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ENTRE MEUSE RHIN ET MOSELLE

HOMMES DE DIEU ET RÉVOLUTION Collection dirigée par BERNARD PLONGERON

ENTRE MEUSE RHIN ET MOSELLE

PAR

ALFRED

MINKE

Publié avec le concours de l'Exécutif de la Communauté gennanophone de Belgique

BREPOLS

© C.N.R.S. - B. PLONGERON et P. LEROU BREPOLS - Baron de Fourstraat 8, B. 2300 TURNHOUT ISBN : 2-503-50290-3

INTRODUCTION

Les territoires occupés en 1792, puis en 1794, et partiellement annexés le ter octobre 1795 (9 vendémiaire an IV) sous la dénomination 11 Belgique et Pays de Liège" à la République française appartiennent de nos jours. pour la plus grande partie, au royaume de Belgique, au grand-duché de Luxembourg ainsi que, dans une moindre proportion, au royaume des Pays-Bas et aux Linder allemands de Rhénanie, de Nord-Westphalie et de Rhénanie-Palatinat.

Jusqu'en 1960 environ, l'historiographie du régime français dans ces pays pèche en général par une orientation unilatérale flagrante, où abondent les opinions toutes faites, les jugements hâtifs et les clichés. Que ce soit la monumentale étude -reposant sur une vaste documentation partiellement perdue aujourd'hui- du Baron Verhaegen ou les travaux érudits de Thys et de l'abbé Engling 1, pour ne citer que ces trois exemples, les années 1794 à 1799 (mais aussi le Consulat et l'Empire) sont toujours abordées avec un a priori défavorable, teinté d'ailleurs çà et là d'un nationalisme prononcé. A l'inverse, d'autres publications, nettement moins nombreuses, versent dans une sorte d'hagiographie francophile qui tend à gommer les épisodes douloureux que les départements réunis ont incontestablement vécus, comme autant d'incîdents de parcours, certes regrettables, mais, somme toute, d'importance mineure2. Dans sa magistrale Histoire de Belgique3, Henri Pirenne a pourtant démontré que ce double écueil peut être évité et qu'une étude sereine de cette période n'est pas impossible. L'histoire religieuse, on s'en doute, a toujours été un terrain de prédilection pour des auteurs qui, d'après Gilbert Trausch, n'ont jamais réussi à pénétrer la mentalité révolutionnaire ni à comprendre la

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complexité des problèmes posés à la République. "Il en est sorti une simplification des données de base et une exagération des rigueurs de la persécution 11 4. Entraînés par une mentalité qui se veut 11 éclairée 11 , d'autres réduisent en revanche le conflit entre l'Eglise et la République dans les pays conquis par la France à sa plus simple expression : l'Etat moderne aux prises avec le dernier bastion de la société féodales. Dans ce conflit, le serment de haine à la royauté, imposé au clergé des départements réunis par la loi du 5 septembre 1797 (19 fructidor an V), occupe une place centrale. Alors que dans les anciens départements, il n'est qu'une déclaration de plus - et certes pas la plus importante -, il a été pour l'Eglise des régions annexées ce que l'adhésion à la Constitution civile fut à celle de France. Afin de mieux cerner cette réalité, il est utile de rappeler que les territoires conquis durablement en 1794 n'avaient guère été confrontés à la politique religieuse de la Convention nationale. Lors de la première invasion en 1792, ordre avait été donné de ménager les susceptibilités en la matière. En 1794 également, les Français s'étaient promis de respecter les 11 superstitions 11 d'un 11 peuple égaré 11 • Et pendant quinze mois environ, ils renoncèrent à introduire dans les pays annexés les lois religieuses françaises. De là l'espoir d'un arrangement possible dans les rangs du clergé et parmi les fidèles de ces régions. Il s'évanouit rapidement après l'annexion du ter octobre 1795. Alors que la Rhénanie gardait son statut de territoire occupé et échappait à la législation française intégrale, celle-ci fut progressivement introduite dans les départements réunis. Désormais, l'hostilité du nouveau régime à l'égard de l'Eglise catholique en général et des prêtres en particuliér allait se manifester chaque jour davantage. Les mesures vexatoires se multiplièrent : abolition de la dime, entraves diverses à l'exercice extérieur du culte, laïcisation de l'enseignement et de la bienfaisance, suppression des couvents. Jugeant le terrain suffisamment préparé, le Directoire résolut au début de l'année 1797 d'appliquer dans les départements réunis toutes les dispositions de la loi du 29 septembre 1796 (7 vendémiaire an IV) sur la police extérieure des cultes. L'article 5 de cette loi portait que "nul ne pourra remplir le ministère d'aucun culte en quelque lieu que ce puisse être, s'il ne fait préalablement devant l'administration municipale cette déclaration : Je reconnais que l'universalité des citoyens français est le souverain et je promets soumission aux lois de la république".

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Ce fut la première grande épreuve de force entre le clergé des départements réunis et la France révolutionnaire. Toutefois, les administrations centrales et municipales de tendance conservatrice qui sortirent des élections d'avril 1797 ne montrèrent guère d'empressement à exécuter une loi qui souleva tout de suite de nombreuses protestations. Le conflit traînait en longueur, lorsque le coup d'état du 18 fructidor an V (4 septembre 1797) mit fin à tous les atermoiements et annihila tous les espoirs d'apaisement. Le 5 septembre (19 fructidor), la loi 11 contenant des mesures de salut public 11 remplaça la déclaration de soumission par le serment "de haine à la royauté et à l'anarchie, d'attachement et de fidélité à la république et à la constitution de l'an Ill".

Pour la première fois depuis l'annexion, les prêtres des départements réunis durent prendre position. sans retard et sans ambages, pour ou contre la République. Ce fut la stupeur d'abord, la confusion ensuite. Le clergé se divisa profondément entre -selon l'appellation officielle- 11 assermentés 11 et 11 insermentés 11 , ou -selon la vox populi- 11 jureurs 11 et "réfractaires". En l'espace de quelques mois, deux Eglises -l'une tolérée, l'autre persécutée- s'affrontèrent. De même que l'étude de la Constitution civile doit être dégagée, suivant la suggestion de Bernard Plongeron. de "ces thèses incontrôlées qui pèsent comme des préalables, des abstractions, dont personne ne sait plus l'origine exacte 11 6, de même la problématique du serment de haine dans les départements réunis doit être revue et corrigée à la lumière de sources trop souvent négligées par le passé.

C'est alors seulement qu'on parviendra à effacer la dichotomie qui a fait des insermentés autant de 11

prêtres héroïques qui endurèrent avec... courage et tranquille soumission les plus rudes privations et les plus douloureuses souffrances, plutôt que de trahir la cause sacrée de l'Eglise, leur mère, qu'ils avaient juré de défendre, plutôt que de souiller leur conscience par une lâcheté en faisant un serment.. réprouvé par toutes les autorités ecclésiastiques"?.

Dichotomie encore qui campe les assermentés, sinon comme des sujets de scandale, du moins comme des prêtres faibles et pusillanimes, néanmoins "excusables jusqu'à un certain point, si l'on veut considérer, d'une part, que tous les hauts pouvoirs ecclésiastiques étaient complètement désorganisés, et se souvenir, d'autre part, que jamais... la religion et le clergé n'eurent à traverser des jours

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Hommes de Dieu et Révolution aussi désolés, aussi néfastes, ne furent en butte à une persécution aussi cruelle et barbare 118.

Quant au cliché du 11 jureur 11 , ayant réussi à se débarrasser de 11 l'ObSCUrantÏSme 11 inhérent à S8 qualité de prêtre, Opposé à J'insermenté, fanatique partisan de t' Ancien Régime, il appelle lui aussi de très sérieuses corrections. Qu'il y ait eu des exemples spectaculaires d'héroïsme et de lâcheté, d'arrivisme et de fanatisme, qui songerait à le nier ? Il importe cependant de reprendre l'étude du clergé des départements réunis confronté aux exigences de la République en essayant d'établir ce que fut la règle, avec toutes ses nuances, et en se gardant d'exagérer l'importance de quelques fortes personnalités considérées trop vite comme représentatives de l'ensemble. De cette façon, j'ose espérer que mon travail se situera dans la ligne des études de Robert Devleeshouwer, Louis Preneel, Gilbert Trausch et M.G. Spiertz qui, ces dernières années, ont, en l'occurence, renouvelé la manière de poser les problèmes. Par sa chronologie sensiblement différente, mais aussi par l'espace géographique choisi, la présente étude apporte certainement une note insolite à la vaste enquête menée en France sur les serments du clergé à l'époque révolutionnaire. Comme champ d'investigations, j'ai en effet choisi l'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle, une région frontière, une terre de rencontres, située aux confins nord-est de la République. A la fin de J' Ancien Régime, elle était politiquement fort morcelée. Trois langues -le français, le flamand et. l'allemand- ainsi que de nombreux dialectes s'y mêlaient. Les cultures germanique et romane y coexistaient, le plus souvent harmonieusement. Quant â la mentalité politique des habitants, le jugement porté en 1813 par un préfet impérial peut s'appliquer à l'ensemble de la période française : 11 les peuples qui ne parlent pas le français sont en généra) contre nous 11 • Le parcours qu'on se propose comporte trois volets. Après un aperçu des principaux travaux et des sources les plus importantes, une première partie a pour objet les années 1789 à 1795. On y expose les structures administratives et ecclésiastiques régissant la région, les conflits politico-religieux qui l'ont agitée à la fin de l'Ancien Régime ainsi que les conséquences des deux conquêtes successives -1792 et 1794- par les armées de la République. Le deuxième volet traite de la réorganisation administrative après l'annexion d'une partie de la région à la France, de Ja mise en place des nouvelles institutions et de l'introduction progressive de la législation religieuse. Enfin, la dernière partie étudie en détail l'application de la loi du 5 septembre 1797 ( 19 fructidor an V) et ses conséquences.

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La subdivision des territoires annexés en départements n'affecta pas la géographie ecclésiastique, contrairement à celle de la France où la Constitution civile fit coïncider les limites diocésaines et administratives. Néanmoins, la modification du cadre administratif revêt une importance capitale pour la suite de ce travail. Le conflit autour du serment de haine eut pour théâtre, avant tout, les départements. Ce sont les administrations centrales et municipales qui déterminèrent, de manière souvent décisive, l'attitude des prêtres. Par ailleurs, il est pratiquement impossible d'établir des statistiques fiables sur le plan des diocèses. Toute la 11 comptabilité 11 au sujet des assermentés et des insermentés se faisait au niveau départemental. Dès lors, en cours d'analyse, le département se substituera de plus en plus au diocèse, le canton au doyenné, la commune à la paroisse.

Je suis particulièrement reconnaissant au professeur Bernard Plongeron, directeur de recherche au CNRS, d'avoir accordé à un historien belge une place dans ses programmes de recherche. Il a suivi la genèse de ce travail avec un intérêt bienveillant ; il l'a accompagné de ses conseils et suggestions perspicaces. Qu'il en soit vivement remercié ! Jean Malget et Louis Preneel (t) ont droit à notre gratitude spéciale pour leur précieuse collaboration dans des secteurs de recherche déterminés. Je tiens à remercier aussi !'Exécutif de la Communauté germanophone de Belgique -et, plus particulièrement, les ministres Bruno Fagnoul et Bernd Gentges- pour le soutien financier qu'ils ont apporté à ce volume. Last, bul not leasl, je dis 11 merci 11 à mon épouse Anne-Marie Minke-Ruwet. à mes collaboratrices Alexa Zeyen-Pauls et Birgitt Hollânder du Staatsarchiv Eupen, ainsi qu'à Paule Lerou et Philippe Luez du CNRS pour la relecture et la mise au net du manuscrit. N.B. Pour éviter de surcharger ce travail par une multitude de notes, j'ai identifié les citations d'ouvrages par le nom de l'auteur ajouté entre parenthèses dans le texte. Les cartes ont été redessinées par Philippe Luez sur les modèles de l'auteur.

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1)

VERHAEGEN (P.), La Belgique sous la domination frtlllfaise (1792-1814), Bruxelles, 1922-1929, S vol. THYS (A.), La persécution religieuse en Belgique sous le Directoire exécuût 1798-1799, Anvers, 1899. ENGLING (J.), Geschichte des sogenannten Kloppelkrieges, Luxembourg, 1858, Je éd.

2)

Par exemple : CATHELIN (J.), La vie quotidienne en Belgique sous le régime français, 1792-1815, Paris, 1966.

3)

PIRENNE (H.), Histoire de Belgique, t.VI, Bruxelles, 1926.

4)

TRAUSCH (G.), "A propos du 'K1eppelkrich', la répression des soulèvements paysans de 1798 dans le département des Forêts 11 , Publications de la Section historique de l'Institut grand-ducal, t.82, p.14.

5)

Par exemple : FLORKIN (M.), Un prince, deux préfets. Le mouvement scientifique et médico-social au Pays de Liège sous le régime du despotisme éclairé (1771-1830), Liège, 1957.

6)

PLONGERON (B.), Conscience religieuse en Rb1olulion. Regards sur l'historiographie religieuse de la Révolution française, Paris, 1969, p.21.

7)

THYS (A.), La persécution... , op.cil., p.5.

8)

Ibid., p.309.

ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE

BIBUOGRAPHIE GENERALE

1. Ouvrages généraux anciens BORGNET (A.), Histoire des Belges à la fin du XVIJ/e siècle, Bruxelles, 1852 et Bruxelles-Paris, 1861, 2 vol. CORTEBEEK (C.), De /ransche overheersching in België (van 1792 1815), Gand, 1899.

toi

CRUYPLANTS (E.). La Belgique sous la domination française (1792-1815), Bruxelles, 1912, 2 vol. DELHAIZE (J.), La domination française en Belgique à la fin du XV/lie et au commencement du X/Xe siècle, Bruxelles, 1908-1912, 6 vol. DELPLACE (L.), La Belgique sous la domination française, 1896, 2 vol. LANZAC DE LABORIE (L. de), La domination française en Belgique : Directoire, Consulat, Empire, 1795-1814, Paris, 1895, 2 vol. PIRENNE (H.), Histoire de Belgique, t.VI, Bruxelles, 1926. POLLET (C.), La Belgique sous la domination étrangère depuis Joseph li jusqu'en 1830, Bruxelles, 1867. VAN DEN BERGHE (F.), De fransche overheersching in België van 1792 1815, Gand, 1900.

toi

VERHAEGEN (P.), La Belgique sous la domination française (1792-1814), Bruxelles, 1922-1929, 5 vol.

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2. Ouvrages d'historiographie récente DEVLEESHOUWER (R.), L'arrondissement du Brabant sous l'occupation française, 1794-1795, aspects administratifs et économiques, Bruxelles, 1964 (contient une analyse détaillée de l'ouvrage de VERHAEGEN, p.7-12).

Histoire de Wallonie, Toulouse, 1973, p.313-318 (avec un aperçu bibliographique, p.408-409). Occupants, occupés, 1792-1815, Bruxelles, 1969 (avec notamment DEVLEESHOUWER (R.). 11 Le cas de la Belgique", p.43-48 et BAYERLOTHE (J.), 11 Aspects de l'occupation française dans la principauté de Liège, 1792-1795 1t, p.67-94). Allgemeine Geschiedenis der Nederlanden (A.G.N.), t.XI, Bussum, 1983. DELSAERDT (P.), ROEGJERS (J.), Brabant in Revolutie, 1787-1801, Louvain, 1988.

Bastille, Boerenkrijg en Tricolore. De Franse Revolutie in de Zuidelijke Nederlanden, Louvain, 1989. Voir aussi: PRENEEL (L.), "De machtstrijd om een erfgoed : de Franse Revolutie in de Spiegel der historie 11 , Aspecten van de machtsregulering. Studies aangeboden aan Prof. Dr. E. de Jonghe ter gelegenheid van zijn emeritaat. Louvain. 1988. STEVENS (F.). 11 Belgique 11 , Dictionnaire Napoléon, Paris, 1988, p. 184-190. 3. Ouvrages d'histoire religieuse Une importante mise au point : PRENEEL (l.), 11 Het geloofsleven in de 11 Beloken Tijd" ( 1797-1802) 11 • Problemstelling en bronnen, Centre universitaire d'histoire contemporaine, Cahier 54, Louvain-Paris, 1968, p.7-36. Plus spécialement sur les déclarations et serments : CLAEYS-BOUUAERT (F.), Les déclarations et les serments imposés par la loi civile aux membres du clergé belge sous le Directoire et le Consula1 (1795-1801). Gembloux-Louvain-Wetteren. 1960. PLUMET (J.). L'évêché de Tournai pendant la Révolution française. Louvain, 1963. Ces travaux utilisent un grand nombre de pamphlets et brochures d'époque.

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Deux ouvrages anciens rendent encore des services : THYS (A.), La persécution religieuse en Belgique sous le Directoire exécutif, 1798-1799, Anvers, 1899. VAN BAVEGEM (J.-B.), Het martelaarsboek of heldhaftig gedrag der Belgische geestelijkheid ten tijde der Fransche omwenteling op het einde der achttiende eeuw, Gand, 1875, 2e éd. Pour plus de détails, le lecteur peut se reporter aux bibliographies de la :

Nouvelle histoire de l'Eglise, sous la dir. de ROGIER (L.-J.), AUBERT (R.), KNOWLES (M.-D.), t.4, Paris, 1966, p.519-521 ; du Handbuch der Kirchengeschichte, sous la dir. de JEDIN (H.), t.VI/1 Fribourg-Bâle-Vienne, 1971, p.44; et à celles des monographies départementales.

4. Recueils législatifs BON (L.), Législation des paroisses en Belgique, Liège, 1842. DUVERGIER (J.-8.), Collection des lois, décrets, ordonnances, règlements et avis du Conseil d'Etat etc. de J 788 à J824 inclusivement etc., Paris, 18251828, 24 vol.

Pasinomie ou Collection complète des lois, décrets, arrêtés et règlements généraux qui peuvent être invoqués en Belgique, tre série, 1788-1814, Bruxelles, 1833.

S. Atlas et cartes politiques AUBIN (H.), NIESSEN (J.), Geschichtlicher Atlas der Rheinprovinz, BonnCologne, 1926. BEEKMAN (A.-A.), BANNIER (W.-A.-F.), WELCKER (J.-W.), 11 De Republiek in 1795 met de Heerlijkheden, ambachten, enz. 11 , Geschiedkundige Allas van Nederland, 'S Gravenhage, 1913. FABRICIUS (W.), 11 Karte der politischen und administrativen Einteilung der heutigen Rheinprovinz im Jahre 1789 11 , Geschichtlicher Allas der Rheinprovinz. Bonn, Publikation der Gesellschaft für Rheinische Geschichtskunde, 1894. 11

Die Karte von 178911 , Geschichtlichen Atlas der Rheinprovinz. Bonn, Publikation der Gesellschaft für rheinische Geschichtskunde, t.11, 1898.

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GANSHOF (F.L.). 11 La Belgique en 1786. Les Pays-Bas autrichiens 11 , Atlas de géographie historique de la Belgique, sous la dir. de VAN DER ESSEN (L.), Bruxelles, 1919. fasc. 5, carte X. GANSHOF (F.-L.), MAURY (J.), NOTHOMB (P.), 11 1...a Belgique sous la domination française 11 , Atlas de géographie hisiorique de la Belgique, sous la dir. de VAN DER ESSEN (L.), Bruxelles, 1919, fasc.6, carte XI. HANSOTTE (G.), La principauté de Stavelot-Malmédy à la fin de l'Ancien Régime. Carte de la principauté en 1789, dénombrement des maisons, des chevaux et des bestiaux vers 1750, Bruxelles, 1973. JOSET (C.-J.), "Organisation française en 1802'', Allas hisiorique Moselle", li, Période contemporaine, pl.2, Namur, 1975.

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Meuse-

NUYENS (E.-M.-Th.-M.). 11 De tegenwoordige provincies Limburg en omliggende gebieden in de franse tijd (1802) 11 , Hisiorische Atlas van Limburg, L Staatkundige Kaarten, Assen-Amsterdam, 1978. RAMAER (J.-C.), "De Fransche Tijd (1795-1815) 11 , Geschied.kundige Atlas van Nederland, La Haye, 1926. RUWET (J.), La Principauté de Liège en 1789, Carte de géographie historique, Bruxelles, 1958. RUWET (J.), BRUNEEL (C.), Le duché de Luxembourg à la Jin de l'Ancien Régime, Atlas de géographie historique, Louvain-la-Neuve, depuis 1982.

BIBLIOGRAPHIE REGI.ONALE

1. L'Eglise dans l'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle à la fin de l'Ancien Régime La carte ecclésiastique Un point de départ, la réorganisation diocésaine de 1559 : à ce sujet, voir Je travail fondamental de : DIERICKX (M.), De oprichting der nieuwe bisdommen in de Nederlandern onder Filips Il, 1559-1570, Anvers-Utrecht, 1950 ; carte d'ensemble des nouveaux diocèses en fin de volume. complété par : Documents inédits sur l'érection des nouveaux diocèses aux Pays-Bas, 15591570, Bruxelles, 1967, 3 vol. ·

MOREAU (E. de); Histoire de l'Eglise en Belgique, tome complémentaire, Bruxelles, 1968, donne lui aussi une vue d'ensemble.

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Pour plusieurs diocèses, on dispose de cartes récentes très complètes: DEBLON (A.), Le diocèse de Liège en 1789. Carte et notice. Liège, 1979. JACQUES (F.), Le diocèse de Namur en mars 1561 : Etude de géographie historique, Bruxelles, 1968. Le diocèse de Tournai (1690-1728) et ses divisions archidiaconales et décanales de 1331à1789. Cartes de géographie historique, Bruxelles, 1973.

MUNIER (W.-A.-J.), 11 Kerkelijke circumscriptie van (de tegenwoordige provincie) Limburg en de omliggende gebieden (1559-1801 11 ), Historische Atlas van Limburg, Il. Kerkhistorische Kaarten, Assen-Amsterdam, 1976. Pour Cologne : BINTERIM (A.-J.), MOOREN (J.-H.), Die alte und neue Erzdiôzese Kôln, Mayence, 1892-1893, 2 vol., avec la liste des paroisses en 1793 au tome Il, p.433-460.

FABRICIUS (W.), Die beiden Karten der kirchlichen Organisation, 1450 und 1610, /. : Die kôlnische Kirchenprovinz, Bonn, 1909.

Se reporter également aux cartes et notices du Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, t. Ill, col. 901-908 (Anvers) ; t. X, col. 890-906 (Bruges) ; t. XIII, col.275-311 (Cologne) ; t.XIX, col.1014-1026 (Gand) et du Lexikon für Theologie und Kirche, t. VI, col. 383-394 (Cologne), t. X. col. 352-357 (Trêves). Pour le Luxembourg, écartelé entre les diocèses de Liège, Trêves, Cologne, Reims, Verdun et Metz, on peut aussi consulter : BOURGEAT (G.), DORVAUX (N.), Atlas historique du diocèse de Metz, Montigny~Metz, 1907. FOSSIER (L.), GRANDMOTTET (O.), Le diocèse de Reims depuis le X/Ve siècle, Romans, 1957. Un inventaire capital : TIHON (A.), Dictionnaire des paroisses des Pays-Bas autrichiens, des principautés de Liège et de Stavelot-Malmédy et du duché de Bouillon en 1787, Bruxelles, 1979.

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La population cléricale et l'encadrement des fidèles, ordres et congrégations, piété et vocation.

Une bonne vue d'ensemble de l'état de l'Eglise dans les Pays-Bas autrichiens et la principauté de Liège est donnée par: MOREAU (E.), "Belgique", Di.clionnai.re d'histoire et de géographie ecclésiastiques, t.VJI, 1934, col. S20-1S6 et plus particulièrement col. 690711.

On consultera également : HUMBLET (J.-E.), Jalons pour une histoire religieuse de la Wallonie, Bruxelles, 1984. PJRENNE (H.), Histoire de Belgique, t.V, 2e éd., Bruxelles, 1926, p. 208218, 298-303, 309-314. Pour le Luxembourg, voir aussi : DONCKEL (E.), Die Kirche in Luxembourg von den Anfângen bis Gegenwart, Luxembourg, 1950.

ZUT

Pour l'épiscopat : JADIN (L.). "Procès d'information pour la nomination des évêques et abbés des Pays-Bas, de Liège et de Franche-Comté d'après les archives de la Congrégation consistoriale (1713-1794) et de la Daterie (1631-1775) 11 , Bulletin de l'Institut historique belge de Rome, t te fascicule, 1931. LEFEVRE (P.-F.). 11 1...e recrutement de l'épiscopat dans les Pays-Bas pendant le régime autrichien". Bulletin de la Commission royale d'histoire.

t. cm. 1938, p. 115-204.

MlNKE (A.),

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Der

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belgische 11 Episkopat nach 1648 - ein Vergleich 11 ,

Romische Quartalschrift, t. 83, 1988, p. 365-3 78. Pour le clergé, il manque des travaux d'ensemble comparables à celui de DEBLON (A.), Le recrutement du clergé liégeois au XV/lie siècle. Villes et campagnes, Mémoires de licence, Louvain, 1963 ; 11 Les vocations sacerdotales dans l'archîdiaconé d'Ardenne au XVIIIe siècle 11 , Ardenne et Famenne, n" 4, 1965, p. 158-159. On peut se référer surtout aux travaux sur les visites pastorales et aux répertoires d'ecclésiastiques : BLUM (M.), ZIESER (J.), KÔNIGS (A.), Series pastorum oder Reihenfolge der Seetsorger der einzelnen Pfarreien des heutigen Grossherzogtums Luxemburg, Luxembourg, 1930. DEBLON (A.), 11 Une source capitale pour l'histoire paroissiale de l'Ancien Régime : les visites archidiaconales de Condroz ( 1698-1781 )", Bulletin de la

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Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège (B.S.A.H.D.L.), t. L. 1970, p. 55-104 ; et "les rapports des visites archidiaconales de Condroz (16981781)11, ibid., t. L, 1970, p. 105-239 ; t. LI, 1975, p. 45-80 ; t. Lll, 1976, p. 119-135; t. Liii, 1978, p. 1-85; t. LIV, 1980, p. 5-118; t. LV, 1982. GUILLEAUME (D.). 11 L'Archidiaconat d'Ardenne dans l'ancien diocèse de Liège 11 , ibid., t. XX, 1913, p. 21-599. HEIDINGER (J.-W.), Archidiaconatus, tituli S-Agathes, in Longuiono Archidioecesis Trevirensis, in novem Decanatus, nimirum in Arlunensem, Bassellensem, lvodiensem, Juvigniensem, Kyllburgensem aut Bitburgensem, Longuionensem, Luuemburgensem, Merschensem et Remigensem diviso descriptio, Trêves, 1884. JANSSEN (J.), LOHMANN (F.-W.), Der Weltklerus in den Kôlner Erzbistumsprotokollen, Cologne, 1935- t 936, 2 vol. MICHELS (M.), Luxemburger Pfarrer bis 1800. Eine statistische Zusammenstellung, Esch-Alzette, 1940. MUNSTERS (A.), 11 Aartsdiakenale kerkvisitatie in Kempenland gedurende de XVIIe en de XVIIIe eeuw", Historische opstellen over Roermond en omgeving. Ruremonde, 1951. PAQUAY (J.), Visites archidÏllconales et descriptions des églises du concile de Tongres, 1477-1763. Liège. 1935. SIMENON (G.), Visitationes archidiaconales Archidiaconatus Hasbaniae in diocesi Leodiensi ab anno 1613 ad annum 1763, Liège, 1939. Voir aussi : CLOET (M.). A.G.N., t. IX, 1980, p. 396-412. HODÛM (A.). 11 De godsdienstige toestand der katholieke Nederlanden in de X:Vllle eeuw 11 , Collationes Brugenses, t. XXXI, 1931. PERSOONS (E.), A.G.N., t. IX, 1980, p. 389-395. SCHON (A.), Zeittafel zur Geschichte der Luxemburger Pfarreien von 15001800, Esch-Alzette, 1954-1956. 5 vol. (avec un index des noms de lieux et un index de personnes publiés respectivement en 1962 et 1977 par MA Y (A.)). TRAUSCH (G.), Le Luxembourg sous l'Ancien Régime, Luxembourg, 1977. Sur le mouvement des Encyclopédistes : FRANCOTTE (H.), 11 Essai historique sur la propagande des encyclopédistes français dans la principauté de Liège", Mémoires couronnés et autres mémoires publiés par l'Académie royale des sciences, des lettres et beaux-arts de Belgique, t. XXX, 1880.

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KÛNTZIGER (J.). 11 Essai historique sur la propagande des encyclopédistes français en Belgique dans la seconde moitié du XVIIIe siècle 11 , Académie royale de Belgique. Mémoires couronnés par la Classe des Lettres, des sciences morales et politiques, 1879.

Sur les dissidents : HUBERT (E.), Etude sur la condition des protestants en Belgique depuis Charles-Quint jusqu'à Joseph Il, Edit de tolérance de 1781, Bruxelles, 1882. 11 1..es églises protestantes du duché de Limbourg pendant le xvme siècle 11 , Mémoires de l'Académie de Belgique, t. IV, Bruxelles, 1908. 11 Notes et documents sur l'histoire du protestantisme dans le duché de Luxembourg au XVIIIe siècle", ibid., t. VII, Bruxelles, 1920. 11 Le protestantisme dans le Hainaut au XVIIIe siècle 11 , ibid., t. IX, Bruxelles, 1923. Sur l'université de Louvain, centre intellectuel par excellence des Pays-Bas :

De La Faculté des arts à la Faculté de philosophie et letlres. Des siècles d'histoire, Louvain-la-Neuve, 1980. RUWET (J.}, MINKE (A.), "Die Reform der Universitat Lôwen (17401780)11, Ôsterreich im Europa der Aufklarung, t. II, Vienne, 1985, p.813-846.

L'Université de Louvain (1425-1975), Louvain-la-Neuve, 1976. VAN DER ESSEN (L). L'Université de Louvain (1425-1940), Bruxelles, 1945.

Conflits politico-religieu x Sur le régime autrichien en général, on consultera :

Les Pays-Bas méridionaux sous les Habsbourg d'Autriche, Bruxelles, 1987. Unité et diversité de l'Empire des Habsbourg à la fin du XV/lie siècle, Bruxelles, 1987. Sur la révolution brabançonne, voir par exemple : PIRENNE (H.), Histoire de Belgique, t. V, p.384-502. A.G.N., t. IX, Bussum, 1980, p.139-161.

ROEGIERS (J.), 11 Der Umsturz in Brabant (1789-1790) 11 , Ôslerreich zur Zeii Kaiser Josephs Il., Milregent Kaiserin Maria Theresias, Kaiser und Landesfürst, Katalog zur Ausstellung im Stift Melk vom 29. Mârz bis zum 2. November 1980, 3e éd., Vienne, 1980, p.266-270 (résumé).

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TASSIER (S.), "Les démocrates belges en 1789. Etude sur le voncldsme et la Révolution brabançonne 11 , Mémoire couronné par l'Académie royale de Belgique, Classe des lettres et des sciences morales et politiques, t. XXVIII, 1929. L'attitude particulière des Limbourgeois et des Luxembourgeois face à ce mouvement est mise en évidence par : LECONTE (L.), La Révolution brabançonne dans le duché de Limbourg et les volontaires limbourgeois auxiliaires des troupes autrichiennes en J 790 et de 1792 à 1794, Bruxelles, 1938. MINDER (A.), Le duché de Limbourg et la Révolution brabançonne, Pepinster. 1940. TRAUSCH (G.). 11 Le Luxembourg et la Révolution brabançonne", Actes du colloque sur la Révolution brabançonne, 13-14 octobre 1983, Bruxelles, 1984. p. 187-206. "Von Maria Theresia zu Joseph li. Das Staatskirchentum im Herzogtum Luxemburg. Kontinuitât oder Bruch in einer jahrhundertealten Tradition ? 11 , Ôsterreich im Europa der Aufkliirung, t. 1, Vienne, 1985, p. 491-509. Voir aussi : JUST (L.), Das Erzbistum Trier und die luxemburger Kirchenpolit(k. von · Philipp li. bis Joseph li., Leipzig, 1931. Pour le rôle des évêques dans la genèse et le déroulement de l'insurrection, on peut consulter utilement : CLERCO (C. de), Cinq archevêques de Malines, t. II, Paris, 1974. PRICK (W.-A.-J.), Corneille-François de Nélis, /Be et dernier eveque d'Anvers (1785-1798). Un évêque humaniste et homme d'action à la fin de l'Ancien Régime, Louvain, 1954. VERHAEGEN (A.), Le cardinal de Franckenberg, archevêque de Malines (1726-1804), Lille-Bruges, 1889. Sur la Révolution liégeoise : BORGNET (A.), Histoire de la révolution liégeoise, Bruxelles, 1861, 2 vol.

et de tendance opposée : DARIS (J.), Histoire du diocèse et de la principauté de Liège (1724-1852), t. Il, Liège, 1872. HARSIN (P.), La révolution liégeoise de 1789, Bruxelles, 1954 (synthèse).

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Voir également: HANSOTIE (G.), "Histoire de la Révolution dans la principauté de Stavelot-Malmédy", Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. LXIX, 1952.

La première invasion française a été traitée dans la plupart des ouvrages généraux consacrés au régime républicain en Belgique. D'utiles nuances sont apportées par : TASSIER (S.), Histoire de la Belgique sous l'occupation française en 1792 et 1793, Bruxelles, 1934. Pour la période d'occupation et le premier Directoire également, le lecteur peut se reporter à la bibliographie générale. L'étude de THIELEMANS (M.-R.), 11 Deux institutions centrales sous le régime français en Belgique. L'administration centrale et supérieure de la Belgique et le conseil du gouvernement", Revue belge de philologie et d'histoire, t. XLI, 1963, n" 4, p. 1091-1135; t. XLII, 1964, n" 2, p. 399-441 ; t. XLill, 1965, n" 4, p. 1272-1323; t. XLIV, 1966, n" 2, p. 500-560, contient des précisions importantes.

Une source capitale au sujet de l'établissement du régime français : HUBERT (E.), TIHON (C.), Correspondance de Bouteville, Bruxelles, 19291934, 2 vol. Voir aussi: POULLET (P.), Les institutions françaises de 1795 à 1814. Essai sur les origines des institutions belges contemporaines, Bruxelles, 1907. MALVOZ (L.), 11 De plaatselijke instelligen in België van het einde van het Ancien Régime tot de gemeentewet van 1836 11 , Gemeentekredie1 van België, 40, J986, n" 158, p. 5-64.

2. Le clergé et la législation religieuse du Directoire dans l'Entre-MeuseRhin-et-Moselle - Sources d'archives et orientation bibliographique L'Ourthe Le Fonds français aux Archives de l'Etat de Liège a fourni la part la plus substantielle de la documentation. L'histoire et la composition de ce fonds, certainement un des plus importants du Royaume sont décrits par FAIRON (E.), "Inventaire analytique du fonds français aux Archives de l'Etat à Liège 11 , Annuaire de la Commission communale de l'histoire de

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l'ancien Pays de Liège, t. Ill, n° 2, 1944, p. 183-330. Abréviations : A.E.L.,

F.F. Les subdivisions 11 Administration centrale" et 11 Préfecture 11 -cette dernière série renfermant d'ailleurs bon nombre de dossiers qui se rapportent en fait à la période directoriale- ainsi que le Fonds Gobert ont été dépouillés systématiquement pour tout ce qui pouvait avoir trait aux municipalités et au culte: Administration centrale (Adm. centr.), n° 88-105, 107-138, 139-144, 146-149, 150-165, 166-171, 172-181, 182, 183, 183 bis, 184-186, 187-188, 191, 192, 201-268 ; Préfecture (Préf.), n° 76-120, 121129, 130-149, 251-263, 321-327, 365-371, 380, 432-434, 471-494, 495-502, 504-553, t 931-1951 ; Fonds Gobert (F .G.), 138,, 140. Pour le détail, le lecteur consultera l'inventaire de FAIRON (E.), op.cit. ; les numéros se rapportant au F.G. y sont indiqués par des chiffres en italiques. Le F.F. comprend aussi les archives des cantons actuellement allemands. Très vite, cependant, on peut s'apercevoir que la qualité des sources varie notablement d'un canton à l'autre. Assez complets pour certaines circonscriptions proches du chef-lieu départemental, les renseignements sont fort lacunaires pour d'autres plus éloignés. Aussi, les séries AF III, Fl, F7, et F19 aux Archives nationales à Paris (A.N.F.), les Papiers Bouteville aux Archives générales du Royaume à Bruxelles (A.G.R.), les Documenta Leodiensia aux Archives de l'évêché de Liège (A.Ev.L.), des fonds de bibliothèque, d'archives communales et paroissiales ont-ils fort utilement complété et éclairé notre 11 matière première". (Voir les Archives nationales. Etat général des fonds, publié sous la dir. de FAVIER (J.), t. II : 1789-1940 et HELIN (E.), 11 Relevé de documents pouvant intéresser l'histoire de Belgique et plus spécialement le département de l'Ourthe conservés aux Archives nationales à Paris (série F) 11 , Bulletin de la commission royale d'histoire, t. CXXIX, 1963, p. 18-32. Voir aussi à la Bibliothèque de l'université de Liège, les n° 2289 C (correspondance reçue et envoyée par M.-J. Renard, commissaire du Directoire exécutif près l'administration municipale de Liège pour l'an V), 2601 C (lettres d'émigrés liégeois, 1794-1801) et 3031 B (lettre d'un assermenté au sujet de la rétractation) ; aux Archives de l'Etat à Huy, les n°565 (libération de prêtres insermentés, an VI), 567 (registre des déclarations), 592 (portefeuille relatif aux affaires religieuses, an VI) ; le Fonds Franzôsische Zeit aux Archives de la Ville d'Eupen (HERMANNS (L. ), 11 Ûbersicht über die Bestinde des Archivs der Stadt Eupen 11 , Archives et bibliothèques de Belgique, t. XLIX, 1978, p. 143) ; les registres des procèsverbaux et arrêtés de la municipalité de Walhorn (14 fructidor an IV - 19 prairial an VIII), ainsi que les registres de correspondance de ladite municipalité ( 19 fructidor an IV - 2 brumaire an VII) ; les registres paroissiaux conservés aux A.E.L., au Staatsarchiv Eupen, aux Archives de la

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paroisse Saint-Nicolas à Eupen, aux Archives de la paroisse de Kettenis, aux Archives de la paroisse de Walhorn et aux Archives de la commune de Raeren ; la correspondance de Simon Pierre Ernst, chanoine régulier de Saint-Augustin, au Rijksarchief in Limburg à Maëstricht (R.A.L), Archief Abdij Kloosterrade (A.A.K.), (HAAS (J.-A.-K.), lnvemaris van de archieven en handschriften der abdij Kloosterrade, Maestricht, 1985). Enfin, on a consulté avec beaucoup de fruit un manuscrit du début du XIXe siècle, intitulé Annales gallo-limbourgeoises ou Mémoires pour servir à l'histoire du Limbourg durant la Révolution française (1794-1814). Son auteur, un homme cultivé -le texte du manuscrit est émaillé de nombreuses citations-, est un partisan résolu de l'ancien état des choses. Il appartient à la bourgeoisie aisée. Quant aux ouvrages, la seule synthèse existant à l'heure actuelle est le tome Ill de l'Histoire du diocèse el de la principauté de Liège (1724-1852) de DARIS (J.). Quoique vieillie et partiale, elle reste fondamentale. On peut regretter cependant l'absence de toute référence précise aux sources utilisées qui -vérification faite dans la mesure du possible- semblent néanmoins avoir été correctement exploitées et reproduites par l'auteur. Son exposé chronologique est fondé sur les archives publiques et surtout sur celles qui sont conservées au séminaire et dont l'auteur. en sa qualité de professeur de droit et d'histoire ecclésiastique, avait la garde. Les tomes Il et III parus respectivement en 1872 et 1873 intéressent plus spécialement notre sujet. Une reproduction anastaltique de l'ouvrage de DARJS (J.) a été éditée en 1974 aux Editions Culture et Civilisation à Bruxelles. Du même auteur, on peut consulter les Notices historiques sur les Eglises du diocèse de Liège, 1867-1899, 17 vol., dont une impression anastaltique a été assurée par la même maison d'édition. Sur la personne de DARIS, qui prend systématiquement parti contre la Révolution, voir MONCHAMP (G.), "Le chanoine Daris 11 , Leodium, t. JV, 1905, p. 129-152 et BUSSELS (M.), 11 Kannunik Daris, de historicus (1821 1905)", De tijdspiegel, t. XII, 1957, p. 14-18. La problématique du serment de haine a été étudiée par MARCHAL (R.), Prêtres assermentés et insermentés dans le département de l'Ourthe, mémoire présenté en vue de l'obtention du grade de licencié en histoire, Université de Liège, 1964-1965. (Nous tenons à remercier chaleureusement Monsieur le Professeur L.-E. Halkin qui a eu l'amabilité de nous permettre la consultation de cet ouvrage conservé au département d'histoire de la Faculté de philosophie et lettres de l'université de Liège). L'auteur n'aborde pas tous les aspects de la question, il a négligé certaines catégories de sourees et plusieurs de ses conclusions prêtent à la critique, parce qu'il n'est pas allé jusqu'au bout d'une démarche scientifique qui, pour l'époque, ne manquait certes pas d'originalité. Le grand mérite de ce

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travail est incontestablement d'avoir commencé le défrichement d'un terrain de recherche qui jusque-là n'avait suscité qu'un intérêt relatif parmi les historiens liégeois. De nombreuses monographies, qui se fondent d'ailleurs souvent sur des archives aujourd'hui disparues ou difficilement accessibles, effleurent ou exposent de manière plus détaillée les répercussions de la politique religieuse du Directoire "sur le terrain 11 ; voir le Bulletin bibliographique d'histoire liégeoise. Travaux publiés de 1944 à... , par HALKIN (L.-E.), et HOYOUX (J.) (ce dernier seul depuis le tome m. Liège, 1950 et suiv.). Une carte de géographie historique du département de l'Ourthe à l'époque du Directoire fait défaut. Voir NUYENS (E.-M.Th.-W.). De tegenwoordige provincies 11 Limburg en omliggende gebieden ... ", op.cit., et JOSET (C.-J.), 11 0rganisation française en 1802 ... 11 , op.cit.

La Meuse-Inférieure Le Frans archief (Fonds français) au Rijksarchîef in Limburg à Maëstricht (Pays-Bas) a trop souvent été ignoré par les chercheurs étrangers. La documentation qu'on y trouve, pour être moins riche que celle conservée à Liège par exemple, ne manque cependant pas d'intérêt ; voir l'inventaire de HARDENBERG (H.), NUYENS (F.), lnventaris der

archieven van het arrondissement Maastricht en van het departement van de Nedermaas (1794-1814), 's Gravenhage, 1946. L'histoire de ce fonds (nous abrégerons R.A.M., F.A.), qui comprend aussi bien les archives des cantons actuellement belges ou allemands que celles des cantons néerlandais, y est retracée dans les pages de l'introduction. Ont été dépouillés systématiquement les numéros 794-803, 1220-1232, 1990, 1993-2005, 20342039, 4299-4300, 4305-4313,4318-4320, 4326,4338, 4345, 4348, 4349, 4351, 4353, 4355-4356, 4384-4388, 4391 de même que les Rechterlijke Archieven, les archives judiciaires. Cette documentation a été complétée par la consultation des Archives nationales à Paris, des Archives générales du Royaume à Bruxelles et des Archives de !'Evêché de Liège. (voir HOUTMAN (E.), 11 Documenten betreffende het departement van de nedermaas (1790-1815) in 11 de Archives nationales te Parijs 11 , Miscellanea archivistica, fasc. 6, Bruxelles, 1974 ; voir aussi les références mentionnées pour le département de l'Ourthe). Le travail a été grandement facilité du fait qu'une catégorie primordiale de sources a été publiée dès 1955. Il s'agit des rapports décadaires des commissaires près I' Administration centrale du département.

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Cette publication avait fait naître le projet d'éditer également les rapports des commissaires près les municipalités. En 1970, la Limburgs Geschied - en oudheidkundig Genootschap a effectivement livré au public un premier volume contenant les rapports du canton de Maaseik. Malheureusement l'entreprise n'a pas été poursuivie ~ voir : 11 De decadaire, resp. maandelijkse rapporten van de Commissarissen van het Directoire Exécutif in het Departement van de Nedermaas (1797-1800) 11 , éd. ROPPE (L.), PANHUYSEN (G.-W.-A.), NUYENS (E.-M.). Anciens Pays et Assemblées d'Etats, t. X, Louvain, 1955, avec de nombreuses indications bibliographiques ; De rapporten van de Kantonkommissarissen (1797-1800), de:el l : Maaseik, éd. COLSON (M.), Maëstricht, 1970, avec une introduction historique très fouillée et une bibliographie quasi exhaustive sur le canton en question. En ce qui concerne les travaux, on dispose de quelques très bonnes études relativement récentes qui abordent la problématique étudiée dans ce volume sous un angle nouveau. Voir surtout : SPIERTZ (M.-G.), Maastricht

in het vierde kwart van de achttiende eeuw. Kerkelijke, Politieke en Sociale Verhoudingen, 1775-1801, Assen, 1964 ; ROGIER (L.-J.), SPIERTZ (M.G.), 11 Limburg in de Franse Tijd 11 , Limburg's Verleden. Geschiedenis van Nederlands Limburg tot 1815, t. II, Maëstricht, s. d., p. 668-703 ; GRAUWELS (J.), 11 Processen tegen refractaire priesters en rozenkransbidders in het departement van de Nedermaas 11 , Hel oude Land van Loon, t. XIII, 1958, p. 177-245 ; les travaux de CLERCO (C. de) sur Rolduc, sur Simon Pierre Ernst, et plus particulièrement sur les prêtres assermentés du département de la Meuse-Inférieure : 11 0ver de Beëdigde priesters in het departement der Nedermaas 11 , Het oude Land van Loon, t. VIII, 1953, p. 190-200. . Néanmoins, les ouvrages de DARIS (J.) sur le diocèse de Liège et de HABETS (J.), GOOSSENS (W.) sur le diocèse de Ruremonde rendent encore de grands services : DARIS (J.). Histoire du diocèse et de la principauté de Liège (1724-1852), t. IV, Liège, 1873, p. 3-164 ; HABETS (J.), GOOSSENS (W.), Geschiedenis van het bisdom Roermond, Ruremonde, 1927. La meilleure carte de géographie ecclésiastique concernant les territoires qui forment depuis 1795 le département de la Meuse-Inférieure a été publiée par MUNIER (W.-A.-J.), 11 Kerkelijke circumscriptie van de tegenwoordige provincie Limburg en omliggende gebieden ( 1559-1801 ) ... 11,

op.cil. Une carte de géographie historique du département à l'époque du Directoire manque. Pour la géographie civile, on consultera l'excellent

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travail de NUYENS (E.-M.-Th.-W.), 11 De tegenwoordige provncies Limburg en omliggende gebieden in de franse tijd ( 1802) ... 11 , op.cil. Les Forêts Les archives de ce département ont connu un sort variable ; elles sont essentiellement conservées dans les 300 fardes, comprenant 3890 dossiers, de la série B aux Archives de l'Etat à Luxembourg (voir l'inventaire de RUPPERT (P.), Les Archives du Gouvernement du grandduché de Luxembourg, Luxembourg, 1910). Ont été consultés plus spécialement les numéros:

72-74 77 78-79

199-203 374 388 404-405 422-745 836--859 861-865

é'Vénements et insurrections de l'an VII, émigrés, prêtres insermentés ou réfractaires. police du culte catholique, dettes et créances des corporations religieuses, pensionnaires ecclésiastiques, administration, police de l'arrondissement de Luxembourg, administration, police, événements de l'arrondissement de Bitbourg, administration, police, événements, culte de l'arrondissement de Diekirch, villes et communes du grand-duché de Luxembourg actuel, correspondance active de !'Administration centrale, correspondance acti'Ve du commissaire du pouvoir exécutif près I'Administration centrale.

Les dossiers concernant l'arrondissement de Neufchâteau ont été remis à la Belgique par application du traité de Londres du 19 avril 1839, parce qu'elles concernaient les localités détachées alors du grand-duché. Ils sont conservés aux Archives de l'Etat à Arlon (voir BOURGUIGNON (M.), Inventaire des archives de l'Administration du département des Forêts, Bruxelles, 1%9). Les documents ayant trait aux communes de l'arrondissement de Bitbourg qui passèrent en 1815 à la Prusse furent déposés à Coblence. Ils disparurent au cours de la Seconde Guerre mondiale. Dans l'historiographie luxembourgeoise, la Révolution française a fait l'objet de recherches plus poussées à partir de 1850. Celles-ci ont été en majeure partie animées par des prêtres érudits, préoccupés surtout par la politique religieuse du Directoire et l'opposition qu'elle a suscitée. Leurs ouvrages se caractérisent par une hostilité déclarée à l'égard du régime français et de son oeuvre au Luxembourg (voir surtout ENGLING (J.), Geschichte des sogenannten Kloppelk.rieges, Luxembourg, Jre éd., 1857).

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On retiendra surtout : LEFORT (A.), "Histoire du département des Forêts (Le duché de Luxembourg de 1795 à 1814) 0 , t. 1 (le seul paru et ne dépassant pas l'année 1796), Publications de la Section historique de l'Institut grand-ducal de Luxembourg (P.S.H.), t. 50, 1905, p. 1-350. Il faudra cependant attendre les années 1960 pour voir un renouveau historiographique : TRAUSCH (G.), 11 Les soulèvements paysans de 1798 dans la région de Neufchâteau et leurs répercussions dans le Département des Forêts 11 , P.S.H., t. 79, 1962, p. 63-135. A propos du 'Kleppelkrich', La répression des soulèvements paysans de 1798 dans le département des Forêts", ibid., t. 82, 1967, p. 9-245 (avec une excellente carte du département à l'époque du Directoire). 11

Les Luxembourgeois devant la Révolution française", Les relations franco-luxembourgeoises de Louis XIV à Robert Schuman, Actes du colloque de Luxembourg (17-19 novembre 1977), Metz, 1978, p. 83-117. 11

11

Die Luxemburger Bauernaufstànde aus dem Jahre 1798 11 , Rheinische Vierteljahresbliitter, Bonn, 1984. DECKER (F.), 11 Le soulèvement de l'an VII, appelé 'Kleppelkrich' Hémecht, 1974-1975.

11

,

La conscription militaire au Département des ForêlS, Luxembourg, 1980, 2 vol. Voir aussi la bibliographie dans TRAUSCH (G.), Le Luxembourg sous l'Ancien Régime.. ., op.cit., p. 169-170. Fait significatif : la problématique du serment de haine a été étudiée tout d'abord à travers la biographie des insermentés considérés comme les seuls véritables "confesseurs de la foi 11 : ENGLING (J.), Die Luxemburger Glaubensbekenner unter der franzôsischen Republlk, quellenmiJssig dargestellt, Luxembourg, 1860. L'auteur ne mentionne que quelques assermentés, vu que parmi ceux-ci, "peu ont vraiment fort souffert... 11 • Plusieurs travaux récents apportent une vue plus large : MALGET (J.), ... dass die vereidete Priester nicht aufhoren in der Gemeinschaft der Kirche zu sein ...• Esch-sur-Alzette, s.d. WAGNER (V.), Klerus und Eid in Luxemburg wahrend der Annexion durch das revolutionare Frankreich, dargestellt an den Kantonen Mersch und Grevenmacher, travail de licence, Trêves, 1981, dactylogr.

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On peut utiliser avec fruit le t. 5 du recueil de SCHON (A.), Zeiltafel zur Geschichte der Luxemburger Pfarren von 1550-1800... , op.cit. L'attitude des autorités diocésaines de Trêves a été étudiée par : PAULY (F.), 11 Eid und Gewissen. Das Gutachten der theologischen Fakultat der Universitat Trier über den von den Priestern geforderten Eid auf die Verfassung des Jahres Ill ( 1795) der franzôsischen Repubtik und seine Auswirkungen auf das Verhalten des trierer Generalvikariats und des Klerus", Verführung zur Geschichte. Festschri/1 zum 500. Jahrestag der Eroffnung einer Universital in Trier 1473-1973, Trêves, 1973, p. 302-322. THOMAS (A.), "Die Verwaltung des linksrheinischen Bistums Trier von der Zeit der franzôsischen Besetzung 1794 bis zur Einführung des Bischofs Charles Mannay 1802 11 , Kurtrierisches Jahrbuch, t. 21, p. 210-223. Une carte de géographie ecclésiastique du Luxembourg à la fin de l'Ancien Régime a été publiée par TRAUSCH (G.), Le Luxembourg sous l'Ancien Régime... , op.dt., p. 136. Une carte de géographie civile du département en 1802 a été publiée par JOSET (C.-J.), "Organisation française en 1802 ... 11 , op.cil.

Les départements rhénans Pour situer l'histoire de l'Eglise dans les territoires rhénans dans un cadre plus général, consulter par exemple : l'article 11 Allemagne 11 dans le Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastiques, t. Il, 1914, col. 494591 (carte, col. 544-545) ; PRECLIN (E.), JARRY (E.), "Les luttes politiques et doctrinales aux XVIIe et XVIIIe siècles", Histoire de l'Eglise depuis les origines jusqu'à nos jours, t. XIX-1, t 955, p. 373-383 ; t. XIX-2, 1956, p. 769-781 ; "Siècle des Lumières, Révolutions, Restaurations 11 , Nouvelle Histoire de l'Eglise, sous la dir. de ROGJER (L.-J.), AUBERT (R.), KNOWLES (M.-D.), t. 4, Paris, 1966, p. 137-162 ; Handbuch der Kirchengeschichte, sous la dir. de JEDIN (H.), Fribourg-Bâle-Vienne, 1970/1985, t. V, p. 477-531. Pour l'histoire de la région rhénane à la fin du XV1Jle siècle, on se référera aux synthèses suivantes : Geschichte des Rheinlandes von der iiltesten Zeit bis zur Gegenwart, Bonn, 1922, t. 1, p. 237-245 ; t. Il, passim ; Rheinische Geschichte, t. Il, Düsseldorf, 1975 (avec une bibliographie importante) ; voir aussi l'excellente monographie de DREYFUS (F.-G.). Sociétés et mentalités à Mayence dans la seconde moilié du dix-huitième siècle, Paris, 1968.

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Hommes de Dieu ·et Révolution La documentation archivistique conservée dans les dépôts des

Under de Rhénanie du Nord-Westphalie, Rhénanie-Palatinat, Sarre et Hesse doit toujours être complétée par le recueil de HANSEN (J.), Quel/en zur Geschichie des Rheinlandes im Zeitalter der franzôsischen Revolution, Bonn, 1931-1938, 4 vol. Cet ouvrage, qui couvre la période de 1780 à 1801, a acquis une importance particulière parce que de nombreuses archives allemandes parmi celles qu'il mentionne ont été détruites pendant la Seconde Guerre mondiale. Une appréciation critique du recueil de Hansen est donnée par GRAB (W.), 11 La réaction de la population de Rhénanie face à l'occupation par les armées révolutionnaires françaises, 1792-1799 11 , Occupants, occupés, 1792-1815, Bruxelles, 1969, p. 122. Les sources françaises concernant l'histoire des départements rhénans ont fait l'objet d'une enquête systématique. Celle-ci a abouti à l'édition d'un inventaire : Rheinisch-Westfalische Quellen in franzôsischen Archiven, t. I : Quel/en aus der Zeit der franzosischen RevoJution und des ersten Kaiserreichs Frankreich unter besonderer Berücksichtigung des Roerdepariements, éd. par DAHM (H.), ENGELS (W.), SCHMITZ (H.), Siegburg, 1978. La situation spécifique des départements rhénans face à la législation religieuse française a été étudiée par :

MOLITOR (H.), 11 La vie religieuse populaire en Rhénanie française, 1794181511, Pratiques religieuses, mentalités et spiritualités dans l'Europe révolutionnaire (1770-1820 ), Turnhout, 1988, p. 59-68. MJNKE (A.), 11 Die Kirchengesetzgebung wâhrend der franzôsischen Revolution in den Departements Ourthe und Roer (1794-1799) 11 , RheinMaas - Kulturraum in Europa, Cologne, 1991, p. 62-69. Pour la carte des départements rhénans à l'époque du Directoire, voir : SAGNAC (P.), Le Rhin français pendant la Révolution et l'Empire, Paris, 1917.

PREMIÈRE PARTIE

LA FIN DE L'ANCIEN RÉGIME

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Carte n°1: L'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle à la fin de l'Ancien Régime carte politique

Cologne

• Bruxelles

Aix-la-Chapelle

Luxembourg •

c==J Pays-Bas

0

autrichiens

~ Provinces-Unies

llllllllill Principauté

~ Royaume de France

c::==J

de Liège

Principauté de Stavelot-Malmédy

su

CHAPITRE 1

Une région frontalière, une terre de rencontre

Depuis toujours, la région située entre la Meuse, le Rhin et la Moselle fut une terre de passage et de rencontre par excellence. Après le Traité de Verdun (843), elle devint progressivement un pays "d'entre-deux", objet de convoitise et pomme de discorde pour ses puissant'i voisins à l'est comme à l'ouest. Les principautés qui s'y développèrent à l'époque féodale surent conserver, grâce à leur position marginale dans les sphères d'influence française ou germanique, une indépendance relative par rapport aux centres de décision. Par la suite, subsistèrent, au-delà des frontières, maints liens -de parenté, de langue, d'affaires par exemple, mais également ecclésiastique· entre Liège, Maëstricht, Aix-la-Chapelle, Luxembourg, Trêves, etc. Les limites des nombreuses entités politiques ne s'enracinèrent pas vraiment dans la mémoire collective, sans doute aussi parce qu'elles se diluèrent dans des entités ecclésiastiques nettement plus vastes. Une réalité complexe donc, qu'il importe, avant tout, de bien cerner.

1. La carte politique et le cadre géographique au XVIIIe siècle (voir carte n° 1) cc..~nln'!

de la carte est occupé par la principauté de Liège (5.697 km2 et 400.(X)() hab). Terre d'Empire, dont l'origine remonte au Xe siècle, elle était assujeuie à un prince-évêque qui se consacrait presque exclusivement à l'exercice du pouvoir temporel et abandonnait les affaires religieuses courantes à un évêque auxiliaire. Véritable sénat ecclésiastil}Ue, le chapitre de Saint-Lambert élisait le prince-évêque en son sein et lui imposait dès son avènement une capitulation qui délimitait de façon précise l'étendue de ses pouvoirs. Le

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La principauté de Liège ne possédait de terres fertiles qu'au centre-ouest, en Hesbaye. Au nord s'étendaient les landes stériles de la Campine, au sud et à l'est, les bois et bruyères de l'Ardenne et de l'EntreSambre-et-Meuse. L'exploitation fort traditionnelle du sol et la relative stagnation de l'agriculture contrastaient avec les progrès constants d'une industrie dynamique, presque exclusivement laissée à l'initiative privée, el dont les branches principales étaient l'exploitation de la houille, l'armurerie et la draperie. La ville de Liège était le centre le plus important, non seulement de la principauté, mais de tout !'Entre-Meuse-Rhin-et-Mos elle, voire audelà. Avec 83.224 habitants en 1790 -32.964 à l'intérieur de la vieille enceinte médiévale, 50.260 dans les faubourgs et la banlieue-, elle offrait l'aspect d'une ville moderne, dont le bibliothécaire de l'électeur de Mayence, J.-G.-A. Forster, nous a laissé une description vivante et colorée : L'as1>ect de la ville est enchanteur. On ne l'apperçoit pas de très-loin, attendu qu'elle est située dans un vallon profond, sur les hords de la Meuse. Il existe peu de villes dont les sites soienl aussi pil.iuans et aussi variés ... Je m'étais figuré que Liège était peu considérable : aussi ai-je bien été surpris en voyant une ville ca1>able de contenir cent mille habitans... On prétend généralement que la ville est entourée d'immenses fosses de charbon de pierre. Elle est même en partie bâtie sur des excavations jadis remplies de cette matière inflammable ... A chaque pas, on rencontre des charbonniers, des couteliers, des armuriers et des miroitiers ... Les Liégeois ne peuvent nier leur rapport avec ICS" Français... Ils parlent.. une sorte d'idiôme corrompu, mais qui serait cependant reconnu par un académicien de Paris pour être immédiatement dérivé du français. Les artisans et les ouvriers se servent d'une espèce de jargon welch, connu sous le nom d'idiôme wallon. Ce patois est entièrement inintelligible l 11. 11

En fait, la principauté de Liège abritait deux groupes linguistiques. Dans sa partie septentrionale, on parlait des dialectes flamands, au centre et au sud, le français et des dialectes -wallons- qui en étaient dérivés. Au sud-est de la principauté de Liège était située une autre terre d'Empire : la petite principauté abbatiale de Stavelot-Malmédy (700 km2 et 25.000 habitants). Fondés au VIIe siècle, les monastères jumeaux jouissaient depuis l'époque mérovingienne de domaines étendus formant un Etat autonome. La souveraineté appartenait à un prince-abbé, supérieur commun aux deux communautés et élu par celles-ci. Dans les petits centres urbains, Stavelot et Malmédy, s'était développée une activité industrielle assez importante, tanneries de tailles inégales et, dans une moindre mesure,

Entre Meuse, Rhin et Moselle

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draperies. Mais la majeure partie de la population travaillait la terre, d'ailleurs fort pauvre, et praliquait l'élevage des bovins et moutons. Les langues usuelles y étaient le français et le wallon. Les deux principautés ecclésiastiques étaient entourées par les Pays-Bas méridionaux, autrichiens depuis 1713, plus particulièrement les provinces de Hainaut, de Brabant, de Namur à l'ouest, de Luxembourg et de Limbourg au sud et à l'est. Seules ces deux dernières entrent complètement dans le cadre géographique choisi. Le Limbourg était presque entièrement couvert de pâturages abondants. Forster qualifiait cette région de "jardin prolongé". La production de beurre et de fromage y prédominait. Le pays était peuplé, les fermes nombreuses. Bon nombre de fermiers travaillaient aussi pour l'industrie drapière, établie dans la vallée de la Vesdre autour d'Eupen (7.000 habitants). Grâce à la sollicitude du gouvernement autrichien, cette 11 manufacture 11 était, à la fin du xvme siècle, avec la toilerie flamande, l'industrie la plus prospère des Pays-Bas autrichiens. Le Luxembourg formait, quant à lui, la province la plus grande, mais en même temps la plus pauvre et la moins peuplée. Environ 96% de la population vivait à la campagne. L'activité industrielle la plus importante, la sidérurgie, était éparpillée en de nombreuses petites forges à travers les campagnes. Luxembourg, la capitale, comptait à peine 8.500 habitants.

En ce qui concerne l'emploi des langues, on peut dire, en schématisant quelque peu, que le français, l'allemand et les dialectes wallons et germaniques se retrouvaient dans les deux provinces. Au Limbourg s'y ajoutait le flamand dans ses multiples variantes locales. La carte, telle qu'on vient de la dresser, est le résultat des traités de paix qui, depuis le XVIIe siècle, avaient tenté de rétablir l'équilibre européen. Ainsi s'explique la présence des Provinces-Unies aux environs des villes de Venlo ( 4.000 habitants) et de Maëstricht ( 15.836 habitants), situées toutes les deux sur la Meuse. A l'est des territoires décrits plus haut s'étendaient d'autres terres d'Empire, à savoir du nord au sud : le duché de Clèves appartenant (IU roi de Prusse, le duché de Juliers placé sous l'autorité de l'électeur palatin, les principautés électorales écclésiastiques de Cologne et de Trêves, quelques villes impériales ainsi qu'un certain nombre de principautés el de comtés de moindre importance. Ici également, l'agriculture était la branche principale de l'économie. mais dans plusieurs localités du duché de Juliers, la draperie et le travail du "cuivre jaune'1 avaient pris un essor non négligeable. Partout sur la rive gauche du Rhin, l'allemand et ses dialectes étaient couramment

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Carte n°2 : L'Entre Rhin, Meuse et Moselle à la fin de l'Ancien Régime carte ecclésiastique

COLOGNE

Ai:endant, l'on sait d'ailleurs qu'il n'y est pas contraire". 0

Cela signifie+il que de Rougrave s'était engagé vis-à-vis de son eveque à ne pas prendre position publiquement lorsqu'il s'agissait de questions doctrinales ? On ne peut l'affirmer avec certitude. Qu'il ait été personnellement favorable à la soumission ne fait pas de doute, même si l'un ou l'autre ecclésiastique se retranchait derrière son autorité pour justifier le refus de la déclaration20. Il n'y eut donc pas d'avis formel pour ou contre celle-ci de la part de l'administration diocésaine, ce qui laissa, en définitive, une grande liberté de décision aux prêtres liégeois. Deux mois seulement après la publication de la loi, l'abbé Ciamberlani ( 1745-1828)21, secrétaire de la nonciature de Bruxelles, réfugié à Munster en Westphalie, écrivit à Liège. Il insistait pour que le "respectable Clergé 11 liégeois attendit 11 que le Chef visible de l'Eglise ait prononcé sur l'important article de soumission aux lois de la république", et démentait formellement que la décision romaine ait déjà été arrêtée. Cet avis -tout comme celui du prince-évêque, connu en février 1798- parvint sans aucun doute trop tard, hors des délais administratif ; il ne put influencer les prêtres hésitants. Quoiqu'en affirment certains, la décision du vicariat général de Cologne semble avoir été notifiée assez vite. Une chronique malmédiennc Malmédy, ville de l'Ourthe, dépendait de l'archevêché de Cologne- relatait sous la date du 30 avril 1797 que "les Rds curé et vicaire ont été à la maison commune faire leurs soumissions à la loi française et reconnaître la République. Tous les ecclésiastiques, tant séculiers que réguliers, ont fait de même. Le Directoire de Cologne avait écrit qu'ils pouvaient tous se soumettre à la loi".

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Cela laisse donc entendre que le clergé malmédien s'adressa tout de suite à ses supérieurs colonais et en obtint, dès avant la fin du mois d'avril, une réponse calmant ses scrupules. Les prises de position du vicaire général Marx en faveur de la soumission, datant du 6 mai et du 20 juin 1797, doivent par conséquent être regardées comme des confirmations officielles d'un avis formulé d'abord oralement à l'intention d'un groupe de prêtres déterminés. Les autorités diocésaines de Trêves se manifestèrent publiquement le 29 mai 1797. Le mandement signé par l'official, le scelleur et plusieurs assesseurs du vicariat général soutenait que la déclaration de soumission devait être faite "la conscience en paix et sans dommage pour la religion". Les curés étaient priés à ne pas entrer 11 à la légèrc 11 en conflit avec les lois pénales. pour ne pas priver les paroisses de leurs pasteurs. Afin d'éviter tout 11 scandale 11 , le clergé instruirait les fidèles 11 de manière appropriée 11 sur le sens de la déclaration. En guise de conclusion, le mandement, qui devait être affiché dans toutes les sacristies, menaçait de suspense tout prêtre ayant charge d'âme qui refuserait de faire la déclaration.

Cette prise de position très catégorique se référait explicitement à un avis formulé en septembre 1795 par trois professeurs de l'université de Trêves, suite à 1•ïntroduction de la loi sur la police extérieure des cultes dans les paroisses de Parchevêché situées dans l'ancienne France. Le raisonnement développé par le doyen de la faculté de théologie Fischer (1732-1810)22 et les exégètes Oehmbs (1735-1809)2.I et ficrtz (1744-1824)24 partait du principe que le législateur français accordait la liberté de pensée et d'expression en matière religieuse. Comme exem~llc. les professeurs citaient le droit matrimonial. Ainsi un curé pouvait, sans crainte d'être poursuivi par la loi, refuser le mariage religieux à un divorcé remarié civilement, alors que la validité du mariage civil était pourtant reconnue par le législateur. Par soumission aux lois, celui-ci n'entendait donc pas leur approbation intégrale et une adhésion interne. Si la constitution contenait des dispositions contraires à la foi catholique, celles-ci n'étaient pas approuvées automatiquement par une soumission générale aux lois. Par conséquent, un chrétien et prêtre catholique pouvait, voire devait, se soumettre purement et simplement à la législation républicaine pour éviter que la religion ne subît des dommages très graves. Ce faisant, il promettait fidélité, obéissance et soumission à la République non pas de manière absolue et illimitée. mais selon t'espdt et la lettre de la constitution de l'an III, c'est-à-dire dans la mesure où les principes de la Religion et de la conscience le permettaient. La constitution contenant ces restrictions, les trois professeurs n'estimaient pas nécessaire de les réaffirmer explicitement en faisant la déclaration devant les autorités civiles25.

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L'avis, qui, dans la suite, fut toujours appelé 11 de la faculté de théologie de Trêves" par les partisans de la soumission, était contestahlc à plus d'un point de vue. Ainsi, les concepts de 11 constitution 11 et 11 loi 11 n'y étaient pas distingués nettement. S'il était vrai que l'article 354 de la constitution proclamait que "nul ne peut être empêché d'exercer, en se conformant aux lois, le culte qu'il a choisi",

il était dit à propos de ces lois, que celui qui les "viole ouvertement... se déclare en état de guerre avec la société. Celui qui, sans enfreindre ouvertement les lois, les élude par ruse ou par adresse, blesse les intérêts de tous ; il se rend indigne de leur bienveillance et de leur estime" (Devoirs, article premier, n° VINII).

Affirmer que la soumission mettait le clergé à l'abri de toutes les poursuites paraît donc bien téméraire. Cette vue optimiste des choses s'expliquait par l'espoir d'un arrangement avec la République. Comme à propos des bons accordés par la République aux religieux supprimés, une polémique acerbe éclata autour de la déclaration de soumission. Dans l'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle, un rôle de premier plan fut joué par Simon Pierre Ernst, chanoine régulier de Saint-Augustin et curé d'Afden dans l'archevêché de Cologne26. Né à Aubel (Ourthe) le 2 avril 1744, il s'était immatriculé, après des études chez un curé du voisinage, à l'université de Mayence, dont son cousin germain était alors le recteur. Entré le 17 septembre 1763 chez les chanoines réguliers de SaintAugustin à Rolduc (Meuse-Inférieure), prêtre le 23 septembre 1769, il avait été chargé dès 1774 d'enseigner l'écriture sainte et la théologie aux novices de son abbaye. Déchargé de ses cours vers 1785, il s'était consacré avec ardeur aux études historiques. En mars 1787, l'abbé de Rolduc lui confia la cure d'Afden, située à deux kilomètres de l'abbaye : il y demeura jusqu'à sa mort, le 11 décembre 1817. L'agitation qui s'était développée aux Pays-Bas autour de la politique religieuse de Joseph 11 lui fit publier fin 1787 et en 1788 deux travaux sous le couvert de l'anonymat : Histoire abrégée du TiersEtat de Brabant et Ordines apud Brahantos eiusdem cum eorum principibus esse aetatis, où il s'efforçait de prouver que les Etats du Brabant étaient aussi anciens que ses princes. Deux ans plus tard, il rédigea une réfutation de certaines attaques dirigées contre les privilèges du clergé. Ces ouvrages lui donnèrent l'occasion de faire son apprentissage de polémiste. A l'arrivée des Français, Ernst se retira vers l'est, mais, bientôt, il réintégra sa paroisse. A l'époque de la suppression des couvents, il prit pour la première fois position en

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faveur d'une collaboration avec les nouveaux maîtres politiques. Son but était et resta de sauver, coûte que coûte, les biens de son abbaye. Entre le 7 mars et le 2 avril 1797, il racheta ou fit racheter les bâtiments conventuels ainsi que plusieurs fermes et un moulin appartenant à la communauté de Rolduc. Outre 52 bons venant de ses confrères, il put disposer de ceux que lui cédèrent les capucins de Wittem (Meuse-Inférieure) et d'Eupen (Ourthe). En échange, il promit à tous de pourvoir à leurs besoins. Les autorités civiles ayant exigé de certains religieux la déclaration de soumission en contre-partie des bons, Ernst fut amené dès mars 1797 à se prononcer ouvertement pour sa licéité. Les lettres qu'il recevait de ses confrères montraient clairement que la soumission était prônée uniquement pour pouvoir mener à bonne fin le sauvetage des biens de Rolduc. Petit à petit cependant, le curé d'Afden passa outre cette nécessité matérielle pour aborder les questions de fond ; elles impressionnèrent nombre de prêtres en quête d'un avis solidement étayé. Le ]er juin 1797, Ernst publia des Observations sur la déclaration exigée des ministres des cultes... '21, où il essayait de démontrer notamment

que la souveraineté résidait dans la nation qui peut donc changer de forme de gouvernement. En reconnaissant que l'universalité des citoyens français était le souverain, on ne niait point que la souveraineté résidait originairement en Dieu qui la déléguait à la société. Promettre soumission et obéissance aux lois engageait les prêtres seulement à ne pas abuser de leur ministère pour inciter le peuple à la révolte et à la désobéissance. D'ailleurs, on pouvait faire la déclaration en sous-entendant implicitement une réserve pour les lois mauvaises. 11 Vos Observations", lui écrivit le 5 juillet un confrère, recteur à Welkenraedt au canton de Limbourg (Ourthe), 11 sont accueillies ici et dans les environs avec avidité et applaudissement par tous ceux qui savent tant soit peu raisonner et apprécier les choses". Jacques Louis Théodore Bellefroid ( 1756-1841 )28, chanoine de Saint-Pierre de Liège, publia vers la même époque une Collection de pièces intéressantes relatives à la déclaration de soumission, dont le choix indiquait assez les sympathies de l'auteur pour les thèses de Ernst. La Collection contenait notamment l'Avis au peuple (traduit du flamand) du vicaire général de Malines, Huleu, en faveur de la déclaration de soumission, des extraits des Annales ecclésiastiques de l'abbé Sicard, un bref du pape daté du 5 juillet 1796 lui aussi favorable à la soumission (son authenticité fut démentie dans la suite par l'abbé Ciamberlani) et des notes ultérieures de Huleu sur ce bref. Selon un écrit émanant du parti adversaire de la déclaration, Bellefroid -qui, "dans une révolution de félonie contre son Evêque et Prince, doit avoir profané la sainteté de la Chaire en s'écriant : ô l'heureuse révolution !11 - serait allé avec ce "sublime chef d'oeuvre ... de maisons en maisons, et secondé de ses missionnaires du Prieuré de Beaufays près de Liège", il aurait vu "ses soins trop bien récompensés de la part de

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ceux, en qui tous les caractères d'émulation, de fermeté et de vertu étoient effacés 11 29. Phrase significative : aux débats de fond se mêlaient désormais des questions personnelles. L'auteur anonyme de la Dissertation politique et théologique parue à Liège rapprochait les 11 soumissiomanistes 11 des jansénistes, appellait Ernst le "Ouesnelliste de Rolduc" et s'en prennait violemment aux "Récollets de notre ville, j'entends les savans et les Peres qu'on appelle :1 gros nez et à haut-de-chausse de velours qui commandent les principales forces de nos ennemis" ; lui aussi mit en cause Bellefroid, les chanoines réguliers de SaintAugustin à Beaufays, tout comme les professeurs de philosophie et de théologie au séminaire de Liège, G.F.G. Xhauflaire et Jean Emile Auhée. Par ailleurs, il tentait de réfuter un argument important en faveur de la soumission : en la refusant, on privait les fidèles de la célébration publique des offices et on les obligeait à recourir à des expédients secrets et dangereux. "Si nous avons abandonné nos paroisses, c'est que ... le moyen de nous y maintenir était illicite. Or ce qui est illicite est, en morale, réputé impossible, et personne n'est tenu à l'impossible... A quel titre nous peut-on donc faire un crime d'avoir abandonné ce que nous ne pouvions conserver que par un crime ? 11 Dans sa Dissertatio theologica, Paul Dumont, bénédictin de Malmédy, était formel · le gouvernement français voulait faire admettre que la souveraineté résidait originairement non en Dieu, mais dans la généralité du peuple qui avait pu valablement chasser ses souverains ; la plupart des lois françaises étant injustes, promettre obéissance el soumission était un crime. De là à engager les fidèles à ne pas communiquer in . 305. Antoine Ochmhs avait éte nommé professeur en l 7(H, ihiil., 1>. 305-.\06. Jean fiertz avait été nommé 1>rofesseur en 1774, ihid., p. 306. Le texte latin de "l'avis" est publié, ibié par les brigands ; fort heureusement qu'ils ignoraient encore sa soumission, car c'est aussi aux prêtres assermentés et aux acquéreurs (de biens ecclésiastiques) qu'ils voulaient, griefs dont toute notre famille est entâchée, car mon frère et mon oncle ont prêté le serment et tous les Thildes ont acheté des domaines nationaux. J'avouerai que les principes de nos prêtres ne nous y ont pas peu encouragés".

Jean Jacques Erpelding, professeur de mathématiques à !'Ecole centrale à Luxembourg se trouva, lui aussi, parmi les condamnés. Le 16 novembre 1798, il réussit toutefois à prouver qu'il avait fait la déclaration de soumission en 11 brumaire an Vl 11 (octobre-novembre 1797) et le serment

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de haine en ventôse de la même année (février-mars 1798) dans le département de la Moselle. Et, qui plus est, il avait renoncé à l'état de prêtre. Par ailleurs, certains insermentés notoires ne figuraient pas sur la liste des condamnés. Le commissaire cantonal de Clervaux attribua l'omission du vicaire insermenté de t losingen, Jean Lentz, à "l'inexactitude" des agents. Son collègue de Wiltz s'employa de son côté, de bonne heure, à sauver le curé Meyers et son vicaire Peters qui lui avaient sauvé la vie lors du 11 Kleppelkrich 11 • Au bout de quelques démarches, Paris accepta de faire une exception en faveur de ces deux insermentés qui ne furent plus inquiétés et que la postérité célébra comme "martyrs"... Les autorités protégèrent également le curé insermenté d'Attert, Théodore Joanette, auquel ils attribuèrent le "maintien de la tranquillité dans cette commune lors des troubles de l'an Vil par ses exhortations aux habitants d'obéir aux lois et actes des autorités constituées 11 • Sur ordre du commissaire départemental Failly, la traque des prêtres réfractaires débuta dans tous les cantons des Forêts dès le 16 novembre 1798. Elle fut couronnée de succès, comme à Luxem-bourg, où, sur S8 insermentés, on en arrêta 39 ; le plus souvent cependant, elle resta sans grand résultat. Au canton de Vianden, 3 prêtres sur 12 furent arrêtés. Des 4 ecclésiastiques sur 61 arrêtés à Clervaux, 1 réussit encore à s'échapper pendant la nuit. Les 52 réfractaires du canton de Bascharage se cachèrent tous quelques jours avant la battue. Au canton de Remich (35 insermentés), seuls le curé de Mandern, âgé de 66 ans, et les 3 vicaires de Wormeldange dont l'un avait 77 ans, l'autre 80 et le troisième, "quoique plus jeune, est asthmatique et a de la peine à faire dix pas sans s'arrêter pour reprendre l'haleine"- furent appréhendés. 11 Je compte, que j'en enverrai encore d'autres, écrivit le commissaire, mais ce seront toujours des vieillards ou des infirmes, car les autres ont quitté leur village et se sont retirés au pays de Trêves" (en territoire non annexé), dès qu'ils eurent vent de l'arrêté de déportation. En février-mars 1800, le commissaire départemental de l'époque, Delattre, affirma que sur 812 condamnés, 200 "se rendirent presque tous volontairement dans la forteresse (de Luxembourg) où ils furent enfermés, c'étoit des vieillards infirmes, décrépits et pacifiques, la plupart anciens religieux non sujets au serment. Les autres ne purent être saisis... à peine douze furent amenés par la gendarmerie dans le cours de l'année entière. On ne sait lequel doit le plus surprendre ou de la force ou de la séduction, ou de l'accord unanime d'un peuple chez lequel, dans un si petit espace, tant d'individus errans et fugitifs, trouvèrent partout protection et sûreté".

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Le bilan en Meuse-Inférieure fut tout aussi maigre. Le commissaire départemental Girard attendit une accalmie dans la 11 révolte des conscrits 11 pour lancer l'opération contre les insermentés. Le ter décembre 1798, il avertit enfin tous les commissaires cantonaux : "des troupes nombreuses vont être répandues". On en profitera, ajoutait-il pour faire disparaître une fois pour toutes les "signes de la féodalité et de la superstition" qui "offusquent encore en plusieurs endroits les yeux des républicains". Mais le regain de l'insurrection anéantit bientôt les espoirs de Girard d'arriver rapidement à bout des insermentés, 11 ces hommes fourbes et atroces, qui verroient avec une joie cruelle étinceler dans leur pays le premier brandon de la guerre civile". Sur les 1.050 prêtres condamnés à la déportation, 57 seulement furent arrêtés. Avec la connivence de la population et des municipalités, la plupart réussirent à s'échapper et à se cacher. Beaucoup se fixèrent sur le territoire de la République batave ou dans le département de la Roer, où la loi du 19 fructidor an Y n'était pas en vigueur. Dans l'Ourthe, le commissaire départemental, Bassenge jeune, agit avec prudence, essayant de mettre un maximum de chances de son côté. Le 16 janvier 1799, il fut toutefois averti que les deux bataillons qu'on lui avait promis pour le 17 avaient reçu une autre destination et qu'il ne pourrait disposer que de 300 hommes. Ceux-ci devaient par ailleurs être répartis en colonnes mobiles pour accélérer la rentrée des contributions et le départ des conscrits. Le commissaire départemental songea un moment à confier également à ces hommes l'arrestation des prêtres réfractaires ; mais, rapidement, il dut déchanter, 11 l'opération ne pouvant se faire partout en même temps". Dès lors, il décida de "faire agir" la gendarmerie 11 sur tous les points au même jour". Chaque brigade reçut une lettre qui ne devait pas être décachetée avant le 24 janvier, à quatre heures du matin. Elle contenait l'ordre d'arrêter sans tarder tous les insermentés, dont la liste était jointe par canton, en commençant par "les plus dangereux 11 • Malgré toutes ces précautions, l'opération se solda par un demi-échec. A Liège, 30 insermentés seulement sur plus de 200 furent pris. Bassenge jeune crut 11 que la trompette qui a sonné à 5 heures du matin pour rassembler les hussards avait fait fuir les autres depuis longtemps sur le qui vive" ; dans les autres cantons, cependant, les lettres furent 11 vraisemblablement 11 ouvertes plus tôt. Les rapports de plusieurs commissaires cantonaux confirmèrent en effet cette supposition. A Aubel, l'arrestation 11 a été absolument manquée ; les prêtres n'ont cessé d'être bien servis jusqu'au dernier moment, et viennent de prouver qu'ils ont des amis, des partisans peut-être même dans les premières autorités 11 ; déjà le 22 janvier au matin, "s'ébruita 11 que les insermentés avaient reçu des lettres confidentielles les avertissant de leur arrestation prochaine. A Huy, dès le 23 janvier, on était au courant de la "mauvaise nouvelle 11 concernant les réfractaires ; le commissaire près le tribunal correctionnel pensa qu'il y avait eu des fuites au secrétariat de l'administration. Le commissaire de Verviers rapporta qu'à Hodimont et à

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Herve, 11on racontait deux jours avant l'arrestation ... dans les cabarets que celle-ci allait avoir lieu". Les insermentés du canton de Ferrières étaient "partis" un mois avant "la visite 11 • A Malmédy, 11 1'expédition 11 fut faite "vers les 9 heures", puis 11 la trouppe et quelques gendarmes" se rendirent à Stavelot, chef-lieu du canton voisin, "pour seconder ceux qui etaient chargés de faire la meme operation, mais arrivés à dix heures, ils ont trouvé que la municipalité était assemblée depuis 7 heures du matin et déliberaient entre eux avec le Cre, lorsqu'ils ont eut tout délibéré on a seulement donné les ordres aux gendarmes ... on a eut ·lUt le temps de prévenir ces réfractaires ce qu'ils se sont tous évadés, cependant il est encore à présumer que ces messieurs en ont été prévenus dès hier à dix heures du soir". On peut d'ailleurs supposer que cette vague d'arrestation ne fit pas non plus l'unanimité parmi les commissaires cantonaux. "J'ai été surpris, écrivit celui de Dalhem à Bassenge jeune, que l'on aie fait toutes ces arrestations et perquisitions des prêtres insermentés sans m'en donner la moindre connoissance, et que ces arrestations se soient faite en mépris de l'art. 359 de la constitution puisqu'elles ont été faites à quatre heures du matin, ainsi trois heures avant le jour 11 • Au total, R. Marchal a trouvé trace de 217 arrestations sur un total de 778 assermentés. Le 27 janvier 1799, le commissaire de Louveigné (Ourthe) signala l'existence d'une véritable filière qui conduisait les insermentés, cachés dans des péniches à charbon, sur l'Ourthe à destination de Liège, puis sur la Meuse à Venlo, d'où ils passaient 11 vraissemblablement 11 dans les départements rhénans non annexés. Dès le 21 août 1798, l'administration centrale de la Roer ordonna à toutes les municipalités de rechercher les "prêtres, moines, et autres ministres du culte" de France ou des départements réunis, qui "pourraient s'être retirés dans l'étendue de leur ressort". Ces individus devaient être arrêtés et conduits dans leur commune d'origine. Le 7 octobre suivant, les administrateurs précisèrent toutefois que cette mesure ne concernait pas les "ci-devant religieux, qui ont quitté la France lors de la suppression des corporations... pour se rétirer dans ce Département, leur pays natal, afin d'y rejoindre leurs familles". Les autorités redoublèrent de vigilance après le soulèvement de 1798 dont, à en croire le commissaire de la Roer, les "auteurs les plus actifs et les plus coupables" ont été des "prêtres". "des moines insermentés". Apparemment, tout ce dispositif de contrôle ne s'avéra pas très efficace, mais il était peutêtre avant tout destiné à calmer les autorités gouvernementales. En fin de compte, pour l'ensemble des trois départements, environ 474 insermentés sur environ 2.640, soit près de 18%, furent pris entre les mailles du filet tendu par les autorités républicaines.

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Arrestation ne fut toutefois pas synonyme de déportation immé~ diate. C'est ce qui ressort d'une circulaire que le commissaire départemental des Forêts, Failly, adressa le 4 décembre 1798 à ses collègues dans les cantons: "Il faut absolument que tous les 1>rêtres, portés ou non sur mon requisitoire du 25 brumaire (15 novembre 1798), soient arrêlés sur-le-champ et conduits à l .uxemhourg, à l'exception toutefois de ceux qui seront reconnus intransportahles par des certificats d'officiers de santé ayant votre confiance. Ces certificats me seront envoyés, afin que je puis.ire en informer le Ministre de la Police. Quant aux prêtres qui ont prêté le serment jusqu'à l'époque du premier vendémiaire an VII (22 septembre 1798). vous m'enverrez. l'acte de prestation, afin que je puisse, conformément aux ordres que j'ai reçus, transmettre l'autorisation de rester dans leurs domiciles, jusqu'à ce que j'ai obtenu le rapport de l'arrêté qui les déporte. Je vous préviens que les sexagénaires et les infirmes ne seront point déportés. Ils seront détenus dans une maison de réclusion qui sera établie à Luxembourg. En attendant cet établissement, je les faîs entrer ainsi que ceux qui sont malades, dans une des maisons de particuliers, sous le cautionnement de quatre citoyens de cette commune. L'humanité me fait un devoir de leur accorder ce faible soulagement qui leur est agréable, sans nuire à la tranquillité publique, puisqu'ils sont constamment sous les yeux de l'autorité supérieure et qu'ils peuvent être reproduits au premier ordre du Directoire".

Dans l'Ourthe, le commissaire départemental, Bassenge jeune, et l'administration centrale avaient écrit que les prêtres conformistes, avant la vague d'arrestation du 24 janvier 1799, ne devaient pas être inquiétés. Quant aux autres, Bassenge jeune donna ordre de ne plus 11 admettre à serment des prêtres dont l'arrestation était ordonnée 11 et d'arrêter tous ceux qui n'avaient prêté le serment que depuis le 24 janvier. Enfin, il envoya à chaque commissaire cantonal une liste des insermentés compris dans l'arrêté de déportation avec prière d'indiquer les rectifications nécessaires. L'administration centrale adressa à son tour le 12 février 1799 une circulaire à toutes les municipalités demandant "un état... de tous les prêtres qui auraient depuis la publication de la loi du 19 fructidor an V quitté ou fixé leur domicile dans votre arrondissement. Vous n'omettrez point d'y insérer les époques de leur arrivée ou de leur départ et vous y ferez toutes les observations convenables sur leur conduite politique". Une fois de plus, les administrations cantonales montrèrent beaucoup de réticence ; à la date du

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7 avril, seulement 7 municipalités sur 36 avaient répondu et, bien souvent, on indiqua comme date de départ le 24 janvier. .. Entre-temps, le ministre de la Police générale fit parvenir des "instructions supplémentaires" aux départements : les insermentés compris dans la liste du 14 brumaire an VI devaient être déportés sans délai ; parmi ceux qui auraient prêté le serment depuis, il fallait déporter les "perturbateurs" uniquement ; pour ceux qui étaient 11 paisibles 11 , comme pour ceux qui n'étaient pas 11 assujetis 11 au serment, on pourrait "surseoir" à la déportation. Le 5 mars, Bassenge jeune, en réponse à cette circulaire ministérielle, expliqua qu'il allait demander à 11 ses collègues" dans les cantons des "renseignements positifs" sur la conduite des prêtres qui auraient prêté le serment depuis le 4 novembre 1798 ; il déplora les "fraudes compliquées des agents et des adjoints municipaux des communes rurales" qui produisaient des procès-verbaux de prestation de serment "dont jamais on avait entendu parler et qui sont évidemment antidatés". Cette dernière remarque faisait de toute évidence allusion à la disposition qui exceptait de la déportation les prêtres infirmes et sexagénaires. Très vite les commissaires et les administrations centrales furent submergés d'extraits de naissance d'une authenticité douteuse et d'attestations médicales diagnostiquant des "rhumatismes universels", des "hemorrhoïdes sanguinolentes" et d'autres 11 tremblemens convulsifs" ... Le 27 janvier, le commissaire du département de l'Ourthe, en accord avec les administrateurs, chargea ses collègues près les tribunaux correctionnels de vérifier ces assertions. Faire venir les prêtres incriminés à Liège n'avait, à ses yeux, guère de sens ; confier la vérification des certificats et attestations aux municipalités et aux commisssaires cantonaux é~1uivalait à "faire triompher le patronage, le faveur, la condescendance, la faiblesse ou l'incivisme". Néanmoins, les prêtres sexagénaires ou infirmes pourraient être placés sous la surveillance de leur administration cantonale respective qui établirait un règlement à cet effet. Celui de Liège (Ourthe), par exemple, prévit que tous les prêtres fussent tenus de se présenter "tous les nonodi à 11 heures précises au bureau de police ; ceux que leur étal de santé empêche de s'y rendre, feront parvenir pour la même heure un certificat médical 11 ; ceux qui étaient "malades ou caducs en permanence" devaient faire constater le premier du mois que leur état ne s'était pas amélioré ; "les contrevenants seront transportés à la prison Léonard ou gardés à leurs frais, s'ils sont malades, à leur domicile 11 • A Fléron (Ourthe), canton rural, les sexagénaires et infirmes furent 11 invités 11 à se présenter "chaque décadi 11 au secrétariat de la municipalité pour y faire inscrire, en présence du commissaire cantonal, leurs nom, prénom et lieu de domicile ; ils étaient soumis à la surveillance de l'agent de la commune où ils résidaient.

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Il ne fait aucun doute, que la menace de la déportation atteignit profondément la majorité des insermentés. Sous 1•effet de la terreur, bon nombre se conformèrent à la loi. Le 28 janvier 1799, le commissaire départemental de l'Ourthe, Bassenge jeune, constata que 11 tous ceux llUÎ sont arrêtés, et ceux qui se sont cachés voudroient prêter le serment, ils avoient compté disent-ils, sur un terme fatal, et sur la tranquillité dont ce département a joui depuis les troubles" de 1798. Dans l'Ourthe, R. Marchal a ainsi relevé 250 nouvelles prestations de serment entre le 24 janvier et les mois d'août-septembre 1799. Ni les autorités départementales, ni les municipalités ne firent beaucoup de difficultés lorsqu'il s'agissait de 11 réconcilier 11 les retardataires avec la République, comme le prouve le cas de Jean Joseph Farey, prêtre résidant à Jeneffe au canton de Kemexhe (Ourthe), 11 ayant cessé ses fonctions aussitôt à la proclamation de la loi du 7 vendémiaire 11 , qui, fin janvier, demanda à être admis au serment. En sa séance du 2 février 1799, la municipalité considéra que Farey 11 s'est rendu depuis à l'agriculture ... dans ... sa famille", qu'il 11 n'a meme jamais exercé les fonctions ... que comme simple prêtre, sans aucune qualité de curé ou de vicaire, et sans avoir jamais été admis à la confession", que "le refus qu'a fait le cidevant curé de Jeneffe de prêter le serment... a pu l'entraîner dans le retard qu'il a apporté à la prestation 11 ; comme 11 sa conduite et sa moralité sont à l'abri du moindre reproche 11 , elle demande qu' "il soit rendu à sa patrie... et à sa famille". Le 19 février, Parey prêta serment; huit jours plus tard, il fut mis sous surveillance de la municipalité ; l'arrêté de déportation le concernant fut annulé le 12 mars. Dans une lettre au ministre de la Police générale, le commissaire départemental des Forêts, Arnoul, justifia cette clémence comme fort 11 politique 11 : • 11

11 paraît même que si cette disposition était formellement autorisée, la plus grande partie des prêtres, qui se tiennent encore cachés, reparaîtrait... Les demandes du même genre avec les déclarations de serment se multiplient au point que, selon toute apparence, la classe des insermentés ne comprendra bientôt plus que des vieillards, les infirmes et les hommes retenus dans leur anciens préjugés par un fanatisme ou un entêtement incurables. Comme néanmoins je laisse à votre sagesse à juger relativement cette mesure, si quelque grave inconvénient exige le sacrifice de ce qu'elle peut avoir d'utile".

En fait, l'insuccès relatif des battues organisées par la gendarmerie, le prestige croissant des insermentés, 11 martyrs de la foi 11 , auprès de la population et ! 'insuffisance du dispositif militaire poussèrent à une certaine modération, qui n'était d'ailleurs pas du goût de tout le monde. Le général

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Morand, commandant la place de Luxembourg (Forêts), adressa, le 7 mars 1799, une sévère mise en garde au commissaire départemental Arnoul, le menaçant 11 d'attaquer votre responsabi1ité 11 • A Paris également, on était excédé. Le 8 avril 1799, le Directoire étendit l'arrêté de déportation à tous les réfractaires sans exception. La vague d'arrestation reprit, mais, cette fois encore, beaucoup de prêtres réussirent à s'échapper. Le commissaire de Waremme (Ourthe) rapporta, le 5 mai, qu'il avait voulu profiter de l'obligation qui était imposée aux sexagénaires et infirmes de se rendre à la municipalité, pour les arrêter ; or "personne n'est venu, les agents sont courus à leur rencontre pour les avertir 11 • Le 8 mai, le commissaire départemental de l'Ourthe, Bassenge jeune, expliqua au ministre de la Police générale que ses ordres n'avaient pu être exécutés "complètement... comment en effet traduire dans les maisons d'arret des hommes chargés écrasés d'ans et d'infirmités qui leur interdisent la faculté de sortir de leurs demeures". Déjà antérieurement, le commissaire près te tribunal correctionnel de Malmédy s'était indigné de ce que la gendarmerie, après la rafle du 24 janvier, lui avait amené des "vieillards très infirmes à ne pouvoir marcher quatre pas", transportés "sur deux charettes sur leurs lits ... l'humanité demande que des hommes pareils soient traités avec des égards". S'acharner sur des prêtres âgés, gravement handicapés, voilà ce qui révolta même des hauts fonctionnaires républicains. Bassenge jeune s'employa en tous cas, jusqu'au moment de sa destitution, d'alléger leur sort. Devant le risque d'une arrestation, regardée jusque-là comme impossible, beaucoup de prêtres âgés ou malades abandonnèrent toute résistance. La pétition adressée par Jean Adam Garians, curé de Deyfeldt (Ourthe) aux autorités départementales en fait l'aveu exemplaire. Pierre Arnold Somlica, "ex-curé" de Spaubeek au canton d'Oirsbeek (Meuse-Inférieure), 69 ans, "ne connaissant ni les circonstances qui ont exigé ce serment... et surtout se trouvant dans un endroit ou il aurait enèouru les plus grandes persécutions de ses voisins", avait, lui aussi, préféré cesser ses fonctions et ne s'était pas senti concerné par la loi du 19 fructidor an V. Pierre Antoine Libert Derwa, 11 ex-curé 11 de Buvingen au canton de Montenaken (Meuse-Inférieure), 61 ans, expliqua, quant à lui, qu'il avait quitté sa commune et s'était établi au canton de Waremme, département de l'Ourthe : 11 La ferme intention de faire le serment et la soumission requise, et la crainte d'un peuple fanatisé et furieux contre les pretres sermentés furent cause de cet abandon 11 • Entre-temps, il avait prêté le serment -"que je répete avec sincérité et contre lequel je n'ai jamais eu la moindre aversion"-, et demanda que l'on intervînt auprès du ministre de la Police générale pour que sa soumission tardive fût acceptée.

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Par ailleurs, les Annales gallo~timbourgeoises rapportent que quelques uns se mirent à couvert de la persécution. en payant une espèce de tribut à des magistrats qui avoient le pouvoir ou plutôt l'adresse de les délivrer de la prison, s'ils y étoient déjà, ou de leur garantir quelque sûreté en vivant retirés chez eux". 11

Néanmoins, il ressort clairement de la lecture des documents que l'effet de la peur ne suffit pas toujours à calmer les scrupules de ces prêtres traités ensuite de lâches ou d'opportunistes par les fidèles ou leurs confrères. Théodore Giergen, vicaire sexagenaire à Hunnange (Ourthe), ne se décida à prêter le serment qu'après que le commissaire cantonal lui en eût expliqué le sens "avec douceur" soulagé, il s'écria : 11 je sais que vous êtes bonnette homme, je mets ma confiance en vous, je me fie sur votre parole car vous êtes incapable de trahir ma confiance". Contre une historiographie avide de flétrir ces 11 lâchetés 11 , on ne doit pas pour autant minimiser les épisodes tragiques que la vie à des prêtres insermentés. Telle la rencontre tout à fait fortuite entre un gendarme de la brigade de Bodeux (Ourthe) et les prêtres insermentés Thirion et Lenfant. Le représentant de la loi demanda à voir leurs passeports, ils répondirent qu'ils n'en avaient pas. Le gendarme leur enjoignit de le suivre et ce fut ! 'incident, décrit dans un français fort approximatif : ,.à paine ils eu fait quelques pas dans une espèce de bois, que Tirien s'est sauvé, il lui a crié d'arreter au nom de la loi, il a continuer sa fuite, le gendarme a lacbé son coup après lui, mais ne l'a pas atteint, aussitôt il a réchargé et a dit à Lanfant que s'il ne le suivait pas qu'il ne le manqueroit pas, mais à peine parvenu à une espèce de ravin, après avoir tenté de le corrompre par l'argent qu'il s'est sauvé, le gendarme lui a crié d'arreter, il doit lui avoir montré son derrière en lui tenant des propos contre la ré1>Ublique, le gendarme ne l'a pas raté, il l'a renversé du coup mort".

En Meuse-Inférieure, les gendarmes réussirent à débusquer le prêtre Daniel Daniels, un des rares insermentés à être directement impliqué dans la 11 guerre des paysans 11 où il fit figure de chef. Blessé par une balle, Daniels essaya de fuir. Touché une seconde fois, il fut assommé à coups de crosse. Un gendarme lui transperça la poitrine d'un coup de baionnette, le laissant pour mort. Pourtant, le prêtre agonisa encore pendant de longues heures. avant de décéder dans la nuit du 15 avril J79f.).

Ces épisodes, tout comme le récil des souffrances endurées par les prêtres déportés, font partie de la mémoire collective, au risque de

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surévaluer le nombre de déportations réellement exécutées. Suivant les sources, les chiffres varient : par exemple entre 19 et 22 dans l'Ourthe et entre 82 et 93 dans les Forêts. Quelle fut la destination de ces déportés ? Il semble, qu'au départ, le Directoire ait voulu envoyer tous les prêtres 11 belges 11 en Guyane. Un seul bateau arriva à destination ; des 35 réfractaires à bord, 28 étaient morts au cours de la traversée. Bientôt la guerre maritime obligea le gouvernement à modifier son point de vue. Désormais, on déporta 11 0utre-Rhin 11 , vers les prisons de l'ancienne France et surtout vers les îles de Ré et d'Oléron sur la côte occidentale française. Parmi les déportés de l'Ourthe, un seul, le prêtre Thiry, du canton de Bodegnée, fut envoyé "au-delà du Rhin". Tous les autres furent transportés à l'île d'Oléron. Sept parmi les dix-neuf prêtres relevés dans la correspondance du commissaire départemental provenaient du seul canton de Malmédy où le 24 janvier 1799, on fit arrêter neuf bénédictins et un prêtre séculier. Ce dernier et six religieux furent condamnés à la déportation. Dom 11 Nicolas 11 (Brasseur) décéda en chemin à Chartres, "tant d'ennuis que de mauvais traitements en route". Parmi les autres prêtres déportés, trois étaient originaires de la ville de Liège, trois du canton de Reuland et respectivement un dans les cantons de Bodegnée, Bütgenbach, Hannut, Hollogne, Huy, Landen et Saint-Vith ; cinq sur treize étaient des religieux. Parmi eux se trouvait également un assermenté, Dieudonné Delhamaide, curé des Awirs, condamné par arrêté spécial du 8 mars 1799 parce que sa "conduite scandaleuse 11 troublait la "tranquillité publique". Le commissaire de Hollogne avait accusé Delhamaide d'être un ivrogne attaquant femmes et filles "pour contenter sa volupté", de jurer, de blasphémer, de "marcher armé" et de dire la messe "les pistolets en poche" ! Le premier groupe des déportés de l'Ourthe arriva le 12 mai 1799 à Oléron. Dès le début du mois de juin, les impressions du prêtres Laurenty se répandirent à Malmédy : "La traversée n'étant que de deux jours, il a du rester 5 en mer, étant contrarié par les vents. Il écrit être à 7 non jurés dans une chambre enfermés, n'ayant ni table ni chaise ni lit ni paille pour se coucher, ayant par décade 5 fois de la viande et bouillon, tt lv. pain par jour, 1 chopine de vin, de mauvais légumes mal assaisonné".

Peu à peu, les conditions de détention s'améliorèrent: "On dit qu'ils ne sont pas mal dans l'île, note le prêtre malmédien Servais, qu'ils jouissent de plus grande liberté qu'au commencement de leur débarquement ; je suppose que

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Hommes de Dieu et Révolution rien ne leur manquera tant que l'argent ne leur manquera pas, mais il leur faut bien des choses".

Aussi, organisa+il une collecte qui rapporta 35 louis d'or, mais qui, au mois de décembre, n'étaient toujours pas parvenus à destination. Quelques mois plus tard, le 6 mars 1800, les religieux bénédictins rentrèrent à Malmédy, où ils furent reçus "avec joie par des amis sincères, et autres par hypocrisie". Le prêtre Laurenty, faisant 11 sa route à pied", arriva seulement à la fin du mois. Tous refusèrent la promesse de fidélité qui depuis le l 1 janvier 1800 remplaçait le serment de fidélité à la République, en lieu et place, dès le 16 novembre 1799, du serment de haine. Faut-il y voir-là un recul de la République ? Le 7 décembre 1800, les autorités républicaines firent remarquer à leur sujet qu' "ils vivent dans la retraite et ne se mêlent pas d'intrigues". Le prêtre Cunel de Waimes, en revanche, donna lihre cours à son irritation : interrogé par le maire, il répondit que 11 si on voulait savoir s'il avait fait la promesse, on n'avait qu'à aller à Oléron, qu'il y avait bien été", lui. Réaction 11 à chaud" d'un homme amoindri par une rude épreuve et qui décéda, le 17 novembre 1801, des mauvais traitements qu'il avait subis. Sans doute le cas de Jean Pierre Reuland, prêtre à Saint-Vith, fut également dramatique. Il avait été 11 trainé inhumainement parmi les rues ... transféré de prisons en prisons jusqu'à l'Isle d'Oléron 11 , d'où il était revenu moralement brisé, s'adonnant à la boisson pour oublier. Bon nombre de prêtres restèrent sur leurs gardes. La soudaine clémence du gouvernement consulaire les étonna et éveilla des scrupules que Henri Leroi, curé de Meix-le-Tige (Forêts), déporté en juin 1799, exprima dans une lettre à un confrère, datée d'Oléron le 14 mars 1800: "Je m'empresse de vous faire part de la position inquiétante dans laquelle je me trouve en ce moment, malgré que je n'aie fait aucune pétition, ni même aucune démarche pour obtenir des certificats de la municipalité de mon canton, à l'effet d'acquérir ma mise en liberté, malgré que dans la crainte que mes paroissiens ne fissent eux-mêmes quelques démarches, pour me les procurer. je leur (?) bien formellement pour les empêcher, leur déclarant que je ne voulais en faire aucun usage. Cette lettre s'est croisée avec ces certificats déjà obtenus, rédigés en due forme et envoyés directement à l'administradon du canton de cette isle, en sorte que l'on m'a annoncé ma mise en liberté, sans la moindre démarche de ma part. Je me rendis d'abord à la municipalité, où j'ai parlé en particulier au commissaire, lui faisant entendre, qu'à la vérité j'avais à l'époque de la publication de la loi du 1 vendémiaire,

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faite en notre canton avec celle du 19 fructidor, cessé de faire publiquement 1es fonctions de mon ministère mais que je les avois constamment remplies à l'égard de tous, seulement avec quelques précautions. Il me répondit, que d'après la déclaration du Ministre, le Gouvernement ne parlait que de la cessation des fonctions absolument publiques. Je lui dis néanmoins que mon intention était de n'en point faire usage. Je fis la même déclaration à la municipalité assemblée, spécifiant les mêmes raisons, et je leur déclarais formelment, que je préférais perdre à jamais ma liberté, la vie même, s'il le fallait que de les racheter par le moindre mensonge. Ils me déclarèrent qu'ils étaient obligés de s'en rapporter aux certificats à eux adressés, que je cessais d'être sous leurs surveillances, que la république me retirait la portion qu'elle accorde aux détenus et qu'un plus long séjour dans l'isle me rendrait suspect, forcerait les autorités à me faire partir et enfin que cette opinâtreté serait aussi très nuisible à mes confrères. Ces derniers me témoignent aussi leur inquiétude à cet égard et me font entendre 4ue, puisque j'ai, quoique malgré moi, ma liberté, il vaut mieux en faire usage pour me rendre utile à ma famille que de rester inutile ici, ne pouvant même y rester longtemps, vu 4ue je manquerai d'abord des moyens de subsistance. C'est d'après ces raisons que je me détermine à me mettre en route. Vous connaissez assurément ce qui cause mes inquiétudes. J'ai connaissance, et vous ne manquez pas de l'avoir vous-même, des déclarations de quelques vicaires-généraux de la Belgique qui condamnent les moyens dont la plupart ont du se servir pour obtenir leur mise en liberté. Malgré que je ne croie point être dans ce cas, je vous expose le mien avec la plus entière confiance, vous priant instamment de me faire par un mot de réponse de votre façon de penser, de vouloir l'adresser à André Bonté de Meixle-Tige, pour me remettre, afin qu'à mon arrivée, si Dieu m'en fait la grâce, je sache à quoi je doix m'en tenir "tuta conscientia". En attendant agréer, ainsi que tous mes confrères, l'assurance de mon respectueux et sincère attachement. Orate pro Leroi".

Certains passages de cette lettre permettent de supposer que les déportés étaient au courant des polémiques qui déchiraient à nouveau le clergé "belge", depuis que les évêques en exil sommaient les assermentés de se rétracter.

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3. La rétractation du serment de haine Dès le printemps 1798. les rapports entre les assermentés et les insermentés se dégradèrent sensiblement, surtout dans le diocèse de Liège, où la constitution d'une hiérarchie parallèle par Mgr de Méan avait encouragé les prêtres réfractaires à la loi du 19 fructidor an V. Certains d'entre eux n'hésitèrent pas dès lors à harceler ouvertement leurs confrères assermentés en vue d'obtenir d'eux une rétractation du serment de haine. Le 2 juillet 1798, le juge de paix du canton de Herve fit étal d'une conversation qu'il avait eue avec le curé assermenté de Thimister. qui s'était plaint amèrement de son confrère Neujean, curé insermenté de Clermont, village voisin : 11 Je suis désespéré, avait-il déclaré au juge. dans ma paroisse tous étoient bien disposés. bien inclinés, nous étions tranquilles, cependant notre calme est troublé". Neujean 11 a osé entreprendre mon vicaire ... Jaeghers... lui a communiqué une lettre du cardinal de Malines qui improuvoit le serment... mon vicaire a eu des moments de crise parce que le curé de Oermont... vouloit qu'il retractat le serment. il a repondu qu'il etoit trop tard : non dit Neujean, il le faut, vous le devez, et vous ne pouviez le prêter. voyez la lettre du cardinal. Cependant, dit Jaeghers, je ne connois aucun qui l'ait rétracté - point du tout, un tel, dit Neujean, ra fait. L'entretien fut très vif11 • Bouleversé. le vicaire s'était tourné vers son curé qui n'avait vu qu'une issue : l'envoyer au vicariat général à Uège d'où il était effectivement revenu 11 fortifié 11 et 11 mieux conseillé 11 •

D'autres assermentés, cependant, finirent par se rétracter et leur démarche fut entourée de la plus large publicité possible par les adversaires du serment. Une brochure reproduisit in extenso la rétractation de Pierre Jérôme Van Entbrouck, récollet de Liège, qui, le 15 mars 1799, "ayant reconnu aux approches de la mort... le piège dans lequel" il s'était "laissé entrainer". d'abord en acceptant le bon accordé aux religieux lors de la suppression des couvents, ensuite en prêtant le serment de haine, "abhorre et abjure 11 celui-ci, en demandant "pardon à Dieu, que j'ai grièvement offensé par cette faute, à rEglise que j'ai affligée et déchirée par une lâche défection, à mon illustre Evêque et Celestîssime Prince, à qui j'ai fait une grande injure en prêtant un serment opposé à ceux qui me lioient à son auguste personne, aux Prêtres et aux Religieux fidèles, dont, bîen loin de suivre l'exemple, j'ai empoi1110nné les motifs, et que j'ai cherché à rendre odieux par mes calomnies, à tous les fidèles que ma prévarication a llC8ndali161; enfin aux impies mêmes qui ont reçu mon serment, et que ma coupable déférence aux volontés de ceux dont ils sont les

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agens, a pu confirmer dans les voies de l'iniquité, où ils se sont engagés pour leur malheur".

Au diocèse de Ruremonde, les assermentés se virent soumis à de fortes pressions de la part de leur évêque, Mgr Van Velde de Melroy, qui résidait à quelques kilomètres seulement des départements réunis à Emmerich, en territoire occupé. Le 7 mai 1798, le prélat adressa une lettre au curé assermenté de Heerlen (Meuse-Inférieure), Dionysius Penncrs. Il y condamnait le serment, enlevait à Penners la juridiction extraordinaire accordée à tous les prêtres du diocèse depuis la fuite du vicaire général Syben, et le sommait de réparer le 11 scandale 11 qu'il avait donné. Décontenancé, le curé de Heerlen se tourna d'abord vers Simon Pierre Ernst. Le 9 juin, Penners écrivit enfin à son évêque : "Je n'ai juré que dans le sens donné par la loi elle-même et plus explicitement par l'administration ; en France, en Belgique et ailleurs, quantité d'ecclésiastiques très-pieux et très-intelligents ont trouvé le serment très-licite ; enfin cette question étant discutée à Rome depuis plusieurs mois et le Saint-Siège n'ayant rien décidé, comme je sais par les rescrits authentiques d'autres évêques, j'ai été fort étonné et presque porté à regarder comme supposée la lettre que Votre Grandeur vient de m'adresser... En attendant donc la décision du Saint-Siège, je crois pouvoir en sûreté de conscience continuer mes fonctions, dans lesquelles l'ancien régime Hollandais me gênait plus 'lue le nouveau".

Le commissaire de Ruremonde (Meuse-Inférieure) rapporta le 20 mai 1798 que le curé de Linne s'était rendu auprès de Mgr Van Velde de Melroy à Emmerich pour rétracter le serment. "L'abjuration" avait été affichée au fond de l'église paroissiale. Le même commissaire affirma que l'évêque de Ruremonde avait ordonné dès 1798 à tous les assermentés sans distinction de se rétracter. Cette assertion est difficile à vérifier, mais rien ne permet de la rejeter. La lettre que Mgr Van Velde de Melroy adressa le 31 juillet 1798 à son clergé était en tout cas sans équivoque : "Nous savons pour certaine, et par le canal de Mr l'internonce de Bruxelles5, dont notre siège ressortit, et par celui de divers Archevêques, que la sacrée Congrégation... a déclaré sous l'approbation du Souverain Pontife que le serment n'étoit pas licite, quoique ... cette déclaration n'ait pu nous être intimée d'une manière authentique dans l'état déplorable où se trouve l'Eglise désolée ... Supposons qu'on n'ait rien décidé à Rome au sujet du serment, pourra+on contester aux Evêques le droit de le déclarer illicite ? Ne sont-ils pas Jes premiers juges

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Hommes de Dieu et Révolution dans les controverses qui s'élevent en matière de Foi ou de moeurs, et les Diocésains ne sont-ils pas obligés de se soumettre à leur jugement? ... D'ailleurs, tandis que le S. Siège gardoit un silence forcé, et qu'il ne se déclaroit prétenduement ni pour ni contre, qui pourra nier que la chose ne fût au moins douteuse ? Or on sait que dans le doute il n'est jamais permis de jurer ... toutes les calamités qui nous ont accablés, viennent précisément de la témérité et de l'arrogance de ceux qui, trop plein d'eux-mêmes, et sans mesure ni modération, ont osé mépriser leurs supérieurs légitimes, et se sont effrontément donnés pour les oracles de l'Eglise".

Pie VI avait effectivement chargé la congrégation de cardinaux préposée aux affaires de France d'examiner les problèmes soulevés par le serment de haine. La congrégation avait jugé celui-ci illicite à l'unanimité. Sur le point de transmettre ce verdict au pape, les cardinaux avaient dû interrompre leurs travaux suite à l'investissement de Rome par les troupes françaises entre le 11 et le 15 février 1798. Néanmoins, le secrétaire de la congrégation, Di Pietro, avait réussi à faire connaitre la décision de la congrégation au pape, avant que celui-ci ne fût enlevé de ses états et conduit à Florence. Selon certains auteursô, Pie VI, en approuvant la condamnation de vive voix, aurait immédiatement ordonné de la publier ; d'autres7 ne font pas état d'un ordre de publication. Dans les départements réunis, le secrétaire du vicaire général d'Anvers sembla un des premiers à être avertis de la décision des cardinaux. Les copies des lettres qui lui étaient parvenues furent répandus dans tous les diocèses "belges". Pendant des mois, la condamnation du serment de haine par le Saint-Siège fut au centre d'âpres polémiques. Au début du mois de mars 1799, le cardinal de Franckenberg reçut un bref de Pie VI, daté du 30 juillet 1798, répondant à un mémoire envoyé en avril 1797. Quelques semaines plus tard, on apprit dans les départements réunis que le pape avait ordonné à Mgr Boni, archevêque de Naziance et 11 vice-gérant 11 de la ville de Rome, d'infirmer une instruction permettant de prêter le serment de haine en l'accompagnant de restrictions exprimées oralement. Enfin, au mois de mai 1799, fut diffusée la Réponse donnée à l'évêque de Grasse par le délégué du Saint-Siège en date du 24 septembre 1798. Ce document stipulait qu'il n'était pas permis de faire le serment de haine et que les assermentés devaient se rétracter, mais confirmait aussi que jusqu'alors aucune censure n'avait été portée contre eux. Le 18 mai, le nonce de Cologne transmit au prince-eveque de Liège la Réponse ainsi que les ordres donnés par le pape à Mgr Boni. Il avait cependant soin d'ajouter que la

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"rétraction solenelle à laquelle ... (les jureurs) seraient tenus dans l'Eglise ne s'aurait avoir lieu dans les circonstances actuelles sans provoquer une nouvelle persécution et la suppression de tout culte public de la vraie religion. Il est évident que cette rétraction solenelle peut et doit même être différée à des temps plus opportuns". Néanmoins, le nonce croit que les assermentés doivent, dès à présent "convenir de bonne foi devant Dieu qu'ils se sont trompés en jugeant licite un serment qui, pris dans son sens naturel, est évidemment mauvais et qui ne pouvait être prêté qu'avec des explications et des restrictions que les législateurs eux-mêmes ont refusé d'admettre 11 •

Dans une lettre datée du 31 mai 1799, le prince-évêque de Méan remerciait le nonce pour l'envoi des 11 pièces 11 qui lui avait permis de "retirer" de son erreur un "chanoine jureur 11 du diocèse de Liège. Il avait chargé le chanoine en question de remettre ces documents également au vicaire général de Rougrave et espérait qu'elles auraient vis-à-vis de ce dernier 11 1e même succès, et qu'elles éteindront le schisme qui s'est manifesté à cet sujet... en ramenant les jureurs vers la saine Doctrine 11 • Fidèle à la ligne de conduite qu'il s'était tracé, l'évêque de Ruremonde, Mgr Van Velde de Melroy, adressa le 25 juin 1799 les modalités de rétractation au vicaire général Syben. Celui-ci fut invité à vérifier d'abord si, chez les assermentés qui se présentaient à lui, la volonté de se rétracter était sincère. Pour les 11 arrogants 11 et les 11 obstinés 11 , il prévoyait six semaines de suspense a divinis ; pour les 11 faibles 11 et les 11 dociles 11 • qui avaient commis leur "faute" plus par "crainte" que par "malice", trois semaines pourraient suffire ; Syben prescrivit également une pénitence matérielle, telle le jeûne ou l'aumône. Le temps de la suspension étant révolu, les assermentés rétracteraient leur serment devant le vicaire général ou devant un prêtre de leur choix ; ils condamneraient par la même occasion les 11 erreurs 11 contenues dans la constitution française et promettraient, sous la foi du serment, obéissance au siège apostolique, à l'évêque et au vicaire général. Comme "leur crime" avait été public, ils donneraient aussi à leur rétractation toute la publicité voulue. En conséquence, ils déposeraient chez le vicaire général l'attestation de la municipalité certifiant leur prestation de serment ; ils placarderaient une attestation identique dans leur église ; ils révoqueraient toute commission donnée à d'autres "jureurs" et s'abstiendraient désormais de fréquenter ces derniers. Finalement, en présence de quelques paroissiens, ils mettraient leur rétractation par écrit et s'engageraient à ne plus accomplir leurs fonctions que devant des fidèles informés de celle-ci.

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Il est vrai, qu'à ce moment, les insermentés avaient le vent en poupe. Le bref de Pie VI au cardinal de Franckenberg avait singulièrement embarrassé les assermentés. Certains le passèrent sous silence, d'autres affirmèrent qu'il concernait non pas le serment de haine, mais le serment prescrit par la Constitution civile du clergé. Ernst tenta, quant à lui, d'en atténuer la portée. Dans deux brochures successives, il fit remarquer que la décision pontificale en question ne pouvait être considérée comme une définition ex cathedra. De plus, il soutint que le pape n'était pas bien renseigné sur le sens que le législateur avait attaché à la formule du serment. Le sens dans lequel il était condamné par le Souverain Pontife n'était ni celui du législateur, ni celui des assermentésR. Agacé, de Méan s'adressa le 5 novembre 1799 une nouvelle fois à son vicaire général : "comme d'après les avis que je reçois, j'ai lieu de croire que les lettres... dans lesquelles je vous faisois connoitre les décisions de l'Eglise relativement à la prestation du serment pour que vous vous y confirmiez, ne vous sont pas parvenues, je profite d'une occasion particulière pour vous en donner connoissance 11 • Le prince-évêque avertit Rougrave que le mémoire que celui-ci avait adressé, conjointement avec sept autres vicaires généraux, en septembre 1798 à Pie VI, était effectivement parvenu à Rome, mais 11 on m'a chargé ... de vous prévenir, Mr le Comte, que les circonstances ne permettant point au St Siège d'y donner une réponse, on me chargeoit de vous communiquer les réponses données par Mgr de Pedro (Di Pietro), délégué du St Siège apostolique, à l'évêque de Grasse pour vous servir de réponse à votre mémoire". A cette lettre, le princeévêque joignit un mandement latin sans indication de lieu et de date qui insistait sur la nécessité d'une rétractation en reprenant le texte de la deuxième réponse à l'évêque de Grasse : 11 Eos, qui tale juramentum emiserunt, ad illud retractandum teneri, simulque ad scandalum reparandum meliori modo quo poterit, pro temporum locorumque opportunitate 11 • A en croire les insermentés, cette missive aurait été remise le ter décembre 1799 à de Rougrave. Dans les semaines qui suivirent des copies du mandement "sans date 11 , comme on l'appella désormais, furent, répandues partout et achevèrent 11 de monter les têtes déjà émues et des modérés hésitants 11 • Au début de l'année 1800, de Méan fit parvenir au clergé de son diocèse des règles précisant le mode de rétractation. Celle-ci devait se faire devant un prêtre insermenté, en présence de deux témoins et d'après la formule suivante : "Au nom du Père et du Fils et du S. Esprit. Je soussigné N. Prêtre de la Paroisse de N. éclairé et touché par la grâce et la miséricorde Divine de la faute grave que j'ai commise en prêtant le serment de haine à la Royauté, d'attachement et de fidélité à la constitution de l'an III, décreté par la loi du 19 fructidor an V, condamné par le Chef Suprême de notre Mère

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la S. Eglise, et pénétré de remords, et du repentir le plus sincère, déclare avec un coeur contrit et humilié, de rétracter, révoquer et annuller en tout et pour tout ledit serment, ainsi que je le révoque et annulle par la présente, d'abjurer et d'abhorrer généralement toutes les erreurs auxquelles il a rapport, et de promettre de saisir toutes les occasions pour chercher à réparer autant que les circonstances le permettront, le scandale que j'ai donné. Heureux ! si pour le réparer complettement, je pouvois rendre ma rétractattion aussi publique qu'il l'a été : mais la crainte bien fondée de donner par là occasion aux ennemis de notre Sainte Religion, de renforcer la persécution contre les Ministres du Seigneur, est la seule cause qui m'en empêche. Toujours fidèlement attaché à la chaire de S. Pierre, le centre de l'unité, j'en professerai la Foi jusqu'au dernier soupir, et je me soumets, sans aucune restriction, à toutes les décisions qui en sont émanées et 4ui en émaneront. Je renouvelle aussi mon inviolable attachement à notre Révérendissime Evêque, avec la promesse d'obéissance que je lui ai jurée à mon ordination, et par une suite de mon sincère dévouement aux vérités révélées et à la doctrine de N.S. J.-C. et de son Eglise, je réitère de même ma profession de Foi en demandant dans toute l'amertume de mon coeur, pardon à Dieu ainsi qu'à tous les Fidèles du scandale que j'ai pû leur causer en prêtant ce serment illicite et réprouvé. Tels sont les vrais sentimens dont je suis pénétré et que je suis dans la ferme résolution de professer avec la grâce de Dieu, jusqu'à la mort. Ainsi m'aide Dieu et ce Saint Evangile. En foi de quoi j'ai signé la présente rétractation".

L'impression produite par ce document fut particulièrement vive.

Le recteur assermenté de Welkenraedt trouva qu'il "respire l'esprit de domination, d'animosité et d'aigreur 11 • Le curé de Herve déplora que la question de la rétractation 11 a beaucoup augmenté le schisme ... surtout par le commentaire mensonger qu'y ajoutent nos adversaires, en disant que l'on ne peut plus aller à la messe des prêtres qui ont fait le serment... jusqu'à ce qu'ils se soient rétractés". Même Ernst fut pris de panique ; le 17 mars 1800, i1 écrivit au seul sénateur 11 belge 11 de l'époque : 11 Quant au serment, les choses vont de mal en pire, si le Gouvernement n'y remédie pas les prêtres assermentés sont perdus 11 • A Eupen, le vicaire Müller, pourtant un assermenté de la première heure, fut tellement "effrayé par le contenu de la lettre épisocopale qu'il voulut cesser ses fonctions ; il alla jusqu'à consulter des prêtres insermentés et il fallut bien tout pour le "ramener de ce délire passager". J. Daris affirme qu'un tiers des assermentés se seraient rétractés suite aux instructions du prince-évêque. Ernst insinua que certaines de ces rétractations furent extorquées à des malades et des moribonds. L'auteur des

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Annales gallo-limbourgeoises, un partisan décidé des insermentés, parla de "quelques uns" qui 11 se rétractèrent, mais en si petit nombre, bien que le temps fut assez opportun par le ralentissement de la persécution, qu'on dut craindre d'en voir plusieurs mépriser ouvertement les censures ecclésiastiques et faire te schisme avec l'église, si le gouvernement continuoit à les y porter". Entre-temps, de Rougrave, ainsi que les v1caues généraux de Tournai, Gand et Bruges, avait envoyé au Saint-Siège un mémoire traitant de la rétractation. Le vicaire général informa de Méan de cette démarche le 8 janvier 1800. Vers le début du mois d'avril parvint à Liège la réponse du prince-évêque : lors de la prestation du serment de haine, on n'avait pu se faire d'illusions sur l'intention du législateur, qui était claire dès 1792 ; de toute façon, comme le pape avait condamné le serment, la discussion était terminée ; il fallait donc se rétracter sans restrictions et suivant la formule imposée. Par la même lettre, de Méan enjoignit au clergé diocésain de ne pas faire la promesse de fidélité qui, depuis le 28 décembre 1799, remplaçait le serment de haine. De Rougrave était atterré : 11j'ai honte et je perds tout courage" s'écria+il. Beaucoup d'assermentés placèrent désormais leurs espérances en la personne du nouveau pape, qui passait pour être ouvert aux idées nouvelles. Mais le premier acte de Pie VII connu en Belgique ne fut guère de nature à les encourager. Dans une lettre datée du 30 avril 1800, le pape qualifia le cardinal de Franckenberg de 11 flambeau 11 qui avait éclairé "ceux qui chancelloient, afin qu'au milieu de tant de périls, chacun pût connoitre quel sentiment on devoit suivr~. et ce qu'il falloit progresser et pratiquer pour ne pas trahir les intérêts de l'Eglise 11 • A Liège, le chanoine Bellefroid constata avec amertume que cette lettre était devenue 11 une arme bien meurtrière dans les mains de la mauvaise foi et de la malveillance 11 • Le 15 mai, Pie Vil publia sa première encyclique. où il louait une nouvelle fois les évêques et prêtres ayant refusé le serment. Le 18 septembre suivant, de Méan notifia le texte de cette encyclique à ses diocésains et déclara par la même occasion ne pas comprendre 11 comment un grand nombre de Prêtres de notre Diocèse qui se sont souillés, à notre très-vive douleur, de la tache d'un serment illicite et inique, refusant d'obéir aux décrets et sentences du Siège Apostolique sur cette affaire 11 •

De Rougrave -qui, dans la nuit du 20 au 21 août, avait faillit mourir-, s'employa désormais auprès du prince-évêque à obtenir une formule de rétractation moins sévère. Plusieurs assermentés du Condroz en firent de même dans une lettre adressée au nonce de Cologne, Della Genga. Ce dernier lui répondit le 2 janvier 180 l ; la nouvelle formule de rétractation, pour être moins longue et moins circonstanciée que celle de

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l'évêque de Liège, ne transigeait cependant pas sur le principe et imposait l'obligation de réparer le 11 scandale 11 • Le 15 janvier, de Méan, en réponse à la supplique de son vicaire général, reprocha à celui-ci le délai qu'il apportait à se soumettre au jugement du pape et aux ordonnances de son évêque. Il lui expédia par le même courrier un double du mandement de carême qu'il avait rédigé personnellement cette année, parce que de Rougrave ne s'était toujours pas rétracté ; 11 je me suis concerté avec Mgr. le Nonce de Cologne sur les adoucissemens, dont la forme de rétractation que j'ai prescrite pouvoit être susceptible, sans déroger aux dispositions de la décision du St. Siège... je vous les ferai connoître plus particulièrement dans ma prochaine 11 • Pour terminer, le prince-évêque exprima l'espoir que le vicaire général réaliserait "enfin" ses "promesses ... par une soumission convenable aux Décrets du Chef de l'Eglise". Cette lettre, d'un caractère confidentiel, fut néanmoins publiée par les insermentés pour 11 dévoiler 11 les "imprudentes impostures" de certains de leurs adversaires : "c'est à ces jurementeurs déhontés à répondre des suites". Le 12 février, de Méan souligna dans une lettre adressée "aux prêtres fidèles" que les assermentés ne pouvaient être dans la bonne foi et que, s'ils persistaient dans l'erreur, leur conscience serait suspecte, et ils présenteraient un danger pour leurs paroissiens. Cette fois-ci, le vicaire général céda. Le 23 février, il ordonna à tous les prêtres du diocèse de Liège qui avaient prêté le serment de venir signer une formule de rétractation pure et simple, copiée sur celle de Della Genga, de la lire en chaire et de l'afficher dans les églises. Mais les assermentés se rebiffèrent. "On voudroit que nous fissions des avances au principal (c'est-à-dire l'évêque) pour empêcher les progrès du schisme, écrit l'examinateur synodal Aubée à Simon Pierre Ernst, mais comment sauver l'honneur et la vérité, c'est à celui qui a sali le linge de le blanchir". Aubée affirma, par ailleurs, que Di Pietro avait renouvelé le 12 octobre 1800 les pouvoirs extraordinaires demandés par de Rougrave qui ne pouvait toutefois en faire usage sans l'autorisation de l'évêque. Ernst, dans une nouvelle brochure, s'en prit violemment au nonce de Cologne, Della Genga, auquel il reprocha d'avoir anticipé sur la décision encore à prendre par Pie VU9. Plusieurs assermentés de Liège publièrent une déclaration par laquelle ils refusèrent de souscrire à la formule de rétractation du nonce sous prétexte qu'ils n'avaient pas prêté le serment dans le sens où il avait été condamné par le pape Pie VI. Le secrétaire du nonce adressa le 30 mars 1801 une lettre aux 11 bons 11 prêtres du diocèse de Liège où il fit état de la "profonde affliction" de Della Genga devant l'opposition des assermentés ; il annonça par ailleurs "que le Nonce se voyait dans l'impérieuse nécessité d'en écrire avec force au S. Père".

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A son tour l'archevêque de Trêves. Clément Wenceslas de Saxe. transmit, le 24 avril 1801. l'ordre au vicariat général d'avertir "discrètement* les assermentés de se rétracter devant deux ou trois prêtres insermentés. La rétractation devrait être consignée par écrit et envoyée au vicariat général. Les fidèles devraient être informés des décisions du SaintSiège en la matière. Dans leur réponse, les administrateurs du vicariat général exposèrent une fois de plus les motifs qui les avaient amenés à approuver le serment de haine. Quant à sa rétractation, ils remontrèrent à l'archevêque que celle-ci entrainerait fatalement la déportation des prêtres qui la feraient, dans la mesure où la loi du 19 fructidor an V était encore en vigueur. Par ailleurs, une rétractation secrète semblait impossible, car les insermentés voulaient à tout prix humilier les assermentés en rendant cet acte public. Cette lettre semble avoir convaincu l'archevêque, qui ne revint plus sur la question, restant ainsi fidèle à la ligne de conduite modérée qu'il avait adoptée dès le début du conflit. Entre-temps, à Paris, le chanoine liégeois Bellefroid. qui fit partie d'une délégation d'assermentés 11 belges 11 , s'efforça de raffermir la position quelque peu ébranlée de son parti auprès des délégués du Saint-Siège qui, depuis le 5 novembre 1800, négociaient dans la capitale française. Le 18 juillet 1801, trois jours après la signature du Concordat, Pie Vil chargea le nonce de Cologne, Della Genga, de mettre fin au scandale et au schisme provoqués en Belgique par la controverse entre les prêtres assermentés et insermentés. Il admit que les premiers avaient pu faire le serment par une erreur d'entendement, trompés par une certaine apparence de charité, et souligna que son précédciseur n'avait jamais porté aucune censure ni peine ecclésiastique contre eux. Si Pie Vil loua la fermeté des insermentés, qui avaient préféré tout souffrir plutôt que d'aller à l'encontre de leur conscience, il blâma cependant leur âpreté à l'égard de leurs adversaires. Toutes les publications sur la question, de quelque nature qu'elles fussent, furent interdites. 11 11 vous appartiendra, écrivit le pape à Della Genga, d'employer tous vos soins à ce que les jureurs des diocèses belges et de Liège acceptent le jugement du Siège Apostolique dès qu'ils en auront connaissance, qu'ils réduisent leur esprit à l'obéissance et qu'ils signent une formule de soumission et de rétractation". Un exemplaire de ce bref devait être transmis aux évêques 11 belges 11 en exil et aux vicaires capitulaires des sièges vacants. Mais, déjà le 25 août, un bref rédigé en des termes semblables demandait au cardinal Caprara. désigné la veille en qualité de légat à Paris, de trouver une solution à la question du serment en Belgique. Tenu secret. ce document retira en fait à Della Genga toute faculté d'intervention en la matière.

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Les grandes lignes de ce bref furent reprises dans le décret que Caprara promulgua le 2 décembre pour la Belgique. Le principe de la rétractation y était retenu, mais de façon édulcorée. Ainsi, on exigeait des assermentés "que, préférant avec le respect dû, les Jugemens du Siège Apostolique à leur opinion, ils souscrivent une formule, par laquelle ils fassent profession de soumission personnelle aux Jugemens du Saint-Siège, et particulièrement à ceux par lesquels le susdit Serment de haine à la Royauté a été condamné, laquelle formule signée de la main de chaque assermenté, devra être gardée par les Ordinaires des lieux, pour être envoyée au Siège Apostolique, dès que la demande en sera faite".

Dès le 17 décembre 1801, les vicaires generaux de Tournai proposèrent à leur clergé une formule que le vicaire général insermenté de Liège, Jean Bernard de Saive, résuma ainsi : "Je condamne avec Pie V1 le serment pris dans sa signification littérale du texte, mais je l'ai fait dans un autre sens. Donc la condamnation du serment par le siège apostolique ne tombe pas sur son serment et ne l'atteint nullement et les évêques ont eu tort de s'élever contre nous 11 IO.

A Cologne, le vicaires général Jean Werner Marx, administrateur apostolique depuis la mort de l'archevêque, publia à son tour, après avoir consulté Caprara, la déclaration interprétative du vicariat de Tournai comme formule à signer par les assermentés. Ernst, que le décret du 2 décembre n'avait pas satisfait et qui s'était plaint du silence des instances gouvernementales à ce propos, semble avoir obtempéré sans hésitation aux ordres de Marx, heureux sans doute d'un dénouement qui évitait aux assermentés une rétractation pure et simple, jugée par eux humiliante et outrancière. La situation à Liège fut décrite le 3 t janvier 1802 par Jean Bernard de Saive : "Les jureurs de notre diocèse font à l'envi leur prétendu soumission et signent la fameuse formule de Tournai ; les alentours du grand-vicaire l'ont signé chés lui, les chanoines la signent chés leurs doiens, les curés chés leurs doiens ruraux, les vicair.es et autres prêtres chés leurs curés, et je suppose que quand le grand vicaire aura recueilli la signature de tous les

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Hommes de Dieu et Révolution jureurs, il enverra leurs noms à la légation. Les braves fidèles sont scandalisés de tout ce manège".

Mandaté par le prince-évêque, de Saive se trouvait depuis le début de la nouvelle année à Paris, où il essaya d'obtenir conjointement avec le délégué des insermentés de !'archidiocèse de Malines, Deviliers, des directives claires et nettes au sujet de la rétractation. Il avait été très bien reçu par Caprara qui lui avait "déclaré nettement que la formule (de Tournai) jointe à ses lettres ne tenoit ni de Rome ni de lui 11 • Mgr Mazio, théologien et juriste de la légation, convaincu du bien-fondé des griefs avancés par les insermentés, lui promit d'envoyer un nouveau mémoire sur la question du Saint-Siège. De Savie eut également l'occasion de s'aboucher à plusieurs reprises avec le chanoine Bellefroid, délégué des assermentés liégeois, qui fit preuve de beaucoup de modération et se montra même disposé à la rétractation. Tactique, double jeu, doutes ? La réponse, faute d'éléments complémentaires, n'est pas aisée. De toute façon, de Saive comprit vite. Résumant les résultats de sa m1ss1on, il constata le 12 février qu'il 11 est inutile d'attendre que le légat prescrive une formule ; il s'en tient à sa lettre officielle qui contient le bref de Pie VII. Nous n'avons rien à attendre de nouveau que de Rome, et quand en recevrons nous quelque chose ? 11 • Aussi préconisait-il la publication du bref par les évêques qui, à son avis, étaient 11 très libres ... de ne pas admettre cette formule de Tournai et de la regarder comme non-avenue". Le 17 février, Caprara décida, en effet, de confier la rédaction de la formule de rétractation aux seuls évêques. Au demeurant, le décret du 2 décembre 1801 mit du temps à atteindre ceux-ci. Les trois exemplaires que Mgr Mazio expédia dès le 3 décembre à Emmerich, où résidait l'évêque de Ruremonde, n'arrivèrent que le 24 février 1802. Après que de Savie eût attiré l'attention de la légation sur ces lenteurs de transmission, des doubles furent envoyés au cardinal de Franckenberg, retiré à Borcken. Vers le 22 janvier, ils arrivèrent à destination. L'évêque de Ruremonde publia, le 20 mars 1802, un ultime mandement sur la rétractation, rédigé, à en croire Mgr de Méan, princeévêque de Liège, 11 avec toute la modération et la charité possible d'un côté et de l'autre avec cette franchise et cette énergie qu'exigeoit la dignité de la cause qu'on soutient". De Méan lui-même reçut notification du décret du 2 décembre 1801 avec, en post-scriptum, l'ordre de se contenter de la formule de Tournai. Dans le mandement qu'il adressa le 23 mars "au Clergé et aux Peuple de son Diocèse", il passa outre cette injonction confidentielle et appela 11 une formule et prétendue soumission ... celle que nous avons appris avec douleur avoir été souscrite par quelques uns". S'en tenant au bref de

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Pie Vil, il prescrivit la formule suivante : "Moi, dans la cause du Serment de haine à la Royauté, préférant, avec le respect dû, les Jugemens du Siège Apostolique à mon opinion, je fais profession de soumission personnelle aux Jugemens du St Siège, et particulièrement à ceux par lesquels le susdit Serment a été condamné 11 • De Méan, chez qui J. Plumet décèle en l'occurence "un mécontentement manifeste, mêlé ... d'une pointe de rébellion", lança un vibrant appel aux assermentés : "Nous vous conjurons ... de souscrire enfin, en vertu de l'obéissance· que vous nous avez promise à votre ordination, cette formule, et de l'envoyer ainsi souscrite au Doyen rural non-jureur ... Puisque la clémence du St Père emploie tous les moyens de douceur ... nous avons la confiance que vous tous ... donnerez avec promptitude ... gaité et sincérité de coeur, cette marque de votre soumission ... Et pour recouvrer la confiance des Fidèles si nécessaire à votre ministère, faites ... une sincère pénitence : allez vous présenter ... à un prudent médecin qui n'ait jamais été atteint de la contagion du serment... Si nous avons insinué qu'il ne falloit pas communiquer avec vous dans les choses spirituelles, ce n'est pas que nous vous ayons regardés comme schismatiques, hérétiques et excommuniés ... mais c'est à cause du danger de séduction, parce que vous enseigniez par vos discours ou votre exemple que le serment etoit licite ... et qu'ainsi vous entraîniez des disciples après vous. Au reste, pour que toute dispute ... cesse, nous défendons strictement à qui que ce soit d'oser mettre à jour, soit sur l'un, soit sur l'autre sentiment aucun écrit ; nous exhortons même ... tous les Fidèles, soit ecclésiastiques, soit séculiers, de s'abstenir de parler de cette manière. Nous vous conjurons donc ... d'avoir une conduite digne de votre vocation ... et de travailler ainsi d'un commun accord à réparer l'atteinte désastreuse portée à la Religion".

J. Daris prétend que "tous les jureurs" du diocèse de Liège, "à peu d'exceptions près, firent la rétractation demandée dans les mois d'avril et de mai 1802 11 • Mais, selon C. de Clercqll, 11 ce n'est pas historiquement prouvé 11 • L'autre vicaire général insermenté de Liège désigné par Mgr de Méan, Albert Lejeune, signala le 7 mai 1802 que son confrère Jean Bernard de Saive "a reçu 52 déclarations prescrites en dernier lieu et signées par des jureurs de notre diocèse, mais pas une d'aucun curé de la ville de Liège, ni d'aucun jureur marquant". Aucune liste n'étant conservée dans les archives ecclésiastiques et civiles, on est réduit à des suppositions. Le gouvernement consulaire contribua au dénouement du conflit, en avertissant, au début du mois de juin 1802, les préfets de veiller 11 à ce

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qu'aucun des partis qui ont divisé l'Eglise n'exige aucune espèce de rétractation 11 • On ne pourrait "demander aux prêtres ni serment, ni formule autres que la déclaration qu'ils adhèrent au Concordat et qu'ils sont dans la communion des évêques nommés par le Premier Consul". 4. Les cultes Un témoignage éloquent sur la situation religieuse de l'EntreMeuse-Rhin-et-Moselle sous le gouvernement consulaire est apporté par Théodore Henri Welter, curé d'Ethe (Forêts). Le 8 septembre 1800, il écrivit : "Voici depuis mon retour l'état actuel et véridique du clergé dans nos décanats. Les jureurs, même ceux de la Constitution de l'an VIII, y sont toujours en abomination dans l'esprit du peuple. Ils éprouvent journellement de la 1>art des moribonds les plus grandes humiliations. Je vous le proteste sincèrement, Monseigneur, que les prêtres non-assermentés n'ont aucunement influencé dans la détermination générale de cet esprit populaire ; le peuple y est naturellement porté par la haine excessive qu'il porte contre les nouveautés révolutionnaires. Parmi le clergé non-jureur, plusieurs n'ont point accepté de lettres de mise en liberté. D'autres, qui en avaient obtenu, soit par scrupule ou délicatesse de conscience, les ont brûlées par devant témoins en protestant contre, en présence de dix personnes ; ces derniers se tiennent cachés, comme paravant, et ne font rien du tout qu'en cachette, ils célèbrent et fonctionnent dans le plus grand secret... Je n'ai point cru devoir brûler mes lettres de liberté, mais jamais je n'en ai voulu faire usage, je me suis expliqué catégoriquement à cet égard et avec mes paroissiens et avec mes confrères, et aujourd'hui ma maison, qui n'est point le presbytère, mais une pro1>riété de famille, nous tient lieu d'église. Aux jours d'obligation, cinq à six cents personnes assistent au service divin, tandis que la gendarmerie passe sur la porte de ma cour. Je ne fais point de mystère, même aux autorités, de l'exercice de mes fonctions et jusqu'à présent personne ne s'y est opposé. La conduite de la majorité de nos confrères est exactement la même. Nous remettrons tout notre sort entre les mains de la divine providence. Nous tâcherons d'avoir entre nous l'unité de principes et l'uniformité de conduite. Nous profitons de ces moments de calme pour travaîller à la vigne du Seigneur. Reste à savoir s'ils seront de longue durée ; il n'est point de sagesse humaine, qui puisse nous donner des lumières

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certaines sur l'avenir : 0 Non est nostrum nosce tempora, quae Pater posuit in sua potestate" ... Beaucoup d'ouvrages de nos confrères, prêts à être mis sous presse au premier moment de sécurité, prouveront que dans ces contrées on n'enfouit pas les talents reçus d'en haut et qu'on n'est point dans l'habitude de les noyer ni dans tes gobelets, ni dans les flacons. Je serai cependant d'avis, que la plupart de ces apologies restassent manuscrites plutôt que de paraître au grand jour. Une fois la tempête passée, il n'est pas toujours à propos d'en rappeler tous les détails. Le souvenir en gros doit suffire".

Ce bilan serein de plusieurs années de persécution religieuse, dressée par un prêtre insermenté, fait apparaître les divisions profondes que la controverse autour du serment de haine a engendrées dans les départements réunis. Elle a par ailleurs modifié profondément la vie des paroisses et le comportement des fidèles. La fermeture temporaire ou définitive des églises desservies par des prêtres insermentés, le culte "assermenté" confiné à l'intérieur des sanctuaires ont engendré des pratiques religieuses nouvelles, qui vont du culte laïcat aux offices clandestins en passant par les messes sèches. Mais, il ne faut pas oublier non plus les nouvelles formes d'expression cultuelle créées par la République, principalement la célébration du décadi et la théophilanthropie.

Il ne peut être question, ici, de décrire ce qu'a été la vie religieuse dans !'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle sous le Directoire 12. Toutefois, il importe d'esquisser la réaction des deux clergés et des autorités civiles face aux mutations imposées par le législateur. A cet effet, à côté de la documentation déjà citée, un certain nombre de registres paroissiaux, dont une petite partie seulement contient des inscriptions, le plus souvent en latin, font état de la législation religieuse du Directoire. Le curé insermenté de Clermont (Ourthe), par exemple, célébra, le 12 novembre 1797, son dernier mariage à l'église. Jusqu'en 1801, il administra ce sacrement dans la sacristie, dans la maison du marguillier, au presbytère, mais le plus souvent dans une maison privée. Le 22 avril 1801, le curé mentionnait pour la première fois l'usage d'un autel portatif. En ce qui concerne les décès, il signalait souvent l'administration des sacrements au mourant et l'inhumation du corps au cimetière paroissial. Dans le registre de la paroisse de Deigné (Ourthe), une main anonyme a noté que les enfants ont été baptisés par différents prêtres, vu que les fidèles n'ont pas tous voulu recourir aux services d'ecclésiastiques 11 qui juramentum a

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republica gallia mandatum praestiterunt 11 • Les insermentés exercèrent le "saint ministère", baptisant et administrant les sacrements de nuit 11 in speluncis et cavernis". A Dolembreux (Ourthe), le 24 septembre 1797, un baptême fut administré par la 11 sage femme... parce que dans les circonstances ou l'ont était alors qu'on craignait de ne pouvoir trouver un prêtre 11 ; deux jours plus tard cependant, l'enfant fut porté à l'église où le chapelain a 11 ajouté les cérémonies 11 • Le curé d'Eynatten (Ourthe) baptisa dès le 12 octobre 1797 11 sine ceremoniis 11 , celles-ci devant être célébrées 11 en temps opportun" ; dans cinq cas, entre le 28 octobre et le 21 novembre, il mentionnait explicitement l'absence du parrain et de la marraine, autre conséquence de la hâte avec laquelle le sacrement avait dû être administré ; les défunts étaient inhumés "in coemeterio nostro 11 • A Walhorn (Ourthe), le curé administrait lui aussi les sacrements en secret ; ayant été arrêté, son vicaire, insermenté comme lui, prit la relève. Si les renseignements concernant les baptêmes, mariages et décès sont assez précis et concordants, il n'en va pas de même des messes célébrées en cachette par les réfractaires. Les rares données qu'on possède font apparaître une évolution. Dans les mois qui suivirent la proclamation de la loi du 19 fructidor an V, la plupart des prêtres insermentés semble avoir renoncé à dire la messe non seulement en public, mais aussi en privé devant un groupe restreint de fidèles, dont certains ne furent d'ailleurs pas contents de cette attitude. A Visé (Ourthe), les vitres du presbytère furent 11 fracassées 11 parce que le curé insermenté avait refusé les clefs de la sacristie à un religieux assermenté sollicité par un particulier "pour. .. dire la messe". D'après le commissaire, 11 les principaux habitants 11 du canton de Bütgenbach (Ourthe) se rendirent compte que les réfractaires les avaient 11 trompés 11 ; on disait "assez ouvertement que si la République, au lieu de supprimer les dîmes, les avait doublées, aucun n'aurait refusé Je serment". Dans plusieurs localités, on signalait que les fidèles s'assemblaient pour réciter le chapelet, pour "chanter des cantiques 11 voire "l'office de la messe". Le commissaire du canton de Mechelen (Meuse-Inférieure) constata d'ailleurs en août 1798, que, la "loi ne s'expliquant pas assez sur ces sortes de rassemblements, la gendarmerie même ne sait quoi faire que de (les) dissiper de tems en tems11 • Dans beaucoup d'endroits, on opposa une résistance tenace à la mise sous séquestre des églises non desservies ou desservies par des insermentés. Comme le prouve le comportement des habitants de Steinsel (Forêts), toutes les astuces furent bonnes pour les récupérer. Le 16 décembre, ils choisirent un simple particulier, Mathias Massaret, 60 ans, pour remplacer le curé insermenté. Devant les notables de la paroisse, Massart déclara avoir prêté le serment de haine et s'engagea à être le ministre du culte "de l'union et de la fraternité 11 • Comme dogmes de ce culte, il énuméra la connaissance et l'adoration de l'Etre suprême, l'immortalité de l'âme, la récompense éternelle des justes et la punition des

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méchants. Comme pratique du culte, il expliqua : les prières et les cantiques en l'honneur de l'Etre suprême se diront et se chanteront en commun, entonnés par le ministre du culte, le ministre du culte ne pourra ni lire ni expliquer que des choses justes et consolantes pour l'humanité, le ministre du culte veillera attentivement à ce que l'union et la fraternité ne soient jamais troublées ni par des discours, ni par des signes ou écrits qui seraient contraires à l'ordre social et public. La municipalité de Mersch, avertie de cette démarche, craignit -non sans raisons- qu'elle ne fût qu'un subterfuge pour éviter la mise sous séquestre de l'église de Steinsel. On usa dans une mesure moindre de la faculté accordée par le Directoire de récupérer les sanctuaires, à condition d'avoir élu un ministre assermenté et de pourvoir aux frais du culte. La propagande menée très tôt déjà par certains insermentés pour jeter le discrédit sur les "offices de ceux qui ont fait le serment 11 fut en grande partie responsable de cette abstention. Le conflit à propos de l'église et du presbytère de Beaufort (Forêts), mis à la disposition d'un prêtre assermenté rétribué par la commune -salaire annuel : dix francs ... - est caractéristique. Le 23 juin 1798, les partisans du desservant assermenté s'adressèrent à la municipalité d'Echternach : "Les exposants, ainsi que le ministre choisi par eux, se trouvent continuellement exposés aux calomnies, vexations, menaces et déjà même aux voies de fait cruelles de ces réfractaires fanatisés. Oui, sous le voile de la religion, ces ignorants, ces fanatiques, ces anti-républicains persécutent ceux qui ont juré l'attachement à la Constitution de l'an III et fidélité à la République et pourtant ceux-ci sont restés attachés à l'ancien culte. Dans cette commune les vrais catholiques sont les vrais républicains ... qui déjà harcelés par les fanatiques ne pourraient plus se réjouir de la liberté de leur culte devraient encore essuyer leurs sophismes au contraire".

Les plaintes concernant la perturbation des offices

assermentés 11 par les adversaires du serment furent nombreuses. Dès le 7 octobre 1797 l'administration centrale de la Meuse-Inférieure dut inviter les municipalités, les commissaires, les juges de paix, les officiers et sous-officiers de gendarmerie d' "entourer de la garantie nationale" les prêtres assermentés, "qui exposent leur sûreté et leur tranquillité" pour "conserver celle du peuple". En dépit de cette protection, les incidents furent fréquents. A Tongres (Meuse-Inférieure), l'instituteur Guffens, obligé d'assister à l'office d'un assermenté, tourna le dos à l'autel pendant la consécration. A Weert (Meuse-Inférieure), l'organiste refusa ses services aux assermentés qui préférèrent dès lors "vivre en citoyens paisibles jusqu'à ce que les habitans viendraient demander leur ministère". 11

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Toutefois, le refus du culte 11 assermenté 11 ne fut pas unanime. Là où. 11 désireux de vivre et de mourir dans la religion de nos pères", les fidèles décidèrent de profiter des dispositions permettant de récupérer une église séquestrée, ils insistèrent fréquement sur 11 1'opiniatreté d'un prêtre fanatique 11 qui les en a privés. Par endroit, ils allèrent jusqu'à déposer solennellement le curé réfractaire pour élire à sa place, 11 selon le droit naturel et celui que la république accorde 11 , un prêtre assermenté. Cet état des choses ne laissa pas le clergé insermenté sans réaction. Comme la loi sur le serment de haine n'était pas en vigueur dans les territoires conquis sur la rive gauche du Rhin, les insermentés des cantons voisins de cette région n'hésitèrent pas à y conduire les fidèles pour la célébration de la messe. Ils y officièrent eux-mêmes 11 en plein air 11 ou eurent recours aux services de prêtres résidant dans les régions conquises. Pour le commissaire départemental de la Meuse-Inférieure, Girard. la rive gauche du Rhin était 11 le refuge où tous nos insermentés vont en sûreté faire toutes leurs cérémonies". Le commissaire du canton de Niederkrüchten (MeuseInférieure) abondait dans le même sens : "le département de la Roer, écrivait-il, est le point de ralliement des insermentés qui fuient le canton, y rôdent de commune en commune pour passer aux yeux du peuple comme des martyrs de la religion 11 • Au pays d'Eupen (Ourthe), les rapports officiels dénoncèrent à maintes reprises l'activité des religieux d'Aix-la-Chapelle (Roer) qui passaient la frontière départementale et célébraient messes et vêpres 11 avec le même appareille que ci-devant" au 11 sus et vu 11 des agents. Le plus audacieux semble avoir été le récollet Josaphat Kohl qui auparavant avait servi dans l'armée autrichienne -d'où son surnom de "père hussard 11 et dont on rencontre le nom à plusieurs reprises dans les registres paroissiaux. A la demande des autorités de l'Ourthe et de la Meuse-Inférieure, les fonctionnaires des départements rhénans tentèrent de contrôler et de juguler ces incursions, mais, en l'absence d'une législation ad hoc, leurs efforts furent souvent vains. Le 7 mai 1798, le commissaire près l'administration centrale du département de la Roer exhorta son collègue près la municipalité d'Aix-la-Chapelle de 11 redoubler d'effort et de vigilance pour surprendre en flagrant délit" les "hordes de moines et de prêtres qui inondent 11 la "commune au grand scandale de tous les républicains 11 ; ces 11 apôtres zélés de la superstition 11 parcouraient des localités de l'Ourthe, où ils 11 persécutent les prêtres assermentés et pervertissent entièrement l'opinion publique". Le père Amabilis Bilenburger, gardien du couvent des récollets de Blieskastel (Sarre), fut condamné à la déportation par arrêté spécial du Directoire en date du 23 septembre 1798 ; il s'était traversi plusieurs fois en soldat et en paysan, "pour s'introduire dans les Départemens de l'intérieur de la République, et... il a abusé du ministère de son culte pour provoquer des rassemblemens illégaux 11 • Ce genre de

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sanctions fut cependant exceptionnel et le problème resta posé longtemps encore. Le préfet de la Roer se vit à son tour obligé de prendre, le 17 mai 1801, un arrêté annulant les 11 passeports accordés jusqu'à ce jour par les Maires ou Adjoints 11 à des prêtres de son département pour se rendre dans l'Ourthe ou la Meuse-Inférieure : les nouveaux passeports ne purent être délivrés que dans la mesure où les prêtres de la Roer "justifieront des affaires d'intérêt qui les ... appellent 11 dans les deux départements voisins. Le rôle déterminant de la ligne de démarcation, qui, dans l'EntreMeuse-Rhin-et-Moselle, séparait départements annexés, pleinement soumis à la législation républicaine, et territoires conquis, jouissant encore d'un statut particulier, est encore éclairé par le cas récollet Noethlichs, arrêté au canton de Schleiden (Ourthe) lors de la vague d'arrestation du 24 janvier 1799. La municipalité attesta qu'il était originaire du 11 duché de Juliers 11 et qu'il vivait à Olef, canton de Gemünd, département de la Roer ; il n'aurait plus mis les pieds à Schleiden depuis deux ans. Dès lors, le commissaire près le tribunal correctionnel de Malmédy (Ourthe) hésita ; selon lui, vu que les lois sur les ordres religieux n'étaient pas publiées dans les quatre départements "conquis", Noethlichs devait être reconduit à Olef ; néanmoins, le 3 février, il s'en remit à l'avis du commissaire départemental qui apparemment n'y vit pas plus clair car, le 27 février, il n'avait toujours pas pris de décision ... Ces hésitations ne doivent pas être imputées aux seuls problèmes d'interprétation de la législation à appliquer. Les fonctionnaires républicains considéraient les prêtres rhénans comme des adversaires d'autant plus dangereux que leur statut politique les soustrayait pratiquement à toute sanction grave. Aussi une fois qu'ils parvenaient à en arrêter un, ils ne voulaient pas le relâcher trop vite ... Entre les insermentés 11 remuants 11 de l'Ourthe et ceux de leurs confrères rhénans qui les soutenaient l'unité de vue et d'action était grande, notamment en ce qui concerne le serment et les assermentés. Voici quelques exemples: En novembre 1797 parut à Aix-la-Chapelle (Roer) chez l'imprimeur Müller une brochure intitulée Courtes observations sur le nouveau serment exigé du clergé dans les pays réunis. La fille de l'imprimeur avoua le 19 novembre que cette "pièce lui a été remise pour impression par Dupont, 11 ex-moine 11 de Malmédy, originaire d'Aix-la-Chapelle et Hunger, récollet de la même ville. Par arrêté du Directoire du 5 janvier 1798, les deux religieux furent condamnés à la déportation. Le commissaire du canton de Walhorn s'insurgea, le 13 décembre 1797, contre les "moines d'Aix" qui jetaient "l'allarme dans l'ame des paisibles habittans des campagnes, en leur faisant à croire que ceux qui vont aux offices des prêtres assermentés sont damnés, ainsi que ces mêmes ministres du culte qui ont pretté le serment 11 • Les prêtres du pays de Montjoie et de la région de Trêves, sollicités par les

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fidèles de plusieurs cantons de l'Ourthe, refusèrent l'absolution à ceux qui avaient assisté aux messes célébrées par les assermentés. En règle générale, les insermentés se rendirent très vite compte que le culte "assermenté 11 pouvait constituer une menace pour eux. Vu le grand nombre de prêtres qui, dans certaines régions, avait satisfait à la loi, les fidèles désireux de suivre la messe et de recevoir les sacrements. bénéficiaient d'un large éventail de possibilités. Le risque était grand de les détourner du clergé réfractaire dont les possibilités, surtout après l'arrêté de déportation générale. étaient fort restreintes. Dès lors, l'arme utilisée le plus fréquemment par eux fut l'avilissement des 11jureurs 11 et de leurs offices. En pays fortement réfractaire, les résultats de ce combat furent assez vite probants : les rares assermentés célébrèrent la messe devant une assistance clairsemée, alors que le culte 11 insermenté 11 clandestin prospérait, comme à Luxembourg (Forêts) par exemple, où les gendarmes débusquèrent, le 29 janvier 1798, vers deux heures de l'après-midi, environ 200 personnes rassemblées "dans une chapelle souterraine, située sur la chaussée de Thionville, près du ruisseau Petrus, où elles étaient venues à prier". Ou encore à Eynatten (Ourthe), où deux gendarmes d'Eupen, 11 informés par la clameur publique", trouvèrent le 18 octobre 1799 "dans deux chambres de la maison curiale, une table en forme d'autel... quelques cierges allumés et un rassemblement d'environ cent personnes". Ailleurs, là où le rapport de force entre assermentés et insermentés était plus équilibré ou même favorable aux premiers, la campagne de dénigrement émanant du parti réfractaire tarda à faire effets, si effets il y eut. Ici, le véritable engouement des fidèles pour les cérémonies du culte l'emporta le plus souvenfsur la peur d'une hypothétique "damnation". le 17 décembre 1798, quelques semaines après l'écrasement de la "révolte des conscrits", la municipalité de Hersch (Forêts), n'hésita d'ailleurs pas à affirmer dans une lettre à l'administration centrale que la "mauvaise disposition de nos administrés envers le Gouvernement provient en grande partie de ce qu'ils voient leur culte interrompu : le peuple est irrévocablement attaché à son culte. De là, la source des malheureuses insurrections qui ont éclaté en ce département. De là, les divisions inteslines qui règnent entre les familles et qui ne peuvent tourner qu'au détriment de la chose publique".

Le débat autour de la rétractation du serment de haine raviva vers la fin de l'année 1799 ces "divisions intestines". D'après le curé assermenté de Herve (Ourthe). "le nombre de schismatiques s'est accru considérablement, au point que leur absence a pu être remarquée dans les églises 11 • De plus, la politique religieuse du Consulat, qui atténua progressivement les

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mesures prises par le Directoire, encouragea les réfractaires. Du coup, les messes clandestines se multiplièrent. Un rapport de gendarmerie du 26 janvier 1801 fit état de six prêtres de Herve et des environs qui disaient la messe chez des particuliers, la messe du curé n'étant plus suivie que par environ vingt-cinq personnes. A Eupen (Ourthe), un médecin organisa, dès le mois de mars 1800, la résistance contre le clergé paroissial assermenté. Il colporta "partout la lettre de l'évêque" et fit célébrer la messe par un prêtre insermenté, dans sa maison. Même après le Concordat, la situation resta embrouillée pendant un certain temps encore et plusieurs réfractaires trop téméraires apprirent à leurs dépens que l'indulgence du gouvernement avait des limites. Albert Lejeune, vicaire général insermenté du diocèse de Liège, écrivit le 7 mai 1802 au secrétaire de l'évêque de Ruremonde que deux prêtres "fidèles" avaient été "saisis et incarcérés" pendant la quinzaine de Pâques. Un de ces prêtres était vraisemblablement le vicaire de Kettenis (Ourthe), Martin Labarbe, qui avait exercé le culte clandestinement à Eupen. Les "circonstances actuelles", constatait le sous-préfet, ne permettaient pas l'exécution de l'arrêté de déportation porté contre lui, mais, avant de recouvrir sa liberté, le vicaire devrait promettre par écrit "qu'il se soumettrait à la décision du chef de l'Eglise, aux lois de la république et qu'il n'exercerait pas de fonctions sacerdotales avant d'avoir fait le serment prescrit par le Concordat". Dans certaines paroisses, l'accord entre le SaintSiège et le gouvernement consulaire mit fin à la controverse ; le maire de Thimister (Ourthe) avertit le préfet que les prêtres de sa paroisse "se sont réunis, se sont embrassés et pardonnés et notre vénérable pasteur, après les avoir reçus à l'église, les a rassemblés et traités chez lui avec le même témoignage d'estime qu'avant leur division". Il ressortait d'une lettre du recteur de Welkenraedt (Ourthe) à Simon Pierre Ernst que cette réconciliation ne fut pas toujours franche ; le 23 septembre 1802, il se réjouit de ce que les partisans des insermentés "retournent en foule à nos églises", mais, ils "débitent" que les assermentés "ont fait ce qu'ils ont dû faire, c'est-à-dire, rétracté ; qu'en conséquence nos messes sont bonnes comme les leurs" ; et de conclure : "Je suis décidé / : ainsi que le curé d'Eupen à ce qu'on m'assure : I à désavouer publiquement cette dernière imposture". Cet agacement devenait compréhensible, si l'on songeait aux nombreuses difficultés que les assermentés avaient dû surmonter pour maintenir l'exercice public du culte. Soumis à la loi, ils exerçaient leur ministère dans le cadre étroit, tracé par la législation républicaine, et dès qu'ils le transgressaient tant soit peu, les fonctionnaires regimbaient : "J'apprends, écrivait le commissaire d'Eupen le 22 juillet 1798 au curé ~rmenté de l'endroit, que plusieurs ministres ... qui sont sous votre discipline spirituelle s'avisent de porter encore

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leurs calottes et petits collets... Ont-ils peur de ne pas être connus pour ce qu'ils sont ? ... J'ai donné les ordres à la gendarmerie de les arrêter ... J'aime à croire ... que vous deffendrez à l'avenir des pareilles masquerades qui ne sont plus de raison".

Son collègue de Liège ordonna aux commissaires de police. dès le 8 novembre 1797, de veiller à ce que les 11 particuliers 11 ne puissent être appelés par "proclamation ou invitation publique" aux cérémonies religieuses, car, déjà, certains prêtres 11 se permettraient de faire agiter la sonnette à la porte de leur église". Mais les habitudes avaient la vie dure : à Malmédy, les autorités ne parvinrent pas à empêcher les prêtres assermentés de se rendre à l'église 11 affleublé d'un manteau noir 11 , d'aller "de porte en porte pour prier aux messes d'années et d'enterrements" et de faire 11 publâquement des enterrements en observant tous les anciens coustumes et usages", voire des processions. Le curé de Stavelot 11 a eu l'insolence de dire qu'il ne savait pas de qui l'on tenait l'ordre de faire ôter les croix 11 et s'était par conséquent refusé à leur descente : "Ministres du culte catholique, nous nous bornons à en remplir les devoirs dans l'intérieur du lieu destiné à cet effet. Si cependant et contre toute attente nous pouvions nous trouver dans le cas de devoir être pour quelques chose dans l'exécution de la loi du 7 Vendémiaire an 4, nous vous prions ... de nous indiquer les opérations auxquelles cette loi peut nous assujettir".

Manifestement, il voulait prouver qu'un prêtre assermenté ne perdait pas sa liberté de parole et qu'il n'était pas a priori un agent servile du pouvoir. Un pouvoir qui, selon d'aucuns entre les assermentés, avait vu trop longtemps 11 d'un oeil indifférent nous opprimer petit à petit par nos adversaires 11 , qui les avait laissés "en butte à la médisance et au mépris de leur clique égarée ... au point que ... attaqués avec acharnement pendant plus de trois ans, si nous nous fûmes bornés au seul silence, sans défendre nousmêmes, par les armes du raisonnement, notre cause commune, nous serions probablement aujourd'hui anéantis, et ... peut-être la grande République ellemême avec nous". Un pouvoir, faudrait-il ajouter, qui avait même favorisé la création de cultes nouveaux, regardés comme 11 un excellent moyen pour achever la perte de la prétraille 11 dans son ensemble. C'est en ces termes que le commissaire départemental de l'Ourthe définit, le 3 mars 1798, un des objectifs du culte théophilanthropique, l'autre étant l'amélioration de l'esprit public. En début d'année, les membres d•un Cercle constitutionnel de la taverne patriotique adressèrent une pétition à la municipalité de Liège

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pour qu'il leur fût assigné un 11 temple 11 • Après avoir pris des informations supplémentaires, l'administration municipale prévit le 17 février "l'église André 11 à cet effet. Le culte théophilanthropique devait s'y exercer conjointement avec le culte catholique suivant un horaire fixé par l'autorité civile. Les premières réunions ne furent guère encourageantes ; le commissaire de Liège trouva en effet qu'il fallait mettre "un peu plus d'ordre dans l'assemblée" et prendre "des précautions... pour l'y maintenir", le 11 peuple 11 ayant besoin de "retrouver dans le nouveau culte ... ce silence religieux, cette tenue décente et respectueuse qui distinguent les cérémonies du culte catholique". Dans un rapport adressé au ministre de la Police générale, le commissaire départemental de l'Ourthe se montra, quant à lui, enthousiaste : "Décence, dignité, recueillement, invocations sages et morales, chants patriotiques, discours pleins d'excellens principes et de vues utiles, superbe musique, tout s'est réuni pour rendre cette cérémonie vraiment auguste, vraiment touchante, aussi l'on s'y est porté en foule". Il ne fait aucun doute que ce tableau idyllique était quelque peu forcé. Le 23 mars, le journaliste liégeois Henri Delloye peignit en tous cas "l'auguste cérémonie" sous des couleurs pour le moins différentes : "Il faut vous prévenir que nous avons un peu mis le ciel au pas. Nous gardons toutefois une espèce d'Etre-Suprême, autrement dit grand-être jusqu'à nouvel ordre, l'immortalité de l'ame est maintenue provisoirement, par égard pour les esprit foibles ... l'orateur ... monte sur un échaffaud ; demande du silence ; on lui rit au nez. On fume, on crache, on se dit tout bas : Va et m'y ... " Suit un extrait du discours : "Les enfans sont-ils avec vous dans un jardin potager ? apprenez-leur que ces choses sont des choux qui ne seroient pas des choux si l'Etre-suprême n'en avoit fait des choux ; mais gardez-vous bien toutefois de leur dire, comme les fanatiques, que les enfans se faisoient, se trouvoient dans des choux" - Une superbe musique exécute à l'instant : Choux, choux choux, choux, Tourner la tête à moi, choux, choux, Ils sont fous, ils sont fousl3".

Cette charge féroce provoqua évidemment la colère des "membres et fondateurs du culte théophilanthropique à Liège. "Indignés des sarcasmes outrageans que vomit ce lâche adulateur des vieux préjugés", ils se tournèrent vers le ministre de la Police générale, croyant "lire dans les projets du rédacteur l'infâme intention de diviser les opinions, fomenter des rixes entre les philantropes et les catholiques expirants". Mais, selon toute apparence, Delloye était proche de la réalité, car le 4 août, le commissaire

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départemental de l'Ourthe fut obligé de reconnaître que les adeptes du nouveau culte 11 ne sont guère propres, par leurs idées, leurs principes et leur conduite, à faire des prosélytes 11 • La même constatation vaut pour la célébration du décadi et des fêtes républicaines. Elle resta l'apanage d'une "minorité agissante". Pourtant rien n'avait été négligé pour promouvoir ces cérémonies nouvelles. A Verviers, on alla jusqu'à demander au curé assermenté de transférer au décadi le repos et les offices du dimanche, ce qui fut d'ailleurs refusé. Dans plusieurs localités, des temples décadaires furent inaugurés, des catéchismes républicains distribués. Sans grand succès. Dans une circulaire aux commissaires cantonaux, le commissaire départemental de l'Ourthe constata le 13 décembre 1798 que les dispositions légales 11 qui tendent à coordonner les jours de repos avec le calendrier républicain ne sont nullement exécutées dans la plupart des cantons 11 • Tout aussi tenace semble avoir été par endroits la résistance au mariage civil. Le commissaire de Herstal (Ourthe) fit savoir le 27 novembre 1798 qu'un seul mariage avait 11jusqu'ici 11 été célébré le décadi devant l'officier de l'état civil ; cinquante couples 11 et plus" vivent 11 en concubinage" (!), se contentant d'être mariés à l'église. Dès le mois de mai 1798, le commissaire départemental de la Meuse-Inférieure a dressé un tableau identique : 11 Les fêtes publiques sont désertées, parce qu'elles sont ... traitées d'idolatrie. 11 Les lois sur l'Etat Civil sont inexécutées parce qu'elles sont un empiètemen sur les droits du Curé. Les écoles des Instituteurs civiques sont désertées parce qu'ils enseignent la morale de !'Enfer".

*** Au lendemain de l'insurrection de l'automne 1798, les rapports déjà difficiles entre les autorités républicaines et le "peuple chrétien", dans les départements réunis, se dégradèrent. Le régime avait démontré l'inutilité d'une opposition armée ; la résistance passive en fut d'autant plus vive. Elle s'exerça au profit des prêtres insermentés, globalement proscrits, et faisant plus que jamais figure de 11 confesseurs de la foi". Les assermentés, de leur côté, devinrent la cible des évêques en exil, visiblement agacés par la recrudescence de la persécution religieuse. Pris entre les sommations de rétractation, fuminées par leurs supérieurs ecclésiastiques et l'animosité croissante d'une partie des fidèles à leur égard, ils misèrent de plus en plus sur le soutien du pouvoir civil qui, pourtant, ne leur manifesta guère de reconnaissance.

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L'article 15 de cette loi datée du 19 fructidor an VI porte que la "conscription militaire comprend tous les Français depuis l'âge de vingt ans accomplis jusqu'à celui de vingt-cinq ans révolus". Cf. les études fouillées de MINDER (A.), "Un épisode de la guerre des paysans. Le soulèvement dans les pays de Saint-Vith et Stavelot", Bulletin de la société verviétoise d'archéologie el d'histoire, t.XXX, 1938, p.101-165; ID., "Un épisode de la guerre des paysans. Le soulèvement de l'ancien duché de Limbourg", ibid., t.XXXI, 1939, p.11-39 ; TRAUSCH (G.), "Les soulèvements paysans de 1798 dans la région de Neuf-château et leurs répercussions dans le Département des Forêts", Publications de la section historique de l'Institut grand-ducal de Luxembourg, t.79, 1962, p.63-135 ; ID., "La répression des soulèvements paysans de 1798 dans le département des Forêts (Aspects et Problèmes)", ibid., t.82, 1967 ; VANDEBEEK (T.) GRAUWELS (J.), "De Boerenkrijg in het Departement van de Nedermaas", Standen en Landen (Anciens pays et assemblées d'Etats), t.XXIll, 1961. THYS (A.), La persécution religieuse en Belgique sous le Directoire exécutif ( 1798-1799) ... , op.cil., p.133, avance le chiffre de 8.240 prêtres insermentés. A.N.P., AF.111, 539, 553. Luigi Ciamberlani, cf. lie partie, chapitre III, 4 : les limites de la collaboration. DARIS (J.), Histoire du diocèse ... , op.cil., t.111, p.15 l. LEFLON (J.), "La crise révolutionnaire", Histoire de l'Eglise, t. XX, 1949, p.149. Pensées diverses d'un bon et franc catholique à l'occasion du bref de N.S.P. le Pape à M. l'archeveque de Malines sur le serment de haine à la Royauté, etc. Valeat aliquid ad se ipsum persuadendeum ipsa evidentia nam musquam sic non invenio quod dicam, quam ubires, de qua dicitur, manifestior est quam omne quod dicitur. St. Aug. de peccat. merit. et remiss. Lib. l cap. 35 nb. 64. De l'imprimerie Th. Nypels, an VII et Supplément aux pensées diverses, août 1799. Le serment de haine et le schisme Considérés dans une Le11re de M. le Nonce de Cologne, du 2 Janvier 1801, à quelques Prêtres sermentés. En Europe, l'An IX, publiée anonymement. MUNIER (W.A.J.), "Un nouveau dossier sur la rétractation du serment de haine à la royauté dans le diocèse de Liège", Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège, t.XLIV, 1964, p.78. CLERCQ (C. de), "La rétractation du serment de haine à la royauté dans le diocèse de Liège", Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège, t. XXXVIII, p.107. Cf., par exemple, MINKE (A.), "La vie religieuse dans le département de l'Ourthe de 1797 à 1802", Pratiques religieuses, mentalités et spiritualités dans l'Europe révolutionnaire (1770-1820), actes du colloque Chantilly 27-29 novembre 1986, Turnhout, 1988, p.68-76. Extrait de la 36c Soirée liégeoise, Journal de Meuse et Rhin, par Henri Delloye, 12 ventôse an VI (2 mars 1798).

CONCLUSION

Peut-être en raison même d'une géographie humaine peu homogène, l'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle offre un espace original auquel participe un personnel ecclésiastique, enserré dans des structures complexes. La 11 période française 11 renforça cette originalité, puisqu'à la différence de la France, voire des pays annexés, c'est du Directoire au Consultat que l'on saisit sur le vif la crise et la persécution religieuse. Ces deux éléments combinés permettent d'introduire une histoire administrative au centre des conflits politico-religieux. Certes, le prêtre, chef de paroisse, a occupé le premier rôle, mais il subit les influences contradictoires de ceux qui sont chargés d'appliquer la législation religieuse de la République -les administrateurs départementaux et municipaux- et de ceux que ces lois touchent pour le moins au même degré que le clergé -les fidèles. De là la part relativement large faite à l'examen du cadre administratif sur lesquel on est d'ailleurs fort bien renseigné. L'absence des sources sérielles traditionnelles -telles les visites décanales- n'a permis, en revanche, qu'une ébauche d'histoire des mentalités collectives. Trop souvent, les fidèles ont dû rester dans l'ombre. A première vue, l'état des sources concernant le seul clergé semblait meilleur. Rapidement, il s'est avéré qu'à l'opposé de la France, les archives 11 françaises 11 conservées dans les états administratifs de l'EntreMeuse-Rhin-et-Moselle présentaient des lacunes considérables (sans parler de certains classements fautifs) et ne contenaient que rarement des séries

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susceptibles de favoriser l'étude d'une 11 socio-psychologie 11 du clergé sous le Directoire. Les investigations aux Archives nationales à Paris ayant été pour les pays annexés ou conquis globalement décevantes, une liste complète des assermentés et insermentés des trois départements et quatre diocèses étudiés n'a pas pu être dressée. Et seule la multiplication des monographies cantonales permettra à la longue de dégager une image plus conforme à la réalité, de saisir les volte-face, les hésitations, les évolutions qui jalonnent le cheminement spirituel de bon nombre de prêtres entre 1794 et 1799. Voilà pour certaines lacunes du présent travail. Au delà de cellesci, qu'apporte+il ? Tout d'abord, un constat intéressant à propos de l'attitude de la population de l'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle dans son ensemble -prêtres et laïcs confondus- face au nouveau régime. Pour la décrire, on pourra emprunter l'appellation des trois cycles de l'enseignement secondaire belge actuel : observation, orientation, détermination. Dans un premier temps, celui des conquêtes de 1792 et de 1794, l'occupant et l'occupé se regardent avec méfiance, appréhension et crainte, rarement avec hostilité, parfois avec bienveillance. La France n'est pas encore bien assurée de sa conquête. Elle reste à la merci d'une contreattaque des alliés. Un retour à l'ancien état des choses peut se produire à tout instant, ce qui entrave tout dialogue. La deuxième occupation française se prolongeant, rude et difficile, la défaite autrichienne se concrétisant tous les jours davantage, des choix se cristallisent : la résistance ·passive ou une certaine collaboration. La frontière entre ces deux options n'est d'ailleurs pas toujours nette et le passage de l'une à l'autre se fait suivant des circonstances variables. La République s'impose par la force des armes, mais elle ménage les consciences.

Et puis, c'est l'annexion. Il faudra se faire à l'idée que les Français s'installeront, du moins pour quelques années. Ils mettent en place leurs propres institutions. Une certaine normalité reprend le dessus. Cependant, voici également les premières lois touchant à la religion, à ce 11 culte 11 , dont le faste est si cher au "peuple chrétien" d'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle. Il exprime son mécontentement, sporadiquement par des sautes d'humeur spectaculaires, massivement lors des premières élections libres, en mars-avril 1797. Pourtant, tous ceux qui donnent leur voix aux conservateurs ne sont pas nécessairement des opposants farouches au régime républicain. Mais ils ne comprennent pas pourquoi celui-ci s'obstine à vouloir régenter les affaires d'Eglise.

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Le Directoire ne tiendra pas compte de cette incompréhension. Après le 18 fructidor an V, il accule les nouveaux Français au choix, clair et net, face aux lois religieuses. Et c'est l'insurrection, brève, désespérée, suivie de la "terreur blanche". Le pays bascule dans la résistance et le défaitisme. Au pied du mur, environ 35% des quelque 4.300 prêtres de l'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle optent pour la collaboration avec la République. Ils sont particulièrement nombreux dans la partie 11 wallonne 11 de l'ancienne principauté de Liège et fort isolés dans les régions rurales 11 flamandes 11 ou "allemandes". Bon nombre d'éléments portent à croire que le choix des prêtres a été largement conditionné par celui des fidèles, moins attachés peut-être au prêtre en tant que tel, qu'à l'officiant indispensable des cérémonies du culte. Celui-ci a-t-il été réellement menacé ? Cette question peut paraître insolite, mais qu'observe-t-on ? Notamment, qu'en pays "insermenté" les entorses à la loi sont nombreuses et que la faiblesse numérique de la force répressive rend tout contrôle systématique impossible. Ce dont profitent un certain nombre de prêtres réfractaires pour poursuivre une activité quasi normale, dénigrant au passage leurs confrères assermentés dont la soumission apparaît, à ce moment-là, à beaucoup comme un acte purement gratuit. Les choses changeront radicalement après l'insurrection de l'an VII. Le Directoire a résolu d'en finir avec les insermentés qui sont impitoyablement traqués. Une église des catacombes s'organise. Pendant quelques mois, la menace pesant sur le clergé réfractaire sera réelle. Mais, dès l'été 1799, la tension se relâche. A l'avènement de Bonaparte, l'Eglise dans l'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle n'offre nullement l'aspect d'un vaste champ de ruines où tout est à refaire. Les structures vitales n'ont pas été atteintes. A la différence de l'ancienne France, les départements réunis n'ont pas connu de tentatives de déchristianisation systématique. Les déprêtrisations sont restées exceptionnelles. Cependant, la crise de confiance et d'autorité qui a éclaté à tous les niveaux, depuis le "peuple chrétien" jusqu'aux évêques, soulève des inquiétudes. La polarisation, la formation de partis semblent bel et bien avoir été le fait du clergé : insermentés contre assermentés, évêques en exil contre administrateurs dicésains et ainsi de suite. Les fidèles se laissent entraîner par les uns ou les autres, sans trop réfléchir, en s'engageant à fond dans un combat, où s'entremêlent l'opposition généralisée au nouveau régime, le conservatisme inné des ruraux, majoritaires dans l'Entre-MeuseRhin-et-Moselle et l'attachement profond à la "religion des pères". Le choix. théologique -refus du compromis ou collaboration dans certaines limites- ou simplement d'un "camp" implique toujours le rejet plus ou moins prononcé de 111'autre 11 • En ce sens, prêtres et fidèles ont été

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amenés, au cours de ces années cruciales, à désobéir. L'évêque et le curé ne sont plus ces autorités parfois contestées, mais qui presque toujours parvenaient à faire triompher leur point de vue. Le haut et le bas clergé ont offert le spectacle -et ce terme est, dans bien des cas, à prendre au sens propre- d'une profonde désunion. "Autel contre autel". Les conséquences proches et lointaines de cet état de choses n'ont guère été étudiées jusqu'ici. Le peu qu'on en sait montre qu'il a fallu de grands efforts, de longues années et une nouvelle alliance du trône (napoléonien) et de l'autel (concordataire) pour remettre en ordre la hiérarchie ecclésiastique. Cette suite, sous le régime concordataire, devrait attirer l'attention de nouveaux chercheurs, dans le cadre monographique, à la fois administratif et ecclésiastique, qui a guidé cette étude.

ANNEXE 1

L'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle annexée au 18e siècle Tableau chronologique

1713-1714

Le réglement final de la Guerre de Succession d'Espagne attribue les Pays-Bas méridionaux aux habsbourg d'Autriche. Le règne de Charles VI ouvre une longue période de répit.

1740-1780

Le règne de sa fille Marie-Thérèse débute de manière désastreuse. Au cours de la Guerre de Succession d'Autriche, les Pays-Bas sont occupés par la France. L'occupation est toutefois de courte durée. Grâce au renversement des alliances, les Pays-Bas restent en dehors de la Guerre de Sept Ans. Le gouvernement autrichien opère une série de réformes visant à changer les structures de l'Etat et, dans une moindre mesure, de la société. La paix extérieure favorise le développement économique. A postériori, le règne de l'impératrice apparaîtra comme un âge d'or pour les Pays-Bas.

1780

Joseph Il succède à sa mère. L'année suivante, il visite les Pays-Bas. Les réformes s'accentuent et leur rythme se précipite.

1787

Les mesures de l'empereur soulèvent une opposition croissante.

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1789

L'opposition se mue en révolution. Au même moment les Liégeois se révoltent contre le prince-évêque ; à StavelotMalmédy, le prince-abbé est lui aussi en butte à un opposition décidée.

1791-1792

Les troupes autrichiennes reconquièrent les Pays-Bas ainsi que les principautés d'Empire de Liège et de StavelotMalmédy. Les souverains sont rétablis dans leurs fonctions.

1792

La France déclare la guerre à François Il, 11 roi de Hongrie et de Bohême". La bataille de Jcmrnapes livre les PaysBas, Liège et Stavelot-Malmédy aux soldats de Dumouriez.

1793

Au lendemain de la bataille de Neerwinden, les Autrichiens occupent à nouveau le pays.

1794-1795

La victoire de Jourdan à Fleurus marque le début du régime français dans les Pays-Bas autrichiens, les principautés de Liège et de Stavelot-Malmédy, certaines régions méridionales des Provinces-Unies et dans quelques territoires de moindre importance. Sous la dénomination commune de "Belgique et Pays de Liège 11 , la République les annexe le ter octobre 1795, après six mois de rigoureuse occupation militaire. Boutevilte est nommé commissaire général du Directoire dans les départements réunis.

1796

Le nouveau regame s'organise, difficilement face à la méfiance des régions rurales. L'obligation du serment de haine imposée aux fonctionnaires provoque les premières oppositions massives. Progressivement, la législation française est introduite.

1797

Pour la première fois, les 11 citoyens 11 des départements réunis sont appelés à voter. Malgré un grand nombre d'abstentions, le résultat du scrutin est net : dans sept départements sur neuf, les conservateurs l'emportent. Ce succès entrave l'exécution d'une mesure qui, d'emblée, a divisé le clergé : l'obligation de reconnaitre par une déclaration officielle comme souverain l'universalité des citoyens français et de promettre soumission et obéissance aux lois de la République. Le coup d'Etat du 18 fructidor an V anéantit cependant tous les espoirs échaufaudés depuis six mois. Seuls les prêtres qui auront prêté le serment de haine à la royauté et à l'anarchie,

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d'attachement et de fidélité à la République ainsi qu'à la constitution de l'an III pourront continuer leurs fonctions et ce dans le cadre étroit de la loi sur la police extérieure des cultes. La division du clergé s'accentue. le culte clandestin, les messes sèches, les offices animés par des laïcs font leur apparition. le traité de Campo Formio, par lequel l'Autriche renonce entre autres aux Pays-Bas, ruine toute possibilité d'un retour à l'ancien état des choses. 1798

L'opposition de la plus grande partie du clergé et des fidèles entraîne une recrudescence de la répression. Les élections de l'an VI, dont le déroulement est étroitement contrôlé par le Directoire, portent un peu partout les républicains au pouvoir. Le mécontentement croît, mais un sentiment général d'impuissance en empêche l'extérioration massive. Se croyant sûr du pays, le gouvernement proclame en septembre la loi organisant la conscription. Cette mesure porte l'exaspération à son comble. Dès le début du mois d'octobre, ta Flandre est en fermentation ; un soulèvement parallèle éclate au Luxembourg. Mal organisés, insuffisamment équipés, les insurgés sont défaits après quelques semaines de résistance acharnée. Le Directoire rejette la responsabilité de la révolte sur le clergé insermenté qui a, en effet, montré de la sympathie au mouvement. Le 4 novembre, neuf arrêtés collectifs condamnent tous les prêtres réfractaires des départements réunis à la déportation. Sur environ 7.000 condamnés quelques centaines seulement seront saisies et internées, pour la plupart, à l'île de Ré et d'Oléron. Au niveau de l'administration, l'arbitraire de certains hauts fonctionnaires provoque une désorganisation de plus en plus grave. Favorisé par l'anarchie générale, le brigandage reprend de plus belle.

1799

Les élections de l'an VII et surtout la journée du 30 prairial entraînent plusieurs destitutions dans les hautes sphères de l'administration. Le coup d'Etat du 18 brumaire an VIII est accueilli dans l'indifférence.

ANNEXE 2

Le serment de haine dans les autres diocèses des départements réunis Points de repère

Pour affiner le tableau brossé dans les pages qui précèdent, on voudrait exposer, du moins dans les grandes lignes, les position adoptées par les autorités de ceux parmi les diocèses "belges", qui n'ont pas fait l'objet d'une étude plus fouillée. Le lecture désireux de s'initer davantage consultera l'excellente synthèse de PRENEEL (L.), 11 Godsdienstig leven in de Zuidelijke Nederlanden 1794-1814 11 , Algemeene geschiedenis der Nederlanden, t.XI, Bussum, 1983, p.47-59. Par ailleurs, il pourra consulter le travail de CLAEYSBOUUAERT (F.), Les déclarations et les serments imposés par la loi civile aux membres du clergé Belge sous le Directoire et le Consulat (1795-1801) ... , op.dt., et accessoirement let.III de VERHAEGEN (P.), La Belgique sous la domination française ... , op.cil.

A Malines, le vicaire général Jean François Huleu publie en 1797 une brochure (Waerschouwingen aan het volk - Avis au peuple) engageant le clergé à faire la déclaration de soumission exigée par la loi du 7 vendémiaire an IV. L'archevêque, le cardinal de Franckenberg, désavoue cette initiative et retire même les pouvoirs de vicaire général à Huleu. Après la publication de la loi du 19 fructidor an V, le cardinal refuse le 19 septembre 1797 le serment de haine. La déclaration qu'il faut en cette occasion -elle a été publiée dans les pages précédentes- marque un raidissement dans son attitude. Il ne faut pas oublier en effet, qu'à son

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retour d'émigration, il a déclaré le 24 janvier 1796 vouloir "vivre sous les lois de la République et... s'y conformer 11 • Arrêté le 20 octobre, Franckenberg est expulsé du territoire de la République. L'administration de l'archevêché est confiée au vicaire général Der Landsheere, adversaire d'une soumission aux lois de la République. Condamné à la déportation avec d'autres notables ecclésiastiques celui-ci doit bientôt entrer dans la clandestinité. Dès lors, Huleu reprend de fait la direction des affaires, publiant plusieurs écrits en faveur du serment et entretenant une correspondance suivie avec Simon Pierre Ernst. Par sa lettre du 17 avril 1798, le cardinal de Franckenberg lui reproche vivement d'avoir prêté le serment de haine et de s'arroger des pouvoirs qui lui ont été enlevés. Cette intervention, jointe à d'autres, ne manque pas d'impressionner le clergé de l'archevêché de Malines qui, dans sa très grande majorité, est insermenté. Les chiffres avancés ( 177 assermentés, 1379 insermentés) sont toutefois sujets à caution. Depuis la mort de l'évêque, survenue en janvier 1795, le diocèse de Gand est dirigé par cinq vicaires capitulaires dont un, Gilles de Grave, fait, sans hésiter, la déclaration de soumission et le serment de haine. Son exemple est suivi, avec un léger retard, par deux de ses collègues. Désormais, au sein de l'administration diocésaine, deux clans s'affrontent. En vertu des dispositions prises par le chapitre cathédral, chaque parti se croit autorisé à s'adjoindre de nouveaux membres ce qui, en 1798, porte le nombre de vicaires généraux du diocèse de Gand à quatorze. Le portedrapeau des adversaires de la soumission aux lois françaises est Ambroise Charles Goethals, investi des fonctions de vicaire capitulaire par le cardinal de Franckenberg agissant en vertu d'une délégation pontificale. Les données chiffrées sont lacunaires et contradictoires : 80 assermentés à Gand, 130 en dehors de la ville, 39 assermentés et 537 insermentés dans le département de l'Escaut. A Bruges également, la question du serment de haine divise les vicaires capitulaires qui administrent le diocèse depuis le décès de l'évêque, survenu le 26 octobre 1794 en exil. Alors que trois le refusent, François de Gryse le prête le 18 novembre 1797. Son exemple est toutefois peu suivi ; une source contemporaine avance pour ce diocèse les chiffres de 63 assermentés et 610 insermentés. Au diocèse d'Anvers, la résistance à la déclaration et au serment est menée par le doyen du chapitre cathédral, Joseph Werbrouck. le nombre d'assermentés y semble avoir été insignifiant : 13 sur 209 (?) à Anvers même, 35 pour l'ensemble du diocèse.

Les administrations diocésaines d'Ypres et de Namur se déclarent tout aussi unanimement contre le serment. Alors que pour le premier de ces

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diocèses, le nombre total d'assermentés est évalué à 100, dans le second, 6 curés seulement sur 327 prêtent le serment. Les avis des vicaires généraux de Tournai sont quant à eux partagés. Déjà en t 795, le clergé des paroisses situées en territoire français a été autorisé à faire la déclaration de soumission exigée par la loi du 7 vendémiaire an IV qui, à l'époque, n'est pas encore en vigueur dans les départements réunis. Seul le vicaire général Van Haesendonck se montre hésitant. Lorsque la déclaration de soumission est exigée du clergé 11 belge 11 également, il s'oppose en vain à ses collègues qui, le 13 mai 1797, publient une circulaire étendant à l'ensemble du diocèse l'autorisation donnée antérieurement pour la seule partie française. ils sont tout aussi prompts à se prononcer en faveur du serment de haine. Aussi, le nombre des assermentés est-il important dans ce diocèse, à l'exception toutefois du Cambrésis et de la partie flamande. Partout dans les départements réunis, la rupture entre les deux partis s'accomplit dans les mois qui suivent la publication de la loi du 19 fructidor an V. Avec l'accord de l'internonce Ciamberlani, toute 11 comunicatio in divinis 11 avec les assermentés est interdite dans les diocèses de Malines, d'Anvers et de Namur. Cette intransigeance est critiquée par un groupe d'ecclésiastiques flamands, partiellement liés à l'université de Louvain, qui considèrent le serment comme illicite, mais font preuve de compréhension pour leurs confrères assermentés du clergé paroissial dont ils n'hésitent d'ailleurs pas à fréquenter les offices. Il~ sont d'avis qu'on ne peut traiter les 11 jureurs 11 d'apostats ou de schismatiques, alors que le Saint-Siège n•a prononcé aucune condamnation officielle du serment. Malheureusement, la plupart de ces modérés, soucieux de ne pas rompre les ponts, deviennent les victimes de la politique radicale des commissaires départementaux qui ordonnent leur déportation dès janvier 1798. Entre les assermentés, dépendant de plus en plus de la protection des autorités civiles, et les réfractaires rien ne va plus. Au cours de l'été 1798, le clergé assermenté devient à son tour l'objet de vexations ayant trait à l'exercice du culte. Après le soulèvement de l'an VII, les assermentés en vue des départements de l'Escaut, de la Lys et des Deux-Nèthes subissent des peines d'emprisonnement ou sont expulsés du territoire de la République. La direction de certains diocèses reste entièrement aux mains des insermentés intransigeants qui l'assument dans la clandestinité.

TABLE DES CARTES

- L'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle à la fin de l'Ancien Régime, carte politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

p.30

- L'entre-Meuse-Rhin-et-Moselle de la fin de l'Ancien Régime, carte ecclésiastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

p.34

- Les départements de !'Entre-Meuse-Rhin-et-Moselle en 1798

p.68

- Limites diocésaines dans les départements de l'Ourthe et de Meuse-Inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

p.90

- Les Assermentés dans les départements de l'Ourthe et de Meuse-Inférieure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

p.180

Entre Meuse, Rhin et Moselle

253

TABLE DF.S MA TIERF.S

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Bibliographie et sources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

PREMIERE PARTIE: LA FIN DE L'ANCIEN REGIME

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29

CHAPITRE 1 : Une région frontalière, une terre de rencontre 1. La carte politique et le cadre géographique . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. La carte ecclésiastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. Conservatisme et "Lumières" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

31 35 36

CHAPITRE II : Révolutions et réaction 1. La Révolution brabançonne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. Les Révolutions à Liège et à Stavelot-Malmédy . . . . . . . . . . . . . . 3. Troubles en Rhénanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

41 44 47

CHAPITRE Ill : Espoirs et désillusions 1. Face à la France révolutionnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. La première invasion française . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. Conquête et occupation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

51 53 57

DEUXIEME PARTIE : VERS UN MODUS VIVENDI ?

63

CHAPITRE 1 : Une carte politique remaniée 1. Les départements réunis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. Les territoires annexés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

65 70

CHAPITRE II : Administrations 1. Le département . . . . . . . . . 2. Les Municipalités . . . . . . . . 3. L'évolution jusqu'en 1797 . .

73 76 79

et .. .. ..

administrateurs .......................... .......................... ..........................

CHAPITRE Ill : L'impossible entente 1. Les administrations diocésaines . . . 2. Premières frictions . . . . . . . . . . . . 3. Un coup dans l'eau . . . . . . . . . . . . 4. Les limites de la collaboration . . . .

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. . 87 . . 91 . . 98 . 106

Hommes de Dieu et Révolution

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TROISIEME PARTIE : LA RUPTURE

121

CHAPITRE I : Le durcissement 1. Epuration et désorganisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. Perplexité et confusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

123 129

CHAPITRE Il : Le serment de haine à la royauté 1. L'attitude des administrations civiles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. Assermentés et insermentés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. Vue d'ensemble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

143 163 179

CHAPITRE Ill : Entre l'enclume et le marteau l. L'insurrection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2. La déportation générale . . . . . . . . . . . . . . . 3. La rétractation du serment de haine . . . . . . 4. Les cultes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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199 203 216 228

CONCLUSION . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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ANNEXES

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TABLE DES CARTES

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TABLE DES MATIERES

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