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French Pages 144 [145] Year 2022
Comme un remède, ce livre vient mettre sur la plaie guinéenne un traitement, en rappelant l’histoire, en donnant des exemples de pays d’à côté qui ont succombé parce que la démocratie est malmenée, parce que les peuples ont de mauvais guides ou du moins des guides qui les poussent vers la perdition. L’auteur ne part pas avec le dos de la cuillère pour critiquer le système de gouvernance archaïque, soutenu par la France. Les dictatures financées par la métropole pour maintenir l’Afrique dans une position de soumission, comme toujours : le petit mendiant, celui qui vit de dons et attend tout de la puissance colonisatrice. Il y a de la puissance dans les mots, de la teneur dans chaque expression. Ce livre, c’est comme une cure. Nous pouvons lire çà et là des auscultations teintées de critiques positives pour remettre le train sur les rails, pour orienter le voilier et naviguer paisiblement vers l’île de l’alternance : « gage de bonne gouvernance. » Né le 03 juillet 1991 à Guéckédou au sud de la Guinée, Fabien Bangoura est un écrivain révolutionnaire, diplômé en (Droit), il décide de rester dans son pays et ne jamais le fuir en faisant le serment de le servir, dans l’espoir qu’un jour il se développera et émergera. Il rêve d’une Afrique libre, souveraine et démocratique, libérée des griffes d’une oligarchie politique qui a pris en otage le destin de tout un peuple. « Ma sainte rébellion pour l’Afrique » est le titre de son premier ouvrage.
Illustration de couverture : © 123rf.com
ISBN : 978-2-14-031044-7
16 €
9 782140 310447
Fabien BANGOURA
Cette œuvre vient à point nommé, à un moment critique de notre histoire, à une époque dure, une ère de troubles, un temps tourmenté par les combines politiques, par le manque de patriotisme et par le rejet de l’autre.
Ma sainte rébellion pour l’Afrique
Ma sainte rébellion pour l’Afrique
Fabien BANGOURA
Ma sainte rébellion
pour l’Afrique ESSAI
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Ma sainte rébellion pour l’Afrique
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Fabien Bangoura
Ma sainte rébellion pour l’Afrique Essai
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L’Harmattan, 2022 5-7, rue de l’École-Polytechnique, 75 005 Paris http://www.éditions-harmattan.fr ISBN : 978-2-14-031044-7 EAN : 9782140310447
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À la nation guinéenne, Au peuple du monde libre épris de paix et de justice.
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PRÉFACE Ce livre est l’expression d’une grande colère. Une colère issue de longues et dures années de silence face à l’inadmissible. Une colère qui prend racine dans les douleurs et les tourments d’un quotidien fait d’amertume, de calvaire et de honte. Une colère qui, aujourd’hui, est de plus en plus perceptible chez la jeunesse africaine à qui l’on refuse la possibilité de rêver et d’espérer. C’est pourquoi cette colère, loin d’être brutale et violente, elle est légitime et salutaire. Ce n’est pas une colère qui charrie agressivité et fureur, mais c’est une colère pleine de sérénité et de lucidité. C’est une colère qui force les portes de l’horizon et corrode les esprits sournois. C’est une colère qui dissipe les ténèbres et laisse la place à la lumière. Cette colère, c’est la source même de leur énergie, de leur beauté, de leur vaillance et de leur espérance. Et Fabien Bangoura mon écrivain révolutionnaire qui endure ce que son peuple endure, qui souffre dans sa chair ce qui ne s’exprime pas par des mots, qui porte en lui les peines, les colères, les revendications, l’espérance inexprimée de son peuple, à travers ce livre, exprime sa part de colère vis-à-vis des errements et des dérives de son pays, la Guinée, qui se trouve être le pâle reflet de la quasi-totalité des pays africains en proie au marasme et à la misère tragique. Et sa colère trouve sa légitimité dans l’urgence du moment, car ce livre vient à point nommé. Il vient à un moment où la Guinée traverse une période de transition où il est question de faire un rapport sur la gestion des différents régimes qui se sont succédé à sa tête, de son accession à l’indépendance jusqu’à nos jours pour situer les responsabilités des uns et des autres et pour corriger les manquements. Et pour le jeune Fabien à qui Dr Jean Marie Touré fait des boutades en ces termes ; « si tu ne fais pas attention à tes écrits tu finiras ta vie en prison », ce livre 9
tient lieu de rapport d’autopsie où il passe tour à tour au crible, les maux dont souffre son pays qui est malade de ses institutions, de sa classe politique et de sa population. Il fait ce rapport avec une méticulosité qui frise la maîtrise et la cohérence. Loin de tomber dans la délation stérile, il dresse son rapport avec une approche plutôt classique. D’abord, il répertorie les causes du retard de son pays ensuite montre point par point leurs corollaires sur le progrès de la nation guinéenne avant de proposer des modalités des réformes à engager pour une refondation nationale. Je suis persuadé que sa partition dans la construction de notre héritage littéraire collectif sera d’une grande portée. Cette préface est une invitation que je lance à l’endroit de la communauté des écrivains guinéens d’accueillir à bras ouverts ce jeune auteur, l’écrivain révolutionnaire Fabien Bangoura, dans le cercle restreint de nos valeureux écrivains, à l’instar de bien d’autres jeunes que j’ai eus auparavant le privilège de préfacer : 1. Karim Kourouma, Le masque et le cheval, nostalgie d’une terre lointaine. 2. Aïssata Doumbouya, Doumbeski, Suivre son destin. Hors des sentiers battus de mariage. 3. Sékou Chérif Haïdara, Nuit sans nom. 4. Malick Diané, Une génération sacrifiée. 5. Namory Fofana, Aboubacar Minata Magassouba, Sitan Sinè Sidibé, Blessures profondes. Dr Oumar Doumbouya Enseignant-chercheur et écrivain. Directeur général de l’Enseignement supérieur.
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PROLOGUE « Il arrivera un moment, où des hommes en uniforme sans aucune initiation à la gestion de la chose publique, prendront le pouvoir et s’y maintiendront. Ils ouvriront le pays à un libéralisme sauvage, le « MOI » et le « JE » seront à l’ordre du jour (le chacun pour soi), les détournements de deniers publics, l’enrichissement personnel, la déliquescence du service public à la base, la chute de notre politique et de notre économie affaiblira l’État avec des conséquences gravissimes. La Guinée va perdre son « aura » … il y aura des répressions de masses, des soulèvements populaires qui n’aboutiront à rien. Après, des civils viendront au pouvoir, mais malheureusement le pays aura toujours du mal à s’en sortir avec une administration vieillissante et corrompue et plusieurs jeunes seront au chômage. Cependant, on pensera que la révolution est morte, elle sera en agonie, alitée dans son lit d’hôpital, mais un jour, elle se réveillera à travers des jeunes conscients, patriotes et responsables qui porteront haut le flambeau de la Guinée, et la Guinée connaitra alors le développement escompté ». Camarade Ahmed Sékou Touré Depuis l’avènement de son indépendance en 1958, l’actuelle République de Guinée, souffre de sa classe politique. Les politiciens guinéens peuvent être comptés comme les premiers coupables du marasme dans lequel le pays est enfoncé, avec la contribution manifeste de certains de nos frères et sœurs. Cela s’explique par la notoriété des politiciens guinéens dominés par l’intérêt personnel, les détournements et la corruption. Tout cela n’est qu’œuvre d’irresponsabilité et manque criant de patriotisme en ces temps modernes où d’amples exemples à suivre ne manquent pas. La Guinée d’aujourd’hui ressemble à un 11
parent malade, mortellement atteint de leucémie, d’un cancer généralisé de sang, dont le traitement connu à ce jour passe par la greffe de la moelle épinière. Malheureusement, elle semble inexistante. À l’agonie, notre malade n’est même pas en mesure de relever la tête et d’exprimer ses dernières volontés à ses multiples enfants qui se battent en groupuscules ; opposés les uns aux autres pour arracher la grosse part du patrimoine parental. Dans ce combat sans merci, personne ne semble se préoccuper de la santé précaire du géniteur, qui ne survit encore que grâce à la respiration assistée. Notre pays est systématiquement pillé avec la complicité de gens qui prétendent être nos dirigeants. Pillé pour le pouvoir, la richesse et la gloire, le pays est lésé aux dépens de millions d’hommes, de femmes et d’enfants innocents abandonnés dans une misère extrême…tandis que les bénéfices de nos minerais finissent par atterrir dans les comptes opaques d’une oligarchie prédatrice. En effet, le régime politique d’après l’indépendance, en 1958, a conduit le pays dans un certain chaos. Le manque de maturité et de culture politique a mis l’État entre les mains d’une dictature douce. Le népotisme, le culte de la personnalité, le “cou-déisme”, la mauvaise gouvernance, les conflits interethniques ont été, entre autres, les causes du déclin de l’État. Ils prouvent, d’une certaine manière, que la classe politique guinéenne n’est parvenue réellement à créer ni un État ni le développement jusqu’en 1993. L’ouverture démocratique et le multipartisme en 1990 laissent apparaître au sein de la classe politique guinéenne, des caractéristiques tels que le niveau de populisme élevé, l’immaturité et l’inconscience politique voire le manque de protection de l’intérêt général. Ils n’ont pas permis au pays de prendre un nouvel envol et d’aller vers ce qu’on peut nommer : « État de droit ». De 2007 à 2010, la classe politique guinéenne avait, toutefois, suscité beaucoup 12
d’espoir au sein des populations. Et subitement, il y eut un nouveau chaos causé d’une part par un manque de consensus en ce qui concerne la gestion de la chose publique par des politiciens eux-mêmes. Et d’autre part, par cette main invisible extérieure qui s’est immiscée dans les affaires intérieures de la Guinée. De 2007 à nos jours, nous assistons à l’effondrement de l’État guinéen ! La classe politique guinéenne offrant au monde entier un spectacle désolant caractérisé non seulement par le népotisme, les détournements, la corruption, mais aussi à la plus grande bassesse que nous connaissons tous, à savoir le culte de la personnalité. Dans ce pays, se commettent des assassinats, des incarcérations injustes, l’impunité et la loi du plus fort. En d’autres termes, le manque de vision et de culture politique. Il est évident que tous ces maux gangrènent le développement de la Guinée et empêchent le politique d’avoir une vision claire. Tout cela constitue un système gravé dans les mentalités des politiciens guinéens, mais aussi dans celles du peuple, qui semble être la victime dans cette affaire. Le manque d’éthique et d’idéologie dans l’exercice de la politique en Guinée, et l’opportunisme de certains acteurs politiques n’offrent aucune vision pour le développement intégral et durable de l’État. Aujourd’hui, la sphère politique guinéenne est un théâtre, dont les comédiens maladroits sont les politiciens. Cet échec n’incombe pas seulement aux politiciens et encore moins à la communauté internationale, le peuple de Guinée en est aussi comptable. En effet, il faudra noter qu’une bonne gouvernance nécessite des institutions efficaces et responsables. Le respect d’un processus électoral fiable tire sa légitimité du peuple. Tout gouvernement a des comptes à rendre à son peuple. Le discernement, la transparence, la responsabilité, la légitimité, la crédibilité, la prévisibilité et la fiabilité, combinés à la confiance et à la stabilité de la société, sont 13
des aspects marquants d’une bonne gouvernance. Au regard de toutes les raisons susmentionnées, force est de constater que la classe politique (post indépendance jusqu’à la génération actuelle) a lamentablement échoué. Elle n’a légué aux générations futures qu’un État en faillite en raison de la mauvaise gestion de la chose publique. Dès lors, il y a lieu de sensibiliser la jeunesse dans son ensemble. Nous devons nous battre pour l’éclosion d’une nouvelle génération de classe politique composée de personnes dotées d’un véritable amour pour la patrie. Elles seront sensées mener les destinées du pays avec raison, dévouement et honnêteté. Nous sommes convaincus que cela est possible car notre avenir et celui de nos enfants en dépendent. Il ne faut pas être pessimiste ! Il est temps que la classe politique actuelle laisse sa place à la génération naissante qui incarne beaucoup d’espoir pour le développement et la constitution d’un État de droit. Nous demandons à toute la jeunesse guinéenne, de ne point s’attacher aux personnes de la sphère publique actuelle, mais plutôt de rechercher des valeurs susceptibles de faire de la Guinée un État fort, un État de droit, de la bonne gouvernance et de la démocratie. Seule une nouvelle classe politique débarrassée des mauvaises pratiques pourra faire toute la différence. Il y a urgence à arrêter cette hémorragie et les souffrances de notre peuple. L’attitude de certaines personnes (jeunes, “élites”, politique) qui véhiculent des idées et pratiques rétrogrades est néfaste pour notre vivre ensemble. Pour contrer cet obscurantisme, cela suppose que des dirigeants passent à l’action citoyenne et remettent de l’ordre dans la gestion de la chose publique.
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INTRODUCTION L’Afrique a hérité d’un tas de problèmes : l’esclavage, la colonisation, les indépendances mal négociées, la mauvaise gouvernance, etc. Le problème politique reste un souci majeur qui continue de faire couler beaucoup d’encre dans plusieurs pays. Depuis l’accession aux indépendances, des Présidents parviennent au pouvoir et par la suite, refusent de partir de leur bon gré. Ils arrivent au pouvoir avec mille et une promesses mais finalement ils deviennent amnésiques. Puis, ils restent sourds face aux revendications du peuple tout en continuant leurs manœuvres. Le peuple souffre, pleure et parfois meurt. Le peuple se plaint, mais c’est rarement leur problème. La démocratie ne signifie pas grand-chose pour eux. C’est la « démocrature » qui les intéresse puisque c’est de cela qu’il s’agit. Ils organisent des élections, ont des institutions, juste pour la forme. C’est comme avoir une voiture et continuer à être piéton, ils sont maîtres pour faire semblant en vue de faire plaisir aux bailleurs de fonds et les lobbies. Ils font semblant d’être dans la démocratie. Au fond, ce n’est que mensonge éhonté. Les hommes politiques africains, c’est qu'ils ne veulent pas d’alternance. Ils croient que la seule alternative crédible se résume à eux, sans eux c’est comme si le pays se désintégrait. Ils oublient qu’ils sont de pauvres mortels. Et les voilà qui s'éternisent au pouvoir. Et ce, même au prix d’un chaos indescriptible. Au Soudan, c’est la hausse du prix du pain qui déclencha les hostilités, jusqu’à la destitution d’Omar El Béchir. Malgré la grande souffrance du peuple, ces soi-disant dirigeants se gavent jusqu’à perdre la raison. Que la population crève mais qu’elle ne grève pas, ne se révolte pas, n’essaie pas de s’unir et les voilà tout heureux. Lorsque les différentes ethnies qui composent le pays continuent de se voir en chien de faïence, en s’invectivant, en perdant de vue les vrais objectifs, voilà ce 15
qui arrangent ces politiciens véreux. L’analphabétisme aidant la majeure partie de la population ne comprennent pas les enjeux. Elle est plus intéressée à défendre son ethnie et sa région que de s’attaquer aux vraies raisons de leur pauvreté et du sous-développement de leur pays ; donnant ainsi raison à tous ces dirigeants inconscients et corrompus. Nos différentes revendications échouent par manque d’organisation. Et si nous restons dans cette léthargie, aucun succès ne sera enregistré dans notre lutte pour la bonne gouvernance et pour la démocratie. Nous ne nous attaquons pas aux problèmes par le bon bout. Tout se fait à l’envers. À y voir de plus près, ce ne sont pas pourtant les moyens pour changer la donne qui manquent, mais plutôt la volonté. Ils n’ont pas intérêt à ce que les choses changent parce que pour eux, le changement ne leur profite pas. La plupart des dirigeants africains qui se sont souciés de nos peuples ont été soit renversés par des coups d’État soit tués par les ennemis du peuple. Quant aux dirigeants corrompus qui sont les plus nombreux, ils s’éternisent au pouvoir. C’est le cas au Gabon des Bongo, père et fils, RDC Kabila, père et fils, Togo Gnassingbé Eyadema, père et fils, pour ne citer que ceux-là. Ce continent est incroyable. Comment sortir de ce sommeil profond ? Comment faire un bond vers l’avant ? Comment remettre de l’ordre après tant d’injustice et de dictature ? Comment amorcer enfin le développement ? Voilà quelques questions abordées tout au long de cet essai.
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CHAPITRE I La cause de notre retard est-elle un manque d’organisation ? Il y a soixante-quatre ans, la Guinée devenait aux yeux du monde un pays souverain. Elle basculait ainsi dans le concert des nations avec comme objectif affiché dans tous les discours des nouveaux gouvernants de l’époque, l’ambition de la voir garantir à ses habitants plus de bonheur et de meilleures conditions de vie. Quoi de plus noble comme objectif ! Pour les plus jeunes, je me fais un devoir de mémoire. Sachez que plusieurs élites africaines et mondiales recherchaient un asile en Guinée. Les pays tels que ; la Guinée Bissau, l’Angola, le Mozambique, le combat contre l’apartheid en Afrique du sud, (l’ANC African National Congres ainsi que la formation des soldats de ce mouvement de lutte) bénéficièrent largement du concours de notre pays. Cependant, l’histoire récente nous enseigne qu’il y eut plus de désillusion que de bonheur. 26 années durant, notre peuple a vécu un véritable calvaire au point que les mots clés d’Ahmed Sékou Toué : « il n’y a pas de dignité sans liberté, nous préférons la liberté dans la pauvreté, à la richesse dans l’esclavage » perdirent tout leur pesant d’or. À la faveur du coup d’État militaire qui survint à quelques jours du décès du père de l’indépendance guinéenne, en l’occurrence camarade Ahmed Sékou Touré, les putschistes instaurent petit à petit une dictature militaire qui régit la vie des guinéens. Ce pouvoir glissa vers un pouvoir autocratique, une fois de plus, la promesse faite au peuple ne fut pas au rendez-vous. À la place, deux classe se créèrent à savoir, celle des nantis qui gouvernait et celle des démunis clochardisés et corvéable à souhait ! Cette 17
deuxième République connut une fin misérable à l’image de son dernier budget annuel qui se chiffrait à 1 milliard de nos francs soit moins de 100.000 $ usa. Avec le multipartisme, la liberté d’expression et le respect des droits humains, le pays a connu un progrès non négligeable mais les répressions souvent sanglantes ont marqué d’une tache l’évolution du pays. On se souvient de la répression de la grève de janvier 2007, grève initiée pour protester contre la corruption et les détournements des deniers publics. Ce fut le cas également lors de la manifestation meurtrière organisée au stade de 28 septembre 2009 à Conakry. L’opposition appela à ce rassemblement pour protester contre la candidature de Moussa Dadis Camara, chef putschiste et président de la transition, à la présidentielle de 2010. Quant à l’ambition de départ, celle de développer le pays et d’apporter le bonheur à ses habitants, elle est restée théorique. C’était juste bon pour les slogans comme chaque régime le faisait. Avec le président Lansana Conté, c’était : « Avec le portefeuille, la Guinée est politiquement et économiquement indépendante » ; « Agriculture, priorité des priorités » ; « De l’eau, du riz et de l’électricité pour tous les Guinéens ». Pour Alpha Condé, ce fut : « un étudiant, une tablette » sans compter les promesses concernant les usines de bonbons, de bouillon-cube, de pommes de terre, etc. Toutes ces formules se sont avérées creuses et vides de sens. Elles n’ont servi qu’à leur maintien forcé au pouvoir.
Les plaintes du peuple Depuis l’indépendance de la Guinée, la population s’est toujours contentée de prendre pour argent comptant tout ce que lui disaient ses différents dirigeants. Ce qui fut une erreur monumentale. Plus tard, elle s’est mise à se plaindre de sa paupérisation lente et continue, de la détérioration de 18
son cadre de vie, de l’enrichissement démesuré de sa classe dirigeante. Et comme si tout cela ne suffisait pas, les agents des forces de l’ordre (la police, la justice (les magistrats et leurs auxiliaires) ; le service public (l’administration, les impôts, les douanes, etc.) fait subir à la population diverses tracasseries. Tout laisse penser que ces services concourent à dépouiller le peuple tout en lui soutirant la Presque totalité de ses deniers. Il y a pire, les conditions de vie se détériorant chaque jour, les pauvres citoyens ont développé diverses facultés d’adaptation. L'élite de Conakry roule dans de grosses cylindrées sur des routes défoncées. Les voiries de la ville sont loin d’être aménagées. Chacun essaie de survivre comme il peut dans ce spectacle désolant. Pendant ce temps, les chaînes de radios et de télévision nous abreuvent soit de publicités pour bières et d’émissions de musique pas très éducatives pour nos enfants. À l’université, rien n’est fait pour qualifier le savoir dispensé aux jeunes. Certains ne se gênent même pas à élaborer des formules honteuses telles que « les notes sexuellement transmissibles ». Et un professeur qui a travaillé dans un cabinet ministériel et qui le quitte sans voiture ni maison, est souvent l’objet de moquerie de la part non seulement de ses voisins mais parfois même paradoxalement de ses collègues et de ses étudiants. Les choses ont tendance à marcher sur la tête. On se demanderait où allons-nous ? Après 64 ans d’indépendance, la Guinée et les Guinéens tournent toujours en rond. Les jeunes n’ont plus de repère. Les élites, quant à elles, n’ont plus de morale. Elles se sont embourbées dans la corruption. La société guinéenne se trouve sur un gouffre social qui n’attend que le moment propice pour s’enflammer. Du moins, au rythme dont les choses évoluent.
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La pensée : principale clé du succès Les jeunes de ma génération qui sont déçus du système de gestion de la deuxième République croyaient naïvement peut-être qu’il suffisait que le président Lansana Conté quitte le pouvoir pour que la République reparte sur des chapeaux de roue. Malheureusement, cela ne fut pas le cas. Son départ fut le point de départ d’une véritable descente aux enfers. Les Guinéens de la diaspora semblent aussi avoir le même point de vue que ceux de l’intérieur. La désillusion n’est que plus grande au fil des années. Le pouvoir du peuple a été remplacé par celui des ethnies. La Guinée est devenue secondaire pour ses habitants. Les uns et les autres se reconnaissants plus dans leur communauté d’appartenance que dans leur appartenance à la République. — Quel est, en réalité, le fond du problème ? Tout d’abord, les gens appréhendent très mal l’État et ses fonctions. La loi n’étant pas dite correctement, les citoyens ont une manière tronquée de percevoir l’État et les biens publics. Selon mon constat après le magistère de trois républiques en Guinée, il se dégage que c’est la capacité et le penchant du commun des Guinéens à saper les fondements même du pays qui est en cause. Une anecdote me vient à l’esprit à ce moment précis. Un de mes amis, fonctionnaire de l’administration publique, me reprochait un jour d’avoir posté une « méchante publication sur les réseaux sociaux » en critiquant la mauvaise gestion du président Guinéen en ces termes : — « Pourquoi t’acharnes-tu contre ce monsieur ? S’il a abattu son éléphant, laisse-le en jouir ». Cela résume bien l’esprit tordu des uns et des autres quand il s’agit de considérer la chose publique. Le laisser-faire est érigé en modus vivendi. Tant que les intérêts de certains sont sécurisés, ils ne se plaignent guère et ne tolèrent nullement que d’autres beaucoup moins nantis qu’eux se plaignent.
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— Quelle est la pensée principale derrière cette remarque ? Les biens de l’État appartiennent au premier malin qui sait les détourner. Donc, il ne faut pas s’en faire un quelconque souci. Selon lui, l’État est comme l’éléphant sauvage venu rôder là où vivent les hommes. Il peut être ou doit être abattu, ce n’est pas en soi un problème. Toute la viande appartiendra à l’heureux chasseur. C’est de loin l’idée romaine ou grecque de la création de l’État. Même mon chef coutumier au village n’accepterait pas que la source d’eau commune devienne la propriété d’un individu fusse-t-il de quelle que noble famille qu’il soit. Tant que les Guinéens n’auront pas appréhendé la notion de gestion du bien public, ils ne pourront ni le protéger. Par conséquent, la Guinée continuera à occuper la queue dans tous les classements internationaux. Les gouvernants, du chef de l’État au dernier des fonctionnaires, pourraient continuer à signer des contrats compromettants aliénant les biens publics qui devaient faire la prospérité du pays et du peuple. Voilà pourquoi, les détenteurs de pouvoirs constitutionnels osent signer des documents expropriant l’État. D’autres négocient au rabais la valeur des biens publics pour se primer des commissions dans des paradis fiscaux. Le pays est systématiquement détruit et manque d’avoir un bon élan, car chacun a comme seule préoccupation de se remplir les poches. Dès lors, on comprend pourquoi certains s’y accrochent en explorant tous les subterfuges possibles au point de ne plus avoir envie de respecter les termes du serment constitutionnel qu’ils ont prêté hier. L’on constate ainsi qu’à la veille de chaque élection, on s’empresse de changer les règles du jeu. La manœuvre réussira-t-elle une fois de plus ? Bien malin sera celui qui pourra le dire ! Cependant, seul le peuple décidera ! En d’autres termes, les détenteurs des pouvoirs publics semblent ignorer qu’ils peuvent inscrire positivement leurs noms dans l’histoire par 21
des actes de bravoure en défendant le pays, ou par des réalisations spectaculaires qui peuvent faire la fierté de la Guinée, plutôt que d’opter pour des gains personnels et finir sur le tableau noir de l’histoire, vilipendés et oubliés.
La volonté de changer Depuis quelques temps, des compatriotes ont pris conscience de cet état des choses et veulent bien sensibiliser tous ceux qui aiment ce pays du fond de leur cœur pour que s’arrête ce processus de destruction où notre patrie s’enfonce. Une réelle volonté de changer s’exprime. Celleci devra être soumise à une communion d’idées forgées par le souci de mieux faire. Ils devront cesser de voir en l’État l’unique source d’enrichissement, tandis qu’ailleurs ce sont les privés qui s’enrichissent. Que ceux qui sont fiers d’avoir le statut de juristes nous démontrent que le droit est un bien utile à la société et peut servir à son développement. Que ceux qui se proclament économistes, démontrent qu’au moment où apparaissent les limites du capitalisme, ils aident le pays à mettre en place des structures viables et propres à notre temps et à notre société. Que les scientifiques, démontrent que nous pouvons cultiver nos champs sans user d’engrais chimiques nocifs nous épargnera des cancers et d’autres maladies de la civilisation. Ce Chapitre s’adresse aux centaines de milliers de polytechniciens, de savants, de médecins, d’ingénieurs, d’agronomes, de juristes, d’économistes, de philosophes, de politologues, d’origine guinéenne à travers le monde. L’heure est venu de vous réveiller et de prendre conscience que notre pays descend dans les enfers et s’y enfonce, il deviendra un danger pour les voisins et le reste de la communauté internationale. Si nous voulons sortir de toutes les crises à répétition dans notre pays depuis l'indépendance, nous devons obligatoirement confier sa gestion aux meilleurs d'entre nous. Mettre fin à 22
l'opportunisme et à l'aventurisme politique est une condition sine qua non pour le bon devenir de notre Nation. Réformer l'éducation nationale pour l'adapter aux défis de la Nation est une nécessité pour une Guinée nouvelle. Les politiques, les cadres et les technocrates de la nation doivent impérieusement avoir un cursus académique compatible et être à la hauteur de la tâche, mais ils doivent être préparés à l'école de la nation et du patriotisme. Nous ne pouvons pas avoir aux commandes de l'avenir de notre Nation, des personnes qui ignorent complètement comment l'on bâtit et gère une société. Nous ne pouvons plus nous laisser ruiner par des amateurs, et des personnes qui, à peine, comprennent le sens d'une vision, d'un agenda et d'un projet national pour des générations. Changeons de mentalité et donnons-nous tous les atouts pour relever notre Nation. Nous avons tous été très occupés sans être productifs, le changement de mentalité est la solution que plusieurs d'entre nous minimisent, la Guinée renaîtra de cette seule alternative. État de droit et démocratie Pour espérer vivre dans un État de droit, la justice devra être indépendante, équitable, et opposable à tous. Toute justice sélective, et politique tue l’État de droit. Comment pourrait-on espérer de l’avènement d’un état de droit dans une jungle ? Peut-on croire à un État de droit dans un NonÉtat ? La démocratie de la rue n’en n’est pas une. Je ne comprends pas pourquoi l’on a que ses deux alternatives ! Dans un état démocratique, les débats politiques se font à la régulière au sein des institutions démocratiques régulières. Lorsque les débats politiques se font par la violence des uns contre les autres dans la rue, la démocratie n’est pas au rendez-vous. Confondre la « démocrature » et la démocratie est l’évidence de la soumission tyrannique. Si nous ne sommes pas capables de nous dire les vérités et d’entendre quelque chose qui nous semble authentique, nous ne 23
sommes pas encore matures pour la démocratie. Ne soyons pas étonnés que la Guinée soit soumise à un imposteur et mise sous la domination monarchique. Le souci d’organisation Le peuple doit renouveler sa classe politique. De nouveaux visages doivent émerger de tous bords, surtout de nouveaux cerveaux, des bosseurs, on en a besoin, car elle s’habille en costard-cravate. Elle roule en carrosse, elle se pavane sur la misère du peuple, elle envoute la nation. Elle porte un nom : « Elite de la classe politique guinéenne ». Elle se divise en deux troupes théâtrales méchantes et exécrables. Une prétendue majorité qui s’époumone à vendre l’illusion et à réprimer. Et une prétendue opposition qui revend le rêve de l’alternance et prépare le peuple à être réprimé.
Devant elles, se tient le Peuple. Roulé dans la farine, le peuple se fanatise, perd la mémoire, s’enfonce dans le syndrome de Stockholm et vit dans le déni. Il vibre d’inconscience et d’insouciance. Comme des ânes, courent inlassablement à la poursuite de la même carotte maintes fois ramenée devant leur appétit insatiable, comme des moutons, ils reprennent le même chemin qui conduit au même abattoir, où ils ont vu leurs frères et sœurs, leurs progénitures dévorées jusqu’aux os, leurs parents et ascendants massacrés à l’échaudoir. Seuls les égos s’entassent devant cette réalité macabre, les ambitions mesquines se réjouissent et explosent de joie. L’hallucination collective amplifie l’explosion de la bêtise. La Guinée se meurt sans que son peuple, sa classe politique et son élite n’y prennent garde et ne se réveillent de ce long sommeil qui dure, bientôt 70 ans.
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Que faire ? Seule la prise de conscience nationale peut conduire ce peuple à voir ce qui n’est point cacher à ses yeux et à comprendre ce qui ne demande pas d’être bardé des diplômes et des titres. Mais hélas, la très grande majorité a fait le choix de l’insouciance et de l’esclavage. Et cette petite minorité, qui a son tour perd la petite conscience qui restait en elle. À force de regarder les choses pourrir, elle a été atteinte dans ce qu’elle a de digne et de noble, elle est contaminée. Elle n’aspire plus qu’à son propre bien être à ce bonheur vacillant qu’elle n’atteindra jamais, car il passe obligatoirement par le sacrifice des uns pour l’épanouissement de tous. Nous avons sonné les réveils toutes les nuits, ils s’encanaillent tous ! Personne ne veut se réveiller ! Il ne reste plus qu’un traitement de choc ! Aussi longtemps que l’actuelle classe politique corrompue et médiocre, toutes tendances confondues et dans son ensemble, ne sera pas balayée, la Guinée ne sera jamais libérée du système qui a pris en otage les institutions républicaines et ne deviendra jamais un État de droit ni une démocratie encore moins un pays prospère. Un pays comme la Guinée avec toutes ses potentialités humaines et naturelles ne devrait pas être ce qu’il est devenu aujourd’hui. Un pays comme la Guinée ne doit pas être à la traîne de l’humanité, se contentant de regarder le monde progresser et d’applaudir ceux qui avancent ! Si notre pays la Guinée s’empêtre dans cette misère sans nom et si nos compatriotes sont massacrés comme du bétail, tout cela n’est que le résultat de notre complaisance pour avoir remis et laisser pendant un très long temps notre pouvoir à ceux de nos concitoyens qui n’ont aucune vision d’un État, d’une Nation, d’une République et ne savent pas gérer la chose publique. Nous avons abandonné notre pays entre les mains des voleurs, des menteurs, des criminels et de ceux qui n’ont ni l’amour des autres ni celui de la patrie. Nous leur 25
avons concédé le temps de gangrener les cœurs de notre peuple et de nos enfants de tous les maux inimaginables : vols, pillages, détournements, mensonges gratuits, haine, jalousie, cupidité, médiocrité, servilité, soumission, versatilité, bref, bêtise humaine. Nous avons pendant très longtemps abandonné la destinée de notre pays entre les mains de cette classe prétendument « politique ». Malheureusement depuis que nous avons commencé à construire notre pays, depuis que notre souveraineté voire notre autodétermination comme peuple, toute cette classe dans son ensemble n’a excellé qu’à détruire le pays et à saper toutes les probabilités de fabrication d’un modèle de citoyen utile. Ne cherchons plus ailleurs ! Le temps est venu, l’heure est arrivée ! Le temps est venu de mettre un terme à la bêtise humaine, de nettoyer nos cœurs, de changer nos mentalités, de réinventer la Guinée afin que demain nous soyons dans la prospérité commune que nous avons toujours ardemment désirée. Si notre but est l’épanouissement dans nos vies, si nous voulons voir nos enfants grandir heureux et épanouis, si nous voulons voir nos petits-enfants vivre heureux sur la terre de nos ancêtres, si nous voulons que nos arrières petits-enfants soient fiers de nous, le temps est venu pour qu’ensemble nous prenions conscience de nous séparer de la bêtise humaine qui a envahi nos villes, nos villages et nos cités et de la médiocrité politique qui s’est érigée en système politique au sein de notre élite et de cette classe politique dans son ensemble. Peut-on prévoir une bonne destinée à un peuple qui refuse de prendre conscience, de garder sa mémoire en éveil, d’être libre, digne et souverain ? Comment donc lui apprendre à prendre conscience de sa destinée, à aimer la vérité et la liberté, à quitter le déni et le fanatisme, et à assumer sa dignité et sa souveraineté.
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Le Guinéen doit apprendre que notre pays est dans un gouffre à cause des politiciens médiocres et corrompus qui n'ont pas pu mettre en place depuis l'indépendance un système viable pour le bien-être du peuple. Aucun système d'éducation soutenue, aucun système d'emploi, aucun système de retraite, aucun système de soins de santé appropriés, aucun système de soutien maladie, aucun système d'aide publique, aucun moyen de rendre notre économie autonome, aucune armée organisée, disciplinée, équipée et responsable, aucune personne de cette classe politique entière n'a réfléchi à terminer l'œuvre de l'indépendance totale de notre pays obtenue par les aînés. 64 ans après l'indépendance, le peuple de Guinée souffre toujours du manque de logements décents, d'électrification adéquate, d'eau potable, de services sociaux de base. Aucun planning de développement de notre pays mis en place, aucun projet à long terme, les politiciens Guinéens ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. Aucun d'entre eux ne projette la nation sur soixante-quatre ans, ils sont tous aveuglés par l'appât du gain et les honneurs.
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CHAPITRE II Le carriérisme et la démocratie : opium de l’Afrique En ces moments troubles de notre histoire commune, nous devons savoir qu’en dénonçant les gangrènes de notre société, une se cache, c’est elle la cause principale de tout ce qui nous arrive et l’agent facilitateur de toutes les abominations qui nourrissent et entretiennent la médiocrité politique en Guinée. Ce ne sont pas des phénomènes récents et exclusifs à ce régime comme ils veulent le faire croire au peuple, ce sont au contraire des tares dont souffre la Guinée au lendemain même de l’indépendance de notre pays. C’est aussi la cause de la délinquance politique en Guinée. S’il est vrai que la grande différence entre la monarchie et la démocratie se trouve dans la durée du régime qui pour le premier système de gouvernance est à vie et héréditaire, et pour le second système limité à un nombre de mandats, cependant le carriérisme politique échappe complètement à cette règle de bon sens. Comment donc concevons-nous que le mandat d’un président de la République soit limité à deux mandats non renouvelables, pendant que les mandats politiques des chefs de partis, de députés, de sénateurs, de bourgmestres, de maires, de ministres, de gouverneurs de la République, etc… soient indéfinis et renouvelables à vie ? Comment comprendre que les mêmes têtes, les mêmes noms, les mêmes cerveaux essoufflés ou ragaillardis par l’appât du gain restent indéfiniment accrochés aux rênes de la destinée de tout un État, d’une nation ? C’est ici que le système politique démocratique que nous dénonçons est à la fois déficitaire et contradictoire.
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Une grande lacune crée et alimente en réalité un système, une caste, une classe qui s’endurcit à protéger ses intérêts et empêche toute renaissance et tout progrès politique. Ce qui entraine irrémédiablement ce que nous constatons actuellement dans le monde : la soumission des politiciens aux marchés financiers, les monstrueuses inégalités, la révolte populaire et les guerres entre les gouvernants et les gouvernés. Pour qu’un système politique soit logiquement efficace et ne soit pas entaché de mauvaise réputation ou d’infamie ou de la mainmise sur les richesses d’un pays par une portion d’individus, il doit traiter sur un pied d’égalité tous les acteurs politiques. La politique ne peut pas être une carrière où l’on gravit les échelons et où l’on s’incruste pour passer toute sa vie ou amasser pour sa retraite. Le carriérisme politique est la grande faillite du système politique dit démocratique, car il n’a d’autres buts que de privilégier et de protéger les intérêts privés ou oligarchiques. Le carriérisme désigne l’état d’esprit, l’attitude des personnes qui n’exercent une activité que pour satisfaire leurs intérêts personnels et leurs ambitions. Il peut s’exercer au sein d’une entreprise, d’une association, d’un parti politique, d’un syndicat. Le mot carriérisme à une connotation péjorative, il sous-entend la volonté de faire carrière à n’importe quel prix, sans s’embarrasser. Pour le carriériste, le travail est uniquement un moyen d’obtenir un statut social. Il ne se trouve pas dans son travail une source d’intérêt ou une motivation commune, voilà pourquoi le carriérisme politique est devenu l’attrait majeur de tous les opportunistes Guinéens, car il vaut mieux devenir politicien et finir rentier en Guinée que devenir homme d’affaires et finir mendiant. On s’enrichit plus rapidement et plus facilement, sans cause et sans justification en politique en Guinée que nulle part ailleurs. Voilà comment en ayant acquis une habilitée dans les intrigues de la vie politique, les politiciens se sont renfermés dans des actes pour 30
estropier l’épanouissement de notre société. C’est ainsi qu’est née “l’oligarchie des incapables”, que Sophie Coignard et Romain Gubert, grands reporters à “Le Point” nous racontent comment, de Londres à Washington en passant par la France, Bercy ou Chicago, l’alliance contre nature entre un État immoral et un capitalisme cupide a produit un système cannibale qui peut à tout moment se retourner contre chacun d’entre nous. La réinstauration du multipartisme en 1990 a été la montagne qui a accouché d’une souris : l’anarchie. L’absence de traditions démocratiques, de débats d’idées, de confrontations des écoles de pensée a conduit à ethniciser la politique et à faire émerger des partis politiques construits sur des formats ethniques. Les partis politiques Guinéens manquent de démocratie interne, refusent le débat d’idées et les divergences d’idées internes, ceux qui sont leur soi-disant leaders politiques ou même présidents sont nommés par des admirateurs ou s’arrogent le titre de Président du fait d’avoir fondé un parti qui est le leur. Ce n’est plus une institution mais une propriété privée manipulable à souhait. La démocratie, c’est un débat d’idées, elle conduit à l’alternance, mais ces gens-là pensent qu’ils doivent être forcément immuables, figés sur leurs trônes, ne jamais quitter. Pis encore, ils incitent au culte de la personne, il faut dire qu’ils sont bons et forts à faire du faux. Ils adorent qu’on leurs donnent des commentaires, même si cela ne reflète pas ce qu’ils sont ou ce qu’ils font. Ils véhiculent aux jeunes, le message de la surestimation, selon laquelle sans eux, point de prospérité pour la Guinée. Voilà, comment la jeunesse est conduite à croire qu’elle est incapable. Elle a fini par intérioriser ce message et aussi sans conviction, une partie d’elle est déguisé en chair à canon. Cependant, nous avons besoin d’idées et pas du culte de la personne. Nous avons besoin de compétences, surtout à l’extérieur des anarchies organisées que sont nos 31
partis politique. Nous avons besoin d’Hommes ayant la conviction morale, un sens de l’État grand et le véritable engagement politique, mais les partis politiques guinéens ne proposent rien pour la Guinée. Toute cette fausse lutte pourquoi ? N’est-ce pas pour permettre à une autre catégorie d’ambitieux politique de manger et de satisfaire leurs besoins personnels et peut-être de réaliser leurs rêves d’enfance : devenir Présidents ou Ministres. C’est ce système qui est malheureusement en train d’asphyxier notre société et de plonger notre peuple dans la misère la plus absolue. C’est ainsi que les partis politiques qui devraient en principe, être des écoles d’enseignement, de formation et de réflexion politique populaire sont devenus des caisses de résonance des incompétents qui ne cherchent rien d’autre qu’à préserver leurs privilèges, leurs statuts et la protection des intérêts oligarchiques au mépris de la population qu’ils sacrifient sans remords. Si ce qui est appliqué à la fonction d’un président de la République était aussi applicable à toutes les couches ou à tous les postes politiques, cela devrait empêcher de confiner tout un peuple dans le fanatisme et dans les mécanismes tardifs et désobéissants à l’évolution d’une société. Tout politicien qui aura exercé deux mandats politiques ou des exercices politiques n’aura plus droit à un quelconque mandat ou fonction politique. Il deviendra plus facile de contrôler les gouvernements et les enrichissements illicites. Parce que l’alternance doit être une culture, une chose à laquelle on devra s’habituer. Ce sont des choses que nous devons apprendre à la base. Certains comportements émanent de nos habitudes et si l’on n’a pas l’habitude, on risque de perpétuer ce qu’on a l’habitude de faire : c’est-à-dire : la tyrannie. En fait, la mauvaiseté ou la bonté s’apprend très tôt. L’exemple le plus criant de cette bévue est celui de l’icône de la politique guinéenne qui a passé tout son règne à appeler ses adversaires politiques au dialogue fuyant toute 32
démarche de démocratie participative, car renfermé dans les griffes de l’autoritarisme. En 40 ans de carrière politique, il a entrainé tout un parti politique à s’enraciner dans la monarchie ou plus précisément dans le monolithisme. Ce qui a donné malheureusement naissance au fanatisme immodéré et idiot, au pouvoir qui se transmet de père en fils et à l’atrophie des cerveaux ou des facultés à outrance. Du fait de l’aveuglement de la conscience et du refoulement dans l’inconscient, le génie humain s’est éteint, et cela, émerveille des idiots. C’est ainsi que toute la société guinéenne a été atteinte par les agissements d’un groupe anarchique et fanatique.
Il n’existe pas de génération spontanée Un enfant qui vient de naître n’a pas conscience que ses jambes lui serviront à marcher, ou que ses mains à le nourrir et l’élever vers des hauteurs dont il ignore complètement l’existence. Aujourd’hui, la médiocre classe politique qui a voulu tromper le peuple sur la possibilité d’élections crédibles et transparentes se retrouve entre le marteau et l’enclume : continuer avec la mouvance ou accepter le peuple. Soulèvement populaire, désordres civils ou procédures judiciaires, l’opposition des fourbes n’aura pas le pouvoir et la Guinée ne sera pas libérée sans alternance démocratique.
Devons-nous renverser ce système ? Certains d’entre nous déversent une hargne verbale contre tous les régimes dans ce pays et contre la situation macabre de notre pays, mais il leur manque cependant l’audace de quitter la politique du verbiage pour celle de l’action. Certains des nôtres qui vivent dans la diaspora ont fourni un grand travail de conscientisation que nous reconnaissons, mais nous ne pouvons pas indéfiniment 33
conscientiser dans le virtuel ; l’heure est venue de nous décider pour l’action. La paix et le bonheur sont acquis au prix du sang et de sacrifice énorme. Nos compatriotes de la diaspora ne l’ont toujours pas compris s’ils se laissent envoûter par les occidentaux au point de ne pas se décider à sortir de cette monotonie qu’ils dénomment malencontreusement combat ou résistance, nous sommes obligés de ne plus marcher avec eux et de ne plus les compter dans ce combat pour la nation. Notre peuple est saturé de nos cris lointains. Notre peuple veut nous voir en action sur le sol de nos ancêtres. Notre peuple ne nous demande qu’une seule chose dans sa souffrance, ses faiblesses et ses limites voir nos paroles de compassion, nos cris de révolte, nos interminables vidéos et nos marches sur les macadams de Paris, de Bruxelles, de Londres, de Johannesburg et de Washington se transformer en action pour la libération de notre pays. Comme le dit un de nos compatriotes, la révolution ou le soulèvement populaire en Guinée ne se limite qu’aux marches et finit en chansons jubilatoires sans lendemain pour ceux de l’intérieur. Cependant, nous avons besoin d’acteurs conscients qui peuvent répondre coup pour coup et qui sont prêts à s’engager avec nous pour mettre fin à cette ultime forfaiture et balayer cette classe politique. C’est à la minorité consciente de libérer la nation entière. Et cela passe obligatoirement par le renouvellement de la classe politique dans son ensemble, la naissance d’un nouvel ordre politique adapté aux réalités Guinéennes, la régénération des mentalités et la fin du carriérisme politique. Il n’y a aucune richesse sur terre à laisser aux siens ni aucun honneur sur terre comparable à l’acte de donner sa vie pour les siens. Qui peut pénétrer la joie ineffable du Christ à Golgotha qui donna sa vie pour le salut de l’humanité ? C’est ce qu’on peut nommer, dévouement et sacrifice.
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La démocratie comme opium pour l’Afrique En Afrique, depuis les années 1990, on peut distinguer progressivement deux Afrique contradictoires, à deux vitesses. L’Afrique qui veut être libre et indépendante est celle où la culture démocratique s’installe et prend progressivement corps ; la seconde Afrique est celle qui voit en l’Occident un roi et veux être sa reine, c’est elle qui est récalcitrante et verrouillée par les dictatures et les présidences à vie (despotes comme monarques) qui se servent des rituels démocratiques en copiant aveuglement le modèle étatique occidental. Le déficit d’alternance politique pacifique en Afrique est un fléau qui attise la déception des populations africaines à l’égard de l’importation de la démocratie à l’occidentale. Hormis quelques cas rares, comme nous le verrons ci-dessous, l’alternance au pouvoir en Afrique reste marginale au point que dans certains pays, seul un coup de force reste le recours ultime pour y parvenir. Les évènements récents en Guinée, au Mali, en RDC (1997, 2001), en RCA… nous rappellent cette triste réalité. Les Africains, notamment leurs élites, avaient vainement nourri l’espoir comme le discours de François Mitterrand à La Baule, invitant les dirigeants africains à une libéralisation politique par la démocratisation de leurs institutions et le multipartisme ; et que la chute du mur de Berlin allait permettre à leur continent de connaître un glissement institutionnel des dictatures vers des régimes démocratiques. Hélas, ils sont allés un peu vite en besogne, malgré quelques îlots d’espoir et d’optimiste recensés çà et là. Les États modèles où l’alternance démocratique devient une culture politique Il y a une réalité politique africaine qui veut qu’il soit quasiment impossible d’aboutir à une alternance au pouvoir de manière démocratique, à quelques exceptions près. En 35
parcourant l’Afrique, l’on constate que l’alternance au pouvoir ne s’était réalisée que dans les pays suivants (la liste n’étant pas exhaustive) : — En Zambie : (1990 et 2011) où les présidents sortant Kenneth Kaunda et Rupiah Banda ont respectivement perdu les élections en 1991 et 2011 au profit des candidats de l’opposition. — Au Bénin : En 1989, confronté à une grave crise économique et à des tensions sociales et politiques internes, le Président Mathieu Kérékou, sur les conseils de ses collaborateurs, convoque en février 1990 la toute première conférence nationale organisée sur le continent noir en vue d’engager le pays sur la voie de la démocratie et de la libéralisation de l’économie. Durant la conférence, il demande pardon au peuple et rassure les délégués sur le caractère « souverain » des assises et des résolutions qui en sortiront. « Les décisions issues de cette conférence, opposables à tous, seront appliquées à la lettre. Mais de grâce ne nous demandez pas de démissionner. Vous pouvez nous destituer. » À l’issue de cette conférence nationale souveraine, le pays, la République populaire du Bénin (RPB) sera baptisée la République du Bénin (RB), l’ancien drapeau multicolore reprend sa place, la constitution est votée et des institutions républicaines sont mises en place, ainsi qu’un régime semi-présidentiel conduit par le Premier ministre Nicéphore Dieudonné Soglo. Les premières élections présidentielles pluralistes et démocratiques sont organisées en 1991 et c’est l’opposant Nicéphore Soglo qui remporte le scrutin. Le Président Mathieu Kérékou se retire alors de la scène politique, mais cinq années plus tard, à la surprise générale, il prend sa revanche sur le président sortant, et est élu Président de la République avec 52 % de voix. En mars 2001, le Président Kérékou est réélu pour un second mandat qui prit fin le 5 avril 2006 à minuit. Alors que ses pairs africains modifient ou se taillent sur mesure 36
une constitution pour s’accrocher au pouvoir ou que les successions politiques se déroulent parfois dans le plus grand chaos, le Président béninois, Mathieu Kérékou, frappé par la limite d’âge fixée par la Constitution, va à nouveau céder sa place à Boni Yayi, le 6 avril 2006. — Au Congo-Brazza : En 1991, face à la pression venue du discours de la Baule et au vent de l’est voyant des régimes communistes s’effondrer dans l’ex-Europe centrale, confronté également à son tour aux tensions sociopolitiques internes, le président Denis Sassou Nguesso, arrivé au pouvoir en 1977, décide d’organiser une conférence nationale qui eut lieu de février à juin 1991 en vue de réinstaurer le multipartisme. En 1992, le pays connut une situation de trouble politique et ethnique qui se traduit par des guérillas dans les banlieues de la capitale. Les élections générales seront organisées la même année. Le président sortant, Sassou Nguesso classé en troisième position, est battu à plate couture par l’opposant Pascal Lissouba, allié à Bernard Koléla arrivé second à ce scrutin. Lissouba sera proclamé président en juillet 1992. Cette élection contestée par le clan Sassou, va replonger le pays dans un cycle infernal de guerre civile. En 1997, de violents combats opposent pendant cinq mois les miliciens de Denis Sassou Nguesso aux partisans du président élu Pascal Lissouba et du premier ministre Bernard Koléla, transformant la capitale et ses environs en un véritable champ de bataille. Soutenu par l’armée angolaise, il bénéficia aussi d’un soutien de la France-Afrique, mais sous couvert du groupe pétrolier français Total-Fina-Elf. Par la suite il fut accusé par Lissouba d’avoir financé l’achat de matériel militaire ayant servi aux combats puis à la répression menée par le régime en place, Denis Sassou va chasser du pouvoir par les armes, le 5 juin 1997, son rival démocratiquement élu, Pascal Lissouba. Le bilan est lourd : environ dix mille morts et de multiples exactions, attribuées 37
aux deux camps, sans compter des centaines de milliers de déplacés, Il dirigera depuis le pays sans discontinuité en se taillant une constitution et en organisant des élections sur mesure. Pour légitimer son pouvoir conquis par les armes, Sassou Nguesso est proclamé Président de la République le 13 mars 2002, au premier tour d’une parodie d’élections organisées le 10 mars 2002 et contrôlée de part en part par le ministère de l’Intérieur. Il va rééditer le même exploit le 15 juillet 2009 où le candidat Denis Sassou Nguesso sera déclaré par la Cour constitutionnelle acquise à sa cause, vainqueur au premier tour avec 78,61 pourcents des suffrages exprimés, au terme des scrutins boudés par les électeurs et qui, selon plusieurs sources concordantes, ont connu un taux de participation inférieur à 40 %. Mais l’essentiel était ailleurs : la légitimation de sa fonction présidentielle personnifiée et non la légitimité de son pouvoir. Le même Sassou se bat becs et ongles aujourd’hui pour faire passer en force un référendum en vue du changement de la constitution dans le but de briguer un nouveau mandat, l’actuelle constitution ne le lui permettant plus. — Le Ghana : Ce pays, devenu désormais pionnier en Afrique en matière d’alternance démocratique pacifique au pouvoir a connu deux alternances politiques en moins d’une décennie, en élisant un chef de l’État issu de l’opposition. D’abord en 2000 avec l’arrivée au pouvoir de l’opposant John Kufuor qui avait battu John Atta-Mills, vice-président du capitaine Jerry Rawlings de 1997 à 2000. John Kufuor va battre à nouveau Atta-Mills en 2004. En 2008, John AttMills, docteur en droit fiscal formé en Grande-Bretagne et surnommé « prof », prendra sa revanche sur son rival, Nana Akufo-Addo, leader du parti de John Kufuor, le président sortant. Il va le battre avec 50,23 % contre 49,77 % des suffrages, soit avec seulement 40.000 voix d’écart, selon les résultats définitifs publiés par la commission électorale. 38
Tandis que le vainqueur proclamait être « un président pour tous », le vaincu le félicitait aussitôt et s’engageait à jouer un « rôle constructif pour l’avenir de la nation ». Malgré quelques irrégularités ponctuelles signalées par le perdant, ce dernier ne contestera cependant pas sa défaite. Un fair-play politique salué par tous. Une « success story » propre à ébranler les convictions des afro-pessimistes les plus farouches et qui tend à mettre en évidence la valeur ajoutée de l’alternance démocratique du pouvoir. Une alternance réussie et saluée par le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon en ces termes : « exemple admirable ». Au Sénégal où Senghor cède le pouvoir à son Premier ministre Abdou Diouf en 1981, puis après une première alternance au pouvoir en 2000 et un peu plus tard, entre Abdou Diouf et son opposant, l’avocat Me. Abdoulaye Wade. En mars 2012, le Sénégal a consolidé son ancrage dans la tradition pacifique en matière de transmission démocratique du pouvoir et réussit une nouvelle fois une alternance démocratique du pouvoir avec l’élection du président Macky Sall avec 65 % des suffrages exprimés. À une époque d’incertitude et de violences liées aux élections dans d’autres parties de l’Afrique, il est réconfortant de voir que le peuple sénégalais, les hommes politiques, la société civile ont donné une bonne leçon de démocratie au Continent. Un tel exemple selon plusieurs analystes n’appelle qu’à faire des émules sous nos tropiques.
La Côte d’Ivoire, un cas d’école inédit ! Ce pays a connu en 2011 une alternance forcée, dans des conditions que nous connaissons et qui se passent de commentaire. Il accoucha dans une douleur, de plus 6 mois, des affrontements entre les rebelles et l’armée régulière, le Président Alassane Dramane Ouattara qui succédera ainsi à son ennemi juré, Laurent Gbagbo. Au terme d’un scénario 39
électoral surréaliste et digne d’une tragicomédie macabre que seule l’Afrique, terre de toutes les convoitises des grandes puissances, est encore capable d’offrir en ce 21ème siècle. Quelques pays démocratique
allergiques
à
l’alternance
Une vieille, règle africaine veut « qu’on n’accepte les élections que si l’on est sûr de les gagner ». Une autre : « on n’organise pas les élections pour les perdre » (Omar Bongo). Le Kenya, autrefois considéré comme le modèle du développement africain fut plongé dans une descente aux enfers à la suite de l’élection présidentielle du 27 décembre 2007. En 2007, la suspicion de fraude avérée permit au président sortant Mwai Kibaki de se maintenir au pouvoir au détriment de son rival, l’opposant Raila Odinga. Les partisans de Raila, considérant que leur leader était le véritable vainqueur des élections, contestèrent la réélection de Kibaki en raison de fraudes massives. Le Kenya s’enflamma, dès le 29 décembre, dans une guerre civile atroce, dans plusieurs villes du pays les partisans des deux hommes s’entretuèrent, avec un bilan de plus de 1500 morts selon les sources policières et environ 300 000 déplacés selon la Croix-Rouge. Malgré les nouvelles élections tenues en mars 2013, ce pays éprouve du mal à se relever et à se réconcilier avec lui-même. La RD Congo, reste l’épicentre de l’alternance politique (et non démocratique) par les armes. Ce pays a vu l’espoir suscité par la vague de la conférence nationale souveraine convoquée par Mobutu, pressé par ses soutiens occidentaux et la population, mais qui s’enlisa par la suite car le pouvoir était hostile au jeu démocratique. C’est par les armes que le régime sera chassé en 1997 pour être dirigé d’une main de fer par Laurent Désiré Kabila, qui à son tour, sera assassiné en janvier 2001. Depuis sa succession par Joseph Kabila, le 40
pays ne connaîtra plus jamais d’alternance au pouvoir, malgré deux parodies d’élections organisées avec l’appui de la communauté internationale en vue d’assurer le statu quo. Le changement par l’alternance était perçu comme une évolution incertaine vers l’inconnu dont les paramètres pourraient échapper au contrôle des soutiens occidentaux et régionaux du régime, selon les dires des diplomates de l’Union européenne. Certains analystes estiment que seule une alternance forcée, à la centrafricaine où la Séléka a chassé Bozizé du pouvoir, reste la seule thérapie possible dans ce pays, où l’on suppute déjà sur l’éventualité d’un troisième mandat anticonstitutionnel du président Kabila, avec le silence ahurissant de ses alliés occidentaux. Au moment où on attend d’eux qu’ils donnent leur position diplomatique à titre préventif ! « Que nenni ! » Ils attendront que la forfaiture soit commise pour, dans un langage diplomatique soporifique, soit « prendre acte », en se limitant à exprimer juste leurs regrets ! Du déjà entendu qu’on réentendra sans doute… Le Zimbabwe, le pays de l’expérimentation de l’éternisation (ou “mugabêtisation”) au pouvoir. Ainsi, les dernières élections viennent d’apporter une nouvelle recette à la machination électorale africaine qui fera certainement des émules sous peu : comment gagner des élections en planifiant des fraudes flagrantes mais difficiles à prouver juridiquement. Telle est la nouvelle tâche de l’État guinéen. Le Burundi, une transition démocratique délicate et laborieuse mais volontariste qui nécessite un accompagnement accru de la communauté internationale. Pourquoi ne pas expérimenter en Guinée une période de transition à la burundaise durant laquelle l’opposition et le pouvoir s’alterneront au pouvoir avant d’aller aux élections ? Voilà un sujet de débat soumis aux « partagistes » du pouvoir convoqués aux concertations made in Alpha Condé. Au moins cette formule montrerait la bonne foi du régime 41
actuel en Guinée ou prouverait qu’il ne cherche pas à s’accrocher au pouvoir ! Pour l’instant, Pierre N’kurunziza se maintient au pouvoir en flagrante violation des points de l’Accord de paix d’Arusha et de la Constitution Burundaise. Le Burkina Faso, le Tchad, le Rwanda, l’Ouganda, l’Angola, le Congo-Brazzaville : les mauvais élèves démocratiques du continent mais de fins tacticiens diplomatiques. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ces pays classés parmi les mauvais élèves en termes de démocratie, d’État de droit et de respect des droits humains, connaissent une relative stabilité sociopolitique et quelques avancées économiques. D’autre part, dans un subtil jeu de calculs politico-diplomatiques, les présidents quasi à vie de ces États sont parvenus à contrebalancer ou à troquer leurs déficits démocratiques par la plus-value qu’offrent leurs rôles diplomatiques d’agents stabilisateurs internes et régionaux en faveur de leur maintien au pouvoir pour des raisons géopolitiques en phase avec les intérêts géostratégiques de l’Occident, le Faiseur de roitelets africains. Dos Santos en Angola qui avait misé sur son rôle stabilisateur de gendarme dans les deux Congo. Denis Sassou Nguesso, le médiateur attitré des différentes crises qui secouent depuis 1996 son grand voisin la RDC Congo. Blaise Compaoré au Burkina devenu le sage et le d’énoueur incontournable de toutes les crises qui ravagent l’Afrique de l’Ouest. Il avait profité de ce statut pour légitimer son maintien à vie au pouvoir à partir de l’appui diplomatique de la France. Malheureusement, face à une population déterminée, boostée par une société civile active et dynamique, Compaoré regrette aujourd’hui de n’avoir pas suivi l’exemple de Kérékou. Idriss Déby Itno au Tchad, grâce à une reconversion géopolitique in extremis et spectaculaire avec son rôle pionnier dans son engagement militaire au Mali, et le soutien à la Séléka en RCA où 42
Bozizé s’est allié avec la revenu de solidarité active RSA, qui mène une guerre géostratégique régionale à distance contre la France. Ce, juste au moment où François Hollande le mettait sur sa liste noire. Museveni et Kagamé arrivant au terme de leurs mandats présidentiels constitutionnels respectivement en 2016 en Ouganda et en 2017 au Rwanda, qui, malgré leurs rôles néfastes au Congo, continuent (encore jusqu’à quand ?) de profiter du bénéfice du doute qui leur a été accordé par les lobbies anglo-saxons actifs dans les déprédations des ressources naturelles en RD Congo et dans la région. On ne mange pas la démocratie dit-on ! La succession dynastique par la pseudo-démocratie héréditaire surfant sur l’alibi de la modernité Le Togo de Faure Gnassingbé, élu démocratiquement à l’issue d’un scrutin scellé depuis le Quai d’Orsay et l’Élysée, a ouvert le bal de vautour de l’apparence démocratique. La France-Afrique a horreur des ruptures politiques et par un réflexe naturel de résistance au changement, on préfère reprendre les mêmes, soit presque les mêmes noms pour assurer la continuité. La nouvelle de la mort du président, à peine confirmée le 5 février 2005, tous les états-majors politiques s’étaient réunis pour analyser et arrêter des stratégies aboutissant à la convocation des réunions et le Premier ministre Koffi Sama annonça la fermeture de toutes les frontières du pays. La première réaction internationale ne pouvant venir naturellement que de la France, dans son message de condoléances, le président Jacques Chirac exprima sa « grande tristesse » et regrettant la disparition soudaine « d’un ami de la France et d’un ami personnel ». Alors que la Constitution prévoyait qu’en cas de vacance du pouvoir, « la fonction présidentielle est exercée provisoirement par le président de l’assemblée nationale », qui devait convoquer le corps électoral pour l’élection d’un nouveau 43
président dans les 60 jours suivants la constatation officielle de la vacance du pouvoir par la Cour constitutionnelle, le Haut commandement militaire, qui n’a aucune prérogative constitutionnelle, annonça à la télévision nationale que le fils du président, Faure Gnassingbé, devenait le nouveau Président du Togo. En effet, prétextant que le président de l’Assemblée nationale était absent du pays, l’armée convoqua à la hâte le parlement qui élit Faure Gnassingbé comme président de l’Assemblée nationale, et modifia la Constitution afin de prolonger son mandat jusqu’au terme constitutionnel de celui de son père. La première réaction viendra d’Addis Abeba, le siège de l’Union africaine, où le président de la Commission, Alpha Oumar Konaré, dénonça un coup d’État militaire et déclara que « l’UA n’accepterait jamais de mesures anticonstitutionnelles » pour la succession du Président défunt. Le Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan, exigea le strict respect de la Constitution. Les ONG des droits de l’homme dénoncèrent la « dictature héréditaire » dans un communiqué. Les pressions internationales contraignirent le jeune Faure Gnassingbé à renoncer provisoirement à la présidence. Le temps de rafistoler sa légitimation par des formalités électorales virtuelles dont le verdit était scellé depuis la France. Faure sera élu (pour ne pas dire nommé) le 4 mai 2005 à la suite d’élections très contestées et émaillées de fraudes invraisemblables, images à l’appui. Le Togo va frôler la guerre civile. Cette recette miraculeuse sera appliquée, à quelques épices près, dans un autre domaine de la chasse gardée de la France, le Gabon en 2009 lorsque Ali, assez impopulaire, va succéder de manière démocratico-dynastique à son défunt père. Ainsi, sans attendre le verdict des contentieux électoraux introduits par l’opposition. Le président français Nicolas Sarkozy va s’empresser d’adresser ses « félicitations » et ses « vœux de succès » à Ali Bongo Ondimba pour son 44
élection à la tête du Gabon, dans une lettre transmise au gouvernement Gabonais : « Je suis heureux de vous adresser mes félicitations et mes vœux de succès pour l’exercice des hautes responsabilités qui vous attendent » , écrit Nicolas Sarkozy, ainsi pour mettre le monde devant le fait accompli car sous la France-Afrique, « vox France (Dei), vox populi », n’en déplaise aux électeurs africains, les vrais dindons des farces électorales africaines. Il y a lieu de rappeler que les montages pseudo-démocratiques héréditaires sus-décrits n’ont été possibles que parce qu’il y eut en 2001, des prémices en RD Congo où Joseph Kabila succéda de manière inattendue à Laurent Désiré Kabila, avant d’être confirmé en 2006 par les élections contestées par Jean-Pierre Bemba. Ce dernier fut contraint à l’exil en mars 2007 après de violents combats armés dans les rues de Kinshasa. Le même Kabila s’était maintenu au pouvoir depuis les élections frauduleuses de 2011. Une RD Congo qui se retrouve, en matière de modèle électoral ou d’alternance politique démocratique, presque dans tous les cas de figures négatives des grilles de lectures sombres et des indicateurs impurs. Pour ce cas de figure de la démocratie héréditaire, il y a un bémol qui peut être mis en évidence : le fait que ces jeunes présidents héréditaires essayent de compenser leurs déficits démocratiques, leur impopularité ainsi que la faiblesse de leur légitimité par la poursuite d’une politique privilégiant les projets de société axés sur la modernisation et la construction économique. Comme dirait Machiavel dans l’art de la guerre, « l’acte accuse mais le résultat excuse »
Les bienfaits de la démocratie Dans des pays où s’installe l’expérience démocratique positive (Bénin, Zambie, Tanzanie, Ghana, Sénégal), les analystes sont d’avis que la consolidation de l’apprentissage de la culture démocratique et de l’alternance au pouvoir 45
constitue un facteur structurel indéniable qui favorise la stabilité politique durable et encourage l’émergence économique par l’instauration d’un État de droit, la lutte contre la corruption et une justice sociale équitable. C’est également un facteur de confiance pour les citoyens (envers leurs gouvernants). Le souverain primaire qui, par ce jeu de la démocratie participative, se sent valorisé, du fait que son vote compte et qu’il peut travailler ensemble sans aucune barrière sociale entre le peuple et le « boss » pour l’intérêt général. Mais avec les gouvernants qu’ils se sont librement choisis et non imposés par des élections téléguidées depuis l’extérieur. Un autre facteur est l’aspect sécuritaire qui fait que plus l’alternance se fait de manière démocratique et transparente, moins il y a de contestations pouvant déboucher sur des violences post-électorales (Kenya, Côte d’Ivoire, RD Congo, Zimbabwe…). D’autant plus que les élections africaines sont parfois ethniquement instrumentalisées par les élites africaines. Le cas des élections du 11 octobre 2015 en Guinée-Conakry, nous rappelle cette triste réalité africaine ! Ainsi, lorsqu’on analyse les processus électoraux dans des pays dits instables en Afrique, on constate généralement qu’il y a des manipulations très flagrantes des processus et des résultats, parce que le Président en exercice a derrière lui l’État, l’administration, les finances de l’État, la presse, la communauté internationale mafieuse, et surtout les forces de sécurité et l’armée qu’il instrumentalise pour assurer son maintien au pouvoir. Pour l’Afrique, les élections sénégalaises, zambiennes et ghanéennes montrent l’exemple que l’alternance démocratique transparente et pacifique est une bonne règle qui montre les effets bénéfiques de la démocratie. Celle-ci peut fonctionner là où certaines officines néocolonialistes estiment que la démocratie est un luxe pour les africains ! L’alternance démocratique apaisée et crédible en Afrique reste un 46
impératif aux effets structurels stabilisants des institutions étatiques. Le Bénin, le Ghana et le Sénégal sont les rares pays ouest-africains que « Freedom House », une ONG américaine œuvrant pour la défense des droits politiques et des libertés civiles, considère comme des États « libres » et politiquement stables. Depuis l’instauration de la démocratie au Bénin, l’image de ce pays a été appréciée à travers le monde. Le Bénin participe à plusieurs missions de maintien de la paix de l’Onu à travers le continent africain. Dans un message à la nation le 31 juillet 2005, la veille du 45ème anniversaire de la fête de l’indépendance, l’ancien président Kérékou, le père de la démocratie au Bénin, a déclaré : « Après 15 années d’expérience démocratique, notre pays vit en paix. Les institutions de la République fonctionnent régulièrement. Les Béninoises et les Béninois jouissent des libertés fondamentales. La liberté de la presse est garantie. L’environnement juridique est assaini. Les dispositions constitutionnelles favorisent l’alternance au pouvoir et la succession au sommet de l’État. Ces prescriptions fondamentales de notre Constitution du 11 décembre 1990 doivent pouvoir résister à toute révision opportuniste, d’autant plus que par-delà toutes les préoccupations conjoncturelles et subjectivistes qui la motivent, elles constituent en fait la référence basique et le test d’authenticité de la nouvelle culture démocratique dont les acteurs politiques doivent désormais faire preuve ». Cela vaut également pour le Ghana, la Zambie et le Sénégal. Peut-on en dire autant de la Guinée et peut-on croire qu’Alpha Condé, atteint par la limite constitutionnelle, pourra suivre l’exemple de son aîné Kérékou et entrer dans l’Histoire de la Guinée ? Le 18 octobre 2020 a été sans doute une année de vérité. Les constitutions taillées sur mesure confirment la résistance au changement et à l’alternance démocratique qui s’enracine en Guinée.
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CHAPITRE III L’armée, la police et le règne antidémocratique La répression sanglante des manifestations du Front National pour la Défense de la Constitution FNDC contre la nouvelle Constitution à Conakry, montre à quel point l’armée reste au centre des enjeux politiques en Guinée, en particulier, et en Afrique, en général. Une armée se conçoit comme une structure organisée et élaborée conjointement à un système en vue d’assurer la défense de l’intégrité territoriale, des institutions de l’État ainsi que la protection des populations. Pourtant, cette simple évocation de la fonction régalienne de l’armée est à elle seule sujette à caution en Afrique. La présente analyse vise à inviter les hommes en uniformes à avoir une autre conception de leur fonction et à comprendre le rôle républicain que la Constitution leur confère dans l’exercice de leurs fonctions. En ce sens, ils sont appelés à être les derniers remparts contre la violation de la Constitution. L’armée africaine, faute d’existence de menace réelle externe, s’est détournée de sa fonction républicaine. L’État apparaît souvent quand se constitue une structure militaire, en dehors des réseaux traditionnels de la société globale. Lors de leur accession à l’indépendance, faute de réelles menaces extérieures du fait notamment du respect du principe de souveraineté des États gravé dans la charte de l’ONU en 1963, la fonction régalienne de l’armée s’est trouvée amputée de sa mission de base. L’armée est alors allée à la quête d’une nouvelle fonction politique tournée vers l’intérieur pour légitimer son existence. À l’indépendance, il n’y a pas eu comme tel, à quelques exceptions près, de contestations des territoires fixés à la Conférence de Berlin en 1885. L’article 4 de la 49
charte de l’OUA, actuelle “UA”, parle de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation. Ce qui réduit également les risques des conflits armés. On peut donc avancer que l’on pouvait même peut-être se passer des armées africaines car il n’y avait pas à proprement parler un besoin de défense nationale. D’une manière générale, à quelques exceptions près, le processus de décolonisation en Afrique fut le résultat d’un compromis politique. La conflictualité majeure a donc été essentiellement intra-étatique ; car pour la plupart des régimes africains, la principale menace ne se situe pas aux frontières mais bien à l’intérieur du pays, au sein de la population. Mais aussi du fait de l’absence de conflits armés contre d’introuvables ennemis extérieurs, l’armée s’est donc tournée vers la politique pour y jouer un rôle de premier plan. La menace principale réside, pour ces hommes politiques civils et militaires africains, dans toute atteinte supposée ou réelle contre leurs prérogatives et celles consenties au cercle de la famille. Mais aussi de l’ethnie, des fidèles, des représentants d’intérêts divers. Toute appartenance à ce clan devient une arme d’oppression ou de chantage contre les non-membres, c’est-à-dire contre la grande majorité de la population. Dans ce contexte, la mission première de l’armée qui est de défendre la patrie est détournée, dénaturée, voire dévoyée. Les fonctions sécuritaires et celles de maintien de l’ordre public n’ont plus pour finalités la défense de l’État et la protection des citoyens, mais celle du régime autoritaire en place. L’armée, tantôt instrument du pouvoir et favorisée, contribue bon gré mal gré à cette situation, tantôt suspectée et humiliée par ce même pouvoir, se voit concurrencée et même remplacée par des forces de l’ordre proches du chef de l’État par et des forces paramilitaires (gardes présidentielles, milices politiques, mercenaires).
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Dans la plupart des régimes politiques africains postindépendance, les dirigeants politiques, avides de pouvoir, installés durant des décennies au sommet de l’État, vont alors tenter d’assurer leur longévité au pouvoir et leur survie politique par l’usage de la force et grâce au soutien des forces armées et de sécurité. Les forces de sécurité se transforment alors en machines de répression politique et sociale à l’encontre des militants de l’opposition (ou supposés comme tels) et de manifestants contre l’oligarchie au pouvoir. La distorsion du rôle de l’armée fait donc qu’en Afrique, celle-ci est en général au service du conservatisme de l’ordre politique. Dans ce sens, l’armée est souvent utilisée pour défendre l’ordre politique ancien en réprimant les populations au cours des révoltes populaires. C’est le cas des récents massacres de manifestants à Conakry, commis principalement par les éléments de l’armée dite républicaine.
L’armée républicaine comme fondement de l’État Une armée est dite républicaine si « elle est, respectueuse des lois et des institutions de la République, si elle est soumise à l’autorité civile » est dite apolitique si « ses membres ne participent pas aux activités politiques. Elle n’affiche aucune opinion politique ou partisane et se caractérise par sa neutralité ». Le qualificatif « armée républicaine » indique un changement d’échelle correspondant à deux innovations : d’une part, il ne peut y avoir une armée dite républicaine que s’il existe déjà une République dont elle est le porte-étendard ou le bras armé. D’autre part, l’armée républicaine est un service public de sécurité et de défense de la démocratie (valeurs et institutions), des droits de l’homme, des droits du citoyen, des droits des peuples, de la diversité culturelle et ethnique, des personnes et des biens de l’intégrité nationale, distinct 51
des hommes et des femmes. Et pourtant, en tant que service public, l’armée ne peut défendre les autres institutions que si et seulement si elle s’érige elle-même en (supra)institution. Cela est confirmé par le paradigme systémique d’un (méta-) système englobant d’autres sous-systèmes. Les sociologues avancent que : « les institutions sont des piliers de l’ordre en politique, des structures qui assurent l’intégration du système politique, qui facilitent ses opérations de routine, et qui garantissent une continuité face à des forces déstabilisatrices potentielles. » Ainsi, en tant que pilier, l’armée est républicaine parce qu’elle est pensée, constituée et employée conformément aux lois, comme le dernier rempart de la démocratie de proximité et de la République post-nationale. À ce titre, elle est l’une des institutions les plus nobles de la République post-nationale, chargée de garantir la paix civile et la défense territoriale. Une armée-police dite « républicaine » est appelée à être le garant de l’ordre républicain ». En ce sens, l’armée ne peut pas pour le compte d’un homme ou d’une catégorie de la classe politique utiliser sa force au nom de l’équilibre social en devenant le bras répressif d’un pouvoir oppressif contre les populations qu’elle est censée protéger et dont elle est chargée assurer la sécurité. C’est une armée dont l’action et l’engagement contribuent à l’éclosion et à la consolidation d’un véritable État de droit qui garantit la sécurité et les pratiques démocratiques pour le peuple Guinéen. Ainsi, le militaire ou le policier est d’abord un citoyen au service de sa patrie. Ses obligations et ses droits sont d’abord ceux du citoyen et de tout serviteur de l’État. Citoyen, agent du service public, l’armée et la police, dans sa particularité qui explique notamment un certain cantonnement juridique, est avant tout un serviteur de l’État, un prestataire de service public au profit de la communauté nationale, c’est-à-dire les populations Guinéennes. D’où la nécessité pour le militaire policier 52
Guinéen d’arborer haut cette double appartenance républicaine et nationale non ethnique, en forgeant un esprit de corps, aussi bien à l’intérieur de l’Institution militaire qu’à l’égard du groupe social externe, la nation, dont il est mandaté pour défendre l’identité collective et les valeurs nationales communes et d’en assurer la sécurité. Cet esprit de corps va permettre de cimenter la cohésion avec l’ensemble de la population guinéenne à travers nos valeurs identitaires, sociétales et culturelles collectives et au moyen de l’héritage de notre passé commun, qui constituent le socle d’une nation. Cet esprit de corps n’est possible que si, dans sa composition, l’armée, la police reflètent l’équilibre entre les provinces et les ethnies. Sans cet esprit de corps indispensable à la cohésion nationale, c’est non seulement le règne d’une armée hétéroclite de milices qui s’installent, mais surtout la crainte du dépérissement de toute une nation qui risque de s’opérer. En effet, une armée de milices ne travaille pas pour la défense de la nation mais se bat pour défendre les intérêts privés de ses chefs et des intérêts de sa communauté ethnique. D’où l’extrême nécessité de doter la Guinée d’une Armée Républicaine et Nationale, conçue impérativement comme un service public devant puiser son énergie dans l’ordre social démocratique et républicain, dont elle devra garantir l’apolitisme et la neutralité. La discipline et l’obéissance militaires à l’épreuve de la consolidation de l’État de droit Dans une démocratie et un État de droit, le principe fondamental régissant les militaires est celui de “l’obéissance” à tous les ordres légaux. Le devoir sacré et suprême de tout militaire est celui de défendre l’Ordre Constitutionnel, l’ordre républicain et de protéger les populations et leurs biens contre toute agression et toute violation de l’intégrité territoriale de son pays ainsi que contre toute transgression des valeurs fondamentales garanties par la Constitution et les lois de la République. 53
Ainsi, par la voie logique de conséquence, l’armée se trouve dans l’obligation de barrer la route aux individus qui se maintiennent illégitimement au pouvoir par la force ou au-delà de leurs mandats constitutionnels conférés par la Loi Fondamentale de l’État ou qui contreviennent aux principes fondateurs d’un État de droit. C’est ici que la notion d’armée républicaine revêt tout son sens et son essence, voire sa noblesse. En fait, le rôle de l’armée est de servir avant tout et uniquement les intérêts de la nation, et non des individus qui qu’ils soient. Sinon, on a affaire à une milice. L’institution militaire reçoit certes ses ordres de l’exécutif et se doit d’obéir afin de servir uniquement les seuls intérêts de la nation qu’elle a pour mission de protéger et non de tirer sur les populations comme ce fut le cas 22 janvier 2007 et le 22 mars 2020. La discipline et l’obéissance militaires s’arrêtent là où commence la violation de la loi ou de la Constitution. Dans l’armée, la discipline et l’obéissance militaire, ne doivent pas être aveuglés. Il y a des situations qui exigent de trancher, donc un positionnement clair du militaire. Dans les armées, la discipline n’est obligatoire qu’à partir du moment où le chef a pris sa décision, chacun étant, en principe, libre de s’exprimer avant qu’elle ne devienne effective. L’obéissance est un acte concret, de terrain, qui doit prendre en compte le contexte et la situation parce que distinction est faite entre obéissance formelle et intellectuelle, la mission devant être exécutée dans son esprit avant de l’être dans sa lettre. L’obéissance militaire atteint ses limites là où le savoir, la conscience, le bon sens, le discernement, l’éthique, la responsabilité et surtout le patriotisme interdisent d’obéir aux ordres. Si par principe le soldat est tenu d’obéir aux ordres de ses supérieurs, il existe néanmoins dans le code et l’éthique militaires des exceptions sacrées : « lorsqu’il se sent blessé dans sa dignité humaine, il a le droit de refuser d’exécuter l’ordre ; 54
lorsqu’on lui demande d’enfreindre la loi, la constitution ou de défendre un acte politique anticonstitutionnel, il a non seulement le droit de refuser mais il a l’obligation de ne pas obéir » Les changements politiques qui se sont produits en Afrique subsaharienne au cours des trois décennies ayant suivi les indépendances : une soixantaine de coups d’État, quelques accessions à l’indépendance par la lutte armée, des insurrections, des sécessions, des guerres civiles ont consisté essentiellement en des prises de pouvoir par des militaires. Entre 1960 et la fin des années 1980, 40 % des régimes africains avaient une origine militaire. L’Afrique de l’Ouest et constituent l’épicentre de ce phénomène. Elle est la partie du continent africaine où l’on recense le plus grand nombre de coups d’État ou tentatives de coups d’État. À quelques rares exceptions, le Burkina Faso, la République centrafricaine, la RDC, le Congo-Brazzaville et le Rwanda sont des pays qui recensent le plus d’alternances politiques à la suite de putschs militaires ou d’assassinats de présidents. Cependant, ces dernières années, l’Afrique, particulièrement sans sa partie occidentale, semble entrer dans une nouvelle conjoncture politique où les militaires s’inscrivent de plus en plus dans une perspective de gouvernance sécuritaire et démocratique basée sur le respect des normes constitutionnelles et légales. Jerry Rawlings au Ghana, Toumani Touré au Mali, le Général Sékouba Konaté en Guinée, Salou Djibo au Niger, le chef d’état-major des armées du Burkina Faso, le général Pingrenoma Zagre et le lieutenant-colonel Isaac Zida du Régiment de sécurité présidentielle (RSP) burkinabé, ont chacun joué un rôle majeur dans la dynamique démocratique de leurs pays respectifs. Cela devrait servir d’exemple aux militaires et aux policiers Guinéens dans la période cruciale de fin de mandat des présidents. La position prise par l’armée lors de la révolte populaire 55
d’octobre 2014 au Burkina Faso devrait inspirer les militaires Guinéens et les interpeller sur leur rôle de gardiens des valeurs républicaines scellées dans la Constitution, socle de notre pacte social et citoyen. Les évènements d’octobre 2014 au Burkina Faso doivent interpeller la conscience de chaque militaire et de chaque policier Guinéen. De la Guinée au Niger, du Mali au Burkina Faso, le temps des présidents-Généraux ou exGénéraux-Présidents qui troquent leurs treillis militaires contre les costumes présidentiels tout en restant aux commandes de l’armée et d’une garde prétorienne instrumentalisée est en train d’être révolue. Il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement en Guinée. Ce qui est valable pour le Burkina Faso devrait l’être aussi pour la Guinée. Pour un soldat, la désobéissance est parfois un devoir mieux un comportement éthique dans des situations très singulières du fait de leur nature et de par la probabilité de leur occurrence. Ainsi, lors des révoltes tunisienne et burkinabè, les refus respectifs des chefs des armées, le général Rachid Ammar, chef d’État-major de l’armée de terre tunisienne et le général Pingrenoma Zagre, chef d’étatmajor des armées du Burkina Faso, de faire intervenir l’armée à mater l’insurrection populaire ont incontestablement été déterminants dans l’évolution de ces deux pays vers les régimes démocratiques. L’armée tunisienne et les forces armées nationales Burkinabè ont adopté une posture « républicaine » de non-ingérence dans les affaires politiques intérieures et de défense des valeurs démocratiques. Ceux qui se servent de l’armée pour des fins politiciennes doivent retenir qu’aucun endoctrinement idéologique ne peut indéfiniment laver le cerveau des militaires pour les éloigner de leur environnement social naturel et les opposer aux valeurs républicaines nationales auxquelles ils s’identifient.
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Dans une République qui se veut « démocratique », l’armée reste le dernier rempart et recours quand des dirigeants bafouent et piétinent la dignité de leur peuple, violent et tripatouillent les dispositions constitutionnelles pour se maintenir indument au pouvoir. Lorsqu’un être humain, un soldat ou un policier, est sciemment privé de ses droits à la santé, à la formation, à disposer d’un logement décent, ainsi que le droit à l’accès aux besoins sociaux de base (eau, électricité, nourriture…) il lui reste un seul droit qu’on ne peut lui ôter : c’est le Droit de s’opposer à toute forme d’avilissement politique en refusant d’exécuter tout ordre manifestement illégal. Ce droit, pour lui, passe notamment par une sorte de rébellion passive, organisée, structurée, et intelligente, où la force réside dans le refus d’exécuter les ordres illégaux de réprimer des civils qui manifesteront contre le coup d’État constitutionnel d'Alpha Condé par exemple à l’échéance de son mandat prévu le 18 octobre 2020. Il s’agit là pour l’armée et la police de faire preuve d’une lutte pour une cause juste, républicaine et patriotique.
Le germe de l’effondrement En Guinée, les différents régimes politiques qui se sont succédé après l’accession du pays à l’indépendance se sont distingués par une diminution des capacités du système politique dont les outputs ne sont souvent pas des réponses à des demandes venant de la base sociale, mais de l’expression de ce que D. Easton appelle les « with inputs », c’est-à-dire des demandes créées par le système lui-même. Il s’agit d’une forme de gestion qui fait que les besoins et attentes (inputs) des gouvernés introduits dans le système politique ne correspondent plus aux outputs produits par les autorités politiques. Les besoins de la population, et ce y compris ceux des militaires, demeurent en majorité sans solution. De ce fait, il devient difficile que les gouvernés 57
apportent leur soutien politique aux gouvernants. Il s’installe, dans ce cas, la déflation du pouvoir politique. La conséquence de cette crise de confiance est que les dirigeants ne gouvernent plus par l’autorité et la légitimité qu’aurait dû leur conférer leur pouvoir (au moyen d’un contrat social défini par Jean-Jacques Rousseau), mais par le recours aux moyens abusifs tels que : la monopolisation des médias, les intimidations, les arrestations arbitraires, la corruption généralisée, les faux procès, etc… Les nombreux textes relatifs au fonctionnement des organes administratifs et des institutions de l’État, qui constituent l’essentiel des décisions publiées dans les journaux officiels africains, sont juste des formalités administratives destinées à satisfaire des préoccupations formalistes des membres des structures étatiques mais sans incidence réelle sur les populations. Il faut parler d’une inculture ou d’une crise identitaire qui gangrène la société guinéenne en amont lors de l’élaboration des lois. Le législateur Guinéen élabore, de manière récurrente, des lois taillées sur mesure. La Constitution de la Troisième République, la loi électorale et le code minier peuvent être classés parmi les textes taillés sur mesure. Ceux qui sont protégés par les lois et se hissent d’office au-dessus d’elles deviennent implicitement intouchables. Dans ces conditions, le détournement, le pillage des ressources, la corruption, les injustices sociales criardes, l’impunité deviennent la culture nationale des élites au pouvoir. Dès lors, on constate que les changements sociétaux qui s’opèrent en Guinée évoluent dans la dynamique de l’état d’esprit tourné vers la perversion généralisée. Comme l’avance Vincent Hugueux : « On se contente très souvent en Afrique d’un rituel démocratique qui ne correspond pas à un enracinement d’une tradition pluraliste et d’alternance dans les esprits. On va employer les lexiques et les outils de la démocratie pour sauver les 58
apparences ». Le modèle étatique européen a été suivi sous l’angle institutionnel et surtout organisationnel (jusqu’à ce jour) ; son esprit, la démocratie, n’a pas été assimilé. Le Burundi, le Rwanda, l’Ouganda, les deux Congo illustrent à merveille cette réalité. C’est là qu’il faut aller chercher les causes de l’autodestruction de ces régimes de pacotille, dont les actes impopulaires posés au quotidien ne font qu’aggraver la frustration de la population et accentuer la crise de légitimité. Cette situation exacerbe l’insouciance populaire. Au contraire, ses actes de défi conduisaient au retrait et à la « démobilisation sociale » entrainant une situation insurrectionnelle ou de révolte des masses populaires et de l’armée, dont les premières cibles étaient en premier lieu les représentants du « système ». C’est-àdire, à l’instar de la mousse espagnole, le secteur politique en Guinée avait toujours eu ses racines en l’air au lieu de les avoir bien enfouies dans le sol (populaire) ; ainsi, à la moindre bourrasque populaire ou militaire, tout son édifice s’est écroulé comme un château de cartes. Faut-il alors légitimer les coups d’État ou les insurrections populaires en Afrique ? Il est démontré que lorsqu’un pouvoir restreint l’espace d’expression démocratique et confisque à son peuple ses droits et libertés fondamentaux garantis par la Constitution, seul le recours aux manifestations populaires (violentes ou non) ou le recours aux moyens armés (la guerre étant la continuation de la politique) deviennent les seules alternatives possibles aux mains des contestataires du régime. Le Burkina Faso, le Burundi et les événements qui ont suivi la réélection frauduleuse de Denis Sassou Nguesso nous rappellent cette évidence. Un récent rapport publié par un panel d’agences de l’ONU et des ONG alerte sur les risques de troubles graves au Mali dans les mois à venir en cas de non-organisation des élections dans les délais constitutionnels. Une réflexion sociopolitique s’impose 59
donc sur la légitimation des Coups d’État et des insurrections populaires compte tenu de leur fréquence en Afrique subsaharienne en particulier. En effet, il se développe une réalité politique africaine qui veut qu’à quelques exceptions près, il devient quasiment impossible d’aboutir à une alternance au pouvoir de manière démocratique. L’analyse des plus de 70 putschs perpétrés en Afrique depuis les années 1960 révèle que les auteurs de coups d’État justifient le plus souvent leur passage à l’acte par des arguments en apparence légitimes mais souvent insuffisants en déclarant vouloir restaurer la démocratie, l’ordre constitutionnel et remettre le pouvoir au peuple (Mobutu, le général Robert Gueï de Côte d’Ivoire en 1999, Museveni en Ouganda Laurent Désiré Kabila en RDC Congo, Kagame au Rwanda, Bozizé en RCA ou Dadis Camara en Guinée) pour le conserver par la suite durablement. La confiscation et la concentration des pouvoirs (exécutif, parlementaire, judiciaire) et des organes d’appui à la démocratie et à l’État de droit (CENI, presse, armée…) entre les mains d’une seule personne ou d’une poignée de personnes, généralement à base ethno-communautariste, verrouillent toute possibilité d’accession au pouvoir par la voie des élections libres, transparentes et démocratiques (Mobutu, Kabila père et fils, Kagamé, Museveni, Dos Santos, Sassou N’guesso, Biya, Bozizé, Mugabe, Tandja, Compaoré, N’kurunziza, …). Cela avec pour corollaire la cristallisation de la polarisation de la tension et des mécontentements populaires contre ces régimes en multipliant les possibilités d’une insurrection populaire ou d’une prise de pouvoir par la force. Par le renversement du régime ou par l’élimination du président qui personnifie à lui seul tout le régime, car tout se résume à sa personne : le pouvoir personnifié. Désormais, le pouvoir parle, crie, fait des crises de jalousie et de colère, en fait, il est déjà devenu 60
humanoïde (Mobutu, Habyarimana, Bozizé…). Faudrait-il encore le rappeler qu’en Guinée, chaque fois qu’il y a eu une alternance au pouvoir, cela ne s’est opéré que par un coup d’état militaire ou à la suite de la mort d’un Président ou d’une manifestation impliquant les militaires. Les indicateurs politiques actuels tel que ; l’élaboration d’une nouvelle constitution et le retard pour l’organisation des élections “libres, démocratiques et transparentes” tendent à confirmer cette réalité dans un avenir proche. Tous les ingrédients pour une alternance non démocratique semblaient réunis et ne cessait de s’accumuler, d’autant plus qu’Alpha Condé ne laissait plus d’autre choix à ses adversaires politiques que le recours à la violence. Ce type d’alternance à la tête du pays est souvent facilité par la faiblesse de l’État et des institutions sécuritaires (ne reposant que sur la garde prétorienne qui fuit généralement chaque fois que le président est renversé), le déficit de légitimité des animateurs politiques, la quasi-absence de cohésion nationale du fait d’une gouvernance ethnorégionaliste, discriminatoire, et clientéliste à outrance. Pour le défunt régime d’Alpha Condé, cela n’était plus qu’une question de temps. Tous les ingrédients du cocktail explosif étaient bien présents, car créés par le régime luimême. Il ne manquait plus que l’étincelle qui mettait le feu aux poudres ou qu’on agitait juste un peu la marmite sous pression pour que le règne d'Alpha Condé soit vite conjugué au passé. Les signes des temps sociopolitiques (dissensions dans le régime, tentatives de coalition de l’opposition, manifestations populaires), socioéconomiques (effondrement de l’économie et de la croissance, recours à la planche à billets), diplomatiques (menaces de sanctions et alignement diplomatique de la communauté internationale) et sécuritaires (guerres des généraux, désertions dans l’armée et même au sein du régiment de sécurité rapprochée d’Alpha Condé, menaces 61
de mutineries par les troupes de la base), etc. étaient annonciateurs de la fin du régime. À moins d’être un kamikaze politique de type djihadiste. Il faut retenir que les coups d’État surviennent généralement lorsque la démocratie montre ses limites.
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CHAPITRE IV Le pouvoir africain et la mauvaise gouvernance Peu importe l’âge de son accession au pouvoir, qu’il soit traditionnel ou d’État, un chef africain est souvent considéré et se considère d’ailleurs lui-même comme le père du village, de la collectivité, …de la nation, doit s’y éterniser. Il entend régner jusqu’à ce que la mort règle naturellement et coutumièrement sa succession, même là où les exigences de la vie moderne lui fixent des limites à ne pas franchir. « Ensuite, c’est le Sénégal d’Abdoulaye Wade qui avait tenté de faire « exactement la même chose différemment », en réduisant, cette fois, les deux mandats de sept à cinq ans. L’on avait alors crié sur tous les toits que le « Sénégal est la vitrine de la démocratie en Afrique ». C’était mal connaître les intentions chafouines du vieux Wade, qui voulait se jouer du peuple qui le voyait venir, de loin. À malin, malin et demi ! Avec le mouvement « Y-en-a-marre », l’on a vu ce que l’on a vu. Souvent soutenus et aidés de l’extérieur par les puissances impérialistes au nom d’une obscure stabilité et adulés de l’intérieur par leurs courtisans, les Chefs d’État Africains n’envisageant nullement de laisser le souverain primaire se prononcer librement pour sanctionner positivement ou négativement le mandat qu’ils se sont unilatéralement octroyé soit par un coup de force, soit à l’issue des élections organisées de la manière que l’on sait. Craignant de redevenir des citoyens comme tout le monde et se croyant investis de la légitimité sans limite leur accordant le droit de modifier à leur guise les règles constitutionnelles d’accès au pouvoir, ils mettent tout en œuvre pour avoir le contrôle et la mainmise sur les institutions chargées d’organiser les élections. Pas étonnant 63
que plusieurs d’entre eux, tout en affirmant qu’ils sont démocrates, en sont à leur vingtième, trentième et bientôt quarantième année de pouvoir (cas de Paul Biya et Sassou Nguesso) alors que les Constitutions de leurs pays ne le leur permettent et ce, malgré les aspirations profondes des peuples dont ils se réclament. — « Ce n’est pas une nouveauté ; l’âge des chefs d’État africains et leur propension à s’accrocher au pouvoir sont depuis longtemps des sujets de conversation sur le continent. Il faut dire que l’Afrique conserve de beaux spécimens. Robert Mugabe au Zimbabwe, Paul Biya au Cameroun ou Théodore Obiang Nguema en Guinée Équatoriale ne sont pas nés de la dernière pluie, même si, dans le monde, ce ne sont pas les seuls dans ce cas comme en témoignent nos infographies comparatives... Mais sur le continent qui a le plus grand nombre de jeunes au monde, nombre de citoyens africains n’ont pas le quart de l’âge de ceux qui les gouvernent. Et nombreux sont ceux qui n’étaient pas nés lors de l’élection de leurs Président. » Pour y parvenir, ils n’hésitent pas à s’appuyer sur des supports tribaux ou ethniques où ils recrutent les responsables des ministères et des services clés (intérieur, justice, finances, défense et sécurité, armée et police, économie, industrie, mines, etc.). Les courtisans et autres débauchés de l’opposition et de la société civile sont mis à contribution pour occuper les postes moins régaliens ou moins stratégiques, pour vanter les mérites démérités du chef et de son gouvernement afin de justifier sa longévité au pouvoir. Pour cela, tout son de cloche contraire et tout mouvement de contestation sont qualifiés d’insurrectionnelle et réprimés avec la dernière énergie, parfois dans le sang.
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La dictature est-elle une fatalité pour l’Afrique ? Poser cette question c’est se demander si la démocratie et l’alternance au pouvoir sont possibles en Afrique. La question est d’autant plus pertinente qu’il convient de se garder d’y répondre avec précipitation par l’affirmative. En effet, il est troublant de constater que l’alternance politique demeure une notion encore très fragile même dans certains pays qu’on croyait l’avoir intégrée dans leurs mœurs politiques. « Le passage en force d’Abdoulaye Wade n’est pas sans rappeler les justifications parfois burlesques (à l’image du président camerounais Paul Biya qui disait avoir répondu à l’appel du peuple) et toujours anticonstitutionnelles, utilisées par certains de ses pairs africains pour assurer leur longévité au pouvoir. Jusqu’à une époque récente, le chef d’État sénégalais ne manquait jamais de les pourfendre et de leur rappeler, en donneur de leçons de démocratie et selon une posture qu’il aime de donner, son élection par les voies les plus démocratiques.» Est-ce la faute à nos traditions et pratiques politiques héritées de nos ancêtres qui auraient la peau dure ou celle de nos hommes politiques, plutôt égoïstes et incapables de respecter la Constitution de leur pays et qui font comme ces hommes de Dieu qui demandent à leurs fidèles de suivre ce qu’ils disent et non ce qu’ils font ? En tout cas, ce n’est pas la faute au peuple africain, qui aspire comme tous les peuples du monde à ces valeurs devenues universelles que sont la démocratie et son corollaire : l’alternance démocratique au pouvoir. Ce peuple, lassé par la démagogie, commence à le démontrer çà et là en utilisant la méthode la plus efficace : la rue.
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L’alternance au pouvoir par les urnes et par la rue Passés les coups d’État militaires qui ont balayé plusieurs pères de l’indépendance de leurs pays, plusieurs Chefs d’État africains organisent périodiquement les élections pour, officiellement, passer la main aux présidents élus. Au mépris du peuple et de ses aspirations légitimes, ce sont malheureusement les mêmes qui se font indéfiniment réélire et qui affirment qu’après eux, c’est le déluge. Du fait qu’il organisait régulièrement les élections, dont les résultats étaient d’avance connus, même Mobutu croyait et affirmait qu’il était démocrate. Il mit beaucoup de temps pour comprendre, trop tard, que le souverain primaire avait repris ses droits et lui avait retiré définitivement l’initiative du changement. Sur la pointe des pieds, il fuit le pays et connut les affres de l’exil auquel son règne sans partage avait pourtant contraint plusieurs de ses compatriotes. Ce qui lui arriva en 1997 n’a paradoxalement pas servi de leçon à ses pairs, qui considèrent comme tous les dictateurs que ce qui arrive à l’un d’entre eux ne les concerne pas et n’arrive qu’aux autres. De même, ceux qui ont cru et qui croient encore que le printemps arabe ne pouvait avoir de sens et d’espace qu’au Maghreb, ont continué inexorablement à imaginer et à multiplier des stratégies tendant à rendre plus élastiques leurs mandats en modifiant avec arrogance les règles du jeu. C’est dans cette foulée que, convaincu de l’incapacité de son opposition à lui arracher le bifteck de la bouche, le Président Burkinabè, Blaise Compaoré, a été surpris par son peuple qui a sifflé sans sommation la fin de la plus longue recréation politique de l’Afrique de l’Ouest. « Il n’y a pas d’institutions fortes s’il n’y a pas d’hommes forts », avait répondu Blaise Compaoré à Barack Obama. Après quatre mandats, l’exprésident Burkinabé s’est trouvé une retraite dorée en Côte d’Ivoire, « pays frère » collé à celui qu’il dirigeait comme 66
un royaume. » Aux dernières nouvelles, Blaise Compaoré a acquis la nationalité ivoirienne et n’attend pas quitter la Côte d’ivoire. À quoi aura donc servi l’arrogance qui a caractérisé tout son règne ? Est-ce une raison de croire pour autant que les autres chefs d’État, qui se comptent présentement par dizaine dans la même situation d’ici 2030, vont renoncer gratuitement à leur péché mignon ? Répondre par l’affirmative c’est ignorer l’état psychologique et psychiatrique, frisant une certaine pathologie comportementale, qui caractérise indistinctement tous les dictateurs. Ils sont, un peu partout, incapables de lire les signes des temps, ils s’imaginent toujours que leurs peuples sont politiquement immatures, que ce qui se passe ailleurs ne pourrait jamais survenir dans leur pays et qu’ils sont les seuls capables de diriger. C’est pourquoi nous sommes d’avis que Blaise Compaoré, dont la vie a été épargnée contrairement à celle de son ami Thomas Sankara, pourrait encore être très utile à la démocratisation de toute l’Afrique. Comme l’apôtre St Paul de la Bible, voilà quelqu’un de mieux placé pour sillonner tout le continent afin de convaincre ses anciens pairs de la nécessité de se convertir à la démocratie avant que la rue ne devienne la mode pour remplacer les élections. La rue en furie, c’est comme la mort, elle n’annonce pas à l’avance sa prochaine cible ni où, quand et de quelle manière elle choisit de s’exprimer pour chasser quiconque abuse de la patience de son peuple. Comme la vie après la mort que presque toutes les religions du monde prêchent, il y a aussi une vie après un règne présidentiel, pourvu qu’on se soit bien comporté envers son peuple ou qu’on ait eu le temps de se convertir avant d’être emporté par la mort (rue). Léopold Sédar Senghor, Abdou Diouf, Kenneth Kaunda, Frederick Jacob Titus Ciluba, Madiba Mandela, Thabo Mbeki…ont eu et/ou ont encore une très belle vie après avoir dirigé leurs pays et sont entrés par la grande porte .
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dans l’histoire politique de leur pays respectif. Ancien persécuteur lui-même, sourd aux cris de l’opposition et aveugle aux manifestations maintes fois réprimées par sa soldatesque, Blaise Compaoré servirait d’exemple vivant et éloquent pour sauver l’Afrique de l’obscurantisme politique dans lequel elle est encore plongée. Le monde est en marche et personne ne peut prétendre freiner, retarder ou arrêter l’horloge de l’histoire. La démocratie, la liberté d’expression et de manifestation, la bonne gouvernance, les élections libres et transparentes, suivant une périodicité fixe coulée dans les lois fondamentales, et l’alternance politique sont autant de valeurs qui constituent les pièces maîtresses de cette horloge et dont l’universalité échappe aux humeurs et aux intérêts d’un individu ou groupe d’individus. En agissant comme ils l’ont fait, les Burkinabè ont décidé de se prendre en charge en prouvant à la face du monde non seulement leur maturité politique, qui n’est pas une exclusivité arabe sur le continent, mais que l’instabilité souvent évoquée par les dictateurs, avec la complicité de leurs soutiens occidentaux, n’est qu’un épouvantail. À qui donc le prochain tour ? Nous le saurons lorsque le destin et l’histoire auront désigné et surpris leur prochaine cible. En attendant, il vaut mieux que les Chefs d’État concernés sachent que l’alternance politique n’est pas une denrée mortelle et qu’il n’est jamais tard pour qu’ils se convertissent à la démocratie, celle qui assure la vraie stabilité des institutions et non celle des hommes forts. L’autoritarisme et la para-démocratie en Afrique La « para-démocratie » peut être définie comme un régime politique présentant les parures d’une démocratie mais son exercice pratique reste marqué par un comportement autocratique ou dictatorial. Dans une paradémocratie, généralement une Constitution consacrant l’indépendance des trois pouvoirs constitutionnels : 68
« Législatif, Exécutif, Judiciaire » est en place, des élections sont organisées assez régulièrement, les droits et libertés fondamentaux des citoyens sont garantis dans la législation nationale. Cependant, les dirigeants au pouvoir instrumentalisent et pervertissent ces institutions, truquent les élections et mettent en place une gouvernance clientéliste et un système d’intégration verticale, des élites qui, selon Jean-Philippe Peemans, favorisent le renforcement des « réseaux de pénétration ethnocentralisatrice ». Avec souvent pour finalité de se maintenir ad vitam aeternam au pouvoir et de conserver leurs privilèges… Bref, il s’agit d’un régime de type dictatorial qui utilise un lexique et des outils de la démocratie pour sauver les apparences. Les politologues ont mis en évidence une affinité structurelle qui existe entre le « patrimonialisme » et l’autoritarisme ou la paradémocratie. Le « patrimonialisme » s’exprime naturellement dans l’autocratie et la para-démocratie, tout en contribuant à subvertir la démocratie. Dans un État autocratique ou para-démocratique, l’accumulation des ressources est fondée sur la prédation et l’extorsion fondées sur la violence en association avec le clientélisme et la cooptation. Les pseudos démocraties africaines actuelles n’en sont pas exempts : Guinée, Côte d'Ivoire, Mali, RDC, Congo-Brazza, Cameroun, Ouganda, Angola… En Guinée, la croissance économique conjoncturelle positive de 6 % en 2018 et 6,2 % en 2019 a été un rebond soutenu grâce à la hausse des investissements directs étrangers (IDE) dans le secteur minier et à une certaine amélioration de la production d’électricité. Certains économistes trouvent qu’elle est très insuffisante pour conduire au développement. L’ancien gouverneur a proposé quelques thérapies comme les prémisses pour voir la Guinée se mettre sur le chemin de l’émergence. Il s’agit notamment de : 69
— La nécessité d’une bonne gouvernance générale de l’État peut se faire au plan politique qu’économique, social, militaire, sécuritaire et diplomatique. Un autre préalable réside dans l’optimisation de la mobilisation des ressources financières et la lutte contre l’évasion fiscale, la corruption et l’impunité, et enfin, l’établissement des priorités et de la cohérence des politiques. — La croissance économique enregistrée jusque-là est en duel avec la faiblesse même de la structure de l’économie guinéenne. Des performances enregistrées jusqu’ici concernent essentiellement des secteurs extravertis, les mines. Nous parlons d’une économie d’enclave, dirigée en fonction des besoins de l’extérieur. C’est pourquoi les Guinéens ne ressentent pas au quotidien les effets des changements en cours. Comme on peut le constater, c’est l’absence d’applicabilité et d’effectivité des règles de l’État de droit qui favorise la « kleptocratie. » Voilà cette Afrique qui, après avoir dénoncé la colonisation, a cru son bonheur arrivé avec l’indépendance. Elle a vite déchanté lorsque les régimes militaires ou autocratiques ont pris le relais. Mais le vent de l’Est, arrivé à la suite de la chute du mur de Berlin en 1989, sonna comme le nouveau souffle de la libéralisation de la vie politique pour les populations africaines. Là aussi, nouvelle désillusion, car entre les conférences nationales et les régimes démocratiques virtuelles, les guerres civiles sont passées par là. La seule chose demeurée inamovible, voire amplifiée est la « kleptocratie ». Parlant du mirage démocratique africain, Alphonse Muambi (mathématicien, journaliste et écrivain hollandais d’origine RDC vivant aux Pays-Bas) s’exclama en ces termes dans le titre de son ouvrage : Démocratie « kun je niet eten » (2009) « La démocratie, ça ne se mange pas ! » En Afrique, les rares pays qui ont surnagé, depuis leur indépendance, tant bien que mal au naufrage 70
autocratique sont le Sénégal, la Gambie, le Botswana et l’île Maurice. En plus ce sont des pays qui ont connu des alternances démocratiques positives. À ces pays, viennent s’ajouter le Bénin et le Ghana. Et l’on constatera que dans le classement, les pays à faible culture démocratique sont aussi les mal classés. À titre d’exemple, l’Indice Mo Ibrahim sur la gouvernance en Afrique, qui analyse les performances en termes de politique de sécurité, d’économie, de droits de l’homme et de santé avait attribué le 14 octobre 2014 la note la plus élevée à l’Ile Maurice (82.9 points), suivie par le Botswana (77.6) , le Cap-Vert (76.7), les Seychelles (75.0) l’Afrique du Sud (71.3), la Namibie (69.5), le Ghana (66.8), la Tunisie (66.0), le Lesotho (61.9) et le Sénégal (66.0) en tête du top 10 du classement de l’indice 2013. Ces pays ont en commun la mise en œuvre effective de la profondeur des réformes politiques (avancées démocratiques) et économiques. Le Sénégal qui a connu une alternance démocratique admirable fait un bond de 6 places et passe de la 16ème place (2012) à la 10ème place. La Zambie 12ème (59.6) a également connu une alternance démocratique saluée par tous. Le Bénin (58.7) se maintient à la 13ème, la Tanzanie (56.9) est pointée à la 17ème place. Le Mali 27ème (50.7) et le Niger 28ème (50.4) voient les efforts de la stabilisation et de la démocratisation de leurs institutions récompensées. Le Cameroun 35ème (47.0), le Togo 36ème (45.8), le Burundi 40ème (43.8), le Nigeria (43.4), le Congo Brazzaville 43ème, la Côte d’Ivoire 44ème, le Tchad 48ème, la Centrafrique 49ème, et la RDC avantdernière à la 51ème place ont la particularité d’avoir soit des régimes autocratiques ou des démocraties virtuelles autoritaires. Au bas du tableau, on trouve la Guinée 42ème (43.2), la Côte d’Ivoire 44ème (40.9), le Zimbabwe 47ème (35.4), le Tchad 48ème, la RCA 49ème (32.7), la RDC 51ème (31.3) à l’avant-dernière place avant la Somalie 52ème (8.0). 71
Ces pays se caractérisent soit par l’absence de paix, des régimes démocratiques sur papier, soit par des élections non conformes aux standards universels libres et démocratiques. Pourtant, le gouvernement guinéen fournit des efforts en matière d’infrastructures. Suffisamment pas assez comparativement à d’autres pays. Pour le peuple il n'y a que 3 actions possibles pour établir la démocratie en Guinée : 1. L’émeute : les émeutes ont rarement abouti au changement du système politique parce que notamment l’État dispose de moyens militaires et policiers pour canaliser les mouvements des foules. 2. La révolution : une révolte organisée et conduite par un groupe pour des finalités politiques. Les révolutions comme les coups d’État ont rarement conduit à des régimes démocratiques comme l’histoire de l’Afrique l’a déjà démontré. Les Cas du Nigeria et même du Congo avec Mobutu et la Révolution de D. Kabila. 3. La désobéissance civile : elle produit quelques avancées mais dans un pays comme la Guinée avec une population, vivant au-jour le jour, celle-ci a montré ses limites. La garantie d’une bonne gouvernance est dans la refondation de la classe politique : d’une administration négative à une admise. C’est plutôt la volonté de la classe politique souvent une classe politique intelligente et soucieuse d’appartenir dans un pays prospère (non pas en dire mais en acte) qui amène le changement. À la volonté politique est rattachée une notion souvent méconnue chez nous, c’est celle de la compétence. La compétence des membres de l’exécutif, du législatif, du judiciaire, de la société civile et de l’opposition politique. Il faut que la classe dirigeante en Guinée dans toutes les sphères de la vie nationale acquière une intelligence profonde des questions d’intérêt national. La Guinée est malade de sa classe politique. La plupart de nos politiciens ne savent pas 72
mesurer la responsabilité d’avoir la charge de faire quelque chose. Ils dorment d’un sommeil de loir quand leurs concitoyens sont massacrés dans les manifestations de rue. Ils se payent des salaires de prince dans un pays de pauvre. Nous avons le devoir de renouveler et de remplacer cette classe politique par des gens qui ont la grandeur de comprendre et la compétence d’action dans le respect d’une éthique valorisante et d’une probité morale. Pour rappel, la Fondation Mohamed « Mo » Ibrahim, a été créée, en 2007 par un milliardaire anglo-soudanais dont elle porte le nom et dont l’objectif est d’inciter à une meilleure gouvernance en Afrique, lançant le Prix Mo Ibrahim pour le leadership d’excellence en Afrique récompensant, par un paiement initial de 5 millions de dollars et un paiement annuel à vie d’un montant de 200 000 dollars, des chefs d’État ayant exceptionnellement amélioré la sécurité, la santé, l’éducation, le développement économique et les droits politiques dans leurs pays, et transféré démocratiquement leurs pouvoirs à leurs successeurs.
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CHAPITRE V Condition de refondation de l’État guinéen ou la venue de l’homme providentiel L’après Alpha, puisque c’est maintenant qu’il convient déjà d’en parler, va certainement ressembler à la fin d’une catastrophe naturelle. Les dégâts causés individuellement et collectivement au sein de la communauté sinistrée vont exiger, de la part des futurs dirigeants, que soient identifiées, examinées et corrigées sans complaisance les causes d’origine humaine afin d’éviter qu’elles continuent, à l’avenir, de produire les mêmes effets. Sans avoir la moindre prétention d’identifier exhaustivement toutes ces causes, nous en attribuons néanmoins et principalement la responsabilité à la classe politique, à la justice et aux forces de sécurité (l’armée et la police). L’armée et la police étant des secteurs qui échappent à notre domaine d’expertise, c’est la classe politique et la justice qui feront l’essentiel de notre analyse. Toutefois, qu’il s’agisse de la classe politique, de la justice ou des forces de sécurité, des critères doivent être élaborés en permettant de distinguer les acteurs extrémistes, les jouisseurs dans l’ombre, les indécis et les bons éléments étouffés. La refondation de l’État guinéen est de notre point de vue, à ce prix.
Les caractéristiques de la classe politique guinéenne Contrairement à la plupart des pays africains, la classe politique de la Guinée souffre énormément de la présence remarquable, en son sein, des politiciens des premières années de l’indépendance ainsi que ceux, plus nombreux, 75
de la longue période (cou-déisme) (conté-ienne). À cause de la démocratie négociée et accordée plutôt que conquise, tous traînent avec eux les tares et la culture des négociations (Dialogue entre Guinéen, Concertations nationales…) qu’ils transmettent de génération en génération et qui leur permettent de créer et d’entretenir des crises pour mieux se positionner, sans se préoccuper du petit peuple, superbement ignoré. Les (Conté-istes), recyclés par leurs aînés et mieux formatés à l’école du parti unique, constituent une caste de jouisseurs faisant de la politique par ordonnance, une carrière et non un service. Habitués aux coups-bas et à la vie facile, grâce aux relations ou encore affinités, ils sont constamment plongés dans les caisses de l’État et mettent sur le dos de ce dernier des dettes qui ne sont jamais remboursées. Ils ne tolèrent aucune contradiction et redoutent l’alternance politique, synonyme de la perte de leurs privilèges et éventuellement et ce qu’ils craignent le plus : ce sont les poursuites judiciaires. Ce n’est en tout cas pas sur eux qu’il faut compter pour que se tiennent des élections libres, transparentes et démocratiques dans notre pays. Les premiers et les seconds se sont mêlés à la nouvelle génération d’acteurs, apparemment des chastes politiquement, mais témoins de l’embourgeoisement de leurs aînés qu’ils cherchent à imiter, sinon à dépasser. Parmi ceux-ci, certains (notamment ceux de notre génération) ont fait leurs premiers pas dans la politique active avec l’arrivée des politiciens fossilisés. D’autres, plus jeunes encore, se recrutent au sein de l’« élite intellectuelle », spécialement parmi ceux qui ont vu débarquer au pays et dans la politique, jusqu’au sommet de l’État, des gens jusque-là inconnus du grand public et sans aucune qualification ni compétence pouvant justifier les lourdes charges étatiques qu’ils se sont confiées. Ils sont actuellement nombreux dans tous les rouages de l’État : 76
parlement, cabinets ministériels, services de sécurité, administration et entreprises publiques, etc. Insouciants de la misère du peuple et même de leurs géniteurs et autres parents abandonnés dans l’arrière-pays, leur préoccupation primordiale consiste à amasser davantage de richesses pour eux-mêmes profitant de l’impunité généralisée. Face à ces trois catégories, se présente une autre dite « opposition » (tous âges confondus) qui, en réalité, est majoritairement composée des laissés-pour-compte qui n’ont pas pu s’insérer dans ce microcosme politique infesté. Trainant eux aussi les mêmes tares que les autres, ils ne comprennent pas qu’en s’appuyant intelligemment, sincèrement et stratégiquement sur le peuple, ils peuvent constituer une alternative sûre et crédible pour la refondation de l’État. Opportunistes et tenant officiellement un discours apparemment mobilisateur, emballant et frisant même l’insurrection, ils n’hésitent guère, à la moindre occasion et sous prétexte que « la politique de la chaise vide n’a jamais payé », à effectuer un virage à 360 degrés pour occuper une place vacante ou créée à cet effet à la mangeoire nationale. Ils sont des exemples malheureux à enseigner à la postérité. Le peuple et les vrais opposants, à compter sur le bout des doigts, s’en trouvent désabusés et déboussolés. Dans cette jungle politique, Alpha Condé, à la fois lion (qui impose sa loi) et renard (le plus rusé, dit-on !), est plus le problème que la solution. Profitant des forces et des faiblesses des uns et des autres, il laisse les plus habiles dévorer les plus faibles et n’hésite pas un seul instant à signer et à faire des alliances contre nature avec et entre des espèces que rien ne devrait mettre en commun. C’est de la même manière et suivant les mêmes modes opératoires que, se comportant comme une épouse docile vis-à-vis de son mari macho, il continue à manipuler.
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Le comportement de la classe politique guinéenne L’on conviendra qu’à partir des caractéristiques cidessus décrites de la classe politique guinéenne, il n’est pas aisé, même pour les spécialistes en Sciences politiques, de distinguer les simples opportunistes des acteurs qui aiment réellement le pays et qui œuvrent pour le bien-être de la population. Dans l’opposition comme dans le camp du pouvoir, tout le monde cherche à créer son parti politique et ce, peu importe s’il a les moyens de l’implanter dans tout le pays conformément aux prescriptions de la loi ou non. L’article 5, de la loi portant organisation et fonctionnement des partis politiques dispose ce qui suit : « Dans leurs création, organisation et fonctionnement, les partis politiques veillent : à leur caractère national et ne peuvent ni s’identifier à une famille, à un clan, à une tribu, à une ethnie, à une province, à un sous-ensemble du pays, à une race, à une religion, à une langue, à un sexe ou à une quelconque origine, ni instituer toutes discriminations fondées sur les éléments ci-dessous ». Plus loin, l’article 21 du même texte de loi impose à chaque parti politique l’obligation : « D’avoir en République de Guinée un compte bancaire de faire établir une comptabilité annuelle de sa gestion de procéder à l’inventaire annuel de ses biensmeubles et immeubles. Les documents comptables des partis politiques peuvent à tout moment être demandés par le Ministre chargé de l’Intérieur pour contrôle. Le parti qui ne dispose pas de documents comptables fiables et conformes à la réglementation perdra le droit de bénéficier des aides financières éventuelles octroyées par l’État sans préjudice des sanctions prévues par d’autres textes. » Appliquées sans complaisance, comme c’est le cas actuel, ces deux dispositions suffisent à elles seules à mettre fin à la distraction consistant pour plus de 99 % des partis politiques sans assise populaire réelle, à trouver refuge dans 78
des plates-formes, elles-mêmes objet des déstructurations/restructurations au gré des enjeux. Par conséquent, ce phénomène génère des crises qui ne finissent pas, des alliés ou partenaires d’hier, deviennent les ennemis intimes d’aujourd’hui et vice-versa et ce, exactement comme les politiciens de l’ère pré indépendance. Lorsque les plus rusés accédèrent à la mangeoire, ceux qui restèrent criaient au scandale, décrétèrent leur auto-exclusion ou faisait semblant de se radicaliser dans l’opposition juste pour mieux se positionner en attendant leur tour (un autre enjeu). De nos jours, il n’est surprenant pour personne que le peuple qui a suffisamment grandi politiquement, comprend de plus en plus que son salut ne viendra plus de cette classe politique qui a globalement montré ses limites. Étant donné, malheureusement, que les services de renseignements sont privatisés au seul profit du Chef de l’État, des crises sont délibérément provoquées ou entretenues tandis que des stratégies sont sans cesse montées pour débaucher ceux qui s’affichent comme plus résistants mais qui ne se font pas prier devant les espèces sonnantes et trébuchantes. Pour des raisons de survie, quelques semblants de patriotes du camp du pouvoir, eux, adoptent trois attitudes : se taire pour ne pas risquer de tout perdre ou protester du bout des lèvres pour éviter d’être qualifiés d’indisciplinés ou encore faire croire que le débat y est admis ou toléré. Aux acteurs politiques, il faut assimiler toute l’élite intellectuelle éparpillée dans l’administration publique, les entreprises privées et publiques. Parfois plus dangereux que les politiciens « carriéristes », certains d’entre eux n’affichent qu’un apolitisme apparent. Dans les coulisses, ils sont les espions à la solde du pouvoir et les relais des leaders tribaux, ethniques ou encore des partis politiques. Ils n’ont en commun que leur appartenance à des platesformes mais dans la pratique, ils s’entremangent, chacun 79
convoitant le poste le plus juteux occupé par l’autre, non pas pour servir mais pour se servir. D’où la méfiance et la suspicion généralisées qui ont élu domicile dans les milieux de travail faisant craindre, à tort ou à raison, les empoisonnements et affectant le rendement professionnel. Ces cadres de la « classe moyenne » sont d’autant plus dangereux que du jour au lendemain, ils se retrouvent conseillers ou membres de cabinets de ceux qu’ils ont combattus. Ceux qui veulent bien servir ou qui en ont les compétences requises, sont combattus et choisissent de se taire, de se contenter du peu qu’ils gagnent ou de se réfugier dans d’innombrables oppositions dites « républicaine » espérant que Dieu viendra pour agir à leur place. Dans ces conditions, la grande majorité de l’élite intellectuelle est, pour notre population, incapable d’« unir » ses savoirs et savoir-faire pour récupérer la gestion politique et administrative du territoire national délaissée depuis l’accession du pays à l’indépendance entre les mains des autodidactes de tous genres, sans aucune vision, sans aucun projet de société. À notre avis, une des voies incontournables pour refonder l’État et rétablir son autorité, consistera à non seulement écarter de la gestion de la chose publique mais aussi et surtout à traduire en justice, nationale et internationale selon les cas, les principaux acteurs qui, par leurs actes, ont substantiellement contribué à trahir la nation et à liquider l’État guinéen.
La justice à la croisée des chemins Issus du même moule sociétal, les magistrats Guinéens ont connu les mêmes soubresauts que leurs frères et sœurs politiciens. Faute de juristes autochtones suffisants lors de l’accession du pays à l’indépendance, ce sont les magistrats corrompus qui ont d’abord continué d’animer ce secteur régalien avant d’être remplacés progressivement, d’abord par des coopérants onusiens, puis par des Guinéens 80
diplômés du secondaire formé précipitamment sur le tas. À leur entrée en fonction peu avant 1990, nombreux de ces juges auxiliaires, versus magistrats de carrière, étaient encore opérationnels dans la plupart des tribunaux de paix et de grande instance. Fiers d’être magistrats et de côtoyer leurs « collègues » universitaires sans en avoir reçu la rigueur de la formation académique, eux et ces aînés ont été tellement formatés à la pensée “cou-déisme” qu’ils trouvaient les autres audacieux et téméraires lorsqu'ils nous prévalent de l’indépendance de la magistrature. La justice doit être le premier chantier à réaliser dans ce pays car elle a été instrumentalisée à des fins politique, une institution de l’État devenue simple service d’appui à la pérennisation du pouvoir personnalisé et à la répression de toute velléité de revendication démocratique. Ça fait mal d’en parler, mais il faut que quelqu’un en parle tout de même, depuis 1998, par formation, les autorités judiciaires sont majoritairement originaires du Sénégal. Pas étonnant que le Pouvoir Judiciaire, instrumentalisé, forme avec l’armée, la police et les services de renseignements, un redoutable bloc de répression au sein duquel les bonnes compétences sont difficiles à remarquer, sinon complètement étouffées. Il s’ensuit que faute de débouchés disponibles pour les absorber en cas de démission, ces compétences rares se résignent à demeurer dans le corps côtoyant leurs anciens stagiaires ou leurs subalternes, devenus leurs chefs grâce au clientélisme. Trois grandes caractéristiques de magistrats Guinéens se dégagent sur la base de leurs comportements vis-à-vis du pouvoir politique, des justiciables en général et des opposants en particulier. A. Ceux qui ont choisi de troquer leur indépendance contre les biens matériels Ce sont pour la plupart d’anciens magistrats, académiquement formés à la bonne école et tous aujourd’hui hauts magistrats, auxquels se sont joints 81
quelques parvenus des générations récentes. Parmi eux, ceux qui occupent des postes de commandement ne sont pas nécessairement ceux qui le méritent, car nombreux sont ceux qui ont enjambé plusieurs échelons pour des raisons bien connues des praticiens du droit. L’exemple venant d’en haut, ils n’ont pour préoccupation que d’assurer leurs arrières en faisant de la justice un business sur le dos et dans les poches des justiciables. En contrepartie de cela et, surtout, du silence volontaire de celui qui a le pouvoir de les nommer, de les promouvoir et de les révoquer, ces magistrats se sentent à l’aise pour en faire voir de toutes les couleurs aux opposants, aux journalistes et activistes des droits par des arrestations arbitraires, des détentions illégales, des parodies de procès et de scandaleuses décisions judiciaires confectionnées ailleurs ou dictées d’en haut et qui ne reflètent en rien l’indépendance de la magistrature. Ils ne s’imaginent pas que du jour au lendemain, ils peuvent se retrouver à leur tour dans la même situation, mais cette fois alors, avec plusieurs chefs d’accusation contre eux. B. Les résignés et les frustrés Sont concernés dans cette catégorie, tous les magistrats plus anciens dans la carrière, compétents et moins compétents, parmi lesquels certains ont choisi la magistrature par conviction et par vocation. Malgré leur bonne volonté, pour les uns, ou leur détermination à s’améliorer au cours de leur carrière, pour les autres, tous sont victimes des réalités et des pratiques sur le terrain qui consistent à observer leurs collègues, voire leurs subalternes, monter de grade ou accéder à des fonctions de commandement de manière fulgurante et sans aucun mérite particulier, en violation flagrante du statut des magistrats. Comme ils ne peuvent pas démissionner et mettre en péril le train de vie quotidien déjà fragile de leurs familles, ils n’ont d’autre choix que de demeurer dans le corps en 82
faisant comme tout le monde ou en se contentant, péniblement, du peu qu’ils peuvent recevoir comme rémunération. C’est ainsi que malgré les vicissitudes, il y en a encore qui s’efforcent de dire le bon droit et qui font l’objet d’admiration des habitués des palais de justice. Dans certains dossiers jugés « sensibles ou suivis par la hiérarchie », ils sont malheureusement victimes de sanctions disciplinaires (nous connaissons des cas), du fait notamment d’avoir relâché, acquitté quelqu’un poursuivi par des autorités politiques ou de lui avoir accordé une mise en liberté provisoire contre la volonté de ces dernières. Ces bons magistrats sont identifiables par la sobriété de la vie qu’ils mènent refusant de se lancer dans la course vers l’embourgeoisement et, par conséquent, s’attirant les moqueries de leurs collègues et de la société. C’est sur eux qu’il faudra compter pour rebâtir l’appareil judiciaire digne d’un pays qui se veut démocratique. L’on trouve des magistrats, bien que théoriquement compétents et professionnellement expérimentés, qui estiment qu’il ne sert à rien de redresser un arbre longtemps courbé. Plutôt que de mourir pauvres en observant les autres s’enrichir, ils profitent du laisser-aller du Conseil supérieur de la magistrature, organe de discipline du Pouvoir judiciaire, pour poser des actes et prendre des décisions contraires à leur devoir. Un tri va s’avérer nécessaire pour séparer le bon grain de l’ivraie mais à la seule condition que le Conseil supérieur de la magistrature soit profondément restructuré et débarrassé des fossoyeurs de l’État de droit. C. Les incompétents et les parvenus La plupart d’entre eux sont de jeunes, victimes du niveau de l’enseignement qui laisse à désirer. Recrutés avec une légèreté déconcertante, généralement sur une base clientéliste ou sur recommandation, nombreux sont ceux dont l’entrée dans le corps n’est justifiée que par des raisons de survie plutôt que par vocation. Faciles à identifier par 83
leur médiocre usage (verbal ou écrit) du français, langue de travail, ils ont déjà de la misère à interpréter les textes de lois qu’ils sont censés appliquer quotidiennement et, plus inquiétant, à concevoir, à rédiger et à motiver correctement des actes et décisions judiciaires convaincants et non susceptibles d’être tout le temps cassé au niveau supérieur. Conscients de leurs limites, des juges inexpérimentés et incompétents recourent régulièrement à la sous-traitance qui consiste à faire rédiger leurs jugements par les avocats des parties qui les « motivent » conséquemment. De la sorte, la magistrature que beaucoup de juristes de leur génération évitaient de choisir comme carrière « pour ne pas mourir pauvre », est subitement devenue de nos jours un secteur qui attire et fait rêver beaucoup de jeunes. Pour corriger cet état de chose et espérer avoir une justice responsable, compétente, indépendante et socle de la démocratie et du développement, il faudra, en amont, repenser le système d’enseignement en général et universitaire en particulier en plus de remettre en aval, de l’ordre dans l’appareil judiciaire en commençant par respecter et appliquer rigoureusement les textes existants en matière de recrutement, de promotion et de discipline. Nous ne cachons pas notre disponibilité à prêter main forte aux futures autorités du pays. Depuis longtemps, des analyses pointilleuses des Guinéens et des étrangers ont tiré la sonnette d’alarme pour prévenir le chaos qui se profilait en cas de non tenue des élections pouvant faciliter en douceur l’alternance politique. Ne tenant qu’à leurs privilèges acquis, à leur capacité de répression exercée par l’aide de la justice et les forces de sécurité ainsi que par le débauchage des esprits faibles, ceux qui nous gouvernent par défi considèrent la Guinée et ses richesses comme un butin de guerre à dépecer et à distribuer sans état d’âme. Ils ont fermé leurs yeux et bouché leurs oreilles au risque qu’ils courent d’entraîner 84
toute la nation dans la véritable inanition. À ce jour, tous les signaux sont au rouge au point qu’il n’est pas exagéré de constater que c’est l’État lui-même qui est liquidé : pas d’institutions éligibles légitimes, des autorités provinciales contestées un peu partout, l’évasion massive dans plusieurs prisons du pays, l’insécurité généralisée, des salaires impayés dans bon nombre d’entreprises publiques et même à l’Agence nationale de renseignements, etc. Si les extrémistes font semblant d’ignorer les signes du temps, nous pensons que l’heure a sonné pour réfléchir déjà sur les moyens à mettre en œuvre pour la refondation de l’État. Celle-ci passe notamment par l’ordre à mettre dans la vie politique, principal foyer du désordre et des crises récurrentes, la justice et les forces de sécurité. Une élection présidentielle tenue dans le cadre du système politique actuel risque de rendre difficile l’alternance démocratique en Guinée. Le pouvoir politique organisateur utilisera tactiques et moyens de l’État pour contourner cette volonté de changement de la population guinéenne. Les partis d’opposition et la population contesteront la légitimité des dirigeants qui se seraient maintenus au pouvoir irrégulièrement et frauduleusement. Devant une telle impasse, plusieurs analystes considèrent que la sortie de crise politique en Guinée passe, non pas par la tenue d’élections, mais par l’arrivée à la tête du pays d’un leader, c’est le probable voie du changement. Dans l’histoire de plusieurs sociétés qui ont connu des divisions sociales et des conflits, ce sont des personnes exceptionnelles qui ont pris le pouvoir politique, imposé les structures nouvelles, changé les mentalités, réconcilié leurs populations, parfois avant les élections. On se trouve dans une situation où les Guinéens souhaitent l’alternance démocratique par voie électorale, mais ils ne savent pas avec qui faire corps. Or tout processus électoral ne conduisant pas au renouvellement des acteurs politiques empêcherait 85
l’avancement de la démocratisation de la Guinée. Face à ce statu quo, plusieurs s’interrogent à savoir s’il est sage de réclamer la tenue d’élections avant la fin de la transition. Dans la présente analyse, ma réflexion portera sur la possibilité de l’avènement à la tête de la Guinée d’un leader politique de transition, homme ou femme, capable de résoudre prioritairement le problème de respect des structures politiques existantes et, qui, n’ayant pas l’intention de s’éterniser au pouvoir, servirait de modèle pour les prochaines générations de responsables politiques.
Leader : une définition Il existe plusieurs définitions du terme leader ou leadership politique. Dans la présente analyse, ce concept doit être compris comme une relation sociale. Selon le sociologue Max Weber, les leaders politiques sont ceux qui cherchent parviennent à la reconnaissance des représentés et prennent des décisions politiques dont ils se font responsables. Cette brève définition comprend deux éléments centraux qui fondent l’idée du leadership politique que l’on trouve dans les démocraties modernes. Pour commencer, cela permet de déduire une notion du leadership conçue, non exclusivement en fonction des capacités personnelles, mais comme un type de relation sociale établie entre les représentants et les représentés ; apparait ici la notion de reconnaissance. Mais, la préoccupation de Max Weber amène aussi à imaginer comment préserver une idée de la politique qui, en tant que sphère d’action libre et de réalisation de valeurs, apparaît menacée par une société chaque fois plus bureaucratique. L’intérêt pour la décision politique se révèle ici, c’est-à-dire la possibilité d’établir un principe d’action qui donne sens à la communauté nationale. L’action des leaders s’identifie exclusivement à sa possibilité de ne pas rester subsumée dans des structures qui conditionnent le cours de l’histoire. 86
Cette approche affirme la capacité d’action des leaders et l’idée d’un devenir historique qui échappe aux règles structurelles préétablies.
Difficultés de trouver un leader en Guinée Trouver un leader qui incarnerait cet idéal politique semble être une tâche difficile. Le 21ème siècle est caractérisé par la planétarisation du principe marchand, le cynisme et le remplacement de la conscience historique par la consommation de l’instant. Dans un contexte plus large, les politicologues Patrick Chabal et Jean-Pascal Daloz soulignent qu’en Afrique, les leaders politiques ne bénéficient plus de l’enthousiasme des lendemains de l’indépendance, ni des rentes de la guerre froide : des idéologies fédératrices du nationalisme, du développement, de l’africanisme apparaissent usées. En Guinée, la difficulté réside sur le changement de l’environnement sociopolitique depuis l’indépendance en 1958. Le temps du personnage charismatique incarnant la nation et lui promettant par magie un avenir prospère est dépassé. La perspective d’un futur heureux a laissé la place à un désenchantement général. La multiplication des partis politiques et la versatilité de dirigeants qui déambulent d’un parti à l’autre renforcent la difficulté. Quand on travaille sur les rapports politiques sous l’angle du leadership, l’une des problématiques centrales qu’il s’avère nécessaire de considérer est celle de l’abdication, c’est-à-dire le fait de savoir si les représentés s’en remettent totalement aux représentants, auxquels il aurait fait systématiquement confiance. Certains analystes politiques considèrent qu’au lieu de se quereller sur les personnes qui doivent gouverner le pays, il faudrait plutôt commencer par répondre à la question des institutions et ensuite choisir les hommes et les femmes qui gouvernent en fondant leur pouvoir sur les
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institutions stables et démocratiques préalablement acceptées par tous. Or le problème Guinéen n’est pas lié à l’absence d’institutions, mais plutôt à leur respect. La Guinée a des institutions, notamment, une présidence de la république, un parlement, des ministères, des structures « ad hoc », des tribunaux, des lois, des codes, des règlements et une Constitution. Mais ces institutions n’ont pas empêché la révision précipitée de la constitution pour faciliter la réélection à un seul tour d’Alpha Condé. Elles n’ont pas empêché le même Alpha Condé d’être Président de la Guinée au-delà de son deuxième mandat. En d’autres mots, les institutions guinéennes actuelles ne peuvent empêcher la radicalisation des forces attachées à la défense de leurs privilèges de s’éterniser au pouvoir. L’autre difficulté pour trouver un tel leader proviendrait des complicités extérieures qui empêchent les Guinéens de choisir leurs dirigeants en toute liberté. Historiquement, on note qu’à toute volonté de changement exprimée par les Guinéens, il y a l’ombre des acteurs étrangers, Français et Américains mais aussi plus récemment, Africains, … Ce qui renforce l’idée selon laquelle les vrais acteurs des crises guinéennes se trouvent à l’extérieur et que les événements de terrain ne servent que de caisses de résonnance Les élections sont-elles la solution à la crise guinéenne ? Comment sortir de ce chaos ? Des Guinéens qui luttent pour un changement politique croient y parvenir par des élections à divers niveaux, présidentiel, législatif, provincial et municipal. Certes, il s’agit de rites électoraux de consécration « démocratique » qui se sont imposés comme des événements incontournables depuis 2015, mais il n’est pas superflu de tenir compte du fait que, si de nouvelles élections étaient organisées sur la base du système politique en vigueur, leurs résultats ne contribueraient en rien au 88
renouvellement du personnel politique, et ce même si Alpha Condé n’était pas candidat à sa propre succession. En effet, l’idée était que le candidat sur qui Alpha Condé jetait son dévolu allait être nécessairement le prochain « président élu », puisque le président de la CENI sous son règne, était un obligé d’Alpha. Si l’élection présidentielle se tenait pendant qu’Alpha était toujours à la tête de la Guinée, tout portait à croire que le président de la CENI proclame « président élu » l’homme qu’Alpha lui donnait injonction de proclamer. La perspective d’un futur démocratique pour la population guinéenne par la voie électorale ne semble pas au rendez-vous, alors que l’élection devrait être un exercice pour sortir la population de sa misère. Historiquement, les jeunes et vieux politiciens, tant de la majorité que de l’opposition, cherchent à rester ou à entrer au pouvoir par tous les moyens. De l’observation de la composition des membres des parlements, des gouvernements, et des entourages présidentiels, on constate une remarquable continuité. On y trouve des individus qui ont une longue carrière dans les hautes sphères. À contrario, on est frappé par le nombre très restreint de figures inédites. Si les jeunes générations jouent un rôle non négligeable dans la contestation politique, elles se trouvent ensuite écartées des principales positions de pouvoir. En même temps, il n’est absolument pas certain que l’avènement de ces jeunes générations serait automatiquement un gage de mutations profondes. L’histoire récente de la Guinée fourmille d’ex-jeunes radicaux qui briguent des carrières rémunératrices et finissent par se laisser coopter. La logique du « c’est maintenant à notre tour de manger » s’impose. Au niveau de l’ensemble de la population à travers le pays, la compréhension de la signification du vote semble très limitée : les enjeux paraissent davantage communautaires, voire même personnels. Ceux qui vont voter se rendent aux 89
urnes parce qu’ils se sentent obligés, parce qu’on les a incités, à la limite parce qu’il importe que vos voisins vous voient en train de faire la queue, ils le font dans le suivisme. On ne vote guère pour des idées, un programme, mais en raison d’une certaine loyauté à l’égard de tel ou tel individu qui vous y pousse. On n’exprime pas un choix individuel, on apporte sa contribution dans le cadre d’un échange, et les élections risquent de reposer pour longtemps encore sur les solidarités fondamentales, fussent-elles manipulées, ainsi que sur la distribution d’argent à des courtiers influents. De telles élections organisées dans le contexte décrit ci-dessus ne sauraient être source de légitimité ; bien au contraire, elles seront purement et simplement une grande source de manifestations et de contestation. Ce sont ces différents problèmes qui vont se multiplier à travers le pays. C’est pour cela qu’un nouveau leader pour la transition politique présente le grand avantage d’être à la fois medium et force de passage entre deux situations d’ordre : celle d’un ordre en crise et celle d’un ordre nouveau. La Guinée est une affaire de présidents.
Un leader pour mettre en place un ordre nouveau Une brève transition citoyenne, sans les membres du système d’Alpha Condé, est préconisée par un éventail de membres de la société civile et d’autres dirigeants guinéens. Elle est considérée comme le meilleur moyen de s’assurer que des élections transparentes soient organisées, mais une telle transition doit résoudre trois problèmes avant l’organisation des élections : la réhabilitation des institutions, la réforme de la justice et la moralisation de la politique. Le premier problème consisterait à respecter les institutions et à doter le pays des contre-pouvoirs. Comme on l’a vu, la Guinée dispose d’institutions qui n’attendent 90
que des leaders pour les faire fonctionner. Le leader de la transition devra initier la mise en place d’un système politique capable de matérialiser l’efficacité des contrepouvoirs. Agir de telle façon aiderait à ce que les élections à venir ne tombent dans le même travers qu’en 2015 et 2020 et empêcherait la pérennisation d’une gouvernance rébarbative. Pour cette raison, plusieurs souhaitent que le leader de la transition soit entouré de personnes ayant fonctionné dans un environnement différent de celui qui est corrompu. D’après Fweley Diangitukwa : « lorsque quelqu’un a appris à corrompre depuis l’école primaire jusqu’à l’université, qu’est-ce qu’il peut faire, si à l’âge adulte, il devient un responsable politique ». Ces personnes devraient démontrer qu’elles s’acquitteront de ces tâches de façon temporaire, qu’elles ont un emploi, prennent un congé sans solde, pour servir la République pendant une période déterminée. Au terme de la transition, elles réoccuperont leur emploi habituel. Faire en sorte que les futurs présidents ne soient pas tentés de s’imposer par des moyens anticonstitutionnels. Des exemples allogènes enseignent que dans plusieurs pays le respect des institutions est dû, le plus souvent, aux comportements exemplaires des leaders d’exception qui se sont révélé catalyseurs d’opinions lorsqu’ils traversaient des périodes de turbulence. Dans son allocution prononcée en français le 23 juin 2016 à l’occasion de la fête de l’indépendance des États-Unis d’Amérique à Kinshasa devant les autorités congolaises, l’ambassadeur James Swan, a montré le rôle joué par Thomas Jefferson dans le renforcement des institutions de son pays. Il dit : « Thomas Jefferson, le principal rédacteur de la Déclaration d’indépendance n’avait que 33 ans quand il la rédigea. L’élection de Jefferson à la présidence en 1800 a constitué la première passation de pouvoir pacifique d’un parti à un autre dans une République moderne. Après avoir rempli 91
deux mandats, Jefferson a respecté la tradition d’une présidence à deux mandats établis par le premier président, George Washington. Au terme de sa présidence, Jefferson a transféré avec ferveur son énergie et ses ambitions dans l’existence de citoyen privé accompli, de fermier, d’inventeur et, particulièrement, de fondateur de la première université séculaire du pays ». Le deuxième problème est la réhabilitation de la justice, institution devenue aujourd’hui simple service d’appui à la pérennisation du pouvoir personnalisé et la répression de toute velléité de revendication. Le système de justice est le pilier le plus important de l’État de droit pour toute société. Il est gage de stabilité et de paix pour toute société qui émerge d’une situation de conflits. Dans les sociétés en crise ou qui sont à la période post-conflit, l’incapacité du système judiciaire de promouvoir, garantir et protéger les valeurs d’équité et de justice ne peut qu’être une source d’anarchie et une porte ouverte invitant au retour de troubles sociaux. Mais le secteur de la justice ne pourra efficacement répondre à ses fonctions qu’à la condition que les prestataires des services judiciaires et les autorités politiques et administratives se soumettent à la règle du droit. L’existence en Guinée d’un secteur de la justice indépendant, impartial, respectueux de la légalité et accessible constitue un impératif de l’établissement d’un État de droit. C’est au cours de la transition qu’il serait nécessaire de mettre fin à la culture de l’impunité, en prenant des actions contre des individus qui ont profité de leurs positions pour retarder la Guinée sur le plan démocratique, en violant les droits humains et les lois du pays. Parmi eux, des membres des gouvernements centraux et provinciaux, chefs de partis politiques, médecins, infirmiers, journalistes, leaders religieux, industriels, Hommes d’affaires, professeurs d’universités, agents de services de sécurité, tels l’Agence 92
nationale de renseignements (ANR), la police, l’armée, la Garde présidentielle et les juges de tribunaux qui se livrent à des massacres, à des arrestations arbitraires, à des condamnations et à des détentions illégales. Le troisième problème à résoudre est la moralisation de la politique. Le leader de la transition doit pouvoir bousculer les habitudes des politiciens de carrière et même utiliser une certaine contrainte. Par exemple, stopper la prolifération des partis politiques. Certes, il ne sera pas facile de transformer en profondeur un système où beaucoup n’ont que la politique comme profession. Malgré cela, le leader sera suivi par la population même si ces politiciens rechignent. Les peuples sont souvent reconnaissants envers celui qui leur offre l’épopée, le rêve, l’administration des autres, et un brin d’orgueil. C’est après avoir trouvé des solutions à ces problèmes que le leader et les personnes qui assurent la transition pourront organiser les élections, lesquelles devraient avoir prioritairement pour but le renouvellement du personnel politique. Ceux-ci devraient aussi se tenir à l’écart du scrutin qu’ils auront organisé, question de ne pas fausser le jeu démocratique. C’est pourquoi le choix du leader ne doit pas être fait en fonction de sa notoriété ; un inconnu compétent peut tout aussi bien jouer ce rôle. Les prochaines élections présidentielles n’ont pas été annoncées encore. Dans le contexte politique actuel, leurs résultats ne permettront pas d’espérer que l’État de droit soit au rendez-vous en Guinée. Les politiciens de la majorité et de l’opposition, qui sont en scène depuis de nombreuses années, cherchent soit à rester ou soit à entrer au pouvoir par tous les moyens. Or ces politiciens n’ont pas de nouvelles idées pour extirper le pays et le peuple guinéen de sa misère. Seul un leader légitime et intègre pourra faire le ménage, mettre en 93
place des mécanismes appropriés de bonne gouvernance, que le peuple guinéen pourra suivre dans les années futures. La leçon des exemples vaut mieux que celle des préceptes.
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CHAPITRE VI Les coalitions politiques, la société civile, le tribalisme et le régionalisme La scène politique guinéenne ponctuée par des crises à répétition, n’a jamais servi de cadre vecteur de bonheur collectif pour le commun des Guinéens. Dans le combat pour la conquête du pouvoir, plusieurs ou presque tous les acteurs politiques se sont complus et se complaisent à batailler pour leurs intérêts mesquins au détriment de la communauté qu’ils sont censés servir. Cet égoïsme de nature cynique est par malheur un élément déterminant qui caractérise l’homme politique Guinéen. Malencontreusement pour cet antagonisme, le marché politique guinéen oblige les acteurs politiques à être dans un impératif d’unions en lieu et place de l’individualisme qui les a toujours obnubilés. De plus en plus, depuis la volonté des fils et filles de la Guinée matérialisée au Dialogue sur les questions relatives à la gestion régalienne de l’État (crise de légitimité, création et consolidation de paix) ainsi que la détermination qui s’en est suivi à réinstaurer la démocratie, il se crée des regroupements, des plates-formes qui fédèrent les associations politiques, les personnalités politiques ou les opinions politiques dans le but de porter haut une question politique ou un choix électoral. Est-ce à dire que la classe politique guinéenne a atteint la maturité politique ? On ne saurait à ce niveau donner une réponse concluante à cette interrogation. Cependant un constat est réel ; les alliances politiques, prennent davantage de place et s’affirment sur la scène politique guinéenne comme des acteurs de taille.
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Qu’en est-il réellement ? La société guinéenne en tant qu’espace politiquement organisé pour assurer le bien-être de la communauté, suppose l’institutionnalisation d’un pouvoir politique sans lequel aucune organisation ne serait possible. Ce pouvoir est une possession exclusive du souverain primaire vers lequel les individus, les lobbies, les organisations politiques se dirigent pour obtenir mandat afin de prétendre à la gestion de la « Res-publica ». Cette manière de courtiser ou d’amadouer le souverain primaire obéit à un certain nombre de réalités, de règles, et requiert de ce fait des instruments, et des outils dont les partis et les individus considérés comme acteur politique indépendant sont privilégiés. Les partis politiques s’affichent à ce titre comme étant les acteurs avantageux de la conquête du pouvoir politique au regard non seulement des lois mais aussi des réalités que présente le marigot politique guinéen. Pour un parti politique, tenter de conquérir seul le pouvoir suprême dans un pays comme la Guinée, serait une hypothèse qui fait directement recours à la stratégie politique ou stratégie de conquête, au vu des réalités actuelles. L’évidence de l’équation laisse comprendre que la configuration géopolitique actuelle de la Guinée, l’état de sa démocratie dominée encore par le tribalisme électoral, le système électoral en vigueur et l’état de l’économie nationale dans lequel évolue les partis politiques et par ricochets ses membres ne permettraient pas à un parti politique quelle que soit son influence, sa capacité réelle ou imaginaire de mobilisation des masses à remporter seul une bataille électorale de taille. L’enjeu de cette étude est de contribuer à cette dynamique de construction de grands ensembles, car un pays comme la Guinée ne saurait évoluer ou consolider sa démocratie de masse que par la conscientisation des formations politiques et sociales qui bataillent pour 96
l’ébauche d’un véritable élan démocratique. Les alliances politiques, les coalitions politiques, les plates-formes politiques ou électorales sont autant d’appellation que peuvent prendre ces regroupements. Bien qu’ayant évoluées dans le temps et dans les contextes différents, ceux-ci ne sont pas des nouveautés en soi dans l’arène politique guinéenne. Déjà dans les moments pathétiques où la Guinée négociait péniblement sa démocratie, il eut des alliances politiques et électorales. En politique, il n’y a pas d’adversaires éternels tout comme il n’y a pas d’alliés perpétuels. Aujourd’hui plus que jamais, les contraintes sociopolitiques guinéennes commandent la création des coalitions politiques en vue de maximiser les chances de victoire dans un rapport de force, conquérir le pouvoir et pallier aux multiples problèmes qui rongent la Guinée. Il ne s’agit pas pour les partis membres de la coalition d’un abandon de leur autonomie, mais plutôt d’éviter que la compétition entre les partis acquis à une même cause ne puisse favoriser un autre courant. Les élections sont à cet effet l’objet primaire de la consolidation des alliances et ces dernières incarnent à ce point de vue une stratégie qui fait échec à l’exploitation des divergences entre les alliés qui visent un même but ou décrient les mêmes abus sociaux, politiques ou économiques. Ces alliances sont d’ordre politique (longue durée) et d’autres sont spécifiquement électorales (courte durée). Dans les deux cas, l’une peut précéder l’autre. Une alliance politique peut être le résultat d’une alliance électorale ou encore vice versa. On peut citer l’exemple de la coalition de 2010 ce sont des dizaines de mouvements politiques aux idéologies et aux poids très variés, qui ont soutenu la candidature d’Alpha Condé au second tour de l’élection présidentielle guinéenne du 7 novembre 2010. Ils étaient une plateforme électorale qui après la victoire de leur candidat, est devenue une coalition politique parce qu’ils 97
ont pris l’option de gouverner sur un programme politique commun. La plupart des alliances politiques dans leur logique, cheminent vers la création d’une alliance électorale. Ce sera peut-être le cas avec les coalitions de l’opposition politique guinéenne qui pourraient être transformées en plateformes électorales. Comme tout observateur politique pourrait le remarquer, notre système électoral, l’immensité de notre territoire national ainsi que nos réalités historico-sociopolitiques prouvent à suffisance qu’aucun parti politique ne peut à lui seul remporter une victoire électorale en affûtant seul ses armes de conquête sans faire le jeu des véritables alliances et tenter de mettre en application son projet politique. Nous abordons cidessous les 4 points focaux qui commandent cette nouvelle donne. A. La configuration géopolitique La dimension géographique d’un pays comme la Guinée (245 857 km2) est un obstacle majeur pour la majorité des formations politiques guinéennes à y être représentées de manière significative. Au regard du multipartisme intégral, option privilégiée par la constitution de la Guinée, il est difficile d’avoir un parti qui couvre son influence sur l’ensemble du territoire national. Si nous étions dans un bipartisme ou multipartisme limité à 3, 4 ou 5 partis politiques, on aurait véritablement des structures influentes sur l’ensemble du territoire national. Prenons l’exemple d’un pays comme la Côte d’Ivoire qui a compris que le jeu d’alliance dans la conquête du pouvoir serait inévitable. Avec une trentaine de partis représentatifs, la Côte d’Ivoire a eu au moins 3 grandes coalitions dont le Rassemblement des « Houphouetistes » pour la Démocratie et la Paix (RHDP 5 partis) qui a porté Alassane Ouattara au pouvoir et a obtenu la majorité absolue aux législatives avec 204 sièges sur 255, la Coalition Nationale pour le Changement (CNC, 7 partis) du candidat Kouadio Konan 98
Bertin, et l’Alliance des Forces Démocratiques (AFD, 12 partis) qui a soutenu le candidat Pascal Affi N’guessan. Ces structures sans fouiller dans les détails ont été des acteurs majeurs dans les élections ivoiriennes de 2015. Dans un pays aux dimensions de la Guinée, doublé de plus ou moins 500 partis politiques, les coalitions sont les premières stratégies en termes d’outils de conquêtes du pouvoir au service du développement car l’étendue du territoire national guinéen se présente comme un obstacle à l’implantation effective d’un parti faute non seulement des moyens financiers que soulèverait une telle option mais aussi en raison de certaines pesanteurs culturelles. B. La sociologie électorale et le embryonnaire de la démocratie guinéenne
caractère
La sociologie électorale de la Guinée est fortement calquée autour de l’identité ethnique. Dans une société où la pauvreté mine la vie quotidienne, le népotisme et le favoritisme sont quasiment devenus les pistes royales pour accéder à un emploi, alors on préfère voter un candidat avec qui on a des liens directs pour s’attirer certains privilèges et facilités (emploi, promotion, prestige etc…) À l’exception de la ville de Conakry qui avec son statut de capitale, est une ville politique et multiethnique, le vote en Guinée est d’abord une affaire tribale. Les résultats des élections de 2010 et même 2015 peuvent bien illustrer cela. La majorité des électeurs votent par rapport à l’attachement ethnique qu’à autre chose, cela est une preuve que la maturité politique de masse n’est pas encore développée dans la culture politique guinéenne. Ce qui pour le moment peut trouver une explication et paraitre « normal » parce que la démocratie électorale n’est pas une denrée habituelle pour les Guinéens et surtout par le fait qu’il n’existe pas une démocratie qui se familiariserait à l’apprentissage des règles et de la pratique démocratique d’autant qu’il est absurde de prétendre exercer la démocratie sans la connaitre. La 99
responsabilité de la méconnaissance de la démocratie électorale, qui voudrait que le choix soit orienté vers le meilleur profil des candidats et des programmes politiques, reste partagée entre l’État et les différentes structures de la société. Cette impéritie s’érige comme un blocage aux aspects du développement, et doit être balayée par les partis politiques, les ONG, et par l’État à travers des programmes d’éducation civique et politique. Faute de cela, le vote reste une affaire ethno-tribale, ce qui empêche l’élargissement de l’électorat dans des circonscriptions où un potentiel candidat n’a pas de liens tribaux ou ethniques. Quelle que soit la séduction que peut porter un projet politique, il se voit limité à une sphère restreinte. Seul un jeu d’alliance et une maturité politique pourraient élargir les sphères d’influence d’un programme de développement. Ce phénomène de tribalisassion de la vie politique a pris de l’importance à la suite de mutation des associations tribalo-culturelles en partis politiques vers les années 1990, lorsque les Guinéens ont eu pour la première fois, le droit de créer des partis politiques. La démocratie guinéenne est encore à une phase de construction comme nous l’avions dit. Il y a une méconnaissance des valeurs qui fondent la démocratie et une absence de pratique régulière de celle-ci. En analysant par exemple les résultats de la présidentielle de 2010, il apparait très clairement que tous les candidats n’ont été mieux votés que dans leurs fiefs identitaires. On pourrait à ce niveau conclure que par rapport à l’influence identitaire, la réalité de notre démocratie impose le jeu d’alliances en vue d’optimiser les chances de victoire d’une candidature et permettre par conséquent au futur dirigeant d’acquérir une légitimité beaucoup plus large. C. L’état de l’économie nationale La conquête du pouvoir au-delà des stratégies politiques qu’exige une telle motivation, a un coût financier 100
considérable. La situation économique du pays n’a pas favorisé l’essor des partis politiques financièrement viables. Ces finances joueraient un rôle capital dans la diffusion des messages, dans la projection de grands événements etc. L’absence de viabilité de partis est corollaire à la vie socioéconomique des populations en général. Un parti politique vit des cotisations de ses membres dont l’absence présente un coup fatal à la majorité des partis politiques. Un parti doit en dehors du financement dont il bénéficier de l’État devait avoir ses propres moyens, obtenus par les contributions de ses militants pour couvrir même ses activités courantes. Or ces derniers vivent également une situation économique morose qui ne laisse pas deviner qu’entre le ventre et le parti, le ventre passe en premier. Lors des élections présidentielles de 2010 et voire celles du 18 Octobre 2020, la plupart des candidats ont fait des campagnes limitées par manque des moyens, la majorité des candidats n’avaient pas fait le tour du pays pour de grands événements et de sensibilisation des électeurs potentiels. Faire face aux dépenses d’une campagne électorale à la guinéenne peut représenter un sérieux obstacle pour le candidat ou parti qui cherche à contourner seul cette énigme car une telle campagne présente des sommes s’élevant à plusieurs millions de dollars américains. Une coalition peut être une des réponses pour contourner ce défi. À cause de ces nombreux points, les partis ou les candidats ne peuvent bien fonctionner que s’ils ont des moyens financiers importants. D. Préfiguration actuelle de la scène politique Plusieurs responsables de partis politiques guinéens sont mus par des ambitions égoïstes, ignorant de toute évidence qu’une démarche collective est un préalable incontournable vers une victoire, parce qu’il est notoirement connu que « seul on avance, ensemble on va plus loin ». La scène politique guinéenne se caractérise par une affluence de 101
plateformes alimentaires, fantaisistes et de positionnements bêtes. La Majorité Présidentielle (MP) qui s’est affaiblie n’a pas encore comblé ce vide et tente de se rééquilibrer indirectement par le foisonnement des coalitions observé au sein de l’opposition politique guinéenne. Ce fait risquerait de desservir d’une manière ou d’une autre cette opposition. Cette multiplication des plateformes, on ne saurait dire si elle relève d’une stratégie ou simplement de l’exhibitionnisme du caractère égocentrique de la plupart de ces leaders. On peut citer quelques exemples de coalitions acquises à l’opposition telles que la Convergence de l’opposition démocratique (COD), la Coalition des partis pour la rupture (CPR), le Cercle des acteurs pour la République (CAR).Le plus grand travail de ces plateformes serait de fédérer les partis autour d’une vision claire, réaliste et cohérente au regard des besoins ressentis par la nation et non mettre en avant des débats stériles sur les animateurs de ces structures quand bien même les caractéristiques personnelles de celui qui incarne au mieux la vision de développement du pays sont importantes. Toutes ces plateformes de l’opposition et ce y compris la Majorité Présidentielle doivent s’investir chacune à mettre sur pieds des structures solides en charge des élections et parvenir à élaborer des programmes communs de gouvernance en vue de rajouter des stratégies efficaces pour des candidatures communes aux présidentielles ; des stratégies de candidatures concertées pour les élections législatives ainsi que pour les autres élections. Les coalitions préélectorales sont très utiles dans ces cas, puisqu’elles permettent aux électeurs de critiquer et choisir les options gouvernementales possibles et permettent également aux partis et candidats de mûrir les différentes stratégies axées sur une victoire électorale. La majorité au pouvoir se devait plutôt que d’entretenir le flou sur la succession de son candidat, apaiser les tensions et 102
réinstaller la sérénité du climat politique en activant ses vraies options sur la désignation de son futur candidat, ainsi que l’affirmation de la responsabilité de son gouvernement sur ses devoirs constitutionnels pour ne pas donner raison à ceux qui lui prête intention de vouloir emprisonner la jeune démocratie, voie consensuelle que les Guinéens ont adopté pour la gestion des intérêts nationaux. L’opposition guinéenne au lieu de multiplier les plateformes en son sein devrait plutôt élever les stratégies en vue de venir à bout d’une majorité déjà en risque de suffocation. L’unité de l’opposition est inexorable si elle veut sérieusement une alternance absolue, une seule ligne de conduite à tenir : s’unir. Les élections présidentielles à venir exigent d’elle patriotisme, détermination et hauteur des vues, l’union serait pour elle la seule et la plus forte des réponses. La leçon assimilée en 2010, et en 2015 devrait lui donner une autre expérience. La volonté des partis d’opposition à ébaucher véritablement une alternance crédible se remarquera par leur capacité à présenter un candidat commun mais pas unique pour la plupart de ses forces politiques. La mouvance présidentielle également ne devra pas pécher sur l’unanimité du candidat qu’il devra présenter. Les élections présidentielles à venir sont véritablement précieuses du point de vue politico-historique car elles augurent une intéressante démocratie avec au menu une alternance démocratique et une première passation pacifique du pouvoir avec un Président de la République sortant et un nouvel entrant. Cette donne encourage la formation des grands ensembles politiques et laisse peu de chances aux partis ou candidats qui s’aventurent à y aller seuls. Les alliances doivent naitre par la volonté de travailler ensemble pour élargir leurs perspectives politiques, économiques et sécuritaires dans la manière de donner des solutions aux problèmes des Guinéens. Aucun 103
parti politique, aucun homme politique ne peut brandir sa prétention individualiste et s’éprouver seul dans une bataille politique d’une telle envergure. Seul le soutien des uns et des autres pourraient assurer une large présence médiatique, un rayonnement nécessaire du message, une vulgarisation pertinente du programme politique pour remporter le challenge. C’est dans une coalition qu’il faut être capable de faire naitre une république où des réponses aux urgences sociales, politiques ou sécuritaires qui constituent le lot du problème dont la Guinée fait face. Les entrepreneurs politiques devraient avoir conscience que les votes venus de tous les horizons politiques (parce qu’un vendeur par exemple ne devrait pas vendre en faisant de la ségrégation, il devrait accepter tous les clients) ne sont pas des chèques en blancs, le peuple attend de vous, tout. Les coalitions les plus utiles sont celles qui changeront le sort du Guinéen dans les mois ou années à venir, car au-delà des apparences, ces coalitions doivent s’investir à consolider la démocratie à travers l’organisation d’élections régulières, justes, libres, crédibles, transparentes ; à œuvrer pour renforcer le respect des droits humains, l’indépendance de la justice pour tous, en combattant l’impunité. Elles doivent s’ingénier à défendre l’intégrité de l’État, le respect des institutions républicaines, encourager la bonne gouvernance politique économique et sociale et développer une culture de tolérance afin de créer les conditions de paix et de réconciliation nationale. Il est temps de recadrer le débat politique prioritairement sur le Guinéen. Une grande alternance avec au fond les mêmes résultats sociaux ne serviront à rien et ne feront que consolider la contestation, car le peuple est toujours du côté où il est mieux pris en charge. Les forces politiques qui ont choisi de faire barrage au pouvoir en place, devraient mesurer les responsabilités qui sont les leurs en montrant qu’elles ne feront plus la politique comme avant. C’est cela 104
d’ailleurs le sens d’une alternance qui apporte une alternative. Autant pour la majorité que pour l’opposition, un chantier immense est devant vous, c’est celui de l’amour la Guinée. Une victoire électorale n’est jamais définitive tout comme un échec électoral n’est pas non plus fatal. Ce qui compte dans les deux cas, c’est le courage de continuer à poursuivre le juste combat pour lequel on s’est investi en politique. La société Civile La société civile est essentielle pour la démocratie, mais elle peut aussi la pervertir. La notion de société civile désigne l’auto-organisation des citoyens en dehors de l’État, du monde politique et du monde économique. En Guinée, après la politisation de la société civile, on assiste progressivement à une tendance insidieuse de sa tribalisation par une sorte de repli identitaire de ses membres. Le rôle de la société civile dans le processus de démocratisation et de fondation des bases d’un État de droit en Guinée est indéniable. Il est de plus en plus reconnu dans les études en sciences sociales et politiques. Son rôle constructif et critique est fondamental pour une démocratie politique. De manière brute, la société civile est en principe naturellement opposée à la classe politique ou aux institutions étatiques, opposés ne veut pas dire être contre mais ça veut simplement dire jouer un rôle de contrepouvoir pour une question d’équilibre. Le terme recouvre un, où s’exprimerait toute la vitalité de la vie sociale, basée sur la libre volonté des tous hors de tout rapport d’autorité ou d’intérêt privé. Une démocratie ne se construit pas de manière mécanique. Elle ne s’importe pas non plus. Il est évident que le concept moderne de démocratie, en tant que pouvoir du peuple pour le peuple et par le peuple, ne se limite ni aux élections libres, permettant de définir une majorité, ni au règne sans partage de cette majorité. La démocratie, comme projet sans cesse à construire, implique 105
la liberté d’opinion, le respect des droits des minorités, la confrontation pacifique des intérêts et donc la liberté d’organisation et l’État de droit, la responsabilité des gouvernants, etc. Cela suppose pouvoirs et contre-pouvoirs et donc un espace libre, celui de la société civile forte, indépendante du pouvoir d’État, de celui de l’économie (de l’argent), et de la tradition (clans, etc.). L’édification de cette société civile est donc au cœur de tout processus de démocratisation. Et certaines formes de coopération et de solidarité internationale y contribuent. Ces derniers temps, en Guinée, on constate un subtil dévoiement de la société civile de ses missions et de ses valeurs éthiques pour devenir une caisse de résonance ou un instrument de propagande des acteurs politiques. Ce, avec le risque d’entraîner un glissement de la société en général vers une sorte de totalitarisme idéologique sociétal. L’homme d’État et écrivain tchèque Vaclav Havel dans son ouvrage « Le pouvoir des sans-pouvoirs », exalte le réveil de la société civile : “dans les sociétés post totalitaires nées de l’effondrement du communisme, il faudra,” dit-il, “que surgissent de nouvelles structures, d’associations civiques et citoyennes qui favoriseront la transition démocratique”. Dans un contexte de méfiance à l’égard de l’État oppresseur et de l’immoralité qui ronge l’espace politique guinéen, il est plus que temps que la société civile guinéenne se ressaisisse, s’interroge sur sa place, son rôle et sa mission dans le renforcement des liens sociaux transversaux et de la cohésion nationale par la libération de l’espace public, en concrétisant un engagement en faveur des valeurs acceptées ou souhaitées par tous. Une société civile guinéenne qui se meut vers une politisation aux relents communautaristes ? Les velléités de positionnements identitaires constatées dans les chefs-lieux de plusieurs acteurs de premier plan par rapport à la situation postélectorale guinéenne sont de 106
nature à saper tout le travail de mobilisation citoyenne réalisé depuis plusieurs décennies. Ce travail noble a contribué à engendrer une dynamique irréversible de la démocratisation du pays. Cependant, on assiste actuellement à une propension latente à la politisation et au repli identitaire de la société civile. Cela risque également de contribuer à amplifier des tensions et des clivages au sein d’une société civile où l’union devrait faire sa force. Par nature, la société n’est pas homogène : elle est diversifiée et polymorphe. Ses composantes évoluent au gré des forces qui la composent. Des intérêts souvent contradictoires, voire conflictuels, sont représentés, ce qui n’exclut pas en son sein la recherche de convergences et l’utilité d’un travail en commun. Il faut se demander en termes plus directement politique si les idées et les forces politiques qui en appellent au peuple sont toujours démocratiques et légitimes. Aujourd’hui, en Guinée, on observe un manque de visibilité et de lisibilité de plusieurs leaders du monde associatif dans l’espace public du fait de l’instrumentalisation ethno-politique de certains d’entre eux par les acteurs politiques. Il y a actuellement une tendance dangereuse à la banalisation des faits politiques horribles et à la relativisation de la crise postélectorale créée par le régime Alpha en complicité avec quelques acteurs politiques qui l’ont combattu. Les récentes propositions et solutions émises par certains acteurs de la société civile, reconnaissables par leur proximité sociologique avec l’actuel pouvoir et dont certains prétendent aux fonctions gouvernementales, sont de nature à asservir davantage les Guinéens, sans résoudre le fond de cette crise politique qui pourrait hypothéquer l’avenir de la Guinée. Cette attitude irresponsable à la banalisation des faits politiques présente le danger de neutraliser tous les efforts et sacrifices consentis. Ainsi, pour pousser le régime de Condé vers la porte de sortie en voulant faire accepter à l’opinion 107
publique le fait accompli imposé aux Guinéens contre leur choix aux urnes, de ne plus revoir les anciens sociétaires d’Alpha aux commandes du pays. Ce n’est pas en allant aux élections dans les conditions institutionnelles actuelles, sabotées par Alpha, que la crise de légitimité des animateurs politiques va soudainement être résolue. Pour une indépendance de la société civile et le refus de son instrumentalisation politique La société civile se caractérise fondamentalement par son attitude collective de refus de subordination et d’inféodation aux partis et aux acteurs politiques. Cette attitude ne constitue nullement un refus d’engagement politique individuel. Les organisations et les acteurs de la société civile ne doivent pas s’identifier à un parti ou à une idéologie politique. Ils ne doivent non plus orienter leurs actions en fonction de leurs proximités ethniques avec tel ou tel autre acteur politique. C’est en adoptant une position d’indépendance et de neutralité vis-à-vis du monde politique que la société civile guinéenne pourra assurer plus de légitimité dans sa prise de position afin de veiller à la prise en compte des revendications profondes sociétales. Lorsque les acteurs de la société civile sont soumis aux conditionnalités des acteurs politiques, ils perdent leur représentativité et crédibilité. Ils vont ainsi glisser subtilement du côté du pouvoir politique et détruire l’essence même de l’existence de la société civile, voire de la démocratie. C’est ce qui risque d’arriver en Guinée si certains acteurs de la société civile ne prennent pas à cœur l’importance stratégique de la société civile dans la consolidation du processus de démocratisation en cours et de l’édification des bases d’un État de droit capable d’assurer le bien-être collectif des Guinéens. Alors que la Guinée peine à sortir de la crise politique postélectorale planifiée et savamment mise en œuvre par le régime d’Alpha Condé, j’invite les acteurs de la société civile à être 108
habités par la conscience de la nécessité de peser sur l’avenir de la société guinéenne et de trouver de nouvelles formes d’action collective citoyennes et patriotiques pour l’émergence effective de la démocratie en œuvrant davantage pour la participation politique active et responsable des citoyens.
Le tribalisme, le régionalisme Le nationalisme affirme la prédominance de l’intérêt national par rapport aux intérêts des classes et des groupes qui constituent la nation ou par rapport aux autres nations de la communauté internationale. Historiquement, il a pris deux orientations différentes, voire opposées : celle d’un processus de libération visant l’indépendance d’un pays sous domination étrangère (coloniale) ; dans ce cas, il est la prise de conscience d’une communauté de former une nation en raison des liens historiques, sociaux, culturels qui unissent les membres de cette communauté et qui revendiquent le droit à former une nation autonome. Il s’appuie alors sur le droit des peuples à disposer d’euxmêmes. Toutefois il peut être également une idéologie dominatrice, xénophobe et raciste, subordonnant tous les problèmes de politique intérieure et extérieure au développement et à la domination hégémonique de la nation, comme ce fut le cas pour le fascisme et le nazisme. Qu’est-ce que le tribalisme ? Le tribalisme, comme sentiment d’appartenance à une tribu, c’est à dire à un groupement humain ayant en partage une même culture fondée essentiellement sur la langue, est un phénomène culturel ancien, tout à fait normal, c’est-àdire qui peut se produire. Il traduit en chaque homme la conscience de son identité et des devoirs culturels et moraux liés à cette identité. Du strict point de vue où il concourt à l’affirmation d’une identité culturelle, le 109
tribalisme n’est en rien un vice ni une tare. Privilégier les siens n’a rien de haïssable mais privilégier les siens en détestant les autres, c’est le nerf de tous les problèmes. Le suffixe « isme » du mot indique la primauté, la première place accordée à quelque chose. En explorant donc la définition de ce mot sous un autre angle, on dira que le tribalisme est la priorité accordée à une tribu au détriment d’une ou de plus d’une autre. Ainsi en Afrique, on peut concevoir le tribalisme comme lié aux inégalités sociales et politiques ; une source de conflits interethniques basée sur le fait que l’on valorise son identité propre, sa tribu ou son ethnie au détriment de celles des autres. Son origine Tout un ensemble d’études révèle que le tribalisme devint un danger en Afrique depuis l’époque de la balkanisation du continent sous la colonisation où se créèrent ainsi des territoires artificiels. Ceux-ci étaient sous l’influence des pays colonisateurs qui, eux, possèdent différentes valeurs culturelles et morales… Chacun de ces nouveaux territoires créés valorisait plus sa culture (héritée de sa puissance coloniale) au détriment de l’autre. Aujourd’hui, le tribalisme et le régionalisme sont en Afrique. Ses réalités se reflètent très souvent dans les mentalités et les politiques des dirigeants et une faction des citoyens qui se croient supérieurs aux autres : un autre fléau qui freine largement le développement de l’Afrique. Les conséquences directes et indirectes du tribalisme et du régionalisme en Afrique sont à la fois énormes et dévastatrices. Dans des pays où ces tendances sont fortement prédominantes, il y a un lien fort entre le tribalisme ou le régionalisme et l’inégalité sociale et économique…et donc la pauvreté. C’est une nouvelle vague de phénomènes qui menace de défaire la démocratie naissante en Afrique, de détruire le développement économique. Le phénomène donne libre 110
cours à des violences interethniques destructrices. La situation actuelle en Côte d'Ivoire entre les partisans du Rassemblement des « Houphouëtistes » pour la démocratie et la paix (RHDP) d’Alassane Dramane Ouattara et le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. À cela s’ajoute également la guerre numérique très virulente sur les réseaux sociaux et même dans la capitale Ivoirienne entre les « Nordistes », les militants « Pro-Ouattara extrémistes » du RHDP d’Alassane Ouattara contre les « Sudistes », les militants des différentes composantes de la coalition de l’opposition dont les partisans de Laurent Gbagbo sont une minorité tonitruante et agissante. Ce fléau semble alimenté par plusieurs facteurs. Le leadership politique à la tête des pays africains est lamentable. Cette impression s’est installée que pour réussir dans beaucoup de pays africains, que ce soit pour un emploi ou un appel d’offres dans le secteur public ou privé, l’élément déterminant est souvent basé sur l’ethnie ou la région plus que ses propres compétences et potentiels. Un fléau africain ? Selon Placide Tempels, l’auteur de La Philosophie bantoue : « Pour les Bantous, l’homme n’apparaît en effet jamais comme un individu isolé, comme une substance indépendante. Tout homme, tout individu constitue un chaînon dans la chaîne des forces vitales, un chaînon vivant, actif et passif rattaché par le haut à l’enchaînement de sa lignée ascendante et soutenant sous lui la lignée de sa descendance. On pourrait dire que chez les Bantous, l’individu est nécessairement clanique. Ceci ne vise pas simplement une relation de dépendance juridique, ni celles de la parenté, ceci doit être entendu dans le sens d’une réelle interdépendance ontologique ». Dans le tribalisme se développent des rapports communautaristes en opposition aux rapports sociétaires définis par le philosophe et sociologue allemand Ferdinand Tönnies (1855-1936), un 111
contemporain de Max Weber et d’Émile Durkheim. D’une manière générale, le tribalisme est le plus souvent opposé aux notions d’unité et de cohésion nationale. Le particularisme ethnique peut se transformer en un régionalisme qui empêche l’intégration des populations et qui favorise l’éclosion des mouvements sécessionnistes identitaires. En Afrique, la période transitoire de la dépendance à l’indépendance avait été trop courte et il en résulte une absence de leaders et de partis nationaux, une multitude de partis politiques à assise tribale qui favorisèrent et même renforcèrent les conflits de groupes. Lorsque des partis se sont créés et lorsque des leaders ont cherché à réunir sous leur nom le maximum de partisans, ils ont d’abord fait appel à leur ethnie ou, plus exactement, lorsqu’elles existaient, aux associations tribales. Le rôle des associations tribales dans le développement du nationalisme (tribal) a été essentiel. James S. Coleman en donne les raisons suivantes : « c’est le résultat de la gravitation des éléments évolués, conscients politiquement, autour de leur tribu d’origine, non seulement à cause de la persistance de loyautés et d’obligations tribales ou à la suite de leur réévaluation de la culture africaine, mais aussi parce que la tribu leur procure une base politique relativement sûre, des masses fidèles dont ils connaissent les aspirations, le système de croyances, les griefs et les tensions, donc des groupes auxquels ils peuvent faire appel plus facilement et plus légitimement et qui demeurent facilement manipulables » Cette situation s’explique aisément : la solidarité ethnique se caractérisant par le fait que le monde auquel s’identifie le commun des citoyens communautaires se limite à sa collectivité immédiate, celle-ci le conduit à considérer que les intérêts de chacun se confondent à ceux de toute l’ethnie. Sur le plan politique, cette psychologie sociale a eu pour conséquence d’amener les membres à considérer 112
l’expression politique de chacun d’eux comme étant celle de son groupe et vice versa. Ainsi, l’individu est politiquement militant non par esprit de doctrine, mais parce qu’il appartient à un groupement quelconque qui suit la personne désignée par la communauté. Il en est de même dans l’armée. L’expression politique demeure, de ce fait, de caractère collectif. Ce sont des groupes (ethniques) bien plus que des individus qui s’expriment. L’individu compte peu en Afrique, du moins en tant que tel. Il est absorbé par la communauté. Il n’existe que pour elle et par elle. Les exigences de la famille, les impératifs de la coutume sont supérieurs aux besoins ou aux intérêts de l’individu. Celui-ci n’a qu’à se laisser porter par la communauté, et l’on sait la force du sentiment familial, comme moteur d’activité. Si bien que la volonté individuelle s’estompe : elle est négligée ou sous-estimée. Or le même individu se retrouvant à un niveau de responsabilité politique nationale, censé transcender les appartenances claniques, tribales, ethniques ou régionales, se voit rapidement rattrapé, parfois absorbé, par l’instinct communautariste qui guide désormais ses faits, ses gestes et son action politique. Pour le professeur Fweley Diangitukwa : « Les Africains doivent avoir le courage de regarder le tribalisme et d’interroger ses méfaits. Un homme tribaliste reste cloisonné à l’intérieur de sa tribu. Ce qui se passe en dehors de sa sphère ne l’intéresse que très peu sinon pas du tout. Dans sa vie publique ou privée, un homme tribaliste se préoccupe exclusivement du développement de sa famille, de sa tribu, de sa région d’origine et de sa province ou de son département. La modernisation des autres régions ou du pays dans son ensemble ne l’intéresse pas sinon très peu. Le tribalisme a défavorisé l’éclosion du sentiment national ». Il a ouvert la voie aux cloisonnements ethniques et a favorisé le développement de la conscience tribale au détriment de la 113
conscience nationale. Dans ce sens, le tribalisme constitue un frein au développement car « l’Africain reste très attaché à son clan et à son milieu social. Il vit dans une dépendance totale aveugle. Il ne peut rien entreprendre sans l’intervention des siens. Il est très soumis, très dépendant des autres sur qui il compte plus que sur luimême ». L’Afrique semble être devenue une société basée sur le patronage, ce qui alimente le tribalisme plutôt qu’une société basée sur le mérite. Les cadres des partis politiques au pouvoir pour l’emploi ont été utilisés à des fins opportunistes, tribales ou de factions. Les dirigeants emploient parfois pour des positions clés au niveau gouvernemental, dans leurs cabinets présidentiels et ministériels et dans les grandes entreprises, des amis et des alliés provenant de leur propre région ou communauté ethnique, plutôt que des personnes selon leurs talents et compétences. C’est le cas actuellement en Guinée à la présidence de la République, dans les entreprises d’État, dans le gouvernement et dans certaines entreprises de l’État et dans l’armée. Le régionalisme et le tribalisme, une bombe à retardement en Guinée : gare aux apprentis sorciers. Lorsque la Guinée a accédé à l’indépendance, les Guinéens ont poussé un grand “ouf” de soulagement. Mais ce n’était que de courte durée avec les conflits à base régionaliste qui ont mis ce pays multiethnique sens dessus dessous. Certains d’entre nous avons encore en mémoire les conséquences de la thèse du « nationalisme tribal », développée par un groupe de Guinéens. Une thèse aux accents haineux et séparatistes, tristement expérimentée par certains leaders Guinéens véreux de l’époque lors des épurations ethniques de la population et ou un génocide ethnique (complot peul) se déroulèrent en Guinée entre 1976 qui visait Diallo Tely. Ce courant idéologique, qui prône l’apologie d’une doctrine apocalyptique xénophobe 114
d’hostilité systématique aux Malinkés à l’égard des Peuls, déjà présent lors de l’accession à l'indépendance en 1958, refait adroitement surface en Guinée, pendant qu’à Conakry on assiste à une instrumentalisation politique des militants des partis sur fond de la fausse victimisation tribaliste. Pourtant, les vrais tribalistes et régionalistes sont plutôt ceux qui prétendent en être victimes. Ils recourent à une subtile stratégie de fuite en avant pour dissimuler leurs pulsions pathologiques tribalistes et régionalistes viscérales. Les victimes d’hier de ce fléau deviennent les fervents adeptes et apologistes laudateurs de cette pratique éhontée. Nous ciblons particulièrement certains « intellectuels » devenus des leaders d’opinion aux relents tribalorégionalistes, dont l’analyse de leurs déclarations publiques révèle que l’esprit critique laisse place à un fanatisme primaire et abrutissant aux effets dévastateurs dans un proche avenir si rien n’est fait pour stopper cette escalade dangereuse. La Guinée court un danger imminent avec une élite dirigeante et intellectuelle inconsciente, irresponsable et obnubilée dans une sorte de tribalisme dogmatique dont on perçoit les premiers signes néfastes dans les récentes rhétoriques politiques. Il est temps que le président actuel se revête du costume d’homme d’État dont les actes politiques doivent transcender les postures ethniques manifestées jusqu’à présent dans ses décisions, ses nominations et dans le fonctionnement de son cabinet présidentiel et dans les agissements de ses proches collaborateurs et parents. Ces derniers ont souvent tendance à scander publiquement que c’est leur tour de manger et de profiter du pouvoir en disant de manière ostentatoire : « le pouvoir n’est qu’à nous ». C’est de cette manière qu’il pourra honorer le testament des martyrs de la démocratie : « Le Peuple d’abord » et non la tribu car une maladresse politique de sa part risque malheureusement de réveiller les démons du passé.
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CHAPITRE VII La Responsabilité de la France dans les problèmes de l’Afrique Avant la traite négrière pratiquée par les Européens sur les côtes du continent noir, les africains achetaient et vendaient certains de leurs frères entre eux. Ces hommes et femmes achetés et vendus étaient intégrés pleinement dans leurs familles d’adoption, se mariaient et venaient augmenter le nombre des membres de leurs nouvelles familles. Ces « esclaves » achetés généralement très jeunes étaient élevés selon les us et coutumes de ces familles mais n’avaient pas fait l’objet d’un trafic. Quant à la traite négrière pratiquée par les Européens du XVIème au XIXème siècle sur les côtes africaines, elle a participé au génocide le plus dramatique que le monde ait connu. Il est vrai que cela s’était fait avec peut-être la complicité passive des Africains qui, dans leur ignorance, croyaient avoir affaire au même type d’opération pratiqué entre eux, et ne recevaient en échange que de la pacotille. C’est ainsi que des millions d’africains furent déportés aux Amériques et que d’autres millions moururent et servirent de proies aux requins. Cet esprit cynique des Européens qui les conduisit à tuer, par millions et sans regret des africains continue à les habiter encore aujourd’hui ; c’est pourquoi pendant la colonisation, la France a continué à exterminer des africains pour les dominer et se fournir en produits indispensables à son économie. Elle se faisait encore là aider par d’autres africains recrutés sur place pour accomplir leur sale besogne. Pauvre Afrique qui tuait indirectement ses propres fils ! Après la seconde guerre mondiale qui a vu les africains combattre pour leurs bourreaux d’hier et d’aujourd’hui 117
contre l’Allemagne nazie, la France n’as pas hésité à massacrer, déjà sur le chemin du retour, certains tirailleurs, puis tous ceux qui, dans les colonies s’opposaient à sa vision colonialiste jusque dans les années 60 où elle décida d’octroyer des indépendances factices à ses colonies, sans pour autant abandonner son désir de toujours s’accaparer des richesses africaines en tuant, si nécessaire, tous les opposants notoires. Pendant les indépendances, deux catégories d’hommes d’État africains, les patriotes et les traîtres ou encore les valets vont apparaître ; et la France va continuer son système de domination, mais cette fois par l’exploitation de stratégies louvoyées pour toujours atteindre ses objectifs machiavéliques, utilisant ses valets pour combattre les nationalistes Africains. Devant cette situation d’avilissement de l’Afrique par la France qui utilise des responsables politiques indignes pour tuer d’autres Africains et accomplir ses desseins, les peuples africains ne doivent pas rester indifférents mais au contraire chercher à mettre fin à ce néo colonialisme qui freine le développement de l’Afrique.
Les deux catégories d’hommes politiques africains L’élite politique africaine d’aujourd’hui peut être subdivisée d’une part en patriotes, nationalistes, dignes fils d’Afrique et d’autre part en valets de la France, renégats d’Afrique. Les valets présentent des attributs qu’il faut faire ressortir pour les distinguer des autres. Ce sont des affairistes notoires, corrompus, cupides qui, avant toute transaction mettent en avant leurs intérêts personnels, financiers. Ils sont avides de commissions et de rétrocommissions et sont toujours prêts à tout céder à des multinationales étrangères, à tout accepter pourvu qu’ils gardent le pouvoir ou y accèdent ; ils participent ainsi à l’appauvrissement de leurs citoyens. Quels graves crimes 118
économiques ! De plus, ils sont, avec leurs maîtres de la métropole, membres des mêmes sociétés secrètes souvent rosicruciennes ou maçonniques dont le credo de la dernière secte est « tu me protèges, je te protège ». Il s’agit donc de ne pas protéger les intérêts des États africains et de leurs citoyens mais des intérêts personnels, même si pour cela il faille massacrer des populations. Pour ceux qui ne sont pas encore au pouvoir et qui sont de la même catégorie que les renégats, ils sont manipulés par la France pour fomenter des coups d’État, créer des rébellions, pour détruire voire assassiner des élites nationalistes. Ces dirigeants, acquis à la cause française font tout pour y détenir, de nombreux comptes bancaires alimentés par les fruits de la corruption, des biens immobiliers dignes de hauts bourgeois et aristocrates Français. Ils sont « englués » par la France dans un système tel qu’ils ne peuvent plus défendre les intérêts nationaux de leurs pays. Ces traîtres deviennent alors des sous-préfets de la France. Ils se font aussi habiller par de grands stylistes de la métropole où ils effectuent fréquemment de nombreux voyages sans grande retombée. Pour gérer l’État, ils ont recours à des assistants techniques étrangers alors que l’État dispose de cadres plus chevronnés. Ils ont une phobie des cadres nationaux réellement compétents, n’hésitent pas à jeter en prison et à éliminer physiquement leurs opposants, convaincus qu’ils vont toujours bénéficier du soutien de leurs maîtres et surtout des médias à la solde de ces derniers. Ils sont par ailleurs les suppôts de la France impérialiste, des complices et même des coauteurs des actions criminelles de leurs parrains à l’encontre de leurs concitoyens. Ils fondent leur politique sur les clivages ethniques et religieux, semant parfois la mort pour des futilités et donnant ainsi l’occasion à la France et à ses médias de trouver là, des prétextes d’intervention. Ce sont donc de véritables dictateurs, de véritables criminels, que la 119
France et ses médias présentent, toujours malhonnêtement comme des démocrates. Quelle ignominie ! Les patriotes et les nationalistes qui forment la deuxième catégorie présentent également des attributs spécifiques faisant d’eux des fils dignes d’Afrique. On peut citer entre autres Lumumba, Ngouabi, Sankara, Kadhafi, tous tués ou chassés du pouvoir par la France par l’intermédiaire de ses larbins Africains, faisant croire toujours que ce sont des conflits d’origine ethnique et/ou religieuse entre Africains. Les dirigeants africains, dignes fils d’Afrique comptent sur les richesses nationales, beaucoup plus que sur l’endettement, pour réaliser des investissements dans leurs pays. Ils font donc une gestion saine et transparente des ressources de l’État, limitant la corruption et exploitant prioritairement les relations. Ils ne manquent pas de faire la promotion des produits locaux : « produits alimentaires, vêtements, industries locales, tourisme et hôtellerie, etc. » Ainsi préfèrent-ils passer leurs vacances chez eux ou dans certains pays africains voisins pour valoriser le tourisme national et africain. Ils s’habillent simplement, parfois traditionnellement, à l’africaine donc. Ces hommes d’État refusent le tribalisme et ne se fondent pas sur la religion, les coups de force pour se maintenir ou accéder au pouvoir. Ils font donc la promotion des droits de l’homme et de la démocratie. Ils n’utilisent la force, qu’en réaction à une autre force illégale, exploitée généralement par leurs opposants sur les conseils de la France déstabilisatrice. Ces véritables démocrates font l’objet de dénigrements systématiques et continus par la France à travers ses réseaux mafieux et les médias à sa solde qui les présente à tort évidement comme des dictateurs, contre qui elle lève des rébellions qu’elle peut appeler, selon ses intérêts, révolutions, pour chasser ou tuer des patriotes Africains. Lorsque ces gouvernants sont confrontés à des problèmes 120
politiques créés par la France, leurs collègues indignes craignant de perdre le pouvoir et à cause de la corruption dans laquelle ils sont empêtrés, sont obligés de garder le silence comme ce fut dernièrement le cas avec Kadhafi et Gbagbo. Pauvres dirigeants Africains ! Réveillez-vous ! Ouvrez les yeux sur les stratégies employées par la France pour faire de vous les bourreaux de vos propres frères Africains.
Les stratégies employées Ces stratégies ne sont pas conçues par ces valets de la France mais par les dirigeants français eux-mêmes. Il s’agit d’exploiter à fond la corruption ; déjà dès qu’ils accèdent à des postes politiques élevés, ils les invitent à adhérer à leurs cercles mystiques, suivis par les services secrets français, ils sont courtisés et noyés dans la corruption avec de fortes sommes d’argent, des commissions de toutes sortes. C’est ainsi qu’ils les tiennent en laisse et qu’ils ne peuvent plus rien faire par eux-mêmes. Après les avoir gagnés à leurs desseins sordides, la France, en tête des pays occidentaux, veille toujours à les y maintenir en les soutenant au niveau international dans les groupements politiques régionaux et internationaux ; ce fut particulièrement le cas pour Bokassa, Mobutu, Amin Dada qui étaient de véritables bouffons que les Européens avaient mis en avant pour ternir l’image de l’Afrique, tout comme bien d’autres encore au pouvoir. Elle utilise parfois et sans regret, la rébellion pour semer la terreur, les tueries massives voire des génocides pour imposer ces hommes après avoir assassiné des patriotes : Lumumba au Congo-Léopoldville (aujourd’hui RDC), N’Gouabi en République Populaire du Congo, Sankara au Burkina Faso, Sylvanus Olympio au Togo et Kadhafi en Libye. Voici comment ces leaders ont été éliminés de la scène politique : 121
— Lumumba : pour le chasser du pouvoir, la Belgique, l’ONU, la France et d’autres pays occidentaux ont fomenté un coup d’État en utilisant comme pantin Mobutu. À cause de la popularité et de l’esprit patriotique de Lumumba, les occidentaux, avec l’aide de Mobutu, appâté par le poste de Président, l’ont déporté dans la région du Katanga et l’ont livré à un opposant pour l’éliminer. Ce sont donc ses frères congolais qui ont été utilisés par les colons pour l’assassiner. — Nkrumah : Un coup d’État l’a renversé. Nationaliste ghanéen et panafricaniste, il a prôné l’union de tous les pays africains pour former un bloc en vue de présenter une Afrique intervenant d’une même voix pour faire front aux occidentaux. Mais pour empêcher cette union jugée dangereuse par ces impérialistes, un coup d’État, fomenté par ces derniers en utilisant les militaires ghanéens, renversera le Président ghanéen, alors en voyage en Chine, le contraignant à l’exil jusqu’à la fin de ses jours. — Sankara : Jeune Chef d’État, patriote qui a donné de la fierté et de la dignité à l’ex Haute Volta qu’il a renommé Burkina Faso, pays des hommes intègres, comme pour montrer son désir ardent de voir l’intégrité se propager à tous les citoyens Burkinabés et même Africains. Il a été assassiné avec beaucoup d’autres de ses frères d’armes par son soi-disant meilleur ami utilisé par les français avec la complicité de certains Chefs d’Etat de la sous-région, tous sollicités par l’ancien colonisateur pour accomplir cette sale besogne. Le pouvoir fut remis depuis à ce valet qui a régné et a été le bras armé de la France pour désorganiser la sousrégion Ouest Africaine. — Sylvanus Olympio : le premier Président démocratiquement élu au Togo, est assassiné le 13 janvier 1963 par le sergent Étienne Eyadema à la tête d’une clique d’anciens soldats, après la guerre du Vietnam. Ils ont fait un coup d’État avec l’appui de l’officier 122
français qui était chargé de la sécurité du Président Olympio. Après avoir passé plus de quarante ans au pouvoir, Étienne Eyadema, décédé en 2005, a été remplacé par son fils Faure Eyadema avec l’appui de la France. — Kadhafi : Voilà un panafricaniste qui a été à la base de la création de l’Union Africaine et qui a toujours défendu vaillamment la dignité libyenne et africaine. Il avait en outre des projets susceptibles de garantir le développement politique et économique de l’Afrique. C’est pourquoi les grandes puissances, la France en tête, se sont coalisées pour bombarder pendant plus de six mois et tuer des milliers de libyens en utilisant un assemblage de renégats libyens pompeusement appelés CNT. De tous ces leaders assassinés, le plus traqué aura été Patrice Lumumba, poursuivi par toutes les grandes agences de renseignements. En effet, loin d’être exclusivement une affaire belge ou française, le Congo et le Katanga constituaient « des espaces convoités par les Américains et Anglais » mais la raison la plus grande, c’est que tous ces Présidents ont refusé d’être des marionnettes de l’État français et ont voulu sortir du giron de l’hexagone qui pillait les richesses des pays africains sur lesquels il avait une mainmise de manière éhontée. L’histoire retiendra tous ces crimes, demeurés à ce jour impunis malgré les montagnes de preuves qui incriminent aussi bien les politiques que les services spéciaux français. Beaucoup d’autres exemples peuvent être donnés Les guerres du pétrole soutenues par la France avec le concours de plusieurs responsables politiques Africains ont conduit à décimer des millions d’individus ; c’est comme la guerre de sécession du Biafra créée par la France en utilisant une ethnie, les Ibos, originaires la région pétrolifère du Sud-est du Nigéria. Cette guerre a détruit l’économie de cette région et a exterminé des centaines de milliers de Nigérians avec la complicité, encore une fois, de 123
certains Chefs d’Etat Africains. Les guerres du pétrole d’Angola, et de la République Populaire du Congo, celle du diamant de Sierra Léone et celle du caoutchouc du Libéria, ont été toutes fomentées par la même France, parfois avec d’autres occidentaux aidés toujours des Chefs d’Etat de la sous-région. Ces foyers de tension ne sont pas exhaustifs. Finalement, toutes ces guerres, ces coups d’État ont vu des Africains armés répondre aux ordres des occidentaux et particulièrement de la France pour tuer par millions d’autres Africains. En plus de ces crimes avérés, le silence incompréhensible et coupable de certains dirigeants Africains devant les nombreux crimes perpétrés par la France, fait d’eux les complices de cette France meurtrière. Elle met ainsi, au-devant de la scène politique, des nationaux qu’elle manipule à souhait jusqu’à faire d’eux souvent des rebelles qui, pour la grande majorité, ignorent les fondements de ces rébellions et qui croient défendre les intérêts parfois tribaux ou religieux à travers un leader qui n’est que le bras séculier de la France soutenu par certains pays occidentaux. Pour elle, tous les conflits africains sont d’origine tribale, ethnique ou religieuse car le commun des Africains et même des Français ne voient pas encore que les problèmes politiques réels de l’Afrique, de l’appauvrissement de l’Afrique, sont du fait de la France impérialiste. Ainsi, pour ses concitoyens, la France se faitelle passer pour la patrie qui s’investit dans la promotion des droits de l’Homme et de la démocratie sur le continent noir. Mensonge et hypocrisie ! La France réussit presque toujours car elle bénéficie de l’aide de ses multinationales qui financent les rébellions dans les pays africains où celles-ci sont solidement implantées. Ce fut le cas avec Elf en République Populaire du Congo pour chasser Lissouba du pouvoir en utilisant des miliciens Congolais. En Côte d’Ivoire, pour renverser le régime de Gbagbo, Bouygues a utilisé des rebelles et 124
mercenaires Africains, encadrés et appuyés par les soldats Français et onusiens. En Libye, c’est l’OTAN qui a tué Kadhafi en utilisant des marionnettes libyennes acquises aux intérêts français et autres occidentaux. Possédant des budgets de loin supérieurs à ceux de beaucoup de pays africains, ces multinationales peuvent se permettre de créer et entretenir des rébellions contre des pays appauvris par des occidentaux. La France veillera toujours à ce que les armées des pays africains soient incapables de faire face aux rébellions, même les plus faibles. Elle imposera, si besoin est, des embargos sur les armes. Pendant ce temps, elle continuera d’alimenter ses rebelles en armes de plus en plus sophistiquées comme ce fut le cas en Côte d’Ivoire. Pour contrer ces stratégies, que doivent faire les dignes fils d’Afrique ?
Comment mettre néocolonialistes
fin
à
ces
stratégies
Pour sauver les pays africains, des mesures draconiennes doivent être prises par l’Union Africaine, une organisation encore à la solde de ces impérialistes. La première de ces mesures doit permettre aux pays africains de se libérer du carcan des pays développés et particulièrement de la France. Il faut donc souhaiter que de plus en plus, à la tête de nos pays, soient élus de vrais patriotes. « L’argent étant le nerf de la guerre », il faut que l’Afrique se donne les moyens d’en disposer et de vivre selon ses propres ressources. C’est pourquoi Kadhafi et Gbagbo ont prôné la création d’une banque africaine alimentée par le prélèvement d’un pourcentage infime (1%) sur les richesses nationales ; cette banque aurait rivalisé avec le FMI et la BM, des institutions qui sont des instruments d’asservissement des pays africains et dont les programmes n’ont jamais permis à un seul pays de se développer. Pour accéder au développement, l’Afrique doit compter sur elle125
même, c'est-à-dire commercer le plus possible entre pays africains et pays en développement pour moins dépendre des pays occidentaux. L’Afrique doit éviter que les prix des matières premières agricoles et minières soient fixés sur des marchés européens ou américains, dominés par des offres et des demandes de multinationales de ces pays qui font ainsi la loi sur les marchés. À l’image de l’OPEP, les pays africains doivent augmenter les prix de leurs matières premières, mieux, en transformer le maximum sur place afin de gagner plus de valeurs ajoutées et donc obtenir plus de richesses. Comment expliquer que depuis plus de trente ans, les prix des matières premières soient presque toujours restés les mêmes, alors que les produits finis fabriqués à partir de ces matières premières voient leurs prix augmenter sans cesse ? En outre, les pays africains doivent sortir des groupements économiques et politiques dominés par les occidentaux et ne plus accepter de recevoir de ces pays, une quelconque contribution au budget des organisations de notre continent. Sur le plan monétaire, chaque pays doit disposer de sa monnaie ; et des groupements monétaires propres aux africains doivent voir le jour pour défendre et impulser une véritable politique économique et monétaire. En mettant fin aux groupements politiques, économiques et monétaires franco-africains, la France ne pourrait plus s’immiscer dans les affaires africaines comme ce fut le cas en Côte d’ivoire. Au niveau de la formation civique, patriotique et politique, un accent particulier doit être mis sur l’enseignement de ces disciplines dans les programmes scolaires dès l’école primaire. À cet effet, il convient de réinstaurer les cours d’alphabétisation pour sensibiliser les populations à la chose politique et patriotique. C’est faute de connaissance et de formation civique et patriotique que des mercenaires Sénégalais, Maliens, Burkinabés, Nigérians, etc. se sont laissé acheter et convoyer par la France en Côte d’Ivoire 126
pour soit disant rétablir le verdict des urnes, leurs frères Africains. Il est donc indispensable de faire la promotion de la vraie démocratie car la multitude d’ethnies et de croyances religieuses dans les pays africains impose que notre salut soit dans ce système de choix des dirigeants. Sur le plan militaire, pour pouvoir résister aux armées françaises et à leurs supplétifs africains appelés à tuer de l’Africain pour la France, il faut éliminer de nos territoires les bases militaires étrangères et particulièrement françaises car par ces bases, il s’agit de maintenir l’emprise des occidentaux sur les économies africaines et les choix politiques des africains. C’est pourquoi les accords de défense actuels doivent être dénoncés et qu’aucun nouvel accord ne voie le jour entre les pays africains et une quelconque puissance mondiale. Il convient d’interdire à ces méchantes personnes de prendre pied sur le continent africain pour utiliser le prétexte de secourir leurs ressortissants en Afrique ; c’est pourquoi, ces armées génocidaires ne doivent plus intervenir pour soutenir leurs valets criminels et interdire à tout pays africain de préparer sur son sol une rébellion pour attaquer, pour l’intérêt de la France, un pays voisin. Il revient ainsi aux Etats africains et à eux seuls de s’occuper de la sécurité des biens et des personnes sur leurs territoires. Cet effet, il importe de reprendre le service de préparation militaire dans les lycées et écoles d’enseignement supérieur et de rendre obligatoire, pour tous les jeunes âgés de 18 ans le service militaire. Ceci, pour permettre aux Etats africains de disposer d’armées fortes, à même de rivaliser avec les armées de ces pays néocolonialistes. Comment l’Algérie et le Vietnam ont-ils pu vaincre la France et les USA ? Il importe de créer un esprit de solidarité réel entre Africains pour éviter que l’ennemi ne divise toujours l’Afrique et que les fils de l’Afrique continuent de s’entretuer au bénéfice de la France 127
et des occidentaux qui profitent de ces guerres pour piller les immenses richesses de ce continent. La pauvreté et le désir de rattraper si possible un retard illusoire entretenu par les pays développés poussent les africains à s’entredéchirer et à copier cette société occidentale en décrépitude qui, sournoisement, créent des guerres chez les plus faibles qu’eux. Quelle abomination et quelle méchanceté ! Il est grand temps que les Africains apprennent à se contenter de ce qu’ils ont et forment leurs élites aux vertus de la patience, de la paix et de la démocratie. La France faisant un usage immodéré de la corruption et de la force, les pays d’Afrique doivent faire voter des lois anticorruptions qui obligent les citoyens à déclarer l’origine de leurs ressources, et à ne pas ouvrir des comptes bancaires à l’étranger. C’est aussi un moyen de mettre les ressources nationales à la disposition des pays africains et non dans des banques de pays développés qui les prêteront aux Africains à des taux exorbitants. Qu’est-ce qui explique ce silence coupable des dirigeants Africains dans cette guerre contre des élites de ce continent ? La peur ? Possible, surtout pour des dictateurs et des corrompus n’ayant pas le soutien de leurs populations et possédant dans les pays occidentaux des richesses, fruits de détournements considérables. La France a, jusque-là réussi à faire exécuter par ses hommes de main Africains le sale boulot de « casser du nègre ». De la traite négrière à ce jour, elle a exploité négativement des africains pour tuer d’autres africains. Les derniers exemples sont ceux de la Côte d’ivoire et de la Lybie. De tels responsables politiques, auteurs de nombreux crimes avérés ne méritent-ils pas d’être traduits devant la CPI ? Pourquoi ce mutisme des dirigeants politiques Africains après l’assassinat de Kadhafi et le renversement de certains Présidents du pouvoir ? Ces Africains qui, pour les intérêts de la France, tuent d’autres Africains, ne sont pas des patriotes mais des valets armés par la France. Le 128
silence des dirigeants Africains, corrompus pour la plupart, ayant dans les pays occidentaux des comptes bancaires bien fournis, des fortunes immenses, des biens immobiliers, craignent de faire l’objet de dénonciation par la France, comme ce fut le cas pour Bokassa, Mobutu, Omar Bongo et bien d’autres, au soir de leur vie ou bien quand la France, après les avoir exploités à souhait, a voulu se débarrasser d’eux. Ces traîtres s’alignent donc derrière les thèses françaises pour continuer à jouir tranquillement des biens extorqués aux populations de leurs pays. Ils se taisent, oubliant que demain ce sera leur tour. Jusque quand ce silence coupable ? Ce type de dirigeants, l’Afrique n’en a plus besoin.
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Conclusion « Ma sainte rébellion pour l’Afrique » est un titre suggestif d’un sujet que pose d'emblée le problème préoccupant de la nature du pouvoir politique que les États africains doivent résoudre pour reprendre leur destin en main. Cela paraît comme une nécessité vitale, leur indépendance une fois obtenue, tantôt dans le sang ou à la suite de secousses et de tensions profondes, mais plus généralement à la faveur d'une liberté soi condition octroyée par l’Occident qui pense ainsi reculer volontairement pour mieux et longtemps garantir son emprise, j’allais dire pour mieux savourer sa proie, sous le fallacieux prétexte d'accords économiques de coopération politique ou militaire. À l’inverse, le pouvoir à vie corrompt à vie : il transforme le système économique en un capitalisme où les gérants sont des bandits, car les contrats sont rarement respectés, les entreprises sont les propriétés des dirigeants et leurs familles politiques, et la richesse des uns est amassée sur le vol et l’exploitation des faibles. Il suffit de comparer la Guinée et le Ghana pour s’en convaincre. Mais même quand l’homme providentiel est resté incorruptible par miracle, ce qu’il a mis une vie à bâtir peut-être vite défait après lui, il n’y a plus de successeur, parce que nous ne sommes pas des institutions. La politique rime avec la conquête du pouvoir pour devenir Président de la République en Afrique, la confiscation du pouvoir à vie est la « juste » tendance. Chef de l’État : Ce poste tant convoité est souvent l’objet de plusieurs manipulations pour le rendre inaccessible à d’autres et à vie pour celui qui est au pouvoir. Pour de jeunes nations dont la majeure partie célèbre leur cinquante d’années d’accession à l’indépendance, certains Chefs d’État ont déjà battu le record de plus de 40 ans au pouvoir à l’image de Omar Bongo au Gabon, 40 ans pour Paul Biya du Cameroun, 131
33 ans pour Félix Houphouët-Boigny de la Côte d’Ivoire, 24 ans pour Lansana Conté de la Guinée. Des records de longévité au pouvoir pour certains et pour d’autres, ils ont exercé le poste de Chef d’État le temps d’un éclair. La conclusion à tirer de ces faits est simple : la limitation du nombre de mandats est dans l’intérêt premier des chefs d’État. Elle leur offre l’opportunité de vivre après le pouvoir comme Joaquim Chissano, Festus Mogae, Pedro Pires… et non comme Blaise Compaoré. Il faut un statut aux anciens présidents africains pour sécuriser les démocraties émergentes et y ancrer le principe de la limitation du nombre de mandats. Autrement dit, si la nation ne se préoccupe pas de ménager une vie après le pouvoir, l’alternance démocratique risque d’être lourdement hypothéquée : le Président en exercice pourrait succomber à la tentation de faire changer préventivement les règles du jeu par le pouvoir de révision pour se maintenir au sommet de l’État ; et le Président battu pourrait ourdir quelques complots contre son successeur, pour effacer l’humiliation de la perte du pouvoir. La démocratie n’aurait de chances de s’enraciner en Afrique qu’au prix de l’octroi d’un généreux statut à ceux qui ont servi la nation. À défaut, les anciens présidents apparaîtront comme d’illégitimes jouisseurs ; et la confiance dans les vertus de la démocratie s’affadira. Enfin, et ce n’est pas le moindre des arguments, les enquêtes d’opinion montrent que les peuples africains ont soif d’alternance. Le Burkina n’est peut-être pas la Guinée, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Gabon, la Gambie et le Burundi, mais leurs peuples sont, à l’instar des autres peuples d’Afrique, des majeurs politiques qui n’acceptent plus l’attitude paternaliste voulant qu’ils s’en remettent à l’arbitraire d’un seul homme.
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REMERCIEMENTS Mes remerciements s’adressent tout particulièrement aux peuples Africains et Guinéens en particulier qui endure le martyr depuis son indépendance que personne ne voudrait reconnaître, un peuple brimé, chosifié, martyrisé, clochardisé, et abruti par un système qui torture les faibles et emprisonne des innocents. Je rends hommage à ceux qui nous ont précédé dans ce combat de liberté de justice de vérité et d'humanité comme le responsable suprême de la Révolution africaine Ahmed Sékou Touré, Patrice Lumumba, Amilcar Cabral, Kwamé N’Nkrumah, Thomas Sankara, Modibo Keita, Nelson Mandela, et à tous ceux qui ont été assassinés d'une manière ou d'une autre pour la dignité africaine et pour nos indépendances. Ce livre n'aurait pu être rédigé sans les fructueux efforts de ceux qui ont pris le temps de m'éduquer, m'enseigner, de m'encourager, de me soutenir, mes parents, mes amis, mes enseignants et professeurs, mes maîtres, en un mot : la nation guinéenne, celle pour qui je vis, celle pour qui je mourrai. Je remercie enfin un monsieur Maurice By Soumaoro et sa tendre épouse Lucie Bangoura, ma tante Marie Marceline Bangoura, mon grand-père le doyen Faya Patrice Millimono qui n'ont ménagé aucun effort pour la réussite de mes études et ma défunte mère Martine Kalas Millimono qui dans l’anonymat a accepté d’être présente par ces précieux en amour et en esprit tout le long de cette écriture et ainsi que ceux qui ont contribué à la publication de ce livre par leur soutien.
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RÉFÉRENCES Thierno Mouctar Bah, Architecture militaire traditionnelle en Afrique de l’Ouest. Du XVIIème à la Fin du XIXème siècle, L’Harmattan, Paris, 2012, p. 13. P. Boelens-Bouvier, Régimes Politiques des Pays en Voie de Développement, Syllabus 1ère et 2ème licences, Sc. Politiques,1ère Édition, PUB, Bruxelles, 1993-1994/15, p. 203. Dominique Bangoura, « État et sécurité en Afrique », Politique africaine, n°61, Besoin d’État, mars 1996, pp. 39-53, Mwayila Tshiyembe, Le défi de l’armée républicaine en République Démocratique du Congo, L’Harmattan, Paris 2005 ; 129-130. Mustapha Benchenane, Les régimes militaires africains, Publisud, Paris, 1984, p. 150. P.F. Tavares, Pourquoi tous ces coups d’état en Afrique ?, Le Monde Diplomatique, Janvier 2004. Ngoma Binda, Démocratie, Femme et Société civile en Afrique, L’Harmattan, Paris, 2012, p. 24. Selon Jean-Jacques Rousseau : la rupture du contrat social entraine le retour à l’état de nature, primitif, animal, « tyrannique et vain ». Une société qui rompt son contrat social ne serait plus une société libre. Dimitri-Georges Lavroff, Régimes militaires et développement politique en Afrique noire, Persée, Revue française de science politique, XXII (5), Octobre 1972, p. 980. D. Easton, A system analysis of political life, New York, John Wiley & Sons, 1965. Kadony Nguway Kpalaingu, op. cit. p. 48. Vincent Hugueux, Le problème de la démocratie en Afrique : entre dictatures et refus du modèle occidental. Posté le 9 avril 2014 135
A. Gizenga, L. Kengo wa Dondo, Mokolo wa Pombo, A. Thambwe Mwamba, L. Mende Omalanga, etc. Mabika Kalanda, 1965. La remise en question. Base de la décolonisation mentale. Éditions « Remarques Africaines ». Collections « Études Congolaises », No 14, 16, rue aux Laines, Bruxelles I (Belgique), 205 p. L’Article 25 de la loi portant incompatibilités est clair à ce sujet « La qualité de Magistrat est incompatible avec toute activité publique ou privée ou tout mandat électif. » Statut des magistrats. Du mensonge à la violence. Essais de politique contemporaine, la politologue, journaliste et philosophe allemande Hannah Arendt. Jules Gérard-Libois et Jean Heinen, Belgique-Congo 1960 : le 30 juin pourquoi, Lumumba comment, le portefeuille pour qui, De Boeck supérieur, 1989, vol. Walter J. Ganshof van der Meersh, Congo mai-juin 1960, rapport du ministre chargé des affaires générales en Afrique, Bruxelles, 1960. Walter J. Ganshof van der Meersh, Congo mai-juin 1960, rapport du ministre chargé des affaires générales en Afrique, Bruxelles, 1960, p 47. Kadony Nguway Kpalaingu, « Reconstruction de l’Etat : défi de la décentralisation et de la gouvernance locale de la 3ème République Démocratique du Congo, in Les Défis de la Consolidation de la Paix en République Démocratique du Congo (RDC), « Africa Peace Research » Séries numéro 2, University of Bradford, 2008, p. 53. Vincent Hugueux : La démocratie est bel et bien possible en Afrique. Placide Tempels, La Philosophie bantoue, traduit du néerlandais par A. Rubbens, Présence africaine, Paris, 1949, p. 74. JJ Wondo Omanyundu, L’essentiel de la sociologie politique militaire africaine. Amazon, 2019 : 136
— https://www.amazon.fr/Lessentiel-sociologiepolitique-militaire-africaine/dp/1080881778. Suzanne Bonzon, Modernisation et conflits tribaux en Afrique noire, Revue française de science politique, Année 1967, Vol. 17, Numéro 5 p. 866. James S. Coleman, « Current Political Movements in Africa ». The Annals 298, mars 1955, p. 102. Paul Mulemeri Kanamby, in De La décolonisation mentale. Mabika Kalanda et le XXIème Siècle congolais, Sous la Dir de José Tshishungu Wa Tshisungu, Éditions Glopro, Toronto, janvier 2016, p. 31. Louis-Paul Aujoulat, Aujourd’hui l’Afrique, Casterman, Parsi, 1958, p. 14. Fweley Diangitukwa, Quand les Africains se réveilleront, le monde changera, Ed. Monde Nouveau/Afrique Nouvelle, Saint-Legier, Suisse, 2016, p. 50. Information fournie par l’ancien ministre Naby Youssouf Kiridi Bangoura sur fasonet.com du 23 janvier 2015 : — Inhttp://ivoireinfo.com/archives/5170, 4 juin 2012. — https://www.mondediplomatique.fr/index/sujet/nationalisme.https://www.contr epoints.org/2014/03/02/158290-afrique-tribalismeregionalisme-et-developpement. — https://www.jeuneafrique.com/1034821/politique/laguerilla-des-militants-ultras/. Cameroon voice : — http://www.cameroonvoice.com/news/article-news6056.html, 25/02/2012) — 03/11/2014http://journalmetro.com/opinions/lemonde-sous-la-loupe/587498/combines-constitutionnellesafricaines/). — http://mali-web.org/afrique/revelation-voici-les-22presidents-africains-assassines-par-la-france-depuis-1963
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Table des Matières Préface .......................................................................... 9 Prologue...................................................................... 11 Introduction ............................................................... 15 CHAPITRE I ..................................................................................... 17 La cause de notre retard est-elle un manque d’organisation ? .....17 Les plaintes du peuple .............................................................. 18 La pensée : principale clé du succès ......................................... 20 La volonté de changer ...............................................................22 État de droit et démocratie .................................................. 23 Le souci d’organisation .........................................................24 Devant elles, se tient le Peuple. ................................................24 Que faire ? ................................................................................ 25 CHAPITRE II .................................................................................... 29 Le carriérisme et la démocratie : opium de l’Afrique .................... 29 Il n’existe pas de génération spontanée.................................... 33 Devons-nous renverser ce système ? ........................................33 La démocratie comme opium pour l’Afrique ............................ 35 Les États modèles où l’alternance démocratique devient une culture politique ...................................................................35 La Côte d’Ivoire, un cas d’école inédit ! ....................................39 Quelques pays allergiques à l’alternance démocratique...... 40 La succession dynastique par la pseudo-démocratie héréditaire surfant sur l’alibi de la modernité...................... 43 Les bienfaits de la démocratie .................................................. 45 CHAPITRE III ................................................................................... 49 L’armée, la police et le règne antidémocratique ............................ 49 L’armée républicaine comme fondement de l’État ...................51 La discipline et l’obéissance militaires à l’épreuve de la consolidation de l’État de droit ............................................53 Le germe de l’effondrement .....................................................57 Faut-il alors légitimer les coups d’État ou les insurrections populaires en Afrique ? ........................................................59 CHAPITRE IV ................................................................................... 63
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Le pouvoir africain et la mauvaise gouvernance ........................... 63 La dictature est-elle une fatalité pour l’Afrique ? ......................65 L’alternance au pouvoir par les urnes et par la rue................... 66 L’autoritarisme et la para-démocratie en Afrique ................ 68 CHAPITRE V .................................................................................... 75 Condition de refondation de l’État guinéen ou la venue de l’homme providentiel ....................................................................................75 Les caractéristiques de la classe politique guinéenne ..............75 Le comportement de la classe politique guinéenne .................78 La justice à la croisée des chemins ...........................................80 A. Ceux qui ont choisi de troquer leur indépendance contre les biens matériels ............................................................... 81 B. Les résignés et les frustrés ............................................... 82 C. Les incompétents et les parvenus .................................... 83 Leader : une définition ..............................................................86 Difficultés de trouver un leader en Guinée ............................... 87 Les élections sont-elles la solution à la crise guinéenne ? ... 88 Un leader pour mettre en place un ordre nouveau .................. 90 CHAPITRE VI ...................................................................................95 Les coalitions politiques, la société civile, le tribalisme et le régionalisme .................................................................................. 95 Qu’en est-il réellement ?........................................................... 96 A. La configuration géopolitique .......................................... 98 B. La sociologie électorale et le caractère embryonnaire de la démocratie guinéenne .........................................................99 C. L’état de l’économie nationale .......................................100 D. Préfiguration actuelle de la scène politique ..................101 La société Civile ..................................................................105 Une société civile guinéenne qui se meut vers une politisation aux relents communautaristes ? .....................106 Pour une indépendance de la société civile et le refus de son instrumentalisation politique .............................................108 Le tribalisme, le régionalisme .................................................109 Qu’est-ce que le tribalisme ? ..............................................109 Son origine .........................................................................110 Un fléau africain ? ..............................................................111 CHAPITRE VII ................................................................................117
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La Responsabilité de la France dans les problèmes de l’Afrique .117 Les deux catégories d’hommes politiques africains ...............118 Les stratégies employées ........................................................121 Beaucoup d’autres exemples peuvent être donnés ...........123 Comment mettre fin à ces stratégies néocolonialistes ...........125 Conclusion....................................................................................131
Remerciements ........................................................ 133 Références ................................................................ 135
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Comme un remède, ce livre vient mettre sur la plaie guinéenne un traitement, en rappelant l’histoire, en donnant des exemples de pays d’à côté qui ont succombé parce que la démocratie est malmenée, parce que les peuples ont de mauvais guides ou du moins des guides qui les poussent vers la perdition. L’auteur ne part pas avec le dos de la cuillère pour critiquer le système de gouvernance archaïque, soutenu par la France. Les dictatures financées par la métropole pour maintenir l’Afrique dans une position de soumission, comme toujours : le petit mendiant, celui qui vit de dons et attend tout de la puissance colonisatrice. Il y a de la puissance dans les mots, de la teneur dans chaque expression. Ce livre, c’est comme une cure. Nous pouvons lire çà et là des auscultations teintées de critiques positives pour remettre le train sur les rails, pour orienter le voilier et naviguer paisiblement vers l’île de l’alternance : « gage de bonne gouvernance. » Né le 03 juillet 1991 à Guéckédou au sud de la Guinée, Fabien Bangoura est un écrivain révolutionnaire, diplômé en (Droit), il décide de rester dans son pays et ne jamais le fuir en faisant le serment de le servir, dans l’espoir qu’un jour il se développera et émergera. Il rêve d’une Afrique libre, souveraine et démocratique, libérée des griffes d’une oligarchie politique qui a pris en otage le destin de tout un peuple. « Ma sainte rébellion pour l’Afrique » est le titre de son premier ouvrage.
Illustration de couverture : © 123rf.com
ISBN : 978-2-14-031044-7
16 €
9 782140 310447
Fabien BANGOURA
Cette œuvre vient à point nommé, à un moment critique de notre histoire, à une époque dure, une ère de troubles, un temps tourmenté par les combines politiques, par le manque de patriotisme et par le rejet de l’autre.
Ma sainte rébellion pour l’Afrique
Ma sainte rébellion pour l’Afrique
Fabien BANGOURA
Ma sainte rébellion
pour l’Afrique ESSAI