Les delimitations editoriales des ecritures des Bibles anciennes aux lectures modernes / Editorial Delimitations of the Scriptures from Ancient Bibles ... (Pericope, 11) (French and English Edition) 9789042943759, 9789042943766, 9042943750

From time immemorial scribes provided their manuscripts with visual markings guiding the reader to the interpretation th

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Table of contents :
Contenu / Contents
Préface
Des Bibles anciennes aux lectures modernes
From Ancient Bibles to Modern Readings
Les délimitations textuelles dans la Septante et la Peshit.ta
Unit Delimitations in the Septuagint and the Peshit.ta
Biblindex comme outil pour l’étude des délimitations bibliques
Biblindex as a Means to Delimitation Criticism of the Bible
Indices
Recommend Papers

Les delimitations editoriales des ecritures des Bibles anciennes aux lectures modernes / Editorial Delimitations of the Scriptures from Ancient Bibles ... (Pericope, 11) (French and English Edition)
 9789042943759, 9789042943766, 9042943750

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P e r i c o p e 11

Les délimitations éditoriales des Écritures *** Editorial Delimitations of the Scriptures Édité par Guillaume Bady et Marjo Korpel

PEETERS

Les délimitations éditoriales des Écritures

Pericope Unit Delimitation as a Guide to Interpretation

Editorial Board Guillaume Bady, Arie van der Kooij, Marjo C.A. Korpel, Josef M. Oesch, John N. Oswalt, Wido Th. van Peursen, Stanley E. Porter, Gert T.M. Prinsloo, Emanuel Tov

Executive Editor

Marjo Korpel

Volume 11

Les délimitations éditoriales des Écritures des bibles anciennes aux lectures modernes

*** Editorial Delimitations of the Scriptures from Ancient Bibles to Modern Readings

Édité par

Guillaume Bady Marjo C.A. Korpel

PEETERS leuven – paris – bristol, ct 2020

A catalogue record for this book is available from the Library of Congress. ISBN 978-90-429-4375-9 eISBN 978-90-429-4376-6 D/2020/0602/121 All rights reserved. Except in those cases expressly determined by law, no part of this publication may be multiplied, saved in an automated data file or made public in any way whatsoever without the express prior written consent of the publishers. © 2020 – Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven (Belgium)

Contenu / Contents Guillaume Bady et Marjo Korpel, Préface

vii

Des Bibles anciennes aux lectures modernes From Ancient Bibles to Modern Readings Marjo Korpel, Unit Delimitation as a Guide to Interpretation: A Status Quaestionis Gilbert Dahan, Les divisions des bibles latines médiévales

3 35

Robin ten Hoopen et Mart Jan Luteyn, Reading between the Lines: An Analysis of the Text Division in the Genealogies of the Book of Genesis in Three Dutch Translations 55 Johannes C. de Moor, La division en sections de Michée 4–5 dans huit bibles hollandaises

73

Gregory R. Goswell, The Bifurcation of the Prophecy of Joel and its Theology of Reversal

85

Les délimitations textuelles dans la Septante et la Peshit.ta Unit Delimitations in the Septuagint and the Peshit.ta Gilles Dorival, Les divisions anciennes du Psautier de la Septante 109 Jean Reynard, La division du Psautier chez Grégoire de Nysse et quelques autres Pères grecs 125 Luigi Castangia, Le caractère interprétatif des titres des psaumes dans la tradition syriaque orientale

147

Christian Boudignon, La Bible de Thalassios et de Maxime le Confesseur dans les Questions à Thalassios

177

Guillaume Bady, Les kephalaia dans les Synopses des Écritures attribuées à Athanase et à Jean Chrysostome 191 Guillaume Bady, Quelques pistes de recherche à partir des divisions vétérotestamentaires de la Synopse des Écritures de Nicétas Seidès 211

vi

contenu / contents

Biblindex comme outil pour l’étude des délimitations bibliques Biblindex as a Means to Delimitation Criticism of the Bible Laurence Mellerin, Références à de longs passages bibliques chez les Pères (2e –4e siècles)

225

Clément Crosnier et Laurence Mellerin, La constitution des référentiels bibliques du projet Biblindex

235

∗∗∗

Indices Abbréviations

251

Index des auteurs/Index of Authors

252

A. Auteurs modernes/Modern Authors

252

B. Auteurs ancien et médiévaux/Ancient and Medieval Authors

256

Index général/General Index

257

Index des textes/Index of Texts

264

A. Textes bibliques/Biblical Texts

264

B. Autres textes/Other Texts

274

Index des manuscrits/Index of Manuscripts

275

A. Grec/Greek

275

B. Hébreu/Hebrew

275

C. Latin

276

D. Syriaque/Syriac

276

Préface Le présent volume réunit des communications données lors d’un colloque qui s’est tenu à Lyon les 17 et 18 novembre 2016, intitulé : « Les divisions anciennes du Premier Testament »1 . La rencontre était organisée par l’Institut des Sources Chrétiennes (HiSoMA, CNRS) et la Faculté de Théologie de l’Université Catholique de Lyon, en partenariat avec le Centre Paul-Albert Février (Université d’Aix-Marseille), le projet « Paratexts of the Bible » (Bâle, puis Munich) et l’Université Protestante de Théologie (PThU) de Groningue et d’Amsterdam. Si l’initiative et la responsabilité du colloque reviennent á Guillaume Bady, des Sources Chrétiennes, l’édition de ce volume est le fruit de sa collaboration avec Marjo Korpel (PThU, Groningue). En elle-même, une telle collaboration est riche de sens, et il convient avant tout d’en évoquer les principaux acteurs, les étapes et les motifs. En effet, émanant de patristiciens et de septantistes, l’initiative du colloque est venue d’une discussion avec le Professeur Gilles Dorival, dans le cadre des échanges scientifiques entre les Sources Chrétiennes et le Centre Paul-Albert Février. Des contacts avec l’équipe du projet « Paratexts of the Bible », qui dans l’état actuel se concentre sur les manuscrits grecs du Nouveau Testament2 et que le Professeur Martin Wallraff, son responsable, est venu présenter à Lyon, ont ensuite permis de confirmer l’orientation vétérotestamentaire du colloque, en vue d’une meilleure complémentarité. Les liens avec les théologiens et biblistes de l’Université Catholique de Lyon, qui a accueilli l’événement en ses murs, ont été incarnés à l’ouverture du colloque par le Professeur Philippe Abadie. La participation active du Professeur Marjo Korpel, représentant avec le Professeur Johannes de Moor le groupe « Pericope », a marqué, enfin, une étape internationale aussi décisive que prometteuse. Que tous soient ici remerciés comme il se doit ! Un nom ne peut pas ne pas être cité de manière particulière : celui du Professeur Paul Canart, ancien Vice-Préfet et Scriptor Graecus de la Bibliothèque Vaticane, qui a donné la conférence inaugurale, et qui est décédé dix mois plus tard, le 14 septembre 2017 ; avec reconnaissance, cet ouvrage entend lui rendre hommage. 1

2

Les contributions de G. Goswell, de L. Castangia et de R. ten Hoopen et M.J. Luteyn sont venues ultérieurement enrichir leur nombre, de même que l’approche de G. Bady de la Synopse de Nicétas Seidès. http://paratexbib.eu.

viii

Préface

Paléographes et théologiens, biblistes et patrologues, philologues spécialistes de diverses langues : la rencontre n’est pas fortuite, certains alliant eux-mêmes certaines compétences. D’un côté, les patrologues et médiévistes sont confrontés à d’immenses corpus, où la Bible tient une place prépondérante : diachronique et plurielle, leur vision des Écritures est souvent en décalage, du fait de l’objet historique visé comme de l’épistémologie mise en œuvre, par rapport à celle des biblistes. Ceux-ci, obligés à une sorte de grand écart entre un Urtext supposé et sa réception la plus actuelle, produisent des interprétations qui, à terme, et notamment à travers les éditions modernes, s’adressent à tout lecteur de la Bible. Ces deux types d’approches des corpus bibliques sont partiels ; c’est autant une nécessité humaine qu’un usage académique ; mais surtout, malgré certains travaux pionniers et des recherches comme celle du groupe « Pericope », les uns et les autres ont encore largement négligé, au profit du seul « texte », le « paratexte » et les autres aspects qui le conditionnent. Livres, chapitres, versets3 , paragraphes ou péricopes, titres, espaces et ponctuations : autant d’interprétations, autant d’orientations – autant d’altérations ? La question ouvre un domaine encore peu exploré, en particulier en ce qui concerne le grec. Si, à cet égard, le Nouveau Testament bénéficie à la fois d’une documentation ancienne plus importante et, de la part des spécialistes, d’une attention moins tardive, sinon précoce pour peu que l’on songe aux canons d’Eusèbe, le « Premier Testament » grec semble avoir pâti du caractère plus limité des sources antiques comme de la prééminence de l’hébreu et du latin dans la constitution même des Écritures depuis des siècles. L’usage de divisions dans la Septante est pourtant très ancien ; cependant, pour ne prendre comme que les trois grands « onciaux » des 4e et 5e siècles, le Vaticanus, le Sinaiticus et l’Alexandrinus, les marques de divisions (signes et disposition des paragraphes, espaces blancs) et les capitulations numérotées qu’ils présentent sont mutliples, mais partielles et, surtout, divergentes ; chacun d’entre eux mériterait en tout cas une étude exhaustive à cet égard. Malgré certaines exceptions notables, le sujet est comme vierge ; et il n’existe pas de synthèse – nous n’en produirons mal3

Pour une introduction à la question, voir dernièrement la contribution de Ş. Munteanu, ‘De la paracha au verset. Histoire de la division du texte biblique’, Cahiers Évangile 188 (juin 2019), 57-64, et ‘The Psalter of the Septuagint’, Teologie şi viaţă 28/1-4 (2018), 116-134.

Préface

ix

heureusement pas ici – sur les péricopes liturgiques anciennes. Dans une certaine mesure, de même que la question des divisions du texte grec de la Septante paraît ne pas s’être réellement posée aux auteurs et aux lecteurs antiques, elle est restée comme un point aveugle à l’époque moderne, rendu moins sensible encore par l’évidence supposée des divisions latines et hébraïques. C’est le constat de cette lacune, comme la conscience de l’inestimable apport, ne serait-ce que potentiel, des écrits patristiques, qui ont motivé en premier lieu la démarche entreprise. Celle-ci répond à sa manière, inchoative et partielle, au desideratum que Dominique Barthélemy formulait déjà en 19924 : Chaque version a ses traditions propres en ce domaine et les éditeurs se laissent en général trop influencer par la division en versets du ˜ [texte massorétique] et par la division en chapitres de la ◊ [vulgate] selon le texte standardisé qui en a été édité au XIIIe siècle par l’Université de Paris [...] . À ce propos, nous avons vu le profit que l’on peut tirer de la lecture du Ì [texte grec] par les Pères grecs qui l’ont commenté et qui, bien souvent, le divisaient et le comprenaient autrement que nous ne le faisons.

Une telle invitation impliquait, avant d’aborder les textes grecs, de formuler une problématique d’ensemble en dressant un état de la question introductif, de faire droit aux diverses traditions, en particulier à la tradition latine, décisive, et d’illustrer l’importance du problème en rapport avec certaines lectures actuelles : tel est le sens, dans la première partie, des contributions respectives de Marjo Korpel, de Gilbert Dahan, de Robin ten Hoopen et Mart-Jan Luteyn, de Johannes de Moor et de Gregory Goswell. S’attaquant aux corpus grecs, la seconde partie met en évidence plusieurs aspects de la question touchant à la Septante et plus particulièrement au seul livre pour lequel la documentation n’est pas rare, celui des Psaumes : les divers découpages du Psautier grec en tant que tel, exposés par Gilles Dorival, leur interprétation, en un sens unitif, par Grégoire de Nysse, mise en lumière par Jean Reynard ; Luigi Castangia sonde quant à lui la dimension herméneutique des 4

D. Barthélemy, Critique textuelle de l’Ancien Testament, t. 3. Daniel, Ézéchiel et les 12 Prophètes (Orbis Biblicus et Orientalis, 50/3), Fribourg (Suisse) : Éditions universitaires – Göttingen : Vandenhoeck et Ruprecht, ccxxxvi et, plus largement, cxvii-cxxiv.

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Préface

titres des psaumes messianiques, prophétiques et davidiques dans la tradition orientale du Psautier de la Peshit.ta. Trois autres études explorent encore du côté grec les divisions en sections. Christian Boudignon parvient à en déceler chez Maxime le Confesseur en les mettant en rapport avec des témoins lucianiques. Pour sa part, Guillaume Bady a tenté de dégager la valeur et la signification des kephalaia présents dans les Synopses des Écritures attribuées à Athanase ou à Jean Chrysostome, ou encore de corroborer par d’autres témoignages le nombre de lignes et de kephalaia relevé dans la Synopse de Nicétas Seidès. Autant de premiers jalons dans une enquête que l’on peut espérer aussi longue que féconde. Une troisième partie ouvre sur certaines potentialités offertes par la base Biblindex5 , en deux directions esquissées par Laurence Mellerin et Clément Crosnier : d’une part, tout en recensant avec précision les références bibliques dans la littérature patristique, elle fournit des données statistiques et permet d’identifier des passages assez longs privilégiés par les auteurs anciens ; d’autre part, l’élaboration d’une concordance fine entre une dizaine de référentiels bibliques a mis au jour l’hétérogénéité et la complexité des diverses divisions textuelles et numérotations, tout en nécessitant à son tour la création de nouvelles sections, plus petites. Moyen de comparaison très concret, en même temps que base de données en évolution, à terme Biblindex devrait, à l’instar de ParatexBib, constituer l’un des outils privilégiés pour creuser et féconder le sillon tracé par le groupe « Pericope »6 . Puisse cette nouvelle synergie contribuer à élucider les marques de divisions anciennes des textes bibliques, en particulier en grec, et à favoriser leur impact sur la lecture de la Bible aujourd’hui ! Guillaume Bady Marjo Korpel

5 6

https://biblindex.org. http://www.pericope.net.

Des Bibles anciennes aux lectures modernes ∗∗∗

From Ancient Bibles to Modern Readings

Unit Delimitation as a Guide to Interpretation A Status Quaestionis Marjo C.A. Korpel Protestant Theological University – Groningen

Résumé Cet article traite de l’importance des marques de délimitation dans le texte de la Bible. Depuis l’Antiquité, les espaces vides ont été utilisés par les scribes comme un principe directeur de l’interprétation des textes. Des espaces de division entre des sections et même une colométrie apparaissent déjá sur d’anciennes tablettes d’argile, mais elles semblent également présentes dans le Rouleau d’Isaïe de Qumran, et beaucoup de ces espaces semblent coïncider avec les setumot et petuh.ot ainsi qu’avec les accents massorétiques dans les manuscrits hébreux médiévaux plus tardifs, et avec les divisions textuelles et la colométrie dans les traductions anciennes de la Bible hébraïque. Apparemment, non seulement le texte consonantique importait aux copistes ultérieurs, mais également la division textuelle qui se trouvait dans leur modèle. Plusieurs exemples sont présentés pour montrer comment cette division textuelle peut guider (ou induire en erreur) le lecteur dans la compréhension des textes. Abstract This paper deals with the importance of delimitation markings in the text of the Bible. From antiquity on empty spaces were used by scribes as a guiding principle to the interpretation of texts. Spaces dividing sections and even marking colometry already appeared on ancient clay tablets but they also appear to be present in the ancient Isaiah scroll of Qumran, and lots of those spaces appeared to coincide with setumot and petuh.ot as well as with masoretic accents in later medieval Hebrew manuscripts and with the text divisions and colometry in ancient translations of the Hebrew Bible. Apparently not only the consonantal text was important to later copyists, but also the text division they found in their master text. Several examples are presented to show how this text division may guide (or misguide) the reader in understanding texts.

1 Introduction

When we read a modern text our interpretation of what we read is powerfully steered by the layout of the page. The relative size of the font, the size of letters, the style (for example bold or Italics),

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marjo korpel

punctuation marks, colours, illustrations – all these elements are guiding us to the interpretation favoured by the author(s). What we do not always realize is that blank spaces are an at least as important steering mechanism. Small spaces separate words, larger blank spaces and blank lines delimit sections, large spaces separate headlines from the main text. Between chapters of a book often a whole blank page is inserted. In november 2016 Guillaume Bady organized a colloquium on the ancient divisions of the Old Testament (Les divisions anciennes du Premier Testament) and asked me to give an overview of recent research on textual divisions in manuscripts of the Hebrew Bible. In particular I was asked to report about the work of the Pericope group. This was the incentive to write this status quaestionis. The Pericope group was founded in 1999, during the first meeting of the European Association for Biblical Studies (EABS) in Utrecht, by four people, Josef M. Oesch (Innsbruck University), Marjo C.A. Korpel (Utrecht University, and since 2013 Protestant Theological University, Groningen), Konrad D. Jenner (Leiden University) and Johannes C. de Moor (Theological University, Kampen). The group organized several sessions in the margin of big conferences1 and started a new series called Pericope: Scripture as Written and Read in Antiquity. In 2017 the scopus of the series was broadened and the subtitle changed to Pericope: Unit Delimitation as a Guide to Interpretation. The volumes thus far published were received favourably by many colleagues in the world.2 A first evaluation of the whole Pericope project written by Wilfred Watson concludes, In general terms, the Delimitation Criticism approach is not only valid and justified but also indispensable. However, the data cannot simply be noted down and used uncritically.3

As far as I know, nobody has ever made use of these ancient data without realizing one should use them with caution. Of course the founders of Pericope were not the first and only ones who paid special attention to unit division in manuscripts and translations of the Bible. To mention only one pioneer in this field: Josef Oesch from 1 2 3

See: http://www.pericope.net/pericope_3.htm. For an overview, see: http://www.pericope.net/pericope_8.htm. Watson 2007, 175. See also Oesch 2000, 227. It should be noted that we deliberately adopted the term ‘criticism’ in our presentation of the method.

unit delimitation as a guide to interpretation

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the University of Innsbruck, student of Father Dominique Barthélemy, wrote his dissertation on the spaces petuh.ah and setumah in manuscripts of the Hebrew Bible, including those from the Judean Desert (Oesch 1979). Many more scholars could be mentioned4 and in some commentaries exegetes had already started to pay explicit attention to delimiters of sense units in Hebrew manuscripts, e.g. in the Anchor Bible in the commentaries by Andersen and Freedman on Micah5 and Jack Lundbom on Jeremiah. They recognize the importance of petuh.ot and setumot as delimiters of sense units, but display a wise restraint in making use of them, as Lundbom states, These [parashot] can be of real help, although by no means should be taken as infallible guides. The medieval codices, e.g., the Aleppo Codex, Codex Cairo, Codex Leningrad, and Codex St. Petersburg, do not always agree in their placement, i.e., one will have a setumah where the other has a petuh.ah, or vice versa, or one willl have a setumah or petuh.ah where the other has nothing.6

This verdict has been confirmed by numerous other studies. The Tiberian Masoretic text having achieved dominance over all other text types renders the rare manuscripts that have preserved partly different traditions all the more interesting, not only those from Qumran but also witnesses of the Palestinian tradition.7 The first attempt to reckon with all delimiters, big and small, in all channels of transmission, including the Septuagint, the Peshit.ta and the Vulgate, was undertaken by Johannes de Moor and myself in our book on the structure of Second Isaiah (1998). A partial predecessor was on Deuteronomy 32 (Sanders 1996). A similar, though far more detailed study was devoted to Isaiah 1–12 by Wim de Bruin (2013).8 Thus, the following list of studies have been published thus far, containing analyses of several biblical books and chapters, 4

5 6

7

8

Overviews and attempts to systematize the results were undertaken by Korpel 2000; Oesch 2000; 2003; Tov 2000; Ulrich 2003, 288-297; Tatu 2007. Andersen and Freedman 2000, 14-16. Lundbom 1999, 74. He combines his delimitation criticism with rhetorical criticism, Lundbom 2009. See e.g. Korpel and De Moor 2007. The Babylonian manuscripts have less to offer because the Tiberian Masoretes followed their lead. Earlier studies on the structure of Hebrew poetry according to the method developed by the so-called ‘Kampen School’ which started with the dissertation

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marjo korpel • • • • • • • • • • • • • • • • • • •

Genesis 12–25 (Tatu 2009) Genesis 49 (De Hoop 2003a) Deuteronomy 32 (Sanders 1996) Isaiah 1–12 (De Bruin 2013) Isaiah 40-55 (Korpel and De Moor 1998) Isaiah 56 (De Hoop 2009b) Jeremiah 27–29 (De Hoop 2007; 2009c) Jeremiah 30–31 (Becking 2002) Hosea (Korpel 2009; Schütte 2017) Amos (Dijkstra 2005) Obadiah (Renkema 2000; 2003) Micah (De Moor 2000; 2002a; 2002b; 2005, 2016) Nahum 1 (Spronk 2009) Habakkuk (Prinsloo 2009) Haggai (Van Amerongen 2000; Koopmans 2017) Zechariah 4 (Van Amerongen 2005) Ruth (Korpel 2002; 2003) Song of Songs (Korpel 2003b; 2017) The ‘prose’ sections of Job (De Hoop 2005)

In these studies it was demonstrated that despite all kinds of divergencies the tradition of the biblical text as a whole has remained stable over many centuries. Not only on the Hebrew side, but also among Christian scribes. Of course this does not mean that this kind of research can help us to come closer to the ‘original’ text of the Bible. That goal remains unattainable for the time being. However, much can be learned about the transmission and reception of the biblical text in the course of the first centuries bce. Moreover, with of P. van der Lugt (1980) did not yet make use of data provided by ancient manuscripts. The division into various liturgical units (sedarim) differed from unit delimitation by petuh.ah and setumah. Cf. Oesch 1979, 32-33; Tov 2012, 50; for Greek Byzantine manuscripts of Ezra-Nehemiah, Janz 2002; for Syriac manuscripts of Daniel, Jenner 2000; for Ben Sira, Jenner and Van Peursen 2002; for the New Testament, Porter 2007; 2009. In this article the widely diverging liturgical text divisions will not be documented. From a modern point of view they rest on too diverse hermeneutical principles.

unit delimitation as a guide to interpretation

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regard to the poetic books of the Bible delimitation criticism appeared to be a valuable help to understand the structure of biblical poetry better than ever before. Because it has become impossible to review all studies on unit delimitation that have been published since our first attempts to use this material for the understanding of the Bible and its reception, only a few striking examples will be discussed, showing that neglecting this kind of evidence will hamper progress in the field of biblical studies. To start with, one major question has to be answered: Did unit delimiters actually belong to the earliest stages of scribal transmission? If they were absent from the oldest manuscripts we have, their later use would only inform us about the reception history. 2 The Age of Unit Delimiters

In oral communication silences are important elements. When we hear a so-called ‘rapper’ delivering his text, the lack of natural pauses between words contributes to a feeling of uneasiness which some will appreciate, others will abhor. Somewhat longer silences are necessary for breathing and subconsciously we make use of the end of phrases to draw a breath when we are speaking. At the end of the recitation of a poem or singing a song it is the custom to remain silent for a few moments. A change of speaker or an important turn in a story is usually marked by a silence in oral communication. Moreover there are the eloquent silences – silences expressing sorrow, despair, ignorance, embarrasment, indignation, contentment. It depends on the context or situation how we interpret such silences. Some years ago an interesting volume of studies appeared in Israel, called Shetiqot (‘Silences’), as well as a study entitled When Silence Speaks.9 Both studies illustrate abundantly how important silences are in cultural and interpersonal relations. In his masterful book Scribal Practices and Approaches Reflected in the Texts Found in the Judean Desert Emanuel Tov states, Among all the Hebrew and Aramaic texts from antiquity and more particularly from the Judean Desert, the division into smaller units than the larger section divisions (open and closed sections), though not the smallest units possible, is evidenced only in Hebrew Scripture.10 9

Ephratt 2007 as well as Ephratt 2014.

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Unfortunately, this claim to exclusiveness is mistaken. Though it is true that Tov limits the group to Hebrew and Aramaic texts, even within that group division into smaller units does occur, for example in the two Aramaic Deir Alla texts (probably dating to the 8th century bce) words are divided from each other by thick dots11 as is also the case in the almost contemporaneous Hebrew Siloam inscription. Furthermore, division into smaller units does occur in Babylonian, Egyptian, Hittite, Hurrian, Moabite and Ugaritic literary texts that are much older than the most ancient Hebrew manuscripts we have.12 Initially words were separated by dots. Lines were sometimes delimited by vertical strokes (e.g. in the Moabite Mesha inscription). Normally the scribes of Ugarit (13th century bce) tried to fill out every physical line on their tablets, even if this involved breaking off cola in the middle of a word. However, they knew the colometric recitation of their literary texts by heart and sometimes wrote – inadvertantly or not – large portions of their compositions in colometric form, leaving empty space at the end of every line.13 Why the scribe sometimes followed the mode of recitation he knew by heart, but mostly ignored it when he was writing, remains a mystery, unless it was simply a matter of sparing expensive writing materials.14 In a number of cases it is evident that the scribe wanted to indicate a tense silence by such a space. An example of the latter occurs in the Ugaritic tablet KTU 1.5:I at line 25. Here the space indicates a dramatic silence. The god of Death, Môtu, has just observed that Balu, the god of life, was celebrating the completion of his new palace, happily dining and wining with all the other gods, when he lets fall a meaningful silence and continues, ‘but I was forgotten, Oh Balu!’ On the tablet, the scribe has left open the line before this accusation, suggesting a dramatic silence.

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14

Tov 2004, 135-136. Not repeated in Tov 2012, 48-49, 199-200, but also not supplemented by reference to the extra-biblical evidence that meanwhile had become available. Korpel 2000, 26. Korpel 2000, 25-43; Korpel 2005. E.g. KTU 1.4:III.35-39; 1.4:V.49-65; 1.6:I.22-31; 1.10; 1.14:I.10-17, 24-32, 42-50, 53-60; II.29-44; IV.44-52; 1.15:III.6-24. See also Watson 2007, 163-165. Clay had to be washed out several times to remove impurities.

unit delimitation as a guide to interpretation

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Fig. 1: A space indicating a dramatic silence on a Ugaritic tablet of the 13th century bce. (KTU 1.5:I.25) (Courtesy Inscriptifact Database)

The importance of such findings is that we now know that spaces in written texts marked moments of silence in the live recitation of texts.15 Mostly only to mark a new speaker or a new turn in the story, but also to alert the cantor that he should keep silent for a moment in order to achieve a rhetorical effect. In the 8th century bce both petuh.ah- and setumah-like spaces were already in use. For example in texts from Karatepe, dating around 720 bce.16 In passages of the Hebrew Bible we observe the same phenomena as in the texts of Ugarit. Sometimes the scribes wrote their texts colometrically and to an amazing degree their divisions marked by spaces coincide with the Masoretic dividing accents.17 We may conclude that it is indeed likely that also in very ancient Hebrew texts dots, lines and spaces were used as delimiters. Obviously, then, one cannot ignore this kind of evidence since it helps to understand the meaning of the text. 3 Differences of Opinion with Regard to Unit Delimitation

In various studies published in the series Pericope it was demonstrated that among those who transmitted the text of the Bible in antiquity differences of opinion with regard to text division occurred. This happens on every structural level: feet, cola, verse-lines, strophes, canticles, sub-cantos and cantos.18 Does this justify the con15

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For more examples see Korpel and De Moor 2011, Subject Index under ‘space (blank)’. Kottsieper 2003. See e.g. Steck 1991, 119-166; De Moor 1997; Sanders 1996; 2000; 2002; De Hoop 2003a; 2005. See for descriptions of these units e.g. Korpel 2000, 23-46; De Bruin 2013, 289-

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clusion that text division was a haphazard, impressionistic process? Both in antiquity and modern times? If so, it would be justified to ignore them in biblical interpretation. To counter this cheap excuse19 it suffices to point out that there is an amazing amount of agreement between various channels of tradition in antiquity.20 The agreements outnumber the disagreements by far. However, especially unit delimitation in the ancient versions should be handled with caution. They are often the product of centuries of interpretation in various, often untraceable communities. Although they are not very frequent, different colometric divisions in antiquity have been documented by several researchers.21 Yet it appears to be advisable to start with trusting the Masoretic text division. Yet it may not be superfluous to recall a number of interesting cases dealt with in Pericope. In the first volume of the series Pericope, published in the year 2000, it was demonstrated that Hermann Gunkel had erred when he asserted in 1924 that Micah 7 is a prophetic liturgy in which the speaking ‘I’ would have been Jerusalem.22 Gunkel had simply ignored the major divider before Micah 7:9. However, if verse 8 belongs to the preceding unit, as the Masoretic paragraphing indicates, Gunkel’s interpretation becomes impossible. More than a third of all medieval manuscripts do not vocalize ËyIh;løa‘, as the Tiberian Masoretes did, but Úyh,løa,‘ thus making the prophet the person addressed. This testifies to a wholly different interpretation of the entire chapter. The ‘male’ interpretation appears to be the oldest (Septuagint, Qumran, 2nd –1st century bce), the ‘female’ interpretation is attested only later (after 70 ce). Inexplicably this important information was omitted from the volume devoted to the Twelve Minor Prophets in the Biblia Hebraica Quinta prepared by Anthony Gelston which appeared ten years later, in 2010.23

19

20

21 22 23

292, with further bibliography. Some scholars believe to have found evidence for the counting of stichoi of 15-16 syllables in Greek texts. Cf. Lang 2017. In Hebrew compositions this is definitely excluded. Cheap, because it allows scholars to obviate the need to study unit delimitation seriously. See e.g. Sanders 1996; 2000; Korpel and De Moor 1998, 633-665; Van Amerongen 2000; Jenner 2000; Cook 2002, 63; De Bruin 2002; Korpel 2009, 125, 132. See e.g. Cook 2002; De Moor 2002a, esp. 94-96; 2005; Ulrich 2003. Gunkel 1924, cf. De Moor 2000, 166-171; De Moor 2015, 209-211. BHQ, 13, 81, 108*.

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A second example of the value of paying attention to unit delimitation comes from the great Isaiah scroll from Qumran. In this very old manuscript the colometry of Isaiah 61:10–62:9 has been indicated by somewhat wider spaces. As in many other cases the scribe indicated beginning and end of the paragraph by paragraphoi : short horizontal lines in the margin. Why the scribe chose to mark the colometric division only here and in a few other cases remains a mystery. Nevertheless it is necessary to study his colometry carefully. In 61:11b, for example, the colometry of the Qumran manuscript is clearly preferable over that of the Leningrad Codex. Moreover, this colometric arrangement in 1QIsaa implies that the scribe regarded Isaiah 61:10–62:9 as a poetical unit that should not be split up. Yet all modern Bible translations start a new chapter with Isaiah 62:1. In an earlier article I demonstrated that this division has a Christian background (Korpel 2017a). It is present in the Greek codices Vaticanus and Alexandrinus as well as in many manuscripts of the Vulgate. In none of the Hebrew manuscripts, neither from Qumran nor from later times, we find a break at this point. The colometric arrangement in Qumran argues strongly against dividing the chapters at this point. Obviously the frequent use of Isaiah 62:1 in the New Testament inspired the Christian scribes to make a major break at this point.24 A similar case is found at the transition of what we are accustomed to call Isaiah 63 and 64. Not a single Hebrew manuscript, including the pre-Christian scrolls from Qumran, makes a break in the middle of Isaiah 63:19. Neither its syntax nor the poetic structure of the Hebrew text necessitates a break at this point. Yet numerous commentaries and Bible translations follow the Vulgate in connecting verse 19a with Chapter 63 and verse 19b with Chapter 64.25 Where did this illogical break originate? The earliest attestation of the division of Isaiah 63:19 into two halves seems to be found in the commentary on Isaiah by Eusebius of Caesarea (c. 263-339), We [i.e. the Jews] have become as in the beginning when you did not yet rule over us and your name was not called over us [. . . ] as 24 25

See Matt. 5:3; 11:5; Luke 6:20; 7:22; Acts 4:27; 10:38; Rev. 5:10. As anyone who has studied the Bible seriously will know there are many annoying differences between the numbering of verses and chapters in various translations of the Bible. These differences arose as a result of their numbering in the Vulgate. Cf. Van Banning 2007; Tov 2012, 49-50, 198-199.

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marjo korpel in the time when we had no prophets, no priests, no kings, nor your acts of grace, so we find ourselves in a state of deprivation now. All this seems to refer to the time of the advent of our Saviour when they were utterly deprived because of the crimes they committed against our Saviour.26

This is clearly an anti-Jewish interpretation of the passage. Other Greek patres did not follow suit and also Codex Sinaiticus originally did not cut verse 19 in half.

Fig. 2: No separation in the middle of Isa. 63:1927 (own photo and editing, after Lake 1922, Plate 88b).

However, Jerome evidently made use of the commentary by Eusebius and even elaborated on it in his own Isaiah commentary,28 On them who were saying his blood be over us, and over our children rests an eternal curse, and God does not rule over them, nor is his name called over them, since they are in no way called the people of God anymore.29

This blatantly anti-Jewish exegesis raises the question whether it is still defensible to interpret the Hebrew Bible in an exclusive Christian way. In my opinion all Bible translations and commentaries 26 27

28

29

PG 24, 505-507, as translated by De Moor 2017a, 85. The horizontal line (paragraphos) and vertical dots in the manuscript were added later on with different ink. Earlier De Bruin 2005 dicussed some examples of unit delimitation in Jerome’s commentaries on Isaiah and Ezekiel (De Bruin 2005). Adriaen 1963, 733, as translated by De Moor 2017a, 86.

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should document differences in unit division. Fortunately Jerome himself already points in this direction by adding the opinion of his Jewish interlocutors, The Hebrews explain this passage as follows: Thus fire will burn down the adversaries just as the waters were (burnt) by the heat of the fire.30

This explanation presupposes no division of the Hebrew text between Chapters 63 and 64 and is in accordance with the rendering of Targum Jonathan. Of course it is inevitable that Jews and Christians interpret some texts of the Bible differently, but it would be good practice to follow Jerome’s lead and document such differences explicitly. Another case is Isaiah 50 where the scribe of the great Isaiah scroll not only separated words from each other by means of narrow blanks, but also cola by somewhat wider spaces and strophes by still wider spaces and finally whole sections or paragraphs by the widest kind of spaces.

Fig. 3: Blanks between words, cola and strophes in Isaiah 50 of the Qumran scroll (own editing, photo after Burrows)

Yet one cannot say that the scribe worked in a totally haphazard, impressionistic way. Most of the division points coincide with what we find in the admirable codices of the Tiberian Masoretes almost a thousand years later.31 In other words, inconsistency in applying the 30 31

Adriaen 1963, 734, as translated by De Moor 2017a, 86. A similar case is Isa. 61:10–62:9, spaces in the Isaiah scroll are in agreement with the Masoretic accents, cf. De Moor 1997.

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rules does not automatically justify the conclusion that no tradition with regard to the division of the text existed. On the contrary, such a tradition did exist, but it was mostly oral. All the more reason to pay attention to blanks where they have been preserved in manuscripts. The significance of these spaces is twofold. First, they prove beyond any doubt that the colon was an important concept to the scribes. In the second place, their colometric spacing teaches us to be aware of the fact that our ideas about correct colometry do not always concur with what the ancients had in mind. Anybody acquainted with the frequent disagreement between scholars about the colometry of biblical poetry will realise that we cannot afford to ignore this kind of evidence. Also the later Masoretic accents were not primarily intended to indicate colometry, but were meant to assist the cantor in chanting the Hebrew text.32 Manuscripts and early audio recordings by Idelsohn 1914–1932 reveal that various ways of reciting were in use. So one should refrain from using any of them rigidly to establish versification.33 Differences of opinion with regard to colometry have been demonstrated to exist in Hebrew manuscripts and the pausal forms sometimes point to a colometry different from the Tiberian one.34 Moreover, one should be aware of the fact that the Masoretic distinction between prose accents and poetic accents is artificial and does not take into account the phenomenon of narrative poetry.35 Small wonder that differences of opinion with regard to the delimitation of cola and verse-lines will probably continue to crop up in biblical scholarship. Yet, if accentuation is taken into account it will help to reduce dissent. Before the invention of the accents, however, small blanks marked the colometry. What did these blanks mean? Since verse-lines consisting of three or more cola do occur, it is unlikely that the person reciting drew a fresh breath only after having completed a whole verse-line. Breathing must have occurred after each colon. As a result every colon or clause ended in a brief silence.36 Because often the 32 33

34 35 36

See e.g. Revell 2007. Important insights in the way the accents can be used profitably in modern research are due to Sanders 2000; 2002; De Hoop 2000; 2000a-c; 2014; Revell 2007; 2015. Cf. Watson 2007, 166-167. Revell 1977; 2015; Sanders 2003, with earlier literature. See e.g. Korpel 2002; De Hoop 2005, both with earlier literature. De Hoop 2014, 21 speaks of ‘pauzes’ (pauses) at appropriate places.

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statement to be made became complete only when the next colon had been read, this short silence momentarily gave the cantor an opportunity to breathe. It also heightened the tension in the audience and gave people the time to reflect on the phrase just said or sung. 4 Spaces Marking Sense Units

It has long been known that horizontal lines on Babylonian and Ugaritic clay tablets were used to demarcate logical sections in literary religious texts.37 For us it is confusing that the ancient scribes used this kind of ruling for various purposes, e.g. to demarcate strophes and paragraphs.38 Moreover, duplicate copies of the same text demonstrate that the scribes inserted the horizontal lines inconsistently, omitting them at will.39 Where they employed them, however, it seems likely that they often wanted to mark a silence, for example when a priest had to establish whether a sacrificial victim was without blemish. Because if it was not, there was no need to recite the rest of the text anymore.40 It is useful to observe that Ugaritic tablets divided into sections by rulings are also divided by empty spaces because the last line of each section is often left blank (e.g. KTU 1.23). In Ugaritic literary texts blanks at the end of lines often seem to fulfil the function to mark a pause when the text was recited. A few examples may suffice. When the divine craftsman Kotharu urges the god Balu to slay his opponent the sea god Yammu and to reestablish his kingship, wide spaces after the crucial lines mark this exciting turn of the story (KTU 1.2:IV.9-10, see next page, Fig. 4). A moment of tension also occurs when it is narrated that Balu is afraid of the god of death Môtu. Will he give in to the latter’s demand to surrender? Remarkably, there is a blank at the beginning of Balu’s unintroduced reply just after KTU 1.5:II.7 where the narrator relates that Balu was afraid of Motu. A second blank occurs after lines 9 and 12 when Balu actually announces his surrender in a message to Môtu: ‘I am your slave, yes, yours for ever!’ 37 38 39 40

Cf. Korpel 2000; 2005; Mabie 2004. Korpel 2000, 40-43. Korpel 2005, 148. Korpel 2005, 146.

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Fig. 4: Wide spaces after the crucial lines of KTU 1.2:IV.9-10 (Courtesy Inscriptifact Database)

More examples could be given, but there is no need for that now. As far as I know, all Ugaritologists, including myself, have overlooked that meaningful spaces seem to occur on the tablets of Ugarit. The reason for this oversight is obvious. It could easily be demonstrated that in comparable passages such extra spaces did not occur and that often extra blank space at the end of lines does not seem to have a rhetoric function. However, this argument is not convincing anymore now that it has been demonstrated that the horizontal lines occurring rather frequently on Ugaritic tablets do indicate logical sections, but that the scribes were not consistent in marking their sections in this way. This lack of consistency continued to plague all early attempts at structuring the layout of texts. However, we should not forget that written texts were subservient to their oral delivery. Especially in Ugarit this was clearly their purpose, as can be shown by the example of KTU 1.4:V.42-43, KTU 1.4:V.42-43 wtb lmspr . . ktl akn — g˙ lmm

And return to the recital of how were sent the lads.

The beginning of this interlinear gloss was marked by a double horizontal line and its end by a single horizontal line. The scribe became impatient with the elaborate style of the narrative and omits

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a portion of standard text relating how the messengers were sent out, how they delivered their message and what the god Kotharu answered. All in all a substantial part of text was left to the improvisation of the reciting priest who apparently knew the text more or less by heart. See also KTU 1:100:77-79 where a scribe refers to a strophe he had inadvertantly skipped. He notes where the strophe should be inserted, quotes the first colon, but leaves it to the cantor to supply the rest. Finally it is remarkable that thus far no cases of spaces in the middle of lines occur in the literary texts of Ugarit. This seems to mean that the petuh.ah was an older invention than the setumah. The use of spaces to divide sections is also attested in other Northwest Semitic literature, as has been indicated by Ingo Kottsieper (Kottsieper 2003). In the Phoenician Karatepe inscriptions, for example, sense units are clearly marked by spaces. Mostly this happens at the end of lines, as in Ugarit, but sometimes also in the middle of lines, what we would call a setumah. Also in the Ah.iqar papyri from Elephantine (ca. 430 bce) and in some Punic texts (for example the Punic Marseille Tarif inscription, 3rd century bce) spaces are used to delimit paragraphs. Also in Hebrew such silences occur, for example after the tormented cry ‘Wilt thou keep silent, and afflict us sorely?’ in Isa. 64:11(12) where all witnesses have major division markers, indicating the tense wait for a divine answer. If we now look at the overall Hebrew evidence, it appears that several of the earliest manuscripts from the Judean Desert exhibit many more spaces than the later Masoretic manuscripts. Emanuel Tov and Eugene Ulrich have called such deviating spacing ‘impressionistic’.41 Such a term seems to presuppose that there existed some kind of standard from which imaginative scribes deviated at will. It is true that the rabbis have strived after uniformity with regard to spacing, but in reality the use of spaces remained inconsistent up till the late Middle Ages. Unfortunately manuscripts with Palestinian punctuation and vocalization are rare. As a result of the efforts to promulgate the Tiberian system as the only correct one they are often fragmentary.42 41 42

Tov 2000, 314, 339; Ulrich 2003, 304. See e.g. Kahle 1959; Dietrich 1968; Revell 1977.

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Several years ago Johannes de Moor and I have described spacing in the Hebrew manuscript 80 of the French National Library.43 The codex contains the Prophets and Writings. Unfortunately it is undated, but it is a rare and hitherto unnoticed example of a socalled Tibero-Palestinian manuscript, a manuscript setting forth the Palestinian tradition in Tiberian form. First we compared the Paris manuscript with eight other Masoretic codices. Next we compared the results with Ginsburg’s Masoretic edition (1911). The question is if the great Qumran scroll is ‘impressionistic’ as compared to the Masoretic manuscripts. Our results seem to indicate otherwise. Finally we compared the paragraphing with those of a number of respectable codices of the Septuagint.

Fig. 5: Grayscale reproduction of a fragment of the Greek scroll of the Minor Prophets found at Nah.al H . ever, with large space after Habakkuk 2:18 and a small one before 2:20 (after Tov 1990, Plate XII)

One might ask whether it is justified to lump manuscripts of the Septuagint together with Hebrew manuscripts. Some have reproached us for doing so, but I think it is justified. A fragment of the oldest extant manuscript of the Greek Bible, the kaiv ge-version from 43

De Moor and Korpel 2007.

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st Nah.al H . ever (1 century ce), exhibits spaces not only to demarcate paragraphs, but also to delimit ‘verses’ by small spaces and capitalization. For example in Habakkuk 2:17–3:1 at exactly the same places as the Masoretic Bible according to the Codex Leningradensis, with the exception of the space before v. 20 which is only extant 44 in 8H . evXIIgr (see Fig. 5). This correspondence between the Masoretic and the Greek paragraphing is also seen in early papyri, be it that there too complete agreement is lacking.45 The correspondence with the Greek uncials has been undertaken for Deutero-Isaiah and Ezekiel.46

5 Benefits for Interpretation

Now one may ask whether it is really worth all the trouble, all this hunting for spaces and other markings in ancient manuscripts. What are the benefits for exegesis? However, the gain may be considerable. Editions of the Hebrew Bible should have included data on spacing already long ago, if only to allow scholars to weigh the evidence themselves.47 One of the main reasons for disagreement among scholars about the meaning of biblical passages is different paragraphing. In my study on the structure of the Book of Ruth I showed an enormous variety in the division of the Book of Ruth in several commentaries (Korpel 2001). Johannes de Moor did the same for a passage from the Book of Micah48 and listed 40 commentaries with 20 different divisions of chapter 7 of the Book of Micah. He also showed that none of the commentators paid attention to the setumah after Micah 7:8, which appears to be crucial for the maintainability of Gunkel’s argumentation for a liturgical form in Micah 7 (see above). Raymond de Hoop demonstrated that the prevailing delimitation of Isaiah 56:1-8 in modern translations and commentaries is not in accordance with the testimony of mt and the ancient versions. The concluding verse must be v. 9 which means that the pericope is not solely universalistic but also polemical.49 44 45 46 47 48 49

See Tov 1990, esp. 9-11; Prinsloo 2009; Ego 2005, 134. Olley 2002; 2003; De Troyer 2007. Korpel and De Moor 1998; Olley 2003. Several researchers have argued for this, e.g. Olley 1998; Dijkstra 2005, 132. De Moor 2017b. De Hoop 2009a.

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In my opinion such examples demonstrate the desirability of documenting spaces in ancient manuscripts, even though we know that the scribes applied them inconsistently. Paying attention to unit delimitation has led to justified doubts about long-cherished concepts like the qinah-metre (De Hoop 2000) and the coherence of Psalms 113–118, especially Psalms 114 and 115 (Prinsloo 2003).

Fig. 6: Grayscale reproduction of a column from the Lisbon Bible containing Exodus 33:12-21. Ten times introduction of direct speech, but only once a wide space (petuh.ah).

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It has long been established that a space often marks the introduction of direct speech.50 What has baffled researchers is that this happens so inconsistently. In the preceding column from the Lisbon Bible of 148251 (see Fig. 6) it is difficult to see why the direct speech is marked only once by a setumah. Of Exodus 33:21 only the two first words are written at the end of the column, reading hwhy rmayw. Remarkable is that in this column the introduction of direct speech occurs no less than 10 times (see Fig. 6) but only once a petuh.ah is used, namely after Exodus 33:16. I venture a hypothesis.52 Exodus 33:12-16 is a rather rebellious speech by Moses. After this speech it is as if a rhetorical silence falls before the Lord answers. One expects a rebuke, a thunderclap even. The fact that all other introductions to the direct speech of either Moses or God are not preceded by a space support the idea that a space in the text is not just a reading help, a narrative divider or a theological indication53 but has the meaning of a rhetorical silence. A prolonged anxious silence seems to be the meaning of the space at this point. In numerous modern commentaries and translations of the Bible it is simply ignored. Is this just a wild hypothesis? Maybe a few comparable cases might suffice to support my argument. In the Babylonian Gilgamesh Epic we find a similar clash with a deity. After Gilgamesh’s rude response to Ishtar’s proposal of marriage (Gilg. VI.22-79) two tablets mark the end of his speech by a horizontal line (see Fig. 7, on next page) before the narrator starts to describe Ishtar’s rage.54 The reader expects immediate divine retaliation, but the goddess has to remain silent because she first has to obtain her father’s permission to punish her reviler. So the open spaces in Hebrew manuscripts may also indicate silences in the oral chanting of the text. They seem to mark rhetorical silences after Moses’ bitter complaints in Numbers 11:16 and 11:23. 50

51 52 53

54

E.g. Olley 1993; 2003, 210-216; Clark 2005, 10-11; Dijkstra 2005; Korpel 2005, 155-156; De Moor 2005, 87; De Regt 2017, 23, n.4; Van Staalduine-Sulman 2017, 41-42, 51, n. 64. Now in the British Library (Or. 2626). We already suggested this idea briefly in Korpel and De Moor 2011, 250. The latter was suggested by Clark 2005, 10-13; Van Staalduine-Sulman 2017, 51. See also Goswell 2009. Cf. George 2003, 622 and Plates 79 and 90.

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Fig. 7: Gilgamesh Epic SB Tablet VI.ii (A1 K 231, Courtesy The Trustees of the British Museum)

And after Elijah’s complaints in 1 Kings 19, ‘I alone am left, and they are out to take my life’ (1 Kgs 19:10). The first time Elijah laments in this way God answers him in the form of a ‘thin’ silence (v. 12), but when Elijah repeats his complaint there falls an even deeper silence, again marked by a setumah (1 Kgs 19:14). In the Masoretic text of the book of Ruth no spaces occur, except before the male genealogy Ruth 4:18-22. This curious phenomenon has been noted by several scholars.55 However, in quite a number 55

E.g. by Tov 2012, 200. In Tov 2000, 331 he expressed himself even stronger: ‘the story of Ruth has no sense divisions at all’, making an exception for the space after 4:17.

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of medieval manuscripts I did find an extra space after Ruth 3:7, ‘Then she came softly, and uncovered his feet, and lay down.’ The next verse describes how in the middle of the night Boaz awakes and is startled to discover a woman laying at his feet. Apparently hours have passed between the two verses, ‘but readers and hearers are deliberately left in the dark about the extent of their intimacy’.56 In this case the space expresses the tense silence of the narrator at the height of the story.

Fig. 8: Wide inline space after Ruth 3:7 in manuscript Bodleian Library, Oxford, Canonici Or. 40, Fol. 51v.

Of course later scribes discovered this extra space that was not allowed by the leading Tiberian Masoretes. To mend the ‘damage’ they wrote rpsh yxj, ‘the middle of the book’, in the blank, but this is neither true with regard to the number of verses nor with regard to the number of words.57 As a final example of the rhetorical function of spaces I show you an interesting passage in the Aleppo Codex. It is the text from 2 Samuel 12:1-14, the discussion between the prophet Nathan and king David about David having killed Uriah, husband of Bathsheba. Nathan tells the story of a rich man, who takes the only lamb of a poor man to prepare it for a traveller passing by, because he was unwilling to take a lamb from his own flock. When Davids anger was kindled about the rich man in the story, the prophet Nathan pauses, and apparently with emphasis says, ‘You are that man!’ (2 Sam. 12:7). In the Aleppo codex this short line is fully singled out by two 56 57

Korpel 2001, 165, see also 170-171. Korpel 2001, 145, note 16; 2002, 141, 145, n. 11.

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dramatic spaces,58 no doubt expressing the silences Nathan insert here, before taking a deep breath and speaking out his verdict on David.

Fig. 9: The passage 2 Sam. 12:7 enclosed by two setumot in the Aleppo Codex.

If silence is the overarching principle of the spaces, narrow or wide, there is no need anymore for the assumption of many different and often conflicting motives for inserting space. The spaces always indicate pauses in the reading or chanting of texts, from very short pauses to pronounce distinguishable words and phrases, to somewhat longer pauses to take a breath and finally to long rhetorical pauses. 6 Spacing and Redactional Criticism

It has been demonstrated that the textual transmission is also relevant to literary and redactional criticism. Emanuel Tov has assembled an impressive collection of cases, mostly based on comparisons of the predecessors of mt and lxx.59 Also sectioning forms a hardly explored source of evidence of redactional processes. Texts were open to the future. Parallel texts from Mesopotamia, Ugarit and 58

59

Also some other manuscripts contain a blank after this utterance, as indicated by the critical apparatus of BHS at this point which, however, is neglecting the space at the beginning of v. 7. Tov 2012, Ch. 7. Another example (Jer. 29) was discussed by De Hoop 2009c.

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Israel have proved that later editors enjoyed considerable freedom to contract or expand the work of their predecessors.60 Some examples may elucidate what I mean. Josef Oesch pointed out that the translations and commentaries that take Genesis 2:4(a) with the preceding first creation story neglect the petuh.ah before v. 4.61 The redactional processs behind this problematic case was an attempt to mask the Canaanite background that still glimmers through in v. 4.62 Bob Becking showed that petuh.ah and setumah in Jeremiah 30– 31 elucidate the structure of these chapters and reveal that in three subcantos two transformations are implied, one looking back to the past and one looking forward to the future.63 The closing section of the book of Ruth is also such a case. The genealogy is widely regarded as a later addition to the book64 and it is separated from the main narrative by a section marking. It is interesting to see that some medieval manuscripts also delimit Micah 2:12-13 which is universally seen as a later addition, as a unit. The break after v. 12 is attested in almost all Masoretic manuscripts, but that before v. 11 is rare.65 In this case the Targum and one manuscript of the Peshit.ta support a break at this point. So they treat Micah 2:12-13 as an independent unit. The later addition of Ezekiel 36:37-38, which also in a thematic sense is similar to Micah 2:12-13, is demarcated by setumot both at the beginning and end. Often delimitation of such a mini-unit in ancient manuscripts betrays knowledge that it is a later addition.66 This kind of small portions of text delimited by major division markers definitely deserves further study. Important as such observations may be it should be emphasized once again that the long history of text production in Israel makes it only rarely possible to reach any particular stage in the redaction history of the Bible with absolute certainty. 60 61 62 63 64

65

66

Korpel 1998; 2003; Sanders 2000. Oesch 2000, 227-228, n. 58. Korpel and De Moor 2015, 133-134. Becking 2002. Which, however, may certainly rest on reliable historical information. See e.g. Korpel 2001, 216-217. Cambridge, University Library, Mm. 5.27 (10); Paris, Bibliothèque Nationale, hebr. 80. Cf. De Moor 2002a, 105; Korpel and De Moor 2007, 11. See Korpel 2011, 154, n. 32 for some additional examples.

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7 Unit Delimitation and Modern Translations and Commentaries

In the above discussion of examples that demonstrate the usefulness of research in unit delimitation several cases of astonishing diversity of opinion among translators and commentators of the Bible were described. Many more came to the fore in later Pericope-volumes.67 David Clark was one of the first to recognize the importance of sectioning to Bible translators. He elaborated this for the Book of Numbers.68 In 2012 special Pericope-sessions were devoted to the necessity for Bible translators to pay attention to sectioning in ancient sources. 8 Fresh Opportunities for Further Research

When I started doing research into the role of blank spaces in the transmission of Northwest Semitic manuscripts it was hard to obtain facsimiles or photographs of the originals. Mostly one had to travel to the libraries themselves to collate the documents at the sites. Although autopsy of manuscripts remains a desideratum69 a growing number of libraries, especially those in Europe, provide digitized copies of their treasures on the Internet. This opens up fresh opportunities for students all over the world to consult these manuscripts of the Bible and other artifacts on their computer screens at home. With regard to the Hebrew Bible it should be added that not only many variant spaces wait to be discovered, but also highly interesting variant voweling and accentuation which directly affect the understanding of the text.70 On the next page some sites where digitized Hebrew manuscripts can be consulted have been listed (sites last accessed: 11 May 2020).

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E.g. De Moor 2002b; Schütte 2017. Clark 2004; 2005. See e.g. Porter 2005, 162. It should be noted that in contrast to the Masoretic codices Torah scrolls for liturgical purposes are unvocalized. In the rabbinical literature discussions on the vocalization of this or that word do occur and in the medieval manuscripts hitherto undocumented interesting variants with regard to vocalization have been found. There is no reason to believe that the punctuation with accents and vowels ever reached complete uniformity.

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London, British Library https://www.bl.uk/hebrew-manuscripts Oxford, Bodleian Library https://digital.bodleian.ox.ac.uk (Oriental Collections) Cambridge, University Library http://cudl.lib.cam.ac.uk/, among others the New Testament Codex Bezae, see: http://cudl.lib.cam.ac.uk/view/MS-NN-00002-00041/1 and the Samaritan manuscript MS Add.1846, see: http://cudl.lib.cam.ac.uk/view/MS-ADD-01846/1 Berlin, Staatsbibliothek https://digital.staatsbibliothek-berlin.de (Hebräische Handschriften) Paris, Bibliothèque Nationale https://archivesetmanuscrits.bnf.fr/ (Département des Manuscrits) https://gallica.bnf.fr Rome, Biblioteca Apostolica Vaticana https://digi.vatlib.it/mss/ among others the New Testament Codex Vaticanus B, see: https://digi.vatlib.it/view/MSS_Vat.gr.1209 Jerusalem, National Library of Israel https://web.nli.org.il/sites/NLIS/en/ManuScript/ A search for ‘Hebrew Bible Psalms’, for example, results in a splendid overview of Hebrew manuscripts all over the world containing the Book of Psalms. Münster, Institut für Neutestamentliche Textforschung For the New Testament most of the above libraries also offer digitized versions of important manuscripts. Comprehensive information can be obtained from the New Testament Virtual Manuscript Room at: http://ntvmr.uni-muenster.de/ Center for the Study of New Testament Manuscripts http://csntm.org/Manuscript Research related to the Pericope-research is the paratext project at Munich: http://www.paratexbib.eu/ A general website on manuscripts is that of Hill Museum and Manuscript library: https://www.vhmml.org/

It would be helpful if the data with regard to unit delimitation were available in the form of an electronic database or a polyglot Bible. Several initiatives in this direction have been announced,71 but hitherto none was successful. 71

Cf. http://www.pericope.net/pericope_9.htm; De Hoop 2007.

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9 Conclusions

The Pericope effort has booked significant results, but much remains to be done. Especially with regard to the New Testament the Editorial Board deplores that so few contributions were submitted for publication72 although it would seem obvious that researchers of both Testaments might profit from each others’ findings. Features like spacing, punctuation, paragraphoi, colometric arrangement are all testified in both channels of transmission. Yet a few tentative conclusions may be drawn, • Dots and narrow spaces have been used to separate words as early as the 13th century bce. • Spaces and horizontal lines have been used to divide texts into meaningful sections as early as the second millennium bce. • Petuh.ah-like blanks are older than setumah-like blanks. • Blank spaces have a structuring and rhetorical function, mostly marking shorter or longer pauses in the oral recitation of a text. • Spaces should not be disposed of as impressionistic scribal whims. Their seemingly inconsistent use may be attributed to the oral delivery of written texts which the speaker or singer knew by heart. • Spaces should be treated as an integral part of the text and be included in critical editions. • Next to spaces other markings intended to steer interpretation (vowels, dividing lines, accents, marginal notes, etc.) deserve further study. • Delimitation criticism is also a useful tool for literary and redaction critical analyses. • The digitization of manuscripts renders research into textual delimitation markers attainable for students of Scripture all over the world. 72

Notable exceptions were Porter 2005; 2009; Trobisch 2005; Lang 2017.

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Les divisions des bibles latines médiévales Gilbert Dahan CNRS / EPHE, Paris – France Résumé Avant que ne s’impose au 13e siècle un système de division par chapitres très proche de celui que nous utilisons encore, les bibles latines n’ont pas de divisions fixes. Ont-elles hérité de systèmes proches de celles des bibles hébraïques ? Les ressemblances sont parfois troublantes. On examinera les systèmes employés dans quelques bibles latines de l’époque carolingienne et du 12e siècle. Puis on essaiera d’analyser la lente émergence de la capitulation « moderne » en étudiant quelques bibles du 13e siècle, en tentant d’évaluer l’apport d’Étienne Langton et en relevant la place de la capitulation dans les correctoires. On s’intéressera aussi, tout en laissant de côté les subdivisions en versets – problème extrêmement complexe –, aux subdivisions des chapitres. Abstract Before a system of division by chapters, very close to the one we still use, could prevail in the 13th century, Latin Bibles did not have any fixed divisions. Did they inherit similar divisions to those of the Hebrew Bibles ? Some intriguing similarities can be found. We will examine the systems used in some Latin Bibles of the Carolingian era and of the 12th century. Then we will try to analyze the slow emergence of ‘modern’ capitulation, as exampled by some Bibles of the 13th century, the contribution of Stephen Langton and the capitulation in the collections of emendations. Leaving aside the subdivisions into verses, which is an extremely complex problem, we will also address the subdivisions of the chapters.

1 Introduction

La numérotation des chapitres bibliques que nous utilisons actuellement remonte au 13e siècle. Nous verrons dans quelles conditions elle a été adoptée, mais nous nous demanderons d’abord ce qu’il y avait avant cette capitulation « moderne ». Je laisserai de côté la question, passionnante mais complexe, de savoir s’il y a un rapport quelconque avec les différents systèmes utilisés dans les bibles hébraïques et qui ont fait assez tôt l’objet d’une codification rigoureuse1 : division du Pentateuque en sidrot selon un cycle de lecture 1

Sur ces divisions, voir notamment la belle étude de Perrot 1969, ainsi que Tov 1992, 50-54.

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triennal ou annuel, relation avec les découpages internes en parashiyot « ouvertes » (petuh.ot) ou « fermées » (setumot). Les critères de ces découpages paraissent parfois mystérieux ou arbitraires ; mais on peut en dire autant de certains découpages des bibles latines. Je propose donc une exploration de ce domaine assez complexe, en trois temps ; d’abord, les quelques réflexions des auteurs latins antérieurs au Moyen Âge, puis les divisions dans les bibles de l’époque carolingienne et du 12e siècle ; enfin, la lente émergence de la capitulation moderne au 13e siècle. On voit au passage que j’ai choisi les époques où le travail sur la Bible a été le plus intense en Occident chrétien, avec à chaque fois des entreprises importantes de critique textuelle (sous Charlemagne, au 12e siècle, au 13e siècle2 ). Je m’abstiendrai au cours de cet exposé de parler de la division en versets, qui est un autre problème tout aussi complexe. 2 Les premières réflexions sur les divisions

Il ne semble pas que les Pères latins aient beaucoup réfléchi aux divisions de l’Écriture – en dehors bien sûr de la division en livres, dont il ne sera pas non plus question ici. Les quelques textes à ce sujet ont été analysés par un bénédictin du 17e siècle, Jean Martianay, éditeur de saint Jérôme, repris plus tard par Samuel Berger3 . Dans ses prolégomènes, Martianay consacre un chapitre aux « titres, chapitres, versets et mètres de la Bible »4 . Faisant abstraction des Pères grecs, nous relèverons d’abord les textes de Cassiodore, dont on sait l’importance pour l’histoire même de la Bible (il est, par exemple, le premier à parler d’une Bible en un seul volume). Dans ses Institutiones, quand il présente les différents livres bibliques, pour certains d’entre eux il insiste sur la présence de tituli, qui permettent de présenter rapidement le contenu et d’aider le lecteur ; voici ce qu’il dit de l’Octateuque : Pour que le texte de l’Octateuque dont on vient de parler se présente à nous en une sorte de résumé, nous avons cru devoir intégrer au début des livres appartenant à l’ensemble de ces lectures des titres copiés par nos prédécesseurs selon l’ordre habituel ; le lecteur, ainsi 2

3 4

Je me permets de renvoyer sur ce point à mes travaux : Dahan 1999, 161-238 ; 2011. Berger 1893, 307-315. ‘Prolegomenon IV, De titulis et capitulis, versibus et metris sacrorum Bibliorum’, reproduit (« ex editione benedictiniana ») dans PL 28, 101-134.

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mis en garde, est rendu heureusement attentif et trouvera facilement tout ce qu’il cherche, quand il sait que cela lui est indiqué brièvement5 .

Il y a donc une tradition ancienne de tituli (nous reviendrons sur ce terme) et ils sont faits essentiellement pour guider le lecteur. Pour les livres des Chroniques, Cassiodore n’a pas repéré de « titres » anciens et les a ajoutés lui-même ; il en est de même pour les livres de Salomon, la Sagesse et l’Ecclésiastique 6 . Nous ne serons pas étonnés de trouver saint Jérôme comme autre Père latin qui se soit livré à des réflexions sur les divisions. Mais la perspective n’est pas la même (et nous sommes deux siècles avant Cassiodore). Laissons de côté le passage du De viris illustribus où Jérôme note que Fortunatianus a écrit des commentaires brefs et en langue vulgaire (sermone rustico) sur des évangiles qui comportaient des titres7 . En fait le texte de Jérôme qui nous intéresse le plus est son prologue au livre de Josué, Tandem finito (ou finita), dans lequel il enjoint au copiste de « conserver la forêt des noms hébraïques et les distinctions divisées en membres, distinctiones per membra divisas »8 . Le vocabulaire est différent de celui de Cassiodore, mais les exégètes médiévaux comprendront bien qu’il s’agit de ce que nous appelons des chapitres ; par exemple, dans son commentaire du prologue hiéronymien, Pierre 5

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Institutiones I, I, 10, PL 70, 1112, Mynors 1937, 15 : Sed ut textus memorati Octateuchi quodam nobis compendio panderetur, in principiis librorum de universa serie lectionis titulos eis credidimus imprimendos, a maioribus nostris ordine currente descriptos ; ut lector utiliter ammonitus salubriter reddatur attentus et facile unamquamque rem dum quaerit inveniat, quam sibi cognoscit breviter indicatam. Inst. I, II, 13, PL 70, 1113-1114, Mynors 1937, 18 : In memoratis autem Paralipomenon libris duobus [...] quoniam titulos antiquos non repperi, novos ad praecedentium similitudinem locis singulis, ut aestimo, consequenter impressi, ut qualicumque obsequio sermonis, devotionis nostra qualitas potuisset agnosci ; I, V, 7, PL 70, 1117, Mynors 1937, 25 : Quibus libris [Sg et Eccli], iuvante Domino, capitula insignire curavimus, ne in tam necessaria lectione, ut saepe dictum est, confusa tyronis novitas linqueretur. De viris illustribus, Ceresa-Gastaldo 1988, 202-203 : Fortunatianus, natione Afer, Aquileiensis episcopus, imperante Constantio, in Evangelia titulis ordinatis breves sermone rusticoque scripsit commentarios [...] (cf. Berger 1893, 308). Biblia sacra 1939, 4 (= editio maior ), ou Weber 1975, 285 (= editio minor ) : Monemusque lectorem ut silvam hebraicorum nominum et distinctiones per membra divisas diligens scriptura conservet, ne et noster labor et illius studium pereat.

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le Chantre (maître parisien de la seconde moitié du 12e siècle) dira : Les distinctions divisées en membres c’est-à-dire les chapitres, qu’il les considère avec attention ; ils sont très nécessaires pour mémoriser et pour trouver ce que nous voulons. Tu as donc ici l’autorité qui justifie la confection des chapitres9 .

Nous sommes avant l’élaboration de la capitulation « moderne », mais Pierre le Chantre est lui-même très attentif aux divisions des livres bibliques. Pour lui, le prologue de Jérôme est l’autorité qui justifie ces divisions ; sa remarque sera reprise par la suite, notamment par Étienne Langton10 et Hugues de Saint-Cher11 . Il faut également noter que dans son commentaire des Petits Prophètes Jérôme donne quelques indications sur les chapitres (sur Michée 6,9 ; sur Sophonie 3,14-18, par exemple12 ). On observera que dans ses Étymologies Isidore de Séville ne parle pas de ces divisions, qui, du reste, ne sont pas souvent un objet de réflexion. Cela m’autorise à citer dès à présent un texte remarquable 9

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Ms. Oxford, Balliol College 23, f. 113rb : Et distinctiones per membra, scilicet capitula diligenter attendat, que valde necessaria sunt ad tenendum memoriter et inveniendum que volumus. Hinc habes auctoritatem capitulorum faciendorum. Ms. Paris. lat. 14414, f. 42vb : Pereat noster labor, quo est ad inveniendum que volumus et ad tenendum memoriter ; hinc habes auctoritatem distinguendi capitula [ms. copula]. Postilla, Opera omnia, éd. de Lyon, 1645, t. 1, f. 178rb : « Hic est auctoritas distinguendi capitula. » Commentarii in Prophetas minores, Adriaen 1969-1970 ; sur Mi 6,9, t. 1, 500 : « In hebraico alterius hoc capituli exordium est, apud Septuaginta uero interpretes finis superioris » ; en hébreu, il y a en fait un espace de parashah setumah entre les v. 8 et 9 ; on peut donc considérer le v. 9 comme le début d’un chapitre (on se rappelle que la capitulation moderne date du 13e s. et qu’elle a été appliquée au texte hébreu par la suite, notamment dans les éditions imprimées) ; Ziegler 1984, 211, met un alinéa avant 6,9. Sur So 3,14-18, t. 2, 706 : Non uideatur mirum, ut saepe diximus, aliter Hebraica capitula et aliter LXX, Graeca uidelicet Latinaque finiri. Ibi enim in sensu diuersa translatio est, ibi necesse est diuersa esse uel principia uel fines. Iudaei cum Christo, quem putant esse uenturum, haec sibi omnia repromittunt quae nos, qui Christum suscepimus, iam cum ipso omnia sumus consecuti ; en hébreu, nous avons donc encore un espace de parashah setumah entre les v. 13 et 14 ; pour la Septante, voir Ziegler 1984, 283-284 (alinéa avant 3, 14, mais 14-20 considéré comme un ensemble) ; voir également les remarques intéressantes de Harl 1999, 306-308. En tous cas, ces deux notes de Jérôme montrent que les questions de division ont aussi des conséquences théologiques. – Pour les divisions de la Septante je renvoie à l’exposé très clair de Swete 1914, 342-361.

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d’un auteur du 12e siècle, Robert de Melun ; le prologue particulièrement important de ses Sententie consacre plusieurs pages au problème des divisions13 ; il s’agit en fait des divisions de ses Sententie elles-mêmes, qui sont un ouvrage très copieux, dans lequel la présence d’une « table des chapitres » permet de se repérer ; mais, audelà même de ce qui concerne précisément la navigation dans ce livre, les réflexions sur les divisions ont une portée plus générale, qui concerne évidemment le texte biblique, puisque cette préface est en fait une ample dissertation sur l’Écriture, comme l’indique son titre même, De diversa consuetudine legendi sacram Scripturam. Après des considérations sur le fait de savoir si l’Écriture constitue un livre ou plusieurs livres, il note qu’on appelle Bibliotheca l’ensemble de l’Ancien et du Nouveau Testament et que les Douze prophètes ne constituent qu’un livre14 (il y a aussi une discussion sur les Psaumes – là encore, il s’agit d’un aspect du sujet que je laisse de côté15 ). Il passe ensuite aux divisions internes aux livres : il donne une définition du chapitre et passe aux paragraphes, aux versets et aux titres (en privilégiant les titres des Psaumes) ; nous reprendrons plus loin les définitions qu’il donne ; il insiste à chaque fois sur l’utilité de ces divisions et subdivisions. Notons au passage qu’il affirme qu’il serait « plus utile de faire précéder tous les versets de chaque chapitre de titres, plutôt que les chapitres ou parties de chapitres »16 ; cela semble annoncer la numérotation des versets, qui n’interviendra qu’au 16e siècle. En tous cas, l’utilité des divisions et subdivisions est nettement affirmée. Avant de les examiner dans leurs réalisations concrètes, nous nous interrogerons rapidement sur des problèmes de vocabulaire. On se 13 14

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Martin 1947, t. 3/1, 49-56. Martin 1947, t. 3/1, 51 : [...] ipsa bibliotheca vetus et novum continens Testamentum unus liber vocatur. Duodecim etiam prophete eadem ratione unum volumen appellantur. Martin 1947, t. 3/1, 51 : [...] non mihi manifestum est quare de libro psalmorum quesitum sit an sit unus liber an plures [...] Quod vero liber psalmorum sit libri diversi in unum in unum volumen collecti de diversis tranctantes materiis diversaque intentione, nulla potest causa dubitationis subesse. Martin 1947, t. 3/1, 55 : Simili quoque de causa [les titres sont notés pour faciliter la recherche des occurrences] utile esset singulis versibus singulos preponere titulos certoque comprehendere numero. Nam si hoc fieret, multo facilius omne quod queritur in tractatu aliquo posset inveniri quam ex titulis capitulis et capitulorum partibus prefixis. Et ideo multo utilius esset singulos versus cuiuslibet tractatus titulis prenotari quam capitula et capitulorum partes.

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rappelle le titre de l’ouvrage de Donatien De Bruyne, Sommaires, divisions et rubriques 17 , qui privilégie le terme de « sommaires » ; dans les bibles médiévales, ce sont les termes de tituli et de capitula qui sont les plus employés ; ils sont, du reste, interchangeables ; par exemple, dans la bible du ms. BnF lat. 9380 (Bible de Théodulfe), on a, pour 2 Rois, Incipiunt capitula libri secundi et expliciunt tituli – cela est très fréquent. L’autre terme utilisé (moins couramment) est celui de breves. Les lexiques nous aident-ils à mieux appréhender ce vocabulaire ? J’ai eu principalement recours aux deux dictionnaires fondamentaux du Moyen Âge, l’Elementarium de Papias (10e s.) et les Derivationes de Huguccio de Pise (début du 13e siècle). Pour capitulum, Papias relève que les chapitres des livres sont ainsi appelés parce qu’ils prennent (capiant) et contiennent brièvement une idée (sententiam) ; on constate que par « chapitre », Papias désigne ce que nous appelons plutôt « titre » ; du reste, la fin de la définition donne l’équivalence (quasi caput et titulus maioris scripti )18 . Huguccio définit le chapitre (en dehors du lieu où se réunissent les moines) comme « une brève distinction dans un livre » (distinctio brevis in libro quolibet)19 . Robert de Melun donne une définition plus complète, qui s’appuie en partie seulement sur l’Elementarium : Le chapitre est, comme le disent les docteurs, une brève synthèse de nombreuses choses, ainsi appelé parce qu’il saisit (capiat) brièvement la totalité d’une somme ; autrement dit, le chapitre est la compréhension en peu de mots de ce qui constitue une somme. Cette définition montre quelle est son utilité et combien il est utile à la compréhension20 .

Encore une fois, le terme de capitulum équivaut plutôt à notre «titre». Voyons donc maintenant les définitions de titulus, qui sont plus com17 18

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De Bruyne 2014 (la première édition de 1914 est anonyme). Ms. Troyes, Médiathèque 160, f. 27vb : Capitulum dicitur quod alterius sentencie capit. Capitula librorum dicta, quod breuiter capiant et contineant aliquam sentenciam, siue quasi caput et titulus maioris scripti [...]. Cecchini 2004, 175 : Capitulum quandoque dicitur ille parvus locus in quo conveniunt claustrales, etiam quandoque ipsa congregatio claustralium dicitur capitulum, quandoque aliqua distinctio brevis in libro quolibet dicitur capitulum ; unde capitulo, -as, id est capitulis aliquid distinguere, unde capitulatim distincte per capitula [...]. Martin 1947, t. 3/1, 52-53 : Est autem capitulum, ut aiunt doctores, brevis multorum complexio, sic dicta quia breviter capiat totam summam, id est capitulum est summe aliquorum brevis comprehensio. Cuius quanta utilitas sit, quantumque intelligentiae prosit, ipsa eius diffinitio ostendit.

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plexes. On trouve chez Papias ce qui sera développé ultérieurement : titulus vient de Titan, qui veut dire « soleil », parce que le titre illumine le livre et ce qui suit ; Papias donne comme équivalent grec elencus 21 . Huguccio reprend la même étymologie et la même explication, ajoutant que titulus peut venir du nom de Tite Live qui, le premier, donna des titres à ses livres, ou bien de la lettre teta qui servait à marquer les condamnés ; il termine sa notice par une définition globale, « le titre est une brève annotation de ce qui est contenu d’une manière plus prolixe dans l’œuvre qui suit »22 . La Summa Britonis de Guillaume Breton, qui est un dictionnaire des termes bibliques, a une notice titulus, qui reprend ce que l’on a vu chez Huguccio et renvoie également à Papias23 . Le développement de Robert de Melun reprend l’étymologie fournie par Papias, titulus a Titane, et insiste sur l’utilité des titre ; il met cependant en garde contre la multiplication des titres : ceux-ci ne doivent correspondre qu’à des contenus différents ; il doit y avoir autant de titres que de chapitres mais non « parties de chapitres » ; Robert vise clairement ici les auteurs contemporains et non les textes bibliques, dont on a vu qu’il semblait souhaiter que les titres concernent aussi les versets24 . Le dictionnaire plus tardif de Jean de Gênes, Catholicon (1286), reprend les éléments fournis par Papias et Huguccio25 . Cette incursion dans la lexicographie semble bien confirmer que les termes importants sont capitulum et titulus ; c’est bien eux que 21

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Ms. Troyes 160, f. 220ra : Tytulus dicitur a titane, id est sole, quia sicut sol mundum uel queque obscura illuminat, ita titulus librum uel eius sequentia. Idem grece elencus dicitur. Tytulus indicium signorum, manuum scriptura, monumentum. Cecchini 2004, 1226 : [...] Item a Titan hic titulus quasi titanus, id est illuminans, quia illuminat librum, vel titulus a Tito Livio, qui primus librum suum per distinctiones divisit et singulis titulum apposuit ; vel titulus dicitur quasi tetalus a teta figura sic Q facta, que olim frontibus damnatorum imprimebatur ; sicut enim illa figura reddebatur homo noscibilis, sic per titulum liber cognoscitur ; unde et sic diffinitur : titulus est brevis annotatio eorum que diffusius in sequenti opere continentur. Daly 1975, 788-789. Martin 1947, t. 3/1 p. 54 : Si vero titulus a Titane nomen habet, ut quidam volunt, id est a sole qui suo splendore tenebras noctis depellit mundumque illuminat facile convinci possunt errare qui suis tractatibus titulorum tantam multitudinem preponunt et interponunt quanta est capitulorum partium multitudo [...]. Voir par exemple, dans l’édition de Venise, 1495, f. 85va, notice Capitulum, et f. 291va, notice Titulus.

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nous trouvons dans les bibles, aussi bien avant le 13e siècle qu’au 13e siècle. À titre d’exemple, nous privilégierons dans cet exposé les divisions du Lévitique, de Josué et de deux Petits Prophètes, Amos et Michée. 3 Les systèmes de division antérieurs à la capitulation « moderne »

Avant donc l’adoption d’une numérotation standardisée des chapitres au 13e siècle, il n’y a pas de systèmes de division fixes. Certes, les « sommaires » publiés par Dom De Bruyne donnent l’impression que certaines divisions dominent : on peut en effet repérer certaines divisions plus répandues que d’autres, mais la consultation des manuscrits donne plutôt l’impression d’une grande diversité. Essayons de montrer cela à partir des quatre livres choisis comme tests. Pour le Lévitique, nous avons actuellement 27 chapitres (notons que dans le texte massorétique il y a 10 parashiyot ; 23 sedarim ; 52 petuh.ot ; 46 setumot) ; De Bruyne publie des sommaires comportant 16, 69, 89 et 161 divisions (plus un non numéroté, où l’on peut compter 44 divisions). Regardons quelques manuscrits. Le ms. BnF lat. 2 (Bible de Charles le Chauve, 9e siècle) a une table des chapitres (pas d’incipit, mais : Expliciunt capitula) et donne 89 divisions ; les numéros des chapitres sont reportés en rouge, en marge du texte ; la première lettre du chapitre est une initiale de grande dimension ; mais on observe aussi à l’intérieur de chaque chapitre des « sections » identifiées par des initiales de dimension moyenne ; par exemple, le chapitre vii , qui correspond à notre Lv 6,25–7,18, a 4 sections identifiées par des majuscules plus grandes en marge : Loquere Aaron (Lv 6,25), Haec est lex hostiae (Lv 7,11), Si pro gratiarum actione (Lv 7,12), Si uoto uel sponte (Lv 7,16) ; on remarque que la longueur de ces sections est très variée ; il en est de même pour les chapitres ; par exemple, le ch. I va de Lv 1,1 à Lv 3,17 – soit la totalité de nos 3 premiers chapitres ; en revanche, les chapitres xxxv à xlviii couvrent seulement Lv 19,9-19, avec plusieurs chapitres sur un seul de nos versets : par exemple : Non facies calumniam proximo tuo, nec opprimes eum [= Lv 19,13a] Non morabitur opus mercernarii tui apud te, usque in mane [= 13b] XXXVIII Non maledices surdo [= 14a] XL Nec coram caeco pones offendiculum [= 14a] XLI Sed timebis Dominum, quia ego sum Dominus [= 14b] XLII Non facies quod iniquum est nec iniuste iudicabis [= 15a] XXVII

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On le voit, l’intention n’est pas de diviser un livre en sections équilibrées, mais bien plutôt de le découper en unités thématiques. Je relèverai qu’une main postérieure a ajouté les numéros des chapitres actuels. Nous serons plus rapide avec les autres manuscrits. La Bible du Puy (mss BnF lat. 4/1 et 2, 9e –10e siècle) est beaucoup plus modeste que la Bible de Charles le Chauve. Il n’y a pas de tables des chapitres. Le texte est écrit d’une manière continue, sans alinéas ; est-il possible de voir dans certaines majuscules plus grandes une division ? Assez curieusement, ce sont les L de Locutus est Dominus qui semblent mis en valeur26 ; mais on a l’impression que tous les S initiaux sont traités pareillement, ce qui alors n’est pas significatif. Le ms. BnF lat. 45 (Bible de Saint-Riquier, 9e siècle) donne un sommaire (Incipit Capitulatio ), divisant la Genèse en 46 chapitres27 ; leurs numéros sont reportés en marge du texte (avec des erreurs) ; d’une manière étonnante, ce qui correspond pour nous à Gn 27,1-40 est découpé en 8 sous-sections28 (correspondant aux v. 1, 5, 11, 17, 21, 27, 30 et 34) ; le début de chaque sous-section est identifié par un tu autem (que je ne comprends pas) interlinéaire au-dessus du premier mot (l’écriture est plus tardive) ; on retrouve cela plusieurs fois par la suite (chiffre romain en marge, début de la section noté par tu autem). Mais il n’y a plus de sommaires par la suite. Pour le Lévitique, on a tout de suite le texte : Explicit liber Exodi. Incipit liber Leviticum, id est Vagecra ; des chiffres en rouge, en marge, identifient 16 sections ; la majuscule du premier mot est plus grande mais il n’y a pas d’alinéas ; je ne distingue pas de sous-sections. Nous en venons à deux bibles de Théodulfe, les manuscrits BnF lat. 9380 (9e siècle) et 11937 (9e –10e siècle). Il y a des sommaires29 ; pour le Lévitique, 26 27 28

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On rejoindrait (dans un domaine différent) ainsi la thèse de Langlamet 1985. F. 1va-2rb. F. 13rb-14ra. Des chiffres romains en marge indiquent ces sous-sections. Un peu avant, f. 13ra, devant ce qui pour nous est Gn 26,23, Ascendit autem ex illo loco. . . , on a en marge .XXX., mais cela correspond à XXXI de la table des chapitres : XXXI. De promissione isaac in bersabee ubi secundo apparuit ei dominus et de pacto regis abimelech cum isaac et de esau et uxoribus eius. Et le passage découpé en 8 sous-sections correspond au chapitre XXXII de la table : De caecitate isaac et quomodo pro esau benedixit iacob. Cf. la remarque de Berger 1893, 150, à propos du ms. lat. 9380 : « Les sommaires qui précèdent le plus grand nombre des livres de la Bible nous présentent un véritable problème. Un certain nombre de ces sommaires [...] paraissent empruntés à des manuscrits espagnols [...]. Mais certains livres ont des sommaires d’un caractère tout différent. »

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Incipiunt tituli libri Leuitici id est uaiecra 30 ; c’est encore le découpage en 16 chapitres ; dans le ms. 9380, les numéros sont reportés en marge, en rouge (parfois en noir) ; le premier mot de la section a une initiale en rouge ; dans le ms. 11937 (qui ne donne pas dans le texte le découpage ancien) une main moderne a ajouté les numéros actuels des chapitres et a encadré le premier mot. Le ms. BnF lat. 9 est un peu plus tardif (12e –12e siècle) ; pour le Lévitique, il y a une table de 68 chapitres, numérotés (Incipiunt capitula in Levitico 31 ) ; les numéros ne sont pas reportés à l’intérieur, mais le texte est divisé en sections, identifiées par une initiale de grande dimension, généralement après un alinéa ; il y a également des majuscules en format moyen, le plus souvent en début de ligne, après un alinéa (le système rappelle étrangement celui des petuh.ot et setumot, mais il n’y a pas de rapport réel) ; les sections introduites par une grande majuscule rouge ne correspondent pas toujours aux capitula ; par exemple : i. Hostia de pecoribus > Vocauit autem moysen [= Lv 1, 1] ii. De turturibus et pullis columbae > Si autem de auibus [= 1, 14] iii. Anima quae peccat per ignorantiam et de uniuersis mandatis domini > Locutusque est dominus [= 4, 1]

Mais le capitulum suivant de la table, iiii. Sanguinem aspergendum septies contra uelum, qui correspond à Lv 4, 17, n’est pas signalé dans le texte. Pour Josué, nous avons actuellement 24 chapitres (14 sedarim ; 46 petuh.ot ; 39 setumot, si je me fie aux éditions de la Biblia Hebraica Stuttgartensia) ; De Bruyne publie 4 sommaires, donnant 20, 19, 14 et 20 divisions. La Bible de Charles le Chauve a une table des chapitres (Incipiunt capitula) avec 26 divisions32 ; mais elle est incomplète ! En effet, le texte lui-même est découpé en 33 chapitres. Encore une fois, il faut noter la longueur très variable de ces divisions : par exemple, le chapitre III va de Jos 2, 1 à 3, 6, mais le chapitre IX ne comporte que notre verset 5, 12, et le chapitre X nos versets 5, 13-16. Comme pour le Lévitique, il y a des subdivisions, repérables par les majuscules plus grandes. La Bible du Puy ne semble pas avoir de divisions ; comme pour le Lévitique, nous constatons la présence de majuscules initiales mises en valeur ; une étude très minutieuse nous dirait si cela est significatif. La Bible de Saint-Riquier (ms. lat. 45) 30 31 32

Ms. lat. 9380, f. 24rb ; ms. lat. 11937, f. 20vb-21ra. Ms. lat. 9, f. 44va-45ra. Ms. lat. 2, f. 79vb.

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ne donne pas de sommaire ; le texte est divisé en 14 sections, signalées par des chiffres romains rouges, en marge du texte, la première lettre étant plus grande : le texte est continu, sans alinéas. Les mss lat. 9380 et 11937 donnent un sommaire (Incipiunt capitula eiusdem libri 33 ) : 11 chapitres, dont les numéros sont donnés en marge du texte (y compris dans le ms. 11937, où ils sont parfois effacés), l’initiale étant en rouge, le texte est continu. Le ms. lat. 9 donne une liste de capitula (Incipiunt capitula in libro Iosue filii Nun 34 ) : il y en a 108 (les 10 derniers n’étant pas numérotés) ; ils sont extrêmement brefs (quelques mots) ; dans le texte, les sections sont identifiées par des initiales en rouge, en début de paragraphe (des sous-sections commencent par une initiale plus grande, en noir, en début de ligne). Dans le ms. lat. 2, les douze Petits Prophètes n’ont pas de sommaires (ce qui est le cas de presque toutes les bibles) et les chapitres ne sont pas numérotés. Si nous prenons pour modèle les divisions des livres précédents avec le système des majuscules plus grandes, nous pouvons compter 39 sections pour Amos et 27 sections pour Michée ; il va de soi qu’il s’agit donc des subdivisions et non pas des chapitres. Dans la Bible du Puy, le texte est écrit en continu, sans alinéas ; il n’y a même plus d’initiales mises en valeur. De même, dans la Bible de Saint-Riquier : ni sommaire, ni numéros de chapitres, texte en continu. Même constatation pour les bibles de Théodulfe, aucun détail ne permettant de distinguer quelque découpage que ce soit. Le ms. lat. 9 ne comporte pas les Prophètes. Il semble bien que l’examen des manuscrits confirme l’impression de diversité dans les divisions antérieures au 13e siècle. Ce qu’il faut souligner est que les divisions jouent le rôle que leur assignaient Jérôme et Cassiodore : elles permettent au lecteur d’avoir tout de suite une idée du contenu et l’aident à se repérer dans le texte ; mais à titre individuel, puisque le repérage « collectif » sera l’objectif des divisions du 13e siècle, que nous allons étudier maintenant. 4 La capitulation « moderne »

Ce qu’il convient de noter tout de suite est que cette capitulation « moderne » est entrée lentement dans l’usage, sauf dans l’élaboration d’outils, qui justement nécessitent un repérage collectif et pro33 34

Ms. lat. 9380, f. 46vb-47ra ; ms. lat. 11937, f. 49rb-va. F. 96vb-97va.

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meuvent ce nouveau système. On en attribue l’origine à Étienne Langton, l’un des principaux maîtres parisiens de la fin du 12e et du début du 13e siècle35 . On fonde cette attribution sur une liste des chapitres fournie par le ms. BnF lat. 14417 (f. 125r) précédée d’une suscription qui me semble d’une main plus tardive : Capitula Cantuariensis archiepiscopi super bibliothecam (de même, ms. Oxford, Magdalen College 168, f. 51). Ces chapitres sont numérotés et ils correspondent en gros à nos divisions actuelles : la Genèse a 50 chapitres, l’Exode 40, le Lévitique 27 etc. ; Josué 24, Amos 9, Michée 7. On cite également un texte beaucoup plus tardif, du chroniqueur Nicolas Trivet (1258 – vers 1330), affirmant qu’Étienne Langton « a fait des postilles sur toute la Bible et l’a divisée [distinxit ] par les chapitres dont font usage maintenant les modernes »36 . En effet, dans la seconde moitié du 13e siècle, la référence à cette capitulation est généralisée ; c’est beaucoup moins le cas dans la première moitié du même siècle, malgré les témoignages cités par Arthur Landgraf 37 ; et Étienne Langton lui-même ne l’utilise pas (même si elle a été ajoutée parfois dans ses commentaires par des mains plus tardives). Ce qui est important est que la nouvelle capitulation va être celle des bibles copiées d’une manière quasi-industrielle au moment où naît l’université et où l’on a donc besoin de plus en plus de textes – la Bible étant avec les Sentences de Pierre Lombard le texte d’étude de la faculté de théologie38 . Je rappellerai simplement que ces bibles, que l’on qualifie souvent de « parisiennes » se distinguent non par leur texte (il n’y a pas de texte « parisien », contrairement à ce qui est souvent affirmé), mais par des paratextes : prologues, liste d’interpretationes et capitulation. L’examen de bibles de la première moitié du 13e siècle nous montre que la capitulation moderne a été adoptée lentement et ce qui frappe est la coexistence fréquente entre systèmes anciens et système moderne. Il en est ainsi dans la belle bible du manuscrit Troyes 101. Il y a une table des chapitres39 : Incipiunt capitula in libro Leuitici, mais ils ne sont pas numérotés ; j’en compte 87. Nous sommes donc 35 36

37 38

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Voir notamment Mangenot 1899, col. 564 ; d’Esneval 1978. Hog 1845, 216 : Super totam Bibliam postillas fecit et eam per capitula quibus nunc utuntur moderni distinxit (cité par d’Esneval 1978, 561). Landgraf 1937. Voir Denifle 1894 ; Dahan 2013a. Sur la production des bibles au 13e s., voir Branner 1977. Ms. Troyes, Médiathèque 101, f. 46rb-47ra.

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dans un système ancien ; mais dans le texte lui-même a été ajoutée la numérotation moderne, en marge ; le texte a été copié selon le système ancien ; s’il y a correspondance de la capitulation moderne avec celui-ci, il y a alinéa et mise en valeur par une grande initiale ornée ; si ce n’est pas le cas, nous avons seulement le numéro du chapitre en marge ; le f. 47v est très significatif à cet égard : il contient le chapitre 3, qui commence par Quod si hostia pacificorum ; en dehors du iii. en marge, rien ne distingue ce chapitre dans le texte : ni initiale ornée ou plus grande, ni alinéa. En revanche, le début du chapitre, qui commence par Locutus est dominus. . . , correspond à un capitulum dans l’ancien système : il y a donc une majuscule plus grande, on est en début de paragraphe ; le iiii. est ajouté en marge. Pour Josué, nous avons aussi une table des chapitres ; ils ne sont pas numérotés, il y en a 33 40 . Comme pour le Lévitique, la capitulation moderne est ajoutée au texte, divisé initialement selon un système ancien. Il n’y a pas de sommaire pour les Petits Prophètes. Pour Amos et Michée, les numéros des 9 et 7 chapitres sont ajoutés en marge ; le texte lui-même a été préparé selon le système de division et de subdivision que nous avons vu par ailleurs ; pour Amos, il y a 8 divisions (correspondant aux chapitres modernes, sauf le chapitre 7, l’ensemble de nos ch. 6 et 7 constituant une seule division) et 19 subdivisions ; pour Michée, il y a 6 subdivisions (la 6e correspondant à nos ch. 6 et 7) et seulement 4 subdivisions. La bible du ms. lat. 15475 est intéressante à plus d’un titre. D’une part, elle fournit au début des sommaires détaillés : pour le Lévitique nous avons 28 chapitres ; pour les Nombres 21 chapitres ; pour le Deutéronome 29 chapitres ; pour Josué 24 chapitres ; pour Amos 13 chapitres ; pour Michée 10 chapitres41 ; en dehors du « titre » qui résume le contenu et fournit rapidement une interprétation globale, est donné l’incipit de chaque chapitre. Mais à l’intérieur, chaque livre du Pentateuque est encore précédé d’un sommaire, non numéroté ; pour le Lévitique nous avons 41 tituli 42 ; le texte biblique est en continu (pas d’alinéas), la nouvelle capitulation est ajoutée en marge, sans qu’à l’intérieur du texte rien ne la signale (pas de majuscules ornées, pas d’alinéas) ; il y a cependant des majuscules en couleur, qui correspondent à une 40 41

42

Ibid., f. 96ra-b. Ms. lat. 15475, f. 2ra-7rc, pour la table des chapitres (1 et 2 M, qui terminent la table, suivent He). Ibid., f. 35rb (sans titre).

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division ancienne. Pour Josué, il n’y a pas de sommaire ; le texte est en continu (pas d’alinéas), la capitulation moderne est ajoutée en marge ; les rehauts de couleur ne semblent pas significatifs (ils correspondent plutôt aux versets). Pour Amos et Michée, où la capitulation moderne est ajoutée en marge, nous retrouvons les subdivisions déjà rencontrées ; je compte 33 subdivisions pour Amos, identifiées par des capitales en couleur – sans alinéas (pour Michée il y en a 5 au début, mais le scribe n’a pas poursuivi cette notation). Avec la Bible du ms. lat. 17 (13e siècle), nous sommes dans une configuration « moderne » : il n’y a pas de sommaires, le texte est préparé selon la nouvelle division, avec alinéa et majuscule ornée pour chaque début de chapitre (avec quelques rares erreurs, comme en Lv 14,33, qui ne correspond pas à un chapitre, mais où le copiste est allé à la ligne et a mis une majuscule ornée ; le numéro de chapitre ajouté a été biffé). Il n’y a pas de subdivision à l’intérieur de chaque chapitre. Il est intéressant de noter qu’en Jl 2,28, le copiste envisageait un nouveau chapitre (ch. 3) selon l’hébreu ; mais le III. en marge a été biffé ; par la suite en face de ce qui correspond au chapitre 4 de nos bibles selon l’hébreu, une note ajoute en marge : Hic incipit capitulum quartum secundum quosdam libros 43 . La création d’outils liés à l’expansion de l’enseignement de la Bible au 13e siècle explique la diffusion de la capitulation « moderne », mais aussi la nécessité de recourir à des subdivisions. Cela est particulièrement le cas pour les concordances élaborées à SaintJacques ; la première, sous la direction de Hugues de Saint-Cher, entre 1230 et 1240, utilise déjà le système de subdivision qui va devenir courant : il s’agit d’une division virtuelle des chapitres en 7 unités, identifiées par les lettres de a à g ; on aura des références du type Gen. iii.b ou Iud. xi.f. La troisième concordance, plus tardive (vers 1270 ?), faite également à Saint-Jacques, expose le système, en proposant une division en quatre unités pour les chapitres brefs. J’insiste sur le fait qu’il s’agit d’une division virtuelle, même si certains affirment le contraire ; je n’ai vu aucun manuscrit divisant de la sorte les chapitres (certaines bibles tardives découpent les colonnes – et non les chapitres – à la manière de la Patrologie latine ; contrairement aux subdivisions anciennes (qui se fondent des unités thématiques), celle-ci est purement mécanique (si un chapitre a 28 versets, chaque subdivision a 4 versets, etc.). 43

Ms. BnF lat. 17, f. 332rb.

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Un autre critère qui montre la diffusion de la capitulation « moderne » est la place qu’elle occupe dans les correctoires ; je rappellerai très rapidement que, dans un souci de mettre en garde contre les erreurs transmises par les bibles réalisées trop rapidement à Paris au début du 13e siècle, des savants dominicains, puis franciscains composent des recueils de remarques critiques, qui sont des chefs-d’œuvre de critique textuelle et n’ont rien à envier aux travaux des philologues du 20e et du 21e siècle44 . Les lemmes étudiés sont identifiés dans tous les correctoires par une indication du chapitre suivie d’une lettre de a à g, selon le système dont il a été question. Même si elles ne sont pas très nombreuses, les remarques concernant les chapitres ne sont pas absentes. Le correctoire réalisé à Saint-Jacques vers 1270, que j’appelle Sorbonne I (c’est le premier correctoire fourni par le ms. BnF lat. 15554), donne systématiquement les débuts des chapitres « modernes » ; pour les remarques critiques, il reprend les annotations marginales de la Bible de Saint-Jacques (mss BnF lat. 1671916722) et les débuts de chapitres sont bien ceux de cette bible, qui est une référence au moins chez les dominicains ; c’est elle, je crois, que les correctoires désignent par le terme de textus Parisiensis, qui a induit en erreur les quelques savants qui se sont occupés de ces questions. Je limiterai ici mes exemples aux deux correctoires fournis par le ms. lat. 15554, Sorbonne I et Sorbonne II, exemples pris uniquement dans les Petits Prophètes. Tout d’abord, le livre de Joël – on se rappelle que la Vulgate le divise en 3 chapitres, l’hébreu en 4 ; voici les débuts de chapitres dans Sorbonne I : [i. ] Verbum domini quod factum est ad iohel filium phatuel. ii. Canite tuba in syon ululate in monte sancto meo. iii. Et erit post hec effundam spiritum meum 45 .

Le début du chapitre III. est donc celui du chapitre 3 selon l’hébreu ; le correctoire ne fait aucune remarque à ce sujet ; il n’y a pas de chapitre iv. En revanche, Sorbonne II fait une remarque : Et erit post hec etc. Hic incipit iii. capitulum secundum secundam correctionem parisiensem. Prima tamen correctio incipit 3. capitulum ibi : Quia ecce46 . 44 45 46

Voir Denifle 1888 ; Dahan 1997 ; 2013b. Ms. BnF lat. 15554, f. 120v-121v. Ms. BnF lat. 15554, f. 222r.

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La Bible de Saint-Jacques commence le chapitre iii. à Quia ecce – qui est habituellement le début du ch. 3 dans les bibles latines (la Bible de Saint-Jacques serait donc désignée par l’expression prima correctio Parisiensis ) ; il n’y a aucune séparation avant Et erit post hec (= Vg 2,28) ; le correctoire Sorbonne I serait alors la secunda correctio parisiensis. Voici quelques autres remarques de Sorbonne II. Tout d’abord sur Nahum 2,1 : ii. Et ascendit qui dispergat. Secundum Parisiensem hic incipit illum capitulum. Aliqui incipiunt hic : Ecce super montes pedes [Na 1,15], aliqui ibi : Celebra Iuda festiuitates tuas [Na 1,15b] 47 .

La Bible de Saint-Jacques fait bien commencer le chapitre 2 à Ascendit qui dispergat ; dans le le ms. lat. 11538, le chapitre II commence à Ecce super montes ; de même, dans le ms. lat. 15475, le II. est ajouté en marge en face de ces mêmes mots. Remarque du même ordre sur So 3,13c : iii. Quoniam ipsi pascentur. Aliqui incipiunt uersum ibi : Quoniam, aliqui non in Iubila filia Israel. Septuaginta, mo sic, sed in he et paris. et pluribus : Iubila Israel, sine tu. Alii : Iubila tu48 .

C’est une remarque qui mêle deux choses : d’une part les leçons Iubila, iubilate, iubila tu, que je ne commenterai pas ; d’autre part, le début de chapitre en So 3,13c ; aucune des bibles du 13e siècle que j’ai examinées ne contient de chapitre qui commence ici ; mais la plupart des divisiones textus des commentateurs font commencer une quatrième partie à Quia tunc reddam (So 3, 9). Enfin, une remarque sur Mi 7,8 semble indiquer la présence d’un chapitre 8 chez ce prophète : viii. [N]e leteris. Aliqui ponunt octauum capitulum sed secunda correctio non ponit nisi vii. capitula 49 .

Sorbonne I a 7 chapitres et ne fait aucune remarque sur Mi 7,8 ; de même pour la bible de Saint-Jacques. Mais la bible du ms. lat. 15475 ajoute un VIII. en marge, en face de Mi 7,14, Pasce populum.

47 48 49

Ibid., f. 223v. Ibid., f. 224r. Ibid., f. 223r.

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5 Conclusion

Bien entendu, ces remarques ne constituent que le commencement d’une recherche. Pour arriver à des résultats sûrs, il faudrait analyser davantage de bibles manuscrites et, surtout, aller beaucoup plus loin dans l’étude des indices de division (alinéas, majuscules ornées etc.). Ce que l’on peut dire, en dehors de la constatation banale de l’apparition de la capitulation « moderne » au 13e siècle, est que celle-ci est entrée lentement dans l’usage, ce dont témoignent les manuscrits du 13e siècle qui font coexister ancien et nouveau systèmes (ceci s’opposant aux conclusions de Landgraf). Si les correctoires semblent montrer l’importance relative accordée à ces divisions, je n’ai pas repéré de « règles » de confection des manuscrits bibliques, comparables à ce que l’on trouve dans le monde juif, avec notamment un passage du Mishne Torah de Maïmonide50 . Évidemment, il aurait été intéressant d’aller plus loin et d’examiner la division en versets ; mais c’est un autre problème, assez gigantesque, dont j’ai donné un aperçu dans mon étude sur la ponctuation51 . Un autre point concerne les divisiones textus, qui constituent la première partie des commentaires universitaires ; j’ai montré ailleurs leur importance fondamentale dans l’étude des textes bibliques52 ; elles se fondent souvent sur les chapitres « modernes » (et identifient par eux et le système virtuel de subdivision leurs sous-parties) ; comme nous l’avons vu rapidement avec Sophonie, elles prolongent d’une certaine manière les systèmes anciens, ce qui n’est pas étonnant puisqu’elles se fondent sur des unités thématiques. Enfin, j’aurais aimé faire une comparaison entre les divisions des bibles hébraïques et celles des bibles latines ; je me demande si les divisions et subdivisions antérieures à la capitulation moderne (mais qu’on trouve encore au 13e siècle) ont un rapport avec les divisions massorétiques ; a priori, il n’y a aucun lien mais je suis frappé par les correspondances fréquentes ; elles sont probablement dues à une volonté de diviser thématiquement les textes de l’Écriture. Là aussi, il est utile de noter qu’avant le 13e siècle, la volonté est de faciliter la lecture (individuelle) de la Bible, alors qu’au 13e siècle domine le souci de repérer (collectivement) des passages de l’Écriture. 50

51 52

Mishne Torah, II, Ahavah, « Règles concernant livre de la Torah » (voir l’étude de Perrot 1969, citée n. 1). Dahan 2016. Dahan 2010.

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Reading between the Lines An Analysis of the Text Division in the Genealogies of the Book of Genesis in Three Dutch Translations∗ Robin ten Hoopen Theological University – Amsterdam

Mart Jan Luteyn Theological University – Amsterdam

Résumé En ce qui concerne la division du texte, le livre de la Genèse contient deux types de généalogies : celles qui comportent de setumot et de petuh.ot dans le texte courant (type A) et celles qui n’en comportent presque aucune (type B). La partie principale de l’article traite de la comparaison entre la division des généalogies par setumot et petuh.ot attestée par la Biblia Hebraica Stuttgartensia d’après le Codex Leningradensis et la division unitaire de ces passages dans trois traductions de la Bible en néerlandais. Dans certains cas, les passages avec moins de divisions en setumot et petuh.ot (type B) ont été changés en passages avec beaucoup de divisions. Dans d’autres cas, des passages contenant beaucoup de setumot et de petuh.ot (type A) sont devenus des textes moins complexes. L’article se termine par des remarques sur l’importance de la division des unités et pose des questions qui ont émergé à la suite de cette contribution. Abstract With regard to text division, the Book of Genesis contains two types of genealogies: those with many setumot and petuh.ot in the running text (pattern A) and those with almost none (pattern B). The main part of the article addresses a comparison between the division of the genealogies by setumot and petuh.ot as attested in Biblia Hebraica Stuttgartensia/Codex Leningradensis and the unit division of these passages in three Dutch Bible translations. In some cases, passages with less division in setumot and petuh.ot (pattern B) have been changed into passages with a lot of division. In other cases, passages with a lot of setumot and petuh.ot (pattern A) have turned into more condensed texts. The article concludes with remarks on the importance of unit division and poses questions that emerged as a result of this contribution. ∗

The authors would like to thank the editors for their kind help and feedback.

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robin ten hoopen and mart jan luteyn

1 Introduction

The Book of Genesis is a book of genealogies. Short genealogical remarks, longer lists, and the well-known toledot formula provide the reader with both genealogical information and textual markers. While the toledot formula (e.g. Gen. 2:4; 5:1),1 and some of the shorter genealogical remarks (e.g. Gen. 9:28-29) structure the book from a redactional perspective,2 the longer lists provide a bridge between narratives (Gen. 5 and 11), describe the development of culture and the spread of nations (Gen. 4:17-26; 10), and close or introduce a storyline (Gen. 22:20-24; 25:1-4; 25:12-18; 35:22b-29; 36:1-43 and 46:8-27).3 As other biblical texts, these longer genealogies contain unit divisions. As has been broadly observed, the (biblical) manuscripts found amongst the Dead Sea Scrolls already contained a form of unit division in the form of smaller or larger spaces.4 This division was formalised under the Masoretes in the so-called open (petuh.ah) and closed (setumah) sections. Both this division and that into verses and chapters is attested in the Biblia Hebraica Stuttgartensia (bhs),5 the standard text used for modern translations. In some cases the editors of bhs provide additional division of the text through indentations and blank lines.6 Armed with knowledge of these unit divi1 2

3 4 5

6

See Carr 1998. The toledot formula leads the reader from the creation of heaven and earth (Gen. 2:4) to the narrative of Jacob and his sons (Gen. 37:2). The formula is expressed ten times using the words ‘these are the generations of’ (twdøl]To hL,ae) and one time, in Gen. 5:1, with the words ‘this is the book of the generations of’ (tdol]wTø rp,se hzahla tyld hblb alw[ rma). L’arrogance et la cruauté des autorités assyriennes, à la lumière du psaume, est interprétée comme la conséquence de l’athéisme. La perte de la crainte de Dieu est la cause de tout mal. Pour le rédacteur du titre, David parle de son peuple, quand il écrit (v. 4) : « Les malfaiteurs dévorent mon peuple comme la nourriture du pain et n’invoquent pas le Seigneur » (ayrmlw >amjl Lkam Ym[ Ylka| alw[ Ydb|[ Lk Wrq al). La deuxième partie du psaume (vv. 5-7) traite de la vengeance divine sur les usurpateurs, si bien qu’« ils tremblèrent de peur » describe the functions of the person so designated, who in all references is a high administrative official » (CAD 17/2, 32). C’est pourquoi Koehler propose le sens de « chief spokesman » (HALOT, 1173) pour les récurrences du terme dans 2 R 18–19. C’est donc un haut dignitaire, qui parle au nom de l’empereur.

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(atljd Wljd) (v. 5) quand « cette nuit-là l’ange du Seigneur sortit et frappa dans le camp assyrien cent quatre-vingt-cinq mille hommes. [Les survivants] se levèrent tôt le matin et voici, ils étaient tous des corps sans vie » (2 R 19,35)60 . Selon le titre, le psaume décrit l’injustice et la violence assyriennes (Ps 14,1-4) et la justice de Dieu qui protège « les pauvres » et donne « le salut à Sion » (Ps 14,6-7). David aurait ainsi prophétisé la joie du peuple, qui a miraculeusement échappé au fléau. 5.4 Psaumes davidiques 5.4.1 Psaume de pénitence (Ps 6) 6t1, 12t4, 13t1, 13t2, 16t2, 17t2, 17t3, M25, M428, U, UP , M

htyfj Ypa| L[d atq|[b awh Yhwtya dk dywdd atpckt Supplication de David quand il a éprouvé de l’angoisse à cause de son péché. atq|[b] om sey 6t1 | L[d] m 13t1, 13t2 ; L[ 6t1 | Ypa|] om 17t3 | htyfj Ypa|] m 13t1 (prob = 6t1)

Le psaume doit être lu à la lumière des événements qui sont arrivés à David en 2 S 11–12 : c’est en fait une prière de pénitence. En 2 S 11, on raconte l’histoire du roi qui, amoureux de Bethsabée, la rejoint (v. 4). La femme, épouse d’Urie le Hittite, conçoit un fils, issu de cette relation, et le fait connaître à David (v. 5). Celui-ci tente de cacher l’adultère en ramenant Urie de la guerre pour rejoindre sa femme, mais à Jérusalem le guerrier ne rentre pas chez lui, préférant dormir avec les serviteurs du roi en solidarité avec les soldats, engagés dans la campagne militaire contre les Ammonites (vv. 11.13). Ainsi, ne pouvant plus cacher son adultère, David prend une décision extrême : il demande au chef de la milice de mettre Urie sur le front de la bataille et de retirer les troupes pour qu’il soit tué par les ennemis (v. 15), et cela arrive (v. 17). Ensuite, le prophète Nathan rend visite à David au nom de Dieu en l’accusant du crime, et le roi reconnaît alors sa culpabilité (2 S 12,13) : « J’ai péché devant le 60

aam >ayrwtad htyrcmb Lfqw ayrmd hkalm Qqpnw >wh ayllb awhw » . « aty|m aRgp Nwhlk ahw Nyzjw arpxb Wmdqw >Nypla| acmjw Nyanmtw

le caractère interprétatif des titres des psaumes 167 Seigneur »(ayrm Mdq toyfj). David doit souffrir les tourments les plus graves parce que, malgré le jeûne et les prières, le fils qu’il a eu avec Bethsabée tombe malade et meurt (2 S 12,15-18). Le titre colore le Ps 6 des événements existentiels de la vie de David, qui aurait composé cette supplication dans cette terrible période d’épreuve (v. 2) : « Seigneur, ne m’accuse pas dans ta colère, et ne me punis pas dans ta rage » (> Ynskt Kzgwrb al ayrm Ynydrt Ktmjb al Pa). Le psalmiste exprime dans les douleurs physiques une souffrance qui frappe l’âme : « Je souffre, guéris-moi, Seigneur, car mes os tremblent. Même mon âme (Ycpnw tremble » (vv. 3b-4a). Tout est confié à l’amour de Dieu. L’expression « Yl[ Mjr » (« prends pitié de moi », Ps 6,3) est également utilisée en 2 S 12,22, quand David pensait dans sa supplication : « Qui sait que Dieu n’a pas pitié de lui (Yhwl[ Mjrm)61 et l’enfant vit ? » Dans le Ps 6,6, nous trouvons la « mort » (atwm), en parallélisme synonymique avec le « shéol » (Lwyç). Elle rappelle non seulement la souffrance du roi pénitent, mais la mort de son fils (2 S 12,18-19) avec les paroles dramatiques de David aux serviteurs, selon lesquels il a jeûné et prié pour qu’il vive. Mais maintenant, cela n’a plus de sens et le souverain demande : « Puis-je le ramener ? Je vais à lui, mais il ne peut pas venir à moi ! » (2 S 12,23b). C’est un autre cas où le lien entre le psaume et le titre n’est pas lexical, mais thématique. Cependant, il existe des liens lexicaux entre Ps 6 et 2 S 12, liés aux racines : Mjr (« aimer, avoir miséricorde », cf. Ps 6,3 ; 2 S 12,22) et twm (« mourir », cf. Ps 6,6 ; 2 S 12,5.13.14.19.21.23). Dans ce cas, donc, le titre, traitant du péché de David, crée un pont thématique entre Ps 6 et 2 S 12 : le premier texte enrichit le second, qu’il a pour but d’approfondir. Le second texte illumine le premier, lui offrant un contexte existentiel : la supplication du psalmiste devient alors le cri déchirant de David avant la mort de son fils. Cette douleur est augmentée par la contrition, car le sort tragique de l’enfant est causé par la culpabilité du père, douloureusement confessée à Nathan. Le titre attire l’attention du lecteur sur ce moment. 61

Les expressions en Ps 6,3 et 2 S 12,22 sont plus proches entre elles dans le tm, où l’on trouve respectivement ynINEj; (« aie pitié de moi ») et ynIN"j' (Q) (« qu’il ait pitié de moi »). En 2 S 12 on trouve dans Í le suffixe pronominal masculin à la troisième personne : ahla Yhwl[ Mjrm (« Dieu ait pitié de lui »).

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5.4.2 Psaume de supplication (Ps 3) 6t1, 18>8dt1, 12t4, 13t1, 13t3, 16t2, 17t2, M428, U, UP , M

Mwlcba Nm Pdrta dk dywdl ryma Dit par David quand il a été persécuté par Absalom. ryma] aryma 13t3 | Mwlcba] add hrb 12t4

Le titre en question est l’un des rares cas où une inscriptio similaire est attestée dans le tm : wnoB] μwløv;b]a' ynEP]mi wjør“b;B] dwId:l] rwmøz“mi (« Psaume de David quand il s’est enfui devant son fils Absalom »). Il est également frappant de constater l’unanimité substantielle de la tradition manuscrite (cf. l’apparat critique). La concordance de la tradition syriaque orientale et occidentale62 avec le titre que l’on retrouve dans le tm et dans la lxx n’est pas accidentelle et remonte à Théodore, qui écrit : Ce psaume a son propre titre spécial, et certains l’ont souligné par rapport aux autres avec des **, ou avec une note. Il a été dit par le bienheureux David quand Absalom, après avoir attaqué le royaume, a pris des armes parricides contre lui63 .

Théodore a jugé opportun de lire le psaume à la lumière de l’en-tête présent dans les manuscrits bibliques qu’il connaissait64 . Le titre revient donc à la tradition proto-massorétique, mais il est entré dans les psautiers syriaques par la médiation du Commentaire de Théodore. 62

63

64

Les manuscrits aux titres occidentaux dans le Ps 3 sont plus proches de la tradition massorétique. Si l’on prend, par exemple, 7a1, on trouve la traduction syriaque du titre hébreu : Mwlcba Mdq Nm awh Qr[ db dywdl ryma hrb (« dit par David quand il fuyait devant son fils Absalom »). Psalmus hic proprium et specialem habet titulum et quidem ** vel inscriptione eum super alia praenotare. Dictus est a beato David id temporis, quo Abisalon invasso imperio adversum eum parricidalia arma arripuit : Devreesse 1939, 16. La traduction française est la mienne. Malgré la forte proximité entre Í et le tm, le rédacteur du titre syriaque ne l’a pas traduit directement de la Bible (hébreu ou grec) et cela se reflète par le verbe dans la phrase subordonnée, qui a David comme sujet : tm wjrbb (« quand il a fui ») = lxx oJpovte ajpedivdrasken (« quand il fuyait ») = SyrHex awh Qr[d Ytma (« quand il était en train de s’enfuir »). Dans notre titre nous trouvons plutôt Pdrta dk (« quand il a été persécuté ») : dans ce cas le verbe change. En raison de l’unanimité des versions anciennes, il ne semble pas que le titre syriaque soit une traduction directe du titre biblique.

le caractère interprétatif des titres des psaumes 169 L’inscriptio relie le psaume aux événements d’Absalom, le prince téméraire qui, par ses intrigues, tente d’usurper le trône paternel (2 S 15,7-12). Suite à une conspiration organisée par son fils, David est obligé de fuir (2 S 15,13-37). Dans le Ps 3, l’orant adresse à Dieu un appel : « Seigneur, combien sont mes oppresseurs (Yxwla|), nombreux sont ceux qui se sont levés contre moi » (v. 1). L’invocation s’inscrit dans le contexte de 2 S 15, où David est contraint de fuir pour échapper à l’épée d’Absalom. L’épisode est raconté de façon dramatique en 2 S 15,30 : « David escalada le Mont des Oliviers, il monta en larmes, en montant, la tête couverte et se promenait. » Le titre amène le lecteur à penser qu’à ce moment-là, David s’adressait à Dieu avec les paroles du psaume. L’autre élément commun entre les Ps 3 et 2 S est la confiance. Dans le psaume, elle se trouve aux vv. 4-8, dans lesquels on exalte le Seigneur comme « mon secours et ma gloire » (Yrqyaw Yn[ysm) (v. 4), car il « me répond » (Ynn[) (v. 5). Ainsi l’homme qui prie ne craint pas les « myriades du peuple » qui sont contre lui (v. 7). De même, 2 S 16 raconte la confiance de David dans les insultes de Simei, qui maudit et jette des pierres sur le roi en fuite (2 S 16,5-8). La réaction de David est exemplaire, et montre une confiance parfaite en Dieu : « Laissez-le insulter, Dieu lui a dit cela. Peut-être que le Seigneur regardera ma soumission (Ydb[wc) et me récompensera avec du bien pour les insultes d’aujourd’hui » (vv. 11b-12). Dans le Ps 3, nous trouvons un titre très proche de la tradition proto-massorétique, bien que Í ne le traduise pas directement du texte biblique (hébreu ou grec). Cependant, il a été examiné pour montrer que les titres des psaumes commençaient déjà à être présents dans la Bible hébraïque. Í étend ce processus à tout le Psautier. Entre le texte et le paratexte, il existe des liens thématiques et non lexicaux. Le titre sert également de pont entre le Ps 3 et 2 S 15-16. Cette méthode élargit les horizons herméneutiques, offrant au lecteur de nouvelles connexions entre les différentes parties de la Bible. 5.4.3 Psaume d’action de grâce (Ps 7) 6t1, 18>8dt1, 12t4, 13t1, 13t2, 16t2, 17t2, 17t3, M428, U, UP , M

Lpwtyjad hyqwnj L[ {mc dk dywdl ryma Dit par David quand il a appris de la pendaison d’Ahitophel. L[] m 13t3

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L’épisode auquel on fait référence dans le titre se situe juste après les événements dont il a été question au paragraphe précédent. Absalom arrive à Jérusalem avec Ahitophel (2 S 16,15). Celui-ci conseille au prince de prendre possession du harem d roi (2 S 16,21), affirmant ainsi son droit de succession. De plus, Ahitophel croit que la meilleure façon de vaincre l’armée royale est de tuer David la nuit, afin que tout le peuple prenne alors le parti d’Absalom (2 S 17,1-3). L’autorité de ces conseils est explicitement affirmée dans le texte même : « Un conseil qu’Ahitophel donnait en ces jours-là était comme celui qui demandait une parole à Dieu » (2 S 16,23). La suggestion aurait alors garanti la victoire d’Absalom, si elle n’avait pas été préférée à celle de Cusai, qui, fidèle à David, trompe Absalom avec un autre plan qui s’avérera sans succès pour le prince. Alors « Ahitophel, voyant que ses conseils n’avaient pas été suivis, sella son âne et alla chez lui, dans sa ville, lui donna les dernières provisions et se pendit et mourut (tymw hcpn Qnjw) » (2 S 17,23a)65 . Les raisons de ce geste extrême se trouvent dans sa vertu de conseil : Ahitophel prévoyait la défaite de l’armée d’Absalom, qui n’avait pas réalisé son plan. Le Ps 7 expose la prière d’un juste persécuté. La composition peut être divisée en deux parties. Dans la première partie (vv. 2-10) dominent la tension et l’angoisse : le psalmiste demande à être libéré de ceux qui le persécutent (v. 2) et plaide pour que sa justice émerge (vv. 4-6) et que son malheur tombe sur ses ennemis (v. 8). Dans la deuxième partie (vv. 11-18), la tension s’atténue dans la confiance que « Dieu est un juste juge » (v. 2) et qu’il combattra en sa faveur (vv. 13-14). Le méchant ne l’emportera pas parce qu’« il a creusé une fosse et l’a creusée profonde, mais il est tombé dans la cavité qu’il a faite. Sa malice tombera sur le crâne, sa malice tombera sur la tête » (vv. 16-17). Le titre relie l’histoire tragique d’Ahitophel aux versets susmentionnés. La méchante ruse du général, selon laquelle David aurait été tué la nuit, s’est avérée nuisible pour ceux qui l’avaient conçue. Le plan aurait certainement été couronné de succès, comme l’observe le narrateur : « Le Seigneur avait décidé de rendre vain le bon conseil 65

C’est le seul cas de suicide dans l’Ancien Testament, si l’on exclut les cas où un soldat se tue pour ne pas tomber entre les mains de ses ennemis : Abimélec en Jg 9,54 ; Saul en 1 S 31,4 ; Zimri en 1 R 16,18 ; Razis en 2 M 14,41 s. Ce sont des cas extrêmes, dictés par la nécessité, comme l’est la mort de Samson en Jg 16,28-30.

le caractère interprétatif des titres des psaumes 171 d’Ahitophel, car le Seigneur avait fait venir le malheur sur Absalom » (2 S 17,14b). La malice (alw[) qui tombe sur la tête du traître est le même malheur (atcyb) qu’il tressait et que Dieu tourne contre lui. Le Ps 7,18 se termine par la promesse d’action de grâce et de louange pour la victoire. C’est pourquoi Théodore de Mopsueste l’a classé parmi les prières d’action de grâce, bien que cela ne soit pas l’élément le plus marquant dans ce psaume. Le Ps 7 aurait été prononcé par David, au moment où il a appris du suicide d’Ahitophel, le lien lexical est la racine Qnj (« suffoquer, pendre »), présente dans le titre et en 2 S 17,23. Cependant, il n’y a pas de liens lexicaux entre le paratexte et le psaume. Le titre a pour fonction de dramatiser le psaume, de le présenter comme une supplication de David, trahi et persécuté, qui se confie et remercie Dieu d’avoir contrarié les mauvaises intentions de l’ennemi. 5.4.4 Psaume moral (Ps 1) 6t1, 18>8dt1, 13t3, 16t2, 17t2, 17t3, M507, U, UP , M

aRypc ayn|z L[d atwnytrmd aty[ct Description d’un avertissement sur les bonnes routes. atwnytrmd] atwnytrmw 16t2, 17t2, 17t3, U, UP , M ; m 13t3 | ay|nz] 18>8dt1 (err)

Selon la subdivision de Théodore, le Ps 1 appartient au groupe des compositions utiles à l’enseignement moral. Le titre est clair dès les premiers termes : « Description d’un avertissement » (aty[ct atwnytrmd). Le premier mot, traduit par « description », dans le contexte peut aussi être rendu comme « récit », ou « narration », de la racine a[c (Ethpaal, « raconter »). L’« avertissement » consiste à décrire les « béatitudes pour l’homme qui ne va pas dans la voie (ajrwab) des méchants (alw|[d) ». Le psaume se développe par antinomies : béatitude / malédiction ; fertilité / aridité ; vie / mort. La stérilité est destinée au méchant, il sera « comme la paille que le vent disperse » (v. 4) ; au contraire, on promet au juste la fécondité d’un arbre irrigué et toujours vert, « qui donne du fruit en son temps [...] et tout ce qu’il fait, il le complète » (v. 3). Car « le Seigneur connaît le chemin (ajrwa) des justes, mais le chemin (ajrwa) des méchants périra ». Dans l’en-tête, on trouve le

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terme anz (« rue »), synonyme de ajrwa (« chemin »), qui dans le psaume se lit 3 fois, aux vv. 1 et 6 (2x). Le lien entre le texte et le titre est suffisamment clair et ne nécessite pas d’examen plus approfondi. Il existe un lien thématique clair entre les « bonnes routes » (aRypc ayn|z) et le « chemin des justes » (aq|ydzd ajrwa ). Certains synonymes entre texte et paratextes, ainsi que le terme « avertissement », pourraient attirer l’attention du lecteur sur l’urgence de changer de vie, de chercher le bien et de fuir le mal. 6 Conclusion

L’essai vise à explorer la portée interprétative des titres dans la tradition syriaque orientale. En ce sens, reprenant le schéma de Ramsay sur la division thématique selon Théodore de Mopsueste, on a analysé un ou plusieurs titres pour chaque catégorie : un psaume messianique (Ps 2), un de louange de la Providence (Ps 4), un psaume prophétique (Ps 14), trois psaumes sur les événements qui sont arrivés à David (Ps 6 ; 3 ; 7), et enfin un psaume moral (Ps 1). Dans ces analyses on note une constante : le titre ne contient aucun terme présent dans le texte, sauf « Seigneur » dans le Ps 2, un mot qui est pourtant très fréquent dans le Psautier. Dans de très rares cas, on trouve des synonymes. Cela ne veut pas dire qu’il ne peut pas y avoir de titres qui mentionnent des termes spécifiques présents dans le psaume, mais l’étude, menée jusqu’ici, nie cette hypothèse. Le lien est toujours thématique au sens large. Aucune position n’est prise sur la pertinence ou non du titre par rapport au texte qu’il introduit. Bien qu’il ne soit pas toujours compris immédiatement, le choix du titre a au moins une intelligibilité potentielle. Dans les psaumes prophétiques et davidiques, c’est-à-dire biographiques, le lien thématique avec les références scripturaires est évident. Dans ces cas, il existe également des références lexicales précises, qui lient le titre et le passage biblique auquel il fait référence, ainsi que la mention des noms propres (David, Absalom, Ahitophel, etc.). Les titres messianiques, prophétiques et davidiques, grâce aux citations des événements bibliques, créent un pont entre le psaume et les livres de l’Ancien et du Nouveau Testaments. Ce lien ouvre l’horizon herméneutique, créant des connexions impensables pour le lecteur. Ce processus dramatise le psaume, parce qu’il lui offre un

le caractère interprétatif des titres des psaumes 173 contexte existentiel, dans lequel la prière a été exprimée. Le psalmiste n’est donc pas un pieux Israélite anonyme, mais c’est le roi David lui-même qui, selon les circonstances, a récité une supplication, une action de grâce ou une prophétie. Grâce aux titres, le lecteur a ainsi la possibilité de découvrir, à travers les sentiments exprimés par David, que le bien et le mal, la joie et le chagrin, et la manière dont ils sont vécus, ne lui appartiennent pas seulement, mais sont les mêmes que ceux du roi d’Israël, c’est-à-dire, pour les chrétiens, de tout homme grand et craignant Dieu. Abréviations add CAD err HALOT lxx M m om prob : Q

Í sey Syr-Hex : tm Thes. Syr. U UP Vg

il ajoute/ils ajoutent E. Reiner et al. (éd.), The Assyrian Dictionary of the Oriental Institute of the University of Chicago erreur L. Koehler et W. Baumgartner (éd.), The Hebrew and Aramaic Lexicon of the Old Testament Septante (version grecque de la Bible) Bible syriaque, publié à Mossoul, 1886-1891 manque, ce terme est utilisé lorsqu’une partie du titre est manquante en raison des dommages subis par le manuscrit omet probablement qeré, la leçon qui doit être lue d’après les massorètes Peshit.ta, version syriaque de la Bible seyame Syro-Hexaplaire, version syriaque de la Bible grecque de la Septante Texte massorétique, version officielle de la Bible hébraïque R. Payne Smith (ed.), Thesaurus Syriacus Bible syriaque, publié à Urmia, 1852 Psautier syriaque, publié à Urmia, 1891 Vulgate, version latine de la Bible

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La Bible de Thalassios et de Maxime le Confesseur dans les Questions à Thalassios Christian Boudignon Aix-Marseille Université, TDMAM-CPAF (UMR 7297)

Résumé Dans les Questions à Thalassios, qu’on date des années 630, Maxime répond aux questions de Thalassios, higoumène de Carthage, sur des mots, des versets ou des paragraphes de la Bible. Il semble que Thalassios utilise des sections lucianiques pour permettre à son correspondant de se repérer dans la Bible. Abstract In the Quaestiones ad Thalassium, dated 630s, Maxime answers to Thalassios, higumen (abbot) of Carthage, about words, verses or paragraphs of the Bible. It seems that Thalassios uses lucianic sections to allow his correspondent to find his way in the Bible.

1 Introduction

On ne mesure pas l’importance de la division en livres, en chapitres et en versets d’un texte. Toute la lecture, la compréhension d’un texte est comme suspendue à cette mise en forme. Ainsi, dans la nouvelle de Borges, Tlön Uqbar Orbis Tertius, c’est à la fin du volume XLVIe de The Anglo-American Cyclopœdia que le personnage, Bioy Casarès, a trouvé un article sur Uqbar, un pays méconnu voire carrément imaginaire, article qui n’existe que dans sa version de l’encyclopédie avec ses quatre pages additionnelles1 . Cette notice sur Uqbar trouve toute sa dimension fantasmagorique à cette place finale du quarante-sixième tome (Tor - Ups). De même, finir l’Ancien Testament (ou Premier Testament) par le livre de Daniel, comme le fait le fameux Codex Vaticanus (= Vaticanus gr. 1209) de la Bible grecque, n’est pas innocent, en termes d’eschatologie. Et je ne parlerai pas de cet opuscule accolé à Daniel – inconnu de la Bible hébraïque, mais qui clôt le Codex Vaticanus – qu’est Bel et le Serpent où apparaît soudain à Daniel dans sa fosse le prophète Habaquq tiré par ses cheveux jusqu’au ciel par un ange. 1

Borges 1983, 13.

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christian boudignon

Quelle Bible ou plutôt quel Premier Testament lisaient Thalassios et Maxime le Confesseur au 7e siècle ? Quels en étaient les livres, les chapitres ? Poser cette question, c’est essayer de comprendre comment les chrétiens grecs de l’époque lisaient et citaient la Bible. À la différence de la question du canon biblique de la Septante2 , celle de la division textuelle de la Septante a reçu moins d’attention de la part des chercheurs3 . La preuve en est l’utilisation dans la traduction française de la Septante, ou « Bible d’Alexandrie », d’une division hébraïque en sections appelées sedarim 4 . Gilles Dorival5 constatait pour les Nombres : Les éditeurs (Rahlfs et Wevers) ne se sont pas expliqués sur les principes qui les ont guidés dans les alinéas ; on peut constater qu’ils ne correspondent ni aux divisions du Texte Massorétique ni à celle des manuscrits grecs.

On regrettera cependant qu’on soit allé chercher cette division hébraïque alors qu’il eût sans doute été possible de suivre, par exemple pour les Nombres, la division du Codex Vaticanus en 61 sections. Récemment, on constate un intérêt nouveau des chercheurs. Par exemple, Timothy Janz a montré à travers les deux manuscrits, le Parisinus graecus 2 (= Rahlfs 64) et le Parisinus Coislin 8 (= Rahlfs 243) qu’on a une division du texte du Second Esdras en 80 sections et suggère « que le système de paragraphes ait été inspiré par un texte grec » de type « lucianique »6 . Ces 80 divisions « présentent parfois les caractéristiques d’un système de péricopes : ainsi certains paragraphes très brefs sont constitués d’une seule phrase remarquable dont on peut imaginer une fonction liturgique (appel à prière, formule de bénédiction, etc.) »7 . On a là un cas particulier qu’on aimerait voir étendu à l’ensemble de la Septante, mais on est encore en plein chantier . . . 2 3

4

5 6 7

Cf. déjà Swete 1914, 197-214. Voir en général : Kaestli et Wermelinger 1984. Swete 1914, 342-356 reste la référence. Des travaux pionniers complémentaires se lisent chez Cook 2002, de Bruin 2002 et Olley 2002. Harl 1986, 34 suit la division hébraïque en invoquant de l’impossibilité de retrouver le système de division primitif et l’imbrication des « subdivisions du texte grec des manuscrits de la Septante (les paragraphes) », « dans les divisions plus importantes du système juif de lecture (que nous appellerons à la suite des spécialistes les Sedarim) » (Harl 1986, 35). Dorival 1992, 22-24. Janz 2010, 53. Janz 2010, 53.

la bible de thalassios et de maxime le confesseur 179 En l’absence d’édition critique complète de la Septante qui soit satisfaisante sur ce point, et d’un travail d’ensemble sur la question de la division du texte de la Septante, la présente contribution voudrait attirer l’attention des chercheurs sur l’utilisation des divisions du texte biblique par ces praticiens de la Bible que sont les moines. Je m’intéresserai à la Bible du 7e siècle à travers l’étude d’un cas : un recueil de questions bibliques adressées au moine-philosophe palestinien Maxime le Confesseur, vers 630 8 , par un certain Thalassios, higoumène de la province d’Afrique. Cet ouvrage contient en fait à la fois les questions de Thalassios et les réponses de Maxime et il est connu en Occident sous le titre de Quaestiones ad Thalassium, c’est-à-dire Questions-réponses adressées à Thalassios (désormais QTh). C’est un recueil d’exégèse biblique monastique9 . Thalassios l’Africain, auteur d’un ouvrage en quatre séries de Cent chapitres ou Centuries 10 , fut à la tête de moines de Carthage sous le règne d’Héraclius, avant probablement d’émigrer à Rome après la conquête de l’Afrique byzantine en 647 11 . Higoumène, il faisait partie très vraisemblablement du même groupement de moines de Saint-Sabas que Maxime le Confesseur12 . Ce groupe de moines était réparti en plusieurs laures entre Jérusalem, Carthage et Rome. La Bible faisait de leur part l’objet d’une lecture continuelle dans le but de combattre les passions. C’est ce qu’on lit sous la plume de Thalassios13 : ÔRhvmasi qeivoi" ajdialeivptw" scovlaze: hJ ga;r peri; aujta; filoponiva katanalivskei ta; pavqh.

Occupe-toi sans cesse des paroles divines, car leur étude consume les passions. 8

9

10 11

12

13

Sur la datation des QTh, on se rapportera désormais à Jankowiak et Booth 2015, 29, qui proposent : « avant 633/634 ». Nous n’avons trouvé rien trouvé sur la question technique des divisions du texte biblique ni chez Blowers 1991, ni chez Kattan 2003, ni dans l’introduction de Larchet dans Larchet et Vinel 2010. Nous renvoyons à Blowers 1991 pour une approche d’ensemble de l’œuvre. PG 91, 1427-1469. Sur Thalassios, voir Jankowiak et Booth 2015, 25 et la bibliographie donnée par Larchet et Vinel 2010, 10, n. 1. Sur cette communauté de Saint-Sabas, voir Boudignon 2007, 266-273. Comme le rappelle Blowers, 1991, 10, dans la Lettre 9 (PG 91, 449A) Maxime se définit comme « esclave et disciple » de Thalassios. Thalassios, Centurie IV, 18, PG 91, 1460.

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christian boudignon

2 Les questions vétérotestamentaires de Thalassios

Comment Thalassios parvient-il à obtenir de Maxime le commentaire qu’il souhaite, en l’absence d’un système moderne de division en chapitres et versets ? Seuls existent les paragraphes ou chapitres (kefavlaia), comme nous l’avons dit, dans certains manuscrits. Les seules indications de Thalassios sont celles des livres bibliques : par exemple, « le prophète Jérémie » (QTh 26) à propos du roi de Babylone, ou « le deuxième livre des Paralipomènes » (QTh 48), etc. – et encore parfois manquent-elles . . . Maxime connaissait-il par cœur la Septante ? Une Bible avait-elle était jointe aux questions (que Maxime appelle kefavlaia) avec des post-it dedans ? Trêve de plaisanteries, comment faisait-il ? Maxime explique dans le prologue l’envoi de son correspondant Thalassios14 : pollw'n th'" aJgiva" grafh'" ajporoumevnwn kefalaivwn cavrthn plhrwvsa" ajpevsteila".

Tu as rempli un papyrus de nombreuses questions sans réponse sur l’Écriture sainte et tu me l’as envoyé.

Les questions sur le Premier Testament se divisent en deux parties : • la première (QTh 5-45) s’appuie sur de simples références au Pentateuque ou à des passages célèbres de la Sagesse, de Jérémie et des Proverbes ; • la seconde (QTh 48-65) s’appuie sur des citations tirées de livres moins étudiés : 2 Paralipomènes, 1 Esdras, Zacharie, Jonas, 2 Règnes.

Nous laissons de côté les questions sur le Nouveau Testament pour nous concentrer sur l’Ancien Testament.15

14 15

Laga et Steel 1980, 19. Je propose de classer les questions en cinq types, plus ou moins arbitraires : les versets : grosso modo nos versets modernes les versicules : unités inférieures à nos verset modernes les expressions : simples groupes de mots, ne formant pas une phrase les épisodes : référence à un passage connu sans citation les passages : citations faites de plusieurs versets. La première partie ne contient pas de « passage », la seconde partie contient principalement, mais non exclusivement, des « passages ».

la bible de thalassios et de maxime le confesseur 181 QTh

Référence : type de citation

Contenu approximatif de la question Première partie

QTh 5 Gn 3,17–19 : 3 versicules La terre maudite dans les œuvres d’Adam ? *QTh 15 Sg 12,1 et Sg 1,4 : versets L’esprit, incorruptible en tous, habite-t-il le corps pécheur ? QTh 16 Ex 32,1 : expressions Le veau fondu, les dieux d’Israël, les boucles d’oreille . . . QTh 17 Ex 4,24 sq. : épisodes L’ange envoyé pour tuer Moïse incirconcis ? *QTh 26 Jr 34,6 : épisode et Si le roi de Babylone est le diable, verset pourquoi s’y soumettre ? QTh 28 Gn 11,7 : versicule À qui Dieu dit-il : Venez, descendons confondre leurs langues ? QTh 36 Dt 12,27 : épisode La viande et le sang des sacrifices à la base de l’autel *QTh 43 Pr 3,18 et Gn 2,9 : La sagesse, arbre de vie ? expressions QTh 44 Gn 3,22 : versicule À qui Dieu dit-il : Voici Adam est devenu comme l’un de nous ? QTh 45 Lv 7,34 : expressions Qu’est ce que la poitrine de la déposition et l’épaule du prélèvement ? Seconde partie QTh 48 2 Par 26,4a.5.9 : passage Et au temps de Zacharie, Ozias fit construire des tours . . . QTh 49 2 Par 32,2-4a : passage Et Ézéchias fit boucher les sources . . . QTh 50 2 Par 32,20-21a : passage Et Ézéchias pria . . . QTh 51 2 Par 32,23 : verset Ils firent des dons à Ézéchias QTh 52 2 Par 32,25-26 : passage Ézéchias ne rendit pas à Dieu son don QTh 53 2 Par 32,33 : versicule Ils enterrèrent Ézéchias dans la montée des tombeaux de David QTh 54 1 Esd 4,58-60 : passage Que signifie la prière de Zorobabel ? QTh 55 1 Esd 5,41-42 : passage Quels sont les 43 360 d’Israël . . . ? QTh 56 1 Esd 5, 63-67 : passage Pourquoi Zorobabel refuse-t-il aux ennemis d’Israël de participer à la construction du temple ? QTh 62 Za 5,1-3a.4 : passage Et je levai mes yeux et je vis et voici, une faux volante . . . QTh 63 Za 4,2-3 : passage Quel est le candélabre, quelles sont les lampes . . . ? QTh 64 Jon 4,11 : versicule Quels sont les 12 000 hommes qui ne connaissent pas leur droite de leur gauche ? QTh 65 2 Rg 21,1-2a.3b.5-6a. Pourquoi David doit-il payer pour Saül et 8-10b.4b : passage subir la famine et livrer les 7 Gabaonites de la famille de Saül ?

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christian boudignon

Comment expliquer l’ordre de ces questions et en particulier la présence de passages de la Sagesse, de Jérémie, voire des Proverbes au milieu de questions sur le Pentateuque ? S’agit-il d’un ordre lié à une lecture annuelle de la Bible dans un lectionnaire ? Probablement non. Les premiers lectionnaires (antiocho-constantinopolitains) conservés datent du 8e siècle. On n’en a apparemment pas auparavant16 . D’autre part, nous avons demandé à Daniel Stoekl qui est responsable de la base de données sur les lectionnaires juifs et chrétiens ThALES : Thesaurus Antiquorum Lectionariorum Ecclesiae Synagogaeque. La recherche qu’il a aimablement faite pour nous n’a donné aucun résultat17 . En tout cas, il semble que Maxime et Thalassios partageaient la connaissance d’un système de sections bibliques pourvues de titres. En effet, dans le Parisinus gr. 2, du 10e siècle, pour la Genèse, les sections sont parfois pourvues de titres en majuscules, renseignant sur le contenu des épisodes, dans la marge supérieure ou inférieure. Ainsi, par exemple pour l’histoire de Noé, on lit en lettres majuscules : • dans la marge inférieure du f. 3v : peri; tou' kataklusmou' (Sur le déluge) qui semble répondre à la section 17 18 qui commence en Gn 7,10 ; • dans la marge inférieure du f. 4r : peri; tou' ajpostalevnto" kovrako" (Sur le corbeau envoyé) pour un paragraphe qui commencerait en Gn 7,19 ; • dans la marge inférieure du f. 4r : peri; ou| w/jkodovmhse Nw'e qusiasthrivou kai; peri; th'" qusiva" aujtou' (Sur l’autel que Noé construisit et sur son sacrifice) pour un paragraphe qui commencerait en Gn 8,18. 16

17

18

Voir Engberg 2004. Georgi Parpulov dans une communication orale faite lors du colloque international sur les manuscrits bibliques médiévaux, Aixen-Provence, 8 et 9 novembre 2018 a la même position. Nous le remercions. La Bible de Thalassios est peut-être, en l’absence des premiers lectionnaires constitués, utilisée comme Bible-lectionnaire. Déjà au 7e siècle, on trouve dans certains manuscrits bibliques des traces d’un usage liturgique, comme par exemple pour le Codex Bezae (Cantabrigensis Univ. libr. II-41, f. 190v) la mise en évidence dans la marge supérieure et dans la marge latérale du cantique de Syméon (Lc 2, 29-32) par une main du 7e siècle. Voir de Gregorio 2000, 105-107. On a là, apparemment, l’un des seuls numéros de sections du Parisinus gr. 2 dans la Genèse.

la bible de thalassios et de maxime le confesseur 183 Le copiste a ensuite omis les titres suivants jusqu’au f. 12v19 . Or Maxime, dans sa réponse à la question 44, renvoie à une question où il cite ce qui apparaît comme un titre de chapitre, Sur la construction de la tour : “Hdh me;n ei\pon ejn tw''/ peri; th'" purgopoiiva" kefalaivw/ o{ti

...

J’ai déjà dit dans le chapitre Sur la construction de la tour . . .

Il se réfère à la question 28 où il parlait de la phrase : « Venez, descendons confondre leurs langues », mais il définit cette question par la référence à l’épisode entier appelé « construction de la tour », à la façon d’un des titres de section du Parisinus gr. 2. 3 Les sections de texte utilisées par Thalassios

Passons à la seconde partie de cette liste. On peut tout de suite repérer qu’avec la succession : 2 Paralipomènes, 1 Esdras, on a un enchaînement typique du canon de la Septante, qui correspond à une séquence que l’on retrouve dans le Codex Vaticanus, dans le Codex Sinaiticus, chez Origène, Cyrille de Jérusalem, Athanase, Grégoire de Nazianze et Amphiloque d’Iconium20 . Mais ce que l’on voudrait savoir, c’est comment Maxime et Thalassios se repéraient dans la Bible, comment Thalassios indiquait le passage à commenter à son interlocuteur Maxime. Nous avons examiné attentivement les passages de la seconde partie, et nous avons pu trouver une solution à cette question. Elle se trouve dans le premier passage de la seconde partie qui contient six questions (48-53) sur le deuxième livre des Paralipomènes. Voici la première question sur ce livre, portant le numéro 48 qu’il convient de citer : Peri; tou' ΔOzivou fhsi;n hJ deutevra tw'n Paraleipomevnwn o{ti ejpoivhse to; eujqe;" ejnwvpion kurivou [...] kai; h\n ejkzhtw'n to;n kuvrion ejn tai'" hJmevrai" Zacarivou tou' sunievnto" ejn fovbw/ kurivou [...] Kai; eujovdwsen aujtw'/ oJ kuvrio" (2 Par 26,4a.5). Kai; wj/kodovmhsen ΔOziva" puvrgou" ejn ÔIerousalh;m kai; 19

20

Swete 1914, 354-355 a donné d’autres exemples de titres, notamment celui du Codex Marchalianus (Vaticanus gr. 2125), lequel contient un double système de capitulation. Swete 1914, 358 note la similitude de la capitulation tardive dans le Codex Vaticanus avec un système de leçons pour la lecture liturgique, même s’il avoue que la question mériterait d’être davantage étudiée. Voir Dorival 2003, 88-89.

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christian boudignon ejpi; th;n puvlhn th'" gwniva" kai; ejpi; th;n gwnivan th'" favraggo" kai; ejpi; tw'n gwniw'n kai; kativscusen. Kai; wj/kodovmhsen puvrgou" ejn th'/ ejrhvmw/ kai; ejlatovmhsen lavkkou" pollouv", o{ti kthvnh polla; uJph'rcen aujtw'/ ejn Sefila/' kai; ejn th'/ pedinh'/ kai; ajmpelourgoi; ejn th'/ ojreinh'/ kai; ejn tw'/ Karmhvlw/, o{ti gewrgo;" h\n (2 Par 26,9-10). Tivne" oiJ puvrgoi kai; tiv" hJ puvlh th'" gwniva" kai; tiv" hJ favragx kai; hJ gwniva aujth'" … kai; tivne" pavlin aiJ gwnivai, tivne" te oiJ ejn th'/ ejrhvmw/ puvrgoi … kai; tivne" oiJ lelatomhmevnoi lavkkoi tivna te ta; kthvnh … kai; tiv" hJ Sefila; kai; hJ pedinh; tivne" te oiJ ajmpelourgoiv … kai; tiv" hJ ojreinh; kai; oJ Kavrmhlo" kai; to; o{ti gewrgo;" h\n21 …

Au sujet d’Ozias, le deuxième livre des Paralipomènes dit : Il fit ce qui est droit aux yeux du Seigneur [...] et il cherchait le Seigneur aux jours de Zacharie, qui l’instruisait dans la crainte du Seigneur [...] Le Seigneur le fit réussir (2 Par 26 4a.5). Et Ozias édifia des tours à Jérusalem sur la porte de l’Angle, sur l’angle du ravin et sur les angles et il les fortifia. Il édifia des tours dans le désert et il tailla de nombreuses citernes, car il avait beaucoup de troupeaux à Séphila et dans la plaine, et de vignerons dans la région montagneuse et sur le Carmel, parce qu’il était cultivateur (2 Par 26,9-10). Que sont les tours, la porte de l’Angle, le ravin et son angle ? Que sont aussi les angles et les tours dans le désert ? Qu’en est-il de Séphila, de la plaine et des vignerons ? de la région montagneuse, du mont Carmel et de la parole : il était cultivateur 22 ?

Il est clair, d’après les questions, que seule la seconde partie de la citation intéresse Thalassios : Et Ozias édifia des tours . . . (2 Par 26,9-10). Quelle est alors la fonction de la première partie de la citation : Il fit ce qui est droit aux yeux du Seigneur . . . (2 Par 26,45) ? Elle n’a aucune utilité exégétique. Je fais donc l’hypothèse qu’il s’agit simplement du début d’une section, qui permettait de montrer à son interlocuteur où se trouvait le passage en question. Or si l’on regarde le fameux Codex Vaticanus, p. 554-563, on y trouve une division en sections pour 2 Paralipomènes 23 . Le début de la citation de la question 48 (2 Par 26,4) correspond presque au 21 22

23

Laga et Steel 1980, 331. Nous reprenons avec quelques modifications la traduction de Vinel dans Larchet et Vinel 2012, 73. On donne ici le verset de commencement de chacune des sections du Codex Vaticanus : section n◦ 73 en 2 Par 26,3 ; n◦ 74 en 2 Par 26,16b ; n◦ 75 en 2 Par 26,23b ; n◦ 76 en 2 Par 28,1 ; n◦ 77 en 2 Par 28,16 ; n◦ 78 en 2 Par 29,1 ; n◦ 79 en 2 Par 29,20 ; n◦ 80 en 2 Par 30,1 ; n◦ 81 en 2 Par 31,2 ; n◦ 82 en 2 Par 32,1 ; n◦ 83 en 2 Par 32,9 ; n◦ 84 en 2 Par 32,24 ; n◦ 85 en 2 Par 32,33b.

la bible de thalassios et de maxime le confesseur 185 début de la section 73 du Vaticanus, qui commence en 2 Par 26,3. Si l’on a en tête le flottement des sections qui commencent parfois un peu avant, parfois un peu après, dans les manuscrits, il se pourrait bien que le début de la citation corresponde véritablement au début de la section dans le type de manuscrit biblique que possédaient Thalassios et Maxime. Si l’on passe à la question 49, elle commence une phrase après le début de la section 82 du Vaticanus, tandis que la question 51 correspond à la fin de la section 83 et la question 53 à la fin de la section 84. Seules les question 50 et la question 52 ne correspondent pas à des divisions du texte, à des sections du Vaticanus 24 . Mais la question 50 correspond à la section 68 du Parisinus gr. 2, f. 388v, utilisé, comme nous l’avons vu, par T. Janz pour le Second Esdras où il semble rapporter une division de texte « lucianique ». Si le texte de Maxime (ou plutôt de Thalassios) ne correspond pas toujours à la division du texte du Vaticanus, il semble bien qu’il suive la division du Parisinus gr. 2. En effet, ce manuscrit a toutes les sections du Vaticanus et d’autres en plus, comme ici25 . Quant à la question 52, elle porte sur la suite du texte étudié par la question 51 : il n’était pas difficile de retrouver le passage en question. Regardons maintenant la question 62 sur Zacharie. Il convient de la citer dans son ensemble : Tiv ejstin o} levgei Zacariva" oJ a{gio" profhvth": kai; h\ra tou;" ojfqalmouv" mou kai; ei\don kai; ijdou; drevpanon petovmenon mh'ko" phvcewn ei[kosi kai; plavto" phvcewn devka. Kai; ei\pe prov" me: au{th ejsti;n hJ ajra; hJ ejkporeuomevnh ejpi; provswpon pavsh" th'" gh'" (Za 5,1-3); Kai; metΔ ojlivga: kai; ejxoivsw aujtov, levgei kuvrio" pantokravtwr, kai; eijseleuvsetai eij" to;n oi\kon tou' klevptou kai; eij" to;n oi\kon tou' ojmnuvonto" ejn tw'/ ojnovmativ mou yeudw'", kai; kataluvsei ejn mevsw/ tou' oi[kou aujtou' kai; suntelevsei aujto;n kai; ta; xuvla aujtou'

24

25

Pour ce qui est de la division du texte, la question 50 fait difficulté. Un indice semble montrer que Thalassios suit en fait une autre division textuelle que celle du Codex Vaticanus. Le début du passage de 2 Par 32,20-21a : Et Ezechias pria. . . ? correspond à une paragraphos, c’est-à-dire à un tiret dans l’édition de Rahlfs 2006, 862. Je ne comprends pas tout à fait cet emploi du tiret, mais je note qu’en 32,9 le tiret correspond à la section 84 . . . Ce tiret correspond-il à des sections que Rahlfs trouvait dans d’autres manuscrits ? Lesquels ? On ne trouve pas d’indications sur la division en paragraphe dans Hanhart 2014 ni dans les autres éditions de la Septante de Göttingen, comme le note avec un certain dépit Janz 2002, 122. Elle manque dans le Vaticanus entre la section 83 et la section 84.

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christian boudignon kai; tou;" livqou" aujtou' … (Za 5,4) Tiv to; drevpanovn ejsti kai; to; mevtron tou' te mhvkou" kai; tou' plavtou" … Kai; dia; tiv petovmenon … Kai; tiv" oJ klevpth" kai; ejpivorko", kai; tiv" oJ touvtou oi\ko", tivna te ta; xuvla, kai; tivne" oiJ livqoi26 …

Que signifie ce que dit le prophète Zacharie : Et j’ai levé les yeux et j’ai vu : et voici une faux volante, d’une longueur de vingt coudées et d’une largeur de dix. Et il me dit : ‘C’est la malédiction qui s’élance sur la face de la terre’ (Za 5,1-3) ? Et peu après : ‘Et je la lancerai’, dit le Seigneur tout puissant, ‘elle atteindra la maison du voleur et la maison de celui qui jure mensongèrement en mon nom, elle apportera la ruine au milieu de sa maison et la consumera, ses poutres et ses pierres’ (Za 5,4) ? Qu’est-ce que cette faux, et sa mesure en longueur et en largeur ? Pourquoi vole-t-elle ? Qui est le voleur et le parjure, que sont sa maison, les poutres et les pierres27 ?

Thalassios ici s’interroge sur Zacharie 5,1-3a.4. Or la citation correspond – à deux mots près manquant au début (kai; ejpevstreya) – à la section 5 (= Za 5,1-4) du Codex Vaticanus, p. 990 28 . Ici Thalassios cite le début de la section 5 : « Et je levai mes yeux et je vis et voici, une faux volante [...] d’une longueur de vingt coudées et d’une largeur de dix » (Za 5,1-3a), il saute le verset 5,3b avec « un peu plus loin » et donne une seconde citation qui s’achève avec la fin de cette courte section 5. Thalassios organise donc sa question en fonction d’une section, telle qu’elle apparaît dans le Vaticanus. Voilà bien la preuve ici que Thalassios pense la Bible avec ce système de sections, tel qu’il est attesté dans le Vaticanus et dans d’autres manuscrits. C’est là un résultat qui peut paraître évident pour nous, modernes, trop habitués aux facilités de la division du texte, mais qui n’avait pas été apporté pour le 7e siècle. On peut tirer deux conclusions. Premièrement, démonstration est faite que Thalassios s’appuie sur un texte divisé en sections, dont au moins certaines recouvrent celles que l’on trouve dans le Codex Vaticanus et qui pour les 2 Paralipomènes recouvrent les sections du Parisinus gr. 2, qui seraient selon T. Janz, d’origine « lucianique ». 26 27

28

Laga et Steel 1990, 115. Nous reprenons la traduction avec quelques modifications de Vinel dans Larchet et Vinel 2015, 127. Swete 1914, 351 signale la présence d’un double système de capitulation pour les livres sapientiaux et prophétiques dans le Codex Vaticanus. Pour Zacharie, on a conservé que ce second système en cinq unités, d’une seconde main du 12e siècle. Le Parisinus gr. 2 ne contient que les livres « historiques » de la Bible.

la bible de thalassios et de maxime le confesseur 187 Il faudrait pouvoir disposer d’un travail d’ensemble sur le système des sections lucianiques du Premier Testament pour voir si, effectivement, Thalassios suit ce genre de divisions. Deuxièmement, Thalassios ne cite pas seulement le texte biblique en s’appuyant sur ces sections, mais il pense le texte biblique dans le cadre de ces sections, puisque les fins de section lui donnent les limites du texte dont il veut un commentaire. 4 Que conclure ?

C’est une évidence pour les spécialistes : il n’existe pas en grec de mise en sections unique pour l’Ancien Testament. Pourtant, il semble que les variations entre les différents systèmes soient mineures. On regrettera que ces divisions restent encore mal définies, mal étudiées et gênent la recherche : les paragraphes de l’édition de Rahlfs manquent de clarté, faute d’avoir pris un modèle où le système se déploie dans toute sa clarté. La mise en paragraphes dans les remarquables éditions par N. Fernandez Marcos et J.R. Busto Saiz du texte antiochien des Règnes et des Paralipomènes 29 n’est pas élucidée. De ce point de vue, le travail cité plus haut de T. Janz est remarquable puisqu’il établit la division en sections, semble-t-il lucianiques, des Parisinus gr. 2 et Parisinus Coislin 8. Ce sont ces sections qui ont servi à Thalassios et à Maxime pour leur travail sur la Bible. Thalassios cite souvent le début d’une de ces sections pour permettre à son correspondant d’identifier le texte dont il appelle un commentaire et donc, il pense la Bible à l’aide de ces sections. J’ai bien l’impression de m’aventurer là dans une véritable terra incognita, un monde encore vierge et fantastique, ou, pour le dire comme Borges30 , un Tlön : Au début, on crut que Tlön était un pur chaos, une irresponsable licence de l’imagination ; on sait maintenant que c’est un cosmos, et les lois intimes de son organisation ont été formulées, du moins provisoirement.

29 30

Fernandez-Marcos et Busto Saiz 1989, 1992, 1996. Borges 1983, 17.

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Les kephalaia dans les Synopses des Écritures attribuées à Athanase et à Jean Chrysostome Guillaume Bady CNRS, HiSoMA – Sources Chrétiennes, Lyon

Résumé Les Synopses des Écritures attribuées à Jean Chrysostome et à Athanase comportent pour certains livres de l’Ancien Testament une liste de kephalaia, ou sommaires. Quelles en sont l’origine et l’extension ? Comment les titres sont-ils rédigés et à quelle fonction répondent-ils ? Dans quelle mesure, enfin, proposent-ils une division qui éclaire le texte biblique ? Les passages concernant les Proverbes, du Cantique et de la Sagesse permettront plus particulièrement de répondre à ces questions et d’évaluer la pertinence des kephalaia. Abstract The Synopsis of the Books of the Bible attributed to John Chrysostom and the one ascribed to Athanasius contain for some Old Testament books a list of kephalaia, or summaries. What is examined here is their origin and extent, the way titles are written, the functions and purposes they serve, and the exegetical relevance of the textual divisions. Proverbs, Song of Songs and Wisdom will provide the more significant examples.

1 Introduction

L’étude des divisions anciennes et médiévales de la Septante, à la différence du Nouveau Testament, et en dehors de la disposition formelle des textes dans les manuscrits1 , se heurte globalement à la rareté d’éléments explicites sur le découpage du texte en sections et sur leur signification. Or une exception de taille semble se trouver dans des textes dont les premières moutures pourraient remonter à l’époque des Pères de l’Église. Deux Synopses des Écritures ont en effet été transmises sous le nom d’Athanase d’Alexandrie2 et de Jean Chrysostome3 . L’attribution à ces deux auteurs est pour le moins discutée et, à défaut 1 2 3

Voir notamment Korpel 2000, 13-14 ; Tov 2000, 342-346 ; de Bruin 2002. PG 28, 281-438 ; CPG 2249. PG 56, 313-386 ; CPG 4559.

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d’une étude de fond sur ce sujet, sans vouloir entrer dans le débat je tiendrai ici les textes comme globalement inauthentiques. Tous deux méritent d’ailleurs une édition qui leur rende justice et démêle leur histoire en partie commune, car celles de Bernard de Montfaucon4 reproduites dans la Patrologie grecque puisent à des sources mêlant les deux traditions5 . Telles qu’elles se lisent actuellement, les deux Synopses constituent à proprement parler des collections d’uJpoqevsei"6 , c’est-à-dire d’« arguments » (au sens d’« introductions » – on pourrait traduire aussi par « notices »), un genre littéraire qui coïncide souvent avec le prologue (provlogo", prooivmion, proqewriva) d’un commentaire de texte7 . Les Synopses sont d’ailleurs elles-mêmes précédées d’un prologue8 , qui introduit ainsi à la Bible comme collection de livres et en même temps aux Synopses comme collections d’introductions à chacun des livres bibliques. En dehors du fait que la Synopse attribuée à Chrysostome porte sur le seul Ancien Testament, alors que la pseudo-athanasienne comprend aussi le Nouveau Testament, depuis une étude d’E. Klostermann9 la différence entre les deux est ainsi caractérisée, avec les nuances qui s’imposent10 : la pseudo-athanasienne consiste essentiellement en un résumé du contenu (periochv), précédé de considérations sur l’auteur et le titre de chaque livre – parfois aussi sur sa visée (skopov") –, tandis que la pseudo-chrysostomienne, tout en offrant aussi un résumé, le fait suivre de l’énumération des intitulés de « chapitres » (kefavlaia) ou « liste des chapitres » (ajnakefalaivwsi"). En réalité, ce dernier terme étant présent uniquement dans une recension interpolée, et jamais dans la rédaction originaire, F. Barone pro4

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10

Montfaucon 1698, 126-204, reprenant, faute de connaître de témoin manuscrit, Felckmann 1600, 61-136 ; Montfaucon 1724, 314-391. F.P. Barone prépare l’édition de ces textes ; voir Barone 2009 et 2011. Je la remercie vivement pour les photos du manuscrit de la Bibliothèque nationale de Naples, II.A.12 (sigle N), qu’elle m’a fournies, et pour ses réponses à mes questions. Mes transcriptions sont données ici de manière très provisoire, dans l’attente de son édition. L’Escurial W I 7, f. 5, du 3e quart du 14e siècle, présente la notice sur les Proverbes comme uJpovqesi~ eij" ta;" paroimiva" Solomw'nto". Cf. Skeb 2007. Voir à ce sujet Dorival 2006 ; Paramelle et Bady 2011. Klostermann 1895, 77-112, notamment 109 ; voir aussi Zahn 1890, 226–230 et 302–318. Dorival 2005, 60, n. 32.

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pose de reformuler ainsi la différence : la pseudo-athanasienne est une « vue d’ensemble », une periochv, alors que la pseudo-chrysostomienne « suit le détail du texte, en général sous forme narrative, parfois (c’est-à-dire dans le cas du Siracide ou d’Isaïe, sans que le mot ajnakefalaivwsi" soit employé) par kephalaia »11 . Un point de terminologie s’impose d’emblée à cet égard. Si le terme ajnakefalaivwsi", connu en théologie notamment pour signifier la « récapitulation », correspond très bien à ce qu’est un « sommaire » dans la tradition latine, la traduction du mot kefavlaia, comme nous le verrons, reste délicate et ne peut être identifiée à une simple « capitulation » : ni « chapitres »12 , ni « en-tête », ni « intitulés », ni « titres » parce qu’il ne comportent pas de visée structurante ni synthétique – le mot tivtloi n’implique d’ailleurs pas non plus forcément une telle visée –, ils s’apparentent plutôt à des gloses marginales, sans en être vraiment puisqu’ils ne se limitent pas à commenter le texte ; servant sans doute aussi de points de repère, ils ne s’identifient pas non plus aux shmeiwvsei", ces signes marginaux qui sont un peu les ancêtres de nos « marque-pages ». Protéiformes, car correspondant à plusieurs fonctions – qu’il s’agit précisément de définir –, ils semblent résulter de certaines contingences liées au statut incertain des marginalia. D’une certaine manière, même s’ils ont perdu l’encre rouge qui caractérisait les plus anciens d’entre eux, ils ne seraient pas forcément mal rendus par le mot « rubriques », au sens qu’a ce terme, là encore, dans les bibles latines ; mais l’usage moderne et usuel du mot « rubrique » rend cette traduction ambigüe. En définitive, une fois qu’on a renoncé aussi au mot « capitules », utilisé en liturgie – sans parler de botanique –, il paraît plus prudent de s’en tenir à la transcription kephalaia 13 , ne serait-ce que parce que l’analyse de ce que recouvre le terme ici est l’un des enjeux mêmes de cette étude. Ce qui est sûr, c’est que ces listes de kephalaia sont bien plus importantes dans une recension ultérieure14 de la Synopse pseudochrysostomienne, représentée principalement par 3 manuscrits tardifs (N, Neapolitanus, Bibliothecae Nationalis II.A.12, du 14e siècle ; 11 12 13

14

F. Barone, courrier personnel du 28 novembre 2018. Devreesse 1954, 139-141, emploie le mot, mais entre guillemets. Voir notamment Mutschmann 1911, qui emploie couramment le mot kefavlaia sans le traduire. La recension e dans l’édition à venir de F. Barone.

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R, Romanus, Casanatensis 1106, du 16e siècle ; L, Leidensis, Vossianus gr. F◦ 48, du 16e siècle aussi – source partielle de Montfaucon). Elle accumule, dans la plupart des cas, des éléments pseudoathanasiens sur le titre et l’auteur, puis, après une formule de transition du type ÔH me;n ou\n perioch; tou' biblivou tou'ton e[cei to;n trovpon: hJ de; ajnakefalaivwsiv" ejstin ejn touvtoi" (« Le contenu du livre se présente donc ainsi ; la liste des chapitres est la suivante »), un résumé du contenu, puis la liste des chapitres (en commençant par prooimivoi", « au début », chaque chapitre étant introduit par peri; tou'' ou par o{ti), et se conclut par les mots : ejn oi|" kai; pa'sa hJ duvnami" tou' biblivou (« Voilà toute la signification du livre » des Proverbes, etc.). Je ne m’intéresserai pas ici à l’histoire de ces textes, ni à leurs prodromes patristiques, ni à leurs avatars dans les manuscrits, mais à leur contenu et, plus particulièrement, à la façon dont ils résument et semblent diviser en sections les livres bibliques. Pour commencer, quelles en sont l’origine et l’extension ? Comment les kephalaia sontils rédigés et à quelle fonction répondent-ils ? Dans quelle mesure, enfin, proposent-ils une division qui éclaire le texte biblique ? 2 Origine et extension des listes des kephalaia

2.1 Origine Je ne connais pas d’étude spécifique permettant de montrer que l’origine des kephalaia de ces Synopses précisément se trouve dans les manuscrits des livres bibliques concernés. Mais à vrai dire, c’est le fait d’avoir rencontré ces kephalaia dans 2 manuscrits caténiques des Proverbes, l’un du 12e (Cambridge, Trinity College, O.I.55), l’autre du 13e siècle (Paris, BnF, grec 151), qui a suscité primitivement mon intérêt pour ces Synopses 15 . Je ne serais pas étonné qu’une enquête de fond puisse à terme apporter d’autres exemples similaires. Il devrait même y avoir là un moyen non négligeable de fixer pour ces kephalaia un terminus ante quem à peu près objectif. L’usage même des kephalaia, que l’on trouve généralement en marge des textes, plaide en tout cas pour une origine marginale ou secondaire. On imagine mal, en effet, comment un lettré irait dresser ce type de liste de manière purement théorique et en dehors du support textuel visé. Certes, comme nous le verrons, il n’est pas 15

Bady et Tchernetska 2002, 69, n. 16.

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rare que les kephalaia reprennent des mots ou des phrases du texte biblique ; cependant, dans la plupart des cas il n’y a aucune référence explicite au texte et, de fait, il est souvent difficile de préciser quelle portion de texte est visée. C’est le cas, par exemple, pour le début de la Sagesse 16 : ΔEn proomivoi" me;n protroph; dikaivou eij" qeosevbeian, kai; e[legco" ajsebou'" blasfhvmou. Mh; zhvlou gavr, fhsiv, tou;" ajnticrivstou", oi{tinev" eijsi qavnato" : povqen oiJ ajsebei'" peri; tw'/ staurw'sai to;n kuvrion th'" dovxh" h\lqon, to;n aijw'na tou'ton prokrivnante": o{ti kai; tou;" ajpostovlou" ejdivwxan kai; ajpevkteinan: o{ti tivne"17 e[sontai oiJ ejxouqenou'nte" to;n novmon tou' kurivou, kai; tivne" oiJ uJpotagevnte" aujtw/'.

Au début, exhortation du juste à la piété envers Dieu et blâme de l’impie blasphémateur (Sg 1,1-11 ?). N’envie pas, dit-il en effet, les antichrists, qui sont la mort (Sg 1,121 ). Comment les impies en sont venus à crucifier Seigneur de gloire, après avoir d’avance jugé ce monde (Sg 1,16–2,24 ?). Qu’ils ont persécuté et fait périr aussi les apôtres (Sg 3,1-6 ?). Quel sera le sort de ceux qui tiennent pour rien la Loi du Seigneur, et celui de ceux qui s’y sont soumis (Sg 3,10-15 ?).

Comme on peut le constater, l’hésitation porte sur plus de 3 des chapitres actuels, et seule une référence, parce qu’elle cite quelques mots, est certaine. J’aurai l’occasion de revenir sur la Sagesse ; d’ores et déjà une conclusion, ou plutôt une confirmation, s’impose : les kephalaia sont très difficilement compréhensibles quand ils sont détachés du texte et ne se comprennent vraiment que dans ses marges, conformément à leur usage d’origine. Autrement dit, dans les Synopses, les kephalaia ne sont ni originaux, ni originels. 2.2 Extension Encore faut-il en prendre la mesure et en estimer l’extension. Dans l’état actuel des éditions, deux cas de figures se présentent. Premièrement, les listes formellement reconnaissables, selon la formulation de la recension longue. Sont concernés exclusivement les livres de sagesse : Job, Proverbes, Ecclésiaste, Cantique, Sagesse, Siracide. Deuxièmement, on trouve au sein des résumés, et en dehors de la présence explicite de sommaire, quelques kephalaia de passages légis16 17

PG 28, 373. Le manuscrit de l’Escurial ’W I 7, f. 280v, permet de corriger cette phrase en accentuant les deux tivne" en tant que pronoms interrogatifs.

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latifs du Lévitique (Lv 11,32–26,1) et du Deutéronome (Dt 12–26). Or même dans ce cas, puisque nous restons dans la description du contenu (periochv), loin d’être adventices ces éléments font partie intégrante de la rédaction : “Eti de; perievcei periv te tw'n qnhsimaivwn wJ" ajphgoreumevnwn kai; tou' ai{mato" oJmoivw", kai; peri; gunaikw'n tiktousw'n [...].

Il contient encore des passages sur l’interdiction des choses mortes – et du sang pareillement – et sur les femmes accouchées (Lv 12) [...]18 .

En dehors des textes de sagesse ou, plus rarement, de loi, on constate donc que les passages narratifs, à savoir la majorité des textes bibliques, ne se prêtent pas à ce type de kephalaia. Même le 1er Esdras, qui comporte de longues et nombreuses listes, et dans lequel j’ai eu le privilège de mettre des sous-titres et de créer des divisions textuelles pour la nouvelle Traduction Œcuménique de la Bible (tob), ne donne lieu qu’à un mauvais résumé, à la fois inexact et partiel, sans aucune tentative pour rendre compte des passages non narratifs19 . Certes, la présence de verbes d’action n’est pas incompatible avec l’usage des kephalaia. Dans la Synopse pseudo-athanasienne, les Évangiles sont résumés en phrases extrêmement courtes qui pourraient facilement loger en marge des manuscrits : “Agetai eij" th;n e[rhmon. “Ercetai eij" Nazarevt : ajnaginwvskei th'/ sunagwgh'/ [...].

est conduit au désert. Il va à Nazareth ; il lit à la synagogue (Lc 4,1-13.16-20) [...]20 .

On pourrait donner aussi de semblables exemples tirés des bibles latines21 . Cependant, du côté du Premier Testament grec, de tels exemples semblent bien difficiles à trouver22 . L’absence globale de 18 19 20 21

22

PG 56, 329. PG 56, 358. PG 28, 393. Voir par ex. De Bruyne 2014, 288-289 pour ces péricopes de Lc, ou 140-143 pour Esd. À la suite de De Bruyne, Petitmengin 1997, 499, distingue « deux grands types » de sommaires : « l’un nominal [...], et l’autre verbal ». En revanche, Swete 1914, 354-355, donne pour les Nombres et l’Exode des exemples de tivtloi qui sont tous formulés avec des substantifs.

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kephalaia pour les passages narratifs dans notre corpus23 mériterait donc d’être étudiée de plus près pour la vérifier et en rendre raison. À cet égard, même s’il ne s’agit pas du seul facteur, ni même sans doute du facteur déterminant, l’inadéquation formelle des kephalaia – ceux-ci privilégiant, comme nous allons le voir, les substantifs –, au genre du récit constitue une piste sérieuse. Il convient en effet de préciser à présent les diverses formes des kephalaia, ainsi que les fonctions qu’ils remplissent dans l’appareil éditorial des anciennes bibles grecques. 3 Formes et fonctions des kephalaia

3.1 Formes Dans les deux Synopses, la forme principale des kephalaia est la phrase nominale, commençant par « au sujet de » (peri;), ou la proposition complétive seule introduite par « que » (o{ti ou, plus rarement, wJ"), moins souvent la phrase interrogative (tiv, pw'", etc.). L’art de la concision et l’esprit de synthèse ont ici un rôle majeur. On assiste, quand action il y a, à une double substantivation de l’action, soit syntaxique, par l’emploi de l’infinitif précédé d’un article (par ex. peri; tou' mh; yeuvdesqai, « ne pas mentir », dans la Synopse du Siracide), soit lexicale, par la substantivation du verbe (par ex. peri; ajnuywvsew" uiJw'n th'" sofiva", « sur l’exaltation des fils de la sagesse », dans la Synopse du Siracide). Là encore, ce procédé d’expression permettant d’aller à l’essentiel se retrouve, mais accompagné de verbes conjugués, dans certaines notices, comme celle sur Nahum : Peri; th'" tou' qeou' dunavmew" dialevgetai: peri; tw'n ajpostovlwn prolevgei. Prostivqhsi de; kai; th;n a[nodon Babulwnivwn kata; Nineui>tw'n kata; kravto" aijcmalwsivan. Levgei de; kai; th;n duvnamin aujth'" kai; to;n plou'ton, o}n ei|ce pri;n aijcmalwteuqh'nai.

Il parle de la puissance de Dieu. Il annonce les apôtres. Il ajoute aussi la montée des Babyloniens contre les Ninivites [et] la captivité (de ces derniers) par la force. Il dit aussi la puissance et la richesse dont elle (= Ninive) jouissait avant de subir la captivité24 . 23

24

F. Barone me signale opportunément une belle exception, la notice pseudochrysostomienne sur Isaïe, PG 56, 376-377. PG 56, 386.

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Parmi les substantifs utilisés, on en relève, en particulier, certains qualifiant la nature, la forme, le genre ou la visée supposée du texte lui-même : exhortation (protrophv), précepte (paraggeliva), preuve (e[legco"), prophétie (profhteiva), etc. Le processus d’abstraction va donc jusqu’aux frontières du métalangage. Mais ces notations marginales collent en fait tellement à la lettre du texte que souvent elles se contentent de le citer pour mieux le signaler, en l’introduisant simplement par o{ti, wJ" ou peri; tou'. Pour le Cantique, le cas est très largement majoritaire, et les mentions synthétiques sont plutôt rares, comme celle-ci : Peri; Solomw'nto" kai; th'" klivnh" aujtou', kai; tou' foreivou, kai; tw'n stuvlwn tw'n ajrgurevwn.

Au sujet de Salomon, de son lit, du palanquin et des colonnes d’argent (Ct 3,7-10)25 .

On peut se demander si, en extrayant les kephalaia de leur contexte, ou plus exactement en les sortant des marges des textes qu’ils accompagnent, le ou les auteurs des Synopses dans leur recension longue n’ont pas dû pallier la nécessité de préciser, en citant le texte, l’endroit concerné. C’est particulièrement frappant, comme nous allons le voir, dans le Cantique. 3.2 Fonctions 26 3.2.1 Fonction didascalique En effet, en dehors de la possibilité offerte au lecteur de « naviguer » plus facilement dans la Bible et aux auteurs de faire référence plus précisément à tel ou tel passage – c’est leur fonction éditoriale ou référentielle, qui est primordiale –, l’une des fonctions que remplissent les kephalaia est celle qu’on pourrait qualifier de fonction didascalique : les kephalaia servent à identifier la personne ou les personnes qui parlent ou à qui la parole est adressée. Le manuscrit de Naples27 offre ainsi les kephalaia suivants pour le Cantique : 25 26

27

N, f. 71. Les fonctions soulignées ici complètent celles, plus matérielles, définies par G. Goswell, supra, p. 87-89. N, f. 70v.

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ÔH me;n ou\n perioch; kai; hJ uJpovqesi" tou' biblivou tw'n a/jsmavtwn tou'ton e[cei to;n trovpon: kai; a[llw" de; pavlin th;n ajnakefalaivwsin dunato;n ejklabei'n kata; eJtevran safestevran eJrmhneivan sunavptonti ta;" proshkouvsa" fwna;" toi'" proshvkousi proswvpoi", kai; kata; ajkolouqivan tw'n ejgkeimevnwn tw'/ biblivw/ lovgwn: kai; e[stin ou{tw": ΔEn prooimivoi" me;n fwnh; th'" ejkklhsiva" pro;" to;n Cristovn: ΔApavggeilovn moi o}n hjgavphsen hJ yuchv mou.

Le contenu et l’argument du livre des Cantiques se présente donc ainsi ; et encore une fois, il est par ailleurs possible d’expliquer la liste des chapitres selon une interprétation plus claire – en faisant correspondre les lignes qui conviennent aux bons personnages – et selon la séquence des paroles que comporte le livre. La voici. Dans les premiers mots, parole de l’Église adressée au Christ : Annonce-moi, toi qu’aime mon âme [...] (Ct 1,71 ).

Ce type de kephalaia – comparables aux « rubriques » des bibles latines – concerne évidemment les seuls passages dialogués, à l’instar des magnifiques didascalies rubriquées du Codex Sinaiticus, f. 5-8 28 . 3.2.2 Fonction exégétique Cette fonction didascalique, qui résulte d’une interprétation du texte, n’est en réalité qu’un cas d’espèce pour la fonction majeure, qui est exégétique. La fin des kephalaia du Cantique le dit explicitement29 : ΔEn oi|" kai; hJ pa'sa duvnami" th'" tw'n a/jsmavtwn bivblou, mustikw'" kata; ajllhgorivan ejnagomevnh": ejx h|" uJpoq