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French Pages 173 [174] Year 2023
From the Thames to the Euphrates De la Tamise à l’Euphrate
Manuscripta Biblica
Edited by Martin Wallraff and Patrick Andrist
Volume 9
From the Thames to the Euphrates De la Tamise à l’Euphrate
Intersecting Perspectives on Greek, Latin and Hebrew Bibles Regards croisés sur les bibles grecques, latines et hébraïques Edited by / Édité par Patrick Andrist, Élodie Attia and Marilena Maniaci
ISBN 978-3-11-099912-9 e-ISBN (PDF) 978-3-11-101996-3 e-ISBN (EPUB) 978-3-11-102014-3 ISSN 2626-3955 Library of Congress Control Number: 2022945033 Bibliografische Information der Deutschen Nationalbibliothek Die Deutsche Nationalbibliothek verzeichnet diese Publikation in der Deutschen Nationalbibliografie; detaillierte bibliografische Daten sind im Internet unter http://dnb.dnb.de abrufbar. © 2023 Walter de Gruyter GmbH, Berlin/Boston Cover image: Composed by Patricia Zuntow (latin) Paris, BnF, latin 11937, détail du f. 11v (hebrew) Berlin, SBB, Or. quart. 9, détail du f. 110v (© Staatsbibliothek zu Berlin ‐ PK, Orientabteilung) (arabic) Paris, BnF, Arabe 4, détail du f. 4v (greek) Basel, UB, AN iii 13, détail du f. 216r (© Universitätsbibliothek Basel) Typesetting: Integra Software Services Pvt. Ltd. Printing and binding: CPI books GmbH, Leck www.degruyter.com
à Paul Canart
Table des matières / Table of contents Patrick Andrist / Élodie Attia / Marilena Maniaci Introduction 1 Introduction 5
Section 1: Bibles complètes (en un ou plusieurs volumes) / Complete Bibles (in one or several volumes) Paul Canart† Contenu, ordre et structure des Bibles byzantines aux ixe et xe siècles (notes inédites revues par Patrick Andrist) Patrick Andrist L’architecture du Codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1) et l’étonnante hypothèse de Paul Canart Chiara Ruzzier Item Biblia in uno volumine : le « compactage » du texte biblique du xie au xiiie siècle
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Section 2: Bibles partielles / Partial Bibles Élodie Attia Bibles hébraïques partielles : le cas des « Pentateuque-Megillot-Haftarot » ashkénazes Roberta Casavecchia / Marilena Maniaci Partial Bibles in Southern Italy: the case of Montecassino
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Section 3: Bibles à commentaires / Bibles with commentaries Caroline Chevalier-Royet The pandects of Theodulf of Orleans. Carolingian Bibles with critical apparatus: state and prospects of research Javier del Barco The layout of the glossed Hebrew Bible from manuscript to print
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Section 4: Rouleaux bibliques médiévaux / Medieval biblical scrolls Ben Outhwaite Fragments of the earliest complete Torah scroll in the Cairo Genizah? Liste des contributrices et contributeurs / List of contributors Tables des livres bibliques / Tables of biblical books Index des illustrations / Index of illustrations Index of sources / Index des sources
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Index des manuscrits cités / List of quoted manuscripts
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Patrick Andrist / Élodie Attia / Marilena Maniaci
Introduction
La question que nous posons est la suivante : comment, de la Bible de la LXX, les artisans des ixe et xe siècles ont fait, matériellement, un livre ou des livres ? Il peut s’agir en effet : 1. D’une bible complète suivant le canon de la LXX… 2. D’une bible partielle résultant d’un choix de livres de l’Ancien Testament … Il faut encore distinguer, parmi les bibles complètes ou partielles, celles qui contiennent le texte seul (enrichi de textes annexes et d’un minimum d’ornementation), celles qui, en plus, sont enrichies de miniatures, de commentaires marginaux ou des deux à la fois.
Telles sont les premières paroles prononcées par le regretté Paul Canart, à qui ce volume est très sincèrement dédié, dans sa présentation du colloque de Namur en 2012, restée alors inédite mais publiée ici de façon posthume. Justement, peut-on réfléchir aux Bibles médiévales en termes de typologie livresque, et pas seulement en termes d’aires ou de périodes culturelles ? Et peut-on envisager cette étude de façon comparative, en incluant des bibles grecques et latines, hébreux et arabes ? C’est le défi, et la vision, qui a poussé Élodie Attia à réunir à Aix-en-Provence, en novembre 2018, quelques spécialistes de ces différentes traditions, en invitant Patrick Andrist et Marilena Maniaci à contribuer à la définition du programme d’un colloque stimulant et convivial. Et même si les Actes que nous présentons aujourd’hui ne dévoilent qu’une partie de la richesse des présentations, ils suffisent à montrer le succès et le potentiel de la démarche, mais aussi à dessiner les défis qu’une telle entreprise doit affronter pour pouvoir se poursuivre.
Contexte D’une certaine façon, le colloque d’Aix représente la suite courageuse et croisée de deux autres colloques qui se sont tenus, l’un à Namur en 2012, organisé par Chiara Ruzzier et Xavier Hermand, sur la fabrication des Bibles grecques et occidentales, non seulement latines mais aussi en langues filles, jusqu’aux éditions incunables1, et l’autre, en 2016, déjà à Aix, promu par Élodie Attia, Samuel Blapp et Antony Perrot, qui visait à établir un dialogue interdisciplinaire à l’intérieur des études juives, en réunissant des savants qui, 1 Les Actes ont été publiés en 2015 : Ruzzier, Chiara / Hermand, Xavier (éd.), Comment le Livre s’est fait livre. La fabrication des manuscrits bibliques (ive–xve siècle) : bilan, résultats, perspectives de recherche. Actes du colloque international organisé à l’Université de Namur du 23 au 25 mai 2012 (Bibliologia 40), Turnhout 2015. https://doi.org/10.1515/9783111019963-001
comme spécialistes de Qumran, de la Genizah du Caire ou des sources européennes, ne travaillent généralement pas ensemble. Ce deuxième colloque d’Aix représente, espérons-le, une étape supplémentaire vers un décloisonnement plus large2. De façon plus ample, ce colloque participe du regain d’intérêt pour le livre-objet en général, et pour les manuscrits de la Bible en particulier, et tient aussi compte des regrets exprimés par Ezio Ornato dans les conclusions du colloque de Namur pour l’absence de contributions concernantes la Bible hébraïque. Le Tanakh – la Bible hébraïque – et l’Ancien Testament des Chrétiens, connus et discutés aussi par les musulmans, représentent une référence culturelle essentielle et transversale, dont la variété de la transmission au Moyen Âge n’a été que trop peu interrogée jusqu’ici. Les contingences éditoriales, philologiques et critiques ont beaucoup porté vers certains manuscrits, et peu encouragé à regarder au-delà, notamment à la façon dont les textes ont été agglomérés dans des ensembles plus ou moins homogènes, produits dans des traditions culturelles différentes mais contemporaines. Les contenus du colloque de Namur et des deux colloques d’Aix s’inscrivent en effet dans la dynamique d’un mouvement qui, depuis quelques décennies maintenant, refuse d’envisager les manuscrits en général – et le manuscrit biblique en particulier – uniquement sous un seul aspect, aussi fondamental soit-il, que ce soient le texte, les miniatures, la décoration voire la liturgie ou la reliure... Non pas que ces éléments ne soient pas importants, bien au contraire, mais ils ne flottent pas dans l’air ; ils sont incarnés dans un objet matériel, le livre, qui leur donne leur unité organique. Ils sont donc nécessairement en relation avec tous les éléments qui font que cet objet existe, de la plus humble signature de cahier à la plus complexe des réglures et à la plus sophistiquée des misesen-page. Ni le livre en général, ni, encore moins, le livre biblique n’est un météore qui surgit devant nous, ou une icone acheiropoietos. La matérialité du livre est également un langage non verbal déterminé par l’époque à laquel le livre a été fabriqué, par la culture qui l’a produit et par le dialogue qu’il entretient avec la tradition à laquelle il appartient. L’étude holistique du manuscrit consiste, donc, à replacer le livre 2 Les Actes ont été publiés en 2022 : Attia, Élodie / Perrot, Antony (éd.), The Hebrew Bible Manuscripts : A Millennium (Supplements to the Textual History of the Bible 6), Leiden, Boston 2022.
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Patrick Andrist / Élodie Attia / Marilena Maniaci
dans son contexte physique et culturel, voir dans son histoire, qui est en fin de compte autant un épisode de l’histoire du livre, que de l’histoire des techniques, de l’histoire sociale, économique etc. Dire qu’il y a un langage de la matérialité qui peut se comprendre par une analyse globale du livre, signifie qu’il y a aussi un message de la matérialité, indépendant du message donné par le contenu du livre, bien qu’étroitement lié à celui-ci. Les pionniers de l’archéologie du livre, qui visaient à reconstruire les gestes des artisans, l’avaient bien compris. Mais il y a davantage : le langage de la materialité nous permet surtout de comprendre le projet livresque qui est à la base de tout codex, le but que ses concepteurs voulaient atteindre en fonction de l’utilisation prévue du livre mais aussi, parfois, le rôle social et représentatif attribué à l’objet. Dans le meilleur des cas, nous pouvons saisir comment les artisans ont conçu et organisé leur travail, et au-delà, essayer de reconstruire l’histoire génétique du livre qui nous est parvenu – résultant d’une série de transformations qu’il a subies au cours des siècles – et parfois même sa préhistoire au sein de sa tradition. Ce langage nous parle ensuite, bien sûr, des pérégrinations du livre et des aventures qui l’ont modifié voire transformé en tant qu’objet matériel. L’un des objectifs prioritaires du colloque d’Aix était précisément celui de comparer la façon dont chacun des intervenants lisait ce message matériel du livre et s’enrichir mutuellement, en vue d’une meilleure compréhension du vocabulaire et de la grammaire matérielle des bibles médiévales. Dans ce contexte, les recherches récentes ont largement mis en évidence l’intérêt d’une approche comparative du livre de la Bible – et le présente ouvrage ne fait que le confirmer – non seulement pour la connaissance spécifique de la typologie, mais surtout pour la compréhension des décisions prises et du travail effectué par les artisans : dans l´adoption d’un certain ordre des livres bibliques ; dans la sélection des supports et du matériel d’écriture ; dans le développement de « l’infrastructure matérielle » des manuscrits (dans le cas spécifique des codex, la séquence des cahiers et leur relation avec les articulations du texte) ; dans la construction de la page (de la définition des dimensions à la distribution des espaces) ; dans l’utilisation du cadre écrit et des marges ; dans le choix des écritures et de leur articulation hiérarchique ; dans l’élaboration de modèles, styles et techniques d’illustration ; dans la segmentation du contenu par l’utilisation de dispositifs textuels, graphiques ou décoratifs (prologues, listes de capitula, titres courants, initiales majeures et mineures …) ; ou encore, dans la stratification
des paratextes ou dans les adaptations du texte sacré à un usage liturgique. Pour tous ces aspects – et pour d’autres qui n’ont pas été mentionnés – la Bible constitue, comme il a déjà été observé, un « terrain » d’expérimentation privilégié : a) parce qu’elle est, en valeur absolue, l’un des textes les plus fréquemment transcrits et utilisés dans le Moyen Âge ; b) parce que, en tant qu’elle est perçue comme manifestation concrète de la parole divine, sa production se place normalement aux plus hauts niveaux de qualité de la manufacture du livre ; c) parce que sa fabrication répond à une gamme très variée d´exigences, qui se traduisent en une multiplicité de réalisations ; d) parce qu’elle a été produite dans différents contextes et avec différentes finalités, dans le plus vaste éventail possible de formes matérielles, de systèmes graphiques et de langages décoratifs ; e) et encore – de façon particulièrement pertinente dans le contexte du colloque d’Aix – parce qu’elle est un héritage commun des trois grandes religions monothéistes chrétienne, juive et musulmane, et qu’elle offre donc, en tant que telle, d’extraordinaires possibilités de comparaison ; f) enfin – certains diront surtout – le manuscrit de la Bible est intéressant du point de vue de l’histoire du livre, car chaque tradition culturelle en garde des milliers d´exemplaires, conservés dans des bibliothèques du monde entier, qui peuvent être étudiés non seulement en tant qu’individus, mais comme des éléments de populations observables en synchronie et diachronie, qu´il est possible – et approprié – d’interroger de manière systématique et approfondie.
Typologies Comme évoqué ci-dessus, le colloque d’Aix et ce volume ne sont pas organisés par aires culturelles, mais selon des catégories livresques, sur lesquelles des spécialistes des diverses traditions (latin, grec, arabe, hébreu) étaient appelés à intervenir en relative synchronie. Nous avons mis l’accent sur l’Ancien Testament – la partie de la Bible commune au monde juif, chrétien et d’une certaine façon aussi au monde musulman – et convoqué les sources en arabe, hébreu, grec, latin (sachant qu’il eût fallu pouvoir explorer aussi les mondes syriaques, coptes, arméniens, etc). D’une certaine façon, nous avons imaginé voir et questionner certains des différents objets-bibles qu’un voyageur
Introduction
du Moyen Âge aurait pu rencontrer en se déplaçant de la Tamise à l’Euphrate. Les trois catégories simples et larges énoncées par Paul Canart dans la citation initiale ont été retenues comme l’ossature du colloque, de façon à ne pas exclure trop vite des bibles qui, dans telle ou telle aire culturelle, auraient été laissées de côté par une typologie trop serrée. Le premier thème, passionnant, concerne les bibles complètes. Les pandectes sont rares dans le monde grec, comme le montre l’article posthume de Paul Canart, partiellement rédigé en 2012. Il scrutait alors la structure interne de trois spécimens datables des ixe et xe siècles, à travers une analyse codicologique serrée des restes conservés, et tentait d’en comprendre les principes d’organisation originels, et la structure en un ou deux volumes. Pour l’une de ces bibles complètes, le codex Basilianus, Canart propose une solution tellement contre-intuitive que Patrick Andrist a voulu en avoir le cœur net. Si on analyse les structures liées aux cahiers bien sûr, mais aussi aux textes et à la mise en page, ne peut-on pas trouver une meilleure solution que d’imaginer une bible s’achevant avec Esther et A-B Esdras ? L’échec de cette tentative débouche sur une autre question : comment expliquer ce probable état de fait ? C’est aussi à la question de la structure des pandectes latines, mais surtout à celle de leur diffusion, que Chiara Ruzzier s’intéresse. Elle offre d’abord un panorama large et fascinant de la circulation des bibles complètes latines du viiie au xve siècles. Puis elle se focalise sur la période comprise entre le xie et le xiiie siècle et analyse ce corpus en fonction de différents critères liés à l’origine des bibles et à leur contenu exacts, mais aussi à des éléments matériels comme leur taille ou leur structure modulaire. La présentation de Caroline Chevalier-Royet s’intéresse aussi aux pandectes produites par Théodulf d’Orléans, mais elle est classée dans une autre section, car son intérêt se concentre sur les notes marginels de ces bibles ; nous y revenons dans un instant.
Les Bibles partielles représentent une façon différente de concevoir et transmettre le texte biblique. Cette forme appelle à une réflexion sur la relation entre le texte biblique et ses usages, dont la liturgie est clairement parmi les plus importants. Après s’être intérrogée sur les critères couramment utilisés par les spécialistes pour établir une typologie des bibles hébraïques, Élodie Attia présente un nouveau type de bibles partielles, qu’elle nomme « Pentateuque-Megillot-Haftarot », produites dans le monde ashkénaze avant 1300. Ces bibles ont la particularité de transmettre, à côté d’un Pentateuque complet, des extraits des Prophètes formant les Haftarot, et une sélection parmi les Hagiographes, contenant ainsi des morceaux de chacune des trois grandes divisions du Tanakh. Roberta Casavecchia et Marilena Maniaci, quant à elles, explorent une vingtaine de codex bibliques en minuscule bénéventine, réa-
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lisés à l’abbaye du Mont-Casin ou dans ses dépendances, dans une période centrée sur le xie siècle, et encore conservés sur place. Ce sont toutes des bibles partielles, dans plus d’un cas constituées par le réassemblage dans un même volume de parties de manuscrits plus anciens, dont les caractéristiques matérielles, textuelles et paratextuelles s’expliquent par leur utilisation et réutilisation au sein de la communauté monastique.
Les bibles à commentaires constituent un ensemble hétérogène, difficile à définir de façon précise, mais riche de nombreux sous-types. Deux spécimens, appartenant à des traditions culturelles et livresques différentes, sont présentés à titre d’example dans ce volume. Caroline Chevalier Royer questionne – comme déjà mentionné – les bibles carolingiennes produites par Théodulf d’Orléans, qui leur ajoute des notes marginales placées en regard du texte, lesquelles deviennent de plus en plus nombreuses avec le temps. D’abord limitées à des variantes du texte latin, elles finissent par concerner aussi le texte hébreu correspondant, à une époque où aucune source manuscrite hébraïque d’Europe ne nous est parvenue. Nous assistons ainsi, d’une certaine façon, à la genèse d’un apparat critique biblique. Ce sont les manuscrits qui contiennent des commentaires exégétiques systématiques qu’explore Javier del Barco, et les diverses façons dont ils sont mis en page et organisés dans les manuscrits hébreux jusqu’à la parution de la Biblia Rabbinica en 1525 à Venise. L’auteur s’intéresse à diverses aires culturelles juives et s’interroge sur le lien entre les choix des producteurs et les traditions exégétiques auxquelles ils appartiennent.
La dernière section du volume s’ouvre aux Bibles de format différent du codex. L’article de Ben Outhwaite, qui traite d’un rouleau de la Genèse et de l’Exode – peut-être le plus ancien de ce type trouvé à la Guéniza du Caire – relève aussi, d’une certaine façon, des bibles partielles. Le choix de le présenter dans une quatrième catégorie permet de souligner son appartenance à un format dont il est le seul témoin dans ce volume. La découverte d’un nouveau fragment, rendue possible par l’application de techniques de reconnaissance automatique, permet à l’auteur de conclure que le rouleau n’est pas, comme on l’avait supposé, le témoin d’une ancienne division non massorétique des sections du texte, mais qu’il est en ligne avec la tradition postérieure.
Chacun des sujets abordés dans ce volume pourrait facilement donner lieu à un colloque entier. Les mettre ensemble souligne leur interdépendance, et permet aussi aussi de garder une vision large sur les différents types de bibles produites au Moyen Âge dans les mondes grec, latin et juif.
Défis Si une approche comparatiste de l’étude matérielle des bibles s’impose comme une évidence, elle se heurte à toute
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Patrick Andrist / Élodie Attia / Marilena Maniaci
sorte de défis, grands et petits, qui ont émergé au cours du colloque et qui sont reflétés dans les essais rassemblés dans ce volume. Comparer implique l’existence d’objets comparables – ce qui ici est bien le cas – mais aussi la mise en œuvre de méthodologies qui produisent des résultats comparables, sans pour autant effacer les particularités propres à chaque tradition, ainsi que l’usage de concepts et de termes suffisamment clairs et bien définis pour être compris par les collègues de différentes traditions. Certaines questions sont bien connues des spécialistes du texte biblique, comme celle des noms des livres bibliques, qui ne sont pas toujours les mêmes dans toutes les traditions, ou qui ne désignent pas les mêmes livres, bien qu’ils se ressemblent. Rappelons par exemple le fait que le premier livre des Rois dans la tradition hébraïque et dans celle de la Vulgate correspond au troisième livre des Règnes dans la Septante et dans toutes les traditions médiévales qui en dépendent, alors que le premier livre des Règnes correspond au premier livre de Samuel3 ; ou la confusion permanente autour d’Esdras, qui formait un seul livre avec celui de Néhémie dans les anciens manuscrits hébreux et dans la Septante, qui connait cependant également un deuxième livre d’Esdras, désigné généralement comme III Esdras dans la tradition latine et souvent comme A Esdras par la recherche4. Nous avons tenu compte de la nécessité de respecter les usages en vigueur dans les différentes traditions (sauf lorsqu’il était indispensable d’éviter qu’un même nom se réfère à deux livres différents), en laissant au lecteur la tâche de faire les distinctions nécessaires.
D’autres questions, plus ouvertes, sont liées aux travaux qui, dans des différentes traditions d’études bibliques, ont mis en lumière des phénomènes semblables, mais les ont désignés de façons différentes et pas toujours entièrement cohérentes. Par exemple, dans le domaine des études bibliques, le terme « pandecte » peut désigner soit une bible complète en un volume, selon une définition ancienne (cf. Chevalier-Royet), soit une bible complète issue d’une même production, même si elle se compose de deux ou trois volumes, comme on en rencontre beaucoup dans diverses cultures du livre (cf. Andrist, Ruzzier). Et aussi, la notion de « bible complète » peut désigner, par exemple dans la tradition latine, des témoins qui ne comprennent pas les Évangiles et/ou le Psautier (ce qui impose à Chiara Ruzzier de distinguer ces derniers des bibles « véritablement complètes »). Quant à la terminologie codicologique utilisée par les chercheurs, elle aussi n’est pas dépourvue d’ambiguïtés, même au sein d’une même tradition d’études. Il suffit de citer, à titre d’example, des expressions telles que « unité codicologique », ou « paratexte », 3 Voir ci-dessous les Tables des livres bibliques, p. 155. 4 Voir par exemple Bogaert, Pierre-Maurice, Les livres d’Esdras et leur numérotation dans l’histoire du canon de la Bible latine, in Revue Bénédictine 110 (2000), p. 5–26.
comprises et utilisées de façon différente par différents chercheurs et chercheuses. Quant à la désignation d’« unité modulaire », utilisée désormais de façon assez cohérente dans les études codicologiques grecques et latins, elle semble avoir de la peine à se répandre au-delà.
Vu l’intérêt croissant pour l’étude matérielle de la Bible et l’impossibilité de maîtriser la bibliographie dans les autres aires culturelles que celle où chacun/chacune travaille, les recherches présentées au colloque d’Aix, dont ce volume témoigne, ont aussi permis de comparer les approches scientifiques et les habitudes terminologiques des chercheuses et des chercheurs, et de pallier en partie les sources de confusion.
Perspectives Dans une contribution écrite à trois mains par Denis Muzerelle, Ezio Ornato et Marilena Maniaci il y a plus de vingt ans5, les auteurs formulaient une liste de questions générales qui restent encore, en grande partie, sans réponse. Ils soulignaient notamment que les informations contenues dans les catalogues de manuscrits (très différentes en ce qui concerne la date, les critères de rédaction et la qualité des résultats) étaient trop hétérogènes et entravées par trop de limites et d’ambiguïtés pour permettre d’en extraire des corpus homogènes, aptes à permettre l’étude de différents types d’ « objets bibliques » (compris comme le résultat de la traduction d’un modèle textuel spécifique dans un projet matériel tout aussi spécifique). Même les aspects apparemment les plus simples à décrire, à savoir la segmentation du texte biblique en volumes, l’appartenance d’un nombre de volumes survivants (pas nécessairement tous) à un seul projet original, et la caractérisation de ce projet (en termes de complétude, organicité, évolution dans le temps ...) sont de fait généralement très difficiles – voire impossibles – à reconstruire sur la base des informations descriptives, souvent ambiguës ou incomplètes, fournies par les catalogues. Certaines campagnes méritoires de description de groupes cohérents de manuscrits bibliques observés sous des angles différents, développées au cours des vingt dernières années, permettent ou permettront dans un futur proche de dépasser, pour des domaines spécifiques, les 5 Maniaci, Marilena / Denis, Muzerelle / Ornato, Ezio, Une bible ... mais encore ? Le portrait des manuscrits bibliques dans la catalographie moderne, in Schlusemann, Rita / Hermans, Jos. M. M. / Hoogvliet, Margriet (ed.), Sources for the History of Medieval Books and Libraries (Boekhistorische Reeks 2), Groningen 1999, p. 291–309.
Introduction
limites soulignées dans cette contribution : pour ne citer que quelques example, pensons aux bibles parisiennes étudiées par Chiara Ruzzier, aux bibles géantes dites « atlantiques », aux bibles du Mont-Cassin, aux projets de Ronny Vollandt sur la Bible arabe, à ceux de Martin Morard sur les exemplaires de la Bible latine glosée, d’Élodie Attia ou de Javier del Barco sur la Bible hébraïque… Tous les auteurs des recherches mentionnées ont participé au colloque d’Aix, ce qui donne de bons espoirs aussi pour l’avenir de la recherche sur le manuscrit de la Bible. Car celle-ci ne peut se passer de la constitution de corpus thématiques décrits de façon cohérente et systématique (et de l´enrichissement de ceux qui sont en train d’être constitués) ni de l’adoption d’une approche résolument comparative. Bien sûr, nous sommes encore très loin de l’idée – ou peut-être plutôt du mirage – du recensement universel de la production biblique préservée, qui avait été évoqué, uniquement pour le monde latin, dans l’article de Muzerelle, Maniaci et Ornato mentionné ci-dessus. Mais les temps sont peut-être mûrs pour jeter les bases d’une collaboration durable, qui permette d’espérer un enrichissement des connaissances sur le Livre sacré par excellence, sur la multiplicité de ses « traductions » matérielles, et d’en esquisser une histoire plus englobante.
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Au terme de cette introduction, nous tenons à remercier les éditeurs de la série, en particulier Martin Wallraff pour son soutien dans le cadre du projet ERC Paratext of the Greek Bible. Nous sommes également reconnaissants aux assistantes éditoriales, Patricia Zuntow et Fabienne Heullant, qui nous ont aidés à finaliser les bibliographies et à réviser les contributions, ainsi qu’à Monica Biberson qui a révisé les parties en anglais. Par-dessus tout, nous sommes reconnaissants aux contributeurs du colloque6 et aux auteurs de ce volume, d’une part pour les discussions animées qui ont eu lieu à Aix-en-Provence et pour les efforts déployés afin d’aborder – à partir de perspectives différentes mais largement convergentes – un domaine de la recherche fascinant mais encore largement inexploré, et d’autre part d’avoir trouvé le temps et le plaisir de partager dans ce volume le fruit de leur travail. Munich, Aix, Cassino, Avril 2022
6 Nous aimerions remercier chaleureusement aussi Gilles Dorival, Martin Morard, Georgi Parpulov et Ronny Vollandt, dont les contributions au colloque ne se trouvent pas dans ce volume.
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Patrick Andrist / Élodie Attia / Marilena Maniaci
Introduction
The question we ask is the following: how did the craftsmen of the ninth and tenth centuries make a book or a number of books out of the Septuagint Bible? This could be: 1. A complete Bible according to the canon of the Septuagint… 2. A partial Bible consisting of a selection of Old Testament books… Among complete and partial Bibles, a further distinction must also be made between complete and partial Bibles, those which contain only the text (enriched with accessory contents and a minimum of ornamentation), and those which also feature miniatures, or marginal commentaries, or both at the same time.
These were the opening words of the late Paul Canart, to whom this volume is sincerely dedicated, in his presentation of the Namur colloquium, unpublished at the time but printed now in the present volume. Indeed, can we think of medieval Bibles in terms of book typology, and not only in terms of cultural areas or periods? And can we approach this study comparatively, including Greek, Latin, Hebrew and Arabic Bibles? This
is the challenge and the vision that prompted Élodie Attia to bring experts in these different traditions together in Aix-en-Provence in November 2018, and to invite Patrick Andrist and Marilena Maniaci to help shape the programme of a stimulating and convivial symposium. And even if the proceedings we are presenting today only reveal a part of the richness of the presentations, it is enough to show the success and the potential of the proposed approach but also to outline the challenges that such an undertaking has to overcome if it is to be continued.
Context In a way, the Aix conference represents the bold and crossdisciplinary continuation of two other conferences. The first, organized by Chiara Ruzzier and Xavier Hermand in Namur in 2012, focused on the making of Greek and
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Patrick Andrist / Élodie Attia / Marilena Maniaci
Western Bibles, not only in Latin but also in daughter languages, up to the time of incunabula editions.1 The other took place in 2016, also in Aix, and was convened by Élodie Attia, Samuel Blapp and Antony Perrot. The aim of this conference was to establish an interdisciplinary dialogue within Jewish studies, by bringing together scholars who, as specialists of Qumran, of the Cairo Genizah and of European sources, do not generally work together. This second colloquium in Aix hopefully represents a further step towards a wider comparative approach.2 In a broader sense, this colloquium participates in the renewed interest for the book as an object and for manuscripts of the Bible in particular. It also takes into account the regret expressed by Ezio Ornato at the conclusion of the Namur colloquium for the absence of contributions concerning the Hebrew Bible. The Tanakh – the Hebrew Bible – and the Christian Old Testament, known and discussed by Muslims as well, represents an essential and transversal cultural reference, the variety of whose transmission in the Middle Ages has not been sufficiently examined until now. Editorial, philological and critical contingencies have focused much on certain manuscripts and have given little encouragement to look beyond them, particularly at the way in which the texts were gathered into more or less homogeneous sets, produced in different but contemporary cultural traditions. The themes of the Namur colloquium and of the two Aix colloquia are in fact part of a wider tendency which, for several decades now, has refused to consider manuscripts in general – and biblical manuscripts in particular – from only one angle, however fundamental it may be, whether it be the text, the miniatures, the decoration or even the liturgy or the binding... Not that these elements are not important, on the contrary! But they do not exist in a void; they are embodied in a material object – the book – which gives them their organic unity. For this reason, they necessarily stand in relation to all the elements that contribute to the existence of this object, from the humblest quire signature to the most complex ruling and the most sophisticated layout. The book in general is not some ready-made object that miraculously appears before us like an acheiropoietos icon, and biblical book even less so.
1 The proceedings were published in 2015: Ruzzier, Chiara / Hermand, Xavier (ed.), Comment le Livre s’est fait livre. La fabrication des manuscrits bibliques (iv e-xv e siècle) : bilan, résultats, perspectives de recherche. Actes du colloque international organisé à l’Université de Namur du 23 au 25 mai 2012 (Bibliologia 40), Turnhout 2015. 2 The proceedings were published in 2022: Attia, Élodie / Perrot, Antony (ed.), The Hebrew Bible Manuscripts: A Millennium (Supplements to the Textual History of the Bible 6), Leiden, Boston 2022.
The materiality of the book is also a non-verbal language determined by the period in which the book was made, by the culture that produced it and by the dialogue it maintains with the tradition to which it belongs. The holistic study of the manuscript therefore consists in placing it in its physical and cultural context – that is within its history – which is ultimately as much an episode in the history of the book as it is an episode in the history of techniques, the social and economic history and so forth. To affirm that there is a language of materiality that can be understood through an overall analysis of the book also means that there is a message in this materiality, independent of the message given by the contents of the book, although closely related to it. The pioneers of book archaeology, who aimed at reconstructing the movements of the craftsmen, understood this well. But there is more to it than that: the language of materiality allows us to understand the book project that underpins every codex, the goal that its designers wanted to achieve according to the book’s intended use, but sometimes also the social and representative role attributed to the object. In the best of cases, we can grasp how the craftsmen conceived and organised their work. Beyond that, we can try to reconstruct the genetic history of the book that has come down to us – as the result of a series of transformations that it underwent over the centuries – and sometimes even its prehistory within its tradition. This language then tells us, of course, about the peregrinations of the book, and the adventures that have changed or even transformed it as a material object. One of the main objectives of the Aix colloquium was precisely that: to compare the way in which each of the contributors read this material message of the book and to improve each other’s understanding of the vocabulary and material grammar of medieval Bibles. In this context, recent research has shown the value of a comparative approach to the Bible as a book – and it is once again underscored by this volume – not only for the knowledge of its typology, but above all for the understanding of the decisions made by the craftsmen and the work which they did: in the adoption of a certain order of the biblical books; in the selection of the media and writing materials; in the development of the “material infrastructure” of manuscripts (in the specific case of codices, the sequence of the quires and their relation to the structure of the text); in the construction of the page (from the definition of the dimensions to the distribution of the spaces); in the use of the written area and the margins; in the choice of scripts and their hierarchical articulation; in the development of models, styles and techniques of illus-
Introduction
tration; in the segmentation of content through the use of textual, graphic or decorative devices (prologues, lists of capitula, running titles, major and minor initials); in the stratification of the paratexts or in the adaptations of the sacred text for liturgical use. For all these aspects – and for others that have not been mentioned – the Bible constitutes, as has already been observed, a privileged field of experimentation: a) because it is, in absolute terms, one of the most frequently transcribed and used texts in the Middle Ages; b) because, insofar as it is perceived as a concrete manifestation of the divine word, its production is normally placed at the highest levels of quality in the production of books; c) because its manufacture answers a varied range of requirements, which translate into a multiplicity of achievements; d) because it has been produced in different contexts and for different purposes, in the widest possible range of material forms, graphic systems and decorative languages; e) and again – a particularly relevant point in the context of the Aix conference – because it is a common heritage of the three great monotheistic religions, Christianity, Judaism and Islam, and as such offers extraordinary possibilities for comparison; f) finally – some would say especially – manuscripts of the Bible are particularly interesting from the point of view of the history of the book because each cultural tradition keeps thousands of copies of this work, preserved in libraries all over the world, which can be studied not only individually, but as elements of populations that can be observed synchronically and diachronically, and that it is possible – and appropriate – to interrogate them systematically and thoroughly.
Typologies As mentioned above, the Aix colloquium and the present volume are not organised by cultural areas, but according to book categories, on which experts from various traditions (Latin, Greek, Arabic, Hebrew) were invited to present in relative synchronicity. We focused on the Old Testament – the part of the Bible common to the Jewish, Christian and, to a certain extent, Muslim world – and drew upon sources in Arabic, Hebrew, Greek and Latin (knowing that it would have been necessary to explore the Syriac, Coptic and Armenian etc. worlds as well). In a way, we imagined seeing and questioning some of the different “bible-objects” that a
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medieval traveller might have encountered while moving from the Thames to the Euphrates. The three simple and broad categories set out by Paul Canart in the initial quotation have been retained as the backbone of the colloquium, so as not to exclude too quickly Bibles which, in certain cultural areas, would have been left out by a typology which was too rigid. The first theme concerns complete Bibles. Pandects are rare in the Greek world, as shown by Paul Canart’s posthumous article, which was partially written in 2012. He examined the internal structure of three specimens dating from the ninth and tenth centuries, through a close codicological analysis of the preserved remains, and attempted to understand their original organisational principles, and the structure in one or two volumes. For one of these complete Bibles, the Codex Basilianus, Canart proposed a solution that is so counter-intuitive that Patrick Andrist wanted to explore it further. If we analyse the structures of the quires, of course, but also the texts and their layout, can we not find a better solution than imagining a Bible ending with Esther and A-B Esdras? The failure of this attempt leads to another question: how to explain this probable state of affairs? Chiara Ruzzier also questions the structure of the Latin pandects, but above all their distribution. She first offers a broad and fascinating panorama of the circulation of complete Latin Bibles from the eighth to the fifteenth centuries. She then focuses on the period between the eleventh and thirteenth centuries and analyses this corpus according to various criteria linked to the origin of the Bibles, their exact content and to material elements such as their size or modular structure and so forth. Caroline Chevalier-Royet’s presentation also focuses on the pandects produced by Theodulf of Orléans, but her work appears in a different section, as her attention is on the marginal notes of these Bibles; we will return to her contribution in a moment.
Partial Bibles represent a different way of conceptualizing and transmitting the biblical text. This form calls for a reflection on the relationship between the biblical text and its uses, among which the liturgy is clearly the most important. After examining the criteria commonly used by specialists to establish a typology of Hebrew Bibles, Élodie Attia presents a new type of partial Bible, which she calls “Pentateuch-Megillot-Haftarot”, produced in the Ashkenazi world before 1300. This type of Bible features an unusual constellation of texts, alongside a complete Pentateuch, there are extracts from the Prophets forming the Haftarot, and a selection from among the Hagiographers, thus containing pieces of each of the three major divisions of the Tanakh. Roberta Casavecchia and Marilena Maniaci explore about twenty biblical codices in Beneventan minuscule, made at the Abbey of Montecassino or in its dependencies in the eleventh century and still preserved there. They are all partial Bibles, in more than one case consisting of parts of older manuscripts reassembled into a single volume, whose material, textual and
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Patrick Andrist / Élodie Attia / Marilena Maniaci
paratextual characteristics can be explained by their use and reuse within the monastic community.
Bibles with commentaries constitute a heterogeneous group, difficult to define precisely, but rich in many subtypes. Two specimens, belonging to different cultural and bookish traditions, are presented as examples in this volume. As previously mentioned, Caroline Chevalier-Royet investigates the Carolingian Bibles produced by Theodulf of Orléans, who added marginal notes placed opposite the text, which became more and more numerous over time. At first, they were limited to variants of the Latin text but they eventually also concerned the corresponding Hebrew text, at a time from which no Hebrew manuscript source in Europe has come down to us. We thus witness, in a certain way, the genesis of a biblical critical apparatus. Javier del Barco explores the manuscripts that contain systematic exegetical commentaries and the various ways in which they were laid out and organized in Hebrew manuscripts until the publication of the Biblia Rabbinica in 1525 in Venice. The author looks at various Jewish cultural areas and questions the link between the choices of the producers and the exegetical traditions to which they belong.
The final section of the volume opens to Bibles in non-codex format. Ben Outhwaite’s article on a scroll of Genesis and Exodus – perhaps the earliest of its kind found in the Cairo Genizah – also falls in some ways under the heading of partial Bibles. The choice to present it in a fourth category serves to emphasise that it belongs to a format which has only one witness in this volume. The discovery of a new fragment, made possible by the use of automatic recognition techniques, allows the author to conclude that the scroll is not, as had been assumed, the witness of an ancient, non-Masoretic division of textual sections, but that it is in line with the later tradition.
Each of the topics covered in this volume could easily be the subject of an entire symposium. Putting them together underlines their interdependence and also allows us to take a broad view of the different types of Bibles produced in the Middle Ages in the Greek, Latin and Jewish worlds.
Challenges While a comparative approach to the material study of Bibles appears self-evident, it faces all sorts of large and small challenges, which emerged in the course of the conference and are reflected in the essays collected in this volume. Comparison implies the existence of comparable objects – which is the case here – but also the implemen-
tation of methodologies that produce comparable results, without erasing the particularities of each tradition, and the use of concepts and terms that are sufficiently clear and well defined to be understood by colleagues from different traditions. Certain questions are well known to biblical scholars, such as the names of the biblical books, which are not always the same in all traditions, or which do not designate the same books, although they are similar. Let us consider, for example, the fact that the first book of Kings in the Hebrew tradition and in that of the Vulgate corresponds to the third book of Reigns in the Septuagint and in all the medieval traditions that depend on it, whereas the first book of Reigns corresponds to the first book of Samuel;3 or the permanent confusion surrounding Ezra, forming a single book with that of Nehemiah in ancient Hebrew manuscripts and in the Septuagint, which however also knows a second book of Ezra, generally designated as III Ezra in the Latin tradition and as A Ezra by the research.4 We have taken into account the need to respect the customs in force in the different traditions (except when it was essential to avoid that the same name refers to two different books), leaving the reader the task of making the necessary distinctions.
Other, more open-ended questions relate to works which have brought to light similar phenomena in different traditions of biblical studies but have designated them in different – and not always entirely – consistent ways. For example, in the field of biblical studies, the term “pandect” can designate either a complete Bible in one volume, according to an ancient definition (cf. Chevalier-Royet), or a complete Bible from the same production, even if it consists of two or three volumes, as one finds many in various book cultures (cf. Andrist, Ruzzier). Also, the notion of a “complete Bible” can designate, for example, manuscripts that do not include the Gospels and/or the Psalter in the Latin tradition (which requires Chiara Ruzzier to distinguish the latter from “truly complete” Bibles). The codicological terminology used by scholars is also not free of ambiguity, even within the same tradition of study. It suffices to mention, by way of example, expressions such as “codicological unit”, or “paratext”, which are used and understood in different ways by different scholars. As for the concept of the “modular unit”, which is now employed fairly consistently in Greek and Latin codicological studies, it seems to have difficulty in spreading beyond these fields.
Given the growing interest in the material study of the Bible and the impossibility of mastering the bibliography in cultural areas other than the one in which each scholar works, the research presented at the Aix colloquium, 3 See below the Tables of Biblical Books, p. 155. 4 See for example Bogaert, Pierre-Maurice, Les livres d’Esdras et leur numérotation dans l’histoire du canon de la Bible latine, in Revue Bénédictine 110 (2000), p. 5–26.
Introduction
which has been distilled into this volume, has also made it possible to compare the scholarly approaches and terminological habits of the researchers and to clarify the sources of confusion, at least in part.
Perspectives In a contribution written by Denis Muzerelle, Ezio Ornato and Marilena Maniaci more than twenty years ago,5 the authors formulated a list of general questions that still remain largely unanswered. In particular, they pointed out that the information contained in manuscript catalogues (which can differ a great deal in terms of date, description rules and quality of the results) was too heterogeneous. It is therefore hampered by too many limitations and ambiguities to allow for the extraction of homogeneous corpora, suitable for the study of different types of “biblical objects” (understood as the result of the translation of a specific textual model into an equally specific material project). Even apparently straightforward tasks, such as describing the segmentation of the biblical text into volumes, whether or not a number of surviving volumes (not necessarily all of them) belong to a single original project, and the characterization of this project (in terms of completeness, organicity, evolution over time...) are in fact generally very difficult – if not impossible – to carry out on the basis of the often ambiguous or incomplete descriptive information provided by the catalogues. Over the last twenty years, numerous praiseworthy efforts to describe coherent groups of biblical manuscripts observed from different angles have allowed us (or will allow us in the near future) to go beyond the limits set in this contribution for specific areas. To cite just a few examples, let us think of the Parisian Bibles studied by Chiara Ruzzier, the giant (so-called “Atlantic”) Bibles, the Bibles of Montecassino, the projects of Ronny Vollandt
5 Maniaci, Marilena / Denis, Muzerelle / Ornato, Ezio, Une bible... mais encore ? Le portrait des manuscrits bibliques dans la catalographie moderne, in Schlusemann, Rita / Hermans, Jos. M. M. / Hoogvliet, Margriet (ed.), Sources for the History of Medieval Books and Libraries (Boekhistorische Reeks 2), Groningen 1999, p. 291–309.
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on the Arabic Bible, those of Martin Morard on the copies of the glossed Latin Bibe or Élodie Attia’s and Javier del Barco’s works on the Hebrew Bible. All of the authors of the research mentioned above participated in the Aix colloquium, which also gives hope for the future of research on manuscripts of the Bible. For this discipline cannot do without the constitution of thematic corpora described in a coherent and systematic way (and the enrichment of those that are being constituted) nor without the adoption of a resolutely comparative approach. Of course, we are still very far from the idea – or perhaps rather the illusion – of a universal census of preserved biblical production, which was mentioned, only for the Latin world, in the article by Muzerelle, Maniaci and Ornato cited above. But perhaps the time is ripe to lay the foundations for a lasting collaboration, which would allow us to hope for a broader knowledge of the Sacred Book par excellence, on the multiplicity of its material “translations” and to sketch out its history in a more comprehensive way. At the close of this introduction, we would like to thank the editors of the series, in particular Martin Wallraff for his support in the context of the ERC Paratext of the Greek Bible project. We are also grateful to the editorial assistants, Patricia Zuntow and Fabienne Heullant, who helped us finalise the bibliographies and edit the contributions, and to Monica Biberson who edited the English sections. Above all, we are grateful for all those who contributed to the colloquium6 and to the co-authors of this volume for the lively discussions that took place in Aix-en-Provence and for their efforts to address – from different but largely convergent perspectives – a fascinating but still largely unexplored area of research, and for having found the time and pleasure to share the fruits of their labours in this volume. Munich, Aix, Cassino, April 2022
6 We would also like to warmly thank also Gilles Dorival, Martin Morard, Georgi Parpulov and Ronny Vollandt, whose contributions to the conference are not represented in this volume.
Section 1: Bibles complètes (en un ou plusieurs volumes) / Complete Bibles (in one or several volumes)
Paul Canart†
Contenu, ordre et structure des Bibles byzantines aux ixe et xe siècles (notes inédites revues par Patrick Andrist) Résumé: En prévision du colloque organisé à Namur en 2012 par Chiara Ruzzier et Xavier Hermand (« Comment le Livre s’est fait livre »), Paul Canart et Patrick Andrist s’étaient partagés le traitement des pandectes grecques du premier millénaire. Le choix de Paul Canart s’était porté sur les trois pandectes partiellement conservées des ixe et xe siècles (Codex Basilianus = Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1 ; Codex Pariathonensis = Par. gr. 14 + Stavronikita 29 ; et la Bible du patrice Léon = Reg. gr. 1). Sa communication n’a malheureusement pas paru en 2015 dans les actes du colloque, car il espérait d’une part se rendre à Venise pour poursuivre ses travaux, et d’autre part adapter son texte aux dernières réflexions de la Syntaxe du codex. Il avait cependant eu la gentillesse d’envoyer à Patrick Andrist ses notes, déjà substantielles sur de nombreux points et partiellement rédigées, puis de l’encourager à poursuivre cette tâche. C’est en hommage au travail pionnier de ce chercheur hors pair, en souvenir d’un ami cher, et également à titre documentaire que la partie rédigée de ces notes, qui ont inspiré un article paru en 2020 ainsi que la recherche présentée ci-dessous, dans ma contribution à ce volume, est publiée ici. Ces notes reflètent donc l’état des recherches inachevées de Paul Canart en 2012. Sauf indication supplémentaire, les modifications sont limitées à des corrections d’ordre typographique, aux normalisations correspondant aux règles éditoriales de ce volume, et à achever quelques phrases incomplètement formulées ; quelques points sont cependant précisés en notes. Le caractère parfois oral de ce texte, rédigé pour servir de base à la présentation de Namur, n’a pas été effacé. (PA) Abstract: In anticipation of the symposium organised by Chiara Ruzzier and Xavier Hermand in Namur in 2012 (“Comment le Livre s’est fait livre”), Paul Canart and Patrick Andrist looked at the Greek pandects of the first millennium, dividing the workload. Paul Canart chose to focus on the three partially preserved pandects from the ninth and tenth centuries (Codex Basilianus = Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1 ; Codex Pariathonensis = Par. gr. 14 + Stavronikita 29 ; Bible of Patrice Léon = Reg. gr. 1). Unfortunately, his paper did not make it into the 2015 proceedings as he had hoped to travel to Venice to continue his work, as well as adapt his text to the latest thinking on the Syntaxe du Codex. However, he kindly sent Patrick Andrist his notes, which were already substantial on many points and partially drafted, and later encouraged him to further pursue this task. It is as a tribute https://doi.org/10.1515/9783111019963-002
to the pioneering work of this outstanding researcher, as well as in memory of a dear friend and for documentary purposes, that his written notes, which inspired an article that appeared in 2020 as well as my research presented in this same volume, are published here. These notes therefore reflect the state of Paul Canart’s unfinished research in 2012. Unless otherwise indicated, all changes made have been limited to typographical corrections, standardising according to this volume’s editorial rules, and finishing a few incomplete sentences ; some points have however been made in notes added to the article. The sometimes oral style of this text, which was written to serve as a basis for the presentation in Namur, has been preserved. (PA)
1 But de la recherche La question que nous posons est la suivante : comment, de la Bible de la LXX, les artisans des ixe et xe siècles ont fait, matériellement, un livre ou des livres ? Il peut s’agir en effet : 1. D’une bible complète suivant le canon de la LXX, comprenant : a. pour l’Ancien Testament (AT), les quatre grandes catégories de livres : – l’Octateuque (Pentateuque + Livres historiques anciens : Josué, Juges, Ruth) ; – les Livres historiques (I–IV Règnes, I–II Paralipomènes, I–II Esdras, Judith – Esther – Tobie, I–IV Maccabées) ; – les Livres poétiques (Job, Psaumes + Odes, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique, Sagesse, Siracide) ; – Livres prophétiques (12 Petits Prophètes, 4 Grands Prophètes) ; b. pour le Nouveau Testament (NT) : – les quatre Évangiles ; – les Actes et les Épîtres catholiques (Jacques, I–II Pierre, I–III Jean, Jude) ; – les Épîtres de Paul et celle aux Hébreux ; – l’Apocalypse. 2.
D’une bible partielle résultant d’un choix de livres de l’Ancien Testament (il n’y a pas d’attestation d’un Ancien Testament complet, sans Nouveau Testament) ;
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Paul Canart
dans les témoins conservés, il s’agit, soit de deux des grandes catégories, soit d’une seule. Il faut encore distinguer, parmi les bibles complètes ou partielles, celles qui contiennent le texte seul (enrichi de textes annexes et d’un minimum d’ornementation) et celles qui, en plus, sont enrichies de miniatures, de commentaires marginaux ou des deux à la fois. Dans chaque cas, nous posons les questions suivantes : 1.
2.
Le volume est-il constitué de blocs1 distincts, c’est-à-dire d’unités qui ont pu être réalisées indépendamment (en d’autres termes, s’agit-il d’unités potentiellement indépendantes) ? Dans la réalité, deux cas sont possibles : – les blocs font partie du même projet dès l’origine2 ; – les blocs ont été exécutés indépendamment, mais ont été, dans un second temps, réunis dans le même volume. Comment reconnaît-on les blocs distincts ? On se base sur les césures : c’est-à-dire les endroits du volume où une fin de cahier coïncide avec d’autres discontinuités : fin d’un texte (dans notre cas, fin d’un livre ou d’une catégorie de livres)3, changement d’écriture ou de copiste, de réglure, de mise en page, de système d’ornementation, etc. À l’intérieur de chaque bloc, comment le copiste (éventuellement doublé d’un décorateur) agence-t-il les livres ? Notamment, les fait-il commencer en haut d’une page (recto ou verso), voire d’un recto ?
Faute de temps, nous n’entrerons pas dans les questions du choix ou du rejet de certains livres ni de l’ordre des catégories de livres ou de chaque livre à l’intérieur de sa catégorie. Il existe à ce sujet une abondante littérature, mais qui ne tient pas compte suffisamment des conditions concrètes, matérielles, de la confection des livres scripturaires.
1 [Paul Canart utilise ici le terme « unités modulaires », mais dans un sens différent de celui de Marilena Maniaci (2004, cf. p. 79), auquel il se ralliera plus tard. Pour éviter une confusion, nous l’avons remplacé par « blocs », un terme qu’il utilise plus loin, et dont l’usage correspond ici de façon évidente à la définition de Peter Gumbert (2004, cf. p. 22–26, 40 : « Block : a part of a codicological unit delimited by caesuras »). Finalement, dans la Syntaxe du codex, c’est la notion d’Unité de production que Canart adoptera, avec ses deux coauteurs, pour analyser les codex.] 2 [Il s’agit alors de la même unité de production]. 3 [Il s’agit alors d’unités modulaires stricto sensu].
2 Matériaux de base Il faut pouvoir confronter le contenu du manuscrit (la division en livres) avec sa constitution matérielle, c’est-à-dire avant tout la composition de ses cahiers et en second lieu les autres caractéristiques codicologiques. Heureusement, j’ai disposé de données suffisantes (par examen direct ou consultation de descriptions codicologiques précises) pour les trois bibles complètes (à l’origine) conservées à ce jour plus ou moins intégralement : a. deux bibles en un volume : – Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1 ; – Par. gr. 14 + un bref fragment (8 folios) de l’Athos, Stavronikita 29 ; b. une bible en deux volumes, dont il ne reste que le premier : – Reg. gr. 1. J’ai complété provisoirement ces données par l’examen direct, au Vatican et à Paris, de neuf manuscrits des ixe et xe siècles qui contiennent, soit deux des catégories de livres de l’AT, soit l’une d’entre elles, et par l’étude, sur la base du travail de Guglielmo Cavallo et de Hans Belting, de la Bible dite de Nicétas. J’ai laissé de côté les manuscrits qui ne contiennent que tout ou partie du NT et mériteraient une étude à part.
3 Bibles complètes 3.1 Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1 Pandecte du ixe siècle4.
Copistes et commanditaire Leur distinction pose encore des problèmes. En effet, dans une croix ornementale du f. 163r du Marc. gr. 15, à la fin de l’AT, il y a une prière qui mentionne l’higoumène Basile, qui a contribué à la copie du volume ; dans une note en dessous de la croix, il y a également une prière pour le copiste Onésime ; je croirais volontiers que Basile est le commanditaire et Onésime le copiste. Mais n’y a-t-il pas plusieurs 4 [= Codex Basilianus : Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. gr. 2106 (= diktyon 68736) ; Venezia, Biblioteca Nazionale Marciana, gr. Z. 1 (coll. 320) (= diktyon 69472). À propos de cette bible, voir les discussions dans Andrist 2021, ci-dessous p. 21–27 ; voir aussi Andrist 2020, p. 45–55.] 5 [Reproduite dans ce même volume, p. 23.]
Contenu, ordre et structure des Bibles byzantines aux ixe et xe siècles (notes inédites revues par Patrick Andrist)
copistes ? Pour le Marc. gr. 1, Mioni en distingue trois ; je n’en vois qu’un pour le Vaticanus (probablement identique à un des copistes du Marcianus, s’il y en a plusieurs, ce dont je ne suis pas sûr).
Écriture Majuscule ogivale penchée, datable du ixe siècle.
Contenu et composition des cahiers Les deux manuscrits présentent de grosses lacunes, mais grâce à ce qui reste de deux numérotations anciennes des cahiers, dont l’une est probablement originale6, à une note ancienne à la fin de II Paralipomènes (f. 118v), qui dit de chercher les livres d’Esdras au cahier Ξʹ (=60)7, et au calcul du contenu des parties manquantes, on arrive à reconstituer de manière en partie conjecturale, mais assez sûre, la composition primitive du contenu parallèlement à celle des cahiers. Le Vat. gr. 2106 contient : – l’Octateuque, qui commence mutilé au milieu de Lévitique, dans le cahier 5 (f. 126, à transposer avant le f. 1) et finit à la fin du cahier 12 (f. 50v) ; – suivent les Livres historiques, jusqu’à la fin de II Paralipomènes (f. 118v ; cahiers 13–21) ; comme on l’a dit plus haut, une note ancienne au f. 118v dit de chercher Esdras au cahier Ξʹ (= 60). La suite, dans le Marc. gr. 1, – devait commencer par les Psaumes, qui couvraient les cahiers 22 à une partie de 26 ; – le manuscrit actuel commence mutilé dans Job et se poursuit avec Proverbes, Ecclésiaste, Cantique, Sagesse et Siracide (fin au f. 40v ; cahiers 26–31) ; – suivent les Livres prophétiques : 12 Petits Prophètes et 4 Grands (f. 41r–126r ; cahiers 32 – milieu 42) ; – et immédiatement (f. 126v–163r ; cahiers milieu 42– milieu 46) Tobie, Judith, I–IV Maccabées et une chronographie brève ; – au f. 163v commence le NT, dont il ne reste, sur les f. 163v–164v (première partie du cahier 47), que l’introduction et le début des canons d’Eusèbe ; devait suivre, 6 De la plus ancienne, il reste Ζʹ, Λʹ, Ι[Ε]ʹ, ΜϚʹ ; de l’autre, en retard d’un chiffre sur la précédente, ΚϚʹ, ΚΘʹ, ΜΕʹ, cette dernière correspondant à ΜϚʹ ; Ξʹ, de lecture douteuse, appartient à l’une ou à l’autre, mais à la première dans mon essai de reconstitution. 7 [Reproduite dans ce même volume, p. 27.]
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sur les cahiers 47 à 59, le reste du NT, aujourd’hui perdu. Viennent alors, sur les f. 128, 119–125, 127–132 du Vat. gr. 2106, – le livre d’Esther et ceux d’I–II Esdras, avec des lacunes et une fin mutilée (le f. 128 serait le dernier du cahier 59 ; les f. 119–127 formeraient le cahier 60 [Ξʹ] ; et les f. 129–132 seraient la première partie du cahier 61). La répartition des Livres historiques au sein du manuscrit pose problème. Pourquoi Tobie – Judith – I–IV Maccabées sont-ils accrochés sans césure aux Livres prophétiques et suivis, également sans césure, par la chronographie brève et le NT ? Pourquoi Esther et I–II Esdras sont-ils rejetés à la fin du manuscrit ? Ce rejet serait-il dû à un accident dans l’histoire du volume ? Cela supposerait que le bloc Esther + I–II Esdras commence avec un nouveau cahier ; de fait, II Paralipomènes finit à la fin d’un cahier, mais Esther, s’il commence bien sur un recto, le fait sur un folio (f. 128) qui précède le cahier Ξʹ (f. 119–125+127) et constitue, dans ma reconstitution, le dernier folio du cahier 59, où finit le NT. Si la reconstitution est exacte, le rejet date de la réalisation du volume et, à l’instar de la place de Tobie – Judith – I–IV Maccabées, demande une explication. Si maintenant on se réfère aux césures, on constate que, comme on pouvait s’y attendre, il y en a une : – entre l’Octateuque et les Règnes (du cahier 12, f. 48–50, un binion dont manque le folio 1, au cahier 13, f. 51–58) ; – une autre probablement entre II Paralipomènes (qui finit avec le cahier 21, f. 113–118, qui est un ternion) et les Psaumes (aujourd’hui perdus) ; – et une encore entre les Livres poétiques (qui finissent avec le cahier 31, f. 33–40) et les Livres prophétiques (qui commencent avec le cahier 32, f. 41–48, où a lieu aussi un changement de main, d’après Mioni). Ces césures permettent d’envisager, à titre d’hypothèse, une copie en plusieurs étapes ou une division du travail entre plusieurs copistes, mais le problème reste à approfondir. Il faut d’autant plus être prudent que, dans la suite du manuscrit, on ne retrouve plus de césure, comme on l’a noté pour le passage des Livres prophétiques à Tobie – Judith – I–IV Maccabées et de ceux-ci à la chronographie brève et au NT. Enfin, si on envisage le passage d’un livre à l’autre au sein de la même grande catégorie, on constate qu’il se fait généralement au milieu d’une page : le copiste épargne le parchemin.
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Paul Canart
3.2 Par. gr. 14 + Athos, Stavronikita 29 [Pandecte datable dans le premier quart du xe siècle8.]
Ordre des folios et des cahiers – –
huit folios du Stavronikita9 +, dans l’ordre du texte, les f. 1–50, 101–143, 73–100, 51–72 du Par. gr. 14 ; les cahiers du Par. gr. 14, sans signatures visibles, sont généralement des quaternions.
Copistes a: f. 1r–50v, 101r–143v, Livres prophétiques et Évangiles ; b: f. 73r–100v, 51r–72v, Actes et Épîtres.
Contenu Il reste de cette bible, à l’origine en un volume, uniquement les parties suivantes : – un fragment de III Maccabées et – le dernier tiers : Livres prophétiques et NT, dans l’ordre habituel (Évangiles, Actes, Épîtres catholiques, Épîtres pauliniennes, sans l’Apocalypse). On note deux césures (fin de cahier coïncidant avec fin de texte) : – entre les Livres prophétiques et les Évangiles, sans changement de copiste ; – entre les Évangiles et les Actes + Épîtres, avec changement de copiste. Dans la mesure où le même copiste transcrit ce qui reste de l’AT et les Évangiles, il n’y a pas de raison de mettre en doute l’unité de la production. Dans le bloc de l’AT, Petits Prophètes et Grands Prophètes se succèdent généralement en milieu de page ; les exceptions (deux débuts en haut d’un verso) sont probablement fortuites. Dans le bloc des Évangiles, ceux-ci commencent systématiquement en haut de page, comme le montrent les 8 [= Codex Pariathonensis : Paris, Bibliothèque nationale de France, gr. 14 (= diktyon 49574) ; Hagion Oros, Stavronikita 29, f. αʹ-δʹ, 379–382 (= diktyon 30090). À propos de cette bible, voir Hutter 2002, et Andrist 2020, p. 56–62, 103–106]. 9 [Sur le contenu des folios du Stavronikita et la composition des cahiers du Parisinus, voir maintenant Andrist 2020, p. 57, 103–106.]
« blancs » à la fin de la page précédente : le début est trois fois au recto, une fois au verso. Le bloc Actes + Épîtres commence de façon significative par le prologue aux Épîtres catholiques et les « hypothèses » de toutes les Épîtres. Les pièces se succèdent régulièrement en milieu de page.
3.3 Reg. gr. 1 [Pandecte datable dans la première moitié du xe siècle10.] Le manuscrit a fait récemment l’objet d’une monographie détaillée11. Je reprends ici les conclusions des analyses convergentes d’Irmgard Hutter12 pour l’ornementation et de moi-même pour la paléographie et la codicologie. Comme je l’ai dit il y a quelques minutes, le Reg. gr. 1 est le premier volume d’une bible complète en deux volumes, dont le second a disparu. Plusieurs historiens spécialistes de la miniature byzantine ont émis l’opinion que les illustrations du Reginensis avaient été conçues et exécutées indépendamment du corps du volume. Il est donc nécessaire que, sur la base des données codicologiques, nous envisagions le problème : notre codex a-t-il été réalisé en plusieurs étapes ? Si oui, ces étapes étaient-elles prévues dès le départ, au sein du même et unique projet, ou bien correspondent-elles à des modifications du plan d’origine ? Comme je l’ai précisé ci-dessus, il est de bonne méthode de partir des « césures » ou « discontinuités » qui peuvent mettre sur la piste d’une réalisation en plusieurs étapes. Ces césures sont, par exemple, des changements dans la qualité et la préparation des feuillets, dans la constitution des cahiers, dans la préparation de la page (système et type de réglure, dimensions des marges et de l’espace réservé à l’écriture), dans l’écriture du texte et du paratexte, dans l’ornementation. Ces césures sont d’autant plus significatives qu’elles coïncident en plus grand nombre. Notre manuscrit présente des césures dans la réglure, la constitution des cahiers, l’écriture du texte, les formules de réalisation du paratexte et de l’ornementation non figurative, ainsi que dans l’insertion des miniatures dans le 10 [Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. gr. 1 (= diktyon 66171). La partie rédigée de cette notice est largement tirée de Canart 2011b. Cependant, sa pertinence par rapport au sujet de l’article d’une part, et la dynamique qu’elle crée avec les autres notices d’autre part justifient amplement sa reprise dans cette publication. Sur ce codex, voir aussi Andrist 2020, p. 63–70]. 11 [Canart 2011a.] 12 [Hutter 2011.]
Contenu, ordre et structure des Bibles byzantines aux ixe et xe siècles (notes inédites revues par Patrick Andrist)
corps du volume. Sur ces bases, je distingue dans le corps du texte trois parties principales, auxquelles s’ajoutent deux parties secondaires, à savoir les feuillets préliminaires et les miniatures. Envisageons d’abord les trois parties qui contiennent le texte13 : I (f. 5–268). Cette partie correspond aux cahiers Aʹ-ΛΕʹ. Elle finit par un binion et un ternion, alors qu’elle est constituée régulièrement de quaternions. Entre les parties I et II, il y a changement de système et de type de réglure, et de copiste (du copiste 1 au copiste 2), mais du point de vue du contenu, elle se termine au milieu de II Règnes (6,11 : ἐκάθισεν ἡ κιβωτὸς). II
(f. 269–486). Constituée de quaternions, cette partie finit par un cahier de 4+5 folios. Le système et le type de réglure sont différents de ceux de la partie I. Les formules de mise en page et d’ornementation diffèrent nettement. Elle est très probablement l’œuvre d’un seul copiste, le deuxième. Cependant, de légères différences dans l’écriture et un changement dans le système et le type de réglure à partir du f. 462 incitent à distinguer, par prudence, deux sous-parties : – II’ (f. 269–460) cahiers ΛϚʹ-ΝΘʹ ; copiste 2 ; finit sur un quaternion. II’ couvre les livres qui vont du milieu de II Règnes (6,11 : τοῦ κυρίου) à IV Maccabées. – II’’ (f. 46214–486) cahiers Ξʹ-ΞΒʹ ; copiste 2a. II’’ couvre le livre de Job.
III (f. 48815–565) cahiers [ΞΓʹ]-[ΟΒʹ]. Cette partie se termine par un cahier de 4+2 folios. Elle se distingue de la précédente par un changement dans le système et le type de réglure (mais le système présente la même sorte d’hésitation que la partie I). Elle est l’œuvre des copistes 1 et 3 : – le copiste 1 a copié les Psaumes, du Psaume 1 au titre du Psaume 7 (f. 488r–492rA13). – sous sa variante 1a, le copiste 1 a également copié du début du Psaume 7 jusqu’au Psaume 131,2 : ηὔξατε τῶ (f. 249rA14–552r) ; – le copiste 3 a copié la fin des Psaumes et les Cantiques (f. 552v–565v).
13 [Pour des explications supplémentaires sur la distinction des trois copistes, voir Canart 2011b, p. 27–45. Pour une distribution de ces blocs en fonction des unités de production, voir Andrist 2020, p. 58–62.] 14 Le f. 461 est occupé par une miniature, située sur le verso. 15 Le f. 487 est occupé par une miniature, située sur le verso.
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Les copistes 1 et 3 ont très probablement travaillé en collaboration : 3 prend le relais de 1 au verso d’un feuillet qui est le premier d’un cahier et au milieu d’un verset (Ps. 131,2 : θ(ε)ῶ ϊακώβ) et poursuit jusqu’à la fin des Cantiques. En dépit des césures, il est hautement probable que la copie du texte a été conçue, dès le départ, comme une opération unique. En effet, dans les parties I et III intervient le même copiste 1, dont l’écriture et l’ornementation ne présentent pas de variations notables dans les deux parties (pour l’écriture, dans la première portion de la partie III) ; tout porte à croire qu’elles sont le résultat de la même campagne de copie. Comme, du point de vue du contenu, la partie II s’intercale logiquement entre les deux autres (sans compter qu’on passe de I à II au milieu d’un livre) et que la matière, la préparation de la page, l’écriture et l’ornementation des trois copistes ne présentent pas de différences dirimantes ; comme, d’autre part, le volume actuel ne contient pas la totalité des livres sapientiaux, on en conclura que, dès le départ, le programme prévu était la transcription d’une bible complète en deux volumes. Que l’exécution d’une copie aussi volumineuse ait été confiée à plusieurs scribes n’a rien d’étonnant, d’autant plus qu’un certain nombre d’hésitations, d’incohérences et de négligences s’expliquent mieux si le travail a dû être fait à la hâte, sans une concertation suffisante entre les copistes. Abordons maintenant les deux parties secondaires, les feuillets préliminaires d’une part, les miniatures de l’autre. La question qui se pose, du point de vue de la constitution du volume, est la suivante : ont-elles fait partie du projet primitif ? Y répondre serait facile, si on reconnaissait d’emblée dans ces feuillets l’intervention des scribes-décorateurs des parties principales. Ce n’est pas le cas, mais des arguments d’ordre codicologique facilitent la solution. D’une part, feuillets préliminaires et miniatures sont liés, puisque c’est la même main qui a copié le pinax en croix (f. Ir), le poème iambique décrivant le contenu de la bible (f. 1r–v), la table pascale (f. 4r), le pinax du premier volume (f. 4v), les titres et les vers iambiques des cadres de toutes les miniatures16. D’autre part, les miniatures sont liées entre elles par l’écriture des cadres, et au corps du volume par le fait qu’une d’entre elles, celle qui illustre le livre IV des Maccabées, a été peinte sur le verso d’un feuillet appartenant à un cahier régulier du volume (f. 450, sixième feuillet du quaternion f. 445–452)17. 16 Le fait qu’elle n’ait pas toujours utilisé le même type de majuscule, sans raison apparente, n’est qu’un indice de plus du caractère hâtif et peu cohérent qui marque l’exécution du projet. 17 Nordenfalk 1935, p. 346–347, semble avoir supposé que le copiste avait, dans ce cas, utilisé une face vide d’un feuillet portant une miniature et emprunté ailleurs. Il n’en est rien.
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Paul Canart
Concluons. Tout l’actuel Reg. gr. 1 est le fruit d’une même opération qui a abouti à la création d’une bible complète exécutée sur ordre du protospathaire Léon et offerte à un monastère dédié à saint Nicolas. Il s’agit certainement d’un manuscrit de grande valeur, mais dont la réalisation est entachée d’inégalités, de maladresses et de défauts de programmation qui étonnent. Des défauts et des hésitations entachent la matière et la préparation des feuillets. Cyril Mango signale, dans sa contribution, le niveau assez médiocre des poèmes iambiques et le manque de concertation entre leur auteur et celui des miniatures qui illustrent le texte18. Les copistesdécorateurs, dont Irmgard Hutter a mis justement en relief les qualités d’inspiration et d’originalité, sont parfois médiocres ou négligents dans l’exécution. Mais surtout, la manière dont les miniatures s’insèrent dans le volume témoigne, surtout dans la partie I, d’une maladresse inattendue19. Irmgard Hutter en déduit qu’au départ, le com18 [Mango 2011, p. 75–79.] 19 Nordenfalk 1935, p. 346, l’a fait observer avec raison. Mais il vaut la peine de préciser le phénomène cas par cas, en distinguant les parties : – la partie I (f. 5–268) compte six miniatures, qui illustrent la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres, les Juges et II Règnes. La miniature de la Genèse, certainement déplacée, se trouve actuellement sur le recto du f. II ; mais il est possible, voire vraisemblable, que le recto actuel ait été le verso primitif et que la miniature ait fait face au début du texte. La Genèse finit et l’Exode commence sur un verso (f. 45v) ; non seulement la miniature qui illustre l’Exode (f. 46v) coupe le début du texte, mais elle n’est pas tournée vers lui ; le feuillet aurait-il été mal remonté au cours d’une opération de reliure antérieure à la foliotation en chiffres grecs ? Cela rendrait l’insertion un peu moins maladroite. Par contre, dans le cas de Lévitique, Nombres, Juges et II Règnes, la miniature est tournée vers le début du texte, mais l’autre face du folio, vide, coupe le texte du livre précédent (Lévitique) ou du livre qu’illustre la miniature (autres cas) ; – la partie II (f. 269–486) compte 5 miniatures, qui illustrent III Règnes, IV Règnes, Judith, IV Maccabées et Job. Dans le premier cas, III Règnes finit sur un verso (f. 280v) et III Règnes commence sur un recto (f. 282r), ce qui permet à la miniature, peinte sur le f. 281v, de ne pas couper le texte et d’être tournée vers le début du livre ; est-ce voulu, ou est-ce une heureuse coïncidence ? Il y a des chances que ce ne soit pas une coïncidence, parce que la même disposition se vérifie pour IV Règnes et pour Job, où le livre précédent finit sur un verso et le suivant commence sur un recto, ce qui a permis d’intercaler la miniature sans couper le texte ; l’irrégularité typique de la partie I se reproduit cependant pour Judith, qui commence sur le verso où finit II Esdras et où la miniature coupe à nouveau le texte. Cela laisse planer un doute. Mais il n’y en a plus pour IV Maccabées, où la miniature est peinte sur le verso du feuillet dont le recto porte la fin de III Maccabées (f. 450v). Dès ce moment, en tout cas, l’insertion des miniatures était prévue lorsque le texte était copié : dans le cas contraire, on ne voit pas pour-
manditaire n’avait pas prévu d’enrichir le volume par des miniatures illustrant le texte et que la décision fut prise une fois le travail de copie assez avancé20. C’est possible. Ou bien aurait-il omis, au début, de signaler aux copistes que telle était son intention ? De toute façon, je crois que le travail a été exécuté dans l’ordre des livres, et qu’il n’a pas été réparti entre les copistes en fonction du texte, sauf dans le passage de la partie II à la partie III. Enfin, si on considère la manière dont se succèdent les livres au sein des grandes catégories, on constate que, souvent, la transition se fait au milieu d’une page. Malgré le souci de produire un manuscrit de luxe, le principe d’économie continue à jouer.
Bibliographie Andrist, Patrick, Au croisement des contenus et de la matière : l’architecture des sept pandectes bibliques grecques du premier millénaire. Étude comparative sur les structures des contenus et de la matérialité des codex Vaticanus, Sinaiticus, Alexandrinus, Ephraemi rescriptus, Basilianus, « Pariathoniensis » et de la Biblia Leonis, in Scrineum Rivista 17/2 (2020), p. 3–106, http://dx.doi.org/10.13128/ scrineum-11466 (consulté le 5 avril 2022). Andrist, Patrick, L’architecture du codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1), et l’étonnante hypothèse de Mgr Canart, in Andrist, Patrick / Attia, Élodie / Maniaci, Marilena (éd.), De la Tamise à l’Euphrate : regards croisés sur les Bibles grecques, latines et hébraïques / From the Thames to the Euphrates : Intersecting Perspectives on Greek, Latin and Hebrew Bibles (Manuscripta Biblica 9), Berlin-Boston 2022, dans ce volume p. 21–37. Andrist, Patrick / Canart, Paul / Maniaci, Marilena, La syntaxe du codex : essai de codicologie structurale (Bibliologia 34), Turnhout 2013 (deuxième édition, en anglais, à paraître prochainement). Canart, Paul (ed.), La Bible du Patrice Léon : Codex Reginensis Graecus 1. Commentaire codicologique, paléographique, philologique et artistique (Studi e Testi 463), Città del Vaticano 2011. (Canart 2011a). Canart, Paul, Notice codicologique et paléographique, in Canart, Paul (ed.), La Bible du Patrice Léon : Codex Reginensis Graecus 1. Commentaire codicologique, paléographique, philologique et artistique (Studi e Testi 463), Città del Vaticano 2011, p. 3–57. (Canart 2011b).
quoi le copiste aurait laissé vide le verso du f. 450, lui qui a, à maintes reprises, transcrit la fin d’un texte et le début du suivant sur la même page (voir les f. 337r, 359r, 406v) ; – quant à la partie III (f. 487–565), on peut croire que, dans le cas de Job et des Psaumes, c’est volontairement que la transition se fait d’un verso à un recto, ce qui permet à la miniature de ne pas couper le début du texte. 20 Hutter 2011, p. 198–199.
Contenu, ordre et structure des Bibles byzantines aux ixe et xe siècles (notes inédites revues par Patrick Andrist)
Gumbert, J. Peter, Codicological Units: Towards a Terminology for the Stratigraphy of the Non-Homogeneous Codex, in Crisci, Edoardo / Pecere, Oronzo (ed.), Il codice miscellaneo, tipologia e funzioni. Atti del convegno internazionale, Cassino 14–17 maggio 2003 (=Segno e testo 2), Cassino 2004, p. 17–42. Hutter, Irmgard, Eine verspätete Bibelhandschrift (Paris, Bibl. Nat. gr. 14), in Paleoslavica 10 (2002), p. 159–174. Hutter, Irmgard, The Decoration, in Canart, Paul (ed.), La Bible du Patrice Léon : Codex Reginensis Graecus 1. Commentaire codicologique, paléographique, philologique et artistique (Studi e Testi 463), Città del Vaticano 2011, p. 195–272.
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Maniaci, Marilena, Il codice greco « non unitario ». Tipologia e terminologia, in Crisci, Edoardo / Pecere, Oronzo (ed.), Il codice miscellaneo, tipologia e funzioni. Atti del convegno internazionale,Cassino 14–17 maggio 2003 (=Segno e testo 2), Cassino 2004, p. 75–107. Mango, Cyril, The Epigrams, in Canart, Paul (ed.), La Bible du Patrice Léon : Codex Reginensis Graecus 1. Commentaire codicologique, paléographique, philologique et artistique (Studi e Testi 463), Città del Vaticano 2011, p. 59–79. Nordenfalk, Carl, compte rendu de Kurt Weitzmann, Die byzantinische Buchmalerei des 9. und 10. Jahrhunderts, in Zeitschrift für Kunstgeschichte, Bd. 4, H. 5/6 (1935), p. 344–351.
Patrick Andrist
L’architecture du Codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1) et l’étonnante hypothèse de Paul Canart À Paul, savant immense, maître, et ami précieux
Résumé: Cet article est consacré à l’étude d’une hypothèse émise par Paul Canart lors d’une conférence à Namur en 2012 (« Comment le Livre s’est fait livre »), et présentée dans l’article précédent de ce même volume, suivant laquelle, dans le Codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1), les livres d’Esther et de A-B Esdras se trouvaient originellement à la fin de cette bible, après le Nouveau Testament. Après une brève présentation de ce livre, les différents éléments matériels et textuels permettant d’en comprendre les articulations structurelles sont analysés systématiquement, de façon à reconstruire au mieux les grandes lignes de son architecture. Au terme de l’enquête, il est possible d’affirmer que la proposition de cet éminent savant, toute surprenante qu’elle soit, a toutes les chances d’être correcte. Abstract: This article is devoted to the study of a hypothesis put forward by Paul Canart at a conference held in Namur in 2012 (“Comment le Livre s’est fait livre”), presented in the previous article of this same volume, according to which, in the Codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1), the books of Esther and A-B Esdras were originally found at the end of this Bible, after the New Testament. After a brief presentation of the book, the various material and textual elements that make it possible to understand its internal structures will be systematically analysed in order to best reconstruct the main lines of its architecture. By the end of this investigation it will be possible to assert that the eminent scholar’s suggestion, however surprising it may be, has every chance of being correct. Par Codex Basilianus (ci-après Basilianus) il faut entendre la pandecte biblique chrétienne dont l’higoumène Basile se déclare « co-copiste » (voir ci-dessous), et dont une partie se trouve aujourd’hui à la bibliothèque Vaticane et l’autre à la bibliothèque Marcienne. Il s’agit de la première des trois pandectes discutées par Paul Canart lors de la conférence de Namur « Comment le Livre s’est fait livre » en 2012, dont les notes sont publiées dans ce volume1, et au cours de laquelle il a émis l’hypothèse que les livres d’Esther et de A-B Esdras se trouvaient originellement à la fin de cette bible, après le NT. C’est en dialogue avec son travail que le présent article, après une brève présentation 1 Canart 2022 [2012], ci-dessus, p. 13–19. https://doi.org/10.1515/9783111019963-003
du codex, s’attelle à une vérification critique de cette étonnante hypothèse. Les restes du Basilianus sont dispersés dans deux bibliothèques2 : a. Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. gr. 2106 (= diktyon 68736) ; aussi appelé « Basiliano-Vaticanus »3 ; généralement sigle N dans les études sur la Septante, mais parfois aussi sigle V4 ; ci-dessous, Basil. N5. b. Venezia, Biblioteca Nazionale Marciana, Gr. Z. 1 (coll. 320) (= diktyon 69472) ; aussi appelé « Venetus »6, « Basiliano-Vaticanus »7 ; sigle V dans les études sur la Septante ; ci-dessous, Basil. V8.
1 Dimension, écritures et copistes Les pages, écrites sur deux colonnes, mesurent, à la Marcienne, environ 415 × 300 mm, alors qu’à la Vaticane, suite à un rognage des marges plus intrusif lors des réfec2 L’ensemble des deux parties est diversement appelé, en latin « Basiliano-Vaticanus » (Jellicoe) ou « Basilio-Vaticanus » (Mioni ; Gasparrini Leporace / Mioni) ; en italien « Basilio Vaticano » (Gasparrini Leporace / Mioni ; Marcon) ; d’où ma proposition de le nommer simplement Basilianus. Sigle V (Rahlfs) ou N-V (Jellicoe) ; pas de numéro GA. Je remercie vivement la Bibliothèque Vaticane et la Bibliothèque Marcienne de m’avoir laissé étudier ces codex ; je remercie également Reinhart Ceulemans pour diverses informations, et Marilena Maniaci, pour une série de discussions à propos de ce travail, aussi vives que passionnantes. 3 Par exemple par Swete ou Jellicoe. Voir aussi Treat 1999, p. 275. 4 Cf. Rahlfs 1914, p. 272. 5 Publication électronique du manuscrit sur le site de la bliothèque : http://digi.vatlib.it/view/MSS_Vat.gr.2106 (consulté le 5 avril 2022). 6 Notamment par Swete 1914, Rahlfs 1914, Fraenkel 2004 et Treat 1996. 7 Cf. Treat 1996, p. 30. 8 Publication électronique du manuscrit sur le site de la bibliothèque : http://www.internetculturale.it/jmms/iccuviewer/iccu.jsp?i d=oai%3A193.206.197.121%3A18%3AVE0049%3ACSTOR.240.10164&mode=all&teca=marciana (consulté le 5 avril 2022). Pour désigner les folios, j’ajoute, suivant la bibliothèque, le sigle N ou V avant leur numéro. Comme points d’entrée bibliographique sur ce manuscrit, voir ci-dessous « 7. Littérature secondaire », outre la bibliographie supplémentaire dans la base de données Pinakes (diktyon 68736 et 69472).
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Patrick Andrist
Planche 1: Marc. gr. Z. 1, extrait du f. V 76r : contraste entre la majuscule ogivale inclinée du texte et la majuscule liturgique des titres. © Biblioteca Nazionale Marciana.
tions de la reliure du volume, il n’en reste qu’environ 395/400 × 280 mm ; c’est ce qui explique les pertes des signatures de cahiers évoquées ci-dessous. Comme on le voit sur la Planche 1, le texte biblique a été copié en majuscule ogivale inclinée, alors que la majuscule liturgique est utilisée parfois comme écriture distinctive9. Le colophon du f. V 163r est constitué d’une croix décorative bichrome (vert et ambre ; voir Planche 2 cidessous), à l’intérieur de laquelle se trouve, en majuscule liturgique, une notice de Basile, éponyme du livre et higoumène du monastère non identifié de « Tzikaron », si ma lecture est correcte, qui se déclare « co-copiste (ou copiste accompagnateur ?) » de la pandecte10 ; au pied de la croix se trouve, dans une écriture assimilable à la majuscule liturgique, une notice d’Onésime, « moine pécheur calligraphe11 ». Paul Canart remarquait que l’écriture du Basil. N était d’une seule main et se demandait s’il y avait vraiment trois copistes dans le Basil. V, comme l’affirme le catalogue d’Elpidio Mioni12, ou plutôt un seul ; 9 Orsini 2010, p. 32 ; Orsini 2013, p. 46 n. 128 ; voir aussi Orsini 2019, p. 183–184. 10 κυριε βοηθη βασιλειω μοναχω ϊγουμενο τζκαρον (?) τω συνγραψαμενω τι βιβλω ταυτη ἀμην (« Seigneur, viens au secours du moine Basile, higoumène de Tzikaron (?), qui a co-copié ce livre, amen ») ; colophon souvent transcrit et discuté, voir par example Furlan 1978, p. 16–18 (et fig. 2) ; Orsini 2013, p. 45–46, et la note 127 à propos du monastère évoqué dans le colophon. 11 παρακαλω ευχεσθαι ϋπερ ὀνισημου μοναχου ἀμαρτωλοῦ καληγραφου αμην (« je [vous] implore de prier pour Onésime moine, pécheur et calligraphe, amen »). 12 Mioni 1981, p. 5–6.
dans ce dernier cas, il envisageait que Basile soit, de fait, le commanditaire de cette bible13. Pour Pasquale Orsini, il n’y a sans doute qu’un seul copiste, mais il signale aussi qu’à partir du f. V 41r « l’écriture semble plus formelle et anguleuse14 » ; il ne discute pas de la tension avec les notices du f. V 163r qui mentionnent deux copistes, mais remarque une affinité entre l’écriture d’Onésime et certains titres en majuscule liturgique. Sur ces bases on peut envisager au moins deux scénarios : tout d’abord, tirer parti de la variation de l’écriture des f. V 41r–70r, et y voir les deux copistes mentionnés dans le colophon plutôt que deux manifestations de la même main ; dans ce cas, on attribuerait bien la main principale au « calligraphe » et la main secondaire au « co-copiste ». Une autre solution serait d’interpréter les correspondances entre les écritures utilisées dans le colophon et celles du texte, pour attribuer la copie du texte biblique à Basile, et celle des titres (du moins une partie d’entre eux) à Onésime ; cela va dans le sens de Furlan, qui considère Basile comme le premier copiste, principal, et Onésime comme le second15. Il ne faut cependant pas négliger les éventuelles raisons sociales pour lesquelles l’higoumène aurait voulu être mentionné dans la croix. 13 Canart 2022 [2012], ci-dessus p. 14 ; à l’instar de Fraenkel 2004, p. 372. 14 Orsini 2013, p. 46 n. 125, « la scrittura appare più formale ed angolosa » ; de fait cela concerne les f. V 41r–70r. Comme nous le verrons plus loin, le f. V 41r correspond à une discontinuité codicologique importante. 15 Furlan 1978, p. 17.
L’architecture du Codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1) et l’étonnante hypothèse de Paul Canart
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Planche 2: Marc. gr. Z. 1, f. V 163r : fin de la notice chronographique et croix décorative à la fin de l’AT ; avec une note chronologique d’un lecteur et les deux notices de copistes. © Biblioteca Nazionale Marciana.
La question mériterait d’être reprise sur la base d’une enquête paléographique plus étendue.
2 Datation et lieu d’origine Bien que le manuscrit ait été traditionnellement daté au viiie siècle à cause de l’importance de la croix comme motif décoratif à l’époque iconoclaste16, c’est au ixe siècle qu’il faut le situer, à la fois sur la base d’une étude plus large de sa décoration et de son écriture. 16 Voir par exemple Furlan 1978, vol. 1, p. 16–18, suivi par Iacobini 2006, p. 7 (aussi 2007, p. 155 ; 2008, p. 200) ; c’est la date également donnée par exemple dans le catalogue Mioni 1981 ou chez Fraenkel 2004.
D’une part en effet, comme le relève Kurt Weitzmann, la croix reste encore un motif populaire après la dispute sur les images et sa présence dans le Basilianus ne peut à elle seule justifier une datation au viiie siècle. Il préfère le rapprocher du codex Garrett 1 de Princeton17, qu’il datait au ixe siècle, mais qui est maintenant situé, pour des raisons paléographiques, plutôt dans la première moitié du xe siècle18. D’autre part, pour ce qui est de l’écriture du Basilianus, Paul Canart plaçait le codex, sans autres précisions, au ixe siècle, comme Orsini, qui fait le rapprochement avec 17 Princeton, University Library, Garrett 1 (= diktyon 55608) ; voir le dossier dans Kotzabassi / Patterson Ševčenko 2010, p. 5. 18 Weitzmann 1996, p. 89–90.
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Patrick Andrist
trois manuscrits datables entre 861 et 882 ; en comptant avec les marges d’évaluation habituelles, on peut situer la copie du codex dans la seconde moitié du ixe siècle. Orsini relève aussi, prudemment, un possible terminus ante quem sur la base d’une note marginale de lecteur, au f. V 163r b (voir Planche 2 ci-dessus), qui, par calcul, donnerait l’année 858, compatible par ailleurs avec la datation sur la base de l’écriture19. Le degré de précision du calcul de cet annotateur n’est naturellement pas déterminable, mais s’il a simplement et sans erreur soustrait l’année en cours de l’année 573, donnée par le texte de la notice chronographique adjacente (et indépendamment de savoir si l’année 573 a été correctement calculée dans la notice), cette note de lecteur pourrait bien être un indice sérieux pour la datation du codex. Furlan et Weitzmann s’accordent à situer la production du manuscrit en Asie Mineure, même si le premier la place plutôt en Bithynie, alors que le second suggère la Cappadoce20.
3 Contenu De l’Ancien Testament (AT ci-dessous), nous avons conservé, à la Vaticane, l’Octateuque de Lévitique 13,59 à la fin de Ruth, les six Livres historiques anciens (I–IV Regn, I–II Par), puis Esther et A-B Esdras. À Venise se trouvent les Livres sapientiaux (Iob, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir), suivis par les Livres prophétiques, dans l’ordre suivant : – XII Prophètes (Os, Am, Ioel, Abd, Ion, Mich, Nah, Hab, Soph, Agg, Zach, Mal) ; – Grands Prophètes (Is, Ier, Bar, Lam, Ep Ier, Ez, Dan, Sus, Bel, non séparé de Sus). Viennent ensuite les Historiens récents (Tob, Idth, I–IV Mac). Somme toute, il y a des restes de presque tous les livres de l’AT, à l’exception du début de l’Octateuque, et surtout du Psautier, à savoir les Psaumes probablement suivis des Odes et peut-être accompagnés de paratextes. Du Nouveau Testament (NT ci-dessous), nous n’avons conservé aucune pièce biblique mais, à Venise toujours, l’Epistula ad Carpianum, puis, sur trois colonnes, les Tables des canons d’Eusèbe jusqu’au canon propre de Marc21.
19 Canart 2022 [2012], ci-dessus p. 13–19 ; Orsini 2013, p. 45–46. 20 Furlan 1978, vol. 1, p. 17–18 ; Weitzmann 1996, p. 89–90. 21 Sur les Eusebiana de ce codex, voir maintenant Wallraff 2021, p. 118–121 (=K5).
Les paracontenus22 originels, surtout des paratextes, sont nombreux et mériteraient une étude particulière. Pour ne pas répéter la liste récemment publiée23, rappelons seulement qu’ils sont davantage concentrés dans le périmètre de quelques pièces bibliques, en particulier : – autour du Cantique des cantiques, avec un prologue et des rubriques particulièrement développées ; – au début des XII Prophètes, avec une introduction pour chaque petit prophète ; – à la suite de Daniel, un ensemble de textes comprenant une liste des diadoques d’Alexandre, ainsi que l’Interprétation du songe de Nabuchodonosor, et une notice chronographique en deux parties, qui englobe la chronologie du monde d’Adam à Justinien ; – entre l’AT et le NT, nous trouvons, outre la seconde partie de la notice chronographique, la croix polychrome et les Eusebiana mentionnés ci-dessus. Très régulièrement, en situation normale et lorsque c’est possible, les œuvres se succèdent directement sur la même colonne ; c’est le principe d’économie signalé par Paul Canart24.
4 Structure actuelle À la suite d’Alfred Rahlfs et de Detlef Fraenkel, Paul Canart s’est confronté, dans sa communication de Namur, à la question de la composition originelle du codex25. Il est cependant, à ma connaissance, le premier à avoir envisagé une solution basée sur une disposition très particulière du contenu de cette bible, telle qu’il avait pu la reconstruire sur la base d’une note de lecteur écrite au f. N 118v et reproduite ci-dessous : il arrivait à la conclusion qu’Esther et A-B Esdras se trouvaient à la fin de cette bible, après le NT. Cette proposition ne laisse pas de surprendre ! Cependant, malgré mon incrédulité initiale et mon étonnement permanent, l’analyse des deux manuscrits montre qu’il est très difficile de proposer une meilleure solution, comme nous allons maintenant le voir en détail.
22 La notion de paracontenus est une façon plus précise de désigner les paratextes, puisque ces derniers comprennent aussi des contenus non textuels ; voir Andrist 2020, p. 11–14. 23 Andrist 2020, p. 47–48. 24 Canart 2022 [2012], ci-dessus p. 18. 25 Rahlfs 1914, p. 271 ; Fraenkel 2004, p. 345–346 ; Canart 2022 [2012], ci-dessus p. 15.
L’architecture du Codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1) et l’étonnante hypothèse de Paul Canart
4.1 Cahiers et signatures de cahiers L’analyse des cahiers permet de reconstruire cinq unités modulaires (UniMod ci-dessous) et dix séries ininterrompues26 (SI ci-dessous), outre une sixième UniMod et une onzième SI, reconstructibles sur la base d’un calcul d’empiètement de la partie perdue de Job, comme nous le verrons également. Les folios conservés sont en bon état, et les cahiers – des quaternions, en situation normale – ont été, dans leur vaste majorité, préservés. La composition actuelle des cahiers est la suivante (la composition des deux cahiers finaux, mutilés, est expliquée plus bas)27 : Basil N : 3 IVf. N 1–24, (IV-1 pos.8)f. N 25–31,x, 2 IVf. N 32–47, (II-1 pos.1)f. N x,48–50, 3 IVf. N 51–74, (IV-2 pos.4,5)f. N 75–77,x,x,78–80, 4 IVf. N 81–112, IIIf. N 113–118, (IV+2f. N 126,128)f. N 119–128, (IV-4 ? pos. 1,2,7,8 ?)f. N x,x,129–132,x,x ?. Les relieurs ont rattaché à l’avant-dernier cahier deux folios probablement volants, correspondant l’un au tout début de la partie conservée du codex (f. N 126) et l’autre au début d’Esther (cf. infra). Basil V : 20 IVf. V 1–160, (IV–4 ? pos. 1,2,7,8 ?)f. V x,x,161–164,x,x ?. Les signatures de cahier sont largement conservées dans le Basil. V. On distingue trois séries de signatures (voir Planche 3 ci-dessous) : – la première est visible au début de presque tous les cahiers, dans le coin supérieur extérieur ; les chiffres sont principalement composés de lettres majuscules sans rapport avec l’écriture principale28, outre une occurrence d’un delta et d’un êta minuscules ; cette série pourrait être ancienne, étant donné que la présence de caractères minuscules n’est en soi pas impossible dans la seconde moitié du ixe siècle ;
26 Dans un codex, une UniMod est une série finie de cahiers (c’està-dire un ou plusieurs cahiers complets) dans laquelle se trouve une série finie de textes. Une SI est une série de contenus principaux qui se succèdent selon les mêmes principes de présentation visuelle. Pour une explication plus détaillée de ces deux notions et de la méthode d’analyse utilisée, voir Andrist 2020, p. 8–9, 14–16. Pour une présentation des bases théoriques de l’analyse structurelle, voir Andrist / Canart / Maniaci 2013 et la nouvelle édition en anglais, à paraître prochainement. Sur les UniMod, voir aussi Maniaci 2004, en particulier p. 79. 27 Sur le système Chroust pour la description des cahiers, largement utilisé dans les pays germanophones, et le système Chroust+ utilisé ici, voir Andrist / Maniaci 2022. 28 Par exemple, les mu rappellent à ceux de la majuscule alexandrine, voir Planche 3.
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une autre série, écrite au-dessus de la première mais en caractères plus petits, et décalée de +1 par rapport à celle-ci, est rarement conservée ; elle est visible pour la première fois, avec peine, au f. V 25r (« λʹ »). Les quelques cas observables montrent des chiffres composés de lettres majuscules plus proches de l’écriture principale29 et l’écriture semble globalement plus archaïque que celle de la série précédente. Avec Erich Klostermann et Paul Canart, j’ai le sentiment que c’est la plus ancienne des deux, mais cela ne signifie cependant pas qu’elle était originelle ; une troisième série, présente uniquement dans le Basil. V, apparemment non remarquée par la recherche jusqu’à ce jour30, commence au f. V 41r : nous y reviendrons. Elle est écrite aussi dans la marge supérieure, au-dessus de la première colonne de texte, en lettres majuscules. Elle est presque partout grattée, mais se laisse lire au moins une fois au f. V 153r (« ιεʹ » voir Planche 3)31.
Dans le Basil. N, les signatures des cahiers sont presque toutes perdues. On trouve cependant quelques traces, parmi lesquelles on reconnaît « ζʹ » (f. N 9r) et « ι[ε]ʹ » (f. N 67r). Paul Canart les reliait aux signatures plus anciennes, mais il est difficile d’en être sûr32. Sur la base du calcul de l’empiètement du texte perdu (cf. infra) on peut déterminer que le début de la série concernée correspondait au début de la Genèse. Spontanément, on peut penser que la série ancienne devait être plus proche de la réalité originelle. Ce n’est cependant pas certain car, comme nous le discuterons ci-dessous, plusieurs scénarios sont susceptibles d’expliquer ce décalage, qui peut aussi nous aider à comprendre l’architecture originelle du codex.
4.2 Les cinq suites insécables conservées Pour avancer dans notre enquête, il faut également étudier les suites, codicologiquement insécables, de matériel biblique conservé.
29 Par exemple, les sérifs aux extrémités de la barre horizontale du seul thêta conservé et la forme du mu rappellent la majuscule ogivale. 30 Également inconnue de Canart, qui n’a cependant pas eu l’occasion d’étudier ce manuscrit in situ. 31 Voir aussi, moins clairement, « ηʹ » au f. V 97r et « θʹ » au f. V 105r. Il y a une gratture au même endroit sur la plupart des autres premiers rectos de cahiers. 32 Canart 2022 [2012], ci-dessus p. 15.
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Planche 3: Marc. gr. Z. 1, partie supérieure du f. V 153r : trois signatures visibles dans la marge supérieure. © Biblioteca Nazionale Marciana.
Les 132 folios du Basil. N sont presque tous dans leurs cahiers d’origine. Ils peuvent être regroupés en trois suites, sur la base du contenu et des discontinuités codicologiques, déjà étudiées par Paul Canart33 : a. (f. N 126, 1–50)34 contenant la fin de l’Octateuque (cf. supra), avec deux lacunes de 1 folio. La fin de Ruth, suivie de quelques lignes vides, se trouve à la fin du dernier verso d’un binion (dont on a perdu le premier folio). Il s’agit clairement d’une discontinuité modulaire ; b. (f. N 51–118) contenant I-IV Règnes et I-II Paralipomènes, avec une lacune de deux folios. Comme on l’entrevoit sur la Planche 4, II Paralipomènes se termine à la fin de la première colonne du dernier verso d’un ternion régulier, inhabituel pour ce codex ; la seconde colonne est vide. Il s’agit tout aussi clairement d’une discontinuité modulaire. À la fin, au f. N 118v, une main plus récente mais non datée a ajouté au-dessus du titre final de II Paralipomènes, en écriture majuscule peu caractéristique, la note ζ(ή)τ(ει) εἰς τέτραδα ξʹ τὸν ἔσδραν, (voir Planche 4)35, qui a amené Paul Canart à soulever la question de l’organisation très particulière de cette bible. c. (f. N 128, 119–125, 127, 129–132)36 contenant Esther et A-B Esdras jusqu’à B Esdr. 17,3, avec des lacunes. Nous 33 Voir le Tableau 2 ci-dessous. 34 Le f. N 126, contenant Lev 13,59-15,19a, et qui est donc le premier folio écrit originel conservé, est aujourd’hui relié vers la fin du Basil. N ; voir ci-dessus la composition des cahiers. 35 « cherche Esdras dans le cahier 60 ». Incidemment, le contenu de cette note se comprend mieux si la bible était alors reliée en un volume. 36 Le f. N 126, contenant Lev 13,59-15,19a, ne fait pas partie de cette suite, cf. supra.
ne possédons, pour cette suite qui est au centre de notre enquête, malheureusement aucune signature de cahier lisible. Voici quelques précisions supplémentaires (voir aussi le Tableau 1 ci-dessous) : – ce qui reste de la suite commence avec Esther, sur un folio aujourd’hui déplacé, qui correspond au dernier folio d’un cahier autrement perdu ; il ne s’agit donc clairement pas du début d’une UniMod ; – Esther, qui s’achève au milieu d’une colonne, est directement suivie par A Esdras ; il n’y a pas de discontinuité codicologique à cet endroit, ni du reste entre A et B Esdras. Remarquons que cette succession des trois pièces n’est pas attestée dans les autres pandectes anciennes ; – le dernier cahier peut être reconstruit au mieux comme un quaternion qui aurait perdu ses deux bifolios extérieurs. Le contenu des deux premiers et du septième folios ne fait pas de doutes (cf. infra). Quant au huitième folio, nous avons les mêmes options habituelles dans ce genre de situation : ou bien il était vide ; ou bien il contenait des paracontenus peu étendus ou le début d’un texte plus long ; ou bien il avait été retiré au moment de la production et n’a jamais existé dans ce livre. À moins de proposer un contenu plausible pour ce dernier folio, il est probable que cette suite corresponde à la fin d’une UniMod. L’analyse des cahiers et du contenu permet donc de décrire la séquence suivante :
L’architecture du Codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1) et l’étonnante hypothèse de Paul Canart
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Planche 4: Vat. gr. 2106, f. N 118v : la note ajoutée par un lecteur et étudiée par Paul Canart. © Biblioteca Apostolica Vaticana.
IV Mac 12,1- ... (vb) IV Mac 18,24 / inc. Chronographion (rb) fin. Chronogr. / croix décorative (va) Ep. Ad Carp. / inc. Canon. Euseb. ... Canon. Euseb. ad. Canon X in Marc. / ? vide ? Tableau 2: Codex Basilianus : reconstruction du cahier 47.
e.
Tableau 1: Codex Basilianus : reconstruction des cahiers de la suite c (Esther et A-B Esdras).
Les 164 folios du Basil. V occupent 21 cahiers, qui peuvent être regroupés en deux suites, séparées par une discontinuité modulaire. Comme nous l’avons dit, nous avons conservé suffisamment de signatures pour connaître la position des cahiers : d. (f. V 1–40) = cahiers 27–31 (26–30 selon les signatures de cahier plus récentes). Elle contient Job à partir de Iob 30,8, puis Proverbes, Ecclésiaste, Cantique, Sagesse et Siracide. La dernière colonne du dernier verso du dernier cahier, régulier, était originellement vide ; elle correspond à une discontinuité modulaire ;
(f. V 41–164) = cahiers 32–47 (31–46 selon les signatures plus récentes ; = 1–16 selon la troisième série), contenant les Prophètes suivis de Tobie, Judith et de I-IV Maccabées, puis les Eusebiana. Le premier cahier se trouve au début d’une UniMod. Il n’y a pas de discontinuité modulaire dans cette suite de seize cahiers. Le dernier cahier 47 (=46) devait être un quaternion qui a perdu ses deux bifolios extérieurs et peut être décrit comme suit (Tableau 2) :
Le septième folio contenait la fin des Canons eusébiens, mais il y aurait encore de la place pour d’autres paratextes voire, de façon contre-intuitive pour ce codex, pour le début du NT, à moins que le huitième folio ait été vide, ou inexistant dès l’origine. Comme pour le dernier cahier de la suite c que nous venons de discuter, nous ne pouvons rien en dire de certain. Il serait cohérent avec la conception modulaire du codex et la pratique des autres pandectes
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que le NT commence au début du cahier suivant37, perdu, donc que nous ayons ici affaire à une discontinuité modulaire. Rappelons que, de façon très intéressante, les cahiers de cette suite étaient aussi numérotés de façon autonome par la troisième série de signatures (cf. supra). Nous nous demanderons ci-dessous si cette partie ne se trouvait peut-être pas, à un moment de son histoire, reliée au début d’un volume indépendant.
–
–
–
4.3 Position relative des suites a, b, d et e Sur la base de ces suites, essayons de reconstruire le codex, y compris les parties manquantes. Avant la suite a, il y avait le début de l’Octateuque, de Gen 1,1 à Lev 13,59. Une projection de l’empiètement sur la base de la densité (nombre de caractères par colonne, sans compter les espaces) de la partie conservée du Lévitique donne des chiffres légèrement différents si on se base sur le seul f. N 126, écrit de façon plus dense que la moyenne des folios conservés du Lévitique, ou si on prend en compte l’ensemble de ces derniers ; le résultat oscille entre 38 et 40 folios. Or, si on se rappelle que le f. N 126 est le dernier folio d’un cahier, il est raisonnable d’affirmer, comme Paul Canart l’a proposé, qu’il faut compter, depuis le début jusqu’au premier cahier complet conservé, cinq quaternions de texte biblique perdu (sauf le f. N 126) ; suivant la densité de copie, il y aurait même de la place pour un bref paratexte. Voici, en faisant abstraction de cette dernière possibilité, la reconstruction approximative des premiers cahiers (Tableau 3) : Cah. 1 (f. ) Cah. 2 (f. ) Cah. 3 (f. ) Cah. 4 (f. ) Cah. 5 (f. , f. N 126) Cah. 6 (f. N 1–8) Cah. 7 (f. N 9–16) Cah. 8 (f. N 17–24)
(f. ) / Gen (~ f. ) Gen / Ex (~ f. ) Ex / Lev 1,1–15,19 (f. N 6r/v) Lev / Num (f. N 21v/22r) Num / Deut
Tableau 3: Codex Basilianus : reconstruction et contenu des premiers cahiers de l’Octateuque.
Cette reconstruction trouve une confirmation par les traces de la signature de cahiers « ζʹ » (=7), au f. N 9r, déjà mentionnée ci-dessus : 37 Comme tel est systématiquement la cas dans les pandectes (conservées) à partir du ve siècle ; voir Andrist 2020, en particulier le survol à la p. 72.
–
comme la fin de Ruth correspond à une discontinuité modulaire, il s’ensuit que la première UniMod du codex occupait les cahiers 1–12, outre peut-être un ou plusieurs cahiers initiaux ; la suite b commence avec le début de I Règnes. Il n’y a aucune raison de douter que cette seconde suite se soit originellement trouvée directement après la première, dans une deuxième UniMod presque entièrement conservée ; avant d’en venir à la suite c, au cœur de notre enquête, discutons les suites d et f. Comme nous l’avons vu, la suite d couvre les cahiers 27 à 31 (26 à 30) et s’ouvre avec Iob 30,8. Les projections montrent qu’il faut compter environ 32 colonnes pour le début de Job, soit huit folios, ce qui permet de penser que cette pièce commençait au début d’un nouveau cahier ; ce sera, dans la suite, mon hypothèse de travail. Cette suite finit à la fin du cahier 31 avec la fin du Siracide, au bas de la première colonne du dernier verso ; la seconde colonne, autrefois vide, est occupée aujourd’hui par une note. En conséquence, nous avons affaire à deux autres UniMod : celle qui se trouvait entre la suite b et la suite d, que nous discuterons ci-dessous, et celle qui débutait avec Job, englobait la suite d et devait donc occuper six cahiers (26 à 31 ; = 25 à 30) ; Comme le montrent les signatures de cahier, la suite e, qui occupe les cahiers 32 à 47 (=31 à 46), vient directement après la suite d. Comme nous l’avons vu, la fin est perdue, mais il est tentant de croire que le dernier cahier, aujourd’hui mutilé, correspondait à la fin d’une UniMod, juste avant le début du NT.
4.4 Trois scénarios pour expliquer le décalage entre les deux premières séries de signatures Reprenons maintenant la question de la différence d’une position entre les deux premières séries de signatures de cahier. Au cœur du problème, il y a le fait que, dans le Basil. N, la férocité des relieurs nous a privés de la plupart des marges, de sorte qu’il est impossible de savoir si les deux séries de signatures de cahier étaient présentes. Vu que les deux signatures apparaissent sur la même page, pour la première fois, au f. V 25r, au début du cahier 30 (=29), il y a fort peu de chances que nous ne sachions jamais s’il y avait déjà un décalage aussi dans le premier tiers du codex.
L’architecture du Codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1) et l’étonnante hypothèse de Paul Canart
En tenant compte de tous les éléments connus, on peut facilement envisager trois scénarios « simples » pour expliquer cette différence. Le premier scénario postule qu’il y avait une erreur dans la numérotation ancienne des cahiers, corrigée par la numérotation récente, et que celle-ci refléterait la réalité de la structure fasciculaire originelle du codex. À ce stade Contenu
de spéculation, nous pourrions tout autant supposer plusieurs erreurs dans les séries… Sans élément supplémentaire, il vaut mieux essayer d’expliquer les constatations sans ce genre d’hypothèses. Les deux autres scénarios sont illustrés dans le Tableau 4 ci-dessous :
Signatures de cahier conservées (position relative)
série ancienne
pas clair
série récente
scénario b (décalage initial) série 3
? début de l’Octat. (perdu)
~5 cah.
Octat. (suite) = suite a (f. N 126, 1–50)
7 cah.
Hist. anciens = suite b (f. N 51–118)
9 cah.
lacune
3/4 cah.
2e cah. : (f. N 9r)
début de Job (perdu)
1 cah.
Sapientiaux = suite d (f. V 1–40)
5 cah.
…
16 cah.
« ιεʹ » (=15)
1er cah. :
(perdue)
4e cah. :
« λʹ » (=30)
etc. Proph. et Hist. récents = suite e (f. V 41–164)
« ζʹ » (=7)
3e cah. : (f. N 67r)
1er cah. :
(perdue)
8e cah. : etc. 15e cah. :
–
« κϛʹ » (=26) « κθʹ » (=29)
–
?
« λθʹ » (=39) « μϛʹ » (=46)
« μεʹ » (=45)
« ιεʹ » (=15)
scénario c (décalage postérieur)
série ancienne
série récente
série ancienne
série récente
–
–
–
?
(7)
(7)
(7)
14–22
13–21
13–21
13–21
?
(15)
(15)
(15)
3 cah.
3 cah.
4 cah.
3 cah. 38
27–31
26–30
27–31
26–30
(30)
(29)
32–47
31–46
–
« λαʹ » (=31) « ληʹ » (=38)
32–47
31–46
dif. leg.
Tableau 4: Codex Basilianus : solutions possibles pour expliquer la différence dans les signatures de cahier.
38 Cahier perdu avant la numérotation de cette série.
29
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Le scénario b suppose que le décalage existait dès le début du codex et donc que la série plus ancienne commençait avec le cahier précédant la Genèse39. Cette différence d’une position au début du codex n’implique cependant pas nécessairement une différence de contenu ou de matière. Il pourrait en effet s’agir d’un cahier originel occupé par des paracontenus, voire d’un petit cahier vide servant de gardes, numéroté dans un cas et pas dans l’autre. Mais ce pourrait aussi être un cahier supplémentaire (occupé par des paracontenus, voire vide) ajouté plus loin, entre les deux numérotations. Autre conséquence du scénario b, la lacune totale précédant la suite d serait de quatre cahiers, dont l’un aurait été occupé par le début de Job. Le scénario c suppose au contraire que les deux séries commençaient au début de la Genèse40, et qu’il n’y avait pas de cahier initial numéroté. La série plus ancienne aurait été apposée sur le codex avant la perte d’un cahier, reflété dans le décalage avec la série plus récente. Les deux seuls endroits possibles pour cette perte éventuelle se trouvent dans la lacune du début de l’Octateuque41 et, justement, dans la lacune précédant la suite d, qu’elle ait concerné le cahier contenant le début de Job, ou les cahiers précédents : la lacune totale serait alors de cinq cahiers. Nous verrons ci-dessous les avantages de ce scénario pour résoudre la question de la position de la suite c et de la composition du Basilianus, comme nous allons maintenant les discuter.
5 Emplacement originel des Psaumes et de la suite c (Esther + A-B Esdras) Toute la question de l’architecture originelle du Basilianus équivaut à celle de la position originelle de la suite c et du Psautier dans le codex. En ce qui concerne le Psautier, faute d’avoir une idée de la mise en page, il n’est pas possible de faire une projec-
39 Les deux signatures conservées sur le Basil. N appartiendraient alors à la série plus récente, cf. ci-dessus, p. 25, et le Tableau 4. J’exclus par contre un scénario comportant un décalage tel que la série plus ancienne commençait avec la Genèse, de sorte que la série plus récente devait commencer… un cahier plus tard. 40 Ou qu’il n’y avait qu’une seule série jusqu’au point de divergence. 41 Les deux signatures conservées dans le Basil. N appartiendraient alors clairement à la série plus ancienne.
tion précise de son empiètement théorique. Fraenkel l’estimait à 28 folios, du moins pour les Psaumes tous seuls42. Or, une comparaison avec l’empiètement relatif du texte brut des Psaumes et de Job dans les autres pandectes tend à confirmer cette estimation : sans tenir compte des paratextes ou des Odes, le rapport varie entre 2 (dans le Codex Alexandrinus), et 2,8 (dans la Bible de Léon43), ce qui donnerait entre 24 et 33,5 folios dans le Basilianus, soit entre tout juste trois cahiers ou très légèrement plus de quatre cahiers, pour les Psaumes uniquement. Si on considère une valeur moyenne de 2,4, on arrive à 28 folios, comme Fraenkel. Si on estime en outre que, comme dans les pandectes les plus récentes (Alexandrinus, Bible de Léon44), les Psaumes étaient accompagnés des Odes, voire de paratextes, il est raisonnable de compter quatre quaternions. Comme nous l’avons vu ci-dessus, la suite c, contenant Esther et A-B Esdras et constituée de treize folios, correspond au dernier folio d’un cahier puis aux restes de deux cahiers, probablement à la fin d’une UniMod. Que pouvaient alors contenir les folios précédant Esther ? Où se situait cet ensemble ? Et, pour chaque hypothèse, où faudrait-il placer le Psautier ? Nous pouvons d’emblée observer que, pour des raisons liées aux UniMod, il n’y a que deux endroits dans le volume où la suite c et/ou les Psaumes pouvaient se trouver : – dans la lacune précédent la série d, que nous venons d’étudier ; suivant où et comment le décalage des signatures est envisagé, cette lacune correspond à quatre ou cinq cahiers perdus ; – ou bien, suivant la note du f. N 118v (à la fin de la suite b), qui enjoint le lecteur à chercher Esdras dans le cahier 60, et comme Canart en est venu à le soutenir, après le NT. Comme nous venons de le montrer, sur la base des données disponibles, et dans la mesure où elles sont exactes, il n’y a aucune autre option. Examinons-les donc l’une après l’autre.
42 Fraenkel 2004, p. 346. 43 Signalons aussi 2.4 dans le Vaticanus et 2.8 dans le Sinaiticus. L’Ephraemi rescriptus et le Pariathonensis sont trop fragmentaires pour être utilisé ici. Pour les questions relatives au contenu et à l’organisation de ces bibles, et les points d’entrée bibliographiques, voir Andrist 2020. 44 Andrist 2020, p. 30–31, 38, 70, 72, 75.
L’architecture du Codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1) et l’étonnante hypothèse de Paul Canart
5.1 Hypothèse a : position originelle d’Esther + A-B Esdras entre II Paralipomènes et Job De ces deux endroits possibles, la lacune située entre les séries b et d serait le lieu le plus naturel, car il permettrait de maintenir Esther et A-B Esdras avec les autres livres de l’AT. Tentons d’y faire entrer la suite c, en rappelant d’une part que la série b s’achève avec la fin de II Paralipomènes, suivi d’une colonne vide, à la fin d’une UniMod, et d’autre part que la lacune contenait quatre ou cinq cahiers, dont le dernier était nécessairement occupé par le début de Job. Solution 1. Une première solution consisterait à postuler que le début d’Esther se trouvait à la fin d’un cahier très irrégulier. On pourrait imaginer un cahier anormal, par exemple un bifolio dont le début était vide, ou occupé par un paratexte, voire, à l’autre extrême, un quaternion occupé par sept folios de paratextes. L’avantage serait d’avoir alors exactement les trois cahiers manquants selon le scénario b exposé ci-dessus, et d’obtenir la suite cohérente : I-II Par – Esth – A-B Esdr – Iob. Le premier problème est justement de devoir supposer l’existence d’un cahier aberrant, sans parallèle dans le volume (et dans les autres pandectes conservées du premier millénaire45), qu’il soit irrégulier au début d’une UniMod, ou régulier mais occupé par une masse de paratextes surprenante pour ce codex. En outre, si la succession des contenus était satisfaisante, tel ne serait pas le cas de la succession matérielle, puisque II Paralipomènes et Esther (ou les paracontenus situés avant Esther) seraient séparés par une discontinuité modulaire, qui est, avec sa colonne vide, aussi une discontinuité entre deux séries ininterrompues ; ce serait la seule présence d’une colonne vide à un endroit qui ne se situe pas entre deux ensembles traditionnels de l’AT. La solution entraînerait également un problème pour le Psautier, qui n’aurait plus de place dans l’AT. Ce problème pourrait être contourné de plusieurs façons : – soit en imaginant une bible sans Psautier, ce qui est inconnu par ailleurs pour les bibles grecques de l’époque, mais qui se trouve parfois dans le monde latin46. C’est une solution déjà envisagée par Rahlfs et par Fraenkel47 ;
45 Cf. Andrist 2020. 46 Voir par exemple Maniaci / Orofino 2010, p. 200 et 210 n. 14. 47 Rahlfs 1914, p. 271 : l’autre solution envisagée par l’auteur, à savoir placer les Psaumes avant les livres du NT, mais après les Euse-
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soit en situant le Psautier à la fin du volume, après le NT. Ce serait la solution de Paul Canart, mais en permutant les Psaumes et Esther + A-B Esdras, et en situant donc à la fin du volume un ensemble historiquement plus autonome. Fraenkel relève cependant que cette configuration n’a pas de parallèle dans les pandectes grecques non plus48.
Solution 2. Aussi bien le Psautier que la suite c se seraient trouvés dans la lacune qui précède la suite d. Pour ne pas supposer de cahier aberrant comme ci-dessus, la seule façon de faire alors entrer ces textes dans la lacune serait de supposer la séquence : I-II Par – Ps – Esth – A-B Esdr – Iob : le Psautier aurait commencé au début d’une UniMod et se serait achevé sur l’avant-dernier folio d’un cahier, dont le dernier folio serait en l’occurrence celui qui contient le début d’Esther. Cette suite cependant est peu convaincante, car elle isolerait les Psaumes des autres Livres poétiques tout en divisant également les Livres historiques de façon artificielle ; c’est une disposition sans parallèles (même approximatifs) dans les autres pandectes anciennes. En outre, cette solution est incompatible avec la numérotation des cahiers reconstructible : dans un espace de trois ou quatre cahiers, il faudrait en effet faire entrer les trois cahiers de la suite c, outre les cahiers nécessaires au Psautier, au moins quatre comme nous l’avons vu… à moins de supposer justement qu’il y a eu une grossière erreur de numérotation des cahiers dans la série ancienne, par exemple, un retour en arrière accidentel dans la numérotation de quatre cahiers ou davantage, puis il faudrait expliquer que cette erreur se soit reflétée aussi sur la numérotation plus récente. Somme toute, cette construction est assez invraisemblable. Solution 3. Toujours sans postuler de cahier au contenu aberrant, une troisième solution, plus élégante, serait de supposer que les numérotations de cahier conservées ne reflètent pas la disposition originale, mais la disposition actuelle, après que le Psautier, situé avant Esther, pour les raisons données ci-dessus, aurait été retiré de la pandecte49 ; soit que la pandecte ait auparavant circulé sans signatures de cahiers ou avec des signatures aujourd’hui perdues, diffé-
biana, n’est pas très convaincante. Fraenkel 2004, p. 345 : l’auteur n’envisage pas que la partie c puisse se trouver à fin du volume. 48 Fraenkel 2004, p. 345. 49 Le cahier contenant la fin du Psautier aurait alors été découpé entre le septième et le huitième folio, pour laisser le début d’Esther dans le codex.
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Patrick Andrist
rentes des séries conservées ; soit que le Psautier, situé après II Paralipomènes pour les raisons données ci-dessus, ait été retiré avant que la pandecte ne soit achevée et mise en circulation. Dans les deux cas, les trois cahiers manquants correspondraient aux trois cahiers de la suite c, et nous aurions ensuite affaire à une bible sans Psautier, ce qui rejoint la problématique discutée ci-dessus à la fin de la solution 1. Cette hypothèse est envisageable, parce qu’il n’est pas exclu que la série de signatures de cahier la plus ancienne ne soit pas originale. Bien que, dans l’absolu, cette solution ne soit pas impossible, elle obligerait de nouveau à imaginer une suite de livres bibliques originelle peu convaincante. Solution 4. En combinant les solutions précédentes, on aboutit à une dernière hypothèse. En effet, au prix d’un cahier aberrant quant à son contenu et d’une renumérotation des cahiers (ou d’une erreur de numérotation), nous obtiendrions la séquence suivante : I-II Par – Esth – A-B Esdr – Ps – Iob. Bien que la position d’Esther soit encore curieuse, cette suite des livres bibliques, qui séparerait bien les Livres historiques et les Livres poétiques, est moins improbable que dans la solution précédente. On peut alors même envisager que le Psautier ait constitué une unité modulaire propre, dans la logique du codex. Somme toute, cette solution 4 cumule la plupart des problèmes engendrés par les solutions 1 et 2, et n’est donc pas plus probable qu’elles. Relevons que les quatre solutions envisagées dans le cadre de cette première hypothèse impliquent aussi une restauration, toujours à époque ancienne, au terme de laquelle les trois cahiers d’Esther + A-B Esdras ont été déplacés (mais pour quelle improbable raison ?) après le NT.
5.2 Hypothèse b : position originelle d’Esther + A-B Esdras après le NT Le deuxième endroit possible pour accueillir la suite c serait la fin du NT. Cela correspondrait à la reconstruction de Paul Canart, sur la base de la note de lecteur du f. N 118v. Solution 5. Une bible dans laquelle : –
le Psautier occupait la lacune précédent la suite d : ou bien en supposant une copie dense sur trois cahiers (scénario b, voir le Tableau 4), comparable à celle de l’Alexandrinus, mais sans Odes ni paratextes ; ou, beaucoup plus réalistement pour l’époque, avec une
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–
–
densité moyenne sur quatre cahiers (scénario c) et les Odes voire quelques paratextes50. Le Psautier aurait alors également constitué une UniMod autonome ; le NT occupait l’espace situé entre la fin de la suite e et le début d’Esther, c’est-à-dire y compris les sept folios qui précédaient le début de ce cahier, mais probablement pas la fin du cahier 47 (=46) qui contient les Eusebiana, comme nous l’avons déjà évoqué ci-dessus ; on ne peut naturellement rien dire sur la présence d’autres discontinuités modulaires dans les onze ou douze cahiers du NT, suivant la série de signatures à laquelle le lecteur faisait référence, c’est-à-dire probablement entre 95 et 103 folios, ni calculer précisément l’empiètement des livres bibliques. Si nous confrontons cependant ces valeurs aux (presque) 47 cahiers occupés par l’AT, auxquels il faut ajouter, pour le calcul, deux cahiers pour Esther et A-B Esdras, nous obtenons un rapport brut entre le nombre de folios occupés par l’AT et le NT d’environ 3,7 à 4,1. Or, ce rapport correspond bien à celui des trois pandectes anciennes pour lesquelles nous pouvons faire le calcul (entre 3,1 et 4,2). Esther + A-B Esdras qui, comme on l’a vu, correspondaient probablement à la fin d’une UniMod, auraient été en fait copié à la fin de la bible, sur la fin du cahier 59 et sur les cahiers 60 et 61 de l’une ou de l’autre série.
Cette solution 5 pose cependant au moins deux problèmes. D’une part, elle heurte l’histoire des bibles, dans le sens que nous ne connaissons pas de pandectes anciennes ou de listes qui aient cette succession des contenus. Certes, la Lettre festale 39 d’Athanase prévoit de placer Esther à la fin du NT51. Pour Athanase, cependant, Esther devait être accompagné de Sagesse et Siracide, qui se trouvent ici dans la suite d, de Judith et Tobie, qui se trouvent dans la suite e, ainsi que de la Didache et du Pasteur d’Hermas, absents du Basilianus pour autant qu’on puisse le dire. Quant à A-B Esdras, Athanase les place juste après II Pararalipomènes, là où notre lecteur les attendait, contrairement à ce qu’il trouvait dans le Basilianus. Dans la conclusion ci-dessous, nous évoquerons cependant une explication bien moins théologique. 50 Sur cette base, il est également techniquement possible d’envisager que les Odes et les paracontenus aient occupé un cahier propre et constitué également une UniMod. Or, le scénario c implique à la fois la présence des Odes et la perte d’un cahier qui expliquerait la différence entre les deux premières séries. S’agirait-il alors du cahier contenant les Odes et les paracontenus ? 51 Cf. Lefort 1955, p. 37. Sur cette question, voir Ruwet 1952 ; Junod 2003, p. 206–208 ; ainsi que les remarques de Pierre-Maurice Bogaert à propos du Vaticanus (Bogaert 2009, p. 142–144).
L’architecture du Codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1) et l’étonnante hypothèse de Paul Canart
UniMod Cahiers
SI
Folios
Contenu
1.
i.
39 f. perdus ?
Gen-Lev (début)
f. N 126rv, 1r–33va
Lev 13,59–Deut
f. N 33va–50vb
Ios-Ruth
f. N 51r–95rb
I–IV Regn
Cah. 1–5(.1–7) Cah. 5(.8)–12*
2.
Cah. 13–21*
ii.
3.
Cah. 22–25
iii.
4. ?
Cah. 26 Cah. 27–31
iv.? 8 f. perdus ? f. V 1r–18vb v.
f. V 18vb–40va
Cant cum Prol., Sap, Sir / vac.
5.
Cah. 32–47(.1–6)
vi.
f. V 41r–58rb
XII Proph cum Prol. Is Corpus Ierem Ez Corpus Dan cum prtxx. Tob, Idth I–IV Mac
vii.
6.?
Cah. 47(.7–8 ?) Cah. 48–59(.1–7) + cah. Suppl. ? (11 ou 12 cah. 100% perdus)
I–II Par / vac.
24 f. perdus ?
< Ps > < Od >
Chronographion (fin) ; crux
ix.
Eusebiana (début) < Eusebiana (fin) > ? < Novum Testamentum >
x.?
Cah. 59(.8)–61(.6) xi. ? f. N 128,119–125, 127, 129–132 Fin perdue au moins un f. perdu
4 vol.
v.1
v.1
v.1
< Iob 1,1–30,8 > Iob (fin), Prov, Eccle
viii. f. V 162vb–163rb f. V 163va–164vb 1 ou 2 f. perdus 95 f. ou 103 f. perdus ?
3 vol.
v.2
f. N 95rb–118va
f. V 58rb–76rb f. V 76rb–98va f. V 98va–118ra f. V 118ra–126rb f. V 126v–135va f. V 135vb–162vb
? 2 vol.
33
v.2
v.2
v.3
v.3
v.4
Esth, A-B Esdr
Tableau 5: Codex Basilianus selon la reconstruction envisagée ci-dessus ; environ une ligne pour vingt folios (numéros de cahiers selon la série de cahiers plus ancienne dans le scénario c).
D’autre part, le fait que la Vaticane possède deux parties du codex, qui auraient été séparées par les parties conservées à Venise, surprend. Mais il est facile d’imaginer que, vu son originalité, la disposition ici reconstruite n’ait pas perduré, de sorte que, dans un deuxième temps, Esther et A-B Esdras aient été détachés du NT et reliés avec les Livres historiques, bien que cette opération ait impliqué la mutilation d’un cahier, que les trois œuvres aient été placées après la discontinuité modulaire marquant la fin de II Paralipomènes et que le résultat n’ait plus respecté la numérotation des cahiers. Somme toute, et malgré la surprise initiale et ces problèmes tenaces, c’est bien la cinquième solution qui est la plus convaincante : elle prend simplement au sérieux le témoignage du lecteur du f. N 118v, ne suppose ni la présence d’un cahier de composition absurde ou un remaniement postérieur difficile à expliquer, ni ne se heurte à des impossibilités matérielles. Je n’exclus cependant pas entièrement la troisième solution. Le Tableau 5 présente de façon synthétique l’architecture du Basilianus, telle que les considérations présentées
ci-dessus permettent de la reconstruire avec quelque vraisemblance en suivant, pour ce qui est de la numérotation des cahiers, le scénario c ; les dernières colonnes envisagent des possibilités de relier le volume en deux, trois ou quatre volumes, comme expliqué ailleurs la troisieme série de signatures de cahiers est compatible avec une reliure en deux ou quatre volumes52.
6 Bilan et conclusion Arrivés à la fin de notre parcours, soulignons tout d’abord la logique modulaire de l’AT dans le Basilianus, dans lequel les grands ensembles traditionnels du texte biblique sont effectivement délimitées par des UniMod : l’Octateuque, 52 Pour des explications sur ce genre de tableaux, voir Andrist 2020, p. 22 ; en particulier, l’étoile indique la présence d’un cahier inhabituel pour le codex à la fin d’une UniMod. Sur le tableau du Basilianus, et les différentes façons potentielles de le relier, voir aussi p. 54–55.
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Patrick Andrist
les Historiens anciens, les Prophètes suivis de Judith, Tobie et des Maccabées, ainsi que, si notre reconstruction est exacte, le Psautier dans une UniMod, et les Sapientiaux dans une autre. La présence d’espaces vides parfois plus importants à la fin des UniMod (quelques lignes à la fin de Ruth, mais une colonne à la fin de II Paralipomènes et à la fin de Siracide) souligne d’autant plus la volonté de produire cette bible en parties indépendantes. C’est du reste sur cette logique modulaire, et sur la troisième série de signatures de cahiers, que se fonde l’idée d’une bible conçue de façon à pouvoir être reliée en plusieurs volumes, comme l’illustre le Tableau 5 ci-dessus53. Cependant, comme il a également déjà été relevé, et sans même prendre en considération la position particulière d’Esther + A-B Esdras, nous avons affaire à une bible paradoxale54. Si la logique modulaire est frappante pour l’AT, il est surprenant par contre que les Eusebiana, qui introduisent le NT, commencent vers le milieu d’un cahier, dans l’UniMod qui débute avec les Prophètes. Vu l’importance des ensembles bibliques concernés, il est difficile d’invoquer ici le principe d’économie mentionné ci-dessus à propos de la succession des livres bibliques, mais qui ne se manifeste justement pas entre les ensembles traditionnels de livres bibliques. De façon également surprenante, et sans spéculer sur les parties perdues, nous remarquons une concentration de paratextes liminaires dans l’UniMod des Livres prophétiques et historiques récents ; ailleurs, on ne peut guère signaler que le Cantique qui soit accompagné de paratextes particuliers. Or, ces particularités s’expliquent bien si la copie du codex était basée sur plusieurs antigraphes d’origines diverses : notamment, les Prophètes avec des paratextes, les autres livres sans ces derniers. On peut dès lors se demander, dans la perspective de la solution au problème de la composition originale du codex présentée ci-dessus, si, arrivés au bout de leur travail, les producteurs ne se seraient pas soudain aperçus que leurs antigraphes disparates ne contenaient ni Esther ni A-B Esdras. Ils auraient alors décidé de copier ces livres au seul endroit encore possible sans modifier les signatures de cahier55 : à la fin du NT. La disposition particulière de cette bible serait alors une « bête erreur » de fabrication et la dimension théologique de cette opération se limiterait à l’idée qu’une bible complète devait contenir Esther et A-B Esdras, quitte 53 Andrist 2020, p. 54–55. 54 Andrist 2020, p. 53–54. 55 Voire sans toucher à la reliure d’un ou plusieurs volume(s) déjà faite, mais ce n’est pas mon hypothèse préférée, vu que la note du lecteur s’explique mieux, me semble-t-il, si II Par et le cahier 60 se trouvaient dans le même volume.
à les placer à un endroit inhabituel. Cela correspond à mon sentiment qu’il ne faut pas exagérer l’importance que les anciens attachaient à la position relative de tous les livres bibliques dans les bibles56. Si on compare la suite des contenus du volume ainsi reconstruit avec les autres pandectes grecques du premier millénaire57, on observe que : – comme dans le Vaticanus, les Sapientiaux sont situés plutôt au début de la série, entre les Historiens anciens et les Prophètes ; – comme dans le Sinaiticus, les Maccabées suivent directement Tobie et Judith ; – comme dans l’Alexandrinus, la bible possède les quatre livres des Maccabées, et Esther précède A-B Esdras, directement dans le Basilianus – c’est une particularité de cette pandecte –, mais séparé par Tobie et Judith dans l’Alexandrinus ; – quant aux Eusebiana, c’est la seule fois, dans les pandectes anciennes, que nous les rencontrons physiquement sur la même UniMod que la fin de l’AT, même si, dans le Vaticanus (qui ne possède pas d’Eusebiana), le NT commence dans le même cahier qui contient la fin de l’AT ; – non seulement la position d’Esther et A-B Esdras en fin de bible est unique – c’est inutile de le souligner –, mais c’est également la seule pandecte grecque ancienne connue où Esther est séparée de Tobie et Judith ; – de même, nous n’avons pas trouvé dans les autres pandectes tous les paratextes qui accompagnent le Cantique et les Prophètes. Enfin, pour ce qui est de l’organisation des livres bibliques dans le Basilianus, répétons que la note de lecture du f. N 118v implique l’existence d’un livre dans lequel Esther et A-B Esdras se trouvaient après le NT, et qui, comme nous l’avons vu, devait contenir le Psautier entre II Paralipomènes et Job. C’est la bible que nous venons de reconstruire. La question centrale traitée dans cet article est de savoir si telle pouvait être l’architecture originale de cette pandecte, ou s’il fallait y voir le résultat d’un remaniement postérieur plus ou moins accidentel. Résumons les raisons pour lesquelles cette enquête nous amène à opter résolument pour la première solution. Si ce n’était, dans la reconstruction de ce volume, la succession des livres bibliques très insatisfaisante par rapport à l’histoire des bibles, rien n’inviterait à chercher d’autres solutions. Or, pour parvenir à reconstruire 56 Andrist 2009, p. 234 ; Andrist 2020. 57 Sur ces pandectes, voir la note 43 ci-dessus.
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une pandecte plus conforme aux traditions bibliques, il faudrait imaginer, comme nous l’avons vu, ou bien des contenus ou une composition très peu probable du cahier contenant le début d’Esther, ou bien un état premier de cette bible incompatible avec les signatures conservées, toutes anciennes qu’elles soient, ou bien une bible sans les Psaumes, ce qui serait également contraire aux traditions. Dans tous les cas, il faudrait en outre imaginer (encore !) des circonstances très particulières qui auraient amené le propriétaire à déplacer Esther et A-B Esdras à la fin du volume, avant qu’ils ne soient un jour déplacés à nouveau à un endroit plus approprié. Toutes ces solutions sont encore plus improbables que celle qui consiste à penser simplement que la bible reconstruite ci-dessus, qui ne présente aucune difficulté sur le plan matériel, est un reflet assez fidèle de son état originel.
autres solutions envisageables, reste la plus probable ! Il est regrettable qu’après avoir soigneusement étudié le Basil. N à la Vaticane, il n’ait pas pu réaliser son projet d’aller à Venise pour étudier l’autre partie de cette bible. J’espère seulement que cet article contienne en substance ce qu’il aurait trouvé et publié.
En guise de conclusion, brossons sur cette base les grandes étapes relatives de l’histoire physique de cette bible, telles qu’elles me semblent les plus probables : – dans la seconde moitié du ixe siècle, création d’une pandecte biblique modulaire, probablement en un volume. Suite à une possible erreur de planification, le groupe Esther et A-B Esdras a été copié à la fin ; – en lien avec la fabrication d’une nouvelle reliure, déplacement du groupe final après II Paralipomènes, où il convient mieux pour la succession du contenu ; – peut-être à la même occasion, division de la bible en deux volumes, avec une séparation au début des Prophètes, et une nouvelle numérotation des cahiers (troisième série) ; – à une période relative indéterminée, détachement ou perte de l’UniMod contenant les Psaumes ; – à une période relative également indéterminée, reliure de la bible en trois volumes ; au cours du temps : – perte du volume contenant le NT ; – au xve siècle, acquisition par Bessarion du volume contenant la fin de l’AT, puis legs à la Bibliothèque marcienne ; – en 1786, entrée à la Bibliothèque vaticane du volume contenant le début de la Bible parmi les Basiliani58 ; à une période relative indéterminée, mutilation du début puis regroupement dans l’avant-dernier cahier de deux folios isolés.
Montfaucon, Bernard de, Diarium Italicum, sive monumentorum veterum, bibliothecarum, musaeorum, &c. Notitiae singulares in itinerario Italico collectae, Paris 1702 (p. 212, l. 4–5 : mention du Basil. V). Zanetti, Anton Maria / Bongiovanni, Antonio, Graeca D. Marci Bibliotheca codicum manuscriptorum per titulos digesta, Venezia 1740 (p. 1–13 : ancienne notice de catalogue du Basil. V, avec édition du prologue aux XII Proph.). Tischendorf, Konstantin von, Anecdota sacra et profana ex Oriente et Occidente allata, sive Notitia codicum Graecorum, Arabicorum, Syriacorum, Copticorum, Hebraicorum, Aethiopicorum, Latinorum, Leipzig 1855 (p. 103–109 : édition du prologue aux XII Proph. et de l’Interprétation du songe de Nabuchodonosor). Batiffol, Pierre, La Vaticane depuis Paul III, in Revue des questions historiques 45 (1889), p. 177–218 (p. 200 : le Basil. N est identifié comme le numéro cxlv du catalogue de dom Scarfò des Basiliani, conservé à la Vaticane, Elenchus et Catalogus Librorum graece mss. qui in Bibliotheca Collegii s. Basilii de Urbe reperiuntur transvecti a pluribus Calabriae et Lucaniae Monasteriis praesertim Carbonensi et Pateriensi ordinis S. P. N. Basilii Magni, «circa Annos Dni 1697 et 1699»). Klostermann, Erich, De libri Coheleth versione Alexandrina, Dissertatio inauguralis, Kiel 1892 (en particulier p. 3–6, 52–54 : travail de critique textuelle, comprenant une première édition de l’introduction au Cantique). Omont, Henri, Inventaire des manuscrits grecs et latins donnés à Saint-Marc de Venise par le cardinal Bessarion en 1468, in Revue des bibliothèques 4 (1894), p. 129–187 (p. 149 no 4 = tirage à part Paris 1894, p. 21, no 4 : mention du Basil. V). Klostermann, Erich, Analecta zur Septuaginta, Hexapla und Patristik, Leipzig 1895 (p. 9–10 : plus ancien rapprochement connu entre les deux manuscrits ; transcription de la note de provenance située au début du Basil. N). Rahlfs, Albert, Verzeichnis der griechischen Handschriften des Alten Testaments, für das Septuaginta-Unternehmen (Nachrichten von der Königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen. Philologisch-historische Klasse 1914. Beiheft ; Mitteilungen des Septuaginta-Unternehmens der Akademie der Wissenschaften zu Göttingen 2), Berlin 1914 (nouvelle édition partielle par Fraenkel 2004, cf. Infra,
Au terme de cet article, il convient de saluer à nouveau l’acribie de Paul Canart, ainsi que son intuition et sa rigueur. Toute curieuse qu’elle soit, sa conception de l’architecture du Basilianus, lorsqu’elle est confrontée aux 58 Batiffol 1889, p. 200.
Bibliographie a. Littérature secondaire sur le Codex Basilianus Bibliographie partielle du manuscrit dans l’ordre chronologique de publication, accompagnée de brèves notes. Pour les autres références bibliographiques, cf. infra, section b.
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Patrick Andrist
p. 270–272, 306 : discussion sur la disposition originelle des livres bibliques du Basilianus). Swete, Henry Barclay / Ottley, Richard Rusden (rev.), An Introduction to the Old Testament in Greek, Cambridge 1914, 2e éd. (p. 131–132). Weitzmann, Kurt, Die byzantinische Buchmalerei des 9. und 10. Jahrhunderts, Berlin 1935 (réimpression en 1996 avec supplément) (p. 43 : brève mention problématique du Basil. V [cf. Furlan 1978] ; pour une discussion plus récente, cf. infra Weitzmann 1996). Gasparrini Leporace, Tullia / Mioni, Elpidio, Cento codici Bessarionei : catalogo di mostra (Biblioteca nazionale Marciana, Venezia, V Centenario della fondazione, 1468–1968), Venezia 1968 (no 19, p. 29 : notice dans un catalogue d’exposition, proche de Mioni 1981). Jellicoe, Sidney, The Septuagint and Modern Study, Oxford 1968, reprod. Winona Lake (IN) 1993 (p. 197–199). Furlan, Italo, Codici greci illustrati della Biblioteca Marciana, 1 (Studi sull’arte paleocristiana e bizantina), Milano 1978 (p. 16–18 : discussion ; attribution à la période iconoclaste). Mioni, Elpidio, Bibliothecae divi Marci Venetiarum : codices Graeci manuscripti. Thesaurus antiquus, 1, codices 1–299 (Indici e cataloghi, nuova serie 6), Roma 1981 (p. 5–6 : notice de catalogue du Basil. V). Treat, Jay Curry, Lost Keys: Text and Interpretation in Old Greek Song of Songs and Its Earliest Manuscript Witnesses, diss., Philadelphia (PA) 1996 (passim, en particulier p. 30–31, 407–412). Weitzmann, Kurt, Die byzantinische Buchmalerei des 9. Und 10. Jahrhunderts. Addenda und Appendix (Veröffentlichungen der Kommission für Schrift- und Buchwesen des Mittelalters. Reihe IV, Monographien 2, 2) ; = supplément à Weitzmann 1935, = t. 2 de la réimpression ; Wien 1996 (p. 89–90 : discussion sur la date et l’origine du Basil. V, cf. supra Weitzmann 1935). Treat, Jay Curry, A Fiery Dove: The Song of Songs in Codex Venetus 1, in Wright, Benjamin G. (ed.), A Multiform Heritage: Studies on Early Judaism and Christianity in Honor of Robert A. Kraft (Scholars Press Homage Series 24), Atlanta (GA) 1999 (p. 275–301 : transcription de Cant. et du prologue à Cant. dans le Basil. V). Fraenkel, Detlef, Verzeichnis der griechischen Handschriften des Alten Testaments von Alfred Rahlfs. Bd. I,1. Die Überlieferung bis zum VIII. Jahrhundert (Septuaginta. Vetus Testamentum Graecum. Supplementum), Göttingen 2004, = supplément à Rahlfs 1914, cf. supra (p. 344–346, 372–374 : avec discussion plus détaillée sur la disposition originelle des livres bibliques). Iacobini, Antonio, Libri per i monaci. Segni e immagini di committenza monastica nel mondo bizantino, in Rivista di Studi Bizantini e Neoellenici 43 (2006), p. 3–19 (p. 7 et fig. 2 : Basilianus considéré comme un témoin de la période iconoclaste). Iacobini, Antonio, Il segno del possesso : committenti, destinatari, donatori nei manoscritti bizantini dell’età macedone, in Conca, Fabrizio / Fiaccadori, Gianfranco (ed.), Bisanzio nell’età dei Macedoni : forme della produzione letteraria e artistica. VIII Giornata di studi bizantini, Milano, 15–16 marzo 2005 (Quaderni di Acme 87), Milano 2007, p. 151–194 (p. 155–156, avec pl.). Iacobini, Antonio, De Basilio I a Basilio II : marcas e imagines de comitentes en la producción libraria costantinopolitana de época macedonia, in D’Aiuto, Francesco / Pérez Martín, Inmaculada (ed.), El « Menologio de Basilio II », Città del Vaticano, Biblioteca
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L’architecture du Codex Basilianus (Vat. gr. 2106 + Marc. gr. 1) et l’étonnante hypothèse de Paul Canart
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Chiara Ruzzier
Item Biblia in uno volumine : le « compactage » du texte biblique du xie au xiiie siècle Résumé: En exploitant un corpus de 2 679 manuscrits recensés (dont 554 ont été consultés), la contribution offre un panorama succinct de l’évolution de la production des bibles latines complètes pendant tout le Moyen Âge, suivi d’un approfondissement pour la période la mieux fournie en données, à savoir les xie, xiie et xiiie siècles. L’expression « bibles complètes » désigne des bibles en un seul volume ou en plusieurs volumes issus d’un même projet éditorial, mais certains livres bibliques – le Psautier, les Évangiles, Baruch et le 3e livre d’Esdras – peuvent toutefois en être absents. L’évaluation prend donc en compte la configuration en un ou plusieurs volumes et la « complétude » de ces bibles à travers le temps, leur corrélation avec l’origine géographique et les premiers possesseurs connus, ainsi que leurs dimensions. C’est seulement au xiiie siècle que les bibles en seul volume deviennent la norme ; elles sont dans la plupart des cas de petit format et contiennent la totalité du texte biblique avec un ordre figé des livres. Enfin, la contribution met en lumière le processus de compression du texte biblique qui a permis une réduction des dimensions des manuscrits jusqu’à l’apparition de bibles portatives au xiiie siècle. Dans ce contexte a été identifié un petit groupe de manuscrits de format réduit et plus maniables (7 spécimens), qui témoigne de la transformation des usages de la Bible au tournant des xiie et xiiie siècles, lorsqu’on passe d’un usage principalement collectif des bibles complètes à un usage majoritairement personnel. Abstract: This contribution provides a succinct overview of the development of the production of complete Latin Bible throughout the Middle Ages, followed by a more in-depth investigation of the eleventh, twelfth and thirteenth centuries. It is based on a census of 2,679 existing manuscripts (of which 554 were consulted). The expression “complete Bibles” refers to Bibles in one volume or in several volumes from the same editorial project; however, some biblical books – and especially the Psalter, the Gospels, Baruch and the 3rd Book of Ezra – are not always present. The article therefore focuses on the configuration in one or more volumes and the “completeness” of these Bibles over time, their correlation with the geographical origin and the first known owners, as well as their size. During the eleventh and twelfth centuries the majority of Bibles are giant manuscripts, often in two or three volumes. It is only from the thirteenth century that https://doi.org/10.1515/9783111019963-004
one-volume Bibles became the norm, and they contain the entire biblical text with a fixed order of the books. Finally, the contribution highlights the process of compressing the biblical text that enabled the size of the manuscripts to be reduced until the appearance of portable Bibles during the first half of the thirteenth century. In this context, a little group of smaller and more handy manuscripts of the twelfth century (7 specimens) has been identified. It testifies the transformation of the uses of the Bible at the turn of the twelfth and thirteenth centuries, when complete Bibles moved from a mainly collective use to a mainly personal use.
1 Introduction La production de bibles latines complètes au Moyen Âge est un sujet très vaste, car les manuscrits parvenus jusqu’à nous sont très nombreux par rapport à ceux subsistant dans d’autres langues anciennes, même s’ils sont répartis de façon très inégale selon les siècles. On trouvera ici un panorama succinct de l’évolution de cette production pendant tout le Moyen Âge, suivi d’un approfondissement pour la période la mieux fournie en données, à savoir les xie, xiie et xiiie siècles. La configuration étudiée ici – une bible complète en un seul volume, ou en plusieurs volumes issus d’un même projet éditorial – n’est pas exceptionnelle. Toutefois, pendant une bonne partie du Moyen Âge, les pandectes étaient minoritaires et la Bible latine plutôt conçue comme une bibliotheca, c’est-à-dire un recueil des livres du texte sacré qui n’était pas nécessairement pensé comme un tout indissociable1. C’est seulement à partir du xiiie siècle que les bibles complètes deviennent la norme. Quelle était la proportion de pandectes par rapport aux bibliothecae ? Le pourcentage de bibles complètes dans la production globale de manuscrits bibliques en latin n’est disponible de manière précise que pour des aires ou périodes très limitées. La raison en est assez simple : le nombre de manuscrits latins contenant tout ou partie de 1 Pour une synthèse sur les manuscrits de la Bible latine, voir Bogaert 1988, en particulier p. 276–285 sur les bibliothecae et les pandectes.
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Chiara Ruzzier
la bible, glosée ou pas, est énorme. Il a été estimé, lors des travaux pour l’édition critique de la Vulgate, à environ 30 000 exemplaires2 et l’estimation n’est sans doute pas exagérée. Il suffit de la comparer avec le nombre de bibles complètes non glosées que j’ai recensées dans le cadre de mes recherches : 2 680 environ. À ce nombre, il faut certainement encore ajouter quelques centaines de bibles, notamment celles, nombreuses, encore sur le marché3.
2 Panorama de la production de bibles latines complètes au Moyen Âge Sur la base des manuscrits connus, il est encore impossible d’évaluer quantitativement et de manière précise la production de bibles siècle par siècle, et en particulier de bibles partielles. On peut cependant esquisser la progression de la production de bibles complètes pendant le Moyen Âge sur la base des manuscrits subsistants, tout en gardant à l’esprit que le taux de survie peut varier d’un siècle à l’autre et selon le type de manuscrit. Avant d’aller plus loin, deux clarifications s’imposent. Premièrement, les bibles copiées sur papier, beaucoup moins nombreuses que celles sur parchemin et dont la production est essentiellement limitée au xve siècle, n’ont pas été prises en compte pour le moment4. Deuxièmement, dans cet article, l’expression « bible complète » ne désigne pas nécessairement une bible contenant la totalité des livres du canon biblique de l’Église latine, car ce canon a légèrement varié au cours du Moyen Âge, incluant ou pas certains livres ou parties de livres. Le terme désigne plutôt
2 Voir Grégoire 2016, p. 183. 3 Une consultation de la Schoenberg Database of Manuscripts, contenant essentiellement des manuscrits répertoriés dans les catalogues de ventes anciens et récents, offre plus de 3 000 transactions pour les bibles latines d’avant 1500. Voir http://sdbm.library.upenn.edu/ (consulté le 5 avril 2022). Il est malheureusement impossible d’isoler les bibles complètes ou celles glosées, mais la plupart des manuscrits encore en vente sont des bibles portatives du xiiie siècle. Par ailleurs, Martin Morard a déjà répertorié, dans un inventaire sommaire et encore partiel, environ 4 000 manuscrits de la seule bible glosée (voir Morard 2018). 4 Comme cette recherche, à ses débuts, était limitée à la production de bibles portatives du xiiie siècle, qui sont uniquement sur parchemin, et qu’elle s’est ensuite élargie aux siècles précédents, les bibles sur papier n’ont pas été recensées systématiquement. Bien évidemment, une comparaison entre les caractéristiques des bibles sur papier et sur parchemin, ainsi que des différents contextes de production, serait également souhaitable.
une bible qu’on suppose avoir été considérée « complète » à l’époque et à l’endroit de sa fabrication. Dans le même ordre d’idée, j’ai également inclus dans l’étude de nombreuses bibles dépourvues d’Évangiles et/ou de Psautier. Le fait que ces livres étaient très utilisés dans la liturgie et qu’ils étaient donc souvent lus, pour des raisons pratiques, dans des manuscrits séparés, a eu pour conséquence que dans un certain nombre de bibles ils ont été omis alors que tous les autres livres bibliques étaient présents. Sur la base des sondages effectués, on peut cependant estimer que les bibles « véritablement complètes » correspondent au minimum aux trois quarts de la production totale de pandectes, avec bien sûr des variations selon l’époque de leur fabrication, qui seront analysées plus loin5. Le Graphique 1 – basé sur 2 679 bibles en parchemin datables au siècle près, complètes ou censées avoir été conçues comme complètes –, offre un aperçu de l’évolution de la production pendant le Moyen Âge. Les données pour la production du haut Moyen Âge proviennent des études disponibles6 et ne sont qu’indicatives ; à partir du xie siècle, il s’agit en revanche des données récoltées à travers un dépouillement systématique des catalogues imprimés et des bases de données en ligne dont j’ai généralement accepté la datation et la localisation, sauf quand elles avaient été corrigées par des études plus récentes. Dans le cas des 554 manuscrits que j’ai consultés personnellement (21 % du total), la datation et la localisation ont souvent été précisées ou corrigées7 sur la base d’un examen des caractéristiques matérielles et textuelles, de l’écriture et de la décoration, ainsi que des souscriptions et notes de possession éventuellement présentes. Le recensement tend à se rapprocher de l’exhaustivité pour les xie–xiiie siècles, à l’exception des fragments et des manuscrits encore sur le marché, très nombreux pour les xiiie–xve siècles, qui n’ont pas été recensés de manière systématique. Si le montant des effectifs sera certainement réévalué à la hausse dans l’avenir, surtout pour la fin du Moyen Âge, la proportion entre les siècles ne devrait pas s’en trouver modifiée sensiblement. La première bible latine complète conservée intégralement est le célèbre Codex Amiatinus8, réalisé au début 5 Voir plus loin, Tableaux 9, 10 et 11. 6 Essentiellement Fischer 1985, fragments compris, avec des ajouts ponctuels. 7 C’est le cas surtout pour de nombreuses bibles du xiiie siècle, qui avaient été datées du xive ou même du xve siècle dans des catalogues anciens, et qui étaient rarement localisées. 8 Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Amiat. 1. Pour une description détaillée et la bibliographie, voir Alidori (et al.) 2003, p. 3–58 ; voir aussi Chazelle 2019.
Item Biblia in uno volumine : le « compactage » du texte biblique du xie au xiiie siècle
2000
41
1843
1800 1600
manuscrits
1400 1200 1000 800 600 200 0
327
277
400 1
3
VIIe
VIIIe
68 IXe
16 Xe
84 XIe
60 XIIe
XIIIe
XIVe
XVe
Graphique 1: Estimation du nombre de bibles complètes sur parchemin, par siècle.
du viiie siècle. Il est bien évidemment possible que les monastères de l’Antiquité tardive se soient dotés de bibles complètes – et du reste, dans ses Institutiones Cassiodore mentionne trois pandectes destinées à sa fondation de Vivarium, dont deux en un seul volume9 –, mais rien ne subsiste de ces premières tentatives d’assemblage de tous les livres bibliques avant le manuscrit connu comme le « palimpseste de León », copié en Espagne au viie siècle et partiellement conservé, qui probablement était à l’origine une pandecte10. La première production à grande échelle de pandectes latines a vu le jour à l’époque carolingienne et en particulier dans le scriptorium de Tours11. Au xe siècle, elle se raréfie à nouveau : elle est presque nulle en Europe centrale, alors qu’elle reste vivante dans la péninsule Ibérique. Les bibles recensées pour cette période sont en effet presque toutes en écriture wisigothique12. La production de bibles complètes remonte sensiblement au milieu du xie siècle. Les principales aires de production à cette époque sont au nombre de deux, d’importance quantitativement très différente. La plus importante est constituée par l’Italie centrale et Rome en particulier, d’où sont originaires les bibles dites atlantiques, vraisemblablement copiées en lien avec la réforme grégorienne de l’Église13. Il s’agit de pandectes de très grandes dimen9 Le codex grandior et une pandecte copiée minutiore manu, qui était peut-être de format maniable. Voir Cassiodorus, Institutiones, I, 12, 3 (Mynors 1937, p. 37). 10 León, Archivo catedralicio, 15. Voir Fischer 1985, p. 70, 74–78 ; Ganz 2015. 11 Voir en particulier Fischer 1985, p. 254–271, Ganz 1994. 12 Voir Cherubini 2005. 13 Voir essentiellement les contributions réunies dans Maniaci / Orofino 2000 et, plus récemment, dans Togni 2016a. Pour d’autres hypothèses sur les lieux et les circonstances de la réalisation des bibles atlantiques, voir Hoffmann 2009, Yawn 2010 et Kinney 2021.
sions, contenant un texte révisé et présentant un apparat décoratif caractéristique. Elles devaient contribuer à la diffusion de la réforme romaine et elles semblent avoir été destinées principalement à des cathédrales et à des fondations monastiques italiennes, bien qu’un petit nombre d’exemplaires aient circulé assez tôt au nord des Alpes. La deuxième aire est représentée par les monastères de la Flandre et du nord de la France, où l’on produit des bibles en plusieurs volumes commandités par des abbés réformateurs14. Elles ont en commun avec les bibles atlantiques le caractère monumental, mais elles ne se sont pas inspirées de celles-ci ni du point de vue textuel ni sur le plan artistique. Quelques autres exemplaires notables de bibles complètes du xie siècle proviennent de l’un ou l’autre monastère de l’aire germanique, comme la Bible d’Echternach (Luxembourg, Bibliothèque nationale, 264)15 en un seul volume. Dans tous les cas, ce sont principalement des bibles destinées à un usage collectif et liturgique, notamment à l’office choral. C’est un type de bibles qui se répand dans le reste de l’Europe au siècle suivant, sous l’impulsion du renouveau monastique et canonial et grâce aux nombreuses fondations de nouveaux monastères pour lesquels ces bibles constituaient le livre de référence. Il s’agit toutefois de manuscrits de nature très hétérogène par rapport aux bibles carolingiennes ou atlantiques. Il faut attendre le xiiie siècle pour assister à une véritable explosion de la production de manuscrits bibliques. C’est à cette époque en effet que la bible acquiert définitivement la forme qui nous est familière aujourd’hui : un volume unique, de dimensions maniables, contenant la
14 Voir essentiellement Reilly 2006, p. 44–93. 15 Voir Falmagne 2016.
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Chiara Ruzzier
totalité du texte biblique et destiné, dans la très grande majorité des cas, à la lecture personnelle. Les bibles portatives d’origine parisienne en sont l’expression la plus aboutie, mais la production s’est diffusée rapidement, avec des caractéristiques un peu différentes, dans d’autres régions, notamment en Angleterre et en Italie du Nord. Naturellement, le contexte de production change radicalement : on passe d’une production essentiellement confinée dans les scriptoria monastiques à une production spécialisée, confiée à des copistes et à des ateliers d’enluminure professionnels travaillant dans les villes universitaires. En outre, le développement du commerce du livre n’épargne pas les manuscrits bibliques, qui deviennent des biens comme les autres, objets de nombreux changements de propriétaire. Au xive siècle, la production de bibles complètes se réduit considérablement, comme en général toute la production manuscrite16, affectée par la crise économique et les conséquences démographiques de la peste. Les bibles portatives produites au xiiie siècle sont en effet suffisamment nombreuses pour répondre à la demande de bibles à usage personnel jusqu’au début du xvie siècle et à la diffusion des bibles imprimées de petit format, comme l’attestent de nombreuses notes de possession. Je ne dispose pas de données exhaustives pour les deux derniers siècles du Moyen Âge, mais les bibles qui continuent à être fabriquées sont surtout des manuscrits de dimensions assez grandes, souvent de luxe et destinés à des fonctions d’apparat. Au xve siècle apparaissent en revanche les premières bibles, d’apparence plus modeste, copiées sur papier. Non comptabilisées dans le Graphique 1, elles ont été fabriquées surtout dans le centre et l’est de l’Europe, dans les pays germaniques et slaves.
3 Caractéristiques générales des bibles du xie et du xiie siècle Au stade actuel de la recherche, je suis parvenue à recenser 386 bibles latines datables des xie et xiie siècles, en y incluant bien évidemment les bibles actuellement incomplètes mais qu’on peut supposer avoir été conçues comme complètes. Je n’ai consulté personnellement que 55 de ces bibles, qui correspondent environ à 14 % du total de celles des xie et xiie siècles incluses dans ma base de données, à
16 Voir Bozzolo / Ornato 1980, p. 84–109.
cause de la dispersion des lieux de conservation actuels de ces volumes. Pour le recensement, j’ai pu notamment utiliser les résultats récents des enquêtes sur les bibles atlantiques qui permettent de rééquilibrer la carte des pays de production, qui par le passé était fortement influencée par les seuls recensements partiels publiés, ceux de Samuel Berger17 et de Walter Cahn18, avant tout centrés sur la production d’origine française. Les études effectuées ces dernières années19 révèlent en effet l’étendue et l’importance de la production italienne, surtout en ce qui concerne les bibles en un seul volume. À cet ensemble s’ajoutent les résultats du dépouillement des catalogues de bibliothèques européennes20. Pays d’origine
xie siècle % mss
Flandre et région mosane Angleterre France Italie pays germaniques péninsule Ibérique Royaume latin de Jérusalem ? ensemble
tot. %
xiie siècle % mss
tot. mss
7,5 %
6
7,9 %
20
7,8 %
26
2,5 % 21,3 % 45,0 % 20,0 % 3,8 %
2 17 36 16 3
9,5 % 34,8 % 27,7 % 15,4 % 4,3 %
24 88 70 39 11
7,8 % 31,5 % 31,8 % 16,5 % 4,2 %
26 105 106 55 14
0,4 %
1
0,3 %
1
80 100,0 % 253 100,0 %
333
0,0 % 100,0 %
Tableau 1: Répartition des bibles complètes datables et localisables par siècle et origine.
Le Tableau 1 synthétise la répartition de la production localisable par siècle, établie suivant les données fournies par la catalographie et, dans un petit nombre de cas, précisée ou corrigée par moi-même grâce à la consultation des volumes (dans 14 % des cas, l’origine n’a pas encore été établie et 6 % des manuscrits, essentiellement des volumes très partiels pour lesquels nous ne disposons pas de description, ne sont même pas datables au siècle près). La production d’origine italienne domine au xie siècle, mais elle est supplantée par la production d’origine française au cours du siècle suivant. Ces deux pays restent en tout cas les deux principaux foyers de production pendant
17 Berger 1893, en particulier p. 374–422. 18 Cahn 1982, en particulier le catalogue aux p. 251–294. 19 Voir note 13 ci-dessous et notamment l’Inventario delle Bibbie atlantiche (Togni 2016b). 20 Le dépouillement est tendanciellement exhaustif pour la Belgique, la France, le Portugal, le Royaume-Uni, le Vatican, ainsi que pour les fonds de quelques autres grandes bibliothèques.
Item Biblia in uno volumine : le « compactage » du texte biblique du xie au xiiie siècle
la période étudiée. Si la production de la Flandre21 et de la région mosane, des pays germaniques et de la péninsule Ibérique semble rester relativement faible et à peu près stable en pourcentage d’un siècle à l’autre, au contraire celle de l’Angleterre, presque nulle au xie siècle22, s’envole au cours de la deuxième moitié du xiie siècle et devient essentielle pour la réalisation de bibles en un seul volume à la fin de cette période. Ordre d’origine ou provenance ancienne
%
mss
50,3 % 4,1 % 4,6 % 16,6 % 6,2 % 18,1 %
97 8 9 32 12 35
100,0 %
193
Bénédictins Ch. augustiniens Chartreux Cisterciens Prémontrés Cathédrale ou église ensemble
Tableau 2: Provenance ancienne des bibles.
La provenance ancienne, qui à cette époque coïncide souvent avec l’origine, a pu être déterminée dans la moitié des cas (Tableau 2). On a pris en compte l’ordre religieux au sein duquel les manuscrits ont été produits ou, à défaut, la plus ancienne provenance si elle est attestée par une note de possession avant la fin du xiiie siècle, cette limite permettant en général de déterminer avec un certain degré de certitude les destinataires originels et d’exclure les nouveaux ordres qui ont pu par la suite acquérir les manuscrits. Il en résulte que la moitié des bibles sont de provenance bénédictine, contre à peine 16,6 % de provenance cistercienne et 18,1 % de provenance séculière. Volumes
xie siècle % mss
1 2 3 4 ou plus total
taille
xiie siècle % mss
taille
ensemble % mss
taille
34,9% 47,6% 9,5% 7,9 %
917 865 725 693
17,5% 43,4% 17,5% 21,7 %
823 864 764 767
21,5% 44,4% 15,6% 18,5 %
858 864 758 759
100,0 %
855
100,0 %
818
100,0 %
827
Tableau 3: Distribution des manuscrits par nombre de volumes et par siècle et taille (H + L) moyenne.
21 L’extrême nord-est de la France, correspondant plus ou moins à l’ancienne région Nord-Pas-de-Calais, est inclus dans cette dénomination. 22 Voir à ce sujet Reilly 2002, p. 294–298.
43
Examinons maintenant de plus près ces bibles, conservées intégralement ou pas, pour lesquelles, sur la base d’observations codicologiques ou des catalogues anciens, on peut raisonnablement déduire le nombre de volumes originels. Elles représentent 75 % du total et sont distribuées dans le Tableau 3. Dans les cas des bibles subdivisées en plusieurs volumes, il est malheureusement très fréquent que ceux-ci ne soient pas tous conservés. Dans l’état actuel du recensement, et même en excluant les nombreux cas douteux en raison des lacunes des descriptions23, 51 % des bibles en plusieurs volumes qu’on peut estimer être issues d’un même projet éditorial ne sont pas parvenues jusqu’à nous dans leur intégralité. Des volumes dépareillés et même conservés dans des institutions différentes ont parfois pu être réunis, mais bien plus souvent on est face à un seul volume subsistant, qui parfois a lui-même subi des mutilations matérielles et dont il est difficile de déterminer le statut. Compte tenu de ces réserves, presque la moitié des bibles des xie et xiie siècles sont aujourd’hui divisées en deux volumes. Cette configuration est probablement celle qui permettait de concilier au mieux les exigences de monumentalité et d’une certaine maniabilité. Le nombre de bibles en un seul volume, qui correspond à un peu plus d’un tiers au xie siècle24, non seulement n’augmente pas en pourcentage au xiie siècle, mais au contraire diminue considérablement au profit de bibles en trois, quatre ou même cinq et six volumes, tandis que la part de bibles en deux volumes reste stable. Cette répartition se comprend mieux si, d’une part, on met la division en volumes en relation avec l’origine (Tableaux 4 et 5) et les destinataires de ces bibles (Tableau 6) et, d’autre part, si on prend en considération l’importance numérique des bibles atlantiques au xie siècle avec leur symbolisme monumental. Celles-ci étaient généralement constituées d’un seul volume d’une taille (H + L) pouvant dépasser le mètre. En effet, même si aujourd’hui seuls 33 % des bibles atlantiques sont en un volume unique (55 % de celles datables du xie siècle et 23 % de celles datables du xiie siècle), il est vraisemblable qu’un certain nombre d’entre elles ont été divisées en deux seulement à une époque ultérieure, grâce à la présence d’une discontinuité modulaire, qui dans un bon nombre de cas avait été prévue à cet effet au centre du volume25. Inversement, 23 Malgré les progrès récents de la catalographie, l’article suivant reste toujours d’actualité : Maniaci / Muzerelle / Ornato 2000. 24 Sur ce sujet, voir aussi Bogaert 2014, p. 30–34. 25 Normalement entre les Prophètes et le Psautier. À ce sujet, voir Maniaci 2000, p. 50–51 et 55–56. L’expression « discontinuité modulaire » indique une concomitance entre le début d’un texte (ici un
44
Chiara Ruzzier
Pays d’origine
1 vol. %
2 vol.
3 vol.
4 vol. ou plus
ensemble
mss
%
mss
%
mss
%
mss
%
mss
3 2 7 9 5 1
33,3 % 0,0 % 13,3 % 4,5 % 0,0 % 0,0 %
2
1
2 1
16,7 % 0,0 % 6,7 % 0,0 % 18,2 % 0,0 %
100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 %
6 2 15 22 11 3
27
8,5%
5
6,8%
100,0%
59
Flandre et région mosane Angleterre France Italie pays germaniques péninsule Ibérique
0,0 % 0,0 % 33,3 % 54,5 % 36,4 % 66,7 %
5 12 4 2
50,0 % 100,0 % 46,7 % 40,9 % 45,5 % 33,3 %
ensemble
39,0%
23
45,8%
1 2 4
Tableau 4: xie siècle, nombre de volumes des bibles selon l’origine. Pays d’origine
1 vol.
2 vol.
3 vol.
4 vol. ou plus
ensemble
%
mss
%
mss
%
mss
%
mss
%
mss
Flandre et région mosane Angleterre France Italie pays germaniques péninsule Ibérique
6,7 % 31,6 % 16,0 % 22,9 % 12,5 % 30,0 %
1 6 12 11 4 3
46,7 % 42,1 % 37,3 % 62,5 % 43,8 % 40,0 %
7 8 28 30 14 4
20,0 % 10,5 % 21,3 % 4,2 % 25,0 % 10,0 %
3 2 16 2 8 1
26,7 % 15,8 % 25,3 % 10,4 % 18,8 % 20,0 %
4 3 19 5 6 2
100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 %
15 19 75 48 32 10
ensemble
18,6 %
37
45,7 %
91
16,1 %
32
19,6 %
39
100,0 %
199
Tableau 5: xiie siècle, nombre de volumes des bibles complètes selon l’origine.
certaines bibles originairement en deux volumes ont été par la suite reliées en un seul volume. Globalement, le nombre de bibles atlantiques en un seul volume serait donc sous-estimé. Il n’empêche que l’augmentation des bibles atlantiques en deux volumes au xiie siècle est certainement réelle : elle est due à une diminution de l’exploitation de la page dans les manuscrits plus tardifs, ce qui faisait nécessairement augmenter le nombre de feuillets totaux26. Cette problématique de bibles produites avec une discontinuité modulaire offrant la possibilité de les diviser en deux volumes, bien que présente à toutes les époques27, semble concerner essentiellement les bibles atlantiques et en particulier les plus anciennes. Au xiie siècle en revanche, on assiste à la diffusion de livre ou un groupe de livres bibliques) et celle d’un cahier. Pour son utilisation, voir Andrist 2020. 26 Maniaci 2000, p. 54. 27 La Bible de Notre-Dame de Casalibus (Grenoble, BM, 16–18), originellement en deux et aujourd’hui en trois volumes, constitue un exemple de bible non atlantique recomposée, déjà au xiie siècle, pour adapter l’ordre des livres à l’usage liturgique des Chartreux, mais l’absence de discontinuités modulaires aux endroits appropriés a justement provoqué des lacunes et des réfections. Voir Mielle de Becdelièvre 2004, p. 111–116, 312–315. Soulignons aussi qu’une étude approfondie de ce phénomène nécessiterait de consulter directement les manuscrits, raison pour laquelle il est actuellement impossible de fournir des données pour toute la production.
bibles dans les nombreuses nouvelles fondations monastiques, qui toutes cherchent à se procurer au moins une bible complète, produite in situ ou ailleurs, parfois dans la maison mère ou dans une maison sœur, mais avec des niveaux de fabrication parfois très différents. Étant donné que la production d’une bible monumentale en un seul volume était un travail long et requérait un grand effort financier qui n’était probablement pas à la portée de tous les monastères, ceux-ci étaient tentés de se rabattre sur des solutions en plusieurs volumes moins dispendieuses, mais aussi plus maniables. Par ailleurs, certains ordres, notamment les Chartreux, et plus encore les Cisterciens, semblent avoir eu une nette préférence pour les bibles en plusieurs volumes (Tableau 6). Il s’agit de bibles de dimensions relativement réduites, avec une décoration très simple et parfois avec une destination liturgique évidente : dans certains cas, en effet, les livres bibliques sont disposés selon l’ordre des lectures liturgiques au cours de l’année. Au final, si l’on exclut du calcul les bibles atlantiques, la typologie en un seul volume reste largement minoritaire. Dans le corpus considéré, elle ne concerne qu’une dizaine de manuscrits d’origines diverses au xie siècle et 26 au xiie siècle. Parmi ces derniers, des volumes à caractère clairement monumental côtoient les premières bibles de format plus maniable dont on discutera ci-après. La taille de ces manuscrits en un seul volume reste généra-
Item Biblia in uno volumine : le « compactage » du texte biblique du xie au xiiie siècle
Ordre d’origine ou provenance ancienne
1 vol.
2 vol.
3 vol.
4 vol. ou plus
45
ensemble
%
mss
%
mss
%
mss
%
mss
%
mss
Bénédictins Ch. augustiniens Chartreux Cisterciens Prémontrés Cathédrale ou église
32,5 % 12,5 % 12,5 % 7,1 % 0,0 % 18,2 %
26 1 1 2 6
41,3 % 25,0 % 25,0 % 10,7 % 60,0 % 60,6 %
33 2 2 3 6 20
18,8 % 50,0 % 12,5 % 10,7 % 10,0 % 12,1 %
15 4 1 3 1 4
7,5 % 12,5 % 50,0 % 71,4 % 30,0 % 9,1 %
6 1 4 20 3 3
100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 %
80 8 8 28 10 33
ensemble
21,6 %
36
39,5 %
66
16,8 %
28
22,2 %
37
100,0 %
167
Tableau 6: Nombre des volumes des bibles complètes selon le premier possesseur connu. Taille en mm 1 000 mm total taille moyenne
Flandre et région mosane
Angleterre
France
Italie
3
3 2 1 6 5
1
2 1
4 14 2
pays germaniques
péninsule Ibérique
total
4
2 2 1
7 2 5 14 22 7
2 2
1
6
17
21
8
5
58
910
629
792
916
966
921
857
Tableau 7: Distribution des bibles en un seul volume par taille et par origine.
lement inférieure à celle des bibles atlantiques, même si quelques exemplaires, et notamment certains produits dans les pays germaniques, peuvent les dépasser en dimensions (Tableau 7)28.
4 Évolution de l’aspect matériel des bibles au xiiie siècle Nous avons vu qu’aux xie et xiie siècles, trois quarts environ des bibles étaient divisées en plusieurs volumes (Tableau 3). La taille moyenne de ces manuscrits est toujours très élevée (827 mm), même si les dimensions des bibles en plusieurs volumes sont plus réduites que celles des volumes uniques. Il reste qu’il s’agit de manuscrits toujours imposants par rapport au reste de la production manuscrite29. L’effort économique qu’exigeait la fabrication de tels manuscrits en limitait certainement le nombre. 28 La plus grande bible en un seul volume de notre corpus (xie-xiie siècles) est le manuscrit München, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 3901 (712 × 477 mm), produit en Bavière à la fin du xiie siècle. 29 La taille moyenne des manuscrits de tout genre fabriqués aux xie et xiie siècles serait de 523 et 527 mm respectivement, selon Carla Bozzolo et Ezio Ornato. Elle baisse à 479 mm au xiiie siècle. Voir Bozzolo / Ornato 1980, p. 265–266.
À partir du début du xiiie siècle, la situation change du tout au tout : la production augmente rapidement pour arriver à son sommet vers le milieu du siècle et, surtout, la quasi-totalité de ces bibles sont en un seul volume. On constate aisément, à la lecture du Graphique 230, que la courbe des manuscrits en un seul volume rejoint désormais celle de la production totale. Par ailleurs, la taille moyenne de ces manuscrits chute brusquement (Graphique 3). Si jusqu’à la fin du xiie siècle les bibles en un seul volume sont en moyenne un peu plus grandes que celles en plusieurs volumes, dès le premier quart du xiiie la tendance s’inverse. Les bibles en deux ou trois volumes, désormais rares et souvent d’aspect assez luxueux, conservent des fonctions d’apparat, alors que la quasi-totalité de la production se concentre sur un format plus maniable, voire de poche. Le rapport se renverse : désormais, au xiiie siècle, une bible est normalement plus petite que n’importe quelle autre catégorie de manuscrits, à l’exception partielle des bréviaires portatifs dont la production semble toutefois un peu plus tardive et présente des caractéristiques très différentes31.
30 La segmentation chronologique des Graphiques 2 et 3 pâtit des choix variables opérés par les catalogueurs dans la datation des manuscrits. 31 Voir Albiero 2019.
46
Chiara Ruzzier
350 total bibles
300
bibles en 1 vol.
manuscrits
250 200 150 100 50
XIII 4q
XIV 1q
XIII 3q
XIII 2q
XIII med
XIII 1q
1200 ca
XII 4q
XII 3q
XII 2q
XII med
XI 1q
1100 ca
XI 4q
XI 3q
XI med
XI 2q
XI 1q
1000 ca
0
Graphique 2: Évolution de la production de bibles complètes du xie au xiiie siècle (calculé sur 1 318 manuscrits datables au quart de siècle).
1000 900 800
taille en mm
700 600 500
total bibles
400
bibles en 1 vol.
300
bibles en plusieurs vol.
200 100
XIII 4q
XIV 1q
XIII 3q
XIII 2q
XIII med
XIII 1q
1200 ca
XII 4q
XII 3q
XII med
XII 2q
XI 1q
1100 ca
XI 4q
XI 3q
XI med
XI 2q
XI 1q
1000 ca
0
Graphique 3: Évolution de la taille moyenne des bibles complètes (H + L en mm) du xie au xiiie siècle.
Pays d’origine
≤ 380 mm
381–550 mm
> 550 mm
ensemble
mss
%
mss
%
mss
%
mss
%
anciens Pays-Bas Angleterre France France du Nord ou Angleterre Italie pays germaniques péninsule Ibérique
1 119 267 52 73 5 10
14,3 % 52,7 % 57,5 % 72,2 % 45,9 % 33,3 % 45,5 %
2 76 122 18 48 6 7
28,6 % 33,6 % 26,3 % 25,0 % 30,2 % 40,0 % 31,8 %
4 31 75 2 38 4 5
57,1 % 13,7 % 16,2 % 2,8 % 23,9 % 26,7 % 22,7 %
7 226 464 72 159 15 22
100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 % 100,0 %
ensemble
527
54,6 %
279
28,9 %
159
16,5 %
965
100,0 %
Tableau 8: Répartition des bibles complètes du xiiie siècle selon leur pays d’origine et leur taille (total = 965 manuscrits).
Item Biblia in uno volumine : le « compactage » du texte biblique du xie au xiiie siècle
Le nombre total de bibles du xiiie siècle du corpus s’élève actuellement à 1 843 manuscrits, dont 484 (22 %) ont été consultés directement32. Presque tous ces manuscrits (95 %) sont en un seul volume. Le Tableau 8, qui répartit les bibles selon leur origine, est toutefois limité à 52 % de ce corpus, c’est-à-dire aux manuscrits provenant des fonds recensés de manière exhaustive et pour lesquels les dimensions exactes et l’origine sont connues. Par ailleurs, ce tableau rend compte du grand succès de la bible portative (taille ≤ 380 mm) au xiiie siècle, avant tout dans trois pays de production : la France, l’Angleterre et, dans une moindre mesure, l’Italie33. Les bibles de grand format, qui représentaient la norme jusqu’au tout début du siècle, sont désormais partout minoritaires (Tableau 8). Les destinataires des manuscrits sont désormais tout autres. La diffusion de la lecture privée de la Bible, que ce soit pour l’étude ou pour la prédication itinérante, a imposé la recherche d’expédients en vue de réduire le format et cela s’est fait en l’espace de deux ou trois décennies34. La proportion de manuscrits pour lesquels il est possible de déterminer le commanditaire ou le premier possesseur est cependant plus limitée que pour les siècles précédents. Cela est dû à la fois aux modalités de production – par des ateliers professionnels et non plus dans les scriptoria – et aux caractéristiques textuelles et matérielles des volumes, qui ont conditionné les aléas de leur circulation. Le petit format et la forte standardisation de l’aspect et du contenu ont certainement facilité les changements de propriétaire. De plus, la perte de la très grande majorité des reliures anciennes et, souvent, des feuilles de garde diminue les chances de trouver une trace des propriétaires, qui n’ont pu être identifiés que dans un tiers environ des manuscrits consultés. Si une partie des bibles, souvent celles de grandes dimensions, sont aux mains des ordres monastiques traditionnels, une grande partie de la production du xiiie siècle, en particulier les bibles portatives, était destinée aux nouveaux ordres mendiants, qui semblent avoir assuré le succès de ce format inédit35.
32 Ce qui fait que les résultats pour cet ensemble sont plus répresentatifs que pour les siècles précédents. 33 Sur tous les aspects de la production de bibles portatives au XIIIe siècle, voir Ruzzier 2022. 34 Voir Light 2011 et Ruzzier 2013, p. 112–125. 35 Voir Ruzzier 2014b, p. 12–22.
47
5 Les livres bibliques présents dans les bibles complètes Il n’y a pas lieu ici d’analyser dans le détail l’ordre des livres bibliques, qui varie énormément à l’intérieur du corpus des xie et xiie siècles et se stabilise au xiiie siècle. Il reste par contre intéressant d’établir dans quelle proportion ces bibles sont véritablement complètes ou pas. En effet, quand on parle de bible complète avant le xiiie siècle, on ne prend pas toujours en considération la présence ou l’absence de quatre livres ou groupes de livres : le livre de Baruch, le troisième livre d’Esdras, les Évangiles et le Psautier. Ne seront pas pris en considération ici d’autres textes plus courts, tels la lettre aux Laodicéens – dont la présence36 n’a pas de conséquences sur l’agencement des livres bibliques ni sur l’épaisseur globale des volumes –, ou beaucoup plus rares, comme le quatrième livre d’Esdras37. Les raisons de l’absence de ces livres sont de nature diverse. Dans les deux premiers cas (Baruch et III Esdras), elle est due à des controverses sur leur insertion dans le canon biblique car ces textes ne font pas partie de la bible hébraïque. Pierre-Maurice Bogaert a étudié la question de manière approfondie38 et je ne m’étendrai pas sur ce sujet. Dans les deux autres cas (Évangiles et Psautier), la raison se rapporte plutôt à l’usage. Il était probablement plus pratique de lire ces textes dans des volumes séparés – Évangéliaires et Psautiers – et c’est pourquoi ils auraient été omis dans certaines bibles. Par ailleurs, dans un certain nombre de bibles atlantiques, les Évangiles et le Psautier sont copiés dans une écriture plus petite et avec un nombre de lignes plus élevé, comme cela avait déjà été le cas dans quelques bibles tourangelles du ixe siècle39. Cette dernière pratique semble propre à cette production italienne et ne se constate que très rarement40 36 Dans les bibles des xie et xiie siècles que j’ai pu consulter personnellement, la lettre aux Laodicéens est présente dans la moitié des cas. Elle devient très rare au xiiie siècle. Un autre texte très court, la prière de Manassé, est totalement absent aux xie et xiie siècles, mais fréquent dans les bibles, surtout d’origine parisienne, du xiiie siècle (62 % du total). 37 Rarissime aux xie et xiie siècles, IV Esdras est présent dans 5 % des bibles du xiiie siècle, parfois accompagné de V et VI Esdras (la numérotation n’est pas stable). Voir aussi Bogaert 2015. 38 Voir respectivement Bogaert 2005 et Bogaert 2000. 39 Voir Ganz 1994, p. 59. 40 À l’exclusion de la production italienne, les exemples connus de mise en page des Évangiles avec un nombre de lignes plus élevé semblent être seulement deux (non consultés directement) : la Bible d’Echternach du troisième quart du xie siècle (Luxembourg, Bibl. Nationale, 264) et la Grosse Bible de Chartreuse (Grenoble, BM, 12–15), postérieure d’un siècle.
48
Chiara Ruzzier
plus souvent associée au Psautier, éventuellement accompagnée par une mise en page à trois colonnes, qu’aux Évangiles (Tableau 9).
à l’époque étudiée dans les manuscrits fabriqués hors d’Italie. D’après les données rassemblées, elle semble également diminuer en fréquence avec le temps et elle est Baruch
xie s.
xiie s.
absent présent ajouté
37,0 % 55,6 % 7,5 %
40,5 % 57,9 % 1,6 %
Évangiles
xie s.
xiie s.
absent présent ajouté
37,8 % 62,2 % 0,0 %
16,5 % 82,7 % 0,8 %
III Esdras
xie s.
xiie s.
xiiie s.
absent présent ajouté
84,0 % 16,0 % 0,0 %
86,1 % 13,8 % 0,0 %
18,5 % 79,3 % 2,2 %
xiiie s.
Psautier
xie s.
xiie s.
xiiie s.
0,0 % 100,0 % 0,0 %
absent présent ajouté
28,2 % 71,8 % 0,0 %
33,9 % 64,3 % 1,8 %
16,7 % 82,9 % 0,4 %
xiiie s. 2,2 % 97,8 % 0,0 %
Tableau 9: Présence de certains livres bibliques dans les bibles complètes du xie au xiiie siècle41. Complétude complète PS + EV avec EV sans PS avec PS sans EV sans PS et sans EV ensemble
xie siècle
xiie siècle
xiiie siècle
ensemble
58,3 % 2,8 % 13,9 % 25,0 %
53,3 % 18,1 % 13,3 % 15,2 %
83,3 % 16,7 % 0,0 % 0,0 %
76,6 % 16,2 % 3,1 % 4,1 %
100,0 %
100,0 %
100,0 %
100,0 %
Tableau 10: Niveau de complétude des bibles par siècle42. Complétude complète PS + EV avec EV sans PS avec PS sans EV sans PS et sans EV ensemble
Flandre et région mosane
Angleterre
France
Italie
40,0 % 6,7 % 13,3 % 40,0 %
62,5 % 25,0 % 12,5 % 0,0 %
48,9 % 17,8 % 11,1 % 22,2 %
100,0 %
100,0 %
100,0 %
pays germaniques
péninsule Ibérique
ensemble
80,6 % 8,3 % 8,3 % 2,8 %
30,4 % 13,0 % 26,1 % 30,4 %
50,0 % 25,0 % 25,0 % 0,0 %
54,7 % 14,4 % 13,7 % 17,3 %
100,0 %
100,0 %
100,0 %
100,0 %
Tableau 11: Niveau de complétude des bibles des xie–xiie siècles par origine43.
Les Tableaux 9, 10 et 11 se fondent malheureusement sur un nombre limité de témoins et doivent être lus comme des simples estimations, surtout pour la production des xie-xiie siècles : si pour les bibles du xiiie siècle le nombre de manuscrits pris en compte est élevé car on est presque toujours face à des volumes uniques et très rarement mutilés, dans le cas des bibles des xie et xiie siècles, moins de la moitié du corpus est exploitable, car il n’est pas toujours possible de décider de la présence ou de l’ab41 Les effectifs pour les xie et xiie siècles sont de 180 manuscrits pour Baruch, 90 pour III Esdras, 158 pour les Évangiles et 151 pour le Psautier. Pour le xiiie siècle, il est de 467 pour tous ces livres, correspondant à la quasi-totalité des manuscrits consultés. 42 Effectifs : 35 manuscrits pour le xie siècle, 105 pour le xiie, 465 pour le xiiie. La présence ou l’absence de Baruch et de III Esdras n’ont pas été prises en compte ici. 43 Effectif : 139 manuscrits.
sence de certains livres si la bible n’est pas intégralement conservée44. De plus, les données sont disponibles seulement pour les manuscrits que j’ai consultés personnellement ou pour lesquels on dispose d’une description très détaillée45 ou d’une numérisation complète. Les lignes générales de l’évolution semblent toutefois claires.
44 Dans certains cas, toutefois, la présence de listes de livres dans les feuilles de garde, de préfaces à certains livres disparus ou simplement la structure matérielle des volumes (présence ou absence de discontinuités modulaires entre des livres habituellement en séquence) permettent de se prononcer avec un certain degré de certitude sur la présence ou pas d’un livre particulier. Les mentions dans les inventaires anciens peuvent également nous venir en aide. 45 Les lacunes dans les descriptions du contenu concernent essentiellement Baruch et III Esdras : il est souvent impossible de savoir s’ils sont inclus ou pas dans les expressions génériques « Prophètes » et « Esdras ».
Item Biblia in uno volumine : le « compactage » du texte biblique du xie au xiiie siècle
Le livre de Baruch, qui était absent de la plupart des bibles carolingiennes, n’est intégré aux xie et xiie siècles que dans un peu plus de la moitié des manuscrits et sa place peut varier. On peut en effet le trouver à l’endroit qui deviendra habituel dès le xiiie siècle, après les Lamentations, mais aussi avant celles-ci, directement à la suite du livre de Jérémie, parfois sans initiale distinctive ni titres courants46. S’il est présent dans la plupart des bibles atlantiques (dans 3/4 des cas), il est souvent absent ailleurs et notamment dans certaines bibles du xiie siècle ordonnées selon la lecture annuelle. Au xiiie siècle au contraire, il est toujours présent, à de rares exceptions près qui présentent aussi d’autres traits archaïques. Le troisième livre d’Esdras est très peu copié aux xie et e xii siècles, alors qu’il est très fréquent au xiiie siècle, car il a été introduit dans l’ordre des livres du « texte de l’université » ou « Bible de Paris »47. Sa présence dépend toutefois de facteurs géographiques. Presque toujours inséré dans les bibles d’origine parisienne, il est moins présent ailleurs et notamment en Angleterre, où on le trouve seulement dans 45 % des bibles. Concernant les livres, bien plus importants et plus longs, des Évangiles et des Psaumes, on constate que leur absence, simultanée ou pas, concerne près de la moitié des bibles des xie et xiie siècles, mais que ce phénomène est marginal au xiiie siècle. Les Évangiles sont absents de plus d’un tiers des bibles du xie siècle, indépendamment de leur origine. Leur présence augmente au xiie siècle et ils ne sont jamais absents au xiiie siècle. On peut regrouper les bibles sans Évangiles en deux groupes principaux : 1. Les bibles d’origine flamande. Dans son étude sur la Bible de Saint-Vaast48, Diane Reilly avait déjà signalé un petit groupe de bibles des xie–xiie siècles conçues sans Évangiles et sans Psautier. Elles sont originaires des diocèses d’Arras et de Cambrai. Il s’agit de quatre bibles originaires des monastères bénédictins de Saint-Vaast d’Arras, de Marchiennes et de SaintAmand49, ainsi que d’une bible originaire de la cathédrale de Notre-Dame de Cambrai50. Les plus anciennes auraient été produites sous l’impulsion de la réforme 46 Comme dans la Bible de Saint-Hubert (Bruxelles, Bibliothèque Royale, II. 1639), datable de la seconde moitié du xie siècle. 47 À ce sujet, voir principalement Light 1994, p. 159–163. L’ordre des livres est le suivant : Octat, I–IV Regn, I–II Par, OrMan, I–III Esdr, Tob, Idth, Esth, Iob, Ps, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Is, Ier, Lam, Bar, Ez, Dan, XII Proph, I–II Mac, Evang, EpPaul, Act, EpCath, Apoc. 48 Reilly 2006, en particulier les p. 73–88. 49 Arras, BM, 559 ; Douai, BM, 1 ; Douai, BM, 3 ; Valenciennes, BM, 9–11. 50 Cambrai, BM, 278–280.
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monastique de Richard de Saint-Vanne, abbé de SaintVanne de Verdun au début du xie siècle, dans le but de fournir des bibles de grand format facilement lisibles dans le chœur, pendant l’office de nuit, et dans le réfectoire, sur le modèle des bibles carolingiennes. À ce groupe on peut ajouter la Bible du Parc (London, British Library, Add. 14788, 14789, 14790), datée de 1148 et provenant de l’abbaye prémontrée du Parc, dans le Brabant, également sans Psautier et sans Évangiles. Les bibles, généralement en plusieurs volumes, dont les livres sont ordonnés selon le cycle annuel des lectures à l’office de Matines, à partir du dimanche de la Septuagésime51. Elles ne contiennent ni les Évangiles, ni le Psautier52.
L’absence simultanée des Évangiles et du Psautier53 semble se concentrer dans une aire géographique précise : la Flandre et le nord-est de la France avec quelques cas dans les pays germaniques. Un cas isolé est constitué par la bible de Saint-Victor de Paris en trois volumes de dimensions relativement réduites (Paris, BnF, lat. 14395, 14396 et Paris, Bibl. Mazarine, 47)54, qui a très probablement été copiée à Saint-Victor dans les années 1140, peut-être pour l’usage privé de l’abbé Gilduin, mais qui présente aussi des traces de lecture au réfectoire55. Aucun exemple de mon corpus n’est d’origine anglaise ou ibérique (Tableau 11) et parmi les bibles atlantiques ne figure que la bible Admont, Stiftsbibliothek, C-D, datable du troisième quart du xie siècle. Les bibles atlantiques contiennent en effet les deux textes dans 80 % des cas et constituent ainsi le seul grand ensemble de bibles des xie–xiie siècles qui soient de véritables pandectes, à l’instar des bibles d’origine parisienne du siècle suivant. L’absence des Évangiles semble donc motivée par une destination explicitement liturgique de ces bibles, où leur copie aurait été superflue car on utilisait à leur place des évangéliaires. Cela ne signifie bien évidemment pas que les bibles ayant les Évangiles n’aient pas été utilisées dans un cadre liturgique. Au contraire, beaucoup de bibles « vérita51 Octat, Ier, Act, EpCath, Apoc, I-IV Regn, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir, Iob, Tob, Idth, Esth, I-II Mac, Ez, Dan, XII Proph, Is, EpPaul. Cet ordre peut toutefois présenter de légères variations ; les livres d’Esdras et les Paralipomènes, qui ne sont pas lus à Matines, sont aussi présents et placés à un endroit variable. 52 À la notable exception de la Grosse Bible de Chartreuse (Grenoble, BM, 12–15), qui contient les deux textes malgré son ordre pour la lecture annuelle. 53 Actuellement vérifiée dans 25 cas. 54 320 × 220 mm. Pour une description approfondie, voir Tischler 2014, p. 53–59, 184–189, 367–369. 55 Voir Stirnemann 2014, p. 24 ; Stirnemann 2016, p. 98.
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blement complètes », dont les bibles atlantiques56, portent des traces de cette utilisation. Ce qui est intéressant en revanche, c’est que les bibles dépourvues d’évangiles diminuent – pas en nombre absolu mais en pourcentage – au cours du xiie siècle. Dans la seconde moitié du xiie, seules quelques bibles avec l’ordre liturgique en sont encore dépourvues. La production semble donc s’orienter vers une bible considérée de plus en plus comme un tout. Toutefois, la présence de Baruch n’augmente pas dans les mêmes proportions et celle du Psautier a même tendance à diminuer. Le Psautier est présent dans deux tiers des bibles des e xi –xiie siècles et sa place varie beaucoup. Comme on l’a vu, dans plus que la moitié des cas, son absence est associée à celle des Évangiles et attribuable aux mêmes facteurs. La place variable du Psautier dans les bibles atlantiques a certainement été favorisée par le fait qu’il était très souvent copié dans une unité indépendante57. Ce n’est pas le cas dans les bibles copiées au nord des Alpes ; de fait, parmi les manuscrits consultés pourvus de Psautier, celui-ci constitue une unité indépendante dans moins d’un quart des cas. Dans les autres cas, il est copié sans discontinuités ou, moins souvent, avec une discontinuité modulaire présente à la fin, sans qu’on puisse à ce stade déceler des particularités dues à l’origine autres que cette dichotomie Italie/ reste de l’Europe. À partir du xiiie siècle, le Psautier a pris définitivement sa place entre Job et les Proverbes dans les bibles complètes, en dépit de quelques irrégularités encore constatées parfois dans la mise en page, telle l’absence très fréquente de titres courants ; ces derniers sont au contraire présents dans environ deux tiers des Psautiers dans les bibles consultées antérieures au xiiie siècle58. Sa présence au xiiie siècle est fortement corrélée d’une part à l’origine – il est plus souvent absent en Angleterre et en Italie (1/4 des cas environ) qu’en France (6 % environ) –, d’autre part, à l’ordre des livres bibliques. En général, si l’ordre des livres est celui de la « Bible de Paris », le Psautier est présent et il a été copié sans aucune discontinuité matérielle. Les Psautiers copiés sur une unité indépendante deviennent en effet rarissimes au xiiie siècle (seulement 7,2 % des cas, sans corrélation significative avec l’origine)59. Au contraire, si l’ordre des livres n’est pas parisien et que la bible présente aussi d’autres traits archaïques, le Psautier est souvent absent. 56 Voir Lobrichon 2000, p. 17 et Lobrichon 2016, p. 238–241. 57 Voir Maniaci 2000, p. 56–57. 58 Il est très curieux de constater la disparition quasi systématique des titres courants précisément au moment où l’insertion du Psautier se stabilise et sa mise en page ne diffère pas sensiblement de celle des autres livres bibliques. Cette disparition tend donc à en perpétuer le statut différent, mais les raisons précises de cette bizarrerie, partagée par tous les centres principaux de production, restent inexpliquées. 59 Voir Ruzzier 2015, p. 165.
Notons aussi que, dans une bible qui présente l’ordre parisien, la discontinuité modulaire qui suit le Psautier pourrait théoriquement être utilisée pour diviser la bible en deux volumes, mais dans les faits ce n’est presque jamais le cas. C’est donc la bible d’origine parisienne, et surtout la bible portative, qui compacte définitivement tous les livres de la Bible en un seul volume ; avec quelques petites modifications, elle transmettra ce modèle à l’imprimerie. Un reflet matériel de ce compactage de la bible est la présence ou l’absence d’une structure modulaire, c’està-dire une structure dans laquelle la fin et le début d’un cahier coïncident avec la fin et le début d’un livre ou d’un bloc de livres de contenu similaire. C’est une structure qui a été pour la première fois mise en évidence dans les bibles atlantiques plus anciennes60 et qui permettait, d’une part, de partager la copie entre différents copistes travaillant simultanément, d’autre part, de diviser et/ou recomposer le volume avec un ordre de livres différent. Malheureusement, il n’est pas encore possible de présenter des statistiques complètes et fiables pour les xie et xiie siècles, à cause du nombre limité de manuscrits complets consultés ou décrits en détail, mais on peut déjà relever que les discontinuités modulaires sont bien plus rares, voire totalement absentes (dans 42 % des bibles consultées), dans les bibles produites au nord des Alpes. Quand on en trouve, elles sont souvent en nombre très limité – une ou deux, placées avant le Nouveau Testament et/ou après le Psautier – et cette situation s’accentue au siècle suivant. La structure modulaire est en effet absente dans les bibles d’origine parisienne du xiiie siècle, qui sont généralement copiées du début à la fin par un seul copiste sans aucune discontinuité entre les livres et les groupes de livres. Cependant, des discontinuités modulaires persistent encore au xiiie siècle dans les bibles d’origine italienne ou, plus rarement, anglaise. Elles se situent essentiellement avant et/ ou après le Psautier et entre l’Ancien et le Nouveau Testament, ce qui en fait un indice utile pour la localisation61.
6 Des bibles géantes aux bibles portatives : un saut sans intermédiaires ? Les bibles du xiiie siècle présentent donc des caractéristiques textuelles et matérielles radicalement différentes de celles des siècles précédents. L’adoption d’un contenu 60 Voir Maniaci 2000, p. 55–59 et Maniaci / Orofino 2010, p. 199–205. 61 Sur ce sujet, voir Ruzzier 2015, p. 163–167.
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standardisé, du moins en apparence, et d’un format portatif en un seul volume en sont les éléments les plus frappants. Si on s’arrête aux aspects strictement matériels, on se demandera comment on a pu aboutir si rapidement, en l’espace de quelques décennies, à des changements et à des exploits techniques si poussés dans l’artisanat livresque. Un des moyens a été l’utilisation d’une écriture très petite, qui avait été mise au point pour les gloses de la Bible dès la fin du xiie siècle, et d’une mise en page très compacte avec une unité de réglure réduite. Mais la réduction du module de l’écriture n’aurait cependant pas été suffisante. C’est la fabrication d’un parchemin extrêmement fin62 qui a permis d’augmenter le nombre de feuillets d’une bible et, par ce moyen, de réduire ses dimensions tout en limitant l’épaisseur globale du manuscrit. Est-il possible de trouver des ancêtres à ces bibles portatives, c’est-à-dire des tentatives plus ou moins abouties de réduction du format qui auraient permis de faire face rapidement à la demande croissante de volumes de format maniable et adaptés à la lecture privée ? Dès le deuxième quart du xiie siècle, on a des exemples de bibles en deux ou trois volumes, essentiellement d’origine française, qui sont de format réduit par rapport aux bibles monumentales. La confection en plusieurs volumes est en effet le moyen le plus simple de réduire les dimensions car elle permet d’augmenter le nombre total de feuillets, et donc la surface disponible, tout en réduisant la taille et en gardant une épaisseur globale acceptable pour chaque volume. On ne mentionnera ici que trois exemples bien connus, fabriqués au cours des années 1140 : la bible Troyes, Médiathèque municipale, 458, dite Bible de saint Bernard (320 × 235 mm), celle des Comtes de Champagne, Troyes, Médiathèque municipale, 2391 (335 × 240 mm)63, toutes deux en deux volumes, et une bible de Saint-Victor (Paris, BnF, lat. 14395, 14396 et Paris, Bibliothèque Mazarine, 47), déjà mentionnée, en trois volumes plus ou moins de mêmes dimensions (320 × 220 mm). Quelques autres bibles contemporaines de dimensions similaires ne sont conservées qu’en partie64. Bien évidemment, les bibles maniables en un seul volume suscitent un intérêt plus grand du point de vue codicologique, car elles demandaient un bien plus grand savoir-faire pour adapter la structure matérielle, la mise en 62 Voir Ruzzier 2017. 63 Voir Stirnemann 2016, p. 96–97. 64 Notamment New Haven, Beinecke Library, 414 (273 × 187 mm) et 551 (180 × 125 mm). Dans les deux cas, un seul volume a été conservé, sur deux ou trois volumes à l’origine.
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page et l’écriture à une exigence de compacité. L’évolution de cette partie de la production présente encore bien des zones d’ombre. Comme le révélait le Graphique 3, il n’y a pas de diminution progressive de la taille, mais plutôt une chute brutale au cours du premier quart du xiiie siècle. Si on cherche, au xiie siècle, des tentatives de réduction du format et de compactage de la mise en page, force est de constater qu’on reste sur des dimensions relativement grandes et que les exemplaires survivants sont vraiment très limités en nombre : j’ai répertorié moins d’une dizaine de bibles complètes en un seul volume ayant une taille inférieure à 600 mm65, soit une taille comparable à celle des premières bibles parisiennes maniables du début du xiiie siècle étudiées par Laura Light66. On reste toutefois encore bien loin de la taille de bibles portatives (de taille égale ou inférieure à 380 mm), dont l’essor semble se situer autour de 1230. On notera par ailleurs que la taille moyenne de ce petit groupe de bibles (520 mm environ) n’est pas une nouveauté absolue pour la bible latine, car les bibles de Théodulf, dont il nous reste six exemplaires du début du ixe siècle, avaient à peu près les mêmes dimensions, adaptées à l’étude plutôt qu’à l’usage liturgique67. Elles étaient en effet beaucoup plus petites que leurs contemporaines copiées à Tours. À cette notable exception près, aucune autre bible complète de dimensions réduites n’est antérieure au milieu du xiie siècle et l’Angleterre semble avoir été le foyer principal de l’innovation dimensionnelle. Les solutions les plus novatrices se concentrent à Saint-Albans68, d’où proviennent certainement deux, peut-être trois des manuscrits les plus petits. Pour la période considérée, la plus ancienne bible en un seul volume de dimensions réduites semble être le manuscrit Paris, BnF, lat. 11929 (320 × 215 mm) (Planche 1), originaire de Bury Saint Edmunds ou de Saint-Albans et datable du milieu du xiie siècle69. Au moins deux autres 65 Les bibles complètes en un seul volume et non mutilées sont seulement au nombre de sept : Cambridge, Corpus Christi College, 48 ; Eton, Eton College, 26 ; Grenoble, Bibliothèque municipale, 384 (CGM 2) ; Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 557 ; Paris, Bibliothèque de l’Assemblée nationale, 2 ; Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 33 et Paris, BnF, lat. 11929. Quelques autres bibles de dimensions similaires sont conservées en partie, mais il est difficile d’établir quel était leur état à l’origine. 66 Voir Light 1994, p. 173–176. 67 Voir Fischer 1985, p. 94–96 ; Chevalier-Royet 2007, p. 240–247 ; Chevalier-Royet 2022, dans ce volume, p. 105–125. 68 Sur le scriptorium de Saint-Albans au xiie siècle, voir Cahn 1975, p. 187–230 et Thomson 1982, notamment les p. 51–62 sur l’abbatiat de Simon. 69 Voir Avril / Stirnemann 1987, p. 25–26. Localisé à Bury Saint Edmunds dans Stirnemann 2016, p. 98–99 et à Saint-Albans dans Shepard 2007, p. 84–85. Manuscrit entièrement numérisé sur Gallica.
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Planche 1: Paris, BnF, lat. 11929, f. 143r.
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bibles complètes en un seul volume – Cambridge, Corpus Christi College, 4870 (Planche 2) et Eton, Eton College, 2671 – peuvent être attribuées avec assez de certitude, sur la base de comparaisons stylistiques, paléographiques et textuelles, à l’abbatiat de Simon de Saint-Albans (1167–1183), période qui voit par ailleurs un essor de la production de manuscrits bibliques de tout genre72. Parmi elles, le cas le plus intéressant est sûrement constitué par le manuscrit conservé à Cambridge (324 × 214 mm). C’est un exemple rarissime de bible copiée entièrement sur trois colonnes, et sur quatre colonnes pour les Évangiles, avec une mise en page très soignée demandant un remarquable savoir-faire pour éviter tout gaspillage d’espace. Par ailleurs, c’est une bible très intéressante et novatrice aussi du point de vue paratextuel car elle présente dans plusieurs livres la nouvelle division en chapitres qui deviendra la norme au siècle suivant73. La mise en page à trois colonnes74 est tout à fait exceptionnelle dans le monde latin, où il n’y a à ma connaissance aucun autre exemple contemporain à part une autre bible de la même époque moins connue mais provenant également de Saint-Albans, le manuscrit Eton, Eton College, 26 (335 × 230 mm). Les seules autres bibles latines à trois colonnes sont plus anciennes et presque toutes sont originaires de la péninsule Ibérique75. Sur le continent, les exemples conservés de bibles de dimensions réduites – seulement quatre – sont beaucoup plus dispersés. Un cas particulièrement intéressant provient de la Grande Chartreuse, dans le sud-est de la France : à l’époque de la copie de la Grosse Bible de Chartreuse, un ensemble de quatre volumes de dimensions 70 Voir essentiellement James 1909, p. 94–98 ; Cahn 1975, p. 192–194 ; Thomson 1982, p. 81–82. Le manuscrit est entièrement numérisé sur Parker Library on the Web, http://parker.stanford.edu/parker/catalog/ wx717zj2675 (consulté le 5 avril 2022). 71 Voir James 1895, p. 13–14 ; Ker 1977, p. 653–656 ; Thomson 1982, p. 89–90 ; Saenger / Bruck 2008, p. 184, 188, 196. 72 Parmi les autres manuscrits bibliques de l’époque, il faut noter Dublin, Trinity College, 51 (335 × 218 mm, un volume conservé sur deux) qui se rapproche de deux manuscrits en un seul volume par ses caractéristiques textuelles et matérielles, mais qui a une mise en page sur deux colonnes. Voir Thomson 1982, p. 121–122. 73 Voir Saenger / Bruck 2008, p. 186–197. Paul Saenger a aussi récemment suggéré que la mise en page à trois colonnes serait inspirée de la Bible hébraïque sépharade. Voir Saenger 2013, p. 51–59. 74 Il faut par ailleurs se demander si cette mise en page à trois colonnes pouvait avoir ou non une répercussion sur le compactage du texte et donc sur la diminution de la taille. En général, l’utilisation de deux colonnes à la place d’une seule permet une exploitation plus poussée du cadre d’écriture, grâce à la réduction de l’unité de réglure et du module de l’écriture, tout en préservant la lisibilité (voir Bozzolo / Ornato 1980, p. 319–326). Pour l’application de ce principe à la mise en page à trois colonnes dans les bibles, voir aussi Ruzzier 2021. 75 Voir Cherubini 2005, p. 137–141.
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imposantes, ou peu après, on y fabriqua aussi la bible Grenoble, Bibliothèque municipale, 384 (CGM 2)76 (Planche 3), relativement petite (312 × 208 mm) et compacte, avec une mise en page assez moderne, une écriture minuscule, une décoration simple et un ordre de livres qui ne suit pas celui établi pour les lectures annuelles des Chartreux, bien que la bible présente un certain nombre de marques pour la lecture liturgique ajoutées dans les marges. On peut donc s’interroger sur son usage. Les dimensions de l’écriture, très petite, portent à écarter une lecture publique au pupitre, mais par ailleurs le volume semble encore trop lourd pour être gardé longtemps en main comme une bible portative. Les deux autres bibles de format maniable et d’origine française sont Paris, Bibliothèque de l’Assemblée nationale, 2 (320 × 220 mm) et Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, 33 (257 × 164 mm). Enfin, un exemple remarquablement précoce provient d’Italie, où les grandes dimensions étaient pourtant la norme. Il s’agit de la première pandecte copiée en Italie méridionale qui nous soit parvenue, le manuscrit Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 557 (275 × 200 mm)77, originaire de l’abbaye du Mont-Cassin où, au demeurant, il n’y avait pas de tradition de copie de bibles complètes. De taille véritablement réduite (seulement 475 mm) et copiée dans une minuscule caroline de transition avec une unité de réglure très basse, cette bible se différencie nettement des manuscrits bibliques en écriture bénéventaine78. Contrairement à ces derniers, elle était probablement destinée à l’étude plutôt qu’à la liturgie. Ce manuscrit restera un cas isolé jusqu’au milieu du xiiie siècle, époque où les bibles complètes et portatives deviendront la norme aussi en Italie.
76 Voir Mielle de Becdelièvre 2004, p. 210–211 et 409–411. 77 Voir Unfer Verre 2010, Unfer Verre 2013 et Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 223–234. 78 Sur les manuscrits bibliques en bénéventaine, voir Brown 2005, p. 281–308. Il faut aussi mentionner ici un cas particulier, le manuscrit Roma, Biblioteca Vallicelliana, D8, un manuscrit biblique en écriture bénéventaine de la fin du xiie siècle, qui mesure seulement 341 × 203 mm et présente une mise en page très dense. Il rassemble, en un seul volume d’aspect homogène, cinq unités codicologiques qui correspondent aux cinq volumes qui regroupaient habituellement les livres bibliques dans la tradition bénéventaine (ici dans cet ordre : Octat / I–IV Regn, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir / Is, Ier, Lam, Ez, Dan, XII Proph, Bar, Iob / Evang /EpPaul, Act). Toutefois, il ne s’agit pas d’une bible complète puisqu’il ne contient pas les livres de Tobie, Judith, Esther, Esdras, les Paralipomènes et les Maccabées. La dernière unité est mutilée à la fin, mais elle devait contenir aussi les épitres catholiques et l’Apocalypse. Il s’agirait d’un cas isolé et, selon Virginia Brown, c’était un volume destiné à la consultation plutôt qu’à la liturgie. Voir Mottironi 1949 et Brown 2004.
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Planche 2: Cambridge, Corpus Christi College, 48, f. 165r. © Corpus Christi College.
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Planche 3: Grenoble, Bibliothèque municipale, 384 (CGM 2), f. 154v–155r. © Bibliothèque municipale de Grenoble.
7 Conclusion Ces manuscrits ne sont que les premiers jalons du parcours, en partie encore à explorer, qui conduira à l’extraordinaire diffusion de la Bible complète au xiiie siècle. Ils témoignent d’un besoin grandissant de bibles à usage personnel et faciles à manier mais, au xiie siècle, il s’agit encore de volumes exceptionnels vraisemblablement destinés à une élite. Pour la véritable « révolution » dans la construction matérielle des volumes, il faudra attendre la troisième décennie du xiiie siècle et ses progrès décisifs dans la fabrication du parchemin et le compactage de la mise en page – progrès qui interviennent dans un contexte de production bien différent de celui des monastères d’où proviennent pourtant ces premiers essais de réduction des
dimensions. Ces changements s’accompagneront, dans la plupart des cas, d’un ordre des livres figé79, diffusé ensuite par la renommée de la production parisienne et par la probable utilisation de la méthode de la pecia pour la diffusion des exemplaires dans les villes universitaires80. Un manuscrit assez modeste représente bien le point d’arrivée de ce parcours. Il s’agit de la plus ancienne bible portative d’origine parisienne datée, le manuscrit Dole, Bibliothèque municipale, 15 (162 × 108 mm), copié en 1234 par un clerc de Pontoise81. Elle est très petite (sa taille est de seulement 270 mm) et c’est aussi le premier manuscrit daté qui présente toutes les caractéristiques du « texte de l’université », dont l’ordre des livres qui le caractérise. Il ne s’agit pas d’un exemplaire richement enluminé, mais d’une véritable petite bible à usage personnel fabriquée 79 Voir ci-dessus, note 47. 80 Voir Ruzzier 2014a. 81 Voir Samaran / Marichal 1964, p. 153.
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pour être lue, consultée et annotée. Elle n’était pas destinée à des fonctions d’apparat ni à la lecture collective, mais plutôt à accompagner un frère au cours de sa prédication itinérante, comme une bonne partie de la production de pandectes du xiiie siècle.
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Section 2: Bibles partielles / Partial Bibles
Élodie Attia
Bibles hébraïques partielles : le cas des « PentateuqueMegillot-Haftarot » ashkénazes Résumé: Le présent article porte uniquement sur les manuscrits bibliques médiévaux produits dans le monde ashkénaze, reflétant la culture des juifs ayant vécu en Angleterre, France du Nord et espace rhénan avant 1300, et veut faire part de certaines observations relatives à ce qui est décrit par certains comme des Pentateuques liturgiques que nous appellerons dans cette étude des « bibles partielles par sélection de type Pentateuque-Megillot-Haftarot ». Il s’agit également de partager les réflexions apparues au moment de la description de ces manuscrits dans la base de données de recherche du projet ANR Manuscripta Bibliae Hebraicae (MBH) au moment de formuler l’hypothèse du type et de l’usage du manuscrit aux fins de classification. Ceci doit également permettre de contribuer à poser les jalons d’une réflexion menée actuellement sur les types de bibles dans le monde ashkénaze, et en particulier sur la nature, la place et l’importance des bibles partielles par rapport aux autres bibles produites en Occident médiéval en caractères hébraïques. Abstract: This article is exclusively concerned with medieval biblical manuscripts produced in the Ashkenazi world, which reflect the culture of Jewish people living in England, northern France, and the Rhine area before 1300. It will make certain observations about what some describe as liturgical Pentateuchs, which in this study will be called “partial Bibles based on a Pentateuch-Megillot-Haftarot type of selection”. It will also share reflections that emerged while describing these manuscripts in the research database of the ANR project Manuscripta Bibliae Hebraicae (MBH), as hypotheses about the type and use of each manuscript were formulated for classification purposes. This should further help lay the groundwork for
Note: Cet article est produit dans le cadre du projet ANR de recherche Manuscripta Bibliae Hebraicae (MBH, ANR–16–ACHN–0008), qui cherche à approfondir la typologie des bibles hébraïques médiévales en particulier ashkénazes (provenant d’Allemagne, de France du Nord, d’Angleterre et d’Italie du Nord) produites avant 1300, en faisant appel aux études quantitatives, à l’archéologie du livre et à la socio-histoire (voir le site https://mbh.huma-num.fr/ et infra, n. 7). Cette contribution fait suite à une série d’échanges avec Patrick Andrist et Marilena Maniaci dans le cadre de la préparation du colloque de 2018, aux réflexions menées en équipe au moment du développement de la base de données de recherche MBH avec Javier del Barco lors de son séjour à l’Iméra en 2018 et au-delà. Que nos collègues soient à nouveau ici chaleureusement remerciés. https://doi.org/10.1515/9783111019963-005
ongoing reflection on the different types of Bible in the Ashkenazi world, and in particular on the nature, place, and importance of partial Bibles in relation to other Bibles in Hebrew script produced in the medieval West.
1 Introduction À partir de la période médiévale, la bible hébraïque est copiée sous deux formes distinctes : 1) des rouleaux liturgiques (Sefer Torah) pour la synagogue, normés et codifiés, existants depuis l’Antiquité comme l’a démontré la découverte des rouleaux de la mer Morte, 2) des codices, puisque cette forme est adoptée pour la copie de la Bible par les juifs après la fin de la mise par écrit du Talmud1. En ce qui concerne l’Europe occidentale médiévale, bien que la présence de juifs soit attestée à l’époque carolingienne, aucune source primaire2 (codex ou rouleau hébreu) antérieure au xie siècle n’a encore été retrouvée, les plus anciennes datant, de façon explicite, le plus souvent de la fin du xiie siècle3. Un hiatus existe également entre l’absence de bibles européennes avant le xie siècle et les sources secondaires les plus anciennes évoquant les copies des bibles que sont les textes rabbiniques et talmudiques produits entre l’Antiquité tardive et le haut Moyen Âge en Babylonie. Ces textes évoquent de façon normative la copie de rouleaux liturgiques, et aucunement la copie de codices médiévaux tardifs dont le Talmud n’évoque d’ailleurs pas l’existence4. D’autres sources secondaires comme les textes issus de la tradition rabbinique médiévale ashkénaze (produits par des lettrés juifs ayant vécu entre les xe et xiiie siècles en mondes juifs ashkénazes5 et dont les propos sont rapportés par des disciples ultérieurs) 1 Voir Khan 2012, p. 6. 2 En méthodologie de l’histoire, il faut distinguer la « source primaire », c’est-à-dire le document ou l’objet (ici un rouleau ou un codex biblique) produit à la période d’étude concernée, de la source secondaire, à savoir des textes et documents (tels le Talmud ou les Midrashim) qui peuvent évoquer indirectement la source primaire. 3 Voir del Barco 2020, p. 91–118. Voir aussi Outhwaite 2022 dans ce volume, p. 143–151. 4 Cela permet de dater l’adoption du codex par les communautés juives après la mise par écrit du Talmud. Voir Cohen 2001. 5 Le terme Ashkenaz est un terme hébraïque qui désigne pour les spécialistes de la culture juive médiévale une aire géoculturelle regroupant différents espaces (d’où le pluriel), à savoir les terres ger-
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Élodie Attia
sont aussi de type homilétiques ou prescriptives. Comme le rappelle Gérard Nahon, il y a toujours un écart entre la théorie et la pratique et, malgré le manque de sources secondaires, nous devons nous garder de surévaluer le degré d’influence ou d’effectivité des décisions énoncées par les rabbins des xiie–xiiie siècles, et le rapport théorique entretenu avec le Talmud6. Ainsi, la seule chose que l’on peut conclure c’est qu’autant le rouleau est soumis en théorie à des prescriptions normatives, autant le codex biblique s’en inspire certainement mais en partie seulement. La diversité des formes concrètes que revêt la bible en caractères hébraïques au Moyen Âge fait l’objet du projet ANR Manuscripta Bibliae Hebraicae (MBH), en cours à l’université d’Aix-Marseille7. Mais cette diversité a déjà conduit par le passé certains chercheurs à utiliser un ensemble de termes pour décrire les manuscrits bibliques et d’autres se sont aventurés plus loin pour en proposer une typologie. Moshe Goshen-Gottstein8, travaillant essentiellement sur des fragments de bibles moyen-orientales, a proposé la différenciation/distinction entre A1) les « Massora codices » ou « codices massorétiques » pour lesquels le contenu est déterminant : il s’agit de la forme standard définie par les massorètes de Tibériade pour une bible complète, soit un ensemble de 24 livres du texte avec la Massore (masora parva, masora magna et masora finalis) en un volume. Les codices d’Alep et de Léningrad en sont des représentants parmi d’autres9 ; A2) des « study codices » ou « codices d’étude » utilisés pour l’étude ; A3) des bibles pour « écoutants » des offices ou pour l’usage privé (« listener’s codices / private codices »). Geoffrey Khan10, spécialiste de la Genizah du Caire, a proposé B1) les rouleaux liturgiques (« scrolls ») rappelant à juste titre que ce sont des manuscrits et qu’ils sont à la
base de la pratique synagogale ; B2) les « model masoretic codices » qui correspondent au type A1 mais introduisent l’idée qu’ils sont des codices servant de modèle de copies (exemplar, rendu peut-être par le terme de sefer mugah) et B3) des « popular codices », c’est-à-dire avec apparat massorétique réduit, la présence uniquement de vocalisation et d’accentuation, et surtout plus perméables aux traditions de lecture répandues, rejoignant éventuellement par-là le type A3, cité plus haut. Depuis quelques années, on observe un regain d’intérêt pour les bibles hébraïques produites en Europe occidentale, et en particulier pour les bibles ashkénazes11. Dans un récent ouvrage12, David Stern a présenté une étude générale et suggéré ce que lui-même définit comme trois grands « types » de codices bibliques hébreux, à savoir C1) des « bibles massorétiques » complètes identiques à A1 et B2 ; C2) des « bibles liturgiques », humash ou « Pentateuque liturgique ». Le type introduit ici est nouveau, car il tient compte de manuscrits européens, mais son appellation provient de sa fonction et de la sélection des textes utilisés pour la liturgie synagogale13. Ce type de codex se rapproche a priori du type B1 et surtout du rouleau liturgique ; C3) des « study bibles » ou « bibles d’étude » où l’usage est déterminant. Ces bibles seraient clairement faites pour l’étude et « endogènes », selon David Stern, à la culture juive14. Sans entrer dans une réflexion générale sur la typologie, on peut ainsi observer que les paramètres « contenus » et « usages » ont été utilisés souvent de façon simultanée et/ou croisée et que, dans la pratique, cela s’avère parfois difficile à appliquer15. La réalité du passé que nous cherchons à reconstruire étant souvent appréhendée de façon fragmentaire et biaisée, la question de la typologie des bibles hébraïques médiévales demeure une
maniques, la France du Nord, l’Angleterre et l’Italie du Nord. Voir Marcus 2008, Beit-Arié / Engel 2017, Introduction. 6 Voir Nahon 2009, Fishman 2012. 7 Voir http://mbh.huma-num.fr/ (consulté le 24 avril 2022). La base de données MBH est en cours de migration vers le système HEURIST (Université de Sydney) et sera réouverte dans une version refondue, nous l’espérons, fin 2022. Il faut rappeler que les manuscrits dits « ashkénazes » dans cette étude sont les manuscrits présentant des écritures de type ashkénaze, c’est-à-dire de l’écriture estimée typique de ces espaces. Ceci étant, le peu de manuscrits localisés et datés ne permet pas d’affirmer que la totalité des manuscrits de type paléographique ashkénaze sont tous de provenance ashkénaze : les migrations ayant été fréquentes, certains manuscrits de type ashkénaze ont été produits dans d’autres aires géoculturelles. 8 Voir Goshen-Gottstein 1962, en particulier p. 36, 38, 39 et note 18. 9 Ces deux manuscrits sont décrits dans Beit-Arié / Sirat / Glatzer 1997, mss no 1 (p. 25–39) et no 114–131. 10 Voir Khan 2012, p. 8.
11 Sans entrer dans le détail des nombreuses études de nos collègues historiens de l’art (Eva Fromojovic, Rahel Fronda, Annette Weber, Sarit Eyni-Shalev), voir Peretz 2008, Olszowy-Schlanger 2003 et 2012, Kogel 2014, Attia 2014, 2015a, 2015b, 2017, Penkower 2015, Liss 2016. 12 Stern 2012 et 2017, p. 63–135, en particulier p. 65 et p. 87 et ss. Voir également Attia 2019. 13 Stern 2017, p. 89: « I have called this type of Bible “liturgical” because its organization corresponds to the sections of the Torah that were chanted in the Synagogue on Shabbats and holidays as part of the prayer service ». 14 Stern 2017, p. 90: « like the humash, the study bible has no precedent in earlier tradition » (c’est moi qui souligne). Ce dernier point me semble à relativiser. 15 Voir par exemple Attia 2014, 2015 ; voir également del Barco 2022, dans ce volume, p. 127–140, et Liss 2016, pour certaines critiques dont nous ne partageons toutefois pas tous les points de vue. Voir également note 9, infra.
Bibles hébraïques partielles : le cas des « Pentateuque-Megillot-Haftarot » ashkénazes
recherche ouverte. Nous pensons que certaines réponses peuvent être apportées en recensant et décrivant précisément toute matérialisation du texte biblique, sur rouleau ou codex, et que certaines analyses quantitatives doivent être déployées. Le présent article porte uniquement sur les manuscrits bibliques médiévaux produits dans le monde ashkénaze – ou définis par leur écriture dite « de type ashkénaze », donc reflétant la culture des juifs ayant vécu en Angleterre, France du Nord et espace rhénan – avant 130016, et veut faire part de certaines observations relatives au Pentateuque liturgique que nous appellerons dans cette étude des « bibles partielles par sélection de type Pentateuque-Megillot-Haftarot » (en abrégé PMH). Il s’agit également de partager les réflexions apparues au moment de la description de ces manuscrits dans la base de données de recherche du projet ANR Manuscripta Bibliae Hebraicae (MBH)17, au moment de formuler l’hypothèse du type et de l’usage du manuscrit aux fins de classification. Ceci doit également permettre de contribuer à poser les jalons d’une réflexion menée actuellement sur les types de bibles dans le monde ashkénaze, et en particulier sur la nature et la place des bibles PMH par rapport aux autres bibles produites en Occident médiéval en caractères hébraïques – par exemple séfarades18 –, voire en caractères latins. Dans un premier temps, nous essaierons de définir ce que sont les bibles PMH ; puis, nous proposerons, en l’état actuel de nos recherches, une évaluation de leur quantité et proportion par rapport aux autres bibles en circulation dans le monde ashkénaze avant 1300, et enfin, nous tenterons d’établir à quoi les bibles PMH peuvent servir, en partant de trois exemples de bibles datées ou datables de la fin du xiie et du début du xiiie siècle.
2 Définir une bible PMH 2.1 Différencier les PMH des autres bibles Au cours des dernières recherches effectuées, nous avons été amenée à différencier les manuscrits bibliques ashkénazes pour mieux les décrire. Nous nous sommes appuyés en premier lieu simplement sur l’état de complétude du 16 Sur le projet ANR MBH, voir Attia / Pascal 2021. 17 Cette base de données de recherche est un outil qui permet une étude quantitative et statistique des bibles hébraïques, en premier lieu ashkénazes, mais par la suite, européennes occidentales entre 1000 et 1500. 18 Ces bibles sont produites majoritairement par des juifs de culture ibérique, provençale et nord-africaine.
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texte biblique, en considérant comme une « bible complète » celle qui contient les 24 livres du texte biblique, les autres bibles étant dénommées alors par contraste « bibles partielles » : mais précisément, certaines bibles « incomplètes » du point de vue de la tradition, ne le sont pas par accident ou par erreur mais sont bien le résultat d’un projet particulier. Ainsi, une différence peut être faite entre : a) un projet de bible complète – réelle ou planifiée dont on a la certitude – de type Tanakh19 et qui fait référence à une bible contenant les 24 livres répartis en trois ensembles (Pentateuque, Prophètes, Hagiographes) connus comme faisant partie du canon biblique hébraïque ; b) un projet de « bible partielle par sélection », c’est-à-dire présentant une sélection choisie et non hasardeuse ou accidentelle de livres bibliques : dans cette acception, elle a pu aussi être comprise, au moment de sa copie médiévale, comme étant un ensemble complet, mais d’un autre type que la Bible Tanakh, relevant du concept médiéval de bibliotheca20. Ces bibles partielles par sélection sont d’une plus grande variété qu’on ne le pense. Ce que montre le Tableau 1. Il est utile de préciser ici qu’en différenciant les bibles hébraïques uniquement selon ce critère, on obtient non pas plusieurs « types », mais seulement deux classes nécessaires à la description dans une base de données, que nous désignons par α et β pour faciliter les études à venir sur le sujet. Ce tableau montre comment ces deux grandes classes, bibles complètes et bibles partielles par sélection, contiennent des textes qui peuvent être étendus, par exemple munis des voyelles et d’accents de cantilation, d’annotations marginales massorétiques, d’une traduction araméenne (par exemple Targum d’Onqelos sur le Pentateuque), des commentaires, des marques de début et fin de péricope21.
19 L’acronyme Tanakh correspond à une bible complète en trois parties traditionnelles et propres à la tradition juive, Torah (Pentateuque), Nevi’im (Prophètes) et Ketuvim (Écrits/ Hagiographes). Le terme est l’acronyme des mots hébreux Torah, Nevi’im et Ketuvim, la lettre kaf final se prononçant de façon non explosive, car sans dagesh qal en fin de mot. 20 Voir Ruzzier 2022, dans ce volume, p. 39 note 1, citant Bogaert 1988, p. 276–285. 21 En effet, il existe des contenus ajoutés autant dans les bibles partielles par sélection que dans les bibles complètes, dans les marges ou autour du texte biblique, qui viennent « étendre » le texte et finalement indiquer son usage. Cela pourra potentiellement caractériser in fine le type de bible et dire ultérieurement de quel type il s’agit. C’est à vérifier par une autre étude, mais ici, ce sont les qualités de la massore (complète, partielle, simplifiée) qui pourrait permettre de dire si, in fine il s’agit d’une bible massorétique ou non (voir exemple plus loin).
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Élodie Attia
Nom
État de complétude du texte
Détails du texte consonantique, souvent vocalisé et accentué
α
bible complète (pandecte)
– –
Tanakh , 24 livres, en trois parties en un ou plusieurs volumes
β
bible partielle par sélection (bibliotheca)
–
une des grandes parties de la bible (soit, Torah, soit Prophètes, soit Écrits) une sous-partie connue (Sifre Emet, Cinq Megillot) livres isolés, (que Genèse, que Ruth, les Psaumes) extraits de livres (les Haftarot par exemple sont des sélections spécifiques codifiées des Prophètes et suivent des traditions locales et régionales22).
– – –
Paratextes possibles dans les deux classes, étendant le texte consonantique – – – – –
massore (complète, partielle, simplifiée) traductions (Targum) commentaires annotations de lecteurs : corrections, interprétations marques de liturgie (début et fin de Haftarot)
Tableau 1: Classification primaire des bibles en fonction du contenu complet ou non.
Ainsi, au regard de ces prérequis, les Pentateuques liturgiques sont dans la pratique non pas des bibles « incomplètes » ou « fautives », mais d’abord des bibles présentant une sélection. Comparées aux bibles complètes (en 24 livres en dédoublant Samuel et Rois), regroupant les trois parties canoniques (Pentateuque, Prophètes et Écrits ayant été canonisés à des périodes différentes)23, les bibles PMH sont, elles aussi, souvent composées de trois ensembles que montre le Tableau 2 ci-dessous. Ainsi, bien qu’une bible partielle par sélection de type PMH – ou parfois PHM, les Haftarot étant parfois copiées avant les lectures prophétiques – commence toujours par le Pentateuque complet, les Prophètes ne le sont jamais et sont potentiellement (peut-être symboliquement ?) représentés par les Haftarot, lectures d’extraits de différents livres des Prophètes qui doivent être lus à l’office directement après la lecture de la péricope hebdomadaire ou de fêtes spécifiques ou samedis spéciaux. Du côté des Écrits ou des Hagiographes, on assiste au même phénomène : les Cinq Rouleaux ou Megillot sont des extraits de cette troisième et dernière partie qu’ils peuvent symboliquement représenter. La copie récurrente de ces Cinq Megillot que sont les livres de Ruth, du Cantique des cantiques, des Lamentations, de l’Ecclésiaste et d’Esther, comme un sous-ensemble des Écrits, viendrait de ce que la tradition juive post-mishnique, et en particulier ashkénaze médiévale, utilisait plus systématiquement l’ensemble de ces textes dans ses rituels au cours de certaines fêtes24. 22 Nous allons prochainement publier une étude sur cette question. 23 Sarna / Sperling 2007, p. 577–578. 24 Elbogen 1993, §27 Hagiographa, p. 149 (1) pour le livre d’Esther, p. 150 (2) pour les autres Megillot cités dans le traité Soferim (14,3). Selon Elbogen, les moments de leur lecture sont variables dans
2.2 Composition et agencement des PMH (ou PHM) Comme il a été remarqué dans une étude proposée par Judith Kogel25, il existe des possibilités multiples d’agencement de ce type de bibles ashkénazes : Pentateuque seul (attention toutefois à la double catégorie ici)26 ; Pentateuque, et soit Haftarot, soit les Cinq Megillot ; soit Pentateuque, Haftarot et Megillot (parfois Megillot avant Haftarot)27 ; Haftarot seules ; Haftarot et Cinq Megillot ensemble. Il faut également rappeler que si le Pentateuque a fait l’objet d’une fixation et d’une canonisation ancienne, l’agencement et l’ordre des livres des Prophètes et des Écrits ainsi que l’ordre des Megillot, canonisés plus tarl’Antiquité, mais dans le monde ashkénaze médiéval, chaque livre correspond à une fête : le livre d’Esther (à Purim), de Ruth (à Pentecôte), du Cantique (au samedi intermédiaire de la Pâque juive) et des Lamentations (au 9 av). La lecture du livre de l’Ecclésiaste n’est pas mentionnée dans le traité Soferim, mais il semble peu probable que la fête des Tabernacles ait été laissée sans rouleau spécifique. On observera qu’on a retrouvé, à notre connaissance, très peu voir aucun fragment médiéval de rouleau autre que du Pentateuque ou d’Esther ; cela peut indiquer aussi que ces rouleaux étaient peut-être lus plutôt à partir des substituts que peuvent représenter les bibles de type PMH. 25 Kogel 2014, p. 49. 26 Un Pentateuque seul relève potentiellement autant de la catégorie « bible partielle par sélection de type tripartite » qui aurait un usage liturgique, que de la catégorie « bible complète tripartite en plusieurs volumes », dont, dans ce cas, les parties Prophètes et Hagiographes auraient été perdues. 27 Une étude est en cours pour déterminer si l’ordre PMH ou PHM est le plus fréquent. Quand les Haftarot arrivent en second, la pratique permet peut-être de signifier le respect de l’ordre initial des trois parties du canon biblique. L’ordre PMH est quasi-absent en aire sépharade, dans laquelle on trouve surtout l’ordre PHM, sans doute pour respecter l’ordre tripartite canonique des bibles complètes.
Bibles hébraïques partielles : le cas des « Pentateuque-Megillot-Haftarot » ashkénazes
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Pentateuque
Prophètes
Écrits / Hagiographes
Bible complète, tripartite (Tanakh)
complet (Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome)
complet
complet
Bible partielle par sélection de type PMH
complet
extraits des Prophètes formant les Haftarot
les Cinq Rouleaux (Ruth, le Cantique des Cantique, les Lamentations, l’Ecclésiaste et Esther) ; parfois Job.
Tableau 2: La tripartition classique des bibles hébraïques en fonction des types de bibles.
divement, peuvent varier dans les traditions scribales. Si Christian Ginsburg a été le premier à observer ce phénomène28, un relevé systématique des différentes séquences est aussi envisagé dans la base MBH29. À l’intérieur des Haftarot, la longueur des sections des Prophètes peut également différer grandement d’une région à l’autre30. L’existence de ces variations incite à penser qu’il puisse s’agir de traditions juives dites locales. Ces caractéristiques sont, à notre avis, extrêmement importantes à relever soigneusement car elles sont à corréler avec d’autres éléments afin de mieux définir les cultures régionales et locales ashkénazes médiévales dont les réels contours sont encore peu connus31. 28 Voir Ginsburg 1897. 29 La canonisation des trois ensembles de la bible hébraïque a été un processus extrêmement long, Lange 2016, p. 35 et ss. Les différents ordres des livres des Prophètes seront répertoriés dans la base de données MBH (cf. note 7) selon ceux repérés en particulier dans Yeivin 1980 : 1) like first printed editions (Bib Rab II: Joshua, Judges, Samuel, Kings /vol. 2// Isaiah, Jeremiah, Ezekiel, and the Twelve / vol 3//) 2) like Talmud BB14b (mostly Ashkenazic Mss: Joshua, Judges, Samuel, Kings, Jeremiah, Ezekiel, Isaiah and the Twelve); 3) like Aleppo Codex, Leningrad Codex, Cairo Codex (mostly Sephardic or Italian MSS: Isaiah before Jeremiah). Pour les Hagiographes, différents ordres sont répertoriés dans la base MBH : 1) like Talmud BB14b (Babylonian MSS: Ruth, Psalms, Job, proverbs, Qohelet, Canticles, Lamentations, Daniel, Esther, Ezra, Chronicles); 2) like Talmud BB14b (Eretz Israel customs found in A, L, S1: Chronicles, Psalms, Job, Proverbs, Ruth, Canticles, Qohelet, Lamentations, Esther, Daniel, Ezra); 3) following Talmud BB14a Babyl. use and festivals reading order (Ashk. MSS and printed editions: Psalms, Proverbs, Job // Canticles, Ruth, Lamentations, Qohelet, Esther // Daniel, Ezra, Chronicles); 4) Psalms divided in five scrolls; 5) Samuel as two books; 6) Kings as two books; 7) Ezra and Nehemia as two books; 8) Chronicles as two books. Les rouleaux sont classés selon les ordres suivants : 1) Ruth, Song of Songs, Ecclesiastes, Lamentations, Esther ; 2) Ruth, Song of Songs, Lamentations, Ecclesiastes, Esther; 3) Song of Songs, Ruth, Lamentations, Ecclesiastes, Esther (Massoretic Text order); 4) Song of Songs, Ruth, Lamentations, Esther, Ecclesiastes. 30 Ce relevé n’est toutefois pas encore intégré dans la base de données mais le sera dans un développement ultérieur. 31 Par exemple, une étude sur les séquences des haftarot au sein de l’aire ashkénaze est en cours à partir de manuscrits datés et non datés, en corrélation avec leurs caractéristiques paléographiques.
3 Origines possibles des bibles partielles En l’état des recherches actuellement menées, il est encore difficile de déterminer quand et où les bibles PMH sont apparues. C’est certainement un usage spécifique ou une pratique qui a produit ce type de manuscrit. Le changement de pratique a sans doute un lien avec l’adoption de la tradition babylonienne de lecture de la Torah sur un cycle annuel – et non plus triennal comme cela se faisait dans la tradition palestinienne – qui deviendra par la suite normatif, même si des traces de lectures triennales peuvent perdurer dans les manuscrits32. Toutefois, les manuscrits bibliques moyen-orientaux ne témoignent pas de la pratique de copie de PMH33, ce qui expliquerait la formulation des types de bibles A3 ou B3 par Goshen-Gottstein et Khan, mais cela peut aussi être dû à l’état fragmentaire des sources actuellement conservées qui ne permet pas toujours de reconstituer un manuscrit complet des PMH34. Pour les aires occidentales, parmi les rares manuscrits les plus anciens répertoriés, les deux plus anciens manuscrits bibliques ashkénazes, datés de la toute fin du xiie siècle, sont Valmadonna 1, aujourd’hui au Musée de la Bible de Washington (1189, a priori anglo-normand) qui est une bible partielle par sélection PMH et Bologne, BU, 2209–2208 (daté de 1193) qui est une bible de grand format (atlante), sans doute à l’origine complète, dont seuls les Prophètes et les Hagiographes sont conservés. Ces deux manuscrits attestent que les deux types coexistaient en 32 D’après Javier del Barco, ces traces – l’indication des sedarim de lecture triennale dans le Pentateuque – peuvent se trouver dans certains manuscrits sépharades de Castille, et relèvent d’une tradition associée à Tolède. Voir également Stern 2017, note 94, p. 89. Sur les cycles palestiniens et babyloniens, voir Elbogen 1993, p. 132, paragraphe 121. 33 Nous remercions notre collègue Ben Outhwaite pour nous avoir fait part de cette observation ; voir aussi son récent article Outhwaite 2020. 34 Ce problème est posé par Ben Outhwaite pour les fragments de rouleaux ainsi que de savoir s’ils sont le reflet d’un livre ou de l’ensemble du Pentateuque (correspondance de juin 2020).
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Élodie Attia
Europe à la fin du xiie siècle. D’autres manuscrits non datés semblent remonter également à la fin du xiie siècle, comme le Cambridge, CUL, Add. 46735. Il semble qu’une bible PMH repose sur la notion de Pentateuque étendu. Les termes hébraïques, parfois ambigus, désignant le support de copie, tels que sefer, Sefer Torah, pinkas, diftera, louah et neyyar, ont été déjà explicités par Colette Sirat36. Les termes désignant les contenus bibliques sur ces différents supports demanderaient, eux, une étude plus étendue qui sortirait du cadre de cet article. Néanmoins, concernant l’appellation matérielle d’un Pentateuque, génériquement appelé Torah dans les textes de la tradition rabbinique et dans la Massore, il faut aussi souligner la coexistence du terme humash, un tout constitué de cinq parties. Cet usage est attesté dans le Talmud de Jérusalem (TJ, Traité Megillah 73, 4)37. Le terme apparaît également dans le Talmud de Babylone (TB, Traité Gittin 60a) pour évoquer les rouleaux séparés – humashim – de chaque livre biblique du Pentateuque, et de savoir si l’usage en rouleau séparé est autorisé à la synagogue ou dans le cadre de l’étude avec des enfants. Dans ce contexte (babylonien, avant le xe siècle), l’usage d’un rouleau correspondant à un seul livre biblique pour usage liturgique (un humesh, un des cinq livres du Pentateuque ; humashim au pluriel) existait sans doute mais n’était pas intégré à l’usage public synagogal38. La norme talmudique cherche à faire recourir à un rouleau complet du Pentateuque pour la lecture synagogale, pas à une seule de ses parties, même pour des raisons pratiques. La question est la même pour les rouleaux des Prophètes utilisés pour lire la Haftarah, de savoir si on peut utiliser seulement les parties nécessaires à la lecture du jour et pas la totalité du rouleau. La réponse est négative dans tous les cas : il est interdit d’utiliser pour la synagogue un rouleau de Pentateuque partiel, parce qu’il ne doit pas en manquer une feuille et parce que cela constituerait un manque de respect envers la communauté, et également de copier les Haftarot regroupées sur un rouleau à part, car les Prophètes doivent être copiés en un seul tout (ורבה ורב יוסף דאמרי תרוייהו האי ספר אפטרתא )אסור למקרי ביה בשבת מאי טעמא דלא ניתןליכתב. Toutefois, cela indique que la pratique a été certainement effective à l’origine39 et que le processus normatif rabbinique a cherché à
35 Voir plus loin, note 84. 36 Sirat 1985. 37 D’après Even-Shoshan 1997. 38 Voir Outhwaite 2022, dans ce volume, p. 143–151. 39 D’après les études faites sur les manuscrits de la mer Morte, on ne sait pas si des rouleaux complets du Pentateuque existaient à l’époque du Second Temple, voir Hendel 2017, p. 61, Tov 2004, p. 75–77.
imposer des sets complets, aboutissant aux trois grandes parties de la bible hébraïque tripartite, Pentateuque, Prophètes et Hagiographes. En outre, le Talmud de Babylone (Gittin 60a) rappelle les deux façons dont Moïse reçut le Pentateuque – dans ce contexte appelé Torah et non humash – au Mont Sinaï, à savoir soit comme un tout ( תורה חתומה ניתנהtorah hatumah nitenah) pour l’ensemble du Pentateuque, soit livvre par livre, un rouleau par livre ( תורה מגילה מגילה ניתנהtorah megillah megillah nitenah)40. Cette interdiction de séparer les livres du Pentateuque est retenue par Maïmonide à la fin du xiie siècle (Mishne Torah, Sefer Ahavah, Tefillah, chapitre 12, paragraphe 23). Cela étant, ces prescriptions rabbiniques révèlent, par leur présence, que ces pratiques avaient été sans doute effectives dans des contextes particuliers, pour la lecture à la maison ou en contexte d’étude, éventuellement encadrées par des femmes, qui étaient moins rares qu’on ne le pense a priori41. Concernant les copies en livres séparés, Rashi commente le même passage TB Gittin 60a et permet de comprendre comment le humash était perçu dans le monde ashkénaze franco-rhénan du xie siècle : Il y en a qui écrivent cinq cinquièmes (hamesh humashin) de la Torah (soit le Pentateuque en cinq cinquièmes), chaque cinquième (humesh) est complet en lui-même et chaque livre était sur une megillah (un petit volumen) comme notre Sefer Torah / שיש שכותבין להן חמשה חומשין כל חומש אחד שלם- בחומשין לעצמו וכל ספריהם היו במגילה כס"ת שלנו.
Le commentaire de Rashi semble indiquer que la coutume des rouleaux séparés est connue et existe encore à son époque (« il y en a qui » et non pas « comme les anciens faisaient »). Le commentaire de Rashi fait référence au Sefer Torah liturgique contemporain (« à notre Sefer Torah ») et sa forme matérielle est appelée en contexte ashkénaze médiéval megillah, c’est-à-dire un rouleau de type volumen42. Enfin, pour clore cette discussion terminologique, à la fin du xiie siècle en Ashkénaze le fait que le Pentateuque soit copié dans une bible complète ou dans 40 TB Gittin 60a (notre traduction) : « Rabbi Yoḥanan dit, au nom de Rabbi Bana’a : “La Torah (Pentateuque) a été donné rouleau par rouleau (un rouleau pour chaque livre), comme il est dit “Alors me voici, je suis venu avec le rouleau de livre (megillat-sefer) qui a été écrit pour moi (Ps. 40,8)”. Rabbi Shimon ben Lakish dit : “La Torah a été donnée comme un livre complet, comme il est dit ‘Prends ce rouleau de Torah (‘et sefer ha-torah ha-zot) (Deut 31,26)’, ce qui nous apprend que la forme du Pentateuque a été donnée comme une unité complète”. » 41 Pour le Moyen Âge et la place des femmes, voir Nahon 2009 : également Baumgarten 2013 et 2016. 42 Voir Sirat 1985, p. 170.
Bibles hébraïques partielles : le cas des « Pentateuque-Megillot-Haftarot » ashkénazes
une bible PMH ne semble pas modifier son appellation en hébreu (humash), mais une étude sérielle sur la terminologie est en cours43.
4 Les PMH sont-elles majoritaires avant 1300 dans le monde ashkénaze ? Savoir si les bibles PMH sont majoritaires avant 1300 en Europe du Nord et dans le monde ashkénaze (Angleterre, Rhénanie, moitié nord de la France) suppose d’avoir une connaissance approfondie et détaillée des formes de textes bibliques en circulation. À l’instar des travaux menés par nos collègues latinistes sur la bible latine médiévale, en particulier ceux de Chiara Ruzzier44, et en complément des études qualitatives déjà réalisées sur certaines bibles hébraïques, en particulier par Javier del Barco sur les bibles séfarades, le projet ANR MBH a précisément l’objectif, à moyen et long terme, de permettre d’élaborer un panorama précis des bibles hébraïques ashkénazes encore préservées aujourd’hui, à l’aide d’analyses quantitatives. La base de données de recherche MBH vise à recenser et décrire tous les manuscrits présentant un ou des textes bibliques hébreux copiés à la main sur rouleaux ou codices, conservés à l’état de fragments ou d’items complets, et produits – dans l’état actuel de nos connaissances – jusqu’à 1300. À l’heure actuelle, seuls les manuscrits datés ainsi que les manuscrits identifiés par une cote dans les catalogues de bibliothèques ont été intégrés à la base de données MBH. Ce travail n’étant pas encore achevé, des résultats préliminaires seront présen-
43 À la fin du xiie siècle, le terme humash apparaît dans les deux colophons des deux bibles ashkénazes les plus anciennes, Valmadonna 1 (daté de 1189) et Bologna 2209–2208 (daté de 1193). Cf. Valmadonna 1 (MPMA IV, p. 82) : « Se termine donc le Humash (Pentateuque) hébreu et paraphrase araméenne (Targum) avec les lectures prophétiques (Haftarot) et les cinq Megillot, et Job ». Le Colophon de Bologne 2209–2208 indique (cf. MPMA IV, p. 109) : « Moi… j’ai écrit pour… un Humash (Pentateuque) paraphrase araméenne, et les Prophètes et les Hagiographes ». Dans Sfardata Database (http://sfardata.nli.org.il/, consulté le 5 avril 2022), pour les manuscrits datés, sont recensées 27 mentions du terme humash (mot entier) contre 111 mentions du terme torah (mot entier), mais ce dernier peut apparaître dans des eulogies et ne pas désigner spécifiquement le contenu du manuscrit. Une étude de l’évolution de la terminologie au Moyen Âge et en fonction des aires géoculturelles et des types de bibles (partielles par sélection ou complètes) est nécessaire. 44 Voir Ruzzier / Hermands 2015 ; Ruzzier 2022, dans ce volume, p. 39–58.
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tés ici, dans l’attente de pouvoir livrer une synthèse plus vaste sur le sujet. L’estimation globale de la totalité des bibles hébraïques encore conservées aujourd’hui n’est pas chose aisée. Différents outils ou études faites jusqu’ici permettent d’avancer quelques données. Même si le nombre de bibles hébraïques conservées est inférieur à celui des bibles latines, la difficulté de leur prise en compte réside dans la variété des comptages possibles entre les volumes physiques (avec une cote attribuée), les unités de production et les unités de circulation45, ainsi que les projets de copie dont on a une preuve mais dont il ne reste plus que certaines parties. Une étude générale menée par Colette Sirat a proposé une estimation de la totalité des manuscrits hébreux produits au Moyen Âge, sans se limiter aux bibles46. En comptant 70 000 volumes conservés dans les bibliothèques publiques et privées, Colette Sirat estime à 40 000 ceux qui sont probablement médiévaux47. Sur ces 40 000 manuscrits médiévaux, 5 000 seraient des bibles : il s’agit sans doute d’une estimation des items complets cotés en bibliothèque, soit 12,5 % de l’ensemble des manuscrits hébreux médiévaux conservés48. Ce chiffre est à relativiser, comparé aux quelque 24 000 fragments bibliques de la Genizah du Caire49. À partir des années 70 et des travaux du Comité international de paléographie hébraïque, des informations codicologiques sont rassemblées dans la base de données Sfardata, recensant 3 139 manuscrits hébreux datés du Moyen Âge examinés in situ, toutes aires géographiques et tous sujets confondus50. Selon nos consultations51, pour le monde ashkénaze, il ressort 622 manuscrits datés et documentés, dont l’écriture principale est ashkénaze52 ; parmi ces items, 155 sont classés comme « Bible »53, et 89 45 Pour les définitions de ces concepts Andrist / Canart / Maniaci 2013, p. 59 ; pour la difficulté de comptage, Sirat 2002, p. 8. 46 Sirat 1986, 1994 puis 2002, p. 8–10. 47 De nouveaux comptages, plus récents, changent légèrement les proportions mais posent la difficulté d’intégrer les fragments bibliques, comme ceux de la Genizah du Caire pas encore tous décrits, à cet ensemble. 48 Olszowy-Schlanger 2012, p. 21. 49 D’après le catalogue de Davis / Outhwaite 2003. 50 Données présentées par Malachi Beit-Arié le 11 décembre 2009 à Oxford. Voir http://sfardata.nli.org.il/ (consulté le 5 avril 2022). 51 Effectuées en octobre 2017. 52 À rechercher dans Sfardata en sélectionnant les categories et sous-catégories suivantes : Résultat de la recherche « Doc dated / Main ashkenaz / Documented dated And script: main script type= Ashkenazic ». 53 À rechercher dans Sfardata en sélectionnant les categories et sous-catégories suivantes : « Main ashkenaz / Documented dated And script: main script type= Ashkenazic, Subject: bible ».
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Élodie Attia
sont des bibles sans commentaires54. Parmi ces bibles produites entre 1000 et 1540, entre 40 et 47 sont des bibles fabriquées avant 130055. Plus récemment, une comparaison entre le monde séfarade et le monde ashkénaze a été présentée par David Stern, dans sa synthèse The Jewish Bible : In the territory called Ashkenaz (Northern France, England, Germany), the massoretic bibles occupied a far less prominent position that it did in Sepharad. According to my preliminary survey, nearly two thirds of the surviving medieval Bibles in the Iberian Peninsula are masoretic (entire and with massorah) ; in Ashkenaz in contrast, they represent no more than one third, as we shall see, they outnumbered by liturgical Bibles56.
Dans le même ouvrage, David Stern estime qu’environ les deux tiers des manuscrits ashkénazes produits en France, en Angleterre et en Allemagne aux xiiie et xive siècles sont des humashim, des Pentateuques liturgiques. Inversement, les deux tiers des items séfarades sont massorétiques et complets57. Nos premiers travaux de recensement quantitatif dans le cadre du projet MBH, depuis 2017, ont concerné des fragments, des manuscrits complets, codices ou rouleaux, datés ou non datés, et permettent d’estimer à presque 350 items les manuscrits bibliques ashkénazes médiévaux produits avant 1300 et porteurs d’une écriture de type ashkénaze58. À la différence de David Stern, nos travaux se limitent chronologiquement à 1300, donc les comparaisons avec ses résultats ne peuvent être que partiellement valables. Le graphique suivant (Graphique 1) explique les fondements de cette estimation, signalant les items repérés dans des bases de données déjà existantes et d’autres items qui n’avaient pas encore été identifiés. Les données des 334 manuscrits cotés, potentiellement concernées par le projet MBH, se répartissent en quatre ensembles, comme suit : – 154 items non datés, soit 46 % de l’ensemble, identifiés entre 2016 et 2018 provenant de la consultation des catalogues des bibliothèques les plus importantes du corpus (Paris, Londres, Oxford, Parme, Berlin, Hambourg, Munich, Turin, Milan, Vatican et 54 À rechercher dans Sfardata en sélectionnant les categories et sous-catégories suivantes : « Documented dated And script: main script type= Ashkenazic, And Subject: text’s general subject/s= bible: and not – commentary ». 55 Obtenu par consultation de la liste précédente et comptage des items jusqu’à 1300. 56 Stern 2017, p. 275. 57 Stern 2017, p. 105. 58 Dans ce premier ensemble d’environ 350 manuscrits bibliques conservés, les bibles sont identifiables dans différents corpus déjà existants ou en cours d’inventaire.
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Bologne59) par des personnes ayant travaillé sur le projet (Johanna Tanja, Léo Pascal et moi-même). Ces items correspondent à des codices bibliques majoritairement non datés (plus rarement des rouleaux), avec cote ; ils sont préservés dans des bibliothèques et institutions publiques ou privées identifiées. C’est sur eux que l’essentiel du travail doit être mené en vue de les doter de descriptions détaillées60 ; 97 items, soit un tiers du total, identifiés dans la base Books within Books61. Ce sont des fragments qu’on estime dater du xiiie siècle, ou entre la fin du xiiie et le début du xive siècle, soit de codex, soit de rouleaux liturgiques ; on notera le faible nombre de fragments de rouleaux, et ceux du rouleau des archives départementales des Bouches-du-Rhône font figure d’exception62. Les descriptions de ces fragments peuvent être un peu étendues dans MBH en particulier pour ce qui concerne le contenu, les massores et les mises en page ; 35 items datés, soit environ 11 % du total, provenant de la prise en compte des données déjà existantes dans la base de données codicologique Sfardata sur les manuscrits datés ayant un numéro identifiant commençant par « 0A-0T » et classés «Documented dated mss » dans leur notice descriptive. Ces items sont répertoriés comme présentant des textes bibliques (sélection « texte uniquement ») avant 1300 ; 38 autres items non datés, soit 11 %, décrits de façon moins approfondie dans Sfardata et nécessitant de nouvelles descriptions63. Ils sont à classer avec le premier groupe décrit plus haut ; quelques items (quantité pour l’instant négligeable de 10) provenant de fragments de la Genizah du Caire64.
D’après nos premières estimations, il y a 57 % de bibles, sous forme de codex, non datées – ce chiffre peut aller jusqu’à plus de 80 % si on tient compte des fragments
59 Voir Annexe 1. 60 Une notice MBH permettra de détailler à plusieurs niveaux un ensemble d’informations sur un item prenant en compte des éléments matériels (codicologiques, paléographiques) de mise en page et mise en texte, mais aussi des contenus textuels, d’histoire et d’usage de l’item sélectionné. 61 http://hebrewmanuscript.com/ (consulté le 5 avril 2022). 62 Un travail est en préparation sur ce rouleau liturgique. 63 Il s’agit des items dont les numéros identifiants (« Key ») commencent par 0Y-YY, correspondant à des « Undocumented dated mss » ; par ZA-ZT : « Documented undated mss » ; par YZ-ZY : « Undocumented undated mss ». 64 Notre collègue Samuel Blapp (Blapp 2018) a identifié quelques fragments ashkénazes dans son travail de thèse.
Bibles hébraïques partielles : le cas des « Pentateuque-Megillot-Haftarot » ashkénazes
Estimations des bibles ashkénazes préservées jusqu'en 1300
38; 11%
69
MBH : Codices et rouleaux ashkénazes non datés identifiés dans les catalogues papier ou en ligne (exluant les items non-datés Sfardata) BWB : fragments ashkénazes estimés datés, 2018)
10; 3%
Sfardata : Codices datés (texte biblique seulement, 2018)
35; 11% 154; 46%
Sfardata : Codices non datés peu documentés (texte biblique seulement, 2018)
97; 29% Genizah du Caire: fragments (hypothèse)
Graphique 1: Estimations des bibles (codices et rouleaux) ashkénazes avant 1300.
bibliques mais leur traitement doit être spécifique65 – contre seulement 11 % de bibles datées. Si on incluait les manuscrits datés dans Sfardata jusqu’en 1310 (on connaît la difficulté de dater avec précision des manuscrits non datés produits entre 1290 et 1310), il faudrait ajouter 24 items à ces premières données. Cela ne dénature pas le corpus, tout en confirmant l’accélération de la production de manuscrits constatée surtout après 128066. D’après un sondage plus resserré excluant les fragments67, établi cette fois-ci sur 130 volumes matériels cotés correspondants, nous observons 108 bibles de différentes catégories produites avant 1300 dans le monde Ashkénaze (voir Annexes I, Tableau 3 ; et Annexe II, Tableau 4). Dans ce corpus restreint de 108 bibles, on observe de façon générale – en se contentant de regarder d’abord uniquement les catégories 1 de « bible complète / bible partielle / rouleau » – seulement 15 % de bibles complètes en
65 Il faut séparer rouleaux et codices et voir si plusieurs fragments pourraient appartenir à la même unité codicologique. 66 Voir Dukan 2006. 67 On rappellera toutefois qu’il s’agit de statistiques produites sur des manuscrits actuellement conservés et que le faible nombre d’items hébraïques ne permet pas de sélectionner (au sens statistique strict requis) la population de manuscrits sur laquelle un réel sondage devrait être effectué. Nous connaissons et respectons les critiques émises sur le quantitatif, mais nous pensons nécessaire d’avoir une vue d’ensemble des items existants.
24 livres copiés ensemble, en un ou plusieurs volumes68, et une grande majorité de bibles partielles (82 %) soit les trois quarts (voir Graphique 2). Or, dans un second temps, nous avons opté pour des catégories plus fines, nommées Catégories 2 (1 = bible partielle par sélection de type PMH, 2 = partielle, une des grandes parties du canon, 3= livre isolé ; 4 = Tanakh en un ou plusieurs volumes ; 5 = Tanakh en un volume ; 6 = rouleau entier ou lacunaire, voir Annexes I et II). À la différence de David Stern, il nous semble important de comptabiliser les « parties de la tripartition », c’est-à-dire des volumes soit Pentateuque, soit Prophètes, soit Hagiographes dont il semble impossible de savoir s’ils sont originellement isolés ou d’anciennes parties d’une bible tripartite. En les faisant apparaître dans notre calcul, les résultats sont envisageables différemment car ils laissent transparaitre une réalité peut-être invisible autrement. D’après le Graphique 3, il ressort bien une majorité de bibles partielles par sélection de type PMH : toutefois, elles ne représentent plus les trois quarts du corpus mais, désormais, seulement plus du tiers (39 %). De fait, selon nos données et cette nouvelle répartition, en tenant compte de toutes les catégories de textes partiels69, un autre gros tiers (35 %) des bibles représente des parties isolées de la tripartition canonique du Tanakh, à savoir soit le Pentateuque, soit 68 Une bible peut être considérée comme « complète » même si le manuscrit actuel est incomplet mais qu’une preuve spécifie l’état antérieur du manuscrit (son colophon par exemple). 69 Voir plus haut.
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Élodie Attia
Corpus restreint selon les Catégories 1
Rouleaux; 3, 3%
Bibles complètes, 16; 15%
Bibles complètes Bibles partielles Rouleaux
Bibles partielles, 89; 82%
Graphique 2: Répartition générale du corpus restreint (108 items), selon les Catégories 1 (cf. Tableau 3, Annexe I).
Corpus restreint selon les Catégories 2 Bible ashkénaze partielle PMH (eventuellement en plusieurs volumes) / 1 Partie de bible tripartite / 2
3; 3% 9; 8% 7; 7% 42; 39%
9; 8%
Livre isolé / 3
Tanakh en plusieurs volumes / 4
38; 35%
Tanakh en un volume / 5
Rouleau entier ou lacunaire avec cote /6
Graphique 3: Répartition détaillée du corpus restreint (108 items) selon les Catégories 2 (Cf. Tableau 3, Annexe I).
les Prophètes, soit les Écrits. Comme évoqué plus haut, l’interprétation de ces bibles est ambiguë, car elles peuvent avoir été produites isolément ou bien dans le cadre de la copie de la totalité – qui s’est ensuite perdue – et ainsi être identifiées soit en tant que partie d’une bible complète en plusieurs volumes, soit réellement en tant que bibles partielles. Les bibles complètes se répartissent soit en un volume (8 %) ou en plusieurs volumes déclarés (7 %). Elles représentent donc 15 % du total et sont moins nombreuses que les bibles PMH, mais cela peut sans doute être une
sous-estimation. Si l’on estime qu’au moins la moitié des manuscrits partiels tripartites (Pentateuque, Prophètes ou Hagiographes isolés aujourd’hui) représentent en réalité d’anciennes bibles complètes en plusieurs volumes, on peut estimer qu’il circulait quasiment autant de bibles de type PMH que de bibles complètes en plusieurs volumes (39 % de bibles partielles PMH contre 32 % de bibles complètes en un ou en plusieurs volumes et 17,5 % de volumes tripartites isolés restants). Les bibles complètes en plusieurs volumes auraient été sans doute plus nombreuses
Bibles hébraïques partielles : le cas des « Pentateuque-Megillot-Haftarot » ashkénazes
que les bibles en un seul volume avant 1300. Il est possible que la pandecte hébraïque de format atlante ou de petit format n’arrive qu’à la toute fin du xiiie siècle et au début du xive siècle70. Sans doute la réalité est encore difficile à cerner et il n’est pas aisé, en l’état d’avancement des recherches réalisées sur un corpus restreints de 108 bibles, de savoir comment rattacher une partie des bibles isolées (partie de bible tripartite) avec les bibles complètes71, mais cette hypothèse ne doit pas être négligée. Bien que le problème soit complexe et que les bibles en un ou plusieurs volumes ne soient pas nécessairement des objets de nature et de fonctions équivalentes72, ces considérations permettent de relativiser au moins deux choses : a) l’idée que les juifs ashkénazes auraient produits essentiellement et majoritairement des Pentateuques liturgiques (PMH) et non pas par des bibles complètes tripartites Tanakh ; b) l’idée que l’on se fait d’une « bible complète », d’une « bible partielle » et d’une « bible massorétique » dans le monde ashkénaze, en particulier au regard de ce qui va suivre.
5 Quelles sont les fonctions d’une bible partielle par sélection de type PMH ? Si d’autres études sont nécessaires pour comprendre la signification des différentes bibles hébraïques produites en Occident médiéval et pour préciser leur catégorisation et leur typologie, nous terminerons cette contribution en évoquant quelques cas de bibles de type PMH intéressantes mais différentes les unes des autres, et qui pourraient nourrir la réflexion sur leur valeur par rapport aux bibles massorétiques et aider à poser des questions quant à la typologie des manuscrits bibliques73.
70 En incluant les manuscrits datés jusqu’à 1310 dans notre corpus, nous avons observé une certaine augmentation du nombre de bibles complètes en un volume. Une prochaine étude devra confirmer cette tendance. 71 Sur ce point, une étude est prévue afin de déterminer les critères discrets qui permettraient de rattacher certains volumes à des bibles complètes et de les distinguer des autres qui resteraient réellement partielles (ne résultant pas d’une sélection). 72 Maniaci / Muzerelle / Ornato 1999. 73 Dans cette optique, voir également Del Barco 2020.
71
5.1 Cas A. Vat. Ebr. 14 : de la Massore et des micrographies dans une bible de type PMH ? Le manuscrit Vat. Ebr. 14 – daté de 1239 et copié sans doute à Rouen – est une bible partielle PMH bien connue, étudiée à plusieurs reprises74. Sa fonction liturgique semble certaine. Dans les notes marginales, il était même spécifié les débuts et fins de Haftarot en usage en France (Tsarfat). Cette mention montre que les sections des Haftarot ont été copiées selon un autre modèle, encore à déterminer, ou que le manuscrit a pu se déplacer de Normandie – c’està-dire d’une région de culture anglo-normande – vers un espace davantage considéré comme « français ». Par ailleurs, le scribe Elijah ha-Naqdan a réalisé un travail massorétique de qualité : il précise bien qu’il est allé rechercher un codex exemplar (sefer mugeh yashan)75. Cela montre que l’application à ajouter l’apparat massorétique correct, quand bien même micrographique, était voulue et certaine. La fonction des micrographies signalant les débuts des péricopes illustrées, voire contenant, dans certains détails, des allusions au commentaire de Rashi ou de la littérature talmudique, montre que dans la pratique le PMH est plus complexe. Ce PMH avait une fonction liturgique certaine, mais son contenu a été étendu, le faisant passer vers des niveaux de signification et d’usages multiples. Par ailleurs, la capacité à réaliser des micrographies minuscules était considérée comme un art d’excellence76. Le manuscrit avait dû coûter cher à son ou sa propriétaire qui avait rétribué Elie ha-Naqdan pour son travail très fin, et devait représenter un bien mobilier important, comme l’étaient souvent les manuscrits dits enluminés77. Les fonctions rayonnent et se complètent entre pratique et symbolique : liturgique, éducative élémentaire et d’étude, patrimoniale, symbolique et affective.
74 Attia 2015a (voir notamment la description codicologique en Annexes), et aussi Attia 2015b. Le projet DFG Corpus Masoreticum (HFJS Heidelberg) s’occupe d’éditer l’intégralité de la Massore micrographiée de cette bible. 75 Vatican, BAV, Vat. ebr. 14, f. 256r ; voir Attia 2015. 76 Isaac ben Moise de Vienne, rabbin ashkénaze entre 1180–1250, dans un passage où il rappelle ce qui est beau ( )נאהen termes d’écriture de Sefer Torah, de Tefillin et Mezuzot, l’écriture fine, qu’il ne trouve pas belle et rapidement effaçable ()אינה נאה ונמחק מהרה, est faite pour la gloire/l’honneur ( )בשביל כבודוdu scribe et il conseille de limiter ses prétentions et d’écrire un peu plus épais ()קצת כתיבה עבה. Cf. Moïse de Vienne, Or Zaru‘a, vol. 1, p. 152, §555, dernière ligne. 77 Pour un catalogue, voir Sed-Rajna / Fellous 1994 ; voir également les six manuscrits du Lac de Constance étudiés dans Shalev-Eyni 2010.
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5.2 Cas B. Genève 3 : un manuscrit biblique difficile à interpréter Parmi les manuscrits examinés, deux sont remarquables par leur singularité : le manuscrit heb. 3 de la Bibliothèque de Genève (ci-après Genève 3)78, et le manuscrit Paris, BnF, Hébreu 52 (ci-après Hébr. 52)79. Ils sont tous les deux datables du xiiie siècle, le second – Hebr. 52 – sans doute de la première moitié, et par leurs caractéristiques paléographiques, proviennent probablement de France du Nord. Les deux manuscrits présentent des similitudes frappantes. Ils sont partiels et lacunaires dans les deux cas : Genève 3 est de petit format, présente le texte du Pentateuque à longue ligne avec la Genèse (lacunaire), puis la prière du Shema‘ Israel et le livre d’Esther (lui aussi lacunaire). Hébr. 52 contient le Pentateuque suivi des Haftarot, puis les Megillot, ces deux derniers ensembles étant aujourd’hui perdus mais encore visibles sur le microfilm en noir et blanc laissé en ligne par la Bibliothèque nationale de France80. Dans le cas de Genève 3, l’hétérogénéité et l’absence de vocalisation sont remarquables, ainsi que le fait que les livres soient copiés sans qu’une césure ne vienne s’intercaler entre eux. Le manuscrit ne propose pas de stratégie pour atteindre la fin du cahier à la fin d’un livre, ni d’espaces blancs permettant de voir une coupure du travail du scribe, ni d’arrangement de la mise en page ou encore de fin de colonnes justifiées différemment. En effet, on observe souvent dans les manuscrits bibliques une césure entre une fin de livre biblique et une fin de cahier, avec modification de la mise en page ou de la mise en texte pour atteindre ou attendre la fin du cahier81. Cette césure marque des sous-unités de production (aussi appelées « unités modulaires »82) que les livres bibliques peuvent représenter. Dans Genève 3, cette absence de changement de mise en page et le fait qu’aucune césure (aussi appelée « discontinuité modulaire »)83 ne soit sensible à la fin du 78 Isserles 2016. 79 https://mbh.huma-num.fr/fr/ms/h%C3%A9breu-52 (consulté le 5 avril 2022). 80 Le manuscrit, après avoir été dérobé, a réintégré la BnF en 2007, mais amputé d’une partie de ses folios (cf. sa numérisation couleur). 81 Par exemple, élongation des lettres, colonnes laissées blanches, pages laissées blanches, césure de fin de cahier. Inversement, les copistes utilisent parfois des stratégies pour atteindre la fin du cahier à la fin d’un livre, de sorte qu’il n’y a pas d’espaces blancs qui permettent de voir une coupure du travail du scribe, ni aucun arrangement de la mise en page, ni des fin des colonnes justifiées différemment. 82 Sur les unités modulaires et les discontinuités, voir Andrist / Canart / Maniaci 2013, p. 22–26, 83–100. 83 Voir note précédente.
dernier verso du dernier folio du cahier, pour coïncider avec la fin du livre biblique, donnent le sentiment d’être « en présence d’un rouleau liturgique ». En toute hypothèse, cela pourrait être le reflet matériel d’une volonté de traduire une unité de production continue, qui est totalement courante et recherchée dans les rouleaux liturgiques (entre deux livres bibliques un espace précis de lignes doit être laissé avant que le texte ne reprenne). D’autres études sont nécessaires pour savoir si ces absences ou présences de césure à la fin des livres bibliques sont le fait d’une expression délibérée d’une des deux approches du don de la Torah décrite plus haut, entière ou en livres séparés, ou bien le fait d’une pratique purement pragmatique, car dans certains cas, vouloir copier un Pentateuque donné d’un bloc pourrait se traduire par une absence de césure entre les livres84. Inversement, un Pentateuque copié avec césure pourrait traduire la tradition du don livre par livre. Genève 3 ne dispose pas d’un apparat marginal textuel important. Cela peut indiquer que cette copie sur codex cherche à refléter un rouleau pour s’entraîner à la lecture ou la copie. Les vocalisations sporadiques indiquées dans le catalogue ont pu être ajoutées a posteriori, éventuellement à l’occasion de l’apprentissage d’un lecteur débutant85. Le passage d’Esther subit le même traitement. Bien que cela contredise la règle maïmonidienne de copie des rouleaux à partir d’un codex massorétique de type Ben Asher, c’est-à-dire de la tradition massorétique devenue dominante, il est peut-être possible qu’il s’agisse d’un manuscrit exemplar, établi à partir de deux unités de productions différentes pour copier spécifiquement les rouleaux liturgiques du Pentateuque et celui d’Esther. Même si tout cela reste hypothétique, rappelons que, dès 1290, les juifs sont expulsés d’Angleterre, puis tout au long du xive siècle, du royaume de France, ce qui peut expliquer la préférence pour des exemplars discrets et réduits, non massorétiques, et la production de bibles partielles par sélection (PMH), plus faciles et pratiques à manipuler et transporter que des rouleaux liturgiques. On sait également que certains rabbins reconnus lisaient l’hébreu et l’araméen à partir de leur codices, pendant l’office le samedi86. Les PMH permettent de célébrer un office dans des conditions difficiles, en particulier dans un lieu inhabituel en l’absence de rouleau. 84 La corrélation entre absence de césure et exemplar est à démontrer. 85 Javier del Barco a présenté ce type de bible à Jérusalem au « World Congress of Jewish Studies » (Jérusalem, 2017), lors de sessions sur les manuscrits bibliques hébreux que nous avions coorganisées ensemble. 86 Voir Attia 2014.
Bibles hébraïques partielles : le cas des « Pentateuque-Megillot-Haftarot » ashkénazes
5.3 Cas C. Paris, Hébr. 52 : un PMH sans voyelle et sans massore ? Le Paris, Hébreu 52 est sans équivoque un PMH. Il présente le texte biblique en deux colonnes87. Entre chaque livre du Pentateuque, le scribe arrive souvent à la fin d’un cahier, la réclame marque le passage au livre suivant, mais l’effet de continuité visuelle est moins probant que pour Genève 3. On ne voit apparaître dans le texte biblique que la vocalisation, l’accentuation, mais pas la massore, ou alors de façon très sporadique. Comparé à d’autres manuscrits similaires assez simples et sans massore, Hébr. 52 possède ces petites notes massorétiques qui concernent la lecture (un qof placé dans la marge indique le mot qere’ « il faut lire ainsi ») qui permettent d’affirmer qu’il s’agissait d’un livre qui servait principalement à la prononciation à haute voix (la récitation sans doute à la synagogue, par un homme ou une femme non savants ?). Ce type de bible semble correspondre de façon encore plus évidente à une bible exclusivement liturgique et non savante, au contraire de la bible PMH, Vat. ebr. 14. En outre, Hébr. 52 présente beaucoup d’annotations marginales, non massorétiques, qui démontrent que ce manuscrit PMH a été fait avec une attention particulière et une intention scribale particulière. Par exemple, au f. 240r, le scribe affirme dans la marge : ראיתי בספר מדויק שכו ]סכו[ כת]וב[ בשין « J’ai vu dans un livre corrigé le terme סכוécrit avec un shin ».
Au f. 189v et au f. 66v de ce manuscrit on trouve la note : וצריך להניח ד׳ שיטין בין ספר לספר « Il faut laisser “ reposer ” quatre lignes entre deux livres »
Au f. 241v, on trouve également : זה חומש בחון ומנוסה להעתיק ספר תורת משה « C’est un humash, approuvé (bahun) et testé (menusse), pour copier un Sefer Torat Moshe (un rouleau de la Loi de Moïse, à savoir un Pentateuque sur rouleau de type volumen) ».
Ces trois exemples montrent la multiplicité des usages d’une bible partielle par sélection (PMH), à la fois liturgique et prévue pour copier des rouleaux de Sefer Torah. Ce cas n’est pas isolé88. Cette fonction de modèle de copie superposée à la fonction liturgique semble contredire les règles maïmonidiennes édictées dans le Mishne Torah à la fin du xiie siècle. Ce texte est souvent interprété comme 87 La fréquence du texte biblique en deux colonnes ou trois colonnes reste à évaluer quantitativement ; voir les remarques de Morard 2007. 88 Dukan 2006, p. 112–115.
73
rendant nécessaire la copie des rouleaux liturgiques à partir d’un codex dit massorétique, à savoir une bible revue et corrigée selon la tradition scribale massorétique des Ben Asher. Il est vrai que d’autres interprétations de ce passage existent89 et que Maïmonide souligne lui-même la grande diversité des manuscrits bibliques circulant autour de lui à son époque90. Les exemples donnés ici démontrent qu’il est bien nécessaire de s’interroger car les théories se superposent parfois inconsciemment à une réalité qui nous échappe. Les usages concrets des codices bibliques, selon le public présent à la synagogue, sont encore obscurs : ils ont pu être utilisés par des hommes mais également par des femmes puisque de récents travaux montrent que, dans certains contextes, celles-ci suivaient les lectures depuis un espace réservé91. On cherchera également à comprendre lesquels sont des modèles de copie des rouleaux et les rapports qui perdurent entre codices et rouleaux en monde ashkénaze. À ce titre, une bible de type PMH est un codex qui, bien que partiel, peut, dans certains cas, servir d’exemplar et potentiellement remplacer le rouleau liturgique pendant l’office pour la lecture de la Torah, si les personnes réunies étaient dans l’impossibilité d’accéder à une synagogue pour des raisons pratiques92. Au regard de l’histoire des juifs franco-ashkénazes régulièrement expulsés du royaume de France à partir du début du xive siècle, on peut émettre l’hypothèse que la production des bibles de type PMH est certes culturelle, mais peutêtre préférable, du fait de ce contexte historique particulièrement mouvant après 1300.
89 Maïmonide, Mishne Torah, Sefer Ahavah, Hilkhot Sefer Torah, Chapitre VIII. Voir également Outhwaite 2020. 90 Maïmonide, Mishne Torah, Sefer Ahavah, Hilkhot Sefer Torah 8,4 « Le livre/codex (sefer) sur lequel nous nous appuyons pour ces choses [donner la totalité des péricopes fermées et ouvertes pour les rouleaux] est le sefer (livre/codex ?) populaire en Égypte, qui contient les vingt-quatre livres [de la Bible] et qui était à Jérusalem pendant plusieurs années, où il servait de modèle pour corriger les livres/codices/rouleaux ? (sefarim). Tous se basaient sur lui, puisque Ben Asher l’avait corrigé, étudié, et corrigé maintes fois lorsqu’il le copiait. J’ai suivi ce livre pour la copie du rouleau de la Torah (Sefer Torah) que j’ai copié selon cette version. » שהוא כולל ארבעה, הוא הספר הידוע במצריים,הספר שסמכנו עליו בדברים אלו היו, שהיה בירושלים מכמה שנים להגיה ממנו הספרים ; ועליו,ועשרים ספרים הכול . והגיהו פעמים רבות כמו שהעתיקו, לפי שהגיהו בן אשר ודיקדק בו שנים,סומכין . סמכתי בספר תורה שכתבתי כהלכתו,ועליו 91 Baumgarten 2013, 2016. 92 L’utilisation de codices (avec hébreu et araméen) à la Synagogue (pendant la lecture du rouleau liturgique) est attestée au Moyen Âge par des sources rabbiniques. Voir Attia 2014, Liss 2016.
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6 Conclusions L’enjeu de cet article était non pas de trancher sur la question difficile des types de bibles hébraïques et leurs fonctions, mais plutôt d’encourager les éclairages quantitatifs sur les différentes bibles produites en monde ashkénaze, et qui montrent qu’elles ne sont pas nécessairement majoritairement de type PMH (ou PHM), même si ces dernières bibles reflètent une sélection de livres bibliques spécifiquement en usage en monde ashkénaze. Du fait, le hiatus entre sources primaires – essentiellement des codices – et sources secondaires – textes rabbiniques et talmudiques essentiellement centrés sur les normes de copie des rouleaux liturgiques – incite à considérer les codices bibliques médiévaux davantage comme des reflets d’une praxis que d’une théorie, c’est-à-dire, exprimant d’abord des pratiques culturelles et sociales contextualisables, région par région. Les codices hébreux bibliques sont entendus dans nos travaux comme des « objets archéologiques » ; ils témoignent par leur existence matérielle d’une pratique technique, mais aussi économique, culturelle et sociale à rapporter à la société médiévale à laquelle les juifs participaient pleinement et sans cesse. En disant cela, il s’agit de réaffirmer des jalons méthodologiques qui orientent vers une socio-histoire de la Bible – hébraïque mais pas seulement – envisageable à partir de l’archéologie du livre ou de la codicologie au sens large, définie par Albert Gruijs en 197293 et qui fut appelée à s’affirmer pour
les bibles latines et grecques dès 199994. Le regard à porter sur les livres-objets que sont les bibles hébraïques médiévales devra aussi prévoir une mise en relation avec les autres objets produits à la même époque dans les espaces concernés. Comme le rappelle Denis Muzerelle, « les communautés juives ont élaboré leurs livres sur les modèles de ceux des milieux environnants » et les codices bibliques hébreux sont précisément à la jonction entre les prescriptions rituelles des textes sacrés, qui sont très spécifiques au monde hébraïque et juif sur les rouleaux bibliques, et les autres pratiques livresques et culturelles communes95. De ce fait, pour comprendre ces objets à différents niveaux allant du plus concret au plus symbolique, il est nécessaire de se tourner vers d’autres paramètres de contextualisation complexes sur les plans culturels, religieux, linguistiques et scientifico-techniques, propres – dans le cas des bibles ashkénazes – au monde médiéval latin (nord-occidental), avec des variables à l’échelle régionale ou locale. Les manuscrits hébraïques produits en Europe médiévale – dont les bibles ashkénazes font partie – sont une des composantes indéniables du patrimoine écrit occidental et sont, parmi les objets relevant de la culture matérielle attribuables à la composante juive de ces anciennes sociétés, les seuls qui nous soient parvenus. Puisque cet héritage juif européen est très ancien et endogène à son sol, soyons à la hauteur de tout ce dont ils témoignent et étudions les bibles, non pas uniquement pour les « Mystères de l’Écriture », mais telles qu’elles sont arrivées jusqu’à nous96.
93 Sur la codicologie comprise au sens large, voir Gruijs 1972, p. 104 : « This would include, for example, the study of a manuscript’s history and of its use from the moment of its production up to the moment we ourselves look at it with our eyes and touch it with our hands. It would also include full details of its incorporation in libraries or collections, of the catalogues or other literature in which it features, of the social function it fulfilled in its own day, the philosophical and sociological problems it creates as a cultural phenomenon and communication medium, the symbolism with which it is associated, and so on. »
94 Maniaci / Muzerelle / Ornato 1999. 95 Muzerelle 1991, p. 362. 96 J’emprunte cette formule à Philippe Cassuto dans Cassuto 1989, p. 16.
Bibles hébraïques partielles : le cas des « Pentateuque-Megillot-Haftarot » ashkénazes
75
Annexe I
Vienne
New-York
Paris
Bologne
Londres
Total Cat. 1
2
1
1
8
2
7
9
3
0
2
42
89
Partie de bible tripartite / 2
2
1
2
0
1
6
2
9
5
4
5
1
38
Livre isolé / 3
1
0
0
0
0
4
1
0
3
0
0
0
9
Tanakh en plusieurs volumes / 4
0
1
0
1
0
0
0
2
2
0
1
0
7
Tanakh en un volume / 5
0
2
0
0
1
1
0
1
3
0
0
1
9
Rouleaux
Rouleau entier ou lacunaire avec cote / 6
0
2
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
3
3
Total bibles (par type)
7
9
5
2
3
19
5
19
22
7
6
4
108
108
Volumes physiques
8
12
5
9
3
21
7
21
25
7
7
5
130
130
Cambridge
3
Complètes
Total Cat. 2
Oxford
Bible ashkénaze partielle PMH 4 (éventuellement en plusieurs volumes) / 1
KRL/Leipzig/ Kassel
Nuremberg
Partielles
Berlin
Catégories 2 Hambourg
Catégories 1
Munich
Tableau de répartition détaillée des bibles (hors fragments) par Catégories 1 et 2 et bibliothèques de conservation (tableau de synthèse)
16
Tableau 3: Répartition détaillée des bibles (hors fragments) par Catégories 1 et 2 et bibliothèques de conservation.
Annexe II Liste complète des 130 volumes et 108 bibles (hors fragments) selon les Catégories 2 par bibliothèques de conservation, décrites dans MBH et/ou Sfardata à différents degrés. Villes, Institutions
Cote✶
Hambourg, SÜB
Cod. Hebr. 25–26
2
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Cod. Hebr. 3
1
Partie de bible tripartite
2
Cod. Hebr. 1
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Cod. Hebr. 2
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Cod. Hebr. 8
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Cod. Hebr. 9
1
Partie de bible tripartite
2
Cod. Hebr. 48
1
Livre isolé / Psautier
3
Sous-total Hambourg
8
Nombre de bibles actuelles à Hambourg
7
Ms. Ham. 80 (2)
1
Partie de bible tripartite
2
Ms. Ham. 80 (1)
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Ms. Or. Fol. 1
1
Tanakh en plusieurs volumes
4
Ms. Or. Fol. 2
1
Ms. Or. Fol. 3
1
Ms. Or. Fol. 4
1
Berlin, SBB
Nb de volumes physiques
Catégories 2 (Types, Tab. 3, Annexe I)
Code✶✶
76
Élodie Attia
Villes, Institutions
Munich, BSB
Cote✶
Nb de volumes physiques
Catégories 2 (Types, Tab. 3, Annexe I)
Code✶✶
Ms. Qu. 9
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Ms. Or. Fol. 1212
1
Tanakh en un volume
5
Ms. Or. Fol. 1213
1
Tanakh en un volume
5
Ms. Or. Fol. 1214
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Ms. Or. Fol. 1215
1
Rouleau
6
Ms. Or. Fol. 1216
1
Rouleau
6
Sous-total Berlin
12
Nombre de bibles actuelles à Berlin
9
Cod. Hebr. 487
1
Rouleau
6
Cod. Hebr. 16
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Cod. Hebr. 2
1
Early Ashkenazic Script; Bible ashkénaze partielle PMH
1
Cod. Hebr. 14
1
Partie de bible tripartite
2
Cod. Hebr. 212
1
Partie de bible tripartite
2
Sous-total Munich
5
Nombre de bibles actuelles à Munich
5
Solg. Ms. 1–7 fol.
7
Tanakh en plusieurs volumes
4
Cen. V. App. 1
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Cen. V. App. 2
1
Sous-total Nuremberg
9
Nombre de bibles actuelles à Nuremberg
2
Karlsruhe Badische Landesbibliothek
Cod. Reuchlin 3
1
Partie de bible tripartite
2
Leipzig, Universitätsbibliothek
B. H. 1
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Kassel, Landesbibliothek und Murhardsche Bibliothek
Theol. 3
1
Bible complète
5
Sous-total Autres villes
3
Nombre de bibles actuelles Autres villes
3
Laud. Or. 326
1
Livre isolé
2
Marsh. Or. 3
1
Partie de bible tripartite
2
Oriel Coll. 73
1
Tanakh en un volume
5
Laud. Or. 324
1
Partie de bible tripartite
2
Jesus C. 95
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Jesus C. 96
1
Jesus C. 97
1
Kennicott 3
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Can. Or. 69
1
Partie de bible tripartite
1
Can. Or. 56
1
Partie de bible tripartite
1
Bodley Or. 6
1
Livre isolé / Psautier
3
Bodley Or. 46
1
Partie de bible tripartite
2
Nuremberg Stadtbibliothek
Oxford Bodl. Lib.
Tableau 4 (suite)
Bibles hébraïques partielles : le cas des « Pentateuque-Megillot-Haftarot » ashkénazes
Villes, Institutions
Cote✶
Catégories 2 (Types, Tab. 3, Annexe I)
Code✶✶
Bodley Or. 62
1
Livre isolé
3
Bodley Or. 621
1
Livre isolé / Psautier
3
Canonici Or. 46
1
Partie de bible tripartite
2
Canon. Or. 136
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Huntington 12
1
Partie de bible tripartite
2
Kennicott 3
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Laud Or. 174
1
Livre isolé / Psautier
3
Marshall Or. 1
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Marshall Or. 51
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Sous-total Oxford Cambridge St John’s College Library
Nb de volumes physiques
77
21
Nombre de bibles actuelles à Oxford
19
A 1
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
A 2
1
Partie de bible tripartite
2
Add. 467
1
Partie de bible tripartite
2
Dd. 8. 53
1
Livre isolé
3
F. 18.22
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
F. 18.23
1
Bible ashkénaze partielle PMH
F. 18.24
1
Bible ashkénaze partielle PMH
Sous-total Cambridge
7
Nombre de bibles actuelles à Cambridge
5
Londres (maintenant à Washington)
Valmadonna 1
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Londres, BL
Ar. Or. 2
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Add. 11639
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Add. 9401
1
Tanakh en plusieurs volumes
4
Add. 9402
1
Add. 9399
1
Partie de bible tripartite
2
Harl. 5710
1
Tanakh en plusieurs volumes
4
Harl. 5711
1
Add. 15451
1
Tanakh en un volume
5
Add. 9400
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Harl. 5706
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Add. 9403
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Add. 21160
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Add. 21161
1
Partie de bible tripartite
2
Or. 2091
1
Partie de bible tripartite
2
Ar. Or. 16
1
Partie de bible tripartite
2
Add. 9398
1
Partie de bible tripartite
2
Add. 14760
1
Partie de bible tripartite
2
Cambridge, CUL
Cambridge, Trinity College
Tableau 4 (suite)
78
Élodie Attia
Villes, Institutions
Cote✶
Code✶✶
1
Partie de bible tripartite
2
Add. 26879
1
Partie de bible tripartite
2
21
Nombre de bibles actuelles à Londres
19
Tanakh en plusieurs volumes
4
1
Tanakh en un volume
5
Hébreu 5
1
Tanakh en plusieurs volumes
4
Hébreu 6
1
Hébreu 16
1
Partie de bible tripartite
2
Hébreu 19
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Hébreu 27
1
Tanakh en un volume
5
Hébreu 33
1
Tanakh en un volume
5
Hébreu 34
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Hébreu 35
1
Partie de bible tripartite
2
Hébreu 36
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Hébreu 39
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Hébreu 41
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Hébreu 44 (daté 1303)
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Hébreu 45
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Hébreu 52
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Hébreu 53
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Hébreu 64
1
Partie de bible tripartite
2
Hébreu 78
1
Partie de bible tripartite
2
Hébreu 83
1
Livres isolés (?)
3
Hébreu 85
1
Partie de bible tripartite
2
Hébreu 86
1
Livres isolés (?)
3
Hébreu 113
1
Livre isolé / Psautier
3
Hébreu 1
1
Hébreu 2
1
Hébreu 3
1
Hébreu 4
Sous-total Paris Vienne, ÖNB
Catégories 2 (Types, Tab. 3, Annexe I)
Harl. 5506
Sous-total Londres Paris, BnF
Nb de volumes physiques
25
Nombre de bibles actuelles à Paris
22
Hebr. 15
1
Partie de bible tripartite
2
Hebr. 5
1
Partie de bible tripartite
2
Hebr. 16
1
Partie de bible tripartite
2
Hebr. 17
1
Partie de bible tripartite
2
Hebr. 11 (daté 1302)
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Hebr. 28
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Hebr. 38
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
Sous-total Vienne
7
Nombre de bibles actuelles à Vienne
7 Tableau 4 (suite)
Bibles hébraïques partielles : le cas des « Pentateuque-Megillot-Haftarot » ashkénazes
Villes, Institutions
Cote✶
Nb de volumes physiques
Bologne, BU
2201
1
Partie de bible tripartite
2
2206
1
Partie de bible tripartite
2
2208
1
4
2209
1
Tanakh en plusieurs volumes✶
3570/1
1
Partie de bible tripartite
2
3570/2
1
Partie de bible tripartite
2
2198
1
Partie de bible tripartite
2
Sous-total Bologne
7
Nombre de bibles actuelles à Bologne
6
New-York, JTS
542
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
543
1
544
1
Partie de bible tripartite
2
L. 125
1
Bible ashkénaze partielle PMH
1
New-York, PL
Hebrew Ms. N.1
1
Tanakh en un volume
5
Sous-total NY
5
Nombre de bibles actuelles à NY
4
Total volumes réels
130
Catégories 2 (Types, Tab. 3, Annexe I)
79
Total bibles actuelles (selon Cat. 2, cf. Annexe I, Tableau 3)
Code✶✶
108
Notes: ✶Les manuscrits sont classés par ordre chronologiques au sein de chaque bibliothèque. ✶✶ Le code indiqué ici par 1, 2, 3, 4, 5 ou 6 se retrouve dans le Tableau 3, Annexe I, Catégorie 2.
Tableau 4: Liste complète des 130 volumes et 108 bibles (hors fragments) selon les Catégories 2 par bibliothèques de conservation.
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b. Littérature secondaire Andrist, Patrick / Canart, Paul / Maniaci, Marilena, La syntaxe du codex : essai de codicologie structurale (Bibliologia 34), Turnhout 2013 (deuxième édition, en anglais, à paraître prochainement). Attia, Élodie, Targum Layouts in Ashkenazi Manuscripts. Preliminary Methodological Observations, in Houtman, Alberdina / Staalduine-Sulman, Evelin van / Kirn, Hans-Martin (ed.), A
Jewish Targum in a Christian World (Jewish and Christian Perspectives Series 27), Leiden 2014, p. 99–122. Attia, Élodie, The Masorah of Elijah Ha-Naqdan: An Edition of Ashkenazi Micrographical Notes (Materiale Textkulturen 11), Berlin 2015. (Attia 2015a). Attia, Élodie, Editing Medieval Ashkenazi Masorah and Masora Figurata: Observations on the Functions of the Micrography in Hebrew Manuscripts, in Sefarad 75/1 (2015), p. 7–33. (Attia 2015b). Attia, Élodie, Manuscripta Bibliae Hebraicae (MBH) – Les manuscrits de la Bible hébraïque en Europe occidentale au xiie et xiiie siècles : une approche matérielle, culturelle et sociale, in Gazette du livre médiéval 63/1 (2017), p. 83–84. Attia, Élodie, compte rendu de Stern, David, The Jewish Bible: a Material History, in Études théologiques et religieuses, 2019/3, p. 483–486. Attia, Élodie / Pascal, Léo, The MBH Project and the systematic Studies of Late Mediaeval Hebrew Bibles: New Perspectives and 3D Experiments, in Attia, Élodie / Perrot, Antony (ed.), The Hebrew Bible Manuscripts: a Millennium (Supplements to the Textual History of the Bible 6), Leiden 2022, p. 349–373. Baumgarten, Elisheva, Gender in der aschkenasischen Synagoge im Hochmittelalter, in Heberer, Pia / Reuter, Ursula (Hg.), Die SchUM-Gemeinden Speyer, Worms, Mainz. Auf dem Weg zum Welterbe. Beiträge der internationalen Tagung “Die SchUM-Gemeinden Speyer, Worms, Mainz. Auf dem Weg zum Welterbe” vom 22. – 24. November 2011 im Landesmuseum Mainz, Regensburg 2013, p. 63–75.
80
Élodie Attia
Baumgarten, Elisheva, Prier à part ? Le genre dans les synagogues ashkénazes médiévales (xiiie-xive siècle), in Clio. Femmes, genre, histoire 44/2 (2016), p. 43–62. Beit-Arié, Malachi / Engel Edna (ed.), הביניים-אסופות כתבים עבריים מימי = Specimens of Mediaeval Hebrew Scripts (Ashkenazic Scripts 3), Jerusalem 2017. Beit-Arié, Malachi / Sirat, Colette / Glatzer, Mordechai (ed.), Monumenta palaeographica Medii Aevi. Codices Hebraicis litteris exarati quo tempore scripti fuerint exhibentes. Tome I. Jusqu’à 1020 (Monumenta palaeographica Medii Aevi. Series Hebraica 1), Turnhout 1997. Beit-Arié, Malachi / Sirat, Colette / Glatzer, Mordechai (ed.), Monumenta palaeographica Medii Aevi. Codices Hebraicis litteris exarati quo tempore scripti fuerint exhibentes. Tome IV. De 1144 à 1200 (Monumenta palaeographica Medii Aevi. Series Hebraica 4), Turnhout 2006. Blapp, Samuel, The Use of Dageš in the Non-Standard Tiberian Manuscripts of the Hebrew Bible from the Cairo Genizah, in Vidro, Nadia (et al., ed.), Studies in Semitic Linguistics and Manuscripts: A Liber Discipulorum in Honour of Professor Geoffrey Khan (Acta Universitatis Upsaliensis. Studia Semitica Upsalensia 30), Uppsala 2018, p. 132–148. Bogaert, Pierre-Maurice, La Bible latine des origines au Moyen Âge. Aperçu historique, état des questions, in Revue théologique de Louvain 19/2–3 (1988), p. 137–159, 256–314. Cassuto, Philippe, La lettre comme forme. Les bases d’une édition des divergences de la Bible hébraïque, in Henoch 11 (1989), p. 3–16. Cohen, Avinoam, Ravina ṿe-ḥakhme doro : ʻiyunim be-seder ha-zemanim shel Amoraʼim aḥaronim be-Vavel [Ravina et les rabbins de son temps : Études de l’emploi du temps des derniers Amora’im de Babylonie], Ramat Gan 2001. Davis, Malcolm C. / Outhwaite, Ben, Hebrew Bible Manuscripts in the Cambridge Genizah Collections (Cambridge University Library Genizah Series 2/1–4), Cambridge 2003. Del Barco, Javier, From Scroll to Codex: Dynamics of Text Layout Transformation in the Hebrew Bible, in Anderson, Bradford A. (ed.), From Scrolls to Scrolling: Sacred Texts, Materiality, and Dynamic Media Cultures (Judaism, Christianity, and Islam: Tension, Transmission, Transformation 12), Berlin 2020, p. 91–118. Dukan, Michèle, La Bible hébraïque. Les codices copiés en Orient et dans la zone séfarade avant 1280 (Bibliologia 22), Turnhout 2006. Elbogen, Ismar, Jewish Liturgy: A Comprehensive History [Translated by Raymond P. Scheindlin. Based on the original 1913 German edition, and the 1972 Hebrew edition, ed. by Joseph Heinemann (et al.)], Philadelphia 1993. Even-Shoshan, Avraham, המלון החדש: ניבים ואמרות עבריים וארמיים, העברית הספרותית, אוצר שלם של הלשון, המדעית והמדברת, [ מנחים בינלאמייםA new Concordance of the Bible: Thesaurus of the Language of the Bible, Hebrew and Aramaic Roots, Words, proper Names Phrases and Synonyms], Jerusalem 1997. Fishman, Talya, Becoming the People of the Talmud: Oral Torah as Written Tradition in Medieval Jewish Cultures (Jewish Culture and Contexts), Philadelphia 2012. Ginsburg, Christian D., Introduction to the Masoretico-Critical Edition of the Hebrew Bible, London 1897. Goshen-Gottstein, Moshe, Biblical Manuscripts in the United States, in Textus 2 (1962), p. 28–59.
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Bibles hébraïques partielles : le cas des « Pentateuque-Megillot-Haftarot » ashkénazes
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Roberta Casavecchia / Marilena Maniaci
Partial Bibles in Southern Italy: the case of Montecassino Abstract: The biblical manuscript collection kept in Montecassino constitutes an exemplary case study for the tradition of the Latin Bible, both for the large number of preserved testimonies and for the variety of typologies attested. Particularly significant is the presence of an important nucleus of codices in Beneventan minuscule (21 out of a total of 48), produced at the Abbey in a time span centered on the eleventh century and still kept in situ. They are analyzed in the present contribution through an integrated approach, which ranges from the in-depth study of their structure and contents, to a first examination of the paratexts, such as prologues, chapter lists (capitula) and titles (tituli). Résumé: La collection de manuscrits bibliques conservée à Montecassino constitue un cas d’étude exemplaire pour la tradition de la Bible latine, tant pour le grand nombre de témoignages conservés que pour la variété des typologies attestées. La présence d’un important noyau de codex en minuscule bénéventine (21 sur un total de 48), réalisés à l’abbaye dans une période centrée sur le xie siècle et encore conservés in situ, est particulièrement significative. Ils sont analysés dans la présente contribution à travers une approche intégrée, qui va de l’étude approfondie de leur structure et de leur contenu, à un premier examen des paratextes, tels que les prologues, les listes de chapitres (capitula) et les titres (tituli).
1 The tradition of the Latin Bible: The case of Montecassino Because of its great length (over four million characters) and the variety of uses it was put to in the ancient and medieval worlds, the text of the Bible posed a considerable challenge to Western book artisans, scribes and illuminators, who met that challenge with a range of very different solutions. Ιn the Latin (as well as in the Greek) Middle Ages the Bible as a single volume is rarely found before the thirteenth century: the making of huge pandects containing the whole of the Old and New Testaments is attested in Late Antiquity – for example the “codex grandior” described by Cassiodorus in his Institutiones and probably reflected in the so-called “Amiatine Bible” – but the tendency was to divide the sacred text into sets of large “lectern” codices made for display upon https://doi.org/10.1515/9783111019963-006
the altar during the celebrations or for group reading in the refectory. Such volumes contained recurrent groupings of biblical books – such as the Pentateuch, Heptateuch or Octateuch – or single books such as the Psalter or Revelation. A series of large-format, single-volume Bibles, over 50 cm tall, are attested in the Carolingian period (the so-called “Turonian” or “Alcuin” Bibles) and in the Romanesque period (“Atlantic Bibles”).1 These are impressive manuscripts, characterized by a strong symbolic value, each conceived as a functional set for daily worship but also as a tangible manifestation of specific political and religious visions and projects: Alcuin Bibles were the banner of the universal Christian culture promoted by Charlemagne, whereas the even more monumental Atlantic Bibles (whose height could exceed 60 cm) were intended to ratify and materially emphasize the adherence to the values of sobriety and rigor which were promoted in the middle of the eleventh century by the so-called “Gregorian reform.” From the third decade of the thirteenth century, and following a pattern begun at the University of Paris, the one-volume Bible was gradually transformed into a “pocket book” designed essentially for the study and preaching needs of the mendicant friars: thousands of complete miniature Bibles (less than 20 cm tall, often just over 10 cm), laid out in two columns of minute characters on very thin parchment, were produced in Paris and England and spread throughout the main regions of northern Europe. For those interested in the “material translations” of the Bible, the manuscript collection of the Montecassino Abbey presents an exemplary case study, both for the total number of biblical manuscripts it preserves (just under a hundred, comprising approximately 110 production units),2 and for the diversity of types (complete “monolithic” Bibles, Old and/or New Testament sequences of varying size and physiognomy, and individual glossed books with commentary beside the text). Another unique feature is the presence of a significant group of codices in Beneventan minuscule3 produced for internal use within 1 Ruzzier 2022 and Chevalier-Royer 2022, in this volume, p. 39–51 and 105–125. 2 According to the definition given in Andrist / Canart / Maniaci 2013, p. 59: “l’ensemble des codex ou des parties de codex qui sont le résultat d’un même acte de production.” A richly updated second edition of the book will appear in English at Brepols in 2021. 3 Codices up to shelfmark 600 are described in Inguanez 1915–1941; decorated Beneventan manuscripts have been more recently cata-
84
Roberta Casavecchia / Marilena Maniaci
the same Abbey or in its dependencies in a period centered around the eleventh century (with sporadic extensions into the twelfth and thirteenth) which have remained there till the present day.
2 The structure of Beneventan Bibles The biblical codices in Beneventan minuscule script produced at the Abbey or in its dependencies currently correspond to 21 shelfmarks,4 equal to a total of about 27 production units of exclusively biblical content (with the occasional addition of other texts), corresponding originally to as many autonomous codices or parts of such (in the particularly complex case of Casin. 521, as will be noted, judgment on the distinction between units is still pending). Two folders of fragments (the Compactiones I and II) must be added to this total, containing the remains of eight Bibles in Beneventan minuscule (plus one in Gothic script, i.e. textualis), handed down in scraps.5 As precious witnesses of the biblical tradition in the Beneventan area, the Cassinese manuscripts have been the object of specific interest since the work done by Henri Quentin, at the beginning of the last century, on the text of the Octateuch.6 A fundamental overview of all the extant partial Bibles in Beneventan script – a total of 48 ranging from the ninth to the thirteenth century – was offered in 2005 by Virginia Brown,7 who, in addition to providing a complete census of the codices known to date, carefully analyzed their uses and contents. The relationship between biblical books and Benedictine liturgy was recently illustrated by Richard Gyug in a contribution published in 2011.8 logued by Orofino 1994, 1996, 2000, 2006, Orofino (et al.) 2005, Orofino / Casavecchia 2013. On Beneventan minuscule see the seminal work by Lowe 1914 (and Lowe / Brown 1980), and Newton 1999 (on the activity of the scriptorium under the great abbots Desiderius and Oderisius I); for the bibliography on Beneventan manuscripts since 1990 see Palma (et al.) 1993- (hereinafter referred to as BMB), also online at http://bmb.unicas.it/ (accessed on 5 April 2022). 4 Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 211, 349, 434, 520, 521, 527, 531, 534, 535, 536, 543, 552, 553, 565, 571, 572, 583, 589, 759, 760, Archivio Privato 2. 5 The fragments, which give us an idea of the limits of the sources upon which we build our knowledge, are described and reassembled by Richard F. Gyug in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 335–376. 6 Quentin 1922, p. 353–360. 7 Brown 2005, p. 281–308. 8 Gyug 2011, p. 34–60.
The main peculiarity of the Cassinese group has long been recognized to be the absence of codices containing the entire sequence of the Old and New Testament books.9 More generally, no complete Bible in Beneventan script is known even outside of Montecassino: it is no coincidence that the only pandect available in the Abbey before the second half of the twelfth century was a monumental Atlantic Bible in Carolingian minuscule, probably manufactured in Rome (Casin. 515),10 while the sample of Beneventan Bibles kept at the Abbey consists entirely of groups of books organized and arranged not according to the canonical order but privileging local liturgical use.11 As the Rule of St. Benedict prescribes with regard to the Lenten and morning readings,12 not only was the Liturgy of the Hours closely linked to and dependent upon the biblical text, but in the Beneventan area it included a peculiar sequence of texts to be read.13 As befits books meant for public display and reading, the 21 Beneventan partial Bibles are almost all of a medium to a decidedly large size (Table 1). The volumes’ sizes range from just over 50 to over 85 cm (that is, over half a meter in height); this latter example is Casin. 552 (Figure 5), a codex composed of two independent units (the second containing a series of homilies) both dating from ca. 1150–117014 (Graph 1). The only exceptions are three New Testament volumes with a height of under 30 cm: a small, finely made Gospel book about 25 cm tall (Casin. 211, Figure 1);15 a collection of
9 Brown 2005, p. 283; Supino Martini 1988, p. 106–107. 10 Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 515; Maniaci / Orofino 2012, p. 392–394 and p. 395–402 advance the hypothesis that the Bible is of Roman origin; Dell’Omo 2000, p. 136 believes that it was produced in Desiderian Montecassino; see also the descriptions by Dell’Omo in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 156–168. 11 For a comparison between the order of morning readings in Beneventan liturgy and the canonical sequence prescribed by the Ordo romanus 13A see Gyug 2011, p. 41–42. 12 Regula Sancti Benedicti, 48.15 (“In quibus diebus Quadragesimae accipiant omnes singulos codices de bibliotheca, quos per ordinem ex integro legant”) and 9.8 (“Codices autem legantur in vigiliis divinae auctoritatis tam veteris Testamenti quam novi, sed et expositiones earum quae a nominatis et orthodoxis catholicis patribus factae sunt”). 13 On the list of biblical books used as sources for the morning readings, see Brown 2005, p. 292; Gyug 2011, p. 38–42. 14 Described by Orofino 1996, p. 43–47 and by Ruggiero in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 213–219. This codex is also famous for containing, at the end of the first unit, the well-known Cassinese Rhythm, about which see (most recently) Signorini 2009, p. 1–26. 15 Described by Albiero in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 97–99; see Newton 1999, p. 340–341.
Partial Bibles in Southern Italy: the case of Montecassino
MS
Units
211
85
Date
H, W, size
Script type
Contents
1
11 c., ex.
251 × 163 (414)
Beneventan, one hand
Gospels
349
1
11 c., in.
289 × 192 (481)
Beneventan, mult. hands
Acts, Catholic, Book of Revelation, Pauline ep.
434
1
11th c., med.
294 × 227 (521)
Beneventan, one hand
“Cassinese” Psalter, Ps. 151
520
1
11 c., 2 half
459 × 269 (728)
Beneventan, one hand
Octateuch
521
4
11 c., in. (all the four parts)
375 × 266 (641)
I. Beneventan, mult. hands II. Beneventan, mult. hands III. Beneventan, one hand IV. Beneventan, two hands
Remnants of various AT and NT books
527
1
12th c., 1st half
425 × 300 (725)
Beneventan, one hand
Various AT and NT books in a liturgical order
531
1
11th c., in.
359 × 261 (620)
Beneventan, one hand
Octateuch (mutilated)
534
3
I. 11 c., 2 half II. 11th c., med. III. 11th c., 2nd half
370 × 260 (630)
I. Beneventan, mult. hands
I. Genesis, Exodus, Homilies II. Homilies III. Homilies
535
2
I. 11th c., 1st half II. 11th c., 1st half
380 × 278 (658)
I. Beneventan, mult. hands II. Beneventan, mult. hands
I. Prophets II. Pauline ep.
536
1
11th c., ex.
325 × 238 (563)
Beneventan, one hand
Major Prophets
543
1
11th c., in.
367 × 288 (655)
Beneventan, one hand
Prophets, Homilies
552
2
I. 11th c., in.
530 × 337 (867)
I. Beneventan, mult. hands
I. Acts, Catholic ep., Book of Revelation, Pauline ep., Wisdom books II. Lectionary (fragment)
th th
th
nd
th
th
nd
II. 11th c., 2nd half 553
1
11th c., in.
345 × 261 (606)
Beneventan, mult. hands
Kings, Wisdom books
565
1
12 c., 1 half
385 × 290 (675)
Beneventan, mult. hands
Octateuch
571
1
11 c., 2 half
479 × 279 (758)
Beneventan, one hand
Prophets (mutilated)
572
2
I. 11 c., 1 half II. 12th c., 2nd half
487 × 314 (801)
I. Beneventan, one hand II. Beneventan, one hand
I. Kings, Judith, Esther, Machabees II. Judith (repair)
583
2
I. 11th c., 1st half II. 11th c., 1st half
369 × 254 (623)
I. Beneventan, one hand II. Beneventan, one hand
I. Octateuch (mutilated) II. Kings (mutilated)
589
1
13th c., 2nd half
372 × 248 (620)
Beneventan, one hand
Prophets (mutilated)
759
1
11 c., in.
340 × 245 (585)
Beneventan, mult. hands
Octateuch (mutilated)
760
1
11 c., in.
383 × 266 (649)
Beneventan, one hand
Octateuch
Arch. Priv. 2
1
11 c., ex.
290 × 172 (462)
Beneventan Bari type, two hands
Pauline and Catholic ep., Acts, Book of Revelation
th
st
th
nd
th
th th th
st
Table 1: Beneventan Bibles (grouped by contents).
Acts, Epistles and Revelation (Casin. 349);16 and an isolated witness with similar contents in Beneventan minuscule of the so-called “Bari type” (Archivio Privato 2, Figure 2).17
16 Described by Buono and Orofino in Orofino 2000, p. 146–148, and by Ruggiero in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 103–108. 17 See Dell’Omo 2016, p. 169–192; described also by Dell’Omo in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 277–282.
In accordance with the practices of the time, Beneventan Bibles are structured in quaternions with parchment of mostly rather good quality, beginning with the hair side and respecting “Gregory’s Rule.” With only three exceptions, not coincidentally concentrated among the smaller volumes (Casin. 211, Figure 1) and Archivio Privato 2 (Figure 2), containing books from the New Testament,
86
Roberta Casavecchia / Marilena Maniaci Size (H+W) of Beneventan Bibles
18 Described by Buono and Orofino in Orofino 2006, p. 116–125 and by Albiero in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 111–114. 19 Casin. 552.I shows “old style” ruling on flesh side. On ruling systems in Cassinese manuscripts see Busonero (et al.) 1996, p. 213–216. 20 Described by Orofino 1996, p. 48–49 and by Unfer Verre in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 251–254. 21 Described by Albiero in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 263–266.
22 For a detailed discussion of the concepts of “modularity” and “modular units”, see the forthcoming new English version of Andrist / Canart / Maniaci 2013 mentioned in footnote 2. 23 Described by Orofino 1996, p. 40–42 and by Ruggiero in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 183–190. 24 Casin. 572 does not appear in the Table, because its second unit is a later repair. 25 Described by Casavecchia and Orofino in Orofino 2000, p. 149–150 and by Unfer Verre in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 259–262.
Size
and the Psalter (Casin. 434),18 a two-column layout prevails, showing a rather simple ruling grid with or without the presence of narrow side columns for the initials on either side of the justification (the two patterns are equally represented). Blind ruling largely prevails, traced according to a great variety of systems, the choice apparently being left up to the artisan monks: in more than half of the volumes (13 out of 21, amounting to 18 of the 27 production units) “new style” ruling (hereafter NS) appears in its peculiar Cassinese variant, drawn directly onto each single bifolium on the parchment’s flesh side (hereafter F) (rather than the hair side, which is more common); only in one codex and in part of a second do we find “new style” ruling engraved on the hair side (hereafter H) of every other bifolium, while six codices attest to a conservative preference for “old style” ruling (hereafter OS), always traced on the hair side.19 Only in two cases – the unit produced in the twelfth century to compensate a loss in Casin. 57220 and the late Casin. 589,21 which is from the second half of the thirteenth century and perhaps not of Cassinese origin – does the page show a visible grid drawn in so-called “plummet” (Table 2). As is fitting for volumes containing the sacred text par excellence (mostly the Old Testament) and meant for public reading, writing in the interlinear spaces is not crammed but has a width of about one centimeter (within 8 to 12 mm). A single exception – justified by its small dimensions and by its being made for study and personal meditation – is the tetraevangelium Casin. 211 (Figure 1),
perhaps meant for the personal devotions of the abbot Oderisius I (1087–1105); its interlinear space is just under 7 mm. The current width of the codices’ margins, which has been altered by trimming (often quite heavily), does not allow a reliable estimate of the space reserved for writing, which on average appears quite high (57%) compared to the standards of the time. As with many early medieval Bibles of different times and areas of production (beginning with the first completely preserved pandect – the monumental “Amiatine Bible” produced in Northumbria during the turn of the seventh and eighth centuries), even in Beneventan Bibles the text may be transcribed into modular units (blocks of quires corresponding to “closed” textual units).22 It is difficult to establish how far and according to which criteria the modular articulation might reflect (at least in some cases, such as the recurring presence of a discontinuity between Genesis and the other books of the Octateuch) the organization of the copy work within the scriptorium; alternatively, this modular articulation may be a reproduction of the material structure of the models, or even reflect an ancient vision of the Bible as a bibliotheca (library) articulated in thematic modules. In some cases one may doubt whether the current sequence corresponds to the original one: in Archivio Privato 2 (Figure 2) Acts and Revelation are placed after the Epistles, while in Casin. 521.I23 and 552.I Acts and Epistles precede the Wisdom Books.24 When the end of a text and the end of a quire coincide, this may be a sign of a “stronger” discontinuity, corresponding to the juxtaposition of originally independent production units. This is the case with a certain number of composite Bibles put together by assembling (often at an early date) the remains of codices available on site, close in origin and dating, which were no longer intact or had been dismembered for reasons lost to us today (Table 3). Casin. 583,25 for instance, is the result of the joining of two incomplete manuscripts copied by two different scribes, each working in the first half of the eleventh century: an original Octateuch, today acephalous and mutilated in the middle and at the end, and a single quire containing a fragment of II Samuel and I
900 800 700 600 500 400 300 200 100 0 552 572 571 520 527 565 535 543 760 521 534 583 589 531 553 759 536 434 349 AP 2 211
Shelfmark
Graph 1: Size of Beneventan Bibles.
Partial Bibles in Southern Italy: the case of Montecassino
MS
Date
Technique
System
Type (Muzerelle)26
572.II
12th c., 2nd half
Colour
“plummet”
2-2-22/0/0/JJ
589
13 c., 2 half
Colour
“plummet”
1-1-11/0/1-1/E!
434
11 c., med.
Blind
2NS on H
2-2:J/0/1-1:Ja/Jb
531
11 c., in.
Blind
NS on F
1-1-11/0/1-1/JJ
535.I
11 c., 1 half
Blind
NS on F
1-1-11/0/1-1/JJ
535.II
11th c., 1st half
Blind
NS on F
1-1-11/0/1-1/JJ
553
11th c., in.
Blind
NS on F
1-1-11/0/0/JJ
583.I
11 c., 1 half
Blind
NS on F
1-1-11/0/2-2/JJ
583.II
st
11 c., 1 half
Blind
NS on F
1-1-11/0/1-1/JJ
Arch. Priv. 2
11th c., ex.
Blind
NS on F
1-2/0/1-1/J
211
11 c., ex.
Blind
NS on F
2-2/0/2-2-2/J
520
nd
11 c., 2 half
Blind
NS on F
2-2-11/0/3-2/J
521.I
11 c., in.
Blind
NS on F
2-2-11/0/1-0/JJ (and variants)
521.II
11th c., in.
Blind
NS on F
2-2-11/0/2-2/JJ
521.III
11 c., in.
Blind
NS on F
2-2-11/0/1-3-2/JJ
521.IV
11 c., in.
Blind
NS on F
2-2-11/0/1-1/JJ
536
11 c., ex.
Blind
NS on F
2-2-11/0/3-3/JJ
571
11th c., 2nd half
Blind
NS on F
2-2-12/0/2-2/J
527
12th c., 1st half
Blind
NS on F
2-2-11/0/2-1/J
349
11 c., in.
Blind
NS on F + 2NS on H
1-2-11/0/1-1/J
565
st
12 c., 1 half
Blind
NS on F / rarely on H
1-1-11/0/3-3/JJ
543
11th c., in.
Blind
OS on H
1-1-11/0/1-2/JJ
759
11 c., in.
Blind
OS on H
1-1-11/0/1-1/JJ
760
11 c., in.
Blind
OS on H
1-1-11/0/1-1/JJ
572.I
11th c., 1st half
Blind
OS on H
2-2-22/0/2-2/JJ
552.I
11th c., in.
Blind
OS on H / OS on F
2-2-11/0/3-3-3/JJ (and variants)
534.I
11 c., 2 half
Blind
OS on H / NS on F
1-1-11/0/0/JJ
th
nd
th th th
th th
st
st
th
th
th
th th th
th th
th th
th
nd
87
Table 2: Ruling systems and types of Beneventan Bibles.
Kings. Casin. 535 (Figure 3)27 contains two coeval units, both also dated to the first half of the eleventh century, the one transmitting books from the Old and the other from the New Testament (Major and Minor Prophets and Pauline Epistles), perhaps combined early on to form a single volume addressing the liturgical needs of the dependency of Santa Maria dell’Albaneta (of which the codex bears a fifteenth-century ex libris, repeated on both units). The most complex case is represented by
26 Muzerelle 1999. 27 Described by Casavecchia and Orofino in Orofino 2000, p. 142–145, and by Orezzi in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 201–206.
Casin. 521 (Figure 4), also from the Albaneta convent and containing a series of books from the New and Old Testaments in apparently random order. This composite codex has been variously described by the scholars as unitary or as an aggregation of two or three units, and its “evolutionary history” remains to be clarified. It has been compared to a sort of “building site” in which the surviving fragments of three or even four separate manuscripts – all dating to the beginning of the eleventh century and produced by a group of scribes working in close proximity (as evidenced by the presence of certain recurring hands) – were soon put together for liturgical reasons. This “montage” left evident traces in the presentation of the codex, marked by coarse connections (implying text
88
Roberta Casavecchia / Marilena Maniaci
MS
Contents and discontinuities
Arch. Priv. 2
Rom, I Cor, II Cor, Gal (acephalous), Eph (acephalous), Phil, Col (acephalous), I-II Thes, I-II Tim, Tit, Philem, Hebr, Iac, I-II Petr, I-III Ioh, Iudae || Act, Apoc, Victorinus Petav. Commentary on the Apocalypse
211
Canon tables || Matth, Marc, Luc, Ioh
521
Act, Iac (1,1-2,12), ||| I Mac (11,23-16,24), II Mac (mutilated), ||| Iac (2,12-5,20), I Petr, II Petr, I Ioh, II Ioh, III Ioh, Iudae, Apoc, ||| I Sam, II Sam, I Regum (mutilated), ||| I Regum (acephalous), II Regum, ||| Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir (mutilated), Iob, Tob, Idth, Esth, ||| I Mac (1,1-11,22)
534
Gen, Ex, Homilies ||| Homilies ||| Homilies
535
Is (acephalous), Ier, Lam, Ez, Dan (incomplete), Os, Ioel, Am, Abd, Ion, Mich, Nah, Hab, Soph, Agg, Zach, Mal, ||| Fragmentum Muratorianum, Rom, I Cor, II Cor, Gal, Eph, Phil, I Thes, II Thes, Col, I Tim, II Tim, Tit, Philem, Hebr, Hieron. Ep. 119 (mutilated)
552
Act, Iac, I Petr, II Petr, I Ioh, II Ioh, III Ioh, Iudae, Apoc, Fragmentum Muratorianum, Rom, I Cor, II Cor, Gal, Eph, Phil, I Thes, II Thes, Col, I Tim, II Tim, Tit, Philem, Hebr, Hieron. Ep. 119, || Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir ||| Lectionary
565
Gen, || Ex, Lev, Num, Deut, Ios, Iud, Ruth
583
Gen (acephalous), Ex, Lev, Num, Deut, Ios (mutilated), Iud (acephalous and mutilated), ||| II Sam (acephalous), I Regum (mutilated)
759
Gen, || Ex, Lev, Num, Deut, || Ios, Iud, Ruth (mutilated)
Table 3: Discontinuities, production units (|||) and modular units (||) in Beneventan Bibles.
erasures and additions) and sequences of quires which no longer retain their original contiguity.28 In other codices units of non-biblical content were soon aggregated to the partial text of the Bible. Casin. 552 (Figure 5), a volume copied at the beginning of the eleventh century and bearing two distinct modular units – Acts and Epistles and Wisdom Books – was supplemented a few decades later with a fragment of a lectionary. Another codex, Casin. 53429 was originally composed of a sequence of Old Testament books (Genesis and Exodus) used for the Sunday morning readings, followed (as part of the same production unit) by homilies related to the same liturgical period; two separated quires were later added (the first dating to the mid-eleventh century and the second to the second half of the same century), containing other homilies and sermons tied to specific holidays. In order to complete this picture, it should be remembered that the artistic features of Cassinese Bibles (which we do not consider here) also help define the homogeneity of the group and reflect the liturgical use of the manuscripts.30
28 For an updated status quaestionis and a tentative identification of four distinct units, see Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 26–29. 29 Described by Orofino 1996, p. 106–112 and by Casavecchia in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 198–200. 30 See Maniaci / Orofino 2021, p. 79–85, and Casavecchia/ Maniaci / Orofino 2021, p. 58–69.
3 The contents of Beneventan Bibles As for the contents of the Cassinese Bibles, the sequence of the biblical books often reflects, as already mentioned, the needs of the liturgical year as defined by Montecassino’s liber ordinarius (containing the texts and/or chants to be used during the celebrations).31 These liturgical needs justify the production of partial Bibles organized according to five main groupings: Octateuch; Prophets; Kings-Maccabees; Pauline Epistles; and Acts, Catholic Epistles, Revelation.32 These sequences are largely reflected (alone or in association with other books) in the preserved partial Bibles (Table 4): Three biblical manuscripts of peculiar content do not fit into these five classes, but were also clearly intended for liturgical readings. The above-mentioned Casin. 534 – whose original production unit (534.I, p. 1–402) includes Genesis and Exodus, followed immediately by homilies and sermons for the same liturgical period – was undoubtedly used for the readings between Septuagesima Sunday and Lent and 31 The Cassinese Monastic Office is documented by three Cassinese Breviaries: Paris, Bibliothèque Mazarine, 364 (f. 306r-309r), made under abbot Oderisius I; Los Angeles, J. Paul Getty Museum, 83.ML.97 (f. 4r, 38v-39v) and Città del Vaticano, BAV, Urb. lat. 585 (f. 209r-213v), both of the 12th century: see Kelly 2008 and BMB. 32 See Brown 2005, p. 292–293 and n. 26.
Partial Bibles in Southern Italy: the case of Montecassino
89
Category
Shelfmark
Contents
Octateuch
520
Gen, Ex, Lev, Num, Deut, Ios, Iud, Ruth
531
Gen, Ex, Lev, Num, Deut, Ios, Iud (mutilated)
565
Gen, || Ex, Lev, Num, Deut, Ios, Iud, Ruth
583.I
Gen (acephalous), Ex, Lev, Num, Deut, Ios (mutilated), Iud (acephalous and mutilated)
759
Gen, || Ex, Lev, Num, Deut, || Ios, Iud, Ruth (mutilated)
760
Gen, Ex, Lev, Num, Deut, Ios, Iud, Ruth
535.I
Is (acephalous), Ier, Lam, Ez, Dan (incomplete), Os, Ioel, Am, Abd, Ion, Mich, Nah, Hab, Soph, Agg, Zach, Mal
536
Is, Ier, Ez, Dan
543
Is, Ier, Lam, Ez, Dan, Os, Ioel, Am, Abd, Ion, Mich, Nah, Hab, Soph, Agg, Zach, Mal, Homilies, Verses
571
Is, Ier, Lam, Ez, Dan, Os, Ioel, Am, Abd, Ion, Mich, Nah, Hab, Soph, Agg, Zach, Mal (mutilated)
589
Is (with gaps), Ier, Lam, Ez, Dan, Os, Ioel, Am, Abd, Ion, Mich, Nah, Hab, Soph (mutilated), Agg (acephalous), Zach (mutilated)
521.I-IV
I Sam, II Sam, I Regum (mutilated) I Regum (acephalous), II Regum I Mac, II Mac (mutilated) Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir (mutilated), Iob, Tob, Idth, Esth (preceded by Acts and Epistles, in a distinct block)
552.I (second modular unit)
Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir (preceded by Acts and Epistles, in a distinct block)
553
I Sam (acephalous), II Sam, I Regum, II Regum, Prov, Eccle, Cant, Sap, Sir (mutilated)
572.I and II
I Sam, II Sam, I Regum, II Regum, ||| Idth (replacement, expl. 6,6) ||| Idth (acephalous, inc. 6,7), Esth, I Mac, II Mac
583.II
II Sam (acephalous), I Regum (mutilated)
Pauline Epistles
535.II
Fragmentum Muratorianum, Rom, I Cor, II Cor, Gal, Eph, Phil, I Thes, II Thes, Col, I Tim, II Tim, Tit, Philem, Hebr, Hieron. Ep. 119 (mutilated)
Acts, Catholic Epistles, Revelation, Pauline Epistles
349
Act (acephalous), Iac, I Petr, II Petr, I Ioh, II Ioh, III Ioh, Iudae, Apoc, Fragmentum Muratorianum, Rom, I Cor, II Cor, Gal, Eph, Phil, I Thes, II Thes, Col, I Tim, II Tim, Tit, Philem, Hebr, Hieron. Ep. 119, Verses
552.I (first block)
Act, Iac, I Petr, II Petr, I Ioh, II Ioh, III Ioh, Iudae, Apoc, Fragmentum Muratorianum, Rom, I Cor, II Cor, Gal, Eph, Phil, I Thes, II Thes, Col, I Tim, II Tim, Tit, Philem, Hebr, Hieron. Ep. 119
Prophets
Historical and Sapiential Books
Table 4: Sequences of contents in Beneventan Bibles.
remains today an important example of a codex purposely created for Matins.33 The unusual biblical collection handed down in Casin. 34 527 is also particularly interesting: this manuscript, attributed by Francis Newton on palaeographical grounds to the time of the abbot Oderisius I (1087–1105)35 and also intended for the morning readings, diverges from conservative Beneventan liturgical practice. This codex contains a pared-
down selection of biblical books necessary for the liturgical celebrations from Septuagesima to Epiphany: their unusual sequence, which does not follow the liturgical calendar but rather the canonical order in the Bible, along with the deliberate incompleteness of some books (Exodus, II Samuel, Acts) and the omission of others (such as II Maccabees), leads one to view it as a witness to the transitional phase towards the production of the breviary in Montecassino.36
33 See Brown 2005, p. 294; Gyug 2011, p. 45, p. 58 n. 18. 34 Described by Orezzi in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 191–194; see Newton 1999, p. 381. 35 Newton 1999, p. 381.
36 Brown 2005, p. 293–294; Gyug 2011, p. 41–44, 47.
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Roberta Casavecchia / Marilena Maniaci
The third anomalous codex is Archivio Privato 2 (Figure 2), the only biblical volume kept at Montecassino in Beneventan minuscule of the Bari type;37 this can be dated to the end of the eleventh century and its production located in the monastery of Ognissanti by Cuti, in the province of Bari. This structurally unitary codex contains a series of New Testament books (except the Gospels) ordered in a sequence differing from that of other biblical codices in Beneventan writing: the Pauline Epistles precede Acts and Revelation, which are then followed by the commentary by Victorinus of Pettau. Even if the texts contained in the codex show no traces of liturgical use, they may still have been used for the morning readings of the weeks after Easter and of those from January to Septuagesima.38 These three voices “out of the chorus” also speak of a liturgical use of biblical books in medieval Montecassino and provide us with useful clues for better understanding their evolution. Two non-liturgical volumes, the Gospel book Casin. 211 (Figure 1) and the Psalter Casin. 434, deserve special mention, since they are the only representatives of these text types in Montecassino. The scarcity of Gospel books is common to the whole of biblical production in Beneventan script and there are only four witnesses (including the Cassinese one) within a total of 48 manuscripts. This peculiar fact can be explained by the progressive use of other types of books more specifically suited to the celebration of the Office and the Mass, including the Evangelistary, very well represented between the eleventh and thirteenth centuries; the Missal, widespread from the eleventh century; and the Breviary, which makes its first appearance in the early twelfth century. This did not mean the end of the production of Gospel books, but rather a change in their form and destination, as evident from Casin. 211 (Figure 1), almost certainly produced under abbot Oderisius I (1087–1105); its reduced size, the absence of liturgical indication, the presence of concordances, and a gilded decoration mark it as a book intended for study and individual meditation and designed for a prestigious user, probably the abbot himself.39 37 Dell’Omo 2016, p. 169–192. 38 Brown 2005, p. 294; Gyug 2011, p. 46. 39 There are three other surviving Gospels in Beneventan script: Città del Vaticano, BAV, Vat. lat. 3741, a luxurious codex of the late 11th century originating from Alatri but of uncertain place of manufacture, made as a gift, as appears from the dedication scene on f. 26r; Roma, Biblioteca Casanatense, 1101, of the 12th century, the only witness of the Bari type, whose production may be due to the “liturgical conservatism” of a peripheral area; and Cava dei Tirreni, Archivio della Badia
The surviving Beneventan Psalters usually reveal their liturgical function, since they usually appear within volumes intended for the celebration of the Office.40 Casin. 434, on the other hand, is a Psalter produced as an independent unit; it witnesses to a profoundly revised version of the text Iuxta Hebraeos,41 probably dating to the early Desiderian age;42 its material and textual characteristics point to its having been made for personal study. It has often been observed that Chronicles does not appear in Beneventan Bibles, while Ezra-Nehemiah and Baruch are but poorly represented. The absence of Chronicles, as well as the limited diffusion of Ezra-Nehemiah43 and Baruch,44 may well be related to Beneventan liturgical use, which did not include readings from these books in the Liturgy of the Hours.45 It must be said, however, that the presence of at least one volume of Chronicles in the Montecassino library is witnessed by ancient inventories (the list of books commissioned by abbot Desiderius in the second half of the eleventh century and a fourteenth-century inventory by abbot Paul II):46 the disdella SS. Trinità, 19, copied on site in 1280, which contains, in addition to the Gospels, a calendar, Revelation, the 1st Epistle of John, and the Benedictine Rule (a miscellany of texts that may have been used for consultation, although liturgical use is not excluded, even in the absence of liturgical indications): see Gyug 2011, p. 56 n. 11, Brown 2005, p. 291 n. 22, p. 301–302; for the enormous bibliography on these codices see BMB. 40 For the list of the surviving codices, produced between the end of the 11th century and the 12th century, see Brown 2005, p. 283 n. 8. 41 The same version is also offered by Casin. 467, a fivefold Psalter of the end of the 12th century: see the description by Albiero in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 119–120; on the revision of the text see de Sainte-Marie 1954, p. xxiv–xxv. 42 See Newton 1999, p. 379. 43 Two Beneventan manuscripts survive, both produced outside the Abbey: Città del Vaticano, BAV, Vat. lat. 11978, probably made in Vico Equense (see Brown 2007, p. 253); and Napoli, Biblioteca Nazionale, VI AA3, originating from Troia (see Orofino 1991, p. 469, with relevant bibliography), to which a fragment from the second half of the 12th century can be added, containing the end of Judith and the beginning of I Esdras, today f. 104 of Bologna, Biblioteca Universitaria, 2205: see Brown 2005, p. 204 n. 9; for the bibliography see BMB. On the complex history of the presence and numbering of the books of Esdras in the Latin Bible see Bogaert 2000, p. 5–26; Bogaert 2015, p. 266–304. 44 Only two Beneventan copies of Baruch are known, both in Rome: Biblioteca Vallicelliana, A 17 (Brown 2004, p. 53 n. 12; Brown 2005, p. 285 n. 11) and D 8 (Brown 2004). On Baruch see Bogaert 2005, p. 286–342; on its presence in Montecassino see most recently Unfer Verre 2013, p. 1809–1813. 45 The liber ordinarius of Montecassino foresees the use of readings drawn from the books of Chronicles only for the dedication of the church of Saint Benedict: Kelly 2008, p. 460 (no 722). 46 The list of the books commissioned by abbot Desiderius includes a copy of Chronicles: Hoffmann (ed.) 1980, III, 63, p. 444–446, par-
Partial Bibles in Southern Italy: the case of Montecassino
persion of the Cassinese manuscript fund, starting from the beginning of the modern age, must have led to its disappearance.47
4 Text and paratexts If biblical philology faces the immense task of accounting for specific textual strands within an extraordinarily wide and complex tradition and then reconstructing their history, the careful analysis of paratexts (titles, prefaces, chapter lists) offers possibilities, which often go unconsidered, for the identification or confirmation of relationships and groupings among the extant witnesses of the sacred text. Unlike the “main text” of the Bible, it is reasonable to assume that these “accessory texts” allowed the scribe a greater degree of flexibility and “personalization,” depending on local traditions and customs. The case of the Octateuch – from which the passages to be read during Matins between Septuagesima and Lent were taken (mainly from Genesis and Exodus) – provides a noteworthy example of what the analysis of paratexts has to offer. Montecassino holds six copies of the Octateuch,48 three of them incomplete.49 Henri Quentin highlighted as early as 1922 the strong textual similarity of this group, which reflects an ancient text, to a number of rare variant readings also found in the Spanish branch of the tradition.50 Besides the six Octateuchs just mentioned, Quentin included in his analysis two other Beneventan codices, Casin. 534 and 527 (limited to Genesis and Exodus), along with a comticularly p. 445; the inventory of the Cassinese library ordered by the commendatory abbot Paul II (1465–1471), preserved in Città del Vaticano, BAV, Vat. lat. 3961, mentions an Item Paralipomenon liber mediocris in litt. Longobarda: Inguanez 1941, p. 18 (for the inventory of the documents of the Cassinese archive see Dell’Omo 2011, p. 203–263). 47 The history of the Montecassino archive is outlined by Dell’Omo 2007, p. 5–44. 48 Casin. 520 (described by Orezzi in Orofino / Casavecchia 2013 and in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 179–182); Casin. 531 (described by Orofino 1996, p. 50–51 and by Casavecchia in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 195–197); Casin. 565 (described by Casavecchia in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 244–246); Casin. 583 (see above); Casin. 759 (described by Orofino 1996, p. 31–33, and by Casavecchia in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 267–270); and Casin. 760 (described by Orofino 1996, p. 55–56, and by Casavecchia in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 271–273). 49 Casin. 531 and 759 are mutilated at the end, while Casin. 583 is acephalous, mutilated and lacunous state. 50 Quentin 1922, p. 353–360; more recent contributions have updated the datings and relationships among this group of codices: see the related bibliography in BMB.
91
plete Carolingian Bible, Casin. 35,51 which was produced in Montecassino around the middle of the thirteenth century.52 Another manuscript in late Carolingian minuscule, Casin. 557 (known as “Ferro’s Bible” from the name of its mysterious main scribe) has recently been reattached to this textual tradition: it is the first example of a pandect produced in Montecassino around the third quarter of the twelfth century to preserve a significant number of readings that are typical of the Cassinese family.53 An in-depth analysis of this group of manuscripts, including the two examples in Carolingian minuscule, allows to broaden our knowledge by including paratextual elements such as the initial and final titles of prologues, capitula and biblical books; the series of capitula; and the text of the prologues itself. This information may help to further clarify the characteristics of the “Cassinese group.” A preliminary comparison of the titles54 confirms that they were not subject to the rigid restrictions imposed by the inviolability of the sacred text: on the contrary, they enjoyed a certain freedom; this is immediately apparent in the great variety in how they are worded. An obvious example is the marked divergence of the tituli of two Octateuchs, Casin. 759 and Casin. 520, which from both textual and art-historical points of view are certainly related.55 Even if, as is probable, Casin. 759 served as a model for the manufacture of Casin. 520, the transcription of the rubrics surely followed a different path; on the other hand, a 51 Described by Unfer Verre in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 87–96. 52 Reference is here made to the original section of the codex, currently corresponding to its third unit (p. 103–1020). Since the catalogue by Inguanez (I/1, 1915, p. 53) the manuscript has been incorrectly attributed to the 15th century, to which only the first two units belong, containing respectively the Roseum memoriale divinorum eloquiorum by Peter of Rosenheim (Stegmüller 6836) and Jerome’s epistle to Paulinus (Stegmüller 284). 53 Unfer Verre 2013, p. 1804–1806, who has studied the textual characteristics of the manuscript, has recognized many of the variants found by Quentin in the Cassinese Octateuchs; for the decoration of the Ferro Bible see Unfer Verre 2010, p. 32–43; see also the descriptions by Russo in Buono (et al.) 2007 p. 128–129, and by Unfer Verre in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 223–234. 54 The comparison is limited by the fragmentary condition of some of the codices or by the absence of some of the books (see Casin. 534 and Casin. 527). 55 Casin. 759 contains the first example of an illustrated scene in Beneventan Bibles, on the episode of Samson and the foxes (Iud. 15,4-5), which was later reproduced in Casin. 520; the scene does not appear in the other manuscripts of the group, although in Casin. 531 nine lines have significantly been left empty at the same point (Iud. 15,5); on the miniature see Orofino 1989, p. 106, Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 62, 63 and Maniaci / Orofino 2021, p. 81–82.
92
Roberta Casavecchia / Marilena Maniaci
close correspondence can be seen between the headings of Casin. 531, 583 and 759, three Octateuchs which can be dated to the first decades of the eleventh century: particularly significant is the position of the same initial title of Exodus, placed right before the capitula rather than at the opening of the biblical text, as well as the same ungrammatical version of the rubric introducing the list of chapters in Numbers (“Incipiunt capitula de liber Numeri”, Figures 6a–6c). Furthermore, two of these three codices offer almost identical versions of the rubrics and exhibit the same writing type:56 Casin. 759, probably produced in the early years of the eleventh century in Capua57 (in the scriptorium founded by the Cassinese monks after they had fled the Saracen raid that destroyed Montecassino in 883)58 and Casin. 583.I, whose decoration resembles that of other codices which certainly originate in the nearby dependency of Santa Maria of Albaneta. Once again, the volume located in Capua seems to confirm its function as ancestor of the subsequent Cassinese biblical production.59 Finally, despite the many variations, a certain “familial” link can also be discerned between the titles of Casin. 760 and Casin. 565, two manuscripts produced as at least a century apart (from the beginning of the eleventh and from early to mid-twelfth century), yet standing close together in having the same mistake in the decorated initial which opens Exodus – an E instead of the expected H (for “Haec sunt nomina filiorum Israhel qui ingressi sunt”, Figures 7a–7b); in Casin. 760 the words following the initial are missing.60 The series of capitula which Quentin uses to confirm the dependence of the Cassinese Octateuchs on Spanish manuscripts also reveals certain peculiarities, such as the interruption to chapter 21 in Deuteronomy,61 which is common to six witnesses (Casin. 35, 520, 531, 557, 583.I, and 759).62
56 Both codices are the only ones in which the spelling Kapitula in the titles to the capitula of Leviticus, Numbers and Deuteronomy is preserved. 57 Lowe 1929, pl. 61. 58 The scriptorium was probably still active even after the return of the monks to the Abbey: see Orofino 1996, p. 11–12. 59 See Orofino 1996, p. 13. 60 See Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 60, 63. 61 De Bruyne 1914, p. 34 A, cap. 1–21: this peculiarity had already been noticed by Quentin (et al.) 1936, p. 305, in relation to the two codices used for the edition (Casin. 531 and Casin. 520). 62 In Casin. 760, where the tituli are inserted into the text, the last title of Deuteronomy is that for chapter 18, in an abridged version (“Haec sunt verba quae locutus est Moyses ad omnem c[o]etum Israhel”), not otherwise attested in the Cassinese Octateuchs, while the title of chapter 15 is missing, probably forgotten by the rubricator.
In all Beneventan Octateuchs, moreover, as well as in the two Cassinese Bibles in Carolingian minuscule (Casin. 35 and Casin. 557), the last chapter title of Leviticus, which is assigned various numbers, reads “In tribulatione et fame et plagis malis castigandis praecepta non serventur”, which corresponds not to the last but to the next-to-last title in the edition (De Bruyne 1914, 18–22 A), where it is numbered LXXXVIII;63 the same title appears as the final one in Casin. 760 as well, where the list of capitula is absent but the rubricated titles are arranged in the appropriate places within the text, according to a rarely attested use.64 As for the other prefatory materials – prologues, prefaces, argumenta –, the usual texts from Jerome are found at the beginning of the Octateuch: the dedicatory epistle (Stegmüller 284, in Casin. 760, 534.I, 527), or the prologue to the Pentateuch (Stegmüller 285, in Casin. 35, 520, 531, 565, 759), or both (in Casin. 557 alone), while the prologue to Joshua (Stegmüller 311)65 is common to all witnesses.
5 Conclusions The observations we have presented here have aimed at demonstrating, even if only partially and with a limited number of examples, the interest of an “integrated” approach to the Bible as a book in the variety of shapes it has taken in specific historical-cultural contexts – involving palaeography, codicology, history of book illumination, liturgy, philology, and the history of texts. Other paths, which have not yet been entirely developed, concern the analysis of writing and the systematic distinction between hands; the comparative examination of decorative elements (as already begun by Giulia Orofino) and such an examination’s usefulness for organizing the text; the paratexts pertaining to other textul sequences; and the stratifications of liturgical indications (reading instructions or musical notations), not limited to the age in which the codices were produced but often protracted over time. In the exceptional setting of Montecassino, where many of the manuscripts produced over the centuries for the needs of the community are still preserved on site (along with 63 See Quentin (et al.) 1929, p. 312. 64 In Beneventan book production the insertion of the tituli into the text is also found (only for Jeremiah and Ezekiel) in Casin. 543, originating (as does Casin. 760) in the dependency of S. Maria dell’Albaneta (Brown 2005, p. 299); described by Orofino 1996, p. 52–54, and by Orezzi in Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021, p. 209–212. On the rarity of this position, see Bogaert 1988, p. 286. 65 See Quentin (et al.) 1939, p. 3–8.
Partial Bibles in Southern Italy: the case of Montecassino
others that began arriving from outside in the second half of the twelfth century), the combination of complementary approaches allows one to follow how the relationship between the monks and the sacred text par excellence evolved over time, this text being the foundation of their spirituality and an integral part of their daily life. The essential prerequisite for this kind of analysis is the systematic and in-depth description of the manuscripts. For this reason, at the University of Cassino we promoted and recently concluded the census and detailed description of the biblical codices kept at Montecassino: after the publication of some initial results66 the catalogue of all Cassinese Bibles – Beneventan and non Beneventan – has appeared in July 2021.67
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66 See Albiero (et al.) 2013; Albiero (et al.) 2015; Maniaci / Orofino 2021. 67 Casavecchia / Maniaci / Orofino 2021.
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Partial Bibles in Southern Italy: the case of Montecassino
Figure 1: Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 211, p. 17.
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Figure 2: Montecassino, Archivio Privato dell’Abbazia, 2, p. 152–153.
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Figure 3: Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 535, p. 286–287.
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Figure 4: Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 521, p. 432–433.
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Figure 5: Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 552, p. 206–207.
Figure 6a: Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 531, p. 190 (detail).
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Figure 6b: Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 583, p. 168 (detail).
Figure 6c: Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 759, p. 299 (detail).
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Figure 7a: Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 760, p. 90.
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Figure 7b: Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 565, p. 79.
Section 3: Bibles à commentaires / Bibles with commentaries
Caroline Chevalier-Royet
The pandects of Theodulf of Orleans
Carolingian Bibles with critical apparatus: state and prospects of research Abstract: The biblical pandects produced under the supervision of Bishop Theodulf of Orleans (d. 821) between 799 and 818 attest to the vitality of biblical studies during the Carolingian Renaissance. Five Theodulfian Bibles and fragments of two additional manuscripts have come down to us: these manuscripts share common codicological and palaeographical features. The homogeneous, consistently applied, editorial choices illustrate Theodulf’s high scholarly ambition and his efforts to restore the Hebraica veritas, which was the text established by Jerome. These manuscripts are pandects (that is, copied in a single volume) with a particularly clear page layout, which facilitates reading and browsing within the volume. The manuscripts present a stable architecture: the order of the biblical books and the textual apparatus (poems, forewords, tables, and textual aids placed in appendices) were repeated from one volume to the next, with, however, slight variations which reveal Theodulf’s continuous efforts. This apparatus was supplemented by marginal notes placed next to the text within the various biblical books. The number of these notes increased as the editing work progressed: in the first Bibles produced they attest to comparisons of the biblical text established by Theodulf with other Latin manuscripts, while in the chronologically last two Bibles they point to comparisons with the Hebrew text, which was a unique undertaking for the Carolingian period. This paper reviews the state of our knowledge about these Theodulfian Bibles and outlines some avenues of research. Résumé: Les pandectes bibliques produites sous la direction de l’évêque Théodulf d’Orléans († 821) entre 799 et 818 témoignent de la vitalité des études bibliques durant la Renaissance carolingienne. Cinq bibles théodulfiennes et des fragments de deux manuscrits supplémentaires nous sont aujourd’hui parvenus : ces manuscrits présentent des caractéristiques codicologiques et paléographiques communes. Les choix éditoriaux homogènes, appliqués avec cohérence, illustrent la haute ambition scientifique de Théodulf et ses efforts pour restituer l’Hebraica veritas, c’est-à-dire le texte établi par Jérôme. Ces manuscrits sont des pandectes, donc copiés en un seul volume, dans une mise en page particulièrement claire qui facilite la lecture et la circulation à l’intérieur du volume. L’architecture des manuscrits est stable : ordre des livres bibliques et apparat textuel (poèmes, préfaces, tables et outils textuels placés https://doi.org/10.1515/9783111019963-007
en annexe) sont reproduits d’un volume à l’autre, avec cependant de légères variations qui révèlent les efforts continus de Théodulf. Cet apparat est complété par des notes marginales, placées en regard du texte à l’intérieur des différents livres bibliques. Ces notes se multiplient au fur et à mesure de l’avancement du travail d’édition : elles témoignent, dans les premières bibles produites, de la comparaison du texte biblique établi par Théodulf avec d’autres manuscrits latins puis, pour les deux dernières bibles dans l’ordre chronologique, d’une comparaison avec le texte hébraïque, entreprise unique pour la période carolingienne. Cette contribution dresse un état des lieux des connaissances acquises sur ces bibles théodulfiennes puis esquisse quelques pistes de recherche.
1 The Bibles of Theodulf of Orleans: Products of the Carolingian Renaissance The Carolingian Renaissance represents an important moment in the history of the biblical text in the West. The cultural and religious revival movement encouraged and supported by the Carolingian rulers included fruitful reflections on the text of the Scriptures, which resulted in the production of numerous biblical manuscripts. This development in the history of the Latin biblical text was both quantitative and qualitative in nature: over a period of around sixty years (roughly from 770 to 840) the production of biblical manuscripts increased considerably and, at the same time, their quality improved.1 Copied in a single volume, the Carolingian Bibles were designed to be easy to handle and use. They have a page layout and textual apparatus which facilitate browsing within the volume and introduce various biblical books for reading. In addition, the copied text gradually benefited from the critical work done by Carolingian scholars who sought to establish a more correct biblical text purged of faults, errors, and interpolations caused by the ignorance or negligence of successive copyists, and to re-establish the Hebraica veritas, which was equated with the Latin translation provided by Jerome. This search for the Hebraica 1 Berger 1893; Bischoff 1965; Fischer 1965; Fischer 1985b; Light 1984.
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veritas led to a movement to unify the content of the text: the Hieronymian text, known as the Vulgate, prevailed in the Carolingian period for all biblical books, with variations however for the books of Baruch, Tobit, and Judith, while the Gallican version of the Psalter became predominant thanks to the liturgical reform promoted by the Carolingian power – with the exception of Theodulf’s Bibles which this essay will focus on. The Bibles whose production he oversaw are one of the facets of the rich intellectual output of Theodulf of Orleans – an output which was part of a wider context of religious and cultural reform often referred to as the “Carolingian Renaissance”.2 Driving this reform movement, which began during the reign of Pepin the Short, Charlemagne surrounded himself with numerous scholars and artists: thus, Theodulf, a native of Visigothic Spain,3 came to join the Carolingian court at the same time as other scholars from all over Europe, such as Alcuin of York and Paul the Deacon who arrived from England and Italy respectively in the 780s. Theodulf’s presence in Charlemagne’s entourage is first mentioned in a letter dating from 790/791 at the latest, which already celebrates his qualities as a poet.4 Theodulf very quickly became a major influence on the sovereign: between 791 and 793 Charlemagne entrusted him with writing Opus Caroli regis contra synodum (or Libri Carolini) which was the Carolingian response to the acts of the Second Council of Nicaea in 787.5 This work was seminal in Theodulf’s intellectual journey: the exchanges which took place at court around the question of the worship of images, as envisaged by the Greeks in the acts of Nicaea II, fuelled reflections on the biblical text. Thus, Charlemagne and his advisers became aware of the need for a reliable, corrected, and critically accurate biblical text in order to engage in this theological controversy. To this end, the biblical canon had to be delimited. This consisted above all of the Hebraica veritas, which was polemically defined by Jerome, against the Greeks, as his translation of the biblical books from Hebrew. Jerome saw the Hebraica veritas as a faithful 2 Contreni 1995; Sot 2002 and 2005. 3 Jacques Sirmond suggested that Theodulf was of Italian origin. Nowadays it is Ann Freeman’s theory that has been accepted: Theodulf is thought to have been born and educated in Zaragoza and left Spain together with other Hispani in the early 780s because of the political instability in the northern part of the country. But the early years of his life remain obscure. Cf. Freeman 1992; Tignolet 2013. 4 Versus Fiduciae, in Dümmler (ed.) 1881, p. 76–77. The author of these verses, addressed to Bishop Angilram of Metz (d. 791), has not been identified. He calls Theodulf – alongside Angilbert – a “divine poet”. Cf. Dahlhaus-Berg 1975, p. 182; Rouquette 2018, p. 7. 5 Theodulfus Aur., Opus Caroli, in Freeman (ed.) 1998; Mitalaité 2007.
reproduction of the original text in Latin.6 But this did not mean that the texts and books that Jerome did not revise on the basis of the Hebrew version or simply revised using the Greek one were excluded from the biblical canon; in the Carolingian period distinctions were blurred and the whole Vulgate was considered to be the work of Jerome. And this was precisely the main goal that Theodulf set himself in his biblical philological work: to rediscover the Hebraica veritas. He defended this position with irony in the opening of Opus Caroli regis contra synodum, stating that a new biblical translation should be made using the Septuagint, Theodotion, Symmachus, Aquila, and Jerome because of the falsifications to which the iconodules had subjected the biblical text. He thus ridiculed the attitude of the Greeks for this demand for a new translation of the biblical text into Latin or Greek, that lay between the patently absurd demand for the law transmitted by Moses and re-established by Ezra to be rewritten and the fanciful suggestion that the New Testament should be replaced by books which, thanks to a greater authority, would proclaim the opposite of what the Gospels announced.7 Thus, already in Opus Caroli Regis contra synodum Theodulf outlined his desire for a true critical approach to the Bible, one that went much further than the ambitions of other Carolingian biblical editions. In addition to his position as a theological advisor, Theodulf also acquired an important political role under Charlemagne. He established himself as a practitioner of the Carolingian reform: in his role as missus dominicus and together with Leidrad, the future Bishop of Lyons, he went on an inspection mission in the Rhône valley and Septimania in 798 at the latest;8 he was then appointed Bishop of Orleans in late 797,9 which was a delicate mission because of the unrest and disorganisation then affecting the diocese; probably at the same time, Charlemagne personally conferred on him the title of Abbot of Fleury and then entrusted him with the abbeys of Saint 6 Bogaert 1988. 7 Theodulfus Aur., Opus Car., in Freeman (ed.) 1998, lines 28–31: “Iam vero quia pene omnis divine legis series ab illis ob imaginum adorationem aut mutilatur aut permutatur, nova necesse est post Moysen legis tradatur scriptio, nova post Ezram legis reperiatur restauratio, nova post Septuaginta interpretes, Theodotionem et Symachum et Aquilam sive etiam beatum Hieronimum legis queratur translatio, nova post apostolos et apostolicos viros Spiritu sancto repletos scrutetur tractatio quae adeo divinis scripturis refragari queat, ut omnes imaginum adorationem spernentes anathematis vinculo nectat.” 8 Magnou-Nortier 1994. 9 The precise date is not known but the first mention of Theodulf as bishop can be found in a letter from Alcuin to Charlemagne usually dated to 22 July 798: Alcuinus, Epistolae 149, in Dümmler (ed.) 1895, p. 241.
The pandects of Theodulf of Orleans
Aignan in Orleans and Saint Liphard in Meung; finally, Theodulf restored the Abbey of Saint Mesmin in Micy during the year 798. His mission in Orléanais was clearly defined: to restore episcopal authority and reorganise the different communities by enforcing the reform defined at Charlemagne’s court. The preserved works of Theodulf bear witness to his intellectual and practical commitment to the cultural and religious reform promoted by the Carolingian sovereign. As soon as he arrived at court Theodulf became part of the circle of councillors closest to the sovereign; he wrote a lot as a poet,10 as a theologian taking part in contemporary debates,11 as an exegete,12 but also as a practitioner of the Carolingian reform, first in his role as missus dominicus, then as bishop and abbot.13 The personal oratory he had built for himself in Germigny-des-Prés attests to his artistic sensibility and the particular role he assigned to images in his representation of the world.14 He used his pen to defend his stances until his death. Accused of having taken part in the revolt led by Bernard of Italy against Louis the Pious (817), Theodulf was deposed and exiled in 818, probably to the Monastery of Saint Aubin in Angers.15 To protest his innocence and obtain his rehabilitation, he wrote two exile letters in the form of poems which attest to his poetic talent: pleading his cause, the fallen bishop painted the portrait of the ideal prelate and broadened 10 Theodulf’s poems have recently been published together with a translation and a commentary: Rouquette 2018. 11 On images in Opus Caroli regis contra synodum, cf. Mitalaité 2007; on baptism in Liber de ordine baptismi, unpublished but studied by Dahlhaus-Berg 1975, p. 92–140; on the procession of the Holy Spirit in De processione spiritus sancti, cf. Ménage 2000. 12 Theodulf did not leave any exegetical commentaries in the strict sense of the term but his work reflects his taste for studying the biblical text and exegetical conceptions: his Bibles and the appendices present in the two complete Bibles (Le Puy and Orleans); Paris, BnF, lat. 15679, a real biblical vade mecum, presented in Chevalier-Royet 2021, p. 82–88; or his Versus bibliothecae, introductory poems to reading and studying the Bible, recently studied in Rouquette 2018, p. 139–208. 13 His episcopal capitulars were published in Theodulfus Aur., Capitula, in Brommer (ed.) 1984, p. 73–184. 14 For the latest state of research on Germigny, cf. Sapin 2019. 15 This episode in Theodulf’s life is quite obscure; only sources linked to the imperial court allow us to assume Theodulf’s involvement in the revolt led by Bernard of Italy or his lack of loyalty towards Louis the Pious, but Theodulf himself claimed his innocence. However, a hypothesis put forward by several historians helps explain this exile: Theodulf may have been deposed as a result of manoeuvres by an Orleans group which formed around Count Matfrid of Orleans and was “hostile” to his actions. Jonas of Orleans, his successor at the head of the bishopric, was apparently supported by Matfrid. Cf. Dahlhaus-Berg 1975, p. 16–21; Tignolet 2013, p. 419. On Theodulf’s place of exile, one hypothesis locates it in Le Mans, cf. Schaller 1992.
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his argument by attributing the exercise of true justice to God alone.16 He eventually died in September 821, in exile, without having obtained justice.17 Thus, the work of biblical criticism carried out by the Bishop of Orleans was but a small part of his rich intellectual output; it was also just one of the many undertakings to revise the biblical text that occurred during the Carolingian period. Indeed, at the heart of the Carolingian reform lies the revival of biblical studies and, first and foremost, the attention paid to the sacred text.18 The Carolingian rulers themselves constantly reiterated their desire for a purged and unified biblical text. They encouraged the production of biblical and liturgical manuscripts in order to help spread the Gospel message to the souls who were in their care in their capacity as rectors of the ecclesia.19 In this respect, there is an eloquent passage in his Epistola generalis in which Charlemagne points out that he had long had the books of the Old and New Testaments, corrupted by successive copies.20 corrected: the use of the adverb iampridem (“now for a long time”) reveals that at the time this circular letter was written, between 786 and 801, Charlemagne was already aware of undertakings to correct and edit the biblical text. Indeed, as we shall see, there were many such undertakings in the late eighth century, being facilitated by the influx of Italian manuscripts, an increased circulation of manuscripts between cultural centres located in the empire under construction, and the proliferation of scriptoria; Charlemagne himself took a personal interest for political and intellectual reasons, without necessarily giving any explicit order.21 The example of the sovereign endowing the court with a 16 Poems lxxi (Ad Aiulfum episcopum) and lxxii (Ad Modoinum episcopum) in Theodulfus Aur., Ad Aiulf. and Ad Mod., in Dümmler (ed.) 1881; or poems 29 and 30 in Rouquette 2018, with commentary p. 449–495. 17 Dahlhaus-Berg 1975, p. 21. 18 Fischer 1965; the revival of biblical studies was truly one of the driving forces of the Carolingian Renaissance, cf. Chevalier-Royet 2021, p. 143–163. 19 Sources paint the picture of a sovereign keen on the concrete implementation of the religious reform and, first and foremost, the necessary correction of the biblical text, cf. Fischer 1985b, p. 89. 20 Epistola Generalis, in Boretius (ed.) 1883, p. 80: “inter quae iampridem universos veteris ac novi instrumenti libros, librariorum imperitia depravatos, Deo nos in omnibus adjuvante, examussim correximus.” 21 Charlemagne took part in the theological debates around the questions of images or of Adoptionism; his interest was also broader in so far as his religious reform, which promoted the standardisation of the biblical text or liturgical unification, was conceived as a political instrument for uniting the empire. However, he probably never gave an explicit order, cf. Chevalier-Royet 2021, p. 147–149 et 172–174.
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scriptorium and a rich library was emulated by the abbots and bishops of the empire, who were thus encouraged to deploy considerable resources in the service of religious and cultural reform. The impetus provided by the Carolingian central government was therefore decisive. The number of Carolingian Bibles preserved attests to this emulation between scriptoria seeking to establish a reliable and correct biblical text.22 Apart from the Theodulfian revision, four biblical revision undertakings particularly stand out in the history of Carolingian Bibles: – first, the Bible made on the orders of Maurdramnus, Abbot of Corbie from 772 to 781,23 represents one of the first Carolingian attempts to achieve a better biblical text based on Vulgate texts that were in circulation in Italy and northern France;24 – next, a group of manuscripts, all linked to the Ada Gospels,25 comprises a Psalter and eleven particularly luxurious evangelistaries which were probably produced at the court of Charlemagne between 781 and 814; in the absence of any specific study, the ancestry of the text of these manuscripts remains obscure, but their influence was important in Trier, Metz, and Reims;26 – then, the Bible of Angilram, Bishop of Metz (d. 791), was the first Carolingian Bible made using the pandect format which brings together all the Old and New Testament books in a single volume.27 The text 22 Bonifatius Fischer has provided an impressive overview of the biblical manuscripts produced during the reign of Charlemagne, listing them by centre of production: Fischer 1965, p. 163–216. 23 Five volumes of this Bible, which probably originally comprised twelve, have survived: Amiens, BM, 6, 7, 9, 11, and 12; the other volumes were lost with the exception of a fragment from the books of Kings found in Paris, BnF, lat. 13174, f. 136–138. A note in Amiens, BM, 11, f. 96, attests to Maurdramnus’s order: cf. Fischer 1965, p. 186–188. 24 This Bible is labelled with the initial “M” in the critical apparatus of the Editio Maior (Biblia Sacra 1926–1994 [Old Testament]), henceforth Editio Maior in this article. In this edition, launched by Henri Quentin, monks belonging to the Order of Saint Jerome set out to reconstruct the Hieronymian text of the Old Testament by collating numerous manuscripts which were representative of the various branches of the Latin tradition of the biblical text. However, the reconstruction of Jerome’s text remains an ideal: the text in the Editio Maior is a fiction, the result of a tremendous amount of critical work, a fiction which nevertheless proves essential in writing the history of the biblical text. The same intentions were shared by the editors of the New Testament books in the authoritative critical edition, Wordsworth / White (ed.) 1889–1954. On these issues, cf. Gribomont 1961. 25 Codex aureus (Trier, Staatsbibliothek, 22). 26 Fischer 1965, p. 193–196; Lafitte (et al.) 2007, p. 92–100. 27 We only know the second part of this Bible (from Proverbs to Revelation 12, 13) thanks to photographs; the manuscript (Metz, BM, 7) which contained this second part was lost in a fire in 1944. This Bible is labelled with the initial “Z” in the Editio Maior. The pandect format
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transmitted by this Bible is probably representative of the Vulgate text then in circulation in the north of France.28 Angilram’s choice of a single-volume Bible is of importance to posterity as it was shortly afterwards taken up by Alcuin and Theodulf of Orleans; finally, Alcuin’s revision is famous because it was the most widely disseminated. Alcuin (d. 804), a close advisor to Charlemagne, undertook to correct the biblical text after he was elevated to Abbot of Saint Martin of Tours in 796.29 He was able to rely on an active scriptorium which enjoyed significant resources thanks to a rich community.30 Two complete Bible manuscripts, fragments from five Bibles, as well as a few evangelistaries, some of which are incomplete, are dated to this period between 796 and 804.31 These early Alcuinian volumes are certainly of more modest craftsmanship than the Bibles of the Ada group or Theodulf which were produced in the same period, but they helped establish the formal characteristics of the Alcuinian Bibles (volume dimensions, page layout, order of biblical books, choice of appendices and the Gallican Psalter).32 The biblical text of these volumes is also
adopted by Angilram is attested earlier, notably with Codex Amiatinus (Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Amiatino I) which is fully preserved; this Bible was copied at Wearmouth in Northumbria at the very beginning of the eighth century on the model of Cassiodorus’s Codex grandior. 28 Fischer, 1985b, p. 91. 29 Charlemagne did not give Alcuin a specific order but did commission a Bible from him. This was offered at Christmas 801 by Fridugise in the name of his abbot Alcuin, who had been unable to travel because of poor health. The letter accompanying the gift and the letter of instructions addressed to Fridugise have survived: Alcuinus, Epistolae 261 and 262, in Dümmler (ed.) 1895. 30 The Bible offered to the emperor in 801 is probably one of the first Bibles produced under Alcuin’s supervision. But the scriptorium in Tours was already very active before Alcuin: two biblical manuscripts (Paris, BnF, n.a.l 1586, copied around 780; Tours, BM, 10, copied around 790–800) attest to its output before his arrival – unless Tours, BM, 10 was one of the first manuscripts produced under his supervision. There is currently no evidence that can help settle this question. 31 Production boomed under Alcuin’s successors: 43 to 46 Bibles and 18 Alcuinian evangelistaries produced in Tours in the first half of the ninth century have been identified. After 850 production plummeted as a consequence of the Norman raids: only three pandects and seven evangelistaries have survived. Cf. Fischer 1985a, p. 251–269; Bischoff 1965, p. 233–254. 32 There are obviously some differences: in the case of the early Bibles there were some hesitations about the appendices; and in some manuscripts the order of the biblical books varies, which can be explained by the later binding of copybooks used as a working basis in the scriptorium. But, overall, the Alcuinian manuscripts are a very homogeneous group. Cf. Fischer 1985a, p. 275.
The pandects of Theodulf of Orleans
very stable – with the exception of the Gospels33 – and was the result of classical medieval emendation which involved correcting grammar and spelling. Alcuin and his entourage drew on biblical manuscripts available in Tours which attest to the text that was in circulation in northern France; their decision to systematically favour the readings from the Vulgate text to the detriment of Old Latin texts was decisive in the history of the Hieronymian text. Even though Alcuin’s text was the result of simple emendation rather than “scholarly” editing, the legacy of his Bibles is very important. We must however be careful when using the term “legacy”: it should be stressed that there was no quick standardisation of the biblical text at that time and the latter remained variable and relatively heterogeneous in the first half of the ninth century.34 However, the influence of the Alcuinian text gradually spread until it became predominant in the West from around 840–850, remaining so until the thirteenth century. How to explain this success? Alcuin’s intellectual reputation was certainly decisive; this aside, the material conditions enjoyed by the scriptorium of the rich abbey of Saint Martin of Tours as well as the remarkable stability of the text and layout of the Bibles produced there no doubt also played an important role in their success. Thanks to them, the Vulgate text became widely accepted in the West. Faced with the Alcuinian text, Theodulf’s work quickly fell into oblivion even though his editions, as we shall see, were ultimately more “scholarly”. Of course, Theodulf’s Bibles were known to the Carolingian scholars; his text, like that of Alcuin, did circulate – sometimes quite far from its area of origin. But the Theodulfian Bibles 33 The critical apparatuses in the Editio Maior for the Old Testament and Wordsworth / White (ed.) 1889–1954 for the New Testament show that the Turonian Bibles always stand out as an easily identifiable group labelled “Φ”. However, in the case of the text of the Gospels there are important differences between two groups of manuscripts, with the fault line running through the Bible of Rorigon (Paris, BnF, lat. 3) and an evangelistary (Wolfenbüttel, Herzog-August-Bibliothek, Cod. Guelf. 16, Aug. 2° (Heinemann 2186) which were executed in the years 835–840. Bonifatius Fischer has thus hypothesised that the text of the Gospels was revised in the early 830s and the revision was then used in later volumes. Cf. Fischer 1985a, p. 230–248. 34 Bonifatius Fischer cites the example of a Bible produced in Corbie around 830/850 (Paris, BnF, lat. 11532–11533): although it came from the scriptorium which helped make the Maurdramnus Bible, this other Bible attests to multiple influences in its biblical books which contain Alcuinian text, Spanish text, Northern Italian text, Maurdramnus’s text, and Theodulf’s text. Intensive research was carried out in every scriptorium and there seems to have been no definitive authoritative text at the time. Cf. Fischer 1965, p. 186–188.
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were probably not helped by their rich and perhaps intimidating critical apparatus; their biblical text, which was inconsistent and contained long-forgotten variants, may have been confusing because of its highly innovative nature; and finally, the damnatio memoriae suffered by Theodulf after his death no doubt also hindered the dissemination of his manuscripts.
2 The Bibles of Theodulf of Orleans: A homogenous group of manuscripts The group of Bibles executed under the authority of Theodulf stand out both in terms of homogenous editorial choices and the scholarly aspirations of the supervisor of this editing work. Theodulf made no mention of this biblical critical undertaking in his other works; however, it is possible to identify the period when his Bibles were executed thanks to some biographical clues. The preparation of a biblical edition required means that he only really had at his disposal when he became Bishop of Orleans: Theodulf therefore started his revision after his episcopal consecration in Orleans, thus at the earliest in late 797. His work was interrupted by his dismissal and exile in 818. He set up his scriptorium at the Abbey of Saint Mesmin of Micy,35 which was refounded in 798, by following the advice of his friend Benoît of Aniane who sent twenty monks to support him in this task;36 the new school was thus entrusted into the hands of Dructesinde, who had recently arrived from Aniane. Thanks to its school and scriptorium, Saint Mesmin became an important training centre which con-
35 The Abbey of Saint Mesmin was founded at the very beginning of the sixth century, during the reign of Clovis, in Micy, around five kilometres from Orleans Cathedral, at the confluence of the Loiret and the Loire. However, the early history of this abbey remains obscure, with no abbot being attested between 593 and Theodulf of Orleans. The question of the location of Theodulf’s scriptorium at Saint Mesmin has been settled by the arguments put forward by Dahlhaus-Berg 1975, p. 61–72. 36 “Theodulfus quoque Aurelianensum presul, cum monasterium sancti Maximini construere vellet, a iam prefato viro postulat regularis disciplinae peritos. Cui mox adsensum prebuit et bis denos illi monachos, prefecto magistro, misit.”, Ardo, Vita Benedicti, in Waitz (ed.) 1887, chap. 24, p. 209. This issue was re-examined by Walter Kettemann in his thesis on Benoît of Aniane: he confirms that monks were sent from Aniane to Micy and believes that this occurred twice, cf. Kettemann 2000.
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tinued to flourish under Bishop Jonas, Theodulf’s successor in Orleans. Six Bibles executed in the Saint Mesmin scriptorium between 798 and 818 under Theodulf’s supervision have been preserved. I will list them here in the probable chronological order of their execution,37 preceded by the abbreviation used in the Editio Maior of the Bible:38 – ΘS: Bible from Konstanz Cathedral; incomplete manuscript.39 – ΘH: Bible from the Monastery of Saint Hubert in Ardennes; incomplete manuscript.40 – ΘA: Bible of Le Puy Cathedral; complete manuscript, particularly luxurious, with pages of purple parchment, copied in gold letters; binding lost.41 – ΘM: Bible of Orleans Cathedral; complete manuscript, very close to the previous one, particularly luxurious, with pages of purple parchment, copied in gold letters; original binding lost.42 – ΘG: Bible of Saint-Germain-des-Prés; incomplete manuscript with defaced pages.43 – Fragments of a Bible that once belonged to Carcassonne Cathedral, now housed in Copenhagen.44 To this list we need to add fifteen pages from a Bible which belonged to the collegiate church of Saint Ursus in Solothurn; the Bible was dismembered during the sixteenth century and used to reinforce bindings. These fragments,
37 This chronological order was established by Bonifatius Fischer by studying distinctive features of the text transmitted by these manuscripts: cf. Fischer 1965, p. 135. 38 For the presentation and reference relating to the Editio Maior, cf. supra n. 24; the fragments of the Carcassonne Bible, kept in Copenhagen, were not collated for the Editio Maior. 39 Codex Weingartensis, Stuttgart, Württembergische Landesbibliothek, HB II 16, http://digital.wlb-stuttgart.de/index.php?id=6&tx_ dlf%5Bid%5D=4141&tx_dlf%5Bpage%5D=1 (accessed on 5 April 2022). 40 Codex Hubertianus, London, British Library, Add. 24142, http:// www.bl.uk/manuscripts/FullDisplay.aspx?ref=Add_MS_24142 (accessed on 5 April 2022). 41 Codex Aniciensis, Trésor de la cathédrale du Puy, Le Puy-en-Velay, Cath. 1, images at http://initiale.irht.cnrs.fr/codex/3657 (accessed on 5 April 2022). 42 Codex Mesmianus, Paris, BnF, lat. 9380, http://gallica.bnf.fr/ ark:/12148/btv1b8452776m (accessed on 5 April 2022). 43 Codex Sangermanensis parvulus, Paris, BnF, lat. 11937, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8490069j (accessed on 5 April 2022). 44 Copenhagen, Royal Library, N.K.S.1 2°, http://www5.kb.dk/permalink/2006/manus/68/eng/ (accessed on 5 April 2022). This Bible was used by Jean Martianay in the seventeenth century when he edited Jerome’s work. The manuscript was then considered lost until Edward Power identified it in the fragments found in Copenhagen: cf. Power 1924.
identified in the cantonal archives and the central library of Solothurn, have been brought together in a virtual manuscript.45 This is not an exhaustive list: clues about the use of a Theodulfian biblical text gleaned from various manuscripts show that other Bibles too were produced under Theodulf’s supervision.46 Thus, Bonifatius Fischer notes that the monks of the monasteries of Reichenau and Saint Gall used a Theodulfian text to correct the biblical text around 810–820.47 Another Theodulfian manuscript, now lost, is said to have been used as a model in the making of the Bern manuscript, Burgerbibliothek A.9, executed in Vienna in the tenth century.48 Finally, Clairvaux Abbey also very likely owned a Theodulfian Bible which was used to correct the Psalter in Troyes BM 1446 in the twelfth century.49 Thus, the Bibles used in Saint Gall and Vienna, which are close to ΘS and ΘH, represent the Theodulfian text’s early recension, whereas the Bible used later in Clairvaux is more closely related to ΘG and the Carcassonne fragments, and therefore to the last stage of Theodulf’s biblical critical work. It is worth mentioning that iuxta Hebraeos Psalters were produced in Theodulf’s scriptorium and circulated independently.50 Nevertheless, these Bibles share a number of material characteristics. They were all designed as pandects. In a poem composed to decorate the bindings of his Bibles, Theodulf used the term bibliotheca to describe the result of his efforts.51 But this is surely a poetic evocation of the immense richness of the volume thus created rather than an allusion to the format used. Indeed, the term bibliotheca was then used to refer to the sets of codices – often ten volumes – needed to copy all the biblical books. This was the predominant biblical format before the Carolingian editions imposed the pandect format.52 Perhaps there is also a touch of irony in this: by means of antiphrasis, Theodulf emphasised the ease-of-use of the biblical manuscripts made in his scriptorium, unlike the imposing 45 [sine loco] Codices restituti, Cod. 3 (Biblia Theodulfi fragmenta): http://www.e-codices.unifr.ch/fr/list/one/sl/0003 (accessed on 5 April 2022); the connection between these fragments and the Saint Hubert Bible was first pointed out by Schönherr 1964, p. 204–205. 46 However, these clues do not point to any of the six Theodulfian Bibles that are well known today. Cf. Tignolet 2013, p. 219. 47 Fischer 1965, p. 136. 48 Fischer 1965, p. 136. 49 Fischer 1965, p. 137. 50 Fischer 1965, p. 176–177. 51 Theodulfus Aur., in Rouquette (ed.) 2018, poem 56, p. 978: “Qui sim nosse uolens, scito: bibliotheca dicor / Et Veteris Legis ius ueho siue Nouae.” 52 Bogaert 1988, p. 277–285.
The pandects of Theodulf of Orleans
Bibles executed at Saint Martin of Tours under the supervision of Alcuin.53 Indeed, Theodulf made clear editorial choices in order to produce volumes that were easy to use, being probably intended first and foremost for studying the Scriptures. The text was copied in three or two columns,54 using a small Caroline minuscule that was highly legible (see Figure 4). The reader was provided with graphic aids to facilitate browsing within a volume. For example, in ΘG the book titles, written in red capital letters, were sometimes followed by a foreword55 and then always by a table in which the chapters were numbered using Roman numerals.56 Forewords and chapter lists were copied in Caroline minuscule that was smaller than the minuscule used for the biblical text. This made it possible to order the copied parts within a page: titles in capitals, then forewords and tituli, and finally the biblical text itself (see Figures 7 and 8). The upper margin contained a systematic reminder of the book title. In the biblical text itself, the beginning of the chapters was marked by either a red capital or a letter that was retraced or coloured in red (see Figure 9). This practice was part of the supervisor’s instructions since we can sometimes see the blank space left where the red letter was to be added. Afterwards, the architecture of Theodulfian Bibles remained stable from one volume to the next: the biblical books were divided into six sections (ordines) in a fixed order:
53 Indeed, in a foreword composed in verse Alcuin used the term “pandects” to describe the Bibles made in the scriptorium: “Nomine pandecten proprio vocitare memento / Hoc corpus sacrum, lector, in ore tuo / Quod nunc a multis constat Bibliotheca dicta / Nomine non proprio, ut lingua Pelasga docet …”, Alcuinus, Carmen 65, in Dümmler (ed.) 1881, p. 283. These verses are cited by Fischer 1985a, p. 238, who stresses that a dialogue and emulation was thus started between Alcuin and Theodulf through the interposition of biblical manuscripts. However, the different formats adopted by the scriptoria reflected different objectives, with the Alcuinian Bibles being produced mainly for liturgical use. 54 Only the first two of Theodulf’s Bibles use three columns: Konstanz (ΘS) and Saint Hubert (ΘH). The format, writing, and arrangement of the text in three columns are very close to Codex Cavensis (Cava, Archivio della Badia, 1 [14]); moreover, in the case of ΘH, the canon tables are virtually identical with those in Codex Cavensis, which is a witness of the Vulgate text circulating in Spain in the early Middle Ages; cf. De Bruyne 1914–1919. 55 The Pentateuch books have no foreword, but there may have been a foreword to the Pentateuch at the beginning of the volume which is now lost. The books of Judges and Ruth do not have a foreword either. All other biblical books are preceded by one and sometimes two forewords. 56 This numbering was later supplemented by another using Arabic numerals in the margins of the biblical text.
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Ordo Legis: Genesis / Exodus / Leviticus / Numbers / Deuteronomy. 2. Ordo Prophetarum: Joshua / Judges / Ruth / 1–4 Kings / Isaiah / Jeremiah / Baruch / Lamentations / Ezekiel / Hosea / Joel / Amos / Obadiah / Jonah / Micah / Nahum / Habakkuk / Zephaniah / Haggai / Zechariah / Malachi. 3. Ordo Hagiographorum: Iob / Psalms / Proverbs / Ecclesiastes / Song of Songs / Daniel / 1–2 Paralipomena / Ezra / Esther. 4. Ordo eorum librorum qui in canone hebraico non sunt: Wisdom / Sirach / Tobit / Judith / 1–2 Maccabees. 5. Ordo evangelicus: Matthew / Mark / Luke / John. 6. Ordo apostolicus: Paul / Catholic Epistles / Acts of the Apostles / Revelation. This classification, typical of Spanish Bibles, has its literary model in Isidore of Seville’s Etymologies;57 it is also linked to the order Jerome imposed on the Hebrew canon of Sacred Scripture.58 It should be noted that Theodulf included the book of Baruch which was missing from most of the manuscripts of the Carolingian period, particularly the Alcuinian recension of the Bible.59 Baruch was placed after Jeremiah as in the Spanish manuscripts. Furthermore, Theodulf excluded the apocryphal books: he rejected III and IV Ezra,60 attested in the Bible of Maurdramnus of Corbie and in most northern French manuscripts; also part of Paul’s correspondence with the Corinthians, known as III Corinthians, which appeared in the Italian texts;61 and finally, the letter to the Laodiceans 57 The order of the biblical books is described by Isidore of Seville. See Isidorus Hisp., Etymologiae VI, in PL 82, 229A-230B: “3. Hebraei autem Veteris Testamenti, Esdra auctore, juxta nmerum litterarum suarum, viginti duos libros accipiunt, dividentes eos in tres ordines, Legis scilicet, et Prophetarum et Hagiographorum. … 10. In novo Testamento duo sunt ordines: primus Evangelicus …; secundus apostolicus …”. 58 Jerome recalls the order of the Hebrew canon in the foreword accompanying his translation of the books of Kings, which is in fact an introduction to all the biblical books and is often cited under the title Prologus Galeatus, in Weber / Gryson (ed.) 2007, p. 364–366; Jérôme, Préfaces, in Canellis (ed.) 2017, p. 322–337. 59 Fischer 1965, p. 178. 60 Several books circulated under the name of Ezra in the Middle Ages. I Ezra was the canonical book of Ezra, placed after the Paralipomena in the Hebrew canon; II Ezra was the canonical book of Nehemiah; III Ezra was a particular form of I Ezra in the Septuagint version (often designated as “A Ezra”); and IV Ezra was a book of revelation that was actually limited to some chapters of the book. Thus, Theodulf excluded them from the biblical canon. 61 The apocryphal correspondence between Paul and the Corinthians, known as III Corinthians, was printed in Actes de Paul, X, 2–5 in Bovon / Geoltrain (ed.) 1997, p. 1117–1177. This apocryphal corre-
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which was very widespread and was notably included in Peregrinus’s edition and accepted as authentic by Gregory the Great, even though he did not place it among Paul’s canonical epistles. Thus, the Bishop of Orleans endeavoured to return to the original biblical canon, identifying and excluding apocryphal writings included in the biblical text since patristic times. In a desire to accompany his readers, Theodulf added a rich textual apparatus to his Bibles, consisting of poems, forewords, tables, and, at the end of the volume, textual aids. This apparatus was supplemented by marginal notes which were placed next to the text within the various biblical books and increased as Theodulf’s editing work progressed – I will return to this in the last part of the article. The two complete volumes that have been preserved, ΘA and ΘM, afford us a precise overview of this textual apparatus.62 The first element of the textual apparatus consists of various poems: Theodulf first composed a titulus subdivided into two parts, one for each binding cover63 It is the Bible itself, personified, that speaks through these verses: it reminds those who are about to open the volume of Theodulf, whilst in the verses on the back cover it invites them to read so as to come closer to the “inextinguishable light” contained in it. Next, Theodulf inserted a foreword in verse in the genre of versus bibliothecae:64 this foreword first recapitulates the order of the biblical books (one distich per biblical book), then praises the Bible before concluding with an address to the reader. At the end of the volume an afterword in verse follows the appendix placed after the New Testament:65 it presents the opuscules which make up the appendix, praises them, and concludes with an invitation to the reader, in keeping with a tripartite structure comparable to that of the foreword in
spondence could be found in many early versions of the biblical text, notably Syriac, Armenian, Slavonic, and especially Old Latin. 62 The other four manuscripts, which are very incomplete, do not have any of the appendices described here. 63 Theodulfus Aur., A foris (poem xlii), in Dümmler (ed.) 1881; poem 56.I in Rouquette 2018, p. 978–979. This titulus is known thanks to an edition of Theodulf’s poems by Jean Mabillon, based on a manuscript from Saint Vanne of Verdun now lost but identified in an eighteenth-century catalogue; Cf. Rouquette 2018, p. 9–10, p. 599– 600; Tignolet 2013, p. 153. 64 Theodulfus Aur., Versus biblici (poem xli.1), in Dümmler (ed.) 1881; poem 2.I in Rouquette 2018, p. 704–721. In ΘM this poem was copied on three leaves of purple parchment, in two columns, in gold letters (f. 1v–2r). 65 In ΘM the poem was copied in gold letters on purple parchment, in two columns, on f. 348v. It is framed by columns decorated with birds. It was edited by Rouquette 2018, poem 2.II, p. 722–727.
verse.66 The foreword and afterword offer exegetical clues but are also exhortations addressed to the reader. In these verses we find a clear evocation of the various missions assumed by Theodulf who, in order to promote the Carolingian reform, acted both as an exegete charged with elucidating the scriptural message and as rector of the ecclesia guiding the faithful towards salvation. Theodulf’s apparatus then includes forewords and tables, as most medieval Bibles do. In ΘM, after the foreword in verse, on f. 3r we read an extract from Isidore’s Etymologies (VI, 1), copied in the shape of a cross on purple parchment, which describes the ordines of the biblical books (see Figure 5b); this general preface is immediately followed by a table of the six sections presented in an ornate architectural setting (see Figure 6). The biblical books then come one after the other, sometimes preceded by one or more prologues67 and always by a table of chapters. A coloured decorated circle marks the transition between sections; for example, on f. 46v in ΘM, at the bottom of the first column, a gold, red, and blue circle indicates: “finit primus ordo legis. Incipit secundus ordo propheticus.” The person supervising the volume had certain parts of the Bible copied onto purple parchment, thereby highlighting the most important segments and visually materialising the different parts of the manuscript even when the latter was closed, which facilitated browsing within the pandect (see Figures 5 and 6). Finally, in ΘA and ΘM an appendix consisting of textual aids and placed just before the afterword in verse closes the volume:68 it includes a chronica by Isidore of Seville which is a description of the ages of the world announced by the title “Breves temporum per generationes et regna” (from f. 320r);69 a collection of explanations of Hebrew names, De nominibus Hebreis (f. 321v); followed by a section devoted to Greek names (f. 323v) and a collection of patristic quotations explaining biblical symbols (f. 325v);70 and, 66 These two poems, foreword and afterword, were commented on and elucidated by Rouquette 2018, p. 164–183. 67 Some biblical books have two forewords: for example, all the minor prophets (except Joel who has four forewords!), Daniel, the Gospels of Luke and Mark, and the Epistle to the Romans; the book of Job and the Gospel of John have three forewords. 68 For example on f. 320r–346r in ΘM. The afterword in verse does not mention pseudo-Augustin’s De divinis scripturis. Énimie Rouquette has hypothesised that the afterword was composed for a volume which did not yet contain De divinis scripturis, therefore for volumes that came before ΘA and ΘM: cf. Rouquette 2018, p. 179–180. 69 Isidorus Hisp., Breves temporum, in Martin (ed.) 2003. 70 This central section of the appendix, the collections of interpretations of Hebrew and Greek names and symbols, is composite: it is based on various sources, works by Jerome including Liber de interpretatione Hebraicorum nominum, Clavis by pseudo-Melito, and Book II of
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finally, an abridged text (f. 338r), copied without a title and known as De divinis scripturis by pseudo-Augustine,71 which conveys principles of biblical hermeneutics. With the exception of the sections devoted to Greek and Hebrew names which have been studied by Olivier Szerwiniack, these texts have not, to my knowledge, been the subject of a detailed study; it would be interesting to compare them in order to identify the differences between ΘA and ΘM; and also use them to reflect on the hermeneutic methods favoured by Theodulf, in relation to his poems as well as other manuscripts intended for scriptural studies which were produced in his scriptorium.72 There also arises the question of the biblical text transmitted by the Theodulfian Bibles: it is a Vulgate text, with the exception of the book of Baruch which contains an Old Latin version. Theodulf’s text can be studied using a sample of biblical chapters which can be systematically collated first of all on the basis of their “serene” aspect, noting the variants in relation to various groups of manuscripts, and then linked to the variants, corrections, erasures, and marginal annotations for a given passage.73 The difficulty of such a study lies in the fact that Theodulf never stopped working on his biblical text, continually improving and adding to it; in his desire to be exhaustive, he constantly acquired manuscripts, accumulated data, and multiplied corrections, sometimes contradicting himself from one manuscript to another. The result of his efforts is impressive – it manifests itself very concretely in the corrections and erasures as well as the marginal annotations found in his manuscripts74 – but it is also confusing because no version of the biblical text is identical from one pandect to another.75 The study Instructiones by Eucherius of Lyons. Theodulf composed these three sections on the basis of collections then in circulation, but he also added to and improved them. Moreover, the section on Hebrew names is different in the Le Puy and Orleans Bibles which, according to Olivier. Szerwiniack, have a much more “leafed through” aspect: indeed, Theodulf supplemented the original collection, which certainly already drew on the Instructiones by Eucherius, with elements that had been omitted by the first compiler. Cf. Szerwiniack 1994, p. 221–226. 71 The text begins with the words: “incipiunt capitula in speculum domni Augustini” (see Pseudo-Augustin, Speculum in Weihrich 1887, p. 296–700). This miroir edited by Weihrich showed that Augustine was not its author. Cf. De Bruyne 1931 and 1933. 72 For example Paris, BnF, lat. 15679, a biblical vademecum produced in the Saint Mesmin scriptorium at the same time as Theodulf’s Bibles, cf. supra n 12. 73 The collated chapters correspond to chapters 1, 14, and 15 of the first book of Samuel: cf. Chevalier-Royet 2007, p. 244. 74 It takes the form of a system of marginal annotations which will be discussed in the last part of this article. 75 “Theodulf arbeitete am Bibeltext ständig weiter, bald an diesem, bald an jenem Teil … Daher gleicht kein Exemplar seines Pandekten
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of this sample of chapters is therefore complex; it shows, however, that Theodulf’s Bibles are a clearly distinct set within the Western biblical tradition and allows for two important observations. Firstly, two groups stand out among the Theodulfian manuscripts, corresponding to two work periods:76 1. the first group comprises four manuscripts: the Konstanz ΘS and Saint Hubert ΘH Bibles represent a first stage in Theodulf’s work, before the making of the two luxury manuscripts from Le Puy and Orleans (ΘAM) – the latter are twin but not identical manuscripts since ΘM attests to editorial progress compared to ΘA .77 Some marginal annotations in ΘM were based on comparisons with an Alcuinian Bible: it is known that Alcuin gave a Bible to Charlemagne at Christmas 801, which makes it possible to date from this year the completion and dissemination of the first Tours Bibles. It was thus a pivotal year in Theodulf’s work: ΘM was executed around this date; the three previous volumes were therefore produced before 801, before Theodulf had access to the Alcuinian text; 2. the second group includes the Saint-Germain Bible (ΘG) and the Carcassonne fragments, which attest to important advances: Theodulf continued his comparisons between the various Latin recensions but also drew comparisons with the Hebrew text, which were recorded in marginal annotations. Thus, these two Bibles correspond to a second stage in Theodulf’s editorial thinking and were executed after 801. Where do the Solothurn fragments fit in this classification? In spite of the necessarily reduced size of the sample, the collation of passages from the first book of Samuel shows that the Solothurn text clearly belongs to the group of Theodulfian Bibles present in the critical apparatus of the Editio Maior, and that within this group it is close to the text of the early Bibles, Konstanz and Saint Hubert (ΘSH).78 The Solothurn manuscript therefore most likely belongs to Theodulf’s earliest work period. völlig einem anderen. Man darf nicht … ein einzelnes Stadium dieser Arbeit herausgreifen, es absolut zum Originaltext Theodulfs erklären und die anderen Handschriften als Vorstufe dazu oder als Weiterentwicklung oder auch nur schlechte Überlieferungen davon betrachten.”, Fischer 1965, p. 177. 76 Fischer 1965, p. 135, 177; Dahlhaus-Berg 1975, p. 49–53. 77 The biblical text is closer to the Hieronymian text. The volume also contains marginal annotations based on new manuscripts, notably an Alcuinian Bible; the section on Hebrew names in the appendix was largely completed in relation to ΘA. 78 A major difference, however, is that the ΘSH text was copied in three columns, whereas the text of the Solothurn fragments was copied in two.
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Figure 1: Codex Hubertianus (ΘH), British Library, Add. 24142, f. 43v. ©British Library Board.
Secondly, this study of a sample of the biblical text of the Theodulfian Bibles makes it possible to determine the ancestry of the texts transmitted. In the early ΘSH Bibles the Spanish influence is predominant: the text is often close to that of Codex Cavensis79. Then, as the work progressed, the Theodulfian text became more and more composite: in the last two Bibles, ΘG and the Carcassonne fragments, the Spanish influence is still perceptible but is now on a par with that of Italian texts or the text then in force in northern Francia which was close to the Alcuinian text.80 What, then, can we conclude in order to characterise the text of Theodulf’s biblical editions? By comparing numerous manuscripts, the Bishop of Orleans sought to purge the biblical text and restore the Hebraica veritas identified with Jerome’s text. In this respect, his enterprise was a success: indeed, the text of his Bibles is correct from a spelling and syntax point of view. Moreover, after collating and characterising the text of the Theodulfian Bibles, a comparison of this sample with the Alcuinian text shows that, in the case of problematic passages, the readings adopted by Theodulf agree with the Hieronymian text reconstructed by the Editio Maior twice as often as the Alcuinian readings. What is more, the critical apparatus of the Editio Maior shows that the group of Alcuinian Bibles is more often isolated in the textual tradition than Theodulf’s Bibles, which means that Alcuin intro-
79 This Spanish influence can also be seen in the page layout: three columns. 80 These are the conclusions reached by Bonifatius Fischer and confirmed by my study of the text of three chapters from the first book of Samuel (I Sam 1 and 14–15): cf. Chevalier-Royet 2007, p. 245–246.
duced erroneous variants which were then perpetuated by virtue of his text being widely disseminated. However, the Bishop of Orleans’ work is limited by the impossibility of identifying a Theodulfian text: such a thing does not exist since all the preserved manuscripts transmitted a different version of the text. Did Theodulf perhaps lack the time to give his work a definitive form? However, despite this limitation, the result of Theodulf’s efforts is very convincing: the texts of his Bibles are very often closer to the Hieronymian text than those given by other contemporary families of manuscripts. Indeed, Theodulf was well aware of the effectiveness of his method as he referred to his editing work in the versified titulus composed to decorate the two binding covers of the manuscripts.81 In the part intended for the first tabula, which was thus meant to be read before opening the volume, the Bible, personified, celebrates its own intrinsic richness by contrasting the outside with the inside, that is its “small body” (the manuscript) with its great content (the biblical text). It then asks the reader to remember Theodulf and calls up the image of a file (lima) – often attested in the description of the writer’s work – to praise the role of the Bishop of Orleans: more than a patron, he was the craftsman who had truly “polished” the biblical text.82
81 Theodulfus Aur., A foris (poem xlii), in Dümmler (ed.) 1881, Poetae I, poem 56 in Rouquette 2018, p. 978–979. 82 “… Me quicumque vides, Theodulfi sis memor, oro,/ Cuius me studium condidit, aptat, amat./ Et foris argento, gemmis ornavit et auro,/ Cuius et interius lima polivit. Ave.”, poem 56, in Rouquette 2018, p. 978; I have borrowed the patron/craftsman dichotomy from Rouquette 2018, p. 599.
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Figure 2: Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 16r.
3 Marginal annotations in Theodulfian Bibles: A true critical apparatus Marginal annotations are the most striking manifestation of the working method used by Theodulf. They are rare in the earliest preserved Bibles – even completely absent in the Solothurn fragments83 – but their number increases considerably in later manuscripts. In the manuscripts from the first work period these annotations are the result of comparing different Latin texts. Then, in the last two manuscripts, the annotations become richer in nature: the notes drawn from the comparison of Latin versions continue to be written but become rarer, while those attesting to a parallel reading of the Hebrew text multiply. This comparison with the Hebrew version was remarkable and remained isolated in the Carolingian period. These marginal annotations have different functions in the manuscript. First of all, they are simple corrections made in the margins: adding a term or phrase skipped by the copyist. For example, in the Saint Hubert Bible, at the bottom of the third column on f. 43v, the copyist skipped the end of verse 1 Sam 2,20: a corrector thus added the missing passage et abierunt in locum suum in the margin, indicating where the forgotten passage belonged with a sign above the line, after domino (see Figure 1). Secondly, they consist of alternative readings suggested for the readers’ discernment. The annotators used a system of abbreviations to enter these notes and indicate the origin of the readings.
83 Only fifteen pages have been preserved in Solothurn; these fragments may not be representative of the entire manuscript. We can see in the other surviving Bibles that the number of notes varies greatly from one biblical book to another, within the same manuscript; these variations could perhaps be explained by the topics Theodulf’s circle studied during the execution of a given manuscript: some biblical books were annotated because they were at the centre of the circle’s preoccupations at that point in time.
In the first four manuscripts (ΘSHAM) all these readings come from comparisons with other Latin texts: s for spanus refers to a comparison with a text of Spanish origin;84 a for Albinus, the nickname given to Alcuin, refers to a reading from an Alcuinian Bible (these notes introduced with a appear from ΘM onwards); ij indicates a reading shared by the Spanish and Alcuinian texts; and finally, al for alii indicates a reading from other manuscripts. For example, in the Orleans Bible (ΘM), at the beginning of the book of Exodus (f. 16r), in the upper part of the right margin, two notes contain competing readings: the first note s. aliter cognovit relates to the passage et cognovit eos (Ex 2,25); and the second a. aliter soceri relates to cognati (Ex 3,1),85 (see Figure 2). In fact, these notes rectify two problematic terms in the text of ΘM: in Ex 2,25, ΘM gives et liberavit eos whereas the current critical editions give et cognovit eos; and in Ex 3,1, ΘM gives soceri whereas current critical editions give cognati. The annotator indicates that the cognovit reading was found in a Spanish manuscript (s) and the soceri reading in an Alcuinian manuscript (a). The purpose of the note is not to correct the biblical text copied: indeed, it is worth noting that these notes fared differently from one manuscript to another. Some were entered in subsequent manuscripts, while others vanished. Rather, it seems that the annotator sought to record the work of comparing manuscripts carried out under Theodulf’s supervision, thus providing the reader with the most enlightening variants for reading and studying the Scriptures. Then, in the last two manuscripts (Saint-Germain Bible ΘG and Carcassonne fragments) the notes resulting from the comparison of Latin texts become rarer, while another category makes its appearance: always written 84 The notes introduced with the letter s are close to the text given by Codex Toletanus (Madrid, Biblioteca Nacional, Tol. 2.1), labelled Σ in the Editio Maior. 85 The terms liberavit and cognati to which these notes refer are identified in the biblical text by two dots inserted in the interline above.
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Figure 3: Codex Sangermanensis parvulus (ΘG) Paris, BnF, lat. 11937, f. 63r.
in Latin, these notes are preceded by the letter h for hebreus and attest to comparisons with the Hebrew text. In an article written together with Adrien Candiard,86 we studied the notes included in ΘG, almost all of which are the result of comparisons with the Hebrew Massoretic text.87 The number of these notes varies greatly from one biblical book to another.88 The historical books of Samuel and Kings are by far the most annotated as they alone contain half of all the manuscript’s notes (1,056 notes): does this mean that when ΘG was being prepared these historical books were the focus of the studies that were being conducted in Theodulf’s scriptorium? Here is for example the incipit of 1 Samuel on f. 63r in ΘG which contains two notes introduced with h in the left margin (see Figure 3). The first note concerns liberi (1 Sam 1,2): the annotator indicates that the Hebrew version gives parvuli, a translation which is indeed closer to the Hebrew text than the liberi adopted in the Vulgate text.89 The second note concerns the phrase Annae autem partem unam tristis, indicating that the Hebrew text does not give tristis but partem unam duplicem.90 An examination of the content 86 Candiard / Chevalier-Royet 2012. 87 ΘG has around 2,000 marginal annotations. Only some are introduced with al for alii indicating a reading taken from other manuscripts: we find one in the book of Numbers (f. 36r), five in the book of Jeremiah (f. 122r, 123r, and 124r), fifteen in the book of Ezekiel (between f. 135v and 142v), a few in the Minor Prophets, and at least one such note in the book of Job (f. 155v). 88 The book of Judges offers no notes based on the Hebrew version; the books of Ruth, Jeremiah, and Ezekiel have only a few scattered notes; Genesis, Job, and Psalms are modestly glossed, while other books such as Deuteronomy and Kings contain a large number of notes. 89 The Hebrew term yeladim emphasises the age of the children rather than kinship: it is therefore better rendered as parvuli than liberi. 90 Tristis may have been introduced in the Vulgate version due to confusion over the term apayim. Gilbert Dahan thinks that apayim should perhaps be translated here as duplex rather than connect it to the expression of a feeling, thus agreeing with the annotator of ΘG.
of the notes in the books of Samuel and Kings sheds light on the intentions of the manuscript annotator. He was first of all a stickler for the literal meaning. He always translates word for word where Jerome gave free rein to the genius of the Latin language, restores singulars where Jerome translated Hebrew collective singulars as plurals, corrects the absence or presence of possessive pronouns, removes verbs where the Hebrew text uses noun phrases,91 and so on. The notes are certainly all literally correct, but they seem very clumsy from the point of view of the Latin text. In fact, we need to understand that the annotator did not seek to improve the Hieronymian translation. The flawed text presented in the note does not replace Jerome’s text but enriches it by revealing the underlying Hebrew text: it thus offers scrupulous readers who were not proficient in Hebrew direct access to the Hebraica veritas, in the manner of Origen’s Hexapla or biblical correctories produced in Paris from the thirteenth century onwards.92 In light of these observations, the annotations entered in the margins of the various Theodulfian biblical manuscripts that have survived to this day should therefore be seen as a true critical apparatus in the contemporary sense of the term. In fact, the study of the two categories of glosses present in Theodulf’s manuscripts, which resulted either from comparing Latin texts among themselves or 91 Candiard / Chevalier-Royet 2012, p. 26–28. 92 This systematic study of the marginal annotations on the books of Samuel and Kings also shows that the reference text the annotator used was a single text in a form extremely close to that of the present text, that is Codex Leningradensis (St. Petersburg, RNL, F.B.19 A) which was copied in Cairo around 1008. This assertion is based on three main arguments relating to the number, qere, and vowels: cf. Candiard / Chevalier-Royet 2012, p. 28–33. This Theodulfian Bible, produced between 801 and 818 at Saint Mesmin of Micy in Orléanais, confirms that the Masoretic text that was being developed in the East circulated far and quickly; thanks to its marginal notes, it could be the first proven witness to the circulation of the Masoretic text in the West.
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from a parallel reading of the Hebrew text, shows that they are not intended to improve the Vulgate text copied in the central part of the page and established beforehand with the greatest of care; they in fact give access to Theodulf’s workshop by recording competing Latin readings that could be of interest to the study of the biblical text and by revealing the underlying Hebrew text to a non-Hebraist reader. This enterprise, which was completely original for the Carolingian period, reveals the extent of the biblical editing work carried out by Theodulf in his scriptorium at Saint Mesmin of Micy. The research avenues opened up by these initial results are therefore numerous and promising. The work on Theodulf’s Bibles has only just begun. As regards their critical apparatus, several paths should be explored: no overall study has been carried out on the annotations present in the six Theodulfian Bibles that have been preserved. It would indeed be necessary to look at the books that were particularly commented on, the nature of the notes, and their provenance in order to try to follow the work carried out at the scriptorium of Saint Mesmin of Micy; it would also be necessary to compare the notes on the same biblical book from one manuscript to another (in this respect, the book of Psalms which can be found in most of the Theodulfian manuscripts could afford an interesting overall view). It may thus be possible to get an idea of the biblical manuscripts collected by Theodulf and to describe more precisely the stages of his philological reflections on the biblical text. This description would then have to be linked to Theodulf’s other works (poems, episcopal capitulars, treatises on baptism and the Holy Spirit; the biblical vademecum Paris, BnF, lat. 15679) in order to try to gauge how the philological work done by the Bishop of Orleans fed into his exegetical and theological reflections and, more broadly, shaped his view of the world.
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Figure 4: Text in three columns in Codex Hubertianus (ΘH), British Library, Add. 24142, f. 43v. ©British Library Board.
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Figure 5a: End of Thedulf’s Versus Quicquid ab Hebraeo, in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 2v.
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Figure 5b: Preface from the Etymologies in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 3r.
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Figure 6: General table in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 3v.
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Figure 7: Foreword and chapter table of the book of Genesis in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 4r.
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Figure 8: Beginning of the 2nd ordo in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 46v.
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Figure 9: Prologue and incipit of the book of Joshua in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 47r.
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The layout of the glossed Hebrew Bible from manuscript to print Abstract: This contribution deals with the medieval tradition of producing manuscripts of the Hebrew Bible alongside with the Aramaic paraphrase (the Targum) and/or exegetical commentaries or any other type of works related to the Hebrew text of the Bible. Such medieval manuscripts are referred to here as ‘glossed Hebrew Bibles’, and they are identified as precedents – in terms of layout and organization of contents – for Bomberg’s and Ibn Hayyim’s Biblia Rabbinica and for other editions of the mikra’ot gedolot. Differences are explored in the glossed Hebrew Bibles produced in the medieval Jewish geocultural areas of Sepharad, Ashkenaz and Italy, in order to allow to describe different traditions of selecting texts and layouts, and to determine what the role of exegetical traditions was in the selection of commentaries. The layout of the Biblia Rabbinica is then analysed in light of the earlier manuscript tradition, revealing both continuities as well as some innovations. Résumé: Cette contribution traite de la tradition médiévale de production de manuscrits de la Bible hébraïque contenant la paraphrase araméenne (le Targum) et/ou des commentaires exégétiques ou tout autre type d’ouvrages liés au texte hébreu de la Bible. Ces manuscrits médiévaux sont appelés ici « glossed Hebrew Bibles », et ils sont identifiés comme des précédents – en termes de mise en page et d’organisation du contenu – pour la Biblia Rabbinica de Bomberg et d’Ibn Hayyim et pour d’autres éditions des mikra’ot gedolot. Les différences sont explorées dans les bibles hébraïques glosées produites dans les zones géoculturelles juives médiévales de Sepharad, d’Ashkenaz et d’Italie, afin de pouvoir décrire différentes traditions de mises en page et de sélection de textes, et de déterminer quel était le rôle des traditions exégétiques dans la sélection de commentaires. La mise en page de la Biblia Rabbinica est ensuite analysée à la lumière de la tradition manuscrite antérieure, révélant à la fois des continuités et quelques innovations.
Note: This research has been possible thanks to the collaborative research project entitled “Legado de Sefarad. La producción material e intelectual del judaísmo sefardí bajomedieval, 3ª parte”, based at Universidad Complutense de Madrid and funded by the Plan Nacional de I+D+i (PID2019-104219GB-I00). I am deeply grateful to the editors of this volume and to Jordan S. Penkower for their valuable and helpful comments and suggestions on an earlier version of this chapter, and for bringing many of the works referenced here to my attention. https://doi.org/10.1515/9783111019963-008
1 Introduction The publication in Venice, in 1525, of the second edition of the Biblia Rabbinica – the Hebrew Bible with Targum (the Aramaic paraphrase), and multiple exegetical commentaries, edited by Jacob ben Hayyim ibn Adoniyyah (Figure 1) – was to become a cornerstone in the development and canonization of the traditional Jewish Bible with Targum and commentaries, known as Mikra’ot gedolot.1 The printer, Daniel Bomberg, was active in Venice from 1516 to 1549, during which time he published over 200 titles.2 He was a hegemonic figure in the Hebrew book market in Italy in the first half of the sixteenth century, and as such he was instrumental in the mass industrialization of the Hebrew printed book. He created one of the first great publishing houses employing a large number of people, both Jews and non-Jews, including compositors, pressmen, editors, and proofreaders.3 His editions of both the Babylonian and Palestinian Talmud,4 as well as the Biblia Rabbinica, of which he printed three editions,5 included among other things the most authoritative commentaries in the Sephardi and Ashkenazi traditions, such as, for the Hebrew Bible, those of Rashi, Abraham ibn Ezra, and David Kimhi. They were soon in demand among Jewish communities throughout Europe, and also among Christian Hebraists, who increasingly sought out complete editions of the Bible and the Talmud.6
1 On the significance and importance of the first two editions of Bomberg’s Biblia Rabbinica, particularly concerning their Hebrew text and Masorah, see the fundamental work by Penkower 1982; more recently, Stern 2011, and Burnett 2012. 2 Schrijver 2017, p. 295. On the identification of the books printed by him, see Haberman 1978. According to Penkower 1983, Haberman’s book includes some errors concerning the first books printed by Bomberg. 3 On the innovations that resulted in the transition from Hebrew manuscript culture to Hebrew printed books, see del Barco 2021. 4 Babylonian Talmud printed in 1520–1523; Palestinian Talmud printed in 1522–1524. 5 First edition printed in 1517 and edited by Felix Pratensis (Felice da Prato); second edition printed in 1525 and edited by Jacob ben Hayyim ibn Adoniyah; third edition, basically a reprint of the second edition with minor changes, printed in 1546–1548 and edited by Cornelius Adelkind. 6 Burnett 2008, and Dunkelgrün 2017, p. 325–340. Concerning particularly the use of the Biblia Rabbinica by Christian Hebraists, see Williams 2016, Burnett 2012, p. 66 ff., and Stern 2011, p. 106–107.
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Jordan S. Penkower and others have highlighted the many innovative aspects of the Biblia Rabbinica, including, among others, the fact that the 1517 edition is the first published edition of the entire Hebrew Bible based on the collation of medieval manuscripts, and that both first and second editions contain the Targum (except for Daniel, Ezra-Nehemiah, and Chronicles) and at least one commentary for all of the biblical books.7 In this chapter, I shall attempt to discuss its possible predecessors not in terms of textual sources,8 but in terms of page layout and arrangement of texts – including the development of the page layout, script modes, and selection of commentaries – and to the context in which these predecessors, with multiple texts arranged on the same page, appeared in medieval Hebrew manuscript culture.9 Finally, I shall end by making some considerations on the relationship between these manuscript precedents and the page layout of the Biblia Rabbinica.10
2 The glossed Hebrew Bible Based on its alleged function, David Stern called “study Bible” the Bibles with Targum and two or more commentaries on the same page,11 as this type of Bible is “distinguished by the visual prominence of [this] function,” and “appear[s] to have been composed intentionally for the purpose of Bible study”.12 However, David Stern himself acknowledges that this function (Bible study) can be applied to almost all manuscripts of the Hebrew Bible.13 Not included by David Stern in this category is the Bible with Targum and Rashi’s commentary only on the same page which he ascribes to the category of the “Liturgical Pentateuch,”14 and whose only difference with the “study 7 Penkower 1982, p. I–II and 4–5, Burnett 2012, p. 65. 8 Textual sources have been thoroughly analyzed by Penkower 1982, chap. 4, §3, “The types of MSS which served as the basis for BR 1517 and BR 1525,” p. xxviii–xlvii and 158–190. 9 For immediate printed precedents, see Stern 2017, p. 137–142. 10 This research is part of a broader project on form and function of the late medieval Hebrew Bible in Western Europe, which is the subject of a book I am currently writing, one chapter of which deals with form and function of Bibles with multiple accompanying texts. 11 Stern 2012, p. 302–311, Stern 2017, p. 117–126. 12 Stern 2017, p. 90. 13 Stern 2017, p. 90, where the author reminds “What Bibles have Jews not used for study?”. 14 A type of Bible which includes the Pentateuch, Megillot (the five scrolls: Ruth, Song of Songs, Lamentations, Esther, and Ecclesiastes or Qohelet), and haftarot (the prophetic readings for liturgy), and sometimes Job; see the chapter by Attia in this volume, Stern 2012, p. 290–301, and Stern 2017, p. 89–90. The Pentateuch in a “Liturgical
Bible” would be the absence of a second commentary on the same page. The production of Bibles with Targum and Rashi on the same page in Ashkenaz, in particular, might come as a result of two relevant practices in effect there – one, the old tradition of the liturgical public reading in the synagogue of the Aramaic translation after each Hebrew verse on Shabbats; and two, the reviewing of the weekly portion following the instruction “twice Mikra’ and once Targum.” In this second practice, the reading of the Targum started to be frequently accompanied with or even substituted by Rashi’s commentary – hence its presence in Bibles together with the Targum – as in many cases Aramaic was no longer understood.15 However, considering formal aspects of page layout, I prefer to include both types, David Stern’s “study Bible,” and Bibles with Targum and Rashi under the label of glossed Hebrew Bible, echoing the form of Latin manuscripts produced in Western Europe containing the text of the Bible together with different commentaries, including the Glossa Ordinaria and further additions of texts commenting on the Bible. Therefore, I would define the glossed Hebrew Bible as a Bible which includes the Targum, and/or one or more commentaries on the same page, regardless of its function in the liturgy or for study, or both. In studying the organization of the different texts to be copied within a manuscript of the glossed Bible, three elements need to be analyzed with care – page layout, text layout, and script. Page layout (French mise en page), and text layout (French mise en texte) have been recently defined as follows:16 Mise en page : à la fois le résultat matériel du travail de réglure que nous appelons “tracé” (le “dessin” de [Jacques-Hubert] Sautel 1999 et le “ruling pattern” de [J. Peter] Gumbert), et la manière dont le contenu s’y insère.
Pentateuch” quite often includes Targum and Rashi’s commentary on the same page, particularly in Ashkenaz. However, there are a few cases of Ashkenazi Bibles of the standard type (with the twenty-four books – Pentateuch, Prophets, and Hagiographa or Writings – or a part of them) which also include the Pentateuch with Targum and Rashi on the same page. See Attia 2022, in this volume, p. 61–81. 15 This practice was sanctioned by Moses of Coucy in his Sefer miṣvot gadol (Semag): “I argued before my masters that the commentary [by Rashi] is more effectual than the Targum, and my masters agreed with me,” cited in Lawee 2019, p. 36. See also Peretz 2008a, Kanarfogel 1992, p. 81–82, Kanarfogel 2013, p. 117, Penkower 2006. 16 Andrist / Canart / Maniaci 2013, p. 58. An enlarged and updated English version of this work is being prepared by the authors, who are also revising the definition of the concept mise en texte.
The layout of the glossed Hebrew Bible from manuscript to print
Both the material result of the ruling execution which we call ‘tracé’ (the “dessin” by [Jacques-Hubert] Sautel 1999 and the “ruling pattern” by [J. Peter] Gumbert), and the way in which the contents fit in. Mise en texte : l’ensemble des stratégies que le copiste (éventuellement en collaboration avec d’autres artisans) met en œuvre pour distribuer un contenu sur l’ensemble des pages destinées à l’accueillir, de façon à le rendre correctement (et aisément) accessible à ses lecteurs. The set of strategies that the copyist (possibly in collaboration with other craftsmen) implements to distribute a text on all the pages intended to accommodate it, so as to render it correctly (and easily) accessible to its readers. Thus, the page layout concerns the way in which the texts are arranged on the page establishing textual hierarchies, that is, whether there is a uniform text block or not, and if not, which texts occupy the main space (the center) and which are relegated to secondary spaces such as the margins. The script must also be taken into account as a significant element of the organization of the contents. Both the script mode (Hebrew square, semicursive, cursive) and the letter size function as complementary elements in establishing textual hierarchies.17 The text layout concerns everything that determines the way one or more texts are distributed in a manuscript. This includes, in the case of Hebrew Bibles, the order of the books, whether the text is copied linearly or in segments, whether there are parallel texts, and whether halakhic regulations affecting the way the text is copied and distributed need to be observed. These regulations affect, for example, the layout of the poetic sections of the Pentateuch,18 and the poetic books (Job, Proverbs, Psalms).
3 Changes in page layout As has been pointed out by Colette Sirat and others,19 the idea of designing a page with a main text in the center and 17 On the selection and functions of Hebrew script modes, see Beit-Arié 2003, chap. 5, p. 67–81. 18 On the layout of the poetic sections in the Pentateuch, see the general works by Peretz 2008b, Kolodni 2008, and Dukan 2006. On particular aspects, see also (the following references are just a selection of a broader bibliography): Penkower 1992, p. 32–50, Penkower 2014a, Peretz 2012, Peretz 2013, and Del Barco 2019. 19 Sirat 1990, Stern 2011.
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several secondary texts in the margins was not new in the sixteenth century and, broadly speaking, continued the manuscript tradition of the Hebrew Bible and the Talmud that had been in vogue since the end of the thirteenth century, first in Ashkenaz and later also in Italy and the Iberian Peninsula. As a matter of fact, the copy of accompanying secondary texts in Hebrew Bibles has been a part of the Jewish tradition beginning with the early Masoretic codices that were produced between the ninth and eleventh centuries. The first accompanying secondary text to be copied in the margins of Hebrew biblical codices was the Masorah20 – the paratext in micrography usually arranged surrounding the biblical text – which is copied in the upper and lower margins of these manuscripts, and in the spaces between the columns.21 The tradition of copying marginal Masorah in manuscripts of the Hebrew Bible was to endure up to the sixteenth century and gave rise to one of the most typical page layout of Hebrew biblical manuscripts used throughout the Middle Ages (Figure 2). Hebrew Bibles with a different accompanying secondary text other than the Masorah were also produced both in the Eastern Mediterranean and in Western Europe. In the West, we have Biblical manuscripts including the Targum at least from the end of the twelfth century, most of them from Ashkenaz,22 whereas in the East an Arabic paraphrase was copied, usually Saadyah Gaon’s (Saadyah ben Yosef al-Fayyumi, tenth century), sometimes in addition to the Targum. However, in both the East and the West, the paraphrase was inserted following each verse of the biblical text in a script that was identical in size and mode to the biblical Hebrew. Therefore, in these glossed Bibles it is impossible to distinguish visually what is the primary Hebrew text and what is the paraphrase, and in 20 Yeivin 1980, §63, p. 34, defined the Masorah as “the collected body of instructions used to preserve the traditional layout and text of the Bible unchanged.” The literature on the Masorah and its study is vast, and therefore I refer to the bibliography given in the article “Masorah,” in Dotan 2007. As general manuals, see Kelley / Mynatt / Crawford 1998, and Martín Contreras / Seijas de los Ríos-Zarzosa 2010. 21 Supplementary Masoretic material in Hebrew Bibles – different lists, appendixes, etc. – may be arranged with a different layout, particularly at the beginning of the codex (before the book of Genesis starts), and at the end of any of the three parts of a standard Masoretic Hebrew Bible, namely the Torah (Pentateuch), the Prophets, and the Hagiographa (Writings). 22 Sephardi Hebrew Bibles with Targum verse by verse are very rare; one exception is Paris, BnF, Hébreu 73 (thirteenth or fourteenth century), a glossed Bible with the Pentateuch, haftarot and Megillot, in which the Pentateuch includes the Targum verse by verse and Rashi’s commentary in the upper and lower margins.
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fact, the page layout of these Bibles is identical to the Biblical codices with the Hebrew text only. However, in the second half of the thirteenth century more-significant changes in the page layout of Hebrew Bibles appeared in Western Europe. It was at this point when Hebrew biblical manuscripts began to show features related to the adoption of a new page layout, suggesting that Jewish scribes were also adopting new codicological practices already in use in Latin-manuscript production.23 Concerning the latter, profound changes in reading and studying practices that begun in the twelfth century in the Latin West – the result of the emergence of cathedral schools and universities24 – had a huge impact on the way the page was arranged in manuscripts susceptible to commentary, particularly those containing juridical texts and the Latin Bible. Consequently, in the twelfth and thirteenth centuries, a large number of Latin Bibles were produced with the Glossa Ordinaria and other commentaries, such as the Magna Glossatura (Peter Lombard’s collection of commentaries on the Psalms and the Epistles), especially in the north of France. The page layout of these manuscripts, which has been studied in detail by Lesley Smith and others,25 made it easier to read and study the text of the Bible alongside its commentaries. This layout places the main text, the Vulgate (sometimes accompanied by interlinear glosses), in one column in the center of the page, and the Glossa Ordinaria and other commentaries in the side columns (Figure 3). As for juridical manuscripts, in addition to the manuscripts of the Corpus Iuris Civilis, the new edition of Gratian’s Decretales sponsored by Pope Gregory IX (1145‒1241) and the later edition of the Liber Sextum by Pope Boniface VIII (1230‒1303) resulted in a great number of these works being produced during the thirteenth and fourteenth centuries. The manuscripts of this kind of juridical literature are characterized by a two-column page layout in the center of the page, surrounded in all margins by secondary texts – the commentaries.26 The necessity of arranging different texts on the page to permit a modular reading,27 and to arrange them 23 Beit-Arié 1993a, p. 88–99. 24 Smalley 1984, p. 46–82, De Hamel 2001, p. 92–113. 25 Smith 2009, p. 91–139, describes two main subtypes of page layout for the Glossa Ordinaria, in addition to a special subtype, “intercisum format,” for manuscripts with Peter Lombard’s Magna glossatura. See also De Hamel 1984, and Gumbert 1999. Other ongoing projects are currently dealing with the texts and layout of Latin Bibles with gloss, see for example Sacra Pagina (blog, directed by Martin Morard), http://big.hypotheses.org/ (accessed on 5 April 2022). 26 This layout is best known in Latin manuscripts as “a cornice” or “a corona”; see Devoti 1999 [2022]. 27 Or “choreography of reading,” in Michael Camille’s words; see Camille 1985, p. 138, cited in Beit-Arié 1993a, p. 95.
differently in every page – depending on the amount of text to be accommodated – seems to have led, according to Malachi Beit-Arié, to a critical technical change in ruling manuscripts starting in France and Germany. The same author suggests that from the twelfth century, relief ruling with hard point permitting four equally ruled pages at once was gradually replaced by coloured ruling with plummet of each page separately.28 This new technique, though time-consuming, was far more flexible than relief ruling and apparently responded to the needs demanded by the production of manuscripts containing different, modular texts to be arranged in one page. Nevertheless, the specific codicological techniques that were needed to create glossed page formats had developed decades earlier in the Latin manuscript culture than in Hebrew manuscripts. It is not clear, though, what, if any, link exists between the page layout of Latin manuscripts and Hebrew ones. And if there is a link, we do not know if the glossed page layout was adopted first in Talmud or Hebrew Bible manuscripts.29 Nonetheless, it is highly likely that there was contact, since the procedures for preparing the page in Hebrew manuscripts were similar to those of the majority culture, in this case the manuscript culture of the Latin West.30 There was probably not just one but several kinds of connections. For instance, both Joseph Shatzmiller and Efraim Kanarfogel have pointed out the importance of pawnbrokers’ offices in particular as places of cultural exchange where Jewish scribes could actually see Latin books and other Christian objects.31 Therefore, when faced with the need to produce manuscripts with commentary in order to accommodate several texts in a parallel fashion in the same page, Jewish scribes had only to put into practice techniques that were already in use in the larger culture since the twelfth century. However, once the technique was known to Jewish scribes, it was also used to produce manuscripts with complex page layouts, even if the texts themselves are not directly related and do not require a parallel reading, as is the case, for example, of Bibles containing the Pentateuch in the center, and the five Megillot in the margins.32 28 Beit-Arié 2003, chap. 1, p. 24–25. 29 Sirat 1990, p. 187. 30 Beit-Arié 1993b, Sirat 1999. 31 Shatzmiller 2013, p. 5–58. Interesting enough is the fact that some scribes and teachers also could have been pawnbrokers themselves; according to Kanarfogel 1992, p. 24, “At least one industrious melammed used the home in which he lived and taught as the base for a pawnbroking business. Undoubtedly, there were other melammedim who were able to earn additional income, perhaps as scribes.” 32 This means that texts copied on the same page do not always have a clear correspondence between them, as one is not a commen-
The layout of the glossed Hebrew Bible from manuscript to print
4 The medieval tradition A manuscript containing the Babylonian Talmud with Rashi’s commentary and the tosafot (Arras, Médiathèque d’Arras, 889; Figure 4), from the second half of the thirteenth century, is one of the oldest Talmud manuscripts with a three-column page layout with the main text in the center column, a layout which is very similar to the basic arrangement of manuscripts of the Bible with Glossa Ordinaria. In the same way, a Hebrew Bible produced in France in 1291 (Firenze, Biblioteca Medicea-Laurenziana, Plut. III, 3), one of the oldest dated manuscripts of the glossed Hebrew Bible – a Pentateuch with Targum and Rashi’s commentary, Megillot, and haftarot, – has the same three-column page layout, with the biblical Hebrew text in the middle, the Targum in the inner column, and Rashi’s commentary in the outer one.33 This form of the glossed Hebrew Bible with Targum and Rashi on the same page became popular during the fourteenth and fifteenth centuries particularly in Ashkenaz (Northern France, Germany and central Europe), which is why I called it elsewhere the “Ashkenazi glossed Bible,”34 and eventually spread to Italy and the Iberian Peninsula, where it came into contact with other formats and exegetical traditions.35 Indeed, the three-column page layout could be seen as the ideal format of the Ashkenazi glossed Bible, as it conveniently addressed the need for a parallel presentation of three texts in the Pentateuch – the Hebrew text in the middle
tary or gloss of the other, but another, supplementary text; see Beit-Arié 1993a, p. 86. 33 The width of each column (and that of the margins) varies from one manuscript to another, even if the center column (with the Hebrew text) is usually larger than the other two. The length of the side columns (with the Targum and Rashi) depends on how much text has to be copied, referring to the Hebrew text in the middle, so the side columns can be shorter or larger than the center column. If they need to be larger, upper and lower margins can also be used to cope with the extra amount of text. 34 Del Barco 2016. 35 The two-column page layout in the center of the page, surrounded in all margins by secondary texts, was also used in some manuscripts of the Hebrew Bible, when there was just one commentary accompanying the Hebrew text, as in, for example, Paris, BnF, Hébreu 107, a glossed Hebrew Bible (Hagiographa) copied in 1338, probably in Italy, in which the Psalms are arranged in two columns in the center of the page, while David Kimhi’s commentary is copied surrounding the Hebrew text.
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column, the Targum in the inner column,36 and Rashi in the outer column.37 By the end of the thirteenth century, Rashi’s dissemination throughout Europe and the Mediterranean basin, including the Iberian Peninsula,38 and the mass migration of Ashkenazi and Sephardi Jews to Italy resulted in close contact between different codicological, paleographic, textual, and exegetical traditions. This meant that manuscripts of the glossed Hebrew Bible were produced both in the Iberian Peninsula and in Italy in which the Hebrew text was accompanied by a larger number of commentaries and secondary texts.39 As a result, a page layout was adopted in these Bibles to accommodate multiple texts arranged in a parallel fashion. A paradigmatic example of this is a glossed Hebrew Bible (Hagiographa) copied in 1327 in Frascati near Rome (Roma, Biblioteca Angelica, Or. 72; Figure 5). It contains a great variety of exegetical texts representing Ashkenazi, Sephardi, Provençal and Italian traditions altogether, including David Kimhi on Psalms, Abraham ibn Ezra on all the Hagiographa except Chronicles, Moses Kimhi on Job and Proverbs, Nahmanides on Job, Rashi on Proverbs and the Megillot, and Benjamin ben Judah of Rome on Proverbs, Ezra-Nehemiah, and Chronicles. Another example is a manuscript of the glossed Hebrew Bible (Hagiographa) copied in the Iberian Peninsula in 1466 (San Lorenzo de El Escorial, Real Biblioteca, G.I.5; Figure 6). It includes, besides the Hebrew text and the Targum, the commentaries of David Kimhi and Solomon ha-Meiri on Psalms, Levi ben Gershon on the Megillot (except Lamentations) and on Ezra-Nehemiah, Abraham ibn Ezra on Ruth, and Rashi on Lamentations, Daniel, and Ezra-Nehemiah.40 The fact that Rashi is present in this as well as in other fifteenth-century Sephardi manuscripts 36 On the layout of the Targum in Bibles, see Attia 2014. As has been previously mentioned, prior to the appearance of the glossed format in the thirteenth century in Ashkenaz including Rashi’s commentary, Ashkenazi Bibles that included the Targum usually presented the latter verse by verse following the Hebrew text in the same text block and using the same letter size and script mode as the Hebrew. And even after the appearance of the glossed format in the thirteenth century, many Bibles continued to present the text of the Targum in the old way, after the Hebrew text verse by verse. 37 On Ashkenazi Hebrew Bibles including Rashi’s commentary, and their typologies, see Peretz 2008b, p. 59–61. 38 According to Lawee 2019, p. 48, “Nahmanides made them [Rashi and Ibn Ezra] pivots of future [Sephardi] exegesis”; see also p. 51–52, where the author states that Asher ben Yehiel’s arrival in Toledo may have also played a role in Rashi’s commentary centrality in fourteenth-century Sephardi exegesis. 39 Stern’s “study Bible”, mentioned above. 40 On the authorship of the commentary on Ezra-Nehemiah traditionally attributed to Rashi, see, for example, Viezel 2010.
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speaks of a Sephardi tradition in which his commentary is already well established as part of the canon of Sephardi biblical exegesis.41
5 The layout of the Second Biblia Rabbinica It is undeniable that Daniel Bomberg’s second edition of the Biblia Rabbinica presents the same basic idea we have just seen in the Italian and Sephardi multi-text Bibles – putting the main text together on the same page with its commentary, gloss or paraphrase, so that they can be read side by side. Daniel Bomberg and Jacob ben Hayyim were undoubtedly aware of the manuscript tradition of glossed Bibles with a page layout designed to accommodate multiple parallel texts, and they were almost certainly inspired by it for their printed edition of the Bible. There is also no doubt that they were also familiar with the brief tradition of the printed Hebrew Bible, in which there had already been some attempts to imitate the page layout of the Ashkenazi glossed Bible. In both the manuscript and print traditions before Daniel Bomberg, the arrangement into separate blocks of texts and their placement establishes a hierarchy that reflects their relative importance. In the model of the Ashkenazi glossed Bible in which the Targum and the Hebrew text are copied in the same text block (the Targum follows the latter verse by verse in the same center block), both texts are given equal status in the hierarchy of the page by virtue of occupying its center together and of using the same script mode and size, while Rashi’s commentary, which is copied into the margins, becomes secondary. However, in the model of the Ashkenazi glossed Bible with the Targum set in its own column, the Hebrew text and the Targum are given different hierarchies. This model provides a three-column page layout with the Hebrew text in the wider, center column, the Targum in the inner column, and Rashi in the outer one, each using different text modes and/or size. In this arrangement, the center column with the Hebrew text is first in hierarchy, the inner column (the Targum) second, and the outer column (Rashi) is third.
41 Lawee 2019, p. 62, claims that “As the last Jew left Spain, ‘Rashi the Frenchman’ had come to be seen – in Spain, of all places – as ‘Parshandata,’ the Bible commentator par excellence.” This is also reflected in an increasing interest in Rashi’s exegesis in fifteenth-century Castile by certain Christian clerical circles; see Gutwirth 2008.
In Daniel Bomberg’s second edition of the Biblia Rabbinica, the center text block – containing two separate columns for the Hebrew text and the Targum, and the Masorah – overshadows the margins, where the commentaries are placed. Not only does the Targum stand out as a distinctive element in that it occupies its own space and uses a script size that is slightly smaller than the Hebrew text, but it also acquires greater importance than Rashi’s commentary, which is placed in the margins alongside Abraham ibn Ezra’s. However, unlike its placement in the three-column page layout of the Ashkenazi glossed-Bible type, in Daniel Bomberg’s Biblia Rabbinica the Aramaic column is not in the inner column of the page, but rather is located in the outer column of the center block – that is, to the left of the Hebrew text on the recto and to the right of it on the verso. A similar arrangement is found in the edition of the Ashkenazi glossed Bible printed by Abraham ben Hayyim dei Tintori in Bologna in 1482,42 where there is a two-column page layout in the center of the page, with the Hebrew text in the inner column and the Targum in the outer column (first and second in text hierarchy, respectively), while Rashi’s commentary is placed in the upper and lower margins (third in text hierarchy). As can be deduced, the reason for the different placement of the Targum (inner or outer column) depends on the page layout and text hierarchy. When Rashi’s commentary is present and arranged in a three-column page layout together with the Hebrew text and the Aramaic paraphrase, the Targum is placed in the inner column, which is second in hierarchy after the center column, while Rashi’s text is arranged in the outer column. Yet, when the center of the page is arranged in two columns, as in Daniel Bomberg’s Biblia Rabbinica or the aforementioned edition printed by Abraham ben Hayyim dei Tintori, the Hebrew text is placed in the inner column (first in hierarchy) and the Targum in the outer column (second in hierarchy). A final consideration on the placement and hierarchy of the Masorah in the page layout of the second edition of the Biblia Rabbinica. As Jordan S. Penkower has rightly 42 See Offenberg / Moed-Van Walraven 1990, p. 13, and Iakerson 2004, p. 19. This edition is quite unique in the fact that the Targum is not printed in square, vocalized characters of smaller size than the Hebrew text, as is customary in the manuscript tradition and which is also seen in Bomberg’s printed edition. Instead, it has unvocalized, semicursive characters of the same size as the text of Rashi’s commentary. This means that in terms of script mode and size, the Targum and Rashi’s commentary are treated equally. The typographical treatment of the Targum in this edition did not prevail in the subsequent printing tradition, however. Both Bomberg and latter editions used square, vocalized characters of smaller size than the Hebrew text.
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pointed out, one of the main reasons that led Jacob ben Hayyim to work on a new edition of the Biblia Rabbinica, was his desire to edit the Masorah from manuscripts.43 In the same vein, David Stern, following Jordan S. Penkower, insists that it was Jacob ben Hayyim’s idea as editor, rather than Daniel Bomberg’s, to include the Masorah,44 thus reflecting his desire to highlight its critical role in the transmission of the biblical text, which is why the Masorah is given such an important place in the page design.45 In the second edition of the Biblia Rabbinica, the “Masorah magna” (containing longer notes and lists of cases) is located in the upper and lower sections of the center text block that contains the Hebrew text and the Targum, and the “Masorah parva” (containing selected, abbreviated notes concerning spelling and number of occurrences) is placed between the two columns (Figure 1). In other words, the “Masorah Magna” is not relegated to the upper and lower margins of the page, as was customary in medieval manuscripts of the Hebrew Bible with Masorah, but rather it is presented within the center text block, surrounded by the commentaries accompanying the text of the Bible, which are arranged around this center block in the page margins. Thus, the textual hierarchy reflected in this page layout conveys the idea that the Masorah has a closer connection to the Hebrew text than do any of the commentaries. It is true that elements in the page layout structure used in the second edition of the Biblia Rabbinica – including the selection of texts, the format of multiple parallel texts, separate columns for the Hebrew and the Targum, the presence of the Masorah – can be found in the earlier manuscript tradition, and some of them can be found in the incunable tradition as well. Daniel Bomberg, Jacob ben Hayyim, and their collaborators surely knew of them and used them to create a product that would meet the needs of their readers. Even so, it was the way that all these features were combined and the effect the resulting layout had that were truly innovative and that made this page layout so successful that it would be used almost without exception in most later editions of glossed Hebrew Bibles and Mikra’ot gedolot up to the present day.
43 Penkower 1982, p. IV–VI and 6–14. 44 Stern 2011, p. 92. 45 Other sixteenth-century authors were also giving the Masorah particular attention, such as Elijah Levita (Elijah ben Asher Bahur, 1469–1549), and later Menahem ben Judah de Lonzano (1550-ca. 1624). See Penkower 1982, p. XII and 40–50. On Menahem de Lonzano’s work and significance, see Penkower 2014b.
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Figure 1: Rabbinic Bible (Venice: Daniel Bomberg, 1524–1525). Dublin, Marsh’s Library, B3.1.10, f. 14 I ()יד א. ©Marsh’s Library, Dublin. The Governors and Guardians of Marsh’s Library.
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Figure 2: Hebrew Bible, Aragon-Catalonia, 1357. Paris, BnF, Hébreu 30, f. 35v, end of Exodus 15 and beginning of Exodus 16, with Masorah gedolah (magna) and qetanah (parva).
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Figure 3: Latin Bible with Glossa Ordinaria, France, 1300–1325. Marseille, Bibliothèques de Marseille, Fonds rares et précieux 9, f. 43r. Reproduced by permission of Bibliothèques de Marseille.
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Figure 4: Babylonian Talmud, Northern France, 1250–1300. Arras, Médiathèque d’Arras, 889, f. 23r. Reproduced by permission of Médiathèque d’Arras.
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Figure 5: Hebrew Bible, Frascati 1327. Roma, Biblioteca Angelica, Or. 72, f. 141r. Reproduced by permission of Biblioteca Angelica.
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Figure 6: Hebrew Bible, Iberian Peninsula, 1466. San Lorenzo de El Escorial, Real Biblioteca, G.I.5, f. 21r. Courtesy of Patrimonio Nacional, Ministerio de la Presidencia, Gobierno de España.
Section 4: Rouleaux bibliques médiévaux / Medieval biblical scrolls
Ben Outhwaite
Fragments of the earliest complete Torah scroll in the Cairo Genizah? Abstract: This essay looks at the form of the early Torah scroll as found in the Cairo Genizah Collection by re-examining the scroll originally described by Colette Sirat, Michèle Dukan and Ada Yardeni in the late 1980s as potentially the earliest to be found there. This scroll, composed of two fragments from the book of Genesis, T-S NS 3.21 and T-S NS 4.3 from Cambridge University Library, has been dated between the fifth and eighth centuries CE. Whether it had originally only held Genesis, or once had been a complete scroll of the Pentateuch, was unclear, but interest was generated by a number of what were assumed to be early and non-standard features in it, in particular a non-masoretic section division before Gen 17,1. The current essay presents a substantial new piece from the same scroll, this time from the book of Exodus, which was recently discovered in the library of the Jewish Theological Seminary, New York (ENA 4107.20). The essay looks at the new text, which covers chapters 5 to 7 of Exodus and includes several textual variants. In particular, it re-examines the question of the non-masoretic section division in the light of numerous section divisions preserved in the new fragment, and concludes that this early scroll is in fact wholly consistent with later masoretic practice. Résumé: Cet article réexamine un ancien rouleau de Torah conservé dans la collection de la Genizah du Caire et décrit par Colette Sirat, Michèle Dukan et Ada Yardeni à la fin des années 80 comme étant potentiellement le plus ancien de la collection. Ce rouleau, composé de deux fragments du livre de la Genèse, T-S NS 3.21 and T-S NS 4.3 de la Bibliothèque Universitaire de Cambridge, a été daté entre les ve et viiie siècle. À l’époque, on ne savait pas si, à l’origine, il avait contenu seulement le livre de la Genèse ou si c’était un rouleau complet du Pentateuque, mais certaines de ses caractéristiques, considérées comme anciennes et non-standard, ont suscité un vif intérêt, en particulier la division de section, non massorétique, avant Gen 17,1. Cet article présente un nouveau fragment substantiel du même rouleau, tiré cette fois-ci du livre de l’Exode, récemment découvert à la bibliothèque du Jewish Theological Seminary de New York (ENA 4107.20). Il examine le nouveau texte, qui comprend les chapitres 5 à 7 de l’Exode and contient plusieurs variantes textuelles. En particulier, il propose un nouvel examen de la question de la division de section non massorétique à la lumière des nombreuses divisions de section préservées dans le nouveau fragment, https://doi.org/10.1515/9783111019963-009
et conclut que ce rouleau ancien est tout à fait cohérent avec la pratique massorétique postérieure. For some decades two pairs of Torah scroll fragments – pieces from liturgical scrolls of the Pentateuch – have attracted the attention of Hebrew palaeographers keen to close the gap between the last manuscripts to be produced among the Dead Sea Scrolls and the earliest manuscripts to emerge from the Middle Ages.1 In 1959, Solomon A. Birnbaum published A Sheet of an Eighth Century Synagogue Scroll, in which he drew attention to a substantial fragment of Exodus held by Jews’ College, London, and dated it to around 700 CE on palaeographic grounds.2 More than fifty years later Mordechay Mishor and Edna Engel reunited this manuscript, London Jews’ College 31 (now under new ownership), with a further large fragment originally from the same scroll kept at the Duke University Libraries, Ashkar-Gilson No. 2, which includes the Song of the Sea (Ex 15, 1–18).3 Carbon dating of the new fragment, carried out by Duke University, where it is preserved, effectively confirmed Birnbaum’s opinion that this first pair of scroll fragments (called here further “London-AG”) was produced in the seventh to eighth centuries CE. The second pair of scroll fragments is the focus of this article. They only came to light in the late 1980s when the codicologists Colette Sirat and Michèle Dukan, working with Ada Yardeni, identified and described pieces of what they defined as the oldest Genesis scroll in the Cairo Genizah in 1989.4 Composed of two classmarks, T-S NS 3.21 and T-S NS 4.3 (Figure 1), from Cambridge University Library’s New Series of the Taylor-Schechter Collection, it stands out among the other scrolls of the Cairo Genizah for its pale, polished sheep-
1 I would like to thank Prof. Graham Davies (Cambridge), Prof. Gary Rendsburg (Rutgers), Dr Drew Longacre (Groningen) and Dr Kim Phillips (Cambridge) for their invaluable comments on an earlier draft of this article, as well as the kind assistance of Dr David Kraemer (JTS, New York), Dr Roni Shweka (Haifa) and Prof. Nachum Dershowitz (Tel Aviv) in answering my questions and requests. 2 Birnbaum 1959. 3 Engel / Mishor 2015. As the current article was being written, a further thirteen Genizah fragments belonging to the Ashkar-Gilson-London scroll have been identified. For a listing of the recent discoveries, see Veintrob 2019, p. 1–2. 4 Yardeni 1989; Sirat 1991; Sirat 1992a, p. 2; Sirat 1992b, p. 3; Sirat / Dukan / Yaderni 1994. See also Outhwaite 2006, p. 247–249.
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Figure 1: Cambridge University Library, T-S NS 3.21 (left) and T-S NS 4.3 (right).5 With the permission of the Syndics of Cambridge University Library.
skin parchment and antique script.6 In Colette Sirat’s view it is from the Byzantine period and might have been written as early as the fifth or sixth centuries CE, a rare survival in the Genizah of a pre-Islamic manuscript.7 In separate publications, Ada Yardeni has argued for a slightly later date. Basing herself on a number of different palaeographic features, she preferred the seventh century8 or the seventh–eighth centuries.9 Without the input of a harder science than palaeography or codicology, and allowing for the fact that palaeographers tend to disagree with one another, probably the most sensible option for now is to plump for the median and suggest the 5 Images available at http://cudl.lib.cam.ac.uk/ (accessed on 5 April 2022). 6 The parchment is sheepskin. Its collagen was tested as part of the Beasts and Books project of the BioArCh (Biology, Archaeology and Chemistry) team in the Department of Archaeology at the University of York, using a non-invasive peptide fingerprinting technique. Of the thirty-one Genizah fragments tested, which included T-S NS 3.21, only one, from the Lewis-Gibson Collection, returned a result other than “sheep”; for a general overview, see Nichols 2015, p. 2. 7 Sirat 1992a, p. 2. 8 Yardeni 1989, p. 176. 9 Yardeni 1997, p. 80, p. 209–212.
sixth–seventh centuries, the Late Byzantine to Early Islamic periods, as the most likely time of origin for the scroll. The place of manufacture of the scroll is not known, but Colette Sirat, Michèle Dukan and Ada Yardeni note that script bears a relation to that used in Byzantine-era papyrus fragments from Egypt,10 and this would allow for its origin to be in Syria-Palestine too. Genizah documents from the time of the First Crusade report the ransoming back from the invading Crusaders of pillaged texts, one mechanism whereby valuable scrolls from the synagogues of Palestine might have found themselves transported to Egypt. Cambridge University Library T-S 20.113, for example, is a Judaeo-Arabic letter reporting that the community of Ashqelon purchased numerous codices and “eight Torah scrolls” ( )ותמניה ספרי תורותfrom the Franks,11 taken during their conquest of the Holy Land and the seizure of Jerusalem in 1099. This scroll could have been among them, yet it may also have been written in Egypt. Even before the arrival of books from the Crusader con10 Sirat / Dukan / Yardeni 1994, p. 861–862 n. 4. 11 Goitein 1952, p. 166, 173.
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quest of Palestine, the synagogues of Fusṭāṭ (Old Cairo or Miṣr al-Qadīma) owned numerous Torah scrolls. A list of books and other items from the Babylonian synagogue in Fusṭāṭ written in 1080 CE (T-S 20.47) includes, for instance, כמסה אספאר, “five [Torah] scrolls”.12 The Genesis scroll stands out for its lack of resemblance to many others from the Classical Genizah Period (late tenth–mid thirteenth c.), but the different Jewish congregations of Egypt had varying geo-cultural practices when it came to the mixing of inks, the preparation of parchment and the writing of religious texts. Nor does it closely resemble the London-Ashkar-Gilson scroll, which is of comparable age (if the estimations for the Genesis scroll are correct), not least because London-AG is written on gǝvil (according to some authors, unsplit parchment, made from the full thickness of the animal’s skin),13 rather than the Genesis scroll’s polished parchment.14 At this stage of our knowledge, we cannot be certain about where the Genesis scroll was produced. Ada Yardeni’s thorough 1989 study points to a number of early and interesting features, including what she believes are the earliest attestation of tagim, the ornamental crowns, i.e. little strokes added on the top of the consonnants שעטנ״ז ג״ץ, as well as an unusual type of section division, which appears to be neither “open” nor “closed” sections, according to the received halakhah.15 In her view, the scroll reflects a transitional period between the era of the Qumran biblical scrolls and the earliest examples of the standard Masoretic text, the form of the text as transmitted by Ben Asher and the other leading Tiberian masoretes, and found today in codices such as the Aleppo Codex or Codex Leningrad Evr. I B19a.16 As such, it would be an invaluable survival from a period of scarce evidence (see Figure 2).17
12 Allony / Frenkel / Ben-Shammai 2006, p. 295. 13 This is not the only interpretation: see most recently Beit-Arié 2021, p. 221–223. 14 Engel / Mishor 2015, p. 25–29. On the origins and use of the term gǝvil see Haran 1985, p. 40–43. 15 Tagim are scribal embellishments added to selected letters of the Torah scroll, which, over time, acquired greater prominence in the scribal tradition, although their existence is already mentioned in the Babylonian Talmud (Menaḥot 29a). Their form and use is principally set out in the work Sefer Tage (Sefer Tagim), the most recent edition of which is Besser 1970. On the “open” and “closed” passages in the Hebrew Bible, see Yeivin 1980, p. 19. 16 Yardeni 1989, p. 177. 17 On other early Torah scrolls see Lange 2016, p. 120–125; and Rendsburg 2018.
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Figure 2: Detail of Cambridge University Library, T-S NS 3.21, showing Ada Yardeni’s “crowns”. With the permission of the Syndics of Cambridge University Library.
Since the two surviving fragments T-S NS 3.21 and T-S NS 4.3 are both from Genesis, it has not been possible to say with confidence whether the original scroll was a single book, i.e., a Genesis scroll, or part of a whole Torah. Measuring the surviving fragments, Colette Sirat estimated that just the book of Genesis would result in a roll of parchment almost 10 metres long, whereas if it were the whole Pentateuch it would be more than 38 metres in length.18 The biblical scrolls from the Judean Desert are mostly single-book scrolls, with only a few uncertain exceptions.19 By the time of the compilation of the Babylonian Talmud (from the third to the sixth or seventh centuries), however, the liturgical use of scrolls containing only a portion of, and not a complete, Torah (known in the Talmud as ḥumašim, e.g., BT Giṭṭin 60a) is forbidden.20 The recent discoveries of additional large parts of the London-AG scroll in the Cairo Genizah collections of Cambridge and New York show that it was originally a complete Torah scroll, and not just the book of Exodus,21 had there been any doubt whatsoever. If the Gen. T-S NS 3.21 and T-S NS 4.3 fragments are roughly contemporaneous, then we need not therefore assume that they form only a single Pentateuchal book rather than a complete scroll of the Pentateuch. The discoveries at Qumran, Masada and other locations around the Dead Sea have greatly enriched our knowledge of the Bible at a major formative point in its transmission. The Cairo Genizah, on the other hand, has given us a profuse and 18 Sirat 1992a, p. 2. 19 Tov 1992, p. 203–204; Stern 2017, p. 21. 20 The Talmudic term ḥumaš should not be confused with the later medieval use of the word, which refers to what David Stern calls a “liturgical Pentateuch”, a complete Pentateuch accompanied by all the liturgical readings of the hafṭarot from the Prophets (Stern 2017, p. 89–90). The Talmudic usage of the term is specifically referring to something that is less than a complete Torah and which therefore cannot serve in its place: אין קוראין בחומשין בבית הכנסת משום כבוד צבור, “One should not read from ḥumašim in the synagogue out of respect for the congregation” (BT Giṭṭin 60a). See also Attia 2022, in this volume, p. 61–81. 21 Veintrob 2019, p. 1–2.
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varied array of Bibles from the late Tiberian Masoretic and post-Masoretic age mostly from the Middle East. The period in between, from the Byzantine to the early Islamic period, is often described as the dark ages of Hebrew manuscripts, or “the silent era”,22 with a few less-dim spots like Oxyrhynchus or Antinoopolis. Very few manuscripts of the Hebrew Bible may reliably be assigned to this in-between era, from the end of the second century. CE to the beginning of the Classical Genizah Period, ca. 969 CE, and of those, only a handful derive from scrolls containing some or all of the Pentateuch. These include the En Gedi Leviticus scroll and London-Ashkar-Gilson. En Gedi Leviticus has only been read with the aid of x-ray-based micro-computed tomography, due to its rolled and burnt state.23 It has been carbon-dated to the third–fourth centuries CE.24 It is very unlikely to have been part of a scroll of the complete Torah.25 London-AG however, contains parts of every book from the Pentateuch – thanks to the recent discoveries by Mordechai Veintrob – and was thus originally a complete Torah scroll. It has been carbon-dated to the seventh-eighth centuries. London-AG’s origins were unclear, but the recent discoveries bear out the suspicion of Paul Sanders that it must have come from the Cairo Genizah.26 Other early Torah scrolls are later than the ninth century, and include at least one more from the Cairo Genizah (preserved in many fragments) and pieces of a halfdozen different scrolls that were used as the undertext of a miscellany of medical works in Greek.27 The same period also sees the emergence of the great Masoretic codices that now grace many fine library and museum collections, or whose dismembered leaves are found in abundance in the Genizah. The Genesis scroll fragments, T-S NS 3.21 and T-S NS 4.3, come from one of the oldest manuscripts in the Cambridge Genizah Collection.28 Consequently, I have kept an eye open over the years for further unidentified pieces of it. It is so distinctive, after all, that it should be easy to spot: but I have not had much success. The introduction of new technology, however, has made the surveying of Genizah collections more straightforward, and I was recently surprised to be presented with a new fragment that was immediately recognisable as the handiwork of the same scribe, right down to the characteristic serifs that attracted Ada Yardeni’s interest. The fragment was suggested by the algorithms of the Friedberg Jewish Manuscript Society’s 22 Engel / Mishor 2015, p. 25. 23 Seales (et al.) 2016. 24 For a discussion of the complete textual and archaeological evidence for its dating, see the recent article by Longacre 2018. 25 Rendsburg 2018. 26 Sanders 2014, p. 2. 27 Sirat / Dukan / Yardeni 1994. 28 Outhwaite 2010.
Genizah portal (further called FJMS Portal)29 which has an online tool to help identify fragments that originally formed part of the same manuscript. The tool exploits the fact that most Genizah collections worldwide have now been digitised (thanks to the generosity of the Friedberg Family of Toronto, who funded much of the digitisation), and it is a particularly useful tool for Genizah research given the fragmentary and scattered state of the manuscripts. For each fragment, it simply offers suggestions of other fragments that might match it in some way. The suggestions are generated algorithmically, based on numerous measurements derived from the images that give each manuscript a unique numerical “signature”.30 While the tool does return very large numbers of false positives, there can be buried among them genuine matches, as in this case. When the Genizah collections were originally digitised for the Friedberg project, steps were taken, such as shooting on vivid blue backgrounds, to ensure their maximal usefulness to computational techniques. As Roni Shweka, who worked on the computerisation project, told me a few years ago, “the principal consumer of the digital images will not be a researcher but the computer”.31 This approach certainly bore fruit for me, when I recently ran T-S NS 3.21 through the matching process on the FJMS Portal, and was surprised to see that among the first few proposed matches was an unmistakeable – and huge – piece of the same scroll. This new scroll section is Jewish Theological Seminary ENA 4107.20 (also known as JTS L588, f. 20, see above Figure 3). It is written on the same polished parchment (not gǝvil) as the Cambridge fragments, and, like them, on the flesh side. The parchment is so fine that the writing on recto is visible from the blank verso. It measures approximately 36.4 cm high by 30.6 cm wide (the measurements have been made digitally, using the FJMS measuring tool on the Genizah Project Portal32 and preserves three columns from the book of Exodus: Ex. 5,11; 6,3 (column 1); 6,7-25 (column 2); 7,1-16 (column 3). Like T-S NS 3.21, the space between the columns differs, in this case from 2 cm (between columns. 1 and 2) to 2.3 cm (columns 2 and 3). The left-hand edge of the fragment has sewing holes, preserving the original edge of the section; the right-hand edge is damaged. The top is mostly intact, but the edge of the parchment is irregular so the height of the top margin 29 FJMS Portal at http://www.genizah.org (accessed on 5 April 2022). 30 For a detailed technical explanation of the process, see Wolf (et al.) 2011. Alternatively, a layman’s description can be read in Outhwaite 2011. 31 Outhwaite 2011. 32 Images available at http://www.genizah.org/ (accessed on 5 April 2022).
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Figure 3: New York, JTS Library, ENA 4107.20 (JTS, L588, f. 20r), the Exodus scroll fragment. Courtesy of The Jewish Theological Seminary Library.
varies greatly, from 2.1 cm to 3.2 cm. The bottom edge of the manuscript has entirely been lost along the fragment’s length. For comparison, T-S NS 3.21 has spaces between the columns of 2.4 cm, 2.5 cm, 2 cm and 2.2 cm, and a top margin of 6.5–7 cm; T-S NS 4.3 has 2 cm and 2.3 cm between the columns, and a top margin of 7 cm. While the spaces between the columns are within a similar range of values across all three fragments, the difference in the top margin is more pronounced.
The number of lines in a column in Torah scrolls varies quite greatly. The Minor Talmudic tractate Masseḵet Sofrim allows for between 42 and 98.33 Moses Maimonides rules that there should be “not less than 48 and not more than 60” (Mišne Tora Hilḵot Mezuza Tefillin ve-Sefer Tora 7, 10). The London-AG scroll has 42 lines,34 putting 33 Higger 1937, §2:11, p. 116–117. 34 Veintrob 2019, p. 2.
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it at the bottom of Masseḵet Sofrim’s range. None of T-S NS 3.21, T-S NS 4.3 or ENA 4107.20 preserves a column in its full length, but Colette Sirat calculated that there would have been 54–55 lines in the original scroll.35 ENA 4070.20 still has 46 lines in the second column, the longest preserved, and my rough reconstruction suggests that it originally possessed a similar number of lines as the Genesis scroll fragments, falling in the range 54–57. The width of the columns is quite variable across all the fragments, and varies even within a single fragment. Consequently, the number of characters per line varies considerably, but ENA 4070.20 falls within a similar range to the Genesis fragments, having mostly around 20 characters per line in the intact columns. As in T-S NS 3.21 and T-S NS 4.3, the lines and the left and right extents of the columns are ruled. Like the Genesis Scroll, the left-hand edge of the text is slightly ragged, and sometimes exceeded by the scribe. There is the same occasional dilation of letters to keep the left-hand edge straightish, e.g., ידיin line 3 of column 2, but there is a more casual approach to keeping edges than in London-Ashkar-Gilson. No space is left between verses; nor is any sign used to mark verse endings. The hand of ENA 4070.20 is identical to that of the Cambridge Genesis Scroll, and the distinctive serifs on the שעטנ״ז ג״ץconsonants also occur. There is an additional oddity, however, that does not occur in either of the Cambridge fragments. The alefs of איןEx. 5,11 and אלהEx 6,19 are different from all the other alefs in the fragment, with a right-hand foot that curves noticeably to the left (see Figure 4). This may be some kind of deliberate ornamentation of taggim-type, but not one that I have come across in any of the sources. Those two alefs are not particularly special, although אלה at Ex. 6,19 does occur in one of the more important genealogies of the Bible, that of Moses and Aaron.
of the Torah. We could posit two fragments of a scroll of Genesis and one of a scroll of Exodus, both produced by the same scribe, but I don’t think the minor differences between the ENA fragment and the T-S fragments can definitively lead us to that conclusion. The differences lie essentially only in the size of the top margin, which may have suffered damage, and there is sufficient variance in column widths and spacing even within a single fragment to suggest a lack of consistency in this aspect of the scribe’s work. It could also be that we have three pieces here of a scroll containing Genesis and Exodus only, but, without further evidence, this is can only be speculation for now. Until other pieces emerge, the most straightforward assumption is that we have pieces of a complete Torah scroll, containing the whole Pentateuch.36 Earlier scholarship noted various corrections to the readings in the Genesis scroll fragments. Two kinds of correction have been made: one by the scroll’s original scribe who erased and rewrote an error made and noticed during copying, and three by a subsequent corrector of the text, whose handwriting and ink are clearly different to that of the first scribe. At Gen 14,13 (T-S NS 3.21) there are faint ghost letters under the beginning of הפליט, the third word of the verse, which can still just be read as ויגד, suggesting that the scribe mistakenly wrote ויבא ויגד, anticipating the word after הפליט. Realising the error quickly, however, the scribe erased the erroneous word and proceeded with copying the correct text, ]ויב[ א הפליט ויגד. Other corrections were clearly made later. At Gen 5,12 (T-S NS 4.3) שבעים ויולדhas been corrected to שבעים שנה ויולד, as in the Massoretic Text (hereafter MT and as edited from the Codex Leningrad, Russian National Library, Evr. I B19a, used in the BHS edition), by the addition of שנהabove the line, in a different hand and ink. At Gen 14,9 (T-S NS 3.21) has
Figure 4: Detail of the unusual alefs at Ex 5,11 (left) and 6,19 (right), from JTS Library, ENA 4107.20. Courtesy of The Jewish Theological Seminary Library.
36 Though I am cautious enough to offer a caveat. Following an interesting workshop in Aix-en-Provence in 2016, which attempted to cross-pollinate the scholarship of medieval Bibles and the Dead Sea Scrolls, I had a correspondence with Drew Longacre, who suggested that recurring patterns of damage in scrolls (representing damage done to the scroll while it was in a rolled-up state) could allow one to estimate the original size, and thus the original extent of the content of a scroll. This was based on work he had carried out on the Dead Sea Scrolls. In an email to me, from June 2016 he stated that his measurements suggested, with some confidence, that T-S NS 3.21 had originally contained only the book of Genesis. After I told him about the new discovery, he revisited his calculations and, in an email to me from May 2018, he remains reasonably confident that the scroll was originally Genesis alone, or Genesis and Exodus together perhaps, although he does not want to rule out a complete Torah scroll, given the inherent vagaries of the technique. Drew will hopefully be publishing his analysis, as the technique could prove useful in a number of other cases.
Given the clear similarities between the three fragments, T-S NS 3.21, T-S NS 4.3 and ENA 4107.20, we should conclude that we now have three pieces of a single scroll 35 Sirat 1992a, p. 2.
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been corrected above the line in a similar fashion with the addition of a conjunctive waw, ואריוך, ‘and Arioch’ as in the standard MT. At Gen 16,13 (T-S NS 3.21) ויקראhas been similarly corrected to ותקרא, as per the MT. In the new Exodus scroll section (ENA 4107.20), there is only one obvious correction, at Ex 6,12. After דבר משה [ ]ויthe last word at the end of the line has been smudged out, where we would expect לפני. Although the beginning of the next line is in very poor condition, traces of letters suggest that it read לפני יהוה, indicating that an error must have been removed at the end of the previous line. Presumably this error was only noticed after the following lines were written, else it could have been more elegantly fixed as in the (almost invisible) correction at Gen 14,3. Given the frequency with which verses begin with וידבר in this part of the text (e.g., Ex 6,10.12.13), a copying error is not unexpected. In the original discovery of the Genesis scroll, there is an uncorrected textual variant at Gen 17,1 (T-S NS 3.21, column 2), where the scroll reads ‘and nine years’ שע שנה, [ ]ותthe singular, for the MT’s ויהי אברם בן תשעים שנה ותשע שנים. This is the only place in the MT that has ( ותשע שניםnoted in RNL Evr. I B19a’s masora parva as ל,֗ ‘unique’), since ותשע שנה (with repetition of the counted noun) is more common, e.g., Gen 17,24 ( ואברהם בן תשעים ותשע שנהand see also II Kings 14,2; 15,13.17; 18,2; II Chr 25,1; 29,1). T-S NS 3.21 is torn here, but Ada Yardeni’s hand-written reconstruction shows that it probably originally read ויהי ]אברם בן תשעים ות[שע שנה, perhaps under influence of the parallel in Gen 17,24.37 The Exodus scroll section (ENA 4107.20, column 3) also has a textual variant, at Ex 7,5 (see Figure 5): בנטתי את ידי במצריםfor the MT’s בנטתי את ידי על מצרים. A similar phrase with the preposition - בis found one verse earlier in the MT at Ex 7,4, ונתתי את ידי במצרים, and so a copying error is the more likely explanation.
Figure 5: Textual variant at Ex 7,5, from JTS Library, ENA 4107.20. Courtesy of The Jewish Theological Seminary Library.
There are only a small number of orthographic variants (when compared with the MT text preserved in RNL Evr. I B19a), affecting the occurrence of vowel letters in both the Genesis and Exodus scroll sections:
37 Yardeni 1989, p. 180 fig. 27.
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Gen 5,10 (T-S NS 4.3) וילדfor the MT’s ויולד: defective ō; Gen 6,4 (T-S NS 4.3) [ הגבור ]יםfor the MT’s הגברים: plene ō; Gen 16,6 (T-S NS 3.21) בעניךfor the MT’s בעיניך: plene ē;38 Ex 6,14 (ENA 4107.20) חנךfor the MT’s חנוך: defective ō; Ex 6,14 (ENA 4107.20) ופלאfor the MT’s ופלוא: defective ū; Ex 6,14 (ENA 4107.20) חצרןfor the MT’s חצרון: defective ō.39 There is generally a tendency towards defective spelling – but only slightly so – and it is particularly noticeable in the conservative orthography of the proper names at Ex. 6,14. Such orthographic variants, with no effect on the meaning or pronunciation of the words, are found even among the principal model codices of the MT.40 The nature of the textual divisions, the pisqaʾot or parašiyyot paragraphs (the aforementioned “open” and “closed” sections), in the Genesis scroll aroused some interest in earlier studies, with Ada Yardeni concluding that in this regard the scroll resembled more the textual layout found in some of the Dead Sea scrolls than the Masoretic texts of the Middle Ages.41 The Genesis scroll (T-S NS 3.21 + T-S NS 4.3) preserves four such section divisions, three closed (setuma, at Gen 5,12.15; 17,1) and one open (petuḥa, at Gen 6,5).42 In Gen. 5,12 and 5,15, the setumot are characterised by a gap in the text of only a few letters’ width, which accords with the halakhic classification of a closed section (setuma). It is also how it is commonly written in the model codices of the MT like RNL Evr. I B19a and Aleppo.43 After Gen 6,4 there is a gap of slightly less than half a line, with the next verse beginning at the start of the following line. Again, this accords with an open section in the model codices and following Maimonides in the Mišne Tora.44 Ada Yardeni found the section break before Gen 17,1 to be worthy of 38 Though it is not strictly a vowel letter, since the y is etymological. 39 The Damascus Pentateuch (National Library of Israel, Jerusalem, Israel Ms. Heb. 24°5702, formerly Sassoon 507) shares RNL Evr. I B19a’s plene writing of חנוךand פלוא, but writes חצרןdefectively. The same is found in London, BL, Or. 4445. 40 For instance, RNL Evr. I B19a differs often from the Aleppo Codex in matters of plene and defective spelling. See Yeivin 1980, p. 19. 41 Yardeni 1989, p. 177. 42 It is usual to denote section divisions by the verse that follows them. 43 The minor tractate Masseḵet Sofrim 1,15 states that enough space should be left כדי לכתוב שם של שלש אותיות, “so as to write a three-letter word”; see Higger 1970, p. 109–110. See also Yeivin 1980, Introduction, p. 40–43, and Ofer 2019, p. 68–70. Moses Maimonides preferred a more generous space of “nine letters”, Mišne Tora, Tefillin, Mezuza and the Tora Scroll 8,1-2. 44 Mišne Tora, Tefillin, Mezuza and the Tora Scroll 8,2.
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Ben Outhwaite
comment (see Figure 6), however, as this is classified by Maimonides, in his prescriptive list given in the Mišne Tora, as a closed section, yet T-S NS 3.21 leaves a clear vertical space, of more than one line, between the verses.45 Moreover, the scribe begins the following verse at the end of the line, rather than the beginning. There is some major damage to the scroll at this point, with much torn away, but it is clear that there is a large gap, larger than what would be left even for an open section, let alone the more modest break of a setuma. To Ada Yardeni’s mind, this resembles the space left in a copy of Jeremiah from Qumran, 4QJera, after Ier 10,11, which has a setuma in the MT.46 However, while there is a large space there too, the scribe begins Ier 10,12 at the start of the line, not the end, and thus the similarity is perhaps more superficial than strictly analogous.
Figure 6: Unusual section break before Gen 17,1 in Cambridge University Library, T-S NS 3.21. With the permission of the Syndics of Cambridge University Library.
The fragment ENA 4107.20 offers an opportunity for us to take a look at more examples of section divisions. It preserves six from the book of Exodus: two closed (Ex 6,2.14) and four open (Ex 6,10.13; 7,8.14). The closed sections occur in the middle of the lines, and a space of a few (four or five, maybe) letters wide is left before the next verse. For the open sections, the scribe leaves either just over half a line, before resuming at the beginning of the next line (Ex 6,13, in column 2); or about half a line, again resuming the next verse at the beginning of the next line (Ex 7,8.14, in column 3); or a whole line, when the preceding verse fills a whole line, beginning the next verse at the beginning of the next line (Ex 6,10, in column 2). In every case in the ENA 4107.20, the section divisions are in the location that we find them in the MT (RNL Evr. I B19a) and in Maimonides’ list in the Mišne Tora, and in the expected form open or closed, fully – in every case – in accordance with the halakhah. 45 Mišne Tora, Tefillin, Mezuza and the Tora Scroll 8,4. 46 Yardeni 1989, p. 177, p. 180 fig. 29. The gap is at 4QJera, col. V part 1, and can be seen online at http://www.deadseascrolls.org.il/ explore-the-archive/image/B-368251 (accessed on 5 April 2022).
Given these fragments of the Exodus scroll are closely aligned with these six divisions as it appears in the Masoretic Text, perhaps we need to reconsider Ada Yardeni’s conclusion on the unusual section break at Gen 17,1 in T-S NS 3.21. It seems to me that we should, taking all three fragments into account, now view this as an anomaly and look for a possible explanation. Emmanuel Tov notes that odd spaces do crop up in Dead Sea biblical fragments when the scribe is trying to avoid writing over a damaged part of the animal skin.47 The practice of using a piece of parchment even when it has flaws, and writing around holes and other areas of damage, is well attested in all writing traditions: animal products are not perfect, and flaws (sores, bites, other incisions in the skin) are often amplified by the manufacturing process for parchment. Frequent examples can be seen in Cairo Genizah manuscripts.48 Scribes had to make do with the materials available, and this must have been especially the case when using the large areas of skin of the type needed for Torah scrolls. Given the apparently unique nature of the section division at Gen 17,1 in T-S NS 3.21, I believe it more likely that the scribe was having to manage with an area of abraded or otherwise damaged skin and coped accordingly. To avoid writing over the damaged part, the scribe left space around it. After the space, and because it was a closed section, a horizontal gap was left as well as a vertical one, to maintain the correct shape, at least in one axis, of a setuma, a closed section. Given the halakhically conventional nature of every other section division in all three scroll fragments, this is arguably the most likely explanation. The emergence of ENA 4107.20 marks an important stage in the study of biblical manuscripts. If we are to believe (some of) the palaeographic dating offered by previous scholarship, then we have now found one of the earliest Torah scrolls yet to be discovered. Its typological proximity to the Masoretic text, together with the evidence of the London-Ashkar-Gilson, T-S NS 3.21 and T-S NS 4.3 Cambridge Genizah fragments (now London-AGG), shows once again the antiquity of Masoretic features. However, its obvious differences with London-AGG, in the preparation of its parchment, in the use of tagim, in its ruling and line-keeping, all point to a wide variance in scribal practice for liturgical scrolls in the Late Antique–early medieval period. It would be very useful to know exactly how old the scroll is, 47 Tov 2004, p. 122. 48 For instance, the scribe has carefully written around two large holes in an otherwise impressive parchment leaf of the Jerusalem Talmud, Cambridge University Library Lewis-Gibson Talmud 2.4, which can be seen online here: http://cudl.lib.cam.ac.uk/view/MS-LG-TALMUD-00002-00004/1 (accessed on 5 April 2022).
Fragments of the earliest complete Torah scroll in the Cairo Genizah?
whether, in particular, it is much older than London-AGG, or whether the differences are mainly geo-cultural, or just stylistic, rather than chronological. Now that we have three pieces of it, two of which are very large, perhaps a carbon14 test is a real possibility. The most important point to take away from the emergence of ENA 4107.20, though, is the way in which it was found: this really was a discovery made by an algorithm, thanks to a mass digitisation project and the application of computational techniques.
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Liste des contributrices et contributeurs / List of contributors Patrick Andrist is senior researcher at the Ludwig Maximilians University of Munich and Privatdocent at the University of Fribourg (Switzerland) Patrick Andrist est chercheur à la Ludwig-Maximilians-Universität de Munich, et Privatdocent à l’Université de Fribourg (Suisse) Élodie Attia is researcher titular of the Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), member of the Research Center TDMAM (UMR 7297), Aix-Marseille University (CNRS) Élodie Attia est chargée de recherche titulaire au Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS), membre du laboratoire TDMAM (UMR 7297), Aix-Marseille Université (CNRS) Paul Canart was scriptor graecus and Vice-Prefect (1994–1997) at the Vatican Library Paul Canart était scriptor graecus et Vice-Prefet (1994–1997) de la Bibliothèque Vaticane Roberta Casavecchia is permanent researcher of Latin language and literature (with a focus on manuscript studies) at the University of Cassino Roberta Casavecchia est chercheuse en Langue et literature latine (spécialisée en histoire du livre manuscrit) à l’Université de Cassino Caroline Chevalier-Royet is lecturer in Medieval History at Université Jean Moulin Lyon III Caroline Chevalier-Royet est maîtresse de conférences en Histoire médiévale à l’Université Jean Moulin Lyon III
https://doi.org/10.1515/9783111019963-010
Javier del Barco is Senior Lecturer of Hebrew Language and Literature and Senior Researcher of the Instituto Universitario de Ciencias de las Religiones at Universidad Complutense de Madrid Javier del Barco est professeur des universités en langue et littérature hébraïques et chercheur à l’Instituto Universitario de Ciencias de las Religiones à l’Universidad Complutense de Madrid Marilena Maniaci is full professor of Manuscript Studies at the University of Cassino Marilena Maniaci est professeure ordinaire en histoire du livre manuscrit à l’Université de Cassino Ben Outhwaite is the Head of Genizah Research Unit, Cambridge University Library and Affiliated Lecturer at the Faculty of Asian and Middle Eastern Studies, University of Cambridge Ben Outwhaite est Responsable de l’Unité de recherche sur la Genizah, à la Bibliothèque Universitaire de Cambridge, et professeur associé à la Faculté d’études asiatiques et moyennes orientales à l’Université de Cambridge Chiara Ruzzier is a research associate at the research centre Pratiques médiévales de l’écrit (“Medieval writing practices”) of the University of Namur Chiara Ruzzier est collaboratrice scientifique au centre de recherche “Pratiques médiévales de l’écrit” de l’Université de Namur
Tables des livres bibliques / Tables of biblical books Tanakh / Ancien Testament et livres deutérocanoniques / Old Testament and Deuterocanonica Dans l’ordre de l’édition Rahlfs 1935. Identiques dans les traditions Genesis Exodus Leviticus Numeri Deuteronomium Iosue Iudicum Ruth
Gen Ex Lev Num Deut Ios Iud Ruth
Vulgata Samuelis I Samuelis II Regum I Regum II Chronicorum I Chronicorum II Esdras I Esdras II Esdras III
I Sam II Sam I Regum II Regum I Chron II Chron I Esdr II Esdr III Esdr
Identiques dans les traditions (si présents) Esdras IV Esther Iudith Tobias Machabaeorum I Machabaeorum II Machabaeorum III Machabaeorum IV
IV Esdr Esth Idth Tob I Mac II Mac III Mac IV Mac
Psalmi Odae Proverbia Ecclesiastes Canticum Iob Sapientia Siracides / Ecclesiasticus
Ps Od Prov Eccle Cant Iob Sap Sir
Osee Amos Michaeas Ioel Abdias Ionas Nahum Habacuc Sophonias Aggaeus Zacharias Malachias Isaias Ieremias Baruch Lamentationes seu Threni
Os Am Mich Ioel Abd Ion Nah Hab Soph Agg Zach Mal Is Ier Bar Lam
https://doi.org/10.1515/9783111019963-011
Tanach Samuelis I Samuelis II Regum I Regum II Chronicorum I Chronicorum II Esdras Nehemia – (Esdras + Nehemia)
I Sam II Sam I Regum II Regum I Chron II Chron Esdr Neh
Septuaginta Regnorum I Regnorum II Regnorum III Regnorum IV Paralipomenon I Paralipomenon II
I Regn II Regn III Regn IV Regn I Par II Par
A Esdras B Esdras
A Esdr B Esdr
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Tables des livres bibliques / Tables of biblical books
Epistula Ieremiae Ezechiel Susanna Daniel Bel Et Draco Oratio Manassae
Ep Ier Ez Sus Dan Bel Or Man
Nouveau Testament / New Testament Matthaeus Marcus Lucas Iohannes
Matth Marc Luc Ioh
Actus Apostolorum
Act
Ad Romanos Ad Corinthios I Ad Corinthios II Ad Galatas Ad Ephesios Ad Philippenses Ad Colossenses Ad Thessalonicenses I Ad Thessalonicenses II Ad Timotheum I Ad Timotheum II Ad Titum Ad Philemonem Ad Hebraeos
Rom I Cor II Cor Gal Eph Phil Col I Thes II Thes I Tim II Tim Tit Philem Hebr
Iacobi Petri I Petri II Iohannis I Iohannis II Iohannis III Iudae
Iac I Petr II Petr I Ioh II Ioh III Ioh Iudae
Apocalypsis
Apoc
Autres livres / Other books Epistula Barnabae Epistula Clementis ad Corinthios Epistula altera Clementis ad Corinthios Pastor Hermae Psalmi Salomonis Didache
Barn I Clem II Clem Herm Ps Sal Did
Index des illustrations / Index of illustrations Patrick Andrist, L’architecture du Codex Basilianus Planche 1 Planche 2 Planche 3 Planche 4
Marc. gr. Z. 1, extrait du f. V 76r : contraste entre la majuscule ogivale inclinée du texte et la majuscule liturgique des titres 22 Marc. gr. Z. 1, f. V 163r : fin de la notice chronographique et croix décorative à la fin de l’AT ; avec une note chronologique d’un lecteur et les deux notices de copistes 23 Marc. gr. Z. 1, partie supérieure du f. V 153r : trois signatures visibles dans la marge supérieure 26 Vat. gr. 2106, f. N 118v : la note ajoutée par un lecteur et étudiée par Paul Canart 27
Chiara Ruzzier, Item Biblia in uno volumine Planche 1 Planche 2 Planche 3
Paris, BnF, lat. 11929, f. 143r 52 Cambridge, Corpus Christi College, 48, f. 165r 54 Grenoble, Bibliothèque municipale, 384 (CGM 2), f. 154v–155r
55
Roberta Casavecchia / Marilena Maniaci, Partial Bibles in Southern Italy Figure 1 Figure 2 Figure 3 Figure 4 Figure 5 Figure 6a Figure 6b Figure 6c Figure 7a Figure 7b
Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 211, p. 17 95 Montecassino, Archivio Privato dell’Abbazia, 2, p. 152–153 96 Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 535, p. 286–287 97 Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 521, p. 432–433 98 Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 552, p. 206–207 99 Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 531, p. 190 (detail) 99 Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 583, p. 168 (detail) 100 Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 759, p. 299 (detail) 100 Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 760, p. 90 101 Montecassino, Archivio dell’Abbazia, 565, p. 79 102
Caroline Chevalier-Royet, The pandects of Theodulf of Orleans Figure 1 Figure 2 Figure 3 Figure 4 Figure 5a Figure 5b Figure 6 Figure 7 Figure 8 Figure 9
Codex Hubertianus (ΘH), British Library, Add. 24142, f. 43v 114 Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 16r 115 Codex Sangermanensis parvulus (ΘG) Paris, BnF, lat. 11937, f. 63r 116 Text in three columns in Codex Hubertianus (ΘH), British Library, Add. 24142, f. 43v 119 End of Thedulf’s Versus Quicquid ab Hebraeo, in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 2v 120 Preface from the Etymologies in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 3r 121 General table in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 3v 122 Foreword and chapter table of the book of Genesis in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 4r 123 Beginning of the 2nd ordo in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 46v 124 Prologue and incipit of the book of Joshua in Codex Mesmianus (ΘM), Paris, BnF, lat. 9380, f. 47r 125
Javier del Barco, The layout of the glossed Hebrew Bible Figure 1 Figure 2 Figure 3
Rabbinic Bible (Venice: Daniel Bomberg, 1524–1525). Dublin, Marsh’s Library, B3.1.10, f. 14 I ( )יד א 135 Hebrew Bible, Aragon-Catalonia, 1357. Paris, BnF, Hébreu 30, f. 35v, end of Exodus 15 and beginning of Exodus 16, with Masorah gedolah (magna) and qetanah (parva) 136 Latin Bible with Glossa Ordinaria, France, 1300–1325. Marseille, Bibliothèques de Marseille, Fonds rares et précieux 9, f. 43r 137
https://doi.org/10.1515/9783111019963-012
158
Figure 4 Figure 5 Figure 6
Index des illustrations / Index of illustrations
138 Babylonian Talmud, Northern France, 1250–1300. Arras, Médiathèque d’Arras, 889, f. 23r Hebrew Bible, Frascati 1327. Roma, Biblioteca Angelica, Or. 72, f. 141r 139 Hebrew Bible, Iberian Peninsula, 1466. San Lorenzo de El Escorial, Real Biblioteca, G.I.5, f. 21r 140
Ben Outhwaite, Fragments of the earliest complete Torah scroll Figure 1 Figure 2 Figure 3 Figure 4 Figure 5 Figure 6
Cambridge University Library, T-S NS 3.21 (left) and T-S NS 4.3 (right) 144 Detail of Cambridge University Library, T-S NS 3.21, showing Ada Yardeni’s “crowns” 145 New York, JTS Library, ENA 4107.20 (JTS, L588, f. 20r), the Exodus scroll fragment 147 Detail of the unusual alefs at Ex 5,11 (left) and 6,19 (right), from JTS Library, ENA 4107.20 148 Textual variant at Ex 7,5, from JTS Library, ENA 4107.20 149 Unusual section break before Gen. 17,1 in Cambridge University Library, T-S NS 3.21 150
Index of sources / Index des sources✶ Acta Pauli: 111 n. 61
Alcuinus Carmen 65: 111 n. 53 Ep. 149: 106 n. 9 Ep. 261: 108 n. 29 Ep. 262: 108 n. 29 Anonymous Versus fiduciae: 106 n. 4 Ardo Vita Benedicti abbatis Anianensis et Indensis: 109 n. 36 Benedictus Regula, 48, 15: 84 n. 12 Biblia Canones Eusebii (= Eusebiana): 24 + n. 21, 27. 32, 33 tab. 5, 34 II Chr 25,1: 149 II Chr 29,1: 149 Deut 31,26: 66 n. 40 A Esdr 1,1–9,1: 27 tab. 1 A Esdr 9,2-B Esdr 5,10: 27 tab. 1 B Esdr 17,3: 26 B Esdr 17,3–23,32: 27 tab. 1 Esth 1,1–3,7: 27 tab. 1 Esth 3,7–10,3: 27 tab. 1 Ex 2,25: 115 Ex 3,1: 115 Ex 5,11: 146, 148 + fig. 4, Ex 6,2: 150 Ex 6,3: 146 Ex 6,7–25: 146 Ex 6,10: 149, 150 Ex 6,12: 149 Ex 6,13: 150 Ex 6,14: 149 Ex 6,19: 148 Ex 7,1–16: 146 Ex 7,4: 149 Ex 7,5: 149 + fig. 5 Ex 7,8: 150 Ex 15,1–18: 143 Gen 1,1: 28 Gen 5,10: 149 Gen 5,12: 148, 149 Gen 5,15: 149 Gen 6,4: 149 Gen 14,3: 149 Gen 14,9: 148 Gen 14,13: 148 Gen 16,6: 149 Gen 16,13: 149
Gen 17,1: 143, 149, 150 + fig. 6 Gen 17,24: 149 Gen 1,1-Lev 13,59: 28 Iac 1,1–2,12: 88 tab. 3 Iac 2,12–5,20: 88 tab. 3 Ier 10,11: 150 Ier 10,12: 150 Iob 1,1–30,8: 34 tab. 5 Iob 30,8: 27, 28 Iud 15,4–5: 91 n. 55 Iud 15,5: 91 n. 55 Lev 1,1–15,19: 28 tab 3 Lev 13,59: 24, 26 n. 34, 28, 33 tab. 5 Lev 13,59–15,19a: 26, n. 36 I Mac 1,1–11,22: 88 tab. 3 I Mac 11,23–16,24: 88 tab. 3 IV Mac 5,11–12,1: 27 tab. 2 IV Mac 12,1: 27 tab. 2 IV Mac 18,24: 27 tab. 2 Ps 1: 17 Ps 7: 17 Ps 131,2: 17 II Regum (=IV Regn) 14,2: 149 II Regum (=IV Regn) 15,13.17: 149 II Regum (=IV Regn) 18,2: 149 I Sam (=I Regn) 1: 113 n. 73, 114 n. 80 I Sam (=I Regn) 14–15: 113 n. 73, 114 n. 80 II Sam (=II Regn) 2,20: 115 II Sam (=II Regn) 6,11:17 Carolus Magnus Epistola generalis: 107 + n. 20 Cassinese Rhythm / Rythme du Mont-Cassin: 84 n. 14 Cassiodorus Inst. I, 12, 3: 41 n. 9 Eucherius Lugdunensis Instructiones: 112–113 n. 70 Hieronymus Stridon Ep. 119: 88 tab. 3, 89 tab. 4 Ep. ad Paulinum: p. 91 n. 52 Liber de interpretatione Hebraicorum nominum: 112 n. 70 Prologus Galeatus: 111 n. 58 Interpretatio somnii regis Nabucodonosor: 24 Isidorus Hispalensis Breves temporum per generationes et regna (= Chronica): 112 + n. 69 Etymologiae VI: 111 n. 57
✶ Pour les livres bibliques, seules les références à des passages individuels sont répertoriées dans l’index / For biblical books, only references to specific passages are listed in the Index.
https://doi.org/10.1515/9783111019963-013
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Index of sources / Index des sources
Maimonides Mišne Tora Hilḵot Mezuza Tefillin ve-Sefer Tora: 147, 149, 150
Talmud Masseḵet Sofrim: 64 n. 24, 147, 148, 149
Moses of Vienna / Moïse de Vienne Or Zaru‘a (ed. Zitomir, 1862), vol. 1, p. 152, § 555: 71 n. 76
Theodulfus Aurelianensis Capitula: 107 n. 13 De processione spiritus sancti: 107 n. 11 Liber de ordine baptismi: 107 n. 11 Opus Caroli regis contra synodum (= Libri Carolini): 107 n. 5, 11 Praefatio bibliothecae = Versus biblici (2.I+II ed. Rouquette): 107 n. 12, 112 + n. 64, n. 65 Versus a foris in tabula bibliothecae (56.I ed. Rouquette): 110 n. 51, 112 n. 63, 114 n. 81, 82 Versus ad Aiulfum episcopum (29 ed. Rouquette): 107 n. 16 Versus ad Modoinum episcopum (30 ed. Rouquette): 107 n. 16 Versus Quicquid ab Hebraeo: 120
Fragmentum Muratorianum: 88 tab. 3, 89 tab. 4 Rythme du Mont-Cassin, vide Cassinese Rhythm Petrus von Rosenheim Roseum memoriale divinorum eloquiorum: 91 n. 52 Ps. Augustinus De divinis scripturis: 112 n. 68, 113 Speculum: 113 n. 71 Ps. Melito Clavis: 112 n. 70
Versus fiduciae, vide Anonymus Victorinus Petaviensis (Victorinus of Pettau) Commentarii in Apocalypsim Ioannis: 88 tab. 3, 90
Index des manuscrits cités / List of quoted manuscripts✶ Admont Stiftsbibliothek C-D: 49
Aleppo Codex / Codex d’Alep = Jerusalem, Israel Museum: 62, 65 n. 29, 145, 149 n. 40 Amiens Bibliothèque Centrale Louis Aragon (olim Bibliothèque municipale) 6: 108 n. 23 7: 108 n. 23 9: 108 n. 23 11: 108 n. 23 12: 108 n. 23 Arras Médiathèque d’Arras (olim Bibliothèque municipale) 559 (Bible de Saint-Vaast): 49 + n. 49 889: 131, 138 fig. 4 Athos Hagion Horos Stavronikita 29 (+ Paris, Bibliothèque nationale de France, gr. 14 = Codex Pariathonensis): 13, 14, 16 + n. 8, 30 n. 43
Bible de Saint Hubert = Bruxelles Bibliothèque Royale, ii 1639: 49 n. 46 Bible de Saint-Vaast = Arras, Médiathèque d’Arras (olim Bibliothèque municipale), 559: 49 + n. 49 Bible des Comtes de Champagne = Troyes, Médiathèque municipale Jacques Chirac, 2391: 51 Bible du patrice Léon / Biblia Leonis Patricii = Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. gr. 1: 13, 14, 16–18 + n. 10 Bible of Echternach / Bible d’Echternach = Luxembourg, Bibliothèque nationale du Luxembourg 264: 41, 47 n. 40 Biblia Leonis Patricii / Bible du patrice Léon = Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Reg. gr. 1: 13, 14, 16–18 + n. 10 Biblia Theodulfi fragmenta = Solothurn, sine loco, codices restituti, 3: 110 + n. 45, 113 + n. 78, 115 + n. 83 Bologna Biblioteca Universitaria di Bologna 2205: 90 n. 43 2209–2208: 65, 67 n. 43, 79
Basel Universitätsbibliothek AN iii 13: cover image
Bruxelles Bibliothèque Royale ii 1639 (Bible de Saint Hubert): 49 n. 46
Berlin Staatsbibliothek, Preussischer Kulturbesitz Or. qu. 9: cover image
Cambrai Bibliothèque municipale 278–280: 49 n. 50
Bern Burgerbibliothek Bern A.9: 110
Cambridge Corpus Christi College 48: 51 n. 65, 53, 54 fig. 2
Bible de la Grande-Chartreuse / Grosse Bible de Chartreuse = Grenoble, Bibliothèque municipale, 12–15: 47 n. 40, 49 n. 52, 55
Taylor-Schechter Genizah Collection T-S NS 3.21: 143, 144 fig. 1 + n. 6, 145 + fig. 2, 146, 147, 148 + n. 36, 149, 150 + fig. 6 T-S NS 4.3: 143, 144 fig. 1, 145, 146, 147, 148, 149, 150 T-S 20.47: 145 T-S 20.113: 144
Bible de Nicétas = Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut. 5.9 + København, Det Kongelige Bibliotek, Haun GKS 6 + Torino, Biblioteca nazionale universitaria, B.I.2: 14
University Library Add. 467: 66
Bible de Saint Bernard = Troyes, Médiathèque municipale Jacques Chirac, 458: 51
Lewis-Gibson Genizah Collection L-G Talmud 2.4: 150 n. 48
Bible d’Angilram = Metz, Bibliothèque municipal, 7: 108 + n. 27
Pour les manuscrits hébreux, voir aussi p. 75–79 / For Hebrew manuscripts see also p. 75–79.
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https://doi.org/10.1515/9783111019963-014
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Index des manuscrits cités / List of quoted manuscripts
Cava dei Tirreni Archivio della Badia della SS. Trinità 1 [14] (= Codex Cavensis): 111 n. 54 19: 90 n. 39 Città del Vaticano Biblioteca Apostolica Vaticana Reg. gr. 1 (Biblia Leonis Patricii): 13, 14, 16–18 + n. 10 Urb. lat. 585: 88 n. 31 Vat. ebr. 14: 71 + n. 75, 73 Vat. gr. 1209 (Codex Vaticanus): 30 n. 43, 32 n. 51, 34 2106 (+ Venezia, Biblioteca nazionale Marciana, gr. Z 1 [= 320], Codex Basilianus): 3, 9, 13, 14–15, 21–35 Vat. lat. 3741: 90 n. 39 3961: 91 n. 46 11978: 90 n. 43 Codex Alexandrinus = London, British Library, Royal 1 D viii: 30, 32, 34 Codex Amiatinus = Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Amiat. 1: 40 + n. 8, 83, 86, 108 n. 27 Codex Anicienis = Le Puy-en-Velay, Cathédrale 1: 110 n. 41 Codex aureus = Trier, Staatsbibliothek, 122: 108 n. 25 Codex Basilianus = Venezia, Biblioteca nazionale Marciana, gr. Z 1 [= 320] + Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. gr. 2106: 3, 9 13, 14–15, 21–35 Codex Cavensis = Cava dei Tirreni, Archivio della Badia della SS. Trinità, 1 [14]: 111 n. 54 Codex d’Alep / Aleppo Codex = Jerusalem, Israel Museum: 62, 65 n. 29, 145, 149 n. 40 Codex de Léningrad = Sankt Peterburg, RNL, Firkovich Collection, Evr. I B19a: 62, 149 + nn. 39–40, 150 Codex Ephraemi rescriptus = Paris, Bibliotheque nationale de France, gr. 9: 30 n. 43 Codex Hubertianus = London, British Library, Add. 24142 : 110 n. 40, 111 n. 54, 113 Codex Mesmianus = Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 9380: 110 n. 42, 115, 119 fig. 4, 120 fig. 4a, 121 fig. 5, 122 fig. 6, 123 fig. 7, 124 fig. 8, 125 fig. 9
Codex Pariathonensis = Athos, Hagion Horos, Stavronikita 29 + Paris, Bibliothèque nationale de France, gr. 14: 13, 14, 16 + n. 8, 30 n. 43 Codex Sangermanensis parvulus = Paris, Bibliothèque nationale de France, lat. 11937: cover image, 110 n. 43, 113, 116 fig. 3 Codex Sinaiticus = London, British Library, Add. 43725 + Leipzig, Universitätsbibliothek, Gr. 1 + Sankt-Peterburg, Rossijskaja National’naja Biblioteka, 906, 2; 906, 259; 906, 843; 536, On. 1. Sobr. Obščectva Ljubitelej Drevnej Pis’mennosti O 156 + Sinai, Mονὴ τῆς Ἁγίας Αἰκατερίνης, NE gr. MΓ 1: 30 n. 43, 34 Codex Vaticanus = Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. gr. 1209: 30 n. 43, 32 n. 51, 34 Codex Weingartensis = Stuttgart, Wurttembergische Landesbibliothek, HB II 16: 110 n. 39, 111 n. 54, 113 Copenhagen, Royal Library, vide København, Det Kongelige Bibliotek Dole Médiathèque du Grand Dole (olim Bibliothèque Municipale) 15: 55 Douai Bibliothèque municipale 1: 49 n. 49 3: 49 n. 49 Dublin Marsh’s Library B 3 1 10: 135 fig. 1 Trinity College 51: 53 n. 72 Durham (NC) Duke University, David M. Rubenstein Rare Book & Manuscript Library Ashkar-Gilson 2: 143 + n. 3, 145, 146, 148, 150 Eton Eton College 26: 51 n. 65, 53 Firenze Biblioteca Medicea Laurenziana Amiat. 1 (Codex Amiatinus): 40 + n. 8, 83, 86, 108 n. 27 Plut. 3.3: 131 5.9 (+ Torino, Biblioteca nazionale universitaria, B.I.2 + København, Det Kongelige Bibliotek, Haun GKS 6 = Bible de Nicétas / Nicetas Bible): 14
Index des manuscrits cités / List of quoted manuscripts
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Genève Bibliothèque de Genève (olim Bibliothèque publique et universitaire) Hébr. 3: 72, 73
43725 (+ Leipzig, Universitätsbibliothek, Gr. 1 + Sankt-Peterburg, Rossijskaja National’naja Biblioteka, 906, 2; 906, 259; 906, 843; 536, On. 1. Sobr. Obščectva Ljubitelej Drevnej Pis’mennosti O 156 + Sinai, Mονὴ τῆς Ἁγίας Αἰκατερίνης, NE gr. MΓ 1 = Codex Sinaiticus): 30 n. 43, 34
Grenoble Bibliothèque municipale 12–15 (Bible de la Grande-Chartreuse / Grosse Bible de Chartreuse): 47 n. 40, 49 n. 52, 55 16–18: 44 n. 27 384: 51 n. 65, 53, 55 fig. 3
Or. 4445: 149 n. 39
Grosse Bible de Chartreuse / Bible de la Grande-Chartreuse = Grenoble, Bibliothèque municipale, 12–15: 47 n. 40, 49 n. 52, 55 Jerusalem Israel Museum Aleppo Codex: 62, 65 n. 29, 145, 149 n. 40 4QJera: 150 + n. 46 National Library of Israel Heb. 2405702 (olim Sassoon 507): 149 n. 39 København Det Kongelige Bibliotek Haun NKS 1 2° (Carcassonne fragments): 110 nn. 38 and 44, 113, 114, 115 Haun GKS 6 (+ Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut. 5.9 + Torino, Biblioteca nazionale universitaria, B.I.2 = Bible de Nicétas / Nicetas Bible): 14 Leipzig Universitätsbibliothek Gr. 1 (+ London, British Library, Add. 43725 + Sankt-Peterburg, Rossijskaja National’naja Biblioteka, 906, 2; 906, 259; 906, 843; 536, On. 1. Sobr. Obščectva Ljubitelej Drevnej Pis’mennosti O 156 + Sinai, Mονὴ τῆς Ἁγίας Αἰκατερίνης, NE gr. MΓ 1 = Codex Sinaiticus): 30 n. 43, 34 León Archivo-Biblioteca de la Santa Iglesia Catedral 15 (palimpsest of Leon): 41 n. 10 Le Puy-en-Velay Cathédrale 1 (Codex Anicienis): 110 n. 41 London British Library Add. 14788: 49 14789: 49 14790: 49 24142 (Codex Hubertianus): 110 n. 40, 111 n. 54, 113
Royal 1 D viii (Codex Alexandrinus): 30, 32, 34 Jews’ College 31: 143 Valmadonna Trust Library (private collection) Codex Valmadonna 1 (olim Sassoon 282) = Washington DC, Museum of the Bible, 858: 65, 67 n. 43 Los Angeles J. Paul Getty Museum 83 ML 97: 88 n. 31 Luxembourg Bibliothèque nationale du Luxembourg 264 (Bible of Echternach): 41, 47 n. 40 Marseille Bibliothèques de Marseille Fonds rares et précieux 9: 137 fig. 3 Metz Bibliothèque municipale 7 (Bible d’Angilram): 108 + n. 27 Montecassino Archivio dell’Abbazia (Biblioteca statale monumento nazionale) 35: 91, 92 211: 84 + n. 4, 85 + tab. 1, 86 + graph 1, 87 tab. 2, 88 tab. 3, 90, 95 fig. 1 349: 84 n. 4, 85 + tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 89 tab. 4 434: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 + graph 1, 87 tab. 2, 90 467: 90 n. 41 515: 84 + n. 10 520: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 89 tab. 4, 91 + nn. 48 and 55, 92 + n. 61 521: 84 + n. 4, 85 tab. 1, 86 + graph 1, 87 + tab. 2, 88 tab. 3, 89 tab. 4, 98 fig. 4 527: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 89, 91 + n. 54, 92 531: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 89 tab. 4, 91 n. 48, 49 and 55, 92 + n. 6199 fig. 6a 534: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 88 + tab. 3, 91 + n. 54, 92 535: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 + tab. 2, 88 tab. 3, 89 tab. 4, 97 fig. 3 536: : 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 89 tab. 4 543: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 89 tab. 4, 92 n. 64 552: 84 + n. 4, 85 tab. 1, 86 + graph 1 + n. 19, 87 tab. 2, 88 + tab. 3, 89 tab. 4, 99 fig. 5
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Index des manuscrits cités / List of quoted manuscripts
553: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 89 tab. 4 557 (Ferro’s Bible): 51 n. 65, 53, 91, 92 565: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 88 tab. 3, 89 tab. 4, 91 n. 48, 92, 102 fig. 7b 571: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 89 tab. 4 572: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 + graph 1 + n. 24, 87 tab. 2, 89 tab. 4 583: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 + graph 1, 87 tab. 2, 88 tab. 3, 89 tab. 4, 91 nn. 48 and 49, 92, 100 fig. 6b 589: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 + graph 1, 87 tab. 2, 89 tab. 4 759: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 88 tab. 3, 89 tab. 4, 91 + nn. 48, 49 and 55, 92, 100 fig. 6c 760: 84 n. 4, 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 89 tab. 4, 91 n. 48, 92 + nn. 62 and 64, 101 fig. 7a Arch. priv. 2: 85 tab. 1, 86 graph 1, 87 tab. 2, 88 tab. 3 Compactiones I: 84 Compactiones II: 84 München Bayerische Staatsbibliothek Clm 3901: 45 n. 28 New Haven Beinecke Rare Book and Manuscript Library 414: 51 n. 64 New York Jewish Theological Seminary ENA 4107.20: 143, 146, 147 fig. 3, 148 + fig. 4, 149 + fig. 5, 150, 151 Napoli Biblioteca Nazionale Vittorio Emanuele III VI AA 3: 90 n. 43 Nicetas Bible / Bible de Nicétas = Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut. 5.9 + København, Det Kongelige Bibliotek, Haun GKS 6 + Torino, Biblioteca nazionale universitaria, B.I.2: 14 Palimpseste de León / Palimpsest of León = León, Archivo-Biblioteca de la Santa Iglesia Catedral, 15: 41 n. 10 Paris Bibliothèque de l’Arsenal 33: 51 n. 65, 53 Bibliothèque de l’Assemblée nationale 2: 51 n. 65, 53 Bibliothèque Mazarine 47: 51 364: 88 n. 31 Bibliothèque nationale de France Ar. 4: cover image
Gr. 9 (Codex Ephraemi rescriptus): 30 n. 43 14 (+ Athos, Hagion Horos, Stavronikita 29 = Codex Pariathonensis): 13, 14, 16 + n. 8, 30 n. 43 Hébr. 30: 136 fig. 2 52: 72, 73 73: 129 n. 22 107: 131 n. 35 Lat. 3: 109 n. 33 9380 (Codex Mesmianus): 110 n. 42, 115, 119 fig. 4, 120 fig. 4a, 121 fig. 5, 122 fig. 6 123 fig. 7, 124 fig. 8, 125 fig. 9 11532–11533: 109 n. 34 11929: 51 + n. 65, 52 fig. 1 11937 (Codex Sangermanensis parvulus): cover image, 110 n. 43, 113, 116 fig. 3 13174: 108 n. 23 14395: 49, 51 14396: 49, 51 15679: 107 n. 12, 113 n. 72, 117 Nouv. acq. lat. 1586: 108 n. 30 Princeton University Library Garrett 1: 23 + n. 17 Roma Biblioteca Angelica Or. 72: 131, 139 fig. 5 Biblioteca Casanatense 1101: 90 n. 39 Biblioteca Vallicelliana A 17: 90 n. 44 D 8: 53 n. 78 San Lorenzo de El Escorial Real Biblioteca del Monasterio G.I.5: 131, 140 fig. 6 Sankt Peterburg Rossijskaja Nacional’naja Biblioteka (Russian National Library) 906, 2; 906, 259; 906, 843; 536, On. 1. Sobr. Obščectva Ljubitelej Drevnej Pis’mennosti O 156 (+ London, British Library, Add. 43725 + Leipzig, Universitätsbibliothek, Gr. 1 + Sinai, Mονὴ τῆς Ἁγίας Αἰκατερίνης, NE gr. MΓ 1 = Codex Sinaiticus): 30 n. 43, 34 Firkovich Collection Evr. I B19a (Codex de Léningrad): 62, 149 + n. 39–40, 150
Index des manuscrits cités / List of quoted manuscripts
Sassoon 282 = Washington DC, Museum of the Bible, 858 (olim London, Valmadonna Trust Library, Valmadonna 1): 65, 67 n. 43 Sinai Mονὴ τῆς Ἁγίας Αἰκατερίνης NE gr. MΓ 1 (+ London, British Library, Add. 43725 + Leipzig, Universitätsbibliothek, Gr. 1 + Sankt Peterburg, Rossijskaja Nacional’naja Biblioteka, 906, 2; 906, 259; 906, 843; 536, On. 1. Sobr. Obščectva Ljubitelej Drevnej Pis’mennosti O 156 = Codex Sinaiticus): 30 n. 43, 34 Solothurn sine loco, codices restituti, 3 (Biblia Theodulfi fragmenta): 110 + n. 45, 113 + n. 78, 115 Stuttgart Wurttembergische Landesbibliothek HB II 16 (Codex Weingartensis): 110 n. 39, 111 n. 54, 113 Torino Biblioteca nazionale universitaria B.I.2 (+ Firenze, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut. 5.9 + København, Det Kongelige Bibliotek, Haun GKS 6 = Bible de Nicétas / Nicetas Bible): 14 Tours Bibliothèque municipale 10: 108 n. 30 Trier Staatsbibliothek 122 (Codex aureus): 108 n. 25
165
Troyes Médiathèque municipale Jacques Chirac 458 (Bible de Saint Bernard): 51 1446: 110 2391 (Bible des Comtes de Champagne): 51 Valenciennes Médiathèque Simone Veil (olim Bibliothèque municipale) 9–11: 49 n. 49 Valmadonna 1 = Washington DC, Museum of the Bible, 858 (olim London, Valmadonna Trust Library, Valmadonna 1, olim Sassoon 282): 65, 67 n. 43 Venezia Biblioteca nazionale Marciana Gr. Z 1 [= 320] (+ Città del Vaticano, Biblioteca Apostolica Vaticana, Vat. gr. 2106 = Codex Basilianus): 3, 9, 13, 14–15, 21–35 Washington DC Museum of the Bible 858 (= Codex Valmadonna 1 = London, Valmadonna Trust Library, Valmadonna 1, olim Sassoon 282): 65, 67 n. 43 Wolfenbüttel Herzog August Bibliothek Guelf. 16, Aug. 2°: 109 n. 33