Roches et Paysages de la Corse

(from front matter) L’ambition de cette plaquette est de présenter simplement la géologie de la Corse, de la faire compr

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French Pages 144 [149] Year 1983

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Table of contents :
ROCHES ET PAYSAGES DE LA CORSE
SOMMAIRE
CHRONOLOGIE DES PHÉNOMÈNES GÉOLOGIQUES REMARQUABLES
EN AVERTISSEMENT
PRÉSENTATION
DES ROCHES ET DES PAYSAGES
GÉNÉRALITÉS
LES ROCHES MAGMATIQUES
LES ROCHES SÉDIMENTAIRES
LES ROCHES MÉTAMORPHIQUES
A LA RECHERCHE DU TEMPS PASSÉ,
PRINCIPES ET MÉTHODES
DE L’OBSERVATION A LA THÉORIE
QUELQUES RÈGLES SIMPLES
L’UTILISATION DE TECHNIQUES MODERNES
ESSAI DE RECONSTITUTION DE L’HISTOIRE GÉOLOGIQUE DE LA CORSE
DU PRÉCAMBRIEN A LA FIN DU PRIMAIRE : LA FORMATION DE LA CORSE ANCIENNE
DU TRIAS A L’OLIGOCÈNE : LA FORMATION DE LA CORSE ALPINE
DU MIOCÈNE A NOS JOURS : LA CORSE RÉCENTE
DES ROCHES ET DES HOMMES
LES UTILISATIONS TRADITIONNELLES
LES UTILISATIONS MODERNES
LES RECHERCHES MINIÈRES EN CORSE
QUELQUES PROBLÈMES DE GÉOLOGIE APPLIQUÉE
A LA DÉCOUVERTE DE LA GÉOLOGIE DE LA CORSE
ITINÉRAIRES DANS LA CORSE ANCIENNE
ITINÉRAIRES DANS LA CORSE ALPINE
ITINÉRAIRES DANS LA CORSE SÉDIMENTAIRE
PETIT LEXIQUE
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES MATIÈRES
CARTE GÉOLOGIQUE
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Roches et Paysages de la Corse

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PARC NATUREL REGIONAL ROCHES ET PAYSAGES DE LA CORSE Découverte de la nature - N° 27

AVEC LE CONCOURS DU B.R.G.M.

Alain Gauthier

L’ouvrage que vous avez en mains fait partie de la collection des guides des Parcs Naturels de France.

Dans ce guide, vous trouverez trois sortes de textes :

En grands caractères romains, un texte qui vous permettra d’avoir une vue d’ensemble sur la géologie de la Corse. En grands caractères italiques, des citations et des précisions vous offrent la possibilité d’approfondir vos connaissances. Enfin, en petits caractères, des textes dans la marge localisent des gisements de roches et éclairent le sens de certains mots.

SOMMAIRE En avertissement Présentation Des roches et des paysages A la recherche du temps passé, principes et méthodes Essai de reconstitution de l’histoire géologique de la Corse Des roches et des hommes A la découverte de la géologie de la Corse Lexique Bibliographie Table des matières

3 5 7

43 55 75 93 134 138 142

Photo de couverture : la côte occidentale. Cliché F. Desjobert. Au verso, récapitulatif chronologique des phé­ nomènes géologiques remarquables en Corse. Pour l’utiliser, gardez le rabat ouvert.

En page 2 de couverture, carte du relief. En page 3 de couverture, carte générale de la géologie de la Corse.

CHRONOLOGIE DES PHÉNOMÈNES GÉOLOGIQUES REMARQUABLES

1 : Seuls sont notés les étages utilisés dans le texte. - 2 : M.A. - Million d’Années.

PARC NATUREL REGIONAL DE LA CORSE ROCHES ET PAYSAGES

BUREAU DE RECHERCHES GÉOLOGIQUES ET MINIÈRES

EN AVERTISSEMENT

L’ambition de cette plaquette est de présenter simple­ ment la géologie de la Corse, de la faire comprendre, au travers d’observations locales, aux habitants de l’île ou à ses visiteurs d’un été. La difficulté essentielle d’un tel exercice consiste à trouver un juste équilibre entre une étude pour spécia­ liste et une approche qui, pour vouloir être simple, ris­ querait d’être caricaturale. • Les géologues professionnels estimeront ce travail trop schématique en regard de la complexité du sujet. Ils regretteront que la discussion de certains problè­ mes qui les opposent ne soit pas abordée. Ils nous feront sans doute grief d’avoir choisi entre plusieurs hypothèses, de n ’en avoir retenu qu ’une qui, ainsi privilégiée, risque de passer pour certitude en masquant la fragilité de certaines théories. • Les lecteurs “non spécialistes”, reprocheront à ce document d’être par moment difficile. Qu’ils ne recu­ lent cependant pas devant l’emploi, réduit au strict minimum, d’un vocabulaire technique. Ce vocabu­ laire acquis, ils auront alors la satisfaction de mieux saisir la logique d’un paysage, de mieux comprendre l’histoire géologique de la Corse. • Il leur faudra pour cela télescoper les siècles, car l’unité de temps, pour l’historien de la terre est le mil­ lion d’années. Et s’ils trouvent par trop abstraite, osée ou spectaculaire, notre reconstitution, qu’ils n’ou­ blient pas que la compréhension de ces phénomènes, résumés en quelques pages, a coûté beaucoup de tra­ vail et de temps à de nombreuses générations de géo­ logues ; qu’ils se souviennent, aussi, que la gestation de la terre s’est poursuivie tout au long de plusieurs centaines de millions d’années. • Tous se retrouveront pour apprécier comment les habitants de l’île ont su, de tout temps, faisant de la géologie sans le savoir, tirer partie de la nature de leur sous-sol. 3

Carte bathymétrique.

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PRÉSE N T A T I O N

La Corse est la plus montagneuse des îles de la Médi­ terranée occidentale : altitude moyenne 568 m ; 2710 m au Monte Cinto. Sa division administrative actuelle en deux départe­ ments coïncide grossièrement avec la ligne de partage des eaux — reprenant ainsi la vieille distinction gé­ noise entre “l’au-delà” et “l’en deçà” des monts —. La crête montagneuse qui prend en écharpe l’île du nord-ouest au sud-est est jalonnée de nombreux som­ mets dépassant 2000 mètres : Monte Cinto (2710 m), Monte Rotondo (2622 m), Monte d’Oro (2389 m), Monte Renoso (2352 m), Monte Incudine (2128 m). Les sommets du Cap ne dépassent guère 1300 m et la Castagniccia culmine à 1756 m au San Pedrone. La Corse est assez proche de la côte toscane (environ 90 km), dont elle n’est séparée que par des fonds peu * La signification importants : l’isobathe* — 200 m dans la région du des mots avec astérisque Cap Corse est seulement distante de 10 km de celle qui est donnée dans le lexique. entoure les îles tyrrhéniennes. Au contraire, la Corse est à 180 km de Nice et les fonds qui la séparent du continent français sont voisins de 2500 mètres. Le plateau continental à l’ouest de la Corse est très réduit — à 10 km de la côte la sonde indique déjà - 2000 m — et profondément entaillé par des canyons sous-marins situés dans le prolonge­ ment des fleuves. Au sud, l’île est séparée de la Sardaigne par le détroit de Bonifacio (12 km) parsemé d’îlots, dont les fonds ne dépassent pas 80 mètres. Classiquement on distingue, en géologie, la Corse oc­ cidentale et la Corse orientale. Les terrains qui consti­ tuent l’est de la Corse sont identiques à certains ter­ rains des Alpes, ce qui justifie le terme de Corse alpine utilisé pour décrire cette région. De même les terrains de l’ouest ont leurs équivalents dans les Maures et l’Estérel, vieux socle de l’ère Primaire. On parlera alors de Corse ancienne ou de Corse hercynienne*. La Corse occidentale et la Sardaigne sont formées en grande partie des mêmes roches. Aux yeux du géolo­ gue les deux îles constituent donc une même entité. La Corse occidentale est constituée, pour l’essentiel, de roches granitiques, mais aussi de roches volcani5

Géologie simplifiée.

ques et de roches métamorphiques. Elle comprend également quelques rares lambeaux de roches sédimentaires. La Corse orientale voit régner en maître les diverses variétés de schistes* et leur cortège de roches vertes*. La zone de contact entre Corse orientale et Corse oc­ cidentale est marquée par la “dépression centrale” qui joint l’embouchure du Regino, à l’est d’Ile-Rousse, à celle de la Solenzara et dont l’altitude ne dépasse jamais 600 mètres. Les plaines de l’est sont formées par des roches sédimentaires récentes. La comparaison de la carte géographique et d’une carte géologique confirme l’existence des deux grands ensembles cités ci-dessus. Les quatre grandes régions géographiques : Corse occidentale, dépression cen­ trale, Corse orientale et plaines, peuvent s’expliquer par l’existence de quatre grandes unités géologiques : Corse granitique, Corse schisteuse, sillon central de structure complexe, plaines sédimentaires.

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Haute vallée de la Restonica.

DES ROCHES ET DES PAYSAGES GÉNÉRALITÉS

La nature des roches corses est très va­ riée. La structure complexe de l’île juxta­ pose, sur une superficie réduite, des unités géologiques d’âge et de nature différents : elle permet au pétrographe* l’observation de diverses familles de roches, lui réservant même quelques gisements peu fréquents ailleurs dans le Monde. Cette grande diversité est la cause de la variété des paysages, de leurs contras­ tes de formes et de couleurs. C’est à sa géologie que la Corse doit la beauté de ses sites et son attrait touristique. “La beauté unique de la Corse pro­ vient justement de la variété du maté­ riel rocheux, profondément mis en va­ leur par une érosion en pleine activité en raison de la raideur des pentes et de l’abondance des eaux courantes. Les moindres différences de résistance des roches sont généralement soulignées et se marquent par des paysages haute­ ment contrastés”. Rondeau. Les roches qui affleurent en Corse peu­ vent être divisées en deux grands grou­ pes : • celles dont les éléments proviennent 7

Granites.

de l’intérieur du globe terrestre : les ro­ ches endogènes* ; • celles dont les éléments proviennent de la surface : les roches exogènes* ou sédimentaires. Les premières ont été soumises, à l’in­ térieur de l’écorce terrestre, à des con­ ditions de température et de pression telles qu’elles sont passées souvent par un état liquide : le magma*. Les moda­ lités de refroidissement de ces roches dites magmatiques permettent de dis­ tinguer celles qui se sont refroidies len­ tement en profondeur et apparaissent à la surface par suite des actions conju­ guées de l’élévation des continents et de l’érosion : les roches plutoniques*, et celles qui, arrivées à l’état liquide à la surface, se sont figées rapidement : les roches volcaniques effusives*. Quant aux secondes, elles se forment à la surface des continents ou sur le fond des océans, mais peuvent ultérieure­ ment être incorporées à des niveaux plus ou moins profonds de l’écorce. Un tel enfouissement n’est pas sans produire des transformations qui peu­ vent affecter les deux catégories de roches précédentes donnant ainsi nais­ sance à des roches différentes : les roches métamorphiques*.

LES ROCHES MAGMATIQUES LES ROCHES PLUTONIQUES DE LA CORSE OCCIDENTALE

Granite : du latin "granum" qui veut dire grain.

A tout seigneur tout honneur : le granite Le granite est la roche la plus abon­ dante de la Corse ancienne dont il constitue l’armature. C’est une roche grenue, c’est-à-dire dont les éléments sont visibles à l’œil nu et répartis de façon quelconque dans la roche. On y distingue des minéraux clairs et des mi­ néraux foncés ou colorés. Minéraux clairs : • le quartz : aspect de verre, de gros sel : élément très dur, il raye le verre et l’acier ; • le feldspath alcalin : de couleur beige, rose ou rouge, parfois sous forme de

grands cristaux. Sa variété la plus con­ nue est l’orthose* ; • le feldspath calcosodique ou plagio­ clase : de teinte en général blanche. En sciant et en polissant un morceau de roche, on obtient une lame mince. Sa faible épaisseur (3/100) de mm per­ met son observation par transparence au moyen d’un microscope polarisant. Les différentes sections des minéraux clairs et colorés n ’ont, en lumière pola­ risée, ni le même aspect, ni la même couleur, ce qui permet leur identifica­ tion. Minéraux colorés : • les micas : la variété la plus fré­ quente est le mica noir ou biotite, mais il existe aussi un mica blanc : la musco­ vite. Les micas apparaissent sous forme de cristaux qui se clivent facilement et se débitent en petites lamelles. • les amphiboles : la plus commune est la hornblende de couleur vert très foncé. • les pyroxènes : minéraux sombres plus trapus que les amphiboles, à sec­ tions octogonales. Les minéraux clairs et colorés sont tous des silicates, c’est-à-dire des associa­ tions de silice avec d’autres éléments chimiques. Le quartz est de la silice pure, le felds­ path alcalin résulte de la combinaison de silice, d’alumine et de minéraux al­ calins contenant du potassium ou du sodium. Dans les feldspaths calcosodiques le calcium remplace le potassium. Les minéraux colorés contiennent, en plus des éléments existant dans les mi­ néraux clairs, du fer et du magnésium. Ils sont, pour cela, appelés ferromagnésiens.

Lame mince dans un granite.

Quand elle est bien cristalli­ sée, la hornblende apparaît sous forme de baguettes à section hexagonale.

Les pyroxènes sont dans les granites.

rares

Les variétés de granite : abondance mais pas monotonie “Remarquable par son extrême simpli­ cité, (le granite) offre une variété infi­ nie dans la combinaison de ses élé­ ments. La disposition et la proportion de ses constituants, sa résistance, sa couleur, varient avec chaque monta­ gne ; au sein d’un même massif le changement s’opère d’un pas à l’autre 9

Pegmatite, région d’Evisa.

Granite porphyroïde et aplite.

On rencontre les granites al­ calins dans la région de Bonifato, dans la forêt de Lindinosa, à Tolla et dans les aiguil­ les de Bavella.

De très beaux exemples de granite porphyroïde sont visi­ bles entre Sagone et Cargèse le long de la route nationale.

et pourtant les roches se ressemblent toujours”. Goethe, 1784. La diversité du granite est très grande. Pour l’amateur, le plus facile est de distinguer les différents granites d’après les proportions des minéraux clairs et foncés, la taille et la forme des éléments constitutifs, la présence de minéraux particuliers.

Variétés différant par la taille ou la forme des minéraux Les aplites* sont des granites à grains très fins, en général de couleur claire car pauvres en minéraux ferromagnésiens. Au contraire, dans les pegmatites* les cristaux atteignent de très grandes tail­ les. Dans le granite porphyroïde* le felds­ path alcalin est présent sous forme de gros cristaux pouvant atteindre plu­ sieurs centimètres, alors que les autres éléments ont une taille plus réduite. Variétés différant par les proportions ou la nature des feldspaths Parmi les granites comprenant deux feldspaths on distingue suivant leur proportion relative : • des granites subalcalins où la quan­ tité d’orthose est supérieure à celle du feldspath calcosodique ; • des granites monzonitiques où or­ those et feldspath calcosodique sont en quantité égale ; • des granodiorites où il y a plus de feldspath calcosodique que d’orthose. Une des particularités géologiques de la Corse est l’abondance dans son soussol de granites alcalins et hyperalcalins, extrêmement rares ailleurs en Europe. Ces granites ne contiennent que des feldspaths alcalins* et l’abon­ dance du sodium dans ces roches pro­ voque l’apparition de minéraux ferromagnésiens inhabituels riebeckite* (am­ phibole) ou aegyrine (pyroxène). Grenues mais pas granites : les autres roches plutoniques Les proportions respectives des diffé­ rents minéraux peuvent varier beau-

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coup dans les roches grenues, de telle sorte que certaines ne correspondent plus à des granites (quartz - feldspaths mica et/ou amphibole), bien qu’elles soient toujours formées de silicates sous forme de cristaux visibles et donc qu’elles proviennent d’un magma par refroidissement lent. Les principales sont : • Les syénites Ces roches claires sans quartz renfer­ ment des cristaux de feldspath potassi­ que et un minéral ferromagnésien, en général une amphibole.

Les syénites constituent le massif du Tritore, mais se trou­ vent aussi à Matoni près d’Ajac­ cio. Dans ce cas on note la présence de gros cristaux centimétriques de feldspath et deux silicates, l’épidote* vert clair et la chlorite* vert plus foncé, qui remplacent l’amphibole.

Diorite, vallée du Manganello.

• Les diorites Les diorites constituent dans le Sud de l’île de nombreux petits amas, mais on les connaît aussi dans la région des îles Sanguinaires, dans la vallée du Manganello, etc... Elles sont formées par l’association d’un feldspath calcosodique et d’une amphibole de type hornblende. La chlo­ rite* y est assez fréquente. La présence dans une variété de minéraux orientés donnant naissance à des orbicules a rendu célèbre le site de Santa Lucia di Tallano. Dans la diorite orbiculaire le noyau des orbicules est formé d’une diorite classi­ que, il est entouré d’une ou plusieurs enveloppes feldspathiques blanches, chacune avec un liseré externe concen­ trique d’amphibole. Les plus beaux orbicules peuvent atteindre plusieurs centimètres et être formés de 6 à 8 enveloppes concentriques.

• Les gabbros Associés aux diorites, les gabbros sont localisés dans le sud-ouest de l’île dans le secteur Olmeto - Santa Lucia - Carbini, mais aussi dans la région d’Ota et dans le massif du Tenda. Ils sont formés de feldspaths calcosodiques, de pyroxène en général trans­ formé en amphibole et en chlorite.

Diorite orbiculaire.

Gabbro, plage de Tradicetto.

En réalité les roches grenues ne se ré­ duisent pas aux quelques types que nous venons de décrire. Un tel décou­ page est nécessairement artificiel. Il existe dans la nature toute une série de roches intermédiaires entre les granites et les diverses roches plutoniques. Mise en place d’un batholite granitique. 1. Terrain encaissant. 2. Auréole du métamorphisme de contact. 3. Filons. 4. Enclave des terrains encaissants. 5. Bordure figée granite à grain fin. 6. Granite.

Origine des granites et des roches plutoniques

Mélange magmatique.

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Cas général Les roches plutoniques proviennent de la fusion de matériaux situés à la base de l’écorce terrestre ou légèrement en dessous dans le manteau supérieur. Ces magmas, en général moins denses que les roches qui les surmontent, ont tendance à monter dans la croûte ter­ restre. Leur ascension, très lente, se fait de plus en plus difficilement au fur et à mesure qu’ils se rapprochent de la surface. En se refroidissant ils devien­ nent en effet de moins en moins plasti­ ques et passent progressivement de l’état liquide à l’état solide. Les bordures de la masse magmatique, en contact avec des roches plus froides, vont se refroidir plus rapidement que le cœur, provoquant l’apparition d’une zone périphérique à grain fin : la bor­ dure figée. Des blocs peuvent être “di­ gérés” par le magma, y disparaître to­ talement modifiant ainsi localement la composition de celui-ci ou y consti­ tuant des enclaves. Au contraire la masse magmatique va réchauffer les roches environnantes et y provoquer l’apparition de minéraux qui ne se forment qu’à haute tempéra­ ture. Cette “cuisson” n’affecte que les environs du massif : l’auréole de méta­ morphisme de contact.

Cas particulier de la Corse En Corse la variété des granites peut être expliquée par diverses hypothè­ ses : • Au sein d’un même magma le refroi­ dissement provoque, par cristallisation fractionnée, une séparation en deux ou plusieurs ensembles de nature chimi­ que différente. Il donne des roches qui bien que dissemblables, conservent un certain air de parenté. • Plusieurs magmas se sont mis en place de façon synchrone. Ils se sont refroidis en s’interpénétrant, mais sans se mêler, donnant naissance à des struc­ tures caractéristiques où des roches sombres, diorites et gabbros voisinent avec des roches claires, granites et gra­ nodiorites. • Les magmas se sont succédés au cours des temps géologiques, ils avaient des compositions chimiques différentes qui s’expriment dans les roches corses par des associations minérales particuliè­ res. C’est en invoquant la troisième hypo­ thèse que l’on explique la mise en place au sud d’une ligne Ajaccio-Vico-Belgodère d’une association calcoalcaline caractérisée par des intrusions de gra­ nites et de granitoïdes* assez riches en calcium et au nord de cette ligne d’une association subalcaline plus riche en potassium.

Des exemples du deuxième mécanisme sont visibles dans les régions d’Ota, des îles Sanguinaires, de Levie ou de Tizzano.

Les paysages granitiques en Corse L’érosion différentielle Le granite symbolise souvent la dureté, la résistance à l’érosion et donc la du­ rée. Cette affirmation n’est que par­ tiellement exacte, les granites pouvant, en fonction de leur composition miné­ ralogique, être très sensibles aux agents de l’érosion. Les granites y sont d’autant plus sensi­ bles qu’ils contiennent plus de miné­ raux colorés : biotite, amphibole, et de feldspath plagioclase, et moins de quartz et de feldspath potassique. En conséquence les granites clairs (leucocrates*) et alcalins, très pauvres en minéraux ferromagnésiens, forment dans l’île des reliefs hardis où la roche 13

Le col de Bavella et les aiguilles.

* On notera qu’en Corse on appelle Tuf l’arène en place. C’est la traduction présumée du mot corse "tuvu”.

apparaît à nu, alors que les granites à biotite et les granodiorites forment des reliefs déprimés, des collines molles re­ couvertes par un épais manteau de pro­ duit d’altération, l’arène granitique*. Les tranchées de routes montrent que ces arènes peuvent atteindre des épais­ seurs considérables : 10 mètres, voire plus. La stabilité des talus pose alors des problèmes de génie civil. “Capa­ bles d’emmagasiner l’eau, les arènes constituent de véritables pansements humides qui favorisent les progrès de la décomposition de la roche mère. Lorsque le granite reste enfoui dans un sol humide il se désagrège encore plus vite”. A. Godard.

On peut donc en Corse, tout au moins à basse et moyenne altitude, réaliser une cartographie géologique sommaire simplement en notant la vigueur du re­ lief (granites clairs et alcalins) ou sa mollesse (autres granites, gabbros). A Bavella par exemple, on remarque le contraste entre la verticalité des pre­ miers et le modelé doux des seconds. Il faut toutefois modérer cette opposi­ tion trop simpliste. Au-dessus de 1500 mètres les roches, sous l’action du gel, se débitent en fragments anguleux et donnent un modelé en aiguilles et en lames. Ainsi, le cirque du Rotondo (2300 m), bien que creusé dans des gra­ nodiorites, est-il très escarpé. 14

De même, à petite échelle, verra-t-on souvent des enclaves sombres, riches en minéraux ferromagnésiens théori­ quement plus fragiles, apparaître en relief dans un granite à gros grains. Dans ce cas c’est l’influence de la gros­ seur des grains qui est prédominante ; les enclaves à grains fins sont plus résistantes. Un cas particulier d’érosion des grani­ tes est la formation des dômes caracté­ risés par leurs flancs convexes et rai­ des, leurs grandes dalles rocheuses, lis­ ses et nues, le granite se débitant en écailles comme un oignon. C’est dans

Enclave dans un granite.

Spasimata, débit en "pelures d’oignon".

les granites alcalins résistants que ces formes apparaissent. Au col de Salto on peut contempler un paysage particulièrement caractéristi­ que à cet égard ; les flancs lisses du Capu alla Scalella tombent en une pa­ rabole parfaite sur la forêt de Lindinosa. D’après Brun et Al. Lorsqu’un fleuve entre dans un massif alcalin les versants se resserrent, la val­ lée devient gorge. Ainsi la Spelunca est un véritable trait de scie dans la partie 15

méridionale du massif de granite à rie­ beckite. “On peut s’étonner que les fleuves n ’aient pas contourné les massifs résis­ tants cherchant leurs voies dans des granites plus tendres. C’est que leurs lits passaient vraisemblablement jadis au-dessus du niveau d’affleurement des roches dures. Ils ont alors établi leur tracé dans les granites tendres puis rencontrant la masse intrusive résis­ tante ils n ’ont pu que continuer à s’en­ foncer sur place, creusant ainsi des gorges vertigineuses”. D’après Brun et Al. Les formes de détail Très développés dans toute la Corse au-dessous de 1500 m, ou plus localisés dans le centre et le sud, les tafoni* et les chaos de boules caractérisent le re­ lief insulaire. • Les boules On les rencontre dans les granites assez altérables pourvu que ceux-ci soient parcourus par des diaclases*. Formation des boules, d’après A. Rondeau.

Formation de boules.

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L’altération progressant à partir de ces diaclases, les arêtes et les coins sont plus rapidement détruits, permettant de passer d’un bloc anguleux à une masse arrondie. Poussée plus loin, l’altération se tra­ duit par une série d’écailles concentri­ ques en pelure “d’oignon” qui enve­ loppent progressivement le cœur ro­ cheux ; à terme le cœur lui-même at­ teint, la boule disparaît. En conséquence, pour expliquer les empilements plus ou moins branlants de boules, il faut invoquer d’abord une altération du granite recouvert par les arènes, ensuite le dégagement de cette arène.

Boules et tafoni dans les îles Cerbicale.

• Les tafoni Il s’agit de la forme d’érosion qui frap­ pera le plus le visiteur de l’île. L’ubi­ quité des tafoni, leur présence sur tou­ tes les variétés de roches, les sculptures fantasmagoriques qui leur sont dues, participent largement à l’originalité de nombreux paysages. Il s’agit de cavités de taille variable.

De tavone ou tavonu : trou en corse. Nous avons choisi l’orthographe la plus simple, un seul f, le singulier en u et le pluriel en i comme dans la lan­ gue corse.

“Localisées de préférence dans les endroits bien exposés, soumis à une intense évaporation de surface, où la moindre anfractuosité de paroi est sus­ ceptible de créer des différences d’humidité”. A. Godard. Le tafonu, qui peut débuter à partir de la disparition d’un cristal, se développe en s’agrandissant par l’intérieur et vers le haut, par désagrégation granulaire et libération de fines écailles.

L’eau et le vent paraissent être les mo­ teurs essentiels de la “tafonisation” par les alternances d’hydratation et de dessication et plus modestement par l’altération chimique. Au bord de la mer, la cristallisation du sel et l’aug­ mentation de volume qui en résulte semblent suffisantes pour provoquer la désagrégation granulaire dans les an­ fractuosités des rochers arrosés par les embruns. Cette désagrégation donne ainsi naissance à un relief en nid d’abeille

Formation de tafoni d’après A. Rondeau. 17

qui n’est, en définitive, qu’une somme de microtafoni.

Microtafoni.

Rongée par un tafonu une boule peut être réduite à l’état de simple coquille ; l’un des premiers géologues étudiant la Corse parle ainsi de la “chambre du géolo­ gue” dans laquelle il avait passé une nuit. De tout temps certains tafoni ont été aménagés par les bergers. • Les cannelures On les rencontre uniquement sur les parois raides et massives, il s’agit de sillons étroits et rectilignes orientés se­ lon la ligne de plus grande pente dans les granites les plus résistants sur les parois très arrosées (ex. Monte Tritore et massif de l’Ortolo), leur aspect mime certaines formations de pays calcaire et leur origine est mal connue.

Cannelures.

Les formes littorales “Les côtes rocheuses granitiques se si­ gnalent par les multiples découpures du dessin du rivage, tributaires du ré­ seau de diaclases”. A. Godard. Cette remarque est valable aussi bien à l’échelle de la Corse où l’on peut oppo­ ser la côte granitique découpée de l’ouest à celle sédimentaire rectiligne de l’est, qu’à plus petite échelle où se succèdent les caps formés de roches résistantes et les baies creusées dans des granites plus tendres. 18

LES ROCHES VOLCANIQUES DE LA CORSE OCCIDENTALE Si le magma liquide rencontre des fis­ sures, il peut atteindre la surface de la Terre où il se refroidit brutalement, donnant naissance à des roches volca­ niques qui sont les équivalents effusifs des roches plutoniques. En fonction de la composition chimi­ que du magma, en particulier de sa te­ neur en silice et de sa richesse en gaz, le dynamisme du phénomène volcanique sera variable. Si le magma est fluide et pauvre en gaz, il s’épanchera, à partir des points d’ali­ mentation, sous forme de laves et de coulées. Au contraire s’il est pâteux et riche en gaz il donnera surtout des pro­ duits d’explosion : les roches pyroclastiques : cendres et lapillis meubles ; cinérites ou tufs consolidés. Les roches volcaniques ont une struc­ ture différente des roches plutoniques. Le plus souvent seuls quelques cristaux baignant dans une masse homogène sont visibles à l’œil nu. Observée au microscope, la masse homogène appa­ raît formée de cristaux de très petite taille (structure microgrenue*), ou constituée de petits cristaux allongés les microlithes* ; il peut même arriver que la roche soit essentiellement com­ posée d’une matière non cristallisée : le verre volcanique. La présence de cristaux et de verre tra­ duit un refroidissement en 2 étapes, l’une assez lente dans la chambre mag­ matique ou au cours de la montée vers la surface (cristaux), l’autre très rapide à la surface (verre).

Les roches effusives Les rhyolites et les ignimbrites C’est dans la Corse du nord-ouest que l’on rencontre en abondance des roches volcaniques. Équivalents effusifs des granites, les rhyolites et les ignimbrites constituent l’essentiel de ce volca­ nisme. Les rhyolites* contiennent, dans un verre abondant et de couleur variée (du vert au rouge), des cristaux de quartz et de feldspath potassique et quelques rares minéraux ferromagnésiens.

magma fluide

magma plus pâteux

Structure d’une roche volcanique.

On rencontre les rhyolites dans la région du haut Asco, mais aussi dans la vallée du Fango. 19

Rhyolite fluidale.

Il est assez fréquent que le verre subisse en vieillissant une dévitrification, c’està-dire un début de cristallisation, qui se traduit par l’apparition de sphérolites*. Si ceux-ci atteignent une taille importante (1 à 10 cm) on aura affaire à une pyroméride*, verre rhyolitique qui renferme de nombreux sphéroïdes (vallée du Fango : pont génois, filon de la plage de Galeria).

Littéralement ignimbrite signi­ fie (ignis = feu ; imber = pluie) : pluie de feu. Il s’agit d’accumulation de débris vol­ caniques soudés à chaud. Au microscope, on découvre de nombreux fragments vitreux aplatis : les flammes.

Les ignimbrites*. Encore plus répan­ dues ces roches au nom barbare recou­ vrent près de 500 km2 et participent à l’édification des plus hauts sommets de la Corse. On y observe, à l’œil nu des cristaux de feldspath, quelques rares cristaux de quartz, le tout noyé dans une pâte.

Ignimbrites.

une nuée ardente

mise en place d’un dôme lorsque le magma est dégazé

“Les nappes ignimbrites sont formées par l’épanchement sur de grandes dis­ tances (plusieurs km) de magmas aci­ des (siliceux) riches en eau, dont la composition est généralement graniti­ que. Ces magmas, initialement saturés en eau à quelques kilomètres de pro­ fondeur, sont brutalement décompri­ més par le jeu de fissures qui s’ouvrent à leur toit. Il apparaît alors des bulles gazeuses qui font expansion et finis­ sent par se rejoindre à mesure que monte ce magma biphasique. Le maté­ riel qui s’épanche en surface est une sorte d’aérosol ou de mousse compor­ tant des fragments vitreux emballés dans un gaz, l’ensemble étant à une température de 600 à 700 degrés. Ce composé très mobile peut en quelques minutes recouvrir de vastes régions sur des épaisseurs de plusieurs dizaines de mètres. Une fois la progression arrê­ tée, les gaz s’échappent et les particules vitreuses peuvent se ressouder en for­ mant des roches compactes, que seul un examen détaillé permet de distin­ guer des coulées habituelles. Il s’agit en tout cas de formations bien distinctes des ponces ou cinérites qui retombent déjà refroidies après un parcours dans l’atmosphère”. Centre National de Télé-Enseignement. Vanves.

Rhyolites et ignimbrites ont sensible­ ment la même composition chimique et peuvent être issues d’un même magma, 20

mais leur mise en place correspond à des phénomènes éruptifs différents, davantage cataclysmiques pour les ignimbrites. La variété des ignimbrites est très grande. On a mis en évidence une dou­ zaine de séries caractérisées par leur couleur (verte, noire, violette, rouge) ou par d’autres caractères en particu­ lier la présence ou l’absence d’enclaves de nature variée arrachées aux terrains traversés par les magmas.

Les autres roches effusives • Les andésites.

Ce sont des roches vert sombre à patine blanchâtre, dans lesquelles apparais­ sent à l’œil nu des cristaux de feldspath calcosodique verdis et des minéraux ferromagnésiens (pyroxènes et amphi­ boles altérés en chlorite). Ce sont les équivalents effusifs des diorites.

Elles affleurent dans la région d’Osani sur la piste du col de la Croix, vers Vignola.

• Les dacites et les rhyodacites.

Il s’agit d’une série complexe consti­ tuée par des projections et des coulées. Ces dernières sont formées de laves sombres devenant verdâtres par altéra­ tion, riches en cristaux de plagioclase et en minéraux ferromagnésiens noyés dans une pâte finement recristallisée.

On les rencontre essentielle­ ment dans la presqu’île de Scandola.

• Les basaltes.

Ce sont soit des coulées franches, soit des pillow-lavas*. La roche est verte, pauvre en cristaux visibles à l’œil nu. Au microscope les microlithes de felds­ path sont abondants. Le pyroxène et l’olivine* sont altérés en chlorite.

Présents dans la presqu’île de Scandola sur la côte de la Cala di Ficaccia et aux bergeries de Piazzili Scandola.

• Les lahars.

Ils correspondent à d’anciennes cou­ lées de boues volcaniques, englobant des blocs de roches volcaniques ulté­ rieurement cimentés. Certains des blocs peuvent atteindre plusieurs dizai­ nes de m3 et le ciment arkosique et cen­ dreux présente des figures d’écoule­ ment. C’est la mise en mouvement par des pluies importantes de matériaux

Leur plus bel affleurement se situe sur la bordure occiden­ tale de la petite île de Gargalo (presqu’île de Scandola).

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Lahars.

volcaniques immédiatement après leur dépôt qui est à l’origine de la forma­ tion des lahars. Les roches filoniennes en Corse occidentale

Filons.

Les roches effusives ne se signalent pas uniquement par les produits de projec­ tion ou les coulées. L’érosion a mis à jour par endroits les conduits d’ali­ mentation qui reliaient la chambre mag­ matique à la surface. Ceux-ci affleu­ rent sous forme de filons* ou dyke*. Ainsi les nombreux filons que l’on ren­ contre dans la région de Galéria-Osani sont interprétés comme les cheminées d’alimentation des rhyolites et ignim­ brites. Ils peuvent, dans la vallée du Fango, représenter jusqu’à 50 % de la surface. D’autres peuvent être formés de roches plus sombres, où l’on distin­ gue souvent des cristaux de feldspath clairs et de petits cristaux ferromagnésiens dans une pâte microcristalline. Ces filons verts à bleu-noirs se présen­ tent généralement en creux du fait de leur grande altérabilité. La roche com­ mence par se fractionner en parallélé­ pipèdes qui, ensuite, s’altèrent en bou­ les desquamées caractéristiques. Le long du GR 20, entre les bergeries de Radule et de Tula, dans la haute vallée du Golo, on pourra observer dans le granite des filons de rhyolite, qui deviennent plus denses au fur et à

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mesure que l’on se rapproche du mas­ sif ignimbritique. Les paysages liés aux roches volcaniques Le promeneur ne découvrira pas dans le paysage Corse, comme dans le Mas­ sif Central la silhouette caractéristique d’un volcan. Nul cratère n’est présent au sommet du Cinto, pourtant consti­ tué par des roches volcaniques, et le lac du Cinto n’a été creusé que par un gla­ cier ! Cependant, les paysages du nordouest de la Corse ont une originalité certaine due à leur composition miné­ ralogique et à leur structure. Les cou­ leurs rouges et ocres dominent parmi

Au nord de Porto, Elbo.

les ignimbrites et les rhyolites qui cons­ tituent la région la plus élevée de l’Ile et forment une muraille difficile à franchir “la grande barrière”, où les crêtes dentelées, les pics, les aiguilles, les parois verticales, les versants abrupts, les vallées profondes et étroites sont les traits marquants de la morphologie. Les communications entre les vallées voisines se font encore par les anciens sentiers de transhumance qui emprun­ tent des cols rares et d’accès très diffi­ cile. Le sentier de Grande Randonnée (le GR 20) présente depuis Spasimata jusqu’à Bocca Minuta, en passant par le cirque de la Solitude, une de ses éta23

pes les plus spectaculaires, entièrement située dans Ies rhyolites et les ignimbri­ tes. Lorsque ces roches affleurent en bord de mer elles composent également des paysages remarquables. Ainsi la décou­ verte par mer de la presqu’île de Scandola avec ses falaises rhyolitiques, ses orgues de même nature, ses lahars, constitue un véritable régal pour les yeux et justifie pleinement la phrase du géologue Gueymard (1820) faisant de la Corse “l’Élysée de la géologie”.

LES ROCHES MAGMATIQUES DE LA CORSE ORIENTALE

(Du grec ophis = serpent).

Formation de pillow-lava.

Les roches granitiques ne sont pas tout à fait absentes du secteur oriental. On en trouve dans la région de Bastia et de Linguizetta mais on rencontre surtout des roches riches en minéraux ferromagnésiens ne possédant pas de quartz, donc plus pauvres en silice, plus basi­ ques que les granites. Ces roches forment des associations complexes où coexistent des roches grenues, microgrenues* et microlithiques* : les ophiolites*.

Les ophiolites en Corse Émergeant au milieu des schistes, for­ mant dans le paysage des reliefs abrupts et découpés et des gorges étroites, un ensemble de roches variées, essentielle­ ment caractérisé par sa couleur qui va du vert tendre au vert sombre constitue les roches vertes (pietri verdi) ou ophio­ lites. Les pillow-lava En de nombreux secteurs de la Corse alpine, mais plus particulièrement dans le Massif de Il’ nzecca, ou dans la vallée du Lagani, on observe des roches à l’as­ pect de coussins ou de sacs empilés. Tantôt ces sacs sont éclatés, tantôt ils sont emballés dans un ciment de verre volcanique. Si à l’œil nu on ne distingue en général pas de cristaux, le microscope révèle un certain nombre d’éléments corres­ pondant à la constitution d’un basalte.

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Pillow-lava, vallée de la Navaccia.

La réalité est d’ailleurs plus complexe car ces roches ont subi des transforma­ tions et au cortège minéralogique ini­ tial formé de microlithes de plagiocla­ ses, d’olivine et de pyroxène, se sont substitués de nouveaux silicates : al­ bite, chlorite, des amphiboles vertes et de l’épidote qui donnent à la roche sa teinte caractéristique. Dans certains cas un début de dévitrifi­ cation conduit à l’apparition de petites taches claires pouvant atteindre 1 cm : la roche est alors appelée variolite. Les dolérites Ce sont des roches qui se présentent soit sous forme de filons, soit sous forme de petits massifs. Leur composition est celle du basalte, mais leur structure est particulière. Les plagioclases forment des baguettes rec­ tangulaires appuyées les unes contre les autres et délimitant des intervalles rem­ plis par divers minéraux. Les ophiolites sont formées également par des roches grenues : les gabbros et les péridotites.

Les gabbros Il existe en Corse orientale de nom­ breux massifs constitués par des gab­ bros variés aux noms étranges : les troc­ tolites, les euphotides et les ferrogab­ bros. Les euphotides composées de gros cris­ taux de pyroxène à reflet bronzé, de 25

plagioclase, de rares olivines, sont très abondantes dans le massif de la Casaluna, au bois de Pineto et dans le Cap Corse.

Gabbro : euphotide, dans la vallée de la Casaluna.

Une variété d’euphotide est célèbre en Corse sous le nom de Verde di Cor­ sica : il s’agit de l’euphotide à sma­ ragdite* où les cristaux de pyroxène vert jade (smaragdite = émeraude) se détachent au milieu des cristaux de pla­ gioclase. Cette splendide roche peut être observée dans les galets du Fiume d’Alesani ou dans le Cap Corse entre la marine de Giottani et l’ancienne mine de Canari. Les péridotites et les serpentinites Dans le Cap Corse et en particulier au Monte Maggiore, il existe d’importan­ tes masses de péridotite, roche foncée, largement grenue, formée essentielle­ ment d’olivine et de pyroxène. On no­ tera que si les péridotites non altérées sont rares en Corse, on trouve de nom­ breux massifs de serpentinite qui cor­ respond au métamorphisme de ces péridotites.

Formation d’ophiolites en Corse.

La signification des ophiolites Le débit en coussin (pillow) des laves basaltiques a été retrouvé ces dernières années dans les fonds océaniques. On explique sa formation de la façon sui­ vante. La pellicule externe d’une coulée se re­ froidit brutalement ; la pression de la lave fluide située au-dessous fend la pellicule, la lave sort en petite quantité, mais n’a pas le temps de s’écouler et se 26

solidifie presque aussitôt : puis de nou­ velles fentes se forment... de petits pa­ quets de laves aux formes arrondies se superposent mimant ainsi des coussins empilés. Seul le contact avec l’eau permet un tel refroidissement : la richesse anormale de ce basalte en sodium et sa pauvreté inhabituelle en calcium font penser à un échange de ces deux substances en­ tre l’eau de mer et le basalte.

Au sein du magma précédent, proté­ gées par la croûte des “pillow” d’un refroidissement brutal, les molécules ont le temps de s’ordonner et l’on voit paraître les cristaux de pyroxène et de plagioclase dont l’association donne naissance aux gabbros. Les cristaux les plus lourds (certains pyroxènes et l’olivine) sont entraînés par gravité vers le bas de la chambre magmatique où ils par­ ticipent à l’édification des péridotites.

Les autres roches magmatiques Parmi les autres roches magmatiques on peut signaler : Le tuf ignimbritique de Capo Bianco Situé au nord de Bonifacio, en bordure de l’Étang de Balistra, il s’agit d’un tuf blanc, tendre, massif, formant falaise, de nature ignimbritique, dans lequel on observe des paillettes de mica noir et des grains de quartz. La cinérite d’Urbino Il s’agit d’un lit de cendres volcaniques intercalé dans les niveaux lagunaires de la région d’Urbino, que l’on peut obser­ ver dans la presqu’île et l’île d’Ur­ bino. L’étude des cristaux laisse sup­ poser que cette cinérite provient d’une éruption qui se serait produite dans la région de Naples, en Italie.

La minette de Sisco Elle peut être observée, sous forme d’un filon horizontal, en bordure de la route entre Erbalunga et Sisco, au ni­ veau de la Tour de Sagro. Cette roche contenant des traces de sulfure d’anti­ moine, on peut penser que sa mise en place est liée à celle des filons d’anti­ moine du nord du Cap Corse. 27

LES ROCHES SÉDIMENTAIRES

Sédiment : du latin sedere, s’asseoir.

Les roches magmatiques au contact de l’atmosphère et de l’hydrosphère vont subir une altération plus ou moins poussée, fonction des conditions cli­ matiques. Les constituants les plus résistants (si­ lice) et les moins solubles (argile) sont détachés des roches par les agents de l’érosion : après un transport plus ou moins long ils se déposent dans un mi­ lieu généralement aquatique (mer, lac, rivière) et donnent naissance à un sédi­ ment d’origine détritique. Les minéraux solubles fournissent des solutions diverses qui participent à la genèse des dépôts d’origine chimique à la suite de variations des facteurs qui conditionnent leur solubilité. Ils peu­ vent aussi être utilisés par des organis­ mes vivants pour l’élaboration de leurs tests ou de leurs squelettes. La mort de ces êtres vivants et l’accumulation de leurs restes donnent une roche d’ori­ gine biologique. Certaines roches sédimentaires peu­ vent avoir une origine mixte : détriti­ que, biologique et chimique. Ces roches se présentent souvent en couches superposées ou strates dans lesquelles on peut trouver des restes divers d’anciens êtres vivants : les fos­ siles.

LES ROCHES SÉDIMENTAIRES ACTUELLES Les phénomènes de sédimentation se produisent tous les jours sous nos yeux dans l’Ile : les arènes granitiques sont érodées par les eaux de pluie ; les schis­ tes et les roches dures se fragmentent sous l’action des variations de tempé­ rature et donnent naissance à des éboulis ; les calcaires et certains minéraux des roches plutoniques subissent une lente mais inexorable dissolution. Les matières libérées sont transportées par les cours d’eau. Les fleuves corses, ayant un régime tor­ rentiel, subissent de très fortes varia­ tions de débit et possèdent, lors des crues, pendant quelques heures ou quel28

ques jours, une capacité de transport considérable. Ils charrient alors, en suspension, sables et limons tandis que les blocs, les galets et les graviers sont roulés avec fracas sur le fond. Au cours des étiages par contre seules les subs­ tances dissoutes sont véhiculées, sans qu’elles altèrent, pour autant, la trans­ parence, à juste titre célèbre, des cours d’eau insulaires. Les rares plaines corses aux embouchu­ res des vallées ont ainsi été construites par les fleuves qui apportent, chaque année à l’automne et au printemps, les matériaux arrachés à leur bassin ver­ sant. Les éléments les plus fins, limons et argiles, participent, grâce aux eaux de débordement à la construction de la plaine. Les sables sont repris par les courants marins enrichis, de nombreu­ ses coquilles et distribués le long de la côte. Quant aux substances dissoutes elles vont soit enrichir en substances miné­ rales les eaux de mer, soit précipiter, participant à l’édification de dépôts pittoresques. Dans les régions calcaires telles celle de Bonifacio, mais aussi certaines zones schisteuses riches en bancs calcaires, l’eau chargée de gaz carbonique va dans un premier temps provoquer la dissolution du carbonate de calcium, puis à la suite, par exemple d’une élé­ vation de température, elle abandonne le carbonate et forme des stalagtites et des stalagmites dans les grottes ou donne naissance à des travertins à l’émergence des sources. Au nord de Bistuglio, en bordure de la nationale, un travertin grossièrement lité, de cou­ leur jaunâtre, renferme des moulages de débris végétaux parfaitement con­ servés où l’on peut reconnaître les feuilles de la végétation locale. LES ROCHES SÉDIMENTAIRES ANCIENNES

Le postulat de base Pour comprendre la genèse de ces ro­ ches, on admet implicitement que les conditions qui régissent la formation 29

Accumulation actuelle de coquilles.

"Pectens" dans la Plaine orientale.

des roches à l’heure actuelle sont les mêmes que celles qui régnaient au cours des temps géologiques. C’est le postulat de l’actualisme formulé par Hutton en 1775. Ce postulat peut permettre d’aller à la recherche des paysages du passé : on peut ainsi comparer les dépôts qui se forment à l’heure actuelle à la surface des continents ou au fond des océans avec les roches sédimentaires. On constate en effet que les roches sédimentaires gardent de nombreuses traces de leur origine : — les ondulations que l’on observe sur les plages ou dans les rivières (rides de plage ou de rivière) se rencontrent, fossilisées, dans certains dépôts an­ ciens ; — les lits entrecroisés que l’on peut voir sur certaines parois de carrières ou de falaises (ex. Bonifacio) sont caracté­ ristiques des dépôts éoliens ou marins de faible profondeur ; — les accumulations de coquilles ras­ semblées par les courants littoraux mi­ ment, à la cimentation près, les dépôts coquilliers de la plaine orientale. L’identification d’un dépôt marin ou continental permet de reconstituer les géographies anciennes et de montrer que la répartition des terres et des mers a changé au cours des temps géologi­ ques. Les restes des anciens êtres vivants (les fossiles) que ces roches peuvent contenir permettent de préci­ ser davantage les conditions de dépôt et de vie, transformant le géologue en paléogéographe* et en paléoécologiste. On remarquera que nos connaissances sur les conditions d’existence des orga­ nismes fossiles s’appuient essentielle­ ment sur les observations faites sur les êtres actuels qui leur sont apparentés. Il ne faut pas oublier toutefois que cer­ tains organismes se sont adaptés au cours des temps géologiques à des con­ ditions de vie nouvelles et que d’autres faute d’adaptation, ont disparu (ex. les dinosaures). Quelques exemples corses Les roches sédimentaires recouvrent environ le dixième de la superficie de la

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Corse, mais leur nature très variée con­ duit à présenter plusieurs exemples de dépôts en insistant sur le processus de formation, détritique, biologique, ou chimique, et sur le milieu de dépôt : terrestre, d’eau douce ou marin. Les argiles du Golfe d’Ajaccio En de nombreux points de la vallée de la Gravona et jusqu’aux environs du Pont de Péri, on rencontre des dépôts argileux qui contiennent, à Ajaccio et à Baleone, des fossiles. L’aspect en stra­ tes de ces dépôts est net. Celles-ci, plus ou moins épaisses, sont de nature sa­ bleuse ou argileuse. Il est clair, et les fossiles le confirment, que l’on a affaire à un dépôt en milieu aquatique d’un matériel provenant d’un relief graniti­ que érodé. Les fossiles prouvent que le dépôt s’est fait en milieu franchement marin à une certaine profondeur, à Campo del l’Oro. Par contre dans le gisement de Péri, le plus éloigné de la côte, à près de 10 km du rivage actuel et à plus de 150 mètres d’altitude, une alternance de couches peu épaisses de sédiments variés contenant par endroit des débris végétaux laisse supposer un dépôt dans un milieu littoral ou lagunaire peu agité. De plus l’existence, à Péri, d’encroûte­ ments riches en fer est la preuve d’un climat chaud et humide seul capable de fixer le fer dans de telles concrétions. On voit par cet exemple que les limites entre les terres et la mer varient dans le temps.

Dépôts stratifiés.

Les “récifs” de la plaine orientale Dans la région de Vadina (plaine orien­ tale) on observe, en relief dans les sa­ bles, reposant sur une mince couche d’algues calcaires encroûtantes, des co­ raux en colonies de petite taille, disper­ sés dans une boue calcaire blanche soli­ difiée. Ils voisinent avec des huîtres, quelques gastéropodes, de très nom­ breux gros oursins (clypeaster), des pectens. Ici, c’est la connaissance des récifs actuels, la nature et la richesse des fossiles qui permettent de caracté­ riser les conditions du dépôt : mer chaude, pas trop agitée, claire et peu profonde du Miocène. 31

Le charbon de la région d’Osani Les couches de charbon de la région d’Osani proviennent de la transforma­ tion de végétaux qui constituaient des forêts dans des zones marécageuses. Les débris végétaux qui devaient don­ ner le charbon se sont accumulés sous l’eau, où ils ont subi une fermentation à l’abri de l’air, avant d’être recouverts par des dépôts argileux. Par analogie avec les régions maréca­ geuses sous climat chaud telle celle des Everglades en Floride, on peut penser qu’à l’époque où le charbon s’est formé, c’est-à-dire au Carbonifère, un climat chaud et humide régnait sur la Corse.

Les évaporites immergées C’est sur les fonds qui entourent la Corse que l’on a mis en évidence, ces dernières années, des dépôts d’origine chimique : des gypses et des sels (sur­ tout du chlorure de sodium), les évapo­ rites. Ces roches se déposent artificiel­ lement dans les marais salants par éva­ poration de l’eau de mer, à Porto Vec­ chio entre autre, mais elles se trouvent également à grande profondeur dans le fond de mers peu ouvertes sur le large et soumise à une intense évaporation (ex. Mer Rouge). Par conséquent les évaporites du fond de la Méditerranée impliquent qu’une évaporation intense a dû se produire en Méditerranée, té­ moignant d’une diminution importante de superficie à la fin du Miocène. Les accumulations glaciaires Il est fréquent dans la montagne corse, à moyenne et haute altitude, d’obser­ ver des accumulations de blocs, de gra­ viers et de sédiments fins barrant un Lac de Sorbo.

cirque loin des parois rocheuses, dessi­ nant des crêtes ou des croissants, fer­ mant des lacs. De tels dépôts sont de toute évidence d’anciennes moraines qui témoignent de l’existence d’anciens glaciers et, par là même, d’un climat plus froid que le climat actuel.

Les dépôts éoliens En bordure du rivage, mais quelque­ fois jusqu’à plusieurs dizaines de mè­ tres au-dessus de celui-ci, on rencontre des accumulations de sables aujour­ d’hui cimentés par du carbonate de calcium et qui forment des grès*. Les lits entrecroisés qu’on y découvre et l’aspect de grains de quartz observés au microscope justifient l’assimilation de certains de ces dépôts à d’anciennes dunes.

Stratification entrecroisée.

Les falaises calcaires de Bonifacio.

Le calcaire de Bonifacio La couleur blanche du calcaire de Bo­ nifacio tranche dans l’extrême sud de la Corse sur les teintes beiges et rousses des granites. Il s’agit d’une roche riche en débris d’êtres vivants littoraux et en formations récifales. Les fossiles n’in­ diquent pas de dépôts profonds. 33

La terre émergée qui bordait le bassin marin était uniquement granitique. Son érosion a fourni quelques couches de galets actuellement cimentés (pou­ dingue) et surtout des grains de quartz et de feldspath peu émoussés, signe d’un faible transport. A la base de la série calcaire on observe suivant les en­ droits, un niveau de plage, un récif ins­ tallé sur le granite ou une concentra­ tion d’algues calcaires qui fait penser aux “trottoirs” à algues calcaires qui se développent actuellement en Médi­ terranée. Dans les niveaux de base les mollus­ ques sont brisés, ce qui indique que le milieu devait être assez agité. Dans des niveaux plus élevés il y a moins d’al­ gues calcaires, les mollusques et les échinodermes sont très nombreux et en bon état de conservation, le milieu étant très favorable à leur épanouissement. L’épaisseur des tests et coquilles est le signe d’un milieu agité, riche en carbo­ nate de calcium, donc d’une mer chaude, car une température élevée favorise la précipitation de ce carbonate et sa fixa­ tion par les organismes.

Oursin dans les marnes d’Aghione.

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La faune et les algues indiquent une ba­ thymétrie* de l’ordre de 20 à 60 mètres, la présence de formes récifales montre que la température était supérieure à 18°, dans une eau claire où les algues puisaient les radiations lumineuses in­ dispensables à leur photosynthèse. Une des caractéristiques de ce bassin est la présence de stratifications obli­ ques qui indiquent des courants impor­ tants dans le milieu de dépôt. Les marnes d’Aghione Dans la vallée du Tagnone, sous le vil­ lage d’Aghione et le long de la route nationale 200, des roches de couleur grise, avec des niveaux de couleur ocre sont visibles. Elles contiennent une grande quantité de grains de quartz (sable), du carbonate de calcium et des minéraux argileux : ce sont donc des marnes (carbonate + argile) sableuses. On y trouve des oursins (schizaster), quelques gastéropodes, des pectinides de petite taille à valve fragile et des polypiers isolés.

On en déduit que le dépôt s’est fait en milieu marin. Mais on peut aller plus loin. Les oursins schizaster vivent ac­ tuellement enfouis dans les sédiments à une profondeur comprise entre 20 et 60 mètres dans des mers plutôt chaudes. Les polypiers présents sont de deux genres (Falbellum et Eupsammia). Le premier vit encore aujourd’hui entre 0 et 300 mètres, mais rarement dans les eaux superficielles, le second entre 50 et 60 mètres. Les marnes d’Aghione qui se trouvent aujourd’hui à la cote 70 mètres et à plus de 12 km de littoral, se sont dépo­ sées, en mer, vers 50 mètres de fond. La mer recouvrait donc à cette époque, c’est-à-dire au Miocène moyen, la zone d’Aghione. Les flyschs Fréquents en Balagne, mais aussi en bordure du socle granitique dans la région de Solaro et dans la vallée de l’Abatesco, les flyschs ont pour carac­ téristique fondamentale la succession rythmique sur de grandes épaisseurs, d’une série détritique formée de grès plus ou moins grossiers à grains angu­ leux et mal classés et de boues solidi­ fiées argileuses ou calcaires.

“Les flyschs* se sont déposés sur de grandes épaisseurs en milieu marin pro­ fond. On admet généralement qu ’ils ont été mis en place par des courants de turbidité. Il s’agit de courants de haute densité qui dévalent périodiquement les pentes sous-marines et étalent leur charge sédimentaire dans les points bas des bassins où s’opère un classement des particules. Aussi naissent-ils de préférence dans les zones d’instabilité tectonique*...” J.-C. Gall.

D’après "Le flysch" C.R.D.P. Toulouse, 1979.

Séquence type de la série dé­ tritique de Solaro (puissance 500 m) d’après S.A. du Chaffaut, 1980.

Poudingue : galets de rhyolite et de granites, Saint-Antoine.

Ce phénomène est assimilable à une avalanche de sédiments sous-marins. Les conglomérats On distingue les poudingues formés de galets réunis par un ciment et les brè­ ches où les galets sont remplacés par des fragments anguleux. Véritables “poubelles” des formations 35

environnantes, ces conglomérats peu­ vent nous renseigner sur la vigueur du relief et la composition des roches qui affleuraient en Corse au moment de leur genèse. Ainsi, l’absence de galets de schistes dans le poudingue de Saint Antoine, sa richesse en galets de granite et de rhyo­ lite, suggèrent que la Corse schisteuse ne se trouvait pas encore émergée à l’époque de la formation de ce conglo­ mérat, alors que des reliefs hardis de granite l’alimentaient. Faciès : d’un mot latin signifiant aspect.

La notion de faciès Chaque roche sédimentaire peut être définie par un ensemble de caractères physiques, chimiques et organiques. On appelle faciès l’ensemble de ces ca­ ractères lithologiques* et paléontologiques*. Par extension, lorsque l’on a pu déterminer le domaine de sédimenta­ tion on parlera de faciès littoral, lagunaire, etc... L’étude de la répartition des faciès per­ met d’établir des reconstitutions paléo­ géographiques. L’absence ou la rareté des fossiles peut, dans certains cas, être surmontée, l’analyse des caractères “des formations sédimentaires et des divers bancs qui les composent apportant des renseignements sur le milieu physique de sédimentation : hydrodynamisme, pente, courants, source de matériel terrigène...”.

LES ROCHES MÉTAMORPHIQUES GÉNÉRALITÉS L’étude des roches magmatiques nous a montré que le magma granitique pou­ vait, compte tenu de sa température, modifier les roches environnantes lors de sa mise en place. De même lorsque les roches sédimen­ taires sont entraînées par des mouve­ ments tectoniques dans les profondeurs de l’écorce terrestre, elles sont soumi­ ses à des conditions de pression et de température qui modifient leur struc­ ture et leur composition minérale. 36

Le domaine du métamorphisme entre ceux du magmatisme et de la compaction et la cimentation des roches sédimentaires.

On appelle métamorphisme* la somme des réactions et des transformations que subissent dans ce cas les roches.

L’accroissement de la température dé­ pend de la profondeur d’enfouisse­ ment, il est en moyenne de un degré tous les 30 mètres, mais il est beaucoup plus important au voisinage du magma. L’augmentation de pression est liée à la masse superposée et aux contraintes provoquées par les plissements. Les diverses combinaisons de pression et de température provoquent des réac­ tions minéralogiques se traduisant par l’apparition de minéraux spéciaux qui dépendent, outre les conditions préci­ tées, de la nature de la roche originelle.

La caractéristique fondamentale des roches métamorphiques est en général la schistosité, c’est-à-dire l’existence d’un feuillage plus ou moins marqué selon lequel ces roches peuvent se débi­ ter en plaques d’épaisseur variable. C’est en partant de ce critère, très fa­ cile à utiliser sur le terrain, que nous allons passer en revue quelques roches métamorphiques corses en essayant, à chaque fois, de découvrir la nature anté-métamorphique de la roche et le degré de métamorphisme subi.

LES ROCHES MÉTAMORPHIQUES DE LA CORSE OCCIDENTALE Réduits en superficie, les affleure­ ments sont disséminés, çà et là dans les granites. Nous les décrirons en com37

mençant par ceux qui ont subi les con­ ditions de métamorphisme les moins sévères et sont les moins transformés. Les phyllades et les schistes ardoisiers Ces roches proviennent de la transfor­ mation d’anciennes vases. Ils n’ont été soumis qu’à des actions réduites et gar­ dent l’aspect extérieur des roches sédi­ mentaires. A l’œil nu seule la schisto­ sité traduit la pression subie, au mi­ croscope l’alignement des fines paillet­ tes de micas explique le phénomène de schistosité. Les schistes se débitent en feuillets minces et réguliers, les phylla­ des en plaques épaisses. En Corse occidentale lesphyllades noirs à séricite* et chlorite* sont connus en­ tre Porto et Galéria dans le secteur de l’Argentella où la route les recoupe et dans le nord-ouest du massif de Tenda.

Les micaschistes Ces micaschistes sont visibles par exemple dans la région de Zicavo.

Ils correspondent à un degré plus fort du métamorphisme. Comme les roches précédentes ils se débitent en général facilement au niveau des lits de micas bien cristallisés mais des cristaux de quartz dus à des conditions de tempé­ rature et de pression plus poussées sont apparus dans la roche. Les gneiss

Gneiss.

Ceux-ci correspondent à un métamor­ phisme encore plus fort. Ils sont carac­ térisés par l’empilement de lits sombres riches en minéraux ferromagnésiens (biotite et/ou amphibole) et de lits blancs riches en quartz et en feldspath. La composition chimique est donc celle d’un granite, mais la structure est orientée.

Une bande gneissique nord-sud joint Belgodère à Asco. Il existe (fort de Vizzavona) des gneiss où le feldspath prend un développement important : gneiss œillé. Dans certains cas la foliation (disposition en feuillets) tend à dispa­ raître, la roche prend alors un aspect intermédiaire entre le granite et le gneiss, il s’agit d’une migmatite*. 38

Ces diverses roches proviennent d’une ancienne série détritique : (grès et va­ ses) qui contenaient tous les éléments chimiques nécessaires à la genèse du quartz, du feldspath et du mica.

La protogine Ce terme correspond en Corse à un gra­ nite écrasé, où les minéraux sont à la fois altérés et orientés et qui, de ce fait ressemble, à un gneiss. L’orientation, l’écrasement et l’altéra­ tion des minéraux seraient en partie dus aux actions mécaniques provoquées par l’arrivée de l’est vers l’ouest de la Corse alpine qui aurait ainsi provoqué le métamorphisme dynamique d’une bande plus ou moins large du granite. Le massif des Agriates, à l’est de Bocca a Vezzio, est constitué en grande partie par cette protogine. Les cornéennes Exceptionnelles car non marquées par la schistosité qui est l’indice le plus courant des roches métamorphiques, elles sont massives, dures, à grains fins, quelquefois tachetées. Ces roches présentes en Corse au contact du gra­ nite (roches brunes des anciens auteurs) sont interprétées comme le résultat du seul métamorphisme thermique, dû à l’intrusion du magma granitique.

LES ROCHES MÉTAMORPHIQUES DE LA CORSE ORIENTALE Si les roches métamorphiques font figure de parents pauvres en Corse occidentale, il n’en est pas de même en Corse orientale où elles dominent très largement dans l’ensemble de la Corse alpine. On y distingue divers schistes prove­ nant d’anciennes séries sédimentaires, et les “roches vertes” qui correspon­ dent au métamorphisme d’ophiolites.

Les roches sédimentaires métamorphisées : schistes, quartzites et cipolins Cette appellation recouvre un ensem­ ble très complexe et de signification va­ riable selon les auteurs, mais dans tous 39

les cas il s’agit de roches déposées à l’origine en milieu marin et provenant de l’érosion de relief.

Les schistes ardoisiers et les phyllades Elles sont identiques pétrographiquement à ceux de la Corse occidentale. Schistes.

Schistes ardoisiers.

Les calcschistes

Schistes riches en carbonate de calcium dans lesquels on rencontre même des bancs calcaires plus ou moins recristal­ lisés. Les schistes lustrés (sensu stricto) Roches finement schisteuses, grises à verdâtres, contenant de la séricite et de la chlorite en quantité variable et de la calcite*. C’est l’aspect de la roche et son toucher soyeux qui lui ont donné son nom.

Les radiolarites

Radiolarites, défilé de l’Inzecca.

Il s’agit de roches à débit schisteux de teinte en général rouge, mais pouvant être vertes ou blanches, dans lesquelles malgré le métamorphisme, il est possi­ ble d’observer des fantômes de radiolaire*. Radiolarites.

Les quartzites

Ce sont des roches blanches, très dures : elles rayent le verre et l’acier et proviennent de la transformation de bancs de grès siliceux.

Les cipolins D’aspect saccharoïde, de structure gre­ nue, ce sont d’anciens calcaires recris­ tallisés qui font effervescence à l’acide et sont diversement teintés par des im­ puretés.

Les ophiolites métamorphisées : les roches vertes Dans les zones les moins transformées on reconnaît les structures volcaniques des pillow-lava (voir page 24) ou pluto­ niques des gabbros, ailleurs leur trans­ formation est telle qu’elles sont non reconnaissables et ont donné naissance aux prasinites* et aux glaucophanites* dont l’aspect schisteux ne doit pas faire oublier l’origine magmatique initiale.

Les glaucophanites sont des roches noi­ res à reflets bleutés se débitant en pla­ quettes très riches en glaucophane qui est une amphibole bleue. Les prasinites : très développées dans le Cap, ces roches à débit schisteux sont riches en épidote, chlorite, amphi­ bole verte et albite, en conséquence leur teinte est verte.

La serpentinite est une roche abon­ dante qui provient de la transforma­ tion des péridotites. Compacte, assez tendre, verte avec des tons variés som­ bres et clairs en plages irrégulières la serpentinite rappelle la peau de ser­ pent, d’où son nom. On distingue par­ fois la trace des anciens cristaux de la péridotite originelle. LES PAYSAGES EN CORSE ORIENTALE

Les paysages constitués par les schistes et les ophiolites, s’ils sont moins célè­ bres que ceux de la Corse granitique, n’en sont pas moins attachants. Vue de 41

loin, en particulier des sommets de la Corse occidentale, la Corse schisteuse est massive, formée de croupes lour­ des, mais les petites routes qui serpen­ tent dans la Corse orientale révèlent un tout autre aspect. L’opposition entre les schistes qui se débitent facilement et les ophiolites beaucoup plus résistan­ tes, donne une succession de reliefs ai­ gus, de crêtes étroites, multipliant les vallées, localisant les villages sur des éperons rocheux. Les schistes ont donné naissance à des sols épais supportant sur les longues pentes la masse sombre des châtaigniers, alors que les roches vertes sont traversées en gorges étroites et profondes par les rivières (Défilé de l’Inzecca, du Lancone,...). Quant au Cap, la beauté de ses paysa­ ges est justement célèbre. Le dévelop­ pement des schistes sur la côte Est per­ met à la route de rester presque au ni­ veau de la mer alors qu’à l’Ouest les ophiolites donnent naissance à des fa­ laises qui ont nécessité l’établissement de la route en corniche élevée.

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Le Capo Tafonato.

A LA RECHERCHE DU TEMPS PASSÉ, PRINCIPES ET MÉTHODES L’une des préoccupations du géologue, au-delà de la connaissance des roches, est la compréhension des mécanismes de leur mise en place, la découverte de leur chronologie. Après avoir observé sur le terrain un certain nombre d’événements, “le géologue peut se limiter à rechercher et à recon­ naître l’ordre dans lequel ces événements se sont ma­ nifestés ; il se borne alors à subdiviser le temps géolo­ gique passé, sans se soucier de l’exacte durée des pé­ riodes. Plus ambitieux, il peut s’essayer à mesurer le temps qui s’est écoulé entre deux événements succes­ sifs, puis à déterminer l’âge de chacun de ceux-ci”. J. Boulin. Si le postulat de base de l’actualisme, (cf. p. 30) qui concerne presque uniquement les roches sédimentaires lui permet de visualiser certains paysages du passé ; si l’observation des éruptions des volcans ac­ tuels l’éclaire sur la mise en place des roches volcani­ ques, il lui est par contre difficile d’imaginer la nais­ sance des roches plutoniques, et le métamorphisme échappe, par définition, à son regard. Dans ces deux cas, le géologue tentera de remplacer par l’expérimentation en laboratoire l’observation des 43

phénomènes naturels. Il étudiera ainsi la fusion et le refroidissement des diverses roches pour tenter de com­ prendre les mécanismes de création et de cristallisa­ tion des roches plutoniques. Il fera varier les condi­ tions de température et de pression pour obtenir diffé­ rents métamorphismes.

DE L’OBSERVATION A LA THÉORIE

L’étude des roches sédimentaires actuellement émer­ gées a révélé que certaines d’entre elles ont une origine marine. Les reconstitutions de géographies anciennes montrent que la répartition des terres et des mers a su­ bi des changements importants au cours des temps géologiques. L’observation des couches de certains sédiments qui se sont déposés à l’horizontale au fond de la mer mon­ tre qu’ils sont maintenant redressés et plus ou moins déformés (par exemple les couches de calcaire de Saint Florent). Il faut donc admettre des mouvements de l’écorce terrestre. S’ils échappent à l’observation di­ recte, ils n’en provoquent pas moins, à l’échelle des temps géologiques, des déformations de grande am­ plitude et peuvent être à l’origine de cassures et de plissements.

LES DÉFORMATIONS Les failles Lorsque la déformation est brutale, la tension supé­ rieure au seuil de résistance mécanique, les roches se fracturent. Si un déplacement entre les deux masses de roches se produit, on a une faille ; il est souvent possi­ ble de voir des stries de frottement sur les plans qui ont glissé l’un par rapport à l’autre et qui constituent les miroirs de faille.

On distingue les failles d’effondrement ou directes qui se traduisent par un élargissement du volume initial, lors d’une distension* de l’écorce terrestre et les failles inverses dues à la compression, qui occasionnent un raccourcissement. Il existe des failles verticales ou obliques. Si le dépla­ cement des 2 compartiments se fait dans un plan hori­ zontal on obtient un décrochement. En Corse, les failles sont nombreuses et conditionnent 44

Miroir de faille.

pour une grande part la géomorphologie. L’orienta­ tion des cours d’eau de la Corse occidentale s’explique par de grandes cassures : ainsi le cours moyen de la Gravona est lié à une grande faille dont on peut aper­ cevoir les miroirs entre le pont d’Ucciani et Bocognano. Certains reliefs ne sont pas dus uniquement à des différences de résistances des roches à l’érosion, mais à des failles qui décalent les 2 compartiments : tel est le cas de la limite entre la plaine orientale et la Corse schisteuse. De même les cols sont souvent déter­ minés par une faille comme celui de Vizzavona.

Les tremblements de Terre ressentis en Corse ces der­ nières années sont le signe de l’activité actuelle de cer­ taines failles. Ainsi l’épicentre* du séisme du 3 avril 1978 a été localisé sur la faille bordière principale met­ tant en contact la plaine d’Aleria et la Corse schis­ teuse.

Les plis Les couches de roches sédimentaires peuvent être déformées et plissées et prendre ainsi la forme d’une voûte (pli anticlinal) ou d’une cuvette (pli synclinal). Ces déformations se rencontrent à toutes les échelles (plis microscopiques, métriques, hectométriques, voire kilométriques).

Punta d’Aquela.

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Pli métrique dans le Cap Corse.

“La genèse d’un pli est une œuvre de longue haleine. Le plissement se fait par glissement lent des couches les unes sur les autres (commepour les lames d’un res­ sort de camion). Le phénomène est facilité en profon­ deur par les températures et les pressions qui rendent les roches plus plastiques...” J. Debelmas. SCHEMA D UN PLI SIMPLE

Les plis, résultant de phénomènes de compression, sont, en conséquence, très souvent associés à des fail­ les inverses.

Les nappes de charriage Lorsque le phénomène de compression est important, le raccourcissement peut être intense et provoquer le chevauchement de deux massifs de part et d’autre d’un plan de glissement. Si le déplacement est faible, on aura une écaille qui sera constituée par des terrains n’occupant plus exactement leur zone de formation, ce qui se traduira par la superposition anormale de terrains anciens au-dessus de terrains plus jeunes. Si le déplacement est plus important on aura une nappe de charriage. Le contact entre la masse supérieure ou allochtone* et la masse inférieure autochtone* est dit anormal. Coupe schématique d’une nappe de charriage.

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L’érosion peut isoler la nappe de charriage de ses raci­ nes, isoler des fragments de la nappe (les klippes*) mais aussi faire apparaître les terrains autochtones sous les terrains allochtones créant une “fenêtre*” dans la nappe. LE MOTEUR DES DÉFORMATIONS

Ce ne fut que le jour où l’on imagina que l’écorce ter­ restre pouvait être une mosaïque de dalles ou “pla­ ques” plus ou moins rigides, capables de se déplacer les unes par rapport aux autres, qu’il fut possible de mieux comprendre la genèse des déformations obser­ vées. Ces plaques d’une centaine de km d’épaisseur “flot­ tent” sur un ensemble déformable et plastique animé de mouvements de convection. Elles sont constituées d’une partie du manteau* supérieur sur lequel repose soit une croûte océanique de nature basaltique, soit une croûte continentale plus complexe où dominent les roches de type granitique. Mais comment est-on arrivé à cette théorie mobiliste de l’écorce qui vient de révolutionner les sciences de la Terre ? Et comment l’applique-t-on en Méditerranée et en Corse ? LA TECTONIQUE DES PLAQUES

L’expansion des fonds océaniques Il existe en général dans l’axe des principaux océans une véritable chaîne de montagne ; la dorsale médiocéanique qui domine les fonds océaniques d’environ 2 km. En son milieu s’observe une zone effondrée : le rift. On a constaté lors des plongées en soucoupe ou en ba­ thyscaphe que des pillow-lava (cf. p. 24) prenaient naissance, à l’heure actuelle, au niveau du rift, où un Variations du nord magnétique indiquée par la couche basaltique.

courant ascendant, issu des profondeurs terrestres, permet au magma de s’épancher sur le fond océani­ que, créant ainsi une portion nouvelle de croûte et repoussant, par là même, de part et d’autre du rift, les fonds océaniques préexistants et leur couverture sédimentaire. Le magma en se refroidissant enregistre la direction du champ magnétique terrestre car il contient des oxy47

des de fer qui s’orientent dans le champ magnétique (comme une boussole qui se bloquerait) c’est le ma­ gnétisme rémanent. Sachant que le champ magnétique a, au cours des temps géologiques, changé fréquemment de sens (le pôle Nord devenant le pôle Sud et réciproquement) on a vérifié la réalité de la création d’une nouvelle croûte océanique en étudiant le magnétisme rémanent du fond des océans. On a constaté l’existence de part et d’autre de la dorsale de bandes de roches de polarisation ma­ gnétique alternativement normale et inverse. La détermination de l’âge des diverses inversions de polarité et la mesure de la largeur des bandes ont per­ mis de connaître la vitesse d’expansion des fonds océaniques (de 2 cm à 18 cm par an suivant les cas). La dérive des continents La création de nouvelles surfaces océaniques laisse supposer que d’autres surfaces disparaissent par en­ gloutissement, à mesure que les premières se forment. La zone d’enfoncement est appelée zone de subduc­ tion. Les zones continentales formées de matériaux moins denses que les matériaux océaniques, tendent à rester en surface, tels des radeaux. Ces radeaux sont entraî­ nés vers la zone de subduction par le déplacement de la croûte océanique. Il peut arriver qu’après avoir “dévoré” la croûte océa­ nique en provoquant la disparition des ophiolites, qui plus denses passent sous le continent, la subduction entraîne le contact entre 2 masses continentales déter­ minant ainsi la fermeture de l’océan. Une collision se produit alors entre les 2 masses conti­ nentales, sous l’effet du choc celles-ci s’imbriquent, se chevauchent et se déforment en provoquant la surrection d’importantes chaînes de montagne. Collision entre 2 continents, formation d’une chaîne de montagnes.

DÉRIVE DES CONTINENTS MÉDITERRANÉE ET CORSE

La mer Méditerranée est l’héritière d’un grand océan : la Téthys située au sud-est du bloc européen. Le rapprochement et l’affrontement des plaques por­ tant les continents européens et africains, a entraîné des déformations et la genèse de plusieurs “micro­ plaques” ainsi s’expliquent les grandes fractures de l’écorce terrestre dans toutes les régions qui bordent le 48

bassin méditerranéen ; ainsi se comprennent la nais­ sance, à la suite de grandes déformations, des failles, plis, tremblements de Terre, et nappes de charriage dans les Alpes continentales et dans la Corse alpine. Les ophiolites corses sont donc les restes d’une paléo­ dorsale océanique qui a exceptionnellement échappé au sort habituel. En effet au lieu de disparaître par subduction, il peut arriver que certains morceaux de planchers océaniques échouent sur les continents ; ils fournissent alors des témoins particulièrement pré­ cieux des “océans perdus”... QUELQUES RÈGLES SIMPLES

STRATES ET STRATIGRAPHIE

Les éléments constitutifs d’une roche sédimentaire se déposent très lentement, échappant ainsi à l’observa­ tion ; mais la durée des temps géologiques est telle qu’un phénomène qui passe inaperçu à l’échelle d’une vie humaine peut entraîner de grands bouleversements de la “face de la Terre” en plusieurs millions d’an­ nées.

Carrière de Péri.

A titre d’exemple, une érosion de 0,5 mm par an n ’aura raboté une montagne que de 4 cm pendant la vie d’un homme (80 ans), mais si l’on imagine une sédimenta­ tion de même ordre c’est 1 mètre de sédiments qui se déposeront en 2 000 ans et 100 m en 200 000 ans. “Ce sédiment, quand il se dépose, est, le plus souvent, meuble, gorgé d’eau. Il se transforme peu à peu en une roche dure par compaction. Celle-ci provoque en effet une expulsion de l’eau accompagnée par la disso­ lution puis la cristallisation de certains minéraux (en particulier du carbonate de calcium) qui cimentent en­ tre eux les divers éléments de la roche”. J.-C. Bous­ quet. Les dépôts successifs ont pour conséquence la disposi49

tion en couches superposées des roches sédimentaires. Ces couches ou strates sont empilées plus ou moins ré­ gulièrement. On peut déduire de cette disposition un certain nom­ bre de principes simples, qui sont à la base de la strati­ graphie. • Principe de superposition : une couche sédimentaire est plus récente que celle qu’elle recouvre ; • principe de continuité : une couche sédimentaire comprise entre deux autres couches et définie par un faciès donné a le même âge en tous ses points ; • principe d’identité paléontologique : deux couches ou deux séries de couches contenant les mêmes fossi­ les stratigraphiques ont le même âge. Un fossile, pour mériter le qualifi catif de stratigraphique, doit avoir une large répartition géographique et n’avoir subsisté que pendant un laps de temps assez court. Principe d’identité paléontologique La couche 2 renfermant le même fossile stratigraphique que la colline de droite a le même âge que cette colline.

Principe de superposition

Ces principes vont permettre des corrélations dans une même région et surtout des corrélations entre des régions distinctes comme le montrent les deux exem­ ples ci-dessous pris dans l’île : On trouve en Corse, à Saint-Florent et à Bonifacio des calcaires. Dans les 2 cas ces calcaires sont formés de strates superposées. Le principe de continuité ne peut s’appliquer que localement mais la présence de fossi­ les de petite taille du genre miogypsine dans certains niveaux de ces 2 gisements permet de les corréler et d’indiquer qu’il s’agit de dépôts du Miocène inférieur, (Langhien). On remarquera que certains fossiles tels que Pecten, huîtres, oursins ne permettent pas de donner un âge très précis car ils ont survécu, sans changement nota­ ble, pendant une très longue période.

Dans la Plaine orientale nous avons signalé (cf. p. 34) la présence de marnes sableuses : la formation d’Aghione. D’autres marnes affleurent dans la région de Vadina, au nord de l’étang de Diane ; également sableuses elles sont grises à noires. Ces deux groupes de marnes, qui ont des caractères lithologiques voisins sont d’un âge différent car elles ne contiennent pas les mê­ mes fossiles. 50

CHRONOLOGIE RELATIVE

Il apparaît, à l’aide des deux exemples, cités que l’on peut caractériser une période du temps par une faune ou une flore particulière : on définit ainsi un étage. Ces étages reçoivent le nom de la localité ou de la région où ils ont été décrits initialement : ainsi le Burdigalien a été défini au voisinage de Bordeaux (Burdigalia en Latin) et le Tortonien aux abords de la ville de Tortona en Italie. Les étages sont regroupés en systèmes : Burdigalien et Tortonien font partie, avec d’autres, du Miocène. Un certain nombre de systèmes composent une ère : l’Eocène, l’Oligocène, le Miocène et le Pliocène cons­ tituent l’ère Tertiaire. On a subdivisé les temps géologiques fossilifères en quatre ères : Primaire (la plus ancienne), Secondaire, Tertiaire et Quaternaire. Ces principes de superposition et de continuité, aug­ mentés du principe de remaniement de Stenon (une roche est antérieure à une autre si cette dernière la contient en fragments : enclaves ou galets) peuvent être utilisés pour dater les terrains sédimentaires les uns par rapport aux autres. L’âge d’autres roches pourra également être déter­ miné de la même façon. Ainsi une intercalation de ro­ ches volcaniques (exemple du tuf ignimbritique de Bo­ nifacio) sera plus récente que le granite recouvert et plus ancienne que les couches calcaires qui la recou­ vrent. De même des galets de granite dans une roche sédimentaire seront le signe que le granite existait déjà à l’affleurement au moment du dépôt des sédiments. Mais avec ces principes le géologue ne dispose pas du moyen de donner l’âge réel des roches. Seule l’utilisa­ tion de techniques physico-chimiques va lui offrir cette possibilité. Intercalation

L’UTILISATION DE TECHNIQUES MODERNES LA CONNAISSANCE DE L’AGE RÉEL DES ROCHES

Principe général Dans un certain nombre de roches, en particulier dans les roches magmatiques, un véritable chronomètre s’est mis en marche au moment de leur cristallisation, permettant de déterminer le temps exact qui s’est écoulé depuis la formation de la roche (son âge absolu). 51

Datation au Carbone 14, principe.

C’est la transformation des éléments radioactifs con­ tenus dans les cristaux qui nous fournit ce chronomè­ tre. Un corps radioactif R se transforme spontanément en un autre élément fils r en émettant des particules. Cette réaction se fait plus ou moins vite suivant la na­ ture du corps R mais à une vitesse constante pour un corps donné. On peut ainsi définir la période, ou demivie, qui est le temps nécessaire à la masse initiale M du corps radioactif pour diminuer de moitié (M/2). En conséquence si l’on connaît le nombre d’éléments fils stables et la période, il est possible de calculer l’âge réel de la formation du cristal, donc de la roche.

Les méthodes de datation utilisée en Corse Diverses méthodes, telles celles basées sur la transfor­ mation de l’uranium 238 en plomb 206 avec libération d’hélium, ou du potassium 40 en calcium 40 et argon, ont permis de connaître l’âge de cristallisation de dif­ férents granites ou de certaines ophiolites. Pour les phénomènes récents, dans les roches conte­ nant du carbone, on utilise la technique du carbone 14. Il s’agit d’un produit radioactif présent dans l’atmos­ phère et que les êtres vivants absorbent au cours de leur vie. A leur mort l’absorption cesse et le taux de carbone 14 commence à décroître. Après 5 568 ans le fossile a perdu la moitié de son carbone 14. Après 11 136 ans, il a perdu encore la moitié du carbone 14 qu’il contenait 5 568 ans plus tôt. On peut donc en mesurant le C 14 contenu dans l’élé­ ment à dater, en déduire son âge.

LA CONNAISSANCE DU SOUS-SOL DE LA CORSE

Le géologue ne connaît, par l’observation directe, que la partie la plus superficielle de l’écorce de l’île. Les techniques de forages et l’emploi de la géophysi­ que lui permettent de pousser ses investigations pour découvrir les prolongements, en profondeur, des structures visibles en surface.

♦ SRAE Service régional de l’aménagement des eaux. ♦ BRGM Bureau de recherches géologiques et minières.

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Les forages On appelle forage un puits de petit diamètre et de quelques mètres à plusieurs kilomètres de profondeur. Si dans le monde on a atteint la profondeur de 10 km, les plus grands forages corses sont beaucoup plus mo­ destes, il est vrai que pour l’instant ils servent seule­ ment à la recherche et à l’exploitation de l’eau. Ainsi les forages recensés par le SRAE* et le BRGM* atteignent ou dépassent rarement 100 mètres, la pro­ fondeur moyenne étant voisine de 50 mètres ; le re­ cord : 120 mètres. Aux forages destructifs qui ne permettent de remonter

Carottes : contact pliocène-granite.

à la surface que de petits fragments de roches on pré­ fère parfois le carottage qui consiste à prélever un cylindre intact de roche, “la carotte”, découpé par un outil spécial, le carottier.

Les techniques de prospection géophysique Les différentes méthodes de prospection géophysique consistent à étudier les variations de paramètres tels que vitesse de déplacement d’ondes sismiques (sismicité), susceptibilité magnétique des roches (magné­ tisme), modification de l’intensité de la pesanteur (gravimétrie), variation de la conductibilité électrique des roches (résistivité).

La sismique expérimentale Lors d’un tremblement de Terre, des ondes variées nais­ sent au foyer ; après avoir voyagé à la surface ou dans les profondeurs du globe, elles peuvent être enregis­ trées en surface. Le décalage dans l’arrivée à la station d’enregistrement des différentes ondes permet de sup­ poser que le globe terrestre est constitué d’un certain nombre de sphères concentriques ne conduisant pas les ondes à la même vitesse — écorce, manteau, noyau — séparées par des discontinuités. De même des ébranlements produits artificiellement en surface permettent d’affiner la connaissance des structures superficielles du globe.

Structure du globe

La gravimétrie La répartition non homogène des différentes masses rocheuses dans l’écorce terrestre détermine des varia­ tions du champ de la pesanteur. La gravimétrie tente d’expliquer ces anomalies par la nature des roches. L’excès de masses à faible densité (sédiments, roches 53

acides : granite) provoque une anomalie négative alors que l’excès de matière à forte densité (magma basi­ que, péridotite) détermine une anomalie positive. Le magnétisme Le champ magnétique n’est pas uniforme à la surface du globe, il varie selon la nature des roches et peut être lié à la présence de substances ferromagnétiques. En Corse orientale, des anomalies positives sont asso­ ciées aux principaux massifs de gabbro ou jalonnent les massifs ophiolitiques et les schistes à amphibole.

Coupe de l’écorce terrestre, au niveau de la Corse et de l’île d’Elbe, d’après C. Morelli et al.

On peut ainsi, en combinant les apports des diverses méthodes géophysiques, déterminer les roches qui exis­ tent en profondeur et qui échappent aux investigations de surface pour aboutir à une coupe synthétique de la Corse et des bassins ligure et tyrrhénien.

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Au premier plan, les Calanche de Piana.

ESSAI DE RECONSTITUTION DE L’HISTOIRE GÉOLOGIQUE DE LA CORSE Les roches et les paysages de la Corse, décrits dans la première partie, ont permis au lecteur de se familiari­ ser avec certains aspects de la géologie insulaire. Les principes et les techniques donnant la possibilité de dater les terrains ont été exposés dans la deuxième par­ tie. Nous pouvons en conséquence tenter maintenant un essai de reconstitution de l’histoire géologique de la Corse.

DU PRÉCAMBRIEN A LA FIN DU PRIMAIRE : LA FORMATION DE LA CORSE ANCIENNE L’HISTOIRE GÉOLOGIQUE A la recherche des plus anciens terrains de la Corse Disséminées çà et là en Corse occidentale, un certain nombre d’enclaves métamorphiques apparaissent dans les terrains granitiques, elles sont donc antérieures, chronologiquement, aux granites. Il s’agit en particu­ lier de gneiss œillés ou rubanés, mais aussi de schistes et de phyllades. Ces roches sont considérées, en géné­ ral, comme précambriennes sans qu’il y ait de preuve décisive, stratigraphique ou géochronologique que l’on puisse attribuer à cet âge. 55

C’est la région au nord-est de Galéria, dans le secteur de l’Argentella, qui est la zone clef pour la recherche des roches anciennes de Corse. On y a reconstitué la succession suivante (sché­ matisée en bas de la page, à gauche) dans laquelle trois formations se sont révélées fossilifères :

1 — les schistes et les ar­ doises (C2) qui ont livré à proximité du Monte Martinu des Acritarches* et des Chitinozoaires* du Si­ lurien moyen ;

2 — la formation détriti­ que de Nuvalezza (D1 que des spores permettent de dater du Dévonien supé­ rieur ; 3 — le calcaire de Capitello (D2) qui contient une riche faune de Foraminifères* et d’algues et peut être daté du Dévonien terminal.

Colonne stratigraphique du Paléozoïque de Galéria, d’après Durand-Delga.

En conséquence si C2 est Silurien moyen les poudingues C1 et les grès B sont plus anciens et sans doute Ordoviciens.

Les phyllades A situées au-dessous et séparées par une discordance*, sont encore plus anciennes, et, dans la mesure ou le métamorphisme est en général acquis lors de plissement, elles seraient la signature de l’oro­ genèse calédonienne*, et correspondraient, à l’ori­ gine, à des dépôts d’âge cambrien ou plus ancien (?). L’absence totale dans la formation D1, pourtant lar­ gement détritique, de galets de granite montre que cette roche n’affleurait pas encore à la fin du Dévo­ nien. 56

La mise en place des granites au Carbonifère La coupe d’Osani : approche stratigraphique Dans le secteur d’Osani, des niveaux gréso-conglomératiques détritiques à galets de granite contiennent des couches de charbon qui ont livré une flore du Westphalien supérieur - Stéphanien. La présence de galets de granite dans ces terrains car­ bonifères d’Osani montre que cette roche était, à cette époque, exposée à l’érosion. Comme elle n’affleurait pas encore au tout début du Carbonifère, on peut en déduire que son apparition à la surface, au moins dans cette région, est contemporaine du Carbonifère inférieur ou moyen.

Diversité et complexité de la Corse granitique

Série sédimentaire à houille d’Osani, Brisset mag­ det’après Cochemé, 1976.

Le batholite* est composite : deux associations matiques y coexistent : subalcaline au nord-ouest, calcoalcaline dans le centre, l’ouest et le sud. Cette der­ nière est, elle-même, structurée en trois groupes d’in­ trusion :

G I constituée surtout de granodiorite et de monzogranite (du golfe de Sagone à Porto-Vecchio) ; G II formée de granites et de granitoïdes à gros grains et gros cristaux de feldspath (région d’Ajac­ cio et de Sartène et Corse centrale) ;

G III constituée par des granites leucocrates et ré­ sistants (massif de Coti Chiavari, L’Uomo di Cagna, etc...). Quant à la Corse centrale on y retrouve des granites de type G I associés à des monzogranites à grains moyens, le tout traversé par des intrusions G III.

Le batholite granitique hercynien.

Les granites G Ill recoupent toujours G I ou G II ; ils sont donc postérieurs. Dans la région de Sainte Marie Sicché, G II recoupe G I qui est donc plus ancien. Les faciès de l’association subalcaline repris en encla­ ves dans G II sont également plus anciens. 57

Détermination de l’âge “réel” : approche géochronologique Bien que les âges radiométriques dits absolus n’aient pas encore été obtenus sur tous les faciès de granite, les dates connues à l’heure actuelle s’échelonnent de 340 à 300 millions d’années. Granite subalcalin de Calvi

340 MA

Granodiorite à l’est d’Ajaccio G II Granite à biotite de Cargèse Granite de l’ouest du Tenda

320 MA 330 MA 330 MA

Granite leucocrate : Uomo di Cagna G III

300 MA

Carbonifère inférieur

Carbonifère

Carbonifère supérieur

Il existe donc une assez bonne concordance, entre les approches stratigraphiques et géochronologiques mais plusieurs problèmes demeurent : de nombreux faciès ne sont pas encore datés.

Batholite granitique et orogenèse hercynienne

La mise en place du batholite correspond à un élément majeur de l’histoire géologique insulaire et euro­ péenne et coïncide, en grande partie, avec l’élabora­ tion de la chaîne montagneuse hercynienne qui s’est étendue sur toute l’Europe moyenne. Les intrusions G I et G II sont contemporaines d’un régime tectonique en compression se produisant entre 340 et 330 MA. Il s’agit d’intrusions “plastiques” le magma étant encore à l’état pâteux. Au contraire les intrusions G III sont tardives et de type cassant, les roches étant rigides. Le premier épisode volcanique : au Permien inférieur

Le premier épisode volcanique. 58

C’est dans le secteur d’OsaniGaléria et dans la vallée du Fango que l’on rencontre les roches volcaniques qui constituent le premier cycle volcanique. • Ces formations font suite aux niveaux conglomératiques à couches charbon­ neuses datés du Westphalien supérieur - Stéphanien, elles sont donc post­ carbonifères. • Elles se composent de formations andésitiques (ré­ gion d’Osani), de dacites et rhyodacites (entre Galéria et la baie d’Elbo) et sur­ tout d’ignimbrites (vallée du Fango).

• Dans le secteur du col de Vignola un niveau sédimentaire vert interstratifié dans les andésites a livré des Cordaïtes (tiges de 1 à 2 cm de section, avec quel­ ques feuilles). Ces fossiles sont caractéristiques de l’Autunien c’est-à-dire du Permien inférieur (280 MA). • Ce volcanisme Permien inférieur de type calcoalcalin représente les dernières manifestations magmati­ ques liées à l’histoire hercynienne de cette région. Les laves sont nettement postbatholitiques puisqu’elles se sont mises en place sur les granitoïdes déjà érodés. Le second épisode volcanique Les roches qui le constituent sont essentiellement lo­ calisées dans des structures annulaires, dans la région des presqu’îles de Scandola-Senino et dans le massif du Cinto. La presqu’île de Scandola : sa mise en place, modèle de formation d’une structure annulaire • Sous l’influence de la pression du gaz dans une chambre magmatique, le socle et les formations du premier cycle (voir ci-dessus) se bombent puis se frac­ turent radialement. Les roches en fusion montent par ces fractures et, atteignant la surface, donnent des projections.

• Un deuxième bombement de plus petite taille se produit, créant de nouvelles fissurations et favorisant l’émission de laves acides, puis de basaltes. D’où un nouvel affaissement qui donne naissance à une “cal­ dera*”. • Des effondrements concentriques marginaux ont lieu. • Un ultime soulèvement se produit mais, le magma ne contenant plus de gaz, il ne se forme plus des pro­ jections mais des dômes. • La présence d’Estheries (petits crustacés fossiles) dans d’anciens niveaux cendreux de lahars permet de dater cette structure du Permien supérieur ou du Trias. • La chambre magmatique se vide ainsi partielle­ ment. La partie centrale du bombement s’affaisse, 59

créant ce que l’on nomme une pré-caldéra. Cet affais­ sement provoque le colmatage des fissures et, les gaz ne pouvant s’échapper, la pression augmente à nou­ veau dans la chambre.

Le “cauldron” du Cinto “Cette structure occupe une superficie de 250 km2. Elle a une forme grossièrement elliptique dont le grand axe est orienté nord-est — sud-ouest. Elle s’étend de­ puis la Haute Balagne au nord jusqu’à la région du Niolo au sud.

Coupe synthétique. D’après Vellutini, 1977.

A l’est, elle est limitée par une ligne passant à quel­ ques kilomètres à l’ouest du village d’Asco. Sa bor­ dure occidentale est proche de Monte Estremo dans la vallée du Fango. Les 4/5e de la structure sont occupés par des formations volcaniques. Le reste, 50 km2 envi­ ron, est surtout formé de granite hyperalcalin à rie­ beckite”. Vellutini.

De puissants filons ceinturent la Caldera. La succession des roches volcaniques est la suivante : • puissante série de projections volcaniques : brè­ ches, tufs, lapillis et cendres, le tout fortement cimenté. Ces roches constituent entre autre le sommet du Cinto ; • au-dessus de ces projections une épaisse série ignimbritique, rose violacée, occupe plus de la moitié de la structure. Une nappe de ponce* recouvre localement la nappe ignimbritique (Punta Stranciacone). Enfin la Muvrella est constituée par des projections encore plus récentes ;

Granites alcalins dans la vallée du Prunelli.

60

• quant au massif de la Paglia Orba il est constitué par des terrains détritiques fluviatiles (conglomérat arkose*, pelites*) aujourd’hui fortement cimentés et témoigne du démantèlement précoce de la caldera. L’émission de ces masses importantes de produits vol­ caniques, en vidant la chambre magmatique, a provo­ qué l’effondrement de la structure volcanique don­ nant naissance à la caldera. La fissuration s’est tra­ duite par la formation de dykes* radiaires et de filons coniques. Les granites subvolcaniques annulaires permiens Tous les granites corses ne correspondent pas au cycle hercynien, certains d’entre eux, de nature chimique particulière, associés aux laves du deuxième cycle vol­ canique, ont une histoire différente.

Rapports granites alcalins - ignimbrites Les analyses chimiques des granites (type Bonifato) et des ignimbrites du Cinto donnent des résultats sem­ blables, signant ainsi une origine magmatique com­ mune : leur différence de structure est due à des modes différents de mise en place. Le granite de Bonifato cor­ respond aux racines des volcans du type de Scandola ou du Monte Cinto. Par suite de l’émission des ignimbrites la chambre magmatique s’est vidée et la partie centrale de la cal­ dera s’est effondrée, le granite s’est injecté à la périphérie prenant ainsi une forme circulaire et an­ Roches nulaire. du deuxième cycle Ce mode de formation volcanique fournit la preuve de l’exis­ et granites alcalins permiens. tence d’un plutonisme postcarbonifère car si les ignimbrites sont permiennes, le granite est soit subcontemporain, soit postérieur. On trouve dans d’autres régions de la Corse des struc­ tures semblables, Bavella, Popolasca, Tolla-Cauro, qui se différencient de l’exemple du Cinto par une érosion plus prononcée. On peut ainsi imaginer des complexes granitiques actuellement sans laves (celles-ci ayant été érodées) que l’on reconnaîtra soit par leur structure annulaire, soit lorsque celle-ci aura été érodée, par la nature chi­ mique de la roche et par ses constituants. 61

De tels granites, rares dans le monde, sont fréquents en Corse et en font une région exceptionnelle en Mé­ diterranée et en Europe. Ils sont qualifiés de subvolcaniques, car ils se sont refroidis à faible profondeur dans l’écorce terrestre.

Age des granites subvolcaniques et des laves du second cycle Le complexe du Cinto recoupe la série carbonifère d’Osani ; il lui est donc postérieur. Les formations de Scandola-Senino recoupent les roches volcaniques du premier cycle datées du Permien inférieur, elles sont donc au moins du Permien supérieur. Les Estheries confirment ce point de vue. Les granites de Cauro-Bastelica qui ont la même signi­ fication que ceux de Bonifato ont fourni un âge de 245 MA, certaines laves du Cinto un âge de 243 MA c’est-à-dire Permien supérieur. Quant aux laves de Scandola datées de 208 MA elles correspondraient au Trias. La durée du second cycle serait, ainsi, voisine de 40 MA. DE L’HISTOIRE GÉOLOGIQUE A LA STRUCTURE ACTUELLE DE LA CORSE ANCIENNE La Corse occidentale qui, à première vue, apparaît constituée essentiellement par des granites, garde dans ses roches les traces d’une histoire compliquée. Celle-ci débute peut-être au Précambrien ou au Pri­ Géologie de la Corse Ancienne. maire inférieur. Des dé­ pôts très anciens sont métamorphisés puis recou­ verts par des terrains du Silurien et du Dévonien. La mise en place d’un ba­ tholite par intrusions suc­ cessives au Carbonifère va transformer ces dépôts, et sans doute, en faire dispa­ raître la plus grande partie. Seuls persistent aujour­ d’hui de petits affleure­ ments dans la région de l’Argentella. Le batholite extrêmement composite est constitué au nord d’une ligne AjaccioBelgodère par une associa­ tion riche en minéraux po­ tassiques : l’association subalcaline. Le deuxième ensemble magmatique est formé de 3 ban­ des parallèles qui sont orientées nord-nord-ouest — sud-sud-est. 62

Enfin une infinité de lames de granites leucocrates, plus récentes, perforent les unités déjà en place sui­ vant une direction générale nord-est — sud-ouest. Dès leur mise en place, au cours de l’orogenèse hercy­ nienne, les granites sont soumis à l’érosion. Ils don­ nent naissance à une série détritique ; dans certaines vallées marécageuses une luxuriante végétation s’ins­ talle et ses débris donnent naissance au charbon à la fin du Carbonifère. Des vestiges en sont visibles à Osani et à Mausoleo. La fin de l’orogenèse hercynienne est marquée, au Per­ mien inférieur, par un épisode volcanique dont les res­ tes sont concentrés dans une région comprise entre le massif du Cinto et la région de Galéria. Au Permien supérieur la Corse est le siège d’un mag­ matisme totalement différent que l’on retrouve en Provence (Estérel). Il est marqué par un volcanisme abondant où les ignim­ brites et les tufs prédominent (Cinto par exemple) et par de nombreuses structures subvolcaniques pouvant présenter une géométrie annulaire : Porto, CauroBastelica, Bavella.

DU TRIAS A L’OLIGOCÈNE : LA FORMATION DE LA CORSE ALPINE Située à l’est de la Corse ancienne, la Corse alpine correspond aux régions naturelles suivantes : Cap Corse, Nebbio, Haute Balagne, Castagniccia, Cortenais et Fium’Orbo. (voir carte p. 2 de couverture). Les schistes et les ophiolites y dominent mais, dans le détail, les roches sont variées : calcaires, flyschs, con­ glomérats. Il s’agit en fait d’un secteur complexe, qui a donné lieu à de multiples discussions et pour lequel existent plusieurs interprétations.

L’HISTOIRE GÉOLOGIQUE • En tenant compte de la signification des roches issues de la transformation des sédiments ou des laves, nous tenterons une reconstitution paléogéographique antérieure à la formation des nappes de charriage. • Pour expliquer ensuite la position actuelle des diffé­ rentes roches ainsi que leur transformation nous in­ voquerons plusieurs épisodes de déformation et de compression avec métamorphisme qui ont provoqué leur déplacement de l’est vers l’ouest, et leur charriage sur la Corse ancienne.

La situation à la fin du Primaire et au début du Secondaire A la fin du Primaire et peut-être au tout début du Secondaire (Trias) les éruptions volcaniques ignimbritiques et rhyolitiques, la mise en place des complexes 63

annulaires mais aussi d’un réseau filonien dense, té­ moignent d’une zone de faiblesse de l’écorce terrestre. Le massif cristallin, encore réuni au continent euro­ péen est bordé, sur sa marge orientale, par une mer dans laquelle vont se déposer des sédiments dont la nature dépend de la proximité du rivage, de la profon­ deur et des événements qui vont se succéder à terre comme en mer. Il est alors recouvert par d’épaisses séries volcaniques et détritiques permiennes. La période de distension Les phénomènes de fracturation et d’ouverture de la croûte continentale (distension) vont se développer au début du Secondaire et jusqu’à la fin du Jurassique.

Distension

La manifestation essentielle de cette ouverture est la formation d’une croûte océanique nouvelle avec laves sous-marines, pillow, etc., analogue à celle qui se forme à l’heure actuelle au niveau des dorsales médioocéaniques. Une image de cet “océan” en formation, qui a dû atteindre 200 km de large et séparait la Corse occidentale des terrains qui se trouvent actuellement en Italie du Nord, nous est fournie par la Mer Rouge dont l’élargissement progressif éloigne l’Afrique de l’Arabie. Le domaine Ligure Les conséquences de cette “océanisation” de la croûte ne se font sentir qu’à l’est, donnant naissance au do­ maine paléogéographique ligure, avec les ophiolites des futures séries de Santo Pietro di Tenda et de l’Inzecca. Ces mêmes ophiolites existent aussi dans les Alpes oc­ cidentales et l’Apennin. Elles ont été recouvertes, au Crétacé par des sédiments océaniques qui constituent la majeure partie des actuels “schistes lustrés”. Le précontinent = marge continentale Sur le socle, à l’ouest, pendant une partie du Secon­ daire existe une mer peu profonde dans laquelle se forment des calcaires. La couverture sédimentaire qui persiste de nos jours à la Punta Calcina au Razzo Bianco, les terrains secondaires de la région de Corte ou du secteur de Caporalino-Sant-Angelo - Cima Pedani se sont déposés sur cette plate-forme plus ou moins profonde, qui avait alors valeur de préconti­ nent. 64

Le domaine intermédiaire Entre les deux domaines précédents (la marge conti­ nentale et la croûte océanique), reposant sur un socle cristallin identique à celui qui émerge alors à l’ouest, se mettent en place les futurs terrains de la série de Bagliacone-Riventosa, caractérisés par leur richesse en brèches et microbrèches à éléments du socle occiden­ tal (granite, rhyolite) et peut-être ceux de la série de la Castagniccia à dépôts plus vaseux. Cette reconstitution paléogéographique sommaire ne fait pas l’unanimité et, dans le détail, pour retrouver et expliquer l’emplacement originel de certaines zones de la Corse alpine plusieurs paléogéographies sont proposées et sont encore en discussion. Quoiqu’il en soit si, au Jurassique supérieur et au Cré­ tacé inférieur, des calcaires continuent à se déposer à l’ouest, dans le domaine Ligure, à l’est, la distension et son corollaire la mise en place des ophiolites se ter­ minent. Cette mise en place a été datée d’avant 160 MA d’après l’âge des premiers sédiments qui les recou­ vrent. Les roches vertes sont recouvertes par des sédi­ ments siliceux (qui donneront les Radiolarites) puis calcaires, enfin les sédiments des futurs schistes de la série de l’Inzecca et de Santo Pietro di Tenda recou­ vrent le tout. Le déplacement des unités : les phases de compression Le déplacement des ophiolites de l’est vers l’ouest Au cours du Crétacé supérieur ou à l’Eocène, la zone à l’est de la Corse cristalline est comprimée du fait de la collision entre la plaque européenne (dont fait par-

Compression, stade 1.

Compression, stade 2.

tie la Corse) et la plaque apulienne (promontoire de la plaque africaine) ceci se traduit par le charriage d’une partie de la croûte océanique, mais également des sédiments qui la recouvrent, sur la marge continentale de la Corse ; ainsi la nappe ophiolitique vient recou­ vrir le domaine de Bagliacone - Riventosa. 65

Ce phénomène provoque plusieurs phases de plisse­ ment des roches, particulièrement visibles dans les Schistes Lustrés, où de nombreux plis peuvent être observés à l’échelle du panorama, d’une carrière ou d’un échantillon. Il est la cause de l’empilement des roches, de la forma­ tion des écailles. A l’Eocène supérieur il produit l’éjection vers l’ouest des nappes de Balagne, du Nebbio et de Santa Lucia.

Métamorphisme, plissement, subduction Lors du mouvement de translation de l’est vers l’ouest, les conditions de pression et de température qui ré­ gnent vers la base de l’ensemble charrié provoquent l’apparition de minéraux nouveaux. C’est le méta­ morphisme qui, en Corse alpine, est pluriphasé. Une phase, qui date vraisemblablement du Crétacé terminal, est caractérisée par des températures assez basses mais des pressions fortes. Pour expliquer les conditions très particulières de ce métamorphisme on peut invoquer la présence d’une zone de subduction* de la croûte dans le cadre de la théorie de la tectonique des plaques, (voir 2e partie). La dernière phase, tardive, engendre des minéraux de métamorphisme dans une partie du socle granitique et une rétromorphose* des associations à haute pression de la Corse orientale dans les “faciès schiste vert”, métamorphisme de basse pression et de basse tempé­ rature. Elle daterait de l’Eocène supérieur ou de l’Oli­ gocène entre - 43 et - 34 MA. La transgression Crétacé supérieur - Eocène Au Crétacé terminal et à l’Eocène inférieur la marge continentale est progressivement envahie par une trans­ gression marine. Celle-ci est responsable : — du dépôt de calcaires gréseux et de flyschs au sud ; — de la formation de conglomérats, de calcaires, de la puissante série de poudingue de Venaco, et d’un flysch schisto-gréseux dans la région cortenaise ; — du dépôt d’un conglomérat, de calcaires à nummulites et de flyschs variés en Balagne.

La trilogie : plissement, charriage, métamorphisme est maintenant terminée. Certes d’autres mouvements vont avoir lieu, ils seront même à l’origine des reliefs actuels de l’île, mais la Corse alpine a pris sa place et même si elle n’est pas encore émergée tout est prêt pour le dernier acte. Celui-ci concerne l’ensemble de la Corse, mais avant de le décrire il faut effectuer un changement de décors ou plus exactement un change­ ment de lieu. En effet, au cours de l’Oligocène ou au Miocène, la Corse va être, avec la Sardaigne le siège d’un déplacement d’ensemble par rapport au conti­ nent. 66

La dérive du microcontinent corso-sarde Dans la deuxième partie on a expliqué que les roches volcaniques pouvaient “fossiliser” en quelque sorte le champ magnétique qui régnait sur la terre au moment de leur émission à la surface et donc de leur refroidis­ sement. En mesurant l’aimantation rémanente (aimantation ancienne) des rhyolites et ignimbrites du nord-ouest de la Corse et celle des roches de même âge (Permien) de l’Estérel ou de la Sardaigne on a constaté que le champ magnétique des laves de l’Estérel avait une direction différente de celui de la Corse ou de la Sar­ daigne. La seule explication de cette anomalie est que la Corse et la Sardaigne n’avaient pas, à cette époque, la position qu’elles occupent actuellement. Mais la coïncidence de l’axe des pôles entre ces 3 ré­ gions est rétablie si l’on admet, au cours des temps géologiques, l’existence d’une rotation d’une tren­ taine de degrés pour la première et de soixante degrés pour le nord de la seconde. On peut donc penser que la Corse a effectué depuis le Permien une rotation de 30° dans le sens contraire à celui des aiguilles d’une montre et que cette rotation a été de 60° pour le nord de la Sardaigne.

Rotation de la Corse d’après Durand-Delga, Géologie de la Corse, Doin édit. 1974. A gauche, au début du Tertiaire ; à droite, situation actuelle.

Si l’on replace la Corse dans sa position primitive, on constate un assez bon ajustement entre les isobathes 1000 mètres de la côte occidentale de l’île et de la côte sud provençale. Un certain nombre de similitudes exis­ tent entre le massif cristallin corso-sarde et le massif des Maures et de l’Estérel et entre la couverture sédimentaire de la Corse occidentale et surtout de la Sar­ daigne et la couverture provençale. En définitive de nombreux arguments conduisent à admettre que le microcontinent corso-sarde primitive­ ment soudé au continent européen s’en est séparé puis éloigné depuis le Secondaire, ouvrant dans son sillage le bassin provençal, bassin profond de type océani­ que. Plusieurs modèles de dérives sont proposés à l’heure actuelle. Ils diffèrent entre eux tant en ce qui concerne 67

la position initiale de la Corse et de la Sardaigne que les mouvements respectifs des 2 îles et l’âge de ce dé­ placement. La rotation de la Corse se serait effectuée à l’Oligo­ cène ou au Miocène, au plus tard il y a environ 15 MA, avant le remplissage vaseux du bassin provençal. DE L’HISTOIRE GÉOLOGIQUE A LA STRUCTURE ACTUELLE DE LA CORSE ALPINE En se basant sur les reconstitutions permises par la paléogéographie et sur la tectonique, on peut mettre en évidence plusieurs grands ensembles structuraux en Corse alpine.

Géologie de la Corse Alpine.

On distingue : • la couverture sédimentaire de la Corse granitique qui n’a subi aucun dépla­ cement : l’autochtone ; • la zone de Corte au sens large, les unités de Caporalino et de la Cima Pedani qui n’ont été affectées que par des déplacements hori­ zontaux assez faibles cons­ tituant le parautochtone* ; • les nappes externes situées à l’ouest des schis­ tes lustrés : Balagne Santa-Lucia ; • le complexe des schistes lustrés composé de plu­ sieurs unités et de plusieurs séries ; • les nappes supérieures (Nebbio - Macinaggio) qui reposent sur les schistes lustrés.

1 - Corse Ancienne. 2 - granites et gneiss de la Corse orientale. 3 - couverture sédimentaire autochtone. 4 - unités cortenaises. 5 - unités de Caporalino-Sant’ Angelo - Cima Pedani. 6 série de Bagliacone-Riventosa. 7 - série de la Castagniccia. 8 - ophiolites. 9 - séries de l’Inzecca et de Santo Pietro di Tenda. 10 - unités situées à l’ouest des schistes lustrées : Balagne ; Santa-Lucia ou sur les schistes lustrés ; Nebbio ; Macinaggio. 11 - terrains sédimentaires ter­ tiaires et quaternaires.

DU MIOCÈNE A NOS JOURS : LA CORSE RÉCENTE L’état de la Corse après la mise en place des nappes Après les grands mouvements paroxysmaux responsa­ bles de la mise en place des nappes de la Corse alpine, la mer miocène va recouvrir une partie de l’île et y 68

déposer des sédiments qui vont sceller les structures antérieures. Si les grandes unités géologiques occupent dès lors leur place ; la morphologie est encore loin de l’état actuel. Le volume montagneux, en particulier, est très différent. Les formations conglomératiques de la base du Mio­ cène ne livrant pas de galets de roches de la Corse alpi­ ne, on peut en déduire qu’il n’y avait, à ce moment là, aucun affleurement des schistes métamorphiques : seuls émergeaient, et étaient soumis à l’érosion, les domaines de la Corse granitique.

Les bassins miocènes On connaît, en Corse, 4 bassins dans lesquels existent, à l’heure actuelle des sédiments du Miocène.

Le bassin de Bonifacio Le plus célèbre, au moins sur le plan touristique, est celui de Bonifacio. Il occupe une superficie d’environ 60 km2 à l’extrême sud de l’île, y constituant un véri­ table causse, avec vallées sèches, effondrements, grot­ tes, etc... Il supporte, protégée par des falaises abrup­ tes, la petite cité de Bonifacio qui a longtemps, à l’abri de ses remparts, évolué en marge du reste de l’île. Le port de Bonifacio, véritable ria ou calanque, correspond à une ancienne vallée dont le tracé, actuel­ lement submergé, a peut-être été imposé par des fail­ les, et se poursuit à l’intérieur des terres par deux val­ lées sèches. L’épaisseur maximale des dépôts calcaires, sableux, ou calcaréogréseux paraît être de 100 à 150 mètres. Ils s’inclinent doucement vers le sud-ouest de telle sorte que la base de la formation s’observe vers le nord et à l’est, et la partie la plus haute et la plus récente consti­ tue la falaise. Les fossiles de la base sont d’âge Burdigalien, con­ firmé par la datation d’un niveau pyroclastique (17,8 ± 1,5 MA au Capo Bianco). Saint-Florent Si les couches de calcaire de Bonifacio ne montrent qu’un léger pendage, il en est tout autrement pour cel­ les qui constituent le bassin de Saint-Florent. Elles sont assez fortement inclinées vers la mer, ce qui prouve l’existence de mouvements tectoniques postMiocène qui ont redressé la bordure est du bassin, portant les couches du Mont Sant’Angelo à plus de 350 mètres d’altitude. La série débute au Burdigalien supérieur. La roche est constituée par d’anciens dépôts de plage et de cordons littoraux avec des stratifications obliques et une faune assez abondante. On observe aussi des niveaux riches en algues calcaires. 69

Reconstitution paléogéographique de Francardo d’après J. Alesandri.

Francardo Dans le centre de l’île, entre Francardo et Ponte Leccia, on peut observer en bordure de la route nationale 193 des formations conglomératiques avec galets de granite, de rhyolite et de calcaire. Dans la carrière de Taverna au voisinage du carrefour entre la route nationale 193 et la départementale 18, après la voie ferrée, des marnes et des marnes sableuses ont livré une faune marine assez abondante et une riche flore avec même quelques intercalations de lignite. Les fos­ siles permettent d’attribuer à cette formation un âge Burdigalien inférieur et suggèrent la reconstitution paléoécologique et paléogéographique ci-dessus.

La plaine orientale C’est elle qui donne la coupe la plus complète de ce Miocène. A la base, une formation conglomératique, riche en galets de rhyolite et de protogine, mais sans schistes, est en contact par faille avec la Corse alpine. Une épaisse formation marno-sableuse, la formation d’Aghione, d’âge Miocène inférieur, y fait suite. Elle a, dans la plaine, 400 à 600 mètres d’épaisseur, mais les prospections géophysiques ont montré qu’elle s’épais­ sit considérablement en mer, à l’est. Au-dessus, des paléosols ont été mis en évidence, ils témoignent d’une formation continentale et donc d’une régression de la mer miocène. 70

3 Langhien supérieur

1 Langhien inférieur

2 La régression intralanghienne

4 Messinien. d’après Orszag-Sperber, F.

Celle-ci reprend son domaine et dépose des forma­ tions sableuses et calcaréogréseuses tandis que se développent des récifs coraliens. Des marnes noires, riches en fossiles, d’âge tortonien supérieur, témoins d’une mer assez profonde, terminent la série marine miocène. L’épisode suivant, régressif, se traduit par le dépôt d’une formation conglomératique deltaïque. 71

Le pliocène

Dans la plaine orientale, la mer revient une fois de plus et dépose dans la région d’Aléria des marnes plus ou moins sableuses, datées du Pliocène inférieur grâce à la microfaune. Sur la côte occidentale le Pliocène est connu à Ajaccio et à Propriano. Il repose sur le granite et s’est déposé dans des golfes profonds. Les dépôts datant du Plio­ cène inférieur, il faut faire remonter le creusement des golfes à la fin du Miocène. Dans la mesure où ces gol­ fes se poursuivent en mer par des canyons, on peut penser que l’ensemble a été creusé lors de la régression messinienne correspondant à l’assèchement partiel de la Méditerranée.

L’édification du relief actuel Au cours du Miocène et du Pliocène plusieurs épiso­ des compressifs vont déformer les couches sédimen­ taires, rajeunir le relief de la Corse granitique et se traduire par d’importants plis de fond, orientés nordsud dans la Corse alpine : synclinal de Balagne, anti­ clinal du Cap Corse et de la Castagniccia. Grâce aux épisodes de retrait de la mer et à l’étude des failles enregistrées par les dépôts miocènes et pliocè­ nes, il est possible d’essayer de reconstituer la dynami­ que du relief Corse. Au cours du Miocène se situent 2 phases de compres­ sion. Elles sont en liaison avec les épisodes tectoni­ ques qui se succèdent dans les Alpes. A la limite MioPliocène la surrection de la Corse hercynienne et de la Corse alpine s’accélère. Au cours du Pliocène la Corse continue à se soulever lentement. "La dernière étape importante dans l’acquisition des reliefs actuels se situe vers la limite plio-quaternaire, si l’on en juge par l’absence de dépôts du Pliocène supé­ rieur, par le caractère très grossier des alluvions du Quaternaire ancien et par les fortes dénivellations que l’on observe en bordure des plaines orientales”. Conchon et Al.

Le quaternaire

Outre l’apparition des ancêtres de l’homme quelque part dans l’Ancien Monde, l’originalité du Quater­ naire consiste en la succession de variations climati­ ques avec des périodes froides correspondant à l’ex­ tension des glaciers et de périodes de réchauffement, les phases interglaciaires, avec fonte des calottes gla­ ciaires. Le niveau des mers subit des fluctuations parallèles avec des régressions plus ou moins importantes liées à l’existence des calottes glaciaires (par exemple — 200 m 72

il y a 2,5 MA et - 130 mètres pendant la dernière gla­ ciation) et de hauts niveaux (proches du niveau marin actuel) lors des périodes de réchauffement. Quelques aspects du Quaternaire en Corse • Les dépôts glaciaires La Corse ne fait pas exception à la règle et on a dé­ montré l’existence de 3 périodes glaciaires distinctes. La plus récente des trois a laissé de petites moraines aux formes très fraîches. Elles sont situées de 1700 m à 2100 m d’altitude et correspondent à des glaciers de cirque. Leur emplacement est souligné par de très nombreux lacs de montagne. Le paysage de la haute montagne Corse lui doit cet as­ pect alpin, surprenant pour le visiteur non averti qui ne s’attend pas à trouver, à cette latitude, une île avec un tel caractère montagneux. La célébrité du sentier de grande randonnée n° 20, un des plus difficiles de France, provient, dans une large mesure, de l’exis­ tence passée de ces glaciers qui ont sculpté, strié, poli les roches de la haute chaîne. Les moraines les plus récentes sont estimées antérieures à 14 000 B.P. car des sédiments argileux postérieurs, non glaciaires, tapissent certains lacs et supportent des niveaux tour­ beux à pollens qui ont permis de reconstituer le climat de l’île depuis 13 500 ans. Deux épisodes glaciaires plus anciens ont laissé des traces indubitables. On peut les attribuer au Würm supérieur (environ 30 000 - 16 000 B.P.) et probable­ ment au Würm moyen (40 000 - 32 000 B.P.).

B.P. : Before Present c’est-à-dire avant l’an 1950.

Le Würm est ta dernière période glaciaire en Europe. Elle est subdivisée en plusieurs stades. • Les dépôts fluviatiles A plus basse altitude, pendant le Quaternaire, les rivières corses ont présenté une alternance de dépôts et de creusements aboutissant à l’édification de terras­ ses. Ces terrasses fluviatiles sont au maximum au nombre de 6. La chronologie du Quaternaire en Corse est par­ ticulièrement difficile à établir en l’absence de data­ tion préhistorique antérieure au Néolithique ancien, en l’absence de vestiges paléontologiques caractéristi­ ques et faute de datation radiométrique antérieure à 40 000 ans. Les terrasses les plus anciennes sont les plus élevées.

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Les liaisons entre la Corse et le continent au Quaternaire Il est admis par tous qu’au Permien la Corse et la Sar­ daigne faisaient partie du continent européen. De mê­ me, lors de la phase d’assèchement partiel de la Médi­ terranée au Messinien, un passage émergé a pu exister entre la Corse et le continent. Les régressions gla­ ciaires ont-elles également permis la création d’un “pont” entre la Corse et l’Italie au cours du Quater­ naire ? La profondeur actuelle la plus faible entre la Corse et le continent se trouve entre la région bastiaise et Capraia, atteignant - 410 à - 430 mètres. Dans la me­ sure où la régression maximale au cours du Quater­ naire paraît être de — 200 mètres, un canal corse d’une dizaine de km de large aurait toujours subsisté. Un passage émergé entre la Corse et le continent à cette époque ne peut donc être envisagé qu’en admet­ tant l’existence ultérieure de mouvements verticaux d’affaissements de l’écorce terrestre. On notera que c’est nécessairement par ces “ponts” que les mammifères ont peuplé l’île.

La séismicité en Corse Les mouvements tectoniques dont nous avons évoqué le rôle dans la modification locale de la géographie, se produisent encore de nos jours. La Corse connaît en effet une légère activité sismique, fort heureusement non destructrice. Ainsi en un peu plus de deux siècles d’après Delaunay J. et Al.

une enquête historique a mis en évidence l’existence d’une vingtaine d’événements sismiques. De 1978 à 1981 l’île a même connu une “crise sismique” et la faille qui met en contact la plaine orientale et la Corse alpine a rejoué à plusieurs reprises. L’histoire géologique de la Corse n’est donc pas ter­ minée et les petits mouvements actuels de la tectoni­ que quaternaire sont le signe que l’île est encore géolo­ giquement vivante. 74

Morosaglia, hameau de Rocca Soprana.

DES ROCHES ET DES HOMMES LES UTILISATIONS TRADITIONNELLES Des liens étroits ont existé de tout temps entre l’homme et les roches. C’est ainsi qu’au Néolithique, les premiers habitants de l’île ont trouvé refuge dans les cavités naturelles : abris sous roche de Bonifacio ou d’ailleurs, chaos granitiques et tafoni du Pianu de Levie... Faisant aussi de la géologie appliquée, ils cherchaient empiriquement, parmi les roches insulai­ res, celles dont la résistance aux chocs et la facilité de taille leur permettaient de réaliser outils et armes. La pauvreté de la Corse en silex, matériel utilisé couram­ ment en d’autres régions, les a obligés, soit à s’adres­ ser à d’autres roches locales, quartz et surtout rhyolite (lames, lamelles, flèches trouvées à Bonifacio, Levie, Albertacce, etc...), soit à importer l’obsidienne de Sardaigne : premier exemple connu d’échange com­ mercial, mais aussi de dépendance de l’île. Plus près de nous, à la période protohistorique, c’est dans et avec des roches locales que seront taillés les menhirs, les dolmens et les murs d’enceinte des “cités torréennes”. Au cours de ces derniers siècles, un bon exemple de l’adaptation humaine à la nature du sous-sol est donné par les matériaux de construction des habita­ tions : en effet, devant les difficultés soulevées par le transport d’un matériau pondéreux, ce sont très géné­ ralement les roches locales qui sont utilisées. Ainsi, en Corse occidentale, l’omniprésence du gra-

Un certain nombre de renseignements contenus dans cette 4e partie proviennent du catalogue Mines et Carrières et de l’atlas des ressources naturelles.

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Mur en granite.

nite donne une certaine unité aux constructions an­ ciennes. Le granite sain est une roche résistante, qui possède la propriété de se tailler assez facilement en blocs de forme régulière “les quadris”, par suite de la présence d’un fil dans la roche.

Fil : terme de carrier désignant la direction préféren­ tielle selon laquelle peut se fendre une roche d’aspect massif, et correspondant soit à des fissures invisibles, soit à une certaine orientation des cristaux. On peut remarquer que dans certaines constructions très soignées, les blocs ont été taillés de façon à s’em­ boîter étroitement entre eux, comme les pièces d’un puzzle. Mais, de façon plus générale, grossièrement débités en parallélépipèdes, ils sont empilés les uns sur les autres et les joints traditionnels sont constitués par de petits éclats de granite seuls, (construction à sec) ou liés par de l’argile qui provient de l’altération du gra­ nite. Ce n’est qu’assez récemment, au XVIIIe siècle et, sur­ tout, au XIXe siècle, qu’un liant résistant a été uti­ lisé : le mortier à base de chaux. Les matériaux étaient, et sont encore, prélevés dans de petites carrières et dans les zones de chaos granitiques où l’on exploite les boules de granite sain, le débitage se faisant à l’aide de coins de métal ou de bois. Lorsque la roche est mas­ sive, il est facile d’y tailler des pièces de grande lon­ gueur pour réaliser des linteaux, des supports de bal­ cons, etc... La bonne résistance du granite à l’écrasement, sa faci­ lité de taille, donnent la possibilité de réaliser des murs de grande hauteur, qui ont entraîné dans certai­ nes agglomérations, à Sartène par exemple, des cons­ tructions à étages nombreux, tout autant par mesure de sécurité que par manque d’espace. 76

Les variations de couleur des roches utilisées donnent à certains villages de la Corse granitique un cachet particulier, dû à leurs teintes ocre, beige, rouge ou grise. Des différences régionales de texture existent. Ainsi dans le Tenda l’abondance des protogines, roche qui se débite en plaques assez épaisses, permet de réaliser des constructions de pierres sèches avec une couver­ ture de même nature. Par contre, dans la majeure partie de la Corse occi­ dentale, l’absence de roches se débitant en dalles assez minces se traduit par la recherche et l’utilisation de gisements d’argile qui serviront soit à la réalisation de toits en terrasse, soit à la fabrication de tuiles.

Une requête des habitants de Corbara au Gouverneur génois en 1709 montre la nécessité pour la commu­ nauté de s’approvisionner en terre pour la couverture des toits, si l’on ne voulait pas voir détruire les mai­ sons lors des tempêtes. En 1835, Robiquet, signale qu’on fabrique à Ajaccio ‘‘entre la Chapelle des Grecs et les Sanguinaires, des briques, — salomoni, mezzane et matonetti —, assez bonnes pour les usages ordinaires, mais qu’on est obligé de faire venir d’ailleurs celles qui sont em­ ployées aux voûtes, ainsi que les carreaux et les tuiles”. A la fin du XVIIIe siècle, Villat fait mention de plu­ sieurs tentatives d’installation de poteries et de tuile­ ries dans l’île.

En Corse orientale, les deux ensembles principaux de roches — schistes et roches vertes —, participent à l’édification des maisons. Les murs sont construits avec les plus résistantes des ophiolites (laves et gab­ bros), mais aussi, parfois, avec les bancs de calcaire que l’on trouve dans les schistes lorsqu’ils sont assez massifs. Quant à la couverture, elle est en général réa­ lisée en schistes (lauze ou teghie), mais aussi en roches vertes (prasinites), voire en calcaire métamorphique (cipolin), lorsque tous ces matériaux peuvent être débités en dalles. Localement, l’apparition d’une roche à débit en peti­ tes plaques peut entraîner une construction particu­ lière : c’est le cas dans la région de Tralonca où le flysch schisto-gréseux fournit un tel matériau, et dans le sud de la Corse alpine où un grès “a petra di Morandini”, est utilisé dans la région de Solenzara. Dans le Nebbio et dans la région de Bonifacio, les cal­ caires miocènes se débitent localement en plaquettes, ce qui se traduit par l’édification de “cabanes” en pierres sèches, les “baracone”, ressemblant étrange­ ment aux “bories” du sud-est continental, et aux “trulli” des Pouilles en Italie : exemple frappant de convergence architecturale produite par des contrain­ tes imposées par le matériau. 77

Près de Saint-Florent,

Citons enfin dans ce très rapide tour d’horizon sur les relations entre le sous-sol et l’habitat, les construc­ tions anciennes de la région de Ghisonaccia où, de­ vant la difficulté à se procurer un matériau de cons­ truction, les galets du Fium Orbo ont été employés. Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, la pierre à chaux, “a Petra Calcina” est activement exploitée dans l’île. La matière première ne fait pas défaut en Corse orien­ tale où les calcaires abondent dans les régions de Bonifacio, Saint-Florent et Aléria notamment. En Corse occidentale, les rares affleurements calcaires sont tous exploités et l’on y rencontre encore les vesti­ ges de fours à chaux que l’on utilisait pour la réalisa­ tion de mortier mais aussi pour le blanchissage des murs. Outre la fabrication de tuiles et de briques et la réali­ sation de toits en terrasses, l’argile corse a servi, de tous temps, à fabriquer divers récipients. Mélangée avec de l’amiante, elle produisait une poterie particu­ lière dans la région de Campile, qui paraît se perpé­ tuer depuis l’âge du fer jusqu’à nos jours. Elle était aussi utilisée pour garnir le fond du foyer — u fucone — et pour réaliser de petits objets, tels les pipes en terre. Les granites, mais aussi certaines roches vertes, four­ nissaient des meules (macina) dont le rôle fut primor­ dial dans une civilisation agricole. La pierre de Brando était déjà utilisée au XVIIIe siècle pour les marches Ancien four à chaux.

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d’escalier, le dallage ; le marbre de Corte paraît avoir éveillé un certain intérêt dans la 2e moitié du XIXe siè­ cle, et servait dans la région, à la réalisation de dalles, de marches d’escalier, de cheminées, de linteaux de portes et de fenêtres. Il est intéressant de noter quelques cas particuliers, curieux, voire talismaniques de l’utilisation des roches corses dans le passé. • Certaines radiolarites et quartzites à grains très fins ont servi de pierre à aiguiser ; au début du XXe siècle, on pouvait encore en acheter lors de la foire de Saint Michel à Venaco. • Une variété de serpentine suffisamment tendre pour se travailler au couteau, la Pierre Olaire, constitue un matériau de base original pour un petit artisanat d’art. • Une “Histoire de l’Isle de Corse”, publiée à Nancy en 1749, fait état d’une pierre curieuse que les gens du pays appellent “Pietra Quadrata”, dans les environs de Bastia. Ils lui attribuent des propriétés extraordi­ naires, comme celle de faciliter l’accouchement des femmes. L’abbé de Germanes, dans le tome 1er de son “Histoire des Révolutions de Corse” publié à Paris en 1771, reprend la description de la Pietra Quadrata. Parmi les vertus qu’on lui prête il retient “celle de ren­ dre infatigables à marcher ceux qui en ont attaché à leur jambe gauche, en dehors ou en-dessous du genou. Il fait état également “d’une pierre merveilleuse, ap­ pelée Catochite”. La catochite ou “pierre de mémoire” est appelée aussi cadmite car elle retient captive la main qui la saisit. Il est cependant impossible à l’heure actuelle de connaî­ tre à quel minéral correspond cette catochite. D’après Hollande, “la pietra quadrata” doit être la magnétite, mais F. de Pommereul déclare “qu’en la calcinant on sent qu’elle contient une grande partie de soufre”, ce qui laisse à penser qu’il peut s’agir de cris­ taux cubiques de pyrite de fer.

• On trouvait jadis à Bisinchi “une pierre sulfureuse utilisée, disait-on, par le corps médical pour soulager les affections rhumatismales”. • Enfin on peut trouver dans les “Mémoires histori­ ques, militaires et politiques” de Jaussin pharmacien du roi, publiées en 1756, un catalogue des pierres et des terres corses avec leurs vertus et leurs propriétés, dans le droit fil des idées de Pline mises au goût du XVIIIe siècle. “Amianthe : on croit qu’elle peut guérir la gale. Cristal de roche : quand on le met en poudre impalpa­ ble, il peut arrêter le cours de ventre. Hématite : fort dessicative. Onix : elle est fort astringente. Talc : peut être employé dans les cosmétiques pour embellir la peau des dames. Ocre : elle est dessicative et résolutive”. 79

LES UTILISATIONS MODERNES Nous évoquerons en premier lieu les substances non métalliques ou “substances utiles”, matériaux extraits du sol ou du sous-sol et ne donnant pas lieu à un trai­ tement en vue de la préparation de métaux. Les subs­ tances métalliques seront envisagées par la suite. Les besoins de l’homme moderne ont profondément modifié l’utilisation des matériaux du sous-sol. L’em­ ploi généralisé du béton et des “agglomérés”, le coût de la main-d’œuvre, ont provoqué l’arrêt de l’exploi­ tation de nombreuses carrières. De plus la concur­ rence, la cherté des transports rendent difficilement rentable l’exportation de matières premières pour l’in­ dustrie ou pour l’agriculture. Mais il faut noter que, depuis quelques années, la politique de protection de certains sites “par exemple, le vieux Bastia” a entraîné la remise en service de certaines carrières. Traditionnellement, on classe les substances minérales non métalliques en plusieurs grandes catégories.

LES MATÉRIAUX DE CONSTRUCTION ET DE VIABILITÉ Dans cette catégorie, les alluvions de rivière sont les plus exploitées en Corse (plus de 90 % du total extrait). Elles servent principalement à la fabrication des bé­ tons et à la réalisation de l’empierrement des routes. Devant la facilité d’exploi­ Les carrières. tation des matériaux allu­ vionnaires et leur bonne répartition géographique, le concassage des roches massives reste à l’heure actuelle une exception. Épisodiquement, une car­ rière temporaire est ouverte pour la réalisation de l’en­ rochement d’un port ou d’un barrage (quartzite pour le barrage d’Alesani, prasinite pour le port de Bastia et granite pour celui d’Ajaccio). Faisant une recherche sur les granulats marins, le BRGM a effectué, en 1976, une reconnaissance par carottage des fonds marins au large de la côte orientale : les résultats ont été peu favorables. Pour ce qui concerne les constructions en matériaux traditionnels, on assiste toujours au débitage des bou­ les dans la Corse granitique. Les calcaires métamor80

phiques (cipolins) et les schistes verts (prasinites), ma­ tériaux de qualité, sont utilisés soit dans le gros œuvre (cipolin) soit en couverture (prasinite-cipolin). LES MATERIAUX POUR L’INDUSTRIE Les argiles Une étude récente du BRGM a permis de mieux con­ naître les gisements corses. Il paraît possible d’alimen­ ter une ou deux briqueteries et même de développer la production lorsque les problèmes fonciers seront ré­ glés. Par contre, les argiles locales ne peuvent satis­ faire pour l’instant aux besoins de certains artisans potiers, car elles ne supportent pas les températures très élevées de cuisson nécessaires à l’émaillage.

Le calcaire pour cimenterie Le gisement de calcaire de Caporalino serait large­ ment suffisant pour alimenter une cimenterie, à con­ dition que l’on trouve dans les parages une quantité importante d’argile et de marne pour fabriquer le ci­ ment artificiel. LES MATÉRIAUX POUR L’AGRICULTURE Il s’agit de calcaire destiné à amender les sols, 2 instal­ lations suffisent à la demande locale, l’une à Santa Maria di Lota, l’autre à Olmeta di Tuda. LES ROCHES ORNEMENTALES Les Romains paraissent être les premiers utilisateurs à des fins ornementales des roches insulaires. Les car­ rières de l’îlot de San Baïnzo et leurs ébauches de colonnes témoignent de l’intérêt qu’ils portaient aux granites du sud de l’île. Des roches très variées ont été exploitées à des fins ornementales à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle — plus de 60 roches différentes — et cela a accrédité l’idée que la Corse est très riche en roches ornementales. Parmi les roches encore exploitées, ou l’ayant été, on peut citer : • le vert étoilé d’Ersa (verde stella), roche vert foncé parsemée de pyroxènes à reflets argentés ; • le vert d’Orezza (verde di Corsica) sur la com­ mune de Pie d’Orezza ; • le granite d’Algajola, célèbre par son monolithe ; • le granite de Porto (rouge Cyrnos), qui se prêterait le mieux à la commercialisation, mais qui se trouve dans un site protégé ; • la diorite de Porto (noire de Porto - diorite étoilée) ; • la diorite orbiculaire* ;

Vert d’Orezza : gabbro à smaragdite.

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Connue depuis deux siècles et même peut-être depuis la préhistoire. La “Corsite” a été abondamment ex­ ploitée et même pillée bien qu’elle ait été un temps, sous la Restauration, gardée militairement. Aussi les meilleurs échantillons se trouvent-ils dans les collec­ tions du monde entier, ou encore à Santa Lucia même (voir le socle du monument aux morts). Le gisement devrait, à notre avis, faire l’objet d’une protection au même titre que d’autres objets du patrimoine insu­ laire. • le gabbro de Levie ; • la diorite tachetée de Pianottoli (truité de Pianottoli) provenant du débitage des blocs d’un chaos ; • le granite d’Ajaccio, seul granite encore exploité et travaillé en Corse ; • les granites d’Alata et de Vero, utilisés autrefois pour la marbrerie ; • les cipolins d’Erbalunga et de Brando, pourvoyeurs de dalles ; • les marbres de Popolasca, dont le gisement était trop fracturé pour produire des blocs suffisants ; • les marbres de la Restonica ; • le marbre de Serragio près de Venaco, dont la masse paraît importante ; • les brèches de Ponte Leccia et d’Oletta, roches très décoratives, dont le diaclasage* intense interdit toute exploitation industrielle ; • les grès de Saint-Florent pour les constructions lo­ cales. A quelques exceptions près : Ersa, Porto, Ajaccio, Levie, il est peu probable qu’un développement indus­ triel soit possible pour les roches ornementales : peti­ tesse du gisement, fracturation, etc., il pourrait en être tout autrement pour la réalisation d’objets de pe­ tite taille dans le cadre d’un développement de l’arti­ sanat. LES RECHERCHES MINIÈRES EN CORSE Avant de présenter un inventaire sommaire des re­ cherches minières il nous paraît utile de montrer les liens existant entre la nature géologique d’une région et ses possibilités métallogéniques. Ainsi, lors de la cristallisation des magmas de type granitique en Corse occidentale, les éléments métallifères vont se concen­ trer progressivement dans la phase fluide résiduelle, riche en composés volatils, cela explique que l’on trouve des minerais dans la partie externe du corps granitique, ou à sa périphérie, en petits amas et sur­ tout dans les filons hydrothermaux* plus ou moins éloi­ gnés du massif. Par contre, en Corse orientale, les gi­ sements sont liés à une histoire géologique totalement différente, en rapport avec la genèse des ophiolites au niveau de la dorsale océanique (voir p. 47). Au niveau 82

Zonalité périplutonique.

Gisements dans la lithosphère océanique "ophiolites".

de cette dorsale, l’eau de mer s’infiltre dans la croûte basaltique en formation et sa température augmente considérablement, ce qui favorise son enrichissement en fer, manganèse, plomb et surtout cuivre. Ces eaux surchauffées remontent par convection, donnent des sources hydrothermales le long des dorsales. Mais cer­ tains dépôts sulfurés ont lieu avant qu’elles n’attei­ gnent la surface. Cela explique la richesse des blocs ophiolitiques en minerai. Il ne suffit pas de trouver des indices de minerai. Encore faut-il que ceux-ci soient économiquement ex­ ploitables. Le concept de minerai est d’ailleurs pure­ ment commercial. “On appelle minerai, une subs­ tance naturelle d’où il est possible d’extraire un métal dans des conditions économiques avantageuses en re­ gard des conditions du marché mondial du métal”. Ainsi, même si le BRGM a recensé plus de 400 indices miniers en Corse, on constate qu’aucune mine n’est exploitée depuis 1965. Les ressources minérales de la Corse ont été connues très tôt. A Aléria on a récemment découvert des creusets da­ tant de 2 600 à 2 400 avant J.C. ayant servi à la fon­ derie du cuivre. L’analyse des restes donne des résul­ tats semblables au minerai de cuivre de Linguizetta et de Tallone. Si l’on en croit J. Jehasse, les romains exploitaient les ressources minérales de la Corse, en particulier celles du Venacais, de la région de Vezzani et de Ghisoni. Il faut ensuite attendre la fin du XVIe siècle pour re­ trouver une mention d’exploitation ou surtout de re­ cherche de minerais en Corse.

Bernado Spinola, ‘‘Deputato Sopra le minere di Cor­ sica”, devant séjourner dans les juridictions de Balagne et de Corte avec nombre d’hommes, afin d’exploi­ ter ces mines (per quelle lavorare), le Gouverneur Général de la Corse ordonne aux podestats et aux 83

populations de ces juridictions de pourvoir ledit Spinola de tout ce dont il aura besoin pour lui et ses hom­ mes (Bastia, 7 mars 1573). Le même jour, le Gouver­ neur, à la requête de Bernado Spinola, dont certains hommes cherchent à quitter l’île à l’instigation de per­ sonnes mal intentionnées, interdit à quiconque d’embarquer ou de faire embarquer ces hommes sans l’autorisation de leur chef. (Civile Governatore 57).

Pendant la domination génoise et, en particulier, au XVIIIe siècle, les archives gardent les traces de quel­ ques tentatives de mise en valeur. Nous savons ainsi que la mine de fer de Farinole a été exploitée et que le minerai alimentait la forge de Rutali. En 1682, le doge de la République de Gênes écrit au Gouverneur général de la Corse pour lui faire connaître que la ferme de toutes les mines de l’île, à l’exclusion des mines de fer, a été accordée à Paolo Rivarola. Malheureusement sans précision sur l’em­ placement des mines. Pascal Paoli connaissait l’existence de nombreux gise­ ments et l’intérêt qu’il y aurait à les exploiter, ainsi dans sa correspondance avec Sabiani on trouve par exemple en 1756 plusieurs allusions à des mines situées dans la région de Linguizetta, (cuivre) dans le Fium Orbo et entre Calvi et Calenzana (argent) et une mine d’antimoine non localisée. Il semble bien que rien de concret ne se soit fait sous son gouvernement et l’Intendant de la Corse Chardon signale, en 1769, l’existence d’une mine de cuivre et de fer dans la Pieve de Verde, mais déclare que Paoli en avait fait refer­ mer l’ouverture dans la crainte que sa richesse n’exci­ tât davantage la cupidité de quelque autre puissance. Enfin, à la fin du XVIIIe siècle, le Plan Terrier donne une liste complète des carrières et des mines de l’île. Par “carrières” ou “mines”, il faut entendre les roches et les gisements de minerai et non des ex­ ploitations qui n’existaient pas encore. A partir de 1840-1848 se multiplient les demandes de concession selon deux démarches : • des travaux de recher­ ches plus ou moins désor­ donnés sont entrepris avec des moyens financiers ré­ duits, (sans compétences 84

techniques, les uns sur des sites déjà connus depuis longtemps, comme Farinole, Linguizetta, Prato, Argentella ou Ponte Leccia, les autres sur la foi d’indices de surface plus ou moins bien identifiés. Les deman­ des de concessions faites dans ces conditions aboutis­ sent souvent à des échecs à plus ou moins longue échéance ; • parallèlement, profitant de la hausse du cours des minerais, d’autres initiatives s’amorcent. Des compa­ gnies continentales ou étrangères, associées à des pro­ priétaires corses, vont ouvrir ou relancer les entrepri­ ses minières, les abandonnant dès qu’elles ne sont plus rentables. “La liste serait longue des entreprises ouvertes, mises en sommeil, relancées, abandonnées”, écrit R. Emmanuelli. Bien que les statistiques disponibles puissent être sujettes à caution, les estimations suivantes sont avan­ cées pour les totaux des principales productions mi­ nières de la Corse : — cuivre : 12 000 tonnes à des teneurs très variables (0,1 à 10 %) ; — antimoine : 11 000 tonnes à 35 - 40 % de Sb ; — arsenic : 30 000 tonnes de tout venant ; — charbon : 1 000 tonnes ; — amiante : 300 000 tonnes de fibres.

Depuis 1975, le BRGM s’est intéressé à nouveau à la Corse en développant les grands thèmes suivants : • prospection de l’antimoine dans le Cap Corse ; • examen des gisements connus, mais présentant encore des possibilités de développement. L’étude du gisement Plombo-Zincifère de la Finosa (Ghisoni) s’est avérée positive avec des réserves certaines alors que celle du gisement de cuivre de Vezzani a donné un résultat négatif ; • approfondissement des connaissances sur les miné­ ralisations complexes du domaine granitique hercy­ nien ; • prospection des formations volcano-sédimentaires d’âge Permien récemment mises en évidence dans le nord-ouest de l’île ; • recherche des minéralisations non visibles en sur­ face, donc non repérables par les méthodes classiques, mais que les méthodes modernes (géochimie - géophy­ sique) permettent de déceler, en particulier dans la Corse hercynienne, auparavant peu explorée. Comme on peut le constater en l’état actuel de nos connaissances, le potentiel minier insulaire est faible. Par contre la richesse en indices peut permettre aux minéralogistes quelques découvertes assez intéressan­ tes. Aussi allons-nous localiser ci-dessous quelques gi­ sements qui permettront aux amateurs de se familiari­ ser avec les minerais corses. 85

Minerai de fer.

Pyrites.

Malachite.

* Nous avons beaucoup hésité à écrire cette liste, crai­ gnant qu’elle n’accentue le pillage de certains gise­ ments, en particulier pour des raisons commerciales, mais outre le fait que les gisements sont connus par les “marchands”, qu’une liste a déjà été publiée, nous n ’avons signalé que les gisements des minerais les plus abondants.

Le fer : sous forme de magnétite ou de pyrite, c’est le seul métal a avoir été utilisé en Corse dans les forges, où il a d’ailleurs été très rapidement supplanté par le minerai de l’île d’Elbe. Le gisement le plus important se trouve à Farinole, coordonnées, x : 574,8, y : 273,4, z : 400 m. Le manganèse : le gîte de Morosaglia aurait produit 5 tonnes de minerai à 52 % de Mn, coordonnées : x : 570,5, y : 239,9, z : 680 m. Le cuivre : de façon générale on a affaire à des sulfu­ res de cuivre, voire de cuivre et de fer : chalcopyrite, bornite, chalcocite, ou à des carbonates : malachite de couleur verte ou azurite de couleur bleue.

Azurite.

Plomb argentifère.

Citons, parmi les gîtes en amas, celui de Ponte Leccia, dont on aperçoit encore les grattages ; le gîte stratiforme de Frangone, en bordure du défilé du Lancone ; les gîtes filoniens de la Casaluna (indiqués sur la carte au 1/100 000 de l’IGN), celui de San Quilico, dont on aperçoit les haldes (tas constitués par les déchets de triage d’une mine) de part et d’autre du col de même nom ; le gîte pseudo-filonien de Vezzani, où l’on 86

pourra ramasser quelques cristaux de chalcopyrite aux abords du village et surtout au col d’Erbajo dans les haldes d’un puits au-dessus de la route. Le cuivre est associé parfois à des sulfures de plomb et de zinc (voir ces métaux). Le plomb, le zinc, l’argent : avec, comme minerai es­ sentiel, un sulfure de plomb, la galène. Nous signale­ rons, parmi les 57 indices, le gisement de la Finosa (près de Ghisoni - voir son emplacement sur IGN au 1/100 000) où l’amateur pourra récolter, dans un tuf rhyolitique, des imprégnations de plomb, de l’azurite et de la malachite. Un autre gisement célèbre est celui de l’Argentella, au sud de Calvi, dans la région de Crovani. On distingue dans la montagne la cicatrice laissée par l’exploitation.

Amiante.

Réalgar et orpiment.

L’antimoine : richesse du sous-sol de la Corse à la fin du XIXe siècle. On peut encore trouver des aiguilles de stibine dans les haldes de l’ancienne exploitation de Luri-Castello, par exemple. L’amiante : les deux gisements les plus importants se trouvent à Canari, ancienne exploitation et à Olmeta du Cap (réserves). Mais on pourra trouver dans la ser­ pentinite, en maints endroits de la Castagniccia ou de la région de Vezzani, des filonnets de fibres blanchâ­ tres. L’arsenic : beau minerai de couleur jaune d’or (orpi­ ment) ou rouge vif (realgar). Le gisement se trouve à Matra, au-dessus du village. Du mispickel, minerai où sont associés arsenic et fer, a été trouvé à Lozari. Le charbon : quelques fragments d’anthracite peu­ vent être récupérés sur les anciens “terrils*” de la ré­ gion d’Osani. Nous signalons enfin, pour mémoire, les indices de mo­ lybdène dans l’ouest de la Corse, de tungstène, d’étain et de bismuth au nord de Porto-Vecchio, de nickel dans les serpentinites, de magnésium près de Biguglia, de fluor entre l’Ile-Rousse et Ponte Leccia, de bary­ tine dans la région de Tavaco, ou dans le sud de l’île, de terres rares dans la région d’Evisa et de minéralisa­ tions uranifères entre l’Ile-Rousse et Saint-Florent, au sud de Porto, près de Cargèse ou d’Ajaccio. 87

Mine d’antimoine.

QUELQUES PROBLÈMES DE GÉOLOGIE APPLIQUÉE LA GÉOLOGIE DES RESSOURCES NATURELLES

Le pétrole en Corse La Méditerranée représente un ensemble important de bassins sédimentaires qui ont été découverts et explo­ rés par les compagnies pétrolières car ils pouvaient offrir un immense potentiel pétrolier.

La technique d’investigation la plus employée a été la prospection par sismique réflexion : — on provoque à une faible profondeur sous l’eau une explosion ou une implosion ; — on note après l’explosion l’instant où la première oscillation arrive à l’appareil d’enregistrement ; — on observe ensuite un régime complexe avec des arrivées d’ondes réfractées ou réfléchies en profon­ deur sur ce que l’on nomme des “miroirs” ou discon­ tinuités lithologiques ; — on mesure sur les enregistrements l’instant moyen d’arrivée d’une onde réfléchie et son angle d’inci­ dence. Connaissant les vitesses étalons et le temps d’aller-retour, on en déduit la profondeur des miroirs.

Sismique réflexion in J.J. Blanc. 88

C’est essentiellement grâce à cette méthode que l’on a pu reconstituer l’aspect du bassin sédimentaire situé sous le canal de Corse : l’épaisseur des séries sédimen­ taires, supérieure à 4 000 mètres et la présence de piè­ ges (biseaux) rendent possible la présence du pétrole.

L’eau Une des préoccupations importantes des géologues outre l’approvisionnement en matières premières et en énergie, est la recherche de l’eau et son exploitation. Les ressources en eau de la Corse sont importantes, il s’agit d’ailleurs d’une caractéristique de cette île qui l’oppose par exemple à la Sardaigne ou à la Sicile. Toutefois l’irrégularité des pluies, la torrentialité des Le barrage de Tolla.

fleuves, obligent à un stockage des eaux superficielles pour l’irrigation et la production d’énergie hydroélec­ trique. Les plaines alluviales et les bassins sédimentaires com­ portent des réserves exploitables par forage. Une nappe circule dans certaines terrasses anciennes en bordure des reliefs, mais leur perméabilité est assez faible, le matériel étant argileux. Ce sont les alluvions récentes grossières et non argileuses qui constituent le meilleur magasin aquifère. Notons que ces matériaux sont très convoités pour la confection des granulats, d’où une source de conflits permanents entre cette activité et le captage des eaux, ces deux substances étant indispen­ sables au développement de l’île. En Corse granitique 89

on peut rencontrer des nappes aquifères dans l’arène et les roches sont affectées par un système de fractures qui peuvent fournir de petites alimentations. La Corse schisteuse peut, suivant la nature des roches, consti­ tuer des magasins aquifères nourrissant des émergen­ ces importantes en particulier dans la Castagniccia. Le thermalisme en Corse L’abondance des sources, soulignée par de nombreu­ ses publications, a fait naître l’idée de la vocation thermo-minérale de la Corse. On distingue, d’un point de vue hydrogéologique, les sources thermales, toutes localisées dans la Corse cristalline, et les sources Le thermalisme minérales froides, toutes en Corse. situées en Corse orientale. Les premières sont situées sur d’importantes failles, elles ont toutes les mêmes caractéristiques (sulfurées sodiques) et des tempéra­ tures assez voisines (45 à 55° C), leur débit varie sui­ vant les sources, de 1 litre par minute à 125 litres par minute pour Pietrapola. Les secondes sont de com­ position plus variable : bicarbonatées, ferrugineu­ ses dans la Castagniccia, sulfatées dans la Plaine d’Aléria. Leurs températu­ res sont comprises entre 12 et 16° C. En Corse granitique 4 établissements thermaux sont susceptibles d’être développés : Baracci, Guitera, Pie­ trapola et Guagno, le nombre de curistes pouvant être traités variant de 200 à 400 suivant les centres. En Corse alpine seule l’eau d’Orezza est commercialisée alors que depuis quelques années l’eau de la source du col Saint Georges et l’eau de la source Calaris sont embouteillées en Corse granitique.

L’énergie géothermique Dans le cadre des économies d’énergie, une évaluation du potentiel géothermique de la Corse a été réalisée par le BRGM en 1980. Si la Corse alpine a donné des résultats négatifs il n’en est pas de même pour la Corse occidentale où les di­ verses approches mises en œuvre ont révélé que les ano­ malies thermominérales positives sont le reflet de l’in­ filtration d’eau météorique à grande profondeur au sein de la masse granitique, de son réchauffement progres90

sif puis de sa remontée rapide selon des plans préfé­ rentiels. Le potentiel exploitable ne paraît pas négli­ geable. Une conversion de cette énergie thermique en énergie électrique n’est pas envisageable, mais une uti­ lisation pour le chauffage reste possible (habitat - ser­ res - piscines). Par ailleurs on peut envisager l’emploi d’une géother­ mie à très basse énergie. Il semble en effet que l’on puisse développer les cultures dans des serres, climati­ sées par la géothermie, qui permettraient un démar­ rage très accéléré de la végétation. De telles installa­ tions peuvent fonctionner avec des eaux à 25° C et il n’est pas exclu d’en rencontrer à quelques centaines de mètres seulement de profondeur dans la plaine orientale.

La géologie du Génie Civil Cantonné il y a encore quelques années dans la recher­ che pure ou dans des domaines techniques très précis (mines - carrières - etc.), le géologue est associé de plus en plus à tous les projets de génie civil.

‘‘Tant au stade de la conception qu ’à celui de l’exécu­ tion, le responsable d’un projet doit tenir compte à la fois des impératifs techniques propres à l’ouvrage dont il poursuit la réalisation et des conditions origi­ nales que lui impose le lieu de son implantation”. Letourneur et Michel. Pour connaître ces conditions, après un premier tra­ vail de documentation et d’observation sur le terrain, le géologue conseil, devra, dans la plupart des cas, compléter son information par l’implantation de son­ dages, et par la réalisation d’essais géotechniques ou géophysiques. — Seuls les sondages permettent de connaître avec précision l’épaisseur d’une couche, de déterminer la profondeur à laquelle se trouve une roche saine, sous un manteau de roches altérées. Ils permettent égale­ ment de préciser la fracturation d’un massif, son étan­ chéité, les propriétés mécaniques des roches. Ainsi un sondage sous la centrale thermique du Vazzio a révélé la présence d’argiles et de marnes riches en fossiles, identiques à celles de la carrière de Campo dell Oro, 400 mètres à l’est. C’est par une campagne de sondages avec carottages que les premiers travaux du futur barrage du Fium Orbo ont commencé. La connaissance des qualités mécaniques et de la fracturation des roches des 2 rives est nécessaire pour choisir le type de l’ouvrage, sa hauteur exacte, voire sa faisabilité. — Pour préciser la qualité des fondations d’un im­ meuble on utilise fréquemment un essai géotechnique simple (pénétromètre dynamique) consistant à comp91

ter le nombre de coups nécessaires pour enfoncer une tige terminée par une pointe d’une certaine longueur. De façon grossière un nombre de coups élevés indique un bon terrain de fondation à structure stable. Des abaques permettent de transformer cet essai en indica­ tion de portance. — Des méthodes géophysiques, dont certaines ont déjà été signalées dans la 2e partie, sont des aides pré­ cieuses dans la connaissance du sous-sol et la résolu­ tion d’un problème. Ainsi la reconnaissance géophysique électrique et sis­ mique du gisement d’argile de Peri a permis d’en esti­ mer les réserves. L’extension reconnue du gisement concerne une su­ perficie de 8 hectares sur une épaisseur moyenne de 12,5 mètres ce qui donne un volume d’un million de m3. Pour préciser cette extension on a utilisé les propriétés des argiles vis-à-vis de la résistivité et la sismique ré­ fraction. Ces quelques exemples non exhaustifs montrent la di­ versité du champ d’action du géologue et soulignent que le génie civil compte tenu de son essor est devenu un important chapitre de la géologie appliquée.

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Le Capo Larghia.

A LA DÉCOUVERTE DE LA GÉOLOGIE DE LA CORSE Des itinéraires variés sont proposés cidessous au lecteur.

Il lui sera ainsi possible en Corse an­ cienne, en Corse alpine et en Corse sédimentaire : • d’observer les affleurements des dif­ férents types de roches ; • de découvrir les grandes unités géo­ logiques ; • de mieux comprendre, sur le terrain, les arguments sur lesquels reposent les reconstitutions paléogéographiques et tectoniques. ITINÉRAIRES DANS LA CORSE ANCIENNE

Quatorze excursions regroupées en cinq centres d’intérêt sont nécessaires pour présenter les ensembles géologi­ ques de la Corse occidentale et encore, aucun itinéraire n’est proposé dans les terrains anté-carbonifère datés, les roches de ces formations étant diffici­ les d’accès, et d’interprétation très délicate. La moitié de ces excursions concernent 93

la découverte du batholite granitique Carbonifère. L’autre moitié illustre la diversité des deux cycles volcaniques et des granites permiens. LES PRINCIPAUX ASPECTS DE L’ASSOCIATION GRANITIQUE SUBALCALINE

Localisés dans le nord-ouest de la Corse, au nord d’une ligne AjaccioVico-Belgodère, ces granites sont bien représentés autour de Calvi. C’est là que nous les découvrirons.

Au nord-est de Calvi les ro­ ches moins siliceuses sont plus arénisées et les formes, sont en conséquence moins déchi­ quetées.

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(1) Sur le port, au pied de la citadelle, beau granite clair à gros cristaux de feldspath et à cristaux de sphène brun miel. (2) Notre-Dame de la Serra : très beaux tafoni que l’on peut voir aussi à la Revellata. (3) Remarquer en passant, les placages dunaires dominant l’anse de Récisa. (4) Porto Agro : granite à patine rous­ se, donnant des reliefs escarpés, d’as­ pect ruiniforme. (5) Après Lumio sur la route de Sant’ Ambroggio (RN 199) granite assez som­ bre riche en enclaves microgrenues ali­ gnées, à observer dans une carrière à droite de la route.

(6) Après la station d’essence, dite du monolithe, au nord de la route, ancien­ nes carrières dans lesquelles se trouve une colonne abandonnée de 17,5 m de long sur 2,5 m de diamètre, qui devait être envoyée à Ajaccio pour porter une statue de Napoléon. Elle est constituée par une belle roche à gros cristaux de feldspath potassique rose, pauvre en quartz, riche en minéraux ferromagnésiens où le sphène est très abondant. (7) Les Iles-Rousses sont constituées du même granite roux à grains fins que celui de la marine de Porto Agro.

Tafoni et granite subalcalin : Notre-Dame de la Serra.

LES PRINCIPAUX ASPECTS DE L’ASSOCIATION GRANITIQUE CALCO-ALCALINE

La surface recouverte par cette asso­ ciation est très importante : environ 50 % de l’île. Six itinéraires sont né­ cessaires pour en découvrir les princi­ paux faciès. A l’occasion, des affleure­ ments de roches métamorphiques ou sédimentaires seront signalés. Ajaccio-Vizzavona Les premiers kilomètres de la RN 193 révèlent le contraste entre la basse val­ lée de la Gravona, creusée dans un gra-

Rive gauche de la Gravona, les collines plates qui domi­ nent la rivière sont d’ancien­ nes terrasses quaternaires.

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nite arénisé, et les reliefs des massifs du Gozzi et de l’Aragnasco, constitués de granites alcalins.

De Bocognano jusqu’au pont de Sellola, les reliefs déchi­ quetés de la rive droite de la Gravona, témoignent des dé­ formations du socle graniti­ que lors de la mise en place de la Corse alpine. Granodiorite à grenats, pont de Sellola.

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(1) Carrières d’argiles (cf description p. 31) accessibles par la D 229 vers Peri, à environ 3 km du croisement. (2) Après le pont de Peri arène graniti­ que de plus de 10 mètres d’épaisseur dans laquelle des filons d’aplite et de pegmatite apparaissent en relief. (3) En face du camping des Eaux-vives sur le talus de la route, observer le mé­ lange magmatique entre le granite et les gabbro-diorites. (4) Après le pont d’Ucciani, beaux mi­ roirs de faille. (5) Au niveau du pont de Sellola possi­ bilité de prélever dans les blocs en bor­ dure de la route un échantillonnage très varié de roches du socle : roches métamorphiques, roches filoniennes et surtout présence de grenats brun rouge quelquefois bien cristallisés et maclés dans une granodiorite claire à biotite. Ces diverses roches proviennent du haut bassin de la Gravona et ont été véhiculées jusque là par un ancien gla­ cier, dont elle constituent une moraine latérale. (6) Au col de Vizzavona gagner le fort situé également sur une ancienne mo­ raine ; par un petit chemin descendant

vers l’Agnone se diriger vers des éboulis formés de beaux spécimens de gneiss œillés. Les environs d’Ajaccio (1) La ville est bâtie sur un granite porphyroïde que l’on voit très bien dans le parking d’EDF, avenue Impératrice Eugénie et au Casone. Vers l’ouest, à partir du cimetière, celuici fait place à un granite clair à grain plus fin.

Argiles du pliocène.

(2) Ce granite peut être observé dans la carrière du Scudo. (3) Les Iles Sanguinaires sont consti­ tuées par des diorites que l’on obser­ vera aux environs de la Parata. (4) Présence de gneiss sur la route de Capo di Feno. (5) Sur la route d’Alata, après le croi­ sement des départementales D 61 et D 421, très belle syénite à épidote. (6) Sur la D 503 près du passage à ni­ veau, carrière d’argile Pliocène dans laquelle des concrétions livrent des cristallisations de gypse. Ajaccio - Propriano et retour Jusqu’au carrefour de Pisciatello, gra­ nites en général profondément arénisés, avec par endroit des filons d’aplite et de pegmatite. En montant vers le col de Saint Geor­ ges granite monzonitique à amphibole plus ou moins arénisé.

Le village de Cauro est bâti au contact du granite leucocrate et d’un granite alcalin à bio­ tite.

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(1) Dans la descente, après le col, fi­ lons basiques de composition dioritique. (2) A environ 2 km du col, filon acide de rhyolite. (3) A Urbalacone, à la faveur d’une faille, remontée d’eau thermale (bains de Taccana). (4) Au pont d’Abra le développement des minéraux ferromagnésiens (biotite et amphibole) et des plagioclases carac­ térisent une granodiorite. (5) Après Petreto-Bicchisano la route est momentanément située dans un re­ lief plus escarpé, signant ainsi son pas­ sage dans des granites différents (gra­ nites alcalins), avant de retrouver jus­ qu’à Propriano la granodiorite et le granite monzonitique. (6) Dans la falaise avant les premiers hôtels de Propriano, Pliocène marin. (7) Rive nord du golfe du Valinco pré­ sence de gabbro, de diorite et de mé­ langes magmatiques. 98

(8) Massif important de granite à grain fin de couleur claire aux reliefs escar­ pés que l’on traverse avant de retrou­ ver le granite porphyroïde d’Ajaccio, dans la région de Porticcio. (9) Au niveau de la plage d’Agosta, audessus de la route, formation marine quaternaire. (10) Au carrefour de la route vers Rotolo, dépôts sableux fins et colorés attribués au Pliocène.

Région de Levie - Sainte-Luciede-Tallano (1) De Sainte-Lucie-de-Tallano, patrie de la diorite orbiculaire, à Levie, les ta­ lus de la route laissent apparaître en maints endroits des imbrications entre roches sombres (diorite et gabbro) et granites : injections composites.

(2) A proximité du village de Levie, près de l’hippodrome, très beau gab­ bro “noir de Levie”, très dur. (3) Sur le Pianu de Levie exemples clas­ siques d’altération en boules, donnant des chaos granitiques ayant abrité les hommes de la Préhistoire.

Cf dans la même collection "Civilisations perdues en Alta Rocca".

Sartène - Tizzano - Sotta Porto-Vecchio (1) “La plus Corse des villes Corses” est entièrement édifiée en granite local à grains moyens. (2) Rive ouest de la plage de Tradicetto, magnifiques gabbros et diorites. 99

De Bocca Albitrina jusqu’au pont de l’Ortolo la route ser­ pente en général dans le gra­ nite, mais entre le 3e et 5e km après le col, on peut observer des affleurements de diorite et de gabbro, et l’altération en petites boules dans les roches basiques.

On retrouve dans la dépres­ sion de Figari le monzogranite, puis la granodiorite et la diorite quartzique.

L’Uomu di Cagna.

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(3) Rive gauche de l’Ortolo, noter le débit en dalles et les cannelures du gra­ nite du massif de Ranfone. (4) Après le pont, le relief devient plus escarpé, on traverse le granite clair de la montagne de Cagna. (5) Auberge de Roccapina : sous l’effet de l’érosion les Tafoni se multiplient, les roches évoquent tout un bestiaire figé pour l’éternité (lion, éléphant...). (6) La descente sur Piannottoli permet d’observer sur la gauche le massif de l’Omu di Cagna et à droite en bordure de mer des zones relativement planes sur lesquelles se trouvent des placages dunaires. (7) Un peu avant le village de Sotta au carrefour des D 859 et D 59, à droite dans le talus (7a) : diorite avec de nom­ breux filons acides. Un km plus loin (7b) on domine la dépression de Sotta creusée dans la granodiorite, à gauche les collines rouges appartiennent au complexe annulaire de Vacca et sont constituées par un granite alcalin. Au loin les granites leucocrates forment les sommets des massifs alors que les gra­ nodiorites et les monzogranites à gros grains constituent leurs flancs. A l’en­ trée ouest (7c) de Sotta : ancienne car­ rière taillée dans la diorite. (8) Dans les environs de Porto-Vecchio important champ filonien de microgranite et de microdiorite injectés dans la granodiorite G I. La ville elle-même prend appui sur l’un d’entre eux.

La haute Chaîne Trois facteurs s’additionnent pour don­ ner à la montagne granitique un cachet véritablement alpestre : • Rajeunissement du relief, dû à l’in­ fluence de l’orogenèse alpine, se tra­ duisant par une surrection de la bor­ dure orientale granitique. • Travail de l’érosion glaciaire qui, au cours du Quaternaire, a sculpté la haute montagne, creusant des cirques, polis­ sant des roches... • Meilleure résistance à l’érosion des granites leucocrates à grain fin, intru­ sifs en lame d’orientation sud-ouest — nord-est dans les granodiorites ou les granites monzonitiques.

— Les régions du lac de Nino et de la Punta Artica sont constituées par le granite monzonitique qui donne des re­

liefs assez mous plus particulièrement retouchés par l’érosion glaciaire, sur les versants nord. De beaux filons de microgranites sont visibles au lac de Nino. — Le Monte Rotondo est fortement affecté par l’orogenèse alpine et pro­ fondément sculpté par l’érosion gla­ ciaire. Malgré sa nature granodioritique son relief est donc escarpé. — Le massif dans lequel sont creusés les lacs de Melo, de Capitello et de Goria est constitué de granite leucocrate qui, résistant bien aux agents de l’érosion, a donné naissance à diffé­ rentes pointes (Punta alle Porte, Capu a i Sorbi etc...). 101

— Le Monte d’Oro, l’un des sommets corses les mieux individualisés, a une base granitique et un sommet rhyolitique. — Le massif du Renoso est formé par le granite monzonitique. Si son versant oriental est escarpé, il le doit essentiel­ lement à l’érosion glaciaire et fluviale.

Le lac de Bastani et le Monte Renoso.

— Quant à l’Incudine, de forme lour­ de, le plus méridional des “2000”, il est constitué par la même granodiorite que celle de Porto-Vecchio.

LES FORMATIONS DU PREMIER CYCLE VOLCANIQUE ET LEURS RAPPORTS AVEC LES ROCHES PLUS ANCIENNES

C’est dans le secteur d’Osani - Galéria et dans la vallée du Fango que ces ro­ ches affleurent. La région d’Osani (1) Du col de la Croix, la piste de Vi­ gnola recoupe les formations andésitiques, constituées successivement de pyroclastites* verdâtres au début de la piste puis de coulées d’andésite alter­ nant avec des niveaux sédimentaires.

(2) Dans le virage qui précède le col de Vignola un niveau sédimentaire vert a livré des cordaïtes (tiges de 1 à 2 cm de section, ayant de 10 à 20 cm de long et présentant parfois quelques feuilles). (3) Sur le chemin de Girolata un con­ glomérat à galets de granite et des cou­ ches charbonneuses surmontent, en dis­ cordance*, des schistes et des phylla­ des. (4) Au-dessus de la route, une tranchée récente dont les déblais sont visibles du col donne une coupe dans les niveaux gréso-argileux noirs du Carbonifère supérieur. Un filon de rhyolite y est localement décalé par une faille. (5) A Osani, anciens terrils de l’exploi­ tation d’anthracite. (6) Entre Curzo et Osani nombreux fi­ lons en relief dans les roches métamor­ phiques.

Ces fossiles sont caractéristi­ ques du Permien inférieur.

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Pont génois sur le Fango.

Vallée du Fango et environs (1) A 7 km de Galéria série ignimbritique dite du Pont Génois, rouge, en bancs irréguliers riches en flammes, contenant des enclaves de roches plus anciennes. (2) Entre le pont Génois et Manso, sé­ rie de Chiumi, formée de schistes gré­ seux avec des conglomérats sans galets de granite. (3) Après Manso granodiorite recou­ pant la série de Chiumi recouverte par l’ignimbrite noire. (4) Au fond de la vallée, sur la piste de Capronale, à partir du pont de Rocce, ignimbrite noire contenant également des enclaves de roches plus anciennes (granites et microgranites, andésites). (5) Sur la N 199 au pont de Colombo ignimbrite verte avec des flammes. (6) 50 mètres avant la maison cantonnière de Colombo, rhyolite ignimbritique très dure, de couleur violet-noir à patine beige, riche en fragments de mi­ crogranite rouge.

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LES FORMATIONS DU SECOND CYCLE VOLCANIQUE

C’est dans les presqu’îles de Scandola et de Senino et dans le massif du Cintu qu’elles peuvent être découvertes. La presqu’île de Scandola Sa découverte ne s’effectue qu’en ba­ teau. Il s’agit d’une des régions les plus sauvages et les plus originales de l’île ;

classée en Réserve naturelle, elle repré­ sente la partie orientale d’un ancien vol­ can érodé. (1) Depuis Galéria jusqu’à la baie d’Elbo, côte tourmentée, constituée de dacite et de trachy-andésite traversées de nombreux filons rouges de rhyolite. (2) Au niveau de la marine d’Elbo microgranites bien visibles. (3) A cala di Ficaccia falaises de basal­ tes noirs. (4) Cendres litées indurées oranges. (5) Ignimbrites et rhyolites rouges prismées (les ignimbrites se repèrent par les flammes). (6) A Punta Palazzu dôme de rhyolite rouge montrant de remarquables prismations subhorizontales. 105

Orgues, Punta Palazzu.

(8) De Cala Vecchia à Girolata

on rencontre des phyllades, puis des granites porphyroïdes.

(7) Au niveau de l’îlot de Gargalo (côte ouest) formations chaotiques avec des blocs énormes de basalte et d’ignimbrites : ce sont d’anciennes coulées boueuses appelées lahars. (9) Le fortin de Girolata est installé sur une colline de granite porphyroïde, aux formes relativement douces. (10) La presqu’île de Senino observée de Girolata montre l’inclinaison vers l’ouest des coulées ignimbritiques.

Le complexe du Cintu Deux excursions représentant 3 jours de marche permettent de se faire une bonne idée de la structure du massif de Cintu.

Du sommet du Cintu belle vue au sud sur le Niolo et plus loin sur la chaîne du Rotondo ; au nord sur le Stranciacone et la Mufrella et audelà sur le golfe de Calvi.

L’ascension du Cintu (1) Au départ, à la station du haut Ascu, on se trouve sur une moraine. (2) La montée au col de Borba s’effec­ tue entièrement dans les ignimbrites rouges. (3) Du col de Borba à la pointe des éboulis on gravit des pierriers constitués par des débris de pyroclastites. (4) Le sommet du Cintu est constitué par ces pyroclastites très redressées. (5) La descente du col de Borba vers Manica permet à nouveau de passer des pyroclastites aux ignimbrites. Deux jours sur le GR 20 Depuis la maison forestière de Bonifato rejoindre le sentier de grande ran­ donnée, le GR 20, au radier de Roncu, suivre ce sentier jusqu’à Spasimata.

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(1) A gauche en montant coupoles de granite rose se débitant en grandes dal­ les : granite hyperalcalin à riebeckite. (2) Deux cents mètres après avoir fran­ chi la passerelle de Spasimata, le grain du granite diminue progressivement jusqu’à devenir très fin et l’on passe par l’intermédiaire d’une bordure figée aux ignimbrites massives. (3) Celles-ci sont bien reconnaissables, le long du GR, un peu plus haut, par suite de la présence des flammes sub­ horizontales. En continuant la randonnée on s’élève dans les ignimbrites. (4) Au niveau du lac de la Mufrella, contact entre ces ignimbrites et les pyroclastites qui constituent le sommet de la Mufrella. (5) Le GR 20 traverse ensuite la nappe de ponce du Stranciacone. (6) Il retrouve les ignimbrites dans le val d’Asco et y reste jusqu’à la Bocca Minuta. (7) A Bocca Minuta très belle faille. (8) Au cours de la descente vers Balone le sentier recoupe les pyroclastites infé­ rieures. 107

Le golfe de Porto.

LES GRANITES SUBVOLCANIQUES ANNULAIRES ALCALINS

Ces granites très peu altérables consti­ tuent certains des plus beaux paysages du Parc Naturel Régional, deux itiné­ raires illustrent quelques-unes des par­ ticularités de ces roches permiennes.

Des calanche, point de vue vers le nord sur Scandola, le golfe de Girolata et le Monte Senino.

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De Piana au col de Salto (1) Le village de Piana est situé sur une granodiorite analogue à celle de Manso. (2) Les calanche sont sculptées par de très nombreux tafoni, dans un granite rouge brique (couleur des feldspaths), fortement diaclasé, comportant des cristaux laiteux de quartz, des micas noirs et des poches verdâtres (chlorite) où l’on remarque de petits cristaux vio­ lets (fluorine). (3) En sortant des calanche, les reliefs hardis cèdent la place à une zone plus déprimée, le granite, est grisâtre.

(4) La basse vallée du Porto est creusée dans ce granite. (5) Le rocher qui supporte le fort est constitué par le granite des calanche. (6) Sur la RF 9 au carrefour d’Ota : gabbro d’Ota et mélanges magmati­ ques avec le granite clair. (7) La route en corniche domine les gor­ ges de la Spélunca taillées dans le gra­ nite des calanche. (8) Au-dessus une ancienne surface d’érosion (la haute surface de Marignana-Evisa) rend le relief plus doux. (9) Un kilomètre avant Evisa, au début de la châtaigneraie, sur la droite, peg­ matite rouge avec d’énormes cristaux blancs de quartz. (10) Au voisinage du col, dans les fa­ ciès les plus grossiers, présence d’ai­ guilles très vertes d’Aegyrine se distin­ guant facilement de la riebeckite plus sombre. (11) Noter aussi 500 m avant la bifur­ cation des pistes de Felce et de Cuccavera la présence de zones beaucoup plus riches en riebeckite constituant une variété de roche dont le type a été défini ici : la lindinosite.

A environ 6 km au nord-est du village d’Evisa prendre une piste sur la gauche et se diri­ ger à pied vers le col de Salto.

La vallée du Prunelli

L’itinéraire qui emprunte la D 3 de Bastelicaccia à Bastelica par Ocana et Tolla permet de découvrir le complexe de Cauro Bastelica et les granites aux mi­ néraux particuliers qui le composent. (1) Après le pont de la Pierre (5 km en amont de Bastelicaccia) de nombreux filons traversent la route, l’un d’eux se voit sur la rive opposée du Prunelli, entaillé par une carrière ; il s’agit de rhyolite recristallisée qu’on nomme granophyre*. (2) Deux kilomètres après le croisement D 3 - D 103 beau panorama dans les roches du complexe : barrant tout le paysage une muraille abrupte sans végétation : granite de la Vana ; au fond à gauche, les pyramides de la Punta di Mazzoni et de la Punta di a Gattia, constituées par des granites à hastingsite* - fayalite*. (3) Col de Mercujo : le point de vue est situé au centre du complexe annulaire 109

De Tolla à Bastelica, la route suit une succession de filons granitiques analogues à ceux des Calanche et de panneaux granodioritiques.

de Cauro-Bastelica. A part le Monte Renoso et les montagnes du Haut Prunelli, tous les sommets alentour appar­ tiennent aux racines d’un volcan qui avait vingt kilomètres de diamètre. Le cœur déprimé de la vallée du Prunelli est en granodiorite mais tous les som­ mets découpés sont en granite récent (190 - 240 millions d’années) ; granite à amphibole verte au barrage de Tolla, à amphibole bleue à la Punta di Mazzoni, à mica noir à l’usine hydro-élec­ trique d’Ocana. Le Prunelli perce des gorges impressionnantes dans ces ro­ ches en aval du barrage de Tolla. (4) S’arrêter au pont du Vecchio, reve­ nir en arrière sur environ un km et observer après le granite alcalin, une rhyolite rouge, des roches métamor­ phiques et une rhyolite verte. (5) A Bastelica tourner à gauche sur la D 27 vers le col de la Scalella. Sept ki­ lomètres après, la route traverse un pe­ tit massif de diorite bleu sombre. (6) Du col de la Scalella belle vue sur le massif granitique du Monte d’Oro et la haute Gravona dont le cours est imposé par des failles. Les gorges du Prunelli.

ITINÉRAIRES DANS LA CORSE ALPINE

Les caractéristiques essentielles des cinq ensembles structuraux de la Corse alpine sont illustrées à la faveur de di­ vers points d’observation et excur­ sions. LA COUVERTURE SÉDIMENTAIRE AUTOCHTONE

Dans la partie orientale de la Corse granitique subsistent quelques témoins de terrains calcaires et de séries détriti­ ques qui ont échappé à l’érosion. Grâce aux fossiles, on peut y distinguer des formations d’âge secondaire et ter­ tiaire.

Dans le sud de la Corse La Punta di Calcina Près de Sainte-Lucie de Porto-Vecchio, sur la colline du relais de télévision, des dépôts calcaires du Jurassique supé­ rieur reposent sur des micaschistes. Ils sont surmontés par des grès et des con­ glomérats de la fin du Crétacé, qui sup­ portent une série fossilifère de l’Eocène (foraminifères).

Dans des poches où le cal­ caire a été dissout, existe une accumulation d’ossements d’un petit rongeur quaternaire aujourd’hui disparu, le Prolagus corsicanus.

La Punta Fornello Depuis Solaro se rendre 500 m au-delà de la maison forestière de Tova. Pren­ dre la piste des cabanes de Tova (alt. 1280 m), rejoindre l’arête et la suivre jusqu’à la Punta Mufrareccia consti­ tuée d’une écaille de granite chevau­ chant sa couverture Éocène (pano111

Le mot Fornello qui signifie Four proviendrait de l’utilisa­ tion du calcaire dans des fours à chaux qui étaient installés dans la vallée de l’Asinao et alimentés par des blocs préci­ pités depuis le sommet.

rama). On se déplace sur une épaisse formation détritique constituée par une succession rythmique de grès et de pelites (un flysch) avec des bancs de microbrèches à grands foraminifères. De la pointe continuer vers le Sud jusqu’au Fornello. Le Fornello est formé de grès calcaires et de calcaire massif riches en fossiles (algues calcai­ res, foraminifères) qui reposent, à 1800 m d’altitude, sur le granite annulaire per­ mien à amphibole verte de Bavella.

Le Monte Santo Depuis Solenzara gagner le hameau de la Penna (Sari di Porto-Vecchio) puis son château d’eau. De là, par un sen­ tier, se rendre au sommet du Monte

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Santo constitué par une barre calcaire Eocène reposant sur le socle gneissique ante-hercynien (belle vue sur les aiguil­ les de Bavella, le Fornello, le sud de la plaine orientale). On peut également prendre la piste qui part du cimetière sous Sari, vers l’ouest, et l’on traver­ sera alors, sur 500 mètres, le flysch, le calcaire puis les gneiss du socle.

Le Razzo Bianco.

Dans la région cortenaise

Le Razzo Bianco Le rocher calcaire de Razzo Bianco est facilement observable dans le pano­ rama. Ce calcaire est daté, grâce à de rares fossiles, du Jurassique supérieur ce qui permet de supposer que la brè­ che à éléments calcaires et siliceux située au-dessus en discordance* est du Crétacé. Un sentier partant de Venaco, 50 mètres avant l’hôtel du Vallon (au départ escalier cimenté), permet de ga­ gner le site du Razzo Bianco en moins d’une heure de marche. On traverse d’abord le poudingue de Venaco et, juste avant d’arriver à la base de l’af­ fleurement calcaire, on passe devant un four à chaux. Dans la carrière située au-dessus, présence de calcite cristalli­ sée et d’un aven. Belle vue vers le nordest et l’est sur les schistes métamorphi113

ques, et le Vecchio qui traverse la série de Bagliacone-Riventosa (voir ci-des­ sous).

Le poudingue de Venaco Les poudingues et grès de Venaco re­ posent en discordance sur la brèche du Crétacé du Razzo Bianco. Il peut être observé en bordure de la route natio­ nale 193 à l’altitude de 473 mètres (point km 67,5) et constitue le sommet du Monte Cardo à 2453 mètres d’alti­ tude. Compte tenu de son épaisseur (rarement supérieure à 300 mètres) et de son inclinaison, cela prouve qu’il a été fortement redressé, postérieure­ ment à son dépôt, en même temps que le socle granitique sur lequel il repose était porté à haute altitude. Ses galets sont formés par du quartz souvent noir, des quartzites, des gneiss, des micas­ chistes, des rhyolites et des granites. Par analogie d’aspect cette formation non fossilifère est attribuée à l’Eocène. 114

La vallée de la Restonica De part et d’autre de la carrière d’un marbre considéré comme jurassique su­ périeur on peut voir, vers l’amont, le socle cristallin sur lequel repose le mar­ bre et vers l’aval, au-dessus des mar­ bres une brèche à éléments calcaires étirés qui passe à un conglomérat plus riche en matériaux du socle.

Homologue de celle du Razzo Bianco, cette brèche est attri­ buée au Crétacé.

LA ZONE DE CORTE Entre Venaco et Ponte Leccia, la zone de Corte (sens large) constituée de plu­ sieurs ensembles, pauvre en fossiles et bouleversée par la tectonique, fait l’ob­ jet d’analyses différentes voire oppo­ sées. Un itinéraire comportant 9 arrêts pré­ sente ces divers ensembles.

La région de Valetto (1) A la borne kilométrique 77,6, on remarque, reposant en position verti­ cale sur le granite, des calcaires trans­ formés en “marbre” contenant des blocs empruntés au socle, des bancs de grès et un conglomérat. La série sédimentaire présente donc une succession très semblable à celle de la couverture autochtone, mais elle est plus déformée et recristallisée. De plus, les contacts avec les formations envi­ ronnantes se font par failles. L’ensem115

ble de ces caractères suggère que la série n’est pas à sa place, elle serait légèrement déplacée en position parautochtone*.

Les écailles cortenaises L’unité de Corte (2) Depuis l’ancienne route de Corte le panorama permet de découvrir cette formation. A l’ouest et au sud, le socle granitique constitue les hautes monta­ gnes, les formations de l’unité de Corte, à fort pendage* vers l’est, dessinent des chevrons bien visibles. Au-dessus de l’unité de Corte on observe une for­ mation bréchique qui correspond à l’escarpement de la citadelle. Quant à celle-ci, elle est bâtie sur des roches vertes (ophiolites) qui reposent en con­ tact anormal* sur les formations bréchiques. Les roches vertes sont en posi­ tion allochtone*. L’étude détaillée des roches qui com­ posent l’unité de Corte révèle que les terrains les plus récents affleurent vers le sud-ouest alors que les plus anciens sont au nord-est. En conséquence les terrains les plus anciens apparaissent sur les plus récents, l’unité de Corte est renversée et ce simple exemple nous permet d’imaginer la complexité du secteur due aux perturbations tectoni­ ques (panorama, page 118).

L’unité de Pinzalaccio Au nord, à droite de la citadelle, on aperçoit l’unité de Pinzalaccio domi­ née par l’émetteur de télévision, que l’on pourra découvrir le long de la route nationale 193 entre Corte et le col de San Quilico. (3) Au sud de Bistuglio, on observe des calcaires du Lias (?) et des dolomies du Trias ainsi qu’un flysch riche en frag­ ments du socle. (4) Au nord de Bistuglio les forma­ tions précédentes sont surmontées par de petits lambeaux d’ophiolites. (5) De part et d’autre du col de San Quilico on rencontre des dolomies à patine rousse alternant avec de minces niveaux rouge violacé ou vert quelque­ fois cargneulisés*, datant sans doute du Trias. 116

La région de Caporalino, Sant’ Angelo, Cima Pedani En poursuivant l’itinéraire vers le nord, on découvre dans le paysage à gauche de la route une barre calcaire : le calcaire de Caporalino et à droite, perchée à haute altitude, une petite chapelle reposant sur le même calcaire (la chapelle Sant’ Angelo - altitude 1187 m).

(6) A Caporalino le calcaire, exploité dans l’une des principales carrières de l’île est daté, grâce à la présence de fos­ siles (algues, foraminifères, madréporaires), du Jurassique supérieur. 117

(7) A la sortie nord du village, en bor­ dure de la route, granite et calcaire sont en contact. (8) Après Francardo prendre à droite la route départementale 39 vers San Lorenzo. On traverse d’abord des gab­ bros plus ou moins altérés jusqu’au pont sur la Casaluna. (9) Dans les environs du pont de Scoltola les affleurements de Trias dolomitique, de calcaires du Jurassique infé­ rieur et moyen constitueraient la base de l’unité de Sant’ Angelo - Cima Pedani, ou bien une unité homologue de celle de Corte. La région de Corte.

LES NAPPES EXTERNES A L’OUEST DES SCHISTES LUSTRÉS Le complexe de Santa-Lucia A partir du col de San Quilico prendre la départementale 41 qui se dirige à l’est, vers Tralonca et Santa-Lucia-diMercurio. (1) Carrière de granite. (2) Au niveau de la petite chapelle Saint Roch conglomérat formé de frag­ ments du socle et contenant quelques éléments calcaires. (3) Après la chapelle, présence d’arkoses*, de pelites* puis d’un flysch que l’on traverse jusqu’à Santa-Lucia (ce flysch vient d’être daté du Crétacé su­ périeur par la découverte de foraminifères). 118

(4) A l’est du carrefour de Piedivaldo, la route traverse à nouveau, les conglomérats du Monte Tomboni, puis le socle ici constitué de roches dioritiques ou gabbroïques. Le fait important est que la base du complexe, constituée par des roches an­ ciennes repose sur des grès grossiers blanchâtres et des pelites noirâtres qui correspondent à la partie Eocène de la série de Caporalino Sant’ Angelo. En conséquence, pour expliquer la posi­ tion des terrains de l’unité de SantaLucia sur des terrains plus récents ap­ partenant à une autre unité, il faut in­ voquer la notion de transport, de char­ riage, le complexe de Santa-Lucia est donc interprété comme une nappe de charriage* venue de l’est et qui repose, au moins en partie, sur la série de Caporalino Sant’ Angelo. Cette der­ nière apparaît en fenêtre* sous l’unité de Santa-Lucia par suite de l’érosion de celle-ci. On notera toutefois, une fois de plus, que cette interprétation ne fait pas l’unanimité.

La nappe de Balagne (1) Au carrefour de la route de Castifao, dans un talus, rhyolites verdâtres reposant sur le granite et surmontées par un conglomérat épais d’une dizaine de mètres. Les galets qui le constituent sont formés par des rhyolites et des gra­ nites et sont cimentés par un calcaire

La route recoupe ensuite, sur 6 km les laves en coussin de la Navaccia.

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bleu qui a livré des foraminifères de l’Eocène. Il s’agit donc du socle* et d’un lambeau de couverture*. (2) Deux kilomètres et demi avant le carrefour de Novella la route passe sous un pont de la voie ferrée. Le long de celle-ci on note : 1 - des laves en gros coussins en posi­ tion normale ; 2 - des coussins plus pe­ tits plus ou moins éclatés dans une ma­ trice rouge ; 3 - des radiolarites en petits bancs ; 4 - des calcaires en petits bancs ; 5 - des radiolarites rouges et vertes ; 6 - des calcaires à grains fins ; 7 - des calcaires marneux ; 8 - des peli­ tes schisteuses à débit “en crayon” puis des lydiennes*. Les couches 6 ont livré des calpionelles* qui da­ tent de la fin du Jurassique début du Crétacé, en conséquence, les ophiolites se sont mises en place avant cette période puisqu’elles sont surmontées par ces calcaires. D’autre part puisqu’elles repo­ sent sur des terrains datés de l’Eocène moyen (voir arrêt 1) elles ne sont pas en position nor­ male, elles font donc partie d’une nappe de char­ riage qui a perdu tout contact avec ses racines situées à l’est, et qui s’est mise en place après l’Eocène moyen.

La descente vers Belgodère permet de traverser les élé­ ments de la nappe et les roches sur lesquelles elle repose.

120

La montée vers le col de San Colombano s’effectue dans les laves de la nappe puis dans un conglomérat (con­ glomérat rouge et vert de l’Alturaja) et enfin, près du col, dans les formations à lydiennes*. (3) Du col de San Colombano on peut observer dans le panorama : 1 - à l’arrière plan, vers l’est, le Massif du Tenda (socle) ; 2 - à droite (nordest) l’embouchure de l’Ostriconi, les granites alcalins roux, les dunes de l’Ostriconi ; 3 - au loin, à droite, le dé­ sert des Agriates et le golfe de SaintFlorent ; 4 - au loin, à gauche, l’IleRousse ; 5 - plus près de nous la for­ mation Eocène de l’Annunciata, carac­ térisée par ses barres gréseuses subho­ rizontales ou à larges ondulations ; 6 immédiatement à côté de l’observa­ teur, le calcaire Jurassique supérieur de San Colombano dont la significa­ tion est controversée. (4) Sur la piste qui se dirige vers l’est on pourra échantillonner un certain nombre de roches : le calcaire Jurassi­ que du rocher de San Colombano, les

roches vertes, de très belles radiolarites de couleurs variées : noires, vertes et rouges et un conglomérat à galets gra­ nitiques et rhyolitiques. (5) Un peu avant un ancien four à chaux, on observe : la couverture Eocène autochtone du socle, en parti­ culier le calcaire gris-bleu riche en nummulites*. (6) Conglomérat de Palasca, situé sur le gneiss de Belgodère. (7) Entre Lozari et l’embouchure de l’Ostriconi, terrains Eocène autochto­ nes de type flysch. (8) Granite subalcalin roux de la Cima alle Forchie sur laquelle viennent se plaquer les dunes de l’Ostriconi.

Nummulite, (de nummus, monnaie et de lithos, pierre) : foraminifères, en général, vi­ sibles à l’œil nu et pouvant at­ teindre une grande taille. Leur test a la forme d’un disque enroulé en spirale et divisé en cloisons. Il s’agit d’anciens organismes marins des mers chaudes et peu profondes. Ils sont caractéristiques du Ter­ tiaire inférieur, le nummulitique.

LES SCHISTES LUSTRÉS

Les diverses unités que nous venons de détailler ne doivent pas faire oublier que le tiers nord-est de la Corse est formé principalement de schistes lus­ trés plus ou moins riches en ophiolites. On distingue dans ces schistes 4 séries : 121

Schistes de la série de Bagliacone.

La série de Bagliacone - Riventosa Elle affleure suivant une bande arquée qui passe par le pont de Noceta et la Punta Bagliacone (belle vue depuis le Razzo Bianco). On y distingue : des cal­ caires localement enrichis en silice ; des brèches et des microbrèches à élé­ ments de granite, de rhyolites, de micaschistes, de cornéennes, de dolo­ mies et de calcaires plus rares ; des calcschistes et des schistes. Un petit itinéraire, à effectuer à pied, permet de s’en faire une bonne idée et d’observer de très beaux panorama sur la Corse schisteuse, le Monte d’Oro et le Monte Cardo. Partant à 1 km au nord-est de Rospigliani, le sentier suit la crête, jusqu’à la Punta Bagliacone. La route entre le pont de Noceta et Venaco montre également de beaux af­ fleurements de cette série. Schistes lustrés.

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La série de l’Inzecca Elle comporte, au-dessus des ophioli­ tes, des radiolarites, suivies d’alter­ nance de calcaires et de schistes, puis des schistes et enfin des quartzites. (1) La zone du petit bassin de Sampolo, en bordure du Fium’ Orbo, donne une bonne coupe de cette série. De l’aval vers l’amont, stratigraphiquement su­ perposées aux laves en coussins plus ou moins éclatés, on observe dans deux petites carrières, des radiolarites rougeviolacé. Puis des schistes siliceux noirs, satinés, à patine beige, surmontent les radiolarites. Au niveau d’un transfor-

mateur et en bordure de la rivière, on trouve des calcaires à cassure noire. Un peu en amont du carrefour avec la route de Sampolo, au droit du pont, contact vertical entre les schistes métamorphi­ ques de la Corse alpine et les terrains de la Corse ancienne. (2) Cette série plus ou moins complète est présente en d’autres points de la Corse : la route de Barchetta à Ponte Leccia montre une succession tectoni­ que de roches vertes variées et de leur enveloppe de schistes (série de I l’ nzecca). En général les ophiolites sont traversées par le Golo en défilé alors que les schistes donnent des bassins plus larges (plaine de Ponte Novo, plaine de Barchetta). (3) Sur la départementale 71 à l’est de Bocca a Serna et avant Morosaglia on retrouve la succession schistes, radiola­ rites, laves en coussin et serpentine. Une carrière dans cette dernière roche livre de l’amiante et une minéralisation à base de magnétite 1 km avant le vil­ lage. La série de Santo-Pietro-di-Tenda C’est dans les environs même de SantoPietro que l’on observe le mieux la sérietype le long d’un chemin montant audessus de l’église, elle repose en con­ tact anormal sur le socle formé de gra­ nodiorite et de gneiss. Elle représente aussi à l’origine la couverture sédimentaire des ophiolites (prasinites, visibles à l’est du village). On y distingue des quartzites prove123

nant du métamorphisme des radiolari­ tes des calcaires en dalles, épais d’une cinquantaine de mètres, qui contien­ nent des niveaux détritiques à galets rhyolitiques et dolomitiques. La série de la Castagniccia (1) De Fontanone à Casamozza, sur la route nationale 193, les falaises qui do­ minent la route sont constituées par la série de la Castagniccia (bancs calcai­ res).

(2) Cette série règne en maître dans les pays d’Orezza et d’Alesani. Ainsi du col de Prato (belle coupe dans le talus de la route) jusqu’au km 131 avant Cervione, en passant par Piedicroce et Valle d’Alesani la départemen­ tale 71 traverse longuement les schistes et les calcschistes micacés de la série de la Castagniccia. Dans le secteur de Pie-d’Orezza, s’ar­ rêter à la nouvelle carrière de lauze. Juste avant le village de Carchetto au niveau du ruisseau de Piedipartino, les gros blocs de part et d’autre de la route sont constitués par de belles euphotides à smaragdite (verde di Corsica).

Schistes au col de Prato. 124

LES NAPPES SUPÉRIEURES SUR LES SCHISTES LUSTRÉS

Ces formations reposent sur les schis­ tes lustrés et se rencontrent dans le Nebbio et la région de Macinaggio.

La zone du Nebbio A l’est de Saint-Florent, on rencontre un certain nombre d’unités géologi­ ques, surtout d’âge secondaire ou ter­ tiaire inférieur. Les opinions divergent quant à leur nombre, leur position, leur origine. On retiendra que certaines possèdent un matériel qui ressemble à la zone de Corte, d’autres sont appa­ rentées à la nappe de Balagne (forma­ tions volcaniques de type laves en oreillers), radiolarites et calcaires. (1) Gagner le col de San Stéfano par la D 82 depuis Casatorra. On traverse d’abord des serpentinites puis les pillow-lava et les prasinites du défilé du Lancone. (2) Au niveau du col à droite de la route construction traditionnelle (pagliaghiu).

Du Col, se diriger par la D 5 vers Murato. On découvre l’église romane San Michele, 1 km avant ce village. Il s’agit d’un bel exemple de cons­ truction polychrome. Les blocs verts sont constitués par une lave basique assez tendre (ophiolite), ils alter­ nent avec des dalles blan­ ches.

(3) Un kilomètre et demi après Olmetadi-Tuda on découvre une importante carrière dans le Mont di Tuda. Elle donne une bonne coupe du Jurassique inférieur. (4) Se diriger vers Oletta, après avoir traversé ce gros village, gagner par la 125

Le bassin de St-Florent.

La chapelle San Michele.

126

D 238 Saint-Florent. On domine au dé­ but du parcours tout le bassin, le vi­ gnoble de Patrimonio et le golfe de Saint-Florent. (5) La chapelle ruinée en bordure de la route à quelques kilomètres de SaintFlorent est édifiée en calcaire du Juras­ sique. (6) Au contraire l’ancienne cathédrale du Nebbio à l’entrée de Saint-Florent est construite en calcaire du Miocène. De Saint-Florent par la D 81 se diriger vers Patrimonio, on traverse alors la barre calcaire Miocène par le défilé de la Strutta. (7) Au carrefour des D 81 et 80 noter les pillow-lava altérés sur lesquels re­ pose une partie des vignobles de Patri­ monio. (8) Depuis la poste de Patrimonio, em­ prunter à pied un chemin partant de la droite de la route principale. Après un quart d’heure de marche à travers les alluvions plantées de vigne on arrive au pied des collines de Pinzuti et Pughiali où l’on observe un bel affleurement de calcaire Jurassique gris et rose. Du sommet de Pughiali observer : à l’est, au loin le Monte Secco, le col de Teghime et le Pigno et, tout près, la colline de Varie Rosse constituée par des calcaires dolomitiques et des dolo­ mies du Trias ; à l’ouest le Sant’ An­ gelo et ses couches de calcaire Miocène redressées ; au nord, tout près, le Pinzutu. Les coteaux sont constitués de

laves basiques, de calcaires, de grès calcaires et de conglomérats, l’âge pré­ sumé de ces roches s’étale du Jurassi­ que à l’Eocène en passant par le Cré­ tacé. La région de Macinaggio De petits affleurements essentiellement d’âge secondaire reposent sur les schis­ tes métamorphiques. On y trouve quel­

ques copeaux de granite, du Permien (?) détritique, des dolomies et calcaires du Trias supérieur et du Lias inférieur et enfin, du flysch calcaréo-gréseux. Ces terrains sont visibles au sud de Macinaggio, au carrefour de la route de Tomino, ou en bord de mer au nord de Macinaggio. ITINÉRAIRES DANS LA CORSE SÉDIMENTAIRE

Trois excursions sont proposées pour découvrir les principaux aspects de la Corse Néogène et Quaternaire. LA CORSE AU NÉOGÈNE

Des quatre bassins et des deux golfes (voir 3e partie) contenant des dépôts miocènes ou pliocènes seuls sont étu127

diés ici le bassin de Bonifacio et la plaine orientale.

Le bassin de Bonifacio (1) La base de la transgression de la mer Miocène est bien visible sur la rou­ te nationale 198, au km 5. Elle débute par un niveau de démantèlement du granite sous-jacent et par des faciès de plage bien caractérisés par leur faune littorale (Pectens, Huîtres, Oursins). (2) L’âge Burdigalien des fossiles de la base est confirmé par la datation d’un niveau pyroclastique (17,8 ± 1,5 MA) au niveau de Capo Bianco. Pour voir cet affleurement prendre la piste en di­ rection de la mer qui se détache de la route nationale 198 au km 6,5, gagner la plage de Balistro et les falaises qui la ferment sur la droite.

(3) Contourner par le rivage cette fa­ laise, vers la droite et observer dans les blocs calcaires éboulés la présence de fossiles variés. Un conglomérat de base est localement présent. (4) Le contact entre le calcaire et un granite arénisé est également visible sur la départementale 60 au niveau d’an­ ciennes carrières. 128

(5) Les falaises de Bonifacio sont cons­ tituées par plusieurs dizaines de mètres de calcaires blancs à stratifications obliques qui révèlent l’existence de courants lors du dépôt de la forma­ tion. (6) Par la route, puis la piste, gagner le phare de Pertusato, observer vers l’ouest les falaises, et en arrière le massif gra­ nitique de la Trinité et vers l’est les Iles granitiques des Lavezzi. (7) En contrebas du phare de Pertusato dans l’anse de la Cala Fiumara le Mio­ cène transgresse sur le granite par des niveaux récifaux.

La plaine orientale (1) Observer la formation conglomératique riche en galets de rhyolite et protogine sans schistes sur les rives du Fium’ Orbo sous le hameau de SaintAntoine. Cette formation est en contact par faille avec la Corse alpine. Elle est fortement redressée sur la rive droite, et constitue la base du Miocène. (2) Gagner la région du village d’Aghione. a - Au niveau du pont sur le Tagnone en rive gauche on découvre dans la sé­ rie marno-sableuse des débris de végé­ taux (lignite) et des fossiles animaux. b - Après le pont par une piste à droite se rendre aux anciens bains de Puzzichello (eaux sulfureuses). c - Avant le village d’Aghione dans le talus d’un virage en épingle à cheveux nombreux gastéropodes.

Embouchure du Tavignano dans la Plaine orientale.

Coupe synthétique du Néogène de la plaine d’Aléria D’après F. Orszag-Sperber, 1978.

129

d - Sous le cimetière d’Aghione, mar­ nes sableuses contenant des oursins. (3) Dans le secteur de la digue d’Alzitone des paléosols représentent une formation continentale et donc une régression de mer Miocène après les dépôts de la série d’Aghione. (4) Dans la région de Vadina des for­ mations sableuses et calcaréo-gréseuse avec des récifs coraliens témoignent d’une nouvelle transgression de la mer. (5) Au bord de l’étang de Diana mais aussi dans la région de Vadina des marnes grises riches en fossiles, d’âge Tortonien supérieur, terminent la série marine du Miocène.

(6) Sous le fort d’Aléria (carrefour de la route nationale 198 et de la départe­ mentale 43) une formation conglomératique deltaïque révèle que le Miocène se termine par un épisode régressif d’âge Messinien. (7) Entre le domaine de Casabianda et Aléria à la sortie sud d’un virage pro130

noncé de la route nationale 198 des marnes plus ou moins sableuses ont été datées du Pliocène inférieur par la mi­ crofaune marine. Elles témoignent donc d’une nouvelle avancée de la mer. (8) Dans la presqu’île d’Urbino des dé­ pôts quaternaires contiennent des res­ tes d’anciens êtres vivants ayant vécu dans une lagune (cardium, cerithe). Ils signent la dernière transgression ma­ rine et ont été portés à une altitude avoisinant 20 mètres par des mouve­ ments tectoniques.

LES DÉPÔTS QUATERNAIRES FLUVIATILES ET GLACIAIRES

Ils sont présentés à partir de l’exemple du Fium’ Orbo et du massif du Renoso, mais pourraient être étudiés en de nombreuses régions de la montagne Corse et dans les diverses vallées. La plaine de Ghisonaccia est recou­ verte par de vastes épandages de galets quaternaires. Parmi les différentes nappes de galets on observe des plus anciennes aux plus récentes : (1) En bordure de la route forestière 6 A entre Saint-Antoine et Maison Pieraggi une formation alluviale à matrice rouge dans laquelle les galets sont très altérés. (2) Sur la route qui emprunte l’ancien tracé du chemin de fer à partir de Ghisonaccia-gare vers le sud une for­ mation alluviale à matrice rouge où les galets sont moins altérés et dont l’alti­ tude relative par rapport au cours d’eau est plus faible qu’en 1. (3) Sur la même route mais en se rap­ prochant du fleuve en contrebas, des formations alluviales à matrice brune ou quelques galets granitiques sont al­ térés. (4) En bordure du lit actuel au voisi­ nage du pont de chemin de fer des allu­ vions à matrice sableuse grise et galets non altérés. Dans le cours moyen du Fium’ Orbo entre son débouché dans la plaine orien­ tale et l’altitude 800 mètres des lam­ beaux de dépôts fluviatiles en terrasses apparaissent :

C’est l’état d’oxydation du fer qui intervient dans la couleur de la matrice.

131

(5) Au niveau de Trévadine, en bor­ dure de la route une formation de ga­ lets très altérés à matrice rouge corres­ pond à une terrasse ancienne. (6) Le bassin de Sampolo est recouvert par des alluvions moins altérées donc plus récentes, à matrice brune. (7) Au confluent avec le ruisseau de Ruello en rive gauche les alluvions orangées à galets altérés sont de même âge que ceux observés au point 5. (8) C’est la même formation alluviale que celle de Sampolo qui tapisse le beau méandre recoupé, au sud-est de Ghisoni. Dans le cours supérieur du Fium’ Orbo les dépôts fluviatiles sont remplacés par des formations glaciaires et fluvio­ glaciaires : (9) Au pont de Casso au croisement avec la route de la station de ski une coupe intéresse un dépôt fluviogla­ ciaire (les galets ont un émoussé plus faible que ceux des alluvions fluviati­ les). (10) A l’altitude 1200 mètres dans le talus de la route de Capanelle on dé­ couvre une moraine caractérisée par l’hétérométrie de ses constituants : blocs anguleux voisinants avec des sé­ diments très fins. (11) On peut de la station de ski gagner le lac glaciaire de Bastani en 1 heure 30 de marche. Le terminus du remonte-pente est situé sur une moraine assez ancienne car elle 132

contient des galets altérés et une ma­ trice beige. Juste avant d’arriver au lac de Bastani on découvre la moraine plus récente derrière laquelle le lac est situé. (12) Gagner par la route nationale 194 le col de Verde. A droite de ce col en empruntant le sentier de grande ran­ donnée pour atteindre le col de la Flasca on se déplace alors sur le flanc d’une moraine. (13) En continuant par le sentier on peut, en une demi-journée de marche gagner la station de ski de Capanelle en recoupant un certain nombre de for­ mations glaciaires : au confluent du ruisseau de Marmano et du ruisseau des Pozzi, au niveau du ruisseau de Canareccia, le long de celui de Tomba... (14) Du col de Verde descendre de quel­ ques kilomètres par la route sur le ver­ sant du Taravo, des moraines très bien conservées issues du Monte Giovanni et du Monte Grosso sont visibles depuis la route à droite.

133

PETIT

L E X I Q U E

Acritarche :

Organisme fossile dont on ne connaît pas la place dans la classification. Il s’agit peut-être d’algues ou

de flagellés ?

Alcalin :

Employé ici pour désigner des roches contenant des minéraux riches en sodium ou potassium.

Allochtone :

Ce terme s’applique en Corse à des terrains qui ont été déplacés à la suite de mouvements tectoni­

ques.

Aplite :

Roche magmatique à grain très fin en général de couleur claire. Fréquente en filons dans les granites.

Arène :

Formation sableuse grossière provenant de l’altéra­ tion sur place d’une roche magmatique : en général du granite.

Arkose :

Roche détritique cimentée, composée de quartz, de feldspaths et de micas (plus rares) avec également

des minéraux argileux, provenant de l’altération de ro­

ches granitiques.

Autochtone :

Utilisé ici pour caractériser des terrains qui n’ont pas été déplacés par des mouvements tectoniques depuis leur formation.

Batholite :

Massif pouvant avoir plusieurs dizaines à plu­ sieurs centaines de kilomètres, constitué de roche mag­ matique plutonique ici granite.

Bathymétrie :

Mesure de la profondeur des fonds sous-

marins.

Calcite :

Carbonate de calcium de formule Ca CO3. Se pré­ sente souvent en cristaux, diversement colorés par des impuretés. Fait effervescence à froid avec l’acide chlo­ rhydrique diluée. Rayée par l’acier.

Caldera :

Littéralement chaudron. Forme caractéristique de certains édifices volcaniques.

Caledonien (cycle)

: Correspond au cycle orogénique (voir ce mot) daté du primaire inférieur.

Calpionelles

: Organisme unicellulaire fossile constitué par une loge en forme de cloche.

Cargneule :

Roche sédimentaire, originellement en dolo­ mie et en carbonate de calcium. Par dissolution de tout ou partie de la dolomie, la roche devient caverneuse.

Chitinozoaire :

Organisme fossile dont on ne connaît pas la place dans la classification. Ponte d’autres organis­ mes ?

Chlorite :

Silicate ferromagnésien hydraté de couleur ver­ te. Provenant en général de l’altération d’autres silicates, par exemple de la biotite ou de certaines amphiboles.

Contact anormal :

Contact entre deux terrains ayant subi des déplacements l’un par rapport à l’autre.

Couverture :

Terrains sédimentaires reposant en discor­ dance sur un massif granitique par exemple.

134

Quelques définitions sont extraites du "Dictionnaire de Géologie" de A. Foucault et J.-F. Raoult éd. Masson 1980.

Diaclase :

Petite cassure sans déplacement relatif des frag­ ments ou des blocs.

Discordance :

Position d’une couche sédimentaire sur des terrains plissés érodés plus anciens par exemple.

Distension

: Employé ici dans le sens d’ouverture de l’écor­ ce terrestre. Dyke : Filon résistant en relief.

Effusif :

Caractérise des roches arrivées à la surface à l’état de fusion.

Endogène : Roche formée à l’intérieur du globe. Epicentre : Point de la surface de la terre situé à la verticale du lieu d’origine des secousses d’un tremblement de terre.

Epidote :

Silicate contenant calcium, aluminium, manga­ nèse et fer. Les cristaux sont en aiguilles ou en petits

grains souvent de couleur verte.

Ere :

la plus grande division chronologique employée par le géologue. On distingue quatre ères (voir tableau).

Euphotide : Voir ce terme page 26. Exogène : Roche formée à la surface

de la terre.

Fayalite : Silicate du groupe des olivines riche en fer. Fenêtre : Employé en géologie pour désigner, dans un

sec­ teur de nappes de charriage, la zone où apparaît le sub­ stratum de la nappe.

Filon :

Remplissage d’une diaclase ou d’une faille par des matériaux intrusifs. Un filon est caractérisé par sa puis­ sance (épaisseur), sa direction et son pendage (inclinai­ son).

Flammes :

Fragments vitreux aplatis que l’on observe au microscope dans les ignimbrites.

Flysch : Voir ce mot page 35. Foraminifères : Organismes

unicellulaires extrêmement variés, souvent observables au microscope, quelquefois visibles à l’oeil nu. Certaines familles sont utilisées pour caractériser des formations géologiques.

Glaucophanite :

Roche riche en glaucophane (une amphi­

bole bleue).

Granitoïde :

Terme désignant l’ensemble des granites aux­ quels on ajoute parfois les granodiorites, les syénites et les diorites quartziques.

Granophyre : Microgranite blanchâtre à grains fins. Grès : Roche sédimentaire détritique compacte provenant de l’agglomération de grains de sable par un ciment gé­

néralement siliceux mais pouvant être calcaire.

Hastingsite :

Minéral ferromagnésien du groupe des am­

phiboles.

135

Hercynien (cycle)

: Correspondant au cycle orogénique de la deuxième partie du primaire, responsable de la for­ mation de la chaîne hercynienne.

Hydrothermal :

A la fin du refroidissement d’un magma, ou lors d’éruptions volcaniques, des eaux chaudes, sous pression, riches en substances dissoutes, circulent. Le dépôt de ces substances dans les fissures donne nais­

sance à certains gisements métalliques qui sont pour cette raison appelés gisements hydrothermaux.

Isobathe :

Courbe joignant les points situés sous l’eau à une même profondeur.

Ignimbrite :

Voir ce mot page 19.

Klippe :

Portion, en général de petite taille, d’une nappe de charriage isolée par l’érosion de la nappe.

Leucocrate : De couleur claire, blanche. Lithologique : Relatif à la nature des roches. Lydienne : Roche sédimentaire, siliceuse, noire

dans la­

quelle on peut trouver des radiolaires.

Macle :

Association de deux cristaux de même nature sui­ vant des angles précis.

Magma : Masse de roche liquide ou pâteuse. Manteau : Deuxième enveloppe constitutive

de la Terre,

située entre la croûte terrestre et le noyau.

Métamorphisme :

Transformation profonde des roches sous l’effet de facteurs tels que pression et température.

Microgrenue :

Se dit des roches magmatiques dont la ma­ jorité des cristaux sont à peine discernables à l’œil nu.

Microlithe :

Petit cristal, sous forme de baguette, invisible à l’œil nu ; caractérise certaines roches volcaniques qui ont alors une structure microlithique.

Migmatite :

Roche présentant sur le terrain des caractères de mélange entre granite et gneiss.

Monzonitique :

Se dit d’une roche, exemple : granite monzonitique dans laquelle coexistent en quantité égale de l’orthose et des plagioclases.

Nummulite :

Gros foraminifère (voir ce mot) symétrique, lenticulaire, résultant de l’enroulement, autour d’un axe, d’une lame spirale. Le groupe renferme de nombreux

fossiles stratigraphiques du Tertiaire inférieur.

Olivine :

Silicates du groupe des péridots formant une sé­ rie continue avec des minéraux riches en fer ou en ma­ gnésium.

Ophiolite : Voir ce terme p. 24. Orogenèse : Formation et mise

en place des chaînes de

montagne.

Orthose :

Silicate du groupe des feldspaths. L’orthose est un feldspath contenant un minéral alcalin : le potassium.

Paléo :

Préfixe signifiant ancien précédant un grand nom­ bre de termes utilisés en géologie.

Paléontologie : Parautochtone

Étude des anciens êtres vivants. : S’applique ici à des terrains ayant subi un faible déplacement par rapport à leur lieu de formation.

136

Pegmatite :

Roche magmatique formée par des cristaux de très grandes tailles.

Pendage :

Inclinaison des couches de terrain par rapport à l’horizontale.

Plagioclase :

Silicates du groupe des feldspaths. Sy­ nonyme feldspaths calcosodiques constitués par toute une série continue allant de plagioclases riches en so­ dium à des plagioclases riches en calcium.

Pélite : Ancienne boue consolidée. Pétrographie : Étude des roches. Pillow-lava : Synonyme de lave en coussin, voir p. 24. Plutonique : Roche formée par cristallisation lente d’un magma. Roche magmatique volcanique vitreuse initiale­ ment très poreuse.

Ponce :

Porphyroïde :

Terme que l’on accole à un nom de roche magmatique pour signaler qu’elle contient des cristaux de grande taille qui sont dispersés au milieu d’autres cristaux plus petits.

Prasinite :

Désigne ici des roches provenant du métamor­ phisme d’ophiolite (voir ce mot p. 41).

Pyroclastites :

Littéralement morceau de feu, voir ce mot

p. 19.

Pyroméride :

Des cristallisations de fibres rayonnantes de feldspath potassique et de quartz formant des sphérolites qui sont englobés dans une pâte.

Radiolaires :

Organismes unicellulaires à squelette siliceux participant à la genèse des radiolarites.

Rétromorphose :

Transformation par métamorphisme d’une roche métamorphique en une autre roche méta­ morphique par suite d’un retour à des conditions de tem­

pérature et de pression plus faible.

Riebeckite : Voir ce mot p. 10. Roches vertes : Utilisé ici comme

synonyme d’ophiolite (sens large ou dans un sens plus étroit pour désigner les pillow-lava et les gabbro métamorphiques).

Rhyolite :

Voir ce mot p. 19.

Schiste : Voir ce mot p. Schistosité : Feuilletage

38. plus ou moins serré présenté par certaines roches et acquis sous l’effet de contrainte tec­

tonique.

Sericite : Petits cristaux de mica blanc en paillettes. Serpentinite : Voir ce mot p. 26. Smaragdite : Silicate du groupe des amphiboles, voir

ce

mot p. 26.

Socle :

Employé ici dans le sens de substratum d’une for­ mation géologique ayant eu une autre histoire.

Sphérolite : Voir "pyroméride". Subduction : Enfoncement d’une

partie de l’écorce terres­

tre sous une autre. Substratrum : Assise géologique en place sous des forma­ tions meubles, voir aussi "socle".

Tectonique :

Science étudiant la déformation de l’écorce terrestre et ses causes.

Terril : Amas de déblais au voisinage d’une mine. Terrasse : Accumulation d’alluvions située le plus

souvent en altitude parallèlement au lit actuel des fleuves. 137

BIBLIOGRAP H I E

Il existe près de 1 500 publications sur la géolo­ gie de la Corse. Nombreuses sont celles qui ont été utilisées pour écrire ce document qui leur doit beau­

coup.

On trouvera, dans l’essai de bibliographie géo­ logique de la Corse de A. Gauthier, une liste complète des publications concernant la Corse avant 1978.

A. Gauthier.

*Essai de bibliographie géologique de la Corse. Bull. Soc. Sc. Hist. Nat. Corse 1976 - n° 619620, p. 75-100 ; 1976 n° 621 p. 43-64 : 1977 n° 622, p. 55-87 ; 1978 complément à l’essai de bi­ bliographie géologique de la Corse. Édit. Parc Naturel Régional, 48 p. multicopiées.

Sont cités ici, pour le lecteur désireux d’ap­

profondir sa connaissance de la géologie insu­ laire, les ouvrages en langue française les plus récents. Un signe particulier (*) indique ceux qui sont disponibles en librairie. D’autres ouvrages peuvent être consultés au Service Géologique Corse du Bureau de Re­ cherches Géologiques et Minières, imm.

Agostini, Z.I. de Furiani - 20200 Bastia.

Alesandri J.-A., Magne J., Pilot M.-D., Samuel E., 1977 Alesandri J., Arrighi J., Gauthier A., Marillier F., 1981 Amaudric du Chaffaut S., 1980 138

*Le Miocène de la région de Corte-Francardo.

Bull. Soc. Hist. Nat. Corse, 622, 51-54.

*La séismicité en Corse. Une approche de la tectonique globale en Méditerranée. C.R.D.P. de la Corse. 36 pages, 9 annexes, 12 diaposi­ tives.

Les unités alpines à la marge orientale du mas­ sif cristallin Corse. Thèse d’État, Paris.

Bayer M. 1977 Bonin B., 1980 Bonin B., 1982 Bonnal M., 1972 Boulin J., 1977 Bousquet J.-C., Vignard G., 1981 Bourges F., 1982

B.R.G.M. 1978

Brisset F., Cochemé J.-J., 1976 Brun B. et L., Conrad M. Gamisans J. Camps G., 1979 Caron J.-M., Bonin B., Amaudric du Chaffaut S., Delcey R., 1980 Caron J.-M., 1977

Etude gravimétrique de la Corse, thèse 3e cycle, Montpellier.

Les complexes acides alcalins anorogéniques : l’exemple de la Corse. Thèse d’État, Paris VI.

*Les granites des complexes annulaires. Ma­ nuels et méthodes, B.R.G.M., 184 pages. Étude géologique de la vallée de l’Ostriconi.

Thèse 3e cycle, Paris VI. *Méthodes de la stratigraphie et géologie his­

torique. Masson. *Découverte géologique du Languedoc médi­ terranéen. Éditions B.R.G.M.

Le plutonisme batholitique carbonifère en Cor­ se méridionale. Thèse de 3e cycle, Toulouse, 231 pages.

Atlas des ressources naturelles du sous-sol des départements de la Haute Corse et de la Corse

du Sud. Étude géologique des presqu’îles de Scandola et du

Monte Senino. Thèses 3e cycle, Aix-

Marseille III. *La nature en Corse. Horizons de France.

*La préhistoire dans la région d’Aléria. Archeologia Corsa n° 4.

*XXVIe Congrès Géologique International Paris. Excursion 0 36 A Corse. Les grandes unités structurales. 21 pages, 49 figures.

*Lithostratigraphie et tectonique des Schistes

lustrés dans les Alpes Cottiennes septentriona­ les et en Corse Orientale. Thèse Strasbourg,

Sc. Géol. Mem. n° 48, 326 p.

*Carte géologique Carte géologique

au 1/250 000 Corse (1980). Éd. B.R.G.M.

au 1/50 000. *Feuilles parues Ghisonaccia (1976), Bastia (prévue en 1983). Parution en 1984 : Ajaccio, Sartène, Venaco, Roccapina. Les minutes de ces cartes sont consultables au Service Géolo­

gique Corse du B.R.G.M.

Carte géologique

*Carte des gîtes minéraux *Carte des gîtes minéraux

au 1/80 000. *Feuilles disponibles : Ajaccio, Calvi, Luri, Porto-Pollo-Sartène. Les feuilles Bastia, Vico, Corte, Bastelica, sont consultables au Service Géo­

logique Corse du B.R.G.M. de la France au 1/320 000 Corse (1961) de la France au 1/500 000 - Feuille de Mar­ seille (1980).

Conchon O., 1975

Les formations quaternaires de type continen­ tal en Corse orientale, vol. I, 514 p. ; vol. Il, 244 p. ; thèse Paris VI.

Conchon O., Gauthier A., 1977

*Les

formations

quaternaires du

massif du

Monte Renoso (Corse), Bull. B.R.G.M., I, 4,

p. 277-283. 139

Debelmas J., 1979 Durand-Delga M., in Debelmas 1974 Durand-Delga M., et alter 1978 Gall J.-C. 1976 Gauthier A., 1980

Gauthier A., Alesandri J., 1976 Genesseaux M., Rehault J.-P., 1975 Godart A., 1977 Guiraud R., Conchon O., Benkhelil J., 1979 Lacazedieu-Priou A., 1974 Letourneur et Michel 1971 Maisonneuve J., 1960 Maluski H., 1977

*Découverte géologique des Alpes du Nord. Éditions B.R.G.M. *Géologie de la France (t. 2, p. 465-478 : la Corse), éd. Doin, Paris.

*Corse - Guides géologiques régionaux, éd. Masson, Paris, 208 p. *Environnements sédimentaires anciens et mi­

lieux de vie, éd. Doin, Paris, 228 p. Contribution à l’étude de la genèse et du trans­ port des sédiments en milieu de type torrentiel. Apports en milieu marin. Le Fium’Orbu : fleuve de la Corse orientale. Thèse 3e cycle. Université d’Aix-Marseille II — 242 p. et vol. annexe. Esquisse géologique de la Ajaccio, 2e édition.

Corse.

C.R.D.P.

La marge continentale Corse. Bull. Soc. géol. Fr., (7). 17 p., p. 505-518.

*Pays et paysages du granite, P.U.F., 229 p.

Essai d’histoire géodynamique de la Corse au Néogène et au Quaternaire. 7e réunion annuelle des Sciences de la Terre, Lyon, p. 243.

Contribution à l’étude géologique de la partie nord-est de la Balagne sédimentaire. Thèse 3e cycle, Toulouse.

*Géologie du génie civil, éd. Armand Colin, 728 p. *Étude géologique sur le sud de la Corse. Bull. Serv. Carte géol. France, n° 260, 289 p., 1 carte. Application de la méthode 40 Ar/39 Ar aux mi­ néraux des roches cristallines perturbées par les événements thermiques et tectoniques en Cor­

se. Thèse Montpellier.

Marre J., Rossi Ph., Rouire J., 1980-1981 Mines et carrières

*Architecture d’un secteur du batholite corsosarde. Les régions d’Ajaccio et de Sartène. Bull. B.R.G.M. (2e série), sect. I n° 2, p. 153167. 1 carte, 8 coupes, 4 figures.

*Catalogue de l’exposition sur les mines et les carrières de Corse, 1978. Disponible aux Archi­ ves Départementales de la Corse du Sud.

Ohnenstetter D. et M., 1975 Orsini J., 1980

Le puzzle ophiolitique Corse, un bel exemple de

paléodorsale océanique. Thèses 3e cycle, Nancy. Le batholite corso-sarde : un exemple de ba­ tholite hercynien (structure, composition, orga­

nisation d’ensemble), sa place dans la chaîne varisque de l’Europe moyenne. Thèse d’État, Aix-Marseille III.

Orszag-Sperber F., 1978 140

Le Néogène de la Corse et ses relations avec la géodynamique de la Méditerranée occidentale. Thèse Doct. Paris Orsay, 330 p., 23 pl., 84 fig.

Ottman F., 1958

*Les formations pliocènes et quaternaires sur le littoral corse, Mem. Soc. Géol. Fr., n° série,

t 37, n° 84, 176 p.

Parsy - Vincent A., 1973 Peterlongo J.-M., 1968

Pezeril G., 1977 Pilot M.-D., Brebion Ph., Lauriat-Rage A., 1975 Réunion 1976

Étude géologique de la Balagne sédimentaire

(partie sud-ouest), thèse 3e cycle, Toulouse. *Les ophiolites et le métamorphisme à glauco­ phane dans le massif de l’Inzecca et la région de Vezzani. Bull. B.R.G.M. IV, n° 1, 91 p.

Les granitoïdes de basse Balagne. Thèse 3e cy­ cle, Aix-Marseille III.

*Les gisements fossilifères de la région d’AlériaVadina. Bull. Soc. Sc. Hist. Nat. Corse, n° 615616, p. 61-67.

extraordinaire en Corse septentrionale. *Bull. Soc. Géol. France 1976 (7), 18, p. 11531230. Compte-rendu de l’excursion et 14 arti­ cles sur des sujets divers, souvent de mise au point.

Rieuf M., 1980 Rodriguez G., 1981 Rondeau A., 1961 Sauvage-Rosenberg M., 1977 Simi P., 1981

Étude stratigraphique et structurale des unités

au nord-est de Corte. Thèse 3e cycle Toulouse. Étude géologique de l’unité de la Cima Pedani

(Corse). Thèse 3e cycle, Toulouse.

Recherche géomorphologique en Corse, librai­ rie Armand Colin, 586 p. Tectonique et micro-tectonique des schistes lustrés et ophiolites de la vallée du Golo (Corse alpine). Thèse 3e cycle, Montpellier, 83 p.

*Précis de géographie physique, humaine, éco­ nomique et régionale de la Corse. Collection Corse d’hier et de demain n° 11, 608 p.,

37 fig.

Vellutini P., 1977 Westphal M., 1976

Le magmatisme permien de la Corse du nord-

ouest. Son extension en Méditerranée occiden­ tale. Thèse Aix-Marseille III.

Contribution du paléomagnétisme à l’étude des

déplacements continentaux autour de la Médi­ terranée occidentale. Thèse, Strasbourg.

141

TABLE DES MATIÈRES

AVERTISSEMENT AU LECTEUR PRÉSENTATION DES ROCHES ET DES PAYSAGES GÉNÉRALITÉS LES ROCHES MAGMATIQUES Les roches plutoniques de la Corse occidentale A tout seigneur tout honneur : le granite

Les variétés de granite : abondance mais pas monotonie Grenues mais pas granite : les autres roches plutoniques Origine des granites et des roches plutoniques

Les paysages granitiques en Corse

Les roches volcaniques de la Corse occidentale Les roches effusives Les roches filoniennes en Corse occidentale Les paysages liés aux roches volcaniques

Les roches magmatiques de la Corse orientale Les ophiolites en Corse La signification des ophiolites Autres roches magmatiques

LES ROCHES SÉDIMENTAIRES Généralités Les roches sédimentaires actuelles Les roches sédimentaires anciennes Le postulat de base Quelques exemples corses La notion de faciès

LES ROCHES MÉTAMORPHIQUES Généralités Les roches métamorphiques de la Corse occidentale Les roches métamorphiques de la Corse orientale

3 5 7 7 8 8 8 9 10 12 13 19 19 22 23 24 24 26 27 28 28 28 29 29 30 36 36 36 37 39

Les roches sédimentaires métamorphisées : schistes, quartzite et cipolins Les ophiolites métamorphisées : les roches vertes

Les paysages en Corse orientale 142

39 41 41

A LA RECHERCHE DU TEMPS PASSÉ, PRINCIPES ET MÉTHODES DE L’OBSERVATION A LA THÉORIE Les déformations Le moteur des déformations La tectonique des plaques Dérive des continents, Méditerranée et Corse QUELQUES RÈGLES SIMPLES Strates et stratigraphie Chronologie relative L’UTILISATION DE TECHNIQUES MODERNES La connaissance de l’âge réel des roches La connaissance du sous-sol de la Corse ESSAI DE RECONSTITUTION DE L’HISTOIRE GÉOLOGIQUE DE LA CORSE DU PRÉCAMBRIEN A LA FIN DU PRIMAIRE : LA CORSE ANCIENNE La formation de l’histoire géologique

43 44 44 47 47 48 49 49 51 51 51 52

55

La mise en place des granites au Carbonifère Le premier épisode volcanique au Permien inférieur Le second épisode volcanique Les granites subvolcaniques annulaires permiens

55 55 55 57 58 58 61

De l’histoire géologique à la structure de la Corse occidentale actuelle

62

A la recherche des plus anciens terrains de la Corse

DU TRIAS A L’OLIGOCÈNE : LA FORMATION DE LA CORSE ALPINE L’histoire géologique La situation à la fin du Primaire et au début du Secondaire La période de distension Le déplacement des unités : les phases de compression La transgression Crétacé supérieur - Eocène La dérive du microcontinent corso-sarde

De l’histoire géologique à la structure actuelle de la Corse alpine DU MIOCÈNE A NOS JOURS : LA CORSE RÉCENTE L’état de la Corse après la mise en place des nappes

Les bassins miocènes Le Pliocène L’édification du relief actuel Le Quaternaire

DES ROCHES ET DES HOMMES LES UTILISATIONS TRADITIONNELLES LES UTILISATIONS MODERNES Les matériaux de construction et de viabilité Les matériaux pour l’industrie Les matériaux pour l’agriculture Les roches ornementales LES RECHERCHES MINIÈRES EN CORSE QUELQUES PROBLÈMES DE GÉOLOGIE APPLIQUÉE La géologie des ressources naturelles La question du pétrole en Corse L’eau Le thermalisme L’énergie géothermique La géologie du génie Civil

63 63 63 64 65 66 67 68 68 68 69 72 72 72

75 75 80 80 80 81 81 82 88 88 88 89 90 90 91 143

A LA DÉCOUVERTE DE LA GÉOLOGIE DE LA CORSE ITINÉRAIRES DANS LA CORSE ANCIENNE

93 93

Les principaux aspects de l’association granitique subalcaline Les principaux aspects de l’association granitique

94

calcoalcaline Les formations du premier cycle volcanique et leurs rapports avec les roches plus anciennes Les formations du second cycle volcanique

95

Les granites subvolcaniques annulaires permiens

ITINÉRAIRES DANS LA CORSE ALPINE La couverture sédimentaire autochtone La zone de Corte Les nappes externes à l’ouest des schistes lustrés Les schistes lustrés Les nappes supérieures sur les schistes lustrés

ITINÉRAIRES DANS LA CORSE SÉDIMENTAIRE LEXIQUE BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

103 105 108 111 111 111 115 121 125 127 134 138

PUBLICATIONS DU PARC NATUREL RÉGIONAL DE LA CORSE Dans la même collection,

N° 9 - Civilisations perdues en Alta Rocca. Itinéraires archéologiques près de Lévie dans le sud de l’île, 112 pages. N° 10 - Plantes et fleurs rencontrées, 96 pages. N° 17 - Les oiseaux, 80 pages et une planche couleur. N° 21 - Poissons de Corse et de Méditerranée, 116 pages et une planche couleur. Dans la collection “Patrimoine”, Les oiseaux de la Corse, histoire et répartition aux XIXe et XXe siècles , par Jean-Claude Thibault. Format broché 220 x 150, 256 pages.

144

CARTE GÉOLOGIQUE Synthèse à partir des travaux cités dans la bibliographie

La rédaction de ce guide a été assurée par : GAUTHIER a. Docteur en géologie, professeur agrégé à Ajaccio. Avec la participation de : LEENHARDT M. du Parc Naturel Régional de la Corse.

ROCHES ET PAYSAGES DE LA CORSE

RICOUR J. du Bureau de Recherches Géologiques et Minières.

L’illustration photographique est de : GAUTHIER a. pour l’ensemble des clichés à l’exception : de ceux des pages 11 milieu, 81, 87 droite et gauche dûs au B.R.G.M. de celui de la page 18 bas, dû à CONCHON O. de celui de la couverture, dû à DESJOBERT F. de celui de la page 45 bas, dû à Du CHAFFAUT S.A de ceux des pages 33, 89 et 129, dûs à I.G.N. de ceux des pages 15 haut et 78 haut, dûs à RICOUR J. de ceux des pages 23 et 43, dûs à ROMBALDI F.

et de celui de la page 9, dû à ROSSI Ph.

Les cartes, croquis et schémas sont de Marie-Jo Pimort et d’Alain Gau­ thier. La coordination de ce travail a été assurée par :

NOUHEN D. de l’Atelier de Recherche des Parcs pour l’Expression Graphique et l’Édition.

Maquette et mise en pages de Jean Garcia.

PARC NATUREL REGIONAL DE LA CORSE

DECOUVERTE DE LA NATURE

Nous tenons à remercier pour leur concours et leurs conseils, le Professeur M. DurandDelga, MM. Ph. Rossi et S.A Du Chaffaut, M. Lamotte, ainsi que le Service Corse du Bureau de Recherches Géologiques et Miniè­ res et l’Antenne régionale de l’Institut Géo­ graphique National.

Impression : Imprimerie Moderne 15001 Aurillac - Mai 1983. Production : A.R.P.E.G.E. pour le compte du Parc Naturel Régional de la Corse.

Diffusion pour la Corse : Parc Naturel Régional de la Corse, BP 417, 20184 Ajaccio Cedex. Diffusion pour le reste du monde : Édi­ tions du B.R.G.M., BP 6009, 45060 Orléans Cedex.

Prix : 65 F TTC

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