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French Pages 360 [365] Year 2021
pontificia universitas gregoriana rhetorica biblica et semitica
Ces exercices s’appuient sur le Traité de rhétorique biblique de R. Meynet. Le Traité est une sorte de grammaire et chacun sait qu’on n’apprend pas une langue en lisant ou même en apprenant par cœur des règles de grammaire : il y faut un patient entrainement qui requiert de nombreux exercices. Beaucoup sont intéressés par l’analyse rhétorique biblique et par les résultats qu’elle permet d’obtenir pour mieux comprendre les textes bibliques ; un certain nombre ne se contente pas de cela mais voudrait utiliser eux-mêmes la méthodologie. Comme tout métier, un sérieux apprentissage est nécessaire. L’idéal serait de s’entrainer sous la direction d’un maitre compétent qui puisse suivre le travail de l’apprenti, le conseiller et le corriger quand cela est nécessaire. Le présent livre s’offre comme un guide, comme un maitre. Ce sont d’abord une série d’exercices, organisés en deux niveaux : celui du passage (ou de la « péricope »), puis celui de la « séquence » ou ensemble structuré de passages. Le texte à analyser est donné dans la langue originale et dans une traduction très littérale ; quelques conseils suivent, en particulier de lire et d’étudier telle ou telle partie du Traité qui sera indispensable pour l’exercice en question ; enfin toute une série de questions doivent permettre à l’apprenant, s’il le désire, d’être amené à trouver par lui-même comment le texte est composé. Dans la seconde partie sont données les « solutions » des exercices. Y est suivi, pas à pas, le chemin proposé par les questions des exercices. Ces solutions permettent à l’apprenant de vérifier son propre travail. Ce livre d’Exercices n’est pas un livre à lire, mais à écrire. Se contenter – comme quelqu’un pourrait en être tenté – de lire les solutions, avant d’avoir fait l’exercice, ne servirait pas à grand-chose pour celui qui désire non pas accumuler des connaissances, mais apprendre à travailler, ce qui n’est pas – et de loin – la même chose. Cette deuxième édition a permis non seulement de corriger les erreurs, mais aussi de remplacer quelque exercice par un nouveau plus approprié. Par ailleurs, les couleurs devraient aider à un meilleur apprentissage. Les Auteurs : tous deux jésuites, professeurs de théologie biblique à l’Université Grégorienne de Rome. Jacek Oniszczuk est mort en montagne le 22 décembre 2017.
PEETERS-LEUVEN
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R. Meynet – J. Oniszczuk Exercices d’analyse rhétorique biblique
Roland Meynet – Jacek Oniszczuk, Exercices d’analyse rhétorique biblique
Roland Meynet – Jacek Oniszczuk EXERCICES D’ANALYSE RHÉTORIQUE BIBLIQUE Deuxième édition revue
PEETERS
15/12/2020 11:48
EXERCICES D’ANALYSE RHÉTORIQUE BIBLIQUE
Roland Meynet – Jacek Oniszczuk
EXERCICES D’ANALYSE RHÉTORIQUE BIBLIQUE Deuxième édition revue Rhetorica Biblica et Semitica XXIX
PEETERS leuven – paris – bristol, ct 2021
SOCIÉTÉ INTERNATIONALE POUR L’ÉTUDE DE LA RHÉTORIQUE BlBLIQUE ET SÉMITIQUE
Il existe de nombreuses sociétés savantes dont l’objet est l’étude de la rhétorique. La plus connue est la « Société internationale pour l’histoire de la rhétorique ». La RBS est la seule : • qui se consacre exclusivement à l’étude des littératures sémitiques, la Bible essentiellement, mais aussi d’autres, des textes musulmans par exemple ; • qui s’attache par conséquent à inventorier et à décrire les lois particulières d’une rhétorique qui a présidé à l’élaboration des textes dont l’importance ne le cède en rien à ceux du monde grec et latin dont la civilisation occidentale moderne est l’héritière. Il ne faudrait pas oublier que cette même civilisation occidentale est héritière aussi de la tradition judéo-chrétienne qui trouve son origine dans la Bible, c’est-à-dire dans le monde sémitique. Plus largement, les textes que nous étudions sont les textes fondateurs des trois grandes religions monothéistes, judaïsme, christianisme et islam. Une telle étude scientifique, condition première d’une meilleure connaissance mutuelle, ne saurait que contribuer au rapprochement entre ceux qui se réclament de ces diverses traditions. La RBS promeut et soutient la formation, les recherches et les publications :
• surtout dans le domaine biblique, tant du Nouveau que de l’Ancien Testament ; • mais aussi dans celui des autres textes sémitiques, en particulier ceux de l’islam ; • et encore chez des auteurs nourris par les textes bibliques, comme saint Benoît et Pascal.
Pour cela, la RBS organise
• les années paires un colloque international dont les actes sont publiés dans la présente
collection ; année des séminaires de formation à sa méthodologie, en différentes langues.
• chaque
La RBS accueille et regroupe d’abord les chercheurs et professeurs universitaires qui, dans diverses institutions académiques, travaillent dans le domaine de la rhétorique biblique et sémitique. Elle encourage de toutes les manières les étudiants, surtout de doctorat, dans l’apprentissage de sa technique propre. Elle est ouverte aussi à tous ceux qui s’intéressent à ses activités et entendent les soutenir. Société internationale pour l’étude de la Rhétorique Biblique et Sémitique Pontificia Università Gregoriana — Piazza della Pilotta, 4 — 00187 Roma (Italie) Pour plus de renseignements sur la RBS, voir : www.retoricabiblicaesemitica.org.
ISBN 978-90-429-4495-4 eISBN 978-90-429-4497-8 D/2021/0602/10
A catalogue record for this book is available from the Library of Congress. © 2021, Peeters, Bondgenotenlaan 153, B-3000 Leuven, Belgium No part of this book may be reproduced in any form or by any electronic or mechanical means, including information storage or retrieval devices or systems, without prior written permission from the publisher, except the quotation of brief passages for review purposes.
Rhetorica Biblica et Semitica Beaucoup imaginent que la rhétorique classique, héritée des Grecs à travers les Romains, est universelle. C’est en effet celle qui semble régir la culture moderne, que l’Occident a répandue sur l’ensemble de la planète. Le temps est désormais venu d’abandonner un tel ethnocentrisme : la rhétorique classique n’est pas seule au monde. La Bible hébraïque, dont les textes ont été écrits surtout en hébreu mais aussi en a raméen, obéit à une rhétorique bien différente de la rhétorique gréco-romaine. Il faut donc reconnaitre qu’il existe une autre rhétorique, la « rhétorique hébraïque ». Quant aux autres textes bibliques, de l’Ancien Testament et du Nouveau, qui ont été soit traduits soit rédigés directement en grec, ils obéissent largement aux mêmes lois. On est donc en droit de parler non seulement de rhétorique hébraïque, mais plus largement de « rhétorique biblique ». En outre, ces mêmes lois ont ensuite été reconnues à l’œuvre dans des textes akkadiens, ougaritiques et autres, en amont de la Bible hébraïque, puis dans les textes arabes de la Tradition musulmane et du Coran, en aval de la littérature biblique. Il faut donc admettre que cette rhétorique n’est pas seulement biblique, et l’on dira que tous ces textes, qui appartiennent à la même aire culturelle, relèvent d’une même rhétorique qu’on appellera « rhétorique sémitique ». Contrairement à l’impression que ressent inévitablement le lecteur occidental, les textes de la tradition sémitique sont fort bien composés, à condition toutefois de les analyser en fonction des lois de la rhétorique qui les gouverne. On sait que la forme du texte, sa disposition, est la porte principale qui ouvre l’accès au sens. Non pas que la composition fournisse, directement et automatiquement, la signification. Cependant, quand l’analyse formelle permet d’opérer une division raisonnée du texte, de définir de manière plus objective son contexte, de mettre en évidence l’organisation de l’œuvre aux différents niveaux de son architecture, se trouvent ainsi réunies les conditions qui permettent d’entreprendre, sur des bases moins subjectives et fragmentaires, le travail d’interprétation.
AVANT-PROPOS L’analyse rhétorique. Une nouvelle méthode pour comprendre la Bible*
Le sous-titre de cet article est à la fois tout à fait vrai et entièrement faux1. Il est vrai, parce que jusqu’ici cette méthode n’a été appliquée de façon systématique que sur un relativement petit nombre de textes2 ; davantage sur des textes courts, comme les psaumes, beaucoup moins sur des livres entiers3. La méthode est nouvelle aussi parce que ce n’est que depuis peu d’années qu’elle connaît un développement important : un nombre d’exégètes de plus en plus grand en effet s’intéresse à la composition des textes qu’ils étudient. Il faut ajouter qu’elle en est encore à ses débuts, dans la mesure où bien peu d’auteurs la manient avec une vraie compétence. Cependant, il est faux de dire que l’analyse rhétorique est nouvelle, dans la mesure où ses débuts remontent au milieu du 18e siècle, avec les Leçons sur la poésie sacrée des Hébreux de R. Lowth (1753), et surtout au début du 19e siècle avec les travaux de J. Jebb et surtout T. Boys, deux auteurs majeurs que néanmoins l’immense majorité des exégètes ne connaît pas4. Une autre mise au point s’impose concernant le sous-titre. L’analyse rhétorique est-elle vraiment une méthode exégétique ? Il serait sans doute plus exact de dire qu’elle est une des opérations, une des multiples étapes du travail exégétique, à côté de la critique textuelle, des enquêtes lexicographiques, de * Cet avant-propos reprend, en la mettant à jour, un article publié en français la première fois dans la NRTh en 1994) ; mis à jour sur le site de la RBS : www.retoricabiblicaesemitica.org > L’analyse rhétorique biblique : un article. Cet article, destiné à un large public, a d’abord été publié en portugais, puis, outre le français, en italien, en arabe, en japonais, en polonais et en espagnol. Il est destiné à ceux qui ne connaissent pas l’analyse rhétorique. 1 Qui est aussi le titre de l’édition française du livre que j’avais consacré à la méthode: L’Analyse rhétorique, une nouvelle méthode pour comprendre la Bible: textes fondateurs et exposé systématique, Paris 1989; trad. italienne: L’analisi retorica, BiBi(B) 8, Brescia 1992 ; éd. anglaise : Rhetorical Analysis. An Introduction to Biblical Rhetoric, JSOT.S 256, Sheffield 1998. Ces ouvrages sont maintenant dépassés par R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Rhétorique sémitique 4, Paris 2007. 2 Voir la bibliographie de A. DI MARCO, Il chiasmo nelle Bibbia, contributi di stilistica strutturale, Turin 1980; voir surtout celle que tient à jour Bernard Witek dans notre site internet: www.retoricabiblicaesemitica.org). 3 À signaler spécialement: A. VANHOYE, La Structure littéraire de l’Épître aux Hébreux, Paris 1963 (19732); les ouvrages publiés dans les collections « Rhétorique biblique », « Retorica biblica » et « Rhétorique sémitique ». 4 Toute la première moitié de L’Analyse rhétorique est consacré à l’histoire de la naissance et du développement de la méthode, illustrée par de larges citations des auteurs principaux (p. 25173) ; le premier chapitre de R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique reprend en l’abrégeant quelque peu cet historique de la méthode.
8
Exercices d’analyse rhétorique biblique
l’analyse grammaticale et syntaxique, de l’histoire du texte, de la détermination des genres littéraires, et autres. Ce qui, d’une certaine manière, en relativise la portée ; mais qui, d’autre part, lui reconnaît une plus grande importance. Sous cet aspect, l’analyse rhétorique en effet n’est pas une méthode parmi d’autres, que l’on pourrait adopter ou ignorer ; elle est une étape indispensable de la recherche exégétique. Qui préfèrerait ne pas se prononcer sur cette question pourra toujours dire qu’il s’agit d’une « approche » des textes bibliques. Comme toutes les autres approches exégétiques, l’analyse rhétorique a pour but de comprendre les textes. Elle est convaincue que, pour atteindre ce but, il est important, voire indispensable, de mettre au jour la composition du texte. Et d’abord d’en établir les limites. Exactement comme le linguiste s’attache à identifier les limites des phrases du corpus qu’il étudie. Les textes bibliques en effet, à part les psaumes, ne comportent aucune division marquée soit par des titres, soit par la typographie (comme le retour à la ligne pour mettre en évidence les paragraphes). Le problème n’est pas nouveau : tous les exégètes éprouvent la même difficulté à déterminer le début et la fin des unités littéraires. Les deux seules limites indiscutables d’un livre biblique sont le début et la fin du livre ; à l’intérieur du livre, il faut bien pourtant diviser ! On le fait, le plus souvent, de manière purement empirique. Et l’exégèse historico-critique, qui règne en souveraine depuis un siècle, nous a appris à ne considérer que de petites unités, les « formes » (récit de miracle, apophtegme, parabole...). Elle nous a le plus souvent habitués à lire ces petites unités séparées les unes des autres ; pour elle en effet, les évangiles (mais aussi les prophètes) ne sont que des collections, plutôt disparates, de petites unités qui circulaient dans les communautés primitives, et qu’un rédacteur (un collectionneur !) s’est décidé un jour à compiler, sans composition véritable. L’analyse rhétorique prétend au contraire que, même si l’on peut raisonnablement imaginer que de courts récits ont pu circuler séparément au début, les évangélistes sont de véritables auteurs, qui ont organisé leur matériel dans des compositions très étudiées. L’analyse rhétorique prétend aussi que ces compositions n’obéissent pas aux règles de la rhétorique gréco-latine, mais aux lois spécifiques de la rhétorique hébraïque dont les auteurs du Nouveau Testament sont les héritiers directs5. Mais trêve de principes et de généralités ! Les exemples suivants parleront d’eux-mêmes. Commençons par le commencement, c’est-à-dire par l’unité minimale, le segment bimembre, ou distique (en traduction très littérale) :
Car pas dans mon arc et mon épée
JE ME SUIS CONFIÉ A pas SAUVÉ MOI.
(Ps 44,7)
Le seul fait que la même chose soit exprimée deux fois, sous deux formes différentes, « dirige le regard vers un sens qui ne peut exister qu’“entre les lignes”. Entendre cela m’oriente vers une idée, autre que toutes ses concréti5
Voir R. MEYNET, « Présupposés de l’analyse rhétorique », dans Lire la Bible 2003, 145-162.
Avant-propos
9
sations mais non séparable d’elles »6. Le lecteur pourra relire l’ensemble du Ps 44 et il verra comment tout le poème, qui comprend 28 distiques (ou segments bimembres), marche sur deux pieds du début à la fin. Ce qui, à la suite de R. Lowth, est appelé « le parallélisme des membres » est la caractéristique fondamentale de toute la poésie hébraïque ; de manière plus large, la binarité marque toute la littérature biblique. Les choses sont toujours dites deux fois, car la vérité ne saurait être incluse dans une seule affirmation, mais se donne à lire soit dans l’interaction de deux affirmations complémentaires, soit par le choc de deux contraires. Comme, entre mille exemples, dans ce court texte de composition parallèle : + 31 La reine DU SUD – avec les hommes de – et elle jugera
se dressera ;
. CAR elle est venue des extrémités de la terre : pour ÉCOUTER LA SAGESSE
+
au jugement j
de
Salomon ;
= ET VOICI QU’IL Y A PLUS QUE Salomon ICI ! ··························································································································· 32 Les hommes DE NINIVE se lèveront au jugement – avec – et ils jugeront : CAR
ILS SE CONVERTIRENT
; à LA PROCLAMATION
de
Jonas ;
= ET VOICI QU’IL Y A PLUS QUE Jonas
ICI
!
La deuxième partie de ce court texte (Lc 11,31-32)7 pourrait sembler une simple répétition de la première partie, un « doublet » comme on dit, redondant, sinon inutile. Et pourtant, à la fonction d’insistance que l’on ne saurait nier (la répétition est la première figure de rhétorique !), s’ajoute la complémentarité, dans ce cas multiple : la double complémentarité sexuelle, entre une femme (« la reine ») et les « hommes », et géographique, entre le Sud (« Midi ») et le Nord (« Ninive »), est une manière d’indiquer la totalité (tous les païens jugeront cette génération) ; c’est aussi et surtout la complémentarité, chronologique et nécessaire entre « écouter » et « se convertir » ; c’est encore la complémentarité entre « la sagesse » du roi (« Salomon ») et « la proclamation » du prophète (« Jonas »), ce qui est une manière de dire que Jésus est à la fois roi et prophète ; finalement la complémentarité entre le mouvement centripète qui porte la reine du Midi « des extrémités de la terre » en Israël et le mouvement centrifuge qui conduit Jonas d’Israël à Ninive. L’on touche du doigt, par cet exemple, que 6
P. BEAUCHAMP, préface à L’Analyse rhétorique, 11-12. Voir R. MEYNET, L’Évangile de Luc, Rhétorique Sémitique 4, Paris 2005, 530 ; troisième édition, Rhétorique Sémitique 8, Pendé 2011, 530 ; Traité, 227.558. 7
10
Exercices d’analyse rhétorique biblique
lorsque deux unités littéraires semblent tout à fait semblables, il ne faut surtout pas oublier de relever les différences, car elles sont porteuses de sens, encore plus peut-être que les ressemblances. L’exemple suivant est du même ordre, mais fournira une belle construction concentrique (Lc 14,7-14) : 7
Il disait à ceux qui avaient été invités remarquant comment ils choisissaient disant à eux : •8 « QUAND TU ES INVITÉ – ne t’étends pas
une parabole, LES PREMIÈRES PLACES,
par quelqu’un à des noces, À LA PREMIÈRE PLACE,
: de peur qu’un plus digne que toi ait été invité par lui, : 9 et venant celui qui vous a invités toi et lui . « Donne à celui-ci la place ».
te dise :
= Alors tu te mettras avec HONTE à occuper LA DERNIÈRE PLACE. ··············································································································· •
10
Mais QUAND TU ES INVITÉ, + pars tomber : afin que venant :
celui qui t’a invité . « Ami, monte
À LA DERNIÈRE PLACE,
te dise : ».
PLUS HAUT
= Alors il y aura pour toi de la GLOIRE devant tous les convives. 11
et
Car tout homme
QUI S’ÉLÈVE QUI S’ABAISSE
SERA ABAISSÉ SERA ÉLEVÉ.
La réécriture de ce texte veut donner à voir comment le verset 10 est parallèle, et opposé en tous points, aux versets 8-9 ; avec toutefois les variations nécessaires pour éviter un parallélisme trop mécanique. On remarquera, au verset 10, l’opposition entre « tomber » et « monter », ainsi que la variation « plus haut » (et non pas « à la première place » que l’on attendrait) qui préparent l’opposition « élevé »–« abaissé » du verset 11. Telles sont les limites donnés à ce texte par la quasi-totalité des éditions modernes de la Bible. En effet, pour le lecteur occidental, héritier des grécolatins, il est normal qu’une parabole s’achève par la leçon qui en est tirée, comme le font souvent les fables d’Ésope ou de La Fontaine. Le verset 11 remplit à merveille cette fonction. Ce n’est pas ainsi cependant que les textes bibliques sont organisés. Effectivement, le discours de Jésus n’est pas achevé. L’arrêter au verset 11 serait comme amputer le segment suivant de son deuxième membre :
Avant-propos Si le Seigneur ne bâtit la maison, en vain travaillent les bâtisseurs
11
(Ps 127,1).
Tout le monde voit bien que la phrase n’est pas finie ! Effectivement, après s’être adressé aux invités, dans les versets 7-10, Jésus s’adresse maintenant, dans les versets 12-14, à « l’invitant » : 12
Et il disait à celui qui l’avait invité :
•
« QUAND TU FAIS – n’invite pas –
un déjeuner ou un dîner, ni TES FRÈRES, ni TES VOISINS RICHES,
TES AMIS, ni TES PROCHES,
: de peur qu’eux aussi t’invitent-en retour : et tu aurais un don-en retour. ··········································································································
•
13
Mais, QUAND TU FAIS + invite +
un festin, DES PAUVRES, DES BOITEUX,
DES ESTROPIÉS, DES AVEUGLES.
= 14 Et HEUREUX seras-tu = parce qu’ils n’ont pas de quoi te donner-en retour = car il te sera donné en retour = à la RÉSURRECTION des justes ».
Là aussi le parallélisme est frappant entre les deux morceaux (12b-e et 13be) ; aux quatre termes de l’énumération de ceux qu’il ne faut pas inviter répondent les quatre termes de l’énumération de ceux qu’il faut inviter. À noter, comme variation majeure, l’ajout final de « à la résurrection des justes ». La parabole est donc double : elle s’adresse, de manière complémentaire, à tous, aussi bien à celui qui avait invité qu’à ceux qui avaient été invités. Et le verset 11, « Tout homme qui s’élève sera abaissé et qui s’abaisse sera élevé », n’est pas seulement la conclusion de la première moitié de la parabole, mais aussi, en quelque sorte, l’introduction de la deuxième moitié. Si chacune des deux moitiés de la parabole est de composition parallèle, l’ensemble est de construction concentrique. La « morale », ou le proverbe qui résume l’ensemble, ne se trouve pas à la fin, en conclusion, mais au centre ; elle en est le cœur, comme la clé de voûte. Seule, à ma connaissance, la traduction du Nouveau Testament en hébreu moderne8, n’a pas séparé ce que Luc a uni : elle a intitulé l’ensemble de Lc 14,7-14 : « Leçon de morale à l’invitant et aux invités »9.
8 9
The Bible Society in Israel, Jerusalem 1976, 1995 3. En renversant même les termes, sans doute pour attirer l’attention du lecteur.
12
Exercices d’analyse rhétorique biblique
La réécriture suivante présente l’ensemble du passage formé par cette parabole double10. . 7 Il disait . disant
à ceux qui avaient été invités une parabole remarquant comment ils choisissaient les PREMIÈRES PLACES à eux :
:: 8 « QUAND tu es invité – ne t’étends pas
à des noces
par quelqu’un, à la PREMIÈRE PLACE
: un plus digne que toi ait été invité par lui : 9 et venant celui qui t’a invité toi et lui te dise : . “Donne à celui-ci la place.” = Alors tu te mettras avec
HONTE à occuper la
DERNIÈRE PLACE.
·····················································································································
::
10
Mais QUAND tu es invité, + pars tomber : :
venant celui qui t’a invité
à la DERNIÈRE PLACE te dise : . “Ami, monte
PLUS HAUT.”
= Alors il y aura pour toi de la GLOIRE devant tous les convives. 11
et
Car quiconque qui
S’ÉLÈVE S’ABAISSE
SERA ABAISSÉ SERA ÉLEVÉ. »
. 12 Et il disait à celui qui l’avait invité : ::
« QUAND tu fais – n’invite pas TES AMIS, : eux aussi : et tu aurais
un déjeuner ou un dîner, TES FRÈRES, TES PROCHES, TES VOISINS RICHES,
ne t’invitent en retour un don en retour.
·····················································································································
::
13
Mais QUAND tu fais un banquet, + invite DES PAUVRES, DES ESTROPIÉS, DES BOITEUX, DES AVEUGLES. = 14 Et HEUREUX seras-tu parce qu’ils n’ont pas de quoi te donner en retour = car il te sera donné en retour à la résurrection des JUSTES. »
10
Cette réécriture suit les règles présentées dans Traité, 283-344. Pour le commentaire de la parabole, voir R. MEYNET, Luc 2005, 606-615; Luc 2011, 610-614 ; ID., Tu vois cette femme ? Parles en paraboles, 131-135.
Avant-propos
13
Prenons maintenant un autre exemple, le texte sans doute le plus connu de tout le Nouveau Testament, celui que les chrétiens savent tous par cœur et qu’ils récitent le plus souvent, le Notre Père (selon Matthieu)11. Tout le monde sait que cette prière comprend sept demandes ; quand on le récite en deux chœurs, on le divise en deux parties inégales, la première qui comprend les trois premières demandes (qui sont en « tu »), la deuxième qui comprend les quatre dernières (qui sont en « nous ») : Notre Père qui es aux cieux, + que ton nom soit sanctifié, + que ton règne vienne, + que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. ···························································································
= Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, = pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, = et ne nous soumets pas à la tentation = mais délivre-nous du mal.
C’est encore ainsi que le Catéchisme de l’Église catholique le présente12. Certes, il n’est pas faux de remarquer cette différence des pronoms de deuxième personne singulier dans les trois premières demandes et des pronoms de première personne pluriel dans les quatre dernières. Mais, ce n’est là qu’un seul indice de composition. Or il en est d’autres, tout aussi importants. A ne s’en tenir qu’à un seul indice, il y a de fortes chances que l’on manque la véritable organisation du texte, et que l’on perde ainsi beaucoup de son sens. En effet, il faut aussi remarquer que les trois dernières demandes visent la libération de choses mauvaises, « les offenses », « la tentation », « le mal » (ou « le mauvais ») ; inversement, « le pain » de la quatrième demande n’est pas une chose mauvaise, mais une bonne chose, comme celles des trois premières demandes, à savoir « le nom » (de Dieu), son « règne », sa « volonté ». On voit bien que, du point de vue morphologique, la quatrième demande se rattache aux trois dernières (en « nous »), mais que du point de vue sémantique, elle se rattache aux trois premières (les bonnes choses). Par ailleurs, la troisième demande et la cinquième sont les seules qui s’achèvent par une expansion qui, en grec, commence par le même « comme » : « comme au ciel ainsi sur la terre » et « comme nous remettons à ceux qui nous ont offensés ». Ce qui fait un bel encadrement pour la quatrième demande, c’està-dire la demande numériquement centrale. Mais ce n’est pas tout : la quatrième demande se distingue de toutes les autres par le fait que ses deux membres sont strictement parallèles (en traduction littérale) : 11 Pour une analyse approfondie du Notre Père, voir mon article « La composition du Notre Père », Liturgie 119 (2002) 158-191 ; repris et corrigé dans www.retoricabiblicaesemitica.org: StRh, n° 18, 04.05.2005. 12 §§ 2803-2806.
14
Exercices d’analyse rhétorique biblique LE PAIN DONNE
de nous à nous
quotidien chaque jour
Au début, les deux termes principaux de la phrase (le complément d’objet direct et le verbe), suivis de « de nous » et de « à nous », puis des synonymes « quotidien » et « chaque jour ». LE NOTRE PÈRE DE MATTHIEU (Mt 6,9-13)
9b
soit sanctifié
Notre 10
Père qui
vienne
soit faite
ton
NOM,
1
ton
RÈGNE,
2
ta
VOLONTÉ, 11
es aux cieux,
12
et remets à 13
et ne fais pas entrer mais délivre
LE PAIN DONNE
COMME
au ciel ainsi sur la terre;
de nous à nous
quotidien aujourd’hui;
3 4
nous nos
DETTES,
nous en
TENTATION
6
nous du
MAUVAIS.
7
COMME nous aussi remettons à nos débiteurs
5
Enfin, et ce n’est pas la moindre chose, la demande du pain quotidien est celle qui s’accorde le mieux avec le nom de Celui à qui est adressée la prière. En effet, s’il fallait faire précéder chacune des trois premières et des trois dernières demandes par le nom divin qui lui conviendrait le mieux, ce serait évidemment « Notre Roi » pour la seconde demande (« que ton règne vienne »), ce serait sans doute « Notre Dieu » pour toutes les autres. En revanche, à strictement parler, c’est seulement la demande centrale qui requiert le nom de Père : l’expérience commune de tous les enfants – au moins à l’époque – est que c’est le père qui fournit le pain quotidien. À tenir compte de la convergence de tous ces indices, ce n’est plus une division bipartite, mais une organisation concentrique qui s’impose (voir page précédente). On pourra alors méditer, sans doute avec plus de fruit, en particulier sur les rapports que peuvent entretenir les demandes qui se correspondent, en miroir, de chaque côté de la demande centrale : par exemple, entre le « saint » nom de Dieu au début et celui du « Mauvais » à la fin, sur le « règne » de Dieu et la « tentation » (du « Mauvais ») qui sont, dans l’évangile, deux réalités dans lesquelles on « entre », ou on n’entre pas13 ; et, en relevant le parallélisme des
13 « Qui n’accueille pas le Règne de Dieu comme un petit enfant n’y entrera pas » (Lc 18,24; voir aussi Lc 18,24-25 et 23,42).
Avant-propos
15
deux demandes qui encadrent le centre, l’on pourra se demander en quoi consiste essentiellement « la volonté » de Dieu ! Le lecteur aura certainement remarqué que la figure du Notre Père ressemble étrangement à la forme du chandelier à sept branches14. Ce genre de construction n’est pas une exception dans la Bible, bien au contraire. Si un bon nombre de textes sont de composition parallèle, un plus grand nombre encore, surtout aux niveaux supérieurs d’organisation textuelle, sont de construction concentrique15. L’analyse rhétorique, on l’a vu par le dernier exemple, est utile, voire indispensable pour analyser les textes courts, les péricopes (c’est-à-dire les unités minimales de récitation, telles qu’un récit de miracle, une parabole, un petit discours), et d’abord pour en trouver les limites. Cependant son apport majeur se situe aux niveaux supérieurs, celui des ensembles de péricopes qui constituent les séquences (et les sous-séquences), celui des ensembles de séquences qui forment les sections (et les sous-sections), et finalement le livre dans son entier. Sans entrer dans le détail de l’analyse précise de chaque péricope de Mc 10,35-52 et de Mt 20,20-34, il suffira de montrer comment chaque évangéliste a utilisé des moyens différents pour élaborer une construction globalement semblable. Le fait le plus remarquable est que le premier passage commence par une question, « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » (36) qui sera reprise à la fin du dernier passage « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (51). Ces deux questions presque identiques qui font « inclusion », ont pour fonction de signaler que tout le texte qu’elles enclosent forme une unité et que les trois passages qui le composent sont à lire ensemble. Les personnages avec lesquels Jésus est en relation doivent donc avoir quelque chose en commun : effectivement, Jacques et Jean veulent être « assis » à la droite et à la gauche de Jésus (37) et, à la sortie de Jéricho, l’homme que Jésus rencontre n’est pas seulement aveugle mais il est « assis » « près de la route » (46). Que ce détail soit important, la fin du passage le montre à l’évidence, puisque, une fois guéri de sa cécité, « il le suivait sur la route » (52). En réponse à la demande de ses deux disciples, Jésus dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez » (= « vous ne voyez pas », comme le suggère l’expérience commune et aussi un très probable jeu de mot entre les deux verbes grecs) ; et le maître s’applique à leur ouvrir les yeux sur les conditions qu’il devront remplir pour obtenir ce qu’ils demandent, « boire la coupe » et « être baptisés du baptême » de la passion. 14
Le texte qui décrit le chandelier (Ex 25,31-37 = 37,17-22) est lui-même un bel exemple de construction concentrique (voir l’analyse dans R. MEYNET, Quelle est donc cette Parole? Analyse « rhétorique » de l’Évangile de Luc (1-9 et 22-24), LeDiv 99, Paris 1979, vol. A, 135-137, vol. B, planche 1; ID., « Au cœur du texte. Analyse rhétorique de l’aveugle de Jéricho selon Lc », NRTh 103 (1981) 696-697 ; voir aussi la version d’Ex 37,17-22 dans Traité de rhétorique biblique, 193. 15 Même dans le troisième évangile, dont l’auteur est pourtant dit généralement de culture grecque et non juive. Voir R. MEYNET, L’Évangile selon saint Luc, II, 260-261 ; surtout Traité, 266-268.
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Exercices d’analyse rhétorique biblique
35
Et PARTENT-vers lui Jacques et Jean, les fils de Zébédée lui disant : « Maître, nous voulons que ce que nous te demanderons tu le fasses pour nous. » 36 Il leur dit : « QUE VOULEZ -VOUS QUE JE FASSE POUR VOUS ? » 37 Ils lui dirent : « Donne-nous que à ta droite et à ta gauche nous soyons ASSIS dans ta gloire. » 38 Jésus leur dit : « VOUS NE SAVEZ PAS ce que vous demandez. Pouvezvous boire la coupe que moi je bois ou être baptisés du baptême dont moi je serai baptisé ? » 39 Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que moi je bois vous la boirez et le baptême dont moi je suis baptisé vous en serez baptisés.40 Mais d’être ASSIS à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de le donner ; c’est pour ceux à qui cela a été préparé. » 41 42
Ayant entendu, les dix se mirent à se fâcher contre Jacques et Jean. Les ayant convoqués, Jésus leur dit : « VOUS SAVEZ que ceux qui passent . pour commander aux nations exercent leur domination sur eux . et que ceux qui sont grands parmi eux exercent leur autorité sur eux. 43 Ce n’est pas ainsi parmi vous, + mais celui qui VEUT devenir grand parmi vous sera de vous le serviteur + 44 et celui qui VEUT devenir parmi vous premier sera de tous l’esclave. 45 Car le Fils de l’homme n’est pas venu . pour être servi mais pour servir . et pour donner sa vie en rançon pour beaucoup. »
46
Et ils vont à Jéricho.
Comme ils PARTAIENT-de Jéricho, lui, ses disciples et une foule considérable, le fils de Timée, Bartimée, un AVEUGLE demandant-l’aumône était ASSIS près de la route.47 Ayant entendu que c’est Jésus le Nazarénien, il commença à crier et à dire : « Fils de David, Jésus, aie pitié de moi ! » 48 Beaucoup le menaçaient pour qu’il se taise, mais lui criait beaucoup plus : « Fils de David, aie pitié de moi ! » 49 S’arrêtant, Jésus dit : « Appelez-le. » Ils appelèrent l’aveugle en disant : « Aie confiance, LÈVE50 51 TOI, il t’appelle. » Rejetant son manteau, bondissant, il vint vers Jésus. Répondant, Jésus lui dit : « QUE VEUX -TU QUE JE FASSE POUR TOI ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je voie-à-nouveau. » 52 Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Et aussitôt il vit-à-nouveau et le SUIVAIT sur la route .
Au centre, le discours adressé à tout le groupe des Douze (42-46a). Jésus commence par ce qu’ils connaissent bien : « vous savez que » de 42 qui s’oppose au « vous ne savez pas » de 38), c’est-à-dire la sagesse du monde (42), à laquelle il opposera sa propre sagesse (45) ; au centre enfin (43), la Loi qu’ils devront suivre (qui rappelle le « Car tout homme qui s’élève sera abaissé, et qui s’abaisse sera élevé » de Lc 14,11). On voit bien par cet exemple, qu’il n’est pas nécessaire d’injecter artificiellement un sens dit « spirituel » à la guérison de l’aveugle de Jéricho, laquelle ne
Avant-propos
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serait qu’une guérison corporelle. L’évangile lui-même l’indique : la cécité de l’aveugle renvoie à l’aveuglement de Jacques et Jean ; et à celui des dix autres aussi qui « s’indignent » contre les deux frères (41), probablement parce que chacun d’entre eux est candidat au poste d’honneur ! 20
Alors vint vers lui la mère des FILS DE ZÉBÉDÉE avec ses fils, se prosternant et lui demandant quelque chose. 21 Il lui dit : « QUE VEUX-TU ? » Elle lui dit : « Dis que mes deux fils que voici SOIENT ASSIS un à ta droite et un à ta gauche dans ton RÈGNE. » 22 Répondant, Jésus dit : « VOUS NE SAVEZ PAS ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ? » Ils lui disent : « Nous le pouvons. » 23 Il leur dit : « Ma coupe, vous la boirez ; quant à ÊTRE ASSIS à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de le donner, mais c’est pour ceux pour lesquels cela a été préparé par mon Père. » 24 25
Ayant entendu, les dix s’indignèrent contre les deux frères. Or Jésus les ayant convoqués dit : « VOUS SAVEZ que : les chefs des nations exercent-la-seigneurie sur elles : et les grands exercent-la-puissance sur elles ; 26 il n’en est pas ainsi entre vous ; mais celui qui VEUT parmi vous devenir grand sera votre serviteur, 27 et celui qui VEUT parmi vous être le premier sera votre esclave, 28 comme LE FILS DE L’HOMME n’est pas venu : pour être servi mais pour servir : et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
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Et tandis qu’ils allaient-dehors de Jéricho, l’accompagnait une foule nombreuse. Et voici que deux AVEUGLES étaient ASSIS au bord de la route. Entendant que Jésus passait, crièrent, disant : « Aie pitié de nous, Seigneur, FILS DE DAVID ! » 31 La foule les menaçait pour qu’ils se taisent ; mais eux criaient encore plus fort, disant : « Aie pitié de nous, Seigneur, FILS DE DAVID ! » 32 S’étant arrêté, Jésus les appela et dit : 30
« QUE VOULEZ-VOUS que je fasse pour vous ? » 33
Ils lui disent : « Seigneur, que s’ouvrent nos yeux ! » 34 S’étant ému, Jésus toucha leurs yeux et aussitôt ils virent à nouveau et ils l’ ACCOMPAGNAIENT.
Matthieu a le même montage (Mt 20,20-34), mais il l’a réalisé avec d’autres moyens rhétoriques. Outre ceux qui ont déjà été relevés jusqu’ici, Marc a utilisé ce qu’on pourrait appeler une tringle pour unir les trois passages de sa construction (comme on utilise une tringle pour tenir ensemble des rideaux) : en effet, Jacques et Jean sont appelés « fils de Zébédée » au début du premier passage (35), et l’aveugle est appelé « fils de Timée » au début du troisième
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Exercices d’analyse rhétorique biblique
passage (46)16 ; à son tour, Jésus qui s’est appelé lui-même « Fils de l’homme » (45 ; cette appellation désigne celui qui triomphera, mais après être passé par la passion) est appelé « fils de David » par l’aveugle (47 et 48). Le texte de Mt 20,20-34 est limité par la même inclusion formée par des requêtes analogues à celle de Marc ; il marque aussi le rapport des passages extrêmes en reprenant le mot « assis », mais il n’utilise pas la même tringle que Marc. En effet, on sait que dans le premier évangile, ce n’est pas un seul aveugle que Jésus guérit à la sortie de Jéricho, mais deux. Et les exégètes se sont longtemps demandé qui de Marc ou de Matthieu rapportait la vraie vérité historique. Comme si c’était la question ! La raison d’une telle différence est d’ordre rhétorique (il faut ajouter que Matthieu aime bien coupler ses personnages) : alors que Marc parle des « fils de Zébédée », Matthieu les fait appeler par leur mère « mes deux fils » (Mt 20,21), puis au début du passage central, il n’est pas dit comme en Mc 10,41 que « les dix autres s’indignèrent contre Jacques et Jean », mais « contre les deux frères » (Mt 20,24), et, comme naturellement, il s’agit ensuite de « deux aveugles » (Mt 20,30). On voit bien par cet exemple, l’utilité de l’analyse rhétorique : elle donne les moyens de lire ensemble les textes qui, avec une grande diversité de moyens, ont été écrits pour aller ensemble17. Puisque nous venons de voir comment Marc et Matthieu ont intégré leur récit de l’aveugle, ou des deux aveugles, de Jéricho dans un montage de trois passages, il est naturel de se demander ce que le troisième évangile a fait du passage parallèle. Luc ne rapporte pas l’épisode des fils de Zébédée ; en revanche il a couplé le récit de l’aveugle de Jéricho (18,35-43) avec celui de Zachée, passage qui lui est propre (19,1-10). Ces deux récits se passent tous deux à Jéricho ; Zachée « cherche à voir qui est Jésus » mais il ne peut pas à cause de sa petite taille et en ce sens il ressemble à l’aveugle ; tous deux finalement seront « sauvés ». Mais le point le plus important est de déterminer les limites et la composition de la séquence dans laquelle Luc a intégré son récit de l’aveugle. Il suffira ici d’en tracer la figure à grands traits. La séquence comprend sept passages (encore une sorte de chandelier à sept branches) :
16 Seul des trois synoptiques, Mc mentionne le nom de l’aveugle de Jéricho; comme s’il avait dû le faire pour les besoins de sa construction littéraire. 17 Pour plus de détails sur ces deux montages de Mc et de Mt, voir R. MEYNET, Pour plus de détails, voir R. MEYNET, Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, Rhétorique sémitique 6, Paris 2009 (une première étude de ces textes avait paru dans Initiation à la rhétorique biblique, « Qui donc est le plus grand? », Initiations, Paris 1982). Le lecteur aura noté, entre tant d’autres symétries, que Mc utilise deux verbes de la même famille pour commencer son premier et son dernier récit. On trouvera une analyse de toute la séquence de Mc 10 (en parallèle avec celle de Mt 19–20), dans Une nouvelle introduction.
Avant-propos Jésus annonce son destin à ses disciples
qui ne comprennent pas
19 18,31-34
près de Jéricho,
le FILS DE DAVID
sauve un aveugle
18,35-43
dans
le FILS DE L’HOMME sauve un pécheur
19,1-10
Jéricho,
LA PARABOLE DU ROI ET DES MINES
19,11-28
près du mont des Oliviers,
Jésus est INTRONISÉ sur un ânon
19,29-36
près du mont des Oliviers,
Jésus est acclamé comme ROI
19,37-40
qui n’a pas compris
19,41-46
Jésus annonce le destin de Jérusalem
Il n’est pas question ici, bien évidemment, d’entrer dans les détails18. Qu’il suffise de faire remarquer quelques-unes des symétries les plus fortes. L’aveugle du deuxième passage appelle Jésus « fils de David », comme les disciples de l’avant-dernier passage l’acclament en disant « Béni soit celui qui vient, le Roi, au nom du Seigneur »19 ; en revanche, dans les deux passages, il en est qui veulent faire taire et l’aveugle et les disciples. Comme, dans la parabole centrale, les concitoyens de l’homme de haute naissance qui disent : « Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous. » De même que, ainsi que Jésus l’annonce dans le premier passage, le Fils de l’homme (celui qui est destiné à recevoir la gloire royale) sera rejeté et finalement tué par ses concitoyens. Quant à Zachée, il ressemble aux serviteurs du roi de la parabole centrale : il se repent et « donne » de ses biens, comme les bons serviteurs ont fait fructifier leurs mines. De même que les disciples du cinquième passage qui, en un don redoublé comme celui de Zachée, mettent leurs vêtements aussi bien sur l’ânon que sur le chemin du roi. A la fin de la séquence, Jérusalem subira un sort semblable à celui des ennemis du roi, en finale de la parabole centrale. Cet exemple montre bien comment le centre d’une construction en est la clé d’interprétation. Non pas que ce soit le passage le plus important, comme on aurait quelquefois tendance à le penser ; la clé d’un coffre n’est pas plus « importante » que les joyaux qu’il renferme. La clé, avec laquelle on ferme (comme une parabole, qui est toujours énigmatique, qui cache le sens), permet aussi d’ouvrir, sans forcer ni le coffre ni le texte. On achèvera cette excursion par la visite d’un des plus beaux monuments du Nouveau Testament et, sans doute, de toute la littérature, le fameux chapitre 15 de Luc20. On a coutume de l’appeler « les trois paraboles de la miséricorde », à 18
Voir Luc 2005, 707-754 ; Luc 2011, 715-761. Seul Lucc utilise cette appellation de « Roi », au moment des Rameaux. 20 Voir Luc 2005, 629-646 ; corrigé dans Luc 2011, 635-653. 19
20
Exercices d’analyse rhétorique biblique
savoir la parabole de la brebis perdue, celle de la drachme perdue, et enfin celle du fils prodigue. Or, le fait est que, tant que l’on considère ce texte formé de trois paraboles, on s’interdit de saisir un aspect important de sa logique. En effet, quand Jésus s’adresse aux pharisiens et aux scribes qui le critiquent, parce qu’il mange avec les publicains et les pécheurs, il n’est pas dit qu’il leur dit deux paraboles, mais une parabole (15,3). Et il faudra attendre le début de la parabole du fils prodigue pour retrouver une deuxième phrase d’introduction : « Il dit : » (15,11). Il faut prendre Luc au sérieux et considérer que la parabole de la brebis et de la drachme, perdues puis retrouvées, est une seule et unique parabole. C’est une parabole double, comme celle du grain de moutarde qu’un homme a jeté dans son jardin et du levain qu’une femme a enfoui dans trois mesures de farine (Lc 13,18-21). Comme cette dernière parabole, la première parabole double de Lc 15 met en scène d’abord un homme, puis une femme. Même le lecteur le plus inattentif ne manquera pas de noter que les deux moitiés de la parabole (4-10) sont tout à fait parallèles entre elles, comme la planche de la page suivante veut le donner à voir. On aura cependant remarqué une première différence : la fin du verset 5 et le début du verset 6 n’ont pas d’équivalent dans la deuxième partie au verset 9. Il est vrai que la scène des retrouvailles de la drachme est moins spectaculaire que celle de la brebis : et le berger haletant qui porte la brebis retrouvée sur ses épaules en la tenant par les pattes a davantage inspiré peintres et sculpteurs que la femme avec sa petite pièce entre le pouce et l’index ! La deuxième différence est que la fin du verset 7 n’est pas reprise à la fin de la deuxième partie de la parabole ; ce qui est une manière de focaliser l’ensemble, non pas sur les « pécheurs » repentis, mais sur les « justes qui n’ont pas besoin de repentir » ; le mot « justes » n’apparaît qu’à cet endroit du texte. Il ne faut pas oublier en effet que les destinataires de la parabole ne sont pas « les publicains et les pécheurs » (1), mais « les pharisiens et les scribes » (2a) ! Mais il est encore une différence qui généralement échappe au lecteur. Il s’agit des lieux où brebis et drachme sont perdues : la brebis est perdue « dans le désert » (4), tandis que la drachme est perdue dans « la maison » (8) ; l’une est perdue au loin, l’autre tout près. Pour dire la chose autrement, bien qu’elle ne soit pas sortie de la maison, au contraire de la brebis qui s’était égarée à l’extérieur, au loin, dans le désert, la drachme n’en est pas moins perdue elle aussi. Et voilà qui n’est pas sans rapport avec la deuxième parabole, parabole double elle aussi, puisqu’elle met en scène deux fils. Le cadet en effet s’était perdu « dans une région lointaine », comme la brebis ; quant à l’aîné, bien qu’il ne soit jamais sorti de la maison paternelle, comme la drachme, il n’en est pas moins perdu lui aussi, il est pécheur parce que, comme les pharisiens et les scribes, il critique celui qui mange avec le pécheur. On voit, par cet exemple, que lorsque deux unités littéraires semblent en tous points semblables, il faut chercher la différence, car elle a toutes les chances d’être pertinente. Inversement, quand deux unités littéraires ne semblent avoir aucun point commun, il faut chercher la ressemblance, car c’est elle qui permettra de mieux comprendre les rapports qu’elles entretiennent. En ce qui concerne
Avant-propos
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les deux fils, ils paraissent opposés à tous les égards. Et pourtant ils se ressemblent étrangement. Malgré son repentir, le cadet n’a pas encore compris ce que c’est que d’être fils, puisqu’il a prévu d’achever son discours par ces mots « traite-moi comme un de tes salariés » (15,19). Son père ne lui laissera pas le temps de proférer pareil blasphème. L’aîné ne vaut pas mieux, qui se considère lui aussi comme un esclave : « Voici tant d’années que je te sers... » (15,29). Alors que le père a fait préparer le veau gras, non seulement pour son frère mais aussi pour lui, il ose lui dire : « et jamais tu ne m’as donné un chevreau » (15,29) ! Comme son cadet qui constatait, quand il était dans la misère, que « personne ne lui donnait » (15,16). 3
Il dit pour EUX cette parabole disant : :: 4 « QUEL HOMME d’entre vous ayant cent brebis . ne laisse pas les quatre-vingt-dix-neuf dans LE DÉSERT .
et en ayant perdu d’entre elles une seule, et ne part après la perdue jusqu’à ce qu’il la retrouve ?
················································································································ 5 6
il la met sur ses épaules, joyeux, et venant dans sa maison, = Réjouissez-vous avec moi
parce que j’ai retrouvé ma brebis perdue.
···········································································································
– 7 Je vous dis : = de même il y aura plus de joie
plus que pour quatre-vingt-dix-neuf JUSTES :: 8 Ou QUELLE FEMME ayant dix drachmes, . n’allume pas une lampe . et ne cherche pas avec soin
dans le ciel pour un seul PÉCHEUR se repentant qui n’ont pas besoin de repentir. si elle perd une drachme, une seule, et ne balaie LA MAISON jusqu’à ce qu’elle la retrouve ?
················································································································ 9
= Réjouissez-vous avec moi
parce que j’ai retrouvé ma drachme perdue.
···········································································································
– 10 De même je vous dis, = il adviendra de la joie
devant les anges de Dieu pour un seul PÉCHEUR se repentant ».
On voit, par cet exemple, que lorsque deux unités littéraires semblent en tous points semblables, il faut chercher la différence, car elle a toutes les chances d’être pertinente. Inversement, quand deux unités littéraires ne semblent avoir
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Exercices d’analyse rhétorique biblique
aucun point commun, il faut chercher la ressemblance, car c’est elle qui permettra de mieux comprendre les rapports qu’elles entretiennent. En ce qui concerne les deux fils, ils paraissent opposés à tous les égards. Et pourtant ils se ressemblent étrangement. Malgré son repentir, le cadet n’a pas encore compris ce que c’est que d’être fils, puisqu’il a prévu d’achever son discours par ces mots « traite-moi comme un de tes salariés » (15,19). Son père ne lui laissera pas le temps de proférer pareil blasphème. L’aîné ne vaut pas mieux, qui se considère lui aussi comme un esclave : « Voici tant d’années que je te sers... » (15,29). Alors que le père a fait préparer le veau gras, non seulement pour son frère mais aussi pour lui, il ose lui dire : « et jamais tu ne m’as donné un chevreau » (15,29) ! Comme son cadet qui constatait, quand il était dans la misère, que « personne ne lui donnait » (15,16). On a remarqué depuis longtemps que l’histoire des deux fils n’est pas achevée : on ne sait pas en effet si, en fin de compte, l’aîné a accepté l’invitation de son père et s’il est allé partager le repas de la fête commune. La parabole est ouverte, car elle s’adresse, comme la première, à ceux qui, de même que l’aîné, se croient justes (« jamais je n’ai contrevenu à un seul de tes commandements » : 15,29) et qui non seulement refusent de frayer avec des hommes qu’ils continuent à considérer comme des pécheurs malgré leur repentir, mais critiquent Jésus qui mange avec eux (15,2). Cette ouverture est le signe de la proposition, de l’invitation que Jésus leur fait, comme le père de la parabole. L’iconographie s’est toujours plu à représenter la brebis retrouvée et a largement négligé la drachme ; dans la plupart des représentations de la deuxième parabole, on voit le père qui accueille dans ses bras le cadet. L’aîné n’y figure pas, ou au mieux il est relégué dans un coin obscur. Or, des deux fils, c’est lui le principal ; c’est celui que l’aîné représente qui est le destinataire de Jésus et de l’évangéliste. Pourquoi donc est-il si consciencieusement refoulé, pas seulement dans l’iconographie mais aussi dans nos propres images mentales ? C’est sans doute que le lecteur préfère inconsciemment s’identifier avec le personnage qui a le beau rôle, avec celui qui était pécheur, certes, mais qui est revenu ! Alors que c’est au pharisien qui est en lui que Jésus s’adresse. Après un tel exemple, faut-il conclure ? Sûrement pas, sinon pour dire qu’il y a encore beaucoup à découvrir dans le trésor de l’Écriture, et que l’analyse rhétorique n’est probablement pas une clé à négliger.
INTRODUCTION
Tout le monde connaît la méthode Assimil pour apprendre les langues. Par exemple, Le japonais sans peine. Volume I (« Ce pack comprend un livre de 384 pages et 3 CD d’une durée totale de 2 heures »). Un livre, deux livres La méthode pour apprendre l’analyse rhétorique biblique ne demande ni plus ni moins de peine que les méthodes proposées dans la fameuse « Collection sans peine ». Toutefois elle ne contient ni compact disk, audio ou autre : seulement un livre, qui offre 17 exercices ! Deux livres en réalité, car le présent volume renvoie systématiquement au Traité de rhétorique biblique, auquel l’apprenant devra se référer constamment. Ce Traité est une sorte de grammaire : il est très utile, parce qu’il contient les règles, ou, mieux, les lois de la rhétorique en question, illustrées par un grand nombre d’exemples. Cependant, chacun sait qu’on n’apprend pas à pratiquer une langue étrangère – compréhension orale et écrite, expression orale et écrite – avec une grammaire. Apprendre par cœur les règles de la langue ne sert pas à grand-chose. Il y faut au contraire des exercices. Qui veut apprendre à jouer du piano ou de la guitare doit commencer par faire des gammes, et beaucoup d’autres exercices. L’apprentissage d’une langue ressemble plus à la gymnastique qu’à une autre matière scolaire : celle-ci ne s’apprend pas avec un manuel, mais avec un entrainement systématique. Il en va de même pour celui qui veut apprendre à analyser les textes selon les lois de la rhétorique biblique et sémitique. Ce livre n’est pas mon premier livre d’exercices. Déjà en 1996 en effet j’avais publié un volume intitulé «E ora, scrivete per voi questo cantico». Introduzione pratica all’analisi retorica1 (« Et maintenant, écrivez pour vous ce cantique ». Introduction pratique à l’analyse rhétorique). Un livre à ne pas lire Il y a déjà bien longtemps, j’avais demandé à un de mes doctorants qui voulait apprendre la méthodologie mais n’avait pas eu l’occasion de la pratiquer, de commencer par faire ces exercices. Peu de temps après, il me présenta une première analyse rhétorique du texte biblique qu’il avait choisi d’étudier pour sa thèse. Je me rendis compte immédiatement qu’il n’avait pas fait les exercices. Il avoua les avoir seulement lus. Il avait certainement acquis une certaine connaissance théorique sur la méthode, mais il n’avait absolument pas appris à l’utiliser. Je lui demandai donc de retourner aux exercices et lui expliquai, encore une fois, qu’il ne servait à rien de se contenter de les lire, mais qu’il devait s’entraîner, en 1 Le sous-titre en était: 1. Detti e proverbi (« Dictons et proverbes »). J’avais en effet prévu de composer deux autres niveaux ; puis l’éditeur, en difficulté, n’avait plus voulu en entendre parler !
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Exercices d’analyse rhétorique biblique
prenant tout le temps nécessaire pour les faire, systématiquement, l’un après l’autre. Cela prendrait du temps, bien sûr, mais ce ne serait pas du temps perdu ; au contraire, cela lui en ferait gagner beaucoup et lui éviterait bien des erreurs par la suite. Un livre à écrire Ce nouveau livre d’exercices ne doit pas être lu, il doit être écrit ! Non pas qu’il contiendrait des pages blanches qu’il s’agirait de remplir. Cela signifie simplement que les exercices doivent être faits par écrit. En effet, cette méthode ne comprend pas seulement deux livres, le Traité et le présent volume, mais un troisième : celui que l’apprenant écrira lui-même. Notre propos est de le rendre capable de rédiger une analyse rhétorique d’un texte biblique ou autre. Or, pour apprendre à écrire, il n’existe pas d’autre moyen que... d’écrire. Chaque exercice doit donc être fait scrupuleusement, par écrit ; et non pas sous la forme de notes rapidement jetées sur un bout de papier ou comme un simple brouillon. Non ! nous conseillons de le « rédiger », comme s’il devait être publié. Suivez le guide ! L’idéal serait évidemment d’être accompagné par un maître qui puisse observer comment se comporte son élève, qui le corrige dès qu’il se rend compte qu’il s’est trompé. En réalité, le maître est présent, mais caché en quelque sorte entre les lignes de ce livre. Il dit d’abord ce qu’il faut étudier dans le Traité avant de commencer un exercice – et après aussi, quand cela est utile. Il donne quelques conseils, accompagne l’apprenant, en le tenant par la main, si ce dernier préfère être guidé pas à pas. Il lui explique ce qu’il doit faire, il lui pose des questions surtout, pour l’aider à découvrir les choses par lui-même. Il lui trace un chemin qu’il peut parcourir, par étapes successives, qui le fera déboucher enfin sur la solution de l’énigme. Ainsi, il lui fera acquérir les gestes et les réflexes dont est fait tout métier, tout art. La fameuse expression « suivre le guide » ne signifie pas se tenir derrière le guide touristique pour écouter les explications qu’il fournit sur les lieux visités. Elle veut dire suivre ses instructions et ses directives. Ce guide vous expliquera comment faire. Puis, quand vous l’aurez fait, il vous fera voir aussi comment il a fait lui-même. Chaque exercice en effet est suivi de sa « solution ». Le voyage que vous entreprenez se déroulera en deux grandes étapes. Dans la première vous étudierez des textes brefs, de la mesure d’un « passage », ou péricope ; ce premier niveau comprend douze exercices, comme les tribus d’Israël et comme les apôtres de Jésus ! La seconde partie sera consacrée à la séquence, ou groupe organique de passages ; elle contiendra cinq exercices, comme les cinq livres de la Torah.
Introduction
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Les étapes du voyage I. L’exercice A. Le texte Le texte à étudier est d’abord fourni dans la langue originale, hébreu ou grec, puis dans une traduction très littérale, pour qui ne maîtrise pas les langues bibliques. Il est clair qu’on ne peut travailler sérieusement que sur le texte original. Toutefois, même ceux qui ne connaissent pas la langue dans laquelle a été rédigé le texte peuvent apprendre, en utilisant une traduction qui calque l’original. Dans ce livre d’exercices, on peut faire confiance – nous l’espérons – aux traductions proposées. Celui qui, ensuite, voudrait analyser un autre texte, pourra utiliser les traductions interlinéaires qui, le plus souvent, sont assez fidèles2. Le texte grec est donné en caractères grecs ; le texte hébreu au contraire est fourni en translitération. Pour une raison purement pratique : en travaillant en même temps sur le texte hébreu et avec la traduction française, il était impératif de garder le même sens de l’écriture. Il n’était pas possible de travailler en même temps en écrivant de droite à gauche pour l’hébreu et de gauche à droite pour la traduction française. B. Méthode Avant de commencer à travailler sur le texte, nous donnons quelques explications sur tel ou tel aspect de la méthodologie. Nous indiquons surtout les pages du Traité qui devront être lues attentivement. Celles-ci en effet sont choisies en fonction de chaque exercice. Quand l’apprenant aura fait tous les exercices, il aura ainsi lu entièrement le Traité. Au moins une fois, car nous conseillons quelquefois de relire certaines pages plus importantes. Une grammaire en effet, n’est pas un livre qu’on lit une fois pour toutes. Ce n’est pas un roman policier que l’on dévore d’un trait et qu’on passe ensuite à un ami ou que l’on jette dans la corbeille à papiers. C’est un ouvrage que l’on consule souvent, surtout quand un doute se présente. C. Au travail ! Sont ensuite offerts directives et conseils qui visent à aider l’apprenant à cheminer, pas à pas, suivant les diverses opérations nécessaires pour conduire l’analyse du texte. Ces directives sont « offertes », comme la main qu’on tend à celui qui a besoin d’aide. Mais certains pourront préférer marcher seuls. Faites-le sans hésiter, si vous préférez. Après quoi vous comparerez ce que vous aurez fait avec la « solution ». Toutefois, surtout si quelque grosse difficulté se présentait, et pour vérifier que vous ne vous êtes pas engagé dans une impasse, vous pourrez toujours revenir suivre le guide et ses directives. Vous en tirerez certainement un grand profit. 2
Pour les évangiles, on peut généralement faire confiance aux traductions des synopses.
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Exercices d’analyse rhétorique biblique
II. La solution La première chose à dire à ce propos pourra sembler tellement évidente qu’on n’aurait même pas dû la penser. Eh bien, il ne faut pas seulement la penser mais aussi la dire, et l’écrire, et la souligner : la correction doit être consultée après avoir fait l’exercice, pas avant ! après l’avoir fait en entier, et non pas après chacun des petits pas de l’analyse. La correction suit le chemin proposé dans la rubrique intitulée, « Au travail ! » Elle le fait systématiquement, pour montrer à l’apprenant ce qu’il aurait dû faire, c’est-à-dire écrire lui-même ; et pour qu’il puisse se rendre compte à quel moment il s’est trompé, le cas échéant. La solution voudrait présenter un modèle soit pour la réécriture soit pour la description de la composition du texte. Ceci n’est pas un manuel d’exégèse L’exégèse, biblique ou autre, n’est pas une science. C’est un ensemble de sciences particulières. Ou, si l’on préfère, elle a besoin que soient mises en œuvre un ensemble d’opérations différentes, en commençant par la critique textuelle, qui consiste à établir, à partir des divers manuscrits, le texte qui soit le moins corrompu, ou le plus proche de l’original. La philologie ensuite cherche à résoudre les problèmes grammaticaux, la lexicographie étudie le sens des mots. L’analyse rhétorique, entendue comme l’étude de la composition des textes, n’est pas une méthode d’exégèse ; elle représente seulement une des nombreuses opérations du travail exégétique. Elle n’est pas une méthode qu’on choisirait parmi d’autres, ad libitum ; c’est une opération indispensable, comme la critique textuelle, comme la philologie, comme la lexicographie, et ainsi de suite. L’analyse rhétorique, dans le sens restreint de l’expression, vise avant tout à délimiter le texte à étudier, à le diviser en ses diverses unités, aux différents niveaux de son organisation et à déterminer les rapports entre ces unités. Dans un sens plus large mais non moins réel, l’analyse rhétorique s’étend à l’étude du contexte, de l’« intertexte », pour déboucher enfin sur l’interprétation, fin de tout travail exégétique digne de ce nom. C’est ainsi que le Traité de rhétorique biblique est organisé en trois grandes parties : « Composition », « Contexte » et « Interprétation ». Le présent livre d’exercices n’entend enseigner ni la critique textuelle, ni la philologie, ni la lexicographie, même si, à l’occasion, il faudra bien affronter quelque point relevant de ces autres opérations. Mais ce ne sera pas fait de manière systématique. Cet ouvrage se concentre essentiellement sur l’opération limitée de l’analyse rhétorique dans le sens étroit du mot, à savoir sur l’étude de la composition. Pour ce qui concerne l’intertextualité et l’interprétation, on se contentera le plus souvent de quelques notes, invitant toutefois l’apprenant à étudier les pages du Traité qui en parlent et à se reporter à certains commentaires où « Contexte biblique » et « Interprétation » ont été largement développés. C’est que les dimensions de l’ouvrage que vous avez entre les mains devaient être raisonnables.
PRÉFACE À LA DEUXIÈME ÉDITION Cette nouvelle édition a été revue et corrigée. Ce sont surtout deux exercices qui ont été refondus : – d’abord le deuxième exercice sur Jr 17,5-8 dont l’analyse était en partie erronée ; – ensuite, le septième exercice qui a été remplacé par Jn 21,15-17, car le texte précédent, à l’usage, s’était révélé trop difficile et même problématique.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS AnBib BCR BiBi(B) CBQ CivCatt CTNT ed. ex. Gr. ital. LeDiv p. ReBib RhSem RivBib trad. VT
Analecta biblica Biblioteca di cultura religiosa Biblioteca Biblica.Brescia Catholic Biblical Quarterly La civiltà cattolica Commentario Teologico del Nuovo Testamento edidit, ediderunt exemple Gregorianum italiana Lectio Divina page, pages Retorica biblica Rhétorique sémitique Rivista biblica traduzione Vetus Testamentum
RÉFÉRENCES AU TRAITÉ – Aux deux premières éditions : numéros de pages ; – à la 3e édition : numéros de pages précédés de 3.). Exemple : Traité, 136-150 (3.58-71).
LEXIQUE DES TERMES TECHNIQUES
1. TERMES QUI DÉSIGNENT LES UNITÉS RHÉTORIQUES Il arrive souvent, dans les ouvrages d’exégèse, que les termes « section », « passage », mais surtout « morceau », « partie »..., ne soient pas utilisés de façon univoque. Voici la liste des termes qui désignent les unités textuelles à leurs niveaux successifs. Les niveaux « inférieurs » (ou non autonomes) À part les deux premières (le terme et le membre), les unités de niveau inférieur sont formées de une, deux ou trois unités du niveau précédent. TERME
le terme correspond en général à un « lexème », ou mot qui appartient au lexique : substantif, adjectif, verbe, adverbe.
MEMBRE
le membre est un syntagme, ou groupe de « termes » liés entre eux par des rapports syntaxiques étroits. Le « membre » est l’unité rhétorique minimale ; il peut arriver que le membre comporte un seul terme (le terme d’origine grecque est « stique »).
SEGMENT
le segment comprend un, deux ou trois membres ; on parlera de segment « unimembre » (le terme d’origine grecque est « monostique »), de segment « bimembre » (ou « distique ») et de segment « trimembre » (ou « tristique »).
MORCEAU
le morceau comprend un, deux ou trois segments.
PARTIE
la partie comprend un, deux ou trois morceaux.
Les niveaux « supérieurs » (ou autonomes) Ils sont tous formés soit d’une, soit de plusieurs unités du niveau précédent. PASSAGE
le passage – l’équivalent de la « péricope » des exégètes – est formé d’une ou de plusieurs parties.
SÉQUENCE
la séquence est formée d’un ou de plusieurs passages.
SECTION
la section est formée d’une ou de plusieurs séquences.
LIVRE
enfin le livre est formé d’une ou de plusieurs sections.
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Exercices d’analyse rhétorique biblique
Il est quelquefois nécessaire d’avoir recours aux niveaux intermédiaires de la « sous-partie », de la « sous-séquence » et de la « sous-section » ; ces unités intermédiaires ont la même définition que la partie, la séquence et la section. VERSANT
ensemble textuel qui précède ou qui suit le centre d’une construction ; si le centre est bipartite, le versant correspond à chacune des deux moitiés de la construction.
2. TERMES QUI DÉSIGNENT LES RAPPORTS ENTRE LES UNITÉS SYMÉTRIQUES Symétries totales CONSTRUCTION PARALLÈLE
figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont disposées de manière parallèle : A B C D E | A’B’C’D’E’. Quand deux unités parallèles entre elles encadrent un élément unique, on parle de parallélisme pour désigner la symétrie entre ces deux unités, mais on considère l’ensemble (l’unité de niveau supérieur) comme une construction concentrique : A | x | A’. Pour « construction parallèle », on dit aussi « parallélisme » (qui s’oppose à « concentrisme »).
CONSTRUCTION SPÉCULAIRE
figure de composition où les unités en rapport deux à deux sont disposées de manière antiparallèle ou « en miroir » : A B C D E | E’D’C’B’A’. Comme la construction parallèle, la construction spéculaire n’a pas de centre ; comme la construction concentrique, les éléments en rapport se correspondent en miroir. Quand la construction ne comprend que quatre unités, on parle aussi de « chiasme » : A B | B’A’.
CONSTRUCTION CONCENTRIQUE
figure de composition où les unités symétriques sont disposées de manière concentrique : A B C D E | x | E’D’C’B’A’, autour d’un élément central (cet élément peut être une unité de l’un quelconque des niveaux de l’organisation textuelle). Pour « construction concentrique », on peut dire aussi « concentrisme » (qui s’oppose à « parallélisme »).
CONSTRUCTION ELLIPTIQUE
figure de composition où les deux foyers de l’ellipse articulent les autres unités textuelles : A | x | B | x | A’.
Glossaire des termes techniques
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Symétries partielles TERMES INITIAUX
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent le début d’unités textuelles symétriques ; l’« anaphore » de la rhétorique classique.
TERMES FINAUX
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent la fin d’unités textuelles symétriques ; l’« épiphore » de la rhétorique classique.
TERMES EXTRÊMES termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent les extrémités d’une unité textuelle ; l’« inclusion » de l’exégèse traditionnelle. TERMES MÉDIANS
termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent la fin d’une unité textuelle et le début de l’unité qui lui est symétrique ; le « mot-crochet » ou « mot-agrafe » de l’exégèse traditionnelle.
TERMES CENTRAUX termes ou syntagmes identiques ou semblables qui marquent les centres de deux unités textuelles symétriques. Pour plus de détails, voir R. MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Paris, RhSem 4, 2007 ; deuxième édition revue et corrigée, RhSem 11, Pendé 2013.
Principales règles de réécriture – à l’intérieur du membre, les termes sont généralement séparés par des blancs ; – chaque membre est généralement réécrit sur une seule ligne ; – les segments sont séparés par une ligne blanche ; – les morceaux sont séparés par une ligne discontinue ; – la partie est délimitée par deux filets ; il en va de même pour les sous-parties. – à l’intérieur du passage, les parties sont encadrées (sauf si elles sont très courtes, comme une introduction ou une conclusion) ; les éventuelles sousparties sont disposées dans des cadres contigus ; – à l’intérieur de la séquence ou de la sous-séquence, les passages, réécrits en prose, sont disposés dans des cadres séparés par une ligne blanche ; – à l’intérieur de la séquence, les passages d’une sous-séquence sont disposés dans des cadres contigus. Sur les règles de réécriture, voir Traité, 283-344 ; 3.215-269 (sur la réécriture des tableaux synoptiques, voir 471-506 ; 3.397-432).
LES EXERCISES
PREMIÈRE PARTIE Le passage
1. Une énigme A. LE TEXTE Voici une sorte de jeu. Ce qui ne signifie pas qu’il ne soit très instructif ! Le texte suivant ne comprend aucune ponctuation, sauf le point final et la majuscule au début du premier mot. Voici le texte en hébreu moderne, car c’est dans cette langue que je l’ai reçu de Léa : Mā zōt ‘ômeret mā zôt ‘ômeret mā zôt ‘ômeret mā zôt zôt ‘ômeret zôt ‘ômeret zôt ‘ômeret ‘ômeret mā zôt ‘ômeret zōt ‘ômeret mā zôt ‘ômeret
En voici la traduction: Qu’est-ce que ça veut dire qu’est-ce que ça veut dire qu’est-ce que ça veut dire qu’est-ce que ça ça veut dire ça veut ça veut dire veut dire ça veut dire dire qu’est-ce que ça veut dire ça veut dire qu’estce que ça veut dire.
Pour la traduction, nous avons laissé les traits d’union et les apostrophes. B. AU JEU ! Ajoutez les signes de ponctuation à l’intérieur du texte ; n’oubliez pas que les guillemets en font partie. Ne consacrez pas plus d’un quart d’heure pour résoudre l’énigme tout seul. Si après quinze minutes vous n’avez pas encore trouvé une ponctuation telle que le texte ait un sens clair et cohérent, ce n’est pas très grave : vous ne serez certainement ni le premier ni le dernier qui aura donné sa langue au chat ! Les questions suivantes devraient vous aider à trouver la solution. a. Quel est le premier syntagme (c’est-à-dire un ensemble de mots qui forment un groupe) qui peut constituer une phrase complète ? b. Où peut-on retrouver cette phrase, . en commençant par le début, . en commençant par la fin ? c. Examinez les deux dernières occurrences de cette unité avec les trois mots qui se trouvent entre les deux. Cet ensemble peut-il constituer une seule phrase ? Quels signes de ponctuation faut-il ajouter, pour que le lecteur comprenne la structure syntaxique de cette dernière proposition du texte ?
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Exercices: première partie
d. Si on suppose que cette dernière phrase peut fournir la solution de l’énigme, ou la réponse à une question initiale, quelle pourrait-être cette question ? En d’autres termes, quelle est la première phrase du texte ? Ajoutez les signes de ponctuation. e. Si vous avez bien répondu aux questions précédentes, il reste à analyser (c’est-à-dire à diviser) la fin de la première ligne (« qu’est-ce »), toute la deuxième ligne et la moitié de la troisième, jusqu’à « dire dire » compris. Combien de mots différents se trouvent dans ce reste du texte (considérez « qu’est-ce » comme un seul mot) ? Quel est le nombre de leurs occurrences, c’est-à-dire combien de fois chacun de ces mots est-il utilisé ? f. Quelle sont les trois mots qui reviennent ensemble plusieurs fois dans le même ordre ? Encadrez ces groupes. Combien de fois ce même groupe est-il repris ? g. Considérez les deux mots qui précèdent et qui suivent la première occurrence de ce groupe de trois mots. Considérez aussi les deux mots qui encadrent la deuxième occurrence de ce groupe de deux mots. Faites de même pour la dernière occurrence de ce même groupe de mots. Comment pouvez-vous ponctuer ces phrases ? h. Si vous avez finalement compris le sens de l’ensemble du texte, ajoutez la ponctuation et les guillemets. Vous pouvez aussi le réécrire de manière à visualiser sa composition.
Les « Solutions » se trouvent après les « Exercices », à partir de la p. 107.
2. Jr 17,5-8 A. LE TEXTE kō ’āmar yhwh ’ārûr haggeber ’ăšer yibṭaḥ bā’ādām weśām bāśār zerō‘ô ûminyhwh yāsûr libbô 6 wehāyâ ke‘ar‘ār bā‘ărābâ welō’ yir’eh kî-yābô’ ṭôb wešākan ḥărērîm bammidbār ’ereṣ melēḥâ welō’ tēšēb s 7 bārûk haggeber ’ăšer yibṭaḥ byhwh wehāyâ yhwh mibṭaḥô 8 wehāyâ ke‘ēṣ šātûl ‘al-mayim we‘al-yûbal yešallaḥ šorāšāyw welō’ (yirā’) [yir’eh] kî-yābō’ ḥōm wehāyâ ‘ālēhû ra‘ănān ûbišnat baṣṣōret lō’ yid’āg welō’ yāmîš mē‘ăśôt perî 5
Problème textuel Au verset 8, le ketib (ce qui est écrit) est yir’eh (« il voit » ; comme au verset 6), mais le qere (ce qu’il faut lire) est yirā’ (« il craint »). Le qere est soutenu par les antiques versions du Targum et de la Septante. Traduction proposée 5 Ainsi dit Yhwh maudit l’homme lequel se fie en l’adam et met dans la chair son bras et de Yhwh s’écarte son cœur 6 et il est comme un chardon dans la steppe et il ne voit pas quand vient le bonheur et il demeure en des lieux-brûlés dans le désert terre salée et pas habitée 7 béni l’homme lequel se fie en Yhwh et est Yhwh sa confiance 8 et il est comme un arbre planté près de l’eau et vers le courant il envoie ses racines et il ne craint pas quand vient la chaleur et il est son feuillage verdoyant et dans l’année de sécheresse il ne s’inquiète pas et il ne cesse pas de faire du fruit. B. MÉTHODE La segmentation La première opération peut être appelée la « segmentation », c’est-à-dire la division du texte en ses « segments ». Le « segment » est le premier niveau de composition des textes bibliques. Celui-ci est formé : – la plupart du temps, de deux membres, – beaucoup moins souvent, de trois membres, – rarement, d’un seul membre.
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Les exercices: première partie, le passage
Quelques exemples a. segment bimembre – bekā – bešimkā
ṣārênû nābûs
nenaggēaḥ qāmênû
– Par toi, – en ton nom
nos adversaires nous anéantissons
nous repoussons nos agresseurs
+ peinw/ntaj + kai. ploutou/ntaj
evne,plhsen evxape,steilen
avgaqw/n kenou,j
+ Les affamés + et les riches
IL A REMPLIS IL A RENVOYÉS
de biens vides
Ps 44,6
Lc 1,53
b. Segment trimembre + ’āmar – šaḥal – ’ărî
‘āṣēl baddārek bên hāreḥōbôt
+ Le paresseux dit : – « Un fauve dans le chemin ! – Un lion sur les places ! »
Pr 26,13
: aivtei/te : zhtei/te : krou,ete
kai. doqh,setai kai. eu`rh,sete( kai. avnoigh,setai
: DEMANDEZ : CHERCHEZ : FRAPPEZ
et il sera donné à vous, et vous trouverez, et il sera ouvert à vous.
u`mi/n( u`mi/n\
Lc 11,9
c. Segments unimembres Alleluia (Ps 113,1a.9c) ; Qui est comme le Seigneur notre Dieu ? (Ps 113,5a)
LISEZ Comme vous avez pu le voir, grâce à ces exemples, « les choses sont dites deux fois ». La « binarité » est la première caractéristique de la rhétorique biblique. La seconde caractéristique est la « parataxe ». • Lisez Traité, 15-26 ; 3.15-26. La définition du segment est fort claire : le segment est formé de deux ou de trois « membres », ou même d’un seul. Il n’en va pas de même pour le « membre ». Comme dans toute science l’unité minimale n’est pas facile à définir. • Lisez Traité, Chap. 3 « Les niveaux de composition », 136-150 ; 3.58-71.
2. Jr 17,5-8
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C. AU TRAVAIL ! Partir du bas 1. Sur votre texte séparez les membres par une barre oblique (/). Justifiez brièvement chacune de vos décisions. 2. Réécrivez le texte en mettant un membre par ligne. Alignez verticalement les « termes » (comme vous l’avez vu dans les exemples donnés ci-dessus, mais aussi dans les pages du Traité que vous avez lues). 3. Identifiez les segments en regroupant les membres, par deux ou par trois, et en les séparant par une ligne blanche. Pour ce faire, il faut être attentif aux rapports formels entre les membres du segment. Mettez en italiques ou en gras les termes qui se correspondent d’un membre à l’autre dans chaque segment (vous pouvez aussi utiliser des couleurs différentes). N’oubliez pas qu’il existe aussi le segment unimembre ! Un conseil : il n’est pas obligatoire de commencer par le début pour finir par le dernier segment. Il faut partir des segments qui sont les plus faciles à identifier, ceux qui sont les moins contestables. Quand on a isolé un tel segment, cela donne automatiquement les limites du segment précédent et celles du segment suivant. S’il s’agit du premier segment du texte, ce ne sera que le début du second segment qui sera déterminé ; s’il s’agit au contraire du dernier segment, ce ne sera que la fin du segment précédent qui sera déterminé. Partir du haut 4. Pour identifier les membres et les segments nous sommes partis du bas, c’està-dire des unités minimales. Il faut maintenant partir du haut, c’est-à-dire de l’ensemble du texte, pour tenter de faire une hypothèse sur la composition du texte entier. Pour ce faire, la première chose à faire est de relever les éléments linguistiques qui se correspondent ; non plus à l’intérieur de chaque segment, mais entre les segments, qu’ils soient contigus ou éloignés les uns des autres. Il n’est pas rare que des chercheurs se limitent à noter les récurrences lexicales. Mais les lexèmes ne sont pas les seuls éléments linguistiques qui peuvent marquer la composition des textes. • Lisez Traité, Chap. 2 « Les rapports entre éléments linguistiques », 113130 ; 3.35-52. Concrètement, sur le texte réécrit en segments, mettez en évidence (par des couleurs, par des soulignements ou par des encadrements différents) les éléments qui se correspondent.
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Les exercices: première partie, le passage
5. Il est temps de faire une hypothèse sur la construction d’ensemble du texte. Pour ce faire, il faut se poser la question de la fonction que peuvent remplir les reprises les plus marquées. – On distingue plusieurs fonctions possibles des récurrences : « termes initiaux » : marquent le début de deux unités qui se correspondent ; « termes finaux » : marquent la fin de deux unités qui se correspondent ; « termes extrêmes » : marquent les extrémités de deux unités ; « termes médians » : marquent la fin d’une unité et le début de l’autre ; « termes centraux » : marquent les centres des deux unités. • Lisez Traité, 269-278 ; 3.200-210. – si l’on met à part 5a comme introduction des paroles du Seigneur (5b-8), quelle est la position du membres de 5b dans l’ensemble du texte ? – Quelles sont les fonctions qu’il faut éliminer pour les reprises de 5b et de 7a ? – Quelle est la fonction qui s’impose et pourquoi ? 6. Quelles sont les grandes divisions du texte ? Comment pouvez-vous les caractériser globalement. 7. Subdivision de chacune des deux parties du texte. – Combien de segments comprend la partie 5b-6 ? Combien la partie suivante (7-8) ? L’unité supérieure au segment est le « morceau » ; le morceau peut être formé de deux, de trois, ou même d’un seul segment. • Lisez Traité, 168-170 ; 3.229-231. L’unité supérieure au morceau est la « partie » ; La partie peut être formé de deux, de trois, ou même d’un seul morceau. • Lisez Traité, 186-195 ; 3.232-236 – Le morceau ne comprend pas plus de trois segments. Il s’ensuit que chaque partie du texte de Jérémie comprend plus d’un morceau. Comment diviser chacune des parties en morceaux ? Selon quels critères ? 8. Réécrivez le texte – en encadrant chaque partie, – en séparant les morceaux par un filet pointillé (suite de Middle Dot : ····) ; – n’oubliez pas que les segments sont séparés par une ligne blanche. – Pour ce qui est du premier membre d’introduction (5a), il n’entre pas dans le premier cadre, mais il est précédé d’un filet. – Ponctuez maintenant le texte, en tenant compte de sa composition. 9. Quelle est la fonction de « et il est comme un... » en 6a et 8a ?
3. Mt 7,24-27 A. LE TEXTE 24 Pa/j ou=n o[stij avkou,ei mou tou.j lo,gouj tou,touj kai. poiei/ auvtou.j( o`moiwqh,setai avndri. froni,mw|( o[stij wv|kodo,mhsen auvtou/ th.n oivki,an evpi. th.n pe,tran\ 25 kai. kate,bh h` broch. kai. h=lqon oi` potamoi. kai. e;pneusan oi` a;nemoi kai. prose,pesan th/| oivki,a| evkei,nh|( kai. ouvk e;pesen( teqemeli,wto ga.r evpi. th.n pe,tran) 26 kai. pa/j o` avkou,wn mou tou.j lo,gouj tou,touj kai. mh. poiw/n auvtou.j o`moiwqh,setai avndri. mwrw/|( o[stij wv|kodo,mhsen auvtou/ th.n oivki,an evpi. th.n a;mmon\ 27 kai. kate,bh h` broch. kai. h=lqon oi` potamoi. kai. e;pneusan oi` a;nemoi kai. prose,koyan th/| oivki,a| evkei,nh|( kai. e;pesen kai. h=n h` ptw/sij auvth/j mega,lh) Traduction proposée 24 Donc quiconque écoute ces miennes paroles et fait elles sera comparable à un homme avisé lequel a construit sa maison sur le roc 25 et est descendue la pluie et sont venus les fleuves et ont soufflé les vents et ils ont chuté-contre cette maison-là et elle n’a pas chuté car elle avait été fondée sur le roc 26 et quiconque l’écoutant ces miennes paroles et ne faisant pas elles sera comparable à un homme insensé lequel a construit sa maison sur le sable 27 et est descendue la pluie et sont venus les fleuves et ont soufflé les vents et ils ont heurté-contre cette maison-là et elle a chuté et était sa chute grande. B. MÉTHODE La meilleure manière de présenter la composition d’un texte est de le réécrire. L’idéal serait que la réécriture suffise pour que le lecteur perçoive par lui-même l’architecture du texte et les rapports qu’entretiennent entre elles les unités qui le composent. Toutefois l’expérience montre qu’il n’est pas inutile d’attirer son attention sur des points qu’il n’aurait pas remarqués d’emblée. Dans les collections de la RBS, la « composition » comprend donc d’une part la réécriture du texte et d’autre part une explication qui est à la fois une description de la composition et une justification de l’analyse et donc de la réécriture. La réécriture Un texte est organisé à plusieurs niveaux : membre, segment, morceau, partie, etc. L’idéal serait de « réécrire » chaque segment, chaque morceau et chaque partie pour visualiser la composition de chaque constituant du texte, suivant chacun de ses niveaux. Dans la réécriture du segment, sont donc visualisés les rapports entre les membres ; dans la réécriture du morceau, on ne fait ressortir que les relations entre les segments et non plus ceux qui sont internes à chaque segment ; de même dans la réécriture de la partie on ne souligne que les rapports entre les morceaux, et enfin dans la réécriture du passage on ne relève que les rapports entre les parties.
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Les exercices: première partie, le passage
Cela dit, il serait trop onéreux de faire toutes ces réécritures pour chaque texte1. Ainsi, pour Jr 17,5-8, qui est très court, il ne faudrait pas moins de quinze réécritures (huit segments, quatre morceaux, deux parties, un passage). Bien souvent, il suffit d’une seule réécriture pour le passage dans son ensemble. Dans ce cas, on mettra en évidence surtout les rapports entre les parties, mais, si nécessaire, on pourra aussi souligner les relations les plus pertinentes entre les morceaux et même à l’intérieur du segment. Un des problèmes majeurs de l’analyse rhétorique est de bien distinguer « Les niveaux de composition » des textes. • Lisez Traité, 131-135 ; 3.53-57. Vous avez déjà lu ce qui concerne la définition du « membre ». Il faut maintenant examiner les différentes sortes de segments bimembres. • Lisez Traité, 152-162 ; 3.58-69. Outre les segments bimembres, il existe aussi des trimembres. • Lisez Traité, 162-167 ; 3.84-89. Pour les avoir appliquées, vous connaissez déjà quelques-unes des « règles de réécriture » : alignements verticaux, segments séparés par une ligne blanche, morceaux séparés par un filet pointillé, etc. • Lisez dans le Traité l’introduction au chapitre sur la réécriture : 283291 ; 3.215-219. Pour la réécriture du passage, • lisez Traité, 304-307 ; 3.236-242. La description Il ne s’agit pas de tout dire et d’enfoncer des portes ouvertes. Il faut se limiter à ce qu’un lecteur ordinaire pourrait ne pas remarquer ; si la description est trop longue, le lecteur se fatiguera très vite et abandonnera la lecture. Il existe maintenant des conventions très claires pour la réécriture. Elles sont exposées dans le Traité et vous en connaissez déjà quelques-unes ; les parties d’un passage sont encadrées, les morceaux sont séparés par un filet pointillé, etc. Il est donc inutile d’écrire, par exemple : « Ce passage est formé de trois parties, la première comprenant deux morceaux, la seconde trois morceaux... ». Cela se voit. 1
Dans mon commentaire de Luc, un seul passage, le Benedictus (Lc 1,67-80) a été réécrit e analysé en détail ; toutefois les réécritures commencent au niveau des morceaux et non des segments (Luc 2005, 86-95 ; Luc 2011, 91-101). Il aura tout de même fallu douze réécritures et pas moins de dix pages, seulement pour la composition de ce passage. À part certains passages particulièrement complexes qui ont dû être analysés partie par partie, la plupart des réécritures commencent au niveau du passage.
3. Mt 7,24-27
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C. AU TRAVAIL ! Pour l’analyse de Jr 17,5-7, vous avez été accompagnés et, pour ainsi dire, tenus par la main. Pour ce passage, qui conclut le discours sur la montagne de Matthieu, vous n’aurez pas besoin de guide ; il vous suffira de suivre les conseils qui vous ont été donnés pour le passage précédent. 1. Réécrivez le texte. N’oubliez pas de le ponctuer, en fonction de sa composition. 2. Décrivez la composition
4. Ps 2 A. LE TEXTE 1
lāmmâ rāgšû gôyîm ûle’ummîm yehgû-rîq 2 yityaṣebû malkê-’ereṣ werôznîm nôsdû-yāḥad ‘al-Yhwh we‘al-mešîḥô 3 nenatteqâ ’et-môsrôtêmô wenašlîkâ mimmennû ‘ăbōtêmô 4 yôšēb baššāmayim yiśḥāq ’ădōnāy yil‘ag-lāmô 5 ’āz yedabbēr ’ēlêmô be’appô ûbaḥărônô yebahălēmô 6 wa’ănî nāsaktî malkî ‘al-ṣiyyôn har-qodšî 7 ’ăsapperâ ’el ḥōq Yhwh ’āmar ’ēlay benî ’attâ ’ănî hayyôm yelidtîkā 8 e š ’al mimmennî we’ettenâ gôyîm naḥălātekā wa’ăḥuzzātkā ’apsê-’āreṣ 9 terō‘ēm e b šēbeṭ barzel kikelî yôṣēr tenapeṣēm 10 we‘attâ melākîm haśkîlû hiwwāsrû šōpṭê ’āreṣ 11 ‘ibdû ’et-Yhwh beyir’â wegîlû bir‘ādâ 12 našqû-bar pen-ye’ĕnap wetô’bdû derek kî-yib‘ar kim‘aṭ ’appô ’ašrê kol-ḥôsê bô. Problèmes textuels Le problème textuel le plus important est celui du verset 12, « une des plus célèbres croix des interprètes »1. Déjà la Septante lisait les deux premiers mots (našqû-bar): draxaste paideias (« attachez-vous à l’éducation »). Certaines traductions modernes les passent sous silence2. Les tentatives de correction de ce texte jugé corrompu sont nombreuses ; ainsi, au lieu de wegîlû bir‘ādâ našqûbar (« et exultez avec tremblement, baisez le fils »), on lira : bir‘ādâ našqû beraglāw (« avec tremblement baisez ses pieds »). Cette correction a été adoptée par la Bible de Jérusalem (« Servez Yahvé avec crainte, baisez ses pieds avec tremblement »). Traduction proposée 1
Pourquoi conspirent les nations, et les peuples murmurent-ils en vain ? S’insurgent les rois de la terre, et les princes se liguent ensemble, contre Yhwh et contre son Oint : 3 « Rompons leurs liens, jetons-loin de nous leurs entraves. » 4 Celui-qui-siège dans les cieux se rit, le Seigneur se moque d’eux. 5 Alors il parle à eux en sa colère, et dans sa fureur il épouvante eux : 6 « C’est moi qui ai consacré mon roi, sur Sion, montagne de ma sainteté. » 7 Je proclamerai le décret de Yhwh : Il a dit à moi : « Mon fils c’est toi, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré. 8 Demande de-moi et je donnerai les nations (comme) ton héritage, et ton domaine les extrémités de la terre. 9 Tu les briseras avec un sceptre de fer, comme vase de potier tu les casseras. » 10 Et maintenant, rois, comprenez, instruisez-vous, juges de la terre. 11 Servez Yhwh avec crainte, et exultez avec tremblement. 12 Embrassez le fils, qu’il ne s’irrite et vous perdriez le chemin. « Oui, prend feu d’un coup sa colère ; heureux qui se réfugie en lui ! » 2
1 2
G. RAVASI, Il libro dei salmi, I, 109. Anisi Le Psautier. Version œcuménique, texte liturgique, Paris 1977.
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Les exercices: première partie, le passage
B. MÉTHODOLOGIE Il existe trois sortes de composition: parallèle, spéculaire, concentrique ; et une quatrième, la composition elliptique. Pour avoir une première vue d’ensemble, • lisez Traité, « Symétries totales », 218-221 ; 3.138-141. Pour approfondir, avec beaucoup d’exemples, – sur « la composition parallèle en contact » (du segment au passage) • lisez Traité, 222-234 ; 3.142-152 (jusqu’au § 1.1.4). – sur «la composition spéculaire en contact » (du segment au passage) • lisez Traité, 245-251 ; 3.163-169 (jusqu’au § 2.1.4). - sur «la composition concentrique » (du segment au passage) • lisez Traité, 256-265 ; 3.174-182 (jusqu’au § 3.4). N’oubliez pas que les rapports entre les éléments linguistiques utilisés pour marquer la composition d’un texte sont nombreux et jouent sur des plans différents : non seulement lexical, morphologique, syntaxique, rythmique, mais aussi du discours. Relisez le chap. 2 du Traité, 113-130 ; 3.35-52 ; en particulier § 5, p. 123 ; 3.45 ; § 4, p. 128-130 ; 3.50-52.
Réécriture du morceau, de la partie et du passage : • Lisez Traité, 297-295 ; 3.229-231 / 300 ; 3.232 / 304-307 ; 3.236-239. C. AU TRAVAIL ! 1. PARTIR DU BAS 1.1 Segmentation Comme d’habitude, divisez le texte en membres, puis regroupez les membres en segments. Faire la réécriture de chaque segment et décrire sa composition, toujours par écrit. 1.2 Regrouper les segments en morceaux Les segments sont ensuite regroupés, en tenant compte des rapports qu’ils entretiennent entre eux. Les morceaux doivent être eux aussi réécrits et décrits, par écrit.
4. Ps 2
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1.3 Étudier ce qui reste Une fois que l’on a identifié les morceaux les plus évidents et les plus sûrs, il arrive souvent qu’il reste quelque segment « orphelin », ou aussi quelque groupe de segments. – Quelle est la spécificité du verset 3, qui le distingue de ce qui précède ? mais quels sont aussi les rapports entre ce bimembre et les deux premiers ? – Dans les versets 6-7, qui parle dans chacun des trois segments ? Comment sait-on qui est la personne qui parle dans le premier segment (6) ? Où est exprimé son nom ? Quelle est la relation entre les segments 7ab et 7cd ? Où finit le discours qui commence en 7c ? Quelle conclusion peut-on tirer de ces constatations ? – Que pouvons-nous dire sur le dernier segment (12cd) ? A-t-il quelque rapport avec le segment précédent ? 2. PARTIR DU HAUT a) Il faut toujours commencer par noter les éléments linguistiques identiques ou opposés qui pourraient jouer le rôle marques de composition, non plus à l’intérieur des petites unités, segments et morceaux, mais dans l’ensemble du psaume. – Les mots répétés et spécialement les syntagmes identiques ou semblables. Comme on l’a déjà dit, commencer par les mots identiques, mais ensuite tenir compte aussi des synonymes. – Les constructions syntaxiques. – Les caractéristiques du discours : unités narratives et discursives, genres littéraires différents, etc. b) Quel est le sujet des deux synonymes « parle à » (5a) et « a dit à » (7b) ? c) Quelle est la fonction de ces deux verbes ? d) Quelles sont les unités qui introduisent les mots prononcés par le Seigneur en 6 et en 7c-9, et comment peut-on qualifier ces unités ? e) Analysez 7-9. De quel type est cette unité ? f) Analysez 4-6. Étant donné la composition de 7-9, de quel type d’unité pourrait être 4-6 ? g) Vous avez déjà noté que le verset 3, étant à la première personne du pluriel, est discursif. Est-il introduit par un verbe semblable à « parle à » (5) ou à « a dit à » ? Comment alors analyser les versets 1-3. h) Étant donné la composition de 1-3 – et celle de 4-6 et de 7-9 –, quelle pourrait être la composition de 10-12 ? Si le verset 3 contient les mots des rebelles, quel pourrait être le statut du dernier bimembre du psaume (12cd) ?
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Les exercices: première partie, le passage
i) Quels sont les mots et les syntagmes semblables qui se trouvent au début et à la fin du texte ? Dans quelles unités déjà identifiées se trouvent-elles ? k) Pour visualiser leurs rapports, vous pourriez faire une réécriture des deux parties extrêmes, ajoutant entre elles des crochets qui encadrent des points de suspension : [...]. l) Il serait temps maintenant de faire une réécriture qui donne à voir la composition du psaume. Rédigez aussi une description de la composition.
5. Col 1,15-20 A. TEXTE 15 o[j evstin eivkw.n tou/ qeou/ tou/ avora,tou( prwto,tokoj pa,shj kti,sewj( 16 o[ti evn auvtw/| evkti,sqh ta. pa,nta evn toi/j ouvranoi/j kai. evpi. th/j gh/j( ta. o`rata. kai. ta. avo,rata( ei;te qro,noi ei;te kurio,thtej ei;te avrcai. ei;te evxousi,ai\ ta. pa,nta diV auvtou/ kai. eivj auvto.n e;ktistai\ 17 kai. auvto,j evstin pro. pa,ntwn kai. ta. pa,nta evn auvtw/| sune,sthken( 18 kai. auvto,j evstin h` kefalh. tou/ sw,matoj th/j evkklhsi,aj\ o[j evstin avrch,( prwto,tokoj evk tw/n nekrw/n( i[na ge,nhtai evn pa/sin auvto.j prwteu,wn( 19 o[ti evn auvtw/| euvdo,khsen pa/n to. plh,rwma katoikh/sai 20 kai. diV auvtou/ avpokatalla,xai ta. pa,nta eivj auvto,n( eivrhnopoih,saj dia. tou/ ai[matoj tou/ staurou/ auvtou/( ÎdiV auvtou/Ð ei;te ta. evpi. th/j gh/j ei;te ta. evn toi/j ouvranoi/jÅ Traduction proposée 15 Celui-ci est l’image du Dieu invisible premier-né de toute création 16 parce qu’en Lui a été créé tout dans les cieux et sur la terre les (êtres) visibles et les invisibles soit les trônes soit les dominations soit les principautés soit les pouvoirs tout par Lui et pour Lui a été créé 17 et Lui est avant tout et tout en Lui subsiste 18 et Lui est la tête du corps de l’Église celui-ci est le principe premierné d’entre les morts afin que Lui devienne en tout le premier 19 parce qu’en Lui il a plu de faire habiter tout le plérôme 20 et par Lui de réconcilier tout pour Lui faisant la paix par le sang de sa croix [par Lui] avec soit ce (qui est) sur la terre avec soit ce (qui est) dans les cieux. Problème textuel : au verset 20, certains manuscrits ajoutent [par Lui]. B. MÉTHODE PONCTUATION Les manuscrits antiques ne comportaient aucune ponctuation. Celles que l’on trouve dans les éditions du texte biblique sont le fait des éditeurs ; il en va de même évidemment pour les traductions. Le texte est révélé, pas les points et le virgules ! Ce qui veut dire que ces ponctuations peuvent être critiquées, si nécessaire. Attentive à la délimitation du texte à ses différents niveaux, depuis celui du membre, l’analyse rhétorique permet de ponctuer le texte de manière plus raisonnée, plus scientifique (relire p. 111). Dans le premier chapitre de la troisième partie du Traité, vous trouverez plusieurs exemples qui illustrent comment l’analyse rhétorique aide à ponctuer. • Lisez Traité, 520-533 ; 3.446-459.
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Les exercices: première partie, le passage
C. AU TRAVAIL 1. SEGMENTATION (OU PARTIR DU BAS) Ayant réécrit le texte, un membre par ligne, tentez de regroupez les membres en segments, séparés par une ligne blanche ; justifier brièvement vos décisions. Comme toujours, commencez par les segments les plus évidents et les plus sûrs. Ne vous acharnez pas à vouloir regrouper tous les membres en segments. Quand vous ne trouverez plus de critères solides pour ce faire, passez à l’étape suivante. 2. UNE HYPOTHÈSE DE COMPOSITION D’ENSEMBLE (OU PARTIR D’EN HAUT) Comme toujours, commencez par relever les répétitions, et surtout les répétitions de syntagmes. Ensuite, essayez de bâtir une hypothèse de composition. Souvenez-vous qu’il est capital de déterminer les fonctions des répétitions (termes initiaux, finaux, extrêmes, médians, centraux). Pour plus de sécurité, vous pouvez procéder systématiquement par élimination. Si vous n’y arrivez pas tout seul, les questions suivantes pourraient vous mettre sur la voie. a) Quelles sont les éléments répétés qui sont repris dans le même ordre ? b) Quelle pourrait être la fonction de deux expressions identiques dont la première se trouve au début du passage ? c) Quels sont les mots de même racine qui ne se trouvent qu’au début du passage et plus du tout par la suite ? d) Un mot revient deux fois dans le dernier segment ; où se retrouve-t-il ? Combien de fois ? Quelle pourrait être la fonction de ces reprises ? e) Jusqu’où s’étend l’unité qui commence au début du texte ? N’oubliez pas de justifier votre décision, par écrit, bien sûr. f) Le verset 16a s’achève avec « a été créé tout » ; où sont repris ces deux termes dans le même verset ? g) À quoi correspond « en lui » de 16a ? h) Rappelez-vous l’analyse que vous avez faite de 16abc et de 16def. Faites la réécriture de 15-16. N’oubliez pas de décrire la composition du texte. i) Si ce n’est déjà fait, ne serait-il pas temps d’émettre une hypothèse sur la composition de l’ensemble ? j) Réécrivez l’unité qui correspond à la première. Et décrivez sa composition. k) Réécrivez l’ensemble du passage ; n’oubliez pas qu’à ce niveau on ne met en relief que les correspondances entre les parties et non plus celles qui sont intérieures à chaque partie, car cela a déjà été fait précédemment. Décrivez de manière synthétique les relations entre les parties du passage. N’oubliez pas de dire quelles sont les ressemblances et les différences entre les parties extrêmes et quelle est la fonction de la partie centrale.
6. Pr 26,1-12 A. LE TEXTE 1
kaššeleg baqqayiṣ wekammāṭār baqqāṣîr kēn lō’-nā’weh liksîl kābôd kaṣṣippôr lānûd kadderôr lā‘ûp kēn qilelat ḥinnām (lō’) [lô] tābō 3 šôṭ lassûs meteg laḥămôr wešēbeṭ legēw kesîlîm 4 ’al-ta‘an kesîl ke’iwwaltô pen-tišweh-llô gam-’āttâ 5 ‘ăneh kesîl ke’iwwaltô pen-yihyeh ḥākām be‘ênāyw 6 meqaṣṣeh raglayim ḥāmās šōteh šōlēaḥ debārîm beyad-kesîl 7 dalyû šōqayim mippissēaḥ ûmāšāl bepî kesîlîm 8 kiṣrôr ’eben bemargēmâ kēn-nôtēn liksîl kābôd 9 ḥôaḥ ‘ālâ beyad-šikkôr ûmāšāl bepî kesîlîm 10 rab meḥôlēl-kōl weśōkēr kesîl weśōkēr ‘ōbrîm 11 e k keleb šāb ‘al-qē’ô kesîl šôneh be’iwwaltô 12 rā’îtā ’îš ḥākām be‘ênāyw tiqwâ liksîl mimmennû 2
Problème textuel Au verset 2, le Ketib (ce qui est écrit) est lō’ (la négation : « elle ne vient pas »), mais le Qere (ce qu’il faut lire) est lô (« pour lui »). Le Ketib est soutenu par les antiques versions du Targum et de la Septante. Traduction proposée 1
Comme-la-neige à l’été et comme-la-pluie à la moisson ainsi ne convient pas à l’insensé la gloire 2 comme-le-passereau s’échappe comme-l’hirondelle s’envole ainsi la malédiction sans raison n’arrive pas 3 le fouet pour le cheval la bride pour l’âne et le bâton pour l’échine des insensés 4 ne réponds pas à l’insensé comme sa stupidité de peur que tu lui ressembles toi aussi 5 réponds à l’insensé comme sa stupidité de peur qu’il ne soit sage à ses yeux 6 il se coupe les pieds de violence il s’abreuve qui envoie des paroles dans la main d’un insensé 7 elles pendent les jambes du boiteux et un proverbe dans la bouche des insensés 8 comme-attacher le caillou à la fronde ainsi-donner à l’insensé la gloire 9 une ronce s’élève dans la main d’un ivrogne et un proverbe dans la bouche des insensés 10 un archer blessant tous et qui engage un insensé et qui engage des passants 11 comme-le-chien revient à son vomi un insensé retournant à sa stupidité 12 tu vois un homme sage à ses yeux espérer d’un insensé (est mieux) que de lui. B. MÉTHODE Il arrive souvent que le parallélisme de certains segments soit très marqué, mais ce n’est pas toujours le cas, comme vous avez déjà eu l’occasion de le constater. En revanche il arrive parfois que le parallélisme apparaisse très clairement au niveau supérieur du morceau et non pas entre les membres des segments qui le composent.
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Les exercices: première partie, le passage
Sur ce phénomène, vous trouverez des exemples très démonstratifs dans le chapitre sur « Les figures de composition », point 1.1 : « Composition parallèle en contact » : • lisez Traité, 222-238 ; 3.142-156 ; voir en particulier, Am 2,8 et Ps 119,169-170 : 3.145.146. Vous avez déjà rencontré une première « construction concentrique », quand vous avez lu, durant l’exercice sur le Ps 98, les quelques pages qui présentent de manière synthétique les figures de composition (Traité, Ps 59,2 : 219 ; 3.139). Cet exemple était celui d’un segment bimembre, c’est-à-dire du premier niveau d’organisation textuelle. Les constructions concentriques se retrouvent à tous les autres niveaux, depuis celui du morceau jusqu’à celui du livre. Pour vous familiariser avec ce genre de construction, • lisez Traité, 256-265 ; 3.174-182.
C. AU TRAVAIL ! 1. PARTIR DU BAS Les segments Vous êtes désormais habitué à diviser le texte en membres et à les regrouper en segments. Après avoir réécrit le texte un membre par ligne, faites la réécriture de chaque segment et décrivez-le. Essayez aussi d’expliquer chacun de ces proverbes en lui-même, indépendamment des autres. Les morceaux Dès que vous aurez réécrit le texte un membre par ligne, vous devriez pouvoir identifier certains morceaux facilement. Dans la réécriture des morceaux les rapports intérieurs aux segments peuvent être mis en minuscules, tandis que les rapports entre les segments du morceau seront mis en petites capitales. N’oubliez pas de les décrire brièvement.
6. Pr 26,1-12
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2. PARTIR DU HAUT – Vous avez noté que la plupart des segments sont des bimembres. Toutefois il existe aussi des trimembres. Où se trouvent-ils ? – Notez les mots qui se répètent et surtout les expressions qui sont identiques ou semblables. – Quelle peut être la fonction de ces répétitions ? – Quels sont les morceaux formés de deux segments dont chacun des segments est une comparaison ? Quelle est la différence entre ces morceaux ? – Vous venez sans doute de constater combien il est important de relever les ressemblances, mais aussi de noter les différences, qui ressortent d’autant mieux qu’elles se trouvent sur fond d’identité. Étudiez ressemblances et différences entre les deux trimembres, sans oublier pas le plan sémantique. – Vous avez noté des ressemblances non seulement entre les segments 5 et 12, mais aussi entre les morceaux 4-5 et 11-12. Quelles sont les relations entre ces deux morceaux ? – Vous avez déjà noté les ressemblances mais aussi les différences entre les deux segments du morceau 6-7. Le premier parle de violence, tandis que le second de simple inutilité. À quoi renvoie le premier segment dans le reste du passage ? Et à quoi renvoie le premier ? Sur « la loi du croisement au centre », lisez Traité, 641-6431 ; 3.394-396. – Quelle hypothèse pouvez-vous poser maintenant sur la composition du texte ? – Vous pouvez tenter de rédiger une interprétation de l’ensemble du passage. Soyez concis.
1
Voir aussi, R. MEYNET, « Le leggi della retorica biblica. A proposito della “legge dell’intreccio al centro” », in R. MEYNET – J. ONISZCZUK, ed., Studi del terzo convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, ReBibSem 2, Roma 2013, 349-364.
7. Jn 21,15-17 A. LE TEXTE 15 {Ote ou=n hvri,sthsan le,gei tw/| Si,mwni Pe,trw| o` VIhsou/j( Si,mwn VIwa,nnou( avgapa/|j me ple,on tou,twn* le,gei auvtw/|( Nai,( ku,rie( su. oi=daj o[ti filw/ se) le,gei auvtw/|( Bo,ske ta. avrni,a mou) 16 le,gei auvtw/| pa,lin deu,teron( Si,mwn VIwa,nnou( avgapa/|j me* le,gei auvtw/|( Nai,( ku,rie( su. oi=daj o[ti filw/ se) le,gei auvtw/|( Poi,maine ta. pro,bata, mou) 17 le,gei auvtw/| to. tri,ton( Si,mwn VIwa,nnou( filei/j me* evluph,qh o` Pe,troj o[ti ei=pen auvtw/| to. tri,ton( Filei/j me* kai. le,gei auvtw/|( Ku,rie( pa,nta su. oi=daj( su. ginw,skeij o[ti filw/ se) le,gei auvtw/| Îo` VIhsou/jÐ( Bo,ske ta. pro,bata, mou) Traduction littérale Quand donc ils eurent déjeuné, dit Jésus à Simon Pierre : « Simon de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » Il dit à lui : « Oui, Seigneur, toi, tu sais que je chéris toi. » Il dit à lui : « Pais les agneaux de moi. » 16 Il dit à lui encore unedeuxième-fois : « Simon de Jean, aimes-tu moi ? ». Il dit à lui : « Oui, Seigneur, toi, tu sais que je chéris toi. » Il dit à lui : « Garde les brebis de moi. » 17 Il dit à lui une-troisième-fois : « Simon de Jean, chéris-tu moi ? » Fut attristé Pierre qu’il dise à lui une-troisième-fois : « Chéris-tu moi ? » Et il dit à lui : « Seigneur, toi, tu sais tout ; toi, tu connais que je chéris toi. » Il dit à lui [Jésus] : « Pais les brebis de moi. » 15
Les deux verbes qui expriment l’amour (agapaō, philō) sont rendus ici par « aimer » et « chérir ». La traduction Osty traduit le premier par « aimer », le second par « aimer tendrement ». B. MÉTHODOLOGIE Dans le cas de textes brefs, comme celui de cet exercice, il semble préférable de commencer l’analyse « par le bas », parce que la division en membres, segments et morceaux aide souvent à déterminer l’organisation des niveaux supérieurs. Contrairement aux textes poétiques où le rythme est davantage marqué, la segmentation des textes en prose n’est pas toujours aisée. Pourtant le rythme y est souvent important, sinon décisif, pour organiser les termes en membres et segments. Dans la plupart des cas un membre est une proposition ; mais quelquefois, surtout dans les textes narratifs, les propositions sont longues et complexes, si bien que seul le rythme permet de décider comment délimiter membres et segments.
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Les exercices: première partie, le passage
La définition du « membre » n’est pas simple, et c’est pourquoi il a été nécessaire de s’attarder longuement sur ce problème délicat. • Relisez attentivement Traité, 136-148 : 3.58-69. • Lisez aussi ce qui est dit sur la définition du « terme », 69-72.
C. AU TRAVAIL ! 1. LA SEGMENTATION Comme dans les exercices précédents, on part « du bas » : – divisez le texte en membres, – puis regroupez les membres en segments. N’oubliez pas de justifier, par écrit, vos raisons. 2. LES PARTIES DU PASSAGE Maintenant, regardant le texte « d’en-haut », vous devriez être capable de déterminer de combien de morceaux et de parties est formé ce texte, et comment ils sont liés entre eux. Si la segmentation vous est semblée facile, cette nouvelle opération ne le sera peut-être pas autant. C’est pourquoi les questions suivantes pourraient vous aider à noter les éléments décisifs qui vous permettront d’arriver à déterminer la composition du passage. a. Essayez de repérer les indices les plus évidents qui marquent la division en parties. Combien de parties comprend ce passage ? b. Combien de segments comprend chaque partie ? c. Rappelez-vous que la partie comprend un, deux ou trois morceaux. Quelle serait la partie qui ne contient qu’un seul morceau ? Réécrivez-la (en suivant les règles de réécriture de la partie : Traité, 300-304 ; 3.232-236) et décrivez sa composition1. d. Comment est composée la troisième partie ? Réécrivez-là et décrivez sa composition. e. Réécrivez enfin la première partie et décrivez sa composition.
1 Les filets discontinus (-----) sont désormais remplacés par des pointillés (············), faits avec le caractère Middle Dot (code 00B7), corps 8 pt.
7. Jn 21,15-17
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3. L’ENSEMBLE DU PASSAGE Réécrivez maintenant l’ensemble du passage et expliquez les ressemblances et aussi les différences entre les parties. Rappelons que, au niveau du passage, on ne met plus en évidence les rapports internes à la partie, mais seulement les rapports entre les parties. Traité, p. 289290 ; 3.221-222 (point 3, 1er paragraphe) ; p. 297-299 ; 3.229-230, point 2.2) 4. LE CONTEXTE Quel est, dans l’évangile de Jean, le passage auquel celui de Jn 21,15-17 se réfère ? Pour quelles raisons ? Les symétries totales sont de trois sortes : 1. la composition parallèle • lisez Traité, 222-244 ; 3.142-162 (spécialement 230-234 ; 3.150-152) 2. la composition spéculaire • lisez Traité, 245-255 ; 3.163-174 (spécialement 251 ; 3.169) 3. la composition concentrique • lisez Traité, 256-265 ; 3.174-182 (spécialement 263-265 ; 3.180-182) 4. la composition elliptique • lisez : R. MEYNET, « Une nouvelle figure : la composition à double foyer », in F. GRAZIANO – R. MEYNET, ed., Studi del sesto convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, RBSem 18, Peeters, Leuven 2019, 325-349. Traité 3.182-197. Pour la première édition du Traité, e sera mieux de lire sur le site de la RBS : le chapitre 4, « Les figures de composition » a en effet été corrigé, en particulier aux pages 234.251.255.263-65. Voir : www.retoricabiblicaesemitica.org > Nos publications > collections spécialisées > Rhétorique sémitique > Traité de rhétorique biblique > Chap. 4.
8. Ps 34 A. TEXTE 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
ledāwid bešannôtô ’et-ṭa‘mô lipnê ’ăbîmelek wayegārăšēhû wayyēlak ’ăbārăkâ ’et-yhwh bekol-‘ēt tāmîd tehillātô bepî byhwh tithallēl napšî yišme‘û ‘ănāwîm weyiśmāḥû gaddelû lyhwh ’ittî ûnerômemâ šemô yaḥdāw dāraštî ’et-yhwh we‘ānānî ûmikkol-megûrôtay hiṣṣîlānî hibbîṭû ’ēlāyw wenāhārû ûpenêhem ’al-yeḥpārû zeh ‘ānî qārā’ wyhwh šāmēa‘ ûmikkol-ṣārôtāyw hôšî‘ô ḥōneh mal’ak-yhwh sābîb lîrē’āyw wayeḥalleṣēm ṭa‘ămû ûre’û kî-ṭôb yhwh ’ašrê haggeber yeḥĕseh-bô yer’û ’et-yhwh qedōšāyw kî-’ên maḥsôr lîrē’āyw kepîrîm rāšû werā‘ēbû wedōršê yhwh lō’-yaḥserû kol-ṭôb lekû-bānîm šim‘û-lî yir’at yhwh ’ălammedkem mî-hā’îš heḥāpēṣ ḥayyîm ’ōhēb yāmîm lir’ôt ṭôb neṣōr lešônkā mērā‘ ûśepātèkā middabbēr mirmâ sûr mērā‘ wa‘ăśeh-ṭôb baqqēš šālôm werodpēhû ‛ênê yhwh ’el-ṣaddîqîm we’oznāyw ’el-šaw‘ātām penê yhwh be‘ōśê rā‘ lehakrît mē’ereṣ zikrām ṣā‘ăqû wyhwh šāmēa‘ ûmikkol-ṣārôtām hiṣṣîlām qārôb yhwh lenišberê-lēb we’et-dakke’ê-rûaḥ yôšîa‘ rabbôt rā‘ôt ṣaddîq ûmikkullām yaṣṣîlennû yhwh šōmēr kol-‘aṣmôtāyw ’aḥat mēhēnnâ lō’ nišbārâ temôtēt rāšā‘ rā‘â weśōn’ê ṣaddîq ye’šāmû pôdeh yhwh nepeš ‘ăbādāyw welō’ ye’šemû kāl-haḥōsîm bô
Comme on le voit, ce psaume est acrostiche alphabétique. À part le verset 1, les premières lettres des autres versets sont celles de l’alphabet hébreu, dans l’ordre traditionnel. Toutefois, l’alphabétisme présente deux irrégularités : il n’y a pas de segment qui commence avec waw (entre hé et zayin) ; en revanche, deux segments commencent avec pé : le verset 17, à sa place entre ayin et ṣadé, et le dernier (23) après le taw, dernière lettre de l’alphabet. Malgré ces irrégularités, le total des segments est celui des lettres de l’alphabet hébreu qui totalise vingt-deux lettres. Vous pouvez relire le Traité, 136-150 ; 3.58-69, où l’on voit comment les poèmes acrostiches alphabétiques fournissent un critère sûr qui prouve l’existence du membre et du segment.
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Les exercices: première partie, le passage
Traduction proposée 1
’ b g d h z ḥ ṭ y k l m n s ‘ p ṣ q r š t p
2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23
De David quand il déguisa sa raison à la face d’Abimélek et il le chassa et il s’en alla. Je bénirai Yhwh en tout temps toujours sa louange en ma bouche. En Yhwh se loue mon souffle qu’ils écoutent les pauvres et se réjouissent. Magnifiez Yhwh avec moi et exaltons son nom ensemble. Je cherchai Yhwh et il me répondit et de toutes mes frayeurs me délivra. Ils regardèrent vers lui et resplendirent et leur face ne rougira pas. Ce pauvre appela et Yhwh écouta et de toutes ses angoisses il le sauva. Il campe l’ange de Yhwh autour de ses craignant et les dégage. Goûtez et voyez que bon Yhwh, heureux l’homme qui s’abrite en lui. Craignez Yhwh, ses saints, car pas de manque pour ses craignant. Des lions sont dénués et affamés, et les cherchant Yhwh ne manquent d’aucun bien. Allez, fils, écoutez-moi la crainte de Yhwh je vous l’enseigne. Quel est l’homme qui désire la vie, aimant les jours pour voir le bien ? Préserve ta langue du mal et tes lèvres du parler trompeur. Évite le mal et fais le bien, recherche la paix et poursuis-la. Les yeux de Yhwh pour les justes et ses oreilles pour leurs clameurs. La face de Yhwh contre les faisant le mal, pour effacer de la terre leur mémoire. Ils crièrent et Yhwh écouta et de toutes leurs angoisses les délivra. Proche Yhwh des brisés de cœur et les esprits abattus il sauve. De nombreux maux (sur) le juste et de tous eux il le délivre Yhwh. Il garde tous ses os, pas un seul d’entre eux ne sera brisé. Le mal tue le méchant et ceux qui haïssent le juste expieront. Il rachète Yhwh le souffle de ses serviteurs et n’expieront pas tous les s’abritant en lui.
Problème de critique textuelle Au verset 11, le texte massorétique dit : « Les lions sont dénués », mais la Septante a traduit : « Les riches sont dénués », lisant kabbirîm au lieu de kepîrîm. B. MÉTHODOLOGIE 1. RESSEMBLANCE ET DIFFÉRENCE Robert Lowth classifiait les segments en deux catégories essentielles : les segments synonymiques et les segments antithétiques. Le jeu entre identité et opposition se retrouve soit au niveau formel de la composition, soit au niveau de l’interprétation. • Revoir le chapitre du Traité sur « Les rapports entre éléments linguistiques », 113-130 ; 3.35-52, qui est organisé en deux parties : « A. Rapports d’identité » et « B. Rapports d’opposition ». • Regarder aussi les deux premières lois d’interprétation : « 1. Chercher la différence » et « 2. Chercher la ressemblance » : Traité, 551-561.561-567 ; 3.487-487.487-493.
8. Ps 34
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2. LA LOI DE LA QUESTION AU CENTRE Une des lois de la rhétorique biblique et sémitique est celle de la question au centre. • Lisez Traité, « Le centre des compositions concentriques » : A. La question au centre, 417-435 : 3.347-365. 3. LE RYTHME, CRITÈRE DÉCISIF POUR DÉFINIR LE MEMBRE Comme pour toutes les sciences, la chose la plus difficile est de définir les éléments fondamentaux, les unités minimales. • Relisez dans le Traité ce qui concerne « le membre », spécialement 144147 ; 3.65-69. 4. RÉÉCRITURE Pour la réécriture des parties qui comprennent des sous-parties, • lisez Traité, 301-304 ; 3.233-236. C. AU TRAVAIL ! 1. PARTIR DU BAS 1.1 La segmentation Étant donné l’acrostiche alphabétique, la segmentation, c’est-à-dire la division en segments, ne devrait poser aucun problème, car le texte lui-même l’indique. L’unique difficulté sera de vérifier de quel type sont les segments : en effet, théoriquement ils peuvent être bimembres, trimembres, et même unimembres. Arrivés à ce point des exercices, il n’est plus indispensable de mener une analyse détaillée de chaque segment, avec réécriture et description ou justification de la composition. En effet, quand on publie l’analyse d’un texte d’une telle ampleur, il serait disproportionné de s’arrêter à l’étude de chaque segment ; on commence donc au niveau supérieur du morceau ou de la partie. Cependant, vous pouvez répondre à deux questions seulement : – Quel est le segment le plus évident et le plus régulier ? Réécrivez-le et décrivez-le en détail. – Quels sont les segments qui comprennent plus de deux verbes ? Pourquoi, malgré cela, la plupart de ces segments sont-ils des bimembres ? En revanche, quels sont ceux qui peuvent être analysés comme des trimembres ?
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Les exercices: première partie, le passage
1.2 Regrouper les segments en morceaux Certains segments peuvent être regroupés, même si c’est de manière provisoire, car ils ont plusieurs éléments en commun et présentent une certaine cohérence. – Quels sont les paires de segments qui pourraient former un morceau ? 2. PARTIR D’EN HAUT 2.1 Mots Relevez systématiquement les mots identiques ou de la même racine, non plus à l’intérieur de chaque segment, mais dans l’ensemble du psaume. 2.2 Syntagmes a) Noter surtout les syntagmes identiques ou très semblables (un syntagme peut être un membre entier); b) Où se trouvent les syntagmes semblables que vous avez repérés dans l’ensemble du psaume ? c) Quelle est la caractéristique des premiers membres de 7 et de 18 ? d) Cette caractéristique se retrouve dans trois versets contigus. Lesquels ? e) Vous pouvez maintenant prendre une décision en ce qui concerne le verset 7 : doit-il être considéré comme un bimembre ou comme un trimembre ? f) Où se trouvent les deux occurrences du verbe « sauver » ? 2.3 Première hypothèse a) Étant donné les symétries relevées jusqu’ici, spécialement entre 5, 6, 18 et 20, mais aussi entre la fin de 7 et la fin de 19, étant donné aussi la position de ces versets dans l’ensemble du psaume, quelle première hypothèse se présente comme naturellement à l’esprit ? b) Pour vérifier si un groupe de segments forment véritablement une unité, le critère est celui de la cohérence : cohérence thématique et aussi cohérence formelle, à savoir la régularité de la composition. • réécrivez chacune des unités en elles-mêmes et décrivez-la, c’est-à-dire en notant les rapports entre les segments, du point de vue formel et thématique. • réécrivez aussi dans une seule réécriture les unités symétriques que vous avez relevées, en mettant en évidence leurs rapports ; entre ces unités qui se correspondent à distance mettez des points de suspension entre crochets : [...].
8. Ps 34
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c) Si vous avez identifié 5-7 et 18-20 comme des unités, quelles autres unités pouvez-vous identifier de ce fait ? Autrement dit, combien de segments y a-t-il avant 5-7 ? Et combien après 18-20 ? L’hypothèse que vous avez certainement posée doit cependant être immédiatement vérifiée, en suivant le critère de cohérence déjà énoncé. 2.4 Le reste du psaume a) Si nous mettons à part le titre (1), pour le moment, entre les quatre unités identifiées jusqu’ici quel versets restent à analyser ? b) Parmi ces dix segments, quels sont ceux que vous avez déjà regroupés dans le point 1.2 ? c) Si deux de ces groupes se trouvent en contiguïté, peut-être forment-ils une unité de niveau supérieur ? Essayez de voir s’ils forment une unité cohérente. d) Quels sont les versets qui n’ont pas encore été analysés ? e) Combien de questions y a-t-il dans le psaume ? f) Arrivé à ce point, quelle hypothèse pourrait-on tenter, étant donné que les quatre derniers segments (14-17) forment une unité ? g) Quelle est la situation que décrivent les versets 8-9 ? Quel est le sens du premier verbe, en relation avec le dernier ? h) Quand le mot « lions » est utilisé en sens métaphorique, à qui se réfère-t-il ? Étudiez ce mot dans le psautier. i) Maintenant, vous pouvez vérifier la cohérence de 8-9, puis de 8-11. k) Quel est le groupe de versets que vous n’avez pas encore analysé ? 2.5 Composition d’ensemble a) Comment sont disposées les unités identifiées jusqu’ici ? b) Quelles hypothèses peut-on imaginer pour organiser ces sept unités dans une composition d’ensemble ? Trois sont possibles. c) Toute hypothèse a besoin d’être vérifiée, et c’est toujours le critère de cohérence qui doit guider la recherche. Étudiez les rapports entre les deux unités extrêmes (2-4 et 21-23) pour voir si elles se correspondent étroitement. d) Étant donnés les résultats de la recherche du point précédent, quelles sont les hypothèses qui doivent être éliminées ? Quelle est par conséquent celle qui reste ? e) Examinez si l’ensemble formé par les trois dernières unités (14-17 ; 18-20 ; 21-23) est cohérent.
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Les exercices: première partie, le passage
f) Même chose pour l’ensemble formé par les trois premières unités (2-4 ; 5-7 ; 8-11). g) Étudiez les rapports entre 2-11 et 14-23. h) Quels sont les rapports entre les parties extrêmes (2-11 et 14-23) et la partie centrale ? g) Finalement, quels sont les rapports entre le titre (1) et le reste du psaume ?
9. Mc 6,1-6 & 7-13 A. LE TEXTE 7
kai. proskalei/tai tou.j dw,deka kai. h;rxato auvtou.j avposte,llein du,o du,o kai. evdi,dou auvtoi/j evxousi,an tw/n pneuma,twn tw/n avkaqa,rtwn( 8 kai. parh,ggeilen auvtoi/j i[na mhde.n ai;rwsin eivj o`do.n eiv mh. r`a,bdon mo,non( mh. a;rton( mh. ph,ran( mh. eivj th.n zw,nhn calko,n( 9 avlla. u`podedeme,nouj sanda,lia( kai. mh. evndu,shsqe du,o citw/najÅ 10 kai. e;legen auvtoi/j( {Opou eva.n eivse,lqhte eivj oivki,an( evkei/ me,nete e[wj a'n evxe,lqhte evkei/qenÅ 11 kai. o]j a'n to,poj mh. de,xhtai u`ma/j mhde. avkou,swsin u`mw/n( evkporeuo,menoi evkei/qen evktina,xate to.n cou/n to.n u`poka,tw tw/n podw/n u`mw/n eivj martu,rion auvtoi/jÅ 12 Kai. evxelqo,ntej evkh,ruxan i[na metanow/sin( 13 kai. daimo,nia polla. evxe,ballon( kai. h;leifon evlai,w| pollou.j avrrw,stouj kai. evqera,peuonÅ Problèmes textuels – Les trois premiers verbes sont coordonnés, mais le premier est au présent, le second à l’aoriste, le troisième à l’imparfait. On ne doit pas s’en étonner outre mesure : Marc en effet mêle souvent les temps, en particulier le présent et l’aoriste. – Au verset 8, monon est un adverbe et non un adjectif ; c’est pourquoi il est traduit non pas par « seul », mais par « seulement ». – Au verset 9, le participe parfait hypodedemenous est à l’accusatif masculin pluriel et il est difficile de déterminer sa fonction. Ce participe se réfère au pronom autois du début du v. 8 (« il leur ordonna ») et devrait donc être au datif comme le pronom. Certains le considèrent comme sujet d’un verbe infinitif sous-entendu1. Traduction proposée 7 Et il appelle les Douze et se mit à envoyer eux deux par deux et il donnait à eux autorité sur les esprits impurs, 8 et il ordonna à eux que rien ils ne prennent pour la route sinon un bâton seulement, ni pain, ni besace, ni dans la ceinture la monnaie, 9 mais ayant chaussé des sandales, et ne vêtez pas deux tuniques. 10 Et il disait à eux : « Où que vous entriez dans une maison, là demeurez jusqu’à ce que vous sortiez de là. 11 Et si un endroit n’accueille pas vous et ils n’écoutent pas vous, partis de là secouez la poussière de sous vos pieds en témoignage pour eux. 12 Et étant sortis ils proclamèrent afin qu’ils se convertissent, 13 et des démons nombreux ils chassaient, et ils oignaient d’huile de nombreux malades et ils (les) guérissaient.2
1 2
M. ZERWICK, Analysis philologica Novi Testamenti. La ponctuation de la traduction suit celle du texte grec (NA27 et GNT4).
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Les exercices: première partie, le passage
B. QUESTIONS MÉTHODOLOGIQUES Rigueur et souplesse Ce n’est pas la complexité qui détermine le statut d’une unité, mais sa fonction à l’intérieur de l’unité dont elle fait partie. Étant donné la définition des différentes unités – à savoir qu’une unité peut comprendre même une seule unité du niveau inférieur – un passage peut comprendre une seule partie, cette partie peut comprendre un seul morceau, ce morceau peut être formé d’un seul segment et ce segment peut être un unimembre, c’est-à-dire être formé d’un seul membre ! Le système est donc très rigoureux et en même temps très flexible. • Lisez Traité, « 1. Le passage » : premier paragraphe : 195 ; 3.114. – Par exemple, le Ps 113 comprend cinq parties (voir Traité, 199 ; 3.116) : la seconde est formée de trois morceaux, l’avant-dernière de deux morceaux, mais la partie centrale ne comprend qu’un seul segment et celui-ci est unimembre. Les parties extrêmes aussi comprennent un seul membre et celui-ci est réduit à un seul terme hébreu : « Alleluia » (traduit par « Louez Yah »). – Déjà dans le texte de Jr 17,5-8 la première partie qui introduit l’oracle comprend un seul segment unimembre : « Ainsi parle le Seigneur ». – Il existe même des cas où un passage est de la taille d’un segment, par ex., le passage central de la séquence de Mc 10,1-52 est le segment bimembre du verset 30 : « Beaucoup de premier seront derniers, et les derniers premiers » (voir Traité, 495.570 ; 3.421.496). Réécriture Pour la réécriture du passage, chaque partie est placée dans un cadre. Les parties symétriques sont également renfoncées. Quand le passage est de composition concentrique, la partie centrale est plus renfoncée que les autres : • relisez Traité, 304-307 ; 3.236-239. Il existe toutefois une exception à la règle des cadres: • lisez Traité, 309-312 ; 3.241-242.
9. Mc 6,1-6 & 7-13
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Histoire L’analyse rhétorique biblique n’est pas née d’hier : on s’accorde pour la faire commencer au milieu du XVIIe siècle, en 1753 ! La connaissance de son histoire est riche d’enseignements. Trop de chercheurs contemporains ignorent, hélas, ce qu’avaient découvert nos prédécesseurs il y a plus de deux siècles. C’est pourquoi le premier chapitre des deux premières éditions du Traité retrace l’histoire de ces découvertes, avec de longues citations des auteurs les plus importants. Vous ne perdrez certainement pas votre temps à parcourir l’histoire de cette aventure scientifique. • lisez www.retoricabiblicaesemitica.org: «I testi fondatori» > « Historique ». À l’occasion de cette lecture – qu’il est mieux de ne pas faire d’une traite pour éviter une overdose – vous verrez combien de textes de l’Ancien comme du Nouveau Testament ont déjà été analysés. Ne sont citées que les analyses qui ont semblé être les mieux fondées. Pour qui voudrait consulter l’une ou l’autre œuvre des « fondateurs » de l’analyse rhétorique biblique qui ont travaillé au début du XIXe siècle, ces ouvrages sont désormais disponibles sur internet : • voir www.retoricabiblicaesemitica.org: «I testi fondatori».
C. AU TRAVAIL ! La composition de ce passage de Marc n’est pas difficile à découvrir et c’est pourquoi il n’a pas semblé nécessaire de proposer quelque aide que ce soit. Il suffit d’appliquer les procédures désormais bien connues, en partant d’abord d’en-bas, puis d’en haut. Quand vous aurez fini, c’est-à-dire quand vous aurez non seulement réécrit le texte pour visualiser sa composition, mais quand vous aurez aussi décrit ou justifié la composition, alors vous pourrez aller comparer votre travail avec la « solution ».
Attention ! Ce n’est pas fini ! Quand vous aurez fini l’exercice, allez à la page suivante...
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Les exercices: première partie, le passage
A’. UN AUTRE TEXTE Vous avez déjà pu noter un grand nombre d’exemples de binarité, aux différents niveaux d’organisation des textes, depuis le segment jusqu’aux parties qui constituent un passage. La binarité caractérise aussi le présent exercice ! En effet, quand vous aurez fini l’analyse rhétorique de Mc 6,7-13, étudiez aussi celle du passage précédent (Mc 6,1-7) : 1
Kai. evxh/lqen evkei/qen kai. e;rcetai eivj th.n patri,da auvtou/( kai. avkolouqou/sin auvtw/| oi` maqhtai. auvtou/Å 2 kai. genome,nou sabba,tou h;rxato dida,skein evn th/| sunagwgh/|( kai. polloi. avkou,ontej evxeplh,ssonto le,gontej( Po,qen tou,tw| tau/ta( kai. ti,j h` sofi,a h` doqei/sa tou,tw|( kai. ai` duna,meij toiau/tai dia. tw/n ceirw/n auvtou/ gino,menaiÈ 3 ouvc ou-to,j evstin o` te,ktwn( o` ui`o.j th/j Mari,aj kai. avdelfo.j VIakw,bou kai. VIwsh/toj kai. VIou,da kai. Si,mwnojÈ kai. ouvk eivsi.n ai` avdelfai. auvtou/ w-de pro.j h`ma/jÈ kai. evskandali,zonto evn auvtw/|Å 4 kai. e;legen auvtoi/j o` VIhsou/j o[ti ouvk e;stin profh,thj a;timoj eiv mh. evn th/| patri,di auvtou/ kai. evn toi/j suggeneu/sin auvtou/ kai. evn th/| oivki,a| auvtou/Å 5 kai. ouvk evdu,nato evkei/ poih/sai ouvdemi,an du,namin( eiv mh. ovli,goij avrrw,stoij evpiqei.j ta.j cei/raj evqera,peusenÅ 6 kai. evqau,mazen dia. th.n avpisti,an auvtw/nÅ Kai. perih/gen ta.j kw,maj ku,klw| dida,skwnÅ Traduction proposée 1
Et il sortit de là et il vient dans la patrie de lui, et l’accompagnent les disciples de lui. 2 Et advenu le sabbat il se mit à enseigner dans la synagogue, et beaucoup écoutant se stupéfiaient disant, « D’où à celui-là cela, et quelle (est) la sagesse donnée à celui-là, et de telles puissances par ses mains advenant ? 3 Celui-ci n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie et frère de Jacques et Joset et Jude et Simon ? Et ne sont-elles pas les sœurs de lui ici parmi nous ? Et ils se scandalisaient sur lui. 4 Et il disait à eux Jésus que « Il n’est pas un prophète méprisé sinon dans la patrie de lui et chez les proches de lui et dans la maison de lui ». 5 Et il ne pouvait là faire aucune puissance, sinon sur peu de malades posant les mains il (les) guérit. 6 Et il s’étonnait à cause de leur incrédulité. Et il parcourait les villages alentour en enseignant. B’. AU TRAVAIL, UNE DEUXIÈME FOIS ! Pour ce passage aussi vus devriez être capable de marcher tout seul, sans être tenu par la main ! N’oublie pas ce qui a été dit sur la réécriture, au bas de la p. 66.
10. Ps 98 A. TEXTE 1 mizmôr šîrû lyhwh šîr ḥādāš kî-niplā’ôt ‘āśâ hôšî‘â-llô yemînô ûzerôa‘ qodšô 2 hôdîa‘ yhwh yešû‘ātô le‘ênê haggôyim gillâ ṣidqātô 3 zākar ḥasdô we’ĕmûnātô e l bêt yiśrā’ēl rā’û kol-’apsê-’āreṣ ’ēt yešû‘at ’ĕlōhênû 4 hārî‘û lyhwh kol-hā’āreṣ piṣḥû werannenû wezammērû 5 zammerû lyhwh bekinnôr bekinnôr weqôl zimrâ 6 baḥăṣōṣrôt weqôl šôpār hārî‘û lipnê hammelek yhwh 7 yir‘am hayyām ûmelō’ô tēbēl weyōšbê bāh 8 nehārôt yimḥă’û-kāp yaḥad hārîm yerannēnû 9 lipenê-yhwh kî bā’ lišpōṭ hā’āreṣ yišpōṭ-tēbēl beṣedeq we‘ammîm bemêšārîm Traduction proposée 1 Psaume chantez au Seigneur un chant nouveau car des merveilles il a fait l’a sauvé sa droite et le bras de sa sainteté 2 il a fait-connaître le Seigneur son salut aux yeux des nations il a révélé sa justice 3 il s’est rappelé sa fidélité et sa loyauté à la maison d’Israël ils ont vu tous les confins de la terre le salut de notre Dieu 4 acclamez le Seigneur toute la terre criez et exultez et psalmodiez 5 psalmodiez pour le Seigneur avec la cithare avec la cithare et au son de la psalmodie 6 avec les trompettes et au son du cor acclamez devant le roi Seigneur. 7 que gronde la mer et sa plénitude le monde et les habitants en elles 8 que les fleuves battent des mains qu’ensemble les montagnes exultent 9 devant le Seigneur car il vient pour juger la terre il jugera le monde avec justice et les peuples avec droiture. B. MÉTHODE LES LIMITES DES UNITÉS On ne sera assuré des limites d’une unité que lorsqu’on aura déterminé aussi les limites de l’unité précédente et celles de la suivante. Dans le cas d’un segment, on ne saura s’il s’agit d’un bimembre ou d’un trimembre, ou même d’un unimembre, que lorsque les segments qui l’entourent auront été identifiés. Dans le Traité, Ps 57,8ab est analysé comme un bimembre à cinq termes1 : – nākôn – nākôn
libbî libbî
’ĕlōhîm
– Est-prêt – est-prêt
mon cœur, mon cœur.
Dieu,
Or le texte massorétique présente l’ensemble du verset comme un trimembre : 1
Traité, 159 ; 3.81 ; voir aussi p. 258 ; 3.176.
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Les exercices: première partie, le passage – nākôn – nākôn : ’āšîrâ
libbî libbî wa’ăzammērâ
’ĕlōhîm
– Est-prêt – est-prêt : je chanterai
mon cœur, mon cœur : et je jouerai.
Dieu,
Le segment suivant est un trimembre clairement délimité : - 9 ‘ûrâ - ‘ûrâ .. ’ā‘îrâ
kebôdî hannēbel ššāḥar
wekinnôr
: 9 Éveille-toi, : éveille-toi, : que j’éveille
ma gloire, harpe l’aurore !
et cithare,
En effet, le même verbe marque le début de chaque membre, jouant donc le rôle de « termes initiaux ». Les deux segments précédents forment un morceau de construction parallèle : + 7 rešet - kāpap
napšî
+ KĀRÛ - nāplû
lepānay betôkāh
šîḥâ selâ
+ 7 Un filet - était courbée
ILS TENDAIENT
sous mes pas,
+ ILS CREUSAIENT - ils sont tombés
devant moi dedans
HĒKÎNÛ
lip‘āmay
mon âme ; une trappe, selâ
L’analyse de Ps 57,8ab dans le Traité peut donc être considérée comme erronée ! En tout cas pour le moment ; mais nous y reviendrons. Les limites des unités les plus petites, les segments, doivent être considérées comme des hypothèses, non seulement tant que les autres segments n’ont pas été eux aussi identifiés, mais encore tant que les niveaux supérieurs n’auront pas été analysés. En ce qui concerne les psaumes, il faut aller jusqu’à l’ensemble du psaume, en passant par les morceaux, les parties et, le cas échéant, les sousparties. Dans les autres livres bibliques, il faut aller plus loin, jusqu’à la « séquence » – ou ensemble organique de passages – et même à la « section » – ou ensemble composé de séquences – et, si l’on veut être tout à fait logique et rigoureux, jusqu’aux limites du « livre » entier.
10. Ps 98
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C. AU TRAVAIL ! 1. DIVISION EN MEMBRES Réécrivez le texte, un membre par ligne. Brièvement, justifiez vos décisions. 2. SEGMENTATION Les segments les plus évidents Cherchez à regrouper les membres en segments, en commençant par les plus évidents et les plus indiscutables. Explicitez par écrit vos raisons ; autrement dit, décrivez la composition de chaque segment après avoir fait sa réécriture. Que faire avec le reste ? Une fois identifiés les segments les plus incontestables, il est probable qu’il y ait des « restes ». Supposons que vous ayez identifié le bimembre de 5 et de même celui de 8. – Que faire avec 6-7 ? Voici quelques questions à se poser : . combien de phrases dans ces deux versets ? . à quel autre verset ressemble le verset 7 ? . et à quel autre verset ressemble le verset 6 ? – Que faire avec 3-4, qui se trouvent entre les bimembres des versets 2 et 5 ? . combien de verbes dans le verset 4 ? . comment sont reliés les trois derniers ? . ces verbes ont-ils un sujet exprimé ? un objet ? . combien des phrases dans le verset 3 ? . combien de termes comprennent chacune de ces phrases ? 3. UNE HYPOTHÈSE DE COMPOSITION D’ENSEMBLE. Les répétitions Avant d’essayer d’imaginer quelle pourrait être la composition de l’ensemble du psaume, il convient de repérer les mots qui reviennent. Les « mots », pas seulement les lexèmes ! Donc les morphèmes aussi. C’est un travail purement formel, mais fort utile et même indispensable. Faites-le sur la traduction, mais si vous connaissez l’hébreu, il est incomparablement mieux de le faire sur la langue originale. Ce qui conduira, très probablement, à corriger la première traduction. Encore une fois, il est bon de se limiter aux strictes répétitions, laissant de côté synonymes et antonymes : seules les reprises identiques sont indiscutables.
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Les exercices: première partie, le passage
La fonction des répétitions Il faut maintenant essayer de découvrir la fonction des répétitions. Rappelezvous que toutes les répétitions ont une fonction, mais le problème est de déterminer à quel niveau elles jouent. – À part le trimembre final, quel est le segment où des mots sont répétés ? – Quelle est la fonction de ces reprises à l’intérieur du segment ? – Quelle est la fonction des deux « psalmodiez » de 4b et 5a ? – Et la fonction des deux « et au son de » en 5b et 6a ? – Quelle hypothèse pourriez-vous faire à propos de ces trois bimembres ? – Quelle fonction pourraient remplir les deux occurrences de « acclamez » en 4a et en 6b ? – Réécrivez 4-6, en faisant ressortir les rapports entre les segments, mais non plus ceux qui marquent les rapports entre les membres de chaque segment. – Dans ce morceau, auriez-vous oublié les formes morphologiques, par hasard ? – À quel mode, quelle personne, quel nombre sont les verbes du morceau ? – Vous pouvez les souligner dans votre réécriture. – Quelles observations pouvez-vous faire maintenant ? – Pour vous mettre, si nécessaire, sur le chemin, quels sont les impératifs qui sont répétés ? Et où se trouvent-ils ? – Pourriez-vous visualiser ces correspondances avec des signes typographiques précédant les membres ? – Au plan sémantique, quelle pourrait être la différence entre « acclamer » et « psalmodier » ? Pensez aussi aux instruments utilisés.
– Vous avez noté que tous les verbes de 4-6 sont à l’impératif. Qu’en est-il pour ceux des deux segments suivants ? – Quel serait l’ensemble où des ordres sont donnés ? – Si, comme vous l’avez déjà vu, les trois bimembres de 4-6 forment un morceau, qu’en sera-t-il de 7-9a ? – Réécrivez l’ensemble de ces deux morceaux, en mettant en relief non plus les rapports internes à chacun, mais seulement les rapports entre les deux morceaux. – Identifiez les fonctions de ces rapports.
10. Ps 98
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Hypothèse d’ensemble – Quel est le mot qui suit immédiatement les deux morceaux dont il vient d’être question ? – À quel mode est le verbe conjugué du dernier verset ? – Quelle est la nature et la fonction syntaxique de la proposition qui commence en 9b ? – Où se retrouve le mot par lequel commence le dernier trimembre ? – Maintenant, si ce n’est déjà fait, il est temps de penser à une hypothèse d’ensemble. Retour à la segmentation Nous avions laissé de côté de qui précédait le verset 2. C’est qu’il valait mieux attendre d’avoir élaboré une possible construction d’ensemble. – Comment segmenter le verset 1 ? Réécriture du psaume Vous avez déjà réécrit l’ensemble des deux morceaux 4-6 et 7-9a et, avant cela, le trimembre 9bcd. La réécriture de l’invitatoire très court du premier versant ne pose pas de problème et elle vient d’être faite. En revanche il convient maintenant de réécrire la motivation du premier versant du psaume. – Combien de segment comprend cette motivation ? – Comment les ordonner ? En combien de morceaux ? Comment procéder pour cela ? Il est temps d’arriver à l’ensemble du psaume. Le niveau supérieur à celui du morceau est celui de la partie. Rappelons que la partie comprend un, deux ou trois morceaux. Il faut donc maintenant regrouper les morceaux en parties. – Nous avons déjà vu que l’invitatoire et sa motivation doivent être distingués. – Cependant ils sont liés du fait que « car » (kî) subordonne la causale à la principale ou aux principales qui la régissent2. Peut-on couper une phrase en deux et répartir les propositions qui la composent dans deux parties distinctes ? – Comment concilier les deux exigences, de distinction et de liaison qui viennent d’être énoncées ? N’oubliez pas la hiérarchie des niveaux : membre, segment, morceau, partie (et éventuellement sous-partie), passage. – Tentez une réécriture. Et rédigez une description de la composition : relevez non seulement les ressemblances mais aussi les différences entre les deux parties. 2
En français, « car » est une conjonction de coordination ; en hébreu au contraire kî est une conjonction de subordination. Il serait donc plus précis de la traduire avec « parce que » ; toutefois les trois syllabes de « parce que » sont bien longues ; « car » respecte mieux le rythme.
11. Ap 19,1-8 A. LE TEXTE 1
Meta. tau/ta h;kousa w`j fwnh.n mega,lhn o;clou pollou/ evn tw/| ouvranw/| lego,ntwn\ a`llhloui?a,\ h` swthri,a kai. h` do,xa kai. h` du,namij tou/ qeou/ h`mw/n( 2 o[ti avlhqinai. kai. di,kaiai ai` kri,seij auvtou/\ o[ti e;krinen th.n po,rnhn th.n mega,lhn h[tij e;fqeiren th.n gh/n evn th/| pornei,a| auvth/j( kai. evxedi,khsen to. ai-ma tw/n dou,lwn auvtou/ evk ceiro.j auvth/jÅ 3 kai. deu,teron ei;rhkan\ a`llhloui?a,\ kai. o` kapno.j auvth/j avnabai,nei eivj tou.j aivw/naj tw/n aivw,nwnÅ 4 kai. e;pesan oi` presbu,teroi oi` ei;kosi te,ssarej kai. ta. te,ssara zw/|a kai. proseku,nhsan tw/| qew/| tw/| kaqhme,nw| evpi. tw/| qro,nw| le,gontej\ avmh.n a`llhloui?a,( 5 Kai. fwnh. avpo. tou/ qro,nou evxh/lqen le,gousa\ aivnei/te tw/| qew/| h`mw/n pa,ntej oi` dou/loi auvtou/ Îkai.Ð oi` fobou,menoi auvto,n( oi` mikroi. kai. oi` mega,loiÅ 6 Kai. h;kousa w`j fwnh.n o;clou pollou/ kai. w`j fwnh.n u`da,twn pollw/n kai. w`j fwnh.n brontw/n ivscurw/n lego,ntwn\ a`llhloui?a,( o[ti evbasi,leusen ku,rioj o` qeo.j Îh`mw/nÐ o` pantokra,twrÅ 7 cai,rwmen kai. avgalliw/men kai. dw,swmen th.n do,xan auvtw/|( o[ti h=lqen o` ga,moj tou/ avrni,ou kai. h` gunh. auvtou/ h`toi,masen e`auth.n 8 kai. evdo,qh auvth/| i[na periba,lhtai bu,ssinon lampro.n kaqaro,n\ to. ga.r bu,ssinon ta. dikaiw,mata tw/n a`gi,wn evsti,nÅ
Traduction littérale 1
Après cela j’entendis comme une voix grande d’une foule nombreuse dans le ciel disant : « Alléluia ! Salut et gloire et puissance du Dieu de nous, 2 parce que véridiques et justes les jugements de lui, parce qu’il a jugé la grande prostituée qui corrompait la terre par sa prostitution et il a vengé le sang des serviteurs de lui de la main d’elle. » 3 Et une deuxième fois ils dirent : « Alléluia ! et sa fumée monte dans les siècles des siècles. » 4 Et tombèrent les vieillards les vingt-quatre et les quatre vivants et ils se prosternèrent devant Dieu assis sur le trône, disant : « Amen, Alléluia ! 5 Et une voix du trône sortit disant : « Louez le Dieu de nous, tous les serviteurs de lui [et] les craignant lui, les petits et les grands. » 6 Et j’entendis comme une voix d’une foule nombreuse et comme une voix d’eaux nombreuses et comme une voix de tonnerres puissants disant : « Alléluia ! parce qu’il règne le Seigneur, le Dieu [de nous] tout-puissant. 7 Réjouissonsnous et exultons et donnons la gloire à lui, parce qu’est venue la noce de l’Agneau et l’épouse de lui s’est préparée elle-même 8 et a été donné à elle de se revêtir de lin éclatant pur ; en effet le lin les justices des saints est. »
B. MÉTHODOLOGIE Dans les exercices précédents nous avons dit plusieurs fois que, pour découvrir la composition d’un texte, il est nécessaire de combiner deux approches : à partir du bas puis à partir du haut. Ces deux mouvements sont complémentaires et comme tels pratiquement indispensables. Mais par lequel commencer ? Le choix dépend souvent des préférences personnelles, mais aussi de l’extension du texte que l’on affronte. Dans le cas d’unités plus étendues, par exemple un ou deux chapitres qui pourraient former une séquence ou une section, il semble plus approprié de s’approcher du texte en le considérant de plus haut, au moins dans un premier
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Les exercices: première partie, le passage
temps, cherchant en particulier à se concentrer sur les répétitions les plus marquantes et les plus significatives du point de vue formel, parce que celles-ci aident à ne pas se perdre dans les multiples détails. Avec un texte plus court, qui pourrait former une partie ou un passage, on commence habituellement à partir du bas, faisant la segmentation, identifiant ensuite les morceaux les plus évidents et laissant provisoirement de côté les membres et les segments les plus problématiques. Ensuite, l’examen conduit à partir d’en haut fournit habituellement des arguments plus décisifs, non seulement pour décider de la délimitation des morceaux et parties, mais aussi pour vérifier la segmentation déjà effectuée. Mais quelquefois, même dans les textes plutôt brefs, on peut commencer par l’analyse à partir d’en haut, spécialement si dans ces textes on observe des régularités de type plus général, par exemple, l’alternance entre narration et discours. C’est justement le cas pour le texte du présent exercice. Il semble donc opportun de commencer l’analyse de la composition avec une vision plus large, c’està-dire à partir d’en haut. C. AU TRAVAIL ! 1. PARTONS D’EN HAUT Voici quelques questions qui pourraient guider votre analyse : a) Où se trouvent et combien de fois apparaissent dans le texte narration et discours direct ? Marquez ces unités par deux couleurs différentes. b) Quel est le syntagme le plus long et le plus complexe qui se répète dans la narration, de manière presque identique, deux fois seulement ? Où se trouvet-il ? Quelle pourrait être la fonction de ces deux occurrences ? c) Qui sont les protagonistes du premier et du dernier discours ? En quel rapport se trouvent les personnages féminins ? Avec quel verset s’achève la description du premier protagoniste ? Tenant compte de ce fait, comment devrait être délimitée la première partie du passage ? De manière analogue, comment devrait être délimitée la dernière partie ? d) Tournez maintenant votre attention sur ce qui reste entre les parties extrêmes, où se trouvent deux narrations suivies de deux discours. Les débuts de ces deux discours ont-ils quelque chose en commun ? Relevez aussi les autres ressemblances entre les versets 4 et 5. e) Prenant en considération les ressemblances remarquées au point d., combien de parties comprendrait le passage, et comment seraient-elles délimitées ? Vous êtes probablement arrivé à formuler une première hypothèse sur l’organisation du texte, qui devra ensuite être vérifiée par l’analyse « à partir d’en bas ». Avant de vous y employer, il sera utile de consacrer un peu de temps pour
11. Ap 19,1-8
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noter les principaux rapports entre les parties du passage que vous avez déjà identifiées, même si c’est encore de manière hypothétique. 2. PASSONS À LA SEGMENTATION Ayant achevé l’analyse à partir du haut, qui vous a permis d’arriver à une hypothèse sur la composition générale du passage, le moment est venu de compléter la recherche par l’analyse à partir du bas. Il vous faut donc procéder à la segmentation du texte de chaque partie identifiée jusque-là. La division en membres n’est pas toujours facile, surtout dans les unités narratives qui cherchent à transmettre beaucoup de données de manière synthétique, développant des phrases longues quand bien même elles sont régies par un seul prédicat. En ce cas n’oubliez pas que le rythme représente un critère important pour la division en membres. 3. L’ANALYSE DE CHAQUE PARTIE ET DE L’ENSEMBLE Le travail de segmentation et du regroupement des segments en morceaux doit déboucher sur la réécriture de chacune des parties, puis de l’ensemble du passage. L’analyse des rapports formels à l’intérieur des parties puis de l’ensemble, qui sera menée ensuite, vous aidera à vérifier la validité de l’hypothèse de composition à laquelle vous êtes arrivé. En rédigeant la description de la composition, soit au niveau des parties, soit au niveau du passage, vous pourrez vérifier et consolider ultérieurement votre hypothèse, et peut-être aussi à découvrir d’autres relations intratextuelles que vous n’aviez pas encore découvertes.
RETOUR SUR LE PROBLÈME DE PS 57,8 Nous avions examiné le cas d’un segment dont les limites faisaient problème (voir p. 69-70) ; nous l’avions laissé provisoirement en suspens et nous avions dit que nous y serions revenus. La question est en effet d’importance. Les limites d’une unité ne seront assurées que lorsque celles de l’unité précédente et de l’unité suivante le seront-elles aussi ; il s’ensuit que, de proche en proche, toutes les unités du texte devront été identifiées. En outre, il faut que chaque unité, à tous les niveaux d’organisation du texte, ait trouvé sa place et sa fonction dans l’ensemble (voir Traité, 151-152.170 ; 3.73-74.90). Sans qu’il soit possible de le prouver ici, le psaume 57 comprend deux parties parallèles (2-6 et 7-12) ; elles s’achèvent par deux versets identiques qui jouent le rôle de termes finaux : « Élève-toi sur les cieux, Dieu, sur toute la terre ta gloire. » La deuxième partie s’organise, comme la première, en trois sousparties. C’est d’abord l’annonce du salut (7) : les ennemis du psalmiste sont tombés dans le piège qu’ils lui avaient tendu. Dans la dernière sous-partie (1112) le psalmiste confesse « l’amour » et la « fidélité » que Dieu a manifesté ainsi à son égard. Dans la sous-partie centrale (8-10), il dit qu’il est prêt à chanter et jouer pour le Seigneur :
78
Les exercices: première partie, le passage
+ 7 Un filet - était courbée
ils tendaient
+ ils creusaient - ils sont tombés
devant moi dedans.
une trappe,
mon cœur, mon cœur :
Ô DIEU,
.. 8 Est prêt .. est prêt
sous mes pas,
mon âme ;
ET JE JOUERAI ! = je chanterai ························································································
.. 9 Éveille-toi, .. éveille-toi, .. que j’éveille = 10 Je te louerai = JE JOUERAI POUR TOI
ma GLOIRE ; harpe l’aurore !
et cithare,
chez les peuples, dans les pays.
SEIGNEUR,
:: 11 Oui, grand -
jusqu’aux cieux et jusqu’aux nues,
ton amour, ta fidélité.
:: 12 Élève-toi -
sur les cieux, sur toute la terre,
DIEU, ta GLOIRE !
La sous-partie centrale (8-10) comprend deux morceaux parallèles entre eux. Le second totalise cinq membres, un trimembre (9) et un bimembre (10) ; le premier ne compte que trois membres (8) et l’on pourrait, à l’instar du texte massorétique, le considérer comme un trimembre. Toutefois, au niveau supérieur de la sous-partie, le parallélisme conduit à l’analyser différemment. En effet, les deux membres de 8ab commencent de manière identique et les trois membres de 9abc commencent eux aussi de la même façon, avec le même verbe. Quant aux deux membres de 10, ils ont leur correspondant dans le troisième membre de 8 dont les deux verbes coordonnés annoncent les deux verbes par lesquels commencent 10a et 10b (les seconds verbes sont identiques). Il est donc possible et préférable de dire que, de même que le second morceau est formé indiscutablement de deux segments (9 et 10), ainsi le premier comprend lui aussi deux segments, un bimembre (8ab) suivi d’un unimembre (8c).
12. Un jeu A. LE TEXTE Voici un texte en pièces détachées. Découpez les pièces en suivant les pointillés, puis « remontez-le », en notant l’ordre que vous avez adopté et en mettant par écrit les raisons de vos choix. UC. peh-lāhem elles-ont-une-bouche
SC. yedêhem deux-mains-à-elles
BO. ma‘ăśeh yedê ’ādām faites par les mains de l’homme
HE. welō’ yedabbērû et elles ne parlent pas
AB. kemôhem yihyû ‘ōśêhem comme-elles sont ceux-qui-les-font
IR.
IE.
welō’ yemîšûn et elles ne palpent pas
bigrônām dans-leur-gorge
LA. welō’ yerîḥûn et elles ne sentent pas
ND. ’ap lāhem elles ont un nez
ES. lō’-yehgû elles ne murmurent pas
NC. raglêhem deux-pieds-à-elles
LE. kōl ’ăšer-bōṭēaḥ bāhem tous ceux qui se fient en elles
RE. welō’ yišmā‘û et elles n’entendent pas
SA. welō’ yir’û et elles ne voient pas
LA. ‘ăṣabbêhem kesep wezāhāb leurs idoles (sont) argent et or
GE. ’oznayim lāhem elles ont deux-oreilles
DU. ‘ênayim lāhem elles ont deux-yeux
ED. welō’ yehallēkû et elles ne marchent pas
B. MÉTHODE Il existe trois types de composition : parallèle, spéculaire, concentrique. Voir Traité,
1. Symétries totales, 218-219 ; 3.138-139. 2.2 Composition spéculaire à distance, 252-255 ; 3.170-174. 3. Composition concentrique, 256-265 ; 3.174-182.
80
Les exercices: première partie, le passage
À propos de la composition concentrique, n’oubliez pas celle que vous avez découverte dans Ps 98,2-3, durant l’exercice précédent. C. AU TRAVAIL ! Quand vous aurez fait votre reconstitution, voici quelques questions qui, si vous en avez envie, pourraient vous aider à découvrir la composition du texte : – Vous avez sûrement mis ensemble GE – RE
DU – SA
ND – LA
UC – HE
SC – IE
NC – ED
Quel est le point commun entre toutes ces phrases, du point de vue syntaxique ? Maintenant vous devez savoir que chacun de ces six groupes est considéré par le texte massorétique comme un seul membre (et non deux). – Quel est le point commun entre ces six membres du point de vue sémantique (c’est-à-dire du sens) ? – Quel est le membre qui appartient au même champ sémantique, mais qui n’a pas la même construction syntaxique ? – Dans quel ordre avez-vous mis les deux éléments de ce membre ? – Un autre ordre serait-il possible ? – Nous avons maintenant six membres qui décrivent les parties du corps. Dans quel ordre les avez-vous disposés ? Pourquoi ? – Quelle est la partie du corps qui n’a pas de correspondant, qui se trouve en quelque sorte isolée ? – « Yeux » et « oreilles » ne sont pas synonymes, mais complémentaires ; et de la même façon « mains » et « pieds ». Quels sont les deux éléments dans lesquels les parties du corps et les verbes sont pratiquement synonymes ? – Vous avez probablement mis ensemble EO et OM, ainsi que DI et DO, dans cet ordre (ou peut-être dans un autre ordre) LA. leurs idoles sont argent et or BO. faites par les mains de l’homme AB. comme elles sont ceux qui les font LE. tous ceux qui se fient en elles
Ce sont deux segments bimembres. Quel est le référent des pronoms « elles » en AB-LE ? Y a-t-il des mots identiques d’un segment à l’autre ? Où se trouvent-ils ? – Maintenant est venu le temps de reprendre la reconstitution pour arriver à une composition tout à fait régulière. Rappelez-vous que la composition parallèle n’est pas la seule possible ! – Tentez une réécriture qui donne à voir la composition du texte.
12. Un jeu
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Vérification Quand vous aurez contrôlé votre travail avec la correction de l’exercice que vous venez de finir, vous pourrez faire la reconstitution suivante, sans aide cette fois-ci, pour vérifier si vous avez bien assimilé la « leçon » : C. peh- lāhem welō’ yedabbērû elles ont une bouche et ne parlent pas
U. ‘ênayim lāhem welō’ yir’û elles ont deux-yeux et ne voient pas
S. kōl ’ášer- bōṭēaḥ bāhem tous ceux qui se fient en elles
A. ma‘áśeh yedê ’ādām faites par les mains de l’homme
I. ’oznayim lāhem welō’ ya’ázînû elles ont deux-oreilles et n’entendent pas
V. ‘áṣabbê haggôyim kesep wezāhāb les idoles des nations (sont) argent et or
É. kemôhem yihyû ‘ōśêhem comme elles sont ceux qui les font
T. ’ap ’ên-yeš-rûaḥ bepîhem oui, il n’y a pas de souffle dans leur bouche
Vous ne devriez pas trouver de difficulté à reconstruire le texte1.
1
Si vous avez réussi à retrouver l’ordre original, les lettres des cartes formeront un mot.
LES EXERCICES
DEUXIÈME PARTIE La séquence
1. Mc 6,1-13 Dans le neuvième exercice de la première partie, vous avez analysé deux passages de l’évangile de Marc (6,7-13 ; puis 1-6). Dans la séquence dont ils font partie (6,1-44), ces deux passages forment une « sous-séquence ». A. LE TEXTE 1
Kai. evxh/lqen evkei/qen kai. e;rcetai eivj th.n patri,da auvtou/( kai. avkolouqou/sin auvtw/| oi` maqhtai. auvtou/Å 2 kai. genome,nou sabba,tou h;rxato dida,skein evn th/| sunagwgh/|( kai. polloi. avkou,ontej evxeplh,ssonto le,gontej( Po,qen tou,tw| tau/ta( kai. ti,j h` sofi,a h` doqei/sa tou,tw|( kai. ai` duna,meij toiau/tai dia. tw/n ceirw/n auvtou/ gino,menaiÈ 3 ouvc ou-to,j evstin o` te,ktwn( o` ui`o.j th/j Mari,aj kai. avdelfo.j VIakw,bou kai. VIwsh/toj kai. VIou,da kai. Si,mwnojÈ kai. ouvk eivsi.n ai` avdelfai. auvtou/ w-de pro.j h`ma/jÈ kai. evskandali,zonto evn auvtw/|Å 4 kai. e;legen auvtoi/j o` VIhsou/j o[ti Ouvk e;stin profh,thj a;timoj eiv mh. evn th/| patri,di auvtou/ kai. evn toi/j suggeneu/sin auvtou/ kai. evn th/| oivki,a| auvtou/Å 5 kai. ouvk evdu,nato evkei/ poih/sai ouvdemi,an du,namin( eiv mh. ovli,goij avrrw,stoij evpiqei.j ta.j cei/raj evqera,peusenÅ 6 kai. evqau,mazen dia. th.n avpisti,an auvtw/nÅ Kai. perih/gen ta.j kw,maj ku,klw| dida,skwnÅ 7 kai. proskalei/tai tou.j dw,deka kai. h;rxato auvtou.j avposte,llein du,o du,o kai. evdi,dou auvtoi/j evxousi,an tw/n pneuma,twn tw/n avkaqa,rtwn( 8 kai. parh,ggeilen auvtoi/j i[na mhde.n ai;rwsin eivj o`do.n eiv mh. r`a,bdon mo,non( mh. a;rton( mh. ph,ran( mh. eivj th.n zw,nhn calko,n( 9 avlla. u`podedeme,nouj sanda,lia( kai. mh. evndu,shsqe du,o citw/najÅ 10 kai. e;legen auvtoi/j( {Opou eva.n eivse,lqhte eivj oivki,an( evkei/ me,nete e[wj a'n evxe,lqhte evkei/qenÅ 11 kai. o]j a'n to,poj mh. de,xhtai u`ma/j mhde. avkou,swsin u`mw/n( evkporeuo,menoi evkei/qen evktina,xate to.n cou/n to.n u`poka,tw tw/n podw/n u`mw/n eivj martu,rion auvtoi/jÅ 12 Kai. evxelqo,ntej evkh,ruxan i[na metanow/sin( 13 kai. daimo,nia polla. evxe,ballon( kai. h;leifon evlai,w| pollou.j avrrw,stouj kai. evqera,peuonÅ
Traduction proposée 1
Et il sortit de là et il vient dans sa patrie et l’accompagnent ses disciples. 2 Et venu le sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Et beaucoup, entendant, se stupéfiaient disant : « D’où à celui-là cela et quelle est la sagesse donnée à celui-là, et de telles puissances par ses mains advenant ? 3 Celui-ci n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de José et de Jude et de Simon ? Et ne sont-elles pas ses sœurs parmi nous ? » Et ils se scandalisaient sur lui. 4 Et leur disait Jésus : « Un prophète n’est pas méprisé sinon dans sa patrie et chez ses proches et dans sa maison. » 5 Et il ne pouvait pas là faire aucune puissance, sinon sur peu de malades imposant les mains, il (les) guérit. 6 Et il s’étonnait à cause de leur incrédulité. Et il parcourrait les villages alentour en enseignant. 7
Et il appelle les Douze et se mit à les envoyer deux à deux et il leur donnait autorité sur les esprits impurs, 8 et il leur ordonna qu’ils ne prennent rien pour la route sinon un bâton seulement, ni pain, ni besace, ni dans la ceinture de la monnaie, 9 mais chaussées les sandales, et ne mettez pas deux tuniques. 10 Et il leur disait, Où que vous entriez dans une maison, là demeurez jusqu’à ce que vous sortiez de là. 11 Et si un endroit ne vous accueille pas et ne vous écoute pas, partis de là secouez la poussière de sous vos pieds en témoignage pour eux. 12 Et étant sortis ils proclamèrent afin qu’ils se convertissent, 13 et des démons nombreux ils chassaient, et ils oignaient d’huile de nombreux malades et ils guérissaient.1 1
La ponctuation de la traduction suit celle du texte grec (NA27 et GNT4).
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Les exercices: deuxième partie, la séquence
B. AU TRAVAIL ! 1. COMPOSITION Vocabulaire commun La première opération à faire est, comme toujours, de chercher quelles sont les mots quel les deux passages ont en commun, mots identiques mais aussi synonymes, ou mots appartenant au même champ sémantique ; sans oublier les antonymes. Il n’est pas nécessaire de répéter qu’il s’agit seulement des rapports lexicaux entre les deux passages et non à l’intérieur de chacun d’entre eux ! Autres symétries Le lexique n’est pas le tout de la langue ni des textes. Il représente la matière première, pour ainsi dire, mais il faut aussi tenir compte de la forme. – Deux mots identiques ou semblables peuvent en effet remplir la fonction rhétorique de symétrie partielle, comme les termes initiaux, finaux ou extrêmes. – Deux passages peuvent avoir en commun tant d’autres caractéristiques, comme leur « forme » (dans le sens que l’histoire des formes donne à ce mot) ; comme le temps, l’action et les personnages, et ainsi de suite. – Une composition semblable peut aussi être pertinente. Et n’oubliez pas : « Une hirondelle ne fait pas le printemps ». Une composition sera d’autant plus sûre qu’elle sera établie sur un faisceau d’indice convergents. L’expérience démontre que l’on oublie souvent quelque « rapport entre éléments linguistiques » qui peut servir à marquer la composition des textes. • relisez encore une fois Traité, 113-130 ; 3.35-52. 2. INTERPRÉTATION L’analyse formelle assurée, c’est seulement la moitié du travail qui est accomplie. Il faut ensuite « interpréter », c’est-à-dire découvrir la logique du montage que l’auteur a fait quand il a mis ensemble les passages de la sousséquence. Vous avez déjà vu des exemples de « montages » dans l’Avant-propos du présent volume (Lc 14,7-14 ; Mc 10,35-52 ; Mt 20,20-34 ; Lc 15,1-10). Sur le rapport entre analyse formelle, c’est-à-dire la composition, et l’interprétation, • Lisez, Traité, «Composition et interprétation », 549-590 ; 3.476-516 ; spécialement, « 2. Chercher la ressemblance » (561-567 ; 3.487-493), « 4. Suivre le fil rouge » (573-580 ; 3.499-506).
2. Ex 25,10-40 A. LE TEXTE 10
we‘āśû ’ărôn ‘ăṣê šiṭṭîm ’ammātayim wāḥēṣî ’orkô we’ammâ wāḥēṣî roḥbô we’ammâ wāḥēṣî qōmātô 11 weṣippîtā ’ōtô zāhāb ṭāhôr mibbayit ûmiḥûṣ teṣappennû we‘āśîtā ‘ālāyw zēr zāhāb sābîb 12 weyāṣaqtā llô ’arba‘ ṭabbe‘ōt zāhāb wenātattâ ‘al ’arba‘ pa‘ămōtāyw ûšetê ṭabbā‘ōt ‘al-ṣal‘ô hā’eḥāt ûšetê ṭabbā‘ōt ‘al-ṣal‘ô haššēnît 13 we‘āśîtā baddê ‘ăṣê šiṭṭîm weṣippîtā ’ōtām zāhāb 14 wehēbē’tā ’et-habbaddîm baṭṭabbā‘ōt ‘al ṣal‘ōt hā’ārōn lāśē’t ’et-hā’ārōn bāhem 15 beṭabbe‘ōt hā’ārōn yihyû habbaddîm lō’ yāsurû mimmennû 16 e w nātattā ’el-hā’ārōn ’ēt hā‘ēdùt ’ăšer ’ettēn ’ēlèkā 17 we‘āśîtā kappōret zāhāb ṭāhôr ’ammātayim wāḥēṣî ’orkāh we’ammâ wāḥēṣî roḥbāh 18 we‘āśîtā šenayim kerùbîm zāhāb miqšâ ta‘ăśeh ’ōtām miššenê qeṣôt hakkappōret 19 wa‘ăśeh kerûb ’eḥād miqqāṣâ mizzeh ûkerûb-’eḥād miqqāṣâ mizzeh min-hakkappōret ta‘ăśû ’et-hakkerùbîm ‘al-šenê qeṣôtāyw 20 wehāyû hakkerùbîm pōrśê kenāpayim lema‘lâ sōkekîm bekanpêhem ‘al-hakkappōret ûpenêhem ’îš ’el-’āḥîw ’el-hakkappōret yihyû penê hakkerùbîm 21 wenātattā ’ethakkappōret ‘al-hā’ārōn milemā‘lâ we’el-hā’ārōn tittēn ’et-hā‘ēdùt ’ăšer ’ettēn ’ēlèkā 22 e w nô‘adtî lekā šām wedibbartî ’ittekā mē‘al hakkappōret mibbên šenê hakkerùbîm ’ăšer ‘al-’ărōn hā‘ēdùt ’ēt kol-’ăšer ’ăṣawweh ’ôtkā ’el-benê yiśrā’ēl p 23 we‘āśîtā šulḥān ‘ăṣê šiṭṭîm ’ammātayim ’orkô we’ammâ roḥbô we’ammâ wāḥēṣî qōmātô 24 weṣippîtā ’ōtô zāhāb ṭāhôr we‘āśîtā llô zēr zāhāb sābîb 25 we‘āśîtā llô misgeret ṭōpaḥ sābîb we‘āśîtā zērzāhāb lemisgartô sābîb 26 we‘āśîtā llô ’arba‘ ṭabbe‘ōt zāhāb wenātattā ’et-haṭṭabbā‘ōt ‘al ’arba‘ happē’ōt ’ăšer le’arba‘ raglāyw 27 le‘ummat hammisgeret tihyènā haṭṭabbā‘ōt lebāttîm lebaddîm lāśē’t ’et-haššulḥān 28 we‘āśîtā ’et-habbaddîm ‘ăṣê šiṭṭîm weṣippîtā ’ōtām zāhāb weniśśā’-bām ’et-haššulḥān 29 we‘āśîtā qqe‘ārōtāyw wekappōtāyw ûqeśôtāyw ûmenaqqiyyōtāyw ’ăšer yussak bāhēn zāhāb ṭāhôr ta‘ăśeh ’ōtām 30 wenātattā ‘alhaššulḥān leḥem pānîm lepānay tāmîd p 31 we‘āśîtā menōrat zāhāb ṭāhôr miqšâ tē‘āśeh hammenôrâ yerēkāh weqānāh gebî‘èhā kaptōrèhā ûperāḥèhā mimmennâ yihyû 32 wešiššâ qānîm yōṣ’îm miṣṣiddèhā šelōšâ qenê menōrâ miṣṣiddâ hā’eḥād ûšelōšâ qenê menōrâ miṣṣiddāh haššēnî 33 šelōšâ gebi‘îm mešuqqādîm baqqāneh hā’eḥād kaptōr wāperaḥ ûšelōšâ gebi‘îm mešuqqādîm baqqāneh hā’eḥād kaptōr wāpāraḥ kēn lešēšet haqqānîm hayyōṣ’îm min-hammenōrâ 34 ûbammenōrâ ’arbā‘â gebi‘îm mešuqqādîm kaptōrèhā ûperāḥèhā 35 wekaptōr taḥat šenê haqqānîm mimmennâ wekaptōr taḥat šenê haqqānîm mimmennâ wekaptōr taḥat-šenê haqqānîm mimmennâ lešēšet haqqānîm hayyōṣ’îm minhammenōrâ 36 kaptōrêhem ûqenōtām mimmennâ yihyû kullāh miqšâ ’aḥat zāhāb ṭāhôr 37 e w ‘āśîtā ’et-nērōtèhā šib‘â wehe‘ĕlâ ’et-nērōtèhā wehē’îr ‘al-‘ēber pānèhā 38 ûmalqāḥèhā ûmaḥtōtèhā zāhāb ṭāhôr 39 kikkār zāhāb ṭāhôr ya‘ăśeh ’ōtāh ’ēt kolhakkēlîm hā’ēlleh 40 ûre’eh wa‘ăśeh betabnîtām ’ăšer-’attâ mor’eh bāhār s
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Les exercices: deuxième partie, la séquence
Traduction littérale 10
Et ils feront une arche en bois d’acacia deux coudées et demie sa longueur et une coudée et demie sa largeur et une coudée et demie sa hauteur 11 et tu revêtiras elle d’or pur au-dedans et au-dehors tu revêtiras elle et tu feras sur elle une moulure d’or autour 12 et tu fondras pour elle quatre anneaux d’or et tu (les) donneras à ses quatre pieds et deux anneaux sur le côté un et deux anneaux sur le côté second 13 et tu feras des barres en bois d’acacia et tu les revêtiras d’or 14 et tu feras-venir les barres dans les anneaux sur les côtés de l’arche pour porter l’arche avec elles 15 dans les anneaux de l’arche seront les barres elles ne se sépareront pas d’elle 16 et tu donneras à l’arche le témoignage que je donnerai à toi 17 et tu feras un propitiatoire d’or pur deux coudées et demie sa longueur et une coudée et demie sa largeur 18 et tu feras deux chérubins d’or martelés tu feras eux aux deux extrémités du propitiatoire 19 et fais chérubin un à une extrémité de là et chérubin un à une extrémité de là du propitiatoire vous ferez les chérubins sur ses deux extrémités 20 et seront les chérubins étendant les ailes au-dessus couvrant de leurs ailes sur le propitiatoire et leurs faces l’une vers l’autre vers le propitiatoire seront les faces des chérubins 21 et tu donneras le propitiatoire sur l’arche par-dessus et dans l’arche tu donneras le témoignage lequel je donnerai à toi 22 et je convoquerai toi là et je parlerai avec toi de sur le propitiatoire d’entre les deux chérubins qui (sont) sur l’arche du témoignage tout ce que j’ordonnerai à toi pour les fils d’Israël 23 et tu feras une table en bois d’acacia deux coudées sa longueur et une coudée sa largeur et une coudée et demie sa hauteur 24 et tu revêtiras elle d’or pur et tu feras à elle une moulure d’or autour 25 et tu feras à elle un cadre d’un palme autour et tu feras une moulure d’or à son cadre autour 26 et tu feras pour elle quatre anneaux d’or et tu donneras les anneaux sur les quatre coins qui sont à ses quatre pieds 27 près du cadre seront les anneaux comme logements des barres pour porter la table 28 et tu feras les barres en bois d’acacia et tu les revêtiras d’or et on portera avec elles la table 29 et tu feras ses plats ses coupes ses aiguières et ses bols lesquels on fait-les-libations avec eux d’or pur tu les feras 30 et tu donneras sur la table le pain de la face devant moi toujours 31 et tu feras un chandelier d’or pur martelé tu feras le chandelier son fût et sa branche ses calices ses boutons et ses fleurs à partir de lui seront 32 et six branches sortant de ses côtés trois branches du chandelier de son côté un et trois branches du chandelier de son côté second 33 trois calices d’amandier sur la branche une bouton et fleur et trois calices d’amandier sur la branche une avec bouton et fleur ainsi pour les six branches sortant du chandelier 34 et au chandelier quatre calices d’amandier ses boutons et ses fleurs 35 et un bouton sous deux branches à partir de lui et un bouton sous deux branches à partir de lui et un bouton sous deux branches à partir de lui ainsi pour les six branches sortant du candélabre 36 ses boutons et ses branches à partir de lui seront le tout martelé également d’or pur 37 et tu feras ses lampes sept et on montera ses lampes et il éclairera sur le côté de sa face 38 et ses mouchettes et ses cendriers d’or pur 39 un talent d’or pur il fera lui et tous ces ustensiles 40 et regarde et fais comme le modèle lequel t’a-été-fait-voir sur la montagne.
2. Ex 25,10-40
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B. AU TRAVAIL ! Devant un texte aussi long et compact, vous pourriez aller consulter quelque traduction de la Bible pour voir comment les éditeurs ont divisé le texte en péricopes auxquelles ils ont donné un titre. Cependant, cela ne vous servirait pas à grand-chose, et même risquerait de vous tromper, en vous engageant sur un mauvais chemin. Il est certainement préférable de vous coltiner avec le texte, « à mains nues », sans autre aide que la technique de l’analyse rhétorique biblique que vous connaissez désormais un peu, et même davantage. Après avoir étudié plusieurs textes de la taille d’un « passage », vous abordez maintenant une « séquence » qui comprend plusieurs passages. La façon de procéder sera différente. On ne commencera pas par la segmentation, c’est-àdire la division en membres et segments ; cette opération sera renvoyée à une étape ultérieure, quand on sera arrivé à une division en passages, ou pour le moins à une première hypothèse de division en passages. Alors, pour l’analyse de chaque passage, on reprendra la division en membres, regroupés ensuite en segments, ces derniers en morceaux et ainsi de suite, comme on l’a fait jusqu’à présent. 1. LES RÉPÉTITIONS ET LEUR FONCTION La première chose à faire avec une séquence est de chercher les répétitions, non pas tant de mots isolés, mais de syntagmes, ou groupes de mots syntaxiquement liés entre eux, et même de phrases entière identiques ou semblables. Pour conduire ce travail, vous pouvez imprimer le texte translittéré ou la traduction et souligner, colorier ; toutefois, il est plus pratique de travailler avec l’ordinateur, utilisant les couleurs des caractères, les surlignages, les soulignés. Après avoir noté les répétitions les plus marquantes, le problème est d’identifier leur fonction : termes initiaux, finaux, etc. Voici quelques questions qui, si cela était nécessaire, pourraient vous aider : a. Quelle est la première proposition du texte ? Quelle est, dans le reste du texte, la proposition qui ressemble le plus à cette première proposition ? Réécrivesles sur deux lignes, alignant verticalement leurs termes. Mettez en gras les mots différents. b. N’y a-t-il pas d’autres propositions très semblables aux précédentes, avec la même structure syntaxique : verbe + complément d’objet + complément du substantif précédent indiquant le matériel utilisé ? Faites le même type de réécriture. c. Où se retrouve chacun des mots différents que vous avez mis en évidence ? d. Maintenant, vous pourriez faire au moins une hypothèse sur la fonction que remplissent les quatre phrases relevées (points a. et b.). Expliquez pourquoi. e. La première proposition du texte est suivie de trois autres propositions coordonnées parallèles entre elles. Où se retrouvent ces trois propositions presque identiques ? Où se retrouvent seulement deux de ces trois proposi-
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f. g. h.
i. j.
Les exercices: deuxième partie, la séquence tions ? Vous pouvez réécrire ces phrases pour visualiser ressemblances et différences, un membre par ligne. Combien de fois revient le premier verbe du texte (sans tenir compte de ses modalités). Y a-t-il d’autres propositions qui commencent avec ce même verbe avec un complément singulier et un complément de matière ? Il y a beaucoup d’objets qu’il faut « faire ». Quels sont les plus importants, ceux que l’on peut appeler « primaires », qu’il faut distinguer des « secondaires », c’est-à-dire qui sont des parties décoratives ou des instruments qui servent pour l’objet principal. Avec quelle phrase s’achève la description de l’arche ? Où se retrouve cette phrase ? Quelle fonction pourraient jouer ces deux phrases ? Il reste un verset après l’hypothétique terme final de 21. Quelle est la caractéristique de ce verset 22? Quel pourrait être le statut de ce verset ? Quelle hypothèse pourriez-vous donc faire pour la composition de la séquence.
2. LA COMPOSITION DE CHAQUE PASSAGE L’hypothèse à laquelle vous êtes arrivé doit être vérifiée. Il est possible de dire qu’il existe deux critères pour mener cette vérification : – la cohérence thématique de chacun des passages identifiés, – la régularité de la composition de chaque passage. Il n’est pas nécessaire de commencer avec le premier passage. Toutefois, si l’on suppose que les limites de la séquence ont été bien établis, le premier passage présente l’avantage que l’on est sûr de sa limite initiale ; de même, la fin du dernier passage est assurée. Il n’est plus nécessaire de guider la recherche ; désormais vous devriez être capable de marcher tout seul ! Quand vous aurez achevé le travail, vous pourrez consulter la solution. Conseil essentiel Ne vous contentez pas de faire la réécriture. Le moment de la description de la composition est essentiel : c’est le moment de la vérité ! L’expérience montre que c’est seulement quand on rédige cette description, que s’éclairent les raisons des divisions aux différents niveaux ainsi que les relations entre les unités. Si l’on n’écrit pas, en s’efforçant d’être clair et précis, les choses restent en l’air.
2. Ex 25,10-40
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3. L’ENSEMBLE DE LA SÉQUENCE 3.1 Composition Quand une séquence comprend plus trois passages, certains peuvent former des sous-séquences ; celles-ci doivent être analysées. S’il existe des rapports particulièrement étroits entre certains passages, ils doivent être décrits eux aussi. Enfin, si la séquence est de composition concentrique, il faut accorder une attention particulière à la fonction du passage central et à sa spécificité1. 3.2 Interprétation « La forme est la porte du sens ». Tout le travail formel débouche donc naturellement sur une interprétation du texte, à partir de sa composition. Lisez Traité : – pour la réécriture de la séquence : 315-320 ; 3. – pour l’interprétation, les cinq règles herméneutiques : 551-590 ; 3.477-512. Après avoir lu ce qui concerne les cinq règles herméneutiques, c’est-à-dire la plus grande partie du chapitre consacré à « Composition et interprétation », rédigez une interprétation de la séquence. Vous partirez, bien sûr, du centre. – Quels rapports les meubles décrits dans la séquence entretiennent-ils avec la parole de Dieu ? – De quel lieu sera prononcée la parole de Dieu dans l’avenir ? – Quel rapport pourrait-il y avoir entre les deux chérubins et la binarité qui constitue une des deux caractéristiques fondamentales de la rhétorique biblique ?
1
Voir, par exemple, la séquence C7 de Luc dans Luc 2005, 707-754 ; Luc 2011, 715-761.
3. 1Jn 3,2-24 A. LE TEXTE 2
avgaphtoi,( nu/n te,kna qeou/ evsmen( kai. ou;pw evfanerw,qh ti, evso,meqaÅ oi;damen o[ti eva.n fanerwqh/|( o[moioi auvtw/| evso,meqa( o[ti ovyo,meqa auvto.n kaqw,j evstinÅ 3 kai. pa/j o` e;cwn th.n evlpi,da tau,thn evpV auvtw/| a`gni,zei e`auto,n( kaqw.j evkei/noj a`gno,j evs tinÅ 4 Pa/j o` poiw/n th.n a`marti,an kai. th.n avnomi,an poiei/( kai. h` a`marti,a evsti.n h` avnomi,aÅ 5 kai. oi;date o[ti evkei/noj evfanerw,qh( i[na ta.j a`marti,aj a;rh|( kai. a`marti,a evn auvtw/| ouvk e;stinÅ 6 pa/j o` evn auvtw/| me,nwn ouvc a`marta,nei\ pa/j o` a`marta,nwn ouvc e`w,raken auvto.n ouvde. e;gnwken auvto,nÅ 7 Tekni,a( mhdei.j plana,tw u`ma/j\ o` poiw/n th.n dikaiosu,nhn di,kaio,j evstin( kaqw.j evkei/noj di,kaio,j evstin\ 8 o` poiw/n th.n a`marti,an evk tou/ diabo,lou evsti,n( o[ti avpV avrch/j o` dia,boloj a`marta,neiÅ eivj tou/to evfanerw,qh o` ui`o.j tou/ qeou/( i[na lu,sh| ta. e;rga tou/ diabo,louÅ 9 Pa/j o` gegennhme,noj evk tou/ qeou/ a`marti,an ouv poiei/( o[ti spe,rma auvtou/ evn auvtw/| me,nei( kai. ouv du,natai a`marta,nein( o[ti evk tou/ qeou/ gege,nnhtaiÅ 10 evn tou,tw| fanera, evstin ta. te,kna tou/ qeou/ kai. ta. te,kna tou/ diabo,lou\ pa/j o` mh. poiw/n dikaiosu,nhn ouvk e;stin evk tou/ qeou/( kai. o` mh. avgapw/n to.n avdelfo.n auvtou/Å 11 {Oti au[th evsti.n h` avggeli,a h]n hvkou,sate avpV avrch/j( i[na avgapw/men avllh,louj( 12 ouv kaqw.j Ka,i?n evk tou/ ponhrou/ h=n kai. e;sfaxen to.n avdelfo.n auvtou/\ kai. ca,rin ti,noj e;sfaxen auvto,nÈ o[ti ta. e;rga auvtou/ ponhra. h=n ta. de. tou/ avdelfou/ auvtou/ di,kaiaÅ 13 ÎKai.Ð mh. qauma,zete( avdelfoi,( eiv misei/ u`ma/j o` ko,smojÅ 14 h`mei/j oi;damen o[ti metabebh,kamen evk tou/ qana,tou eivj th.n zwh,n( o[ti avgapw/men tou.j avdelfou,j\ o` mh. avgapw/n me,nei evn tw/| qana,tw|Å 15 pa/j o` misw/n to.n avdelfo.n auvtou/ avnqrwpokto,noj evsti,n( kai. oi;date o[ti pa/j avnqrwpokto,noj ouvk e;cei zwh.n aivw,nion evn auvtw/| me,nousanÅ 16 evn tou,tw| evgnw,kamen th.n avga,phn( o[ti evkei/noj u`pe.r h`mw/n th.n yuch.n auvtou/ e;qhken\ kai. h`mei/j ovfei,lomen u`pe.r tw/n avdelfw/n ta.j yuca.j qei/naiÅ 17 o]j dV a'n e;ch| to.n bi,on tou/ ko,smou kai. qewrh/| to.n avdelfo.n auvtou/ crei,an e;conta kai. klei,sh| ta. spla,gcna auvtou/ avpV auvtou/( pw/j h` avga,ph tou/ qeou/ me,nei evn auvtw/È| 18 Tekni,a( mh. avgapw/men lo,gw| mhde. th/| glw,ssh| avlla. evn e;rgw| kai. avlhqei,a|Å 19 ÎKai.Ð evn tou,tw| gnwso,meqa o[ti evk th/j avlhqei,aj evsme,n( kai. e;mprosqen auvtou/ pei,somen th.n kardi,an h`mw/n( 20 o[ti eva.n kataginw,skh| h`mw/n h` kardi,a( o[ti mei,zwn evsti.n o` qeo.j th/j kardi,aj h`mw/n kai. ginw,skei pa,ntaÅ 21 VAgaphtoi,( eva.n h` kardi,a Îh`mw/nÐ mh. kataginw,skh|( parrhsi,an e;comen pro.j to.n qeo,n 22 kai. o] eva.n aivtw/men lamba,nomen avpV auvtou/( o[ti ta.j evntola.j auvtou/ throu/men kai. ta. avresta. evnw,pion auvt ou/ poiou/menÅ 23 Kai. au[th evsti.n h` evntolh. auvtou/( i[na pisteu,swmen tw/| ovno,mati tou/ ui`ou/ auvtou/ VIhsou/ Cristou/ kai. avgapw/men avllh,louj( kaqw.j e;dwken evntolh.n h`mi/nÅ 24 kai. o` thrw/n ta.j evntola.j auvtou/ evn auvtw/| me,nei kai. auvto.j evn auvtw/|\ kai. evn tou,tw| ginw,skomen o[ti me,nei evn h`mi/n( evk tou/ pneu,matoj ou- h`mi/n e;dwkenÅ
Traduction littérale 2
Bien-aimés, maintenant enfants de Dieu nous sommes, et pas encore a été manifesté ce que nous serons. Nous savons que, quand il sera manifesté, semblables à lui nous serons, parce que nous verrons lui comme il est. 3 Et chacun qui a cette espérance en Lui, se purifie luimême, comme Celui-là pur est. 4 Chacun qui fait le péché, aussi fait l’iniquité et le péché est l’iniquité. 5 Et vous savez que Celui-là a été manifesté, afin que le péché il enlève, et de péché en lui il n’est pas. 6 Chacun qui en Lui demeure ne pèche pas; chacun qui pèche n’a pas vu
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Exercices: deuxième partie, la séquence
Lui ni n’a connu Lui. 7 Petits-enfants, que personne ne trompe vous ; qui fait la justice, juste est, comme Lui juste est. 8 Qui fait le péché, du diable est, parce que dès le commencement le diable pèche. En cela a été manifesté le Fils de Dieu, afin qu’il détruise les œuvres du diable. 9 Chacun qui a été engendré de Dieu le péché ne fait pas, parce que la semence de Lui en lui demeure, et il ne peut pas pécher, parce que de Dieu il a été engendré. 10 En cela manifestes sont les enfants de Dieu et les enfants du diable : chacun qui ne fait pas la justice, n’est pas de Dieu, et qui n’aime pas le frère de lui. 11 Car ceci est le message que vous avez entendu dès le commencement, que nous nous aimions les uns les autres. 12 Non pas comme Caïn qui du mauvais était et a égorgé son frère. Et pour quelle raison l’a-t-il égorgé ? Parce que ses œuvres mauvaises étaient, alors que (celles) de son frère justes. 13 Et ne vous étonnez pas, frères, si vous hait le monde. 14 Nous nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons (nos) frères. Qui n’aime pas demeure dans la mort. 15 Chacun qui hait son frère homicide est. Et vous savez que tout homicide n’a pas la vie éternelle en lui demeurant. 16 En ceci nous avons connu l’amour, que Lui pour nous sa vie a offert, et nous nous devons pour les frères (nos) vies offrir. 17 Si un en effet a les biens du monde et voit (que) son frère a besoin, et exclut sa compassion envers lui, comment l’amour de Dieu demeure en lui ? 18 Petits-enfants, n’aimons pas en paroles ou avec la langue, mais en action et en vérité. 19 Et en cela nous connaitrons que de la vérité nous sommes, et devant Lui nous apaiserons notre cœur, 20 chaque fois qu’accuse nous notre cœur, parce que plus grand est Dieu que notre cœur et il connait tout. 21 Bien-aimés, si notre cœur n’accuse pas nous, confiance nous avons auprès de Dieu ; 22 et, si quelque chose nous demandons, nous recevons de Lui, parce que les commandements de Lui nous observons et les choses-agréable devant Lui nous faisons. 23 Et ceci est le commandement de Lui : que nous croyons au nom de son Fils, Jésus Christ et que nous nous aimions les uns les autres, comme il a donné commandement à nous. 24 Et qui observe les commandements de Lui en Lui demeure et Lui en lui. Et en ceci nous connaissons que (Lui) demeure en nous, de l’Esprit lequel il a donné à nous.
B. MÉTHODOLOGIE « Une hirondelle ne fait pas le printemps » dit la sagesse populaire. Cela vaut aussi pour l’analyse rhétorique : un seul critère ne suffit pas pour établir une composition. Il faut certainement tenir compte des reprises lexicales, mais on privilégiera celles qui ont les mêmes modalités morphologiques. Un verbe, par exemple, peut être repris plusieurs fois, mais si c’est avec les mêmes modalités (voix, temps, personne, genre et nombre), la reprise sera plus « marquée » et pourra donc mieux remplir une fonction dans la composition du texte. Un exemple très simple : dans le Ps 148 (Traité, p. 270 ; 3.201) le verbe « louer » revient dix fois (sans compter les deux « Alléluia » – littéralement « Louez Yah » – du début et de la fin) ; cependant, deux fois ce verbe est à l’impératif masculin pluriel sans pronom suffixe (1b.7a) et deux fois à la troisième personne masculin pluriel de l’inaccompli de sens jussif (5a.13a). Effectivement, ces quatre occurrences de « Louez » et de « Qu’ils louent » dessinent le cadre de la composition du psaume dans ses deux grandes parties et leurs deux sous-parties. Sur la « convergence des indices » • lisez Traité , 278-281 ; 3.210-213.
3. 1Jn 3,2-24
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C. AU TRAVAIL ! Ce texte provient du cœur de la Première Lettre de Jean ; il est bien connu que sa composition est fort difficile à établir. Il n’est que de feuilleter quelques traductions de la Bible pour se rendre compte qu’il n’existe pas de consensus pour la délimitation des unités qui composent ce texte. 1. LES RÉPÉTITIONS ET LEUR FONCTION Normalement le repérage des répétitions lexicales aide beaucoup pour trouver la composition du texte, et c’est même un des principes fondamentaux pour le subdiviser. Il est difficile d’établir la composition d’un texte, si aucun syntagme ou même aucun mot n’y est repris. Il n’est pas facile non plus d’arriver à une proposition de composition pour un texte où tout semble se répéter ! Or cette caractéristique est typique des écrits johanniques et la Première lettre de Jean ne fait pas exception. Un grand nombre de reprises lexicales peut créer un effet semblable à celui que l’on admire dans le caléidoscope : la moindre agitation de l’appareil fait naitre une nouvelle forme. Un texte, cependant, peut-il avoir plusieurs compositions, toutes également valables ? L’analyse rhétorique biblique enseigne qu’il n’est guère possible de soutenir deux propositions de composition avec la même valeur. Une seule est toujours meilleure que les autres. Quand donc les répétions sont nombreuses, il faut une extrême patience pour envisager différentes hypothèses compositionnelles, se garder libre pour ne pas se laisser emprisonner par une seule possibilité et enfin choisir celle qui se révèle la plus solide, qui jouit de la plus grande force dans le réseau de ses rapports formels et qui met le mieux en évidence la logique du texte. En outre, là où abondent les répétitions, il est conseillé de se concentrer sur celles qui sont les moins fréquentes mais peut-être les plus significatives. Ce qui est sans doute le plus important, même dans ce cas, c’est d’identifier la fonction des répétions : termes initiaux, finaux, médians, centraux ou extrêmes. Les questions suivantes devraient vous mettre sur la bonne voie pour analyser le texte. a. Quelle est la fonction syntaxique du premier mot du texte ? Ce mot se retrouve-t-il ailleurs avec la même fonction ? Combien de mots ont-ils la même fonction dans la séquence ? En examinant ce que vous avez trouvé, quelle première hypothèse pourriez-vous formuler ? b. Vous vous êtes sûrement rendu compte qu’un de ces mots est particulier, car il ne revient qu’une seule fois avec la même fonction syntaxique dans la séquence. Notez maintenant toutes les occurrences de ce substantif. Où se trouvent-elles ? Qu’est-ce que cela pourrait suggérer ? c. Quels autres termes appartenant au champ sémantique de la famille se trouvent dans le texte ? Est-ce qu’ils signalent un thème particulier ? Pouvez-vous repérer une régularité dans la position de ces termes.
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Exercices: deuxième partie, la séquence
d. Prenant en considération la régularité des termes appartenant au champ sémantique de la famille, vérifiez maintenant votre hypothèse du point a. Si le thème de la filiation apparait au début et à la fin du texte, et celui de la fraternité au centre, combien de passages pourrait-on distinguer ? Selon cette nouvelle hypothèse quel verset demeure problématique si l’on prend en compte les termes des deux champs sémantiques. e. Comment s’appelle le seul personnage humain de l’Ancien Testament mentionné dans le texte ? Son action s’oppose à celle d’un autre personnage, du Nouveau Testament cette fois, mentionné mais pas nommé peu après. De qui s’agit-il ? Quel est le commandement qui illustre l’attitude de cet autre personnage ? Où dans ce texte les lecteurs sont-ils invités explicitement pour la première fois à observer ce commandement ? Prenant en considération cette invitation, ainsi que les parallélismes déjà notés et la régularité découverte au point b., où pourrait commencer et finir l’unité centrale de la séquence ? f.
Une hypothèse devient plus solide si elle s’appuie sur la « convergence des indices ». Dans le texte revient plusieurs fois le syntagme « en ceci/cela ». Avec quels verbes ces syntagmes sont-ils liés ? Comment sont distribués ces verbes dans l’ensemble de la séquence ? Quelle différence y a-t-il entre les deux dernières occurrences du même syntagme et la précédente ?
g. Que suggèrent les occurrences du verbe « manifester » signalées au point f., pour ce qui concerne la délimitation du premier passage ? h. Quelle fonction peuvent remplir les deux occurrences du syntagme « en cela/ceci » suivi par le même verbe en 19 et 24 ? i.
Le premier passage est concentré sur le thème de la filiation et il est délimité par les deux reprises du syntagme « fils de Dieu » (2.10) ; quel verbe, important et fréquent, revient plusieurs fois dans cette unité ? Quel verbe, complémentaire du verbe spécifique de la première unité, est répété dans le dernier passage ?
j.
Y a-t-il des ressemblances formelles et thématiques qui lient les unités extrêmes du texte ? Comment se caractérise la portion de texte qui reste entre ces deux unités extrêmes ?
2. LA COMPOSITION DE CHAQUE PASSAGE Le parcours des questions précédentes avait pour but de vous guider dans la recherche de la composition à partir « d’en haut », sans entrer encore dans les détails de l’organisation de chacune des unités que vous avez identifiées. Il est temps désormais de vérifier votre hypothèse, comme vous l’avez fait pendant les exercices précédents, en partant « du bas », pour chaque passage de la séquence.
3. 1Jn 3,2-24
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N’oubliez pas qu’un passage est la première unité autonome, caractérisée par une cohérence non seulement de la forme, mais aussi du sens (voir Traité, 195196). Selon votre hypothèse, vous avez probablement identifié trois grandes unités qui présentent une certaine cohérence formelle et thématique. Leurs limites ne sont pas encore tout à fait sûres. Il est clair que vous devez accepter les limites de la séquence proposée à votre analyse, même si elles ne peuvent pas être justifiées ici ! Il pourrait être préférable de commencer par le dernier passage, parce que sa limite finale est certaine ; pour sa limite initiale, même si elle n’est pas encore établie par une analyse à partir du bas, elle semble toutefois relativement sûre, dans la mesure où l’on suit l’hypothèse élaborée précédemment, en partant d’en haut. Reste toujours valable le conseil d’accompagner votre réécriture par une description précise ; cela vous poussera non seulement à trouver les preuves de vos choix, mais sera aussi une bonne occasion de les vérifier. Un dernier conseil : quand les parties d’un passage sont longues, il peut être bon d’analyser chaque partie séparément, avant d’étudier leurs relations. En ce cas, dans la réécriture de l’ensemble du passage on ne met plus en évidence les rapports internes à chaque partie (puisque c’est déjà fait), mais seulement les rapports entre les parties. Voir, par exemple, R. MEYNET, L’Évangile de Luc, 2011, 299-305 ; 364-375 ; 684-687. 3. L’ENSEMBLE DE LA SÉQUENCE 3.1 Composition Une fois présentée la réécriture de la séquence, n’oubliez pas d’en rédiger une description, et, à partir des répétitions lexicales les plus significatives, cherchez de cueillir le sens du réseau des rapports formels repérés dans le texte. Ainsi, vous pourrez noter quelques lignes thématiques qui traversent l’ensemble, pour les reprendre et développer dans l’interprétation. 3.2 Interprétation La fin de toute analyse rhétorique n’est pas d’admirer la beauté de la composition que l’on a découverte. C’est de réfléchir sur cette architecture, pour comprendre sa logique et pour l’expliquer. La rhétorique biblique [...] nous met dans le droit fil de l’exégèse moderne en tant que celle-ci met en œuvre une maxime, qui d’ailleurs déborde son domaine, selon laquelle « la forme est la porte du sens » (p. 7-8).
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Exercices: deuxième partie, la séquence Les symétries de la rhétorique biblique ne sont pas une fin en soi : admirer des structures aussi éblouissantes que les cristaux formés par le gel sur les vitres ne nous intéresse aucunement. La participation du chercheur est autrement plus profonde que ces abstractions [...] Ouvrant la porte du sens, cet exercice préserve déjà de ce qui serait purement cérébral et alimente une attention vivante (p. 12-13).1
Après l’effort intense que vous avez consacré à l’étude de la composition, il serait bien dommage de s’arrêter là, sans tenter de rédiger une interprétation fondée sur les résultats de l’analyse compositionnelle. L’architecture du texte parle son propre langage que l’on ne peut apprendre qu’en s’exerçant à interpréter.
Pour ce qui regarde la composition, • lisez Traité, 315-320 ; 3.245-249. Pour l’interprétation, • lisez Traité, 551-590 ; 3.477-516.
1
P. BEAUCHAMP, Préface à R. MEYNET, L’Analyse rhétorique (notre soulignement).
4. Am 5,1-17 A. TEXTE 1
šim‘û ’et-haddābār hazzeh ’ăšer ’ānōkî nōśē’ ‘ălêkem qînâ bêt yiśrā’ēl 2 nāplâ lō’-tôsîp qûm betûlat yiśrā’ēl niṭṭešâ ‘al-’admātāh ’ên meqîmāh 3 kî kò ’āmar ’ădōnāy yhwh hā‘îr hayyōṣē’t ’elep taš’îr mē’â wehayyôṣē’t mē’â taš’îr ‘ăśārâ lebêt yiśrā’ēl s 4 kî kò ’āmar yhwh lebêt yiśrā’ēl diršûnî wiḥyû 5 we’al-tidrešû bêt-’ēl wehaggilgāl lō’ tābō’û ûbe’ēr šeba‘ lō’ ta‘ăbōrû kî haggilgāl gālò yigleh ûbêt-’ēl yihyeh le’āwen 6 diršû ’et-yhwh wiḥyû penyiṣlaḥ kā’ēš bêt yôsēp we’āklâ we’ên-mekabbeh lebêt-’ēl 7 hahōpkîm lela‘ănâ mišpāṭ ûṣedāqâ lā’āreṣ hinnîḥû 8 ‘ōśeh kîmâ ûkesîl wehōpēk labbōqer ṣalmāwet weyôm laylâ heḥšîk haqqôrē’ lemê-hayyām wayyišpekēm ‘al-penê hā’āreṣ yhwh šemô s 9 hammablîg šōd ‘al-‘āz wešōd ‘al-mibṣār yābô’ 10 śān’û bašša‘ar môkîaḥ wedōbēr tāmîm yetā‘ēbû 11 lākēn ya‘an bôšaskem ‘al-dāl ûmaś’at-bar tiqḥû mimmennû bāttê gāzît benîtem welō’-tēšbû bām karmêḥemed neṭa‘tem welō’ tištû ’et-yênām 12 kî yāda‘tî rabbîm piš‘êkem wa‘ăṣùmîm ḥaṭṭō’têkem ṣōrerê ṣaddîq lōqḥê kōper we’ebyônîm bašša‘ar hiṭṭû 13 lākēn hammaśkîl bā‘ēt hahî’ yiddōm kî ‘ēt rā‘â hî’ 14 diršû-ṭôb we’al-rā‘ lema‘an tiḥyû wîhî-kēn yhwh ’ĕlōhêṣebā’ôt ’ittekem ka’ăšer ’ămartem 15 śin’û-rā‘ we’ehĕbû ṭôb wehaṣṣîgû bašša‘ar mišpāṭ ’ûlay yeḥĕnan yhwh ’ĕlōhê-ṣebā’ôt še’ērît yôsēp s 16 lākēn kò-’āmar yhwh ’ĕlōhê ṣebā’ôt ’ădōnāy bekol-reḥōbôt mispēd ûbekol-ḥûṣôt yō’merû hô-hô weqār’û ’ikkār ’el-’ēbel ûmispēd ’elyôd‘ê nehî 17 ûbekol-kerāmîm mispēd kî-’e‘ĕbōr beqirbekā ’āmar yhwh s
Traduction littérale 1 Écoutez la parole que-voici laquelle moi je porte contre vous, une lamentation, maison d’Israël : 2 Elle est tombée, plus ne se relèvera, la vierge d’Israël, elle a été jetée sur son sol, personne qui-la-relève. 3 Car ainsi parle le Seigneur Yhwh : la ville faisant-sortir mille, fera-rester cent ; et la faisant sortir cent, fera-rester dix, pour la Maison d’Israël. 4 Car ainsi parle Yhwh à la Maison d’Israël : Cherchezmoi et vous vivrez ; 5 et ne cherchez pas Béth-El et à Gilgal ne venez pas et à Béer-Shéva ne passez pas, car Gilgal de déportation sera déportée et Béth-El deviendra néant. 6 Cherchez le Seigneur et vous vivrez, de peur qu’il ne fonde comme un feu sur la maison de Joseph et il le dévorera et personne qui éteigne pour Béth-El. 7 Eux-qui-tournent en absinthe le droit et la justice à terre délaissent. 8 Lui-qui-fait Les Pléiades et Orion, lui-qui-tourne en matin l’ombre et le jour en nuit enténèbre. Lui-qui-appelle les eaux de la mer et les répand sur la face de la terre. Yhwh (est) son nom ! 9 Lui-qui-déchaîne le ravage sur le fort et le ravage sur la citadelle arrive. 10 Ils haïssent à la porte qui-réprouve et qui-parle avec intégrité ils exècrent. 11 C’est pourquoi, puisque vous pressurez le dépourvu et une taxe sur le blé vous prenez de lui, des maisons de pierre-de-taille vous avez bâties, mais vous n’habiterez pas dedans ; des vignes désirables vous avez plantées, mais vous ne boirez pas leur vin. 12 Car je sais (que) nombreux (sont) vos crimes et que puissants (sont) vos péchés. Eux-qui-oppriment le juste, eux-qui-prennent la compensation et les pauvres à la porte font-dévier. 13 C’est pourquoi le prudent en ce temps celui-ci se tait, car c’est un temps de malheur celui-ci. 14 Cherchez le bien
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Exercices: deuxième partie, la séquence
et non le mal afin que vous viviez : et sera ainsi Yhwh, le Dieu des armées, avec vous, comme vous dites. 15 Haïssez le mal et aimez le bien et instaurez à la porte le droit : peut-être aura pitié Yhwh, le Dieu des armées, du reste de Joseph ! 16 C’est pourquoi ainsi-parle le Seigneur, le Dieu des armées, le Seigneur : Dans toutes les places (ce sera) un gémissement et dans toutes les rues ils diront : Oh, oh ! Et ils appelleront le paysan au deuil et au gémissement ceux qui connaissent la plainte 17 et dans toutes les vignes gémissement, car je passerai au milieu de toi, dit Yhwh. Participes hymniques Ce texte contient un certain nombre de participes qui ont la fonction de prédicat. Les exégètes les appellent « participes hymniques », parce que cette forme verbale est spécifique des hymnes. Voir, par exemple, Ps 113,5b-9, dans le Traité, 187 (les participes hymniques, avec ou sans l’article, sont traduits par des présents : « Il s’élève », « il relève », « il assied »). Dans la traduction du texte d’Amos, ces participes hymniques sont traduits de telle façon à être facilement repérables : « Eux-qui-tournent » (7), « lui-qui-fait » (8), etc. B. MÉTHODOLOGIE Vous aurez à réécrire ce texte d’Amos plusieurs fois, aux différents niveaux de sa composition. Il sera bon de revoir encore une fois de près le chapitre du Traité sur la réécriture ; non pas de le relire d’une traite mais de vous y référer autant de fois que vous en aurez besoin. Il faut en effet s’y reporter pour se rafraichir la mémoire avant de faire une réécriture, et peut-être davantage encore pour vérifier que votre réécriture a bien été faite selon les normes
• Consulter le chapitre sur la réécriture : Traité, 283-344 ; 215-269.
C. AU TRAVAIL ! 1. SEGMENTATION Ce texte n’est pas très long ; il compte seulement 17 versets. Il est un peu plus développé que Pr 26,1-12, mais plus court que le Ps 34 qui compte 23 versets. Nous conseillons donc de procéder comme pour un passage, avec la segmentation, non seulement la division en membres – un membre par ligne –, mais aussi le regroupement des membres en segments, au moins pour les plus évidents. 2. REGROUPER LES SEGMENTS EN MORCEAUX, ET AUSSI EN PARTIES On commence avec les morceaux les plus évidents, car ils sont les plus sûrs. Cependant, si l’on voit qu’un morceau est précédé et/ou suivi de segments ou de morceaux qui lui sont clairement liés, formant par exemple une seule phrase, on
4. Am 5,1-17
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ne se limitera pas à l’étude du morceau, mais on poursuivra aussitôt avec celle de l’unité supérieure. 3. FAIRE LE POINT DE LA SITUATION Quand les morceaux et les parties les plus évidents ou les plus facilement repérables ont été identifiés, il est bon de faire le point de la situation. Sur le texte réécrit segment après segment, on met en évidence les morceaux et les parties déjà identifiés, par exemple en utilisant un fond gris. Après quoi, on examine ce qui reste. Comme cela a déjà été dit plusieurs fois, quand une unité textuelle a été identifiée dans ses limites, de ce fait sont définis aussi la fin de l’unité précédente et le début de la suivante. Et cela aide beaucoup pour la suite de l’analyse. 4. LA COMPOSITION DE L’ENSEMBLE Le but n’est pas d’identifier seulement les petites unités mais de dégager la composition de l’ensemble. Cela se fait en étudiant les relations entre les unités délimitées jusque-là. À ce point, les segments qui n’ont pas encore été intégrés dans un morceau ou une partie devraient trouver leur place et leur fonction dans l’ensemble.
5. Mc 1,14-45 A. IL TESTO 14
Meta. de. to. paradoqh/nai to.n VIwa,nnhn h=lqen o` VIhsou/j eivj th.n Galilai,an khru,sswn to. euvagge,lion tou/ qeou/ 15 kai. le,gwn o[ti Peplh,rwtai o` kairo.j kai. h;ggiken h` basilei,a tou/ qeou/\ metanoei/te kai. pisteu,ete evn tw/| euvaggeli,w|) 16 Kai. para,gwn para. th.n qa,lassan th/j Galilai,aj ei=den Si,mwna kai. VAndre,an to.n avdelfo.n Si,mwnoj avmfiba,llontaj evn th/| qala,ssh|\ h=san ga.r a`liei/j) 17 kai. ei=pen auvtoi/j o` VIhsou/j( Deu/te ovpi,sw mou( kai. poih,sw u`ma/j gene,sqai a`liei/j avnqrw,pwn) 18 kai. euvqu.j avfe,ntej ta. di,ktua hvkolou,qhsan auvtw/|) 19 Kai. proba.j ovli,gon ei=den VIa,kwbon to.n tou/ Zebedai,ou kai. VIwa,nnhn to.n avdelfo.n auvtou/ kai. auvtou.j evn tw/| ploi,w| katarti,zontaj ta. di,ktua( 20 kai. euvqu.j evka,lesen auvtou,j) kai. avfe,ntej to.n pate,ra auvtw/n Zebedai/on evn tw/| ploi,w| meta. tw/n misqwtw/n avph/lqon ovpi,sw auvtou/) 21 Kai. eivsporeu,ontai eivj Kafarnaou,m\ kai. euvqu.j toi/j sa,bbasin eivselqw.n eivj th.n sunagwgh.n evdi,dasken) 22 kai. evxeplh,ssonto evpi. th/| didach/| auvtou/\ h=n ga.r dida,skwn auvtou.j w`j evxousi,an e;cwn kai. ouvc w`j oi` grammatei/j) 23 kai. euvqu.j h=n evn th/| sunagwgh/| auvtw/n a;nqrwpoj evn pneu,mati avkaqa,rtw| kai. avne,kraxen 24 le,gwn( Ti, h`mi/n kai. soi,( VIhsou/ Nazarhne,* h=lqej avpole,sai h`ma/j* oi=da, se ti,j ei=( o` a[gioj tou/ qeou/) 25 kai. evpeti,mhsen auvtw/| o` VIhsou/j le,gwn( Fimw,qhti kai. e;xelqe evx auvtou/) 26 kai. spara,xan auvto.n to. pneu/ma to. avka,qarton kai. fwnh/san fwnh/| mega,lh| evxh/lqen evx auvtou/) 27 kai. evqambh,qhsan a[pantej w[ste suzhtei/n pro.j e`autou.j le,gontaj( Ti, evstin tou/to* didach. kainh. katV evxousi,an\ kai. toi/j pneu,masi toi/j avkaqa,rtoij evpita,ssei( kai. u`pakou,ousin auvtw/)| 28 kai. evxh/lqen h` avkoh. auvtou/ euvqu.j pantacou/ eivj o[lhn th.n peri,cwron th/j Galilai,aj) 29 Kai. euvqu.j evk th/j sunagwgh/j evxelqo,ntej h=lqon eivj th.n oivki,an Si,mwnoj kai. VAndre,ou meta. VIakw,bou kai. VIwa,nnou) 30 h` de. penqera. Si,mwnoj kate,keito pure,ssousa( kai. euvqu.j le,gousin auvtw/| peri. auvth/j) 31 kai. proselqw.n h;geiren auvth.n krath,saj th/j ceiro,j\ kai. avfh/ken auvth.n o` pureto,j( kai. dihko,nei auvtoi/j) 32 VOyi,aj de. genome,nhj( o[te e;du o` h[lioj( e;feron pro.j auvto.n pa,ntaj tou.j kakw/j e;contaj kai. tou.j daimonizome,nouj\ 33 kai. h=n o[lh h` po,lij evpisunhgme,nh pro.j th.n qu,ran) 34 kai. evqera,peusen pollou.j kakw/j e;contaj poiki,laij no,soij kai. daimo,nia polla. evxe,balen kai. ouvk h;fien lalei/n ta. daimo,nia( o[ti h;|deisan auvto,n) 35 Kai. prwi< e;nnuca li,an avnasta.j evxh/lqen kai. avph/lqen eivj e;rhmon to,pon kavkei/ proshu,ceto) 36 kai. katedi,wxen auvto.n Si,mwn kai. oi` metV auvtou/( 37 kai. eu-ron auvto.n kai. le,gousin auvtw/| o[ti Pa,ntej zhtou/si,n se) 38 kai. le,gei auvtoi/j( :Agwmen avllacou/ eivj ta.j evcome,naj kwmopo,leij( i[na kai. evkei/ khru,xw\ eivj tou/to ga.r evxh/lqon) 39 kai. h=lqen khru,sswn eivj ta.j sunagwga.j auvtw/n eivj o[lhn th.n Galilai,an kai. ta. daimo,nia evkba,llwn) 40 Kai. e;rcetai pro.j auvto.n lepro.j parakalw/n auvto.n Îkai. gonupetw/nÐ kai. le,gwn auvtw/| o[ti VEa.n qe,lh|j du,nasai, me kaqari,sai) 41 kai. splagcnisqei.j evktei,naj th.n cei/ra auvtou/ h[yato kai. le,gei auvtw/|( Qe,lw( kaqari,sqhti\ 42 kai. euvqu.j avph/lqen avpV auvtou/ h` le,pra( kai. evkaqari,sqh) 43 kai. evmbrimhsa,menoj auvtw/| euvqu.j evxe,balen auvto,n 44 kai. le,gei auvtw/|( {Ora mhdeni. mhde.n ei;ph|j( avlla. u[page seauto.n dei/xon tw/| i`erei/ kai. prose,negke peri. tou/ kaqarismou/ sou a] prose,taxen Mwu?sh/j( eivj martu,rion auvtoi/j) 45 o` de. evxelqw.n h;rxato khru,ssein polla. kai. diafhmi,zein to.n lo,gon( w[ste mhke,ti auvto.n du,nasqai fanerw/j eivj po,lin eivselqei/n( avllV e;xw evpV evrh,moij to,poij h=n\ kai. h;rconto pro.j auvto.n pa,ntoqen)
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Exercices: deuxième partie, la séquence
Traduction littérale 14
Or après que eut été livré Jean, vint Jésus en Galilée, proclamant l’Évangile de Dieu et disant que « Est accompli le temps et s’est approché le règne de Dieu : convertissezvous et croyez en l’Évangile ». 16 Et passant le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André le frère de Simon jetant dans la mer ; car ils étaient pêcheurs. 17 et il dit à eux Jésus : « Venez derrière moi, et je ferai vous devenir des pêcheurs d’hommes ». 18 Et aussitôt laissant les filets, ils suivirent lui. 19 Et avançant un peu, il vit Jacques de Zébédée et Jean le frère de lui et eux dans la barque arrangeant les filets. 20 Et aussitôt il appela eux. Et laissant leur père Zébédée dans la barque avec les salariés, ils vinrent derrière lui. 21 Et ils entrent dans Capharnaüm et aussitôt le sabbat entrant dans la synagogue il enseignait. 22 Et ils s’étonnaient de son enseignement car il enseignait eux comme autorité ayant et non comme les scribes. 23 Et aussitôt était dans la synagogue d’eux un homme dans un esprit impur. Et il cria 24 disant : « Quoi à nous et à toi, Jésus le Nazarénien ? Es-tu venu pour perdre nous ? Je sais qui tu es : le Saint de Dieu ». 25 Et le menaça Jésus disant : « Tais-toi et sors de lui ! ». 26 Et secouant lui l’esprit impur et criant d’un grand cri, il sortit de lui. 27 Et ils furent effrayés tous de sorte qu’ils discutaient entre eux disant : « Qu’est ceci ? Un enseignement nouveau avec autorité ! Même aux esprits impurs il commande et ils obéissent à lui ! » 28 Et sortit la renommée de lui aussitôt partout dans l’entière région de la Galilée. 29 Et aussitôt de la synagogue sortant, ils vinrent dans la maison de Simon et André avec Jacques et Jean. 30 La bellemère de Simon gisait fiévreuse et aussitôt ils parlèrent à lui pour elle. 31 Et venant-près il releva elle prenant la main. Et laissa elle la fièvre et elle servait eux. 32 le soir venu, quand fut couché le soleil, on portait près de lui tous les mal portant et les démoniaques 33 et était la ville entière réunie près de la porte. 34 Et il guérit de nombreux mal portant de divers maux et des démons nombreux il chassa. Et il ne laissait pas parler les démons car ils connaissaient lui. 35 Et le matin, à nuit noire, s’étant levé il sortit et alla dans un lieu désert et là il priait. 36 Et poursuivirent lui Simon et ceux avec lui 37 et ils trouvèrent lui et ils disent à lui : « Tous cherchent toi ». 38 Et il dit à eux : « Allons ailleurs dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame ; car pour cela je suis sorti ». 39 Et il vint proclamant dans leurs synagogues dans toute la Galilée et les démons chassant. 40 Et vient vers lui un lépreux, suppliant lui et disant à lui : « Si tu veux, tu peux me purifier ! » 41 Et ému, étendant la main, il toucha et dit à lui : « Je veux, sois purifié ! » 42 Et aussitôt s’en alla de lui la lèpre et il fut purifié. 43 Et rudoyant lui, aussitôt il chassa lui et dit à lui : 44 « Vois, à personne rien ne dis, mais va et toi-même montre-toi au prêtre et offre pour ta purification ce qu’a ordonné Moïse en témoignage pour eux ». 45 Or lui sortant, se mit à proclamer beaucoup et à divulguer la Parole, de sorte que lui plus ne pouvait entrer ouvertement dans une ville, mais dehors dans des lieux déserts il était et ils arrivaient vers lui de toute part. 15
B. MÉTHODOLOGIE Parmi les éléments linguistiques qui peuvent être utilisés pour construire un texte, on distingue ceux qui sont plus spécifiques des textes narratifs : – les notations de lieu et spécialement de changements de lieu ; – ceux-ci sont liés aux verbes de mouvement, comme « entrer », « sortir », etc. ; – les notations de temps et de changements de temps ; – les personnages et les changements de personnages. Généralement ces notations interviennent au début des unités littéraires, mais elles peuvent aussi en marquer la fin.
5. Mc 1,14-45
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C. AU TRAVAIL ! 1. PARTIR D’EN HAUT Marquer, avec tous les moyens typographiques que vous connaissez, les verbes de mouvement, spécialement ceux qui sont liés aux notations de lieu, les notations de temps et l’apparition des divers personnages. À partir de la convergence de ces éléments, diviser la séquence selon ses unités constitutives. N’oubliez pas que les notations de personnages, de temps et d’espace peuvent jouer à différents niveaux, celui des passages mais aussi à l’intérieur du passage et des éventuelles sous-séquences. Sur la base de ces indications, vous devriez arriver à une hypothèse de composition de l’ensemble. 2. PARTIR DU BAS La manière la plus sûre pour vérifier si les limites des passages ont été bien identifiées est de procéder à l’analyse de chacun d’entre eux. Si leur cohérence non seulement narrative et thématique mais aussi compositionnelle est assurée, on peut penser que la division en passage n’est pas erronée. 3. REPARTIR D’EN HAUT L’identification de chacun des passages ne suffit pas. Il faut aussi étudier les rapports entre les passages, en particulier les passages symétriques. Ils assurent en effet la cohérence de l’ensemble de la séquence. N’oubliez pas que certains passages plus étroitement liés entre eux peuvent former le niveau intermédiaire de la sous-séquence.
LES SOLUTIONS
PREMIÈRE PARTIE Le passage
1. Une énigme Répondons aux questions : a. Le premier syntagme qui constitue une phrase complète est : « Qu’est-ce que ça veut dire ? ». Qu’est-ce que ça veut dire qu’est-ce que ça veut dire qu’est-ce que ça veut dire qu’est-ce que ça ça veut dire ça veut ça veut dire veut dire ça veut dire dire qu’est-ce que ça veut dire ça veut dire qu’estce que ça veut dire.
b. Cette phrase se retrouve : – juste après la première, au début du texte, – tout à la fin du texte, et aussi une autre fois un peu avant : Qu’est-ce que ça veut dire qu’est-ce que ça veut dire qu’est-ce que ça veut dire qu’est-ce que ça ça veut dire ça veut ça veut dire veut dire ça veut dire dire qu’est-ce que ça veut dire ça veut dire qu’estce que ça veut dire.
c. Il faut ponctuer de cette manière les deux dernières occurrences de « qu’est-ce que ça veut dire » avec les trois mots qui se trouvent entre elles : « Qu’est-ce que ça veut dire ? » ça veut dire : « Qu’est-ce que ça veut dire ».
Ces mots peuvent former une seule phrase qui fait sens (même si c’est une pure tautologie!). d. Comme la fin du texte dit : « Qu’est-ce que ça veut dire » ça veut dire : « Qu’est-ce que ça veut dire »
on peut penser que c’est la réponse à la première phrase du texte qui est une question : Qu’est-ce que ça veut dire: « Qu’est-ce que ça veut dire »?
110
Les solutions: première partie, le passage
e. Dans cette portion de texte il y a cinq mots différents seulement : qu’est-ce que ça veut dire
2 fois 2 fois 6 fois 6 fois 6 fois
qu’est-ce que ÇA veut dire qu’est-ce que ÇA ÇA veut dire ÇA veut ça veut dire veut dire ÇA veut dire dire
f. Les mots « ça », « veut » et « dire » reviennent ensemble dans le même ordre quatre fois : qu’est-ce que ÇA veut dire qu’est-ce que ÇA ÇA veut dire ÇA veut ÇA veut dire veut dire ÇA veut dire dire
g. La première occurrence de « ça veut dire » est précédée et suivie par « qu’estce que » : qu’est-ce que ÇA veut dire qu’est-ce que
La seconde occurrence est encadrée par le même mot : « ça » : ÇA ÇA
veut dire ÇA
La troisième occurrence est encadrée par le même mot « veut » : veut ÇA veut dire veut
La dernière occurrence est encadrée par le même mot « dire » : dire ÇA veut dire dire
Ces quatre phrases peuvent être ponctuées de la même façon : – « Qu’est-ce que » – « Ça » – « Veut » – « Dire »
ça veut dire ça veut dire ça veut dire ça veut dire
« qu’est-ce que ». « ça ». « veut ». « dire ».
h. On comprend que l’ensemble du texte est une question, suivie d’une réponse détaillée. Voici le texte réécrit :
1. Une énigme
111
Qu’est-ce que ça veut dire: « Qu’est-ce que ça veut dire »? – « Qu’est-ce que » – « Ça » – « Veut » – « Dire »
ça veut dire ça veut dire ça veut dire ça veut dire
« qu’est-ce que ». « ça ». « veut ». « dire ».
« Qu’est-ce que ça veut dire » ça veut dire : « Qu’est-ce que ça veut dire »
Tant que vous ne compreniez pas le texte, vous étiez incapable de le diviser. En d’autres termes, vous ne pouviez pas le comprendre parce qu’il n’était pas divisé par la ponctuation. Ce petit jeu entendait vous rendre conscient de l’importance décisive de la division. Cela vaut pour tout texte, donc aussi pour les textes bibliques. Certes, aussi bien dans les éditions du texte en langue originale que dans les traductions, une division est proposée (en réalité elle est imposée). Toutefois, ces divisions ne sont pas révélées ! Elles sont œuvre humaine. Il ne faut donc pas vous y fier aveuglément ; au contraire, vous devez être critique et ne pas hésiter à les remettre en question, le cas échéant. Pour cette critique, il faut disposer d’un instrument sûr. Une des tâches de l’analyse rhétorique consiste à établir, de manière raisonnée, la division du texte. Le but auquel elle tend est évidemment de comprendre le texte. Mais, pour arriver plus sûrement au sens, il est nécessaire de choisir les moyens nécessaires, même s’ils sont onéreux. Un de ces moyens est de faire une bonne division du texte, ou, pour être plus précis, il consiste à découvrir les limites qui existent entre les diverses unités du texte, aux différents niveaux de son organisation. Diviser, mais aussi noter les rapports entre les unités que trop souvent l’exégèse maintient séparées.
2. Jr 17,5-8 1. Membres séparés par une lame 5
kō ’āmar yhwh / ’ārûr haggeber / ’ăšer yibṭaḥ bā’ādām / weśām bāśār zerō‘ô / ûminyhwh yāsûr libbô / 6 wehāyâ ke‘ar‘ār bā‘ărābâ / welō’ yir’eh kî-yābô’ ṭôb / wešākan ḥărērîm bammidbār / ’ereṣ melēḥâ welō’ tēšēb s / 7 bārûk haggeber / ’ăšer yibṭaḥ byhwh / wehāyâ yhwh mibṭaḥô / 8 wehāyâ ke‘ēṣ šātûl ‘al-mayim / we‘al-yûbal yešallaḥ šorāšāyw / welō’ (yirā’) [yir’eh] kî-yābō’ ḥōm / wehāyâ ‘ālēhû ra‘ănān / ûbišnat baṣṣōret lō’ yid’āg / welō’ yāmîš mē‘ăśôt perî 5
Ainsi dit Yhwh / maudit l’homme / lequel se fie en l’adam / et met dans la chair son bras / et de Yhwh s’écarte son cœur / 6 et il est comme un chardon dans la steppe / et il ne voit pas quand vient le bonheur / et il demeure en des lieux-brûlés dans le désert / terre salée et pas habitée / 7 béni l’homme / lequel se fie en Yhwh / et est Yhwh sa confiance / 8 et il est comme un arbre planté près de l’eau / et vers le courant il envoie ses racines / et il ne craint pas quand vient la chaleur / et il est son feuillage verdoyant / et dans l’année de sécheresse il ne s’inquiète pas / et il ne cesse pas de faire du fruit.
5a « Ainsi dit Yhwh » est une phrase complète. 5b « maudit l’homme » est une phrase nominale, proposition principale suivie par des subordonnées relatives coordonnées. 5c « lequel se fie en l’adam » est la première relative. 5d « et met dans la chair son bras » est la seconde relative coordonnée à la première. 5e « et de Yhwh s’écarte son cœur » est la troisième relative coordonnée à la seconde. 6a « et il est comme un chardon dans la steppe » est une proposition indépendante. 6b « et il ne voit pas quand vient le bonheur ». Du point de vue syntaxique, ce sont deux propositions, une principale et une temporelle ; toutefois, du point de vue du rythme, ce sont trois « termes », comme le membre précédent (notons que, en hébreu, les seconds termes commencent par ke et kî : ke‘ar‘ār, kî-yābô’). 6cd « et il demeure en des lieux-brûlés dans le désert terre salée et pas habitée ». Le problème ici est l’inverse du cas précédent. En effet, ces mots ne forment qu’une seule et même proposition. Celle-ci compte six termes ; les trois derniers forment un syntagme qui se trouve en apposition au terme précédent, « désert » et peuvent donc en être distingués. En outre, du point de vue du rythme on a de nouveau deux membres formés chacun de trois termes. 7a « béni l’homme » : comme « maudit l’homme » (voir ci-dessus). 7b « lequel se fie en Yhwh » : proposition relative.
114
Les solutions: première partie, le passage
7c « et il est Yhwh sa confiance » : deuxième relative coordonnée à la précédente. 8a « et il est comme un arbre planté près de l’eau » : proposition indépendante. 8b « et vers le courant il envoie ses racines » : idem. 8c « et il ne craint pas quand vient la chaleur » : même problème que pour 6b. 8d « et il est son feuillage verdoyant » : proposition indépendante. 8e « et dans l’année de sécheresse il ne s’inquiète pas » : idem. 8f « et il ne cesse pas de faire du fruit » : idem. 2. Un membre par ligne, les termes alignés verticalement 5
kō ’ārûr ’ăšer weśām ûmin-yhwh 6 e w hāyâ welō’ yir’eh wešākan ’ereṣ 7 bārûk ’ăšer wehāyâ 8 e w hāyâ we‘al-yûbal welō’ (yirā’) [yir’eh] wehāyâ ûbišnat welō’ yāmîš
’āmar haggeber yibṭaḥ bāśār yāsûr ke‘ar‘ār kî-yābô’ ḥărērîm melēḥâ haggeber yibṭaḥ yhwh ke‘ēṣ yešallaḥ šorāšāyw kî-yābō’ ‘ālēhû baṣṣōret mē‘ăśôt
5
dit l’homme se fie dans la chair s’écarte comme un chardon quand vient en des lieux-brûlés salée l’homme se fie Yhwh comme un arbre il envoie quand vient son feuillage de sécheresse de faire
Ainsi maudit lequel et met et de Yhwh 6 et il est et il ne voit pas et il demeure terre 7 béni lequel et il est 8 et il est et vers le courant et il ne craint pas et il est et dans l’année et il ne cesse pas
yhwh bā’ādām zerō‘ô libbô bā‘ărābâ ṭôb bammidbār welō’ tēšēb s byhwh mibṭaḥô šātûl
‘al-mayim
ḥōm ra‘ănān lō’ yid’āg perî Yhwh en l’adam son bras son cœur dans la steppe le bonheur dans le désert et pas habitée en Yhwh sa confiance planté près de l’eau ses racines la chaleur verdoyant il ne s’inquiète pas du fruit.
2. Jr 17,5-8
115
3. Les segments Commençons par les cas les plus évidents. 6cd . wešākan . ’ereṣ
ḥărērîm melēḥâ
bammidbār welō’ tēšēb
. et il demeure . terre
en des lieux-brûlés salée
dans le désert et pas habitée
Les deux membres forment une seule et même proposition ; comme on l’a déjà remarqué, le deuxième membre est en apposition au dernier terme du premier membre, « désert ». À part le verbe, tous les autres termes appartiennent au même champ sémantique. 5cde – ’ăšer :: ûmin-YHWH
yibṭaḥ bāśār yāsûr
bā’ādām zerō‘ô libbô
– lequel – et met :: et de YHWH
se fie (dans) la chair s’écarte
en l’adam son bras son cœur
– weśām
Ce sont trois propositions relatives coordonnées par « et ». – Dans les deux premiers membres, « l’adam » et « la chair » sont synonymes, indiquant tous deux des créatures faibles ; « son bras » renvoie à « se fie », car le bras signifie la force et « se fie » veut dire « mettre sa force dans ». – Le troisième membre dit la même chose, mais de manière négative : se fier en l’homme signifie ne pas se fier en Yhwh. « Yhwh » et « l’adam » sont opposés. – Les deux derniers membres s’achèvent avec deux termes qui appartiennent au même champ sémantique des parties du corps ; en outre ils ont le même pronom suffixe (en hébreu ; en français, l’adjectif possessif) ; « son bras » et « son cœur ». 6ab Du fait que les segments précédents ont été identifiés, il est déjà possible de dire que les deux membres 6ab, qui se trouvent entre le trimembre de 5cde et le bimembre de 6cd, forment eux aussi un segment bimembre, même si le rapport entre les deux membres n’est pas évident. - 6a wehāyâ - welō’ yir’eh
ke‘ar‘ār kî-yābô’
bā‘ărābâ ṭôb
- 6a et il est - et il ne voit pas
comme un chardon quand vient
dans la steppe le bonheur
116
Les solutions: première partie, le passage
On notera toutefois que « le bien » s’oppose au « chardon dans la steppe » : on comprend que « le bien » est la pluie. Les deux membres sont coordonnés par « et ». 5a et 5b Le trimembre 5cde et les deux bimembres 6ab et 6cd étant identifiés, restent au début deux membres, 5a et 5b. Le premier est une phrase narrative qui introduit toutes les paroles suivantes : elle est hors du « discours » de Yhwh. C’est donc un segment unimembre qui introduit l’ensemble de l’oracle. Il reste 5b. Cette proposition principale régit les trois subordonnées relatives suivantes avec lesquelles elle forme une phrase complète. Comme un segment ne comprend pas plus de trois membres, 5b est donc un unimembre. 7bc +’ăšer + wehāyâ
yibṭaḥ yhwh
byhwh mibṭaḥô
+ lequel + et il est
se fie Yhwh
en Yhwh sa confiance.
Les deux propositions relatives coordonnées sont parallèles : « Yhwh » est répété dans les deux membres et « sa confiance » est de même racine que « se fie ». On pourrait dire que 7abc est un segment trimembre de type ABB, la principale suivie par deux relatives coordonnées : cela est certainement possible. Toutefois, dans ce cas, le parallélisme de 7 avec 5bcde,qui est formé d’un unimembre (5a) suivi d’un trimembre (5cde) conduit à considérer 7 comme formé lui aussi de deux segments, un unimembre (7a) et un bimembre (7bc). 7a Voici un unimembre comme celui de 5b. Les deux segments sont semblables du point de vue syntaxique, mais ils sont opposés du point de vue sémantique – 5b ’ārûr + 7a bārûk
haggeber haggeber
– 5b maudit + 7a béni
l’homme l’homme
Ainsi ont été identifiés jusqu’ici les sept premiers segments. Reste à analyser seulement le verset 8. Ce verset comprend six membres. Il n’est pas facile de décider s’il s’agit de trois bimembres (3 x 2) ou de deux trimembres (2 x 3). Les deux premiers membres sont clairement en rapport étroit : .. 8 wehāyâ .. we‘al-yûbal
ke‘ēṣ yešallaḥ
šātûl šorāšāyw
‘al-mayim
.. 8a et il est .. et vers le courant
comme un arbre il envoie
planté ses racines
près de l’eau
2. Jr 17,5-8
117
Il y est question d’« un arbre » qui est « planté » et de « ses racines » ; l’arbre est « près de l’eau » et ses racines « vers le courant ». Les deux membres suivants pourraient aller ensemble ; « verdoyant » s’opposerait à « la chaleur », dans la mesure où malgré la chaleur il reste « verdoyant » : . 8c welō’ (yirā’) . wehāyâ
kî-yābō’ ‘ālēhû
ḥōm ra‘ănān
. 8b et il ne craint pas . et il est
quand vient son feuillage
la chaleur verdoyant
De même les deux derniers où se retrouve le même jeu entre « sécheresse » et « fruit » qu’entre « chaleur » et « verdoyant ». = 8e ûbišnat = welō’ yāmîš
baṣṣōret mē‘ăśôt
lō’ yid’āg perî
= 8e et dans l’année = et il ne cesse pas
de sécheresse de faire
il ne s’inquiète pas du fruit.
En outre, d’un segment à l’autre, « il ne s’inquiète pas » correspond à « il ne craint pas » qui sont pratiquement synonymes. Cependant, il faut examiner l’autre possibilité, celle qui voit dans les six membres du verset 8 deux trimembres. 8abc .. 8a wehāyâ .. we‘al-yûbal = welō’ (yirā’)
ke‘ēṣ yešallaḥ kî-yābō’
šātûl šorāšāyw ḥōm
.. 8a et il est .. et vers le courant = et il ne craint pas
comme un arbre il envoie quand vient
planté près de l’eau ses racines la chaleur
‘al-mayim
Le troisième membre exprimerait la conséquence de ce qui est dit dans les deux premiers ; « la chaleur » s’opposerait ainsi à « l’eau » et au « courant ». 8def : 8d wehāyâ : ûbišnat : welō’ yāmîš
‘ālēhû baṣṣōret mē‘ăśôt
ra‘ănān lō’ yid’āg perî
: 8d et il est : et dans l’année : et il ne cesse pas
son feuillage de sécheresse de faire
verdoyant il ne s’inquiète pas du fruit.
Aux extrémités le « feuillage » (litt., « ses feuilles ») et « du fruit » sont complémentaires. « Sécheresse » s’oppose à « verdoyant », dans la mesure où malgré la
118
Les solutions: première partie, le passage
sécheresse l’arbre demeure vert. Quant aux deux derniers membres, leurs verbes sont affectés de la négation. Les deux segments seraient complémentaires, le premier décrivant « les racines », le second « feuilles » et « fruits ». Il est déjà possible de remarquer que ces deux segments commencent de la même façon avec des termes identiques, « et il est », qui jouent le rôle de « termes initiaux ». Mais, ce faisant nous quittons le niveau des segments pour le niveau supérieur, celui du morceau. 5
kō
’āmar
yhwh
– ’ārûr
haggeber
– ’ăšer – weśām – ûmin-yhwh
yibṭaḥ bāśār yāsûr
bā’ādām zerō‘ô libbô
- 6 wehāyâ - welō’ yir’eh
ke‘ar‘ār kî-yābô’
bā‘ărābâ ṭôb
. wešākan . ’ereṣ
ḥărērîm melēḥâ
bammidbār welō’ tēšēb s
+ 7 bārûk
haggeber
+ ’ăšer + wehāyâ
yibṭaḥ yhwh
byhwh mibṭaḥô
.. 8 wehāyâ .. we‘al-yûbal .. welō’ (yirā’) [yir’eh]
ke‘ēṣ yešallaḥ kî-yābō’
šātûl šorāšāyw ḥōm
= wehāyâ = ûbišnat = welō’ yāmîš
‘ālēhû baṣṣōret mē‘ăśôt
ra‘ănān lō’ yid’āg perî
‘al-mayim
2. Jr 17,5-8 5
Ainsi
dit
119 Yhwh
– 5b maudit
l’homme
: lequel : 5d et met : et de Yhwh
se fie dans la chair s’écarte
en l’adam son bras son cœur
- 6a et il est - et il ne voit pas
comme un chardon quand vient
dans la steppe le bonheur
. 6c et il demeure . terre
les lieux-brûlés salée
dans le désert et pas habitée
+ 7a béni
l’homme
: lequel : et il est
se fie Yhwh
en Yhwh sa confiance
.. 8a et il est .. et vers le courant .. et il ne craint pas
comme un arbre il envoie quand vient
planté près de l’eau ses racines la chaleur
= 8d et il est = et dans l’année = et il ne cesse pas
son feuillage de sécheresse de faire
verdoyant il ne s’inquiète pas du fruit.
120
Les solutions: première partie, le passage
4. Repérage des éléments linguistiques qui se correspondent 5
Ainsi
dit
YHWH
– MAUDIT
l’homme
: lequel : et met : et de YHWH
se fie dans la chair s’écarte
en l’adam son bras son cœur
- 6 et il est - et il ne voit pas
comme un chardon quand vient
le bonheur
. et il demeure . terre
les lieux-brûlés salée
dans le désert et pas habitée
+ 7 BÉNI
l’homme
: lequel : et il est
se fie YHWH
en YHWH sa confiance
.. 8 et il est .. et vers le courant .. et il ne craint pas
comme un arbre il envoie quand vient
planté près de l’eau ses racines la chaleur
= et il est = et dans l’année = et pas il ne cesse
son feuillage de sécheresse de faire
verdoyant il ne s’inquiète pas du fruit.
dans la steppe
– « lequel se fie en » revient deux fois, en 5c et en 7b. Cela est plus fort que, par exemple, la quadruple reprise de « Yhwh » (5a.5e.7b.7c), parce qu’il ne s’agit pas d’un lexème isolé, mais d’un syntagme (ou groupe de mots) qui comprend deux termes et même la préposition du terme suivant. – Il faut ajouter que les deux syntagmes sont suivis par deux termes qui sont en rapport d’opposition : « l’adam » (5c), « Yhwh » (7b). – Les deux membres opposés 5c et 7b sont précédés par deux membres antithétiques : « maudit l’homme » / « béni l’homme » où le sujet, « l’homme », est le même et ou les prédicats sont opposés : « maudit » / « béni ». – Le syntagme « et il est comme un » revient deux fois (6a.8a) ; notons d’ores et déjà que ces deux syntagmes apparaissent chaque fois après les segments qui commencent avec « lequel se fie en » (5cde ; 7bc). – Les termes qui suivent ces syntagmes appartiennent au même champ sémantique : « un chardon » et « un arbre ». Le premier de ces termes pose un problème lexicographique : il n’est que de comparer les traductions pour entrevoir la difficulté : « chardon » pour la BJ, « genévrier » pour Osty (qui écrit en note : « genévrier » : sens incertain ; chardon ( ?), bruyère ( ?), tamaris ( ?) ». La TOB est plus prudente : « arbuste ».
2. Jr 17,5-8
121
– Le dernier terme de 6a, « dans la steppe », s’oppose au dernier de 8a : « près de l’eau », d’autant plus qu’ils sont introduits par des prépositions de lieu traduites par « dans » et « près de ». – Les deux membres de 6a et 8a se correspondent dans tous leurs éléments (à part « planté »). – Un autre syntagme revient deux fois : « et il ne voit/craint pas quand vient » (6b.8c). On se rappellera que, en hébreu, les deux lexèmes verbaux « voit » et « craint » sont en rapport paronomastique : yir’eh / yirā’. – Il y a aussi paronomase entre deux autres lexèmes : « bonheur/chaleur » (hébreu, ṭôb / ḥōm). Noter que ce genre de rapports n’est repérable que sur le texte original ; d’où la nécessité de ne pas travailler seulement sur la traduction ! En hébreu il s’agit de deux monosyllabes ; il se trouve que la traduction français respecte ce rapport, avec des mots comprenant deux syllabes et dont les deux derniers phonèmes sont identiques : /œr/. La relation de paronomase n’épuise pas le rapport entre ces deux termes : ils sont aussi antithétiques, car « la chaleur » dont il s’agit constitue une menace pour l’arbre, un « malheur » s’il ne se trouvait pas planté près de l’eau. – Ces deux derniers mots se trouvent à la suite des deux syntagmes « et il ne voit/craint pas quand vient » ; ce sont donc deux membres qui se trouvent en rapport étroit. – Notons que ces syntagmes viennent après les précédents, la première fois comme second membre du même bimembre : - 6a et il est - et il ne voit pas
comme un chardon quand vient
dans la steppe le bonheur
La deuxième fois comme troisième membre du même trimembre : .. 8a et il est .. et vers le courant .. et il ne craint pas
comme un arbre il envoie quand vient
planté près de l’eau ses racines la chaleur
– Ajoutons que « et il est » revient encore deux fois en 7c et en 8d. – Le groupe coordonnant + négation qui se trouve au début de 6b et de 8c (et qui a déjà été relevé) est repris dans le dernier membre du segment qui suit : « et pas habitée » (6d) ; « et pas il ne cesse » (8f) ; la traduction a voulu respecter autant qu’il était possible ce rapport. Remarquer que, dans le dernier segment, la négation apparaît déjà dans le membre précédent : « il ne s’inquiète pas » (8e). 5. Fonction de 5b et de 7a – L’unimembre de 5b se trouve au début du texte (5a mis à part, pour l’instant). – Du moment que 5b se trouve au début du texte, il est clair que 5b et 7a ne peuvent pas être « termes finaux ». Pour la même raison, ils ne peuvent pas être ni « termes médians » ni « termes centraux ».
122
Les solutions: première partie, le passage
– Restent deux possibilités : « termes finaux » et « termes initiaux ». Le choix s’impose dès que l’on note . que chacun de ces deux unimembres est suivi par un groupe de propositions relatives et par une comparaison qui commence par « et il est comme... » ; . que le sort du « chardon » de 6 n’est pas enviable, qu’il est « maudit », et qu’en revanche « l’arbre planté près de l’eau » et qui « ne cesse de faire du « fruit » est « béni ». 6. Le texte est organisé en deux unités – la première (5b-6) négative, – la seconde (7-8) positive. 7. Subdivision de chacune des deux grandes parties – La première partie (5b-6) comprend quatre segments, un unimembre (5b), un trimembre (5cde) et deux bimembres (6ab.6cd); la seconde (7-8) comprend elle aussi quatre segments, un unimembre (7a), un bimembre (7bc) et deux trimembres (8abc.8def). – Chacune des deux parties peut être divisée en deux morceaux, selon les deux termes de la comparaison. Dans la première, le premier morceau (5b-d) parle de l’homme, tandis que le second (6) le compare à un chardon ; le premier morceau comprend un unimembre suivi d’un trimembre, le second morceau comprend deux bimembres. Il en va de même dans la seconde partie : le premier morceau comprend un unimembre suivi d’un bimembre, tandis que le deuxième morceau comprend deux trimembres. Tandis que le premier morceau de la première partie comprend quatre membres, celui de la seconde partie a un membre en moins ; au contraire, tandis que le deuxième morceau de la première partie compte quatre membres, le deuxième morceau de la seconde partie en compte six. La deuxième partie a un membre en plus que la première. Tandis que le deuxième membre de la première partie insiste plus sur la confiance mise en l’homme (5cd), celle-ci est totalement absente en 7bc où l’on parle seulement de la confiance en Dieu. 8. Réécriture de l’ensemble du texte Les seconds morceaux ont été renfoncés pour mieux visualiser le parallélisme des deux parties : en effet les débuts des morceaux symétriques sont alignés verticalement, chacun différemment. Vous avez sans doute noté que ce sont seulement les rapports entre les deux parties qui ont été mis en valeur ; à ce niveau du passage, les rapports à l’intérieur des unités inférieures ne sont plus mis en évidence, pour ne pas surcharger la réécriture et parce que cela a été fait précédemment. Dans cet exercice nous ne l’avons fait qu’au premier niveau, celui des segments, mais il serait possible de le faire aussi au niveau de chacun des morceaux, de chacune des parties.
2. Jr 17,5-8
123
Vous aurez aussi remarqué que les membres de chaque segment sont précédés de signes typographiques (– / : / .. / +) ; ces signes permettent de mieux visualiser les rapports : par exemple, dans les seconds morceaux, les membres du premier segment sont précédés de « : », et ceux du second de « .. ». Ces signes n’ont généralement pas de valeur sémantique ; toutefois, les membres des segments des premiers morceaux sont précédés de « – » dans la première partie et de « + » dans la deuxième, pour marquer la différence sémantique (négative, puis positive). Pour la ponctuation, il semble que le plus simple est de mettre un point à la fin de chaque partie et un point-virgule à la fin des premiers morceaux. Si l’on choisissait en revanche de mettre un point à la fin du premier morceau de la première grande partie, il faudrait être conséquent et faire de même dans la deuxième. 5
kō
’āmar
– ’ārûr – ’ăšer – weśām :: ûmin-yhwh
yhwh haggeber
yibṭaḥ bāśār yāsûr
bā’ādām zerō‘ô libbô
···········································································································
: 6 wehāyâ : welō’ yir’eh
ke‘ar‘ār kî-yābô’
bā‘ărābâ ṭôb
.. wešākan .. ’ereṣ
ḥărērîm melēḥâ
bammidbār welō’ tēšēb s
+ 7 bārûk :: ’ăšer :: wehāyâ
haggeber yibṭaḥ yhwh
byhwh mibṭaḥô
···········································································································
: 8 wehāyâ : we‘al-yûbal : welō’ (yirā’)
ke‘ēṣ yešallaḥ kî-yābō’
šātûl šorāšāyw ḥōm
.. wehāyâ .. ûbišnat .. welō’ yāmîš
‘ālēhû baṣṣōret mē‘ăśôt
ra‘ănān lō’ yid’āg perî
‘al-mayim
Pour souligner les rapports entre éléments linguistiques, il est possible d’utiliser des caractères différents, comme cela a été fait ci-dessus. Mais nous aurons l’occasion d’en reparler. 9. La fonction des deux occurrences de « et il est comme un... » (6a.8a) est celle de « termes initiaux » qui marquent le début des seconds morceaux.
124 5
Les solutions: première partie, le passage
Ainsi
dit
Yhwh :
– MAUDIT – LEQUEL – et met – et de Yhwh
L’HOMME SE FIE
l’adam son bras son cœur ; EN
dans la chair s’écarte
·······················································································································
: 6 ET IL EST : ET IL NE VOIT PAS
COMME un
QUAND VIENT
dans la steppe le bonheeur
.. et il demeure .. terre
les lieux-brûlés salée
dans le désert et pas habitée.
+ 7 BÉNI + LEQUEL + et est
chardon
L’HOMME
Yhwh sa confiance ;
SE FIE
EN
Yhwh
·······················································································································
: 8 ET IL EST : et vers le courant : ET IL NE CRAINT PAS
COMME
QUAND VIENT
planté ses racines la chaleeur
.. et il est .. et dans l’année .. et il ne cesse pas
son feuillage de sécheresse de faire
verdoyant il ne s’inquiète pas du fruit.
un arbre il envoie
près de l’eau
Note finale sur les niveaux Pour conclure ce premier exercice, il faut compléter la définition des niveaux : – le segment est formé de 2 ou de 3 membres ou même d’ 1 seul ; – le morceau est formé de 2 ou de 3 segments ou même d’ 1 seul ; – la partie est formée de 2 ou de 3 morceaux ou même d’ 1 seul ; – le passage est formé de 2 ou de 3 parties ou même d’une seule. Le passage est ce que les exégètes appellent la « péricope ». Ce terme a été écarté du vocabulaire technique, car il n’est pas connu en dehors des milieux exégétiques.
2. Jr 17,5-8
125
Note technique Vous travaillez certainement sur ordinateur. Voici donc quelques conseils pratiques. 1. Tabulations N’utilisez jamais les espaces pour faire les alignements verticaux, car ça ne tombera jamais juste. Utilisez les tabulations. Mais, généralement, les tabulations par défaut sont de 1,25 cm ou de 1,27 : c’est beaucoup trop. Mettez-les à 0,5 : Paragraphe, Tabulations, Tabulations prédéfinies : 0,5 2. Cadres Pour encadrer les parties, sans que le cadre dépasse à droite et à gauche la justification de votre page, vous devez rentrer les marges : Paragraphe, Renfoncement à droite et à gauche : 0,15 cm. Pour voir si le cadre ne déborde pas : Instruments, Options, Visualisation, Options pour la visualisation... : cocher Limites du texte. Un conseil : faites-vous un style pour les cadres. Mieux encore, utilisez un « modèle » à partir duquel vous créerez les documents pour vos exercices. Vous en trouverez un sur le site de la RBS : http://www.retoricabiblicaesemitica.org/arb_esercizi_fr.html 3. Caractères Outre Times New Roman et Arial, les autres caractères qui sont utilisés dans nos Exercices sont ceux qui sont disponibles sur le site de la RBS : « Polices de caractères ». Téléchargez-les dans le dossier des « Fonts » de votre Windows, si vous voulez voir et imprimer les exercices comme ils ont été composés. La tentation du débutant est d’utiliser un trop grand nombre de caractères différents. N’utilisez que ceux que vous trouverez sur notre site. Ainsi nous pourrons marcher du même pas !
3. Mt 7,24-27 Voici une réécriture du texte grec : + 24 Pa/j ou=n o[stij + kai. – –
o[stij
avkou,ei poiei/
mou tou.j lo,gouj auvtou.j(
tou,touj
o`moiwqh,setai wv|kodo,mhsen
avndri. auvtou/ th.n oivki,an
froni,mw|( evpi. th.n pe,tran\
·······················································································································
: 25 kai. : kai.
kate,bh h=lqon
h` broch. oi` potamoi.
: kai. : kai.
e;pneusan
prose,pesan
oi` a;nemoi th/| oivki,a|
= kai. = + 26 kai. pa/j + kai. – –
o[stij
evkei,nh|(
ouvk e;pesen( teqemeli,wto ga.r
evpi. th.n pe,tran)
o` avkou,wn mh. poiw/n
mou tou.j lo,gouj auvtou.j
tou,touj
o`moiwqh,setai wv|kodo,mhsen
avndri. auvtou/ th.n oivki,an
mwrw/|( evpi. th.n a;mmon\
·······················································································································
: 27 kai. : kai.
kate,bh h=lqon
h` broch. oi` potamoi.
: kai. : kai.
e;pneusan
prose,koyan
oi` a;nemoi th/| oivki,a|
e;pesen h` ptw/sij auvth/j
mega,lh)
= kai. = kai. h=n
evkei,nh|(
Vous vous souvenez que nous avions parlé de ponctuation pour le texte de Jr 17,5-8 (p. 123). Examiner la ponctuation (c’est celle de la 27e édition de NestleAland). Vous paraît-elle cohérente ? Avant de regarder la planche en français, il serait bon que vous vérifiiez la ponctuation que vous avez adoptée dans votre réécriture.
128
Les solutions: première partie, le passage
+ 24 Donc quiconque + et – –
lequel
ÉCOUTE FAIT
CES MIENNES ELLES
PAROLES
sera comparable a construit
à un homme sa maison
avisé SUR LE ROC.
··················································································································
: 25 Et : et : et :: et
est descendue sont venus ont soufflé
la pluie les fleuves, les vents
ils ont chuté-contre
cette maison-là.
·································································································
= Et = car + 26 Et + et – –
quiconque
lequel
elle n’a pas chuté elle avait été fondée
sur le roc.
ÉCOUTANT ne FAISANT pas
CES MIENNES ELLES
PAROLES
sera comparable a construit
à un homme sa maison
insensé SUR LE SABLE.
··················································································································
: 27 Et : et : et :: et
est descendue sont venus ont soufflé
la pluie les fleuves, les vents
ils ont heurté-contre
cette maison-là.
·································································································
= Et = et fut
elle a chuté sa chute
grande.
Les deux parties de ce passage sont parallèles (24-25 ; 26-27). Les premiers morceaux (24.26) présentent deux comparaisons opposées : « ne pas faire » s’oppose à « faire », « insensé » à « avisé » et « sable » à « roc ». Chacun des derniers versets (25-27) comprend trois segments. Les premiers sont des trimembres (25abc.27abc) qui décrivent la tempête en elle-même ; les seconds (25d.27d) sont des unimembres dont le sujet non exprimé se réfère aux trois sujets du trimembre précédent, « pluie », « fleuves » et « vents », et qui montre comment les éléments se déchaînent contre la maison ; enfin, les derniers segments (25ef.27ef) sont des bimembres. Les deux premiers segments sont presque identiques : la seule différence regarde les verbes du segment unimembre qui ont toutefois en commun le même préfixe pros- (rendu par « -contre » : « ils ont chuté-contre » et « ils ont heurté-contre ») Dans les derniers segments au contraire, si les premiers membres, très brefs, sont opposés seulement par la négation, les seconds membres sont très dissemblables : à la fin de la première partie 25f exprime la cause de la non chute, tandis que 27f à la fin de la seconde partie exprime la conséquence de la chute. On pourrait hésiter sur l’organisation de ces deux derniers versets. La première solution, la plus simple, serait de considérer que chacun forme un seul
3. Mt 7,24-27
129
morceau qui comprend trois segments : un trimembre, un unimembre et un bimembre. On pourra préférer ce choix, parce qu’il semble respecter davantage la division entre l’énoncé de la comparaison (24.26) et le récit de ce qui est arrivé à chacune des deux maisons. Toutefois, il existe une autre possibilité qui tient compte d’un changement important dans chacun des versets 25 et 27 entre les deux premiers segments et le troisième : en effet, les deux premiers ont le même type de sujets, les éléments naturels, tandis que le sujet du dernier segment est la maison. On pourrait donc préférer diviser les deux derniers versets en deux morceaux1. C’est pourquoi la réécriture grecque suit la première solution tandis que la traduction française suit la seconde. Pour la ponctuation, vous aviez sans doute noté que Nestle-Aland n’est pas tout à fait cohérent : en effet, il met une virgule à la fin du premier segment de la première partie (24b) mais l’omet à la fin du segment symétrique (26b). De même, il met une virgule à la fin de 25e mais ne la met pas à la fin de 27e ; or les deux membres du segment final de chaque partie sont également coordonnés, le dernier par « et », le premier par « car », qui sont toutes deux des conjonctions de coordination (même si en grec gar est postposé).
1 On pourra remarquer que « ils ont chuté-contre » de 25e et « elle n’a pas chuté » de 25e jouent le rôle de termes médians pour les bimembres 25cd et 25ef.
4. Ps 2 1. PARTIR DU BAS 1.1 Faire la segmentation v. 1 - 1 lāmmâ - ûle’ummîm
rāgšû yehgû
- 1 Pourquoi - et les peuples
conspirent murmurent
-
gôyîm rîq les nations en vain ?
C’est un bimembre à six termes ; les sujets sont synonymes (« les nations » et « les peuples »), les verbes, en seconde position, appartiennent au même champ sémantique de la révolte (« conspirer » et « murmurer »). Les termes extrêmes sont en relation d’homologie (Traité, 130 ; 3.52). v. 2 : 2 yityaṣebû : werôznîm .. ‘al-Yhwh
malkê nôsdû we‘al-mešîḥô
’ereṣ yāḥad
: 2 S’insurgent : et les princes .. contre Yhwh
les rois se liguent et contre son Oint :
de la terre ensemble,
Il s’agit d’un trimembre de type AA’B. Dans les premiers membres « les rois » et « les princes » appartiennent au champ sémantique des gouvernants ; les verbes appartiennent au champ sémantique de la révolte. Dans le troisième membre sont coordonnés les deux personnages contre lesquels s’insurgent les rebelles. v. 3 – 3 nenatteqâ – wenašlîkâ
’et-môsrôtêmô mimmennû
‘ăbōtêmô
– 3 Rompons – et jetons- loin
leurs liens de nous
leurs entraves !
De nouveau, un segment bimembre : au début des membres les verbes appartenant au même champ sémantique du rejet, à la fin les compléments d’objet, qui indiquent les courroies de cuir qui maintiennent le joug sur la tête ou le cou des animaux de trait.
132
Les solutions: première partie, le passage
v. 4 + 4 yôšēb + ’ădōnāy
baššāmayim yil‘ag -
yiśḥāq lāmô
+ 4 Celui-qui-siège + le Seigneur
dans les cieux se moque
se rit, d’eux.
Le sujet est le même personnage, décrit en deux termes dans le premier membre ; les verbes sont synonymes. Avec l’ajout final de « d’eux » le rythme 3 + 3 est maintenu. v. 5 be’appô
= 5 ’āz yedabbēr = ûbaḥărônô
’ēlêmô yebahălēmô
= 5 Alors il parle = et dans sa fureur
à eux dans sa colère il épouvante-eux.
Les deux verbes ont le même sujet sous-entendu, le même que dans le segment précédent. Le second verbe est plus précis que le premier ; « colère » et « fureur » sont synonymes. Le rythme n’est plus 3 + 3, mais 3 + 2. Les deuxièmes termes de chaque membre finissent avec le même pronom suffixe archaïque traduit ici par « à eux » et « épouvante-eux ». v. 6 . 6 wa’ănî . ‘al-ṣiyyôn
nāsaktî har -
malkî qodšî
. 6 C’est moi . sur Sion,
qui ai consacré montagne
mon Roi, de ma sainteté.
Le deuxième membre est un complément de lieu. Les derniers termes s’achèvent avec le pronom suffixe de première personne singulier, qui fait rime. On pourrait voir une relation entre « ai consacré » et « ma sainteté », le consacré ou oint devenant par le fait même consacré.
4. Ps 2
133
v. 7 + 7 ’ăsapperâ + ’āmar
’el ḥōq ’ēlay
– benî – ’ănî
’attâ hayyôm
+ 7 Je proclamerai + il a dit
le décret à moi :
– Mon Fils – moi
(c’est) toi, aujourd’hui
Yhwh
yelidtîkā de Yhwh :
je t’ai engendré.
Ce verset comprend deux segments bimembres. Les deux verbes du premier segment sont des verbes de parole : le locuteur annonce qu’il dira ce que le Seigneur lui a dit. Les deux membres du second segment expriment la même idée, mais le second membre précise, avec l’adverbe « aujourd’hui », qu’il s’agit de filiation adoptive. Le second segment est « le décret » dont parle le premier membre du premier segment. v. 8 + 8 še’al :: we’ettenâ :: wa’ăḥuzzātkā
mimmennî gôyîm ’apsê -
naḥălātekā ’āreṣ
+ 8 Demande :: et je donnerai :: et ton domaine
à moi les nations les confins
(comme) ton héritage de la terre.
Ce segment est un trimembre de type ABB’. Le premier membre comprend deux termes, les deux autres membres trois termes chacun. Ces derniers membres sont en quelque sorte la réponse à l’invitation du premier membre. Dans les derniers membres « les nations » et « les confins de la terre » sont synonymes, et « ton domaine » est celui qui a été reçu en « héritage ». v. 9 - 9 terō‘ēm - kikelî
bešēbeṭ yôṣēr
barzel tenapeṣēm
- 9 Tu les briseras - comme vase
avec un sceptre de potier
de fer, tu les casseras.
Les verbes, qui sont synonymes, se trouvent aux extrémités. Les compléments, de même structure syntaxique, sont complémentaires : le « vase de potier » est brisé avec le « sceptre de fer » ; la fragilité du « vase » (d’argile) s’oppose à la dureté du « fer ». Symbole de pouvoir, le sceptre était, à l’origine, une arme, la masse d’arme.
134
Les solutions: première partie, le passage
v. 10 + 10 we‘attâ + hiwwāsrû
melākîm šōpṭê
haśkîlû ’āreṣ
+ 10 Et maintenant, + instruisez-vous,
rois, juges
comprenez, de la terre.
Les verbes sont synonymes et les vocatifs de même. v. 11 beyir’â
– 11 ‘ibdû – wegîlû
’et-Yhwh bir‘ādâ
– 11 Servez – et exultez
Yhwh avec crainte avec tremblement.
Les verbes sont des impératifs de deuxième personne du pluriel, les compléments de manière sont synonymes. Le nom de « Yhwh » n’est pas repris dans le second membre. v. 12ab : 12 našqû : pen-ye’ĕnap
bar wetô’bdû
derek
: 12 Embrassez : qu’il ne s’irrite
le Fils, et ne perdiez
le chemin.
Le premier membre est la principale, le second la subordonnée où sont coordonnés deux verbes : le premier a comme sujet « le Fils », le sujet du second au contraire est celui de « embrassez ». Les amplifications de la Septante transforment le bimembre en un trimembre: : 12 draxaste - mēpote - kai apoleisthe
paideias orgisthēi ex hodou
kyrios dikaias.
: 12 Attachez-vous - de peur que - et que vous ne vous perdiez
à l’éducation ne s’irrite hors de la voie
le Seigneur juste.
4. Ps 2
135
v. 12cd - kî-yib‘ar - ’ašrê
kim‘aṭ kol-ḥôsê
’appô bô
- Oui, prend-feu - heureux
d’un coup qui se réfugie
sa colère; en lui !
La traduction « qui se réfugie en lui » n’est pas tout à fait exacte ; littéralement, ce serait : « tous les se réfugiant en lui ». Les deux membres sont opposés : qui se réfugie en lui évite sa colère. Si l’on choisissait la correction adoptée par la Bible de Jérusalem, l’analyse serait bien différente. Au lieu de trois bimembres en effet, on aurait un trimembre et un bimembre : – 11 ‘ibdû – bir‘ādâ – 12 pen-ye’ĕnap
’et-Yhwh našqû wetô’bdû
beyir’â beraglāw derek
:: kî-yib‘ar :: ’ašrê
kim‘aṭ kol-ḥôsê
’appô bô
– 11 Servez Yhwh – avec tremblement embrassez – 12 qu’il NE S’IRRITE et ne perdiez
avec crainte, ses pieds, le chemin.
- Oui, prend-feu - heureux
en lui !
d’un coup qui se réfugie
SA COLÈRE;
1.2 Regrouper les segments en morceaux • Les deux premiers segments (1-2) vont ensemble : - 1 lāmmâ - ûle’ummîm
rāgšû yehgû
: 2 yityaṣebû : werôznîm .. ‘al-Yhwh
malkê nôsdû we‘al-mešîḥô :
’ereṣ, yāḥad,
- 1 Pourquoi - et les peuples
conspirent murmurent
les nations, en vain ?
: 2 S’insurgent : et les princes .. contre Yhwh
les rois se liguent et contre son Oint:
de la terre, ensemble,
-
gôyîm, rîq :
136
Les solutions: première partie, le passage
Les quatre verbes sont tous à la troisième personne du pluriel et appartiennent au même champ sémantique de la révolte. Leurs sujets sont complémentaires, les peuples dans le premier segment, leurs gouvernants dans le second. • Les versets 4-5: + 4 yôšēb + ’ădōnāy
baššāmayim yil‘ag -
yiśḥāq, lāmô :
+ 5 ’āz yedabbēr + ûbaḥărônô
’ēlêmô yebahălēmô :
be’appô,
+ 4 Celui-qui-siège + le Seigneur
dans les cieux se moque
se rit, d’eux.
+ 5 Alors il parle + et dans sa fureur
à eux dans sa colère, il épouvante-eux:
Le sujet des quatre verbes, masculin singulier, est le même, « le Seigneur ». Au contraire l’objet est pluriel : le pronom archaïque, traduit pas « eux », est utilisé trois fois, une fois à la fin du premier segment, deux fois dans le second. • Les versets 8-9 : – 8 še’al – we’ettenâ – wa’ăḥuzzātkā
mimmennî. gôyîm ’apsê -
naḥălātekā, ’āreṣ :
= 9 terō‘ēm = kikelî
bešēbeṭ yôṣēr
barzel, tenapeṣēm :
– 8 DEMANDE – et je donnerai – et ton domaine
à moi les nations les confins
(comme) ton héritage, de la terre.
= 9 Tu les BRISERAS = comme vase
avec un sceptre de fer, de potier les CASSERAS.
Les deux segments sont adressés à un personnage masculin. Les verbes de 8a et de 9ab sont à la deuxième personne masculin singulier ; en 8bc les pronoms suffixes sont eux aussi à la même personne. Les pronoms objets du second segment (« les ») se réfèrent aux compléments d’objet des deux membres précédents, « les nations » et « les confins de la terre ».
4. Ps 2
137
• Les versets 10-12b : + 10 we‘attâ + hiwwāsrû
melākîm šōpṭê
haśkîlû, ’āreṣ :
– 11 ‘ibdû – wegîlû
’et-Yhwh
beyir’â, bir‘ādâ:
:: 12 našqû :: wetô’bdû
bar derek.
pen-ye’ĕnap.
+ 10 Et maintenant, + instruisez-vous,
rois, juges
comprenez, de la terre.
– 11 Servez – et exultez
Yhwh avec crainte, avec tremblement.
:: 12 Embrassez :: qu’il ne s’irrite
le Fils, et ne perdiez
le chemin.
Les verbes des deux premiers segments et du premier membre du troisième sont des impératifs de deuxième personne du pluriel. Tandis que le premier segment nomme les sujets des verbes, « rois » et « juges de la terre », les deux autres segments indiquent leurs compléments d’objet : « Yhwh » dans le second segment, « le Fils », dans le troisième, en même position. 1.3 Étudier ce qui reste – Entre les deux premiers morceaux identifiés, il reste un segment bimembre (3); – entre le deuxième et le troisième morceau, restent deux bimembres (6-7) ; – à la fin il reste un seul bimembre (12cd). • Les deux verbes du verset 3 sont à la première personne du pluriel, tandis que ceux des versets précédents sont à la troisième personne du pluriel ; en d’autres termes le verset 3 est discursif, alors que les versets 1-2 sont narratifs. On peut raisonnablement faire l’hypothèse que le verset 3 rapporte les paroles prononcées par les personnes dont parlent les deux segments précédents, « nations », « peuples », « rois » et « princes ». Les pronoms « eux » en 3a et 3b devraient donc renvoyer à « Yhwh » et « son Oint ». Le discours exprime la révolte dont parlent les segments narratifs. Les trois segments 1-3 peuvent donc former une unité, et sans doute les aviez-vous déjà regroupés en un seul morceau. Ensuite intervient un changement important : le sujet des segments suivants est désormais le Seigneur, en réaction à ce que font les nations et leur rois rebelles. • Les trois segments des versets 6-7 sont de nouveau des paroles, prononcées à la première personne du singulier : « C’est moi qui ai consacré », puis « Je proclamerai », « moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ».
138
Les solutions: première partie, le passage
Toutefois il est une différence notable : celui qui parle ne peut pas être la même personne tout au long des deux versets : dans le premier segment le sujet est le Seigneur qui parle du roi qu’il a consacré. En revanche, dans les segments suivants, c’est le roi qui proclame (7ab) les paroles qu’a dites le Seigneur (7cd). • Pour le dernier verset (12cd) on peut seulement noter, pour le moment, que « sa colère » pourrait renvoyer à « s’irrite » du segment précédent (12a). 1
Pourquoi et les peuples
conspirent murmurent
les nations, en vain ?
2
S’insurgent et les princes contre Yhwh
les rois se liguent et contre son Oint :
de la terre, ensemble,
3
Rompons et jetons-loin
leurs liens, de nous
leurs entraves !
4
Celui-qui-siège le Seigneur
dans les cieux se moque
se rit, d’eux.
5
Alors il parle et dans sa fureur
à eux il épouvante-eux:
dans sa colère,
6
C’est moi sur Sion,
qui ai consacré montagne
mon Roi, de ma sainteté.
7
Je proclamerai il a dit
le décret à moi :
de Yhwh:
mon Fils moi
(c’est) toi, aujourd’hui
je t’ai engendré:
8
Demande et je donnerai et ton domaine
à moi les nations les confins
(comme) ton héritage, de la terre.
9
Tu les briseras comme vase
avec un sceptre de potier
de fer, tu les casseras.
10
Et maintenant, instruisez-vous,
rois, juges
comprenez, de la terre.
11
Servez et exultez
Yhwh avec tremblement.
avec crainte,
12
Embrassez qu’il ne s’irrite
le Fils, et ne perdiez
le chemin.
Oui, prend-feu heureux
d’un coup qui se réfugie
sa colère; en lui !
4. Ps 2
139
2. PARTIR D’EN HAUT 1
gôyîm rîq
lāmmâ ûle’ummîm
rāgšû yehgû
2
yityaṣebû weRÔZNÎM ‘al-YHWH
MALKÊ nôsdû E we‘al-M ŠÎḤÔ
3
nenatteqâ wenašlîkâ
’et-môsrôtêmô mimmennû
‘ăbōtêmô
4
yôšēb ’ădōnāy
baššāmayim yil‘ag -
yiśḥāq lāmô
5
’āz yedabbēr ûbaḥărônô
’ēlêmô yebahălēmô
be’appô
6
nāsaktî har -
wa’ănî ‘al-ṣiyyôn 7
’ăsapperâ ’āmar E
-
’el ḥōq ’ēlay
’EREṢ yāḥad
MALKÎ
qodšî YHWH
’attâ hayyôm
yelidtîkā
š ’al we’ettenâ wa’ăḥuzzātkā
mimmennî gôyîm ’apsê -
naḥălātekā ’ĀREṢ
9 e
t rō‘ēm kikelî
bešēbeṭ yôṣēr
barzel tenapeṣēm
10
we‘attâ hiwwāsrû
MELĀKÎM
haśkîlû ’ĀREṢ
11
’et-YHWH
B NÎ
’ănî 8 e
‘ibdû w gîlû
ŠŌPṬÊ
e
12
beyir’â bir‘ādâ
našqû pen-ye’ĕnap
wetô’bdû
derek
kî-yib‘ar ’ašrê
kim‘aṭ kol-ḥôsê
’appô bô
BAR
a) mots et syntagmes : – identiques : « les nations » (1a.8b), « rois » (2a.10a), « Yhwh » (2c.7a.11a), « moi » (6a.7c), « sa colère » (5a.12c) ; – Synonymes : « le Seigneur » (4b) synonyme de « Yhwh » ; « a dit à » synonyme de « parle à » (5a) ; les syntagmes « les rois de la terre » (2a) et « juges de la terre » (10b), « son Oint » (2c) et « mon Roi » (6a), « Fils » (bēn en 7c ; bar en 12a), « fureur » (5b) et « s’irrite » (12b) synonymes de « colère » (5a.12c) ;
140
Les solutions: première partie, le passage
– même champ sémantique : « rois » (2a.10a), « princes » (2b), « juges » (10b). 1
les nations, en vain ?
Pourquoi et les peuples
conspirent murmurent
2
S’insurgent et les PRINCES contre YHWH
LES ROIS DE LA TERRE, se liguent ensemble, et contre SON OINT :
3
Rompons et jetons-loin
leurs liens, de nous
leurs entraves !
4
dans les cieux se moque
se rit, d’eux.
5
Alors il parle et dans sa fureur
à eux il épouvante-eux:
dans sa colère,
6
C’est moi sur Sion,
qui ai consacré montagne
MON
7
Je proclamerai il a dit
le décret à moi :
de YHWH:
MON FILS
(c’est) toi, aujourd’hui
je t’ai engendré:
Demande et je donnerai et ton domaine
à moi les nations les confins
(comme) ton héritage, DE LA TERRE.
9
Tu les briseras comme vase
avec un sceptre de potier
de fer, tu les casseras.
10
Et maintenant, instruisez-vous,
ROIS,
comprenez,
JUGES
DE LA TERRE.
11
Servez et exultez
YHWH avec tremblement.
avec crainte,
12
LE FILS,
Celui-qui-siège
LE SEIGNEUR
moi 8
Embrassez qu’il ne s’irrite Oui, prend-feu heureux
ROI, de ma sainteté.
et ne perdiez
le chemin.
d’un coup qui se réfugie
sa colère; en lui !
b) Le sujet de « parle à » (5a) et « a dit à » (7b) est le même : le Seigneur. c) La fonction de ces deux verbes synonymes est d’introduire des paroles, c’està-dire des discours.
4. Ps 2
141
d) L’unité qui introduit les mots de 6 est formée par les deux bimembres de 4-5 ; et l’unité qui introduit le discours de 7c-9 est formée par l’unique bimembre de 7ab. e) Les versets 7-9 sont une partie formée de deux morceaux, le premier narratif, le second discursif. Le premier est de la taille d’un bimembre, tandis que le second est formé de trois segments, deux bimembres autour d’un trimembre. 7
’ăsapperâ ’el ḥōq Yhwh
’āmar ’ēlay:
·························································································································
7
= «benî ’attâ
’ănî hayyôm yelidtî-kā
= 8 še’al mimmennî we’ettenâ
gôyîm naḥălāte-kā wa-’ăḥuzzāt-kā ’apsê ’āreṣ
= 9 terō‘ēm be-šēbeṭ barzel
ki-kelî yôṣēr tenapeṣēm».
Je proclamerai le décret de Yhwh :
il a dit à moi :
·························································································································
= « Mon Fils, c’est toi,
moi aujourd’hui je t’ai engendré.
8
= Demande à moi
et je donnerai les nations comme ton héritage, et ton domaine les confins de la terre.
= 9 Tu les briseras avec un sceptre de fer,
comme vase de potier les casseras. »
f) Les versets 4-6 comprennent trois bimembres et pourraient donc être analysés comme un morceau : cependant, comme ils ont la même composition globale que la partie 7-9, il sera préférable de distinguer deux morceaux, le récit et le discours : 4 5
yôšēb ba-ššāmayim yiśḥāq e
e
’āz y dabbēr ’ēlêmô b -’appô
’ădōnāy yil‘ag lāmô û-ba-ḥărônô yebahălēmô :
······················································································································
= 6 «wa-’ănî nāsaktî malkî
‘al=ṣiyyôn har qodšî ».
4
Celui-qui-siège dans les cieux se rit,
le Seigneur se moque d’eux.
5
Alors il parle à eux dans sa colère,
et dans sa fureur il épouvante-eux :
······················································································································
= 6 « C’est moi qui ai consacré mon Roi, sur Sion, montagne de ma sainteté. »
g) Le discours du verset 3 n’est pas introduit par un verbe semblable aux verbes de parole qui introduisent les discours dans les parties 4-6 et 7-9. On voit donc que la présence de cette sorte de verbes n’est pas indispensable pour qu’un
142
Les solutions: première partie, le passage
discours soit introduit par une unité narrative. Les versets 1-3 seront eux aussi considérés formés de deux morceaux, comme les deux parties étudiées jusqu’ici. + 1 lāmmâ rāgšû gôyîm
û-le-’ummîm yehgû rîq
+ 2 yityaṣebû malkê ’ereṣ
we-rôznîm nôsdû yāḥad
+ ‘al Yhwh we-‘al mešîḥô ··························································································································
= 3 «nenatteqâ ’et môsrôtêmô
we-našlîkâ mimmennû ‘ăbōtêmô»
+ 1 Pourquoi conspirent les nations
et les peuples murmurent en vain ?
2
+ S’insurgent les rois de la terre,
et les princes se liguent ensemble,
+ contre Yhwh et contre son Oint : ··························································································································
= 3 « Rompons leurs liens,
et jetons-loin de nous leurs entraves ! »
h) Les trois derniers versets pourraient avoir la même composition que les trois premières parties analysées jusqu’ici : + 10 we-‘attâ melākîm haśkîlû
hiwwāsrû šōpṭê ’āreṣ
+ 11 ‘ibdû ’et Yhwh be-yir’â
we-gîlû bi-r‘ādâ
+ 12 našqû bar
pen-ye’ĕnap we-tô’bdû derek
································································································································
= «kî yib‘ar kim‘aṭ ’appô
+ 10 Et maintenant, rois, comprenez,
’ašrê kol ḥôsê bô»
instruisez-vous, juges de la terre.
+
11
Servez Yhwh avec crainte,
et exultez avec tremblement.
+
12
Embrassez le Fils,
qu’il ne s’irrite et ne perdiez le chemin :
································································································································
= « Oui, prend feu d’un coup sa colère ;
heureux qui se réfugie en lui ! »
Le dernier bimembre peut être considéré comme les paroles prononcées par les rebelles qui ainsi accepteraient l’invitation qui leur est adressée dans le premier morceau. i) Les deux occurrences de « rois » (2a.10a) et de leurs synonymes, « princes » (2b) et « juges » (10b), surtout les deux syntagmes « rois de la terre » et « juges de la terre » peuvent être termes initiaux pour les morceaux 1-2 et 10-12b ; d’autant plus qu’ils sont accompagnés la première fois du couple « Yhwh » et
4. Ps 2
143
« son Oint » (2c), la deuxième fois par le même « Yhwh » (11a) et par « le Fils » (12a). k) Comme on l’a déjà dit, si le verset 3 contient les mots prononcés par les rois de la terre, on peut faire l’hypothèse que le dernier segment est lui aussi une déclaration des « rois » et « juges de la terre ». Il est donc raisonnable de penser que 1-3 et 10-12 sont deux parties opposées, chacune formée de deux morceaux, les premiers morceaux prononcés par le psalmiste (1-2 ; 10-12b), les seconds, de la taille d’un bimembre (3.12cd), dit par les rois, révolte au début, soumission à la fin. + 1 lāmmâ rāgšû gôyîm
û-le-’ummîm yehgû rîq
+ 2 yityaṣebû malkê ’ereṣ
we-rôznîm nôsdû yāḥad
+ ‘al YHWH
we-‘al MEŠÎḤÔ
····················································································································
= 3 nenatteqâ ’et môsrôtêmô
we-našlîkâ mimmennû ‘ăbōtêmô
[...] + 10 we-‘attâ melākîm haśkîlû +
11
e
‘ibdû ’et YHWH b -yir’â
+ 12 našqû
BAR
hiwwāsrû šōpṭê ’āreṣ we-gîlû bi-r‘ādâ pen-ye’ĕnap we-tô’bdû derek
····················································································································
= kî yib‘ar kim‘aṭ ’appô
+ 1 Pourquoi conspirent les nations, 2
’ašrê kol ḥôsê bô
et les peuples murmurent en vain ?
+ S’insurgent les ROIS de la terre
et les PRINCES se liguent ensemble,
+ contre YHWH
et contre SON OINT :
···························································································································
= 3 « Rompons leurs liens,
et jetons-loin de nous leurs entraves ! »
[...] + 10 Et maintenant, ROIS, comprenez,
instruisez-vous, JUGES de la terre.
+
11
Servez YHWH avec crainte,
et exultez avec tremblement.
+
12
Embrassez LE FILS,
qu’il ne s’irrite et ne perdiez le chemin.
···························································································································
= «Oui, prend-feu d’un coup sa colère ;
heureux qui se réfugie en lui ! »
Une telle hypothèse pourrait en outre faire modifier l’analyse du premier morceau du psaume. En effet, si le premier morceau de la dernière partie comprend trois bimembres, on pourrait considérer que le morceau symétrique est lui aussi formé de trois bimembres : « contre Yhwh et contre son Oint » serait alors un bimembre.
144
Les solutions: première partie, le passage
l) Le passage est donc formé de quatre parties qui se correspondent de manière spéculaire : + 1 lāmmâ rāgšû gôyîm + 2 yityaṣebû malkê ’ereṣ + ‘al YHWH
û-le-’ummîm yehgû rîq we-rôznîm nôsdû yāḥad we-‘al MEŠÎḤÔ
························································································································· e
e
’
= 3 «n natt qâ et môsrôtêmô 4 5
yôšēb ba-ššāmayim yiśḥāq ’āz yedabbēr ’ēlêmô be-’APPÔ
e
w -našlîkâ mimmennû ‘ăbōtêmô» ’ădōnāy yil‘ag lāmô û-ba-ḥărônô yebahălēmô :
······································································································
= 6 «wa-’ănî nāsaktî 7
MALKÎ
’ăsapperâ ’el ḥōq Yhwh
‘al=ṣiyyôn har qodšî ». ’āmar ’ēlay:
······································································································
= «benî ’attâ e e e = 8 š ’al mimmennî w ’ett nâ e
e
= 9 t rō‘ēm b -šēbeṭ barzel + 10 we-‘attâ melākîm haśkîlû + 11 ‘ibdû ’et YHWH be-yir’â + 12 našqû BAR
e
’ănî hayyôm y lidtî-kā gôyîm naḥălāte-kā wa-’ăḥuzzāt-kā ’apsê ’āreṣ e e e ki-k lî yôṣēr t nap ṣēm». hiwwāsrû šōpṭê ’āreṣ we-gîlû bi-r‘ādâ pen-ye’ĕnap we-tô’bdû derek
·························································································································
= «kî yib‘ar kim‘aṭ ’APPÔ
’ašrê kol ḥôsê bô»
Les parties extrêmes (1-3 ; 10-12) se correspondent de manière parallèle. Chacune est formée d’un premier morceau qui comprend trois segments et d’un second morceau de la taille d’un bimembre (3.12b). Dans le premier morceau (12) le psalmiste s’étonne de la révolte des rois des nations contre Dieu et son Messie, dans le morceau symétrique au contraire (10.12a) il les invite à se soumettre à eux. Au début, « rois » est coordonné à « princes » (2a), à la fin le mot est coordonné à « juges » (10) ; les quatre termes appartiennent au champ sémantique des gouvernants. Noter les syntagmes semblables, « rois de la terre » et « juges de la terre » dans les mêmes segments. Ces gouvernants se rebellent contre « Yhwh » et son « Oint » (2b), à la fin ils sont appelés à se soumettre à « Yhwh » (11) et au « Fils », c’est-à-dire le roi institué par lui (12a) ; ces termes se trouvent dans la même position, second terme du segment. Le second morceau de la première partie (3) rapporte les paroles prononcées par les rois de la terre ; de manière symétrique, le dernier bimembre (12b) peut être interprété comme les paroles de ces mêmes gouvernants, qui acceptent l’invitation du morceau précédent. Ils s’épouvantent devant la colère (12b) du « Fils » de Yhwh », roi consacré par lui, qui « s’irriterait » certainement s’ils refusaient de lui donner le baiser de vassalité (12b) ; de manière complémentaire ils reconnaissent qu’il est avantageux de « se réfugier » en lui.
4. Ps 2 + 1 Pourquoi conspirent les nations + 2 S’insurgent les ROIS de la terre + contre YHWH
145
et les peuples murmurent en vain ? et les PRINCES se liguent ensemble, et contre SON OINT :
···························································································································
= 3 « Rompons leurs liens, 4 5
et jetons loin de nous leurs entraves ! »
Celui-qui-siège dans les cieux se rit, Alors il parle à eux dans SA COLÈRE,
LE SEIGNEUR se moque d’eux. et dans sa fureur il épouvante eux :
··············································································································
= 6 «C’est MOI qui ai consacré 7
MON ROI,
Je proclamerai le décret de YHWH :
sur Sion, montagne de ma sainteté. » il a dit à moi :
··············································································································
= « MON FILS c’est toi, = 8 Demande à moi = 9 Tu les briseras avec un sceptre de fer, + 10 Et maintenant, ROIS, comprenez, + 11 Servez YHWH avec crainte, + 12 Embrassez LE FILS,
MOI aujourd’hui je t’ai engendré. et je donnerai les nations comme ton héritage, et ton domaine les confins de la terre. comme vase de potier les casseras. » instruisez-vous, JUGES de la terre. et exultez avec tremblement. qu’il ne s’irrite et perdiez le chemin.
···························································································································
= «Oui, prend-feu d’un coup SA COLÈRE;
heureux qui se réfugie en lui ! »
Les parties médianes elles aussi (4-6 ; 7-9) sont parallèles entre elles. Leur composition est très semblable à celle des parties extrêmes. Chacune en effet comprend deux morceaux, les seconds morceaux (6 ;7b-9) rapportant les paroles de Dieu, introduites par les premiers morceaux (4-5 ; 7 où « Yhwh » correspond à « le Seigneur » et « a dit » à « parle »). Les paroles de la seconde partie sont prononcées directement par le « Seigneur », celles de la troisième partie sont citées par le roi, comme si c’était une acceptation de sa part. Celui qui est appelé « roi » du Seigneur dans la seconde partie est dit son « Fils » dans la troisième. Tandis que dans la seconde partie le deuxième morceau est plus court que le premier, c’est l’inverse dans la troisième partie. Les développements des versets 8-9 sur les « nations » correspondent à la longue description du premier morceau de la partie précédente : le domination accordé au roi est en quelque sorte l’actuation de l’attitude du Seigneur envers ses ennemis, moquerie et colère. Le nom de Dieu revient une fois dans chaque partie, « Yhwh » dans la première, la troisième et la quatrième (2b.7.11), « le Seigneur » au contraire dans la seconde (4). Le souverain est appelé « Oint » et « Roi » dans les deux premières parties (2b.6), tandis qu’il est dit « Fils » dans les deux dernières : en hébreu d’abord, bēn (7b), en araméen ensuite, bar (12). « Nations » au début de la première partie (1) revient dans la troisième (8a) ; au contraire « sa colère » du dernier segment (12b) se trouvait déjà dans la deuxième partie, faisant ainsi une sorte de croisement. Les pronoms suffixes poétiques (-êmô, -āmô, -ēmô) traduits par « eux » sont utilisés deux fois par les rois de la terre dans leur révolte (3) ; ils sont repris trois fois par le psalmiste (4-5), comme s’il voulait imiter, en se moquant d’eux, leur façon ampoulée de parler.
5. Col 1,15-20 1. SEGMENTATION + +
15
o[j evstin
+ 15 Celui-ci est + —
eivkw.n prwto,tokoj
tou/ qeou/
tou/ avora,tou
pa,shj
kti,sewj
l'image premier-né
du dieu de toute
invisible la création
Il s’agit d’une proposition principale ; dans le second membre le sujet, « Celuici », de même que la copule « est » sont économisés. Les deux prédicats juxtaposés sont parallèles du point de vue syntaxique : nom et complément du nom accompagné d’un épithète. « Dieu » et « création » s’opposent, ou peuvent être dits complémentaires. : ei;te ta. : ei;te ta.
evpi. th/j gh/j evn toi/j ouvranoi/j
: soit ce (qui est) : soit ce (qui est)
sur la terre dans les cieux.
Ces deux membres mettent en parallèle « terre » et « cieux ». –
16
o[ti evn auvtw/| . evn toi/j ouvranoi/j . ta. o`rata.
– 16 parce qu’en Lui . dans les cieux . les (choses) visibles
evkti,sqh ta. pa,nta kai. evpi. th/j gh/j kai. ta. avo,rata fut créé tout et sur la terre et les invisibles
Le rapport entre 16b et 16c est clair. Dans chaque membre se trouvent deux termes coordonnés par « et » qui semblent se correspondre de manière croisée du point de vue sémantique : les choses « visibles » seraient celles qui se voient « sur la terre », tandis que les choses « invisibles » seraient dans les cieux. Ces deux membres sont des expansions du membre précédent : 16b est complément de lieu du prédicat « fut créé », 16c explicite le sujet « tout ». Il s’agit donc d’un trimembre du type ABB’.
148
Les solutions: première partie, le passage
: 16d : + ta. pa,nta
ei;te qro,noi ei;te avrcai. diV auvtou/
ei;te kurio,thtej ei;te evxousi,ai kai. eivj auvto.n
e;ktistai
: 16d : + tout
soit les trônes soit les principautés par lui
soit les dominations soit les pouvoirs et pour lui
a été créé
De la même manière, 16de forment deux membres parallèles ; on pourrait penser que ces quatre termes forment un seul membre, mais du moment que les deux membres précédents (16bc) sont sûrement formés de deux termes chacun, il est logique de suivre le même modèle pour 16de. On a donc un trimembre de type AA’B : « tout » au début du troisième membre reprend et intègre les quatre termes des deux membres précédents. Si l’un ou l’autre de ces deux couples se retrouvait ailleurs dans le corpus paulinien, ce pourrait être un critère supplémentaire en faveur de la division qui a été adoptée sur la base de la comparaison avec les deux autres couples de 13bc. Or il se trouve que le couple « principautés et pouvoirs » revient non seulement dans la même épître (Col 2,10 : « lui, qui est le chef de toute principauté et pouvoir »), mais aussi en Ep 3,10 et en Tt 3,1 (avec ou sans le coordonnant « et »). + 17 kai. auvto,j • kai. ta. pa,nta + 18 kai. auvto,j
evstin evn auvtw/| evstin
pro. pa,ntwn sune,sthken h` kefalh. tou/ sw,matoj
th/j evkklhsi,aj
+ 17 ET LUI • et tout + 18 ET LUI
EST
en lui
avant tout subsiste la tête
de l’Église
EST
du corps
Ces trois membres pourraient former un trimembre du type ABA’. Si les limites du segment précédent peuvent être considérées certaines, il sera toutefois nécessaire que celles du segment suivant le soient aussi. Pour le reste du texte, la segmentation n’est pas immédiatement évidente. Il faut donc passer à l’autre mouvement : partir de l’ensemble.
5. Col 1,15-20 2. PARTANT D’EN HAUT, UNE HYPOTHÈSE D’ENSEMBLE 15 o[j evstin eivkw.n tou/ qeou/ tou/ avora,tou prwto,tokoj pa,shj kti,sewj 16
o[ti evn auvtw/| evkti,sqh ta. pa,nta evn toi/j ouvranoi/j kai. evpi. th/j gh/j ta. o`rata. kai. ta. avo,rata ei;te qro,noi ei;te kurio,thtej ei;te avrcai. ei;te evxousi,ai ta. pa,nta diV auvtou/ kai. eivj auvto.n e;ktistai 17
kai. auvto,j evstin pro. pa,ntwn kai. ta. pa,nta evn auvtw/| sune,sthken 18 kai. auvto,j evstin h` kefalh. tou/ sw,matoj th/j evkklhsi,aj o[j evstin avrch, prwto,tokoj evk tw/n nekrw/n i[na ge,nhtai evn pa/sin auvto.j prwteu,wn 19 o[ti evn auvtw/| euvdo,khsen pa/n to. plh,rwma katoikh/sai 20 kai. diV auvtou/ avpokatalla,xai ta. pa,nta eivj auvto,n eivrhnopoih,saj dia. tou/ ai[matoj tou/ staurou/ auvtou/ ÎdiV auvtou/Ð ei;te ta. evpi. th/j gh/j ei;te ta. evn toi/j ouvranoi/j 15
Celui-ci est l’image du Dieu invisible premier-né de toute la création 16
parce qu’een lui fut-créé tout dans les cieux et sur la terre les (choses) visibles et les invisibles SOIT SOIT
les trônes SOIT les dominations les principautés SOIT les pouvoirs tout par lui et pour lui fut-créé 17
et lui est avant tout et tout en lui subsiste 18 et lui est le chef du corps de l’Église Celui-ci est le principe premier-né d’entre les morts afin qu’il devienne lui en tout le premier 19
parce qu’een lui il a plu toute la plénitude de faire habiter 20 et par lui réconcilier tout pour lui ayant fait-la-paix par le sang de sa croix [par lui] SOIT SOIT
ce (qui est) sur la terre ce (qui est) dans les cieux.
149
150
Les solutions: première partie, le passage
a) Le fait le plus évident est la reprise, dans le même ordre, de « celui-ci est » (15a.18b), suivi de « premier-né » (15b.18c) et de « parce qu’en lui » (16a.19a) ; donc la même construction syntaxique se répète : principale (15ab.18bc), suivie d’une causale (16abc.19). b) La fonction des deux occurrences de « celui-ci est » : étant donné que la première se trouve au début du texte, il est impossible qu’il s’agisse de termes finaux, ni de termes médians, ni de termes centraux. Il ne reste que deux possibilités : termes extrêmes ou termes initiaux. La possibilité de termes extrêmes supposerait que la deuxième occurrence de « celui-ci est » se retrouve à la fin d’une unité textuelle ; or nous avons vu que ce syntagme ouvre une série semblable à celle avec laquelle le texte commence. Il ne peut donc s’agir que termes initiaux. c) « Création » et « créer » ne se trouvent que dans les deux premiers versets. d) « Soit » revient deux fois dans le dernier segment, mais il était déjà utilisé quatre fois en 16de. Étant donné que les deux dernières occurrences se retrouvent à la fin du texte, ces répétitions ne peuvent pas être termes initiaux, ni termes médians, ni termes centraux ; il est probable qu’ils soient termes finaux. e) On peut supposer que l’unité qui commence en 18b avec « celui-ci est » s’étend jusqu’à la fin du passage. Celle qui commence avec le même syntagme au début du texte devrait arriver jusqu’à la fin de 16 : en effet, elle s’achève avec « fut créé », qui apparaissait déjà en 16a, précédé de « la création », substantif de la même racine. Cette racine ne revient plus par la suite. f) Les deux termes « fut créé » et « tout » de 16a sont repris, en ordre inverse et séparément en 16f. g) À « en lui » de 16a correspondent, toujours en 16f, « par lui et pour lui ». h) Composition des versets 15-16. 15
+ oj[ evstin eivkw.n tou/ qeou/ tou/ avora,tou( + prwto,tokoj pa,shj kti,sewj( ······················································································································ 16 o[ti evn auvtw/| evkti,sqh ta. pa,nta( – : evn toi/j ouvranoi/j kai. evpi. th/j gh/j( : ta. o`rata. kai. ta. avo,rata\ . ei;te . ei;te – ta.
pa,nta
diV auvtou/
qro,noi avrcai. kai. eivj auvto.n
ei;te kurio,thtej( ei;te evxousi,ai( e;ktistai)
Les deux segments du second morceau sont construits de manière spéculaire, tous les termes du dernier membre (16f) ayant leurs correspondants dans le premier (16a). Les rapports entre les deux morceaux sont eux aussi très étroits : au pronom initial « celui-ci » font écho « en lui » et « par lui et pour lui » aux
5. Col 1,15-20
151
extrémités du second morceau ; « toute la création » à la fin du premier morceau (15b) est repris aux extrémités du second morceau avec « fut créé tout » (16a) et avec « tout [...] fut créé » (16f) ; « invisible » de la fin du premier membre du premier morceau (15a) est repris au pluriel à la fin du premier segment du second morceau (16c). La complémentarité entre les deux membres du premier segment (« Dieu »/« création ») se retrouve dans le deuxième et dans le troisième membre du premier segment du second morceau (« ciel » et « invisible » d’un côté, « terre » et « visible » de l’autre)1. + 15 Celui-ci est +
l’image premier-né
du Dieu de TOUTE
INVISIBLE, LA CRÉATION, ······················································································································· – 16 parce qu’en Lui A ÉTÉ CRÉÉ TOUT,
: dans les cieux : les visibles . soit les trônes . soit les principautés par Lui et pour Lui
– TOUT
et sur la terre, ET LES INVISIBLES ;
soit les dominations, soit les pouvoirs, A ÉTÉ CRÉÉ.
i) Étant donné que les versets 15-16 présentent une cohérence indiscutable, il est possible de penser que à cette unité – une partie formée de deux morceaux – puisse correspondre une autre qui commence de la même manière à partir de 18b. Entre ces deux parties pourrait se trouver le trimembre 17-18a. Il faudra le vérifier. j) Composition de la dernière partie (18b-20) + 18b o[j evstin + i[na ge,nhtai
avrch,( evn pa/sin
prwto,tokoj
evk tw/n nekrw/n(
auvto.j
prwteu,wn(
····························································································································
– 19 o[ti evn auvtw/| – 20 kai. diV auvtou/
euvdo,khsen avpokatalla,xai : eivrhnopoih,saj . .
pa/n to. plh,rwma ta. pa,nta
katoikh/sai eivj auvto,n(
dia. tou/ ai[matoj ei;te ta. ei;te ta.
tou/ staurou/ auvtou/( ÎdiV auvtou/Ð evpi. th/j gh/j evn toi/j ouvranoi/jÅ
Cette partie, qui ne comprend qu’une seule phrase complexe, est formée de deux morceaux. Le premier (18bc) est de la taille d’un segment bimembre à huit termes : le premier membre est la principale, le second une finale où « lui » renvoie à « celui-ci », et « premier » à « premier-né ». On pourrait penser que 18b doive être divisé en deux membre, mais, du moment que 18c est formé d’une seul membre à quatre termes, il semble qu’il vaille mieux considérer la principale elle-même comme un membre formé de quatre termes. 1
Voir Traité, 250.
152 + 18b Celui-ci est + afin qu’il devienne
Les solutions: première partie, le passage le principe, en TOUT
premier-né lui
D’ENTRE LES MORTS,
le premier,
·························································································································
– 19 parce qu’ en lui – 20 et par lui
il a plu de réconcilier
TOUTE
la plénitude
TOUT
: faisant-la-paix par le sang . soit . soit
de faire habiter pour lui, DE SA CROIX [par lui] ce sur la terre ce dans les cieux.
Le second morceau (19-20) commence avec un bimembre (19-20a) : « par lui » et « pour lui » correspondent à « en lui », et « tout » est repris dans la même position. Suit un trimembre de type ABB’ (20bcd). Les synonymes « réconcilier » et « faire-la-paix » jouent le rôle de termes médians2. D’un morceau à l’autre, c’est-à-dire entre l’affirmation initiale (18bc) et la motivation qui en est donnée, les trois pronoms « lui » (19-20a) reprennent celui de 18c et se réfèrent à celui par lequel commence le premier morceau, « celuici ». « Tout » de 18c est répété deux fois dans le premier segment du second morceau. À la fin du premier membre du dernier segment « croix » (20b) rappelle « morts » à la fin du premier membre du premier segment (18b). k) L’ensemble du passage (Col 1,15-20) Les parties extrêmes (15-16 ; 18b-20) se correspondent de manière parallèle : elles comprennent deux morceaux, le premier formé d’un seul bimembre (15ab. 18bc), le second formé de deux segments (16 ; 19-20). Les premiers morceaux (15 ; 18bc) commencent de même avec « celui-ci est » et poursuivent avec « premier-né » (ces mots ne se retrouvent pas ailleurs) ; l’avant-dernier mot est le même, « tout ». Les seconds morceaux, qui commencent de la même manière avec « parce qu’en lui » (16a.20a) fournissent la raison des affirmations des premiers morceaux : ils reprennent « par lui » et « pour lui » (16f.20a) comme aussi deux occurrences de « tout » (16a.16f et 19a.20a) ; « ce sur la terre et ce dans les cieux » de 20cd reprennent, en ordre inverse, « dans les cieux et sur la terre » de 16b. La partie centrale (17-18a) articule les deux autres. Le premier membre (17a) renvoie à la première partie : « est avant tout » rappelle « est [...] premier-né de toute la création » (15b). Avec la mention du « corps de l’Église », le dernier membre (18a) annonce la dernière partie, où il s’agit de la Passion (20b) et de la résurrection (18b) qui marquent la naissance de l’Église. Quant au membre central (17b), il vaut aussi bien pour la création dont il est question dans la première partie que pour la rédemption qui est le sujet de la dernière partie. Le « tout » de 17a reprend les trois « tout » de la première partie (15b.16a.16f) et « le corps » de 18a annonce les trois « tout » de la dernière partie (18c.19.20a) ; 2 Pour les mots entre crochets, voir la discussion dans B.M. METZGER, A Textual Commentary on the Greek New Testament, 1994, 554.
5. Col 1,15-20
153
le « tout » central de 17b les assume tous. Il faut noter enfin que, si la première et la dernière partie comptent trois « tout », la partie centrale compte aussi trois termes équivalents : « tout » et « le corps »3. + 15 CELUI-CI EST +
l’image du Dieu invisible, PREMIER-NÉ de TOUTE la création, ··································································································
– 16 PARCE QU’EN LUI a été créé TOUT, . dans les cieux et sur la terre . les (êtres) visibles et les invisibles ; : soit les trônes soit les dominations : soit les principautés soit les pouvoirs, – TOUT par Lui et pour Lui a été créé. + 17 Et et = 18 et = =
CELUI-CI EST
LUI est TOUT LUI est
avant en LUI la tête
TOUT
subsiste DU CORPS
de l’Église.
le principe, PREMIER-NÉ d’entre les morts, afin que Lui devienne en TOUT le premier, ··································································································
– 19 PARCE QU’EN LUI il a plu de faire habiter TOUT le plérôme – 20 et par Lui de réconcilier TOUT pour Lui, : faisant la paix par le sang de sa croix . avec soit ce (qui est) sur la terre . avec soit ce (qui est) dans les cieux.
Les analyses M. BARTH – H. BLANKE (Colossians, AnB 34b, New York 1994, 193194; 227s) et de V. PIZZUTO (A Cosmic Leap of Faith. An authorial, structural, and theological investigation of the cosmic Christology in Col 1:15-20, Contributions to biblical exegesis and theology 41, Leuven – Paris – Dudley (MA) 2006, 118-119) correspondent à la nôtre, élaborée de manière indépendante : «Composizione dell’inno ai Colossesi (Col 1,15-20)», StRh 11 (31.03.2004; 19.02.2007). Voir aussi mon article «“Si ces structures rhétoriques existent, [...] elles devraient être traduites”. Rhétorique biblique et traduction», dans Ch. BALLIU, ed., Colloque du 50e anniversaire de L’ISTI, 14-15 octobre 2008. Traduire : un métier d’avenir, Traductologie, Bruxelles 2008, 155-179 (sur Col 1,15-20, pp. 173-178).
3
Voir Traité, 545-546.
154
Les solutions: première partie, le passage
+ 15 OS EVSTIN eivkw.n tou/ qeou/ tou/ avora,tou( + prwto,tokoj pa,shj kti,sewj( ·······························································································
– 16 OTI evn auvtw/| evkti,sqh ta. pa,nta( : evn toi/j ouvranoi/j kai. evpi. th/j gh/j( : ta. o`rata. kai. ta. avo,rata\ : ei;te qro,noi ei;te kurio,thtej( : ei;te avrcai. ei;te evxousi,ai( – ta. pa,nta diV auvtou/ kai. eivj auvto.n e;ktistaiÅ + 17 kai. auvto,j evstin pro. pa,ntwn kai. ta. pa,nta evn auvtw/| sune,sthken = 18 kai. auvto,j evstin h` kefalh. tou/ sw,matoj th/j evkklhsi,ajÅ = =
OS EVSTIN
avrch,( prwto,tokoj evk tw/n nekrw/n( i[na ge,nhtai evn pa/sin auvto.j prwteu,wn( ·······························································································
– 19 OTI evn auvtw/| euvdo,khsen pa/n to. plh,rwma katoikh/sai – 20 kai. diV auvtou/ avpokatalla,xai ta. pa,nta eivj auvto,n( : eivrhnopoih,saj dia. tou/ ai[matoj tou/ staurou/ auvtou/( : ei;te ta. evpi. th/j gh/j( : ei;te ta. evn toi/j ouvranoi/jÅ
TRADUCTION Beaucoup pensent que, surtout pour les textes bibliques, il faut avant tout traduire le contenu, transmettre le sens. C’est ce qu’on appelle la « traduction dynamique ». Or, pour reprendre une formule chère à Paul Beauchamp, « la forme est la porte du sens » 4. Si cela est vrai, on ne peut pas se contenter de traduire le contenu, mais aussi la forme dans laquelle celui-ci est exprimé. Sur les problèmes de traduction, éclairés par l’analyse rhétorique biblique, lisez Traité, 533-547 ; 3.459-473. De Georges Mounin, grand spécialiste de la traduction5, on pourra voir les textes suivants, qui regardent la question spécifique de la traduction de la Bible: – Préface à R. Meynet, Quelle est donc cette Parole ? Lecture « rhétorique » de l’évangile de Luc (1-9 et 22-24), LeDiv 99 A.B, Paris 1979, 5-9.
4
Préface à R. MEYNET, L’Analyse rhétorique, 8. Sa thèse de doctorat est intitulée: Les problèmes théoriques de la traduction, Bibliothèque des idées, Paris 1963 ; Collection Tel 5, Paris 1990. 5
5. Col 1,15-20
155
– « Hebraic Rhetoric and Faithful Translation », The Bible Translator 30 (1979) 336-340. – « Rhétorique hébraïque et traduction fidèle », in Ch. BALLIU, ed., Louis Leboucher dit Georges Mounin. Textes inédits rassemblés et publiés par Christian Balliu, Collection traductologie, Bruxelles, 2003, 73-80.
6. Pr 26,1-12 1. SEGMENTATION Verset 1 On peut hésiter entre un bimembre : - 1 kaššeleg - kēn
baqqayiṣ lō’-nā’weh
wekammāṭār liksîl
- 1 Comme-la-neige - ainsi
à l’été ne convient pas
et comme-la-pluie à la moisson à l’insensé la gloire
: 1 kaššeleg : wekammāṭār – kēn
baqqayiṣ baqqāṣîr lō’-nā’weh
liksîl
kābôd
: 1 Comme-la-neige : et comme-la-pluie – ainsi
à l’été à la moisson ne convient pas
à l’insensé
la gloire
baqqāṣîr kābôd
ou un trimembre :
La première solution privilégie la régularité du rythme (4 + 4 termes), la seconde semble respecter davantage la syntaxe (premier terme de comparaison redoublé, puis second terme de la comparaison). La décision ne pourra être prise qu’aux niveaux supérieurs. En Israël il ne neige jamais en été et il ne pleut jamais à la moisson ; la même incompatibilité existe entre l’insensé et la gloire. Le sens premier du dernier terme est celui de poids (kābēd signifie « pesant », « lourd »), d’où la « considération » qui consiste à donner du poids à une opinion, à une personne. Verset 2 . 2 kaṣṣippôr . kēn
lānûd qilelat
kadderôr ḥinnām
lā‘ûp (lō’) [lô] tābō
. 2 comme-il-passereau . ainsi
s’échappe la malédiction
comme-l’hirondelle sans raison
s’envole n’arrive pas
Même problème que pour le premier segment. Noter dans les deux cas une paronomase dans les premiers membres entre baqqayiṣ (« à l’été ») et baqqāṣîr (« à la moisson »), et entre lānûd (« s’échappe ») et lā‘ûp (« s’envole »). On voit qu’il est souvent impossible de respecter ce type de rapport dans une traduction.
158
Les solutions: première partie, le passage
Il faudrait peut-être oser traduire baqqayiṣ par « à la mousson » pour faire pendant à « à la moisson », mais Israël n’est pas en Inde ! Toutes les traductions modernes consultées (BJ, Dhorme, Osty, TOB ; en italine BGCEI, Civiltà Cattolica, Nuova Diodati, NRV, San Paolo), comme les versions antiques de la Septante et du Targum suivent le Ketib. Le Qere fait sens : « ainsi la malédiction sans raison lui arrive », c’est-à-dire la malédiction que prononce l’insensé contre un autre sans raison lui retombe dessus, comme par un effet de boumerang. Le Ketib se comprend mieux à cause de la comparaison. Comme les oiseaux la malédiction sans raison s’échappe, s’envole ; l’insensé ne peut lui faire atteindre sa cible, comme il est impossible de commander au vol de l’hirondelle ou du passereau. Verset 3 - 3 šôṭ - meteg = wešēbeṭ
lassûs laḥămôr legēw
kesîlîm
- 3 le fouet - la bride = et le bâton
pour le cheval pour l’âne pour l’échine
des insensés
Il s’agit clairement d’un trimembre du type AA’B. Les deux premiers membres sont le point de comparaison et le troisième l’application à l’insensé. « Fouet », « bride » et « bâton » appartiennent au même champ sémantique des instruments qui contraignent ; le rapport est plus étroit entre « fouet » et « bâton » qui servent tous deux à frapper pour stimuler ou pour corriger. La bride au contraire sert à guider. Ainsi l’insensé est comparé à un animal : comme lui, il peut être utile à l’homme à condition d’être guidé, stimulé et corrigé. Verset 4 :: 4 ’al-ta‘an :: pen-
kesîl tišweh-llô
ke’iwwaltô gam-’āttâ
:: 4 ne réponds pas :: de peur que
à l’insensé tu lui ressembles
comme sa stupidité toi aussi
Ce segment est formé d’une seule phrase qui comprend deux propositions, la principale et une finale. La même idée de ressemblance se retrouve dans chaque membre: elle est exprimée par les morphèmes « comme » (qu’il serait sans doute mieux de traduire par « selon ») et « aussi » qui, en hébreux, se trouvent dans la même position.
6. Pr 26,1-12
159
À entrer en discussion avec l’insensé, à entrer dans sa logique, on risque de devenir stupide comme lui. Il vaut donc mieux éviter de lui répondre. Verset 5 .. 5 ‘ăneh .. pen-
kesîl yihyeh
ke’iwwaltô ḥākām
be‘ênāyw
.. 5 réponds .. de peur qu’
à l’insensé il ne soit
comme sa stupidité sage
à ses yeux
Comme le segment précédent ce segment est une seule phrase formée d’une principale et d’une finale. « Sage » s’oppose à « stupidité ». Le second membre signifie « de peur qu’il ne se croie sage ». Il ne faut pas laisser l’insensé imaginer qu’il a raison et qu’il est sage ; c’est pourquoi il ne faut pas hésiter à entrer dans son raisonnement pour tenter de lui en faire voir la stupidité. Verset 6 - 6 meqaṣṣeh - šōlēaḥ
raglayim debārîm
ḥāmās beyad -
šōteh kesîl
- 6 il se coupe - qui envoie
les pieds des paroles
de violence dans la main
il s’abreuve d’un insensé
Le second membre est le sujet des deux principales juxtaposées du premier membre. Nous retrouvons le même problème que dans les deux premiers segments du texte (voir ci-dessus, versets 1 et 2). On pourra noter que « main » et « pieds » sont des parties du corps. Le sens n’est pas évident à première vue. Il faut d’abord préciser que la traduction de beyad par « dans la main » est très littérale ; l’expression signifie « par », « par le moyen de ». La deuxième moitié du premier membre se comprend facilement. À cause de sa stupidité le messager provoquera un différent entre celui qui l’envoie et celui à qui il est envoyé, de sorte que celui qui l’a envoyé en pâtira, « de violence il s’abreuvera lui-même ». Quant aux « pieds », on peut comprendre qu’ils servent à rejoindre les autres, à établir des relations avec eux ; envoyer un messager insensi équivaut à se priver de ces relations ou même à les rompre, alors qu’on entendait les favoriser en envoyant un message. Verset 7 • 7 dalyû • ûmāšāl
šōqayim bepî
mippissēaḥ kesîlîm
• 7 elles pendent • et un proverbe
les jambes dans la bouche
du boiteux de l’insensé
160
Les solutions: première partie, le passage
Les deux membres mettent en parallèle « le boiteux » et « l’insensé » ; « les jambes » et « un proverbe » sont sujets du même verbe, « pendent ». Les deux termes de la comparaison sont simplement juxtaposés. Les jambes qui pendent ne servent à rien, elles ne supportent pas le boiteux, elles ne lui permettent pas de se déplacer et d’aller vers les autres ; de même le proverbe, qui est lui aussi un moyen de relation entre les hommes, perd toute valeur, toute signification s’il est utilisé pas un insensé qui ne sait pas l’employer à bon escient. Verset 8 : 8 kiṢRÔR : kēn-NÔTĒN
’eben liksîl
bemargēmâ kābôd
: 8 comme-ATTACHER : ainsi-DONNER
le caillou à l’insensé
à la fronde la gloire
Les deux membres présentent les deux termes d’une comparaison, mais, contrairement au segment précédent, la comparaison est marquée linguistiquement par les morphèmes initiaux, « comme » et « ainsi ». Les verbes, en position initiale, peuvent être considérés comme synonymes : objets directs et indirects sont énoncés en ordre inverse. Le sens de ce proverbe n’est pas évident, au moins pour le lecteur qui n’a pas grandi dans le milieu et la culture où il était sans doute employé couramment. On peut tout de même comprendre que, si le caillou est attaché à la fronde, il ne pourra pas partir pour rejoindre sa cible. De même, donner de la gloire, de la considération à l’insensé ne peut porter nulle part. Verset 9 - 9 ḥôaḥ - ûmāšāl
‘ālâ
beyad bepî
šikkôr kesîlîm
- 9 une ronce - et un proverbe
s’élève
dans la main dans la bouche
d’un ivrogne des insensés
De nouveau, comme au verset 7, une comparaison est établie par simple coordination : cette fois entre « un ivrogne » et « les insensés ». Les deux membres sont parallèles, termes à termes ; seul le verbe n’est pas repris et n’a pas d’équivalent dans le second membre. Le proverbe utilisé par l’insensé est aussi dangereux que la ronce qu’un ivrogne brandit et qui peut blesser ceux qui se trouvent près de lui.
6. Pr 26,1-12
161
Verset 10 + 10 rab . weśōkēr . weśōkēr
meḥôlēl kesîl ‘ōbrîm
+ 10 un archer . et qui engage . et qui engage
blessant un insensé des passants
- kōl
tous
Ce segment est un trimembre du type ABB’. Les deux derniers membres sont les sujets et le premier est le prédicat. Les « passants » sont des gens qu’on ne connait pas, dont on ignore, par conséquent, s’ils sont fiables ou non ; l’insensé lui aussi est imprévisible et personne ne sait comment il peut réagir. Qui leur confierait une mission court le risque, et même peut être sûr de déchainer la violence sur « tous », c’est-à-dire aussi bien sur ceux qu’il engage que sur les autres. Il est encore plus insensé que l’insensé qu’il engage ; avec lui est atteint le comble de la stupidité. Verset 11 : 11 kekeleb : kesîl
šāb šôneh
‘al-qē’ô be’iwwaltô
: 11 comme-le-chien : l’insensé
revient retournant
à son vomi à sa stupidité
Ce segment est un bimembre à six termes de composition parallèle. Contrairement aux versets 1, 2 et 8, le « comme » avec lequel commence le premier membre n’a pas de correspondant (« ainsi ») au début du second. Il n’est pas rare qu’un chien remange son vomi, ce qui n’est pas un signe de bonne santé. L’insensé est comparé encore une fois à un animal, sans doute le plus méprisé en Israël ; il se repait de ses propres paroles insensées. Sur le segment bimembre à six termes et ses diverses variétés, voir Traité, 160-162 ; 3.82-83. Verset 12 - 12 rā’îtā - tiqwâ
’îš liksîl
ḥākām mimmennû
be‘ênāyw
- 12 tu vois - espérer
un homme en un insensé
sage (mieux) que de lui.
à ses yeux
Ce bimembre met en parallèle « un homme sage à ses (propres) yeux » et « un insensé », donnant la préférence à ce dernier.
162
Les solutions: première partie, le passage
2. LES MORCEAUX Le morceau 1-2 + 1 kaššeleg : kēn
baqqayiṣ lō’-nā’weh
wekammāṭār liksîl
baqqāṣîr kābôd
+ 2 kaṣṣippôr : kēn
lānûd qilelat
kadderôr ḥinnām
lā‘ûp (lō’) [lô] tābō
+ 1 Comme la neige : ainsi
à l’été ne convient pas
et comme la pluie à L’INSENSÉ
à la moisson, la gloire.
+ 2 Comme le passereau : ainsi
s’échappe, la malédiction
comme l’hirondelle
s’envole, n’arrive pas.
SANS RAISON
Les deux segments sont parallèles. Les premiers membres ont une construction presque identique, leurs deux moitiés commençant avec « comme » ; les seconds membres commencent avec « ainsi » et leur verbe est négatif (si nous suivons le Ketib). Les deux segments sont complémentaires : en effet, dans le premier segment « l’insensé » est le destinataire de « la gloire », tandis que dans le second segment il est le destinateur de « la malédiction ». On peut comprendre que le deuxième segment donne la raison du premier : il ne faut pas donner la gloire, la considération à l’insensé, parce que sa malédiction n’a aucun effet, n’a pas de poids. Le mal que l’insensé peut dire n’a pas plus d’objet (2) que le bien que l’on pourrait dire de lui (1). Le parallélisme des deux segments appuie le choix du Ketib : en effet, « n’arrive pas » correspond à « ne convient pas ».
6. Pr 26,1-12
163
Le morceau 4-5 = 4 ’al-ta‘an . pen -
kesîl tišweh-llô
5
= ‘ăneh . pen
ke’iwwaltô gam -
’āttâ
e
e
k sîl yihyeh
k ’iwwaltô ḥākām
= 4 Ne réponds pas . de peur que
à L’INSENSÉ tu lui ressembles
comme SA STUPIDITÉ, aussi toi.
= 5 Réponds . de peur qu’
à L’INSENSÉ il ne soit
comme SA STUPIDITÉ sage à ses yeux.
-
be‘ênāyw
Les premiers membres sont identiques, à part la négation qui affecte le verbe au début ; quant aux deuxièmes membres, ils commencent avec « de peur que ». Les premiers membres se contredisent, mais les seconds permettent de résoudre la contradiction : d’une part il faut éviter d’entrer en discussion avec l’insensé, parce qu’en suivant sa logique stupide on risque d’être conduit à lui ressembler ; d’autre part, si on lui répond pas, il risque de penser qu’on est d’accord avec lui et par conséquent de se croire sage. On peut penser qu’il y a des situations ou des moments où il est nécessaire de répondre et d’autres où il ne faut pas : si on se trouve seul avec l’insensé, il vaut mieux ne pas entrer en discussion avec lui, mais, quand il se trouve dans un groupe, il ne faut pas hésiter à le contredire, car il pourrait penser qu’il est sage si personne ne lui répond. Le morceau 6-7 + 6 meqaṣṣeh – šōlēaḥ
raglayim debārîm
ḥāmās beyad -
šōteh kesîl
+ 7 dalyû –
šōqayim ûmāšāl
mippissēaḥ bepî
kesîlîm
+ 6 Il se coupe – qui envoie
LES PIEDS,
de violence dans la main
il s’abreuve d’un INSENSÉ.
+ 7 Elles pendent – et
LES JAMBES
du boiteux, dans la bouche
des INSENSÉS.
des paroles
un proverbe
Ce morceau comprend deux bimembres. Les deuxièmes termes des premiers membres, « pieds » et « jambes », sont presque synonymes ; dans les deuxièmes membres, « proverbe » est mis en parallèle avec « paroles » (souvent traduit par
164
Les solutions: première partie, le passage
« message ») et les syntagmes qui suivent se correspondent (la traduction « dans la main », très littérale, fait ressortir le parallélisme avec « dans la bouche » de 7b. Les deux segments sont complémentaires : en effet, tandis que le second décrit l’action de l’insensé, le premier traite de celui qui lui fait confiance en lui l’envoyant porter un message. Que l’insensé reçoive un message à transmettre, qu’il se charge de la parole ancestrale d’un proverbe, on ne saurait s’y fier. La parole d’aujourd’hui comme celle de jadis seront toutes deux déformées : le proverbe boitera et le message ne pourra pas parvenir indemne à son destinataire. Bien plus, le message sera tellement déformé par l’insensé que celui qui le recevra ne pourra que le comprendre de travers, ce qui suscitera chez lui de la violence envers celui qui lui a envoyé le message. Ainsi, la parole confiée à l’insensé non seulement n’est d’aucune utilité (7), mais encore elle est nuisible, aussi bien pour lui que pour celui qui l’emploie : elle leur coupe les jambes à tous deux (6). Le morceau 8-9 + 8 kiṣrôr : kēn-nôtēn
’EBEN LIKSÎL
= 9 ḤÔAḤ : ûmāšāl
‘ĀLÂ
+ 8 Comme attacher : ainsi donner
LE CAILLOU à L’INSENSÉ
+ 9 UNE RONCE : et un proverbe
S’ÉLÈVE
BEMARGĒMÂ
kābôd beyad bepî
-
šikkôr E
K SÎLÎM
À LA FRONDE
la gloire. dans la main dans la bouche
d’un ivrogne, des INSENSÉS.
Les premiers membres sont le comparant, les deuxièmes le comparé ; alors que dans le premier segment la comparaison est marquée par le comparatif « comme » et son corrélatif « ainsi », dans le deuxième les deux termes de la comparaison sont simplement coordonnés par « et ». Le point commun entre les premiers membres est qu’ils parlent sinon d’une arme, du moins d’un objet dangereux, d’un côté « la fronde » et son « caillou » et de l’autre d’« une ronce » brandie. Les seconds membres sont complémentaires, puisque en 8b il s’agit d’une parole dite sur l’insensé, tandis qu’en 9b il s’agit de la parole que prononce l’insensé. Qui attache le caillou à la fronde se rend non seulement inefficace, puisqu’il ne peut atteindre sa cible, mais il risque fort aussi de se blesser ; il en va de même pour la branche d’épines dans la main de l’ivrogne qui est aussi dangereuse pour celui qui l’empoigne que pour les autres. Ainsi, louer un insensé – ou lui donner du poids, lui reconnaitre une valeur – est non seulement vain, mais même dangereux pour celui qui parle ; de manière complémentaire, la
6. Pr 26,1-12
165
meilleure parole de sagesse, le proverbe, sont dangereux pour l’insensé qui la prononce et pour celui à qui elle est destinée. Le morceau 11-12 + 11 kekeleb : kesîl
šāb šôneh
‘al-qē’ô be’iwwaltô
= 12 rā’îtā : tiqwâ
’îš liksîl
ḥākām mimmennû
+ 11 Comme le chien : un INSENSÉ
revient retournant
vers SON vomi, à SA stupidité.
= 12 Tu vois . espérer
un homme d’un INSENSÉ
sage (est mieux) que de lui.
be‘ênāyw
à SES yeux :
Les rapports entre ces deux segments ne sont pas évidents à première vue. À part « insensé », ils n’ont en commun aucun autre terme ; toutefois, les trois premiers membres s’achèvent avec le même pronom suffixe, traduit pas le possessif. Le sens du premier membre du deuxième segment rappelle celui des deux membres du segment précédent ; en effet, se croire sage est exprimé à travers une expression, « sage à ses (propres) yeux » qui dit bien le repliement, le retour sur soi, comme celui du chien vers son vomi et de l’insensé vers sa propre stupidité. L’insensé est emprisonné dans le cercle vicieux de sa stupidité, il se repait de ce qui est sorti de sa propre bouche ; se fier à son propre jugement en se déclarant sage soi-même est encore pire que la stupidité et il n’y a rien à attendre de celui qui s’enferme dans la vanité et l’autosuffisance. 2. PARTIR D’EN HAUT – Les deux seuls trimembres se trouvent en position symétrique, après le premier morceau pour le premier (3), avant le dernier morceau pour l’autre (10). Ils se correspondent de manière spéculaire du point de vue de leur composition : l’un est de type AA’B, l’autre ABB’. + 3 šôṭ + meteg :: wešēbeṭ
lassûs laḥămôr legēw
:: 10 rab + w śōkēr + weśōkēr
meḥôlēl kesîl ‘ōbrîm
e
kesîlîm -
kōl
166
Les solutions: première partie, le passage +3 +
Le fouet la bride :: et le bâton
:: 10 Archer + qui engage + et qui engage
pour le cheval, pour l’âne, pour l’échine blessant un insensé des passants.
des insensés ! tous,
– Les reprises : + 1 kaššeleg baqqayiṣ wekammāṭār baqqāṣîr : kēn lō’-nā’weh liKSÎL kābôd + 2 kaṣṣippôr lānûd kadderôr lā‘ûp : kēn QILELAT ḤINNĀM (lō’) [lô] tābō ····································································································
:: 3 šôṭ lassûs :: meteg laḥămôr - wešēbeṭ legēw KESÎLÎM ····································································································
= 4 ’al-ta‘an KESÎL ke’IWWALTÔ . pen-tišweh-llô gam-’āttâ = 5 ‘ăneh KESÎL ke’IWWALTÔ E . pen-yihyeh ḤĀKĀM B ‘ÊNĀYW ····································································································
+ 6 meqaṣṣeh raglayim ḥāmās šōteh – šōlēaḥ DEBĀRÎM beyad-KESÎL + 7 dalyû šōqayim mippissēaḥ e – ûMĀŠĀL b pî KESÎLÎM ····································································································
+ 8 kiṣrôr ’eben bemargēmâ : kēn-nôtēn liKSÎL kābôd + 9 ḥôaḥ ‘ālâ beyad-šikkôr e : ûMĀŠĀL b pî KESÎLÎM ····································································································
- 10 rab meḥôlēl-kōl :: w śōkēr KESÎL :: weśōkēr ‘ōbrîm e
····································································································
+ 11 kekeleb šāb ‘al-qē’ô : KESÎL šôneh be’IWWALTÔ = 12 rā’îtā ’îš ḤĀKĀM B ‘ÊNĀYW . tiqwâ liKSÎL mimmennû E
6. Pr 26,1-12
167
+ 1 Comme la neige à l’été et comme la pluie à la moisson, : ainsi ne convient pas À L’INSENSÉ LA GLOIRE. + 2 Comme le passereau s’échappe, comme l’hirondelle s’envole, : ainsi la MALÉDICTION SANS RAISON n’arrive pas. ····································································································
:: 3 Le fouet pour le cheval, :: la bride pour l’âne, - et le bâton pour l’échine des INSENSÉS ! ····································································································
= 4 Ne réponds pas à L’INSENSÉ comme SA STUPIDITÉ, . de peur que tu lui ressembles, toi aussi. = 5 Réponds à L’INSENSÉ comme SA STUPIDITÉ . de peur qu’il ne soit SAGE À SES YEUX. ····································································································
+ 6 Il se coupe les pieds, de violence il s’abreuve – qui envoie des PAROLES dans la main d’un INSENSÉ. + 7 Elles pendent les jambes du boiteux, – et un PROVERBE sur la bouche des INSENSÉS. ····································································································
+ 8 Comme attacher le caillou à la fronde : ainsi donner À L’INSENSÉ LA GLOIRE. = 9 Une ronce dans la main d’un ivrogne . et un PROVERBE sur la bouche des INSENSÉS. ····································································································
- 10 Un archer blessant tous :: qui engage un INSENSÉ :: et qui engage des passants. ····································································································
+ 11 Comme le chien revient à son vomi, : L’INSENSÉ retournant à SA STUPIDITÉ. = 12 Tu vois un homme SAGE À SES YEUX : . espérer d’un INSENSÉ (est mieux) que de lui.
. «Insensé(s)» revient dans tous les segments sauf le second où « sans raison » lui correspond. . Le deuxième membre de 7 est repris tel quel en 9b. . Les deux membres de 1 et 8 commencent avec « comme » et « ainsi » et s’achèvent avec la même expression, « à l’insensé la gloire ». . L’expression « sage à ses yeux » réapparait en 5 et 12. En outre, ces deux bimembres commencent avec un verbe à la deuxième personne du singulier, « réponds » et « tu vois » ; seul le verset 4, parallèle au verset 5, commence lui aussi de la même façon. « Sa stupidité » qui apparait deux fois dans le morceau 4-5 est repris dans l’avant-dernier segment.
168
Les solutions: première partie, le passage
– Les versets 1 et 8 sont semblables. Comme le verset 1 se trouve au début du texte, ces deux segments ne peuvent pas être termes finaux, ni termes médians, ni centraux ; leur fonction ne peut être que celle de termes initiaux ou de termes extrêmes. Les versets 5 et 12 sont semblables eux aussi. Du moment que 12 se trouve à la fin du texte, ces deux segments ne peuvent pas être termes initiaux, ni médians, ni centraux, mais seulement finaux ou extrêmes. Pour ce qui est de 7b et 9b, il est est bien difficile de se prononcer. – Seuls les morceaux 1-2 et 8-9 sont formés de segments qui sont des comparaisons. Dans le morceau 8-9 est décrit un danger, ce qui n’est pas le cas du morceau 1-2. Au début « donner à l’insensé la gloire » « ne convient pas » (1), mais en 8 l’insensé se révolte contre celui qui le fait ; la parole mauvaise, « la malédiction » prononcée par l’insensé n’a aucune efficacité au début (2), ensuite au contraire le proverbe – qui en lui-même est une parole bonne – est dangereux comme des épines. – Comme vous l’avez déjà vu, les trimembres se ressemblent par leur forme et aussi par leur position. En outre, du point de vue sémantique, ils ont en commun la violence, celle du « fouet », de la « bride » et du « bâton » en 3, celle de l’arc en 10. Dans le premier cas la violence est exercée sur l’insensé, non pas pour le blesser, mais pour le guider et le corriger ; c’est une violence qui vise au bien. Dans l’autre cas la violence « blesse » et même transperce comme la flèche, donc pour le mal et non pour le bien ; elle s’exerce sur « tous », non seulement sur l’insensé chargé d’une mission ou d’un travail, mais aussi sur celui qui l’engage. – S’il est souvent prudent de ne pas entrer en discussion avec l’insensé (4), il est toutefois des situations où il est nécessaire de lui répondre dans l’espoir de le corriger (5), afin qu’il n’aille pas s’imaginer être sage ! En revanche, le dernier morceau ne laisse aucun espoir : comme le chien l’insensé se rassasie de ce qui sort de sa bouche et il n’y a rien à attendre de qui croit être sage à ses propres yeux. Ainsi l’espérance, même très limitée, de la fin du morceau 4-5 disparait complètement à la fin du morceau correspondant (12). – Dans le premier segment de ce morceau (6) il s’agit de violence, et même de mutilation pour celui qui engage l’insensé comme messager : cette idée se retrouvera, aggravée encore, en 10, mais la violence mauvaise était déjà présente en 8-9, tandis qu’elle est absente de 1 à 5. En revanche, l’inutilité qu’exprime le second segment correspond aux premiers versets du texte (1-5). – L’hypothèse qui semble s’imposer est que les segments 1 et 8 jouent le rôle de termes initiaux et les segments 5 et 12 remplissent la fonction de termes finaux.
6. Pr 26,1-12
169
+ 1 Comme la neige à l’été et comme la pluie à la moisson, : ainsi ne convient pas À L’ insensé LA GLOIRE. + 2 Comme le passereau s’échappe, comme l’hirondelle s’envole, : ainsi la MALÉDICTION sans raison n’arrive pas. ·······································································································
:: 3 Le fouet pour le cheval, :: la bride pour l’âne - et le bâton pour l’échine des insensés ! ······································································································ = 4 Ne réponds pas à l’insensé comme SA STUPIDITÉ,
. de peur que tu lui ressembles, toi aussi. = 5 Réponds à l’insensé comme SA STUPIDITÉ, . de peur qu’il ne soit SAGE À SES YEUX. 6
7
Il se coupe les pieds, de violence il s’abreuve qui envoie des PAROLES dans la main d’un insensé.
Elles pendent les jambes du boiteux et un PROVERBE dans la bouche des insensés.
– 8 Comme attacher le caillou à la fronde, : ainsi donner À L’ insensé LA GLOIRE. – 9 Une ronce s’élève dans la main d’un ivrogne . et un PROVERBE dans la bouche des insensés. ·······································································································
- 10 Un archer blessant tous :: et qui engage un insensé :: et qui engage des passants. ······································································································
= 11 Comme le chien revient à son vomi, . l’insensé retourne à SA STUPIDITÉ. = 12 Tu vois un homme SAGE À SES YEUX, . il y a plus à espérer d’un insensé que de lui.
Ainsi le passage comprend trois parties. Les parties extrêmes sont parallèles entre elles, comprenant chacune trois morceaux, deux formés de deux segments encadrant un morceau de la taille d’un seul segment trimembre. Quant à la partie centrale, elle articule les deux autres parties : son premier segment annonce la dernière partie où règne la violence tandis que son second segment rappelle la première partie marquée essentiellement par l’inutilité, ce qui vérifierait « la loi du croisement au centre ». « Paroles » et « proverbe » du morceau central (6b. 7b) trouvent un écho avec « malédiction » et « proverbe » en position symétrique, à la fin du premier morceau des parties extrêmes (2b.9b).
170
Les solutions: première partie, le passage
– Interprétation de l’ensemble La louange adressée à l’insensé – ou la considération, le « poids », qu’on lui accorderait – est non seulement sans objet et ne convient pas (1), mais elle est aussi dangereuse comme le caillou attaché à la fronde (8) ; de manière complémentaire, non seulement la parole mauvaise prononcée par l’insensé, « la malédiction sans raison », reste vaine (2), mais encore la parole bonne, le « proverbe », qu’il énonce peut faire du mal (9). En d’autres termes, toute parole adressée à l’insensé (1 et 8) ou prononcée par lui (2 et 9) est non seulement inutile (1-2), mais aussi nuisible (8-9). Il ne faut donc pas entrer en discussion avec l’insensé (4) car il ne peut sortir de sa stupidité à laquelle il revient toujours, comme le chien à son vomi (11) ; non seulement il sera impossible de l’arracher au cercle vicieux dans lequel il est enfermé (11), mais on risquerait de finir par lui ressembler à vouloir entrer dans le jeu de sa stupidité (4). La seule chose qu’il soit raisonnable de faire avec lui est de lui répondre pour qu’il prenne conscience de sa folie et n’aille surtout pas s’imaginer être sage (5) ; s’il arrivait qu’il se croie sage, il n’y aurait rien à en espérer, car un tel homme n’aurait aucune raison de vouloir s’amender (12). Le seul langage que puisse comprendre l’insensé est celui de la force et de la violence, comme les bêtes de somme (3). Celui qui s’écarterait de cette conduite et voudrait louer les services d’un insensé (6b et 10b), donnerait libre cours à la violence qui ne manquerait pas de les frapper tous deux (6a et 10a).
7. Jn 21,15-17 1. LA SEGMENTATION a) La division en membres 15 {Ote ou=n hvri,sthsan le,gei tw/| Si,mwni Pe,trw| o` VIhsou/j( Si,mwn VIwa,nnou( avgapa/|j me ple,on tou,twn* le,gei auvtw/|( Nai,( ku,rie( su. oi=daj o[ti filw/ se) le,gei auvtw/|( Bo,ske ta. avrni,a mou) 16 le,gei auvtw/| pa,lin deu,teron( Si,mwn VIwa,nnou( avgapa/|j me* le,gei auvtw/|( Nai,( ku,rie( su. oi=daj o[ti filw/ se) le,gei auvtw/|( Poi,maine ta. pro,bata, mou) 17 le,gei auvtw/| to. tri,ton( Si,mwn VIwa,nnou( filei/j me* evluph,qh o` Pe,troj o[ti ei=pen auvtw/| to. tri,ton( Filei/j me* kai. le,gei auvtw/|( Ku,rie( pa,nta su. oi=daj( su. ginw,skeij o[ti filw/ se) le,gei auvtw/| Îo` VIhsou/jÐ( Bo,ske ta. pro,bata, mou) 15
Quand donc ils eurent déjeuné, dit Jésus à Simon Pierre : « Simon de Jean, aimes-tu moi plus que ceux-ci ? » Il dit à lui : « Oui, Seigneur, toi, tu sais que je chéris toi. » Il dit à lui : « Pais les agneaux de moi. » 16 Il dit à lui encore une-deuxième fois : « Simon de Jean, aimes-tu moi ? » Il dit à lui : « Oui, Seigneur, toi, tu sais que je chéris toi. » Il dit à lui :
Proposition subordonnée temporelle Proposition principale. Proposition indépendante, complément de manière « aimes » Proposition indépendante. Proposition principale Subord. complétive, objet de « tu sais » Proposition indépendante. Proposition indépendante. Proposition indépendante. Proposition indépendante. Proposition indépendante. Proposition principale, Subord. complétive, objet de « tu sais » Proposition indépendante.
172
Les solutions: première partie, le passage Proposition indépendante. Proposition indépendante. Proposition indépendante. Proposition principale, sub. complétive, objet de « fut attristé » Proposition indépendante. Proposition indépendante. Proposition indépendante. Proposition principale sub. complétive, objet de « tu connais » Proposition indépendante. Proposition indépendante.
« Garde les brebis de moi. » 17 Il dit à lui une-troisième-fois : «Simon de Jean, chéris-tu moi ? » Fut attristé Pierre qu’il dise à lui une-troisième-fois : « Chéris-tu moi ? » Et il dit à lui : « Seigneur, toi, tu sais tout ; toi, tu connais que je chéris toi. » Il dit à lui [Jésus] : « Pais les brebis de moi. »
15cd est une seule longue proposition qui comprend six termes. Elle pourrait être considérée comme un seul membre ; cependant, le plus long des autres membres comprend quatre termes (par exemple, 15b.16a.17b) ; par conséquent, pour une question de rythme, il est préférable de la couper en deux. Ensuite, nous verrons une autre raison. b. Regroupement des membres en segments • Les segments les plus évidents sont les trois bimembres suivants qui sont très semblables : + Il dit ·· « Pais
à lui : les agneaux
de moi. »
+ Il dit ·· « Garde
à lui : les brebis
de moi. »
+ Il dit .. « Pais
à lui les brebis
[Jésus] : de moi. »
Les premiers membres sont narratifs et comprennent deux termes (à la fin du premier membre du troisième segment, le sujet «Jésus» ne se trouve pas dans tous les manuscrits) ; ils introduisent les deuxièmes membres qui sont discursifs et comprennent trois termes. • Les segments suivants sont des trimembres de type ABB : = Il dit – « Oui, – que je chéris
à lui : Seigneur, toi. »
toi,
tu sais
= Il dit – « Oui, – que je chéris
à lui : Seigneur, toi. »
toi,
tu sais
7. Jn 19,17-22
173
Les premiers membres sont narratifs, composés de deux termes ; les deux autres membres sont une seule phrase qui comprend la principale, suivie de la subordonnée complétive, complément d’objet de « tu sais ». • Il y a encore deux bimembres très semblables : + 16 Il dit :: « Simon
à lui de Jean,
encore aimes-tu
+ 17 Il dit :: « Simon
à lui de Jean,
une-troisième-fois : chéris-tu moi ? »
une-deuxième-fois : moi ? »
De nouveau, les premiers membres sont narratifs, mais plus développés (4 et 3 termes) ; les seconds membres sont discursifs à quatre termes. • Au début du verset 15, les paroles de Jésus sont introduites par un bimembre qui comprend une subordonnée temporelle, suivie de la principale. + 15 Quand donc + dit
ils eurent déjeuné, Jésus
à Simon
Pierre :
• Il a déjà été question du discours introduit par ce segment narratif, :: « Simon :: plus
de Jean, que ceux-ci ? »
aimes-tu
moi
Nous y reviendrons le moment venu. • Il reste seulement les sept membres suivants : 17c
Fut attristé Pierre qu’il dise à lui une-troisième-fois : « Chéris-tu moi ? » Et il dit à lui : « Seigneur, toi, tu sais tout ; toi, tu connais que je chéris toi. »
• Les trois premiers forment un trimembre du type AAB. = 17c Fut attristé = qu’il dise :: « Chéris-tu
Pierre à lui moi ? »
une-troisième-fois :
En effet, les deux premiers sont narratifs et introduisent un membre discursif.
174
Les solutions: première partie, le passage
• Il reste quatre membres : + Et il dit
à lui :
: « Seigneur, : toi, : que je chéris
toi, tu connais toi. »
tu sais
tout ;
Les membres discursifs étant au nombre de trois, ils forment un trimembre. Et celui-ci est introduit par un membre narratif, qui est donc un unimembre.
2. COMBIEN DE PARTIES DANS LE PASSAGE ? a. Les indices les plus évidents de la division en parties Le premier indice est clairement la numération des questions de Jésus : « unedeuxième-fois » (précédée de « encore ») et « une-troisième-fois ». Ces termes marquent le début de la deuxième partie (16) et de la troisième (17) ; ils servent de termes initiaux pour les deux dernières parties. Le deuxième indice est la similitude des questions initiales, qui commencent par le même vocatif, « Simon de Jean », suivi d’une question presque identique. Un troisième indice est que les derniers segments de chaque morceau sont très semblables. + Il dit à lui : + Il dit à lui : + Il dit à lui
[Jésus] :
« Pais « Garde « Pais
les agneaux de moi. » les brebis de moi. » les brebis de moi. »
Ce sont les segments qui ont été identifiés les premiers (voir ci-dessus, p. 172). Le passage s’organise donc en trois parties (15 ; 16 ; 17). b. Le nombre de segments dans chaque partie – La première partie comprend quatre segments (15ab ; 15cd ; 15efg ; 15hi). – La deuxième trois (16ab ; 16cde ; 16fg). – La troisième partie est la plus longue : elle comprend cinq segments (17ab ; 17cde ; 17f ; 17ghi ; 17kl).
7. Jn 19,17-22
175
c. La partie qui comprend un seul morceau La deuxième partie est de la taille d’un morceau : + 16 Il dit :: « Simon = Il dit – « Oui, – que je chéris + Il dit ·· « Garde
à lui de Jean,
encore aimes-tu
une-deuxième-fois : moi ? »
à lui : Seigneur, toi. »
toi,
tu sais
à lui : les brebis
de moi. »
La partie rapporte un dialogue entre Jésus et Simon : Jésus pose une question à son disciple (16ab), à laquelle Simon répond (16cde), après quoi Jésus reprend la parole pour lui confier sa mission (16fg). Chaque segment commence par un membre narratif. Les deux derniers (16c. 16f) ne reprennent que les deux premiers termes du premier segment (16a) : « Il dit à lui. » La question de Jésus et la réponse de Simon incluent un vocatif : « Simon de Jean » et « Seigneur » ; « je chéris toi » (16e) correspond à « aimestu moi » (16b), les deux verbes étant presque synonymes. d. La composition de la troisième partie + 17 Il dit :: « Simon = Fut attristé = que dise :: « CHÉRIS-TU
à lui de Jean, Pierre à lui MOI ? »
une-troisième-fois : CHÉRIS-TU
MOI
?»
une-troisième-fois :
·······································································································
= Et il dit – « Seigneur, – toi, – que JE CHÉRIS
à lui : toi,
tu sais
tout ;
tu connais
TOI. » ·······································································································
+ Il dit ·· « Pais
à lui les brebis
[Jésus] : de moi. »
À la question de Jésus (17ab), Simon réagit avec tristesse (17cde) ; chaque segment se termine par les mêmes mots : « chéris-tu moi » (17b.17e). De plus, « une-troisième-fois » est reprise à la fin des membres narratifs (17a.17d). Ces deux segments forment donc un premier morceau. Il reste trois segments : un unimembre, un trimembre et un bimembre. Ils pourraient donc être considérés comme un morceau. Cependant, 17fghi est la
176
Les solutions: première partie, le passage
réponse à la question du premier morceau, tandis que le dernier segment (17kl) est la réponse de Jésus à la déclaration de Simon ; il semble donc préférable de considérer qu’il s'agit de deux morceaux. La partie se développe donc en trois moments, qui sont trois morceaux. e. La composition de la première partie + 15 Quand donc + dit :: « SIMON :: plus
ils eurent déjeuné, Jésus
à Simon
Pierre :
DE JEAN,
AIMES-TU
MOI
que ceux-ci ? »
····································································································
= Il dit – « Oui, – que JE CHÉRIS
à lui : SEIGNEUR, TOI. »
toi,
tu sais
····································································································
+ Il dit ·· « Pais
à lui : les agneaux
de moi. »
La question de Jésus est considérée comme un bimembre, pour les raisons indiquées ci-dessus, mais aussi parce que dans les deux questions suivantes le complément « plus que ceux-ci » n'est pas repris. De plus, la phrase narrative qui introduit les paroles de Jésus forme un segment bimembre. Ces deux segments forment le premier morceau. Le parallélisme avec la troisième partie conduit à tenir les deux segments suivants comme deux morceaux, pour les mêmes raisons. On peut également considérer que les phrases narratives des deux derniers passages sont des segments unimembres : le parallélisme des trois morceaux serait ainsi plus visible. Alors que le segment narratif du premier morceau est un segment, ceux des deux derniers morceaux sont des unimembres. + 15 Quand donc + dit :: « SIMON :: plus
ils eurent déjeuné, Jésus
à Simon
Pierre :
DE JEAN,
AIMES-TU
MOI
que ceux-ci ? »
····································································································
= Il dit
à lui :
– « Oui, – que JE CHÉRIS
SEIGNEUR, toi, tu TOI. » ···································································································· + Il dit ·· « Pais
à lui : les agneaux
de moi. »
sais
7. Jn 19,17-22
177
Les deux solutions sont acceptables : il suffit que, au niveau supérieur du passage, la présentation soit cohérente. Par conséquent, les deux solutions seront présentées ci-dessous. Vous pourrez lire dans le Traité : p. 156 ; 3.78, point 2.2.1, dernier paragraphe : « Ces deux exemples successifs...» p. 187 ; 3.106, point 4.1 p. 225 ; 3.145, exemple d’Am 2,8. 3. LA COMPOSITION DU PASSAGE Première possibilité de réécriture : Les trois parties sont parallèles : à la question de Jésus, Simon répond, après quoi Jésus définit la mission de son disciple. Les deux premières parties sont très semblables et ne présentent que trois différences : la première ajoute au début une temporelle (15a), dans sa deuxième réponse (15g), Simon ne reprend pas « plus que ceux-ci » de la question initiale de Jésus (15d), « les agneaux » du dernier membre de la première partie sont remplacés par « les brebis » à la fin de la deuxième partie. La troisième partie est plus développée, avec la tristesse de Simone (17cde) et avec l’ajout de « toi, tu sais tout » dans le deuxième morceau. Dans les deux premières questions, Jésus utilise le verbe « aimer », mais Simon répond en utilisant « chérir » ; dans sa troisième question, Jésus reprend le verbe de Simon.
178
+ 15 {Ote ou=n + le,gei :: Si,mwn :: ple,on
Les solutions: première partie, le passage
hvri,sthsan
tw/| Si,mwni
Pe,trw|
o` VIhsou/j(
VIwa,nnou( tou,twn*
avgapa/|j
me
·······················································································
= le,gei – Nai,( – o[ti filw/
auvtw/(| ku,rie( se)
su.
oi=daj
+ le,gei :: Bo,ske
auvtw/(| ta. avrni,a
+ 16 le,gei :: Si,mwn
auvtw/|
pa,lin
deu,teron(
VIwa,nnou(
avgapa/|j
me*
auvtw/(| ku,rie( se)
su.
oi=daj
= le,gei – Nai,( – o[ti filw/
mou)
+ le,gei ·· Poi,maine
auvtw/(| ta. pro,bata,
+ 17 le,gei :: Si,mwn
auvtw/|
to. tri,ton(
VIwa,nnou(
filei/j
o` Pe,troj auvtw/| me*
to. tri,ton(
= evluph,qh = o[ti ei=pen :: Filei/j
mou)
me*
·······················································································
= kai. le,gei – Ku,rie( – su. – o[ti filw/ + le,gei ·· Bo,ske
auvtw/|( pa,nta ginw,skeij se)
su.
auvtw/|
Îo` VIhsou/jÐ(
ta. pro,bata,
mou)
oi=daj(
7. Jn 19,17-22 + 15 Quand donc + dit :: « Simon :: plus
ils eurent déjeuné, JÉSUS à Simon de Jean, que ceux-ci ? »
AIMES-TU
179
Pierre : MOI
··································································································
= Il dit – « Oui, – que JE CHÉRIS
à lui : SEIGNEUR, TOI. »
toi,
TU SAIS
··································································································
+ Il dit ·· « Pais
à lui : les agneaux
de moi. »
+ 16 Il dit :: « Simon
à lui de Jean,
encore AIMES-TU
une-deuxième-fois : MOI ? »
à lui : SEIGNEUR, TOI. »
toi,
TU SAIS
= Il dit – « Oui, – que JE CHÉRIS
··································································································
+ Il dit ·· « Garde
à lui : les brebis
de moi. »
+ 17 Il dit :: « Simon
à lui de Jean,
CHÉRIS-TU
= Fut attristé = qu’il dise :: « CHÉRIS-TU
Pierre à lui MOI ? »
une-troisième-fois : MOI
?»
une-troisième-fois :
··································································································
= Et il dit
à lui :
– « SEIGNEUR, – TOI, – que JE CHÉRIS
toi, TU SAIS TOUT TU CONNAIS TOI. » ·································································································· + Il dit à lui [JÉSUS]: ·· « Pais
les brebis
de moi. »
;
180
Les solutions: première partie, le passage
Deuxième possibilité de réécriture : + 15 Quand donc + dit :: « Simon :: plus
ils eurent déjeuné, JÉSUS à Simon de Jean, que ceux-ci ? »
AIMES-TU
Pierre : MOI
··································································································
= Il dit
à lui :
– « Oui, – que JE CHÉRIS
SEIGNEUR, toi, TU SAIS TOI. » ·································································································· + Il dit ·· « Pais + 16 Il dit :: « Simon
à lui : les agneaux
de moi. »
à lui
encore
une-deuxième-fois :
de Jean,
AIMES-TU
MOI ? »
··································································································
= Il dit
à lui :
– « Oui, – que JE CHÉRIS
SEIGNEUR, toi, TU SAIS TOI. » ·································································································· + Il dit
à lui : les brebis
de moi. »
à lui
une-troisième-fois :
:: « Simon
de Jean,
CHÉRIS-TU
= Fut attristé = qu’il dise :: « CHÉRIS-TU
Pierre à lui MOI ? »
une-troisième-fois :
·· « Garde + 17 Il dit
MOI
?»
··································································································
= Et il dit
à lui :
– « SEIGNEUR, – TOI, – que JE CHÉRIS
toi, TU SAIS TOUT TU CONNAIS TOI. » ·································································································· + Il dit à lui [JÉSUS]: ·· « Pais
les brebis
de moi. »
;
7. Jn 19,17-22
181
4. CONTEXTE Il est clair que la triple déclaration d’amour de Simon renvoie à son triple reniement (18,16-18.25-27). La première raison est l’opposition entre les reniements par lesquels Simon nie être disciple de Jésus et les déclarations d’amour par lesquelles il affirme être disciple de son maitre. La deuxième raison est le même nombre de reniements et de déclarations de fidélité, et peut-être surtout les trois impératifs qui indiquent la mission de Simon avec lesquels Jésus efface, pour ainsi dire, ses trois reniements.
8. Ps 34 1. PARTIR DU BAS 1.1 Segmenter le texte – Le segment le plus évident et régulier est le verset 4 : + 4 gaddelû + ûnerômemâ
lyhwh šemô
’ittî yaḥdāw
+ 4 MAGNIFIEZ + et EXALTONS
le Seigneur son nom
avec moi, ensemble.
Il s’agit d’un bimembre à 3 + 3 termes, dont le parallélisme est clair : verbes pratiquement synonymes au volitif, suivis du complément d’objet qui indique la même personne et d’un complément de manière de sens très voisin. Il faut non seulement noter les ressemblances (l’identité) mais aussi les différences (soit les oppositions) : le deuxième membre ne dit pas la même chose en d’autres termes purement synonymiques, mais marque une progression dans la pensée. Dans le premier membre le verbe est à la deuxième personne de l’impératif et le psalmiste, distingué des personnes auxquelles il s’adresse, les invite à s’unir à lui dans la louange du Seigneur. Le deuxième membre est encore une invitation mais, comme le verbe se trouve maintenant au cohortatif, c’est-à-dire à la première personne du pluriel, celui qui parle et ceux qui l’écoutent forment désormais un seul groupe. De la même manière, « avec moi », à la fin du premier membre suppose une distinction, tandis que le dernier mot, traduit par « ensemble » (encore plus en hébreu : yaḥdaw) indique l’unité. – Il existe plusieurs segments où apparaissent plus de deux verbes. Quand les deux verbes sont coordonnés, ont le même sujet et surtout se trouvent en contiguïté, on peut penser qu’ils font partie du même membre : 11
kepîrîm w dōršê
rāšû yhwh
werā‘ēbû lō’-yaḥserû
kol-ṭôb
11
sont dénués Yhwh
et affamés ne manquent
d’aucun bien
e
Des lions et les cherchant
Les deux premiers verbes ont le même sujet, « lions ». On ne peut pas considérer le second verbe comme un membre, parce qu’il n’aurait qu’un seul terme, ce qui est très rare, et probablement inexistant dans les textes poétiques. En outre, la plupart des membres du psaume compte trois termes. Pour le reste du segment, le participe « les cherchant » a un complément d’objet, « Yhwh » ; si l’on considère ces deux termes comme une proposition,
184
Les solutions: première partie, le passage
on pourrait dire qu’ils forment un membre, et le segment serait un trimembre de type ABB’ : 11
kepîrîm wedōršê lō’-yaḥserû
rāšû yhwh kol-ṭôb
werā‘ēbû
11
Des lions et les cherchant ne manquent
sont dénués Yhwh d’aucun bien
et affamés
Toutefois, le participe « les cherchant » peut être vu comme un substantif, sujet de « ne manquent », et « Yhwh » comme complément du nom ; les quatre termes seront considérés former une seule proposition. Le segment est donc plus probablement un bimembre antithétique où sont opposés « les lions » et « les cherchant Yhwh ». Le cas du verset 1 est particulier, car c’est le titre du psaume, qui n’entre pas dans l’acrostiche : 1 e
l dāwid bešannôtô e way gārăšēhû wayyēlak
’et-ṭa‘mô
lipnê
’ăbîmelek
1
sa raison
à la face d’
Abimélek
De David et il le chassa
quand il déguisa et il s’en alla.
Dans le second membre les deux verbes sont coordonnés et aucun autre terme n’est ajouté. La difficulté de ce membre est que les sujets des verbes sont différents : c’est Abimélek qui chasse David et c’est ce dernier qui s’en va. Voir l’histoire à laquelle se réfère le psalmiste en 1S 21,11-161. Même quand les deux verbes sont séparés par un autre terme, s’ils ont le même sujet et si le membre compte trois termes, il n’y a pas le moindre problème : 3
byhwh yišme‘û
tithallēl ‘ănāwîm
napšî weyiśmāḥû
3
se loue les pauvres
mon souffle et se réjouissent
En Yhwh qu’ils écoutent 6
hibbîṭû ûpenêhem
6
’ēlāyw ’al-yeḥpārû
Ils regardèrent vers lui et leur face ne rougira pas
wenāhārû et resplendirent
1 On verra plus loin (p. 200) qu’il existe quelques différences entre le titre du Ps 34 et le récit du premier livre de Samuel.
8. Ps 34 12 e
l kûyir’at
bānîm yhwh
12
fils, écoutez-moi de Yhwh je vous l’enseigne
Allez, la crainte
185
šim‘û-lî ’ălammedkem
15
sûr baqqēš
mērā‘ šālôm
wa‘ăśeh-ṭôb werodpēhû
15
le mal la paix
et fais le bien et poursuis-la
Évite recherche
Il arrive aussi que le sujet des deux verbes ne soit pas le même, mais si le membre compte trois termes, le rythme a la précédence : 5
dāraštî ûmikkol-
’et-yhwh megûrôtay
we‘ānānî hiṣṣîlānî
5
Yhwh mes frayeurs
et il me répondit il me délivra
Je cherchai et de toutes 18
ṣā‘ăqû ûmikkol-
wyhwh ṣārôtām
šāmēa‘ hiṣṣîlām
18
et Yhwh leurs angoisses
écouta il les délivra
Ils crièrent et de toutes
Il reste toutefois un cas problématique, celui du verset 7, qui pourrait être analysé comme un trimembre de type ABB’: 7
7
zeh ‘ānî wYhwh ûmikkol-
qārā’ šāmēa‘ ṣārôtāyw
hôšî‘ô
Ce pauvre et Yhwh et de toutes
appela écouté ses angoisses
il le sauva
En effet, le second verbe a un sujet et l’ensemble forme une proposition à laquelle est coordonnée la proposition suivante qui a le même sujet. Au niveau du segment il n’est pas possible de décider et il faut laisser la chose en suspens ; la solution ne pourra être trouvée qu’aux niveaux supérieurs.
186
Les solutions: première partie, le passage
Un cas semblable se trouve au verset 9 : 9
ṭa‘ămû ’ašrê
ûre’û haggeber
kî-ṭôb yeḥĕseh-bô
yhwh
9
et voyez l’homme
que bon (qui) s’abrite en lui
(est) Yhwh
Goûtez heureux
Les deux premiers verbes peuvent constituer un membre. La proposition qui suit les deux verbes constitue une proposition objective, avec prédicat et sujet ; elle pourrait donc être considérée comme un membre et le segment serait un trimembre du type AA’B, parce que le troisième membre est une phrase indépendante, qui constitue la conclusion de la phrase précédente : 9
ṭa‘ămû kî-ṭôb ’ašrê
ûre’û yhwh haggeber
yeḥĕseh-bô
9
et voyez (est) Yhwh l’homme
(qui) s’abrite en lui
Goûtez que bon heureux
Le dernier membre aussi comprend deux propositions, la principale, qui est une phrase nominale, et une relative. Cependant, comme cette dernière proposition ne comprend qu’un seul terme, les trois derniers termes du verset seront considérés comme un membre. 1.2 Regrouper les segments en morceaux Dans les versets 16-17 les premiers membres sont très semblables et s’opposent : + 16 ‛ênê :: we’oznāyw
YHWH
– 17 penê :: lehakrît
YHWH
mē’ereṣ
+ 16 LES YEUX :: et ses oreilles
de Yhwh vers les justes pour les clameurs-d’eux.
– 17 LA FACE :: pour effacer
de Yhwh de la terre
’el-ṣaddîqîm
’el-šaw‘ātām be‘ōśê rā‘ zikrām
contre les faisant le mal, la mémoire-d’eux.
Les deuxièmes membres au contraire sont très différents, mais ils s’achèvent avec le même pronom suffixe (traduit ici par « d’eux »). En 17b il s’agit du châtiment, radical, que Dieu fera subir aux malfaiteurs, tandis que le membre symétrique (16b) exprime au contraire la miséricorde divine qui secourt les justes.
8. Ps 34
187
Les versets 14-15 pourraient eux aussi former un morceau : – 14 neṣōr – ûśepātèkā
lešônkā middabbēr
MĒRĀ‘ mirmâ
+ 15 sûr + baqqēš
MĒRĀ‘
šālôm
wa‘ăśeh-ṭôb werodpēhû
– 14 PRÉSERVE – et tes lèvres
ta langue du parler
du MAL trompeur.
+ 15 ÉVITE + RECHERCHE
le MAL la paix
et FAIS-le-bien, et POURSUIS-la.
Les quatre verbes – un seul dans le premier segment, mais quatre dans le second – sont tous à l’impératif singulier. Dans le premier membre du deuxième segment le verbe est synonyme du premier verbe du premier segment et tous deux ont le même objet, « le mal ». Les versets 10-11 pourraient eux aussi former un morceau : e
= 10 y r’û .. kî-’ên 11
e
= k pîrîm .. wedōršê
’et-YHWH MAḤSÔR
rāšû YHWH
qedōšāyw lîrē’āyw werā‘ēbû E LŌ’-YAḤS RÛ
= 10 .. car pas de
MANQUE
ses saints, pour
= 11 Des lions .. et
sont dénués YHWH
NE MANQUENT
YHWH,
kol-ṭôb
lui.
et affamés, d’aucun-bien.
«Yhwh» est repris en deuxième position dans les membres extrêmes, complément d’objet des verbes précédents. Dans les deuxièmes membres « ne manquent » correspond à « manque », ce dernier termes accompagné aussi par la négation « pas de ». Le référent du pronom complément d’objet de « les craignant » est le complément objet de « les cherchant ».
188
Les solutions: première partie, le passage
Les versets 2-3 pourraient former un morceau : + 2 ’ăbārăkâ + tāmîd 3
’et-YHWH E
T HILLĀTÔ
bekol-‘ēt bepî
= bYHWH = yišme‘û
TITHALLĒL
‘ănāwîm
napšî weyiśmāḥû
+ 2 Je bénirai + toujours
YHWH SA LOUANGE
en tout temps, en ma bouche.
= 3 En YHWH = qu’ils écoutent
SE LOUE
mon souffle, et se réjouissent !
les pauvres
En effet, non seulement le nom de « Yhwh » est repris dans les premiers membres, mais dans les membres médians reviennent des termes de la même racine, « louange » et « se loue », suivis de termes qui appartiennent au même champ sémantique des parties du corps (surtout si l’on comprend que nepeš signifie aussi « la gorge »). Important : il ne faut pas oublier que ces regroupements en morceaux demeureront hypothétiques tant que toutes les unités du texte, à leurs différents niveaux, ne seront pas identifiées, c’est-à-dire tant qu’on n’aura pas découvert la composition de l’ensemble du psaume. 2. PARTIR D’EN HAUT 2.1 Mots identiques ou de la même racine – Le mot le plus fréquent est « Yhwh » : il ne revient pas moins de 16 fois (2.3.4.5; 7.8.9.10.11.12; 16.17.18.19.20; 23). – Un autre mot fréquent est kol (traduit par « tout » et « aucun ») qui revient 8 fois (2.5.7.11.18.20.21.23). – « Mal » revient 5 fois (14.15.17.20.22) – « Écouter » 4 fois (3.7.12.18). – ṭôb (traduit pas « bien » e « bon ») 4 fois (9.11.13.15). – « Craindre »/« crainte » 4 fois (8.10a.10b.12). – « Délivrer » 3 fois (5.18.20). – «Juste(s) » 3 fois (16.20.22) – « S’abriter (en lui) » 2 fois (9.23). – « Souffle » 2 fois (3.23). – « Face » 2 fois (6.17). – « Louange »/« se louer » 2 fois (2.3). – « Pauvre(s)» 2 fois (3.7).
8. Ps 34 – « Manque »/« manquer » – « Chercher » – « Faire » – « Sauver »: – « Angoisses »
189
2 fois (10.11). 2 fois (5.11). 2 fois (15.17). 2 fois (7.19). 2 fois (7-18).
2.2 Syntagmes a) Les deuxièmes membres de 7 et 18 sont très semblables : 7b ûmikkol 18b ûmikkol
-
7b et de toutes 18b et de toutes
ṣārôtāyw ṣārôtām
HÔŠÎ‘Ô HIṢṢÎLĀM
ses angoisses leurs angoisses
IL LE SAUVA IL LES DÉLIVRA
Seul le nombre change, du singulier au pluriel ; et les verbes finaux, bien que différents, sont synonymes. Très semblables à ces deux membres, les deuxièmes membres de 5 et 20 : 5b ûmikkol 20b ûmikkullām
megûrôtay
HIṢṢÎLĀNÎ
YAṢṢÎLENNÛ
yhwh
5b et de toutes 20b et de tous
mes frayeurs
IL ME DÉLIVRA
IL LE DÉLIVRE
Yhwh
Les premiers termes sont identiques, « les angoisses » et « les frayeurs » sont synonymes ; « délivrer » revient en 5b et 20b comme en 18b. b) Ces quatre syntagmes se trouvent en position symétrique : le premier (5) est le deuxième membre du quatrième segment du psaume proprement dit, et le dernier (20) est le second membre du quatrième segment avant la fin. Le verset 7 est séparé du verset 5 par un segment ; de même, le verset 20 est séparé du verset 18 par un seul segment. c) La caractéristique des premiers membres de 7 et de 18 est qu’ils comprennent deux propositions coordonnées par « et » : 7a
zeh ‘ānî ṣā‘ăqû
qārā’
wyhwh wyhwh
šāmēa‘ šāmēa‘
Ce pauvre Ils crièrent
appela
et Yhwh et Yhwh
écouta écouta
18a 7a
18a
En outre, les deuxièmes propositions sont identiques.
190 ’ b g
2
d h z ḥ ṭ y k l m n s ‘ p ṣ q r
5
š t p
21
3 4
6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
22 23
Les solutions: première partie, le passage Je bénirai Yhwh en tout temps, En Yhwh se loue mon souffle, Magnifiez Yhwh avec moi
toujours sa louange en ma bouche. qu’ils écoutent les pauvres et se réjouissent. et exaltons son nom ensemble.
Je cherchai Yhwh et il me répondit Ils regardèrent vers lui et resplendirent Ce pauvre appela et Yhwh écouta Il campe l’ange de Yhwh Goûtez et voyez que bon Yhwh, Craignez Yhwh, ses saints, Des lions sont dénués et affamés, Allez, fils, écoutez-moi Quel est l’homme qui désire la vie, Préserve ta langue du mal Évite le mal et fais le bien, Les yeux de Yhwh pour les justes La face de Yhwh contre les faisant le mal, Ils crièrent et Yhwh écouta Proche Yhwh des brisés de cœur De nombreux maux (sur) le juste
ET DES TOUTES SES ANGOISSES IL LE SAUVA. autour de ses craignant et les dégage. heureux l’homme qui s’abrite en lui. car pas de manque pour ses craignant. et les cherchant Yhwh ne manquent d’aucun bien. la crainte de Yhwh je vous l’enseigne. aimant les jours pour voir le bien ? et tes lèvres du parler trompeur. recherche la paix et poursuis-la. et ses oreilles pour leurs clameurs. pour effacer de la terre leur mémoire. ET DE TOUTES LEURS ANGOISSES IL LES DÉLIVRA. et les esprits abattus il sauve. ET DE TOUS IL LE DÉLIVRE YHWH.
Il garde tous ses os, Le mal tue le méchant Il rachète Yhwh le souffle de ses serviteurs
pas un seul d’entre eux ne sera brisé. et ceux qui haïssent le juste expieront. et n’expieront pas tous les s’abritant en lui.
ET DE TOUTES MES
FRAYEURS
IL ME DÉLIVRA.
et leur face ne rougira pas.
d) Cette caractéristique se retrouve aussi au début de 5, 6 et 7 : 5
dāraštî ’et-yhwh hibbîṭû ’ēlāyw 7 zeh ‘ānî qārā’ 6
5
Je cherchai Yhwh Ils regardèrent vers lui 7 Ce pauvre appela 6
we‘ānānî wenāhārû wyhwh šāmēa‘
ûmikkol-megûrôtay hiṣṣîlānî ûpenêhem ’al-yeḥpārû ûmikkol-ṣārôtāyw hôšî‘ô
et il me répondit et resplendirent et Yhwh écouta
et de toutes mes frayeurs il me délivra et leur face ne rougira pas et de toutes ses angoisses il le sauva
e) Les versets 5 et 6 sont des bimembres. Leurs premiers membres comprennent deux propositions, mais la deuxième compte un seul terme ; le critère déterminant est donc le rythme, ces membres totalisant trois termes, comme en tant d’autres membres du psaume. Les trois segments étant très semblables (en particulier les deuxièmes membres des segments extrêmes), on en conclura que, comme les deux premières propositions des versets 5 et 6 forment un seul membre, il vaut mieux considérer aussi les deux premières propositions du verset 7 comme un seul membre. Le verset 7 sera donc un bimembre comme les deux segments précédents. f) Les deux occurrences de « sauver » se trouvent à la fin de 7 et à la fin de 19. 2.3 Première hypothèse a) Après tous les rapports notés jusqu’ici, l’hypothèse qui se présente est que 5-7 et 18-20 forment deux unités symétriques.
8. Ps 34
191
b) Il faut d’abord vérifier la cohérence de chacune de ces deux unités : • Versets 5-7: + 5 DĀRAŠTÎ = ûMIKKOL-
’et-YHWH e m gûrôtay
we‘ānānî hiṣṣîlānî
’ēlāYW ’al-yeḥpārû
wenāhārû
+ 7 zeh ‘ānî = ûMIKKOL-
QĀRĀ’
ṣārôtāyw
wYHWH hôšî‘ô
+ 5 JE CHERCHAI = ET DE TOUTES
YHWH mes frayeurs
et il me répondit il me libera.
vers LUI ne rougira pas.
et resplendirent
APPELA
et YHWH il le sauva.
+ 6 HIBBÎṬÛ = ûpenêhem
+ 6 ILS REGARDÈRENT = et leur face + 7 Ce pauvre = ET DE TOUTES
ses angoisses
šāmēa‘
écouta
Cette unité comprend trois segments et elle est donc de la taille d’un morceau. Les segments extrêmes sont parallèles entre eux : ce sont surtout leurs seconds membre qui sont très semblables, mais leur premiers membres reprennent le nom de « Yhwh » et les verbes finaux « répondre » et « écouter » sont complémentaires et se correspondent. Ils sont tous deux au singulier, tandis que le segment central est au pluriel2 ; toutefois, alors que le premier segment est à la première personne, le dernier est à la troisième. On pourra donc se demander si le sujet réel de ces segments n’indiquent pas tous deux le psalmiste lui-même. • Versets 18-20: + 18 ṣā‘ăqû = ûMIKKOL -
wYHWH ṣārôtām
šāmēa‘ HIṢṢÎLām
+ 19 qārôb = we’et-dakke’ê -
YHWH
lenišberê-lēb yôšîa‘
20
+ rabbôt = ûMIKKULlām
rûaḥ rā‘ôt
ṣaddîq
YAṢṢÎLennû
YHWH
Aux misères de l’homme (« crièrent », « angoisses », « brisés de cœur », « abattus d’esprit », « maux ») répondent les actions salvatrices de Yhwh (« écouté », « délivra », « est proche », « sauva », « délivra »). 2 Certains manuscrits hébreux, comme plusieurs versions, lisent le verset à l’impératif, donc à la deuxième personne du pluriel.
192
Les solutions: première partie, le passage
+ 18 Ils crièrent = ET DE TOUTES + 19 Proche (est) = et les abattus + 20 De nombreux = ET DE TOUS
et YHWH leurs angoisses
écouta il les DÉLIVRA.
YHWH d’esprit
des brisés de cœur il sauve.
maux il les DÉLIVRE
(sur) le juste YHWH.
Les segments extrêmes se correspondent par leurs seconds membres qui commencent par « et de toutes », « et de tous eux », suivi par « délivrer » ; « sauver » à la fin du segment central est un synonyme des deux « délivrer ». Le nom de « Yhwh » est repris en même position dans les deux premiers segments, ainsi qu’à la fin dans le dernier, faisant inclusion. Alors que les deux premiers segments sont au pluriel, le dernier est au singulier ; en revanche, tandis que le premier est à l’accompli (traduit par un passé), les deux autres sont à l’inaccompli (traduit par le présent). • Les rapports entre les deux unités Queste due unità hanno molti punti in comune che si possono far risaltare con una riscrittura che li mette a confronto: 5
dāraštî ’et-yhwh
6
hibbîṭû ’ēlāyw
7
zeh ‘ānî
QĀRĀ’
we‘ānānî e
ûmikkole
megûrôtay
HIṢṢÎLĀNÎ
w nāhārû
ûp nêhem
’al-yeḥpārû
WYHWH ŠĀMĒA‘
ûmikkol-
ṢĀRÔTĀYW
HԊΑÔ
ṢĀRÔTĀM
HIṢṢÎLĀM
[...] 18
ṢĀ‘ĂQÛ
WYHWH ŠĀMĒA‘
ûmikkol-
19
qārôb
yhwh
lenišberê-lēb
we’et-dakke’ê- rûaḥ
20
rabbôt
rā‘ôt
ṣaddîq
ûmikkullām
YAṢṢÎLENNÛ
YÔŠÎA‘
yhwh
In tutti i segmenti i due membri sono coordinati da «e»; i secondi membri dei segmenti estremi di ciascuna unità cominciano con «e di tutte» (nell’ultimo il lessema è pronominalizzato: «e da tutti loro»); i verbi «liberare» e «salvare» con cui finiscono i segmenti estremi della prima unità (5.7) sono ripresi nell’altro, alle estremità per «liberare» (18.20) e al centro per «salvare» (19); appartenenti allo stesso campo semantico, «cuore» et «spiriti» di 19 corrispondono a «facce» di 6; ma sono soprattutto i versetti 7 e 18 che, in posizione simmetrica, sono più simili, fungendo il ruolo di termini medi a distanza.
8. Ps 34
193
5
Je cherchai Yhwh
6
Ils regardent vers lui et resplendissent
ET
7
Ce pauvre
ET YHWH ÉCOUTA
ET DE TOUTES
SES ANGOISSES
LE SAUVA.
CRIÈRENT ET YHWH ÉCOUTA
ET DE TOUTES
LEURS ANGOISSES
LES DÉLIVRA.
APPELA
et il me répondit
ET DE TOUTES
mes frayeurs
leur FACE
ME DÉLIVRA.
ne rougira pas.
[...] 18
Ils
19
Proche Yhwh des brisés de CŒUR
ET
20
De nombreux maux (sur) le juste
ET D’EUX TOUS
les
ESPRITS
abattus
IL SAUVE.
LE DÉLIVRE
Yhwh.
Dans tous les segments les deux membres sont coordonnés par « et » ; les seconds membres des segments extrêmes de chaque unité commencent par « et de toutes », sauf le dernier où le lexème est pronominalisé (« et d’eux tous ») ; les verbes « délivrer » et « sauver » par lesquels s’achèvent les segments extrêmes de la première unité (5.7) sont repris dans l’autre, aux extrémités pour « délivrer » (18.20) et au centre pour « sauver » (19) ; appartenant au même champ sémantique, « cœur » et « esprits » de 19 correspondent à « face » de 6 ; mais ce sont surtout les versets 7 et 18 qui, en position symétrique, sont les plus semblables, remplissant la fonction de termes médians à distance. c) Si les versets 5-7 forment une unité et les versets 18-20 une autre unité, on peut faire l’hypothèse que les trois segments qui précèdent la première unité (24) formeront eux aussi une unité, et de la même manière les trois segments qui suivent l’autre unité (21-23). • Versets 2-4: + 2 ’ĂBĀRĂKÂ + tāmîd + 3 bYHWH = YIŠME‘Û = 4 GADDELÛ = ûNERÔMEMÂ
’et-YHWH E
T HILLĀTÔ
bekol-‘ēt bepî
‘ănāwîm
napšî weYIŚMĀḤÛ
lYHWH šemô
’ittî yaḥdāw
TITHALLĒL
Cette unité compte trois bimembres à 3 + 3 termes. Dans le premier les deux membres sont synonymes : « toujours » correspond à « en tout temps », « Yhwh » est pronominalisé dans le second membre dans « sa louange » ; en revanche, au verbe du premier membre, « je bénirai », correspondent deux termes dans le second membre : « sa louange », qui correspond au signifié du verbe « bénir » et « en ma bouche » qui reprend la première personne du singulier.
194
Les solutions: première partie, le passage
+ 2 JE BÉNIRAI + toujours + 3 En YHWH = QU’ILS ENTENDENT = 4 MAGNIFIEZ = et EXALTONS
YHWH SA LOUANGE
en tout temps, en ma bouche.
SE LOUE
les pauvres
mon souffle, et SE RÉJOUISSENT !
YHWH son nom
avec moi ensemble.
Alors que le premier segment est à la première personne du singulier, le troisième (4) est au pluriel. « Son nom » renvoie à « le Seigneur », « ensemble » correspond à « avec moi », « magnifiez » et « exaltons » sont synonymes et sont tous deux à l’impératif. Il est toutefois une progression d’un membre à l’autre : tandis que le premier, à la deuxième personne du pluriel, est une invitation adressée par une première personne du singulier à d’autres, le second membre inclut le je et les autres dans un seul groupe et tous ensemble deviennent une première personne du pluriel. Quant au segment central (3), il assure la transition entre les deux autres segments. Son premier membre rappelle le premier segment, car il utilise lui aussi la première personne du singulier, et aussi parce que « se louer » est de même racine que « sa louange » et parce que « mon souffle » (napšī, qui pourrait être traduit par « mon gosier ») correspond à « ma bouche », en même position finale. Son second membre au contraire est au pluriel comme le segment suivant ; « qu’ils entendent » n’a pas de complément objet, mais on comprend qu’il s’agit à la fois de la louange singulière du psalmiste exprimée dans le premier segment et de la double invitation qui est adressée aux « pauvres » dans le dernier segment. Le nom de « Yhwh » est repris dans les premiers membres de chaque segment, en position identique dans les segments extrêmes. Nous avions fait plus haut l’hypothèse que les versets 2-3 pouvaient former un morceau (voir p. 188). Voici donc que cette hypothèse doit être écartée : en effet, le verset 3 fait partie de ce morceau. • Versets 21-23 + 21 šōmēr – ’aḥat
kol mēhēnnâ
‘aṣmôtāyw lō’ nišbārâ
:: 22 temôtēt :: weśōn’ê
rāšā‘ ṣaddîq
rā‘â ye’šāmû
+ 23 pôdeh – welō’ ye’šemû
yhwh kāl -
nepeš haḥōsîm
‘ăbādāyw bô
8. Ps 34 + 21 Il garde – (pas) un seul :: 22 Il tue :: et les haïssant + 23 Il rachète – et ils n’EXPIERONT pas
TOUS
SES OS
d’entre eux
ne sera brisé.
le méchant, le juste
EXPIERONT.
le Seigneur
L’ÂME
TOUS
les s’abritant
195
le mal de ses serviteurs en lui.
Les segments extrêmes sont parallèles : le sujet des premiers membres est le même, les verbes sont au participe, traduit par un présent, et l’objet (« les os » et « l’âme » ou « le souffle ») concerne les mêmes personnages (au singulier en 21, au pluriel en 23). Les seconds membres indiquent la conséquence de l’action de Dieu pour ses serviteurs : le sort des bons est chaque fois exprimé par la négation d’un malheur. En opposition aux segments extrêmes, le segment central décrit le sort du méchant. Les deux occurrences de « expier » dans les seconds membres des deux derniers segments sont opposées par la négation. « Tous » revient en même position dans les membres extrêmes. Dans le premier membre du segment central le singulier « le méchant » s’oppose à la personne singulière dont parle le premier segment (« ses os », littéralement, « les os de lui ») ; au contraire dans le second membre du segment central « les haïssant » au pluriel s’opposent au pluriel du dernier segment (« ses serviteurs », « les s’abritant en lui »). 2.4 Le reste du psaume a) Quatre unités ont été identifiées jusqu’ici : deux au début (2-4 et 5-7) qui sont en contiguïté, deux à la fin (18-20 et 21-23) qui le sont aussi. Entre ces deux groupes il reste dix segments (8-17). b) Dans le point 1.2 nous avons déjà regroupé des segments qui pourraient former des morceaux : . 16 et 17 (voir p. 186), . 14 et 15 (voir p. 187), . 10 et 11 (voir p. 187). c) Les unités 14-15 et 16-17 se trouvent en contiguïté. L’ensemble est marqué par la triple occurrence de « mal » (14a.15a.17a). En même position, « fais le bien » s’oppose à « les faisant le mal » (15a.17a). Dans les premiers segments sont mentionnées des parties du corps : « la langue » et « les lèvres » de l’homme en 14, « les yeux » et « les oreilles » du Seigneur en 16, à quoi s’ajoute au début de 17 sa « face » (au pluriel en hébreu). Les deux morceaux sont complémentaires : aux actions de l’homme (14-15) répondent celles du Seigneur (16-17). Le premier est au singulier, le singulier de celui auquel le psalmiste s’adresse à la deuxième personne. Le second au contraire est
196
Les solutions: première partie, le passage
au pluriel et à la troisième personne ; c’est la motivation qui est donnée à celui que le psalmiste met en garde. – 14 Préserve – et TES LÈVRES + 15 Évite + recherche
du parler
du MAL trompeur.
le MAL la paix
et FAIS-le-BIEN, et poursuis-la.
TA LANGUE
······························································································ + 16 LES YEUX du Seigneur pour les justes pour leurs clameurs. + et SES OREILLES
– 17 LA FACE – pour effacer
du Seigneur de la terre
sur les FAISANT le MAL, leur mémoire.
Il est possible de considérer que cette unité est de construction spéculaire : en effet, le châtiment des méchants (17) s’abattra sur ceux qui n’auront pas su se préserver du mal (14) ; en revanche la récompense des justes (16) sera pour ceux qui auront fait le bien et recherché la paix (15). d) Il reste deux groupes de versets à analyser : 8-9 et 12-13. e) Le psaume comprend une seule question (13). f) Dans ce groupe « central » de dix segments (8-17) les quatre derniers forment une unité ; une hypothèse raisonnable serait que les quatre premiers segments forment eux aussi une unité, ce qui laisserait au centre deux versets (12-13) dont un est l’unique question du psaume. Or il n’est pas possible d’oublier la loi de la question au centre ! g) La situation décrite en 8-9 est celle d’un camp militaire assiégé mais défendu par « l’ange de Yhwh ». Le premier verbe, traduit par « il campe » est de la même racine que le « camp » (maḥăneh). Le dernier verbe traduit pas « s’abriter » s’accorde bien avec le sens du premier : en effet, qui s’abrite dans le camp protégé par l’ange du Seigneur est protégé de tout danger. h) La métaphore du « lion » pour indiquer « l’ennemi » est traditionnelle ; dans le psautier voir Ps 7,3 ; 10,9, 17,12 ; 22,14.22, etc.)3. On voit qu’il n’est pas nécessaire de changer les « lions » du texte massorétique par un autre mot (par exemple par « les riches » comme fait la Septante). i) Pour vérifier l’hypothèse, il faut voir si les quatre premiers segments forment une unité cohérente. 3 Voir P. BOVATI, Ristabilire la giustizia : Procedure, vocabolario, orientamenti, AnBib 110, Rome 1986, 19972, 272.274.
8. Ps 34
197
Il faut avant tout examiner si les versets 8-9 forment un morceau : + 8 ḥōneh :: sābîb
mal’ak -
YHWH
LÎRĒ’ĀYW
wayeḥalleṣēm
+ 9 ṭa‘ămû :: ’ašrê
ûre’û haggeber
kî-ṭôb
+ 8 Il campe :: autour de
l’ange
du YHWH et les dégage.
+ 9 Goûtez :: heureux
et voyez l’homme
que bon (qui)-
YHWH
YEḤĔSEH-BÔ
YHWH,
(est) .
Les premiers membres mentionnent en finale « Yhwh » et dans les seconds membres les hommes sont appelés « ses-craignant » et « qui-s’abrite-en-lui ». Aux extrémités du premier segment les deux verbes ont pour sujet Yhwh, à travers son « ange ». De manière complémentaire le second segment met en scène « l’homme », l’homme en général auquel le premier membre s’adresse au pluriel. Voyons maintenant si les deux morceaux 8-9 et 10-11 forment une unité cohérente. + 8 ḥōneh :: sābîb + 9 ṭa‘ămû :: ’ašrê
mal’ak
-
YHWH
LÎRĒ’ĀYW
wayeḥalleṣēm
ûre’û haggeber
kî-ṬÔB yeḥĕseh-bô
YHWH
······················································································································ = 10 yer’û ’et-YHWH qedōšāyw .. kî-’ên maḥsôr LÎRĒ’ĀYW
= 11 kepîrîm .. wedōršê
rāšû YHWH
werā‘ēbû lō’-yaḥserû
kol-ṬÔB
198 + 8 Il campe :: autour de + 9 Goûtez :: heureux
Les solutions: première partie, le passage l’ange
du SEIGNEUR et les dégage.
et voyez l’homme
que BON (est) qui s’abrite en lui.
LE SEIGNEUR,
···························································································································· = 10 Craignez LE SEIGNEUR, ses saints
.. car pas de 11
= Des lions .. et les cherchant
manque sont dénués LE SEIGNEUR
. et affamés ne manquent
d’aucun BIEN.
Les quatre segments forment une construction spéculaire. Les segments médians commencent par des impératifs pluriels. Les segments extrêmes opposent « l’ange » qui protège le camp des fidèles du Seigneur contre « les lions » « affamés » que sont leurs ennemis Le nom du « Seigneur » revient dans chaque segment, dans les premiers membres d’abord (8a.9a.10a), mais dans le dernier à la fin (11b) faisant ainsi une sorte d’inclusion. « Ses craignant » est repris dans les seconds membres des premiers segments (8b.10b), et dans les seconds segments ṭôb revient (traduit par « bon » en 9a et par « bien » en 11b). j) Il reste à analyser les versets 12-13. + 12 lekû – yir’at
bānîm yhwh
šim‘û-lî ’ălammedkem
+ 13 mî-hā’îš – ’ōhēb
heḥāpēṣ yāmîm
ḥayyîm lir’ôt ṭôb
+ 12 Allez, – la crainte
fils, du Seigneur
écoutez-moi, je vous enseignerai.
+ 13 Qui-(est) l’homme – aimant
désirant les jours
la vie, pour voir le bien ?
Cette unité est de la taille d’un morceau formé de deux bimembres4. Le premier est de composition parallèle : les verbes par lesquels les membres Le premier mot de la partie, lekû, est la plupart du temps traduit par « venez » (BJ, Osty, Dhorme conservent l’ordre des mots : « Venez, fils, écoutez-moi » ; la TOB a « venez m’écouter »). Or hālak signifie « aller » ; « venir » se dit avec un autre verbe : bā’. Alonso Schoekel traduit, « approchez-vous » et il commente : « il convoque ses disciples [...] les invite à s’approcher » (L. ALONSO SCHOEKEL – C. CARNITI, Salmos. I, 1994, 512.517). Amos Hakham explique : « Ici “allez” n’a pas du tout le sens de “s’en aller”, mais c’est une locution d’incitation 4
8. Ps 34
199
s’achèvent sont complémentaires ; le psalmiste invite ses disciples, ses « fils », à l’écouter, mais c’est pour les amener à « craindre » « le Seigneur ». Dans le second segment, « désirant » et « aimant » sont synonymes, et « la vie » est ensuite définie comme « les jours pour voir le bien », c’est-à-dire le bonheur. D’un segment à l’autre, aucun vocabulaire commun. Toutefois, le premier semble répondre à la question du second ; à ceux qui veulent obtenir « la vie » et « le bien », j’enseignerai qu’ils sont le fruit de « la crainte » du Seigneur. En d’autres termes, le rôle du maître est d’enseigner à ses « fils » que « la vie » qu’il leur transmet s’origine en « Yhwh », que c’est le Seigneur qui est leur véritable père. « Écouter » le maître, l’écouter vraiment pour faire ce qu’il dit, c’est le « craindre » ; or ce qu’il enseigne, c’est que c’est le Seigneur qu’il faut craindre, c’est-à-dire aimer5. 2.5 Composition de l’ensemble a) On peut observer avant tout que les unité identifiées jusqu’ici s’organisent de façon symétrique : . l’unité centrale (12-13) comprend seulement 2 segments ; . celle-ci est encadrée par deux unités formées de 4 segments (8-11 ; 14-17) ; . viennent ensuite deux unités de 3 segments qui ont beaucoup de points en commun (5-7 ; 18-20) ; . enfin les unité extrêmes (2-4 ; 21-23) sont formées de 3 segments. b) On peut donc imaginer différentes possibilités : – première hypothèse : 6 parties autour de 12-13. Comme la seconde et l’avantdernière se correspondent étroitement, cette hypothèse supposerait que les parties extrêmes aussi se correspondraient et de même les parties8-11 et 14-17 ; – deuxième hypothèse : on pourrait aussi penser que les versets 8-17 forment une longue partie centrale ; ce qui supposerait de nouveau que les unités extrêmes (24 et 21-23) se correspondent ; – troisième hypothèse : il est aussi possible de considérer que les trois premières unités forment une partie (3-11) et de la même manière les trois dernières 1423), chacune étant formée de trois sous-parties ; dans ce cas les unités très semblables 5-7 et 18-20 joueraient le rôle de termes médians. c) Une première vérification permettra de s’orienter. En effet, si les unités extrêmes (2-4 et 21-23) se correspondaient, on pourrait prendre en considération les deux premières hypothèses.
qui précède l’impératif “écoutez”. De même : “Allez ! jetons les sorts” (Jon 1,7) et tant d’autres exemples » (A. HAKHAM, Sefer Tehillîm, Jérusalem 1986, 188) ; voir aussi, par ex., Gn 37,20.27. 5 La « crainte » n’est pas la peur. « La certitude tremblante de l’amour, cela exactement que la Bible appelle “crainte de Dieu” » (P. BEAUCHAMP, L’Un et l’Autre Testament. I. Essai de lecture, Parole de Dieu, Paris 1976, 272).
200
Les solutions: première partie, le passage
2
’ăbārăkâ ’et-YHWH bekol-‘ēt bYHWH tithallēl NAPŠÎ 4 gaddelû lYHWH ’ittî 3
tāmîd tehillātô bepî yišme‘û ‘ănāwîm weyiśmāḥû ûnerômemâ šemô yaḥdāw
[...] 21
šōmēr kol-‘aṣmôtāyw t môtēt rāšā‘ rā‘â 23 pôdeh YHWH NEPEŠ ‘ăbādāyw 22 e
’aḥat mēhēnnâ lō’ nišbārâ weśōn’ê ṣaddîq ye’šāmû welō’ ye’šemû kāl-haḥōsîm bô
Ces deux unités ont peu d’éléments communs. À part « Yhwh » (2.3.4 ; 23) et « tout/tous » (2 ; 21.22), seul « souffle » est repris en 3 et 23. La première unité est un invitatoire, ce qui n’est pas le cas de la dernière. Le premier verbe de la dernière unité renvoie à un personnage qui est nommé dans le verset précédent. 2 3 4
Je bénirai YHWH en tout temps, En YHWH se loue mon SOUFFLE Magnifiez YHWH avec moi
toujours sa louange en ma bouche. qu’ils écoutent les pauvres et se réjouissent. et exaltons son nom ensemble.
[...] 21 22 23
Il garde tous ses os Le mal tue le méchant Il rachète YHWH le SOUFFLE de ses serviteurs
pas un seul d’entre eux ne sera brisé. et ceux qui haïssent le juste expieront. et n’expieront pas tous les s’abritant en lui.
d) Il semble donc que cette piste doive être abandonnée. Les deux premières hypothèses sont donc à écarter. Seule la dernière peut être retenue. e) Commençons avec la dernière partie (14-23) 14 15
neṣōr lešônkā mēRĀ‘ sûr mēRĀ‘ wa‘ăśeh-ṭôb
ûśepātèkā middabbēr mirmâ baqqēš šālôm werodpēhû
···················································································································· ‛ênê yhwh ’el-ṢADDÎQÎM we’oznāyw ’el-šaw‘ātām 17 e e p nê yhwh b ‘ōśê RĀ‘ lehakrît mē’ereṣ zikrām 16
18
ṣā‘ăqû wyhwh šāmēa‘ qārôb yhwh leNIŠBERÊ-lēb 20 rabbôt RĀ‘ÔT ṢADDÎQ 19
21
šōmēr kol-‘aṣmôtāyw t môtēt rāšā‘ RĀ‘Â 23 pôdeh yhwh nepeš ‘ăbādāyw 22 e
ûmikkol-ṣārôtām hiṣṣîlām we’et-dakke’ê-rûaḥ yôšîa‘ ûmikkullām yaṣṣîlennû yhwh ’aḥat mēhēnnâ lō’ NIŠBĀRÂ weśōn’ê ṢADDÎQ ye’šāmû welō’ ye’šemû kāl-haḥōsîm bô
8. Ps 34
201
Plusieurs termes sont spécifiques de cette partie : les cinq occurrences de « mal » qui n’apparaissent que dans les premiers membres (14a.15a.17a ; 20a ; 22a) ; « juste(s) », qui revient une fois dans chaque sous-partie (16a ; 20a ; 22b) ; « brisés » au centre de la sous-partie centrale (19a) et au début de la dernière souspartie (21). En outre, le nom de « Yhwh » est employé six fois (16a.17a ; 18a.19a.20b ; 23a). « Tous/toutes » revient deux fois dans la deuxième sous-partie (18b.20b) deux fois dans la troisième (21a.23b). La première moitié de la première sous-partie est adressée à un individu (1415), mais la seconde moitié s’élargit au pluriel (16-17) ; la seconde sous-partie commence par le pluriel (18-19) pour finir par le singulier (20) ; comme dans la première sous-partie, la première moitié de la dernière sous-partie est au singulier (21-22a) tandis que la seconde moitié est au pluriel (22b-23). Ainsi l’on passe du singulier (14-15) au pluriel (16-19), puis de nouveau du singulier (2022a) pour finir avec le pluriel (22b-23). 14
Préserve ta langue du MAL
et tes lèvres du parler trompeur.
15
Évite le MAL et fais le bien,
recherche la paix et poursuis-la.
················································································································ 16
Les yeux DE YHWH pour les JUSTES
et ses oreilles pour leurs clameurs.
17
La face DE YHWH contre les faisant le MAL,
pour ôter de la terre leur mémoire.
18
Ils crièrent et YHWH écouta
et de toutes leurs angoisses les délivra.
19
Proche est YHWH des cœurs BRISÉS
et les esprits abattus il les sauve.
20
De nombreux MAUX sur le JUSTE
et de tous il le délivre YHWH.
21
Il garde tous ses os,
pas un seul d’entre eux ne sera BRISÉ.
22
Il tue le méchant, le MAL
et ceux qui haïssent le JUSTE expieront.
23
Il rachète YHWH l’âme de ses serviteurs
et ils n’expieront pas tous les s’abritant en lui.
Il s’agit tout au long des justes en butte au mal que les méchants leur infligent et qui sont sauvés par le Seigneur. Le psalmiste commence par s’adresser à un individu, le lecteur, pour l’inviter à faire le bon choix entre le mal et le bien (1415), car le Seigneur protège les justes mais punit ceux qui font le mal. En effet, il délivre toujours le juste persécuté : il l’a fait par le passé (18) comme il a l’habitude de le faire6 (19-20). La dernière sous-partie revient sur le sort opposé des justes (aux extrémités : 21.23) et du méchant (au centre : 22).
6
L’inaccompli peut être traduit par le présent ou par le futur.
202
Les solutions: première partie, le passage
f) Voyons maintenant si la première partie est cohérente (2-11). 2
’ăbārăkâ ’et-YHWH bekol-‘ēt bYHWH tithallēl napšî 4 gaddelû lYHWH ’ittî
tāmîd tehillātô bepî E e YIŠM ‘Û ‘ĂNĀWÎM w yiśmāḥû e e e ûn rôm mâ š mô yaḥdāw
3
5
ûmikkol-megûrôtay hiṣṣîlānî ûpenêhem ’al-yeḥpārû ûmikkol-ṣārôtāyw hôšî‘ô
’et-YHWH we‘ānānî hibbîṭû ’ēlāyw wenāhārû 7 ZEH ‘ĀNÎ qārā’ wYHWH ŠĀMĒA‘ DĀRAŠTÎ
6
8 9
sābîb lîrē’āyw wayeḥalleṣēm ’ašrê haggeber yeḥĕseh-bô
ḥōneh mal’ak-YHWH ṭa‘ămû ûre’û kî-ṭôb YHWH
·················································································································· 10 11
yer’û ’et-YHWH qedōšāyw kepîrîm rāšû werā‘ēbû
kî-’ên maḥsôr lîrē’āyw weDŌRŠÊ YHWH lō’-yaḥserû kol-ṭôb
Le nom de « Yhwh » revient dans tous les segments, à l’exception du segment central (6) ; il se trouve toujours dans le premier membre, à l’unique exception du dernier segment, où il clôt en quelque sorte la série. Kol (« tout/ toutes ») revient quatre fois, en position régulière : dans les membres extrêmes de la partie (2a.11b) et dans les membres extrêmes de la sous-partie centrale, en position identique (5b.7b). Les sous-parties extrêmes n’ont aucun lexique commun, à part « Yhwh ». Au contraire la sous-partie centrale est liée aux deux autres par plusieurs reprises : « pauvre(s) » et « écouter » (3.7) d’une part, « chercher » (5.11) de l’autre. La sous-partie centrale se distingue des deux autres, car non seulement tous leurs seconds membres commencent par « et » mais aussi parce que leurs premiers membres sont eux-mêmes formés de deux syntagmes coordonnés par « et ». 2
Je bénirai YHWH en tout temps,
toujours sa louange en ma bouche.
3
En YHWH se loue mon souffle,
qu’ils ÉCOUTENT LES PAUVRES et se réjouissent.
4
Magnifiez YHWH avec moi
et exaltons son nom ensemble.
5
JE CHERCHAI YHWH et il me répondit
et de toutes mes frayeurs il me délivra.
6
Ils regardèrent vers lui et resplendirent
et leur face ne rougira pas.
7
CE PAUVRE cria et YHWH ÉCOUTA
et de toutes ses angoisses il le sauva.
8
Il campe l’ange DE YHWH
autour de ses craignant et les dégage.
9
Goûtez et voyez que bon YHWH,
heureux l’homme qui s’abrite en lui.
··························································································································· 10
Craignez YHWH, ses saints,
car pas de manque pour ses craignant.
11
Des lions sont dénués et affamés,
et LES CHERCHANT YHWH ne manquent de tout bien.
8. Ps 34
203
Le balancement entre le « je » du psalmiste dans la première moitié de la première sous-partie (2-3a) et le pluriel dans la seconde moitié (3b-4) se retrouve dans la sous-partie centrale, où le singulier des extrémités (5-7) – qui se réfère probablement au psalmiste – encadre le pluriel du centre (6). Quant à la troisième sous-partie elle est toute au pluriel, ce pluriel vers lequel progressait la première sous-partie et sur lequel était focalisée la seconde sous-partie, mais ce pluriel est interpelé – avec des impératifs de seconde personne du pluriel (« magnifiez » ; « goûtez et voyez », « craignez ») –, comme dans la première souspartie, par le « je » du psalmiste. Dans la première sous-partie le psalmiste parle au présent – un présent qui dure –, pour inviter « les pauvres » à louer le Seigneur avec lui : le futur y est donc articulé au présent. La seconde sous-partie énonce les raisons pour lesquelles le Seigneur est loué : ce sont les actions que Dieu a accomplies par le passé en leur faveur ; toutefois, le second membre du segment central regarde le futur. Dans la troisième sous-partie les actions de Dieu ne sont plus celles du passé comme dans la sous-partie précédente ; ce sont ses actions de toujours, exprimées au présent, et donc ceux auxquels le psalmiste s’adresse à l’impératif sont invités à se fier à lui, à le « craindre » dans le futur. g) Il reste à étudier les relations entre les trois parties du psaume. Commençons avec les parties extrêmes : 2
’ăbārăkâ ’et-yhwh bekol-‘ēt byhwh tithallēl NAPŠÎ 4 gaddelû lyhwh ’ittî 3
5
dāraštî ’et-yhwh we‘ānānî hibbîṭû ’ēlāyw wenāhārû 7 zeh ‘ānî qārā’ wyhwh ŠĀMĒA‘ 6
8 9
ḥōneh mal’ak-yhwh ṭa‘ămû ûre’û kî-ṭôb yhwh
tāmîd tehillātô bepî E e YIŠM ‘Û ‘ănāwîm w yiśmāḥû ûnerômemâ šemô yaḥdāw ûmikkol-megûrôtay hiṣṣîlānî ûppenêhem ’al-yeḥpārû ûmikkol-ṣārôtāyw hôšî‘ô sābîb lîrē’āyw wayeḥalleṣēm ’ašrê haggeber yeḥĕseh-bô
·········································································································· 10
yer’û ’et-yhwh qedōšāyw 11 e k pîrîm rāšû werā‘ēbû
kî-’ên maḥsôr lîrē’āyw wedōršê yhwh lō’-yaḥserû kol-ṭôb
[...] 14 15
neṣōr lešônkā mērā‘ sûr mērā‘ wa‘ăśeh-ṭôb
ûśepātèkā middabbēr mirmâ baqqēš šālôm werodpēhû
·········································································································· 16
‛ênê yhwh ’el-ṣaddîqîm 17 e p nê yhwh be‘ōśê rā‘ 18
ṣā‘ăqû wyhwh ŠĀMĒA‘ qārôb yhwh lenišberê-lēb 20 rabbôt rā‘ôt ṣaddîq 19
21
šōmēr kol-‘aṣmôtāyw t môtēt rāšā‘ rā‘â 23 pôdeh yhwh NEPEŠ ‘ăbādāyw 22 e
we’oznāyw ’el-šaw‘ātām lehakrît mē’ereṣ zikrām ûmikkol-ṣārôtām hiṣṣîlām we’et-dakke’ê-rûaḥ yôšîa‘ ûmikkullām yaṣṣîlennû yhwh ’aḥat mēhēnnâ lō’ nišbārâ weśōn’ê ṣaddîq ye’šāmû e w lō’ ye’šemû kāl-haḥōsîm bô
204
Les solutions: première partie, le passage
Les rapports entre les deux sous-parties centrales ont déjà été étudiées (voir p. 192) ; ces sous-parties remplissent la fonction de termes centraux. La plupart des autres reprises lexicales de ces deux parties remplissent une fonction rhétorique : Termes extrêmes : les deux occurrences de « souffle » (3a.23a ). Termes initiaux : « bouche » (2b), « langue » et « lèvres » (14). Termes finaux : les participes pluriels « les cherchant » et « les s’abritant », accompagnés de la négation et de kol (traduit par « aucun » en 11 et par « tous » en 23) peuvent être considérés comme termes finaux (11b.23b) ; noter que « s’abriter en lui » est repris en 9b comme en 23b. Termes médians : les trois occurrences de ṭôb (traduit soit par « bon » soit par « bien ») ne se trouvent que dans les sous-parties 8-11 et 14-17, jouant ainsi le rôle de termes médians. Termes centraux : les rapports entre les sous-parties centrales, qui ont déjà été étudiés , sont très étroits. Ce sont ces deux sous-parties qui remplissent la fonction de termes centraux7. ’ b g
2 3 4
d h z ḥ ṭ
8 9
Je bénirai Yhwh en tout temps, En Yhwh se loue mon SOUFFLE Magnifiez Yhwh avec moi
toujours sa louange en ma bouche. qu’ils ÉCOUTENT les pauvres et se réjouissent. et exaltons son nom ensemble.
5
et de toutes mes frayeurs me délivra. et leur face ne rougira pas. et de toutes ses angoisses le sauva.
6 7
Je cherchai Yhwh et il me répondit Ils regardent vers lui et resplendissent Ce pauvre appela et Yhwh ÉCOUTA
Il campe l’ange de Yhwh Goûtez et voyez que BON Yhwh
autour de ceux qui le craignent et les dégage. heureux l’homme QUI S’ABRITE EN LUI.
································································································································
y k
10 11
Craignez Yhwh ses saints Des lions sont dénués et affamés
car PAS de manque pour ceux qui le craignent. et LES CHERCHANT Yhwh NE manquent d’aucun BIEN.
Préserve ta langue du mal Évite le mal et fais le BIEN
et tes lèvres du parler trompeur. recherche la paix et poursuis-la.
[...] n s
14 15
································································································································
‛ p
16 17
ṣ q r š t p
21 22 23
Les yeux de Yhwh pour les justes La face de Yhwh contre les faisant le mal,
et ses oreilles pour leurs clameurs. pour ôter de la terre leur mémoire.
18
et de toutes leurs angoisses les délivra. et les esprits abattus il sauve. et d’eux tous le délivre Yhwh.
19 20
Ils crièrent et Yhwh ÉCOUTA Proche Yhwh des brisés de cœur De nombreux maux (sur) le juste
Il garde tous ses os Le mal tue le méchant Yhwh rachète le SOUFFLE de ses serviteurs
un seul d’entre eux ne sera brisé. et ceux qui haïssent le juste expieront. et N’expieront PAS tous LES S’ABRITANT EN LUI.
PAS
Les deux occurrences de « écouter » en 7a et 18a remplissent la fonction de termes centraux ; le même verbe revient aussi en 3b. 7
« Écouter » (7a.18a) était déjà utilisé au centre de la première sous-partie (3b).
8. Ps 34
205
Kol (« tout », « tous », « aucun ») revient quatre fois dans chacune des deux parties (2a.5b.7b.11b ; 18b.20b.21a.23b). A signaler enfin la reprise de « face » en 6b et 17a. h) Rapports entre les parties extrêmes et la partie centrale : 1
De David, quand il déguisa sa raison à la face d’Abimélek ’ b g
2 3 4
d h z ḥ ṭ
8 9
et (celui-ci) le chassa et (lui) s’en alla.
Je bénirai Yhwh en tout temps, En Yhwh se loue mon souffle, Magnifiez Yhwh avec moi
toujours sa louange en ma bouche. qu’ils ÉCOUTENT les pauvres et se réjouissent. et exaltons son nom ensemble.
5
et de toutes mes frayeurs il me délivra. et leur face ne rougira pas. et de toutes ses angoisses il le sauva.
Je cherchai Yhwh et il me répondit Ils regardèrent vers lui et resplendirent Ce pauvre cria et Yhwh ÉCOUTA
6 7
Il campe l’ange de Yhwh Goûtez et voyez que BON Yhwh,
autour de ses CRAIGNANT et les dégage. heureux l’homme qui s’abrite en lui.
·······························································································································
y k
10 11
CRAIGNEZ Yhwh, ses saints, Des lions sont dénués et affamés, l 12 Allez, fils, ÉCOUTEZ-moi m 13 Quel est l’homme qui désire
n s
14 15
car pas de manque pour ses CRAIGNANT. et les cherchant Yhwh ne manquent d’aucun BIEN.
LA VIE,
Préserve ta langue du mal Évite le mal et fais le BIEN,
la CRAINTE de Yhwh je vous l’enseigne. aimant les jours pour voir le BIEN ? et tes lèvres du parler trompeur. recherche la paix et poursuis-la.
·······························································································································
‘ p
16 17
ṣ q r š t p
21 22 23
Les yeux de Yhwh pour les justes La face de Yhwh contre les faisant le mal,
et ses oreilles pour leurs clameurs. pour effacer de la terre leur mémoire.
18
et de toutes leurs angoisses il les délivra. et les esprits abattus il sauve. et de tous il le délivre Yhwh.
19 20
Ils crièrent et Yhwh ÉCOUTA Proche Yhwh des brisés de cœur De nombreux maux (sur) le juste
Il garde tous ses os, pas un seul d’entre eux ne sera brisé. Le mal TUE le méchant et ceux qui haïssent le juste expieront. Il rachète Yhwh le souffle de ses serviteurs et n’expieront pas tous les s’abritant en lui.
La partie centrale reprend le verbe « écouter » comme aux centres des parties extrêmes (7a.18a), jouant ainsi le rôle de termes centraux au double niveau des parties extrêmes et du passage tout entier. Le nom de « Yhwh » (12b) revient neuf fois dans la première partie et reviendra encore six fois dans la dernière. Le premier segment central (12) rappelle la première partie. L’invitation à « écouter » se trouvait déjà au début (3b) et « la crainte » de 12b renvoie aux trois occurrences du verbe de même racine dans la sous-partie précédente (8b. 10a.10b)8. 8 À signaler aussi les deux occurrences de « homme » qui traduisent deux synonymes : geber en 9b, ’îš en 13a.
206
Les solutions: première partie, le passage
Le second segment central (13) annonce la partie suivante. « La vie » (13a) s’oppose à « tuer » de 22a. Il est vrai que le dernier mot du segment, ṭôb, « bien/ bon », se trouve dans déjà dans la sous-partie précédente (9a.11b) et que les deux occurrences de 13 et de 11 remplissent la fonction de termes finaux pour les deux premières parties ; toutefois, de même que « la vie » s’oppose à la mort, ainsi « le bien » s’oppose au « mal » (15a), terme qui revient de façon lancinante dans la dernière partie (14a.15a.17a.20a.22a). La mort est causée par le mal. Ainsi, la tonalité de la première partie est positive, même si la mention des « frayeurs » et des « angoisses » (5.7), des « lions » (11), de la délivrance et du salut (5.7.8) laisse entendre que le danger était présent ; la tonalité de la dernière partie est différente, marquée par la présence massive et explicite du « mal » et d’un mal qui n’est pas seulement celui que les ennemis commettent contre le « pauvre », mais qui est aussi celui que ce dernier est tenté de commettre. L’invitation à la louange (4) et à « goûter » la bonté du Seigneur (9) laisse la place à la mise en garde contre le mal (14-15). Il faut enfin revenir sur l’acrostiche alphabétique et en particulier sur son irrégularité, à savoir la reprise en finale du pé qui compense l’absence du waw et permet d’arriver à la totalité des vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu sans la dépasser. Ainsi une figure se dessine, celle que forment la première lettre, aleph, celle par laquelle commence la partie centrale, lamed, et la dernière, pé, ce qui forme la racine ’lp, qui est non seulement celle du nom de la première lettre de l’alphabet, mais aussi celle du verbe qui signifie « apprendre », dans les deux sens d’apprendre de quelqu’un ou d’apprendre à quelqu’un. Le même jeu se retrouverait dans le segment aleph : en écartant les matres lectionis, la première consonne est aleph, la consonne médiane est lamed et la dernière est pé, ce qui de nouveau donne aleph : ’ăbārăkâ ’et-yhwh bekol-‘ēt tāmîd tehillātô bepî
La recherche a même été poussée beaucoup plus loin9. g) Pour être exhaustif, on notera que « à la face » (1b ; lipnê, traduit généralement et à raison par « devant ») correspond aux deux occurrences de « face » (penê: 6b.17a) et que le verbe final, traduit par « s’en alla » (yēlak) est le même qu’au début de la partie centrale (lekû : 12a). On sait que les titres des psaumes sont tardifs et les commentateurs sont généralement d’avis qu’ils n’ont pas grand rapport avec le psaume lui-même10. L’évènement auquel se réfère le titre est raconté en 1S 21,11-16. Toutefois le psaume dit que David feignit la folie devant Abimélek, alors que dans le récit de 9
Voir A.R. CERESKO, « The ABCs of Wisdom in Psalm XXXIV », VT 35 (1985) 99-104; V. HUROWITZ, « Additional elements of alphabetical thinking in Psalm XXXIV », VT 52 (2002) 326333 ; A.R. CERESKO, « Endings and beginnings: alphabetic thinking and the shaping of Psalms 106 and 150 », CBQ 68 (2006) 32-46. 10 Voir, par exemple, G. RAVASI, Il libro dei Salmi, I, 612.
8. Ps 34
207
1S 21 le roi de Gat s’appelait Akish11 ; d’autre part, le récit ne dit pas que le roi le « chassa ». On relèvera cependant deux contacts verbaux entre le psaume et le récit. D’une part il est raconté que David « craignit beaucoup à la face d’Akish, roi de Gat » (1S 21,13) : non seulement « à la face de » est repris dans le titre du psaume, mais surtout le verbe « craindre » revient trois fois juste avant le centre du psaume (8b.10a.10b) et le substantif « la crainte » du Seigneur est ce que le psalmiste se propose d’enseigner à son « fils ». On pourra comprendre que personne d’autre ne doit être craint, pas même le roi de Gat, mais Dieu seul. Par ailleurs il est possible de noter un jeu de mots entre « il fit-l’insensé (yithōlēl) entre leurs mains » (1S 21,14) et « se loue (tithallēl) mon âme » (Ps 34,3). On pourra interpréter que David est passé de la folie à la louange, comme il est passé de la crainte des hommes à celle de Dieu12.
11
On propose souvent la correction ’akîš melek, « Akish roi » de Gat. Per il contesto biblico e per l’interpretazione, rimandiamo a R. MEYNET, «“Qui aime la vie?” Analyse rhétorique du psaume 34», Gr. (2011), . 12
9. Mc 6,1-6 & 7-13 PREMIER PASSAGE (6,7-13) : 7 kai. proskalei/tai : kai. h;rxato = kai.
evdi,dou
tou.j dw,deka auvtou.j avposte,llein
du,o
auvtoi/j
tw/n pneuma,twn tw/n avkaqa,rtwn(
+ 8 kai. parh,ggeilen
evxousi,an
du,o
auvtoi/j
··················································
– i[na mhde.n + eiv mh.
ai;rwsin r`ab, don
mo,non(
– mh. a;rton( – mh. eivj th.n zw,nhn + 9 avlla.
mh. ph,ran( calko,n( u`podedeme,nouj
sanda,lia(
. kai. mh. evndu,shsqe
du,o
citw/najÅ
+ 10 kai. e;legen
eivj o`do.n
auvtoi/j(
··················································
:: {Opou eva.n
eivse,lqhte
- evkei/ - e[wj a'n evxe,lqhte
eivj oivki,an(
me,nete
evkei/qenÅ
········································································································
:: 11 kai. o]j a'n to,poj :: - evkporeuo,menoi - evktina,xate + 12 Kai. evxelqo,ntej + i[na metanow/sin( = 13 kai. daimo,nia = kai. h;leifon = kai. evqera,peuonÅ
mh. de,xhtai mhde. avkou,swsin
u`ma/j u`mw/n(
evkei/qen to.n cou/n eivj martu,rion
to.n u`poka,tw auvtoi/jÅ
tw/n podw/n u`mw/n
evkh,ruxan
polla.
evxe,ballon(
evlai,w|
pollou.j
avrrw,stouj
Le passage est de composition spéculaire. Les parties extrêmes sont narratives tandis que les parties médianes sont deux discours, introduits par une très courte introduction narrative (8a.10a). Le premier discours est au style indirect – sauf le dernier membre –, le seconda u contraire est au style direct. Les parties extrêmes se correspondent. Le premier segment de la dernière partie (12) explique pourquoi Jésus envoie les Douze, ce que le premier segment de la première partie n’explicitait pas (7ab) ; « ils proclament » pour inviter à la
210
Les solutions: première partie, le passage
conversion. Aux exorcismes (13a), dont parle le second segment de la première partie (7c), le second segment de la dernière partie ajoute les guérisons (13c). + 7 Et il appelle + et il se mit à = et il donnait
envoyer
les Douze eux
DEUX
par DEUX ;
à eux
AUTORITÉ
sur les ESPRITS
IMPURS.
+ 8 Et il ordonna
à eux
·····································
– que rien + si non
ils prennent un bâton
pour la route seulement,
– ni pain, – ni dans la ceinture + 9 mais
ni besace, monnaie, ayant chaussé
des sandales,
– et ne vêtez pas
DEUX
tuniques. »
+ 10 Et il disait
à eux :
·····································
:: « Où que - là - jusqu’à ce que
vous entriez
dans une maison,
demeurez vous SORTIEZ
de là.
······················································································
:: 11 Et si un endroit :: et ils - PARTIS - secouez - en témoignage + 12 Et ÉTANT SORTIS + afin qu’ils se convertissent ;
n’accueille pas vous n’écoutent pas vous, de là, la poussière pour eux. »
de sous
vos pieds
ils PROCLAMÈRENT
= 13 et des DÉMONS nombreux ils CHASSAIENT = et ils oignaient d’huile de nombreux malades = et ils (les) GUÉRISSAIENT.
Le premier discours comprend trois segments qui énoncent une série de défenses ; toutefois, les derniers membres des deux premiers segments (8c.9a) sont deux exceptions : il pourront prendre « un bâton » et mettre « des sandales ». Le second discours considère le cas où les Douze seront reçus (10b) puis le cas contraire (11ab) ; pour chacun Jésus donne des ordres (10cd.11cde). Les deux discours sont complémentaires : le premier regarde la conduite à tenir « pour la route » (8b), le second dans la « maison »1 ou dans l’« endroit » où ils seront arrivés au terme de leur voyage. 1 Le rapport est plus visible en grec entre « pour la route » et « dans une maison », parce que les deux prépositions sont identiques (eis).
9. Mc 6,1-6 & 7-13
211
SECOND PASSAGE (6,1-6) : 1 Kai. evxh/lqen : kai. e;rcetai .. kai. avkolouqou/sin
auvtw/|
oi` maqhtai.
+ 2 kai. genome,nou + h;rxato
sabba,tou DIDASKEIN
evn th/| sunagwgh/|(
evkei/qen
eivj th.n patri,da auvtou/(
+ kai. POLLOI
avkou,ontej
auvtou/Å
evxeplh,ssonto
le,gontej(
·····································································································
:: Po,qen :: kai. ti,j :: kai. ai` DUNAMEIS
tou,tw| h` sofi,a toiau/tai
h` doqei/sa dia. tw/n ceirw/n auvtou/
tau/ta( tou,tw|( gino,menaiÈ
– 3 ouvc ou-to,j - o` ui`o.j - kai. avdelfo.j
evstin O TEKTWN( th/j Mari,aj VIakw,bou kai. VIwsh/toj
kai. VIou,da
kai. Si,mwnojÈ
– kai. ouvk eivsi.n
ai` avdelfai.
w-de
pro.j h`ma/j È
auvtou/
···················································································································
= kai. evskandali,zonto + 4 kai. e;legen
auvtoi/j
evn auvtw/|Å
o` VIhsou/j o[ti
····································································································· – Ouvk e;stin PROFHTHS a;timoj
- eiv mh. - kai. - kai.
evn th/| patri,di
auvtou/
evn toi/j suggeneu/sin auvtou/ evn th/| oivki,a| auvtou/Å
······················································································································ :: 5 kai. ouvk EDUNATO evkei/ poih/sai ouvdemi,an DUNAMIN(
:: eiv mh. OLIGOIS :: evqera,peusenÅ
avrrw,stoij
= 6 kai. evqau,mazen + Kai. perih/gen + DIDASKWNÅ
ta.j kw,maj
evpiqei.j
ta.j cei/raj
dia. th.n avpisti,an auvtw/nÅ
ku,klw|
Les quatre parties s’organisent de manière spéculaire. Les parties extrêmes sont narratives, tandis que les parties médianes sont focalisées sur un morceau discursif. Bien que de longueurs différentes, les parties extrêmes se correspondent(1-2 ; 6b) : l’unique membre qui forme la dernière partie renvoie au dernier membre de la première partie, où est repris le même verbe « enseigner » 2. 2 Le trimembre initial (1) est de type AA’B : les deux premiers membres sont parallèles et complémentaires, le troisième au contraire a un sujet différent, « les disciples ».
212
Les solutions: première partie, le passage
: 1 Et il sortit : et il vient .. et l’accompagnent
DE LÀ
dans la patrie les disciples
de lui de lui.
+ 2 Et advenu + il se mit à
le sabbat ENSEIGNER
dans la synagogue.
écoutant
SE STUPÉFIAIENT
+ Et BEAUCOUP
disant :
·····························································································
:: « D’où :: et quelle (est) :: et de telles 3
– Celui-ci - le fils - et frère
à celui-là
cela
la sagesse puissances
donnée par ses mains
à celui-là
n’est-il pas de Marie de Jacques
LE CHARPENTIER,
– Et ne sont pas les sœurs
advenant ?
et Joset
et Jude
et Simon ?
de lui
ici
parmi nous ? »
·········································································································
= Et ils + 4 Et disait
à eux
SE SCANDALISAIENT
sur lui.
Jésus que
·····························································································
– « Il n’est pas
UN PROPHÈTE
- sinon dans la patrie - et chez les proches - et dans la maison
méprisé de lui de lui de lui. »
·········································································································
:: 5 Et il ne pouvait :: sinon sur PEU :: il (les) guérit. = 6 Et il + Et il parcourait + en ENSEIGNANT.
les villages
de malades
faire aucune puissance, posant les mains
S’ÉTONNAIT
à cause de leur incrédulité.
LÀ
alentour,
9. Mc 6,1-6 & 7-13
213
Les parties médianes commencent avec un court morceau de récit, de la taille d’un unimembre (2c.4a), qui introduit les paroles des protagonistes, les gens de Nazareth (2d-3d), auxquels Jésus répond (4b-e). Tandis que ses compatriotes ne voient en Jésus que « le charpentier » (3a), Jésus s’attribue le titre de « prophète » (4b) ; « les proches » et « la maison » (dans le sens de « maisonnée »3) de 4de renvoient à « fils », « frère », « sœurs » de 3. Le troisième morceau de la deuxième partie (3e) est très court et correspond au dernier membre du morceau symétrique (6a). Le premier segment du dernier morceau de la troisième partie (5abc) renvoie aux premiers mots des habitants de Nazareth (2def) et s’y opposent : à cause de leur incrédulité (6a), Jésus ne peut pas faire les « puissances » qu’il faisait en dehors de sa patrie. « Ils se scandalisaient » et « il s’étonnait » (3e.6a) remplissent la fonction de termes finaux pour les parties médianes ; « se stupéfiaient » et « se scandalisaient » (2c.3e) jouent le rôle de termes extrêmes pour la deuxième partie.
Ponctuation Comme on l’a dit, p. 65, dans la « Traduction proposée » nous avons suivi la ponctuation de NA27 (pour les deux passages de Mc). Tu pourras maintenant comparer cette ponctuation avec celle que l’analyse rhétorique, avec ses divisions, en parties et morceaux, a dû adopter. Quels que soient le sérieux et l’autorité des éditions du texte grec du Nouveau Testament, la ponctuation que l’on y trouve n’est pas intouchable : elle n’est pas révélée ! En effet elle ne fait pas partie du texte. Les manuscrits en sont dépourvus. Ce sont les éditeurs modernes qui l’ont ajoutée. Elle est certes respectable, mais elle peut – et doit même – être critiquée, quand c’est nécessaire, comme tu as pu le constater avec ces deux passages de Marc.
3 « Patrie » aussi appartient au champ sémantique de la famille, élargie jusqu’aux limites du pays ou du village; « patrie » est de la même racine que « père ».
10. Ps 98 D. SOLUTION 1. DIVISION EN MEMBRES 1
psaume chantez au Seigneur un chant nouveau car des merveilles il a fait l’a sauvé sa droite et le bras de sa sainteté 2 il a fait-connaître le Seigneur son salut aux yeux des nations il a révélé sa justice 3 il s’est rappelé sa fidélité et sa loyauté à la maison d’Israël ils ont vu tous les confins de la terre le salut de notre Dieu 4 acclamez le Seigneur toute la terre criez et exultez et psalmodiez 5 psalmodiez pour le Seigneur avec la cithare avec la cithare et au son de la psalmodie 6 avec les trompettes et au son du cor acclamez devant le roi Seigneur 7 que gronde la mer et sa plénitude le monde et les habitants en elles 8 que les fleuves battent des mains qu’ensemble les montagnes exultent 9 devant le Seigneur car il vient pour juger la terre il jugera le monde avec justice et les peuples avec droiture
1a 1b 1c 1d 2a 2b 3ab 3cd 4a 4b 5ab
1
mizmôr šîrû lyhwh šîr ḥādāš kî-niplā’ôt ‘āśâ hôšî‘â-llô yemînô ûzerôa‘ qodšô 2 hôdîa‘ yhwh yešû‘ātô e l ‘ênê haggôyim gillâ ṣidqātô 3 zākar ḥasdô we’ĕmûnātô lebêt yiśrā’ēl rā’û kol-’apsê-’āreṣ ’ēt yešû‘at ’ĕlōhênû 4 hārî‘û lyhwh kol-hā’āreṣ piṣḥû werannenû wezammērû 5 zammerû lyhwh bekinnôr e b kinnôr weqôl zimrâ 6 baḥăṣōṣrôt weqôl šôpār hārî‘û lipnê hammelek yhwh 7 yir‘am hayyām ûmelō’ô tēbēl weyōšbê bāh 8 e n hārôt yimḥă’û-kāp yaḥad hārîm yerannēnû 9 lipenê-yhwh kî bā’ lišpōṭ hā’āreṣ yišpōṭ-tēbēl beṣedeq we‘ammîm bemêšārîm
c’est le titre du psaume, un substantif isolé. proposition principale. proposition causale. proposition indépendante. idem. idem. forment une seule proposition, mais qui comprend cinq termes ; c’est pourquoi on pourrait penser à en faire deux membres. même problème (le rythme 3 + 2 termes est très fréquent). proposition indépendante. proposition indépendante qui coordonne trois verbes. forment une seule proposition, mais le second membre est apposition au dernier terme du premier membre, « cithare ».
216
Les solutions: première partie, le passage
6ab problème similaire à celui de 5ab, mais dans l’ordre inverse : le premier membre est le complément de moyen de « acclamez ». 7ab de nouveau une seule proposition ; le second membre est un second groupe sujet. 8a proposition principale. 8b idem. 9a pose un problème : la numérotation des versets, qui suit la ponctuation massorétique rattache ce syntagme à la suite ; mais on peut se demander quelle fonction syntaxique il y joue. Le rattacher au membre précédent pose problème car il deviendrait bien long, avec ses cinq termes. Il faudra y revenir. 9b subordonnée causale, complément des principales qui précèdent, au moins celles de 7-8. 9c il est possible de considérer ce membre comme une subordonnée causale, juxtaposée à la précédente, mais on pourra tout aussi bien penser que c’est une proposition indépendante. 9d 9c et 9d forment une seule proposition, formée de cinq termes ; on pourra donc penser que l’on a de nouveau affaire à un rythme 3 + 2. 2. SEGMENTATION Les segments les plus évidents Commençons toujours par les segments les plus faciles à identifier. 2ab + 2 HÔDÎA‘ + le‘ênê
Yhwh haggôyim
+ 2 IL A FAIT CONNAÎTRE + aux yeux
le Seigneur des nations
yešû‘ātô GILLÂ
ṣidqātô
son salut IL A RÉVÉLÉ
sa justice
– Les deux verbes sont synonymes et ont le même sujet et les mêmes modalités. – « Salut » et « justice » sont accompagnés du même pronom suffixe (adjectif possessif en français) qui a le même référent, « le Seigneur » ; en outre il est possible de dire que ces deux lexèmes sont complémentaires, car « le salut » concerne ceux qui sont sauvés par Dieu, tandis que « la justice » est un attribut divin, celui justement par lequel le salut est procuré. – « Le Seigneur » et « les nations » sont complémentaires eux aussi : le premier étant l’acteur et le second le bénéficiaire ou, tout au moins, le témoin de l’action.
10. Ps 98
217
5ab bekinnôr
– 5 ZAMMERÛ – bekinnôr
lYhwh weqôl
ZIMRÂ
– 5 PSALMODIEZ – avec la cithare
pour le Seigneur et au son
avec la cithare de la PSALMODIE
– Les deux termes de même racine, « psalmodiez » et « psalmodie » jouent le rôle de « termes extrêmes » (ou inclusion). – Les deux syntagmes identiques « avec la cithare » remplissent la fonction de « termes médians ». La binarité La BJ supprime le second, écrivant en note : « L’hébr. répète “sur la harpe” ». Pour le membre précédent qui coordonne trois verbes, elle traduit : « éclatez en cris de joie » et écrit en note : « L’hébr. ajoute “et jouez” », doublet. Or la répétition (ou la binarité, ou le redoublement) est une des caractéristiques fondamentales de la rhétorique biblique (revoir Traité, 15-21 ; 3.17-23). 9bcd : kî bā’ : YIŠPŌṬ : we
LIŠPŌṬ
-
: car il vient : IL JUGERA : et
tēbēl ‘ammîm POUR JUGER
le monde les peuples
hā’āreṣ beṣedeq bemêšārîm la terre avec justice avec droiture
Il s’agit d’un trimembre. – Les deux premiers membres répètent le verbe « juger ». – Les deux derniers forment une seule proposition où le verbe « il jugera » a deux compléments d’objet coordonnés, dont on peut penser qu’il sont pratiquement synonymes, « le monde » et « les peuples » ; les membres s’achèvent avec des compléments de manière de sens très proche. 8ab . 8 nehārôt . yaḥad . 8 que les fleuves . qu’ensemble
YIMḤĂ’Û
-
hārîm
KĀP E Y RANNĒNÛ
BATTENT
DES MAINS
les montagnes EXULTENT
– Dans ces deux membres « les fleuves » et « les montagnes » sont complémentaires, élément liquide puis solide.
218
Les solutions: première partie, le passage
– Les syntagmes verbaux appartiennent au même champ sémantique des manifestations de joie. Surgit cependant un problème : entre 8ab et le dernier segment du psaume (9bcd), il reste un syntagme, « devant le Seigneur » que le texte massorétique place au début du verset 9, où il est impossible de lui trouver une fonction syntaxique. Le fait que la Septante n’ait pas traduit ce syntagme atteste de la difficulté du texte massorétique. La fin du Ps 96 ressemble fort à celle du Ps 98, où le dernier verset commence avec le même syntagme : – 13 lipnê – kî bā’
Yhwh LIŠPŌṬ
kî bā’ hā’āreṣ
.. YIŠPŌṬ .. we
tēbēl ‘ammîm
beṣedeq bemêšārîm
– 13 devant – car il vient
le Seigneur POUR JUGER
car il vient, la terre ;
.. IL JUGERA .. et
le monde les peuples
avec justice avec droiture.
Le syntagme « car il vient » y est répété à la fin du premier membre et au début du second, ce qui donne un rythme régulier de 3 + 3 termes pour le premier segment bimembre. Il existe une autre solution, qui s’écarte de la ponctuation massorétique, mais qui a l’avantage de respecter la syntaxe : complément du verbe « exultent », le syntagme fait donc partie de la phrase précédente1. Les deux membres de 8ab ne forment donc pas un bimembre, mais un trimembre de type AA’B : . 8 nehārôt . yaḥad : 9 lipenê
YIMḤĂ’Û
-
. 8 que les fleuves . qu’ensemble : 9 devant
hārîm yhwh BATTENT
-
KĀP E Y RANNĒNÛ
DES MAINS
les montagnes EXULTENT le Seigneur
Pour les différentes sortes de trimembres, relisez Traité, 162-167 ; 3.84-89.
1 C’est ainsi que le comprend le commentaire en hébreu moderne de Amos HAKHAM, Sefer tehillîm, II, 217.
10. Ps 98
219
Que faire avec le reste ? – Et, pour commencer, que faire avec 6-7 ? 6
baḥăṣōṣrôt weqôl šôpār hārî‘û lipnê hammelek yhwh 7 yir‘am hayyām ûmelō’ô tēbēl weyōšbê bāh 6
avec les trompettes et au son du cor acclamez devant le roi Seigneur 7 que gronde la mer et sa plénitude le monde et les habitants en elles
Chacun des deux versets est une phrase. En 6 le premier membre est un complément ; dans le verset suivant le second membre est un second sujet, complémentaire du premier. Il est possible de noter que le verset 7 ressemble aux deux premiers membres du verset 8 : : 7 YIR‘AM : tēbēl
hayyām weyōšbê
. 8 nehārôt . yaḥad - 9 lipenê
YIMḤĂ’Û
-
ûmelō’ô bāh -
hārîm yhwh
KĀP E Y RANNĒNÛ
: 7 QUE GRONDE : le monde
la mer et les habitants
et sa plénitude en elles
. 8 QUE les fleuves . qu’ensemble - devant
BATTENT
DES MAINS EXULTENT
les montagnes le Seigneur
Ils commencent avec un verbe au même mode (jussif en hébreu) : « Que gronde » et « Que [...] battent des mains ». Le premier coordonne deux sujets complémentaires, « la mer » et « le monde » (à savoir « la terre »), le second « les fleuves » et « les montagnes ». On peut donc penser raisonnablement que 7 est un bimembre. Le seul verbe, au début du segment est suivi de deux groupes sujets juxtaposés ; chaque groupe est formé de deux termes coordonnés par « et », le premier indiquant le contenant et le second ceux qui le remplissent, animaux marins d’une part, hommes et bêtes terrestres de l’autre. « En elles » est un terme qui n’a pas d’équivalent dans le premier membre ; il permet de compenser l’absence de verbe dans le second membre, pour arriver à un rythme de 3 + 3.
220
Les solutions: première partie, le passage
Question lexicographique tēbēl mis en parallèle avec « la mer » (dont le sens ne fait aucun doute), que signifie exactement, dans ce contexte, le mot tēbēl ? jusqu’ici nous avons traduit, comme la BJ, Osty, Dhorme et la TOB, par « le monde ». La Septante a traduit par oikoumenē, « la terre habitée ». On pourrait donc être tenté de choisir « terre » qui rendrait bien le sens ; mais ’ereṣ est utilisé trois fois dans le psaume (3c.4a.9b). Il vaut donc mieux choisir une autre traduction pour tēbēl. Restons-en donc, faute de mieux, à « monde ».
Le verset 6 ressemble fort au précédent : – 5 ZAMMERÛ – bekinnôr 6
lyhwh weqôl e
bekinnôr ZIMRÂ
:: baḥăṣōṣrôt :: HĀRΑÛ
w qôl lipnê
– 5 PSALMODIEZ – avec la cithare
pour le Seigneur avec la cithare et au son DE LA PSALMODIE
:: 6 Avec les trompettes :: ACCLAMEZ
et au son devant
šôpār hammelek
du cor le roi
yhwh
Seigneur
Son unique verbe est à la deuxième personne du pluriel de l’impératif comme en 5a ; « pour le Seigneur » et « devant le roi Seigneur » sont des compléments fort semblables ; les deux compléments instrumentaux (c’est le cas de le dire !), « trompettes » et « cor », du verset 6 correspondent à « la cithare ». Encore une question lexicographique ! zimrâ Que signifie le dernier mot du verset 5, traduit jusqu’ici par « psalmodie » ? Il est précédé du terme « son », comme « cor » dans le membre suivant. Cette remarque sur la composition de ces deux versets doit attirer l’attention : ne se pourrait-il pas que le dernier mot de 5 désigne aussi un instrument de musique, le « psaltérion » ? Il faudra donc mener une recherche lexicographique, consultant dictionnaires linguistiques et commentaires, voire articles spécialisés. Mais déjà un premier examen de quelques traductions permet de se rendre compte qu’il existe plusieurs opinions : – Dhorme : « avec la cithare et au son de la psalmodie », – Osty : « sur la lyre, au son des hymnes », – TOB : « sur la cithare, au son des instruments », – BJ 1998 : « au son des instruments ». La composition de ces deux versets semble devoir faire pencher la balance du côté de « psaltérion » : en effet, aux deux instruments de 6a, « trompettes » et « cor », correspondraient les deux de 5b, « cithare » et « psaltérion ».
10. Ps 98
221
Quoi qu’il en soit de ce problème lexicographique – qui affecte le verset 5 –, on peut penser que, comme le bimembre précédent, le verset 6 est, lui aussi, un bimembre. Le seul verbe, « acclamez », au début du second membre est précédé par un complément instrumental et suivi par un complément de lieu. – Que faire avec 3-4 ? Le verset 4 comprend quatre verbes. Les trois derniers sont coordonnés par « et ». Ils n’ont ni sujet ni objet exprimé, au contraire du verbe par lequel commence le verset. On peut penser que les trois derniers verbes explicitent ou détaillent le sens du premier. Ce sont trois termes qui correspondent aux trois précédents pour donner un rythme de 3 + 3 comme dans plusieurs des segments bimembres déjà identifiés : :: 4 HĀRÎ‘Û :: PIṢḤÛ
lyhwh weRANNENÛ
kol-hā’āreṣ weZAMMĒRÛ
:: 4 ACCLAMEZ :: CRIEZ
le Seigneur et EXULTEZ
toute la terre et PSALMODIEZ
Le verset 3 comprend deux phrases, chacune comptant cinq termes et commençant par le verbe : . 3 ZĀKAR . RĀ’Û
ḥasdô kol-’apsê -
we’ĕmûnātô ’āreṣ
lebêt ’ēt yešû‘at
yiśrā’ēl ’ĕlōhênû
. 3 IL S’EST RAPPELÉ . ILS ONT VU
sa fidélité tous les confins
et sa loyauté de la terre
à la maison le salut
d’Israël. de notre Dieu.
Il serait possible de considérer ces deux phrases comme un bimembre : toutefois, ce serait le seul cas jusqu’ici de membres à cinq termes. Il semble donc qu’il est préférable de penser au rythme dit de la qîna (de la « lamentation ») 3 + 2. + 3 ZĀKAR - lebêt
ḥasdô yiśrā’ēl
we’ĕmûnātô
+ RĀ’Û - ’ēt yešû‘at
kol-’apsê ’ĕlōhênû
’āreṣ
+ 3 IL S’EST RAPPELÉ - à la maison
sa fidélité d’Israël
et sa loyauté
+ ILS ONT VU - le salut
tous les confins de notre Dieu.
de la terre
222
Les solutions: première partie, le passage
3. UNE HYPOTHÈSE D’ENSEMBLE Les répétitions 1
mizmôr šîrû lyhwh šîr ḥādāš KÎ-niplā’ôt ‘āśâ e e HԊΑÂ-llô y mînô ûz rôa‘ qodšô 2
E
hôdîa‘ l ‘ênê
yhwh haggôyim
3
zākar lebêt
ḥasdô yiśrā’ēl
we’ĕmûnātô
rā’û ’ēt YEŠÛ‘AT
kol-’apsê ’ĕlōhênû
’āreṣ
4
hārî‘û piṣḥû
lyhwh werannenû
kol-hā’āreṣ wezammērû
5
lyhwh
bekinnôr zimrâ
e
zammerû
bekinnôr 6
baḥăṣōṣrôt hārî‘û
Y ŠÛ‘ĀTÔ
gillâ
E
W QÔL E
šôpār hammelek
W QÔL
lipnê
7
yir‘am tēbēl
hayyām weyōšbê
8
nehārôt yaḥad 9 lipenê -
yimḥă’û hārîm yhwh
KÎ bā’ yišpōṭ we‘ammîm
lišpōṭ tēbēl bemêšārîm
e
ûm lō’ô bāh -
kāp yerannēnû hā’āreṣ beṣedeq
ṣidqātô
yhwh
10. Ps 98
223
1
psaume chantez au Seigneur un chant nouveau CAR des merveilles il a fait L’A SAUVÉ sa droite et le bras de sa sainteté 2
il a fait connaître aux yeux
le Seigneur des nations
3
il s’est rappelé à la maison
sa fidélité d’Israël
et sa loyauté
ils ont vu
tous les confins de notre Dieu
de la terre
le Seigneur et exultez
toute la terre et psalmodiez
pour le Seigneur
avec la cithare du psaltérion
LE SALUT 4
acclamez criez
5
psalmodiez avec la cithare
6
avec les trompettes acclamez
et au son
SON SALUT
il a révélé
devant
du cor le roi
7
que gronde le monde
la mer et les habitants
et sa plénitude en elles
8
que les fleuves qu’ensemble 9 devant
battent les montagnes le Seigneur
des mains exultent
CAR il vient il jugera et les peuples
pour juger le monde avec droiture
la terre avec justice
et au son
sa justice
Seigneur
La fonction des répétitions – Dans le bimembre de 5 vous aviez déjà repéré la fonction de termes extrêmes des deux lexèmes de même racine, « psalmodiez » et « psaltérion », de même que la fonction de termes médians des deux syntagmes « avec la cithare ». Ces répétitions ont donc une fonction à l’intérieur du segment. – Les deux « psalmodiez » de 4b et 5a remplissent la fonction de termes médians qui agrafent les deux segments bimembres 4ab et 5ab. Nous ne sommes plus à l’intérieur du segment, mais nous avons atteint les rapports entre deux segments. – De même les deux « et au son de » en 5b et 6a jouent le même rôle de termes médians qui agrafent les bimembres 5 et 6. – Étant donné que 5 est lié à 4 par les termes médians « psalmodiez » et que 6 est lié à 5 par les termes médians « et au son de », on peut penser que ces segments vont ensemble ; au nombre de trois, ils pourraient former un morceau. – Il se trouve que les limites de ce morceau sont marquées par les deux occurrences de « acclamer » au début des membres extrêmes.
224
Les solutions: première partie, le passage
– Réécriture du morceau 4-6 : + 4 HĀRÎ‘Û + piṣḥû
LYHWH
werannenû
kol-hā’āreṣ wezammērû
+ 5 zammerû + bekinnôr
weqôl
bekinnôr zimrâ
+ 6 baḥăṣōṣrôt + HĀRΑÛ
weqôl lipnê
šôpār hammelek
+ 4 ACCLAMEZ + criez
LE SEIGNEUR, et exultez
toute-la terre, et psalmodiez ;
+ 5 psalmodiez + avec la cithare
POUR LE SEIGNEUR, et au son
avec la cithare, du psaltérion ;
+ 6 avec les trompettes + ACCLAMEZ
et au son devant
du cor, le roi
LYHWH
YHWH
SEIGNEUR.
Outre les rapports déjà notés, les trois occurrences de « Seigneur » ont aussi une fonction à l’intérieur du morceau. Les deux premières marquent, en même position, les débuts des deux premiers segments et peuvent donc être considérées comme « termes initiaux ». Quant à la troisième, elle se trouve à la fin du morceau (6b) ; avec la première, qui se trouve dans le premier membre du morceau, elles font inclusion (en d’autres termes, elles jouent le rôle de termes extrêmes). – Tous les verbes sont à l’impératif, deuxième personne du pluriel. Soulignonsles, pour les faire ressortir : + 4 ACCLAMEZ :: criez
LE SEIGNEUR, et exultez
toute-la terre, et psalmodiez ;
:: 5 psalmodiez :: avec la cithare
POUR LE SEIGNEUR, et au son
avec la cithare, du psaltérion ;
+ 6 avec les trompettes + ACCLAMEZ
et au son devant
du cor, le roi
SEIGNEUR.
Les impératifs qui reviennent deux fois sont « acclamez » et « psalmodiez ». Il se trouve que leurs deux premières occurrences occupent les extrémités du premier segment et que les deux autres, reprises en ordre inverse, se trouvent en position symétrique, au début de 5a et au début de 6b. D’où l’on peut conclure
10. Ps 98
225
que les deux membres du premier segment annoncent les deux segments suivants, 4a étant repris et développé par 6 et 4b étant repris et amplifié par 5. C’est pourquoi les signes qui précèdent les membres se correspondent selon cette symétrie : « + » pour 4a et 6ab, « :: » pour 4b et 5ab. – « Trompettes » et « cor » ne sont pas des instruments utilisés pour accompagner le chant ; ils sont employés seuls car ils donnent un son très puissant. La cithare au contraire est un instrument qui soutient le chant. Ces deux genres d’instruments semblent donc complémentaires. Les acclamations (« acclamer ») s’accorderaient bien avec « trompettes et cor », tandis que la psalmodie serait accompagnée par « la cithare » et « le psaltérion ». – Les trois verbes de 7-9a sont au jussif, que traduit en français l’optatif, exprimé par le subjonctif de troisième personne. C’est la manière de donner un ordre à la troisième personne, puisque l’impératif en est dépourvu. – 4-9a forme un ensemble d’ordres, les premiers (4-6) à la deuxième personne du pluriel de l’impératif, sont adressés aux hommes, les suivants au jussif, sont adressés aux éléments de la nature, « la mer » et « le monde » (7), « les fleuves » et « les montagnes » en 8-9a. – Le bimembre et le trimembre de 7-9a forment un morceau. – Réécriture des deux morceaux : + 4 hārî‘û :: piṣḥû
LYHWH weRANNENÛ
kol-hā’āreṣ wezammērû
:: 5 zammerû :: bekinnôr
LYHWH
w qôl
bekinnôr zimrâ
+ baḥăṣōṣrôt + hārî‘û
weqôl
šôpār
– 7 yir‘am – tēbēl
hayyām weyōšbê
= 8 nehārôt = yaḥad = 9 LIPENÊ -
yimḥă’û hārîm
6
e
LIPNÊ hammelek YHWH ·····················································································································
ûmelō’ô bāh -
kāp yerannēnû
YHWH
« Seigneur » revient quatre fois (4a.5a.6b.9a) ; on dira que la première et la dernière occurrences jouent le rôle de termes extrêmes (4a.9a), que celles de 6b et de 9a sont termes finaux, et cela d’autant plus que dans les deux cas le nom du « Seigneur » est précédé de la préposition « devant ». Ce fait appuie nettement le découpage qui considère « devant le Seigneur » comme troisième membre du trimembre 8-9a. La deuxième occurrence de « Seigneur » en 5a, n’ayant pas de fonction spécifique à ce niveau, on pourra ne pas la mettre en relief.
226
Les solutions: première partie, le passage
+ 4 Acclamez :: criez
LE SEIGNEUR, et EXULTEZ
toute-la terre, et psalmodiez ;
:: 5 psalmodiez :: avec la cithare
POUR LE SEIGNEUR,
avec la cithare, du psaltérion ;
+ 6 avec les trompettes + acclamez
et au son et au son DEVANT
du cor, le roi
SEIGNEUR.
·······························································································································
– 7 Que gronde – le monde
la mer et les habitants
et sa plénitude, en elle !
= 8 Que les fleuves = qu’ensemble = 9 DEVANT
battent les montagnes LE SEIGNEUR,
EXULTENT,
des mains,
On notera aussi que les deux occurrences de « exulter » se trouvent dans le deuxième membre et dans l’avant-dernier ; c’est pourquoi elles peuvent être considérées comme termes extrêmes. Hypothèse d’ensemble – Le mot qui suit immédiatement les deux morceaux 4-6 et 7-9a est « car ». C’est le premier mot du segment final du psaume. – Le verbe conjugué, « il vient » (9c) est à l’indicatif, et non plus à l’impératif ou au jussif comme les verbes de 4-9a. – La proposition qui commence en 9a est une subordonnée causale, dépendante de la longue suite d’impératifs et de jussifs des versets précédents. Elle donne la raison pour laquelle il faut « acclamer » le Seigneur. – « Car » revient une autre fois au début de 1c. L’hypothèse d’ensemble est que l’on retrouve en 1b-3 le même jeu entre l’invitatoire (1b) et sa motivation (1c-3) que l’on avait entre 4-9a et 9bcd. La différence est avant tout que, cette fois-ci, l’invitatoire est très bref (1b) et la motivation très longue (1c-3), alors que c’est l’inverse ensuite. Malgré ce déséquilibre, le psaume est clairement de construction parallèle. Retour à la segmentation Le verset 1 commence par un « titre » très bref que nous laissons de côté, pour l’instant. Il faut séparer 1b de la suite, car ce membre est à l’impératif, tandis que la suite est à l’indicatif et est introduit par « car » : c’est le début de la motivation de l’invitatoire. Puisque la première phrase de la motivation compte seulement deux termes, « car des merveilles / il a fait », il semble qu’il faille continuer avec ce même rythme pour la suite :
10. Ps 98 + šîrû
lyhwh
: kî-niplā’ôt : HԊΑÂ-llô : ûzerôa‘
‘ĀŚÂ yemînô qodšô
+ chantez
au Seigneur
: car des merveilles : L’A SAUVÉ : et le bras
IL A FAIT
227
šîr
ḥādāš
un chant
nouveau
sa droite de sa sainteté
« Le bras » correspond à « sa droite » ; les seconds termes des deux dernier membres sont affectés du même pronom suffixe qui fait rime : yemînô, qodšô. Le trimembre serait ainsi de type ABB’. On pourrait être tenté de conserver le même rythme pour le premier segment, d’autant plus que « un chant » fait écho à « chantez » : les deux termes rempliraient, à l’intérieur du segment, la fonction de termes initiaux : + šîrû + šîr
lyhwh ḥādāš
: kî-niplā’ôt : HԊΑÂ-llô : ûzerôa‘
‘ĀŚÂ yemînô qodšô
+ 1b chantez + un chant
au Seigneur nouveau
: car des merveilles : L’A SAUVÉ : et le bras
IL A FAIT
sa droite de sa sainteté
Réécriture du psaume – La motivation du premier versant du psaume comprend un trimembre et trois bimembres. – De nouveau il faut commencer par relever les correspondances et identifier leurs fonctions : 1d
kî-niplā’ôt
HԊΑÂ-llô
ûzerôa‘ 2
‘āśâ yemînô qodšô E
hôdîa‘ l ‘ênê
Yhwh haggôyim
Y ŠÛ‘ĀTÔ
3
zākar lebêt
ḥasdô yiśrā’ēl
we’ĕmûnātô
rā’û ’ēt YEŠÛ‘AT
kol-’apsê ’ĕlōhênû
’āreṣ
e
gillâ
ṣidqātô
228 1d
Les solutions: première partie, le passage car des merveilles
L’A SAUVÉ
et le bras 2
il a fait sa droite de sa sainteté
il a fait connaître aux yeux
le Seigneur des nations
3
il s’est rappelé à la maison
sa fidélité d’Israël
et sa loyauté
ils ont vu
tous les confins de notre Dieu
de la terre
LE SALUT
SON SALUT
il a révélé
sa justice
Les seules répétitions de la même racine sont « l’a sauvé » de 1e et « salut » en 2a et 3d. Cela ne suffit pas pour regrouper les segments en morceaux. Il faut donc chercher s’il existe d’autres rapports2 : . ayant le même référent, « notre Dieu » (3d) correspond à « le Seigneur » (2a) ; . « ils ont vu » rappelle « aux yeux de », ces deux lexèmes appartenant au même champ sémantique de la vision ; . « tous les confins de la terre » (3d) peut être considéré comme un synonyme de « les nations » (2b) ; . à ces deux manières de nommer les peuples païens, est opposé ou complémentaire « Israël » (3b). Il apparaît alors : . que 2a et 3d se correspondent avec « son salut/le salut » et « le Seigneur/notre Dieu » ; . que 2b et 3c se correspondent aussi avec les suites « aux yeux des nations » et « ils ont vu tous les confins de la terre ». L’objet de leur vision est le même « salut ». Ainsi les deux membres de 2ab et de 3cd se correspondent à distance de manière « spéculaire » (ou « en miroir ») : 1d
: kî-niplā’ôt : hôšî‘â-llô : ûzerôa‘
‘āśâ yemînô qodšô
··················································································································· E YHWH Y ŠÛ‘ĀTÔ
– 2 hôdîa‘ e - l ‘ênê 3
:: zākar :: lebêt - rā’û – ’ēt YEŠÛ‘AT
haggôyim
gillâ
ḥasdô yiśrā’ēl
we’ĕmûnātô
kol-’apsê ’ĔLŌHÊNÛ
’āreṣ
ṣidqātô
2 Rappelez-vous le chapitre 3 du Traité sur « Les rapports entre éléments linguistiques », 113130. N’hésitez pas à le relire ou au moins à vous y reporter.
10. Ps 98 1d
: car des merveilles : L’A SAUVÉ : et le bras
229
il a fait ; sa droite de sa sainteté.
···························································································································· – 2 Il a fait-connaître LE SEIGNEUR SON SALUT,
- aux yeux 3
:: il s’est rappelé :: à la maison - ils ont vu – LE SALUT
des nations
il a révélé
sa fidélité d’Israël ;
et sa loyauté
tous-les confins DE NOTRE DIEU.
de la terre
sa justice ;
Entre ces deux bimembres, est énoncé le bénéficiaire du salut de Dieu, « la maison d’Israël » (3ab). Ainsi apparaît la cohérence des trois bimembres de 2-3 qui forment un morceau de composition concentrique. La réécriture utilise les renfoncements ainsi que des signes semblables avant les membres qui se correspondent. Les lexèmes de la même racine du salut se trouvent en positions privilégiés, au centre du premier morceau (1d) et aux extrémités du second (2a.3d) ; Voilà une première illustration de la loi n° 4 de Lund. Lisez les sept lois de Lund : Traité, 97-98 ; www.retoricabiblicaesemitica.org > Les textes fondateurs > « Historique », 9495. L’analyse rhétorique biblique n’est pas née d’hier. La connaissance de son histoire est riche d’enseignements. Trop de chercheurs contemporains ignorent, hélas, ce qu’avaient découvert nos devanciers depuis plus de deux siècles. C’est pourquoi le premier chapitre des deux premières éditions du Traité retrace l’historique de ces découvertes, avec de longues citations des auteurs les plus importants (31-110). Vous ne perdrez pas votre temps à le lire ; Voir aussi : www.retoricabiblicaesemitica.org > Les textes fondateurs > « Historique »
230
Les solutions: première partie, le passage
L’ensemble du psaume La manière de concilier le fait que invitatoire et motivation doivent être distingués mais qu’il ne faille pas couper en deux la même phrase, en répartissant ses deux moitiés dans des parties différentes, est de recourir au niveau intermédiaire de la « sous-partie ». 1
mizmôr šîrû šîr
LYHWH
ḥādāš,
KÎ-niplā’ôt hôšî‘â-llô ûzerôa‘
‘āśâ, yemînô qodšô.
··························································································································· 2 hôdîa‘ YHWH yešû‘ātô,
le‘ênê
haggôyim
gillâ
3
zākar lebêt
ḥasdô yiśrā’ēl ;
we’ĕmûnātô
rā’û ’ēt yešû‘at
KOL-’apsê ’ĔLŌHÊNÛ.
’ĀREṢ
LYHWH
KOL-HĀ’ĀREṢ, wezammērû ;
4
hārî‘û piṣḥû
werannenû
5
zammerû b kinnôr
w qôl
bekinnôr, zimrâ ;
baḥăṣōṣrôt hārî‘û
weqôl lipnê
šôpār, hammelek
7
yir‘am tēbēl
hayyām weyōšbê
ûmelō’ô, bāh ;
8
yimḥă’û hārîm YHWH,
kāp, yerannēnû
lišpōṭ tēbēl ‘ammîm
HĀ’ĀREṢ,
LYHWH
e
e
6
ṣidqātô ;
YHWH. ··························································································································
nehārôt yaḥad 9 lipenê KÎ bā’ yišpōṭ we
-
e
b ṣedeq bemêšārîm.
Après le titre (1a), les deux parties du psaume sont parallèles : leurs deux sous-parties font se succéder un invitatoire (1bc ; 4-9a) et sa motivation (1d-3 ; 9bcd), introduite par « car » (1d.9b).
10. Ps 98 1
231
Psaume Chantez un chant CAR des merveilles l’a sauvé et le bras
AU SEIGNEUR
nouveau, il a fait, sa droite de sa sainteté.
······························································································································ 2 Il a fait connaître LE SEIGNEUR son salut,
aux yeux
des nations
il a révélé
3
il s’est rappelé pour la maison
sa grâce d’Israël ;
et sa fidélité
ils ont vu le salut
TOUS-les confins DE NOTRE DIEU.
de LA TERRE
Acclamez criez
LE SEIGNEUR, et exultez
TOUTE-LA TERRE,
5
psalmodiez avec la cithare
POUR LE SEIGNEUR et au son
avec la cithare, du psaltérion ;
6
avec les trompettes acclamez
et au son devant
du cor, le roi
7
Que gronde le monde
la mer et les habitants
et sa plénitude, en elle ;
8
battent les montagnes LE SEIGNEUR,
des mains, exultent
pour juger le monde les peuples
LA TERRE,
4
SA JUSTICE ;
et psalmodiez ;
SEIGNEUR. ································································································································
que les fleuves qu’ensemble 9 devant CAR il vient il jugera et
AVEC JUSTICE
avec droiture.
Les destinataires du second invitatoire sont identifiés : c’est « toute la terre » (4a), c’est-à-dire tous les hommes, pour le premier morceau, puis les éléments du cosmos pour le second, « mer » et « monde » (7), « fleuves et montagnes » (8-9a). En revanche, les destinataires du premier invitatoire ne sont pas nommés. Cependant, la motivation (1d-3), qui rappelle ce que le Seigneur a fait en faveur d’Israël, au vu et au su des nations, permet de comprendre que c’est le peuple élu qui est appelé à chanter pour lui un chant nouveau. Ainsi les deux parties sont complémentaires. D’autre part, alors que la première partie motive son appel à la louange en rappelant les actions passées de Dieu, c’est le « jugement » à venir que la seconde partie annonce.
232
Les solutions: première partie, le passage
Encore un problème lexicographique On a traduit les deux occurrences du verbe šāpat dans le dernier verset par « juger ». Mais quand ce verbe régit des compléments d’objet tels que « peuple(s) », « nation(s) ou « la terre », il signifie plutôt « gouverner ». Les deux sens sont évidemment liés, puisque celui qui gouverne, le roi, est avant tout celui qui rend la justice. Au cœur du Psaume 67, « gouverner » est utilisé en tandem avec « conduire », ce qui est le propre du berger, métaphore courante des responsable politiques et spécialement du roi : :: Jubilent + car TU JUGES + et les nations
et chantent les peuples sur la terre
les nations avec droiture TU CONDUIS
(Ps 67,5)
Le choix entre les deux acceptions dépend de l’interprétation que l’on donne du dernier verset et même de toute la seconde partie.
On remarquera que le nom de Dieu revient sept fois, chiffre de la totalité comme les sept jours de la création. Six fois c’est « le Seigneur » (Yhwh), mais à la fin de la première partie, le Seigneur est appelé « notre Dieu ». Cette première personne du pluriel semble inclure non seulement celui qui parle, mais aussi ceux à qui il s’adresse dans cette première partie, ce qui confirme le fait que la première partie est adressée aux fils d’Israël3. « Toute la terre » de 4a et « la terre » de 9b jouent le rôle de termes initiaux pour les deux sous-parties de la deuxième partie. Avec « tous les confins de la terre » de 3c, « toute la terre » de 4a remplissent la fonction de termes médians qui agrafent les deux parties du psaume. Nous nous arrêterons là, pour ce psaume. Il ne faut cependant pas oublier que, pour que l’interprétation soit menée à bon port, le travail ne peut se limiter à l’étude de la composition ; il doit passer aussi par une autre opération, celle du « contexte biblique ». Lisez Traité, « L’intertexte », 375-406 ; 3.301-346 Plus tard vous pourrez lire aussi le chapitre sur « Intertexte et interprétation », 591-621 ; 3.517-544.
En ce qui concerne le contexte biblique du Ps 98, les commentaires signalent surtout ses rapports avec le second Isaïe. Pour ce qui est de la composition, maintenant que vous l’avez découverte par vous-même avec une grande précision, aux divers niveaux d’organisation du texte, vous pouvez aller voir dans les commentaires ce qu’en disent les auteurs. Vous devriez être en mesure d’évaluer de manière critique leurs différentes positions.
3 Certains commentaires font le compte d’autres termes, comme les actions de Dieu, ses qualités, ainsi que les louanges humaines. Il est possible d’y ajouter les « synonymes » suivants : « les nations » (2b), « tous les confins de la terre » (3c), « toute la terre » (4a), « le monde » (7b), « la terre » (9b), « le monde » de nouveau (9c) et enfin « les peuples » (9d).
11. Ap 19,1-8 1. PARTONS D’EN HAUT a) Dans le texte la narration introduit toujours un discours direct. On peut ainsi distinguer cinq unités qui comprennent chacune une introduction narrative et un discours direct, même s’ils sont de longueurs très différentes. b) Le syntagme le plus long et le plus complexe qui revient deux fois est sans conteste l’expression : « j’entendis comme une voix [...] d’une foule nombreuse disant », avec laquelle commence le passage (1) et qui est reprise vers la fin (6). Les deux occurrences de ce syntagme pourraient jouer le rôle de termes initiaux de deux unités extrêmes, étant donné que dans les deux cas ils font partie d’une narration qui introduit un discours. c) Les protagonistes mentionnés dans les discours des unités extrêmes sont d’une part « la prostituée » (2) jugée par Dieu, et d’autre part « l’épouse » de « l’Agneau » (7). Les deux figures féminines sont opposées, spécialement si l’on compare leurs attributs respectifs : la « fumée » de la prostituée et sa « corruption » (3), et les vêtements « lin éclatant pur » de « l’épouse » qui renvoient aux « justices des saints » (8). La description de la prostituée s’achève seulement au verset 3 ; la première partie du passage devrait donc inclure ce verset. De manière analogue, la dernière partie s’étendrait de 6 à 8, comprenant elle aussi trois versets. d) Les deux discours en 4 et 5 sont semblables, parce que le premier contient l’exclamation dérivant de l’hébreu, « Alléluia ! » (4), qui signifie « Louez Yah » (« Louez Yhwh », « Yah » étant la forme abrégée du tétragramme sacré), tandis que le second répète pratiquement la même chose, mais cette fois en grec, dans l’expression « Louez notre Dieu » (5). Les autres ressemblances entre 4 et 5 sont : le substantif « trône », qui n’apparait pas ailleurs, et le verbe « disant », tous deux dans la narration ; en outre les protagonistes de la première narration, « les vingt-quatre vieillards » et « les quatre vivants », sont évoqués comme sujet du second discours, dans l’expression « ses serviteurs » et « ceux qui le craignent, petits et grands », remplissant ainsi la fonction de termes extrêmes pour 4-5. e) Prenant en considération les ressemblances énumérées dans le point d., et de même l’opposition découverte en c., on peut conjecturer que le passage est formé de trois parties disposées de manière concentrique : 1-3 ; 4-5 e 6-8. Une analyse plus détaillée permettra de découvrir encore d’autres relations qui renforceront cette hypothèse, par exemple la récurrence des termes extrêmes : « gloire » (2.7), « justes » et « justices » (2.8).
234
Les solutions: première partie, le passage
2. L’ANALYSE DES PARTIES PUIS DE L’ENSEMBLE1 La première partie (1-3) + 1 Meta. + h;kousa + evn tw/| ouvranw/|
tau/ta w`j fwnh.n lego,ntwn\
mega,lhn
o;clou
pollou/
= a`llhloui?a,\ : h` swthri,a
kai. h` do,xa
kai. h` du,namij
tou/ qeou/
h`mw/n(
························································································
:: 2 o[ti avlhqinai.
kai. di,kaiai
ai` kri,seij
auvtou/\
- o[ti e;krinen . h[tij e;fqeiren
th.n po,rnhn
th.n mega,lhn evn th/| pornei,a|
auvth/j(
- kai. evxedi,khsen .
to. ai-ma
th.n gh/n
tw/n dou,lwn evk ceiro.j
auvtou/
auvth/jÅ
························································································ 3
+ kai. deu,teron = a`llhloui?a,\ : kai. o` kapno.j
ei;rhkan\
auvth/j
avnabai,nei
eivj tou.j aivw/naj
tw/n aivw,nwn.
Les morceaux extrêmes (1.3) commencent avec un segment de récit (1a-c.3a) s’achevant avec le verbe « dire », qui introduit des discours directs (1de.3bc). Les premiers membres des deuxièmes segments sont identiques (« Alléluia »), les seconds segments sont également au présent. Ils décrivent respectivement Dieu (1c) et la prostituée (3c), opposant leurs attributs. Le morceau central (2) comprend trois segments qui énumèrent les raisons pour lesquelles Dieu est loué : le segment unimembre introductif est une phrase nominale qui présente Dieu comme juge (2a). Il est suivi par deux bimembres complémentaires : le premier (2bc) concerne le jugement de Dieu contre la « prostituée grande », tandis que le deuxième (2de) dit comment il a arraché « ses serviteurs » « de sa main ».
1 La description de la composition reprend, synthétiquement et avec quelques modifications, l’article de R. MEYNET, «La dossologia dell’Alleluia (Ap 19,1-8), in Apokalypsis. Percorsi nell’Apocalisse in onore di Ugo Vanni, E. BOSETTI – A. COLACRAI, ed., Cittadella Editrice, Assisi 2005, 585-596.
11. Ap 19,1-8 + 1 Après + j’entendis + dans le ciel = «A ALLÉLUIA ! : Salut
235
cela comme une voix grande disant :
d’une foule
nombreuse
et gloire
DU DIEU
de nous,
et puissance
··················································································································
:: 2
véridiques
et justes
les jugements
de LUI,
- PARCE QUE .
il a jugé qui corrompait
la prostituée la terre
grande avec la prostitution
d’ELLE
- et ·
il a vengé
le sang de la main
des serviteurs
PARCE QUE
de LUI d’ELLE ».
··················································································································
+ 3 Et une deuxième fois = «ALLÉLUIA! : Et la fumée
ils dirent:
d’ELLE
monte
dans les siècles
des siècles ! ».
La deuxième partie (4-5) + 4 kai. e;pesan + kai. + kai. proseku,nhsan = avmh.n
oi` presbu,teroi ta. te,ssara tw/| qew/| tw/| kaqhme,nw|
oi` ei;kosi te,ssarej zw/|a evpi. tw/| qro,nw|
le,gontej\
a`llhloui?a,(
···································································································································
+ 5 Kai. fwnh. = = pa,ntej =
avpo. tou/ qro,nou
evxh/lqen
le,gousa\
aivnei/te
h`mw/n Îkai.Ð oi` fobou,menoi kai. oi` mega,loi.
auvto,n(
tw/| qew/|
oi` dou/loi auvtou/ oi` mikroi.
Le premier morceau (4) comprend un trimembre de récit (4a-c) qui décrit de manière complémentaire aussi bien les sujets des actions (« les anciens » et « les vivants ») que leur destinataire (« Dieu »), suivi d’un bref unimembre de discours (4d). De manière semblable le second morceau (5) comprend un unimembre de récit (5a) qui s’achève avec le verbe « dire » et introduit un trimembre de discours (5bcd). Au début de la deuxième acclamation, « Louez Dieu » (5b) traduit l’hébreu « Alléluia » (« Louez Yah » : 4d) avec lequel s’achève la première acclamation. Les vocatifs qui suivent « Louez le Dieu de nous » rappellent les sujets du premier morceau (4ab) avec lesquels ils font inclusion. En outre, les segments narratifs s’achèvent avec le verbe « disant » et contiennent également le substantif « trône ».
236
Les solutions: première partie, le passage
+ 4 Et tombèrent les vieillards + et les quatre + et se prosternèrent devant Dieu
+
les vingt-quatre vivants assis SUR LE TRÔNE,
DISANT :
= «AMEN, ALLELÛ YAH!». ······························································································································ 5 Et une voix DU TRÔNE sortit DISANT : = = tous =
«LOUEZ les serviteurs les petits
de nous, de Lui [et] les craignant et les grands. » LE DIEU
lui,
La troisième partie (6-8) . 6 Kai. h;kousa . kai. . kai.
w`j fwnh.n w`j fwnh.n w`j fwnh.n
o;clou u`da,twn brontw/n
pollou/ pollw/n ivscurw/n
lego,ntwn\
= a`llhloui?a,( :: o[ti evbasi,leusen :: o` qeo.j Îh`mw/nÐ
ku,rioj o` pantokra,twrÅ
············································································································
= 7 cai,rwmen = kai. dw,swmen
kai. avgalliw/men th.n do,xan
– o[ti h=lqen – kai. h` gunh. - 8 kai. evdo,qh - i[na periba,lhtai - to. ga.r bu,ssinon
o` ga,moj auvtou/
auvtw/|(
tou/ avrni,ou h`toi,masen
e`auth.n
auvth/|
bu,ssinon
lampro.n ta. dikaiw,mata tw/n a`gi,wn
kaqaro,n\ evsti,nÅ
Le premier morceau (6) comprend un trimembre de récit qui commence et s’achève avec les verbes « j’entendis » et « disant ». La voix de la « foule » (6a) est comparée à celle d’un orage : « eaux nombreuses » et « tonnerres puissants » (6bc).
11. Ap 19,1-8 . 6 Et j’entendis comme une voix . et comme une voix . et comme une voix
d’une foule d’eaux de tonnerres
237 nombreuse nombreuses puissants
disant :
······························································································· = «ALLÉLÛ YAH !
:: PARCE QUE ::
règne le Seigneur, le DIEU [de nous] tout-puissant.
······························································································· ET EXULTONS la gloire à LUI,
= 7 RÉJOUISSONS-NOUS = et donnons – PARCE QUE –
est venue et l’épouse
- 8 et a été donné - de se revêtir - en effet le lin
la noce de lui
de l’Agneau s’est préparée
elle-même ;
à elle de lin les justices
éclatant des saints
pur ; est ».
Les deux derniers morceaux sont parallèles, suivant la même logique. Le second (6def) commence avec un bref unimembre qui invite à la louange du Seigneur (« Alléluia ! » : 6d), suivi d’un bimembre (6ef) qui donne le motif de la louange. De manière analogue le troisième morceau (7-8) s’ouvre par un bimembre d’acclamation qui invite à l’exultation (7ab) suivi par l’exposé de son motif, en deux segments introduits par « parce que » (7c). Le premier présente les époux, tandis que le second (8) décrit l’épouse, vêtue des actions de justice des saints. En outre, à la fin de la deuxième acclamation, « lui » (7b) renvoie à « Yah » de la première acclamation (6d), appelé ensuite « le Seigneur », « le Dieu [de nous] tout-puissant » (6ef) ; ils sont aussi complémentaires : en effet, au « règne » de Dieu du premier morceau (6ed) correspond « la noce de l’Agneau » du deuxième morceau (7c-8). Comme si le règne de Dieu se manifestait dans la noce de l’Agneau et de son épouse. En outre, il semble que « les saints », dont les « justices » revêtent de lin l’épouse dans le dernier membre de la partie (8c), renvoient aux « foules nombreuses » du début de la partie (6a).
238
Les solutions: première partie, le passage
L’ensemble du passage (19,1-8) + 1 Après cela + + dans le ciel
J’ENTENDIS comme UNE VOIX grande
D’UNE FOULE NOMBREUSE
disant :
= «ALLELÛ YAH! : Salut et GLOIRE et puissance de notre DIEU, ················································································
:: 2
PARCE QUE
véridiques et JUSTES sont ses jugements,
- PARCE QU’ il a jugé la grande PROSTITUÉE - qui corrompait la terre avec sa prostitution .. et il a vengé le sang de ses serviteurs .. de sa main. » ················································································
+ 3 Et une deuxième fois
ils dirent :
= «ALLELÛ YAH! : Et sa fumée monte dans les siècles des siècles ! » + 4 Et tombèrent les vingt-quatre vieillards + et les quatre vivants + et ils se prosternèrent devant DIEU assis sur le TRÔNE,
disant :
= « AMEN, ALLELÛ YAH ! » ·········································································
+ 5 Et UNE VOIX du TRÔNE sortit
disant :
= « LOUEZ NOTRE DIEU, = tous ses serviteurs ceux qui le craignent, = les petits et les grands. » + 6 Et + +
J’ENTENDIS comme UNE VOIX D’UNE FOULE NOMBREUSE et comme une voix d’eaux nombreuses et comme une voix de tonnerres puissants
··························································································
= «ALLELÛ YAH! :: PARCE QUE le Seigneur RÈGNE :: [notre] DIEU tout-puissant. ··························································································
= 7 RÉJOUISSONS-NOUS ET EXULTONS = et donnons-lui la GLOIRE, - PARCE QU’elles sont venues les noces de l’Agneau - et son ÉPOUSE s’est préparée .. 8 et il lui a été donné .. de se vêtir de lin éclatant et pur ; .. ce lin en effet ce sont les JUSTICES des saints. »
disant :
11. Ap 19,1-8
239
La première partie comprend deux phrases narratives (1abc.3a), tandis que la dernière n’en comprend qu’une; toutefois celle-ci est amplifiée (6abc) et ainsi l’équilibre est maintenu. Comme on l’a déjà dit, la première des deux occurrences de « j’entendis comme une voix [...] d’une foule nombreuse disant » (1a et 6a) jouent le rôle de termes initiaux. Les parties extrêmes contiennent des acclamations semblables qui s’ouvrent avec « Alléluia » (1d.3b.6d), ou avec l’invitation à « exulter » (7a) et où se retrouve « la gloire » (1e.7b). Ces acclamations sont suivies de leurs motivations. Dans la première partie c’est seulement la première acclamation qui est suivie de sa motivation introduite par deux « parce que » (2a.2b) qui occupe le centre de la composition. Dans la dernière partie au contraire, aussi bien la première acclamation (6d) que la deuxième (7ab) sont suivies du même « parce que » (6e.7c). Les deux parties mettent en opposition deux femmes, « la grande prostituée » (2bc) et « l’épouse » de l’Agneau (7cd). Noter que le segment final de la motivation de la première partie (2de) correspond au dernier segment de la motivation de la dernière partie (8abc), car « les serviteurs » de Dieu (2d) sont appelés « les saints » à la fin (8c). De même « les justices des saints » (8c) rappellent les « justes » jugements de Dieu (2a), faisant ainsi inclusion. Comme dans les parties extrêmes, l’invitation à la louange revient deux fois dans la partie centrale (4d.5b). « Une voix » (5a) reprend le même mot qui ouvre les parties extrêmes (1b.6a). La partie centrale se distingue du fait qu’elle est focalisée sur le groupe limité des personnages qui entourent le trône, puis sur le personnage unique qui est assis sur le trône. Ce type de construction concentrique dont le centre est constitué d’un élément double n’est pas exceptionnel dans la Bible. Leur centre fonctionne comme une charnière qui articule les deux autres versants du texte. Ainsi chacun des deux éléments centraux se trouve dans un rapport spécifique avec les deux versants du texte : soit de manière parallèle (A / A’B’ / B), soit de manière croisée (A / B’A’ / B). Ici le premier morceau de la partie centrale est relié à la première partie, car l’acclamation des personnages de 4ab est exprimée seulement en hébreu et reprend les deux « Alléluia » de la première partie (1d.3b). Au contraire, l’acclamation du second morceau, qui traduit en grec l’Alléluia (« Louez notre Dieu » en 5b), rappelle sans aucun doute les trois « Alléluia » précédent, mais prépare surtout l’acclamation grecque de la dernière partie, « Réjouissons-nous et exultons » (7a).
12. Un jeu – Le point commun entre les six membres est que le dernier terme est un verbe aux mêmes modalités (négation, troisième personne du pluriel de l’indicatif), précédé de la conjonction de coordination « et ». ND. GE. SC. NC. DU. UC.
elles ont un nez elles ont deux-oreilles deux-mains à elles deux-pieds à elles elles ont deux-yeux elles ont une bouche
LA. RE. IE. ED. SA. HE.
et elles ne sentent pas et elles n’entendent pas et elles ne palpent pas et elles ne marchent pas et elles ne voient pas et elles ne parlent pas
– Du point de vue sémantique, les substantifs des six membres appartiennent au champ sémantique des parties du corps, tandis que les verbes appartiennent à celui des actions accomplies par les parties du corps. – Le membre où se trouvent ensemble la partie du corps « gorge » et le verbe correspondant « elles ne murmurent pas » ne comporte pas la conjonction de coordination « et » comme les six autres membres. – Il est possible d’adopter un ordre ou l’autre : IR. ES.
dans leur gorge elles ne murmurent pas
ES. IR.
elles ne murmurent pas dans leur gorge
– Vous avez probablement mis ensemble « yeux » et « oreilles » et aussi « mains » et « pieds ». Du point de vue sémantique, ces couples sont canoniques, c’est-à-dire habituels (on peut en trouver plusieurs exemples dans la Bible) ; du point de vue syntaxique aussi le début des membres est différent : elles ont deux-yeux deux-mains à elles
/ elles ont deux-oreilles; / deux-pieds à elles.
– La partie du corps qui se trouve isolée est « le nez ». – « La bouche » et « la gorge » sont pratiquement synonymes, d’autant plus que les verbes, « parler » et « murmurer », indiquent tous deux la parole. – Les pronoms « elles » ont pour référent « les idoles » – Le seul mot qui revient dans ces deux segments et le verbe « faire » ; il se trouve dans le second membre du premier segment, et au contraire dans le premier membre de l’autre segment. – Vous pouvez maintenant aller lire Ps 115,4-8.
242
Les solutions: première partie, le passage
La composition est concentrique. + 4 ‘ăṣabbêhem – MA‘ĂŚEH
wezāhāb ’ādām
kesep E
Y DÊ ················································································· PEHlāhem welō’ YEDABBĒRÛ ·5 welō’ YIR’Û : ‘ÊNAYIM lāhem 6 : ’OZNAYIM lāhem welō’ YIŠMĀ‘Û
:7 :
’AP
lāhem
welō’ YERÎḤÛN
YEDÊ RAGLÊ -
hem hem
welō’ YEMΊÛN welō’ YEHALLĒKÛ biGRÔNām
·
lō’-YEHGÛ ·················································································
– 8 kemôhem + kōl ’ăšer-
‘ŌŚÊHEM bāhem
yihyû bōṭēaḥ
Ce texte est la deuxième partie du Ps 115. Elle est formée de trois morceaux. Les morceaux extrêmes sont de la taille d’un bimembre. Ils se correspondent de manière spéculaire. Le dernier terme est composé d’une préposition et d’un pronom suffixe dont le référent est « les idoles », premier terme du premier morceau ; comme ces termes sont en outre en rapport paronomastique, ils peuvent être considérés comme termes extrêmes. Dans le deuxième membre du premier segment et dans le premier membre du dernier sont utilisés deux mots de même racine, traduit par conséquent par « faits » et « fait » ; traduire le premier pas « œuvres » rend le sens mais fait sauter le rapport d’identité de la racine. + 4 Leurs idoles (sont) argent – FAITES par les MAINS
et or de l’homme:
································································································ = 5 elles ont une BOUCHE et elles ne PARLENT pas et elles ne VOIENT pas • elles ont deux YEUX • 6 elles ont deux ORECCHIE et elles n’ ENTENDENT pas
elles ont un • • =
7
NEZ
leurs deux MAINS leur deux PIEDS elles ne MURMURENT pas
et elles ne SENTENT
pas
et elles ne PALPENT et elles ne MARCHENT dans leur GORGE;
pas pas
································································································
– 8 come elles + tous ceux
sont qui se fient
CEUX-QUI-LES-FONT en elles.
12. Un jeu
243
Le morceau central (5-7) est beaucoup plus long : il comprend trois segments, deux trimembres qui se correspondent de manière spéculaire (ABB’ / BB’A) encadrant un unimembre (6b). Il s’agit, tout au long du morceau des parties du corps des idoles : aucun ne fonctionne. « Yeux » et « oreilles » forment un couple canonique1 et de même « mains » et « pieds » 2. Noter que « mains » de 7a apparaissait déjà dans le premier morceau (4b)3. VÉRIFICATION
Le texte est celui de Ps 135,15-18 + 15 ‘áṣabbê – MA‘ÁŚEH
haggôyim yedê
kesep ’ādām
wezāhāb
················································································ PEHlāhem welō’ YEDABBĒRÛ
= 16
: : 17
‘ÊNAYIM lāhem welō’ YIR’Û ’OZNAYIM lāhem welō’ YA’ÁZÎNÛ e
RÛAḤ b PÎhem ················································································
= ’ap ’ên-yeš– 18 kemôhem + kōl ’ášer-
yihyû bōṭēaḥ
+ 15 Les idoles – FAITES
des nations (sont) par les mains
‘ŌŚÊHEM bāhem
argent et or de l’homme:
························································································ elles ont une BOUCHE et ne PARLENT pas
= 16
: : 17
elles ont deux YEUX et ne VOIENT pas elles ont deux OREILLES et n’ ENTENDENT pas
= oui, il n’y a pas de SOUFFLE dans leur BOUCHE; ························································································ – 18 comme elles + tous ceux qui
1
sont se fient
CEUX-QUI-LES-FONT en elles.
Voir, par ex., dans le même ordre : Dt 29,3; Is 6,10; 35,5; 43,8; Jr 5,21; Ez 12,2; Mt 13,16; Rm 11,8 ; dans l’ordre « oreille » / « œil », au singulier, Ps 94,9; Pr 20,12; Qo 1,8, Ne 1,6. 2 Voir, par ex., Ex 12,11; 30,19.21; 40,31; Jg 1,6; 2S 4,12; Ez 6,11; Ps 22,17; Mt 18,8; Lc 24,39. 3 Lisez les lettres majuscules qui sont au début de chacune des « pièces détachées » que vous avez remises en ordre, en commençant par la fin.
LES SOLUTIONS
DEUXIÈME PARTIE La séquence
1. Mc 6,1-13 1. COMPOSITION Vocabulaire commun 1
Kai. EXHLQEN evkei/qen kai. e;rcetai eivj th.n patri,da auvtou/( kai. avkolouqou/sin auvtw/| OI auvtou/Å 2 kai. genome,nou sabba,tou h;rxato dida,skein evn th/| sunagwgh/|( kai. polloi. avkou,ontej evxeplh,ssonto le,gontej( Po,qen tou,tw| tau/ta( kai. ti,j h` sofi,a h` doqei/sa tou,tw|( kai. ai` duna,meij toiau/tai dia. tw/n ceirw/n auvtou/ gino,menaiÈ 3 ouvc ou-to,j evstin o` te,ktwn( o` ui`o.j th/j Mari,aj kai. avdelfo.j VIakw,bou kai. VIwsh/toj kai. VIou,da kai. Si,mwnojÈ kai. ouvk eivsi.n ai` avdelfai. auvtou/ w-de pro.j h`ma/jÈ kai. evskandali,zonto evn auvtw/|Å 4 kai. e;legen auvtoi/j o` VIhsou/j o[ti Ouvk e;stin profh,thj a;timoj eiv mh. evn th/| patri,di auvtou/ kai. evn toi/j suggeneu/sin auvtou/ kai. evn th/| oivki,a| auvtou/Å 5 kai. ouvk evdu,nato evkei/ poih/sai ouvdemi,an du,namin( eiv mh. ovli,goij avrrw,stoij evpiqei.j ta.j cei/raj evqera,peusenÅ 6 kai. evqau,mazen dia. th.n avpisti,an auvtw/nÅ Kai. perih/gen ta.j kw,maj ku,klw| dida,skwnÅ MAQHTAI
7
kai. proskalei/tai tou.j dw,deka kai. h;rxato auvtou.j avposte,llein du,o du,o kai. edv i,dou auvtoi/j evxousi,an tw/n pneuma,twn tw/n avkaqa,rtwn( 8 kai. parh,ggeilen auvtoi/j i[na mhde.n ai;rwsin eivj o`do.n eiv mh. r`a,bdon mo,non( mh. a;rton( mh. ph,ran( mh. eivj th.n zw,nhn calko,n( 9 avlla. u`podedeme,nouj sanda,lia( kai. mh. evndu,shsqe du,o citw/najÅ 10 kai. e;legen auvtoi/j( {Opou eva.n eivse,lqhte eivj oivki,an( evkei/ me,nete e[wj a'n EXELQHTE evkei/qenÅ 11 kai. o]j a'n to,poj mh. de,xhtai u`ma/j mhde. avkou,swsin u`mw/n( evkporeuo,menoi evkei/qen evktina,xate to.n cou/n to.n u`poka,tw tw/n podw/n u`mw/n eivj martu,rion auvtoi/jÅ 12 Kai. EXELQONTES evkh,ruxan i[na metanow/sin( 13 kai. daimo,nia polla. evxe,ballon( kai. h;leifon evlai,w| pollou.j avrrw,stouj kai. evqera,peuonÅ
« Peu » (5) s’oppose à « nombreux » (13), d’autant plus qu’ils qualifient le même substantif. « Puissance » et « autorité » sont quasi synonymes ; en Luc ils forment souvent un couple (voir Lc 4,36 ; 5,17.24 ; 9,1). 6,1 Et IL SORTIT de là et il vient dans sa patrie et l’accompagnent
2
Et venu le sabbat, il se mit à ENSEIGNER dans la synagogue. Et beaucoup, écoutant, s’étonnaient disant : « D’où à celui-là cela ? Et quelle est la sagesse DONNÉE à celui-là et de telles puissances par ses mains advenant ? 3 Celui-là n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de José et de Jude et de Simon ? E ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ?». Et ils se scandalisaient de lui. 4 Et Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et chez ses proches et dans sa maison ». 5 Et il ne pouvait faire là aucune puissance, sinon, imposant les mains sur peu de MALADES il les GUÉRIT. 6 Et il s’étonnait de leur incrédulité. Et il parcourrait les villages alentour en ENSEIGNANT. 7
SES DISCIPLES.
Et il appelle LES DOUZE et il se mit à les envoyer deux par deux et il leur DONNAIT autorité sur les esprits impurs. 8 Et il leur ordonna de ne rien prendre pour la route sino un bâton seulement, ni pain, ni besace, ni monnaie dans la ceinture, 9 mais ayant chaussé les sandales, et « ne mettez pas deux tuniques. » 10 Et il leur disait : «Où que vous entriez dans une maison, là demeurez jusqu’à ce que vous sortiez de là. 11 Et si un endroit ne vous accueille pas et qu’ils ne vous écoutent pas, partis de là, secouez la poussière de vos pieds en témoignage pour eux ». 12 Et étant SORTIS ils PROCLAMÈRENT afin qu’ils se convertissent ; 13 et ils chassaient de nombreux démons, et oignaient d’huile de nombreux MALADES et les GUÉRISSAIENT.
248
Les solutions : deuxième partie, la séquence
6,1 Kai. EXHLQEN evkei/qen kai. e;rcetai eivj th.n patri,da auvtou/( kai. avkolouqou/sin auvtw/| OI MAQHTAI auvtou/Å 2 kai. genome,nou sabba,tou h;rxato dida,skein evn th/| sunagwgh/|( kai. polloi. avkou,ontej evxeplh,ssonto le,gontej( Po,qen tou,tw| tau/ta( kai. ti,j h` sofi,a h` doqei/sa tou,tw|( kai. ai` duna,meij toiau/tai dia. tw/n ceirw/n auvtou/ gino,menaiÈ 3 ouvc ou-to,j evstin o` te,ktwn( o` ui`o.j th/j Mari,aj kai. avdelfo.j VIakw,bou kai. VIwsh/toj kai. VIou,da kai. Si,mwnojÈ kai. ouvk eivsi.n ai` avdelfai. auvtou/ w-de pro.j h`ma/jÈ kai. evskandali,zonto evn auvtw/|Å 4
kai. e;legen auvtoi/j o` VIhsou/j o[ti Ouvk e;stin profh,thj a;timoj eiv mh. evn th/| patri,di auvtou/ kai. evn toi/j suggeneu/sin auvtou/ kai. evn th/| oivki,a| auvtou/Å 5 kai. ouvk evdu,nato evkei/ poih/sai ouvdemi,an du,namin( eiv mh. ovli,goij avrrw,stoij evpiqei.j ta.j cei/raj evqera,peusenÅ 6 kai. evqau,mazen dia. th.n avpisti,an auvtw/nÅ
Kai. perih/gen ta.j kw,maj ku,klw| dida,skwnÅ 7
kai. proskalei/tai TOUS DWDEKA kai. h;rxato auvtou.j avposte,llein du,o du,o kai. evdi,dou auvtoi/j evxousi,an tw/n pneuma,twn tw/n avkaqa,rtwn( 8
kai. parh,ggeilen auvtoi/j i[na mhde.n ai;rwsin eivj o`do.n eiv mh. r`a,bdon mo,non( mh. a;rton( mh. ph,ran( mh. eivj th.n zw,nhn calko,n( 9 avlla. u`podedeme,nouj sanda,lia( kai. mh. evndu,shsqe du,o citw/najÅ
10
kai. e;legen auvtoi/j( {Opou evan. eivse,lqhte eivj oivki,an( evkei/ me,nete e[wj a'n EXELQHTE evkei/qenÅ 11 kai. o]j a'n to,poj mh. de,xhtai u`ma/j mhde. avkou,swsin u`mw/n( evkporeuo,menoi evkei/qen evktina,xate to.n cou/n to.n u`poka,tw tw/n podw/n u`mw/n eivj martu,rion auvtoi/jÅ
12
Kai. EXELQONTES evkh,ruxan i[na metanow/sin( 13 kai. daimo,nia polla. evxe,ballon( kai. h;leifon evlai,w| pollou.j avrrw,stouj kai. evqera,peuonÅ
– Les deux occurrences de « sortir » (1.12) jouent le rôle de termes extrêmes. – « Ses disciples » (1) et « les Douze » jouent le rôle de termes initiaux, d’autant plus que ces mots n’apparaissent pas ailleurs. Il en va de même pour « il se mit à » (2.7). – On peut dire que « enseignant » e « proclamèrent » (6b.12) jouent le rôle de termes finaux ; de la même manière « guérir » (5b.13), d’autant plus que ces deux verbes sont accompagnés de « peu de malades » en 5 et de « nombreux malades » en 13. – Les deux passages n’ont pas la même forme : l’un est un « apophtegme », l’autre un récit d’envoi en mission. – Cependant ils ont une même composition : une introduction (1-2b ; 7) et une conclusion encadrent deux discours introduits par une phrase narrative (2c-3 et 4-5b ; 8-9 et 10-11).
1. Mc 6,1-13 6,1 Et IL SORTIT de là et il vient dans sa patrie et l’accompagnent
249 SES DISCIPLES.
2
Et venu le
sabbat, il se mit à ENSEIGNER dans la synagogue. * Et beaucoup, écoutant, s’étonnaient disant : « D’où à celui-là cela ? Et quelle est la sagesse DONNÉE à celui-là et de telles puissances par ses mains advenant ? 3 Celui-là n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de José et de Jude et de Simon ? E ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ?». Et ils se scandalisaient de lui. * 4 Et Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et chez ses proches et dans sa maison ». 5 Et il ne pouvait faire là aucune puissance, sinon, imposant les mains sur peu de MALADES il les GUÉRIT. 6 Et il s’étonnait de leur incrédulité. Et il parcourrait les villages alentour en ENSEIGNANT. 7
Et il appelle LES DOUZE et il se mit à les envoyer deux par deux et il leur DONNAIT autorité sur les esprits impurs. * 8 Et il leur ordonna de ne rien prendre pour la route sino un bâton seulement, ni pain, ni besace, ni monnaie dans la ceinture, 9 mais ayant chaussé les sandales, et « ne mettez pas deux tuniques. » * 10 Et il leur disait : « Où que vous entriez dans une maison, là demeurez jusqu’à ce que vous sortiez de là. 11 Et si un endroit ne vous accueille pas et qu’ils ne vous écoutent pas, partis de là, secouez la poussière de vos pieds en témoignage pour eux ». 12
Et étant SORTIS ils PROCLAMÈRENT afin qu’ils se convertissent ; 13 et ils chassaient de nombreux démons, et oignaient d’huile de nombreux MALADES et les GUÉRISSAIENT.
Formant un faisceau nourri et serré, tous ces indices littéraires indiquent que les deux passages forment une unité1. Chaque passage peut et doit être lu et commenté en lui-même. Dans un second temps les deux doivent aussi être lus ensemble. S’appuyant sur leurs rapports formels, on pourra alors découvrir leurs relations au plan du contenu et proposer une interprétation de l’ensemble. Toutefois, une fois énumérés les rapports formels, le problème est de les organiser, ou mieux, de tente de comprendre comment ils sont en relation les uns avec les autres. 2. INTERPRÉTATION Le principal fil rouge semble être celui de la filiation. Dans le premier passage certains termes appartiennent au champ sémantique des relations familiales : « fils de », « frère » et « sœur » (3), sans oublier le mot 1
Plusieurs exégètes séparent les deux passages. Ils font commencer une nouvelle section, dite « section des pains », avec le second passage, et même avec la fin du verset 6 (6b) : par exemple, S. LÉGASSE, L’Évangile de Marc, Lectio divina. Commentaires 5, Paris 1997, 362 (6,6b– 8,26); C. MAZZUCCO, Lettura del vangelo di Marco, 82 ; pour elle, c’est là que commence la partie centrale du second évangile (« Voyages en dehors de la Galilée », 6,6b–10,52).
250
Les solutions : deuxième partie, la séquence
« patrie », c’est-à-dire pays des pères (deux fois : 1.4b) et « proches » et « maison » (4b). Or les deux phrases prononcées par les gens sont en rapport étroit. La deuxième affirme son origine, sa filiation humaine, qui n’est pas différente de celle de ses frères et sœurs. La première phrase pose le problème de l’origine de sa « sagesse » et de ses « puissances » : il est clair que tout cela ne lui vient pas de sa mère ni de ses proches. Et pourtant, si ces choses lui sont « advenues », lui ont été « données », elles représente pour lui un héritage. Le vocabulaire des relations de parenté disparait totalement dans le deuxième passage. Seul le mot « maison » est repris en 10b comme en 4b. Toutefois, le passage commence par le verbe « donner » : ce qui avait été « donné » à Jésus, comme l’avaient reconnu même les incrédules de sa patrie, il le « donne » à son tour aux Douze, comme s’il leur transmettait son propre héritage. Mais ce n’est pas tout. Ce n’est pas seulement de Jésus que ses disciples reçoivent : s’ils sont envoyés sans rien, à part un bâton et des sandales, cela signifie qu’ils devront compter sur ceux vers qui ils sont envoyés : c’est d’eux qu’ils recevront leur « pain ». En d’autre termes, ils seront traités par eux comme leurs propres enfants. Il est encore une autre chose qu’ils recevront comme leur maitre et de lui : le rejet. En effet, la possibilité que les disciples soient repoussés (11) s’est déjà produite dans sa propre patrie pour le maitre lui-même. Ses « disciples » en ont été témoins et, acceptant la mission confiée par Jésus, ils acceptent aussi, comme un héritage, de n’être ni reçus ni écoutés, comme lui.
1. Mc 6,1-13
251
Un autre type de réécriture On pourrait choisir de visualiser le parallélisme des deux passages, en les plaçant dans des colonnes. Ce type de réécriture est normalement réservé aux textes synoptiques (voir Traité, « La comparaison synoptique », 471-506 ; 3.397-432). L’avantage est que l’on voit mieux que chaque passage comprend quatre parties, qui se correspondent. Mc 6,1-6
Mc 6,7-13
6Ã1 Kai. evxh/lqen evkei/qen kai. e;rcetai eivj th.n patri,da auvtou/( kai. avkolouqou/sin auvtw/| oi` maqhtai. auvtou/Å 2 kai. genome,nou sabba,tou h;rxato dida,skein evn th/| sunagwgh/|(
7
kai. polloi. avkou,ontej evxeplh,ssonto le,gontej( Po,qen tou,tw| tau/ta( kai. ti,j h` sofi,a h` doqei/sa tou,tw|( kai. ai` duna,meij toiau/tai dia. tw/n ceirw/n auvtou/ gino,menaiÈ 3 ouvc ou-to,j evstin o` te,ktwn( o` ui`o.j th/j Mari,aj kai. avdelfo.j VIakw,bou kai. VIwsh/toj kai. VIou,da kai. Si,mwnojÈ kai. ouvk eivsi.n ai` avdelfai. auvtou/ w-de pro.j h`ma/jÈ kai. evskandali,zonto evn auvtw/|Å
8
4
10
kai. e;legen auvtoi/j o` VIhsou/j o[ti
evdi,dou auvtoi/j evxousi,an tw/n pneuma,twn tw/n avkaqa,rtwn(
kai. parh,ggeilen auvtoi/j i[na mhde.n ai;rwsin eivj o`do.n eiv mh. r`a,bdon mo,non( mh. a;rton( mh. ph,ran( mh. eivj th.n zw,nhn calko,n( 9 avlla. u`podedeme,nouj sanda,lia( kai. mh. evndu,shsqe du,o citw/najÅ
Ouvk e;stin profh,thj a;timoj eiv mh. evn th/| patri,di auvtou/ kai. evn toi/j suggeneu/sin auvtou/ kai. evn th/| oivki,a| auvtou/Å 5 kai. ouvk evdu,nato evkei/ poih/sai ouvdemi,an du,namin( eiv mh. ovli,goij avrrw,stoij evpiqei.j ta.j cei/raj evqera,peusenÅ 6 kai. evqau,mazen dia. th.n avpisti,an auvtw/nÅ Kai. perih/gen ta.j kw,maj ku,klw| dida,skwnÅ
kai. proskalei/tai tou.j dw,deka kai.
h;rxato auvtou.j avposte,llein du,o du,o kai.
12
kai. e;legen auvtoi/j( {Opou eva.n eivse,lqhte eivj oivki,an( evkei/ me,nete e[wj a'n evxe,lqhte evkei/qenÅ 11 kai. o]j a'n to,poj mh. de,xhtai u`ma/j mhde. avkou,swsin u`mw/n( evkporeuo,menoi evkei/qen evktina,xate to.n cou/n to.n u`poka,tw tw/n podw/n u`mw/n eivj martu,rion auvtoi/jÅ
Kai. evxelqo,ntej evkh,ruxan i[na metanow/sin( 13 kai. daimo,nia polla. evxe,ballon( kai. h;leifon evlai,w| pollou.j avrrw,stouj kai. evqera,peuonÅ
252
Les solutions : deuxième partie, la séquence Mc 6,1-6
Mc 6,7-13
6,1 Et IL SORTIT de là et il vient dans sa patrie et l’accompagnent SES DISCIPLES. 2 Et venu le sabbat, il se mit à ENSEIGNER dans la synagogue.
7
Et beaucoup, écoutant, s’étonnaient disant : « D’où à celui-là cela ? Et quelle est la sagesse DONNÉE à celui-là et de telles puissances par ses mains advenant ? 3 Celui-là n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie et le frère de Jacques, de José et de Jude et de Simon ? E ses sœurs ne sont-elles pas ici parmi nous ?». Et ils se scandalisaient de lui.
8
4
10
Et leur disait Jésus : « Un prophète n’est méprisé que dans sa patrie et chez ses proches et dans sa maison ». 5 Et il ne pouvait faire là aucune puissance, sinon, imposant les mains sur peu de MALADES il les GUÉRIT. 6 Et il s’étonnait de leur incrédulité.
Et il parcourrait les villages alentour en ENSEIGNANT.
Et il appelle LES DOUZE et il se mit à les envoyer deux par deux et il leur DONNAIT autorité sur les esprits impurs. Et il leur ordonna de ne rien prendre pour la route sino un bâton seulement, ni pain, ni besace, ni monnaie dans la ceinture, 9 mais ayant chaussé les sandales, et « ne mettez pas deux tuniques. »
12
Et il leur disait : « Où que vous entriez dans une maison, là demeurez jusqu’à ce que vous sortiez de là. 11 Et si un endroit ne vous accueille pas et qu’ils ne vous écoutent pas, partis de là, secouez la poussière de vos pieds en témoignage pour eux ».
Et étant SORTIS ils PROCLAMÈRENT afin qu’ils se convertissent ; 13 et ils chassaient de nombreux démons, et oignaient d’huile de nombreux MALADES et les GUÉRISSAIENT.
2. Ex 25,10-40 1. LA FONCTION DES PHRASES RÉPÉTÉES, PRESQUE IDENTIQUES : a. La proposition qui ressemble le plus à la première proposition du texte est celle avec laquelle commence le verset 23 : 10 23 10 23
we‘āśû we‘āśîtā
’ărôn šulḥān
‘ăṣê ‘ăṣê
šiṭṭîm šiṭṭîm
Et ils feront et tu feras
une arche une table
de bois de bois
d’acacia d’acacia.
b. Il y a deux autres propositions de structure syntaxique identique : 17 31 17 31
we‘āśîtā we‘āśîtā
kappōret menōrat
zāhāb zāhāb
ṭāhôr ṭāhôr
et tu feras et tu feras
un propitiatoire un chandelier
d’or d’or
pur pur
c. Les mots identiques: – « arche » de 10 se retrouve en 14 (deux fois), 15, 16, 21 (deux fois) ; à partir de 22 le mot n’apparait plus ; – « propitiatoire » de 17 revient en 18, 19, 20 (deux fois), 21 et 22 ; il n’apparait pas avant 17 et ne se retrouve plus à partie de 23 ; – « table » de 23 revient en 27, 28 et 30 ; il n’apparait pas avant 23 et après 31 ; – « chandelier » de 31 n’était pas employé avant, mais revient cinq fois après : 32 (deux fois), 33, 34 et 35. d. L’hypothèse sur la fonction des quatre phrases. Les quatre premiers mots (en hébreu) de 10 se trouvent au début du texte ; les deux occurrences de cette phrase en 10 et 23 ne peuvent donc pas être ni termes finaux, ni termes médians, ni termes centraux, mais seulement termes initiaux ou termes extrêmes. Les autres phrases se trouvent à l’intérieur du texte. Aucune ne se trouve à la fin : donc la fonction de termes finaux est exclue. Du fait que « chandelier » est utilisé après 31 et jamais avant on peut induire que la première phrase de 31 introduit une unité qui traite du chandelier. Il en va de même pour « propitiatoire » qui apparait pour la première fois en 17 et six fois après jusqu’en 22. On peut conclure que la première phrase de 17 et la première de 31 remplissent la fonction de termes initiaux qui marquent le début de deux unités qui traitent du propitiatoire et du chandelier. Commençant de la même façon, elles pourraient être symétriques.
254
Les solutions : deuxième partie, la séquence
La « table » apparait en 23 et revient trois autre fois jusqu’à 30 ; on peut donc penser que ces versets forment une unité. « Arche » de 10 revient quatre fois avant l’unité consacrée au propitiatoire qui commence en 17, mais aussi deux autres fois dans cette dernière unité (21) ; cela n’est pas étonnant si l’on comprend que le propitiatoire sert de couvercle pour l’arche. On peut donc raisonnablement penser que la première phrase de 10 et celle de 23 sont les termes initiaux des unités qui décrivent l’arche et la table et que ces deux unités sont symétriques. Ces deux meubles sont faits en « bois d’acacia », tandis que le propitiatoire sont « d’or pur ». e. La première proposition de 10 est suivie de trois propositions qui se retrouvent au verset 23 ; le verset 17 au contraire reprend seulement 10bc : 10
we‘āśû . ’ammātayim . we’ammâ . we’ammâ
’ărôn wāḥēṣî wāḥēṣî wāḥēṣî
‘ăṣê ’orkô roḥbô qōmātô
šiṭṭîm
17
we‘āśîtā . ’ammātayim . we’ammâ
kappōret wāḥēṣî wāḥēṣî
zāhāb ’orkāh roḥbāh
ṭāhôr
we‘āśîtā . ’ammātayim . we’ammâ . we’ammâ
šulḥān
‘ăṣê ’orkô roḥbô qōmātô
šiṭṭîm
en bois sa longueur sa largeur sa hauteur
d’acacia
d’or sa longueur sa largeur
pur
en bois sa longueur sa largeur sa hauteur
d’acacia
23
10
17
wāḥēṣî
Et ils feront . deux-coudées . et une coudée . et une coudée
et demie et demie et demie
et tu feras . deux-coudées . et une coudée
et demie et demie
23
et tu feras . deux-coudées . et une coudée . et une coudée
UNE ARCHE
UN PROPITIATOIRE
UNE TABLE
et demie et demie et demie
f. Le verbe « faire » revient 21 fois dans le texte (10, 11, 13, 17, 18 bis, 19 bis, 23, 24, 25 bis, 26, 28, 29 bis, 31 bis, 37, 39, 40). g. Il n’existe pas d’autre proposition comme la première du texte, avec le verbe « faire » suivi d’un complément d’objet direct singulier et par un complément de manière. h. Les objets primaires sont l’arche, le propitiatoire (à savoir le couvercle de l’arche), la table et le chandelier.
2. Ex 25,1-40
255
i. La description de l’arche s’achève en 16 avec : wenātattā
’el-hā’ārōn
’ēt hā‘ēdùt
’ăšer
’ettēn
’ēlèkā
et tu donneras
à l’arche
LE TÉMOIGNAGE
QUE
JE DONNERAI
À TOI
et cette phrase se retrouve, très semblable, en 21 : we’el-hā’ārōn
tittēn
’et-hā‘ēdùt
’ăšer
’ettēn ’ēlèkā
et dans l’arche
tu donneras
LE TÉMOIGNAGE
QUE
JE DONNERAI
À TOI
Ces deux phrases pourraient avoir la fonction de termes finaux. j. Le verset 22 se distingue de tous les autres du fait que ses trois verbes sont à la première personne du singulier. L’hypothèse qui vient à l’esprit est qu’il pourrait constituer le centre de la séquence. Celle-ci serait donc formée de cinq passages. Comme le premier et le quatrième commencent de la même façon, et de même le deuxième et le cinquième, on peut déjà penser que ces quatre passages se correspondent de manière parallèle. L’arche
(en bois d’acacia)
Le propitiatoire
(d’or pur)
DI TRA I DUE CHERUBINI
La table
(en bois d’acacia)
Il chandelier
(d’or pur)
10-16 17-21
22
23-30 31-40
On peut aussi penser que, comme les deux premiers passages finissent de la même manière (voir ci-dessus, point i.), ces deux passages forment une sousséquence ; cela serait confirmé du fait que le « propitiatoire » est « donné sur l’arche » (21) comme son couvercle. À ce point, les deux derniers passages pourraient eux aussi former une sousséquence. Tout cela devra être vérifié, mais seulement après l’analyse de chacun des cinq passages ; n’oublions pas que la délimitation des passages reste encore hypothétique.
256
Les solutions : deuxième partie, la séquence
2. L’ANALYSE DE CHAQUE PASSAGE 2.1 Premier passage : l’arche (Ex 25,10-16) + 10 WE‘ĀŚÛ . ’ammātayim . we’ammâ . we’ammâ
’ĂRÔN
‘ĂṢÊ
wāḥēṣî wāḥēṣî wāḥēṣî
’orkô roḥbô qōmātô
ŠIṬṬÎM
······································································································
= 11 weṣippîtā : mibbayit : WE‘ĀŚÎTĀ 12
e
’ōtô ûmiḥûṣ ‘ālāyw
zāhāb teṣappennû zēr
ṭāhôr zāhāb
sābîb
e
llô
’arba‘ ‘al ’arba‘
ṭabb ‘ōt zāhāb pa‘ămōtāyw
ṭabbā‘ōt ṭabbā‘ōt
‘al-ṣal‘ô ‘al-ṣal‘ô
hā’eḥāt haššēnît
baddê ’ōtām
‘ĂṢÊ zāhāb
ŠIṬṬÎM
:: 14 wehēbē’tā - lāśē’t
’et-habbaddîm ’ET-HĀ’ĀRŌN
baṭṭabbā‘ōt bāhem
‘al ṣal‘ōt
:: 15 beṭabbe‘ōt - lō’ yāsurû
HĀ’ĀRŌN mimmennû
yihyû
habbaddîm
’EL-HĀ’ĀRŌN ’ettēn
’ēt hā‘ēdùt ’ēlèkā
w yāṣaqtā wenātattâ - ûšetê - ûšetê
+ 13 WE‘ĀŚÎTĀ = weṣippîtā
* 16 wenātattā * ’ăšer
HĀ’ĀRŌN
La longue description de l’arche (10-15) est suivie d’une brève conclusion (16) où est énoncée sa fonction. C’est pourquoi deux parties ont été distinguées, la seconde très courte et la première organisée en trois sous-partie. Dans la première partie, la première sous-partie décrit l’arche elle-même (1011), la troisième les barres (13-15) et la sous-partie centrale les anneaux (12) qui sont fondus – et non pas en bois comme le reste – et qui sont fixés sur l’arche et reçoivent les barres. La sous-partie centrale assure la relation avec les deux autres. Les sous-parties extrêmes sont corrélées. Aux premiers membres des deux morceaux de la première, qui sont parallèles entre eux (10a.11a), correspondent en contact au début de la troisième sous-partie (13ab) : l’objet « fait » en bois est ensuite « revêtu » d’or. La troisième sous-partie explique dans ses deux derniers membres l’usage des barres. Tandis que les premiers membres (14a.15a) sont synonymes, les deuxièmes membres peuvent être dits complémentaires : les barres servent à porter l’arche mais ne doivent pas en être séparées.
2. Ex 25,1-40
257
Dans la partie conclusive, les deux occurrences du verbe « donner » renvoient à celle du centre de la première partie (12b). Les deux occurrences de « arche » de 10a et de 16a font inclusion pour l’ensemble du passage.
+ 10 Et ils FERONT . deux coudées . et une coudée . et une coudée
UNE ARCHE
EN BOIS
et demie et demie et demie
sa longueur sa largeur sa hauteur.
D’ACACIA
:
·······································································································
= 11 Et TU REVÊTIRA : au-dedans : et tu FERAS 12
– Et tu fondras – et (les) DONNERAS . et deux . et deux + 13 ET TU FERAS = et TU REVÊTIRA
elle et au-dehors sur elle
D’OR
PUR :
TU REVÊTIRAS
elle
une moulure
D’OR
autour.
pour elle
quatre à ses quatre
anneaux pieds :
D’OR
anneaux anneaux
sur son côté sur son côté
un second. D’ACACIA
des barres
EN BOIS
elles
D’OR.
les barres
dans les anneaux sur les côtés avec elles.
:: 14 Et tu feras-venir - pour porter
L’ARCHE
:: 15 Dans les anneaux - elles ne se sépareront pas
DE L’ARCHE d’elle.
seront
À L’ARCHE je DONNERAI
le témoignage à toi.
* 16 Et tu DONNERAS * lequel
les barres :
DE L’ARCHE
258
Les solutions : deuxième partie, la séquence
2.2 Deuxième passage : le propitiatoire (Ex 25,17-21) + 17 we‘āśîtā . ’ammātayim . we’ammâ
kappōret wāḥēṣî wāḥēṣî
zāhāb ’orkāh roḥbāh
ṭāhôr
:: 18 we‘āśîtā :: miqšâ . miššenê
šenayim ta‘ăśeh qeṣôt
kerùbîm ’ōtām hakkappōret
zāhāb
:: 19 wa‘ăśeh :: . min-hakkappōret
kerûb ûkerûbta‘ăśû
’eḥād ’eḥād ’et-hakkerùbîm
miqqāṣâ miqqāṣâ ‘al-šenê
mizzeh mizzeh qeṣôtāyw
– 20 w hāyû – sōkekîm
hakkerùbîm bekanpêhem
pōrśê ‘al-hakkappōret
kenāpayim
lema‘lâ
.. ûpenêhem .. ’el-hakkappōret
’îš yihyû
’el-’āḥîw penê
+ 21 wenātattā + we’el-hā’ārōn + ’ăšer
’et-hakkappōret tittēn ’ettēn
‘al-hā’ārōn ’et-hā‘ēdùt ’ēlèkā
milemā‘lâ
+ 17 Et tu FERAS . deux coudées . et une coudée
UN PROPITIATOIRE et demie et demie
D’OR sa longueur sa largeur.
PUR :
:: 18 Et tu FERAS :: martelés - des deux
deux tu FERAS extrémités
chérubins eux DU PROPITIATOIRE ;
D’OR
:: 19 et FAIS :: et - DU PROPITIATOIRE
chérubin chérubin vous FEREZ
un un les chérubins
à une extrémité à une extrémité sur ses deux
– 20 Et SERONT – couvrant
les chérubins de leurs ailes
étendant les ailes SUR LE PROPITIATOIRE ;
.. et leurs faces .. VERS LE PROPITIATOIRE
l’une
vers l’autre, les faces
e
+ 21 Et tu DONNERAS + et dans l’arche + lequel
SERONT
LE PROPITIATOIRE tu DONNERAS JE DONNERAI
sur l’arche le témoignage à toi.
hakkerùbîm
de là de là ; extrémités. au-dessus,
des chérubins. au-dessus
La première partie (17-20) décrit en détail le propitiatoire ; beaucoup plus courte, la deuxième (21) dit sa fonction de couvercle pour l’arche qui contient le témoignage1.
1
Il eut été possible de dire que la première partie est formée de trois morceaux ; mais considérée en relation avec le premier passage et avec les deux derniers, il est préférable de dire qu’elle comprend trois sous-parties.
2. Ex 25,1-40
259
Alors que la première sous-partie de la première partie (17) énonce la matière du propitiatoire et ses dimensions, les deux autres sous-parties traitent des deux chérubins destinés à faire corps avec le propitiatoire2. Les deux trimembres parallèles de l’un (18-19) prévoient comment seront faits les chérubins et où ils seront placés (« extrémités » revient quatre fois) ; les deux bimembres de l’autre (20) disent comment ils « seront » (deux fois dans les membres extrêmes), d’abord ce qu’ils font avec leurs « ailes » (20ab), puis comment sont disposées leurs « faces » (20cd), toujours relativement au propitiatoire, « sur » lui (20b) et « vers » lui (20d). La partie conclusive (21), de la taille d’un trimembre, reprend le verbe « donner » dans chacun des membres du segment : le sujet et Moïse dans les deux premiers, Dieu dans le dernier. Le seul mot commun entre les deux parties est « au-dessus », à la fin du premier membre de la troisième sous-partie (20a) et en position identique dans la deuxième partie (21a). 2.3 Troisième passage : le rendez-vous (Ex 25,22) + 22 wenô‘adtî ::
lekā wedibbartî - mē‘al - mibbên - ’ăšer ‘al -
šām ’ittekā hakkappōret šenê ’ărōn
:: ’ēt kol-’ăšer + ’el-benê
’ăṣawweh yiśrā’ēl
’ôtkā p
+ 22 Et je convoquera :: et
toi je PARLERAI
là, avec toi
- de
sur - d’ entre - qui (sont) sur :: tout ce que + pour les fils
j’ORDONNERAI d’Israël.
hakkerùbîm hā‘ēdùt
le propitiatoire, les deux chérubins l’arche du témoignage, à toi
Ce passage ne comprend qu’une seule phrase organisée en trois segments. Les bimembres extrêmes se correspondent en miroir : « j’ordonnerai à toi » renvoie à « je parlerai avec toi », « tout ce que » est complément d’objet direct de « parlerai ». Les membres extrêmes n’ont aucun mot en commun ; cependant, le 2 Tel semble le sens de la préposition min (« de ») utilisée quatre fois dans le deuxième morceau (18c.19a.19b.19c).
260
Les solutions : deuxième partie, la séquence
complément final, « les fils d’Israël » est complémentaire de « toi », c’est-à-dire Moïse. Le trimembre central, de type ABA’, précise le lieu du rendez-vous. 2.4 Quatrième passage : la table (Ex 25,23-30) + 23 we . . we . we
‘āśîtā
ŠULḤĀN
’ammātayim ’ammâ ’ammâ wāḥēṣî
‘ĂṢÊ
ŠIṬṬÎM
’orkô roḥbô qōmātô
·······················································································································
:: 24 we - we ::
25
e
w - we
ṣippîtā ‘āśîtā
’ōtô llô
zāhāb zēr
ṭāhôr zāhāb
‘āśîtā ‘āśîtā
llô zēr-
misgeret
ṭōpaḥ
zāhāb
lemisgartô
sābîb sābîb sābîb
. 26 we ‘āśîtā . we nātattā . ’ăšer
llô ’arba‘ ’et-haṭṭabbā‘ōt ‘al ’arba‘ le’arba‘ raglāyw
ṭabbe‘ōt happē’ōt
- 27 le‘ummat - lebāttîm
hammisgeret
haṭṭabbā‘ōt ’ET-HAŠŠULḤĀN
lebaddîm
tihyehnā lāśē’t
’et-habbaddîm ’ōtām bām
‘ĂṢÊ ŠIṬṬÎM zāhāb ’ET-HAŠŠULḤĀN
+ 29 we ‘āśîtā + ûmenaqqiyyōtāyw = zāhāb
qqe‘ārōtāyw ’ăšer ṭāhôr
wekappōtāyw yussak ta‘ăśeh
ûqeśôtāyw bāhēn ’ōtām
- 30 we -
‘al-haššulḥān tāmîd p
leḥem
pānîm
+ 28 we + we - we
‘āśîtā ṣippîtā niśśā’ -
nātattā lepānay
zāhāb
La première partie (23-28) décrit la table, la deuxième, plus courte (29-30), ce qui est déposé dessus. La première sous-partie de la première partie (23-25) décrit la table ellemême, sa matière et ses dimensions (23), puis sa décoration : une moulure pour la table revêtue d’or (24), une moulure également pour son cadre (25). La deuxième sous-partie (25-26) est consacrée aux anneaux, en relation avec les quatre pieds de la table (26), puis avec le cadre (27a) ; le dernier membre indique la fonction des anneaux (27b) et prépare la troisième sous-partie. Cette dernière (28) décrit les barres : ses premiers membres (28ab) correspondent aux premier membres des deux morceaux de la première sous-partie (23a.24a), tandis que le dernier membre (28c) renvoie au dernier membre de la sous-partie centrale (27b).
2. Ex 25,1-40
+ 23 Et tu FERAS . . et . et
deux coudées une coudée une coudée
UNE TABLE
DE BOIS
et demie
sa longueur, sa largeur, sa hauteur.
261
D’ACACIA
:
··············································································································· :: 24 Et TU REVÊTIRAS ELLE D’OR PUR, - et tu FERAS à elle une moulure D’OR autour
::
25
et tu FERAS - et tu FERAS
à elle une moulure
+ 26 Et tu FERAS + et tu DONNERAS + qui (sont)
à elle quatre les anneaux sur à ses quatre pieds.
- 27 Près DU CADRE - comme logements des barres + 28 Et tu FERAS :: et TU REVÊTIRAS - et on portera
les barres
UN CADRE
d’un palme
D’OR
À SON CADRE
autour, autour.
anneaux les quatre
coins
seront pour porter
les anneaux LA TABLE.
DE BOIS
D’ACACIA,
D’OR
D’OR
ELLES
avec elles
LA TABLE.
+ 29 Et tu FERAS + et ses bols + D’OR
ses plats lesquels
et ses vases on fait-les libations tu FERAS
et ses aiguières avec eux; eux.
- 30 Et tu DONNERAS devant moi
SUR LA TABLE toujours.
le pain
de la face
PUR
;
La deuxième partie (29-30) présente tous les ustensiles liés à la table (29) ainsi que « le pain de la face » (30). Comme les anneaux (26a) et comme les revêtements de la table (24ab.25b) et des barres (28b), les ustensiles sont « d’or (pur) » (29c). Les deux occurrences de « faire » (29a.29c) rappellent les six autres occurrences du verbe dans la première partie (23a.24b.25a.25b.26a.28a). « Donner » couplé avec « faire » (29a.30a) renvoie au même couple au centre de la première partie (26a.26b).
262
Les solutions : deuxième partie, la séquence
2.5 Cinquième passage : le chandelier (Ex 25,31-40) + 31 we + miqšâ – gebî‘èhā
‘āśîtā tē‘āśeh kaptōrèhā
menōrat hammenôrâ ûperāḥèhā
zāhāb yerēkāh mimmennâ
ṭāhôr weqānāh yihyû
yōṣ’îm menōrâ menōrâ
miṣṣiddèhā miṣṣiddâ miṣṣiddāh
hā’eḥād haššēnî
• 32 we : :û
šiššâ šelōšâ šelōšâ
qānîm qenê qenê
: 33 :û
šelōšâ šelōšâ lešēšet
gebi‘îm mešuqqādîm gebi‘îm mešuqqādîm haqqānîm hayyōṣ’îm
• kēn
baqqāneh hā’eḥād baqqāneh hā’eḥād min-hammenōrâ
kaptōr wāperaḥ kaptōr wāpāraḥ
················································································································· 34
ûbammenōrâ
’arbā‘â
gebi‘îm
mešuqqādîm
kaptōrèhā
ûperāḥèhā
·················································································································
: 35 we : we : we • – 36 + kullāh + 37 we‘āśîtā + wehe‘ĕlâ + wehē’îr 38
– ûmalqāḥèhā – 39 kikkār – ya‘ăśeh
šenê šenê šenê
kaptōr kaptōr kaptōr
taḥat taḥat taḥat-
lešēšet
haqqānîm hayyōṣ’îm
kaptōrêhem miqšâ
ûqenōtām ’aḥat
haqqānîm haqqānîm haqqānîm
mimmennâ mimmennâ mimmennâ
min-hammenōrâ mimmennâ zāhāb
yihyû ṭāhôr
’et-nērōtèhā ’et-nērōtèhā ‘al-‘ēber
šib‘â
ûmaḥtōtèhā
zāhāb ṭāhôr zāhāb ṭāhôr ’ēt kol-hakkēlîm hā’ēlleh
’ōtāh
pānèhā
La première partie (31-36) décrit le chandelier, la deuxième (37-39) les ustensiles qui servent pour le chandelier. La première partie comprend trois sous-parties, deux courtes (31.36) qui encadrent une sous-partie beaucoup plus développée. Les sous-parties extrêmes se correspondent de manière spéculaire (31c avec 36a, 31ab avec 36b). La sous partie centrale compte deux morceaux développés autour d’un morceau très court (34), le seul qui traite du bras central du chandelier. Quant aux autres six bras, ils sont présentés de manière complémentaire de chaque côté du bras central, appelé « chandelier » comme l’ensemble : d’abord (32-33) les six bras sont divisés par deux (trois de chaque côté), puis (35) ils sont divisés par trois (se correspondant deux par deux). Dans le premier morceau les deux trimembres se correspondent de façon spéculaire, les bras d’abord (ABB’ en 32), leur ornementation ensuite (BB’A en 33). Les membres 33c et 35d, qui sont identiques, servent de termes finaux pour les morceau extrêmes.
2. Ex 25,1-40 + 31 Et + MARTELÉ – ses calices, •
32
TU FERAS
LE CHANDELIER LE CHANDELIER,
D’OR son fût
ses bulbes
ET SES FLEURS
À PARTIR DE LUI
PUR ; et son bras ; SERONT.
de ses côtés : de son côté de son côté
un second ;
TU FERAS
Et
263
bras bras bras
SIX
: trois : et trois : 33 trois : et trois • ainsi pour les SIX
SORTANT
DU CHANDELIER DU CHANDELIER
calices calices bras
d’amandier d’amandier SORTANT
sur le bras un, sur le bras un, DU CHANDELIER.
bulbe bulbe
ET FLEUR ET FLEUR ;
······················································································································ 34
Et AU CHANDELIER
quatre
calices
d’amandier,
ses bulbes
ET SES FLEURS.
······················································································································
: 35 Et un bulbe sous : et un bulbe sous : et un bulbe sous •
pour les
– 36 + le tout
bras
SIX
Ses bulbes
38
- Et ses mouchettes - 39 un talent - IL FERA
bras bras bras
SORTANT
DU CHANDELIER.
et ses bras également
MARTELÉ
. 37 Et TU FERAS . et on montera . et il éclairera
les deux les deux les deux
À PARTIR DE LUI À PARTIR DE LUI
À PARTIR DE LUI
SERONT ;
D’OR
PUR.
ses lampes ses lampes sur le côté
sept
et ses cendriers
D’OR D’OR et tous
lui
À PARTIR DE LUI
de sa face. PUR ; PUR ses ustensiles.
La deuxième partie présente pour commencer les sept lampes montées sur les sept bras du chandelier (37). Le deuxième segment précise que les autres ustensiles seront d’or pur (38) ainsi que l’ensemble des ustensiles et le chandelier lui-même (39). Au début des membres extrêmes les deux occurrences du verbe « faire » remplissent la fonction de termes extrêmes.
264
Les solutions : deuxième partie, la séquence
3. L’ANALYSE DE LA SÉQUENCE 3.1 Rapports entre les passages La première sous-séquence (10-21) 10
Et ILS FERONT UNE ARCHE EN BOIS D’ACACIA : . deux coudées et demie sa longueur . une coudée et demie sa largeur . une coudée et demie sa hauteur. 11 Et tu la plaqueras D’OR PUR ; au-dedans et au dehors tu la plaqueras et tu feras sur elle une moulure D’OR autour. 12 Et tu fondras pour elle quatre anneaux D’OR, et tu les mettras sur ses quatre pieds, et deux anneaux sur son premier côté et deux anneaux sur son deuxième côté. 13
Et tu feras des barres en bois d’accacia et tu les plaqueras D’OR. Et tu feras passer les barres dans les anneaux sur les côtés de l’arche, pour porter l’arche avec elles. 15 Dans les anneaux de l’arche SERONT les barres ; elles ne se sépareront pas d’elle. 14
* 16 Et TU DONNERAS = lequel 17
DANS L’ARCHE JE DONNERAI
LE TÉMOIGNAGE à toi.
UN PROPITIATOIRE D’OR Et TU FERAS . deux coudées et demie sa longueur . et une coudée et demi sa largeur.
PUR
;
18
Et tu feras deux chérubins D’OR, martelé tu les feras aux deux extrémités du propitiatoire ; 19 et fais un chérubin à une extrémité et un chérubin à une extrémité ; du propitiatoire vous ferez les chérubins sur ses deux extrémités. 20
Et SERONT les chérubins déployant les ailes au-dessus, couvrant de leurs ailes le dessus du propitiatoire ; et leur faces l’une vers l’autre, vers le propitiatoire SERONT les faces des chérubins. 21
Et TU METTRAS * et DANS L’ARCHE = lequel
le propitiatoire TU METTRAS JE DONNERAI
sur l’arche par-dessus, LE TÉMOIGNAGE à toi.
Les deux passages sont parallèles. Les premières parties commencent avec la description de l’arche et de son couvercle, leur matériaux et leurs dimensions : « or pur » est repris en 11a et 17a. Les sous-parties centrales (12 ; 18-19) sont consacrées aux « anneaux » et aux « chérubins », lesquels sont « d’or » ; c’est seulement là que reviennent les nombres, « quatre » et « deux ». Les dernières sous-parties (13-15 ; 20), marquées par la reprise de « seront » expriment la fonction des barres introduites dans les anneaux et celle des chérubins. Dans les dernières parties (16.21) est répété ce qui devra être déposé dans l’arche, en termes très semblables3. 3 Sur la différence entre les verbes de 21a et 21b, voir G. PAXIMADI, E io dimorerò in mezzo a loro, 73.
2. Ex 25,1-40
265
On pourrait penser que, arrivés à ce niveau, il n’est plus indispensable de travailler sur le texte original ; puisque l’analyse de chaque passage a été conduite sur l’hébreu de manière très précise, il serait en effet tout à fait légitime d’utiliser la traduction littérale qui en a été faite. + 10 WE‘ĀŚÛ ’ărôn ‘ăṣê šiṭṭîm . ’ammātayim wāḥēṣî ’orkô . we’ammâ wāḥēṣî roḥbô . we’ammâ wāḥēṣî qōmātô 11 e w ṣippîtā ’ōtô zāhāb ṭāhôr mibbayit ûmiḥûṣ teṣappennû we‘āśîtā ‘ālāyw zēr zāhāb sābîb 12 e w yāṣaqtā llô ’arba‘ ṭabbe‘ōt zāhāb wenātattâ ‘al ’arba‘ pa‘ămōtāyw ûšetê ṭabbā‘ōt ‘al-ṣal‘ô hā’eḥāt ûšetê ṭabbā‘ōt ‘al-ṣal‘ô haššēnît 13
we‘āśîtā baddê ‘ăṣê šiṭṭîm weṣippîtā ’ōtām zāhāb wehēbē’tā ’et-habbaddîm baṭṭabbā‘ōt ‘al ṣal‘ōt hā’ārōn lāśē’t ’et-hā’ārōn bāhem 15 e b ṭabbe‘ōt hā’ārōn YIHYÛ habbaddîm lō’ yāsurû mimmennû 14
* 16 weNĀTATTĀ = ’ăšer + 17 WE‘ĀŚÎTĀ . ’ammātayim . we’ammâ
’el-hā’ārōn ’ETTĒN kappōret wāḥēṣî wāḥēṣî
zāhāb
’ĒT HĀ‘ĒDÙT ’ēlèkā ṭāhôr
’orkāh roḥbāh
18
we‘āśîtā šenayim kerùbîm zāhāb miqšâ ta‘ăśeh ’ōtām miššenê qeṣôt hakkappōret 19 wa‘ăśeh kerûb ’eḥād miqqāṣâ mizzeh ûkerûb-’eḥād miqqāṣâ mizzeh min-hakkappōret ta‘ăśû ’et-hakkerùbîm ‘al-šenê qeṣôtāyw 20
weHĀYÛ hakkerùbîm pōrśê kenāpayim lema‘lâ sōkekîm bekanpêhem ‘al-hakkappōret ûpenêhem ’îš ’el-’āḥîw ’el-hakkappōret YIHYÛ penê hakkerùbîm 21
weNĀTATTĀ e * w ’el-hā’ārōn = ’ăšer
’et-hakkappōret TITTĒN
’ETTĒN
‘al-hā’ārōn milemā‘lâ ’ET-HĀ‘ĒDÙT ’ēlèkā
Or, il arrive souvent que, justement à ce niveau supérieur, on découvre des erreurs de traduction. C’est ce qui est arrivé ici : le même syntagme avait été traduit « à l’arche » en 16a (voir p. 257) mais « dans l’arche » en 21b (voir p. 258). Ayant noté le parallélisme strict entre 16ab et 21bc et constaté la différence à peine mentionnée, il était inévitable de revenir à l’original pour vérifier si, dans le texte hébreu, il s’agissait de prépositions différentes. Et c’est ainsi que la traduction a été corrigée dans la réécriture de la présente sous-séquence. Il est vrai que, dans le cas présent, l’erreur n’était pas dramatique ; en d’autres cas, elle peut être plus grave. Moralité : ne jamais se fier totalement aux traductions, même les plus littérales, et travailler toujours sur le texte original.
266
Les solutions : deuxième partie, la séquence
La dernière sous-séquence (23-39) 23
E
šulḥān ‘ăṣê šiṭṭîm ’ammātayim ’orkô we’ammâ roḥbô we’ammâ wāḥēṣî qōmātô 24 weṣippîtā ’ōtô zāhāb ṭāhôr we‘āśîtā llô zēr zāhāb sābîb 25 we‘āśîtā llô misgeret ṭōpaḥ sābîb we‘āśîtā zēr-zāhāb lemisgartô sābîb W ‘ĀŚÎTĀ
26
we‘āśîtā llô ’arba‘ ṭabbe‘ōt zāhāb wenātattā ’et-haṭṭabbā‘ōt ‘al ’arba‘ happē’ōt ’ăšer l ’arba‘ raglāyw 27 le‘ummat hammisgeret TIHYÈNĀ haṭṭabbā‘ōt lebāttîm lebaddîm lāśē’t ’ethaššulḥān e
28
we‘āśîtā ’et-habbaddîm ‘ăṣê šiṭṭîm weṣippîtā ’ōtām zāhāb weniśśā’-bām ’et-haššulḥān 29
e
e
e
qq ‘ārōtāyw wekappōtāyw ûq śôtāyw ûm naqqiyyōtāyw ’ăšer yussak bāhēn zāhāb ṭāhôr ta‘ăśeh ’ōtām 30 wenātattā ‘al-haššulḥān leḥem pānîm lepānay tāmîd p
31
E
W ‘ĀŚÎTĀ
E
e
m nōrat zāhāb ṭāhôr miqšâ tē‘āśeh hammenôrâ yerēkāh weqānāh gebî‘èhā kaptōrèhā ûperāḥèhā mimmennâ YIHYÛ W ‘ĀŚÎTĀ
32
wešiššâ qānîm yōṣ’îm miṣṣiddèhā šelōšâ qenê menōrâ miṣṣiddâ hā’eḥād ûšelōšâ qenê menōrâ miṣṣiddāh haššēnî 33 šelōšâ gebi‘îm mešuqqādîm baqqāneh hā’eḥād kaptōr wāperaḥ ûšelōšâ gebi‘îm mešuqqādîm baqqāneh hā’eḥād kaptōr wāpāraḥ kēn lešēšet haqqānîm hayyōṣ’îm minhammenōrâ 34
ûbammenōrâ ’arbā‘â gebi‘îm mešuqqādîm kaptōrèhā ûperāḥèhā
35
wekaptōr taḥat šenê haqqānîm mimmennâ wekaptōr taḥat šenê haqqānîm mimmennâ wekaptōr taḥat-šenê haqqānîm mimmennâ lešēšet haqqānîm hayyōṣ’îm min-hammenōrâ 36
kaptōrêhem ûqenōtām mimmennâ YIHYÛ kullāh miqšâ ’aḥat zāhāb ṭāhôr 37
’et-nērōtèhā šib‘â wehe‘ĕlâ ’et-nērōtèhā wehē’îr ‘al-‘ēber pānèhā ûmalqāḥèhā ûmaḥtōtèhā ZĀHĀB ṬĀHÔR 39 kikkār zāhāb ṭāhôr ya‘ăśeh ’ōtāh ’ēt kolhakkēlîm hā’ēlleh E
W ‘ĀŚÎTĀ
38
Les premiers membres sont parallèles (23a.31a). Dans les sous-parties centrales des premières parties revient le nombre « quatre » » (26ter.34, auquel on peut ajouter « six », « trois » et « deux » en 32-35). « Seront » au centre de la première partie du premier passage (27) se retrouve deux fois dans les sousparties extrêmes de la première partie du deuxième passage (31.36). Tandis que les premières parties décrivent l’objet principal, « table » et « chandelier », les deuxièmes parties énumèrent les ustensiles secondaires, tous accompagnés du possessif (pronom suffixe en hébreu, masculin pour la table, féminin pour le chandelier). « D’or pur » revient deux fois dans le premier passage (24.29), quatre fois dans le deuxième (31.36.38.39) ; le simple « d’or » est utilisé quatre fois, mais seulement dans le premier passage (24.25.26.28).
2. Ex 25,1-40
267
+ 23 Et tu FERAS UNE TABLE en bois d’acacia : deux coudées sa longueur et une coudée sa largeur et une coudée et demie sa hauteur. 24 Et tu la plaqueras D’OR PUR, et tu lui feras une moulure D’OR autour. 25 Et tu lui feras un cadre d’un palme autour, et tu feras une moulure D’OR à son panneau autour. 26
Et tu feras pour elle quatre anneaux D’OR et tu mettras les anneaux sur les quatre coins qui sont à ses quatre pieds. 27 Près du cadre SERONT les anneaux comme logements des barres pour soulever la table. 28
Et tu feras les barres en bois d’acacia et tu les plaqueras D’OR et on portera avec elles la table. 29
Et tu FERAS ses plats et ses coupes et ses aiguières et ses bols avec lesquelles on fait les libations ; D’OR PUR tu les feras. 30 Et tu mettras sur la table le pain de la face devant moi toujours. 31
Et tu FERAS UN CANDÉLABRE D’OR PUR ; martelé tu feras le candélabre, son fût et sa branche ; ses calices, ses boutons et ses fleurs à partir de lui SERONT. 32
Et six branches sortant de ses côtés. Trois branches du candélabre de son premier côté, et trois branches du candélabre de son second côté. 33 Trois calices d’amandier sur une branche, avec bouton et fleur, et trois calices d’amandier sur une branche, avecbouton et fleur. Ainsi pour les six branches sortant du candélabre. 34
Et le candélabre aura quatre calices d’amandier, avec ses boutons et ses fleurs.
35
Et un bouton sous deux branches faisant corps avec lui, et un bouton sous deux branches faisant corps avec lui et un bouton sous deux branches à partir de lui seront. Ainsi pour les six branches sortant du candélabre.
36
Ses boutons et ses branches à partir de lui SERONT. Le tout sera martelé, D’OR PUR. 37
Et tu FERAS ses lampes, sept ; et on montera ses lampes pour qu’il éclaire sur son côté antérieur. 38 Et ses mouchettes et ses cendriers seront D’OR PUR. 39 D’un talent D’OR PUR on le fera ainsi que tous ces ustensiles. 40 Regarde et fais selon le modèle qu’on t’a fait voir sur la montagne.
[Table et chandelier sont placés ensemble dans le premier espace du temple4.]
4
Voir G. PAXIMADI, E io dimorerò in mezzo a loro, 74.
268
Les solutions : deuxième partie, la séquence
L’arche et la table (10-16; 23-30) 10
E
’ărôn ‘ăṣê šiṭṭîm . ’ammātayim wāḥēṣî ’orkô . we’ammâ wāḥēṣî roḥbô . we’ammâ wāḥēṣî qōmātô 11 e w ṣippîtā ’ōtô zāhāb ṭāhôr mibbayit ûmiḥûṣ teṣappennû e w ‘āśîtā ‘ālāyw zēr zāhāb sābîb W ‘ĀŚÛ
12
weyāṣaqtā llô ’arba‘ ṬABBE‘ŌT zāhāb wenātattâ ‘al ’arba‘ pa‘ămōtāyw ûš tê ṭabbā‘ōt ‘al-ṣal‘ô hā’eḥāt ûšetê ṬABBĀ‘ŌT ‘al-ṣal‘ô haššēnît e
13
e
E
baddê ‘ăṣê šiṭṭîm w ṣippîtā ’ōtām zāhāb w hēbē’tā ’et-habbaddîm baṭṬABBĀ‘ŌT ‘al ṣal‘ōt hā’ārōn lāśē’t ’et-hā’ārōn bāhem 15 e b ṬABBE‘ŌT hā’ārōn yihyû habbaddîm lō’ yāsurû mimmennû W ‘ĀŚÎTĀ
14
e
16
E
W NĀTATTĀ
’el-hā’ārōn
’ēt hā‘ēdùt
’ăšer ’ettēn ’ēlèkā
[…] 23
E
šulḥān ‘ăṣê šiṭṭîm . ’ammātayim ’orkô . we’ammâ roḥbô . we’ammâ wāḥēṣî qōmātô 24 e w ṣippîtā ’ōtô zāhāb ṭāhôr e w ‘āśîtā llô zēr zāhāb sābîb 25 e w ‘āśîtā llô misgeret ṭōpaḥ sābîb we‘āśîtā zēr-zāhāb lemisgartô sābîb W ‘ĀŚÎTĀ
26
we‘āśîtā llô ’arba‘ ṬABBE‘ŌT zāhāb wenātattā ’et-HAṬṬABBĀ‘ŌT ‘al ’arba‘ happē’ōt ’ăšer le’arba‘ raglāyw 27 e l ‘ummat hammisgeret tihyènā HAṬṬABBĀ‘ŌT lebāttîm lebaddîm lāśē’t ’et-haššulḥān 28
E
W ‘ĀŚÎTĀ
’et-habbaddîm
‘ăṣê
šiṭṭîm
e
w ṣippîtā ’ōtām zāhāb weniśśā’-bām ’et-haššulḥān
29
we‘āśîtā qqe‘ārōtāyw wekappōtāyw ûqeśôtāyw ûmenaqqiyyōtāyw ’ăšer yussak bāhēn zāhāb ṭāhôr ta‘ăśeh ’ōtām E 30 W NĀTATTĀ ‘al-haššulḥān leḥem pānîm lepānay tāmîd p
L’arche et la table sont faits avec les mêmes « bois d’acacia » (10a.23a) ; suivent leurs mesures, en trois membres parallèles (10bcd.23bcd) ; le bois est « plaqué » « d’or pur » avec « une moulure d’or » (11.24). Les sous-parties centrales des premières parties (12 ; 26-27) décrivent les « quatre anneaux » pour les « quatre pieds5 » de l’arche et de la table. Dans les troisièmes sousparties (13-15 ; 28) il s’agit des « barres » pour « porter » arche et table (14.28b) ; 13 et 28a sont presque identiques6.
5 6
On aura noté que les deux mots traduits par « pieds » sont des synonymes en hébreu. La seule différence est l’article qui précède « barres » la deuxième fois.
2. Ex 25,1-40
269
10
Et ils FERONT UNE ARCHE en bois d’acacia : . deux coudées et demie sa longueur . et une coudée et demie sa largeur . et une coudée et demie sa hauteur. 11 ET TU LA PLAQUERAS D’OR PUR ; au-dedans et au dehors tu la plaqueras. ET TU FERAS SUR ELLE UNE MOULURE D’OR AUTOUR. 12
Et tu fondras pour elle quatre ANNEAUX D’OR, et tu les mettras sur ses quatre PIEDS, et deux ANNEAUX sur son premier côté et deux ANNEAUX sur son deuxième côté. 13
Et tu feras des barres en bois d’acacia et tu les plaqueras D’OR. Et tu feras passer les barres dans les ANNEAUX, sur les côtés de l’arche, POUR PORTER L’ARCHE AVEC ELLES. 15 Dans les ANNEAUX de l’arche seront les barres ; elles ne seront pas ôtés d’elle. 14
16
ET TU METTRAS
DANS L’ARCHE
le témoignage
que je te donnerai.
[...] 23
Et tu FERAS UNE TABLE en bois d’acacia : . deux coudées sa longueur . et une coudée sa largeur . et une coudée et demie sa hauteur. 24 ET TU LA PLAQUERAS D’OR PUR. ET TU FERAS À ELLE UNE MOULURE D’OR AUTOUR, 25 et tu lui feras un cadre d’un palme autour, et tu feras une moulure d’or à son cadre autour. 26
Et tu feras pour elle quatre ANNEAUX D’OR et tu mettras les anneaux sur les quatre coins qui sont à ses quatre PIEDS ; 27 près du cadre seront les anneaux comme logements des barres POUR PORTER LA TABLE. 28
Et tu feras les barres en bois d’acacia
et tu les plaqueras D’OR ET ON PORTERA AVEC ELLES LA TABLE.
29
Et tu feras ses plats, ses coupes, ses aiguières et ses bols avec quoi on fait les libations ; tu les feras. 30 ET TU METTRAS SUR LA TABLE le pain de la face devant moi toujours. D’OR PUR
Les deuxièmes parties aussi se correspondent : le dernier segment de la deuxième partie du premier passage (30) est parallèle à l’unique segment de la deuxième partie du premier passage (16) ; ainsi « le pain de la face » se trouve mis en parallèle avec « le témoignage ».
270
Les solutions : deuxième partie, la séquence
Le propitiatoire et le chandelier (17-21; 31-38) 17
E
kappōret zāhāb ṭāhôr ’ammātayim wāḥēṣî ’orkāh we’ammâ wāḥēṣî roḥbāh W ‘ĀŚÎTĀ
18
we‘āśîtā šenayim kerùbîm zāhāb miqšâ ta‘ăśeh ’ōtām miššenê qeṣôt hakkappōret 19 wa‘ăśeh kerûb ’eḥād miqqāṣâ mizzeh ûkerûb-’eḥād miqqāṣâ mizzeh min-hakkappōret ta‘ăśû ’ethakkerùbîm ‘al-šenê qeṣôtāyw wehāyû hakkerùbîm pōrśê kenāpayim lema‘lâ sōkekîm bekanpêhem ‘al-hakkappōret ûpenêhem ’îš ’el-’āḥîw ’el-hakkappōret yihyû penê hakkerùbîm 20
21
wenātattā ’et-hakkappōret ‘al-hā’ārōn milemā‘lâ w ’el-hā’ārōn tittēn ’et-hā‘ēdùt ’ăšer ’ettēn ’ēlèkā e
[…] 31
E
e
m nōrat zāhāb ṭāhôr miqšâ tē‘āśeh hammenôrâ yerēkāh weqānāh gebî‘èhā kaptōrèhā ûperāḥèhā mimmennâ yihyû W ‘ĀŚÎTĀ
32
wešiššâ qānîm yōṣ’îm miṣṣiddèhā šelōšâ qenê menōrâ miṣṣiddâ hā’eḥād ûšelōšâ qenê menōrâ miṣṣiddāh haššēnî 33 šelōšâ gebi‘îm mešuqqādîm baqqāneh hā’eḥād kaptōr wāperaḥ ûšelōšâ gebi‘îm mešuqqādîm baqqāneh hā’eḥād kaptōr wāpāraḥ kēn lešēšet haqqānîm hayyōṣ’îm minhammenōrâ 34
ûbammenōrâ ’arbā‘â gebi‘îm mešuqqādîm kaptōrèhā ûperāḥèhā
35
wekaptōr taḥat šenê haqqānîm mimmennâ wekaptōr taḥat šenê haqqānîm mimmennâ w kaptōr taḥat-šenê haqqānîm mimmennâ lešēšet haqqānîm hayyōṣ’îm min-hammenōrâ e
36
kaptōrêhem ûqenōtām mimmennâ yihyû kullāh miqšâ ’aḥat zāhāb ṭāhôr 37
we‘āśîtā ’et-nērōtèhā šib‘â wehe‘ĕlâ ’et-nērōtèhā wehē’îr ‘al-‘ēber pānèhā 38 ûmalqāḥèhā ûmaḥtōtèhā zāhāb ṭāhôr 39 kikkār zāhāb ṭāhôr ya‘ăśeh ’ōtāh ’ēt kol-hakkēlîm hā’ēlleh
Les premiers membres des deux passages sont très semblables : les deux objets devront être fait « d’or pur » (17a.31a). Comme les chérubins, le chandelier est « martelé » (18a ; 31b.36). Les sous-parties centrales des premières parties (19-19 ; 32-35) contiennent plusieurs adjectifs numéraux : « un », « deux », « trois », « quatre » et « six ». « Seront » revient deux fois à la fin de la première partie du premier passage (20) et deux fois aussi aux extrémités de la première partie du deuxième passage (31.36).
2. Ex 25,1-40
271
+ 17 Et tu FERAS UN PROPITIATOIRE D’OR PUR : deux coudées et demi sa longueur et une coudée et demi sa largeur. 18
Et tu feras deux chérubins D’OR ; martelé tu les feras aux deux extrémités du propitiatoire. Et fais un chérubin à une extrémité et un chérubin à une extrémité ; du propitiatoire vous ferez les chérubins sur ses deux extrémités. 19
20
Et SERONT les chérubins déployant les ailes au-dessus, couvrant de leurs ailes le dessus du propitiatoire ; et leur faces l’une vers l’autre, vers le propitiatoire SERONT LES FACES des chérubins. 21
Et tu mettras le propitiatoire sur l’arche par-dessus, et dans l’arche tu mettras le Témoignage que je te donnerai. [...] + 31 Et tu FERAS UN CANDÉLABRE D’OR PUR : martelé tu feras le candélabre, son fût et sa branche ; ses calices, ses boutons et ses fleurs à partir de lui SERONT. 32
Et six branches sortant de son côté : trois branches du candélabre de son côté un, et trois branches du candélabre de son côté second ; 33 trois calices d’amandier sur une branche, avec bouton et fleur, et trois calices d’amandier sur une branche, avec bouton et fleur ; ainsi pour les six branches sortant du candélabre. 34
Et le candélabre aura quatre calices d’amandier, avec ses boutons et ses fleurs.
35
Et un bouton sous deux branches faisant corps avec lui, et un bouton sous deux branches faisant corps avec lui et un bouton sous deux branches faisant corps avec lui. Ainsi pour les six branches sortant du chandelier.
36
Ses boutons et ses branches feront corps avec lui. Le tout sera martelé, D’OR PUR. 37
Et tu feras ses lampes, sept ; et on montera ses lampes pour qu’il éclaire sur le côté de sa FACE. 38 Et ses mouchettes et ses cendriers seront D’OR PUR. 39 D’un talent D’OR PUR on le fera ainsi que tous ces ustensiles.
« Face » (toujours au pluriel en hébreu) revient à la fin de 20 pour les chérubins et de 37 pour le chandelier. Les deux objets ont une forme symétrique : les chérubins se font face aux extrémités du propitiatoire (19) et dans le chandelier trois branches se correspondent deux à deux de chaque côté du fût central le plus orné (34) ; tous deux sont donc organisés autour d’un centre.
272
Les solutions : deuxième partie, la séquence
3.2 L’ensemble de la séquence (Es 25,1-40) Composition 10
E W ‘ĀŚÛ ’ĂRÔN ‘ăṣê šiṭṭîm ’ammātayim wāḥēṣî ’orkô we’ammâ wāḥēṣî roḥbô we’ammâ wāḥēṣî qōmātô 11 weṣippîtā ’ōtô zāhāb ṭāhôr mibbayit ûmiḥûṣ teṣappennû we‘āśîtā ‘ālāyw zēr zāhāb sābîb 12 weyāṣaqtā llô ’arba‘ ṭabbe‘ōt zāhāb wenātattâ ‘al ’arba‘ pa‘ămōtāyw ûšetê ṭabbā‘ōt ‘al-ṣal‘ô hā’eḥāt ûšetê ṭabbā‘ōt ‘al-ṣal‘ô haššēnît 13 we‘āśîtā baddê ‘ăṣê šiṭṭîm weṣippîtā ’ōtām zāhāb 14 wehēbē’tā ’et-habbaddîm baṭṭabbā‘ōt ‘al ṣal‘ōt hā’ārōn lāśē’t ’et-hā’ārōn bāhem 15 beṭabbe‘ōt hā’ārōn yihyû habbaddîm lō’ yāsurû mimmennû
16 17
E
W NĀTATTĀ
’el-hā’ārōn
’ēt hā‘ēdùt ’ăšer ’ettēn ’ēlèkā
E
KAPPŌRET zāhāb ṭāhôr ’ammātayim wāḥēṣî ’orkāh we’ammâ wāḥēṣî roḥbāh 18 we‘āśîtā šenayim kerùbîm zāhāb miqšâ ta‘ăśeh ’ōtām miššenê qeṣôt hakkappōret 19 wa‘ăśeh kerûb ’eḥād miqqāṣâ mizzeh ûkerûb-’eḥād miqqāṣâ mizzeh min-hakkappōret ta‘ăśû ’et-hakkerùbîm ‘al-šenê qeṣôtāyw 20 wehāyû hakkerùbîm pōrśê kenāpayim lema‘lâ sōkekîm bekanpêhem ‘al-hakkappōret ûpenêhem ’îš ’el-’āḥîw ’el-hakkappōret yihyû penê hakkerùbîm W ‘ĀŚÎTĀ
21 E e W NĀTATTĀ ’et-hakkappōret ‘al-hā’ārōn mil mā‘lâ we’el-hā’ārōn tittēn ’et-hā‘ēdùt ’ăšer ’ettēn ’ēlèkā
wenô‘adtî lekā šām wedibbartî ’ittekā mē‘al HAKKAPPŌRET mibbên šenê hakkerùbîm ’ēt kol-’ăšer ’ăṣawweh ’ôtkā ’el-benê yiśrā’ēl p
22
23
’ăšer ‘al-’ĂRŌN hā‘ēdùt
E
ŠULḤĀN ‘ăṣê šiṭṭîm ’ammātayim ’orkô we’ammâ roḥbô we’ammâ wāḥēṣî qōmātô 24 weṣippîtā ’ōtô zāhāb ṭāhôr we‘āśîtā llô zēr zāhāb sābîb 25 we‘āśîtā llô misgeret ṭōpaḥ sābîb we‘āśîtā zēr-zāhāb lemisgartô sābîb 26 we‘āśîtā llô ’arba‘ ṭabbe‘ōt zāhāb wenātattā ’et-haṭṭabbā‘ōt ‘al ’arba‘ happē’ōt ’ăšer le’arba‘ raglāyw 27 le‘ummat hammisgeret tihyehnā haṭṭabbā‘ōt lebāttîm lebaddîm lāśē’t ’et-haššulḥān 28 we‘āśîtā ’et-habbaddîm ‘ăṣê šiṭṭîm weṣippîtā ’ōtām zāhāb weniśśā’-bām ’et-haššulḥān W ‘ĀŚÎTĀ
29
qqe‘ārōtāyw wekappōtāyw ûqeśôtāyw ûmenaqqiyyōtāyw ’ăšer yussak bāhēn zāhāb ṭāhôr ta‘ăśeh ’ōtām 30 WENĀTATTĀ ‘al-haššulḥān leḥem pānîm lepānay tāmîd p E
W ‘ĀŚÎTĀ
31
E W ‘ĀŚÎTĀ MENŌRAT zāhāb ṭāhôr miqšâ tē‘āśeh hammenôrâ yerēkāh weqānāh gebî‘èhā kaptōrèhā ûperāḥèhā mimmennâ yihyû 32 wešiššâ qānîm yōṣ’îm miṣṣiddèhā šelōšâ qenê menōrâ miṣṣiddâ hā’eḥād ûšelōšâ qenê menōrâ miṣṣiddāh haššēnî 33 šelōšâ gebi‘îm mešuqqādîm baqqāneh hā’eḥād kaptōr wāperaḥ ûšelōšâ gebi‘îm mešuqqādîm baqqāneh hā’eḥād kaptōr wāpāraḥ kēn lešēšet haqqānîm hayyōṣ’îm min-hammenōrâ 34 ûbammenōrâ ’arbā‘â gebi‘îm mešuqqādîm kaptōrèhā ûperāḥèhā 35 wekaptōr taḥat šenê haqqānîm mimmennâ wekaptōr taḥat šenê haqqānîm mimmennâ wekaptōr taḥat-šenê haqqānîm mimmennâ lešēšet haqqānîm hayyōṣ’îm minhammenōrâ 36 kaptōrêhem ûqenōtām mimmennâ yihyû kullāh miqšâ ’aḥat zāhāb ṭāhôr
37
E e e W ‘ĀŚÎTĀ ’et-nērōtèhā šib‘â w he‘ĕlâ ’et-nērōtèhā w hē’îr ‘al-‘ēber pānèhā ûmalqāḥèhā ûmaḥtōtèhā zāhāb ṭāhôr 39 kikkār zāhāb ṭāhôr ya‘ăśeh ’ōtāh ’ēt kol-hakkēlîm hā’ēlleh
38
40
ûre’eh wa‘ĂŚEH betabnîtām
’ăšer-’attâ mor’eh bāhār s
Le verset 40 ne conclut pas seulement le passage du chandelier, mais l’ensemble de la séquence7. Il remplit en effet la fonction de terme final comme le dernier verset de la séquence précédente (25,1-9) : « Selon tout ce que moi je te 7
Contre G. PAXIMADI, E io dimorerò, 70.78 ; j’avais suivi moi aussi cette position dans mon article « Ex 25,10-40 », 5 ; et aussi dans Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, 189.
2. Ex 25,1-40
273
fais voir, comme le modèle de la demeure et comme le modèle de tout son mobilier, ainsi vous ferez » 10
ILS FERONT UNE ARCHE EN BOIS D’ACACIA : deux coudées et demie sa longueur et une coudée et demie sa largeur et une coudée et demie sa hauteur. 11 Et tu la plaqueras d’or pur ; au-dedans et au-dehors tu la plaqueras. Et tu feras sur elle une moulure d’or autour. 12 Et tu fondras pour elle quatre anneaux d’or, et tu les mettras sur ses quatre pieds, et deux anneaux sur son premier côté et deux anneaux sur son deuxième côté. 13 Et tu feras des barres en bois d’acacia et tu les plaqueras d’or. 14 Et tu feras passer les barres dans les anneaux, sur les côtés de l’arche, pour porter l’arche avec elles. 15 Dans les anneaux de l’arche seront les barres ; elles ne seront pas ôtées d’elle.16 Et tu mettras dans l’arche le Témoignage que je te donnerai. 17
TU FERAS UN PROPITIATOIRE D’OR PUR : deux coudées et demie sa longueur et une coudée et demie sa largeur. 18 Et tu feras DEUX CHÉRUBINS d’or. Martelés tu les feras aux deux extrémités du propitiatoire. 19 Et fais un chérubin à une extrémité et un chérubin à une extrémité. Faisant corps avec le propitiatoire tu feras les chérubins sur ses deux extrémités. 20 Et les chérubins déploieront les ailes au-dessus, couvrant de leurs ailes le dessus du propitiatoire ; et leurs faces l’une vers l’autre, vers le propitiatoire les faces des chérubins. 21 Et tu mettras le propitiatoire sur l’arche par-dessus, et dans l’arche tu mettras le Témoignage que je te donnerai. 22
Et je te rencontrerai là, et je parlerai avec toi de sur LE PROPITIATOIRE, d’entre les DEUX CHÉRUBINS qui (sont) sur L’ARCHE du Témoignage, tout ce que je t’ordonnerai pour les Fils d’Israël.
23 TU FERAS UNE TABLE EN BOIS D’ACACIA : sa longueur sera de deux coudées, et une coudée sa largeur et une coudée et demie sa hauteur. 24 Et tu la plaqueras d’or pur. Et tu feras à elle une moulure d’or autour. 25 Et tu lui feras un panneau d’un palme autour, et tu feras une moulure d’or à son panneau autour. 26 Et tu feras pour elle quatre anneaux d’or et tu mettras les anneaux sur les quatre coins qui sont à ses quatre pieds. 27 Près du panneau seront les anneaux comme logements des barres pour soulever la table. 28 Et tu feras les barres en bois d’acacia et tu les plaqueras d’or et on portera avec elles la table. 29 Et tu feras ses plats, ses coupes, ses aiguières et ses bols avec lesquels on fait les libations ; d’or pur tu les feras. 30 Et tu mettras sur la table le pain de la face devant moi toujours. 31 TU FERAS UN CANDÉLABRE D’OR PUR : martelé tu feras le candélabre son fût et sa branche ; ses calices, ses boutons et ses fleurs feront corps avec lui. 32 Et six branches sortant de son côté. Trois branches du candélabre de son premier côté, et trois branches du candélabre de son second côté. 33 Trois calices d’amandier sur une branche, avec bouton et fleur, et trois calices d’amandier sur une branche, avec bouton et fleur. Ainsi pour les six branches sortant du candélabre. 34 Et le candélabre aura quatre calices d’amandier, avec ses boutons et ses fleurs. 35 Et un bouton sous deux branches faisant corps avec lui, et un bouton sous deux branches faisant corps avec lui et un bouton sous deux branches faisant corps avec lui. Ainsi pour les six branches sortant du candélabre. 36 Ses boutons et ses branches feront corps avec lui. Le tout sera martelé, d’or pur. 37 Et tu feras ses lampes, sept ; et on montera ses lampes pour qu’il éclaire sur son côté antérieur. 38 Et ses mouchettes et ses cendriers seront d’or pur. 39 D’un talent d’or pur on le fera ainsi que tous ces ustensiles. 40
Regarde et FAIS selon le modèle qu’on t’a fait voir sur la montagne.
Les rapports entre les quatre passages de l’arche, du propitiatoire, de la table et du chandelier ont déjà été exposés. Il reste à voir les rapports entre le bref passage central et les autres. Les reprises de « le propitiatoire », de « deux chérubins », « l’arche » et « le Témoignage » rattachent ce passage aux deux premiers, en particulier au précédent. Le passage se distingue par certains termes qui ne se trouvent pas ailleurs : « je te rencontrerai », « je te parlerai », « j’ordonnerai » et « les fils d’Israël » ; en outre les trois verbes sont les seuls qui soient à la première personne du singulier. Quant au syntagme « fils d’Israël », il
274
Les solutions : deuxième partie, la séquence
peut être mis en relation avec le premier verbe de la séquence, « Ils feront », la seul occurrence de ce verbe qui soit au pluriel au début des passages (le pluriel « vous ferez » n’est utilisé qu’une seule fois, en 19). Note sur les traductions, selon les niveaux Pour les niveaux inférieurs, la traduction doit être très littérale. Mais une traduction n’est pas un absolu et elle doit être fonctionnelle. Aux niveaux supérieurs il est possible de donner une traduction moins littérale et plus lisible, plus conforme à la langue cible. C’est le cas ici, par exemple avec la traduction du verbe nātan, qui au niveau des passages avait été traduit systématiquement par « donner » ; maintenant au contraire il a été rendu par « mettre » en 16, 21bis et 30, ce qui est plus conforme à l’usage du français. On aurait même pu donner une traduction plus élégante, en s’inspirant par exemple de celle de la Bible de Jérusalem, à condition toutefois de respecter ce qu’on a voulu mettre en évidence dans cette réécriture finale. Interprétation8 Que signifie cet ensemble ? Quel est le sens de la composition, ou, mieux, le sens que la composition indique ? Selon les lois de la rhétorique biblique, le centre est le point focal non seulement matériellement, mais aussi du point de vue sémantique. Aussi bien l’arche que le propitiatoire, la table que le chandelier sont des objets, ce ne sont pour ainsi dire que des objets. Mais nous avons noté que l’arche avec son couvercle, le propitiatoire, renferment « le Témoignage ». Ce sont les tables de la Loi, le décalogue, c’est-à-dire les paroles écrites par le Seigneur lui-même sur la pierre : ce sont les paroles divines du passé, passé très récent, mais passé quand même. Il ne faut pas non plus oublier que toutes les paroles de ce texte, de cette séquence, sont prononcées par Dieu, adressées à Moïse ; ce sont les paroles divines du présent de leur énonciation. Puis, au centre de la séquence, Dieu annonce ses paroles futures : le Seigneur prédit, il promet qu’il continuera à parler à l’avenir. Sa parole n’est pas renfermée dans les objets décrits, pas même dans l’arche de l’alliance. Ses paroles sortiront de l’espace marqué par les deux chérubins qui se font face sur le propitiatoire : « d’entre les deux chérubins », dit le texte en plein cœur du passage central (22c). Du lieu de ce qui sera appelé la shekhina, du lieu de la Présence. Ceci est tout à fait symbolique, pour illustrer aussi une dimension tout à fait essentielle de la rhétorique biblique. On peut voir dans les deux chérubins et dans la Présence qui se tient entre eux, l’image de ce que j’ai appelé la binarité biblique. Dans la Bible les choses sont toujours dites deux fois. Cela se vérifie déjà au niveau le plus élémentaire de la composition, celui du segment bimembre :
8
Mi accontento di riprendere qui la fine del mio articolo: «Es 25,10-40».
2. Ex 25,1-40 Mon âme et mon esprit
exalte exulte
le Seigneur en Dieu
275
mon sauveur.
Mais la binarité se retrouve partout. La Bible commence avec deux récits de la création, il y a deux versions du décalogue, deux récits de l’enfance en Matthieu et en Luc, deux Notre Père, un chez Matthieu, un chez Luc. Il y a enfin deux testaments. Quelle est la fonction de ce phénomène que nous pouvons à première vue interpréter comme une simple redondance, voire une répétition inutile ? L’interprétation que je propose est que la binarité a une fonction antiidolâtrique. Les deux décalogues sont très semblables, mais pas totalement ; il sont différents, surtout dans leur centre qui regroupe les commandements du sabbat et de l’honneur dû aux parents. S’il n’y avait qu’un seul décalogue, le lecteur pourrait penser que cette parole de Dieu est enfermée dans un texte, il pourrait être tenter d’absolutiser ce texte unique, en quelque sorte l’idolâtrer. Avec deux textes au contraire, en même temps très semblables mais aussi différents, où se trouve la vérité, où se trouve la présence divine ? Elle se trouve, elle doit être trouvée par le lecteur, entre les deux décalogues. Si sur l’arche il n’y avait qu’un seul chérubin, celui qui le voit pourrait penser que la présence divine réside dans ce chérubin, il pourrait imaginer que cette statue représente la divinité. Ce n’est pas là une interprétation sans fondement : c’est exactement ce qui est arrivé avec l’apostasie du veau d’or (Ex 32). Dieu ne parle pas dans un seul décalogue, sur lequel on pourrait mettre la main, et la refermer ; il parle au milieu, entre deux. Comme le sens est ce qui est dit « entre les lignes », qui circule entre les textes, entre les livres, entre les deux Testaments. On comprend alors pourquoi ce sont quatre évangiles qui nous ont été transmis par le canon : pour que le lecteur ne soit pas tenté de mettre la main sur l’image de Jésus présentée par un seul évangéliste. On ne met pas la main sur Jésus, on ne possède pas Dieu ; nous devons au contraire nous laisser mettre la main dessus par Jésus, nous laisser posséder par l’unique Seigneur, ce qui est la condition même de notre liberté et de notre dignité9.
9
Voir R. MEYNET, Appelés à la liberté, Chap. 5 : « Pourquoi deux décalogues », 127-136.
3. 1Jn 3,2-24 1. LES RÉPÉTITIONS ET LEURS FONCTIONS a. Le premier mot, « bien-aimés », remplit la fonction grammaticale du vocatif, ou apostrophe. Il se retrouve en 21 avec la même fonction. En tout, le texte compte cinq vocatifs : « bien-aimés » (2.21), « petits-enfants » (7.18) et « frères » une seule fois (13). Leur distribution est symétrique : aux extrémités, « bien-aimés », puis « fils », et enfin au centre « frères ». On pourrait donc conjecturer que chacun de ces vocatifs ouvre une nouvelle unité textuelle et la séquence serait formée de cinq passages. b. C’est le mot « frères » qui n’est utilisé qu’une seule fois au vocatif dans la séquence. Toutes les autres occurrences de ce substantif, au singulier et au pluriel, se trouvent dans la portion centrale du texte, de 10 à 17. Cela pourrait suggérer une délimitation à l’intérieur de la séquence, sur un critère formel. c. Les autres termes appartenant au champ sémantique de la famille sont: « enfants » (2.10 bis), « petits-enfants » (7.18) et « fils » (8.23). Ces termes ne se retrouvent que dans les portions extrêmes de la séquence (2-10a ; 1824). d. Considérant les répétitions relevées jusqu’ici, on pourrait faire l’hypothèse que la séquence est organisée non pas en cinq mais en trois passages. Le passage central comprendrait toutes les occurrences des termes « frères(s) », de 10 à 17, le seul vocatif « frères » se trouvant en son centre. Les passages extrêmes au contraire seraient marqués par les reprises des termes « enfant », « petits-enfants » et « fils » et seraient semblables aussi par la présence des autres vocatifs « petits-enfants » (7.18) et « bien-aimés » (2.21). Dans cette hypothèse le verset 10 est problématique, car il inclut à la foi « enfants » et « frère ». e. Le seul personnage de l’Ancien Testament mentionné dans la séquence est « Caïn » (12). C’est le premier « frère » de la Bible et il tue son frère Abel (non mentionné explicitement ici). Caïn apparait dans la seule portion du texte où il est question de frères. Son action, définie comme « mauvaise » (12), s’oppose ici à celle de Jésus, le référent du pronom « Celui-ci » (16). L’attitude du Christ qui « a donné sa vie », en opposition à l’action de Caïn, sert à illustrer le commandement de l’amour, mentionné pour la première fois de manière positive en 11. Ces rapports, outre les considérations faites dans le point b., conduisent à reconnaitre les limites de l’unité centrale dans
278
f.
Les solutions : deuxième partie, la séquence les versets 11-17. Les limites du premier passage seraient donc 2-10 et du dernier 18-24. Le syntagme « en cela/ceci » est suivi de deux verbes. Dans les deux premières occurrences (8.10) il est suivi du verbe « manifester » ou de l’adjectif « manifestes », tandis que dans les autres (16.19.24) il est suivi du verbe « connaitre ». Le premier verbe, « manifester » apparait seulement au début de la séquence (2-10), alors que les occurrences du second, « connaitre » sont limitées à la fin du texte (18-24, outre 16). En outre, les deux dernières occurrences (19.24) se ressemblent, étant précédées par « et » et suivies de « que ».
g. Les occurrences du verbe « manifester » (8.10) suggèrent que le verset 10, qui avait paru problématique (voir la fin du point d.), pourrait être inclus dans le premier passage, car le verbe « manifester » y est employé pour la dernière fois. h. Les deux occurrences du syntagme « et en cela » + le verbe « connaitre » à la première personne du pluriel semblent jouer le rôle de termes extrêmes pour le troisième passage, car ils se trouvent presque au début et presque à la fin. i.
Le premier passage est marqué par le verbe « manifester », qui revient cinq fois (2 bis.5.8.10). Dans le dernier passage le verbe le plus fréquent et complémentaire de « manifester » est « connaitre », répété trois fois (19.20.24).
j.
Les passages extrêmes sont parallèles entre eux, avant tout à cause de la reprise de deux paires de vocatifs (« bien-aimés » et « petits-enfants ») et des deux seules occurrences du syntagme « Fils de Dieu/de Lui » (8.23), qui entrent dans le thème de la filiation. Le passage central au contraire est marqué par les fréquentes occurrences du terme « frère(s) », liées aux deux figures opposées de Caïn et du Christ, qui illustrent, négativement puis positivement, le thème de la fraternité.
3. 1Jn 3,2-24
279
Durant le Moyen Âge tardif, le Speculum humanae salvationis (Miroir du salut de l’humanité) met en rapport une scène évangélique avec trois épisodes de l’Ancien Testament :
La première et la dernière scène opposent Jésus et Caïn : Caïn qui tue son frère Abel, Jésus, trahi et livré par Judas, qui sera conduit à la mort. Utilisant l’épée pour couper l’oreille du serviteur du grand prêtre, le disciple se range du côté de la violence, comme Judas, même si c’est pour défendre son maitre. Dans les deux autres scènes on reconnait Saül qui tente de tuer David son gendre, et Joab, le général de David, qui tue Amasa par surprise, en le prenant par la barbe pour l’embrasser, en disant « Tu vas bien, mon frère ? » (Salve mi frater, 2Sam 20,4-13), comme Judas salue Jésus en disant : « Ave, Rabbi ! » BREITENBACH, E., Speculum humanae salvationis. Ein typengeschichtliche Untersuchung, Studien zur deutschen Kunstgeschichte 272, Strassburg 1930, 38-39.
280
Les solutions : deuxième partie, la séquence
2. L’ANALYSE DE CHAQUE PASSAGE 2.1 Premier passage (3,2-10) Les deux parties de ce passage étant très développées, il était opportun d’analyser chaque partie en elle-même avant de présenter les rapports entre les deux parties. Première partie (2-6) + 2 avgaphtoi,( + kai. + ti, :: OIDAMEN o[ti :: o[moioi – o[ti – kaqw,j
nu/n ou;pw
te,kna evfanerw,qh evso,meqa.
eva.n
fanerwqh/, evso,meqa,
AUTW
ovyo,meqa evstin.
QEOU
evsmen(
auvto.n
··················································································································
= 3 kai. pa/j = a`gni,zei = kaqw.j
o` e;cwn e`auto,n, EKEI/NOS
th.n evlpi,da
tau,thn
a`gno,j
evstin.
evpV
AUTW
··················································································································
+ 4 Pa/j + kai. + kai. h` a`marti,a :: 5 kai. OIDATE o[ti :: i[na :: kai. a`marti,a 6
– pa/j o` evn auvtw/| pa/j o` a`marta,nwn ouvde.
o` poiw/n
th.n a`marti,an,
th.n avnomi,an
poiei/,
evsti.n
h` avnomi,a.
EKEI/NOS
evfanerw,qh, a;rh|, ouvk e;stin.
ta.j a`marti,aj evn auvtw/|
ouvc e`w,raken
ouvc a`marta,nei; auvto.n
e;gnwken
auvto,n.
me,nwn
Les morceaux extrêmes sont notablement plus développés que le morceau central : les uns comprennent trois segments, l’autre un seul. Au « péché » (six fois) et à « l’iniquité » (deux fois) du dernier morceau s’oppose la filiation divine du premier morceau : « semblables à Lui » (2e) renvoie à « fils de Dieu » (2a). La « manifestation » de « celui-là », c’est-à-dire de Jésus (5), qui est déjà advenue, renvoie à la « manifestation » à venir de la filiation divine des hommes (2b.2d). Noter en outre que les deux occurrences de « savoir » reviennent en même position, au début des deuxièmes segments (2d.5a). « Nous verrons Lui » (2f) et « n’a pas vu Lui » (6b) servent de termes finaux. Enfin, il est possible de remarquer que la composition des deux morceaux est en quelque sorte parallèle.
3. 1Jn 3,2-24
+ 2 Bien-aimés, + et + ce que :: NOUS SAVONS que, :: semblables – parce que – comme
maintenant pas encore
enfants
281
de DIEU
nous sommes,
A ÉTÉ MANIFESTÉ
nous serons. quand à LUI
IL SERA MANIFESTÉ,
nous verrons il est.
Lui
nous serons,
········································································································· 3
Et se purifie comme
qui a lui-même, CELUI-LÀ
cette
espérance
pur
est.
en Lui,
·········································································································
4 aussi et le péché : 5 Et VOUS SAVEZ + afin que + et de péché +6 ni
qui en Lui qui pèche
qui fait l’iniquité est
le péché, il fait, l’iniquité.
que CELUI-LÀ les péchés en Lui
A ÉTÉ MANIFESTÉ,
demeure, n’a pas vu n’a connu
ne pèche pas ; Lui Lui.
il enlève, il n’est pas.
Le morceau central (3) assure le passage entre les deux autres morceaux. Il commence avec « chacun » (3a), qui se retrouve au début des segments extrêmes du dernier morceau (4a.6ab). Le pronom avec lequel s’achève le premier membre, « Lui », renvoie à « Dieu » au début du premier morceau ; en revanche, « Celui-là » du troisième membre sera repris au début du segment central du troisième membre, désignant Jésus (comme partout dans la 1Jn). « Celui-là est pur » à la fin du morceau central (3c) prépare « de péché en Lui il n’est pas » au centre du dernier morceau (5c).
282
Les solutions : deuxième partie, la séquence
Deuxième partie (7-10) + 7 TEKNIA( + o` poiw/n + kaqw.j
mhdei.j plana,tw THN DIKAIOSUNHN di,kaio,j evkei/noj di,kaio,j
u`ma/j; evstin, evstin
8 o` poiw/n o[ti
th.n a`marti,an
evk tou/ diabo,lou o` dia,boloj
evsti,n,
O` UIOS
tou/ qeou/: tou/ diabo,lou.
avpV avrch/j
: eivj tou/to : i[na
evfanerw,qh lu,sh|
ta. e;rga
a`marta,nei.
········································································································
+ 9 Pa/j a`marti,an + o[ti
O` GEGENNHMENOS
evk tou/ qeou/
ouv poiei/, SPERMA
kai. ouv du,natai a`marta,nein, + o[ti evk tou/ qeou/
auvtou/
evn auvtw/|
me,nei,
GEGENNHTAI.
········································································································
: 10 evn tou,tw| kai. – Pa/j ouvk – kai.
fanera, evstin
o` mh. poiw/n e;stin o` mh. avgapw/n
TA TEKNA
TOU QEOU,
TA TEKNA
tou/ diabo,lou.
DIKAIOSUNHN, evk tou/ qeou/, to.n avdelfo.n
auvtou/.
Même si le dernier morceau (10) est notablement plus court que le premier (78), ils se correspondent de manière spéculaire. « Petits-enfants » et « fils de Dieu » (7a.10a) remplissent la fonction de termes initiaux. « En cela a été manifesté le Fils de Dieu » et « en cela manifestés sont les fils de Dieu » ainsi que « les œuvres du diable » et « les fils du diable » (8d.10b) jouent le rôle de termes médians à distance. « Qui fait la justice » et « qui ne fait pas la justice » (7b.10c) font inclusion. Ce dernier syntagme est l’équivalent sémantique de « qui fait le péché » de 8a.
3. 1Jn 3,2-24
+ 7 PETITS-ENFANTS, + QUI FAIT + comme
que personne Lui
ne trompe juste juste
vous ; est, estt
LE PÉCHÉ
DU DIABLE
est,
dès le commencement
LE DIABLE
PÈCHE.
A ÉTÉ MANIFESTÉ
LE FILS les œuvres
DU DIABLE.
LA JUSTICE,
8 QUI FAIT parce que : En cela : afin qu’il
283
détruise
DE DIEU :
·················································································································
+9 LE PÉCHÉ + parce que et IL NE PEUT PAS + parce que
A ÉTÉ ENGENDRÉ
DE DIEU
NE FAIT PAS,
LA SEMENCE
de Lui
en lui
demeure,
PÉCHER,
DE DIEU
IL A ÉTÉ ENGENDRÉ.
·················································································································
: 10 En cela : et
MANIFESTES SONT
LES ENFANTS LES ENFANTS
–
NE FAIT PAS
LA JUSTICE,
n’est pas – et
DE DIEU, qui n’aime pas
LE FRÈRE
DE DIEU, DU DIABLE :
DE LUI.
Le morceau central peut être analysé de la façon suivante, si on tient compte de la structure syntaxique de la phrase : +9
A ÉTÉ ENGENDRÉ
LE PÉCHÉ + pare que
NE FAIT PAS,
et IL NE PEUT PAS + parce que
PÉCHER,
LA SEMENCE DE DIEU
DE DIEU de Lui
en lui
demeure,
IL A ÉTÉ ENGENDRÉ.
La proposition participiale (en grec) est le sujet (9a) des deux principales coordonnées qui sont suivies de deux propositions causales introduites par « parce que ». Il est cependant possible de considérer que la composition rhétorique est concentrique. « Semence de Lui » au centre (9c) renvoie à « a été engendré / de Dieu » au début et à « de Dieu / a été engendré » à la fin (9e) ; de même le second et l’avant-dernier membre se correspondent en miroir : « le péché / ne fait pas » et « et il ne peut pas / pécher ».
284
Les solutions : deuxième partie, la séquence
L’ensemble du passage (3,2-10) + 2 BIEN-AIMÉS, + et + ce que :: Nous savons que :: semblables – parce que – comme
maintenant pas encore
nous sommes,
ENFANTS DE DIEU
A ÉTÉ MANIFESTÉ nous serons.
quand à Lui
IL SERA MANIFESTÉ, nous serons,
nous verrons il est.
Lui
·········································································································
+ 3 Et + se purifie +
qui a lui-même,
cette espérance
en Lui, .
·········································································································
+4 + aussi + en effet,
l’iniquité le péché
le péché, IL FAIT; est
que Lui LES PÉCHÉS en Lui
A ÉTÉ MANIFESTÉ, IL ENLÈVE, il n’est pas.
qui en Lui qui pèche,
DEMEURE, n’a pas vu n’a connu
ne pèche pas ; Lui Lui.
+ 7 PETITS-ENFANTS, + qui fait +
que personne la justice,
ne trompe juste
vous ; est,
8 QUI FAIT parce que
le péché dès le commencement
du diable le diable
est, pèche.
A ÉTÉ MANIFESTÉ DÉTRUISE
LE FILS
DE DIEU
QUI FAIT
5
:: Et vous savez :: AFIN QUE :: et de péché –6 ni
: En cela : AFIN QU’IL
LES ŒUVRES
l’iniquité.
: DU DIABLE.
·················································································································
+9 le péché + parce que et ne peut pas + parce que
qui a été engendré ne fait pas,
de Dieu
semence
de Lui
pécher, de Dieu
il a été engendré.
en lui
DEMEURE,
·················································································································
–
: 10 En cela : et
MANIFESTES sont
n’est pas
qui ne fait pas de Dieu, qui n’aime pas
– et
LES ENFANTS
DE DIEU,
les enfants
du diable.
la justice, le frère
de lui.
3. 1Jn 3,2-24
285
Les deux parties sont parallèles car elles ont une composition tripartite semblable. La disposition des morceaux dans les parties est spéculaire : ABC/C’B’A’ : – Les morceaux médians (4-6 et 7-8), en effet, sont les seuls de tout le passage qui mentionnent la manifestation passée du « Fils de Dieu » avec son œuvre rédemptrice, et, qui plus est, par des propositions finales introduites par « afin que » (5b.8d). Ils se caractérisent par la présence des termes « péché »/ « pécher ». – Les morceaux extrêmes (2 et 10) au contraire traitent de la manifestation future des chrétiens comme « fils de Dieu » (2a.10a). – Les deux vocatifs « bien-aimés » et « petits-enfants » (2a.7a) servent de termes initiaux ; – les deux occurrences du syntagme « fils de Dieu » (2a.10b) de termes extrêmes. Les différentes formes du verbe « manifester » se trouvent seulement dans les morceaux extrêmes de chaque partie (2bd.5a ; 8c.10a), encadrant ainsi les morceaux centraux. – Le morceau central de la première partie est en outre lié au premier morceau de la deuxième partie par les syntagmes « comme Lui pur est » et « comme Lui juste est » (3c.7c) ; – semblablement, le morceau central de la deuxième partie est lié au dernier morceau de la première partie par le verbe « demeurer » (6a.9c).
286
Les solutions : deuxième partie, la séquence
2.2 Deuxième passage (3,11-17) :: 11 {Oti :: h]n i[na
au[th
evsti.n hvkou,sate AGAPWMEN
h` avggeli,a avpV avrch/j( avllh,louj(
······················································································································
: 12 ouv kai.
kaqw.j KAI?N e;sfaxen = kai.
CARIN
: o[ti ta. de.
ti,noj
ta. e;rga auvtou/
tou/ avdelfou/ : 13 ÎKai.Ð mh. : eiv MISEI
14
:: h`mei/j o[ti o[ti
qauma,zete( u`ma/j oi;damen metabebh,kamen AGAPWMEN
evk tou/ ponhrou/ to.n avdelfo.n
h=n auvtou/\
e;sfaxen
auvto,nÈ
ponhra. auvtou/
h=n di,kaiaÅ
avdelfoi,( o` ko,smojÅ
evk tou/ qana,tou tou.j avdelfou,j\
eivj th.n zwh,n(
································································································
o` mh.
MENEI
AGAPWN
evn tw/| qana,tw|Å
································································································
: 15 pa/j
O MISWN
to.n avdelfo.n auvtou/
avnqrwpokto,noj
evsti,n(
oi;date avnqrwpokto,noj
ouvk e;cei
:: kai. o[ti pa/j evn auvtw/| :: 16 evn tou,tw| o[ti EKEINOS kai. h`mei/j ovfei,lomen
zwh.n aivw,nion
MENOUSANÅ
evgnw,kamen u`pe.r h`mw/n
u`pe.r tw/n avdelfw/n
THN AGAPHN(
th.n yuch.n auvtou/ ta.j yuca.j
e;qhken\ qei/naiÅ
······················································································································
17 o]j dV a'n kai. qewrh/| kai. klei,sh| :: pw/j
e;ch|
to.n avdelfo.n auvtou/ ta. spla,gcna auvtou/ H AGAPH
tou/ qeou/
to.n bi,on crei,an avpV auvtou/(
tou/ ko,smou e;conta
MENEI
evn auvtw/|È
Dans la première partie, le premier morceau contient un principe (11), le second son illustration négative (12), avec la question sur le motif du crime de Caïn au centre (12c).1 La deuxième partie, qui commence avec le vocatif « frères » (13a), est focalisée sur un morceau qui insiste sur la nécessité vitale de l’amour fraternel, qui est le thème principal de tout le passage. Les morceaux extrêmes opposent le « nous » de la communauté johannique, qui aiment leurs frères (14abc), et l’impersonnel « homicide » qui « n’a pas la vie éternelle », du moment qu’il « hait son frère » (15ab). 1 Le substantif « motif » (12c, en gr. charin), signifie littéralement « amour, prédilection » ; c’est pourquoi il a été mis en évidence comme tous les termes dérivant du verbe « aimer ».
3. 1Jn 3,2-24
287
La troisième partie oppose deux morceaux. Le premier (16) présente un modèle d’amour fraternel en Christ, référent du pronom « Lui » (16b), tandis que le deuxième (17) pose une question rhétorique (17d), précédée d’un exemple négatif de manque d’amour (17abc). :: 11 Car :: que que
ceci nous
est vous avez entendu NOUS AIMIONS
le message dès le commencement, les uns les autres.
······················································································································
: 12 Non pas et = Et : Parce que alors que
comme CAÏN,
(qui) du Mauvais
A ÉGORGÉ
SON FRÈRE.
pour quelle RAISON
L’A-T-IL ÉGORGÉ
ses œuvres (celles) de SON FRÈRE
mauvaises justes.
: 13 Et ne : si
vous étonnez pas, FRÈRES, vous hait le monde.
:: 14 Nous que nous parce que
nous savons sommes passés NOUS AIMONS
de la mort (nos) FRÈRES.
était ? étaient,
à la vie,
·······································································································
Qui n’ :
dans la mort.
homicide
est.
vous savez homicide
:: Et que tout en lui :: 16 En ceci
AIME pas
······································································································· 15 Chacun qui hait SON FRÈRE,
n’a pas
la vie éternelle
. nous avons connu
L’AMOUR,
que LUI pour nous et nous devons pour LES FRÈRES
SA VIE A OFFERT, (nos) VIES OFFRIR. ······················································································································
17 Si un en effet a et et :: comment
les biens (que) ( (q
L’AMOUR de Dieu
SON FRÈRE
sa compassion
du monde a besoin, envers lui, en lui?
Les parties extrêmes opposent Caïn et son crime à Christ et son œuvre salvifique. Les morceaux 11 et 16 servent d’introduction qui exposent un principe, tandis que 12 et 17 en donnent une illustration négative. Ainsi, Caïn est opposé à Christ et en même temps trouve son parallèle dans l’impersonnel « un » (17a) qui ne prend pas soin de son propre frère. De manière analogue, Christ ne s’oppose pas seulement à Caïn, mais sert aussi à illustrer le principe de l’amour fraternel (11).
288
Les solutions : deuxième partie, la séquence
2.3 Troisième passage (3,18-24) :: 18 TEKNIA( :: avlla.
mh.
AGAPWMEN
lo,gw| evn e;rgw|
mhde. th/| glw,ssh|, kai. avlhqei,a|.
··························································································································
:: 19 ÎKai.Ð o[ti
evn tou,tw|
gnwso,meqa,
evk th/j avlhqei,aj
evsme,n,
e;mprosqen auvtou/
pei,somen h`mw/n
th.n kardi,an h`mw/n, h` kardi,a,
o` qeo.j pa,nta.
th/j kardi,aj h`mw/n
ginw,skei
:: 21 AGAPHTOI( :: parrhsi,an
eva.n h` kardi,a e;comen
Îh`mw/nÐ pro.j to.n qeo,n
mh. kataginw,skh|,
: 22 kai. o] eva.n :
aivtw/men, lamba,nomen
avpV auvtou/,
ta.j evntola.j
auvtou/
throu/men
ta. avresta.
evnw,pion auvtou/
poiou/men.
kai. 20 o[ti eva.n o[ti :: kai.
kataginw,skh| mei,zwn evsti.n
o[ti kai.
·················································································································
: 23 Kai. au[th i[na kai. : kaqw.j
evsti.n pisteu,swmen
h` evntolh. tw/| ovno,mati
auvtou/, tou/ ui`ou/ auvtou/,
VIhsou/ Cristou/, AGAPWMEN
e;dwken
avllh,louj, evntolh.n
h`mi/n.
·················································································································
24 kai. evn auvtw/| :: kai. o[ti evk tou/ pneu,matoj
o` thrw/n
ta.j evntola.j
me,nei
kai. auvto.j
evn tou,tw|
ginw,skomen
me,nei ou-
evn h`mi/n, h`mi/n
auvtou/, evn auvtw/|.
e;dwken.
Les deux parties sont unies grâce à une série de correspondances. Ce sont tout d’abord les termes initiaux, « petits-enfants » et « bien-aimés » qui sont les seuls vocatif du passage (18a.21a) ; puis les termes extrêmes : « et en ceci nous connaitrons que » et « en ceci nous connaissons que » (19a.24c) ; enfin, les termes médians : « accuse nous le cœur » et « si notre cœur n’accuse pas nous » (20a.21a). On notera en outre la répétition du terme « aimons » qui revient au début de la première partie et au centre de la deuxième (18a.23d).
3. 1Jn 3,2-24 :: 18 PETITS-ENFANTS, :: mais
N’AIMONS PAS
en parole en action
289 ou avec la langue, et en vérité.
································································································································· :: 19 ET EN CELA NOUS CONNAITRONS
que et 20 chaque fois qu’
de la vérité
nous sommes,
devant Lui
NOUS APAISERONS
NOTRE CŒUR,
ACCUSE
NOUS
LE CŒUR,
parce que :: et
plus grand est
Dieu
QUE NOTRE CŒUR
IL CONNAIT
TOUT.
:: 21 BIEN-AIMÉS, :: confiance
si NOTRE CŒUR nous avons
N’ACCUSE PAS auprès de Dieu ;
: 22 et, si quelque chose :
nous demandons, nous recevons
de Lui,
LES COMMANDEMENTS
DE LUI
NOUS OBSERVONS
devant
Lui
nous faisons.
parce que et les choses agréables
NOUS,
····················································································································· : 23 Et ceci est LE COMMANDEMENT de Lui,
que
NOUS CROYONS
et que nous : comme
NOUS AIMIONS
au nom
de son Fils,
Jésus
Christ,
les uns les autres,
COMMANDEMENT à nous. ·····················································································································
il a donné
24 Et en Lui
QUI OBSERVE
LES COMMANDEMENTS
demeure
et Lui
:: ET que de l’Esprit,
EN CECI
NOUS CONNAISSONS
(Lui) lequel
demeure à nous
DE LUI, en lui.
en nous, il a donné.
Les deux parties sont marquées par un ton d’encouragement qui s’exprime dans les expressions « nous apaiserons notre cœur » et « confiance nous avons auprès de Dieu » (19.21), et dans la conviction que les prières des destinataires de la Lettre seront exaucées (22). La source de cette certitude et de cette confiance en Dieu est le fait qu’ils « croient au nom de Jésus Christ » et qu’ils « s’aiment les uns les autres » (23), ce qui est déjà à l’œuvre dans leur vie. La foi et l’amour synthétisent le contenu de tous « les commandements » ; s’ils sont pratiqués, ils conduisent à l’union avec Dieu grâce au fait que les croyants « demeurent » dans l’Esprit de Dieu (24).
290
Les solutions : deuxième partie, la séquence
3. L’ANALYSE DE LA SÉQUENCE 3.1 Les rapports entre les passages extrêmes Les passages extrêmes sont parallèles entre eux, car leur construction est semblable. Chacun comprend deux parties qui commencent avec les mêmes apostrophes, « bien-aimés » (2.21) et « petits-enfants » (7.18). Les parties se correspondent de manière spéculaire (AB/B’A’). La première et la dernière (2-4 ; 21-24) – commencent par les vocatifs « bien-aimés », qui sont de la même famille que le verbe « aimer », lequel apparait aussi aux extrémités des deux parties (10.23) ; – à « chacun qui a cette espérance en Lui » (3) correspond « nous avons confiance auprès de Dieu » (21) ; – « faire le péché »/« pécher » (4.6) s’oppose à « observer les commandements » (22.24) ; – en outre, les syntagmes « le Fils de Dieu » et « le Fils de Lui » apparaissent uniquement dans ces parties extrêmes (8.23). Les parties médianes (7-10 ; 18-20) – s’ouvrent par le même vocatif « petits-enfants » (7.18) ; – elles ont en commun le substantif « œuvre(s) » (8.18) et les termes médians « qui n’aime pas » et « n’aimons pas » (10.18) ; – aux deux occurrences de « En ceci » + « manifester » (8.10) correspondent les deux occurrences de « en cela/ceci » + « connaitre » (19.24) ; – en outre, « tromper » de 7 s’oppose à « vérité » de 18-19 ; – l’insistance sur l’origine divine (« le Fils de Dieu », « a été engendré par Dieu », « sa semence », « les fils de Dieu »), caractéristique de la deuxième partie du premier passage, trouve un correspondant dans la première partie du dernier passage avec « de la vérité nous sommes » (19)
3. 1Jn 3,2-24
291
BIEN-AIMÉS, maintenant nous sommes FILS DE DIEU, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que, quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est. 2
3
Quiconque
, se purifie lui-même, comme Lui est pur.
4
Quiconque FAIT le péché, FAIT aussi l’iniquité ; en effet, le péché est l’iniquité. 5 Et vous savez qu’il a été manifesté, pour enlever le péché, et en lui il n’est pas de péché. 6 Quiconque demeure en Lui ne pèche pas; quiconque pèche ne l’a pas vu et ne l’a pas connu. PETITS-ENFANTS, personne ne vous trompe, qui FAIT la justice, est juste comme Lui est juste. Qui FAIT le péché, est du diable, car dès le commencement le diable pèche. EN CECI a été manifesté le FILS DE DIEU, pour détruite les ŒUVRES du diable. 9 Quiconque A ÉTÉ ENGENDRÉ PAR DIEU ne FAIT pas de péché, car SA SEMENCE demeure en lui, et ne peut pas pécher, parce qu’il A ÉTÉ ENGENDRÉ PAR DIEU. 10 EN CECI sont manifestés LES FILS DE DIEU et les fils du diable : celui qui ne FAIT pas la justice, n’est pas de Dieu et qui N’AIME PAS son frère. 7 8
[...] PETITS-ENFANTS, N’AIMONS PAS en paroles et avec la langue, mais en ŒUVRES et en vérité. ET EN CELA nous connaitrons que nous sommes de la vérité, et devant Lui nous rassurerons notre cœur, 20 chaque fois que notre cœur nous accuse, car Dieu est plus grand que notre cœur et il connait tout. 18 19
BIEN-AIMÉS, si notre cœur ne nous accuse pas, demandons quelque chose, nous la recevons de Lui, parce que nous ments et que nous FAISONS ce qui lui est agréable. 21
OBSERVONS
, 22 et si nous ses commande-
23 Et ceci est son commandement : que nous croyons au nom de SON FILS, Jésus Christ et que NOUS NOUS AIMIONS les uns les autres, comme il nous l’a commandé. 24
Et qui OBSERVE ses commandements en Lui demeure et Lui en lui. ET EN CECI nous connaissons qu’Il demeure en nous, de l’Esprit qu’il nous a donné.
292
Les solutions : deuxième partie, la séquence
3.2 L’ensemble de la séquence (1Jn 3,2-24) Composition 2
BIEN-AIMÉS, maintenant nous sommes FILS DE DIEU, et ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous savons que, quand il sera manifesté, nous lui serons semblables, parce que nous le verrons tel qu’il est. 3 Quiconque cette espérance en Lui, se purifie lui-même, comme Lui est pur. 4 Quiconque fait le péché, fait aussi l’iniquité ; en effet, le péché est l’iniquité. 5 Et vous savez qu’il a été manifesté, pour enlever le péché, et en lui il n’est pas de péché. 6 Quiconque DEMEURE en Lui ne pèche pas; quiconque pèche ne l’a pas vu et ne l’a pas connu. 7
PETITS-ENFANTS, personne ne vous trompe, qui fait la justice, est juste comme Lui est juste. 8 Qui fait le péché, est du diable, car dès le commencement le diable pèche. En ceci a été manifesté le FILS DE DIEU, pour détruite les ŒUVRES du diable. 9 Quiconque a été engendré par Dieu ne fait pas de péché, car il est sa semence ; il DEMEURE en lui, et ne peut pas pécher, parce qu’il a été engendré par Dieu. 10 En ceci sont manifestés LES FILS DE DIEU et les FILS du diable : celui qui ne fait pas la justice, n’est pas de Dieu, comme du reste celui qui N’AIME PAS SON FRÈRE. 11
Car ceci est le message que vous avez entendu dès le commencement, que NOUS NOUS AIMIONS LES UNS LES AUTRES. 12 Non pas comme CAÏN qui était du mauvais et a égorgé SON FRÈRE. Et pour quelle raison l’a-t-il égorgé ? Parce que ses ŒUVRES étaient MAUvAISES, tandis que celles de SON FRÈRE étaient justes. 13
Et ne vous étonnez pas, FRÈRES, si le monde vous hait. 14 Nous nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que NOUS AIMONS NOS FRÈRES. Qui N’AIME PAS DEMEURE dans la mort. 15 Quiconque hait SON FRÈRE est homicide et vous savez qu’aucun homicide la vie éternelle qui DEMEURE en lui. 16
En ceci nous avons connu L’AMOUR, que LUI a offert sa vie pour nous, et nous, nous devons offrir notre vie pour NOS FRÈRES. 17 En effet, si quelqu’un des biens du monde et voit que SON FRÈRE besoin et exclut sa compassion pour lui, comment L’AMOUR de Dieu peut DEMEURER en lui ? 18
PETITS-ENFANTS, N’AIMONS PAS en paroles et avec la langue, mais en ŒUVRES et en vérité. 19 Et en cela nous connaitrons que nous sommes de la vérité, et devant Lui nous rassurerons notre cœur, 20 chaque fois que notre cœur nous accuse, car Dieu est plus grand que notre cœur et il connait tout. 21
BIEN-AIMÉS, si notre cœur ne nous accuse pas, confiance auprès de Dieu, 22 et si nous demandons quelque chose, nous la recevons de Lui, parce que nous observons ses commandements et que nous faisons ce qui lui est agréable. 23 Et ceci est son commandement : que nous croyons au nom de SON FILS, Jésus Christ et que NOUS NOUS AIMIONS LES UNS LES AUTRES, comme il nous l’a commandé. 24 Et qui observe ses commandements en Lui DEMEURE et Lui en lui. Et en ceci nous connaissons qu’Il DEMEURE en nous, de l’Esprit qu’il nous a donné.
3. 1Jn 3,2-24
293
Les trois passages sont marqués par un usage régulier des apostrophes. Les parties extrêmes des premier et dernier passages commencent par « bien-aimés » (2.21) et les parties médianes de ces mêmes passages commencent par « petitsenfants » (7.18) ; quant à la seule occurrence du vocatif « frères », elle ouvre la partie centrale du passage central (13). Les termes appartenant au champ lexical de la famille sont répartis de manière régulière, « fils » dans les passages extrêmes (sauf « frère » en 10) et « frère(s) » dans le passage central. Il en va de même pour le verbe « demeurer » : deux fois dans chacun des passages extrêmes (6.9 ; 24ab) et trois fois dans le passage central (14.15.17). La séquence est marquée par la répétition des verbes « aimer » (10.11.14.18. 23), « connaitre » (6.16.19.20.24) et « avoir » (3.15.17.21). En outre, dans chaque passage apparait une fois le substantif « œuvre » (8.12.18). Interprétation2 L’analyse des rapports formels permet de tenter une interprétation transversale de la séquence. La première étape consiste à examiner les reprises lexicales les plus significatives et ensuite à repérer les principales lignes thématiques qui traversent tout le texte. Comme cela a déjà été noté il y a peu, une de ces lignes thématiques est celle de la filiation. Dans le premier et le dernier passage, où reviennent souvent les termes « fils » et « le Fils », la filiation est présentée comme relation verticale, entre l’homme et Dieu. Le passage central, où les termes « fils » et « le Fils » laissent la place aux termes « frère » et « frères », montre la filiation dans sa dimension horizontale. Au thème de la filiation est lié, de manière naturelle et intime, le thème de l’amour, marqué dès le début de la séquence avec le vocatif « bien-aimés ». L’amour de Dieu, en tant que noyau de la relation verticale de la filiation, est intimement lié à l’amour fraternel, comme force de la relation horizontale. D’après la composition du texte, il est possible d’affirmer que l’amour fraternel est le thème central de cette séquence ; il acquiert en effet une importance cruciale, comme signe de la vitalité spirituelle (14) et de l’union avec Dieu (17). Il existe toutefois une différence entre les deux aspects de la filiation traitée dans les passages extrêmes. Le premier passage met l’accent sur l’œuvre rédemptrice du « Fils » (5.8) envers « les fils » (2.7.10), tandis que le dernier se concentre sur la réponse des « fils » (18) à cette révélation de l’amour divin, à travers le fait de « croire au nom du Fils » et celui de « s’aimer les uns les autres » (23), foi et amour qui se concrétisent dans l’observance des « commandements » (22.24).
2 Cette interprétation est reprise de J. ONISZCZUK, La première lettre de Jean. La justice des fils, 153-155.
294
Les solutions : deuxième partie, la séquence
La semence de Dieu et la semence du diable Le thème de la filiation ne se développe pas sans parallélismes et oppositions, typiques de la pensée johannique. La première opposition, qui ressort d’emblée dans le premier passage, oppose la descendance spirituelle de Dieu et celle du diable. Le texte, opposant les « fils de Dieu » et les « fils du diable » (10), montre comment leur comportement, en particulier dans le domaine de l’amour fraternel, dévoile la relation avec leurs « pères » respectifs. L’illustration concrète de cette opposition est offerte dans le passage central. L’auteur y introduit la figure de Caïn, soulignant son origine « du mauvais » (12) pour montrer comment le renversement de l’amour fraternel en « haine » (13.15) conduit au fratricide et à la mort spirituelle de l’agresseur. Ensuite, il fait voir comment le même mécanisme, actif dans le cas de Caïn, peut se répéter dans le comportement de n’importe quel chrétien qui refuse d’aider son frère dans le besoin (17). Dans le troisième passage, l’opposition entre la « semence » de Dieu » (9) et celle du diable descend au niveau intérieur de l’homme, entrant dans son « cœur » (19.20.21). Le chemin extérieur, marqué par la « purification » du péché par le moyen de « l’espérance » (3) et par la « justice » (10), trouve sa contrepartie dans « l’assurance » contre les « accusations du cœur » humain (19), par la « confiance » en Dieu (21), fondée maintenant non seulement sur l’observance des « commandements » (22.24), mais surtout sur la foi dans le Fils et dans l’amour fraternel (23). Le Fils–Frère Dans ce tissu de relations entre la descendance spirituelle divine et la descendance du diable, s’insère, comme un fil rouge, le rôle du Fils de Dieu. Dans le premier passage, la « pureté » du Fils, à l’image duquel l’homme a été créé, devient la source de « l’espérance » chrétienne (3), dans le fait de devenir « comme lui » dans une perspective eschatologique (2). L’espérance pour l’avenir trouve son fondement dans le « savoir » absolu (5) du passé réel et concret où le Fils s’est manifesté pour la première fois, afin d’« enlever les péchés » (5) et de « détruire les œuvres du diable » (8). Dans le passage central, « le Fils », manifestation de l’amour du Père, devient le Frère, modèle de l’amour fraternel (11), pour renverser l’histoire du fratricide, inaugurée par Caïn, et pour montrer que « se donner pour les frères » (16) ne porte pas à la « mort », mais à la « vie » (13). Enfin, dans le troisième passage, Jésus Christ est présent comme modèle de l’accomplissement de la volonté du Père, et, avant même, comme objet de foi (22-23), grâce à laquelle le croyant est en mesure de dépasser les « accusations » de son propre cœur et d’avoir « confiance » devant Dieu (22).
4. Am 5,1-17 1. SEGMENTATION • verset 1abc + 1 šim‘û + ’ăšer + qînâ
’et-haddābār ’ānōkî bêt
hazzeh nōśē’ yiśrā’ēl
‘ălêkem
+ 1 Écoutez
la parole moi Maison
que-voici je porte d’Israël.
contre vous,
+ laquelle + une lamentation,
Ces trois membres forment une seule phrase, comprenant la principale, une relative, suivie d’un troisième membre qui comprend un substantif, apposition à « parole », et d’un vocatif qui explicite le référent du pronom « vous » à la fin du membre précédent. • verset 2 : 2 NĀPLÂ - betûlat : NIṬṬEŠÂ
lō’-tôsîp yiśrā’ēl ‘al-’admātāh
: 2 ELLE EST TOMBÉE, - la vierge : ELLE A ÉTÉ JETÉE
plus Israël, sur son sol,
qûm ’ên meqîmāh ne se relèvera personne qui- la-relève
Il s’agit d’un trimembre de type ABA’. Les membres extrêmes commencent avec un verbe affecté des mêmes modalités et s’achèvent par un verbe de même racine. Au centre est nommée la personne dont il est question. • verset 3abc - 3b hā‘îr -
HAYYŌṢĒ’T TAŠ’ÎR
’elep mē’â
- 3b la ville -
faisant-sortir fera-rester
mille cent
Les deux membres comptent cinq termes (3 + 2). Le sujet n’est pas répété dans le deuxième membre ; les verbes sont complémentaires et les objets sont opposés. Il s’agit d’une décimation. Toutefois, ces deux membres sont précédés par un autre membre : « Car ainsi parle le Seigneur Dieu ». Ce membre peut été considéré
296
Les solutions : deuxième partie, la séquence
– comme premier membre d’un trimembre de type ABB’ : + 3a kî kò ’āmar - hā‘îr -
HAYYŌṢĒ’T TAŠ’ÎR
yhwh ’elep mē’â
+ 3a car ainsi parle - la ville -
le Seigneur faisant-sortir fera-rester
Yhwh mille cent
’ădōnāy
– ou comme un unimembre. Il n’est pas possible de décider à ce niveau des segments ; il faudra donc attendre les niveaux supérieurs. • verset 3def - 3d weHAYYÔṢĒ’T - TAŠ’ÎR
mē’â ‘ăśārâ
- 3d et LA FAISANT-SORTIR - FERA-RESTER
cent dix
Ces deux membres à 2 + 2 termes sont parallèles. Mais le membre suivant fait problème : « pour la Maison d’Israël », qui sera considéré comme un unimembre ou comme le troisième membre d’un trimembre de type AA’B : - 3d weHAYYÔṢĒ’T - TAŠ’ÎR :: lebêt
mē’â ‘ăśārâ yiśrā’ēl
- 3d et LA FAISANT-SORTIR - FERA-RESTER :: pour la Maison
cent dix d’Israël
De nouveau, il est impossible de choisir au niveau des segments. • verset 5abc Laissons de côté, pour le moment, le verset 4, dont l’analyse n’est pas évidente : 4
kî kò ’āmar yhwh lebêt yiśrā’ēl diršûnî wiḥyû
4
Car ainsi parle Yhwh à la Maison d’Israël : Cherchez-moi et vous vivrez
Et passons à 5abc :
5. Am 5,1-17 – 5 we’al-tidrešû – wehaggilgāl – ûbe’ēr šeba‘
bêt-’ēl lō’ tābō’û lō’ ta‘ăbōrû
– 5 et NE CHERCHEZ PAS – et à Gilgal – et à Béer-Shéva
NE VENEZ PAS NE PASSEZ PAS
297
Béth-El
Le verbe du premier membre vient en tête, tandis qu’il se trouve à la fin dans les deux membres suivants ; tous sont affectés de la négation. • verset 5de : 5d kî haggilgāl : ûbêt-’ēl
gālò yihyeh
yigleh le’āwen
: 5d car Gilgal : et Béth-El
de déportation sera
sera déportée un néant
On aura noté le jeu de mots du premier membre, impossible à rendre dans la traduction. Les premiers termes, qui sont sujets, sont des noms de villes. • verset 6bc - 6b pen-yiṣlaḥ - we’āklâ
kā’ēš we’ên-mekabbeh
bêt lebêt-
- de peur qu’il ne fonde - et il la dévorera
comme un feu et personne éteignant
sur la Maison de JOSEPH pour BéthEL.
YÔSĒP
’ĒL
Les deux propositions sont des finales coordonnées par « et », qui s’achèvent par « Maison d’Israël » et « Béthel », c’est-à-dire « Maison de El ». La « Maison de Joseph » comprenait les territoires d’Éphraïm et de Manassé et était la partie la plus importante du royaume du Nord, à savoir Israël : la ville de Béthel se trouve dans ce royaume. Le sujet de « dévorera » et l’objet de « éteignant » dans le second membre est « le feu » du premier membre. Il reste le premier membre du verset : « Cherchez Yhwh et vous vivrez », qui pourrait être unimembre, ou bien être le premier membre d’un trimembre : + 6 diršû - pen-yiṣlaḥ - we’āklâ
’et-yhwh kā’ēš we’ên-mekabbeh
wiḥyû bêt YÔSĒP lebêt- ’ĒL
+ 6 cherchez - de peur qu’il ne fonde - et il la dévorera
Yhwh comme un feu et personne éteignant
et vous vivrez, sur la Maison de JOSEPH pour BéthEL.
Cela à condition que 6a soit un membre et non deux : ce sont en effet deux propositions, la première à l’impératif et la deuxième à l’imparfait. Ainsi, du
298
Les solutions : deuxième partie, la séquence
point de vue du sens, la deuxième proposition représente la finalité de la première. De nouveau il est impossible de prendre parti à ce premier niveau. • verset 7 . 7 HAHŌPKÎM . ûṣedāqâ
lela‘ănâ lā’āreṣ
mišpāṭ
. 7 EUX-QUI-TOURNENT . et la justice
en absinthe à terre
le droit
HINNÎḤÛ
DÉLAISSENT
Ce bimembre est de composition spéculaire, verbes aux extrémités et sujets, synonymes, en termes médians. Le premier verbe est au participe, le dernier au parfait (traduit par un présent d’habitude). • verset 8abc : 8 ‘ŌŚEH - weHŌPĒK - weyôm
kîmâ labbōqer laylâ
ûkesîl ṣalmāwet HEḤŠÎK
: 8 LUI-QUI-FAIT les Pléiades et Orion l’ombre - et LUI-QUI-TOURNE en matin - et le jour en nuit ENTÉNÈBRE
Ce trimembre est de type ABB’. Tous les termes des deux derniers membres se correspondent selon le schéma a (b c) /(b’c’)a’. Les deux premiers membres commencent avec un participe, tandis que le dernier finit avec un verbe, mais cette fois-ci au parfait, faisant une sorte d’inclusion. • verset 8de - 8d HAQQÔRĒ’ - wayYIŠPEKĒM
lemê ‘al-penê
hayyām hā’āreṣ
- LUI-QUI-APPELLE - et LES RÉPAND
les eaux sur la face
de la mer de la terre
Les deux membres sont parallèles : ils commencent avec les verbes, participe puis imparfait (traduit par un présent) et s’achèvent avec deux termes opposés ou complémentaires. Il reste un membre, « Yhwh (est) son nom », qui, selon la ponctuation massorétique, s’ajoute aux deux membres précédents pour former un trimembre de type AA’B :
5. Am 5,1-17 - 8d HAQQÔRĒ’ - wayYIŠPEKĒM = yhwh
lemê ‘al-penê šemô
hayyām hā’āreṣ
- LUI-QUI-APPELLE - et LES RÉPAND = Yhwh
les eaux sur la face son nom
de la mer de la terre
299
• verset 9 – 9 HAMMABLÎG – wešōd
šōd ‘al-mibṣār
– 9 LUI-QUI-DÉCHAINE – et le ravage
le ravage sur le fort sur la citadelle ARRIVE
‘al-‘āz YĀBÔ’
Le segment est du type : a (b c) /(b’c’)a’. • verset 10 - 10 ŚĀN’Û - wedōbēr
bašša‘ar tāmîm
- 10 ILS HAÏSSENT - et qui-parle
à la porte avec intégrité
môkîaḥ E
Y TĀ‘ĒBÛ
qui-réprouve ILS EXÈCRENT
Ce segment est un bimembre à 3 + 3 termes. Aux extrémités, deux verbes synonymes ; le deuxième membre précise que « qui-réprouve » du premier membre est intègre. • verset 11ab :: 11 lākēn :: ûmaś’at-
ya‘an bar
:: 11 c’est pourquoi, :: et une taxe
puisque vous pressurez sur le blé vous prenez
bôšaskem tiqḥû
‘al-dāl mimmennû le dépourvu de lui
Il s’agit d’un bimembre à 4 + 4 termes. Le dernier terme du deuxième membre se réfère au dernier terme du premier membre ; ces termes sont précédés de deux verbes qui ont le même sujet. En deux phrases est dénoncée la même oppression au détriment du « dépourvu ».
300
Les solutions : deuxième partie, la séquence
• verset 11cd E
+ bāttê – weLŌ’-TĒŠBÛ
gāzît bām
B NÎTEM
+ des maisons – mais VOUS N’HABITEREZ PAS
de pierres-de-taille en elles
VOUS AVEZ BÂTI
Les verbes se trouvent en termes médians ; « en elles » renvoie à « maisons de pierres-de-taille ». • verset 11ef E
+ karmê– weLŌ’ TIŠTÛ
ḥemed ’et-yênām
N ṬA‘TEM
+ des vignes – mais VOUS NE BOIREZ PAS
désirables leur vin.
VOUS AVEZ PLANTÉ
Questo bimembro ha la stessa composizione del precedente. • verset 12ab :: 12 kî yāda‘tî :: wa
rabbîm ‘ăṣùmîm
:: 12 car je sais (que) :: et
nombreux (sont) vos crimes énormes vos péchés
piš‘êkem ḥaṭṭō’têkem
Les deux membres sont parallèles et synonymiques ; le premier verbe n’a pas de correspondant dans le premier membre. • verset 12cde . 12c ṢŌRERÊ . LŌQḤÊ . we’ebyônîm
ṣaddîq kōper bašša‘ar
HIṬṬÛ
. EUX-QUI-OPPRIMENT . EUX-QUI-PRENNENT . et les pauvres
le juste, la compensation à la porte
FONT-DÉVIER
Les premiers membres de ce trimembre commencent avec le verbe au participe, tandis que le troisième finit par un verbe à l’accompli (traduit par un présent).
5. Am 5,1-17
301
• verset 13 :: 13 lākēn :: kî
hammaśkîl ‘ēt
bā‘ēt rā‘â
:: 13 c’est pourquoi :: car
le prudent un temps
en ce temps celui-ci de malheur celui-ci
hahî’ hî’
yiddōm se tait,
Le premier membre est la principale, le second une causale. « Temps » et « celui-ci » reviennent dans les deux membres. • verset 14ab - 14 DIRŠÛ- lema‘an - 14 CHERCHEZ - afin que
we’al-rā‘
ṭôb TIḤYÛ
le bien
et non le mal
VOUS VIVIEZ
Le premier membre est la principale, le second une finale. Les verbes se trouvent aux extrémités. La vie (« viviez ») est mise en relation avec « le bien ». • verset 14cd . wîhî-kēn . ka’ăšer
yhwh ’ămartem
’ĕlōhê-
ṣebā’ôt
’ittekem
. et sera ainsi . comme
Yhwh, vous dites
le Dieu
des armées,
avec vous,
Ce sont deux propositions, la principale, suivie par une comparative. Il n’y a pas d’autre rapport entre les deux membres. • verset 15abc – 15 ŚIN’Û – we’EHĔBÛ :: wehaṣṣîgû
rā‘ ṭôb bašša‘ar mišpāṭ
– 15 HAÏSSEZ
le mal le bien à la porte
– et AIMEZ :: et instaurez
le droit
Ce trimembre est du type AA’B. Les deux premiers membres, parallèles entre eux, sont complémentaires. Le troisième précise en quoi consiste « le bien » : c’est faire respecter « le droit » au tribunal, « la porte » de la ville où siégeait les juges.
302
Les solutions : deuxième partie, la séquence
• verset 15de - ’ûlay - še’ērît
yeḥĕnan yôsēp
yhwh
’ĕlōhê-
ṣebā’ôt
- peut-être - du reste
aura pitié de Joseph
Yhwh,
le Dieu
des armées,
On peut, provisoirement, analyser cette proposition comme un bimembre ; le premier membre nomme le sujet du verbe, le second son objet. • verset 16ab - 16 lākēn - ’ĕlōhê
kò-’āmar ṣebā’ôt
- 16 c’est pourquoi - le Dieu
YHWH
’ĂDŌNĀY
ainsi-parle des armées,
YHWH, LE SEIGNEUR
Le deuxième membre développe le nom de « Yhwh » avec lequel s’achève le premier membre. • verset 16cd . 16c bekol. û bekol-
reḥōbôt ḥûṣôt
. 16c dans toutes . et dans toutes
les places (ce sera) les rues ils diront :
yō’merû
MISPĒD HÔ-HÔ UN GÉMISSEMENT
OH, OH !
Les deux membres sont parallèles : « places » et « rues » sont complémentaires, le « gémissement » est verbalisé dans le deuxième membre. • verset 16e-17a + 16e weqār’û + ûMISPĒD – 17 ûbekol -
’ikkār ’el-yôd‘ê kerāmîm
’el-’ēbel nehî
+ 16e et ils appelleront + et au GÉMISSEMENT – 17a et dans toutes
le paysan ceux qui connaissent les vignes
au deuil la plainte un GÉMISSEMENT
MISPĒD
Le trimembre est de type AA’B. En effet le deuxième membre est coordonné au dernier terme du premier membre.
5. Am 5,1-17
303
• verset 17bc 17b
: kî-’e‘ĕbōr : ’āmar
beqirbekā yhwh s
: 17b car je passerai : dit
au milieu de toi, Yhwh.
Le deuxième membre est la formule de conclusion d’oracle ; le rapport entre les deux membres est uniquement rythmique. 2. REGROUPER LES SEGMENTS EN MORCEAUX ET PARTIES Commençons, comme il se doit, par les plus évidents. 2.1 Le verset 3 Les segments 3bc et 3de forment un morceau parallèle (la traduction peut désormais être un peu moins littérale) : - hā‘îr
hayyōṣē’t . taš’îr
’elep mē’â
- we
hayyôṣē’t . taš’îr
mē’â ‘ăśārâ
- la ville
qui en faisait-sortir . en fera rester
mille cent
- et (celle)
qui en faisait-sortir . en fera rester
cent dix
. Mais on peut aussitôt voir que 3a et 3f font part de la même unité : + 3 kî kò ’āmar ’ădōnāy - hā‘îr hayyōṣē’t . taš’îr - we + lebêt
hayyôṣē’t . taš’îr yiśrā’ēl
yhwh ’elep mē’â mē’â ‘ăśārâ
304
Les solutions : deuxième partie, la séquence
+ 3 car ainsi parle - la ville
le Seigneur qui en faisait-sortir . en fera rester
Yhwh : mille cent
qui en faisait-sortir . en fera rester d’Israël.
cent dix
- et (celle) + pour la Maison
En effet, 3a introduit les mots de 3b-e, et le dernier membre est un complément qui fait partie de la phrase. On peut affirmer que cette unité commence en 3a, car le membre qui précède semble constituer un trimembre avec les deux membres précédents (voir p. 295). Et après le verset 3 commence un autre discours, introduit par une phrase narrative : « car ainsi parle Yhwh à la Maison d’Israël : cherchez-moi... » (4a). Pour la composition de cette unité il y a deux solutions : – deux trimembres : A (BC) / (B’C’) D. Toutefois cette solution doit être écartée parce que 3a n’introduit pas seulement 3bc, mais aussi 3de ; en outre 3f ne conclut pas seulement les deux membres précédents, mais aussi ceux qui précèdent. – ou bien trois morceaux : chacun des morceaux extrêmes est de la taille d’un unimembre, tandis que le morceau central est formé de deux bimembres : + 3 Car ainsi parle
LE SEIGNEUR
YHWH :
·····································································
- « La ville
qui en faisait sortir . en fera rester
mille cent
- et (celle)
qui en faisait sortir . en fera rester
cent dix”,
·····································································
+ À LA MAISON
D’ISRAËL.
On peut interpréter le dernier membre (3f) comme complément du premier (3a) : le verbe ’āmar (« parler ») se construit avec la préposition le (« à »). Le premier morceau donne le nom du locuteur, le dernier celui du destinataire.
5. Am 5,1-17
305
2.2 Le verset 5 C’est une seule phrase, avec trois principales coordonnées qui forment un trimembre de type ABB’, auxquelles sont subordonnées deux causales coordonnées. Du point de vue du rythme, le premier segment comprend 3 fois 2 termes et le bimembre 2 fois 3 termes. + 5 we’al-tidrešû + wehaggilgāl + ûbe’ēr šeba‘ : kî haggilgāl : ûbêt-’ēl
bêt-’ēl lō’ tābō’û lō’ ta‘ăbōrû gālò yihyeh
+ 5 et ne cherchez pas + et à Gilgal + et à Béer-Shéva : car Gilgal : et Béth-El
yigleh le’āwen
Béth-El ne venez pas ne passez pas, sera entièrement sera
déportée anéantie.
Étant donné la symétrie spéculaire de « Béth-El » et « Gilgal », on pourrait mettre 5c au centre, isolé, parce que « Béer-Shéva est citée une seule fois : + 5 we’al-tidrešû – wehaggilgāl :: ûBE’ĒR ŠEBA‘
bêt-’ēl lō’ tābō’û lō’ ta‘ăbōrû
– kî haggilgāl + ûbêt-’ēl
gālò yihyeh
+ 5 et ne cherchez pas – et à Gilgal
Béth-El ne venez pas
:: et à BÉER-SHÉVA – car Gilgal + et Béth-El
yigleh le’āwen
ne passez pas, sera entièrement sera
déportée anéantie.
306
Les solutions : deuxième partie, la séquence
2.3 Le verset 11 + 11c bāttê
gāzît : welō’-tēšbû
benîtem bām
+ karmê-
ḥemed : welō’ tištû
neṭa‘tem ’et-yênām
+ 11c des maisons de pierre-de-taille : mais vous n’habiterez pas
VOUS AVEZ BÂTI,
+ des vignes agréables : mais vous ne boirez pas
VOUS AVEZ PLANTÉ,
en elles ; le vin-d’elles.
Les deux segments sont parallèles, sans qu’il soit besoin d’explications. – 11 lākēn – ûmaś’at -
ya‘an bar
BÔŠASKEM TIQḤÛ
‘al-dāl mimmennû
······················································································
+ 11c bāttê + karmê-
E
gāzît : welō’-TĒŠBÛ
B NÎTEM
bām E
ḥemed : welō’ TIŠTÛ
N ṬA‘TEM
’et-yênām
······················································································ 12
:: kî yāda‘tî :: wa
rabbîm ‘ăṣùmîm
PIŠ‘ÊKEM ḤAṬṬŌ’TÊKEM
– 11 c’est pourquoi, – et une taxe
puisque sur le blé
VOUS PRESSUREZ VOUS PRENEZ
·····································································································
+ 11c des maisons : mais
de pierres-taillées vous n’HABITEREZ pas
en elles,
+ des vignes : mais
agréables vous ne BOIREZ pas
leur vin,
VOUS AVEZ BÂTI, VOUS AVEZ PLANTÉ,
·····································································································
– 12 car je sais que – et
nombreux énormes
(sont
VOS CRIMES VOS PÉCHÉS.
le dépourvu de lui,
5. Am 5,1-17
307
Les propositions principales (11c-f) sont précédées d’un segment où sont exprimées les raisons du châtiment (11ab) ; « car » de 12a et « c’est pourquoi » de 11a jouent le rôle de termes initiaux pour les morceaux extrêmes. Les trois morceaux forment donc une partie très cohérente. Tandis que le morceau central est formé de deux segments, les morceaux extrêmes ne comptent qu’un seul segment. L’infinitif de 11a comme les deux substantifs de 12a ont le même pronom suffixe (traduit par le possessif). Les « crimes » et les « péchés » consistent à exploiter les pauvres (11ab) ; les deux verbes de 11c et 11e ont aussi la même désinence en -em ; au contraire, les verbes de 11d et de 11f sont à l’accompli (traduit par le présent ou le futur) comme le verbe final du premier morceau (12b) et ont donc la même désinence en -û. 2.4 Les versets 8-9 + 8 ‘ōśeh . wehōpēk . weyôm
kîmâ labbōqer laylâ
ûkesîl ṣalmāwet heḥšîk
lemê‘al-penê šemô s
hayyām hā’āreṣ
– 9 hammablîg – wešōd
šōd ‘al-mibṣār
‘al-‘āz yābô’
+ 8 LUI-QUI-FAIT + et LUI-QUI-TOURNE + et le jour
les Pléiades en matin en nuit
et Orion, l’ombre enténèbre ;
les eaux sur la face son nom !
de la mer de la terre
le ravage sur la citadelle
sur le fort arrive.
- haqqôrē’ - wayyišpekēm . yhwh
- LUI-QUI-APPELLE - et les répand . Yhwh (est) – 9 LUI-QUI-DÉCHAINE – et le ravage
Chaque segment commence par un participe hymnique1. Les trois segments ont le même sujet, dont le nom, « Yhwh », est prononcé seulement à la fin du deuxième segment (8f)2, ce qui fait que l’on peut dire que la composition est concentrique autour de la révélation du Nom. 1
Alors que les deux premiers n’ont pas l’article, les deux autres l’ont. « Yhwh (est) son nom » a une valeur conclusive, comme en 4,13 à la fin du dernier passage d’Am 4,12-13 et donc de toute la séquence Am 4,4-13 ; il en va de même pour la séquence d’Am 5,18-27. 2
308
Les solutions : deuxième partie, la séquence
À la fin du premier segment, le Seigneur renverse la création, contrairement à ce qu’il avait fait le premier jour, en créant la lumière. Le segment central semble faire allusion au déluge, qui fut un châtiment pour tout le mal dont l’humanité avait rempli la terre. Le troisième segment peut être compris comme le point d’arrivée ou d’application à la situation présente, où l’homme « fort » est châtié pour son péché, même s’il croit pouvoir être en sûreté dans sa « citadelle ». Toute l’unité annonce donc une punition qui aura une dimension cosmique. Il serait aussi possible de considérer 8def non comme un trimembre, mais comme un morceau formé d’un bimembre et d’un unimembre. Cette solution reconnaitrait à la révélation du Nom un statut de plus grande importance. 2.5 Les versets 16-17 - 16c bekol -reḥōbôt - ûbekol -ḥûṣôt : weqār’û : ûMISPĒD : 17 ûbekol -kerāmîm = kî-’e‘ĕbōr
yō’merû ’ikkār ’el-yôd‘ê
’el-’ĒBEL NEHÎ MISPĒD
beqirbekā
-16c dans toutes les places - et dans toutes les rues
(ce sera) on dira :
: et on appellera : et au GÉMISSEMENT : 17 et dans toutes les vignes
le paysan ceux qui connaissent (ce sera)
= car je passerai
MISPĒD HÔ-HÔ
UN GÉMISSEMENT
OH, OH ! au DEUIL la PLAINTE UN GÉMISSEMENT
au milieu de toi
Dans les deux segments 16cd et 16e-17a revient trois fois le terme « gémissement » ; deux fois il se trouve à la fin du membre et les autres membres s’achèvent par un synonyme, « Oh, Oh ! », « deuil » et « plainte ». Tandis que le premier segment parle de la ville, avec « places » et « rues », le deuxième parle de manière complémentaire de la campagne, avec « le paysan » et « les vignes ». Les membres extrêmes commencent avec « dans toutes » (16c.16d.17a). 17b est une causale régie par les propositions principales précédentes. Elle constitue donc le troisième segment, unimembre, du morceau. Ce morceau est précédé d’une formule d’introduction d’oracle (16ab) et est suivi par une formule de conclusion d’oracle (17c) :
5. Am 5,1-17 + 16 lākēn + ’ĕlōhê
kò-’ĀMAR ṣebā’ôt
309
YHWH ’ădōnāy
···························································································· -reḥōbôt MISPĒD -ḥûṣôt yō’merû HÔ-HÔ
- bekol - ûbekol
: weqār’û : ûMISPĒD : 17 ûbekol -kerāmîm = kî-’e‘ĕbōr
’ikkār ’el-yôd‘ê
’el-’ĒBEL NEHÎ MISPĒD
beqirbekā
····························································································
+
’ĀMAR
YHWH s
+ 16 c’est pourquoi + le Dieu
ainsi DIT des armées,
YHWH, le Seigneur:
··················································································································· (ce sera) GÉMISSEMENT on dira : OH, OH !
- dans toutes les places - et dans toutes les rues
: et on appellera : et au GÉMISSEMENT : 17 et dans toutes les vignes = car je passerai
le paysan ceux qui connaissent (ce sera)
au DEUIL la PLAINTE. UN GÉMISSEMENT
au milieu de toi,
··················································································································· DIT YHWH.
+
Dans la formule de conclusion (17c) est repris le verbe et le sujet de la formule d’introduction, « dit Yhwh ». Les trois morceaux forment donc une partie. 3. FAIRE LE POINT DE LA SITUATION + 1 šim‘û + ’ăšer + qînâ
’et-haddābār ’ānōkî bêt
hazzeh nōśē’ ‘ălêkem yiśrā’ēl
- 2 nāplâ - niṭṭešâ
lō’-tôsîp ‘al-’admātāh
qûm betûlat ’ên meqîmāh
+ 3 kî kò ’āmar ’ădōnāy yhwh . hā‘îr
hayyōṣē’t taš’îr
’elep mē’â
. we
hayyôṣē’t taš’îr
mē’â ‘ăśārâ
lebêt yiśrā’ēl s
yiśrā’ēl
310 4
Les solutions : deuxième partie, la séquence kî kò ’āmar yhwh lebêt yiśrā’ēl
DIRŠÛNÎ WIḤYÛ
– 5 we’AL-TIDREŠÛ – wehaggilgāl – ûbe’ēr šeba‘
bêt-’ēl lō’ tābō’û lō’ ta‘ăbōrû
: kî haggilgāl gālò : ûbêt-’ēl yihyeh 6
DIRŠÛ
yigleh le’āwen
’et-yhwh WIḤYÛ
- pen-yiṣlaḥ - we’āklâ
kā’ēš bêt yôsēp we’ên-mekabbeh lebêt-’ēl
7
hahōpkîm ûṣedāqâ
lela‘ănâ mišpāṭ lā’āreṣ hinnîḥû
1 Écoutez laquelle LAMENTATION,
la PAROLE moi Maison
: 2 elle est tombée, : elle a été jetée 3
celle-là je porte d’Israël,
plus sur son sol,
contre vous
ne se relèvera, la vierge Israël personne qui-la-relève.
Car ainsi parle le Seigneur Yhwh : - la ville qui en faisait sortir mille . restera avec cent
- et celle qui en faisait sortir . restera avec à la maison d’Israël.
cent dix
4
Car ainsi parle le Seigneur à la Maison d’Israël : CHERCHEZ moi et VOUS VIVREZ
: 5 et ne cherchez pas : et à Gilgal : et à Béer-Shéva Car Gilgal et Béth-El 6
Béth-El ne venez pas ne passez pas,
sera entièrement déportée sera annéantie.
CHERCHEZ YHWH et VOUS VIVREZ ;
- de peur qu’il ne fonde comme un feu sur la Maison de JOSEPH - et il la dévorera et personne éteignant pour Béth-El. . 7 Eux-qui-tournent en absinthe . et la justice à terre
le droit délaissent.
Avec le verset 8 commence un nouveau morceau. Dans les sept premiers versets deux unités ont déjà été identifiées : le verset 3 qui constitue une partie, et le verset 5 un morceau. Il reste les deux premiers versets, le verset 4 et les versets 6-7.
5. Am 5,1-17
311
Nous pouvons commencer avec 1-2 : + 1 šim‘û = ’ăšer
’ET-HADDĀBĀR ’ānōkî
+ QÎNÂ = BÊT
YIŚRĀ’ĒL
2
. nāplâ : BETÛLAT . niṭṭešâ
lō’-tôsîp YIŚRĀ’ĒL ‘al-’admātāh
hazzeh nōśē’
‘ĂLÊKEM
qûm ’ên meqîmāh
Nous avions analysé 1abc comme un trimembre (voir p. 295) ; toutefois il est aussi possible, et probablement mieux, de considérer que ce sont deux segments parallèles, « lamentation » spécifiant quelle type de « parole » sera prononcée, et « Maison d’Israël » nommant le référent du pronom « vous » de 1b. La brièveté du deuxième segment, surtout de son premier membre, produit l’effet d’une condamnation cinglante. Le troisième segment explicite la raison de la « lamentation », le chant funèbre ; « tomber » est une façon traditionnelle pour dire mourir, de mort violente3. + 1 Écoutez = laquelle + UNE LAMENTATION, = MAISON . 2 Elle est tombée, : LA VIERGE . elle a été jetée
3
celle-ci je porte
LA PAROLE
moi D’ISRAËL
CONTREVOUS,
:
plus ISRAËL ; sur son sol,
ne se relèvera, personne qui la relève.
Utilisé en particulier dans l’expression « tomber par l’épée » (Nb 14,3.43 ; 2S 1,12 ; 3,29 ; Is 31,8 ; Ps 78,64) le verbe est l’équivalent de «mourir par l’épée» (Jr 21,9) ; il n’indique donc pas simple une chute, mais la mort violente, devant l’ennemi (dont «on ne se relève pas» : Jr 25,27). C’est un mot qui appartient au genre littéraire de la lamentation (voir 2S 1,19.25 ; 3,34 ; Lm 1,7 ; 2,21 ; voir aussi Is 21,9 et Jr 51,8).
312
Les solutions : deuxième partie, la séquence
Le verset 4 comprend une formule d’introduction d’oracle suivie d’un impératif qui s’oppose à la défense avec laquelle commence le morceau déjà repéré du verset 5 : « cherchez-moi », « et ne cherchez pas ». Il est donc clair que le verset 4 est fortement lié au verset 5 et fait partie de la même unité. :: 4 kî kò ’āmar :: leBÊT
YHWH
yiśrā’ēl
+ diršûnî = WIḤYÛ ··························································································
– 5 we’al-tidrešû . we û . kî –û
bêt-’ēl haggilgāl
lō’ tābō’û
be’ēr šeba‘
lō’ ta‘ăbōrû
haggilgāl bêt-’ēl
gālò yihyeh
yigleh le’āwen
·························································································· ’ET-YHWH
+ 6 diršû = WIḤYÛ
:: pen-yiṣlaḥ :: we’āklâ
kā’ēš we’ên-mekabbeh
yôsēp leBÊT- ’ēl
BÊT
Par ailleurs, le verset 5 est suivi par un bimembre (6ab) très semblable au segment avec lequel s’achève le verset 4, lequel est suivi d’une finale régie par la principale qui précède. Il s’agit donc d’une partie formée de trois morceaux. Les morceaux extrêmes se correspondent de façon spéculaire : les segments médians sont presque identiques, les segments extrêmes ont en commun les noms des destinataires, dans le second membre du premier segment, à la fin de chacun des deux membres dans le dernier segment. « La Maison de Joseph » est un autre nom de « la Maison d’Israël » (voir p. 297)
5. Am 5,1-17 :: 4 Car ainsi parle :: à la MAISON
313
YHWH d’Israël :
+ Cherchez-moi = ET VOUS VIVREZ. ········································································································· BÉTH-El
– 5 Et ne cherchez pas . et à Et à . car – et
Gilgal
ne venez pas
BÉER-SHÉVA
ne passez pas
Gilgal BÉTH-El
sera totalement déportée sera anéantie.
········································································································· YHWH
+ 6 Cherchez = ET VOUS VIVREZ,
sur la :: de peur qu’il ne fonde comme un feu :: et il la dévorera et personne qui éteigne pour
MAISON
BÉTH -
de Joseph El.
Reste le verset 10, isolé (pour le moment) entre 8-9 et 11-12... - 8 ‘ōśeh - wehōpēk - weyôm
kîmâ labbōqer laylâ
ûkesîl ṣalmāwet heḥšîk
. haqqôrē’ . wayyišpekēm . yhwh
lemê‘al-penê šemô s
hayyām hā’āreṣ
- 9 hammablîg - wešōd
šōd ‘al-‘āz ‘al-mibṣār yābô’
10
śān’û bašša‘ar môkîaḥ wedōbēr tāmîm yetā‘ēbû
11
lākēn ûmaś’at-
ya‘an bar
bôšaskem tiqḥû
+ bāttê – welō’-
gāzît tēšbû
benîtem bām
+ karmê– welō’
ḥemed tištû
neṭa‘tem ’et-yênām
‘al-dāl mimmennû
– 12 kî yāda‘tî rabbîm piš‘êkem – wa ‘ăṣùmîm ḥaṭṭō’têkem ṣōrerê ṣaddîq lōqḥê kōper we’ebyônîm bašša‘ar hiṭṭû :: 13 lākēn :: kî ‘ēt
hammaśkîl bā‘ēt hahî’ yiddōm hî’
RĀ‘Â
314
Les solutions : deuxième partie, la séquence
- 14 DIRŠÛ- lema‘an
ṭôb
we’al-RĀ‘
wîhî-kēn ka’ăšer
yhwh ’ămartem
TIḤYÛ
’ĕlōhê- ṣebā’ôt ’ittekem
– 15 śin’û– we’ehĕbû :: wehaṣṣîgû
ṭôb bašša‘ar
’ûlay še’ērît
yeḥĕnan yôsēp s
yhwh
16 lākēn ’ĕlōhê
kò-’āmar ṣebā’ôt
yhwh ’ădōnāy
RĀ‘
. bekol-reḥōbôt . ûbekol-ḥûṣôt
mišpāṭ ’ĕlōhê- ṣebā’ôt
mispēd hô-hô
yō’merû
+ weqār’û ’ikkār + ûmispēd ’el-yôd‘ê + 17 ûbekol-kerāmîm
’el-’ēbel nehî mispēd
kî-’e‘ĕbōr beqirbekā ’āmar yhwh s : 8 Lui-qui-fait : lui-qui-tourne : et le jour
les Pléiades en matin en nuit
- lui-qui-appelle - et les répand
les eaux de la mer sur la face de la terre. est son nom !
YHWH
et Orion, l’ombre enténèbre,
9
– lui-qui-déchaine le ravage – et la ruine sur la citadelle 10
ils haïssent et qui PARLE
sur le fort vient.
à la porte qui réprouve avec intégrité ils exècrent.
11 C’est pourquoi, et une taxe
puisque sur le blé
vous pressurez vous prenez
le dépourvu de lui ,
+ des maisons de pierrres-de-taille vous avez bâti, : mais vous n’habiterez pas en elles ; + DES VIGNES désirables : mais vous ne boirez pas 12
Car je sais que
et
nombreux (sont) vos crimes énormes vos péchés.
12c Eux-qui-oppriment eux-qui-prennent et les pauvres 13
C’est pourquoi car
vous avez planté, le vin d’elles.
le juste, la compensation à la porte
le prudent en ce temps un temps de MAL
font dévier. celui-ci tait, celui-ci.
5. Am 5,1-17
315
14
CHERCHEZ le bien et non le MAL afin que VOUS VIVIEZ et sera ainsi Yhwh, le Dieu des armées, comme vous dites.
– 15 HAÏSSEZ – et aimez :: et instaurez peut-être du reste
le MAL le bien à la porte
avec vous,
le droit :
aura pitié Yhwh, de JOSEPH.
le Dieu des armées,
16 C’est pourquoi ainsi parle Yhwh, le Dieu des armées, le Seigneur :
sur toutes les places et dans toutes les rues et on appellera et au gémissement 17 et dans toutes
(ce sera) on dira :
le paysan ceux qui connaissent les vignes (ce sera)
gémissement Oh,Oh ! au deuil la plainte un gémissement
car je passera au milieu de toi, dit Yhwh.
Il reste surtout 12c-15, entre 11-12 et 16-17. Notant la double opposition entre « bien » et « mal » au début de 14 et de 15 d’une part, et la reprise de « Yhwh, le Dieu des armées » à la fin de ces versets, on peut faire l’hypothèse qu’ils forment une unité. + 14 diršû – we’al . lema‘an = wîhî-kēn : ka’ăšer
ṬÔB RĀ‘
tiḥyû yhwh ’ămartem
’ĕlōhê - ṣebā’ôt
’ITTEKEM
······································································································· RĀ‘ ṬÔB
+ 15 śin’û – we’ehĕbû . wehaṣṣîgû
= ’ûlay : ŠE’ĒRÎT
bašša‘ar
mišpāṭ
yeḥĕnan YÔSĒP s
yhwh
’ĕlōhê -
ṣebā’ôt
Les deux morceaux qui forment cette unité sont parallèles. Les deux premiers membres des premiers segments sont synonymes par opposition des contraires. Les troisièmes membres au contraire sont différents : 14c est une finale, 15c spécifie en quoi consiste « le bien ». Ces derniers membres sont complémentaires, l’un disant la finalité pour qui fait le bien, l’autre la finalité pour qui en est le bénéficiaire : la vie est pour les deux. Dans les derniers segments est exprimée la bénédiction de « Yhwh, le Dieu des armées » pour qui aura obéi aux commandements.
316
Les solutions : deuxième partie, la séquence
+ 14 Cherchez – et non . afin que
LE BIEN LE MAL vous viviez :
= et sera ainsi : comme
YHWH, vous dites.
le Dieu
des armées, AVEC VOUS,
·········································································································
+ 15 Haïssez – et aimez . et instaurez
LE MAL LE BIEN à la porte
= peut-être : DU RESTE
le droit: YHWH
aura-pitié DE JOSEPH.
le Dieu
4. LA COMPOSITION DE L’ENSEMBLE 1
Écoutez laquelle LAMENTATION ,
la PAROLE moi Maison
: 2 elle est tombée, : elle a été jetée 3
celle-là je porte d’Israël,
plus sur son sol,
contre vous
ne se relèvera, la vierge Israël personne qui-la-relève.
Car ainsi parle le Seigneur Yhwh : - la ville qui en faisait sortir mille . restera avec cent
- et celle qui en faisait sortir . restera avec à la maison d’Israël.
cent dix
4
Car ainsi parle Yhwh à la Maison d’Israël : CHERCHEZ moi et VOUS VIVREZ : 5 et ne cherchez pas Béth-El : et à Gilgal ne venez pas : et à Béer-Shéva ne passez pas, car Gilgal et Béth-El
sera entièrement déportée sera annéantie.
6
CHERCHEZ YHWH et VOUS VIVREZ - de peur qu’il ne fonde comme un feu sur la Maison de JOSEPH - et il la dévorera et personne éteignant pour Béth-El. . 7 Eux-qui-tournent en absinthe le droit . et la justice à terre délaissent. : 8 Lui-qui-fait : lui-qui-tourne : et le jour
les Pléiades en matin en nuit
- lui-qui-appelle - et les répand
les eaux de la mer sur la face de la terre. est son nom !
YHWH
et Orion, l’ombre enténèbre,
des armées
5. Am 5,1-17 – 9 lui-qui-déchaine le ravage – et la ruine sur la citadelle 10
sur le fort vient.
à la porte qui réprouve avec intégrité ils exècrent.
ILS HAÏSSENT
et qui PARLE 11
C’est pourquoi, et une taxe
puisque sur le blé
vous pressurez vous prenez
le dépourvu de lui ,
+ des maisons de pierrres-de-taille vous avez bâti, : mais vous n’habiterez pas en elles ; + DES VIGNES désirables : mais vous ne boirez pas 12
Car je sais que
vous avez planté, le vin d’elles.
nombreux (sont) vos crimes énormes vos péchés.
et Eux-qui-oppriment eux-qui-prennent et les pauvres 13
C’est pourquoi car
le juste, la compensation à la porte
font dévier.
le prudent en ce temps un temps de MAL
celui-ci tait, celui-ci.
14
CHERCHEZ le bien et non le MAL afin que VOUS VIVIEZ et sera ainsi Yhwh, le Dieu des armées, comme vous dites. – 15 HAÏSSEZ – et aimez :: et instaurez peut-être du reste
le MAL le bien à la porte
avec vous,
le droit :
aura pitié Yhwh, de JOSEPH.
le Dieu des armées,
16
C’est pourquoi ainsi PARLE Yhwh, le Dieu des armées, le Seigneur : sur toutes les places et dans toutes les rues et on appellera et au GÉMISSEMENT 17 et dans toutes
(ce sera) on dira :
le paysan ceux qui connaissent les vignes (ce sera)
car je passera au milieu de toi, DIT YHWH.
GÉMISSEMENT Oh,Oh ! au deuil la plainte UN GÉMISSEMENT
317
318
Les solutions : deuxième partie, la séquence
• Les rapports sont très étroits entre 4-6 et 14-15 : 4
Car ainsi parle Yhwh à la Maison d’Israël : CHERCHEZ-moi ET VOUS VIVREZ. 5
Et ne cherchez pas Béth-El et à Gilgal ne venez pas et à Béer-Shéva ne passez pas, car Gilgal sera entièrement déportée et Béth-El sera anéantie. 6 CHERCHEZ Yhwh ET VOUS VIVREZ, de peur qu’il ne fonde comme un feu sur la Maison de JOSEPH et il la dévorera et personne n’éteindra à Béth-El. [...] 14
CHERCHEZ le bien et non le mal afin que VOUS VIVIEZ et sera ainsi Yhwh, le Dieu des armées, avec vous, comme vous dites. 15 Haïssez le mal et aimez le bien et instaurez à la port le droit : peut-être Yhwh, le Dieu des armées, aura pitié du reste de JOSEPH.
Tandis que la première unité est organisée de manière concentrique, l’autre l’est de manière parallèle. Ces deux unités sont des invitations à « chercher » (4.6 ; 14) ce qui est bien : la première regarde le rapport aux lieux de culte (Béthel, Gilgal et Béer-Shéva), l’autre concerne le rapport à « la porte » (15), siège de l’administration de la justice. Les premiers membres de chaque morceau de la deuxième unité (14a.15a) correspondent à « Cherchez-moi » et « Cherchez Yhwh » de 4c et 6a. « Afin que vous viviez » de 14a rappelle les deux occurrences de « et vous vivrez » de 4c et 6a. Les deux unité s’achèvent avec le nom de « Joseph » (ce sont les deux occurrences de ce nom dans toute la séquence). • La dernière unité (16-17) correspond aux deux premières (1-2 et 3): 1
Écoutez cette PAROLE que je porte contre vous, UNE LAMENTATION, maison d’Israël : 2 elle est tombée, plus ne se relèvera, la vierge Israël , elle a été jetée sur son sol, personne qui la relève. 3
Car ainsi PARLE le Seigneur Yhwh: la ville qui en faisait sortir mille restera avec cent et celle qui en faisait sortir cent restera avec dix, à la Maison d’Israël. [...] 16
C’est pourquoi ainsi PARLE Yhwh, le Dieu des armées, le Seigneur : sur toutes les places ce sera un GÉMISSEMENT et dans toutes les rues on dira : OH,OH ! et on appellera le paysan au deuil et au GÉMISSEMENT ceux qui connaissent la PLAINTE 17 et dans toutes les vignes ce sera un GÉMISSEMENT car je passerai au milieu de toi, DIT Yhwh.
Elles annoncent un châtiment marqué par la mort et la lamentation funèbre. « Gémissement » et « plainte » de 16-17 renvoient à leur synonyme « lamentation » du verset 1. Alors qu’au début il s’agit seulement de « villes », à la fin
5. Am 5,1-17
319
outre les villes (« places » et « rues » de 16), il est question aussi de la campagne (« paysan » et « vignes »). Si 4-6 et 14-15 d’une part et 1-3 et 16-17 de l’autre se correspondent, comme on l’a à peine vu, il est possible de faire l’hypothèse que 1-2 et 3 forment une unité du même niveau que 16-17 et aussi de 4-6 et 15-15. Vérifions : + 1 šim‘û = ’ăšer
’ET-HADDĀBĀR ’ānōkî
+ QÎNÂ = BÊT
YIŚRĀ’ĒL
2
. nāplâ . niṭṭešâ + 3 kî kò ’ĀMAR
HAZZEH
nōśē’
‘ălêkem
lō’-tôsîp ‘al-’admātāh
qûm ’ên
b tûlat meqîmāh
’ădōnāy
yhwh
e
yiśrā’ēl
···········································································
– hā‘îr
hayyōṣē’t . taš’îr
’elep mē’â
– we
hayyôṣē’t . taš’îr
mē’â ‘ăśārâ
··········································································· YIŚRĀ’ĒL s
+ leBÊT
+ 1 Écoutez = laquelle
moi
+ UNE LAMENTATION, = MAISON
D’ISRAËL :
2
. Elle est tombée, . elle a été jetée
LA PAROLE
et ne pourra sur son sol ,
celle-là je porte
CONTRE VOUS,
se relever, personne
la vierge Israël, qui la relève.
+ 3 Car ainsi DIT
le Seigneur YHWH : ···········································································
– La ville
qui en faisait sortir . restera avec
mille cent,
– et (celle)
qui en faisait sortir . restera avec
cent dix,
··········································································· D’ISRAËL .
+ à la MAISON
La deuxième partie explicite la métaphore de la vierge de la première partie. Les morceaux extrêmes de la deuxième partie (3a.3f) correspondent aux deux premiers segments de la première partie (1) ; ils introduisent les oracles (2; 3be). On comprend que quatre-vingt-dix pour cent des forces militaires d’Israël qui
320
Les solutions : deuxième partie, la séquence
seront anéanties représente un désastre qui équivaut à la mort irrémédiable annoncée dans la première partie (2). Il reste maintenant à analyser seulement les versets 7, 10 et 12c-13. . 7 EUX-QUI-TOURNENT en absinthe . et la justice à terre
le droit délaissent.
: 8 Lui-qui-fait : lui-qui-tourne : et le jour
les Pléiades en matin en nuit
- lui-qui-appelle - et les répand
les eaux de la mer sur la face de la terre. est son nom !
YHWH 9
et Orion, l’ombre enténèbre,
– lui-qui-déchaine le ravage – et la ruine sur la citadelle
sur le fort vient.
10 ils haïssent à la porte QUI RÉPROUVE et qui PARLE avec intégrité ils exècrent. 11
C’est pourquoi, et une taxe
puisque sur le blé
vous pressurez vous prenez
le dépourvu de lui ,
················································································
+ des maisons de pierrres-de-taille vous avez bâti, : mais vous n’habiterez pas en elles ; + DES VIGNES désirables : mais vous ne boirez pas
vous avez planté, le vin d’elles.
················································································ 12
Car je sais que
et EUX-QUI-OPPRIMENT EUX-QUI-PRENNENT et les pauvres 13
C’est pourquoi car
nombreux (sont) vos crimes énormes vos péchés. le juste, la compensation à la porte
font dévier.
le prudent en ce temps un temps de mal
celui-ci celui-ci.
TAIT,
On notera avant tout que les participes avec lesquels commencent 7a et 12cd ont le même sujet, c’est-à-dire les injustes. Le dernier segment (13) est lié syntaxiquement au précédent avec lequel il constitue donc un morceau ; ce dernier morceau correspond au premier segment (7). Le verset 10 traite toujours des mêmes injustes ; « à la porte » (10a) sera repris en 13a. « Celui qui réprouve » qui « parle » en 10 « se tait » à la fin (13a). Celui dont parlent les versets 8-9 est celui qui parle et condamne en 11-12b. Ces sept versets pourraient donc constituer une unité. Comme 11-12b est de la mesure d’une partie, on peut penser que l’ensemble soit un passage.
5. Am 5,1-17 .. 7 haHŌPKÎM E .. ûṢ DĀQÂ +
lela‘ănâ lā’āreṣ
8
‘ōśeh . weHŌPĒK . weyôm
321
mišpāṭ hinnîḥû kîmâ labbōqer laylâ
ûkesîl ṣalmāwet heḥšîk
··················································································
- haqqôrē’ - wayyišpekēm : yhwh
lemê ‘al-penê
hayyām hā’āreṣ
šemô s
··················································································
+
9
hammablîg . wešōd
šōd ‘al-mibṣār
10
śān’û weDŌBĒR
– 11 LĀKĒN – ûmaś’at
-
ya‘an bar
‘al-‘āz yābô’
BAŠŠA‘AR
MÔKÎAḤ
tāmîm
yetā‘ēbû
bôšaskem
‘al-DĀL mimmennû
TIQḤÛ
·····················································································
+ bāttê
gāzît - welō’-tēšbû
benîtem bām
+ karmê -
ḥemed - welō’ tištû
neṭa‘tem ’et-yênām
····················································································· 12
– KÎ yāda‘tî – wa e
.. ṣōr rê .. LŌQḤÊ .. we’EBYÔNÎM 13
= LĀKĒN = KÎ ‘ēt
rabbîm ‘ăṣùmîm
piš‘êkem ḥaṭṭō’têkem
ṢADDÎQ kōper BAŠŠA‘AR
hiṭṭû
hammaśkîl rā‘â
bā‘ēt hahî’ hî’
YIDDŌM
Dans l’analyse de 8-9 nous avions identifié trois segments qui forment un morceau ; toutefois, nous avions envisagé la possibilité de considérer 8def comme un morceau formé d’un bimembre et d’un unimembre (voir p. 308). Comme la partie 11-12b est formée de trois morceaux, il semble que la symétrie entre les deux parties 8-9 et 11-12b soit un critère supplémentaire pour considérer la partie 8-9 comme formée elle aussi de trois morceaux.
322
Les solutions : deuxième partie, la séquence
.. 7 Eux-qui-TOURNENT .. et LA JUSTICE
en absinthe à terre
+ 8 Lui-qui-fait . et lui-qui-TOURNE . et le jour
le droit délaissent. les Pléiades en matin en nuit
et Orion, l’ombre enténèbre ;
·················································································
- lui-qui-appelle - et les répand
les eaux sur la face
: Yhwh (est)
son nom !
de la mer de la terre,
·················································································
+ 9 Lui-qui-déchaine . et le ravage 10
Ils haïssent et qui PARLE = 11 C’EST POURQUOI, puisque = et une taxe sur le blé
le ravage sur la citadelle
sur le fort vient.
À LA PORTE
CELUI-QUI-RÉPROUVE ils exècrent.
AVEC INTÉGRITÉ
vous pressurez
le DÉPOURVU VOUS PRENEZ de lui, ···························································································· + des maisons de pierres-de-taille - mais vous n’habiterez pas
vous avez bâti, en elles ;
+ des vignes désirables - mais vous ne boirez pas
vous avez planté, de leur vin,
····························································································
= 12 CAR je sais que = et
nombreux énormes
vos crimes vos péchés.
.. Eux-qui-oppriment .. eux-qui-PRENNENT .. et les PAUVRES
LE JUSTE, À LA PORTE
font-dévier.
= 13 C’EST POURQUOI = CAR c’est un temps
le prudent de mal
en ce temps-ci celui-ci.
une compensation SE TAIT
Les parties extrêmes commencent avec des participes aux mêmes modalités, « le juste » de 12c rappelle « la justice » de 7b. Dans la deuxième partie est repris le même verbe « tourner » au participe (8b) comme en 7a : à l’action des hommes qui renversent l’ordre juste (7) répond celle de Dieu qui renverse l’ordre de la création (8-9). Les deux dernières parties dénoncent le péché (11ab.12ab ; 13ab où se répètent dans le même ordre « c’est pourquoi » et « car ») et énoncent les conséquences de ces méfaits : on fait taire le juste (13) mais pas le Seigneur qui intervient pour rétablir la justice (11c-f). La partie centrale (10) a le même sujet que les parties extrêmes ; est repris « à la porte » comme à la fin (12e) ; tandis qu’au centre « celui-qui-réprouve » « parle », à la fin il « se tait ».
5. Am 5,1-17
323
Pour l’ensemble du texte, l’hypothèse qui se présente, comme naturellement, est celle d’une composition qui regroupe cinq passages organisés de manière concentrique : 1
šim‘û ’et-HADDĀBĀR hazzeh ’ăšer ’ānōkî nōśē’ ‘ălêkem QÎNÂ bêt yiśrā’ēl 2 nāplâ lō’e e tôsîp qûm betûlat yiśrā’ēl niṭṭ šâ ‘al-’admātāh ’ên m qîmāh 3 kî kò ’ĀMAR ’ădōnāy e yhwh hā‘îr hayyōṣē’t ’elep taš’îr mē’â w hayyôṣē’t mē’â taš’îr ‘ăśārâ lebêt yiśrā’ēl s 4
kî kò ’ĀMAR yhwh lebêt yiśrā’ēl DIRŠÛnî WIḤYÛ 5 we’al-tidrešû bêt-’ēl wehaggilgāl lō’ tābō’û ûbe’ēr šeba‘ lō’ ta‘ăbōrû kî haggilgāl gālò yigleh ûbêt-’ēl yihyeh le’āwen e e 6 DIRŠÛ ’et-yhwh WIḤYÛ pen-yiṣlaḥ kā’ēš bêt YÔSĒP we’āklâ w ’ên-m kabbeh e l bêt-’ēl 7
hahōpkîm lela‘ănâ mišpāṭ ûṣedāqâ lā’āreṣ hinnîḥû 8 ‘ōśeh kîmâ ûkesîl wehōpēk labbōqer ṣalmāwet weyôm laylâ heḥšîk haqqôrē’ lemê-hayyām wayyišpekēm ‘al-penê hā’āreṣ yhwh šemô s 9 hammablîg šōd ‘al-‘āz wešōd ‘al-mibṣār yābô’ 10 e e ŚĀN’Û bašša‘ar môkîaḥ w DŌBĒR tāmîm y tā‘ēbû 11 lākēn ya‘an bôšaskem ‘al-dāl ûmaś’at-bar tiqḥû mimmennû bāttê gāzît benîtem welō’-tēšbû bām KARMÊ-ḥemed neṭa‘tem welō’ tištû ’et-yênām 12 kî yāda‘tî rabbîm piš‘êkem wa‘ăṣùmîm ḥaṭṭō’têkem ṣōrerê ṣaddîq lōqḥê kōper we’ebyônîm bašša‘ar hiṭṭû 13 lākēn hammaśkîl bā‘ēt hahî’ yiddōm kî ‘ēt RĀ‘Â hî’ DIRŠÛ-ṭôb we’al-RĀ‘ lema‘an TIḤYÛ wîhî-kēn yhwh ’ĕlōhê-ṣebā’ôt ’ittekem ka’ăšer ’ămartem 15 e e ŚIN’Û-RĀ‘ w ’ehĕbû ṭôb w haṣṣîgû bašša‘ar mišpāṭ ’ûlay yeḥĕnan yhwh e e ’ĕlōhê-ṣ bā’ôt š ’ērît YÔSĒP s 14
lākēn kò-’ĀMAR yhwh ’ĕlōhê ṣebā’ôt ’ădōnāy bekol-reḥōbôt MISPĒD ûbekol-ḥûṣôt e 17 YŌ’MERÛ hô-hô w qār’û ’ikkār ’el-’ēbel ûMISPĒD ’el-yôd‘ê NEHÎ ûbekol-KERĀMÎM e e MISPĒD kî-’e‘ĕbōr b qirb kā ’ĀMAR yhwh s 16
Les rapports entre les deux premiers passages (1-3 et 4-6) : « Car ainsi dit Yhwh » avec quoi commence le deuxième passage (4) est utilisé au début de la deuxième partie du premier passage (3), à quoi correspond « Écoutez cette parole que je porte contre vous » au début de la première partie (1). Les deux occurrences de « Maison d’Israël » en 1 et 4 jouent le rôle de termes initiaux (ce syntagme n’apparait pas ailleurs dans la séquence). Le verset 4a reprend, en les unissant, les membres extrêmes du verset précédent ; ainsi le nom du destinataire est utilisé trois fois. En outre l’expression « personne qui » revient en 2 et en 6. Les rapports entre les deux derniers passages (14-15 et 16-17) : « Yhwh, le Dieu des armées », qui revient deux fois dans le quatrième passage (14.15), est repris au début du passage suivant (16) ; parallèlement au nom du destinataire, la « Maison d’Israël », le nom du destinateur est utilisé lui aussi trois fois.
324
Les solutions : deuxième partie, la séquence
1
Écoutez cette PAROLE que je porte contre vous, UNE LAMENTATION, Maison d’Israël : 2 elle est tombée, ne se relèvera plus, la vierge Israël ; elle a été jetée sur son sol, personne qui la relève. 3 Car ainsi DIT le Seigneur YHWH : la ville qui en faisait sortir mille, restera avec cent, et celle qui en faisait sortir cent restera avec dix pour la Maison d’Israël . 4
Car ainsi DIT YHWH à la Maison d’Israël : CHERCHEZ-moi et VOUS VIVREZ 5 et ne cherchez pas Béthel et à Gilgal ne venez pas et à Bersabée ne passez pas, car Gilgal sera entièrement déportée et Béthel sera anéantie. 6 CHERCHEZ YHWH et VOUS VIVREZ, de peur qu’il ne fonde comme un feu sur la Maison de JOSEPH et il la dévorera et personne qui éteigne pour Béthel. 7
Eux qui tournent en absinthe le droit et la justice à terre ils délaissent. 8 Lui qui fait les Pléiades et Orion, lui qui tourne en matin l’ombre et le jour en nuit enténèbre, lui qui appelle les eaux de la mer et les répand sur la face de la terre ; YHWH est son nom ! 9 Lui qui déchaine le ravage sur le fort et le ravage sur la citadelle vient. 10 ILS HAÏSSENT à la porte le censeur et qui PARLE avec intégrité ils exècrent. 11 C’est pourquoi, puisque vous pressurez le dépourvu en lui imposant une taxe sur le blé, vous avez construit des maisons de pierre de taille mais vous ne les habiterez pas ; vous avez planté des VIGNES désirables, mais vous n’en boirez pas le vin. 12 Car je connais que vos crimes sont nombreux et énormes vos péchés. Eux qui oppriment le juste, qui prennent la compensation et font dévier à la porte les pauvres. 13 C’est pourquoi le prudent en ce temps-ci se tait, car c’est un temps de MALHEUR. 14
CHERCHEZ le bien et non le MAL, afin que VOUS VIVIEZ et ainsi YHWH, le Dieu des armées, sera avec vous, comme vous dites. 15 HAÏSSEZ le MAL et aimez le bien et instaurez à la porte le droit : peut-être que YHWH, le Dieu des armées, aura pitié du reste de JOSEPH. 16
C’est pourquoi DIT YHWH, le Dieu des armées, le Seigneur : sur toutes les places ce sera UN GÉMISSEMENT et dans toutes les rues on DIRA : Oh, Oh ! Et on appellera le paysan au deuil et au GÉMISSEMENT qui connait la PLAINTE ; 17 et dans toutes les VIGNES ce sera UN GÉMISSEMENT, car je passerai au milieu de toi, DIT YHWH.
Les rapports entre les passages extrêmes ont déjà été exposés, de même que les rapports entre le deuxième et l’avant-dernier passage (voir p. 318). Les rapports entre le passage central et le reste de la séquence sont nombreux. « À terre ils délaissent » (7) rappelle « elle a été jetée sur son sol » du premier passage (2). « Venir » (9) était déjà utilisé dans le deuxième passage » (5). Avec le passage suivant les rapports sont plus nombreux : « le droit » (7 ; 15), « haïr » (10 ; 15), « à la porte » (10.12 ; 15), « mal » (13 ; 14.15) ; avec le dernier passage un peu moins : « appeler » (8 ; 16), « vignes » (11 ; 17), « connaitre » (12 ; 16). Toutes ces reprises lexicales signalent d’abord la cohérence de l’ensemble de la séquence. Certaines toutefois sont aussi significatives : par exemple, on peut comprendre que, si la vierge Israël « a été jetée sur son sol » (2), cela est le
5. Am 5,1-17
325
châtiment qui punit le fait qu’ils ont « délaissé à terre » la justice (7). Certains termes appartiennent au même champ sémantique : le plus important semble celui de la parole. Aux extrémités résonne « la lamentation » funèbre (1), c’està-dire le « gémissement » et la « plainte » (16-17) ; ce châtiment avait été « dit » par la bouche de son prophète (’mr: 1.3.4.16.17). Comme si la lamentation du peuple répondait à la parole de Dieu4. Le verbe « appeler » entre lui aussi dans ce même champ sémantique : le premier a pour sujet Dieu qui « appelle » les éléments pour le châtiment (8), tandis que le sujet du deuxième est le peuple qui « appelle » au deuil (16). Il faut surtout note que « parler » (dbr) se trouve au centre (10) comme « parole » au début (1) : ainsi, le personnage haï en plein centre de la séquence, le censeur qui réprouve, qui « parle avec intégrité » n’est autre que le prophète. La haine qui fait taire le prophète doit donc être considérée comme le comble du péché5. Dans le schéma suivant, les titres des deux premiers passages et des deux derniers se correspondent : ils entendent synthétiser les rapports entre les passages symétriques : Lamentation funèbre du prophète Invitation à chercher le Seigneur
sur la vierge d’Israël
5,1-3
et non le culte
5,4-6
POUR VIVRE
ANNONCE DU CHÂTIMENT DES INJUSTES Invitation à chercher la justice Lamentation funèbre d’Israël
et non le mal
5,7-13
POUR VIVRE
sur ses propres morts
5,14-15 5,16-17
Arrêtons-nous ici. Pour ce qui concerne le contexte biblique et l’interprétation, de chacun des cinq passages puis de l’ensemble de la séquence, on se reportera à notre commentaire d’Amos6. Cette séquence est la séquence centrale de la section centrale du livre ; c’est dire son importance, dans la mesure où elle est la clé de voûte de l’ensemble et joue le rôle de clé de lecture pour l’ensemble du livre7.
4
Noter que le même verbe « dire » a comme sujet Dieu, mais aussi le peuple (16). Comme au centre de la séquence finale de la première section du livre (Am 2,6-16) ; voir P. BOVATI – R. MEYNET, Le livre du prophète Amos, 73-92. 6 P. BOVATI – R. MEYNET, Le livre du prophète Amos, 159-185. 7 Toutes les réécritures ont été refaites selon les normes énoncées dans le Traité ; un certain nombre d’erreurs ont été corrigées, comme le lecteur attentif pourra le remarquer. 5
5. Mc 1,14-45 1. PARTIR D’EN HAUT 14
Meta. de. to. paradoqh/nai to.n VIwa,nnhn h=lqen O IHSOUS eivj th.n GALILAIAN khru,sswn to. euvagge,lion tou/ qeou/ 15 kai. le,gwn o[ti Peplh,rwtai o` kairo.j kai. h;ggiken h` basilei,a tou/ qeou/\ metanoei/te kai. pisteu,ete evn tw/| euvaggeli,w|) 16 Kai. para,gwn para. th.n qa,lassan th/j GALILAIAS ei=den Si,mwna kai. VAndre,an to.n avdelfo.n Si,mwnoj avmfiba,llontaj evn th/| qala,ssh|\ h=san ga.r a`liei/j) 17 kai. ei=pen auvtoi/j O IHSOUS( Deu/te ovpi,sw mou( kai. poih,sw u`ma/j gene,sqai a`liei/j avnqrw,pwn) 18 kai. euvqu.j avfe,ntej ta. di,ktua hvkolou,qhsan auvtw/|) 19 Kai. proba.j ovli,gon ei=den VIa,kwbon to.n tou/ Zebedai,ou kai. VIwa,nnhn to.n avdelfo.n auvtou/ kai. auvtou.j evn tw/| ploi,w| katarti,zontaj ta. di,ktua( 20 kai. euvqu.j evka,lesen auvtou,j) kai. avfe,ntej to.n pate,ra auvtw/n Zebedai/on evn tw/| ploi,w| meta. tw/n misqwtw/n avph/lqon ovpi,sw auvtou/) 21
Kai. eivsporeu,ontai eivj Kafarnaou,m\ kai. euvqu.j toi/j sa,bbasin eivselqw.n eivj th.n 22 kai. evxeplh,ssonto evpi. th/| didach/| auvtou/\ h=n ga.r dida,skwn auvtou.j w`j evxousi,an e;cwn kai. ouvc w`j oi` grammatei/j) 23 kai. euvqu.j h=n evn th/| sunagwgh/| auvtw/n a;nqrwpoj evn pneu,mati avkaqa,rtw| kai. avne,kraxen 24 le,gwn( Ti, h`mi/n kai. soi,( IHSOU Nazarhne,* h=lqej avpole,sai h`ma/j* oi=da, se ti,j ei=( o` a[gioj tou/ qeou/) 25 kai. evpeti,mhsen auvtw/| O IHSOUS le,gwn( Fimw,qhti kai. e;xelqe evx auvtou/) 26 kai. spara,xan auvto.n to. pneu/ma to. avka,qarton kai. fwnh/san fwnh/| mega,lh| evxh/lqen evx auvtou/) 27 kai. evqambh,qhsan a[pantej w[ste suzhtei/n pro.j e`autou.j le,gontaj( Ti, evstin tou/to* didach. kainh. katV evxousi,an\ kai. toi/j pneu,masi toi/j avkaqa,rtoij evpita,ssei( kai. u`pakou,ousin auvtw/|) 28 kai. evxh/lqen h` avkoh. auvtou/ euvqu.j pantacou/ eivj o[lhn th.n peri,cwron th/j GALILAIAS)
sunagwgh.n evdi,dasken)
29
Kai. euvqu.j evk th/j sunagwgh/j evxelqo,ntej h=lqon eivj th.n oivki,an Si,mwnoj kai. VAndre,ou meta. VIakw,bou kai. VIwa,nnou) 30 h` de. penqera. Si,mwnoj kate,keito pure,ssousa( kai. euvqu.j le,gousin auvtw/| peri. auvth/j) 31 kai. proselqw.n h;geiren auvth.n krath,saj th/j ceiro,j\ kai. avfh/ken auvth.n o` pureto,j( kai. dihko,nei auvtoi/j) 32
VOyi,aj de. genome,nhj( o[te e;du o` h[lioj( e;feron pro.j auvto.n pa,ntaj tou.j kakw/j e;contaj kai. tou.j daimonizome,nouj\ 33 kai. h=n o[lh h` po,lij evpisunhgme,nh pro.j th.n qu,ran) 34 kai. evqera,peusen pollou.j kakw/j e;contaj poiki,laij no,soij kai. daimo,nia polla. evxe,balen kai. ouvk h;fien lalei/n ta. daimo,nia( o[ti h;|deisan auvto,n) 35 Kai. prwi< e;nnuca li,an avnasta.j exv h/lqen kai. avph/lqen eivj e;rhmon to,pon kavkei/ proshu,ceto) 36 kai. katedi,wxen auvto.n Si,mwn kai. oi` metV auvtou/( 37 kai. eu-ron auvto.n kai. le,gousin auvtw/| o[ti Pa,ntej zhtou/si,n se) 38 kai. le,gei auvtoi/j( :Agwmen avllacou/ eivj ta.j evcome,naj kwmopo,leij( i[na kai. evkei/ khru,xw\ eivj tou/to ga.r evxh/lqon) 39
kai. h=lqen khru,sswn eivj ta.j sunagwga.j auvtw/n eivj o[lhn th.n GALILAIAN kai. ta. 40 Kai. e;rcetai pro.j auvto.n lepro.j parakalw/n auvto.n Îkai. gonupetw/nÐ kai. le,gwn auvtw/| o[ti VEa.n qe,lh|j du,nasai, me kaqari,sai) 41 kai. splagcnisqei.j evktei,naj th.n cei/ra auvtou/ h[yato kai. le,gei auvtw/|( Qe,lw( kaqari,sqhti\ 42 kai. euvqu.j avph/lqen avpV auvtou/ h` le,pra( kai. evkaqari,sqh) 43 kai. evmbrimhsa,menoj auvtw/| euvqu.j evxe,balen auvto,n 44 kai. le,gei auvtw/|( {Ora mhdeni. mhde.n ei;ph|j( avlla. u[page seauto.n dei/xon tw/| i`erei/ kai. prose,negke peri. tou/ kaqarismou/ sou a] prose,taxen Mwu?sh/j( eivj martu,rion auvtoi/j) 45 o` de. evxelqw.n h;rxato khru,ssein polla. kai. diafhmi,zein to.n lo,gon( w[ste mhke,ti auvto.n du,nasqai fanerw/j eivj po,lin eivselqei/n( avllV e;xw evpV evrh,moij to,poij h=n\ kai. h;rconto pro.j auvto.n pa,ntoqen)
daimo,nia evkba,llwn)
328
Les solutions : deuxième partie, la séquence
La séquence commence avec une proposition temporelle qui indique un nouveau temps, après que Jean Baptiste, dont la séquence précédente rapporte le ministère, ait été emprisonné. Cette subordonnée est suivie de la principale qui comprend un verbe de mouvement, son sujet, « Jésus » – qui sera nommé aussi en 17, puis en 24 et 25, et pas une seule fois après – et un complément de lieu. Jésus, qui était venu de la Galilée vers le Jourdain pour être baptisé (1,9), qui ensuite était resté quarante jours dans le désert (12-13), retourne maintenant en Galilée. Une autre étape commence donc, et, effectivement, Jésus lui-même le dit clairement : « Le temps est accompli » (15). Après deux versets, le lieu de l’action est précisé : nous sommes toujours en Galilée, mais « le long de la mer » (16) où Jésus « passe ». Peu après, il n’est plus mentionné de lieu, mais seulement un déplacement, « Et avançant un peu » (19). Il faudra déterminer à quel niveau jouent ces notations de mouvement, mais on peut déjà remarquer que, après la temporelle initiale, aucun changement de temps n’est plus mentionné. Avec le verset 21 intervient un changement de lieu : nous sommes toujours en Galilée, non plus « le long de la mer » cependant, mais dans la ville de Capharnaüm, et, plus précisément, « dans la synagogue » ; en outre, c’est un autre jour, « le sabbat » et il faut aussi noter que le sujet du verbe de mouvement « entrent » est un pluriel, c’est-à-dire non seulement Jésus mais le groupe qu’il forme avec les deux paires de frères. Le changement est notable. Quand ensuite parait un nouveau personnage, « un homme dans un esprit impur » (23), il est précisé qu’il n’y a pas eu changement de lieu : nous sommes encore « dans leur synagogue ». L’« esprit impur » sera encore mentionné en 26, et au pluriel cette fois en 27. Une nouvelle notation de lieu intervient en 28, « dans l’entière région de la Galilée », précédée d’un verbe de mouvement, « sortit » : ce qui « sort » est sa « renommée ». Au verset 29, le changement de lieu est doublement signalé : en effet, avant de dire qu’ils « vinrent dans la maison de Simon et André », le narrateur précise qu’ils sont d’abord « sortis de la synagogue ». De nouveau sont nommés les quatre premiers disciples qui avaient appelés au début (16.19). Avec le verset 32 le temps change : nous ne sommes plus le sabbat comme dans la scène précédente : « Le soir venu, quand fut couché le soleil » indique que le premier jour de la semaine est commencé, d’autant plus que les gens ont attendu la fin du sabbat pour « porter près de lui » malades et démoniaques. De ce pluriel, qui semble défini ensuite comme « la ville entière » (33), il n’avait pas été question auparavant. Interviennent aussi des « démons » « nombreux ». Trois versets après nous sommes encore le même jour, selon la manière hébraïque, mais à un autre moment, « Le matin, à nuit noire » (35) ; seul Jésus change de lieu, « il sortit » et « alla dans un lieu désert ». Il sera ensuite rejoint par Simon ; « ceux avec lui » indique clairement les trois autres, André, Jacques et Jean. La réponse de Jésus (38) indique un déplacement vers les « villages voisins », mais le pluriel de « allons » signifie qu’il entend que les quatre disciples l’accompagnent.
5. Mc 1,14-45
329
14
Or après que eut été livré Jean, vint JÉSUS en GALILÉE, proclamant l’Évangile de Dieu 15 et disant que « Est accompli le temps et s’est approché le règne de Dieu : convertissez-vous et croyez en l’Évangile ». 16 Et passant le long de la mer de GALILÉE, il vit Simon et André le frère de Simon jetant dans la mer ; car ils étaient pêcheurs. 17 et il dit à eux JÉSUS : « Venez derrière moi, et je ferai vous devenir des pêcheurs d’hommes ». 18 Et aussitôt laissant les filets, ils suivirent lui. 19 Et avançant un peu, il vit Jacques de Zébédée et Jean le frère de lui et eux dans la barque arrangeant les filets. 20 Et aussitôt il appela eux. Et laissant leur père Zébédée dans la barque avec les salariés, ils vinrent derrière lui. 21
Et ils entrent dans Capharnaüm et aussitôt le sabbat entrant dans la synagogue il enseignait. 22 Et ils s’étonnaient de son enseignement car il enseignait eux comme autorité ayant et non comme les scribes. 23 Et aussitôt était dans la synagogue d’eux un homme dans un esprit impur. Et il cria 24 disant : « Quoi à nous et à toi, JÉSUS le Nazarénien ? Es-tu venu pour perdre nous ? Je sais qui tu es : le Saint de Dieu ». 25 Et le menaça JÉSUS disant : « Tais-toi et sors de lui ! ». 26 Et secouant lui l’esprit impur et criant d’un grand cri, il sortit de lui. 27 Et ils furent effrayés tous de sorte qu’ils discutaient entre eux disant : « Qu’est ceci ? Un enseignement nouveau avec autorité ! Même aux esprits impurs il commande et ils obéissent à lui ! » 28 Et sortit la renommée de lui aussitôt partout dans l’entière région de la GALILÉE. 29
Et aussitôt de la synagogue sortant, ils vinrent dans la maison de Simon et André avec Jacques et Jean. 30 La belle-mère de Simon gisait fiévreuse et aussitôt ils parlèrent à lui pour elle. 31 Et venant-près il releva elle prenant la main. Et laissa elle la fièvre et elle servait eux. 32
le soir venu, quand fut couché le soleil, on portait près de lui tous les mal portant et les démoniaques 33 et était la ville entière réunie près de la porte. 34 Et il guérit de nombreux mal portant de divers maux et des démons nombreux il chassa. Et il ne laissait pas parler les démons car ils connaissaient lui. 35 Et le matin, à nuit noire, s’étant levé il sortit et alla dans un lieu désert et là il priait. 36 Et poursuivirent lui Simon et ceux avec lui 37 et ils trouvèrent lui et ils disent à lui : « Tous cherchent toi ». 38 Et il dit à eux : « Allons ailleurs dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame ; car pour cela je suis sorti ». 39
Et il vint proclamant dans leurs synagogues dans toute la GALILÉE et les démons chassant. 40 Et vient vers lui un lépreux, suppliant lui et disant à lui : « Si tu veux, tu peux me purifier ! » 41 Et ému, étendant la main, il toucha et dit à lui : « Je veux, sois purifié ! » 42 Et aussitôt s’en alla de lui la lèpre et il fut purifié. 43 Et rudoyant lui, aussitôt il chassa lui et dit à lui : 44 « Vois, à personne rien ne dis, mais va et toi-même montre-toi au prêtre et offre pour ta purification ce qu’a ordonné Moïse en témoignage pour eux ». 45 Or lui sortant, se mit à proclamer beaucoup et à divulguer la Parole, de sorte que lui plus ne pouvait entrer ouvertement dans une ville, mais dehors dans des lieux déserts il était et ils arrivaient vers lui de toute part.
Effectivement, nous trouvons au verset suivant (39) un autre verbe de mouvement, au singulier cette fois, comme si Jésus était seul, suivi de deux compléments de lieu, « dans leurs synagogues » et « dans toute la Galilée » : mais ces notations sont générales ; sont toujours présents « les démons » que Jésus chasse. Au verset suivant (40) entre un nouveau personnage, « un lépreux » ; le « prêtre » et « Moïse » (44) sont liés à cet homme qui, une fois
330
Les solutions : deuxième partie, la séquence
guéri, doit obéir au commandement. « Il sort » (45) mais il n’est pas dit qu’il fait ce que Jésus lui a ordonné : « il proclame » et la séquence s’achève sur le fait que Jésus doit rester hors des villes, « dehors dans des lieux déserts ». Mais cela n’empêche pas les gens d’« arriver vers lui » « de toute part ». Il est possible d’identifier certaines unités narratives comme des passages, même si ce n’est pas sans quelque hésitation. En commençant par la fin, si le lépreux intervient au verset 40, on peut se demander si le verset précédent appartient au dernier passage comme son introduction, ou s’il est la conclusion du passage précédent. Les limites du passage qui rapporte la guérison de la belle-mère de Simon (29-31), ne font aucune difficulté, même s’il est court. En revanche, on peut se demander si les notations de temps de 32 et de 35 marquent le début de deux passages distincts, ou s’il s’agit d’un seul passage en deux moments, c’est-à-dire un passage formé de deux parties. La scène qui se passe dans la synagogue de Capharnaüm (21-28) semble former un passage en elle-même. Pour ce qui est des versets précédents, il semble clair que les deux appels successifs (16-20) sont deux épisodes parallèles qui devraient former un seul passage. En revanche, les deux premiers versets sont généraux : pour l’histoire des formes c’est un « sommaire ». Le problème sera de déterminer s’ils constituent un passage en eux-mêmes, comme une sorte d’introduction à toute la séquence, ou bien s’ils font partie intégrante d’un seul passage avec l’appel des quatre premiers disciples. Résumons : 14-15 : sommaire 15-20 : l’appel des quatre premiers disciples 21-28 : enseignement et guérison dans la synagogue de Capharnaüm 29-31 : guérison de la belle-mère de Simon 32-34 : guérisons multiples à la sortie du sabbat 35-38(39) : retiré dans un lieu désert, Jésus est rejoint par les disciples 39(40)-45 : purification d’un lépreux Selon cette division, la séquence compte sept unités ; la guérison de la bellemère de Simon se trouvant au centre. Nous avons vu que l’on peut hésiter sur l’appartenance du verset 39 ; cependant ce problème n’est pas déterminant, car il ne change pas le nombre des passages. Toutefois, nous restons avec deux perplexités : – les versets 14-15 et 16-20 forment-ils deux passages ou un seul ? – même chose pour les versets 32-34 et 35-38. Si ces quatre unités étaient considérées comme deux passages seulement, le passage central resterait de toute façon celui de la belle-mère de Simon.
5. Mc 1,14-45
331
Il faut noter que, si Jésus et ses disciples laissent la synagogue pour entrer dans la maison de Simon et André (29), ils sont encore dans la ville de Capharnaüm ; même après la fin du sabbat, on se rassemble près de la porte de la maison de Simon et André (32-33). Il est clair qu’à partir de 39 nous ne sommes plus à Capharnaüm, mais pour 35-38 on peut se demander si Jésus est sorti de la ville, c’est-à-dire si « le lieu désert » dans lequel il est « sorti » se trouve hors de Capharnaüm. Même s’il était sorti de la ville, il ne doit pas être bien loin quand ses disciples le trouvent1. C’est pourquoi on peut penser que le lieu est le même de 21 à 38 ; cela pourrait être corroboré par le fait que Jésus dit à ceux qui le cherchent : « Allons ailleurs, dans les villages voisins ». Outre l’unité de lieu pour 21-38, se pose la question de l’unité de temps. Le problème est de savoir si c’est le jour selon la façon hébraïque (entre deux soirs, ou deux couchers de soleil) qui est pertinent, et en ce cas la journée à Capharnaüm finirait en 31, ou si c’est la manière romaine (d’un matin à l’autre, ou d’un lever du soleil à l’autre) et en ce cas la journée irait jusqu’à 38. Si on considérait qu’en 21-38 les différentes actions se passent dans le même lieu et le même jour, cet ensemble pourrait avoir le statut de sous-séquence. Alors les deux unités 32-34 et 35-38 formeraient un seul passage ; il faudra de toute façon voir si ses sept versets présentent une cohérence suffisante. Si on suppose que 21-38 forment une sous-séquence, celle-ci serait suivie d’un passage, celui de la purification du lépreux. À ce point, il faudrait faire l’hypothèse que 14-15 et 16-20 forment eux aussi un seul passage. Et l’on pourrait présenter le schéma suivant : Jésus proclame l’Évangile
et appelle quatre pêcheurs
Dans la synagogue, Jésus enseigne
et guérit un démoniaque
Dans la maison de Simon Jésus guérit sa belle-mère qui les sert À la porte,
Jésus en guérit beaucoup
Jésus purifie un lépreux
et part pour proclamer
qui proclame la Parole
14-20
21-28 29-31 32-38
39-45
1 Voir, par ex., S. LÉGASSE, L’Évangile de Marc, 109 : « En 1,35-39 Jésus demeure dans la périphérie de Capharnaüm comme le montre le verset 38 ».
332
Les solutions : deuxième partie, la séquence
2. PARTIR D’EN BAS C’est bien de faire une hypothèse ou même plusieurs ! Mais il faut ensuite les vérifier. Étudions donc chacun des cinq passages qui, selon notre dernière hypothèse, forment une séquence. Le premier passage (Mc 1,14-20 ; voir la réécriture grecque, p. 340) + 14 Or après que :: il VINT – proclamant
eût été livré Jésus ÉVANGILE l’É
Jean, en GALILÉE, de Dieu 15 et disant que
+ « Est accompli :: et S’EST APPROCHÉ = convertissez-vous
le temps le règne et croyez
de Dieu : en l’É ÉVANGILE ».
+ 16 Et PASSANT : IL VIT : et André
le long de la mer Simon le frère = jetant = car ils étaient
de GALILÉE de Simon dans la mer ; pêcheurs.
············································································
• 17 Et dit « Venez et je ferai devenir
à eux
Jésus :
derrière vous des pêcheurs
moi d’hommes. »
································································································
. 18 Et aussitôt = ils suivirent + 19 Et AVANÇANT : IL VIT : et Jean
un peu, Jacques le frère = et eux = arrangeant
LAISSANT
les filets lui.
de Zébédée de lui dans la barque les filets.
············································································
• 20 Et aussitôt
il appela
eux.
································································································
. Et LAISSANT . dans la barque = ils vinrent
leur père Zébédée avec les salariés derrière lui.
5. Mc 1,14-45
333
Les deux segments trimembres de la partie introductive (14-15), le premier narratif, le second discursif, sont parallèles. « Le temps » qui est désormais « accompli » (15b) est celui de Jean (14a). Les deuxièmes membres commencent avec un verbe de mouvement de sens semblable : les sujets des deux verbes sont ainsi mis dans une relation d’équivalence, car « le règne » de Dieu se manifeste en « Jésus », « en Galilée ». Dans les troisièmes membres est annoncé « l’Évangile ». « L’Évangile » et « le règne » sont tous deux dits « de Dieu ». Le parallélisme des deux autres parties est frappant. Trois temps se succèdent dans le même ordre : « passant », puis « avançant », Jésus « voit » deux frères, qui sont décrits dans leur activité de « pêcheurs » (16.19). Alors Jésus les appelle à sa suite (17.20a)2. Enfin, les premiers « laissent » « les filets » (18a), les autres « leur père » « avec les salariés » (20bc) et le « suivent » (18b), c’est-à-dire « viennent derrière lui » (20d). Noter la reprise de « pêcheurs » en termes finaux des deux premiers morceaux de la deuxième partie (16e.17d). Entre la première partie et les deux autres, les deux verbes de mouvement, « vint » et « s’est approché » (14b.15c) trouvent un correspondant avec les deux verbes de mouvement dont Jésus est le sujet au début des deux autres parties, « passant » (16a) et « avançant » (19a). Ce que, dans la deuxième partie, il dit à Simon et André, « Venez derrière moi » (17b), correspond à ce que dans la première partie il « proclame », c’est-à-dire de « se convertir » et de « croire en l’Évangile ». On peut considérer qu’aux termes finaux des deux dernières parties, « ils suivirent lui » (18b) et « ils vinrent derrière lui » (20d), correspond la fin de la première partie : « croyez en l’Évangile ». On peut dire que, quand ils ont « laissé » tout, ils se sont « convertis ». Ainsi, les quatre disciples sont les premiers qui ont écouté et mis en pratique la proclamation de Jésus. Ces versets offrent donc une cohérence plus que suffisante pour être considérés comme formant un seul passage. Deux points de méthodologie 1. On pourrait se demander pourquoi les trois segments de 17-18 sont considérés comme deux morceaux et non comme un seul morceau. Cela eut été certainement possible ; toutefois, il a paru qu’il fallait distinguer trois moments dans le récit, rencontre, appel, départ avec Jésus. 2. Pourquoi considérer 20a comme un morceau ? Ne serait-il pas plus simple de faire des deux segments du verset 20 un seul morceau ? C’est qu’il a paru plus raisonnable de conserver le même type de division en trois moments, comme dans la partie précédente, ce qui permet de mieux voir le parallélisme entre les deux parties.
2 L’appel qui était au style direct en 17bcd est réduit la deuxième fois à un seul unimembre de récit en 20a.
334
Les solutions : deuxième partie, la séquence
Le deuxième passage (Mc 1,21-28 ; voir la réécriture grecque, p. 341) + 21 Et + et aussitôt
ils le sabbat
ENTRENT ENTRANT
. 22 ET ILS S’ÉTONNAIENT de son – car il ENSEIGNAIT . comme AUTORITÉ . et non comme : 23 Et aussitôt : un homme
dans CAPHARNAÜM dans la SYNAGOGUE
il ENSEIGNAIT.
ENSEIGNEMENT eux ayant les scribes. dans la SYNAGOGUE dans un esprit
était
d’eux impur.
······························································································
:: Et il hurla . « Quoi à nous et à toi, . Es-tu venu pour perdre Je sais qui tu es : :: 25 Et le menaça . « Tais-toi . et sors
Jésus
24
disant : Jésus le Nazarénien ? nous ?
LE SAINT
DE DIEU. »
disant :
de lui ! »
······························································································
: 26 Et secouant : et criant = IL SORTIT
lui d’un grand de lui.
. 27 ET ILS FURENT EFFRAYÉS . de sorte qu’ils discutaient
impur
l’esprit cri,
tous entre eux
disant :
– « Qu’est : Un ENSEIGNEMENT
ceci ? nouveau
avec AUTORITÉ !
= Même aux esprits : et ils obéissent
impurs à lui ! »
il COMMANDE
de lui région de
aussitôt LA GALILÉE.
+ 28 Et SORTIT + partout
la renommée dans l’entière
5. Mc 1,14-45
335
Les cinq parties sont organisées de façon concentrique. Au début, ils « entrent » (21a) dans la ville de « Capharnaüm » et Jésus « entre » dans la synagogue ; à la fin, c’est « sa renommée » qui « sort » « partout », « dans l’entière région de la Galilée » (28). Dans la deuxième partie, « ils s’étonnaient » pour « l’autorité » de son « enseignement » (22) ; dans la partie symétrique, « ils furent effrayés » (27a), de nouveau à cause de « l’autorité » de son « enseignement » (27cd), mais aussi pour son efficacité quand il « commande » « aux esprits impurs » (27ef). L’avant-dernière partie ajoute que ce sont « tous » qui « furent effrayés ». La partie centrale (23-26) est formée de trois morceaux organisés de manière concentrique. Dans le premier morceau (23ab) est présenté l’homme en proie à « un esprit impur », dans le dernier morceau l’esprit « sort de lui » (26), mais avec « un grand cri ». Le morceau central est plus développé avec ses trois segments, deux trimembres (23c-24c ; 25) qui encadrent un bimembre (24d). Les deux trimembres sont du même type ABB’. Ils commencent avec un membre narratif qui s’achève avec « disant » et finissent avec deux membres discursifs : deux questions au début (24bc), deux ordres à la fin (25bc). Au centre de ce morceau central et donc de tout le passage, l’esprit impur déclare la vraie identité de Jésus : « Saint » s’oppose à « impur » (23b26a). Les deux dénominations « Jésus le Nazarénien » (24b) et « le Saint de Dieu » (24d) sont complémentaires. Au centre du morceau final, l’esprit « crie d’un grand cri » (26b) comme au début du morceau central l’homme avait « hurlé » (23c). Le premier mot de la partie centrale, « aussitôt » (23) se trouvait déjà au début du dernier membre de la première partie (21b) ; dans les deux cas « aussitôt » est suivi de « dans la synagogue ». Le verbe avec lequel commence le dernier membre de la partie centrale, « sortit » (26c), sera repris au début du premier membre de la partie finale (28a). Dans l’avant-dernière partie, « esprits impurs », au pluriel (27e), renvoie aux deux occurrences de « esprit impur » de la partie centrale (23b.26a).
336
Les solutions : deuxième partie, la séquence
Le troisième passage (Mc 1,29-31) – 29 Kai. euvqu.j : h=lqon :
evk th/j sunagwgh/j eivj th.n oivki,an meta.
evxelqo,ntej Si,mwnoj VIakw,bou
kai. VAndre,ou kai. VIwa,nnou)
·················································································································
+ 30 h` de. penqera. : kai. euvqu.j
Si,mwnoj le,gousin
= 31 kai. proselqw.n :: h;geiren = krath,saj + kai. avfh/ken : kai dihko,nei
auvth.n auvtoi/j)
. 29 Et aussitôt . ils VINRENT .
kate,keito auvtw/|
PURESSOUSA(
peri. auvth/j)
auvth.n th/j ceiro,j\ O PURETOS(
de la synagogue dans la maison de avec
sortant, Simon Jacques
et André et Jean.
··········································································································· de Simon gisait FIÉVREUSE
+ 30 La belle-mère + et aussitôt
– 31 Et VENANT-près :: il releva – prenant + Et laissa + et elle servait
ils parlèrent
à lui
pour elle.
elle la main. elle eux.
LA FIÈVRE
Le premier morceau, qui rapporte le déplacement des personnages (29), introduit le récit de la guérison. À la fin des premiers membres des segments extrêmes (30a.31d) deux mots de la même racine ; tandis que la femme « gisait » avec la fièvre au début (30a), à la fin elle « sert » (31d). Au centre (31b), l’action de Jésus ; le verbe utilisé est un des deux verbes employés pour parler de la résurrection (egeirō). « Venant-près » de 31a est de la même racine que « sortant » de 29a et que « vinrent » de 29b. Le « aussitôt » cher à Marc est repris au début des deux morceaux (29a.30b). Le quatrième passage (Mc 1,32-38 ; voir la réécriture grecque, p. 342) La première partie comprend trois morceaux. Dans le premier, après un bimembre qui indique le temps, à peine passé le sabbat3, les gens se rendent près de « la porte » de la maison de Simon où se trouve Jésus, lui apportant leurs 3 Pour les juifs, le jour finit avec l’apparition des trois première étoiles ; ici c’est au contraire le coucher du soleil qui est mentionné.
5. Mc 1,14-45
337
malades. Dans le deuxième morceau (34a), le sujet change : ce n’est plus les gens comme dans le morceau précédent, mais Jésus. Les deux « nombreux » rappellent « tous » (32c) et « la ville entière » (33a) : « mal portant » est repris en 32c et 34a et « démons » renvoie à « démoniaques » de 32c. Le troisième morceau reprend encore le mot « démons ». + 32 LE SOIR + QUAND FUT COUCHÉ – on portait – 33 et était
VENU, LE SOLEIL, près de lui
TOUS
les mal
portants
et les démoniaques
LA VILLE entière réunie près de la porte. ···························································································································· : 34 Et il guérit DE NOMBREUX mal portant de divers maux : et des démons NOMBREUX il chassa. ········································································································ = Et il ne laissait pas PARLER les démons
= car ils connaissaient + 35 ET LE MATIN, + À LA NUIT – s’étant levé – et il s’en alla – et là
lui.
NOIRE, IL SORTIT
dans UN LIEU DÉSERT il priait.
····························································································································
: 36 : 37 :
Et poursuivirent et ils trouvèrent et ils disent à
lui lui lui :
Simon
et ceux avec lui
.. « TOUS cherchent toi. » ········································································································
= 38 Et il dit
à eux :
- «Allons - afin que là aussi - car pour cela
ailleurs
dans LES VILLAGES
voisins,
JE PROCLAME ; JE SUIS SORTI. »
Le premier morceau de la deuxième partie (35) comprend deux segments, un bimembre qui indique le temps et un trimembre l’action de Jésus. Le deuxième morceau (36-37) réfère la réaction de Simon et de ses compagnons. À ce qu’ils lui disent (37c), Jésus répond en un long trimembre (38bcd) introduit par un membre narratif. Dans ce dernier morceau « dans les villages voisins » (38b) s’oppose à « dans un lieu désert » du premier morceau (35d). Les deux parties commencent avec une notation de temps (32ab.35ab). Les deuxièmes segments des premiers morceaux sont opposés : tandis que la foule se rassemble là où se trouve Jésus (32c-33a), lui se retire dans un lieu solitaire (35cde). Dans le morceau central de la deuxième partie la poursuite des disciples et surtout leurs paroles rappellent le premier morceau de la première partie, où
338
Les solutions : deuxième partie, la séquence
« tous » apparaissait pour la première fois. Les troisièmes morceaux se correspondent : Jésus empêche les démons de « parler » bien qu’ils le connaissent (34cd), parce que c’est à lui qu’il revient de « proclamer » (38c) ; Le cinquième passage (Mc 1,39-45 ; voir la réécriture grecque, p. 343) + 39 Et il alla . PROCLAMANT . et les démons
dans leurs synagogues
dans toute la Galilée
CHASSANT.
+ 40 Et vient + suppliant + et disant
vers lui lui à lui :
– « Si tu veux, – tu peux me
un lépreux [et s’agenouillant]
PURIFIER ! »
·······································································································
= 41 Et ému, = il toucha
étendant et dit
– « Je veux, – + 42 Et aussitôt – et + 43 Et rudoyant + aussitôt + et dit
la main, à lui :
SOIS PURIFIÉ ! » S’EN ALLA
il CHASSA
de lui IL FUT PURIFIÉ.
la lèpre
lui, lui à lui :
. 44 « Vois, - mais va : et toi-même
à personne
RIEN
montre-toi
au prêtre
. et offre - ce qu’a ordonné : en témoignage
pour TA PURIFICATION Moïse pour eux. »
+ 45 Or lui sortant , + et
se mit
à PROCLAMER à divulguer
= de sorte que = entrer
lui plus ouvertement
ne pouvait dans une ville,
= mais dehors = et ils arrivaient
dans des lieux déserts vers lui
NE DIS,
beaucoup la Parole,
il était de toute part.
5. Mc 1,14-45
339
Les parties extrêmes se correspondent. Elles commencent avec un verbe de même racine, « alla » et « sortant », dont les sujets sont toutefois différents, Jésus au début (39a), l’homme guéri à la fin (45a). De même, est repris le verbe « proclamer », dont le sujet est Jésus pour commencer (39b), l’homme purifié pour finir (45a). « De toute part » à la fin de la dernière partie (45f) rappelle « dans toute la Galilée » du début (39b). Tandis qu’au début Jésus proclame « dans leurs synagogues » (39b), à la fin il doit rester « dans des lieux déserts » (45e). La deuxième partie est formée de deux morceaux parallèles : le deuxième rappelle le premier, le « vouloir » de Jésus adhérant totalement à celui du malade. Alors que dans cette partie tout se déroule dans le face à face entre le lépreux et Jésus, dans l’avant-dernière partie d’autres personnages interviennent, ceux qui doivent recevoir le témoignage de la purification, « personne » (44a) à part « le prêtre » qui doit constater la guérison, et finalement « eux », c’est-à-dire ceux qui seront témoins de l’offrande que l’homme guéri fera selon la Loi. Alors qu’à la fin de la deuxième partie Jésus « s’émeut » (41a), au début de l’avantdernière il « rudoie » celui qu’il vient de purifier (43a). Au centre, la purification (42) ; dans cette partie centrale, est repris « aussitôt » comme en 43b, « la lèpre » renvoie à « lépreux » de 40a, « fut purifié » fait écho aux trois autres occurrences de la même racine dans la partie précédente (40e.41d) et dans la partie suivante (44d). « S’en alla » est de la même racine que les premiers verbes des parties extrêmes (39a.45a). Il est fréquent que le centre d’une composition concentrique soit marqué par une concentration de mots qui se trouvent ailleurs dans le texte.
340
Les solutions : deuxième partie, la séquence
La réécriture grecque du premier passage (Mc 1,14-20) + 14 Meta. de. :: h=lqen .. khru,sswn
to. paradoqh/nai o` VIhsou/j to. EUAGGELION
to.n VIwa,nnhn eivj th.n GALILAIAN 15 tou/ qeou/ kai. le,gwn o[ti
+ «Peplh,rwtai :: kai. h;ggiken = metanoei/te
o` kairo.j h` basilei,a kai. pisteu,ete
tou/ qeou/\
+ 16 Kai. para,gwn : EIDEN : kai. VAndre,an
para. th.n qa,lassan Si,mwna to.n avdelfo.n = avmfiba,llontaj = h=san ga.r
evn tw/| EUAGGELIW)» th/j GALILAIAS Si,mwnoj
evn th/| qala,ssh|\ a`liei/j)
···············································································
• 17 kai. ei=pen :: Deu/te .. kai. poih,sw .. gene,sqai
auvtoi/j
o` VIhsou/j(
ovpi,sw u`ma/j
MOU(
a`liei/j
avnqrw,pwn)
·······························································································
-- 18 kai. euvqu.j = hvkolou,qhsan + 19 Kai. proba.j : EIDEN : kai. VIwa,nnhn
ovli,gon VIa,kwbon to.n avdelfo.n = kai. auvtou.j = katarti,zontaj
avfe,ntej
ta. di,ktua AUTW/)
to.n tou/ Zebedai,ou auvtou/
evn tw/| ploi,w| ta. di,ktua(
···············································································
• 20 kai. euvqu.j
evka,lesen
auvtou,j)
·······························································································
-- kai. avfe,ntej -- evn tw/| ploi,w| = avph/lqon
to.n pate,ra auvtw/n meta. tw/n misqwtw/n ovpi,sw
Zebedai/on AUTOU)
5. Mc 1,14-45
341
La réécriture grecque du deuxième passage (Mc 1,21-28) + 21 Kai. + kai. euvqu.j toi/j sa,bbasin .. 22 kai. evxeplh,ssonto
EISPOREUONTAI eivj Kafarnaou,m\ EISELQWN
EDIDASKEN)
evpi. th/| DIDACH auvtou/\
– h=n ga.r DIDASKWN . w`j EXOUSIAN . kai. ouvc w`j
: 23 kai. euvqu.j : a;nqrwpoj
eivj th.n sunagwgh.n
auvtou.j e;cwn oi` grammatei/j) h=n
evn th/| sunagwgh/| evn pneu,mati
auvtw/n avkaqa,rtw|
·····································································································
- kai. avne,kraxen . Ti, h`mi/n . h=lqej
24
kai. soi,( avpole,sai
oi=da, se ti,j ei=( - 25 kai. evpeti,mhsen . Fimw,qhti . kai. e;xelqe
auvtw/|
VIhsou/ h`ma/j*
le,gwn( Nazarhne,*
O AGIOS
TOU QEOU)
o` VIhsou/j
le,gwn(
evx auvtou/)
·····································································································
: 26 kai. spara,xan : kai. fwnh/san - EXHLQEN . 27 kai. evqambh,qhsan .. w[ste suzhtei/n –
Ti, evstin : DIDACH
= kai. toi/j pneu,masi kai. u`pakou,ousin + 28 kai. EXHLQEN h` avkoh. + pantacou/ eivj o[lhn
auvto.n to. pneu/ma fwnh/| mega,lh| evx auvtou/)
to. avka,qarton
a[pantej pro.j e`autou.j
le,gontaj(
tou/to* kainh.
katV EXOUSIAN\
toi/j avkaqa,rtoij auvtw/|)
EPITASSEI(
auvtou/ th.n peri,cwron
euvqu.j th/j Galilai,aj)
342
Les solutions : deuxième partie, la séquence
La réécriture grecque du quatrième passage (Mc 1,32-39)
+ 32 VOyi,aj de. + o[te e;du
genome,nhj( o` h[lioj(
– e;feron – 33 kai. h=n
pro.j auvto.n pa,ntaj o[lh h` po,lij
tou.j kakw/j e;contaj kai. tou.j daimonizome,nouj\ evpisunhgme,nh pro.j th.n qu,ran)
·······························································································································
: 34 kai. evqera,peusen : kai. daimo,nia
pollou.j polla.
kakw/j evxe,balen
e;contaj poiki,laij
no,soij
············································································································
= kai. ouvk h;fien = o[ti h;|deisan + 35 Kai. prwi< + e;nnuca
LALEIN ta. daimo,nia( auvto,n)
li,an
– avnasta.j – kai. avph/lqen – kavkei/
evxh/lqen eivj e;rhmon
to,pon
proshu,ceto)
·······························································································································
: 36 kai. katedi,wxen : 37 kai. eu-ron : kai. le,gousin .. Pa,ntej
auvto.n auvto.n auvtw/| o[ti
Si,mwn
zhtou/si,n
se)
kai. oi` metV auvtou/(
············································································································
= 38 kai. le,gei - :Agwmen - i[na kai. evkei/ - eivj tou/to ga.r
auvtoi/j( avllacou/ eivj ta.j evcome,naj KHRUXW\ evxh/lqon)
kwmopo,leij(
5. Mc 1,14-45
343
La réécriture grecque du cinquième passage (Mc 1,39-45) + 39 kai. h=lqen . khru,sswn . kai. ta. daimo,nia + 40 Kai. e;rcetai + parakalw/n + kai. le,gwn
eivj ta.j sunagwga.j auvtw/n evkba,llwn) pro.j auvto.n auvto.n
eivj o[lhn th.n Galilai,an
lepro.j
auvtw/| o[ti
– «VEa.n qe,lh|j :: du,nasai,
me KAQARISAI». ········································································································ 41 kai. SPLAGCNISQEIS evktei,naj th.n cei/ra auvtou/
= = h[yato
kai. le,gei – «Qe,lw( ::
auvtw/|(
KAQARISQHTI».
+ 42 kai. euvqu.j – kai.
avph/lqen
+ 43 kai. EMBRIMHSAMENOS + euvqu.j + 44 kai. le,gei
auvtw/| evxe,balen auvtw/|(
auvto,n
avpV auvtou/
. {Ora - avlla. : seauto.n
mhdeni.
mhde.n
u[page dei/xon
tw/| i`erei/
. kai. prose,negke - a] prose,taxen :
peri. tou/ KAQARISMOU sou Mwu?sh/j( eivj martu,rion auvtoi/j)
+ 45 o` de. evxelqw.n( + kai.
h` le,pra(
EKAQARISQH)
h;rxato
khru,ssein diafhmi,zein
= w[ste = fanerw/j
mhke,ti auvto.n eivj po,lin
du,nasqai
= avllV e;xw = kai. h;rconto
evpV evrh,moij
to,poij pro.j auvto.n
ei;ph|j(
polla. to.n lo,gon(
eivselqei/n( h=n\ pa,ntoqen)
344
Les solutions : deuxième partie, la séquence
3. REPARTIR D’EN HAUT Selon notre hypothèse, la séquence compte cinq passages. Les deuxième, troisième et quatrième passages sont situés à Capharnaüm, le même jour. On peut donc penser qu’ils forment une sous-séquence. Si cela est vrai, les deux autres passages, le premier et le dernier, devraient se correspondre. La sous-séquence de la « Journée à Capharnaüm » (1,21-38) 21
Kai. EISPOREUONTAI eivj Kafarnaou,m\ kai. euvqu.j toi/j sa,bbasin eivselqw.n eivj th.n 22 kai. evxeplh,ssonto evpi. th/| DIDACH auvtou/\ h=n ga.r DIDA,SKWN auvtou.j w`j evxousi,an e;cwn kai. ouvc w`j oi` grammatei/j) 23 kai. euvqu.j h=n evn th/| sunagwgh/| auvtw/n a;nqrwpoj evn pneu,mati avkaqa,rtw| kai. avne,kraxen 24 le,gwn( Ti, h`mi/n kai. soi,( VIhsou/ Nazarhne,* h=lqej avpole,sai h`ma/j* OIDA se ti,j ei=( o` a[gioj tou/ qeou/) 25 kai. evpeti,mhsen auvtw/| o` VIhsou/j le,gwn( Fimw,qhti kai. e;xelqe evx auvtou/) 26 kai. spara,xan auvto.n to. pneu/ma to. avka,qarton kai. fwnh/san fwnh/| mega,lh| evxh/lqen evx auvtou/) 27 kai. evqambh,qhsan a[pantej w[ste suzhtei/n pro.j e`autou.j le,gontaj( Ti, evstin tou/to* DIDACH kainh. katV evxousi,an\ kai. toi/j pneu,masi toi/j avkaqa,rtoij evpita,ssei( kai. u`pakou,ousin auvtw/|) 28 kai. EVXH/LQEN h` avkoh. auvtou/ euvqu.j pantacou/ eivj o[lhn th.n peri,cwron th/j Galilai,aj)
sunagwgh.n EVDI,DASKEN)
29
Kai. euvqu.j evk th/j sunagwgh/j EXELQONTES h=lqon eivj th.n oivki,an Si,mwnoj kai. VAndre,ou meta. VIakw,bou kai. VIwa,nnou) 30 h` de. penqera. Si,mwnoj
kate,keito pure,ssousa( kai. euvqu.j le,gousin auvtw/| peri. auvth/j) 31 kai. proselqw.n h;geiren auvth.n krath,saj th/j ceiro,j\ kai. avfh/ken auvth.n o` pureto,j( kai. dihko,nei auvtoi/j) 32
VOyi,aj de. genome,nhj( o[te e;du o` h[lioj( e;feron pro.j auvto.n pa,ntaj tou.j kakw/j e;contaj kai. tou.j daimonizome,nouj\ 33 kai. h=n o[lh h` po,lij evpisunhgme,nh pro.j th.n qu,ran) 34 kai. evqera,peusen pollou.j kakw/j e;contaj poiki,laij no,soij kai. daimo,nia polla. evxe,balen kai. ouvk h;fien lalei/n ta. daimo,nia( o[ti HDEISAN auvto,n) 35 Kai. prwi< e;nnuca li,an avnasta.j evxh/lqen kai. avph/lqen eivj e;rhmon to,pon kavkei/ proshu,ceto) 36 kai. katedi,wxen auvto.n Si,mwn kai. oi` metV auvtou/( 37 kai. eu-ron auvto.n kai. le,gousin auvtw/| o[ti Pa,ntej zhtou/si,n se) 38 kai. le,gei auvtoi/j( :Agwmen avllacou/ eivj ta.j evcome,naj kwmopo,leij( i[na kai. evkei/ KHRUXW\ eivj tou/to ga.r EVXH/LQON)
Les rapports entre les passages extrêmes sont nombreux : – Les verbes « entrer » et « sortir » font inclusion (début 21, fin 38), de même que « entrant dans la synagogue » (21) et « allons ailleurs dans les villages voisins » (37) ; en outre, les deux occurrences de « sortir » servent de termes finaux. – À la fin du troisième passage, « proclamer » (38) rappelle « enseigner » et « enseignement » du premier passage (21.22 bis.27). – Aux trois occurrences de « esprit(s)/impur(s) » du premier passage (23.26.27) correspondent dans le troisième passage les trois mots de la même racine « démoniaque » et « démons » (32.34bis). – « Connaitre » a comme sujet l’esprit impur au centre du premier passage (24) et les démons à la fin de la première partie du dernier passage (34). – Jésus fait taire l’esprit impur dans le premier passage (25) et les démons dans le dernier (34).
5. Mc 1,14-45
345
– « Tous » et « entière » du premier passage (27.28) sont repris dans le troisième (32.33). 21
Et ils ENTRÈRENT à Capharnaüm et aussitôt le sabbat entrant dans la synagogue il ENSEIGNAIT. 22 Et on était frappé de son ENSEIGNEMENT car il les ENSEIGNAIT comme ayant autorité et non comme les scribes. 23 Et aussitôt il y avait dans leur synagogue un homme avec un esprit impur et il cria 24 disant: «Que nous veux-tu, Jésus le Nazarénien? Es-tu venu pour nous perdre? JE SAIS qui tu es: le Saint de Dieu.» 25 Jésus le menaça: «TAIS-TOI et sors de lui.» 26 Et l’esprit impur, le secouant violemment et criant très fort, sortit de lui. 27 Et TOUS furent effrayés, de sorte qu’ils discutaient entre eux disant: «Qu’est ceci? Un ENSEIGNEMENT nouveau avec autorité; et il commande aux esprits impurs et ils lui obéissent!» 28 Et sa renommée se répandit aussitôt partout dans la région ENTIÈRE de la Galilée. 29
Et aussitôt sortant de la synagogue, ils vinrent dans la maison de Simon et André, avec Jacques et Jean. 30 La belle-mère de Simon était couchée, fiévreuse et aussitôt ils lui parlent à son sujet. 31 Et venant près d’elle il la releva en la prenant par la main. Et la fièvre la laissa et elle les servait. 32
Le soir venu, quand le soleil fut couché, on lui portait TOUS les mal portant et les démoniaques. 33 Et la ville ENTIÈRE était réunie près de la porte 34 et il guérit beaucoup de mal portant de diverses maladies et il chassa beaucoup de démons; et IL NE LAISSAIT PAS PARLER les démons parce qu’ils le CONNAISSAIENT. 35 Et au matin, encore en pleine nuit, se levant il sortit et il alla dans un lieu désert et là il priait. 36 Et le poursuivirent Simon et ceux qui étaient avec lui 37 et ils le trouvèrent et lui dirent: «TOUS te cherchent.» 38 Et il leur dit: «Allons ailleurs par les villages voisins, afin que là aussi je PROCLAME car c’est pour cela que je suis SORTI.»
Les rapports du passage central avec les deux autres : – « fiévreuse » et « la fièvre » (30.31) sont des maux comme l’esprit impur du premier passage (23.26.27), comme les démons et les maladies du troisième passage (32.34). – « Sortant de la synagogue » rattache le passage central avec le précédent qui commence avec « entrant dans la synagogue » (21) ; « ils vinrent dans la maison de Simon et d’André » au contraire peut être mis en relation avec « allons ailleurs dans les villages voisins » avec quoi finit le dernier passage. La forte cohésion de ces trois passages conforte l’hypothèse qu’ils forment une sous-séquence. Un grand nombre d’exégètes parlent d’un ensemble qu’ils appellent « la journée à Capharnaüm », mais ils ne s’accordent pas toujours sur ses limites4. 4
Par ex., R. PESCH, Il vangelo di Marco, 203 (vv. 21-34) ; J. ERNST, Il vangelo secondo Marco, 96 ; É. TROCMÉ, L’Évangile selon saint Marc, 47-56 (vv. 21-39). É. CUVILLIER, L’Évangile de Marc, 33, intitule 1,14-45 (c’est-à-dire toute notre séquence) « La “journée type” » ; toutefois, à la p. 44, il écrit que cette journée type s’achève avec la mention du matin en 35. C. MAZZUCCO, Lettura del vangelo di Marco, 31, intitule 1,16-45 « une journée type de Jésus », mais la « journée passée à Capharnaüm » est ensuite limitée à 21-38.
346
Les solutions : deuxième partie, la séquence
Deux notes sur la traduction 1. Au niveau du passage, il était nécessaire de faire une traduction très littérale, pour respecter jusqu’au rythme de l’original grec. Aux niveaux supérieurs il n’est plus indispensable de conserver une telle traduction et il est souhaitable de la rendre plus lisible. 2. Toutefois, aux niveaux supérieurs il faut être attentif à respecter les répétitions. Ce texte en offre un bel exemple : au niveau du passage, le verbe oida avait été traduit par « savoir » dans le premier passage de la sous-séquence : « Je sais qui tu es » (24) et par « connaitre » dans le troisième passage : « parce qu’ils le connaissaient » (34) et cela était tout à fait légitime. Au niveau supérieur en revanche, le verbe devait être traduit de la même façon, pour ne pas masquer un rapport très significatif. Si on ne faisait pas la réécriture de la sous-séquence dans la langue originale, et si on se contentait des traductions, même les plus littérales, réalisées pour les passages en eux-mêmes, on risquerait de ne pas voir le rapport. Les passages extrêmes (Mc 1,14-20 et 39-45) – Les deux passages commencent avec le participe « proclamant » précédé du verbe « aller » aux mêmes modalités et dont le sujet est Jésus (14.39). En outre le même verbe « proclamer » revient à la fin du dernier passage, mais cette fois son sujet est l’homme qui avait été purifié de la lèpre (45), ce qui ne manque pas créer en finale un effet de surprise. – Les deux passages sont situés en « Galilée » (14.16 ; 39), mais cela n’est pas propre à ces passages, car le mot revient aussi en 28. – Ce que Jésus « proclame » est « l’Évangile de Dieu » (14) ; quant à l’homme purifié de la lèpre, il « proclame » « beaucoup » et « divulgue » « la Parole » (45) ; il est vrai que ho logos peut être compris dans le sens du dābār hébreu dont il pourrait être un équivalent : il signifierait tout simplement « la chose », « le fait », « l’affaire », et l’ancien lépreux divulguerait le fait de sa purification. Toutefois la symétrie des deux expressions, « proclamant l’Évangile de Dieu » (14) et « proclamer beaucoup et divulguer la parole », laisse entendre que « la parole » a quelque chose à voir avec la bonne nouvelle, l’Évangile. – En termes initiaux, « Dieu » (14.15) et « les démons » (39) s’opposent : Jésus annonce le règne de Dieu en mettant fin à celui des démons. – Alors que Jésus « appelle » ses disciples à sa suite (17.20a), ils « chasse » l’homme guéri à la fin (43) ; chaque fois, ces verbes sont accompagnés par l’adverbe « aussitôt »5. – On pourra aussi noter que « appela » (20) et « suppliant » (40) sont de la même racine. 5
Ce même adverbe apparaissait déjà une première fois dans chaque passage (18.42).
5. Mc 1,14-45
347
Après que Jean eût été livré, Jésus ALLA dans la Galilée PROCLAMANT l’Évangile de Dieu 15 et disant : « Le temps est accompli et le Règne de Dieu est proche ; convertissez-vous et croyez en l’Évangile. » 16 Et passant le long de la mer de Galilée, il vit Simon et André, le frère de Simon, jetant [les filets] dans la mer ; car ils étaient pêcheurs. 17 Et Jésus leur dit : « Venez derrière moi et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes. » 18 Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. 19 Et allant un peu plus loin, il vit Jacques fils de Zébédée et Jean son frère; ils étaient dans la barque, arrangeant leurs filets. 20 Et aussitôt IL LES APPELA. Et, laissant leur père Zébédée dans la barque avec les ouvriers, ils partirent derrière lui. 14
[...]
Et il ALLA PROCLAMANT dans leurs synagogues dans toute la Galilée et chassant les démons. 40 Et arrive vers lui un lépreux le suppliant [et tombant à genoux] et lui disant : « Si tu veux, tu peux me purifier ! » 41 Et ému de compassion, étendant la main, il le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié ! » 42 Et aussitôt la lèpre le quitta et il fut purifié. 43 Et le rudoyant, aussitôt IL LE CHASSA et lui dit : 44 « Vois, ne dis rien à personne, mais va et montre-toi au prêtre et offre pour ta purification ce que Moïse a ordonné en TÉMOIGNAGE pour eux. » 45 Il sortit et se mit à PROCLAMER beaucoup et à DIVULGUER la Parole, de sorte qu’il ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais il restait dehors dans des lieux déserts, et on arrivait à lui de partout. 39
14
Meta. de. to. paradoqh/nai to.n VIwa,nnhn h=lqen o` VIhsou/j eivj th.n Galilai,an to. euvagge,lion tou/ qeou/ 15 kai. le,gwn o[ti Peplh,rwtai o` kairo.j kai. h;ggiken h` basilei,a tou/ qeou/\ metanoei/te kai. pisteu,ete evn tw/| euvaggeli,w|) 16 Kai. para,gwn para. th.n qa,lassan th/j Galilai,aj ei=den Si,mwna kai. VAndre,an to.n avdelfo.n Si,mwnoj avmfiba,llontaj evn th/| qala,ssh|\ h=san ga.r a`liei/j) 17 kai. ei=pen auvtoi/j o` VIhsou/j( Deu/te ovpi,sw mou( kai. poih,sw u`ma/j gene,sqai a`liei/j avnqrw,pwn) 18 kai. euvqu.j avfe,ntej ta. di,ktua hvkolou,qhsan auvtw/|) 19 Kai. proba.j ovli,gon ei=den VIa,kwbon to.n tou/ Zebedai,ou kai. VIwa,nnhn to.n avdelfo.n auvtou/ kai. auvtou.j evn tw/| ploi,w| katarti,zontaj ta. di,ktua( 20 kai. euvqu.j evka,lesen auvtou,j) kai. avfe,ntej to.n pate,ra auvtw/n Zebedai/on evn tw/| ploi,w| meta. tw/n misqwtw/n avph/lqon ovpi,sw auvtou/) KHRUSSWN
[...] 39
kai. h=lqen KHRUSSWN eivj ta.j sunagwga.j auvtw/n eivj o[lhn th.n Galilai,an kai. ta. daimo,nia evkba,llwn) 40 Kai. e;rcetai pro.j auvto.n lepro.j parakalw/n auvto.n Îkai. gonupetw/nÐ kai. le,gwn auvtw/| o[ti VEa.n qe,lh|j du,nasai, me kaqari,sai) 41 kai. splagcnisqei.j evktei,naj th.n cei/ra auvtou/ h[yato kai. le,gei auvtw/|( Qe,lw( kaqari,sqhti\ 42 kai. euvqu.j avph/lqen avpV auvtou/ h` le,pra( kai. evkaqari,sqh) 43 kai. evmbrimhsa,menoj auvtw/| euvqu.j evxe,balen auvto,n 44 kai. le,gei auvtw/|( {Ora mhdeni. mhde.n ei;ph|j( avlla. u[page seauto.n dei/xon tw/| i`erei/ kai. prose,negke peri. tou/ kaqarismou/ sou a] prose,taxen Mwu?sh/j( eivj MARTURION auvtoi/j) 45 o` de. evxelqw.n h;rxato KHRUSSEIN polla. kai. DIAFHMIZEIN to.n lo,gon( w[ste mhke,ti auvto.n du,nasqai fanerw/j eivj po,lin eivselqei/n( avllV e;xw evpV evrh,moij to,poij h=n\ kai. h;rconto pro.j auvto.n pa,ntoqen)
348
Les solutions : deuxième partie, la séquence
L’ensemble de la séquence (Mc 1,14-45) 14
Après que Jean eût été livré, Jésus ALLA en GALILÉE PROCLAMANT l’Évangile de Dieu 15 et disant: «Le temps est accompli et le Règne de Dieu est proche; convertissez-vous et croyez en l’Évangile.» 16 Et passant le long de la mer de GALILÉE, il vit Simon et André, le frère de Simon, jetant [les filets] dans la mer; car ils étaient pêcheurs. 17 Et Jésus leur dit: «Venez derrière moi et je vous ferai devenir pêcheurs d’hommes.» 18 Aussitôt, laissant leurs filets, ils le suivirent. 19 Et allant un peu plus loin, il vit Jacques fils de Zébédée et Jean son frère; ils étaient dans la barque, arrangeant leurs filets. 20 Et aussitôt il les APPELA. Et, laissant leur père Zébédée dans la barque avec les ouvriers, ils partirent derrière lui. 21
Et ils entrèrent à Capharnaüm et aussitôt le sabbat entrant dans la synagogue il ENSEIGNAIT. Et on était frappé de son ENSEIGNEMENT car il les ENSEIGNAIT comme ayant autorité et non comme les scribes. 23 Et aussitôt il y avait dans leur synagogue un homme avec un esprit impur et il cria 24 disant: «Que nous veux-tu, Jésus le Nazarénien? Es-tu venu pour nous perdre? Je sais qui tu es: le Saint de Dieu.» 25 Jésus le menaça: «TAIS-TOI et sors de lui.» 26 Et l’esprit impur, le secouant violemment et criant très fort, sortit de lui. 27 Et tous furent effrayés, de sorte qu’ils discutaient entre eux disant: «Qu’est ceci? Un ENSEIGNEMENT nouveau avec autorité; et il commande aux esprits impurs et ils lui obéissent!» 28 Et sa renommée se répandit aussitôt partout dans la région entière de la GALILÉE. 22
29
Et aussitôt sortant de la synagogue, ils vinrent dans la maison de Simon et André, avec Jacques et Jean. 30 La belle-mère de Simon était couchée, fiévreuse et aussitôt ils lui parlent à son sujet. 31 Et venant près d’elle il la releva en la prenant par la main. Et la fièvre la laissa et elle les servait. 32
Le soir venu, quand le soleil fut couché, on lui portait tous les mal portant et les démoniaques. 33 Et la ville entière était réunie près de la porte 34 et il guérit beaucoup de mal portant de diverses maladies et il chassa beaucoup de démons; et IL NE LAISSAIT PAS PARLER les démons parce qu’ils le connaissaient. 35 Et au matin, encore en pleine nuit, se levant il sortit et il alla dans un lieu désert et là il priait. 36 Et le poursuivirent Simon et ceux qui étaient avec lui 37 et ils le trouvèrent et lui dirent: «Tous te cherchent.» 38 Et il leur dit: «Allons ailleurs par les villages voisins, afin que là aussi je PROCLAME car c’est pour cela que je suis sorti.» 39
Et il ALLA PROCLAMANT dans leurs synagogues dans toute la GALILÉE et chassant les démons. Et arrive vers lui un lépreux le SUPPLIANT [et tombant à genoux] et lui disant: «Si tu veux, tu peux me purifier!» 41 Et ému de compassion, étendant la main, il le toucha et lui dit: «Je le veux, sois purifié!» 42 Et aussitôt la lèpre le quitta et il fut purifié. 43 Et le rudoyant, aussitôt il le chassa et lui dit: 44 «Vois, NE DIS RIEN À PERSONNE, mais va et montre-toi au prêtre et offre pour ta purification ce que Moïse a ordonné en TÉMOIGNAGE pour eux.» 45 Il sortit et se mit à PROCLAMER beaucoup et à DIVULGUER la Parole, de sorte qu’il ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais il restait dehors dans des lieux déserts, et on arrivait à lui de partout. 40
Outre les rapports déjà relevés entre les trois passages de la sous-séquence centrale, celle-ci a plusieurs points communs avec les passages extrêmes. – Comme au début des passages extrêmes (14.39), « proclamer » à la fin de la sous-séquence centrale (38) a Jésus comme sujet. – À « esprit(s)/impur(s) » (23.26.27) et « démoniaques »/« démons (32.33 bis) correspondent « les démons » de 39 ; de même « la lèpre » (42) rappelle « la fièvre » du passage central (31).
5. Mc 1,14-45
349
– Jésus proclame « dans leurs synagogues » (39) dans toute la Galilée, comme à Capharnaüm il avait enseigné « dans la synagogue » (23). – Comme il avait fait taire l’esprit impur dans le second passage (25) et comme « il ne laissait pas parler » les démons dans le quatrième passage (34), il impose le silence à l’homme guéri de la lèpre (44), sauf pour les autorités compétentes. 14
Meta. de. to. paradoqh/nai to.n VIwa,nnhn h=lqen o` VIhsou/j eivj th.n Galilai,an KHRUSSWN to. euvagge,lion tou/ qeou/ 15 kai. le,gwn o[ti Peplh,rwtai o` kairo.j kai. h;ggiken h` basilei,a tou/ qeou/\ metanoei/te kai. pisteu,ete evn tw/| euvaggeli,w|) 16 Kai. para,gwn para. th.n qa,lassan th/j Galilai,aj ei=den Si,mwna kai. VAndre,an to.n avdelfo.n Si,mwnoj avmfiba,llontaj evn th/| qala,ssh| \ h=san ga.r a`liei/j) 17 kai. ei=pen auvtoi/j o` VIhsou/j( Deu/te ovpi,sw mou( kai. poih,sw u`ma/j gene,sqai a`liei/j avnqrw,pwn) 18 kai. euvqu.j avfe,ntej ta. di,ktua hvkolou,qhsan auvtw/|) 19 Kai. proba.j ovli,gon ei=den VIa,kwbon to.n tou/ Zebedai,ou kai. VIwa,nnhn to.n avdelfo.n auvtou/ kai. auvtou.j evn tw/| ploi,w| katarti,zontaj ta. di,ktua( 20 kai. euvqu.j evka,lesen auvtou,j) kai. avfe,ntej to.n pate,ra auvtw/n Zebedai/on evn tw/| ploi,w| meta. tw/n misqwtw/n avph/lqon ovpi,sw auvtou/) 21
Kai. eivsporeu,ontai eivj Kafarnaou,m\ kai. euvqu.j toi/j sa,bbasin eivselqw.n eivj th.n sunagwgh.n EDIDASKEN) 22 kai. evxeplh,ssonto evpi. th/| DIDACH auvtou/\ h=n ga.r DIDASKWN auvtou.j w`j evxousi,an e;cwn kai. ouvc w`j oi` grammatei/j) 23 kai. euvqu.j h=n evn th/| sunagwgh/| auvtw/n a;nqrwpoj evn pneu,mati avkaqa,rtw| kai. avne,kraxen 24 le,gwn( Ti, h`mi/n kai. soi,( VIhsou/ Nazarhne,* h=lqej avpole,sai h`ma/j* oi=da, se ti,j ei=( o` a[gioj tou/ qeou/) 25 kai. evpeti,mhsen auvtw/| o` VIhsou/j le,gwn( Fimw,qhti kai. e;xelqe evx auvtou/) 26 kai. spara,xan auvto.n to. pneu/ma to. avka,qarton kai. fwnh/san fwnh/| mega,lh| evxh/lqen evx auvtou/) 27 kai. evqambh,qhsan a[pantej w[ste suzhtei/n pro.j e`autou.j le,gontaj( Ti, evstin tou/to* DIDACH kainh. katV evxousi,an\ kai. toi/j pneu,masi toi/j avkaqa,rtoij evpita,ssei( kai. u`pakou,ousin auvtw/|) 28 kai. evxh/lqen h` avkoh. auvtou/ euvqu.j pantacou/ eivj o[lhn th.n peri,cwron th/j Galilai,aj) 29
Kai. euvqu.j evk th/j sunagwgh/j evxelqo,ntej h=lqon eivj th.n oivki,an Si,mwnoj kai. VAndre,ou meta. VIakw,bou kai. VIwa,nnou) 30 h` de. penqera. Si,mwnoj kate,keito pure,ssousa( kai. euvqu.j le,gousin auvtw/| peri. auvth/j) 31 kai. proselqw.n h;geiren auvth.n krath,saj th/j ceiro,j\ kai. avfh/ken auvth.n o` pureto,j( kai. dihko,nei auvtoi/j) 32
VOyi,aj de. genome,nhj( o[te e;du o` h[lioj( e;feron pro.j auvto.n pa,ntaj tou.j kakw/j e;contaj kai. tou.j daimonizome,nouj\ 33 kai. h=n o[lh h` po,lij evpisunhgme,nh pro.j th.n qu,ran) 34 kai. evqera,peusen pollou.j kakw/j e;contaj poiki,laij no,soij kai. daimo,nia polla. evxe,balen kai. ouvk h;fien lalei/n ta. daimo,nia( o[ti h;|deisan auvto,n) 35 Kai. prwi< e;nnuca li,an avnasta.j evxh/lqen kai. avph/lqen eivj e;rhmon to,pon kavkei/ proshu,ceto) 36 kai. katedi,wxen auvto.n Si,mwn kai. oi` metV auvtou/( 37 kai. eu-ron auvto.n kai. le,gousin auvtw/| o[ti Pa,ntej zhtou/si,n se) 38 kai. le,gei auvtoi/j( :Agwmen avllacou/ eivj ta.j evcome,naj kwmopo,leij( i[na kai. evkei/ KHRUXW\ eivj tou/to ga.r evxh/lqon) 39
kai. h=lqen KHRUSSWN eivj ta.j sunagwga.j auvtw/n eivj o[lhn th.n Galilai,an kai. ta. daimo,nia evkba,llwn) 40 Kai. e;rcetai pro.j auvto.n lepro.j parakalw/n auvto.n Îkai. gonupetw/nÐ kai. le,gwn auvtw/| o[ti VEa.n qe,lh|j du,nasai, me kaqari,sai) 41 kai. splagcnisqei.j evktei,naj th.n cei/ra auvtou/ h[yato kai. le,gei auvtw/|( Qe,lw( kaqari,sqhti\ 42 kai. euvqu.j avph/lqen avpV auvtou/ h` le,pra( kai. evkaqari,sqh) 43 kai. evmbrimhsa,menoj auvtw/| euvqu.j evxe,balen auvto,n 44 kai. le,gei auvtw/|( {Ora mhdeni. mhde.n ei;ph|j( avlla. u[page seauto.n dei/xon tw/| i`erei/ kai. prose,negke peri. tou/ kaqarismou/ sou a] prose,taxen Mwu?sh/j( eivj martu,rion auvtoi/j) 45 o` de. evxelqw.n h;rxato KHRUSSEIN polla. kai. DIAFHMIZEIN to.n lo,gon( w[ste mhke,ti auvto.n du,nasqai fanerw/j eivj po,lin eivselqei/n( avllV e;xw evpV evrh,moij to,poij h=n\ kai. h;rconto pro.j auvto.n pa,ntoqen)
350
Les solutions : deuxième partie, la séquence
À propos du dernier passage, la purification du lépreux, Xavier Léon-Dufour écrivait : « Notre récit flotte donc sans attache dans un grand contexte narratif »6. L’analyse rhétorique a montré au contraire que ce passage entre dans la composition de la séquence. Il n’en demeure pas moins qu’il est tout à fait étrange de voir mettre en relation la « proclamation » de Jésus et celle de l’ancien lépreux ; de voir mettre en rapport aussi les premiers disciples qui seront chargés plus tard de « proclamer » mais qui ne disent rien pour le moment, alors que c’est ce personnage qui, pour ainsi dire, les remplace ou, tout du moins, les précède dans leur vocation. Sur ce point particulier, on pourra voir le montage tout aussi étonnant que Luc a réalisé dans la troisième séquence du ministère de Jésus en Galilée (Lc 5,1-16). Unissant le récit de la pêche miraculeuse et celui de la purification du lépreux, il montre comment la foi du lépreux guéri est donnée en modèle aux premiers disciples et en particulier à Simon : alors que la confession de foi de Simon est la conséquence de la pêche miraculeuse, celle du lépreux est la cause de sa purification7.
6 7
X. LÉON-DUFOUR, L’Annonce de l’évangile, 190 Voir R. MEYNET, L’Évangile de Luc, Paris 2005, 237-249 ; Pendé 2011, 241-253.
Conclusion
Dans notre projet original, nous avions pensé à une troisième partie, « Le livre » dans laquelle nous aurions proposé l’analyse d’un livre entier : un de l’Ancien Testament, Jonas, et un du Nouveau Testament, la Lettre aux Colossiens, deux livres courts, chacun ne comptant que quatre chapitres. Nous avons dû y renoncer, car la dimension de ce livre aurait doublé... au moins. Toutefois, qui le voudrait pourrait continuer à s’entrainer. Si vous voudrez étudier un livre entier – ou au moins une portion importante d’un livre –, vous savez comment faire : on procède comme pour une séquence. Choisissez un des textes suivants : Amos, la Lettre de Jacques, la Première lettre de Jean, l’évangile de Luc, les récits de la Pâque du Seigneur dans les synoptiques (Mt 26–28; Mc 14–16; Lc 22–24), le premier recueil salomonien (Pr 10,1–22,16), Mt 11–12, le récit de la Passion selon Jean (Jn 18–20). Une fois faite l’analyse, vous pourrez comparer vos résultats avec ceux des auteurs qui ont publié les leurs : Passages MEYNET, R., Études sur la traduction et l’interprétation de la Bible, Sources/ Cibles, École de traducteurs et d’interprètes de Beyrouth, Beyrouth 2006. Lc 15 ; Ga 5,13–6,10 ; Pr 1,1-7 ; 10,1-5. MEYNET, R., Appelés à la liberté, RhSem 5, Paris 2008. Ex 14 ; Ex 15 ; Ex 20,2-17 ; Dt 5,6-21 ; Ps 113–118 ; 136. MEYNET, R. – ONISZCZUK, J., ed., Retorica biblica e semitica 1. Atti del primo convegno RBS, ReBib 12, EDB, Bologna 2009. Ps 127 (145-170); Ps 111 (299-314). Séquences MEYNET, R. Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, RhSem 6, Paris 2009. Mt 19–20; Mc 10; Lc 17,11–18,30; Lc 18,31–19,46. MEYNET, R. – ONISZCZUK, J., ed., Retorica biblica e semitica 1. Atti del primo convegno RBS, ReBib 12, Bologna 2009. Mc 6,45–7,30 (191-218); Mc 4,1-34 (257-286). ONISZCZUK, J., La passione del Signore secondo Giovanni (Gv 18–19), ReBib 15, Bologna 2009.
352
Exercices d’analyse rhétorique biblique
Sections MEYNET, R., Jésus passe. Testament, jugement, exécution et résurrection du Seigneur Jésus dans les évangiles synoptiques, RhBib 3, Rome – Paris 1999 ; La Pâque du Seigneur. Passion et résurrection de Jésus dans les évangiles synoptiques. Troisième édition revue, RBSem 27, Leuven 2021. PAXIMADI, G., E io dimorerò in mezzo a loro. Composizione e interpretazione di Es 25–31, ReBib 8, Bologna 2004. MUTHIAH, A.J.R., Jesus giver of Life. Composition and Interpretation of Mark 7:31–9,50, Chennai (India) 2005. WITEK, B., Dio e i suoi figli. Analisi retorica della Prima Raccolta Salomonica (Pr 10,1--22,16), TG, Serie Teologia 117, Roma 2005. DI PAOLO, R., Il Servo di Dio porta il diritto alle nazioni. Analisi retorica di Matteo 11–12, TG, Serie Teologia 128, Roma 2005. Livres BOVATI, P. – MEYNET, R., Le livre du prophète Amos, RhBib 2, Paris 1994. KOT, T., La Lettre de Jacques. La foi, chemin de la vie, RhSem 2, Paris 2006. MEYNET, R., L’Évangile de Luc, Troisième édition, RhSem 8, Pendé 2011. ONISZCZUK, J., La première lettre de Jean, RhSem 13, Pendé 2013. Dans la plupart de ces publications, les réécritures n’ont pas été réalisées selon les normes que vous avez suivies tout au long des exercices du présent volume. Font toutefois exception les ouvrages publiés à partir de 2009. En effet, ces normes, exposés dans le Traité de rhétorique biblique, datent de 2007 seulement. Avec l’aide du Traité, vous serez en mesure d’améliorer les réécritures que vous trouverez dans les publications antérieures. Pour ce qui regarde les analyses de textes, elles sont évidemment critiquables. Les auteurs eux-mêmes les reprennent et les corrigent quand ils se rendent compte qu’ils se sont trompés. Que cela vous encourage ! Errare humanum est. Tant que nous sommes vivants, il est possible de se repentir et de progresser.
Conclusion
353
Après la dix-septième et dernière leçon de son Cours de langue arabe1, le jésuite André d’Alverny concluait son manuel par ces mots : Et maintenant… pour progresser sûrement, prenez les livres scolaires des enfants se préparant au Certificat arabe d’études primaires (9 me, 8me, 7me), lisez les textes avec leurs explications en arabe, cherchez le sens des mots nouveaux, faites des exercices écrits. Vous pourrez aller assez vite. Si vous continuez ainsi pendant 10 ans, progressant chaque année, cherchant à vous exprimer et à faire corriger vos expressions, vous commencerez à penser en cette langue, ses trésors vous seront ouverts et les cœurs de bien des hommes. Cela en vaut la peine2.
Vous connaissez la théorie et surtout, si vous avez fait sérieusement tous les exercices du présent livre, vous aurez acquis un peu de métier. Mais chacun sait que tout métier requiert une longue pratique. Et, comme une langue étrangère, tout métier se perd peu à peu, mais inéluctablement, s’il n’est pas pratiqué de manière continue. Si vous voulez conserver ce que vous avez acquis, à plus forte raison si vous entendez progresser, continuez à travailler régulièrement. Faites contrôler vos analyses par quelqu’un qui est suffisamment compétent pour vous donner son avis ; mettez-les à l’épreuve, en les exposant à vos étudiants, aux personnes avec lesquelles vous travaillez ; publiez-les, si elles vous semblent suffisamment assurées. Il est en effet indispensable de se soumettre au jugement d’autrui. « Si vous continuez ainsi pendant 10 ans... », vous commencerez à entrer dans la manière de penser de la Bible, vous pourrez jouir de ses trésors et surtout en faire profiter les autres. Vous vous rendrez compte que toute cette fatigue en vaut vraiment la peine.
1
C’est un pur hasard – mais heureux – que notre volume d’Exercices d’analyse rhétorique biblique compte lui aussi dix-sept exercices ! 2 A. D’ALVERNY, Cours de langue arabe, 447.
BIBLIOGRAPHIE des ouvrages cités
ALONSO SCHOEKEL, L. – CARNITI, C., I salmi, I, Roma 1992. ALVERNY, A. D’, Cours de langue arabe: vocabulaire commenté et sur textes, revu et corrigé par R. Lavenant et L. Pouzet, Beyrouth 1982. BEAUCHAMP, P., L’un et l’autre Testament. I. Essai de lecture, Parole de Dieu, Paris 1976; II. Accomplir les Écritures, Parole de Dieu, Paris 1990. ——, « Préface » à R. MEYNET, L’Analyse rhétorique, 7-14. BLASS, F. – DEBRUNNER, A., A Greek Grammar of the New Testament, Chicago – London 1961. BOSSUYT, Ph. : voir RADERMAKERS, J. BOVATI, P., Ristabilire la giustizia: Procedure, vocabolario, orientamenti, AnBib 110, Roma 1986, 19972. BOVATI, P. – MEYNET, R., Le Livre du prophète Amos, RhBib 2, Paris 1994. CERESKO, A.R. « Endings and beginnings: alphabetic thinking and the shaping of Psalms 106 and 150 », CBQ 68 (2006) 32-46. CERESKO, A.R. « The ABCs of Wisdom in Psalm XXXIV », VT 35 (1985) 99104. CUVILLIER, É., L’Évangile de Marc, Bible en face, Paris – Genève 2002. ERNST, J., Das Evangelium nach Lukas, Regensburger Neues Testament, Regensburg 1977; trad. ital., Il vangelo secondo Luca, Il Nuovo Testamento commentato, Brescia 1985, 19902. GIRARD, M., Les Psaumes 1-50. Analyse structurelle et interprétation, Recherche. Nouvelle série 2, Montréal – Paris 1984. ——, Les Psaumes redécouverts. De la structure au sens, I. Ps 1-50, 1996; II. Ps 51-100; III. Ps 101-150, Montréal 1994. Ha-Berīt ha-Ḥădāšâ, Jerusalem 19912. HAKHAM, A., Sefer tehillîm, Jerusalem 1986. HUROWITZ, V., « Additional elements of alphabetical thinking in Psalm XXXIV », VT 52 (2002) 326-333. LÉGASSE, S., L’Évangile de Marc, LeDiv Commentaires 5, Paris 1997. LÉON-DUFOUR, X., « Les évangiles synoptiques », dans Introduction à la Bible. Édition nouvelle, t. III, Introduction critique au Nouveau Testament, A. GEORGE – P. GRELOT, ed., vol. 2, L’annonce de l’évangile, X. LÉONDUFOUR – Ch. PERROT, ed., Paris 1976.
356
Exercices d’analyse rhétorique biblique
MAZZUCCO, C., Lettura del vangelo di Marco, Torino 1999. METZGER, B.M., A Textual Commentary on the Greek New Testament, Stuttgart 1994. MEYNET, R., L’Analyse rhétorique. Une nouvelle méthode pour comprendre la Bible. Textes fondateurs et exposé systématique, Initiations, Paris 1989. ——, « L’analyse rhétorique, une nouvelle méthode pour comprendre la Bible », NRTh 116 (1994) 641-657 ; = www.retoricabiblicaesemitica.org: L’analyse rhétorique biblique, Un article (31.01.2002 ; 14.10.2012). ——, «E ora, scrivete per voi questo cantico». Introduzione pratica all’analisi retorica, 1. Detti e proverbi, ReBib 3, Roma 1996. ——, « Analyse rhétorique du Psaume 51. Hommage critique à Marc Girard », RivBib 45 (1997) 187-226. ——, Marc GIRARD, Les Psaumes redécouverts. De la structure au sens, II : Ps 51-100 (624 p.) ; III : Ps 101-150 (564 p.), Montréal 1994. Recension in RivBib 45 (1997) 92-96. ——, Marc GIRARD, Les psaumes redécouverts. De la structure au sens, vol. I : Ps 1-50 (818 p.), Montréal 1996. Recension in RivBib 45 (1997) 229-230. ——, « Tu vois cette femme ? ». Parler en paraboles, LiBi 121, Paris 2001. ——, Lire la Bible, Champs 537, Paris 2003. ——, L’Évangile de Luc, RhSem 1, Paris 20052 ; RhSem 8, Pendé 20113. ——, «La dossologia dell’Alleluia (Ap 19,1-8), in Apokalypsis. Percorsi nell’Apocalisse in onore di Ugo Vanni, E. BOSETTI – A. COLACRAI, ed., Assisi 2005, 585-596. ——, Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, RhSem 6, Paris 2009 ; Le fait synoptique reconsidéré, ReBibSem 7, Roma 2015. ——, Traité de rhétorique biblique, RhSem 4, Paris 2007 ; deuxième édition revue et corrigée, RhSem 11, Pendé 2013 ; troisième édition, revue et augmentée, RBSem 28, Leuven 2021. ——, Appelés à la liberté, RhSem 5, Paris 2008. ——, « “Qui aime la vie?” Analyse rhétorique du psaume 34 », Gr. 92 (2011) 237-260. ——, « Le leggi della retorica biblica. A proposito della “legge dell’intreccio al centro” », in ID. – J. ONISZCZUK, ed., Retorica Biblica e Semitica 3. Atti del terzo convegno RBS, ReBib 19, EDB, Bologna 2013, 349-364. MOUNIN, G., Les problèmes théoriques de la traduction, Bibliothèque des idées, Paris 1963 ; Collection Tel 5, Paris 1990. ONISZCZUK, J., La première lettre de Jean, RhSem 13, Pendé 2013.
Bibliographie
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PAXIMADI, G., E io dimorerò in mezzo a loro, Composizione e interpretazione di Es 25–31, ReBib 8, Bologna 2004. PESCH, R., Das Markusevangelium, Herders Theologischer Kommentar zum Neuen Testament 2, Freiburg l977-1980; trad. ital., Il vangelo di Marco, CTNT 2.1-2.2, Brescia 1980-1982. PONTIFICIA COMMISSIONE BIBLICA, L’interpretazione della Bibbia nella Chiesa, Città del Vaticano 1993. RADERMAKERS, J., Au fil de l’Évangile selon saint Matthieu, Heverlee – Louvain 1972. ——, La Bonne Nouvelle de Jésus selon saint Marc, Bruxelles 1974. RADERMAKERS, J., – BOSSUYT, P., Jésus, Parole de la grâce selon saint Luc, Bruxelles 1981. RAVASI, G., Il libro dei Salmi, Lettura pastorale della Bibbia 12, 14, 17, Bologna 1985. SÁVOCA, G., ed., I canti di Sion. Traduzione interlineare dei Salmi ebraici, Messina 19923. TROCMÉ, É., L’Évangile selon saint Marc, Commentaire du Nouveau Testament. Deuxième série, Genève 2000. VANHOYE, A., La structure littéraire de l’Épître aux Hébreux, Paris 1963.19762.
TABLE DES MATIÈRES Avant-propos .............................................................................................. Introduction ................................................................................................ Préface à la deuxième édition ...................................................................... Sigles et abréviations .................................................................................. Références au Traité .................................................................................... Lexique des termes techniques ...................................................................
7 23 27 27 27 29
LES EXERCICES PREMIÈRE PARTIE: LE PASSAGE ...................................................................
33
1. Une énigme ............................................................................................. 2. Jr 17,5-8 ................................................................................................. 3. Mt 7,24-27 .............................................................................................. 4. Ps 2 ......................................................................................................... 5. Col 1,15-20 .............................................................................................. 6. Pr 26,1-12 ............................................................................................... 7. Jn 21,15-17 .............................................................................................. 8. Ps 34 ......................................................................................................... 9. Mc 6,1-6.7-13 .......................................................................................... 10. Ps 98 ...................................................................................................... 11. Ap 19,1-8 .............................................................................................. 12. Un jeu ....................................................................................................
35 37 41 45 49 51 55 59 65 69 75 79
DEUXIÈME PARTIE: LA SÉQUENCE ...............................................................
83
1. Mc 6,1-13 ................................................................................................ 2. Ex 25,10-40 ............................................................................................. 3. 1Jn 3,2-24 ............................................................................................... 4. Am 5,1-17 ................................................................................................ 5. Mc 1,14-45 .............................................................................................
85 87 93 99 103
LES SOLUTIONS PREMIÈRE PARTIE: LE PASSAGE ...................................................................
107
1. Une énigme .............................................................................................
109
360
Exercices d’analyse rhétorique biblique
2. Jr 17,5-8 ................................................................................................. 3. Mt 7,24-27 ............................................................................................... 4. Ps 2 .......................................................................................................... 5. Col 1,15-20 ............................................................................................. 6. Pr 26,1-12 ............................................................................................... 7. Jn 19,17-22 .............................................................................................. 8. Ps 34 ........................................................................................................ 9. Mc 6,1-6.7-13 .......................................................................................... 10. Ps 98 ...................................................................................................... 11. Ap 19,1-8 .............................................................................................. 12. Un jeu ...................................................................................................
113 127 137 147 157 171 183 209 215 233 241
DEUXIÈME PARTIE: LA SÉQUENCE ...............................................................
245
1. Mc 6,1-13 ............................................................................................... 2. Ex 25,10-40 ............................................................................................ 3. 1Jn 3,2-24 ............................................................................................... 4. Am 5,1-17 ................................................................................................ 5. Mc 1,14-45 ...............................................................................................
247 253 277 295 327
Conclusion ..................................................................................................
351
Bibliographie ..............................................................................................
355
RHÉTORIQUE BIBLIQUE Collection dirigée par Roland Meynet et Pietro Bovati 1.
ROLAND MEYNET, L’Évangile selon saint Luc. Analyse rhétorique, Éd. du Cerf, Paris 1988.
2.
PIETRO BOVATI – ROLAND MEYNET, Le Livre du prophète Amos, Éd. du Cerf, Paris 1994.
3.
ROLAND MEYNET, Jésus passe. Testament, jugement, exécution et résurrection du Seigneur Jésus dans les évangiles synoptiques, PUG Editrice – Éd. du Cerf, Rome – Paris 1999.
RHÉTORIQUE SÉMITIQUE Collection dirigée par Roland Meynet avec Jacek Oniszczuk 1.
ROLAND MEYNET, L’Évangile de Luc, Lethielleux, Paris 2005.
2.
TOMASZ KOT, La Lettre de Jacques. La foi, chemin de la vie, Lethielleux, Paris 2006.
3.
MICHEL CUYPERS, Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ’ida, Lethielleux, Paris 2007.
4.
ROLAND MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Lethielleux, Paris 2007.
5.
ROLAND MEYNET, Appelés à la liberté, Lethielleux, Paris 2008.
6.
ROLAND MEYNET, Une nouvelle introduction aux évangiles synoptiques, Lethielleux, Paris 2009.
7.
ALBERT VANHOYE, L’Épître aux Hébreux. « Un prêtre différent », Gabalda, Pendé 2010.
8.
ROLAND MEYNET, L’Évangile de Luc, Gabalda, Pendé 20113.
9.
MICHEL CUYPERS, La Composition du Coran, Gabalda, Pendé 2012.
10. ROLAND MEYNET, La Lettre aux Galates, Gabalda, Pendé 2012. 11. ROLAND MEYNET, Traité de rhétorique biblique, Gabalda, Pendé 20132. 12. ROLAND MEYNET – J. ONISZCZUK, Exercices d’analyse rhétorique, Gabalda, Pendé 2013. 13. JACEK ONISZCZUK, La première lettre de Jean, Gabalda, Pendé 2013. 14. ROLAND MEYNET, La Pâque du Seigneur. Passion et résurrection de Jésus dans les évangiles synoptiques, Gabalda, Pendé 2013. 15. MICHEL CUYPERS, Apocalypse coranique. Lecture des trente-trois sourates du Coran, Gabalda, Pendé 2014. 16. ROLAND MEYNET, L’Évangile de Marc, Gabalda, Pendé 2014.
RETORICA BIBLICA collana diretta da Roland Meynet, Pietro Bovati e Jacek Oniszczuk
1.
EDIZIONI DEHONIANE ROMA ROLAND MEYNET, Il vangelo secondo Luca. Analisi retorica, ED, Roma 1994.
2.
PIETRO BOVATI – ROLAND MEYNET, Il libro del profeta Amos, ED, Roma 1995.
3.
ROLAND MEYNET, «E ora, scrivete per voi questo cantico». Introduzione pratica all’analisi retorica. 1. Detti e proverbi, ED, Roma 1996.
4.
EDIZIONI DEHONIANE BOLOGNA ROLAND MEYNET, Una nuova introduzione ai vangeli sinottici, EDB, Bologna 2001.
5.
ROLAND MEYNET, La Pasqua del Signore. Testamento, processo, esecuzione e risurrezione di Gesù nei vangeli sinottici, EDB, Bologna 2002.
6.
TOMASZ KOT, La fede, via della vita. Composizione e interpretazione della Lettera di Giacomo, EDB, Bologna 2003.
7.
ROLAND MEYNET, Il vangelo secondo Luca. Analisi retorica, seconda edizione, EDB, Bologna 2003.
8.
GIORGIO PAXIMADI, E io dimorerò in mezzo a loro. Composizione e interpretazione di Es 25–31, EDB, Bologna 2004.
9.
ROLAND MEYNET, Una nuova introduzione ai Vangeli Sinottici, seconda edizione rivista e ampliata, EDB, Bologna 2006.
10. ROLAND MEYNET, Trattato di retorica biblica, EDB, Bologna 2008. 11. JACEK ONISZCZUK, La Prima Lettera di Giovanni, EDB, Bologna 2008. 12. ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Retorica biblica e Semitica 1. Atti del primo convegno RBS, EDB, Bologna 2009. 13. ROLAND MEYNET, Chiamati alla libertà, EDB, Bologna 2010. 14. ALBERT VANHOYE, L’epistola agli Ebrei. «Un sacerdote differente», EDB, Bologna 2010. 15. JACEK ONISZCZUK, La passione del Signore secondo Giovanni (Gv 18–19), EDB, Bologna 2011. 16. ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Retorica biblica e Semitica 2. Atti del secondo convegno RBS, EDB, Bologna 2011. 17. ROLAND MEYNET, La lettera ai Galati, EDB, Bologna 2012. 18. GERMANO LORI, Il Discorso della Montagna, dono del Padre (Mt 5,1–8,1), EDB, Bologna 2013.
RETORICA BIBLICA E SEMITICA Collection dirigée par Roland Meynet et Jacek Oniszczuk 1.
JACEK ONISZCZUK, Incontri con il Risorto in Giovanni (Gv 20–21), G&B Press, Roma 2013.
2.
ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, Esercizi di analisi retorica, G&B Press, Roma 2013.
3.
ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del terzo convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, G&B Press, Roma 2013.
4.
ROLAND MEYNET, Luke: the Gospel of the Children of Israel, G&B Press, Roma 2015.
5.
ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del quarto convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, G&B Press, Roma 2015.
6.
ROLAND MEYNET, Les huit psaumes acrostiches alphabétiques, G&B Press, Roma 2015.
7.
ROLAND MEYNET, Le fait synoptique reconsidéré, G&B Press, Roma 2015.
8.
ROLAND MEYNET, Il vangelo di Marco, G&B Press, Roma 2016.
RHETORICA BIBLICA ET SEMITICA Collection dirigée par Roland Meynet, Jacek Oniszczuk, puis Francesco Graziano 9.
ROLAND MEYNET, Les psaumes des montées, Peeters, Leuven 2017.
10. MICHEL CUYPERS, Le Festin. Une lecture de la sourate al-Mâ’ida, deuxième édition, Peeters, Leuven 2017. 11. ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, ed., Studi del quinto convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, Peeters, Leuven 2017. 12. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Cinquième livre (Ps 107–150), Peeters, Leuven 2017. 13. JACEK ONISZCZUK, Incontri con il Risorto in Giovanni (Gv 20–21), 2° edizione, Peeters, Leuven 2018. 14. ROLAND MEYNET, Il vangelo di Marco, Peeters, Leuven 2018. 15. JACEK ONISZCZUK (†), «Se il chicco di grano caduto in terra non muore...» (Gv 11–12), Peeters, Leuven 2018. 16. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Premier livre (Ps 1–41), Peeters, Leuven 2018. 17. MASSIMO GRILLI – † JACEK ONISZCZUK – ANDRÉ WÉNIN, ed., Filiation, entre Bible et cultures. Hommage à Roland Meynet, Peeters, Leuven 2019. 18. FRANCESCO GRAZIANO – ROLAND MEYNET, ed., Studi del sesto convegno RBS. International Studies on Biblical and Semitic Rhetoric, Peeters, Leuven 2019. 19. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Troisième livre (Ps 73–89), Peeters, Leuven 2019. 20. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Deuxième livre (Ps 42/43–72), Peeters, Leuven 2019.
21. PIETRO BOVATI – ROLAND MEYNET, Il libro del profeta Amos. Seconda edizione rivista, Peeters, Leuven 2019. 22. FRANCESCO GRAZIANO, La composizione letteraria del Vangelo di Matteo, Peeters, Leuven 2020. 23. ROLAND MEYNET, Le Psautier. Quatrième livre (Ps 90–106), Peeters, Leuven 2020. 24. ROLAND MEYNET, Le Psautier. L’ensemble du Livre des Louanges, Peeters, Leuven 2020. 25. ROLAND MEYNET, Le Cantique des cantiques, Peeters, Leuven 2021. 26. ROLAND MEYNET, La Lettre aux Galates. Deuxième édition revue, Peeters, Leuven 2021. 27. ROLAND MEYNET, La Pâque du Seigneur. Passion et résurrection de Jésus dans les évangiles synoptiques. Troisième édition revue, Peeters, Leuven 2021. 28. ROLAND MEYNET, Traité de rhétorique biblique. Troisième édition revue et amplifiée, Peeters, Leuven 2021. 29. ROLAND MEYNET – JACEK ONISZCZUK, Exercices d’analyse rhétorique biblique. Deuxième édition revue, Peeters, Leuven 2021.