La Guinée-Conakry de janvier 2007 à décembre 2010: Chronique et réflexions sur une transition militaire ratée 2343070954, 9782343070957

La Guinée-Conakry était une grande source de désespoir jusqu'au 20 janvier 2007, quand les jeunes de la capitale so

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French Pages 286 [284] Year 2015

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La Guinée-Conakry de janvier 2007 à décembre 2010: Chronique et réflexions sur une transition militaire ratée
 2343070954, 9782343070957

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A.O.T Diallo

La Guinée-Conakry de Janvier 2007 à décembre 2010 Chronique et réflexions sur une transition militaire ratée

POINTS DE VUE

La Guinée-Conakry de Janvier 2007 à décembre 2010 Chronique et réflexions sur une transition militaire ratée

Points de vue Collection dirigée par Denis Pryen Dernières parutions Johnny Vianney BISSAKONOU, L’autre version de la crise centrafricaine, 2015. Léonard MESSI, Les sept péchés capitaux du régime de Biya, 2015. Karfa Sira DIALLO, Sénégal-France, Mémoires d'Alternances inquiètes, 2015 Moussa SANON, Blaise Compaoré ou la fin non-glorieuse de « Monsieur Bons offices », 2015

Jacques SOM, Non, l’Afrique Noire n’est pas maudite !, 2015. Mohamed AMARA, Le Mali rêvé, 2015. Jérôme KABLAN BROU, L’autre Côte d’Ivoire ou l’alterémergence. Élections présidentielles 2015, 2015. Roger KAFFO FOUKOU, Eduquer pour une mondialisation humaniste, 2015. Albert MOUTOUDOU, L’hypothèse panafricaniste, 2015. Martin KUENGIENDA, L’Afrique est-elle démocratisable ?, Constitution, sécurité et bonne gouvernance, 2015. SHANDA TONME, Conflits d’éthiques et crises des relations internationales, 2015. Jules DJOSSOU, Chroniques politiques béninoises. Autopsie d’une démocratie en berne, 2014. Jean-Bosco Germain ESAMBU MATENDA, Conflits identitaires et enjeux économiques internationaux dans la région des Grands Lacs, 2014. Serge TCHAHA et Christophe DEGAULE, Le lion’s spirit, 2014. SHANDA TONME, La presse en accusation. Soupçons sur un pouvoir au-dessus de tous les pouvoirs, 2014. Armand SALOUO, Vaincre la corruption en Afrique, la solution patrimoniale, 2014. Jonas SILIADIN, Togo, démocratie impossible ?, 2014. Daniel NKOUTA, La question nationale au Congo-Brazzaville, 2014.

A.O.T Diallo

La Guinée-Conakry de Janvier 2007 à décembre 2010 Chronique et réflexions sur une transition militaire ratée

© L’HARMATTAN, 2015 5-7, rue de l’École-Polytechnique ; 75005 Paris http://www.harmattan.fr [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-343-07095-7 EAN : 9782343070957

• A mon père Boubacar Telli qui m’a quitté beaucoup trop tôt mais qui a su avant cela me transmettre tous ses principes familiaux que je défends tous les jours avec détermination. • Aux trois Kadiatou qui ont marqué ma vie : ma grand-mère paternelle, ma mère et mon épouse car sans vous trois je ne serais pas où je suis aujourd’hui. • A Kanny, Boubacar Telli et Alpha Souleymane – hier vous n’étiez que mes enfants, maintenant vous êtes en plus mes meilleurs amis. • A ma tantie Nadine Barry et mon cousin Tierno Monembo, les deux auteurs qui m’ont donné l’envie de partager moi aussi mes réflexions sur notre pays commun.

Sommaire LES 2 DERNIERES ANNEES DU GENERAL-PRESIDENT-PAYSAN, JAN.

I.

2007 – DEC. 2008 (PAGES 11 - 94)

GRANDEUR ET DECADENCE D’UN PETIT CAPITAINE EXCITE, DEC.2008 – II.

DEC. 2009 (PAGES 95 - 168)

UN GROS TIGRE DANS UN CHATEAU DE CARTES, JAN. – DEC. 2010 -

III.

(PAGES 169 - 276)

CONCLUSION : UN CIVIL REVIENT ENFIN AU POUVOIR MAIS IL ANNONCE LE 1E JOUR : « GUINEA IS BACK TO SEKOU TOURE », 20 DECEMBRE 2010 (PAGES 277 - 280)

Avant-propos :

Ces analyses sont issues de chroniques mensuelles écrites au cours de la période de janvier 2007 à décembre 2010. Je n’ai pas voulu les « réadapter » à la situation présente lors de leur publication. De nombreuses prévisions se sont révélées exactes mais d’autres ont été totalement différentes voire contraires en raison des incertitudes de toutes prévisions dans le contexte chaotique et du crisis management chronique de mon sacré pays. Je pense néanmoins qu’elles méritaient d’être partagées telles qu’elles car étant le meilleur reflet possible des sables mouvants de la vie politique et sociale de cette époque. Ce recueil décrit la première période du processus de démocratisation de la Guinée-Conakry depuis son Indépendance en octobre 1958. Elle s’est finalement conclue par l’arrivée au pouvoir du 1e président civil « démocratiquement » élu du pays. Ce travail continue depuis l’arrivée de Mr Alpha Condé au pouvoir le 21 décembre 2010 et fera l’objet d’un prochain recueil.

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I. LES DEUX DERNIERES ANNEES DU GENERAL-PRESIDENT-PAYSAN

(JANVIER 2007 – DECEMBRE 2008) 23 ans Chrono – le chapitre final est le titre de la nouvelle série radiotélévisée lancée par les autorités nationales guinéennes en 2007. Dans la série originale des Yankees, Jack Bauer règle chaque crise planétaire totalement en 24 heures ; chez nous et pour nos « petits problèmes locaux » au bout de 24 ans, LC Bauer n’a pas encore réussi à finaliser son gâchis national. Mon Dieu, quel malheur ! - Le contexte : dans ce remake quart-mondialiste de la célèbre série américaine, il y a des acteurs incontournables que je dois vous présenter avant le 1er épisode : •

La « cellule anti-terroriste » (CAT) est remplacée ici par une « cellule anti-développement » (CAD) qui gère de manière très professionnelle notre mal-gouvernance dans le but avoué de maintenir coûte que coûte notre première place auprès de Transparency International en 2007. Tous les agents de cette cellule sont des « agents ordinaires », car ils n’ont vraiment rien de spéciaux ou d’extraordinaires comme dans la version originale.

Cette cellule a deux branches qui se disputent la suprématie en mal-gouvernance : 11

* Les Bandits en Col Blanc (BCB), qui sont les second couteaux du système étatique pourri ; ils sont méchants, amoraux, cupides et roulent principalement en Toyota Land Cruiser ou petit modèle. Leur chef est le redoutable Franck Bandit surnommé « FB ». * Les Voleurs en Boubou Bazin (VBB), qui détestent amicalement leurs collègues de la BCB. Ils sont riches en devises de leurs business louches, corrupteurs, magouilleurs et roulent en général en Toyota 4x4. Leur chef de file s’appelle M.S. Voleur. * L’agent spatial L.C. Bauer a dirigé longtemps la CAD de sorte que bien que pratiquement à la touche maintenant car diminué physiquement et intellectuellement, il tire toujours certaines ficelles de ce jeu national pendant ses rares moments de lucidité. Mais attention, ses forces diminuent un peu plus tous les jours et tous les acteurs de cette triste série le savent. * « L’Alliance pour le Développement de la Guinée » (ADG) est l’ennemi principal de la CAD. Ces dangereux terroristes représentent en fait un melting-pot de petits groupuscules avec des objectifs divergents, des agendas cachés et des ambitions refoulées. Il y a parmi eux des « gens bien », des « gens moyen » et beaucoup de « gens mal » qui n’ont qu’une seule chose en commun : vouloir faire chuter la CAD, prendre sa place et ensuite chacun pour soi. Les principales cellules terroristes actives actuellement sont les syndicalistes (plusieures cellules divergentes) et la Société Civile mais personne ne sait vraiment qui cela 12

représente en Guinée. Il y a également des cellules terroristes dormantes, en particulier les partis et particules politiques qui sont en fait sous Valium depuis très longtemps. Chacune de ces cellules a paraît-il quelques cadres bien formés, dynamiques, résolus et son petit Général de Brigade et d’Opérette, comme la CAD, mais ceux qui brillent de tous feux depuis plus de 6 mois sont la « Passionaria RSD » et « Fof. le Chauve » qui ont une devise commune : « Qui nous cherche nous trouvera – et si vous ne nous cherchez pas on vous trouvera quand même » Ca va chauffer, Walahi ! (juron très usité signifiant « je le jure ») Episode 1 – l’agent spatial LC Bauer déconne complètement (de 11h00 à 12h00, avant ça il dort) : il est descendu directement dans l’arène pour soutenir ses anciens potes d’affaires des VBB dans leur combat à mort contre les BCB pour prendre le contrôle de la CAD (Note de l’auteur : j’espère que vous suivez tous sinon scroller vers le haut SVP). Il a carrément pris position pour MS Voleur et sa bande contre les dissidents dans sa cellule et contre Franck Bandit et ses sbires malgré tous leurs crimes flagrants communs ! Il a eu le courage de dire ensuite tout haut sur la radio nationale (RFI) ce que tous les Guinéennes et Guinéens savaient déjà, même si ils n’osaient pas le dire : « l’Etat c’est moi – et en plus la Justice c’est moi aussi ». Il ne lui reste plus que 2 titres avant de nous quitter mais cela ne saurait tarder : « l’Assemblée Nationale c’est moi – et Dieu c’est moi aussi ». Du coup 13

les terroristes de l’ADG ont pris cela comme un direct au foie et ont recommencé à gronder férocement. Même les cellules sous somnifères des partis et particules politiques ont arrêté de prendre leurs cachets du soir. La sanction est tombée immédiatement, sous la houlette de la Passionaria RSD et de Fof le Chauve : grève générale et illimitée à partir du 10 janvier. Pour ne pas être en reste, la Société Civile a rajouté une marche générale de protestation à partir du 15 janvier ; et pour ne pas qu’on dise qu’ils sont toujours sous sédatifs, les partis politiques ont rajouté un appel à la désobéissance civile – Eh Allah, ça va chauffer… Episode 2 – La revanche de l’ADG : grève générale illimitée du 10 au 27 janvier 2007 : * J1, J2, J3 et J4 – la tension monte ; les bastonnades et courses-poursuites des jeunes terroristes dans les rues par les sbires de la CAD et la garde rapprochée de LC Bauer ont fait le premier lot de blessés et d’arrestations. * J5 – c’était repos dominical pour prendre des forces ; les menaces volent de tous les côtés. * J6 – la marche pacifique est interdite, le sit-in pacifique est interdit, la prière pacifique est interdite – même la respiration pacifique est interdite ! Du coup, les terroristes de la Société Civile se dégonflent et foncent sous leurs lits où ils retrouvent les terroristes des partis politiques qui y étaient déjà au chaud depuis le dimanche après-midi. Dieu merci, les syndicalistes et les jeunes désœuvrés et désespérés des banlieues et du centre ville de la capitale tiennent le coup… 14

* J7 – de jeunes terroristes caillassent proprement les sbires de la CAD – gaz lacrymo et arrestations de 60 quidams s’en suivent. C’est le raz le bol ! Les cellules actives de l’ADG annoncent une marche publique de protestation pour J8. Le peuple danse au QG des terroristes, à la Bourse du travail, aux sons de Tiken Jah Fakoly et d’Alpha Wess, les deux apôtres de la génération consciente africaine. * J8 – les terroristes adultes descendent et frappent le pavé de leur QG à l’Assemblée Nationale pour demander à son Président de montrer qu’il est un Homme. Re-gazage et re-arrestations. C’est la goutte de trop : la Passionaria RSD et Fof le Chauve ne veulent plus rien entendre ni comprendre, ni voir. Ils appellent le peuple à la révolte générale et à rejoindre les pavés (disons plutôt la poussière et les trous) pour l’assaut final. Les jeunes terroristes qui n’attendaient que cela sortent tout excités pour insulter et caillasser de plus belle. Et Allah, ça va péter !! * J9 – marches pacifiques par-ci, caillassage en règle par-là, maintenant ça pète à Labé, Kankan, Pita, Mamou, Télimélé… etc.… Le pays s’embrase ! Encore un « dégât collatéral », des sbires de la CAD sont signalés à Mamou, surement un dangereux terroriste armé du style Rambo. Les cellules dormantes de l’ADG et les partis politiques sortent enfin la tête de sous leurs lits pour soutenir la révolte finale. Eh Wotan (juron très usité signifiant « vous aussi »), où on va ?!? * J10 – les autres villes du pays joignent la rébellion : Kissidougou, Nzérékoré… 15

LC Bauer se pointe pour reprendre les commandes de la CAD. Il commence par faire la peau à Franck Bandit, le chef de la branche BCB de la CAD pour le remplacer par l’un de ses adjoints, LC Bandit qui est encore plus effacé et incompétent que son ex-patron : le coup du sparadrap mis sur la plaie ouverte n’arrive pas bien sûr à arrêter l’hémorragie ! Pendant ce temps, les terroristes de l’ADG font la pause de 24h pour raison de deuil familial de l’un de leurs chefs ; eh l’Afrique ! Il parait que son pote Nino Viera de l’autre Guinée voisine vient de lui offrir ainsi qu’à toute sa famille l’asile politique chez lui. Pas étonnant, il était dans le même bourbier il y a quelques années et avait fait une escale prolongée chez son ami avant d’aller chercher l’électricité et l’eau courante permanentes au Portugal. Le bougre a ensuite réussi à se remettre en selle en 2005. Il faut dire quand même que, lui, n’a pas le même bilan de santé (et les mêmes médecins) que notre fossile de Wawa (nom de son ranch/hospice en brousse). * J11 – la bamboula continue, Nzérékoré est chaudchaud : 3-4 morts, XX blessés. A Conakry les réunions entre la CAD et l’ADG continuent avec les mêmes résultats : langage de sourds entre autorités moribondes et peuple décoincé et déchaîné. La CEDEAO s’en mêle et décide d’envoyer deux vieux renards (Laye le lièvre et le Texas ranger d’Abuja) auprès de LC Bauer pour le convaincre de jeter l’éponge ! Les terroristes à l’affût aiguisent leur stratégie. * J12 – c’est dimanche de feu à Labé : les femmes de Guinée sont de nouveau dans la rue, cette fois-ci pour hurler « 50 ans de misère ca suffit ; LC Bauer 16

démission ». Comme d`hab. chez nous les hommes sont planqués en majorité à la maison, plusieurs dans leurs armoires sous prétexte d’empêcher les enfants de sortir pendant les troubles. La CAD se craquelle de tous côtés ; la 1ère Première Dame dit « Pardon, vous avez raison » aux chefs des terroristes actifs de l’ADG ! La réponse est immédiate et catégorique : Niet et bye-bye ! Toute la Guinée, bravos et bandits-chefs, retient son souffle pour le lundi de braise dans tout le pays : la marche pacifique nationale dans toutes les villes. A sôtô mamy (“je jure” en Creole Sierra Léonnais), I see fire in Guinea… * J13 - lundi 22 janvier – la GRANDE marche finale ! Le mot d’ordre est clair pour tous : « A bas LC Bauer, A bas la CAD, Vive les terroristes de l’ADG, Vive le Peuple de Guinée ». Les Guinéens sont sortis par centaines de milliers, jeunes, femmes, enfants et hommes dans les rues de toutes les villes. Ils foncent à pied de tous les quartiers périphériques de Conakry pour converger vers Kaloum, le centre de la capitale. Au pont du 8 Novembre, où LC Bauer a présidé les (il y en a eu 4 en un coup en ce lieu) pendaisons d’innocents Guinéens pendant la dictature révolutionnaire du sanguinaire AST, il a fait dresser un barrage avec ses troupes encore loyales appuyées par des mercenaires qui ne parlent même pas nos langues nationales ! Ils tirent 17

sur la foule – au minimum 17 morts au cours de la journée dont 13 à Conakry – un nouveau massacre au niveau du sinistre pont du 8 Novembre – il faudra le raser un jour celui-là, pour que son spectre cesse de hanter tous les dictateurs qui passent au pouvoir en Guinée ! Le fils de LC Bauer, en parfait idiot qui sait tenir une arme mais pas réfléchir avec sa tête (sans cerveau) joue au Kadhafi Mobutu, le fils de son père qui a été massacré comme un chien après la fuite honteuse de son père : il monte en première ligne pour organiser les bastonnades et les arrestations, y compris celles des chefs syndicalistes. Ce débile tient absolument à faire haïr toute sa famille avant leur départ en exil. Les soutiens arrivent de partout : Dakar, Paris, USA, Canada, U.E., même Mr Ban sait précisément maintenant où se trouve la Guinée ! Les infos les plus contradictoires circulent : les syndicalistes sont relâchés, mais non, ils sont encore enfermés… etc. Une seule chose ne change pas : la détermination des Guinéens d’aller cette fois-ci jusqu’au bout, jusqu’à l’élimination de toute la pourriture de la 2ème République de Guinée. Partout, tout le monde retient son souffle !! * J14 - on compte les « dégâts collatéraux » dans tout le pays : les estimations sont de 30 morts (dont 23 à Conakry) et plus de 170 blessés dans la seule journée du 22 janvier. Les chefs des syndicalistes ont été libérés la veille vers 23h00 et présentés manu-militari à LC Bauer qui leur a juré ne pas être au courant de leur arrestation, preuve supplémentaire qu’il ne gère plus rien dans le 18

système guinéen ! Pire, la CAD a importé un bataillon de 120 commandos de la Guinée Bissau voisine pour faire le sale boulot de tirer sur les Guinéens, puisque l’armée nationale est de plus en plus réticente pour le faire. Comment arrêter ce massacre ?? La Première Dame numéro 1 (car elles sont plus ou moins 4 selon les périodes) se démène comme elle peut pour jouer l’intermédiaire entre son époux grabataire, son entourage et les terroristes syndicalistes ; tout le monde se demande si son action est innocente ou plutôt si elle est chargée par le moribond de gagner du temps pour permettre à la CAD de reprendre la main ; néanmoins, à écouter les leaders syndicalistes, on sent qu’ils ne sont pas dupes et qu’ils sont sur leurs gardes. Des négociations sont prévues entre les diverses structures de la CAD et de l’ADG pour le mercredi 24 janvier au Palais du Peuple à 10h15 minutes précises. Pour ne pas être en reste les préfectures de Koundara et Dabola organisent néanmoins leur show local de protestation mais sans dégâts Dieu merci. Néanmoins dans les banlieues de Conakry on compte ce jour deux nouvelles victimes car les jeunes terroristes désœuvrés continuent de caillasser proprement tout passage des sbires de la CAD. * J15 - langage de sourds à l’Assemblée Nationale : tous les acteurs sont réunis comme prévu mais les agents de la CAD continuent à proférer les mêmes inepties et âneries pour sortir de la crise. Les terroristes sont fermes (pour le moment) sur leurs position : « On parlera du social plus tard ; pour le moment il n’y a qu’une seule condition pour arrêter la grève, la nomination immédiate 19

d’un Premier Ministre acceptable par toutes les parties. Pourvu que ca dure et que certains ne flanchent pas en chemin – ventre vide est tellement facile à corrompre ! La mobilisation guinéenne à l’étranger, africaine et même internationale est maintenant totale ; on parle même de nous dans les journaux télévisés principaux du monde – d’accord, on aurait préféré que ce soit pour d’autres exploits nationaux – mais quand même ! Maintenant même W, le Roi du Monde Libre, sait que nous existons. LC Bauer au pied de son baobab favori cède enfin le soir sous la pression, semble-t-il des ecclésiastiques et de sa bande de potes à qui il avait offert le pouvoir en 1984. C’est OK pour le PM avec tous les pouvoirs ! Mais comme tout le monde le connaît un peu « Maradona » sur les bords, la grève continue jusqu’à ce que le quidam soit connu. La confiance ne règne pas ! * J16- la palabre continue – les exigences des putschistes sont non négociables : d’abord la feuille de route du nouveau PM (pour être sûr que toutes les parties disent bien la même chose) et ensuite sa désignation – le suspense national est total mais la grève continue. Les préfectures et autres villes de l’intérieur poursuivent leurs shows individuels : on a même parlé de Sampirindji, le gros village (inexistant sur la carte) de ma mère sur RFI aujourd`hui. Enfin vers 21h30, un accord est annoncé entre LC Bauer, la CAD et l’ADG sur les grands axes de ce nouveau PM de consensus, coordinateur des actions du gouvernement, chargé de désigner les membres de son équipe et les directeurs nationaux – les termes précis de cet accord ne sont pas 20

encore bien détaillés ; ils seront donc finalisés le lendemain, inch Allah. * J17 – vendredi 26 janvier, LC Bauer a enfin cédé : lui et ses sbires de la CAD ont tout essayé, les menaces, les caresses, le chantage et la corruption, mais les militants étaient aux aguets et surveillaient de près leurs chefs syndicaux pour éviter qu’ils ne (ici le « ne » explétif est obligatoire) flanchent – ils ont donc martelé : « soit un chef du gouvernement indépendant, soit on redescend dans la rue jusqu’au départ du Grand malade. ». Au finish, la CAD et son chef ont donc cédé et sont OK pour l’option 01 qui les sauve soit de l’exil immédiat ou pire pour nous d’un putsch militaire par les barons actuels de l’armée guinéenne avec toutes les incertitudes qui l’accompagnerait ! Un accord final sera normalement signé le lendemain après des négociations complémentaires sur les revendications sociales qui ne sont toujours pas discutées et satisfaites. Maintenant il faut s’assurer que le PM choisi ne sera pas un pourri. * J18 – samedi 27 janvier, l’accord final syndicats – gouvernement – institutions est enfin signé vers 23h00 : la grève est « suspendue » (temporairement) mais pas encore entièrement levée. Les palabres continuent toute la journée pour les revendications sociales : baisse du prix des carburants et du riz, libération de tous les emprisonnés pour cette grève, l’assurance d’aucune poursuite judiciaire contre les grévistes, le 22 janvier devient une fête nationale du souvenir des martyrs. Maintenant reste à désigner l’oiseau rare, le nouveau Premier Ministre, chef du gouvernement, acceptable par le Peuple et par l’ADG ; celui qui devra nous sortir enfin 21

de 50 ans de pourriture au sommet de l’État guinéen. Le risque existe que les chefs de la CAD et LC Bauer essaient d’endormir les Guinéens en désignant un fantoche à leur solde, mais le sous-entendu « suspendu » est clair pour tous : si on n’est pas d’accord avec le choix, la grève reprend illico presto et les Guinéens redescendent dans la rue onc à bon entendeur, salut ! Les syndicalistes terroristes de l’Alliance pour le Développent de la Guinée (ADG) sont devenus des Héros nationaux ! Par leur courage, leur détermination et leur intransigeance ils ont réussi à mettre à genoux l’un des systèmes de gouvernance le plus pourri d’Afrique ! Vive la Passionaria RSD, Fof le chauve, mon Beauf. Yamoudou Touré et M. Baldé, votre quatuor appuyé par votre cabinet de conseillers mérite d’être nommé Premier Ministre, chef du gouvernement pendant la période de transition qui mènera la Guinée à des élections nationales crédibles et transparentes car à mon avis l’oiseau rare que les Guinéens cherchent depuis près de 50 ans, c’est vous ! Nul autre choix ne pourra mieux me convaincre aujourd’hui. Épisode 3 – à la recherche du Phénix, l’oiseau rare : pendant que la vie nationale reprend son train-train habituel c’est-à-dire cahin-caha après 3 semaines de paralysie totale, tous les Guin-Int et Guin-Ex vivent dans l’anxiété de connaître le nom du « sauveur national » qui sera désigné par LC Bauer. De nombreux noms circulent – il paraît que plusieurs pressentis se sont carrément désistés (compréhensible !) alors que d’autres graissent des pattes dans tous les sens pour être désignés. 22

De tous les noms qui circulent, celui de Thierno Madiou Sow, Président de l’OGDH est celui qui me séduit le plus : il s’est forgé avec les années en Guinée une image d’homme intègre, apolitique, direct et qui n’a jamais eu peur de (bien) dire les quatre vérités à tout le monde. Je pense également à une grande Dame, comme Aicha « Portos » Bah qui est une adorable jeune retraitée de la Direction générale de l’UNESCO. Je cite ces 2 noms car ce sont les premiers qui me viennent à l’esprit. Je sais que de « grands » Guinéens existent car la Guinée a toujours su en produire au cours des siècles de notre histoire nationale. Je ne connais pas tous les bons candidats actuels en raison de mon exil professionnel prolongé, mais il nous faudrait une/un Guinéen de cette envergure et qui plus est a déjà été bien en contact avec la mangécratie locale. Un guin-Ex (guinéen expatrié) 100 % parachuté à mon avis ne tiendrait pas le temps nécessaire à la transition : soit il jettera l’éponge par rigidité excessive soit il plongera tête baissée dans la mangécratie comme beaucoup de ceux qui sont revenus en 1984, après la 1ère République de malheur. Ce genre de personnalité ne sera sûrement pas le premier choix de LC Bauer car il ne pourra pas se moquer d’eux comme il a su si bien le faire pendant 23 ans de tous ceux qui l’ont approché de près. Néanmoins, les Guinéens ne devront pas accepter forcement son 1er choix et si nécessaire, il faudra le menacer à nouveau et lui marcher sur le pied (malade) jusqu’à ce que nous obtenions satisfaction totale dans l’intérêt unique du pays

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Les optimistes pensaient que toutes les dents des crocodiles avaient été arrachées, mais en réalité il restait encore une rangée ! Comme son homonyme Jack, LC Bauer est un coriace ! Il refuse d’accepter la fin de la série. Episode 4 – LC Bauer provoque et joue avec le feu : pendant que toute la Guinée, toute l’Afrique et toute la Communauté Internationale attendent impatiemment qu’il désigne son nouveau chef du gouvernement, il parade en ville et s’occupe de détails. Il nomme à-toutva des ambassadeurs, des directeurs et même des sousfifres au lieu de nommer la seule chose que l’on attend de lui. Il a même le toupet d’inviter son pote Nino de Bissau (celui qui lui avait refilé le mois dernier un bataillon de commandos pour assurer sa protection rapprochée – et au passage faire quelques cartons sur les Conakrykas). Tout le monde sait qu’il le fait exprès, façon de dire aux Guinéens, comme il l’a si bien fait pendant 23 ans « Je fais ce que je veux et quand je le veux ». Il donne ainsi raison à tous ceux qui avaient dit que la grève du 10 janvier devait continuer jusqu’à la nomination du P.M. Le pauvre n’a pas encore compris que les données ont totalement et définitivement changé depuis le lundi 22 janvier 2007 : la foutaise royale ne passe plus ! Les réactions sont immédiates et cinglantes des nouveaux maîtres du jeu et du pays (les jeunes, pilotés par les syndicats) : un ultimatum lui est lancé – il a jusqu’au lundi 12 février pour nommer un chef du gouvernement acceptable par tous ; après cela, la grève générale 24

reprend sur tout le pays et cette fois-ci jusqu’à la nomination d’un nouveau Président de la République. Mais la jeunesse ne peut plus attendre : déjà, le vendredi 09 février dans les préfectures de Dinguiraye et de Coyah, elle est dans les rues avec des pancartes demandant le départ du général amorti et de sa clique. Commissariats de police, bureaux de la gendarmerie et résidences du préfet et du commissaire de la police ont été braisés sur le champ. Dieu merci, les « hommes en tenue » ont préféré se regrouper dans leurs casernes plutôt que de foncer dans le tas. Puis progressivement, toutes les autres villes ont pris feu avec destruction des représentations de l’Etat-Voyou et des signes ostentatoires de richesse frauduleuse des prédateurs de la CAD, en particulier des BCB. La température nationale monte très vite, d’heure en heure, et il n’est pas sûr que des dégâts humains et matériels puissent être évités avant le lundi 12 février. Pendant ce temps les GuinEx s’organisent comme ils peuvent et avec tout leur cœur patriotique – Washington, Paris, Montréal, Berlin, Dakar… etc. Ils bravent le froid du Nord et les antigangs policiers de tous les pays d’accueil pour soutenir le combat de leurs frères en Guinée. A Bamako, ils font un super boulot, sans calculs et avec leurs tripes ! Je n’arrive pas à accrocher vraiment : ça se passe là-bas, pas ici ! En dehors du petit effet médiatique qui est malheureusement mal diffusé en raison du contexte électoral local et organisé de manière trop amateur dans tous ces pays, ce sont presque des coups d’épée dans l’eau. J’ai l’impression que nous 25

sommes tous en train de gâcher la 2e chance que la vie nous offre de remettre notre pays sur le bon chemin, après la mort du criminel Sékou Touré en mars 1984. Episode 5 – LC Bauer nomme son Premier Ministre : le vendredi 09 février au soir, à 3 jours de l’ultimatum des syndicats, il nous propose à la télévision nationale EC Bandit des BCB de la CAD ! Impossible de faire un plus mauvais choix ! Il a réussi encore une fois à faire pire que les fois précédentes, alors que tout le monde pensait que c’était impossible. La révolte nationale est maintenant impossible à contrôler ; LC Bauer a essayé un coup de poker pour voir si, une fois de plus, les Guinéens allaient plier l’échine, mais il n’avait pas encore compris que sa malgouvernance ne pourra plus passer comme autrefois. En Guinée et à l’étranger, la désapprobation est unanime. La grève nationale est reconduite de plus belle pour le lundi 12 février ! Les manifs suivies de dégâts collatéraux reprennent à Conakry, Labé et ensuite progressivement dans toutes les villes du pays. Episode 6 – C’est reparti pour la grève générale et illimitée : elle démarre effectivement le lundi 12 février 2007. Succès total le premier jour, puis l’impensable se produit de nouveau. Episode 7 : innovation et premier Tsunami guinéen : c’est le chef de l’Etat qui fait un coup d’état militaire contre le Peuple : Il décrète « l’état de sièg e » du 12 au 23 février et confie tous les pouvoirs à son chef d’état 26

mineur de l’armée nationale. L’occasion est trop belle pour les bidasses affamés : ils massacrent, volent et tuent à volonté ! Tous les « révolutionnaires » sont traqués, les émissions de toutes les radios privées nationales (même RFI) sont interrompues et leurs sièges sont attaqués et détruits, leur staff est embarqué. Malgré la peur au ventre, les nouveaux révolutionnaires résistent et ne lâchent pas le morceau, car il n’est plus possible de reculer maintenant. On commence enfin à entendre la communauté internationale qui condamne unanimement l’arrêt de tout le processus démocratique en Guinée. Au Sommet de la Françafrique à Cannes, on en parle et on condamne aussi. L’ONU est chargée d’une mission d’enquête internationale sur les crimes commis en Guinée (Niet répondent en cœur les autorités nationales). Le téléphone commence à marcher entre les Grands de ce monde et les petits apprentis sorciers guinéens et ceux-ci comprennent rapidement le message : si ça continue, tous leurs comptes en banque à l’étranger seront bloqués, plus d’escapade médicale à Genève et leurs boss iront plus tard rejoindre Thomas Lubanga et Charles Taylor à la Haye ! Du coup ils lâchent un peu de lest et les négociations reprennent entre l’armée et les syndicats. Re-langage de sourds : « arrêtez votre grève immédiatement » – « non, arrêtez votre état de siège d’abord ». Des farfelus parmi les plus exotiques sont envoyés en médiateurs régionaux de la CEDEAO : qui pourrait vraiment croire que le « Maradona » du Nigeria puisse régler quoi que ce soit dans un conflit de malgouvernance alors que c’est par la force que ses pairs 27

militaires nigérians ont difficilement mis fin à la pourriture de son propre système de gouvernement ! C’est un peu comme si on demandait à Al Capone de venir nous aider à protéger notre banque contre les voleurs. Mais le filou a une expérience de premier choix et il sait proposer les deals tordus qui marchent le mieux à LC Bauer et à sa CAD qui sont finalement au pied du mur ; ils sont maintenant obligés de nommer un PM acceptable pour eux s’ils veulent encore (et un peu) rester au pouvoir. A mon avis, les syndicats et la société civile venaient de commettre leur première grave erreur tactique car, dès cet instant, on ne parle plus de la seule Vraie solution au problème guinéen : le départ obligatoire du principal responsable de tout ce gâchis. La jeunesse guinéenne le fait remarquer immédiatement et prononce cette terrible phrase que personne n’osait dire tout haut mais qui est pourtant le reflet de la Guinée d’aujourd’hui : « tous les Guinéens qui ont connu Sékou Touré ont la peur dans la tête ; nous, nous n’avons peur de rien. » Certes je suis conscient que les familles les plus vulnérables étaient vraiment à bout et que la résistance d’un groupe peu organisé ne tient pas très longtemps face à la faim et aux kalaches, mais le sacrifice de plus de 150 jeunes guinéens est aujourd’hui trop lourd pour ne pas mener le combat jusqu’au bout, ne serait-ce que pour ne pas avoir à le reprendre demain encore à zéro ! Je reste persuadé que le choix sans précédent de chasser le tyran qui avait été engagé après la bavure du 22 janvier devait être poursuivi encore un peu plus et qu’il aurait fallu absolument traiter cette affaire de manière 28

plus professionnelle et surtout en ayant bien en tête notre passé récent – il aurait fallu cette fois-ci mettre définitivement fin à notre lâcheté guinéenne habituelle qui nous hante depuis 1958 : le chef et sa clique de bandits pillent, violent et tuent à volonté ; ensuite il fait 2-3 concessions bidons, telles que nommer un « PM de consensus » et tout le monde est content, et tout le monde danse la mamaya et tout le monde se tait. Et tant pis pour les morts et leurs familles… Et tant pis pour la Guinée. Épisode 8 – vendredi 23 février – 2ème tsunami du mois en Guinée : les représentants du gouvernement à l’Assemblée Nationale se transforment subitement en représentants du Peuple à l’Assemblée Nationale : ils votent Niet à l’unanimité à la reconduction de l’état de siège que LC Bauer exigeait d’eux ! Décidément, la Guinée ne sera plus jamais la même après le lundi 22 janvier 2007. Le chef d’Etat mineur de l’armée menace d’arrêter la grève générale par la force le lundi 26 février ; c’est chaud-chaud encore, Walahi. NB : Il parait que les députés de l’intérieur avaient reçu une commission de leurs électeurs leur annonçant ce qui adviendrait d’eux, de leurs familles et de leurs biens s’ils ne faisaient pas le « bon choix » au cours de ce vote absolument non secret, alors bien sûr ils étaient coincés entre le marteau et l’enclume – ils ont finalement préféré l’enclume au marteau au pied fragile. Cette dernière gifle magistrale de leur propre clan finit par enlever le sourire aux vieux singes. Comprenant que le chef n’y arrivera décidément jamais tout seul, la 29

CEDEAO et les syndicats déposent 4 ou 5 petits papiers avec des noms de PM dans son bonnet blanc du vendredi. Il accepte ENFIN le dimanche 25 février le principe d’en tirer un avant la fin de la semaine suivante. Et le lundi 26 février vers 20h00, il fait son choix. Toute la Guinée a peur car cela fait 23 ans qu’il n’a jamais fait un bon choix. Episode 9 – Lansana Kouyaté est le nouveau PM-CG de la Guinée - Que Dieu et le Diable aient pitié de lui. Personnellement, je lui souhaite sincèrement bonne chance mais qu’il sache que les Guinéens le surveilleront de très près : nous ne voulons plus d’un PM-CG à genoux devant des chefs ignares et corrompus, 2 ou 3 réformes mineures et puis le statuquo de la gabegie locale actuelle et il sautera pire que EC Voleur, Walahi. Déjà deux fausses notes dès le départ : Primo, son arrivée triomphale, après je ne sais quel triomphe personnel, dans le jet privé de Laurent Gbagbo, le 2ème pire cauchemar de notre sous-région alors qu’il pouvait débarquer du vol régulier d’Air Ivoire. C’était à mon avis du plus mauvais goût et une preuve de manque de finesse nécessaire à sa nouvelle fonction dans le marécage politique national et régional. Secundo, la série de remerciements journaliers à LC Bauer et à son oligarchie familiale dans tous ses discours et ses visites de courtoisies suspectes, dans la pure tradition guinéenne. 30

Pour nos amis étrangers, il faut que je vous explique ce dernier point plus en détails, sinon vous ne comprendrez (et ne croirez) jamais : pendant la dictature de Sékou le sanguinaire, la plupart des Guinéens honnêtes mais contre-révolutionnaires n’avaient que deux options : soit ils détalaient par la 1e frontière, soit ils étaient arrêtés pour complot contre-révolutionnaire, enfermés et exécutés à l’ombre au Camp Boiro ou dans l’une de ses annexes dans chaque région du pays, ou alors un très petit nombre en ressortait en pièces détachées. Ainsi après 10 à 15 ans de ce régime alimentaire et physique très strict il était de bon ton qu’ils se rendent immédiatement à leur sortie avec toute leur famille pour remercier le tyran de leur avoir gâché les plus belles années de leur vie, d’avoir fait vivre l’enfer à leurs pauvres épouses et d’avoir détruit l’avenir de tous leurs enfants. Ensuite la grande majorité d’entre eux pouvait aller tranquillement attendre la mort dans la misère à la maison. La 2eme République de LC Bauer a raffiné encore plus cet art dramatique local et maintenant il est de bon ton pour tout irresponsable national d’aller remercier le chef, surtout quand il a fait beaucoup de mal, et plus il en a fait plus la famille toute entière se mobilise pour le remercier. Nul doute que Lansana Kouyaté, pour ne pas déroger à cette énigme guinéenne, remercie donc LC Bauer au nom de tous les Guinéens pour avoir fait tué plus de 150 jeunes, avoir totalement pourri le système économique et social du pays et transformé notre Guinée en pays le plus corrompu du continent ! Si tel est bien le cas, qu’il sache 31

une fois pour toutes qu’il ne parle qu’en son nom propre, pas au mien ni en celui de la majorité des Guinéens que je connais. Je me demande depuis très longtemps en tant que médecin ce qu’il faudra faire pour soigner définitivement les Guinéens de cette vilaine maladie contagieuse. Pour moi, le véritable homme du changement n’est pas celui qui arrivera en remerciant le chef de tout le Mal fait pendant son règne, c’est plutôt celui qui arrivera en le menaçant dès la première rencontre de le « foutre là-dedans » à la première incartade. Les jeunes Guinéens avec qui je discute régulièrement ont décidément raison : tous ceux qui ont connu Sékou ont la peur maladive du chef gravée dans la tête ; ils ne peuvent pas amener le changement dont la Guinée a besoin aujourd’hui. Le moment est sûrement venu pour nous tous d’y penser très sérieusement ! Episode 10 : les 30 premiers jours du PM, chef du gouvernement, populaire (PM-CG-p) : le kamikaze choisi est donc un certain Lansana Kouyaté, ancien de plusieures aventures nationales et internationales. Ses premiers pas sont vraiment difficiles, voire chaotiques, sûrement en raison du siège permanent fait sur lui par tous les acteurs de ce mélodrame. En fait il a totalement raté son départ : il aurait dû immédiatement imposer à ses multiples chefs et annoncer publiquement une période transitoire minimale (100 premiers jours) pour lui permettre de mieux maîtriser son nouvel environnement, faire certains audits rapides (mais 32

sérieux) des principaux secteurs économiques et sociaux de la situation nationale et surtout régler en priorité les graves problèmes judiciaires en suspens suites aux massacres et autres violations de juin 2006, janvier et février 2007. Les visites de courtoisie au chef, à ses femmes et à ses propriétés rurales, ainsi que les bains de foule semblent être ses premières priorités ; pas un mot sur la mise en place immédiate d’un cabinet restreint de technocrates chevronnés qui planchent nuit et jour pendant que lui fait le beau en ville ; trop peu de rencontres structurées avec les partis politiques qui constituent, qu’il le veuille ou non, la base indispensable à la reprise normale de la vie politique dans tout pays démocratique. J’écoute attentivement aussi toutes ses paroles publiques et je reste sur ma faim : J’entends tous les mots-clés d’un bon politicien : « merci à Mamadou, merci à Bineta ; Droits et Egalité pour tous ; Démocratie ; lutte contre la Pauvreté qui n’est pas une fatalité guinéenne ; je l’aime, il m’aime et nous vous aimons tous ; I love you, ti amo ». Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, quoi… Je n’entends aucun des mots-clés d’un bon technocrate : période de transition obligatoire ; audit sérieux de la situation du pays en démarrant par certains secteurs prioritaires ; règlement urgent des problèmes de crimes contre l’Humanité tout récents ; remise des Guinéens au travail productif ; révision correcte de la 33

fonction publique nationale ; relance du secteur privé selon des règles saines de jeu basé sur la justice et sur la transparence ; et surtout débat national pour panser les plaies du passé et réconcilier les Guinéens avec l’Etat pour une relance sérieuse de la machine socioéconomique du pays. Comme si la solution à tous nos problèmes actuels viendrait en nommant une équipe de nouveaux ministres « clean ». Sidérant ! Et puis, y’en a marre de ce retour tonitruant aux boubous et bonnets blancs : il ne manque plus que le mouchoir blanc pour qu’on pense (avec horreur) que « c’est coup fourré » et sa bande de nazes du PDG sont de retour aux affaires. Encore une preuve flagrante de manque de finesse dans le marécage politique et social guinéen ! * Enfin le 10 mars, il place quelques bons crochets et dribbles et marque son premier but : il demande aux ministres de ne pas vider les caisses (déjà vides) de leurs ministères avant de prendre (très prochainement) la porte. Malheureusement, ils s’y activaient déjà depuis près de 2 semaines, en fait depuis le jour de son arrivée. Erreur de GuinEx sans doute ! * Le 14 mars, il feinte habilement à droite et à gauche et marque indéniablement un second but convaincant : il fait signer à son nouveau chef un décret révisant de manière importante (et qui va dans le bon sens) la structure du gouvernement : réduction drastique du nombre de mangeurs autour du gâteau ; regroupement de secteurs qui ne sont séparés que dans les républiques bananières pour augmenter le nombre de bouffeurs (par exemple 3 ministres pour l’Education nationale, Eh 34

Allah !) ; pas de ministres d’Etat (super bouffeurs autorisés) et, le meilleur pour la fin, imposition d’un ministre de la Défense dans son équipe, poste occupé depuis belle lurette par le seul boss du pays. Cette dernière mesure est surement passée au forceps. * Finalement le 28 mars, après plusieures prolongations et à 2 minutes du coup de sifflet final, il tire à fond et des deux pieds à la fois : il lit sur les ondes nationales un discours « merci-merci » et sort la liste de ses 22 adjoints. Pas mal du tout : ils sont effectivement tous nouveaux dans la mangeoire ; quant à savoir s’ils sont aussi clean, seuls le temps et les mauvaises langues de Conakry nous le diront. Le seul vrai hic dont tout le monde sait qu’il n’a rien de clean, c’est le nouveau ministre de la défense nationale qui est plus connu pour ses récents hauts-faits de chef d’état-major adjoint de l’armée et donc un criminel soupçonné de jeunes Guinéens. Mais bon un œuf pourri dans une grande omelette de 22 œufs, cela pourrait passer inaperçu au goût et à la vue, à condition qu’il n’y ait pas d’autres œufs pourris dans le mélange. De plus, et encore une fois, pas un mot sur les crimes impunis passés, donc c’est à oublier et tant pis pour les morts et leurs familles. Une erreur grave à mon avis qu’il paiera sûrement demain. Finalement, fixer huit priorités nationales dans la Guinée d’aujourd’hui où ne figurent ni la justice pour les victimes récentes des sbires de LC Bauer, ni un débat national pour orienter correctement son action sur le 35

court et moyen terme et pour la réconciliation et le pardon nationaux, ni la tenue dans les 12 prochains mois d’élections législatives propres, il faut vraiment oser le faire. En tout cas moi je veux donner à cette équipe toute neuve une chance et le bénéfice du doute et je les attends donc maintenant aux résultats concrets, pas aux marches triomphales et spectaculaires dans les rues de Kaloum. Au finish de cet épisode passionnant et après un peu plus d’un mois dans son match avec/contre LC Bauer et sa CAD, il doit être actuellement à trois buts à deux – fin de la première mi-temps, balle au centre. Courage mon frère, mais surtout réfléchis beaucoup et bien à tout ce que tu entendras, jette ensuite les ¾ à la poubelle ; entoure-toi de gens clean dans tous les sens ; tourne ta langue 27 fois dans la bouche avant de parler ; change de garde-robe et de couturier et bosse dur, si tu veux que les 30 premiers jours de ton pouvoir de transition, somme toute satisfaisants pour la Guinée, se prolongent encore longtemps… Episode 11 – Décret Présidentiel du 06 mars 2007 : Guinéennes, Guinéens, rejoignez massivement les FANG (Forces Armées Nationales de Guinée) : il vous suffira ensuite de me menacer (même en sourdine) et je triplerais vos salaires ; et si vous protestez encore plus fort, je rajoute rétroactif sur 10 ans ! Alors que si vous restez des petits bandicons de faux types ingrats de civils sans fusil, au moindre faux pas on vous gazera, on vous 36

kalachera et on vous cadavérera total, Walahi… Signé : Caporal LC Bauer New Look (avec un PM-CG-p). Épisode 12 : le bilan des serviteurs de notre Nation : pendant ce temps, de nombreux intellos guinéens ont déjà commencé depuis belle lurette à réfléchir à la suite de tout ceci. Un de mes amis m’a donné au cours de mes dernières vacances à Conakry, une idée passionnante : et si on commettait une équipe de chercheurs à faire le bilan exhaustif de tous ceux qui ont, à un moment ou un autre, eu à gérer une partie du budget national depuis 1958 ? Ils pourraient aisément être classés en 2 périodes : 1958 – 1984 et 1984 – 2006. Pour chacun, on mettrait sur les deux bras de la balance : •



son actif : c’est-à-dire ce qu’il a vraiment laissé de concret, visible et de qualité pour la Guinée à partir des ressources nationales qu’il a gérées. Son passif : c’est-à-dire ce qu’il a vraiment amassé pour lui, sa famille et ses proches à partir des même ressources nationales.

* Pour en dresser la liste exhaustive, cela devrait aller très vite : ils sont connus, morts ou vivants, et en sortir le listing complet serait un jeu d’enfants (alphabétisés quand même !) * Pour les actifs, cela devrait aller encore plus vite, au vu de ce que j’ai vu récemment à Conakry et au cours de mes nombreux voyages à l’intérieur du pays profond de 1984 à 1993. 37

* Pour le passif, ce sera sûrement beaucoup plus difficile, mais pas impossible pour de bons chercheurs. De plus, même en creusant très peu, il sera aisé de leur montrer ainsi qu’à tous les Guinéens et à tous les amis sincères de la Guinée qu’ils sont presque tous venus, ils ont vu qu’ils n’ont rien foutu de vraiment concret et positif pour leur prochain et pour la Guinée. Le but recherché n’est pas de lancer une chasse aux sorcières nationale (de toutes les façons, les prisons actuelles ne pourraient sûrement pas contenir tout ce monde-là). Plutôt ce type d’analyse serait intéressante (avec beaucoup d’autres) pour que premièrement, ce pays redémarre demain à partir d’une bonne autocritique réaliste et sincère de notre administration publique en 50 ans de gestion et deuxièmement, pour la mise en place indispensable de garde-fous et des règles strictes pour que « Plus Jamais Ça ». De plus, cela mettrait à coup sûr définitivement un terme à certaines fanfaronnades ridicules que nous lisons depuis quelques semaines sur le web. Je cherche des candidats prêts à démarrer cette quête absolue de ce dont la Guinée a le plus manqué depuis 50 ans : la Vérité et la Justice ! Cela fera sûrement mal à certains, mais c’est un mal nécessaire et un gage de succès pour repartir du bon pied. Alors écrivez-moi si vous êtes volontaires.

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- Episode 13 : les 30 deuxièmes jours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, populaire (PM-CG-p) : * Côté Résultats : rien – ou presque ! La jeunesse consciente est déjà de retour dans les rues, à Labé et à Kankan. Cela m’a l’air mal barré. * Côté Mamaya (messes politiques de chants et danses) : passations de services folkloriques, interminables et médiatisées à l’excès, (comme si ça c’était enfin du boulot depuis plusieurs années d’inactivité) et avec scénarii archaïques, déballages publics des guéguerres administratives internes aux services et cigares Havane… Où va-t-on ? *J’adore le chroniqueur officiel du Ministère des Affaires Etrangères : à lire ses comptes-rendus sur les sites d’infos j’ai l’impression que chaque fois que son nouveau boss serre la pince à un quidam diplomatique, c’est une nouvelle victoire pour la Nation et une fantastique opportunité nouvelle de développement pour le pays. Quel grand rêveur ! Pardon, réveillez-le, svp. * Devinette : quel est le nouvel homme d’Etat guinéen qui interdit aux conjoints et 2e bureaux des ministres et autres hauts cadres administratifs de parrainer les mariages et baptêmes pour économiser les rares ressources volées par leurs époux, mais qui en même temps emprunte les jets privés de tous les célèbres roitelets ouest-africains à chaque fois qu’il doit quitter Conakry pour aller quémander de l’aide pour sauver notre pays ? A mon humble avis, il ne doit pas être très 39

bon en calcul celui-là : les quelques francs guinéens glissants économisés sur les griots lors des mariages et baptêmes ne suffiront pas à payer carburant et frais de parking dans les aéroports internationaux du monde entier – à moins qu’il n’utilise une autre méthode de calcul que moi. Finalement il semble avoir changé de calculatrice entre Paris et Bruxelles : il fait annoncer à Conakry qu’il revient au pays dans le vol régulier d’Air France. La raison internationale a-t-elle eu raison de ses folies naissantes de grandeur ? * Nouvelle prouesse de l’armée guinéenne - et oui, nos tanties nationales ont fait fort encore ce mois-ci : elles ont décollé à deux dans un Mig-21 préhistorique et en fanfare de leur base aérienne, cogné au premier passage trois mangues mûres et un vieux charognard borgne pour enfin plonger (après avoir sauté en parachute bien sûr) sur la paisible population de Koloma. Encore un nouveau crime mais cette fois-ci contre le bon sens et l’organisation militaires ! Il paraît que la boîte à sardines volante a été aperçue en feu dans le ciel du quartier, fonçant droit sur la nouvelle ambassade des USA. A la dernière seconde, les gens ébahis l’ont vue ricocher dessus, comme un galet sur l’eau, pour ensuite piquer tête la première sur l’immeuble d’en face, soit le siège de la RTG ! C’est vraiment beau, la technologie de pointe. * Info urgente de dernière minute : LC Bauer a été nommé au dernier moment comme 20e ministre dans le cabinet du nouveau PM-CG-p au grade (très envié) de Ministre d’Etat chargé de la dilapidation des recettes bancaires, douanières, fiscales et minières de la 40

République ! Et croyez-moi, c’est le seul des ministres qui soit déjà entièrement au travail avec son cabinet restreint au grand complet et avec des résultats forts satisfaisants : il a frappé très fort ce premier mois au niveau de la BCRG (Banque centrale nationale) avec déjà 2 ou 3 ponctions importantes. * La Guinée est décidément un monde à part : l’administration a organisé récemment un concours pour recruter des nouveaux gardiens de prison ; résultat des courses, on retrouve certains prisonniers parmi les heureux lauréats – Eh la Guinée ! Épisode 14 – les 30 troisièmes jours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, populaire (PM-CGp) : * Côté Résultats : toujours rien – ou presque ! Réunions, rencontres, palabres, mais rien de concret à se mettre sous la dent, dans la tête et dans le cœur ; dans le ventre aussi d’ailleurs pour beaucoup de familles guinéennes. Un bon point néanmoins : la mise en place le 21 d’une Commission Nationale Indépendante pour faire la lumière sur les crimes perpétrés en juin 2006 et janvier/février 2007 par notre « Grande Muette à la gâchette facile ». Le texte est tout joli-joli, pompé quelque part sans doute (e san tro de fot d’ortograf) mais ce n’est toujours qu’un texte pour le moment, de la poudre aux yeux des familles des victimes, rien que du bla-bla diplomatique pour gagner du temps. Nous, les sceptiques de nature, attendons de voir la liste des membres et leurs résultats à court terme. 41

* Côté Mamaya : rien également – ou presque ! Ça chauffe pour son matricule depuis le début du mois, donc adopter le profile bas, côté « faire le Beau en public » est de rigueur ; juste une petite première pierre pour un Stade, cadeau de la Chine – encore assurément un grand exploit de notre dynamisme socio-économique retrouvé ; et puis à la fin du mois, il y a eu le retour triomphal de Bel-Air où lui et son équipe de cracks ont réglé tous les problèmes du pays… sur papier bien sûr ! *Nos « Calamity Jane » nationales sont fâchées – nos braves bidasses des FANG (forces armées nationales de Guinée) sont de nouveau en colère dès le 02 mai : après la hausse de 300 % de leurs salaires nets il y a tout juste 2 mois, elles veulent maintenant un petit rappel sur les 10 années écoulées ! Et comme il n’y a plus de piti bandicons de civils sans fusil à canarder dans les rues, elles s’en prennent à leur état-major préhistorique. Avec comme d’hab. une dizaine de « dégâts collatéraux » civils. Et notre PM-CG-p dans tout ça ? Pour une fois qu’il devait tranquillement botter en touche du genre « sa cé pa dans feuille de route dé ! Démerdez-vous là-bas entre pourris », eh bien il fonce tête première dans le piège, je suis sûr au grand plaisir de LC Bauer qui l’envoie de ce fait et immédiatement en cheval de Troie au milieu de la fourmilière – qui a parlé de « grand diplomate » ? Peutêtre, mais pas grand stratège diplomatique en tout cas. Ca ressemble plutôt à kamikaze et pas pour la bonne cause du Peuple.

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Pour calmer le jeu, le 12 du mois, le principal responsable de toute cette pagaille limoge « manu militari » tous ses adjoints second-couteaux en espérant s’en tirer comme cela ; les bidasses dansent et se félicitent pendant quelques heures, mais après la fête ils (bidasses et seconds couteaux sont masculins) décident qu’ils en veulent plus encore ! Ils attendent de pied ferme leur Général dans leur place forte du Camp Alpha Yaya pour le lundi 14, après qu’il les ait dribblé « façon » toute la journée du 12. Ses deux envoyés spéciaux ce jour-là se sont faits copieusement allumer par les troupes et du coup leur démission est également exigée – au lieu de rester tranquillement planqués sous leur lits comme tous les autres vieux voleurs de la troupe, ils ont donc eu droit à double dose d’insultes et de crachats et première place sur la liste des prochains partants. Le Vieux les reçoit enfin le mardi 15, mais dans sa caserne du centre de Conakry alors que les plus rebelles l’attendaient dans celle au sud de la presqu’île ! Le public aussi avait été soigneusement choisi : rien que des membres de sa milice perso – et finalement c’est l’un de ses second-couteaux qui parlera pendant que lui suit en silence, avachi dans son fauteuil ; si ce n’était lui, on aurait presque pitié… Finalement LC Bauer a sauvé une nouvelle fois sa tête, mais son quotidien ressemble de plus en plus aux dix dernières minutes du film Titanic et à mon avis comme il doit nager comme Léo DiCaprio dans le film, le coulage au fond se rapproche inexorablement.

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Épisode 15 : les 30 quatrièmes jours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, populaire (PM-CGp) : la période de grâce (100 premiers jours) prend fin ce mois-ci. * Côté Résultats : toujours rien – ou presque ! Il paraîtrait qu’il a pu obtenir quelques millions d’euros/US Dollars entre Paris, Bruxelles et D.C. mais j’ai de sérieux doutes quant à l’aspect positif de ce résultat : nous ne sommes pas encore revenus à l’étape de « tendre l’écuelle » aux bailleurs de fonds, car le monde entier est conscient de ce que, dans notre système actuel de gestion des ressources nationales, cela veut dire financer principalement des intrants agricoles pour les champs de LC Bauer et payer des bourses et des loyers en Occident pour les bénis du système et leurs familles. Il faut d’abord nettoyer (au karcher) la maison Guinée : mobiliser nos ressources nationales qui sont loin d’être négligeables (minières, halieutiques, fiscales, douanières…), améliorer notre productivité et l’efficience de notre dépense publique, réduire les dépenses fastueuses et inutiles de l’Etat, en assurer une gestion rigoureuse, et mettre fin rapidement et de manière autoritaire au système mafieux qui gère le pays. Après cela, mobiliser des financements extérieurs sera non seulement facilité mais fructueux pour toute la Guinée. Finalement, les gouverneurs et préfets new-look sont nommés dans la soirée du 22 : wait and see pour le moment, mais les premières analyses des connaisseurs du sérail ne sont pas très encourageantes. Bien sûr il ne serait ni réaliste ni sérieux d’exiger qu’il répare en 100 jours ce que ses deux précédents patrons 44

ont totalement bousillé en 50 ans, mais quand même ce laps de temps est largement suffisant pour faire des choix justes et rigoureux, prendre des décisions indispensables même si elles sont impopulaires et repérer/choisir des hommes et des femmes qui peuvent piloter un changement durable. Et surtout, pas de démagogie ! Ce n’est pas « le tour des jeunes et des femmes », comme s’il s’agissait d’un gâteau à manger, c’est le tour des gens compétents, propres (au moins un peu) et qui n’ont pas peur des décisions difficiles. La popularité, ce n’est pas pour maintenant, mais elle viendra sans aucun doute après si des résultats probants sont au rendez-vous à moyen terme. * Côté Mamaya : pas mal ce mois-ci : une visite triomphale aux USA pour serrer les pinces de Condi Rice, de l’intérim de Wolfie (secrétaire d’Etat à la sécurité), de quelques boss mineurs et des communautés guinéennes de D.C. et de N.Y. Puis crochet au retour par Paris pour prendre le thé et tirer une photo-souvenir à l’Elysée. Cela, ce n’est vraiment que de la mamaya. Après des scénarios identiques le mois précédent à Paris, Bruxelles, Londres, Abuja (?!?) et Tripoli (!?!), on se demande vraiment quand est-ce que les Guinéens du pays profond (les Guin-Int) auront la chance de le voir en dehors des rares occasions où la télé et l’électricité nationales marchent au même moment. Et pourtant nos régions et préfectures sont aujourd’hui vraiment celles qui nécessitent le plus son attention car elles sont sans gouverneurs ni préfets (la plupart chassés comme des malpropres en janvier et février 2007 par le Peuple en colère), sans édifices publics lesquels sont détruits ou en ruines mais avec anarchie galopante, insécurité 45

maximale et misère lancinante mais exponentiellement progressive. Bref, il joue vraiment au Président réel de la République de Guinée, l’autre étant virtuel depuis belle lurette ; il paraît qu’il n’a pas hésité partout où il a été reçu à présenter son Boss comme un « has been » bientôt au placard, ce qui est vrai, mais quand même ! Ainsi le Grand Malade n’a pas hésité non plus, poussé par ses proches faucons, à réagir immédiatement de Conakry, le jour même où notre PM-CG-p savourait sa nouvelle gloire, son plaisir (et des petits fours) à l’Elysée : nous avons eu droit On Live à un « One man show du LK Comedy Club » inédit et fidèle à la tradition, sur TV5, CFI, AITV et RFI ; il nous a été confirmé de manière très claire ce que beaucoup d’entre nous soupçonnaient déjà : notre PM-CG-p n’est qu’un subordonné/subalterne comme tous les autres Guinéens, qui obéit aux ordres de son maître et qui, à la première incartade, subira le même sort que tous ses prédécesseurs ! Le tout dit par un LC Bauer en pleine forme physique et en forme mentale habituelle ; ce n’est pas la mamaya ça, c’est la mamamagouille. J’espère seulement (surtout pour lui-même) que notre PM-CG-p a enfin compris le message on ne peut plus clair maintenant : soit il s’oppose rapidement au clan mafieux du pouvoir actuel (avec une bonne partie du Peuple derrière et devant lui), soit il va bientôt rejoindre ses prédécesseurs, renvoyé qu’il sera, au mieux par son Maître au pire par la jeunesse consciente de Guinée ! Ca va chauffer, Walahi. 46

Et puis, en fin de mois, il y a eu l’apothéose de la mamaya universelle : la caravane triomphale pour les Etats-Unis d’Afrique du Guide suprême de la Jamahiria libyenne démocratique et populaire à travers l’Afrique de l’Ouest. L’étape guinéenne a eu lieu du 23 au 25 ; il paraît que la grande nouveauté était de convaincre les peuples africains que l’heure des USA (A pour Africa) a sonnée. Il a oublié néanmoins de commencer son plaidoyer par son propre peuple qui en a le plus besoin, vu la manière dont il défraie la chronique régulièrement par le traitement de choix qu’il réserve aux nègres après les avoir sucés comme des oranges sur ses chantiers pharaoniques. En tout cas il y a eu gros malentendu chez nous : il a pensé tout au long de son trajet que les foules enthousiastes criaient et dansaient de joie et d’allégresse au passage des 100+ véhicules 4×4 rutilants de son armada – en fait ils avaient appris la légende selon laquelle il déversait des sommes astronomiques de cash partout où il passe, donc ils hurlaient leur détresse du genre « on veut de l’eau et de l’électricité, on a faim ». Apparemment on ne leur avait pas précisé à qui il distribue habituellement les pétrodollars et les pièces d’or. Épisode 16 – les 30 cinquièmes jours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, populaire (PM-CGp) : la période de grâce est totalement finie ; les nuages s’amoncellent à l’horizon et l’orage gronde – serait-ce le début de l’automne ?

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* Côté Résultats : toujours rien – ou presque ! Les langues du sérail national (tout le monde se connaît en Guinée) se délient maintenant comme je le prévoyais, concernant les nouveaux gouverneurs, préfets et directeurs financiers : il semble que le nouveau gang soit truffé de gens-mal (petits, grands et potentiels) devant l’Eternel. En particulier on y retrouve quelques « ex » chassés en janvier/février dernier justement de ces postes pour les raisons que nous connaissons tous. Il paraît qu’il y aurait aussi certains des plus notoires experts nationaux du célèbre LNEG (Laboratoire National des Elections Guinéennes) qui font partie du « nec plus ultra » mondial des magouilles électorales. Est-ce en préparation des prochaines élections législatives de décembre 2007 ? Du coup, trop c’est trop – nos braves syndicalistes viennent enfin de bien rouvrir les yeux sur le naufrage annoncé depuis les premiers jours de cette transition – une première mise en garde est publiée dans les presses nationale et internationale le 04 du mois et elle n’est pas du tout tendre pour notre PM-CG-p ! Le 10 il les reçoit entre quatre yeux pour laver leur linge sale et il ne trouve rien de mieux que de dire que c’est la faute d’un de ses adjoints. Et puis LC Bauer dit niet pour le préfet de son bled natal ; résultat, le casse-la-gueule reprend entre partisans et opposants du préfet sortant, le tout arbitré par nos braves FANG (Forces Armées Nuisibles de Guinée) en pleine forme ! Et finalement, cerise sur le gâteau national, le choléra, la maladie de la pauvreté extrême et du manque total d’hygiène, fait son lot de morts dans la dernière semaine du mois à Conakry – Attention, attention – Chaud devant. 48

* Côté Mamaya : rien également – ou presque ! Encore « low profile » ce mois-ci – on le comprend aisément car il n’y a vraiment pas de quoi parader par les temps qui courent ; néanmoins il faut saluer enfin une petite visite de prise de connaissance des Guin-Int de la Guinée Forestière. Hélas ! Il n’y a pas de perron de l’Elysée ou de Pentagone là-bas ; j’espère que cela ne va pas le décourager d’aller voir ce qui se passe dans les 3 autres régions du pays. Episode 17 : rêves du seul avenir acceptable : la rupture totale avec notre passé de 50 ans : la situation de blocage actuel du pays est évidente pour tous ; tout le monde se pose maintenant la même question : que faut-il faire pour sortir du statu quo actuel qui arrange forcément (et permet de renforcer progressivement) LC Bauer et sa CAD (Cellule Anti-Développement) ? J’y ai tellement pensé que j’en rêve même ! J’ai parfois l’impression que, dans ce gâchis, tout le monde continue à courir comme des poulets sans tête, jusqu’à l’épuisement total. Il n’y a sûrement pas une seule bonne solution détenue par Mamadou ou Bineta, mais il est évident qu’il faudrait être plus analytique et planifié que les fois précédentes pour éviter le même fiasco final ! Voici les principaux éléments de mes rêves, juste pour faire avancer un peu la réflexion qui doit être la plus commune possible cette fois-ci : Il faudrait avant tout mettre un terme définitif et rapide à cette transition molle et sans âme, à la remise en marche « diplomatique » du pays et aux blablas alambiqués pdgistes (du PDG de Sékou Touré) – ça ne marchera 49

jamais et on n’ira nulle part avec cela ! Il faudrait maintenant passer à une rupture totale et radicale d’avec les 50 dernières années de mafia au pouvoir de la Guinée. Je pense aussi qu’il y a trop de problèmes de fond dans notre pauvre petit pays pour pouvoir s’attaquer à tous d’un seul coup – penser pouvoir résoudre en même temps tous les problèmes créés par 50 ans de gestion AST/LC Bauer m’est apparu dès le départ comme une erreur de « 1er gaou diaspo » (petit naïf de la diaspora). Ce qu’il nous faudrait au départ, c’est une équipe restreinte dotée d’un mandat restreint dans le temps (max. 24 à 36 mois) et dans ses résultats visés (max. 3 ou 4) pour créer l’environnement minimal nécessaire au changement de fond que nous espérons et attendons tous. Moi, je plaiderai pour trois objectifs et une stratégie super prioritaires parce qu’ils sont en fait des préalables pour revenir au stade initial du développement durable : 1. LC Bauer doit se consacrer exclusivement à sa santé– les Grands malades à la maison ! Il faut trouver les moyens de « négocier » son départ le plus rapidement possible, mais cette fois-ci sans massacre de la jeunesse guinéenne. Il faudrait faire cela de manière plus structurée et réfléchie, avec plus de raison que de passion, mais ensembles, dressés comme un seul Guinéen : la jeunesse qui a payé de sa vie le dernier tremblement du système sur ses propres bases, la société civile organisée ou non, les syndicats nationaux, les partis politiques et tous les « Mr et Mme Tout le monde » qui en ont marre de la dèche et de la magouille permanentes. Mais plus encore avec ce qui reste de sain et de propre dans 50

l’armée nationale de Guinée, celle qui ne tirera pas sur ses mères, ses frères et ses fils. Il faut faire accepter à LC Bauer qu’il doit maintenant aller se reposer et bien s’occuper de sa santé déclinante. Il faudra même sûrement lui promettre quelques petites concessions pour « Services rendus à la Nation » ! En tout cas la reconstruction effective de la Guinée démarrera seulement le lendemain de son départ définitif du sommet du système ; tous les efforts avant cela ne sont que mamaya et perte de temps pour le pays. 2. Le démarrage rapide de la Réconciliation nationale : appelez-la comme vous voudrez (débat national, conférence nationale ou autre) mais pour moi, c’est en fait un processus de Vérité et Réconciliation ; Il y a certainement des arguments pour et contre qui pourraient être défendus mais je suis convaincu que nous ne dépasserons pas le cap de la situation de léthargie du pays sans cela, car nous ne construirons jamais une nation forte sur les sables mouvants actuels de l’unité des Guinéens. L’idée n’est pas « tout le monde pardonne tout et on tire un trait sur le passé » mais plutôt « tout le monde accepte de fermer le livre de notre passé récent et d’en ouvrir un nouveau pour l’avenir de la Guinée ». Comment bien le faire ? Il faut surtout bien y réfléchir et l’organiser par la mise en place d’une équipe restreinte de sages (pas forcement par l’âge, mais surtout par l’expérience et par la droiture). Elle sera constituée en majorité des Guinéens bien sûr mais appuyés par quelques amis externes de la Guinée et le soutien recherché d’experts des autres pays ayant de 51

l’expérience passée et qui ont su le faire dans la dignité et dans l’intérêt démontré de leurs pays. Néanmoins un calendrier serré et des échéances seront fixés avec cette équipe pour éviter de faire traîner en longueur un processus qui sera sûrement douloureux mais nécessaire pour tous les Guinéens. 3. L’organisation dans un délai le plus court possible de la révision de la Constitution nationale (avec mise en place d’un régime parlementaire et réduction des pouvoirs du chef de l’Etat) et des premières élections libres et transparentes pour l’exécutif et le législatif national : Eh oui, sans cela, il est impossible de remettre la machine Guinée sur les rails pour reprendre le cours normal de notre développement et récupérer notre crédibilité interne et externe ; je ne sais vraiment pas pourquoi le PM-CG-p n’a pas compris cela avant même sa prise de service (surement à cause des flatteurs et beaux parleurs qui l’entourent en permanence) Le pilotage de ce processus par une équipe de rupture avec un mandat clair dans le temps sera indispensable pour réussir le pari de réaliser les 3 objectifs précédents. Il faudra mettre en place une petite équipe qui ressemble à la Guinée d’aujourd’hui dans toute sa diversité – ce qui est en même temps sa force principale - avec certains bons cadres nationaux actuels et des Guinéens de l’extérieur ; avec quelques vieux routiers qui ont la sagesse et l’expérience du système actuel et du sang neuf pour sortir (beaucoup) des sentiers battus et de la routine ; avec une représentation équitable d’hommes et de femmes, de jeunes et de moins jeunes ayant surtout tous en commun une très forte 52

volonté de conduire un processus de rupture totale avec le passé récent pour donner enfin une chance de décollage à notre pays, pas pour préparer (encore) leur propre avenir en Guinée. Pour la composante ethnique de cette équipe (je déteste même en parler car c’est sûrement le plus grand mal que Sékou Touré et son parti PDG-ST ainsi que ses successeurs auront légué aux Guinéens), je dirai seulement que dans le contexte actuel il faudra en tenir compte : veiller à un dosage équilibré de cette équipe pour la faire accepter par le plus grand nombre possible de Guinéens. Je dois avouer que je n’ai de véritable admiration que pour les Guinéens qui se sont levés comme une seule famille pour dire Non en janvier et février 2007, car eux seuls méritent notre considération et notre respect. Il va nous falloir apprendre rapidement à faire comme au Mali où ils m’ont toujours montré qu’ils étaient des Maliens, avant d’être Bambaras, Peuhls, Sarakolés ou Bozos. Nous devons certes conserver ces qualifications pour nos traditions familiales ancestrales (et pour les blagues de cousinage), mais sûrement plus pour la gestion de la Cité et de la Nation aujourd’hui. Cette équipe devra également, outre piloter les 3 précédents processus, 1) diagnostiquer correctement et impartialement l’état actuel de chaque volet du système pour entamer les premières actions urgentes de nettoyage et de fermeture des principaux robinets d’écoulement des ressources nationales ; 2) faire le maximum du minimum pour améliorer de manière visible la vie de tous les jours des Guinéens (électricité, eau, produits de première nécessité, etc.), 53

mais il ne faut pas espérer arriver à une situation quasi-normale de ces besoins de base tant que les restes de la mafia locale seront encore présents et 3) préparer le terrain pour le nettoyage progressif et complet par la nouvelle équipe dirigeante du pays. Ensuite, il sera de la responsabilité de ces 2 piliers bien élus de la Nation (Exécutif et Législatif) de remettre le 3ème (le Judiciaire) en ordre de marche, d’organiser et de planifier le redémarrage de la Guinée sur des bases réalistes, dans un cadre légal et juridique acceptable par tous et dans des délais bien fixés. Après cela, comme dans tout pays démocratique, le parti au pouvoir dirigera le gouvernement et sera comptable des résultats et du bilan de sa gestion des affaires : soit il réussit et il se fera réélire, soit il échoue et il sautera (inch Allah) aux prochaines élections libres et transparentes. Comme c’est beau de rêver tous les soirs ! Épisode 17 : les 30 sixièmes jours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, populaire (PM-CG-p) : l’automne est passé avec toutes ses incertitudes, ses gaffes, ses fous rires ridicules et ses calamités nationales ; maintenant nous sommes en plein hiver sous les tropiques et à 35 degrés Celsius, Walahi. * Côté Résultats : toujours rien – ou presque ! Actuellement ça ne ressemble même plus à « 24 heures chrono », on dirait plutôt « Astérix chez les Bamboula » avec notre chef traditionnel Abraracoursix qui ne peux même plus monter sur son bouclier, son druide de consensus Panoramix dont la potion magique n’est 54

même plus acceptée par les chiens affamés des basquartiers et pleins de bardes Assurancetourix qui jouent faux chacun sa propre chanson dans une cacophonie assourdissante : les ministres en exil rentrent tous au bercail, après tout il y a encore plus d’affaires louches à faire maintenant que de leur temps ; les anciens ministres du pays (plus de 500 pour moins de 10 millions d’habitants et 50 ans d’indépendance) ont formé un club huppé et jouent aux soubrettes dans les quartiers populaires ; le PM-CG-p s’est fait humilier avec toute son équipe devant le peuple hilare en attendant en vain les clefs de la salle du Conseil des ministres de la présidence innommable ; et finalement il fait appel à qui il peut y compris le fils du chef (qui se planquait hors de Guinée de peur de rejoindre très bientôt les autres du club « Bad Boys United » au tribunal de la Hayes pour venir essayer de le réconcilier avec le Grand Malade. Eh Allah, où on va avec tout ça !?! - Un résultat tout à fait singulier cependant : une haie d’honneur « musclée » a été organisée à l’aéroport de Conakry pour accueillir un bataillon de policiers sarkoziens venus ramener 2 boat people guinéens chez eux ! Avec quel résultat me direz-vous ? Eh bien maintenant ils ont décidé de garer leurs prochains avions en bout de piste et de jeter tous les malheureux passagers qui descendent à Conakry par la porte d’urgence – et avant l’arrivée de la passerelle avec un nouveau comité d’accueil. Donc revoyez rapidement vos plans de vacances au pays, svp.

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* Côté Mamaya : rien également – « Ya pa sa » ce moisci : il pleut en permanence comme douche de toubab sans robinet et le choléra massacre les Conakrykas Episode 18 : debout les Guinéens, il faut faire du boucan : mes amis, si nous restons planqués dans nos petits coins sans proposer de bonnes solutions de rechange et faire vivre dans les cœurs et dans les têtes des Guinéens, l’espoir qu’un avenir meilleur et totalement différent est possible chez nous, alors on ne sert à rien ! La seule autre option pour éviter la catastrophe qui se dessine devant nos yeux à court et moyen termes en Guinée serait de prendre les armes mais en tant qu’intellectuels (ou presque) ce n’est pas une solution acceptable pour nous, les « piti bandicons de civils sans kalache » dixit LC Bauer, le poète de l’anti-développement. Nos armes à nous, ce sont les idées et les mots justement ! Et ceux-là peuvent devenir des armes très puissantes s’ils sont bien utilisés et s’ils arrivent à convaincre de leur sincérité et par leur justesse. Ma sœur, mon frère, si tu ne fais rien de plus aujourd’hui que ton train-train habituel (c’est-à-dire pleurnicher sur le pauvre sort de notre riche pays à chaque rencontre de plus de 2 Guinéens) tu ne pourras pas te plaindre demain devant qui que ce soit et en particulier devant tes enfants et petits-enfants ; et nous regretterons tout le reste de notre vie de n’avoir même pas essayé de faire au moins ce que nous pouvions pour sauver la Guinée de sa 3ème chance de sortir de l’ornière du sous-développement. Il ne faut pas refaire les mêmes erreurs que nos parents et nos aînés avec Sékou Touré et de son PDG-ST. 56

Il faut faire du bruit, maintenant !! Guinéennes, Guinéens, il faut faire du boucan, la jeunesse, les intellos et les paysans, les gens-bien, les demi-malpropres et même les gens-mal, pour notre intérêt à tous. Si nous ne voulons vraiment rien faire alors jetons carrément et franchement l’éponge, prenons la retraite de nos rêves et de notre avenir guinéen et confions le boulot à plus compétents et moins trouillards que nous – à nos enfants et aux prochaines générations de Guinéens. Épisode 19 : les 30 septièmes jours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, populaire (PM-CG-p) : on dirait que ce sont aussi les vacances en Guinée ! Tout semble au ralenti, comme un statu quo qui ne dit pas son nom, et surtout qui ne présage rien de bon. * Côté Résultats : toujours rien – à 100 % ! Notre PM est très discret à Conakry mais aussi lors de ses virées en France et en Libye, ses nouveaux potes de business. Son équipe de gestion du pays se limite toujours à ses 19 ministres et à son super ministre-patron LC Bauer ! Pour les autres cadres-sup qui doivent normalement se taper tout le boulot pendant que les ministres s’en mettent plein les poches, « The Big One » refuse toujours de signer et franchement, vu les précédentes prouesses de nominations de son PM, on le comprend tout à fait (et on pardonne pour une fois). - Vers le début du mois nous avons assisté à la naissance d’un nouveau particule politique d’un tout nouveau genre : 1) il a été présenté au peuple ébahi par le ministre de l’intérieur himself (alors que c’est lui normalement 57

qui est l’arbitre du processus démocratique en Guinée !!) ; 2) il porte le sigle d’un parti déjà existant ; 3) c’est un truc du genre CPG, sûrement Coalition des Patriotes Ivoi…, pardon Guinéens et 4) il est présidé par un parent/pote « cul et chemise » du ministre, lui-même pote/parent « chemise et cul » du PM-CG-p. Ca sent vraiment pas très bon tout cela – on a comme l’impression que c’est le modèle des voisins (qui a tant réussi à Laurent mais pas tant à la C.I.) qui est en marche maintenant chez nous. Et ils n’ont même pas eu la finesse de trouver un autre titre que « Patriotes » qui rappelle tant de mauvais souvenirs dans la région et dans toute l’Afrique. * Côté Mamaya : rien également – à 50 % ! Nous sommes revenus à l’époque des comités de soutien style ivoirien avec nos Blé Goudé locaux qui ont la particularité chez nous d’être des parents des nouveaux cercles du pouvoir. Du coup, vu les enjeux (en particulier financiers), ils ont failli en venir aux mains dans la ville de Dalaba ou ils étaient réunis pour créer un machin à leurs gloires respectives. Dieu merci la jeunesse consciente n’a pas été dupe des deux bandes d’escrocs qui voulaient parler en leur nom tout en mettant tout le fric-cadeau dans leurs seules poches et du coup, la machination a totalement foiré – tant pis pour les millions de francs glissants ensevelis par un petit nombre de poches pour cette sale opération de propagande PDG-iste. - Néanmoins ils ont libéré des innocents des geôles nationales, en particulier Sidikiba dont le seul crime était apparemment de dire tout haut ce que tous les Guinéens 58

pensent tout bas, et de « posséder un clé USB personnelle » ! Mais ils ont oublié d’y mettre à la place les vrais coupables qui pourtant mériteraient d’y faire un très long séjour tous frais payés par l’Etat. - Et finalement, pour les 50 % de mamaya de ce mois, comment ne pas souligner l’invitation de toute la communauté guinéenne de New York à un dîner au Waldorf Astoria, l’un des hôtels les plus huppés (et les plus indécemment chers) de la ville par notre incorrigible PM-CG-p ! Un dîner dont le coût aurait sûrement pu nourrir tous les malnutris de la ville de Conakry pour deux ou trois « riz-sauce blanche » locaux. Un bel exemple de bonne gouvernance et de limitation des dépenses inutiles de l’Etat. Surement que les talents culinaires de notre ambassadrice n’ont pas convaincu notre PM pour une invitation aussi importante de son agenda personnel. Épisode 20 : les 30 huitièmes jours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, populaire (PM-CG-p) : * Côté Résultats : toujours rien ! Les mois derniers, c’était l’évaluation de tous les ministres mais les notes n’ont toujours pas été publiées ; néanmoins elles ne devaient sûrement pas être très bonnes car ce mois-ci notre PM-CG-p s’est transformé en surveillant de classe pour aller s’assurer qu’ils s’asseyent au moins un peu dans leurs bureaux. Et du coup, maintenant ce sont les FVN (Forces Vives de la Nation) qui parlent de l’évaluer lui-même : eh oui, quand on entre dans ce circuit ça devient obligatoire pour tout le monde ; c’est ce que les Pros appellent « évaluation à 360 degrés ». Je suis sûr que les ministres doivent tous être contents : ils ne 59

risquent plus d’entendre parler d’évaluation avant très longtemps encore. Et puis il a présenté le 11 octobre à notre Assemblée nationale ébahie ce que lui seul au monde appelle un discours de politique générale – bref il leur a dit (en exagérant un peu) ce qu’il a fait de grandiose pour le pays, en oubliant de leur dire la suite des merveilles qui nous attendent ; et puis il nous a confirmé ce que nous soupçonnions déjà, qu’il ne lit jamais la presse – drôle d’homme d’Etat !! Mama Mia, la volée de bois vert qu’il a récolté ensuite, ce n’était pas beau à voir et raconter ensuite dans les détails ! Il a ainsi confirmé à nos dépités que ses yeux et sa bouche voient assurément plus gros que son cerveau et ses épaules. * Côté Mamaya : rien également, maintenant, c’est l’heure des bousculades pour arriver le premier sur les lieux de réjouissances pour représenter « The Big Sick One ». Ainsi notre PM-CG-p et notre PAN (Président de l’Assemblée Nationale), celui qui devrait normalement être au chômage depuis plusieurs mois – et à la retraite depuis plusieures années) jouent à cache-cache dans la ville par menteurs interposés pour déposer les gerbes de fleurs, comme à la fête de l’indépendance nationale et inaugurer les premières (et dernières) pierres de tous nos nouveaux mirages ! Ainsi le 2 octobre ils ont accepté de jouer un sketch de « Pessè » (troupe locale comique de Conakry) pour détendre un peu les pauvres Conakrykas en ces temps de vaches maigres.

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Episode 21 : lancement de la campagne « Je me souviens… de la république populaire et révolutionnaire de Guinée » : un ensemble de prises de positions récentes est en train de progressivement révolter de très nombreux Guinéens, en particulier depuis que le cinquantième anniversaire de notre indépendance bananière se profile le 2 octobre 2008 : a) les manœuvres sans finesse de notre PM-CG-p et de notre PAN pour récupérer l’événement afin de se faire mousser personnellement et accessoirement pour réhabiliter ST (Sékou Touré), notre plus grande catastrophe nationale ; b) le colloque annuel du « fan-club comique Sékou Touré » de Bamako qui amuse toute la galerie depuis 2 ans et qui a été si bien résumé par une journaliste de la bande « les Maliens ont encore une fois meublé la cérémonie par des conférence, des débats, de lecture du Saint Coran et du sport à la mémoire de celui à qui la Guinée avait appartenu pendant 26 ans » ; un portrait fort juste des faits majeurs de la Révolution guinéenne : 26 ans de bla-bla, de danses folkloriques, de foot et de népotisme. Cela me fait de la peine quand j’entends mes frères et sœurs dirent « le Mali a choisi une petite minorité contre la majorité des Guinéens qui ont dansé dans toutes les rues du pays à la mort du Responsable suprême de ce même PDG ». La majorité des Maliens et leurs autorités apprécieraient-ils si chaque année un groupe d’illuminés nostalgiques organisait à Conakry, avec tambours et trompettes, une semaine à la gloire d’un précédent président ? Un pays frère aussi proche de tous les 61

Guinéens ne devrait-il pas rester (au moins) neutre face à ce drame guinéo-guinéen par rapport à un homme qui a condamné certains de ses fils et filles à mourir par privation d’eau et de nourriture, quel que soit ce qu’on leur reproche, pour ensuite venir arracher des organes sur leurs cadavres pour des sacrifices sataniques ? A mon avis, ceci est une simple question de respect des Droits de l’Homme ! Décidément, entre le 28 septembre et le 02 octobre 2008 ça va chauffer en Guinée : les « has been » pdgistes veulent en profiter pour faire un show national à la gloire de leur zéro d’ex-boss, comme si tout le monde en Guinée était brusquement devenu sourd, muet et aveugle ; comme si les 24 ans de Cocoteraie avaient suffi pour faire oublier aux Guinéens l’enfer de la révolution sanguinaire. Cette fois, je pense que c’est la goutte qui a fait déborder le vase de tous et enfin l’occasion de remobiliser tous les anti-PDGistes (soit 95 % des Guinéens) pour rappeler au monde entier comment c’était la vie de tous les jours sous le goulag d’e ST et de sa révolution. Le moment est venu pour tous les Guinéens de 7 à 77 ans, individuellement mais aussi regroupés en associations et regroupements de la société civile et toutes les forces vives de la Nation de rappeler le drame quotidien et la mal-vie dont ils ont tous été victimes par la folie meurtrière du premier chef malade du pays. Ses groupies peuvent se pavaner hors de Guinée en fabulant sur le plus grand mensonge de l’histoire guinéoafricaine : qu’il a été l’organisateur du Non au premier « D » (De Gaulle), sans rappeler les faits historiques 62

réels de ces événements, notamment que cela lui avait été carrément imposé par de jeunes étudiants guinéens en France, membres de la FEANF et en vacances au pays à ce moment propice. Il est prouvé aujourd’hui par tous les témoins de ces moments cruciaux que seul, il aurait voté comme ses autres compères ouest-africains de l’époque pour les petits avantages mesquins et égoïstes offerts à nos premiers roitelets par De Gaulle. Le seul véritable exploit de ST à cette époque historique de la Guinée a été son opportunisme visionnaire à flairer justement le bon coup historique ! Mais parlons succinctement également de ses 3 autres NON aux « D »: • NON à la Démocratie : ses collaborateurs proches les plus avisés ont compris très vite au lendemain des mamayas des fêtes d’indépendance à qui ils avaient affaire : un mégalo narcissique et complexé par son bas niveau d’études scolaires, avec un goût immodéré du mensonge, de la cruauté, du cynisme et avec un esprit satanique et malsain. Ce genre de mec n’a jamais compris le mot démocratie et ne pouvait sûrement pas l’accepter autour de lui. Ceci ne l’a néanmoins pas empêché de recopier tout ce qu’il a pu trouver sur ces concepts pour inonder le pays de tomes révolutionnaires ridicules. • NON aux Droits humains : pas besoin de détailler ceci car beaucoup l’ont déjà fait si bien, mais il en faudrait encore beaucoup plus, comme vient de le faire (avec un si bon timing) tout récemment un rescapé du Camp Boiro. • NON au Développement de la Guinée : là aussi pas besoin de beaucoup en parler, un court séjour 63

ou même un simple survol de n’importe quelle ville du pays est la meilleure description argumentée du chaos national après 50 ans de gestion PDGiste. Mais par contre : •







OUI à la vie de chien pour tous les Guinéens, avec une jeunesse à la dérive totale, formée au rabais de manière folklorique, endoctrinée, miséreuse et sans perspectives d’avenir ; OUI au mensonge comme mode de vie quotidien, à la démagogie, aux slogans creux et comiques, à l’exacerbation de la haine ethnique, à la coupure des Guinéens du monde extérieur aux moments cruciaux où le village planétaire se mettait en place et où mettre au travail nos immenses ressources naturelles pouvait vraiment être réalisé à moindre coût et faire enfin la différence pour l’avenir de notre pays dans la région ; OUI à la destruction systématique et progressive de la cellule familiale de toute une nation, où les enfants dénonçaient leurs parents aux comités révolutionnaires ; à l’humiliation des aînés devant leurs familles, à la destruction de nos meilleures valeurs traditionnelles ; OUI aux traitements dégradants et inhumains qui ne sont même pas réservés à des animaux enragés dans toute société sortie de l’âge de la pierre ;

Oui, je sens que le moment est effectivement venu pour chacun et pour tous de tout dire sur le cauchemar 64

ST/PDG, sur tout le Mal qu’ils ont fait et continuent de faire subir au peuple de Guinée ! Guinéennes, Guinéens, prenez vos plus belles plumes et vos plus belles voix pour témoigner dans les journaux, les radios, les télés et les rues de Guinée et du monde entier de ce qu’était vraiment, pour nous qui étions là, la révolution guinéenne. Nous avons 11 mois pour que toute la vérité soit dite et il n’y a plus une minute à perdre ! Déjà le ton a été donné ce mois-ci par la commémoration nationale par l’Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) de la nuit des pendaisons (le 18 octobre 1971), l’un des plus grands crimes de la révolution guinéenne sur nos pères et mères martyrs de Guinée. Un premier coup d’épée dans le flanc du démon PDG. Épisode 22 – les 30 neuvièmes jours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, populaire (PM-CGp) : * Côté Résultats : toujours désespérément rien ! Comme dans un film surréaliste, un peu comme dans le très bon film tiré du livre de Günter Grass « La chute », le principal résultat ce mois-ci dans cette atmosphère irréelle de fin de règne, de chaos et d’inactions concrètes, est la promotion des hauts cadres de notre armée nationale pour services rendus à la nation depuis 1960. Ainsi leur petit boss a été promu au grade très envié de Général de la Division (des Guinéens). Lui et les siens ont vraiment de quoi être fiers de leurs œuvres 65

depuis notre indépendance, fruits d’un travail méticuleux et de longue haleine. Dommage qu’ils n’aient pas pensé dans la foulée à nommer leur responsable suprême au grade de Maréchal de la Division (des Guinéens). Néanmoins un autre résultat est fort intéressant, même s’il n’est pas à mettre à l’actif de nos gouvernants car c’est plutôt le fruit du travail des ONGs nationales et internationales : l’ouverture d’un bureau guinéen de la RADDHO (Rencontre Africaine des Droits de l’Homme) à Conakry avec l’objectif bien visé de faire monter (un peu) la pression locale pour que la Vérité et la Justice soient dites sur les crimes commis par nos tanties en treillis en juin 2006 et janvier-février 2007. Maître Alioune Tine, le boss de l’ONG n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour bien faire comprendre à ces apprentis criminels que si la Guinée ne lave pas son linge sale dans cette affaire, d’autres démocrates sont près à le faire pour elle, même chez nos frères voisins. Enfin, l’étau se resserre lentement mais inexorablement sur ces criminels en liberté très provisoire ! Vraiment ça devient de plus en plus dur de dormir tranquille et d’aller faire du shopping à l’étranger quand on est assassin d’innocents et d’enfants chez soi, où que l’on soit dans ce monde. * Côté Mamaya : rien également – je crois que le « low profile » est là pour durer très longtemps car depuis quelques mois, à la moindre tentative, il y a immédiatement des mauvaises langues avec des jumelles « infra-magouille s » en embuscade pour dénoncer tous les coups bas qui ont précédé et qui vont suivre inexorablement toute mamaya en cours. On ne peut même plus voler en paix maintenant dans ce pays – 66

parfois les organisateurs découvrent sur le Net des nouveaux coups tordus à réaliser rien qu’en lisant les intentions qu’on leur prête. Autre mamaya locale : vers la fin du mois un Nigérian a été arrêté et incarcéré dans une gendarmerie de Conakry ; il parait qu’il transformait les moutons en Guinéens militaires (depuis 1960) – Enfin, ça explique tout et pas étonnant que la population ait essayé de le lyncher ! En tout cas le mec doit sûrement être milliardaire maintenant en FGG (francs guinéens glissants). * A dix mois du Cinquantenaire de la Dictature en Guinée – 2e mois de la campagne « Je me souviens… de la dictature en Guinée » : eh oui, ça commence à bouger fort dans tous les sens et de tous les côtés, en ce 2e mois de la campagne. Ca y est, toutes les victimes de la Guinée, et en particulier ceux de ST et du PDG-ST se sont « invités donneurs » aux préparatifs de la célébration des 50 ans de notre indépendance de la France et de notre dépendance de plusieures bandes d’incompétents dont certains ont les mains tachées du sang d’innocents Guinéens et qui sont encore pires dans certains domaines que les colons précédents. Les « piti bandicons de civils sans kalache » sont maintenant déchaînés – merci messieurs les PM-CG-p et PAN de nous avoir réveillé de ce si long silence coupable. Malheureusement pour vous cette fois-ci nous ne nous tairons plus, nous irons jusqu’au bout, jusqu’à ce que triomphent enfin en Guinée la Vérité et la Justice ; jusqu’aux excuses pour tout le Mal qui a été fait à des innocents, à leurs familles et à tout le peuple de Guinée et surtout jusqu’à la Réconciliation Nationale, 67

pour que nos enfants et petits-enfants puissent enfin vivre dans une Guinée apaisée, prospère et où il fait bon vivre. Je doute que nous, nous puissions bénéficier de cela, mais nous avons le devoir moral (pour tous ceux qui ont encore de la morale) d’œuvrer au moins pour cela jusqu’à notre mort. Franchement, moi à leur place je jetterais l’éponge et je me casserais presto, avant la chute finale qui se profile à court terme à l’horizon. Mais bon, « 1er gaou n’est pas gnata Yo ! ». (Expression ivoirienne, un naïf trompé la première fois mais pas la seconde). Attention, des tentatives de récupération politique se mettent déjà en place comme en février 2007, dont le résultat aujourd’hui est comme une plaie ouverte dans la chair de tous les Guinéens : la perpétuation du système des pourris et l’arrivée de sauveurs encore plus pourris que les précédents ! Des simulacres de Pardon et de Réconciliation nationale par Décrets sont une pure insulte à nos martyrs et ceux qui pensent régler le problème comme cela se mettent le doigt dans l’œil ! Pour garantir « Plus Jamais Ca », pour l’Histoire et pour l’avenir serein de la Guinée démocratique de demain il est indispensable que la Vérité soit dite, que la Justice (quelque soit sa forme) se prononce pour innocenter les accusés et confirmer les torts des coupables et que le Pardon national soit demandé et accepté – jouer à l’autruche ne nous mènera nulle part. • Lancement du livre de Alseny René Gomez : Excellent timing vraiment pour la sortie de ce livre-témoignage sur le goulag de ST et du PDG ; la présentation officielle du livre à Conakry avec la présence de toutes les victimes de la dictature 68



en Guinée est également une grande victoire et une contribution de taille aux préparatifs du cinquantenaire de notre indépendance. Pour les grands naïfs qui pensent encore que « tous ces crimes se sont passés à l’insu de ce pauvre ST trahi par son entourage qui, lui, est responsable de toutes les horreurs en Guinée » je vous invite à lire les annexes du bouquin : vous y trouverez une belle lettre manuscrite de lui demandant à un pauvre condamné à une mort certaine de livrer le maximum de noms pour sauver son âme révolutionnaire (et en filigrane aussi sa peau). Machiavel et Satan ont vraiment beaucoup à apprendre de ce mec-là. Célébration de la nuit des pendus et fusillés : enfin on a eu droit pour la première fois en Guinée à un reportage ET dans le journal télévisé de la RTG sur les cérémonies commémorant les compagnons de l’indépendance de la Guinée qui ont été ensuite broyés par cette indépendance. L’arrière-petite fille du martyr qui a déposé la gerbe de fleurs sur le pont des pendus ne sait sûrement pas qu’elle venait de faire un geste historique qui sera gravé dans la mémoire de la Guinée réconciliée de demain car cette célébration sera désormais une autre fête nationale de la future Guinée indépendante de la mal-gouvernance et de l’ethnocratie actuelles. Bravo aux organisateurs et Bravo aux familles des Héros nationaux qui ont été célébrés ce jourlà.

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Dans la presse guinéenne, ça chauffe de plus en plus pour les Pros de la mal-gouvernance et de l’ethnocratie : les gens au pouvoir ramassent maintenant tellement de coups de tous les côtés et tous les jours qu’il faut craindre qu’ils soient rapidement et totalement cabossés.

Épisode 23 – les 30 dixièmes jours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, populaire (PM-CG-p) : * Côté Résultats : cette fois-ci il n’a pas le choix il va lui falloir nous en montrer, même si ça ressemble à un zéro pointé ! Pour l’aider un peu il faut absolument qu’il mette sur sa table de chevet l’article de l’Indépendant qui lui a résumé gentiment tout ce qu’il nous avait promis mordicus de faire avant le 31 décembre de cette année. Voici les titres des 5 axes principaux divisés en 16 objectifs prioritaires concoctés lors d’une virée au bord de la mer dans le cadre paradisiaque de Bel Air : - L’axe 1 faisait espérer la consolidation de l’unité nationale et la préservation de la paix. Depuis 50 ans de gestion gabétique du pays l’unité nationale a toujours été spoliée en permanence ; néanmoins, pour la deuxième fois, l’ethnocratie est (presque) proclamée officiellement par les tenants du pouvoir ! Les gouverneurs et préfets pourris par le PUP ont été remplacés par des nouveaux, presque tous pourris par le PDG. Et voilà que le complot ethnique re-pointe son nez à l’horizon comme si c’était la seule recette connue par nos nouveaux stratèges (déterrés de la nuit des temps) dès que le bateau commence à couler ; après tout, ça avait bien marché en 1976 alors pourquoi ne pas réessayer 31 ans après ? 70

- L’axe 2 faisait miroiter la restauration de l’autorité de l’Etat et la promotion d’une justice indépendante. Les résultats sont aussi mauvais que pour le précédent, mais la note sera un peu meilleure car les conséquences destructrices pour la Nation n’apparaîtront pas à court terme mais plutôt à moyen et long termes. Le mot autorité s’applique aujourd’hui à chaque Guinéen dans sur un cercle de 10 mètres autour de lui-même ; plus loin que cela, c’est l’anarchie totale et permanente ! Quant au système judiciaire, il est tellement malade cette fois-ci que même ses avocats ont jeté totalement l’éponge de leur boulot, épuisés qu’ils sont de servir de punchingball à nos moutons en treillis. Et nous devons tous leur tirer notre chapeau car ils ont tenu bon (pour la première fois) et ont obtenu que deux spécimens de ces pourris soient convoqués pour explications devant la Cour suprême (sic) avant la fin du mois. Ca ne parait pas grand-chose pour les non avertis, mais beaucoup ont compris que cette jurisprudence sera désormais utilisée chaque fois que les forces de désordre s’essayeront de nouveau à leur médiocrité habituelle. - L’axe 3 faisait prier pour la mobilisation des ressources nécessaires au développement des infrastructures et à la fourniture des services sociaux de base. En tout cas, on a entendu beaucoup de promesses, mais comme on dit chez nous, « à beau mentir qui vient de loin ». Les robinets sont pleins de ce que je n’ose pas décrire mais vides d’eau et le courant galope toujours aussi vite dans les quartiers, alors que Bamako et Ouaga, capitales en plein Sahel, ne savent presque plus ce que coupure veut dire. Et j’espère que le coup de pub ridicule de l’éclairage public avec des poteaux urbains solaires ne 71

sera pas brandi comme un exemple de réussite et de ce qui nous attend dans un proche avenir. - L’axe 4 nous faisait rêver à un assainissement de la gestion économique et financière et au rétablissement des équilibres macro-économiques. Patatras, un nouveau délire ; chaque jour précédent est maintenant un peu meilleur que le suivant et on a réussi une fois de plus l’exploit de dénicher un Guinéen parmi les 9 millions qui est encore plus rapace que LC Bauer ! Impossible de l’arrêter, même le Maréchal est sidéré et se sent blessé de lèse-Majesté ! - L’axe 5 enfin nous avait ébahis par la promotion de la bonne gouvernance et le renforcement des capacités de l’administration. Là aussi, c’est pas beau à voir et selon le bon principe populaire qui veut que le poisson pourrit toujours par la tête, puisque la tête du nôtre a déjà pourri complément les 26 premières années et que le ventre est en état de décomposition accélérée au cours des 24 ans qui ont suivi le petit peuple lui aussi bouffe la queue aussi vite qu’il le peut, avec les 2 mains et les 2 pieds, avant qu’il ne reste plus rien de comestible. Nous attendons donc tous avec grande impatience les résultats officiels du « programme maximum d’urgences pour la période juillet – décembre 2007 ». Au fait on n’entend plus parler des évaluations de ministres, bizarre, bizarre ! Ou bien c’est parce que (comme je le craignais) les syndicats et la société civile ont parlé également d’évaluer le premier d’entre eux ? Enfin le 05 Décembre, est tombé le tant attendu décret de restructuration des différents ministères et voilà que le peu d’acquis obtenus en mars 2007 volent en 72

éclats avec la remise d’un nouveau PM-CG (plus qu’impopulaire désormais), pas de cabinet pour notre PM-CG-p et la tirelire nationale (la banque centrale) qui revient à sa base d’antan, à la Présidence, bien sur. A mon avis là ça va vraiment chauffer, dans un sens ou dans l’autre. Et le peuple de Guinée n’y gagnera une fois de plus, rien du tout, c’est juste et de nouveau le retour à la case départ ! * Côté Mamaya : ce mois-ci, les petits ingrats avec mauvaises langues et jumelles « infra-magouille s » nous ont déniché une visite d’Etat d’environ 20 jours (sur 31) dans les palaces d’Europe et d’Asie pour notre petit boss avec son directeur de cabinet et de campagne (son épouse) et le reste de ses lieutenants ! Je pense qu’ils doivent être en train de vider les dernières devises qui restent dans notre banque centrale pour faire un peu de place pour tous les milliards qu’il a gracieusement récoltés pour le peuple de Guinée lors de ses tournées précédentes des mille et une nuits. Décidément, on aura tout vu à la tête de ce pays : un mégalo syphilitique pour démarrer qui, sans le vouloir mais grâce à Dieu, a passé la main à un paysan kleptomane en kaki et qui se prépare maintenant, sans le vouloir également, à la passer à Ali Baba et ses voleurs. A neuf mois du Cinquantenaire de la Dictature en Guinée – 3e mois de la campagne « je me souviens… de la dictature en Guinée » : j’ai eu la chance dans une vie précédente, quand j’étais encore un jeune garçon, de beaucoup voyager dans notre sous-région dans les bagages de mon globe-trotter paternel. Je me souviens 73

toujours qu’en quittant Conakry après des vacances annuelles passionnantes sur le plan des relations familiales et amicales (mais éprouvantes pour mon petit confort personnel), nous faisions souvent plusieurs escales par les capitales voisines sur le chemin du retour. A l’escale d’Abidjan ou de Dakar, j’avais malgré mon jeune âge toujours les larmes aux yeux car je voyais et comprenais le fossé qui existait et qui se creusait tous les ans un peu plus entre ces capitales et la mienne. Puis on passait à Bamako ou Ouagadougou, Cotonou… etc. ; brusquement ma bonne humeur revenait car ces villes-là étaient identiques sinon pires que Conakry. Je vis maintenant depuis 4 ans à Bamako et je vais parfois à Ouaga et dans ces autres villes et croyez-moi j’ai de nouveau envie de pleurer à chaudes larmes car elles sont devenues de vraies capitales qui grouillent comme des fourmilières et où on sent cette volonté manifeste des gouvernants et de tous les habitants de les faire avancer. Et pourtant la mal-gouvernance et la gestion folklorique sont également présentes, parfois autant qu’en Guinée, mais il y a une différence fondamentale que nous devons acquérir afin de sortir enfin la Guinée de notre trou historique : ils ont pu créer leur « ethos national du développement », leur volonté intrinsèque, envers et contre tout, de développer leur pays. Si j’ai insisté sur ceci plus haut c’est parce que je crois que le cinquantenaire qui arrive dans 9 mois peut et doit devenir notre chance à nous aussi, si nous le voulons vraiment et tous, de tirer un grand trait sur toutes nos tares du passé afin de créer nous aussi, les conditions minimales pour enfin entreprendre notre décollage national. La première condition pour cela est néanmoins qu’il faudrait dès à présent revoir la composition du 74

comité national d’organisation de ce cinquantenaire afin qu’il soit le reflet réel de la Guinée d’aujourd’hui. Doivent y siéger avec les gouvernants actuels tous les représentants de la Guinée de 2008 et en particulier les partis politiques, toute la société civile, les victimes et les bourreaux des 2 dictatures au pouvoir depuis 1958, la jeunesse désœuvrée et apolitique, les femmes apolitiques, de « vrais sages » et même certains « vieux cons restants ». J’ai pensé jusqu’à récemment que la Guinée n’était pas encore prête pour cela mais ce cinquantenaire est une occasion inespérée et un événement propice à ce genre de « révolution des esprits » qui n’est pas prêt de se renouveler de sitôt ; je crois aussi qu’il existe aujourd’hui une classe d’arbitres « justes » de tout le Mal qui a été fait dans ce pays : cette jeunesse de 30 ans et moins qui ne connaît rien de la Guinée de la 1ère République, mais qui est adulte aujourd’hui et qui sait ce qu’elle veut, elle l’a bien prouvé en juin 2006 et janvier-février 2007 en hurlant « Y’en a marre de toute cette pourriture au-dessus de nous qui bloque notre horizon et notre avenir ». Et puis ceux qui sont directement impliqués, les bourreaux, les rescapés et les familles des victimes, sont en train de disparaître un par un mais à grande vitesse, grâce aux « courtes maladies » engendrées par la médiocrité nationale ; il faut donc faire vite. Alors mettons tout sur la table du cinquantenaire et prenons-les comme jugesarbitres pour tirer finalement ce trait sur toutes nos faiblesses et nos torts – et commençons enfin à travailler pour reprendre la place que nous méritons normalement dans notre région.

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Le livre de Gomez : je l’ai terminé ce mois-ci (un exploit car je lis un bouquin normalement en 6 mois) et je l’ai vraiment apprécié. De tous les livres de la « littérature de la douleur guinéenne » comme l’a nommé notre meilleur journaliste littéraire Salif Keita je pense que c’est celui qui est le plus accessible à la jeunesse d’aujourd’hui car il est écrit dans un style jeune, très proche de ceux qui doivent les lire actuellement. On dirait un scénario pour film de notre époque où malgré le drame et la souffrance décrites il y a une narration simple avec des phrases et des chapitres courts, une intrigue qui défile avec suspense et fil conducteur, de l’humour malgré le contexte macabre et finalement je dirais presque un regard final d’incompréhension mais pas de haine, comme dans les superproductions de Hollywood où Rambo ou Rocky ne sont jamais haineux à la fin mais eux c’est parce qu’ils ont botté les f…. à tous les méchants bandit-chefs. Je me suis demandé néanmoins comme plusieurs sur la Net-Presse pourquoi il n’a pas tiré plus de leçons de tout ceci quand il a été dans les fonctions qu’il a occupées ensuite lors de la 2ème dictature guinéenne. Et je compte bien le lui demander si je le rencontre un jour. Je pense que ce livre devait être très largement diffusé partout en Guinée et dans notre sous-région, dans le cadre de ce cinquantenaire et en particulier auprès : •

De tous les jeunes Guinéens (et Maliens entre autres qui y découvriront les noms de plusieurs victimes de leur pays respectifs), qui n’ont pas connu notre glorieuse révolution car en des mots 76







simples et sans passion excessive, il raconte le goulag journalier de tous les Guinéens et la folie meurtrière d’une bande de dégénérés. Il montre très bien qu’en fait, pendant toutes ces années, la Guinée s’était transformée progressivement en une prison D’Abou Graïb nationale où le Camp Boiro n’était qu’un petit laboratoire d’expérimentations et de démonstration des nouveautés en création dans les domaines de la cruauté et de la bestialité humaines. Dans les cours d’histoires du primaire et du secondaire pour que les plus jeunes encore, ceux qui ne seront finalement victimes sévères d’aucune des deux dictatures guinéennes, comprennent que beaucoup de Mal a été fait dans le passé chez nous mais que nous avons tout mis en place pour « Plus Jamais ça ». De tous les rescapés et des bourreaux encore vivants des 2 dictatures pour que chacun d’entre eux soulage au plus vite ses mémoire et conscience en mettant tout ce qu’ils savent, et que nous ne savons pas, sur papier ou sur des cassettes pour nous permettre enfin de pardonner et d’avancer sur nos autres problèmes de développement. Courte maladie (mort subite de cause inconnue) vient si vite chez nous ! Et finalement du comité de préparation du cinquantenaire de l’indépendance où un chapitre devrait être lu au début de chaque réunion plénière pour que ces acteurs importants de l’avenir de notre pays comprennent exactement ce que représente ce dont ils sont en train de préparer la célébration avec tambours et trompettes. 77

Épisode 24 – les 30 onzièmes jours du Premier Ministre, Chef du Gouvernement, populaire (PM-CG-p) : * Côté Résultats et Mamaya : ce mois-ci tout est mélangé : comme prévu, le décret du 05 décembre de restructuration des départements ministériels dont je vous avais partagé les subtilités et mesquineries le mois dernier et ses suites prévues et imprévues ont renforcé le bordel national : nous avons eu droit ensuite à une série de discours à la Nation de LC Bauer, écrits par on se sait qui mais qui ont créé le déclic, une fois de plus, pour mélanger toutes les cartes et exciter tous les camps de la mangeoire ! Notre PM-CG-p comme d’hab. est resté planqué et a envoyé son pauvre porte-voix au Hara-kiri, annoncer au peuple que LC Bauer ne sait même plus ce qu’il fait écrire par ses scribes maintenant. Fureur (réelle ?) de notre maestro national qui le fout direct au cimetière débordant des ex-ministres de la République, suivi de la traditionnelle réaction molle de notre PMCG-p mais par contre d’une réaction inexplicable de fureur de nos bizarres syndicats nationaux. Pour essayer de vous clarifier un peu tout cela, après moult réflexions j’en suis arrivé à la conclusion que nos chefs syndicaux depuis qu’ils ont 2 potes à eux au gouvernement de consensus et que certains d’entre eux touchent un complément de salaire mensuel à la primature sont brusquement plus préoccupés que notre PM de la défense de ses propres intérêts – je sais, cela n’est pas très clair ni très cohérent, mais soyez indulgents et n’oubliez pas que nous sommes toujours en Guinée, le seul pays au monde où tous les hommes aux commandes du système ont des PH.D en chaos national et international. Bref, les syndicats ont appelé une fois de 78

plus à la grève nationale illimitée à partir du 10 janvier mais cette fois-ci tout le monde a des doutes sur le bienfondé de cette décision : est-ce pour remettre le ministre éconduit dans la mangeoire, pour sauver le PMCG-p du Titanic national qu’il a créé tout seul par incompétence et affairisme, ou contre LC-Bauer qui pour une fois est presque dans son bon droit ? Heureusement les rares observateurs avisés de toute cette pagaille appellent tous à refuser cette grève qui ne se justifie absolument pas si ce n’est pour sauver un sauveur encore pire que le démon qu’il était venu combattre. En attendant donc la date fatidique, notre PM arrose de fric ses troupes de patriotes dans les quartiers de la haute banlieue de Conakry pour foutre le bordel dans les rues et plaider pour son maintien sur le petit trône. Finalement, la grève nationale a été suspendue le 09 janvier jusqu’au 31 mars avec tout un chapelet de résolutions aussi inefficaces qu’inopportunes, du genre mise en place de commission nationale (comité de veille !), la formule locale habituelle quand on ne veut rien foutre. Eh Allah, où allons-nous encore une fois ? Il n’existe donc aucune limite à la descente aux enfers de la Guinée ? La série « 24 ans chrono » sera bientôt suspendue car décidément il est humainement impossible de se débarrasser de notre Bauer guinéen tout comme dans la série originale, seul le bon Dieu le pourra quand Il le voudra, et pas question de continuer avec 25 ans chrono ; même les yankees n’ont pas osé faire cela ! Ainsi pour 2008 nous démarrons dès à présent une nouvelle Télé-Novéla guinéenne axée sur les préparatifs 79

et le déroulement de nos cinquante années de dictature sans arrêt et sans partage. 2008 sera en effet une année très spéciale pour tous les Guinéens : C’est l’année où nous allons danser pour célébrer la dictature, la mal-vie, l’injustice, les gens-mal et la médiocrité chez nous. Comme en 1958 la Guinée innovera dans notre région car nous serons sûrement les premiers à le faire ! Seul Haïti avait essayé cela avant nous il y a quelques années pour les 200 ans de leur « recul » et cela avait été un échec national et international retentissant. C’est l’année où tous les Guinéens vont célébrer leur show du siècle entre le 28 septembre et le 02 octobre 2008, même si pour tous et chacun ce sont pour des raisons différentes : - Un tout petit groupe de baba-cool nostalgiques et revanchards ainsi que leurs descendants voudraient profiter de l’amnésie nationale pour réhabiliter la 1e dictature nationale, la pire des deux que nous avons vécues et la pire catastrophe que notre pays ait connue avec un monstre dénommé ST. - Un autre petit groupe voudrait profiter de l’excès de zèle des Africains à chaque fois qu’il y a une opportunité de danser pour n’importe quoi afin de s’ancrer définitivement dans la mangeoire et pour nous garantir 50 nouvelles années d’immobilisme et de larmes. - Enfin la très grande majorité des Guinéens souhaiterait utiliser cette date pour qu’elle soit l’aboutissement d’un processus profond d’introspection, de discussions franches et honnêtes 80

pour la première fois dans ce pays), de regrets sincères et de pardon national afin de replacer enfin notre pays dans le concert des Nations en voie de développement. Seul chacun de nous, en son for intérieur, sait aujourd’hui dans quel groupe il se situe vraiment, car fourberie et mensonge sont devenus des spécialités HiTech nationales, mais nous devons néanmoins faire l’effort pour trouver le PPCD (Plus Petit Commun Dénominateur) et lutter, tous ensemble si possible, pour que cette année 2008 soit notre chance à tous, la dernière sûrement pour sortir enfin notre pauvre pays du mauvais pas dans lequel ST et De Gaulle l’ont conduit en 1958. Chers compatriotes, à ce point de ma chronique je prends mon courage à deux mains pour vous écrire afin de vous demander votre aide et vous prier d`accepter de mettre nos têtes et nos cœurs ensemble pour faire un travail d`équipe porteur pour l`avenir de notre Guinée. J`ai appris à en apprécier plusieurs individuellement par la qualité de leurs analyses écrites et/ou par les discussions que nous avons pu avoir et je sais que le travail en commun de tels esprits peut et va donner enfin quelque chose de bien pour notre pays. Je suis sûr que comme moi vous en avez un peu assez de lire uniquement des écrits sur notre passé douloureux et pourtant il est indispensable de continuer pour que les jeunes sachent exactement ce qui s`est passé. Et de notre présent sordide et minable et pourtant il est important de continuer à dénoncer les actes journaliers des prédateurs et des ethno-stratèges, mais il y a si peu d`écrits vraiment intéressants sur comment on va faire à l`avenir 81

pour éviter de recommencer encore à zéro. Vous êtes parmi les seuls dont j`ai lu des analyses intelligentes et des propositions concrètes. La Guinée est malheureusement comme une brebis qui a été livrée à des loups depuis 1958. La bête est déjà dépecée depuis longtemps, mais les loups continuent à se battre pour les morceaux. Parmi eux on compte beaucoup de militaires, de politiciens, de fonctionnaires, d`opérateurs économiques, de membres de la société civile et même des syndicalistes ! Seuls les pauvres en sont exclus mais très souvent uniquement parce qu`ils n`ont pas encore eu la chance d`arriver jusqu’à la mangeoire, même si et plusieurs y travaillent hardiment chaque jour ; l`avenir du pays ne les intéresse pas, seul compte ce qu`ils peuvent grappiller aujourd`hui et demain matin. Je pense sincèrement et je sais par vos analyses que comme pour moi votre objectif principal est un avenir radieux pour notre pays, pour nos enfants et nos petits-enfants et que la 3ème chance que nous aurons de monter dans le train du développement ne sera pas encore une fois gaspillée. Très bientôt, la tête du poisson pourri va de nouveau tomber en Guinée et tous ces loups ne travaillent qu`à une seule chose : comment se positionner pour bouffer le nouveau gâteau qui va être servi sur la table. Si ceci est le vœu et le but unique de ces prédateurs, il va falloir que d`autres acceptent de travailler en silence, en toute discrétion, en toute modestie et avec une passion sans égale pour poser des actes concrets qui permettront au pays de repartir sur des bonnes bases solides. A ce titre, vous avez tous évoqué l`importance de la mise en place d`un processus concret de Vérité, de Justice, de Pardon, et de Réconciliation nationale propre à la Guinée. Le plus grand défaut que l`on constate dès que l`on passe 82

quelques jours à Conakry c`est l`amateurisme dans tout ce qui est entrepris. Un processus comme celui dont je parle plus haut devra principalement éviter cela : il va falloir bien y réfléchir et le préparer longtemps avant ; mettre en place une équipe de préparation, une équipe de gestion du processus et avoir des plans d’action basés sur la gestion axée sur des résultats concrets/mesurables et des plans de travail conséquents. Il va falloir faire ce travail comme des pros et le travail doit commencer dès à présent avant que la 3e chance ne soit un nouvel échec. Il va falloir étudier et sûrement voir toutes les expériences précédentes (Espagne, Ghana, Afrique du Sud et d’autres), mobiliser des bonnes volontés internationales pour nous appuyer dans ce processus. Je sais déjà que l’Afrique du Sud est ouverte à cela si le gouvernement guinéen le lui demande explicitement, réfléchir beaucoup en groupes pour produire des documents d`action clairs et précis. Plus on y réfléchit et plus on se rend compte que ce ne sera pas facile et rapide, mais cela en vaudra vraiment la chandelle ; le cas guinéen a plusieures particularités dont il va falloir tenir compte et je n`en cite ici que quelques-unes : un pays avec des archives presque entièrement détruites, (je pense que non, elles ont été cachées), des acteurs et témoins de plus en plus rares et surtout à bout de souffle par les années et les mauvaises conditions de vie. En Guinée, ce sont parfois des parents qui sont responsables des malheurs des leurs ou qui s`en glorifient (comme El Hadj Ghussein !) donc tout ceci ne sera pas possible sans remuer beaucoup de douleurs et d’amertume, y compris au niveau de ceux qui ont déjà trop souffert. Les plans d’actions devront tenir compte de toutes ces particularités guinéennes. Il va falloir également parler 83

de sujets plus sensibles et complexes mais incontournables comme l`a si bien écrit mon grand frère Thierno Monenembo, les rapports interethniques dans notre pays. Il va falloir que le Guinéen lambda en finisse avec ce premier réflexe dès qu`on lui tend une feuille avec la liste d`un nouveau gouvernement de compter le nombre et de calculer le pourcentage de ses « parents » dans l`équipe ! Je viens de vivre 4 années de suite au Mali et je suis persuadé que c`est le fait d`avoir su éviter cela dès la chute de la dictature que les Maliens sont aujourd`hui à des années lumières devant nous côté développement. Nous devons être fiers de nos ethnies et de la diversité qu`elles offrent à notre pays. Chacune d`elle doit s’arranger pour s`organiser afin de s`épanouir concrètement et se choisir de bons chefs, mais en même temps les chefs et leurs ouailles doivent être convaincus que nous ne sommes forts que lorsque nous formons une équipe soudée avec toutes les différences et toutes les similarités qui font notre force. Il faut qu`ils soient convaincus que nous ne pouvons réussir qu`ensemble et qu`individuellement, chacune de nos ethnies n’a pas grand-chose de viable au 21e siècle. Parmi les grands pays de ce monde, regardez les USA et le Canada : ils ont réussi à en faire leur plus grande force et ils encouragent tous les jours un peu plus l’immigration de qualité choisie pour encore renforcer leurs melting-pots gagnants. Bref, je pourrais écrire encore pendant des heures sur toutes les idées que j`ai en tête sur ce sujet qui est la passion actuelle de ma vie et de la vôtre, j’en suis sûr. Néanmoins je vais m`arrêter là pour également vous écouter, m`enrichir de vos expériences et réflexions sur 84

le sujet, prendre en compte vos suggestions et voir avec vous comment démarrer au plus vite ce travail urgent. Cette liste est loin d`être exhaustive, elle n`est que le reflet du peu de personnes de grande qualité que j`ai pu identifier lors de mes discussions et lectures. Vous êtes bien sûr libres de partager avec tous ceux qui pensent comme nous et n`attendent qu`une bonne cause concrète pour s’engager. Si nous faisons bien ce travail, nous n`aurons sûrement pas de tambours et trompettes ni de strapontins garantis, mais nous aurons la satisfaction d`avoir contribué efficacement à remettre la Guinée dans le concert des Nations, avec ses difficultés et ses problèmes, mais également avec son potentiel tant humain que géologique. Il sera alors de la responsabilité des générations suivantes de nous mener vers la tête des pays de notre continent, oui, je suis persuadé que c`est possible ! Cela prendra du temps sûrement plus qu`il ne m`en reste à vivre pour cette fois-ci, mais de là-haut je regarderai de près l`évolution normale et prospère de la Guinée et je vous dirais Merci à tous pour vos contributions et sacrifices personnels et collectifs. Comment, après avoir subi un crime d’Etat, arriver au Pardon ? Avez-vous lu ce très beau texte écrit par Mme Nadine Barry qui est l’une des grands écrivains et défenseurs des DDH guinéens ? C`est à mon avis l`un des meilleurs sur ce fameux thème du processus de Vérité, Justice, Pardon et Réconciliation en Guinée. Elle aborde avec son style habituel (clair, précis, sans fioritures) ses premières réflexions sur ce sujet si important et pourtant si négligé par les autorités et globalement par l’ensemble 85

de notre population. Je ne comprends pas exactement pourquoi de nombreux Guinéens ont si peur de ce processus. Certes, il ne sera pas facile à mettre en œuvre correctement si on veut bien le faire mais je ne peux pas croire que toute personne sérieuse sur l`avenir de notre pays puisse penser sincèrement que le gâchis des 50 premières années de notre indépendance puisse progressivement trouver une solution en zappant tout simplement tout le Mal qui a été fait. Et je ne crois pas que la « sous-commission » mise en place hâtivement et de manière bordélique comme d`hab. par Kouyaté, sûrement sur ordre de la Première Dame et des reliquats du PDG soit une solution pour régler ce problème, ni dans sa forme et encore moins dans son fond. Je vais suivre les principales têtes de chapitre de Mme Barry pour partager mes idées sur ces points capitaux : 1. « La plupart des victimes disparues dans le goulag guinéen ont été victimes de crimes d`État commis dans leur propre pays…. Or, Sékou Touré avait reçu le pouvoir pour gouverner, pas pour tuer – ce qui est le rôle de la justice ». On revient toujours à ce fameux « Non », la seule chose que les aficionados de ce semi-lettré sanguinaire ont comme élément concret pour se taper la poitrine ! On ne peut évaluer les effets historiques positifs du fameux Non sans analyser aussi ses conséquences qui n`ont amené que larmes et malheur au peuple de Guinée : tous ceux qui ont voté « Oui » en AOF (Afrique Occidentale Française) en 1958 ont conduit leurs 86

pays à des démocraties et à des niveaux de développement aujourd`hui incomparables au nôtre après 50 ans d`indépendance. Pourquoi cela ? Parce que les Guinéens ont voté pour un Non au colonialisme, à l`injustice, à la domination par des étrangers sur notre propre sol national. Les Guinéens ont espéré que toutes les injustices et les méfaits de la colonisation seraient révolus chez eux et qu`enfin ils donneraient l`exemple à tout le continent de ce que nous Africains pouvions faire si nous échappions au joug colonial – 50 ans après, il n`y a pas de quoi pavaner ni se vanter ! Nous avons obtenu finalement « l a pauvreté dans l`injustice » à la place de « la pauvreté dans l’esclavage ». Il faut avoir le courage et l`honnêteté intellectuels de reconnaître que dans plusieurs domaines nous avons reculé au lieu d`avancer depuis qu`on a mis le colon dehors. Je ne parle pas de tout le bla-bla nauséeux qui nous a été servi à la pelle par nos deux systèmes au pouvoir car en fait le même système mais avec une 2e étape plus soft sur la forme mais aussi minable, sinon plus, sur le fond. Il est néanmoins heureux de constater que de plus en plus de témoins des événements de cette époque commencent à prendre la parole dans les journaux et sur le net pour nous dire ce qui s`est vraiment passé en 1957-1958. Le moins que l’on puisse en retenir c`est que ST a été surement l`un des derniers à embarquer sur le bateau difficile du Non, mais qu`il a su ensuite tirer toute la couverture à lui. C`est pas si grave que cela, cela montre tout simplement qu`il était 87

diaboliquement plus rusé que ses copains de l’époque et c`est le seul crédit que je lui reconnais. Mais le fait d`avoir immédiatement engagé un processus de liquidation systématique de tous ceux qui l`avait guidé sur ce choix historique est totalement impardonnable et la preuve d`un esprit dérangé et criminel. Certes ce n`est pas ST qui a tué de ses mains 50.000 Guinéens mais ces crimes sont néanmoins les fruits du système pourri qu’il a mis en place, le PDG. Et comme nous étions dans un Parti-Etat l`Etat guinéen doit se décrasser totalement pour mériter la moindre considération future de tous les Guinéens et de la communauté internationale. L`Etat guinéen est et sera toujours unique, il devra assumer toutes ses fautes et tous ses succès depuis le 02 octobre 1958 jusqu`à la disparition de la Guinée du globe terrestre. Je pense donc que ce processus de réconciliation concerne avant tout les fautes de l`Etat guinéen. Et tant qu`il ne le reconnaîtra pas et ne demandera pas pardon à tous les Guinéens il restera un Etat criminel détecté par tous mais pas encore jugé et condamné. Tant que ce processus ne sera pas mis correctement en œuvre, la crédibilité de l`Etat guinéen est une simple utopie qui nous entraînera dans un « surplace » équivalant à celui que nous vivons aujourd`hui. 2. « J`ai remarqué que beaucoup de rescapés des camps de Sékou Touré sont taraudés par l`idée que les Guinéens n`ont pas le souci de rechercher 88

la vérité et de distinguer entre les vraies et les fausses victimes des camps ». Voici à mon avis l`une des plus grandes complications du cas guinéen et l`un des points sur lesquels il faudra discuter profondément et faire le plus de concessions de tous les côtés pour réussir ce processus en Guinée. Il y a eu de tout dans les 50.000 victimes du PDG : la majorité étaient bien-sur des innocents à 100 % (n`en déplaise à certains rares révisionnistes qui me font pitié) mais il y avait également des criminels, patentés ou apprentis, qui ont servi aveuglement la révolution avant d`être broyés par leur propre machine. Dieu merci certains ont compris leurs erreurs et l`ont même reconnu et écrit sur les murs de leur mouroir avant de disparaître, mais d`autres sont morts sans même avoir compris ce qui leur était arrivé, en pensant que, même dans cette galère extrême, ils servaient encore leur responsable suprême de la révolution ! Par exemple l`un des paradoxes les plus extrêmes de ce processus de réconciliation nationale sera de classer quelqu`un comme Emile Cissé, l`une des plus grandes ordures du système dans le même « grand groupe » que les milliers de personnes innocentes qu`il a tuées lui-même ou fait tuer au nom de la révolution. Comme je l`ai dit plus haut ceci demandera beaucoup de réflexions, de conseils avisés d’experts des autres pays qui sont passés par ces processus, mais surtout de la tolérance et du pardon de la part des familles des 89

victimes innocentes, soit sûrement plus de 90 % des victimes du PDG. 3. « Deux idées-forces s’imposent : a) le pardon est nécessaire tant au niveau de l`individu que de la société et ceci pour un bien de paix ; b) l`effort du pardon passe obligatoirement par la mémoire, par la justice et par le repentir du coupable ». Qui comprend bien ces 2 idées-forces sait que la mascarade d`une sous-commission qui doit rendre son verdict dans les 3 mois et qui aboutira sûrement a un arrêté du PM pour dire « l`Etat a eu tort, il vous demande pardon et demain c`est la réconciliation nationale sur l’esplanade du Palais du Peuple » était une bouffonnerie habituelle de notre « Kou-raté » national vouée à l`échec total avant même d`avoir démarré ses travaux. Il va falloir laisser le temps faire son travail dans un ordre chronologique et psychologique qui ne pourra pas être décidé en conseil des ministres. Beaucoup ont tout perdu dans ce drame guinéen, non seulement leur chef de famille mais aussi l`avenir de tous leurs enfants et la prospérité de toute leur famille. Les braves mères et pères restés avec les jeunes enfants ont su le plus souvent leur inculquer la rage de réussir pour laver un jour l`honneur familial : la majorité y sont parvenus après beaucoup de sacrifices, mais certains aussi sont tombés sur le chemin et les loques humaines qu`ils sont devenus sont également de la responsabilité de ST. Oui, il va falloir laisser la mémoire s’exprimer, celle de 90

ceux qui ont souffert le martyr dans leurs cœurs et dans leurs têtes, ceux dont les rêves ont été brisés d`un coup sur l`autel de la révolution, mais aussi ceux qui auront le courage de soulager leurs consciences en reconnaissant leurs fautes et leurs crimes. En Guinée tout le monde connaît tout le monde, nous savons où résident tous les acteurs encore vivants de l`époque, ceux qui ont tué par plaisir et ceux qui ont tué par devoir, ceux qui l`ont fait malgré eux et ceux qui y ont mis un zèle inutile et incompréhensible. Et quand tout ceci aura été déballé autant que nécessaire il faudra laisser la Justice parler car elle seule peut dire qui avait raison et qui avait tort – ce n`est ni Lansana Conté qui est l’un des acteurs majeurs de ces crimes ni son PM qui devront parler pour dire qui a raison et qui a tort, qui doit néanmoins répondre devant les tribunaux pour avoir versé le sang de certains de ses compatriotes et qui mérite d`avoir l`honneur de demander le Pardon des victimes innocentes de la folie révolutionnaire. Tant que le repentir de ceux qui ont fait du Mal ne sera pas exprimé et dit ouvertement, à la face de tous les Guinéens, les victimes innocentes et leurs familles ne pardonneront Rien du tout ! Après tout ceci nous pourrons parler des conditions du Pardon et de la Réconciliation Nationaux qui passeront sûrement par des compensations morales et physiques sous plusieures formes dont il faudra convenir ensemble. Par exemple, l`une des premières actions de salubrité publique nationale sera de débaptiser la Présidence nationale du nom du plus grand criminel de 91

l`histoire récente de la Guinée. La reconstruction du Camp Boiro et la mise en œuvre de tout un programme de réhabilitation et de glorification de tous les héros de notre indépendance, à l`image de ce que la République d`Afrique du Sud est en train de faire actuellement sera également un Must. 4. « On ne pardonne pas un acte, mais on pardonne à un être – et jamais à un inconnu en tout cas… Il ne suffit pas de dénoncer la systématique de l`horreur comme on l`a fait jusqu`ici pour éviter sa répétition, pour que « plus jamais çà ; connaître une maladie n`empêche pas de tomber malade ». Tout le défi est là aujourd`hui, comment mettre effectivement en pratique le « Plus jamais çà en Guinée » ? Le fait d`avoir refusé de le faire quand le tyran est mort en 1984 a eu pour conséquence que les mêmes exactions ont continué comme si de rien n`était, y compris membres de sa famille dont certains étaient des innocents. L`impunité est devenue une manière de vivre chez nous – on tire à balles réelles sur des pauvres étudiants désarmés en juin 2006 et sur des jeunes assoiffés de liberté et d`avenir en janvier-février 2007 et toujours rien comme si c`était en fait une norme nationale mise en place depuis ST ! Il faut mettre fin définitivement à cela maintenant et ceci ne pourra se faire sans un déroulement adéquat de ce processus national de mémoire, justice, repentir, pardon et réconciliation nationale en Guinée. 92

5. « La condition d`un vrai pardon des deux côtés, pour une vraie réconciliation… c`est la sincérité de l`action, qui est créatrice de pardon. » Je ne cesserai jamais d`insister là-dessus l`amateurisme ne mène nulle part et il est responsable de là où nous sommes aujourd`hui. Toute personne a des qualités et des compétences intrinsèques même si elle n`a pas eu la chance d`aller à l`école des blancs ou qu’elle a été à l’école du « coco-lala » (de la révolution guinéenne). Néanmoins un savant mélange de tous les types et modèles de Guinéens et d`amis de la Guinée avec l`appui technique d`une expertise réelle nationale et internationale sera indispensable pour réconcilier la Guinée, les Guinéens et les Guinéennes avec eux-mêmes ! Maintenant que Kouyaté et son « PDG new-look » ont été mis à la porte et que le nouveau PM et même le PAN parlent de véritable réconciliation entre tous les Guinéens, le moment est venu de reprendre cette réflexion correctement. Le tout nouveau Ministre de la réconciliation nationale, de la Solidarité et des Relations avec les Institutions en collaboration franche, intelligente et constructive avec toutes les parties concernées, et en particulier les associations de victimes dont l`Association des Victimes de Boiro qui a déjà beaucoup réfléchi sur le sujet, devra reprendre cette bonne idée et la revoir complètement et différemment. Certes ceci est une gageure mais c`est sûrement aussi la plus urgente, la plus importante et la plus passionnante des fondations de 93

la 3e République de Guinée qui verra le jour sous peu.

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II.

GRANDEUR ET DECADENCE D’UN PETIT CAPITAINE EXCITE (DEC. 2008 – DEC. 2009)

Découvrez la nouvelle série en prime-time au pays : « 3e transition vers la 3e République » Épisode 01 – les jeunes en treillis (piti bidasses) découvrent le pouvoir C`est le titre de la nouvelle Télé-novéla made in Guinée, que nous avons lancée la veille de noël 2008. Il faut dire qu`il y avait eu déjà pas mal de nettoyage tout au long de cette année spéciale pour notre pays bien-aimé : •

Le 20 mars, LC Bauer a jeté Kouyaté et sa mauvaise copie du PDG à la poubelle de l`histoire guinéenne et l`a remplacé par un cacique de la Cocoteraie (palais du Général Fory Coco alias Lansana Conté) qui est venu occuper le plancher de la primature avec une équipe pléthorique et aussi triste que lui-même. Des bons bougres pas méchants du tout mais tellement insignifiants et incompétents qu`on ne savait plus si il fallait en rire ou en pleurer.



Le 22 décembre, le Roi est mort, Vive le Roi. Enfin nos « 24 ans chrono » ont pris fin au cours de la 25eme année sans tambour ni fracas. Bien sûr la veille son ministron de la communication nous avait assuré, la main sur le cœur, qu`il allait 95

très bien et vaquait à ses affaires habituelles – mais vu que celles-ci étaient principalement de faire des siestes semi-comatiques depuis plus de 5 ans, ils ont fini par se rendre compte un soir que le pauvre ne respirait plus. •

Le 23 décembre, c`est l`arrivée de Super El Dadis et de sa bande de « piti bidasses » qui ont renversé le président mort la veille par un coup d`Etat sans éclat. Et bonjour le début de la 3e transition vers la 3e république que tous les Guinéens attendent depuis plus d`un demi-siècle maintenant. Le système ST-Fory Coco s`est écroulé comme un château secoué par Katarina et des jeunes en treillis ont pris les rênes du pays pendant que nos 22 généraux périmés récupéraient encore de leurs émotions et de leurs hypertensions de la veille. Le capitaine Super El Dadis a commencé immédiatement à prononcer les paroles que tous les Guinéens attendaient et du coup le voilà devenu notre nouveau messie, Moïse pour les plus culottés. A mes yeux, il a quelque chose de vraiment sympa ce jeune capitaine fougueux qui parle Vrai et avec son cœur ! Il a certes certaines de très mauvaises fréquentations (Style le lieutenant Pivi Coplan FX-18) mais il paraît à priori plus fin que son garde-de-corps-ministre. Et puis sa pugnacité à nettoyer au karcher toute la racaille nationale est digne de Sarko Ier avec des résultats plus concrets et avec plus de panache mais moins de méthode.

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Au cours des premières semaines de 2009 il a inauguré tous les soirs sur la RTG le « Dadis Comedy Club » avec des sketches de plus en plus osés et ridicules jusqu`au fameux « Dadis Show » du 02 février dans la cour de la douane nationale. C`était la goutte qui a fait déborder le vase de tous ses supporters – Dieu merci qu`il ait fait cette bourde très tôt après son installation… Je pense que, lorsqu’il a dessoûlé le lendemain, on a dû lui montrer sur You Tube sa prestation de la veille, digne des débuts de Bokassa ou de Idi Amin Dada et sans doute réussi à lui faire comprendre qu`il commençait à déconner pleins tubes et qu`il fallait qu’il fasse un peu gaffe devant les cameras de télévision. Sûrement que sa femme et son Grand lui ont tapé sur les doigts et l`ont mis au piquet pour la soirée car, depuis, il improvise moins et surtout il évite de débiter trop d`âneries à la fois en public car n`est pas tribun qui le veut. Il a mis en place un PM de bonne qualité et un gouvernement 50 % jeunes militaires - 50 % jeunes technocrates dont plusieurs « gens biens », un peu pléthorique certes mais qui pourrait je pense gérer cette transition. Pendant ce temps il se concentre surtout sur le nettoyage de tous les bandits-chefs locaux (commerçants corrupteurs, aventuriers et narcotrafiquants en délire, hauts fonctionnaires véreux et ex-ministres gourmands). J`espère qu`il va continuer à se concentrer sur ces sujets prioritaires pour la transition car il le fait assez bien ; et surtout j`espère qu`il va commencer à ficher la paix au PM pour que celui-ci fasse enfin son boulot. Tous 97

les Guinéens ont néanmoins deux craintes majeures : sa propension à vouloir gérer luimême tous les postes juteux d`entrée des sous dans le pays et sa volonté réelle de dégager le parquet du pouvoir après 12-24 mois. Let`s wait and see, mais néanmoins il faut absolument rester très critique sur ses prochains paroles et actes et lui voler dans les plumes chaque fois qu`il déconnera, question de ne pas lui laisser croire qu`il est au-dessus de tous les Guinéens : c`est l`erreur qui a été faite à chaque fois par nos parents et par nous-mêmes avec ST et avec Fory Coco et cela leur est progressivement monté à la tête dès qu`ils ont constaté que leurs premiers excès étaient passés comme des lettres à la poste. Nous ne devons surtout jamais faire avec Super El Dadis la même erreur qu`avec ces 2 prédécesseurs. Déjà le tout nouveau melting-pot de « Forces Vives de la Nation » qui regroupe (enfin) les partis politiques, les organisations de la société civile et les syndicats et qui a choisi pour porte-parole « Rabi Thatcher » montre le bon exemple à suivre. Et puis Pardon, cessez d`applaudir comme des couillons chaque fois que l`on prononce son nom et cessez de lui donner des titres kilométriques qui le rendent plutôt ridicule sur le plan international. Président du CNDD, il l`est vraiment, et ca suffit comme ca.

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Épisode 02 – les piti-bidasses se chamaillent au pouvoir - Notre piti-capitaine Moïse a un caractère de cochon : après avoir les mois derniers successivement douché en public et envoyé au piquet deux de ses ministres gradés (le colonel Idi Amine et le capitaine Sandé) il a ensuite honni en public et en direct à la télé le général Toto. Il est vrai qu`avec un surnom comme celui-là il fallait s`y attendre ! Bon, il ne lui reste plus qu`à déculotter un Maréchal, mais le seul et unique que nous avions en Guinée a cassé la pipe à noël dernier. Du coup il ne lui reste donc plus qu`un seul général comme cible, El Konaté. A lui donc à faire gaffe, surtout qu`il était avant le boss direct du nouveau boss, ou à bondir le premier. Et puis rebelote entre le 19 et le 27 mars où il suspend successivement 4 micro-ministres civils pour des raisons parfois justifiées, parfois farfelues, mais en tout cas qui ne remettent pas en cause leurs compétence à leurs postes ; du coup ils devront désormais tous prendre la bonne habitude de demander la permission avant d`aller aux toilettes – Un feuilleton vraiment passionnant à suivre. - La lutte contre la racaille nationale prend de drôles de tournures ce mois-ci : après une semaine de super Dadisshow avec les narcos nationaux et deux jours avec les voleurs en col blanc c`est le silence télé presque complet, à part la dernière semaine du mois – la justice guinéenne travaille – et du coup les vrais gros bandits dorment sans problèmes sur leurs deux oreilles, vu l`incapacité notoire de celle-ci à condamner qui que ce soit pour arnaque majeure. Même les débiles savent que les plus malhonnêtes de tous les Guinéens travaillent à la 99

Justice et contre la justice. Dans ce domaine, ils sont de la même race de pourritures que la majorité des soudards de l`armée des commerçants narcotrafiquants en boubous Bazin Gagnila 5 étoiles et des hauts cadres narco-voleurs en costards et cravates élimés. Et puis Dieu, quel amateurisme dans la gestion de ces deux premiers dossiers : aucune enquête préalable solide et aucun dossier fouillé sur les incriminés avec épluchage de leurs biens et comptes en banque en Guinée et à l`extérieur du pays, aucune piste sérieuse poursuivie et établie – rien de professionnel – comme si notre procureur principal n`avait encore jamais entendu parler d`audits. Il serait même incapable de prouver qu`Al Capone était un brigand dangereux à Chicago au début du siècle dernier ! Du coup tous les bandits professionnels à la langue mielleuse de Conakry ont vite fait de démontrer qu`ils sont en fait des grands patriotes injustement accusés et qu`ils sont de pauvres victimes du méchant LC Bauer qui, bien sûr ne peut plus pour une fois se défendre vu qu`il est six pieds sous terre. Comme ce serait marrant qu`Henriette et Ousmane Conté se fâchent et en retour dénoncent toutes les bassesses qu`ils ont vu ces cancrelats fabriquer avec leur Fory Coco décédé. Et super El Dadis fonce à pieds et mains joints droit dans leurs pièges, les félicite, les encourage, leur distribue des grands patriotes à gauche et à droite et va même sûrement en nommer certains comme conseillers à la présidence ou futurs ministres afin qu`ils puissent parachever leur œuvre pour la Guinée. Au rythme où vont les audits à la Dadis, tous les narcos et grands voleurs vont prier pour être auditionnés afin de pouvoir revenir au plus vite à leurs affaires très 100

temporairement suspendues. Néanmoins, les auditions qui ont repris au Dadis-show du 18 mars sur la RTG et les ré-arrestations en fin de mois par la justice des gros bonnets (blanchis par le chef), prouvent qu`il y a quand même des petits systèmes mis en place pour ramasser certaines boulettes laissées en chemin par notre tribunalcapitaine. - Un « gens-bien » a quitté de manière inattendue la barque à Dadis-Komara ce mois-ci ; il s`appelait Ibrahima Naby Diakité et il était le ministre de la décentralisation dans le gouvernement pléthorique, tétraplégique et de transition de Guinée. Je n`ai pas eu la chance de le rencontrer mais je n`en ai entendu dire que du bien venant de tous les « gens-bien » qui l`ont connu et qui m`en ont parlé. Hélas ! Le pauvre était atteint d`une très grave maladie presque inconnue dans les hautes sphères du pouvoir guinéen : il était honnête, dévoué, gros bosseur et il détestait tripatouiller dans les caisses de l`Etat. Tous les gens atteints de ce mal incurable meurent de courte maladie fulgurante chez nous ! Je prie pour que dans ta prochaine vie le bon Dieu te réincarne dans un pays comme celui d`Obama – là-bas ils apprécient à leur juste valeur et savent utiliser à bon escient des cadres comme toi. - Finalement la Big question qu`il faut se poser à ce stade-ci de la situation nationale en Guinée est de savoir s`il serait préférable que cette transition militaire dure un ou deux ans : il y a certes des avantages et des inconvénients aux deux options. Après moult réflexions, je suis internement déchiré par un combat fratricide entre mon cœur et ma tête : 101



Le premier penche plus vers la continuation de cette transition pour les 24 mois initiaux. Quels que soient les ratés de la guerre contre la racaille nationale je suis persuadé que cette chasse aura quand même des effets psychologiques et éducatifs très importants sur les futurs responsables guinéens et qu`il est donc important de la poursuivre pendant encore plusieurs mois pour un impact maximal. Il est même sûr que « Super Dadis » et son comité d`audit s`amélioreront progressivement au fil des mois et apprendront de leurs erreurs actuelles ce qui leur permettra d`être plus efficaces dans leur juste traque. Alors que si on remettait le pouvoir à n`importe lequel des candidats politiciens actuellement en compétition pour le pouvoir, toutes les poursuites prendraient sûrement fin immédiatement, à moins que le nouveau boss ne décide de mettre sur le champ la majorité de ses adjoints en tôle et de se faire harakiri également !



La deuxième regarde avec une crainte réelle notre petit capitaine se transformer progressivement et en moins de 3 mois en apprenti dictateur du 21e siècle ; dans ce cas il faudrait qu`il quitte le pouvoir au plus tard le 31 décembre 2009. Par sa sur-médiatisation, il nous montre de plus en plus ses nombreux défauts : populiste, démagogue, peu réfléchi et impulsif, fierté mal placée, diarrhée verbale parfois incohérente, pédanterie et malade du « moi, moi, moi », spécialiste en toutes choses dont il parle même s`il dit le contraire dans ses discours et enfin qui adore les flatteries 102

même quand elles sont plates. A l`écouter et à le voir il est le plus patriote ou même le seul du pays. Ses décisions sont souvent incompréhensibles et laissent parfois penser qu`il est légèrement saoul en public - p.ex. une femme licenciée par ses patrons blancs qu’il nomme sur le champ directrice générale adjointe de leur société qui est 100 % privée, sans raisons claires et sûrement sans aucune enquête sérieuse sur les motifs de sa mise à la porte. Notre piti-bidasse autoproclamé « président du CNDD, président de la république de Guinée, chef de l`état et commandant en chef des forces armées nationales » a les chevilles qui gonflent encore plus vite que ses deux prédécesseurs. Il faudrait bloquer ses dérives dictatoriales et pédantes le plus vite possible pour éviter de retomber dans les mêmes erreurs des 50 dernières années. Aidez-moi PARDON à choisir le moindre mal entre les deux, pour le bien de la Guinée. Épisode 03 – les piti bidasses commencent à annoncer la couleur - Ils nous annoncent enfin une Concertation Nationale Inclusive : regroupant toutes les composantes du paysage sociopolitique du pays, y compris les diaspourris de la diaspora, pour parler longuement et largement entre nous des 50 années de plomb passées, de la transition actuelle et du futur de notre beau pays. Le hic c`est qu`ils ont annoncé ce cadeau le 1er avril ! Comme je ne connais pas le sens de l`humour du piticapitaine, j`ai bien peur que ce soit un poisson d`avril. Et 103

ils sont très nombreux, les sceptiques qui pensent comme moi. Oui, la Guinée est un Grand Corps Malade et la précipitation vers des élections mal ficelées ne réglera rien au Mal profond du pays ; 12 mois après de telles élections la corruption sera revenue au stade initial dans le pays et 24 mois après, les militaires seront de retour au pouvoir. On ne construira pas la Guinée que nous souhaitons tous sur les sables mouvants des relations et de l`union actuelles entre Guinéens. Mettons à profit le Forum National proposé par Dadis pour promouvoir enfin la Vérité, la Justice, le Pardon et la Réconciliation nationales, bases indispensables pour nous remettre enfin sur le chemin du développement que nous avons quitté en 1958 en mettant le PDG-ST comme parti unique en Guinée. J`apprends finalement que le Forum est organisé exclusivement par la bande à Moïse-Dadis sans participation réelle des forces vives de la Nation. Il semble que le secrétaire permanent du CNDD, diplômé en politologie à l`Université-Camp Alpha Yaya Diallo soit le seul maitre à bord de toute l`organisation et qu`en plus il est très susceptible et coléreux, comme son père de la nation ! Bref tout ceci fait craindre une nouvelle arnaque et semble finalement être une simple procédure mise en place pour faire entériner par le « peuplemouton souverain » la prolongation de la transition et sûrement la candidature de Dadis en fin 2010. Déjà la RTG a repris à toute vitesse ses travers démagogiques d`antan et à part de petits flashs de 5 minutes en fin de JT sur les activités des partis de l`opposition (qui ont été 104

finalement et officiellement interdits le 22 du moi), elle ressemble de nouveau de plus en plus à la Voix de la révolution côté culte de la personnalité de notre nouveau prophète national. - La lutte contre la racaille nationale et le Dadis-show avancent cahin-caha : ce mois-ci on a eu droit aux dossiers de la banque centrale (évanouissement total de toute la réserve nationale d`or soit 8 tonnes, plus toutes les autres magouilles accessoires mais en milliards) du ministère de la pêche (disparition de toutes les recettes 2008-2009 et autres chouillias également en milliards), de la rocambolesque magouille de la revente de la société d`alumine Friguia (à 19 millions USD alors qu`elle en valait 260 millions !), du fameux fonds koweitien (plusieurs millions de dollars de dons à la nation qui sommeillent en paix et en produisant des petits dollars dans une banque à Bamako) et je ne sais quoi encore. Le plus grave dans tout cela c`est qu`on dénonce les voyous à chaque fois immédiatement par des grands cris, insultes et humiliations publiques de Moïse-Dadis himself mais qu`il est interdit à quiconque d`autre que lui de dénoncer qui que ce soit sinon on est immédiatement taxé de méchant jaloux opportuniste qui veut salir l`honneur des pauvres voleurs dénoncés. Et enfin, comme à chaque fois précédemment on arrête brusquement le dossier à ce niveau – il est transmis à la justice guinéenne, donc il est clos pour toujours – et on relance avec fracas des nouveaux dossiers fumants. Le comble a été atteint quand il a accusé la commission nationale d`audit de règlements de compte, d`injustice et de manipulation tout simplement parce qu’elle avait 105

voulu démontrer que Fory Coco ne pouvait pas avoir vendu l`usine de Friguia sans l`appui technique des membres les plus hauts perchés de son gouvernement. C`est à ne plus rien y comprendre : il veut que la vérité entière sur les magouilles nationales soit faite ou pas ? Ou bien veut-il une vérité ciblée uniquement sur certains prédateurs ? Toutes ces affaires déversées sur la place publique au JT de 20h à X heures de la RTG, à la joie enfantine de tous les pauvres Guinéens qui ne rêvent que de vengeance et de lynchage des responsables de tous leurs malheurs, ne sont jusqu`à présent que la face visible de l`iceberg de la pourriture économico-sociale de la nation et plus ils (CNDD et commission d`audit) creuseront, plus ils dénicheront de nouveaux scandales. Et du coup, Super El Dadis aura de nouvelles occasions à gogo pour nous jouer son numéro de Grand Justicier, Unique Patriote de la République et d`Homme au-dessus de toutes les tentations et de tous les soupçons – beaucoup de gensbien qui sont au pays et qui le voient évoluer depuis 4 mois semblent en douter de plus en plus. Finalement, à partir de la mi-avril, la lutte contre la racaille nationale se concentre à 90 % sur la traque et l`arrestation rocambolesques et misérables des gérants de tripots, des prostituées et de tous les déchets d`intoxiqués dans les bordels de la ville – quelle misère – non seulement ils sont des proies faciles à attraper mais en plus ils sont inoffensifs (à long terme) et cela amuse quand même la galerie des téléspectateurs locaux ! Se dirige-t-on lentement mais sûrement vers la fin du Dadis-Show dans son seul élément de positif ? 106

- Moïse-Dadis annonce finalement les couleurs le 15 avril : il profite d`une bouffonnerie pourtant habituelle du politicien J.M. Doré pour jouer devant une mamaya chauffée à rouge-jaune-vert pour l`occasion dans Kaloum, à l`enfant fâché et dit que si on le provoque encore ou lui manque de respect, il va enlever son treillis et se présenter à la prochaine présidentielle ! Les mots tant redoutés sont enfin lâchés par le prophète, l`hameçon est lancé et voyons ce que cela va donner. Bien sûr c`est le branle-bas national et international, surtout que c`est à la veille de l`interrogation orale de son PM moribond devant la communauté internationale et l`U.E. à Bruxelles. Et du coup l`enthousiasme ProDadis se transforme progressivement, petit à petit mais sûrement, en déception, dégoût et même plus. Et pendant tout le mois, les piti-bidasses sans aucune autorité capable de les canaliser foutent le bordel dans la cité, interrompant les procès en leur défaveur, pillant et violant les honnêtes gens (surtout fortunés) sans aucune action véritable pour les arrêter – ils sont en « mission commandée » du CNDD. Les exactions se multiplient à telle point que HRW (Human Rights Watch) en fait un rapport. Et Super El Moïse-Dadis ne fait rien. - Moïse-Dadis nous annonce le 21 du mois la liste de ses modèles en gouvernance et en politique : petit Moise se dit inspiré par son père Wade du Sénégal qui a pourtant fini par décevoir la majorité de son peuple et tous les hommes épris de démocratie véritable en Afrique ; le guide Kadhafi (le roi des rois africains qui jure que la présidence à vie est la seule alternative valable en Afrique) ; ATT du Mali qui a été excellent tant qu`il 107

n`était pas encore président et qui, depuis plane sur les réalisations d’Alpha Konaré et enfonce la bonne gouvernance dans son pays avec sa « diatiguia » (cousin à plaisanterie au Mali) et finalement le Beau Blaise du Burkina qui a fait assassiner son mentor à la première occasion. Je me demande même si ce n`est pas le général El Tigre qu`il est venu voir ce mois-ci à Conakry. L`Homme Intègre, lors de son séjour de quelques heures, a sûrement dû lui donner quelques petits ultimatums de la CEDEAO et de l`U.A. car normalement, c`est Dadis qui aurait dû aller le voir chez lui selon les règles de la bienséance diplomatique. Pendant ce séjour Dadis a fait très fort une fois encore en prononçant, pensant lui faire sûrement plaisir, la phrase préférée de Thomas Sankara (la Patrie ou la Mort) devant un Blaise bien mal à l`aise. - Moïse-Dadis et ses faucons nous annoncent le 23 du mois une tentative de coup d`état contre le CNDD et les arrestations de collègues militaires du CNDD commencent progressivement, et la suspicion et le malaise général (style PDG-ST) reviennent s`installer dans le pays – et la troupe est appelée à défiler un à un devant la télé nationale pour jurer à genoux et la main sur le coran ou la bible leur fidélité indéfectible à MoïseDadis – et la RTG renforce son verbiage nauséeux d`antan sur les traîtres à la nation et autres vestiges du passé tant haï par tous les Guinéens. Mon pays va mal, mon pays va mal…

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Épisode 04 – les piti bidasses déconnent au pouvoir Nous glissons rapidement du modèle Sankara/Rawlings/ATT au modèle Bokassa/Idi Amin/Charles Taylor ; il ne reste plus du premier modèle que la tranche d`âge et le béret rouge du Boss, Wallahi ! - La lutte contre la racaille nationale et le Dadis-show tournent au ridicule : ce mois-ci plus personne ne comprend vraiment plus rien aux objectifs de Moïse et de sa bande de soudards, mais une chose est sûre, ils ne parlent plus entre eux le même langage. Et comme en son temps avec le CMRN de Lansana Conté, on sent de plus en plus les contradictions et les luttes intestines et mesquines entre les différents clans du pouvoir. Du coup, le boss semble en prendre un grand coup, surtout du côté physique (yeux rouges exorbités, perte de poids, délire démago-répétitif en progression). Il paraît qu`il ne dort presque plus la nuit et comme il n`est entouré en majorité que de pitoyables lèches-bottes, plus personne autour du pouvoir ne dort plus. Les shows télévisés du boss sont de plus en plus rares, au grand plaisir de toute la racaille nationale – on se contente maintenant de prostituées et de leurs clients, de drogués et d`affaires domaniales entre particuliers – actuellement si tu as fait des bêtises dans les bars en ville ou si tu as volé 1000 FG, tu es sûr de passer au Dadis-Show, mais si tu as volé des milliards de GNF alors tu es safe ! Les Mamadou Sylla, Aldiana Fodé et consorts, connus ou encore inconnus, sont aux anges. Et puis avec tous les militaires arrêtés depuis la fin du mois dernier et encore ce mois-ci pour tentative de coup d`état, tout le monde voudrait voir 109

enfin un Dadis-Show sur nos militaires pourris, mais le Boss ne semble plus in the mood pour ces spectacles apparemment uniquement réservés aux bandicons de civils. Dommage… - Moïse-Dadis signe un décret pour autoriser finalement le contrat de GETMA International sur le Port Autonome de Conakry (PAC) : encore un de ses faits d`armes des premiers jours qui avait rallié tous les Guinéens à son combat vient de revenir à la case départ de la magouille nationale. Je ne connais pas les détails techniques de cette affaire et les écrits sur le Web qui l`expliquent sont tellement confus qu`on n`y comprend rien de clair mais il reste évident que la société Getma Internationale est une boîte de requins peu professionnels du domaine portuaire et qui apparemment s`en mettra plein les poches avec ses petits copains au détriment des caisses de l`Etat pendant les 25-30 ans à venir. Et malgré toutes ses cris de King Kong du patriotisme et ses belles promesses sur la fin des magouillés en Guinée (il n`y aura plus de mensonges) il semble que Dadis ait finalement été « acheté » – il est vraiment urgent que toute la vérité soit dite sur ce dossier en particulier par le gouvernement pour qu`enfin on sache à qui nous avons vraiment à faire avec ce prophète de malheur. - Moïse-Dadis se paie un hélico de luxe d`ocaseBruxelles pour 15 millions US$ : cette histoire mérite aussi d`être confirmée officiellement, mais il semblerait qu`il ait fait acheter par des intermédiaires plutôt obscurs mais bien identifiés un hélico de luxe de 2ème main (alors que son prédécesseur lui en avait légué 2) et que 110

les petits malins ont profité de l`affaire pour se faire un petit cadeau perso puisque le prix réel était inférieur. Certes, on a parlé des commissions de tous les secondscouteaux, mais rien encore sur les premiers (prési et ministre de la défense entre autres). Tout ceci dans un contexte national où il y a chaque jour un peu moins d`eau et d`électricité dans les foyers et où le paiement des salaires des fonctionnaires est de plus en plus en retard et difficile. Du coup la grogne monte et il est possible que le contrat soit finalement annulé, avec toutes les pénalités de rigueur bien sûr. - Moïse-Dadis rappelle d`un seul coup tous les ambassadeurs du pays à l`étranger : le premier décret sorti au début du mois parlait de 30 ambassadeurs, mais l’un d`entre eux (celui de Genève) était nommé 2 fois sur le même document, donc ils ont dû vite corriger pour que le petit malin ne pense pas qu`il pourrait gérer deux ambassades en mêmes temps ! Il paraît que c`est encore le résultat d`une guerre interne du genre « tu rappelles mes protégés, donc je rappelle les tiens ». Et le plus marrant est qu`il ne pourra même pas les remplacer de sitôt vu l`embargo actuel sur le régime anticonstitutionnel ! Il ne reste plus qu`à ramener tout le reste du personnel (qui est sans salaires depuis 8 mois !) et on aura fait une sacrée économie nationale, après bien sûr avoir payé les frais de rapatriement de toutes leurs familles, soit des millions de US$ sans aucun doute. - Moïse-Dadis nous a gratifié le dimanche 10 d`une 2ème conférence de presse : à toutes les presses du monde, à tous les Guinéens et à toute la communauté internationale il a démontré clairement ce que nous 111

craignons tous : en cinq mois de pouvoir absolu, notre prophète est devenu complètement parano et mégalo ! Le stupide peuple de Guinée n`a pas compris son malheur en laissant des pourris de politiciens le piéger à organiser des élections d`ici fin 2009 ; il va donc les organiser et tant pis pour le peuple. Les Forces Vives sont ingrates, ses copains militaires sont ingrats, ses ministres sont des fainéants et des voleurs-magouilleurs (il a même failli gifler le gouverneur de la banque centrale qui voulait lui remettre un résumé de dossiers compromettants au lieu de lui tendre un paquet de documents qu`il ne pouvait manifestement pas exploiter lors de cette réunion), tous les Guinéens qui ne l`adorent pas ne sont pas des patriotes. L`interview a pris fin après un dixième coup de colère et de sang de notre dictateurjunior quand un malotru de journaliste de la presse privée non patriote lui a demandé pourquoi il avait acheté un hélico d`occase à 12 millions d`euros dans un pays où les caisses nationales sont vides. Après nous avoir remis en mémoire les avions de Kadhafi, du beau Blaise et de Wade, les seuls chefs d`état qu`il ait jamais aperçus de près, il s`est dit insulté par cette question de lèse-majesté et l`Empereur est sorti en boudant de la salle. Finalement, on est vraiment mal barré, avec ce guignol qui accumule progressivement tous les défauts de Sékou Touré et de Lansana Conté. Après les beaux discours du début je crois que nous sommes presque totalement revenus à la bonne tradition de tous les dirigeants guinéens depuis 1958 et au « soit je sabote les élections à venir, soit je m`en mets le plus possible dans les 112

poches avant de retourner gérer le pays à partir de ma caserne ». Et les clowneries continuent un peu plus tous les jours : •







Tous les vieux perclus de diabète, d`hypertension et de rhumatisme ont accompagné notre prési et sa bande dans un petit « 5 km de parachutistes » entre le kilomètre 24 et le centre ville de Dubreka. Beaucoup d`entre eux sont hospitalisés depuis. Une nouvelle priorité de Moïse-Dadis et du CNDD : tous les ministres vont quitter leur bureaux à partir du 16 du mois pour aller appuyer notre prési pour superviser le creusement de forages pour donner de l`eau aux populations de Conakry. Une décision pathétique qui confirme de nouveau les limites intellectuelles et gestionnaires des décideurs actuels du pays. Le Secrétaire Général du CNDD, le bouffon du roi Dadis, commandant Moussa Keita, diplômé en politologie de l`Université-Camp Alpha Yaya Diallo se dit menacé de mort par les Forces Vives et nous débite bêtement des phrases célèbres du triste criminel ST, son héros et mentor. Il précise également que le CNT qu`il va mettre en place sera au service exclusif du CNDD, donc pas du peuple de Guinée, et que ceci n`est ni discutable, ni négociable. Le prophète nous parle tous les jours de restructuration de l`armée nationale, mais nous ne voyons que promotions en grade exponentielles et ridicules de tous les militaires lèche-bottes, distributions de grosses 4x4 à des bouffons en 113

treillis qui roulent à tombeau ouvert en ville sans plaques d`immatriculation et projets de reconstruction pharaoniques de nouveaux bâtiments pour logements et loisirs dans les camps militaires, alors que l`on pleure tous les jours à la télé que les caisses de l`Etat sont vides. Drôle de conception de la restructuration de l`armée ! Finalement, la période de grâce du nouveau pouvoir prend fin. TROP C`EST TROP et les répliques du ras-le bol national démarrent en force : tous les agents de la justice dénoncent la comédie de justice parallèle créée au camp Alpha Yaya par le CNDD et les gérants de stations d`essence dénoncent vols et harcèlements journaliers par les hommes en uniforme. Les taxis de la ville font une grève de 24 heures, juste pour montrer les dégâts qu`ils peuvent causer si on ne les écoute pas. Tous menacent d`aller en grève illimitée si les freins aux dérives ne sont pas actionnés immédiatement. Et Dadis et le CNDD reculent effectivement car ils savent que la cocotteminute nationale peut péter à tout moment maintenant – quand on pousse des gens en arrière tous les jours et quand ils ont atteint le bord du gouffre, ils ne peuvent que plonger en arrière ou alors se rebiffer et foncer en avant. Je pense de plus en plus que la seule chance qui nous reste pour sauver le pays d`une troisième dictature, c`est que les trois composantes des Forces Vives (partis politiques, syndicats et associations de la société civile) prennent leurs responsabilités immédiatement et indiquent leur refus de continuer toute collaboration avec le CNDD tant que leurs points de vue ne seront pas pris en compte. Nos chefs des Forces Vives de la Nation, 114

en commençant par le président de son parti, au lieu d`aller verser des larmes de crocodile sur la dépouille de Bah Mamadou, feraient mieux, s`ils voulaient vraiment lui rendre hommage, de prendre leur courage à deux mains, cesser de jouer à l`autruche et comme l’avait fait le défunt, se lever pour dire publiquement NON et critiquer toutes les dérives en cours. Ce n`est que comme cela qu`ils auront la chance d`un hommage posthume mérité de la Nation. Il faut qu`ils menacent publiquement de ne pas participer au Forum organisé par le CNDD si leurs conditions minimales ne sont pas prises en compte, en particulier un CNT totalement indépendant et sans aucun militaire en son sein. Le CNDD ne peut absolument rien contre eux et ne peut se permettre aujourd`hui de se mettre encore plus à dos les Guinéens, les pays et organisations du groupe de contact et la Communauté Internationale (leur dos est plus que fragile). Les lamentations publiques de soutien et de compréhension de J.M. Doré devant le bouffon du CNDD ne sont sûrement pas la voie à suivre aujourd`hui. Pour une fois en 50 ans, prenons nos responsabilités et disons Non, pacifiquement mais résolument, à la dictature en préparation en Guinée ! Et je rajouterai, très sérieusement, qu`à l`image de Haïti, les responsables honnêtes et crédibles de la future révision de notre constitution nationale doivent envisager l`option de la dissolution pure et simple de notre armée nationale au profit d`une police nationale à recomposer et à reformer entièrement. Je ne vois pas d`autre solution pour assurer la tant indispensable et réclamée réforme entière de notre grande muette qui est totalement gangrenée à la fois par 115

la peste et par le cholera… On parlera de la ré-instituer dans 20ans, quand tous les malades actuels auront disparu. Épisode 05 – les piti bidasses ne font même plus semblant Le modèle Bokassa/Idi Amin/Charles Taylor se renforce tous les jours… - La lutte contre la racaille nationale et le Dadis-show deviennent de plus en plus une honte nationale : notre prophète montre des signes progressifs de troubles graves de la personnalité (schizophrénie ou bipolaire ?). Les bévues sont maintenant monnaie-courantes et journalières : •



Destitution du patron de la douane nationale parce qu`il lui proposait (pourtant) une solution intéressante pour motiver un peu les douaniers qui représentent la principale source de recettes de l`Etat actuellement ; Menace aux chefs des entreprises minières et de téléphonie de les virer hors du pays s’ils ne lui proposent pas dans les prochaines 24 heures un plan pour régler les problèmes d`eau et d`électricité de la capitale, chose que ses prédécesseurs n`ont pas pu réaliser en 50 ans et lui en 6 mois de gestion monarchique du pays ; rien de mieux qu’un bon bouc-émissaire en ces périodes de menaces d`insurrection sociale généralisée ; 116









Fleurs lancées aux anciens PM pour leurs œuvres destructrices nationales passées et désignation du pire d`entre eux (le père des constitutions et élections truquées et du maintien au pouvoir de LC même en coma permanent) comme conseiller principal du Président pour les affaires stratégiques – heureusement destitué le lendemain au vu du tollé national que ceci a provoqué ; Interview ridicule et honteuse (pour tous les Guinéens) sur la chaine de télévision Africable où il a confirmé à la face du continent et du monde ses limites intellectuelles et son état dépressif avancé : on a même eu droit à une visite guidée de son W.C. quand il était étudiant ; Insultes grossières à l`ambassadeur d`Allemagne, chef de file de l`U.E. en Guinée, qui lui a pourtant posé la seule question que tout bailleur est en droit de poser avant de financer des élections en Guinée : serez-vous candidat en 2010 si les élections n`ont pas lieu en 2009 ? Et le fils de l’ex-tortionnaire PDGiste Keira applaudissait à pleines mains ce triste spectacle ! Résultat, le fin diplomate a eu la réponse (détournée) que nous attendions tous : « bien-sûr que OUI » Moïse convoque de nouveau toutes les Forces Vives de la Nation le 23 juin au Palais du Peuple pour encore une fois bien se défouler sur nos poules mouillées nationales de politiciens et de syndicalistes. Finalement, échaudées par toutes les autres humiliations du mois et sûrement menacées par leurs femmes et leurs enfants, celles-ci décident enfin de lui tenir tête en douceur en refusant de se rendre au nouveau 117

« Dadis-show » populiste organisé par M.C. Diop, le D.J. du CNDD. Moise a failli en bouffer son béret rouge et les képis de tous ses sbires à la tribune d`horreur. Les mauvaises langues locales disent même qu`il aurait piqué une crise de convulsions à son retour dans son trou à rat de camp. Un vrai Iznogoud, le vizir qui voulait être calife à la place du calife, je vous jure. Entretemps, les acteurs de la Justice ont obtenu gain de cause dans leur bras de fer avec Dadis : le fameux secrétariat d`état aux conflits, véritable parodie à la Monthy Python de l`application de la Loi au 21e siècle, est mis à la poubelle. Néanmoins son ex-chef est maintenant responsable au plan national de la lutte contre les coupeurs de route et les voleurs de bétail ; bref, encore d`excellents épisodes de parodie en perspective, vive le cinéma comique guinéen ! En plus de 50 ans d`indépendance nous avons réussi la prouesse jusqu’à présent inégalée dans les PVD (Pays en Voie de Développement) de mettre à la tête de notre pays trois parmi les plus ignares et les plus minables citoyens que la Guinée ait pu produire. Ceux qui disent que nous les méritons et qu`ils ne sont que le reflet de notre conception du pouvoir sont sûrement un peu méchants mais ont quelque part raison. Et à chaque fois nous avons réussi en un temps plus ou moins long à les transformer en des dictateurs fous et impitoyables – et à chaque fois grâce aux pourris installés dans les hautes sphères du pouvoir national, ou alors à leurs enfants. Pauvre Guinée maudite. En fait, notre pauvre pays est atteint d`une malédiction car ses habitants ont avalisé et couvert hypocritement des milliers de crimes de sang118

froid, en toute impunité et sans aucun châtiment – cette malédiction doit être levée pour que nous puissions enfin avancer comme les autres pays. Je pense que nous commençons ENFIN à comprendre qu`il est impossible de soigner l`infection généralisée de la Guinée avec du sparadrap et du mercurochrome, la seule solution préconisée et utilisée inefficacement chez nous depuis 50 ans. A mon avis un processus sérieux de Vérité-JusticeRéconciliation et une véritable conférence nationale seront indispensables pour recoller tous les morceaux blessés et séparés du pays afin de permettre que chacun puisse mettre rancœurs et douleurs de côté au profit du développement économique national. Mais nous devons cesser d`être des utopistes : ceci n`aura jamais lieu sans un certain nombre de conditions préalables, les fameuses conditionnalités des grands bailleurs de fonds. Je ne citerais ici que 3 principales et je suis sûr que nous pouvons tous contribuer à dresser une liste complète de ces préalables : 1) Le type de changement nécessaire pour cela doit venir de l`intérieur du pays et par l`exigence imposée par tous les Guinéens et en particulier nos leaders des Forces Vives (chefs de partis politiques, représentants élus de la Société Civile, leaders syndicaux). Ils doivent montrer l`exemple en dénonçant tous les excès et toutes les dérives du pouvoir, sans violence, mais aussi sans peur et sans flagorneries. Reconnaissons tous que c`est la principale leçon que Bah Mamadou nous a apprise : il faut prendre son courage d`homme libre et sûr de ses Droits pour dire tout haut NON. J`étais à Conakry lors de ses premiers textes à 119

Lansana Conté et je me souviens que nous lisions ses textes à la bougie dans nos chambres en attendant son exécution sommaire sur la place publique, mais lui n`a jamais douté de son bon droit et il a triomphé de Conté qui l`a respecté pour cela. Les hommages qu`il a reçu à sa mort et surtout après, surtout actuellement, c`est principalement à cause de cela. En Guinée aujourd`hui les avocats, les taximen et les gérants d`essenceries osent protester (doucement) contre le CNDD et on les écoute et ils ont parfois le dernier mot ! Pourquoi pas nos leaders des Forces Vives ? Pourquoi ces pleurnicheries sur le courage de Bah Mamadou au lieu de se lever et de faire comme lui ? Un pauvre journaliste est mis en prison et seule l`ambassade des USA ose dire un mot à Cona-crimes, pourquoi ? Les dérives et injustices de toutes sortes sont monnaie courante tous les jours en Guinée sans un mot de ces mêmes leaders, pourquoi ? On interdit toute émission des activités autres que celle de Moïse à la RTG et personne ne dit un mot, pourquoi ? Où est passée leur fierté d`hommes/femmes de courage et de devoir ? Pourquoi Hadja Rabi se joint-elle à des mielleux pour aller remercier Moïse parce qu`il a déculotté en public son ministre de la sécurité au profit de taximen qui peuvent bien faire un effort supplémentaire pour remplir les caisses vides de l`Etat ? Pourquoi tous ces remerciements à Moïse par tous, y compris sa famille, parce qu`il a décoré Bah Mamadou et qu`il a envoyé sa femme et ses sbires à ses obsèques ? Normalement, c`est l`Etat guinéen (et non lui Moïse) qui a pris cette décision et lui, n`a fait que son devoir. Je pourrais continuer ainsi pendant des heures ! 120

2) La transformation de l`homme (au pouvoir) par l`homme (autour du pouvoir) doit cesser : depuis ST c`est le seul domaine où nous avons développé une expertise que nous pourrions revendre, même en Occident. - Si les membres du 8ème conseil national de la révolution du PDG en 1968 avaient en grande majorité appuyé Mr Camara Balla et Mme Loffo Camara quand ils ont dit à ST qu`il ne pouvait à la fois diriger le parti et l`Etat la folie de ce tyran n`aurait peut-être pas évolué comme elle l`a fait. En réponse, il les a arrêtés et tués et tout le monde a applaudi ; idem pour Petit Touré, son frère et ses amis qui ont voulu, conformément à la Constitution en vigueur, créer un parti pour offrir une alternative auPDG. Là encore, tout le monde a tourné la tête de peur d’être indexé comme traitre et ST a compris qu`il avait droit de vie et de mort sur les brebis qu`il gérait. - La première fois que j`ai rencontré LC (Lansana Conté) en juin 1984 parce que traîné de force par ma famille il m`a serré la main avec ses deux mains. C’était un gros balourd de soldat mal dégrossi qui semblait vouloir apprendre sincèrement de tous ses interlocuteurs. Je l`ai revu ensuite 4-5 ans après, lors d`un séminaire du Ministère de la Santé dans la cité de Foulayah et je n`ai pas reconnu le personnage : il était devenu arrogant, prétentieux et sûr qu`il était supérieur à toutes les moutons présents dans sa délégation ce jour-là.

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- Si le général Toto et le colonel Korka du CNDD avaient eu le courage militaire de tout simplement dit au début de leur lynchages publics par ce malpoli de capitaine Dadis : « Ecoutez, Mr le président, je suis plus âgé et plus gradé que vous ; je vous prie de ne pas m`insulter en public devant mes jeunes frères et mes enfants. Quand vous vous serez calmé, je viendrais vous voir dans votre bureau pour recevoir tous vos reproches à deux ; en attendant, je préfère sortir de la salle pour ne pas vous offenser en tant que président du CNDD » ce démagogue populiste aurait réfléchi avant de parler plus de nouveau ainsi en comprenant qu`il a peut-être été trop loin, puis il se serait calmé et aurait sûrement évité de le refaire en public. Au lieu de cela ils ont baissé le front à terre, comme des enfants pris en flagrant délit de vol et ont demandé piteusement pardon devant leurs familles, compagnons d’armes et amis qui ont suivi cela en direct à la télévision nationale dans leurs foyers. Depuis lors le nouveau prophète se croit permis d`insulter qui il veut y compris des représentants de pays et de multinationales étrangères et s’étonne que tout financement soit bloqué pour le pays ! Je pense que nos chefs des Forces Vives ont tout simplement la trouille de prendre leurs responsabilités et la peur de se faire insulter en public par le prophète-fou du CNDD et ils ne peuvent espérer être des dignes héritiers de Bah Mamadou en jouant ainsi à l`autruche, en attendant que Dadis meurt lui aussi de longue maladie. Je n`aurais jamais aucun respect pour un opposant avec des ambitions politiques d’arriver au sommet de l’Etat mais qui ne me montrera pas le courage d`un Bah Mamadou au moment où la Guinée en a le plus besoin et où un pouvoir si faible et si minable peut facilement être plié si une action interne 122

coordonnée se met radicalement en place pour dire pour une fois : Non à une 3e dictature en Guinée ! 3) Nos « Forces Vivantes ? » devront immédiatement exiger et obtenir un CNT (Conseil National de la Transition) entièrement indépendant et sans aucun militaire en son sein, un CNDD réduit à 4-5 membres max. et un confinement absolu de tous les autres militaires dans leurs casernes qui seront d`ailleurs bientôt des hôtels 4 étoiles. Il faut absolument et immédiatement mettre fin aux courbettes et au cirage du boss ; et il faut que ce CNT travaille de manière sérieuse et appuyée par une expertise nationale et internationale pour mettre en place tous les garde-fous à un retour des militaires au pouvoir, même si pour cela et à l`image du Costa Rica, de Haïti (et du Japon pendant plusieurs décennies) il faut envisager la suppression pure et simple de l`armée guinéenne dans sa forme actuelle pour les 20 prochaines années. Voici juste quelques éléments de la perfusion urgente de médicaments de choc indispensables pour vaincre le sérieux le Mal chronique de la Guinée ; à vous de compléter. La période de grâce est totalement oubliée maintenant, tous les observateurs sont maintenant persuadés que Moïse sera pire que ses deux prédécesseurs au pouvoir mais tous sont également persuadés qu`il n`aura pas le temps de le démontrer car il sera sûrement physiquement éliminé sous peu par ses propres hommes qui ont compris que, comme Néron, seule une coupe de poison et quelques coups de poignards peuvent débarrasser l`humanité et la Guinée de ce cancre alcoolique, drogué et mégalomane ! 123

Finalement, en cette fin de mois, notre zoo politique national est en pleine décomposition. Tous les animaux sont complètement déchaînés : Moïse le rat est fâché avec le tigre mais survit encore grâce à la protection rapprochée de l`orang-outang Pivi Coplan. Moïse est également avec fâché mal-mal avec Toto le bouc, Korka l`âne, Idi Amine le taureau et tous les autres petits ruminants de la bande. Tiégboro le babouin fait le maximum de bruit pour pouvoir exister mais il ne semble pas faire le poids devant l`orang-outang de service qui attend la première occasion pour lui montrer qui d`entre eux est le plus singe des deux. Quand à Kouyaté la belette (notre PM) lui aussi a été proprement et à maintes reprises brossé dans le sens contraire du poil ce mois-ci. Beaucoup prédisent qu`il ne réagira que juste après qu`on lui aura tranché la gorge ce qui ne saurait tarder. Et nos poules mouillées politiques et syndicales picorent comme des folles toutes les bêtes qui passent près d`elles. Si on les laisse tous faire encore un peu ils seront tous les premières espèces en voie de disparition dont toutes les ONG de défense des animaux se féliciteront de la disparition effective et bénéfique. Épisode 06 – les piti bidasses préparent la prise de la Présidence - La lutte contre la racaille nationale et le Dadis-show ont atteint le fond et ils creusent toujours : •

Et revoilà en ce début de mois, grâce aux décrets journaliers, le retour tant attendu de nos audits nationaux sur la gestion et la gouvernance des périodes L.C. et Dadis (ils ne savaient pas que la 124



mal-gouvernance guinéenne existait depuis 1958). L`arme absolue pour se débarrasser de tous ces politicards gueulards et leurs potes d`empêcheurs de tourner en rond. Du coup, nous avons aussi loué immédiatement et à long terme les prisons de tous les pays avoisinants et avons demandé aux USA de nous refiler Guantanamo Bay dès qu`elle sera vide. L`arme ultime pour rejeter les élections aux calendes grecques et pour plébisciter Moïse comme le seul et dernier homme propre du pays. Dieu merci, Obama veille sur nous. Un show public a été programmé le 10 juin sous le titre évocateur « Tout, tout, tout pour le courant » pour présenter au peuple crédule le fruit des longues cogitations de Dadis et de son gouvernement sur le cauchemar de l`électricité (son absence totale, bien sûr) à Conakry. Trois options ont été proposées : 1) achats de nouveaux groupes réformés et repeints ; 2) BOT (système anglophone de construction et gestion privée qui vous appartient après la récupération de la mise et des bénéfices) à mettre en place sur une période de 2-3 ans minimum et 3) leasing (consommation du service sans l’acheter) à des escrocs spécialistes en tout sauf en électricité. Inutile de dire qu`ils ont choisi la pire, le leasing car non seulement elle va coûter des bonbons au contribuable et la poursuite de l`obscurité pour tous les Guinéens honnêtes et fauchés mais en plus elle ne réglera les problèmes que pour la ville de Conakry (donc efficience nationale = 20 %) sur le court-terme et enfin, les requins 125





remettront tous leurs équipements sur leurs bateaux en fin de contrat, sans que les vrais problèmes de fond ne soient encore réglés et rebonjour l`obscurité dans les prochaines 24 heures. Mais bien sûr d`ici-là, le héros Moïse qui a aura été le grand guinéen à régler définitivement mais temporairement les problèmes d`électricité de Conakry aura été porté en triomphe jusqu`au trône de la Présidence et donc « sans-fout-lamort » après cela ! Sydia Touré a bien essayé d`expliquer les côtés utopistes et négatifs à moyen terme de la chose, mais le Prof. Moïse lui a immédiatement coupé la parole, un rustre sorti des écoles de blancs n`a rien à apprendre à un Prof. sorti avec mention honorable de l`Université Camp Alpha Yaya Diallo, non mais et puis quoi encore. Le lendemain, c`est le retour tant redouté du « complot permanent » du PDG : des mercenaires seraient en entraînements intensifs prêts à bondir sur nous à partir du Sénégal, du Liberia et de la Guinée Bissau. Quelle honte pour ces pays amis et frères ! Dieu merci, le prophète Dadis et ses disciples du CNDD veillent au grain et sauront nous défendre contre tous les dangers qui nous guettent, et en particulier des élections libres, transparentes et urgentes. La vie est dure pour certains membres du CNDD, les pauvres : Toto se fait bastonner par les sbires de Moïse et El Tigre est évacué en urgence au Maroc (car la France lui aurait refusé le visa !). Seuls Moïse et Pivi se la coulent douce ces joursci malgré les pressions croissantes du groupe de 126



contact international sur la Guinée et tous les bailleurs de fonds. En échange on inaugure des nouveaux partis politiques toutes les semaines maintenant ; enfin un domaine où nous ne sommes pas sousdéveloppés.

- Notre PM Komara nous fait une version guinéenne de « Prison Break » : il réussit à sortir vivant et intact de sa prison haute sécurité de Conakry uniquement pour aller démissionner de son poste international au Caire en Égypte et ensuite resauter à pieds joints de nouveau dans sa cellule. Tout ça en affirmant haut et fort qu`il veut encore plus d`insultes publiques, de mépris et d`humiliations ! Comme c`est triste – pour lui. - Notre Professeur-commandant Moussa Keita enfonce encore plus le clou : cet agrégé en politologie de l`Université camp Alpha Yaya Diallo nous annonce au cours d`une mamaya pro-Moïse organisée à Nzérékoré que « Dadis est le De Gaulle guinéen », « Dadis ou la mort » et « Non aux élections en 2009 ». Après le « Dadis est notre guide, notre Duce, plus fort que le Führer, le chef » de notre pauvre Jean-Marie Doré de la semaine précédente, on évolue lentement mais sûrement vers un 3e Reich guinéen (après ceux de ST et de Fory Coco). - Notre RTG nationale s`est totalement muée en RTD (Radio Télé Dadistan) et Ibrahima Ahmed Barry, le toutpetit boss de la boîte a le lyrisme de Goebbels dans ses plus belles envolées en début de JT. Le journal de 20h30 s`est progressivement transformé en J.D. où nous avons 127

droit, au choix aux clowneries de Moïse devant ses griots civils et militaires Gui-Int et Guin-ex (des diasripoux avec des titres de El Hadj, Professeur ou Docteur, qui n`ont même pas honte de lui cirer les pompes jusqu`aux genoux en face de la caméra), des pérégrinations de la Dadette sa douce moitié en service commando dans tout le pays selon le modèle si bien rôdé par Maman Henriette Conté et pour agrémenter le tout les exploits de couples adultères du pays profond où elle lui tranche le zizi puis il lui coupe le sein et vive la bamboula locale. - Et si on passait à l`action concrète de changement ? Je me souviens encore du dernier trimestre de 1984 à Conakry, quand nous étions une bande de frères et de sœurs venants de toute la Guinée, tous mus par la vision d`une nouvelle Nation qui naissait et qui avait crée l`AVCB (Association des Enfants des Victimes du Camp Boiro ». Les débats étaient houleux, riches et passionnants ; même mon grand frère le regretté Saifoulaye Sow nous gratifiait parfois de ses rares interventions publiques qui m`ont convaincu de la richesse de sa réflexion. Le débat qui m`avait le plus passionné à l`époque était de savoir si il fallait créer un parti politique ou une simple association. La majorité avait préféré la 2e option, à mon grand regret aujourd`hui. Je repense encore souvent au petit groupe qui me disait en aparté que c`était une erreur que nous regrettions plus tard – et ils avaient raison !

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Tout ceci pour dire qu`il ne peut exister aujourd`hui de groupe plus diversifié sur tous les plans possibles (religieux, socio-économique, régional et résidence) que nous, les victimes du PDG-ST et de ses clones qui ont suivi. Tous nos parents et amis sont morts pour la même cause : dire ou même penser « Non à la dictature en Guinée ». Je reste persuadé que ceci reste toujours la position de 90 % des Guinéens aujourd`hui. Montrezmoi cette famille guinéenne qui n`a pas été touchée par la dictature continue de 1958 à 2009 dans notre pays ; montrez-moi un Guinéen ou une Guinéenne qui ne font absolument pas partie de notre grande famille des victimes. Dans le contexte actuel où il n`y a plus aucun interlocuteur crédible et digne devant les initiateurs de la 3e mouture de la dictature du PDG en préparation en Guinée, le moment n`est-il pas venu pour nous de revenir sur notre choix de 1984 et de lancer ENFIN en Guinée un nouveau parti politique qui rendra leur honneur et leur crédibilité à tous les Guinéens ? Notre devise sera : « Non à la gabegie et à la dictature en Guinée, plus jamais ça ; OUI à une Guinée Nouvelle, à reconstruire entièrement ». Tout un programme mais également tout le programme qu`il faut aujourd`hui pour permettre à tous d`espérer à nouveau en un lendemain meilleur ! Voici à mon avis les bases (résultats stratégiques à atteindre) de toute négociation sérieuse avec nos partenaires (et adversaires) éventuels : 129



La reconstruction de la Nation par la mise en place d`une Commission Nationale VéritéJustice-Réconciliation sera la première priorité, suivie d`une Conférence Nationale qui nous permettra de vider les cœurs et les têtes de tous les Guinéens pour accepter de tous pardonner entre nous, les coupables passifs, pour permettre enfin la reconstruction nationale et le début du développement du pays ; l`appui international et national sera sollicité pour mener ce processus de la manière la plus efficiente et rapide sans néanmoins rien bâcler pour cacher des fautes majeures et mineures.



Tous les prédateurs humains et économiques (petits et grands) encore vivants de 1958 à 2009, et en particulier tout le système PDG et ses clones futurs devront être jugés dans les règles de l`Art, sans chasse aux sorcières mais également sans complaisance et copinage rampant – même s’il s`agit de nos pères, frères et autres. La Loi sera appliquée avec douceur, mais aussi avec rigueur, pour le Bien de tous ; pour pouvoir enfin lire et ensuite tourner définitivement cette triste page de notre histoire nationale.



Un CNT sera effectivement mis en place. Il sera totalement indépendant, sans aucun militaire en son sein et il gérera sur le plan politique, administratif et financier tout le pays jusqu`à l`organisation d`élections législatives et présidentielles propres et au-dessus de tout soupçon dans un délai raisonnable bien fixé au 130

départ. Un CNDD minimal (4-5 membres max.) pourra éventuellement être maintenu, uniquement pour assurer la défense de la Nation et gérer du côté militaire (et avec des civils) la refonte totale des forces nationales de sécurité. En attendant, tous les militaires du pays seront confinés dans leurs casernes, sous les ordres du CNT. •

Un gouvernement entièrement civil, minimal en nombre mais maximal en qualité et en probité intellectuelles et financières, sous les ordres du CNT, sera chargé d`un programme minimal de transition avec comme priorités le démarrage réel du rétablissement de tous services sociaux minimaux de base, la révision totale de la fonction publique et la réallocation des budgets de l`Etat vers les principales urgences du pays ;

Si nos frères et sœurs guinéens – en Guinée et dans le monde – sont d`accord et si les vrais amis de la Guinée sont prêts à nous aider en ce sens, je suis persuadé que : 1) Tout ceci est certes ambitieux mais parfaitement jouable. 2) Les capacités humaines nationales existent déjà en Guinée et ailleurs ; et elles sont immédiatement disponibles pour changer définitivement et radicalement le cours de notre histoire. YES WE CAN…

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Épisode 07 – Toujours dans le brouillard guinéen J`ai décidé récemment d`être plus « positif » dans la vie et donc plus constructif - plusieurs incidents dans ma vie personnelle et familiale m`ont amené vers cette nouvelle voie. J`ai donc décidé aussi de commenter toutes les bonnes actions des différents acteurs du pouvoir en Guinée, mais cela va être très difficile. Je resterai néanmoins très critique (comme avant) de toutes les dérives, tout en développant quand même mes sentiments et mes idées sur comment sortir du bourbier national. Par exemple, le massacre du peuple de Guinée désarmé et innocent (centaines de morts et milliers de blessés) le 28 septembre 2009 alors que ce peuple était simplement sorti pour dire « Non à la dictature » est tout a fait inadmissible et intolérable ! Même De Gaulle et l`armée coloniale n`avaient pas osé tirer sur lui lorsqu`il avait dit « Non à la colonisation » le 28 septembre 1958. Le texte ci-dessous était valable jusqu`au 27 septembre 2009 ; depuis et après le lundi noir du 28 septembre, notre Moïse le Terrible et son CNDD (Conseil National pour le Départ de Dadis) sont totalement disqualifiés, avec carton rouge pour la fin du match de la transition guinéenne. Oui, Dadis et ses complices doivent partir, mais uniquement vers la CPI à La Haye…

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Les trois options de Dadis Finalement, je me joins de plus en plus à tous nos compatriotes qui écrivent sur le Net pour dire qu`il ne sert en fait à rien de « diaboliser » et critiquer en permanence le Président du CNDD Moussa Dadis Camara : le seul résultat qui puisse advenir de ces actions est en fait sa fermeture progressive à toute discussion utile avec lui, et finalement un repli sur luimême et sur ses proches dans l`esprit très guinéen de « que ces Guin-ex aboient, de toute façons ma caravane passera… » Il serait sûrement plus productif d`analyser de manière sobre et systématique quelles sont ses options d`avenir dans les années et décennies à venir selon les choix qu`il fera dans les jours à venir. Et prier qu`il ne l`ait pas déjà fait sous l`influence néfaste des faux-amis qui l`entourent. Je voudrais au préalable donner mon opinion personnelle sur l`homme fort de Conakry du 23 décembre 2008 à aujourd`hui : je reconnais sincèrement que j’ai fait partie des « fanas » de Dadis à son arrivée et pendant les premiers mois de son pouvoir. Notre pauvre pays avait tellement souffert de mal-gouvernance et d`injustice depuis plus de 50 ans que ses propos et ses premiers actes m`ont sincèrement fait penser, comme à plusieurs autres frères et sœurs, que nous avions trouvé un militaire d`honneur pour enfin sortir notre pays de l`ornière et de la malédiction qui tourmentaient tant tous les Guinéens. Les excellents écrits prémonitoires du doyen Sy Savané de Rouen (France) nous avaient fait rêver qu`il existait vraiment des « militaires patriotes » dans notre pays qui pouvaient changer le cours de notre 133

histoire souvent sinistre. Les sceptiques ont été nombreux et très rapides à réagir. Je ne voulais pas accepter leurs arguments qu`il était impossible que ce genre de militaires existe encore en Guinée et leurs exemples ne manquaient pas surtout, quand on a vu un personnage comme Pivi aux premières loges du pouvoir. Je me souviens des discussions chaudes dans tous les milieux guinéens où je passais et où on me prenait souvent pour un naïf et toujours pour un optimiste maladif. Mais Dadis trouvait les mots justes au début pour me (nous) faire rêver : finie la gabegie, finis les trafiquants de drogues et les bandits en col blanc qui ont mis notre pays à genoux, audits de tous les précédents pilleurs des deniers publics, restructuration immédiate de l`armée, promotion des jeunes cadres et mise à la retraite des fonctionnaires qui partageaient leurs bureaux avec leurs petits-enfants… etc. Il utilisait les mots justes, ceux que je voulais entendre, ceux dont je rêvais. Bref, j`étais sûr que c`était un vrai patriote qui aimait la Guinée et voulait la changer totalement. Je reste encore persuadé au fond de moi-même qu`il est arrivé en fin décembre 2008 avec vraiment ces idées-là en tête. Mais mille fois hélas la mafia civilo-militarocommerçante qui est à la base de tous les malheurs de notre pays depuis le PDG-ST en 1959 a vite repris la main et a commencé lentement mais sûrement à le manipuler et le faire dévier de ses objectifs initiaux. A la différence de Sékou Touré qui était à mon avis, dès le départ en 1956, un complexé cynique, malin et méchant qui avait déjà en tête de faire la peau à tous ceux qui étaient « mieux que lui » avant qu’il ne soit leur Président. Je donne même le bénéfice du doute à 134

Lansana Conté car je pense sincèrement que ses intentions premières étaient également saines et patriotiques, mais il a été pris très rapidement en charge par la même mafia et en plus il était très cupide, avec peu de moralité et très limité intellectuellement. Dadis, en plus pour aider cette mafia à bien le coincer, a commencé à trop parler, à envahir tous les espaces nationaux de communication, à mettre sur la place publique beaucoup de ses limites et complexes et sa propension à humilier ses proches et à abuser de son nouveau pouvoir. Tout personne censée vous dira qu’en Afrique, et particulièrement de l`Ouest, la seule chose qu`il ne faut jamais faire est d`humilier un adulte en public, devant toute sa famille car c`est la seule chose qu`il ne te pardonnera jamais. Finalement, je suis donc passé du grand espoir au pire désespoir – une fois de plus ! Dans 5-10 ans on trouvera dans les dictionnaires du Petit Larousse illustré et du Robert à la page C de la 2ème partie du document : « Camara, Moussa Dadis : officier guinéen qui, à la tête d`une junte, a pris le pouvoir en Guinée le lendemain du décès du Président Lansana Conté… ». Les 2 ou 3 phrases lapidaires qui suivront dépendront entièrement du choix obligatoire qu`il devra faire très bientôt - si ce n`est pas déjà trop tard - sur son avenir dans l`Histoire de la Guinée et de l`Afrique. Lisez comme exemple ce qui est dit de Sékou Touré. Dadis a en fait trois choix possibles : 1. Il décide de passer en force directement de Président du CNDD à Président de la République de Guinée en 2009 ou 2010 : il gagnera sûrement 135

ses élections – les laboratoires d`élections mis en place par ses deux prédécesseurs ne nécessiteront qu`un peu de graissage… Et il sera intronisé en grande pompe à Conakry au palais Sékoutoureyah devant son grand-père Wade, son père Kadhafi et sûrement aussi les nouveaux présidents de la Mauritanie et du Niger qui lui ressemblent tant en 2009. Mais ne vous y trompez pas, son cas est bien différent des deux derniers. J`avais développé ces différences dans la version originale mais cela allongeait trop le texte donc je les partagerais sûrement une autre fois. Ceci, bien sûr, ne justifie absolument pas leurs coups d`état anticonstitutionnels et surtout leurs bourrages honteux des urnes pour passer au 1er tour. Mais ceux-là savent exactement ce qu`ils comptent faire pour leurs pays et ils voient clairement la voie à suivre pour cela. Je ne pense pas que ce soit le cas pour Dadis à Conakry aujourd`hui. Personne ne lui pardonnera jamais d`être un officier de l`armée qui a juré sur son honneur et sur sa famille et qui a ensuite osé piétiner tout cela sans aucune gêne. Il sera donc le 3è président de la Guinée, il résidera dans un beau palais de marbre où il sera plus un prisonnier qu`autre chose. Il ne sera pas invité aux garden-parties sur les pelouses de la Maison Blanche et même pas sûrement à dîner à l`Élysée. Pire que tout cela sans doute pour lui, il se fera truander comme ses prédécesseurs par ses intermédiaires sur le plan immobilier et financier en Occident qui prieront tous les soirs pour qu`il ne se réveille pas le 136

lendemain. Les banques partageront avec les grands de ce monde tous ses biens cachés et les rendront ensuite sûrement au premier président démocratiquement élu du pays. Le dernier sommet du G8 a été clair là-dessus et ils seront ravis de montrer l`exemple sur un chef d’opérette africain. Il fera le tour des différentes rencontres de ses pairs de la région pour s`auto-congratuler et se décorer tous les mois, mais lui et sa famille seront coincés à jamais en Guinée. Le triste exemple de la famille de Conté aujourd`hui devrait faire réfléchir tous les Guinéens. Ses grands fils ont fait des pieds et des mains pendant longtemps pour s`installer en Amérique du Nord, mais avec les systèmes bancaires et fiscaux locaux ils sont ensuite rentrés rapidement au bercail et on parle maintenant de problèmes financiers pour payer les études des plus petits en Angleterre ! La justice (et ensuite la prison) est à la porte de tous ceux d`entre eux qui ont plus de 18 ans alors que lui repose en paix dans son village natal. Bref, notre Dadis devenu National finira triste et malheureux comme ses deux prédécesseurs, épuisé par les peaux de bananes journalières, les intrigues et les coups bas permanents. Cela finira même également par beaucoup d`autres excès et peut-être même par la déprime permanente. Mais pire que tout, je vous laisse deviner les 2 ou 3 lignes qui compléteront son épopée dans les dictionnaires.

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2. Il décide de mettre en avant un « homme de paille » parachuté dans un nouveau parti créé pour la circonstance en attendant de le virer le plus vite possible pour reprendre son trône présidentiel personne n`est dupe ni en Guinée, ni ailleurs – le coup se verra de loin, plus qu`un gros vilain nez sur un visage fin. Il aura rajouté à sa honte précédente le mépris et l`insulte à tous les Guinéens et à la communauté internationale pour les avoir tous pris pour des imbéciles. Qui plus est l`appétit venant en mangeant, le nouveau petit boss va surement s`activer rapidement pour monter sa petite équipe parmi les militaires soudards de nos forces armées en pleine anarchie afin de s`assurer qu`ils ne les gêneront plus dans quelques années (technique Mengistu). Ce sera d`autant plus facile qu`il en a déjà humilié plusieurs dans pratiquement tous les corps de l`armée nationale. Ni lui, ni sa famille ne dormiront plus jamais sur leurs deux oreilles jusqu`au jour très hypothétique où il reprendra son bien. Et alors commencera le scénario que je vous ai décrit précédemment. La seule différence ici c`est qu’ils rajouteront une ligne supplémentaire dans les dictionnaires, avant les 2 ou 3 autres qui dira « au début il a placé un homme de paille pour essayer de tromper tout le monde, mais il a lamentablement échoué dans cette manœuvre ». 3. Il décide de jouer le rôle d`arbitre impartial et audessus de la mêlée comme il l`avait promis au peuple de Guinée et à toute la communauté 138

Internationale en prenant la décision urgente d’organiser rapidement des élections présidentielles et législatives propres et démocratiques en 2009 ou 2010 : il se débarrasse ainsi directement de cette patate chaude dont peu de gens comprennent la complexité. La tâche qui attend ce 3e président est colossale, s’il veut vraiment faire renaître l`espoir dans ce pays et il risque de ne pas y arriver même s’il décroche deux mandats consécutifs. Néanmoins, toutes les bases peuvent être mises en place pendant ce temps. La majorité des candidats en course ne sont pas des saints, nous le savons tous et ils le savent tous ; en dehors de quelques nouvelles têtes jeunes qui ont montré une certaine probité morale, des qualités réelles d`entreprenariat personnel et pour la première fois en Guinée du courage pour dire parfois la vérité aux chefs divins – mais ils sont encore trop peu nombreux et trop nouveaux pour peser sur des élections en 2009-2010 – ce qui est d`ailleurs une très bonne chose pour eux, car ils seront sûrement beaucoup plus utiles parmi les leaders dont nous aurons besoin demain et après-demain, quand le nettoyage à grande eau aura commencé. Soyons des Guinéens réalistes et honnêtes : la grande majorité de tous ceux qui ont été accrochés au poteau du champ du pouvoir en Guinée depuis 1958 ont brouté autant qu`ils ont pu – tout dépendait de la longueur de leur corde. Le chef suprême, les petits chefs du cercle direct autour 139

de lui et leurs proches, un groupe très restreint en nombre, avaient des cordes kilométriques. Ils ont donc brouté à satiété pour eux-mêmes et pour leurs familles. Certains en sont même morts d`excès de bonnes choses inconnues d`eux jusqu`alors… Puis il y avait un groupe un peu plus nombreux avec des cordes en centaines de mètres – ceux-ci aussi on brouté autant que possible, mais ils ne sont pas des « riches » au sens occidental du terme, il s’agit de ceux dont on dit pompeusement au pays qu’ils ont réussi à se débrouiller et qui font très souvent la fierté de leur famille et de leurs amis et complices. Puis vient la grande majorité des autres Guinéens aux cordes de quelques mètres à peine et dont parfois la corde était si courte qu`ils étaient attachés directement au poteau. Ceux–ci ont vite fini de brouter toute l`herbe disponible et depuis, ils mangent uniquement de la terre. La majorité d`entre eux a passé toutes ces longues années de galère à essayer avec plus ou moins de succès d`allonger au maximum leur corde. Ceux qui n`ont pas pu ce n`est sûrement pas parce qu`ils n`ont pas essayé – ils n`ont juste pas pu se débrouiller correctement. Enfin, reste un groupe très limité qui a plus ou moins vite compris les dérives et qui ont plus ou moins vite coupé leur corde par dégoût, par moralité ou en raison de leur foi réelle en Dieu – en Guinée, on les appelle souvent les maudits ou les rêveurs naïfs et dans leurs familles on les traite de fous.

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Oui, comme le démontre si bien plusieurs analystes comme Mme Barry-Baud des audits seront indispensables, en particulier pour ceux qui avaient des cordes kilométriques ou de plus de 500 mètres mais dans un système où les institutions et la Loi seront enfin devenues réels. Dans le contexte actuel comme l`ont prouvé éloquemment les trois derniers PM, il n`y aura que des règlements de compte et des combines politiques pour coincer des seconds-couteaux pendant que les vrais rapaces se marreront. Et les Guinéens qui se connaissent tous très bien à mon avis ne mettront pas à la tête de leur pays un des rapaces à corde kilométrique – même s`ils le faisaient, ce dernier finirait par tomber dans son propre piège, au lieu de se la couler douce en profitant discrètement et calmement de ses rapines passées. Pour plus de détails, demandez à l`ancien premier ministre d`Israël, Ehud Olmert. Si Dadis choisit ce chemin, il dînera demain avec Mandela, Chisano, Diouf et consorts ; il pourra aller se sur-former dans tous les domaines qu`il souhaite partout où il voudra et avec toute sa famille. Il pourra ensuite participer à toutes les médiations interminables sur le continent africain. Dans 10-15 ans, il n`aura toujours pas 60 ans et alors ce sont les jeunes Guinéens (les vrais cette fois-ci) qui viendront le prier de venir diriger le pays, comme ATT au Mali qui a réussi tout seul à démolir toute l`opposition politique du pays au moment de son retour au pouvoir. Mais surtout, il aura marqué sa place parmi les héros nationaux 141

qui ont consacré les moments les plus importants de leur vie publique à la dignité de la Guinée. Et il aura les 2 ou 3 phrases qui feront plaisir à tous ses descendants et à tous les Guinéens dans les dictionnaires le Petit Larousse illustré et le Robert. Il faudrait donc nous concentrer d`abord et en priorité sur les urgences du moment pour arrêter ce bateau national qui coule à grande vitesse : •

Des audits des systèmes actuels de malgouvernance seront effectivement indispensables et urgents. Je suis sûr que beaucoup de ces études existent déjà, mais cachées dans des tiroirs par ceux qui ne veulent pas en entendre parler. Il faut faire un point très clair de la situation sur tous les secteurs-clés permettant de relancer rapidement la machine économique nationale. Et ceci est tout à fait possible si les bailleurs de fonds savent qu`ils auront des retours sûrs et protégés sur leurs investissements importants dans le futur eldorado guinéen. Je me souviens encore comme si c`était hier que lorsque M. Sidya Touré a été nommé PM en Guinée, pendant 3 semaines personne ne l`a fréquemment vu ni entendu sur les ondes nationales. Nous avions appris qu`il avait réuni un shadow-cabinet à la primature constitué en majorité de cadres nationaux des secteurs publics et privés choisis sur le volet et qu`ils y travaillaient matin et nuit sans arrêt. Après 3 semaines environ, il a fait successivement 2 ou 3 142

discours que je n`oublierai jamais : il nous a décrit en détail tous les problèmes du pays, quelles en étaient les causes primaires, secondaires et structurelles, quelles solutions il faudrait pour lever ces obstacles au développement harmonieux du pays et comment il faudrait le faire. Tout ceci dans un langage simple, précis et compréhensible pour la majorité des Guinéens. Bien sûr il ne pouvait connaître aussi précisément le gouffre guinéen puisqu`il résidait à l`époque surtout en Côte d`Ivoire et je pense que ce qu`il nous a lu est le fruit du travail de son équipe avec sûrement des synthèses par un groupe réduit de vrais cadres. Je ne suis absolument pas un militant de son parti politique ni hier, ni aujourd`hui mais je reconnais que j`ai été immédiatement séduit par ce cadre supérieur de très haut calibre fraîchement arrivé en Guinée et qui nous présentait notre situation nationale et indiquait comment l`améliorer dans des délais raisonnables et avec autant de brio – chapeau ! Et je connais plusieurs autres cadres guinéens partout sur les 5 continents qui pourraient surement faire un travail de cette qualité en un si court laps de temps. Le véritable défi de ce nouveau président-martyr ne sera sûrement pas de s`occuper de son nouveau fauteuil temporaire mais de mettre en place une équipe du tonnerre, avec un PM qui pourra tenir la feuille de route et avec toutes les libertés nécessaires pour féliciter et récompenser les cadres méritants et sanctionner avec justice les mauvais élèves. Ceci permettra au 143

Président de faire lui aussi son travail de relations publiques et de représentation honorable du pays. •

Nous ne redémarrerons jamais ce pays si nous n`acceptons pas de nous asseoir tous ensemble pour nous dire la Vérité sur tout le Bien et sur tout le Mal que nous nous sommes faits en Guinée. Des innocents et des mauvaises personnes ont été tués injustement pendant la 1ère République ; des innocents et des mauvaises personnes ont été tués injustement pendant la 2e République ; aujourd`hui des innocents et des mauvaises personnes croupissent injustement dans les geôles du CNDD. Il faut arrêter ces massacres ! Il n`y aura pas de chasse aux sorcières et il n`y aura peut-être même pas de sentences pénales, de toutes les façons les plus grands criminels sont auprès de Satan maintenant, mais on se connaît tous en Guinée et chacun demandera pardon à son voisin, à son ami et à son ennemi d`hier pour le Mal qu`il lui a fait et on se pardonnera tous les uns les autres. On acceptera tous de tourner ensemble et définitivement ces pages noires de notre Histoire récente. Personne n`oubliera jamais, mais nous pardonnerons pour que nos enfants et surtout nos petits-enfants ne connaissent jamais la Guinée que nous nous avons connue. Rangeons enfin les haches de la haine, les mesquineries et les guéguerres ethniques, régionales et religieuses, et profitons tous ensemble de la mosaïque de nos cultures et de nos traditions qui sont la plus belle merveille de notre pays, si diversifié grâce à Dieu. 144

Nelson Mandela a posé deux actes qui ont signé sa place dans l`histoire de l`humanité : premièrement, après 27 ans de prison presque continue, il est sorti, a négocié avec ses bourreaux la fin de l`apartheid, a été élu Président démocratiquement élu de la République et dans son discours d`investiture il a dit : « je pardonne tout le mal qui m`a été fait et qui a été fait à ma famille et je vous demande tous de pardonner comme moi ; nous n`oublierons jamais, mais il faut savoir pardonner pour avancer…». Deuxièmement, quelques années plus tard, l`Afrique du Sud blanche organisait la coupe du monde de rugby. Pendant tout le tournoi les stades n`étaient remplis en grande majorité que de Blancs. Quand l`équipe nationale totalement blanche est arrivée en finale, Mandela l’a reçue la veille du match chez lui à la maison et a fait annoncer qu`il serait au stade le lendemain et qu`il priait tous les Sud-Africains de venir soutenir l`équipe nationale. Quand il est rentré sur la pelouse avant le coup d`envoi en portant le maillot des springboks, tous les Blancs et tous les Noirs du pays et du monde ont pleuré. Par ces deux actions à la fois si simples et si fortes il a commencé le long travail de ressouder tout son peuple et il est aujourd`hui la plus grande icône des 20e et 21e siècles – et il est africain ! Je prie que tous ceux qui aiment vraiment Dadis liront ma petite contribution au débat national principal actuel, sa famille et ses vrais amis, et qu`ils trouveront un moment où il est de bonne humeur, de préférence pour 145

eux où ils pourront discuter sereinement des options qu`il a devant lui aujourd`hui. J`espère que, finalement, il fera le choix lui-même et qu`il ne laissera pas cette mafia qui a craché sans aucune honte sur les mémoires de Sékou Touré et de Lansana Conté au lendemain de leur mort décider de sa place dans l`Histoire et de sa propre image dans l`avenir. Je pense aussi sincèrement que Dadis est un fervent croyant en Dieu ; si ceci est réel et franc, je lui demande alors de le prier intensément de le mener sur le chemin de l`Honneur et de la Dignité pour lui-même, pour sa famille et pour la Guinée du 21e siècle. Aujourd`hui la question principale n`est plus comment s`en sortir avec ces bouchers incultes, mais plutôt de réfléchir à la reconstruction nationale après leur départ très prochain du monde civilisé du XXIème siècle. Le Pardon et la Réconciliation en Guinée : document pilote Contexte et justification : Aujourd`hui nous pouvons tous convenir que l`objectif principal de la majorité des Guinéens est d`obtenir un avenir radieux pour notre pays pour le bénéfice ultime des jeunes générations (nos enfants et petits-enfants). Pour ce faire, les Guinéens et les Guinéennes devront saisir la 3ème chance qui leur est offerte de monter dans le train du développement afin de ne pas, une fois encore, manquer cette chance.

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La Guinée fut le seul pays de toute l’Afrique francophone à rejeter la proposition du Général de Gaulle concernant l’intégration des colonies de l’Afrique occidentale française au sein d’une éventuelle Communauté française. La Guinée accéda ainsi à l’indépendance le 2 octobre 1958 dans une concorde et une fierté nationales. Notre pays devenait alors le symbole de la « dignité africaine retrouvée ». Très vite l’espoir suscité sera déçu. Le régime autoritaire de ST s’est rapidement transformé en dictature et a provoqué, au cours des ans, de nombreuses victimes innocentes dans le pays et l’exil de plus de deux millions de personnes sur les six millions d’habitants existants alors. Des milliers de membres de ses gouvernements, des hauts cadres et citoyens anonymes furent torturés, exécutés par pendaison ou fusillade et d’autres moururent en détention par privation de nourriture et de soins. Après la mort de Sékou Touré en 1984 un Comité Militaire de Redressement National (CMRN) porta au pouvoir le colonel Lansana Conté. Les nouvelles autorités promirent une rupture avec l’ancien régime en s’engageant dans une série de réformes qui ont conduit le pays dans un système mercantiliste reposant sur laxisme et corruption. Dès 1985, les démons du passé se réveillèrent, la junte au pouvoir s’est hâtée de liquider les dignitaires du régime défunt – pour la plupart membres de la famille de ST, à la faveur d’un coup d’Etat manqué conduit par le Colonel Diarra Traoré, les privant ainsi d’un procès juste et équitable. Cette situation a favorisé la pratique du régionalisme et de l’ethno-stratégie comme moyens politiques de maintien 147

ou de conquête du pouvoir en Guinée – ce qui constitue un grand risque de conflit pouvant compromettre dangereusement l’unité nationale et la stabilité politique de la Guinée. Les événements tragiques de janvier et février 2007 qui ont endeuillé la Guinée en causant de nombreuses pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants, sont le reflet des frustrations accumulées sur plusieurs années par une population aspirant massivement à un changement radical de comportement dans la vie de la société et des institutions de l’Etat. Quelques heures après la mort du Général Lansana Conté en décembre 2008 le capitaine Moussa Dadis Camara s’autoproclama Président de la République de Guinée sous la houlette du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD). Une fois encore un espoir fou naquit chez les Guinéens (la 3ème chance), mais les dérapages fréquents enregistrés dans la gestion de l’Etat aux yeux de plusieurs acteurs de la société guinéenne, n’induisent pas une rupture avec le passé, compromettant ainsi l’espoir des populations suscité par la nouvelle prise du pouvoir par l’armée. Le moment est venu pour nous tous de nous concentrer en priorité sur notre plus petit commun dénominateur, c`est-à-dire sur le seul point sur le seul point d’accord de tous : les 3 pouvoirs successifs que notre pays a connus ont produit un nombre trop important, inadmissible, de victimes innocentes. Il faut maintenant se concentrer sur la reconnaissance, la justice et la paix de l`âme de ces pauvres victimes. 148

A mon avis, un processus sérieux de Vérité-JusticePardon-Réconciliation national sera indispensable pour recoller tous les morceaux blessés et séparés du pays afin de permettre à chacun de mettre de côté rancœurs et douleurs au profit du développement économique national. La reconstruction de la Nation par la mise en place d`un tel processus est à mon sens la première et la plus urgente priorité actuellement pour que nous puissions tous vider nos cœurs et nos têtes et accepter de nous pardonner tous pour commencer enfin la reconstruction nationale du pays. Au delà même des bénéfices directs pour les familles de toutes les victimes innocentes du pays, cette réconciliation entraînera de très nombreux bénéfices associés pour tous les Guinéens : retour plus important des exilés politiques et économiques, retour des diplômés et des experts guinéens de l’extérieur sans crainte pour leur sécurité et celle de leurs familles, essor de l’immobilier dans tout le pays, plus grande et plus durable stabilité politique entraînant plus d’investissements donc plus de travail dans les secteurs public et privé, plus de taxes pour l’Etat et donc moins de chômage et de frustrations. Ce processus devra être mis en œuvre de la manière la plus efficiente et rapide possible sans néanmoins rien bâcler pour cacher des fautes majeures ou mineures. Ce processus de réconciliation concerne aussi et avant tout les fautes de l`Etat guinéen pour tous les torts qu`il a commis envers ses citoyens au cours du demi-siècle passé et tant qu`il ne le reconnaîtra pas et ne demandera pas Pardon à tous les Guinéens, il restera un Etat « coupable », détecté par tous mais non encore jugé ni condamné. Tant que ce processus ne sera pas mis 149

correctement en œuvre, la crédibilité de notre Etat restera une simple utopie qui nous entraînera dans un « sur-place » équivalant à celui que nous vivons aujourd`hui. Par ailleurs je reste persuadé que notre mosaïque ethnique et culturelle nationale est l`une des plus grandes bénédictions que Dieu nous ait offertes mais qu`elle a été instrumentalisée par des malins et des méchants pour opposer les faibles, certains intellectuels et des noninstruits. Nous devons être fiers de nos ethnies et de la diversité qu`elles offrent à notre pays. Chacune d`elle doit s`organiser pour s`épanouir concrètement et se choisir de bons chefs, mais en même temps les chefs et leurs ouailles doivent être convaincus que nous ne sommes forts que lorsque nous formons une équipe globale soudée, avec toutes nos différences et toutes nos similarités qui feront notre puissance. Il faut qu`ils soient convaincus que les Guinéens ne pourrons réussir qu`ensemble et qu`individuellement aucune de nos ethnies n’a grand-chose de viable au 21e siècle. Les USA et le Canada ont réussi à faire de la diversité leur plus grande force en encourageant toujours plus l’immigration de qualité pour renforcer leurs « meltingpots » gagnants. Mon rêve est de voir tous les Guinéens réconciliés. J`ai été marqué dans ma vie adulte par les derniers mots confiés par mon père à M. Portos Diallo : « Il faut réconcilier tous les Guinéens quand tu sortiras… » (« La Vérité du Ministre, Albin Michel, 1985). Je pense que ceci est la chose la plus importante aujourd’hui pour notre pays et je ressens profondément que je dois cela à 150

mon père et à tous ses frères et sœurs martyrs afin qu`ils ne soient pas morts pour rien. Je compte me battre avec toute mon énergie pour aider à mettre en place et à rendre opérationnelle une nouvelle commission nationale de préparation du Pardon et de la Réconciliation des Guinéens dans un processus clair et simple, limpide et bien géré dans un temps bien défini. Pour cela, un savant mélange de tous les types et modèles de Guinéens et d`amis de la Guinée avec l`appui technique d`une expertise réelle (nationale et internationale) sera indispensable pour réconcilier la Guinée, les Guinéennes et les Guinéens avec euxmêmes. L`équipe de la commission nationale : Je voudrais proposer un groupe restreint de personnes dynamiques pour une efficacité maximale ; tous devront être d’une moralité professionnelle et financière sans reproches pour tous les Guinéens. Ils devront avoir déjà réussi leurs carrières personnelle et professionnelle car ils seront tous des bénévoles, sans salaires pour le travail demandé. Il s’agira donc de vrais patriotes passionnés et dévoués à cette cause et au but recherché jusqu`au sacrifice personnel, unique gage de crédibilité aux plans national et international du travail à effectuer. Il faut absolument éviter les « mange-mil » nationaux et de la diaspora qui ne verrait dans cette démarche que profit financier rapide ou tremplin politique. Chaque membre aura des termes de référence précis et des extrants et effets à présenter au comité aux différentes étapes de leurs responsabilités et plans de travail respectifs. 151

Voici une proposition pour une représentativité nationale la plus large possible : -

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Un (ou deux max.) enfant de victime de la 1ère République ; Un (ou deux max.) enfant de victime de la 2ème République ; Un (ou deux max.) enfant de victime de la transition actuelle ; Une (ou deux max.) personnalité guinéenne qui aura réussi une carrière internationale ou diplomatique exemplaire qui aura un carnet d`adresses bien rempli et des contacts avec de nombreux « Grands de ce monde » ; Deux représentants des confessions religieuses principales du pays ; Un/une (ou deux max.) représentant des Guinéens de la Basse Guinée, qui remplisse entièrement les conditions préalables ; Un/une (ou deux max.) représentant de la Moyenne Guinée qui remplisse entièrement les conditions préalables ; Un/une (ou deux max.) représentant de la Haute Guinée qui remplisse entièrement les conditions préalables ; Un/une (ou deux max.) représentant de la Guinée Forestière et qui remplisse entièrement les conditions préalables ; Un/une (ou deux max.) représentant des groupes ethniques minoritaires de la Guinée et qui remplisse entièrement les conditions préalables. 152

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Il y aurait également quelques « conseillers techniques », experts nationaux (vivants en Guinée ou à l`étranger) parmi nos aînés qui ont bien connu les 2 premières républiques. Ils seront choisis parmi nos doyens qui ont beaucoup réfléchi et écrit des livres de qualité et d`impartialité sur le sujet. Ils seront particulièrement recherchés parmi nos écrivains, historiens, sociologues et psychologues.

Un bureau, cellule restreinte de coordination, synthèse et rédaction sera mis en place au début des travaux de la commission. La commission consultera de manière très large et ouverte tous les Guinéens partout dans le monde pour recueillir leurs commentaires, suggestions et critiques pertinents et les analysera sérieusement pour les prendre en compte. Ils seront accessibles par le Net, par courrier postal et par des rencontres de vive voix. Tous ceux qui sont parfaitement bilingues permettront à la commission de bien capter pour l`équipe tous les messages des appuis extérieurs anglophones plus expérimentés dans ce domaine. En particulier il faudra bien étudier et demander l’appui de l’Afrique du Sud, du Maroc, du Liberia et des organisations internationales de Droits de l`Homme en Afrique et dans le monde.

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Salutations distinguées d’un vulcanologue au fond de son trou, Hello my people, Je suis depuis le dimanche 25 octobre 2009 à 18h45mn et 23 secondes dans le « No county for old, weak and sick men and women », le Dadistan, la nouvelle étoile dans notre galaxie tropicale ! D’abord le hangar-déversoir de Gbessia, ce qu’ils appellent pompeusement aéroport international : en descendant de mon fauteuil confortable du 21e siècle, depuis j’y pense souvent avec nostalgie, je mets direct les pieds dans le 19e siècle. J’ai brusquement une vision incroyable du 21e siècle : 2 passerelles télescopiques sont en chantier (peu) avancé, je jure. A peine la porte du bourbier atteint un policier avec galons se précipite vers moi en disant qu’il a été envoyé pour me recevoir. De peur de la folie ambiante je lui tends directement et bêtement mon passeport, puis il bouscule tous les pauvres gens dans le rang et me fait passer tout honteux devant la populace qui me regarde « tricher le rang » avec rage et dégoût. Une fois arrivé au comptoir il me rend mon passeport et me dit de le tendre à son collègue (au cas ou je ne le saurais pas) et me demande immédiatement 15 dollars ou 10 euros, il suit le taux de change chaque matin sur RFI, pour sa peine et disparaît à toute pompe avant que les vraies personnes venues me recevoir ne l’aperçoivent. Inutile de préciser qu’il a été très déçu. Tu tombes alors dans un capharnaüm de combinards et de va-nu-pieds avec des sandales déchirées mais tenant deux portables dans chaque main : 154

il faut les comprendre, ici il y a 6 operateurs cellulaires et les contacts entre réseaux sont difficiles et plus chers donc chacun se promène avec un téléphone pour chaque réseau ! En arrivant à leur niveau je pensais qu’il s’agissait de vendeurs de cellulaires pour les guin-ex débarquant de Paname. Je m’accroche comme à une bouée de sauvetage au bras de mon beauf qui en 2 temps-3 mouvements récupère mes bagages et nous conduit vers les 2 derniers obstacles : primo, la bande de douaniers juste avant la porte Exit tous salivants et suants comme des hyènes devant les carcasses de bagages. Là aussi un militaire galonné nous accompagne et il tape un garde-à-vous digne du Général De Gaulle quand il descendait les Champs-Elysées dans son command-car le jour de la libération de Paris et brusquement ils répondent par des redressements ridicules, de la peur dans leurs yeux écarquillés et cet obstacle est aussi passé cadeau ! Dernier obstacle sur la porte de sortie, un escadron de moustiques gros comme des bombardiers B 52 de l’US Air Force qui salivent à la vue de mon teint bien rose et sautent à ailes jointes sur le capot de notre voiture. On arrive à la maison où je retrouve la famille directe réunie qui se limite à mon grand frère et ses potes. Ma belle-mère a heureusement déposé un succulent repas et il y a de l’électricité. Je passe me laver les mains : il y a de l’eau au robinet – je crie Hourrah, persuadé que le pire est passé pour cette soirée chargée d’émotions multiples mais toutes désagréables. Au milieu du repas le courant fout le camp presto et après je veux me laver les mains, mais il n’y a plus d’eau.

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Les portes de l’enfer viennent de s’ouvrir : j’attends une heure que l’électricité revienne, « ne t’inquiète pas, ça revient tout de suite », et finalement je plonge dans mon lit. Il fait du 37 degrés Celsius avec 100 % d’humidité et pas le moindre brin d’air. Le seau d’eau et l’écuelle que j’avais fuis en 1993 refont immédiatement connaissance avec moi. Je plonge sur mon lit en suant à grosses gouttes 10 minutes après mon bain glacé et j’essaie au moins de dormir en pensant à ma belle petite famille à Montréal qui suit les derniers épisodes de Desperate Housewives et Brothers & Sisters sur la télé câblée. Pas une minute de répit, la 3e guerre mondiale démarre : les B 52 foncent sur moi : une moitié transforme la partie droite de mon corps en Hiroshima, les autres l’autre moitié en Nagasaki. Le jour me sauve, le courant est revenu et parti 3-4 fois au cours de la nuit mais mon ventilo ne m’est d’aucune utilité en face du crime en action. Vite une petite douche mais toujours avec l’écuelle violette, le seau rouge et le bidon jaune de 20 litres. Le lendemain, quelques tours rapides en famille pour dire que je suis venu partager leur supplice de 51 années et je découvre par la vitre entrouverte une vision de désolation. Si les Yankees étaient venus filmer Mad Max ici ils auraient économisé à 100 % sur les décors externes ! Retour à la maison pour 1 heure d’électricité et 30 minutes d’eau (juste ce qu’il faut pour remplir mon écuelle, mon seau et mon bidon jaune, le Must obligatoire des Conakrykas – il paraît que même le petit dadais en garde 2 ou 3 dans sa salle de bains bien qu’il ait l’eau courante maintenant chez lui – on n’est jamais trop prudent chez nous. 156

Devant la décomposition avancée, préoccupante et exponentielle de ma mine mon frère court chercher un climatiseur pour ma chambre, question de rafraîchir 2 ou 3 heures par soir la fournaise ambiante. Et puis les B 52 tropicaux sont immédiatement détruits par le froid des toubabs. Mes frères et sœurs, les 14 premiers jours, j’ai failli utiliser mon billet retour 28 fois ! Ici, après deux semaines de chaos physique et moral, soit tu crèves-mort totale par courte maladie soit tu es immunisé temporairement ; j’ai le plaisir de vous dire que je n’ai pas crevé encore. Je réagis enfin – non, j’aurais le dernier mot, pas question de me chasser aussi facilement de chez moi. Je repense à mon dernier mail avec Koto Abdoulaye Baldé, le patriarche d’Italie. Il me disait « petit, c’est très dur là-bas, je ne suis pas sûr que tu pourras t’y habituer ; moi j’ai décidé que je préfère encore affronter le froid des blancs pour le moment », ce à quoi le petit prétentieux avait répondu : « ne t’inquiète pas Vieux, j’ai vécu la souillure du PDG de 1972 à 1979 et ensuite la pourriture du Contéisme de 1984 à 1993 et donc plus rien ne pourrait m’ébranler. ». Notre plaisancier estival (sur les chaloupes des pirates somaliens car ce sont les seuls bateaux flottants aujourd’hui qui n’ont pas internet) avait tout à fait raison une fois encore, sûrement la sagesse de son grand âge. Encore deux mots sur le Dadistan actuel : dans les rues on peut circuler plus facilement qu’avant, les poches sont trouées et donc beaucoup de tacots sont transformés en chambres à coucher. Les « technico », les loubards du capitaine Tiegboro Camara avec leurs bérets noirs sillonnent encore les rues sur leurs chars du style 157

Mogadiscio, mais ils respectent actuellement la priorité à droite (ou à gauche parfois) et saluent la foule de peur de se faire lyncher. J’ai failli même demander à une de leurs bandes de cirer mes pompes avec leurs bérets. Quand aux célèbres bérets rouges du petit dadais, pour les voir il faut soit se suicider au camp – aucune chance de mon côté, soit suivre tous les soirs la RTD (RadioTélé Dadais) – aucune chance de mon coté non plus. Il paraît même que certaines mosquées intégristes du quartier Bagdad refusent de prier leurs morts. Dieu est Grand et dadais est petit ! Le petit dadais nous a sevrés de Dadis-Show mais ses faucons, les Bandits-Chefs, sont très actifs en ville. Avec l’autre camp, les Bravos, ils se regardent comme deux toréadors dans une corrida espagnole ; tous les coups tordus sont permis et il est impossible pour le moment de savoir si le gentil Mohamed Ali pourra renverser le méchant Moussa Foreman. Dans notre remake local du « Rumble in de Jungle » de Kinshasa la bataille est émouvante : les Mamadou Ali ont dribblé les Moussa Foreman et ces derniers se font fâchés et ils ont tapé (Kon, Kon, Kon) sur leurs têtes très dures avec des pilons de cuisine jusqu’à ce qu’ils soient devenus tous petits. Mais l’arbitre du combat, la communauté internationale, a donné des scies électriques aux Mamadou pour équilibrer les batailles et donc ceux-ci sont en train de scier (Tac, Tac, Tac) les Moussa par le bas, jusqu’à ce qu’ils aient tous de nouveau la même taille. Depuis un mois, la guerre est féroce mais sans Sons et Lumières ; la haine est dans les têtes et dans les cœurs, 158

mais on s’embrasse tous les jours aux petits-déjs et déjeuners au Damier, le « Bocuse » national. Il y a quelques jours un pauvre civil a peté dans le Camp Alpha Yaya Diallo (CAYD ou CAID comme vous le sentez) vers 19h00. Le pauvre a été déchiqueté par les projectiles des kalaches, des bâillonnettes, des grenades, de canons et des bazookas pendant qu’il souriait encore de plaisir, Chuuut ! Le 19 du mois, les Mamadou Ali et les Moussa Foreman sont allés se disputer de nouveau sous l’arbre à palabre de l’ex-beau Blaise du Burkina-Facon et comme prévu le médiateur a sorti son marteau pour taper dur (double Kon, Kon, Kon) avec les Moussa sur les têtes très dures des Mamadou – il faut dire quand même que ces derniers sont très naïfs et très bêtes (comme les qualifient tous les gens) : ils acceptent au début des palabres comme médiateur entre des putschistes assassins et des représentants du petit peuple un mec qui a été choisi par la Cosa Nostra ouest-africaine et qui est en plus un ancien putschiste qui a tué tous ses meilleurs amis putschistes de chez lui ! De plus il tue des journalistes innocents mais curieux et il veut changer la constitution de son pays pour rester président à vie qui sera ensuite remplacé par son jeune frère ! Donc ce qui devait arriver arriva. Mais Dieu merci l’arbitre du combat, la communauté internationale veillait et maintenant c’est elle-même qui scie (double Tac, Tac, Tac) le médiateur et les Moussa pour les remettre à la même taille que les Mamadou.

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En plus, vers le milieu du mois les mercenaires d’une commission d’enquête comprenant 3 pistoleros multicolores ont été envoyés pour creuser la vérité locale par un certain Bankimoon, un Chinois né en Corée et qui vit à New-York – la mondialisation-là va nous tuer, Wallahi ! Les 3 justiciers ont eux-mêmes débarqué à Conakry le 25 du mois pour 10 jours de fouinage et les listes d’attente des plaignants sont déjà pleines, mais là aussi c’est Chuuut ! Votre dévoué Haroun Tazieff est formel : le panache sur la croûte est déjà visible mais elle tient encore un chouia ; cependant, en dessous, la lave est rouge et bouillante, plus que le thermoplongeur dans ma douche. Kai !, Kai ! Kai ! Ce gros menteur de Sékou Touré n’a dit qu’une seule vérité au cours de sa néfaste vie : « l’homme est un inconnu connu et un connu inconnu »… Même ça il a dû le pomper dans les mémoires de Marx (Groucho) et Engels (Pipo). On se demande comment les scientifiques ont réussi à classer les esquimaux d‘Alaska et les bédouins du désert de Libye dans la même catégorie : la race humaine terrestre. La 3e pointe du triangle, c’est les Conakryas du Dadistan – cela vous donne une idée des 3 extrêmes de cette race en voie de mondialisation et de disparition. Quant à moi, ce mois-ci, je suis presque totalement immunisé maintenant : les moustiques sont tous retournés à l’aéro-hangar car ma peau n’est plus rose et mon goût est déjà devenu local ; ils préfèrent les nouveaux guin-ex d’Air France. Maintenant je parle 2 fois par jour avec mes 3 meilleurs amis ici (mon bidon 160

jaune, mon seau rouge et mon écuelle violette) et je leur raconte tous les soirs et tous les matins mes journées folles et mes nuits de rêves. L’autre fois je prenais ma douche froide vers 19h00 et le courant est parti en courant ; eh bien je me suis savonné, rincé, séché et habillé – c’est en arrivant au salon qu’on m’a dit que le courant était parti. Je suis toujours temporairement chez mon grand frère, l’ermite ; j’ai maintenant compris qu’il n’a que deux amis ici, surtout parce qu’ils sont indispensables dans le bled : son gardien et son médecin. J’ai déjà deux cellulaires et j’ai envoyé tous mes autres pantalons chez le tailleur pour rajouter 4 autres poches sur les côtés. Je comprends maintenant pourquoi le petit dadais et les mini-dadais portent toujours leurs treillis : avec le nombre de poches, ils peuvent facilement ranger leurs 6 phones locaux, leurs 2 satellitaires et leurs alarmes perso qui crient souvent « attention, la baraque brûle Mal, il fau fou le can, boss ». J’avais oublié de vous dire que je suis venu ici principalement pour rénover la maison familiale, poursuivre le travail démarré par ma femme l’an dernier, mais la plupart des ouvriers sont introuvables ; ils l’avaient tous accompagnée à l’aéro-hangar avec des sourires et des courbettes et une fois qu’ils étaient sûrs que l’avion avait décollé sans retourner quelques minutes plus tard (ce qui est fréquent ici), ils ont plaqué le boulot immédiatement pour revenir à leurs petites magouilles habituelles. Depuis cela un tiers est mort de courte maladie, le 2e a disparu dans la nature (ou le 28 161

septembre !) et les seules survivants se cachent de moi car ils avaient pris une avance financière pleine de promesses mirobolantes avec Madame. Moi aussi je suis allé déjeuner l’autre jour au Damier, le « Bocuse » des Conakrykas. En entrant dans la salle j’ai cru entrer en plein conseil des ministres. J’ai même pu y rencontrer un jeune frère (même frères, même sœur) que je cherchais avec torche depuis 3 semaines ! Une fois les Capos partis, le boss du resto est venu pleurer à notre table en disant que ses affaires sont foutues et qu’il compte déménager bientôt dans sa 14e capitale africaine car toute sa clientèle habituelle avait été évacuée fissafissa après la fiesta des bérets rouges le 28 septembre maudit. Présentement, il n’a plus comme clients réguliers que les bérets rouges pour le petit-déj et les ministres pour le déjeuner et comme ceux-ci ne paient que quand ils veulent (c’est à dire jamais), son économie personnelle est en chute libre, comme celle de tout le pays. Néanmoins il faut savoir que le lunch est à 500 000 francs (guinéens, rassurez-vous) par personne, mais pas d’inquiétude pour moi, une fois de plus, c’était cadeau. Ils sont forts ces corses, pires que les libano-guinéens qui ont grandi à Boulbinet, une favela de Conakry I. Vous ne savez sûrement pas qu’il y a 10 Conakry maintenant : 5 pour les Guin-int et 5 pour les Guin-ex à Dakar, Abidjan, New-York, Paris et Montréal. Les Conakrykas locaux sont plutôt des Cona-crimes alors que les Conakrykas diaspos sont plus cool mais ils râlent tout le temps, racontent souvent des sornettes sur le Web et se détestent autant que les locaux, mais les crimes ne sont jamais amnistiés là où ils résident. 162

Ici le coût de la vie est cher-caillou, mais la main d’œuvre c’est même tarif qu’en Inde : j’ai pris deux ouvriers pour nettoyer ma cour et leur ai promis 20.000 GNF (2.000 CFA) chacun ; résultat au bout de deux heures ma cour était comme les fesses d’un nouveau-né et Dieu merci je suis arrivé juste à temps car ils commençaient déjà à creuser une piscine. Dans notre pays actuellement, tout le monde est fâché avec tout le monde y compris avec soi-même ! Le pouvoir ici, c’est le petit dadais, les mini-dadais (en treillis et bérets de toutes les couleurs) et les microdadais (en civils). Tous les autres habitants sont des petits Mamadou ! Le petit dadais, notre économistefinancier national est le responsable suprême de l’accumulation primitive du capital – pour ses potes et pour lui-même. Ici la plupart des responsables administratifs et financiers des deux premiers régimes pourris sont considérés du même coup comme des pourris (ce qui n’est pas entièrement faux) mais les dadistes sont des saints, parole d’officier économistefinancier. Nos dadais nationaux (petit, minis et micros) sont vraiment de grands stratèges – ils ont même un ministre rien que pour ça et qui était malheureusement avant les mamayas de 2009, un de mes frères. Ils profitent de la présence des pistoleros de Bankimoon pour arrêter un DDH (Derniers Des Hommes) connu même dans la communauté internationale (nos arbitres), pour braquer les 4X4 des ONGs internationales et les ambassadeurs en fonction (dont le français) et pour reprendre leurs Pais-Dakar dans les rues de Conakry.

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Finalement, n’ayant plus de pauvres civils sur qui tirer, dans la soirée du 3 décembre, le body-killer du petit dadais et sa bande de voyous l’ont kalaché bien bon au camp Koundara, Wallahi ! Comme c’est lui qui brosse chaque matin le treillis du boss il sait qu’il est garni de gilets pare-balles, donc il lui a logé deux pruneaux dans le peu de cervelle dont Dieu l’avait doté à la naissance ; Pan ! Pan ! Le Boss est trépané et on évacue le moribond sur Rabat au Maroc (son médecin personnel est un pédiatre en raison de son Q.I.) d’où il ira sûrement en convalescence à la Haye. Les gosses du camp décrivent la scène avec émotion et précision : « le karatéka a giflé le boss jusqu’aaaaa son chapeau est tombé, puis il l’a balayé net, puis il l’a toumba-toumba… ». Le petit dadais aurait pu être le plus grand héros de la Guinée, mais grâce à ses conseillers pourris il sera pour l’Histoire guinéenne le pire rejeton du PDG ! Néanmoins les deux fous du roi, le professeur Moussa Keita et le perroquet Ibrahima Chérif entonnent de plus belle leur mamaya révolutionnaire pour continuer à nous faire un peu rire, pour remplacer le « Dadis-show » qui nous manque déjà beaucoup. Finalement, le mini-dadais principal - devenu pour la circonstance le Généralissime Grand dadais - tape sur la table et ensuite sur leurs gueules pour les ramener un peu aux réalités de 21e siècle. Et voilà tout notre beau petit monde de Boss locaux, toutes tendances confondues, de retour au combat du siècle à Ouaga le 13 décembre – pas un bon chiffre. Du coup, toujours rien au compteur de la population guinéenne. 164

Coup de théâtre du 16 décembre : le body-killer du boss nous fait sur RFI (une radio guinéenne de Paris qui donne des infos sur toutes les dictatures tropicales) un remake du « Toumba m’a tuer » sur les mini-dadais et les micro-dadais qui ont dû tous se réveiller avec des migraines – tous dans le même sac, a-t-il dit ! C’est vraiment dommage que les NTIC n’aient pas existé dans les années 60-80 : le sinistre Sékou Touré aurait été lui aussi vomi par tous les Guinéens et par le monde entier dès 1959 car il a commencé à montrer son vrai visage dès cette année-là. Du coup la rançon promise à la population civile désarmée par nos officiers supérieurs pour attraper un de leurs sous-officiers est multipliée par 4 : 4 villas somptueuses, 4 groupes électrogènes silencieux de 20 KVA, 4 réserves d’eau de 10.000 litres et un petit budget de fonctionnement de 800 millions de GNF tout juste suffisant pour faire tourner ces machines pendant 1 an ! Du coup, mes voisins ont attrapé leurs pires ennemis et les ont envoyés en Thaïlande pour une petite chirurgie plastique. Et le 17, RFI et la BBC sont brouillées la nuit précédente et le matin ; les mauvaises langues m’assurent que c’est comme au bon vieux temps des années 60 lorsque internet n’existait pas encore en Afrique et nos MIG modèles 1945 font plein de bruits au-dessus de Conakry ; tout le populo a vraiment peur, surtout qu’ils atterrissent sur le toit de leurs villas car ça finit souvent comme ça chez nous. Et le 18, HRW lance la première salve d’évaluations indépendante et externe du 28 septembre ; rien que le 165

titre dit tout : « Lundi noir à Conakry ». Ca fait trop mal à tous nos treillis. Et le 22, les 3 pistoleros de Bankimoon, le « Chinois » de New-York, envoient un super cadeau de noël au petit dadais, aux mini-dadais et aux micro-dadais : tous des criminels qui doivent aller fumer une clope avec Taylor, Bemba et Lubanga à La Haye ! Ils sont déjà entrain de repeindre la cellule de Milosevic qui est disponible depuis plusieurs mois maintenant ; il a de la chance, il recevra le traitement spécial car celle-là est toute équipée avec eau chaude (mais pas d’eau froide), vue sur la cour et télé juste pour regarder les juges le griller au pilori quand il n’est pas devant eux. Mes amis, le Dadis-Show est devenu le Dadis-Chaud ! Depuis le Grand dadais nous a fait les mêmes promesses que nos 3 précédents responsables suprêmes mais cette fois-ci même les couillons ont compris. Par contre finis les Dadis-shows car le généralissime a des problèmes sérieux d’élocution. Il nous promet néanmoins de retourner avec tous ses Mad-Max dans les casernes et nous voilà tous une fois encore à rêver au vrai changement en Guinée. Le 28, le Grand dadais va voir le petit dadais à Rabat (pour se rassurer que son boss est bien K.O.) et il annonce deux jours plus tard à l’AFP que le trépané est foutu total. Réplique immédiate de son ministre de la communication : petit dadais est en pleine forme et il fait la bamboula dans son salon marocain comme au bon vieux temps du CAYD. C’est çà l’harmonie 166

gouvernementale à la guinéenne, comme dans notre armée où les lakoudous (trouffions) bottent les généraux.

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III. UN GROS TIGRE DANS UN CHATEAU DE CARTES (JANVIER – DECEMBRE 2010)

Anii Sokhoma (bonjour en bambara) my people, pour le moment 2010 ressemble trop à 2009, même bamboula, mêmes tocards comme Boss ! Même modèle de développement depuis 51 ans : un pas en avant, deux pas en arrière. Et le 06 janvier à 20h00, sur la TPN (Télé Putschiste Nationale) le Grand dadais nous confirme à mots couverts que petit dadais est k.o. pour longtemps grâce à Dieu et que lui est prêt à nous offrir (mais pas gratuitement bien sûr) ce que tous les précédents chefs suprêmes nationaux nous ont toujours promis – mais les cocos locaux ne sont plus dupes, ou en tout cas moins qu’avant. Beaucoup ont néanmoins applaudi à 2 mains et 2 pieds réunis son discours-programme qui n’a servi en fait qu’à nous garantir que le CNDD est toujours à la barre du pays, que Coplan le Terrible, le boucher du 28 septembre est chargé de la protection de tous les opposants (les pauvres) et que les Farces Vives n’ont qu’à s’entredéchirer pour nommer un PM de consensus. Il leur aurait demandé d’arracher 4 poils sur la queue d’un lion au Kenya que cela aurait été plus facile. Les capos en treillis et leurs chiens de guerre se regardent 24h/24 à Cona-Crimes en ennemis jurés (sans courage) dans un faux calme qui inquiète tout le monde jusqu’au 12 janvier où petit dadais, à force d’emmerder 169

King M6 du Maroc se retrouve expulsé dans un vol spécial soit disant pour Conakry mais qui débarque finalement toute sa troupe artistique à Ouaga ! Sûrement pour lui offrir quelques cours d’intégrité à la sauce burkinabè. Dommage que la destination finale n’ait pas été La Haye. Et petit dadais pique une colère noire (plus que lui-même) à la passerelle de l’avion quand il constate qu’il n’y a bien sûr ni tapis rouge, ni fanfare et coups de canons, ni gouvernement et corps diplomatique en rangs serrés. Et puis le voilà porté manu-militari par 2 sbires dans une voiture quelconque à destination d’une villa quelconque – A Allah, que la chute est terrible ! Puis le Grand dadais, le tigre aux crocs élimés débarque le lendemain pour régler les comptes avec son ex-boss. Finalement, petit dadais signe une semi-reddition et nous avons droit enfin à des photos et même à un minidiscours qui nous confirment que le mec est devenu un demi-légume hémiplégique. Voilà la colère de Dieu quand on jure sur le Coran et sur la Bible alors qu’on est saoul. Puis nos bidasses locaux réunies à Ouaga avec le Grand Bidasse intègre nous proposent une structure gouvernementale avec un PM – lapin Doré, 2 adjoints (dont un CNDD) et 30 ministres (dont 10 CNDD) ; je cherche depuis en vain la différence notable avec le pouvoir précédent. Il est vrai que les fouets pour chicoter nos forces vives leur ont été offerts par elles-mêmes, quand elles lui ont demandé gentiment de choisir parmi leurs deux candidats puisqu’elles n’arrivaient pas à choisir elles-mêmes comme des grands enfants. J’ai comme l’impression que le seul objectif de tous les principaux acteurs de notre transition est de foncer le 170

plus rapidement possible vers n’importe quelle élection présidentielle, même bâclée, pour pouvoir ensuite enterrer rapidement toutes leurs casseroles du passé. Et nos forces vives n’ont pas de temps à perdre pour obtenir des strapontins et s’en mettre le plus possible dans les poches avant le prochain remaniement. La passation de service entre le lapin entrant et le mollo sortant a lieu dans le triste décor du Palais du Peuple le 26 janvier. Mauvaise augure…

1. Plaidoyer pour une transition de qualité en Guinée Je suis étonné depuis plusieurs mois que tant de mes compatriotes se disputent sur la durée de la transition et que si peu d’entre eux s’inquiètent de son contenu pour qu’elle soit une réussite, ce qui est indispensable pour assurer le changement nécessaire à la relance du pays. Après 51 années de mauvais choix, de mal-gouvernance et de gabegie nationaux, nous sommes engagés dans une course de fond pour reconstruire la Guinée, pas dans une course de vitesse. Evitons de mettre un toit sur notre maison sans fondations ! A mon humble avis, il faudrait définir quels résultats stratégiques nous voulons atteindre à la fin de cette transition et ensuite voir combien de temps sera raisonnablement nécessaire pour bien les atteindre. Pour moi j’en compte huit incontournables : 1) La transition aura été bien dirigée de main de fer dans un gant de velours par une personnalité 171

neutre sur le plan politique, dotée d’une respectabilité reconnue sur les plans éthique et morale ; il serait à mon avis préférable que ce soit un Représentant spécial de la CEDEAO ou de l’UA, du style A.O. Konaré ou K. Annan ; pas de militaires car ils ont toujours de mauvaises habitudes ! Si l’option d’un « étranger » n’est pas acceptée par les différents acteurs concernés on trouvera alors un Guinéen qui réponde à tous ces critères et qui ne sera pas du tout intéressé à la première élection présidentielle démocratique du pays. Ainsi aurions-nous eu une transition de qualité, complète, impartiale, « calme » et des élections où tous les candidats seraient partis sur la même ligne de départ. Et si on lui met trop de bâtons dans les roues, il démissionnera aisément et avec fracas en racontant en détail à tout le monde pourquoi il s’en est allé, comme Bernard Kouchner au Kossovo. 2) Nous aurons démarré une refonte totale de l’armée, de la gendarmerie et de la police guinéennes sinon, quel que soit le futur président démocratiquement élu, il sera renversé par un coup d’état militaire au bout de 12 mois maximum. Il faudrait absolument séparer le bon grain de l’ivraie, retenir nos vrais militaires qui ont effectivement reçu une formation professionnelle et éliminer tous les cancres de la classe, les voyous et les délinquants drogués. Cette refonte sera dirigée par un officier guinéen de grade supérieur mais le CNDD sera dissous pendant toute la nouvelle transition. Assisté de la crème restante de nos officiers - dont certains sont 172

d’anciens instructeurs militaires - il aura dirigé la manœuvre mais il aura été assisté par des instructeurs militaires non guinéens (250-500 max.) de la CEDEAO, notamment pour l’aider à désarmer les miliciens récalcitrants ou incontrôlables. 3) Puis tout ce beau monde du Général au lakoudou (trouffion), aura été remis dans des salles de classes pour lui apprendre (à la majorité) ou lui rappeler ses devoirs, lui désapprendre ses droits des 51 dernières années, et lui parler pour la première fois de DDH, de morale et d’éthique. Les bérets rouges auront été dissous entièrement et le peu qui restera portera des bérets blancs ou bleus, couleur de paix et de sérénité, encore 2 nouveaux concepts qu’il aura fallu leur expliquer. En même temps, toutes les armes auront été récupérées et 80 % rangées dans la belle armurerie de Dubréka que nous a offert Mr Roda Fawaz, généreux mécène national ; les 20 % restantes auront été reparties entre les différents chefs d’état-major des corps de l’armée qui garderont les clés de leurs petites armureries et seront entièrement responsables de leur utilisation future. Ils pourront certes les sortir de temps à autres pour que leurs soldats puissent jouer à la guerre dans leurs casernes, mais je conseillerai plutôt des jeux vidéo de guerre et des consoles Nintendo pour qu’ils puissent maintenir leurs vieux réflexes. Tout militaire qui sortira du camp avec son treillis, à plus forte raison avec son arme, en dehors des missions spéciales de protection de la Nation (par exemple invasion par 173

le Cap Vert) sera sanctionné lourdement et déshabillé par son état-major sans aucune circonstance atténuante. Finis à jamais les rodéos urbains de Mad Max en treillis qui cognent avec leurs crosses ou leurs poings sur les vitres des voitures des pauvres civils comme dans les flashs télé sur Mogadiscio. Certes la refonte ne sera pas entière en 24 mois, mais les bases seront là pour un travail de fond à moyen et long termes. 4) Nous aurons abouti alors à des élections libres et transparentes : ceci aura nécessité obligatoirement une nouvelle CENI indépendante bien que sous tutelle politique du Président de la transition et du Premier ministre civil. Elle aura vérifié et repris partout où cela sera nécessaire les recensements dans le pays. Elle aura organisé de même un enregistrement correct de tous les Guinéens vivants à l’extérieur – tout Guinéen en droit de voter et qui le souhaite aura obtenu sa carte d’électeur en bonne et due forme. Ensuite, une programmation réaliste et une micro-planification des activités auront été réalisées, puis expliquées à tous les Guinéens et auront servi de base aux différents partis politiques pour former et sensibiliser leurs militants à des élections démocratiques et pacifiques. 5) Nous aurons abouti alors à des élections propres c’est à dire que tous les candidats à l’élection de notre premier président démocratiquement élu auront passé avec succès une évaluation impartiale et détaillée de leur moralité et de leur éthique qui aura été présentée à tous les électeurs. Ceci aura été réalisé de manière professionnelle 174

par des experts juristes entièrement indépendants et sous tutelle uniquement du Président de la transition. Ensuite, des listes détaillées des avoirs et biens personnels du Président élu et de tous les principaux responsables nationaux auront été dressées par écrit et consignées auprès de la Cour Suprême du pays. 6) Nous aurons abouti à une constitution propre, consensuelle, moderne et démocratique : Un CNT (Conseil National de la Transition) opérationnel et représentant toutes les couches, lieux de résidence, professions, activités formelles/informelles et genre de notre population aura été mis en place principalement pour revoir tous les textes fondamentaux de l’Etat et ensuite un référendum aura été organisé pour que tous les Guinéens vivants à l’intérieur et à l’extérieur du pays se prononcent favorablement ou non sur cette première pierre de notre nouvelle démocratie. Et si cette constitution n’est pas passée au référendum national, alors le CNT retournera au tableau noir jusqu’à la réussite de sa mission. En particulier, la séparation totale et nette entre nos pouvoirs exécutif, judiciaire et législatif aura été bien définie et coulée dans du béton. 7) Un processus de VJPR (Vérité, Justice, Pardon et Réconciliation nationale) aura été réalisé et réussi à la satisfaction de la majorité de la population : On aura mis en place un ministère d’Etat à la Réconciliation nationale et aux DDH dans le nouveau gouvernement pour montrer à tous que nous voulons maintenant vraiment changer la 175

direction de notre pays. Il sera la tutelle et la caution morale, politique et financière d’une commission nationale pour la V.J.P.R. qui aura été entièrement indépendante, en dehors de cette tutelle politique de haut niveau pour planifier, programmer, expliquer, réaliser et évaluer toutes les étapes et tous les éléments de ce processus. Ensuite, en accord et avec l’appui de nos sages et de nos chefs religieux, dans la pure tradition de nos valeurs culturelles et morales elle aura réalisée avec succès des journées préfectorales, régionales et nationales de Pardon et de Réconciliation de tous les Guinéens qui le souhaiteront. Les milliers de victimes de 1960 à 2009 et les millions de membres de leurs familles auront entendu et lu les excuses de l’Etat guinéen et éventuellement des bourreaux. Certes, toutes les plaies n’auront pas été fermées et certains ne pardonneront pas parce qu’ils auront tout perdu au cours de nos 51 premières années de fierté puis de folie meurtrière et de délits innommables. Nous respecterons et comprendrons leurs choix, mais néanmoins tout ce qui est possible aura été fait pour qu’ils acceptent la réconciliation, pour leurs enfants et surtout pour leurs petits-enfants. Ceux-ci devront apprendre les faits et méfaits de notre premier cinquantenaire dans des livres d’histoire qu’ils rangeront sûrement ensuite dans l’étagère « livres d’horreur » de leurs bibliothèques. 8) Un gouvernement restreint, purement civil, aura réussi à gérer les affaires courantes de la transition : il aura été dirigé par un P.M. 176

professionnellement compétent pour faire un travail neutre et apolitique. Lui-même et tous ses ministres ne seront pas candidats à la première élection présidentielle. Il aura été entièrement indépendant dans ses décisions et actions avec néanmoins à chaque fois consultation préalable du Président de la transition. Il aura principalement réalisé une analyse correcte et détaillée de la situation économique, financière et sociale de la Nation (beaucoup existe déjà, mais encore bien plus a été détruit depuis janvier 2009). Il aura amélioré les services sociaux minimum de base et programmé leur remise totale en marche à moyen et long termes ; revu nos principales conventions minières en bonne intelligence avec nos partenaires externes, dans un esprit gagnant-gagnant et avec l’appui d’experts internationaux dans le domaine ; revu la situation déplorable de notre fonction publique et commencé à agir pour la redresser et la mettre aux normes du XXIe siècle, notamment en accompagnant nos grands-parents à la retraite et en mettant des jeunes bien formés aux commandes de la nouvelle administration ; appuyé le secteur privé, moteur de la relance de l’économie nationale afin que l’Etat puisse enfin jouer son rôle de contrôleur et d’inspecteur de tous les secteurs de la Nation et non plus de gestionnaire direct de toutes les bonnes affaires du pays. Il aura enfin bien expliqué à tous, avec l’appui du Président de la transition, ce qu’est la Tolérance Zéro dans l’exécutif, le législatif et le judicaire et mis en pratique quelques exemples 177

frappants pour bien expliquer ces principes aux récalcitrants et à ceux qui auront eu des difficultés à comprendre rapidement les nouvelles règles du jeu en Guinée. Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je suis persuadé que tout ceci ne peut pas être correctement réalisé en 3 mois ou même en 10 mois. Si nous travaillons tous la main dans la main, de manière efficiente et en suant, je pense que 18-24 mois peuvent suffire afin de Bien faire notre transition, une seule fois mais très Bien même ! Les plans d’action détaillés de tous ces résultats stratégiques peuvent démarrer pratiquement au même moment, mais ils ne seront pas tous atteints en même temps. Malgré tout, ce temps précieux ne sera pas « perdu » pour notre redécollage, au contraire, car le gouvernement, la société civile, les syndicats et les partis politiques pourront le mettre à profit pour enseigner ou rappeler à tous les Guinéens les règles élémentaires de la citoyenneté, de la fierté nationale, de l’amour de la patrie, de la morale, de l’éthique, de la civilité et de la démocratie. Dieu sait à quel point nous en avons tous besoin. Nous démarrerons ensuite la Guinée Nouvelle, celle du XXIe siècle, sur de nouvelles bases saines, expurgées enfin de toutes ses tares de naissance et de croissance douloureuse.

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2. Soignons ensemble la Guinée Nous avons tous la responsabilité morale et intellectuelle de reconnaître que notre pays est malade, très malade ! Il nous faut le soigner ensemble, en faisant tous certaines concessions pour nous permettre de le guérir. Après quelques mois de séjour ininterrompu au pays, mon œil encore neutre voit trois problèmes prioritaires pour démarrer vraiment le changement radical chez nous. Une transition quelle que soit sa qualité, quel que soit le caractère transparent et impartial des élections qu’elle organisera ne le guérira pas dans le sens que nous souhaitons tous pour nous permettre de rejoindre enfin le concert des Nations en voie de développement si nous ne nous attaquons pas très vite à ces problèmes. Mes professeurs de médecine m’ont appris que si le diagnostic est bien posé, le problème est déjà en partie résolu ; depuis j’utilise cette leçon pour tous les aspects de la vie. Le pire problème est la culture de la médiocrité mise en place depuis plus de 50 ans. Notre système de gouvernance est maintenant basé uniquement sur cette tare. Nous sommes devenus des spécialistes, des professionnels de haut niveau dans ce domaine. Tout le monde est persuadé qu’il peut être ministre, directeur de projet ou même président même s’il sait pertinemment qu’il n’en n’a pas les qualités techniques et morales indispensables pour cela. Ils pensent tous : « pourquoi pas moi, après tout tel autre l’a été pendant X années alors qu’il a raté plusieures fois le certificat d’études primaires ». Il leur vient rarement à l’esprit que depuis le début du XXe siècle il y a des formations spécifiques et 179

pointues qui permettent de devenir un bon ministre des finances ou ministre du plan et qu’il faut en plus pour être premier ministre ou président de la république, des qualités managériales et de l’expérience professionnelle à un niveau de décision assez important. Un très bon politicien ne peut pas être un bon premier ministre, mais il peut néanmoins être un grand président, s’il s’entoure d’une équipe de technocrates compétents et qu’il écoute avant de prendre ses décisions importantes ; dès qu’il cesse de les écouter pour décider avec un groupuscule de flatteurs qui ne pensent qu’à leurs petits intérêts idéologiques ou financiers, cela tourne alors rapidement à la catastrophe. Le meilleur exemple de ceci est le parcours chaotique de George W. Bush à la tête de la première puissance mondiale. Il est indispensable que la grande majorité de ses actes et paroles soit justes et patriotiques. Un autre exemple est Barack Obama qui gère aujourd’hui le même pays depuis à peine un an mais qui a déjà reçu le prix Nobel de la paix alors qu’il n’a même pas pu encore prouver ses qualités et exploits pour mériter ce titre. Le jour où nous aurons un chef à la tête de notre pays qui aura toutes ces qualités et qui les imposera à tous ses collaborateurs je suis persuadé que tous les Guinéens commenceront à changer. Certes, le changement souhaité prendra un certain nombre d’années mais une fois bien démarré, si la tête et le cou du pays maintiennent le même cap qualitatif nous finirons par vaincre ce fléau qui nous plombe aujourd’hui dangereusement. Nous apprendrons à dire « non je ne suis pas d’accord » sans avoir peur de voir le monde s’écrouler devant notre famille et nous-mêmes. Nous apprendrons à devenir des adversaires pour 180

défendre nos idées différentes mais complémentaires et non plus des ennemis uniquement parce que nous avons des convictions divergentes. Nous apprendrons même à nous respecter entre automobilistes au lieu de transformer toute confrontation actuelle dans la circulation en un combat du plus fort, du plus téméraire et du plus irrespectueux. Le deuxième problème est l’absence presque totale de patriotisme. Le jour où nous entendrons les Guinéens où qu’ils soient dans le monde dire avec conviction « La Guinée » comme les Maliens disent « Le Mali », alors nous cesserons progressivement de parler aussi minablement d’ethnocentrisme comme on le fait actuellement. J’ai été impressionné de vivre quatre années de suite dans ce dernier pays et de voir la fierté et l’amour de la patrie de ses habitants. La seule allusion à l’ethnie ente eux se fait dans le cadre du Sanakhouia traditionnel (cousinage à plaisanterie) mais dès qu’un Malien est en péril ou attaqué par un quelconque étranger, que ce soit au Mali ou à l’étranger tous se lèvent comme un seul homme pour le défendre farouchement. Le jour où nous serons arrivés à ce niveau nos sages et nos religieux se donneront franchement la main pour régler tous les différends entre Guinéens. Les fonctionnaires et les acteurs du secteur privé n’auront qu’une seule idée, celle de développer notre pays pour qu’il sorte de l’ornière et soit enfin une fierté pour eux et pour tous leurs concitoyens. On inversera le mode actuel de gestion des biens de la Nation : du 90 % dans la poche et 10 % dans le projet, nous passerons à 10 % dans la poche et 90 % dans le projet. Et finalement nous aboutirons (un jour) à 1 % dans la poche et 99 % dans le 181

projet. Tous les Guinéens seront mis progressivement de gré ou de force au pas de l’éthique du développement de la Guinée nouvelle. Le troisième problème, tout aussi important que les deux premiers mais qui peut être leur catalyseur si nous démarrons par lui, est l’absence criarde de tout processus national de VJPR. Il est urgent et indispensable pour nous permettre enfin d’aller de l’avant. Les âmes en peine de tous les Guinéens morts injustement et cruellement, planent encore au-dessus de notre pays. Elles empêcheront toute concorde et toute volonté de travail commun tant qu’elles n’auront pas eu la justice et la reconnaissance qu’elles méritent pour leur permettre de remonter se reposer enfin en paix auprès du Seigneur. Ne bâclons pas l’opportunité d’une transition réelle qui pourrait nous sortir enfin de notre dèche en nous laissant imposer des actions précipitées qui ne serviront qu’à cautionner les intérêts mesquins habituels de nos chefs en Guinée.

3. Une nouvelle Voie 3.1 Je me rends progressivement compte que nous sommes très nombreux à être vraiment fatigués des atermoiements, des calculs mesquins pour ne pas dire opportunistes et des compromissions nuisibles de nos forces vives. Assez de peaux de bananes et de coups-bas entre coquins. En tout cas, personnellement, je dis que ces gens-là ne me représentent plus car ils ne satisfont plus mes convictions pour une Guinée nouvelle que j’espère voir avant de quitter ce bas-monde. De très 182

nombreux compatriotes que j’ai rencontrés au pays et à l’extérieur sont prêts à tout sacrifier pour un changement radical dans leur pays et ont compris que les petits calculs et pratiques des 51 années précédentes ne pourront jamais satisfaire leur soif de renouveau. Que ce type d’erreurs ait été commis par la majorité des compagnons de l’indépendance guinéenne après la joie commune de 1958 est acceptable car ils étaient idéalistes et naïfs ; et ils ont payé pour cela un prix bien supérieur à leurs erreurs d’appréciation – mais aujourd’hui c’est inadmissible ! Une nouvelle voie est indispensable pour changer à jamais notre destinée. Et qu’on ne me dise plus que je suis un diaspo revenu récemment au pays et qui ne comprend rien à la situation politico-sociale de la Guinée. Mes yeux et ma pensée neufs et clairs l’ont au contraire trop bien comprise et analysée et je refuse de me moudre dans le schéma imposé à la majorité des Guinéens qui vivent ici et qui refusent de dire à haute voix leur désapprobation. Les Guinéens qui ont vécu ou qui vivent hors de leur pays ont tous goûté aux fruits savoureux de la démocratie, ils ont senti ses doux effluves, ont vu ses belles couleurs et savent que les convictions différentes créent des adversaires francs et parfois farouches, mais pas des faux opposants complices. Nous ne pourrons jamais reconstruire notre pays sans tous ses fils et filles réunis, sans toutes nos expériences locales et internationales mises ensemble pour créer finalement notre propre voie de développement. Paradoxalement, la phraséologie démagogique de notre pauvre révolution comprenait plusieurs bons mots et concepts mais elle a en même temps paralysé toute velléité de les mettre en pratique. 183

Le moment est donc venu de dire haut et fort, publiquement et sans peur : la chape de plomb qui recouvre notre pays depuis 1958 en raison de tous les crimes impunis de ses filles et fils ne sera jamais levée tant que les pages tristes de notre passé et présent communs ne seront pas lues ensemble ; tant que la Vérité et la Justice ne seront pas dites et écrites par des spécialistes compétents et neutres, nationaux et internationaux ; tant que toutes les générations de victimes ou de personnes concernées par la violence de l’Etat des 51 dernières années ne se seront pas assises ensemble pour en discuter, preuves à l’appui, pour qu’après le Pardon et la Réconciliation soient possibles pour la majorité d’entre nous et viennent enfin fermer ce triste livre de notre histoire. Il est totalement illusoire d’espérer que tous les Guinéens vont accepter de refermer ce livre sans en avoir lu ensemble toutes les pages. La stratégie de l’autruche que nous pratiquons depuis un demi-siècle ne peut et ne doit plus être acceptée au XXIe siècle. Travaillons ardemment sur la Vérité et la Justice pour toutes les victimes innocentes en Guinée ; et si nous le faisons bien le pardon suivra progressivement et de manière volontaire car essayer de le forcer ou de l’escamoter rapidement est voué sans aucun doute à un échec cuisant. Voici quelques exemples frappants qui mettent en évidence ce que nous ne voulons plus voir chez nous :  Quelle ironie du sort : nos principaux leaders de l’opposition revenus récemment d’exil en raison de promesses de sécurité du CNDD sont maintenant protégés de nouvelles exactions 184

meurtrières par des bérets rouges, noirs et verts ; ceux-là même qui sont directement responsables du massacre de leurs partisans venus en masse au stade pour les supporter le 28 septembre 2009. Notre nouveau PM est partout entouré par un bataillon de bérets rouges et verts ! Parmi leurs gardes de corps il doit sûrement s’en trouver qui sourient en pensant qu’ils les ont personnellement bastonnés ce jour-là. Comme c’est triste de constater qu’il est aujourd’hui impossible de faire la différence entre les cortèges fous des chefs du CNDD et ceux des présidents des forces vives. Il n’y a qu’en Guinée que ceci soit imaginable et accepté avec résignation par tous.  Nos forces vives se félicitent tous les jours des « accords de Ouaga » ; même le seul téméraire d’entre eux (le juriste Mouctar Diallo) jure en descendant de l’avion qu’il va contribuer à ce que l’accord de Ouaga du 15 janvier soit appliqué dans son contenu et dans son esprit. Pourtant il ne s’agit que d’une entente complice entre membres du CNDD devant un Président burkinabé luimême putschiste et responsable de la mort de ses amis et de ses journalistes. Qui avait déjà vu un accord signé à la fois par un chef et par son 2e adjoint ? Et sans partie adverse ? Je trouve que c’est plutôt un accord entre militaires putschistes et cela aurait dû être dit haut, fort et publiquement par nos présidents des forces vives qui adorent les déclarations sur RFI et France 24. Seul notre nouveau PM (Jean marie Doré) a osé dire un soupçon de Non à ces accords, mais comme d’habitude avec tellement de malice et de manière 185

si alambiquée que personne ne peut en conclure qu’il s’y oppose farouchement.  Vive le culte permanent de la personnalité chez nous : après Sékou Touré, Lansana Conté et Dadis Camara, voici maintenant de nombreux pare-brises de voitures, de poitrines de citoyens et de murs de boutiques ornés de la photo couleur de notre Général Sauveur. Bientôt son portrait colossal remplacera celui de tous ses prédécesseurs dans la salle des congrès du palais du Peuple. Courtisans, délateurs, petits escrocs, laquais obséquieux et organisateurs de mamayas de toute la sous-région unissez-vous et préparezvous car la pagaille et les bonnes affaires reprendront sûrement très bientôt. La famille de notre nouveau PM doit être bien malheureuse et fatiguée depuis quelques semaines car les belles soirées en famille sur leur terrasse à compter ensemble les étoiles du ciel sont bien finies pour quelques mois.  On demande à notre nouveau PM de former avec ses collègues des forces vives un gouvernement de transition ; au bout d’une semaine, ils ne nous offrent qu’un nouveau porte-parole. Comme si c’était une priorité actuelle. Le 3 février le porteparole du CNDD nous livre la composition de nos deux nouveaux gouvernements : le premier de 22 membres à la présidence (comme le shadowcabinet de Nicolas Sarkozy) et le second de 33 membres à la primature (comme la bande de figurants de François Fillon) qui servira à orner la galerie et pauser les 1e pierres. Nous voici donc avec un double exécutif de 55 membres pour 6 186

mois, encore un record peu flatteur. Le 12 février nos forces vives après 3 semaines de palabres n’arrivent toujours pas à nous présenter ce gouvernement pléthorique basé sur des critères partisans et ethno-stratégiques donc à priori inapte pour faire de manière efficiente et rapide (6 mois) le travail qui lui a été confié. Adieu les critères minimums habituels pour ce genre de responsabilités. Qui pourrait dire aujourd’hui de quelle ethnie ou de quelle tendance politique étaient les 11 principaux joueurs de Hafia football club ? Nous étions tous unis comme un seul Guinéen derrière eux parce tout le monde était unanime sur le fait qu’ils jouaient bien individuellement et collectivement au ballon dans un style homogène, efficace, élégant et qu’ils marquaient beaucoup de buts sans en encaisser trop. Et puis y’en a marre de ces palabres en cachette alors que ce qui y est discuté est notre avenir à tous. Nous ne voulons plus de compterendu et de communiqués finaux insipides et aseptisés qui se ressemblent chaque fois comme deux gouttes d’eau. Une nouvelle voie est non seulement possible, elle est indispensable pour changer définitivement notre chère Guinée, pour obtenir l’avenir radieux que nous et nos enfants appellent de tous leurs vœux. Nous ne pourrons pas la réaliser à court terme vu le contexte actuel – travaillons donc sur les moyen et long termes. Cette voie devra être préparée avant et mise en place dès le démarrage du 1er gouvernement démocratique de notre pays. Il ne faudrait surtout pas négliger la condition 187

préalable à la pérennité de celle-ci, celle qui pourra enfin nous sortir de notre très mauvaise habitude de n’applaudir que nos cousins et de saboter avec la même ardeur tous les autres. Il faudra mettre fin à la juxtaposition de coordinations ethniques et d’associations hostiles, voire haineuses que nous sommes devenus pour reconstruire la Nation unie que nos pères et mères avaient créée en 1958. 3.2 Un mois plus tard ce que je craignais pointe le bout du nez : je suis chaque jour plus convaincu que nous avons emprunté encore la mauvaise voie vers un changement qualitatif. Entre la rage et le choléra je choisis - ni l’un ni l’autre car il existe aujourd’hui des traitements efficaces contre les deux. Nous ne sommes plus aujourd’hui dans une course de vitesse mais dans une course de fond avec de nombreux obstacles et haies à franchir pour reconstruire notre pays sur de nouvelles bases saines. Ce que nos trois dictateurs précédents ont détruit dans le désordre ne pourra jamais être réparé même partiellement en 6 ou 12 mois. Il n’existe pas de boutons « Delete » ou « Quick-Fix » à notre situation actuelle. En tant que scientifique, pour moi un travail n’est pas bien fait à 80-90% mais plutôt à 100 % ou même 110 % c’est-à-dire mieux que ce que j’espérais au départ. Et nous n’accepterons pas moins pour notre pays. Les Guinéens toutes catégories confondues veulent pouvoir enfin entonner en chœur la chanson de l’artiste ivoirien Meiway : « on a gagné, on a gagné ». Notre nouvelle voie ne doit pas être seulement sociale et politique. Si nous réussissons notre réconciliation les bénéfices seront aussi économiques au vu de nos 188

potentialités peu ou mal exploitées. C’est notre réussite économique qui remettra le pays dans le concert des grandes nations africaines. Je vais pour une fois faire exception à ma règle en citant une réflexion intéressante d’une intellectuelle qui écrit pour partager ses idées sur les changements possibles sur notre continent ; je ne choisirais pas Voltaire, Molière, Camus ou Sartre parce que leurs bons mots n’étaient pas destinés à notre triste contexte et qu’ils en auraient sûrement utilisé de bien plus durs si c’était le cas. Je vais plutôt citer Dambisa Moyo une zambienne qui a étudié dans son pays jusqu’à ce que la mauvaise gouvernance locale ait abouti à la fermeture de l’unique université. Elle est donc allée aux USA où elle a fait d’excellentes études qui lui ont finalement ouvert les portes de la Banque mondiale. Deux ans plus tard, elle démissionne pour aller faire un master à Harvard et un doctorat d’économie à Oxford (certains ne l’apprécieront pas chez nous). Elle travaille maintenant pour la banque Goldman-Sachs où elle est chargée de la stratégie économique à l’échelle mondiale. Elle a publié en septembre 2009 un petit bijou intitulé « L’aide fatale, les ravages d’une aide inutile et de nouvelles solutions pour l’Afrique ». Si vous ne devez lire qu’un seul livre cette année je vous conseille fortement celui-ci. Elle écrit : « Ce dont les pays pauvres ont besoin, ce n’est pas d’une démocratie avec ses partis multiples (alimentaires et haineux), c’est d’un dictateur bienveillant et décidé, capable de faire aboutir les réformes nécessaires pour un démarrage économique. En d’autres termes, organiser en toute hâte des élections avant d’engager la croissance économique est une recette sûre d’échec. Il y a trente ans seulement, le Malawi, le Burundi et le Burkina Faso dépassaient la 189

Chine sur la base du revenu par habitant. Ce sont les investissements directs étrangers et la croissance rapide des exportations – et non l’aide – qui sont la source du miracle économique chinois. L’Afrique doit profiter des leçons de l’Asie. Malheureusement, des liens étroits existent entre les nations sub-sahariennes. On ne les connaît que trop : le degré atteint de pauvreté, l’extension de la corruption, l’incidence des maladies, le manque d’infrastructures, le caractère irrégulier (mais essentiellement indigent) de la performance économique, l’instabilité politique et la propension historique à la violence et aux désordres, sinon à la guerre civile. Ce sont là les caractéristiques que l’on rencontre presque dans toutes les nations africaines, bien qu’à des degrés variables. La vie de milliards d’êtres humains dépend de l’application de solutions correctes de financement aux problèmes des sociétés en développement. Après plus de cinq décennies de diagnostics erronés, il est temps de prendre le virage et de s’engager désormais sur une route plus ardue mais indiscutablement plus sûre. C’est un appel au changement. » La dame ne prend pas de gants et les remèdes proposés sont énergiques, style thérapie de choc ; certains diront même excessifs. Moi je pense que l’Afrique et la Guinée en particulier tireront plus de bénéfices des réflexions de Dambisa Moyo que de l’aide publique actuellement dilapidée ou des concerts de musique contre la faim. Nous voulons désormais entendre de nos dirigeants des bilans annuels sur l’état de la Nation qui parlent de tonnes de fruits, céréales et café exportées vers l’étranger et de nombre de postes de travail stables créés pour nos jeunes par des PME et PMI mixtes et nationales propres et qui payent leurs impôts 190

régulièrement – pas de nombre de 1ère pierres posées ou de visites d’Etat à l’étranger.

3.3 Les aspects positifs et négatifs de toutes les décisions qui concernent l’avenir à court, moyen et long termes de la Nation. Il n’est pas juste et sensé de critiquer systématiquement tout ce qui est fait par d’autres. Un critique sérieux doit pouvoir proposer des solutions alternatives, si elles existent, sinon il doit proposer de casser les termitières géantes qui ont envahi la vieille maison et suggérer de recommencer depuis l’instant où tout est allé de travers, pour reconstruire un bel immeuble pour longtemps. Je vais donc m’essayer à ce stade à cet exercice assez subjectif et difficile chez nous. Pour simplifier le texte j’utiliserais les termes : -

Pour les aspects positifs à mes yeux Contre pour les aspects négatifs et Une nouvelle voie pour mes suggestions personnelles éventuelles.

1. Nous avons depuis le 16 février 2010 deux nouveaux gouvernements d’union nationale pour mener une transition rapide vers les premières élections démocratiques depuis notre indépendance : •

Pour : enfin, nous allons pouvoir passer aux choses sérieuses et mettre temporairement de côté les bagarres entre marchands de tapis. Le travail à faire est énorme mais comme nous avons 34 têtes pour le faire à la primature et 23 à la présidence, 191



avec une répartition équitable des tâches, chacun ne devrait pas avoir trop à faire pour les 5 prochains mois. En plus le nouveau gouvernement de la primature est presque démocratique car composé de 82 % de civils et 18 % de militaires (sûrement en mission de défense de l’intégrité territoriale), soit une nette amélioration depuis fin 2008. Nous avançons enfin de deux petits pas en avant mais attention ! En plus, il y aura 32 % d’entre eux (11) au niveau de la primature qui vont nous faire faire beaucoup d’économies sur les billets d’avion et les frais de missions car ils sont interdits de séjour en Afrique, en Europe et aux USA pour cause de suspicions de crimes contre l’humanité le 28 septembre 2009. Contre : je n’insisterais pas trop sur les nouveaux élus par les deux pouvoirs en cours car je ne les connais pas dans leur grande majorité, mais ce que j’entends déjà dire sur certains d’entre eux m’inquiète un peu ; certains font même froid dans le dos de nombreuses familles de Conakry, dont la mienne. Une chose est sûre : tous les Guinéens les auront individuellement à l’œil, comme du lait sur le feu car cette fois-ci toute dérive sera dénoncée rapidement et publiquement comme dans toutes les démocraties, même naissantes. Et puis, il n’y a encore que 5 femmes (15 %) dans l’équipe de la primature, malgré toutes les conventions internationales que nous avons signées et le fait que nous savons tous qu’elles sont tellement plus sérieuses que nous les hommes dans la gestion des affaires de la citée. 192

Le plus triste pour moi, c’est que nos ministres issus des forces vives vont siéger tous souriants et sans aucune gêne avec certains autres collègues présumés criminels lors des différentes réunions et cérémonies officielles – c’est ça la Realpolitik en Guinée, le pays des bises éternelles à nos bourreaux humains et économiques ! Au fait, qui pourrait me donner les noms de civils dans les états-majors de nos différentes armées ? Si cela n’existe pas, alors pourquoi un soldat serait-il autorisé dans les états-majors des civils, c’est-àdire dans l’exécutif, le législatif et le judiciaire ? Ah oui, je viens de me souvenir pourquoi. N’ayons plus peur du changement en profondeur et radical – de toutes les façons, il est inévitable, ici comme partout ailleurs dans le monde ; c’est ça aussi la mondialisation. 2. La procureure adjointe de la CPI a séjourné à Conakry du 17 au 19 février avant de partir elle a dit publiquement qu’il y a bien eu des crimes contre l’humanité le 28 septembre 2009 par des militaires guinéens sur des civils innocents et qu’elle a aussi des dossiers sur leurs crimes de janvier et février 2007. Elle a prévenu nos chefs militaires que si la justice guinéenne ne les juge pas en disant tout le Droit (international, pas le made in Guinea), alors elle le fera pour nous – en bref, elle ne préfère pas la paix à la justice. •

Pour : enfin notre justice nationale va pouvoir nous montrer qu’elle peut s’amender pour ses 50 ans de dérives honteuses. Elle a pour la première fois la possibilité de prendre le chemin de la 193



rédemption pour constituer ensuite le premier pouvoir démocratique guinéen. Dans le cas contraire, non seulement des « étrangers » feront le boulot à sa place, mais en plus elle prouvera qu’il faut mettre tous ceux qui sont en fonction actuellement à la retraite (anticipée ou pas) pour la reconstruire entièrement avec du matériel humain jeune, neuf et pas encore pollué. Contre : dommage que l’on n’en profite pas pour faire ressortir la vérité et la justice sur tous les crimes de l’Etat guinéen depuis 1959. Mais ne soyons pas trop naïfs ou gourmands : ces procès à venir seront pour tous les Guinéens et pour tous les défenseurs mondiaux des DDH et de la Justice sur tous les crimes des systèmes politiques des dictatures passées. Certains membres du PDG ont assassiné machiavéliquement tous nos premiers cadres, y compris nos vrais militaires pour les remplacer par des miliciens révolutionnaires aigris et complexés. Puis leurs enfants, une grande partie des cocoforistes (fanatiques de Lansana Conté surnommé Fory Coco par les journaux satiriques du pays), se sont spécialisés surtout dans les crimes économiques. Résultat final, leurs petits-fils une majorité des dadistes (disciples de Dadis Camara) sont devenus des experts en crimes humains et économiques. Leurs procès sonneront je j’espère le début de la fin des dictateurs criminels africains. Progressivement en parlant de nos anciens présidents nous raconterons comme sur tous les autres continents soit leurs bienfaits pour leurs pays et leurs retraites dorées conséquentes, soit leurs crimes 194



contre leurs peuples et les jugements sévères qui les auront punis pour l’ensemble de leurs méfaits. L’impunité criminelle du style PDG sera éradiquée progressivement dans l’Afrique au XXIe siècle. Une nouvelle voie : ces actions de vérité et de justice devront être menées avec justesse, rigueur et sévérité jusqu’à ce que tous les instigateurs, commanditaires et les principaux exécutants directs soient débusqués, jugés et condamnés à la hauteur de leurs crimes. La justice guinéenne devra retrouver les miliciens assassins qui étaient au stade ce jour-là et les déshabiller (de leurs tenues et bérets). Si les différents états-majors de nos forces de défense et de sécurité acceptent de le faire de bonne foi il sera possible d’identifier les principaux et pires criminels. Nous appliquerons demain la « Tolérance Zéro » pour tous les criminels en Guinée car c’est cela avant tout l’état de Droit surtout quand on vient de là où nous venons. Et puis le moment est maintenant venu d’étendre l’exemple de notre « Généralsauveur » qui depuis quelques semaines exige à sa suite et à tous ses ministres militaires de porter des costumes (ou des boubous) pour toutes leurs activités civiles. Depuis récemment, même le « commandant-barre » de la présidence (car il répète bêtement ce dernier mot plus de 10 fois à la lecture des diktats présidentiels sur la TVPutsch) nous gratifie enfin d’un costume civil élimé pour lire les dizaines de décrets journaliers concernant les cadres des gouvernements. Si les nouveaux chefs civils ex-opposants sont 195

persuadés qu’ils ont besoin de gardes du corps pour les protéger qu’ils leurs enlèvent au moins leurs tenues de guerre et les remplacent par des costumes et lunettes noires, oreillettes blanches et pistolets balles blanches. Non seulement ils seront plus convaincants et à la mode mais surtout ils seront surtout mois effrayants et ne nous rappelleront plus leurs basses œuvres de la veille. La règle dès le démarrage de la nouvelle voie devra être : les treillis au camp ou à la frontière les costumes, « trois-poches » et tenues africaines tout le reste du temps. La pauvre commission nationale d’enquête sur les crimes du 28 septembre a fait vraiment une grosse bêtise en sortant son rapport quelques jours avant l’arrivée chez nous de la procureure adjointe de la CPI. Elle a au contraire enfoncé encore plus les instigateurs et commanditaires au lieu de les blanchir. Le profil bas que ces personnes affichaient depuis un certain temps leur aurait permis sans doute quelques années de plus de liberté conditionnelle. Au lieu de cela elle a fâché fortement un certain « responsable unique désigné – Toumba Diakité » et la police de la communauté internationale l’a mis en sécurité pour garantir que la vérité ne soit pas escamotée demain pour copinage d’Etat.

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3. Le chef de la junte militaire nous demande de préférer la paix à la justice : • •



Pour : absolument rien. Contre : il semble qu’il y ait certains de nos compatriotes surtout dans nos camps militaires qui souhaitent qu’on tire un double trait sur 52 années de crimes impunis. Bref une amnésie nationale pour commencer notre démocratie. II est inutile de commenter une telle proposition. Une nouvelle voie : il suffit juste de leur mettre dans le crane qu’il n’y aura jamais de paix et de développement dans ce pays sans Vérité et Justice pour les familles des victimes !

4. Le président de la CENI (ancien leader de la société civile) annonce sur les ondes nationales que les Guinéens de l’étranger seront exclus des 1ères élections présidentielles démocratiques du pays pour des considérations de calendrier et de ressources. • •



Pour : absolument rien. Contre : je ne sais même pas par où commencer : on veut ainsi exclure sans aucun remord 3 à 4 millions de Guinéens (soit près de 2 millions d’électeurs) sur une population totale de 11 millions alors qu’ils fournissent aux habitants guinéens plus en apport direct que toute l’aide publique internationale qui de toutes façons est dilapidée par un groupuscule de bandits en col blanc et en treillis. Une nouvelle voie : à situation exceptionnelle – solution exceptionnelle : il faut mettre fin 197

immédiatement à cette mascarade biométrique car ce n’est en fait qu’un processus mal ficelé, mal géré et budgétivore. Le petit aperçu que ceux qui se sont présentés dans nos rares ambassades où la CENI est allée recenser a prouvé que c’était un minable travail d’amateurs qui était proposé – on imagine ce que cela a dû être dans les villages, villes et régions du pays profond ! Ce travail de recensement urgent des Guinéens de l’étranger peut très bien être réalisé en moins d’un mois si on le confie aux associations guinéennes qui existent dans toutes les villes qui ont de grandes communautés ou qui sont proches de celles où les regroupements sont moins importants. A l’étranger comme en Guinée, tous les Guinéens se connaissent dans les villes des pays-hôtes. Les ambassades n’ont qu’à assermenter une petite équipe dans chaque association pour faire ce travail rapidement et bien. Ils en profiteraient pour remettre des cartes d’identité nationale à tous ceux qui n’en ont pas alors que c’est leur droit le plus élémentaire et sacré. Ils voteront alors avec leurs cartes d’identité ou leurs passeports. Si la CENI ne veut pas débourser un franc de son budget personnel, alors la diaspora le fera cette fois-ci et enverra ensuite la facture au 1er gouvernement démocratique du pays. Y aurat-il quelques ratées et imperfections ? c’est même fort probable mais sûrement moins qu’avec la farce biométrique actuelle. Et cette méthode sera au moins inclusive de tous les Guinéens. On verra plus tard pour un recensement professionnel et de qualité en 2015. Si cette option n’est pas acceptée 198

pour les présidentielles de 2010, pour quelque raison injustifiable de basse politique ou d’affairisme, il faudra alors considérer ces 1ères élections comme nulles et non avenues car non démocratiques, propres et transparentes. Bref, il faudra tout recommencer à zéro le plus tôt possible, malgré les milliards déjà dépensés et détournés pour rien. 5. Notre nouveau PM nous a gratifié quelques jours après sa nomination d’un communiqué qui a favorablement impressionné de très nombreux Guinéens : il a demandé clairement à tous les responsables nationaux récemment débarqués de la mangeoire de ramener les biens de l’Etat qu’ils avaient emportés en quittant leurs bureaux. •



Pour : j’ai été agréablement surpris par première preuve visible de ce changement des règles habituelles de la gouvernance publique chez nous. Pour les non-Guinéens, sachez que depuis des décennies la majorité des patrons qui sont déchus de leurs postes que ce soit aux niveaux national, régional ou préfectoral, emportent avec eux à la fin de leur mission leurs véhicules de service en bon état de marche, le matériel entier de leurs bureaux et pour les plus importants quelques accessoires du type climatiseurs, rideaux et parfois même porte-rideaux. Contre : imaginez ma déception quand, deux semaines après j’apprends de source sûre et je vois ensuite que certains de ces véhicules ont été immédiatement rééquipés (chauffeur, climatiseur, 199



carburant) pour être distribués au niveau des mêmes départements ministériels comme véhicules de maison pour les nouvelles « Madame » et leurs enfants. Bien sûr le tout avec des plaques V.A. (véhicule administratif ou voleur autorisé) afin de leur assurer les privilèges minimaux de leurs prédécesseurs : feux de détresse, accélérateurs et klaxons à fond pour un passage en force à travers les nombreux bouchons de la circulation. Eh oui, en Guinée après plus de 50 années de dictature ce sont des intellectuels de l’opposition qui dirigent le pays pour la première fois – mais les avantages catégoriels acquis ne sont plus jamais discutables. Une nouvelle voie : encore un domaine où la sévérité maximale sera de mise pendant les premières années, ce qui ne sera pas très populaire parmi nos politiciens qui seront bientôt élus démocratiquement, mais indispensable pour engager le changement progressif mais radical dans la gestion des biens de l’Etat. Cela devra commencer dès le départ de la nouvelle voie par des listes de tous les biens de nos principaux responsables nationaux élus qui seront analysées et classées au niveau de notre nouvelle Cour Suprême indépendante. Elles seront ensuite revues à intervalles réguliers et fréquents. Les procédures et structures seront ensuite mises en place aux différents niveaux de l’administration pour que tous ceux qui gèrent les ressources de l’Etat soient régulièrement contrôlés de manière rigoureuse mais juste. Si on le veut vraiment on le peut même si le processus complet nécessitera 200

sûrement de longues années pour devenir totalement opérationnel. L’exemple venant du haut s’étendra rapidement après les premières démonstrations de tolérance zéro. Pour parler de la gouvernance nos compatriotes utilisent une formule succulente : « le poisson pourrit toujours par la tête ». Quand nous aurons des têtes propres pour gérer notre pays il sera beaucoup plus facile de veiller à ce que les corps ne pourrissent plus impunément. Et puis le moment est vraiment venu de mettre immédiatement fin à la continuité de l’intérêt de nos nouveaux chefs pour les séminaires internationaux, les visites de courtoisie d’hommes d’affaires étrangers de passage chez nous et les ouvertures/clôtures journalières de séminaires dans toutes les grandes salles de réception de Conakry. Nous voulons les voir et les entendre s’occuper exclusivement des urgences de leur mandat et nous pensons qu’il serait beaucoup plus utile que notre P.M. nous fasse chaque semaine le point sur l’évolution de cette très courte transition. C’est uniquement pour cela qu’ils sont dans leurs fauteuils confortables aujourd’hui ! Quand on nous annonce qu’entre le 15 janvier et le 28 février 2010 les sorties des caisses de l’Etat se montent à 500 milliards de GNF et que les principaux responsables de ce scandale sont toujours à la tête de ce pays, on est persuadé que le changement véritable n’a pas encore commencé en Guinée. Et que ceux qui ont traîné en justice des pauvres civils pour les faire honnir devant leurs familles et devant tout le pays, soient obligés - pour que la justice démontre 201

ensuite leur innocence et exige leur relaxe - de retourner à la même RTG pour leur présenter des excuses publiques. C’est le minimum si le changement n’est pas finalement qu’une nouvelle arnaque nationale. 6. Le nouveau gouvernement a augmenté le prix de l’essence de 5,000 GNF à 6,500 GNF le 1 mars 2010, date anniversaire de la monnaie guinéenne : •

Pour : cette décision est un grand pas en avant dans la bonne direction. Cessons d’être naïfs, la vérité des prix est obligatoire chez nous comme partout ailleurs. On nous répète tous les jours que « le pays est commandé », mais en attendant ceux qui le font (militaires, douaniers, gendarmes, policiers) sont les principaux artisans du plus grand trafic régional de carburant. De deux choses l’une : soit nos forces de défense et de sécurité et leurs complices civils cessent de piller le pays et retournent faire leur travail dans les camps avec la fin possible de tous leurs trafics mafieux, soit nous compterons encore pendant des siècles sur l’aide internationale (et son appui budgétaire) pour financer le fonctionnement du gouvernement. Quand j’entends des nationalistes démagogues se vanter que nous n’avons pas besoin des blancs, sans savoir que ce sont justement ceux-là qui paient leurs salaires mensuels, j’ai toujours un sourire. Un mendiant ne peut pas avoir de fierté mal placée et ils nous le rappellent sans aucun gant de plus en plus souvent. Quand nous serons autosuffisants sur les 202





plans alimentaires et financiers, ce qui est tout à fait possible en 10 ans, alors nous pourrons ressortir ce vieux couplet. Contre : cette décision fait très mal à tous les Guinéens d’en bas, qui ne peuvent pas puiser dans les caisses de l’Etat et qui triment chaque jour pour survivre. Pour eux chaque jour est pire que le précédent et on peut aisément comprendre qu’ils rêvent tous d’accéder à la mangeoire même si c’est pour 6 mois. Des mesures compensatoires bien estimées sont donc non seulement souhaitées mais urgentes et obligatoires. Néanmoins, les hausses inconsidérées de salaires proposées ne sont pas du tout une bonne solution – ce qui va en fait le plus augmenter avec cette décision rocambolesque, c’est l’inflation nationale qui frappera toujours les mêmes. Une nouvelle voie : la réalité de la bonne gouvernance durable sera un jour claire chez nous : il faudra absolument dégraisser fortement notre fonction publique excessive tant en nombre qu’en âge de ses principaux acteurs. Puis il faudra réévaluer les salaires de la nouvelle génération de travailleurs de l’Etat et laisser enfin la justice punir très sévèrement tous ceux qui continueront à puiser dans la caisse nationale. Il faudra mettre un STOP final aux récompenses des voleurs et tricheurs et une fois encore l’exemple devra venir de la tête du pays, pas de la large base de la pyramide nationale.

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7. La liste nominative des membres du CNT a été finalement publiée le 7 mars : •





Pour : enfin un 2ème pilier de la transition est mis en place avant la fin du 2ème mois de la transition de 6 mois. Contre : nous sommes passés sans aucune explication claire et valable de 101 membres à 159 membres, non compris ceux qui vont sûrement s’y rajouter vu que la présidente a annoncé le même jour sur les ondes nationales que la liste restait toujours ouverte aux boudeurs et qu’elle était donc extensible. Cette augmentation unilatérale de 57 % est une très grave entorse à la crédibilité du reste de la transition car il est fort possible que ces nouveaux désignés aient une mission particulière. Une nouvelle voie : les nouveaux pouvoirs devront cesser de prendre les Guinéens pour des enfants : un parlement composé de personnes choisies exclusivement par le gouvernement toutes les couches socioprofessionnelles du pays n’en fait pas pour autant un organe représentant tout le peuple. Les nominations telles qu’elles sont faites habituellement ici (copinage, intérêts politiques, ethniques et financiers… etc.) aboutissent forcement à une caisse de résonance au service des divers clans aux commandes. Pour moi, ce CNT peut discuter de tout ce qu’il veut et nous lire ensuite ce qui lui sera dicté comme décisions finales, mais il ne le fera sûrement pas au nom du peuple de Guinée. Pour avoir travaillé à tous les échelons de l’administration guinéenne 204

de 1985 à 1990, j’ai appris une règle d’or de ce système : quand tu veux noyer définitivement un dossier important il faut créer une commission nationale. Après plus de problèmes pour faire passer ce que tu veux quand tout le monde est fatigué de l’inefficience du groupe. Une petite équipe de 10-15 experts pointus dans le domaine constitutionnel (et nous en avons) avec l’appui de collègues de la sous-région pouvait bien boucler ce dossier en moins d’un mois de travail. Ensuite un référendum pour que tous les Guinéens se prononcent effectivement sur notre nouvelle Loi Fondamentale qui serait vraiment représentative de la volonté de tous les Guinéens. Si on ne le fait pas aujourd’hui alors il faudra le faire demain. Les règles de l’Art seront indispensables pour asseoir durablement l’état de droit en Guinée. 8. La BADAM (Banque Africaine de Développement Agricole et Minier) a été officiellement inaugurée le 2 mars 2010 : •

Pour : encore un bon pas potentiel vers le changement qualitatif en Guinée. La sortie du profond coma économique dans lequel nous nous sommes enfoncés passera forcément par des réformes de fond, fortes et courageuses, pas les petites réformes cosmétiques qui depuis des décennies font beaucoup de bruit au départ et finissent ensuite en pétard mouillé. Avec nos potentialités humaines, et de nos sol et sous-sol nous devrions nous sortir progressivement de tous 205





ces prêts concessionnels et dons qui ne font du bien qu’à la minorité qui les gère. Contre : j’entends déjà autour de moi de très nombreux doutes sur le sérieux et sur l’avenir serein de cette BADAM en particulier en raison de la moralité au-dessous de tout soupçon des initiateurs, partenaires et bailleurs. Il semble qu’il y ait même un ex-taulard pour détournement de fonds publics dans l’équipe dirigeante. Il y a effectivement des risques que ceci ne soit qu’une grosse arnaque pour mobiliser des fonds chez de généreux donateurs et qui seront immédiatement dilapidés à la guinéenne. Ensuite ils déposeront le bilan et passeront à la prochaine magouille. Si cela se confirmait elle sera alors une très grosse épine dans le pied des changements souhaités. Une nouvelle voie : des structures telles que celleci pourraient être des moteurs d’une reprise économique. Quand l’état de droit sera devenu effectif ce type d’opportunités de financement sera progressivement disponible pour tous ceux qui veulent vraiment travailler honnêtement. Il faudra absolument retrouver une crédibilité financière et cesser de tendre la main tous les trimestres pour assurer notre fonctionnement local et les salaires de nos fonctionnaires. Il nous faudra remplir les conditions pour avoir enfin accès aux l’IDE (Investissements Directs Etrangers) porteurs de croissance. La richesse intérieure nationale reviendra par : a) un système efficient d’encouragement du dynamisme de notre secteur privé dans tous les 206

domaines. Je pense particulièrement à l’agriculture, aux mines bien gérées et aux services de qualité qui permettront la création de PME/PMI performantes qui créeront des emplois stables et de mieux en mieux rémunérés pour nos jeunes b) une fonction publique minimale, mieux payée et efficiente qui saura renflouer les caisses de l’Etat avec toutes nos recettes fiscales, douanières, halieutiques et autres qui n’iront plus directement dans les poches de particuliers. Tant que la Guinée restera un cauchemar pour les investisseurs sérieux par la corruption généralisée, la bureaucratie effrayante, l’absence totale de justice et de droit nous serons exclus de ces ressources porteuses de développement. A nous de choisir et d’agir dans l’intérêt exclusif de la majorité en éliminant progressivement ces arnaqueurs en smokings, boubous Bazin et tenues de guerre. Les premiers temps seront durs, très durs pour certains mais indispensables. La Commission Economique pour l’Afrique (CEA) a noté que l’économie de l’Ouganda a crû de 7 % entre 1993 et 2002 avec l’amélioration de son climat réglementaire. Le nombre de gens vivant avec moins de 1 dollar US par jour est passé de 56 % en 1998 à 32 % en 2002 après que le gouvernement eut pris des mesures attractives pour les investisseurs. Finis les 4×4 rutilantes annuelles et les rénovations de bureaux et de villas sur les budgets au démarrage de tous les nouveaux projets sinon adieu à la performance 207

obligatoire et à la poursuite des financements. Ensuite les plus grands investisseurs régionaux et internationaux surveilleront notre évolution et entreront dans la course aux bonnes affaires en Guinée quand nos institutions auront montré de manière pérenne le bon exemple. C’est ce type de réformes et d’autres du même genre avec en particulier des conditionnalités intéressantes pour attirer les capitaux des investisseurs internationaux qui sont les formules qui ont crée les dragons d’Asie, d’Afrique du Nord et Australe. Dans notre sous-région le Ghana, le Nigeria, la Cote d’Ivoire, le Sénégal, le Sénégal, le Liberia, la Sierra Leone et le Mali et la Mauritanie sont déjà sur cette lancée depuis quelques années. Il faudra mettre fin progressivement aux « cadeaux empoisonnés » de l’aide gratuite pour rechercher les ressources du système financier international, celui qui exige la performance et apporte la croissance dans tous les pays qui réussissent. Même la Russie et la Chine communistes ont fini par apprendre cela et elles l’appliquent mieux que leurs professeurs maintenant. Bien sûr cela ne justifie en rien l’absence totale de respects des DDH dans plusieurs de ces pays, mais il ne faut surtout pas mélanger toutes les actions d’un Etat. J’écoute et je lis avec beaucoup d’attention toutes les déclarations publiques de nos principaux candidats à la présidentielle de 2010. Il n’y en a qu’un seul qui parle clairement de ce type d’actions radicales sûrement parce qu’il les a déjà vues et pratiquées ailleurs (Sydia Touré en Côte208

D’ivoire). Il faudra néanmoins qu’il ait la possibilité de les mettre en œuvre avec rigueur après son élection car le populisme narcissique de tous nos partis exige ici la popularité démagogique et les cadeaux et retours d’ascendeurs avant tout. Si néanmoins il nous démontre ce courage politique et cette vision d’attendre de récolter des fleurs plutôt à long terme je serais alors son plus gros supporteur et défenseur. 9. La Société civile (consortium International Alert & Agora) a organisé du 23 au 25 mars à Conakry un dialogue sur la réconciliation nationale en Guinée : •

Pour : cette initiative heureuse a réuni un groupe très diversifié : des militaires (du général à la retraite au sergent), des civils (ONGs et des personnes ressources nationales) des doyens d’âge et de soi-disant sagesse et des jeunes de l’axe Bambeto-Cosa, les soldats du peuple qui avaient lancé cette transition en Janvier 2007. Primo, fait très rare ici je n’ai vu aucun béret ni de membres des gouvernements (y compris le CNT. Secundo j’ai toujours imaginé qu`il existait dans notre pays des Guinéens qui étaient plus préoccupés par le sauvetage de la Nation que par leurs petits intérêts personnels mais je n’en les avais pas encore rencontrés après 5 mois de séjour sans interruption. Grâce à une modération qui a privilégié les remue-méninges francs et l’écoute attentive de touts les participants cette équipe a su se souder en trois jours pour trouver 209

des consensus opérationnels sur les différentes questions qui leur étaient soumises : Qu’attendezvous de la transition en Guinée ? Au niveau national qui doit se réconcilier avec qui et pour quelles raisons ? Quelles sont les difficultés qui pourraient empêcher une réconciliation entre les personnes/groupes/communautés identifiés et que faut-il faire face aux difficultés ? Quels sont les autres acteurs organisés ou non concernés par la réconciliation nationale ? Comment et sous quelle forme cette réconciliation nationale devrait-elle être menée ? De façon réaliste quel programme de réconciliation pourriez-vous proposer ? Cette rencontre m’a vraiment rassuré que le vrai changement était non seulement possible mais qu’il viendra effectivement quand nous aurons des vrais patriotes engagés à la tête de notre pays. Le clou des activités retenues dans le plan d’action 2010 est l’organisation en juin 2010 d’une rencontre nationale sur le dialogue de réconciliation en Guinée. Des dialogues identiques à celui auquel j’ai pu participer ont déjà eu lieu dans la majorité des capitales régionales et elles seront totalement couvertes avant la grande rencontre de juin. Des équipes venues de chaque région seront alors réunies à cette rencontre pour une synthèse finale et l’élaboration d’un programme national qui sera largement diffusé et finalement soumis à l’acceptation de la majorité des Guinéens. Bravo aux organisateurs et à tous les participants – vous êtes en train de faire un travail qui peut210

être ne sera jamais bien connu et récompensé, mais deux fois par jour, devant votre miroir vous vous regarderez avec satisfaction et fierté pour ce que vous aurez fait pour sauver votre pays – et ils ne sont pas très nombreux aujourd’hui nos responsables à tous les niveaux qui pourraient dire cela. •



Contre : R.A.S ou presque : je me suis demandé au bout du 2e jour si une plus grande médiatisation de ces rencontres initiales n’aurait pas été une plus–value à ce travail naissant, mais je suis ensuite persuadé qu’il était peut-être plus prudent de démarrer ainsi afin d’avoir des réflexions, analyses et options bien réfléchies à présenter aux Guinéens afin que le processus évite de tourner indéfiniment en rond avant de démarrer. Je pense néanmoins qu’il aurait été fort utile de filmer tous ces riches échanges interpersonnels entre ces compatriotes qui étaient en fait des vrais experts nationaux dans ce domaine en raison de leurs expériences, réflexions et actions au niveau de leurs ONGs. Une nouvelle voie : cette action salvatrice et bien d’autres du même type seront non seulement recherchées mais encouragées techniquement et financièrement car le chemin difficile vers la Vérité, Justice et Réconciliation nationales passera forcément par un processus rigoureux, bien programmé et mené de mains de maîtres pour soulager enfin toutes nos consciences meurtries par plus de 50 ans de crimes de sang et économiques. 211

10. Le président de notre CENI (Conseil Electoral National Indépendant) s’est présenté de nouveau en début mars devant les médias nationaux afin d’annoncer l’affichage des listes des recensés en Guinée dans la période du 18 mars au 4 avril (soit 15 jours) pour corrections éventuelles ainsi que la reprise du recensement pour les Guinéens vivant à l’étranger dans 17 pays de regroupements. Il a également précisé qu’il n’y aurait plus de nouveau recensement en Guinée : •



Pour : par rapport à sa décision incompréhensible initiale de nous exclure des prochaines présidentielles et à la réaction unanime de rejet de cette décision, c’est la preuve que la CENI est revenue (de gré ou de force) à de meilleurs sentiments. Mais… Contre : sortez vos calculettes et multiplions ensemble : le recensement d’une personne prend 5 minutes pour être totalement enregistré (si tout va bien, ce qui ne semble pas être le cas le plus fréquent), soit environ 12 personnes recensées en une heure et 120 personnes par jour si la machine travaillait pendant 10 heures par jour, le tout sans aucun arrêt. Pour un temps total de recensement de 15 jours, cela fait en tout 1.800 personnes. Supposons maintenant qu’il y ait 3 machines par centre (alors que les informations disponibles parlent de 2 à 3 machines opérationnelles par lieu de recensement), cela ferait en tout 5.400 personnes par pays de regroupement et en tout 91.800 Guinéens recensés dans la diaspora. D’ailleurs le chiffre officiel final présenté par le directeur des opérations de la CENI le 12 avril 212

reflète bien cette estimation : 75.215 enregistrés. En rajoutant les 57,000 enregistrés lors du premier passage cela fait environ 132.000 bienheureux pour une population électorale estimée à environ 2 millions soit moins de 7 % du des électeurs potentiels ! En plus les équipes de recensement ont toutes commencé avec des retards importants ce qui fait que le travail a démarré dans de très nombreux endroits après le 4 avril, date normale de clôture. Nous avons vu de tout au cours de cette tragicomédie : pour les USA, les visas ont été refusés longtemps à certains des agents recenseurs car ceux partis pour la 1ère partie du travail en septembre 2009 ont tout simplement disparu dans la nature dans la pure tradition de l’immigration choisie par les victimes des dictatures en Afrique. Les échos d`Angola ont été également épiques. En Guinée les affichages des listes disponibles pour corrections ont été également retardées même dans Conakry, avec des milliers de personnes qui n`ont pas été retrouvées sur les listes, des hommes avec des photos de femmes et vice-versa et des fautes d`orthographe sur les noms et prénoms usuels. On n’ose même pas imaginer la situation réelle de ce recensement dans le pays profond ! Je vous épargne tous les détails croustillants sur les perdiems surévalués, le remplacement inopiné de plusieurs premiers recenseurs qui avaient au moins un peu d’expérience en la matière depuis septembre dernier par des parents et amis des bosses de la 213

CENI. L’absence des contrôles externes prévus a résulté de manière bien calculée en un flou artistique à la guinéenne avec absence totale de transparence, de communication honnête et de gestion rigoureuse. Ainsi après un père de la Nation mégalomaniaque et trois dictateurs militaires alcooliques et incultes nous voici sur la trajectoire express et sans garde-fou d’élire un roitelet civil qui deviendra progressivement une copie de ses prédécesseurs car nous avons toujours réussi à créer en un temps record par nos compromissions de faux-culs de nouveaux chefs aussi mauvais que leurs prédécesseurs. La Guinée possède la meilleure usine au monde pour fabriquer des dictateurs. Dommage que ça ne compte pas comme PME/PMI. Nous jugerons le nouvel élu en fin 2015 et tant pis pour nous si c`est le cas. •

Une nouvelle voie : la catastrophe biométrique que je craignais et que je dénonçais récemment a été même pire que ce que je croyais, la pagaille actuellement dans la transition est telle que plus personne ne sait où donner de la tête. On a l’impression que la CENI est encore plus mal organisée que le camp militaire Alpha Yaya Diallo, le foutoir de nos treillis, armes blanches et kalaches. Décidément, il y a vraiment des gros incapables à de nombreux postes stratégiques du pays mais certains affirment qu’au contraire cette pagaille est en fait très bien organisée pour faciliter les détournements d’une partie importante des financements mobilisés. Mais où 214

allons-nous avec tout ça et que faire pour vraiment éliminer cette racaille si intelligemment désorganisée ? Il y a des moments où je suis très démoralisé et sceptique sur l’avenir de notre pays. Devrons-nous avoir à reprendre en grande partie cette transition et ces élections pour obtenir le changement réel souhaité en Guinée ? 11. Notre premier ministre a organisé du 7 au 8 avril un séminaire pour son gouvernement dont le mandat finit en juillet 2010. Le pire, c`est que parmi les facilitateurs de la formation, on pouvait compter les anciens P.M. du Général Conté : •



Pour : malgré la très mauvaise habitude des séminaires-perdiems en Guinée cette initiative aurait été excellente pour recentrer l`action de ce gouvernement qui a une mission très temporaire et des objectifs très précis afin de répondre à ce que tous les Guinéens attendent d`eux mais il fallait le faire en février au plus tard. Contre : du peu qu`on a vu à la télévision nationale et des récits des journalistes qui ont pu occasionnellement y assister notre P.M. a fait surtout ses blagues de mauvais goût habituelles. J`ai même lu qu`il est venu juste pour l`ouverture et la clôture, selon le bon principe national que le chef connait tout et donc il ne peut pas s`asseoir sur les même bancs de classe que ses subordonnés, pour lui il faut absolument des cours particuliers aux USA ou en France. En fait ils ont parlé en détail de tout sauf des deux seuls objectifs qui leur étaient urgemment assignés 215

pour cette transition. N`importe qui avec un tout petit peu de bon sens aurait pu imaginer le programme de cette rencontre : J1 pour faire le point sur la reforme des forces de Défense et Sécurité et J2 pour faire le point sur les préparatifs des élections avec pour chaque thème une présentation des réalisations concrètes, pas les ouvertures de séminaires, les poses de premières/dernières pierres et les missions aux frai de l`Etat dans les hôtels 5 étoiles, des contraintes, des opportunités et des risques de respecter les calendriers fixés et approuvés. Que nenni ! Nous avons eu droit à des réflexions poussées sur les objectifs à atteindre à moyen et long termes par la nouvelle Guinée démocratique. Finalement J.M. Doré (JMD) me rappelle beaucoup Lionel Jospin : pas mal comme chef de l`opposition française, en particulier pour démonter avec brio les faiblesses de tout ce que les équipes du pouvoir proposaient, il est ensuite nommé P.M. et a démontré immédiatement qu`il venait de dépasser son niveau de compétence. Résultat les électeurs français le lui ont rappelé à l`élection suivante. Expliquez-moi pourquoi notre JMD décide avec son équipe de signer des contrats avec des sociétés minières et de prendre des décisions aussi importantes que l`exportation du fer guinéen par le Liberia en échange d`un trans-guinéen qui servira uniquement au transport national de personnes et marchandises et qui sera donc déficitaire à son premier bilan annuel. Et BGSR qui revend en fin avril ses concessions sur une partie du Mont Nimba avec une plus-value de 216



xxx % afin de flouer la Guinée dans ce deal opaque. Pourquoi personne parmi ceux qui décident et gèrent le pays actuellement ne dit rien ? Rabi, tu fais quoi là ?? Trop occupée à faire écrire tes brouillons juridiques par une petite équipe des pdgistes reconvertis ? Une nouvelle voie : il y a tellement de comportements médiocres et de petites attitudes mesquines au niveau du pouvoir en Guinée qu`il faudra des années et beaucoup de sévérité à notre président-martyr de la période 2010-2015 pour nous ramener à un exécutif même pas performant, mais juste acceptable. Finalement, c`est pour cela que je pense que cette punition du 1er mandat présidentiel démocratique doit être imposé à l`un des anciens crocodiles du marigot gouvernemental afin qu`il nettoie pour lui-même et pour ses pairs le gâchis national qu`ils ont créé. Pourquoi imputer l`échec possible de ce 1er mandat à un bon gestionnaire propre qui serait totalement innocent de tout ce passif de crimes humains ? Ce président ne fera sûrement pas grand-chose pour le développement du pays pendant ce laps de temps, mais si nous avons la chance qu’il soit visionnaire, responsable des bonnes et mauvaises suggestions de ses partisans et décidé à se faire pardonner tous ses dérapages passés il pourra au moins entreprendre le nettoyage à grande eau de notre administration et de nos forces de défense et de sécurité.

12. Le projet de révision de la Constitution guinéenne a été remis en grande pompe devant la télévision nationale 217

à la Présidente du CNT le10 avril 2010. Elle a donc organisé rapidement une plénière et nous nous sommes du coup retrouvés avec une nouvelle Constitution qui devrait garantir notre avenir prospère commun. Ceci a été suivi de manière aussi expéditive et juridiquement condamnable pour les 2 nouveaux codes (électoral et de la presse) : •



Pour : nous avons certes un besoin urgent d`une nouvelle Constitution, de textes d`application et de lois qui devront pouvoir nous permettre d`aller, même mal, à des élections urgentes mais encore fallait-il y mettre la forme. Finalement tous les textes ont été votés par un parlement fictif choisi par copinage et promulgué par un président intérimaire militaire putschiste qui a sa part de responsabilités dans l’affaire du 28 septembre 2009, l`une des barbaries les plus honteuses du 21ème siècle. Je plains un peu le pauvre président qui sera élu sur des bases aussi malsaines. Il sera difficile pour lui d`oser ouvrir la bouche dans tous les forums internationaux sérieux où il devra nous représenter, je ne suis même pas sûr qu`il y sera invité. Contre : le Président de la commission constitutionnelle de notre CNT, un syndicaliste de la place, nous a assuré que son groupe constitué de quelques juristes et d’une majorité de parfaits incompétents dans le domaine a réussi cet exploit en moins de deux semaines de travail, malgré l`absence totale de matériel informatique, de bureaux équipés pour ce travail et même de budget de fonctionnement – vive la créativité et la 218

débrouillardise guinéennes. L’erreur de n`être pas passé par des élections législatives en premier lieu suivies ensuite par un référendum national suite au travail d`une assemblée d`élus pour adopter cette nouvelle Constitution (que je ne considère pas choisie par tous les guinéens) est la pire bêtise des conclusions des accords de Ouagadougou en janvier 2009 qui ont lancé cette transition. La faute est entièrement imputable à tous nos politiciens qui ont participé et étaient uniquement intéressés par la possibilité de devenir rapidement Président de la République. Ils espéraient tous passer sans problèmes par leur majorité ensuite assurée au parlement pour la tripatouiller à leur avantage. Après tout c`est comme cela dans toutes les dictatures tropicales de notre continent. •

Une nouvelle voie : puisque qu`il faut aller vitevite, par la force et l`embrigadement aux élections et que le pauvre peuple martyr ne dit rien le mieux aujourd`hui est d`être pragmatique et de laisser les choses se faire pour observer de près la suite en étant le plus optimiste possible. Si nous avons la chance que notre prochain président ait pour objectif de laisser son nom dans l`histoire positive de la Guinée alors il saura se défaire des contraintes et risques de son parti actuel pour se mettre au-dessus de la mêlée, en tant que président de tous les guinéens. Ensuite il commencera une vraie Transition vers la démocratie et l`état de droit. 219

13. Le 4 mai, les experts militaires de la CEDEAO et de l`UA ont remis aux autorités militaires guinéennes un rapport-diagnostic sur la situation de notre grande muette et les principales actions nécessaires pour la guérir de son cancer et de toutes ses métastases : •



Pour : il faut pour une fois remercier nos chefs militaires parce qu`ils ont accepté (surement forcés par les Big Brothers) de mettre de côté le faux nationalisme et la fierté stupide de certains compatriotes pour faire appel à des experts d`autres pays africains et des pays développés pour les aider dans cette tâche difficile. Le document final que nous avons pu lire sur le Net paraît peu précis mais je suis persuadé qu`il a été accompagné d`annexes à distribution très limitée et beaucoup plus détaillées et par corps d`armée. Maintenant il faudra détailler au plus vite toutes les recommandations sans mettre en place une « commission nationale » pour finaliser le travail. Ils offrent pour une fois une bonne leçon à nos chefs civils qui affirment partout qu`ils n`ont besoin d`aucun appui externe pour fignoler nos textes nationaux fondamentaux – ça c`est très guinéen ! Contre : maintenant il faudra mettre tout cela en œuvre avec rigueur et détermination et là, il y a vraiment certains risques et des doutes sérieux dans une armée qui est jusqu`à présent incapable de mettre des responsables prouvés de crimes contre l`humanité dans les prisons où ils ont mené tant d`innocents, avant de les transmettre en colis recommandé à la CPI. Un petit exemple très 220

frappant du mal profond qui la hante encore : le nouveau chef d`état-major réunit le gotha de la presse et des civils en mi-mai pour faire un speech qui a très bien démarré par nous expliquer que la nouvelle armée républicaine sera dans les casernes pendant tout le processus électoral afin de laisser la police et la gendarmerie jouer leurs rôles légaux. Hélas le dérapage était inévitable et imparable : il annonce immédiatement après que néanmoins elle « matera » toute personne qui contreviendra à l`ordre public (tout en restant dans ses casernes pendant les élections ?). Pourquoi ne pas tout simplement dire qu`elle prendrait néanmoins ses responsabilités républicaines si des perturbateurs essaient de déstabiliser de manière non légale le processus ? J`ai lu certaines justifications du genre « non, il a parlé comme un militaire » – mais c`est justement ce que nous ne voulons plus jamais entendre car toute l`armée de nos jours doit avoir des experts en communication partout dans le monde. Finalement le Professeur Ansoumane Doré (de Dijon, France) a fait une excellente analyse fin mai : les accords de Ouaga ont principalement servi à offrir une semi-virginité et une échappatoire facile à toute la mafia militaro-civile qui a détruit notre pays depuis près de 60 ans. A partir de juillet nous serons priés de dire tous en cœur « Il faut leur pardonner puisqu`ils ont reconnu leurs torts et accepté des élections libres et transparentes, c`est cela, l`esprit africain et la foi musulmane ». Ce redoutable machin immoral risque fort de faire rebondir le nouveau chef élu 221



sur son trône qui sera lâché à la première erreur majeure. Et pourtant il va en faire beaucoup le pauvre et très vite car il ne sera qu`un homme « made in PDG-S T » la version du PDG crée et imposée par Sékou Touré à partir de 1959. Une nouvelle voie : la réforme des forces de défense et de sécurité avec un plus grand rôle républicain semble avoir été imposée au Général Konaté et à ses proches conseillers militaires et civils par la communauté internationale. J`espère sincèrement qu`il restera le chef de cette armée composée en grande partie de voyous de grand chemin pendant toute cette réforme car je crois qu`il a la sévérité et la souplesse nécessaires pour mater sans trop de bruits les nombreux têtus et durs d`oreille. Prions tous pour que « courte maladie » (la cause principale de toute mort non diagnostiquée par nos médecins) ne passe pas trop rapidement de son côté car il serait déjà trop souvent en voyages hors du pays pour raisons médicales. Finalement des compatriotes que je respecte pour leurs analyses et commentaires m`ont convaincu que le pragmatisme sur l`évolution de notre pays est la seule attitude saine à avoir pour ne pas désespérer définitivement. Je sens en les lisant qu`ils ont vécu et travaillé dans ce système pourri et qu`ils ont réussi d`une manière ou d`une autre à s`en sortir avec une bonne connaissance des possibilités réelles de changement du pays. Mon séjour récent de cinq mois m`a également ouvert très grand les yeux : il est techniquement impossible d`améliorer le gâchis national 222

rapidement. Il faudra attaquer les problèmes individuellement mais aussi en même temps. Dans le contexte actuel il vaut mieux avoir ce président mal élu démocratiquement avec une Constitution imposée par des parlementaires choisis par alliances, des listes d`électeurs fausses en grande partie et comptant moins de 10 % des Guinéens de la diaspora et des candidats dont la majorité du pays et de nos partenaires doutent de leur moralité que : 1) un régime de militaires putschistes, incultes et semi-lettrés ou 2) un gouvernement de transition qui fait honte à tous les intellectuels et à l`opposition restante. Les Guinéens ont été engagés à toute vitesse en janvier 2010 et sans réflexion préalable de qualité dans une partie nationale de poker-menteur où toutes les cartes et tous les dés étaient souillés de toutes les horreurs humaines possibles. Nous avons donc dû nous boucher les narines et foncer dans le tas car il était évident que seul un lavage exhaustif au karcher aurait pu s’attaquer correctement à nos problèmes mais les Grands du village planétaire n`avaient vraiment ni le temps ni le fric à y consacrer en cette période de crise économique mondiale. Notre sacrée Guinée a réussi une fois encore à créer un nouveau standard dans la démoncratie, nous sommes passés en moins de trois mois à 130 partis politiques, 36 candidats à l`élection présidentielle et finalement à 24 223

retenus par notre Cour Suprême. Ceci ne cache pas néanmoins que presque aucun de nos potentiels Présidents ne réussirait un test impartial de moralité pour un poste d’agent des services généraux dans une société privée rigoureuse. Mais notre Guinée n’a jamais été gérée comme une société privée alors il faudra faire avec nos champions locaux en travaillant en même temps pour un meilleur demain. 3.4 Nous voici enfin en juin 2010, à quelques jours du jour J de cette nouvelle renaissance - alors Une Nouvelle Voie c`est fini ? Je pense haut, fort et avec conviction qu`au contraire cela commence maintenant sérieusement, à partir de juillet 2010. Nous ne devrons plus jamais refaire certaines erreurs de nos aînés et de nos parents à savoir ne pas jouer nos rôles d`intellectuels modernes : tout ce qui concerne de près ou de loin la vie passée, présente et future de la Nation doit être retranscrit sur papier et supports des NTIC pour que demain les historiens, sociologues et autres remettent ensuite facilement le tout en ordre chronologique afin de comprendre où, quand et comment précisément nous aurons dévié du bon chemin. Que chacun le dise et l`écrive comme il le peut et le sent avec sérieux, humour ou dérision. Quelle que soit la manière il faudra tout conserver pour démontrer que nous aussi avons en notre sein des intellectuels, pas seulement de simples lettrés. C`est une même mélodie pour une nouvelle voie qui a guidé les pieds nus enchaînés de Kounta Kinté de son cachot horizontal de la porte de Gorée à la Louisiane. Elle a rejoint ensuite les sabots de bois de Toussaint et de Dessalines qui ont 224

remis les colons français sur leurs bateaux. De là, elle a évolué vers les baskets et les souliers cirés des Malcom X, Martin Luther King jr et de milliers de militants pour l’égalité des droits pour tous aux USA qui ont sonné ainsi progressivement le réveil inéluctable de l`esprit des minorités opprimées d`Amérique. Puis elle a envahi les souliers magiques des Joe Louis, Mohamed Ali, Michael Jackson et Michael Jordan. Finalement elle a explosé en feu d’artifice dans les petits escarpins de cuir de Barack Obama qui a descendu à pied avec son épouse descendante directe d’esclaves au bras la célèbre Pennsylvania Avenue dans la capitale américaine, symbole de la toute puissance des USA, un froid matin de janvier 2009 pour saluer devant Dieu et les hommes le 44e Président du pays le plus puissant de la planète. Ces africains-américains étaient au départ un petit groupe d’esclaves meurtris, silencieux et perdus à chanter en cachette « une nouvelle voie est possible » puis ils ont été progressivement plus nombreux et plus forts malgré les nombreuses injustices et erreurs et enfin ils sont devenus une puissance agissante qui a fait basculer le système de gouvernance le plus puissant du monde. Les larmes de joie et d`émotion de Jesse Jackson Jr et de Oprah Winfield ces jours de janvier 2009 sur toutes les chaînes télévisuelles du monde c`était pour rappeler à tous la douce mélodie de ce parcours victorieux. Maintenant c`est notre tour d`oser crier très fort et sans aucune crainte « Yes We Can, Yes We Will » si la majorité des Guinéens souhaite vraiment créer âprement cette nouvelle voie.

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3.5 Nous pouvons guérir ensemble notre Mal guinéen I. Notre Mal Guinéen Je voudrais humblement demander à tous mes concitoyens de trouver 15 minutes au réveil un de ces prochains matins pour réfléchir à son « Mal guinéen », à toute son influence sur lui-même et sur sa famille et à ce qu`il devrait faire pour s`en débarrasser définitivement. Notre Mal guinéen est l`ensemble des idées, pensées, comportements, attitudes, réactions gratuites, négatives et souvent méchantes que tout Guinéen fait chaque jour à lui-même, à ses proches et à tout son environnement proche et éloigné en raison de son passé et de son présent guinéen. C`est ce mal profond qui nous ronge tous en permanence en raison de toutes nos frustrations nées des méchancetés, cruautés et injustices de l`Etat guinéen par ses sbires dans nos villages, villes, préfectures, régions et dans tous les pays du monde qui abritent aujourd`hui des Guinéens frustrés, souvent perdus et qui ne rêvent que d`un avenir radieux pour leur pays quels que soient le prix et les sacrifices qu’ils devront faire pour les obtenir enfin. Je voudrais partager avec vous deux épisodes récents de mon Mal guinéen en espérant que d`autres m`imiteront sur nos nombreux sites Web dont la qualité des contributions et des commentaires s`améliore enfin à notre grande joie à tous et dans nos journaux nationaux pour ne pas priver nos compatriotes en Guinée qui ont soif de réflexions mais qui sont sevrés de courant électrique et d`internet fonctionnel : 226

- J`ai décidé en octobre 2009 d`aller redécouvrir mon pays où je n`avais pas vécu plus d`un mois de suite depuis 1993 et de vivre l`ambiance du changement en cours car j`étais frustré de ne le vivre que sur mon écran d`ordinateur et par les récits passionnés de mes compatriotes en pleine crise de leur Mal guinéen. J`achète un billet d`avion ouvert, valable 6 mois, mais moi aussi ma crise se réveille et je me persuade dans ma tête que je ne pourrais pas y tenir plus d`un mois. Résultat, j`ai passé ma première semaine dans mon lit et la deuxième devant la télévision en train de me ronger les ongles en pleine angoisse existentielle et presque aucune sortie au-delà du portail de la maison. J`ai failli plusieurs fois courir à l’aéroport pour faire usage de mon billet retour. Un matin je me lève et je me secoue enfin, je me dis que je suis tombé dans mon propre piège et que le moment est venu d`en sortir rapidement – personne y compris moi-même ne me chassera de mon pays. Je commence donc à faire ce qui m`avait principalement amené, finaliser la réhabilitation de la maison familiale fermée depuis près de 20 ans. Je me rêvais au départ chef de chantier mais j`ai rapidement évolué vers le bas : maçon, puis apprenti-maçon, apprenti-ferrailleur, apprenti-menuisier, apprenti-électricien et apprentiplombier. Plus le temps de me morfondre dans mon Mal guinéen, j`étais occupé maintenant à 110 % à poursuivre des ouvriers très peu fiables et à les accompagner au marché même pour acheter des écrous. A la fin de ce travail passionnant pour connaître le niveau de médiocrité professionnelle auquel plusieurs de nos compatriotes sont arrivés j`ai fini (avec un manque de qualité évident les travaux prévus pour deux mois en cinq bons mois et je n`ai pu dormir dans la maison 227

« semi-finalisée » qu`une seule nuit avant de revenir. En dehors de cette activité éreintante je me suis replongé avec délice dans tous les bons côtés de ma grande famille : les rencontres et les salutations tous les jours en allant ou revenant de Kaloum et les brunchs de laffidi (plat traditionnel) du dimanche. Tout était brusquement devenu plus agréable que la vie en Amérique du Nord. En même temps j`ai eu tout le loisir que je souhaitais pour lire, écrire et faire une heure de sport par jour. C`était tellement plaisant et inattendu que je ne me suis rappelé de mon vol de retour que 3 heures avant son décollage. J`ai compris que je pouvais et même que je devais retourner vivre chez moi le plus vite possible. Ainsi mon Mal guinéen a failli me priver de mon plus agréable séjour où que ce soit depuis de très longues années. Ceci sera-t-il identique pour tous les compatriotes de la diaspora ? Sûrement pas, autant nous sommes différents et complémentaires autant chacun fera son propre parcours du retour au pays natal. Néanmoins, un petit conseil qui s`applique à nous toute cette diaspora : créez dès votre arrivée et de manière très ferme des murs personnels pour éloigner tous les escrocs, parasites familiaux ainsi que les intrigants de la fonction publique et des partis politiques ethniques. Mis sans ménagement à la porte une première fois en général ils ne reviennent plus ensuite. Concentrez-vous sur la famille et sur un nombre très réduit d`amis, sur vos priorités et surtout ne mettez pas de côté les bonnes habitudes rigoureuses acquises hors du pays car vous en aurez besoin pour y retourner après. Plusieurs ne comprendront pas, c`est pas grave, ils apprendront aussi quand ils voyageront. 228

- De retour dans ma famille nucléaire je me retrouve de plus en plus fatigué et incapable de bouger de mon fauteuil devant l`écran de télévision, sans coupures cette fois-ci. Finalement, on me force à aller aux urgences médicales du principal C.H.U. J`ai immédiatement une nouvelle décharge électrique de mon Mal guinéen. Je leur dit que je suis un médecin spécialisé en épidémiologie, que je viens de passer cinq mois en Guinée, une des plus grandes réserves naturelles de bactéries, parasites et virus et que je suis revenu depuis à peine un mois. J`ai tout de suite vu les yeux des médecins briller de plaisir : enfin la meilleure publication médicale de l`année et peut-être même à terme le prix Nobel de médecine ? Avant même d`avoir pu dire « Mais… » je suis transféré rapidement en salle d`isolement blindée avec des stagiaires pleins la baie vitrée pour observer l`extra-terrestre. On me branche des tuyaux partout, dans la gorge, dans le nez et même dans les poumons ! Et ils cherchent et cherchent encore et finalement ne trouvent rien. Il faut donc me débrancher et comme je suis du métier je demande des explications. Vous savez tous que dans ma profession dès que nous sommes coincés nous commençons à sortir les gros mots que nous-mêmes ne comprenons pas du genre : « vous avez sûrement dû faire une pneumonie liée à un virus local et ensuite votre organisme a réagi violemment en éteignant progressivement tous vos organes vitaux ; nous avons réussi à vous sauver d`une mort certaine (et donc vous devriez être très reconnaissant pour cela) ». Bref cette fois-là mon Mal guinéen a bien failli m`envoyer au Paradis.

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Voilà quelques éléments caractéristiques de mon Mal guinéen et j`ai vraiment envie de m`en débarrasser maintenant. Surement que certains compatriotes se reconnaîtront même partiellement, dans le même Mal. Tant que nous ne le soignerons pas, en attendant de le guérir définitivement, nous resterons tous otages et victimes du triste bilan de notre passé guinéen. Nous avons vécu quatre fois des rêves et espérances de départ suivis de déceptions pénibles après le constat que le changement espéré n`allait jamais arriver. Vous savez le bon Dieu adore la Guinée bien que de nombreux compatriotes soient aujourd`hui, en raison de leur Mal guinéen, persuadés du contraire. Il nous a donné la terre la plus riche et la plus arrosée de notre sous-région, un sous-sol qui fait l`envie intéressée des plus grandes puissances du monde, un peuple intelligent qui a fait dans le passé la fierté de l`Afrique et maintenant du monde malgré les conditions souvent difficiles dans laquelle cette diaspora s`est formée en exil. Nous comptons des gestionnaires ingénieux de tous les métiers qui ont raflé des marchés entiers de fruits et de petits services dans la sous-région. Bien-sûr il y a eu des ratés, des jeunes qui sont devenus des vendeurs de drogue, des falsificateurs de papiers d`identité et même des bandits de grand chemin mais sans vouloir les excuser pour leurs fautes qu`ils doivent payer devant de la justice c’est l`Etat guinéen qui porte la principale responsabilité de tous ces échecs car eux-aussi comptent parmi ses victimes indirectes. Sans compter tout cela, Il a donc ouvert 4 fois les portes de l`espoir devant nous après la mort ou les départs forcés des dictateurs civil et militaires, si bien sûr nous étions prêts à accepter le travail, la sueur, la morale et la poursuite de l`excellence. 230

Les trois premières fois nous avons accepté en applaudissant souvent bêtement trois chefs qui ont fait exactement le contraire. J`ai visité plusieurs pays (comme le Zimbabwe et le Tchad) où Il ne leur a jamais donné même une seule de nos chances et qui pourtant s’en sortent mieux que nous. Cette fois-ci tous les vrais patriotes doivent relever les manches et combattre ces ennemis du vrai changement même s’il le faut avec leurs propres armes mais en restant le plus possible légaux. Je voudrais proposer une solution, ma solution pour commencer à guérir ensemble de notre Mal guinéen. II. Mettons ensemble en place un grand mouvement social national, inclusif et au-dessus de nos partis politiques actuels Comment soigner le Mal guinéen et en guérir définitivement ? Une des solutions a commencé à germer dans ma tête en janvier 2007. Ce mois-là l`armée des opprimés guinéens, la jeunesse de l`axe CosaBambéto a offert sa poitrine nue aux balles et aux couteaux de notre racaille militaire en hurlant à peu près ceci : « Vous avez détruit notre passé et notre présent ; vous avez violé tous les droits internationaux des enfants, des femmes et des hommes de ce pays ; vous avez hypothéqué en partie notre avenir en détruisant notre éducation depuis la base ; pendant ce temps, certains d`entre vous se sont remplis les poches et ont assuré pour toujours l`avenir de leurs familles sur de l`argent qui nous appartient autant qu`à vous. Maintenant c`est fini, la recréation que nous vous avons offerte par la soumission craintive de nos aînés est terminé. Maintenant nous exigeons le vrai 231

changement tout de suite ». Du coup le peuple entier comme un seul Guinéen est descendu dans les rues de nos principales villes et de toutes celles des pays où résident des Guinéens et des amis de la Guinée. Tout le système pourri a tremblé et a failli chavirer. Puis les même opportunistes et récupérateurs habituels ont pointé le nez et récupéré la balle au vol, retardant jusqu`au 27 juin prochain ce qui aurait dû être finalisé au plus tard en février 2007. Personnellement mon cœur et mon cerveau ont commencé à bouillir dès le premier jour de la révolte et j`ai senti, j`ai su que cette fois-ci était la bonne ! J`ai immédiatement lancé deux actions urgentes à mes yeux et qui ont occupé la presque totalité de mon intérêt personnel depuis ces jours-là : 1) Ouvrir un blog personnel où j`ai consigné méthodiquement et mensuellement tout ce qui se passait dans mon pays depuis le 1er janvier 2007. Mon style est particulier et ne plaira pas à tous ceux qui sont imperméables à l`humour mais au moins tout y est consigné, pour demain. 2) Réfléchir tous les jours à comment je pourrais contribuer en mettant mes compétences et mon expérience professionnelles ainsi que ma passion dans tout ce que je fais au service exclusif d`appuyer autant que je le pouvais ce processus de vrai changement. De là est né et a ensuite évolué dans ma tête le concept de « Une Nouvelle Voie ». Celle-ci devait être totalement innovatrice et audacieuse pour proposer une autre manière de faire. Albert Einstein, un grand physicien du XXe siècle a écrit qu`il fallait être fou pour 232

croire qu`on pouvait toujours faire les choses de la même manière et espérer ensuite un résultat différent. Les managers anglo-saxons plus directs et moins poétiques résument mieux cela : doing business as usual is bad business. La politique en Guinée est très malade et elle prendra plusieurs années pour être réhabilitée. Elle est avant tout très mal née et l’avorton n`a pas pu bénéficier d`une couveuse qui marchait. Elle a dérivé ensuite à partir de la 2e année parce que nos intellectuels ont accepté de laisser un pauvre complexé méchant et rancunier les diriger. Il avait réussi à réunir toutes ses têtes autour de sa table pour lui construire un concept novateur et admiré, la 1ère République indépendante de l`Afrique de l`Ouest francophone depuis la colonisation et le partage de l`Afrique entre les grandes puissances. Ensuite il les a tous soit massacré soit poussé au pénible exil. Toutes ces victimes avaient fait une grande erreur mais pas une faute car elles n’avaient pas eu le temps de vaincre leur Mal guinéen. Ce criminel a pourri pour longtemps la manière dont on fait de la politique en Guinée et nous en avons eu la preuve depuis. Elle est devenue progressivement synonyme de dictature avec un parrain à la tête, un laboratoire de création et promotion de la médiocrité, de l`opportunisme et finalement du gagne-pain lucratif sans effort. Ce que la politique est finalement devenue chez nous ne peut pas à court et moyen termes nous guider vers ce vrai changement auquel j`aspire. Bien sûr, pas question de proposer de l`interdire dans notre pays, au contraire il faut la laisser évoluer dans un contexte plus propre pour se purifier avec le temps et les nouvelles générations. Mais le temps pour qu`elle puisse redevenir un moteur de développement, nous les Guinéens ne 233

l`avons pas, car notre peuple a faim de nourriture et de savoir, il a trop souffert pour ne pas exiger au moins quelques résultats rapides qui vont pouvoir démontrer à tous que les 52 pages noires de notre histoire sont finalement lues et tournées et que ce livre a été classé dans notre collection de livres historiques. Je ne vois pas pour de nombreuses années « Une Nouvelle Voie » comme un parti politique de plus dans la jungle actuelle de particules mais plutôt une grande organisation non gouvernementale nationale, un mouvement social, humaniste et inclusif de tous les Guinéens, tous les individus, partis politiques, organisations et associations non gouvernementales qui le souhaitent à condition d’être d`accord pour en suivre strictement toutes les règles. Un grand mouvement d`essence spécifiquement guinéenne mais du style de la Grameen Bank créé par Muhammad Yunus au Bangladesh qui prône que des millions de petites personnes mises ensemble peuvent créer le plus grand miracle de développement. Ce mouvement regroupera au même pied d`égalité tous les Guinéens qui seront prêts individuellement et collectivement à mettre l`excellence, l`éthique et le travail au service exclusif du changement vrai et du bonheur progressif de tous. Tous les éléments fondamentaux de ce mouvement sont-ils présentement réunis ? Sûrement pas et nous aurons besoin : 1) de groupes de réflexions constitués de volontaires issus de toutes les communautés guinéennes partout en Guinée et dans la diaspora qui croient en ce processus et qui devront proposer dans un délai déterminé des 234

objectifs et actions concrets pour les éléments de démarrage du mouvement. 2) ensuite d`une équipe dynamique de professionnels guinéens et de vrais amis étrangers dans les domaines de la planification et de la gestion des programmes de développement, des questions de développement urbain/communautaire harmonieux et de formation d’équipes de gestion aux niveaux local et national. Ce « Think Tank » installé dans le pays étudiera toutes les propositions venant de tous les Guinéens pour les synthétiser dans un document de politique et de stratégies de base ainsi que des plans d`actions opérationnels. En particulier des programmations détaillées de toutes les activités seront élaborées par nos compétences en la matière. Voici déjà quelques propositions : Slogan : nous n`avons pas besoin d`en chercher un autre, nous avons déjà le meilleur : Travail, Justice, Solidarité. But : transformer la Guinée dans les 10 ans qui viennent en une République africaine dynamique dont tous les habitants sont d`ethnie guinéenne. Principes directeurs et son socle : il s`agit d`un trépied coulé dans du béton et qui ne sera pas négociable pour tous ses membres : - La promotion de l`éthique, de la morale et de l`excellence individuelle et collective ;

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- L`amour inconditionnel de la Nation pour qu`elle redevienne propre, crédible et objet de fierté de tous les Guinéens où qu`ils soient dans le monde. - La promotion et l`action pour une voie de développement accélérée, harmonieuse et inclusive pour rattraper notre retard dans la sous-région et sur notre continent. Ceci passera par la création d`un pays politiquement stable avec des institutions fortes à tous les niveaux administratifs et une indépendance réelle des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. - La rigueur gestionnaire avec l’utilisation de la Tolérance Zéro au départ pour les manquements flagrants et volontaires. Financement : des techniques sûres existent déjà et nos professionnels les mettront en place progressivement. Néanmoins, la base du financement restera toujours les contributions de tous les membres même si elles seront adaptées aux capacités financières de chaque catégorie et groupe socioprofessionnel. Celui ou celle qui refusera sans raison valable de contribuer régulièrement devra quitter le mouvement. Il faut mettre fin aux demi-dieux actuels qui arrosent tout le monde sous eux et qui ferment ainsi la bouche à tous ceux qui ont l`audace d`avoir une pensée différente de la voix du Maître. L`être humain ne croit sincèrement en un projet que si son intérêt personnel y est investi alors nous devons en profiter et mettre à bon usage ce trait de caractère. Bien sûr la gestion financière du mouvement devra être professionnelle et efficiente avec des cadres compétents, des auditeurs externes et des rapports à dates fixes mis à 236

la disposition de tous les membres et présentés lors d’assemblées générales régulières. Transparence totale et éthique étant obligatoires toutes les actions dans les domaines des finances et de l’opérationnalisation du mouvement auront rapidement leurs justes récompenses, positives quand elles le méritent et négatives assorties de sanctions pour les autres après avertissements aux premiers dérapages. Ambitieux ? Sûrement car si nous ne rêvons pas ambitieux pour notre pays nous resterons toujours là où nous sommes actuellement. Nous allons tomber parfois sur ce chemin mais nous allons nous relever chaque fois, sécher rapidement nos larmes et repartir en faisant tout pour ne plus refaire la même erreur. Stricte ? Absolument, pendant au moins les 10 premières années car ces concepts ont vraiment été souillés du sommet à la base de la pyramide sociale chez nous et il faudra cultiver progressivement mais sans les compromissions habituelles la morale et l`excellence à tous les niveaux administratifs du pays. Imparfait ? Aussi et il sera amélioré progressivement par toutes les compétences du mouvement à l`intérieur et à l`extérieur de nos frontières. Je ne crois pas beaucoup et n`apprécie pas personnellement les professions de foi et les serments de fidélité publics sur des principes qui sont avant tout intrinsèques à chacun d`entre nous. Dadis doit beaucoup y penser pendant sa longue convalescence. Par contre toute personne adhérente accepte en entrant de subir toutes les conséquences y compris légales allant 237

jusqu`à l`exclusion définitive lorsqu`elle ne respecte les éléments fondamentaux du socle du mouvement. Beaucoup me demanderont si participer à ce mouvement veut dire abandonner tout espoir d`obtenir un poste électif ou dans le gouvernement ? Absolument pas et même au contraire car cela permettra progressivement à l`esprit du mouvement d`envahir tout le leadership national pour amener peu à peu tous, même ceux qui ne sont pas membres à appliquer avec rigueur les principes du mouvement. Pour les postes électifs éventuels ils devront néanmoins se présenter comme des candidats de regroupements de partis politiques ou d`associations membres du mouvement. Amadou Toumani Touré (ATT) a été élu deux fois Président du Mali de cette manière et il a pu en conséquence rester tout le temps au-dessus des partis politiques du pays, au contraire les partis se battaient tous pour dire qu’il était avant tout leur candidat. Demain quand notre nouvelle constitution si mal préparée sera remise sur la table de travail il est fort possible que même le mouvement pourra présenter des candidats indépendants à des postes électifs à tous les niveaux du pays. Pour des postes de responsabilité dans l`administration publique ou dans le privé les candidats devront juste libérer leur poste de direction dans le mouvement mais ils resteront bien sûr des membres à part entière et des ambassadeurs du mouvement dans leurs nouvelles fonctions. Vous devez penser quel type de direction ? Elle devra être absolument différente de nos pratiques actuelles. On doit mettre fin progressivement aux présidents-bailleurs uniques actuels et qui empêchent tout débat 238

contradictoire indispensable pour pouvoir étudier toutes les options avant de prendre des décisions importantes. Moi je la vois sous la forme d`un petit directoire représentatif de tous les membres et fonctionnant selon les règles et pratiques modernes de management international. Ces responsables auront des mandats très précis et seront formés progressivement à leurs nouvelles responsabilités. Ils seront très dynamiques et passionnés pour la réalisation de tous les principes directeurs. Ils devront avoir 25 ans minimum et 60 ans maximum afin de promouvoir l`émulation de jeunes compétents et bien formés. Bien sûr les plus âgés resteront très actifs avec des responsabilités spécifiques de tutorat et d`encadrement au sein du mouvement. Ce directoire serait caractérisé par une présidence tournante, le poste le plus élevé, directeur national ou secrétaire général par exemple serait pour un mandat de deux ans non renouvelable directement. Ceci permettra d`agrandir progressivement le pool des capacités de leadership disponibles au sein du mouvement et au plan national tout en évitant à tous les néo-chefs d`attraper la maladie du pouvoir, si chronique sur notre continent. Au-dessus de ce directoire sera mis en place un conseil d`administration composé de Guinéens au-dessus de tout soupçon et qui aura un rôle de supervision et d`inspection régulière de toutes les actions du directoire et globalement de tout le mouvement. III. Mon ambition et mon rôle dans ce mouvement Je rêve de jouer un rôle d`animateur actif, de conseiller technique et de personne-ressource au sein d`une telle organisation. J`ai une foule d`idées et de propositions à 239

mettre sur les tables de travail pour des discussions critiques, débats contradictoires et décisions finales. Dix têtes guinéennes bien faites mises ensemble pour réfléchir et agir sortiront forcement un meilleur résultat qu`une seule. Je sais que de nombreux compatriotes, en raison de leur Mal guinéen ne me croiront pas mais cela n`est pas grave, ils le constateront de leurs propres yeux avec le temps. La planification basée sur les résultats avec tous ses outils modernes sera développée par nos experts nationaux et de la diaspora afin d`aboutir à des propositions d’actions concrètes et correctement planifiées à partager avec les autorités à tous les niveaux du pays pour faire enfin décoller notre machine économique et sociale. Il suffit de lire les contributions de très haute qualité technique dans tous les domaines, même dans la génétique, que nous voyons de plus en plus sur nos sites internet et dans nos journaux nationaux pour savoir que les experts sont là. La Guinée est sûrement le seul pays du XXIe siècle assez stupide pour ne pas les exploiter au bénéfice unique du pays. Il est inadmissible qu`avec les possibilités de notre agriculture, de notre sous-sol, de nos ressources halieutiques et de notre port régional notre budget national soit aujourd`hui inferieur de moitié à celui du Mali. Loin de moi l`envie de me moquer de ce pays que j`admire tant mais Dieu nous a donné plus d`opportunités de richesse interne qu`eux sur leur territoire et tout le mérite leur revient de nous damer le pion malgré tout aujourd`hui. Ainsi à chaque spécialiste guinéen de prendre sa part de responsabilité avec l`autorité nécessaire si ses compétences technique et sociale est réelles pour participer à la création d`une nouvelle Nation. Quant à moi je compte m`investir avec 240

passion dans trois volets qui particulièrement à cœur pour mon pays.

me

tiennent

1) Assurer La Vérité d`abord, la Justice ensuite, le Pardon pour certains et la Réconciliation enfin si les trois premiers jalons sont passés avec succès : j`ai déjà écrit plusieures fois sur ce sujet et tous ces textes sont sur le Net donc je ne vais me répéter. De plus d`excellents textes analytiques d`autres compatriotes y sont stockés également. La réflexion est donc déjà disponible mais le moment est venu de passer à l`action concrète. Il faut avant tout utiliser la jurisprudence internationale de la condamnation des crimes d`Etat indispensable pour mettre fin à l`impunité permanente des dictateurs en Guinée. Plusieures propositions pour mettre en place un processus de VJRP sont déjà en préparation, il faut maintenant faire une synthèse des meilleures propositions pour passer enfin à la mise en œuvre, le plus vite possible après ces élections mais sans le bâclage habilement prôné depuis quelques semaines par le CNT et le gouvernement actuel. Je voudrais néanmoins insister sur trois points particuliers : - La Vérité historique est une étape non négociable : cette volonté est principalement dû aux héritiers du PDG-ST qui assument tous les crimes qui passent tout leur temps à narguer leurs victimes en pensant « il suffit juste de jouer les cartes de la tradition africaine et des religions musulmane et chrétienne pour qu`on nous délivre immédiatement un blanc-seing et après on clôt ce dossier comme cela, et tant pis pour eux ». Ils oublient que la génération de ce début de XXIe siècle ne mange pas de ce pain-là. Ils devraient l’écouter en Guinée et de 241

la lire tous les jours sur le Net pour le confirmer. Pour la diaspora comme l`ont décrit si bien un frère guinéojaponais du CNT (Mahmoud Ben Saïd Bah) et plusieurs autres compatriotes nous avons accumulé de très nombreuses et importantes coutumes et bonnes pratiques lors de nos exils forcés et il ne sera jamais question d`y renoncer parce que nous revenons chez nous. Nous sommes aussi imprégnés de culture africaine et de foi profonde, surement plus que ces traîtres à la Guinée, mais nous sommes convaincus aussi que la non-punition des violations flagrantes des DDH entraînera forcement plus tard leur répétition à la première opportunité. Les bêtises graves doivent être punies que ce soit à 7 ou à 97 ans. La mise à la touche est une très bonne méthode pour inculquer aux têtus et aux récalcitrants qu`ils sont suivis de près et seront punis cette fois-ci à la première dérive. Si ces fanfarons irréfléchis du PDG-ST avaient eu un brin de bon sens ils auraient recréé leur parti en disant : « avant tout, des erreurs et des crimes majeurs ont été commis par nos prédécesseurs au pouvoir, nous les regrettons tous profondément et nous demandons pardon à toutes les victimes et promettons de ne plus jamais participer à blesser notre pays. Néanmoins de bonnes choses avaient également démarré et nous voulons contribuer en repartant de là pour participer à la reconstruction de la Nation ». Personne ne leur demande d`insulter directement leurs parents, de toutes façons d`autres s`en chargent déjà sans retenue. Là ils auraient vraiment posé des problèmes majeurs de stratégie à toutes les victimes sauf peut-être aux extrémistes de tous bords.

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- La Vérité historique devra être retranscrite : elle dira tout des réalisations, erreurs et fautes graves de tous les bourreaux et victimes, ils étaient avant tout des êtres humains, pas des anges et tous ont déposés quelques briques pour l`édification de la maison-Guinée même si certains ont ensuite détruit des pans entiers de murs avant de partir. Mes réflexions au cours des dernières années m`ont persuadé que cette vérité ne pourra être correctement écrite que par des spécialistes (historiens, sociologues et psychologues) neutre c’est à dire qui considèrent des Guinéens comme Sékou Touré et Diallo Telli avec le même regard de neutralité sentimentale externe dans leurs succès et crimes passés mais uniquement comme des personnages historiques ne différant que par le pourcentage de bien et de mal qu`ils ont fait au cours de leur vie. Bien sûr ils auront une très riche base de données composée des témoignages de nos doyens, des victimes directes et indirectes, des bourreaux et de tous les Guinéens qui de manière individuelle ou collective voudront dire leur part de vérité sur les 52 années que nous venons de passer en tant que Nation indépendante. Les nombreux témoignages des acteurs directs et indirects seront forcement sont biaisés émotionnellement en raison de leur Mal guinéen. Ce matériel existe lui aussi en grande partie sur papier, le moment est donc venu de le mettre ensemble dans un ordre chronologique détaillé et précis. Une ou des équipes internationales comprenant bien sur des spécialistes Guinéens devront être mises en place et dotées des moyens nécessaires pour faire ce travail historique délicat. Une première version pourra servir à lancer rapidement les étapes préliminaires de notre processus VJRD, le travail de fond devant ensuite 243

continuer pendant plusieurs années, plus calmement pour que tout soit reconstitué scientifiquement et pour que rien ne soit oublié ou omis. Vous seriez étonnés par la mine d`informations déjà disponible, j`ai rencontré au Québec un universitaire dont la collection de connaissances, d`informations et de documentation sur notre pays est tellement impressionnante que je me suis rendu compte qu`il connaissait mon pays sûrement bien mieux que moi. Il faut maintenant passer au travail, et vite… - Les victimes du PDG-ST et de ses deux clones suivants au pouvoir sont innombrables en Guinée : on parle surtout des victimes innocentes de 1957 à 2010, jusqu`au pauvre taxi-moto tué il y a quelques semaines à Nzérékoré, ainsi que de leurs familles qui ne peuvent même pas porter leur deuil en rapport avec nos normes culturelles et sociales. Elles sont très nombreuses il est vrai mais j`aimerais y ajouter trois autres catégories : 1) la jeunesse de l`époque de l`indépendance qui a aujourd`hui entre 50 et 60 ans et qui arrive rapidement à la fin de sa carrière professionnelle avec pratiquement rien parfois même pas une petite maison en brique à moins que celle-ci ait été détruite par un bulldozer de l`Etat après 30 ans d`économies difficilement faites. 2) la jeunesse d`aujourd`hui qui a connu un « coco-lala » (enseignement de masse en 8 langues régionales) encore plus dégradé et qui se demande si il ne vaut pas mieux mourir sous les balles de nos bidasses ou dans les trains d`atterrissage d`avions vers Paname que de vieillir dans la misère de leurs parents. A la moindre occasion ils 244

trichent et volent eux aussi en espérant ainsi éviter leur pire cauchemar. 3) nos chers et respectés aînés, les seuls qui connaissent une grande part de la vérité sur notre indépendance depuis ses prémisses désastreuses en 1956 et qui nous quittent hélas tous les jours un peu plus, ces bibliothèques nationales brûlant ainsi dans l`indifférence de tous ceux qui sont préoccupés à survivre du jour au lendemain. J`ai lu les mémoires et les réflexions de plusieurs d`entre eux et j`ai senti qu`ils sont aussi des victimes indirectes dont nous devons recueillir les témoignages le plus systématiquement et le rapidement possible. 2) Faire renaître l`espoir au sein du peuple de Guinée et en particulier de notre jeunesse, cette masse agissante qui a été totalement exclue de tous ses droits car elle a été confinée dans l`ignorance, les privations et la pauvreté, pour ne pas dire la misère noire. Leur majorité a peur pour son avenir et elle attend des signaux forts que la fenêtre ensoleillée s`est enfin ouverte devant eux. Comme dit précédemment ces jeunes sont eux aussi des victimes directes de la médiocrité érigée en système par le PDG-ST et ensuite le Contéisme et le Dadisme. Il faudra réformer le plus vite possible l`enseignement de base et les formations professionnelle et universitaire, développer des programmes de discrimination positive en leur faveur en les mettant en priorité de tous ces programmes de formation de l`Etat et des PME/PMI privées assistées ou subventionnées par l`Etat. Ils auront aussi droit à la priorité des postes de travail stables et dont les salaires vont croître progressivement avec notre 245

développement national. Les PME/PMI recrute environ 60 % de la main-d`œuvre chez les dragons d`Asie alors que dans les pays africains c`est presque insignifiant. Le moment est venu de libérer enfin le génie créateur des Guinéens. 3) Imposer une Tolérance Zéro rigoureuse à tous les niveaux : ceci sera surement une nouveauté pour de nombreux compatriotes et elle devra faire très mal pour que la médiocrité et la malhonnêteté quittent enfin progressivement notre pays. Il y aura les grandes mesures qui vont toucher toutes les couches du pays et tous les niveaux administratifs. Il est difficile de les citer toutes ici mais globalement cela passera principalement par un système de récompenses positives et négatives en insistant pour les dix prochaines années sur les deuxièmes. Ce système sera méthodique, monitoré et évalué régulièrement afin de corriger le tir au fur et à mesure et surtout pour trouver toutes les failles qui seront artificiellement crées qui seront sévèrement punies. La malhonnêteté, la médiocrité et le larbinisme à tous les niveaux, de Conakry jusque dans nos villages et dans la diaspora devront être dénoncés publiquement et combattus légalement avec sévérité pour éradiquer progressivement ces caractéristiques guinéennes actuelles. Nos spécialistes en gestion des ressources humaines et ceux qui connaissent très bien notre système pourri de gouvernance monteront sans problème cette machine de nettoyage et de rédemption de nos cadres. Moi j`aimerais surtout insister sur les petites magouilles de la vie journalière du Guinéen, celles qui vont indiquer rapidement et de manière visible par tous que les règles du jeu ont définitivement changées. Elles peuvent être 246

mises en place très rapidement pour passer un message fort que la pagaille est terminée. Je ne vais en citer que deux comme exemple : • Tous les éléments des forces de défense et sécurité qui auront l`autorisation de circuler avec leurs tenues de travail en ville (c`est à dire les policiers, gendarmes et douaniers) porteront désormais un badge métallique avec leur numéro matricule et leur nom complet. Tous ceux qui ne le porteront pas et qui seront dénoncé et, après vérification adéquate seront sanctionnés immédiatement par leur corps. Les Guinéens seront invités à signaler toutes les dérives même les plus petites comme les « prix de sauce ou de petit-déjeuner ». Quant aux militaires, tous ceux qui sortiront du camp en tenue de guerre ou avec une arme seront aussi immédiatement sanctionnés par leur corps d`armée. Aucune fausse pitié africaine ou religieuse ne sera tolérée : avertissement, blâme et radiation définitive seront les récompenses à attendre par les contrevents. • Le deuxième exemple est l`indiscipline des chauffeurs sur les routes en Guinée qui a atteint des niveaux effrayants et devra être traquée partout puis punie en conséquence. Ainsi dès qu`un cortège officiel passe en ville, il y a une foultitude d`inconscients qui se glissent juste derrière pour entreprendre un rodéo de la mort. Non seulement ces cortèges doivent être réduits au minimum et utiliser des techniques de priorités de cortèges officiels dignes du XXIe siècle. En plus chaque cortège devra être clôturé par un 247

motard désigné pour arrêter tous les apprentisRambo assortis de tarifs connus de tous du type suppression du permis pour 1 an puis définitif en cas (très peu probable) de récidive avec des amendes financières dissuasives. Bien sur tout ceci devra être précédé par un dégraissage important et rapide de la fonction publique (devenue ponction publique) et des forces de défense et de sécurité (devenues forces de dépenses et d’insécurité) afin que ceux qui seront retenus aient un salaire décent leur permettant de vivre leurs familles modestement mais sans avoir à escroquer des innocents toute la journée pour cela. L`augmentation progressive mais régulière des salaires de tous ces agents de l`Etat sera une des priorités des prochains gouvernants au fur et à mesure que les caisses financières nationales vont se remplir de toutes nos ressources non détournées par ceux-là même qui sont chargés de les gérer par et pour nous. Plusieurs compatriotes vont me prendre pour un doux rêveur, un grand naïf ou un optimiste béat. Je ne le crois pas car je m’efforce surtout à rester optimiste pour mon pays. Si 60 % des Guinéens le veulent vraiment et sont prêts à se donner la main et à serrer très fort après notre processus réussi de réconciliation, alors je suis persuadé que c`est tout à fait jouable. Nous pourrions tous demain être fiers d`être guinéens et voir un petit regard d`envie dans les yeux de tous les autres Africains et amis de l`Afrique dans le monde. Réfléchissez-y donc individuellement et en groupes et faites votre choix en toute liberté. En tout cas, « une nouvelle voie » est 248

possible et nous sommes à sa porte encore une fois. Après la fin de ce processus électoral bâclé et de ses conséquences immédiates possibles, à nous de sauter à pieds joints en avant ou à refermer encore une fois la porte du bonheur collectif devant nous. En tout cas moi je saute… 3.6

Plus jamais de pensée unique en Guinée :

J`étais en manque d`inspiration depuis le démarrage de nos premières « élections démocratiques » tout simplement parce que ma réflexion était fixée sur la tenue rapide de ce processus imparfait. A mon avis quel que soit le vainqueur il a la possibilité de nous sortir enfin un peu la tête hors de l`eau. S’il a l`intelligence de savoir nous faire travailler ensemble pour bien nous remettre à flot. Ensuite est venu l`entre deux-tours de près de 4 mois et les dérapages ethniques regrettables des 2 camps. Je me suis dit que je voulais participer uniquement à la réflexion sur les thèmes qui nous parlent de la Guinée après ces élections et je comptais donc attendre la fin du 2e tour pour cela. Néanmoins, une phrase que je viens de lire tout récemment sur le site Guineeactu.info a fait tilt dans ma tête car elle représente vraiment le fond de ma pensée : « tous ceux qui se laissent aveugler par cette élection présidentielle se trompent et ils sont même à plaindre » (Mr Mahmoud Ben Saïd). Cette pensée devrait nous faire tous réfléchir à la chance que représente pour tous les Guinéens cette nouvelle situation crée par le deuxième tour de cette élection. Nous n`avons jamais connu autre chose que la pensée unique dans notre pays. Le chef de l`Etat était forcément le plus beau, le plus gentil et le seul intelligent 249

du pays. Sa vision politique est consacrée et imposée par son parti qu’il soit le PDG-ST de Sékou Touré, le PUP de Lansana Conté et finalement le CNDD-Dadisme du capitaine Dadis Camara et gare à toi si tu osais dire ouvertement que tu ne pensais pas que c’était l’idéal et la perfection pour le pays. Tout ceci a culminé en une véritable haine pour tous ceux qui pensaient ou pire osaient proposer une voie différente pour ouvrir notre pays au développement souhaité par la majorité. Nous sommes partis dans cette élection présidentielle avec une trentaine de partis politiques dont 24 ont été retenus pour aller au 1er tour. Nous avons tous pensé et plusieurs ont écrit que nous ne pourrions jamais nous y retrouver dans cette pléthore artificielle de particules alimentaires. Et pourtant si malgré de nombreuses erreurs et magouilles de toutes sortes dues principalement à la précipitation imposée par la majorité des politiciens et bailleurs nous avons pu tenir un premier tour qui nous a ramené aux quatre premiers que nous attendions. L`ordre aurait pu être légèrement différent mais finalement une certaine logique a été respectée car nous nous retrouvons aujourd`hui avec 2 grandes alliances – « socialiste » et « libérale » – qui correspondent assez bien avec bien sûr nos spécificités et faiblesses guinéennes habituelles, les 2 courants politiques principaux des pays démocratiques (la Gauche et la Droite en France, Les Républicains et les Démocrates aux USA, les Conservateurs et les Travaillistes au Royaume Uni). Nous avons donc fait en moins de 12 mois un décantage logique qui a pris beaucoup plus de temps aux grandes démocraties que nous connaissons. Nous avons maintenant le choix aujourd`hui entre 2 candidats totalement différents sur tous les plans, leurs parcours personnels, professionnels 250

et même leur génération. Enfin, nous avons le choix pour la première fois ! Pourquoi ne pas donc goûter entièrement ce nouveau plaisir en décortiquant ce que chacun des deux propose pour développer notre pays ? Pourquoi ne pas se concentrer sur leurs propositions concrètes car ils en ont tous quelques unes et éviter les propos et considérations qui sont faciles à émettre mais qui laisseront après ces élections des traces profondes de division et de rancœur dans un pays qui ne pourra pas réussir son pari de changement radical sans nous avoir réunis pour le remettre sur les rails du développement ? Après ces élections quel que soit le vainqueur nous aurons enfin une coalition au pouvoir et une autre qui représentera l`opposition parlementaire – finie la pensée unique en Guinée. Tout sera-t-il parfait pour autant sur le plan politique ? Surement pas car les petitesses partisanes vont continuer et certaines « particules » politiques vont recommencer à s`agiter pour se faire voir ces petites entités mais face à ces 2 blocs qui comportent la majorité écrasante de toutes nos communautés devront se fondre ou tout simplement disparaitre. De toutes les façons il ne dépendra ensuite que de nous tous pour progresser (ou reculer une fois de plus) à partir de là. Finalement sans même le vouloir nous voilà revenus à la meilleure situation que nous pouvions espérer pour une Guinée qui n`a jamais connu la moindre ouverture démocratique depuis notre indépendance. Nous aurons désormais nos « Droite » et « Gauche ». Nous devrions nous en réjouir et travailler ensemble pour nous assurer de maintenir au moins cette première petite avancée démocratique. Maintenant à ces deux alliances de nous convaincre en 5 années qu`elles pourraient nous apporter le bonheur promis, sinon nous passerons à l`autre à la fin 251

de son mandat. Certains penseront que je simplifie trop les choses ; et ils auront en partie raison mais je leur réponds que je le fais exprès pour qu`enfin nous fassions du simple et clair au lieu de la complication habituelles des choses les plus élémentaires ! 3.7.

Ma position sur ce vote capital pour la Guinée dont je rêve

J`ai déjà été interpellé plusieures fois dont deux de vive voix pour me demander pour qui je voterais le 19 septembre. Comme j`adore les provocations sympathiques et que je n`ai jamais honte de mes positions sur tous les sujets je vais donc dire tout haut ce que je pense tout bas. Ma pire frustration c`est que je ne pourrais justement pas voter le 19 septembre parce que des Guinéens malhonnêtes et antidémocrates l`ont imposé injustement. Je vis cela très mal aujourd`hui et j`espère que cela ne se reproduira plus jamais en Guinée. Nous devons tous avoir le droit de donner notre avis sur les choix importants de notre pays, quelques qu`ils soient. La 1e fois que j`ai vécu plus de 2 mois de suite en Guinée à part un court intermède pendant ma prime jeunesse j`avais presque 18 ans. Je venais tous les 2 ans pour 2 mois de vacances afin de connaitre mon pays et ma famille. Ceci est l`un des éléments dont je suis le plus fier de mes parents et aujourd`hui je l`applique également à mes enfants. Tous les guinéens et la majorité des africains étaient reçus et présentés par mes parents comme « c`est mon frère ou c`est ma sœur ». C`est en revenant vivre en 1972 que j`ai bien intégré internement que le mot guinéen n`était pas une même ethnie africaine. Mais Sékou Touré nous a rapidement 252

mis au bain de l`horreur locale et de l’ethno-politique qui ont emportées une grande partie de mes parents et modèles. Quand j`ai fui le pays en 1979 j`avais une seule certitude, que j’appliquerai toujours les enseignements de mes parents en particulier sur ce sujet-la car c`est exactement cela que souhaitait notre démon national et il ne fallait justement pas lui faire ce plaisir. J`appelle toujours chaque Guinéen que je rencontre à l`étranger « mon frère/ma sœur ou tonton/tantie » à moins qu’il ne me demande expressément de ne pas le faire et cela ne m’est arrivé que très rarement. Je pensais et l`ai écrit plusieures fois jusqu`à la fin du 1er tour que je n`avais pas encore vraiment de candidat préféré. Je trouvais qu`ils avaient tous des qualités et de grosses suspicions qu`il serait indispensable de vérifier si possible avant l`élection pour ne pas « gâter » l`image de la nouvelle Guinée par l’accession d’un escroc à la magistrature suprême. Depuis lors j’ai suivi de très près tous leurs faits, gestes, paroles et ma position a sensiblement évolué. A mon avis les deux candidats retenus ont tous fait des erreurs de paroles et gestes électoraux depuis dont certaines sont choquantes pour ne pas dire révoltantes de la part d’Alpha Condé : •

Qu’il se rende immédiatement en France le lendemain de ce le 1er tour pour aller je pense réactiver ses réseaux cachés n’est pas étonnant pour qui connait le personnage mais qu’il le fasse avec Mamadou Sylla dans sa délégation est une insulte grave à tous les Guinéens qui ont été tués par Lansana Conté et sa troupe parce qu’ils s’étaient opposés quand ce dernier a voulu le sortir injustement de prison en fin 2006. C’était la 253

première fois qu’il se foutait ouvertement de la gueule des Guinéens en les prenant pour des amnésiques et personne n’a bronché hélas. •

Ses larmes de crocodiles sur la tombe de Sékou Touré devant la télévision nationale sont une insulte inacceptable aux millions de victimes directes ou indirectes de ce dictateur reconnu internationalement. C`est également une insulte pour certains de ses partisans au 2e tour et pour lui-même.



Nous savons que la grande majorité de ceux qui ont approché de près le pouvoir sous Conté ont mis les dix doigts dans le pot de confiture national. Hélas les pires, ceux qui sont justement responsables d`avoir même cassé le fond du pot à force de le gratter encore plus sont aujourd`hui ceux qui parlent en notre nom en public ! N`ontils donc pas honte de cela les nuits dans leurs rêves et le matin devant leurs miroirs ?

De très nombreux Guinéens de nos 4 régions naturelles et de la 5e à l`étranger sont meurtris par ces gestes que l`on ne peut qualifier. Je pense qu’Alpha Condé est un vrai requin politique dans la veine de Abdoulaye Wade, Sylvio Berlusconi et Nicolas Sarkozy qui sont toujours prêts à tous les compromis pour gagner une élection et démontrer immédiatement après que leurs paroles ne sont pas des montagnes infranchissables. Ils n’hésitent pas ensuite à écraser ceux qui pensaient avoir sauvé leurs têtes en les faisant élire. Demander des nouvelles à l’ex-président Frederik Chiluba de la Zambie. Celui qui 254

veut convaincre qu’il aime sincèrement la Guinée et peut lui permettre de guérir de ses plaies encore béantes ne peut pas dire à la face des Guinéens devant les télévisions et les radios nationale et internationale « Je vais reprendre le pays là où Sékou Touré l`a laissée ». L`apologie de crimes contre l`humanité ne saurait être nulle part dans le monde un argument de campagne politique acceptable. Tous les Guinéens n’auront donc pas le droit et le devoir de voter librement le 19 septembre pour le candidat et le programme de leur choix et hélas je fais partie de ce groupe-là. Si je le pouvais et vu ces bassesses électoralistes dégoutantes d’Alpha Condé j`aurais mis sans hésitation mon bulletin dans l`urne en cochant Cellou Dalein Diallo pour donner au moins une chance au changement que nous méritons demain en Guinée car il est impossible de faire cela en rêvant de poursuivre l`œuvre de Sékou Touré en Guinée ! Je vois déjà ceux qui vont foncer sur leur clavier pour répondre que ce choix a pour raison principale mon nom de famille (Diallo comme Cellou) mais l`avis et l`estime de ceux qui réfléchissent comme cela est et sera toujours franchement le cadet de mes soucis. En fait c`est plutôt de leur amitié dont j`aurais vraiment peur. 3.8 Il faut éteindre le 3ème incendie de la transition, celui de notre fauteuil présidentiel : Un analyste avisé (Baldé) de mon forum internet préféré (Guineeactu.info) a fait une remarque que je partage fortement : ce site est devenu progressivement une sorte de think-tank des débats divers et souvent divergents entre Guinéens et amis de la Guinée. Ceci est finalement 255

très positif et encourageant pour le futur paysage politique guinéen. Tant mieux et pourvu que ca dure même après ces élections. Les principaux animateurs de ce groupe de réflexion s`appellent Barry, Doré, Bokoum, Traoré, Théa, Diallo, Baldé, Camara. Il y a surtout de très nombreux pseudos qui utilisent cette ruse soit pour écrire tout ce qu’ils n’auraient pas le courage de dire à visage découvert, soit dans quelques rares cas pour sauver leur peau et leur boulot en Guinée. Quelle belle diversité, quelle joie de voir qu`il y a tant de Guinéens qui veulent tous la même chose, un changement véritable dans notre pays même si les stratégies pour y parvenir sont souvent totalement divergentes voir opposées. Tout ceci est sain, c`est cette diversité d`opinions, de cultures, de religions et de visions de l`avenir forcément commun qui ont permis au Canada et aux USA par exemple d’être aux niveaux de développement qu’ils ont atteint aujourd`hui. Et le Canada devient de plus en plus une puissance démocratique en raison de sa grande diversité qui la tire en avant dans le village planétaire actuel. La plus grande erreur de nos aînés a été de croire et d`appliquer à la lettre le mythe que le chef était un être supérieur choisi par Dieu et que tous ceux qui ne se mettaient pas à genoux devant lui étaient donc des traîtres. Certains accusent nos cultures, traditions et même religions – au XXIe siècle, moi j`appelle cela une erreur grave et une faiblesse coupable. Nous savons tous l`influence de nos intellectuels sur leurs parents analphabètes dans tout le pays. Ces intellectuels sont donc les 1e responsables d`avoir transformé Sékou Touré, Conté, Dadis et maintenant Sékouba en des dictateurs tropicaux persuadés, parce que cela leur était/est répété du lever au 256

coucher du soleil par des crétins de leur entourage qu`ils sont la seule voie et la seule vision correcte du pays. Et bonjour les mamayas, les portraits géants partout où l`œil humain peut se poser, les discours nauséeux de tous ceux qui ont droit à la parole et pire des prêches de certains Satan religieux. Nos aînés avaient au moins une circonstance atténuante, ils ne connaissaient pas vraiment les pratiques de vie dans les pays vraiment démocratiques. Ils étaient allés en Europe et aux USA adultes et uniquement pour étudier et ils sont revenus ensuite subir l`influence néfaste de leur environnement stagnant. Ceci n`est pas le cas aujourd`hui pour ces millions de Guinéens qui ont roulé leurs bosses sur tous les continents depuis plusieures dizaines d`années et qui savent comment la démocratie doit fonctionner pour être le moteur efficace de la croissance. Et pourtant en lisant des textes et des commentaires du genre « Alpha ou la mort, sans Alpha il n`y aura jamais de changement en Guinée ou le moment est venu de descendre se battre dans les rues » le tout distillé actuellement par nos intellectuels de Guinée et de la diaspora j`ai vraiment peur et je suis au bord du découragement. Au lieu d`apprendre de nos leçons dramatiques nous commençons déjà à transformer nos deux prétendants en deux nouveaux responsables suprêmes de la Guinée ! Obama, surement le Président le plus aimé de la planète fait parfois des erreurs malgré la batterie de génies dans son cabinet. Par exemple l`erreur commise lors de l`interpellation tout a fait justifiée de son ami professeur de Harvard a été immédiatement dénoncée y compris par certains de ses partisans démocrates. Il a su s`excuser et sortir de l`impasse avec élégance ; en même temps, il a appris quelque chose d`important à travers cette leçon de 257

modestie. Il est parfois mis en minorité même parmi des politiciens démocrates et il doit se battre en coulisses avec eux pour faire passer ses idées. Le résultat final est toujours amélioré car le débat contradictoire lui permet à chaque fois d`améliorer son argumentation et de corriger certaines faiblesses. N`est-ce pas ce que nous souhaitons tous en Guinée, quel que soit notre bord politique ? Nos deux candidats sont-ils capables de cela aujourd`hui et le seront-ils encore après ce 2e tour dans le contexte actuel ? J`en doute fort. Quel que soit le vainqueur de ces 1ères élections libres en Guinée son équipe et lui feront souvent des erreurs et des faux pas et ils auront besoin de critiques sévères dans leur camp et dans l`autre pour le bénéfice général du pays. Le nouveau Président devra savoir que si ce qu`il propose n`est pas bon pour le pays à moyen et long termes ses plus proches conseillers et ses opposants auront le droit et le devoir de le lui dire quitte à lui ensuite, en tant que principal responsable de prendre sa décision en toute connaissance des positions diverses. Notre prochain président a une tâche presque impossible pour réussir son 1er mandat. La finalité de son action n`est pas cette élection mais la mise en œuvre de son plan de société promis à tous les Guinéens. Si ces deux candidats ne comprennent pas que la destruction progressive des fondations de notre Nation rendra leur mandat ingouvernable et un échec patent alors leurs plus proches conseillers et des « esprits libres » comme notre think-tank doivent pouvoir le leur dire ouvertement. Finalement nous voulons tous la même chose, le changement véritable de la Guinée à partir de 2011, alors il faut qu`ils mettent fin au plan machiavélique de la 258

mafia militaro-civile que nous connaissons tous et qui gère le pays depuis 52 ans. Qu`ils aillent se faire la bise à la télévision, qu`ils appellent ensemble à la fin immédiate des manipulations et hostilités ethniques actuelles et qu`ils se battent enfin sur leurs programmes respectifs. La tension électorale est saine surtout dans le contexte de la Guinée actuelle où tout le peuple veut enfin voir la lumière. Mais de là à brûler notre unique bien commun et mettre en péril notre avenir à partir de 2011 il y a un pas que nous ne devrons jamais franchir. Ensemble mettons fin au 3e incendie de la transition, le plus grave et le plus irremplaçable de tous, celui de notre futur fauteuil présidentiel.

3.9 Ali Baba et les 200 voleurs : Étant un passionné de cinéma j`avais démarré en janvier 2007 une adaptation guinéenne de la série de télévision américaine « 24 heures chrono » qui a été publiée mensuellement. Je rappelle juste que comme dans la série américaine la version guinéenne s`est achevée avec la mort du héros - cela nous a pris 24 ans chez nous mais au moins aucune chance qu’il réapparaisse miraculeusement comme Jack Bauer tous les 2 ans. Que de changements bouleversants depuis cela en Guinée, les factions terroristes sont toujours là, encore plus puissantes qu’avant mais la résistance a perdu une bonne partie de ses ambitions et de son âme en moins de 3 ans. Pour le règne de notre Marechal tigré, de ses dizaines de potes, des sous-officiers analphabètes ou semi-lettrés 259

promus généraux en moins de 2 ans et de la bande d`environ 150 bandits civils et militaires qui gèrent le pays depuis 52 ans (soit directement, soit par leurs progénitures) j`ai d`abord pensé à faire pareil en utilisant cette fois-ci Harry Potter mais il y a trop de Lord Voldémort et pas assez d’Hermione Granger et de Ron Weasley dans notre pauvre pays. Finalement après moult réflexions j`ai donc choisi Ali Baba et les 200 voleurs. Pour les 200 voleurs cela a été très facile à déterminer car tous les Guinéens et étrangers qui ont vécu plus de six mois en Guinée les connaissent. Ils trônent partout dans notre armée, nos partis politiques, notre présidence, notre gouvernement, dans notre Assemblée nationale transitoire (CNT) et le plus grave dans notre Commission Electorale Nationale Indépendante (CEN)I qui est en fait la plus dépendante de ceux qui menacent et paient le plus vite et mieux. Cette mafia locale est la principale plaie ouverte de la Guinée, celle qui ne veut pas entendre parler de Démocratie, d`Etat de Droit et des compétences disponibles pour gérer désormais le pays. C`est compréhensible, ils sont à l`opposé exact de tous ces principes et savent à juste titre que le jour où ceux-ci seront une réalité leur descente irrémédiable du pouvoir va commencer. Ali Baba, celui qui représente le Bon dans la version guinéenne cela a été beaucoup plus difficile mais finalement en fermant à moitié les yeux j`ai trouvé deux acteurs possibles. Chez nous c`est le nouveau Président la Cour Suprême (Mamadou Sylla Syma) qui devrait normalement rigoler sous cape en regardant tous ces intrigants gesticuler, mentir et tricher du matin au soir. Non seulement lui n`a pas le droit de paraitre et de parler avant le jour des élections mais en plus il sait que le jour où il le fera tout le monde y 260

compris notre tigre édenté devraient automatiquement la fermer. Il est le seul aujourd`hui dans le pays pour lequel il est impossible de dire quel bulletin il choisira le jour du 2e tour, et même ! Néanmoins à première vue un peu mollichon et effacé pour tenir ce rôle difficile et de tous dangers. Je souhaiterais envoyer un message très clair à cette bande de 200 criminels parce qu`aucun des soi-disant sages ou chefs religieux du pays n`a osé le leur dire et prouver franchement pour le moment et aussi parce que c`est le seul langage qu`ils connaissent et appliquent à leurs victimes. Les victimes de ma génération et de celles qui viennent après sont et resteront totalement indifférentes à l`hypocrisie et à la malhonnêteté nationales que certains appellent pompeusement « nos cultures et traditions nationales ». Tous ceux qui ont versé directement ou indirectement le sang d`un seul Guinéen ou violé une seule Guinéenne finiront devant la justice de notre pays sinon devant l`internationale. Il n`y aura aucun « pardon cadeau » acceptable tant que la vérité entière ne sera pas dite, que la justice ne se sera pas prononcée et que les peines ne seront pas appliquées. L`impunité pour les crimes de sang et pour les principaux crimes économiques va lentement mais irrémédiablement cesser à partir de maintenant. L`heure de l`impunité des gens au pouvoir doit enfin sonner en Guinée. Même si certains se découragent en chemin il y restera toujours un groupe d`intellectuels obsédés par la comparution de ces criminels devant la vraie justice des hommes. A l`image des équipes d`Arméniens, de Juifs (Klarsfeld père et fils), de Cambodgiens, de Rwandais, des Libériens, Léonais et Ivoiriens nous allons vous 261

traquer jusqu`au dernier et nous réussirons. Vous vivrez dans l`angoisse permanente d`être démasqués jusqu`au jour où vous serez présentés en trophées de l`impunité. Nous ne vous jugerons pas nous-mêmes car nous sommes des intellectuels démocrates mais nous vous traquerons pour vous amener devant la justice et pour être sûrs que des peines à la hauteur de vos crimes vous seront effectivement appliquées. Et ceux qui sortiront blanchis par celle-ci ou qui se repentiront sincèrement devant toutes leurs victimes reprendront progressivement leur place dans la nouvelle société. C`est cela la fin de l`impunité dont a parlé le Général Konaté dans son dernier discours même si lui-même ne le comprend pas clairement encore. Et puis nous n`avons rien à faire des excuses d`un quelconque Président de la République aujourd`hui ou demain à moins qu`il ne soit lui-même responsable d`avoir versé le sang d`un Guinéen ou commis des graves crimes économiques auquel cas il devra lui-même faire face à ses juges. Il ne peut et pourra jamais parler que pour lui-même car il ne sera jamais à nos yeux le porte-parole de la justice universelle indispensable à une vraie réconciliation nationale. Nous les victimes de l`Etat guinéen de 1959 à 2010 sommes prêts à aller vers la réconciliation nationale, l`unique chance de sauver notre pays, mais avec toute la vérité, la justice, la dignité et le respect que ce pays doit aux martyrs du PDG et de ses clones suivants. Je suis certain qu`à la fin correcte de tout ce processus de nombreuses victimes dont moi seront prêtes à pardonner pour nos enfants et pour la sérénité de la Guinée du XXIe siècle. Un dernier petit conseil mes chers mafiosi, faites tout pour que ce soit Konaté qui vous traduise devant nos tribunaux guinéens laxistes 262

avant son départ car c`est votre meilleure chance d`avoir quelques circonstances atténuantes. Et si ce prochain Président ne prend pas entièrement et rapidement ses responsabilités alors nous le remplacerons dans cinq ans par un autre qui le fera sans hésitation. Celui qui le fera sera alors le 1er président du changement véritable dont le 1er objectif de son plan de société sera de débarrasser le pays de cette mafia qui ne lui permettra jamais de travailler honnêtement. La justice contre les crimes affreux et les génocides est beaucoup plus agréable quand elle est consommée à froid.

3.10

Les manipulations médiatiques :

Dans le cadre de nos échanges d`informations instructives pour renforcer notre forum guinéen j`ai trouvé utile de partager avec vous cet article qui vous rappellera sûrement de nombreuses pratiques en cours chez nous depuis 52 ans. Il m`a été envoyé par Mme Nadine Barry qu`il est inutile je pense de présenter à tous les Guinéens car elle est connue de nous tous et de tous les amis de la Guinée pour son combat inlassable pour le changement véritable chez nous. Comme quoi nos politiciens n`ont pas toujours été des amateurs incompétents dans tous les secteurs. En ce début de campagne pour le 2e tour de notre élection présidentielle, pensez-y et comptez les coups (bas). Le linguiste nordaméricain Noam Chomsky a élaboré une liste des « Dix Stratégies de Manipulation » à travers les média. Je les reproduis ci-dessous. Elle détaille l’éventail depuis la stratégie de la distraction en passant par la stratégie de la 263

dégradation jusqu’à maintenir le public dans l’ignorance et la médiocrité. (PressenzaBoston, 21/09/2010). -

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La stratégie de la distraction : élément primordial du contrôle social, la stratégie de la distraction ou diversion consiste à détourner l’attention du public des problèmes importants et des mutations décidées par les élites politique et économique grâce à un déluge continuel de distractions et d’informations insignifiantes. La stratégie de la diversion est également indispensable pour empêcher le public de s’intéresser aux connaissances essentielles dans les domaines de la science, de l’économie, de la psychologie, de la neurobiologie, et de la cybernétique. « Garder l’attention du public distraite, loin des véritables problèmes sociaux, captivée par des sujets sans importance réelle. Garder le public occupé, occupé, occupé, sans aucun temps pour penser ; de retour à la ferme avec les autres animaux. (Extrait de « Armes silencieuses pour guerres tranquilles »). Créer des problèmes, puis offrir des solutions : cette méthode est aussi appelée « problème-réactionsolution ». On crée d’abord un problème, une situation prévue pour susciter une certaine réaction du public, afin que celui-ci soit lui-même demandeur des mesures qu’on souhaite lui faire accepter. Par exemple, laisser se développer la violence urbaine, ou organiser des attentats sanglants afin que le public soit demandeur de lois sécuritaires au détriment de la liberté. Ou encore créer une crise économique pour faire accepter comme un mal nécessaire le recul des 264

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droits sociaux et le démantèlement des services publics. La stratégie de la dégradation : pour faire accepter une mesure inacceptable il suffit de l’appliquer progressivement, en « dégradé », sur une durée de 10 ans. C’est de cette façon que des conditions socioéconomiques radicalement nouvelles (néolibéralisme) ont été imposées durant les années 1980 à 1990. Chômage massif, précarité, flexibilité, délocalisations, salaires n’assurant plus un revenu décent, autant de changements qui auraient provoqué une révolution s’ils avaient été appliqués brutalement. La stratégie du différé : une autre façon de faire accepter une décision impopulaire est de la présenter comme « douloureuse mais nécessaire » en obtenant l’accord du public dans le présent pour une application dans le futur. Il est toujours plus facile d’accepter un sacrifice futur qu’un sacrifice immédiat. D’abord parce que l’effort n’est pas à fournir tout de suite. Ensuite parce que le public a toujours tendance à espérer naïvement que « tout ira mieux demain » et que le sacrifice demandé pourra être évité. Enfin, cela laisse du temps au public pour s’habituer à l’idée du changement et l’accepter avec résignation lorsque le moment sera venu. S’adresser au public comme à des enfants en basâge : la plupart des publicités destinées au grand public utilisent un discours, des arguments, des personnages et un ton particulièrement infantilisant souvent proche du débilitant comme si le spectateur était un enfant en bas-âge ou un handicapé mental. Plus on cherchera à tromper le spectateur, plus on 265

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adoptera un ton infantilisant. Pourquoi ? « Si on s’adresse à une personne comme si elle était âgée de 12 ans alors en raison de la suggestibilité elle aura avec une certaine probabilité, une réponse ou une réaction aussi dénuée de sens critique que celles d’une personne de 12 ans ». Faire appel à l’émotionnel plutôt qu’à la réflexion : faire appel à l’émotionnel est une technique classique pour court-circuiter l’analyse rationnelle et donc le sens critique des individus. De plus l’utilisation du registre émotionnel permet d’ouvrir la porte d’accès à l’inconscient pour y implanter des idées, des désirs, des peurs, des pulsions, ou des comportements. Maintenir le public dans l’ignorance et la bêtise : faire en sorte que le public soit incapable de comprendre les technologies et les méthodes utilisées pour son contrôle et son esclavage. La qualité de l’éducation donnée aux classes inférieures doit être la plus pauvre de telle sorte que le fossé de l’ignorance qui isole les classes inférieures des classes supérieures soit et demeure incompréhensible par les classes inférieures. Encourager le public à se complaire dans la médiocrité : encourager le public à trouver « cool » le fait d’être bête, vulgaire, et inculte. Remplacer la révolte par la culpabilité : faire croire à l’individu qu’il est seul responsable de son malheur à cause de l’insuffisance de son intelligence, de ses capacités, ou de ses efforts. Ainsi au lieu de se révolter contre le système économique l’individu s’auto-dévalue et culpabilise ce qui engendre un état dépressif dont l’un des effets est l’inhibition de l’action. Et sans action, pas de révolution. 266

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Connaître les individus mieux qu’ils ne se connaissent eux-mêmes : au cours des 50 dernières années, les progrès fulgurants de la science ont creusé un fossé croissant entre les connaissances du public et celles détenues et utilisées par les élites dirigeantes. Grâce à la biologie, la neurobiologie, et la psychologie appliquée le système est parvenu à une connaissance avancée de l’être humain à la fois physiquement et psychologiquement. Ce système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des ca, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.

Il y a beaucoup de tout cela qui se passe en coulisse au pays actuellement ! 3.11 Vivre en fiers Guinéens ou mourir en essayant : J`emprunte l`expression d`un rappeur américain (Curtis Jackson, 50 cent) pour exprimer ce que m`inspire notre situation nationale en fin octobre soit plus de 4 mois après le 1e tour de notre élection présidentielle. Ce maudit 2e tour aura lieu un jour, peut-être le 7 novembre mais cela n`a plus vraiment d`importance. L`élection présidentielle est presque finie mais la démocratie et la reconstruction de la Nation détruites par 52 ans d`erreurs continues ont encore reculé. Une fois de plus ces notions nobles ont glissé presque entièrement entre les doigts des 11 millions de Guinéens. Je ne cesserai jamais de le répéter notre pays est l`otage d`une bande de bandits 267

militaires et civils qui manipulent tous les autres Guinéens comme des marionnettes. En imposant en janvier 2010 à Ouagadougou un processus électoral précipité et irréaliste ils savaient bien qu`ils créaient un terreau durable pour leurs activités criminelles, pour les ambitions personnelles exacerbées pour des replis identitaires extrêmes et finalement pour des conflits ethniques. Ils savaient que ce cocktail explosif était suffisant pour faire échouer la transition en cours, provoquer une rupture sociale générale aux conséquences terribles et suffisantes pour assurer leur maintien à la mangeoire nationale. Nos populations des 4 régions naturelles en particulier tous ces analphabètes fanatisés et manipulés par des politiciens devenus fous et leurs communicateurs extrémistes ne sont que des pions insignifiants. Et pire certains intellectuels dans le pays et dans la diaspora sans utiliser leurs capacités d`analyse apprises grâce à leurs études foncent tête première dans le panneau raciste ce qui prouve qu`ils n`ont toujours rien compris, alors qu`ils ont vécu le même scénario depuis plus de 52 ans. Comme s`ils n`avaient rien appris des drames humains récents de notre sous-région. Comme s’ils n`avaient pas constaté qu`après tous ces crimes les manipulateurs et leurs hommes de main ont monté en grade et pleurent avec nous lors de minutes de silence malhonnêtes. Finalement les seuls perdants sont à chaque fois les victimes directes et leurs pauvres familles, les habitants des charniers, les « balles perdues » et les « manches longues ou courtes ». Eux iront demain se faire la bise guinéenne hypocrite, comme dans tous les pays cités plus haut. Cette mafia de tricheurs et tueurs n`a qu`une seule chose en tête, le statuquo de la médiocrité et la continuité d`un système 268

qui à leurs yeux doit persévérer quelque soit le prix à payer. Et tous les coups sont permis surtout les plus bas comme les affrontements ethniques sanglants, les attaques et viols d’enfants et de femmes. Le rêve de ces bandits est que tous les vrais patriotes guinéens, ceux qui ne rêvent qu`à la fin du cauchemar national se découragent définitivement, les laissent faire et ne cherchent plus qu`à aller se réfugier le plus loin possible du pays. Maintenant, il faut leur dire haut et fort qu`ils se trompent à 100 %, que nous avons compris leur jeu et que plus rien ne nous arrêtera de les virer des instances de décision de notre pays. Le vrai combat pour l`avancement de la Guinée a été raté dès le départ de cette fausse transition parce qu’une bande de militaires, politiciens et autres « forces vives » au pouvoir ont fait passer leur enrichissement et leur bonheur personnels avant les sacrifices indispensables pour reconstruire notre tissu économique et social. C’est le « père de la Nation » dont on nous rabâche les oreilles aujourd`hui, celui qui fut en 1958 une des premières fiertés africaines qui a créé cette mafia nationale. Ill a torturé et éliminé ses principaux amis de combat contre la colonisation tout simplement parce que ceux-ci avaient compris que sa moralité et ses visions étaient trop limitées pour développer notre pays à la dimension de ses potentialités réelles. En 26 ans de dictature populiste féroce cette mafia s`est perfectionnée au-delà de ses espérances et l`a enterré en 1984 sans aucun regret en mettant au pouvoir un militaire inculte qui s`est noyé avec plaisir dans sa bouteille de bon whisky, le pillage des biens publics et la médiocrité. C’était tout ce qu`elle espérait. La toile d`araignée a continué à s`étendre sans aucune résistance et elle a poussé ce bouffon à refuser de faire la 269

lumière sur les crimes de son prédécesseur malgré ses promesses initiales – pas étonnant bien sur puisqu’il y avait participé ! Ils l`ont même aidé en 1985 tout juste pour couvrir leurs œuvres machiavéliques à massacrer sans procès la majorité des responsables des crimes précédents et en même temps comme d`habitude de nombreux innocents mais cela n`a jamais eu aucune importance pour eux. En 2008 après le départ définitif du général-président-paysan suite à une longue agonie et qui a été tous bénéfices et sans regrets pour elle ses principaux membres ont failli pour la première fois se faire prendre à leur propre jeu de petits calculs habituels. Ils préparaient dans l`ombre leur nouveau poulain mais ils été devancés par un « jeune capitaine fougueux » de notre armée félonne avec des idées prometteuses sur le changement nécessaire en Guinée mais hélas il lui manquait des pièces essentielles dans son cerveau. Ce dernier a été vite retourné pour en faire un pantin ridicule, un nouveau mégalo et un petit despote dont la seule ambition était devenue de faire comme ses prédécesseurs sinon mieux. Décrié du monde entier même par nos éternels amnésiques guinéens que ces bandits ont toujours su manipuler sans problème ils ont décidé de s`en débarrasser dare-dare. Vite fait voilà le capitaine parano qui est trépané par son plus proche garde du corps et bienvenue au colosse tigré débarqué récemment de la brousse et qui ne rêvait qu`à deux choses : 1) devenir riche encore plus vite que ses prédécesseurs et 2) faire le tour du monde des palaces et bars cossus sans débourser un franc de sa poche. Bien sûr la continuité de 270

la situation ambiante passait forcément par milles stratagèmes de plus en plus épiques pour maintenir le « business as usual » dans le système politique et social au pays. Le ridicule ne gêne absolument pas ces gens-là, ils vivent en plein dedans depuis plus de 52 ans. Et les 4 fois qu`ils ont pu rattraper la balle à la veille de leur chute inévitable la majorité amnésique a applaudi à tout rompre le nouveau guignol de service, lui a dressé des portraits géants au palais du peuple soumis, dans tous les carrefours du pays, sur les pare-brises et même sur leurs T-shirts. Et bonjour à chaque fois la mamaya nationale pour un bonhomme que personne ne connaissait deux semaines avant cette forfaiture minable. Il n`y a pas à dire, à chaque fois nous nous laissons prendre comme des pigeons sur un champ de tir à la foire du ridicule mondial. Telle est ma description de notre situation actuelle, celle que nous vivons chaque matin depuis l’indépendance des colons blancs et la colonisation immédiate ensuite par un bien pire colon guinéen. Le temps n`est-il pas venu de choisir si nous voulons continuer pour encore 50 ans sur le même chemin ou si le moment est enfin venu de leur dire « c`est fini, quel que soit le temps que cela prendra ? Nous ne vous laisserons plus faire, nous vous dénoncerons en Guinée et partout ailleurs et nous vous vaincrons ou nous mourrons en essayant. Et alors nos enfants reprendront le flambeau et eux réussiront car la Guinée n`est pas maudite ni perdue, elle n`a juste pas encore trouvé les bâtisseurs de son bonheur. Elle a bien démarré en 1958 et elle a ensuite dégringolé progressivement mais inexorablement à partir de 1959 justement en raison de ces zéros nationaux. Le principal 271

programme politique dont nous avons maintenant besoin pour changer définitivement la Guinée et la faire enfin avancer se résume en très peu de mots, mettre fin à l`emprise de cette mafia civilo-militaire sur le pouvoir national et tout le reste suivra ensuite aisément. Le moment est venu d`explorer l`autre face de la médaille. 3.12 Vers un processus de Vérité-JusticeRéconciliation nationale en 2011 ? En tout cas ce serait le rêve le plus cher de très nombreux compatriotes suite à tous les cataclysmes humains que nous avons. N`ayant pas eu la « chance » de vivre en Guinée pendant mon enfance et mon adolescence mes parents m`ont tous les jours enseigné que chaque fois qu`il fallait choisir entre la Guinée et des Guinéens la Guinée passait avant tout. J`ai ensuite appris cela à mes enfants qui sont tous des adultes aujourd`hui et je ne pense donc pas que je reviendrais sur ce principe de base. Néanmoins nous savons tous que les seuls éléments constants dans notre pays ont été l`injustice et la médiocrité d`Etat. Le 2e tour récent n`a pas dérogé à cette règle et les injustices, manipulations ethniques, vols et meurtres de sang-froid ont été révoltants pour la majorité des Guinéens. En des moments pareils il est normal que la rage explose et que des positions extrémistes voient le jour mais il faut savoir laisser la douleur s`amoindrir et éviter systématiquement le mal et l`irréparable pour le pays. J`ai d`ailleurs lu une analyse intéressante ces jours-ci qui concluait que notre Président devrait éviter pour le moment le sujet de la réconciliation car les nerfs de tous les Guinéens sont encore trop à vif, en grande partie à cause de lui-même. 272

Je pense néanmoins qu`il ne pourra pas se lever de son fauteuil présidentiel pour gérer quoi que ce soit avant des actions très concrètes de pacification car la guerre chronique, silencieuse et sournoise qu`il va vivre tous les jours sera encore pire que les explosions aiguës de violences et il en sera le seul responsable. Il ne sera jamais un « responsable suprême de la révolution » même si il en rêve secrètement. Et pourtant en janvier 2010 nous avons eu une nouvelle transition prometteuse qui a effectivement débuté après l`élimination de Dadis du pouvoir et tous les patriotes ont pensé qu`elle servirait enfin de tampon entre « la Guinée du Mal » et « la Guinée de l`Espoir ». Malheureusement les acteurs qui avaient la parole pendant cette période cruciale, forces vives comme armée moribonde, ont placé leurs ambitions mesquines et personnelles avant leur amour pour la Guinée. En moins d`un mois à Ouagadougou après avoir accepté le parrainage d`un des plus grands despotes de notre sous-région (Blaise Compaoré) ils ont décidé d`offrir une nouvelle virginité à notre mafia que nous connaissions bien pourtant tous les Guinéens connaissent et de maintenir les institutions électorales (CENI et Ministère de l’administration du territoire) intactes malgré ce que tout le monde en savait. Ils ont dit en chœur Oui à des élections dans 6 mois, Oui pour un politicard tordu et dépassé pour diriger la transition (JMD, Jean Marie Doré) et Oui pour l’élévation d’un officier alcoolique et malade en grand sauveur de la nation (Sékouba Konaté). Plusieurs guinéens éclairés ont dénoncé l`arnaque tant le piège était clair, tant cette mafia qui avait pour une fois une trouille bleue a dansé de joie après cet accord félon signé par 3 putschistes minables. Je me souviens de mes discussions 273

passionnées à Conakry à ce moment-là et qui finissaient toujours par « tu es un diaspo, tu ne comprends rien à la situation locale ». Certains me disent aujourd`hui « laisse tomber ces élections, c`est du passé maintenant » mais justement je dis non, il ne faut pas jouer une fois de plus à l`autruche devant toutes nos bêtises volontaires. Tant que nous n`analyserons pas nos prouesses (très rares) et nos échecs (trop fréquents et à chaque étape) nous nous dirigerons de nouveau directement vers les mêmes résultats. Quand je pense que tous les candidats à l`élection présidentielle étaient persuadés jusqu`aux résultats du 1er tour qu`ils seraient le prochain président de Guinée ! Et c`est pour cela que je dis que je ne ressens actuellement aucune compassion pour ces 24 candidats qui ont tous trahi la Guinée. Certains pleurnichent encore que c`est en grande partie la faute de la communauté internationale. C`est en partie vrai mais c’est un peu trop facile de rechercher toujours des boucs émissaires pour nos erreurs. Il faut fouiller un peu plus loin pour savoir pourquoi. N`oubliez pas que ce sont les mêmes (France, USA, UE, CEDEAO, UA et SNU) qui ont discuté vers la même période avec les putschistes au Niger. Pourquoi ont-ils donné 6 mois au pays aux politiciens et militaires cancres et 18 mois aux seconds ? La raison est très simple, quand ils ont rencontré et écouté les représentants de la Guinée (CNDD et forces vives) à Ouaga et ensuite à Rabat ils ont tout de suite conclu qu`il était urgent pour tout le continent de se débarrasser de ce ramassis de soudards et de polichinelles politiques. Tous les pays de la sous-région se sont levés comme un seul homme pour crier à juste 274

titre au loup. De toutes façons après que le Président serait élu qui qu`il soit elle savait qu`il leur mangerait forcément dans la main. Les Nigériens eux sont venus discuter avec un document bien clair et un plan de sortie de crise démocratique crédible dont les principaux éléments sont : en appui à la junte un conseil consultatif national chargé de faire un chronogramme réaliste et dans l`intérêt du pays ; un gouvernement réduit sans aucun politicien et dirigé par une personnalité nigérienne respectée de la société civile et qui travaillait dans une organisation non étatique du pays ; l`appel à un vrai constitutionaliste nigérien qui enseigne à l`université de Montréal et qui a exigé carte blanche pour monter son équipe de techniciens compétents et 40 jours pour déposer son projet. Il est d`ailleurs déjà de retour auprès de ses étudiants et cette constitution est considérée comme la 1e vraiment nouvelle en Afrique ; la mise en place d`une commission nationale d`audit qui déterminera qui pourra ou non se présenter aux futurs élections et qui ne rend compte qu`au chef de la junte sans aucune interférence des autres putschistes ; un référendum pour la constitution et ensuite des équipes envoyées dans chaque préfecture pour expliquer la constitution au peuple en langues nationales ; un calendrier serré d`élections communales puis législatives et enfin présidentielles, le tout en 18 mois. Toute personne réfléchie qui reçoit un tel plan te laissera le bénéfice du doute pour le mettre en œuvre au moins une seule fois ! Il y a eu quelques couacs, c`est la norme en Afrique, mais le plus important clash a eu lieu parce que les numéros 2 et 3 de la junte ont été épinglés par la commission d`audits et que le Général a refusé qu`ils soient directement blanchis. Quand on pense que 275

certains des négociateurs de notre transition se battaient devant cette même Communauté Internationale à Ouaga pour des chambres d`hôtels et des perdiems !

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CONCLUSION : ENFIN UN CIVIL AU POUVOIR MAIS IL ANNONCE LA COULEUR LE 1E JOUR : « GUINEA IS BACK TO SEKOU TOURE » Maintenant mon avis sur Alpha Condé et sur ses chances de mettre effectivement en place ce processus VJR : je reconnais que jusqu`à la fin du 1er tour, il avait beaucoup d`atouts et des paroles fortes qui indiquaient une véritable détermination au changement que je souhaite plus que tout au monde. J`avais néanmoins de nombreuses craintes mais à mon avis on ne peut jamais faire un immeuble totalement différent en utilisant toujours les mêmes maçons. Bref, c`était dans mon cœur du 50/50. Après les résultats du 1er tour il est vrai la gifle a été sévère pour lui, certains l’ont même pensé mortelle. Il a refusé de jeter l`éponge et a plongé comme un requin dans le marigot guinéen. Pour beaucoup l`image de l`opposant historique a viré à celle de l`opposant illogique. Aller faire la cour au PDG-ST et aux pires suppôts du PUP, magouilleurs électoraux devant l`Eternel était pour moi incompréhensible au point que je suis devenu totalement réfractaire à un tel homme d`Etat. S`il avait raté son coup j`aurais sauté de joie et à la 1ère occasion que j`aurais eu de le rencontrer je lui aurais dit qu`il a dansé avec les pires diables de la Guinée et que ceux-ci l`ont traîné avec eux en enfer. Mais il a joué cette carte sans honte et comme Abdoulaye Wade au Sénégal (avec les partis communiste et marxiste de la coalition SOPI) et il a gagné. En tant qu’ancien joueur de poker je lui tire mon chapeau même si je n`aurais jamais osé tenter cela même pour le fauteuil d`Obama. Ceux qui connaissent bien Alpha disent qu`il n`a pas de vrais amis quand ses 277

intérêts sont en jeu. Il adore trop le pouvoir et son image pour se laisser facilement traîner au fond par les bandits qui l`entourent. Hélas il connait très mal la Guinée et la capacité de nuisance de son nouvel entourage. S`il continue à cheminer avec eux et qu`ils finissent par le croquer comme ses prédécesseurs alors une fois encore je vais bien rigoler et ce sera vraiment tant pis pour lui et pour sa famille qui regrettera son parcours dans l`histoire guinéenne qui finira par une image regrettable pour la postérité de Président hystérique. Alors il ne restera plus à ses fanatiques que leurs yeux pour pleurer. Tous ceux qui ont travaillé en Guinée savent que quand on veut bloquer un dossier il suffit de créer une commission nationale de réflexion. Puis cela traîne et ils se partagent pendant ce temps des voyages, des 4×4, du carburant, des perdiems et des cadeaux faramineux de fin de mission. Surtout cela permet au nouveau Prési de sauver sa mise et diminuer la pression qu’il subit pour quelques mois. Dans le contexte actuel et pour que le Président soit pris au sérieux sur ce point je lui conseille une seule chose : nommer dans son 1er gouvernement un/une ministre chargé de la réconciliation nationale et du respect des droits de l`homme situé hiérarchiquement juste après le PM sur la liste des nouveaux bénis, comme Alassane Ouattara vient de le faire en Côte d`Ivoire. Pour cela il devrait choisir un Guinéen/Guinéenne qui a su rester le plus souvent au dessus de la mêlée pendant cette année noire et les précédentes identiques. Il/elle ne doit être de son parti officiellement ou en coulisse – attention, il n`y a pas de secrets en Guinée. Je pencherai plus pour une personne de la diaspora, un de nos doyens ou une dame connus et respectés pour leur rigueur et 278

leurs expériences de gestionnaires. Pourquoi je fais cette proposition ? - Parce que tous ceux qui ont lu des discours démagogiques en répétant à chaque phrase les titres ronflants de nos bouffons au pouvoir ne sauraient représenter la morale et l`éthique souhaitées pour un tel travail. Je ne parle même pas des Madame de Pompadour et autres courtisanes locales ou de la diaspora qui se pâment d`émotion dès qu’elles aperçoivent le Père de la Nation pointer le nez à l’horizon. - Parce que celui/celle qui sera choisi(e) devra oser lui dire la vérité sur l’évolution de la situation et les sabotages prévisibles et devra n’avoir aucune crainte à claquer la porte en cas de blocage politique majeur. Il/elle devra ensuite se retirer complément de la future vie politique guinéenne au lieu de travailler plutôt pour se créer un tremplin personnel vers le pouvoir. Il/elle pourra alors retourner sans problèmes à sa retraite déjà assurée en étant fier d`avoir joué un rôle vraiment historique pour son pays. Nous en connaissons tous quelques-uns de ces sages inflexibles dès qu`il s`agit des intérêts exclusifs de la Nation guinéenne cachés un peu partout sur les 5 continents. Si cette personne est acceptée par tous et ne répond pour son travail qu`au chef supérieur temporaire de la transition elle trouvera toute les assistantes humaines et financières nécessaires pour mettre en place un processus crédible et une structure nationale VJPR indépendante de tous les Guinéens et en particulier de la 279

mafia locale. Bien sûr, je ne suis qu`un diaspo qui ne connaît rien à la situation locale de son propre pays ! Cette chronique prend fin le 20 décembre 2010 avec le départ (temporaire ?) des bidasses à la tête de notre pays. Nous attendons tous de voir maintenant ce que le civil, Professeur de la Sorbonne « démocratiquement élu » fera de mieux que ses quatre prédécesseurs…

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Guinée-Conakry aux éditions L’Harmattan Dernières parutions indépendance (L’) de la Guinée en 1958 Chronologie et commentaires

Keita Sidiki Kobélé

L’auteur de ce livre a choisi l’année 1958, l’une des plus controversées de l’histoire de l’indépendance guinéenne, pour démontrer ses théories : l’histoire véritable doit refuser de céder sa place à la légende, à l’affabulation, aux chroniques arrangées. Elle doit, pour ce faire, exiger l’approfondissement des recherches documentaires afin de mieux appréhender tous les tenants et les aboutissants ou tous les aspects d’un fait. (25.00 euros, 252 p.) ISBN : 978-2-343-04646-4, ISBN EBOOK : 978-2-336-36704-0 tourbillon (Le) Vers la sortie

Barry Aminata

Ce troisième épisode de Tourbillon marque le point final d’un vécu décrit dans une tourmente politico-sociale. L’auteur a voulu être le témoin d’une histoire, la sienne, qui s’est déroulée en Guinée. (Coll. Harmattan Guinée, 14.00 euros, 136 p.) ISBN : 978-2-343-05387-5, ISBN EBOOK : 978-2-336-36797-2 Formation initiale des maîtres en Guinée et enjeux de la scolarisation primaire universelle

Diané Baba - Préface Hadja Aida Bah Diallo

Ce livre tente d’apporter des réponses à plusieurs questions que soulève l’introduction, dans le système guinéen de formation des maîtres, d’un programme novateur. Des interrogations fondamentales se posent pour baliser le dispositif de formation des instituteurs. Ce livre questionne le processus d’administration du modèle en termes d’efficacité interne et externe, de pertinence, de cohérence, d’apprentissage et de transfert. (Coll. Harmattan Guinée, 25.00 euros, 246 p.) ISBN : 978-2-343-05098-0, ISBN EBOOK : 978-2-336-36433-9 Mon cahier de morale Cours de morale dispensés par Germaine Legoff à l’ENRJF de Rufisque (1944-1945)

Bah Hadja Nima - Préface de Boubacar Diallo

En ce début de XXIe siècle, la Guinée traverse une crise sociale, politique, économique et culturelle d’une ampleur sans précédent. Ce constat atteste qu’il

y a un déficit en matière d’éducation civique et morale (ECM). Face à cette situation, l’auteur, ancienne Rufisquoise, apporte son expérience de «legoffienne». Elle met à notre disposition son cahier de morale de l’École Normale Supérieure de jeunes filles de Rufisque. Ces cours ont été conduits de main de maître par Germaine Legoff, l’éducatrice mythique. (Coll. Harmattan Guinée, 11.50 euros, 86 p.) ISBN : 978-2-343-03333-4, ISBN EBOOK : 978-2-336-36315-8 éducation (L’) sexuelle en islam

Fofana Mory

L’éducation sexuelle ou, mieux, «l’éducation au mariage», est un commentaire des principaux hadiths sur la question du mariage légitime en islam. On y parle du modèle de femme à épouser, de la dot, de l’accouchement, du baptême, et du calendrier mensuel du couple. Les solutions qu’on y préconise face aux différents problèmes du couple sont de nos jours pour la plupart confirmées par les données de la science. Un ouvrage pour tous ceux qui nourrissent le désir d’être bien informés sur la délicate question de la vie à deux. (Coll. Harmattan Guinée, 10.00 euros, 102 p.) ISBN : 978-2-343-03560-4, ISBN EBOOK : 978-2-336-36389-9 Lettre de politique nationale, de décentralisation et de développement local 15 juin 2011 Suivie de Plan d’action pour la mise en œuvre de la lettre de politique nationale, de décentralisation et de développement local 15 juin 2010

Ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation Préface d’Alhassane Condé

La LPN-DDL représente le cadre conceptuel, juridique et institutionnel de la politique de l’État dans les domaines précis de la décentralisation et de la déconcentration. Elle se place au cœur de la réforme de l’État. Sa mise en œuvre permettra de créer, autour des collectivités locales, des pôles de développement économique dynamiques et structurés, et de diffuser plus efficacement le développement local à l’intérieur du pays. (Coll. Harmattan Guinée, 20.00 euros, 186 p.) ISBN : 978-2-343-03366-2, ISBN EBOOK : 978-2-336-36365-3 Démon Taureau Contes de Guinée-Conakry

Diallo Boubacar

Comment un chasseur réussit-il à tromper le diable ? Comment Kirdi, un grand séducteur, perdit-il son pénis ? Comment Hammadi réussit-il à vaincre Démon Taureau ? Comment Salé fut-elle transformée en mouche ? Le lecteur trouvera les réponses dans ce recueil de contes initiatiques amusants mais parfois tragiques et fera un beau voyage, passant par le Soumbouya et la Mellacorée, les montagnes, les forêts galeries et les bowé du Fouta Djallon, la savane du Mandé, la forêt dense du Nimba... (Coll. La légende des mondes, 12.00 euros, 110 p.) ISBN : 978-2-343-04589-4, ISBN EBOOK : 978-2-336-36055-3

transitions (Les) politiques en Guinée De son indépendance à 2010

Bah Ibrahima - Préface de Dominique Bangoura

Depuis son indépendance en 1958, la Guinée a connu plusieurs types de transitions politiques. La première, post Sékou Touré, s’est terminée par la prise du pouvoir par l’armée (1984). Après un régime d’exception de six ans, la Guinée s’engage dans une nouvelle transition. Cependant, l’ère démocratique fut éphémère. Après une tentative de renversement du pouvoir par des militaires en 1996, le régime de Lansana Conté bascula dans l’autoritarisme jusqu’à sa mort en 2008, suivie d’un putsch militaire dirigé par le capitaine Moussa Dadis Camara. Après une tentative d’assassinat du capitaine Camara, le général Sékouba Konaté conduisit cette transition à l’élection présidentielle de juin et novembre 2010. (Coll. Afrique : politiques publiques, sécurité, défense, 26.00 euros, 256 p.) ISBN : 978-2-343-00606-2, ISBN EBOOK : 978-2-296-53884-9 Conakry : la république des voleurs

Bah Thierno

Dès ses premiers discours à la nation après son installation à la tête de la Guinée, Conté déclare : «Nous sommes arrivés pauvres au pouvoir. Si vous nous voyez construire des villas et acheter des voitures, c’est que nous avons volé.» Arrivé au pouvoir à partir de 1990, il prend goût à l’argent. Il installe son régime dans le pillage illimité des richesses nationales. Il favorise le détournement des devises. À la fin de sa vie, sa fortune a été estimée à 450 millions de dollars. (38.00 euros, 380 p.) ISBN : 978-2-336-29345-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-53307-3 Destins guinéens Mémoires d’un rescapé du goulag de Sékou Touré

Touré Tara Arafanour Naby-Moussa

Face à des horreurs inimaginables du goulag de Sékou Touré et de son régime barbare qui a sévi en Guinée pendant plus d’un quart de siècle, l’auteur raconte le miracle de sa propre survie. Il rend hommage à ses compagnons à travers une galerie de personnalités et d’anonymes torturés dans les camps de la mort. Ce témoignage a pour but d’accomplir un devoir de mémoire et d’honorer tous ceux qui ont comblé les innombrables fosses communes. (Coll. Harmattan Guinée, 27.00 euros, 266 p.) ISBN : 978-2-343-00098-5, ISBN EBOOK : 978-2-296-53164-2 Migrations, ONG et développement en Guinée

Barry Idrissa

Voici une analyse de la migration guinéenne, au croisement des enjeux économiques, politiques et culturels. Les rapports migration/développement en Guinée sont étudiés dans plusieurs domaines : transferts matériels et culturels, participation de la diaspora, développement participatif, rapport entre Guinéens de l’intérieur et de l’extérieur, clivages et influences politiques. (Coll. Études africaines, 23.00 euros, 218 p.) ISBN : 978-2-336-29212-0, ISBN EBOOK : 978-2-296-53148-2

Mario, le basket-ball et moi Mario vu et raconté par Leah

Diallo Alpha Leah

Par le sport et dans le sport naquit une amitié, entre Leah et Mario, les basketteurs de l’équipe nationale de Guinée. L’amitié est la seule raison qui a poussé Leah à consacrer un livre à son compère Mario, le fabuleux numéro 10, le prince charmant du basket-ball guinéen, afin qu’il vive éternellement. (Coll. Harmattan Guinée, 25.00 euros, 246 p.) ISBN : 978-2-336-00933-9, ISBN EBOOK : 978-2-296-51635-9 tourbillon (Le) Le combat

Barry Aminata

Faisant suite à un premier volume Tourbillon, la dérive autoritaire, ce livre est un feuilleton, celui de la vie de l’auteur, sur un certain parcours fait d’épines et de pétales, avec comme fil conducteur la responsabilité politique du fait d’autrui. (Coll. Harmattan Guinée, 14.00 euros, 136 p.) ISBN : 978-2-336-00918-6, ISBN EBOOK : 978-2-296-51634-2 Contes de la brousse, de la forêt, de la savane et de la montagne

Diallo Boubacar

Ce livre présente les contes de toutes les régions naturelles de la Guinée, sans aucune forme de discrimination. Il s’agit donc d’un survol des aires culturelles de la Guinée avec, en toile de fond, les histoires tissées autour du prince des arbres, le kouratier. C’est un arbre aux vertus multiples qui donne ses fruits à manger, son ombre, du bois mort, des médicaments traditionnels et, aussi, des récits féériques. (Coll. Harmattan Guinée, 9.50 euros, 58 p.) ISBN : 978-2-336-00932-2, ISBN EBOOK : 978-2-296-51633-5 économie (L’) politique de la Guinée (1958-2010) Des dictatures contre le développement

Cournanel Alain

La République de Guinée a subi en cinquante ans deux types de régime, deux formes de dictature. La Ire République (1958-1984), dirigée par Sékou Touré, a sacrifié le développement de la jeune nation à l’omnipotence du parti unique aux mains d’un noyau inamovible. La IIe République (1984-2008), dictature molle à peine déguisée en État de droit, a confié le pouvoir d’État aux prétoriens et l’orientation économique au FMI. (Coll. Etudes africaines, 31.00 euros, 296 p.) ISBN : 978-2-296-99810-0, ISBN EBOOK : 978-2-296-51374-7

L’HARMATTAN ITALIA Via Degli Artisti 15; 10124 Torino L’HARMATTAN HONGRIE Könyvesbolt ; Kossuth L. u. 14-16 1053 Budapest L’HARMATTAN KINSHASA 185, avenue Nyangwe Commune de Lingwala Kinshasa, R.D. Congo (00243) 998697603 ou (00243) 999229662

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L’HARMATTAN ARMATTAN SÉNÉGAL SÉNÉGAL L’H 10 VDN en face Mermoz, après le pont de Fann « Villa Rose », rue de Diourbel X G, Point E BP 45034 Dakar Fann 45034 33BP825 98 58Dakar / 33 FANN 860 9858 (00221) 33 825 98 58 / 77 242 25 08 [email protected] / [email protected] www.harmattansenegal.com L’HARMATTAN BÉNIN ISOR-BENIN 01 BP 359 COTONOU-RP Quartier Gbèdjromèdé, Rue Agbélenco, Lot 1247 I Tél : 00 229 21 32 53 79 [email protected]

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La Guinée-Conakry de Janvier 2007 à décembre 2010 La majorité des observateurs avertis reconnaissent que l’Afrique entame enfin le chemin d’un développement économique et social indispensable à sa survie au XXIe siècle et que si cette tendance continuait on verrait progressivement un début de croissance réelle au bénéfice des habitants du continent. Pour bien comprendre toutes les raisons et comment renforcer les progrès à venir il est à mon avis indispensable d’analyser les « success stories » comme l’ile Maurice et le Botswana mais aussi les petits derniers de la classe comme la Guinée (Conakry). Le pays était une grande source de désespoir jusqu’au 20 janvier 2007, quand les jeunes de la capitale sont sortis en masse dans les rues en hurlant « Changement » pour braver l’armée du dictateur militaire Lansana Conté qui était en fait à l’agonie depuis 5 ans, favorisant ainsi tous les excès de son entourage corrompu et incompétent. La Guinée venait de lancer le 1er printemps de l’Afrique, avant même ceux des pays du Maghreb. Hélas cette jeunesse, écrasée par 49 ans de misère sur tous les plans et pratiquement analphabète, n’a pas su mener la suite du combat. Le récit détaillé de cette période cruciale de la vie de ce pays d’Afrique de l’Ouest fera entrevoir les défis, risques et opportunités actuels des pays de la CEDEAO. A.O.T. Diallo est un médecin guinéen (Guinée-Conakry) ayant travaillé dans le domaine de la santé publique et de la gestion des programmes de développement dans plusieurs pays africains et en Haïti pendant une trentaine d’années. Il a perdu son père et plusieurs membres de sa famille dans les prisons du 1e président Sékou Touré lors du complot peul de 1976. Il a dû fuir clandestinement son pays en 1979 pour finir ses études et entamer sa vie professionnelle.

Couverture : © J. Allain - Jalka Studio

ISBN : 978-2-343-07095-7

28 €

9 782343 070957