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French Pages 139 [141] Year 2021
CAHIERS DE LA REVUE BIBLIQUE
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LE MARIAGE DANS L’ŒUVRE DE FLAVIUS JOSÈPHE Une étude du droit matrimonial en ses sources par Bertrand PINÇON
PEETERS
LE MARIAGE DANS L’ŒUVRE DE FLAVIUS JOSÈPHE
CAHIERS DE LA REVUE BIBLIQUE
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LE MARIAGE DANS L’ŒUVRE DE FLAVIUS JOSÈPHE Une étude du droit matrimonal en ses sources par Bertrand PINÇON
PEETERS LEUVEN – PARIS – BRISTOL, CT
2021
A Catalogue record for this book is available from the Library of Congress. © 2021 – Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven. ISBN 978-90-429-4405-3 eISBN 978-90-429-4406-0 D/2021/0602/13 No part of this book may be reproduced in any form or by any electronic or mechanical means, including information storage or retrieval devices or systems, without prior written permission from the publisher, except the quotation of brief passages for review purposes.
INTRODUCTION Le sujet du mariage n’est abordé que très épisodiquement dans l’ensemble des écrits hébraïques de l’Ancien Testament, principalement dans les sections législatives du livre de l’Exode, du Lévitique et du Deutéronome. D’une manière générale, ces textes traitent, de manière circonstancielle, de situations juridiques singulières dans lesquelles se nouent et se dénouent les relations sexuelles entre un homme et une femme – voire plusieurs femmes – qu’elles soient libres, esclaves ou prisonnières de guerre, sans compter quelques incises relatives au mariage dans les dispositions traitant de l’exercice du droit d’aînesse ou du droit de répudiation. La mise en évidence de ces règles de casuistique ne manque pas aujourd’hui de nous interroger sur la postérité de cet embryon de droit matrimonial dans le processus d’élaboration progressive de la législation juive sur les relations homme/femme. Quelle réception ces règles éparses sur le mariage ont-elles sur la littérature postbiblique, en particulier au tournant de l’ère chrétienne ? Plus précisément, comment ces dispositions ont-elles été relues et interprétées à nouveaux frais dans les écrits juifs de l’époque gréco-romaine ? Comment le judaïsme hellénistique de la Diaspora s’est-il efforcé d’exposer à un auditoire hellénophone la singularité du mariage juif en même temps que son style de vie ? Plus fondamentalement, comment s’est élaborée, de manière organique et cohérente dans le monde méditerranéen du Ier siècle avant notre ère au Ier siècle après, une législation proprement sémitique qui soit compatible avec la culture gréco-romaine environnante ? Et de quelle manière, à partir de sa traduction en langue grecque de la Loi mosaïque, le judaïsme alexandrin est-il parvenu à justifier de l’antériorité de celle-ci – donc de sa légitimité – par rapport au foisonnement d’écoles de sagesse environnantes et de courants de pensée concurrentiels ? Pour répondre à ces questions, le choix s’est porté sur l’étude des travaux d’un des témoins majeurs de l’époque gréco-romaine, Flavius Josèphe (env. 38-100) dont l’œuvre riche et abondante laisse apparaître un certain nombre de dispositions juridiques significatives sur le traitement des relations conjugales et familiales. Au cours de ces deux dernières décennies, les œuvres de Flavius Josèphe ont fait l’objet de nombreuses publications dont notamment un commentaire détaillé, paru au
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début des années 2000, sous la direction de Steve Mason (Leiden, Brill). Mais aucune étude systématique du droit matrimonial n’a été publiée jusque-là. L’approche critique du droit du mariage selon Flavius Josèphe que nous présentons dans cet ouvrage vient combler une lacune à l’état de la recherche. Plus précisément, cette contribution se propose de mettre en évidence l’originalité d’un droit matrimonial élaboré au carrefour de deux cultures puisant à deux traditions comme autant de sources d’inspiration disponible : le judaïsme alexandrin et la littérature proprement hellénistique. Dans les Antiquités juives et dans le Contre Apion, se trouvent condensées les principales règles traitant des relations entre un homme et une femme. L’examen de ces écrits ne manque pas de poser des questions d’herméneutique majeures. Quelles relations le droit matrimonial de Flavius Josèphe entretient-il avec les règles de casuistique contenues dans le corpus législatif des livres du Pentateuque, notamment le code de l’alliance (Ex 22,15-16), les lois de sainteté (Lv 17-26) et le code deutéronomique (Dt 12-26) ? Comment, à l’orée de l’ère chrétienne, au sein du pluralisme culturel et religieux qui caractérise le versant sud du bassin méditerranéen, notre historien juif s’y prend-il pour s’adresser à ses contemporains ? Quels emprunts fait-il au vocabulaire, aux métaphores et autres concepts disponibles dans la pensée de son époque ? C’est donc essentiellement à partir de leurs sources d’inspiration que seront étudiées les règles régissant le droit juif du mariage dans la 2de moitié du 1er siècle de notre ère. Cette étude, s’inspirant d’une traduction personnelle des textes, consistera en un commentaire suivi des principales dispositions normatives contenues dans le livre IV des Antiquités juives (4,244-259), complétées par celles du livre II du Contre Apion (2,199-203), en montrant les points de convergence tout autant que le caractère propre de chacune de ces œuvres. Une première approche comparée du droit du mariage laisse apparaître une grande liberté d’interprétation de la législation mosaïque. D’où vient de la part de Flavius Josèphe une telle liberté d’interprétation ? Poser la question revient à s’interroger sur les versions du texte biblique dont dispose notre historien juif : un texte hébreu qu’il aurait lui-même traduit ou bien le texte de la Septante ou encore une autre version grecque du Pentateuque. Une étude récente conduite par É. Nodet1 montre que Flavius Josèphe aurait procédé à sa propre traduction des livres hébraïques contenus dans la bibliothèque du Temple de Jérusalem. 1
É. NODET 2018.
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Cet argument s’inspire de la déclaration de l’historien qui, au début des Antiquités juives, prétend avoir effectué lui-même une traduction des textes à partir des ouvrages hébraïques (AJ 1,3). Dans cette étude, É. Nodet cherche à vérifier le bien-fondé de cette déclaration en comparant chacun des passages scripturaires cités par Flavius Josèphe avec le texte biblique correspondant. Pour autant, notre historien juif peutil être considéré comme un traducteur de la Bible ? Il paraît difficile de l’affirmer au regard du corpus des œuvres que nous choisissons d’étudier. Selon les livres du Pentateuque, en particulier les textes régissant les relations homme/femme auquel il est fait référence dans les Antiquités juives et dans le Contre Apion, il apparaît que notre auteur procède davantage à une paraphrase qu’à une pure citation du texte biblique2. En analysant par le menu l’ensemble des règles sur le mariage contenues dans ses deux œuvres, notre étude s’efforce précisément d’attirer l’attention sur la liberté d’interprétation prise par Flavius Josèphe dans le recours possible à des emprunts à la littérature extra-biblique et aux commentaires de la législation juive faits par des écrivains grecs qui lui sont contemporains. Cette liberté d’interprétation de la Torah s’observe notamment dans une propension à étendre à l’ensemble des couples les dispositions légales qui ne s’appliquaient qu’à une catégorie restreinte de personnes. Ainsi, nombre de règles réservées jusque-là aux seules épouses de prêtres ou à l’épouse du grand-prêtre trouvent désormais à s’appliquer à l’ensemble des femmes aptes à contracter mariage. De plus, en cas de conflits survenant au cours de la vie commune, le droit de Flavius Josèphe aggrave sensiblement les règles de procédure édictées dans le Pentateuque dans l’intérêt des jeunes fiancées en étendant à leur profit le bénéfice des règles réservées initialement aux seules épouses. Cette compréhension extensive du champ d’application de la loi apparaît encore plus flagrante dans les règles de procédure en contestation de virginité ou encore dans les dispositions visant à sanctionner la pratique de l’adultère. C’est également en vue de la protection de l’intérêt exclusif de la femme que sont repris, moyennant quelques élargissements ou simplifications, les principes de droit commun régissant la cessation de la vie conjugale, les garanties de mariage avec une femme captive ainsi que l’institution du lévirat.
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Telle était déjà, au début du XXe siècle, la position de Thackeray dans son étude sur Flavius Josèphe : THACKERAY 1929.
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Aussi bien, un examen de l’ensemble des prescriptions juridiques identifiées dans ces deux ouvrages principaux révèle Flavius Josèphe en véritable législateur inspiré, aussi bien dans sa liberté d’interpréter les dispositions de la Loi mosaïque que d’y intégrer de nouvelles références extrabibliques. En effet, si la finalité de la législation matrimoniale diffère entre les Antiquités juives et le Contre Apion, l’intention de leur rédacteur reste identique : exposer de manière systémique le contenu des principes fondateurs de la législation juive reçue des pères provenant de la révélation consignée dans la Torah comme expression de la volonté de Dieu, quand bien même le nom divin n’apparaît pas explicitement dans l’ensemble des dispositions juridiques. Pour autant, force est de reconnaître que Flavius Josèphe ne se contente pas de procéder à une simple compilation des commandements tirés du Pentateuque. Bien que s’inspirant largement de cette source biblique, l’auteur fait œuvre de création législative en se référant ouvertement à des catégories de pensées nouvelles qui ne sont pas proprement bibliques, ni même explicitement juives, dans l’intention de rendre le droit du mariage recevable et intelligible au sein des courants florissants de la pensée hellénistique, dans une langue non-sémitique et face à un auditoire majoritairement non-juif. Parmi les catégories de langage utilisées, cette étude s’attardera sur quelques emprunts possibles à des ressources extrabibliques aussi bien qu’au judaïsme alexandrin du tournant de l’ère chrétienne. À cet égard, l’étude philologique des textes de Flavius Josèphe sur le mariage mettra en évidence nombre de points de contacts significatifs, pour ne pas dire de franches affinités, avec certaines des œuvres de Philon d’Alexandrie (30 av. J.-C. – 40 ap. J.-C.). À vrai dire, les apports du philosophe alexandrin à l’œuvre de Flavius Josèphe n’ont pas de quoi étonner tant Philon s’est abondamment employé à commenter la Torah par le menu, en particulier dans le De Decalogo et le De Specialibus legibus auxquels il est fait souvent référence. En revanche, plus surprenantes sont les similitudes relevées avec les instructions d’un autre auteur, sans doute contemporain de Philon mais assurément moins connu que lui, à savoir le Pseudo-Phocylide. Bien que de seconde zone, cet auteur grec aurait pu passer inaperçu si nous n’avions pas observé dans ses Sentences des points de contacts flagrants avec l’idéologie du mariage rapportée dans le droit matrimonial de Flavius Josèphe. Ce dernier en avait-il eu connaissance ? Il est impossible de l’affirmer avec précision. Cependant, les similitudes relevées avec l’œuvre de Josèphe laissent à penser que cette littérature
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secondaire était connue au 1er siècle de notre ère et qu’elle avait vraisemblablement pu circuler dans les milieux juifs de la Diaspora au même titre que celle d’auteurs de première main. À partir de ces premières observations, l’examen des sources du droit de Flavius Josèphe a permis d’étendre le champ d’investigation de la recherche et de repérer quelques points de contact significatifs avec des documents provenant de la littérature proprement hellénistique. Sans remonter nécessairement jusqu’aux grands auteurs de l’Antiquité tels qu’Homère, les règles sur le mariage ne manquent pas d’user d’un lexique et de concepts qui émargent nettement aux œuvres d’historiens, philosophes et essayistes de l’époque classique. Ainsi, peuvent être identifiées quelques similitudes littéraires ou thématiques avec les œuvres d’auteurs majeurs de la littérature grecque, tels que Sophocle, Platon, Aristote, Hérodote, Thucydide, pour ne citer que les principaux, mais également avec celles d’auteurs plus tardifs qui ont vécu entre le Ier siècle av. J.-C. et le IIe siècle ap. J.-C. comme Diodore de Sicile, Denys d’Halicarnasse et Plutarque. S’il est pertinent de repérer ces points de contacts notables avec l’argumentaire rhétorique de Flavius Josèphe, il est difficile de se prononcer avec netteté sur le degré d’influence de ces auteurs et sur l’impact des idées qu’ils ont en partage. Il n’empêche que le recours à un vocabulaire typiquement grec ou l’emprunt à des expressions propres à la pensée hellénistique ne peut laisser indifférent un lecteur immergé dans un monde intellectuel fortement hellénisé et auquel notre historien juif entend s’adresser prioritairement. En définitive, l’objectif de cette étude vise à montrer comment le projet éditorial de Flavius Josèphe ne tend pas tant à démontrer l’originalité de la Loi juive auprès des seuls adeptes d’écoles de sagesse ou de courants de pensées non-sémitiques que d’emporter la conviction du plus grand nombre – y compris des croyants juifs – sur la véracité de l’antériorité et le bien-fondé d’une telle législation dans une aire géographique, intellectuelle et culturelle nouvelle et pourtant judéo-compatible. C’est bien à partir d’un retour à ce qui fait la singularité de la foi reçue de ses ancêtres – au moyen d’une réactualisation constante de la Torah – qu’est réaffirmée la pertinence des principes fondateurs de la loi d’Israël, de nature à emporter la conviction des lecteurs juifs et non-juifs, y compris par les références à des sources extrabibliques et le truchement d’auteurs de la littérature hellénistique choisis sur le volet.
PREMIÈRE PARTIE
LE MARIAGE SELON LES ANTIQUITÉS JUIVES (LIVRE IV, 244-259)
C’est essentiellement dans le livre IV des Antiquités juives, aux n° 244-259, que sont énoncées les principales règles de droit afférentes au mariage entre un homme et une femme1. Nous les aborderons tour à tour en les rassemblant sous quelques grandes rubriques juridiques : les conditions préalables et les empêchements au mariage (244-245), le procès en contestation de virginité (246-248), la condamnation de la polygamie et le statut des descendants (249-250), la dénonciation de l’adultère (251-252), les règles de cessation de la cohabitation (253), le lévirat (254-256) et le mariage avec une femme captive (257-259).
1 À la lecture de ce livre, nous nous attacherons essentiellement à la manière dont est traité le sujet du mariage. Pour un état de lieu du contexte historique et littéraire qui a présidé à la rédaction des Antiquités juives, nous renvoyons aux travaux récents dirigés par É. Nodet : É. NODET 2018.
CHAPITRE 1
CONDITIONS PRÉALABLES ET EMPÊCHEMENTS À MARIAGE (244-245) Les n° 244 et 245 des Antiquités juives disposent des règles suivantes relatives aux conditions préalables au mariage et aux empêchements : Γαμείτωσαν δὲ ἐν ὥρᾳ γάμου γενόμενοι παρθένους ἐλευθέρας γονέων ἀγαθῶν, ὁ δὲ μὴ μέλλων ἄγεσθαι παρθένον μὴ ζευγνύσθω συνοικοῦσαν ἄλλῳ νοθεύσας μηδὲ λυπῶν τὸν πρότερον αὐτῆς ἄνδρα. Δούλας δὲ μὴ γαμεῖσθαι τοῖς ἐλευθέροις, μηδ᾽ ἂν ὑπ᾽ ἔρωτος πρὸς τοῦτό τινες ἐκβιάζωνται, κρατεῖν δὲ τῆς ἐπιθυμίας τὸ εὐπρεπὲς καὶ τοῖς ἀξιώμασι πρόσφορον. 244
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On épousera, une fois arrivé à l’âge de se marier, une vierge libre, née de bons parents ; celui qui n’a pas l’intention de se marier à une vierge ne s’unira point à une femme vivant avec un autre [homme], en la corrompant ou en causant du tort à son précédent mari. Des femmes esclaves n’épouseront pas des hommes libres, même si certains sont contraints de faire cela par amour, la bienséance et le souci de la dignité doivent dominer sur la passion. Ἔτι μηδὲ ἡταιρημένης εἶναι γάμον, ἧς δι᾽ ὕβριν τοῦ σώματος τὰς ἐπὶ τῷ γάμῳ θυσίας ὁ θεὸς οὐκ ἂν προσοῖτο. Γένοιτο γὰρ ἂν οὕτω τῶν παίδων τὰ φρονήματα ἐλευθέρια καὶ πρὸς ἀρετὴν ὄρθια, εἰ μὴ τύχοιεν ἐκ γάμων φύντες αἰσχρῶν, μηδ᾽ ἐξ ἐπιθυμίας οὐκ ἐλευθερίας συνελθόντων. 245
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De plus, il ne saurait y avoir de mariage avec une prostituée, au sujet de laquelle, en raison du déshonneur de son corps, Dieu n’accepterait pas les sacrifices à l’occasion de son mariage. En effet, la condition pour que ses enfants aient des sentiments d’hommes libres et orientés vers la vertu, c’est qu’ils ne soient pas le fruit d’un mariage honteux, ni issus d’une passion qui ne soit pas libre1.
1 Nous proposerons, chaque fois, une traduction personnelle des citations de Flavius Josèphe. Toutefois, pour la dernière phrase du n° 245, qui est plus problématique, nous nous inspirons fortement de la traduction donnée par É. Nodet : « La condition pour que les enfants aient des sentiments d’homme libre et orientés vers la vertu, c’est qu’ils ne soient pas le fruit d’une union honteuse ou d’une passion illégitime. » (FLAVIUS JOSÈPHE, Les Antiquités juives, 2,75-76). Cette traduction reprend, à un mot près, celle de Ph. Remacle : « La condition pour que les enfants aient des sentiments d’homme libre et dirigés vers la vertu, c’est qu’ils ne soient pas le fruit d’une union honteuse ou
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CHAPITRE 1
Ces dispositions mentionnent, en positif, les qualités requises de la part de la future épouse : virginité, liberté de droit, naissance dans une bonne famille et, en négatif, les empêchements majeurs à la conclusion du mariage : l’adultère et la prostitution. 1. LES
CONDITIONS PRÉALABLES AU MARIAGE
Contrairement au droit romain qui impose usuellement un âge minimal pour se marier2, Flavius Josèphe se contente, sans autre précision, de mentionner que les partenaires doivent être en âge de se marier, c’est-à-dire être pubères. À cette obligation générale, s’ajoutent trois conditions particulières à l’attention de la future épouse : son état de virginité, son statut de femme libre et son rang de bonne famille. Aussi nouvelles qu’elles puissent paraître dans la littérature juive de l’époque gréco-romaine, ces conditions préalables au mariage ne sont pas totalement inconnues de la législation en Israël. En effet, certaines dispositions s’inspirent directement de règles déjà contenues, du moins partiellement, dans les sections juridiques du Pentateuque3, en particulier les normes conjugales applicables aux membres du clergé de Jérusalem, qu’il s’agisse des prêtres en général ou du grand prêtre en particulier. En revanche, ce qui paraît pour le moins inédit est la généralisation de ces dispositions à l’ensemble des fidèles d’Israël. 1.1. La virginité de l’épouse Pour Flavius Josèphe, la virginité est-elle une condition absolue ou relative au mariage ? Autrement dit, ce pré-requis vise-t-il une absence totale de relation sexuelle préalable – c’est-à-dire n’être ni veuve, ni divorcée4 – ou bien simplement une absence actuelle d’engagement conjugal ? La question se pose d’autant plus que, dans la littérature grecque, antique puis classique, le terme générique de παρθένος, qui désigne au sens strict une femme vierge5, est parfois employé, par extension, pour qualifier une jeune fille célibataire – qu’elle soit vierge ou non – par opposition à d’une passion illégitime. » (