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French Pages 474 Year 2010
Revue de l'Orient Chrétien (1896-1946)
Revue de l'Orient Chrétien (1896-1946)
Volume 23 Edited by
René Graffiti
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gorgias press 2010
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ISBN 978-1-60724-762-3
Printed in the United States of America
REVUE DE
L'ORIENT CHRETIEN DIRIGÉE
Par R. GRAPPIN
TROISIÈME
SÉRIE
Tome III (XXIII)
23e volume. — 1922-1923
LES MONGOLS ET LA PAPAUTÉ
DOCUMENTS M.
PAUL
MASSÉ
ET
NOUVEAUX PELLIOT,
ÉDITÉS,
AVEC
LA
TRADUITS
ET
COLLABORATION
DE
COMMENTÉS MM.
PAR
ROROHEZIÛ,
TISSERANT.
INTRODUCTION En 1221, les Mongols envoyés par Gengis-khan avaient fait leur apparition au Caucase; deux ans plus tard, ils infligeaient aux princes slaves la grande défaite de la Kalka. La mort de Gengis-khan en 1227 donna quelque répit au monde chrétien. Mais, en 1241, les cavaliers mongols s'avançaient jusqu'en Silésie et en Hongrie. Il fallut une nouvelle mort, celle du grand khan Ogôdâi, pour faire tourner bride aux envahisseurs. L'Occident se reprit à espérer, et chercha à se prémunir contre de nouveaux dangers. Avant tout, on souhaitait de savoir à quoi s'en tenir sur ces nomades mystérieux brusquement surgis des steppes de l'Asie la plus lointaine. Le bruit courait d'ailleurs d'un potentat chrétien qui habitait, disait-on, en ces régions. Et c'est ainsi qu'au printemps de 1245, juste avant le concile de Lyon qui allait déposer Frédéric II, et après s'être consulté avec les Franciscains et les Dominicains, Innocent I V dépêcha vers les Mongols de la Russie méridionale la mission franciscaine de Jean du Plan Carpin ; une mission dominicaine, celle d'Ascelin de Lombardie, sur laquelle les données chronologiques sont moins précises et surtout moins étudiées, entreprit de se rendre auprès du général qui gouvernait pour les Mongols dans le nord-ouest de la Perse. Plan Carpin comme Ascelin demandaient au grand khan de se faire chrétien; ils furent éconduits. Quelques années plus tard, saint Louis n'eut pas un meilleur succès avec Guillaume de Rubrouck. Mais, [i]
4
REVUE
DE
L'ORIENT
CHRÉTIEN.
dès ce moment, on voit poindre un projet d'accord et m ê m e d'alliance entre les chrétiens d'Occident et. les Mongols. C'est qu'ils ont un ennemi c o m m u n , l'islam, représenté surtout à cette époque par les sultans m a m l o u k s d'Egypte qui dominent la Syrie. Les ambassades se multiplient, les promesses s'échangent. Mais on est trop loin à tous points de v u e ; chaque fois, l'un ou l'autre des alliés m a n q u e au rendez-vous. Enfin, au début d u xiv° siècle, la conversion décisive des princes mongols de Perse à l'islam ruine à l'avance tout nouveau projet de coopération militaire contre les Mamlouks. Ces missions en apparence stériles et ces tentatives avortées n'en constituent pas moins un des épisodes les plus curieux dans l'histoire des relationsanciennes entre la haute Asie etl'Occident. Elles ont été souvent étudiées, au xviii 0 sièclepar Mosheim, auxix e par Abel Rémusat., d'Ohsson, d'Avezac, Yule, plus r é c e m m e n t par Rockhill, M. Cordier, M. Beazley, M. Chabot, M. G. Pullé, M. Malein, hier encore par MM. Moule et Golubovich, et aussi par moi-même. 11 s'en faut cependant qu'elles n'aient plus rien à nous livrer. Des recherches récentes ont fait retrouver dans les archives du Vatican des documents aussi sensationnels que l'original persan de la réponse du g r a n d k h a n Giiyuk à Innocent IV, rapportée par Plan Carpin, et plusieurs lettres en mongol des Mongols de Perse. P a r l'aimable entremise de M sr Tisserant, M g r G. Mercati, préfet de la Vaticane, m'a vivement e n g a g é à
publier dans la Revue cle l'Orient chrétien
toute la série de
ces m o n u m e n t s , ainsi que quelques études qui traitent de sujets connexes. Le présent travail se divise par suite en plusieurs chapitres, qui sont consacrés aux sujets suivants : 1° La réponse en persan de Giiyuk à Innocent IV, avec le cachet mongol de Giiyuk (début de novembre 1216); le premier déchiffrement du texte persan est dû à M. Massé; 2° Le nestorien Siméon Rabban-ata, André de Longjumeau et Ascelin ; 3° Une lettre latine d'Abagha au pape, datée de 1208; publiée p a r Mgr Tisserant; 4° Un document latin é m a n a n t des envoyés d'Abagha au concile de Lyon de 1274; découvert et c o m m u n i q u é par M. l'abbé Borghezio; [2]
5
LES MONGOLS ET LA PAPAUTE.
5° Une lettre mongole d'Arghun, datée de 1290; 6" Un sauf-conduit mongol émanant d'Àrgliun, daté de 1201 ; 7° Une lettre mongole de Ghazan, datée de 1302; 8° et 9° Deux lettres arabes du patriarche nestorien Màr Yahbalahâ III, datées do 1302 et 1301, publiées et traduites par Mgr Tisserant; traduction du cachet ouigour par moi-même; 10° Quelques précisions nouvelles sur les rapports de la papauté et des Mongols de Chine dans la première moitié du xiv* siècle (1). Ces chapitres seront loin d'épuiser les renseignements nouveaux que j'ai groupés et qui font mieux connaître la situation du christianisme en Asie Centrale et en Extrême-Orient au xin e et au xiv" siècles. Mais la plupart des autres documents dont je dispose concernent les seuls nestoriens, et sont en langue chinoise (2). J'en réserve l'étude détaillée pour une autre publication, que l'abondance seule des matériaux risque de retarder encore assez longtemps. P.
PELLIOT.
(1) J'ai annoncé à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettrés la découverte des documents du Vatican dans les séances des "20 janvier, 17 février et 7 juillet 1922; j'ai parlé en outre de Rabban-ata dans la séance du 4 août 1922 (cf. les Comptes rendus de l'Ac. des Inscr. et /?.-/.., 1922. pages 11, 52-53, 231-235, 263269). Enfin j'ai lu à la séance des cinq Académies du 25 octobre 1922 un exposé assez bref, Mongols ei Pape•< au-r Xlll' et XIV' siècles, qui a été publié depuis lors par l'Institut avec les autres mémoires lus à cette séance. -(2) On trouvera un aperçu très sommaire de ces documents dans un article Chrétiens d'Asie Centrale et d'Evtréme-Oricnt, publié par le T'oung Pan en 1914 (pages 623-614); bien d'autres sources me sont devenues accessibles depuis cette date.
[3]
CHAPITRE PREMIER LA
LETTRE
DU G R A N D K H A N
GUYÏ1K
A
INNOCENT
IV
(1246).
Le Franciscain Jean du Plan Carpin quitta Lyon le 10 avril 1245, quand s'apprêtait le concile qui s'ouvrit d a n s cette m ê m e ville le 28 j u i n ( 1 ). Il était m u n i d'une lettre en date du 5 ou plus probablement du 13 mars, adressée « au roi et au peuple des T a r tares » (2). Innocent IV y reprochait aux Mongols leurs destructions et leurs massacres et les exhortait à résipiscence en des termes qui ne leur pouvaient pas a g r é e r ; toutefois le pontife s'efforçait visiblement à la modération et souhaitait une explication et un accord. Dans cette lettre, de caractère presque entièrement politique, il n'est pas d e m a n d é au g r a n d khan de se convertir à la foi chrétienne. Mais, en m ê m e temps que cette lettre « Cum non solum » confiée à Jean du Plan Carpin, ou plutôt huit jours avant, si cette lettre est bien du 13 m a r s , Innocent IV en écrivait le 5 m a r s une autre, « Dei patris inimensa », adressée elle aussi « au roi et au peuple des Tartares », et qui devait être portée par le Franciscain Laurent de (1) Cf. d'Avezac, Relation des Mongols ou Tartares par le frère Jean du Plan de Carpin, dans Recueil de voyages et de mémoires publié par la Société de Géographie, t. IV [1839], p. 404 (le travail de d'Avezac, qui n ' a pas encore été r e m placé, occupe les pages 399-770 de ce t. I V ; il sera cité p a r la suite sous la seule mention de d'Avezac, telle page). D'Avezac se t r o m p e en p l a ç a n t au 20 j u i n la première session du concile de Lyon, de m ê m e que Rockhill (The Jauniey of Friar William of Ruhruck, p . xxn) on la m e t t a n t au 26; les indications de Mas Latrie, Trésor de chronologie, col. 1301, et do Potthast, Regcsta, II, p. 992, ne laissent pas de doute sur la date du 28. (2) W a d d i n g (Ann. Min., an. 1215, n° 4), Sbaralea (Bull, franc., I, 353), Eubel (Epitome, n» 361), Potthast (Regesta, II, n° 11572) d a t e n t la lettre 3 non. martïi, c'est-à-dire du 5 m a r s ; mais lesregistres du Vatican ont 3 ¡dus marlii, a u t r e m e n t dit le 13 mars, et c'est cette dernière date que d o n n e n t Theiner, Yet. Monum. Hungariae, I, p. 195, E. Berger, Rcg. dlnn. IV, n" 1365 (le P. Golubovich, Biblioteca bio-bibliogr. d. Terra Santa, II [1913], 322, n. 2, écrit par lapsus n° 1364), et K. Rodenberg, Ep. saec. XIII sel., n° 105 (dans Mon. Oerm. Nist., Berlin, 1887, in-4°, t. II, p. 74-75). La date du 9 m a r s donnée p a r Rockhill (Rubruck, p. xxn) ne repose s u r rien. M]
t E 6 MONGOLS BT LA-PAPAUTÉ.
7
Portugal; dans celle-ci, il n'est question que de religion, et il s'agit d'amener le destinataire à se faire baptiser. Cette lettre remise à Laurent de Portugal pose un problème qui n'est pas encore résolu ; il serait trop long et entraînerait trop loin d'en exposer et d'en peser ici tous les éléments. Le P. Golubovich (II, 319-324) a le premier tenté de trouver une solution en s'appuyant sur la grande majorité des documents accessibles. D'après lui, Laurent de Portugal, porteur d'une lettre adressée simplement « au roi et au peuple des Tartares », aurait été envoyé vers un prince tartare quelconque du Caucase ou de la Perse, tandis que la lettre remise à Jean du Plan Carpin, adressée « au grand roi et au peuple des Tartares », aurait été destinée au grand khan de Ivarakorum en personne. Je crains que cette argumentation ne soit pas bien solide (1). D'abord la différence dans l'intitulé des deux lettres ne rne paraît pas autrement garantie : le Bultarium de Sbaralea préfixe magno à régi dans les deux cas, et YEpitome d'Eubel, qui est d'accord avec Sbaralea pour la lettre remise à Plan Carpin, donne aussi le magno, entre crochets il est vrai, dans l'intitulé de la lettre remise à Laurent de Portugal; mais ni Waddiug, ni Theiner, ni Potthast, ni Rodenberg (n"s 102 et 105) n'ont « magno » dans aucun des deux intitulés; M- E. Berger n'en parle pas; les registres du Vatican ne l'ont pas (2). La différence existât-elle quelque part qu'elle ne me paraîtrait pas entraîner les conséquences qu'en tire le P. Golubovich (3). (1) Le P. Golubovich, dont les travaux sont si précieux du point de vue de la documentation franciscaine, n'est pas aussi sur en matière d'histoire et de géograpliie orientales; à la p. 318, Plan Carpin arrive de Pologne en Hussie (en fait en Yolhynie), et non • à Moscou -, avant de passer par Kiev; à la p. 319, le chef mongol de la Perse du nord-ouest s'appelait Baicu-noyan, et non - Baidu Kan à la p. 3Î0, Ogiidai est mort en 1241, et non en 1216, etc. (2) J'ajouterai que Tlieiner, I, 194, lisait dans les registres du Vatican, au début de la lettre remise à Laurent de Portugal, Dei patris universa, et non Dei patris immensa comme on l'a fait avant et après lui sans discuter sa lecture. (3) A vrai dire, je ne vois pas bien d'où ce magno a pu sortir. Sbaralea le donne dans l'intitulé des deux lettres >>
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TRADUCTION Dans la force du Ciel éternel, [nous] le Khan océanique
du grand
peuple tout entier; notre ordre (1). Ceci est un ordre (2) envoyé au grand pape (3) pour qu'il le connaisse et le comprenne (4). Après (5) en avoir tenu conseil (6) dans les....
des territoires du
(1) Je reviendrai plus loin en détail sur ce début, qui est en turc. (2) Le mot J l i » miBâl a le sens précis d'ordre du souverain, de iirraan, dans les textes persans de l'époque mongole; cf. par ex., en dehors de Vullers, Blochet, Hist. des Mongols, II, 39 l e . (3) Pâpài-kalân. Le texte n'ayant pas de points diacritiques, je n'ose affirmer que les scribes aient voulu écrire vraiment pâpa, et non baba à la mongole (le mongol du Moyen Age n'avait pas de p, encore que les Mongols le prononçassent peut-être dans les mots d'origine étrangère). (4) Dans toute la lettre, ^ ^
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est employé au sens de « connaître -,
« comprendre », et non de « faire connaître » (pour lequel on a le causatif ^ « X ^ j p l * »
à la 1. 30); l'expression a en outre plus ou moins la valeur
d ' - accepter », » prendre acte de • (dérivant du sens de connaître). (5) Je traduis tant bien que mal cette phrase fort difficile en me fondant sur les parties du déchiffrement qui sont assurées et sur la correspondance avec le texte latin. J'ai inséré dans le déchiffrement les lectures qui m'ont été pro posées, sous réserves, par l'érudit éditeur de JuwainT, M. Mïrzâ Muhammad Qazwînî. Le mot nïbïst pourrait être une forme archaïque de vj^-wji luivlst ou niïwi&t, « écrit », « lettre ». Quanta ^ U j zïfân pour ^ U j zibân, • langue », cette forme se rencontre dans Juwainl. Il faut alors sous-entendre ^ ki après nïblst, et il y a de toutes façons une rupture de construction entre le mû, » nous », qui commence la phrase à la première personne, et son achèvement à la troisième personne en construction passive. Ce qui m'a empêché d'adopter ici dans ma traduction les conjectures de M. Mïrzâ Muhammad, c'est qu'elles amènent à parler de la » lettre [rédigée] dans la langue des gouvernements du karul ». Or il n'y a pas trace de cela dans la version latine, en somme assez fidèle, mais seulement d'un conseil tenu préalablement à l'envoi de la lettre. (ti) Kangiis est bien la forme ouigoure de ce mot emprunté au turc par le [16]
LES MONGOLS ET LA PAPAUTE.
19
k&râl (1), vous nous avez envoyé une requête (2) de soumission (3), que nous avons entendue de vos ambassadeurs (4). persan du Moyen Age (cf. le dictionnaire de Radlov); on trouve aussi en persan kängäl (cf. Vullers, II, '.>00), par exemple dans Blochet, Hist. des Mongols, II, 15" ; 51 f . Le sens de kûngtls est • conseil .délibération cf. le • habito consilio • de la version latine. (1) J^S" kardl est évidemment le mot que Slaves, Hongrois, etc., ont tiré Cerdu nom de Charlemagne pour en faire en leurs langues le nom du « roi tains historiens persans emploient le mot sous la forme métathétique kalär, el l'appliquent aux rois de Hongrie ou de Pologne; on voit que la lettre de Gûyûk a encore la forme correcte; contrairement à ce qu'a dit Bretschneider (Med. Researches, I, 331), la transcription chinoise k'ie-lien suppose d'ailleurs aussi, d'après les habitudes de transcription du temps, un original kâral ('kalal serait possible théoriquement, mais peu vraisemblable en fait), et non kalar. Dans la suite de la lettre, on trouve deux fois karàl au pluriel. Ici le mot est au singulier; il doit donc s'agir d'un roi en particulier. A la fin du nu* siècle, le • roi de France • est connu dans le monde oriental sous le titre de • redifrans qui a alors passé même dans la langue de la chancellerie mongole en Perse; mais il n'en allait pas de même cinquante ans plus tôt. Encore que j'ignore de quelle • délibération • il s'agit, peut-être est-ce lui, si j'ai bien compris le passage, qui est visé ici. La Chronique de Salimbene (p. 207) contient sur les conversations de Giiyiik et de Plan Carpin un passage dont VHistoria Mongalorum n'offre pas l'équivalent : - ... Etquod inquisivit [Güyük], quotessent quidominabantur in parlibus occidentis; et respondit quod duo, papa videlicet et imperator, et ab istis duobus omnes alii habebant dominia. Iterum quesivit, quis istorum duorum esset maior. Cumque l'rater Iohannes dixisset, quod papa, protulit litteras pape et dédit ei •. D'après ce passage, on serait tenté de penser que käräl pourrait viser ici l'empereur, n'était qu'Innocent IV n'avait évidemment pas consulté Frédéric II qu'il se préparait à faire déposer. Peut-être est-ce d'ailleurs la déposition de Frédéric II qui a fait disparaître cette conversation lors de la rédaction finale de 1 'Historia Mongalorum. La note de Quatremère, Hist. des Mongols, p. 72, sur kälär, etc., est en partie erronée. (2) Le mot y^Jjj! iitüg, « prière -, • requête ne s'est pas, je crois, rencontré jusqu'ici en persan, et le dictionnaire de Radlov ne connaît encore en turc que la forme ötünc; mais ötüg est aujourd'hui bien attesté dans les textes ouigours(cf. Müller, C'igurica U, p. 16 52 ; Le Coq, Türk. Manichaica aus C/iotsclw, I, p. I l 2 ; Pelliot, dans T'oung Pao, 1914, p. 265); et, tant pour la forme que pour le sens, le mongol oeik lui correspond rigoureusement. (3) L'idée de • soumission » est exprimée par deux abstraits persans en -i, mais formés le premier du mot turc il (qui a passé aussi en mongol; cf. aussi Quatremère, Hist. des Mongols, p. 73), le second d'un mot iranien. Contrairement aux habitudes persanes, ils ne sont pas réunis par une copule. De même, aux lignes 17-18, le mot • envoyé », « ambassadeur est exprimé par deux mots, l'un turc, l'autre persan (en réalité arabe), placés l'un après l'autre sans copule. Il semble qu'il y ait là un phénomène un peu analogue à celui qui a fait juxtaposer dans l'Indochine et l'Insulinde un mot sanscrit et son équivalent en une langue indigène (cf. Uuber, dans B. E. F. E.-O., V, 173). (4) Le mot pour « ambassadeurs • est ici le mot turc itei (elci). Le pluriel [17]
20
REVUE DE L'ORIENT CHRETIEN.
Et si vous agissez selon vos p r o p r e s paroles (1), toi qui es le g r a n d p a p e , avec les rois (2), venez e n s e m b l e e n p e r s o n n e p o u r n o u s r e n d r e h o m m a g e , et nous vous ferons e n t e n d r e à ce m o m e n t - l à les o r d r e s [résult a n t ] du yâscl (3). Autre [chose]. Vous avez dit q u e si j e recevais le b a p t ê m e (4), ce serait b i e n ; t u m ' e n as i n f o r m é m o i - m ê m e et tu m ' a s envoyé u n e r e q u ê t e . Cette t i e n n e r e q u ê t e , nous n e l'avons pas comprise. employé dans la réponse de Giïyiik me parait s'adresser à la fois au pape et aux • rois • avec lesquels le pape s'était abouché avant de faire partir ses messagers. Quand Giiyiik vise le pape seul, il lui dit « tu ». (1) J'ai traduit littéralement. Le sens indiqué par Vullers pour l'expression ne semble pas aller bien ici. ¡2) Ici comme à la ligne 27, le pluriel de kârâl est écrit kârallân au lieu de kùrtilân, et il en est de même pour le pluriel rasûllân au lieu de rasûlân à la ligne 17. (3) Il est intéressant de trouver ainsi attestée sans conteste dès 1246 la forme ydsâ des historiens persans, au lieu qu'en turc et en mongol on a généralement la forme régulière yasarj. Le « yâsâ • est la loi arrêtée sous Gengis-khan. (4) Mot à mot « entrer dans le silâm ». Ce mot n'est pas persan, et il était inconnu jusqu'ici en turc comme en mongol. Il est certain que l'expression répond au « baptizari et effici christiani » de la version latine. D'autre part, dans une lettre mongole d'Argliun datée de 1290 et qui sera publiée au cours du présent travail, A f g h a n parle des • peuples chrétiens » (kiristan irg&ri) et de sa grand'mère qui était sildmtai; cet adjectif est normalement dérivé de silam, et le sens en est sûrement « baptisé » ou « chrétien »; enfin Arghun mentionne l'avis qui lui a été donné à lui-même « d'entrer dans le silam » (silûmtur oratuyai), et cette même construction reparait encore deux fois dans sa lettre (silâm-lur ornbam, sUàm-tur oraxsat)\ c'est l'équivalent exact, en mongol, de la tournure que nous avons ici en persan. Mais qu'est-ce que le mot s'iliim, suffisamment technique pour qu'un scribe persan l'ait employé ici tel quel? Notons d'abord qu'en écriture persane comme en écriture mongole, on pourrait aussi lire siliim; le mongol moderne prononce toujours s- devant i. mais un certain nombre de ces si- actuels sont d'anciens si-, en particulier lorsqu'il s'agit de mots étrangers arrivés au mongol par le turc. J'avais pensé à un emprunt qui relierait silâm ou silam à la racine sémitique exprimant l'idée de salut; arrivant normalement par le syriaque, l'initiale y serait s-, niais slam a en syriaque le sens de • paix et non de « baptême ». Si je me suis décidé pour « baptême », c'est qu'il y a dans le mongol écrit classique un verbe siUimdti-, « humecter », « tremper dans l'eau », qui a des dérivés causatifs et passifs réguliers, et qui serait lui-même pormalement un verbe dénominatif issu de s:ilcim. Ce siliim, aujourd'hui inconnu en mongol tout comme l'adjectif Mliimtiii, était-il primitivement un mot étranger? C'est possible sans plus; on peut invoquer en faveur de cette origine étrangère qu'il n'y a pas un seul autre mot mongol dans toute la lettre; mais les verbes dérivés issus de ce mot n'ont dans le mongol écrit classique aucun sens religieux. J'ajoute enfin que le rattachement de silàmdii- à siliim, qui me parait avoir de grandes chances d'être fondé, suppose une priorité de la forme silàmdii- recueillie par Ivovalevskiï par rapport à la forme silàmàdii- indiquée par certains dictionnaires indigènes et par Golstunskiï. [18]
LES
MONGOLS
ET
LA
21
PAPAUTE.
Autre [chose]. Vous m'avez envoyé (1) ces paroles : « Vous avez pris « tous les territoires des Mâjar et des kiristdn (2); j e m'en étonne. Dites« nous quelle était la faute de ceux-là? (3) » Ces tiennes paroles, nous ne les avons pas comprises non plus. L'ordre de Dieu, C'ingiz-khân et le Qà'in (4) l'ont envoyé tous deux pour le faire entendre. Mais à l'ordre de
(1) Ici et plus loin, j e lis -if, f o r m e archaïque de la 2* personne du p l u r i e p o u r -id. (2) La traduction latine parle ici de la mise à m o r t de tant d'hommes, « et m a x i m e christianorum, et potissime P o l l o n o r u m , M o r a v o r u m et Hungarorum L a f o r m e M à j a r est r é g u l i è r e pour le n o m des M a g y a r s ou Hongrois.
Kiristàn
ne peut représenter que le nom des • chrétiens • en g é n é r a l ; j ' a i signalé dans une note précédente la présence du m ê m e mot, sous la m ê m e f o r m e , dans u n « lettre mongole d ' A r g h u n de 1290. On v o i t que la traduction latine introduit des n o m s de peuples que la lettre persane de Giiyiik ne contenait pas, et qu'il n'y a guère de vraisemblance qu'ils se soient trouvés dans sa lettre m o n g o l e . On remarquera
toutefois que la version latine
de la réponse/de Giiyiik est ici
é t r a n g e m e n t voisine du contenu de la lettre d ' I n n o c e n t I V « Cum non sulum tel qu'il est exposé par Plan Carpin aux
-
premiers Mongols qu'il rencontre en
Russie méridionale : • ... mandabat praeterea [Dominus Papa) quod m i r a b a t u r de tantà occisione h o m i n u m et m a x i m e Christianorum, et potissime Hungaror u m , M o r a v o r u m , Pollonorum m ê m e d'Innocent
... • L ' é n u m e r a t i o n
I V , et, où que
n'est
pas dans
la lettre
Plan Carpin l'ait prise, il a dû se souvenir
de sa traduction latine de la réponse
de Giiyiik en résumant
rétrospective-
ment dans son récit de v o y a g e sa conversation avec les Mongols de la
Russie
méridionale. (3) La lettre d ' I n n o c e n t I V ( d ' A v e z a c , immerito
cogimur
vehementer
p. 479) disait en efîet : mirari
non
... à propos des dévastations des p a y s chrétiens
et non chrétiens, et demandait quid
vos ad genlium
exterminium
moveril
alia-
mais elle ne nommait, nous l'avons vu, aucun peuple en particulier.
rum;
(4) Le mss. de Colbert a seulement • Chingiscan • ( d ' A v e z a c , p. 595; G. Pullé, p. 126); mais le mss. lat. 512 de V i e n n e porte « c i n g i s kan et kan • ( G . l'ullé, p . 125), et on a > Cyngis-Chan
et
Chan • dans
la c h r o n i q u e
(cf.
ce
nom
rien dans la version
p.
supra,
12). Même
avec
double,
n ' i m p l i q u e qu'il s'agisse de deux personnages, et on
de
Salinibene latine
serait assez tenté à p r e -
m i è r e v u e de c o m p r e n d r e que Giiyiik ne n o m m e que Gengis-khan, qui est à la fois khan
et qaynn (qa'an).
Je ne crois pas qu'il y ait lieu de s'arrêter à cette
explication. Le j i js> • tous deux » du texte persan implique bien qu'il s'agisse de deux personnages. Or c'est une tradition ancienne, qui se retrouve clans les textes chinois de l'époque mongole — encore que l'histoire m o n g o l e m o d e r n e ne la connaisse plus — que Gengis-khan n'a pas porté le titre suprême de
qayim;
ce titre n'aurait été pris que par son successeur O g o d â i . En fait, nous c o n naissons
nombre
de cas
est une désignation T'oung
Pao,
n'a pas goles; je
où qa-jan
suffisante
(qa'an,
d'Ogiidai
1908, p. 376; Chavannes a bien
reconnu le titre de qa^an, pourrais
ajouter
bien
sans autre
qa'nn), (cf. par
exemple
spécification,
Chavannes,
dans
vu qu'il s'agissait d'Ogiidai, mais
donné cependant par les versions
des exemples
aux
trois
que
mon-
Chavannes
a
cités). Giiyuk mentionne donc ici les ordres e n v o y é s en Occident par ses deux prédécesseurs.
[W]
22
REVUE
DE
L'ORIENT
CHRÉTIEN.
Dieu [ces gens] n'ont pas cru (1). Ceux-là dont tu parles ont même tenu un grand conseil (?) (2), ils se sont montrés arrogants et ont tué nos envoyésambassadeurs (3). Dans ces territoires, les hommes [c'est le] Dieu éternel qui les a tués et anéantis (4). Sauf par l'ordre de Dieu, quelqu'un, par sa seule force, comment tuerait-il, comment prendrait-il (5)? Et si tu dis : « Je suis chrétien (6); j'adore Dieu; j e méprise et... [les autres] » (7), comment sais-tu qui Dieu absout et en faveur de qui il octroie f (1) On pourrait également c o m p r e n d r e « vous n'avez pas cru » en ponctuant au lieu de j j l . (2) Je ne suis sur ni d e la lecture ni du mot à mot. Ma traduction s'inspire du • m a g n u m consilium àabentes » de la version répond bien à magnum,
latine; kalân,
mais j'ai des doutes sur ce qui précède
(3) Sur la double f o r m e rasûllàn-ilciyân,
cf. supra,
p.
« grand •)
kalân.
18, n. 2. A i n s i
que
d ' A v e z a c l'a supposé (p. 595), Guyiik doit faire ici allusion à la mise à m o r t des e n v o y é s mongols par les princes slaves en 1223, peu avant la bataille de la Kalka. C'est sans doute sous l'influence de cette réponse que Plan Carpin note ( d ' A v e z a c , p. 767) que « consuetudo
enim
est T a r t a r o r u m
nunquam
facere
pacem cum h o m i n i b u s illis qui nuncios eorum occiderunt, quin de ipsissumant vindiciam
».
(4) Nous avons d é j à eu et aurons e n c o r e plusieurs fois, dans cette lettre de Giiyiik, le m o t ^ I j ^ i . qu'il convient de rendre par Dieu. Mais c'est là, dans le texte persan, une traduction un peu infidèle à l'original mongol qui a v a i t c e r t a i n e m e n t langri, la présente
le Ciel (divinisé); et «le Dieu éternel », ^Si
^ t . X à . , quedonne
phrase, habille d'un v ê t e m e n t arabo-persan le mongka
langri,
Ciel éternel », que portait sûrement l'original m o n g o l ; c'est aussi là le langri
par lequel
débute en turc
exprimées par langri,
fiidâi
la
présente
et m ê m e màngii
lettre de
(mongka)
« le mângù
Guyiik. Les notions
étaient d'ailleurs assez
voisines pour que Tiingriberti, K b u d â i b e r t i et Miinguberti soient pratiquement autant d'équivalents turcs de Dieudonné. (5) Le texte latin est moins précis • ... h o m o h o m i n i quid facere potuisset » . J'ai admis que les deux verbes se rapportaient aux deux actions dont le pape avait marqué sa surprise, le > m e u r t r e • des populations et la « prise » des territoires. Le mot pour « tuer • est généralement écrit en persan mais notre lettre a toujours ^yitS
kûstan,
^¿-^kustan,
c o m m e dans le cas présent. Je ne
pense pas d'ailleurs qu'il y ait lieu d'attacher g r a n d e importance à cette plena, mais
pas plus par exemple qu'à la double leçon ^yS**"
su7.un
scriptio
des lignes 8 et 14,
suyftn de la ligne 16.
(6) • Chrétien » est e x p r i m é ici par le vrai mot iranien larsâ, « trembleur • on sait que ce m o t existait d é j à avec ce sens en pehlvî, sauf qu'il a pu désigner au début les • moines
c o m m e tel, il se trouve d é j à en transcription chinoise
dans l'inscription syro-chinoise de 781. (7) Je ne suis pas sur du sens; le m o t , j j , l j
a
double sens de « lamen-
tation • et de « mépris » ; j e m e suis inspiré du « alios despicitis » de la version latine; le second verbe m'échappe. V u l'entourage nestorien de Giiyuk, j e me demande s'il n'y a pas ici une allusion aux Nestoriens méprisés par les chrétiens d'Occident; la version latine, établie en présence des
[20]
chrétiens
Cinqai
LES MONGOLS ET LA PAPAUTE.
23
la miséricorde, comment le sais-tu pour que tu prononces de telles paroles (1)? Dans la force de Dieu (2), depuis le soleil levant jusqu'à son occident, tous les territoires nous ont été octroyés. Sauf par l'ordre de Dieu, comment quelqu'un pourrait-il rien faire? A présent, vous devez dire d'un cœur sincère : « Nous serons [vos] sujets (3); nous [vous] donnerons notre force (4) ». Toi en personne, à la tète des rois, tous ensemble, sans exception (b), venez (6) nous offrir service et hommage. A ce moment-là nous connaîtrons votre soumission (7). Et si vous n'observez pas (?) l'ordre de Dieu et contrevenez (8) à nos ordres, nous vous saurons [nos] ennemis (9). Voilà ce que nous vous faisons savoir. Si vous [y] contrevenez, en quoi en connaitrions-nous? Dieu en connaîtra. Dans les derniers jours de j umâda le second de l'année 644 (3-11 novembre 1246) (10). et Qadaq, prête à cette interprétation quand elle dit : > Sed vos, homines occidentis, solos vos christianos esse creditis, et alios despicitis. • (1) Le texte persan doit subir ici l'influence de la terminologie musulmane, et ne donne sans doute pas une impression absolument fidèle de l'original mongol. (2) L'original mongol avait sûrement tàngri kùiitn-diir, c'est-à-dire la même formule à laquelle correspond en turc [miingù] liingri kûcundd au début de la lettre. (3) J j l il. Sur ce mot turc, passé en mongol et en persan, cf. Quatremèrc, Hut. des Mongols, p. 14-15, et infra, mes notes relatives au cachet de Gùyuk. (4) Le mot que je traduis par • force » est ici kiic, au lieu qu'aux lignes 20 et 24, il répondait à l'arabo-persan 11 est certain que le mongol avait kùcin dans tous les cas, et la traduction latine a bien partout la même équivalence • fortiludo ». Mais le correspondant turc du mongol kiiciin est kiic, et on emploie en turc une expression kuc ber-, tout comme en mongol kiiciin Og-, • donner [sa] force -, au sens de « servir [quelqu'un] Sous les Mongols, ou peut-être avant eux, l'expression a été copiée, en gardant le mot turc kiic, dans le persan ^ . j S l ' e x e m p l e que fournit la lettre de Giiyuk est plus ancien que ceux réunis déjà par Quatremère, Hisl. des Mongols, p. 318-3-19. (5) J'emploie « sans exception » comme un équivalent de ^ c l ^ ^ afin de ne pas répéter • tous ensemble •. (6) Au lieu de J u L ; , il faudrait A_jL>. (7) C'est-à-dire que Giiyuk comprendra alors la sincérité de cette soumission. (8) Aux lignes 29 et 30, jcS' est pour (9)
yôyi- C'est le mot turc. Quatremère lui a consacré une note (llisi.
des Mongols, p. 128-129), où il n'y a à changer que l'hypothèse selon laquelle ySfi pourrait être mongol. (10) On a vu plus haut que cette lettre persane a été écrite exactement le Il novembre 1246. D'autre part, si la version latine de Plan Carpin n'indique aucune date, peut-être est-ce parce qu'il la lit sur le texte mongol, qui pouvait n'être qu'un brouillon, et ne pas porter encore de date; j'ai exprimé, plus haut, Pavis que ce texte mongol avait été finalement mis de côté. [21]
24
REVUE
DE L ' O R I E N T
CHRETIEN.
J'ai traduit, mais sans les discuter, les trois lignes initiales en turc. Il importe d'y revenir maintenant, en donnant d'abord la transcription et la traduction de ce préambule en turc, et ensuite le déchiffrement et la traduction du cachet mongol apposé à deux reprises sur la lettre. Les deux textes s'éclairent en partie l'un par l'autre. 1° Préambule en turc : M{ä)ngü t(ä)ngri küc(ü)ndä | kür (u)l{u)-; ulus n(u)ng talui y{a}rl(i)y(ï)m(i)z. ming | -¡an « Dans la force du ciel éternel, [nous] le khan océanique du grand peuple tout entier; notre ordre ». 2° Cachet en mongol en six lignes : Mongka t(li, tus. !*>. fol. victimes d'Ispahart, servirent à la construction de sept hautes p y r a m i d e s . En r e g a g n a n t la plaine de K a r a b a g h . pour y p r e n d r e ses q u a r t i e r s d'hiver ( 1401 ), il reçut à Nakhtchévan la soumission d e G o r g u i , le prince géorgien. Au p r i n t e m p s suivant, Bajazet, au lieu des satisfactions attendues, lui a y a n t fait parvenir les m e s s a g e s insultants dont nous avons parlé, T i m o u r activa ses préparatifs formidables. A cette époque, une comète g i g a n tesque a p p a r u t pondant trois mois d a n s le f i r m a m e n t , en se dirigeant de l'Occident vers l'Orient. Les astrologues de Timour ne m a n q u è r e n t pas de lui représenter le météore c o m m e un signe de sa prochaine victoire; aussi sa confiance en fut-elle accrue. Au début du contlit, il semble avoir voulu éviter une bataille avec le p u i s s a n t s u l t a n . Mais il avait été blessé d a n s son orgueil, et sa résolution prise était, c o m m e d ' o r d i n a i r e , sans retour. Il se mit en m a r c h e vers l'Asie Mineure, en passant par la plaine d ' E r z e n d j a n (Erzenga) et par Sivas. Il reçut d a n s cette ville une dernière réponse de Bajazet, qui le sommait impérieusement de c o m p a r a î t r e devant lui. Maîtrisant sa colère, T i m o u r c h a r g e a les a m b a s s a d e u r s ottomans de d i r e à leur maître qu'il consentait encore à lui pardonner, mais à la condition qu'il rendit au prince d ' E r z e n d j a n T a h e r t e n , ses s u j e t s retenus prisonniers et que le sultan lui envoyât son propre lils en otage. En présence des envoyés ottomans, qu'il voulait conv a i n c r e de sa formidable puissance, il passa la revue générale de ses troupes. Les g é n é r a u x , défilant l'un a p r è s l'autre devant leur souverain, mettaient pied à terre, s'agenouillaient et félicitaient le conquérant « toujours victorieux ». Celui-ci répondait p a r quelque chaude parole d ' e n c o u r a g e m e n t ; il complimenta s u r t o u t son petit-tils Mirza Mohammed-sultan, qui, le premier en Orient, venait de vêtir ses soldats d ' u n u n i f o r m e et [9]
40
REVUE
DE
L'ORIENT
CHRÉTIEN.
de former deux r é g i m e n t s de cuirassiers. La revue fut t e r m i n é e par la prière. Les deux souverains étaient égaux par l'orgueil et le c o u r a g e . Mais, cette fois du moins, T i m o u r fut i n c o m p a r a b l e m e n t plus prévoyant que son rival. 11 envoya des émissaires a u p r è s des troupes tatares qui servaient d a n s l'armée ottomane, afin de les rallier à sa cause. En six jours, Timour atteignit Césarée; six j o u r s plus tard, averti de l'approche de Bajazet, il arrivait à Angora et choisissait une forte position sur les bords de la rivière Tchilmkabad. Bajazet la Foudre (Yildirim) avec une a r m é e de cent mille h o m m e s exténuée de fatigue, privée d'eau, mal payée et mécontente, n'hésita pas à risquer une bataille contre une armée de 1 ou 300.000 hommes, ayant une foi aveugle en son chef. Le combat a c h a r n é de part et d'autre, signalé p a r la défection de quelques troupes ottomanes, se dénoua par la victoire complète de T i m o u r , que ne purent que r e t a r d e r la vaillance de 10.000 j a n i s s a i r e s et 10.000 chrétiens, de Servie. Bajazet fut fait captif. L'empire ottoman, déchiré à l'intérieur par les rivalités des fils de Bajazet, semblait devoir s'écrouler. Ce ne sera q u ' a p r è s dix ans de lutte que le plus j e u n e , le plus modéré et le mieux doué de ces princes, achèvera de vaincre ses frères et r é u n i r a en un seul faisceau toutes les forces ottomanes. Le 1" décembre I 102, T i m o u r arrivait devant S m y r n e . Cette ville était occupée depuis un demi-siècle par les chevaliers de Rhodes. Sommés de payer tribut ou de devenir m u s u l m a n s , les hospitaliers c o m m a n d é s par le g r a n d - m a î t r e Frère Guillaume de Mine, rejetèrent avec m é p r i s ces offres et ces menaces. La place ayant été prise d'assaut, les chevaliers se frayèrent un passage à t r a v e r s l'armée mongole et arrivèrent à la mer où les attendaient des g a l è r e s : mais les chrétiens de l'île furent immolés, et l e u r s têtes unies à des pierres f u r e n t employées au trophée dont la vue délectait ce monstre à face h u m a i n e . Quelques j o u r s plus t a r d , aux environs d'Éphèse, des e n f a n t s m u s u l m a n s vinrent processionnellement en récitant les s o u r r a s d u Coran, faire appel â sa générosité. 11 leur répondit en les faisant écraser sous la c h a r g e d ' u n e troupe de ses cavaliers. [10]
RAVAGES
DE T I M O U R - L E N G
EN
ARMÉNIE.
11
T i m o u r , au faite d e la puissance, r e v i n t t r i o m p h a l e m e n t à S a m a r k a n d . L'impitoyable despote avait a c c u m u l é p a r t o u t d ' i m m e n s e s r u i n e s ; il avait rasé m a i n t e s é g l i s e s . a r m é n i e n n e s , et, p a r m i celles-ci, l'église des 10 m a r t y r s de Sivas c o u r o n n é e de 40 coupoles, P l u s i e u r s des n o m b r e u x c h r é t i e n s i m m o l é s p a r son ordre m é r i t e n t bien le nom de m a r t y r s . Ainsi en e.st-il de l'évêque de Sebasto, Stepliaiios. Et p a r m i les d é p o r t é s qu'on p e u t e s t i m e r au delà de 200.000, combien ne c o m p t a i t - o n pas d ' A r m é n i e n s ? Ce c o n q u é r a n t qui e n t a s s a plus de r u i n e s que t o u s les s o u v e r a i n s vandal s, p r o t é g e a , à l ' i n t é r i e u r de son r o y a u m e , les lettres et les a r t s . De là, sa c o n s t a n t e préoccupation d'envoyer d a n s ses villes p r i n c i p a l e s , s u r t o u t Samarkand, ceux qui pouvaient c o n t r i b u e r le plus à la g l o i r e et à la prospérité de ses É t a t s : a r t i s a n s , maçons, tailleurs de pierre, ouv r i e r s d ' a r t , c o m m e les f a b r i c a n t s d ' a r m e s de D a m a s , enfin, lett r é s ou s a v a n t s en toute sorte de sciences. Dès le d é b u t de son r è g n e , il avait d o n n é à Kesch, sa ville n a t a l e , le n o m q u e l q u e peu p r é t e n t i e u x de Dôme de la science et de la civilisation (1379). Son code législatif et m i l i t a i r e , appelé Touzoulcat, m a l g r é ses d é f a u t s et ses lacunes, révèle son e s p r i t d ' o r g a n i s a t i o n , et sa f a m e u s e bibliothèque de S a m a r k a n d , son g o û t pour les sciences et les lettres, qu'il n ' e u t j a m a i s les loisirs de c u l t i v e r . Les colons c h r é t i e n s , t r a n s p o r t é s d a n s le T u r k e s t a n et le Ivhor a s s a n , s e r v i r e n t aussi son dessein. Mais n o m b r e d ' e n t r e eux, en p a r t i c u l i e r p a r m i ceux qui f u r e n t t r a n s p o r t é s des rives du Kour à k a n d a h a r , ne tardèrent p o i n t à passer à l ' i s l a m i s m e et ne g a r d è r e n t g u è r e d ' a u t r e indice de leur a n c i e n n e religion que la c o u t u m e d e t r a c e r un s i g n e d e croix s u r leur n o u r r i t u r e au m o m e n t du repas. Celui q u e la c o n q u ê l e d e vingt-sept r o y a u m e s n e pouvait satisfaire, e n t r e p r e n a i t celle de la Chine, q u a n d il m o u r u t à O t r a r , à l'âge de soixante et onze a n s (1109), Placée sous les continuelles m e n a c e s de h o r d e s avides de p i l l a g e et de s a n g , la vie spirituelle des A r m é n i e n s était trop p a r a l y s é e par la c r a i n t e , t r o p d o m i n é e p a r la violence pnur s ' é p a n o u i r et p r o s p é r e r . Ils ne m a n q u è r e n t pas les A r m é n i e n s , q u i , afin d e s a u v e r leur s i t u a t i o n , leur avoir ou m ê m e leur e x i s t e n c e , r e n i è r e n t , du m o i n s des lèvres, le Christ pour Mahom e t . Mais un certain n o m b r e de ceux qui défaillirent ainsi p a r LUI
12
REVUE
DE
L'ORIENT
CHRÉTIEN.
peur de la mort, de la confiscation de leurs biens ou de l'exil, rejetèrent la profession de foi m u s u l m a n e , dès qu'ils le p u r e n t s a n s de trop g r o s risques. Tel fut l'Ischkhan Sembat, lils d l v a n è , petit-neveu de l'évêque K tienne Orpélian de Sunie. Sembat, qui gouvernait la partie supérieure de cette province, sauva sa vie en e m b r a s s a n t l'islamisme. Il n'en f u t pas moins entraîné captif à S a m a r k a n d par T î m o u r . Au retour, il fut assez habile pour revenir au christianisme sans exciter la colère de ses maîtres. Son fils Péliguiné, n a k h a r a r plein de ressources, chrétien aussi f e r m e que p r u d e n t et bienfaisant, hérita du g o u v e r n e m e n t de son père; et maints Arméniens persécutés trouvèrent près de lui e n c o u r a g e m e n t s et appui ( 1). D'autres nobles A r m é n i e n s qui, à l'instigation de Mélik O m a r , petit-fils de Timour, avaient renié le Christ, firent aussi plus tard amende honorable. On cite parmi eux le frère de S e m bat, Bourthel, g o u v e r n e u r d'Orotn; T a r s a i d j , seigneur d'Ekég h i a t s ; S a u r a t m i s c h , seigneur de Makou, et un personnage de l'Ararat, n o m m é Aghidan (1121). Plusieurs des chefs de l'Église a r m é n i e n n e périrent victimes de la barbarie m u s u l m a n e . Mais quelques-uns d'entre eux, s'ils ne connurent pas les hontes de l'apostasie, ne méritèrent pas davantage les h o n n e u r s du martyre. Ainsi, ce fut à l'instigation des chrétiens que Mélik Omar lit saisir et é g o r g e r lecatholicos Théodoros (K!77-i:>9.']). Avec lui, raconte Thomas de Medzoph, furent immolés seize notables chefs de famille a r m é n i e n s . Plus triste encore fut la lin des deuxième et troisième successeurs de Théodoros. A la mort de Garabed I, le vartabed Hakob ou •lacques III de Sis avail été investi du patriarcal par la protection du g o u v e r n e u r m u s u l m a n . Bien qu'il fut mal affermi sur son siège et que son élection lut fort contestée, il faillit un m o m e n t , à la faveur des divisions des s u l f r a g a n t s d ' A g h t h a i n a r , réunir ce siège sous sa dépendance. Mais loin de réussir d a n s cette tentative, il ne put déjouer les complots de son entourage et il fut empoisonné par quelques-uns de ses moines (2) ; non moins lamentable, le sort de son successeur Grégoire VIII, enfermé d a n s une forteresse, puis mis à mort. Un peu aupa(1) ï c h a m t c h i a n . III. 11:1. N o u s a u r o n s l ' o c c a s i o n d e r e p a r l e r d e P é l i g u i n é . ( - 2 ) T c h a m t e l ù a i i , III, -157.
[12]
RAVAGES DE TIMOUR-MSNO EN ARMÉNIE.
13
ravant, il avait été excommunié, en punition do son apostasie. Telle est du inoins la conclusion, d'ailleurs assez flottante, du l'ère Tchamtchian 11 ). La plupart des pasteurs de l'Arménie, encore que leur vie spirituelle lut appauvrie par leur séparation de l'Kglise universelle, gardaient cependant une foi inviolable en la divinité du Christ. Appartenant par leur bonne foi à l a m e de l'Kglise catholique, des Arméniens de toule classe, de tout âge : ecclésiastiques, hommes, femmes, jeunes gens continuaient de donner à Jésus le témoignage de leur sang. Ce n'est pas que, chez les maîtres ou les gouverneurs des provinces arméniennes, il y eut alors un système arrête de persécutions en vue d'amener les Arméniens au mahomélisme. Mais, à part quelques chefs vraiment modérés, la plupart considéraient leurs sujets chrétiens comme des gens corvéables et taillabtes à merci, comme des esclaves dont les délits, vrais ou supposés, à l'égard du Gouvernement perse ou ottoman, se transformaient vite en crime capital. Ainsi prévenus, les gouverneurs obéissaient aveuglement à leur barbarie native et à leur fanatisme. Ils étaient prompts à lancer une sentence de mort, à laquelle ils ne laissaient qu'un moyen d'échapper : l'apostasie. Ahmed I Bourhaneddin (Preuve cle la Foi) ayant mis la main sur Sivas, tandis que d'autres émirs s'arrogeaient le Gouvernement de Tokat, d'Amasia, etc., eut à réprimer plusieurs révoltes, auxquelles étaient mêlés ses propres soldats. On lui signala comme instigateur de l'un de ces complots l'archevêque de la ville, Stéphanos, et les moines du couvent du Saint Signe, dont il était l'aradchenord. Le prince lui offrit un seul moyen de se justifier et de prouver son loyalisme : c'était de devenir musulman. Stéphanos et deux de ses moines, Sylvestrios et Thoros, préférèrent mourir (2). Le bourreau dut s'y prendre à plusieurs fois pour trancher la tête de l'évèque doni la taille était gigantesque et la force extraordinaire. Son visage (I) Ouvr. cité, p. 157. m r (2> Voir r/'iïnts mu- ]'kanei , Xbbm,b mi u r,siwbi,imvbii(bi\ ,S. llUVI-klUU;. V,b8(sictybUb'l.bSbU8tibb3bITS 7.
•hbi'iitníimnsL'jji.iiiunrv. í). IH>b'MÖjRb8VbUII'IM^UJ'8bbühiiimU'bHII'bU Uhry,bumTranscription
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1/7.¡Unuul^uiLha, ¡1 ^luyiiuufhuinLjJbiuíi whiun.ii
'tyliinpntift, Zfiuyrij Ijit/jJ tu t^l^mijlj un n|i n; mi/i/ f/Jpcirimu^ iiii^lpu^ ( l ! ) ^ n / y / i í i ^ n i ^ , t . / • / ' p ^ i u i n i u i ^ m p , ÀtifVLiiij t!iimnu\njf umpuLji'îiLui^ j n i j n | i i ! f i L | ) | i L Í í V*uuinL&n^ Ll ji UnLpp ty/ffa, kuiiiL. i^uih tu i^jiíi Çm ^pbli^igu I* .m»tl ji UiiLpp. 1 1 tinnii líLipiiij l ^' ^ jJnt^nLpiiit/L Ll ^nt^Ln^ tjip/juLuîït : Ipl. upupinjiii glllÇluillU^g 11 11 Lp 1bpl^\¡lU11 JI Illicit illSjlf ji ¿"I1" J^^" i|líi||ií< i! m Lp diuiì u inJiL^ míijiiiuijiiuíi, SjiitxiiL [i i^uipiniuili 'fipjiuunitici i l*pi[t LjJL jJL ng £jiiínij Ipiu) ui luí tup ng ^uilpuiLiiil^ Çni^Ln^ ^ití ¡uiyn'ljLiitj[tf Ll ipupAuiJjuiifpbiu^q i i i L i | i n j | d imi_í//~ f Ll ^»i? uihbpn^u Hna upupuiiulpuh ||ii||i ^í ipti pirn í, uihii 'l'p^iuinnu^f Ll tuhfcÁu S^uipJjj^ LL u i Ipuíiu JuiiLiiiìii^buijl^ : uiLijl / jLlfbr^LijLinyui Ll £jiìì uiíiLpnjij yu ti ^í inulti- Iptifi &iii(jimijiiL)l
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T r a d u c t i o n : « [ P a r la v o l o n t é et la m i s é r i c o r d e d u Dieu bienfaisant, moi, Aron m a g i s t è r e , honoré p a r leurs a u g u s t e s m a j e s t é s , j e s u i s v e n u , [en g r a n d e p o m p e et à la fleur] de l ' â g e , en O r i e n t , d a n s c e t t e c h a r m a n t e f o r t e r e s s e d ' A n i , j ' e n ai e x h a u s s é t o u t e s les m u r a i [ ! l e s p a r d e s m o n c e a u x d e b l j o c s L-'i
LES
INSCRIPTIONS
ARMÉNIENNES
r,3
1)'ANI.
d'une solidité absolue, et j'ai fait des dépenses considérables, de mes deniers personnels pour amener [avec effort de l'eau abondante dan|s la citadelle, pour la réjouissance et pour calmer la soif des altérés. J ' a i apporté de l'impératrice [autoc r a t e porphyrogénète une bulle d'or |de franohise,] pour le sort des maisons de cette ville et pour le thaslak qu'elles donnaient, [annuellement une quantité de 8 litres; et] aussi, à la demande des notables, j'ai supprimé le prélèvement de deux litres que payait le c o n t r ô l e u r . Amen.| » Ligne .") : (l^llijfui/1 est
certainement le mot persan
=
«¿ar* = « contrôleur ». « sort ». — 7 : iW/Su^ est l'arabe Restauration d'après Sarguissian (Topogr., p. 119) et Bejecli-
kian (Voyage en Pologne, p. 73). Sans date; mais elle a dû être tracée entre 1 0 4 5 et 1 0 5 4 .
21 ANI. — Sur le mur extérieur de Saint-Sauveur (le n" 6 du Plan), côté méridional :
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T r a d u c t i o n : « En 3 0 3 , m o i . H o v h a n n è s , fils de Sog'homon, plein de p é c h é s , j e m e s u i s s o u v e n u . . . de la m a i s o n du S e i g n e u r et, e s p é r a n t en s a m i s é r i c o r d e , j ' a i c o o p é r é a v e c m e s [biens| et d o n n é à c e t t e S a i n t e - M è r e de Dieu, d i s c r è t e m e n t ("?), [s]ix b e s a n t s du C h r i s t ,
et j ' a i i m p o s é à qui que ce soit
de c e t t e
s[ainte
é g j l i s e , qu'on c é l è b r e deux j o u r s d'offices, c h a q u e a n n é e ,
sans
opposition, c o m m e il suit : un j o u r pour mon père et un joui 1 p o u r m a m è r e , et, ;iprès mon d é c è s , un j o u r pour m a f e m m e , Zahra.
— O r . si
m o i , Movsès, c e t o f f i c e . . . p a r la m o r t d e . . .
qu'il soil j c h a r g é [ des péchés de m ( o i ) , H o v h a n n è s . » Ligne
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