négatifs : les ménages se « sentiront moins riches », ce qui les incite à réduire leurs dépenses, et ce d’autant plus qu’ils sont endettés (ce qui est généralement le cas pour accéder à la propriété immobilière).

« Mi-novembre, l’indice Dow Jones a perdu 51 % de sa valeur depuis septembre. L’effondrement des cours se poursuivra, de façon presque linéaire, pendant plus de trois ans. […] La ruine des courtiers accule les banques, dont ils sont les débiteurs, à la faillite – 4 300 établissements ferment entre 1929 et 1931. Des millions d’épargnants perdent leurs économies en un jour. L’effondrement du pouvoir d’achat entraîne une chute de la demande et une contraction de l’activité. Quatre millions d’Américains sont au chômage en 1930, huit millions en 1931, douze millions en 1932. »

Ce document permet d’illustrer les effets d’un effondrement boursier et d’une faillite en chaîne des banques avec l’épisode de la Grande Dépression qui débute en 1929. L’effet de richesse négatif provoqué par la chute des cours, la faillite en chaîne des banques et la hausse du chômage poussent les ménages à réduire leur consommation.

Document 2

Document 3

ÉTAPE 4

Prolongements avec le cours ou lien entre les documents

Construire son plan détaillé

Voici trois plans proposés pour le sujet de raisonnement. Choisissez le meilleur plan, écartez les deux autres en justifiant pourquoi.

Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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Plan 1 Accepté x Rejeté I) Comment expliquer les crises financières ? • §1 Les crises financières naissent des bulles spéculatives… • §2 … et se transmettent via les faillites bancaires. II) Pourquoi les crises financières affectentelles l’activité ? • §3 Or, les crises financières nuisent à la consommation et à l’investissement… • §4 … si bien que l’économie risque de basculer dans une récession et le chômage d’augmenter.

Plan 2 x Accepté Rejeté • §1 Avec l’effondrement boursier, les entreprises investissent moins. • §2 La chute des prix d’actifs pèse sur la consommation en entraînant des effets de richesse négatifs… • §3 … et une baisse de la valeur des collatéraux. • §4 Le rationnement du crédit nuit aussi bien à la consommation qu’à l’investissement. • §5 Or avec la baisse de la demande globale, l’économie risque de basculer dans une récession et le chômage d’augmenter.

Plan 3 Accepté x Rejeté I) Les crises financières nuisent à l’investissement… • §1 Via l’effondrement boursier. • §2 Via la contraction du crédit. II) … et à la consommation • §3 Via la contraction du crédit. • §4 Via les effets de richesse négatifs.

Dans le plan 1, les parties I et II (causes) sont hors-sujet. C’est un plan qui correspondrait à un sujet du type : « Quelles sont les causes et les mécanismes des crises financières ? » Le plan 3 propose un traitement incomplet, trop étroit du sujet.

OBJECTIF BAC Dissertation p. 126-127 Guide méthodologique complet à télécharger sur le site collection

Analyse du sujet Comment expliquer les crises financières ? – « expliquer » : il s’agit de mettre en avant des causes. – « crises financières » : il s’agit d’une perturbation du système financier qui se traduit notamment par un effondrement boursier, des faillites de banques en chaîne et une contraction du crédit. Questionnement (ou problématique) : « Ce sujet implique donc d’étudier les causes des effondrements boursiers, des faillites bancaires en chaîne et des contractions du crédit. » Plan I) Les crises financières suivent l’éclatement de bulles spéculatives. §1 Les marchés d’actifs sont naturellement sujets à des bulles spéculatives… §2 … d’autant plus massives qu’elles sont alimentées par un boom du crédit. II) Elles sont d’autant plus probables que les banques ont adopté des comportements risqués… §3 L’innovation financière est source d’aléa moral… §4 … tout comme la possibilité d’un sauvetage des banques too big to fail. III) … et que les difficultés d’une banque tendent facilement à se transmettre aux autres banques : §5 En augmentant le risque d’insolvabilité. §6 En augmentant le risque d’illiquidité.

126 • I - Science économique

GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 6

Rédiger les paragraphes AEI (Affirmer, Expliciter, Illustrer)

Paragraphe 1 Point fort : – Présence d’une affirmation, d’une explicitation et d’une illustration. Points faibles : – Explicitation incomplète, absence de la définition de « bulles spéculatives ». – Illustration trop vague et lapidaire. – Absence de mots de liaison. Application §4 L’innovation financière est source d’aléa moral. L’innovation financière est source d’aléa moral car elle permet souvent aux banques de s’affranchir des réglementations afin d’accroître leur rentabilité. En effet, on parle d’aléa moral dès qu’un agent économique, ici les banques, se pensant protégé accroît les risque pris. Ainsi, les innovations financières, comme par exemple la titrisation des crédits subprimes dans les années 2000 aux États-Unis, génèrent aussi un aléa moral : les banques se débarrassent du risque de ne pas être remboursées, ce qui incite à prêter davantage, notamment à des agents peu solvables. ÉTAPE 7

Rédiger la conclusion

Bilan du raisonnement Nous avons donc vu que les crises financières s’expliquent par des schémas récurrents. Elles surviennent à la suite de l’éclatement de bulles spéculatives et sont d’autant plus probables que les banques ont adopté des comportements risqués, notamment via les innovations financières et la constitution de banques « too big to fail ». Enfin, souvent, les difficultés d’une banque tendent à se transmettre aux autres banques par un effet domino. Ouvertures maladroites a) Question trop évidente, fausse question. b) Bien, ouverture sur un sujet proche du chapitre. c) Fausse question, faussement prophétique. d) Phrase de conclusion qui ferme la dissertation au lieu de l’ouvrir. Application Question d’ouverture : Quels sont les principaux canaux de transmission des crises financières à la sphère réelle ?

Chapitre 4 – Comment expliquer les crises financières et réguler le système financier ?

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5

Quelles politiques économiques dans le cadre européen ? ANALYSE DU PROGRAMME p. 128 Ce chapitre, comme dans l’ancien programme, reste l’un des plus complexes du programme car il fait appel à de nombreux faits historiques et des mécanismes macroéconomiques très imbriqués (création monétaire, inflation, choc économique asymétrique). Après avoir présenté les différentes étapes de l’intégration européenne qui ont conduit à la construction du marché unique et de la zone euro, les élèves auront à comprendre comment cette intégration est source de croissance économique et de politiques communes à l’image de la politique de la concurrence, de la politique monétaire de la Banque centrale européenne et des politiques budgétaires nationales qui peuvent rencontrer un défaut de coordination des politiques conjoncturelles, notamment, mais pas seulement, lors de chocs asymétriques.

ORGANISATION DU CHAPITRE Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils permettent de couvrir tout le programme en environ six séquences de cours de deux heures, plus quelques activités, exercices méthodologiques et un entraînement aux épreuves écrites et orales, sur une durée totale de seize heures (soit un peu moins de trois semaines d’enseignement), une proposition réaliste compte tenu des horaires et du nombre de semaines pour traiter les huit chapitres au programme des épreuves terminales de spécialité SES qui se dérouleront au retour des vacances de printemps.

A

L’intégration européenne et ses effets

– Dossier 1 « Quelles sont les caractéristiques de l’intégration européenne ? », sur les différentes étapes de l’intégration et sur les effets du marché unique et de la mise en place de l’euro ; – Dossier 2 « L’intégration européenne est-elle source de croissance économique ? », sur les effets différenciés de l’intégration européenne sur la croissance économique des différents pays membres ; – Dossier 3 « La politique de la concurrence est-elle efficace dans l’Union européenne ? », sur l’efficacité des règles de la concurrence au niveau européen.

B

 ’efficacité des politiques économiques dans l’Union européenne L en question

– Dossier 4 « Comment la Banque centrale européenne mène-t-elle la politique monétaire ? », sur les missions et l’efficacité de la politique monétaire de la BCE ; – Dossier 5 « Comment les politiques budgétaires agissent-elles sur la conjoncture ? », sur les modalités et l’efficacité des politiques budgétaires, qui restent nationales tout en étant contraintes par des règles budgétaires adoptées au sein de l’UE ; – Dossier 6 « Quelles sont les difficultés de coordination des politiques conjoncturelles dans la zone euro ? », sur la difficulté de mise en œuvre de politiques conjoncturelles efficaces en cas de chocs asymétriques. 128 • I - Science économique

Deux activités permettent d’approfondir, à la fin du chapitre, certains objectifs d’apprentissage : − Activité 1 « Quelles conséquences économiques au Brexit ? », pour construire une carte mentale (outil de révisions) et analyser les problèmes posés par la sortie du Royaume-Uni du marché unique.  − Activité 2 « Des règles budgétaires européennes trop contraignantes ? », pour se confronter à l’exercice d’argumentation sur une question qui fait largement débat et rédiger un texte argumenté. En fin de chapitre, des pages « Objectif bac » permettent de se préparer aux épreuves écrites et orales. − Objectif bac – Épreuve composée, pour se préparer aux trois parties de cette épreuve, avec un guidage méthodologique sur la question de mobilisation des connaissances et l’étude d’un document, accompagnées de leur corrigé ; − Objectif bac – Dissertation, pour s’entraîner sur un sujet de dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire, avec un guidage méthodologique sur les étapes 1 et 2 (analyser le sujet et organiser ses connaissances) ; − Objectif bac – Préparer le Grand oral, pour repérer des sujets possibles sur ce chapitre, apprendre à les formuler, anticiper les questions du jury, et mettre en œuvre les méthodes sur un sujet guidé : « Fallait-il interdire la fusion entre Alstom et Siemens ? » Les rubriques habituelles complètent le chapitre pour donner aux élèves des outils de récapitulation et d’approfondissement des connaissances (Synthèse + schémas L’essentiel + sélection de vidéos), d’autoévaluation (Testez vos connaissances !) et de mobilisation des savoir-faire quantitatifs (Utilisez les statistiques).

OUVERTURE DU CHAPITRE p. 128-129 Dans le manuel, trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre : - Découvrir par la vidéo montre quels sont les avantages et les inconvénients pour la France à être membre de l’Union européenne. Réponse à la question : La France, bien qu’elle soit un contributeur net (c’est-à-dire qu’elle apporte plus d’argent au budget européen qu’elle n’en reçoit) n’est pas pour autant lésée. Elle bénéficie par le biais de l’Union européenne d’un marché unique développé, d’infrastructures routières et ferroviaires qui facilitent les échanges commerciaux ainsi que le tourisme. Par ailleurs, le fait d’être membre d’une union de 27 pays donne plus de poids diplomatique aux représentants européens et rend possible une sécurité des citoyens au niveau européen. Néanmoins, cela s’accompagne d’une perte de souveraineté et d’une complexification de l’administration française du fait de son inscription dans le cadre européen. - Découvrir en situation invite les élèves à réfléchir aux conditions économiques et politiques pour l’adhésion d’un pays à l’Union européenne. 1. Parmi les conditions politiques qui semblent indispensables, on peut penser aux libertés fondamentales dans un État démocratique, à savoir les libertés individuelles (liberté physique, liberté d’expression et d’opinion, propriété privée, liberté de culte) et les libertés politiques (droit de vote, droit d’association, etc.). On pourrait également envisager que le recours à la peine de mort ou l’absence de laïcité à l’école puissent être aussi des critères mis en avant par les élèves. 2. Parmi les conditions économiques, on peut imaginer que des critères soient appliqués sur le montant, ou plutôt le pourcentage, de la dette publique au regard du PIB du pays, et qu’un pays ayant un déficit public très élevé puisse être refusé. De même, un pays avec une inflation très élevée ou un taux de chômage élevé serait refusé. L’objectif est ici d’amener les élèves à s’interroger sur les règles budgétaires et leurs limites pour prendre en considération l’état économique d’un pays. Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

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- Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un questionnaire sur leurs représentations et d’avoir une vision d’ensemble des représentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont être traités dans le chapitre. L’interface Q-Sort en ligne sur le site collection permet de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe. Proposition complémentaire : Découvrir en chanson « L’Europe » de Yves Jamait, extrait de l’album « Amor Fati », novembre 2013. Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=XOV6lsTOTNw Proposer de visionner ou d’écouter le début de la chanson (jusqu’à 1 min 38 s) pour amener les élèves à s’interroger sur les objectifs de la construction européenne.

A

L’intégration européenne et ses effets

DOSSIER  1 Quelles sont les caractéristiques de l’intégration européenne ? p. 130-131

DO

Cette séquence aborde les étapes majeures de l’intégration européenne depuis 1951, depuis la CECA, et particulièrement la construction du marché unique et de la monnaie unique. C

1

POUR COMMENCER Un projet économique pour une paix durable p. 130 Cette vidéo montre des extraits de discours des chefs d’États et ministres en charge du projet européen après la Seconde Guerre mondiale et permet d’amorcer la réflexion sur les origines de l’intégration européenne. 1. C’est à la suite de la Seconde Guerre mondiale que les gouvernants européens ont voulu construire l’Europe. Les conflits qui ont opposé durant la Première et la Seconde Guerres mondiales des pays d’un même continent ont laissé des traces qui ont nécessité de reconstruire des alliances économiques et politiques (entre la France et l’Allemagne notamment) afin de « créer une solidarité de fait » (Déclaration Schuman, 9 mai 1950) entre les Européens pour éviter une nouvelle guerre. 2. La construction européenne n’est pas achevée, sur le plan politique, si on la compare au projet initial de construire les « États-Unis d’Europe » (Churchill, 1946), mais sur le plan économique, son intégration est très poussée. Pour aller plus loin L’Union européenne reçoit le prix Nobel de la Paix Vidéo (1 min 20 s) : https://www.youtube.com/watch?v=AgjC_vnVStg

2

EXERCICE Les étapes de l’intégration européenne p. 130 Sous forme d’exercice, l’élève est ici invité à découvrir que l’intégration européenne s’est faite par étapes qui ont des conséquences sur le plan commercial, économique et monétaire. En complétant le schéma à l’aide des informations de la frise, l’élève découvre les nuances entre chaque étape de l’intégration économique.

130 • I - Science économique

1. Les produits qui font l’objet d’une libre circulation grâce au traité de 1951 (CECA) sont le charbon et l’acier, des marchandises stratégiques pour la croissance et le développement économiques, mais aussi pour l’armement et la défense nationale. 2. La CEE crée une zone de libre-échange, c’est-à-dire une zone à l’intérieur de laquelle les biens et les services peuvent circuler sans entrave douanière, et pose dans ses textes les bases d’une union douanière (tarif extérieur commun). 3. En 1986, le marché unique autorise la libre circulation des personnes (notamment des travailleurs) et des capitaux, là où la zone de libre-échange se contentait de celle des biens et des services dans un espace ayant un tarif extérieur commun (union douanière). 4. L’euro s’inscrit dans la continuité de la construction européenne car la monnaie unique permet de s’affranchir des coûts de change et de l’incertitude qu’ils induisent ce qui favorise la libre circulation des biens et services, des capitaux et des personnes. 5.

Zone de libre-échange

Union douanière 1957 1968

Marché unique 1986

Union économique 1992 Union monétaire 1999

DO

N. B. : Pour l’Union économique, la datation n’est pas facile car des politiques communes sont mises en œuvre dès 1962 (PAC) et l’harmonisation fiscale est un serpent de mer dont la réalisation la plus concrète est l’harmonisation des taux de TVA depuis 1993. C’est le traité de Maastricht en 1992 qui marque une étape importante avec l’instauration des critères de convergence pour l’adoption de la monnaie unique, suivi par le Pacte de stabilité et de croissance en 1997 pour les pays de la future zone euro. C

3

Un commerce intraeuropéen très florissant p. 131 Ce graphique permet de mesurer le degré d’intégration commerciale des 28 pays membres de l’UE en 2017. L’objectif est de montrer l’importance du commerce intraeuropéen pour chaque pays membre. Ainsi, on peut distinguer des pays très dépendants de ce commerce et d’autres – peu nombreux – pour lesquels la part du commerce intraeuropéen est minoritaire. 1. En 2017, selon Eurostat, 86 % des exportations en provenance de Slovaquie sont destinées à des pays membres. Donc seulement 14 % des exportations en provenance de Slovaquie sont destinées à d’autres pays. 2. On remarque que le commerce intraeuropéen est très développé pour l’ensemble des pays et qu’il est même majoritaire (il représente plus de 50 % du commerce) pour 26 d’entre eux. Seuls le Royaume-Uni et Chypre échangent davantage avec le reste du monde qu’avec des pays de l’Union européenne. 3. La part du commerce intraeuropéen pour le Royaume-Uni est de l’ordre de 48 %. Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

• 131

DO

Ce chiffre devrait diminuer avec le Brexit car si aucun accord préférentiel n’est trouvé, les produits issus du Royaume-Uni seront taxés à leur arrivée sur le territoire européen et les produits issus de l’Union européenne le seront à leur arrivée au Royaume-Uni, augmentant dans les deux cas les prix pour les consommateurs qui pourraient s’en détourner. Ainsi, les exportations et importations du Royaume-Uni avec l’Union européenne seraient réduites. À l’inverse, cette diminution du commerce avec les pays membres de l’Union européenne fera augmenter la part de commerce avec le reste du monde qui devrait dépasser son niveau actuel de 52 %. C

4

La monnaie unique, une étape indispensable ? p. 131 Ce texte se penche sur les raisons de la mise en place de la monnaie unique, un élément essentiel de l’intégration européenne. 1. L’euro a été créé pour deux raisons : servir le bon fonctionnement du marché unique (faciliter les échanges de biens, de services, de capitaux et la circulation des personnes), et mettre un terme à l’instabilité monétaire entre pays européens que l’on observe dès le milieu des années 1970 et jusqu’à la fin des années 1990. 2. Dans les faits, tous les pays de l’Union européenne n’ont pas l’obligation de rejoindre la zone euro (adopter la monnaie unique) puisque le Royaume-Uni, la Suède et le Danemark refusent de changer de monnaie, sans pour autant être exclus de l’Union européenne. 3. Cinq critères de convergence sont nécessaires pour pouvoir adopter la monnaie unique et intégrer la zone euro. La stabilité des prix, des taux de change et des taux d’intérêt sont indispensables mais il y a également un double critère concernant les finances publiques de chaque État. Le déficit public doit être inférieur à 3 % du PIB et la dette publique inférieure à 60 % du PIB. 4. Huit pays* n’ont pas voulu ou pu adopter l’euro : il s’agit d’une part du Danemark et de la Suède qui ne souhaitent pas renoncer à leur propre monnaie, et d’autre part de la Bulgarie, la Croatie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Roumanie qui ne remplissent pas les conditions évoquées plus haut pour pouvoir intégrer la zone euro. *Avant le Brexit, le Royaume-Uni était le neuvième pays dans ce cas, membre de l’UE mais pas de la zone euro. S’ENTRAÎNER

p. 131

1 Autoévaluation 1. Faux. Seule la zone euro est une union économique et monétaire. 2. Faux. C’est l’Acte unique en 1986. 3. Vrai. 4. Vrai. 5. Faux. La Banque centrale européenne gère la politique monétaire des pays membres de la zone euro.

2 Mobiliser ses connaissances La création de l’euro constitue une étape importante d’approfondissement de l’intégration européenne. En effet, en instaurant une monnaie unique adoptée par 19 pays, la zone euro devient une union économique mais aussi monétaire. Économique car la zone euro est un espace d’échanges commerciaux intenses et d’harmonisation de politiques économiques du fait de l’unité monétaire qui accentue la circulation des marchandises, des capitaux et des personnes (travailleurs et touristes). Monétaire car 132 • I - Science économique

l’adoption d’une monnaie unique implique la mise en œuvre d’une politique monétaire unique menée par la Banque centrale européenne. Ainsi, la monnaie unique est une occasion de transférer à l’échelon européen de plus en plus de compétences.

DOSSIER  2 L’intégration européenne est-elle source de croissance économique ? p. 132-133

DO

Cette séquence aborde la question des effets du marché unique sur la croissance économique. Elle permet d’établir que le marché unique est source de croissance économique, mais aussi que l’intégration européenne n’a pas permis une convergence des taux de croissance nationaux. C

1

POUR COMMENCER Les pays d’Europe de l’Est sont-ils gagnants depuis leur entrée dans l’Union européenne ? p. 132 Cette vidéo est l’occasion pour les élèves de comprendre les capacités de rattrapage et le « plafond de verre » auxquels font face les pays d’Europe de l’Est (PECO) depuis la crise de 2008. Le processus de convergence promis par l’intégration européenne est à l’arrêt depuis cette crise. 1. Grâce à la mise en place d’un marché unique, les pays d’Europe de l’Est voient leurs échanges augmenter avec les autres pays européens, en particulier l’Allemagne, générant des taux de croissance plus élevés que la moyenne européenne, ce qui leur a permis, jusqu’en 2008, de voir leur niveau de vie rattraper celui des pays de l’Europe de l’Ouest.

DO

2. L’économie allemande est en partie responsable de l’arrêt du rattrapage économique des pays d’Europe de l’Est car elle tire sa compétitivité des faibles coûts du travail dans ces pays, dans lesquels elle sous-traite une grande partie de son processus de production. Ainsi, si les échanges commerciaux ont très fortement augmenté entre ces pays (x 11 en 25 ans), ils favorisent le modèle de compétitivité allemand. Les pays d’Europe de l’Est voient ainsi leurs salaires moyens ne pas dépasser 30 % du salaire moyen allemand. C

2

Les conséquences économiques possibles du Brexit p. 132 Cet article de presse aborde les différents scénarios économiques possibles du Brexit pour le Royaume-Uni. Il permet ainsi aux élèves de prendre conscience des gains et des pertes à participer à l’Union européenne. 1. Cette phrase soulignée fait référence aux stratégies des entreprises hors UE pour accéder au marché unique, c’est-à-dire à un marché solvable et un espace commercial sans barrières douanières et dans lequel les capitaux et les travailleurs circulent librement. Le Royaume-Uni, en tant que membre de l’Union européenne et du fait de son statut historique de plateforme financière et de son réseau anglophone, a longtemps été choisi par les entreprises du reste du monde, notamment américaines, comme lieu d’implantation privilégié de leurs sièges sociaux. 2. Le Brexit implique nécessairement la fin du libre accès du Royaume-Uni au marché unique, et donc l’avantage à s’implanter au Royaume-Uni pour les entreprises du reste du monde disparaît. Ces dernières ont intérêt à se relocaliser dans un des pays membres de l’UE afin de continuer à bénéficier des avantages du marché unique. Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

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DO

3. Dans cet article, le Brexit est considéré comme un « désastre économique », en particulier pour le PIB du Royaume-Uni qui devrait « d’ici à 2030 être inférieur de 6 % à ce qu’il aurait été en cas de poursuite de l’aventure européenne ». Cela représente une perte moyenne de revenus pour chaque foyer britannique de l’ordre de 5 400 euros par an. C

3

Quels ont été les effets du marché unique sur la croissance ? p. 133 Cet entretien avec un économiste du CEPII montre les effets différenciés du marché unique sur la croissance économique des pays membres de l’UE selon la taille du pays, son positionnement géographique et sa dépendance commerciale vis-à-vis de l’extérieur. Il est aussi l’occasion de faire le point sur les pourcentages d’augmentation et leur transcription sous la forme de multiplications. 1. Les échanges de biens ont augmenté de 109 % entre 1987 et 2019, soit une multiplication par un peu plus de 2. Les échanges de services ont, pour leur part, augmenté de 58 %, soit une multiplication par 1,58. 2. Les échanges ont été plus importants du fait de la suppression des barrières tarifaires mais aussi, et surtout, parce que l’Union européenne est une intégration économique très poussée qui admet, outre la liberté de circulation des biens et services, celle des personnes et des capitaux, ainsi que la reconnaissance de normes communes qui sont autant d’éléments participant à l’augmentation du commerce entre pays membres.

DO

3. Les pays qui ont le plus bénéficié de cette augmentation des échanges sont les petits pays qui disposent d’un petit marché intérieur et qui sont donc les plus ouverts sur l’extérieur, c’est-à-dire ceux pour qui les échanges extérieurs représentent une part très élevée de leur PIB. C’est le cas de la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie, ou encore la République tchèque, qui ont vu leur PIB augmenter de 10 % du fait de leur participation au marché unique. C

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Des trajectoires de croissance économique qui convergent ou qui divergent ? p. 133 Ce graphique des taux de croissance économique de quelques pays membres de l’UE permet d’établir les effets du marché unique sur la croissance, mais également de comprendre que les chocs économiques comme la crise de 2008 n’ont pas touché les pays avec la même intensité. C’est aussi un moyen de faire travailler les élèves sur la différence entre les taux de variation en utilisant la notion de points. 1. En 2018, selon Eurostat, le PIB réel de la Pologne a augmenté de 5 %. 2. Taux de croissance de la France en 2011 – Taux de croissance de l’Allemagne en 2011: 2,5 – 4,5 = -2 Taux de croissance de la France en 2011 – Taux de croissance de la Grèce en 2011 : 2,5 – 8,5 = -11 L’écart de taux de croissance entre la France et l’Allemagne en 2011 est de 2 points en faveur de l’Allemagne, ce qui revient à dire que la croissance économique allemande a été de 2 points de % supérieure à celle de la France en 2011. L’écart de taux de croissance entre la France et la Grèce en 2011 a été de 11 points en faveur de la France, ce qui revient à dire que la croissance économique française a été de 11 points de % supérieure à celle de la Grèce en 2011, selon Eurostat. 3. En 2011, la Grèce connaît une situation isolée et divergente des autres pays de l’UE, elle est encore en forte récession (taux de croissance du PIB de -8 %) alors que tous les autres pays présentés sur le graphique sont en expansion (+1 % pour l’Italie jusqu’à 5 % pour la Pologne). La Grèce, du fait de la crise de sa dette publique, a été

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le pays européen le plus touché par la crise amorcée en 2008. En revanche, la Pologne et l’Allemagne sont les deux pays membres les plus dynamiques en 2011, du fait de l’insertion commerciale de l’Allemagne (exportatrice nette) qui entraîne avec elle la Pologne, pays dans lequel les entreprises allemandes sous-traitent de façon privilégiée. En 2018, la Pologne a conforté sa situation avec un taux de croissance du PIB de 5 %, la Grèce est sortie de la récession et connaît une expansion de 2 %, proche de celle de la France, de l’Allemagne, de l’Italie et de l’UE à 28. L’écart entre l’Italie (1 %) et la Pologne (5 %) peut s’expliquer par la poursuite du rattrapage pour l’économie polonaise et les différences de spécialisation et de compétitivité des différents pays (voir chapitre 2). S’ENTRAÎNER

p. 133

1 Autoévaluation Liberté de circulation des biens Liberté de circulation des services Marché unique

Hausse des échanges intra-UE plutôt qu’en dehors de l’UE

Liberté de circulation des capitaux Liberté de circulation des personnes

Hausse du PIB, plus forte dans les petits pays ouverts

2 Mobiliser ses connaissances L’intégration économique a eu des effets indéniablement positifs sur la croissance économique des pays membres. Dans le cadre européen, l’intégration économique européenne (processus d’approfondissement des liens économiques et politiques qui unissent des pays) est considérée comme la plus poussée puisqu’aucun autre espace n’a atteint le statut d’union économique comme c’est le cas pour l’UE, et d’union monétaire comme c’est le cas pour la zone euro. En effet, l’entrée dans l’UE s’est accompagnée, dans un premier temps, d’un rattrapage des pays les moins riches de l’Union via l’augmentation du salaire moyen, comme le montre l’exemple de la Pologne ou de la Hongrie. Cela s’explique par une augmentation des échanges commerciaux entre les pays, du fait de l’absence de barrières douanières qui ont permis l’augmentation du PIB. Ainsi, la Pologne connaît de 2007 à 2018 un taux de croissance annuel oscillant entre 2 et 7 % selon Eurostat. En outre, les pays membres de la zone euro peuvent bénéficier d’une augmentation des échanges du fait de la monnaie unique qui diminue les risques et l’incertitude liés aux taux de change. Le cas du Brexit est également une preuve des effets positifs de l’intégration économique sur la croissance économique. En effet, pour le Royaume-Uni, le fait de quitter l’Union européenne s’accompagnerait d’une perte de richesse estimée à plus de 6 % d’ici à 2030. Néanmoins, les effets de l’intégration européenne sur la croissance économique des pays membres sont contrastés. La zone euro a été durement touchée par la crise économique et financière de 2008, mais certains pays membres ont été davantage affectés que d’autres. Le taux de croissance de la Grèce était ainsi de 11 points de % inférieur à celui de la France en 2011. Par ailleurs, les stratégies adoptées par les pays membres vis-à-vis de leur commerce extérieur ne sont pas les mêmes, ce qui peut expliquer en partie les écarts de croissance entre la France et l’Allemagne, par exemple.

Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

• 135

DOSSIER  3 La politique de la concurrence est-elle efficace dans l’Union européenne ? p. 134-135

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Cette séquence aborde le fonctionnement de la politique de la concurrence au sein de l’Union européenne. Elle permet de découvrir les règles européennes de la concurrence ainsi que leur efficacité et leurs limites. Ce dossier peut s’appuyer sur des savoirs développés en première sur la politique de la concurrence pour remédier à l’imperfection de la concurrence. C

1

POUR COMMENCER Une concurrence très encadrée dans l’Union européenne p. 134 Cette vidéo présente les différentes règles de la politique de la concurrence dans l’Union européenne, notamment à travers l’exemple du rejet de la fusion entre Alstom et Siemens par la Commission européenne en février 2019. Cet exemple est repris dans la proposition de sujet d’oral guidé : « Fallait-il interdire la fusion entre Alstom et Siemens ? », page 155. 1. L’Union européenne refuse parfois des fusions entre « grands groupes » au nom du principe de « concurrence libre et non faussée ». En effet, la fusion de deux entreprises d’un même secteur peut entraver la concurrence en faisant d’elles un acteur en position dominante, capable d’imposer ses prix aux fournisseurs et/ou aux clients. 2. Les secteurs épargnés par les règles de concurrence de l’UE sont ceux qui sont favorables à l’intérêt général. Dans ce cas, des aides d’État peuvent être accordées, alors qu’elles sont interdites dans toute autre situation. Par ailleurs, certains secteurs comme l’aéronautique peuvent fusionner bien que cela entraîne une position dominante, car ces derniers ont des investissements importants à réaliser avant de pouvoir dégager des bénéfices. 3. Les critiques qui sont faites à l’égard des règles européennes de la concurrence concernent le choix de privilégier systématiquement l’intérêt des acheteurs. Or, pour Paris et Berlin, ce choix est contestable car l’intérêt des acheteurs peut à long terme nuire à l’intérêt général. Par ailleurs, pour certains secteurs stratégiques, la référence ne peut être limitée au marché européen : la position dominante devrait être évaluée par rapport au marché mondial (recherche de la taille critique).

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Pour aller plus loin « Concurrence : les règles européennes sont-elles dépassées ? », BFM Business, 10 décembre 2019 Vidéo (7 min) : https://bfmbusiness.bfmtv.com/mediaplayer/video/concurrence-lesregles-europeennes-sont-elles-depassees-1207670.html C

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Justifications et limites de la politique de la concurrence p. 134 Ce texte tiré d’un rapport du Conseil d’analyse économique expose les raisons qui ont poussé à la mise en œuvre d’une politique de la concurrence au niveau européen. Les élèves peuvent ainsi identifier les bienfaits et les limites d’une intervention politique sur le marché. 1. Les marchés pleinement concurrentiels sont censés faire disparaître les entreprises peu performantes ainsi que permettre une baisse des prix, une hausse de la qualité et de l’innovation, et donc un surplus pour le consommateur dans la plupart des cas. 2. Les entreprises peuvent freiner la diffusion des innovations dans le tissu économique en mettant en place des brevets ou en protégeant leur « secret de fabrication » afin de capter des parts de marché pendant une durée plus longue.

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3. La politique de la concurrence est chargée de « corriger les imperfections liées aux comportements des entreprises qui entravent le bon fonctionnement des marchés ». Elle a pour but de remédier aux défaillances d’autorégulation des marchés et de promouvoir la meilleure allocation des ressources par le signal « prix ». 4. La rigueur de la politique européenne de concurrence peut être un handicap pour les entreprises européennes s’il existe une asymétrie dans l’application de la politique de la concurrence entre l’UE et d’autres grands pays comme les États-Unis ou la Chine. En effet, dans ces derniers, les règles de la concurrence peuvent être moins strictes et permettre davantage la création de champions nationaux qui profitent d’une position dominante sur leur marché national pour gagner des parts de marché dans l’UE.

3

EXERCICE Entente et programme de clémence p. 135 Cet exercice permet aux élèves de se mettre en situation de chef d’une entreprise européenne. Ainsi, ils sont amenés à faire des calculs sur le coût d’une entente et les bénéfices qu’ils pourraient en retirer. De plus, l’exercice permet d’évaluer l’efficacité des programmes de clémence mis en œuvre par la Commission européenne afin de désinciter les entreprises à créer des ententes. Cet exercice peut s’appuyer sur des connaissances acquises en première sur l’intérêt pour des entreprises en oligopoles à s’entendre, et le rôle de la politique de la concurrence pour éviter ces ententes. 1. Recette supplémentaire = Recette totale avec entente – Recette totale avant entente Recette totale avec entente = 100 000 000 x 2,10 x 1,04 Recette totale avant entente = 100 000 000 x 2,10 Recette supplémentaire = 18 400 000 euros 2. Coût de l’entente = probabilité d’être découvert x montant de l’amende risquée (voir encadré Coup de pouce) Coût de l’entente = 0,1 x 20 000 000 Coût de l’entente = 2 000 000 euros 3. Avantage à participer à l’entente = 18 400 000 euros Coût de l’entente = 2 000 000 euros 18 400 000 > 2 000 000 Je décide de participer à l’entente car le coût de l’entente est beaucoup plus faible que les gains espérés.

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4. Si je dénonce les concurrents, il vaut mieux que je sois le premier à le faire. Tout dépend de la confiance que j’accorde aux autres concurrents membres de l’entente. Si je leur fais confiance, nous avons intérêt collectivement à ne pas dénoncer l’entente, mais si je sens que l’un d’entre eux pourrait être tenté par le programme de clémence, alors il faut que je sois le premier à la dénoncer. C

4

La disparité des subventions aux entreprises p. 135 Cette carte de l’Union européenne permet de visualiser les pays dans lesquels la pratique de subventions aux entreprises est la plus soutenue. Elle permet également de faire des comparaisons à l’échelle des 28 pays membres de l’Union européenne en 2018. 1. Selon la Commission européenne, en 2018, les aides d’État aux entreprises représentent 0,76 % du PIB en France. 2. Les pays européens qui aident le plus leurs entreprises sont en grande partie des pays situés à l’Est : l’Allemagne (1,31 % de son PIB), la Pologne (1,59 %), la République tchèque (1,51 %), la Hongrie (2,67 %), la Bulgarie (1,48 %) et la Lettonie (1,77 %). Cela peut s’expliquer par le fait que ces pays se caractérisent encore par une économie industrielle qui nécessite des investissements lourds et donc peu rentables, si aucune Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

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aide n’est accordée. Cela peut s’expliquer aussi par la concurrence de pays hors Union européenne proches de leurs frontières : Ukraine, Biélorussie, Turquie. 3. Les chemins de fer, les réseaux de communication, la recherche scientifique et médicale sont autant de secteurs générant des externalités positives et justifiant des aides d’État (subventions). S’ENTRAÎNER

p. 135

1 Autoévaluation Dans l’Union européenne, la politique de la concurrence contrôle les possibilités de fusions des entreprises et les pratiques anticoncurrentielles afin d’empêcher les abus de position dominante et les ententes. Elle interdit par principe les aides d’État, mais autorise par exception certaines si elles favorisent des externalités positives comme la production de services d’intérêt général, l’innovation et la protection de l’environnement. Cette politique est parfois accusée de remettre en question les services publics et de handicaper les entreprises européennes, confrontées à des concurrents soumis à des législations plus souples en Chine et aux États-Unis.

2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire La politique européenne de la concurrence repose sur trois règles : la concurrence libre et non faussée doit être observée sur les marchés ; les subventions aux entreprises par les États sont interdites, à l’exception des secteurs source d’externalités positives ; la Commission européenne exerce un droit de veto à l’égard de fusions entre entreprises d’un même secteur. Ces trois règles ont pour objectif de réguler les pratiques anticoncurrentielles dans l’Union européenne. C’est ainsi que Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, justifie le veto de la Commission européenne à la fusion entre Alstom et Siemens en février 2019. La lutte contre les pratiques anticoncurrentielles a pour but de favoriser l’intérêt du consommateur en évitant une captation du surplus du consommateur par le producteur, en cas d’abus de position dominante par exemple. Elle cherche donc à corriger les imperfections liées aux comportements des entreprises. De même, le programme de clémence est un instrument pour lutter contre la formation d’ententes entre entreprises. Il a prouvé son efficacité à de multiples reprises comme dans le cas des producteurs de légumes en conserve. Bonduelle a ainsi dénoncé l’entente à laquelle il appartenait, ce qui lui a permis d’échapper à l’amende. Néanmoins, la politique européenne de la concurrence admet plusieurs limites. Cette dernière apparaît régulièrement comme trop rigoureuse dans le cadre d’ententes entre entreprises européennes qui doivent faire face à la concurrence d’entreprises de grande taille au niveau mondial (entreprises américaines ou chinoises par exemple). C’est ce qu’ont reproché les gouvernements français et allemands à la Commission européenne dans le cadre de la fusion Alstom-Siemens. Enfin, la politique européenne de la concurrence est critiquée sur le montant des amendes qui peut sembler parfois bien faible au regard des gains engendrés par une entente, d’autant plus si celle-ci a été de longue durée. En effet, le coût de l’entente est souvent très inférieur aux gains espérés, d’où la forte incitation à constituer des cartels.

138 • I - Science économique

B

L’efficacité des politiques économiques dans l’Union européenne en question

DOSSIER  4 Comment la Banque centrale européenne mène-t-elle la politique monétaire ? p. 136-137

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Cette séquence aborde les mécanismes de la politique monétaire au niveau européen, avec ses effets dans la sphère réelle, ainsi que les différences qui sont constatées dans les choix d’orientation de ces politiques entre l’UE et les États-Unis. Elle mobilise aussi des savoirs vus en première dans le chapitre sur la monnaie. C

1

POUR COMMENCER La Banque centrale européenne (BCE) et l’Eurosystème p. 136 Cette vidéo est l’occasion de comprendre le rôle de la Banque centrale européenne ainsi que celui des banques centrales nationales des pays de la zone euro. Les élèves sont ainsi confrontés à la notion d’Eurosystème, qu’ils connaissent moins. 1. L’Eurosystème est constitué de la Banque centrale européenne et de toutes les banques centrales nationales des pays utilisant l’euro. 2. L’objectif principal de l’Eurosystème consiste à définir et mettre en œuvre la politique monétaire de la zone euro, en particulier maintenir une certaine stabilité des prix (inflation inférieure mais proche de 2 %) par an. 3. Les décisions importantes sont prises par le conseil des gouverneurs de l’Eurosystème. Il est composé des gouverneurs des banques centrales de la zone euro ainsi que des membres du directoire de la BCE. Les décisions sont prises de manière collégiale.

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Pour aller plus loin À propos de la Banque centrale européenne : organisation, missions, historique, etc. https://www.ecb.europa.eu/ecb/html/index.fr.html C

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Les effets de la politique monétaire sur la conjoncture p. 136 Ce texte d’une Note d’information de la Banque de France rend compte des canaux de transmission de la politique monétaire et ainsi de ses effets sur la conjoncture. Il s’appuie sur des connaissances de première sur la monnaie et le rôle de la banque centrale. 1. Les banques commerciales ont besoin d’emprunter de la monnaie centrale quand leurs réserves en monnaie centrale placées sur un compte tenu par la banque centrale sont insuffisantes. En effet, les clients des banques utilisent la monnaie placée sur leurs comptes auprès d’autres agents qui ne sont pas clients de la même banque. Et c’est la monnaie centrale qui circule entre les banques pour permettre ces règlements. 2. Une baisse des taux directeurs est répercutée par les banques commerciales sur les taux d’intérêt qu’elles pratiquent auprès des ménages et des entreprises lorsqu’elles accordent des crédits. En effet, plus elles empruntent à des taux bas, plus elles peuvent accorder des crédits à des taux d’intérêt bas à leurs clients, tout en conservant leur marge. Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

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3. La baisse des taux à court terme finit par influencer les taux à long terme car elle agit sur les arbitrages des agents économiques (ménages et entreprises) qui vont devoir faire un choix entre la multiplication d’emprunts à court terme et un emprunt à plus long terme. La concurrence entre les banques commerciales les conduit donc à faire converger les taux longs et les taux courts. Ainsi, plus l’anticipation porte sur le fait que les bas taux de court terme vont durer, plus les taux de long terme vont être bas également. 4. La baisse des taux à long terme incite les agents économiques à s’endetter, à faible coût, pour investir (investissements productifs des entreprises et achats immobiliers pour les ménages) ou pour consommer (ménages). En l’absence de hausse de l’offre (de la production), cette hausse de la demande provoque une hausse des prix. Mais l’effet global est partagé entre ces deux effets : hausse de la production et hausse des prix.

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EXERCICE Simuler la politique monétaire et ses effets p. 137 Cet exercice vise à tester la compréhension des effets d’une politique monétaire sur la sphère réelle. Les élèves sont ainsi confrontés aux difficultés propres à une zone monétaire et aux difficultés de coordination des politiques économiques. 1. La zone euro se caractérise en 2019 par une inflation moyenne très modérée de 0,7 %. Étant donné que son objectif est de se rapprocher des 2 %, la BCE devrait adopter une politique expansive, soit une baisse du taux d’intérêt directeur. 2.

Taux directeurs de la BCE

Taux d’intérêt des crédits à court terme et à long terme

Crédits

Demande globale (consommation et investissement)

Inflation Croissance et Emploi

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3. Chypre se caractérise en 2019 par une situation de déflation (-0,5 %) alors que les Pays-Bas ont une inflation de 2,8 %, soit supérieure aux objectifs fixés par l’Eurosystème. Ainsi, une politique monétaire expansionniste peut être bénéfique à Chypre en sortant le pays de la déflation, mais risque d’aggraver l’inflation néerlandaise. C

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Des politiques monétaires similaires aux États-Unis et dans l’UE ? p. 137 Ce graphique présente l’évolution conjointe des taux directeurs de la BCE et de la FED. Ainsi, les élèves peuvent prendre conscience des différences dans les choix opérés par les deux banques centrales. 1. En 2018, le taux directeur de la BCE est de 0 % alors que celui de la FED est de 1,25 %. 2. Depuis 1999, on peut distinguer quatre grandes périodes d’évolution des taux directeurs. Entre 1999 et 2001, la FED et la BCE font le choix d’augmenter les taux directeurs avant d’entamer une forte baisse entre 2001 et 2004 (le taux de la FED a été divisé par 6). La période 2004-2008/2009 se caractérise par une augmentation des taux directeurs, avant que la crise économique et financière de 2008 n’entraîne à nouveau une forte baisse des taux atteignant des niveaux historiquement bas (0 % pour la BCE). Pour la FED, il est possible d’observer une cinquième période : hausse des taux directeurs à partir de 2016. 3. La BCE semble moins réactive que la FED. On le voit à la fois en 2008 où la réaction de la FED est immédiate après le début de la crise financière, alors que la BCE n’amorce une décrue des taux directeurs qu’à la fin de l’année 2008/au début de 2009. En outre, la politique monétaire de la FED est plus ample, à la hausse comme à la baisse des taux directeurs, que celle de la BCE.

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Pour aller plus loin Vidéos : « La politique monétaire conventionnelle » et « La politique monétaire non conventionnelle », Cité de l’économie, avril 2016 (voir page 149 du manuel). S’ENTRAÎNER

p. 137

1 Autoévaluation 1. Faux. Les taux d’inflation diffèrent entre les pays. 2. Faux. Elle vise une inflation inférieure mais proche de 2 %. 3. Vrai. 4. Faux. Elle a tardé à baisser les taux d’intérêts directeurs, et les a même remontés fin 2011.

2 Étude d’un document La Banque centrale européenne a fait le choix, depuis la crise économique et financière de 2008, de diminuer, comme la FED, ses taux directeurs dans l’espoir de relancer la demande globale (consommation et investissement) et ainsi d’éviter à la zone euro le risque d’une déflation accompagnée d’une faible croissance et d’un chômage élevé. Jusqu’en 2014, on observe cependant que la politique monétaire européenne est moins expansionniste que celle de la FED puisque les taux européens restent durablement supérieurs à ceux de la FED de 2009 à 2013. Alors que la FED a maintenu, sans hésiter, son taux à 0,25 % de 2008 à 2015, celui de la BCE a fluctué entre 1,5 et 0,5 % avec même un resserrement en 2011. En revanche, depuis 2014, les deux politiques monétaires se sont remises à diverger et celle de la BCE est devenue encore plus expansionniste alors que celle de la FED est redevenue plus restrictive à partir de 2016. Ainsi, en 2014, la BCE aligne son taux directeur à 0,25 % sur celui de la FED mais dès la fin 2014, la BCE diminue son taux à 0,15 % en dessous de celui de la FED qui reste à 0,25 %, cette situation perdurant toute l’année 2015. Mais en 2016, alors que l’Europe s’enferre dans le spectre déflationniste, la BCE diminue son taux à 0 % pendant que la FED remonte successivement son taux directeur pour atteindre 1,25 % en 2018, du fait d’un léger retour des tensions inflationnistes aux États-Unis. Depuis 2012, en comparaison de la FED, la BCE mène donc bien une politique monétaire de plus en plus expansionniste puisqu’elle cherche à relancer l’activité économique par une baisse résolue des taux directeurs. Mais le fait que sa politique monétaire soit de plus en plus expansionniste témoigne aussi de sa difficulté à obtenir les résultats escomptés.

DOSSIER  5 Comment les politiques budgétaires agissent-elles sur la conjoncture ? p. 138-139 Cette séquence aborde les politiques budgétaires au sein de l’Union européenne ainsi que les règles qui les régissent. C’est l’occasion pour les élèves de mieux comprendre les mécanismes de transmission des politiques économiques sur la croissance économique, l’inflation, ou encore les conséquences de politiques restrictives ou expansionnistes en remobilisant certaines connaissances vues en première dans le chapitre sur le financement de l’économie.

Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

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POUR COMMENCER Le Portugal, miracle ou mirage économique au sein de l’Union européenne ? p. 138 Cette vidéo montre l’originalité des choix budgétaires opérés par le Portugal dans un contexte post-crise financière. Cela donne un aperçu des conséquences des politiques budgétaires sur l’économie réelle. 1. La croissance économique du Portugal est assez élevée (2,3 % en 2018) et le taux de chômage a été divisé par deux entre 2013 et 2018 : 8 % en 2018. Son déficit public diminue également mais la dette publique augmente. 2. La politique budgétaire menée par le gouvernement portugais est une politique expansionniste de relance de l’activité économique.

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3. Les inquiétudes mises en évidence par l’économiste portugais sont que la baisse du chômage actuelle est due à la mise en place de contrats courts et précaires (les CDD représentent 22 % des emplois, un record) et que les emplois créés, notamment dans le tourisme, sont souvent des emplois faiblement rémunérés et de basse qualification. En outre, les jeunes diplômés peinent toujours à trouver un emploi. Cela revient à dire que la situation de l’emploi n’est pas stabilisée. C

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Comment la politique budgétaire peut-elle stabiliser la croissance ? p. 138 Ce texte issu du site viepublique.fr est un document technique expliquant le rôle de stabilisateur automatique du budget de l’État et la capacité d’un déficit budgétaire à stimuler l’activité économique à court terme. 1. Le budget d’un État varie en fonction de la conjoncture économique. En effet, lorsqu’on observe un ralentissement économique, mécaniquement, les dépenses publiques augmentent du fait de la hausse des bénéficiaires du chômage et des minima sociaux, et les recettes fiscales diminuent du fait de la baisse de la consommation (recettes de TVA) et des revenus (baisse des recettes de l’IRPP et l’IS). Les dépenses publiques ont un rôle de soutien à l’activité économique, évitant ainsi un cercle vicieux de baisse continue de la demande. De même, en période de croissance économique, l’augmentation des recettes publiques vient freiner l’accélération de la croissance économique et de l’inflation. 2. L’État peut également agir volontairement, en plus de l’effet mécanique des stabilisateurs automatiques, en faisant le choix d’« augmenter certaines dépenses publiques » ou de « diminuer certaines recettes » de manière à stimuler la consommation et l’investissement des agents économiques, c’est ce qu’on appelle une politique macroéconomique de relance.

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3. Le déficit public est financé par l’endettement et par l’augmentation des recettes fiscales générées soit par choix politique, soit par l’augmentation de la demande des agents économiques qui se traduit à N+1 par une augmentation des impôts. Le danger pour l’État est de s’endetter davantage chaque année du fait de cumuls de déficits publics, et de voir son budget grevé par le versement des intérêts de la dette. C

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La nécessité de règles budgétaires dans la zone euro p. 139 Ce document permet aux élèves de comprendre les raisons qui ont poussé les États à faire le choix de règles budgétaires pour l’adoption de la monnaie unique. 1. L’aléa moral est une situation dans laquelle, après la signature d’un contrat, une des parties modifie son comportement au détriment de l’autre.

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2. Dans une zone monétaire intégrée, le « mécanisme de rappel » qui incite un État à ne pas laisser trop filer son déficit et sa dette publics disparaît. En effet, le risque que les marchés financiers sanctionnent le pays et fassent chuter la valeur de la monnaie est beaucoup plus faible étant donné que l’effet de ce déficit est faible sur l’ensemble des économies de la zone monétaire.

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3. Les deux règles que doivent respecter les pays de la zone euro sont un déficit public inférieur à 3 % du PIB et une dette publique inférieure à 60 % du PIB. N. B. : L’encadré complète les connaissances sur les règles budgétaires, car ces deux critères biens connus ne correspondent qu’au « volet correctif » des règles européennes. En effet, un « volet préventif » a été ajouté entre 2011 et 2013 suite à la crise des dettes souveraines de pays de la zone euro. C

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Une dette publique sous contrôle ? p. 139 Ce graphique sur l’évolution de la dette publique est l’occasion de faire des comparaisons entre le Japon, les États-Unis et l’Union européenne, et d’utiliser la notion de points de pourcentage. Il est nécessaire d’attirer l’attention des élèves sur la double échelle en ordonnée. 1. Selon les données de la Commission européenne et de l’OCDE, la dette publique moyenne des États de l’Union européenne atteignait 86 % du PIB de l’UE en 2017. 2. L’augmentation des dettes publiques aux États-Unis et dans l’Union européenne à partir de 2007 s’explique, d’une part, par l’effet de stabilisateur automatique du budget public et, d’autre part, par l’intervention massive des États dans l’économie afin de lutter contre les effets néfastes de la crise économique et financière de 20072008. Ces deux faits ont entraîné une hausse des déficits budgétaires qui a dû être financée par de l’endettement public supplémentaire. 3. L’augmentation de la dette publique peut se mesurer à l’aide d’un taux de variation. Pour le Japon : (235 – 180)/180 soit une augmentation de 30,55 %. Pour les États-Unis = (108 – 65)/65 soit une augmentation de 66,15 %. Pour l’Union européenne : (86 – 60)/60 soit une augmentation de 43,33 %. Le pays dans lequel la dette publique a le plus augmenté depuis 2007 est donc les États-Unis. 4. La hausse de la dette publique n’a pas forcément nui à la croissance économique, elle peut même l’avoir soutenue en évitant que l’économie n’entre dans le cercle vicieux d’une véritable dépression suite à la récession de 2008-2009. S’ENTRAÎNER

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1 Autoévaluation 1. Faux. Les politiques budgétaires sont décidées au niveau national mais contraintes par des règles budgétaires européennes. 2. Faux. La dette publique des pays européens (mesurée par le ratio dette/PIB) a augmenté fortement depuis 2008 de plus de 25 points de %. 3. Faux. Une grande majorité des pays de l’Union européenne adoptent des politiques budgétaires restrictives depuis la crise financière, mais pas tous (Portugal par exemple). 4. Vrai. Grâce à son volet correctif. 5. Faux. La monnaie unique peut favoriser les comportements d’aléa moral et donc de laxisme budgétaire.

Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

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2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire L’Union européenne, et en particulier la zone euro, ont mis en place des règles de manière à éviter les situations d’aléa moral de la part des pays membres. Parmi ces règles, deux concernent directement les politiques budgétaires. Il s’agit d’une règle sur le déficit public d’un État qui ne doit pas dépasser, en période normale, 3 % de son PIB et d’une règle sur la dette publique qui ne peut excéder 60 % de son PIB. Or, ces règles peuvent avoir des effets néfastes sur la croissance économique des États membres. En effet, un pays comme le Portugal lourdement touché après la crise économique et financière de 2007-2008 a décidé de creuser son déficit public afin de relancer son activité économique. En augmentant les dépenses publiques, il a réussi à faire augmenter la demande globale des agents économiques et à stimuler ainsi l’activité économique. L’augmentation de l’activité économique a alors permis de réduire ce déficit public (recettes publiques > dépenses publiques) et lui assure en 2018 une croissance économique de plus de 2 %. À l’inverse, de nombreux pays de la zone euro ont mis en place des mesures d’austérité qui ont durablement affecté le pouvoir d’achat des ménages, et donc la demande globale. C’est le cas de la Grèce qui a le plus subi ces mesures douloureuses. Son taux de croissance a été négatif à neuf reprises entre 2007 et 2018. Enfin, l’endettement limité à 60 % du PIB réduit fortement les marges de manœuvre des pays ayant un endettement déjà élevé et qui ne peuvent, théoriquement, se permettre de déficit public, se privant ainsi des effets de relance sur l’activité économique. La France a, en 2019, un taux d’endettement proche de 100 % de son PIB et la situation sanitaire de 2020 devrait entraîner un accroissement de cet endettement (autour de 115 % du PIB). Dans ces conditions, la relance de l’activité économique est compromise par la nécessité d’excédents publics à cumuler sur de nombreuses années pour ramener le ratio dette/PIB en dessous de 60 %. En conclusion, les règles budgétaires contraignent fortement les pays membres de l’Union européenne et de la zone euro puisque ceux qui s’en affranchissent ponctuellement voient leur situation économique et leur croissance augmenter plus rapidement que ceux qui appliquent des politiques d’austérité.

DOSSIER  6 Quelles sont les difficultés de coordination des politiques conjoncturelles dans la zone euro ? p. 140-141

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Cette séquence aborde les défauts de coordination des politiques conjoncturelles au sein de la zone euro, et notamment en cas de choc asymétrique ainsi que le manque de cohérence entre une politique monétaire unique définie par la BCE et des politiques budgétaires définies au niveau national. C

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POUR COMMENCER Des perceptions caricaturales entre peuples européens ? p. 140 Ces deux Unes de journaux grec et allemand de juillet 2015 sont un moyen de percevoir la distance culturelle et les tensions économiques qui peuvent exister entre deux pays membres de l’UE, lesquelles révèlent les difficultés de coordination au sein de la zone euro. 1. Les personnes représentées sur la Une de Der Spiegel sont un touriste allemand et un restaurateur ou hôtelier grec qui cherche à l’entraîner dans sa danse traditionnelle

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(le sirtaki). Sur la Une du journal grec, les deux personnes sont le Premier ministre grec en 2015, Aléxis Tsipras, et la chancelière allemande Angela Merkel. 2. La vision du peuple grec donnée par la caricature de Der Spiegel est que les Grecs sont un peuple insouciant, paresseux et noceur. Le journal grec voit en l’Allemagne un pays destructeur, responsable de la situation économique grecque. Le « à nouveau » renvoie aux périodes les plus sombres de l’histoire allemande (période nazie), Angela Merkel ayant souvent été caricaturée en uniforme nazi. 3. La Grèce a été très durement touchée par la crise financière qui a révélé aussi ses mensonges sur la réalité de sa dette publique. Afin d’éviter une sortie de la zone euro, la Grèce a dû mettre en place des mesures d’austérité drastiques, demandes portées en particulier par l’Allemagne, l’un des refinanceurs de la Grèce. Ainsi, pour une partie des Allemands, les Grecs sont de mauvais gestionnaires et des profiteurs alors que pour une partie des Grecs, les Allemands sont responsables des mesures draconiennes qui ont mis l’économie et la société grecques à genoux, en refusant de renégocier la dette afin de la rendre soutenable.

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Pour aller plus loin « Adults in the Room », film de Costa-Gavras, novembre 2019 (2 h 4 min) Bande-annonce en VF : http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19586144&cfilm=272251.html C

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Un problème de coordination entre politiques budgétaire et monétaire p. 140 Cette note du CAE évoque la réforme probable des règles budgétaires qui ont eu, depuis la crise financière, de multiples effets pervers. Ce document un peu technique confronte les élèves au vocabulaire des politiques économiques (soutenabilité, stabilisation de l’activité, etc.). 1. Les politiques budgétaires trop rigoureuses ont engendré une « austérité excessive », qui a prolongé et aggravé les effets récessifs de la crise économique et financière de 2008. Inversement, ces règles ont été insuffisamment contraignantes en période de croissance pour réduire les déficits et la dette. La politique budgétaire a donc aggravé les épisodes de récession et soutenu les expansions, sans préparer les finances publiques à l’arrivée d’une possible crise où des marges de manœuvre seraient nécessaires. 2. La politique monétaire a dû s’ajuster en prenant en charge la mission de stabilisation de l’activité économique, c’est-à-dire en prenant en charge, outre la maîtrise de l’inflation, le soutien de la croissance économique des États membres.

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3. Ce défaut de coordination entre politiques budgétaires nationales et politique monétaire européenne s’explique par des situations contradictoires entre pays de la zone euro, certains ayant besoin d’un soutien important de leur activité économique, d’autres moins. Mais cela s’explique aussi par une opacité dans les choix d’orientation des politiques économiques (« micro-management bruxellois », « cadre […] extrêmement complexe, peu transparent », etc.). C

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L’hétérogénéité des situations économiques dans l’Union européenne p. 141 Ce tableau statistique rend bien compte de l’hétérogénéité des situations économiques des pays de l’Union européenne à travers trois indicateurs : croissance économique, taux de chômage et taux d’inflation, permettant ainsi aux élèves d’effectuer des comparaisons et de distinguer des profils de pays. 1. Selon les données Eurostat et OCDE, en 2018, en Espagne, sur 100 actifs, 14,3 étaient au chômage. La même année en Roumanie, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 4,1 %. Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

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2. La France se caractérise en 2018 par un taux de croissance économique inférieur de 0,7 point de pourcentage à celui de l’Espagne (2,4 % contre 1,7 %). Le taux de chômage en France est cependant plus faible de près de 6 points (8,8 % contre 14,3 %). Enfin, l’inflation en France est légèrement plus élevée qu’en Espagne avec un taux de variation de l’IPC de 2,1 % contre 1,7 % pour l’Espagne. 3. La Grèce a un taux de chômage six fois supérieur à celui de l’Allemagne (18,5 % contre 3,2 %) en 2018 et son taux d’inflation est plus de deux fois inférieur (0,8 % contre 1,9 %). 4. L’Allemagne peut souhaiter une politique monétaire qui stabilise l’inflation, soit plutôt restrictive, étant donné qu’elle atteint pour sa part une inflation proche et inférieure à 2 %. Ce n’est pas le cas de la Grèce qui, quant à elle, a besoin d’une politique monétaire beaucoup plus expansionniste puisque son taux d’inflation n’est que de 0,8 % et son taux de chômage encore élevé en 2018 (18,5 %).

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5. Les pays qui pourraient être pénalisés par une politique monétaire restrictive sont les pays ayant une faible inflation, soit la Grèce mais aussi l’Irlande (0,5 %) ou encore l’Italie (1,1 %), et un taux de chômage élevé. C

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La zone euro peut-elle faire face à des chocs asymétriques ? p. 141 Ce document donne à voir les difficultés tant techniques que politiques qui empêchent la zone euro d’être une zone monétaire optimale. Là encore, le document donne l’occasion de confronter les élèves au vocabulaire économique. 1. Les critères de convergence que les pays ont dû respecter pour intégrer la zone euro sont au nombre de quatre : un déficit budgétaire inférieur à 3 % du PIB, une dette publique inférieure à 60 % du PIB, une inflation et des taux d’intérêt proches de ceux des autres pays. 2. La zone euro dispose théoriquement d’une main-d’œuvre mobile puisque les travailleurs ont la possibilité de circuler librement sur l’ensemble du territoire de l’Union européenne. Mais cela ne veut pas dire qu’elle soit mobile pour autant en pratique (barrière de la langue notamment). De même, des transferts budgétaires sont possibles pour faciliter le redressement d’une région mais ils font l’objet de vives contestations (« I want my money back » de Margaret Thatcher en 1979). La zone euro ne peut donc être une zone monétaire optimale du fait de ces résistances. 3. La politique monétaire étant unique, elle n’est pas en capacité de faire face aux différents chocs asymétriques qui pourraient, par définition, ne concerner qu’un seul pays. 4. Les politiques budgétaires sont donc les seules à pouvoir faire face à des chocs asymétriques mais les contraintes qui pèsent sur elles en matière de déficit et de dette publics rendent leur efficacité limitée. S’ENTRAÎNER

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1 Autoévaluation Dans la zone euro, la politique monétaire est unique et conduite de façon indépendante par la BCE, alors que la politique budgétaire est nationale mais contrainte par des règles budgétaires. En effet, le budget européen est très limité et les institutions de l’UE ne peuvent pas connaître de déficit ni emprunter pour le financer. Cette situation entraîne des défauts de coordination. La stabilisation de l’activité économique repose sur la seule politique monétaire, alors que les politiques budgétaires sont incapables de faire face à des chocs asymétriques. 146 • I - Science économique

2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire Les pays de l’Union européenne sont contraints par des règles budgétaires et, pour la zone euro, par une politique monétaire unique gérée par la Banque centrale européenne. Les difficultés auxquelles les pays européens doivent faire face tiennent à la fois aux manques de marges de manœuvre offertes par des règles budgétaires très strictes et à la diversité de leurs situations économiques. Nous allons donc étudier ici les difficultés pour les pays européens à coordonner leurs politiques économiques. Les marges de manœuvre pour les politiques économiques sont restreintes en zone euro. En effet, la mise en place de règles budgétaires sur le déficit public qui doit rester inférieur à 3 % du PIB nuit aux possibilités de relance économique par le biais d’une augmentation des dépenses publiques. C’est le cas, par exemple, de la Grèce dont le déficit public était trop élevé et qui a été contrainte de mettre en place des mesures d’austérité draconiennes à partir de 2010. Par ailleurs, la nécessité d’avoir une dette publique inférieure à 60 % du PIB limite les possibilités d’endettement pour les États, et donc de cumuler des déficits publics pour relancer l’activité économique. La dette publique de la France en 2019 atteint 100 % de son PIB et devrait atteindre plus de 115 % de son PIB à la fin 2020 du fait de la crise sanitaire. Par ailleurs, l’existence d’une politique monétaire unique supprime la possibilité pour les États d’utiliser le taux de change pour relancer leur activité. Par exemple, l’Italie a un taux de croissance économique de 0,8 % en 2019 et n’a pas les mêmes besoins de relance que l’Irlande dont le taux de croissance économique est de 6,9 %. Or, il s’agit de la même monnaie, l’euro. La politique monétaire unique ne peut donc à la fois satisfaire les objectifs de relance attendus par l’Italie et les besoins de l’Irlande. Enfin, les difficultés à coordonner les politiques économiques s’expliquent par la diversité des situations économiques. On vient de l’évoquer avec la Grèce, l’Italie et l’Irlande mais c’est aussi le cas, dans une moindre mesure, avec la France et l’Allemagne dont le taux de chômage est presque trois fois inférieur (8,8 % en France contre 3,2 % en Allemagne). Sachant que la baisse du taux de chômage est souvent liée à une augmentation du nombre d’emplois et à la croissance économique, la France est davantage en demande d’une politique monétaire expansionniste, alors que l’Allemagne peut souhaiter une politique monétaire restrictive. Ces différences économiques ne semblent pas aujourd’hui se résorber, au contraire, malgré l’idée selon laquelle l’harmonisation aurait pu, dans une zone monétaire optimale, intervenir ex post. Cela revient ainsi à faire le constat de l’absence de cette zone monétaire optimale comme l’exprime Jézabel Couppey-Soubeyran dans son article paru en 2017.

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En conclusion, les trop grandes différences dans les situations économiques des États membres ainsi que la rigidité des règles budgétaires nuisent à la capacité de coordination des politiques économiques.

Construire une carte mentale

Quelles conséquences économiques au Brexit ? p. 142 Présentation Cette activité vise à rassembler des informations provenant de plusieurs supports (écrit, audio, infographie) afin de les synthétiser sous la forme d’une carte mentale et avoir ainsi une vue d’ensemble sur un sujet d’actualité. Mise en œuvre L’activité se déroule en 55 minutes, en deux temps. Pour la mettre en œuvre, il est important d’avoir accès à une salle informatique ou à la diffusion d’un matériel audio en classe. La réalisation d’une carte mentale doit être individuelle, mais la première étape peut être réalisée en petits groupes. Chapitre 5 – Quelles politiques économiques dans le cadre européen ?

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ÉTAPE  1 COLLECTER LES INFORMATIONS QUANTITATIVES ET QUALITATIVES

1. et 2. Conséquences économiques probables d’un Brexit sans accord Conséquences commerciales – Augmentation de 50 % des prix des céréales et de la viande provenant du continent européen, du fait du retour de droits de douane (conséquences commerciales et financières). – Pénurie de carburants, de médicaments, de fruits et légumes. – Risque de devoir limiter les normes sanitaires britanniques visà-vis des États-Unis par exemple. – Risque de privatisation du NHS (système de santé britannique) pour arracher un accord commercial avec les États-Unis.



ÉTAPE

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Conséquences financières – Les services britanniques seraient également impactés par un hard Brexit, en particulier la City mais pas seulement : 2 500 000 emplois menacés.

Conséquences industrielles – Disparition de la production de véhicules britanniques (exemple : Mini Cooper) ou, a minima, pertes importantes de l’industrie automobile britannique (conséquences industrielles et commerciales). – Files interminables de camions aux frontières britanniques : retards de livraisons. – L’industrie britannique a une chaîne de production très intégrée, donc risque d’arrêt de la production en cas de pénurie de composants importés.

ÉLABORER LA CARTE MENTALE

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Utiliser la Fiche méthode 5 « Construire une carte mentale » (pages 376-377). Conseils complémentaires : – L’outil carte mentale, de plus en plus utilisé au collège, est un procédé alternatif de prise de notes, de réalisation d’une fiche de révisions, d’analyse d’un sujet, de brainstorming. Cependant, il ne convient pas à tous les élèves : pour certains, cela va représenter un outil très utile, pour d’autres, qui n’arriveront pas à construire une carte mentale, l’outil est inutile. Il est donc conseillé de l’indiquer aux élèves comme une possibilité et non comme une panacée pour toutes et tous. – Il est important que les élèves parviennent à repérer et isoler les mots clés du cours et à les relier du général (près du centre de la carte) au particulier (vers la périphérie). – Les premières branches correspondent aux grandes parties dans un plan de cours et les branches suivantes aux sous-parties. – L’utilisation de codes couleur et de symboles ou petits dessins améliore l’efficacité de la carte mentale ; incitez vos élèves à la créativité.

Rédiger un texte argumenté

Des règles budgétaires européennes trop contraignantes ? p. 143 Présentation Cette activité vise à revenir sur les débats actuels autour des règles budgétaires qui sont souvent brandies lors des débats politiques par les partis eurosceptiques. Ainsi, les élèves seront davantage en capacité de se créer une opinion plus éclairée à ce sujet. L’argumentation nécessaire à cette opinion est aussi un bon exercice tant pour la rédaction d’une réponse à un sujet de type « raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire » que pour la préparation du Grand oral. Mise en œuvre L’activité se déroule en 55 minutes, en deux temps. Afin de pouvoir mettre en œuvre l’activité, il est nécessaire d’avoir accès à du matériel informatique (visionnage de la vidéo). Le visionnage de la vidéo peut être collectif ou individuel.

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ÉTAPE

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ÉTUDIER LES DOCUMENTS

1. Les trois règles qui contraignent les finances publiques des États membres sont : - un déficit public inférieur à 3 % du PIB ; - une dette publique inférieure à 60 % du PIB ; - un déficit structurel inférieur à 0,5 ou 1 % du PIB selon le niveau de la dette publique. 2. La Commission européenne s’inquiète du projet de plan budgétaire de la France dont les efforts pour réduire son déficit public et sa dette publique sont jugés insuffisants. Pour l’Italie, c’est le niveau excessif de sa dette publique qui est pointé du doigt. 3. Sur la période 2011-2015, huit pays de la zone euro respectaient la règle des 3 %, soit un peu moins d’un pays sur deux (8/19 e ; 42 %). En 2018, seule Chypre ne respectait pas la règle, soit 1/19e (5,3 %). ÉTAPE

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SYNTHÈSE

Paragraphes AEI : Les trois règles budgétaires contraignent les marges de manœuvre des États membres. En effet, tant la règle concernant le déficit public (< 3 % du PIB) que celle concernant la dette publique (< 60 % du PIB) ou encore le déficit structurel (