Les Langues Oti-Volta


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LANGUES OTI-VOLTA

LES LANGUES OTI-VOLTA

Langues Oti-Volta : groupe occidental 1 - bulba

8 -hanga

2 - kusa:l

9 - kamara

3 - nabte

10- safalaba

4 - talne

11 - dagara

5 - gurenne

12- mo:re

6 - mampelle

13- gyo:re

7- dagbane Langues Oti-Volta : groupe yom-naudem

15 - naudem

14- yom

Langues Oti-Volta : groupe gurma

16 - kasele

20- mi gangam

17 - tobote

21 - dye

18 - konkomba

22 - moba

19 - soruba

23- gourmantché

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25

50

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LES GROUPES DE LANGUES VOLTAÏQUES

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200 km

LANGUES ET CIVILISATIONS A TRADITION ORALE

Gabriel MANESSY

LES LANGUES OTLVOLTA Classification généalogique d’un groupe de langues voltaïques

I. Correspondances phonétiques IL Correspondances morphologiques III. Correspondances lexicales IV. La sous-famille Oti-Volta

Publié avec le concours du CENTRE NATIONAL DE L Æ4EEC44T RC H E SCIENTIFIQUE

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LES LANGUES OTI-VOLTA Classification généalogique d’un groupe de langues voltaïques

Sommaire Introduction

Bibliographie

Sources I. Correspondances phonétiques 1. Constitution des séries comparatives 2. Correspondances consonantiques 3. Correspondances vocaliques 4. Les tons II. Correspondances morphologiques A. le nom 1. La classification nominale 2. La formation des noms B. Le verbe et ses déterminants 3. La base verbale 4. La flexion verbale 5. Les déterminants du verbe 6. Le système verbal et son évolution III. Correspondances lexicales 1. Vocabulaire grammatical 2. Vocabulaire général IV. La sous-famille Oti-Volta 1. La langue ancestrale 2. Constitution de la sous-famille Oti-Volta 3. La classification des langues Oti-Volta Annexes 1. 2. 3.

Table

Documentation Catalogue des radicaux restitués Le kamara

des matières

INTRODUCTION L’objet du présent ouvrage est la classification généalogique d’un groupe important de langues voltaïques parlées en Haute-Volta ainsi que dans le nord du Ghana, du Togo et du Dahomey et dont l’aire d’extension s’inscrit dans un quadrilatère délimité par les 8° et 14° lat. Nord d’une part, par le 4° long. Ouest et le 4° long. Est d’autre part. Ces langues ont été dans le passé désignées par des vocables divers : mossiet gurma(D. Westermann and M.A. Bryan, 1952), môré et gurma (Lavergne de Tressan, 1953), mossi, gurma et kilinga (J.H. Greenberg, 1955), mossi-dagomba et gurma (O. Kôhler, 1952; 1958), môôre-gurma et tamari (J.T. Bendor-Samuel, 1971) f La documentation qui s’y rapporte, celle du moins qui nous a été accessible, est de nature, de qualité et d’ampleur diverses ; elle consiste en esquisses descriptives publiées ou inédites, en listes de mots, glossaires et dictionnaires, en études phonologiques ou grammaticales, et en quelques notes personelles. Elle concerne des parlers d’importance inégale, le gyo:re qui est l’idiome de quelques villages au sud-est de Koupèla aussi bien que le moire, principale langue de la Haute-Volta: ainsi que l’ajustement fait observer J.H. Greenberg12, ni le nombre des locuteurs, niTétendue du territoire ne sont des éléments pertinents pour l’établissement d’une classification généalogique. Par prudence, nous avons considéré comme des unités distinctes les parlers décrits par différents auteurs sous le même nom ou sous des noms semblables, en réservant aux conclusions de l’enquête les identifications éventuelles; ainsi par exemple pour le dagara de L. Girault, le dagare de R.S. Rattray, le daga:ri de J. Kennedy, ou encore pour les vocabulaires birifor procurés par M. Delafosse et par M. Swadesh. La collection présentée est cer­ tainement incompète; nous espérons cependant qu’elle se révélera

1 Westermann D., and Bryan M.A. (37), Languages of West Africa, p. 63-68; Lavergne de Tressan (21), Inventaire linguistique de l'A.O.F. et du Togo, p. 70-84; Greenberg J.H. (13), Studies in African linguistic classification, p. 10; Kôhler O. (17), compte rendu de Languages of West Africa, p. 187-190; Kohler, O. (20), «Zur Territorialgeschichte des ôstlichen Nigerbogens, Bassler Archiv, 1958, p. 230-235, 236-249; Bendor-Samuel, J.T. (5), «Niger-Congo, Gur», Linguistics in Sub-Saharan Africa, p. 144. 2 Greenberg, J.H. (12), The Languages of Africa, p. 37.

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suffisamment vaste pour que les parlers qui ont été omis3 puissent ultérieurement trouver place dans le diagramme proposé au chapitre IV, sous 2.3. On ne devra pas s’attendre à trouver dans ce qui suit une grammaire comparée des langues étudiées. Outre que les lacunes de notre docu­ mentation interdisent toute enquête méthodique, une telle comparaison ne saurait porter que sur des états de langue actuels; elle n’aurait en elle-même aucune signification diachronique. J.T. Bendor-Samuel a donné dans Linguistics in Sub-Saharan Africa (1971) une très intéressante esquisse typologique qui s’étend à l’ensemble des langues voltaïques ; il prend grand soin pourtant d’en distinguer la classification généalogique qu’il expose d’autre part et qui est fondée sur de tout autres bases. De même n’avons-nous retenu, parmi les faits qui nous étaient connus, que ceux qui nous paraissaient propres à justifier ou à infirmer l’hypothèse d’une parenté des langues, à l’exclusion de ceux qui n’impliquaient qu’une analogie de type ou l’appartenance à une même aire d’affinité. D’autre part, nous nous sommes efforcé, dans toute la mesure du possible, de distinguer les données de leur inter­ prétation; la documentation qui figure en annexe, sous classement alphabétique, est destinée à permettre le contrôle et l’évaluation des hypothèses; il y est fait référence implicite ou explicite dans le texte par simple mention de la série comparative concernée («mouton», «enfant», etc.). Sauf lorsque l’unification paraissait ne mettre en jeu que des conventions orthographiques, la notation des auteurs a été conservée, aux dépens de la cohérence générale de la transcription; celle-ci respecte les conventions de l’International African Institute, exception faite pour les occlusives palatales notées c, j, n. Le même souci de ne pas imposer aux données un cadre préconçu nous a conduit à consacrer trois études distinctes et pratiquement indépendantes aux faits de phonétisme, de grammaire et de vocabulaire, chacune com­ portant ses propres conclusions ; le chapitre IV en propose une synthèse. Là encore, le parti adopté nuit à l’harmonie de l’ensemble ; il nous a paru préférable en ce qu’il ménage au lecteur la faculté de tirer des faits des 3 II s’agit principalement du niende que P. Mercier (30, p. 73) rattache au tàmari (ou somba) et du soruba (ou mi yobe) que Y. Person dit à la fois très proche du konkomba (communication personnelle, 1962) et fort semblable au mi gangam (lettre au R.P. Prost, 1964). De Lavergne deTressan (21) cite aussi, à tort, l’akebu qui est une langue résiduelle du Togo, le deforo (ou akurumfe) et le bariba, cer­ tainement étrangers à la sous-famille Oti-Volta, et, avec réserves, le fali de la région de Maroua (cf. p. 84, 72, 79 et 75).

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conséquences différentes et d’élaborer une autre théorie générale, et en ce qu’il laisse ouverte l’éventualité d’un remaniement ultérieur. On doit en effet tenir pour possible que dans un ensemble plus vaste, certains éléments de notre construction trouvent une place nouvelle. Cette éventualité marque les limites de notre entreprise : il s’agit d’une classification partielle, appelée sans doute à s’intégrer dans une classification plus vaste englobant d’autres groupes voltaïques : les langues gurunsi, le bariba, l’akurumfe, les langues parlées à l’ouest de la Volta Noire et peut-être le groupe sénufo. Il est indubitable que certains rapports de parenté sont susceptibles de demeurer inaperçus ou équivoques pour qui ne prend qu’une vue partielle de la totalité4. Nous croyons légitime pourtant d’en courir le risque lorsque le groupe étudié présente des caractéristiques suffisamment nettes et singulières pour qu’on puisse le considérer avec quelque vraisemblance comme une unité. Si les bantouistes avaient attendu pour entreprendre leur comparaison que fût résolu le problème de la parenté générale des langues africaines, leur discipline serait encore loin du degré d’ac­ complissement qu’elle a atteint au cours de ces dernières années.

4 Greenberg, J.H. (12), The Languages of Africa, p. 3.

BIBLIOGRAPHIE I. Ouvrages généraux

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descriptives

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24

49. Fisch R.. Dagbane-Sprachproben. 50. Fisch R.. Grammatik der Dagomba-Sprache. 51. Fisch R., Wôrtersammlung Dagbane-Deutsch. 90. Wilson W.A.A.. External tonal sandhi in Dagbane. 91. Wilson W.A.A., Problems of analysis in the Dagbani verb. 92. Wilson W.A.A., Old and new information. 93. Wilson W.A.A., Relative constructions in Dagbani. 94. Wilson W.A.A., Verbal sequences and case markers in Dagbani. 95. Wilson W.A.A., and Bendor-Samuel J.T., The phonology of the nominal in Dagbani. gangam (gg ) : 31. Prost A., Vocabulaires comparés. 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. 77. Prost A., Mi gangam. gbanyan : 9. Delafosse M., Vocabulaires comparatifs. 35. Westermann D., Die Mossisprachengruppe (Vergleichendes Wôrterverzeichnis. p. 823-830). gourmantché (gourm.) : 14. Groh B., Sprachproben (s.v. Gurma). 16. Koelle M., Polyglotta (IV A 4, Gurma). 30. Mercier P., Vocabulaire (s.v. gurma). 31. Prost A., Vocabulaires comparés. 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology (s.v. Gurma). 36. Westermann D., Die Sprache der Guang (s.v. Gurma, p. 100-123). 46. Chantoux A., Dictionnaire gourmantché-français. 47. Chantoux A., Essai de grammaire gourmantché. 48. Chantoux A.. Gontier A., et Prost A., Grammaire gourmantché, gurenne (gur.) : 32. Rattray R.S., The tribes of the Ashanti Hinterland, I. (s.v. Nankane). 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. 74. Prost A., Le nankan ou gurenne. 83. Rapp E.L., Die Gurenne-sprache. gyo:re (gyo.) : Matériaux procurés par Mlle Lucie Guibré. hanga (han.) : 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. kasele (kas.) : 36. Westermann D., Die Sprache der Guang (p. 60-99). konkomba (kon.) : 14. Groh B., Sprachproben. 32. Rattray R.S., The tribes of the Ashanti Hinterland, I. 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. 87. Steele M., and Weed G., Phonology of Konkomba. 88. Tait D., Konkomba noun classes. kusa.l (kus.) : 32. Rattray R.S., The tribes of the Ashanti Hinterland, I.

25

33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. 35. Westermann D., Die Mossisprachengruppe (s.v. Kussassi, p. 497-504). 52. Funke E., Vokabular der Kussassi-Sprache. 62. Mélançon L., Notes sur la langue kussall. 70. Prost A., Le kusaal. 86. Spratt D.. and A., The phonology of K usai. loberu (lob.) : 32. Rattray R.S., The tribes of the Ashanti Hinterland, L mampelle (mamp.) : 14. Groh B.. Sprachproben (s.v. Mamprusi). 32. Rattray R.S., The tribes of the Ashanti Hinterland, I. 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. 35. Westermann D., Die Mossisprachengruppe (Vergleichendes Wôrterverzeichnis, p. 823-830). moba : 14. Groh B.. Sprachproben. 31. Prost A., Vocabulaires comparés. 32. Rattray R.S., The tribes of the Ashanti Hinterland, I. 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. 40. Bendor-Samuel J.T., Problems. 58. Jacobs G., Bimoba syntax. 59. Jacobs G., The structure of the verbal clause. 66. Pike K.L., and Jacobs G., Matrix permutation. 73. Prost A., Le moba. 89. Tersis N., Essai pour une phonologie du gurma. mo:re (mo.) : 16. Koelle S., Polyglotta (IV A 1, Ma:se). 32. Rattray R.S., The tribes of the Ashanti Hinterland, I (s.v. Mole). 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. 35. Westermann D., Die Mossisprachengruppe (s.v. Mossi, p. 472-484). 39. Alexandre R.P., La langue more. 43. Canu G., Les classes nominales en mo:ré. 44. Canu G., Description synchronique. 45. Canu G., Gùrénnè et mô:ré. 56. Hall J.F., Dictionary and practical notes. 64. Peterson Th.H., More Structure. 65. Peterson Th.H., Remarques sur le principe du système tonal. 80. Prost A., Nôtre et moore. Matériaux procurés par M. Ambroise Zagré. nabte : 32. Rattray R.S., The tribes of the Ashanti Hinterland, L naudem (naud.) : 14. Groh B., Sprachproben (s.v. Losso Sokode). 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. 79. Prost A., Notes sur le naudem du Togo, nura : 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology.

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safalaba (saf.) : 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. talne (tal.) : 32. Rattray R.S., The tribes of the Ashanti Hinterland, I. (s.v. Talene). 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. tàmari (tàm.) : 30. Mercier P., Vocabulaire (s.v. somba). 31. Prost A., Vocabulaire comparés. 33. Swadesh M., A preliminary glottochronology. 75. Prost A., Li tamari. 76. Prost A., Di tammari. tayari (tay.) : 30. Mercier P., Vocabulaire (s.v. natimba). 72. Prost A., Le tayari. tobote (tob.) : 36. Westermann D., Die Sprache der Guang (p. 36-59). wala : 32. Rattray R.S., The tribes of the Ashanti Hinterland, I. (s.v. Wale). 35. Westermann D., Die Mossisprachengruppe (Vergleichendes Wôrterverzeichnis, p. 823-830) wama : 30. Mercier P., Vocabulaire (s.v. woaba). 71. Prost A., Le wama. yom : 16. Koelle S., Polyglotta (IV A 2, Djelarja). 30. Mercier P., Vocabulaire (s.v. pilapila). 33. Swadesh, A preliminary glottochronology (s.v. Pilapila). 81. Prost A., Le yom. 96. Wolf L., Beitrag zur Kilir-Sprache.

Abréviations

et conventions

Les langues pourront être parfois désignées par les abréviations qui figurent ci-dessus entre parenthèses. Les noms des auteurs les plus fréquemment cités seront éventuellement abrégés comme suit. Al. B.S. Ca. Del. Fi. Fu. G.J. Ko. Mel. Mer.

Alexandre R.P. Bendor-Samuel J.T. Canu G. Delafosse M. Fisch R. Funke E. Jacobs, G. Koelle S. Mélançon L. Mercier P.

M.S. N.T. P. Pr. Ra. Spr. Sw. T. W. West.

Steele M., and Weed G Tersis N. Pike K.L. Prost A. Rattray R.S. Spratt D., and N. Swadesh M. Tait D. Wilson W.A.A. Westermann D.

27 Gangam G. (ou gg.G.) et gangam K. (ou gg.K.) désignent respectivement les parlers de Gando, au nord-est de Sansanne-Mango (Togo septentrional) et de Kumongu, au sud. Tàmari 1 est le dialecte tâmari du Togo, décrit par A. Prost (75) sous le nom de H tàmari, tàmari 2 celui de Dahomey ou di tàmmari (A. Prost (76)). Les noms, lorsque cela est possible et utile, sont cités sous leurs formes de singulier et de pluriel, séparées par une virgule et suivies éventuellement par les indices de classe correspondants; les verbes le sont sous leurs formes de perfectif (perf.) et d’imperfectif (imperf.).

L CORRESPONDANCES PHONÉTIQUES

1. CONSTITUTION DES SÉRIES COMPARATIVES L’analyse et la comparaison des formes nominales et verbales recueillies permet l’établissement d’un nombre important de séries comparatives (plus de 1.300). Nous entendons par série comparative, conformément à l’usage de M. Guthrie 5, une liste d’éléments lexicaux de même sens, appartenant à diverses langues, et dont les dissemblances formelles sont analogues à celles que l’on constate dans d’autres listes d’éléments appartenant aux mêmes langues et également unis par un sens commun. La constitution de ces séries a été rendue souvent difficile par l’incertitude des transcriptions et par l’absence de cor­ respondances vocaliques régulières entre des séries qu’on avait lieu de tenir à tous autres points de vue pour satisfaisantes. La première de ces difficultés a été éludée, autant que possible, par la critique interne des documents, par le recoupement des renseignements provenant de sources multiples et par la priorité accordée aux transcriptions d’auteurs ayant effectué une analyse phonologique des langues en question. Le second phénomène a été interprété comme le vestige d’un mécanisme d’alternance vocalique propre à la langue originelle (cf. ci-après 3.4.). Certaines séries comparatives ne mettent en jeu qu’un petit nombre de langues géographiquement proches et présentant des ressemblances lexicales et phonétiques manifestes. D’autres au contraire sont constituées de formes prises dans des langues suffisamment distantes et différentes pour que les correspondances ne puissent s’expliquer par un processus de contamination ou d’emprunt. Ces dernières seules ont été retenues pour fonder l’hypothèse d’une communauté d’origine des langues étudiées. Pour la commodité, quatre zones inégales ont été délimitées en vertu d’un critère empirique : les langues parlées à l’intérieur de chacune présentent apparemment plus d’analogies entre elles qu’elles n’en ont avec les langues de la zone voisine. L’une de ces zones coïncide avec l’aire du groupe gurma 6 ; celle qui s’étend à l’ouest sera dite zone occidentale (mo:re, gyo:re, gurenne, nabte, talne, kusa:l, buli, mampelle, dagbane, hanga, safalaba, nura, wala, dagara, daga:ri, birifor, loberu), celle du sud-est, par abréviation, zone orientale (bieri,

5 Glthrie, M. (15), Comparative Bantu. I, 22-01. 6 Manessy G. (24), «Les langues gurma». Bulletin de l'I.F.A.N., 1971.

32 tayari, tàmari, wama)7; il paraît opportun d’en détacher le yom et le naudem qui forment à eux seuls la quatrième zone. Une série comparative n’est tenue pour probante, en ce qui concerne l’établis­ sement des formules de correspondances phonétiques, que si elle est représentée dans trois au moins des quatre zones. Nous appellerons « séries comparatives générales » les séries qui satisfont à cette exigence ; elles sont au nombre de deux cent quatre-vingt-quatre, soit environ 21% du total. Un peu moins de la moitié des séries comparatives ne sont attestées que dans deux zones; elles seront dites «partielles», et «régionales» celles qui sont propres à une zone particulière. Ces dernières forment à peu près le tiers de l’ensemble. Aucune série générale ne comprend des formes appartenant à toutes les langues examinées8, mais l’assemblage de plusieurs séries permet en général d’étendre par recoupements le champ des correspondances à la quasi totalité d’entre elles. Ainsi apparaît-il par exemple que dans un certain nombre de séries comparatives c initial de mot en gyo:re, dans les langues orientales, en yom, dans les langues gurma (sauf le moba), en buli et en bulba correspond à s dans la même position en naudem, en moba et dans les langues occidentales autres que le gyo:re, le buli et le bulba. Un tel ensemble, dit «formule de correspondance» est représenté par un symbole; le choix de ce dernier (*s2 dans l’exemple choisi) est en principe arbitraire; il y a pourtant avantage, lorsque c’est possible, à employer de préférence un signe alphabétique propre à rappeler sommairement les caractéristiques articulatoires communes à la majorité ou à la totalité des constituants de la formule.

2. CORRESPONDANCES CONSONANTIQUES 2.0. Deux positions ont été considérées pour l’institution des formules de correspondance : l’initiale des radicaux isolés par l’analyse et la position dite finale de base. Sont tenues pour finales de base toutes les consonnes présuffixales, l’usage du terme de «base» impliquant lui-même l’hypothèse qui sera formulée plus loin (sous 2.2.4.) : toute forme CVC ou CVCC est complexe et comprend, outre un radical CV, 7 Géographiquement, le bulba appartient à cette zone; mais l’application du critère empirique oblige à le rapprocher des langues occidentales auxquelles il ressemble beaucoup plus qu’à aucune de ses voisines immédiates. 8 Cela est dû pour une grande part à l’insuffisance de notre information, limitée aux cent mots de la «diagnostic list» de Swadesh pour la hanga, le nura et le safalaba et à beaucoup moins encore pour le gbanyan de Delafosse et le wala de Westermann.

33 un ou deux élargissements consonantiques. Les exemples de bases polysyllabiques sont peu nombreux et n’autorisent qu’exceptionnellement l’institution de formules de correspondance. 2.1.

CONSONNES INITIALES DE BASE

2.1.1. LABIALES. Les formules *M, *Pet *B sont amplement attestées par des séries comparatives générales telles que «brousse, herbe» *MO:/*MO, «construire» *MA, «gombo» *MA:N, «femme» *PO/*PU, «mouton» *pe, «ventre» *Pt7., «bras, épaule» *BA/*BAG, «enfant» *B1, «semer en poquets» *bld. Elles sont représentées respectivement par m, p et b dans toutes les langues, sauf en naudem ou *P l’est par pf. Il faut observer cependant que des séries comparatives restreintes à initiale py peuvent être constituées pour «blanc»: [pyel] en buli, bulba, daga:ri, talne, kusa:l, dagbane et gyo:re, [pyal] en gurenne (frafra Sw.) et en mo:re (Ko.), [pyen] en moba, gourmantché et dye; pour «cendre» : [tampyeg!.] en mampelle, gurenne (Sw.), gyo:re, mo:re, [tampydg.] en kusa:l (Mel.) et talne; pour «mouton» : tâmari 1 piogo, pl. pieti, moba Pr. piog, pl. pei, dagbane F. pioxo, pl. pie:re, gyo:re pyohgà, pl. pihi; pour «écorce»: hanga piagu. mampelle picku, talne pyokw, gurenne (frafra) piogaro (cp. mo:re -pegdo). Il paraît assuré que cette palatalisation est combinatoire, ou du moins propre aux langues considérées et ne peut-être tenue pour attester une cor­ respondance. Elle n’est en effet attestée que devant voyelle d’avant, et devant a dans quelques cas où l’on a aussi des attestations de e; au singulier du nom du mouton et de celui de l’écorce, pio- s’explique manifestement par un processus d’assimilation régressive, à partir du suffixe -go ou -do. Elle n’est indiquée pour le buli («blanc»), le gurenne (« blanc », « cendre »), le mo:re (« cendre »), le kusa:l (« blanc »), le moba («blanc»), le gourmantché («blanc») que par une partie des auteurs; en ce qui concerne le kusa:l, Spratt la dit expressément caractéristique du dialecte oriental (Agole). Enfin il est possible que, dans le groupe gurma du moins, [Cye] soit une réalisation de /Ce:/. Les formules *F et *v («poumon» *FU, «feuille» *VA) n’ont de représentants distincts, f pour la première, v pour la seconde qu’en yom et naudem et dans les langues occidentales, à l’exception du bulba; f est commun aux deux formules dans toutes les autres langues pour lesquelles nous disposons de quelque information. *F n’est pas attesté en effet dans nos matériaux en mi gangam, konkomba T., birifor Del., gbanyan, safalaba, wala. En bieri, f n’a été trouvé que dans des

34

séries comparatives partielles concernant les langues orientales et gurma, telles que « aile » fc:-, inutilisables ici puisque f peut y représenter aussi bien *v que *F. En naudem, les exemples de f initial sont rares, probablement en raison de la pauvreté de la documentation, et il se trouve qu’aucun n’appartient à une série comparative établie; le représentant de *v y étant v, on peut supposer que f y relève de la formule *F. Il semble y avoir complémentarité en daga:ri entre h devant voyelle postérieure fermée et f ailleurs. Une articulation bilabiale du représentant de *v devant voyelle d’arrière est probable en tayari où «kapokier» (*VOG) est donné par A. Prost sous les formes fwogbu et wogbu. Il en va de même pour le représentant de *v en yom («trou» Mer. -worha, pl. -worsa), en kusa:l («trou» Fu. -wose, Ra. -vor; «respirer» Fu. wose, Mel. vose) et en dagbane («feuille» Fi. voxo, pl. vâré ou wox6, pl. wâ:ré).

2.1.2. DENTALES. *N, *D et *T appellent peu de commentaires; chacune de ces formules est fondée sur de nombreuses séries com­ paratives générales, par exemple «bœuf» *NA/*NAG, «personne» *n//*n/d, «viande» *NAM, «bois» *DA, «dolo»9 *DA:M, «manger» *D7 «arbre» «arc» *to/*ta/*tam, «oreille» *tg/*tgb. *n est partout représenté par n, *T par t (sauf en wala où la documentation fait défaut), *D par d sauf en tàmari 1 où il l’est par I. En tayari on constate dans la transcription une variation d/110, par exemple pour «mâle», dao, daba ou lao, laba ou «bois» dagu, dcgi ou hgu, tegi, probablement explicable par une réalisation rétroflexe des consonnes dentales ; la même explication vaut pour la correspondance da- = -la(en second terme de composé) «mâle» en bieri11. Westermann note fréquemment 1 la consonne initiale du dagbane et du mo:re que d’autres auteurs écrivent d; l’opposition /d:r/ est neutralisée en mo:re à l’initiale de base et la réalisation vibrante préférée dans certains dialectes; celle-ci est en règle en gyo:re. Les cas du tayari et du tàmari 1 sont vraisemblablement analogues à ceux du mo:re et du gyo:re, les transcriptions d et 1 désignant respectivement une occlusive [4] et un «flap r» [f], l’un et l’autre rétroflexes. Il semble qu’une telle articulation rétroflexe soit responsable en bieri, tàmari 2, wama et bulba de la confusion à l’initiale de base des 9 Le dolo est une bière de mil. 10 Prost A. (72), «Le tayari», Bulletin de l’I.F.A.N., 1972, p. 621 : «le d initial se réalise très fréquemment comme 1». 11 Prost A. (67), Le bieri, p. 5: «d devient facilement 1 après une voyelle fïnale«.

35 représentants de *D et de *L. Les bases illustrant cette formule (par exemple *Li/*LiG «cauri», *l/m «langue», *la «rire») ont un I initial dans toutes les langues (nura excepté ou 1 n’apparaît, dans nos matériaux très pauvres, qu’en fin de base), sauf dans les quatre parlers précités où elles présentent régulièrement un d 12. La confusion existe aussi en tàmari 1, où *D et *L ont pour représentant commun 1 et en tayari où les bases de formule *L sont données les unes avec une initiale I, les autres, plus nombreuses, avec une initiale d, l’équivalence de l’une et de l’autre étant garantie par des doublets tels que hfa/dafa «varan du Nil». La formule *Sj (cf. «femelle neuve» *s1e/*s1ad, «noir» *SiOB, «se taire» *S!lN) désigne la correspondance constatée dans toutes les langues où elle est attestée (les documents font défaut pour mi gangam, birifor Del. et gbanyan) entre des sifflantes sourdes initiales : s. Cependant, en naudem, *Sj est en règle générale représenté par h; il l’est parfois aussi par s (par exemple dans su «demain», cp. moba su-qao de même sens). En tayari et en wama, c’est s qui est le plus fréquent, mais h apparaît également ; ainsi dans le nom du balai : tayari hcku, hcki (cl. ku, ki), wama hay (pi., cl. yi) (cp. bieri sao, sey, cl. o, i; mo:re sa:ga. sa:se), en tayari dans le nom du coton: hakunti (cp. bulba sankonto). Il est vraisemblable que ces variations sont l’indice d’une articulation lâche de la sifflante initiale dans les trois langues en question 13. Nous rangeons par commodité sous la rubrique «Dentales» les quatre formules *s2 *s3, *Zj *z2 dont les représentants sont pour partie des sifflantes, principalemeent dans les langues occidentales, mais qui mettent en jeu également des palatales. *S2 est attestée par les séries comparatives générales «étranger» *S2AN et «mari» *S2/D et par un petit nombre de séries moins complètes telles que « ciel » *S2A. Les correspondances s’établissent entre une sifflante sourde en naudem, en moba et dans les langues occi­ dentales à l’exception du buli, du gyo:re et du bulba, et une occlusive

12 Prost A. (71), «Le wama», Bulletin de l'I.F.A.N., 1972, p. 302: «1 est absent, les mots empruntés à d’autres langues passent à d initial; à l’intervocalique on a seulement r»; Prost A. (68), Le bulba, p. 6 : «1 est d’abord une réalisation [intérieure] de d». En tàmari 2, nous ne connaissons qu’un exemple de 1 initial, dans (ya-)lè «seins», forme isolée et une seule fois citée. 13 Prost A. (71), «Le wama», Bulletin de l’I.F.A.N., 1972, p. 305: «s est très fréquent soit à l’initiale, soit à l’intervocalique, il est très facilement dans l’une et l’autre position réalisé comme h».

36 palatale sourde dans les langues orientales, en yom, dans les langues gurma (sauf le moba), en bulba, en buli et en gyo:re. Cette occlusive paraît être affriquée, sauf peut être dans les langues orientales où elle est notée c, sans autre précision. Il faut signaler que la correspondance n’est guère fondée pour les deux dialectes tàmari que sur le rapproche­ ment de tàmari 1 kin.kyiyaku, kinkyenyaga (ku, yi), tàmari 2 cito, citi (ku, i) «côte» avec bulba cincinga, cincinse (ka, si) et mo:re si:fu, si:, de même sens. Les séries comparatives qui justifient l’institution d'une formule *s3 sont moins nombreuses encore que dans le cas précédent. Trois cependant sont générales et bien documentées : *s3e/*s3i/*S3I: «abeille», *S3O «chemin» et *S3A: «to»14 la dernière étant la plus probante. *s3 est représenté par s (ou h en naudem) dans toutes les langues, sauf dans les quatre langues orientales (bieri, tayari, tàmari et wama) où il l’est par une occlusive palatale sourde, comme *s2. La formule *Zi est fondée sur le parallélisme constaté entre trois séries générales bien établies *Z1O/*Z1O:/*Z1U «farine», *Z1U «tête» et *Z1/M «sang», et confirmé par quelques séries partielles. Cette comparaison met en évidence la correspondance entre y (réalisé j après n en bieri) dans les langues orientales et les langues gurma, j en naudem et birifor Sw., c en bulba, z dans toutes les autres langues, soit en yom et dans les langues occidentales, sauf le bulba déjà mentionné et le wala dont nous ne savons rien sur ce point. L’authenticité de *z2 est difficile à établir, parce que ses représentants sont analogues à ceux de *J en wama, en yom et en naudem, dans les langues gurma, en bulba, en buli, et en birifor Sw. et à ceux de *Zj dans les langues orientales, et dans les langues occidentales, sauf en bulba, buli et gyo:re. Pourtant le parallélisme entre des séries générales telles que *Z2OM/*Z2O:M «aveugle», *z2t/ «queue», *z2/M «poisson», confirmé par une douzaine de séries partielles, oblige à instituer une telle formule dont les représentants sont y dans les langues orientales, j en yom et naudem, dans les langues gurma, en buli, en birifor Sw. et en gyo:re, c en bulba, z dans les autres langues occidentales. En ce qui concerne le wama, les correspondances sont peu démonstratives; les séries «aujourd’hui» tayari yin, wala ingo (pour *yiijgo), kusa.l zinâ, gurenne zinna, dagbane zuggo et «soum­

14 Le to est un flan de semoule (généralement de mil), aliment principal pour la plupart des populations voltaïques.

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bala » 15 : bieri yo:nga (ka), wama co:nfa (fa), yom jonya (ka), naudem junga (ka), gourmantché jonga, buli joi] (ka) donnent des indications divergentes; il est possible que c et y soient des représentants de *z2, l'un devant voyelle postérieure, l’autre devant voyelle d’avant. Une hypothèse analogue rendrait compte de la difficulté que soulèvent en bieri yank, yansi (ka, si) «poisson» et cumfa, cumi (fa, i) «silure» qui s’insèrent l’un dans une série partielle *Z2AM «poisson» (moba jàq, gourmantché jamo, jami, o, i, konkomba T. ja, u), l’autre dans une série générale *z2um (naudem jomu, jomi, u, i «silure»; basari jom pm, o, i, buli jum, juma, bu, qa, daga:ri ziimo, dagare zomo zuma, dagara zum, zumc « poisson »). En tayari et en tàmari, y représente *z2 aussi bien devant voyelle d’arrière que devant voyelle d’avant. 2.1.3. PALATALES. La formule *N est bien attestée par des séries comparatives générales telles que *NU «boire», *NU (peutêtre *nl) «fumée», *na «eau» et par de nombreuses séries partielles. Elle est représentée partout par h; cependant, en bieri et en wama l’articulation de n est très relâchée au point de devenir presque inaudible devant i16. Les correspondances qui fondent les formules *C et *J sont en revanche difficiles à établir, en raison du petit nombre des séries générales dans lesquelles elles apparaissent (*CEN «aller», *CI «lune»; *JEN «œuf», séries partielles *je, *jin), de l’impossibilité où l’on est d’attribuer les séries partielles propres aux langues gurma et yom-naudem à *J plutôt qu’à *z2, et du processus de palatalisation des occlusives vélaires devant voyelle d’avant, bien connu dans les langues occidentales, et probablement non étranger aux autres langues. Il en résulte que les seules séries utilisables sont celles où les re­ présentants de *c et *J figurent devant voyelle postérieure ou a, ou bien celles où une alternance vocalique permet d’affirmer que la palatalité de l’initiale n’est pas conditionnée par le point d’articulation de la voyelle suivante. Ainsi par exemple de wama Mer. kyirifa, Pr. kirifa, kirisu, yom Ko. djirox, dye kyil, kyil (u, i), dagbane Sw. cirli, Ra. ciri, cira «lune» en face de yom Sw. œlgv, Pr. coryo, corey, de 15 Le soumbala est un condiment obtenu par fermentation des graines de néré (Parkia biglobosa). Prost A. (67), Le bieri. p. 6: «ny... donne une initiale particulière que nous avons notée hy et même h devant i». Prost. A. (71), «Le wama». Bulletin de .I.F.A.N.. 1972, p. 303-304: «ny initial tend à passer à y et y devant voyelle autre que i; devant cette dernière, il peut disparaître complètement». Un phénomène inverse est constaté en talne : *n y est représenté par q devant voyelle d’arrière.

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même sens. Compte tenu de ces incertitudes, il semble que les re­ présentants de *c et de *J soient respectivement c (souvent écrit k ou ky devant i, surtout dans les langues occidentales) et j dans toutes les langues où ces formules sont attestées, sauf dans les langues orientales et en bulba où l’une et l’autre sont représentées par c. Il faut signaler cependant en safalaba une réalisation kx devant u (kxu: «lune»), mais If devant i (fini «aller»). Les correspondances symbolisées par *Y sont nombreuses (cf. *Yl/ *yu «appeler», *yed «nom», *ya/*ya:d «sel»); elles s’établissent entre des y initiaux dans toutes les langues, sauf en talne où le représentant de *Y est régulièrement w devant une voyelle postérieure arrondie. On trouve également des transcriptions h; dans plusieurs cas, il s’agit probablement de la notation d’une variante de y devant voyelle nasale ou nasalisée : ainsi en wama : yende/yenne/nenne « deux » ; mais cette explication ne semble pas toujours légitime, et il paraît souvent prudent de restituer pour un même radical deux séries osculatrices à initiales de formule *Y et *N (cf. ci-après 2.4.2.) 2.1.4. VÉLAIRES. L’institution d’une formule *n pose un problème difficile. Une telle formule est attestée par des séries relativement nombreuses, mais presque toujours régionales, telles que « oncle utérin » *qas., «froid» *qo., et «décoction de néré» *ijam pour les langues occidentales, ou «allaiter, téter» (qa.) pour les langues gurma. Les seules séries d’extension suffisante sont *da/*dad «Vitex» et *dob/ *DAB «manger, mâcher»; le yom et le naudem n’y figurent pas. En tenant compte des recoupements entre ces séries et les séries régionales, on peut cependant mettre en évidence une correspondance entre h en bieri et tayari, ? en tâmari 2, w en tâmari 1 et wama17, q dans les langues gurma, en buli, en bulba (où q et h sont ap­ paremment en variation libre) en mampelle et en dagbane, ? ou 0, selon les langues et plus vraisemblablement encore selon les auteurs, dans les autres langues occidentales. Cette correspondance n’est attestée que devant a et o. Il existe une autre formule, que nous désignerons provisoirement par *? et qui présente la caractéristique inverse : elle ne concerne que des séries de vocalisme i ou e. Telles sont *?/ «corne» *?EM «hippo­ potame», *?1S/*?IG «se lever», séries générales, *?i., *?e. «faire», 17 Nous désignons ici par w ce qui paraît être un son vélaire et non occlusif; cf. tâmari 1 «faire»: perf. qanayana. imperf. ya:; «il fait» : u wâ; «danser»: perf. yabu, imperf. wo; «je danse»» n yo.

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*?es. « oncle utérin », *?e. « ongle », séries régionales. La correspondance s’établit entre y dans les langues orientales et en yom, ? en naudem, y dans les langues gurma, n en buli, y devant i, n devant e en mampelle, y en dagbane, en mo:re et en bulba, ? ou 0 dans les autres langues occidentales, la répartition de ces transcriptions selon les langues et les auteurs étant exactement la même que pour *n. L’analogie entre les formules *n et *? est confirmée par plusieurs faits. Tout d’abord, le nom de l’hippopotame en dagbane est qamli, qama. de structure identique à celle de mo.re yemde, yema ou de yom ye:mar, ye:ma, mais qui relève d’une formule *DAM (non autrement attestée) et non de *?EM comme les autres formes. De même wama herbu «Vitex», nede, neya «fruit de Vitex» est comparable à bieri harga, harse «Vitex» ou mo:re adga. adse, «Vitex», âdre, ada «fruit de Vitex», mais devrait être rattaché à une formule *?ED (si l’on admet qu’en wama comme en mampelle n est le représentant de *? devant e) plutôt qu’à *dad. Les deux séries *das et *?ES «oncle utérin» sont représentées conjointement sur l’aire occidentale, et simultanément en buli (Pr. qcso, pour qaso, Ra. qyiso)18 et en mo:re (à Ouagadougou yesba, à Koupèla asba). L’ensemble de ces observations nous conduit à supposer que la complémentarité entre *n et *? est l’indice d’une identité originelle ou plus précisément, que *? ne désigne rien d’autre que l’ensemble des réalisations devant voyelle d’avant des représentants de *n dans les différentes langues considérées. La préférence accordée à ce dernier symbole est justifiée par l’articulation vélaire nasale des représentants de cette formule dans les langues gurma, en buli, bulba et dagbane, articulation qu’un relâchement peut aisément réduire à h, ? ou 0 et une palatalisation à y, alors que le passage d’une laryngale ou d’une palatale à i] paraît improbable. *K est bien attesté par des séries générales telles que *KU «mourir», *kam/*kankam «Ficus», *ko «faim», *kud «fer» ou *ko/*kob «cent»; le représentant en est partout k. palatalisé devant i dans les langues occidentales. La formule *G au contraire n’est fondée que sur des séries inégalement documentées : *GA: « Diospyros », *GO : «dormir», *GUM «fromager», *GANGAN «tambour», *GEN/*GEL 18 La transcription de Rattray doit être rapprochée de celle que donne A. Prost pour «cou»: ijiri, ijie. Il semble que le représentant de *? dans cette langue soit plutôt une nasale vélaire palatalisée qu’une palatale à proprement parler. La même inter­ prétation s’applique peut-être à yom Ko. qiro, qiri « cou ». Nous ne connaissons pas d’autre exemple de la graphie iji.

40 «veine, racine». Cette pénurie relative s’explique par le fait que, dans toutes les langues semble-t-il, les représentants de *G sont palatalisés devant voyelle antérieure, et pratiquement indiscernables, dans cette position, des représentants de *J ; s’y ajoute l’osculation *gb/*G devant voyelle d’arrière qui rend suspecte certaines séries *GO ou *GU. Compte tenu de ces difficultés, il semble pourtant possible d’affirmer que *G est représenté par g (et j devant voyelle d’avant) partout, sauf en bulba et dans les langues orientales où il l’est par k (c devant voyelle d’avant); en bieri, le représentant de *G devant u est h.

2.1.5. LABIO-VÉLAIRES. Nous ne disposons, pour établir l’existence d’une formule *dm que de deux séries générales, la première sûre et presque complète *dmad « lune, étoile », la seconde lacunaire et pour certaines langues beaucoup moins probante : *DMI «corde». Quelques séries partielles confirment cependant les correspondances suggérées : *dma/*dme «tordre», *dmam «singe», *dmin «soleil», *oman « calebasse », ainsi que des séries régionales. Devant a, *dm est partout représenté par qm, sauf en bieri : hw, en tayari, tàmari, wama, kusa:l et mo:re : w, en naudem, en gbanyan et en safalaba où l’on a m; on entend en gyo.re qw toujours suivi d’une voyelle nasale; il en va apparemment de même en mampelle. Les transcriptions sont beaucoup plus imprécises devant voyelle d'avant : qm en yom, moba, basari, tobote, daga.ri, m en buli, nura, gurenne. dagbane, qm ou m en dagara, m ou mw en gangam, mw ou w en bulba, w en kusa:l et mo:re. qw en gyo:re et mampelle. Nous ne savons des représentants de *qM devant voyelle d'arrière que ce que nous apprennent quelques séries régionales, telles que *qmu «cinq» dans les langues gurma, recoupées par les variantes à vocalisme o ou u de radicaux ap­ partenant à des séries plus étendues; dans cette position, le birifor Sw., le naudem et le gourmantché ont m, les autres langues gurma ijm, qw ou m, probablement transcriptions diverses de qm, le bulba hw. *KP ni *GB n’ont d’attestation sûre devant u. La série comparative «sauce»; bieri huntu (te), tayari kunti (ti). tàmari kpunti/kunti (ti), wama kuntu (tu), yom Ko. kunt, Pr. konna (da), tobote kui] (te), moba kpint, gourmantché kpindi (ti), dye et mi-gangam kpint (ti), konkomba MS. kpîn (ti) illustre probablement une formule *kpln *kpin. On constate d’autre part un parallélisme remarquable entre *KPI «mourir» et *KU, cette seconde formule fondée sur une série comparative gnérale constituée principalement de substantifs désignant la mort ou le mort, et de quelques formes verbales signifiant

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également «mourir»; ainsi en yom perf. kpir, imperf. ku, en gour­ mantché perf. kpe, imperf. ku; en tâmari perf. ku, imperf. kwa. Tout se passe comme si dans la langue originelle même, l’opposition entre les phonèmes auxquels renvoient les formules *KP et *K avait été neutralisée devant une voyelle postérieure fermée tendue. Nous n’avons guère d’indices d’une telle neutralisation en ce qui concerne *G et *gb19; tout au plus pouvons-nous constater que, dans nos matériaux, il n’existe pas de séries comparatives permettant d’instituer une formule *GB devant voyelle postérieure fermée, tendue ou lâche. Les séries sont d’ailleurs deux fois moins nombreuses pour *gb que pour *KP; il n’y en a qu’une qui soit vraiment générale et presque complète : *GBAN « peau » ; d’autres sont moins abondantes *GBA/ *GBAN «s’agenouiller», ou partielles: *GBI «creuser» *GBE «front». *KP est au contraire amplement fondé, sur des séries générales telles que *kpan «bras», *KPA «graisse», *KPAN «pintade» et beaucoup de séries partielles. Les représentants de *KP et *GB sont distincts dans toutes les langues, sauf en tayari et en tâmari où l’on a kw pour l’une et l’autre formule 20, en bieri où l’on trouve kw et w (probablement à interpréter comme ?w; cp. bieri wam/wande, tamari kwa «être en train de mourir»), en wama où l’on a kp et en bulba où kw et kp semblent être en variation libre. Ailleurs *KP est représenté par kp et *GB par gb sauf en mo:re et en gyo.re où ils le sont respectivement par k et g; en gyo:re cependant kw et gw apparaissent régulièrement devant voyelle antérieure. Un problème particulier est posé dans les langues occidentales par la double représentation de *KP : k et kp et de *GB : g et gb, telle qu'on peut la constater dans les tableaux suivants; les parlers qui y figurent sont ceux où le phénomène est le plus fréquent :

19 En moba, gourmantché et gangam, le radical du nom du fromager est gbem., alors que la plupart des autres langues utilisent un radical répondant à la formule *G( M . 20 En ce qui concerne tayari et tâmari 2, cette proposition résulte d’une extra­ polation. car si l'on a bien des attestations de *kp dans ces deux langues, il n'en est pas de sûres pour *gb.

Tableau I bras

buli

keqkaije keijkaqa (de, qa)21

lance

ficher

kpam polok -polota (ko, te)

kpi

bulba

graisse

pintade

kpa:m

kpoi] kpi:na (ko, ga) kwango kwanto kpangu kpanto (ku, ti) kag kyig kpago kpini kâg kin kpaip kpini kpago kpimi ko:ngo ki:ni (ko, i) kpog kpim

kwa:m

loberu dagare dagara kusa:l mam pelle gurenne talne

kpaijkpai] kpaqkpame kpankpane kpankpama kpâkpâ kpakpame kpopaq kpimkpama (kenkpan-) kpunkpoijo kpunkpana (kan-) kàngà kànsè (ka, se) kpuqpog (kpenkpa-)

kpaij kpame kpane kpam a kpa

kpan kpana kpan kpana kànnè kànà (de, la) kpaq

kpà

ka ka ka kpa:m kpa:m ka:m kpa:m

mourir

kpi kwi

kpi kpi kpi kpi kpi ki kpi

Tableau II

crinière buli bulba loberu dagare dagara kusa:l mam pelle gurenne

gbere gbea gbere gbea gèbègo gèbèro

talne

gbebeg

cuisse (jambe, pied)

dormir

front

gbiuk gbi:ta

kwë

gbere gbe

2' «Aile».

22 «Sommeil».

gber gbe (pied) gber gbe (pied) gber gbe: (jambe) gwer gwea gbarpune gbarpuna gépunnè gépunà (de, la) géré gèâ (de, la) (jambe) gbere

gbie gbere gbiri gbe gberi gbwêm22 gbis gbeog gbet gbeo gberi gwè gisé gbé:rè gbéa

gbih. gbeog

peau

hyène

gbonbor gbonbo gbonbori gbogbo:r gbbgboe

gbèngbèrè gbèngbeà (de, la) gwengwere gwengwea gbingwere

gbaij gbansa (ka, se) kwanga kwansi (ka, si) gan game gane geme gan game gbaoq g b an a gbaqo g b an a goqgo gonno (ko, te) gboq

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Il ne semble pas qu’on puisse imputer les attestations de k et kp, ou de g, gw ou gb dans les langues considérées à un conditionnement phonétique, ni en rendre compte par l’institution de formules de correspondance supplémentaires. L’explication la plus simple est l’existence de doublets témoignant d’une désuétude de l’articulation labio-vélaire sur l’aire occidentale. De tels doublets sont expressément signalés par Rapp en gurenne : kpârè ou kârè «fermer (par exemple les yeux)», kpé ou ké «être fort», kpa:, kpa:sè ou ka:, ka:se «piquet», gbéggénè ou gweggene «lion», etc.; «mourir» est en dagara Pr. et en birifor Sw. kpi, mais kyi pour Delafosse et Westermann dans les deux dialectes; en buli, Koelle donne pour le même verbe kpi:a (forme d’accompli) et gwi (pour kwi). On soupçonne en dagbane une variation libre entre k et kp, ou du moins une dissimilation qui peut en ouvrir la voie: «coude» y est pour Rattray kpuqkangua et pour Fisch kuqkpaqgua, composé dont le premier terme: «bras», est donné par Westermann sous la forme kuqkpai], que l’on comparera aux formes kusa:l, mampelle et talne qui figurent dans le tableau I. Il convient d’indiquer d’autre part que Wilson23, confirmant les transcriptions de Fisch, indique une réalisation [tp], [dp] de /kp/, /gb/ en dagbane devant voyelle antérieure et y. Il est probable que cette articulation dentopalatale est plus répandue que ne le laissent supposer les transcriptions courantes; elle est en tout cas attestée en birifor Del. par pini «pintades» (vraisemblablement *tpini) et en kusa:l Fu. par le doublet pë:m/kpë:m «vieux». La formule *w appelle peu de commentaires ; elle est fondée sur des séries générales bien documentées, telles que «serpent» *wa/*wag, « neuf » *WAI, « singe » *WAM, « soleil » *WZN et sur d’abondantes séries partielles. Le représentant en est w dans toutes les langues. Cependant l’articulation de cette labiovélaire paraît être particulièrement faible dans les langues orientales et en naudem, de sorte que w s’y réduit souvent à h, p, ou même 0, devant les voyelles d’arrière arrondies. Dans les langues occidentales, d’autre part, il y a fréquemment mouillure de w devant voyelle d’avant ; d’où un son wy qui peut se réduire à (ou être entendu comme) y: en kusa:l Melançon écrit wief «cheval» ce qui est chez Funcke et Westermann wùcfo, et chez Prost wefo/wef (pl. wi:di); «serpent» est en gurenne wâ:fo, wi:ri, le correspondant dagbane est waho (Ra. waho, W. wahu, B. w6hu, We. wohïï), wiri (Ra.), wiiri 23 Wilson W.A.A., and Bendor-Samuel J.T (95), «The phonology of the nominal in Dagbani», Linguistics, 1969.

44 (We.) ou yuri(W., B.); «brousse» est en mo:re weogo, en kusa:l (Mel.) weiik, en loberu et dagare (Ra.) wye, en talne (Ra.) yey. Il est probable que ce phénomène est responsable des nombreux doublets notés par Rapp en gurenne : wia, wi:se ou yia, yi:se «sifflet»; we:fo et ye:fo yi:ri «cheval», weba: et yeba: «léopard»24, wea ou yia «premier» etc.

2.2.

CONSONNES FINALES DE BASE

2.2. 0. Les séries comparatives connues ne permettent d’instituer pour la position finale de base que sept formules de correspondance dont quatre concernent l’ordre dental, deux l’ordre labial et une l’ordre vélaire 2.2.1. DENTALES. La formule *-N est indubitablement la mieux attestée; elle concerne à peu près la moitié des séries à dentale finale, qui elles-mêmes regroupent approximativement les deux-tiers des bases terminées par une consonne. Les séries générales les mieux documentées sont *gban «peau», *KPAN «pintade», *s2an «étranger», *tan *T/N «terre». Le représentant de *-N est partout n devant voyelle, et devant consonnes une nasale homorganique que nous noterons N. En finale absolue, les séries sont peu sûres parce que cette position est le plus souvent «accidentelle», résultant de l’amuissement d'un suffixe -CV ou -V. Il semble cependant que *-N y soit n en yom, birifor Sw., talne, konkomba T., n après voyelle brève et résonance nasale ~ sur voyelle radicale longue en moba, basari, nura, dagara et kusa:l, résonance nasale en gangam, konkomba MS., gurenne, gyo:re, mo:re, résonance nasale sur voyelle longue et 0 en tàmari, 0 en tayari, wama et kasele, q ou ~ en tobote, q en buli, daga:ri, loberu et nabte. Cette distribution, peu cohérente, est peu sûre, certaines différences pouvant n’être que de transcription. La difficulté est accrue par la présence dans certaines séries, telles que « peau », « pintade » et « dent » (*N/N), d’une finale -m ou -me, principalement en loberu, dagare, dagara, daga:ri, mais aussi en talne et mampelle (pour «pintade»), nura et gbanyan (pour «dent»). Cette finale n’est justifiable dans ces langues ni par la formule *-N, ni par *-M. Il s’agit apparemment d’un suffixe propre aux langues précitées, que l’on voit apparaître en dagare dans le pluriel binime de bine «excrément» et en dagara dans ycro, yerme «atour, 24 Le second terme ba: est le nom du chien et le premier, we- ye-, selon toute vraisemblance, celui de la brousse.

45 parure», kpàkpar, kpakparme «palmier ban», mwin, mwinme «dieu», etc. *-D est représenté selon les langues par d, r, t ou 1. Il arrive malheureusement que cette formule le soit dans une même langue par deux ou même trois de ces sons. Deux faits donnent à penser que ces variations sont principalement imputables à des incertitudes de transcription : tout d’abord la difficulté qu’on éprouve à distinguer dans le discours rapide un [, «semer en poquets» *Bt/D. Les correspondances symbolisées par *-L (cf. *Tt’L «chaud», *BIL « rouler ») sont précises dans les langues occidentales où elles se distinguent toujours nettement de celles que désigne *-D; on y trouve partout -1 opposé à -r ou -d, sauf en bulba où r ou 1, peut-être en variation libre (cf. Pr. «chauffer» tor, «(eau) chaude» (ko)tolum), s’opposent à -t. Une variation analogue est constatée en tâmari et en naudem, avec une forte prédominance de 1, le représentant de *-D étant -t dans le premier cas, -d dans le second ; elle l’est aussi en bieri, en yom et en moba, où elle affecte également des représentants de *-D. Il est difficile dans ces conditions et probablement vain de prétendre discerner ce qui ressortit à l’une ou l’autre formule : le wama a -r pour l’une et l’autre, le konkomba MS. et le basari -I. Le tobote et le kasele ont -1 pour *-d, -1/r pour *l, mais la différence est peu significative, compte tenu de l’incertitude des transcriptions et de la très

46 étroite parenté qui unit basari, tobote et kasele25; celle qu’on constate en tayari, en gourmantché et en gangam G. entre *-D = -1/r et ♦-L = -1 ne paraît pas l’être beaucoup plus. On est ainsi conduit à supposer une confusion des deux formules dans les langues orientales, à l’exception du tàmari, en yom et dans les langues gurma. La formule *-s est constituée par des correspondances nombreuses et bien établies (*tus «mille», *NA:S «quatre», *B/.S «sein» etc.) entre -s dans les langues orientales (sauf en tayari), en yom, en bulba, buli, gbanyan, safalaba, hanga, gurenne, kusa:l et mo:re, -h en tayari, en gyo:re, nabte, talne, mampelle, dagbane, wala, r dans l’ensemble dagara-dagare-daga:ri-loberu-nura-birifor et ? en naudem. Cet énoncé sommaire ne rend pas exactement compte de la réalité. Il serait plus juste de dire que l’articulation de la fricative dentale paraît être parti­ culièrement relâchée dans le second groupe de langues, sans que la réalisation sifflante en soit rigoureusement exclue : ainsi en tayari Mercier écrit nasi («quatre») ce que Prost note nahe;en talne, Rattray entend régulièrement h, sauf pour « quatre » : nas et « mille » : tusur ; «sable» en mampelle est bisego pour Rattray, bihgu pour Swadesh. Inversement -s est bien attesté en gurenne et en mo:re, mais Swadesh donne pour le premier des bases en -h (ma 'ah- « frais », bi hre « sein ») tandis que Westermann écrit en mo:re bi:hili «sable» ce qui est pour Swadesh bisri. En wala «oncle utérin» est, selon Rattray, aheba ou aseba. De même le rhotacisme caractéristique de la région la plus occidentale du domaine ici considéré (wala mis à part) est loin d’être absolu : en loberu, «mille » est tur ou tus; en dagara, Girault ne connaît que -r en fin de base, mais Delafosse hésite entre -s et -r : is, iri «se lever» (G. ir), base «finir» (G. ba:r); il le fait aussi en birifor : isihi « se lever », basa « finir », na:ri « quatre », pere « mouton ». Il semble que l’on constate ici, plutôt que les effets d’une évolution achevée, ceux de tendances articulatoires encore actives et qui n’ont pas atteint leur terme. Les langues gurma, elles, posent un tout autre problème : on n’y trouve, dans les séries comparatives établies, aucune trace de fricative dentale en finale de base. Les bases où de telles finales seraient attendues se terminent par une voyelle ou bien par une consonne illustrant l’une des autres formules de correspondance. La seule exception connue est en moba tuser, tusa «mille», donné par G. Jacobs (Pr. tutr, tuta), forme suspecte, car N. Tersis indique expressément que 25 Manessy G. (24), «Les langues gurma», Bulletin de l'I.F.A.N., 1971, p. 220 et 221.

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s «n’apparaît qu’à l’initiale»26, et peut-être empruntée au kusa:l voisin (Mel. tusre, tuse).

2.2.2. LABIALES. La formule *-B est représentée par -b dans toutes les langues, sauf en bulba, tàmari, yom et naudem où elle l’est par -w (cf. *T(7B «oreille», *KOB «cent», *kob «poil», *DAB «mâle» etc.). Encore faut-il observer qu’en naudem -b est attesté après u dans « oreille » : tubre, tuba?a, qu’il l’est en bulba après m dans « esclave » : yamba, avec assimilation éventuelle à la nasale précédente : yamma; une assimilation analogue est constatée en moba et en gyo:re. Une réalisation w est fréquente après o (cp. mo:re A.Z. ttbre, tvba, Ko. to:wre, to:wra «oreille»; dagbane Ra. kobga, F. kowuga «cent») et surtout après a (cp. mo:re Al. sab(e)l-, Ko. sawel- « noir » ; dagara G. deb, debr, Del. dawa «homme»); il semble que cette réalisation ait été fixée par l’usage pour certaines bases telles que «mâle, homme» qui est toujours daw. en dagbane, gyo:re et mo:re. ♦-M est clairement attesté par des correspondances constatées en yom et en naudem, en hanga, talne, kusa:l, mampelle, dagbane, gyo:re et mo:re entre des bases terminées par -m devant consonne, sauf g, devant voyelle ou (sauf en gyo:re où la nasale labiale se réduit alors à un nasonnement) en finale absolue. Les séries comparatives sont nom­ breuses : *pi.m/*pe:M «flèche», *NAM «scorpion», *DUM «mous­ tique », *l/m « langue », *z2/m « poisson », etc. Dans les autres langues, le représentant de *-M n’est distinct de celui de *-N que devant voyelle (sauf en moba, birifor, gbanyan, safalaba, daga:ri où il est n) et en finale absolue (sauf en nura, loberu, dagara où il est 7, en birifor Sw. où il est " ou -n, en safalaba, daga.ri et dagare où il est -q; il est probable que ces diverses notations désignent une même résonance nasale, commune aux formules *-M et *-N). Devant consonne, le re­ présentant de *-M est, comme celui de *-N, une nasale homorganique ; il l’est aussi, en règle générale, devant g dans les neuf langues citées. Deux phénomènes doivent encore être signalés pour l’intelligence des séries comparatives qui illustrent la formule *-M : il semble que dans les langues gurma, du moins en moba, gangam, konkomba MS. et basari, en buli et dans les parlers de l’extrême Ouest (nura, dagara, dagare, daga:ri, loberu), la chute d’un suffixe à initiale consonantique laisse subsister en finale de base le représentant de *-M sous la forme

26 Tersis N. (89), Essai pour une phonologie du gurma parlé à Kpana. p. 20; le «gurma» décrit est en réalité un parler moba.

48 que lui avait imposée l’initiale du suffixe disparu : -n devant d amui (dagara nen «viande»; cp. mo:re ne:mde). -m devant b amui (nura zim «poisson »; cp. daga:ri Sw. zimbv). Il en résulte que ces langues peuvent présenter hors correspondance des finales -n et -m qui se sont en fait que des représentants de *-M en position préconsonantique. D’autre part on trouve en buli et en gyo:re, au lieu de la nasale homorganique attendue devant consonne, une simple résonance nasale affectant la voyelle précédente lorsque celle-ci est longue; le même phénomène paraît se produire en konkomba MS. dans le même contexte, mais en position finale et non plus préconsonantique.

2.2.3. VÊLA IRE. Le seule formule attestée est *-G; elle l’est par des séries telles que *LIG «cauri», *TAG «sandale», *POG «femme» (série partielle). Le représentant en est partout une consonne vélaire sonore, sauf peut-être en basari-tobote où les rares exemples recueillis sont transcrits avec k, et sauf en gyo:re où l’on a une occlusive glottale ?. En règle générale, cette consonne vélaire est occlusive : -g ; cependant les réalisations fricatives -y (ou -x devant consonne sourde) sont fré­ quentes dans presque toutes les langues. En finale absolue -g paraît être dévoisé en moba, konkomba, buli, talne et kusa:l : il est alors noté -k ou -x selon les auteurs; en birifor, il semble se réduire à une simple résonance vélaire que Swadesh écrit v (birifor Sw. pov, Del. paya «femme»; cp. safalaba paga, bulba paya, payba). Enfin en kusa:l, mampelle et mo:re *G en position préconsonantique peut-être représenté par 0 avec allongement de la voyelle précédente (cp. kusa:l Ra., lagf, Fu. lâf «cauri»; mo:re layfo).

2.2.4. INTERPRÉTA TION. Si l’on admet que les symboles employés pour désigner les différentes formules de correspondance représentent, pour l’essentiel, les caractéristiques articulatoires communes aux con­ stituants de celles-ci, on ne peut manquer d’être frappé par l’asymétrie et la pauvreté du tableau obtenu : *-M

*-N

*-B

*-d

*-G

*-S

*-L

Plutôt que l’opération d’une règle phonologique déterminant la distri­ bution des consonnes en fin de base, cette répartition apparemment aléatoire évoque la mise en œuvre d’un matériel morphologique limité. Une telle hypothèse rend compte d’autre part de la présence dans la plupart des séries comparatives ici considérées de bases où l’absence

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de consonne finale ne peut-être justifiée par les formules établies : ainsi le parallélisme des deux formules *PO et *POG «femme» peut-il être expliqué par l’existence dans la langue originelle d’un radical symbolisé par *PO, susceptible d’être élargi par un élément symbolisé par *-G. Le défaut quasi-total d’attestations de *-S dans les langues gurma sera de même interprété comme résultant de la désuétude d’un élément lexical ailleurs attesté. La comparaison ne nous apprend rien sur la fonction qu’ont pu remplir de tels éléments ; aussi emploierons-nous désormais pour les désigner le terme vague d’élargissement.

2.3. LE CONSONANTISME DE LA LANGUE ANCESTRALE 2.3.1. Un des postulats de la méthode comparative est que toute formule de correspondance est en fait constituée par les avatars d’une même unité diversement transformée au cours des temps dans des parlers issus de la langue à laquelle cette unité appartenait ori­ ginellement. Il est légitime, ceci admis, de tenter de «restituer» les caractéristiques de l’unité en question ; en d’autres domaines, les com­ paratistes sont guidés dans cette entreprise par les témoignages que procurent les monuments écrits; nous devrons nous contenter ici de vraisemblances nécessairement subjectives et qu’il importe de définir avec précision.

2.3.2. En règle générale, il sera supposé que lorsqu’une formule est représentée par un même son dans la totalité des parlers considérés, les caractéristiques articulatoires de ce dernier sont également celles de l’unité restituée pour rendre compte de l’existence de la formule; soit une occlusive nasale labiale pour *M et *-M, dentale pour *N et *-N, palatale pour *N; une occlusive sourde labiale pour *P, dentale pour *T, palatale pour *c, vélaire pour *K ; une occlusive labiale sonore pour *B et *-b; une sifflante sourde pour *Sj; une semi-voyelle labio-vélaire pour *w, palatale pour *Y ; une fricative labio-dentale pour *F. 2.3.3. Lorsque les représentants d’une formule sont semblables dans la majorité des langues et les exceptions limitées à un groupe déterminé où elles peuvent être tenues pour l’effet de transformations particulières à ce groupe, on considérera que ce sont les premières langues qui ont conservé l’articulation originelle. Ainsi *G est-il représenté par g, ou j devant voyelle d’avant, partout sauf en bulba et dans les langues orientales où il est dans les mêmes conditions k ou c (h ou k en bieri, où la réalisation «mouillée» n’est pas assurée); or dans ces mêmes

50 langues *J, qui est ailleurs représenté par j, l’est par c et *v (v) par f. Cette tendance à l’assourdissement paraît caractéristique de l’aire orientale et ne peut être imputée à la langue originelle pour laquelle nous restituerons *g et *j. De même, la neutralisation de l’opposition /d:I/ à l’initiale en bieri, wama, tàmari 2, en tayari et en tàmari 1 rend non pertinentes pour notre objet les réalisations d de *L dans le premier groupe, d ou 1 de *D et *L en tayari, et 1 de *D et *L en tàmari 1. Nous admettrons que les sons «sous-jacents» aux symboles *D et *L sont respectivement *d et *1. Un raisonnement analogue s’applique à *KP et *GB, l’hypothèse étant que des consonnes *kp et *gb sont demeurées telles dans la plupart des langues, compte tenu d’une tendance déjà signalée (cf. 2.1.5.) à la simplification de l’articulation sur l’aire occidentale, qu’elles ont subi un relâchement de l’occlusion labiale en bulba, bieri, tayari et tàmari et se sont confondues dans ces quatre langues et en wama à cause de l’as­ sourdissement déjà évoqué. Pour *v, la restitution de *v est fondée sur la correspondance constatée entre yom et naudem d’une part et langues occidentales (sauf bulba) d’autre part, et sur la non-pertinence des réalisations sourdes en bulba et dans les langues orientales; elle implique la reconnaissance d’une confusion des formules *v et *F dans les langues gurma; l’hypothèse inverse : *v et *F désignant une même consonne originelle *f, obligerait à supposer à la fois en yom et naudem et dans les langues occidentales un processus de sonorisation dont nous n’avons pas d’autre témoignage. 2.3.4. Un dernier moyen d’identification, le moins sûr, consiste à rechercher la base articulatoire commune aux différentes attestations. Ainsi *q est-il représenté par une nasale vélaire q ou une semi-voyelle labio-vélaire nasale w, une occlusive glottale ? ou un silence 0 ou une continue pharyngale h ; devant voyelle d’avant, le réflexe est fréquemment y ou n. Nous en déduirons que l’articulation originelle était post­ palatale, quoique susceptible de mouillure; il faut la croire nasale, puisqu’aucun processus de nasalisation n’a été décelé; l’hypothèse la plus simple est d’y voir un *q. Le même raisonnement, confirmé par l’abondance des réflexes qm conduira à restituer pour *dm: *qm. Il s’applique, avec moins de risques, à *-s, *-D, *-L, et *-G auxquels nous assignerons respectivement pour substance une articulation sifflante (dont le rhotacisme est une modification vraisemblable), une occlusive sonore apico-alvéolaire, une latérale également rétroflexe et une occlusive sonore vélaire.

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2.3.5. Le problème le plus difficile est posé par les séries *S2, *S3, *Zj et *z2. En vertu du premier argument, il paraît probable, que les consonnes groupées sous *s2 et *s3, sont issues de sourdes et celles qui le sont sous *zx et *Z2 de sonores; l’absence de voisement est en effet un trait commun aux premières et le voisement aux secondes, les exceptions étant pour ces dernières le fait de langues : wama et bulba, où d’autres cas de suppression de l’opposition sourde/sonore sont connus. Il existe d’autre part dans la majorité des langues considérées un parallélisme entre les formules *s2 et *z2 d’une part, *s3 et *zt d’autre part, les réflexes ne se distinguant que par la présence ou l’absence de voisement; ainsi en yom, en gyo:re et dans la plupart des autres langues occidentales et, pour le premier couple, dans les langues gurma. Enfin, si l’on tient pour valable le procédé appliqué ci-dessus à la définition de *i), on est conduit à penser que les consonnes qui sont à l’origine des quatre formules étaient articulées dans la zone antérieure de la bouche, sans se confondre avec les consonnes désignées par *Si, *T, *D, *c, *J, *Y, et de manière à pouvoir se muer, au cours de l’évolution, aussi bien en occlusives palatales (c, j) qu’en sifflantes (s, z) et, pour *Zi et *z2, en semi-voyelle palatale (y). Le traitement de *Z1 et *z2 en bieri, tayari et tàmari peut fournir un indice. Dans ces trois langues, d et I sont apparemment les variantes d’un même phonème, ce qui implique une articulation rétroflexe (profil concave de la langue) de ces sons27. Les formules *D et *L y sont confondues. Les formules *zl et *z2 le sont aussi, en y, ce qui implique une articulation contraire, avec la langue en dôme (profil convexe). C’est ce profil lingual que nous tiendrons pour caractéristiques des consonnes désignées par *zx et *z2 et, par voie de conséquence, de leurs partenaires sourds : *s3 et *s2. Il reste à déterminer en quoi ces couples de consonnes diffèrent entre eux. La considération des réflexes est d’un faible secours ; tout au plus peut-on voir que les occlusives sont plus nombreuses sous *s2 et *z2 et les continues sous *Z1 et *s3. Cette présomption, en elle-même fort mince, trouve quelque confirmation dans l’examen des faits constatés dans les langues orientales. *D et *L y sont conjointement représentés

27 Ce type d’articulation est d’ailleurs bien attesté dans l’ensemble des langues considérées; il est responsable des fréquentes réalisations [r] (r à un seul battement) de /d/, de la confusion de d et 1 en fin de base dans le groupe gurma, en wama et en yom et, selon toute probabilité, du passage de s à r, dans la même position, en birifor, nura, daga.ri, loberu, dagare et dagara.

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*S2 = *t

II

II II

Il

r*

□ h

* * *

par un son noté d ou 1, mais qui semble bien être 428i en d’autres termes, ces langues ont supprimé dans la zone dentale l’opposition d’occlusive à continue sonores, tout en conservant l’opposition d’occlusive sonore (*D) à occlusive sourde (*t). De la même manière, l’opposition de *z2 à *S2 est conservée, d’où nous déduirons qu’elle concernait originellement des occlusives, alors que celle de *z2 à *z^ est en règle générale abolie, ce qui semble impliquer que *zl renvoie à une continue. Le parallélisme partiel entre les formules *zt et *z3 incite à étendre l’interprétation à cette dernière. Du raisonnement précédent, il résulte que *s2 est une occlusive sourde, *z2 une occlusive sonore, *s3 une continue sourde, *Zj une continue sonore, et que toutes ces consonnes sont articulées dans la zone dentale avec la langue convexe. Cette discription convient à des consonnes «frontales» articulées au moyen de la partie antérieure de la langue, par opposition à celles que symbolisent *T, *D, *L, % et qui seraient, elles, apicales. Les restitutions proposées sont donc : *z2 = *c ^3 — *Z1 =

*4 *s

*d _ *0 *6

*1

2.3.6. L’ensemble des hypothèses proposées se trouve résumé dans le tableau suivant : *m *P *b

*n

*