Les chauves-souris de Corse 2846983771, 9782846983778

Le premier ouvrage complet sur la question, accompagné d’une iconographie de terrain, rare et souvent inédite, de cartes

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French Pages 167 [172] Year 2011

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Table of contents :
Les chauves-souris de Corse
Sommaire
PRÉFACE
INTRODUCTION
LA CORSE EN BREF
LES CHAUVES-SOURIS EN QUELQUES MOTS
LA CORSE DES CHAUVES-SOURIS
CARACTÉRISTIQUES DU PEUPLEMENT CHIROPTÉROLOGIQUE DE CORSE
SOUS L'OEIL DES SCIENTIFIQUES
LES CHAUVES-SOURIS DANS LEUR MILIEU
MENACES ET MESURES DE CONSERVATION
LES ESPÈCES PRÉSENTES EN CORSE
INTRODUCTION
Le Grand Rhinolophe
Le Petit Rhinolophe
Le Rhinolophe euryale
Le Murin du Maghreb
Le Murin de Capaccini
Le Murin de Daubenton
Le Murin à oreilles échancrées
Le Murin à moustaches
Le Murin de Natterer
Le Murin de Bechstein
La Sérotine commune
La Noctule de Leisler
La Grande Noctule
La Pipistrelle commune, la Pipistrelle pygmée, la Pipistrelle de Kuhl
Le Vespère de Savi
La Barbastelle
L'Oreillard gris, l'Oreillard montagnard
Le Minioptère de Schreibers
Le Molosse de Cestoni
ANNEXES
Présence des différentes espèces de chauves-souris dans les communes de Corse (1989-2009)
Les chauves-souris in lingua corsa
LEXIQUE
BIBLIOGRAPHIE
ISBN : 978-2-84698-377-8
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Les chauves-souris de Corse
 2846983771, 9782846983778

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Jean-Yves Courtois Delphine Rist Grégory Beuneux du Groupe Chiroptères Corse

Les

chauves-souris de Corse

Les

chauves-souris de Corse

Ouvrage réalisé avec le concours de la Collectivité territoriale de Corse.

Jean-Yves Courtois Delphine Rist Grégory Beuneux du Groupe Chiroptères Corse

Les

chauves-souris de Corse

ALBIANA

Sommaire Préface ...........................................................................................................................................................6 INTRODUCTION La Corse en bref ....................................................................................................................... 11 Les chauves-souris en quelques mots ........................................ ............................. D'où viennent-elles ? Une vie originale .................................................................................................................... Des mammifères volants !

14 14 17 18

Ce qu'elles mangent............................................................................ 19 La rage, idées reçues ? ...........................................................................................................20 LA CORSE DES CHAUVES-SOURIS Caractéristiques du peuplement chiroptérologique de Corse..................................... 21 Sous l'œil des scientifiques .......................................................................................................... 22 Historique des études............................................................................ 22 Comment les étudier ? ............................................................................................................ 25 Les chauves-souris dans leur milieu............................................................................. 34 Les chauves-souris urbaines .................................................... 36 Les chauves-souris forestières ............................................................................................39 Les chauves-souris et le milieu souterrain .......................... 42 Les chauves-souris et les milieux humides ................................................................ 45 Les chauves-souris dans quelques microrégions .................................................... 47 Menaces et mesures de conservation ....................................... 53

LES ESPÈCES PRÉSENTES EN CORSE Introduction .............................................................................................................................. 59 Le Grand Rhinolophe ............................................................... 61

Le Petit Rhinolophe ............................................................................................................................... 65 Le Rhinolophe euryale .......................................................................................................................... 73 Le Murin du Maghreb ............................................................................................................................79 Le Murin de Capaccini .......................................................................................................................... 85 Le Murin de Daubenton ...................................................................................................................... 91 Le Murin à oreilles échancrées ................................... 96 Le Murin à moustaches ..................................................................................................................... 101 Le Murin de Natterer ...................................................................................................................... 105 Le Murin de Bechstein ....................................... 109 La Sérotine commune ......................................................................................................................... 113 La Noctule de Leisler ......................................................................................................................... 117 La Grande Noctule .......................................................................................................................... 121 La Pipistrelle commune, la Pipistrelle de Kuhl, la Pipistrelle pygmée ................................ 127 LeVespère de Savi ............................................................................................................................ 133 La Barbastelle ..................................................................................................................................... 137 L'Oreillard gris, l'Oreillard montagnard .................................................................................... 141 Le Minioptère de Schreibers .......................................................................................................... 145 Le Molosse de Cestoni ..................................................................................................................... 150 ANNEXES Tableau de présence des espèces de chauves-souris dans les communes de Corse ... 154 Les chauves-souris in lingua corsa ............................................................................ 160

Lexique

......................................................................................................................................................... 164

Bibliographie

................................................................................................................................................ 165

PRÉFACE

Vous avez entre les mains un ouvrage erratique. Sa première vocation est de pérenniser les acquis de vingt ans de travail sur, et pour, les chauves-souris de notre île et de les partager avec ceux qui vivent ici, parmi elles. Il se doit donc d'être accessible au simple curieux de la nature, mais aussi aux généra­ listes de la Corse, et encore aux décideurs, pilotes de notre biodiversité. Mais il veut également aborder des détails, des spécifi­ cités, voire des incongruités répondant à la curiosité du naturaliste averti de passage ou du chiroptérologue continental en quête de comparaison.

Ce livre tend à l’exhaustivité de ce que l'on sait avec quelques certitudes sur nos chauves-souris. Quelques pages rappellent les généralités de cette famille, nous les prenons pour argent comptant. La suite détaille nos chauves-souris et leurs milieux sur la base d'observations avérées ici, et là, ça se... complique. Excusez-nous le lieu commun : « Plus on en sait, moins on en sait ». Mais vingt ans de découvertes et de révélations ont plus souvent invalidé que complété le corpus de notre champ d’étude. D'où le doute et l’impression de poser la première pierre de la chiroptérologie corse plutôt que de conforter un ouvrage bien assis.

Sur la forme, nous n'avons pas souhaité présenter la bible de l’expert. Certes notre travail et nos interprétations répondent aux critères de rigueur de toute investigation scientifique, mais nous avons opté pour un ton décalé. Un ton plus en accord avec la réalité de notre discipline, intraitable par des voies conventionnelles, ou alors en multipliant les moyens par dix. Une conscience également de la relativité de nos acquis ; sur les 1 000 pièces qui composent le puzzle des chiroptères corses nous en avons assemblé une dizaine. Ce livre se contente de faire le point.

La Corse est relativement pauvre en diversité faunistique et paradoxalement assez riche en espèces patrimoniales. Deux sont en danger d’extinction, le gypaète

barbu et le goéland d’Audouin. Huit sont vulnérables, vous en connaissez cinq : la tortue d’Hermann, le mouflon, l’aigle royal, le balbuzard et le milan royal ; et les trois autres ? Des chauves-souris, à découvrir dans les pages suivantes. Nous espérons voir le jour - la nuit où nos petites amies partageront la une des plaquettes et publications de nos institu­ tions naturo-patrimoniales.

REMERCIEMENTS L'édifice de la connaissance des chiroptères de Corse est loin d'être achevé, mais les fondations en

paraissent désormais solides, principalement grâce aux deux partenaires institutionnels et inconditionnels de l'association : la direction régionale de l’Environnement et l'office de l’Environnement de la Corse. Un plan régional de conservation des chiroptères a ainsi pu être établi dès 2002. D'autres organismes nous ont apporté, d'une manière ou d’une autre, une aide précieuse, notamment, et en espérant n'oublier personne : les institutionnels (CG 2B, le service routes de la CTC, la DDAF 2B, la DREAL, le CEL, le CRPF, l’ONF régional et national, l’ONCFS, le PNRC), les associations (AAPNRC, APIEU, CEN, Finocchjarola, ITP), les bureaux d’étude (Abies, Biotope, Casalonga, Ecomed, Symbiosa, Sefrice, Geco), les médias (Aria, Corse Matin, Corsica, France 3, l'Informateur, RCFM, Stantari).

Liste des personnes ayant croisé, peu ou prou, le vol des chauves-souris en compagnie du GCC entre 1989 et 2009 :

Ardiet L., Ariagno D., Arlettaz R., Arthur L., Ascencao C., Barataud ]., Barataud M., Barboiron A., Battesti P., Bayle L., Beaucournu J.-C., Beron P., Bertho G., Bilodeau C., Biollaz F., Bole C., Bonnemaison M., Borel C., Bosc V., Brunet A., Bruyndonckx N., Canarelli E., Canneson P., Carrier B., Caruzzi L., Castres T., Chabaud,

Chantier M., Chenaval N., Choquene G.-L., Claudine A., Clavier J.-L., Collobert R., Corail M., Cosson E., Coullet O., Courtois A., Couvely S., D'Agostino S., Debat Y., Debit S., Defendini R., De Joly R., Delaugerre M., De Montoux D., Dinale G., Docquier O., Donnet A., Dubois J.-N., Dubos T., Engelke A., Evin A., Faggio G., Fiere P., Fontaine F., François M., Galand N., Gehin T. et C., Giosa P., Giosa S., Giraudet P., Giroir C., Godin M.-C., Grimaldi P.-P., Gruneisen W., Hanotel R. et J.-M., Haquart A., Harter N., Hervé A., Hiver C.,

Iritano K., Jaegly E., Jolead L., Jouaire S., Jouan D., Joulot C., Juliand A., Kaczmarec C., Kahmann H., Kiefer A., Klein M.-L, Lambardan C., Lamilza J.-C., Larraguetta L., Laurent D., Le Bris Y., Lebleux P., Lefèvre E., Lemaire M., LempereurS., Levadoux D., Libois R.-M., Lucciani J.-B., Martayan F., Martino M., Mazard C.,

Menétrier L., Moalic J., Moneglia P., Monta M., Montus R., Morbiducci C., Mougeot F., Mucedda M., Murittu G.. Noblet J.-F., Noblet K., Ouvrard A., Piazza C., Pidinchedda E., Popelard J.-B., Prigent P., Quekenborn D., Quiniou V., Recorbet B., Rémi S., Rémy P.-A., Riche L., Richomme C., Ricoveri N.,

Rombaut D., Ruedi M., Saint-Girons M.-C., Salotti M., Sauvagnac C., Seguin J.-F., Sevino C., Soule D.,

Stella P., Stoeckle T., Strinati P., Thepault C., Thibault J.-C., Tillon L., Torre F., Travichon S., Tupinier N., Tupinier Y., Urcun J.-P., Vergilino M., Vergnon J.-P., Viale D., Vinet P. et M., Vuillamier J.-M., Et que ceux que nous avons malencontreusement oublié de citer sachent qu’ils sont dans un recoin de nos souvenirs.

Un grand merci aux photographes grâce auquel cet ouvrage n’est pas qu'un obscur texte. Au-delà du plaisir que nous avons eu à les accompagner sur le terrain, ils nous ont surtout permis d'illustrer autant que possible « nos bêtes », non par volonté d'indépendance, mais parce qu'elles diffèrent souvent de celles présentes sur le continent. Nous remercions donc Laurent Arthur, Yann Le Bris, Yoann Peyrard et Tanguy Stoecklé, ainsi qu’OIivier Broussouloux, Nicolas Chenaval, Julien Barataud et Nicolas Robert pour les clichés qu'ils nous ont

fournis. Toutes les autres photographies sont du Groupe Chiroptères Corse.

Auteurs, contributeurs, relecteurs : Auteurs : Jean-Yves Courtois, Delphine Rist, Grégory Beuneux Relecteurs : Laurent Arthur, Michel Barataud, Olivier Broussouloux, Florence Delay, Gilles Faggio, Laurence Guyon, Alexandre Haquart, Anita Hervé, Dorothée Jouan, Mauro Mucedda, Éric Petit, François Prud’homme, Michelle Salotti, Fabrice Torre.

Le Groupe Chiroptères Corse Le Groupe Chiroptères Corse est une structure quelque peu atypique dans le paysage naturaliste national. Son giron est une vieille association spéléologique, l'Association Cortenaise de Spéléologie (ACS), créée en 1970. Dans les années quatre-vingt, les connaissances chiroptérologiques étaient balbutiantes en Corse et le fait de quelques personnes (Salotti M., Faggio G.), mais ce fut à cette époque qu’émergea sur le continent une nouvelle vague de naturalistes. Notre île servit de terrain-école pour des stages de formation sous la houlette de J.-F. Noblet et c’est à cette occa­ sion que se rencontrèrent trois insulaires : deux spéléologues et un ornithologue. Le virus chiroptère inoculé trouva un terrain d’autant plus favorable que milieux souterrains et chauves-souris étaient quasiment terra incognito en Corse. Trois chiroptérologues en herbe s'investirent donc et créèrent en 1988 un pôle chirop­ tères informel de spéléologues à tendance naturaliste, au sein de l’Association Cortenaise de Spéléologie. En une dizaine d’années de prospections, d’études et de mise en protection, d’abord sous terre puis tous azimuts, ils devinrent naturalistes à tendance spéléologues, reconnus par leurs pairs au niveau national et par les institutions régionales. En 1999, la conjonction du dispositif emploi-jeune et la disponibilité post-études d'un stagiaire en environnement, ayant fait ses preuves dans la structure, aida à franchir le pas : le GCC embaucha un salarié. En 2000, l’ACS se structura en deux sections, une sportive, déjà relictuelle, et une scientifique débordante d’activité. Puis en 2005, le besoin d’une meilleure lisibilité de l’association nous amena à limiter son objet aux seules chauves-souris et à officialiser l'appellation « Groupe Chiroptères Corse ». En 2009 le GCC, a un credo : « étudier et faire connaître pour mieux protéger », deux salariés et une trentaine de membres et sympathisants.

7 bis rue du colonel-Feracci, BP 35, 20 250 Corte Tél. : 04 95 47 45 94 http://www.chauvesouriscorse.fr

INTRODUCTION Carte de Corse.

INTRODUCTION La Corse

en bref

Géologiquement, la Corse est une île constituée de deux entités principales : une

différents types de milieux que l'on peut rencontrer sur l’île, qui vont eux-mêmes

partie cristalline, détachée du massif des Maures et de l’Estérel au cours du glisse­ ment du bloc corso-sarde vers sa position actuelle, et une partie alpine qui résulte de la surrection d'une croûte océanique. Tandis que la Corse cristalline est constituée de roches magmatiques, principalement grani­ tiques, la Corse alpine, au nord-est, est formée de roches océaniques schisteuses, bordées des anciennes marges continen­ tales composées de roches sédimentaires (telles que le calcaire qui apparaît de loin en loin, le long de la dépression centrale entre les deux entités géologiques). L'érosion des massifs montagneux a provoqué l'accumula­ tion de sédiments détritiques pour former la plaine orientale. De ces caractéristiques du sol et du sous-sol, associées au climat, découlent les

influencer le peuplement animal. On peut déjà noter la prédominance de roches granitiques et la quasi-absence de calcaire, ce qui n’a pas permis le développement d'un réseau karstique notable. Cependant, quel­ ques cavités, de taille modeste, existent. L'action de la mer sur les côtes a agrémenté l’île de quelques grottes marines, et une action érosive particulière associant la pluie et le vent a lentement dentelé certains massifs granitiques en de nombreux tafoni*1. souvent simples trous, mais qui prennent parfois des proportions suffisamment importantes pour abriter de belles colonies de chauves-souris cavernicoles*. De par sa position géographique dans le golfe de Gênes, la Corse bénéficie d'un climat méditerranéen, modulé par le relief important. En effet, si elle n'est pas l’île

Tes mots suivis d'un astérisque sont définis dans le lexique en fin d'ouvrage.

méditerranéenne la plus élevée, c'est sans doute celle qui affiche le caractère le plus montagnard avec une altitude moyenne supérieure à 500 m. et près de 20 % du territoire au-dessus de 1 000 m. Les 900 mm d'eau enregistrés annuellement en moyenne sur l'île ne reflètent pas la grande disparité de la pluviométrie dans sa répartition, tant géographique que temporelle. En effet, la tendance générale admet une sécheresse estivale et une douceur hivernale, entrecoupées de préci­ pitations souvent violentes et abondantes en octobre novembre et février mars. De la même façon, l'enneigement peut être important et recouvrir encore les reliefs en

INTRODUCTION

tout début d'été, l'influence alpine se faisant prédominante dès 1 200 m d’altitude avec plusieurs dizaines de jours de gel par an. Quant au réseau hydrographique, intimement lié à la pluviosité et au relief, il traduit bien le caractère granitique du sous-sol de la Corse cristalline qui, contrairement au calcaire, ne permet pas l’infiltration des eaux en profondeur. Lacs d'altitude, torrents, pozzine*, lagunes, zones humides littorales, mares temporaires parsèment le territoire. Là encore, le climat méditerranéen vient nuancer le tableau : la sécheresse estivale réduit considérablement le régime des cours d’eau, sans toutefois les assécher complètement. La flore de la Corse résulte également de l'influence de l'altitude sur le climat médi­ terranéen et le modèle classique des étages de végétation s'en trouve modifié. Ainsi, si les milieux littoraux sont typiquement de caractère méditerranéen, les étages supérieurs hébergent des espèces de plus en plus représentatives du domaine eurosi­ bérien* au fur et à mesure que l’on s’élève, et plus encore pour les versants ombragés. Lorsqu'elles ne sont pas urbanisées, les

plaines accueillent des vergers d’agrumes ou d’oliviers, des vignes, ou, laissées à l'état de friches, des suberaies* ou du maquis à lentisque et à myrte. Un peu plus en altitude apparaît rapidement le domaine du chêne vert, du maquis à arbousier et bruyère arborescente qui laissent parfois la place au pin maritime ou au châtaignier. Quand on atteint l'altitude de 1 000 m, on entre dans le royaume du pin laricio dont les hautes futaies sont remplacées par les hêtraies sur les ubacs. Au-delà de cet étage montagnard, l’influence méditerranéenne se fait encore sentir sur les adrets avec une végétation de fruticées* épineuses, tandis que l'aulnaie odorante tapisse les flancs nord.

Le logo

signale l'origine insulaire des photos.

Diversité des milieux rencontrés en Corse, du littoral à la haute montagne, qui contraste avec certains paysages agricoles du continent.

LES CHAUVES-SOURIS EN QUELQUES MOTS

INTRODUCTION

D’où viennent-elles ? Les plus vieux fossiles de chauves-souris datent d'environ 50 millions d’années, soit la période qui suit la disparition des dinosaures, et la conquête de nouveaux milieux par les mammifères. L’anatomie de ces chauves-souris fossiles est semblable à celle que l'on peut observer actuellement : les doigts sont déjà très développés et des analyses récentes du larynx confirment la capacité d’écholocalisation*. On ne connaît donc pas le « chaînon manquant », c'est-àdire la phase intermédiaire entre le petit mammifère insectivore quadrupède et l’animal ayant acquis l’aptitude au vol.

Actuellement, le monde des chauvessouris est partagé en deux groupes rassem­ blant plus de 1 100 espèces différentes. Jusqu'à très récemment, ces deux entités séparaient les espèces de grande taille ou Mégachiroptères (20 % des espèces) de celles de petite taille ou Microchiroptères (environ 80 %). Les Mégachiroptères sont plus communément appelés roussettes. Elles sont bien connues du monde tropical où elles vivent souvent suspendues aux branches des arbres. La plus grande du monde mesure environ 1,70 m d’envergure et malgré son nom, Pteropus vampyrus, elle

Ci-contre : Un cadavre de chauve-souris peu à peu emprisonné dans de la calcite, à l'aven de Noël, Ardèche.

est, comme ses comparses, strictement végétarienne (frugivore). Les roussettes sont dotées d'un museau allongé à la façon d'un chien (on les appelle également renards volants) et de grands yeux qui leur sont utiles pour repérer les fruits mûrs dont elles se nourrissent. Les Microchiroptères se distinguent essentiellement par leur aptitude à s'orienter par écholocalisation*.

Les analyses moléculaires de ces dernières années ont amené les scientifiques à réviser l'arbre phylogénétique* des chauves-souris. Si l'ordre est toujours divisé en deux, les Rhinolophidés ont été rapprochés des rous­ settes dans le groupe des Ptéropodiformes. Les familles restantes appartiennent doré­ navant aux Vespertilioniformes.

Arbre phylogénétique* simplifié qui permet de replacer les chauves-souris, l'ordre des Chiroptères, au sein des Vertébrés.

Les chauves-souris sont-elles des souris volantes ? ême si elles appartiennent toutes souris qui peuvent vivre jusqu’à 41 ans deux à la classe des Mammifères, (dernier record enregistré en Russie) et si certaines ont des apparences et ne font qu’un seul petit par an. parfois similaires, les chauves-souris Un autre bon moyen de les et les souris sont pourtant bien distinguer, même lorsque les distinctes. Les chauves-souris sont les animaux sont invisibles, consiste à seuls mammifères capables de voler observer leurs crottes d’un peu plus et sont pour cela toutes regroupées près. Ainsi, même si elles sont très dans l’ordre des Chiroptères. Les semblables d'aspect (forme d'un grain souris sont, quant à elles, présentes de riz sombre de taille plus ou moins aux côtés des rats, surmulots, lérots importante selon les espèces), les et autres loirs dans l'ordre des crottes de rongeurs et de chiroptères Rongeurs. En effet, ces derniers diffèrent de par leur consistance. Le sont plutôt omnivores tandis que les guano* de chauves-souris, souvent chauves-souris européennes sont accumulé au même endroit (alors insectivores (donc plus proches, dans que les crottes de rongeurs sont leur régime alimentaire, du hérisson éparpillées), présente la particularité ou des musaraignes). Par ailleurs, les de s'effriter complètement sous les

M

Rongeurs ont généralement une vie courte et un taux de reproduction élevé, contrairement aux chauves-

doigts en une fine poussière de débris d’insectes. Il est d'ailleurs à nouveau commercialisé comme engrais naturel pour sa forte concentration en phosphore et en azote.

Le guano* de chauves-souris se présente souvent sous la forme d'un petit tas de crottes semblables à des grains de riz.

L'année d'une chauve-souris

Chacun de ces nouveau-nés de Petit Rhinolophe attend le retour de sa mère pour la tétée.

Les petits des espèces cavernicoles* restent groupés en essaim pour ne pas se refroidir.

Une vie originale Les chauves-souris européennes ont dû s’adapter au climat, soumis à des variations saisonnières. Leur activité est ainsi rythmée par les contraintes que constituent la

des endroits plus favorables à l'élevage des petits. En effet, même si l'accouplement a généralement lieu à l'automne (parfois en hiver), le sperme est conservé dans les voies

disponibilité en proies et la température. Toutes insectivores, elles doivent profiter des grandes populations d'insectes qui émergent dès le printemps et voient au contraire cette ressource s'amenuiser à la fin de l’automne. Devant ce manque de nourriture, elles utilisent la même stratégie que d'autres mammifères : l'hibernation. Elles accumulent dans leurs tissus des réserves d'énergie sous forme de graisse brune et s’installent dans des lieux tran­ quilles, sombres, à température stable et à humidité élevée, avant d’entrer en léthargie. Elles sont alors capables de passer plusieurs mois sans manger, et il est impératif quelles ne soient pas dérangées pendant cette période très sensible. Dès le retour de températures plus clémentes, elles émergent de leur long sommeil et commencent à chasser de nouveau. Les femelles changent de gîte avant de se rassembler peu à peu dans

génitales de la femelle avant la fécondation proprement dite qui advient au printemps. Après une gestation d'environ deux mois, la femelle met bas à partir de mi-mai pour les espèces les plus précoces. Elle donne vie à un unique petit (exceptionnellement deux). Le gîte choisi doit être suffisamment chaud pour le développement des nouveau-nés (non poilus) qui attendent toutes les nuits le retour de leurs mères parties chasser. Lorsque la température est plus faible, notamment en milieu souterrain, les femelles se regroupent en colonies importantes, avec parfois plusieurs espèces à la fois, en un essaim qui assure la thermorégulation des petits. Après environ six semaines d'al­ laitement, le jeune prend son indépendance et commence à s’alimenter d’insectes. Les mâles quant à eux, plus erratiques et soli­ taires, se tiennent généralement à l'écart des colonies de reproduction.

Des mammifères volants ! L'acquisition du vol et l'adaptation à la vie nocturne ont entraîné des caractéristi­ ques particulières dans la morphologie des chauves-souris. En effet, si l’on observe une aile de chauve-souris, on constate qu'elle est formée par une membrane de peau tendue

entre les quatre doigts très développés du membre antérieur. Le cinquième, le pouce, reste de petite taille et est muni d'une griffe. Elle vole donc avec ses mains, d'où sa dénomination de Chiroptère, du grec kheir : la main et pteros : l’aile. Les pieds sont, pour leur part, libres et terminés par des petites griffes pour permettre l’accrochage à divers

INTRODUCTION

supports. La recherche des insectes dans le noir a également nécessité des adaptations spécifi­ ques pour bénéficier de cette manne. C'est

par le biais d'un système « sonar » nommé écholocalisation* que les chauves-souris parviennent à se déplacer dans l'obscurité. Pour cela, elles crient dans une gamme de fréquences généralement inaudibles pour l'homme (ultrasons) et analysent les échos renvoyés par les obstacles ou les proies éventuels. Beaucoup d'espèces sont dotées d'oreilles de grande taille et leur museau présente parfois des formes très particu­ lières, à l'instar de celui des Rhinolophes qui se servent de leur nez en fer à cheval, comme d'une parabole, pour focaliser les ultrasons. La vue reste un sens secondaire pour les chauves-souris européennes, et leurs yeux sont donc souvent de taille modeste, mais contrairement aux croyances persistantes, elles ne sont pas aveugles.

Un Murin de Capaccini sort de son gîte souterrain, on distingue bien sa « main » droite, avec un pouce court tendu vers l'avant, et les quatre autres doigts très développés.

Ce quelles mangent... Même si toutes les chauves-souris sont regroupées dans un seul ordre au sein des Mammifères, elles n’en présentent pas moins une grande diversité de formes. En effet, avec plus d'un millier d'espèces dans le monde, les chiroptères se sont adaptés à des milieux très variés et à des modes de vie multiples. Ainsi, même si la grande majorité des chauves-souris est insectivore, on rencontre d’autres régimes alimentaires. Le plus connu reste celui des chauvessouris dites vampires qui, avec seulement trois petites espèces d’Amérique du Sud et Centrale, ont entaché la réputation de toutes les autres. Il ne faut pourtant pas oublier le rôle fondamental des espèces nectarivores et pollinivores qui assurent la même fonction que nos abeilles pour de multiples espèces d'arbres des forêts tropi­

cales. Le baobab, avec ses grandes fleurs blanches qui ne s'ouvrent que la nuit, est ainsi pollinisé par des chauves-souris. De la même façon, les roussettes, frugivores, s’acquittent de la dispersion des graines des fruits quelles ont ingur­ gités, permettant ainsi la colonisation de nouveaux milieux par cette végétation. De manière plus anecdotique, on rencontre également des espèces carni­ vores (qui se nourrissent de lézards ou de grenouilles) et des espèces piscivores (telle la Noctilio, présente en Amérique du Sud et aux Antilles, qui attrape des petits pois­ sons à la manière des rapaces). En Europe toutefois, si l'on excepte les quelques incartades des vespertilions « pêcheurs » et de la Grande Noctule, toutes les espèces présentes sont strictement insectivores.

Une femelle d’Artibeus jamaicensis, chauve-souris frugivore de Guadeloupe vient se nourrir d'une papaye bien mûre.

Un Murin de Daubenton chasse les insectes qui évoluent au-dessus de l'eau.

INTRODUCTION

La rage, idées reçues ? La rage est une maladie causée par un virus présent dans la salive d'un animal en fin de maladie et potentiellement transmissible à l'homme lors d'une morsure. Il en existe sept types différents, dont deux pouvant se

Un réseau d’épidémiosurveillance piloté par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments avec la collaboration des chiroptérologues de terrain et des services vétérinaires a été mis en place ; il

rencontrer en France ; l'une extrêmement virulente dite rage vulpine ou canine (géno­ type 1), l'autre, moins virulente, dite rage des chiroptères (génotype 5). Détectée pour la première fois en France en 1989, cette dernière est actuellement relativement rare puisqu'elle n'a été diagnostiquée que chez moins d'une quarantaine d'individus sur le continent (pour plus de 1 600 indi­ vidus de chauves-souris analysés, soit 2 % de cas positifs) et ne concerne actuellement qu'une seule espèce : la Sérotine commune. À titre de comparaison, depuis la fin des

permet d’évaluer et de surveiller scrupu­ leusement les risques potentiels menaçant la santé publique. Bien que le risque de rencontrer une chauve-souris enragée relève plutôt de l’exceptionnel, la meilleure prévention consiste à ne pas manipuler les chauves-souris, comme le prévoit d'ailleurs leur statut légal de protection. En présence d’un animal blessé et si sa manipulation est absolument indispensable, il faut impérati­ vement se munir de gants et le relâcher s'il peut voler. En cas de doute, ou s'il ne peut pas voler, il est préférable de contacter un spécialiste des chauves-souris ou un service vétérinaire. Rappelons ici que la Corse a toujours été indemne de rage de quelque type que ce soit.

années soixante, près de 50 000 mammi­ fères sauvages ont été révélés porteurs du virus de la rage vulpine en France conti­ nentale !... Pour l'anecdote, plus de 3 600 bovins avaient été diagnostiqués positifs au virus de la rage, soit un risque presque 100 fois plus important de transmission par une vache que par une chauve-souris !...

LA CORSE DES CHAUVES-SOURIS

Malgré leur proximité géographique, la Sardaigne et la Corse ne présentent pas du tout les mêmes habitats : grands plateaux karstiques avec de nombreuses cavités pour la première et diversité des milieux pour la seconde. Pour des espèces typiquement forestières telles que le Murin de Bechstein ou la Noctule de Leisler, la Corse offre encore de grandes surfaces boisées.

Caractéristiques du peuplement CHIROPTÉROLOGIQUE DE CORSE

Avec 22 espèces confirmées à ce jour, les chauves-souris représentent plus de la moitié des mammifères sauvages terrestres de l’île (contre 30 % en France continentale). Sa position géographique particulière, au cœur de la Méditerranée occidentale, autorise autant la présence d’espèces originaires d’Afrique du Nord, tel

que le Murin du Maghreb, que d’espèces plus nordiques comme le Murin de Bechstein, dont la Corse constitue la limite sud de l'aire de répartition. L’isolement géographique ancien de l’île devrait être source de diversité réduite et d'endémicité. Ceci se vérifie pour différents groupes taxonomiques tels que les plantes

LA CORSE DES CHAUVES-SOURIS

(11 % de taxons* endémiques*) ou les reptiles (près de 28 % sont spécifiques à la Corse et à la Sardaigne) et les amphibiens (57 % d'endémicité). Toutefois, les chirop­ tères sont dotés de la capacité du vol, ils peuvent ainsi effectuer des déplacements importants, d’où découlerait l’atténuation de mise en place des mécanismes de spécia­ tion observés parmi les autres classes de Vertébrés non volants. Les chauves-souris sont d'ailleurs souvent considérées comme de bons colonisateurs. Le peuplement chiroptérologique actuel résulterait donc plus des caractéristiques biogéographiques de l’île auxquelles s'ajoutent les exigences écologiques propres à chaque espèce. De fait, aucun taxon* de chiroptère n'est, en l'état actuel de nos connaissances, spécifique à la Corse. On note toutefois des particularités d'ordre physiologique ou éthologique* qui conduiront peut-être à la détermination d'espèces nouvelles par le

biais de la génétique (comme ce fut le cas pour Plecotus sardus, l'oreillard endémique* de Sardaigne). Par ailleurs, la disparité des peuple­ ments chiroptérologiques observés entres les trois plus grandes îles de Méditerranée occidentale (Sicile 25 000 km² , Sardaigne 24 000 km2 et Corse 8 800 km2) tient davantage de la diversité des habitats quelles offrent : moindre présence en Sardaigne d’espèces typiquement forestières (absence du Murin de Natterer, du Murin de Bechstein et de la Grande Noctule, faibles effectifs de la Noctule de Leisler), tandis qu'en Corse les espèces strictement cavernicoles* sont moins courantes.

Sous l’œil

des scientifiques

Historique des études «[...] hors du port, à proximité et facilement accessibles, on trouve des grottes étonnantes et, en particulier, celle de Sdragunatu, dans laquelle la Nature s'est amusée de façon encore plus merveilleuse [...]. Dans cette grotte, il y a plusieurs cavernes où séjournent perpétuellement les chauves-souris qui glissent par milliers dans l'air chargé de vapeur ». C'est ce que l'on peut lire dans l'Histoire de Bonifacio de Gio Battista Marzolaccio, publiée à Bologne en 1625. Cette citation est sans doute l'une des plus anciennes que l'on puisse trouver à ce jour faisant mention de chauves-souris en Corse. Observations disparates, descriptions sommaires ; d’autres s’ensuivront au fil du temps et ce n’est que bien plus tard, en 1926, grâce aux travaux de Joleaud, que les premières listes d'espèces apparaissent. Cinq espèces sont alors recensées sur l'île. Au gré des découvertes faites lors de courts séjours de naturalistes ou de scien­ tifiques sensibles aux nombreux attraits de l'île, l’inventaire s'étoffe peu à peu. Données souvent éparses et parfois douteuses, huit espèces sont alors mentionnées en Corse. Il faut attendre 1956 et les importants travaux de Kahmann et Goerner pour disposer de données scientifiques fiables et substantielles sur le peuplement insu­ laire, portant à 19 le nombre d'espèces de chauves-souris présentes. Nous leur devons les uniques citations de la Pipistrelle de Nathusius, de la Noctule commune et du Rhinolophe de Mehely. Enquêtes dans la presse locale, sollicitations de la population, prospections systématiques des gîtes, la

La Pipistrelle de Nathusius a été ponctuellement observée en Corse.

Liste des principaux naturalistes ayant spécifiquement publié des études sur les

chiroptères de Corse Joleaud (1926)

De Joly (1932) Didier et Rode (1935) Gulino et Dal Piaz (1939) Raynaud et Heim de Balsac (1940)

Remy (1950) Strinati et Chopard (1953-1954) Kahmann et Goerner (1952-1956) Beaucournu (1965) Beron (1972) Beaucournu, Launay et Noblet (1983) Libois et Vranken ( 1981 -1985)

Une publication exhaustive sur les espèces rencontrées dans les cavités souterraines de Corse. Huit taxons* de chauves-souris y sont répertoriés.

Noblet, Barnet et Thibault (1976-1988) Salotti (1984-1988) GCC (1989-...)

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Noctule commune sortant de son gîte arboricole* dans la région de Bourges. Deux individus de cette espèce auraient été prélevés par Kahmann en 1956 près d'Ajaccio, elle n'a jamais été réobservée depuis.

collecte d'informations bat son plein. Les seules campagnes de baguages de Corse s'organisent. Plus de mille individus appar­ tenant à sept espèces sont ainsi bagués entre 1953 et 1956 par l’équipe allemande, technique qui aujourd’hui a été abandonnée en France en raison du préjudice important qu'elle occasionne sur les populations de chauves-souris. Parallèlement, Kahmann procède à l'analyse du contenu d'une quantité impor­ tante de pelotes de réjection de chouette effraie, un des prédateurs naturels des chiroptères, contribuant ainsi à enrichir la connaissance du peuplement insulaire. Un travail de fond qui sera relayé, au début des années quatre-vingt, par Libois. Les analyses permettent par ailleurs d’estimer la proportion négligeable de chauves-souris

consommées par la chouette en Corse (moins de 0,1 % des proies consommées sont des chauves-souris). Au total, neuf espèces de chauves-souris s'inscrivent alors au menu du rapace nocturne. S'il n'est pas étonnant d'y découvrir des espèces courantes, la présence d’espèces rares comme le Murin de Bechstein ou le Murin de Natterer est, au contraire, surprenante. D’autant plus que c’est par ce biais que ces deux espèces ont été inventoriées en Corse pour la première fois, et la Noctule de Leisler elle-même, pourtant couramment observée depuis, a été ajoutée à la liste des chauves-souris insulaires à partir des restes osseux d'une pelote de réjection. À partir de 1976 et jusqu'en 1988, Noblet complète assez largement l'inven­ taire au cours de séjours réguliers. Loin encore d'un inventaire systématique des différentes microrégions de l’île, Noblet s'est intéressé plus particulièrement à la vallée du Fangu, au sud de la Corse ainsi qu'à l'embouchure des quelques grands fleuves. Au cours de ces douze années d'étude, la pratique de la capture au filet lors des prospections nocturnes est devenue plus courante et s'est peu à peu systématisée lors des inventaires menés en Corse, apportant

Quelques études par baguage sont autorisées en France, comme le suivi d'une colonie de Petits Rhinolophes en Provence.

ainsi des données nouvelles sur la richesse du peuplement insulaire. En 1988, la liste mentionne ainsi 24 espèces de chiroptères présentes en Corse. À compter de 1989, sous l'impulsion d'une petite équipe insulaire de passionnés, le Groupe Chiroptères Corse prend la relève. Les recherches intéressent cette fois l'ensemble de l'île, de la mer à la montagne, du nord au sud et couvrent l’intégralité du cycle biologique des animaux, enrichissant de manière considérable les connaissances sur la répartition et le statut des chauvessouris présentes en Corse. Paradoxalement, malgré l'omniprésence des équipes sur le terrain et l'important travail de prospection, la diversité apparente du peuplement insu­ laire s'amoindrit et la liste est aujourd'hui portée à 22 espèces. Les principales raisons de cette supposée diminution sont que la présence de certaines espèces n'a pu être confirmée sur l’île, ainsi que des révisions taxonomiques qui ont été opérées récem­ ment pour d'autres.

Les chiroptères bagués en Corse (Kahmann et

Goerner, 1956). Campagnes menées dans quinze cavités souterraines entre 1953 et 1956.

Comment les étudier ? Etudier un animal volant, farouche, discret, presque totalement silencieux et qui plus est nocturne, peut paraître insensé voire saugrenu... et pourtant, c'est bien à cette tâche délicate que des naturalistes et des scientifiques se sont attelés afin de déchiffrer un peu mieux les mystères de ces petits mammifères volants. Au fil des décennies, les techniques et les méthodes ont considérablement évolué mais les difficultés persistent... expliquant pour partie que de nombreuses espèces de chauves-souris soient encore mal connues à l’heure actuelle.

Le repérage des gîtes Les premières recherches réalisées par le passé se sont intéressées principalement à l’inventaire des gîtes et plus particu­ lièrement à celui des gîtes souterrains, s'adressant ainsi à des personnes rompues aux techniques de progression en milieu difficile. Cordes, baudriers, mousquetons, lampes à acétylène faisaient alors partie de la panoplie du chiroptérologue de l'époque. Aujourd'hui, ces techniques sont toujours d'actualité ; seules les lampes à faible inten­ sité et à lumière froide ont remplacé les lampes à carbure.

Peu à peu, l'inventaire s'est étendu à l'ensemble des gîtes épigés* susceptibles d'être fréquentés par les chauves-souris. Bâtis, paillers, ponts, combles d'église, cavités d’arbre... sont désormais passés au crible des chiroptérologues armés de simples lampes, parfois d'une paire de jumelles, ou d’un endoscope numérique pour les cavités les plus inaccessibles. Dans les situations les plus ludiques, parfois extrêmes, un maillot de bain voire une paire de raquettes à neige peuvent agrémenter la panoplie du

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chiroptérologue... une simple spécificité insulaire ! Les méthodes de repérage de ces gîtes sont multiples, allant d'une simple investigation déambulatoire réalisée au cours de prospections microrégionales, à une recherche plus ciblée nécessitant une enquête préalable par voie de presse ou lors d'échanges avec la population locale. En Corse, la collaboration avec les spéléologues locaux et plus largement avec les usagers du milieu naturel (forestiers, bergers...) est engagée de longue date. Aucun chiroptère n'est visible ? Cela ne signifie pas nécessairement qu’il est absent. De nombreux indices ne trompent pas. Les cris sociaux par exemple sont parfaitement audibles, surtout en pleine période de reproduction. D’autres traces signalent la présence de chauves-souris, actuelle ou passée : le guano* qui crépit les murs ou s'accumule en petits tas au sol, le suint* qui imprègne les fissures où s'immiscent certaines espèces (les Murins du Maghreb notamment). Le chiroptérologue averti remarquera également les pupes* des ectoparasites*, enkystés en attendant le retour de leurs hôtes au printemps suivant. Cependant, l’inventaire des gîtes à chauves-souris ne se résume pas seulement à la présence/absence des espèces qui les occupent ; le comptage des effectifs est également nécessaire afin d’évaluer leur statut ou bien l'évolution des colonies. Les techniques employées ont globa­

lement peu évolué, même si aujourd'hui l'image numérique d'un appareil photogra­ phique a peu à peu suppléé celle de l'œil. Dans tous les cas, les comptages directs des colonies restent la méthode la plus fiable, nécessitant un simple éclairage de faible intensité. Un comptage des animaux lors de leur sortie crépusculaire est quelquefois

possible pour les colonies monospécifiques et en dehors des périodes d'hibernation. L'utilisation d’un appareil photographique à déclenchement automatique a été tentée à plusieurs reprises en Corse mais les fientes des pigeons de roche ainsi que le guano* de chauves-souris ont eu raison du matériel ! L'étude des chauves-souris nécessite également des investigations de nuit lors de l'activité de chasse des animaux, tâches délicates et parfois ingrates qui ont été facilitées par les techniques et méthodes actuelles. Patrimoine bâti, spéléologie sur corde ou gîtes arboricoles* dont l'observation nécessite l'utilisation d'un miroir ou d'une caméra endoscopique, la recherche et le suivi de gîtes à chauves-souris s’avèrent parfois délicats tant ces animaux s'adaptent à des habitats très divers. Comme ces Murins de Daubenton qui se sont faufilés dans un jointement de pont. Les traces de suint* laissées par une colonie ainsi que les pupes* de parasites sont des preuves incontestables de la fréquentation du site par des chauves-souris.

La pose de filets La technique « traditionnelle » utilisée par les chiroptérologues pour l'étude nocturne des chauves-souris consiste à tendre des filets entre des perches sur des zones propices à l'activité des chiroptères (passage, chasse...). Pour être adaptée aux configurations locales du terrain souvent accidenté (cols, crêtes, étangs, marais, maquis épineux, barres rocheuses...), la pose des filets relève parfois du défi. Ceux-ci sont tendus au mieux durant toute la nuit mais le plus souvent aux heures suivant le crépuscule et précédant l'aube, lorsque l'abondance en proies est la plus importante. La délica­ tesse de l’opération pour les chauves-souris ainsi que la technicité de la pose des filets requièrent une expérience certaine. Son utilisation est à réserver par conséquent à des personnes expérimentées et disposant d'une autorisation de capture spécifique délivrée par les services habilités de l'État

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en collaboration avec les organismes régio­ naux ou départementaux spécialisés dans l'étude des chauves-souris. La stratégie de capture retenue par le Groupe Chiroptères Corse consiste

Une sérotine à démailler sans tarder.

à tendre la surface la plus importante possible de filets (parfois plus de 100 m linéaires de filets sur 5 m de hauteur!) et ce, dans des configurations les plus variées et imaginatives... permettant ainsi d’augmenter les chances de rencontre avec le plus grand nombre d'espèces. Malgré tout, pour certaines d’entre elles, la tâche reste délicate. Les Rhinolophidés sont notamment capables de déjouer n'importe quelles installations en raison de leur capacité exceptionnelle à détecter le moindre obstacle et les espèces de haut vol (Molosse, Minioptère...) passeront le plus clair de leur temps d’activité nocturne à une altitude inaccessible avec de simples filets.

D’aspect identique à ceux employés pour la capture des oiseaux, les filets utilisés pour les chauves-souris présentent un tissage plus fin, permettant la capture des animaux les plus malchanceux ou les plus dissipés, qui heurteront en plein vol

l'obstacle ainsi dressé pour s'y empêtrer... Vigilance et patience sont alors le maître mot du chiroptérologue. A la moindre alerte, bondissant sur son piège, armé de sa frontale et de sacs de contention, il peut alors commencer le démaillage : un pied,

un pouce, la main, une oreille (tiens une canine !), il faudra de quelques secondes, pour les plus aguerris, à plusieurs minutes pour les autres, pour venir à bout du démaillage de l'animal. Certaines espèces sont par avance redoutées : la Sérotine, pour sa ténacité à lorgner sur votre pouce, la Noctule de Leisler, pour ses cris stridents, le Grand Rhinolophe pour sa puissante dentition. A contrario, le Vespère de Savi ou l'Oreillard raviront les moins téméraires... La capture à l'aide de filets était de loin la technique la plus adaptée pourtout travail sur les chauves-souris jusqu'à l'avènement de nouveaux outils, comme les détecteurs d'ultrasons ou le matériel de télémétrie (cf. infra). Elle n'en demeure pas moins indispensable et complémentaire aux techniques plus contemporaines nécessitant la manipulation des animaux (prélèvement de « matériel » génétique, biométrie*, détermination de l'espèce, du sexe, équipement d'un animal pour la télémétrie...). En Corse, cette technique est encore très largement employée et le Groupe Chiroptères Corse s’est évertué à la décliner sous toutes ses formes, comme en canopée* des arbres, sur radeaux flottants ou en utilisant des harp-trap* pour les plus originales, mais également dans tous types de milieux (étangs, lacs, cols de montagne, maquis, barres rocheuses, torrents) jusqu'à 2 422 m d'altitude à Bocca Bianca. Les animaux ainsi capturés sont rapi­ dement étudiés. Déterminées, sexées, mesurées, pesées, les chauves-souris sont ensuite relâchées sur place. Chacune leur tour, elles subissent un examen attentif nécessitant une manipulation délicate et raisonnée afin d'éviter un stress trop important. Les dernières capturées atten­ dront patiemment leur tour dans un petit sac de contention en coton accroché à l'abri de la lumière, des courants d'air et à l'écart d'éventuels prédateurs...

Installation de filets sur un site de passage potentiel de chauves-souris : au-dessus d'une rivière ou sur un col en montagne.

Prises de mesure de l'avant-bras à l'aide d'un pied à coulisse.

Autre système de capture de chauves-souris : une harp-trap*.

Le suivi par radiopistage Vous avez sans nul doute rêvé un jour, un soir, d'incarner Batman dans le rôle du bienfaiteur au visage masqué, qui plus est, armé d'un équipement high-tech façon James Bond, à la poursuite effrénée de charmantes créatures de la nuit... Bardé de tout le matériel de télémétrie ou de radiolocalisation (récepteur, antenne directionnelle, boussole, GPS, talkiewalkie...) nécessaire à une telle mission, les scientifiques organisés en équipes partent ainsi toute la nuit à la quête de quelques chauves-souris préalablement équipées de microémetteurs ultralégers (moins de un gramme) adaptés à leur poids et à leur

morphologie. Coordination et mutualisation des moyens sont de rigueur. L'organisation doit être sans faille. Chaque soir, avant la sortie des animaux, une stratégie est définie. Il s'agit pour ce soir de localiser au plus près les sites de chasse des animaux, plus tard

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ce sera leurs gîtes. Le matériel est réparti entre chaque escouade, les consignes sont notées, les fréquences de chaque émetteur enregistrées. Chacun peut alors rejoindre son poste, certains en voiture, d’autres à pied... et le suivi des chauves-souris peut

Un Murin du Maghreb équipé d'un émetteur qui permet de suivre ses déplacements.

alors démarrer. Cette nuit promet d'être longue, comme les suivantes, révélant chaque fois un peu plus les mystères des chauves-souris de l'île. Plus tard, l'ensemble de ces informations alimentera une base de données géographique et sera exploité afin de mieux appréhender les exigences écologiques des animaux et ainsi définir des mesures de protection adaptées à chaque espèce étudiée.

Antennes dites en poste « fixe » ou en poste « mobile » qui servent à déterminer la direction du signal diffusé par l'émetteur.

Le Groupe Chiroptères Corse fait partie des précurseurs dans l'utilisation de cette technique pour les chauves-souris en France, et ce, dès 2002. La télémétrie a été développée sur l’île pour la recherche des territoires de chasse* et de gîtes de quelques espèces, parmi les plus emblématiques.

Le radiopistage est aujourd’hui de plus en plus utilisé dans de nombreuses régions en France et plus globalement en Europe. Il permet d'apporter des connaissances consi­ dérables sur l’écologie des chauves-souris.

Analyse cartographique du territoire disponible et des zones de chasse fréquentées par une colonie de Petits Rhinolophes étudiée par suivi télémétrique dans la vallée du Tavignanu.

Ambiances nocturnes... 21 h, la nuit est douce, presque moite, tout le monde est en place, fin prêt... patience. Soudain 21 h 06, l’équipe n°l

reçoit un signal, l'animal 418 a quitté son gîte, plein ouest en direction de l'Alisu, non loin de l'endroit où se trouve l’équipe n°2. 21 h 11, la chauve-souris passe sous le pont routier, l’équipe n°2 vient de récupérer un signal, très fort. Elle semble filer droit vers l’Agriate, comme la nuit précédente. Postée aux abords du marais de Saleccia, à l'endroit même où l’animal a été localisé la veille au soir avant l'orage, l’équipe n°4 est prévenue et attentive.

21 h 24, l’équipe n°2 perd peu à peu le signal tandis que l'animal 217 vient d'être signalé par l’équipe n°l en sortie de gîte, direction plein sud, vers Padula.

21 h 30, l’équipe n°4 ne devrait pas tarder à recevoir le signal mais toujours rien pour le moment... Étonnant, que fait

l’animal? Il devrait déjà être sur place... L’animal 217, quant à lui, est localisé à Tinturaghju. L’équipe n°6 se rend sur la zone afin de confirmer sa présence... et la 418 ? Personne n’a repris de signal... volatilisée ! Interrogations, doutes, que fait-on ? L'équipe n°2 propose de partir en direc­ tion de sa dernière localisation... Soudain,

miracle ! L'équipe n°3, postée à San Stefano, vient de recevoir un signal... c'est la 418, elle remonte en direction du col, il est 21 h 46... par où a-t-elle bien pu passer? Un mystère de plus à élucider pour demain. 21 h 50, l'animal passe le col et descend droit dans le défilé du Lancone, direction Biguglia et son étang... Une équipe l’y attend.

Les ultrasons Autre méthode, autre technique, autre

objectif... l’étude des sons émis par les chau­ ves-souris fait également partie des moyens « modernes » et en vogue suscitant de plus en plus d'engouement parmi les chiroptérologues. Pourtant, cette technique nécessite un investissement important, indispensable à l'acquisition des principes fondamentaux et schémas acoustiques de base. A minima, trois années de formation et de pratique régulière sont nécessaires pour une approche efficace de cette technique, en constante évolution. Bien que développée en France depuis les années quatre-vingt, l'analyse des ultrasons des chiroptères est encore loin d'avoir révélé tous ses secrets. Cette technique consiste à étudier un signal ultrasonore émis par une chauve-souris, et donc inaudible pour l'homme, grâce à un appareil appelé détecteur. Ce dernier muni

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d'un microphone ultrasensible présente la capacité de transformer le son reçu afin de le rendre perceptible à l'oreille humaine. Son analyse peut, dans ce cas, être immédiate pour les plus aguerris, ou bien interprétée

Le recours à un détecteur à ultrasons (et son spécialiste) peut-être nécessaire pour inventorier les chauves-souris qui fréquentent des sites peu accessibles tels que les étangs littoraux de la côte orientale.

Un sonogramme permet de visualiser les ultrasons émis par les chauves-souris et d'en analyser divers paramètres pour l'identification de l'espèce. Ici, une Barbastelle d’Europe ; elle peut alterner deux signaux de fréquence différente pour tromper ses proies, des papillons de nuit « tympanés* ».

a laide d un logiciel spécifique permettant ainsi la détermination avec plus ou moins de certitude de l'espèce rencontrée au cours de la soirée de prospection. Des systèmes automatisés sont aujourd’hui disponibles mais leur emploi reste encore délicat et limité. En Corse, hormis quelques opportu­ nités d'études ayant permis l'intervention de spécialistes continentaux, l’emploi de cette technique est resté jusqu'à présent très embryonnaire. A défaut de compétences

L'utilisation de ces différentes tech­ niques d'étude a permis au fil des années d'accumuler une somme considérable d’informations relatives aux gîtes (pros­ pections diurnes), aux sites de chasse/ transit (prospections nocturnes) et aux espèces présentes sur l’île. A sa création, le Groupe Chiroptères Corse a dû faire face à la gestion de cette précieuse manne de données contenues parfois dans de simples notes de terrain aux dates souvent

locales, le Groupe Chiroptères Corse est contraint à une utilisation élémentaire de l'outil, limitant l'information à la présence/ absence de chauves-souris et à une appré­ ciation subjective de la fréquentation de la zone d’étude par les animaux. Dans un avenir proche, cette technique pourrait être amenée à se développer sur l’île offrant ainsi des opportunités d'études sur des

douteuses, aux localisations hasardeuses... Leur exploitation en l'état paraissait plutôt précaire et l’informatisation indispensable. Dès 1994, le Groupe Chiroptères Corse a donc développé une base de données informatique, spécifique aux chiroptères de Corse, qu'il gère aujourd'hui intégralement. A ce jour, cette base héberge des infor­ mations relatives à plus de 8 500 chauves-

milieux peu favorables à l'emploi d'autres techniques (captures au filet, télémétrie...).

souris manipulées, plus de 1 100 gîtes, 635 sites de chasse ou de transit intéressant 298 communes de Corse : elle constitue la véri­ table matrice des connaissances insulaires sur les chauves-souris.

Base de données

Exemple de consultation informatique d'un gîte à partir de la base de données du Groupe Chiroptères Corse.

Les chauves-souris

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DANS LEUR MILIEU

La diversité du peuplement chiroptérologique de notre île est à mettre en relation avec sa diversité écologique, mais tous les étages ne sont pas logés à la même enseigne. Tout d'abord, bien que l’on puisse y trouver une bonne partie des espèces, il n'existe pas de milieu où on les trouve toutes. Les milieux les plus riches connus de Corse s'illustrent par deux extrêmes : l'un est un point d'eau en forêt de Rospa-Sorba, à 1 200 m d’altitude, qui cumule 13 espèces, l'autre est l’embouchure du Porto avec 12 espèces. Ces deux biotopes* ont été pros­ pectés plusieurs fois et toutes les espèces n'ont pas été contactées simultanément. Si l'on s'en tient au nombre sur une nuit, le record revient à bocca San Petru (1450 m) avec 12 taxons* différents, suivi par une dizaine d'autres cols, avant de retrouver quelques embouchures de fleuves avec 8 espèces. Vient ensuite une longue litanie de sites majoritairement situés entre 1 000 et 1 500 m. Moins de 20 % des biotopes* pros­ pectés atteignent une diversité d’au moins 5 espèces et le taux médian de contacts aux filets n’est que de 2 espèces. Ce taux de contact est faible, d'une part parce que l'objectif des prospections n'est pas de « faire de la bête » mais d'échantillonner les différents milieux et d'autre part parce que la plupart des chauves-souris sont rares. Selon leur spécialisation sur un genre de proie, leur adaptation morphologique à un type de chasse, leur inféodation à un milieu, leur dépendance à certains gîtes, leur capa­ cité de déplacement, il n’y a pas de raisons de les trouver au même endroit.

Le feeling de terrain repose sur un millier de nuits, corroboré par l’analyse de notre base de données (les bredouilles ne sont pas saisies dans la base, elles sont au moins aussi nombreuses). • Au-delà de 2 000 m, les contacts sont très rares et le fait du même trio d’espèces. • entre 1 500 et 2 000 m, les contacts restent rares mais concernent une dizaine d’espèces. • de 1 000 à 1 500 m, c’est la suite royale : la majorité des espèces s’y retrouve, quelques-unes en limite supérieure de leur répartition, de nombreuses à leur optimum. Les « cartons » ont lieu dans cette tranche. • de 500 à 1 000 m, c'est l'étage où l'on peut tout trouver, mais cela reste théo­ rique : en général tant la diversité que la densité sont faibles. • du littoral à 500 m, on reste globale­ ment dans la pénurie. • sur les embouchures, quelques heureuses exceptions mais qui ne font pas la règle. Les exemples de milieux et de micro­

régions développés ci-après éclaireront ce canevas.

Ci-contre : Répartition altitudinale des contacts aux filets sur territoires de chasse nombre d'individus = 7800, données 1989/2009

La distribution des territoires de chasse* de certaines espèces de chauves-souris reflète leurs exigences écologiques : • la Pipistrelle commune est une espèce courante et ubiquiste. • le Murin de Daubenton est courant et inféodé aux cours d’eau de basse et moyenne altitude, • la Noctule de Leisler est une espèce forestière courante, • le Murin de Capaccini est rare et inféodé aux cours d'eau de basse altitude.

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Les chauves-souris urbaines et commensales* de l’homme Avec 300 000 habitants pour deux départements, soit à peine plus de 30 habitants au km2 (et même seulement 6 personnes au km2 pour l'intérieur de l’île, hors saison touristique), la Corse reste une région plutôt rurale. On peut opposer à cela les deux pôles urbains majeurs, Ajaccio et Bastia, qui regroupent à eux seuls près de la moitié de la population. Les chauves-souris se sont très tôt adap­ tées aux constructions humaines et font partie des animaux qui vivent le plus près de l'homme. Les espèces inféodées aux fissures rocheuses (Molosse de Cestoni, Vespère de Savi, Sérotine, Pipistrelle...) ont ainsi tiré parti de l’édification de nombreux ouvrages aux interstices multiples (ponts, immeubles, murs en pierre sèche, revers de volets, hourdis*...). Les plus importants rassemblements de Molosse de Cestoni en Corse sont situés, par exemple, au cœur de la cité ajaccienne. D’autres espèces, sans doute caverni­ coles* au départ, ont profité des nombreux nouveaux gîtes potentiels construits par l'homme pour étendre leur répartition vers des zones qui ne leur étaient pas climatiquement favorables. C'est le cas du Petit Rhinolophe qui recherche les combles suffisamment chauds et tranquilles pour assurer l'élevage des nouveau-nés, et ce notamment jusque dans le Nord de l'Europe. En Corse, l'espèce est l’hôte régulier des villages plus que des grandes villes. L’exode rural lui a assuré pendant cinquante ans une disponibilité pléthorique en gîtes. Et si de nombreuses espèces de chauves-souris ont largement tiré profit de la multiplicité de gîtes offerts par ces constructions, elles subissent aujourd'hui

le contrecoup de la dégradation de tout le petit patrimoine bâti. Ainsi, les nombreuses colonies de Petit Rhinolophe qui avaient investi les anciennes bergeries, pagliaghji* casette, sont contraintes de chercher un nouveau toit lorsque le gîte qui a vu naître plusieurs générations tombe en ruine faute d'entretien. Quant à celles qui s’étaient installées dans les greniers de nos maisons de village, elles ne sont pas mieux loties avec la politique de fermeture, d'isolation des combles ou les nouvelles habitations complètement « étanches », sans parler des traitements insecticides des charpentes. Pour les chauves-souris plus urbaines, les problèmes les plus importants adviennent à celles qui s’installent dans les joints de dilatation des immeubles. Les colonies peuvent être numériquement importantes (même si elles excèdent rarement la centaine d'individus), et l’élevage des jeunes entraîne une activité intense dont le remue-ménage finit souvent par intriguer les propriétaires qui ignoraient jusqu'alors leur présence à proximité. Que ce soit par répulsion ou pour le dérangement induit (selon l'espèce incriminée, le volume sonore et l'odeur du guano* peuvent être plus ou moins incom­ modants), la plupart des habitants souhaite voir partir ces nouvelles colocataires. Mais n'est-il pas dommage de parler avant tout de ceux qui veulent « s'en débarrasser » ? Il y a aussi beaucoup de propriétaires qui les acceptent et trouvent du bonheur à les observer et guetter leur retour chaque

année. Généralement, il suffit... d'être patient et d'attendre que les chauves-souris partent d’elles-mêmes pour alors reboucher l'accès au gîte afin quelles ne reviennent plus. Il est toutefois impératif de bien connaître le cycle biologique de l'espèce afin d'éviter toute destruction malencontreuse de

Les espèces « fissuricoles* » telles que le Molosse de Cestoni s'accommodent volontiers des joints de dilatation des immeubles à Bastia ou Ajaccio.

juvéniles non volants par exemple. Ainsi une personne bien intentionnée avait

façon insistante les quelques nuits suivantes. Sans doute les mères cherchaient-elles à

attendu le départ des chauves-souris pour leur chasse nocturne avant de fermer le joint de son mur avec une serpillière. Elle s'était alors étonnée de les voir revenir de

récupérer leur nouveau-né en ce mois de juillet... Le service SOS chauves-souris a été mis en place pour répondre à ce type de problématiques.

Apparition furtive au crépuscule : eh oui, c'est bien une colonie de chauves-souris qui est installée là, au plus près de nous.

nimaux nocturnes qui ont long­ Vinci porta sur elles un regard différent temps (et toujours, pour encore en inventant ses modèles de machines trop de gens) dérouté l'homme, les volantes inspirées de la morphologie d’ailes de chauves-souris. chauves-souris sont à l'origine de Heureusement, les chauves-souris nombreux mythes et légendes. Elles étaient considérées comme « impures » ne sont pas perçues de la même façon sur tous les continents. En Amérique par la chrétienté et sont longtemps centrale, dans l'art Maya, certaines divi­ restées des signes de mauvais présages. On leur a aussi attribué des vertus nités ont une tête et des ailes de chau­ ves-souris. Dans les mythes africains, maléfiques ou curatives : l'urine de ces elles sont parfois présentées comme animaux avait la prétendue capacité de rendre aveugle, alors que l'onction des êtres particulièrement intelligents, car elles savent éviter tous les obstacles de l'œil avec du sang de chauve-souris quand elles volent. Dans l'Antiquité, donnait une vue perçante et la faculté de voir la nuit ! Selon Pline, le sang réputées pour ne jamais s’assoupir, les chauves-souris étaient le symbole de la de ces petits mammifères était censé vigilance. En Chine, elles sont symboles posséder des vertus épilatoires, tandis qu'en Chine la cervelle de chauve-souris de bonheur et de fidélité. En effet le Wu Fu, ou les cinq chauves-souris du soigne l'acné de la jeune fille ! Elles bonheur, représente les cinq béné­ faisaient aussi partie de la pharmacopée des sorcières au Moyen Age. Pour la dictions : longue vie, richesse, santé, amour et une mort naturelle. première fois en Europe, Léonard de

A

Deux perceptions totalement différentes des chauves-souris dans l'imaginaire : côté occidental et côté oriental (dessin, A. Nouaillat).

Les zones urbaines ne constituent pas uniquement un réseau de gîtes potentiels, elles représentent aussi tout ou partie des territoires de chasse* de quelques espèces peu sensibles à la pollution et aux éclairages publics. Ces derniers en effet, avec les importants rassemblements d'insectes qu'ils entraînent, favorisent l’essor des Pipistrelles ou des Sérotines dont on peut parfois observer les ballets incessants sous les lampadaires. D'autant que l'éclairage public ne se cantonne pas aux villes, mais se développe également dans les zones rurales, le moindre petit hameau restant ainsi le plus souvent éclairé toute la nuit. Le passage progressif des lampes blanches à mercure aux lampes orangées au sodium, moins attractives pour les insectes, devrait permettre de revenir à une situation plus naturelle. De la même façon, il est bon de tenir

compte de la présence de chauves-souris dans certains bâtiments publics en veillant à ne pas éclairer les façades où se situe l’accès au gîte. Ce point est l'une des préconisations indiquées aux communes conventionnées pour la préservation d'une colonie de chauves-souris dans un de leurs édifices : souvent des églises, comme à Bastelica ou Cuttoli, mais aussi à Giuncaggio, Viggianellu et pour trois ponts. Il est tout à fait possible d'éclairer certaines parties de ces monuments afin de les mettre en valeur et ce, sans préjudice pour les chauves-souris pour lesquelles l'accès au gîte est souvent restreint à une toute petite zone que l’on laissera dans l’obscurité.

Les chauves-souris forestières On associe souvent l'image des chau­ ves-souris aux grottes ou aux habitations abandonnées, mais il ne faut pas négliger l'importance de la forêt pour ces petits mammifères. Avec sa grande amplitude alti­ tudinale et ses particularités orographiques*, la Corse présente de grandes surfaces toujours couvertes de forêts aux essences variées (402 000 ha, soit 46 % de l’île) : suberaies*, hauts maquis, châtaigneraies, forêts de chênes verts ou pins maritimes pour les altitudes les plus basses, puis grandes futaies de pins laricio et hêtraies qui dominent dans les massifs montagneux. Même si certaines espèces de chauves-souris présentes sur l’île étaient connues par ailleurs pour leur carac­ tère arboricole*, aucun arbre-gîte n'avait été découvert en Corse avant les années 2000.

Dans le cadre d'un programme euro­ péen Life sur le pin laricio, des études ont été consacrées aux chauves-souris et ont permis une meilleure connaissance de la relation entre les chiroptères et le milieu forestier montagnard en Corse. Par ailleurs, durant trois années, une étude plus spécifique a été dédiée à la recherche des gîtes arboricoles* de la Grande Noctule et des autres espèces susceptibles de fréquenter le milieu fores­ tier. Plusieurs gîtes ont ainsi été découverts en forêts de Rospa Sorba, de Valdu Niellu, de Sant’Antone, de Marmanu et d'Aïtone. Au-delà de ces espèces qui s’abritent presque exclusivement dans les arbres (et pour la majorité d'entre elles, dans les loges forées par les pics épeiches), la plupart des chauves-souris se rendent dans la forêt pour s’y nourrir. Toutefois, même si la quasi-tota­ lité des chauves-souris de Corse fréquente le milieu forestier, celui-ci ne représente pas la même valeur pour toutes.

e schéma permet de mettre en peut donc le considérer comme une évidence la fréquentation des espèce forestière. A contrario, les pipis­ forêts en fonction des espèces concertrelles ­ (Pipistrellus sp.) sont les espèces nées. Pour chaque espèce, il est noté le les plus fréquemment observées, mais nombre de fois où elle est contactée sur pas davantage en forêt que dans les un site forestier par rapport aux autres autres habitats (espèce ubiquiste). Les types de milieu (preferendum), ainsi que chauves-souris considérées comme le nombre de stations forestières dans « forestières » en Corse sont donc la lesquelles l’espèce a été observée par Grande Noctule (Nyctalus lasiopterus), rapport à toutes les stations forestières la Noctule de Leisler (N. leisleri), le étudiées (fréquence de l'espèce). Ainsi, Murin de Natterer (Myotis nattereri), le le Murin de Bechstein (M. bechsteini) Murin de Bechstein (M. bechsteini), le est peu contacté (dans 5 % des stations Murin à moustaches (M. mystacinus), la forestières), mais dans la plupart des Barbastelle (Barbastella barbastellus) et cas, son signalement a lieu dans le les Oreillards (Plecotus sp.). milieu forestier (fort preferendum). On

LA CORSE DES CHAUVES-SOURIS

C

La recherche des gîtes arboricoles* nécessite l'utilisation des techniques de progression sur corde.

Le milieu forestier présente une grande diversité en Corse : ici, une futaie de pins laricio, et une chênaie verte.

Les chauves-souris et le milieu souterrain Toutes les chauves-souris sont suscep­ tibles de fréquenter les milieux souterrains à un moment ou à un autre de leur vie, hormis peut-être les chauves-souris stric­ tement forestières telles que les Noctules. D'autres espèces pourtant rencontrées dans des cavités pendant l’hibernation sur le continent restent invisibles dans les grottes corses (Sérotine, Murin de Bechstein, Murin

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de Natterer, Pipistrelles par exemple). Cependant, quelques-unes sont plus parti­ culièrement inféodées aux cavités. Deux espèces y passent la totalité de l'année en Corse : le Minioptère de Schreibers et le Rhinolophe euryale, de la même façon que le Murin de Capaccini pour ce qui est connu de son cycle ; deux autres s’y installent pour l'hiver : le Petit et le Grand Rhinolophe ; de son côté, le Murin du Maghreb semble plus opportuniste, les colonies de reproduction connues se partageant entre grottes et vides sanitaires. Quant au Murin à oreilles échancrées, plutôt anthropophile*, il s'établit parfois en milieu souterrain. De nouvelles contraintes s'imposent alors à ces espèces car l'île, en grande partie granitique, offre peu de cavités naturelles. Les grottes terrestres sont rares et canton­ nées principalement à la Haute-Corse, les grottes marines quasi inexistantes. L'activité minière développée en Corse au XIXe siècle, puis l'abandon de ces sites au cours du XXe siècle ont légèrement compensé la carence en gîtes souterrains, tout au moins pour les microrégions de l'île qui procédaient à ce type d'exploitation, c'est-à-dire essentiellement dans le nord. Au total, environ 150 cavités sont connues pour accueillir des chauves-souris, mais à peine une dizaine d’entre elles constituent

Carte géologique simplifiée et localisation des cavités abritant les trois espèces strictement troglophiles (Murin de Capaccini, Rhinolophe euryale et Minioptère de Schreibers). On constate que la répartition des cavités est calée sur la géologie régionale. En bleu est figurée la Corse granitique et en violet la Corse alpine. Les points correspondent aux gîtes.

des gîtes importants. Les espèces doivent se contenter de cette offre restreinte qui limite le nombre de gîtes favorables soit à l’hibernation, soit à la mise bas, soit au transit entre ces périodes, chacune ayant des caractéristiques propres.

Dans tous les cas, obscurité et tran­ quillité sont recherchées. Pour hiberner, les chauves-souris choisissent un site dans lequel le taux d'humidité est élevé et la température stable et fraîche, générale­ ment inférieure à 12°C et même volontiers à 5°C (Vizzavona, Caporalinu, Castifau). Tandis que pour l'élevage des jeunes, la température doit être plus importante, au minimum I4°C et jusqu’à 20°C dans une grotte marine près de Sagone. Le regroupement systématique en essaim, parfois de plusieurs espèces, est interprété comme une stratégie permettant d'assurer une thermorégulation, notamment des nouveau-nés. Le milieu souterrain n'est pas renouve­ lable, c'est la raison pour laquelle les espèces troglophiles sont prioritaires en termes de protection. Son importance est corroborée par le classement en site Natura 2000 de

12 cavités naturelles ou artificielles. En fait, sur la trentaine de gîtes majeurs pour les chauves-souris que compte l'île, plus de la moitié est hypogée*. La partie sud en est ainsi quasiment dénuée et les prospections au filet y confirment l'absence des espèces cavernicoles*.

Toutefois, de nouvelles menaces se profilent autant pour les sites naturels que pour ceux d’origine anthropique*. Pour les premiers, l'essor de la spéléologie ces cinquante dernières années conduit au risque de dérangement des colonies. Ces perturbations restent mineures sur l’île, les spéléologues étant peu nombreux et avertis des périodes critiques lors desquelles toute visite doit être proscrite. Le risque qui pèse sur les mines est plus imminent : dans un souci de mise en sécurité de ces sites désormais à l’abandon, l'État envisage leur fermeture intégrale au détriment de la faune qui a pu y trouver refuge, générant

des conflits d'intérêt entre les services administratifs chargés des anciens ouvrages miniers et ceux en charge de la protection de l'environnement. Une concertation doit alors s'établir au cas par cas, en mettant en avant l'intérêt chiroptérologique éventuel du site et dans le but de trouver une solution appropriée. Jusqu'à présent, les moyens de mise en sécurité n'ont pas été adaptés au maintien de la biodiversité : les mines de Ersa, Luri, Méria, Cardo, Ghisoni, Vezzani ont été condamnées, soit par foudroyage, soit par construction d'un mur en béton d’un mètre d'épaisseur. Dans quelques cas, un passage de 20 cm par 40 cm a été aménagé, mais cette solution ne convient pas à la plupart des espèces. Quatre mines ont été traitées avec plus de respect pour les chauves-souris : Castifau, Lozari, Ersa et Luri pour partie, avec la pose de grilles ou de périmètres grillagés.

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Il existe peu de cavités naturelles en Corse, les quelques massifs calcaires comme ceux du sillon central (ici une des grottes de Castiglioni à Oletta) offrent pourtant quelques gîtes de choix pour la reproduction des espèces cavernicoles* et pour l'hibernation de la plupart des chauves-souris.

Les anciennes galeries de mine offrent une alternative intéressante que ne dédaigne pas ce Rhinolophe euryale (Minarienne), c'est pourquoi leur mise en sécurité ne doit pas se faire aux dépens de ces espèces protégées (ici, les mines de Ghisoni désormais obstruées par un bouchon béton).

Les chauves-souris et les milieux humides L'histoire commence tout là-haut, sur les plus hauts sommets de l'île, l'échine centrale, là où les précipitations avoisinent les 1 800 mm d'eau par an. Long itinéraire de cette petite goutte d’eau qui chemi­ nera successivement entre lacs, ruisseaux, torrents, fleuves, mares, étangs lagunaires, embouchures, pour finir sa course sur le rivage de l'île, offrant tout au long de son parcours une multitude de faciès, de formes, de régimes, de salinités. Deux chefs d’orchestre : le relief et la pluie. Accordé au cours des saisons, au fil de l'eau, ce trait d’union entre mer et montagne entretient sur l'île une richesse biologique particulière que l'on retrouve jusque dans le peuplement en chauves-souris. En effet, quand on pense chauves-souris, on pense insectes, moustiques, rivières, étangs, mares, plus globalement zones humides. L'appariement est évident, le rapport intime... Au sommet, les lacs de montagnes, perles d’eau singulières ourlées de pozzines* verdoyantes entourées d’impressionnantes parois verticales, représentent assez bien le nirvana du randonneur mais pas celui du chiroptérologue insulaire, symbole pour lui de... bredouilles latentes !... Une diversité très faible (moins de 6 espèces inventoriées au total) et des densités en chauves-souris quasi nulles caractérisent ces paradis perdus... En Corse, seuls quelques lacs, Vitalaca, Gialicatapiana, Acqua Ciarnente... ont montré une faible activité nocturne. Le lac de Crenu se distingue un peu du lot avec ses cinq espèces de chauves-souris contac­

tées mais ses situations altitudinale (moins de 1 500 m) et environnementale (inséré

dans un peuplement boisé d'altitude) lui confèrent quelques avantages. A l'opposé, embouchures, marais litto­ raux et étangs lagunaires offrent parfois une diversité et une densité d'animaux flirtant avec les dix espèces de chauves-souris en activité de chasse ou en simple transit. Entre les deux, fleuves, torrents, ruisseaux livrent quant à eux toute une combinaison de variables intéressant, qui la proximité de la montagne, qui celle du littoral, qui la forêt... Certains fleuves ou ruisseaux de l'île accueillent jusqu'à dix-neuf espèces de chauves-souris, comme le ruis­ seau du Stranciacone dans la vallée d'Ascu. Les zones humides de Corse, quelles soient littorales (étangs, embouchures, marais...), ou d'altitude (lacs de montagne, torrents...) jouent ainsi un rôle détermi­ nant dans la préservation de la biodiversité de l'île et ce, notamment pour certaines

espèces de chauves-souris qui en sont fortement dépendantes en tant que zone de nourrissage (le Murin de Capaccini et le Murin de Daubenton). Ainsi, toute altéra­ tion de la qualité de ces milieux aura des répercussions parfois irrémédiables sur l'équilibre trophique* de ces écosystèmes fragiles. La surfréquentation en période touristique de certains cours d'eau, l’em­ ploi massif de produits phytosanitaires*, le dysfonctionnement voire l’absence de station de traitement d'eaux usées, les rejets organiques de certains élevages (porcins notamment) figurent parmi les principales menaces identifiables en Corse.

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Les chiroptères exploitent largement les

milieux aquatiques en Corse ; mais à l'image de ces biotopes* très variés, la fréquentation varie en fonction de leur niveau d'attractivité. Les zones humides du littoral ou les vasques d'eau calme peuvent être très fréquentées alors que les lacs et pozzines* d'altitude ne présentent guère d’activité chiroptérologique.

Les chauves-souris dans quelques microrégions La connaissance d'un territoire et de son peuplement chiroptérologique est une œuvre de longue haleine. Au début, la prio­ rité est de savoir quelles sont les espèces présentes, ensuite se pose la question de leur statut, rare ou courante, et on finit par chercher leur répartition géographique, alti­ tudinale et par milieu. Des années de travail en perspective, bien souvent aléatoire et que d’aucuns qualifieraient d'ingrat. Les volontaires se comptent sur les doigts de la main, les bonnes années des deux mains. Mais revenons à ces questions : qui, combien et où ? La stratégie universelle pour aborder ces questions est l’échantillonnage. Et c'est ainsi que les naturalistes de passage autre­ fois et, depuis ces vingt dernières années, le Groupe Chiroptères Corse, prospectent

la Corse, pieve par pieve*, le jour dans les villages, la nuit en posant les filets dans des milieux a priori favorables. La liste est longue mais pas du tout exhaustive, de l’Extrême Sud au Cap Corse, de la façade maritime en zodiac aux cols et lacs de montagne, de la Castagniccia au Taravu. La quête n'est pas toujours probante, souvent décevante mais parfois miraculeuse : le Murin de Bechstein s'est fait désirer quatre ans, la Grande Noctule dix et la Pipistrelle de Nathusius se fait toujours attendre.

Rhinolophe est en effectif ridicule, le Murin de Daubenton brille par son absence et la Pipistrelle commune est là, mais sans plus. Les milieux particuliers à la région ne sont guère plus riches, la quinzaine de blockhaus, potentiellement intéressants, abritent seulement quelques Petits et Grands Rhinolophes. Quant aux grottes marines favorables à l’installation de colonies, elles sont quasiment inexistantes et seules trois méritent ce qualificatif, quoiqu'en disent les légendes. Les observations y sont intéres­ santes pour trois espèces troglophiles en gîte de transit*. Plusieurs raisons pourraient expliquer ce constat sans que l'on puisse en confirmer actuellement la véracité : l’ab­ sence de rivières pérennes, l'effet péninsu­ laire, l'omniprésence de vents forts balayant régulièrement le plateau bonifacien...

Le Taravu

L’Extrême-Sud La plus longue opération d'inventaire menée en Corse, quarante jours et quarante nuits. Au moins sommes-nous sûrs du constat : ce n'est pas le paradis des chauves-souris. Onze espèces y ont

Cette région se présente comme le modèle idéal pour étudier la répartition altitudinale des chauves-souris : cinquante kilomètres d'une vallée unique sur plus de 1 000 m de dénivelée, du golfe du Valinco jusqu'au col de Verde. Une des couvertures végétales les mieux préservées des incen­ dies de l’île, depuis les zones humides du littoral jusqu'aux forêts de pin laricio de Saint-Antoine, parcourue par un fleuve facilement accessible. Seize espèces ont été contactées, un record pour une microré­ gion. Les forestières sont presque toutes présentes, y compris le Murin de Bechstein et la Grande Noctule ; par contre les troglophiles en sont quasiment absentes, en toute logique pour cette région granitique. Le caractère peu montagnard du Murin de Daubenton et de la Pispistrelle de Kuhl se

été recensées avec une densité extrême­ ment faible. Même les espèces les plus courantes sont sous représentées, le Petit

confirme, malgré quelques incartades de ces espèces ponctuellement observées à près de 1 200 m.

L’Agriate Ce site, avec plus de 5 500 ha, propriété du Conservatoire du littoral, ne pouvait laisser indifférent. La lecture de quelques études sommaires passées n'incitait pas à l'optimisme. Néanmoins, dresser un inven­ taire « exhaustif » du bâti de ce territoire relevait du défi. Plus de 160 constructions ont été localisées avec un taux de 30 % d'ouvrages encore couverts. Compte tenu du martyre de cette région cycliquement victime de gigantesques incendies, ce pour­ centage est inespéré. Cela s'explique par les deux types de construction en oeuvre dans la région : l'encorbellement, intégralement minéral, et la toiture terrasse protégée par une épaisse couche de terre rouge. Un potentiel de gîtes existant donc, reste le couvert... Là aussi, les incendies ont plus que réduit les potentialités d'accueil, un maquis dégradé et monotone couvrant la zone. Pourtant, ô surprise, de petits îlots de ripisylves* ou d'oliveraies continuent

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Le plateau du Cuscionu Cette région est constituée d’un vaste plateau d'altitude aux environs de 1 500 m, couvert de pozzines* de lambeaux de hêtraie et parcourue de petits ruis­ seaux cristallins qui s'échappent dans de profondes vallées. La tranche altitudinale 1 200-1 600 m est conforme aux connais­ sances pour la Corse, à savoir pauvre en diversité et en densité. De plus, la hêtraie s'est toujours avérée plus ingrate que les forêts de pins laricio à altitude identique (Vizzavona, Camputile-Tavignanu, San Pedrone présentent le même profil). Pour le Cuscionu, sur treize sites prospectés, ce qui représente une pression de recherche importante, seules six espèces ont été observées, les ubiquistes et certaines fores­ tières. Un net déséquilibre du sex-ratio en faveur des mâles se confirme à cette altitude. Dans les vallées, à l'exemple de l'Asinau et de Chisa à partir de 1 000 m, la diversité réapparaît avec onze espèces.

Les bergers du Cap Corse qui passaient l'hiver dans l'Agriate s'abritaient dans ces pagliaghji*,

habitats en pierre sèche à toit plat ou à encorbellement. Abandonnés depuis une cinquantaine d'années, ils offrent un potentiel en gîtes important pour le Petit Rhinolophe.

de résister. Résultats inattendus, six colo­ nies de reproduction de Petit Rhinolophe

existent encore sur l’Agriate pour plus de 150 femelles reproductrices. La densité est très faible avec environ 2,5 individus/km2, et l'avenir dépend du maintien de zones de végétation stratifiées et d'une politique volontariste de restauration des pagliaghji*. notamment ceux à toiture terrasse. Ceux qui restent sont en sursis : à Terricie, il restait deux pagliaghji* en bon état en 1986 et aucun en 2005 ; autre exemple avec le site de Chjosu qui est passé de huit à quatre en vingt ans.

comme la découverte d'une grotte, ancien dortoir de phoques moines (Galeria), de gravures anthropiques* les pieds dans l’eau (Patrimoniu), de brèche osseuse ou même de balle de golf à la balistique hasardeuse (Bonifacio).

Les grottes marines Il est des légendes indestructibles, celle des grottes marines de Corse en est une. Après trois ans de cabotage au plus près des côtes, équipés d’un zodiac de 3,30 m et d'un moteur de 9 chevaux, à l'exclusion du tronçon Bastia-Solenzara, le bilan n’est pas à la hauteur de la légende, ni du labeur, avec seulement vingt-cinq cavités repérées, situées essentiellement sur la côte ouest, dont aucune ne ferait fantasmer un spéléo­ logue. Parmi elles, quatre gîtes seulement présentent un intérêt notable carfréquentés par des espèces troglophiles : une colonie de reproduction déjà connue (Sagone), un gîte d'hibernation* majeur pour le Rhinolophe euryale à Piana, un gîte de transit* massif sur Carghjese et une grotte sur Calvi au statut imprécis. Sur Bonifacio, les deux cavités repérées sont des gîtes de transit*. Plusieurs observations estivales d'Oreillards surScandula sont atypiques, mais rejoignent peut-être la problématique de ce cortège d'espèces encore mal cernées. Hors milieu souterrain, c’est à l'oreille qu'ont été loca­ lisées quelques colonies de Molosse de Cestoni sur Portu et Porti-Vecchju, les

vocalises diurnes de cet animal couvrant le bruit du moteur. Ce périple a donné lieu à des observations non chiroptérologiques

Jusqu'à une quarantaine de Murins de Capaccini au statut incertain (transit, reproduction ?) s'abritait derrière cette écaille de la faille de Pinarellu. La grotte de Sdragunatu accueille désormais davantage de touristes que de Minioptères de Schreibers.

Les cols

LA CORSE DES CHAUVES-SOURIS

Lors des canicules estivales, ce n'est qu'un demi-exploit de fuir la côte et de monter à l'assaut des sommets et des lacs avec le maté­ riel de capture, constituant quand même un surpoids de plus de 5 kg (inclus la bouteille de vin et le thermos de café pour tenir la nuit). Stratégiquement parlant, seuls les cols sont intéressants, car ce sont des points de concentration hypothétiques, véritables couloirs aériens, aussi bien de passage par le point le plus bas par des chauves-souris en transit que de phénomènes aérologiques drainant le plancton aérien et ses préda­ teurs. Plus de 50 cols d'une altitude supé­ rieure à 1 000 m ont été prospectés dont 38 ont donné au moins une information chiroptérologique. Au-dessus de 1 600 m (col des Maures, Bocca Stranciaccone) les résultats sont ténus et relèvent d’un podium olympique, l'Oreillard remportant la médaille d'or pour l'altitude (2 150 m au col perdu), suivi par le Vespère de Savi pour le nombre, puis la Pipistrelle commune. Le Molosse de Cestoni joue les outsiders, étant omniprésent (comme en témoignent ses vocalises audibles) jusqu’à 2 400 m à Bocca Biancu ; et le Grand Rhinolophe, la Noctule de Leisler, la Sérotine et le Murin à mousta­ ches font une apparition en guest star. Mais la véritable révélation est dans la tranche 1 200 à 1 500 m avec plusieurs cols fréquentés par une douzaine d'espèces (col San Petru, Bavella, Capronale) avec des effectifs impor­ tants. Le col de Capronale (1 330 m) a été l’objet d’un suivi saisonnier : en avril comme

Répartition des grottes du littoral et localisation de celles qui abritent des colonies de chauvessouris.

en novembre aucune présence de chauvessouris, (les températures sont proches de zéro); en juin et octobre, on note une activité modérée ; quant à juillet, août et septembre, c'est le port de Bastia à la même saison ! Le Vespère de Savi bat tous les records d’af­ fluence à ce col avec des effectifs atteignant les 50 individus dans la même nuit.

Bocca a Manuella, 1 500 m d'altitude, ne détient pas le record de fréquentation en chauves-souris mais présente toutefois un joli palmarès de 31 individus de 8 espèces différentes.

Le Cap Corse Une île dans l’île, voilà qui méritait que l'on s'y attarde. Nos prospections nous ont permis d'y contacter 15 espèces, ce qui est tout à fait honorable. Néanmoins, la région présente des carences tant pour les chauvessouris troglophiles que pour les forestières. Le Petit Rhinolophe est encore l'espèce phare ; mais il faut dire que le Cap lui déroule un tapis rouge avec de nombreuses maisons inoccupées dans les villages, des pagliaghji* à encorbellement perdus dans les campagnes et ces tombeaux monumentaux à l'usu capicorsu*. Pour les troglophiles, leur apparente absence au nord d’une ligne Nonza-Siscu interpelle. En effet les anciennes mines d'antimoine d'Ersa, Luri et Méria offraient un potentiel d'accueil non négligeable, et pourtant nunda* ! Le problème ne se pose plus guère car le service de l’État chargé de la mise en sécurité des ouvrages industriels a fait condamner la plupart des ouvrages. Pour les espèces forestières : aucun contact

La diversité architecturale du patrimoine bâti du Cap profite aux colonies de reproduction de Petits Rhinolophes.

n'a été établi avec la plus courante, la Noctule de Leisler, ni avec les autres (sauf trois observations de Barbastelle) alors que le Cap, dans les zones épargnées par les incendies, est bien arboré.

La Castagniccia L'archétype de la région hors du temps, préservée des atteintes du monde moderne, une multitude de petits villages noyés dans une végétation exubérante : tous les espoirs étaient permis. Une première campagne de prospection en 1990 avait été décevante. Une deuxième tentative en 2007 fut pire. Malgré la pression de recherche, les résul­ tats restent inférieurs à ce que l'on peut observer dans d'autres microrégions, tant en diversité qu’en densité : seulement 11 espèces contactées, et qui plus est, les plus communes. En gîtes, le Petit Rhinolophe est toujours l’espèce phare (près de 900 individus comptés), ce que confirment les

villages de Castagniccia offrent un potentiel intéressant, pourtant peu exploité, pour les chauves-souris anthropophiles*.

quelques indices de Murins à oreilles échancrées égayent un peu cette monotonie. Ce peuplement peu diversifié est peut-être à mettre sur le compte du milieu... peu diversifié.

LA

CORSE DES CHAUVES-SOURIS

études menées par ailleurs sur ses terri­ toires de chasse*. Ceux-ci seraient préfé­ rentiellement composés de mosaïques de végétation composées de plusieurs strates. Une belle colonie d'Oreillards à Croce, et

Les grandes bâtisses encore préservées des

L'arrière-pays balanin, peu propice aux chiroptères.

La Balagne Ce hot spot people est plus attractif pour les humains que pour les chauvessouris ! Malgré une pression de prospection importante, les résultats sont décevants. La Balagne de l’intérieur, celle des villages si typiques, s’est avérée très pauvre, tant en diversité qu’en densité, aujourd'hui comme il y a quinze ans. Le petit Rhinolophe, espèce emblématique de la Corse rurale, caractérise bien ce constat : les colonies sont rares et d’effectifs très réduits, de l'ordre de la dizaine d'individus alors qu'en général, elles en comptent plus de 50. Il a été dénombré 110 individus sur l'ensemble de la région, en 2009, soit l'équivalent d'une seule grosse colonie dans le Cap Corse ! On ne peut pas imputer ce fait à l’absence de gîte, certaines vallées, telle le Reginu, étant encore bien préservées de la pression touristique et conservant tout

un chapelet de petits bâtis de campagne bien cachés. En descendant vers le sud, jusqu'à Galeria, le constat devient alarmant, plusieurs grosses colonies connues dans les années quatre-vingt ont disparu suite à la réhabilitation de maisons. Les territoires de chasse* se sont révélés également très peu fréquentés. La région n'évite la médiocrité, en terme de biodiversité chiroptérologique que sur sa périphérie : au pied des monta­ gnes, à Bonifatu, ou dans les estuaires, Ostriconi par exemple. Quelques cavités d'origine minière enrichissent également le peuplement avec des espèces troglophiles rares. Les 16 espèces inventoriées au final ne doivent pas cacher un constat global préoccupant.

Menaces

et mesures

DE CONSERVATION

Détendez-vous, ça va bien se passer ! Loi, directive, convention, liste rouge... l’arsenal de mesures visant à évaluer le statut de conservation des chauves-souris en France est vaste et bien souvent austère, illustrant la complexité même de l’exercice à des niveaux géographiques très différents (régional, national, européen, interna­ tional...). Pourtant rien de bien compliqué en définitive. Un simple texte réglementaire à retenir : la loi de 1976 relative à la Protection de la Nature et son dernier décret d'appli­ cation de 2007, disant en substance que toutes les chauves-souris françaises sont intégralement protégées sur l'ensemble du territoire national. Il vise à interdire totale­ ment leur destruction, mutilation, capture

ou enlèvement, leur taxidermie et, quelles soient vivantes ou mortes, leur transport, colportage, utilisation, mise en vente, vente

ou achat... Sont également interdits sur le terri­ toire national et en tous temps la destruc­ tion. l'altération ou la dégradation du milieu particulier de ces mammifères non

domestiques... En résumé, un fait bien réel, les chau­ ves-souris sont vulnérables, il faut donc les protéger, ce qui s’avère compliqué car certaines espèces sont plus sensibles que d’autres à des degrés divers, selon l'échelle géographique à laquelle on se place... ce qui nous vaut une multitude de déclinaisons possibles, transposées à travers les annexes d’une Directive ou bien la codification cartésienne d'une liste rouge...

u niveau international, la liste rouge mondiale prévoit sept catégories de menaces. En 2008, une espèce de chirop­ tères présente en Corse figure parmi les espèces considérées comme Vulnérable (VU) au niveau mondial : le Murin de Capaccini.

A

S'ajoutent à cette liste rouge, les espèces inscrites aux annexes II ou III de la convention de Berne (1979) relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel en Europe, ainsi qu'à l'annexe II de la convention de Bonn (1979) relative à la conservation des espèces migratrices et son accord relatif à la conservation des chiroptères en Europe. Convention de Berne - Annexe II : « espèces de faune strictement protégées » / Annexe III : « espèces de faune protégées dont l'exploitation est réglementée » Convention de Bonn - Annexe II : « espèces migratrices se trouvant dans un état de conservation défavorable et nécessi­ tant l'adoption de mesures de conservation et de gestion appropriées »

Au niveau européen, la liste rouge européenne (2006) classe 5 espèces de chauves-souris en catégorie Vulnérable (le Rhinolophe euryale, le Rhinolophe de Mehely, le Murin de Capaccini, le Murin de Bechstein et la Barbastelle d'Europe) ; toutes sont présentes en Corse ou l'ont été. Pour la Grande Noctule, les données insuffisantes (catégorie DD) ne permettent pas l'évaluation de son statut selon les critères IUCN actuels bien qu'elle semble avoir toute légitimité pour appartenir à cette catégorie.

Malgré les différents dangers et prédateurs qui menacent les chauves-souris, il est relativement rare de trouver des cadavres de chiroptères, tel que ce résidu d'ossements de Petit Rhinolophe dans une pelote de réjection de chouette effraie.

La Directive Habitats-Faune-Flore de 1992 prévoit également la protection stricte de l'ensemble des chiroptères en France métropolitaine (annexe IV) et pour neuf d’entres elles présentes en Corse (annexe II) la désignation de Zones Spéciales

de Conservation ou zone Natura 2000. Natura 2000 - Annexe II : « espèces animales d'intérêt communautaire dont lo conservation nécessite la désignation de Zones Spéciales de Conservation » / Annexe IV : « espèce animale d'intérêt communautaire qui nécessite une protection stricte » Au niveau national, la liste rouge natio­ nale désigne deux espèces de mammifères en danger critique d’extinction (catégorie CR), l'ours et une espèce de chiroptères, le Rhinolophe de Mehely et trois en catégorie vulnérable (VU) : le Murin de Capaccini. le Murin du Maghreb et le Minioptère de Schreibers, aux côtés du loup, du mouflon et du cachalot ! Toutes ces chauves-souris sont aussi présentes en Corse. La Grande Noctule et l’Oreillard alpin manquent à

cette évaluation en raison d'un nombre de données insuffisantes. Par ailleurs, le cadre législatif national relatif à la loi Protection de la Nature de 1976 garantit à l'ensemble des chiroptères une protection intégrale sur la totalité du territoire national. Enfin, au niveau régional, une liste rouge régionale prévoit une déclinaison adaptée aux différentes espèces présentes à une échelle géographique plus modeste. L'actuelle liste fait apparaître deux espèces dans la catégorie « en danger de dispari­ tion dans la région » (EN) : le Rhinolophe euryale et le Murin de Capaccini et cinq espèces dans la catégorie « vulnérable » (VU). Parallèlement, la liste des espèces déterminantes établie en 2005 au titre de la désignation de Zones Naturelles d'Intérêt Écologique Floristique et Faunistique s’ap­

plique à quinze espèces de chauves-souris en Corse.

La protection des chauves-souris requiert

en premier lieu d'informer les usagers de leur statut de protection (panneau de sensibilisation) et nécessite parfois la mise en place de mesures particulières, telle que l'installation de cette grille d'enceinte aux anciennes mines de Lozari, ou l'ennoyage des entrées aux anciennes mines de Francone.

L A C O RSE DES CHAUVES-SOURIS

Mesures de protection des chiroptères en Corse Parce que la conservation des chau­ ves-souris ne se résume pas à une simple protection réglementaire de l'animal, un arsenal d’outils de protection appropriés à ses habitats ou à ses milieux de vie est aujourd'hui disponible. En Corse, plusieurs mesures peuvent se rencontrer, parmi lesquelles les Arrêtés de Protection de Biotope (APB), les conventions de gestion, les sites Natura 2000, les ZNIEFF... À ce jour, une quarantaine de gîtes importants bénéficient de telles mesures. Afin de compléter le dispositif de conservation, certains d'entre eux disposent également de mesures de protection physique (grilles, enceinte de protection, ennoyage des entrées) et de panneaux d'information afin de limiter le dérangement des colonies. Si l'étude des chauves-souris en Corse est relativement ancienne, la protection de leurs habitats est relativement contempo­ raine. La grotte de Sapara sur la commune de Castiglioni fut en effet la première cavité à chauves-souris à être protégée en Corse (APB et pose d’une grille) en 1988. Depuis, la liste s'est quelque peu étoffée mais demeure encore bien incomplète, entraînant la disparition irrémédiable de colonies importantes de chauves-souris. En 2009, 24 gîtes bénéficient de mesures de conservation : protection physique (pour 8

d'entre eux) et/ou réglementaire (Arrêté de Protection de Biotope pour 9 d’entre eux, les autres étant conventionnés).

Carte et tableau associé des gîtes protégés de façon réglementaire et/ou physique.

Arrêté préfectoral de Protection de Biotope

Gîte conventionné

Nom du gîte

Commune

1

Cave Bisanio

Aghione

X

2

Station pompage

Aleria

X

3

Église

Bastelica

X

4

Protection physique

Mine Lozari

Belgodère

5

Ponte Novu

Castellu di Rustinu

X

6

Mine génoise

Castifau

X

7

MineTartagine

Castifau

X

8

Mine Piana

Castifau

x

9

Grotte A Sapara

Castiglione

X

X

10

Grotte Sagone

Coggia

X

X

II

Église

Cuttoli

12

Galerie Furiani

Furiani

13

Galerie EDF Sampolo

Ghisoni

X

14

Mairie appenti

Giuncaggio

X

15

Pont Fago

Giuncaggio

X

16

Mairie

Letia

17

Grotte de Pietralbella

Moltifau

X

X

18

Tunnel

Muracciole

X

X

19

Église

Nonza

X

20

Grotte de Castiglioni

Oletta

X

21

Grotte de Saint-Florent

Oletta

22

Mine Francone

Olmeta diTuda

X

23

Faille

Omessa

X

24

Scandulaghje

Piedicorte di Gaggio

X

25

Galerie EDF

Tolla

X

26

Mairie

Viggianellu

X

27

Pont Vecchio

Vivario

X

X

X

X

X

X X

X

X

X X

X

Statut des

différentes espèces de chiroptères présentes en

Corse

LES ESPÈCES PRÉSENTES

EN CORSE Introduction

Cartes de répartition : Chaque monographie comporte une carte de répartition mondiale de l’espèce, tirée de l’ouvrage de Laurent Arthur et Michèle Lemaire Les chauves-souris de Fronce, Belgique, Luxembourg et Suisse

Éditions Biotope du Muséum.

Publications scientifiques

Une carte de Corse montre ensuite tous les sites sur lesquels l'espèce a été contactée sur l'île, que ce soit en gîte ou sur territoire de chasse* (données filets uniquement à l’exception des quelques données ultrasons alors mentionnées en légende). Dans la plupart des cas, c'est la simple « présence-absence » qui est figurée, sauf indications en légendes.

Répartition de tous les sites sur lesquels des chauves-souris ont été observées en Corse (gîtes et territoires de chasse*).

Clefs de lecture des tableaux « connaissance de l’espèce en Corse »

• Niveau de menaces Liste rouge UICN des espèces menacées, au niveau européen, national et régional. 1/5 = pas de risque de disparition,

• Gîtes Nombre de localisation de gîtes, y compris

2/5 = quasi menacée,

3/5 = vulnérable, effectifs en baisse ou

les observations ponctuelles.

rare ou localisée.

Reproduction : uniquement les colonies

4/5 = en danger, chute des effectifs ou très

de mises bas confirmées.

rare ou très localisée,

Hiver : toutes localisations, même

5/5 = danger critique d'extinction (pas de

ponctuelles, en janvier et février.

cas en Corse).

• Effectifs

• Rareté

Connus : approximation du nombre

1 = très rare, 2 = rare. 3 = peu courant,

d’individus réellement observés, sans

4 = assez courant, 5 = courant

extrapolation, en été et en hiver.

LES ESPÈCES PRÉSENTES EN CORSE

Estimés : ordre de grandeur hypothétique, en x centaines ou x milliers

• Mesures de protection

Estimation sur une échelle de I à 5, que l’on doit considérer comme logarithmique,

• Terrain de chasse

des réalisations concrètes (protection

Nombre de sites où l'espèce a été

physique, maîtrise foncière) et de la

observée en main.

volonté politique (arrêté préfectoral,

Présence : pourcentage des sites

convention, prise de position). Les

fréquentés par l'espèce sur l’ensemble des

inscriptions en ZNIEFF et en zones Natura

sites prospectés (600).

2000 ne sont pas prises en compte sans

Abondance : nombre d'individus de

mesures concrètes.

l’espèce observés en main sur nombre

de séances de capture avec présence de l’espèce.

• Niveau des connaissances

Estimation sur une échelle de 1 à 5, que l'on doit considérer comme logarithmique,

• Taille Mesures en Corse avec les mesures d'avant-bras et le poids sur n individus

des connaissances écologiques et éthologiques* en Corse.

Le Grand Rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum)

Répartition du Grand Rhinolophe dans le monde.

Le Grand Rhinolophe est classé dans la catégorie des « grosses bêtes », avec un corps de la taille d'une grosse pile ronde, vous ne pouvez pas le confondre avec le Petit Rhinolophe. Autre différence notable avec ce dernier, le Grand Rhinolophe ne répugne pas au contact entre congénères

et la constitution d'essaims est courante. Il arrive même qu'il se mélange dans les nurseries avec d'autres espèces, classique­ ment le Murin à oreilles échancrées et le Rhinolophe euryale. Le Grand Rhinolophe n’est pas à proprement parler rare en Corse, mais son

écologie reste quand même mal cernée. En effet, si sa rencontre pendant l'hiver, de mi-octobre à mi-mai, exclusivement en milieu souterrain frais, n’est pas exception­ nelle, il s’agit la plupart du temps d’individus solitaires ou de groupes restreints, à l’ex­ ception de deux rassemblements d’une centaine d’animaux à Omessa et Castifau (le premier atteignait même 201 pour le comptage 2009). En dehors de cette période d’hibernation, les observations sont peu courantes. Au printemps et à l’automne de petits rassemblements ponctuels (inférieurs à 20 individus) sont parfois remarqués, aussi bien en léthargie qu’actifs, dans tous types de gîtes. Cette phase de transit dans des microrégions dépourvues d’observa­ tions estivales ou hivernales laisse espérer la présence de colonies inconnues. En été, quelques solitaires sont ponctuellement

LE GRAND RHINOLOPHE

vus dans des grottes ou sous des ponts. Seulement cinq colonies de parturition sont identifiées, avec des effectifs de l’ordre de 150 individus chacune (sauf une de 50), de la plaine jusqu’à 1 000 m (probablement le record national d’altitude). Deux se situent Répartition du Grand Rhinolophe en Corse en gîte ou sur territoire de chasse*. Les points rouges représentent les colonies majeures connues (de reproduction ou d'hibernation, avec des effectifs > 100).

CONNAISSANCE DE L’ESPÈCE RHINOLOPHUS FERRUMEQUINUM EN CORSE Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

149 Reproduction : 5 Hiver : 66 dont 2 majeurs

Connus : Été : < 1 000 Hiver : = 500 Estimés : X0 000

41 Présence : 7 % Abondance : 1,5

Grosse n = 72 Avant-bras : 53,9 - 60 mm Poids: 15,5-26,5 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. : 2/5 Fr : 2/5 Corse : 3/5

4/5 Assez courant

2/5

1/5

La feuille nasale donne un faciès particulier aux Rhinolophidés.

en milieu naturel, très difficiles d'accès (chaos rocheux du haut Vecchio, grotte de la Lonca), ce qui permet d'envisager un fort potentiel de gîtes inconnus car inac­ cessibles. Les trois autres à Lucciana, Ascu

et Albertacce utilisent toute la panoplie possible de gîtes anthropiques* : bâtiment abandonné, pont et combles. Ce dernier type de gîte, considéré comme l'habitat préférentiel du Grand Rhinolophe dans l'Ouest de la France, bastion de l'espèce, reste anecdotique en Corse. Le suivi de la colonie de reproduction de Lucciana nous apporte les informations suivantes : arrivées non groupées à partir de début juin, mises bas fin juin début juillet, départ fin août. La température maximale y est inférieure à 25°C.

Seu/es cinq colonies de reproduction de Grand Rhinolophe sont connues en Corse mais elles ne

présentent guère de similarités (ici, un pont à Asco et une ancienne usine de la côte orientale).

C'est en Angleterre, où les effectifs ont diminué d'un facteur 100 en un siècle, qu'a été mise en évidence la toxicité des bouses de vaches par l'effet indirect du traitement vermifuge du bétail à l'ivermectine, et donc la raréfaction des insectes décomposeurs comme les bousiers. La Corse n’échappe sans doute pas à ce phénomène. Chassé-croisé de Grands Rhinolophes.

Le régime alimentaire ne semble pas spécialisé et tous les gros insectes font l’affaire (bousiers, hannetons, criquets, papillons...). Le Grand Rhinolophe est réputé pour sa technique de chasse à l'affût, suspendu à une branche et s’élançant sur tout ce qui passe, puis retournant à son perchoir ; mais il chasse­ rait également en vol rasant continu, notam­ ment sur les pâtures. Deux études récentes en Provence et en Bretagne permettent de préciser que le Grand Rhinolophe trouve sa pitance dans un rayon de quelques kilomè­ tres autour de son gîte, exceptionnellement à plus de 10 km. Il suit un schéma classique de transit et de chasse localisée, une petite pause en milieu de nuit est habituelle et la répétitivité d'une nuit sur l’autre est de mise.

Les effectifs connus en Corse sont infé­ rieurs au millier et représentent 1 à 2 % de la population nationale, le bastion de l’espèce se situant sur la façade atlantique. La situa­ tion de l'espèce est paradoxale dans l'île: assez courante dans sa distribution avec près de 150 localisations, mais presque faible dans ses effectifs. Ce fait ayant toujours été constaté par tous les observateurs en Corse, on ne peut néanmoins pas parler de régres­ sion. Il est à noter qu'en Sardaigne le Grand Rhinolophe est l’espèce la plus courante en milieu souterrain. Le Grand Rhinolophe est classiquement considéré comme une espèce thermophile* En Corse, cela se confirme parfois, comme dans la région bonifacienne où l'espèce fréquente la plupart des anciens blockhaus, mais elle est également couramment contactée en montagne sur les cols avec un record à 1 800 m à Bocca Manganellu.

LEGRAND RHINOLOPHE

Les Grands Rhinolophes se rassemblent en essaim

lors de l'hibernation, cette colonie se déplace selon les années au sein d'un chaos rocheux à Caporalino. Mais il n'est pas rare de rencontrer des individus isolés

Le Petit Rhinolophe (Rhinolophus hipposideros)

Répartition du Petit Rhinolophe dans le monde.

Si vous avez déjà vu une chauve-souris en Corse, il y a fort à parier qu'il s'agit du Petit Rhinolophe. En effet, c’est l'espèce la plus visible de notre île et la plus remarquée par les habitants. Au repos, il se suspend toujours dans le vide et, quand il est en

léthargie, il s'enveloppe complètement dans ses ailes, ressemblant ainsi à un « petit sac noir pendu » de la taille d'un pouce. Quand il est éveillé, ce sont ses oreilles très animées que l'on remarque. Son vol est extrêmement manœuvrant et la circulation

dans la végétation dense ne lui pose pas de problème. Il est surprenant de trouver des individus dans des grottes dont l'entrée est obstruée par des ronces inextricables. L'espèce est également capable de remonter des cheminées en vol ascensionnel sur plusieurs mètres. Pour l'hiver, de novembre à mars (voire de septembre à juin), il est présent dans la plupart des milieux souterrains, toujours frais (4 à 12° C), généralement en nombre inférieur à la dizaine, exceptionnelle­ ment une cinquantaine, mais jamais en essaim. Cette tendance individualiste se retrouve en toute saison et c'est donc logiquement qu'on ne le trouve jamais dans les rassemblements des autres espèces. Cette faible concentration en un même lieu pourrait être mise sur le compte d’une disponibilité en gîtes impor­ tante, mais des rassemblements de plusieurs centaines d'individus sont observés sur

le continent, dans des régions qui offrent pourtant de nombreuses cavités.

LE PETIT RHINOLOPHE

Répartition de tous les gîtes et biotopes* où le Petit Rhinolophe a été observé, la moindre fréquentation de la Corse-du-Sud n'est pas simplement due à un biais de prospection, mais bien plutôt à une pénurie en petit patrimoine bâti qu’affectionne cette espèce.

CONNAISSANCE DE L'ESPÈCE RHINOLOPHUS HIPPOSIDEROS EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

788 Reproduction : 265 Hiver : 120

Connus : Été: >10 000 Hiver : ~ 1 000 Estimés : X00 000

28 Présence : 5 % Abondance : 2,5

Petite n = 103 Avant-bras : 35,6 - 40,3 mm Poids : 4 - 8 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection Niveau des connaissances

Eur.: 2/5 Fr.: 1/5 Corse : 2/5 Quasi menacée

5/5 courant

2/5

3/5

Le jeune Petit Rhinolophe s'accroche à de faux tétons situés sur le bas-ventre de sa mère.

Pour l’été, d'avril à septembre (ou même de février à novembre), le Petit Rhinolophe s'installe, avec des arrivées échelonnées, en colonies de reproduction dans des volumes chauds, principalement des combles. Ces nurseries sont a priori essentiellement composées de femelles, généralement quelques dizaines, avec un maximum de 80 en Corse à deux exceptions près de 200 adultes, à Meria et Biguglia. Il est tout à fait exceptionnel que ces animaux se groupent en essaim compact. Cela arrive parfois au printemps quand la température dans le gîte est inférieure à 25°C et que la gestation est une priorité, mais la réponse habituelle à une température trop basse est la léthargie. Les mises bas s'étalent de fin juin à fin juillet, soit apparemment plus tardivement que pour les populations plus nordiques. Les jeunes commencent à voler

à trois semaines et sont à peu près tous émancipés fin août. Le Petit Rhinolophe est une espèce dont le comportement semble relativement bien connu, du moins par rapport à la plupart des autres. Pourtant ces certitudes sont bien souvent remises en cause. Son cycle annuel, passant d'une grotte pour l'hivernage à un comble pour l’estivage, était un modèle de simplicité mais ceci est probablement plus complexe : des sites de transit au printemps et à l’automne avec des effectifs faibles et fluctuant quotidiennement ont été mis en évidence en Corse mais parfois aussi des regroupements exceptionnels, jusqu’à 150 individus dans une cave viticole de la plaine orientale. Il est donné comme sédentaire, se déplaçant peu entre ses gîtes d’hiver et

d’été, mais il était aussi réputé ne guère s'éloigner de son gîte pour chasser, ce que

les études menées en Corse ont nuancé. La distance moyenne pour rejoindre ses territoires de chasse* est de l'ordre de 1 à 3 km mais il n'est pas exceptionnel que certains animaux dépassent les 5 km, le record observé sur Vivario étant de 8 km. Quant au dénivelé ce n'est pas un problème : un animal suivi dans la pieve* de Rogna passait de 200 à 1 000 m d'altitude deux fois dans la nuit. Ces observations ont été faites au cours de trois années d’étude par radiopistage sur Altiani, Castifau et Vivario, qui ont également renseigné sur la stratégie de chasse, les rythmes et les milieux exploités. Les animaux quittent le gîte pour toute la nuit, ils se rendent d'un vol assez rapide sur de petites zones, moins d'un hectare, qu’ils exploitent alors en suivant un circuit répétitif pendant plusieurs dizaines de minutes, parfois jusqu’à deux heures. Cette phase semble individuelle, alors qu’ensuite ils rejoignent des reposoirs

rocheux - avec d'autres congénères, avant de repartir chasser sur un autre secteur. Ces repos sont pris une à deux fois et durent environ 40 % de la nuit. La routine semble de mise, les mêmes itinéraires et les mêmes territoires de chasse* se répétant chaque soir. De deux à cinq sites sont ainsi régu­ lièrement exploités par un même individu en une nuit. Les milieux préférés pour la chasse seraient, selon des critères humains, qualifiés de « chaos végétal », c'est-à-dire arborés embroussaillés (par exemple les terrasses recolonisées par la végétation ou les châtaigneraies dégradées). Néanmoins la vigne ne lui déplaît pas nous étions faits

- pagliaghju* en ruine, branche d’un vieux

fectue au plus près de la végétation et du sol, justifiant l'intérêt à porter au maintien, surtout le territoire de chasse* de l'espèce, d'un réseau de corridors de déplacement. Le régime alimentaire a été étudié à partir de l'observation à la loupe binoculaire des restes d'insectes constituant les crottes. En Corse, il ne diffère pas des résultats connus

LE PETIT RHINOLOPHE

châtaignier, surplomb d'un affleurement

pour nous entendre - alors que les milieux de structure homogène sont franchement évités (grandes pâtures, maquis et forêts denses...). Sur le continent, contrairement à la Corse, le Petit Rhinolophe affectionne plus généralement les milieux boisés voire forestiers. Dans tous les cas, le vol s'ef-

Le Petit Rhinolophe tel que l'on peut classiquement l'observer, en léthargie, ou suspendu à une poutre.

Aucun Petit Rhinolophe en vue dans ce pagliaghju* pourtant accueillant ? Vérifiez toujours la

présence éventuelle de guano*.

pour le continent, à savoir que le Petit Rhinolophe est opportuniste et mange tout ce qui vole et est de petite taille (d'enver­ gure inférieure à 15 mm), notamment de la famille des mouches, des papillons et même des araignées. La récolte des crottes pendant une saison sur une petite colonie d'une trentaine d’individus dans le Venacais

terrasse, toiture en lauzes...) plus ou moins favorables et plus ou moins résistantes au temps et aux incendies. La distribution du Petit Rhinolophe en est influencée. Par exemple, les barracones* de Bonifacio ou du Tenda, probablement trop perméables aux courants d'air, ne sont pas utilisés, alors que ceux plus massifs d'autres régions le

donne une production de guano* d'environ un pot de yaourt par individu. En été, les colonies négligent totale­ ment le milieu souterrain, en contradiction avec les affirmations bibliographiques concernant la zone méditerranéenne, et deviennent quasi exclusivement anthropophiles*. Cette utilisation des constructions humaines est d'ailleurs l'explication admise de la présence de l'espèce dans certaines régions européennes où les conditions naturelles ne sont pas favorables. En Corse, elle fréquente essentiellement les anciens bâtis de campagne des vallées et, dans une moindre mesure, les maisons et églises des villages mais elle est absente des zones urbaines : le Petit Rhinolophe est une espèce rurale. Chaque microrégion a développé un type d'habitat de campagne (paglia­ ghju*, palmentu*, abri, maisonnette...) avec des couvertures adaptées aux ressources locales (encorbellement, voûte, toiture

sont. Le gîte de reproduction* idéal est une maisonnette avec toiture tuile (étanche à l'air et chauffant vite) et plancher inter­ médiaire où les animaux changent de place selon la température, l'optimum se situant entre 25 et 35°C. Le Petit Rhinolophe est plus rare sur le littoral, en forêt (même de basse altitude), mais ces zones sont égale­ ment très déficitaires en gîtes disponibles. L'espèce semble faire preuve d'une certaine souplesse adaptative, les caves et vides sanitaires pouvant exceptionnellement tenir lieu de milieu souterrain en hiver alors que piles de pont, cuves viticoles abandon­ nées, hangars agricoles, vides sanitaires sont parfois utilisés l'été. Avec près de 800 localisations connues, le Petit Rhinolophe est l’espèce la plus rencontrée de Corse. Environ 250 colonies de reproduction sont répertoriées, regrou­ pant 10 000 individus tandis qu'en hiver les effectifs observés dépassent le millier. Au

LE PETIT RHINOLOPHE

Un Petit Rhinolophe sort de la chapelle du couvent Saint-François à Santo Pietro di Tenda.

total, la population réelle de l’île doit donc

l'Aquitaine, constitue le bastion de l’es­

compter des dizaines de milliers d’individus. Le Petit Rhinolophe est présent sur toute l'île mais avec des densités variables. En altitude, ses gîtes d’été plafonnent généra­ lement au niveau des villages avec quelques exceptions comme dans le Niolu où une petite colonie de reproduction est suivie à 900 m et une probable dans le Taravo à 1 030 m. Sur le continent la même tendance est observée avec néanmoins quelques cas à plus de 1 000 m et même jusqu’à 1 560 m dans les Alpes maritimes. Pendant l'hiver, il est noté jusqu'à 1 300 m et le plus gros rassemblement, d’environ 100 individus, se situe à 1 200 m à Vizzavona. En activité de chasse il a été contacté jusqu'à 1 450 m sur plusieurs cols (Bavella, Bocca Manuela, Capronale). La Corse accueille environ le quart de la population nationale connue et, avec la Bourgogne, la région Midi-Pyrénées et

pèce pour la France. En Europe, l'espèce est encore commune dans quelques pays (Irlande, Espagne, Hongrie), mais globale­ ment les effectifs se sont effondrés dans les années soixante et son aire de répartition a reculé de 150 km. Dans de nombreux pays, l’espèce n’existe plus qu'à l'état de noyaux relictuels (Suisse, Allemagne, Belgique) alors qu'en France, il a disparu de plusieurs régions (Nord-Pas-de-Calais, Ile-deFrance). Les causes de cette régression sont parfois indiscutables (par exemple l’empoi­ sonnement par des produits de traitement des charpentes a été prouvé), parfois spéculatives mais très plausibles (comme l'uniformisation des paysages par l’agricul­ ture intensive qui est incompatible avec la qualité des territoires de chasse*). Quant à la réhabilitation en résidences secondaires des maisons de campagne et l’isolation des combles, elles ont certainement transformé

le Petit Rhinolophe en SDF. Mais un renver­ sement de tendance semble se profiler (conséquence de l'interdiction de certains produits chimiques, des campagnes de sensi­ bilisation ou du réchauffement climatique ?). En Corse, le statut exceptionnellement favorable de l'espèce est probablement intimement tributaire de l'état d’abandon de l'intérieur de l’île où nombre de bâtis délaissés sont encore debout. L'évolution vers la ruine totale ou la réhabilitation laisse présager une forte limitation des possibilités de gîtes estivaux. Pour exemple, la moyenne vallée du Tavignanu connue pour ses fortes densités en Petits Rhinolophes, a perdu ces dernières années 8 des 15 gîtes de mises bas importants fréquentés par l'espèce ! Cette situation a été l’occasion d’une opération test en réhabilitant une maisonnette menaçant ruine à Giuncaggio et abritant le reliquat d'une colonie de

du parc et des propriétaires, cette action semble avoir enrayé un déclin inéluctable puisque dès le premier été 40 femelles ont occupé la maisonnette.

reproduction de 30 femelles, alors que dix années auparavant elles étaient 80. La disparition d’autres gîtes alentour l’avait par ailleurs isolée et l'on pouvait craindre une déconnexion des populations. Menée en 2009 par les volontés conjointes du GCC, de la DREAL, de l’association des amis

de la Région, a élaboré un programme de conservation du Petit Rhinolophe qui prévoit notamment la mise en place de conventions de gestion entre l’association et les communes (ex : Giuncaggio, Nonza, Bastelica, Cuttoli) ou avec les particuliers possédant des sites où l'espèce est présente.

Les colonies de Petits Rhinolophes, compte tenu de leurs effectifs limités, ne génèrent guère de nuisance (ni bruit, ni odeur). Il est donc souhaitable de leur laisser l’accès à un maximum de combles (églises, bâtiments publics, chez vous ?). Une démarche volontariste pourrait être de prévoir leur place dans tout aménage­ ment de bâti ayant trait à la gestion de nos espaces naturels, afin d'éviter le contreexemple du laboratoire d'écologie de Pirio dont la réhabilitation s'était soldée par la désertion d'une petite colonie ; mais c'était

il y a quinze ans ... Le Groupe Chiroptères Corse, en collaboration avec les services de l’État et

Les maisonnettes laissées à l'abandon offrent un gîte de choix au Petit Rhinolophe, mais un incendie suffit à réduire la colonie à un nouveau déménagement, si elle n'est pas tout simplement détruite lors du sinistre.

Les colonies de reproduction de Petit Rhinolophe sont toujours bien visibles cor cette espèce ne se faufile pas dans les fissures et reste apparente, suspendue au plafond

Les Petits Rhinolophes exploitent plusieurs types de milieux dont la caractéristique commune est d'être structurés en plusieurs strates.

Diagramme de fréquentation de différents gîtes par le Petit Rhinolophe en Corse au cours d'une année.

ien que le Petit Rhinolophe corse pas comme une sous-espèce différente. Il présente une taille légèrement plus s'agit simplement d'une diminution de la réduite que celle de son homologuetaille de l’espèce selon une ligne nord-est/ présent sur le continent, on ne le considère sud-ouest.

B

Le Rhinolophe euryale (Rhinolophus euryale)

Répartition du Rhinolophe euryale dans le monde.

Si on vous le décrit comme étant de taille intermédiaire entre le Petit et le Grand Rhinolophe, ça ne vous avancera pas beaucoup. Un critère de détermination plus évident par rapport à ces deux-là, toujours au garde-à-vous en léthargie, est son allure

avachie, hypotonique caractéristique, les ailes n’enveloppant pas totalement le corps et souvent accroché par un seul pied. Si vous le rencontrez en grotte en été. il ne peut s’agir que de lui, le Rhinolophe euryale étant strictement cavernicole* en toutes

saisons, du moins en Corse, ce qui n’est pas le cas de ses deux cousins. L’espèce est très grégaire*, il est exceptionnel de croiser des individus solitaires. Elle forme volontiers des essaims et partage très souvent ses gîtes avec les autres espèces cavernicoles* en dehors de l’hibernation. Le Rhinolophe euryale est une espèce rare en Corse, seulement une vingtaine de gîtes régulièrement fréquentés sont connus. De mi-mars à mi-juin et d'oc­ tobre à mi-décembre, on le rencontre! dans des cavités de transit plutôtchaudes (13 à 18°C) dans lesquelles les dates de présence et les effectifs sont très variables d'une année sur l'autre: en général de quelques individus à quelques dizaines, mais parfois jusqu'à 300 (Carghjese, Lozari). Cette instabilité des colonies est une caractéristique que l’on retrouve sur le continent ; par contre, sa présence dans des combles n'a pas été

LE RHINOLOPHE EURYALE

constatée en Corse et reste limitée au nord de son aire de répartition. En reproduction, quatre colonies sont connues (Coggia, Ota, Lucciana, Oletta), toujours en cavité - sous-sol d’une usine abandonnée, grotte marine, grottes - avec Répartition du Rhinolophe euryale en Corse. Les points rouges représentent les colonies majeures connues (de reproduction ou d'hibernation, avec de effectifs > 100). CONNAISSANCE DE L'ESPÈCE RHINOLOPHUS EURYALE EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

39 Reproduction : 4 Hiver : 14 dont 1 majeur

Connus : Été : < 1 000 Hiver : < 400 Estimés : X 000

0

Moyenne Avant-bras : 41,1 Poids : 8 - 12g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur.:3/5 Fr.: 2/5 Corse : 4/5 En danger

2/5 rare

2/5

1/5

n = 10 48,1 mm

Un Rhinolophe euryale quitte la grotte d'OIetta qu'il partage avec des Murins à oreilles échancrées.

des températures chaudes pour des milieux souterrains (I4°C pour la plus froide, 24°C pour la plus chaude). Elles comptent jusqu'à 200 animaux et sont toutes partagées avec d'autres espèces, ce qui ne facilite pas les comptages, surtout que le Rhinolophe euryale s'envole au moindre dérangement. Les arrivées sont variables selon les gîtes, en mars pour certains, mais parfois jusqu’à début juin. Les mises bas débutent fin juin, et la dispersion commence fin août. Quant à l’hiver, il n'est connu qu'un seul regroupement notable, de novembre à mars, à Porto, avec régulièrement plus de 300 individus, groupés mais généralement sans contact. La température y est supé­ rieure à IO°C, soit plus chaude que celle recherchée par les autres Rhinolophes. Une autre grotte d'hibernation accueillait 250 animaux dans les années cinquante à Moltifao. Nous avons assisté au déclin de

cette colonie avec 25 individus à la fin des années quatre-vingt et moins d’une demidouzaine actuellement. Cette grotte est protégée (légalement depuis 1993, physi­ quement depuis 1995) et rien ne semble pouvoir expliquer cette désertion. Le comportement de chasse et le régime alimentaire n’avaient jamais été étudiés jusqu'à ces dernières années, mais une étude récente dans le Sud de la France nous apprend que cette espèce parcourt plusieurs kilomètres, jusqu'à quinze, pour rejoindre ses territoires de chasse*. Ceux-ci sont des milieux arborés et stratifiés, exploités par petits secteurs de quelques centaines de mètres carrés et avec fidélité d'une nuit sur l’autre ; des temps de pause représentant jusqu’à la moitié de la nuit sont habituels. Le Rhinolophe euryale est nettement plus rare et a une aire de répartition plus

Lorsqu'il hiberne, il adopte volontiers une position hypotonique.

réduite que ses deux cousins. Au niveau

Corse fait mieux. La raréfaction quasi géné­ rale de ce Rhinolophe depuis les années cinquante a fait l'objet de publications et la Corse n'est pas épargnée. Outre la grotte de Moltifao, déjà citée, un autre cas de disparition de colonie est probable dans la vallée de la Restonica, où une petite colonie de reproduction découverte en 1989 n'est plus apparue. De grosses quantités

LE RHINOLOPHE EURYALE

national, les effectifs connus sont de l’ordre de 15 000 individus, essentiellement regroupés dans le Sud-Ouest (les régions Midi-Pyrénées et Aquitaine regrouperaient plus de 60 % de l’effectif des hivernants), la Corse en comptant moins de 1 000. Mais la Sardaigne est encore moins bien lotie : c’est la seule espèce cavernicole* pour laquelle la

Portrait de Rhinolophe euryale.

Le Rhinolophe euryale est strictement cavernicole et ne dédaigne pas se blottir en essaims contrairement aux autres espèces du genre.

Il peut également s'abriter dans d'anciennes galeries de mine ou dans des grottes marines, comme ici à Carghjese.

de guano* attestent d'une fréquentation importante par le passé, mais peut-être pas exclusivement par le Rhinolophe euryale. Dans l’île, l'espèce est cantonnée à la moitié nord avec toujours une exception : Fautea et sa distribution s'accorde strictement à celle des grottes et mines. Le Rhinolophe euryale est la seule espèce jamais capturée au filet, ce qui ne fait que confirmer l'ef­ ficacité légendaire du système d’écholo­ cation* des Rhinolophidés. Sa répartition altitudinale connue correspond donc au gîte le plus haut, à savoir 800 m à Asco (observation ponctuelle). Sur le continent, il a également cette réputation thermophile*, se cantonnant généralement en dessous de 600 m, bien qu'il ait été observé sur des cols à 1 300 m. Compte tenu de la rareté de l’espèce et de sa dépendance stricte au milieu souter­ rain, tous les gîtes accessibles devraient être sous statut de protection. C’est le cas, ou en cours, pour la plupart des milieux

Une étude de télémétrie menée en zone périurbaine montre les affinités de cette espèce pour des milieux très encombrés, ici une suberaie* dégradée du vallon de Corbaia, près du gîte de transit * de Furiani.

naturels, mais ce n’est pas encore réglé pour des sites plus anthropiques* comme Fautea ou Lucciana. Sur la liste rouge régionale, le Rhinolophe euryale est l’une des deux espèces de chauves-souris rentrant dans la catégorie « En danger de disparition dans la région » (EN).

et de Moltifau. Aucun déplacement entre e Rhinolophe euryale fut en Corse les deux cavités ne fut constaté, ce qui va l'espèce la plus baguée par Kahmann dans les années cinquante, avec plus dedans le sens de la relative sédentarité des Rhinolophes en général. 500 individus dans les grottes de Coggia

L

Rhinolophus mehelyi

Une autre espèce de Rhinolophe a été présente par le passé dans le Sud de la France et observée une fois en Corse : le Rhinolophe de Mehely. Sa dernière mention fiable remonte à 1963 dans l'Hé­ rault, et pour la Corse à 1952 à Bonifacio. Cette espèce thermophile* et cavernicole*

est courante en Sardaigne, pourtant il est peu probable que sa présence ait échappé aux spécialistes insulaires, surtout en considérant l’absence du Rhinolophe euryale, espèce avec laquelle elle peut être confondue, dans la moitié sud de la Corse.

Le Murin du Maghreb (Myotis punicus)

Répartition du Murin du Maghreb dans le monde.

Répartition du Grand Murin et du Petit Murin dans le monde.

« Endémique : se dit d'une espèce qui ne se rencontre qu'en un lieu ou une région donnée ». C’est bien à cette espèce de chauves-souris que ce qualificatif aurait pu convenir le mieux pour la Corse... et il s'en serait fallu de peu si elle n’avait été égale­ ment présente en Sardaigne, à Malte et en Afrique du Nord (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye). Pour la France, la Corse est la seule région où l'on peut l’observer. Nouvellement décrit par une équipe hispano-suisse en 2000, le Murin du Maghreb était jusqu'alors confondu avec deux autres espèces cryptiques*, le Petit Murin, Myotis blyth/i, autrefois appelé Myotis oxygnathus, et le Grand Murin, Myotis myotis. En Corse, la controverse a toujours existé et la citation sur l’île de l’une ou l’autre de ces deux espèces jumelles a subsisté jusqu'en 1995, date à laquelle des travaux poussés de morphométrie et de génétique d'Arlettaz

LE MURIN DU MAGHREB

ont permis de croire que toute ambiguïté avait été levée. Bien que présentant unetaille intermédiaire, le murin insulaire appartenait à l'espèce Myotis myotis ou Grand Murin...

Répartition du Murin du Maghreb en gîte et sur territoire de chasse* en Corse. En rouge, les colonies de reproduction.

CONNAISSANCE DE L'ESPÈCE MYOTIS PUNICUS EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

93 Reproduction : 5 Hiver : 8

Connus : Été : < 5 000 Hiver : = 10 Estimés : X0 000

46 Présence : 7 % Abondance : 2,8

Grosse n = 243 Avant-bras : 53,8 - 63,7 mm Poids : 18,5 - 31,5 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. : 2/5 Fr. : 3/5 Corse : 3/5 Vulnérable

3/5 peu courant

2/5

2/5

Un Murin du Maghreb se rend dans un ancien moulin pour y déguster tranquillement une sauterelle qu'il vient de capturer.

Le Murin du Maghreb ressemble à s'y méprendre à un Murin de grande taille, si ce n'est qu'il arbore parfois un collier orangé.

Affaire classée ! Quelques années plus tard, les cartes seront redistribuées. Une étude visant à évaluer les flux génétiques de part et d’autre du détroit de Gibraltar vient bousculer toutes les convictions en

permettant la découverte d’une nouvelle espèce : le Murin du Maghreb. Myotis punicus. Hormis quelques différences biométriques subtiles, seule une approche génétique offre une certaine garantie quant

Les Murins du Maghreb, particulièrement les

LE MURIN DU MAGHREB

mâles, affectionnent les jointements en hourdis* à l'entrée desquels ils laissent des traces de suint* caractéristiques.

Une femelle de Murin du Maghreb équipée d'un émetteur dans la vallée du Niolu avait conduit à la découverte d'une importante colonie de reproductif dans la grotte perchée de la Lonca.

à sa détermination. Quelques échantillons conservés depuis 1995 en laboratoire sont attribués à cette espèce, confirmant ainsi

Maghreb est classé parmi les trois espèces de chiroptères les plus menacées dans la catégorie « vulnérable » de la liste rouge

que c'est bien le seul Murin de grande taille présent sur l'île ; les résultats seront plus largement confirmés en 2005 par une équipe de l'université de Lausanne, lors d’une campagne de prospection organisée avec le Groupe Chiroptères Corse sur trois sites (Oletta, Casaglione et Castifau). D'une taille relativement importante (dépassant la largeur d'une main adulte), ce grand Myotis présente également un museau proéminent, un pelage ventral blanchâtre souvent orné d'un collier de suint* orangé dégageant une forte odeur caractéristique. Pourvu d’oreilles allongées, ces dernières semblent présenter une taille proportionnellement plus importante chez le Murin du Maghreb que chez ses deux espèces jumelles. Présentant une aire de répartition restreinte à la partie méridionale du bassin occidental de la Méditerranée, le Murin du

nationale. En Corse, le Murin du Maghreb est considéré comme peu courant et sa population connue est de moins de 3000 individus. Actuellement, seuls cinq sites de reproduction sont répertoriés, correspon­ dant soit à des cavités (une grotte, deux galeries de mine) soit à des gîtes anthro­ piques* (hangar, cave), alors qu'ailleurs il n’est connu qu’en grottes. La température à l'intérieur des gîtes souterrains oscille entre 14° et 20°C. Les animaux les occupent dès la mi-avril, les mises-bas interviennent dès le début du mois de juin et s'échelonnent jusqu'à début juillet. Dans le sud de son aire de répartition, les mises bas semblent bien plus précoces puisqu'elles sont signalées dès la fin du mois de mars. En milieu souterrain, le Murin du Maghreb partage ses gîtes de parturition avec d'autres espèces (le Murin de Capaccini, le Minioptère de Schreibers,

le Rhinolophe euryale, le Murin à oreilles échancrées et le Grand Rhinolophe) avec lesquelles il forme un essaim commun. Mais il peut également s'y rencontrer seul, comme c'est le cas dans les deux gîtes anthropiques* inventoriés. D'avril à octobre, il est également assez courant d'observer des individus solitaires, très fidèles à leur poste, probablement des mâles, dans les joints de pont, interstices, fissures de voûte, hourdis*. Les traces de suint* laissées en bordure des entrées sont une signature de l'espèce et témoignent d’une fréquentation régulière. En hiver, les rares observations sont ponctuelles et concernent des individus solitaires dans des grottes froides, à la différence de la Sardaigne où un important regroupement est connu. Des échanges

saisonniers entre les deux îles semblent à exclure comme le confirment les récentes études génétiques menées sur les deux populations insulaires. Le manque de connaissances sur l'écologie de cette espèce demeure aujourd’hui une évidence. Quelques études menées en 1999 par le Groupe Chiroptères Corse sur le régime alimentaire de l'espèce laissent entrevoir cependant quelques aspects comportementaux. Par exemple, la consommation importante d'orthoptères 70 % des proies fin juillet - témoigne d'une activité de chasse manifeste sur les prairies, pâtures ou clairières. Les proies sont le plus souvent capturées au sol par glanage. Ainsi,

coléoptères, tipules, chenilles, sauterelles font régulièrement partie du menu du Murin du Maghreb. En 2008 puis 2009, les observations d'individus équipés de capsules chimioluminescentes, ou à l’aide de jumelles de vision nocturne, ont permis de confirmer ce comportement, avec des posés brefs et réguliers de femelles chassant sur pâture ou

prairie rase, parfois même sous l'œil attentif et intéressé (?) de jeunes renards ... En 2009, une première session d'étude télémétrique dédiée à l'espèce a permis de préciser quelques éléments comportemen­ taux remarquables et parfois inattendus. Le vol puissant et rapide caractérisant les murins de grande taille laissait entrevoir des capacités de déplacement important et, par conséquent, d'exploitation de vastes territoires de chasse*. La seule femelle radiopistée précédemment avait effective­ ment parcouru 10 km entre son gîte situé dans les gorges de la Lonca et un de ses sites de chasse situé dans la forêt de Valdu Niellu (une aire de nourrissage à cochons !)... Or, les résultats obtenus cette fois pour une ving­ taine de femelles équipées sur Castifau ont montré que les grands déplacements étaient exceptionnels, 15 km tout au plus ! Avec une moyenne d'environ 5 km de distance entre le gîte et le couvert. Bien que régu­ liers sur leur site de chasse qu'ils exploitent parfois à plusieurs au cours d'une même période biologique, les animaux suivis ont totalement changé de site de nourrissage

Parmi les individus de la colonie des anciennes mines de Castifau. 6 sur 10 équipés chassent sur cet atypique plateau de Pietralba. Observés aux jumelles de vision nocturne, ils patrouillent à faible hauteur, et font du surplace avant de capturer leur proie au sol.

au cours de la saison. La fréquentation de reposoirs nocturnes variés (bâti, frondaison d'arbre...) semble également de mise chez cette espèce. Sur territoire de chasse*, il arrive de le capturer au-delà de 1 000 m d’altitude. La conservation du Murin du Maghreb dépend fortement aujourd'hui des efforts que l’on pourra consentir pour l’améliora­ tion des connaissances sur cette espèce bien

méconnue, mais également pour la conser­ vation des quelques gîtes majeurs avérés. Les colonies situées en milieu anthropique* sont actuellement les plus exposées. La fermeture des mines sans prise en compte des chauves-souris, ainsi que l'évolution du

À ce jour, des Arrêtés de Protection de Biotope accompagnés de la protection physique des entrées garantissent la tran­ quillité de deux des cinq colonies majeures (Castifau et Coggia). Du fait de sa description relativement récente, le Murin du Maghreb échappe parfois à la réglementation en vigueur. Selon les listes, son statut est souvent mal renseigné (directive Habitats Natura 2000...). Les actualisations récentes des listes rouges permettent de combler cette lacune.

statut des bâtiments fréquentés demeurent les soucis majeurs pour ces colonies en sursis. Pour exemple, en 2000, une des rares colonies de reproduction connue en Corse, située dans la région de la Casinca, a été chassée volontairement par le proprié­

LE MURIN DU MAGHREB

taire du vide sanitaire dans lequel elle s'était installée.

Régime alimentaire du Murin du Maghreb, colonie de Castifau.

Différences morphologiques entre les trois espèces de Murins de grande taille (M. punicus, Murin du Maghreb : M. myotis, Grand Murin et M. blythii, Petit Murin) en ce qui concerne la longueur de l’oreille et celle de l'avant-bras.

Le Murin de Capaccini (Myotis capaccinii)

Répartition du Murin de Capaccini dans le monde.

Si ses grands pieds et son museau aux narines proéminentes le rapprochent de son cousin Daubenton, avec qui il partage la dénomination de chauve-souris « chalut », diverses caractéristiques permettent de les différencier assez sûrement : de taille plus importante, le Murin de Capaccini est

également plus grisâtre sur le dos, et sa face ventrale blanchâtre offre un contraste plus évident. Cette chauve-souris se caractérise aussi par un uropatagium* velu. Le Murin de Capaccini est une espèce typiquement méridionale dont l'aire de répartition correspond à la zone de l'olivier.

En Corse il est présent, avec une distribu­ tion discontinue, du nord au sud, mais avec une répartition fortement restreinte par une triple contrainte : altitude inférieure à 700 m, présence d’eau et existence de gîtes souterrains. Ainsi, l’individu rencontré le plus haut se trouvait à Corscia (670 m d'al­ titude) et le gîte de reproduction* le plus élevé connu est situé à seulement 390 m d'altitude (Sampolo). Dans le sud de l'île, sa présence, exceptionnelle, n'a été constatée que sur le littoral. Pour ce qui est de ses gîtes, il est très rare de le rencontrer en dehors du milieu souterrain (auquel cas, ce sera le fait d’individus solitaires), ou à l'écart des autres espèces cavernicoles*. Les Murins de Capaccini restent souvent invi­ sibles au sein des effectifs plus nombreux de Minioptères de Schreibers, de Murins du Maghreb ou parfois de Rhinolophes euryales. Cette promiscuité au cœur d’es­ saims plurispécifiques est sans doute rendue nécessaire par la recherche d’une chaleur plus importante lorsque ses effectifs restent faibles, comme en France. La Corse, avec

LE MURIN DE CAPACCINI

Répartition du Murin de Capaccini en Corse. En rouge, les colonies de reproduction.

CONNAISSANCE DE L’ESPÈCE MYOTIS CAPACCINII EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

38 Reproduction : 5 Hiver : 25

Connus : Été : ~ 500 Hiver : < 50 Estimés : X000

40 Présence : 6 % Abondance : 3,3

Moyenne n = 264 Avant-bras : 38,4 - 43,1 mm Poids: 7.5- 14,5 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. : 3/5 Fr. : 3/5 Corse : 4/5 En danger

2/5 rare

3/5

3/5

environ 500 femelles recensées, représente tout de même près de 15 % des effectifs nationaux. Cette espèce est inscrite en catégorie vulnérable sur la liste rouge natio­ nale et dans la catégorie « En danger de disparition » de la liste rouge régionale. Ces animaux se répartissent en trois colonies principales (grotte de Saint- Florent, mines de Castifau, grotte marine de Coggia) et deux colonies secondaires (galerie de Sampolo et anciennes mines de Lozari). La plupart des gîtes connus sur l'île pour cette espèce bénéficient d’une protection réglementaire voire physique. Le Murin de Capaccini se caractérise par une mise bas très précoce, qui débute dès la deuxième décade de mai, soit avec au moins quinze jours d’avance sur ses colocataires. Il est toutefois possible

que ces naissances soient davantage éche­ lonnées dans le temps ou plus tardives que sur le continent, car un suivi de la grotte de Coggia en 2008 indiquait 41 nouveau-nés le 17 juin alors que certaines femelles étaient encore gestantes. Dès la mi-juillet, les Murins de Capaccini disparaissent et ce n'est qu'à partir d’octobre qu’on les rencontre à nouveau, dans les gîtes souterrains de transit* qu’ils occupent jusqu’en décembre, voire au cœur de l'hiver. Jusqu'à 300 individus sont ainsi parfois comptés dans la mine d'OImeta di Tuda et c'est pendant cette saison que l'on a pu observer des copulations. Les comptages sont très aléatoires : dans ce même site, une centaine d'individus ont été observés rentrant à l’aube alors que dans la même

Un Murin de Capaccini se reconnaît à ses grands pieds de Murin « pêcheur ».

LE MURIN DE CAPACCINI

Portrait d'un Murin de Capaccini.

journée à peine une trentaine était visible, les

n'est pas rare de voir des individus actifs la

autres trop profondément enfoncés dans des fissures insoupçonnables. Ils restent ensuite invisibles pendant tout l'hiver, les quelques individus observés, exceptionnellement une dizaine, s'étant faufilés dans des fissures de grottes, de mines (Argentella, Biguglia, et une demi douzaine d’autres observations ponctuelles) ou même des joints de voûte (Oletta). En France, les Murins de Capaccini se tiennent le plus souvent isolés ou en petits essaims d’une vingtaine d'individus dans des cavités, fissures, tunnels, mines... mais, dans des régions de l’est de l’Europe, à hiver rigoureux, ils peuvent former de

nuit, notamment en Corse où des sorties de gîte ont été observées à Furiani et Galeria. En Corse, on le rencontre à nouveau dès la mi-mars, les sites de transit printanier rassemblant jusqu'à 300 individus (galerie de Furiani principalement) avant d'être désertés au profit des gîtes de reproduction* au mois de mai.

grands essaims monospécifiques allant jusqu’à 17 000 individus, comme en Bulgarie. En léthargie, le Murin de Capaccini

supporterait des températures ambiantes de l’ordre de 2°C à 8°C. Dans les régions aux hivers peu rigoureux (températures nocturnes extérieures de l'ordre de 5°C), il

Les territoires de chasse* ont été largement étudiés par un suivi télémétrique pendant trois années. L’étude des dépla­ cements de 25 femelles des trois colonies de reproduction principales (Saint-Florent, Castifau et Coggia) a permis de mettre en évidence certaines grandes tendances. D’une manière générale, les individus suivis sortaient dès la nuit tombée et ne rentraient qu'au petit matin, après toute une nuit d’activité (même lors des sessions de juin, lorsque les jeunes attendaient leur tétée au gîte). Ils exploitent de un à quatre

sites de chasse chaque nuit, qu'ils rejoignent rapidement ou en glanant les insectes qui émergent lors de leur transit le long des cours d’eau. Toutefois, ils peuvent se rendre sur un site de chasse éloigné en « coupant » les méandres d’une rivière sur des distances plus ou moins importantes, voire des bras de mer, et en passant des cols jusqu’à

660 m d’altitude (pour des dénivellations de près de 600 m). Ces femelles s’écono­ misent ainsi un tronçon de 26 km de rivière pourtant consciencieusement prospecté par certaines de leurs camarades, voire par elles-mêmes à leur retour. Elles fréquentent souvent les mêmes territoires, et chassent même en « esca­ drilles » de quelques individus : une des femelles suivies a été observée rasant l'eau d'un canal du fortin de l'étang de Biguglia avec une vingtaine de comparses, alors que les autres canaux de drainage alentour

étaient déserts. Les 28 sites de chasse déterminés permettent de classifier les milieux favo­ rables au Murin de Capaccini. Malgré un

réseau hydrographique important à proxi­ mité des gîtes, les femelles étudiées ont souvent parcouru de grandes distances pour rejoindre des sites de chasse éloi­ gnés, jusqu’à 54 km pour l'une d'entre elles (17 km en moyenne en suivant les linéaires de rivière). Même si elles exploitent des portions de rivière plus ou moins impor­ tantes, elles paraissent leur préférer de vastes surfaces d'eau libre. En effet, tous les secteurs les plus distants, qui nécessitent parfois jusqu'à deux heures de trajet à l’aller et autant au retour, sont de grands plans d'eau (étangs littoraux, marais d’arrièreplage et embouchures de rivières, lacs de barrage). Sur les cours d'eau, ce sont encore les portions lisses et les vasques plus ou moins profondes, bordées ou non de végétation riveraine, qui ont leur préférence.

Ces suivis télémétriques ont également permis de mettre en évidence les échanges possibles entre gîtes, montrant ainsi la parfaite connaissance par ces chauves-souris du réseau de cavités dont elles disposent : les individus de Coggia pouvaient se rendre à Cargèse, voire au barrage de Tolla (à

Les territoires de chasse* du Murin de Capaccini

peuvent être très éloignés de leur gîte, pourvu qu'ils soient des plans d'eau calme, comme l'embouchure du Liamone, fréquentée par les individus de la grotte marine de Coggia.

Lorsque l’on observe les déplacements effectués par les Murins de Capaccini pour aller se nourrir, on constate qu'ils suivent, dans la plupart des cas, le réseau hydrographique, et ce, jusqu'à une grande distance des gîtes (54 km entre les anciennes mines de Castifau et l'étang de Biguglia).

LE MURIN DE CAPACCINI

43 km et 500 m d’altitude), tandis que ceux des anciennes mines de Castifau ont été suivis jusqu’à la grotte de Saint-Florent ou aux anciennes mines de Lozari. Des recherches en Croatie, en Espagne et dans le Sud de la France indiquent un régime alimentaire essentiellement constitué d’insectes à vie larvaire aquatique

Le Murin de Capaccini s'immisce volontiers dans les colonies plus populeuses des autres espèces cavernicoles*, comme ici avec des Murins du Maghreb dans les anciennes mines de Castifau. Quelques Minioptères de Schreibers sont également visibles.

(Trichoptères et Diptères principalement) ainsi que la présence plus ou moins importante de Lépidoptères sans doute capturés au-dessus de la végétation, plus particulièrement en automne. On note également la présence, plus anecdotique

mais régulière, d’écailles de petits poissons quelles pêcheraient par chalutage.

Il peut être difficile de distinguer le Murin de Capaccini du Murin de Daubenton, surtout lorsque l'on distingue mal son ventre clair très contrasté, comme ici.

Le Murin de Daubenton (Myotis daubentoni)

Répartition du Murin de Daubenton dans le monde.

Avec le tour des yeux et le museau dégarnis, qui plus est rose sale, ce n’est pas le plus beau. Cette espèce de taille moyenne est le cousin du Murin de Capaccini et il partage avec lui la spécificité d’avoir de grands pieds, adaptation morphologique

probable à sa niche alimentaire : la chasse au-dessus de l'eau. Il est d'ailleurs omni­ présent sur les rivières de Corse pour peu qu'elles présentent des étendues calmes. Les anecdotes de pêcheurs, dont la collision d'une chauve-souris avec leur ligne a déçu

les espoirs de touche, sont fréquentes. Sa distribution géographique est plutôt nordique (il est absent d’Afrique du Nord et présent jusqu'en Scandinavie). En Corse, sa répartition altitudinale est limitée pour l’essentiel à moins de 800 m (où 95 % des observations ont été faites), alors que sur le continent, le Murin de Daubenton est régulièrement cité au-delà de 1 000 m. Cet artefact est sans doute lié au caractère trop torrentueux de nos cours d'eau au-delà de cette altitude. En Corse, un original a néanmoins été noté à 1 450 m sur un col du Niolu. Son régime alimentaire, étudié sur le continent, est composé de petits insectes aquatiques et il a même été observé capturant des alevins, mais c’était sûrement un jour de fête. La qualité de l'eau lui importe peu et on pour­ rait même dire que plus elle est eutrophe*, plus elle est productive en insectes et plus

LE MURIN DE DAUBENTON

le Daubenton y trouve son compte. Il est écrit que les Murins de Daubenton et de Capaccini s'excluent mutuellement mais

Répartition du Murin de Daubenton en gîtes et sur territoire de chasse* en Corse.

CONNAISSANCE DE L'ESPÈCE MYOTIS DAUBENTONI EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

55 Reproduction : 9 Hiver : 2

Connus : Été:~ 1 200 Hiver : ~ 0 Estimés : X00 000

209 Présence : 35 % Abondance : 3

Moyenne n = 534 Avant-bras : 34,1 -41,1 mm Poids : 4,5 - 11,5 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. : 1/5 Fr. : 1/5 Corse: 1/5 Peu préoccupant

5/5 courant

1/5

1/5

Murin de Daubenton en vol.

cela ne se vérifie pas en Corse. Toujours sur le continent, il est parfois considéré comme une espèce forestière, ce qui ne se confirme pas ici. Son activité sur l'eau le rend facile à contacter et il est considéré comme courant dans toute l'Europe. C’est aussi le cas en Corse, les gîtes connus sont cependant peu nombreux, car généralement indécelables.

Heureusement, il est bavard et, à la belle saison, ses émissions sonores le trahissent.

Tous types d'anfractuosités peuvent l'ac­ cueillir : parpaing, hourdis*, joint de voûte,

joint de buse, joint de dilatation de pont, mur en pierres sèches, coffrage... Une cinquantaine de gîtes sont connus en Corse, la plupart à moins de 500 m, le record étant de 800 m à Bastelica. Il ne dédaigne pas de se loger dans des arbres creux bien que cela n'ait pas encore été constaté en Corse, si l'on excepte un individu équipé d’un émetteur qui est allé se réfugier au plus vite

LE MURIN DE DAUBENTON

Le Murin de Daubenton se faufile dans les fissures diverses offertes par les jointements des ponts, les aqueducs en béton ou même, mais de façon exceptionnelle, en bâti, comme à l'église de Bastelica.

à l’extrémité d'une baïonnette d'érable de Montpellier. Cette même femelle, après sa deuxième nuit de chasse en va-et-vient sur une portion de rivière d'environ 200 m, a retrouvé son jeune dans les hourdis* d'un garage, situé à moins de 2 km. Le comptage en sortie de gîte la nuit suivante (fin juillet) totalisait plus de 250 individus. Le Murin de Daubenton peut même, rarement, consti­ tuer des essaims en combles ou en parois. Ce dernier cas, exceptionnel, nous a permis de suivre une grosse colonie de 250 indi­ vidus regroupée dans un pont enjambant le Golo, où les animaux sont présents de mai à septembre et les mises bas ont lieu dans la deuxième quinzaine de juin. Ce gîte permet une observation originale : les animaux se rétractent à chaque passage de camion qui fait trembler le pont... spor­ tifs nos Daubenton ! En dehors de cette

période, l'espèce est rarement observée : exceptionnellement en avril et en octobre en milieu souterrain et, en hiver, il part sans laisser d’adresse. Plus on remonte vers le Nord de l’Europe, plus l’espèce est citée en hibernation en cavité (des rassemblements importants avoisinant les 20 000 individus sont même rapportés en Pologne...), mais en Corse cela n'a jamais été observé. Le Murin de Daubenton n'est pas une espèce menacée mais elle est sans doute la victime la plus courante des opérations d'entretien des anciens ponts voûtés (emmurage des animaux et disparition de gîte). A contrario, les aqueducs récents en buses de béton aboutées lui offrent un

potentiel important. Une convention avec le service des routes de la CTC assure la tranquillité des Murins de Daubenton pour un site.

Essaim de Murin de Daubenton dans une pile de pont.

De nombreux Murins de Daubenton peuvent s'ébattre au-dessus d'une même vasque d'eau.

Le Murin de Daubenton avait été subdivisé en deux espèces distinctes (daubentoni et nathalinae) en 1977,

Un Murin de Daubenton qui s'est faufilé dans une fissure.

Une accumulation de guano* à l'aplomb d'un jointement de buse en béton est souvent l'œuvre d'une colonie de Murins de Daubenton.

les deux taxons* étaient présents en Corse, mais cette distinction a été abandonnée.

LE MURIN À OREILLES ÉCHANCRÉES

Le Murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus)

Répartition du Murin à oreilles échancrées dans le monde.

Le Murin à oreilles échancrées est l'es­ pèce du genre Myotis la plus facile à voir en Corse, mais on ne vous garantit pas que ce ne soit pas une contrefaçon. En effet, les exemplaires corses surprennent toujours les naturalistes avertis de passage dans l’île par

leur coloration grise à laquelle manquent les nuances de roux typiques de l’espèce. De plus, ils sembleraient également légèrement plus petits. En Corse, les observations sont assez courantes, mais uniquement à la belle

saison, l’Échancré fréquentant volontiers les constructions humaines où les colonies de parturition forment des essaims compacts au plafond ou le long des poutres. Une autre caractéristique de l'espèce est sa tolérance à la lumière : les gîtes sont parfois à peine obscurs. Donc si vous trouvez des chauvessouris, en groupe serré, dans une maison, sans avoir besoin de lumière pour les voir et en été, vous avez peu de chance de vous tromper en diagnostiquant : « Murin à oreilles échancrées ». Ces regroupements, une vingtaine connus en Corse, se reforment fidèlement d'une année sur l'autre et comptent de quelques dizaines, à généralement quelques centaines d'in­ dividus. Beaucoup plus rarement (trois cas connus), ces colonies s'installent en milieu souterrain. Ces gîtes sont parfois partagés avec le Grand Rhinolophe et le Rhinolophe euryale. La plus importante colonie corse, environ 2 000 femelles, dans la vallée du Tavignano se bat pour la première place

Répartition du Murin à oreilles échancrées en Corse. En rouge, les colonies de reproduction qui rassemblent plus de 100 individus.

CONNAISSANCE DE L’ESPÈCE MYOTIS EMARGINATUS EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

85 Reproduction : 15 Hiver : 2

Connus : Été : ~ 6 000 Hiver : ~ 0 Estimés : X0 000

105 Présence : 17 % Abondance : 1,7

Moyenne n = 191 Avant-bras : 34,3 -41 mm Poids : 4,8 - 10,5 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. : 1/5 Fr : 1/5 Corse : 2/5 Quasi menacée

4/5 assez courant

1/5

1/5

_________

LE MURIN À OREILLES ÉCHANCRÉES

Le Murin à oreilles échancrées chasse dans la frondaison des arbres.

du podium national. La température de ces gîtes est très variable, le plus frais à I4°C, le plus chaud dépasse les 35°C. Les arrivées y sont notées au plus tôt en avril, plutôt mai, les mises bas fin juin et la dispersion géné­ ralement mi-août, durant parfois jusqu'à mi-septembre. Des individus solitaires et plus rarement de petits groupes, peut-être les mâles, se rencontrent de mai à octobre en joints de voûtes, ponts, plafonds de ruines... Sur le continent, il lui arrive de passer ses journées accroché au mur sous des avancées de toit en pleine lumière.

En hiver, cette espèce est donnée comme cavernicole* et ne s’enfonçant guère dans les fissures étroites, donc facile­ ment visible. Pourtant, en Corse, aucun gîte d'hibernation* n'est connu. En Sardaigne, l’espèce n'est présente à cette saison que dans une seule grotte froide d'altitude. Pour rejoindre ses territoires de chasse*, il peut parcourir plus de 10 km et ensuite exploiter pendant des heures le feuillage d'une ripisylve* sur quelques dizaines de mètres. C'est un spécialiste du vol dans l'épaisseur de la frondaison des

arbres, ce qui s'explique quand on sait que son régime alimentaire est majoritairement composé d'araignées. Ce serait également un habitué des bâtiments d'élevage où il chasserait les mouches, même posées. Le guano* de cette espèce est caractérisé par son aspect de galette collante, recouvert de particules de débris végétaux qui tombent du pelage de l’animal lors de l’épouillage au gîte, ce qui confirme son mode de chasse dans les frondaisons. La récolte du guano* pour une saison sur la plus grosse colonie corse a donné 18 kg pour un volume de 75 l soit environ un demi-pot de yaourt par individu. Cette même colonie a permis l'observation atypique de la prédation des nouveau-nés par des fourmis (Tapinoma simrothii), qui en éradiquent jusqu’à 10 %. Le Murin à oreilles échancrées est présent sur toute l'île, plutôt rare en montagne bien que parfois contacté à plus

de 1 000 m et jusqu'à 1 500 m dans le Niolu. Les gîtes sont également à basse altitude avec un record à 800 m à Asco. L'espèce peut être considérée comme assez courante en Corse, avec des effectifs cumulés connus de 6 000 individus en gîtes et sa présence sur 20 % des terrains de chasse prospectés. Comptant 20 % des effectifs nationaux, la Corse est le bastion de l’espèce en zone méditerranéenne, résultat à mettre en rela­ tion avec la couverture arborée et le réseau hydrographique exceptionnels de notre île. De par sa dépendance aux constructions qui l'expose aux dérangements ou aux changements d’affectation du bâti (deux colonies de reproduction ont ainsi disparu à Oletta et à Lama), l'Échancré nécessite des mesures de protection. Aucun gîte n'est actuellement protégé mais trois sont en zones Natura 2000 (Oletta, Piedicorte et Aleria).

Petite illustration de la colonie de Murins à oreilles échancrées dont quelques jeunes étaient tellement harcelés par des fourmis, qu'ils finirent par tomber à terre.

Juste entre deux pierres ou au sein d'une colonie, le Murin à oreilles échancrées ne fuit guère la lumière.

Les Murins à oreilles échancrées peuvent se

LE MURIN À OREILLES ÉCHANCRÉES

rassembler en essaims de reproduction, visibles au plafond des gîtes qu'ils occupent, souvent dans du bâti.

L'essaim du moulin de Piedicorte s'étend sur plus d'1 m², les individus restant difficiles à dénombrer car ils s'agglutinent souvent sur plusieurs niveaux.

Les Murins à oreilles échancrées et les Grands Rhinolophes partagent souvent les mêmes gîtes, c'est le cas de cette ancienne station de pompage.

Le Murin à moustaches (Myotis mystacinus)

Répartition du Murin à moustaches dans le monde.

Ce petit Myotis est le plus petit du genre, pesant à peine plus qu'un sucre, et caractérisé par sa peau très noire et son museau velu. Son pelage est bicolore, blanchâtre sur la face ventrale et gris-noir sur la face dorsale. Jusqu’en 2008, il était la

seule espèce corse à n’être connue que par sa capture au filet. La découverte dans le village de Letia d’une colonie de reproduc­ tion de cette espèce présente un caractère exceptionnel... Cet unique gîte recensé se compose d'une grande bâtisse crépie où

les individus s'entassent soit derrière une plaque décollée, soit derrière l'un ou l'autre des volets. L'essaim dense regroupe environ 200 individus. Cette absence en gîte est d’autant plus étonnante que le Murin à moustaches est contacté dans presque 20 % des zones prospectées, le plus souvent sur l'eau, en milieu forestier. Sans être considérée comme fréquente, cette espèce présente une répartition régulière, tant spatiale qu'altitudinale. Sa présence n'est pas exceptionnelle en montagne, avec même un record à 1 780 m d'altitude au lac de Vitalaca. Dans les Alpes, l'espèce a été contactée à 1 920 m d'altitude. Une femelle équipée d'un émetteur sur la commune de Ghisoni, dans un relief très escarpé et un milieu forestier dense, ne s’est guère éloignée de son gîte. Il convient d'abord de s'interroger sur la présence effective du Murin à moustaches

en Corse. Cela fait vingt ans que la question

LE MURIN À MOUSTACHES

Répartition du Murin à moustaches en gîte et sur territoire de chasse* en Corse.

CONNAISSANCE DE L’ESPÈCE MYOTIS MYSTACINUS EN CORSE

Gîtes

Effectifs

1 Reproduction : 1 Hiver :0

Connus : 96 Été : ~ 200 Présence : 17 % Hiver :0 Abondance : 1,8 Estimés : X0 000

Niveau de menaces

Abondance

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. : 1/5 Fr : 1/5 Corse: 1/5 Peu préoccupant

3/5 peu courant

1/5

1/5

Terrain de chasse

Taille n = 143 Petite Avant-bras : 33,1 - 38,8 mm Poids : 4 - 8,4 g

se pose. À l'époque il y avait deux espèces jumelles recensées en France, le Murin à moustaches et le Murin de Brandt, et les naturalistes nous ayant précédés avaient attribué aux exemplaires corses le statut « moustachu ». Pourtant sa taille semblait légèrement supérieure à la norme et son écologie non conforme, puisqu’il est qualifié d'anthropophile*. Depuis, une troisième espèce, le Murin d’Alcathoe, a été décrite, mais elle s'avère encore plus petite. En élargissant la quête à l'est du bassin

méditerranéen, deux autres espèces sont également citées, toujours a priori différentes de la nôtre. Ce cortège d'espèces est qualifié de cryptique*, c'est-à-dire présentant de grandes similitudes mais non interfécondes, et il n'est pas impossible que les animaux corses appartiennent à une autre espèce non décrite et pourquoi pas endémique* ? Une récente vérification génétique, pas une étude dédiée approfondie, confirme une certaine différence entre murins à moustaches continentaux et corses.

Le seul gîte connu à ce jour pour cette espèce en Corse : le revers d'une plaque de mairie. Des traces d'urine sont visibles sous la partie décollée derrière laquelle la colonie d'environ 200 individus se faufile.

LE MURIN A MOUSTACHES

Les Murins à moustaches de Corse (en haut) n'ont pas tout à fait la même coloration que ceux du continent (en bas).

Le Murin de Natterer (Myotis nattereri)

Répartition du Murin de Natterer dans le monde.

Encore plus rare que rare. Le Murin de Natterer est l'espèce sur laquelle nous avons le moins de localisations, hormis la Grande Noctule : en tout et pour tout, une quin­ zaine d'observations sur terrain de chasse, surtout en altitude avec les trois quarts à

plus de 1 000 m et jusqu'à 1 500 m dans le Niolu, mais avec l'exception de service sur le bas Liamone. Ce n'est qu'en 2008 qu'a enfin été trouvée une colonie pour cette espèce, 75 individus au plafond d’une galerie artificielle de l’Inzecca. Le statut de

ce regroupement reste à définir, un suivi au printemps et en été montre la présence des animaux de début mai à mi-juin, mais sans présence de nouveau-nés constatée. Une tentative de suivi par radiopistage à Evisa conduisait à des barres rocheuses inaccessibles de la Spelunca, donc poten­ tiellement sur un gîte en fissure. Cette affinité montagnarde est en accord avec sa répartition européenne très large mais plutôt nordique, bien que cité au Maghreb et exceptionnellement sur la zone méditerranéenne. Il n’a pas été recensé en Sardaigne. Sur le continent, c'est une espèce discrète, même là où elle est bien implantée, occupant régulièrement ponts, mines, bâtiments, arbres. En hiver, l’espèce est donnée comme peu frileuse. Dans certaines régions, elle est notoirement fissuricole* en milieu souterrain, c'est-à-dire qu'elle s’en­ fonce très profondément et devient donc difficile à comptabiliser. Ailleurs, elle est connue pour apparaître brusquement dans les joints de ponts lors des coups de froid hivernaux et pour disparaître dès qu'il fait meilleur, mais ici nous ne bénéficions pas

LE MURIN DE NATTERER

Répartition du Murin de Natterer en Corse.

CONNAISSANCE DE L’ESPÈCE MYOTIS NATTERERI EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

3 Reproduction :0 Hiver : 0

Connus : Été: 75 Hiver : 0 Estimés : X000

13 Présence : 2 % Abondance : 1,3

Petite n = 22 Avant-bras : 38,4 -41,3 mm Poids : 5,5 - 9,5 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur : 1/5 Fr : 1/5 Corse : 3/5 Vulnérable

1/5 très rare

0/5

1/5

de cette complicité de la météo. En Corse, nous considérons le Murin de Natterer

comme plutôt forestier pour ses territoires

Le Murin de Natterer se caractérise par des oreilles en forme de spatules de ski, et un éperon sur l'uropatagium*.

de chasse*. Cette espèce est, paraît-il, plus facile à contacter en automne lors de regroupe­ ments nocturnes à finalité copulatoire dans les entrées de grottes. Ce comportement dit de « swarming* », qui concernerait aussi d'autres espèces, a lieu dans quelques cavités choisies mais aucune n’est encore connue en Corse. Encore une fois, l'avenir nous réserve sûrement des surprises. En effet, les Espagnols viennent de diviser l'espèce en deux taxons*, sur des bases génétiques et sur une répartition plus montagnarde et plus forestière pour la nouvelle espèce, Myotis escalerai, qui serait également présente sur les îles Baléares et dans les PyrénéesOrientales françaises...

LE MURIN DE NATTERER

Portrait du Murin de Natterer de Corse.

Le seul gîte connu en Corse pour le Murin de Natterer, espèce donnée comme typiquement arboricole*, est une galerie de barrage EDF, et la soixantaine d'individus observée ne fait qu'y transiter au printemps.

Le Murin de Bechstein (Myotis bechsteini)

Répartition du Murin de Bechstein dans le monde.

Encore une bête rare. Cette espèce, un peu plus grosse que les autres petits Myotis et caractérisée par ses très grandes oreilles, est partout considérée comme peu fréquente. On lui prête des affinités nordiques, sa présence dans la zone méditerranéenne est

toujours exceptionnelle et correspond à sa limite de répartition, elle n’est citée ni en Sardaigne ni en Afrique du Nord. D'ailleurs en Corse, nos observations, une vingtaine, sont majoritairement en milieu forestier d’altitude, avec la moitié à plus de 1 000 m

et plus particulièrement dans les rares forêts de feuillus de l’île (hêtraies de Vizzavona, de Valdu Niellu et d’Aïtone). L'espèce a été mentionnée dans notre île en 1980 suite à la détermination de restes osseux dans des pelotes de chouette effraie dans le Giunsani et ce n'est que vingt ans plus tard qu’elle a été confirmée par capture. Le premier gîte découvert en Corse, par radiopistage, est conforme au caractère franchement fores­ tier de l'espèce, que ce soit pour le gîte ou le couvert... Il s'agit d'un trou de pic dans un sapin mort à Aïtone, à 1 250 m d'altitude, accueillant une colonie de reproduction de 16 individus. Toutefois, les deux autres colonies connues, dans le Taravu et à Ghisoni, s'abritent dans des hourdis*, avec respectivement 42 et 130 individus dénombrés en sortie de gîte. Aussi bien le caractère anthropique* du gîte que le nombre d'individus sont atypiques. Même dans les régions où elle est bien

implantée, l'espèce reste discrète et difficile à contacter, formant de petites colonies dans des trous d’arbres et changeant souvent de

LE MURIN DE BECHSTEIN

Répartition du Murin de Bechstein en gîte et sur territoire de chasse* en Corse.

CONNAISSANCE DE L’ESPÈCE MYOTIS BECHSTEINI EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

3 Reproduction : 3 Hiver : 0

Connus : Été: 230 Hiver :0 Estimés : X 000

20 Présence : 3 % Abondance : 1,6

Moyenne n = 35 Avant-bras : 40 - 47,3 mm Poids : 6,5 - 12,5g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. :3/5 Fr. :2/5 Corse : 2/5 Quasi menacée

1/5 très rare

0/5

1/5

Murin de Bechstein en vol et portrait.

gîte. Le Murin de Bechstein est un glaneur dans le feuillage, très habile en vol, mais capable également de capturer des proies au sol. Il est réputé pour avoir des territoires de chasse* peu éloignés du gîte, de l'ordre de quelques centaines de mètres (jusqu'à 1,7 km enregistré sur l'île). En hiver, il serait cavernicole* et en automne, un adepte du

swarming*, mais cela n'a pas encore été constaté en Corse. On considère que l'espèce est très tributaire des forêts âgées, ce qui paraît normal s'il lui faut des trous et qu'elle en change souvent. Dans les régions à déficit de gîtes, la pose de nichoirs a été utilisée avec succès.

Le Murin de Bechstein est l'espèce européenne qui a les plus longues oreilles après l’Oreillard.

ercredi 19 juillet 2006, 7 heures du a sans aucun doute rejoint son gîte, un arbre matin, une équipe est à pied d’œuvre au milieu de la forêt d'Aïtone, mais lequel ? pour la recherche d'une femelle de Murin L'enjeu est important : à ce jour aucun gîte de Bechstein fraîchement équipée dans la de cette espèce n’est connu en Corse...

M

nuit d'un émetteur télémétrique. Cela fait trente minutes que le signal est fixe, l’animal

Un sapin que l'ONF destinait à la coupe et qui a été démartelé après avoir été identifié comme le premier gîte connu pour le Murin de Bechstein.

elle y est rare, discrète. 8h30 : la direction se précise, l'équipe affine la localisation, les azimuts fusent... c'est dans ce petit vallon que le gîte se trouve ; un sapin mort d'une vingtaine de mètres est pressenti ; dernier calage jusqu’à ce que les jumelles confirment l'existence d'un trou de pic, en cime... le premier gîte à

Murin de Bechstein est localisé en Corse !... Excellente découverte mais surprise en y regardant de plus près, l'arbre porte le sceau d’un martelage forestier ; il est prévu qu’il soit abattu !... le forestier est immédia­ tement contacté et se rend rapidement sur le lieu de la découverte. La discussion s'en­ gage autour de l'intérêt de la conservation de cet arbre-gîte. Le forestier est convaincu, l'arbre est démartelé sur le champ... il sera conservé en l'état pour les chauves-souris. Une visite le soir permettra de dénombrer 16 individus en sortie du gîte.

La Sérotine commune (Eptesicus serotinus)

Répartition de la Sérotine commune dans le monde.

La Sérotine commune est une « belle » bête, esthétiquement parlant mais aussi pour la taille : c’est une des plus grosses. Elle a la réputation d’être volontiers anthropophile* et, effectivement, les gîtes connus en Corse, au nombre d'une vingtaine, sont

tous établis dans du bâti. Pourtant elle est difficile à voir comme toutes les espèces fissuricoles* : dessus de poutre, sous les tuiles, joint de dilatation, cloison en plaques de plâtre, coffre de volets roulants, derrière des volets ouverts, tablier de pont... Il est

probable qu'elle utilise aussi des cavités d'arbres et des fissures rupestres*. La plus importante colonie corse accueille 250 indi­ vidus dans une église du Venacais, de mai à septembre, mais les effectifs courants dans les autres gîtes sont plutôt de l’ordre de quelques dizaines. Cette église est un cas d'école en ce qui concerne la toxicité des produits insecticides pour les mammifères : la réfection et le traitement de la charpente s'étaient soldés par l’abandon du gîte la première année, puis par le retour de la colonie l’année suivante, mais avec une mortalité importante, surtout chez les jeunes. Les gîtes d'hivernage sont tota­ lement méconnus en Corse, l'espèce n'ayant jamais été vue en grotte, contrairement au continent où cela arrive parfois, même si cela reste anecdotique. La Sérotine commune est donnée comme citadine également pour ses sites de chasse mais cela n'a rien d'exclusif. En Corse, elle est considérée comme une espèce ubiquiste assez courante. Une femelle allai­ tante suivie en juillet 2009 passait la plus grande partie de sa nuit à chasser dans une clairière au sein d'une forêt de pins laricio,

LA SÉROTINE COMMUNE

Répartition des gîtes et territoires de chasse* de la Sérotine commune en Corse.

CONNAISSANCE DE L'ESPÈCE EPTESICUS SEROTINUS EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

24 Reproduction : 4 Hiver : 1

Connus : Été : ~ 600 Hiver : ~ 0 Estimés : X0 000

145 Présence : 24 % Abondance : 2,2

Grosse n = 359 Avant-bras : 46,9 - 58 mm Poids : 15,7 -32,5 g

Niveau de menaces

Abondance

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. : 1/5 Fr. : 1/5 Corse: 1/5 Peu préoccupant

4/5 assez courant

0/5

1/5

Les colonies de Sérotine commune utilisent des gîtes variés comme les revers de volet, les combles des églises, les faîtières de charpentes...

à 1 200 m d'altitude. La colonie elle-même était localisée dans le faîte d’une maison de village, à moins de 3 km. Les capacités de déplacement de l'animal sont toutefois plus importantes ; en témoigne un autre suivi ponctuel par radiopistage qui a mené

(col des Maures, 2 150 m) et 1 000 m en gîte, il s'agit d'individus erratiques il est vrai (Niolu). Cette large amplitude altitudinale semble atypique par rapport au continent où l'altitude est considérée comme un facteur limitant. La Sérotine est un animal

l’observateur à 10 km (de son territoire de chasse* en forêt de Rospa-Sorba jusqu'à son gîte dans une maison de Venaco). Cette espèce est contactée des étangs littoraux jusqu'à plus de 2 000 m en chasse

puissant, notamment des mâchoires ; les gros coléoptères font partie de son menu, mais elle reste opportuniste dans son régime alimentaire.

La Sérotine commune... Une grande timide !

LA SÉROTINE COMMUNE

La coloration des Sérotines communes est parfois atypique.

Une Sérotine commune équipée d'un émetteur gîte dans l'une des nombreuses anfractuosités de cette paroi rocheuse.

Un réverbère dans un village, joli ballet de Sérotines communes garanti.

La Noctule de Leisler (Nyctalus leisleri)

Répartition de la Noctule de Leisler dans le monde.

Si une espèce de chauves-souris carac­ térise le mieux le milieu forestier en Corse, c’est bien la Noctule de Leisler. Assez bien répartie sur l'ensemble de l’île, du littoral à la montagne (jusqu'à 1 980 m à Bocca Stranciacone dans la haute vallée d'Ascu),

c'est surtout dans les massifs forestiers de l'intérieur que l’espèce est la plus réguliè­ rement observée. Présente sur 30 % des biotopes* prospectés, la Noctule de Leisler est considérée par ailleurs comme assez courante en Corse. Pourtant, jusqu'en 1987,

l’espèce n'était connue sur l’île que par deux observations correspondant à des crânes retrouvés dans des pelotes de réjection de chouette effraie. Avec sa petite face canine et ses poils de couleur rousse (jusque sous les bras), la Noctule de Leisler demeure la copie miniature de la Grande Noctule même si elle affiche tout de même pas moins 15 g en moyenne sur la balance avec la taille du corps à peine plus grande que celle de la largeur d’une main. Donnée sur le continent comme espèce sylvestre, parfois anthropophile*, la Noctule de Leisler n'a été découverte pour la première fois en gîte que très tardivement, suite à l'abattage d'une branche de hêtre par un forestier dans la forêt de Vizzavona. Plus tard, grâce à la technique de suivi télémétrique, les découvertes de nouveaux gîtes se sont avérées plus courantes. Actuellement, dix arbres-gîtes (trou de pic, carie, fente...) ont été recensés en forêt de Valdu Niellu, de Palneca et de Rospa Sorba abritant jusqu’à une centaine d'individus adultes en période de reproduction, majoritairement dans des pins laricio mais également dans des feuillus, châtaignier ou bouleau. A cette période, les

LA NOCTULE DE LEISLER

Répartition des gîtes et territoires de chasse* de la Noctule de Leisler en Corse.

CONNAISSANCE DE L’ESPÈCE NYCTALUS LEISLERI EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

10 Reproduction : 3 Hiver : 1

Connus : Été :- 400 Hiver : 3 Estimés : X00 000

169 Présence : 28 % Abondance : 3,8

Moyenne n = 550 Avant-bras : 34,5 - 46,5 mm Poids : 6,2 - 22 g

Niveau de menaces

Abondance

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. : 1/5 Fr.: 2/5 Corse: 1/5 Peu préoccupant

4/5 assez courant

1/5

1/5

Le museau compact et la coloration rousse typiques des Noctules.

colonies peuvent être parfois très bruyantes (cris sociaux) et facilement repérables à l'oreille. La capture de jeunes volants début juillet laisse supposer par ailleurs une mise bas précoce de l'espèce en Corse. L'espèce semble aussi se caractériser par une bonne tolérance à la clarté : des sorties de gîte le soleil à peine couché ou le vol d'un individu au début du printemps à l’heure de l'apéro de midi sont des indices. En hiver, une petite cavité formée dans un tronc de pin laricio en forêt de Rospa Sorba, à 1 300 m d'altitude, abrite depuis quelques années trois ou quatre individus pratiquement à « ciel ouvert ». Cette observation en milieu forestier, à cette période, reste rare en France pour cette espèce. Par rapport au continent, le peuple­ ment corse présente des spécificités. Tout d'abord, nos animaux semblent séden­ taires et tout le cycle annuel est observé, alors qu'elle est citée comme l’exemple de l'espèce migratrice en Europe, avec des déplacements atteignant les 1 500 kilomè­ tres. Ces migrations concerneraient essen­ tiellement les femelles qui mettraient bas dans le Nord de l'Europe au début de l'été puis descendraient dans le Sud pour le rut et l'hibernation. D'autres caractéristiques, comme l’utilisation de gîtes en bâti ou la mise bas fréquente de jumeaux, n'ont pas été documentées en Corse.

D’une manière générale, l'écologie de la Noctule de Leisler demeure encore mal connue, malgré sa large, quoique inégale, répartition. L'utilisation d’un réseau de gîtes, aujourd'hui clairement établie, implique, pour une conservation efficace de l'espèce, une approche globale de la gestion fores­ tière. A ce jour, la plupart des arbres-gîtes recensés en Corse et fréquentés par l'es­ pèce ont été cartographiés et identifiés sur le terrain à l’aide d'un marquage spécifique destiné à une meilleure prise en compte par les gestionnaires forestiers.

Les gîtes arboricoles* utilisés par les Noctules de Leisler sont variés : de l'ancien trou de pic à un trait de foudre lentement transformé en cavité, laissant les animaux parfois bien visibles.

LA NOCTULE DE LEISLER

Une Noctule de Leisler présentant une forme originale de dépigmentation par tâche.

C'est à l'aube du Ier juillet 2007, sur un col forestier, à 1 400 m d'altitude, qu'il a été donné au GCC de faire une observation unique en vingt ans de terrain : la capture au filet d'une Noctule de Leisler avec son nouveau-né accroché à une mamelle. Les deux furent immédiatement posés sur un

tronc couché, la femelle décolla aussitôt, seule, le petit abandonné émettant de faibles piaillements. Quel embarras, que faire maintenant ? Mais dix minutes plus tard la mère revint se poser, passa cinq minutes avec son petit puis décolla avec. Ouf!

La Grande Noctule (Nyctalus lasiopterus)

Répartition de la Grande Noctule dans le monde.

Impossible à confondre : sa corpulence impressionnante (50 cm d’envergure et 67 g pour les plus grosses), sa face canine unique, son pelage roux soyeux ne laissent pas indifférent celui qui l’aperçoit pour la première fois... Cependant, rares sont

ceux qui ont eu la chance de l'approcher car malgré sa taille de géante, l'observation de la bête demeure exceptionnelle tant elle est rare en France. Hormis quelques relevés peu renseignés tenant plus de l'anecdote, la présence de l'espèce en France est restée

très parcellaire jusqu'à la découverte en 1998 d’une petite population sédentaire en Corse. Identifiée pour la première fois en forêt de Rospa Sorba, l'espèce se fait plutôt discrète sur l’île et les observations représentent aujourd’hui 25 individus pour trois localités forestières distinctes corres­ pondant probablement à trois noyaux de population (Rospa Sorba, Valdu Niellu et Marmanu). Présence remarquable et unique en France : un programme d'étude spéci­ fique, réalisé en collaboration avec l'Office National des Forêts, s’imposait dès lors, afin d'en connaître enfin un peu plus sur cette espèce totalement méconnue. En 2006 et 2007, l’arsenal technique le plus sophistiqué dont dispo­

sait le Groupe Chiroptères Corse est alors mis à l'épreuve : récepteurs télémétriques, antennes directionnelles, mouchards auto­ nomes, endoscope numérique, émetteurs

longue portée, plus de 130 nuits de pros­ pection et pas moins de 500 jours de suivis consécutifs consacrés... à cette perle rare. Deux années d'étude auront été nécessaires pour que l'espèce nous dévoile un peu plus ses mystères. C'est ainsi que

LA GRANDE NOCTULE

Répartition des gîtes et territoires de chasse* de la Grande Noctule en Corse.

CONNAISSANCE DE L’ESPÈCE NYCTALUS LASIOPTERUS EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

50 Reproduction : 0 Hiver : 1

Connus : Été: 25 Hiver : 2 Estimés : X00

10 Présence : 1 % Abondance : 1,5

Très grosse n = 25 Avant-bras : 62,7 - 67,5 mm Poids : 43 - 67 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Mond. :2/5 Fr. : ?/5 Corse : 3/5 Vulnérable

1/5 très rare

2/5

2/5

La plus grande des espèces européennes, au caractère bien placide.

49 arbres-gîtes (principalement des pins laricio et parfois des sapins blancs) ont pu être recensés, cartographiés et décrits, ainsi qu'une bâtisse en ruine située sur la plaine orientale, mettant en évidence un preferendum marqué pour certains types comme les trous de pics (68 % des cas) situés dans des arbres morts ou dépérissants (65 % des cas), le plus souvent de grande taille (moyenne de 22 m) et de gros diamètre (moyenne de 59 cm). Fait étonnant égale­ ment, la concentration des arbres-gîtes : sur le seul plateau de Caralba, d'une surface

d'environ 1 km2, 26 ont été recensés. De deux choses l’une : soit il y a carence en gîtes et cette forêt est particulièrement bien dotée, soit la structure sociale de cette espèce exige cette proximité. Dans les deux cas la gestion forestière devrait être particulièrement précautionneuse... Les rythmes et durées d'occupation ainsi que la fidélité et le partage des gîtes identifiés ont pu être également dévoilés. Ceux-ci sont très variables. Le même individu va changer de gîte tous les trois jours, parfois en compagnie de deux ou

LA GRANDE NOCTULE

Quatorze mâles de Grande Noctule ont été équipés d'un émetteur et suivis, dont deux pendant près d'un an et demi, permettant de découvrir une cinquantaine d'arbres-gîtes.

trois congénères, puis se sédentariser en solitaire pour deux mois. Il y a sans doute une histoire de fille derrière tout ça. Pour la chasse, pas moins de cinq secteurs ont été cartographiés correspon­ dant à des faciès très variés comme des massifs boisés d'altitude, des crêtes asylvatiques en montagne voire même des zones humides littorales ou des zones de cultures parfois situées à plus de 25 km du gîte. La durée de sortie est très aléatoire, une nuit une heure, le lendemain sept heures, géné­

capturés et consommés en vol à certaines périodes de l’année, parfois à plusieurs centaines de mètres d’altitude. Fait remar­ quable et unique, confirmé en 2008 en Corse par l'analyse de restes alimentaires de onze échantillons de guano* collectés en forêt de Rospa Sorba, portant à 8 % du volume la proportion de restes de plumes d'oiseaux retrouvée dans les pelotes fécales des animaux. Résultat suggérant que les Grandes Noctules corses exploitent égale­ ment l'importante ressource alimentaire

ralement en deux phases, en début et en fin de nuit. Très souvent plusieurs animaux chassaient dans la même zone. Les repos se faisaient systématiquement par retour au gîte, sans que les 1 200 m de dénivelé ne se présentent comme un obstacle. Des observations corroborées par une récente étude menée sur une population de Grande Noctule située dans le Sud de l'Espagne qui parcourt chaque soir plus de 80 km pour rejoindre marais et zones humides littorales pour y trouver pitance. Là aussi, la Grande Noctule n'a pas fini de nous surprendre ; la plus rare, la plus grande mais également la plus « carnivore » de nos chauves-souris européennes, brille en effet par l'originalité de son régime alimentaire. De récents travaux menés en 2000 et 2001 par une équipe italo-ibérique ont permis de mettre en évidence une consommation non négligeable par la Grande Noctule d'oiseaux de petite taille,

disponible durant les flux migratoires des passereaux, comme cela a été mis en évidence en Espagne. Cet assemblage complexe des pièces d'un puzzle laisse peu à peu entrevoir quel­ ques éléments fondamentaux d'écologie propres à l'une des espèces de chauvessouris les plus mal connues en France, mais

Capable de parcourir de grandes distances rapidement, la Grande Noctule a tout de même dévoilé quelques-uns de ses territoires de chasse* tels que ces vestiges de forêt après incendie.

suscite également de nombreuses interro­ gations restées en suspens à ce jour... Pourquoi, par exemple, ne rencon­ trons-nous en Corse que des individus mâles de cette espèce ? Cet isolement masculin n'est-il qu’apparent, comme le lais­ sent penser les prédispositions sexuelles de certains individus à certaines périodes de l’année ainsi que les nombreuses places de chant animées certains soirs d'automne ? Les mâles de Grande Noctule, séden­ taires sur le plateau forestierde Rospa-Sorba, attendraient-ils le passage hypothétique de quelques femelles en migration automnale (jamais contactées en Corse à ce jour) ?

Aucune femelle de Grande Noctule n'a, à ce jour, été découverte en Corse, les mâles entrent tout de même en rut dès le mois d'août.

En Corse, les principales menaces pesant sur la Grande Noctule concernent la disponibilité en arbres-gîtes. Le maintien d'arbres à cavités, répondant aux exigences de l'espèce et en densité suffisante, devrait garantir la conservation des quelques rares populations de cette espèce sur l’île. À ce jour, l’ensemble des arbres-gîtes

répertoriés en Corse est identifié sur le terrain par un marquage caractéristique permettant leur prise en compte effective par les forestiers en charge de la gestion et de l'aménagement des forêts insulaires.

Les cavités arboricoles* utilisées par la Grande Noctule sont essentiellement d'anciens trous de pic (au sein desquels on peut voir le guano* s'accumuler).

Volume relatifmoyen des différentes proies consommées par la Grande Noctule dans la forêt de Rospa Sorba. La part relativement importante d'Hyménoptères est formée exclusivement de fourmis ailées.

Les arbres-gîtes sont recensés et marqués.

Vitalité de 49 arbres-gîtes fréquentés par la Grande Noctule en Corse.

17 juillet 1998, 29e nuit d'inven­ taire forestier. Une équipe du Groupe Chiroptères Corse a installé ses filets sur le plateau de Caralba, au cœur de la forêt de Rospa Sorba. Les premières captures viennent de débuter et déjà deux espèces sont recensées : la Noctule de Leisler et l'Oreillard gris. La nuit, fraîche et humide, s’annonce calme et paisible ; les relèves se succèdent, inlassablement, et pourtant celle qui se prépare sera différente, unique... une chauve-souris s’agite entre les mailles du filet. Michel se précipite pour l'en sortir... surprise ! L'animal présente une taille impressionnante, du jamais vu en Corse... déjà les commentaires vont bon train, les

avis fusent... délicatement l'animal est extirpé de son piège et malgré une mâchoire impressionnante, le chiroptérologue reste calme, la chauve-souris placide. C'est un mâle... le corps de l’animal occupe toute la main, 15 cm...! La captive est passée en revue : un poids de 60 g, un avant-bras d'une longueur de 65 mm, un pelage roux et soyeux, une pilosité marquée sous les ailes et cette face canine caractéristique... pas de doute... c'est la Grande Noctule, Nyctalus lasiopterus, la plus grande et la plus rare des chauves-souris d’Europe...! Respect...

La citation par Kahmann, en janvier 1956, d'une petite colonie d’hibernation d'une autre espèce du genre, la Noctule commune (Nyctalus noctula), localisée dans un chêne-liège près d'Ajaccio, est indiscu­ table (les mesures biométriques effectuées à l’époque le confirment) mais pose le mystère de cette espèce qui n’a jamais été re-contactée depuis sur l’île...

La Noctule commune ressemble à s'y méprendre à la Grande Noctule, elle s’abrite également dans des cavités d'arbre.

La Pipistrelle commune (Pipistrellus pipistrellus) Le Pipistrelle pygmée (P. pygmaeus) Le Pipistrelle de Kuhl (P. kuhli)

Répartition de la Pipistrelle commune dans le monde.

Répartition de la Pipistrelle pygmée dans le monde.

Répartition de la Pipistrelle de Kuhl dans le monde.

Répartition de la Pipistrelle de Nathusius dans le monde.

Répartition des gîtes et territoires de chasse* pour la Pipistrelle commune et la Pipistrelle pygmée en Corse.

Répartition des gîtes et territoires de chasse* de la Pipistrelle de Kuhl en Corse.

LA PIPISTRELLE

CONNAISSANCE DE L'ESPÈCE PIPISTRELLUS PIPISTRELLUS EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

125 Reproduction : 22 Hiver : 3

Connus : Été: ~ 3000 Hiver :70 Estimés : X00 000

381 Présence : 64 % Abondance : 3,2

Petite n = 955 Avant-bras : 27,1 - 35,1 mm Poids : 3 - 9,5 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. : 1/5 Fr. : 1/5 Corse: 1/5 Peu préoccupant

5/5 courant

0/5

1/5

Portrait d'une Pipistrelle pygmée.

« Commune » ; en voilà une qui n'a vrai­ ment pas usurpé son qualificatif, que ce soit en Corse ou sur le continent. Même le plus naturophobe des citadins, qui n'a jamais vu un animal sauvage, a aperçu cet OVNI virevol­

des écorces décollées. Parfois, elle accepte de petits volumes, dans des hourdis*, des parpaings, et même derrière des tableaux d’église. Et comme de plus, elle est assez tolérante aux bruits (de nombreuses cours

tant dans le halo des réverbères. « Comme quoi la nature n'est pas en danger, M'sieur, et c’est protégé ces machins-là ? N'importe quoi ! » La Pipistrelle est la plus petite des chauves-souris européennes, à peine 5 g, on pourrait en mettre deux dans une petite boîte d'allumettes. Les parties dénudées, oreilles, museau, ailes, sont bien noires et contrastent nettement avec la fourrure brune, voire rousse. Il peut arriver de douter de la détermination d’un « machin » coincé entre deux pierres, à 5 m de hauteur : limace ou Pipistrelle ? C’est une espèce qui aime les espaces étroits et se sentir en contact dorso-ventral. N’importe quel vide de l’épaisseur d'un crayon la ravit. Elle n'est pas du genre chipo­ teuse : ainsi on peut la trouver dans des joints de pont, de dilatation, des fissures dans les murs en pierres, sous des tuiles, des linteaux de fenêtre, derrière des volets, des disjointements mur/poutre, des décollements de crépi, derrière des plaques de rue, sous

d'école l'attestent, comme à Saint Florent), vous pouvez compléter la liste de tous les endroits où elle peut se nicher, que ce soit dans votre maison ou en pleine nature. Elle est en outre très grégaire* et la promiscuité lui plaît. En général, les effectifs des colonies de parturition sont de quelques dizaines, parfois quelques centaines. Le maximum constaté en Corse est de l’ordre de 200 dans un joint de dilatation d’une cave viti­ cole abandonnée à Ghisonaccia. Souvent plusieurs joints sont occupés, comme au barrage de Tolla où le total des individus est de l'ordre de 500. Paradoxalement, assez peu de gîtes sont connus, une centaine seulement. Car bien sûr, si le gîte est exigu, ses occupants sont souvent inaccessibles et si c'est la présence probable de Pipistrelles qui est diagnostiquée, il n’y a pas lieu de s'éter­ niser... d'autres merveilles attendent. Et bien souvent il s'agit encore de Pipistrelles ! L'inventaire des espèces anthropophiles* doit beaucoup au service « SOS chauves-souris »,

Les Pipistrelles s'installent dans toutes sortes de jointements comme ceux offerts par les ponts ou certaines buses d'aqueducs.

jeunes. Mais rien de rédhibitoire, la coha­ bitation reste généralement possible, sauf cas rares au-dessus des chambres. Au mois d’août, ça se calme. Bien sûr, il arrive que les jeunes (jeunes dans leurs têtes, parce que, physiquement, ils ont atteint leur taille défi­

souterrains, jusqu'à 100 000 dans une grotte en Roumanie, un millier dans un tunnel à Paris intra muros et même dans le Sud de la France, une centaine dans une grotte du Gard. En Corse ce n’est pas le cas, bien qu’il lui arrive de fréquenter les grottes lors de ses pérégrinations nocturnes. La découverte de plusieurs dizaines de Pipistrelles, soli­ taires, en léthargie tout l'hiver, dans les joints d’aqueducs récents construits en éléments modulaires, dans la vallée du Tavignano ou sous la quatre voies de Bastia, répond à ces interrogations : des joints, des fissures, comme toujours, mais avec une température tamponnée (entre 6 et 11° avec une variation quotidienne d'environ 2°). Quelques obser­ vations hivernales en joints de linteau vont

nitive), découvrent le monde et plus parti­ culièrement votre salle à manger lors d'un vol de reconnaissance, mais c'est transitoire. Bon, c’est en plein pendant les vacances... Par la suite, la gente Pipistrelle devient beaucoup plus discrète et ce n'est guère qu'à l'envol qu'ellestrahissent leur présence, certes à l'heure de l'apéro. En août, les colonies se disloquent et l’on passe aux choses sérieuses. Il est dit en littérature que les mâles sont soli­ taires et qu'ils constituent des harems d’une dizaine de femelles. Ce comportement n’a pas été observé en Corse. Par contre, des mâles présentent déjà les signes d'une sper­ matogenèse en cours dès mi juillet, alors que les nouveau-nés sont au biberon, et en août leur état physiologique ne laisse aucun doute sur leur préoccupation. Jusqu'il y a peu, ce que devenaient les Pipistrelles corses en hiver restait du domaine de l'inconnu. Dans la littérature, il est dit qu'elles se réfugient parfois en milieux

dans le même sens. La quasi-totalité des gîtes connus, en toutes saisons, dépend des constructions humaines, mais il ne faut pas douter de l'équivalence en milieux naturels. Pour preuve, l'omniprésence de la Pipistrelle commune sur territoire de chasse* : c'est l'espèce la plus souvent contactée lors des prospections, depuis les étangs littoraux jusqu'aux lacs et cols de montagne (col des Maures, 2 150 m). Dans les milieux les plus inhospitaliers, comme dans les environs de Bonifacio, s’il y en a une, c'est elle. Ce n'est pas une grande voyageuse, la distance entre son gîte et ses sites de nourrissage est donnée pour quelques kilomètres. Elle serait routinière, répétant inlassablement le même parcours, ce qu’on peut effecti­ vement constater lorsqu'on la voit tricoter entre les lampadaires, puis refaisant la même opération sur un autre site. C'est que pour avaler 3 000 moustiques dans la nuit, il ne faut pas chômer. Ce n’est pas son genre. Elle

LA PIPISTRELLE

car quelle meilleure méthode de prospection que d'attendre les appels téléphoniques des hôtes de nos petites chipies ? Effectivement, en juin-juillet les nurseries ne passent pas inaperçues tant par leurs émissions sonores que par leurs émissions... de crottes dont elles se délestent avant de rentrer dans le gîte, et qui crépissent les murs, c'est que ça a de l'hygiène ces petites bêtes. Les mises bas débutent fin juin et en juillet c’est le top de l'agitation, vous pensez bien avec tous ces

possède de plus un caractère de roquet et n’a peur de rien : lorsqu'il arrive de la mani­ puler pour détermination, ses protestations et ses coups de quenottes font apprécier sa petite taille. En automne, elle réserve ses petits secrets pour les enfants. En effet, elle émet des cris sociaux (coups de klaxon, déclaration d'amour, insultes ?) à destination de ses congénères sur une fréquence à la limite de l'audibilité, si bien que les adultes, comme dans d'autres domaines, ne se rendent compte de rien. Mais peut être la verront-ils en plein jour, ça lui arrive, prise de fringale, se laisser aller à une démonstration de vol acrobatique. La Pipistrelle commune s'est découvert

dernièrement une jumelle. C'est tout récem­ ment, en 2000, que des Anglais se sont rendu compte qu'elle ne rentrait pas toujours dans la petite case qu'on lui avait attribuée. Des

différences acoustiques et morphologiques, confirmées par la génétique, justifient l’exis­ tence d'une deuxième espèce, la Pipistrelle pygmée (Pipistrellus pygmaeus). Sa présence est attestée en Corse mais n’a pas été spécialement étudiée dans ses différences écologiques et comportementales. Il n’est pas nécessaire d'être rare pour être protégé, il suffit d'être utile. Enfin, utile à l'homme, parce que dans un écosystème équilibré, même les pas beaux et pas gentils sont utiles. Bref, la Pipistrelle est une espèce protégée même si elle fut dans un premier temps oubliée, dans la première loi sur la protection de la nature en 1976. Si vous lisez

ces lignes et que vous hébergez des chauvessouris, il y a de fortes probabilités qu'il s’agisse de notre petite teigneuse : pensez aux 3 000 insectes dont elle vous débarrasse toutes les nuits !

Les territoires de chasse* des Pipistrelles sont très variés, ces espèces opportunistes profitent volontiers des concentrations d'insectes sous les lampadaires.

CONNAISSANCE DE L'ESPÈCE PIPISTRELLES KUHLI EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

11 Reproduction : 3 Hiver : 0

Connus : Été : ~ 100 Hiver : 0 Estimés : X0 000

83 Présence : 12 % Abondance : 1,8

Petite n = 151 Avant-bras : 30,3 - 35,7 mm Poids : 4 - 9 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. : 1/5 Fr. : 1/5 Corse: 1/5 Peu préoccupant

3/5 peu courant

0/5

1/5

LA PIPISTRELLE

La différenciation des trois espèces de Pipistrelles présentes en Corse n'est pas toujours aisée : comparaison d'une Pipistrelle commune (à droite) et d'une Pipistrelle de Kuhl de la région Centre.

Une autre espèce, la Pipistrelle de Kuhl est présente en Corse. Légèrement plus grosse que la Pipistrelle commune, elle se distingue surtout par un liseré blanc sur le bord de fuite de l’aile. Franchement méri­ dionale, sa répartition française concerne surtout la moitié sud du pays où il arrive qu'elle soit plus abondante que la commune. Ici, elle est nettement moins courante, dix fois moins. Sa répartition altitudinale semble limitée : les trois quarts des observations ont été faites en dessous de 300 m, même si elle a été anecdotiquement capturée à 1 400 m à Asco ou à 1 200 m en forêt de Rospa Sorba ou de Saint-Antoine. L'animal de cette dernière observation, une femelle allaitante, a été équipé d’un émetteur et retrouvé 20 km en aval à une altitude de 550 m, plus en accord avec nos connaissances. Elle apparaît

plus spécifiquement anthropophile* comme le confirment plusieurs cas de cadavres récoltés en milieu urbain, ou la découverte d’individus de cette espèce dans les briques creuses d’une maison en construction près d'Omessa. On la trouve dans le même type de gîtes que la Pipistrelle commune, quelles partagent d'ailleurs parfois. Une autre espèce du genre a également été observée une seule et unique fois en Corse, la Pipistrelle de Nathusius, dans les années cinquante à Borgo. Cette citation est extraordinaire car elle autorise l'hypo­ thèse du passage depuis le continent. Cette espèce d’Europe centrale est l’une des rares à être qualifiée de migratrice, elle est connue pour ses déplacements automnaux, pouvant atteindre 2 000 km, vers le sud-ouest de l’Europe, notamment le Midi de la France. Cette dernière aurait été recontactée dernièrement au détecteur d'ultrasons.

Type de gîte en jointement dont profitent les Pipistrelles.

Le Vespère de Savi (Hypsugo savii)

Répartition du Vespère de Savi dans le monde.

Le Vespère de Savi est peut-être la plus mignonne des chauves-souris de la région avec sa robe dorée sur la face dorsale, argentée sur le ventre contrastant avec une peau bien noire. C'est une petite espèce caractérisée par une variabilité atypique de

taille, son poids variant du simple à plus du double, et changeant également de couleur de poils. Elle a longtemps été classée parmi les Pipistrelles, d’où l'appellation Pipistrelle de Savi qui perdure encore, à tort, et ce n’est que depuis une vingtaine d’années

qu’elle est nettement différenciée de ce genre. Très courante en Corse, elle vient juste après la Pipistrelle commune en nombre de contacts. Sa présence sur l’île n'a bizarrement été confirmée que tardive­ ment, dans les années quatre-vingt. C'est la plus ubiquiste des chauvessouris de l’île : on la contacte aussi bien sur le littoral que sur des cols à plus de 2 000 m, dans les villages comme en forêt. En montagne, c'est même la plus courante, ce qui peut sembler paradoxal, l'espèce étant à tendance méridionale. Plus de 1500 animaux capturés mettent en évidence une ségrégation sexuelle selon l'altitude, les femelles étant majoritaires aux basses altitudes et le ratio s'inversant à partir de 1 000 m. Cette tendance se retrouve chez toutes les espèces fréquentant la montagne et peut être interprétée aussi bien comme une réponse à une compétition alimentaire

intraspécifique qu’au caractère « naturelle­ ment » plus aventurier des mâles. Le Vespère réserve d'autres surprises. En effet, c’est un spécialiste de la simulation

LE VESPÈRE DE SAVI

Répartition des gîtes et territoires de chasse* du Vespère de Savi en Corse.

CONNAISSANCE DE L'ESPÈCE HYPSUGO SAVII EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

15 Reproduction : 5 Hiver : 1

Connus : Été : ~ 140 Hiver : ~ 0 Estimés : X00 000

263 Présence : 44 % Abondance : 4,1

Petite n = 872 Avant-bras : 29,5 - 38,9 mm Poids : 3,6 - 12,5 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur : 1/5 Fr. : 1/5 Corse: 1/5 Peu préoccupant

5/5 courant

0/5

1/5

Le Vespère de Savi est une espèce très courante lors des inventaires, mais pour laquelle on connaît très peu de gîtes.

Sa capacité à se faufiler dans les fissures de rocher la dote d'un choix illimité dans les multiples milieux rupestres* qu'offre la Corse.

LE VESPÈRE DE SAVI

de la mort subite. Ça fait drôle quand on n'est pas averti, cette petite boule de poils figée au creux de la main, mais c'est pour de rire. Elle rejoue également volontiers « le grand cirque » quand des escadrilles de dizaines de Savi viennent se prendre dans les filets, surtout sur des cols de montagne. Pour le gîte, c'est une espèce de contact qui aime bien sentir les parois de ses refuges. Les observations concernent quasi exclusivement des animaux derrière des volets, jamais très nombreux, quelques dizaines au maximum. Mais l'espèce est de réputation rupicole*, amatrice de fissure en falaises inaccessibles, la crise du logement n'est donc pas d’actualité. Le Vespère de Savi quitte son gîte au crépuscule encore clair, mais la gourmandise est un vilain défaut et il s'expose alors à être lui-même le plat de résistance d'un faucon pèlerin comme cela a été plusieurs fois observé.

Distribution altitudinale des individus de Vespères de Savi en fonction du sexe (période du 15 juin au 15 août, adultes uniquement).

La Barbastelle (Barbastella barbastellus)

Répartition de la Barbastelle d'Europe dans le monde.

Discrète, mystérieuse, singulière, la Barbastelle est une espèce bien à part dans le petit univers des chauves-souris. Tout d'abord, sa morphologie unique : prenez une chauve-souris de taille moyenne ; couvrez son corps d'un pelage noirâtre,

légèrement argenté sur le dos ; agrémentez le tout d’une face ornée d'un museau trapu et d’une bouche étroite, flanquée de deux oreilles jointives, plus larges que hautes... vous voilà face à une Barbastelle !

À nul autre pareil, l’animal est ainsi très

reconnaissable, mais sa discrétion rend vos chances de l'observer assez faibles. En effet, l'espèce, peu sensible au froid, ne se rencontrera dans les cavités souterraines qu'à la faveur des hivers les plus rigoureux l'obligeant à s'y abriter : l’été, arbres creux, écorces décollées, quelques poutres et linteaux de bâtis seront préférés. En Corse, les observations de la Barbastelle au gîte sont rares (moins de quinze loca­ lisations), éphémères et intéressent le plus souvent des individus solitaires. Un seul gîte pérenne correspondant à une écorce décollée d'un vieux pin laricio était connu ; il rassemblait jusqu'à dix individus. Très sensibles au dérange­ ment, les animaux ont été observés à deux reprises... avant la chute naturelle de l'écorce et la disparition du gîte. Sur ses sites de chasse ou de transit, la Barbastelle se fait moins rare (10 % des biotopes* prospectés). Présente du littoral à la montagne (jusqu'à 1 550 m d'altitude),

Gîtes et territoires de chasse* de la Barbastelle

LA BARBASTELLE

d'Europe en Corse.

CONNAISSANCE DE L’ESPÈCE BARBASTELLA BARBASTELLUS EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

15 Reproduction : 0 Hiver : 9

Connus : Été : 15 Hiver : 11 Estimés : X 000

60 Présence : 11 % Abondance : 1,6

Moyenne n = 60 Avant-bras : 36,5 - 41,4 mm Poids : 6 - 11,5 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. :3/5 Fr. : 1/5 Corse : 3/5 Vulnérable

2/5 rare

0/5

1/5

La Barbastelle est une espèce arboricole* qui s'installe volontiers dans du bâti en été et en cavité pendant l'hibernation. C'est sans doute pour cette raison que celle-ci est constellée de poussière de bois.

LA BARBASTELLE

Les gîtes arboricoles* de la Barbastelle peuvent être une simple écorce décollée.

c’est surtout dans les massifs forestiers d’al­ titude que l’animal est le plus régulièrement observé. Espèce forestière, sa reproduction sur l’île est confirmée par la capture de jeunes et de femelles allaitantes mais aucun gîte de mise bas n'a été inventorié à ce jour. La biologie de la Barbastelle demeure encore bien mal connue. Quelques travaux ayant trait à l’étude de son régime alimen­ taire ont permis néanmoins de rendre compte de la spécialisation très poussée de

l'animal pour la chasse aux petits lépidop­ tères tympanés* qu'il capture en vol grâce à un système d'écholocation* particulier et adapté pour déjouer le système auditif de ce type de proies extrêmement sensibles aux ultrasons. Les quelques suivis télémétriques réalisés en Corse sur cette espèce ont montré ses capacités à réaliser de grands déplacements entre ses gîtes et ses sites de chasse, distants de plus de 22 km parfois (forêt de Palneca).

L'Oreillard gris (Plecotus austriacus) L'Oreillard montagnard (P. macrobullaris)

Répartition de l’Oreillard gris dans le monde.

Répartition de l'Oreillard montagnard dans le monde.

Été 2001, la saison des études bat son plein, inventaires, suivis, animations... rien n’est oublié, même pas les rumeurs... L’une d'elles circule du côté des Hautes-Alpes dans le Parc naturel régional du Queyras : « une nouvelle espèce de chauves-souris vient d’être découverte...! », un oreillard plus exactement... mais pas n'importe lequel ! Un oreillard montagnard, son nom Plecotus macrobullaris ou Oreillard alpin. Comme il est en tous points semblable à ses deux autres congénères européens, Plecotus austriacus et Plecotus auritus (ce dernier n'étant pas présent en Corse), la détermination sur le terrain de cette

nouvelle espèce est délicate : une tâche sur le menton, une pilosité des pieds plus importante, la forme particulière du pénis, quelques protubérances marquées sur le museau ... rien de plus ! En Corse, certaines habitudes avaient été prises avec un unique oreillard, l'Oreillard gris, Plecotus austriacus, fidèle compagnon de nos séances nocturnes en montagne (jusqu'à 2 150 m d’altitude au col

Répartition des gîtes et territoires de chasse* des Oreillards en Corse.

L’OREILLARD

CONNAISSANCE DE L'ESPÈCE PLECOTUS AUSTRIACUS EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

80 Reproduction : 4 Hiver : 12

Connus : Été: ~ 200 Hiver : 0 Estimés : X0 000

113 Présence : 19 % Abondance : 2,6

Moyenne n = 395 Avant-bras : 36,8 - 45 mm Poids : 5,6 13g -

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur. : 1/5 Fr. : 1/5 Corse: 1/5 Peu préoccupant

3/5 peu courant

0/5

1/5

Il est difficile de différencier l'Oreillard gris (à droite) de l'Oreillard alpin (à gauche).

des Maures ou au col Perdu), là où le vent et le froid suspendent tout espoir de captures, mais également dans quelques belles grottes marines comme à Scandola... une telle amplitude altitudinale pour une seule et même espèce aurait pu surprendre... Le doute s’installe, attisé par une seconde découverte l'année suivante ; cette fois un Oreillard sarde vient d'être identifié chez nos voisins... sardes...! Rien ne va plus,

européens nouvellement établis... la série continue ? Histoire à suivre... Aujourd'hui, la discrimination des données passées acquises sur les deux (ou trois ?) Oreillards insulaires est impossible. Par défaut, l'ensemble des observations effectuées à ce jour est considéré comme appartenant au genre « Plecotus » ou « Oreillard » sans distinction d’espèce, bien qu'il soit probable que l’écologie et le statut

qu’en est-il en Corse ? Accompagnée par un généticien alle­ mand Andréas Kiefer. un des spécialistes du Genre, l’équipe du Groupe Chiroptères Corse improvise alors une campagne d’in­ ventaire expressément diligentée en 2004 sur les massifs forestiers d'altitude de l'île,

de ces deux espèces soient différents. L'Oreillard est plutôt discret en Corse. Les observations en gîte sont rares (80 observations) et majoritairement le fait d'animaux solitaires. Un joint dans une voûte, un trou dans un hourdis*. une cavité dans un arbre, une fissure en falaise, une cavité souterraine sont autant de gîtes où l'espèce peut se rencontrer en Corse. Cependant, seule une dizaine de colonies est réperto­ riée à ce jour (pour la plupart anthropiques* et trois cavités d’arbres) dont quatre pour lesquelles la reproduction est confirmée. Le plus haut d'entre eux correspondant à une cavité de pin laricio dans la forêt de Rospa Sorba située à 1 350 m d'altitude et abritant 14 femelles en reproduction. Le total des animaux observés en gîte est faible : environ 200 individus comptabilisés sur toute l'île. Sur les sites de chasse ou de transit, l'Oreillard est également peu courant et les captures souvent singulières.

là où l’Oreillard est le plus fréquemment observé (50 % des observations de l'espèce ont été faites à plus de 1 000 m d'alti­ tude). Les Oreillards d'Ascu, de Bavedda, de l'Uspedali seront les cibles principales. Le diagnostic ne se fait pas attendre : les oreillards de Corse appartiennent à deux espèces distinctes, l'Oreillard alpin, Plecotus macrobullaris et l'Oreillard gris, Plecotus austriacus. Les analyses génétiques le confir­ meront plus tard, mais aujourd’hui l'histoire ne semble pas s'arrêter là... La situation semble plus complexe : la biométrie* mais également l’écologie de nos Oreillards ne correspondent pas ou peu aux critères

Les ultrasons des Oreillards n'ont pas une portée importante, ces espèces privilégient l’écoute des proies qui se déplacent.

ne se sont pas intéressés aux gîtes arbori­ coles* disponibles à proximité des zones de nourrissage à la différence des Oreillards gris ; l’un d'entre eux a préféré par exemple rejoindre une fissure en falaise située à 9 km de sa zone de chasse.

L'OREILLARD

En 2006, une campagne de suivi télémé­ trique, menée sur quatre individus femelles d'Oreillard alpin et trois individus femelles d'Oreillard gris en forêts territoriales de Rospa Sorba et de Valdu Niellu, a permis de localiser cinq gîtes (respectivement un et quatre). Fait surprenant, les Oreillards alpins

La Corse ne recèle pas de chauve-souris endémique*, à moins que ce spécimen ne soit le pendant de l'Oreillard sarde ?

C'est sans doute dans le choix des gîtes que les deux espèces se distinguent le plus : gîte arboricole* ou bâti pour l'Oreillard gris, comme l'église d'Omessa qui abritait une colonie de reproduction dans le clocher, et fissures de rochers pour un Oreillard alpin qui a été suivi par télémétrie.

Le Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersi)

Répartition du Minioptère de Schreibers dans le monde.

N'espérez pas voir le Minioptère dans votre grenier ou dans un joint de votre cave ! Désolé, mais cette espèce est la plus strictement cavernicole* des chauvessouris européennes. De taille moyenne, disons deux fois plus lourde que les plus

petites, elle est caractérisée par ses oreilles courtes et son front bombé qui lui valent le surnom d’ « intello ». On note également une très faible variation inter-individus dans la taille de l'avant-bras (à peine plus de 3 mm) comparativement aux autres

espèces de chauves-souris. Le Minioptère cumule les particularités. Les plus gros rassemblements de chauves-souris en Europe sont de son fait : jusqu'à 70 000 dans la région de Montpellier il y a encore quelques années. En Corse également, mais à une autre échelle, avec parfois 4 000 individus à Caporalino. Et même pour la reproduction c'est une originale : elle est la seule à pratiquer l'ovoimplantation différée (n'entrons pas dans les détails, dans notre pays entre adultes responsables, on fait ce qu’on veut). Son grégarisme est également exceptionnel, en toutes saisons, et quand on en voit une, on est à peu près sûr d’en apercevoir 10, 100, 1000.

LE MINIOPTÈRE DE SCHREIBERS

C'est au printemps, février-mai, et en automne, septembre-décembre, que le Minioptère est le plus dispersé : on lui connaît une trentaine de gîtes de transit* avec des effectifs de quelques dizaines

Répartition des gîtes et territoires de chasse* du Minioptère de Schreibers en Corse. En rouge, les colonies de reproduction ou d'hibernation majeures.

CONNAISSANCE DE L'ESPÈCE MINIOPTERUS SCHREIBERSI EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

43 Connus : 45 Reproduction : 4 Été : ~ 5 000 Présence : 7 % Hiver : 21 dont 3 majeurs Hiver: ~5 000 Abondance : 2,2 Estimés : X0 000

Moyenne n = 120 Avant-bras : 43,2 - 46,4 mm Poids : 10 - 18 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur : 2/5 Fr. : 3/5 Corse: 4/5 En danger

2/5 rare

3/5

2/5

Avec ses ailes longues et étroites, le Minioptère est une espèce au vol rapide.

à plusieurs centaines dans des cavités

cette période, les essaims sont monospé­

plutôt chaudes, souvent en compagnie de Rhinolophes euryales et de Murins de Capaccini, aux quatre coins de la Corse, de Sisco à Bonifacio et de Cargèse à Conca. Tardivement, ils se regroupent dans les cavités d'hibernation par milliers, pour une période de stricte léthargie assez courte, de décembre à février. Ils forment des essaims très caractéristiques d'animaux imbriqués presque régulièrement sur des surfaces dépassant parfois 1 m², qui ne peuvent être confondus, en Corse, avec aucune autre espèce. Les trois colonies d’hibernation

cifiques, du moins visuellement. Les cavités choisies sont très humides et plutôt froides, avec des températures variant de 6 à 10°C, alors que la température moyenne des grottes en Corse est de l'ordre de 14°C, et on peut se poser la question de la rareté, si ce n'est du déficit, des milieux favorables. En effet, sur ces trois gîtes, deux sont d'origine artificielle et relativement récents, Tolla datant d'après-guerre et l’Inzecca d’une vingtaine d'années. D’ailleurs, ce dernier site voit sa fréquentation augmenter, alors que dans le même temps, la colonie histo­ rique de Muracciole est de plus en plus irrégulièrement occupée. Ce qui confirme­ rait l'hypothèse de la préférence pour les températures froides puisque le gîte peu à peu délaissé est le plus tempéré. Ces cavités dites d’hibernation ne sont jamais totale­ ment désertées au cours de l'année. C’est encore une caractéristique de l'espèce, qui

actuellement connues dans l’île (Omessa, Tolla et Inzecca) cumulent environ 5 000 individus, mais les variations d’effectifs d’une année sur l'autre et pour chaque gîte nous laissent penser qu'il nous en manque au moins une. Le contrôle des effectifs s'ef­ fectue par comptage sur photo avec environ 2 000 individus au mètre carré. Pendant

Le Minioptère de Schreibers peut être rencontré seul au plafond d'une cavité, mais il formera le

plus souvent des essaims très denses.

LE MINIOPTÈRE DE SCHREIBERS

a valu à ces gîtes l’appellation de « cavité mère » par le passé. Pour la belle saison, on déménage encore, toujours en milieux souterrains, chauds cette fois (de 14 à 20°C). D’avril à fin août, ce sont de 500 à 1000 individus qui se regroupent en essaim compact, mélangés aux autres espèces troglophiles dans ces cavités nurseries, dont trois sont

Sagone, Moltifao et Castiglione, cavités distantes d'environ 50 km. Sur le continent, des distances atteignant les 500 km ont été constatées entre la France et l'Espagne. De toutes nouvelles observations exception­ nelles aux Baléares rendent un phantasme presque tangible. En effet, il a enfin été prouvé des déplacements entre les îles Majorque et Minorque, soit plus de 40 km

connues en Corse : Castifao, Sagone, Oletta. Les mises bas ont été constatées dans la dernière décade de juin. Que ce soit en période de repro­ duction ou bien d'hivernage, les effectifs connus cumulés sont inférieurs à 10 000, chiffre a priori peu élevé pour l'espèce. En effet, les populations nationales dépassent les 100 000 individus en été et les 200 000 en hibernation !!! (Du moins avant l'épi­ zootie de 2002 qui a fait chuter les effectifs continentaux d’environ 60 %, mais qui n'a pas touché la Corse). Le Minioptère effectue des dépla­ cements importants entre ces différents types de gîtes, c’est d’ailleurs la seule espèce en Corse pour laquelle la chose soit prouvée. Parmi les 380 Minioptères bagués par Kahmann entre 1953 et 1955, trois reprises établirent des échanges entre

de mer, ce qui ouvre la porte à toutes les hypothèses d'échanges entre la Corse et la Sardaigne voire le continent. Ces résultats ont été obtenus par baguage, technique très peu utilisée en France, pour ne pas dire taboue. L'espèce est surtout présente dans la moitié nord de l’île, son aire de répartition recoupant naturellement celle des grottes et mines où elle est loin d’être courante : elle n'est notée que dans une quarantaine de cavités, avec un plafond altitudinal de 550 m au maximum. Certaines de ces cavités voient leur statut évoluer, comme déjà dit pour Muracciole et l'Inzecca. Il en va de même pour la grotte de Castiglione connue par le passé comme étant régulière­ ment utilisée en transit, ce dont témoignent des tas de guano* fossiles et des traces au plafond, mais aujourd'hui désertée. Les

Sans former forcément des essaims importants,

les Minioptères s'entassent très souvent.

causes de ces changements nous sont tota­ lement inconnues, mais il ne semble pas que cela soit dû aux dérangements. Pour une espèce totalement dépendante du milieu souterrain et dont le potentiel en gîtes est par nature quasi figé, tous les gîtes connus devraient bénéficier de mesures de protec­ tion. Si c’est presque le cas pour les cavités d'hibernation et de reproduction, cela reste à parfaire pour celles de transit. Les gîtes à Minioptère sont difficiles à protéger physi­ quement sur le terrain. En effet, dans les cas nécessitant une grille, l'espèce exige un espacement entre les barreaux... qui permet à un homme de passer. Les solutions alter­ natives consistent en un périmètre grillagé ou à une grille d'enceinte, comme à Lozari ou Castifau, ou dans certains cas dans l’ennoyage partiel des accès (Muracciole, Olmeta di Tuda). La morphologie du Minioptère, avec ses ailes étroites, lui a valu trop rapidement la réputation d’un chasseur aérien, volant toujours au-dessus de la végétation. C'est aussi et surtout un chasseur de lisières là où la forêt est présente. Dans l'île, il a été rencontré aussi bien sur les étangs littoraux de la plaine orientale, que sur des crêtes à plus de 1 500 m, mais aussi en milieux

forestiers. Des suivis par radiopistage sur le continent ont montré des distances de plus de 40 km à une vitesse atteignant les 60 km/h pour rejoindre ses terrains de chasse, et une activité nocturne continue. En 2009, un individu mâle, localisé par suivi télémétrique, chassait non loin du col de Verde soit à plus de 22 km de son gîte situé à Tolla. Ces études ont également révélé que l'espèce était volontiers urbaine et qu'elle pouvait exploiter les concentrations d’insectes attirés par les éclairages publics, mais cela passait inaperçu du fait qu'elle chasse au-dessus du halo. Son régime alimentaire est spécialisé dans les papillons

de nuit.

La grotte d'OIetta accueille l'une des rares colonies de mise bas du Minioptère de Schreibers.

LE MOLOSSE DE CESTONI

Le Molosse de Cestoni (Tadarida teniotis)

150

Répartition du Molosse de Cestoni dans le monde.

Voilà une fort belle bête. Elle a longtemps été tenue pour la plus grosse, avec un poids de presque 30 grammes. Impossible de la confondre avec une autre espèce européenne tant elle cumule de caractéristiques propres : ses larges oreilles

arrondies rabattues vers l'avant, ses babines évoquant les gros chiens d'où elle tire son nom, son pelage velouté, c’est également la seule chauve-souris d'Europe dont la queue est libre. Celle-ci est d'ailleurs bien visible lorsqu'on a l'occasion de l'observer derrière

un de ses gîtes favoris : les revers de volet. C'est aussi la seule espèce vraiment audible, avec la Grande Noctule, puisque l’on entend retentir ses « tsik » aigus et puissants au-dessus des villages, même au plus fort de l’hiver. En effet, elle fait figure d’exception là encore : de sa famille d'origine tropicale, elle ne semble pas avoir acquis la possibilité d'hiberner pendant une longue période et c'est sans doute pourquoi elle se cantonne à la région méditerranéenne où les hivers sont peu rigoureux. Elle poursuit ainsi la traque des noctuelles dont elle est réputée se nourrir, par des températures descendant jusqu'à 2°C, alors que ses consœurs sont depuis bien longtemps en léthargie. Avec ses ailes effilées, c’est une espèce de haut vol qui chasse dans des espaces dégagés et que l’on pourrait apparenter aux martinets, avec la même incapacité de décoller du sol. Si on peut la détecter à ses cris un peu partout en Corse, on la rencontre rarement en milieu forestier, et c’est à de rares occa­ sions que nous l'observons dans les filets lors des inventaires : quand elle vient boire, principalement aux embouchures de rivières Carte de répartition des gîtes et territoires de chasse* du Molosse de Cestoni en Corse. En violet, les données acoustiques.

CONNAISSANCE DE L'ESPÈCE TADARIDA TENIOTIS EN CORSE

Gîtes

Effectifs

Terrain de chasse

Taille

24 Reproduction : 2 Hiver : 5

Connus : Été : ~ 300 Hiver : ~ 30 Estimés : X0 000

34 Présence : 5 % Abondance : 1,2

Grosse n = 34 Avant-bras : 58 - 62 mm Poids : 21,5 - 38 g

Niveau de menaces

Rareté

Mesures de protection

Niveau des connaissances

Eur : 1/5 Fr. : 1/5 Corse: 1/5 Peu préoccupant

5/5 courant

1/5

1/5

Oreilles rondes, babines de chien, pelage gris taupe, le Molosse ne ressemble à aucune autre chauve-souris européenne.

LE MOLOSSE DE CESTONI

(marines de Giottani et Barcaggio dans le Cap Corse, estuaires du Fango, du Porto, du Stabiacciu, de l'Ortolo), ou à la faveur des courants aériens qui concentrent les insectes, et leurs prédateurs, à certains cols

Les revers de volets de la mairie de Viggianellu accueillent depuis au moins quinze ans une colonie de reproduction de Molosses de Cestoni.

Pied de Molosse. Détail.

de montagne (bocca Stranciacone : 1 980 m, col de Capronale 1 330 m, col de la forêt de Rospa Sorba 1 240 m...). Si elle ne coiffe pas les lauriers de la capture la plus haute (qui reviennent aux Oreillards), c'est uniquement parce qu'elle passait largement au-dessus des filets, nous narguant encore de ses « tsik » à bocca Biancu, 2 420 m, et ce, même les soirs de grand vent. Du martinet, elle copie également les habitudes de s'installer dans les hautes constructions humaines. A l'origine espèce typique des fissures de falaises, elle a su tirer profit des nombreuses alternatives qui s’offrent désormais : revers de volets, joints de ponts et, pour les plus urbaines, joints de dilatation des immeubles. Ce sont bien souvent les cris qu'elles émettent la

journée ou lorsqu’elles partent en chasse qui permettent de les localiser, mais aussi leur odeur musquée, car il reste très difficile de les observer, enfouies au plus profond de ces failles naturelles ou artificielles. Elles fréquentent assidûment les îlots et les falaises du littoral comme à Porto ou au large de Porto-Vecchio, (sa présence à Scandola, signalée dans les années quatre-vingt, est devenue une légende indéracinable sur « la plus grande chauve-souris d'Europe » bien qu'elle ait été détrônée depuis et qu'elle ne s'avère pas si rare que ça). Des grimpeurs pourront les entendre protester au site d’es­

sera bien plus facile de les observer derrière les volets des maisons, où elles peuvent s'ins­ taller de façon transitoire ou plus durable. Une petite colonie de Molosses a ainsi élu domicile derrière les volets de la mairie de Viggianellu où les élus prennent garde de ne pas déranger leurs hôtes, fidèles depuis 1989 (les volets ôtés pendant deux ans ont été réinvestis dès leur remise en place).

calade du Verghellu, ou jusque sur les parois du massif du San Petrone à 1 700 m. Mais il

Le Molosse de Cestoni a une morphologie particulière qui lui permet de rester accroché aux parois lisses qu'il affectionne comme les failles de rochers, les jointements de ponts ou les revers de volets.

« J'ai des chauves-souris derrière le placard de mon balcon », encore un appel « SOS chauves-souris » douteux ? L'interlocuteur paraît pourtant sain d’esprit et le déplacement dans cet immeuble au cœur d'Ajaccio permettra la découverte d'une importante colonie de Molosses dont quelques jeunes s'égarent dans les endroits les plus farfelus : un seau avec serpillière pour le plus téméraire. Au-delà de l’anec­ dote, c'est une véritable hécatombe qui avait lieu tous les étés pour cette colonie de plus de 150 adultes : lors de leurs premiers vols, les jeunes Molosses encore peu agiles

atterrissent sur les balcons entourant le joint de dilatation qui héberge la colonie et se retrouvent piégés par les surfaces lisses des murs qu’ils ne peuvent escalader pour repartir. Incapables de redécoller, ils errent sur les balcons jusqu’à mourir de faim. Cela rappelle la macabre découverte à Nice en juillet 2009 de ce qui fut peut-être la plus importante colonie de Molosses d'Europe, le millier d’individus s’étant pris au piège d’une banale gouttière mal refermée et dont quatre individus seulement ont pu être sauvés.

ANNEXES Présence

des

communes de

différentes

espèces

chauves-souris

de

dans

les

Corse (1989-2009)

Tableau de présence des différentes espèces de chauves-souris dans les communes de Corse (1989-2009). Légende : Rfe Rhinolophus ferrumequinum Grand Rhinolophe ; Rhi Rhinolophus hipposideros Petit Rhinolophe ; Reu Rhinolophus euryale Rhinolophe euryale ; Mpu Myotis punicus Mutin du Maghreb ; Mca Myotis capaccinii Murin de Capaccini, Mda Myotis daubentoni Murin de Daubenton ; Mem Myotis emarginatus Murin à oreilles échancrées ; Mmys Myotis mystacinus Murin à moustaches : Mna Myotis nattereri Murin de Natterer ; Mbe Myotis bechsteini Murin de Bechstein ; Ese Eptesicus serotinus Sérotine commune ; Nie Nyctalus leisleri Noctule de Leisler ; Ppi Pipistrellus pipistrellus Pipistrelle commune ; Pku Pipistrellus kuhli Pipistrelle de Kuhl ; Hsa Hypsugo savii Vespère de Savi ; Bba Barbastella barbastellus Barbastelle d'Europe ; Pas Plecotus austriacus Oreillard gris ; Msc Miniopterus schreibersi Minioptère de Schreibers ; Tte Tadarida teniotis Molosse de Cestoni ; Nia Nyctalus lasiopterus Grande Noctule

Afa Aghione Aiti Ajaccio Alando Alata Albertacce Albitreccia Aléria Algajola Altagène Altiani Alzi Ambiegna Ampriani Antisanti Appietto

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Rfe Arbellara Arbori Aregno Argiusta Moriccio Arro Asco X Aullène Avapessa X Azilone Ampaza Azzana Balogna Barbaggio Barrettali Bastelica Bastelicaccia Bastia X Belgodère X Belvédère Campomoro Bigorno X Biguglia Bilia Bisinchi Bocognano X Bonifacio Borgo X Brando Bustanico Cagnano Calacuccia Calcatoggio Calenzana X Calvi Cambia X Campana Campi Campile Campitello Campo Canale diVerde X Canari Canavaggia Cannelle Carbini Carbuccia Carcheto Brustico Cardo Torgia Cargèse X Cargiaca Carpineto Carticasi Casabianca Casaglione Casalabriva Casalta Casamaccioli X Casanova Casevecchie Castellare di Casinca Castellare di Mercurio Castello di X Rostino Castifao X Castiglione X Castineta X Castirla Cateri Cauro x Centuri Cervione X Chiatra Chisa Ciamannacce Coggia

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Cognocoli Monticchi Conca Corbara Corrano Corscia Corte Costa Coti Chiavari Cozzano Cristinacce Croce Crocicchia Cuttoli Corticchiato Eccica Suarella Erbajolo Érone Ersa Évisa Farinole Favalello Felce Feliceto Ficaja Figari Foce Focicchia Forciolo Fozzano Frasseto Furiani Galéria Gavignano Ghisonaccia Ghisoni Giocatojo Giuncaggio Giuncheto Granace Grossa Grosseto Prugna Guagno Guargualé Guitera les Bains Isolaccio di Fiumorbo La Porta Lama Lano Lavatoggio Lecci Lento Letia Levie L'Ile Rousse Linguizzetta Lopigna Loreto di Casinca Loreto di Tallano Lozzi Lucciana Lugo di Nazza Lumio Luri Manso Marignana Matra Mausoléo Mazzola Mela Meria Moca Croce Moïta Moltifao Monacia d'Aullène

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Monacia d'Orezza Moncale Monte Montegrosso Monticello Morosaglia Morsiglia Muracciole Murato Muro Murzo Nessa Nocario Noceta Nonza Novale Novella Ocana Occhiatana Ogliastro Olcani Oletta Olivese Olmeta di Capocorso Olmeta di Tuda Olmeto Olmi Cappella Olmiccia Olmo Omessa Ortale Ortiporio Orto Osani Ota Palasca Palneca Pancheraccia Parata Partinello Pastricciola Patrimonio Penta Acquatella Penta di Casinca Perelli Peri Pero Casevecchie Petreto Bicchisano Piana Pianello Piano Pianottoli Caldarello Piazzali Piazzole Piedicorte di Gaggio Piedicroce Piedigriggio Piedipartino Pie d'Orezza Pietracorbara Pietra di Verde Pietralba Pietraserena Pietricaggio Pietrosella Pietroso Piève Pigna Pila Canale Pino Piobetta Pioggiola Poggio di Nazza

Rfe Rhi Reu Mpu Mca Mda Mem Mmys Mna Mbe Ese Nie Ppi Pku Hsa Bba Pas Msc Tte Nia X X X X X

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Poggio di Venaco Poggio d'OIetta Poggiolo Poggio Marinaccio Poggio Mezzana Polveroso Popolasca Porri Porto Vecchio Prato di Giovellina Propriano Prunelli di Casacconi Prunelli di Fiumorbo Pruno Quasquara Quenza Quercitello Rapaggio Rapale Renno Rezza Riventosa Rogliano Rosazia Rospigliani Rusio Rutali Sainte Lucie de Tallano Saint Florent Salice Saliceto Sampolo San Damiano San Gavino d'Ampugnani San Gavino di Carbini San Gavino di Fiumorbo San Gavino di Tenda San Giovanni di Moriani San Giuliano San Lorenzo San Martino di Lota San Nicolao Santa Lucia di Mercurio Santa Lucia di Moriani Santa Maria di Lota Santa Maria Figaniella Santa Maria Poggio Santa Maria Siché Sant'Andréa di Bozio Sant'Andréa di Cotone Sant'Andréa d'Orcino Sant'Antonino Santa Reparata di Balagna Santa Reparata di Moriani Santo Pietro di Tenda Santo Pietro di Venaco Sari d'Orcino Sari Solenzara

Rfe Rhi Reu Mpu Mca Mda Mem Mmys Mna Mbe Ese Nie ppi Pku Hsa Bba Pas Msc Tte Nia X X X X X X X X X X

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Sarrola Carcopino Sartène Scata Scolca Sermano Serra di Ferro Serra di Fiumorbo Serra di Scopamène Serriera Silvareccio Sisco Soccia Solaro Sollacaro Sorbollano Sorbo Ocagnano Sorio Sotta Soveria Speloncato Stazzona Taglio Isolaccio Talasani Tallone Tarrano Tasso Tavaco Tavera Tolla Tomino Tox Tralonca Ucciani Urbalacone Urtaca Vallecalle Valle d'Alesani Valle di Campoloro Valle di Mezzana Valle di Rostino Valle d'Orezza Vallica Velone Orneto Venaco Ventiseri Venzolasca Verdèse Vero Vescovato Vezzani Vico Viggianello Vignale Villanova Ville di Paraso Ville di Pietrabugno Vivario Volpajola Zalana Zérubia Zévaco Zicavo Zigliara Zilia Zonza Zoza Zuani

Rfe Rhi Reu Mpu Mca Mda Mem Mmys Mna Mbe X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X X

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Ese Nie Ppi Pku Hsa Bba Pas Msc Tte Nia

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Les chauves-souris in lingua corsa Lors de son enquête sur les noms utilisés dans les différentes microrégions de Corse pour désigner les chauves-souris, Forsyth-Major liste pas moins de 107 désignations différentes, dérivées de 25 mots principaux. Nombreuses sont les communes qui ne se contentent pas d'un seul vocable contrairement au français qui généralise avec « la chauve-souris ». Les populations rurales avaient-elles donc

remarqué la diversité de tailles et de morphologies que présentent les différentes espèces de l’île ? On peut le supposer avec Arecchione qui désigne franchement les Oreillards, ou Saccu pinnutu qui évoque le Petit Rhinolophe suspendu comme un petit sac au plafond des caves et des greniers. Le terme le plus usité sur l’île est topu pinnutu ou rat ailé.

Extraits - du Fucone n°l de 1926 - de Courtois J.-Y, Faggio G. et Salotti M., 1992. Chiroptères de Corse. Actualisation des cartes

de répartition et révision du statut des espèces troglophiles

- du Dictionnaire corse-français, 1998. Ed. DCL.

160

Nom

variante

Microrégion

Acellu

Acellu pinnutu

Bastia

Oletta

Acellu topu Acellu topu Acellu topu

Bastia Corte Calvi

Sant'Andrea di Cotone Corte, Lozzi,Tralonca, Vezzani Calvi, Lumio

Acellu tupina Acellu tupinu Acellu tupinu Acellu tupinu

Corte Ajaccio Bastia Corte

Acellu tupignulu Acellu tupignulu

Bastia Calvi

Altiani, Erbajolo, Santa Lucia di Mercurio,Tralonca Ampaza, Cuttoli Corticchiato, Focichia, Grosseto-Prugna, Zevaco Oletta Alando, Altiani, Alzi, Antisanti, Castirla, Erbajolo, Francardo, Giuncaggio, Lugo-di-Nazza, Matra, Moïta, Pancheraccia, Pianello, Piedigriggio, Pietraserena, Poggio-di-Nazza, Popolasca. Prato-di-Giovellina, Prunelli-di-Fium'orbo, Sermano, Tallone,Tralonca, Venaco, Zalana Cap Corse Aregno

acellu di morte

Ajaccio

Cozzano

Acellu di notte Acellu di notte Arcu pinnutu Arcu pinnutu

Bastia Corte

Lun, Nonza San Lorenzo

Bastia Corte

Croce Monaccia, Parata, Piazzole, Stazzone, Valle d'Orezza

Orcu pinnutu

Corte

Orezza

Arecchione

Arecchione Caragozza

Bastia

ville

Cacozzo, Cucozzu

Cocauzza Cacozzu, o, a Cacozzu, o, a

Ajaccio Ajaccio Corte

Sari d'Orcino, Sant'Andrea d'Orcino Ambiegna, Coggia, Lopigna, Ocana, Rosazia, Salice Ghisoni, Casaglione, Ghisonaccia, Lugo di Nazza, Pietroso, Tox

Communes

Acellu pilutu

Arcu ou Ercu, Orcu

Caracozzu, a

Ajaccio

Guargualè, Pila-canale, Santa Maria Sicchè

Cucozzu

Ajaccio

Bastelica, Eccica Suarella, Guitera, Zicavo

Scacauzza Scocozzu, a

Ajaccio Ajaccio

Calcatoggio Calcatoggio, Cannelle d'Orcino, Cozzano, Sant'Andrea d'Orcino, Tavera

Scaracozzula

Ajaccio

Cognocoli, Guargualè

Scaragozzu

Ajaccio

Guargualè

Scucozzu, a

Ajaccio Sartène

Cauro. Cuttoli Corticchiato, Zevaco, Urbalaccone Argiusta Moriccia, Moca-Croce, Olivese, Olmeto, Sollacaro

Scucorzulu

Ajaccio Corte Sartène

Albitreccia, Ucciani, Vero Albertacce Olmeto, Sollacaro

Scucozzulu

Ajaccio

Afa, Ajaccio campagne, Appietto, Bocognano, Giovicacce, Santa Maria Sichè, Sarrola Carcopina,Tasso,Villanova Bicchisano, Olmeto, Sollacaro

Sartène

Albitreccia, Peri, Portopolo

Scucuzzo

Ajaccio Sartène

Scurgozzulu

Sartène

Olmeto, Sollacaro

Scurucugozzu

Ajaccio Sartène

Serra di Ferro Sollacaro

Scurugozzu

Sartène

Casalabriva

Scurucugozzulu

Sartène

Olmeto, Sollacaro

Caravugnuli

Caravugnuli

Sartène

Porto -Vecchio

Ceccu Pinnutu

Ceccu Pinnutu

Casinca,Vignale Moïta

Cicicafone

Cicicafone

Bastia Corte Ajaccio

Cinciminellu, Pineddu

Cinciminellu

Corte Calvi

Niolo

Cincipinneddu

Corte

Corscia

Cincipinnellu

Calvi Corte

Manso, Montestremo Corscia, Pianello

Crastaguta

Sartène

Grossa Pied'Orezza

région de Porto-Vecchio

Poggiolo

Calvi

Cinciminepinellu

Crastaguta

Disaminaghjolu Falcu pinnutu

Falcu pinnutu

Corte

Gattu, a, i

Gatta -pilluca

Ajaccio

Vero

Gatti -pilluco

Ajaccio

Cargèse

Gatti -pinnuta

Ajaccio

Cargèse

Guturzulu

Guturzulu

Corte

Vezzani

Notte (bola, bula, mala)

Bola notte

Ajaccio

Santa Maria Sicchè, région duTaravo

Bula notte

Ajaccio

Forciolo

Mala notte

Ajaccio

Albitreccia, Bisinao

Picciolato

Notti piluta

Ajaccio

Coti Chiavari

Notulo

Ajaccio Sartène

Appieto, Bocognano, Campo, Cauro, Cinarca, Coti Chiavari Cargiaca

Notula pennuta

Ajaccio

Santa Maria Sicchè

Nuttadiolu

Corte

Sant Andrea di Bozio

Nuttambula

Ajaccio Sartène

Azilone Santa Maria Sicchè

Picciolato

Ajaccio

Palneca, Partinello, Piana

Pinatio

Ajaccio

Albitreccia

Nom

variante

Microrégion

Communes

Pipistrellu

Pipistrellu

Bastia

Ratu, a, i

Rata pilu

Ajaccio

Barretali, Bastia, Castellare di Casinca, Loreto, Penta, Porri, Sorbo-Occognano, Venzolasca, Vescovato Ajaccio ville

Ratapilucu

Ajaccio

Ajaccio ville

Ratapillucula

Ajaccio

Ajaccio ville

Rati cuduti

Sartène

Arbellara, Pianottoli, Sartène,Viggianello

Rato Pelluto

Ajaccio

Ajaccio campagne, Palneca

Rat -pilutu Ratu pillucu

Ajaccio Ajaccio

Apricciani Cinarca, Sarrola

Ratu pinnutu

Ajaccio Sartène

Ratu pindiu

Sartène

Cinarca Altagène, Lecci, Levie, Olivese, Paccionitoli, Sant'andrea di Tallano, Santa Lucia di Portovecchio, Santa Lucia di Tallano, Zonza Bonifacio

Razza cududa

Sartène

Bonifacio, Grossa, Porto-Vecchio, Quenza

Razza culluto

Sartène

Porto-Vecchio, Quenza, Sartène

Razzacuda

Sartène

Sartène ville

Razza piluto

Sartène

Porto - Vecchio, Quenza

Razza pinnuto

Ajaccio Corte Sartène

Guitera,Tivolaggio Corte,Venaco Altagène, Chiavi d'Asino

Razzicu

Sartène

Sotta

Razzicu cudutu

Sartène

Santa Lucia di Porto-Vecchio, Serra di Scopamène, Sorbollano, Sotta

Razzi colluto

Sartène

Mortoli, Quenza, Santa Lucia di Tallano

Razzi cuddutu

Sartène

Aullène, Caldarello, Giuncheto, Loreto di Tallano, Monaccia, Quenza, Sartène, Serra di Scopamène, Sorbollano, Sotta,Trinita, Zerubia

Razzi cugliutu

Sartène

Aullène, Caldarello, Serra di Scopamène, Zerubia

Razzi cullutu

Sartène

Aullène, Cargiaca, Foce Bilzèse, Quenza

Razzi pennuto

Ajaccio Calvi Sartène

Razzo pennuto

Calvi Corte Sartène

Evisa, Guagno, Nesa,Tivolaggio Belgodère, Ile-Rousse Aullène, Arbellara, Fozzano, Granacce, Gualdariccia, Lecci, Levie, Loreto di Tallano, Olmeto, Propriano, Porto -Vecchio, Quenza, Rizzanèse, Santa Lucia di Tallano, Sant'Andrea di Tallano,Viggianello, Zonza, Zoza Calenzana Asco Campomoro, Olmiccia, Ospedale, Quenza, San Gavino di Carbini, Zonza

Razzi minutu

Calvi Corte

Galeria Calacuccia

Razzi penduto

Sartène

Mortoli

Saccu minutu

Corte

Albertacce, Calacuccia, Niolo

Saccu pinnutu

Ajaccio

Arbori, Arro, Azzana, Balogna, Coggia, Cristinacce, Evisa, Guagno, Letia, Lopigna, Marignana, Orto, Osani, Ota, Pastricciola, Peri, Renno, Salice, Scanafaghiaccia, Serra di Ferro, Soccia, Ucciani, Vico, Vizzavona Cervione, Ficaja, Lama, Pietralba, Urtaca Aregno, Avapessa, Balagne en général, Belgodère, Calenzana, Calvi, Cassano, Cateri, Corbara, Costa, Feliceto, Galeria, Ile-Rousse, Lavatoggio, Lumio, Manso, Montemaggiore, Montestremo, Monticello, Moncale, Nessa, Novella, Occhiatana, Olmi-Capella, Sant'Antonino, Speloncato, Ville di Paraso, Zilia Altiani, Casamaccioli, Castifao, Corte,Gatti di Vivario, Lozzi, Moltifao, Niolo en général, Noceta, Pietra, Zitteamboli, San Petru di Venaco,Venaco Olmiccia

Razzu, a, i, Razzicu

Razzudutu Sacco, u, i, a

Bastia Calvi

Corte Sartène Sac minutu

Corte

Francardo

Sac pinnutu

Ajaccio

Sagone

Scafuratu

Schigozza

Schigozza

Ajaccio Sartène

Grossetto Prugna Olivese

Scocojoia

Scocojola

Ajaccio

Ajaccio campagne

Scrocciolo

Scrocciolo

Corte

Lugo-di-Nazza

Serra pinnuta ou pinnutula Seri pinnuta

Ajaccio Ajaccio

Ampaza, Azilone, Campo, Coti-Chiavari, Marmaragio, Frassette, Santa Maria Sicchè, Zevaco, Zigliara Santa Maria Sicchè

Sora pinnuta

Ajaccio

Coti Chiavari, Quasquara, Santa Maria Sicchè

Soru pinnutu

Ajaccio

Tolla

Stacciu pinnutu

Corte

Sermano

Stacciu camellu

Corte

Sermano

Stacciu pinnellu

Corte

Alando, Alzi di Sermano, Bustanico, Chiatra, Pianello, Sant Andrea di Bozio, Sermano, Zalana

Serula pinnutu

Ajaccio

Azilone, Santa Maria Sicchè

Zerula pinnuta

Ajaccio

Ampaza, Grossetto Prugna

Zirula pinnuta

Sartène

Monaccia

Sedulupinnutu Sera, i, Sora, u

Stacciu

Serula, Zerula, Zirula

Setulu pinnutu

Nom

variante

Microrégion

Communes

Topu, tupinu

Topu alatu, alutu

Ajaccio Corte Sartène

Ciamanacce, Palneca, Serra di Ferro, Zicavo Orezza, Piediquercio Conca, Grossa, San di Porto Vecchio

Topu ariatu

Ajaccio Corte

Sampolo Corte

Topu capucinu

Bastia

Talasani

Topu catellu

Bastia

Barretali, Canari

Topu lutinu

Sartène

Bilia

Topu marinu

Bastia

Bastia

Borgo, Casamozza, Castellare di Casinca, Cervione, Farinole, Lucciana, Murato, Patrimonio, Pero Casevecchie, Pietra-Corbara, Pietranera, Poggio-Mezzana, San Giovanni di Moriani, San Martino di Lota, San Nicolao, Santa Maria Poggio, Taglio-lsolaccio, Talasani, Velone-Orneto, Valle di Campoloro Aghione, Campi, Canale, Chiatra, Linguizzetta, Moïta, Navale, Ortale, Orezza, Pietra di Vende, San Lorenzo,Tarrano,Valle d'Alesani,Ventisen Vescovato,Venzolasca

Topu minellu

Bastia

Pino

Topu minutu

Ajaccio Bastia Calvi Conte

Murzo Bastia, Monte, Nebbio, Olmo, Pino, Poggio Mezzana, Porta d'Ampugnani, San Fiorenzo, San Gavino Sant'Antonino,Ville di Paraso Felce, Moïta, Rapaggio, Rusio

Topu muscatellu

Bastia Conte

Barrettali, Monte, Murato Focicchia,Venaco

Topu natiolu

Conte

Valle d'Alesani

Topu pelluto

Bastia Sartène

Pietra Corbara Sartène

Topu pinnellu

Conte

Ampriani, Pianello, Zalana, Zuani

Topu pinnutu

Ajaccio Bastia

Cargiaca, Guagno, Partinello, Pastricciola, Peri, Sari d’Orcino, Serra di Feno Centuri, Ersa, Rogliano,Tomino, Barretali, Cagnano, Luri, Pino, Canari, Nonza, Olcani, Brando, Castello, Mausoleo, Pietracorbara, Pozzo, Bastia, Cardo, Pietranera, Farinole, Patrimonio, San Fiorenzo, San Gavino di Tenda, Santo Pietro, Sono, Urtaca, Rapale, Olmeta di Tuda, Vallecalle, Borgo, Casamozza,Vignale, Barchetta, Bigorno, Campitello, Canavaggia, Lento, Scolca,Volpajola, Castellare di Casinca, Loreto, Penta, Porri, Sorbo Ocognano, Pero Casevecchie, Poggio-Mezzana,Taglio Isolaccio,Talasani,Velone Orneto, San Giovanni di Moriani, Santa Lucia, Santa Maria Poggio, San Nicolao, Sant'Andrea di Cotone,Valle di Campoloro, Casablanca, Casalta, Ficaja, Porta d'Ampugnani, Quercitello, San Damiani, San Gavino, Silvareccio, Campile, Olmo, Ortiporio, Penta Aquatella, Prunelli di Casaconi Aregno, Belgodère, Costa, Ile-Rousse, Ville di Paraso, Zilia Albertacce, Calacuccia, Corscia, Lozzi, Omessa, Popolasca, Prato,Venaco, Alando, Alzi, Castellare di Mercurio, Mazzola, Sant’Andrea di Bozio, Altiani, Erbajola, Focicchia, Giuncaggio, Piedicorte, Castifao, Aghione, Isolaccio di Fiumorbo, Lugo di Nazza, Prunelli di Fiumorbo, Serra, Ventiseri, Pianello, Tallone, Zalana, Zuani, Chiatra, Linguizetta, Felce, Ortale, Perelli, Piobbeta, Tarrano, Valle d'Alesani, Campana, Carpineto, Nocario, Piazzole, Piedicroce, Pied'Orezza, Stazzona,Valle d'Orezza, Verdese, Bisinchi, Castineta, Gavignano, Morosaglia, Valle di Rostino, Aïti, Cambia, Carticasi, Erone, Lama, Rusio, San Lorenzo Casalabriva, Levie, Olmeto, Propriano, Santa Lucia di Tallano, San Gavino di Carbini, Sari di Portovecchio, Sartène, Solenzara Caldarello, Carbini, Figari, Pianottoli, Porto-Vecchio, Sartène

Conte

Topu, tupinu mascarone

Topupalupu

Calvi Corte

Sartène

Topu razzu

Sartène

Topu razzinu

Sartène

Levie, Poggio di Tallano, San Gavino di Carbini

Topu vulente

Conte

Moïta

LEXIQUE Anthropophile Anthropique Arboricole Barracone

Biométrie Biotope

Canopée Cavernicole Commensale

Cryptique

Écholocalisation

Ectoparasite Endémique

Épigé Éthologique

Eurosibérien

Eutrophe

Fissuricole

Fruticée

Gîtes : - d'hibernation

Grégaire espèce liée à l'activité de l’homme. relatif à l'activité humaine. qui a trait aux arbres. mot corse qui désigne des constructions en pierres sèches de la région de Bonifacio. mesures relatives au vivant. relatif ici aux différents milieux fréquentés par une chauve-souris lors de son activité nocturne. étage supérieur de la forêt formé par la cime des arbres. qui vit en milieu souterrain. se dit d’espèces vivant en association, l’une profitant, sans interaction négative, des restes du repas ou des constructions de l’autre. désigne des chauves-souris d’espèces différentes qu'il est très difficile de différencier morphologiquement. système d’orientation par analyse de l'écho des sons émis par un animal et réfléchis sur le milieu environnant. parasite extérieur à l’organisme. se dit d'une espèce qui est spécifique à une région géographique particulière et que l’on ne rencontre nulle part ailleurs. construit au-dessus du sol. relatif à l’étude du comportement des espèces animales dans leur environnement. domaine de la zone biogéographique du Paléarctique, par opposition au domaine méditerranéen. se dit d’un milieu dans lequel a lieu un apport excessif de matières nutritives. caractérise des chauves-souris qui s'immiscent au plus profond de fissures rocheuses. formation végétale constituée d'arbustes ou d'arbrisseaux.

tout lieu dans lequel une ou plusieurs chauves-souris passera l'hiver en léthargie. - de reproduction tout lieu dans lequel les femelles d'une ou plusieurs espèces de chauves-souris se rassemblent pour mettre bas et élever leur petit. - de transit tout lieu dans lequel les chauvessouris passent de façon plus ou moins temporaire, généralement à l'automne et/ou au printemps.

Guano Harp-trap

Hourdis

Hypogé Nunda Orographique Pagliaghju

Palmentu

Phylogénétique

Pieve

Pozzine

Produit phytosanitaire

Pupe

Ripisylve

Rupestre Rupicole Suberaie Suint

Swarming

Tafonu, tafoni

Taxon

qui se regroupe avec ses semblables. déjections des chauves-souris. mot anglais relatif à un système de capture des chauves-souris par le biais de fils tendus sur une armature. élément creux de maçonnerie placé entre des poutrelles et dont les disjointements constituent souvent un gîte privilégié pour certaines espèces de chauvessouris. qui se développe sous le sol. mot corse qui signifie « rien ». qui se rapporte au relief. mot corse désignant une construction en pierre sèche qui servait d'habitat temporaire ou saisonnier ou d'entrepôt pour le blé, le foin ou les outils. mot corse qui désigne une construction qui servait de pressoir à vin. système de classification des êtres vivants qui rend compte des degrés de parenté entre les espèces. mot corse qui désigne les anciennes circonscriptions administratives et religieuses et qualifie à la fois le territoire, le canton, la paroisse. trou d'eau dans une pelouse tourbeuse formée par comblement d'un ancien lac glaciaire. produit utilisé pour le traitement et le soin des végétaux, également appelé pesticide. étape au cours de laquelle certains insectes sont enfermés dans une coque. végétation des bords de cours d'eau, qui peut aller d'un simple boisement à une forêt alluviale diversifiée. qui a trait au milieu rocheux. qui s’abrite au sein des rochers. forêt de chêne-liège. graisse exsudée par certaines espèces animales. regroupement automnal de mâles et de femelles dans des gîtes souvent différents de ceux utilisés pour le repos diurne, dans la recherche de partenaires sexuels. mot corse désignant une cavité creusée dans le granite sous l’action combinée du vent et de la pluie. groupe d'êtres vivants formant une unité (espèce, variété...) dans la systématique biologique.

Territoire de chasse

Thermophile

Troglophile

Trophique Tympané

Uropatagium

Usu capicorsu

milieu déterminé sur lequel va chasser telle ou telle espèce de chauve-souris. se dit des espèces qui ont besoin de températures élevées pour se développer. dont une partie du cycle biologique a lieu en milieu souterrain. qui a trait à l’alimentation. qualifie un insecte doté de tympans. membrane alaire des chauvessouris, tendue entre les doigts pour le patagium, et entre les pattes arrière pour l’uropatagium. expression signifiant « selon l’usage du Cap Corse ».

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Achevé d’imprimer le 30 avril 2011

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Groupe Chiroptères Corse

Les chauves-souris de Corse, bien que présentes dans la plupart des milieux de l'île, sont restées longtemps méconnues. Animaux nocturnes au vol souvent imprévisible, elles sont farouches, difficiles à observer et victimes d'une mauvaise réputation injustifiée. Vingt années d'études sur le terrain ont permis au Groupe Chiroptères Corse de dresser un état des lieux avancé des recherches sur les vingt-deux espèces recensées dans l'île. Répartition, effectifs, habitat, mode de vie sont désormais mieux appréhendés et permettent aujourd’hui d’envisager des interventions efficaces de protection. En effet, parmi les huit espèces les plus menacées de l’île, aux côtés des emblématiques tortue d’Hermann, mouflon, gypaète barbu, aigle et milan royal, se trouvent aussi trois chauves-souris... Le présent ouvrage, exhaustif quant au savoir actuel, a pour but d’aider le grand public, les scientifiques et les décideurs à entrer dans le monde secret des chauves-souris de Corse. Dans l’espoir que leur connaissance permettra de préserver cette part fragile du patrimoine naturel insulaire...

Les chauves-souris de Corse

Les auteurs, Jean-Yves Courtois, Delphine Rist et Grégory Beuneux appartiennent tous au Groupe Chiroptères Corse, l'association dédiée à l'étude et à la préservation des chauves-souris de Corse.

Le Murin du Maghreb

Le Petit Rhinolophe

Le Vespère de Savi

18€ ISBN : 978-2-84698-377-8

Une Noctule de Leisler passe furtivement au-dessus du ruisseau de Vetricella (Serriera ; © Yann Le Bris)