Miscellanea Giovanni Mercati. Letteratura classica e umanistica [Vol. 4] 8821004791, 9788821004797


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Italian Pages 479 [484] Year 1973

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Miscellanea Giovanni Mercati. Letteratura classica e umanistica [Vol. 4]
 8821004791, 9788821004797

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STUDI E TESTI

124

MISCELLANEA GIOVANNI MERCATI V olume IV.

LETTERATURA CLASSICA E UMANISTICA

CITTÀ DEL VATICANO BIBLIOTECA APOSTOLICA VATICANA MCMXLVI

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MISCELLANEA GIOVANNI MERCATI PUBBLICATA

SOTTO

GLI

AUSPICI

DI

SUA SA N T ITÀ PIO X II I N OCCASIONE D E L L ’ OTTANTESIMO NATALIZIO DELL’E.MO CARDINALE BIBLIOTECARIO E ARCHIVISTA DI SANTA ROMANA CHIESA

V

olum e

IV.

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STUDI E TESTI 124

MISCELLANEA GIOVANNI MERCATI V olume IV.

LETTERATURA CLASSICA E UMANISTICA

CITTÀ DEL VATICANO BIBLIOTECA APOSTOLICA VATICANA MCMXLVI

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Ristampa anastatica Puntografico printing sas - Roma 2010

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INDICE H ôeg, Carsten (Kobenhavn). Notules sur l’histoire du livre

grec..............................................................................Pag. 1-12 R ome, Adolphe (Chanoine, Prof, à l’Université de Louvain).' La date de composition de l’Iphigénie à Aulis d’Euripide (avec 1 illustration)............................................................ 13-26 Mansion, Augustin (Prof, à l’Université de Louvain). La Translatio Vaticana de la Physique d’Aristote ............... 27-47 R udberg , Gunnar (Prof, in Universitate, Uppsala). In com­ mentaria Aristotelea fontesqueeorum annotationes................ 48-57 Lehmann, P aul (Universitâtsprofessor, München). Bukolische Dichtnngen............................................................................. 58-87 B illanovich, Giuseppe (Prof. dell’Istituto Orientale, Napoli) Petrarca e Cicerone............................................................... 88-106 U llman, B erthold L ouis (Professor in the University of North Carolina, Chapel Hill). The composition of Petrarch’s De vita solitaria and the history of the Vatican manuscript (with 2 plates)................................. ..................... 107-142 F unaioli, Gino (Prof. dell’Università di Roma). Notizie ed estratti da codici medievali e umanistici. · .......................... 143-166 N ogara, B artolomeo (Direttore generale dei Monumenti, Musei e Gallerie Pontificie). Iscrizioni latine di un mano­ scritto umanistico di Lodi(con 1illustrazione).....................167-177 Albareda, Anselmo Maria, O. S. B. (Prefetto della Biblio­ teca Vaticana). Il bibliotecario di Callisto III.................. 178-208 K ruitvvAgen, B onaventura, O. F. M. (Vorden, Nederland). Le Speculum exemplorum (Deventer 1481) entre les mains de Savonarole à Brescia (avec 1 illustration).................. 209-244

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VI

INDICE

GUERRINI, P aolo (Canonico, Brescia). Intorno alla edizione

toscolana delle Maccheroniche di Merlin Cocaio . . Pag. 245-259 K risteller, P aul Oskar (Professor in thè Columbia University, New York City). Francesco da Diacccto and Fiorentine Platonism in the Sixteenth Century .................................. 260-304 B ertalot, Ludwig (Borna). L ’antologia di epigrammi di Lo­ renzo Abstemio nelle tre edizioni soncinianc (con 3 illustra­ zioni) ...................................................................................... 305-326 D ionisotti, Carlo (Prof. deH’Università di Boma). Notizie di

Alessandro Minuziano...................................................... 327-372 Weiss , B obert (Professor in the University of London). Notes on Thomas Linacre........................................ 373-380 VillosladA, B icardo Garcia, S. I. (Catedràtico de la Uni-

versidad de Salamanca). La nvuerte de E ra sm o .............. J edin , H ubert (Università!sprofessor, Bonn). Vincenzo Qui­ rini und Pietro P>embo................................................... D e Y ocht, H enry (Professor in the University of Louvain). Andreas Masine (1514-1573)............................................ A lmagiI , E oberto (Prof. dell’Università di Soma). Uno sco­ nosciuto geografo del secolo x v i : Sebastiano Compagni . .

381-406 407-424 425-441 442-473

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CARSTEN HoEG

NOTULES SUR L ’H ISTOIRE DU LIVRE GREC 1. La division en livres. Le titre. On sait que la division en livres maintenant adoptée pour l’his­ toire d’Hérodote et pour celle de Thucydide a toutes les apparences d’un règlement survenu à l’époque hellénistique. Comme d’autre part il faut supposer, pour des raisons pratiques, que les exemplaires originaux de ces grands ouvrages, aussi bien que les copies contem­ poraines, ont été écrits sur plusieurs rouleaux, on peut conclure que les auteurs et les copistes ont fait la division d’une manière arbitraire et qu’elle a pu varier d’un exemplaire à un autre.1 Cet état de choses ne pouvait subsister et devait aboutir tôt ou tard à un système plus ordonné. Et, en effet, nous pouvons constater, directement et avec certitude, en examinant les textes des auteurs de l’époque hellé­ nistique, qu’une division en livres, organique et fixée une fois pour toutes,- avait succédé à la division arbitraire et mécanique de l’épo­ que classique. Mais ce n’est pas chose aisée de fixer les étapes de ce développement important. Diodore nous raconte qu’Éphore a donné à chaque livre de son Histoire Universelle un caractère d’unité (5, 1, 4: των yàp βίβλων έκάστην πεποίηκε ττεριέχειν κατά γένοε ras ττpaleis) et qu’il a mis des préfaces en tête de chaque livre (16, 76, 5: βίβλουε y έγραφε τριά­ κοντα ττροοίμιον έκάστρ ττροθείε). Mais il faut souligner que nous ne sa­ vons pas avec certitude si Éphore a numéroté ces 30 livres et leur a donné un titre commun. 2 1 V oir p: ex. T h . B irt, Abriss (les antiken Buchwesens, p. 295 (et 172 s. et 213 s.) et W. S chubart, Das Buch &. d. Qr. u. Rom., p. 43. Cf. a u ssi K enyon, Books and Readers in Ane. Qr. and Rome, p. 16 (et p. 52 et 62). 2 Of. R. L aqueur dans Kerm es, 46, 1911, p. 321 ss. (surtout p. 349 s.). Pour Théopompe voir E. M eyer, Tlieopomps Eellenika, Halle, 1909, p. 144 ss. ; E . J acoby, M iscella n ea 6 . M ercati. IV .

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Miscellanea G iovanni M ercati. IV .

Une remarque analogue peut être faite au sujet des Éléments d’Euclide. Les définitions (όροι) qui précèdent chaque livre des Éléments prouvent que ce grand ouvrage a été divisé en 13 sections et nous pouvons être sûrs que chacune de ces sections a rempli un rouleau, mais, si je ne me trompe, nous ne pouvons pas constater une numérotation des livres. Il en est autrement chez Apollonius de Perga, qui écrivait ses Κωνικά environ 100 ans après la parution des Éléments. Car nous pouvons constater, non seulement qu’il a numé­ roté ses livres et même subdivisé les livres en paragraphes, mais aussi qu’il s’est servi de ces divisions pour faciliter les renvois. En voici un exemple: ό π ε ρ άδννατον διά τ α δεδειγμένα èv τω λ α ' τ ο ν -πρώτον καί èv τω τρίτο) το ύ το υ το ύ β ιβ λ ίο υ (1, ρ. 285 Heib.). Des épîtres dédicatoires précèdent le 1er, le 2e et le 4e livre. La dernière est par­ ticulièrement intéressante parce qu’Apollonius y mentionne son ouvrage comme un tout composé de huit livres, quoique cette dédicace soit adressée à une autre personne que les deux précéden­ tes. Quand on se rappelle qu’à ce moment-là les quatre derniers livres de l’ouvrage n’avaient pas paru et que les huit livres ne sont — en terminologie moderne — que des chapitres d’un manuel, on voit jusqu’à quel point la division en livres, d’être un moyen pra­ tique, était devenue une réalité littéraire, dans le sens le plus strict du mot. Yoici ce qu’il dit: Π ρότερον μεν έξεθηκα ypâxfras π ρ ο ς € υ δ η μον το ν Π ερ γα μ η vòv τω ν σ υντετα γμ ένω ν ήμ ΐν κωνικών èv οκτώ β ιβ λ ίο υ τα π ρώ τα τρ ία , μ ετ η λ λ α χ ό τ ο ς δ ' εκείνου τ α λ ο ιπ ά διεγνωκότεΞ π ρ ό ς σ ε γ ρ α 1frai δια τ ο φ ίλ ο τ ιμ ε ΐσ θ α ί σ ε μ ετα λα μ βά νειν τ α ύ φ ημών π ρ α γμ α τευό μ ενα

π ε π ό μ φ α μ ε ν ε π ί τ ο ύ π α ρ ό ν το ς σ ο ι τ ο τέτ α ρ τ ο ν.

Jusqu’ici je m’en suis tenu aux indices de nature extérieure. Mais iKïrH ist. 2, Komrn., p. 355; U. Raqueuh dans P.-W. s. v., col. 2208. Quant à Aris­ tote, il faut supposer que ses dialogues ont été divisés en livres puisqu'il a em­ ployé la forme Imitée par Cicéron dans de finibus et autre part. Pour les autres écrits, la question est assez embrouillée il cause de la nature particulière de la tra­ dition aristotéléenne. Je me contente ici d’attirer l’attention sur une remarque très juste de M. W. Jager : «Es ist eben unser modernes Vorurteil, dass uns Uberai einheitlich angelegte, fein durclidisponierte Werke suchen liisst, wo nur Sammlungen, Reihen, Gruppen vorliegen. Wenn aber keine Numerierung bestand, dann standen die einzelnen Abbandlungen ganz selbstandig da» (Studien z. Entstehungsgesch. d. Mctnplujsik d. Aristoteles, p. 155). Il est, en effet, important de noter qu’il y a deux courants convergents du développement, d’un côté le besoin d’éviter les coupes irrationnelles dans un grand ouvrage conçu comme un ensemble stricte­ ment un, mais excédant les limites posés par la technique, de l’autre le désir de souligner par un moyen extérieur l ’unité d’essais ou de mémoires qui sont liés par des rapports de fond et de style.

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C. H ôe«, Notules sur l’histoire du livre grec

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les indices de nature interne peuvent avoir une valeur tout aussi probante. En effet, on peut prouver par une simple observation sui­ le texte de l’Anabase de Xénophon que la division traditionnelle en livres de cet ouvrage remonte à l’auteur lui-même. Car on n’a qu’à juxtaposer la phrase finale du cinquième livre et la phrase initiale du sixième pour s’apercevoir que le texte n’est intelligible que si un signe extérieur fortement marqué sépare une phrase de l’autre. Yoici le texte: Έκ τού του μέν δη ά ν ίσ τ α ντ ο καί άνεμι'μνησκον. και TcepieyéveTO ώστε K a\w s έχβιν. έκ τ ο ύ το υ δέ έν τί) διατριβή οι μέν d irò Ttjs à y o p â s έζων, οι δέ καί ληϊζόμβνοι έκ τ ijs Π α φ λα γονία ς. Le premier έκ το ύ το υ se rapporte au discours de Xénophon, le deuxième à toute la situation telle qu’elle a été décrite dans la fin du cinquième livre. Il est de toute évidence que le lecteur qui lit ces deux phrases à la suite, se demandera en vain comment il faut comprendre le deuxième έκ τού του et sera complètement dérouté par les particules μέν et δέ. Mais tout est clair pour un lecteur qui ferme le rouleau après la lecture du discours de Xénophon et de la phrase qui s’y rattache immédiatement, et va chercher un nouveau rouleau pour ce qui suit. La justesse de cette manière de voir est confirmée par un coup d’œil sur les commencements des autres livres de l’Anabase. Car, exception faite du sixième livre dont nous venons de parler, ils s’ou­ vrent tous, comme les livres de Polybe, par un asyndète, ce qui est de mise dans une édition en livres mais inadmissible dans une édition qui ne comporte pas de séparation nettement marquée. Si l’on n’en a pas tiré la conclusion qui semble s’imposer, c’est parce que les édi­ teurs modernes considèrent les petits résumés qui dans nos manus­ crits ouvrent tous les livres, sauf le premier et le sixième, comme des interpolations. Cette atéthèse est certainement fausse, mais c’est là une question qui ne se rapporte pas à l’histoire du livre grec, et je la traiterai autre part. Ici il suffit de faire remarquer que si ces petits résumés ont été écrits par Xénophon lui-même, comme je le crois, cela nous fait voir encore une fois que l’intelligence alerte de cet homme de lettres exquis s’est vivement occupée des problèmes que posait la technique du livre. Si l’on compare le commencement de l’Anabase aux commence­ ments des histoires d’Hérodote et de Thucydide, on pourra faire la même constatation. Les deux grands historiens classiques se tien­ nent à la forme ancienne (qui est une adaptation prosaïque de la σφραγώ des anciens poètes), tandis que Xénophon saute in medias

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M iscellanea G iovanni M ercati. IT .

res par la phrase:

Δ α ρ είο υ καί Π αρυσάτιδοε y iy v o v r a i

τγa id e s δύο, irp e Et on peut aller plus loin en disant que tout le prologue de l’ouvrage (chap. 1 et chap. 2,1-5) sert fort bien d’introduction à un ouvrage qui porte le titre de Κόρου Ά ν ά β α ο -is mais non pas, à vrai dire, au livre de Xénophon qui, on le sait, achève la description de 1’ ανάβασή proprement dite en deux livres tandis que les cinq livres suivants racontent la κ α τ ά β α σ ιε des mercenaires grecs. On s’explique mal comment un éditeur posté­ rieur aurait eu l’idée de donner au récit de Xénophon un titre qui définit aussi mal son contenu. Par contre, on comprend parfaitement que Xénophon lui-même a choisi ce titre un peu trompeur: pour lui la chose essentielle était d’indiquer à ses contemporains que son livre se rapportait, comme plusieurs autres, à cette série d’événements qui dans son temps était si vivement discutée et que l’on désignait com­ munément et commodément par les mots de Κ όρου ά νά β α σ ιε. J ’en tire la conclusion que ce titre 3 — qui d’ailleurs dans la tradition manuscrite est conservé avec une persistance assez rare — remonte à l’auteur lui-même et qu’il l’a fait indiquer sur ses rouleaux d’une façon bien nette, ou .autrement dit, que Xénophon, sur ce point aussi a tiré les conséquences du fait que le livre dans son temps ga­ gnait, de jour en jour, une position de plus en plus autonome, indé­ pendante de la tradition orale. Il serait fort agréable — aussi au point de vue qui nous occupe ici — si l’on était d’accord sur la date de la composition et de la pu­ blication de l’Anabase. Mais on est bien loin de cela. Ici je ne peux pas traiter cette question, mais je dois me contenter de signaler en passant la date d’environ 390 avant J.-Chr. comme la plus probable. Mais même si l’on place la publication de l’Anabase après la bataille de Leuctres, comme le font certains savants, nous avons obtenu par ces observations un recul assez considérable du terminus ante quem pour la division réglée en livres (et pour l’emploi « moderne » du titre). Une des innovations de Xénophon, à savoir l’emploi de résumés en tête des rouleaux, ne s’est pas imposée. Mais on a de la peine à s’imaginer que la division réglée en livres, une fois inventée, eût été abandonnée. Et, au fond, rien ne nous oblige à supposer qu’un retour

σ β ιh e p o s pèv Α ρ τ α ξ ό ρ ξ η ε , vecórepos êè K vpos.

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Sur la question de l ’histoire du titre, voir le mémoire très nourri d’EnNST

N achmanson, Der griecHische Buchtitel, = Gotehorgs Hôgslcolas Irsskrift,

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1941, 19.

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C. H oeg, Notules sur l’histoire du livre grec

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au vieux système désordonné ait eu lieu. Car il faut bien souligner que le système nouveau ne signifie pas nécessairement que tous les auteurs après ce temps-là aient senti le besoin de transposer ce fait — qui en lui-même est de nature extérieure — dans le plan de la composition. Platon, par exemple, ne semble pas s’être soucié de répartir la matière de la République ou des Lois 4 dans un certain nombre de chapitres, correspondant au nombre, de rouleaux em­ ployés par lui et par ses copistes. Xénophon lui-même ne s ’écarte pas essentiellement de la façon thucydidéenne dans ses Helléniques où il continue l’œuvre du maître; il est intéressant cependant de no­ ter que les transitions du 2e livre au 3e, du 3e au 4e, du 4e au 5e, et du 5e au 6e, au point de vue de la composition, ne sont pas sans si­ gnification. Le cas des Helléniques nous donne donc le droit de poser le prin­ cipe que la division réglée en livre — comme phénomène extérieur — a pu exister sans laisser de trace. On peut s’imaginer que quel­ ques auteurs — Platon avant tout — aient vu dans la façon adoptée par Xénophon dans l’Anabase et par Éphore dans son Histoire Uni­ verselle, une sorte de décomposition d’un ensemble cohérent, et que pour cette raison ils aient tenu à effacer toute sorte de coupe correspondant à la transition d’un rouleau à un autre. 2. Changements de texte ajoutés après coup par Vauteur. L’activité des philologues modernes est consacrée en grande me­ sure à l’élucidation des altérations importantes introduites dans les textes classiques par les savants, les professeurs, les simples lecteurs qui désiraient contribuer à en rendre la lecture plus facile ou plus fructueuse. Souvent des faits de ce genre posent aux éditeurs mo­ dernes des problèmes très embarrassants, surtout à cause de la diffi­ culté de savoir si les altérations proviennent d’un acte consciencieux et systématique ou bien d’une accumulation successive de petites altérations de caractère plus fortuit. Il suffit, dans cet ordre d’idées, de rappeler les problèmes que pose l’établissement du texte d’Hé­ rodote et de celui d’Archimède. Si, par exemple, nous comparons, * Il ne faut guère attacher de l’importance à la notice transmise dans Suidas yàp ιγ' αυτός ■προσθυΤναι λόγεται. Voir, en dernier lieu, H. Raeder, Platons Epinomis, Copenhague, 1938, p. 4.

S. V. φιλόσοφοί: ... ôs τους Πλάτωνος Νόμους SieiXev eïs βιβλία ι β τ ο

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Miscellanea G iovanni M ercati. IV.

au point de vue du dialecte, les divers écrits archimédéens, nous y trouverons représentées presque toutes les nuances possibles de dédorisation, si j’ose dire ainsi; le dialecte de Ψ αμμίτηε est presque pur dorien, tandis que celui de 1’ Έ φ ο δ ο ε est la koinè; dans les deux livres Περί όχουμενω ν enfin le nombre de dorismes, considérable dans le commencement, va diminuant successivement pour disparaître presque complètement dans la dernière partie de l’ouvrage. Il semble vraisemblable qu’une transcription systématique de ν Έ φ ο δ ο ε a eu lieu (à l’époque hellénistique?) mais que les dorismes d’autres livres ont disparu successivement et, en partie, à une période très récente. Quant aux livres flep i σ φ α ίρ α ε καί κυλίνδρου, Κ ύκλου μ έτρ η σ ιε et Περί ισ ορρ οπ ιώ ν, He:berg a montré 5 que le texte que le commentateur Eutocius (environ 500 après J.-Chr.) avait à sa disposition, présentait un mélange de formes doriennes et de formes de la langue commune, et qu’un certain nombre de dorismes du texte connu par Eutocius ont disparu puis, en partie à la suite d’une épuration entreprise par Isidore (pour les livres Περί σ φ α ίρ α ε et Κύκλου μ ετ ρ .), en partie par des actions moins volontaires et moins systématiques. Cela revient à dire que le remplacement des formes doriennes dans quelques cas a été un processus lent qui s’est poursuivi jusqu’à la fin du moyen âge. Des problèmes analogues, concernant le fond, se posent très souvent dans les œuvres de caractère scolaire ou scientifique. Il suf­ fit d’en citer un seul exemple. Dans la tradition d’Euclide on peut distinguer deux groupes de manuscrits dont le premier donne, en principe, le texte original, le deuxième un texte systématiquement remanié par le mathématicien Théon (vie siècle après J.-Chr.); mais, à part cela, il y a dans les manuscrits des deux groupes un nombre considérable d’interpolations et d’autres changements qui nous montrent que les professeurs qui, à travers les âges, ont étudié et expliqué à leurs élèves les chefs-d’œuvre du grand classique, ne se sont pas gênés pour introduire dans le texte les petites altérations qu’ils jugèrent utiles. Des faits de ce genre ne soulèvent pas de difficultés de principe et sont dûment pris en considération par les éditeurs modernes. Mais il semble que l’on n’aime pas mettre en ligne de compte les considé­ rations de ce genre dans les cas où l’on peut supposer que l’auteur 3 Voir .i. J.. Heiberg, Ualter den ü ia lek t des Archimedes, dans Jahrb. f. cl. l ’hilol., Suppl.-Ud. 13, p. 543 s., et les rectifications dans Archimedis Opera, ed. H eiberg. 3, Leipzig. 1915, p. xciis .

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Ο. H ôeg, Notules sur l’histoire du livre grec

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lui-même porte la responsabilité de changements dans le texte. La raison en est, probablement, que l’on oublie parfois que les conditions de la vie littéraire de l’Antiquité classique étaient essentiellement différentes des nôtres, dans ce sens que l’autonomie du livre vis-à-vis de l’auteur était à cette époque beaucoup moins nette qu’aujourd’hui. Les historiens du livre antique citent souvent un passage fort inté­ ressant de Galène (in Hipp. XVII, 1 p. 80, I Kühn) dans lequel l’au­ teur regrette que les copistes se méprennent parfois sur le caractère des variantes qu’il a notées dans les marges de son exemplaire en réservant le choix entre les deux expressions à un moment de loisir. Il est bien évident que de telles inadvertances peuvent avoir amené qu’un texte faux ait parfois été offert au grand public. Des choses analogues peuvent se passer aujourd’hui, mais la grande différence est que les possibilités de remédier aux défauts de la première édition sont beaucoup plus restreintes pour l’auteur moderne qu’elles ne l’étaient pour l’auteur antique. Permettez-moi de citer à ce propos un passage d’Apollonius de Perga qui, malgré le grand intérêt qu’il présente du point de vue de l’histoire du livre, semble peu connu. Je parle de l’épître dédicatoire adressée à Eudème, qui précède le pre­ mier livre des Κωνικά. Apollonius y raconte qu’il s’était pressé d’ache­ ver le manuscrit de son œuvre pour satisfaire au désir d’un ami qui allait partir d’Alexandrie et que, par conséquent, le manuscrit qu’il a pu donner à cet ami n’avait pas un caractère définitif; il pré­ vient Eudème que, pour les deux premiers livres de son ouvrage, il existe un certain nombre d’exemplaires qui ont été copiés d’après ce manuscrit imparfait; il fait savoir enfin que maintenant il est en train de réviser son bouquin et qu’il en va publier les huit livres au fur et à mesure qu’il aura fini la révision de chaque livre: « δθεν και­ ρ όν νυν λαβ ό ντε s dei το τ υ γ χά ν ο ν διορθώ σεω ε εκδίδομεν » (1, ρ. 2 Heib.). Apollonius serait heureux de savoir que toute trace de l’édition pré­ maturée a disparu. Ce cas est en principe assez proche de ce que nous appelons au­ jourd’hui une « deuxième édition », et l’emploi de termes techniques comme έκ δ ο σ ή et διόρθωα-is prouve que l’on avait mis à profit, aussi pour les livres récents, la technique littéraire que les philologues alexandrins avaient inventée et perfectionnée pour les études ho­ mériques. Dans un livre récent, Zweite Auflage im Altertum, (Leipzig 1941) de M. Hilarius Emonds, savant bénédictin de Maria Laach, on trou­ vera une discussion détaillée de cas analogues, empruntés surtout

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Miscellanea G iovanni M ercati. IV.

à la littérature chrétienne. M. Emonds constate dans le chapitre d’introduction que la notion de « deuxième édition », quand on parle de l’Antiquité, doit être prise dans un sens assez différent de celle de l’usage moderne. Il dit à ce propos: « Yielmehr kann jede naehtràgliche Aenderung eines antiken Werkes, die sich auf den Verfasser zuriickführen lâsst und in den mittelalterlichen Handschriftenvarianten auf uns gekommen oder durch literarische îfachrichten bezeugt ist, den Anspruch erheben, als zweite Auflage des Werkes angesehen und gewertet zu werden » (p. 22). Cette gauche circonscription du champ d’observation me semble à la fois trop vague et trop étroite. 6 Ce qui est intéressant avant tout, c’est que dans les conditions de la vie littéraire de l’Antiquité les changements ajoutés après coup par l’auteur couvrent un espace très étendu et infiniment nuancé. Au­ jourd’hui il y a une limite nettement marquée entre les changements ajoutés dans l’exemplaire de travail de l’auteur et les changements introduits dans une nouvelle édition; cette limite n’existait pas chez les anciens. Il est vrai que normalement nous ne pouvons constater que des changements systématiques et officiels, pour ainsi dire — et cela explique que les études de M. Emonds, malgré l’affirmation de l’introduction, doivent s’en tenir assez étroitement aux cas qui ont une ressemblance nette avec ce que nous appelons des « deuxiè­ mes éditions » — mais il importe de ne pas oublier qu’un auteur an­ tique a pu insérer de temps en temps de petits changements dans son exemplaire de travail et que ces changements ont pu passer dans un grand nombre d’exemplaires du livre en question sans que l’on ait le moindre droit de parler d’une édition nouvelle. Je voudrais men­ tionner ici un des rares cas dans lesquels on puisse trouver une con­ firmation, à mon avis décisive, de la justesse de ces considérations générales, à savoir les biographies de Plutarque. iTous savons que dans l’édition des Yies de Plutarque chaque rouleau (βιβλίον) portait un numéro d’ordre et comprenait une syzygie de deux Vies (plus la σύγκρισή), et nous savons que la pu-

0 De la notion moderne M. Emonds donne la définition que voici : « Durch die Hand des Verfassers wird einem tiereits veroffentlichten schriftstellerischen Werk eine neue Bearbeitung, Verbesserung oder vollstandige Umgestaltung zuteil, in der es zum zweiten Mal in den Buchhandel gelangt. » Cette définition ne vise que les cas où il s’agit d’une nouvelle édition faite par une autre personne que l ’au­ teur, et dans le cas d’un livre qui n’est pas mis au commerce. Il est étrange que M. Emonds de cette façon a exagéré les difficultés de la comparaison des conditions antiques et modernes.

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C. B oeg, Notules sur l’histoire du livre grec

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blication de toute la collection de Vies a été faite successivement.. Mais il est difficile de savoir si chaque publication a compris, ou bien une seule syzygie, ou bien un groupe de syzygies. Les savants qui ont essayé de trouver une solution de cette question et de déterminer la chronologie relative des Vies, ont généralement pris comme points de départ les cas assez nombreux où Plutarque dans une biographie donne des renvois à une autre. Voici les deux axiomes qui sont à la base de ces recherches: 1. Si l’auteur dans la Vie x renvoie les lecteurs à ce qu’il a dit dans la biographie y, il faut conclure que x a été publiée après y ou en même temps que y. 2. Si l’auteur renvoie dans la Vie x à ce qu’il a dit dans la biogra­ phie y, et vice versa, il faut conclure que x et y ont été publiées en même temps. Pour compléter ces calculs il faut encore considérer les cas où l’auteur renvoie (par un verbe au futur) à ce qu’il va écrire dans une autre biographie, et enfin on peut avec quelque raison supposer que Plutarque a écrit — et publié — en même temps les Vies pour les­ quelles les sources étaient communes. Mais, chose curieuse, cette méthode, qui semble être la simplicité même, nous mène à des résultats impossibles. On peut aisément s’en convaincre en examinant les passages recueillis et discutés dans l’étude approfondie de M. Cari Stoltz: « Zur relcttiven Chronologie der ParalléWiographien Plutarchs » (Lunds Universitats Arsshrift, N. F. And. 1, Bd. 25, Nr. 3, Lund 1929). Je ne donnerai ici qu’un seul exemple. Dans le premier chapitre de Thésée, Plutarque dit que mainte­ nant qu’il a passé en revue (διελθόντι) les grandes figures de l’his­ toire strictement dite, il va s ’attaquer aux personnes de la mytho­ logie, et il ajoute: Girei Sè τον περί Λυκούργου του νομοθύτου καί Νομό τοΰ βασιλεως λόγον έκδόντεε, εδοκοϋμεν ούκ αν άλόγωε τω 'Ρωμΰλψ ττροσαναβηναι κτλ. Ce passage prouve indubitablement que les Vies de Thésée et de Eomulus ont été écrites et publiées à un moment où Plutarque avait déjà publié un grand nombre de Vies parallèles, parmi lesquelles les Vies de Lycurgue et de Numa. Or, dans la fin du chap. 9 de Numa nous lisons le renvoi que voici: -περί ών... év τω Kaμίλλου βίω γέγραπται, et nous en tirons la conclusion que Numa a été écrit après Camille, et quand nous lisons dans Camille (chap. 33) la phrase que voici: ώε δε 'Ρωμύλοε ήφανίσθη... ώε èv rois -περί εκείνου γέγραπται, nous ne pouvons nous soustraire à la conclusion que Ca-

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Miscellanea G iovanni M ercati. IV.

mille a été écrit après la Vie de Thésée qui, à son tour, avait été écrit après Numa, qui était écrit après Camille, ôirep ατοπον ! Pour échapper à ces difficultés, on a inventé des hypothèses très mal fondées. J. Mewaldt7 a donné du διβλθόντι du prologue de Thésée une explication tout à fait fantaisiste que M. Stoltz a criti­ quée à juste titre (p. 73). Mais les hypothèses auxquelles M. Stoltz a eu recours pour sauver ses constructions, me semblent également hasardeuses. Pour expliquer le passage de Camille que je viens de citer, il propose — avec beaucoup de réserves, il est vrai — de lire ms èv t o îs Ahiois γέγραπται. Or, dans les Quaestiones Romanae la chose en question n’est pas mentionnée. Mais, dit M. Stoltz, Plutar­ que aurait pu croire — par une erreur de mémoire — qu’il en avait parlé dans cet écrit. Il ajoute: «Ich will durchaus nicht behaupten, dass eine solche Erklârung wahrscheinlich ist, aber man dürfte auch nicht behaupten kônnen, dass sie ganz undenkbar ist ». M. Stoltz indique aussi la possibilité qu’il faille lire y ραφήaerai au lieu de yéypairrai. J ’admets volontiers, avec M. Stoltz, qu’il ne faut jurer de rien, mais il semble, bien évident qu’il vaut mieux désespérer de toute solution que jouer avec des hypothèses aussi peu vraisembla­ bles. La dernière possibilité envisagée par M. Stoltz, c’est que les citations récalcitrantes seraient des interpolations. Or, on ne saurait invoquer en faveur de cette hypothèse d’autres arguments que juste­ ment la difficulté dont nous parlons, et il faut même avouer qu’un des passages incriminés n’a pas du tout l’air d’être une addition marginale due à un lecteur zélé; je parle du passage dans le chap. 9 de Brutus où l’on trouve, après la mention des provocations des Césaréens, la phrase que voici: τουναντίον δ’άπήντησεν, ès eV t o îs ■wepi Kaiaapos άκριβώε yéypa-πται. J ’oserai affirmer que l’auteur luimême est la seule personne au monde qui ait pu trouver naturel de faire cette addition sous cette forme. Si l’on trouvait dans un recueil moderne de biographies des con­ tradictions apparentes de ce genre, on n’hésiterait pas à supposer qu’une partie des citations avait été insérée par l’auteur à l’occasion d’une nouvelle édition. Pour Plutarque aussi, naturellement, on a pensé à cette possibilité. Mais tous les philologues qui se sont occupée de cette question, se sont empressés de rejeter cette idée comme étant parfaitement absurde. Voici par exemple ce qu’en dit J. Mewaldt: pMichaelis hat p. 8 und 9 klar erwiesen, dass der Gedanke einer ’ Dans un mémoire paru dans Hermes (42, 1907), p. 572.

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C. H ôkg, Notules sur l'Jiistoire du livre grec

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zweiten Edition bei den zahlreichen Flüchtigkeiten dieser Schriften absurd ist » (1. c. p. 568). M. Stoltz se range sans la moindre hésita­ tion à l’avis de C. Th. Michaelis et de J. Mewaldt et trouve comme eux l’idée d’une révision absolument impossible parce que les Vies, telles que nous les connaissons, contiennent de nombreuses contra­ dictions et inadvertances que l’auteur aurait dû corriger dans une édition revue (1. c., p. 62). Si Plutarque avait entendu cette argumen­ tation, il aurait certainement répondu par un fin sourire béotien. Quelle absurdité que de demander qu’il relise, qu’il compare, qu’il corrige tous les rouleaux de ses Vies en vue d’en faire disparaître les contradictions et les inconséquences! Il n’a pas considéré les Vies comme une œuvre scolaire, et on peut être sûr que la pensée des inadvertances qu’il avait laissé subsister, ne lui a pas causé de graves soucis. Ce qui, de notre point de vue, est intéressant dans cette dis­ cussion, c’est que toutes les difficultés cessent d’exister dès qu’on se rend compte que les notions modernes concernant la technique de publication ne peuvent pas être appliquées sans modification aux phénomènes antiques. Un auteur moderne qui désire renvoyer les lecteurs d’un livre qui déjà a paru à des publications postérieures ne pourra le faire que par la publication d’une nouvelle édition (et s’il s’agit d’une œuvre d’érudition, le public a le droit de supposer que l’auteur à cette occasion ne se contentera pas d’ajouter des renvois mais s’efforcera aussi de corriger des fautes manifestes de la pre­ mière édition). La situation d’un auteur antique était toute diffé­ rente: les changements et les additions qu’il introduisait de temps à temps dans son propre exemplaire, avaient toutes les chances d’êtres mises à profit, non seulement par ses amis mais aussi par les éditeurs professionnels. On peut s’imaginer que les Vies de Plutarque ont été publiées par un libraire béotien et que l’auteur lui a prêté un exemplaire de caractère authentique chaque fois qu’une Vie — ou recueil de Vies — était épuisée. De cette façon il pouvait toujours être en vivant contact avec son œuvre. Si l’on accepte cette manière de voir, les renvois ne peuvent pas être employées pour déterminer la chronologie relative des biogra­ phies. Car, dans chaque cas, il faut admettre la possibilité que le renvoi soit une addition faite après coup; seules les indications des numéros des livres et les passages — comme celui du commencement de Thésée — où l’auteur nous renseigne directement sur le progrès de son travail, gardent leur valeur comme indices chronologiques. Mais les renvois nous seront utiles à un autre point de vue. Car la

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Miscellanea Giovanni M ercati. IV.

manière dont Plutarque s’en sert nous fait voir comment il a consi­ déré l’ensemble de ses Vies parallèles. Non pas comme un ouvrage bien ordonné et strictement disposé, mais tout de même comme un ensemble cohérent où tout se tient. En d’autres termes, si l’on veut suivre les intentions de l’auteur, on peut lire les syzygies dans n’importe quel ordre, mais il faut les lire toutes et tout d’une traite. Plutarque a employé quelque part, pour caractériser Varron, le mot curieux de βυβλιακώτατοε. Aujourd’hui on pourrait appli­ quer ce mot — et dans un sens doublement intense — à l’éminent savant à qui ces modestes notules sont offertes en hommage. Puis­ se-t-il y trouver une nouvelle confirmation des relations intimes qui existent — ou doivent exister — entre les études bibliotechniques et les études sur les idées qui sont exprimées dans les livres.

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ADOLPHE ROME

SUR LA DATE DE COMPOSITION DE L ’IPHIGENIE À AULIS D’EURIPIDE L’Iphigénie à Aulis d’Euripide est une œuvre posthume. Mais une œuvre posthume n’est pas nécessairement de la dernière année de la vie de l’auteur: il a pu en différer longtemps la publication. D ’autre part, on peut toujours se demander, lorsqu’on lit une publi­ cation de ce genre, jusqu’à quel point celui qui s’en estr chargé a dû. intervenir pour la mettre dans un état d’achèvement suffisant. Ainsi, certains éditeurs modernes pensent qu’Euripide le jeune, qu’une scolie aux Grenouilles d’Aristophane désigne comme didascale, serait l’auteur des parties du prologue qui sont en anapestes.1 Nous pensons que le prologue indique lui-même, et cela dans la partie en anapestes, qu’il a été composé vers la fin de juillet 409 av. J.-C. "Voici comment. Dans ce prologue, Agamemnon charge nuitamment un vieil esclave de confiance d’aller porter à Clytemnestre une lettre, pour l’empêcher de venir avec Iphigénie, qui, sinon, doit être sacrifiée comme l’on sait. Cela permet à Euripide d’intercaler le monologue traditionnel chez lui, où, comme disait Aristophane, ούξιώ ν -πρώ τιστα μέν μοι το y ê v o s ΐ ΐ π ’ αν eùdvs τ ο ύ δράματθ5

« celui qui sortait le premier me racontait comme çà tout de suite « l’origine du drame ».2 1 Cf. E u r ip id is Fabulae, ed. G. Mubraï, Oxonii 1913, tome 3, cahier 18, fol. 4V. A ristophane , Grenouilles, 946-947.



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Miscellanea Giovanni M ercati. IV .

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A la fin du prologue, on est au point du jour: (Agamemnon) τάδε

Ί θ ι * λευκαίνει φω ς ήδη λ ά μ π ο υ σ ’ j)ws

π υ ρ r e τ έ θ ρ ιπ π ω ν των Ά ε λ ίο υ (ν ν . 156-159)..

« Va. La lumière blanchit déjà: voici l’aurore brillante, et le feu du quadrige d’Hélios ». Pendant toute la nuit Agamemnon a travaillé à sa lettre. Un certain temps avant l’aube, il appelle le vieillard et tâche de le faire partir avec son message avant que le camp ne s’éveille. L’heure du début est ainsi fixée approximativement, et tout le monde semble d’accord sur ce point. 3 Cela posé, nous pouvons aborder l’examen d’un autre passage, beaucoup plus discuté: il s’agit des vers 6 à 9. Tels qu’on les lit d’ordinaire, 4 ces vers se présentent comme suit: Agamemnon: Tis π ο τ ’ âp ’ ά σ τή ρ ode π ο ρ θ μ εύ ει; Le vieillard: Σ είρ ιος ε γ γ ύ ς τής έ π τ α π ό ρ ο υ Π λειάδος ά σ σ ω ν ετι μ εσ σ ή ρ η ς ... (ν ν . 6-9).

Agamemnon: Quel est donc cet astre qui passe là-bas? Le vieillard: Seirios, près des Pléiades aux sept voies, lançant son rayon encore au milieu du ciel. L’on comprend d’ordinaire que le vieillard nomme Sirius. La difficulté est qu’il est fort loin des Pléiades.5 Au moment où nous

3 Voir p. ex. J. Meunier, Pour une lectura candide de l’Iphigénie à Aulis, dans Le Musée belge, 31 (1927), p. 1(1 sqq. Λ Nous reprenons ici le texte d’Euripide, ed. Nauck, 3e ed. Leipzig, 1924. 5 IV a près 1’. V. N eugebatjeb, Sterntafcln von 4000 v. Ghr. bis sur Gegenwarl, Leipzig 1912, on a, en 401 av, J. C. : Sirius, ascension droite 74.S5; déclinaison — 16.32. η Taureau (l’une des Pléiades), ascension droite 23.23; déclinaison +13.95. La distance, en ascension droite, est de 51.62° soit 3h 26m. Et ij du Taureau est une des dernières Pléiades à passer au méridien. Or, d’après plusieurs auteurs, cette question équivaut à : quelle heure est-il ? L’esclave aurait voulu faire montre de ses connaissances astronomiques, et pour décrire cela, Euripide serait allé choisir des étoiles au petit bonheur. Ce serait déjà ridicule. Mais ne serait-il pas

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Λ. R oue , Date de composition de l’Iphigénie à Aulis

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écrivons ceci, l’on voit Sirius au soir, et l’on peut constater qu’avec tout Orion et Aldébaran (a du Taureau) entre lui et les Pléiades il n’y a vraiment pas moyen de qualifier Sirius è y y v s rrjs flXeidêos. Jos. Scaliger l’a déjà remarqué. 6 Samuel Musgrave7 l’a souligné' à son tour à grand renfort de citations d’Aratus, d’après qui Sirius est voisin du Lièvre poursuivi par Orion. En conséquence Musgrave fait une conjecture comme on n’en devrait jamais faire, consistant à dénommer la constellation du Lièvre Πτωκαε, sous prétexte que d’après Hésychius on a τττώ ξ appliqué à n’importe quel animal peu­ reux et que tttSkus a τττώξ non videtur differre. 8 Delambre suppose qu’il y a confusion entre Sirius et Aldébaran. On n’a pas proposé de correction au texte pour lui faire nommer Aldébaran. Mais Boissonade, qui rapporte l’opinion de Delambre,

encore plus ridicule d’avoir été tomber, pour indiquer l’heure, sur des étoiles dont le passage au méridien est distant de 3h !4, e t de les déclarer proches ? L’arc de grand cercle qui joint Sirius et η Taureau, d’après cela, est long de 57° 34'. Oes chiffres ne disent peut-être pas grand chose à certains de nos lecteurs philologues. Mais pour donner une idée de ce qu’est, cette distance, si l’on part de l’horizon, il suffit de parcourir trois fois un pareil arc pour se retrouver près de l’horizon opposé, après avoir traversé tout le ciel. On ne peut tout de même lias bien dire que deux étoiles qui ont entre elle le Y, de la voûte céleste sont près l’une de l’autre. Et si Euripide l’avait dit, alors ce serait plutôt Eschyle qui, lors de la discussion des prologues dans les Grenouilles, aurait eu le droit d’objecter : eùOiis yàp ηράρτηκον ουράνιον otrον (Grenouilles X13S).

Pour M. L. P armentier , Notes sur l’Iphigénie à Aulis d’Euripide dans Acad, roy. de Belgique, Bull, de la cl. des lettres et des so. mor. et poi. 5 (1919), p. 469, « il y a une certaine inexactitude, comme l’a déjà remarqué Scaliger, à placer Sirius à côté des Pléiades ». Une certaine inexactitude. Il est vrai que plus loin le même auteur traduit ρεσσήρηε «au zénith», sans comprendre qu’en mettant Sirius au zénith il expédie Agamemnon, et probablement aussi Euripide, à Mada­ gascar ou à Sainte-Hélène. A cela aussi l’on pourrait reprocher une certaine inexac­ titude, et elle serait précisément du même ordre de grandeur, reportée sur la sphère terrestre, que celle qui placerait Sirius près des Pléiades. O’est même pour Viouvoir donner cette comparaison, qui frappera probablement plus que toute autre le lecteur philologue, que nous avons reproduit l’interprétation de M. Parmentier. Nous ne voulons pas suggérer que cet article est sans valeur. 0 Of. E u r ip id is quae exstant omnia ed. B arnes , Oantabrigiae, 1694 Pars 2». p. 31. 1 E u r ip id is , Tragoediae, fragmenta, epistòlae ed. J osuae B arse s ii nunc re­ cusa etc., Lipsiae, 1778 cfr. voi. 3, continens SamueMs Musgravii notas integras in Euripidem, p. 373. 8 D’après le dictionnaire de L iddell et S cott, dernière édition, 192» sqq. nramàs se rencontre appliqué aux oiseaux mais pas au lièvre, τττώξ est appliqué nu lièvre (j’imagine que Musgrave accentue Πτωκαε suivant la règle des noms propres homonymes d’un nom commun).

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Miscellanea G iovanni M ercati. ΣΥ.

fait remarquer que aeipios peut s’appliquer à n’importe quel astre brillant et en conséquence: crediderim hic esse aeiptov non proprium Caniculae sed commune stellae nomen alicuius splendidae, quae ex Pleiadum vicinia disertius significetur; ut aeipios eyyvs sit quasi aeipios ό eyyvs ών Ttjs fìXeiaSos possitque esse Tauri Oculus ( = Aldebaran).9 Seulement, c’est précisément l’article ό ajouté par Boissonade qui donnerait un sens à la réponse du vieillard. Il faut avouer que dans le texte même d’Euripide elle serait étrange, ainsi com­ prise, et même un peu comique: — Quel est donc cet astre qui passe là? — O’est un astre brillant près des Pléiades aux septuples voies, luisant encore au milieu du ciel. On pourrait commenter: moi, je n’en sais rien. Si l’on voulait faire des conjectures, on pourrait aussi essayer de remplacer les Pléiades par Orion. Il a sept grandes étoiles et on les remarque bien mieux que les obscures Pléiades. Nous n’avons pas, dans les quelques éditions que nous avons pu compulser, ren­ contré cette correction-là.10 ’ Gfr. B oissonade, Euripide, Paris, 1820, p. 317. Il ne dit pas où Delambre a suggéré cela, pas plus que les petites éditions de Frx et L e B as, Paris, 1849 et de L efranc, Paris 1849, qui ont sans doute pris ce renseignement à Boissonade. Nous n’avons pas trouvé cette suggestion de D elambre dans son H istoire de l ’astronomie ancienne, Paris, 1817, dont le chapitre XVII énumère des passages astronomiques de poètes surtout latins. 10 H. Weil, Sept tragédies d’Euripide, Paris, 1905, p. 321 app. crit. n. 8, sug­ gère que άσσων pourrait être une déformation de Λίθων lequel serait alors le nom d'une planète. Il rappelle qu’il existe des noms de ce type. Seulement la liste de ces noms est bien connue : φαίνων est Saturne; φα