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French Pages 252 [233] Year 2015
Sidiki Kobélé Keïta
L’INDÉPENDANCE DE LA GUINÉE EN 1958 Chronologie et commentaires
L’indépendance de la Guinée en 1958
Sidiki Kobélé Keïta
L’indépendance de la Guinée en 1958 Chronologie et commentaires
Préface de Kaïmba Condè
© L’Harmattan, 2014 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.harmattan.fr [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-343-04646-4 EAN : 9782343046464
« La carence de l’enseignement de l’histoire à l’école est devenue un danger mortel…Un peuple qui perd sa mémoire, perd son identité. » François Mitterrand
SOMMAIRE
Avertissement........................................................................... 11 Préface...................................................................................... 13 Avant-propos............................................................................ 17 Première partie Chronologie des évènements marquants .............................. 25 Janvier 1958 ............................................................................. 27 Février 1958 ............................................................................. 33 Mars 1958 ................................................................................ 43 Avril 1958 ................................................................................ 49 Mai 1958 .................................................................................. 55 Juin 1958 .................................................................................. 65 Juillet 1958 ............................................................................... 71 Août 1958................................................................................. 79 Septembre 1958........................................................................ 93 Octobre 1958 .......................................................................... 119 Novembre 1958 ...................................................................... 141 Décembre 1958 ...................................................................... 153
Deuxième partie Des spéculations relatives à l’indépendance de la Guinée .... 171 Introduction ............................................................................ 173 I. De l’opportunisme, de la démagogie ou de la politique politicienne ? ............................................. 175 II. L’indépendance de la Guinée n’aurait pas été l’objet fondamental du combat du PDG-RDA .................................. 181 III. Le vote de la Loi-cadre du 23 juin 1956, une erreur politique des députés du PDG-RDA ..................... 187 IV. L’intégration du BAG et de la DSG au PDG-RDA, une erreur politique des deux partis ....................................... 191 V. Une comparaison saugrenue : Djibo Bakary et Diawadou Barry ................................................................. 193 VI. Du ralliement à la position du PDG-RDA et non consensus face au référendum du 28 septembre 1958 ..... 205 VII. Négation de la paternité des discours du 25 août 1958 ....... 211 VIII. Le choix de la lutte non armée, un choix sans danger ... 213 IX. La Guinée ne doit pas son indépendance aux élèves et étudiants ............................................................................. 217 Conclusion Le nègre se dresse .................................................................. 223 Annexes.................................................................................. 225 Table des sigles ...................................................................... 245
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AVERTISSEMENT
La reproduction partielle ou intégrale de la chronologie des faits marquants de l’année 1958 est soumise à l’autorisation spéciale de l’auteur et de l’éditeur.
PREFACE
En Guinée dite française, les années 1956 et 1957 furent celles de l’ascension irrésistible du PDG-RDA au-dessus des autres formations et associations politiques de la place, BAG et DSG. Parti politique d’avant-garde, le PDG-RDA le devint vite à cause du contenu progressiste et dynamique de son projet de société comme de son programme de gouvernement caractérisés, on le sait, par la volonté de ses dirigeants de voir émerger une Afrique et une Guinée libres, débarrassées, tout à la fois, de la main-mise étrangère et du système archaïque de la féodalité. En même temps que cette volonté doublée de cette action politique radicale à la tête du PDG-RDA, Ahmed Sékou Touré n’avait-il pas fini de convaincre aussi la grande majorité des populations guinéennes par sa lutte intransigeante à l’échelon syndical en faisant aboutir les revendications importantes des travailleurs des secteurs publics et privés dont, entre autres, le code du travail d’Outre-mer, en 1952 et 1953 ? Pendant que d’autres formations politiques et syndicales rivales s’empêtraient dans des considérations d’essence tribale, ethnique ou régionale, le parti d’Ahmed Sékou Touré n’enseignait-il pas déjà que, dans un pays multi-ethnique et multi-culturel tel que le nôtre, seule la parenté idéologique était susceptible de mobiliser les masses populaires
(toutes races ou régions confondues) pour aller à la conquête de leur destin ? Avec un tel programme et une telle vision politique générale, pouvait-il, dès lors, être surprenant que le PDGRDA soit devenu, en moins de dix ans d’existence à l’époque, ce parti dominant en Guinée ? Le 31 décembre 1957, déjà sous le régime de la semiautonomie interne institué par la « Loi-cadre Gaston Defferre » de 1956, un premier jalon fut planté sur le chemin de la libération nationale. Ce jour-là, en effet, la chefferie coutumière d’essence féodale et esclavagiste fut supprimée, ceci, au grand soulagement des masses rurales et urbaines guinéennes. Cette première victoire rassura les masses guinéennes sur la volonté du PDG-RDA de tenir ses promesses électorales des premières heures. Survint alors l’année 1958 dans cette atmosphère sociale et politique sans précédent. Désormais, aux yeux du Guinéen, tout devenait possible s’agissant de l’avenir de la Guinée, son pays. Mais qu’est-ce que c’était l’année 1958 ? Quels ont été les faits marquants de l’époque ? Quels messages et quels actes ont fait de cette séquence de l’histoire de la Guinée et de l’Afrique une année charnière, une « année décisive » (pour paraphraser l’enseignant-chercheur, Sidiki Kobélé Keïta).La Guinée en 1958. Chronologie des faits marquants suivie des spéculations relatives à l’indépendance de la Guinée essaie de répondre ici à ces questions et à d’autres, en replaçant les faits en question dans leur contexte historique véritable. Sidiki Kobélé Keïta, l’auteur de l’ouvrage concerné, n’en est pas à son premier coup d’essai en la matière. Qu’on se souvienne un peu de ses précédents ouvrages portant sur la vie et les combats d’Ahmed Sékou Touré dont, entre autres, ses livres consacrés aux complots démasqués entre 1958 et 1984, pendant la Première République ! On sait que 14
cette série d’ouvrages de Sidiki Kobélé Keïta ne pouvait laisser personne indifférent. Si les partisans de la vérité historique s’en réjouirent (et ils avaient raison de le faire), les adversaires, quant à eux, trouvèrent à y redire…Plus par mauvaise foi que par ignorance, ces « polémistes » ont cru mener un combat d’arrière-garde en essayant, par média interposé et d’autres publications littéraires, de falsifier les faits historiques en question. L’objectif : nier tout mérite au leader du PDGRDA, en même temps père de l’indépendance guinéenne et pionnier de la liberté africaine, le président Ahmed Sékou Touré (paix à son âme !). Mais, on le sait, l’histoire ne demande que des faits concrets et vérifiables. D’où l’opportunité de l’actuel ouvrage de Sidiki Kobélé Keïta, enseignant-chercheur en Histoire. Qui fera aussi date dans le combat pour la restitution de l’Histoire vraie de la Guinée, cette ancienne colonie française qui, un jour de septembre 1958, fit son entrée dans l’histoire en passant par la grande porte. Ce jour-là, disonsnous, elle refusa la colonisation et la néocolonisation en rejetant le projet dit de la « Communauté franco-africaine » proposé par la France gaulliste à ses possessions africaines. Le glas des empires coloniaux européens sur le continent africain avait sonné ce-jour-là aussi. Plus rien ne sera comme avant. Merci Sidiki Kobélé Kéïta d’avoir, à travers cette brochure, remis les pendules à l’heure. La chronologie des faits marquants de l’année 1958 suivie des spéculations relatives à l’indépendance de la Guinée est désormais disponible pour tous les chercheurs de faits historiques vérifiables en Guinée… sans tricherie aucune. A chacun d’en tirer les leçons qu’il voudra. Kaïmba Condè Administrateur civil à la retraite Quartier Filira, Kamsar 15
AVANT-PROPOS
L’histoire véritable doit refuser de céder la place à la légende, à l’affabulation, aux chroniques arrangées. Elle doit, pour ce faire, exiger l’approfondissement des recherches documentaires (sources orales, écrites, matérielles, etc.) afin de mieux appréhender tous les tenants et aboutissants ou tous les aspects d’un fait. C’est pourquoi nous continuons à soutenir que sans la connaissance effective de tous les événements significatifs du passé, même des « petits faits vrais », pour reprendre Sthendal, l’historien se met dans l’impossibilité de restituer l’histoire authentique d’un peuple, de capitaliser ou d’évaluer correctement ses acquis. Or, comme l’affirme, à juste titre Pierre Moscovici, « sans appréciation juste du passé, sans lecture fine de l’histoire, aucun dessein de l’avenir n’est possible ». La mise en place correcte des faits à partir de 1945 est ainsi devenue une nécessité urgente en Guinée face à la volonté délibérée de certains polémistes ignorants de poursuivre leur mission néfaste de falsifier, tronquer ou dénaturer l’histoire contemporaine du pays en se servant non des archives primaires, mais essentiellement des ouvrages de seconde main, des témoignages arrangés ou des interprétations indigestes et hors sujets.
Que pourrions-nous retenir de la lecture, par exemple, de la chronologie des faits marquants de l’année nodale que fut l958 ? I. Le pluralisme politique et syndical n’est pas un phénomène nouveau en Guinée La démocratie, c’est-à-dire l’exercice du pouvoir par et pour le peuple, ne s’apprend pas, elle se pratique ; elle n’est pas synonyme du multipartisme, comme nous l’impose l’Occident. En effet, l’expression plurielle sous forme d’associations, de partis ou de syndicats, est née de la tradition française et de la politique d’assimilation pratiquée sous la IVe République (1946-1958); elle a été autorisée et pratiquée en Guinée de 1945 à 1958, comme l’attestent les compétitions électorales qui ont jalonné cette période ; elle n’exprima pas pour autant les aspirations profondes du peuple colonisé de Guinée. C’est le décret du 9 août 1945 qui étendit le droit de vote aux colonies d’AOF et d’AEF jusqu’en 1958, moins le Sénégal, seule colonie représentée à la chambre des députés jusqu’en 1945 ; l’ordonnance n°45 institua deux collèges électoraux : le 1er collège (ou collège des citoyens), le 2e collège (le collège des non citoyens), pour le choix, par chacun des deux collèges, d’un député. L’on a enregistré, depuis lors, le mécanisme électoral suivant : 21 octobre 1945 : 7 candidats présentés par des associations et groupements ethniques brigueront le siège réservé au collège des non citoyens (26.046 électeurs inscrits) à la première Assemblée constituante française. Maurice Chevance, pour le premier collège, Yacine Diallo, pour le second collège furent élus. 2 juin 1946 : l’élection d’un député à la seconde Assemblée constituante se déroula dans les mêmes conditions. Yacine Diallo fut élu. 18
10 novembre 1946 : la constitution de l’IVe République ayant été adoptée par référendum, il y eut les élections législatives au collège unique pour la mise en place de la nouvelle assemblée nationale française : 4 listes, avec 2 candidats par liste, soit 8 candidats, brigueront les 2 sièges à pourvoir réservés à la Guinée. Yacine Diallo et Mamba Sano furent élus. 17 juin 1951 : 24 candidats présentés par 8 formations politiques briguèrent les 3 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale française. Yacine Diallo, Mamba Sano et Albert Liurette furent élus. 27 juin 1954 : à l’occasion de l’élection législative partielle, 7 candidats se présentèrent sur 7 listes concurrentes en vue de procéder au remplacement du député Yacine Diallo, décédé le 14 avril 1954. Le scrutin fut de nouveau truqué et c’est Diawadou Barry qui fut effectivement déclaré cette fois élu par l’administration française ; le PDG le surnomma « le mal élu » ; le ministre de la France d’Outremer, Robert Buron, devant les preuves irréfutables du truquage dut le reconnaître et l’avouer en ces termes : « il est évident que la dernière élection a été honteusement truquée pour provoquer l’élimination de Sékou Touré »1. Comme pour confirmer l’acte, le commandant du cercle de Macenta, Lantier reconnaît que, lors de ce scrutin, les chefs de canton « assis dans le bureau de vote, à côté de l’urne, distribuait le bulletin de Barry Diawadou »2. 2 janvier 1956 : Le BAG, le PDG, la DSG et l’Union Forestière présenteront, chacun, 3 candidats soit 12 candidats à l’élection de l’Assemblée nationale française pour les 3 sièges à pourvoir. Sékou Touré, Saïfoulaye Diallo et Diawadou Barry seront déclarés élus. 1
Robert Buron.Les Dernières années de la IVè République, carnets politiques, p.139. 2 novembre 1954. 2 Guinée française. Guéckédou. Lantier, commandant de cercle. Lettre du 29 janvier au gouverneur de la Guinée française.
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Les autres types d’élection se déroulèrent de la même manière avec, comme pour les élections législatives, leur cortège de fraudes pour empêcher l’élection des candidats non administratifs : Du 15 décembre 1946 au 15 mai 1957 : quatre élections à l’Assemblée territoriale dont une partielle, le 2 aout 1953 à l’issue de laquelle Sékou Touré fut élu, comme premier premier conseiller du PDG-RDA, par les électeurs de Beyla en remplacement de Paul Tétau décédé le 11 mai 1952. Du 13 janvier 1947 au 4 mai 1957 : élections au Grand conseil de l’AOF, au Conseil de l’Union française et au Sénat (Conseil de la République) par les conseillers territoriaux et en leur sein. 1er et 18 novembre 1956 : élection des conseillers municipaux dans les 14 communes instituées. De février à avril 1958 : élection des conseillers de village. 18 mai 1958 : élection des conseillers de circonscription dans les 25 circonscriptions (anciens cantons). En procédant à une lecture minutieuse de la pratique multipartite (1945-1958), unitaire (1958-1984) et multipartite depuis 1993 de la démocratie, on peut conclure qu’il n’y a pas, en fait, de modèle achevé de démocratie et qu’en ce qui concerne le processus électoral (de l’inscription des citoyens sur les listes électorales à la proclamation des résultats), le peuple de Guinée a accumulé une somme d’expériences qu’il suffit d’étudier scientifiquement pour dégager des solutions qui lui soient propres. II. La représentativité des partis La mise en place correcte des faits permet, en outre, d’établir la représentativité des partis politiques à la veille de l’arrivée du général de Gaulle en Guinée et de prouver, par la même occasion, non seulement la progression fulgu20
rante du PDG-RDA, mais que seul ce parti pouvait objectivement décider du sort de la Guinée au moment du référendum. D’où les deux événements majeurs suivants, qui attestent la détermination de la très grande majorité des Guinéens à saisir l’occasion unique de se libérer du joug colonial français sans coup férir : d’une part, la conférence du 14 septembre 1958 du PDG-RDA, qui recommanda le rejet de la Constitution de la Communauté, et, d’autre part le ralliement, à cette position, de toutes les formations sociales, celui de l’UPG-PRA, le 17 septembre, en particulier ; ainsi, la victoire du « Non » ne surprit-elle personne et les partisans du « oui » n’osèrent pas se manifester C’est le lieu de préciser que si le PDG-RDA a réussi à s’implanter dans la Guinée profonde (même dans les hameaux les plus reculés), donc à devenir le parti dominant, c’est parce qu’il procéda, progressivement, à l’éducation idéologique et politique profonde et permanente de ses militants et de ses cadres ; ceux-là étaient associés à toutes les prises de décision au cours d’instances régulières et programmées, et se sentaient, ainsi, concernés et responsables de tout acte ou décision pris dans le cadre du PDG-RDA. D’où la facilité et même la promptitude de leur mobilisation chaque fois que les organes dirigeants se fixaient des objectifs tactiques ou stratégiques à atteindre. Sans cet éveil des masses aux idées nationalistes ou progressistes par l’éducation, la lutte et la mobilisation permanentes, la suppression de la chefferie de canton (le 31 décembre l957), par exemple, facteur déterminant dans la lutte pour l’indépendance de la Guinée, aurait suscité des révoltes populaires encouragées par ses titulaires ; le PDG-RDA aurait eu, lors du référendum, les coudées moins franches : les chefs de canton, de villages et les notables auraient triché en faveur du « oui » comme dans les autres colonies.
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Il est à noter aussi que cette suppression n’a soulevé aucune résistance parce que les paysans, en étant ses grandes victimes, savaient qu’elle était nécessaire ; aussi, n’ont-ils manifesté que de la joie ; surtout qu’ils avaient activement participé à toutes les campagnes de dénonciation des méfaits de cette institution décriée. Les autres formations politiques, essentiellement composées d’éléments conservateurs, des féodaux en particulier, ou à vocation bourgeoise, le BAG et la DSG (regroupés ultérieurement au sein de l’UPG), soutenus par l’Administration coloniale et la chefferie de canton, avaient fini par perdre leurs militants et se saborder : ils ne s’agitaient qu’à 1’occasion des élections, et leurs thèmes de propagande ne reflétant pas les préoccupations des populations guinéennes, ne mobilisaient plus. C’est dire que, contrairement à ce que l’on pense, toutes les couches et catégories sociales, les paysans en particulier, sont très sensibles à ce qui est organisé et structuré ; elles veulent, en outre, être convaincues pour adhérer effectivement et durablement à un idéal, à un projet de société cohérent, progressiste à l’élaboration duquel elles auront effectivement participé. III. Les premières mesures de consolidation de l’indépendance Enfin, cette étude permet de dater quelques décisions prises par les autorités du nouvel Etat avant et après le rejet de la constitution de la Communauté, le 28 septembre 1958, pour faire face aux difficultés immédiates et consolider l’indépendance politique sur des bases permanentes. En effet, convaincues que le gouvernement français appliquera les mesures de rétorsion annoncées, les nouvelles autorités guinéennes prendront des mesures idoines d’ordre administratif, politique, sécuritaire, économique, social et
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diplomatique pour en atténuer les effets négatifs et renforcer la confiance du Peuple en lui-même.
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PREMIERE PARTIE CHRONOLOGIE DES EVENEMENTS MARQUANTS
JANVIER 1958
31 octobre 1956-31 janvier 1958 Jean Ramadier, gouverneur de la Guinée française 1er janvier La Guinée compte environ 2.501.000 habitants dont, entre autres, – à Conakry : 47.400 africains 4.856 européens – à Kankan : 24.100 africains 500 européens 4 janvier – Le vice-président du Conseil de gouvernement, Sékou Touré, annonce, devant l’Assemblée Territoriale, une refonte du système fiscal et la création de nouvelles taxes sur les boissons alcoolisées et le tabac. Une stricte politique d’austérité en matière de dépense du gouvernement est également préconisée. 7 janvier – Par décret n°4 /PG, Alpha Touré est nommé chef de poste de Coyah (le premier africain dans cette localité). – L’Association des Aveugles et des Infirmes est déclarée sous le n°420.
9 janvier – Le PDG-RDA tient un grand meeting au cinéma Vox à Conakry au cours duquel le vice-président Sékou Touré dresse le bilan du conseil de gouvernement devant une assistance évaluée à plus de 4000 personnes dont 2500 dans la salle et le reste à l’extérieur. Moussa Diakité, grand conseiller de l’AOF, rend compte des activités des élus du PDGRDA au Grand conseil de l’AOF à Dakar et Alpha Diallo, conseiller territorial, des activités du parti, en général. – Création du Syndicat des communes de Guinée (constitué des mairies de plein exercice, mairies de moyen exercice, communes mixtes, communes rurales) par N’Famara Keïta, maire de Kindia qui en devient le président. – Fixation du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) applicable : ● aux travaux agricoles pour compter du 1er janvier 1958 par zone : 1ère zone : la commune de Conakry Taux horaire 21 F 2e zone : les chefs lieux des circonscriptions administratives et les zones industrielles de Fria et de Boké Taux horaire 18 F ● aux travaux non agricoles pour compter du 1er Janvier 1958 par zone : 1ère zone : la commune de Conakry Taux horaire 31 F 2e zone : les chefs lieux des circonscriptions administratives et les zones industrielles de Fria et de Boké. Taux horaire 25 F 3e zone : le reste du Territoire Taux horaire 20 F 10 janvier – Convoquée par le Comité directeur du PDG-RDA, une réunion regroupe l’ensemble des bureaux des syndicats 28
professionnels constitutifs de l’Union des syndicats des travailleurs de Guinée (USTG) à la bourse de travail de Conakry. Objet : tirer les leçons de la grève du 26 décembre 1957 et envisager d’autres formes de revendication, en particulier, une grève de 24 heures. – Les employés de la Compagnie africaine des services publics (CAP), chargés de la distribution d’eau à Conakry, sont réunis sous la véranda de la Bourse du Travail pour décider de la constitution d’un syndicat unique avec les travailleurs de l’Energie électrique de Guinée (EEG), sous les auspices de 1’USTG. – Réorganisation de la Garde territoriale placée sous la tutelle du ministère de l’Intérieur, l’ancienne « garde de cercle » ayant pris cette dénomination le 27 février 1957. 13-15 janvier Tenue d’une conférence intersyndicale de la Fonction publique par l’Union générale des travailleurs de l’Afrique Noire (UGTAN) autour des points suivants : – Examen de la situation de la Fonction publique et assimilés. – Confirmation des revendications des 10 et 11 novembre 1957 portant : ● Payement aux cadres supérieurs et locaux de la 3e tranche sous forme de revalorisation et non d’indemnité de transfert proposé par le Haut Commissaire de l’AOF. ● Intégration des auxiliaires et contractuels dans les cadres réguliers et révision de leurs barèmes de salaire. 17 janvier L’Union des syndicats des travailleurs de Guinée (USTG) tient une réunion d’information à la Bourse du Travail, à Conakry. Mamadi Kaba rend compte des dé29
marches effectuées auprès des autorités fédérales de Dakar en vue de l’application des mesures arrêtées suite à la grève du 26 décembre 1957 et des revendications en cours. 21 janvier – Le bureau du comité directeur du syndicat des cheminots africains se réunit à Conakry. Diély Bakar Kouyaté, le secrétaire général, rend compte de la réunion tenue à Dakar autour des revendications des cheminots de Guinée (agents lésés dans le processus d’intégration dans les différents cadres) et des travaux de l’Union générale des travailleurs de l’Afrique Noire (UGTAN) sur la revalorisation des indices et l’intégration des auxiliaires. – Ouverture de bureaux périodiques de la Banque de l’Afrique de l’Ouest (BAO) à Kankan et Kérouané (mardi et Vendredi), et à Boké (mardi et jeudi) pour faciliter les opérations commerciales dans ces localités. 22 janvier Est rendue exécutoire la délibération n°73-57 du 15 janvier 1958 de l’Assemblée territoriale accordant l’aval du Territoire à une demande d’emprunt de 15 millions de francs CFA au profit de la Commune de Labé auprès de la Caisse centrale de la France d’Outre-mer. 23-24 janvier En provenance de Dubréka, retour inopiné de David Sylla à destination de Tondon, alors qu’il y était interdit de séjour en raison de la tuerie de MBalia Camara en février 1955 dont il fut accusé et traduit devant le Tribunal qui le condamna. La population, en particulier les femmes et les enfants, se révolte contre sa présence ; le chef de poste administratif doit l’escorter par taxi sur Dubréka sous une pluie de cailloux qui brisent toutes les vitres des deux véhi30
cules réquisitionnés à cet effet ; David Sylla est blessé légèrement à la tête. Paul Arondel, commandant de cercle de Dubréka, informe le Gouverneur du Territoire que ce mouvement est strictement populaire et spontané ; les femmes et les jeunes n’avaient « pas oublié l’état de semi-esclavage auquel l’ancien chef de canton les avait soumis ainsi que leurs familles dans le Cercle de Dubréka » (Correspondance n°3/C du 27/1/58, P2). 23-26 janvier Le troisième congrès du PDG-RDA, tenu au marché M’Balia Camara à Madina, enregistre 600 délégués. Sékou Touré s’y rend en boubou blanc, pour la première fois en Guinée. Un Bureau politique territorial de 17 membres est mis en place qui remplace désormais le Comité Directeur. Il est décidé de regrouper tous les jeunes au sein d’une organisation juvénile dénommée la Jeunesse du rassemblement démocratique africain (JRDA). Ont été élus membres du Bureau politique PDG-RDA : ● Sékou Touré, secrétaire général ● Saïfoulaye Diallo, secrétaire politique ● Abdourahamane Diallo, secrétaire aux questions sociales ● N’Famara Keïta, secrétaire à l’organisation ● Damantang Camara, secrétaire adminstratif ● Louis Lansana Béavogui, secrétaire questions économiques ● Daouda Camara, secrétaire permanent ● Oumar Dramé, secrétaire à la propagande ● El hadj Mamoudou Fofana, trésorier général ● Bengali Camara, trésorier adjoint ● Moussa Diakité, commissaire aux comptes ● Jean Faragué Tounkara, commissaire aux comptes ● Léon Maka, commissaire aux comptes ● Ismaël Touré, directeur du journal La Liberté 31
● Mafory Bangoura, déléguée aux questions féminines ● Loffo Camara, déléguée aux questions féminines ● Mamadi Kaba, responsable de la JRDA 28-31 janvier Sans préavis officiel, le personnel enseignant du Cours normal de Kankan se met en grève : il exige l’exclusion d’un élève pour indiscipline et arrogance. 28-janvier-l0 février En hibernation depuis leur défaite, le 31 mars 1957, les responsables du Bloc africain de Guinée (BAG) et de la Démocratie socialiste de Guinée (DSG) se rendent au Foutah où ils tiennent de nombreuses conférences publiques à travers la région. Les thèmes de propagande sont ethnocentriques et d’exhortation au refus de payer l’impôt. Ils dénoncent le fait de n’avoir pas été pris comme membres du gouvernement semi-autonome ; selon le PDG, ils auraient empêché la suppression de chefferie de canton, leur base politique. 29 janvier 1958- 26 septembre 1958 Jean Mauberna, dernier gouverneur de la Guinée française. 30 janvier Pour assurer la sécurité lors du meeting de l’Union des populations de guinée (UPG-PRA, 700 à 800 personnes), le commandant de cercle de Pita, Julien-Vieroz, demande vainement le peloton mobile de Mamou. Il doit s’adresser au commandant de Labé pour obtenir satisfaction : il reçoit 12 gardes encadrés par un gendarme. Il expédie, le même jour, un rapport circonstancié au gouverneur du territoire dans lequel il rapporte les propos racistes et vindicatifsfs que les responsables du PRA avaient tenus contre le conseil de gouvernement au cours de leur meeting. 32
FEVRIER 1958
1er février – Les autorités compétentes ayant refusé de tenir compte de l’augmentation du prix de la farine et de 5% des salaires de leurs ouvriers pour permettre le relèvement sensible des prix du pain, le syndicat des boulangers de Conakry décide de limiter la production du pain. Celle-ci est diminuée de 2/3 ; cas de Rodas : de 2.500 à 840 pains ; de Gerbe d’or : de 1.500 à 593 pains. – Tenue de l’assemblée générale du syndicat des cheminots africains de Guinée à Conakry. Intervention d’Edoh Coffi, responsable de la fédération de 1’AOF, sur le déficit du chemin de fer Conakry - Niger dû non aux travailleurs, mais à l’intrigue des sociétés de la place. 2-7 février Première session du Comité de gestion de la Caisse de stabilisation des prix du café en Guinée. Félix Mathos Gnan, conseiller territorial, en est élu président en remplacement de Framoi Bérété, ancien Conseiller territorial, démissionnaire. 3 février – Renouvellement de tous les bureaux directeurs et du bureau exécutif des sous - sections PDG-RDA de Conakry.
Le Bureau exécutif élu est dirigé par Zakaria Touré, secrétaire général. – Réunion du Conseil de gouvernement : signature de la convention d’établissement de la Compagnie Fria représentée par son président, Raoul de Vitry ; le texte engage la Fédération de l’AOF, le Territoire de la Guinée et la Compagnie Fria : il s’agit d’installer, en première étape, une usine. – Création du fonds spécial de la banane. 5 février – Création du Fonds mutualiste de Guinée (FMG) en remplacement du Fonds commun des sociétés de prévoyance ; il examine diverses demandes d’aval et de prêts sollicités notamment par les Sociétés mutuelles de développement rural (SMDR) de Pita, Télimélé, Gaoual, Mali, de quelques coopératives (habitat du Milo à Kankan, Union des coopératives rizicoles de Siguiri, coopérative des transporteurs). – Suppression de toutes les sociétés indigènes de prévoyance et des sociétés mutuelles de production, qui étaient en fait les caisses noires des commandants de cercle. – Abdoulaye Touré, médecin africain, est nommé Maire de la commune de moyen exercice de Siguiri. – Louis Lansana Béavogui, médecin africain, est nommé Maire de la commune de moyen exercice de Kissidougou. – Division du territoire en deux zones salariales au lieu de quatre : ● 1ère zone : périmètre de la commune de Conakry ● 2e zone : tout le reste du Territoire Le salaire devant être un peu plus élevé dans la 1ère zone. 6 février – Constitution, à Conakry, du comité directeur de la section guinéenne de la Convention africaine (CA). Les statuts 34
sont adressés à la présidence du Conseil de gouvernement de Guinée pour son agrément. Le bureau provisoire se compose comme suit : ● Ibrahima Diagne, président, planteur, ex-secrét. Gl. PDG-RDA N’Nzérékoré ● Famo Camara, secrétaire général, commis au CFCN ● El hadj Sérigne N’Diaye, secrétaire général adjoint, chef de Bureau ● Lambert Akany, secrétaire administratif, comptable ● Thomas Da Silva, secrétaire à l’organisation, commis ● Yalla Diallo, secrétaire à la propagande, notable ● Ibrahima Fofana, secrétaire à la presse, Commis Comptable ● Yayé Dianè, trésorier, chef de Gare, BAG ● Sékou Doumbouya, 1er trésorier général adjoint comptable ● Noha Mady Traoré, 2e trésorier général adjoint, Chef de Section ● Lamine N’Diaye, 1er délégué à la jeunesse, technicien CFCN ● Lamine Fofana, 2e délégué à la jeunesse, commis ● Mamadou Diallo, conseiller technique, notable ● Amadou Barry, conseiller technique, technicien ● Bakilé Sankon, conseiller technique, ex-secrétaire de section BAG ● Tiany Conté, conseiller technique, planteur – Le BAG et la DSG fusionnent en Union des populations de Guinée (UPG), section guinéenne de la Convention africaine, puis du Parti du regroupement africain (PRA) après la création de ce parti. 6-8 février Réunion du Comité de coordination du RDA à Paris. Le désaccord est toujours persistant sur l’objet de la réunion : la définition d’une conception commune sur la réforme 35
constitutionnelle. Finalement, une commission est mise en place pour élaborer la doctrine fédérale du 3e congrès tenu en l957 à Bamako. 6-14 février Réunion du Bureau du comité de coordination du RDA à Paris en vue de préparer la conférence du regroupement des partis politiques africains. 7 février La commission mixte chargée de la fixation des conditions d’embauche et d’emploi en Guinée des dockers du Port de Conakry se compose comme suit : – Représentants des Employeurs : 6 membres désignés par l’Union intersyndicale et d’Industrie. – Représentants des travailleurs : 6 membres désignés dont ● 4 par le Syndicat des travailleurs des « auxiliaires des transports » affiliés à l’UGTAN, ● 2 par le Syndicat des travailleurs des « auxiliaires des transports » affiliés à la CATC. 7-9 février Le bureau du comité de coordination RDA tient une réunion à Abidjan. Les membres se séparent sans publier de communiqué en raison de leur divergence à propos d’une définition exacte de la position du RDA sur la réforme constitutionnelle. 7-14 février Grève de la Fonction publique en Guinée et en Côte d’Ivoire.
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8 février Départ de Conakry de Jean Ramadier, gouverneur du territoire (du 10 octobre 1956 au 29 janvier 1958), remplacé par Jean Mauberna (du 29 Janvier au 25 septembre 1958). 8-9 février La Confédération générale des travailleurs - Force ouvrière (CGT-FO) devient Confédération africaine des syndicats libres - Force ouvrière (CSL-FO) à l’issue de son congrès d’Abidjan (Côte d’Ivoire) avec maintien des liens étroits avec la CGT-FO française ; elle opte pour l’autonomie des colonies au sein d’un ensemble francoafricain. 10 février – Le BAG s’élève, au cours d’une réunion tenue au domicile de l’ex-Almamy David Sylla, à Conakry, contre le refus des élus PDG-RDA d’autoriser le retour de celui-ci dans son village à Tondon (Dubréka). – Mamadou Bella Doumbouya, secrétaire d’administration, est nommé Maire de la commune de moyen exercice de Dalaba, en remplacement de Caillot, administrateur de la FOM. – Mamadi Kaba et Ansoumane Oularé de l’UGTAN, Marius Sinkoun de la Confédération africaine des travailleurs chrétiens (CATC), au nom des travailleurs relevant de la Convention des 2 et 5 avril 1946 dite EMCIBAN et Cambot, au nom des employeurs, signent un accord d’augmentation de salaires. 10-11 février – La conférence des chefs de Territoire et des viceprésidents du gouvernement se tient à Paris sous la présidence de Gérard Jacquet, ministre de la France d’outre 37
mer sur l’état d’application de la Loi- Cadre. Le viceprésident guinéen, Sékou Touré, sera interpellé sur les décisions prises et appliquées en Guinée, la suppression de la chefferie de canton en particulier : ces décisions violeraient et la lettre et l’esprit de la Loi-cadre ; la réplique de Sékou Touré sera imparable et la question ne fut plus évoquée. De nombreuses résolutions sont prises. – La grève de 12 heures organisée par l’UGTAN est largement suivie par la Fonction publique dans tous les territoires de l’AOF. Seule l’intervention de Dr Doudou Guèye, grand conseiller de la Guinée, président de la commission permanente du Grand conseil de l’AOF, empêcha la prolongation du conflit. 11 février Les conseillers territoriaux de Mamou organisent une assemblée générale au cinéma de la ville pour rendre compte des travaux de l’Assemblée territoriale et dénoncer les activités du BAG et de la DSG dans le Fouta-Djallon qui se résument par le slogan : « Ne pas payer l’impôt ». 12 février L’Association des parents d’élèves de l’école de Youkounkoun est déclarée sous le n° 426. 13 février – Diawadou Barry (député), Fodé Mamoudou Touré (sénateur), tous deux du BAG, et Ibrahima Barry III (conseiller territorial), Secrétaire général de la DSG, quittent Conakry pour participer, à Paris, à la conférence du regroupement des partis politiques africains devant se tenir du 15 au 17 février 1958. – Le bureau politique du PDG-RDA organise un meeting au cinéma Vox à Conakry autour de la réorganisation 38
du Rassemblement de la jeunesse démocratique africaine (RJDA): regrouper les jeunes en sections et sous-sections ; définir et montrer l’importance du regroupement des jeunes, telles sont les recommandations qui furent recommandées. – Création, dans les 25 circonscriptions, de 92 postes administratifs dirigés par des Africains, tous du PDG-RDA. 14 février Le bureau du comité de coordination du RDA termine ses travaux. Il est décidé de déposer une proposition de loi devant permettre « la démocratisation des fédéraux (AOF et AEF) »; le groupe parlementaire doit déposer une proposition de résolution sur la révision de la Constitution en vue de créer une communauté de type fédéral. 14-15 février Tenue du congrès de la Sous-Section PDG-RDA de Mamou : des exclus par le Bureau Politique du PDG-RDA non encore réhabilités sont élus au Bureau de la Soussection. 15-17 février La conférence de regroupement des partis africains (Mouvement socialiste africain, Rassemblement démocratique africain, Convention africaine, etc.) se tient à Paris, dans la salle Colbert de l’Assemblée nationale. Pour avoir exigé l’indépendance immédiate, le Parti africain de l’indépendance (PAI) en est expulsé. « Le programme minimum » proposé par une commission composée de Sékou Touré (RDA),Ya Doumbia (MSA) et Abdoulaye Ly (CA) est adopté : autonomie interne des colonies, maintien des ensembles AOF et AEF qui seront des fédérations démocratiquement constituées par ces territoires sur la base de la solidarité, de l’égalité et de l’abandon volontaire de la sou39
veraineté territoriale ; intégration, dans chaque territoire, des partis minoritaires aux partis majoritaires avec une nouvelle appellation ; représentation paritaire des partis intégrés au sein de l’organisme dirigeant du nouveau parti. Toutefois, un désaccord éclate à propos de la dénomination de ce parti : le RDA veut que la nouvelle formation prenne son appellation à lui ; ce que les autres refusent. 16 février Meeting syndical au cinéma Vox par le comité provisoire de l’UGTAN. Intervenants : Ignace Deen, secrétaire général du SYMERPHARSA de Guinée ; Mamadi Kaba, du bureau provisoire. Les orateurs confirment la grève pour les différentes revendications des fonctionnaires soumises au gouvernement français et non encore satisfaites. 17 février Première conférence constituve du PRA (Mouvement socialiste africain et Convention africaine) à Dakar (Sénégal). 17-20 février Déclenchée dans les autres colonies entre le 10 et le 17 février, la grève programmée par l’Union générale des travailleurs de l’Afrique noire (UGTAN) a lieu en Guinée dans les secteurs public et privé : les fonctionnaires territoriaux en particulier s’opposent à leur « décrochage » des fonctionnaires généraux, le Haut commissaire de l’AOF et la Commission permanente du Grand conseil ayant refusé l’octroi des crédits demandés sur le budget de 1957. Grève très largement suivie dans toute la Guinée. A Conakry, 95% des fonctionnaires ont cessé le travail.
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18 février Un communiqué est publié à Paris à l’issue de la réunion du regroupement des partis africains : les participants tombent d’accord sur un regroupement des partis au sein d’une seule formation politique et réaffirment la nécessité d’une communauté franco-africaine. 20 février Le Bureau Politique déclare « nuls les actes du congrès » de cette structure et exclut la Sous-section de Mamou pour avoir élu des éléments non encore réhabilités et où des membres du Bureau « sont d’une même race ». 20-21 février De violentes bagarres éclatent à Conakry et dans sa banlieue (Camayenne, Dixinin, Madina, en particulier) entre les militants du PDG-RDA et ceux du BAG ; le matin, malgré l’appel au calme lancé par les responsables des deux partis, les incidents se poursuivent toute la journée et la nuit. On dénombre 8 cases incendiées, 15 blessés et 47 arrestations. 21 février Conférence publique organisée par le Bureau politique du PDG-RDA au cinéma Vox à Conakry. Ordre du jour : la propagande subversive menée dans le Fouta Djallon par le BAG et la DSG ; appel à l’union de tous les militants RDA ; invitation au calme, à la suite des incidents du 20 février. Sont intervenus : Moussa Diakité, Bengali Camara, Mouctar Diallo. 23 février – 1er mars Séjour, en Guinée, d’une mission économique de la République fédérale d’Allemagne composée de 15 membres (banquiers et industriels): visite de Fria, de la Compagnie 41
Minière et de la Société des bauxites du Midi (Iles de Loos). 24 février Sékou Touré, vice-président, et Jean Mauberna, président du Conseil de gouvernement, arrivent à Conakry venant de Paris où ils ont séjourné dans le cadre de la conférence des chefs des territoires et des vices-présidents des conseils de gouvernement de l’Afrique sous domination française. 28 février-2 mars Visite en Guinée de Gérard Jacquet, ministre de la France d’Outre-mer. Il sera reçu par Sékou Touré à la Résidence à Conakry. Février-avril A la suite d’élections au suffrage universel, les 4.123 villages deviennent des communes rurales avec, pour le PDG, 98% des 40.000 conseillers de village élus ; Mme Aminata Konè, du PDG-RDA, est élue chef du village de Koniani (Beyla).
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MARS 1958
1er mars – Augmentation de 67% de la population des élèves africains à l’Ecole de la France d’Outre- mer à Paris. – Arrivée, à Conakry, du Gérad Jacques, ministre de la France d’Outre-mer 4 mars Est rendue exécutoire la délibération n° 86-57 du 3 février 1958 portant exécution de la délibération n°41-57 du 23 juillet 1957 : les membres du Conseil du gouvernement perçoivent une indemnité annuelle d’1.800. 000 FCFA payée mensuellement (soit 150.000 FCF par mois). 4-6 mars Séjour en Guinée d’une mission de la Compagnie financière pour l’Outre- mer (COFIR): visite de Fria et de la Compagnie Minière. 7 mars – Le Bureau politique du PDG- RDA organise, au marché M’Balia Camara à Madina (Conakry), une réunion publique d’information. Intervenants en Français, Soussou, Pular : Nicone, responsable de la section dahoméenne du
RDA, Zakaria Touré, Bengali Camara et Saïfoulaye Diallo sur les activités du parti. – Les leaders BAG et DSG organisent une campagne à caractère ethnique dans le Fouta à la veille des élections des conseils de village ; leurs candidats seront battus à l’issue du scrutin. 8 mars Félix Houphouët-boigny, ministre de la Santé et de la Population du gouvernement français, se rendant à Abidjan par le paquebot « Jean Mermoz », fait escale à Conakry. 8-10 mars – La conférence inter - territoriale de l’UGTAN, réunie à Bamako (Soudan français), recommande, entre autres : – Le regroupement des partis politiques africains ; – L’institution d’un exécutif fédéral ; – La conquête du pouvoir pour la gestion démocratique des affaires ; – Tenue, à Conakry, du 2e congrès territorial du Conseil de la jeunesse de 1’Union française. Succès très relatif en raison de l’abstention des partisans d’une autre organisation de la jeunesse, l’Unité d’action des jeunes. 9 mars – Inauguration du marché M’Balia Camara (Conakry), du nom d’une militante du PDG mortellement blessée le 9 février 1955, au cours d’une manifestation à Tondon (Dubréka) contre la chefferie de canton, par le chef de cette localité, David Sylla : une foule nombreuse et enthousiaste participe à la cérémonie. El hadj Mamoudou Fofana, membre du BPN, rend un hommage particulièrement émouvant à l’héroïne, en Français repris en Soussou.
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– Une réunion des militants de la section guinéenne de la Convention africaine se tient au domicile d’Aboulaye Diallo, huissier, Conseiller de l’Union française, sous la présidence de Diawandou Barry. L’assistance est évaluée à 1500 personnes environ. Ibrahima Barry III, Kounta Fall, Siré Bah, Baba Camara, Sali Bobo Diallo, Mamadou Diallo y prennent la parole ; ils lancent des attaques contre le PDG-RDA et le Conseil de gouvernement. – Echec de la tentative de fusion entre l’Union culturelle musulmane et l’Association mutuelle pour le pèlerinage à la Mecque. 10 mars Réunion du Comité de coordination du RDA à Abidjan. Aucun résulta notable n’en sortit. 11 mars Graves incidents au marché M’Balia Camara, à Madina (Conakry), pour des privilèges de place accordés aux militants du PDG-RDA aux dépens de ceux des partis adverses, BAG et DSG. 12 mars Une réunion se tient au ministère de la Production portant sur l’organisation coopérative, le fonds spécial de la banane dont la création a été décidée le 4 février, et sur l’abaissement du prix de revient. 12-14 mars La Confédération africaine des travailleurs chrétiens (CATC) tient son 2e congrès à Abidjan. David Soumah, secrétaire général de la section guinéenne, condamne toute ingérence politique dans le syndicalisme et rejette définitivement toute unité syndicale au sein de l’UGTAN. 45
14 mars Est rendue exécutoire la délibération n°59 - 57 du 15 février fixant par mois les indemnités annuelles du Président de la Commission Permanente de l’Assemblée territoriale à 1 800 000 FCFA (soit 150 000 FCFA par mois) et celle du questeur à 1 200 000 FCFA (soit 60 000 FCFA par mois). 15 mars La Section guinéenne de la Convention africaine tient, à Dixinn (banlieue de Conakry), une réunion publique au domicile d’Abdoulaye Diallo, huissier, conseiller de l’Union française ; des délégations viennent de Coyah, Boké et de kindia. Les interventions portent sur le recensement des occupants pour la répartition des stands du marché M’Balia Camara. 16-27 mars La 2e conférence de regroupement des partis se tient à Dakar en vue de la création du Parti du regroupement africain (PRA) auquel le R.D.A. refuse d’adhérer. Toutefois, les deux formations s’entendent pour l’unification complète, la formation, avec toute organisation politique, d’un front commun d’action africaine sur la base du « programme minimum » adopté à Paris. Ce front ne se constituera en fait jamais. 18 mars – De violentes bagarres éclatent au marché N’Balia Camara à Conakry, entre les militants du PDG-RDA et ceux du BAG à l’occasion de la répartition des stands et des stalles. – Formation de quatre groupes mobiles de projection cinématographique gratuite qui présenteront des films d’éducation coopérative en soussou, pular, malinké et Kissi. 46
– Le Cercle parachutiste d’Afrique noire est déclaré sous le n°431. 21-23 mars Grève des dockers du port de Conakry. 22 mars – Delamou, secrétaire à la Fédération mondiale de l’enseignement, séjourne à Conakry. Il s’entretient avec Tibou Tounkara et Koumandian Kéïta, du syndicat des enseignants de Guinée. – La quatrième conférence des ministres de la Fonction publique de l’AOF se tient à Dakar. En réalité, aucune des conférences ne réussit à maintenir la solidarité entre les territoires sur le plan de la Fonction publique. – Le ministre français, Maurice Faure, arrive à Conakry venant de Dakar. Il est reçu par le gouverneur Jean Mauberna, le député - maire de Conakry et vice- président du conseil de gouvernement Sékou Touré, les parlementaires et de nombreuses personnalités. II participe à la session du conseil de gouvernement. II fait, au cours de la réception offerte en son honneur, un exposé sur l’intégration des territoires d’Outre-mer dans le Marché Commun européen. Il quitte le même jour pour Bamako. 25 mars Le RDA, le MSA et la CA ne s’entendent pas sur le nom à donner au nouveau parti ; le MSA et la CA décident, à l’issue de leur deuxième réunion constitutive, de fusionner pour créer le Parti du Regroupement Africain (PRA). 25-26 mars Un incident se produit, dans la nuit, à Fria auprès d’un puits. Un Guinéen est blessé. Des bagarres éclatent aussitôt 47
entre ouvriers guinéens et sénégalais. La plupart des 150 sénégalais demandent leur rapatriement au Sénégal. Le conflit se règle à l’amiable. 26-27 mars Naquit le Parti du regroupement africain (PRA) à Dakar. 30 mars Réunion publique de la section guinéenne de la Convention africaine au domicile d’Abdoulaye Diallo, huissier, à Dixinn Foula (Conakry). L’assistance est évaluée à 200 personnes environ. Objet : « détourner les militants du PDG, quartier par quartier, village par village » vers ladite formation politique. Toutes les tentatives échoueront lamentablement.
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AVRIL 1958
4 avril Mme Marguerite Cole, commis expéditionnaire adjointe, est nommée, provisoirement, chef de cabinet du Président de l’Assemblée territoriale, où elle a toujours travaillé. 5 avril L’Union des artistes et techniciens du spectacle de Guinée est déclarée sous le n° 437. 8-9 avril Vaine tentative du PRA-Guinée de faire imprimer, à Conakry, son manifeste. Celui-ci sera édité à Dakar par l’imprimerie Diop. 9 avril – Décès de Dramé Oumar, conseiller municipal de Conakry et secrétaire à la propagande du Bureau politique du PDG-RDA. – Décès de Fodé Mamoudou Sylla, conseiller municipal et 3e adjoint au maire de Kindia. 9-10 avril L’Assemblée territoriale de Côte d’Ivoire adopte une motion pour l’union directe de chaque territoire à la France
dans le cadre d’une communauté fédérale franco-africaine, avec suppression des ensembles AOF etAEF. 11-12 avril Réunion, (la nuit), des responsables de l’UPG-PRA au domicile d’Abdoulaye Diallo, huissier, conseiller de l’Union française ; Karim Bangoura, conseiller de l’Union française, rend compte de sa mission auprès des responsables sénégalais du PRA, à Dakar, où il s’est occupé de l’impression du « Manifeste » et s’est entretenu avec les étudiants désireux d’adhérer au PRA. Interviennent, ensuite, Koumandian Kéïta, dirigeant du parti, Diawadou Barry et Abdoulaye Diallo Huissier, ils critiquent le Gouverneur qui s’entretient trop régulièrement avec les responsables du PDG-RDA. L’appellation : Union des populations de Guinée (UPG) est préférée au Mouvement démocratique guinéen (MDG) pour la section guinéenne du PRA. Abdoulaye Diallo, Huissier, reproche à Diawadou Barry, député BAG, d’être resté 8 jours à Dabola alors qu’il savait que la situation était tendue à Conakry ; il fait voter une motion interdisant au député de quitter la ville durant un mois. 13 avril Réunion publique au cinéma Vox organisée par le PRAGuinée. Les intervenants Mamadou Aribot, instituteur, Diawadou Barry, Ibrahima Barry III et Ibrahima N’Diaye présentent officiellement le PRA ; affirment leur volonté de s’opposer systématiquement au PDG-RDA et de dénoncer les fautes et irrégularités qu’il commettra à l’avenir. Avant cette réunion, tous les participants se recueillent au cimetière de Camayenne (Conakry) à l’occasion de l’anniversaire du décès de Yacine Diallo (14 avril 1954), député de la Guinée française de 1945 à 1954.
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14 avril L’Association des parents d’élèves de 1’école publique mixte de Nongoa (Guéckédou) est déclarée sous le n°434. 15-20 avril La conférence des Etats indépendants d’Afrique (Ghana, Libéria, Maroc, Tunisie, Libye, Egypte, Soudan, Ethiopie et le Front de libération nationale d’Algérie (FLNA) tenue à Accra (Ghana) lance un appel à la décolonisation et au soutien à la lutte armée de l’Union des populations de Cameroun (UPC) et à une intense propagande en faveur du Front de libération algérienne (FLNA). 16 avril L’Assemblée territoriale décide, pour compter du 1er mai, la suppression de l’indemnité de charges parlementaires de 600.000F CFA allouée aux députés, sénateurs et conseillers de l’Union française de la Guinée. 20 avril Le PRA-Guinée tient une réunion publique au domicile d’Abdoulaye Diallo, huissier, en vue de tirer les leçons des manifestations du 13 avril 1958 et de programmer d’autres activités. 22 avril – A partir du 1er Janvier, le taux des prestations est ainsi fixé : ● Allocation familiale : 500 frs par enfant et par mois. ● Le montant annuel de l’allocation maternelle : 6 000 FCFA dont 3 000 frs à la naissance, 1500 FCFA quand l’enfant atteint l’âge de six mois. – Le taux global des allocations prénatales : 4500 FCFA. – Le montant de l’allocation au foyer : 6000 FCFA ; 51
– Création de la Délégation permanente de Fria ne dépendant plus des circonscriptions administratives de Boké et de Boffa en ce qui concerne la région industrielle de Fria. Le délégué est nommé en Conseil de gouvernement. – Le Comité théâtral de Labé est déclaré sous le n°436. 23 avril – Création des communes de moyen exercice de Coyah, Dabola, Dalaba, Macenta et Pita. – Création, par le conseil de gouvernement, de la Société mutuelle de développement rural (SMDR). 24 avril Le Bureau du comité de coordination du RDA, à l’issue de sa réunion, à Paris, adopte une position de compromis entre les tendances Houphouët-Boigny et SékouTouré : autonomie de chaque colonie, les territoires étant libres de s’unir isolement ou groupés à la France, possibilité de création de « délégations exécutives » à Dakar et Brazzaville avec rôle de coordination. Ce compromis ne sera pas appliqué. – Sont nommés, pour deux ans, membres du Conseil d’Administration du Lycée de Conakry : ● Saïfoulaye Diallo, Président de 1’Assemblée territoriale ● Nabi Issa Soumah, conseiller territorial ● Robert Celestine, conseiller territorial ● Robert Bailhache, conseiller territorial ● Me Hassid, Président de l’Association des parents d’élèves ● Sidiki Camara, représentant des anciens élèves.
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25 avril Célestin Sambaya Milimono, agent technique en service au ministère des travaux publics, section topographique à Conakry, est nommé chef section topographie de la banlieue en remplacement de Jules Margain, géomètre contractuel français, licencié. 25-28 avril Le congrès extraordinaire des sous - sections PDG-RDA de Forécariah - Benty se tient sous la présidence d’Ismaël Touré, membre du Bureau politique. 26 avril – Réunion d’UPG-PRA au domicile d’Abdoulaye Diallo, huissier, à Dixinn foula (Conakry). Objet : le manque d’organisation, de matériel est dénoncé par Mme Néné Foutah Bah, responsable féminin. II est finalement décidé que chaque comité féminin ethnique se réunisse chaque samedi. Insistance sur la nécessité de s’organiser pour combattre le PDG-RDA et le Conseil de gouvernement. – Réunion publique organisée par le Bureau politique du PDG-RDA au cinéma Vox. Sékou Touré fait un exposé sur les problèmes guinéens d’actualité et critique « l’action démagogique et opportuniste » de l’UPG- PRA ». 26-28 avril Le Congrès de la sous-section PDG-RDA de Kouroussa se tient sous la présidence de Moussa Sanguiana Camara, conseiller territorial. 29-30 avril Graves incidents au quartier Camayenne (Conakry), entre militants du PDG-RDA et ceux de l’UPG-PRA. Bilan : 27 blessés. Dr. Accar, chirurgien, chef de l’Hôpital 53
Ballay, est chargé de préciser la nature, les causes et le degré de gravité des blessures constatées. 30 avril-6 mai Graves émeutes entre militants du PDG-RDA et ceux de l’UPG-PRA à Conakry. Bilan officiel : 29 morts et 200 blessés.
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MAI 1958
1er mai – L’Assemblée territoriale décide de supprimer effectivement l’indemnité de charges 600.000 FCFA allouée aux parlementaires guinéens sur le budget du territoire pour économiser. – Incendies provoqués à travers la banlieue de Conakry par les militants du PDG-RDA et de l’UPG-PRA. 2 mai – De graves incidents politiques éclatent à Conakry et dans sa banlieue entre le PDG-RDA et l’UPG-PRA : ● Dans la journée, on dénombre de nombreuses cases incendiées, 1 mort, 20 blessés graves et une centaine de manifestants arrêtés. ● Dans la nuit, d’autres incendies éclatent ; on dénombre 16 morts, une centaine de blessés et des dégâts matériels importants. Le vice- président du Conseil, Sékou Touré, lance un appel au calme. – Koumandian Kéïta et Tibou Tounkara, membres titulaires, Emile Escoufier, membre suppléant, sont membres de la commission d’avancement et de mutation des enseignants de la catégorie B (instituteurs) pour l’année 1958 ; Arafan Pendessa et Boubacar Camara, titulaires, et Djebel Coumbassa, suppléant, sont membres de la catégorie C (instituteurs adjoints).
2-6 mai – Réunion du bureau des comités PDG-RDA de Conakry-banlieue au siège de l’Assemblée territoriale : décision est prise de répondre désormais à toutes les provocations des militants de l’UPG-PRA (BAG et DSG). – Des bagarres mortelles éclatent dans presque tous les quartiers de Conakry et banlieues entre les militants de ces deux partis. 3 mai Le vice-président du Conseil, Sékou Touré, appelle au calme, tout en dénonçant, à la radio Conakry, les responsables de l’UPG-PRA, « ceux que le suffrage électoral a éliminés de l’arène politique » et les anciens chefs de canton, « ceux qui sont privés des moyens d’exploitation des masses paysannes du fait de la mise en application de nouvelles structures administratives, économiques et sociales, et des institutions démocratiques votées par l’Assemblée territoriale », précise-t-il. 3-10 mai Graves incidents à Farmoréah (cercle de Forécariah) entre militants du PDG-RDA et ceux de l’UPG-PRA. Bilan : 15 maisons endommagées. 3-20 mai Couvre-feu à Conakry avec interdiction de réunions publiques, des danses populaires et des manifestations religieuses et culturelles suite aux différentes bagarres politiques. 5 mai – Découverte, à Dixinn, d’une bombe de fabrication locale des militants du BAG. 56
– Un responsable de 1’UPG-PRA, Sadou Bobo Diallo, est trouvé porteur d’un révolver calibre 7,65 à la suite du contrôle d’un camion venant de Mamou ; le véhicule sera relâché, mais Sadou Bobo et Koumandian Kéïta, dirigeant du BAG, auquel appartiendrait le revolver, seront appréhendés plus tard par le commissaire français Jules Arrighi. 5-10 mai A la suite des incidents et craignant des représailles, certains responsables de l’UPG-PRA quittent Conakry avec leurs familles : ainsi le 5 mai, Mamadou Aribot et Moussa Kéïta, instituteurs, partent pour Dakar. 7 mai – Réunion, à Paris, du Comité de coordination et des parlementaires du RDA. Objet : saisir le gouvernement français pour que justice soit rendue dans le cas des incidents de Guinée, Haute Volta, Soudan, Niger et du Tchad. – Arrivée à Conakry d’une délégation du Mouvement populaire sénégalais (MPS-RDA) dirigée par Doudou Guèye et Bassirou Guèye : entretien avec les dirigeants du PDG-RDA sur les incidents de Conakry et la situation des deux sections RDA, Sénégal et Guinée. 8 mai La police libère 52 sur 125 prévenus arrêtés lors des différents incidents. On dénombre, à Conakry, 121 individus déférés au Parquet par la Police. Sont arrêtés sur place, par le juge d’instruction, 73 personnes (soit 14 condamnés et 59 placés sous mandats de dépôt); 37 sont relaxés et 15 mis en liberté provisoire.
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9 mai – Tenue à Dakar de la conférence des ministres du Plan des territoires de l’A0F sous la présidence du général Biros, secrétaire général du gouvernement. La Guinée y est représentée par Louis Lansana Béavogui, ministre du Commerce, de l’industrie et des Mines. Points débattus : définition de la section commune du Fonds intérimaire pour le développement économique et social (FIDES) de la tranche 1958-1959 et questions diverses. – Publication de la liste des 1528 bureaux de vote pour les élections du 18 mai 1958 aux conseils de circonscription 10 mai Sadou Bobo Diallo, commis des services administratifs, n’a pu se rendre à Dakar en raison de sa comparution devant les tribunaux. Il s’exile plus tard pour cette ville d’où il continuera son combat contre le PDG-RDA. 9-16 mai Désignation de 1604 bureaux de vote pour le scrutin du 18 mai 1958. 13 mai Le « putsch » d’Alger : insurrection des troupes militaires françaises d’occupation en Algérie. Formation du gouvernement Pierre Pflimlin à Paris et d’un Comité de Salut public à Alger dirigé par le général Massu qui exige la mise en place, à Paris, d’un « gouvernement de salut public, seul capable de conserver l’Algérie partie intégrante de la Métropole », affirme-t-il. Le général de Gaulle est exigé pour diriger ce gouvernement.
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14 mai – Alioune Dramé, ministre des Finances, est nommé ordonnateur délégué du compte hors budget « Fond d’aménagement régional de la Guinée ». – Comparution devant le juge des flagrants délits pour port d’armes prohibées de Koumandian Keïta, secrétaire général du BAG, et de Sadou Bobo Diallo. Après audition des inculpés et des témoins, l’affaire est renvoyée à huitaine, en raison de l’absence de leurs avocats : plus de 300 personnes sont massées devant le palais de justice de Conakry ; les deux membres du BAG sont en outre accusés d’être parmi les principaux responsables des incidents survenus à Conakry et dans le Foutah, et de dépôts d’armes à feu. – Réunion à Conakry, sous la présidence du ministre de la Coopération, du comité territorial et du conseil d’action rurale chargé de la répartition des crédits pour la réalisation d’ouvrages relatifs à des aménagements rizicoles, à l’élevage, à la pisciculture. 16 mai – La Société Transfria est autorisée à établir et à exploiter un chemin de fer Conakry-Fria pour l’évacuation du minerai provenant de l’exploitation des sites cédés. – Le vice-président Sékou Touré assiste aux obsèques du député RDA Mamadou Konaté, à Bamako. – Dans l’appel lancé, Sékou Touré, le vice-président du conseil de gouvernement, affirme, à l’occasion du scrutin du 18 mai : « La chefferie de canton n’existe plus et elle n’existera plus jamais en Guinée ». 18 mai Le PDG-RDA remporte les élections aux conseils de circonscription organisées par 1’administration coloniale et 59
dispose de 494 sur 526 sièges avec 705.319 voix (90%) contre 93.945 (10%) à l’UPG-PRA (BAG et DSG). 19 mai Le prix de vente au détail du riz d’importation est fixé à 38 F le kilogramme sur l’ensemble du Territoire. 20 mai – Le Bureau politique du PDG-RDA tient, à Conakry, au cinéma Vox, la première conférence publique d’information depuis les événements sanglants du début mai 1958. L’assistance est estimée à plus de 5.000 personnes dont 3.500 à l’extérieur. Après avoir analysé les causes, les conséquences desdits événements, les résultats des élections aux conseils de circonscription et de village à l’issue desquelles l’UPG-PRA a essuyé une cuisante défaite, les orateurs Saïfoulaye Diallo et Sékou Touré appellent les militants au calme et à la vigilance. – Création du commissariat de police de Fria. 22 mai – Le Bureau politique PDG-RDA décide, à l’issue d’une réunion, de convoquer le quatrième congrès du parti. – L’Assemblée extraordinaire de l’Union territoriale de la Force ouvrière Guinée vote une motion dans laquelle elle affirme ne plus appartenir à la confédération Force Ouvrière et décide d’adhérer à la section territoriale de l’UGTAN. 23 mai Mise en place, par le Conseil de gouvernement, d’une commission territoriale chargée d’établir un plan quinquennal fondé sur le recensement des besoins de la Guinée dans les différents emplois publics et privés auxquels conduisent les études supérieures. 60
23-25 mai Le congrès constitutif de l’Union Syndicale des travailleurs de Guinée (USTG), section guinéenne de l’UGTAN, se tient à la Maison des Jeunes et de la culture, à Conakry. Le bureau élu se compose comme suit : ● Mamady Kaba, secrétaire général ● Ansoumane Oularé, secrétaire général ● Oumar Dinn Camar, secrétaire général Adjoint ● Sékou Camara dit Sékhouna, secrétaire administratif ● Momo Touré, secrétaire à l’organisation ● Mohamed Lamine N’Diaye, ‘‘ ● Kémoko Koulibaly, secrétaire aux revendications ● Ignace Deen, ‘‘ ● Diéli Bacar Kouyaté, secrétaire à la Jeunesse ● Sékou Yalani Yansané, ‘‘ ● TibouTounkara, ‘‘ ● Mme Loffo Camara secrétaire aux Questions Féminines ● Mme Nankoria Dianè née Kéïta, ‘‘ ● Edge N’Diaye, secrétaire à la Presse ● Mouctar Diallo, ‘‘ ● Abasse Barry, trésorier général ● Sidy Mohamed Touré, trésorier adjoint ● Bengaly Camara, conseiller technique ● Sory Barry, “ ● Lancinè Sylla, ‘‘ ● La Nick–Peïpous Fataye, commission de contrôle ● Mangué Soumah, ‘‘ ● Kanimory Souaré, conseiller juridique ● Maître Sékou Kaba, ‘‘ 24 mai Les inspecteurs et assistants africains de Police renouvellent leur bureau syndical ainsi composé et adhère à l’USTG : 61
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Mohamed Fall , secrétaire général Sory Koné, secrétaire général adjoint, assistant Ansou Kamano, secrétaire général admini., DPA Lansani Konè, secrétaire gl. admini. adjt. RG Mory Camara, trésorier général, inspecteur Kamory Keïta, trésorier général adjoint, assistant Mamadou Bhoye Bah, conseiller, assistant Babakar Fall, conseiller, inspecteur
25 mai Par décision du ministère de la Fonction publique, Koumandian Kéïta, instituteur, directeur de l’école de Dixinn, ne percevra pas la solde pour la période du 5 au 12 mai 1958, pour absence irrégulière au travail. 27 mai Yaya Niaré, secrétaire d’administration, en service à Dabola, est nommé chef de cabinet du ministère de la Fonction publique pour compter du 1er avril. 28 mai L’Association des cinéastes et amateurs de Fria est déclarée sous le n°441. 29 mai – Réunion du conseil syndical des cheminots africains de Guinée à Conakry. Diély Bakar Kouyaté et Oumar Deen Camara rendent compte des travaux du congrès territorial de l’UGTAN. Le conseil examine également le projet de la nouvelle convention collective ferroviaire et les mesures disciplinaires prises contre 40 agents africains par la direction du Chemin de fer de Conakry. – Le général de Gaulle est reçu par le président de la République René Cotty ; il accepte de se présenter devant 62
l’Assemblée nationale pour recevoir l’investiture. Il forme son gouvernement au sein duquel Bernard Cornut-Gentille s’occupe du ministère de la France d’outre-mer (ministère des colonies) Mai Un jeune éléphant est capturé à Kindia et confié au Service des eaux et forêts à Camayenne (Conakry) ; il est entouré de grands soins par le Vice - Président du conseil de gouvernement, Sékou Touré. L’éléphant (Syli en langue Soussou) est l’emblème du PDG-RDA.
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JUIN 1958
1er juin Le gouvernement formé par le général de Gaulle reçoit l’investiture de l’Assemblée nationale française par 329 voix contre 224. Les députés de la Guinée, Sékou Touré, Saïfoulaye Diallo (PDG) et Diawadou Barry (BAG) font partie des abstentionnistes. 2 juin Le général de Gaulle forme son gouvernement. 3 juin Adoption de la loi constitutionnelle déterminant les cinq principes devant guider le comité consultatif constitutionnel. Le cinquième principe recommande que « la constitution devait permettre d’organiser les rapports de la République française avec les peuples qui lui sont associés » (tous les territoires d’Outre-mer). 5-8 juin – Le 4ème congrès du PDG-RDA se tient à Conakry ; l’on compte 1000 délégués ; les recommandations concernent : ● L’obtention de l’autonomie interne totale ;
● Nécessité de prise en compte, par les autorités françaises, du respect du droit inaliénable de la Guinée à l’indépendance ; ● Le recours à l’investissement humain recommandé pour la construction d’infrastructures (écoles, dispensaires, routes, etc.) permit de réaliser beaucoup d’infrastructures sociales. ● Le Conseil de gouvernement et l’Assemblée territoriale sont mandatés à « prendre, dans les meilleurs délais, des dispositions pour fixer l’âge minimum de la jeune fille pour son mariage à 17 ans et avec son consentement préalable ». ● Entre autres décisions, désignation des présidents des conseils des circonscriptions sur avis des soussections : Circonscriptions Boké Boké Boffa Forécariah Dubréka Kindia Mamou Dalaba Pita Labé Mali Télimélé Tougué Dabola Faranah Dinguiraye Kouroussa Siguiri
Présidents Saliou Sane Saliou Sanè IbrahimaSylla Sékou Yansané Kémoko Camara dit Zébéla Sory Barry Boubakar Biro Diallo Albert Diakité Ibrahima Thierno Télivel Diallo Souleymane Sow Abdoulaye Thiam Mouctar Baldé Sayon Camara Ansoumane Condè Habibou Tall Moussa Sanguiana Camara Kouramoudou Doumbouya 66
Kankan Beyla N’Zérékoré Macenta Guéckédou Kissidougou Gaoual Youkounkoun
Lansana Dianè Moustapha Cissé Jean Faragué Tounkara Koman Béavogui Toumani Sangaré Sidiki Aboubakar Kéïta Bounka Manè Kémoko Kéita
Sékou Touré déclare, au cours de cette instance du parti : « Nous ne renoncerons pas à notre indépendance ; nous ne renoncerons pas à notre liberté ». – Réunion, à Dakar, du Comité directeur provisoire du PRA ; l’offre de poste ministériel fait à Léopold Sédar Senghor le 2 juin 1958 par le général de Gaulle est décliné par ledit comité. Diawadou Barry, député de la Guinée française, s’élève contre cette position territoriale adoptée par le Sénégal. Finalement, le principe de participation au gouvernement de Gaulle est adopté par la majorité, mais c’était trop tard : le gouvernement était déjà constitué. – Réunion, à 1 heure du matin, de militants actifs de l’UPG-PRA au domicile de Soriba Bomangué, au quartier de Mafanco (banlieue Conakry). Intervenants : Soriba Yansané, Mamadou Aribot, de retour de Dakar, sur la tactique de liquidation du PDG : y adhérer afin de mieux le combattre et le détruire de l’intérieur, avait-on recommandé. 9 juin Siradiou Baldé, secrétaire d’administration, est nommé, par intérim, chef de circonscription de Pita. 11 juin – Sékou Kaba est nommé Directeur de cabinet du ministère de la Justice.
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– Balla Camara est nommé Inspecteur des Affaires de la République de Guinée. 12 juin Fodé Cissé, administrateur adjoint de la FOM, est nommé, par intérim, chef de circonscription de Gaoual. 15 juin Installation solennelle du Conseil de circonscription de Kankan. Le bureau se compose de Lansana Dianè, président ; de Raphaël Camara, vice-président ; Kabinè Kaba et Mamadou Oularé, secrétaires. 16 juin Le conseil syndical des cheminots suspend Oumar Deen Camara de ses fonctions au sein du comité directeur par 31 voix contre 11 à la suite d’un tract considéré comme calomnieux lancé par l’intéressé contre Diéli Bakar Kouyatè, secrétaire général, sans consultation du comité directeur. 17 juin – Dans une lettre adressée à Diéli Bakar Kouyatè, secrétaire général du syndicat des cheminots africains de Guinée, Oumar Deen Camara, secrétaire général adjoint du même syndicat, dénonce la campagne de calomnie et de dénigrement organisée par ce dernier contre lui et l’accuse de détournement de fonds. – L’assemblée générale des membres du syndicat des cheminots africains de Guinée se tient à Conakry, dans l’enceinte de la gare autour de l’ordre du jour suivant : compte rendu de la réunion du conseil syndical tenue le 16 Juin 1958 (intégration en cours dans le cadre des auxiliaires du service voies, bâtiment et dépôt, problème de logement), lettre ouverte d’Oumar Deen Camara, déjà suspendu de ses 68
fonctions au sein du comité directeur. L’assistance refuse la parole à Oumar Deen Camara qui est obligé de quitter la salle sans pouvoir s’exprimer. – Est rendue exécutoire la délibération n°4-58 de l’Assemblée Territoriale du 17 avril 1958 accordant l’aval du Territoire à la demande d’emprunt de 50 millions de francs CFA introduite par la commune de plein exercice de Kindia auprès de la Caisse centrale de la FOM en vue d’effectuer des aménagements et de construire plusieurs tronçons de rues dans la localité. 18 juin Par arrêté, les centres de culture sont transformés en maisons de la jeunesse et de la culture ; il est précisé, en son article 7, que la représentation féminine au sein des conseils d’administration doit être égale au tiers des membres élus. 25 juin Tenue à Conakry de l’assemblée ordinaire de l’énergie électrique de Guinée (EEG): les actionnaires reçoivent un dividende global de 7 920 295 F CFA, soit 4 % du montant brut du capital. 29 juin Election des conseils d’administration des maisons de la jeunesse et de la culture dont les membres étaient désignés jusqu’à cette date par l’Administration coloniale. L’article 7 de l’arrêté du 18 juin est effectivement appliqué. A Kouroussa, par exemple, 10 jeunes filles sur 40 membres sont élues.
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30 juin – Application effective des 600.000 FCFA d’allocation octroyée aux députés, sénateurs et conseillers de l’Union française inscrite au budget du Territoire. – Installation, à Mamou, du conseil de circonscription présidé par Bokar Biro Diallo, en présence du commandant Dequecker, du président du conseil de gouvernement, Sékou Touré, et du ministre Dramé Alioune. – Selon le journaliste Maurice Voisin : « Mauberna [Jean, dernier gouverneur de la Guinée] n’est plus rien en Guinée. Sékou Touré est le patron » (In :Sidiki Kobélé Kéïta.Ahmed Sékou Touré, l’homme et son combat antcolonial, 1922-1958). 30 juin-7 juillet Sous la présidence de délégations ministérielles, les conseillers de circonscription élisent les autres membres de leurs conseils.
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JUILLET 1958
1er juillet Pour compter de cette date, la section guinéenne de l’IFAN devient un service autonome placé sous l’autorité directe du ministre de l’Enseignement du 1er et 2éme degrés. 2 juillet – Tenue, à Abidjan, de la conférence des ministres de Commerce :est décidée taxation, par les territoires côtiers, des produits destinés aux territoires de l’intérieur (enclavés). – Le Groupement des femmes catholiques est déclaré sous le n°442. 2-9 juillet La conférence de la jeunesse africaine du RDA se tient à Cotonou ; des cours de formation idéologique sont dispensés aux jeunes par des responsables du parti, dont Sékou Touré. 5 juillet Départ de Sékou Touré pour Cotonou où il doit participer à la conférence fédérale du RDA et dispenser des cours aux jeunes.
7 juillet Sur invitation de l’Association des journalistes d’Outremer, Masson, secrétaire général de la Mission d’Aménagement de la Guinée, fait un exposé, à Paris, sur l’industrialisation de la Guinée. 14 juillet Mme Minata Konè, chef de village élue de Koniany (Beyla), représente les femmes guinéennes au sein de la délégation territoriale aux cérémonies du 14 juillet à Paris. 15 juillet – Sékou Touré, vice-président du Conseil de gouvernement, arrive à Paris pour assister à la réunion des chefs de gouvernement avec de Gaulle. – Installation solennelle du Conseil de circonscription de Kankan dirigé par un bureau composé de Lansana Dianè, président, Raphaël Camara, Vice-président, Kabinè Kaba, Mamadou Oularé, Secrétaires. 16 juillet – Pierre Messmer est nommé Haut Commissaire de l’AOF ; il ne quittera définitivement Dakar que le 22 décembre 1959. – Le décret n°58-599 crée le Comité Consultatif Constitutionnel chargé de rédiger la constitution de la Communauté ; il comprend 39 membres dont seulement quatre, tous députés, de l’Afrique Noire : alors que le PRA est représenté par Lamine Guèye et Léopold Sédar Senghor (Sénégal), le RDA n’a désigné que Gabriel Lisette (Tchad) ; le quatrième étant Philibert Tsiranana (Madacasgar) ; sur insistance d’Houphouët-Boigny, Sékou Touré ne fut pas retenu en raison de ses prises de position en faveur du droit à l’indépendance des colonies et de l’institution des Exécu72
tifs fédéraux au niveau de Dakar (AOF) et de Brazzaville (AEF). 16-17 juillet Le Comité d’Aménagement régional de la Guinée se réunit dans la salle des délibérations du Conseil de gouvernement. L’Assemblée territoriale et le Conseil de Gouvernement y sont représentés par une délégation composée de trois ministres : Ismaël Touré, Alioune Dramé et Jean-Eugène Mignard. 20-24 juillet L’Union générale des étudiants et élèves de Guinée (l’UGEEG) tient son 4eme congrès à la Maison de la jeunesse et de la culture à Conakry et le clôture par un meeting au cinéma Vox. La lutte pour l’indépendance totale de 1’Afrique est, entre autres décisions, l’objet de résolution et de motions. A propos des incidents de mai 1958, il est reconnu que « les responsables du PRA se sont placés dans l’illégalité en créant une atmosphère malsaine », mais le congrès stigmatise aussi l’attitude du conseil de gouvernement qui aurait pu utiliser, selon lui, l’armée et la police pour prévenir lesdits incidents. 22 juillet – Départ des délégués de l’UPG au congrès du PRA à Cotonou via Abidjan : du BAG Diawadou Barry, député ; Karim Bangoura, conseiller de l’Union française ; de la DSG Ibrahima Barry III, conseiller territorial ; Tibou Diop, instituteur, conseiller communal à Mamou, et Ibrahima Touré, de Labé. – L’Association de la Classe Moyenne est déclarée sous le n°446.
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23 et 28 juillet Signature de l’ensemble des contrats relatifs au financement du programme industriel en cours de réalisation en Guinée par la Compagnie Fria. 24 juillet – L’Assemblée Territoriale se réunit en session extraordinaire pour délibérer sur la répartition des crédits de la section territoriale du FIDES. – Antoine Laurence, membre guinéen, présente, au Conseil économique à Paris, un rapport sur les grands ensembles industriels de l’Afrique noire et leurs impacts sur les plans économique et social. – Sékou Touré rend compte à la radio-Conakry, de son séjour à Paris. Il conclut que le PDG-RDA voterait contre la Constitution si elle ne reflète pas les préoccupations guinéennes : droit à l’indépendance et l’octroi de l’autonomie interne totale aux colonies. 25 juillet – Sékou Touré lance un avertissement solennel au comité consultatif constitutionnel : « Tout projet de constitution qui ne reconnaîtra pas aux peuples d’Outre-mer le droit à l’indépendance fera de notre part l’objet d’un rejet unanime et ferme ». 25-27 juillet Le congrès constitutif du Parti du regroupement africain (PRA) se tient à Cotonou (Dahomey). Les 350 délégués des 12 territoires réunis à l’Unifrica, centre culturel, élisent Bakary Djibo, secrétaire général du nouveau parti et vote à l’unanimité la résolution portant en particulier sur l’indépendance immédiate, la création d’une communauté africaine solide et progressiste, la libre et égalitaire coopéra74
tion politique avec toute autre communauté ; propose la négociation avec la France d’une confédération multinationale des peuples libres et égaux. La position minoritaire du PRA en Guinée fut une réalité constatée par tous les délégués des autres pays colonisés ; d’où cette réflexion de Jules Dugué « en Guinée, le PRA a fort à faire avec Sékou Touré en face delui » (Vers les Etat’Unis d’afrique,1960) ; mieux selon Léopold Sédar Senghor, « les sections de PRA de Guinée, de Haute-Volta et du Gabon ont, dans la discussion générale du rapport, combattu l’idée d’indépendance immédiate » (In : Perspectives africaines. Synthèses politiques et économiques, n°1, 1er septembre 1958, p.7). 26 juillet – Une ordonnance du gouvernement français amende la Loi-cadre du 23 juin 1956 sur une disposition essentielle : les vice-présidents du conseil de gouvernement de l’AOF et de l’AEF prennent le titre de présidents du conseil de gouvernement, tandis que les gouverneurs deviennent commissaires de la République. – Un décret désigne les 13 personnalités africaines du sous-groupe outre-mer du comité constitutionnel chargé de rédiger la nouvelle constitution. Sékou Touré en est exclu à la demande d’Houphouët- Boigny ; cela permet au leader guinéen de mieux défendre désormais son point de vue, n’étant plus soumis à une discipline du parti. 27 juillet – Réconciliation, après explication sur les causes de leur différend, d’Oumar Deen Camara et Diéli Bakar Kouyatè, tous deux responsables du syndicat du chemin de fer de Guinée. Ceci, à l’issue d’une réunion du Bureau politique du PDG-RDA, tenue à l’Assemblée territoriale.
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– Cérémonie du transfert du titre de président du Conseil à Sékou Touré par le gouverneur du territoire qui devient commissaire de la République. 28 juillet – Le syndicat des cheminots africains tient une assemblée générale dans l’enceinte de la gare de Conakry sur convocation du Bureau politique du PDG-RDA afin de rétablir l’harmonie au sein des travailleurs du CFCN. Oumar Deen Camara et Diéli Bakar Kouyatè confirment leur réconciliation et s’engagent à repartir sur de nouvelles bases. – Le conseil des ministres français adopte l’avant-projet de constitution de la Ve République. – Sékou Touré présente le bilan général du Conseil de gouvernement dans les domaines administratif, économique, social au cours de la session extraordinaire de l’Assemblée Territoriale qui lui renouvelle sa confiance. 29 juillet - 14 août Le comité consultatif constitutionnel de 39 membres tient, au Palais Royal, sous la Présidence de Paul Reynaud, sa première réunion avec, à l’ordre du jour, examen de l’avant-projet de constitution de la Ve République. Présidé par Houphouët-Boigny, le sous-groupe outre-mer dudit comité est composé notamment, désignés par leurs partis, de Léopold Sédar Senghor, Lamine Guèye, Gabriel Lisette et du malgache Philibert Tsiranana. 31 juillet – Oumar Deen Camara n’est pas réélu au sein du Bureau directeur du syndicat des cheminots africains de Guinée pour refus de s’amender.
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– Tenue d’une conférence à la Maison des Jeunes et de la culture par l’étudiant Ly Tidjane Baidy sur le thème : L’Afrique Noire d’avant l’impérialisme. 16 juillet 1958- 22 décembre 1959 Pierre Messmer, dernier Haut Commissaire de l’AOF
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AOUT 1958
1er août – Le Syndicat des communes de Guinée tient sa première réunion sous la présidence de son président, N’Famara Kéïta, Maire de Kindia ; il précise que l’objet du syndicat est d’assurer la défense des intérêts matériels et moraux des communes auprès de toutes les autorités (territoriales, fédérales et métropolitaines) et créer des liens de solidarité entre les communes. Lansana Béavogui, ministre des Affaires économiques et du Plan, y affirme l’appui du conseil de gouvernement, audit syndicat. – Réunion du Conseil d’Administration du Crédit de Guinée pour délibérer sur les 42 demandes de crédits intéressant tous les secteurs. Il s’agit de répartir 35.565.000 CFA. La société sollicite également un nouvel emprunt de 150. 000. 000 francs CFA auprès de la Caisse centrale de la France d’Outre-mer pour de nouvelles activités. 3 août Le comité de coordination du RDA se réunit à Paris : tous les secrétaires généraux des sections RDA sont présents et adoptent les thèses du président Houphouët-Boigny présentées par Ouezzin Coulibaly, secrétaire politique, et devenues les propositions à soumettre au général de Gaulle, malgré les réticences du PDG- RDA et de la Section soudanaise du RDA, en particulier.
4 août Bien qu’ayant interjeté appel de la décision du contentieux de l’AOF qui annulait leur élection en qualité de conseillers territoriaux suite aux incidents de Pita à l’occasion des élections du 31 mars 1957, l’Assemblée Territoriale décide d’appliquer les dispositions de l’article 76 de la loi du 5 août 1881 ; ce qui signifie que la circonscription de Pita n’est plus représentée à l’Assemblée Territoriale ; donc Ibrahima Barry III, Amadou Thiam et Thiemo Ousmane Bah n’ont plus droit d’y siéger. L’enjeu du référendum milita en leur faveur et la décision ne fut pas appliquée. 5 août Une délégation du RDA, dont Sékou Touré, par discipline, fut désigné porte-parole malgré la présence de Ouezzin Coulibaly, secrétaire politique du parti ; le secrétaire général du PDG-RDA plaide en faveur de l’autonomie complète des territoires, adjure le général de Gaulle de comprendre les exigences de l’opinion africaine, mais parle à peine de l’indépendance et pas du tout d’exécutif fédéral. 7 août Le président du conseil de gouvernement, Sékou Touré prend l’avion pour Conakry via Dakar où il compte s’entretenir avec ses amis syndicalistes de l’UGTAN. 8 août Sékou Touré attend, dans le studio qu’il occupe au premier étage de l’hôtel du Grand Conseil, le soir, le compte rendu de la session du Comité consultatif constitutionnel. Relayée sur les ondes de Radio-Dakar, station fédérale, la voix du général de Gaulle résonne dans la pénombre du studio devant un Sékou Touré silencieux et tendu. 80
Le général de Gaulle, qui s’est rendu, ce jour, au comité consultatif constitutionnel, va trancher dans le sens des thèses de Houphouët-Boigny : « Bien entendu, et je le comprends, on peut avoir en vie de la sécession. Elle impose des devoirs. Elle comporte des dangers. L’indépendance a ses charges. Le référendum vérifiera si l’idée de sécession l’emporte. Mais, on ne peut concevoir un territoire indépendant et une France qui continuerait de l’aider. Le gouvernement tirera les conséquences, économiques ou autres, que comporterait la manifestation d’une telle volonté. Une réponse affirmative au référendum sera, au contraire, un refus de la sécession…On dit « fédération » ou « confédération ». C’est là querelle de vocabulaires. Je dis, moi, « Fédération », et nous nous en tenons là…C’est moi, de Gaulle, qui vous convie à faire la Fédération sur des bases d’égalité. C’est le référendum qui tranchera ». 9 août Deux interviews, de Sékou Touré et de Bakary Djibo, diffusées par la radio fédérale de Dakar, expriment les mêmes réactions. Sékou Touré : « En entendant hier le général de Gaulle, franchement j’ai été choqué. Mon amour propre pour la dignité de l’Afrique a été choqué. On nous dit que nous pouvons prendre l’indépendance, mais que ce sera avec toutes les conséquences. Eh bien je réponds, moi, que ses conséquences ne sont pas seulement africaines. Elles peuvent aussi être française » ? Et Bakary Djibo : « S’il plait à la métropole de prendre l’initiative d’une rupture totale, c’est son affaire. Mais il ne faut pas déplacer les responsabilités devant l’histoire. Il ne faut pas oublier que le chantage à l’isolement et à l’étouffement ne peut plus émouvoir à l’heure des « spouniks » et des « Explorateurs »…Le général de Gaulle admet, au moins théoriquement, que nous puissions, par un 81
vote négatif, recouvrer notre indépendance. Nous n’aurions rien trouvé à redire si cette générosité n’avait pas été associée de menaces voilées, se référant à toutes les conséquences économiques ». 9-10 août Organisation, à Conakry, de la journée du Festival par le comité territorial dans le cadre de la préparation du 1er festival de la jeunesse d’Afrique à Bamako. 12 août – Cérémonies officielles de passation des pouvoirs et du titre du président du conseil de gouvernement entre Jean Mauberna et Sékou Touré. – Pierre Messmer, haut commissaire de l’AOF, venant de Bamako, arrive à Niamey. Bakary Djibo déclare que demander « la reconnaissance nationale… n’est nullement menacée d’hostilité à l’égard de la métropole ». 14 août – Fin des travaux du comité consultatif constitutionnel. – Louis Rollet, gouverneur du Niger, remplacé par DonJean Colombani, quitte le territoire pour ne pas être obligé d’agir contre Djibo Bakary. 17 août Des échauffourées éclaten à Dakar à l’occasion du pèlerinage à Thiaroye (Sénégal) organisé par le Parti africain de l’indépendance (PAI), avec la participation de Sékou Touré, pour « honorer la mémoire des soldats noirs massacrés en 1944 ». On enregistre beaucoup de blessés.
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18 août Une circulaire du Bureau politique du PDG-RDA annonce l’arrivée du général de Gaulle en Guinée le 25 août 1958. 19 août Mohamed Fall, inspecteur de Police, en service au commissariat spécial du chemin de fer, est nommé commissaire intérimaire de ce commissariat. 20 août – Les cadres dirigeants du PDG-RDA se réunissent à l’Assemblée territoriale pour préparer la réception du général de Gaulle : il est décidé de lui réserver un accueil exceptionnel et chaleureux ; de sévir conséquemment contre tout fauteur de trouble ou porteur de « pancarte subversive ». – Le gouvernement français prend l’Arrêté n°58-734 portant organisation du référendum du 28 septembre 1958 ; les électeurs auront à répondre par oui ou par non à la seule question : « Approuvez-vous la constitution ? ». – Don Jean Colombani, ancien gouverneur du Sénégal, est confirmé gouverneur du Niger ; il fera tricher en faveur du « oui ». 20-29 août Périple africain du général de Gaulle en faveur du « oui » : ● 20.21 Fort-Lamy (N’Djamena, Tchad) ● 22-23 Tananarive (Madagascar) ● 24 Brazzaville (Congo) ● 24-25 Abidjan (Côte d’Ivoire) ● 25-26 Conakry (Guinée) ● 26-28 Dakar (Sénégal) ● 28-29 Alger (Algérie). 83
21 août – Le Centre IFAN de Guinée devient service territorial autonome de recherche et de documentation placé sous la tutelle du ministère de l’Enseignement du 1er et du 2è degrés. – La sous-section PDG-RDA de la Banlieue convoque ses militants pour la préparation de la réception du général de Gaulle. 22 août – Le Conseil de gouvernement fixe le prix maximum du riz en vue d’enrayer les spéculations sur cette denrée de première nécessité. – Les discours de Sékou Touré, président du conseil de gouvernement, et de Saïfoulaye Diallo, président de l’Assemblée territoriale, préparés pour le 25 août, sont communiqués au gouverneur de la Guinée, Jean Mauberna, après adoption par le BPN du PDG-RDA. – Par note n°3910 P /CAB du 22 août 1958, le président du conseil de gouvernement, Sékou Touré, désigne les treize (13) chauffeurs pour conduire les 13 véhicules 203 mises à la disposition du gouverneur du territoire pour le séjour de la délégation du général de Gaulle en Guinée ; ils devront être en tenue et se présenter chez le gouverneur le 25 août à 10 heures précises. Ce sont : Présidence : ● Camara Mandiou ● Soumah Abdoulaye ● Kera Mamadi Garage administratif : ● Fofana Ousmane ● Oularé Abel Finances matériel : ● Koly Couyaré
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Matériel-présidence : ● Condé Ouo-Ouo Fonction publique : ● N’Diaye Badi Secrétariat-Présidence : ● Diop Seybatou Intérieur (information) : ● Sylla Ousmane Service du Plan : ● Sarre Lamine Finances : ● Dramé Amadou Centre de motoriste : ● Camara Amara 23 août – Le Haut Commissaire de l’AOF promulgue, en AOF, l’ordonnance n°58-734 du gouvernement français portant organisation du référendum du 28 septembre 1958. – Conférence d’information des responsables des comités de village et de quartier PDG-RDA tenue dans la salle du cinéma Matam, à Conakry :la préparation de la visite du général de Gaulle en Guinée fut le seul point inscrit à l’ordre du jour. « Les porteurs éventuels de pancartes hostiles » ont été mis en garde.Et selon un rapport de Police, « devant la ferme position du gouvernement de Guinée de ne tolérer aucune manifestation hostileau chef du gouvernement français, les organisations de l’opposition se troublés et semblent avoir pris peur »3. – Louis Rollet, gouverneur du Niger rappelé, offre un apéritif d’adieux ; Bakary Djibo et ses ministres expriment « leur regret et leur émotion de le voir partir ».
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Guinée française.Services de Police. Rapport n°1592/-631/C/PS2
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– Sékou Touré déclare au journaliste Robert Lambotte de L’Humanité (France) qu’en l’état actuel du projet de constitution, il est tenté de faire voter « non ». – Dans les dernières instructions reçues par le gouverneur Jean Mauberna et relatives au séjour du général de Gaulle à Conakry, il lui est annoncé que la voiture de Sékou Touré sera reléguée à la cinquième position ; connaissant la réalité politique guinéenne, le gouverneur exige que Sékou Touré soit, au contraire, dans la même voiture que le président du conseil de gouvernement au risque de faire échouer la visite ; il en sera tenu compte. 25 août – Don Jean Colombani, nouveau gouverneur du Niger, arrive à Niamey en remplacement de Rollet qui refuse de se prêter au truquage projeté, donc en ayant pour mission de faire voter « oui » : soutenir la section du RDA contre le SAWABA (Indépendance) de Bokary Djibo, avec utilisation des chefs et combattre Djibo Bakary qui avait opté pour le « non ». – « A Jean Mauriac, qui lui disait à Abidjan que la Communauté serait une œuvre millénaire, de Gaulle réplique : « Pensez-vous ! La Communauté, c’est la foutaise ! Ces peuples-là à peine entrés, n’auront qu’une idée : celle d’en partir. Mais que voulez-vous, il fallait la faire » (Jacques Thibie, Gilbert Meynier et Catherine CoquéryVidrovich). – Jean Mauberna répond au général de Gaulle, avant la rencontre à l’Assemblée : « La réponse sera celle que voudra Sékou Touré. Il n’y a ici qu’une force. Quelle que soit la décision du leader, elle entraînera une majorité de 95% ». – Le Président Sékou Touré accueillit le général de Gaulle, président du conseil français, à l’aéroport de Cona-
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kry. Les deux personnalités s’embarquèrent dans la même voiture. La réception populaire fut grandiose et chaleureuse. L’échange de discours eut lieu à l’Assemblée territoriale. Saïfoulaye Diallo : « Tout comme vous, nous avons foi en notre destin et confiance en notre avenir ». Sékou Touré : « Nous ne renoncerons pas et nous ne renoncerons jamais à notre droit légitime et naturel à l’indépendance…Nous préférons la pauvreté dans la liberté à l’opulence dans l’esclavage ». De Gaulle : « L’indépendance est à la disposition de la Guinée ; elle peut !a prendre en disant « Non ». La Métropole n’y fera pas d’obstacle. Elle en tirera, bien sûr, des conséquences ». Selon Pierre Messmer, le général de Gaulle lui aurait dit, le soir : « Nous n’avons plus rien à faire ici ; le 29 septembre 1958, la France s’en ira » (In. Les Blancs s’en vont, p.149). Philippe Déchartre, secrétaire général du RPF, soutient que « le choc de Gaulle-Sékou Touré avait été celui de deux personnalités exceptionnelles », de deux héros intransigeants de l’indépendance ». – Envoyés par Djibo Bakary à Conakry, Hamani Abdoulaye et Ousmane Dangaladima s’informent discrètement sur la position du PDG. 26 août – Départ du général de Gaulle de Conakry, sous la pluie, pour Dakar où il est reçu bruyamment. Pour éviter de prendre position, Léopold Sedar Senghor et Mamadou Dia, président du conseil de gouvernement, se retirent le premier en France, le second en Suisse ; le ministre de l’Intérieur, Valdiodio N’Diaye, reçoit le général de Gaulle ; des pancartes portent « indépendance immédiate ». Léopold Sedar Senghor dira plus tard qu’ils veulent l’indépendance, mais pas immédiatement… 87
– En vacances en France, Telli Diallo, secrétaire général du Grand Conseil de l’AOF, revient à Dakar pour assister à cette réception et repart aussitôt continuer ses vacances sur la Côte d’Azur. A-t-il voté le jour du référendum ? Personne ne le sait, même son épouse qui l’a affirmé, en septembre 2008, lors d’une de ces émissions « saugrenues », « incontextuelles » ou « hors sujet » qu’affectionne la Radio France-Internationale (RFI) sur la Guinée. Mais selon le Président de la Cour d’Assises de Paris, André Giresse, qui le rencontra à Paris, Telli fut dans l’embarras quand la Guinée décida de voter non. D’où son exclamation : « qu’est-ce que je vais devenir ? sanglotait-il sur le pont de la Concorde, à deux pas du Parlement. Je suis tout de même Français ».4 – Les conseillers territoriaux, les grands conseillers, les députés PDG-RDA, les ministres et directeurs de cabinet, les maires des communes, les présidents de conseil de circonscription, les représentants de l’UGTAN, des anciens combattants, de la jeunesse et des femmes PDG-RDA, les chefs de service, les chefs de circonscription administrative, les chefs de poste administratif membres du PDG-RDA, les conseillers de circonscription, les présidents des SMDR présents à Conakry, les secrétaires généraux des sous - sections du PDG-RDA. présents à Conakry, réunis à l’Assemblée territoriale, « approuvent sans réserve le fond, la forme et les termes des interventions faites le 25 août 1958 » par Saïfoulaye Diallo et Sékou Touré. – Sékou Touré arrive à Dakar pour la réunion de l’UGTAN. – Le général de Gaulle reçoit, à Dakar, en compagnie du gouverneur du Niger, Louis Rollet, une délégation nigérienne composées de Djibo Bakary, président du conseil de gouvernement, Georges Mahaman Condat, président de 4
André Giresse, Philippe Bernert. Seule la vérité blesse, l’honneur de déplaire. Paris, Plon, 1987, p.53.
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l’Assemblée territoriale, Maurice Camara, grand conseiller de l’AOF, Gaston Fourrier, sénateur, Albert Fremine, Ministre de l’Education. La conversation est très ambiguë : le leader nigérien souhaite que le droit à l’indépendance figure dans la constitution et affirme attendre la réunion du 14 septembre 1958 du Comité Directeur du PRA à Niamey pour une décision définitive ; le général a l’impression que Djibo Bakary finira par dire « oui ». 27 août – A Dakar, 1e comité directeur de l’UGTAN (Sékou Touré, Bakar Djibo, Alioune Cissé, Seydou Diallo, en particulier) et d’autres cadres publient un communiqué appelant à voter « oui » si la constitution reconnaît : ● Le droit à l’indépendance aux colonies. ● L’organisation de deux Etats souverains avec les actuelles AOF et AEF, et l’association de ces Etats avec l’Etat français, chacun ayant une personnalité, mais avec une défense, une monnaie et une diplomatie communes. – A Conakry, le Bureau politique du PDG-RDA décide de convoquer une conférence territoriale pour confirmer la position du parti pour le « non », contrairement à toutes les autres sections territoriales du RDA qui s’en sont tenues à la décision du comité de coordination, prise à Paris et entérinant toutes les thèses d’Houphouët-Boigny. – Selon le général Salan, à cette date « à 15 h », le général de Gaulle lui a dit : « Salan, ce qui s’est passé à Conakry [le 25 août] est insensé… Je ne concevais pas que pareille haine à l’égard de la France et de moi-même » ; une vielle femme aurait même craché sur sa voiture. « Puisqu’ils veulent l’indépendance, qu’ils la prennent, mais ils n’auront plus un sou » (IIe tome de ses Mémoires).
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27-28 août Entretien, la nuit à Dakar, entre Bernard Cornut-Gentille et Sékou Touré pour amener celui-ci à revenir sur sa décision de voter « non », mais en vain. 28 août – Du retour de Dakar, Djibo Bakary, président du Conseil de gouvernement du Niger, rencontre le gouverneur du Territoire pour préciser sa position au cas où le général de Gaulle confirmerait qu’il n’est pas contre l’indépendance des colonies. – Communiqué de l’UGTAN publié à Dakar. Teneur de ce communiqué, approuvée par les syndicalistes Djibo Bakary et Abdoulaye Diallo : le « oui » à un projet constitutionnel admettant l’indépendance, les exécutifs fédéraux, et la possibilité d’une association ultérieure avec la France ». – Sékou Touré, qui vient de regagner Conakry, réunit au cinéma Vox les représentants des milieux d’affaires européens pour leur expliquer le choix de la Guinée : parce que le projet de constitution ne lui agrée pas, la Guinée votera « non ». Mais ce vote négatif ne devrait pas signifier la sécession. La Guinée souhaite rester associée à la France, sur d’autres bases. 29 août – Un important meeting se tient au cinéma Vox à Conakry. Sékou Touré déclare : « Nous ne cherchons pas à plaire à qui que ce soit ; nous ne tendons qu’à affirmer ce que toute l’Afrique consciente pense, et le langage qui a été tenu au général de Gaulle est le langage de l’Afrique réelle », – Sékou Touré remet un communiqué à la presse dans lequel il affirme que « si le gouvernement français dit non aux aspirations légitimes de l’Afrique, c’est-à-dire que si son projet de constitution ne tient pas compte des proposi90
tions africaines, le peuple guinéen prendra, le 28 septembre prochain, son indépendance et demandera, par des accords contractuels, à traiter avec la France ». 29-30 août Tenue, à Niamey (Niger) du congrès constitutif du SAWABA (indépendance) ; il est décidé que le vote du parti dépendra du texte final de la Constitution qui doit, en particulier, contenir le droit à l’indépendance des colonies et exprimer la possibilité de s’associer en états groupés. 30 août Par décision n°4112/FP, le ministre de la Fonction publique accorde une autorisation d’absence (du 31 août au 17 septembre 1958), avec solde entière de présence, à 47 fonctionnaires de 9 départements ministériels et de 8 circonscriptions administratives pour participer au Premier festival de la Jeunesse d’Afrique à Bamako. – Le Comité Directeur de l’UPG (PRA-Guinée) tient une réunion ordinaire où deux positions se cristallisent aussitôt : le clan Diawadou Barry, plus réaliste, propose de se rallier à la position du PDG-RDA pour dire « non » ; le clan de Koumandian Kéïta recommande aussi de voter « non », mais, au seul nom du PRA-Guinée. Informé, le gouverneur décide de contacter les autorités de Paris pour les informer de ctte divergence au sein du PRA-Guinée. 31 août D’où ce télégrammeque envoyé au ministre de la Francd’Outre –Mer : « Par ailleurs, primo : Il m’est signalé que Barry Diawadou aurait demandé Sékou entrevue en vue collaboration (et) donc vraisemblablement avec ralliement aux positions de celui-ci » face à l’intransigeance du clan Koumandian keita tenant à manifester isolement son option pour le non. 91
SEPTEMBRE 1958
1er septembre Sékou Touré, président du Conseil de gouvernement, se rend à la Chambre de commerce de Conakry. Accueilli par Auguste Pouech, président de ladite chambre, il tente de rassurer les hommes d’affaires français. 3 septembre La réunion du Comité de Coordination du RDA, qui devait se tenir à Ouagadougou le 4 septembre et à laquelle devait se rendre Sékou Touré a été annulée in extremis, en raison de la maladie de Ouezzin Coulibaly qui vient d’être hospitalisé à Saint-Antoine, à Paris. Seuls les membres du Bureau de coordination sont convoqués dans la capitale française au chevet du malade. Puisque la rencontre n’a pas lieu à l’endroit prévu, en terre africaine, mais à Paris, sous le regard des milieux métropolitains, Sékou Touré n’y participe pas. Il envoie, en observateurs, deux de ses ministres, Roger Najib Accar (Santé) et Bangaly Camara (Enseignement). Dans la soirée, les membres du bureau du Comité se réunissent au domicile d’Houphouët-Boigny, avenue MacMahon. La plupart des membres du Comité de coordination estiment que le projet constitutionnel satisfait aux recommandations du mouvement. Dans ses conditions la réunion d’un comité de coordination n’est plus urgente.
La réunion restreinte qui se tient donc à Paris confirme l’option pour le « oui » lors du prochain référendum. 3-10 septembre Henri Foulah, instituteur, délégué par le syndicat du personnel enseignant de Guinée, est chargé d’établir la première liaison entre les enseignants guinéens et ceux de la Sierra Leone. 4 septembre Mise en place d’une commission chargée d’établir, sur la base d’une demande, la liste des partis et groupements autorisés à participer à la propagande en vue du référendum du 28 septembre : Président : ● Ramin, Président du Tribunal Membres : ● Dessertine, Vice-président ● Frasez, Administrateur de la FOM 5 septembre Le gouvernement français confirme le texte définitif de la constitution de la Ve République sans tenir compte des revendications du PDG-RDA et des sections progressistes du RDA. Celles-ci ne pouvaient plus recommander le « oui ». 6 septembre – Sont autorisés à participer à la propagande en vue du référendum du 28 septembre : ● L’Union des populations de Guinée (UPG - PRA), ● L’Association nationale pour le Soutien de l’Action du général de Gaulle, ● Le Parti démocratique de Guinée (PDG - RDA). 94
Ils utiliseront les antennes de la Radio du 8 au 25 septembre 1958 dans l’ordre ci-dessus, en raison d’un parti ou groupement par jour pendant 10 minutes (20 h30 à 20h40) du lundi au samedi et (20h 45 à 20h 55) les dimanches. – Mamadou Dia, président du conseil de gouvernement du Sénégal et l’un des dirigeants du PRA, arrive à Conakry, venant de Dakar. Raison : conseiller Sékou Touré de voter « oui » et prendre part au congrès de l’UPG-PRA. Devant le refus du leader guinéen, qui l’informe de la tenue de la conférence du 14 septembre 1958 pour confirmation de la décision, il finit par insister auprès des dirigeants de la section guinéenne du PRA de se conformer à la position du PDG qui optera pour le « non », le 28 septembre 1958. – Est rendue exécutoire la délibération n°31 - 58 du 4 août 1958 de l’Assemblée territoriale fixant à 17 ans et, avec consentement de l’intéressée, l’âge de mariage de la jeune fille ; des peines sont prévues pour tout contrevenant. – Gaston Boyer, ancien commandant de Gaoual (1953juillet 1958), que fit venir le gouverneur Mauberna de son congé et nommer conseiller technique du cabinet de Sékou Touré, président du Conseil du gouvernement, prend service : il devait en fait le surveiller et le persuader de revenir sur sa décision de voter « non ». 6-7 septembre Sur conseils de Mamadou Dia, qui venait de s’entretenir avec Sékou Touré, le PRA-Guinée (BAG et DSG), à l’issue d’une réunion tenue à Mamou, décide de se conformer à la position du PDG-RDA pour le « non » ; le président du Conseil de gouvernement du Sénégal n’avait pas réussi à fléchir la position de Sékou Touré. 7 septembre Décès, à l’hôpital Saint Antoine, à Paris, de Ouezzin Coulibaly, président du conseil de gouvernement de Haute95
Volta et membre très influent du comité de coordination du RDA au sein duquel il assumait le poste de secrétaire politique. Il maintenait l’unité du RDA interterritorial et entretenait de bonne relation avec Sékou Touré. 6-12 septembre 1958 1er festival de la Jeunesse d’Afrique à Bamako. 8 septembre Yves Person, administrateur de la FOM, est nommé chef de la circonscription administrative de Beyla ; il soutiendra une thèse de Doctorat et publiera trois tomes sur l’Almamy Samory Touré en 1968 et 1975. 10-11 septembre La conférence des cadres de l’UGTAN, tenue à Bamako, opte pour le « non » au référendum du 28 septembre 1958, les recommandations du syndicat n’ayant pas été prises en considération dans la constitution. 12 septembre – Sékou Touré déclare de Bamako. « II est donc clair désormais que la Guinée se prononcera contre le projet de constitution. Nous précisons que la sécession ne sera pas le fait de notre volonté ». – Le conseil de la jeunesse d’Afrique, réuni à Bamako, appelle tous les jeunes à voter «non ». – Cérémonie officielle d’Ouezzin Coulibaly à Abidjan. 13 septembre – Les autorités françaises précisent que l’AOF compte l0 millions d’électeurs sur 19 millions inscrits sur la liste des électeurs en vue du référendum du 28 septembre 1958 ; la Guinée compte 1 392 500 électeurs inscrits. 96
– Gaye Kéïta est nommé inspecteur adjoint de la Garde territoriale. – Ruben Um Nyobé, secrétaire général de l’UPC, est tué au Cameroun. 13-15 septembre Journée du machinisme agricole à Bambey (Sénégal) : participation de la chambre d’Agriculture et d’Industrie de la Guinée représentée par Claude Haulle, vice président, et Roland Bergier, secrétaire adjoint. 14 septembre – La conférence territoriale des cadres du PDG-RDA se tient à Conakry pour officialiser la position du parti. Elle est exclusivement composée de délégués de ce parti, aucune autre formation (BAG, DSG) n’y a été invitée, à plus forte raison participé à ses travaux. Une délégation du Bureau du comité de coordination du RDA, composée de Gabriel Lisette, Jean Marie Koné et Doudou Guèye, arrive à Conakry pour demander à Sékou Touré de voter « oui ». Elle assiste à la conférence au cours de laquelle la décision est prise de rejeter, à 1’unanimité, le projet de constitution proposé par le général de Gaulle. – Le comité directeur du PRA se réunit à Niamey (Niger). Les sections du Sénégal, du Soudan (actuel Mali), du Dahomey (actuel Bénin) optent pour le oui ; celle du Niger, pour le « non » ; il laisse, finalement, à chaque section territoriale, la liberté de voter et « la faculté de revenir, au besoin, sur les propositions déjà prises » à Cotonou, c’està-dire sur l’« indépendance immédiate » La section nigérienne tiendra compte de la situation qui prévaut à Conakry, l’option pour le « non » devenant de plus en plus probable. – Mamadi Kourouma, ancien grand conseiller de l’AOF, est autorisé à exercer la profession d’agent d’affaires à Kissidougou. 97
– Toutes les interventions de Sékou Touré, à partir de cette date, se terminent désormais par le slogan : « vive la Guinée indépendante ! Vive la France ! ». 15 septembre La délégation du PDG-RDA composée de Saïfoulaye Diallo, Ismaël Touré et Moussa Diakité, arrive à BoboDioulasso (Haute-Volta) pour assister aux obsèques officielles d’Ouezzin Coulibaly. Elle rencontre d’énormes difficultés de logement à cause de la prise de position du 25 Août 1958, mais surtout à cause du fait que Sékou Touré n’a assisté ni à la cérémonie funèbre, ni aux obsèques officielles d’Ouezzin Coulibaly. Heureusement que Saïfoulaye Diallo y étant connu pour y avoir séjourné comme fonctionnaire de 1949 à 1952 , la délégation finit par trouver un logement. 16 septembre – Les Dahoméens de Guinée décident de se conformer à la décision du PDG-RDA en votant « non » lors du référendum du 28 septembre 1958. – Sékou Touré proteste, par télégramme adressé au gouverneur du Territoire, Jean Mauberna, contre les agissements négatifs en Guinée de Louis Delmas, conseiller de l’Union française, du Rassemblement du peuple français (RPF, parti gaulliste). – Tiani Camara, commis expéditionnaire principal, adjoint au chef de circonscription de Forécariah, est nommé Président du Tribunal du 2° degré de Forécariah. – Le gouverneur Don-Jean Colombani reçoit Djibo Bakary pour connaître les raisons de son « non » ; celui-ci évoque son attachement à l’exécutif fédéral ; reproche au projet de constitution de ne pas comporter le droit à l’indépendance ; le refus du chantage proféré par les autori-
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tés françaises contre les colonies qui opteraient pour le « non ». 16-17 septembre (nuit) Diawadou Barry, Ibrahima Barry III, Abdoulaye Diallo (l’Huissier) et Alioune Badra Kane, de PRA-Guiné (UPG), rencontrent Sékou Touré pour annoncer le ralliement de l’UPG à la position prise par le PDG-RDA de voter « non ». Le secrétaire général du parti convoque Saïfoulaye Diallo, du BPN, et Damantang Camara, ministre de la Fonction publique. L’UPG veut éviter tout suicide politique, éviter d’être écartée du pouv1oir comme ce fut le cas lors de la semi-autonomie (9 mai 957-2 octobre 1958) qui permit au PDG de supprimer aisément la chefferie de canton. 17 septembre – Réunis à l’Hôtel de ville (Mairie) de Conakry, les délégués du PDG et de l’U.P.G. signent un protocole d’accord en vue d’une campagne commune pour le « Non » avec répartition des tâches : l’UPG qui sollicita et obtint le concours financier et matériel du PDG-RDA pour participer à la campagne pour le « non » ; elle sera envoyée en Moyenne Guinée où elle avait mené une farouche campagne de dénigrement contre le conseil de gouvernement et le PDG-RDA5 : un véhicule à Labé, un véhicule à Dalaba, de l’essence pour le véhicule de Ibrahima Barry III, de l’essence pour le véhicule de Barry Diawadou furent donnés par le PDG. – Le Comité directeur du PRA-Guinée, au sortir de l’Hôtel de ville, publie un communiqué appelant ses « militants et militantes à faire résolument campagne contre le 5
In :Sidiki Kobélé Keita. Ahmed Sékou Touré,l’homme et son combat anticolonial, Conakry, Annexe11. pp.353-354
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projet de constitution et à voter « Non » le 28 septembre 1958 » parce que « le projet de constitution publié le 4 septembre ne tient pas compte de l’option définie à Cotonou et reprise à Mamou ». Il appelle au calme et à la vigilance et leur demande de ne pas répondre à une provocation. – Habibou Thiam, commis expéditionnaire ordinaire, est nommé Président du Tribunal du 1° degré de la circonscription de Dinguiraye siégeant en matière civile et commerciale. – A partir de cette date, le président du Conseil de gouvernement envoie des télégrammes à de nombreux cadres guinéens pour qu’ils rentrent se mettre à la disposition de la Guinée bientôt indépendante. – Les Membres du Comité consultatif de la Fonction publique sont désignés : 1ers Membres titulaires : a) Pour l’Administration : ● Président : le ministre de la Fonction publique ● Membres : le ministre des Finances ● Le ministre des Travaux publics ● Le ministre du Travail ● Le ministre de la Santé publique et de la Population ● Le ministre de l’Enseignement des 1er et 2è degrés ● Le ministre de la production b/ Pour les organisations syndicales (UGTAN) : Membres : ● Mamadi Kaba ● Ansoumane Oularé ● Ignace Deen ● N’FaTouré ● Lamine N’Diaye ● Abasse Barry ● Tibou Tounkara
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2è Membres suppléants appelés à y siéger a/ Pour l’Administration : ● Boubacar Barry, directeur de Cabinet du ministère de la Fonction Publique ● Kanfory Bangoura, directeur de Cabinet du ministère du Travail ● N’Ki Traoré, directeur de Cabinet du ministère de la Santé publique et de la Population ● Amadou Sow, directeur de Cabinet du ministère de la Production ● Amesata Sarr, directeur de Cabinet du ministère de l’Enseignement ● Thomas, sous-directeur des Finances ● Charles Gabriel Camara, directeur de Cabinet du ministère des Travaux publics b/ Pour les organisations syndicales (UGTAN) : ● Dinn oumar Camara, ● Sidi Mohamed Touré ● Mory Diabatè ● Lancinè Sylla ● Kémoko Koulibaly ● Sory Barry ● Diéli Bacar Kouyatè 17-20 septembre – Tenue, à Dakar, de la 9è session du Comité de coordination des recherches techniques et scientifiques concernant les productions végétales et animales en AOF ; ce comité a été créé par Arrêté n°3392/AE.PHY du 23 avril 1958 et regroupe les délégués du Conseil supérieur de la recherche scientifique Outre-mer, les ministres de l’agriculture de l’AOF, les grands conseillers, le directeur de l’ORSTOM, les responsables de la chambre de commerce et des producteurs, les directeurs d’instituts et centres de recherche, la faculté des Sciences universitaires de l’AOF, les chefs des 101
services intéressés du groupe et des territoires. Une délégation guinéenne y participe activement. Tous les aspects des problèmes sont examinés. Trente voeux sont adoptés. Un projet d’arrêté créant un prix annuel de la Recherche est également adopté. – L’UPG (BAG et DSG) se saborde au profit du PDGRDA ; l’adhésion de ses membres à ce parti devra être individuel et non collectif ; le PDG-RDA devient un parti unique de fait, – La communauté sénégalaise de Guinée opte également pour le « non ». 18 septembre Le second télégramme du gouverneur du Territoire, cette fois au minstre de la France d’Outre- mer est ainsi libellé : « Hier soir 16 septembre 21 heures délégation PRA comprenant député Barry Diawadou, Barry 3, Diallo Abdoulaye et Kane ont été reçus par Sékou Touré chez lui. Stop. Cette réunion où Sékou a convoqué Saïfoulaye Diallo, président Assemblée territoriale et Damantang Camara, ministre Fonction publique a eu pour objet examen proposition PRA mener avec RDA campagne Référendum. Stop. Décision doit être prise ce jour en comité RDA ». 19 septembre – Le FLNA forme, à Tunis, le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) sous la présidence de Ferhat Abbas. Le PDG-RDA salue chaleureusement l’événement dans un communiqué officiel largement diffusé. – Un arrêté du gouverneur du Niger retire provisoirement, au conseil de gouvernement, les véhicules administratifs, le carburant, l’utilisation des fonds et s’en sert pour faire la campagne pour le « oui » ; il donne instructions à l’armée et à la gendarmerie d’appliquer les décisions de
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saisie des véhicules. La protestation de Djibo Bakary n’y change rien. 20 septembre – A la demande du Président de la Chambre de Commerce de Guinée dont les membres sont quelque peu inquiets, Sékou Touré tient une conférence de presse à l’Assemblée Territoriale, dans l’après midi. Après avoir répondu aux questions du président de la Chambre de Commerce, il est formel : « les jeux… sont faits ; le résultat est connu ». – Une compagnie de parachutistes et un peloton d’escadron de reconnaissance du 7ème RPC envoyé de Dakar sont mis en place à Conakry par les autorités françaises pour réprimer d’éventuelles émeutes, à l’occasion du prochain référendum. – Dans une circulaire à tous les chefs de service d’Etat, le gouverneur Jean Mauberna interdit de prendre tout contact avec les nouvelles autorités guinéennes à partir du 29 septembre 1958. – Sékou Touré déclare au cours d’une conférence publique organisée par le Service de l’Information, la Radio Conakry et la chambre de commerce de Conakry : « Notre volonté d’indépendance ne doit pas être interprétée comme une volonté de rupture avec la France... Nous désirons demeurer dans la zone franc,...Si toutefois notre maintien dans la zone franc se révélait, malgré nous, impossible, nous serions amenés à demander notre admission dans une autre zone monétaire ». – Gabriel d’Arboussier, grand conseiller du Niger et président du Grand Conseil de l’AOF à Dakar, arrive à Niamey pour faire la campagne pour le « oui ».
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21 septembre – Réunis en assemblée générale extraordinaire à Paris, les étudiants, intellectuels et travailleurs guinéens adoptent un « Appel aux Guinéens » dans lequel ils saluent la décision prise, le 14 septembre, par le PDG de voter « Non ». – Il est lu, dans toutes les paroisses de l’archidiocèse, un communiqué de Mgr de Milleville, archevêque de Conakry, demandant aux catholiques, « de prendre leur responsabilité et d’agir selon leur conscience ». Donc aucune consigne de vote pour l’indépendance, l’Eglise ayant en fait opté plutôt pour l’autonomie des colonies dans un ensemble français où elle pourrait continuer à profiter des avantages coloniaux. – Le Gouverneur général de l’AOF adresse un télégramme de confirmation au ministre de la France d’Outremer : « Par suite ralliement section territoriale PRA à position Sékou Touré réponse négative au référendum parait désormais certaine en Guinée… »6. 22 septembre – Le Haut commissaire de l’AOF informe les autorités parisiennes, par télégramme officiel, du « ralliement section territoriale PRA à Sékou Touré », donc impossibilité d’utiliser l’opposition contre la décision prise par la conférence du 14 septembre 1958 par les sections du PDG-RDA de recommander le vote « non » à la poursuite de la colonisation au risque d’un suicide politique pour les intéresssés. – Publication de la liste des bureaux de vote par circonscription et commune en vue du référendum du 28 septembre. – Constitution de la commission de recensement des résultats du référendum, ainsi composée :
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Aix-En-Provence (France).Centre d’Archives d’Outre-Mer, cart.21 99 dos.3 ?Situation en Guinée, 21 septembre 1958, n°3.100/BCS :AOF(2).
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Président : ● Ramin, Président du Tribunal de Conakry Membres : ● Dumont, magistrat ● Dessertine, " ● Représentants des partis et du groupement ayant participé à la propagande en vue du Référendum. 23 septembre – Mamadou Barry, adjoint au chef de circonscription de Faranah, est nommé Président du Tribunal du 1er degré de Faranah siégeant en matière civile et commerciale. – Le journal La Guinée matin rapporte que le général de Gaulle s’est longuement entretenu, le 18 septembre, avec Bernard Cornut-Gentile, ministre de la France d’Outre-mer, Pierre Messmer, haut-commissaire de l’AOF, sur la décision prise par la Guinée de voter « non », en sachant que des conséquences seront prises et contre appliquées contre elle. – Selon le même journal citant une source officielle française, la situation des 439 élèves et étudiants d’origine guinéenne, se présente comme suit, pour 1’année scolaire 1958-1959 : Détail Guinéens 402 Européens et assimilés 37 Type d’enseignement Boursiers Non boursiers Enseignement supérieur 98 24 Enseignement secondaire 68 97 Enseignement tech. stages prof. 107 45 Spécialités dans l’enseigne. Sup. Droit 38 Lettres 10 Sciences 17 Gdes écoles 12 Cours prép. grdes écoles 9 105
Selon le même le journal, ces chiffres de la priode de la semi-autonomie gérée par le PDG-RDA (1957-1958) accusent une augmentation de 30% par rapport à ceux de 19551956. – Le PDG-RDA-RDA met en garde contre un communiqué qui circule, et toutes autres publications contre les tracts appelant à voter « oui » ; les citoyens sont appelés à les brûler ou les enterrer. 24 septembre – De retour de son congé administratif, Georges Brouin, administrateur en chef de classe exceptionnelle de la France d’Outre mer, précédemment chef de circonscription de Labé, est affecté au cabinet du chef du Territoire, avant d’être mis à la disposition du Président du Conseil comme conseiller technique et de remplacer Risterucci ultérieurement. – Framoï Bérété, ancien conseiller territorial de Siguiri et ancien président de l’Assemblée territoriale, membre fondateur du BAG, mais qui avait fini par se retirer de la vie politique, affirme que « voter non est un devoir impérieux pour chaque guinéen ». – Sékou Touré, Saïfoulaye Diallo et Damantang Camara arrivent chez le gouverneur Jean Mauberna et lui exprime le souhait de la Guinée de négocier l’application de l’article 88 de la Constitution qui stipule : « La République ou la Communauté peut conclure des accords avec les Etats qui désirent s’associer à elle pour développer leur civilisation ». 25 septembre – Inquiètes, les sociétés constitutives de la compagnie de bauxite de Fria se réunissent pour étudier la situation en Guinée. Elles décident finalement de faire confiance au nouvel Etat.
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– Dans une lettre au chef des Services de Police, le Permanent du PDG-RDA, Daouda Camara, proteste, au nom du Parti, contre les actes de provocation des parachutistes français à Conakry. – De Gaulle s’entretient avec Cornut-Gentille, ministre de la France d’Outre-mer et Pierre Messmer, Haut Commissaire de l’AOF sur la Guinée ; il demande aux intéressés de l’informer régulièrement sur tout ce qui se passera en Guinée avant le 28 septembre 1958. – Le gouverneur du Niger interdit toute réunion politique à Niamey, qui s’apprêtait à abriter la réunion de l’UGTAN : Abdoulaye Diallo, représentant la section de Bamako, et Saïfoulaye Diallo celle de Guinée, tous pour le « non », s’entretiennent quand même avec Djibo Bakary. 25-29 septembre L’Aviso Paul Coffeny, se rendant à Douala, est retenu par les autorités françaises à Conakry, qui espéraient une guerre civile, prétexte pour une intervention militaire permettant un truquage des résultats du référendum ; le Haut Commissaire de l’AOF, Pierre Messmer, fait embarquer 40 caisses contenant des milliards de francs CFA convoyées par un commando de parachutistes sur Dakar. 26 septembre – Jean Mauberna, gouverneur du Territoire, soupçonné déjà de faiblesse envers Sékou Touré, ayant envoyé le message de la délégation guinéenne transmis le 24 septembre, est rappelé et remplacé provisoirement par Georges Brouin. – Sont provisoirement nommés adjoints aux chefs de circonscription par le conseil de gouvernement guinéen :
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Yaya Niaré, secret, d’admin. Charles-Gabriel Camara Amadou Landos Barry Mamadi Dougouno Paul Faber Makan Kamissoko Ibrahima Paye Ali Camara Missa Kourouma Sory Condé El Hadj Abdoulaye Touré Mamadou Guissé
Boké Guéckédou Kissidougou Kissidougou Beyla Dinguiraye Boffa Youkounkoun Youkounkoun Kankan Siguiri Siguiri
16-28 septembre La situation du Niger se complique et le système de truquage se met en place contre le SAWABA (indépendance) de Djibo Bakary qui a décidé de voter « non »: démission des deux ministres français du conseil de gouvernement nigérien, Fremine et Vidal, sous l’action du gouverneur du Territoire ; Hamani Seydou Djermakoye, président de l’association des chefs de canton du Niger, appelle à voter « oui » ; la section RDA, le PPN-RDA, reçoit d’importants moyens financiers et matériels du président du RDA, Houphouët-Boigny, pour faire la campagne pour le « oui » ; le gouverneur du territoire et le général Manierie du détachement armé parcourent le Niger pour le « oui » en menaçant les récalcitrants.
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27 septembre La représentativité des partis politiques guinéens à la veille de la conférence territoriale du PDG Elections législatives (voix et sièges) 27 juin 1954 (partielle)
Candidat
17 juin 1951
Yacine Diallo avec Albert Liurette
Elus avec 67.480 voix
Mamba Sano
Elu avec 47.352 voix
Sékou Touré et Diallo Saïfoulaye
Non élu avec 32.081 voix
Non élu avec 85.808 voix
Diawadou Barry
Non élu avec 20.423 voix
Elu avec 145.497 voix Non élu avec 7.995
Ibrahima Barry III
2 janvier 1956
Les deux élus avec 346.716 voix Elu avec 164.543 voix Non élu avec 55.385
Elections à l’Assemblée Territoriale (voix et sièges) Partis PDG Autres (DSG)
30 mars 1952 Sékou Touré élu le 2 août 1953 à Beyla (1/50 sièges) 49/50 sièges
31 mars 1957 56/60 sièges +1 rallié=57 03/60 sièges
Elections des grands conseillers de l’AOF par l’Assemblée Territoriale Partis PDG UPG (BAG et DSG)
Jusqu’en 1957 0 5
15 mai 1957 sur 5 sièges 5 0
Elections Municipales (1er et 18 Novembre 1956) Partis PDG BAG DSG
Conseillers sur 327 sièges 243 84
Maires Adjoints Maires de Plein de Moyen exerExercice sur 5 cice sur 9 5 7 0 2 0
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Elections aux conseils de village (février-avril 1958) Partis PDG UPG (BAG DSG)
Nombre de conseillers sur 40.0000 sièges 39.902 sièges 98 sièges
Elections aux conseils de circonscription (18 mai 1958) A Partis PDG UPG (BAG DSG)
Nombre de Voix obtenues, sur 799.264 705.319 voix 93.945 voix B
Partis PDG UPG (BAG DSG)
Nombre de Conseillers de circonscription sur 526 sièges 494 sièges
Présidents des conseils 25 25
32 sièges
0
Nota Bene : Le Sénat (ou Conseil de la République) et le Conseil de l’Union française étaient des institutions qui ne jouaient en fait aucun rôle politique important. La Guinée avait Fodé Mamadou Touré, comme sénateur et Karim Bangoura, conseiller de l’Union française, tous deux du BAG. Le PDG était donc, bien avant le référendum du 28 septembre 1958, le parti dominant. D’où cette affirmation de son secrétaire général dans son rapport au 3e congrès (23-26 janvier 1958) « Le Parti démocratique de Guinée est parvenu au stade où nul autre parti que lui ne saurait désormais influencer, organiser et diriger les populations de ce pays ». 28 septembre – Arrivée de Dakar, le matin, à Conakry, du Chef de la Mission française, Risterucci, inspecteur général des affaires administratives de l’AOF, en remplacement du gouverneur Jean Mauberna, rappelé ; il avait des fonctionnaires français liquidateurs dans chaque service. 110
– Le vote se déroule « dans le calme le plus parfait… Disciplinée, bien encadrée par les militants du PDG, la population sait quel bulletin elle a à déposer dans l’urne. « Non », cela signifie, lui a-t-on longuement expliqué, le « non » à la dépendance, mais cela ne signifie pas « non » à la France »7. Le « non » l’emporte par 1.130.291 contre 56.959 « oui ». Circonscription Beyla Boffa Boké Conakry Dabola Dalaba Dinguiraye Dubréka Faranah Forécariah Gaoual Guéckédou Kankan Kindia Kissidougou Kouroussa Labé Macenta Mamou Mali N’Zérékoré Pita Siguiri Tougué Télimélé Youkounkoun
7
Inscrits 73401 33422 40476 44389 20349 45128 26537 45479 35595 42206 31551 59771 69869 55213 71039 43476 11334 9 90622 54562 53322 104510 52586 80488 29256 52426 26958
Votants 71 973 31 544 31 070 41 513 19 247 31 523 23 537 44 109 33 855 40 309 26 711 57 089 66 358 53 928 64 017 31 940 68 471 85 963 44 288 41 779 85 312 52 300 71 841 21 024 37 584 22 906
Oui 37 133 99 991 8 232 6901 76 23 0 30 73 1 693 1021 70 643 27 440 93 455 4701 2158 3117 377 3905 2907 1
Non 71 764 31 368 31 951 39 19 225 24 676 23 438 44 049 33 124 39 632 26 634 57 070 63 590 49 904 63 626 31 200 40 143 85 808 43 453 33 824 83 001 48 634 71 514 17 006 24 527 22 899
Georges Chaffard.Les carnets secrets de la décolonisation, t.II, p.211.
111
Répartition des voix par région et par circonscription Basse-Guinée Circonscription Boffa Boké Conakry Dubréka Forécariah Kindia TOTAUX
Oui 133 99 991 23 30 1021 2297
Non 31368 31951 39232 44049 39632 49904 236136
Foutah-Djallon Dabola Dalaba Dinguiraye Gaoual Labé Mali Mamou Pita Tougué Télimélé Youkounkoun TOTAUX
8 6901 76 73 27440 4701 455 3117 3905 2907 1 49584
19225 24676 23438 26634 40143 33824 43453 48634 17006 24527 22899 324459
Haute-Guinée Circonscription Faranah Kankan Kouroussa Siguiri TOTAUX
Oui 0 693 643 377 1613
112
Non 33124 63590 31200 71514 199424
Région Forestière Beyla Guéckédou Kissidougou Macenta N’Zérékoré TOTAUX
37 1 70 93 2158 2359
71764 57070 63626 85808 83001 361269
Répartition des oui par circonscription Circonscription Labé Dalaba Mali Tougué Pita Télimélé N’Zérékoré Kindia Conakry Kankan Kouroussa Mamou Siguiri Boffa Boké Macenta Dinguiraye Gaoual Kissidougou Beyla Forécariah Dubréka Dabola Guéckédou Youkounkoun Faranah
Oui 27440 6901 4701 3905 3117 2907 2158 1021 991 693 643 455 377 133 99 93 76 73 70 37 30 23 08 01 01 00
113
sur votants 68471 31523 41779 21024 52300 37584 85312 53928 41513 66358 31940 44288 71841 31544 31070 85963 23537 26711 40309 71973 40309 44109 19247 57089 22906 33855
Selon le père Gérard Vieira, « Ce sont surtout les cantons musulmans et féodaux du Fouta Djalon qui se sont ainsi opposés à la tendance Sékou Touré. On peut y voir déjà l’annonce de conflits à venir… »8. – Les 7 autres territoires de l’AOF ont opté pour le « Oui » : Sénégal Soudan (Mali) Dahomey (Bénin) Côte d’Ivoire Mauritanie Niger Haute-Volta
Oui 893362 302018 418963 1595286 945586 372383 1415615
Non 21901 19129 9246 216 23875 102395 11687
– Les quatre territoires de l’AEF et Madagascar ont opté pour le Oubangui-Chari Moyen-Congo Gabon Tchad Madagascar
Oui 479000 340000 166000 182000 1378000
Non 5700 2000 13000 5700 381000
– Jean Risterucci prend acte de l’indépendance de la Guinée, remet une note sans entête et non signée au gouvernement guinéen qui précise les conséquences du rejet de la constitution par la Guinée : suppression de l’aide économique, retrait des fonctionnaires, des militaires français, etc. Les services d’Etat cessent d’exister en Guinée. Son communiqué reprend les mêmes décisions
8
Gérard Vieira, L’Eglise catholique en Guinée à l’épreuve de Sékou Touré (1958-1984, Paris, Kathala, 2005, p.14
114
– Gaston Boyer, conseiller technique du président du Conseil de Gouvernement, Sékou Touré, rejoint la Mission française ; il est chargé de surveiller le leader guinéen. – Le conseil de gouvernement de Guinée constate le rejet de la constitution gaulliste, prend acte de la décision du gouvernement français et convoque l’Assemblée territoriale en session extraordinaire, le jeudi 2 octobre à 10 heures. – Houphouët-Boigny déclare que Sékou Touré, pour avoir voté « non », « trahit l’idéal de lutte et d’émancipation et qu’il n’aurait plus rien à voir avec lui sur le plan politique ». 30 septembre – Risterucci informe, au cours de sa conférence de presse, que le « mardi 30 septembre à minuit la souveraineté passera au Territoire de la Guinée ». – Blocage de toutes les opérations du FIDES en faveur de la Guinée. – Première conférence de presse de Sékou Touré, après le vote : il espère que la France sera le premier pays à reconnaître le nouvel Etat, qu’elle se chargera de le « faire reconnaître par les autres gouvernements » et de le « faire entrer à l’ONU » ; il émet le vœu d’une association de la Guinée avec la Communauté sur la base de l’article 88 de la nouvelle constitution qui permet une telle association avec des Etats indépendants. – Ibrahima Dianè, secrétaire général de la Mairie de Conakry, est nommé commissaire-enquêteur. – Les chefs de circonscription français suivants sont remis à la disposition du gouvernement de la République française : ● Yves Person Beyla ● Monteil Boffa ● Calisti Boké ● Ménard Dabola 115
● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ● ●
Boisselet Dalaba Célibert Dinguiraye Arondel Dubréka Lardi Faranah Lantier Forécariah Mugnier-Pollet Guéckédou Bernard Kankan Vercier Kankan Combaz Kissidougou Chauvet Kindia Mano Labé Lemoine Labé Pinelli Macenta Gros-Désormeaux Mali Garie Fria Déquecker Mamou Père N’Zérékoré Lenno Siguiri Eginard Télimélé Mano (intérim) Tougué Laroza Youkounkoun
– Sont nommés, à titre provisoire, chefs des circonscriptions ci-après indiquées : ● Paul Faber Beyla ● Ibrahim Paye Boffa ● Yaya Niaré Boké ● Salimou Sissoko Dabola ● Bella Doumbouya Dalaba ● Makan Kamissoko Dinguiraye ● Kali Zézé Dubréka ● Mamadou Barry Faranah ● Tiani Camara Forécariah ● Fodé Cissé Gaoual ● Charles Gabriel Camara Guéckédou 116
● Sory Condè Kankan ● Boubakar Baldé Kindia ● Mamadou Landos Barry Kissidougou ● Baba Kassé Kouroussa ● Thiemo Mamadou Bah Labé ● Sékou Fofana Macenta ● Karimou Keïta Mamou ● Mamadou Oury Barry Mali ● Siradiou Baldé Pita ● Fran Magassouba N’Zérékoré ● El hadJ Abdoulaye Touré Siguiri ● Mamadou Tounkara Télimélé ● Ali Camara Youkounkoun ● Sory Kéïta Tougué Ils sont chargés, en particulier, de protéger les ressortissants français et leurs biens en attendant leur rapatriement sur décision du gouvernement français du fait du rejet de la Constitution de la Communauté française par la Guinée. Ce qui se fit sans aucun incident. – Dans la nuit, des commandos européens attaquent et blessent des gardiens de nuit à Conakry ; mais personne ne répond à la provocation, l’indépendance pointant à l’horizon.
117
OCTOBRE 1958
1er octobre – Le Ghana est le premier Etat à reconnaître la Guinée indépendante. – La Guinée réitère, au gouvernement français, sa demande de bénéfice de l’article 88 de la constitution : possibilité de « conclure des accords avec les états qui désirent s’associer à elle pour développer leur civilisation ». – Le chef de gouvernement, Sékou Touré, demande le départ immédiat de tous les parachutistes et l’évacuation de toutes les forces armées dans un délai d’un mois. Refus du gouvernement français. Le leader guinéen décide de prendre patience pour éviter le désordre dont la France coloniale profitera pour remettre l’indépendance en cause. – Le personnel guinéen des services d’Etat est mis à la disposition de la Guinée. – Ibrahima Sy, élève de l’Ecole territoriale d’Administration, est nommé délégué permanent du Conseil du gouvernement à Fria. – Nominations à la Police : 1. Sont affectés à la direction des services de Police : ● Mohamed Fall inspecteur de Police, chef du service budget-matériel ● Thierno Kaba, commis expéditionnaire, personnel ● Lansana Condè, inspecteur de Police, chef du service des Renseignements généraux
● Faraban Condè, Assistant de Police ● Nouman Diakité, inspecteur de Police, chef du service Emigration-Immigration ● Banka Sako, assistant de Police ● Achille Hodonou, inspecteur de Police, chef du service de l’Identité judiciaire. 2. Sont nommés, à titre provisoire, commissaires de police dans les Commissariat suivants : ● Ansou Kamano, OPA, au Commissariat central ● Alioune Traoré, inspecteur de Police, commissariat ler et 2e arrondissements ● Ibrahima N’Diaye, inspecteur de Police, commissariat 3e arrondissement ● Mory Camara, inspecteur de Police, commissariats 4e et 5e arrondissements ● Yaya Yansané, inspecteur de Police, commissariat Arrondissement ● Mamadou Baldé, inspecteur de Police, Commissariat du Port ● Fabiandou Manè, inspecteur de Police, Commissariat CFCN ● Fodé Camara, assistant de Police, Commissariat Aéroport. Ils ont, à titre provisoire, la qualité d’officier de Police Judicaire ; ils peuvent dresser des procès verbaux, après serment. 3. Sont nommés dans les commissariats de Police de Conakry : ● Ben Daouda Touré, assistant de Police, chef du service de la voie publique au commissariat central ● Lamine Fofana, commis expéditionnaire, service de la solde ● Georges Lokossou, inspeteur de Police, adjoint Commissariat 1e et 2e arrondissements
120
● Guy Guichard, inspecteur contractuel, adjoint au commissaire du Port. – Gaston Boyer annonce sa démission au Président Sékou Touré, de son poste de conseiller technique. – Les Etats africains membres du groupe afro-asiatique de l’ONU formulent le vœu de l’admission immédiate de la Guinée à l’ONU avec parrainage de la France, qui le refuse. 2 octobre – Au moment de l’indépendance, dans le domaine de l’enseignement, après soixante ans de colonisation, la Guinée avait in situ 45.090 élèves dont 9.882 filles ainsi réparties ● Au 1er cycle : 42. 543 élèves, dont 9552 filles, 247 écoles (450 classes) ● Au 2e cycle et enseignement professionnel au rabais : 2.547 élèves dont 360 filles, 9 écoles (27 classes) ● Aucun établissement du 4è cycle (Université) . – L’Assemblée territoriale est érigée en Assemblée nationale. Députés présents : 1. Najib Roger Accar 2. Louis Lansana Béavogui 3. Baba Alimou Barry 4. Thierno Ousmane Bah 5. Mamadou Tanou Baldé 6. Koman Béavogui 7. Ibrahima Barry dit Barry III 8. Mamadou Diouldé Barry 9. Robert Célestine 10. Moustapha Cissé 11. Bengaly Camara 12. Moustapha Camara 13. Sankoumba Camara 14. Moussa Sanguiana Camara 121
15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29. 30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. 49.
Ibrahim Lamine Kaba Mory Camara Ansoumane Condè Jacques Démarchelier Joseph Diallo Oumar Diallo Ibrahima Diallo Aguibou Diallo Saïfoulaye Diallo Alpha Amadou Diallo Amadou Télivel Diallo MBemba Diakhabi Moussa Diakité Lansana Dianè Lama Doré Mamadou Bella Doumbouya Kouramodou Doumbouya Mory Kéïta Kéfimba Fofana dit Donzo Kéfing Félix Mathos Gnan Eugène Louis Joachim Ouremba Kéïta Fodéba Kéita Sadamoudou Kéïta Diomba Mara Kémoko Kéïta Jean Eugène Mignard Bounka Manè Nabi Issa Soumah Moustapha Soumah Souleymane Sow Boubacar Sy Sény Faciné Sylla Habib Tall Sékou Touré 122
50. Dondo Touré 51. Samba Lamine Traoré 52. Tamba Kallas Traoré 53. Ismaël Touré 54. Jean Faragué Tounkara 55. Thiemo Ibrahima Bah 56. Kémoko Kéïta Députés excusés : 1. Robert Bailhache, 2. Doudou Guèye 3. Mamadou Thiam 4. Toumani Sangaré – L’élection du Bureau de l’Assemblée nationale suit immédiatement, après érection de l’Assemblée territoriale en Assemblée nationale constituante. – Démission du Conseil de gouvernement uniquement formé des cadres du PDG-RDA depuis le 9 mai 1957 à la suite de la victoire de ce parti aux élections du 31 mars 1957 (57/60 conseillers territoriaux). – Proclamation, à 10 heures 30, de la République indépendante et souveraine de Guinée, par l’Assemblée nationale constituante. – Investiture du gouvernement « d’Union nationale » formé par Sékou Touré et comprenant des membres de l’UPG-PRA (Diawadou Barry, Ibrahima Barry III). Le chef de gouvernement déclare, dans son discours de politique générale, « notre choix dépasse donc ce cadre du territoire. C’est une option au nom de tous les peuples coloniaux d’Afrique. Nous avons voulu prouver au monde qui nous observe que le courage, le patriotisme et la conscience de soi sont des privilèges qui appartiennent à tous les hommes quels que soient leur race, leur croyance ou leur Etat ». – L’Assemblée suspend la séance pour la reprendre à 16 heures.
123
– Le Président de Conseil de Guinée, Sékou Touré, envoie un télégramme au Président de la République de France, René Coty, et au général de Gaulle, président du conseil français, dans lequel il souhaite l’établissement de relations diplomatiques avec la France. Le gouvernement français ne répond pas. – L’Assemblée nationale constituante reprend les travaux à 16 heures et vote trois lois : ● La loi N°1 donne l’investiture à Sékou Touré de former le gouvernement de la République de Guinée. ● La loi n°2 détermine les mesures générales de clémence en faveur des condamnés à des peines répressives ; en sont exclus les condamnés pour vol de bétail. ● La loi n°3 nomme les membres de la commission parlementaire chargé d’élaborer la constitution : o Robert Bailhache, avocat défenseur o Donzo Kéfîng Fofana, commis des services administratifs o Ouremba keïta, commis servi. Administ. Conseil. muni.sortant o Joseph Diallo, médecin capitaine des TS o Amadou Télivel Diallo, secrétaire des greffe et parquets o Nabi Issa Soumah, Instituteur o Félix Mathos Gnan, vétérinaire, Conseiller municipal Kankan o Lansana Dianè, comptable, conseiller municipal Conakry o Joachim Eugène Louis, chef comptable des TP o Robert Celestin, instituteur o Mory Camara Samba, conseiller communal de NZérékoré o Samba Lamine Traoré, instituteur
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o Jean Fargué Tounkara, conseiller communal de NZérékoré o Moustapha Soumah, chef quartier Almamya (Conakry) o Alpha Amadou Diallo, vétérinaire – Le Haut commissaire de l’AOF, Pierre Messmer, rejette les exigences de Sékou Touré relatives à l’évacuation immédiate et dans un délai d’un mois des armées françaises et précise que l’évacuation sera échelonnée sur deux mois. Une provocation à laquelle le gouvernement répond pas et décide de prendre patience. – Deuxième attribution de la Croix du Compagnon de l’indépendance ( voir en annexe). 3 octobre – L’ordonnance n°l maintient les différentes législations françaises en vigueur au 30 septembre dans toutes leurs dispositions compatibles avec la souveraineté nationale et les intérêts de la Guinée indépendante. – L’ordonnance n°2 désigne, à titre essentiellement provisoire, pour assurer la continuité des services du Tribunal de 1’Instance de Conakry , dans les fonctions ci-après : ● Fodé Mamadou Touré, président du Tribunal ● Maître Maurice Cadoré, procureur Tribunal – Baba Kassé, administrateur adjoint de la FOM, est remis à la disposition de la République française. – Fodé Cissé est nommé inspecteur des affaires administratives de la République de Guinée. – Sont nommés chefs de circonscription : ● N’Famara Kéïta : Kindia ● Amadou Thiam : Dubréka ● Jean Fernandez Keïta : Kouroussa ● Charles Kandé : Gaoual
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– Sékou Touré, président de la République, adresse une demande officielle de reconnaissance et de coopération à la Reine Elisabeth d’Angleterre. 4 octobre – Le premier gouvernement de la République de Guinée, d’union nationale, est ainsi constitué : ● Sékou Touré, pré. Conseil gouvernement chargé des Affaires étrangères et de la Défense nationale ● Moussa Diakité, secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil ● Ibrahima Barry III, secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil ● Fodé Cissé, secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil ● N’Famara Kéïta, secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil ● Alioune Dramè, ministre des Finances ● Ousmane Baldé, secrétaire d’Etat Douanes et Trésor ● Fodéba Kéïta, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité ● Alassane Diop, secrétaire d’Etat chargé de l’Information ● Damantang Camara, ministre de la Justice ● Ismaël Touré, ministre Travaux publics,. Transports, Postes et Télécom. ● Lansana Béavogui, ministre Affaires Economiques et Plan ● J.E. Mignard, ministre de la Production ● Abdouharamane Diallo, ministre Economie Rurale, Paysannat, Coopération ● Diawadou Barry, ministre de l’Education nationale ● Roger Najib Accar, ministre de la Santé publique ● Bangaly Camara, ministre du Travail et des Affaires Sociales
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– Constitution de la Ve République française ou de la Communauté française promulguée par le gouvernement français : la politique étrangère, la défense, la monnaie, la politique économique et financière, le contrôle de la justice sont les domaines réservés la Communauté française ; ils sont en fait gérés par la France. ● La Garde territoriale prend la dénomination de « Garde républicaine ». ● Gaye Keïta, inspecteur adjoint de la Garde territoriale, est nommé inspecteur de la Garde républicaine en remplacement du capitaine Sanvoisin, remis à la disposition de la République française. ● L’adjudant-chef Dian Baldé, adjoint au commandant de dépôt, est nommé commandant du dépôt de la Garde républicaine. ● Tous les gradés adjoints aux chefs de pelotons mobiles de la Garde territoriale sont nommés chefs de pelotons mobiles de la Garde républicaine. ● Fodé Cissé est nommé inspecteur des Affaires administratives de la région forestière. 6 octobre – L’Union des syndicats des travailleurs de Guinée tient une conférence au cinéma Vox. Prenant la parole, Kondetto Touré, secrétaire général du syndicat des chauffeurs, Ignace Deen, Diéli Bakar Kouyaté et Bangaly Camara lancent un appel à travailler dans l’ordre et la discipline pour construire la Guinée. – Pouech, président de la chambre de commerce, Malle, vice-président de la chambre d’agriculture et d’industrie, effectuent une visite de courtoisie au président du conseil de gouvernement, Sékou Touré à l’occasion de la formation du nouveau gouvernement.
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7 octobre – L’équipe régionale des éclaireurs d’Afrique de Guinée renouvelle son bureau désormais dirigé par Tibou Tounkara, Commissaire régional et proclame son adhésion aux mesures prises par le gouvernement pour la sauvegarde de l’unité et la vitalité de la République. – Restructuration : ● Le Service pénitentiaire du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité relève désormais du ministère de la Justice ; ● Le Service de la jeunesse et du sport du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité relève désormais du ministère de l’Education nationale ; ● Le Service du tourisme du ministère des Travaux Publics et des Télécommunications relève désormais du secrétariat d’Etat à l’Information. – Une ordonnance des autorités françaises donne quatre mois aux territoires coloniaux qui ont voté « oui » à la Communauté, de choisir entre Etat membre de la Communauté, territoire d’Outre-mer ou département français ; les anciennes colonies d’Afrique et Madagascar choisissent le statut d’Etats membres et deviennent Républiques ; les Comores (moins l’Ile de Mayotte) et Djibouti deviennent indépendants, respectivement en 1975 et 1977. 7-9 octobre Le bureau de coordination RDA se réunit à Paris et décide l’exclusion du PDG du RDA en raison de son option pour le « non ». 9 octobre Un second télégramme est envoyé par le gouvernement guinéen au gouvernement français dans lequel Sékou Touré renouvelle les termes d’« une libre association de nos deux Républiques », demande la reconnaissance de l’Etat gui128
néen et exprime le désir de conclure un accord d’association avec la France. 9-l0 octobre – Le Comité directeur de l’UGTAN se réunit à Conakry pour analyser la situation en Afrique Noire au lendemain du Référendum. Il « salue la naissance de la République de Guinée comme éclatante manifestation de la conscience et de la maturité politique des masses africaines ». – Le conseil d’administration de l’Union des jeunes de Guinée, réuni à la Maison des jeunes et de la culture de Conakry, met en place 6 commissions d’études pour déterminer les tâches qui s’imposent désormais aux jeunes en Guinée. 11 octobre Pour compter du 1er octobre, N’Ki Traoré, ingénieur chimiste, est nommé directeur des hôpitaux de Conakry. 12 octobre Le Comité directeur du Rassemblement des jeunesses démocratiques d’Afrique (RJDA), réuni à Dakar, salue la naissance de la République de Guinée. 13 octobre – Fodé Cissé est nommé secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, en remplacement de Faraban Camara. – Les premiers ambassadeurs de la Guinée sont nommés, sans poste d’affectation : Faraban Camara, Telli Diallo et Nabi Youla. – Sont nommés dans les fonctions de : ● Président de la Cour d’Appel : Fodé Mamoudou Touré, ● Procureur général de la Cour d’Appel : Paul Fabert. ● Substitut au Tribunal de l’Instance de Conakry : Rieu 129
● Juges d’Instruction au Tribunal de la Première Instance de Conakry, Savané Sy et Sadan Moussa Touré ; procureur titulaire du tribunal de la Première Instance de Conakry : Me Maurice Cadoré. – Jean Faragué Tounkara est nommé secrétaire général du gouvernement. – Lamine Camara, chef de bureau des services financiers, est nommé directeur des Finances de la République. – Moriba Magassouba, est nommé directeur des services de la Sûreté nationale. – Siké Camara, licencié en droit, est nommé Président du tribunal de la Première Instance de Conakry en remplacement de Fodé Mamoudou Touré. – Ibrahima Dianè, secrétaire d’administration, est nommé chef du service des Douanes de la République. – Thièmoko Sylla, contrôleur du Travail à l’inspection nationale du travail et des lois sociales, est nommé directeur de l’Office national de la main d’oeuvre en remplacement de Georges Julien, démissionnaire. – Sékou Touré adresse une demande d’établissement de relations diplomatiques au premier ministre britannique, Macmillan. 14 octobre – N’Famara Kéïta, maire et chef de circonscription de kindia, est nommé Secrétaire d’Etat à la Présidence du conseil. – Bernard Cornut- Gentille, ministre de la France d’Outre mer, déclare : « La Guinée a pris sa décision librement ; le gouvernement français demeurera à son égard dans l’expectative jusqu’à ce que la Communauté soit en mesure de se prononcer ». – Les territoires d’outre6mer eurent le choix entre rester des territoires d’outre mer, des départements d’Outre mer, ou avoir le statut d’Etat membre de la Communauté. 130
Madagascar choisit le statut d’Etat membre de la Communauté. 15 octobre – Une mission gouvernementale guinéenne de bonne volonté se rend à Monrovia. – En réponse au télégramme du 9 octobre, LE gouvernement français fait tenir une correspondance non signée et sans entête demandant en particulier « à l’actuel gouvernement de la Guinée de donner les preuves de sa capacité à assumer ses responsabilités découlant de l’indépendance et de la souveraineté », Sékou Touré envoie un autre message au Président de Gaulle dans lequel il dénonce les tentatives d’étouffement de la République de Guinée par la France. – Le caractère provisoire des nominations aux différents postes de magistrat est affirmé. – Par ordonnance n°3, le territoire de la Guinée est divisé en deux ressorts judiciaires, à savoir : ● De Conakry : les circonscriptions de la Guinée maritime et de la Moyenne Guinée avec un Tribunal de première Instance à Conakry : ● De Kankan : les circonscriptions de la Haute Guinée et de la Forêt avec un Tribunal de Première instance à Kankan. – Une Justice de paix à compétence correctionnelle et à compétence civile limitée aux litiges portant sur une valeur maximum de 200.000 francs est instituée à Boké (Boké, Boffa), Kindia (Kindia, Télimélé), Mamou (Mamou, Dalaba, Pita), Labé (Labé, Tougué, Mali, Gaoual). – Une justice de paix à compétence correctionnelle et à compétence civile limitée aux litiges portant sur une valeur de 200.000 francs est instituée à Siguiri, Dabola, Faranah, Dinguiraye, N’Zérékoré, Macenta, Kissidougou (Kissidougou, Guéckédou).
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– L’ordonnance n°4 crée la première Cour d’Appel en Guinée dont la compétence s’étend sur l’ensemble du territoire et qui est composée de : un président, deux conseillers, un procureur général, un greffier en chef, un greffier. – Le gouvernement prend la responsabilité des douanes et du commerce extérieur. – Les gendarmes ayant opté pour la Guinée indépendante sont rendus aux nouvelles autorités du pays. – Morlaye Sakho est désigné comme huissier près le Tribunal de l’Instance de Kankan. – Savane Sy, Juge au Tribunal de Première instance de Conakry, est nommé conseiller à la Cour d’Appel. – Savané Sy née Rerotin, est nommée Juge d’instruction au Tribunal de Première Instance de Conakry. 17 octobre – La décision est prise par les autorités françaises de renvoyer, à Conakry, tous les enfants de troupe originaires de la Guinée se trouvant en France et en Afrique. – Faraban Condè, assistant de Police, est nommé provisoirement commissaire de Police à Boké. – Ibrahima Youmbonaud, inspecteur stagiaire, est nommé commissaire de Police de Macenta. – Les cadres dont les noms suivent sont nommés, par décret présidentiel, chefs de circonscription : ● Emile Condé, commis des SAFC : Beyla ● Séni Camara, com. Expéditionnaire : Boffa ● Yaya Niaré, secrétaire d’administration : Boké ● Salimou Sissoko, commis des SAFC : Dabola ● Bella Doumbouya, secrétaire d’administration : Dalaba ● Baba Alimou Condè, élève sortant d’Etat : Dinguiraye ● Amadou Thiam, élève sortant d’Etat : Dubréka ● Mamadou Barry, commis des SAFC : Faranah 132
● Mamadou Tounkara, commis expéditionnaire : Forécariah ● Ibrahima Sy, élève sortant d’ETA : Pria ● Jean Fernandez Kéïta, élève sortant d’ETA : Gaoual ● Toumani Sangaré, député : Guéckédou ● Lansana Dianè, député : Kankan ● N’Famara Keïta, maire : Kindia ● Mankona Kouyatè, secrétaire d’administration : Kissidougou ● Moricandian Savané, secrétaire d’administration : Kourousssa ● Thièrno Mamadou Bah, com. principal. SAFC retraité : Labé ● Sékou Chérif, commis des SAFC : Macenta ● Ibrahima Paye, élève sortant d’ETA : Mali ● Karimou Kéïra, commis des SAFC : Mamou ● Fran Magassouba, adm. Adjt FOM : N’Zérekoré ● Siradiou Baldé, secrétaire d’administration : Pita ● Elhdj, Abdoulaye Touré, médecin, maire : Siguiri ● Thierno Ibrahima Diallo, député : Télimélé ● Mamadou Landos Barry, commis expéditionnaire : Tougué ● Mamadou Sylla, élève sortant d’ETA : Youkounkoun 18 octobre – Alpha Amadou Diallo, vétérinaire principal, député, est nommé chef du service de l’Elevage. – Sékou Soumah, ingénieur des travaux agricoles, est nommé chef du service de l’agriculture de Guinée. – Sory Barry, ingénieur des travaux forestiers, est nommé chef du service des Eaux et Forêts de Guinée. – Suppression des indemnités de fonction de chef de circonscription, de chef de circonscription adjoint et de chef de poste à compter du 31 octobre 1958 en attendant un nouveau statut du personnel de commandement. 133
– Le journal Marchés tropicaux et méditerranéens avertit : « l’exemple guinéen est contagieux ». 18 octobre-1er novembre l958 Séjour d’une délégation guinéenne de bonne volonté au Sénégal, Soudan français (Mali), Mauritanie, Togo, Dahomey (Bénin), Niger, Haute-Volta (Burkina-Fasso) : ● 18-31 Octobre : Sénégal, Soudan et Mauritanie, conduite par l’ambassadeur Telli Diallo. ● 18 Octobre-1er Novembre : Togo, Dahomey, Niger et Haute Volta, conduite par l’ambassadeur Faraban Camara. 19 octobre – Le PDG ne se considère plus comme section du RDA, puisqu’il en a été exclu, mais comme celle de la Révolution Démocratique Africaine, la RDA. – Au Niger, Djibo Bakary, président du gouvernement, qui avait recommandé le vote négatif au référendum, n’obtint que 22% : il démissionne suite à cet échec et face aux tracasseries, il se réfugiera ultérieurement en Guinée. – Le PRA, au cours d’une conférence de presse à Dakar, exige la reconnaissance par la France de la République de Guinée. – Une ordonnance organise le Conseil exécutif, institution principale de la Communauté, il tiendra six séances avant de disparaître. 20 octobre – Le président Sékou Touré se rend à Monrovia. – Moriba Magassouba est nommé directeur de la Sûreté ; il prend service le même jour et est présenté par Demba Diallo, directeur de cabinet du ministère de 1’Intérieur et de la Sécurité, au personnel de la sécurité. 134
– Mohamed N’Fa Touré, chef de bureau principal des services financiers et comptables, est nommé, à titre essentiellement provisoire, directeur des Finances. – Yoro Diarra, commis des services financiers et comptables, est nommé à titre essentiellement provisoire, sousdirecteur à la 2e sous-direction du ministère des Finances. – Les cadres de l’Imprimerie du gouvernement dont les noms suivent sont nommés : ● N’Famara Camara, chef du service ● Mamadou Sy, chef fabrication ● Sékou Kaba, chef de la section machiniste ● Salifou camara, chef de la section typographie ● Amara Sylla, chef de la section reliure. – Le PPN-RDA (Niger) demande la démission du gouvernement de Djibo Bakary. 21 octobre Une note verbale sans entête et signée du directeur de Cabinet du Président de la République française est adressée au gouvernement guinéen. Elle énumère les avantages ainsi que les obligations de l’adhésion de la Guinée à la zone franc. 23 octobre – Le général de Gaulle, déclare au cours d’une conférence de presse tenue à l’Hôtel Matignon à Paris. « L’actuel chef du Conseil du gouvernement a pris l’attitude que l’on sait, au moment du référendum. C’était son droit, tout au moins vis-à-vis de nous. Pour l’instant, je crois que c’est sur cette base qu’il parle et qu’il agit. Dans ces conditions, la Guinée est, pour nous, un devenir, et nous ignorons lequel. Nous observons ce qu’elle va être et faire sous son actuel conseil de gouvernement, au point de vue de ses tendances et fréquentations extérieures et au point de vue surtout de sa capacité d’Etat, s’il arrive qu’un Etat s’y 135
constitue réellement. Nous établirons nos rapports avec la Guinée en fonction de ce qui se passera dans ces différents domaines. Nous le ferons sans acrimonie, mais sans avoir, je dois le dire, l’absolue certitude que ce qui est aujourd’hui pourra persister demain ». Donc : le général de Gaulle est convaincu que le gouvernement guinéen ne durera pas, que les jours du régime sont même comptés et doute qu’il puisse même créer un Etat entre temps. – Une mission gouvernementale guinéenne se rend à Accra. Les présidents Kwamé Nkrumah et Sékou Touré proclament le projet de création de l’Union Ghana-Guinée. 25 octobre Première conférence publique des autorités guinéennes après la proclamation de l’indépendance, au cinéma Vox à Conakry, devant une foule nombreuse. Après l’allocution liminaire de Saïfoulaye Diallo, président de l’Assemblée nationale, Sékou Touré intervient sur les points suivants : 1. Rapports franco- guinéens. 2. La République de Guinée dans ses relations internationales. 3. La situation du PDG - RDA. 4. L’action politique du PDG-RDA 5. L’action gouvernementale et la mobilisation des populations guinéennes pour le développement. Il conclut en ces termes : « Le vote de la Guinée a sauvé la dignité de l’homme africain, mais il a aussi suscité de vives jalousies frisant parfois la haine...Quelles que soient les manoeuvres, quels que soient les procédés qui seront employés, jamais la Guinée ne renoncera à son indépendance. Soyez donc persuadés que nous avons une haute conscience de notre mission. Autant nous n’accepterons de notre vivant, tant que nous resterons des hommes conscients, la moindre atteinte à la souveraineté, à la dignité de 136
la Guinée, autant nous nous opposerons farouchement, de la part de qui que ce soit, hommes ou femmes, petits ou grands, à la moindre attitude qui puisse compromettre la marche en avant de la Nation guinéenne ». 27 octobre – Création de 5 brigades frontières de gendarmerie sous le contrôle du chef de circonscription et relevant de la tutelle du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité :Forécariah, Guéckédou, N’Zérékoré, Siguiri, Youkounkoun, chacune étant composée de 6 à 15 auxiliaires de gendarmerie. – Le décret n°50 nomme, le capitaine Noumandian Keïta, secrétaire général de la Défense nationale et précise sa mission : organiser et diriger l’Armée nationale. – Ibrahima Fofana est nommé président du Tribunal de Conakry. – Joseph Mont-Louis est nommé directeur des Postes et Télécommunications. – Le port d’un badge personnalisé est rendu obligatoire pour les travailleurs du Port bananier de Conakry pour des raisons de sécurité et de contrôle. – Dyomba Mara, commis des services administratifs, financiers et comptables, chef de poste de Benty, est nommé attaché de cabinet du président du Conseil de gouvernement à partir du 15 octobre. – Les cadres dont les noms suivent sont nommés aux fonctions ci-après : ● Naby Issa Soumah, député, Chef de circonscription Forécariah ● Abdoulaye Sadio Bah, adjoint au Chef de circonscription Forécariah ● Mamadou Tounkara, adjoint au Chef de circonscription Télimélé ● Mamadi Dougouno, adjoint au Délégué Fria
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– Ibrahima Fofana, président du Tribunal de Conakry, est chargé, provisoirement, des fonctions de président du Tribunal de Kankan. 28 octobre – L’ordonnance n°6/PC institue un service des comptes courants et des chèques postaux avec siège à Conakry (P&T). – Sékou Touré déclare, au cours d’un meeting : « de toutes les manières, jamais plus la Guinée ne sera colonisée ; que cela soit connu une fois pour toutes ». – Sidi Diakité, inspecteur des coopératives, est nommé directeur du Fonds Mutualiste de Guinée. – Charles Joseph Alexandre est nommé procureur de la République près le Tribunal de Kankan. – Mamoudou N’Diaye est nommé président intérimaire du Tribunal de travail de Conakry. – Mohamed Kassory Bangoura, greffier, est nommé greffier en chef du Tribunal de Conakry ; cumulativement et à titre provisoire, greffier en chef de la Cour d’Appel de Conakry et dans les fonctions de notaire du ressort judiciaire de Conakry. 28-29 octobre Le conseil des ministres, de nuit, examine la note verbale française et autorise le Président du Conseil de gouvernement à répondre à ladite note. 28-30 octobre Les militaires guinéens sont invités, dans les différentes armées françaises, à choisir entre les forces armées françaises et l’Armée guinéenne en création.
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29 octobre En réponse à la note verbale française et au mémorandum sur la zone franc, la lettre du gouvernement guinéen précise les conditions pour le maintien dans la zone franc : le principe du préalable de la reconnaissance « de juré » de la Guinée par la France, en attendant les négociations. – L’ordonnance n°71/PC institue une Caisse nationale d’Epargne et de Prévoyance en République de Guinée. – Ibrahima N’Diaye, inspecteur de Police, est relevé de ses fonctions de commissaire de Police du 3ème arrondissement. – Boubacar Diallo, agent contractuel de Police, est nommé commissaire de Police du Port de Conakry en remplacement d’Alpha Mamadou Baldé nommé commissaire du 3e arrondissement. 30 octobre Décision est prise de faire du 1er novembre, fête de la Toussaint, jour chômé sur toute l’étendue du territoire de la République de Guinée. 31 octobre – L’ordonnance n°8/MT-CCPF abroge l’arrêté n°6637 du 27 décembre 1955 et précise les dispositions nouvelles relatives à la caisse de compensation des prestations familiales de la Guinée : ● 70% des fonctionnaires français à rapatrier sont embarqués pour la France ou d’autres territoires. ● La délégation à Conakry de l’Office fédéral des postes et télécommunications cesse ses activités et son personnel s’embarque pour Dakar. ● L’Imprimerie du gouvernement, du ministère des Finances, relève désormais du secret d’Etat à l’Information. 139
NOVEMBRE 1958
1er novembre Création de l’Armée guinéenne par la mise en place des commissions militaires ad hoc. 3 novembre – Mamadou Dioudia Diallo, ingénieur des travaux agricoles, en service à Gaoual, est nommé chef de service du conditionnement en Guinée. Sont nommés dans les fonctions ci-après : – Mamady Sagno, maire de N’Zérékoré, Chef de circonscription de N’Zérékoré – Mamadou Tounkara, adjoint au chef de circonscription de Télimélé – Alimou Barry adjoint au chef de circonscription de Télimélé – Fran Magassouba, délégué provisoirement aux fonctions d’Inspecteur des affaires administratives pour la région de la haute Guinée et la zone forestière. – Notification de la reconnaissance du nouvel Etat par la Grande Bretagne. 5 novembre – L’Ecole territoriale d’administration, créée en mai 1957 par le gouvernement semi-autonome, est érigée en Ecole nationale d’administration par décret n°64/PC et pla-
cée désormais sous l’autorité du secrétariat d’Etat à la Fonction publique. – La réponse, sans entête, ni cachet, du gouvernement français parvient au gouvernement guinéen : elle affirme les conditions de la négociation communiquées verbalement à l’ambassadeur guinéen, Nabi Youla, qui était porteur de message du président Sékou Touré auprès du conseil de gouvernement français. 6 novembre Arrivée à Conakry du chef du Bureau Permanent du Congrès des peuples afro-africains : il exprime sa solidarité au peuple de Guinée. 7 novembre – Fadiala Kéïta est nommé conseiller à la Cour d’Appel. – Camille Accar est nommé chef du garage administratif de la République de Guinée. – Chaque ambassadeur de Guinée perçoit : 1. Une indemnité mensuelle forfaitaire mensuelle de 100 000 francs. 2. Une indemnité forfaitaire mensuelle pour frais de représentation selon le taux ainsi fixé : ● Etats Unis d’Amérique (New York) : 100 000 francs ● France (Paris) : 75 000 francs ● Allemagne : 50 000 francs ● Ghana (Accra) : 50 000 francs ● Angleterre (Londres) : 50 000 francs ● URSS (Moscou) : 50 000 francs ● Libéria (Monrovia) : 50 000 francs ● Afrique du Nord : 50 000 francs ● République Arabe Unie : 50 000 francs ● La Chine : 50 000 francs
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8 novembre Pierre Messmer, haut commissaire de l’AOF, dans une lettre confidentielle adressée aux gouverneurs du Sénégal, de la Côte d’Ivoire et du Soudan français (actuel Mali), donne des instructions précises aux bureaux d’études de ces pays : coordonner la collecte des renseignements divers sur la Guinée ; un « plan de recherche » de six pages est joint à cette lettre et concerne tous les domaines ; il s’agit de « connaître les possibilités de durée et d’essor de la République guinéenne », conclut-il. 10 novembre – En sa première session ordinaire, l’Assemblée nationale constituante adopte la Loi n°4/AN/58 portant constitution de la République de Guinée, avec un préambule et 53 articles répartis en 12 titres. La Guinée est une République démocratique, laïque et sociale. L’hymne : « La Liberté ». La devise : « Travail-Justice-Solidarité ». L’emblème : « Rouge-Jaune-Vert » disposés verticalement et d’égales dimensions. Le pouvoir exécutif est exercé par le Président de la République, chef de gouvernement et chef des armées, élu pour 7 ans. Le pouvoir législatif est exercé par une Assemblée nationale dont les députés sont élus au suffrage universel sur une liste unique. – L’Institut français d’Afrique noire de Conakry (I.F.A.N.) prend la dénomination d’Institut national de recherche et de documentation de Guinée (INRDG). – L’arrêté n° 3181 du 6 juin 1956 est abrogé. Les membres du Conseil d’administration de l’Office de la main d’œuvre sont nommés pour deux ans :
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Représentants des organisations syndicales des travailleurs (UGTAN) : ● Mamady Kaba ● Ansoumane Oularé ● Oumar Dinn Camara ● Mme Dianè née Nankoria Kéïta ● Sory Sidibé ● Momo Touré Représentants des employeurs : a) Syndicats des commerçants importateurs-exportateurs (SCIMPEX) : ● Bastard, CFAO ● Cambot, secrétaire du SCIMPEX b) Syndicats des petites et moyennes entreprises de Guinée : ● Fourcade, Société Guinéenne d’Assurances c) Union intersyndicale de Guinée (UNIGUI) ● Plisson, CASP ● Testevide, Sté colas d) Fédération bananière ● Mahieu 12 novembre – Promulgation, par ordonnance, de la constitution du 10 novembre 1958 de la République de Guinée adoptée par l’Assemblée nationale constituante. – Le gouvernement guinéen charge Telli Diallo de transmettre le dossier de candidature officielle de l’Etat guinéen à l’ONU. C’est le groupe Afro-asiatique qui s’occupera de toutes les démarches officielles ; la Guinée n’étant pas encore admise, son représentant devait attendre qu’elle le fut. – Mohamed Lamine Touré, ingénieur des travaux publics, est nommé directeur du Port de Conakry et chef de
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service des Distributions d’eau, d’électricité et des transports. – Le gouverneur Charles-Henri Bonfils, chargé de mission de Cornut-Gentille, ministre de la France d’Outre-mer, fait le point des décisions appliquées en Guinée après le référendum et s’entretient avec le sous-directeur Afrique du Ministère des Affaires étrangères sur les relations francoguinéennes dans le sens d’une amorce de négociation entre les deux gouvernements. 13 novembre Création de la Direction de la gendarmerie nationale. 14 novembre – Le Président Sékou Touré envoie une lettre au général de Gaulle dans laquelle il exprime, de nouveau, le désir de la Guinée de demeurer dans la zone franc et cherche, avec la France, des solutions aux problèmes qui se posent aux deux pays. Aucune réponse ne parvient au gouvernement guinéen. – Khalilou Sall, ingénieur d’électricité, est nommé directeur du chemin de fer à compter du 10 novembre. – Diéli Bakar Kouyatè, agent du Chemin de fer Conakry-Niger, est nommé directeur adjoint de ce service. – Sékou Camara, ingénieur géomètre, est nommé chef de service des routes. – Sory Traoré, titulaire du diplôme de notariat, est nommé notaire à Conakry en remplacement de Me Etienne (Flory). 15 novembre – 85% des fonctionnaires de nationalité française à rapatrier sont embarqués.
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– Les deux bataillons militaires français installés à Conakry, Kankan et Kindia sont rapatriés ; seul le camp Mangin (actuel camp Almamy Samory Touré de Conakry) est retenu pour le regroupement des contingents restants. 15-17 novembre Séjour à Conakry de la première délégation tunisienne conduite par Masmoudi, député et ancien ambassadeur de Tunisie à Paris. 16 novembre Le chemin de fer est officiellement remis au gouvernement guinéen. 17 novembre Signature, à Conakry, des premiers accords culturels et un accord de troc entre la République Démocratique Allemande (RDA) et la République de Guinée. – Nomination de 25 chefs de circonscriptions, tous du PDG. – Création d’une coopérative d’approvisionnement des commerçants, dirigée par Sékou Sadibou Touré. – Séance inaugurale, à Conakry, du conseil d’administration de l’Office national de la main d’œuvre de la république de Guinée. 17-20 novembre – Visite d’Etat du président Sékou Touré au Libéria, accueilli chaleureusement par le président William Tubman. – La commission chargée de surcharger les timbresposte de 10 francs et de 20 francs existant au caveau de la recette principale est ainsi constituée : ● Louis Joseph Mont-Louis, directeur des Postes et Télécommunications 146
● Louis Leroy, directeur adjoint, représentant le ministre des Finances ● Ansou kamano, commissaire central de Conakry, représentant le ministre de l’Intérieur. 19 novembre L’Association des jeunes artistes guinéens est déclarée sous le n°458. 20 novembre – Le décret n°89/PC crée le Comité économique interministériel rattaché au ministère des Affaires économiques et du Plan chargé de promouvoir et de coordonner l’étude des mesures de réorganisation de l’économie guinéenne et de ses cadres juridiques. – Mamadouba Traoré, assistant météorologique, est nommé chef service de la Météorologie de Guinée. – Sidiki Diarra, contrôleur des P et T, est nommé chef du groupe postal de la république de Guinée. 21 novembre – Départ définitif du colonel Farret, commandant militaire en Guinée. – Arrivée, à Conakry, du sénateur Paul Zinsou, ministre de l’Economie générale du Dahomey pour une visite de bonne volonté. – Signature d’un protocole d’accord entre la République de Tchécoslovaquie et la République de Guinée. – Le président Sékou Touré envoie une mission diplomatique à New-York dirigée par Diallo Telli pour la présentation officielle de la demande de l’admission de la Guinée à l’ONU. Le groupe afro-asiatique et les pays socialistes seront les artisans de cette reconnaissance : le pays n’étant pas encore admis, Diallo Telli dut se contenter des 147
comptes rendus de la procédure engagée par les représentants de ces pays au gouvernement guinéen. Le Président du conseil français, le général de Gaulle, répond à la lettre du 14 novembre du Président Sékou Touré : c’est sur la base des accords conclus que la question de reconnaissance « de juré » de la République de Guinée se fera, affirme-t-il. 20-24 novembre Visite du Président Sékou Touré au Ghana. L’Union Ghana - Guinée est annoncée au State House. D’Accra, Sékou Touré envoie une lettre au président du conseil français lui demandant que la France assure le parrainage de la candidature de la Guinée aux Nations Unies ; aucune réponse ne parvient au gouvernement guinéen. 24 novembre Le Soudan (actuelle République du Mali) choisit le statut d’Etat membre de la Communauté. 25 novembre – Le Sénégal choisit le statut d’Etat membre de la Communauté. – Diallo Telli, envoyé du président Sékou Touré en Grande Bretagne, est reçu au Forein Office, à la CommonWealth Relations Office et au colonial office ; il impressionne les autorités par les arguments présentés, mais n’obtint cependant pas l’appui souhaité ; on lui recommande même d’attendre 1959 pour l’admission à l’ONU. 26 novembre Création de deux comités d’études : – Comité d’études administratives, rattaché au ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, chargé de l’élaboration de 148
l’ensemble de la législation administrative de la république de Guinée. Moussa Diakité en assure la présidence, les autres membres étant Ousmane Baldé, Ibrahima Dianè, Balla Camara, Sy Savané, Boubakar Barry, Siké camara et Soriba Touré. – Comité d’études juridiques rattaché au ministère de l’Intérieur et de la Sécurité, chargé de l’élaboration des textes juridiques de la république de Guinée. Ibrahima Barry III en assure la présidence avec, comme membres, Maurice Cadoré, Fodé Mamoudou Touré, Fadiala Kéïta, Ibrahima Diallo, Paul Faber, Demba Diallo et Moussa Touré. Les deux comités pourront s’adresser à tous départements susceptibles de leur communiquer les documents nécessaires à la marche de leurs travaux. – Le président Sékou Touré accepte de discuter d’un accord financier avec le gouvernement français à condition qu’il soit assorti d’un accord de reconnaissance du nouvel Etat avec établissement de relations diplomatiques. 27 novembre La séance plénière de l’Assemblée nationale est consacrée à l’examen des rapports franco - guinéens et à l’exposé du Président du gouvernement, Sékou Touré. A l’issue de débats enrichissants, Samba Lamine Traoré, rapporteur de la commission ad hoc, soumet une résolution qui est adoptée à l’unanimité : l’Assemblée approuve le bilan de la politique intérieure et de la politique extérieure du conseil du gouvernement, lui renouvelle les pleins pouvoirs et l’encourage à prendre « toutes les décisions qu’il jugerait utiles de prendre pour sauvegarder les intérêts de la République de Guinée contre les manoeuvres des colonialistes tendant à isoler la Guinée ou à lui créer des difficultés ».
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28 novembre – Le président Sékou Touré fait, devant l’Assemblée nationale, le compte rendu de l’échec des démarches qu’elle a entreprises envers le gouvernement français, de sa politique de la main tendue et le « mépris systématique » que la France lui a opposé. – La circulaire n°10 signée du ministre de la Fonction publique, Moussa Diakité, informe les ministres et secrétaires d’Etat que les offres émanant « d’ingénieurs des Ponts et Chaussées, des Ars et Métiers, topographes, techniciens de tous ordres, agronomes, chimistes-métallurgistes, hommes de lettres et de droit, des diplomates, militaires, économistes, financiers, médecins, administratifs, etc. » adressés à la présidence du gouvernement sont désormais à leur disposition à la Fonction publique pour examen et décision à prendre. – Le Gabon, le Tchad, le Moyen Congo (République du Congo) et la Mauritanie choisissent le statut d’Etats membres de la Communauté. 28-30 novembre Séjour, à Conakry, d’une mission française dirigée par l’inspecteur général Bargues autour du projet de protocole d’accord élaboré par les deux délégations, guinéenne et française. 29 novembre Le président Sékou Touré reçoit la mission française et renouvelle les exigences traditionnelles du gouvernement. 29-30 novembre La mission française dirigée par Bargues et composée de deux inspecteurs de la France d’outre-mer, Sanner et Carte, et de deux inspecteurs financiers, Valls et Bossonnet, négo150
cient, en Guinée, les termes d’un accord financier avec des ministres et experts guinéens ; elle est reçue par le président Sékou Touré, qui insiste sur la reconnaissance préalable de l’Etat guinéen par la France. 30 novembre – La relève du personnel civil et militaire français est achevée. « Dans l’administration dont j’ai la responsabilité, je veille à ce que notre départ de Guinée soit total, rapide et sans bavure », affirme le dernier gouverneur général de l’AOF, le haut commissaire Pierre Messmer9. – 57 Etats ont reconnu la Guinée indépendante. – Le budget du nouvel Etat est adopté à l’unanimité par l’Assemblée Nationale. – Signature du traité d’union Ghana - Guinée à Accra par les présidents Sékou Touré et Kwamé N’Krumah. – Fin de la mission de Risterucci, remplacé par Gaston Boyer ; il se rend à Dakar avec Bargues. – Transfert, aux autorités guinéennes, du Palais du gouverneur, qui devient celui de la Présidence de la République.
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Pierre Messmer. In : Les Blancs s’en vont, p.154
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DECEMBRE 1958
1er décembre – Le ministère de la France d’Outre Mer est supprimé en France. – L’Oubangui Chari (actuelle République centraficaine) choisit le statut d’Etat membre de la Communauté. – Les autorités françaises mettent fin à la rétribution du personnel des services territoriaux qui décide de rester en Guinée. – Tous les appelés guinéens sous le drapeau français sont effectivement libérés. 2-5 décembre Le ministre des Finances du Ghana, Gbedemah, séjourne à Conakry pour étudier les modalités de versement à la Guinée du prêt de 10.000.000 de livres ghanéennes accordé par le gouvernement ghanéen au gouvernement guinéen. 3 décembre Le gouvernement français donne son aval à Bargues pour la signature de l’accord monétaire. 3 et 6 décembre Le groupe afro-asiatique charge le Japon de déposer le projet de résolution sur l’admission de la Guinée à l’ONU.
4 décembre – La Côte d’Ivoire et le Dahomey (Actuelle République du Bénin) choisissent le statut d’Etats membres de la Communauté. – Au cours de la session de l’Assemblée nationale, le président Sékou Touré fait le point des rapports francoguinéens depuis le référendum du 28 septembre, insiste sur le fait que « l’Etat guinéen veut collaborer avec tous les Etats indépendants du monde, sur la base de la reconnaissance de l’indépendance des peuples, de leur droit à disposer d’eux-mêmes et du respect de la souveraineté. Nous ne nous inféodons ... à aucun des blocs, nous déterminons d’avance notre politique et tous ceux qui veulent, sur la base que nous venons de définir, collaborer avec nous, seront nos partenaires valables ». – L’état de la reconnaissance de la République de Guinée, par ordre alphabétique : ● L’Afghanistan ● L’Albanie ● L’Allemagne de l’Est ● L’Allemagne de l’Ouest ● La République arabe unie ● L’Arabie Saoudite ● La Belgique ● La Birmanie ● Le Brésil ● La Bulgarie ● Le Canada ● Ceylan ● Le Chili ● La Chine nationaliste ● La Chine populaire ● La Corée du Nord ● La Corée du Sud ● Le Danemark 154
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L’Espagne Les Etats-Unis d’Amérique L’Ethiopie La Finlande Le Ghana La Grèce Haïti La Hongrie L’Inde L’Indonésie L’Irak L’Irlande Israël L’Italie Le Japon La Jordanie Le Liban Le Libéria Le Luxembourg La Libye Malaisie Le Maroc La Norvège La Nouvelle - Zélande Les Pays-Bas La Pologne Le Portugal Le Pakistan La Roumanie Le Royaume-Uni La Somalie (ex Somalie italienne) Le Soudan Indépendant La Suède La Tchécoslovaquie La Tunisie 155
● L’URSS ● L’Union Sud-Africaine ● Le Vatican ● Le Venezuela ● Le Viet-Nam du Nord ● Le Viet-Nam du Sud ● La Yougoslavie – Bargues arrive à Conakry avec le pouvoir de signer l’accord monétaire ; Sékou Touré le fait recevoir par le ministre des Finances, Alioune Dramé. 4-15 décembre Nouveau séjour de Bargues à Conakry ; il est reçu par Sékou Touré en présence des ministres Alioune Dramé, Fodéba Kéïta et Naby Youla. ; il n’obtient pas la signature de l’accord financier, la condition, sine qua non, n’ayant toujours pas été remplie par les autorités françaises, la reconnaissance du nouvel Etat par les français, en particulier. En attendant, les projets techniques et culturels seront élaborés ; le tout ne sera signé que le 7 janvier 1959. 5 décembre – La Mission française, dirigée par Gaston Boyer et installée à la résidence de l’ancien gouverneur français, procède, de 8 h à 10 heures, au déménagement de certains dossiers encore restés sur place et à l’incinération des autres. – Création de deux pelotons de gendarmes installés à Conakry et à Dalaba, placés sous la tutelle du ministère de l’Intérieur et de la Sécurité : celui de Conakry se composant de 30 auxiliaires et celui de Dalaba de 32 auxiliaires.
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6 décembre Faira Condè, commissaire de police de Mamou, est nommé directeur adjoint de la Sûreté nationale. 7 décembre – Une délégation gouvernementale composée du ministre du Travail, du Maire de Conakry (El Hadj Mamoudou Fofana) et du Directeur des services d’embauche du port de Conakry, préside une réunion des dockers du port de Conakry ; elle leur annonce l’acceptation de leur principale revendication : Le Gros, responsable du service de la manutention, est remplacé par Idrissa Kaba. Elle leur lance l’appel d’utiliser désormais les structures syndicales pour s’adresser aux autorités compétentes. – Le chargement, en premier lieu, des productions des planteurs européens dans les bateaux bananiers constituant une menace sérieuse pour eux, les planteurs africains de Guinée dénoncent la politique de la fédération bananière qui a créé un climat de mévente de leur banane et encouragé les planteurs européens de Guinée en leur accordant des tonnages de chargements plus importants ; ils demandent que leurs fruits se vendent « FOB Conakry », c’est-à-dire sur place après embarquement à un prix déterminé par le gouvernement de la République de Guinée. 9 décembre Le Conseil de Sécurité examine la demande d’admission à l’ONU de la République de Guinée présentée par l’Iraq et le Japon. Il recommande cette admission à l’Assemblée générale par 10 voix contre 0 et 1 abstention, celle de la France rancunière.
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10 décembre – Les négociations franco-guinéennes reprennent, mais les accords ne sont pas signés. – Le Conseil de Sécurité admet la Guinée à l’ONU. Les chefs d’Etat africains membres de la Communauté, de la délégation française, en sont choqués et se préparent à faire éclater ladite Communauté. 11 décembre – Création d’un comité national de censure des films cinématographiques en République de Guinée. – La France tente de retarder l’admission de la Guinée en soulevant une motion de procédure ; elle est battue au vote. – La Haute-Volta choisit le statut d’Etat membre de la Communauté. 12 décembre – L’ordonnance n°16/MT-OMO abroge l’arrêté n°9020 du 9 décembre 1953 et organise l’Office national de la main d’œuvre de la République de Guinée. – Après présentation par l’Irak et le Japon, le projet de résolution sur l’admission de la Guinée aux Nations Unies est adopté, aux 789 séances plénières, de nuit, présidée par le Libanais Charles Malik, après trente cinq interventions, en Assemblée générale sur proposition du Conseil de Sécurité. La France seule, sur les onze membres, s’abstient lors du vote : la Guinée devient le 82è membre de l’ONU. Diallo Telli remercie, au nom du peuple de Guinée et du « président Sékou Touré, notre guide bien aimé », tous les Etats qui ont reconnu et accueilli son pays ; il justifie le choix de l’indépendance par le peuple de Guinée « groupé comme un seul derrière son gouvernement et son parti », précise les objectifs intérieurs et extérieurs de la Guinée : consolidation de l’indépendance nationale, poursuite de la 158
mise en valeur des diverses richesses naturelles au profit des peuples guinéen et africain en particuliers, mise au service de l’Afrique et renforcement des liens de coopération et de solidarité avec tous les Etats, « tous les pays épris de justice et d’égalité et respectueux de nos aspirations légitimes », etc. – Selon Jean Foyer, cette admission a « exercé un effet décisif sur l’évolution qui a conduit à l’indépendance de tous les autres Etats » autonomes de la Communauté, en 1960. 12, 16 et 20 décembre En République de Guinée l’examen et le vote des rapports des commissions et des lois à l’Assemblée nationale débutent le 12 et s’achèvent le 20 décembre par l’adoption des documents qui ont tous fait l’objet de débats et de commentaires sérieux et enrichissants : 1. Programme des travaux relatifs à la tranche 1958 1959. 2. Loi accordant l’aval de la République de Guinée pour un milliard de francs au profit du Comptoir guinéen du commerce extérieur. 3. Loi fixant la taxe sur les produits pétroliers. 4. Loi modifiant le taux de l’impôt retenu à la source sur les traitements et salaires. 5. Admission de la Guinée à l’ONU. 6. Négociation entre la Guinée et le Ghana. 7. Les relations franco-guinéennes. 8. Loi tendant à l’octroi d’un aval de la République d’un montant de 250 millions en faveur de l’office national du commerce extérieur. 9. Loi modifiant le chapitre 8 de la codification de travail pour les « étrangers ». 10. Loi allouant une indemnité aux députés de l’Assemblée nationale (même taux qu’aux conseillers territoriaux). 159
13 décembre L’Association des aveugles et infirmes tient une réunion au domicile de Salifou Camara, son Président. Les 100 000 FCFA donnés par le président Sékou Touré sont répartis entre ses membres. Les cartes de membres sont également vendues à 100 FCFA par carte. La même association avait reçu, en 1956, du maire de Conakry (Sékou Touré), 30.000 FCFA, en 1957, du viceprésident Sékou Touré 40.000 FCFA. – Les membres des bureaux politiques du PDG-RDA et du PRA de Labé organisent une conférence d’information au cinéma le Ranch regroupant plus de 500 auditeurs. Intervenants : Falilou Diallo, maire de Labé, Sékou Camara, directeur de la SMDR, Sékou Diop, instituteur à Labé ; tous justifient la fusion des deux partis et l’intégration du PRAGuinée au sein du PDG-RDA. – L’Arrêté n°58-027/INT/AP crée 92 postes administratifs sur les 106 prévus par le Conseil de gouvernement. N.B. Dans la structure administrative mise en place par le Conseil de gouvernement guinéen, le poste administratif servait d’intermédiaire entre le village et la circonscription (ancien cercle). 16 décembre – L’ordonnance n°23/PC crée officiellement l’Armée nationale placée sous le commandement suprême du Président de la République. Le titre III indique la hiérarchie dans l’Armée guinéenne : 1. Hommes de troupes : soldat, caporal, 2. Sous-officiers subalternes : sergent, adjudant, aspirant, 3. Sous-officiers : sous- lieutenant, lieutenant et capitaine, 4. Officiers supérieurs : commandant, colonel, 5. Officiers généraux : généraux de brigade et d’armée.
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N.B. Les grades intermédiaires (caporal-chef, sergentchef, lieutenant-colonel) sont donc supprimés pour permettre l’accès rapide aux grades supérieurs ; ils ne seront rétablis qu’après le coup d’Etat du 3 avril 1984, par l’Ordonnance n°16 du 18 avril 1984. – Adoption de la loi n°7/AN7/ 58 fixant la taxe sur les produits pétroliers, par l’Assemblée nationale. – Adoption de la loi n°8/AN/58 fixant le taux de l’impôt retenu à la source sur les traitements et salaires. 17 décembre – Le Niger choisit le statut d’Etat membre de la Communauté. 18 décembre – L’ordonnance n°24 : ● Supprime, pour insuffisance financière, les communes de moyen exercice de Boké, Forécariah, Dabola, Kouroussa et Beyla pour compter du 1er janvier 1959. ● Transforme, pour insuffisance financière, les communes de plein exercice de Mamou et de N’Zérékoré en communes de moyen exercice pour compter du 1er janvier 1959. ● Maintient les communes dont certains sont devenus des communes de plein exercice de Conakry, Labé, Siguiri, Macenta et Kissidougou. ● Supprime le syndicat des communes de Guinée pour compter du ler janvier l959. – Le décret n°l 18 rapporte celui n°50 du 27 octobre 1958 : le capitaine Noumandian Kéïta est nommé chef d’Etat-Major général de l’Armée.
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21 décembre Election du général de Gaulle président de la Communauté française par les grands électeurs français, par 62.392 voix contre 10.355 à Georges Marraine et 6721 à Albert Châtelet. 23 décembre – Le chef de circonscription de Mamou, Dequeker, affirme, lors de sa conférence devant le Comité militaire d’Outre-mer à Paris, intitulée : « la Guinée, de la Loi-cadre à l’indépendance », que « les leaders hostiles au RDA, Barry Diawadou et Barry III » sont entrés, depuis les élections territoriales du 31 mars 1937, « dans l’ombre . Ils n’en sortiront qu’au moment du référendum pour…joindre leur voix à celle du RDA et se prononcer en faveur du « non ». – Dernier sursaut de certains membres du PRA-Guinée qui veulent le maintien de leur parti : le congrès qu’ils tiennent au cinéma Matam à Conakry ne regroupe que quelques délégués ; la population n’y est pas invitée- En raison de l’absence des délégués de Dabola, Dinguiraye, Faranah, Kouroussa et N’Zérekoré, il est reporté aux 25-26 décembre. Le bureau du congrès est composé de : ● Abdoulaye Diallo, huissier, président ● Ibrahima Fofana, secrétaire ● Dalein Thierno Diallo, notable, assesseur ● Charles Dreyfus, instituteur, assesseur ● Paul Déchambénoit, médecin, assesseur ● Tibou Diop, instituteur, assesseur Le congrès ne se tient jamais plus ; l’intégration au sein du PDG PDG-RDA étant devenue effective, Dr. Déchambénoit, l’un des responsables du parti gaulliste, RPF, en Guinée et le principal instigateur de cette rencontre, fuit la Guinée pour la Côte d’Ivoire d’où il participe à toutes les opérations de déstabilisation contre la Guinée à partir de cette date. 162
25 décembre Signature du protocole d’accord et annexe audit protocole portant prêt de dix millions de livres sterling à la Guinée par le Ghana. 26 décembre La conférence nationale du syndicat de l’enseignement public de Guinée tenue à la Maison des jeunes et de la culture de Conakry « enregistre..., avec fierté, l’accession de la Guinée à l’indépendance, l’admission de la Guinée à l’Organisation des Nations Unies malgré les manoeuvres du gouvernement français, le raffermissement de l’ordre intérieur, la marche normale des services malgré le retrait brutal des fonctionnaires français ». 27 décembre – Dyomba Mara, commis des services administratifs, est nommé, pour compter du 15 décembre, attaché de cabinet du Président du gouvernement. – Karim Contè, commis SAFC, est nommé chef de cabinet du ministre des Affaires économiques et du Plan. – Création de 24 nouvelles brigades régionales de gendarmerie stationnant aux chefs-lieux des circonscriptions et postes administratifs. 30 décembre Le Lieutenant d’aviation Kaman Diaby est nommé officier d’ordonnance du président du conseil de gouvernement. 31 décembre Premier réveillon de la Guinée indépendante : une nuit joyeuse et digne.
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Nota Bene Ce travail est certainement incomplet ; c’est pourquoi nous espérons toutes remarques et suggestions utiles qui nous permettraient de le revoir, le corriger et l’augmenter en vue d’une nouvelle édition car, les jeunes ont besoin de la connaissance des faits et non des appréciations invérifiables des fabulistes.
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25 oct 1958, 1er meeting de Sékou Touré au Cinema Vox à Conakry
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Les derniers deputés de la Guinée française du 2 janvier 1956 au 28 septembre 1958
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De Gaulle à Conakry le 25 août 1958
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Conakry le 25 août 1958, Sékou Touré au micro (à sa gauche le général de Gaulle, Le député Saifoula Diallo)
Conakry, le 14 septembre 1958 (les délégués des sous-sections du PDG après avoir decidé de faire voter Non)
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Conakry, le 28 septembre 1958 .Un bureau de vote
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DEUXIEME PARTIE DES SPECULATIONS RELATIVES A L’INDEPENDANCE DE LA GUINEE
INTRODUCTION
Beaucoup de choses ont été dites ou écrites, depuis quelques années, pour dénaturer l’histoire contemporaine de la Guinée, attribuer à des hommes, qui ont joué un tout un autre rôle, celui de héros national. Mais ce qu’il faut actuellement stigmatiser en Guinée, c’est la volonté empoisonneuse de certains philistins de tromper la jeunesse en escamotant ou en falsifiant les faits relatifs au référendum du 28 septembre 1958. C’est ainsi que des intellectuels se disant opposants continuent à se livrer, depuis l’indépendance, par mauvaise foi, à d’incroyables et inconsistantes spéculations relatives à la lutte de libération de la Guinée ; ces spéculations toutes pernicieuses, même si elles furent en vogue dans certains milieux de l’émigration pour d’évidentes raisons, n’ont jamais eu la faveur de ceux qui, en Guinée, furent les véritables artisans de l’indépendance nationale et les témoins véritables du combat libérateur que mena le peuple de Guinée contre la domination coloniale française.
I. DE L’OPPORTUNISME, DE LA DEMAGOGIE OU DE LA POLITIQUE POLITICIENNE ?
Mais cela amène d’abord à poser les questions suivantes : 1. Pourquoi des Guinéens -et non des moindres- qui déclarent depuis le 3 avril 1984 être des hommes politiques, d’ardents patriotes ou nationalistes conséquents, tentent-ils, seulement après l’indépendance politique de la Guinée, de montrer que Sékou Touré et son parti n’ont pas le mérite historique d’avoir été les artisans principaux, sinon les seuls artisans, de la libération de la Guinée du joug colonial ? 2. Pourquoi des Guinéens qui, en 1946, au moment de la naissance du premier mouvement politique africain de libération nationale, en l’occurrence le Rassemblement Démocratique Africain (RDA), étant déjà nés à cette date, mais n’ayant pas, pour la plupart, plus de dix ans, font-ils mauvaise querelle à Sékou Touré depuis le 3 avril 1984, en tentant de soutenir que celui-ci, qui fut pourtant l’un des membres fondateurs du RDA, en octobre 1946, à Bamako, puis de la section guinéenne du RDA, le Parti Démocratique de Guinée(RDA en mai 1947), secrétaire général de ce parti libérateur depuis octobre 1952 jusqu’au 26 mars 1964, a seulement poussé la roue dans la lutte pour l’indépendance de la Guinée ? 3. Pourquoi des Guinéens qui déclarent depuis le 3 avril 1984 être d’incomparables nationalistes, d’intransigeants
patriotes, même devenus adultes, jamais ne se sont signalés, par exemple en abandonnant leurs études ou leurs occupations pour venir s’investir en Guinée pendant la difficile lutte anti-colonialiste et anti-impérialiste, en vue de créer sinon des maquis par la lutte armée, seulement un parti politique anti-colonialiste ? 4. Enfin, pourquoi des Guinéens qui ne se sont jamais signalés par quelque acte d’adhésion à la cause du peuple guinéen pendant toute la période de la lutte anti-colonialiste en Guinée ; qui n’ont jamais été que d’illustres inconnus, et se sont associés à toutes les opérations de déstabilisation contre la Guinée depuis l’indépendance, tentent-ils désespérément depuis le 3 avril 1984 de ravir la palme de l’indépendance politique de la Guinée à Sékou Touré, à ses compagnons de lutte et à son parti, pour l’attribuer à ses adversaires politiques, à ceux-là, leurs amis politiques, qui se sont illustrés dans leur étroite collaboration avec l’Administration coloniale et n’ont dû leur promotions parlementaire que grâce à des truquages électoraux ? Ces questions qui ne sont, à la réflexion, qu’une seule et même question, méritent d’être posées parce que ceux qui se livrent à ce travail de gribouille, de dénigrement systématique ; qui n’ont même pas le mérite de l’originalité dans cette vaste campagne de discrédit ; qui ont choisi l’aprèsSékou Touré pour mener ce combat d’arrière-garde, ne se consolent pas, ne se consoleront jamais que des patriotes véritables comme Sékou Touré et ses compagnons de lutte, lesquels ne furent pas bardés de diplômes universitaires, aient eu le génie d’oser créer, pendant la période la plus dure et la plus difficile de la lutte anti-colonialiste, un parti politique, de l’implanter dans toute la Guinée, d’organiser la lutte politique et syndicale de leur peuple qui, seule, a permis d’abattre le régime colonial français sans eux, malgré eux et contre eux.
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Car, ne nous y trompons pas : la conquête de l’indépendance de la Guinée n’a pu être, ne pouvait être le fait de discours, d’occasionnelles campagnes de sensibilisation des masses populaires par élèves ou étudiants interposés, quel qu’ait pu être au demeurant l’impact de ces discours et campagnes ; pas même le ralliement in extremis d’adversaires politiques qui, il faut le reconnaître, ont fait preuve d’un louable réalisme politique, seul antidote à l’inévitable suicide politique qui les attendait. La conquête de l’indépendance de la Guinée n’a pu être, ne pouvait être le fait que d’un parti politique nationaliste, instrument politique seul capable de s’assurer une présence et une hégémonie politiques permanentes sur le terrain ; seul à même de mobiliser en permanence les masses populaires autour d’objectifs politiques définis à court, moyen et long terme ; de les organiser en permanence ; de les éduquer politiquement en permanence ; de les armer en permanence de l’idéologie de l’indépendance politique qui, s’étant emparée d’elles et les ayant pénétrées, les a transformées en une force matérielle laquelle, seule, a permis de conquérir l’indépendance. Un tel parti, le Parti démocratique de Guinée (PDGRDA), section guinéenne du RDA jusqu’au 9 octobre 1958, a été créé en Guinée le 14 mai 1947 par Mamadou Madeira Keïta, Sékou Touré et les autres membres de la délégation guinéenne au congrès constitutif du RDA. Rien, ni personne ne pourra jamais plus rayer de l’histoire de la Guinée ce fait majeur, cette date historique du 14 mai 194
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Cela amène ensuite à s’interroger sur cet incroyable aveuglement des uns et des autres, qui les rend inaptes à voir ce qui, cependant, crevait les yeux du plus grand nombre, à savoir que l’indépendance de la Guinée est impensable sans Sékou Touré et son parti, le PDG. Ainsi : • Ray Autra : « C’est in extremis et à contrecœur que le Président guinéen s’est rallié à l’indépendance guinéenne ; l’indépendance, nous la devons aux nombreux intellectuels africains et guinéens, au PAI et à la FEANF qui avaient déjà sillonné le pays pour la propagande du non »?10. • Alpha Condè : « Le PDG n’a jamais posé le Problème de l’indépendance, au contraire, il s’est toujours opposé à cette revendication »11. • Alpha Abdoulaye Diallo dit Porthos : « Non seulement Diawadou Barry et Barry III ont, avant lui, préconisé le non au référendum constitutionnel de 1958, mais sans eux l’indépendance n’aurait pas été possible ». • Mamadou Bah : « Les étudiants guinéens ont, avant lui, sensibilisé les populations à l’indépendance »12. 10
Ray Autra (Mamadou Traoré).I n :Bingo, n°359, décembre 1982,p.118. Alpha Condè. Guinée. Albanie d’Afrique ou néo-colonie américaine. Paris, Ed.Cit Lecoeur, 1972 p.69. 11
• Amirou Diallo : "Je me rappelle qu’en 1958, j’étais à Dakar, et ce sont les étudiants qui ont été les premiers à réclamer l’indépendance immédiate de la Guinée… c’est au dernier moment que le PDG-RDA s’est joint au mouvement »13. • Alsény René : « C’est le lieu de rappeler que la FEANF (Fédération des Etudiants d’Afrique Noire en France) était la toute première organisation africaine à revendiquer l’indépendance pour les colonies, avant même la loi-cadre, par conséquent avant le choix des leaders politiques guinéens »14. Il s’agit là, à n’en pas douter, d’une volonté délibérée de transfigurer la vérité historique, d’amoindrir la valeur et la portée des luttes menées par le PDG-RDA, de dénaturer une partie importante de l’histoire contemporaine de la Guinéela période qui fait la fierté du peuple- et de contester tout rôle décisif joué par Sékou Touré, ses compagnons de lutte et le PDG-RDA dans la victoire du 28 septembre 1958 contre la France coloniale.
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Mamadou Bah.Construire la Guinée après Sékou Touré, l’Harmattan, 1990, p.39. 13 Amirou Diallo. In :L’Indépendant du 30 septembre 2004. Réplique de Sidiki Kobélé Keita in l’Indépendant du 7 octobre 2004. 14 Alsény René Gomez. Camp Boiro, parler ou mourir. Paris, l’HarmattanGuinée,2007, p.27.
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II. L’INDEPENDANCE DE LA GUINEE N’AURAIT PAS ETE L’OBJET FONDAMENTAL DU COMBAT DU PDG-RDA
Si le droit à l’indépendance est un droit imprescriptible de tout peuple, un droit inaliénable, il apparaît évident que la vocation africaine à l’indépendance n’est pas née en 1958. Elle est indissolublement liée à l’existence même des peuples africains ; et dès qu’un de ceux-là la perd et veut la récupérer, l’idée naquit ; et pour les colonies africaines, cette idée naquit, déclare fort justement Sékou Touré « le jour même où une puissance étrangère a extorqué »15 ce droit. Les autorités coloniales françaises ne s’étaient d’ailleurs fait aucune illusion quant à l’origine de cette aspiration des peuples colonisés à l’indépendance. C’est pourquoi Fernand Wibaux, ancien ambassadeur français, alors chargé de l’économie rurale au Haut commissariat de l’A.O.F. à Dakar avant l’indépendance, affirma que « l’idée couvait déjà dans les esprits, mais j’ai, pour ma part, le sentiment qu’elle n’est pas née dès le lendemain de la guerre. Elle lui est antérieure. On peut même dire qu’elle apparaît en même temps que l’occupation coloniale ». Mais la revendication dut tenir compte d’un certain nombre de réalités. 15
Sékou Touré. L’action politique du PDG pour l’émancipation africaine, Conakry, Permnance Nationale, 1959,p.40.
Admettons que les thèses des opposants ci-dessus mentionnés soient fondées, et jetons un regard sur tous les leaders africains qui ont émergé durant toute la période de la décolonisation et dont la plupart luttaient effectivement pour libérer leur pays du joug colonial, force nous est de constater qu’aucun d’entre eux n’a défendu, avec constance et sans compromission, un programme nationaliste ; chacun d’eux, à un moment ou l’autre, a composé avec les autorités pour atteindre ses objectifs immédiats, en tenant compte de ses moyens et des réalités de la lutte sur le terrain. Tous presque savaient, surtout les plus déterminés, qu’une lutte politique intelligente et réaliste ne peut être linéaire ; c’est pourquoi ils dotèrent cette lutte d’une tactique, c’est-à-dire, selon le Petit Larousse, « un ensemble de moyens habiles employés pour obtenir le résultat voulu ». Ce ne sont donc pas de simples déclarations sur l’indépendance qui font accéder un pays, et qui ont fait accéder la Guinée, à l’indépendance : les faits décisifs de la lutte électorale et syndicale sont là pour le prouver et ils ont été menés quand les élèves et étudiants suivaient, pour la plupart, leurs études à l’étranger. Il faut d’ailleurs se rappeler que la lutte menée contre la conquête et la domination coloniales, qui n’avait pris la forme d’un mouvement organisé qu’à partir de 1947, n’avait pas été un fait du hasard, sans but précis, mais l’aboutissement logique d’un long processus de combat qui avait vu le peuple de Guinée passer de la défensive (résistance à l’intrusion étrangère) à l’offensive (lutte d’indépendance). Mais il faudra attendre la fin de la seconde guerre mondiale (1939-1945) pour que la lutte contre la domination française prenne la forme d’une lutte collective organisée. Le PDG-RDA, qui dirigea ce combat en Guinée, l’intensifia et lui imprima un caractère populaire et révolutionnaire, ne fit jamais mystère de ses intentions politiques et il 182
n’échappa jamais à l’administration coloniale, ni aux militants les plus conscients du PDG-RDA, ni à ceux qui s’étaient réellement intéressés au processus de libération nationale guinéenne que l’indépendance était, dès 1947, l’un de ses objectifs fondamentaux, sa ligne stratégique. Henri Favrod, par exemple, l’écrit : « de tout temps, Sékou Touré s’est donné un but précis, qu’il n’a jamais caché à ses partenaires européens ni à ses partisans africains : l’indépendance de la Guinée »16. Pour atteindre cet objectif en Guinée, il fallut se conformer aux conditions vécues par les populations, car, Sékou Touré et ses compagnons de lutte n’oublièrent jamais cette affirmation de Karl Marx : « les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement dans les conditions choisies par eux, mais dans les conditions directement données, héritées du passé »17 ; et ce sont en fait ces conditions qui ont structuré les activités de ces nationalistes. Aussi, le PDG tint-il compte des caractéristiques propres à chaque région naturelle de la Guinée pour s’implanter et déterminer, avec justesse, les revendications susceptibles de mobiliser toutes les couches et catégories sociales d’une localité donnée et adopter la forme, les moyens et méthodes de lutte appropriés, car, il n’est pas évident que le concept d’indépendance était perçu et appréhendé par la très grande majorité des Guinéens. C’est pourquoi Sékou Touré et ses compagnons de lutte, en tant que leaders syndicalistes, puis en leaders politiques, s’étaient donnés la mission de rendre claires, au niveau des masses laborieuses, les différentes tactiques et revendications du parti pour aboutir à l’objectif fondamental. Le PDG s’était battu pour ● La fin de l’indigénat et les libertés publiques, d’abord ; 16 17
Charles-Henri Favrod. L’Afrique seule.Paris, Ed. du Seuil, Paris,p.35. KARL Max. Le 18 brumaire de Louis Bonaparte.Paris, Ed.Sociale,1948.
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● La semi-autonomie et l’autonomie interne complète, ensuite. ● Il finit par dévoiler l’objectif de son combat le 14 septembre 1958. Ce sont donc les données du moment, les considérations tactiques qui interdirent à Sékou Touré, en tant que leader politique véritable, de poser clairement le problème de l’indépendance pendant la première phase de la lutte de libération nationale (1945-1955) : il fallait préparer les populations guinéennes à mieux comprendre et assimiler le mot d’ordre d’indépendance, ses implications, ses avantages et ses difficultés ; en un mot, leur faciliter l’acquisition d’une conscience claire de leurs responsabilités, parce qu’un peuple instruit des objectifs véritables de son combat et informé des causes de sa misère et de celles qui empêchent son épanouissement devient capable d’abattre le système colonial. Par ailleurs, le leader guinéen ne dira-t-il pas en 1955 à ses adversaires, qui doutaient de la capacité des Guinéens à créer un Etat unitaire souverain, que « malgré toutes les difficultés rencontrées, nous serons un jour comme les Français »18 ? Une phrase lourde de menaces contre la domination étrangère et dont l’auteur précisa le sens en 1957, lors de la conférence de l’UGTAN à Dakar en ces termes : « l’indépendance des territoires africains est, à tous les points de vue, une nécessité vitale sans laquelle aucune politique de progrès viable ne peut aboutir ». C’est qu’à partir de 1956, les conditions historiques permettant au PDG-RDA de poser clairement le problème d’autonomie intérieure complète et de celui du droit à l’indépendance se précisèrent de plus en plus. C’est pourquoi, sur la foi d’un rapport qu’il venait de recevoir sur la 18
Archives Nationales de Conakry.2lections du 2 janvier 1956.Rapport de la Brigade de Siguiri,n°162/c du 30 décembre 1955.
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situation politique en Guinée, tout en lui demandant de cacher l’identité de l’expéditeur et du destinataire, Jacques Foccart attire l’attention du député Maurice Bayrou, du RPF, dans une lettre du 15 octobre 1956, sur cette situation en ces termes : « il ressort de toutes les indications que j’ai et de ce document, que le RDA fait une propagande intensive et qu’il a pour cela de gros moyens. Tout cela mérite une enquête sérieuse et discrète »19 en Guinée. D’autant que la chefferie, instrument d’oppression et d’exploitation des masses aux mains de l’administration coloniale, sera bientôt vaincue et supprimée le 31 décembre 1957 Cette inquiétude se justifiait : le PDG-RDA était devenu une formation politique véritablement nationaliste par son programme ; solidement implantée dans les moindres villages et hameaux de la Guinée. Il bénéficiait, par ailleurs, d’un contexte international devenu très favorable aux forces progressistes mondiales : l’indépendance de l’Indochine, la guerre d’Algérie avaient principalement ébranlé les bases du colonialisme français. L’éducation idéologique et politique des masses populaires qu’il avait su organiser et les méthodes de combat contre l’Administration coloniale en général et la chefferie de canton en particulier s’étaient, par ailleurs, révélées particulièrement efficaces, sous la direction d’une équipe d’hommes désintéressés et jouissant d’une entière et profonde confiance des masses populaires. Mais c’est à partir 1958, lorsqu’il devint évident que l’association avec la France s’avérait impossible dans une situation de domination de type néo-colonial qu’on substituait à celui colonial prôné par l’Union française, et après avoir été la seule colonie à vider la Loi - Cadre du 23 juin 1956 instaurant la semi-autonomie de tout son contenu positif, et quand il fallut le faire, que Sékou Touré ne rata aucune occasion de rappeler les objectifs immédiats du 19
Fondation Charles de Gaulle.Jacques Foccart note du 15 octobre 1956.
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combat du PDG et de prévenir les autorités coloniales sur les conséquences néfastes des propositions que le comité consultatif constitutionnel s’apprêtait à soumettre à l’appréciation référendaire des populations : en particulier l’absence de droit à l’indépendance nationale et de la possibilité pour les colonies de se fédérer, emmèneront la Guinée à rejeter le projet de constitution de la communauté. Mais les autorités coloniales ne prirent le leader guinéen au sérieux que quand il s’est agi de faire revenir le parti sur son option pour le « Non »; c’était trop tard. Toute autre démarche que celle que nous venons de d’écrire et que le parti a suivie aurait constitué une faute grave et le PDG-RDA aurait versé dans la plus grotesque déviation de gauche, laquelle consiste, selon Sékou Touré, en « la confusion, la substitution arbitraire des phases les unes aux autres sans tenir compte des réalités de la lutte »20.
20
Ahmed Sékou Touré.Stratégie et tactique de la Révolution,3ed . Conakry,PN,p.301 .
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III. LE VOTE DE LA LOI-CADRE DU 23 JUIN 1956, UNE ERREUR POLITIQUE DES DEPUTES DU PDG-RDA
Le mouvement de contestation du système colonial s’amplifiant également dans les autres colonies africaines, le gouvernement français crut que, pour mettre fin au maintien des liens de subordination très étroits dans le cadre de la constitution d’octobre 1946, qui faisait le lit du nationalisme et pour empêcher la multiplication des foyers de guerre, il fallait tenter de canaliser l’aspiration des populations africaines à l’émancipation en octroyant, aux colonies, la Loi-cadre du 23 juin 1956, dite Loi Defferre, instituant la semi-autonomie dans les colonies. Certains reprochent encore à Sékou Touré et à Saïfoulaye Diallo, députés PDG-RDA à l’Assemblée nationale française d’avoir voté en faveur de ce texte étant donné ses aspects négatifs, telle la balkanisation de l’Afrique. Nous venons de le démonter, le PDG-RDA voulait l’indépendance. Mais s’étant très tôt rendu compte qu’il ne retrouverait peut-être plus une si belle occasion de mieux préparer cette indépendance, il eut la sagesse, tout en exigeant le maintien de la fédération des colonies africaines, d’accepter le texte tel quel, d’autant plus que certaines dispositions bien que n’allant pas dans le sens de l’indépendance permettaient, en même temps de hâter l’émancipation totale des colonies françaises d’Afrique
noire, si elles étaient judicieusement exploitées par le conseil de gouvernement prévu. Or, excepté le PDG-RDA, la plupart des autres formations politiques des autres colonies tombèrent effectivement dans le piège tendu par les autorités coloniales :elles n’avaient pas eu l’intelligence politique de mettre cette loi au service de l’indépendance pleine et entière des peuples africains. Seul le PDG-RDA utilisa à fond cette loi ambiguë et la rendit immédiatement désuète et dépassée. « Il réussit, en particulier, écrit Claire François, à supprimer toutes les structures de l’ancien système et de donner à l’organisation administrative du pays une assise, une organisation progressiste et démocratique » puisque toutes les structures du commandement africain (chefferie de canton et chefferie de village) étaient pourvues désormais de titulaires élus par leurs administrés avant l’indépendance. Notons, en effet, qu’entre 1956 et 958 : ● Le PDG-RDA détenait 2 sièges sur 3 depuis le 2 janvier 1956 à l’Assemblée nationale française, alors qu’il n’en avait aucun, le troisième siège étant revenu au BAG. ● Il détenait, depuis le 15 mai 1957, 5/5 sièges au grand conseil de l’AOF, alors qu’il n’en avait aucun jusqu’au 30 décembre 1957. Ce qui lui permit d’exposer et de défendre les principales revendications des populations de Guinée devant l’opinion française et internationale. ● Il dirigeait, depuis les 1er et 18 novembre 1956, suite à ses victoires électorales, les 7/9 des mairies de moyen exercice- les 2 autres revenant au PRA-Guinée (BAG et DSG)- et les 5 mairies de plein exercice (Conakry, Kindia, Mamou, Kankan et N’Zérékoré); il dirigeait également tous les conseils de circonscription et de village à partir de février 1958. Il put ainsi appliquer une partie de son programme social dans les com188
munes urbaines et des villages, et renforcer son assise politique à travers tout le territoire avant le référendum. ● Il avait la majorité absolue à l’assemblée territoriale (57/60 conseillers). Ce qui lui permit de composer et de diriger le conseil de gouvernement, d’élaborer et de faire adopter des textes règlementaires dont l’application aboutit à des résultats significatifs et encourageants. Ainsi, les collectivités rurales furent réorganisées sous forme de conseils de village et de conseils de circonscription dirigés par des cadres élus démocratiquement par les populations, alors qu’une telle institution n’avait pas été créée dans d’autres colonies et on s’en tenait encore à la forme coloniale de nomination dans la plupart d’entre elles. D’où cette autre réflexion d’Alain Gandolfi affirmant que cela est une preuve que « la démocratisation de l’institution villageoise a effectivement pris naissance en Guinée »21 bien avant l’indépendance. Alors que le conseil de gouvernement guinéen avait supprimé les structures administratives coloniales, cercles et les cantons, et les avait remplacés par les circonscriptions administratives, l’on était encore, dans la plupart des autres colonies, à l’étude d’une nouvelle structure administrative. ● La chefferie de canton était supprimée en Guinée alors que son autorité se renforçait dans les autres colonies ; ce qui permit aux autorités coloniales de ces territoires de participer, directement ou par l’intermédiaire des chefs de canton et de village, au référendum et de truquer les résultats du 28 septembre 1958. En Guinée, selon le professeur Jean-Suret Canale, « tous les auteurs, qu’ils soient ou non favorables au régime guinéen, s’accordent à considé21
Alain Gandolfi.L’Administration territoriale en Afrique Noire, p.175.
189
rer que la suppression de la chefferie coutumière à la fin de 1957 sous le régime de la loi cadre, explique, pour une large part, qu’ait été possible le vote négatif du 28 septembre 1958 qui décida de l’indépendance de la Guinée »22. ● L’africanisation des cadres, amorcée en 1957, était presque achevée à la veille du référendum : chaque administrateur français était doublé d’un titulaire qui le remplaça dès la proclamation de l’indépendance ; ce qui permit la continuité administrative à partir du 2 octobre 1958, alors que ce processus n’avait connu aucun essor dans les autres colonies.
22
Jean Suret-Canale.La fin de la chefferie en Guinée(In Journal of American story,Vol.VII).
190
IV. L’INTEGRATION DU BAG ET DE LA DSG AU PDG-RDA, UNE ERREUR POLITIQUE DES DEUX PARTIS
Il a été reproché au Bloc Africain de Guinée et à la Démocratie Socialiste de Guinée, regroupés au sein de l’Union des Populations de Guinée d’avoir fini par intégrer le PDGRDA, qui devint ainsi par unique de fait, alors que ces deux partis devaient, selon eux, s’affirmer et tenir tête au PDGRDA. Ceux qui continuent à soutenir cette idée ne savent peutêtre pas que depuis leur déroute électorale du 2 janvier 1956 (élection législative), des 1er et 18 novembre 1956 (élections municipales) et du 31 mars 1957 (élection à l’Assemblée Territoriale), et l’utilisation judicieuse de la loi-cadre du 23 juin 1956 contre les forces conservatrices et féodales, leurs bases sociales, le BAG et la DSG, ne représentaient presque plus rien en Guinée, comme le prouvent les résultats des différent scrutins pourtant organisés par l’administration coloniale ; ils finirent par fusionner le 6 février 1958 pour créer l’Union des Populations de Guinée (UPG), section du PRA, qualifiée par les professeurs Coquery – Vidrovitch et Moniot, de « nouveau front soutenu par la métropole et regroupant tout ce qui n’était pas RDA, Mouvement socialiste africain - SFIO et Convention africaine (indépendante d’Outre-mer de Senghor) »23. 23
Coquery-Vidroviche. L’Afrique Noire de 1800 à nos jours.Paris, Payot, 1974,p.231.
Ce nouveau parti utilisa tous les moyens pour s’implanter ; il tenta même de récupérer des membres fondateurs très influents exclus du PDG-RDA pour diverses raisons. Ce fut peine perdue. C’est que l’administration, qui les favorisait, ne se faisait plus d’illusion sur la représentativité du Bloc Africain de Guinée et de la Démocratie Socialiste de Guinée ; elle savait que, malgré tout, le PDG-RDA était devenu le parti dominant, la seule formation authentiquement populaire, structurée et véhiculant des idées nationalistes qui avaient fini par s’imposer. La comparaison des résultats des scrutins législatifs, territoriaux, municipaux et administratifs à partir de janvier 1956, fonde cette réalité en mettant en exergue la progression continue et massive des voix obtenues par le PDGRDA et l’élimination progressive du BAG et de la DSG de la représentation politique au sein des structures représentatives mises en place par la France coloniale. D’où cette conclusion de Georges Chaffard, à propos des manigances relatives au référendum du 28 septembre 1958 entreprises dans de nombreuses colonies : « B.C.G.[Bernard Cornut-Gentille] sait que l’appareil de la France d’Outremer ne pourra pas renverser le courant en Guinée. Le pays est trop solidement quadrillé par le parti de Sékou Touré, le PDG »24.
24
Georges Chaffard .Les Carnets secrets de la décolonisation.Paris, Calman Lévy, 1967.T 2,pp.190-191
192
V. UNE COMPARAISON SAUGRENUE : DJIBO BAKARY ET DIAWADOU BARRY
Une des erreurs que l’on commet sciemment en Guinée depuis le coup d’Etat du 3 avril 1984, c’est la confusion que l’on fait entre l’histoire des partis pour leur implantation et la conquête des sièges au sein des assemblées élues avec l’histoire de la lutte pour la libération du pays du joug colonial français, qui se caractérisait par la contestation de l’état de domination coloniale et la dénonciation des méfaits du système colonial à travers, en particulier, les grèves, le combat contre la chefferie, instrument d’exploitation et de l’oppression coloniales. En Guinée, c’est le PDG-RDA seul, même s’il fut traversé de contradictions internes, qui luttait contre le système colonial français et l’administration ne lui faisait aucun cadeau, ne luttait que contre lui, ne dénonçait que ses sous-sections ; c’est lui seul et ses militants qui faisaient l’objet de répression de la part des commandants de cercle, des chefs de canton et des services de Police parce qu’eux seuls remettaient en cause la domination coloniale. Les groupements ethniques et l’Entente Guinéenne jusqu’en 1954, les partis politiques, BAG et la DSG, de 1955 à 1958, étaient en fait des formations administratives qui ne comptaient que sur l’administration coloniale, ne se manifestaient qu’à l’occasion des élections pour faire élire leurs candidats avec l’appui de cette administration et de ses
structures de commandement africain ; aucun d’eux n’avaient osé remettre la colonisation en cause, encore moins soutenir une grève contre les sociétés de traite. Tous ne combattaient que le PDG-RDA et ses leaders. C’est que le Bloc Africain de Guinée était, selon le gouverneur du Territorial, « un syndicat d’intérêts, de nantis…fondé et animé par un groupe d’opportunistes au demeurant personnages intelligents, réalistes, mais dénués de scrupule »25. Les faits incontestables (les grèves de 1945-46, de 1947-1948, de 1950, de 1952 et de 1953 et les victoires électorales de 1956-1958) attestent notre constatation ; aussi, quand l’occasion s’ouvrit aux diverses populations, elles ne votèrent que pour les candidats de ce parti, à partir de 1956. Certains persistent malgré tout à falsifier l’histoire de la lutte pour l’indépendance de la Guinée. Ainsi, des assertions de mauvaise foi que voici : « Non seulement Diawadou Barry et Barry III ont, avant lui, préconisé le non au référendum constitutionnel de 1958, mais sans eux l’indépendance n’aurait pas été possible », écrit, par exemple, Alpha Abdoulaye Diallo dit Portos26. Deux autres opposants ont repris la même ineptie en l’amplifiant : ● Julien Condé écrit : « Si ce dernier, parlant de Diawadou Barry, avait accepté les propositions qui lui avaient été faites, à savoir se prononcer pour le oui et accepter la direction du pays, il est presque certain que la Guinée aurait connu le même sort que le Niger ; Djibo Bakary, vice-président du gouverneur (comme Sékou Touré), ayant préconisé le non, fut battu par Hamani Diori qui avait lui préconisé le oui et bénéficiait du soutien de la France. La Guinée doit 25 Archives nationales de Conakry. Guinée française. Services de Police. Rapport mensuel, janvier 1956. 26 Alpha AbdoulayePortos Diallo.Op.Cit.
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donc en grande partie son accession à l’indépendance au courage et au sens patriotique des dirigeants des partis tels que le BAG, le PAI (Parti africain de l’indépendance), qui avaient appelé à voter non »27. ● Un anonyme soutient la même idée fausse cinquante et un ans après l’indépendance de la Guinée, dans le journal guinéen Universel « Barry Diawadou rejeta tous les avantages attachés aux prérogatives de son statut d’alors et s’employa pour libérer son pays du joug colonial en réclamant l’indépendance de la Guinée bien avant Sékou Touré »28. Nous pourrions, pour démentir ces affabulations de caractère ethnocentrique, nous limiter à la démonstration que nous avons déjà faite relative à la juste représentation de chaque parti à l’issue des élections organisées pourtant par l’Administration coloniale entre le 2 janvier 1956 et le 18 mai 1958 .Ce démenti également déjà fait par Léopold Sédar Senghor sur l’attitude politique du PRA-Guinée à Cotonou en juillet 1958, renforce les démentis. Mais celui de l’avocat malien Demba Diallo, qui a vécu en Guinée d’avril 1956 à juin 1960, et trois constats faits par d’éminentes personnalités françaises nous semblent tout aussi intéressants à connaître. Ainsi, selon Demba Diallo, c’est une erreur de comparer le parti de Diawadou Barry, le BAG, avec la Sawaba celui de Djibo Bakary, en ignorant le poids politique du PDGRDA, parce qu’« un facteur essentiel joue contre Djibo Bakary et les partisans de l’indépendance, c’est que le parti Sawaba (la Liberté) est loin d’être aussi bien structuré que le Parti Démocratique de Guinée (PDG)»29. Or, le BAG n’eut jamais en Guinée l’importance politique que la 27 Julien Condé.Du 28 septembre 1958 au 28 septembre 1997. Quelques leçons du passé (Le spécial, 28 septembre 1997) 28 Universel, n°20 du 10 juin 2009. 29 Demba Diallo.çagoloba !Carnets d’un militant du Tiers Monde, éditions,2005.p.188.
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SAWABA eut au Niger ; ses dirigeants qui furent démocratiquement exclus de l’Assemblée territoriale par le scrutin du 31 mars 1957 ne pouvaeient plus compter sur l’Administration neutralisée. Et c’est encore à partir de l’état d’organisation des deux partis, la SAWABA et le PDG-RDA, à la veille du référendum, que Georges Chaffard, Joseph-Roger de Benoist et Jacques Foccart30 font allusion quant aux résultats prévisibles du référendum du 28 septembre 1958, en Guinée, malgré les manigances entreprises dans le pays et confirment Demba Diallo : tous étaient sûrs du rejet du projet de Constitution le 28 septembre 1958 par les populations guinéennes en raison de l’organisation du PDG-RDA, de l’encadrement administratif et politique du pays par ce parti. D’où cette constatation de Georges Chaffard : le truquage qui « peut être tenté au Niger où le PRA a manqué de cohésion », ne peut l’être en Guinée, « parce que le PDG encadre trop solidement les populations »31 : la SAWABA de Djibo Bakary n’était pas bien implantée au Niger et n’avait qu’une majorité fragile relative à l’Assemblée Territoriale élue le 31 mars 1957, 41 sur 60 conseillers territoriaux. Par ailleurs, Djibo Bakary, alors qu’il était vice-président puis président du Conseil de gouvernement du Niger « n’avait pas su utiliser les moyens offerts par la loi- cadre pour neutraliser les forces qui lui étaient hostiles », écrit à juste titre Joseph Roger de Benoist. Quant à Jacques Foccart, il ne se faisait aucune illusion sur l’issue du référendum en Guinée et au Niger, puisqu’il était en contact régulier avec les commandants de cercle et les chefs des services de sécurité des deux colonies, Aussi, 30
Georges Chaffard.op.cit. Josphe de Benoist. L’AfriqueOccidentale française de 1944à 1960.Dakar, Les Nouvelles éditions africaines, 1983.p425. Jacques Foccart. Entretiens avec Philippe Gaillard.I.Paris, Fayard, 1995,p. 31 Georges Chaffard.op.cit.T.2, p.277.
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révèle-t-il : « Il y a un doute sur le Niger, mais nous avons quand même confiance. Djibo Bakary n’a pas encore pris position et, à la différence de Sékou Touré, il n’a pas l’immense majorité du peuple .derrière lui »32. C’est dire qu’aucun dirigeant du PRA-Guinée ne peut être comparé à un dirigeant du PDG-RDA, même insidieusement, à plus forte raison avec Sékou Touré, secrétaire général de ce parti. Et en Guinée, nous l’avons déjà démontré : le BAG et la DSG, formant la section guinéenne du PRA, ne constituaient plus une force politique capable de mobiliser, ni un danger pour le PDG-RDA. Mais allons plus loin dans notre analyse et tentons d’examiner le poids politique des deux personnalités, Djibo Bakary, du Niger, et Diawadou Barry, de Guinée, que certains opposants guinéens tentent de comparer. Il faut d’abord indiquer qu’exceptées les lettres D et B, les deux personnalités n’avaient rien d’autre en commun. Diawadou Barry n’avait pas la même stature politique que Djibo Bakary : il était un simple parlementaire guinéen, connu seulement en Guinée, à Dakar et en France grâce à ses mandats obtenus par truquages électoraux : Conseiller Territorial, de 1946 à 1954, Conseiller de l’Union Française, de 1953 à 1954, et député à l’Assemblée nationale française, du 27 juin 1954 au 28 septembre 1958 ; il n’avait jamais manifesté, entre 1945 et 1953, sa sympathie aux grévistes guinéens qui avaient pourtant mené la vraie lutte de libération contre l’état de domination coloniale ; il est vrai qu’il n’avait jamais remis la domination française en cause, ou, à plus forte raison, préconisé l’indépendance de la Guinée. N’avait-il pas déjà affirmé, au cours d’une réunion publique tenue le 19 mai 1956 au cinéma Vox à Conakry, que « les Africains ne sont pas encore mûrs pour
32
Jacques Foccart.Op.cit
197
l’indépendance » ?33 Alors que des nationalistes africains, dont des Guinéens, étudiaient déjà le processus devant conduire à cette solution en passant par l’autonomie interne totale, le BAG optait, dans sa résolution générale, pour une République française « une et indivisible »34 et depuis la défaite aux élections du 31 mars 1957, ce parti ne débattait désormais que des thèmes ethniques ; les réunions étaient devenues de simples séances critiques des actions gouvernementales et de l’affirmation du particularisme peul. Aucune perspective politique générale ne préoccupait désormais les dirigeants de cette formation ; ce qui provoqua de nombreuses démissions en son sein. « Nous avons quitté le BAG parce qu’il n’avait plus le caractère national ; certains de ses dirigeants ne défendaient plus que leurs intérêts », disaient ceux qui abandonnaient le parti. Diawadou Barry en voulait par ailleurs à Saïfoulaye Diallo pour avoir « trahi » son ethnie au profit de l’unité nationale, alors que Djibo Bakary, pourtant cousin de son adversaire, n’avait manifesté aucune hostilité envers Hamani Diori, un allié pourtant affirmé des autorités coloniales françaises. C’est ainsi que, selon le Haut commissaire de l’AOF, Gaston Cusin, il « aurait déclaré, au cours de la réunion tenue chez Abdoulaye Diallo, par la section guinéenne du PRA « que la division des Foulahs a été voulue et réalisée par Saïfoulaye Diallo, député du RDA, et de quelques profiteurs de ce parti ; qu’il invite, de façon très pressante les Foulahs à se regrouper pour sauver leur pays où règne
33
Archives nationales de Conakry.Services de Police. Renseignements 937/332 du 20 mai 1956. 34 Archives nationales de Conakry.Services de Police. Renseignements 937/ Archives nationales de Conakry.Services de Police. Renseignements 93753204 du 20 mai 1956.
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actuellement le désordre et qui n’a plus l’importance qu’il avait avant la pénétration française »35. Djibo Bakary ne s’intéressait qu’au combat d’idées ; voilà pourquoi il manifesta son admiration, dès 1947, pour Saïfoulaye Diallo qui, quoique arbitrairement affecté au Niger, contribua à l’éveil nationaliste au Niger. D’où son article : « Merci camarade Saïfoulaye. C’est le cri unanime de tous les bons africains vivant au Niger…Voilà un homme enfin, répétons-nous dans nos conversations…J’ai la conviction que tu ne faibliras jamais. L’Afrique Noire a le droit d’être fière d’avoir produit des hommes tels que toi. Nous savons tous que tu souffriras encore pour ne pas dire toujours .Tu subiras des vexations, que dis-je, des humiliations parce que tu es juste et brave dans un pays où la jeunesse est si lâche, si veule et si vénale. Et quand je pense que certains nigériens t’en veulent d’avoir contribué à faire la lumière dans notre pays, mon cœur se soulève du plus suprême dégoût »36. Diawadou Barry, dirigeant le BAG ? Une légende. Il n’était pas le leader de son parti, le BAG, et ne le dirigeait pas « avec Karim Bangoura comme adjoint »37, comme le soutient Julien Condé ; les deux étaient certes des parlementaires, le premier Député à l’Assemblée Nationale Française et le second Conseiller de l’Union Française, mais ils n’étaient que de simples membres du BAG effectivement dirigé par Koumandian Keïta ; par ailleurs, n’ayant plus de base sociale depuis la suppression de la chefferie de canton, le 31 décembre 1957, ce parti ne pouvait plus compter sur une structure coloniale pour faire élire ses candidats et mobiliser pour le « oui » ; il souffrait désormais de sa position de minorité : le BAG ne dirigea 35 Nantes(France). Centre d’Archives diplomatiques.FOM.Cabinet. Bureau d’études, n°823 Bulletin de renseignements.Origine Haut commissariat de l’AOF. 36 In Réveil, n°226, 21 juillet 1947. 37 Julien Condè,op.Cit.p.5 .
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aucune des mairies mises en place à partir de novembre 1956 ; il n’eut, à partir du 31 mars 1957, aucun Conseiller à l’Assemblée Territoriale, même parmi ses dirigeants qui ont tous été battus aux élections ; il n’eut aucun ministre dans le gouvernement semi-autonome qui géra la Guinée du 9 mai 1957 au 1er octobre 1958 ; ses très rares membres, dans les conseils de circonscription et dans les conseils de village, étaient neutralisés et la présidence, toute du PDG, desdits conseils lui échappa ainsi totalement. Or, Djibo Bakary avait « sur le plan nigérien, une position personnelle très forte et en AOF, une audience étendue. Au Niger, le prolétariat des champs et des villes lui est acquis, la jeunesse intellectuelle le suit. Maire de Niamey, il vise le Conseil de gouvernement » ; cet extrait de la lettre du 21 janvier 1957 déjà citée de Georges Brouin, commandant de cercle de Labé (Guinée), désavouant le choix de Ibrahima Barry III comme secrétaire général du MSA, est une preuve que l’Administration coloniale observait, par delà les frontières des colonies, les hommes politiques africains. Djibo Bakary était donc plus connu dans les sphères politiques et syndicales africaines et européennes que Diawadou Barry ; il a joué un rôle plus décisif que celui-là, en Afrique et dans le monde. En effet, il fut, sur le plan national et international, d’abord un grand militant et un responsable syndical africain émérite : il sera élu secrétaire général, puis permanent du Comité de coordination des unions territoriales des syndicats confédérés de l’AOF à la conférence syndicale africaine de Bamako, d’octobre 1951 à 1954 ;or, c’est au moment où les travailleurs africains menaient des luttes acharnées pour le vote et l’application du code du travail d’Outre-mer, au moment où Sékou Touré s’imposait en Guinée en Afrique grâce aux résultats positifs des différents 200
collectifs, c’est le moment que choisit le comité électoral de Diawadou Barry pour lancer l’« Appel au Foutah en général en général et à la Guinée en particulier », condamnant vigoureusement et dénonçant encore Sékou Touré en 1954 pour « les grèves, selon lui, inconsidérées qu’il avait déclenchées en 1953 »38. Djibo Bakary fut, en plus, un dirigeant actif de l’Union Générale des Travailleurs d’Afrique Noire (UGTAN), à partir de 1957, comme Sékou Touré qui en sera élu président en 1959. Par ailleurs, Secrétaire général, dès 1947, de la Section nigérienne du RDA issue du Parti progressiste nigérien dont il était membre depuis 1946 et dont le secrétariat était assuré par Saïfoulaye Diallo, il n’accepta pas la nouvelle orientation du RDA fédéral, le désapparentement avec le PCF ; il en fut exclu et créa son parti qu’il dirigea jusqu’au référendum du 28 septembre 1958. Membre fondateur du nouveau parti, il fut également élu secrétaire général du PRA fédéral à Cotonou, en juillet 1958. Il n’entretint aucun contact avec Jacques Foccart même à travers le RPF alors que Diawadou Barry comptait sur ce parti pour être élu. Djibo Bakary était plus craint par les autorités coloniales qui ne voyaient en lui qu’un nationaliste, alors que Diawadou Barry était considéré comme un « modéré », c’est-à-dire celui qui ne met pas le système colonial en cause et qui était susceptible d’être utilisé. C’est Djibo Bakary qui donna d’ailleurs le ton au congrès de Cotonou, en affirmant dans sa déclaration : « l’indépendance d’abord, le reste ensuite ». Barry Diawadou, était certes, comme nous l’avons vu, un responsable au sein du BAG, mais nous répétons, il ne dirigea jamais ce parti ; il a même été affirmé qu’il faisait partie des hommes politiques guinéens dudit parti qui s’étaient servis de Koumandian Keïta contre Sékou Touré : 38
Amadou Télivel Diallo et El hadhj Mamadou Sankaréla Diallo. L’appel au Fouta en généralAppel au Fouta en particulier et à la Guinée en particulier.
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l’aversion subjective de celui-ci pour le leader guinéen et son complexe intellectuel supérieur connus de tous, étaient tels qu’il fut facile de faire de ce progressiste le premier responsable d’un parti réactionnaire hostile au PDG-RDA et à Sékou Touré, en particulier. Après avoir été triché dans toutes ses tentatives pour être élu à l’Assemblée Nationale Française de 1946 au 2 janvier 1956, Djibo Bakary ne fut élu maire de Niamey qu’à l’issue des élections municipales du 18 novembre 1956, alors que Barry Diawadou dut ses mandats de conseiller et de Député grâce à l’appui de l’Administration coloniale et ne put être élu ni conseiller municipal, en 1956, ni conseiller territorial en 1957, son parti ayant été vaincu à l’issue des deux scrutins. C’est quand Djibo Bakary commit l’erreur fatale d’associer son parti, l’Union Démocratique Nigérienne devenu la Sawaba (la liberté) en 1958 avec la chefferie de canton lors des élections territoriales du 31 mars 1957 qu’il offrit l’occasion à l’administration coloniale de le piéger : il eut, la majorité à l’issue des élections territoriales, 41 sièges sur 6o, avec l’appui des chefs traditionnels ; ce qui lui permit de présider le conseil de gouvernement qu’il constitua et dirigea du 21 mai 1957 au 28 septembre 1958, en application de la loi-cadre du 23 juin 1956 ; or, à partir de 1956, Diawadou Barry n’était plus que député difficilement réélu à l’Assemblée nationale française. Devenu secrétaire général du PRA fédéral, qui avait recommandé « l’indépendance immédiate » en juillet 1958 à Cotonou, déjà craint des autorités coloniales, Djibo Bakary suscita d’abord la méfiance de l’administration, avant de provoquer son hostilité quand il décida de voter « non » au référendum du 28 septembre 1958 : son nationalisme était devenu insupportable pour les autorités coloniales françaises ; mais n’ayant pas su vider la Loi-cadre du 23 juin 1956 de tout son contenu positif pendant les dix huit mois 202
de gouvernement, en supprimant en particulier la chefferie de canton devenue très puissante au Niger, il fut facile à l’administration coloniale de prendre les dispositions efficaces contre lui à l’occasion du référendum du 28 septembre 1958. En effet, le gouverneur Louis Rollet ayant refusé de se prêter à toute opération de tripotage des résultats du référendum en faveur du « oui », fut remplacé le 20 août 1958 par un va-t-en guerre, Don Jean Colombani qui rejoignit le Niger dès le 28 août 1958, comme nouveau gouverneur du territoire ; celui-ci, épaulé par le commandant militaire du Niger, le général Manière et le directeur de la Sûreté, Maurice Espitalier, un ancien de la Guinée, réussit à corrompre les chefs de canton, à les persuader qu’en cas de victoire du « non », Djibo Bakary supprimerait leur institution ; il réussit également à faire démissionner les ministres français du conseil de gouvernement et à priver les autres ministres de tous les moyens de propagande à travers le territoire (blocage de tout engagement financier et saisie de tous les véhicules administratifs, etc.) par un arrêté pris le 19 septembre 1958. L’aide matérielle et financière du Président Nkrumah au leader nigérien ne fut pas suffisante. Par contre son cousin-adversaire, Hamani Diori, secrétaire général du PPN-RDA, ayant toujours collaboré avec l’administration coloniale, disposa de moyens financiers considérables et de déplacement à l’intérieur du territoire ; lesdits moyens avaient été obtenus soit de l’administration, soit envoyés par le président du RDA, Houphouët-Boigny ; ce qui lui permit de réussir, grâce au truquage et à la corruption, à faire voter « oui », le 28 septembre 1958. D’où cette constatation de Georges Chaffard sur le Niger et la Guinée, à l’issue du référendum du 28 septembre 1958 : au Niger, « l’administration a truqué les consulta-
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tions sans vergogne » ; en Guinée, par contre, « les consignes de Sékou Touré ont été suivies à la lettre »39. C’est qu’en Guinée, le PDG-RDA dominait la vie politique guinéenne ; la chefferie de canton, que l’Administration aurait pu utiliser contre lui, honnie de toutes les masses paysannes, avait été supprimée neuf mois avant le référendum ; or, elle était l’instrument d’exploitation et d’oppression de l’Administration et la base d’action et le moyen de mobilisation du BAG et de la DSG au sein desquels militaient Koumandian Keita, Diawadou Barry, Karim Bangoura et Ibrahima Barry III ; ses titulaires avaient été complètement éloignés de toute vie administrative et politique avant d’être le référendum du 28 septembre 1958. En effet, les autorités centrales n’ayant pas réussi à faire bloquer son application en Guinée, la nouvelle organisation administrative mise en place par l’arrêté du 26 décembre 1957 neutralisait désormais l’Administration locale : toutes les structures de commandement étaient désormais dirigées par des hommes et femmes démocratiquement élus et acquis au PDG-RDA ; ce parti avait désormais des moyens d’action et financiers assez puissants pour défendre son programme. Toute autre version, en particulier la comparaison saugrenue entre l’audience et le pouvoir de mobilisation populaire de Djibo Bakary et de Diawadou Barry à la veille du référendum du 28 septembre 1958, en faveur du oui, n’est que de la pure affabulation.
39
Georges Chaffard.op.cit.T.2.
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VI. DU RALLIEMENT A LA POSITION DU PDG-RDA ET NON CONSENSUS FACE AU REFERENDUM DU 28 SEPTEMBRE 1958
Afin de continuer à amoindrir le rôle transcendant du PDG-RDA dans l’obtention de l’indépendance de la Guinée, certains philistins soutiennent que ce fut sur consensus que la victoire du « non » fut obtenue. Il suffit de se référer à la représentativité des partis politiques pour rejeter et démentir une telle assertion ; mais pour permettre aux jeunes de mieux saisir l’enjeu du référendum du 28 septembre 1958 et savoir qu’il y a eu ralliement à la position du PDG-RDA et non consensus, c’est-à-dire négociation pour aboutir à un accord, il est nécessaire de rappeler les six faits suivants : 1. L’étape de Conakry n’était pas prévue dans le programme de la tournée du général de Gaulle en Afrique Le haut-commissaire de l’AOF, Pierre Messmer, y était particulièrement hostile ; il se basait sur les informations recueillies par les services de renseignements ; Maurice Robert, chef de Poste du SDECE à Dakar nous le confirme : " nous n’étions pas favorables à cette étape. Les informations dont je disposais et que j’avais communiquées n’y encourageaient guère"40 ; le général de Gaulle n’en 40
Maurice Robert. « Ministre Afrique », entretiens avec AndréRenault.Paris Seuil, 2004.
voyait pas intérêt ; Fort Lamy (actuelle Djamena, Tchad), Tananarive (Madagascar), Brazzaville (Congo), Abidjan (Côte d’Ivoire) étaient les seules étapes donc prévues. Consulté, Houphouët-Boigny le déconseilla. C’est le ministre de la France d’Outre-mer, Bernard Cornut-Gentille qui y tenait et qui avait pris seul l’initiative de proposer l’étape de Conakry aux autorités françaises en se fondant sur l’amitié qui le liait à Sékou Touré depuis qu’il était gouverneur général de l’AOF à Dakar et dans l’espoir de pouvoir le convaincre de faire voter en faveur de la communauté 2. L’impact supposé du congrès constitutif du PRA de Cotonou sur le processus de la lutte politique en Guinée Se référant souvent à la décision du congrès constitutif du PRA à Cotonou (25 au 27 juillet 1958), demandant l’indépendance immédiate, certains soutiennent mordicus que c’est ce parti, dans son ensemble, y comprise la section guinéenne du PRA (UPG : BAG et DSG), pour y avoir participé, qui exigea cette indépendance avant le PDG. Or, deux observateurs ont tenu à donner les précisions suivantes : Gil Dugué, qui avait participé à cette instance, écrit que la situation de minorité de la section guinéenne du PRA, donc du BAG et de la DSG, n’était guère enviée par les autres délégations à Cotonou ; l’un des responsables du PRA fédéral, Léopold Sédar Senghor a révélé dans une interview que dans la discussion générale du rapport « la section PRA de Guinée avait combattu l’idée d’indépendance immédiate » avec deux autres sections41. Cela confirme qu’au congrès constitutif du PRA à Cotonou, en juillet 1958, la section guinéenne l’UPG, la section guinéenne du PRA, avait subi une décision qu’il n’avait pas envisagée dans sa stratégie. 41
In Perspectives africaines ?Synthèses politiques, éconmiques,n°1, 1er septembre 1958.
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3. La rencontre de la Section guinéenne du PRA-Guinée à Mamou Venu assister à la réunion de la section PRA-Guinée à Mamou du 6 au 8 septembre 1958, Mamadou Dia, président du conseil du gouvernement sénégalais et membre du Comité du PRA fédéral avait demandé à Sékou Touré de faire voter oui et de prendre ensuite l’indépendance ; devant l’intransigeance du leader Guinée, il demanda aux cadres du PRA à Mamou de se conformer à la position que le PDG prendra et d’entrer en contact avec sa direction pour toute éventualité afin d’éviter tout suicide politique. 4. La conférence territoriale du 14 septembre 1958 du PDG, une vraie assise nationale Après avoir tout tenté auprès des autorités françaises afin que ses amendements fussent pris en compte, le PDG-RDA tint la conférence du 14 septembre 1958 : les délégués des sous-sections PDG prirent, à l’unanimité, la décision de choisir l’indépendance du pays en votant « Non » le 28 septembre 1958. Il est à noter qu’aucun autre parti, en particulier le PRAGuinée (BAG et DSG), n’y avait été invité. Si donc le consensus, comme le définit le Petit Larousse illustré de 199642 veut dire « accord entre plusieurs personnes » et en politique « accord et consentement du plus grand nombre », il est bon de savoir qu’en Guinée la décision de voter « non » ne fut l’objet d’aucun marchandage, d’aucun accord, d’aucune négociation entre l’UPG-PRA et le PDG-RDA ; la conférence du 14 septembre 1958 ne regroupa que les sous-sections du PDG-RDA. Il y a eu, par contre, des ralliements, c’est-à-dire que des individus et des groupes avaient attendu que cette conférence se termine pour donner leur adhésion à la position du 42
Petit Larousse illustré. Paris, Labourousse, 1995,p.267.
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PDG-RDA et cela commença dès la fin de l’assise et consolida progressivement l’unité des forces sociales. Mais c’est le ralliement de l’UPG, section PRA-Guiné, qui fut spectaculaire ; nous savons déjà que le 30 août 1958, deux clans s’étaient constitués : le clan Diawadou Barry, plus réaliste, et le clan Koumandian Kéïta, très hostile à Sékou Touré. 5. La rencontre de la nuit du 16 au 17 septembre 1958 Le PDG-RDA ayant précisé sa position et sa méthode de mener la campagne, une délégation composée de Diawadou Barry, Ibrahima Barry III, Abdoulaye Diallo (Huissier) et d’Alioune Badra Kane, se rendit au domicile de Sékou Touré dans la nuit du 16 au 17 septembre 1958 ; celui-ci s’entoura aussitôt de Saïfoulaye Diallo, président de l’Assemblée territoriale et de Damantang Camara, ministre de la Fonction publique, tous deux membres du Bureau Politique. Après avoir parlé des diverses offres et propositions que les autorités françaises lui auraient faites afin de faire voter "OUI", Diawadou Barry confirma la décision de l’UPGPRA de se joindre au PDG-RDA pour rejeter le texte constitutionnel. Dès après le départ de la délégation, Sékou Touré convoqua les membres du Bureau Politique du PDG-RDA ; à l’issue des débats, il fut décider d’accepter ce ralliement et que les organes directeurs du PDG-RDA et de l’UPG se rencontreront dès le lendemain pour tout simplement harmoniser leurs méthodes de campagne pour le "non". Le 17 septembre 1958, les représentants des deux partis se retrouvèrent à la Mairie de Conakry ; après examen de la situation politique, ils décidèrent de combattre l’action nocive des forces conservatrices et féodales, et signèrent
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l’"Accord de l’Hôtel de ville de Conakry"43 portant sur le principe d’une campagne commune pour le "non"; après avoir reconnu "l’avance prise par le PDG-RDA " et demandé que "leurs dotations en matériel soient faites par les soins du PDG-RDA et aux frais de ce parti", l’UPG-PRA fut chargé "d’axer son action sur la région du Foutah", où elle se livrait, depuis un an, à des actions de sape contre l’autorité du Conseil de gouvernement PDG-RDA. 6. Réaction des autorités coloniales de l’AOF S’étant rendue compte qu’il ne pouvait plus compter sur une éventuelle division du PDG-RDA et s’appuyer sur l’UPG-RDA, comme cela s’était produit au Niger, le Haut Commissaire de l’AOF, Pierre Messmer, ne se fit plus d’illusion ; il l’annonça dans les conclusions dans un télégramme au ministre de la FOM44. Ainsi les autorités coloniales avaient fini par se convaincre que même l’envoi envisagé des parachutistes pour soutenir les partisans du oui n’aurait pas empêché les Guinéens de voter majoritairement pour l’indépendance en votant non.
43
Lire Sidiki Kobélé Keita.Ahmed Sékou Touré. L’homme et son combat anticlonial(1922-1958). Anne11,p ;3353-354. 44 Aix-En-Provence (France).Centre d’Archives d’Outre-Mer, cart.21 99 dos.3 ?Situation en Guinée, 21 septembre 1958, n°3.100/BCS :AOF(2).
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VII. NEGATION DE LA PATERNITE DES DISCOURS DU 25 AOUT 1958
Des cadres, mal intentionnés, tentent également d’entretenir une polémique autour de la paternité des discours de Saïfoulaye Diallo et de Sékou Touré en accréditant la version selon laquelle les textes ont été redirigés par les membres du bureau politique du P.D.G., des délégués des sous-sections de ce parti et des éléments extérieurs au RDA (dirigeants du PAI et de FEANF, intellectuels progressistes). Etait-il possible que le PDG-RDA fît cuisine commune avec tant d’éléments hétérogènes aux options fort divergentes à un moment décisif de l’histoire du peuple de Guinée ? Assurément non. Et dire que le président guinéen s’est rebiffé à la présentation de ce texte en disant qu’il ne tiendrait jamais de tels propos en présence de de Gaulle, c’est s’élever purement et simplement contre la vérité et l’image que le monde entier et le peuple de Guinée en particulier accordaient à Sékou Touré, notamment au cours de cette période où son courage politique, son sens élevé de dignité, de personnalité, de responsabilité et de fierté le plaçait au-dessus du commun. En réalité, ce fut à l’issue de plusieurs réunions que le Bureau Politique seul approuva les deux projets présentés par Saïfoulaye Diallo et Sékou Touré discours, après qu’une commission ad hoc composée d’éléments du parti ait affiné le texte ; certains passages du projet, jugé violents,
furent supprimés. Le témoignage de Demba Diallo, d’origine malienne, secrétaire général de la sous-section PDG-RDA de la banlieue Conakry, que voici est, à ce propos, éloquent : "Je ne sais pas ce qu’il faut penser de Ray Autra lorsqu’il ose affirmer que non seulement Sékou Touré n’est pas l’auteur du fameux discours qu’il a prononcé devant le général de Gaulle, mais qu’il n’était même pas membre de la commission de rédaction, alors que plus de dix camarades étaient, avec moi-même, membres de cette commission qui n’a fait que "polir" les deux projets de discours présentés respectivement par le regretté Diallo Saïfoulaye, alors président de l’Assemblée territoriale, et par Sékou Touré"45.
45
Demba Diallo. Comment la Guinée est entrée dans l’indépendance, 1998(In :Fraternité –matin, 15 septembre 1959.
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VIII. LE CHOIX DE LA LUTTE NON ARMEE, UN CHOIX SANS DANGER
Une autre thèse relative à l’indépendance de la Guinée mérite d’être examinée : reprenant Frantz Fanon qui soutient, en se référant à la seule guerre d’Algérie, que la lutte armée est l’unique moyen de conquérir l’indépendance, et Fernand Gigon qui, se référant « aux millions d’hommes morts, au torrent de sang qui a coulé pour permettre la naissance de la Chine Nouvelle, de l’Inde, du Vietnam, sans évoquer l’hémorragie de l’Algérie », affirme « qu’il n’y a pas de véritables accessions à l’indépendance sans baptême de sang »46, les détracteurs du PDG en conclurent que l’indépendance guinéenne était sans valeur et ne pouvait servir de référence parce que obtenue par « un simple dépôt de bulletins dans l’urne. Le caractère administratif de la victoire du 28 septembre n’a pas d’héroïsme et de prestige »47 ; on a même lu sous le plume de certains guinéens, qui regrettent encore le régime colonial, que pour obtenir la majorité, le PDG-RDA a été obligé de bourrer les urnes, donc truquer un scrutin organisé par les autorités coloniales. Or, non seulement le "non" de la Guinée au projet de constitution du général de Gaulle s’inscrit désormais au rang du gotha des actes d’héroïsme, mais encore il faut sa46 47
Fernand Giguon. La Guinée, Etat pilote.ParisPlon, p. 4. Idem.
voir que Sékou Touré et le PDG n’avaient pas exclu la lutte armée ; celle-ci est le recours ultime, quand un peuple a épuisé toutes les ressources pacifiques pour obtenir sa libération de la domination coloniale. C’est la juste connaissance de cet important aspect de la stratégie pendant la lutte de libération nationale qui fait la différence entre le réalisme politique et l’aventurisme. Les guerres d’Indochine et d’Algérie ne s’expliquent pas autrement : c’est après avoir épuisé tous les moyens pacifiques en vue de la satisfaction des revendications légitimes des populations indochinoises et algériennes que les nationalistes de ces deux pays s’organisèrent pour obtenir l’indépendance de leur pays par la lutte armée. Sortie très affaiblie des deux guerres, la défaite de ses troupes à Dien Bien Phu, en 1954, et les différentes victoires militaires du F.L.N.A. ayant illustré la détermination des mouvements de libération, la France se résolut à empêcher l’ouverture d’autres foyers de guerre surtout en Afrique Noire. Elle consenti la semi-autonomie, puis le référendum du 28 septembre 1958. Sékou Touré, ses compagnons de lutte et le PDG-RDA avaient choisi l’approche réaliste. N’affirmaient-ils pas que « si nous voulons mener une lutte armée contre la France en soi, nous ne disons rien, nous nous enfermons, nous nous révoltons et personne ne pouvait arrêter une lutte menée dans l’intérêt de l’Afrique »48 ? Mais la direction du PDG-RDA qui voulait éviter toute erreur fatale dans le choix des moyens, utilisa d’abord la forme légale de la lutte (syndicale, électorale, etc.) et tenta d’épuiser toutes les possibilités offertes par les textes officiels. Il parut donc insensé de choisir la violence armée dès la naissance du parti : les forces nationalistes et progressistes n’étaient non seulement pas préparées à cette forme de combat, mais elles étaient démunies face à des réaction48
Ahmed Sékou Touré.Expérience guinéenne, p.161.
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naires et colonialistes puissamment dotés d’armes de destruction modernes, d’importants moyens financiers et bénéficiant d’appuis intérieurs assez puissants. Aimé Césaire le dit dans une formulation définitive : « il faut se garder de la mystique de la violence. Il n’y a pas, dans l’hécatombe, une vertu telle qu’elle seule puisse fonder la cité. On aurait pris l’effet pour la cause. Et, si la guerre, comme rien d’autre, cimente l’indépendance, ce n’est pas par la vertu du sang répandu, mais par la vertu de la mobilisation passionnelle qui a rendu un peuple capable de répandre son sang »49. Au moment du choix décisif, les conditions excluant la lutte armée étaient déjà remplies en Guinée : l’encadrement politique et administratif à travers une implantation profonde du PDG ; « la mobilisation du peuple de Guinée par Sékou Touré », écrit Aimé Césaire, l’avaient « rendue inutile »50. Et puis l’épreuve de force ne pouvait pas avoir lieu dès lors que, le 25 août 1958, à Conakry, le général de Gaulle avait donné à la Guinée la fameuse réponse que l’on sait. En tout état de cause, la lutte non armée menée par le PDG sous la direction d’abord de Madeira Keïta et en particulier de Sékou Touré ne fut pas une lutte non violente puisqu’elle eut ses martyrs, des morts et des blessés. Et puis, comme l’affirmait justement le leader guinéen, « nous ne pouvions pas refuser l’indépendance pour la réclamer ensuite, peut-être dans cinq jours, peut être dans un an »51 ; pour lui, « l’économie de moyens violents est un capital positif qui…reste acquis »52 d’autant que « jamais dans 49 Aimé Césaire. La Pensée politique d’Ahmed Sékou Touré(in RDA, n°90, septembre 1975 50 Idem 51 Ahmed Sékou Touré.Exposé aux corps constitués à Kankan, le 23 février 1959 ;Voir aussi Expérience guinéenne, p.169 52 Ahmed Sékou Touré. L’action politique du PDG.T I.Conakry, BPN, 1959,p.173 et 202.
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l’histoire du monde, ajoute-t-il, n’a encore été enregistré que le vote d’une journée puisse donner la clé ouvrant la porte de l’indépendance à un pays colonisé »53. C’est dire que c’est la prise de position courageuse et exemplaire du peuple de Guinée au référendum de de Gaulle qui lui évita la lutte armée qui se serait imposée de la même manière qu’elle l’a été au Vietnam et en Algérie, d’autant que le PDG était déterminé à atteindre l’objectif qu’il s’était fixé. « Nous n’accepterons jamais, quant à nous, que les générations futures puissent nous maudire, en disant : ils ont été consultés sur notre sort. Ils nous ont vendues parce qu’ils avaient peur d’avoir à souffrir », affirme Sékou Touré.
53
Idem.
216
IX. LA GUINEE NE DOIT PAS SON INDEPENDANCE AUX ELEVES ET ETUDIANTS
C’est, enfin, le lieu de relativiser, une fois de plus, le rôle que les élèves et les étudiants jugeraient décisif et qu’ils auraient joué dans la prise de position des dirigeants politiques guinéens face au projet de constitution gaulliste. Certes, ils prônèrent publiquement et popularisèrent, à travers des déclarations, des articles de presse, les résolutions ou motions de congrès, des idées, militèrent pour l’indépendance. Mais faire accepter aux masses l’idée de l’indépendance a été un long et difficile processus qui ne put être spontané et l’œuvre ne put être que celle d’une organisation de masse, d’un parti politique de masse. Nous l’avons sus - dit : les masses populaires guinéennes ne s’éveillèrent pas à l’idée de l’indépendance spontanément, par la vertu de déclarations sur l’indépendance, fussent-elles fracassantes. Il fallut les transformer en forces matérielles pour l’indépendance et cette transformation fut lutte et mobilisation permanentes à la fois pour des objectifs tactiques et pour des objectifs stratégiques. Les luttes syndicales par des grèves pour l’amélioration quotidienne des conditions de vie des travailleurs des villes et des campagnes ; les luttes électorales pour la conquête de sièges au sein des diverses assemblées législatives, où se décidait le sort des colonies ; l’implantation du parti, la sen-
sibilisation des masses en vue d’une prise de conscience effective de leurs conditions d’opprimés et d’exploités ; voilà les facteurs qui permirent de mieux préparer les population guinéenne à sortir du joug colonial et d’aboutir à l’indépendance. Pour la réalisation de ces objectifs, ce n’est pas une organisation estudiantine qui fut capable de le faire, fût-elle la plus prestigieuse, la FEANF en l’occurrence, mais des organisations sociales, syndicats et partis politiques, enracinées dans les masses. Car, pour détruire, abolir le système colonial, ce ne furent pas des déclarations sur l’indépendance qui suffirent ; c’est une force politique de masse organisée qu’il fallut créer et développer. Cela, seul un parti politique révolutionnaire en fut capable ; le PDG seul en fut capable en Guinée, les autres formations politiques rentrant en hibernation dès après les élections. Les élèves et les étudiants, fussent-ils révolutionnaires à l’époque, reprennent malheureusement à leur compte la fameuse thèse de la spontanéité des masses selon laquelle il suffit de faire des déclarations lumineuses sur l’indépendance, de fortes et intenses campagnes de sensibilisation pendant la seule et courte période de vacances d’un mois dans tout le pays pour que les masses se lèvent comme un seul homme et marchent hardiment vers l’indépendance. C’est faire bon marché des forces hostiles à l’indépendance en premier lieu et tout naturellement l’Administration coloniale et ses alliés que sont les partis politiques, en particulier le BAG, qui les soutenaient et toutes les forces sociales battues avec la suppression des institutions de domination et d’exploitation : tribunaux indigènes, sociétés indigènes de prévoyance, mais surtout la chefferie de canton et de quartier. En réalité, les populations africaines en général et guinéennes en particulier savaient pourquoi et dans quelles conditions elles luttaient bien avant que les élèves et étu218
diants ne se mirent à faire des déclarations sur l’indépendance ; elles s’étaient appropriées de l’idée parce que celleci correspondait à leur aspiration ou revendication profonde et qu’elle avait été émise au sein des structures permanentes d’encadrement, d’éducation, de mobilisation et de combat, c’est-à-dire les partis et syndicats existant à l’époque dans chaque colonie ; c’est au sein de ces formations de masse que ces populations menèrent des luttes opiniâtres contre le système colonial français. Elles ne prenaient en compte et n’appliquaient que les seules consignes que les partis et les syndicats leur donnaient. A preuve, la très grande majorité des populations de Guinée ont voté "Non" parce que le PDG avait recommandé le rejet du projet de constitution gaulliste, rejoint en cela par "le BAG en déconfiture, la DSG [n’ayant pas] grand avenir", précise Brouin, le commandant de Labé à l’époque ; les populations des autres colonies avaient opté pour le "Oui" sur décision des partis dominants. Or, les élèves et étudiants africains avaient effectivement recommandé le vote négatif et participé à la campagne pour le "Non" dans toutes les colonies. Mais c’est seulement en Guinée que le "Non" l’emporta parce que, il faut y insister, c’est seulement en Guinée que le long et profond travail de transformation politique des masses populaires pour l’indépendance avait été effectué par le PDG et les Syndicats d’obédience PDG. C’est pourquoi les mots d’ordre donnés par Sékou Touré, Saïfoulaye Diallo et le PDG-RDA tout entier ont pu exprimer les voeux et les aspirations des populations guinéennes. Le degré de prise de conscience des masses populaires, leur adhésion et leur attachement à l’idée de l’indépendance avaient atteint un tel seuil de non retour qu’aucun dirigeant du PDG, y compris Sékou Touré, n’aurait pu faire marche arrière. C’est dire que l’hypothèse que Sékou Touré et Saïfoulaye Diallo puissent donner des consignes de voter "Oui" 219
est si absurde qu’il aurait fallu admettre chez eux du crétinisme politique et un goût prononcé du suicide politique. En effet, il y a une différence entre la responsabilité politique d’un dirigeant d’un parti politique révolutionnaire et celle d’un dirigeant d’une organisation estudiantine. Le dirigeant d’une formation politique de masses n’est pas le dirigeant estudiantin. Son discours l’engage nécessairement et engage irréversiblement les masses populaires lorsqu’il s’agit de la réalisation d’un objectif stratégique tel que celui de l’indépendance du pays. Il n’a pas droit à l’erreur. C’est pourquoi il subordonne toujours ses déclarations aux décisions prises par les instances de son parti. C’est seulement lorsque le Parti décide d’aller à l’indépendance que le dirigeant politique peut faire entendre sa voix. C’est ce qui s’est passé à partir du 14 septembre 1958, quand la 4ème Conférence du PDG-RDA décida " de choisir l’indépendance en votant Non au référendum du 28 septembre 1958", après avoir constaté "qu’il ne saurait y avoir, pour un peuple dépendant, la moindre hésitation dans le choix entre l’indépendance et la communauté proposée". Après cette décision, prise à l’unanimité des délégués de toutes les sous-sections, Sékou Touré et les autres dirigeants du Parti avaient désormais un mandat précis qu’ils assumèrent jusqu’au bout. Les élèves et étudiants ont certes pris une part active dans le combat théorique, dans l’interprétation des revendications et la sensibilisation des populations, mais, et c’est indéniable, la Guinée ne leur doit pas son indépendance : ils étaient plus préoccupés de leur formation que de la lutte pratique sur le terrain contre le système colonial français. Or, c’est cette forme de lutte qui a été décisive et non les déclarations, motions, résolutions ou articles de presse. Même la tenue des deux congrès de juillet 1958 sur le thème de l’indépendance (assise à laquelle l’auteur a parti-
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cipé) ne confère pas à l’UGEEG, le rôle de leader de la lutte de libération guinéenne. Par ailleurs, lors du référendum du 28 septembre, ce fut en tant qu’agents dynamiques de propagande et de mobilisation des masses que les élèves et étudiants agissaient munis, pour la plupart d’entre eux, d’ordres de mission du PDG-RDA et non en tant qu’association indépendante. Toute autre analyse n’est que pure spéculation et volonté délibérée de falsifier les faits. En tout état de cause, l’esprit d’entente et de compréhension que l’ensemble des formations politiques, syndicales et autres associations manifestèrent ainsi, même si elles étaient équivoques chez certains, devant le défi gaulliste, rencontra l’assentiment de presque toutes les populations guinéennes ; ce qui empêcha toute minorité opposée au vote négatif de se livrer à une propagande ouverte pour le "Oui".
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CONCLUSION LE NEGRE SE DRESSE
Et ce « oui » l’emporta dans toutes les colonies sauf en Guinée, où seul le peuple, qui avait une réelle conscience de son identité, qui avait vidé la Loi-Cadre de tout son contenu positif et qui tenait à aller à l’assaut de sa dignité, se prononça pour l’indépendance en votant "Non" par 1.130.292 voix contre 56.959 "oui". "Ce jour là, écrit Jacques Rabemanajara, une légende a vécu : la race des béni oui - oui ne plastronne plus ; mauvaise conscience, elle frôle les murs sur la pointe des pieds. Le Nègre à l’échine courbée s’est dressé de toute sa hauteur"54. Sans se référer aux antécédents politiques des uns et des autres, le PDG-RDA prit deux décisions importantes : il constitua un gouvernement d’union nationale le 4 octobre 1958 et octroya la Croix du compagnon de l’indépendance même aux dirigeants ralliés du PRA à la veille du référendum du 28 septembre 1958. Mais l’acte courageux et même téméraire, devenu celui de tout un peuple le 28 septembre 1958, a coûté cher à la Guinée55. 54
Jacques Rabemanjara. Variations sur le thème Guinée.(In :Présence africaine, n°29, décembre 1959-1960,p.77. 55 Lire Sidiki Kobélé Kéia.La Guinée de Sékou Traoré.Pourquoi la prison du camp Boiro ? Paris, l’Harmattan, 2014.
ANNEXES
ANNEXE 1. Gouvernement d’union nationale formé le 4 octobre 1958 ● 1. Sékou Touré, président du Conseil, chargé des Affaires Etrangères et de la Défense Nationale ● 2. Ibrahima Barry III, secrétaire d’Etat rattaché à la Présidence ● 3. Fodé Cissé, secrétaire d’Etat rattaché à la Présidence ● 4. N’Famara KeIta, secrétaire d’Etat rattaché à la Présidence ● 5. Alioune Dramé, ministre des Finances ● 6. Ousmane Baldé, secrétaire d’Etat aux Finances, chargé des Douanes et du Trésor ● 7. Fodéba Keita, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité ● 8. Alassane Diop, secrétaire d’Etat à l’Intérieur chargé de l’Information ● 9. Damantang Camara, ministre de la Justice ● 10. Ismaël Touré, ministre des Travaux Publics, des Transports, des Postes et des Télécommunications ● 11. Louis Lansana Béavogui, ministre des Affaires économiques et du Plan ● 12. Abdourahamane Diallo, ministre de l’Economie rurale, du Paysannat et de la Coopération ● 13. Diawadou Barry, ministre de l’Education Nationale ● 14. Michel Collet, ministre de l’Enseignement technique ● 15. Roger Najib Accar, ministre de la Santé Publique ● 16. Bangaly Camara, ministre du Travail et des Affaires Sociales
ANNEXE 2. Octroi de la médaille du compagnon de l’indépendance Les premiers bénéficiaires de la Croix du compagnon de l’indépendance (1959-1960) A) Décret, n°227/PG/1er octobre 1959 : à titre posthume 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22.
Camara M’Balia, Tondon ; Dramé Oumar, Conakry ; Barry Gassimou, Conakry ; Dia Mouctar, Conakry ; Touré Adama Kandé, Conakry ; James Alphonse, Conakry ; Soumah Moussa, Tougnifili (Boffa); El-hadj Camara Boubacar, Kouréralandé (Boffa); KeïtaYéro, Gueckédou ; Cheick Fanta Mamadi, Kankan ; Camara Raphaël, Kankan ; Sylla Mamadi Fodé, Kindia ; Bakary Fina, Kissidougou ; Diallo Bakary, Labé ; Chérif de Sagalé, Labé ; Camara Kaman, Macenta ; DialloThiemo Djibi, Mamou ; Soumaoro Séoro, N’Zérékoré ; N’Faly Touré, N’Zérékoré ; Traoré Falaye, Siguiri ; Cissé Karamoko, Siguiri ; Konso Magassouba, Siguiri.
B) Décret, n°228/PG/1er octobre 1959 : des personnes vivantes à l’époque 1. Commune de Conakry ● Touré Sékou, Président du Gouvernement ; ● Diallo El-hadj Saifoulaye, Président de l’Assemblée Nationale ; ● Diallo Abdourahamane, Ministre de l’Economie Rurale ; ● Kéita N’Famara, Secrétaire d’Etat à la Présidence, ● Camara Bangaly, Ministre du Travail ; ● Fofana El-hadj Mamoudou, Maire de Conakry ; ● Camara Damantang, Ministre de la Justice ; ● Mme Camara Loffo, Sage-Femme ;
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Mme Bangoura Mafori, Ménagère ; Kaba Mamadi, Commis des services administratifs ; Camara Daouda, Secrétaire des Greffes et Parquets ; Touré Ismaël, Ministre des T P ; Diakité Moussa, Secrétaire d’Etat à la Présidence ; Béavogui Louis Lansana, Ministre de l’Economie Générale ; Tounkara Jean Faragué, Secrétaire Général du Gouvernement ; Magassouba Moriba, Directeur de la Sûreté ; Touré Amara, Président Comité de Coronthie ; Traoré Fodé dit Kotigui, Ouvrier au Chemin de Fer ; Sankhon Sékou, Notable à Sanderwalia ; Soumah Moustapha, Député ; Diallo Falilou, Attaché à la Présidence ; Yansané Sékou Yalani, Adjoint au Maire de Conakry ; Camara Mangué Hadiri, Postes et Télécommunications ; Mme Doumbouya M’Mama, Boulbinet ; Mme Diallo Nènè, Quartier sans Fils ; Mme Doumbouya N’Youla, Quartier Sanderwalia ; Mme N’Diaye Aïssatou, Boulbinet-I ; Collet Michel, Ambassadeur ; Mme Nabiya Haidara, quartier Almamya ; Kéita Fodéba, Ministre de l’intérieur ; Dramé Alioune, Ministre des Finances ; Diop Alassane, Secrétaire d’Etat à l’Information ; Mme Kéïta Fatou, Dixinn-foula ; Mme Soumah Mabinti, quartier Koléa ; Mme Cissé Aïssatou, Landréah, Mme Kaba N’Naba, Boussoura ; Camara Seydouba, Yattaya ; Mme Kaba Kouloumba Ciré, Coronthie ; Camara Aboubacar, Sonfonya ; Mme Bangoura Sayon, Sanderwalia ; Cissé Michel, Tombo ; Chérif Nabaniou, Boulbinet ; Cissé Fodé, Secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères ; Barry Ibrahima dit Barry-III, Secrétaire d’Etat à la Présidence ; Diallo Demba, Avocat ; Oularé Ansoumane, Secrétaire de l’U.S.T.G ; Mme Touré Mamadi, Présidente Téminétaye ; Camara M’Bemba, quartier Téminétaye ; Camara Momo, permanence du P.D.G ; Bangoura Kona, Camayenne ; Mont-Louis Joseph, Directeur des P.T.T ;
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Bangoura Abou, Tamara (Iles de Loos) ; Camara Mory, Comptoir Guinéen du Commerce extérieur ; Cissé Bangali, Ouvrier Dixinn ; Camara El-Hadj Abdou, Maître cordonnier Sanderwalia ; Camara N’Faly, quartier Téminétaye ; Camara Issiaga, quartier Coronthie ; Barry Diawadou, Ministre de l’Education Nationale ; Accar NaJib Roger, Ministre de la Santé ; Diallo Kombi, ancien combattant ; Sako Bouna, Commerçant Sanderwalia ; El-hadj Zeno Hassan, Mairie ; Camara Abdou, Chauffeur ; Soumah Youssouf, Chauffeur ; Kamissoko Karifamoudou, Chauffeur ; Diallo Mouctar, Instituteur ; Sylla Momo dit Momo Joe, Commerçant, Boulbinet ; Louis Bonnet, Sanderwalia ; Mme Sylla Mayalan, Matam ; Camara Ibrahima, Commerçant Boulbinet I ; Dioubatè Kanfory, Infirmier Trypano, Madina ; Soumah Amara, Infirmier ; Kobolé Camara, Camayenne ; Mme Soumah Aïssata, Almamya ; Mara Diomba, Député ; Camara Momo dit Koulikhagnè, Boulbinet 1 ; Mme Touré Mawa, Sanderwalia ; Mme Kéïta Filani Saran, Ménagère à Madina.
2. Boké ● Camara Moustapha, Député ; ● Mme Diakité Nènègalé, Ménagère ; ● Mme Nènèdi, Ménagère ; ● Camara Sankoumba, Député ; ● Sanè Salifou, Président conseil de circonscription ; ● N’Balou Ali, Victoria ; ● Diallo Saliou, employé de commerce ; ● El Hadj Boulé, Cultivateur. 3. Boffa ● Mme Sylla Tata, Ménagère ; ● N’Diaye Abou dit Diouhara, Boulanger ; ● Amara Touré dit Gaspari, Koba ; ● Sylla Amara, Cultivateur ;
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● Mme Sidibé Yénéba, Bakoro ; ● Touré Seydouba, Koba ; ● Bangoura Gérard, ancien Combattant. 4. Dubréka ● Kaba Karamoko, Planteur ; ● Zébéla Kémoko, Infirmier ; ● Dianè Ali, Infirmier Trypano ; ● Thiam Amadou, Chef de circonscription ; ● Mme Bangoura Mariama, Ouassou ; ● Camara Mari-Khali, Mécanicien Coyah ; ● Sylla Bangaly, Wonkifon ; ● Camara Fodé Youssouf Imam Coyah. 5. Forécariah ● Touré Almamy Daouda, Notable ; ● Sampil Saliou, surveillant des TP ; ● Yansanè Karamokoba, Agent Technique de la Santé ; ● Touré Gassimou, Farmoréah ; ● Cissé Abdou, Moussayah ; ● Mme Touré Mahawa, Présidente ; ● Soumah Boyo, Benty ; ● Touré Himy, Notable ; ● Almamy Morikani, Benty. 6. Kindia ● Sylla Séni Facinet, Député ; ● Mme Touré Nèney, Présidente de la Section ; ● Bangoura Papa, Commerçant ; ● Sylla Lamine, Secrétaire d’Ambassade ; ● Sinkoun Kaba, Chef de Circonscription ; ● Soumah Tatan Sékou, Friguiagbé ; ● Mme Condè Fatou, Ménagère àYéolé ; ● Samba Kanté, Planteur à Friguiagbé ; ● Sylla Momo Kabiné, Planteur ; ● Traoré Naby, Propriétaire ; ● Momo Sakhar, Cultivateur ; ● Camara Sèkouya, Tailleur ; ● Kéita Karamoko, Ecrivain ; ● Camara Séni, Tailleur ; ● Bangoura Morciré, Tailleur ; ● Sako Moussa, Dioula ; ● Touré Bakary, Dioula ; ● La communauté villageoise de Forma.
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7. Télimélé ● ThiamAmadou, Président Conseil de Circonscription ; ● Fofana Karamadi, Notable ; ● Diallo Diouhé, Facteur P.T.T. 8. Gaoual ● Condè, Facteur des P. T. T. 9. Youkounkoun ● Kéïta Kémoko, Député ; ● Kourouma Mamadi, Infirmier à Saraboïdo ; ● Pata Gobaye, Notable ; ● Mme Soumounou Hawa, Présidente de la Section ; ● Magassouba Ansoumane, Instituteur. 10. Labé ● Dione Maguette, Ouvrier ; ● Mme Kouyatè Dèmba, Ménagère ; ● Tounkara Mamadou, Chef de poste à Koubia ; ● Diakhaby N’Bemba, Député ● Camara Sékou, Assistant d’élevage ; ● Mme M’Mah Yimbé, Présidente ; ● Chérif Sékou, Adjoint au Chef de Circonscription ; ● Diallo Thiemo Oumar, Samou ; ● Diallo Mamadou Labiko ; Commis des P.T.T ; ● Soumaré Samba, Notable ; ● Sissoko Samba, Chauffeur. 11. Mali ● Doumbouya Bella, Chef de Circonscription ; ● Bangoura Soriba, Menuisier ; ● Sow Souleymane, Député ; ● Bah Mamadou Maka, Infirmier ; ● Diallo Oumar, Député. 12. Tougué ● Capitaine Diouldé dit Barry M, Député ; ● Baldé Mouctar, Adjoint Technique des P.T. 13. Pita ● Maka Léon, Inspecteur Primaire ; ● Mme Barry Bobo, Ménagère ; ● Sory, Secrétaire d’Ambassade ; ● Mme Fofana Hadi, Ménagère ;
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Kéïta Sory, Commerçant ; Camara Gouly, Tailleur ; Barry Lamarana, Infirmier AMA ; Touré Sékou, Juge de Paix.
14. Dalaba ● Diakité Albert, Commerçant ; ● Traoré Samba Lamine, Député ; ● Abdoulaye, Menuisier. 15. Mamou ● Doukouré Aboubacar, Chef de Poste Administratif ; ● Diop Mamadou, Adjoint Technique T.P ; ● Mme Sylla Tourou, Présidente ; ● Coumbassa David, employé de Commerce ; ● Touré Mohamed Lamine, Cheminot ; ● Mme Cissé Oumou, Kimbély ; ● Diéli Bangali, Griot ; ● Camara Dâ Momo, employé de Commerce ; ● Barry Alpha Oumar, Député ; ● Mme Hadja Hadouba, Ménagère. 16. Dabola ● Mme Ako Tako, Ménagère ; ● Camara Dian Lamine, chef d’équipe Travaux publics (rectificatif : D.239 du 16/10/59) ● Sékou Keïta, Infirmier Trypano ; ● Capitaine Barry Baba Alimou, Député ; ● Camara Morlaye, Bissikrima ; ● Dianè Kerfalla, Postes et Télécommunications. 17. Dinguiraye ● Kondè Oumar, Infirmier Trypano ; ● Oularé Boubacar, Infirmier ; ● Traoré Baba, Président Conseil de Village ; ● Mme Bah Madina, Ménagère ; ● Tibou Kouyaté, Commerçant Matakania ; ● Dioubaté Thierno, Griot. 18. Kouroussa ● Kouyatè Sékou, Chef de Poste Administratif ; ● Camara Moussa Sanguiana, Député ; ● Condè Sory, Chef de Circonscription.
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19. Siguiri ● Condè Oumar, ● Doumbouya El-Hadj Oumar, Chef de Poste Administratif ; ● Sidibé Mangame, Commis Expéditionnaire ; ● Diawara El-Hadj Sékou, Commerçant ; ● Doumbouya Kouramoudou, Député ; ● Kéïta Sadamoudou, Député ; ● Touré El-Hadj Abdoulaye, Chef de Circonscription ; ● Mme Kadia Diawara, Ménagère ; ● Sako Fodé, Notable. 20. Kankan ● Dianè Lansana, Député, Chef de Circonscription, ● Kaba Sayon-Mady, Comptable SMDR ; ● Mme Gnamakoro Kaba, Ménagère ; ● Touré Ibrahima, P.T.T ; ● Daffé Morlaye, Menuisier ; ● Mme Camara Nantenin, Ménagère ; 21. Beyla ● Condè Emile, Chef de circonscription ; ● Fofana Donzo Kéfing, Député ; ● Touré Gbaty-Mamady, Notable ; ● Kantè Biro, Adjoint au chef de circonscription ; ● Kourouma Sonagbè Dougoutigui, notable ; ● Camara François, conseiller général ; ● El-Hadj N’Faly Kourouma, Notable ; ● Koly Condè, employé de Commerce ; ● Mansény Mamadi, Notable. 22. N’Zérékoré ● Sagno Mamadi, Chef de Circonscription ; ● Diaby Taïfourou, Notable ; ● Barry Mody Nouhou, Moniteur d’agriculture ; ● Mme Katty, Ménagère quartier Horefenio ; ● Camara Morlaye, Menuisier ; ● Mme Konatè Aissatou, Ménagère ; ● El-Hadj Ibrahima Diabaté, Commerçant ; ● Diallo Ibrahima M’Bémba, Président du Conseil de Circonscription ; ● Togba Nantenin, Président du Conseil de Village ; ● Gatta Doré, Tailleur ; ● Mamady Flomo, Planteur ;
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Soumaré Tidiane, Instituteur ; Siki Manika, Planteur ; Traoré Mountaga, Président S.M.D.R ; Gnan Félix Mathos, Député ; Gblon-gblon Flomo, Président Conseil de Village ; Mme Mania Doré, Ménagère ; Mme Manakan Bamba, Ménagère ; El-Hadj Kourouma Morikè, Commerçant.
23. Macenta ● Cissé Sékou, Notable ; ● Mme Watta Kandè, Ménagère ; ● Savanè Morikandian, Chef de Circonscription ; ● Kondè Amara ; ● Donzo Diély Mamady ; ● Kéïta Mamady ; ● Camara Amara, Coyama ; ● Koïvogui Massa, Commerçant. 24. Guéckédou ● Sangaré Toumani, Député ; ● Traoré Tamba Kallas, Député ; ● Mme Diènè Kaba, Présidente de la Section ; ● Douno Martin, Infirmier Trypano ; ● Kaba Mamady, Infirmier Trypano ; ● Kaba Fodé, dit le Grand, Koïndou ; ● Momo Yéra, Cultivateur ; 25. Kissidougou ● Camara Raymond, Infirmier Ama ; ● Soroma Jean, Notable ; ● Mme Touré Soba, Ménagère ; ● Kèmoko Léno, Employé de commerce ; ● Mansaré Sékou, Nongouro ; ● Barry Abdoulaye. 26. Faranah ● Condè Ansoumane, Député ; ● Touré Amara, Président Conseil de Village ; ● Oularé Nialé Sayon, Ancien Chef de Village ; ● Mme CamaraArafou, Ménagère ; ● Kantè Sékou Dioubaté, Griot ● Kondé Sory, Infirmier.
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C) Décret n°256 du 2 octobre 1960 1er Région administrative de Conakry ● Mr Sylla Diallo, pêcheur Boulbinet III ; ● Mr Diaby Mamadou, conseil1er général ; ● Mme Keïta N’Doura, présidente Coronthie ; ● Mme Touré Makia, présidente Dabondi, Conakry II ; ● Mr Camara Fana, propriétaire, Sandervalia ; ● Mr Touré Mohamed, adjoint Commandant région ; ● Mr Soumah Momo dit Koungbè, cultivateur à Kaporo ; ● Mr Kalissa Grégroire, commis au Port ; ● Mr Bangoura Balaké, cultivateur à Koromanya Conakry III. ● Mr Couyatè Diéli Bakar, directeur adjoint O.N.C.F.G ; ● Mr Dèmba Seydou, ex-secrétaire général Camayenne ; ● Mr Bangoura Soriba, employé de commerce à Kouléwondi ; ● Mr Keïta Noumandian, chef d’Etat-Major Général ; ● Mr Camara Alpha, directeur de la Sûreté ; ● Mr Hadiri Babadi, adjoint Commandant de région ; ● Mr Camara Mohamed Lamine, commis à la Présidence Conakry II ; ● Mr Cissé Sény, à Tanènè Conakry III ; ● Mr Cissé Moustapha, député ; ● Mr Bah Thierno, député ; ● Mr Tall Habib, député ; ● Mr Diallo Aguibou, député ; ● Mr Touré Dondo, député ; ● Mr Mané Bounka, député ; ● Mr Caba Lamine Ibrahima, député ; ● Elhadj Keïta Mory, député ; ● Mr Soumah Nabi Issa, député ; ● Mr Keïta Ouremba, Député ; ● Mr Baldé Mamadou Tanou, député ; ● Mr Diallo Amadou Télivel, député ; ● Mr Démarchelier Jacques, député ; ● Mr Diallo Alpha Mamadou, député ; ● Mr Béavogui Koma, député ; ● Mr Doré Lama, député ; ● Mr Bah Thiemo Ousmane, député ; ● Mr Thiam Mamadou, député ; ● Mr Diallo Ibrahima, député ; ● Mr Sy Boubacar, député ; ● Mr Kaba Abdoulaye, commerçant, Boulbinet II ; ● Mr Fall Elhadj Tioubale, Conakry II ; ● Mr Ballat Jean, Conakry II ;
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Mme Youla N’Mah, ex-présidente Cameroun, Conakry II ; Mr Soumah Jean, menuiserie à Koromandian, Conakry III ; Mme Bouré Anna, ménagère à Kassa, Conakry III ; Mr Touré Lamine, commis Eaux et Forêts ; Mr Camara Oumar Dinn, secrétaire général C.N.T.G ; Mr Contè Saidou, ambassadeur de Guinée en U.R.S.S ; Mr Keïta Kara, inspecteur de Police ; Mr Diallo boubacar, inspecteur de Police ; Mr Camara Balla, assistant de Police ; Mr Tounkara Tibou, inspecteur de la Jeunesse ; Mr Béhanzin Louis, proviseur du Lycée Technique ; Mr Touré Momo, secrétaire à la Bourse du Travail ; Mr Diallo Ibrahima Sory, infirmier, conseiller général Coronthie ; Mr Diallo Abdoulaye, ministre résident au Ghana ; Mr Touré Mamourou, Permanence Nationale ; Mr Youla Nabi, ambassadeur de Guinée en France ; Mr Diallo Telli, ambassadeur de Guinée aux Etat-Unis ; Mr Touré Fodé, président Cour d’Appel ; Mr Faber Paul, procureur général ; Mr Barry Sory, directeur général de la Production ; Mr Diane Ibrahima, directeur Douanes ; Mr Sow Seydou, inspecteur gl des AAF Mr Barry Boubakar, dir. Cabinet du Président de la République ; Mr Camara Balla, secrétaire général du Gouvernement ; Mr Camara Sékou, directeur Cabinet Ministre TP ; Mr Barry Alpha Ousmane, inspecteur des AA ; Mr Dinn Ignace, médecin principal ; Mr BaIdé Ousmane, directeur général B.C.R.G ; Mr Sultan Gabriel, medecin - chef Insp. Médicale des Ecoles ; Mr Touré Lamine, directeur du Port ; Mr Sall Khalilou, directeur de l’Office National des C.F ; Mr Mignard Eugène, directeur de la Station Rizicole de Koba ; Mr Soumah Sékou, dir. de la Station Rizicole de Bordo (Kankan) ; Mr Diallo Salla, lieutenant en retraite ; Mr Camara Maurice, secrétaire général Assemblée Nationale ; Mr Traoré Mamadou dit Ray Autra, directeur adjoint Institut National Recherches et Documentation ; Mr Bangoura Kanfori, directeur Cabinet Ministre du Travail et des Lois Sociales ; Mr Touré Salifou, dir. Cabinet Ministère de la Fonction Publique Mr Sow Mamadou, directeur adjoint Ministère du Plan ; Lieutenant Bavogui Kèkoura, cdt de la Gendarmerie Nationale ; Mr Keïta Mamoudou, inspecteur de la Garde Républicaine ;
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Capitaine. Keïta N’Gaye, commandant Camp AlphaYaya ; Mr Diallo Mamoudou, CDT Camp Soundiata Keïta, Kankan ; Mr Keïta Namory, Etat-Major Général ; S/Lt. Tounkara Boubacar, commandant Camp Béhanzin ; Mr Zoumanigui Kèkoura, commandant Camp M’Balia ; Lieutenant Kourouma Somah, cdt Camp Elhadj Omar ; Lieutenant Barry Siradio, commandant Camp Kèmè Bouréma (Kindia); Mr Foulah Henri, chef de Cab.du Ministère de la Défense Nationale ; S/Lt. Soumah Abou, commandant Camp Almamy Samory ; MrTompapa Emile, Radiodiffusion Nationale ; Mr Camara Foromo, planton à la région administrative.
2è Région administrative de Boffa ● Mr Soumah Sékou Tidiani, Boffa ; ● Mr Soumah Yadi, Boffa ; ● Mr Contè Malik, Boffa ; ● Mr Bangoura Mory Sory, Koba ; ● Mme Bangoura N’Mah, présidente à Tatéma, Koba ; ● Mr Baldé Siradjou, commandant de région. 3è Région administrative de Boké ● Mr Corréa Louis, infirmier A M G ; ● Mr Camara Kèmoko, instituteur ; ● Mr Diallo Mamadou Saliou. 4ème Région administrative de BeyIa : ● Mr Konè Mamadou, président à Sinko ; ● Mr Sagno Kerfalla ; ● Mr Touré Ibrahima. 5è Région administrative de Dalaba ● Mme Camara Makoto, ménagère ; ● Mr Camara Baba Gallé, infirmier AMG ; ● Mr Sow Ahmadou N’Diaby, chauffeur ; ● Mr Baldé Oumar, commis auxiliaire. 6è Région administrative de Dabola ● Mr Kondè Facély, adjoint technique ; ● Mr DéIacour George ; ● MmeTouré Saran, ménagère ; ● Mr Niaré Yaya, commandant de région ;
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● Mr Diop Mamadou, instituteur à Bissikrima ; ● Mr KeïtaWodia, Kouroussa-Bissikrima ; ● Mr Keïta Féfing, infirmier à Bissikrima. 7è Région administrative de Dinguiraye ● Mr Fofana Sékou, commandant de région ; ● Mr Camara Tibou, cultivateur ; ● Mme Tounkara Mayéni ; ● Mme Kouyatè Yagonaréni. 8è Région administrative de Dubréka ● Mr Soumah Moricani, maire de Dubréka ; ● Mr Bangoura Mamadou Kéna ; ● Mme Bangoura N’Sira ; ● Mme Sylla Mama Aïssata, ménagère à Kouria ; ● Mr Bangoura Morikognè ; ● Mr Soumah Samba ; ● Mr Fofana Ibrahima, commerçant à Sanoyah ; ● Mr Camara Momo, cultivateur à Sanoyah ; ● Mme Soumah Marma Adama, ménagère à Kountiya, Sanoyah ; ● Mr Sylla Morikani, cultivateur à Ouassou ; ● Mme Sylla Binti, ménagère à Ouassou ; ● Mr Sylla Ansoumane dit Koto, cultivateur à Badi, Ouassou ; ● Mr Bangoura Nabi 89, commis état civil, Coyah ; ● Mr Bangoura Dankimoussa, notable à Coyah ; ● Mr Sylla Samaké Khaly, cultivateur à Coyah ; ● Mr Camara Fodé Moussa, cultivateur à Manèah ; ● Mr Camara Moussa, cultivateur à Manèah ; ● Mme Camara Magbè, ménagère à Manéah ; ● Mr Bangoura Abou Yérilaye, tailleur à Wonkifong ; ● Mme Sylla Mafoulé, ménagère à Manéah ; ● Mr Camara Fodé Alsény, cultivateur à Wonkifong. 9è Région administrative de Faranah ● Mr Oularé Koutamory, infirmier vétérinaire ; ● Mr Oularé Fakèmo ; ● Mme Camara Masso, ménagère ; ● Mr Barry Mamadou, commandant de région ; ● Mr Touré Zakariaou, chef poste administratif de Bagnan. 10è Région administrative de Fria ● Mr Paye Ibrahima, délégué du Gouvernement.
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11è Région administrative de Kérouané ● Mr Loua Fassou René, instituteur, ● Mr Camara Balia, délégué du Gouvernement ; ● Mr Touré Nouni. 12è Région administrative de Kindia ● Mr Camara Fodé Ibrahima, cultivateur à Tafory, Kindia ; ● Mme Bangoura Mabinty, teinturière Kindia ; ● MrFofana Aboubacar dit Gaston, tailleur Kindia. 13è Région administrative de Kouroussa ● Mr Diawara Daman, tailleur à Kouroussa ; ● Mr Camara Badomady, tailleur à Kouroussa ; ● Mme Keïta Kandia, ménagère à Kobané, Kouroussa. 14è Région administrative de Kissidougou ● Mr Touré Pierre, service des Mines ; ● Mr Kourouma Youssouf, ingénieur des Eaux et Forêts ; ● Mr Hilal Mohamed Ouazzi ; ● Mr DiaréYayé ; ● Mr Souaré Daman, maire de Dialekora ; ● Mr Keïta Sidiki Aboubacar, instituteur. 15è Région administrative de Labé ● Mme Diènèba Damba, ménagère à Labé ; ● Mr Thiemo Sakoba, représentant, Labé ; ● Mr Samakè Karamoko, maître-menuisier, Labé. 16è Région administrative de Macenta ● Mme Camara Kan, Macenta ; ● Mr Keïta René, secrétaire permanent ; ● Mr Camara Mamadou, planton inspecteur du travail Fria ; ● Mr Sylla Siaka, commis TP ; ● Mme Keïta Fatou, ménagère ; ● Mr Bangoura Fodé, menuisier. 17è Région administrative de Forécariah ● Mr Keïta Aboubacar, infirmier A.M.G ● Mr Touré Mohamed Najir, commis ; ● Mme Yoni M’Mah Youla, ménagère ; ● Mr Hervé Alexandre, chef poste Douanes Farmoriah ; ● Mme Traoré Mambalou, ménagère à Farmoriah ; ● Mr Camara Lamine, commerçant à Farmoriah ;
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● Mme Soumah Margot, ménagère à N’Kampa, Benty ; ● Mr Soumah Fodé, cultivateur à N’Kampa, Benty ; ● Mr Sakho Soriba, maçon à N’Kampa, Benty. 18è Région administrative de Gaoual ● Mr Demba Doumbia ; ● Mr Bangoura Yala, cultivateur à Koumbia ; ● Mr Sankon Fofana ; ● Mme Doumbouya Sanoba, ménagère à Gaoual. 19è Région administrative de Guéckédou ● Mr Milimono N’Boké, cultivateur à Téméssadou ; ● Mr Tinkiano Antoine, tailleur à Guéckédou ; ● Mme Milimono Sia, ménagère à Nongoa. 20è Région administrative de Kankan ● Mme Diawara Diènè, ménagère ; ● Mr Chérif Sékou, commis Permanence ; ● Mme Kantè Nakandé, ménagère à Kankan. ● Mr Camara Bonko, chauffeur T.P Macenta. 21è Région administrative de Mali ● Mr Fofana Amara, tailleur à Mali ; ● Mr Baldé Mohamed Baïlo ; ● Mme Sylla N’Sira, ménagère à Mali ; ● Mr DiaIlo Oumar Labo, commerçant à Yambéring ; ● Mr Diallo Thierno Oumar, ● Mr Kanté Meta. 22è Région administrative de N’Zérékoré ● MrYogo Idrissa, planteur à N’Zérékoré ; ● Mr Poné Diarra, planteur à N’Zérékoré ; ● Mr Bahaouo Jean, mécanicien à N’Zérékoré ; ● Mme Soumaoro Mariame, ménagère à N’Zérékoré ; ● Mr Koto Gbéa, planteur à Orakora, Yomou ; ● Mr Néma Lopon, Yomou ; ● Mr Yagbaoro Ougnaboro, Maire Yomou. 23è Région administrative de Pita ● Mr Bangoura Fodé Momo, commerçant à Pita ; ● Mr Camara Difrè, commerçant à Pita ; ● Mr Condé Mary, agent P. T. T, Pita ; ● Mme Cissé Houmou, ménagère ;
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24è Région administrative de Siguiri ● Mr Traoré N’Ki, commandant région ; ● Mr Sidibé Dian, cultivateur à Siguiri ; ● Mr Diakité Sékou, cultivateur à Dalakan, Siguiri ; ● Mme Camara Diécké, ménagère à Diambaya, Siguiri. 25e Région administrative de Télimélé ● Mr Camara Salifou, cultivateur ; ● Mme N’Diaye Aissatou, Télimélé ; ● Mr Kourouma Famba, agent technique Santé, Télimélé. 26e Région administrative de Tougué ● Mr Touré Elhadj Mouctar, marabout à Tougué ; ● Mme Baldé Pété, ménagère à Tougué ; ● Mr Mara Douba, maçon à Tougué. 27è Région administrative de Younkounkoun ● Mr Fofana N’Doungou, dioula, Younkounkoun ; ● Mr Diallo Saradiouma, cultivateur à Younkounkoun ; ● Mr Bairou Nouhou, maire de Sarabaïdo, Younkounkoun.
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ANNEXE 3. 51e Anniversaire du premier discours du président Sékou Touré à l’Armée Guinéenne (le 25 janvier 1959). Interview de feu Sékou Mady Traoré (Radio Djoliba) Traoré En 2010, cela fait 51 ans que l’Armée guinéenne a été créée. On se souvient que le Président Sékou Touré prononça un discours le 25 janvier 1959 lors de sa première visite au camp Mangin, actuel Camp Almamy Samory Touré. A l’occasion des 52 ans de l’Armée guinéenne, Radio Djoliba a décidé de diffuser le texte de ce premier discours à l’Armée guinéenne. Il ne s’agit pas de faire leur histoire, mais nous souhaiterions que vous nous donniez les grandes lignes du processus de sa création et de la mise en place des services de sécurité nationale. Kobélé Je vous remercie et vous félicite pour cette belle initiative ; je vous encourage surtout à poursuivre votre belle entreprise de restitution de l’histoire objective de notre pays, en particulier dans sa phase contemporaine sur la base de documents vérifiables et irréfutables. Nous avons souvent enregistré des témoignages enrichissants que vous diffusez et des faits dépouillés de toutes interprétations subjectives et falsifiées, qui nous échappaient. Nous espérons, après cette émission, que les auditeurs, en écoutant le texte que vous vous apprêtez à diffuser, seront édifiés sur le contexte et les conditions de création de l’armée guinéenne, la mission qui lui était assignée et sa dimension africaine ; ils sauront pourquoi la contribution de l’Armée guinéenne sur les divers terrains de combat dans la solution des diverses luttes de libération nationale africaine déclenchées dans les années 1960-1970 a été vivement appréciée. Pour faire bref, il faut retenir les faits suivants se situant entre le 1er octobre1958 et le 25 janvier 1959 et concernant la Police, la Gendarmerie, la Garde Républicaine et l’Armée. Traoré Je crois que c’est la Police qui enregistra les premiers décrets ? Kobélé I. La Police Effectivement, ce sont d’abord les directions des commissariats de Police et les commissariats de Police de Conakry qui furent pourvus en personnel de direction et de services dès le 1er octobre 1958.
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Nommé le 13 octobre 1958 Directeur des services de la Sureté nationale, Moriba Magassouba est confirmé le 20 octobre 1958 et prend service le même jour pour s’atteler à la refonte des services de police et à la définition de leurs nouvelles tâches et missions. Traoré Pouvons-nous connaitre la naissance des autres sructures ? Kobélé 2. La Garde Républicaine Dès le 4 octobre 1958 c’est la Garde territoriale qui devient la Garde Républicaine ; les Guinéens assumant des postes d’adjoints au niveau de l’inspection, de commandant de dépôt et des chefs de pelotons mobiles remplacent leurs collègues français brusquement rappelés en France. Traoré Et la Gendarmerie ? Kobélé 3. La Gendarmerie Le même changement se produisit au niveau de la gendarmerie. Dès le 15 octobre 1958 : ceux des gendarmes guinéens qui avaient opté pour la Guinée indépendante, furent rendus aux nouvelles autorités. Des brigades de frontière sont ensuite mises en place au niveau de certaines régions dès le 27 octobre 1958 et une Direction nationale de la gendarmerie est créée le 13 novembre 1958. Traoré Mais je crois que c’est la création d’une vraie Armée nationale impliquée dans la liquidation définitive du système colonial en Afrique qui fut la grande préoccupation des nouvelles autorités ? Kobélé 4. L’Armée nationale Après le non du 28 septembre 1958, il fallut effectivement créer un Etat, une Nation, une Economie nationale naissant de l’économie de traite, une économe destructrice pendant soixante ans. Mais c’est la création d’une Armée nationale, chargée de défendre la souveraineté et l’intégrité territoriale du nouvel Etat qui devint très vite la grande préoccupation du gouvernement d’autant plus que le régime était dangereusement menacée Car, les autorités françaises avaient pris, dès le 17 octobre 1958, la décision -et l’avaient appliquée- de renvoyer tous les enfants de troupe
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originaires de la Guinée se trouvant en France et en Afrique ; elles prirent également d’autres mesures de rétorsion asphyxiantes contre la Guinée Pour amorcer le processus de création de l’Armée, un décret du 27 octobre 1958 nomma le capitaine Noumandian Keita secrétaire général de la Défense Nationale et le chargea d’organiser et de diriger l’Armée . Du 28 au 30 octobre 1958, les militaires guinéens fuent invités à choisir entre les forces armées françaises et la nouvelle Armée nationale en création : la plupart de ceux qui étaient aux différents fronts coloniaux (en Algérie et en Indochine) l’avaient fait bien avant ; ceux qui étaient en Guinée avaient été regroupés dans les Camps de Conakry, Kindia et Kankan ou ils procédèrent à ce choix, la très grande majorité restant en Guinée pour former l’Armée ; certains qui seront ultérieurement utilisés contre la Guinée, rejoindront la France et seront parqués soit à Dakar soit en Cote d’Ivoire avant de rejoindre la France . Pourquoi l’on considère le 1er novembre 1958 comme date de naissance de cette armée, c’est que les différentes commissions chargées de l’organisation, du fonctionnement de la nouvelle Armée, et de la rédaction des projets de décrets fondateurs avaient débuté, cette date, leur travail d’analyse et de réflexion devant aboutir à l’objectif assigné. Le 14 novembre 1958, les deux bataillons militaires français et leurs collègues Guinéens, installés à Conakry, Kindia et Kankan sont rapatriés ; le camp Mangin est retenu pour le regroupement des militaires Guinéens ayant opté de rester en Guinée. Le 21 novembre 1958, c’est le départ définitif du commandant militaire français en Guinée le colonel Farret. Le 30 novembre 1958, la relève du personnel civil et militaire français est achevée. Quant aux appelés guinéens sous le drapeau français, ils sont effectivement libérés le 1er décembre 1958. C’est le 16 décembre 1958 qu’une ordonnance créa officiellement l’Armée Nationale Guinéenne placée sous le commandement suprême du Président de la République ; elle précise son organisation et son fonctionnement, sa mission, la hiérarchie dans l’Armée avec la suppression des grades intermédiaires (caporal-chef, sergent chef, et lieutenant colonel) pour permettre l’accès rapide aux grades supérieurs, mais conditionné l’efficacité et au patriotisme. Une ordonnance du 18 décembre 1958 nomme le capitaine Noumandian Keita chef d’Etat Major de l’Armée. Différents décrets furent t pris le 7 janvier 1959 pour des promotions aux grades supérieurs, dont celui du capitaine Noumandina Keita promu commandant.
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Enfin, le 25 janvier 1959 le président Sékou Touré, rendit visite aux militaires regroupés au camp Mangin qui deviendra camp Almamy Samory Touré le 7 avril 1959. Il y prononça le premier discours que vous vous apprêtez à diffuser le texte.
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TABLE DES SIGLES
Partis guinéens P.D.G-R-D.A. B.A.G D.S.G M.S.A. P.R.A R.P.F. U.P.G
Parti Démocratique de Guinée. Rassemblement Démocratique africain Bloc africain de Guinée dirigé par Koumandian Keïta Démocratie socialiste de Guinée dirigé par Ibrahima Bany III Mouvement Socialiste Africain Parti du Regroupement Africain Rassemblement du peuple Français Union des Populations de Guinée (fusion BAG et DSG)
Autres sigles AOF AEF CA CASLFO CASP CATC CCC CFCN CFTC CGT CGTA DSG FEANF FIDES
Afrique Occidentale française Afrique Equatériale française Covention africaine Confédération africaine des syndicats libres force Ouvrière Compagnie africaine des services Publics Confédération africaine des travailleurs catholiques Comité consultatif constitutionnel Compagnie du Chemin de Fer Conakry- Niger Confédération française des travailleurs chrétiens Confédération générale des travailleurs Confédération générale des travailleurs africains Démocratie socialiste de Guinée Fédération des étudiants de l’Afrique Noire Fonds d’investissement économique et social
FLNA FOM IFAN INRDG JRDA MPS MSA ORSTOM PAI PDG PPN PRA RDA RJDA RPF SFIO SMDR SMPR UGEEG UGTAN USTG UPC
Front de libération nationale algérienne France d’Outre-mer Institut français d’Afrique noire Institut national de recherche et de documentation de Guinée Jeunesse du rassemblement démocratique africain Mouvement populaire sénégalais Mouvement socialiste africain Organisation de la recherche scientifique du territoire d’Outre-mer Parti africain de l’indépendance Parti démocratique de Guinée Parti progressiste nigérien Parti du regroupement africain Rassemblement démocratique africain ou Révolution démocratique africaine Rassemblement de la jeunesse démocratique africaine Rassemblement du peuple français Section française de l’internationale française Société mutuelle du développement rural Société mutuelle de production rurale Union générale des élèves et étudiants de Guinée Union générale des travailleurs d’Afrique noire Union des syndicats de travailleurs de Guinée Union des populations du Cameroun
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Guinée-Conakry aux éditions L’Harmattan Dernières parutions transitions (Les) politiques en Guinée De son indépendance à 2010
Bah Ibrahima - Préface de Dominique Bangoura
Depuis son indépendance en 1958, la Guinée a connu plusieurs types de transitions politiques. La première, post Sékou Touré, s’est terminée par la prise du pouvoir par l’armée (1984). Après un régime d’exception de six ans, la Guinée s’engage dans une nouvelle transition. Cependant, l’ère démocratique fut éphémère. Après une tentative de renversement du pouvoir par des militaires en 1996, le régime de Lansana Conté bascula dans l’autoritarisme jusqu’à sa mort en 2008, suivie d’un putsch militaire dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara. Après une tentative d’assassinat du capitaine Camara, le général Sékouba Konaté conduisit cette transition à l’élection présidentielle de juin et novembre 2010. (Coll. Afrique : politiques publiques, sécurité, défense, 26.00 euros, 256 p.) ISBN : 978-2-343-00606-2, ISBN EBOOK : 978-2-296-53884-9 Conakry : la république des voleurs
Bah Thierno
Dès ses premiers discours à la nation après son installation à la tête de la Guinée, Conté déclare : «Nous sommes arrivés pauvres au pouvoir. Si vous nous voyez construire des villas et acheter des voitures, c’est que nous avons volé.» Arrivé au pouvoir à partir de 1990, il prend goût à l’argent. Il installe son régime dans le pillage illimité des richesses nationales. Il favorise le détournement des devises. À la fin de sa vie, sa fortune a été estimée à 450 millions de dollars. (38.00 euros, 380 p.) ISBN : 978-2-336-29345-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-53307-3 Destins guinéens Mémoires d’un rescapé du goulag de Sékou Touré
Touré Tara Arafanour Naby-Moussa
Face à des horreurs inimaginables du goulag de Sékou Touré et de son régime barbare qui a sévi en Guinée pendant plus d’un quart de siècle, l’auteur raconte le miracle de sa propre survie. Il rend hommage à ses compagnons à travers une galerie de personnalités et d’anonymes torturés dans les camps de la mort. Ce témoignage a pour but d’accomplir un devoir de mémoire et d’honorer tous ceux qui ont comblé les innombrables fosses communes. (Coll. Harmattan Guinée, 27.00 euros, 266 p.) ISBN : 978-2-343-00098-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-53164-2
Migrations, ONG et développement en Guinée
Barry Idrissa
Voici une analyse de la migration guinéenne, au croisement des enjeux économiques, politiques et culturels. Les rapports migration/développement en Guinée sont étudiés dans plusieurs domaines : transferts matériels et culturels, participation de la diaspora, développement participatif, rapport entre Guinéens de l’intérieur et de l’extérieur, clivages et influences politiques. (Coll. Études africaines, 23.00 euros, 218 p.) ISBN : 978-2-336-29212-0, ISBN EBOOK : 978-2-296-53148-2 Mario, le basket-ball et moi Mario vu et raconté par Leah
Diallo Alpha Leah
Par le sport et dans le sport naquit une amitié, entre Leah et Mario, les basketteurs de l’équipe nationale de Guinée. L’amitié est la seule raison qui a poussé Leah à consacrer un livre à son compère Mario, le fabuleux numéro 10, le prince charmant du basket-ball guinéen, afin qu’il vive éternellement. (Coll. Harmattan Guinée, 25.00 euros, 246 p.) ISBN : 978-2-336-00933-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-51635-9 tourbillon (Le) Le combat
Barry Aminata
Faisant suite à un premier volume Tourbillon, la dérive autoritaire, ce livre est un feuilleton, celui de la vie de l’auteur, sur un certain parcours fait d’épines et de pétales, avec comme fil conducteur la responsabilité politique du fait d’autrui. (Coll. Harmattan Guinée, 14.00 euros, 136 p.) ISBN : 978-2-336-00918-6, ISBN EBOOK : 978-2-296-51634-2 Contes de la brousse, de la forêt, de la savane et de la montagne
Diallo Boubacar
Ce livre présente les contes de toutes les régions naturelles de la Guinée, sans aucune forme de discrimination. Il s’agit donc d’un survol des aires culturelles de la Guinée avec, en toile de fond, les histoires tissées autour du prince des arbres, le kouratier. C’est un arbre aux vertus multiples qui donne ses fruits à manger, son ombre, du bois mort, des médicaments traditionnels et, aussi, des récits féériques. (Coll. Harmattan Guinée, 9.50 euros, 58 p.) ISBN : 978-2-336-00932-2, ISBN EBOOK : 978-2-296-51633-5 économie (L’) politique de la Guinée (1958-2010) Des dictatures contre le développement
Cournanel Alain
La République de Guinée a subi en cinquante ans deux types de régime, deux formes de dictature. La Ire République (1958-1984), dirigée par Sékou Touré, a sacrifié le développement de la jeune nation à l’omnipotence du parti unique aux mains d’un noyau inamovible. La IIe République (1984-2008), dictature molle
à peine déguisée en État de droit, a confié le pouvoir d’État aux prétoriens et l’orientation économique au FMI. (Coll. Etudes africaines, 31.00 euros, 296 p.) ISBN : 978-2-296-99810-0, ISBN EBOOK : 978-2-296-51374-7 Guinée face au handicap (La) La problématique des déficiences motrices à Conakry
Tchirkov Vitaly
L’auteur tente d’expliquer les causes et conséquences de la prédominance des déficiences des membres inférieurs à Conakry, en République de Guinée. Il s’intéresse également aux représentations que reflètent la notion de handicap et aux influences qu’elles subissent de la part des croyances traditionnelles et religieuses. Cette recherche s’inscrit dans la volonté d’établir un état des lieux de la situation actuelle et dans la réalisation d’un important travail de terrain. (Coll. Etudes africaines, 25.00 euros, 246 p.) ISBN : 978-2-336-00499-0, ISBN EBOOK : 978-2-296-51006-7 D’une Guinée à l’autre – Souvenirs et témoignages
Diallo Bah Aïssatou
Cet ouvrage est un témoignage autobiographique de l’itinéraire de l’auteur, de la période coloniale à nos jours. L’auteur fait un résumé des événements politiques marquants de la Guinée française à la fin de la période coloniale, de la première République et du régime militaire. Elle donne des références sur la vie économique et sociopolitique du pays de l’ère postcoloniale et aussi sur la vie familiale et personnelle. (Coll. Harmattan Guinée, 15.50 euros, 154 p.) ISBN : 978-2-336-00077-0, ISBN EBOOK : 978-2-296-50405-9 Veuvage féminin et sacrifices d’animaux dans le Fouta-Djalon (Guinée) Traditions en changement
Kervella-Mansaré Yassine
En Guinée, dans la région du Fouta-Djalon, les rites funéraires comprennent des cérémonies de sacrifice d’animaux. On pourrait penser que ces rites sont hérités d’une longue tradition, mais l’auteure montre que ce qui s’observe aujourd’hui n’est pas la reproduction de ce qui s’observait hier. Cela n’empêche pas de considérer que perdurent certains éléments ou certaines structures. (Coll. Etudes africaines, 22.00 euros, 218 p.) ISBN : 978-2-296-99285-6, ISBN EBOOK : 978-2-296-50294-9 Guinée l’aurore d’une démocratie
Lonseny-Fall François
Plus de cinquante ans après son indépendance, la Guinée organise enfin une élection démocratique multipartite. L’auteur, acteur politique, porte son regard avisé sur ce processus allant de l’émergence d’une véritable transition politique à l’organisation de la première élection présidentielle permettant de bâtir l’avenir de la Guinée pour tous ses enfants. (11.50 euros, 88 p.) ISBN : 978-2-296-99404-1
Origines et migrations des Peuhls et des Kissi
Diallo Boubacar
Ce livre cherche à interroger le passé. Les contes repris ici sont les plus beaux de l’Afrique de l’Ouest. Qui aurait pu penser que la génétique des populations aurait confirmé ces fabuleux mythes que J. Richard Molard qualifiait, en 1956, «d’élucubrations fantastiques» ? (Coll. Harmattan Guinée, 11.00 euros, 74 p.) ISBN : 978-2-296-99077-7 Tourbillon La dérive autoritaire
Barry Aminata
«Le grand malheur de la Guinée est d’avoir une mémoire cabossée ou de ne pas en avoir du tout». La violence de cette répression d’Etat qui s’est abattue sur notre pays de l’indépendance à nos jours a produit des dommages profonds. Aminata Barry, l’auteur, tente le pénible exercice d’expliquer ce qui est arrivé à des milliers de mamans et d’enfants qui ont eu à répondre de la responsabilité politique du régime de Sékou Touré. (Coll. Harmattan Guinée, série Mémoires africaines, 11.50 euros, 94 p.) ISBN : 978-2-296-96507-2 Cuisines de Guinée
Bari Nadine, Maka-Ingenbleek Josée
La cuisine reflète toujours la culture d’un pays, ici la Guinée-Conakry. Or, il s’agit d’une Guinée plurielle, ce qui justifie le titre de cet ouvrge Cuisines de Guinée. Les recettes collectées sont regroupées par nature d’utilisation dans un repas : entrée, plat, accompagnement, dessert, boisson, afin de faciliter les recherches des cuisinières-lectrices. (Coll. Harmattan Guinée, 18.00 euros, 164 p.) ISBN : 978-2-296-96631-4 Expérience soguipah moyen sûr de lutte contre la pauvreté
Camara Mariame
L’agriculture est la priorité de développement de la Guinée, dont SOGUIPAH est le plus bel exemple de réussite. Son concept combine la création d’un noyau industriel de plantations et d’usines de transformation de produits agricoles, ayant pour finalité la protection durable des ressources naturelles, la création d’emplois et de revenus en milieu rural. Cet ouvrage est à destination du peuple de Guinée, à sa jeunesse et au monde paysan. (Coll. Harmattan Guinée, 9.90 euros, 60 p.) ISBN : 978-2-296-96632-1
L’HARMATTAN ITALIA Via Degli Artisti 15; 10124 Torino L’HARMATTAN HONGRIE Könyvesbolt ; Kossuth L. u. 14-16 1053 Budapest L’HARMATTAN KINSHASA 185, avenue Nyangwe Commune de Lingwala Kinshasa, R.D. Congo (00243) 998697603 ou (00243) 999229662
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L’INDÉPENDANCE DE LA GUINÉE EN 1958 L’auteur de ce livre a choisi l’année 1958, l’une des plus controversées de l’histoire de l’indépendance guinéenne, pour démontrer ses théories : l’histoire véritable doit refuser de céder la place à la légende, à l’affabulation, aux chroniques arrangées. Elle doit, pour ce faire, exiger l’approfondissement des recherches documentaires (sources orales, écrites, matérielles, etc.) afin de mieux appréhender tous les tenants et aboutissants ou tous les aspects d’un fait. La mise en place correcte des faits, à partir de 1945, est ainsi devenue une nécessité urgente en Guinée face à la volonté délibérée de certains polémistes ignorants de poursuivre leur mission néfaste de falsifier, tronquer, ou dénaturer l’histoire contemporaine du pays en se servant, non des archives primaires, mais des ouvrages de seconde main ou de témoignages arrangés. Auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire contemporaine de la Guinée, Sidiki Kobélé Keïta est titulaire d’une licence ès lettres (Sorbonne-Paris), du CAP de bibliothécaire de la Ville de Paris et dispensé du DEA par décision de l’université Paris-VII en vue du doctorat. Comme nombre de jeunes Guinéens de l’époque, il rentre au pays en 1967 pour servir son peuple. Depuis, il a assumé plusieurs fonctions : maître assistant à l’université de Conakry ; directeur des Archives nationales et de la Bibliothèque nationale de Conakry ; directeur de l’Institut central de coordination de la recherche et de la documentation de Guinée (ICCRDG) ; conseiller du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, cumulativement avec ses fonctions de directeur du service des bourses d’études extérieures ; du 2 novembre 1994 au 21 octobre 1997, chef de cabinet civil du président de la République ; d’octobre 2000 à novembre 2002, maître assistant à la faculté des lettres et sciences sociales de Conakry. Il est désormais consultant-chercheur.
Illustrations de 1re de couverture : Une du journal La Liberté et Premier meeting de Sékou Touré au cinéma Vox à Conakry ( 25 oct 1958) ; de 4e de couverture : De Gaulle à Conakry.
25 € ISBN : 978-2-343-04646-4