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French Pages 142 [144] Year 2020
Federico Corriente, Christophe Pereira, Ángeles Vicente Le substrat roman et l’adstrat berbère du faisceau dialectal andalou
Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus
Éditée par Federico Corriente, Christophe Pereira et Ángeles Vicente
Volume 4
Federico Corriente, Christophe Pereira, Ángeles Vicente
Le substrat roman et l’adstrat berbère du faisceau dialectal andalou
Cet ouvrage a été élaboré dans le cadre du projet de recherche Patrimonio sociolingüístico en el Magreb: tradición oral y capital cultural (FFI2014-54495-C2-1-P), financé par le Ministerio de Economía y Competitividad d’Espagne, auquel les trois auteurs participent.
ISBN 978-3-11-067902-1 e-ISBN [PDF] 978-3-11-067937-3 e-ISBN [EPUB] 978-3-11-067944-1 Library of Congress Control Number: 2020937919 Bibliographic information published by the Deutsche Nationalbibliothek The Deutsche Nationalbibliothek lists this publication in the Deutsche Nationalbibliografie; detailed bibliographic data are available on the Internet at http://dnb.dnb.de. © 2020 Walter de Gruyter GmbH, Berlin/Boston Printing: CPI books GmbH, Leck www.degruyter.com
Avant-propos La description diachronique d’une langue n’est complète que si l’on considère les substrats et les adstrats linguistiques antérieurs à son acquisition par une population ou ayant cohabité plus ou moins profondément avec elle. Pour ce qui concerne le faisceau dialectal andalou, il est connu que les dialectes arabes parlés par les conquérants musulmans d’origine orientale, ainsi que les dialectes berbères utilisés par la plupart de leurs auxiliaires coreligionnaires nordafricains, se sont superposés aux dialectes proto-romans pratiqués dans la Péninsule Ibérique, sauf au Pays Basque majoritairement païen et donc peu romanisé. À l’ombre du pouvoir des émirs puis des califes, l’islamisation et l’arabisation ont immédiatement commencé, puisque les conquérants ont pris des femmes natives et formé des familles métisses, dont la religion ne pouvait être que l’Islam, et les dialectes arabes, berbères et romans ont été parlés, l’un au côté de l’autre, dans une situation de plurilinguisme décroissant, jusqu’à un monolinguisme plus ou moins complet selon les régions et les époques, jusqu’à la fin du XIe siècle. De telles circonstances ne pouvaient rester sans conséquences sur la genèse des faisceaux dialectaux roman, arabe et andalou du point de vue diachronique. Pour ce qui touche au lexique, on a dressé des listes de mots d’origine romane ou berbère utilisés par les Andalous dans leur arabe ;1 et, bien que plus rarement, on a considéré la possibilité de traces d’influences grammaticales du roman et du berbère dans la phonologie, la morphologie ou la syntaxe de l’arabe andalou (voir par exemple Corriente 1992 et 1998). Mais, il faut le reconnaître, cette tâche n’a jamais été facile, car les données fiables sur la grammaire du proto-roman parlé, après ou à côté du bas latin, dans les provinces de l’ancien empire romain n’étaient pas nombreuses,2 alors que la situation était bien pire dans le cas homologue du berbère, pour lequel on ne comptait que sur les vieilles inscriptions libyques, ainsi que sur quelques textes assez brefs, surtout des traductions de l’arabe, déjà d’époque islamique. Une reconstruction, même schématique, du roman andalou ou du faisceau dialectal berbère ayant atteint ce pays avec l’invasion islamique n’étant donc pas possible, il faudra se contenter, dans ce quatrième volume de l’Encyclopédie Linguistique d’Al-Andalus, d’un nombre limité de données sûres et d’hypothèses tirées des glanures aussi abondantes et bénéfiques que possible sur ces deux sujets. Quant à l’ordre de ces informations et aux conséquences qu’on peut en tirer, il semble préférable de commencer par la partie la plus brève et donc plus légère de
|| 1 Pour le berbère, voir la note 3 du chapitre 1 ; pour les étymologies romanes, voir le vocabulaire à la fin de l’ouvrage. 2 Lapesa 1980 : 71 mentionne des citations folkloriques ou pédagogiques par des auteurs cultivés, ainsi que des inscriptions ou des textes négligés, etc.
https://doi.org/10.1515/9783110679373-001
VI | Avant-propos
cette tâche : le cas du berbère, dont l’influence linguistique a été plus faible. Tout d’abord, à cause des facteurs démographique et sociolinguistique, c’est-à-dire les proportions arithmétiques entre les dominateurs et les dominés ; ensuite, en raison d’un certain manque d’allégeance au berbère, connue à travers l’histoire, même de la part des natifs dont il était la langue maternelle.3 Ainsi, commencer par un chapitre plus court peut aider à créer une certaine habitude qui permettra d’affronter la difficulté du suivant. Les auteurs
|| 3 Il y a beaucoup d’anecdotes à propos de l’aversion des Andalous envers la langue berbère et leur incapacité ou leur manque d’intérêt à l’apprendre, comme celle rapportée par Ibn Marzūq Attilimsānī dans son Almusnad alḥasan fī maʔāṯir mawlānā Abīlḥasan, p. 344, selon laquelle le savant Abū Marwān b. Zuhr aurait demandé à l’un des califes almohades la permission d’apprendre le berbère, ainsi que son aide, puisqu’il était à son service au Maroc, mais ne put en apprendre que deux mots, >ʔwš< (lisez awi+š) « amène (et) donne » et *arnu (lisez arni) « augmente cela », qu’il employa ensuite pour obtenir d’eux un premier et un deuxième cadeau de son maître et seigneur, amusé, semble-t-il, par l’incapacité et l’effronterie de son sujet andalou.
Table des matières Avant-propos | V Système de transcription et symboles | IX Sigles bibliographiques | XI 1 1.1 1.2 1.3 1.4
Le faisceau dialectal berbère et l’extraction tribale des Berbères établis dans la Péninsule Ibérique | 1 Information phonologique | 2 Information morphologique | 5 Information syntaxique | 6 Information lexicale | 7
2 2.1 2.2 2.3 2.4 2.5
Le substrat roman du faisceau dialectal andalou | 11 Graphonomie | 13 Phonologie | 17 Morphologie | 30 Syntaxe | 36 Lexique | 41
Vocabulaire roman-andalou, avec étymologies des mots et localisation des témoins | 55 Bibliographie | 129
Système de transcription Les exemples sont reproduits dans l’orthographe originale des langues utilisant les alphabets latin, grec ou cyrillique et, pour les autres langues, en transcription graphémique (entre >xx< {x} (x) = ≠ * < > ~ CvC… 123(4) # + Ø / # +
Transcription phonologique Transcription phonétique Transcription graphématique Morphème Élément optionnel Equivalence sémantique ou fonctionnelle Opposition fonctionnelle Forme hypothétique Résulte de Devient Séquence en comparaison Alternance morphologique Séquence de consonnes et voyelles Séquence de consonnes d’une racine Jointure fermée Jointure ouverte ; ajout de préfixe ou suffixe ; mot rimé Zéro phonologique ou morphologique Variation phonologique ou morphologique Séquence en comparaison Jointure fermée Jointure ouverte ; ajout de préfixe ou suffixe ; mot rime
https://doi.org/10.1515/9783110679373-003
Sigles bibliographiques A BCT BDB DAA DAI DAX DCEH DE DECLC DO DRAE DS DT EDNA EI2 FḪ GL GP H IQ IW LHP PD RFE SG VA VR ZfRP
Série arabe des ḫaraǧāt, selon Corriente 2008a Bustamante, Corriente & Tilmatine 2010–2014 (suivi des numéros des entrées ou des volumes en chiffres romains) Brown, Drivers & Briggs 1907 Corriente 1997a Corriente 1999 Kasten & Nitti 2002 Corominas & Pascual 1980-1981 Dozy & Engelmann Corominas 1983-1991 Oliver 2004 Diccionario de la Lengua Española Dozy 1881 Benmrad 1989 Estudios de Dialectología Norteafricana y Andalusí Encyclopédie de l’Islam, 2e éd. Benchekroun 1981 Glossarium arabico-latinum, selon Corriente 1991b Nykl 1953 Série hébraique des ḫaraǧāt, selon Corriente 2008a Ibn Quzmān, selon Corriente 1995 et 2013 Banqueri 1802 Corriente 2004 Corriente 1997b Revista de Filología Española Simonet 1889 Vocabulista in arabico, selon Corriente 1989 Vox Romanica Zeitschrift für romanische Philologie
https://doi.org/10.1515/9783110498851-004
1 Le faisceau dialectal berbère et l’extraction tribale des Berbères établis dans la Péninsule Ibérique La branche libyco-berbère du phylum chamito-sémitique n’a jamais été utilisée comme le moyen de communication orale d’un état puissant, étendu et durable. Il s’en est ensuivi que les tendances centrifuges inévitables d’une population politiquement et géographiquement disséminée ont vaincu les faibles liens du sentiment d’appartenance à un groupe ethnique et l’intérêt de préserver une intercommunication agile entre ses membres. En conséquence, on ne connaît que des dialectes du berbère plus ou moins proches ou éloignés les uns des autres, et pas une langue berbère,1 qui se soit, jusqu’à présent, jamais imposée à des populations nombreuses, bien que des nationalistes imazighen s’efforcent, depuis quelques années, à en obtenir une, à travers une sélection de traits plus généraux. Cependant, et au grand déplaisir de ces derniers, quelques linguistes préfèrent parler de « langues berbères », en raison de l’impossibilité d’intercompréhension entre les parlers les plus éloignés les uns des autres. Depuis longtemps, les berbérisants ont établi des classifications génétiques, géographiques et chronologiques de ces dialectes nord-africains. Pour ce qui concerne Al-Andalus, l’information fournie par les historiens du pays, natifs ou orientaux – qui sont, dans tous les cas, les meilleurs connaisseurs des faits – nous souligne la forte présence de membres de la confédération Zénète, venus surtout des régions qui correspondent aujourd’hui au Rif et à l’Algérie du Nord, à côté d’autres membres non Zénètes, dont le nombre est aussi difficile à établir, qui appartiennent à la confédération des Ṣinhājah ; ces derniers sont originaires du sud, bien que certaines fractions de ce groupe vivent aujourd'hui dans la région Jbala située au NordOuest du Maroc, dans la région la plus proche du détroit de Gibraltar, comme les Sanhaja de Sraïr. Dans le pays Jbala, on trouve également des Berbères Ghomara qui parlent une variété de berbère non Zénète, différente de celle du Rif (voir Vicente 2020 : 237). Il peut aussi y avoir d’autres tribus plus méridionales, comme les Maṣmūdah qui ont fourni beaucoup de soldats aux armées des Almohades, etc.2 Malheureusement, le petit nombre de données berbères présentes dans les ouvrages relatifs à l’Al-Andalus, qui concernent surtout le lexique,3 ne permettent pas,
|| 1 À ce propos, on peut citer Justinard 1926 : 1 : « étudier le berbère, c’est donc d’abord étudier un dialecte de la langue berbère ». 2 Voir d’autres détails chez Applegate 1970 : 586–588. 3 Dans Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 1432–1433, on recense 115 termes d’origine berbères empruntés par l’arabe andalou, auxquels il faut ajouter les phytonymes cités par les botanistes (mais dont l’usage en arabe andalou courant était peu probable) ; dans Ferrando 1997, ce total était de 82 ; il était de 62 dans Corriente 1997a, alors qu’il s’élevait à 15 dans Corriente 1981. Ces chiffres sont susceptibles d’augmenter au fur et à mesure de l’avancée des recherches sur ce sujet. Ces https://doi.org/10.1515/9783110679373-005
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dans la plupart des cas, une attribution dialectale plus précise par l’identification de traits phonétiques ou d’autres caractéristiques. D’un autre côté, elles sont, pour la plupart, trop brèves pour contenir des informations d’ordre syntaxique et ont été transmises d’une façon incertaine par des auteurs ou des copistes ignorant le berbère ou dont on peut suspecter qu’ils aient pu avoir commis des erreurs graphiques, ou ajusté la phonologie ou la morphologie selon les règles ou plutôt l’usage du dialecte qui leur était le plus familier. Cela nous impose donc, dans cette étude, la méthode comparative, ou disons plutôt une méthode descriptive éclectique, avec des remarques dialectologiques, le cas échéant.
1.1 Information phonologique Les systèmes phonologiques arabe et berbère ne sont pas si différents, contrairement à ceux de l’arabe et du roman.4 S’agissant, dans le premier cas, de langues appartenant au phylum chamito-sémitique, elles partagent de nombreuses particularités,5 comme la présence de consonnes « emphatiques »6 et un vocalisme assez bref qui ne compte que trois ou quatre phonèmes vocaliques, dont deux en distribution complémentaire avec les phonèmes semi-consonantiques ou sonores /y/ et /w/. De plus, l’arabisation, et surtout celle du lexique, a favorisé l’ajout de phonèmes sémitiques au berbère à travers les nombreux emprunts qui les contenaient. L’arabisation a été si intense et hâtive après la conquête islamique de ces régions qu’on peut supposer que les premiers berbères arrivés dans la Péninsule Ibérique en étaient déjà affectés, même s’ils n’avaient alors qu’une connaissance rudimentaire de l’arabe, guère suffisante à l’intercompréhension avec leurs coreligionnaires arabes ; on est loin du bilinguisme presque généralisé des siècles suivants en Afrique du Nord, surtout à cause de l’immigration arabophone séculaire andalouse et des invasions hilaliennes au XIIIe siècle. Les données historiques dont nous disposons nous permettent d’affirmer que la majorité des berbères qui ont pris part à l’invasion islamique se sont empressés d’apprendre l’arabe et même de simuler leur origine ; dans les premiers siècles, ils se seraient aussi empressés
|| chiffres sont très éloignés du nombre d’emprunts romans par l’arabe andalou : ce qui paraît raisonnable, compte tenu des données démographiques connues. 4 Voir le diagramme comparatif de Corriente 2008 : 28–33, où il faut déplacer d’une position à droite la ligne de séparation entre les consonnes sonores et sourdes, à la page 32, à cause d’une erreur typographique. D’autre part, pour le berbère, voir le diagramme dans Applegate 1970 : 604. 5 Voir I.M. Diakonoff 1988 : 34. 6 Qu’on peut aussi analyser comme des phonèmes suprasegmentaux de tension : voir, par exemple dans Applegate 1970 : 604. On peut se demander si la réalisation pharyngalisée de ces phonèmes en berbère, au lieu des éjectives ou des glottalisées originelles du phylum, est une conséquence de l’arabisation ou un cas de coïncidence polymorphique dans l’évolution de ses membres.
Information phonologique | 3
d’apprendre le roman, pour les besoins de la vie quotidienne parmi une majorité romanophone, mais non sans insérer dans les deux langues nouvelles qu’ils devaient parler de nombreux phénomènes d’interférence.7 Les emprunts berbères en arabe andalou suggèrent quelques données intéressantes à propos de la situation dialectale des parlers des conquérants d’Al-Andalus de cette ethnie à la veille de l’invasion islamique et plus tard. Par exemple dans malgré la présence indubitable et assez importante des Zénètes dans les premiers temps et après, on ne trouve pas de traces de spirantisation des occlusives dentales et vélaires, ni d’altérations articulatoires du /r/ et du /l/,8 deux phénomènes caractéristiques de cette branche du berbère depuis quelques siècles, mais pas encore à l’époque antérieure aux Almohades, ce qui constituerait un jalon historique important pour l’étude diachronique de ce faisceau dialectal. Par contre, la sonorisation du /s/ dans le préfixe de noms d’instrument dans les racines contenant un /z/, caractéristique du zénète et des dialectes du Moyen Atlas (comme dans zaġnaz « aiguille » et zuġzal « coup de poing », peut-être aussi dans zabazin « sorte de couscous
|| 7 Par exemple dans l’agglutination de l’article arabe, a la façon du préfixe nominal de classe berbère (voir Corriente 2008 : lxv-lxxi). On peut aussi se demander s’il n y a pas une influence sur les langues hispaniques du roman parlé par ces nombreux berbères-là : dans la présence d’un système de démonstratifs à trois degrés de deixis (cf. Aspinion 1963 : 92) ; dans l’utilisation du féminin (qui est aussi diminutif dans tous les parles berbères, cf. Aspinion 1963 : 13) pour exprimer des objets plus petits que le masculin, comme dans le castillan jarra≠o, cesta≠o, canasta≠o, etc. ; et, finalement, dans la présence simultanée de deux verbes prédicatifs (cf. castillan et portugais ser ≠ estar, berbère illa ≠ iga, cf. Aspinion 1963 : 84), une coïncidence très particulière (voir la bibliographie dans Lapesa 1980 : 400–4001). 8 Sauf, pour le /t/, dans le cas isolé et douteux du nom d’une espèce d’oseille (Rumex papillaris) >iṯrār< dans Abulḫayr Alʔišbīlī, nº 187 ; et, comme exemples de rhotacisme, les cas de maġl « angustiari » dans le Vocabulista in arabico < mġǝr (voir Corriente 1989 : 288) et cormúç < agelmus « sorte de bonnet ou chaperon » dans le dictionnaire du dialecte grenadin de Pedro de Alcalá (selon Corriente 1988 : 165) ; et peut-être taraḫṣa < tlǝxṣa « un mets de fèves », selon Corriente 1997 : 76, plus connu au Maroc aujourd’hui comme bēṣāṛ(a), sans doute un emprunt au dialecte arabe égyptien bisāra ou buṣāra : un mot d’origine copte (pise arō « coction de fèves », selon Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 202), qui existe aussi en arabe andalou et qui est mentionné par Dozy dans son Supplément avec d’autres graphies alternatives et notamment avec un /f/. Mais, dans tous les cas, les phénomènes d’échange entre /r/ et /l/ sont fréquents dans la plupart des langues du monde et peuvent parfois avoir être un transfert du roman andalou, comme dans le berbère tagarni/unt < roman ou dans le bas-latin *carlina < latin cardina « pissenlit ». On pourrait aussi suspecter que les cas où le latin /k/ est reflété comme un /h/, comme dans ahǝrkus < calceus « soulier » et dans urkimǝn < farcīmĕn « mets de tripes » soient le résultat final infra-correct d’une évolution du /k/ spirantisé, c’est-à-dire /ḵ/ ; et, pour l’évolution du /k/ pan-berbère en /š/ chez les Zénètes, il y a un possible cas dans l’andalou aġraš « plus astucieux », s’il s’agit d’une évolution sémantique d’une expression comme le rifain ġar+ǝš « prends garde ! », vs. le kabyle ġur+ǝk et, dans les dialectes du Moyen Atlas, ġira+ak « attention ! », dans lesquels le /k/ du suffixe pronominal est préservé sans altération. Dans tous les cas, cette tournure berbère a été assez générale pour générer son calque maghrébin ʕandǝk (voir Prémare 1996 IX : 256).
4 | Le faisceau dialectal berbère et l’extraction tribale des Berbères
à gros grains »), n’est pas seulement reflétée dans ce cas, mais aussi sans cette restriction, comme dans zaġaya « javeline » et çumaquít « lanière en cuir, jet pour le faucons »,9 où il semble s’agir d’une simple assimilation avec la consonne sonore suivante). Quant à la sonorisation du /ṣ/, surtout dans les emprunts arabes, il s’agit d’un phénomène assez commun en berbère (comme dans taẓẓallit « prière » et uẓẓum « jeûne », tirés des racines arabes {ṣlw} et {ṣwm}), mais il faut toujours considérer la possibilité d’assimilation de sonorité dans des cas courants en arabe andalou comme dans ṣ/zanǧ, qafaṣ/z, ṣ/zaġa, etc.10 Certains chercheurs ont assez insisté sur l’intensité de la romanisation du Nord de l’Afrique, jusqu’au point de supposer que les envahisseurs berbères auraient pu communiquer avec la population hispano-romaine de la Péninsule Ibérique dans la langue vulgaire dérivée du latin qui s’est développée dans ces régions, selon les informations habituellement plausibles de certains géographes arabes comme Almuqaddasī et Alʔidrīsī.11 Mais, tout comme l’arabe quelques siècles plus tard, la connaissance de cette langue afro-romaine, dont la proximité avec les romans hispaniques n’est pas du tout certaine, et son utilisation généralisée, hormis peut-être dans la province africaine de Carthage et dans ses alentours, ne semblent pas avoir dépassé les ports importants de la côte et les villes ou résidaient les gouverneurs romans, avec le personnel de l’administration, un nombre raisonnable de commerçants et les soldats des garnisons. Cela serait confirmé par l’évolution phonétique très avancée des emprunts romans en berbère, avec des substitutions de phonèmes que le berbère a acquis plus tard dans d’autres emprunts plus modernes,12 comme le /p/ de pullus > afellus « poulet », similaire au cas de tūbĕra > tirfas « truffes » et de pisellum, diminutif bas-latin du latin pisum > zabazin « sorte de couscous à gros grains », ainsi que farcīmĕn « boudin » < erkem = urkimen « mets de tripes »,13 où le /b/ devient /f/ et le /f/ est dissimilé et éliminé à cause du /m/.
|| 9 Graphie chez Alcalá, à interpréter comme *sumáqa ; cf. le marocain smāga, selon Colin 1999 : 49 ; il s’agirait d’un mot dérivé de la racine berbère {gs}, selon Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 660. La présence ici de quelques cas ou le préfixe des noms d’instrument ayant pris la forme s+u imite la construction des phrases avec la préposition homophone s, exigeant la forme d’annexion avec le substantif suivant, c’est-à-dire la substitution par u+ de la marque de classe nominal a+, pose la question d’une possible isoglosse dialectale ou d’un phénomène d’incorrection chez des gens bilingues en arabe et berbère. 10 Voir Corriente, Pereira & Vicente 2015 : 53, note 143. 11 Selon T. Lewicki 1953, dans un exposé assez détaillé qui permet de constater la faiblesse des données latines lorsqu’on sort des régions orientales du Maghreb et quand on approche l’Occident. 12 Voir le cas des emprunts fréquents au français selon Chaker 1984 : 86. 13 Cf. le marocain hǝrgma, dont Prémare 1999 : 54 donne plusieurs recettes. On a parfois exagéré le nombre de ces emprunts du berbère au latin. Par exemple dans chez Laoust 1939 : 6, les étymologies suivantes ne sont pas correctes : aġelmus « capuchon » < călymma « sorte de voile », en fait du grec χλαμύς, à travers l’araméen (voir Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 1058) ; aġursel « champignon »
Information morphologique | 5
1.2 Information morphologique Les mots berbères empruntés par l’arabe andalou gardent le préfixe féminin de classe nominale {ta/i/u+}, mais pas le suffixe complémentaire {+t}, analysé et supprimé comme s’il était celui du nom d’unité ou du féminin en arabe,14 comme dans tamáġra « banquet » < tamǝġra, táqra « pot » < tagra(t) et taqarnína « pissenlit » < taqarni/unt,15 ce qui n’est pas le cas du préfixe homologue masculin, surtout {a+}, mais parfois {i+} ou {u+}, probablement identifié avec l’article arabe,16 comme dans agǝllid > qillíd « roitelet »,17 amǝzwaru « premier » > mizwár « commandant », amzur > muzúra « tresse de cheveux », asǝgnǝs > zaġnaz « aiguille », etc., mais il y a des exceptions, comme aqzál < agzal « javeline ». Quant à la morphologie nominale et à la formation du pluriel, l’arabe andalou hirkása « espadrille », ainsi que le kabyle arkasǝn et le rifain arkas, comparés avec le rifain ahǝrkus, plus proche du latin calcĕus, semblent refléter les caractéristiques des pluriels internes avec l’infixe {+a+}.18 D’un autre côté, l’identité comme une seule classe nominale du féminin et du diminutif serait reflétée par les emprunts
|| < ăgărĭcum, plutôt de racine berbère {grsl} « être dur ou sec » ; asarut « aiguille » < sĕra « serrure », malgré sa dérivation très régulière comme nom d’instrument à partir de la racine berbère ar. 14 Devenu {+a} en néo-arabe, hormis l’état d’annexion, où le /t/ est ajouté même dans les mots dont le dernier phonème dérive de /à/ ou /aʔ/, comme dans maʕnāt+u « sa signification », au lieu du classique maʕnā+hu, et kibriyāt+u « son arrogance », au lieu du classique kibriyāʔ+uh. 15 Avec quelques exceptions, comme la variante >(u)sarġant< dans l’ouvrage de botanique cité d’Abulḫayr, au lieu du tāsarġant dans le Supplément de Dozy, tiré du berbère ta(w)sǝrġint « espèce de télèphe (Corrigiola telephifolia) ». L’arabe marocain a aussi sǝrġēna, selon Prémare 1995 VI : 79. 16 En fait, les emprunts berbères à l’arabe gardent souvent l’article de cette langue au lieu d’adopter le préfixe de classe nominale caractéristique, comme dans lbur « terre en friche » < bawr, laḥazam « ceinture » < ḥizām, lkuar « pastèque » < marocain kuwwāṛ et loġbar « fumier » < ġubār ; dans les cas d’une berbérisation plus avancée, l’article est remplacé par ce préfixe, comme dans afliǧ « bande de la tente » < falīǧ et aǧmuaʕ « réunion » < ǧumʕah pour le masculin, et dans lġabt « forêt » < ġābah et ǝddunit « le monde » < dunyā pour le féminin (selon Laoust 1939 : 7). On a suggéré qu’une telle situation expliquerait les emprunts castillans et portugais, plus rarement catalans, avec agglutination de l’article des mots arabes, comme appris par des berbères bilingues dans les premiers siècles de l’arabisation d’Al-Andalus. Néanmoins, on note un cas de préservation du préfixe {i+}, probablement devenu {a+} dans le nom du nerprun chez Abulḫayr, >ʔmalyllsaṭṭaf< > iṭṭǝf « prends » et árra « donne » ; l’adoption intégrale du verbe berbère ḫǝmmǝl par l’andalou >niḫammal ḫammalt taḫmīl< « désencombrer, nettoyer » ; celle du préfixe féminin de la troisième personne de la conjugaison standard, à l’instar de >tāksāfhr< « pierre à aiguiser » tirée d’une phrase berbère comme le kabyle tǝkkǝs afuhri « elle enlève l’excès » ; et, finalement, au moins un cas du préfixe causatif {s+} dans >asamas< « banquet », tiré du berbère smǝns « donner à souper », témoignant de l’utilisation de la conjugaison causative à préfixe {s+} ; on peut également soupçonner la présence du préfixe de la conjugaison de réciprocité {m+} dans l’entrée énigmatique du Vocabulista in arabico >munà wāmīnī wamunà< « détraction », probablement le reflet du berbère myunna « dire les uns aux autres ».20
1.3 Information syntaxique Cette information est difficile à glaner dans les emprunts andalous au berbère. Il s’agit plutôt de mots isolés et pas de phrases. Mais, pour l’annexion nominale, on a le cas du nom du cerfeuil rapporté par Abulḫayr nº 2120 comme grec, sans doute à tort, >aṭārīlālmusm.qrānmusmaqārmas/zmaqūrah< décèle une arabisation plus complète de ce mot. 24 Ferrando 1997 comptait 82 mots berbères dans les sources andalouses, mais, parmi eux, un nombre considérable de noms de plantes mentionnés par les botanistes qui n’aurait jamais été assimilé par l’arabe andalou. Quant au nombre des berbérismes passés dans les langues ibéroromanes, il est bien moindre, ne dépassant pas la trentaine. 25 Selon Kiesler 1994 : 74–75, dans un échantillon sélectionné d’emprunts romans à l’arabe, les taux seraient : pour le castillan, 89 substantifs, 5 adjectifs, 2 verbes et 4 mots invariables ; pour le catalan, 66 substantifs, deux verbes et deux mots invariables ; pour le portugais, 90 substantifs, 9 adjectifs, et un seul mot invariable. Ces proportions semblent à peu près correctes et même déceler un universel linguistique, bien qu’un calcul sur le total de ces emprunts dans les derniers ouvrages fasse probablement d’augmenter les taux de verbes, des adjectifs et des mots invariables. 26 Ainsi, par exemple dans agǝllid est toujours reflété comme >qillīd< « roitelet », afenniš « camard » comme >finnīš< « mule » (avec une évolution sémantique métonymique), amǝzwar comme >mizwār< « chef » et amzad comme >mazad< « école coranique », ou pour le féminin, tamzurt comme >muzūrah< « tresse de cheveux » et tasarġint comme >sarġant< « espèce de télèphe », avec plusieurs exceptions, telles que afrag comme >afrāq< « enclos des tentes du souverain » et agzal comme >aqzāl< « épieu », ce qui est plus fréquent dans les féminins, où le préfixe ne pouvait pas être si facilement analysé comme une sorte d’article, comme dans tamǝġra reflété comme >tamaġrah< « banquet », tagra(t) comme >tāqrah< « terrine », tištawǝn comme >tištāwun< « polypode », etc. Il y a aussi des cas particuliers, como mákn (transcription phonématique de mácan,
8 | Le faisceau dialectal berbère et l’extraction tribale des Berbères
assimilation plus complète, le vocalisme et parfois la gémination sont remaniés, afin d’adopter un des awzān, c’est-à-dire des formes nominales acceptés par la morphologie arabe.27 Les adjectifs du berbère sont surtout rendus par une classe sémantiquement particulière de verbes prédiquant les qualités d’un sujet ou qualifiant un substantif en tête d’un syntagme moyennant une forme participiale,28 selon une vieille structure proto-chamito-sémitique, dont les langues sémitiques gardent quelques traits, comme dans les verbes statifs, de qualité et d’état, etc. Néanmoins, les langues sémitiques plus jeunes et occidentales ont surtout évolué vers une assimilation morphologique et logématique des adjectifs aux substantifs, à cause de la fréquence des phénomènes de substantivisation des premiers et d’utilisation des deuxièmes comme épithètes, ce qui a affaibli les liens de parenté entre les adjectifs, dont la nature est plutôt nominale, et les participes, de nature déverbale. Cette circonstance pourrait avoir difficulté dans une certaine mesure l’emprunt des adjectifs berbères en arabe andalou, en fait, plutôt rares, comme agnaw « muet » reflété comme >ǧināwi< « guinéen, nègre », déjà substantivisé, ainsi que berkan « noir », probablement reflété par le nom de personne barrican.29 Le verbe étant la classe morphologique la plus variable et difficile à saisir par l’étranger à cause des conjugaisons caractéristiques des langues de flexion, type morphologique de toutes les langues chamito-sémitiques, indo-européen, etc., il s’ensuit que les emprunts de cette nature d’une langue à une autre, surtout si elle appartient à une famille linguistique différente, se heurtent à certaines difficultés,
|| chez Alcalá) qui refléterait le pluriel imakan du berbère amaka « étalon », avec perte du préfixe pluriel de classe. Voir Corriente 1977 : 55–61, à propos du rôle de ce système logématique de classes nominales, caractéristique de plusieurs langues africaines, chamitiques ou non, dans la préhistoire des langues sémitiques, avant la généralisation du logème genre, et ses dernières conséquences sur la morphologie nominale de l’arabe et des autres langues sud-sémitiques. 27 Par exemple ahǝrkus ou arkas, reflétés comme hirkāsah « chaussure rustique », avec adoption de la forme {1i2ā3}, caractéristique des noms d’instrument (selon Fleisch 1961 : 354, note 2), et urkimen, reflété comme hérqueme chez Alcalá, c’est-à-dire hárkama « ragout de tripes », avec adoption de la forme {1a23a4ah}. 28 Par exemple dans pour les dialectes chleuhs, selon Aspinion 1953 : 198, argaz (i)meqqurǝn « un homme grand », tamġart (i)meqqurǝn « une femme grande », irgazǝn mǝqqurnin « des hommes grands » et timġarin mǝqqurnin(t) « des femmes grandes », bien qu’il y a parfois des adjectifs verbaux, surtout pour ceux de couleur, de défauts et d’infirmités, comme dans afullus umlil « un coq blanc », tafullust tumlilt « une poule blanche », ifullusǝn umlilǝn « des coqs blancs » et tfullusin tumlilin « des poules blanches » (ibidem, 89–90). Dans le deuxième cas et pour des syntagmes attributifs, il existe l’option d’utiliser un verbe d’état et de qualité ou l’adjectif avec le verbe attributif ǝg « être ». 29 Dans Corriente 1991. D’un autre côté, l’adjectif aẓiẓun et son verbe de qualité correspondant iẓiẓǝn « (être) muet », emprunté par l’arabe marocain comme ẓēẓōn, n’a laissé dans l’andalou que le nom abstrait >zawzanah< « mutisme », avec adoption de la forme arabe {1aw2a3ah}.
Information lexicale | 9
comme déterminer une forme de citation dans la langue-source30 et un modèle d’adaptation dans la langue-but. En fait, on n’emprunte pas de verbes, hors des termes techniques et de quelques impératifs, dans le premier cas par une contrainte du besoin, et dans le deuxième, à cause de leur brièveté, expressivité, etc. À cause de cette restriction linguistique universelle, l’information qu’on pourrait tirer sur le vieux berbère à travers des témoins andalous est très maigre, selon 1.2. Une relation exhaustive et exacte des berbérismes courants en arabe andalou n’est pas facile à établir, puisque leurs sources peuvent parfois ne refléter que des citations de phrases de cette langue par des historiens friands des curiosités, à côté de noms d’objets utilisés par les Berbères de souche plus ou moins ancienne à la Péninsule Ibérique, même par les soldats nord-africains frais arrivés au service des princes almoravides, almohades, etc., ou des noms de plants copiés par les botanistes en chaîne et n’excluant pas ceux utilisés seulement en Afrique. On a signalé les indices de faute d’assimilation dans chaque cas dans les entrées de Corriente, Pereira & Vicente 2017, dont la localisation est facilitée par la liste des pages 1432– 1433. Pourtant, il semble prudent d’accepter l’assimilation de ces emprunts, reflétant parfois aussi des latinismes transmis par le berbère, dans les cas suivants : (z)abazín « couscous aux légumes », barkán « noir », barqí « gifle », búḏa « massette », finníš « mule », afráq « tente du sultan », fullús « poulet », zaġáya « épieu », qillíd « roitelet », qurmús « bonnet », qalmús « capuchon de burnous », gargíyya « épieu », ǧináwi « guinéen », sumáqa « jet, lanière », ġumári « berbère de Ghumara », aqzál « épieu », hirkása « chaussure rustique », maqaqún « étalon », tafáya « étuvée de mouton à la coriandre », tamara « banquet », mizwár « chef », masmaqúra « aristoloche », mímmi/u « prunelle », mazád « école coranique », muzúra « tresse de cheveux », raṣ ṭabbál « frelon »,31 arġís « épine-vinette », árra « donne (-moi) », záġnaz « agrafe », záwzana « mutisme », aġráš « plus astucieux », ḫammál « nettoyer », mallílis « alaterne », sás « tarentule », išír « garçon » et son féminin ṭáyšar « fille de joie », maġál « presser (la foule) », zuġzál « sagaie », asmás « banquet », baqíyya « écuelle en bois », táqra « terrine », múġra « grandeur », sarġánt « télèphe », taġandást « pyrèthre », taráḫṣa « mets de fèves cuites », et hárkama « ragoût de tripes », en somme, presqu’une cinquantaine de cas, ce qui confirme une influence plutôt faible du berbère sur l’arabe andalou, surtout si on la compare avec le cas du roman, qu’on verra ensuite. Une partie de ces emprunts soulève des problèmes d’ordre chronologique, car ils peuvent contenir des phonèmes qui n’ont intégré le berbère qu’à travers le contact avec l’arabe, mais aussi car ils peuvent ne pas apparaître dans les dictionnaires modernes des variétés de berbère. Il est donc difficile de décider s’ils proviennent ou
|| 30 Ce qui constitue une phase caractéristique et nécessaire des procès de pidginisation et de créolisation, au commencement de l’acquisition d’une deuxième langue par une société en bloc. 31 Littéralement « guêpe tambourinaire », avec addition de cet adjectif arabe.
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pas du berbère. Dans le premier cas, il pourrait néanmoins s’agir de termes qui ont été amenés en Al-Andalus par des Berbères arabisés en Afrique du Nord ; dans le second cas, on pourrait avoir affaire à des termes tombés en désuétude, ce qui expliquerait leur disparition des dictionnaires modernes (voir Vicente 2020 : 238, notes 27 et 28).
2 Le substrat roman du faisceau dialectal andalou Du fait que l’entité politique connue comme Al-Andalus et sa société est le résultat de la superposition d’une minorité musulmane, arabe et berbère sur une population fortement romanisée et christianisée, hormis une communauté juive et quelques poches de païens en cohabitation difficile avec la monarchie wisigothique et son clergé catholique, on ne pouvait s’attendre qu’à une évolution très lente vers le monolinguisme en arabe et la disparition totale des autres religions que l’Islam.1 La situation linguistique de la Péninsule Ibérique à la veille de l’invasion islamique nous est partiellement connue par des informations presque exclusivement lexicales des auteurs romains classiques, et surtout par les études paléographiques et comparatives des dialectologues contemporains.2 En somme, le bas-latin hispanique était déjà un faisceau dialectal avec quelques traits communs,3 mais clairement divisé en trois zones : occidentale, avec des sous-dialectes qui deviendraient le galicien et le portugais ; orientale, berceau du catalan, avec des rapports étroits avec le provençal ; et centrale, dominée à l’avenir par le castillan, mais avec quelques zones de transition, comme les sous-dialectes asturien et léonais, se rapprochant de ceux de l’Occident, et les parlers aragonais, avec quelques liens les approchant du catalan. À côté de tout cela, on a souvent parlé d’un dialecte hispano-roman méridional, utilisé en Al-Andalus, très conservateur, appelé « mozarabe » par une inclination idéologique, ultra-nationaliste et sectaire, de ceux qui l’on découvert, mais ce nom, donné d’abord aux Chrétiens vivant sous la domination islamique dans la région de Tolède et ses alentours, ne peut être raisonnablement appliqué au faisceau dialectal du roman parlé jusqu’à son extinction par la plupart des habitants de tout l’Al-Andalus, chrétiens, musulmans ou juifs. On doit, pour des raisons d’exactitude scientifique, le remplacer par « roman andalou », ou en castillan par l’acronyme « romandalusí ». La description linguistique du roman andalou s’avère d’une importance extraordinaire pour une meilleure connaissance du vieux faisceau proto-roman hispanique, qui fut à l’origine des langues néolatines hispaniques modernes et médiévales. Mais une telle tâche ne peut pas s’accomplir avec l’exactitude désirable à cause de l’état des sources, maigres et difficiles à interpréter, comprenant surtout les noms de lieux des régions où une très longue domination islamique excluait la présence ou l’influence néolatine moderne, et les textes en graphie arabe contenant des mots ou des phrases attribués par leurs auteurs au roman, sous le nom vague de
|| 1 En fait, il y avait encore des Juifs à Grenade jusqu’à la fin du royaume nasride, et il y avait eu des romanophones, même parmi les Musulmans andalous jusqu’au XIIIe siècle. 2 Voir R. Lapesa 1980 : 70–84. 3 Voir Lapesa 1980 : 106–108. https://doi.org/10.1515/9783110679373-006
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ʕaǧamiyyah.4 Cependant, dans le premier cas, et sans dénier la valeur des nombreuses données valables extraites de la toponymie, les chercheurs ont souvent négligé l’impact des distorsions phonétiques introduites, d’abord dans la phase finale arabophone exclusive de ces lieux d’Al-Andalus, puis par les historiens ou les écrivains chrétiens du Nord qui les ont répertorié en graphie latine selon leurs habitudes phonémiques, phonétiques et orthographiques. Quant au deuxième cas, celui des mots et des phrases du roman andalou transmis par des ouvrages arabes, on a trop souvent confié à l’exactitude des anciennes transcriptions dans cette graphie, sa transmission par des copistes ignorant le roman et leur édition moderne et même la retranscription en alphabet latin, puisque l’ensemble des chercheurs n’a pas voulu ou pu consulter les rares manuscrits qui nous sont parvenus.5 C’est pour cela que, dans la description du roman andalou dans Corriente 2008,6 on a choisi de considérer, en priorité, les données en graphie arabe dans les textes poétiques, historiques ou scientifiques, précédée de l’amélioration de leurs sources et suivie par une utilisation auxiliaire des données toponymiques et les considérations tirées de leur ensemble par les dialectologues romanistes. Nous reprendrons ici le projet antérieur, avec les améliorations apportées par les études et les constatations des années postérieures, détaillées sous les épigraphes habituelles de graphonomie, grammaire (phonologie, grammaire et syntaxe) et lexique.7
|| 4 Du vieux terme arabe ʕaǧam « muet ; ceux qui ne parlent pas l’arabe ; étrangers ; persans, etc. », avec des connotations similaires au berbère agnaw « muet », avec une évolution sémantique très variée vers « guinéen ; voleur ; renard, etc. » ; voir Corriente 2008 : 40, sous aguineu. 5 Pour ne donner qu’un seul exemple d’un grand savant égaré par une édition défectueuse de ces textes, rappelons le cas de Lapesa 1980 : 184, acceptant la présence de *lyorar « pleurer » et donc d’un résultat /ᶅ/, exceptionnel pour le « mozarabe », du group latin /pl/, sur sa foi en deux témoins, selon García Gómez 1972, des kharadjāt 6 et 29, dont les textes paléographiques >bd lbār< avait été lu par ce notable arabisant comme *BÁDO LYORÁRE « je vais pleurer », et >ʔlfrārlpškh< = LA PÁŚKA « Pâques » dans H5, >pwṭrd< = POṬRÁD « il pourra », ãinsi que >gnnš< = GÁNNEŚ « que tu gagnes » dans H13, ou >fgwry< = FOGÓRE « fougue » dans H23, et l’absence de /ḏ/, /ḫ/ et /ġ/, remplacés par >dk< et >gtrnrd … dlyd< = TORNARÁD … DÓLED « il reviendra … il fait mal » dans H9, >ʔlklʔq< = l’arabe andalou alḫalláq « pigeon apprivoisé pour attirer et voler les femelles » dans H6, et >ilglʔlh< = l’arabe andalou alġilála « tunique » dans H8, et >kwl< = KÓL « cou » dans H11. Les graphèmes >p< et >g< rendent aussi /f/ et /ġ/ respectivement, et on remarque une certaine préférence pour >q< et >ṭk< et >ttbt< = arabe andalou ṯábta « constante » dans H22. On n’a relevé aucun cas en graphie hébraïque dans ces textes d’un >k< rendant le /ḫ/ arabe ou l’allophone [ḫ] du /k/ roman avant un /t/ ou un /š/, une séquence assez fréquente dans la graphie arabe des khardjas et les passages romans d’Ibn Quzmān, par exemple >nḫti< dans A1 et >nwḫt< « nuit » dans A4, >miḫšayr< « grande coupe » dans IQ 64/4/1, >nuḫti< dans IQ 20/6/3 < latin nocte, >laḫšalu< « il le laisse » dans IQ 7/1/3, < latin laxat illum, >maḫšal(a)< « joue », dans 49/5/1, < latin maxilla ; ou les sources botaniques, par exemple >laḫtayrah< dans Abulḫayr (nº 2123), < latin lactārĭa « tithymale », >laḫtūqahmaṭaḫšāllah< « usnée » (nº 2967), < latin mĕtaxa « cordelle » avec suffixation diminutive, >uḫšinah< « radis sauvage » (nº 305), < grec ὄξυνα « aigre », >b.laḫtah< « cresson » (nº 802), < latin plecta « guirlande », >šaḫšuh faraġnah< (nº 4835) « saxifrage », < latin saxum franget « il brise le rocher », et >buḫturnah< « sorte d’épiaire » (nº 550), < latin vultŭrīna « de vautour », selon Corriente 2000–2001 : 124. 9 Où l’on a marqué assez régulièrement avec le graphème de gémination (tašdīd) le >bğnl< et /š/ pour rendre les phonèmes /p/, /č/, /ᶇ/, /ᶅ/ et /ž/, ce qui est assez compréhensible dans les deux premiers cas, puisque l’occlusion et l’affrication sont par force accompagnées d’une augmentation de la tension, d’une certaine manière similaire à celle de la gémination, mais dans le cas du >n(n)< et >l(l)b< = /b/ et /p/, >ğ< = /ǧ/, /č/ et /ž/,11 >f< = /f/ et /v/,12 et /š/ = /š/ et /ś/, alors que les trois graphèmes bifonctionnels arabes classiques >wy< et >ʔ< à valeur consonantique avant les voyelles, et de voyelles longues après les consonnes, sont devenus des graphèmes représentant surtout les voyelles phonologiquement toniques, /ú/ ou /ó/, /í/ ou /é/, et /á/ ou /é/.13 Comme toujours dans les cas de bilinguisme imparfait, situation fréquente dans de telles communautés, il y a des indices aussi bien en arabe andalou que dans le roman andalou d’existence de phonèmes marginaux, c’est-à-dire de cas dans lesquels un phonème d’une de deux langues n’est pas réalisé correctement par tous ou toujours, qui est parfois remplacé, dans certains sous-dialectes ou idiolectes, par un
|| d’un côté, et /l/, /ll/ et /ly/ de l’autre, et avoir été puis adopté comme marque diacritique universelle dans d’autres cas, comme on l’a fait en latin et puis dans certaines langues latines avec le >h< des digrammes >rhphthchnhlhǧbyǧm< = /béyža(d)me/ « il m’embrasse », A21 >byǧāl< = /beyžéllo/, etc. Cette faute de différentiation graphique peut être en rapport avec la situation de l’arabe andalou, où ces sons n’étaient que des allomorphes sous-dialectaux ou idiolectaux, selon Corriente 1977 : 51, note 70. 12 Ce phonème aurait existé dans certains dialectes du roman andalou, rendu par un >ffānt< = VÉNTE et >fyryn< = VIRÉYME « je viendrai » dans la khardja A1, >yā fātin a fātin< = YA VÉT+EN E(D) VÉT+EN « va-t’en vite, va-t’en » dans A3, et >fbnm< = VÍBNE < latin vīmen « osier », chez Abulḫayr, mais les attestations de l’indifférenciation de /b/ et /v/ dans ce faisceau dialectale sont abondantes ; voir 2.2.2. 13 Cf., par exemple dans pour l’alif, >mttār< = MATTÁRE dans la khardja A5 et >lbār< = LEBÁRE « supporter » dans A6, mais, >kārš … bkālh< = KÉREŚ … BOKÉLLA « tu vois … petite bouche » dans A11 ; >ʔrāy< = ARRÉYO « je m’accoutre » dans A17 et >knbābš< = KÁN BEBÉŚ « combien tu boirais » dans A20 ; pour >yġryr< = GARRÍRE « dire » et >drmyr< = DORMÍRE « dormir » dans A15, mais >brqy< = PORKÉ et >ynqys … byr< = YA NI(N)QÉS « il n’a voulu pas … voir », ainsi que >bydw< = BÉDO « je vois » dans A10 ; et, pour >wʔywn< = AYÚN « jeune » dans A12 et >ʔqwṭš< = AKÚTAŚ « aigües » dans A26, mais >fʔwr< et >ḏlḏwr< = FOGÓRE « fougue », DOLEDÓRE « tourmenteur » et >nwḫt< = NOḪTE « nuit » dans A4.
Graphonomie | 15
autre d’articulation proche. Pour l’arabe andalou le sujet avait été déjà abordé dans Corriente 1978, à propos de /p/, /č/ et /g/ ; pour le roman andalou, il est assez probable que les phonèmes /p/, /v/, /č/, /ᶇ/, /ᶅ/ et /g/ fussent souvent et bien sûr parfois remplacés par /b/, /f/, /ǧ/, /ny/, /ly/ et /ġ/. Une autre question graphonomique ayant parfois tracassé les chercheurs est l’utilisation dans les textes romans andalou en graphie arabe de quelques graphèmes rendant dans cette langue des phonèmes méconnus dans les langues néolatines et correspondant aux phonèmes arabes /ḫ/, /ḏ/, /ṭ/ et /q/,14 ce qui est absolument normal dans le cas de mots ou de phrases empruntés à l’arabe, car le faisceau dialectal andalou préservait assez bien tous les phonèmes, malgré quelques phénomènes diachroniques, sociolinguistiques ou sous-dialectiques, mais nécessite une explication pour les mots de souche préislamique, surtout latins. La réponse à cette question décèle un fait curieux mais pas surprenant, à savoir que l’enregistrement de ces textes a été conduit par les règles phonologiques arabes, ayant ainsi attribué le rang de phonèmes à des sons qui étaient de simples allophones des phonèmes romans, c’est-à-dire [ḫ], résultat de l’affaiblissement du /k/ avant une consonne occlusive : comme dans >nwḫt< = [NÓḪTE] « nuit » < latin nocte(m) (dans A4) ; et du /d/ implosif, comme dans >tnrāḏ … kārḏ< = [TENRÁḎ … KÉREḎ] « il aura … il veut », < latin *tĕnĕre hăbed et *quaerĕre hăbed (dans A3).15 Et, d’un autre côté, on a utilisé les graphèmes des consonnes arabes vélaires ou vélarisés afin de suggérer les voyelles /e/ et /o/, allomorphes de /i/ et /u/ arabes au voisinage de ces consonnes, méconnues dans les langues néolatines, comme dans >brqy< = /PORKÉ/ « pourquoi » (dans A5), >qʔlql< = /ÉLLE KÓLLO/ « ce cou-là » (dans A14), >qrğwny< = KORAǦÓNE « cœur » (dans A29), >msṭwr< = MEŚETÓRE « embrouilleur » (dans A33), >nwn tṭwlg< = /NON TE TÓLGAŚ/ « ne t’éloigne pas » (dans H16), >pwṭrd< = /POTRÁD/ « il pourra » (dans
|| 14 Il n’y a pas de cas sûrs de /ṣ/ et /ḍ/, puisque >fṣṣwn< = /FEŚÓN/ « haricot » dans Abulḫayr nº 2731 pourrait n’être qu’une extension andalouse du néo-arabe oriental fāṣūlyā < latin făsĕŏlus, et la dérivation de >bayḍamūn< « belladone » ou « jusquiame noir », à travers */BÉLLA DOMNÓNA/ < bas-latin bella domina (suggérée dans Corriente 2004 : 47 et 2008 : 149), est raisonnablement questionnée dans 2017 : 203, alors que >ḍ/dm(ā)y< dans A28 peut être interprété comme */ADAMÉY/ « j’aimai » ou un hybridé */(a)ḍamm+ÉY/ « j’embrassai », sans grand changement de sens. Cela serait une conséquence des fréquentes confusions de /s/ et /ṣ/, et de /ḍ/ avec /ḏ/ en arabe andalou (selon Corriente 1977 : 48, 50 et 47), ce qui pourrait avoir réduit le rendement fonctionnel de leur opposition phonologique, à la différence des cas de /q/ et /ṭ/, par rapport à /k/ et /t/. 15 Dans le cas parallèle du /g/ roman, presque constamment rendu par le /ġ/ arabe, assez proche acoustiquement de l’allomorphe implosif du premier, la conclusion dans Corriente 1978 : 218 était déjà que les Andalous avaient presque toujours simplifié ces différences allomorphiques et réalisaient donc le /g/ roman comme un /ġ/.
16 | Le substrat roman du faisceau dialectal andalou
H20), et >ṭīnē< = /TÉNE/ « tiens » (dans H25), et >trnāḍ< = /TORNÁDE/ « revenu » et >lššāḍ< = /LEŠÁDE/ « laissé » (dans A21).16 Cependant, ces principes généraux, bien que pouvant être invoqués pour soutenir quelques lectures, sont souvent ignorés, car la transmission de ces textes n’a, dans la plupart des cas, pas été rigoureuse. La règle selon laquelle on rendrait avec les trois graphèmes >wy< et >ʔ< les voyelles longues /ú/ ou /ó/, /í/ ou /é/, et /á/ ou /é/, et pas les brèves, qui resteraient sans notation ou marquées par des pointsvoyelles est constamment violée, comme, par exemple dans >nḫti< = /NÓḪTE/ « nuit » (dans A1), >ʔlql< = /ÉLLE KÓLLO / « ce cou-là » (dans A14),17 mais >knbābš< = /KÍ+N BÉBEŚ/ « de qui tu bois », >mtri< = /MATTÁRE/ « tuer » (dans A26). D’un autre côté, on omet assez régulièrement le graphème de gémination (tašdīd) dans le >bğnl< et /š/ rendant les phonèmes /p/, /č/, /ᶇ/, /ᶅ/ et /š/.18 À titre d’exemple supplémentaire, on n’a pas toujours réservé l’alif pour le /e/, et pas seulement après une consonne vélarisante et donc empêchant la palatalisation selon les règles du système arabe classique, comme dans >māl(y)< = /MÁLE/ « mauvais ».19
|| 16 Mais ce principe est loin d’être une règle sans exceptions : par exemple dans /TELLÍS/, /TEW/, /TORNÁRE/, >QERBÁREQULOQṬʔry< dans A17, mais >ʔrayya< dans A19. 18 Hormis des cas isolés, comme dans A13, >ḫl+āllu< = /ḫal+ÉLLO/ « petit voleur » et >smr+llu< = /samr+ÉLLO/ « petit brun », deux mots arabes assimilés et à suffixation romane, ainsi que >lššāḍ< = /LEŠÁDE/ « laissé », car le >š< rend habituellement le /ś/ roman. Dans IQ, l’utilisation du tašdīd dans les mots romans est plus fréquente, par exemple dans 55/7/3 >kābbah< = /KÁPA/ « manteau », dans 107/3/2 >m.nnah< = /MÁÑA/ « ruse », 86/10/2 >mllqār< = /milliqár/ « pouce », résultat de la contamination du latin pollĭcāris par mĭnĭmus (selon Corriente 1993 : 143, note 2), 13/14/1 >aḏall< = /aḏálla/ « du tout », 20/3/2 >ʔṭrabššān< = /aṭrabašán/ « traverse », 140/1/2 >fǧǧyrah< = /FAČÁYRA/ « figure », 9/32/3 >fullār< = FOLLÁR « pâtisserie feuilletée », 9/34/2 >ʔġrannūn< = /GRANNÓN/ « semoule ». En revanche, on trouve ce graphème, et parfois le sukūn et aussi quelques pointsvoyelles, assez fréquemment dans les mots arabes de ces textes, ce qui suggère une omission de copistes tardifs ignorant déjà la prononciation du roman. Mais il ne faut pas compter parmi ces déviations de ces règles les cas d’omission de points diacritiques, souvent simplement omis par des copistes ignorants, las, etc. 19 On trouvera la localisation et les informations complémentaire sur les mots cités dans Corriente 2008 : 137–227, Corriente 1997 : 360–372, ainsi que Corriente, Bustamante & Tilmatine 2004 : 692– 857.
Phonologie | 17
2.2 Phonologie Le faisceau dialectal hispano-roman possédait, lors de l’arrivée des Arabes dans la Péninsule Ibérique, un système phonologique résultant de l’adaptation du bas-latin occidental aux habitudes articulatoires des gens du pays, avec quelques variantes diatopiques.20
2.2.1 Le vocalisme Le vocalisme de ce système avait été constitué par sept voyelles (/a/, /ẹ/ et /ę/, /i/, /ọ/ et /ǫ/, et /u/)21 mais, à l’époque des attestations de cette langue qui nous sont arrivés en graphie arabe, et peut-être à cause des limitations graphonomiques de celle-ci, rien ne prouve la présence de plus de cinq phonèmes vocaliques,22 comme dans le castillan et le basque, à la différence des romans périphériques, portugais et catalan. La chute de /e/ et /o/ atones à la fin des mots, dans les jointures fermées, est un phénomène fréquent, quoique hésitant, dans les langues néolatines, par une sorte d’économie articulatoire conditionnée par la seule intelligibilité du discours, et le roman andalou n’est pas une exception ; cf. /FÁČ(E)/ « figure » (dans IQ 83/11/2 et 21/6/1), /BÉN(E)/ « bien » (dans H1 et IQ 5/7/2), /BÓN(O)/ « beau » (dans A11 et 25) et /KÓL(LO)/ (dans A14 et H11). La cause de ces choix peut être diachronique, diatopique, diastratique ou simplement métrique,23 et il y a aussi des cas de restitution incorrecte, comme le gérondif /AMÁNDE/ « en aimant » (dans A36) et les participes /LEŠÁDE/ et /TORNÁDE/ (dans A21), où l’on s’attendrait à */AMÁNDO/, */LEŠÁDO/ et */TORNÁDO/. La diphtongaison, c’est-à-dire l’extension d’un phonème vocalique par préfixation dans la diphtongue ascendante, ou suffixation dans la diphtongue descendante, d’un phonème de transition, habituellement une des deux semi-voyelles /w/ ou /y/ est un phénomène assez fréquent dans la diachronie des langues néolatines, visant à faciliter la prononciation de certaines séquences phonétiques ou à garder
|| 20 Voir Lapesa 1980 : 129–130, qui penche pour la généralisation des solutions pré-castillanes et souvent prélatines dans la plupart du pays hispanique. 21 Voir Lapesa 1980 : 78. La diphtongaison hésitante dans le roman andalou des anciens /ę/ et /ǫ/ sous l’accent, devenant /yé/ et /wé/, pourrait donner l’impression de prouver leur différentiation phonologique avec /ẹ/ et /ọ/ respectivement, mais seulement dans certains sous-dialectes. 22 D’un autre côté, on a pu suspecter une neutralisation de l’opposition phonologique de /o/ et /u/ dans les syllabes non-accentuées (comme en catalan) mais, autrement, le témoin des pairs minimes comme /KÉ/ « quoi » ≠ /KÍ/ « qui » et /KÓL(LO)/ « cou » ≠ /KÚL/ « cul » prouveraient la vitalité de cette opposition, malgré son absence dans l’arabe andalou. 23 Ce qui arrive aussi dans quelques genres de poésie castillans et italiens.
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certains timbres vocaliques, surtout sous l’accent dans les cas de /ę/ et /ǫ/.24 On a souvent souligné la rareté de ce phénomène dans le roman andalou, surtout dans les khardjas et les mots romans d’IQ et le Vocabulista,25 alors qu’on trouve nombre de ces cas dans le traité botanique d’Abulḫayr, mais presque toujours dans les seuls suffixes diminutifs {+ÉL(LA)} et {+ÓL(LA)}.26 Mais la situation est différente lorsque ces voyelles se trouvent au début des mots, c’est-à-dire en position post-jointurelle, comme dans /WÉLYO/ « œil » (dans H18) < latin ŏcŭlus et dans /WÉŚKA/ « Huesca » (dans A25) < latin Osca. On peut tirer de ces exemples deux conséquences : la première est que cette diphtongaison occasionnelle selon des facteurs diatopiques et diachroniques était déjà en place lors de l’occupation islamique ;27 et la deuxième est que la préférence pour ce phénomène semble avoir été appuyée par l’assimilation ou la dissimilation avec la consonne palatalisée du suffixe diminutif et, dans le cas de la diphtongaison post-jointurelle, par l’effet d’une règle phonotactique de l’arabe favorisant le remplacement par un /w/ ou un /y/ du /ʔ/ au début des mots, comme dans wāḥid < *ʔāḥid « un », wādī < *ʔādī « torrent ; fleuve », littéralement « qui emporte », wasama « marquer » < ʔism « nom », waṣala « arriver » de racine sémitique {ʔṣl}, yamīn « serment » < ʔamīn « sûr », etc., ce qui ne fît que s’accroître dans les dialectes néo-arabes, comme dans yānsūn « anis » < ʔanisūn, et
|| 24 Voir Lapesa 1980 : 79 et la bibliographie citée dans sa note 9 à propos des hypothèses sur ce sujet. 25 Cf. /LÉBO/ « je supporte » (dans A31) < latin lĕvo, et /KÉRED/ « il veut » (dans A3) < latin quaeret, /PÓDO/ « je peux » (dans A6) < bas latin *poto, et /BÓNO/ « beau » (dans A11) < latin bŏnus. Quant au */NWÉMNE/ « nom » < latin nōmĕn, cité dans Corriente 1997 : 345, note 14, cette exception n’existerait pas, puisque ce mot a une autre lecture dans Corriente 2008 : 234 pour A1, et apparaît sans diphtongue dans H24, /NÓMNE/, ibid., p. 186. 26 Par exemple dans /AČETYÉL/ « espèce d’oseille » et /ḥabaq+YÉLLA/, mais surtout optionnellement, par exemple dans /APOPR(IY)ÉLLA/ « bryone blanche », /LAWR(IY)ÉLLO/ « joubarbe », /NAP(IY)ÉLLO/ « aconit », /UB(IY)ÉLLA/ dans – DE TEYATO « sempiterne », et /NOKAYRÓLA/ = /NOKAYRWÉLA/ « pivoine », ainsi que /KALANDAYRÓLA/ = /KALANDAYRUWÉLA/ « sauge blanche ». Hormis ces cas de diminutifs, on en trouve d’autres, très rares, tels que /MIYÉLKA/ « luzerne » < latin mēdica (herba), /BUWÉY/ = /BÓYO/ « bœuf » < latin bŏve(m) et /TUWÉY/ = /TÓYO/ « genêt » d’origine préromaine ; l’absence de diphtongaison étant la règle, avec des exceptions nombreuses dans les seuls noms de plantes. 27 C’est aussi l’avis de Lapesa 1980 : 128. Ce phénomène semble avoir déclenché quelques ultracorrections dans les dialectes plus occidentaux, cf. les noms de lieux et de fleuves au Portugal Odemira, Odeleite, Odivarga et Odiana (vs. castillan Guadiana, mais Odiel « le petit fleuve », à suffixation romane), tous contenant l’arabe wādī « fleuve » ; voir Steiger 1932 : 293), et en galicien et en portugais osga « lézard de mur » < arabe wazġah. Quant à la chute fréquente en roman andalou et en galicien du /w/ dans les diphtongues ascendantes, après /k/ et dans YÁNA < latin janŭa « porte », voir 2.2.2.
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walīf = wilf « ami » < ʔalīf = ʔilf et, pour l’andalou, >yābunūz< « ébène » < abanūs, >wakīd< « urgent » < akīd, et warṯ « héritage » < irṯ.28 La diphtongaison post-jointurelle du roman andalou, à différence du même cas en castillan, ne disparaît pas lorsque l’accent quitte cette syllabe, à cause d’un suffixe ou d’un autre ajout tonique, par exemple dans WERK+ÁT « variété d’olives » < latin orchas, avec le suffixe adjectival {+ÁT(O)}, WERTÁNO et WERTÁYRA « potager » < latin horta, avec les suffixes {+ÁNO} et {+ÁYR(A)}, YERBÁTO et YERBATÓRA « queue-de-pourceau » < latin herba tūris, littéralement « herbe d’encens ». La chute de certaines consonnes intervocaliques du latin a parfois généré des diphtongues que le roman andalou n’a pas altérées, peut-être aidé par le fait que l’arabe andalou ne contractait pas les diphtongues de l’arabe ancien.29 On a donc /TARÁY/ « porte » < latin trăhe, /RÉY/ « roi » < latin rēgem, /KERÉY/ « crois » < latin crēde et /BÁYNA/ « corne » < latin vāgīna « étui » ; la situation étant similaire lorsque la diphtongue est produite par la métathèse d’un yod, par exemple dans /ČEBÁYRA/ « blé » < latin cĭbārĭa, littéralement « choses à nourrir », /BAYDAŚ/ « que tu ailles » < latin vādĕas et /MÓYRO/ « je meurs » < latin mŏrĭo(r). Des diphtongues qui proviennent du latin /ay/, /aw/ et /ew/ sont aussi préservées, le plus souvent par le roman andalou, par exemple dans /ÁYREŚ/ « airs » < āĕres, /ÁWRO/ « or » < aurum, /LÁWRO/ « laurier » < laurus, /ĠAWD(IYÓLO/ « sceau de Salomon » < gaudĭum « joie », avec suffixation diminutive romane, et /ČENTÁWRIYA/ « centaurée » < bas latin centauria et /RÉW/ « rhubarbe » < rheu(m), /MÉW/ « mon », /TÉW/ « ton », /ŚÉW/ « son » < meus, tuus, suus. Mais la contraction des diphtongues /ay/ et /aw/, qui allait devenir la solution générale, hormis en portugais et en galicien,30 était déjà optionnelle dans certains cas pour le roman andalou, par exemple dans /LÁWRO/ « laurier », à côté du synonyme /ORBÁKA/ < latin lauri bacca et /ÁWRO/ « or », à côté du syntagme /ÓR ČÉKOL/ < latin aurum caecŭlum, littéralement « petit or aveugle », nom donné à une sorte de centaurée. Dans d’autres cas, pourtant, seule la contraction de la diphtongue est documentée dans les sources, par exemple dans /DÓQO/ « carotte » < latin daucum, /ORÉČA/ « oreille » < latin aurĭcŭla et /KÓDA/ « queue » < latin cauda.
|| 28 La faiblesse articulatoire et le manque de substance phonique du /ʔ/, qui vise à disparaître, ou au moins à devenir un phonème marginal en néo-arabe, est à l’origine de ces changements phonétiques, puisque le trilitéralisme caractéristique du sémitique est enclin à compenser toute perte d’une consonne radicale, par exemple dans les pluriels brisés de l’arabe andalou awbár « puits » de bír < biʔr, ainsi que dans akwás « coupes » de kás < kaʔs ; et, dans les cas de tous les verbes néoarabes de la forme II des racines {ʔ23}, le remplacement de la consonne faible par un /w/, d’abord à l’imperfectif {yuʔa22i3} > *{yuwa22i3} > {yiwa22i3}, puis partout. 29 Voir Corriente 1977 : 29, à propos de ce trait presque exceptionnel dans l’ensemble du néo-arabe, et surtout dans les dialectes occidentaux. Néanmoins, il y a eu des exceptions, surtout tardives ; voir ibid. 29–30. 30 Voir Lapesa 1980 : 183.
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2.2.2 Le consonantisme Le consonantisme théoriquement total du faisceau dialectal hispanique lors de l’invasion islamique était intégré par 24 phonèmes, distribués en paires de sonores et de sourdes dans chaque un des huit points d’articulation utilisés, avec l’addition de deux semi-voyelles, labiale et alvéolaire, d’une consonne nasale pour les labiales, alvéolaires et prépalatales, d’une consonne latérale et d’une autre vibrante pour les alvéolaires et prépalatales, selon la disposition suivante : 1) Labiales : /p/, /b/, /w/ et /m/. 2) Labiodentales : /f/ et /v/. 3) Alvéolaires : /t/, /d/, /y/, /n/, /l/ et /r/. 4) Prépalatales : /č/, /ǧ/, /ᶇ/ et /ᶅ/. 5) Chuintantes : /š/ et /ž/. 6) Sifflantes prédorsales (affriquées) : /ŝ/ et /ẑ/. 7) Sifflantes apicales : /ś/ et /ź/. 8) Vélaires : /k/ et /g/. Néanmoins, certains de ces phonèmes pouvaient manquer dans certains sousdialectes, registres ou époques, c’est-à-dire selon des conditions diatopiques, diastratiques ou diachroniques exigeant leur chute sans aucune compensation ou leur remplacement toujours réglé par des préférences phonétiques.31 Les consonnes labiales et labiodentales du roman andalou avaient quelques traits particuliers dans sa réalisation : hormis quelques régions de l’Est, on ignorait l’articulation du /v/ et on le remplaçait par un /b/ infra-correct ou un /f/ ultracorrect, par exemple dans /B/FÍMNE/ < latin vīmen « osier », et le /b/ implosif était spirantisé, c’est-à-dire prononcé [ᵬ], ce qui explique quelques cas de /b/ > /w/, par exemple /AWKÍNO/ < latin apocynum « cynanque », et /TAWTANÉL/ « rhum » < latin tābĭtūdĭne(m), avec le suffixe diminutif roman. Si ce /b/ implosif séparait deux voyelles différentes, il tombait souvent et une diphtongue pouvait en résulter, par exemple dans /FAYČÉLLA/ « lupin » < făba « fève », avec double suffixation diminutive romane {+ÉČ-ÉLLA}, mais /MARRÓYO/ « cresson » < marrŭbĭum. Quant au /m/, on le remplaçait parfois par /b/, par exemple dans /ARǦOB/MÓNYA/ « pavot argémone » < latin argĕmōnĭa, ou par /n/, comme dans /N(IY)ÉŚPOROŚ/ « nèfles » < latin mespĭlus, mais il s’agirait de phénomènes isolés d’assimilation et de dissimilation, pouvant même s’inverser, comme dans /M/PÁNČÁYN/ « plantain » < latin plantāgo,
|| 31 Cela suivant l’évolution morpho-phonétique qui avait engendré le bas latin du latin classique, avec des traits communs et des différences dans plusieurs provinces de l’Empire ; voir Lapesa 1980 : 73–93. Par exemple, le vieux latin ne comptait pas des phonèmes prépalataux et chuintants, qui sont apparus dans certaines régions de la Romanie ; quant aux sifflantes apicales, elles ont été empruntées aux langues préromanes d’une partie de l’Hispanie.
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+ĭnis. La semi-voyelle /w/ disparaissait assez régulièrement lorsqu’elle séparait une consonne d’une voyelle, c’est-à-dire dans les diphtongues descendantes, par exemple dans KÁND « quand », /KÁN/ « combien », /KÁTRO/ « quatre » et /KARÉNTA/ « quarante » < latin quando, quantum, quattŭŏr et quădrāgintā, mais il y a des exceptions, par exemple dans /KUWÁLYO/ « présure » < latin cŏāgŭlum. Finalement, le remplacement du /f/ par un /b/ dans /TERÉBOLO/ « trèfle » < latin trīfŏlĭum, partagée par le castillan trébol, le catalan trèvel et le portugais trevo, suggère une ultra-correction d’assourdissement des consonnes finales dans une variante */TRÉF(O)/, avec la restauration postérieure du /l/ dans certaines langues. Les consonnes alvéolaires /t/, /d/, /y/, /n/, /l/ et /r/ : aussi bien les deux premières, occlusives, que les autres, sonores, peuvent s’affaiblir ou tomber dans certains cas. La position implosive ou intervocalique détermine parfois la sonorisation de /t/, par exemple dans /AKÓND/ « immortelle stéchade » < latin accomptus « orné » ;32 le remplacement du /d/ par /l/, par exemple dans /MIYÉLKA/ < latin mēdĭca (herba) et dans /OLÓRES/ « gomme-résine » < latin ŏdōres « parfums », ou même sa simple chute, par exemple dans /BÁY/ « va-t’en » < latin vāde, /BÁŚE/ « il s’en va » < latin *vādet se ; de plus, on trouve fréquemment des cas d’assimilation avec la consonne suivante, par exemple dans /A(D) M≠TÍB/ « à m≠toi », /GARRÉ(D)ME/ « dites-moi » < latin garrīte mibi et dans /A(D)LÚDO/ « j’imagine » < latin adlūdo « j’allude ». La semi-voyelle sonore /y/ peut aussi tomber en position implosive, par exemple dans /BÉNTE/ « vingt » < latin vīginti,33 mais déjà en bas latin, le latin hispanique et donc, le roman andalou, la présence de ce phonème, appelé avec le nom sémitique de yod par les linguistes,34 a généré des phénomènes de palatalisation, comme ceux qui ont ajouté à la phonologie du latin les consonnes prépalatales (/ᶇ/ et /ᶅ/, par exemple >ṬÍNNABÉ(Y)Z/ǦAṬÍNYA /ž/ dans >MIǦWÉLLO< « millet » < latin millĭum, avec une évolution semblable à celle du castillan. Il y a aussi, apparemment, /ny/ > /ll/ dans >ARMELLÍN< « hermine » < latin armĕnĭus, littéralement « arménien », mais c’est à cause d’une dissimilation d’un résultat normal */ARMEÑÍN/, à suffixation attributive romane. 37 La réalisation prédorsale affriquée est prouvée par l’hésitation dans plusieurs variantes, chez Corriente 1999 : 150, à transcrire avec /ǧ/ ou /z/, avec ou sans /y/ ; cette deuxième solution étant
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d’autres solutions moins courantes, dans des cas différents, par exemple dans /dy/ > /ŝ/ ou /y/, comme dans >WÉRS/YO/ « orge » < latin hordĕum. La sonore /n/ peut parfois tomber ou s’assimiler devant une autre consonne,38 par exemple dans /LÉ(N)KWA/ « langue » < latin lingua, /ATRABAŠÁYRA/ « manteau » < latin transversārĭa, littéralement « oblique » et dans /ČIKOLÉL/ « sorte de lierre » < latin cingŭlus « ceinture », avec la suffixation diminutive romane. Devant un /t/ ou /d/, elle empêche le résultat fricatif, ce qui est rendu par >nt< et >ndnṭnn/y(A)FRÁNN/YEPAW/LMEŚ< « palmier nain » < latin palmae ; ou simplement tomber, comme dans /ABÚČO/ « asphodèle » < latin albūcĭum, /DOČÍNO/ « réglisse » < latin dulcis avec suffixation romane, et /BOPUČÍNA/ « globulaire » < latin vulpēs « renard » à suffixation attributive romane. Cette chute arrive d’une façon exceptionnelle dans le groupe /fl/ de /(LA)FÓRA/ « fleur » et, optionnellement, /lf/ de /D+ÓF/ « de parfum »,40 alors qu’un résultat /ly/ pour /kl/, après la chute de la voyelle atone entre les deux consonnes, est habituel, comme dans /WÉLYO/ « œil » < latin ŏcŭlus, /ORÉLYA/ « oreille » < latin aurīcŭla, /PODOLYÁR/ « herbe aux poux » < latin pēdĭcŭlāris et /MALYÓŚ/ « taché » < latin măcŭlōsus.41
|| assez fréquente, par exemple dans /FUZ(Y)ÉL/ « orobanche » < latin fūsum/s « fuseau », avec suffixation romane, et dans /KÉYǦ/ŠO/ « fromage » < latin cāsĕus. 38 Ce qui pouvait aussi arriver en arabe andalou, selon Corriente 1977 : 41, mais ce phénomène est presqu’un universel linguistique. 39 Griffin 1961 : 74–75 niait absolument la présence de cas de >nṭ< et >sṭǧinṭiyānā< « gentiane », >anṭūbiyā< « endive », >buǧabanṭayrah< « sorte de plantain » et >manṭiqah< « beurre », ainsi que >asṭaruluḫiyaǦENṬIYÁNA< « gentiane » < latin gentĭāna : autrement, ce phonème s’est affaibli et est devenu /y/, comme dans /ARYÉNT/ « argent », >FULLIYÍN< « suie » < latin fūlīgo, -ĭnis,44 et dans /YERMANÉLLAŚ/ « petites sœurs » < latin germāna, avec suffixation diminutive romane. La palatalisation des consonnes /ᶇ/ et /ᶅ/ dans le roman andalou est surtout rendue par >ny< et >ly< respectivement, par exemple dans >FILYÓLO ALYÉNO< « petit garçon d’autrui » < latin fīlĭŏlus ălĭēnus, et dans >BÉNYA< « permission » < latin vĕnĭa, mais il y a des cas d’hésitation entre ces deux digraphes, >nn< et >ll< respectivement, par exemple dans >ṬINN/YA< « teigne » < latin tīnĕa et dans >KAPELL/YÓŚA< < latin căpillōsa « variété de chardon », littéralement « filamenteuse », à côté d’autres cas de distribution de ces digraphes contraire à ces prévisions, comme dans >TÁLLAD< « il coupe » < bas latin taleat, et dans >NON TE+M TÓLYA< « ne me quitte pas » < latin tolle, suggérant l’équivalence fonctionnelle de deux digraphes, c’est-à-dire que chacune des deux rendait pareillement /ᶇ/ et /ᶅ/, à travers une confusion de séquences /nn/ = /ny/, et /ll/ = /ly/. Néanmoins, l’hésitation
|| 42 Le remplacement mutuel de ces deux consonnes n’était pas inhabituel en arabe andalou, selon Corriente 1977 : 43 et 52, mais il s’agit, à nouveau, d’un presque universel linguistique. 43 Rien ne suggère un traitement différent pour >c< et >qu< en bas latin, malgré les données diachroniques. Il y a eu aussi quelques cas d’ultra-correction, où /ś/ est devenu /č/, par exemple dans ČERRRÁTA « espèce d’avoine appelée fermée » (cf. castillan cerrada) et dans POČEPAČRÍN « boursede-pasteur » < latin pōdex passĕrīnus « cul d’oiseau », selon Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 117. 44 On remarque la gémination anti-étymologique du /l/ intervocalique, par ultra-correction des cas fréquents de dé-gémination, voire la chute de cette consonne et du /n/ homologue, avec d’autres exemples dans les langues romanes hispaniques, qui peuvent s’accorder ou non sur ce point, par exemple dans le latin fīlum « fil », nous avons le castillan hilo et le catalan fil, mais le portugais fio ; pour le latin collum « cou », le castillan cuello, mais le portugais colo et le catalan col ; ainsi que pour le latin canna « roseau », on a le portugais cana, mais le castillan caña et le catalan canya ; pour le latin vĕnīre, le castillan et le catalan venir, mais le portugais vir ; et, pour le latin vīnum « vin », le castillan vino, le catalán ví et le portugais vinho, où le /ᶇ/ décèle une ancienne gémination.
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dans le choix des solutions décèle une distribution diatopique et diachronique de ces phénomènes, encore mal connue dans ses détails, tout comme dans les romans hispaniques modernes, qui rendent parfois plus prudente une transcription graphémique. Les consonnes chuintantes /š/ et /ž/ n’existaient pas en vieux latin ; elles se sont développées en bas latin, à travers la palatalisation de /s/ et /z/ par la présence survenue d’un yod, comme dans /KÉYŠ/ǦO/ « fromage » < latin cāsĕus,45 ce qui peut arriver aussi pour /ks/, comme dans /ALEŠÁR/ « éloigner » < latin laxĭus avec préfixation et suffixation romane ; ou bien par l’assimilation mutuelle du groupe >scistibb(ah)< = /ECTÉPA/ « espèce de ciste » < bas latin stippa et dans >a/isṭurak< = /ECTORÁK/ « sto/yrax » < grec στύραξ) suggère que le trait d’affrication ait disparu, selon une distribution diachronique et diatopique, tout comme en castillan moderne.48 Quant au /z/ du bas latin, puis du roman, il s’agissait rarement de la continuation de ce phonème marginal dans quelques emprunts aux langues étrangères, tels que >mlāzim< « vin vieux » < latin mĕlizōmum < grec μελίζωμον ;49 mais, le plus souvent, il s’agissait du résultat d’un phénomène de sonorisation spontanée du /s/ intervocalique, comme dans /BAZÍNO/ « pot de
|| 45 Cas peu fréquent par comparaison aux autres. Les deux solutions (cf. castillan queso, mais le portugais queijo) suggèrent une opposition phonologique faible entre /š/ et /ž/. 46 Ce qui a généré la transcription du phonème /š/ avec la graphie >x< dans tous les romans hispaniques. 47 D’origine onomatopéique, mais assez développée dans l’arabe andalou (voir Corriente 2004 : 317 et 406, sous gilí et picha), aussi bien que dans le roman hispanique (cf. les vulgarismes castillans, pija/o, picha, etc., le catalan pissar, et même au-delà de ces frontières, le français pisser et l’italien pisciare). La même onomatopée a existé dans d’autres langues européennes, comme dans l’allemand pissen, l’anglais piss et le russe писать, attribuée parfois au langage enfantin, par exemple dans Vasmer III : 266. 48 Mais des graphies comme >ʔštb< et >ʔšbaraġīnunh< « asperge sauvage » suggèrent la solution contraire : la confusion avec les chuintantes, avec une distribution douteuse. 49 Cf. le castillan gazpacho « soupe de légumes froide », du latin gāzŏphĭlăcĭum < grec γαζοφυλάκιον, sans attestations d’une nécessaire phase romane andalouse.
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nuit » < latin vās « vase », /MONTÓZO/ « montagnard » < latin montōsus, /PELOZYÉLLA/ « sorte d’épervière » < latin pĭlōsus « chevelu » et dans /PEZÁČ/ « petit pois » < latin pĭsum, tous avec une suffixation romane. Les consonnes sifflantes apicales /ś/ et /ź/ constituent la réalisation normale – dans une grande partie de la Péninsule Ibérique, hormis quelques régions du Levant – des sifflantes prédorsales /s/ et /z/ du latin et du bas latin auxquelles on a ajouté un trait légèrement chuintant, que les Arabes envahisseurs ont rendu par leur >š< et leur >ǧx< et >g< et suivant le modèle du latin saltus « bois » > andalou šawṭ, d’où le portugais enxotar « chasser », le galicien enxotar et le castillan dialectal ajotarse « être très friand de », avec différentes évolutions sémantiques. Les consonnes vélaires du roman andalou /k/ et /g/ sont la continuation de ces mêmes phonèmes du latin. Lorsqu’elles ne se trouvent pas devant les voyelles palatales, elles n’ont pas subi le phénomène décrit pour les prépalatales ci-dessus qui n’affectait pas non plus le /k/ roman andalou qui résulte du phonème labio-vélaire orthographié en latin comme >quqQABÁLYO< < bas latin cavallus « cheval » ; il est parfois transcrit par >ġĠARRÍR(E)< « parler » < latin garrīre « bavarder », ce qui peut ne pas refléter non plus une différence phonémique, ou résulter d’un phénomène de fricatisation, caractéristique dans les romans hispaniques des consonnes /b/, /d/ et /g/, surtout en dehors des positions occlusives, comme dans /AĠRÚYAŚ/ < latin grŭes « grues », et l’optionnel /ÁQ/ĠWA/ < latin acqua « eau ». Autrement, il y a d’autres cas d’affaiblissement articulatoire de ces deux consonnes : par exemple dans le /k/ des groupes /kt/ et
|| 50 Néanmoins, les réalisations sonores du phonème /q/ comme /g/, bien que rejetées par la récitation canonique (taǧwīd) et les grammairiens puristes, ont toujours été fréquentes dans les dialectes anciens et modernes de l’arabe, et sont les seules à exister chez les Bédouins, ce qui peut expliquer l’utilisation dominante du >q< pour transcrire le /g/ d’autres langues voisines, selon les données de Cantineau 1960 : 67–71. D’un autre côté, il est bien connu que la plupart des envahisseurs arabes de la Péninsule Ibérique appartenaient à des tribus yéménites, c’est-à-dire ayant parlé les dialectes sudarabiques et gardant souvent une réalisation /g/ du phonème /ǧ/ de l’arabe standard, mais l’imitation des modes syriennes sous les Omeyyades semble avoir imposé celle-ci, au point qu’il ne restent que bien peu d’attestations isolées de ce trait yéménite, comme dans les transcriptions de Gallaecia « Galice », telle que ǧillīqiyyah, et Tăgus comme >ṭāǧuh< « le Tage », ainsi que quelques emprunts romans à l’arabe andalou ainsi prononcés, comme dans le castillan almogama « couple à proue d’un navire » < arabe andalou magámaʕ, moganga « agacerie » < arabe andalou muġáng/ǧa, hámago « propolis » < arabe andalou ḫámg/ǧ et alcofaina « cuvette » < arabe andalou g/ǧufáyna, ainsi que le catalan segrel « jongleur » < arabe andalou zaggál, selon Corriente 1997 : 50–51 et 2008 : xxxvi.
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/ks/ en /NÓXTE/ < latin nocte « nuit » et /MAXŠÉLLA/ < latin maxilla « joue » ; du /g/ dans /AWNÉLLA/ < latin agnella « agnelle » ; et dans n’importe laquelle des deux consonnes lorsqu’un yod est intervenu, comme dans /LEŠÁDE/ < latin laxātus « laissé » et >AĠREQ/ĠÓN< < grec agroíkon, d’où probablement */AĠREYÓN/ « cresson », le portugais agrião et le castillan agrión.
2.2.3 Phonèmes suprasegmentaux Le roman andalou en possédait quelques-uns, comme l’accent d’intensité phonémique, les jointures ouvertes,51 mais pas de vélarisation, si caractéristique de l’arabe dans tous ses dialectes,52 et presque pas du tout de gémination, un élément fondamental dans la morphologie des langues sémitiques, mais presque ignoré du latin et des langues néo-latines.53 L’accent d’intensité, que le vieux latin n’avait pas connu, étant une langue à rythme quantitatif, établi par la succession de syllabes brèves et longues, s’installa vite et solidement dans le bas latin de nombreuses régions de la Romanie occidentale, comme la Péninsule Ibérique, la Gaule et l’Italie,54 entraînant la disparition de la quantité phonémique de voyelles et de syllabes, et la remplaçant par une opposition de degrés d’aperture et de tonicité entre voyelles toniques et atones ; ces dernières se sont souvent affaiblies et ont même disparu dans certaines positions, surtout pré-toniques ou post-toniques, comme dans /ÁLMA/ < latin ănĭma « âme », /DÓNNO/ < latin dŏmĭnus « seigneur », /METRÁNA/ « luxuriante » < latin mĕlĭor
|| 51 Pour les jointures fermées, voir l’information de 2.2.1. 52 Les cas d’utilisation de graphèmes des phonèmes vélarisés de l’arabe dans les mots romans ne constituant pas que de variantes orthographiques, comme cela a été remarqué surtout pour >q< et >ṭṣ< et de >ḏ̣ḍ< sont très rares, par exemple dans >ŠAQWÁṢ(O)< < latin sălicastrum « douce-amère » et > Ḏ̣ULÓR< < latin dŏlŏr « douleur », attribuables à certaines habitudes des copistes transcrivant les mots étrangers à l’arabe, comme l’utilisation des consonnes vélaires ou vélarisées pour éviter une prononciation palatalisée du /a/, comme dans ṭāwulah « table » < latin tăbŭla et dans qānūn « loi » < latin cănōn ; ou afin de suggérer /o/ au lieu d’un /u/, comme dans >ṬÓṬO< « tout » < latin tōtus, alors qu’on utilise le >t< dans d’autres cas, comme dans >TENÉRE< « tenir » < latin tĕnĕre. De nos jours, on a même vu utiliser dans la presse arabe quotidienne le >ṣṣndy< = Sunday. 53 Il y a des cas de préservation de la gémination consonantique dans le roman andalou, par exemple dans /MÁTTA/ « plainte » < latin matta « natte de joncs », et dans /MAT(T)ÁRE/ « tuer » < latin mattus ou mātus « mou » ; mais, dans la plupart des cas, cette langue semble ignorer la gémination et ne la réalise plus, sauf dans les cas de consonnes comme /n/ et /l/, à propos desquelles, voir 2.2.2. 54 Selon Lapesa 1980 : 78.
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« mieux », avec suffixation romane, /TENRÁD/ « il tiendra » < latin tĕnĕre + hăbet, ainsi que /BERNÁD/ « il viendra » < latin vĕnīre hăbet.55 Les jointures ouvertes dans les langues néolatines ont augmenté considérablement leur rôle dans l’enjeu phonologique de langues comme le roman andalou, dont il est question ici – notamment à cause de la chute de la déclinaison nominale du latin et le traitement éliminatoire de quelques consonnes ou de groupes de consonnes en jointure fermée. Par exemple, du fait que les consonnes finales d’un mot peuvent former une syllabe avec une voyelle initiale du mot suivant, surtout lorsque ils appartiennent à un seule syntagme, les cas de métanalyse sont fréquents, produisant des formes innovées de certains mots, tels que /ORBÁKA/ « laurier » < latin lauri bacca et /ČÍNA/ « nerprun » < bas latin *lycinus, avec chute de la première consonne, interprétée comme le /l/ de l’article défini, ou /BANÚC/ « ébénier » < latin ĕbĕnus, un cas similaire avec métanalyse de tous les phonèmes de cet article,56 ou, par contre, /(L)ÉŚKA/ « yeuse » < latin isca et /ŚEMŚÓNŚ/ « prunes » < latin myxa, avec suffixes romans augmentatif et de pluriel, avec agglutination totale de l’article défini.
2.2.4 La phonétique combinatoire La phonétique combinatoire du faisceau dialectal roman andalou doit considérer les questions de la phonotaxe, de l’assimilation, de la dissimilation et de la métathèse. Les séquences possibles de phonèmes afin d’intégrer les syllabes, puis, avec celles-ci, les mots d’une langue sont établis par des règles phonotactiques, généralement assez strictes pour chacune, quoique similaires au sein d’une même famille
|| 55 Ce choix de rythme était si profondément enraciné dans toutes les langues, romanes et préromanes, utilisées par les populations de la Péninsule Ibérique à la veille de l’invasion arabe qu’elle s’est imposée aussi dans les dialectes arabes des conquérants et est devenu une caractéristique pour l’arabe andalou de toutes les époques. Cela eut une conséquence sérieuse pour la diffusion normale de la culture arabe, puisque les arabophones andalous ne percevaient pas le rythme quantitatif de la poésie arabe et sont ainsi restés deux siècles sans pouvoir l’apprécier ou la composer, jusqu’à la découverte par ʕAbbās b. Firnās d’un système de transposition de la marque de quantité syllabique et son remplacement par la marque de tonicité, en conservant les combinaisons connues de la métrique arabe classique (ʕarūḍ) et réouvrant ainsi aux arabophones andalous la porte de l’appréciation esthétique de cette poésie et son imitation au plus haut niveau, selon Corriente 1997 : 80. 56 Néanmoins, dans les cas où le résultat ne comporte que la perte d’une voyelle initiale, il pourrait aussi s’agir d’une conséquence de la tendance, surtout dans l’arabe occidental, à supprimer de telles voyelles, afin de raccourcir les mots et de les rapprocher des schèmes morphologiques de l’arabe : par exemple, en arabe andalou, safannárya < grec staphîlŷne ágria (d’où le portugais cenoura et le castillan zanahoria), et dans le castillan bojalaga « gnidium » < arabe andalou buḥaláqa < arabe abū ḥalaqah, littéralement « celui qui porte un anneau ».
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linguistique, dans ce cas, celle des langues néolatines occidentales et, plus exactement, les romans hispaniques. Selon ces règles, une syllabe ne doit pas commencer par plus d’une consonne, sauf si la première est suivie par /r/ ou /l/, et ne doit pas contenir plus d’une seule voyelle ou une diphtongue, et ne peut être fermée que par une seule consonne, parfois deux avec des limitations ajoutées dans plusieurs cas et situations plutôt instables. D’un autre côté, ces règles peuvent subir une violence aussi limitée dans les registres hauts ou bas d’une langue : ce sont les cas du castillan psicología et ptialina, ainsi que du portugais psicologia « psychologie » et ptialina « ptyaline » sous la pression du registre cultivé, mais prononcés comme sicología et tialina dans les registres bas et normaux du castillan, pisicologia et pitialina dans ceux du portugais, car ces deux langues n’acceptent pas les groupes /ps/ et /pt/ en début de syllabe. Ces violations sont particulièrement plus fréquentes dans les situations de bilinguisme parfait, comme l’était l’Andalus, puisque les romanophones n’ignoraient pas l’arabe andalou – souvent même le contraire, jusqu’à l’extinction totale du roman andalou à la fin du XIIIe siècle, ce qui ne fut pas simultané selon les régions, les villes, les campagnes et les montagnes. Il est difficile de trouver une autre explication aux cas comme >TARÁY< « apporte » < latin trăhe et >KERÉYO< « je crois » < latin crēdo, >AĠRANÁṬAŚ< « grenades » < latin grānāta, >AFRÁNNE = FARÁNNE< « il casse » < latin frangit,57 puisque l’insertion d’une voyelle entre ces consonnes, demandée par le mètre, et aussi en obéissance de la règle phonotactique de l’arabe standard et andalou ne permettant des syllabes avec deux consonnes initiales. L’assimilation est un principe universel de la phonétique, reflétant la tendance physiologique au moindre effort par l’élimination des différences articulatoires étymologiques mais dispensables pour l’intelligibilité dans une séquence de phonèmes, ce qui peut déterminer : la palatalisation ou la vélarisation des voyelles postérieures ou antérieures respectivement dans une séquence avec l’autre classe de voyelles ; l’harmonisation vocalique qui rend égale une séquence de voyelles différentes, possible aussi dans certains cas de consonnes ; la sonorisation et, parfois, la vocalisation des consonnes sourdes afin de les rapprocher des voyelles du contour. Toutes ces variantes d’un même phénomène sont attestées dans le roman andalou où, par exemple /ČO/EPÓLA/ « oignon » < latin caepulla et /ČUKÚT/ « ciguë » < latin cĭcūta sont des cas d’harmonisation vocalique, et /ČENČEPÓNTA/ « chardon » < latin centum puncta est un cas d’harmonisation consonantique du /t/ avec le /č/ précédent. D’un autre côté, il y a aussi des cas de lénification des consonnes sourdes, devenant sonores dans le voisinage des voyelles, ce qui est caractéristique de tous les romans hispaniques, hormis le roman andalou de quelques ré-
|| 57 Cette hésitation n’étant pas un cas isolé suggère que la forme */FRÁÑE/ rejetée par l’arabe andalou, mais acceptée en roman andalou, existait aussi et était standard dans cette langue, lorsqu’il n’y avait pas de circonstances particulières.
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gions ou plus ancien,58 où on a >LÚBBA< = /LÚPA/ « louve » < latin lŭpa, /LATÉLLA/ « morpion » < bas latin latella et /ČIKÁLA/ < « cigale » < latin cĭcāla, sans l’altération de cette surdité qu’on trouve néanmoins dans /BOBRÉLLA/ « courgette » < bas latin apopores, /LEŠÁDE/ « laissé » < latin laxātus, /AKÚTA/ « aigué » < latin ăcūta, /AKÓND/ « amarante » < bas latin *accomptus et dans /FÍĠOŚ/ « figues » > latin ficus. On a encore des cas de lénification de quelques consonnes agroupées, comme par exemple dans /kt/ < /ḫt/ ou /yt/ dans /LEḪ/YTÁYRA/ « tithymale » < latin lactārĭa et /P(E)LÉḪTA/ « tresse de jonc » < latin plecta ; /kś/ > /ḫś/ > /ś/, par exemple dans /FARÁḪŚONO = FARÁŚNO/ « frêne » < latin fraxinus ;59 /sč/ < /š/, par exemple dans /ŠENTÉLL/A/ « étincelle » < latin scintilla ; /st/ < /č/, comme par exemple dans /MAČ(E)KÁYRA/ « carline » < latin mastichē/a « mastic », avec suffixation romane ;60 /rś/ > /śś/, comme par exemple dans /AṬRABAŚŚÁN/ « poutre » < latin transversārĭum, avec remplacement du suffixe ; /nś/ < /ś/, comme par exemple dans /TERMÉ/Ś/ < latin trĭmensis « (blé) qui pousse en trois mois », avec remaniement de la structure syllabique. Les groupes consonantiques contenant un yod ou un /l/ palatalisé, c’est-à-dire un formant phonétique antérieur, ont eu dans le roman andalou, comme parfois ailleurs, des résultats caractéristiques, mais pas nécessairement identiques, par exemple dans /b/py/ qui peut perdre la première consonne, comme dans /ROYÓLA/ « cuscute » < latin rŭbĕa, avec suffixation diminutive romane, et dans /MARRÓYO/ « marrube » < latin marrŭbĭum, mais on a /MAḪŠÉLLA RÚBYA/ « grateron », littéralement « joue blonde » et le préroman /TÁPYA/ « pisé » ; quant à /dy/, le résultat peut être /c/ ou /y/, comme dans /WÉRC/YO/ « orge » < latin hordĕum, ou encore /č/ comme dans /TERBÉČ/ < bas latin tripedium « tripode ». Finalement, les groupes d’autres consonnes suivies par /l/, dont la palatalisation peut être douteuse, peuvent avoir de résultats conservateurs : comme par exemple dans /APLANTÁYIN/ < latin plantāgĭnem « plantain », /ÉNFALA/ « il gonfle » < latin inflat et /EŚPÍKLO/ « spic » < latin spīcŭlum ; à côté d’autres solutions comme /ļ/, qu’on retrouve dans >BÉLYAŚ< « vieilles » < latin vĕtŭlas, >KONÉLYA< « lapine » < latin cŭnīcŭla, >ORÉLYA< « oreille » < latin aurīcŭla, mais aussi /ORÉČA/, et dans /FINÓČO/ « fenouil » < latin fēnĭcŭlum ; ou la simple chute de la première consonne, par exemple dans /LÁNDEŚ/ « glandes » < latin glandes.61
|| 58 Car le traitement différent, très discuté par les romanistes, selon Griffin 1961 : 55–59, refléterait des différences diatopiques ou diachroniques, comme, par exemple, dans le cas du résultat de la palatalisation des occlusives vélaires, considéré dans 2.2.2. 59 Il y a parfois des cas d’ultra-correction ou la direction de ces changements est renversée, par exemple dans /BÓKTOR/ « vautour » et /BOḪTÓRNA/ « anis » < latin vultŭr(īna). 60 Voir Corriente 1977 : 68, à propos du cas dans l’arabe andalou. 61 Et, des cas plus compliqués, comme >ÚNYA< = /ÚÑA/ « ongle » < latin ungŭla et /FÉLČA/ « roseau » < latin fistŭla, à cause du /n/ et de la métathèse du premier et deuxième cas.
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Une variété très particulière d’assimilation est la répercussion ou l’insertion d’une consonne sonore, surtout /n/ ou /r/, dans certaines syllabes comprenant une autre consonne de cette classe, comme dans /AMÉNDOLA/ < latin ămygdăla « amande », /MANCÁNA/ « pomme » < latin mattiāna (māla), /AMÉNKO/ « chaussure rustique » et « sorte de pois », par métonymie du latin ămīcŭlum « vêtement », /ANPÁWRA/ « coquelicot » < latin păpāver, /ALACTORḪÍYA/ < latin ăristŏlŏchia « aristoloche », /MENTARÁŚTORO/ « menthe sauvage » < latin mentastrum.62 La dissimilation est un phénomène de la phonétique combinatoire introduisant des différences dans une chaîne de phonèmes dont certains se répètent ou sont très similaires, résultant d’une ultra-correction visant à éviter une assimilation incorrecte, ou peut-être aussi par un souci esthétique d’embellir le langage en évitant la monotonie des répétitions. En roman andalou ce phénomène est assez fréquent dans les séquences de consonnes sonores, sous les formes d’altération ou disparition, comme dans /ARMUWÉLLEŚ/ « arroche » < latin ŏlŭs molle, /AFRÁKA/ « il sent bon » < latin frāgrat, et dans */AṬRÉŚNA/ « sumac sauvage » < bas latin *lathrydina. La métathèse est un phénomène de la phonétique combinatoire changeant les positions respectives des éléments dans une chaîne de phonèmes, probablement dans la plupart des cas, aussi par le souci esthétique d’embellir le langage en évitant des séquences qu’on considère moins agréable à l’ouïe. Pour le roman andalou, on y compte les cas de /ONÓLYO/ < latin hĕlĕnĭum « aunée », /ČÉRČ/ < latin cĭcĕr « pois chiche » et de /TURBAŚ/ < latin tūbĕra « truffes ».
2.3 Morphologie L’étude de la morphologie du roman andalou comprend des informations à propos du nom, des pronoms et du verbe.
2.3.1 Les morphèmes du féminin, du pluriel et du diminutif Les données des sources de ce faisceau dialectal roman permettent d’établir les morphèmes du féminin {+A}, du pluriel {+(E)Ś} et du diminutif {+ÉLLO ≠ A}, comme dans /BÓNO/ « bon » et /BÓNA/ « bonne », dans >WÉLYO+Ś ǧíd+OŚ< « yeux sains » et /LÁNČA+Ś/ « lances », dans /BEYǦ+ÉLLO/ « petit baiser » et /BOK+ÉLLA/ « petite bouche », avec une distribution similaire à celle du castillan et du portugais modernes ; mais aussi avec certains exceptions de pluriel féminin avec {+EŚ}, comme || 62 On ne manque pas non plus de cas de répercussion dans les emprunts faits par les langues hispaniques à l’arabe, comme dans la vieux catalan alflàvia au lieu d’alfabia « jarre », le portugais paparraz au lieu d’a(l)barraz « staphisaigre » et l’aragonais carcachofa au lieu d’alcachofa « artichaut ».
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dans /PÁWMEŚ/ « palmes » et /ABELLÁNEŚ/ « avelines », similaires à la solution des romans hispaniques orientaux et certains districts asturiens et léonais.63
2.3.2 Pronoms Le roman andalou avait des pronoms personnels, possessifs, démonstratifs, relatifs, interrogatifs et indéfinis. Les pronoms personnels sujets, c’est-à-dire au cas nominatif, attestés dans les sources de ce faisceau dialectal sont /ÉW/ « je », /TÚ/ « tu », /ÉLL(E/O)/ « il »64 et /BOŚÓTRIŚ/ « vous ».65 Pour les cas obliques, on a /M(E)/ « me ; moi », /TE/ « te ; toi » et /L(O/E ≠A)/ « le ; lui », placés avant ou après le verbe ; dans le deuxième cas, affixé, et cela toujours comme réflexif, comme dans /ME BERNÁD/ « il viendra à moi », /GÁRE ME/ « dis-moi », /ADÚNAM/ « rejoins-moi », /liqá+R+TE/ « te rencontrer », /LO ŚÉ/ « je le sais », /L+AMÁŚE/ « que je l’aimait », /DÓLE(D)+LA/ « (elle) la tourmente » et /LÉŠA(L)LO/ « il le laisse ». Il y a aussi certains cas d’accumulation de ces pronoms, comme dans >TE+M+ṬÁLYA< « tu te sépares de moi » ; ainsi qu’une série réflexive, avec des attestations telles que /BÉ+ŚE/ « on voit », /ŚE ME TORNARÁD/ « il me reviendra » et /KERBÁD BOŚ/ « brisez-vous » ; ainsi qu’une série prépositionnelle,66 attestée dans des cas comme /BENT*A(D)MÍB/ « viens avec moi » et /BIRÉY+M+A(D)TÍB/ « je viendrai chez toi ». Il faut encore ajouter ici l’utilisation assez fréquente dans ce faisceau dialectal du pronom personnel adverbial /EN/, dérivé du latin inde et caractéristique du roman hispanique oriental, dont l’aragonais, et partagé avec les langues néolatines de France, de Provence et d’Italie, comme /T+EN+BEBRÁŚ/ « tu en boiras », /KÍ+N BÉBEŚ/ « de qui tu bois », /EN NON BÉŚE FÁČE/ « on ne voit aucune de ses faces », /TU+N PENÁTO/ « tu en est navré », /FÓY+ŚE EN/ « il s’en alla » et /BÉT+EN/ « va-t’en».67
|| 63 Voir Lapesa 1980 : 181, qui suggère une situation ancienne générale qui se serait modifiée dans les phases plus récentes des romans hispaniques centraux et occidentaux. Mais le commentaire de Corriente 2008 : 122, note 66, ne soutient pas cette hypothèse, au moins pour la Bétique. 64 Le genre neutre suggéré par Corriente 2008 : 123 (castillan ello) n’est pas soutenu par les citations qu’on connaît de ce mot. 65 On peut donc suggérer */NOŚÓTRIŚ/ pour le pluriel de la première personne, similaire aussi au roman hispanique central tardif et oriental, à différence de la branche occidentale (voir Lapesa 1980 : 259, 397 et 487), où l’asturien et le portugais ont rejeté les formes composées. Il semble s’agir d’une tentative d’introduction de la différenciation des pluriels inclusifs et exclusifs ayant échoué partout avec une chronologie successive. 66 Un archaïsme, dérivé du latin mibi et tibi, sans d’autres traces postérieures dans ce faisceau dialectal et dans tous les romans hispaniques (voir Lapesa 1980 : 196). 67 Curieusement, le faisceau dialectal roman andalou n’a gardé aucune trace de l’autre pronom adverbial, continuant le latin ibi, fréquent aussi dans les langues néolatines où en est normal, et ayant laissé au moins un témoin dans le dernier phonème du castillan hay (voir Lapesa 1980 : 493).
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Les pronoms possessifs ne sont attestés dans les sources du faisceau dialectal roman andalou qu’au singulier, avec une forme pour le masculin similaire à celle du roman occidental, du portugais et du galicien : /MEW/, /TEW/ et /ŚEW/ ; ce qui contraste avec les formes du féminin, similaires à celles du roman oriental, du catalan, ainsi que du français et du provençal : /MA/, /TA/ et /ŚA/, comme dans /MEW DOLEDÓRE/ « mon tourmenteur », /MA BOKÉLLA/ « ma petite bouche », /TEW AMÓR/ « ton amour », /TA DÍYA/ « ton jour »,68 /ŚEW arraqíbE/ « son surveillant » et /ŚA TÍYA/ « sa tante ».69 Les pronoms et les adjectifs démonstratifs ne sont attestés dans les sources du faisceau dialectal roman andalou qu’au singulier, et présentent deux degrés de deixis : proche, avec les formes /EŚT(E)/ « ce(t) ; celui-ci » et, au féminin, /EŚTA/ « cette ; celle-ci » ; et lointaine, avec /AKÉŚT/E/ « celui-là » – sans attestation pour un très probable féminin */AKÉŚTA/ – comme dans /EŚT+alġulám/ « ce garçon » et /EŚTA NOḪTE/ « cette nuit ». Les cas d’/ÉLLE/ et le neutre /ÉŚŚO/, comme dans /ÉLLE KÓLLO ÁLBO/ « ce cou blanc » et dans /EN ÉŚŚO/ « comme cela », qui reflètent le latin illud et ipsum et qui pourraient attester d’une survie très limitée d’une deixis intermédiaire, qui a existé en latin et a été préservée dans le castillan, mais rare dans la plupart des langues du monde et tendant à se simplifier.70 Le pronom relatif attesté par les matériaux du roman andalou est toujours /KE/, comme dans /KE KERÉŚ/ « ce que tu veux » et /KE+N NON BÉŚE FÁČE/ « dont on ne voit pas la figure » ; il admet parfois l’article défini comme dans /EL K+ERÉDAŚ/ « toi tu es l’héritier » ; ou l’omission avec un antécédent indéterminé, sous l’influence de la syntaxe arabe, comme >FILYÓLO ALYÉNO NON MÁŚ LO+PREMÉŚ< « un petit garçon étranger que je ne pourrais pas embrasser ». Les pronoms interrogatifs du roman andalou, qui s’utilisent aussi comme exclamatifs, sont /KÍ/ « qui » et /KÉ/ « que, quoi », comme dans /KÍ MEW sídi/ « qui est mon seigneur ? », /KÉ FARÉ YO/ « que puis-je faire ? », /KE MÁLE MATTÁR/ « quel terrible façon de tuer ! ». Lorsque la question ne porte pas sur les personnes ou les choses, mais sur les circonstances, on utilise des adverbes interrogatifs du faisceau dialectal roman andalou /PORKÉ/ « pour quoi ? », /KÁND(O)/ « quand ? »,
|| 68 Encore au féminin, comme le mot latin, avec d’autres attestations, selon Corriente 2008 : 124, note 70. 69 Ces formes sont le résultat de */MÉWA/, */TÉWA/ et /ŚÉWA/, conséquence de la règle énoncée sur les consonnes labiales et labiodentales en 2.2.2; cf. le catalan meva, teva et seva, prononcés megua, tegua et segua dans le dialecte valencien. Tous ces démonstratifs ont donc été modelés sur le masculin singulier latin meus, et pas sur les féminins mea, tua et sua. 70 La deixis triple existe en berbère (voir note chapitre 1, note 7) et en arabe ancien, mais le néoarabe n’est déjà pas très friand du deuxième degré, ce qui peut expliquer qu’on n’ait trouvé qu’une seule attestation en arabe andalou d’/AKÉŚTE/. D’un autre côté /ÉŚŚO/ et /ÉLLO/ ont survécu dans les adverbes arabes andalous aḏálla et aḍášš en rapport avec aḏáqal < latin ad atque ille (voir Corriente 1983a, et Corriente, Pereira & Vicente 2015 : 21 et 53).
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/KÓM/ « comment », /ÓB/N/ « où ? », /KÁN/ « combien ? » et l’exclamatif /TÁN(TO)/ « tant, autant », comme dans /PORKÉ TÚ KORRÉŚ A(D) MATTÁRE ?/ « pourquoi estu si pressé de tuer ? », /KÁNDO ME BERNÁD ?/ « quand viendra-t-il à moi ? », /KÁND ŚANARÁD ?/ « quand sera-t-il guéri ? », /ÓB liqáR+TE?/ « où te trouver ? », /AD ÓB L+IRÉY DEMANDÁRE ?/ « jusqu’où puis-je aller à sa recherche ? », /D+ÓN BENÉŚ/? « d’où viens-tu ? », /KÓM BIBRÉYO/ « comment vivrai-je ? », /KÁN LEBARÉY D+alġayba?/ « combien d’absence pourrai-je subir ? », TÁN /MÁLE!/ « si mal ! », /TÁNT+AMÁRE!/ « aimer autant ! » et /TÁNTO LÉBO D+alwáʕd/ « j’ai tant souffert de ces promesses ! ». On a encore dans le faisceau dialectal roman andalou certains pronoms indéfinis, comme /ÓTRI/ et son pluriel /ÓTRIŚ/ « un autre », dont le genre est ambigu, et /ÚNO/ « quelqu’un ».
2.3.3 Le verbe Dans le faisceau roman andalou, a une conjugaison plus courte que dans les autres romans hispaniques ; il n’y a, par exemple, pas de temps composés, ce qui peut s’attribuer à l’influence de l’autre langue du pays, l’arabe, avec seulement deux ou trois paradigmes fléchis : un perfectif, un imperfectif et un impératif aux deuxièmes personnes. Néanmoins, le roman andalou a préservé les différences entre trois conjugaisons, tout comme le castillan et le portugais, les modes indicatif, subjonctif et impératif, les temps présent, imparfait, passé et futur, avec les personnes connues du singulier et du pluriel, ainsi que les paradigmes non fléchis de l’infinitif, du gérondif, ainsi que des participes actif et passif. Pour le mode indicatif, qui exprime les actions réelles, on a un temps présente, comme, à la 1e personne : /LÉBO/ « je supporte », /PÓDO/ « je peux » et /BÍŚTO/ « je porte (un vêtement) » ; à la 2e personne : /DIBÍNAŚ/ « tu devines », /KÉREŚ/ « tu veux », /BÉNEŚ/ « tu viens » ; à la 3e personne : >TÁLLA(D)ME< « il me coupe », /KÉRED/ « il veut », /BÉNED/ « il vient » ;71 et, au pluriel, seulement à la 2e personne et comme traitement de respect : /EREDÁŚ/ « vous héritez », /KERÉŚ/ « vous voulez » ; et, à la 3e personne /DÓLEN/ « ils font mal ». On a aussi un temps imparfait ou indéfini, comme dans /ʕišq+ÉYA/ « j’étais amoureux » et /KERÍYA/ « je voulais » ; un temps passé simple, comme, à la 1e personne : /ADAMÉY/ « j’aimai », /AMÉŚ/ « tu aimas» ; à la 3e personne : /KÉŚ/ « il voulut », /FÓYŚE/ « il s’en alla » ; et, à la 3e personne du pluriel : /ENFERMÓRON/ « ils sont devenus malades ». On a aussi un future simple : à la 1e personne : /LEBARÉY/ « je souffrirai », /ŚABRÉY/ «je saurai »,
|| 71 La marque /d/ de la troisième personne manque souvent à toutes les époques, du fait d’une assimilation avec une consonne suivante, et totalement dans les textes plus récents, comme ceux d’Abulḫayr, avec la seule exception de /ŚOMÁLLAD/ « il flambe ».
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/DORMIRÉY/ « je dormirai », /MORRÉYO/ « je mourrai », /BIBRÉYO/ « je vivrai », /GARRÍR BOŚ ÉY/ « je vous dirai » ;72 à la 2e personne : /DARÁŚ/ « tu donneras », /BEBRÁŚ/ « tu boiras », /AŚ ABÉR/ « tu sauras » ; et, à la 3e personne : /TORNARÁD/ « il reviendra », /KERRÁD/ « il voudra » et /BERNÁD/ « il viendra ». Pour le subjonctif, mode des action éventuelles, on a des attestations du temps présent, comme à la 1e personne : /MÍRE/ « qu’il regarde », /DÓRMA/ « qu’il dorme » ; à la 2e personne : /GÁNNEŚ/ « que tu gagnes » ;73 à la 3e personne : /PÉŚED/ « qu’il déplaise » ; et, à la 2e personne du pluriel /ŚANÉŚ/ « que vous guérissiez » ; ainsi qu’un temps imparfait, comme à la 1e personne : /AMÁŚE/ « que j’aimasse », /PREMÉŚ/ « que j’embrassasse » ; et, à la 2e personne : /BEBÉŚ/ « que tu busses » et /KURÁŚEŚ/ « que tu t’en souciasses ». L’impératif pour les deuxièmes personnes uniquement74 est bien attesté par les sources du roman andalou, comme, pour le singulier : /BÉ(Y)ǦA/ « embrasse », /KERÉY/ « crois », /BÉNE = BÉNT(E)/ « viens (ici) », /BÁY/ « va(-t’en) », /DÚK/ « porte », /ŚÁB/ « sache » et /GÁR(RE)/ « dis » ; et, pour le pluriel : /ENFERMÁD/ « tombez malades », /KERBÁD BOŚ/ « brisez-vous », /KOŚÉD/ « prenez » et /GARRÍ(D)ME/ « dites-moi ».
2.3.4 Les paradigmes non fléchis Le verbe roman andalou possède aussi les paradigmes non fléchis, aussi appelés formes nominales, de l’infinitif, du gérondif et des participes actif et passif. L’infinitif est surtout en roman andalou, et tout comme le maṣdar en arabe, le nom d’action, très utilisé, comme /LEBÁRE/ « supporter », /MATTÁR(E)/ « tuer », /ŚANÁR/ « guérir », /NOMMÁR/ « nommer », /DONÁRE/ « donner », /BÉR/ « voir », /LEDÉRE / « nuire », /GARRÍRE/ « dire » et /DORMÍRE/ « dormir ».75
|| 72 On note une certaine hésitation dans la position de la marque du futur, encore partiellement un temps composé tirée du latin hăbēre, ce qui est aussi le cas de /AŚ ABÉR/. 73 Avec une signification presque impérative, plus évidente dans des cas comme /NON ME MÓRDAŚ/ « ne me mords pas », >ÁLYA ÁLBA ÁYAŚ< « que tu aies encore une deuxième aube », ce qui est habituel dans la syntaxe des langues néolatines, exprimant ainsi l’impératif négatif surtout, parfois aussi l’optatif, selon un modèle déjà latin. 74 Ce qui est aussi le cas de l’arabe et du néo-arabe, dont l’arabe andalou, selon le principe logique de l’impossibilité de donner des ordres aux absents. Les injonctions ou les exhortations aux troisièmes ou aux premières personnes peuvent s’exprimer par des tournures jussives du verbe, si elles existent, et à l’aide de certaines conjonctions, selon la syntaxe de chaque langue. Ces solutions sont souvent copiées dans des situations de bilinguisme, de changements de code et de remplacement définitif de la langue dominée par la langue dominante. 75 La chute de la voyelle finale dans la première conjugaison pourrait s’expliquer comme une accommodation à la structure strophique, dans une situation permettant encore une option entre
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Le gérondif, si vivant et fréquent dans toutes les langues romanes hispaniques, n’offre qu’une seule attestation dans le roman andalou, /AMÁNDE/ dans le passage problématique d’A36, où il faut choisir entre une fausse restitution de la voyelle finale de la continuation du latin amando, à cause de la rime /di/ de ce segment, ou un autre effet de celle-ci, qui aurait aussi entraîné la sonorisation d’un */AMÁNTE/, malgré la rareté du phénomène phonétique et surtout de cette suffixation, comme on le verra par la suite. La perte de cet instrument morpho-syntaxique dans le roman andalou, pourrait être attribué à l’influence de l’arabe andalou, qui a aussi abandonné les tournures classiques du participe actif avec la fonction d’un accusatif adverbial, dont la fonction syntaxique était similaire au gérondif.76 Les participes actif et passif du verbe roman andalou ne gardent qu’un rapport sémantique avec lui puisque, sans aucun rôle dans la conjugaison, ils sont de simples adjectifs qui s’utilisent comme des qualificatifs dans les syntagmes nominaux, ou bien comme des prédicats dans les syntagmes prédicatifs. Le participe actif est obtenu par suffixation d’{+ÓR(E)}, comme dans /AMADÓRE = ADAMAṬÓR/ « aimant », /DOLEDÓRE/ « tourmenteur », /MEŠEṬÓRE/ « embrouilleur », /MORDEDÓR/ « mordeur » et /DEBṬÓR/ « débiteur ». Le participe passif est obtenu par la suffixation d’{+ÁD/O/E} à la 1e conjugaison, comme dans /TORNÁDE/ « retourné », /LEŠÁDE/ « laissé », /ADORNÁTO/ « orné », /PENÁTO/ « affligé », /ŚILIBÁTO/ « toqué, achevé » ; et {+ÍD/ṬO} pour la 2e et la 3e conjugaison, comme dans /ROMPÍTO/ « brisé », /KOŠÍTO/ « cueilli », /BEŚTÍTO/ « vêtu », /KARPÍTO/ « fendu » ; avec certains cas de formation irrégulière, comme /RETÉNTO/ « retenu » ; et des formes « courtes », comme /MÓRDA/ « mordue ».77
|| l’archaïsme et les formes renouvelées, mais cela soulèverait la question de l’absence ou de la rareté de cette chute dans la deuxième et la troisième conjugaisons. 76 Comme dans faʕaltuhū ʕāliman minnī annahu bāṭil « je l’ai fait, en sachant qu’il était inutile ». De telles tournures exigeaient une fonctionnalité de la flexion nominale, perdue dans le néo-arabe, et on les remplaça aisément par une tournure hypotactique, waɁanā aʕlamu « et je savais », exprimant également la circonstance. D’un autre côté, on ne peut pas exclure la possibilité de mots dérivés avec le suffixe {+ÁNTE} en roman andalou, malgré le manque de cas dans nos sources ; curieusement le remplacement de l’arabe andalou ḥabíbi « mon ami » par le roman /AMÁNTE/ dans certains dialectes de l’aragonais moderne peut suggérer une vieille opération de remaniement du roman utilisé par les Moriscos, qui pouvait continuer un dialecte roman andalou où ce mot existait de fait. 77 Caractérisés par la perte d’une syllabe, assez fréquents en portugais, comme dans bento « bénit », bemvindo « bienvenu », et s’ayant parfois contaminé au dialecte castillan des Îles Canaries, comme dans quite « quitte » et pago « payé ».
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2.4 Syntaxe 2.4.1 Les syntagmes La syntaxe du faisceau dialectal roman andalou comprend l’étude des syntagmes sous-prédicatifs, prédicatifs nominaux et prédicatifs verbaux, ainsi que les modalités, les fragments et les vocatifs. 2.4.1.1 Les syntagmes sous-prédicatifs nominaux peuvent être déterminés par l’article masculin EL et féminin LA, comme dans EL BÍNO « le vin » et LA FÁČE « la figure » ; avec des allomorphes sans le /l/ similaires au roman hispanique plus occidental, comme dans DO MÁR « de la mer », DO ŚÓL « du soleil », A ŚÉŚTA « la sieste », en distribution diatopique ou diachronique.78 L’indétermination est marquée, comme dans les autres langues romanes hispaniques, par le masculin UN et le féminin UNA, comme dans UN KATÍBO « un captif » et UNA DÍYA « un jour ». Les syntagmes qualificatifs du roman andalou ont les marques habituelles de genre (masculin ou féminin) et de nombre (singulier ou pluriel), comme dans BÉL(LO) FOGÓRE « ardeur jolie » et FAṬOŚ ÁLBOŚ « destins heureux », BOKÉLLA ḥamr+ÉLLA « petite bouche rouge » et allázmaŚ AKÚṬAŚ « morsures aiguës ». Il y a certains cas de concordance selon la grammaire arabe, d’un pluriel inanimé avec le féminin singulier, comme dans ĠÁLLAŚ KÁNA « galles blanches » ; ou d’un substantif au singulier avec les adjectifs numéraux supérieurs à dix, comme dans ČÉNTO NÚDO ≠ KÁPETE = KÁPO « cent nœuds ≠ têtes ».79 Les syntagmes de rection du roman andalou sont une variété de syntagmes marginaux, caractérisés par l’utilisation de la préposition D(E), comme dans RÁYO
|| 78 Ce cas étant néanmoins problématique, car il est étrange que cette forme du masculin ne soit utilisée qu’en combinaison avec la préposition DE, et avec irrégularités dans la concordance du genre, comme dans DO NÓḪTE et DO MÓRTE, habituellement féminins, et on a aussi suggéré que des cas comme DO PÓRKO « du porc » peuvent être attribués à l’harmonisation vocalique. Très probablement, le procès de grammaticalisation de l’article dans les langues romanes, inexistant en latin et développé surtout à partir du démonstratif ille, au féminin illa, a été assez compliqué diachronique et diatopiquement : un témoin serait, par exemple, la forma es, au féminin sa, du catalan plus oriental, tiré du latin ipse et ipsa. D’un autre côté, des cas comme TIRÉY DORMÍRE « j’ai perdu le sommeil », sans article, pourraient refléter une restriction de l’emploi d’une marque nominale dans le cas des infinitifs, dont la nature verbale est difficile à oublier. 79 Il y a même un cas d’hypercorrection avec un adjectif numéral inférieur à dix, dans ŚÉTE RÁDIČE « sept racines », où le dénombré reste au singulier. Selon la grammaire arabe classique, les phrases intégrées par le numéral et le dénombré sont des syntagmes de rection, mais pour l’analyse syntaxique des langues romanes, il s’agit d’une variante de syntagme qualificatif où l’ordre des mots est l’inverse d’autres cas. Quant à FAČ ROTÚNDO « figure ronde » chez IQ 21/6/1, le masculin pourrait imiter le genre de l’arabe waǧh.
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DE ŚÓL « rayon de soleil », FÁČE DE MEṬRÁNA « visage d’une jolie fille » et FÍLYO D+abn+addayyán « fils d’Ibn Addayyān »,80 mais parfois avec certaines particularités qui décèlent une influence de la syntaxe arabe, où ces syntagmes, connus comme iḍāfah ou annexion, sont un chapitre très important de la morphologie nominale. On trouve parfois dans le roman andalou, à cause des changements de code plus ou moins totaux, des syntagmes de rection de l’arabe, tels que inḏár álḫálES « avertissement aux proches parents » et BOKÉLLAt alʕiqdE « petite bouche comme un collier », à côté d’autres cas d’hésitation entre la chute et la conservation de la préposition romane, comme dans les noms de plantes PÉḎ(E DE) KOLÓMBO « verveine » (littéralement « pied de colombe ») et PÉḎE (ḎE) POLLÉLLO « sorte d’oseille » (littéralement « pied de poulet »), PÉḎ(E Ḏ)ÁNAṬE « pied de canard », dont l’identification est disputée, attribuables peut-être à l’haplologie à cause de la répétition du /d/, et des cas de chute sans alternative, comme dans RÉY MÓNT « sauge » (littéralement « roi du mont ») et KÓḎA LÓPA « molène » (littéralement « queue de loupe »), où il pourrait s’agir de la faiblesse articulatoire du /d/ intervocalique dans les romans hispaniques, ou d’un calque de la syntaxe arabe. Les syntagmes marginaux ajoutent une information à leur membre principal ou leur tête moyennant l’addition des compléments circonstanciels à l’aide d’une préposition : telle que DE pour l’ablatif, mais pas le génitif, comme dans ENFÉRMO DE MEW AMÁR « malade de mon amour » et ADORNÁṬO DO MÓRTE « accoutré de mort, (c’est-à-dire enveloppé dans son linceul) » ;81 A(D) à plusieurs fonctions, comme l’objet direct personnel comme dans ʕišqÉYA AD EST alǧárE « j’aimai ce voisin »,82 complément indirect ou datif comme dans AD ÓTRIŚ BENDÉD « vendez aux autres », locatif comme dans AD MEW ŚÉNO « en mon sein » et allatif comme dans AD išbílya « à Séville », BIRÉYM A(D) TÍB « je viendrai à toi » ; DEŚ « depuis », comme dans DEŚ KAND MEW sidYÉLLO BÉNED « depuis que mon Cidiello vient » ; EN « dans, à », comme dans EN ÚNA DÍYA « dans une journée » ; EN wadalḫaǧára « à Guadalajara » ; KON « avec », comme dans KON aššárṭE « à condition », KON BÉLLO FOGÓRE « avec une belle ardeur » ; POR « pour », comme dans POR ÉL MORRÉYO « je mourrai pour lui », POR abulqásim « pour Abulqāsim » ; ŚEN
|| 80 Cette fonction comme préposition de génitif est une innovation des langues néolatines, tirée de la préposition exclusivement d’ablatif de du latin, devenue nécessaire du fait de la perte de la déclinaison nominale. C’est le même procédé suivi par l’anglais of et le bulgare na, dans une situation diachronique similaire, alors que le néo-arabe a préféré fonctionnaliser certains noms exprimant la propriété, tels que matāʕ, māl, ḥaqq, etc., ou l’ancien relatif sud-arabique dans le cas du marocain ḏə ; voir Corriente 2013 : 101–102 et Fischer & Jastrow 1980 : 93–94. 81 DE peut encore exprimer le génitif possessif, comme dans YÉḎ ḎE KÓLLO D+alġazála « il a un cou de gazelle ». 82 Mais cette marque est parfois manquante, comme dans KERÉŚ BÓN AMÁR « tu veux aimer un beau », ÉŚTE KERÍYA EW NOMMÁR « c’est lui que je voulais nommer » et, avec changement de code, asá AMADÓRE « il a fait du mal à un amant ».
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« sans », comme dans ŚEN ÉLLE « sans lui », ŚEN alḥabíb « sans l’aimé », NON ŚEN LO BÉR DOBE MÍRE « pas sans le voir là où je pose mon regard » ;83 et ŚO « sous », comme dans ŚO+lǧummÉLLA « sous la petite chevelure ». 2.4.1.2 Les syntagmes prédicatifs nominaux, sans copule verbale, sont fréquents dans le roman andalou,84 sans doute à cause de l’interférence syntaxique arabe, comme dans MEW alḥabíb E ENFÉRMO « mon aimé est malade », MEW alḥabíb EŚT AD YÁNA « cet aimé de moi est à la porte », TU+N PENÁṬO « tu en es affligé» ; ce qui est fréquent avec les participes passifs, dans une construction rappelant les temps composés de la conjugaison néolatine, comme dans MEW alḥabíb NON TORNÁDE … N+UN BEYǦÉLLO LEŠÁDE « mon aimé n’est pas revenu … il n’a même pas laissé un petit baiser », MEW sidÉLLO BENÍD … RÁYO de ŚÓL IŠÍD « mon Cidiello est venu … un rayon de soleil est apparu ». 2.4.1.3 Les syntagmes prédicatifs verbaux constituent les propositions, qui peuvent être simples, composées et subordonnées. Une proposition simple est composée d’un sujet et d’un prédicat verbal, avec l’addition possible de compléments (d’objet direct ou indirect, ou de circonstanciel), dont plusieurs. L’ordre syntaxique préféré par la syntaxe du roman andalou, comme des autres langues néolatines, est S-V-O, mais les inversions V-S et O-V-S ou O-S-V sont assez fréquentes, à cause du contexte poétique dans lequel il y a des mots qu’il convient d’emphatiser, ou encore sous l’influence de la syntaxe arabe, voire néoarabe, où cet ordre n’est pas si stricte, comme dans alġilála raḫṣa BÍŚTO « je porte une chemise légère », KERÉŚ BÓN AMÁR « tu veux aimer un beau », wúč YA TENRÁD « quel front d’airain il a ! », ŚÉTE ŚÁNA « il guérit sept maladies » et MÁNNA BÉD « voyez quelle ruse ! ». Les propositions verbales composées sont connectées par la conjonction copulative E(D) « et », comme dans ADAMÉY FILYÓL ALYÉNO ED É+A(D) MÍB « j’aimai un garçon étranger, et il m’aima » ; elle peut être parfois omise, comme dans BÉYǦÁDME qahra EN BÉDO EW alfalakÉ « il m’embrasse avec violence, et j’en vois trente-six chandelles » et NON ME KÉRED GARRÍRE kílma, TIRÉY … DORMÍRE « il ne veut pas me dire un mot : j’ai perdu le sommeil ». Une autre variante de proposition composée est celle marquée par la préposition disjonctive O, comme dans KÉ FAREYO O KÉ ŚERÁD DE MÍBE « que vais-je faire, ou que deviendrai-je ? ».
|| 83 Lecture problématique d’A37, voir Corriente 2009 : 261. 84 L’élision occasionnelle de telles copules n’est pas méconnue dans les langues néolatines, hispaniques ou autres, mais cela a seulement lieu dans des contextes télégraphiques, où l’on peut omettre n’importe quel mot qu’on ne considère pas absolument nécessaire pour la compréhension du message.
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Les propositions verbales complexes peuvent se classifier comme nominalisées ou substantivées, finales, modales et conditionnelles. Les propositions nominalisées ou substantivées sont introduites par KE, comme dans LO ŚÉY KE ÓTRI AMÉŚ « je sais que tu as aimé une autre personne », KE DÓRMA REKÉRE « fais de ton mieux pour qu’il s’endorme » ; mais cette marque est multifonctionnelle et peut aussi introduire des subordonnées finales, comme dans KE baráɁa+M GÁNNEŚ « afin de me procurer une lettre » ; casuelles, comme dans KE MÓYROME « car je me meurs » et KE NON ME TENÉŚ anníyya « car tu ne m’es pas dévoué ». Une subordonnée finale peut aussi être introduite par la préposition habituellement allative A(D), dont la faiblesse articulatoire peut entraîner sa chute, comme dans IRÉY DEMANDÁRE « j’irai le chercher » et múḏi ḥáli KERBÁRE « il nuit à ma nature, au point de la casser ». Une subordonnée modale ou temporelle est introduite par la marque KÁNDO, comme dans GÁRME KÁNDO ME BERNÁD « dis-moi quand est-ce qu’il viendra à moi ? » et KÁNDO MEW sid+ÉLLO BÉNED « dès que mon Cidiello vient ». Les propositions subordonnées conditionnelles portent toujours la marque ŚI « si ». Les cas les plus claires sont ceux des conditionnelles réelles avec le mode indicatif dans la protase et le temps futur ou le mode impératif dans l’apodose, comme dans GÁR ŚI YÉŚ DIBÍNA « dis-moi, si tu es une devineresse », ŚI NON KÉREŚ BIRÉYM+A(D) TÍB « si tu ne veux pas, je viendrai à toi » et ŚI MORRÉY TARÁY ḫámri « si je vais mourir, apporte-moi mon vin » ; mais il y a aussi cas de propositions hypothétiques au subjonctif, comme dans ŚI ME KURÁŚEŚ … DURÁŚ+ME+N ÚNO « si tu te souciais de moi, tu m’emmènerais avec toi » ; ainsi que de propositions optatives sans apodose, comme dans ŚI ŚABÉŚ « si tu savais » et ŚI ŚE ME TORNARÁD « plût à Dieu qu’il revienne à moi ! ».85
2.4.2 Modalités de la prédication La modalité négative de la prédication est toujours marquée dans le roman andalou par NON, comme dans NON KÉREŚ « tu ne veux pas », NON DORMIRÉY « je ne dormirai pas », NON ÁBEŚ TÁLE « tu n’as pas d’égal », mais cette marque devient NI(N) après la conjonction copulative, dans un tout, comme dans NIN KÉŚ « et il n’a même pas voulu », NI(Ś)ŚI KÉRED NO(M)ME KÉRED GARRÍRE kílma « et il ne veut pas me dire un mot », E(D) N+UN BEYǦÉLLO « et pas même un petit baiser ».
|| 85 Des telles tournures semblent être des calques de cas similaires dans la syntaxe arabe, classique ou dialectale, marqués par la conjonction conditionnelle hypothétique law, comme en arabe andalou áy duwáyla kánat law ánna tudúm « quel beau temps, s’il avait duré ! » (IQ 50/4/1), c’est-à-dire « plût à Dieu qu’il durât ! ».
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La modalité optative est parfois marquée dans le roman andalou par ʕasí, où l’on a réutilisé le vieux verbe arabe ʕasà « il est possible que ; qui sait si … ne, etc. », exprimant un futur incertain ou l’espoir, avec une évolution sémantique sous l’influence du roman hispanique ASÍ (KE) « plût à Dieu que », comme dans ʕasí ŚANARÉY « peut-être je guérirai ainsi ; plût à Dieu que je guérisse ainsi ».86
2.4.3 Les fragments Les fragments sont des séquences de mots sans une structure syntaxique, à fonction surtout phatique, c’est-à-dire permettant d’établir ou de conditionner une connexion entre les locuteurs, avant ou au moment de leur transmettre un message. Dans les sources du roman andalou, on compte dans cette catégorie les vocatifs, et certains serments, des interjections et des salutations. Les vocatifs sont habituellement marqués par ya, emprunté à l’arabe et avec des attestations aussi dans le vieux castillan,87 comme dans ya MÁMMA « maman ! »88, ya MAṬRE/i « ma mère ! », ya ráb « mon seigneur ! », ya raqíʕ « eh toi le dévergondé ! » ; mais cette marque peut parfois manquer, comme dans BOKÉLLA « petite bouche ! », H16 ḥabíbi, mais H8 ya ḥabíbi « mon ami ! ». Le vocatif est souvent exclamatif, comme dans ya wáyAŚ « quels gémissements ! ». Les serments insérés dans les sources du faisceau dialectal roman andalou sont rares : on n’a relevé que wa+ČÉLOŚ « par les cieux ! » dans A27, et l’emprunt à l’arabe andalou balláh « pardieu », probablement avec une variante déjà classique walláh, d’où le castillan classique gualá, dans des contextes morisques, mais sans attestations dans les sources de l’époque où on parlait encore le roman andalou. On n’a pas trouvé un grand nombre d’interjections dans les source du roman andalou, mais nous avons amán(E) « ayez pitié !, au secours ! », BÍYA « fichez le
|| 86 Néanmoins, dans H10, ʕasí KE ŚANÉŚ DE BERDÁD « lorsque tu seras complètement guéri », cette conjonction n’a qu’une valeur temporelle, sans rapport avec les cas d’IQ cités dans Corriente 1977 : 151–152, malgré leur assimilation à tort dans Corriente 2008 : 130, note 90. D’un autre côté, dans H23 láyta NON L+AMÁŚE « plût à Dieu que je ne l’aimasse pas ! », on a simplement emprunté la marque arabe layta de l’optatif, ce qui est aussi le cas de la malédiction optative dans A34 la kán fi BÓNO asá AMADÓRE « que le beau qui porte le mal à son aimant soit maudit ! », dans un texte avec plusieurs changements de code. 87 Voir Corriente 2008 : 467, où il faut ajouter que cette marque du vocatif a aussi survécu dans certains dialectes modernes du castillan, comme dans le canarien ¡ya fuerte desgracia! « quel grand malheur ! ». 88 Il y a des cas d’agglutination de cette marque et de ce substantif, comme dans yámma dans A34 et H11, et avec le possessif arabe andalou de la première personne du singulier yámmi, dans H22.
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champ ! » et a KÓNNO, traduction de l’arabe ḥir(r) úmmak « la vulve de ta mère »,89 et des emprunts à l’arabe, comme dans balláh « pardieu ! ». Les salutations dans les pays où le bilinguisme est fort sont souvent affectées par les changements de code, afin de faciliter le contact avec ceux qui sont moins capables d’utiliser les deux langues avec la même aisance. Malheureusement, on trouve très peu d’occurrences de ces expressions dans nos sources du faisceau dialectal roman andalou, où on n’a relevé que aṣṣabáḥ BÓNO « bonjour » dans H17,90 demi-traduit de l’arabe ṣabāḥa lḫayr, plus commun que l’original ṣabbaḥak llāhu biḫayr « que Dieu te donne un beau matin », probablement islamisé à partir d’un vieux inʕam ṣabāḥa(n) « sois heureux ce matin » qu’on trouve dans la littérature préislamique.
2.5 Lexique Le lexique du roman andalou est intégré surtout par des mots du bas latin hispanique, d’origine latine ou parfois préromane, avec l’ajout de nombreux emprunts à l’arabe andalou. Les mots d’origine latine sont évidemment la plupart, parfois reflétant très précisément les formes originales latines, comme dans ÁLA < āla « aile », ÁKWA < acqua « eau », DONÁRE < dōnāre « donner », et le plus souvent modifiés par l’évolution phonétique connue du bas latin et du latin hispanique, selon l’information du chapitre 2, et avec les exemples de chacun de ses épigraphes. Les mots d’origine préromane du roman andalou sont rares, bien qu’ils soient les témoins les plus caractéristique de l’identité de ce faisceau dialectal néolatin, comme dans les noms de plantes BARḎÓNEŚ et BARDAČO « variétés de chardon », ĠABÁNCO « églantier », KALABÁČA « courge », ṬAĠÁR(N)A/O « livèche », ṬÁWČ « sparte, alfa », TÓYO « genêt épineux ».91
|| 89 Exprimant surtout la surprise et la colère, ayant très bien survécu dans le castillan moderne dans plusieurs tournures ; voir Corriente 2008 : 248 (sous caramba) et 328 (sous herre). Cette obsession des Arabes pour la vulve des femmes est aussi reflétée dans l’insulte umṣuṣ baḏ̣ra ummik(a) « vas sucer le clitoris de ta mère ». Du fait que l’ablation de ce membre était une pratique habituelle chez les femmes bédouines déjà avant l’Islam, on peut supposer que cette insulte enfermait une allusion à une origine étrangère. Néanmoins, le métier des femmes qui pratiquaient cette opération n’était pas très apprécié, probablement à cause des opinions divergentes sur cet affaire des religions alors sur place. En tout cas, cette obsession a été transmise avec des conséquences linguistiques remarquables en castillan. 90 En fait, aucun des premiers éditeurs de ces textes n’a compris qu’il s’agissait d’une salutation, à cause de la rareté du cas ou de leur faible familiarité avec les formules de politesse arabe. 91 Il faudrait y ajouter tous les mots d’origine préromane de l’arabe andalou, évidemment transmis à travers le roman andalou, et parfois attestés aussi par les basque, comme dans párġa « chaussure d’alfa » (cf. basque abarka), lasqúna « dartre » (cf. basque aizkon), qapárra « tique » (cf. basque
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Les emprunts du roman andalou à l’arabe andalou sont nombreux, dans le cas des substantifs, avec et sans l’article défini arabe,92 et leur intégration dans le roman est souvent soulignée par leur adoption du système de suffixes dérivationnels. Les mots du roman andalou de n’importe quelle origine peuvent donc être utilisés dans leur forme et leur signification basiques et habituelles, ou étendus par le moyen du système de suffixes romans93 de dérivation nominale, adjectivale, agentive ou passive, pouvant le cas échéant s’accumuler ou se substituer.
2.5.1 Les suffixes de dérivation nominale Les suffixes de dérivation nominale plus fréquents dans le faisceau dialectal roman andalou sont ceux qui ajoutent aux substantifs une connotation expressive, diminutive, augmentative ou péjorative. Le suffixe diminutif le plus fréquent est {+ÉL(LA≠O)}, comme dans BERḎÉL « variété de figues » < latin vĭrĭdis « vert » + {illus}, EŚPARIṬÉL « millet au grain ouvert » < bas latin *sparitus, au lieu du latin sparsum, GALLÉL « polypode commun », < latin gallus « coq », NAPÉL « aconit » < latin nāpus « navet », PORČÉL « porcelet » < latin porcellus, KARḎÉL « sorte de cardon » < latin cardŭs, ainsi que ṬOMENṬÉL < latin tōmentum « bourre », FUMÉLLO « fumeterre » < latin fūmus « fumée », MELONÉLLO « hellébore noir » < latin mēlo, -ōnis « melon », RABANÉLLO « radis commun » < latin răphănus, EŚKOPÉLLA « sorte d’euphorbe » < latin scōpa, IČÉLLA « variété de chêne » < latin īlex, -ĭcis,94 PAWMÉLLA « palmite » < latin palma, ainsi que KAWLÉLLA « nom de plante à plusieurs identifications »95 < latin caulis « tige ; chou » ; parfois avec une diphtongaison ascendante souvent hésitante, comme dans
|| kapar), laqáyna « chassie » (cf. basque lakaiña), samárra « veste en peau de mouton » (cf. basque zamar) et ṣabbáṭ « soulier » (cf. basque zapatu « piétiner ») ; voir d’autres cas dans Corriente 1997 : 589–590. 92 À propos de cette question dans les emprunts des langues romanes hispaniques, voir Corriente 2008 : lxiv-lxxi, où on a considéré les motifs plus probables, diachroniques, diatopiques et diastratiques de la présence ou de l’absence de cette marque syntaxique dans les substantifs arabes andalous, probablement aussi les mêmes que dans le cas parallèle du roman andalou, un autre membre de la même famille. 93 Quant à la suffixation arabe, assez pauvre comme dans l’ensemble des langues sémitiques, selon Corriente 2008 : lvii, la présence de certains témoins dans les emprunts des langues hispaniques à l’arabe andalou, comme dans des mots avec le suffixe attributif {–í}, suggère une situation similaire pour le roman andalou mais, dans ces cas comme dans ceux des emprunts incluant des suffixes pronominaux arabes, surtout le possessif de la première personne du singulier, comme dans ḥabíbi « mon ami », rábbi « mon Dieu », etc., il s’agit d’emprunts de phrases entières, même de changements de code, sans conscience chez les locuteurs d’avoir emprunté ces suffixes. 94 Avec élimination d’un article arabe métanalysé, en partant de *(EL)IČÉLLA. 95 Voir Corriente 2008 : 200.
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AČEṬYÉL « variété de poire de Saragosse » < latin ăcētum « vinaigre », KARḎUBYÉL = KARḎUBÉLLO « chardon acanthin »96 < latin cardŭs albus, ṬORḎ(IY)ÉL « grive » < latin turdus, APOPR(Y)ÉLLA « bryone blanche » < bas latin apopores, ainsi que ČENŚ(IY)ÉLLA « fumeterre » < bas latin *cinisia < latin cĭnis « cendre ». Cette marque possède un allomorphe moins fréquent {+ÍL}, au féminin {+ÍLLA}, comme dans ĠATTÍL « (de) petit chat »97 < latin cattus, BARRÍLLA « saponaire » < roman hispanique barra,98 ORTIKÍLLA « mercuriale » < latin urtīca « ortie » et ŚEĠÍLLA « bugle » < latin sīca « poignard ». Le suffixe diminutif, avec une nuance ajoutée péjorative, {+ÓL}, comme dans ECKORKÓL « variété d’azérolier »,99 ou {+ÓL(L)O ≠A}, dérivé du latin {+ĕ/īŏlus}, est assez fréquent, comme dans FILYÓLO « petit fils aimé » < latin fīlĭŏlus, KANČÓLLO « bugrane épineuse » < roman andalou gánčo « croc »,100 KORNÓLLO « cornouiller » < latin cornus, PERÓLLO « poire sauvage » < latin pĭrum, ČOPÓLLA « oignon » < latin caepŭla « ciboule », KALABAČÓLA « aristoloche ronde » < roman andalou KALABÁČA, KAŚTANYÓLA « nom de plusieurs plantes dont l’identification est disputée »101 < latin castănĕa, YERBÓLA « poison végétal pour les flèches » < latin herba, parfois avec une diphtongaison ascendante, comme dans KANTÓLLO = KANTWÉLO « lauréole » < latin canthus,102 KORNWÉLLO, PERWÉLO et KAŚTANYUÉLA, variantes de KORNÓLLO, PERÓLLO et KAŚTANYÓLA, en distribution probablement diachronique ou diatopique. Le suffixe expressif, surtout augmentatif, mais parfois aussi diminutif {+ÓN(A)}, continuation du latin {+ōn(em)}, est très fréquent, comme dans BAŚṬÓN « bâton » < latin bastum, KORAČÓN « cœur » < bas latin *coratione < latin cor, -dis, FEṢṢÓN < latin făsĕŏlus « haricot »,103 ĠARĠALLÓN « espèce de champignon », dérivation || 96 C’est-à-dire Picnomon acarna, selon Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 660. 97 Mais le nom complet de cette plante, roman andalou ŚÁLČO ĠATTÍL / ĠATTÍNO « gattilier, agnus-castus », en castillan sauzgatillo, suggère une simple alternance phonétique entre les allomorphes de ce morphème diminutif roman. Cet allomorphe rappelle la distribution {+illo} en castillan, mais {+éll} en catalan, mais nos sources ne permettent pas une attribution diatopique similaire. 98 Un mot polysémique, utilisé pour nommer les accumulations de sable, de détritus ou de végétation spontanée dans les embouchures de fleuves, où l’on allait se procurer des plantes alcalines afin d’en tirer la soude. Voir l’étymologie des Alfaques ou Alfacs à Tortose chez Corriente 2008 : 98, prouvant cette identité sémantique. 99 Probablement < bas latin excurtione « retranché », selon Griffin 1961 : 228 ; voir aussi Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 43 et 50, note 165. Les épines de cet arbrisseau ont généré une métaphore par comparaison avec celles du hérisson. 100 Un mot étymologiquement compliqué, mais probablement dérivé du latin canthus « cercle de fer », qu’on considérait comme un mot hispanique. Son utilisation botanique est aussi attestée par le maltais qanċlita « laiteron » ; voir Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 1067. 101 Voir Corriente 2008 : 199. 102 Voir Corriente 2000–2001 : 179. 103 Où, plutôt que d’un suffixe diminutif, il s’agit d’une contamination phonétique avec remplacement du /l/ par /n/.
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métaphorique du latin curcŭlĭo, -ōnis « charançon », ĠAŠŠÓN « anis », peut-être < bas latin *galleus « similaire aux galles », MELEKÓN « sorte de luzerne » < latin mēdĭca herba, attribuée aux Mèdes,104 NEĠRÓN « variété de blé » < latin nĭgĕr « noir », PIKÓN « fruit de l’acacia employé dans la préparation du cuir » < bas latin picare « piquer »,105 POČÓN « pétiole » < latin pĕtĭŏlus,106 KAMARÓN « crevette, squille » < latin cammărus < grec κάμμαρος, KAPRÓN « bouc » < bas latin capro, ŚARḎÓN « sorte de thym » < latin sardus « Sarde », ṬORḎÓNA « espèce de galanga », peut-être > latin turdus « grive »,107 ṬOŠṬÓN « rôtie » < latin tostus et RONNÓNEŚ « rognons » < bas latin *renio < latin rēn, -ēnis. Le suffixe péjoratif {+Á/É/Í/Ó/ÚČ(O≠A)}, continuation du latin {+ā/ī/ūcĕus} est assez fréquent, comme dans KARDÁČO « pissenlit » < latin cardŭs, ČETRÁČ « variété d’oseille » < latin ăcētārĭa,108 ALBÉČO « ciguë » < latin albus « blanc », BUDÉČO « salsola » < latin bŭda, MILLÉČO « variété de millet » < latin mĭlĭum PANÍČ, « sorte de panic » < latin pānĭcum,109 PEKATÍČ « gluant » < latin pĭcātus « enduit de poix », TORDÍČO « sorte d’oseille » < latin turdus « grive » ;110 et, pour {+ÚČ}, certains cas de l’arabe andalou, empruntés au roman andalou et donc, ayant été courants dans ce faisceau dialectal, malgré le manque de témoin, comme dans >bubuǧǧ< « niais » < bas latin baburr/ius111 et PITRÁWČA « marron sec, châtaigne sèche »112 < latin petra « pierre », à cause de leur dureté.113
|| 104 Voir Corriente 2008 : 97, à propos de l’étymologie aussi persane du nom castillan plus commun de cette plante fourragère, alfalfa. 105 À cause du goût acerbe de ces fruits, après leur maturité ; voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 636–637. Ce mot est attesté dans toutes les langues néolatines occidentales et serait, selon Coromines, d’origine onomatopéique. 106 Encore un cas de contamination phonétique avec remplacement du /l/ par /n/, comme pour FEṢṢÓN (voir 2.5.1 le suffixe {+ÓN(A)}). 107 À cause de sa couleur, selon Corriente 2000–2001 : 207 ; cf. aussi TORDÍČO (voir 2.5.1 le suffixe {+Á/É/Í/Ó/ÚČ(O≠A)}). 108 Sans doute, malgré le manque des témoins d’une autre signification que « salade » pour ce mot latin, selon Corriente 2000–2001 : 103. 109 Dans ce cas, le mot latin a été métanalysé comme une forme péjorative de pānis « pain ». 110 À cause de sa couleur, selon Corriente 2000–2001 : 207 ; cf. aussi /TORDÓNA/, note (voir 2.5.1 le suffixe {+ÓN(A)}). 111 Le mot roman andalou aurait d’abord été */BABÚČ/, avant l’assimilation des voyelles, en lien avec la sécrétion incontrôlable de bave dans les cas d’idiotie, mais cf. aussi /BABÓŚ/, dans 2.5.2 (le suffixe {+ÓŚ/Z(O}). 112 Avec une restauration ultra-correcte de la diphtongue (voir Corriente 1977 : 29), connue depuis longtemps. Il ne s’agirait pas d’un attributif de la région des Pedroches, à Cordoue, mais, au contraire, d’un nom qui semble y avoir tiré son origine de l’abondance de ces arbres. 113 Il y a encore d’autres cas où ce suffixe est ajouté à des mots arabes, comme dans murrúš « petit miroir » < arabe mirɁāh ; et zambúǧa « olivier sauvage ; bâton » < arabe zaʕ/ġbaǧ (selon Corriente 1997a : 234, note 1) ; voir aussi Corriente 1983 : 58.
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Les suffixes péjoratifs {+ÁK} et {+ÚK}, dont l’origine est obscure, ne sont pas très fréquents, mais leur présence, plutôt que leur fonction, semble être assurée dans /BOLČÁKAŚ/ « pourpier » < latin bu/yrsa < grec βύρσα « bourse »,114 */ILYÁKA/115 « buglosse » < latin īlĭāca « iliaque » et /LAḪ/YTÚKA/ « laitue » < latin lactūca.116 Leur cas est similaire au suffixe diminutif castillan, surtout dialectal {+ico}, dont l’origine et l’acquisition de sa nuance sémantique ne sont pas clairs. Le suffixe {+ÁYN(O)}, attributif avec une nuance souvent péjorative, continuation du latin {+āgĭne(m)}, est attesté, comme dans /ALBÁYNO/ « nom de plusieurs arbrisseaux à feuilles blanchâtres »117 < latin albus « blanc », /BEŚKARÁYN/ « carline », en latin viscārāgo, -ĭnis < viscum « gui » et /PALANTÁY/N/ « plantain » < latin plantāgo, -ĭnis,118 /(IL)IČÁYNO/ « espèce de lavande »119 < latin īlix, -ĭcis « chêne » et /PANČÁYN/ « seigle » < latin pānĭcum « panic ». 120
2.5.2 Les suffixes de dérivation adjectivale Les suffixes de dérivation adjectivale du roman andalou sont la continuation de ceux du latin, toujours des attributifs, quoique parfois avec des nuances additionnelles. Le suffixe attributif les plus commun est {+Á/É/ÍNO≠A}, comme dans /WERTÁNO≠A/ « potager, maraîcher », /CARAKOCCÁNA/ « de Saragosse » < latin Caesărĕa Augusta et /MATRÁNA/ « luxuriante » < latin mātūro « mûrir »,121
|| 114 À cause de ses feuilles rondes et grasses. 115 Mieux que la forme attestée */BULBÁKA/, lecture incorrecte, selon Corriente 2008 : 172. Ainsi appelée pour ses vertus dans la guérison du ventre, latin īlĭa. 116 Dans ce cas, le mot roman semble continuer le latin avec l’évolution phonétique normale et il n’y aurait donc pas conscience d’une nuance péjorative ou même de la présence d’un suffixe. Mais ces suffixes ont certains témoins, même en arabe andalou, comme dans le premier cas, narúqa « crapaud », une métathèse du latin rāna « grenouille », šalúq « vent de la mer (salée) » < latin sāl et, dans le deuxième cas, ḫaláq « pigeon apprivoisé pour attirer et voler les femelles d’autrui », en fait « du désert » = ḫalá, où l’espèce était plus grande et belle ; voir Corriente 1992 : 128–129. 117 Voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 65–67. 118 Donc, déjà dérivés en latin avec le même suffixe, par une attribution générale ou dans le deuxième cas, une référence au nom de la substance caractéristique de cette plante. 119 Avec des problèmes d’identification, selon Corriente 2008 : 172, note 225. 120 Cf. /PANÍČ/ note 2.5.1 le suffixe péjoratif {+Á/É/Í/Ó/ÚČ(O≠A)}. 121 Nous changeons ici d’avis, en lien avec notre acceptation dans Corriente 1998 : 287, note 103, sur l’hypothèse de Coromines à propos de >mṭrānā< dans A17 et A19, car une dérivation de ce mot du latin mĕlĭus s’avère très improbable phonétiquement, quoique probablement correcte pour le castillan medrar. Ici, il s’agit du latin mātūrare, ce qui est convenable phonétiquement et sémantiquement et on doit donc toujours lire /MATURÁNA/.
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/MAWRÉNO/ « baudremoine »122 < latin maurus « maure » et /AŚNÍNO/ « asinien », dit de certaines variétés de concombre rose < latin ăsĭnīnus, /BOPUČÍNA/ « globulaire » < latin vulpēs « renard », /FERRÍNO/ « objet en fer » < latin ferrum,123 /ĠATTÍNO/ « félin (relatif au chat) » < latin cattus,124 /LEČÍN/ « variété d’olive » peutêtre < Astigi, aujourd’hui Écija,125 /LEPRÍNO/ « relatif au lièvre » < latin lĕpŭs, -ŏris,126 /LOPÍN(O)/ « relatif au loup » < latin lŭpīnum « lupin »,127 /KABALLÍNO/ « chevalin »128 < latin căballus « cheval hongre », /KOLOBRÍN/ « sorte d’euphorbe » < latin cŏlŭbrīnus « de couleuvre », etc. Un autre suffixe attributif assez commun est {+ÉÑO≠A}, continuation du latin {+ānĕus}, comme dans /ČERMÉNNA/ « muscadelle, variété de poire »,129 /EŚPARRAĠÉNNO/ « asperge sauvage » < latin aspărăgus, /KANPÉNNO/ « champêtre »130 < latin campus, /MOŚKÉNNO/ « aigremoine, eupatoire » < latin eupătŏrĭum < grec ἐυπάτωρ « de noble naissance » < latin musca « mouche »131 et /AKWÉNYO/ « d’eau »132 < latin acqua.133 Ce suffixe semble se refléter également dans
|| 122 Nom alternatif du Meum athamanticum, par attribution au Mont Mawrān (« noirot »), dans le voisinage de Calatayud, selon Abulḫayr (voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 484). 123 Dans le nom de plante /FARÁNNE FERRÍNO/, littéralement « il brise le fer », sorte de chardon silvestre ; voir Corriente 2008 : 166. 124 Adjectif ajouté à /ŚÁLCO/ « saule » pour désigner le gattilier. 125 Selon Corominas & Pascual 1980 III : 61, voir aussi Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 1142, note 29. 126 Dans /PÉDE LEPRÍNO/ « espèce de carotte sauvage », le mot lĕpŏrīnus étant déjà courant en latin. 127 La dérivation métaphorique étant déjà courante en latin. 128 Adjectif ajouté à l’arabe ḥurf pour nommer la moutarde silvestre. 129 Attributif, peut-être, de Jurumenha, au Portugal, >ǧulmāniyah< dans les sources arabes andalouses. 130 Adjectif ajouté à certains noms de plantes, comme dans /LAYTÚKA/, /ONÓLYO/, /RÚTA/, /KÓRNO/, etc., voir Corriente 2008 : 173. 131 Voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 575, à propos des vertus insecticides de cette plante. 132 Adjectif ajouté aux noms de plantes /PÉPRO/ « poivre » et /ŚÉNCO/ « absinthe ». On a transcrit ici >nn< et >ny< selon les sources, sans préjuger pour cela de la question de leur probable confluence phonétique en /ñ/ dans le faisceau roman andalou, avec des différences diachroniques et/ou diatopiques, voir 2.2.2 (palatalisation). 133 Une variante *{+ÓÑO} de ce suffixe, avec une alternance vocalique, peut avoir existé, comme dans >MATRÓNYO< « arbousier », d’où le castillan madroño et le portugais medronho, si, au lieu d’une évolution phonétique partant du latin arbŭtus/m, > *>ARBOTR+ÓNNO< > *>ARMATR+ÓNNO< > *>(al)+MATR+ÓNNOṭištany< « casque » < bas latin *testaneu et >ṭirṭaynah< « ver de terre » < bas latin *termitanea < latin tarmes « termite », où le yod, au lieu de s’être fondu dans le suffixe {+ÉÑO}, semble avoir généré une joncture finale, avec palatalisation de la voyelle antérieure */TRABEŚÁÑ/, */TESTÁÑ/ et */TERTÁÑA/. Un autre suffixe attributif assez commun est {+ÉŚKO≠A}, continuation du latin {+iscus}, comme dans /ĠALLÉŚKO/ « Gaulois » < latin Gallus et /MAWRÉŚKO/ « Maure » < latin Maurus.134 Ce suffixe pourrait avoir une variante phonétique {+ÓŚKO≠A}, comme dans /KANTÓŚKO/ « espèce de lavande » < latin ăcanthus, à cause d’une certaine ressemblance entre ces deux genres de plantes.135 Un autre suffixe attributif commun est {+ÁR/L}, continuation du latin {+ār/lis}, comme dans /ARDÁR(E)/ « buglose » < latin ardēre « brûler »,136 /BOLYÁR/ « alkékenge, coqueret » < latin bulla « boule », /ČERÁR/ « céréale » < latin cĕrĕālis « relatif au blé », >MOLYÁR< « espèce d’olive »137 < latin mollis « souple », /KAWLÁR/ « choufleur » < latin caulis « tige », /LOGÁR/ « lieu » < latin lŏcālis « local », et /ŚUDADÁR/ « linceul » chez IQ 20/6/4 < latin sūdārĭum « mouchoir ; suaire ».138 Il y a aussi certains cas du suffixe atone {+NO≠A}, ajouté aux thèmes consonantiques et continuation du latin {+nus}, comme dans /FÉČNO/ « armoise de Judée » < latin faecĭn(ĭ)us « qui laisse du marc ou de la lie », /LÉČNO/ « thuya » < latin īlĭcĕus « comme le chêne », /PÉČN(O)/ « variété de raisin noir » < latin pĭcĭnus « comme le poix », /RÉČNO/ « ricin » < latin rĭcĭnus et /T(E)RÉḎNA/, dans /LÉYTE –/ « herbe aux verrues » < bas latin *lathryridina < latin lāthris « épurge ».139 Un autre suffixe attributif atone est {+EKO}, continuation du latin {+ĭcus}, comme dans /MÉLEKAŚ/ « feuilles de marjolaine » < latin mĕl, -llis « miel », || où on a gazmoño « hypocrite » et, avec diphtongaison, risueño « riant » et pastueño « (taureau) noble dans ses attaques », et, en portugais, où on a enfadonho « fâcheux », medonho « affreux », pidonho « quémandeur », risonho « riant », tardonho « lent » et vidonho « réprobable ». 134 Il est très improbable que dans /LENTÉŚKO/ « lentisque » < latin lentiscus/m et /BAŚlLÉŚKO/ « gentiane jaune » < latin băsĭlĭcus « royal », contaminé par băsĭliscus « nom du basilic et d’une herbe », ce suffixe n’ait eu aucune fonctionnalité, puisqu’on l’héritait avec les mots latins. 135 Aussi, avec une dérivation avec diphtongaison : /KANTUÉŚ/ « variété de rhamnacée ». 136 Allusion à l’aspérité au tact de ses feuilles, selon Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 382. 137 Cf. le castillan mollar, dit de plusieurs variétés de fruits. 138 On remarque une tendance vers la dé-morphématisation de ce suffixe, surtout dans son allomorphe {+ÁL}, comme dans /APERTÁL/ « espèce ouverte du lin » (voir Dozy 1881 I : 1 sous >abārṭPANNÓŚ< « espèce de pêche avec velours » < latin pannus « morceau d’étoffe »,141 /MONTÓZO≠A/ « montagnard » < latin mont(ŭ)ōsus,142 /MOROŚA/ « pariétaire » < latin mūrus « mur », /KAKKÓŚA/ dans /YÉRBA–/ « mercuriale » (un laxatif puissant) < latin căcāre « aller à la selle », /EŚPINÓZA/ (nom alternatif de la plante aussi appelée /EŚPÍNA ÁLBA/) « épine blanche » et /PILÓŚ/ (« littéralement « poilu ») < latin pĭlōsus, utilisé par IQ comme euphémisme pour les noms de la vulve. Il y a certains cas d’un suffixe {+ÚNO≠A}, avec une certaine connotation négative, comme en castillan, comme dans /BOKÚNO/ « fétide » < latin bucca « bouche », /ČERBÚNO≠A/ « de cerf » < latin cervus « cerf »143 et /KAPRÚNO/ « de bouc » < latin caprūnus.144
2.5.3 Suffixes agentifs Le suffixe agentif145 le plus utilisé et productif dans le faisceau dialectal andalou est {+ÁYR(O)}, au féminin {+ÁYRA}, continuation du latin {+ārĭus≠a} avec une simple || 140 Dit du lentisque, par une confusion étymologique populaire, et d’une variété de raisin. Quant à >brwdyqš< ou >brdrdyqšBOBOLYÁYRA< « camomille sauvage » < latin bŏvis ŏcŭlus, littéralement « œil de bœuf », traduction du grec βούφθαλμον, /PODOL(L)ÁYRA/ « herbe-aux-poux » < latin pēdĭcŭlus, à travers sa variante phonétique >PODOLYÁRAČETÉLLAROMÉNYOdrāqunṭiyūnKANNÁRYAKARDÉLLO< « chardon roulant » < latin pīpĕr (car il est décrit comme poivré), /WERKÁT/ « espèce d’olive », probablement du latin orchăs, -ădis < grec ὀρχάς, >ŚEǦELLÁT< dans >KURÚŠE< « jasmin » < latin sāgillātus crŭce « façonné comme une croix », /ŚILIBÁTO/ « cinglé » < latin sībĭlo « siffler »,158 /MEYÁTOŚ/ « pissat » < latin mēiāre, /AWRÁTA/ dans /MÁLBA–/ « primerose » < latin aura « souffle, vent », /ČERRÁTA/ « espèce d’avoine » appelée « fermée » < bas latin *serrare < latin sĕrĕre,159 /KAPCÁTA/ « espèce de millet ou de basilic » < bas latin capitia < latin caput et /ŚAWŚOLÁTA/ « espèce d’oseille » < bas latin salsola « petite sauce » (dans la première conjugaison) et /ŚAPÍTO/ « bugle »
|| Pereira & Vicente 2017 : 1195, note 39 et, pour les aspects généraux de la question des suffixes romans, Corriente 1992 : 126–131. 153 Allusion au roman andalou */LANPÁDA/ < latin lampăda = lampăs « flambeau », à cause de ceux qu’on allumait pour cette fête. Mais on a aussi /LANPADAYRÓLA/ « centaurée », diminutif d’une autre forme du même mot, sans contraction de la diphtongue. 154 Avec un allomorphe /NEGRÍN/, avec une de ces substitutions de suffixe si fréquentes. 155 Dit d’une espèce de cette plante n’ouvrant ses fleurs que pendant la nuit ; voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 502. 156 Voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 112. 157 Ainsi appelée à cause de sa couleur et aspect rampant ; voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 458. 158 Car on pensait que la folie était induite par le souffle des mauvais esprits, cf. aussi {lwṭr} dans Corriente 1997 : 488 et le castillan orate ; voir ensuite /MÁLBA AWRÁTA/, en castillan malva loca. 159 Un cas hâtif de réalisation de /ś/ comme /č/, confirmé par le castillan cerrar (voir 2.2.2).
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< latin symphtum < grec σύμφυτον (contaminé par le participe roman tiré du latin săpĕre « savoir »), /MEŠŠÍTA/ « mêlée » (mot cité par Abulḫayr)160 et >TENNÍTA< « absinthe » < bas latin *tennita < latin tincta « teinte » (dans la deuxième et troisième conjugaisons). On pourrait ajouter à ces cas, un suffixe {+ÚTO},161 comme dans /KANNÚTO/ « sureau » < latin canna « roseau ». Ces suffixes peuvent se substituer les uns aux autres, surtout s’ils sont phonétiquement ou sémantiquement similaires ; ils sont tous en usage, selon une distribution diatopique ou diachronique difficile à déterminer, comme dans >AČETÉLLA< = /AČETÁYRA/ « oseille », >AKUČELLA = AKULYÓLA< « espèce d’anis », /BARDÓN = BARDÁČO/ « espèce de chardon » et /BIC(TI)NÁČ = BIŚTENÁKA/ « fenouil sauvage ». Ces suffixes peuvent aussi s’accumuler les uns sur les autres, ajoutés aux mots romans ou arabes, surtout lorsque le dernier est expressif, c’est-à-dire diminutif, augmentatif ou péjoratif, comme dans >FAYČ(IY)ÉLLA< « lupin » < latin făba avec les suffixes {+ÉČ} et {+ÉLLO≠A} ; >MOLLEČÉLLA< « matricaire » < latin mollĭcellus « un peu tendre », >KAWLEČ(IY)ÉLLA< « petit choux » < latin caulis « tige », avec les suffixes {+ÉČ} et {+ÉLLO≠A} ; >šaḥmAT(Y)ÉLLA< « espèce de lierre » < arabe šaḥm « graisse », avec les suffixes {+ÁT} et {+ÉLLO≠A} ; /ḥurf+AYRÓLA/ « espèce de cresson » < arabe ḥurf « cresson », /LANČAYRÓLA/ « espèce de jonc » < latin lancĕa « lance », /LANPADAYRÓLA/ « centaurée » < latin lanpăda « flambeau », /NOKAYRÓLA/ « pivoine » < latin nux, -ŭcis « noix », /KALANDAYRÓLA/ « sauge blanche » (corruption du latin candēlābrum « candélabre »), /KAPCAYRÓLA/ « carthame sauvage » < bas latin capitia < latin caput et /TUBRAYRÓLA/ « consoude » < latin tūbĕr « truffe », dans tous ces cas avec l’addition des suffixes {+ÁYR} et {+OL(L)O≠A} ; >EŚPATELYÓN< « glaïeul » < latin spătha < grec σπάθη « battoir de tisserand », >FAČELLÓN< « nom souvent très corrompu d’une plante santalacée »,162 >PERELLÓN< « espèce de poire » < latin pĭrum, dans tous ces cas avec l’addition des suffixes {+ÉLLO≠A} et {+ÓN} ; et /MAWRUČÓ/ « carthame sauvage » < latin maurus « africain », avec le suffixe {+ÓN}. Cela se produit aussi dans d’autres combinaisons, comme dans >MAČELLÁYRA< « carline » < latin mastichē/a « mastic » (avec une évolution phonétique complexe et l’addition des suffixes {+ÉLLO≠A} et {+ÁYRA}) ;
|| 160 Sous l’entrée riǧlah (selon Bustamante, Corriente & Tilmatine 2004 : 215), comme traduction, à côté de l’arabe muḫtaliṭah, d’un nom roman du pourpier, >bulšāqaš išṭiǧǧǧah< (voir pour le premier mot 2.5.1 les suffixes péjoratifs {+ÁK} et {+ÚK}), mais on doit corriger le deuxième mot comme >m.ššiṭahÁLČA MALYÓŚ< « chardon à foulon » (littéralement « il enlève ce qui est souillé »), >ÁPRE WÉLYO< « chardon » (littéralement « ouvre ton œil, c’est-à-dire gare aux épines »), /ÉRǦE KAPÉLLO/ « adiante » (littéralement « il fait pousser les cheveux »), /ÁLČA MÁTREŚ/ « plante pour le traitement du prolapsus d’utérus » (littéralement « il soutient l’utérus »), >AYÚNNE BÚLBAŚ< « espèce d’euphorbe » (littéralement « raccommodeur des vulves »), /BÉYZA BAZÍNO/ « centaurée » (littéralement « celui qui baise le crachoir »),166 >MÁNNA BÉD< « espèce de champignon létale » (littéralement « voyez la ruse ») ; mais aussi des syntagmes de rection, tels que /DENTAPRÚN/ « fougère mâle » < latin dent(em) aprūn(um) « dent de sanglier » et /FOLÓR D+ÁWRO/ « chrysanthème jaune » (littéralement « fleur d’or ») ; des qualificatifs, comme dans /ARMWÉLLEŚ/ « arroche », du latin ŏlŭs molle (littéralement « herbe tendre »), /ČÍMLIČO BOKÚNO/ « espèce d’ortie fétide »167 et /MÁTTA FIRÍDA/ « matricaire » (littéralement « herbe froide ») ; des syntagmes appositifs comme /MÁLBA BÍNO/ « espèce de mauve très rouge » (littérale|| 163 Probablement Glossonema edule, qui se mange pendant les périodes de disette, mais amère, voir Bustamante, Corriente & Tilmatine 2007 : 538 et note 7. 164 Car on en faisait des éventoirs. 165 Appelé naḥt par les grammairiens natifs, avec des exemples classiques comme basmalah et ḥamdalah « prononcer les formules bismi llāh (au nom de Dieu) et alḥamdu lillāh (Louange à Dieu) » et des néologismes contemporains comme barmaɁī « amphibie » et darʕamī « relatif à l’institution Dāru lʕulūm du Caire », etc. Les cas de composition de racines étaient peut-être plus fréquents à l’époque préhistorique des langues sémitiques, mais la même chute de plusieurs consonnes rend difficile la reconnaissance des composants : parfois, on a parlé d’allothèse et de métathèse afin d’expliquer les nouvelles racines, comme dans l’ouvrage de S. Majzel, Puti razvitija kornevogo fonda semitskix jazykov, dont un compte-rendu dans Corriente 2005 : 273–278. 166 Nom plaisant donné à cette plante, utilisée comme balai, etc. 167 Du grec χαμάιλικος.
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ment « mauve vin ») ; marginaux dans >ŚEǦELLÁT KURÚŚE< « jasmin » (littéralement « façonné comme une croix ») et /ŚÉKA+N+PÉDE/ « espèce d’aurone » (littéralement « moissonne debout »), etc.
Vocabulaire roman-andalou, avec étymologies des mots et localisation des témoins /A/ « ah ! » (interjection dans A35), d’origine onomatopéique. >ABELLÁNAŚ< « avelines (fruits du Corylus avellana) » < latin avellāna, BCT 359 et 1387 ; voir /NÓČ/. */ABÉR/ : dans /ÁBEŚ/ « tu as » < latin hăbēre, IQ 22/9/4 ; /ÁYAŚ/ « que tu aies », IQ 82/10/1. >ABRÉKANO< : selon BCT 185, nom du thym et du >ABRIKÁNABRIKÁNABRÓTON< « espèce de thym (Thymus vulgaaris) » < latin abrŏtŏnus/m < grec ἀβρότονον « aurone »,2 BCT 3203. /ABÚČO/ « asphodèle (Asphodelus ramosus) » < latin albūcĭum, BCT 570.3 >AČET(Y)ÉLLA< = /AČETÁYRA/ « espèce d’oseille (Rumex acetosa) », suffixation diminutive et instrumentale du résultat roman du latin ăcētum « vinaigre »,4 BCT 396 et 4172. D’où aussi une espèce de Séville, appelée /ČETRÁČ/, avec aphérèse et un suffixe péjoratif, BCT 1659 et /AČETYÉL/ « variété de poire à Saragosse », BCT 2556. /ÁČRO/ « érable (Acer campestre) » < latin ăcĕr, BCT 98.5 /ACTAROLOḪÍYA/ : voir /ALACTORḪÍYA/. /ADÁŠŠO/ « tout à fait, complètement », < latin *ad ipsum, dans VA sous >aḍaššA(D)+ḍayf+ÁR< : dans >A(D)+ḍayf+ARÉY « j’inviterai, j’offrirai », A20, verbe hybridé sur l’arabe ḍayf « hôte », avec le préfixe factitif roman andalou /A(D)/ et le suffixe de la première conjugaison.
|| 1 Voir aussi BCT 2007 : 11. Dans de tels cas, il faut se méfier des manipulations des mots étrangers par les copistes, selon Corriente 2008 : 137. 2 Avec un déplacement sémantique étudié dans BCT 2007 : 513. 3 Voir /ÁLBO/. 4 Sans rapport avec le latin ăcētārĭa « salade », la suffixation ayant eu lieu dans une phase hispanique du bas latin. 5 Une variante sans la dernière syllabe, encore acceptée dans Corriente 2008 : 137, ne serait qu’une erreur de copiste. 6 Voir Corriente 1983a : 30 et Corriente 1997 : 232, où ce mot semble être dans H26, en rapport avec le castillan adieso. Par contre, la présence dans IQ 76/7/4 d’une variante orthographiée >aḏašt< du même mot ou d’une autre tournure démonstrative similaire, ne semble pas s’imposer si nettement, comme nous l’avions pensé, et plus tard corrigé dans l’édition marocaine de 2013.
https://doi.org/10.1515/9783110679373-007
56 | */A(D)DORMÍR/
*/A(D)DORMÍR/ : dans /A(D)DÓRMAŚ/ « (plût à Dieu) que tu dormes » < latin addormīre, H7.7 *>/A(D)LUDÍR/ : dans /A(D)LÚDO/ « je suppose » < latin adlūdĕre « faire allusion », A34.8 /ADORNÁTO/ « accoutré, équipé » < latin adornātus, IQ 20/6/2.9 *>adun+ÁR< : >adún+A+M< « rejoins-moi », verbe hybridé sur l’arabe dunuww « proximité », avec le préfixe factitif roman andalou /A(D)/ et le suffixes de la première conjugaison, A36.10 /AFRÁNC(I)YA/ « France » < latin Francĭa.11 Une variante */(A)FRANČA/ semble avoir circulé dans le roman andalou, d’où l’attributif arabe andalou afranǧí « franc ». >AFRÁNN/YE WÉŚŚOŚ< « estragon (Artemisia dracunculus) » < latin frangit ossa « il casse les os », BCT 278, 1438, 1649, 2348 et 3698.12 /AFRÁKA D+ÓLF/< « asaret (Asarum europaeum) » < latin frāgrat « il exhale », suivi par un syntagme roman andalou *D+Ó(L)F, qu’on a interprété comme « l’odeur de l’encens »,13 BCT 543. || 7 Mais ce texte est douteux ; voir Corriente 1997 : 312. Le préfixe causatif, déjà présent en latin, pourrait ne pas continuer l’usage classique et avoir été réintroduit dans une phase hispanique du bas latin. 8 Ce texte avait reçu des interprétations basées sur des corrections qui n’étaient pas nécessaires à l’origine. Avant ces corrections, le texte était assez convenable et conforme à la paléographie reçue ; voir Corriente 1997 : 301–302. 9 Le contexte, /ADORNÁTO DO MÓRTE/ « enveloppé dans son linceul », suggère la continuation d’une tournure au moins du bas latin, extraite des significations habituelles du latin adornāre « équiper, préparer, etc. ». 10 Nous avions pensé qu’il s’agissait du reflet roman hispanique du latin adjunge « joins », qui aurait eu un autre témoin dans *>ADÚNNE BÚLBAŚɁlynh< et >Ɂlnnh< de ce dernier terme suggèrent plutôt, dans ce cas, une lecture *>AYÚNNEadwnm< ne peut pas phonétiquement avoir été le résultat du latin *adjunge me. 11 Déjà dans Ausone, poète gallo-roman du IVe siècle, comme nom du pays des Francs, mais dans le bas latin postérieur, il s’agissait définitivement et clairement de la France. 12 Avec plusieurs graphies suggérant la présence ou l’absence de la voyelle initiale prosthétique, à distribution diachronique, diatopique, etc., selon 2.2.4. Quant à la séquence graphique >nn/yfarqandūfaqwaawqwfāfārīAQWÉNYO< « d’eau », ajouté à /PÉPRO/ et /ŚÉNCYO/, q.v. /AKÉŚT(E)/ « ceci » < latin eccĕ iste,17 A7. /AKÓND/ « amarante (Cachrys libanotis) », probablement < bas latin *accomptus, < latin comptus « orné, paré », à cause de la beauté de ses fleurs.18 /ÁKILA/ « aigle » < latin ăquĭla : dans /ÁLA D+ÁKILA/ « cétérac », littéralement « aile d’aigle », BCT 3456.
|| 14 Avec plusieurs variantes graphiques, dont >ġarayqūn< qui serait la forme corrompue normale pour l’arabe andalou (cf. gariacón chez Alcalá, peut-être une erreur typographique, fréquente dans cet ouvrage, au lieu de *garaicón) et peut-être aussi le roman andalou ; voir aussi BCT 2007 : 573. 15 C’est le Juniperus communis, encore appelée grojo dans l’Álava, la Rioja et des parties de l’Aragon, avec les mêmes termes et métaphore, à cause de sa hauteur, ce qu’on retrouve avec une sémantique différente dans le castillan grúa, français grue, anglais crane, etc. Il y a aussi les variantes brujo et broja « (génévrier) oxycèdre » (Juniperus oxycedrus), à Burgos ; voir BCT 2007 : 50. 16 Ce qui prouverait la prononciation /ágwa/ pour la Bétique, au moins. Mais une variante avec métathèse */áwga/ a pu exister aussi dans d’autres régions ou époques : en fait, le catalan aigua semble en être un dérivé avec dissimilation de la séquence /w…w/ ; voir aussi */ÁYR(E)/, avec un possible témoin d’une forme similaire. 17 Où l’adverbe introduisait un fait nouveau. 18 Reflétée aussi par ses noms dans d’autres langues, telles que le français « immortelle stéchade », l’anglais golden tufts ou gold flowers, l’allemand Goldblume et l’italien immortale giallo.
58 | /AKRIYÓN(EŚ)/
/AKRIYÓN(EŚ)/ « cresson (Lepidium sativum) » < latin acrĭus, comparatif d’ācer « pénétrant, âpre », avec suffixation augmentative romane andalouse, BCT 2568, 2570, 3408, 4810 et 4811.19 >AKUČÉLLA< et >AKULYÓLAŚ< « espèce d’anis »20 < latin ăcŭcŭla, diminutif démorphematisé d’ăcus « aiguille », métonymie de ces termes botaniques, avec les suffixes diminutifs du roman andalou {+ÉLL(A)} et {+ÓL(A)}, BCT 78, 121, 249, 350, 583, 979, 1327, 2648, 3892, 4084 et 4881. */AKÚT/ « aigu » < latin ăcūtus (cf. le nom de lieu Mont Acuth)21 : /AKÚTAŚ/ « aigües », A26. /ÁLA/ « aile » < latin āla : comme mot isolé, c’est l’aunée, peut-être continuation du bas latin, quoique son équivalent arabe ǧanāḥ a reçu aussi cette signification assez tôt chez les botanistes ; il est difficile de décider la direction de cet emprunt métonymique, BCT 394, 1259 et 2174. Voir aussi les noms composés de quelques plantes, tels que : /ÁLA D+ÁKILA/, /ÁLA DE BÓKTOR/ « fougère mâle », littéralement « aile de vautour » dans BCT 368 ; /ÁLA KAPRÓNA/ « feuilles d’artichaut »22 dans BCT 1254 et 1631 ; avec une variante phonétique plus jeune /LAKAPRÓNEŚ/ dans BCT 1631, corrompue dans 3430. /ALACTORḪÍYA/ « aristoloche (Aristolochia species) » < latin ărĭstŏlŏchĭa < grec ἀριστολοχία, à travers un procès d’effritement phonétique d’une forme romane andalouse empruntée à l’arabe, avec métathèse des sonores, métanalyse d’un article arabe et vocalisation avec /a/ de la voyelle suivante considérée prosthétique. Une autre variante, /ACTAROLOḪÍYA/, contaminée par le latin astrŏlŏgĭa < ἀστρολογία « astrologie », malgré la différence sémantique, a ajouté au castillan astrología cette étrange signification botanique chez certains auteurs, comme Alcalá.23 /ÁLAMO/ « peuplier (Populus species) » : ce mot d’origine gothique, dit-on, se trouve par hasard dans BCT 488, rendu par « noix ». Il semble que le mot arabe ǧawz, avec ce sens, a été corrompu graphiquement comme ḥawar, compris par
|| 19 Il y a encore une variante /AKRIYÓLEŚ/, selon SG 3. Cf. le portugais agrião, le marocain gǝrnūnǝš (selon Prémare 1993–1999 X : 716, déjà dans Lerchundi 1932 : 137, avec quelques erreurs typographiques) et le grenadin uquryún chez Alcalá ; quant au castillan agrión, il dériverait aussi de ce mot avec la signification botanique de « cinnamome », mais pas dans celle de « râpes des bêtes », q.v. sous /AGROGÓN/. Dans certains cas, on l’identifie comme Apium nodiflorum. 20 Dans ce cas aussi, il s’agit du nom d’une espèce de mauve. La distribution chronologique et diatopique de ces termes, ainsi que leur évolution phonétique, sont toujours problématiques ; voir Corriente 2008 : 144 et note 131. 21 De plusieurs lieux, selon SG 3 et 372–373. 22 Littéralement « aile de bouc ». Quant à l’identification avec assa-foetida, dans BCT 558, elle est considérée une erreur par l’auteur. 23 Voir Corriente 1988a : 85, sous *zrāwund.
>ÁLYA< | 59
un botaniste andalou bilingue, antérieur à Abulḫayr,24 et correctement rendu par son équivalent roman andalou. /ÁLBO/ « blanc ; blond » < latin albus, dans A4, 7 et 14 ; féminin /ÁLBA/, dans A22 et IQ 82/10/2 ; et masculin pluriel /ÁLBOŚ/, dans IQ 84/11/3.25 D’où aussi les dérivés : /ALBÁYNO/, BCT 65, avec le suffixe {+ÁYN}, nom de plusieurs espèces d’arbrisseaux aux feuilles blanchâtres ; >ALBÉLLAÁLČA MALYÓŚ< « chardon à foulon », littéralement « il relève ce qui est taché », où le deuxième mot continue le latin măcŭlōsus,27 BCT 122 ; et /ÁLČA+PÉYN/ « peuplier blanc», où il s’agit du roman andalou */E(N)PÉYN/ < latin impĕtīgo « dartre, éruption cutanée », car on utilisait ce remède contre les aphtes, BCT 4731. */ALEBYÁNCA/ « soulagement » < bas latin *alleviare, dérivé verbal causatif du latin lĕvis « léger », H26, mais c’est un passage très douteux, où nous avons proposé cette lecture pour >ɁlepyaṣÁLYA< « une autre » < latin ălĭa, IQ 82/10/1 et, avec suffixation déjà latine, >ALYÉNO< « d’autrui » < latin ălĭēnus, A18 et 28 et H7.
|| 24 Voir Corriente 2000–2001 : 98–100, à propos des erreurs des botanistes andalous ayant vécu après l’extinction du roman andalou et consultant des Mozarabes, qui n’en savaient pas davantage. 25 Voir aussi /EŚPÍNA ÁLBA/. Malgré les avis de certains romanistes ayant étudié les ḫaraǧāt, il n’y a aucun vrai témoin de ce féminin avec la signification d’aube. Il est aussi remarquable que le germanisme castillan blanco, le portugais branco, le français blanc, l’italien bianco, etc., n’aient jamais remplacé le latin albus dans ces sources. 26 Voir aussi ABÚČO. 27 Dérivé par suffixation du latin măcŭla « tache », cf. le castillan mancha et le portugais malha. On se servait de cette plante pour enlever tout ce qui pouvait tomber dans le lait de la traite, ce qui généra aussi le nom arabe mušṭu rrāʕī « peigne du pasteur », curieusement semi-traduit par le murcien peñarao voir Corriente 2005a : 240. 28 Voir Corriente 1997 : 323. 29 Et plusieurs graphies corrompues par métanalyse et élimination d’un article arabe, dans BCT 1176, 1177 et 1802.
60 | *>ÁLYO
ÁLYO< « ail » < latin ālĭum ; >ÁLYOŚ< au pluriel, BCT 1158. D’où aussi le diminutif >ALYÉLLO< et l’augmentatif >ALYÓNAMARQÓN< « espèce d’euphorbe », avec le suffixe augmentatif, BCT 2971, 2985 et 5126 ;30 et /AMAYRÓN/ « alisme »,31 avec suffixation augmentative, BCT 574, 1440, 1447, 1627, 1657, 1658, 2506, 2733, 2994, 3336, 3756. 3769, 4390. 4564 et 5069. */AMÉNDOLAŚ/ « amandes » < latin ămygdāla < grec ἀμυγδάλη : les graphies >amindlammindoly< et >Ɂmndlš< de BCT 274, reflètent d’abord les formes bas latines avec l’insertion du /n/ au lieu du /g/, et ensuite la métanalyse des suffixes diminutifs {+ÓLL/Y} ou {+ÉL}.32 /AMÉNKO/ « espèce de vesce ou pois », usage métonymique du bas latin ami(n)cum, rétro-formé du latin ămĭcŭlum « vêtement » et désignant quelques sortes de chaussure rustique.33 Un synonyme augmentatif /AMENKÓN/ est rapporté dans DS I : 36, avec de variantes graphiques. /AMEŚÓNAŚ/ « abricots (fruits du Prunus armeniaca) » < latin myxa, avec une évolution phonétique compliquée où, d’abord, il y a eu une fausse coupe d’un syntagme roman avec l’article, */L+AMÍŠA/ (témoigné par le portugais ameixa), puis l’addition du suffixe augmentatif, BCT 927 et 4824. /AMÓRE/ « amour » < latin ămŏr, -ōris, H26. Voir aussi /AMÁR(E)/. /ANÁTE/ « canard », dans >PÉḎE (D+)–< « quintefeuille », littéralement « pied de canard » < latin ănăs, -atis, BCT 624 et 928. */ANBE(R)ŚÁRYO/ « obit d’un décès » < latin annĭversārĭus « qui reviens tous les ans », SG 17 et Ferrando 1995 : 109, avec de graphies avec un /b/ ou un /f/, et avec ou sans le premier /r/.
|| 30 À ne pas confondre avec >amraqwnamryqwn< et d’autres graphies corrompues du grec ἀμαράκινον « matricaire », BCT 5. 31 Avec une diphtongue étrange, présente aussi dans le portugais almeirão, face au castillan amargón, à cause d’une alternance fréquente en arabe andalou entre les formes nominales {1ā2ū3} et {1ay2ū3}, selon Corriente 1999 : 190. 32 Par la suite, le portugais amêndoa reste proche de la solution du roman andalou, alors que le catalan ametlla a eu une évolution phonétique masquant le suffixe diminutif ; quant au castillan almendra, il a fait de même, en y ajoutant l’addition d’une métanalyse de l’article arabe. 33 Cf. le portugais tamanco « sabot, galoche », probablement le reste d’un syntagme *alto amanco « sabot haut » (d’où l’arabe andalou iltimáq « botte à l’écuyère » et ses dérivés, jusqu’au turc tomak ; voir Corriente 1985 I : 149) et le dialecte andalou du castillan amanco « attirail ».
/APRÍL/ | 61
*/ANDÁR(E)/ « aller, marcher », dont l’origine latine est disputée : 34 /ÁNDA/ « va », IQ 94/29/3. */ANDÉL LÓPO/ : voir >ÚNYAANFILYÁT< « filleul » < bas latin *adfiliatus < latin fĭlĭus « fils », avec le préfixe causatif et le suffixe du participe passif d’un verbe de la première conjugaison ; témoigné avec un féminin >ANFILYÁTA< dans les documents de Mozarabes de Tolède,35 parfois avec des graphies erronées avec un >ḏ< au lieu du /l/. /ANPÁWRA/ « coquelicot (Papaver rhoeas) »36 < latin păpāver, à travers une hybridation hâtive où on l’a préfixé à l’arabe ḥabb « grain », fréquent dans les noms des plantes, avec le résultat *ḥapapáwra rapporté par Alcalá et VA37, pour l’arabe andalou, emprunté ensuite par le roman andalou avec la chute du phonème étranger et la dissimilation du premier /p/, BCT 4868. Le mot arabe andalou a aussi survécu, avec le suffixe augmentatif roman, dans /ḥaPAPRÓN/ « anis », BCT 2584.38 /ANŠÉNC(I)YO) et /ANŠÉNŠO/ : voir /AŚÉNTIYA/. /ÁNTOLA/ « aconit, anthore (Aconitum anthora) », bas latin an(ti)thora < grec ἀντιφθορά, antidote de l’aconit ; BCT 539, 1289, 1370, 2244, 2351, 2747 et 3572. /APERTÁL/ « espèce ouverte du lin »39 < latin apertus, avec suffixation romane andalouse, selon 2.5.2 suffixe {+ÁR/L}, BCT 2576. >APOPR(IY)ÉLLA< « bryone blanche (Bryonia alba) » < bas latin apoperes,40 avec suffixation diminutive romane, BCT 292, à partir duquel est généré /BOBRÍN/ « courgette »41 avec une alternance de suffixe. /APRÍL/ « avril » < latin Aprīlis.42
|| 34 Probablement, une évolution hâtive dans certaines langues néolatines occidentales du latin ambŭlāre (par exemple à travers ambŭlātus « faculté de marcher », mot à partir duquel est créé, au moyen d’une suffixation, le terme en bas latin *ambulatare > *am(bla)tar < /ANDÁR/). 35 Voir SG 17 et Ferrando 1995 : 109. 36 Souvent complété par l’attributif /MAWRÉŚKA)/, q.v., sous ce mot. 37 Voir Corriente 1988 : 40 et 1989 : 75. Les graphies >yābur < et >bābū< de BCT 4868, 5084 et 665 sont des tentatives ratées de reproduire le mot latin. 38 Corrompu dans BCT 583 et 1563. 39 Voir Dozy 1881 I : 1 sous >abārṭBOBRÉLLAAPRÍR(E)
APRÍR(E)< « ouvrir » < latin ăpĕrīre : >ÁPRE WÉLYO< « chardon », littéralement « ouvre ton œil », BCT 968 et 1619. /APRÚN/ : voir /DENT+–/. /ÁPYO/ « céleri (Apium graveolens) » < latin apium/s « ache, persil », avec une certaine évolution sémantique, BCT 349 et 2569. /ARÁNDALO/ « laurier-rose (Nerium oleander) » < bas latin oleander ou oleandrum,43 BCT 1914. /ARAKLÍC/ « réglisse (Glychryrrhiza glabra) »44 < latin lĭquĭrītĭa < glcyrrhiza < grec γλυκύῥῥιζα, littéralement « racine sucrée », BCT 149 et 3470. /ARBÁNCOŚ/ « pois chiche (Cicer aretinum) » < grec ἐρέβινθος,45 BCT 1618. Il y a aussi un diminutif /ARBANCÓL/ « espèce d’aurone à Tolède », BCT 2782. >ARBÉLYAŚ< « vesce (Vicia sativa) » < latin ervīlĭa « gessette », BCT 419 et 1384. /ÁRČA/ « ronce (Rubus fruticosus) » < préroman arcia,46 BCT 207 et 3464. /ARČILÁKA/ « genêt épineux (Calycotome spinosa) », variante tardive de SG 21, soutenue par le catalan argelaga, il s’agirait d’un cas de dissimilation de sonores, à partir de l’arabe andalou al+ǧiláqa < ǧáwlaqa < arabe ǧawlaqah,47 d’origine pehlevi, prouvé par le néo-persan ǧule. Une variante /YILÁKA/, BCT
|| 43 S’agirait-il d’un emprunt vulgaire et corrompu au grec ἐλαία ἀνδρός « olivier du mâle », peutêtre à cause de la ressemblance de ses feuilles. 44 Les graphies sont toutes corrompues, selon BCT 2007 : 16, note 14 et 551, note 5. La contamination par le latin lĭquŏr aurait était hâtive ; on la retrouve dans le vieux français et l’anglais licorice. La métathèse des consonnes sonores aurait été aidée par une contamination avec les dérivés du latin rēgālis « royal », à cause des vertus attribuées à cette plante, ce qui aurait eu lieu dans le bas latin occidental, puisque qu’on la retrouve en français. Un rapport avec le castillan regalar < français régaler, d’origine germanique serait hors de propos, selon Corominas. 45 Mot grec dont l’étymologie est problématique, qu’on a mis en rapport avec ὄροβος « ers ou vesce » et le latin ervum « lentille bâtarde ». Quant à la graphie citée, et d’autres souvent corrompues de la même source, elle suggère que le mot grec aurait pénétré le bas latin hispanique, puis l’arabe andalou (ce qui explique la vocalisation avec /a/ de la deuxième syllabe, selon Corriente, Pereira & Vicente 2015 : 10–11, note 24, à cause de la « loi de Phiippi »), jusqu’au castillan garbanzos, à la différence du catalan cigró (< latin cĭcĕr, ou plutôt de son diminutif cĭcĕro, -ōnis) et le métonymique portugais grão-de-bico. Cette dernière langue semble nous fournir l’explication de la première syllabe du castillan, à travers un hypothétique *grano (d’)arbanzo. 46 Il pourrait aussi s’agir du pluriel du latin actĭon « celsia », emprunté au grec ἄρκτιον « bardan », avec une évolution sémantique. La variante >Ɂrṣh< de SG 2 confirme l’hésitation connue entre /č/ et /c/ ; voir 2.2.2 (sifflante prédorsale (affriquée) /ŝ/). Le castillan zarza, isolé parmi les langues néolatines hispaniques (cf. catalan esbarzer ou romaguera et le portugais silva), a développé la consonne initiale à travers une fausse coupe avec l’article *la/s+arzas ; le basque sartzi cité par Mugica, mais omis par Azkue, étant probablement un emprunt tardif au castillan. 47 D’où le castillan aulaga, aliaga et d’autres variantes dialectales, voir Corriente 2008 : 188. Néanmoins, au lieu de cette corruption phonétique de l’article arabe, il pourrait s’agir d’une contamination avec /ÁRČA/, q.v., tous deux étant des noms des plantes épineuses.
/AŚARÓN/ | 63
1042, 1375, 1619 et 5056, pourrait être le résultat d’une contamination de l’arabe /ǧawlaqah/ avec le latin ulex, -ĭcis. */ARDÉR/ ou /ARDÁR/ « bourrache (Borago officinalis) » < latin ardēre « brûler »,48 avec le suffixe roman andalou {+ÁL/R}, BCT 400, 2517 et 3661. >ARǦOM/BÓNYA< « pavot argémone (Papaver argemone) »49 < latin argĕmōnia < grec ἀργεμώνη, BCT 91, 928, 2118, 2169 et 3046. >ARMELLÍN< « armeline » < latin armēnĭus « arménien », BCT 3633.50 /ÁRKA/ « épeautre (Triticum spelta) » < latin ălĭca « semoule », avec une évolution sémantique, BCT 1655. >ARMWÉLLEŚ< « arroche (Atriplex halimus) »51 < latin ŏlŭs molle, littéralement « herbe tendre », avec métanalyse de l’article arabe et dissimilation de sonores. */ARREYÁR/ « arranger ; parer » : /ARRÉYO/ « j’arrange », dans A17 et 19, < bas latin *arredare, d’origine germanique.52 /ARÚNDINE/ « roseau » < latin (h)ărundo, -ĭnis : BCT 31 et 4230, avec corruptions fréquentes et si fortes comme dans BCT 1375 >ɁzɁwndKÁNNAʕarus+ÉLLA< « racine de mandragore (Mandragora officinarum) » : suffixation diminutive romane à l’arabe andalou ʕarúsa < arabe classique ʕarūs « fiancée », également « poupée » partout en néo-arabe, à cause de la ressemblance de ces racines avec un corps humain,53 BCT 2749, 3287 et 5123. /ARYÉNT/ « argent » : < latin argentum, dans /– BÍBO/ « vif-argent », chez SG 23. /AŚARÓN/ « asaret (Asarum europaeum) » < latin ăsărum « nard sauvage » < grec ἄσαρον, BCT 296, 543, 1626, 1854, 1932, 2242, 2649, 2743, 3069, 3399, 3401, 3796, 3803, 4015, 4040, 4085, 4087, 4162, 4253 et 4525. Nom technique des botanistes, où on a métanalysé le suffixe augmentatif roman, mais BCT 543 rapporte aussi >ašuruhɁrḏryMANNÁYRAŚARRÁLYA D+–ŚKOKOMR(IY)ÉLLO< et /RÓŚA/. /AŚP(E)LÉNI/ : dans /YÉRBA –/ « daurade, cétérach (Ceterac officinarum) » < latin asplēnŏs < grec ἄσπληνος « bon pour les maladies de la rate », nom donné à cette plante, avec l’addition du suffixe attributif arabe, BCT 2362, 3092 et 5069. /AŚPÓR/ « asaret (Asarum europaeum) », nom alternatif du /AŚARÓN/, q.v., métonymie de l’arabe andalou ašpúr(a) « éperon » à cause de ses tiges, d’origine germanique,56 BCT 296 et 543. D’où aussi, avec le suffixe augmentatif roman, /AŚPORÓN/ « moutarde sauvage (Lepidium campestre) ; espèce de navet », dans BCT 415, 844, 1585, 2352 et 2747. >AṬÉRNO< : voir >(L)AṬÉRNOATRAMÉLLA< « auge verveine (Bellardia trixago) » < latin trāma « toile d’araignée », avec le suffixe diminutif roman, plante appelée ainsi à cause de sa viscosité,57 BCT 571, 1744, 2819 et 4261. /ATREŚNA/ « guède sauvage (Isatis agrestis) »,58 probablement < bas latin *lathryridinus, adjectif dérivé du latin lāthris, -ĭdis « épurge » avec métanalyse et suppression de la première consonne, comme s’il s’agissait de l’article défini roman ou arabe, BCT 252 et 2997. Voir /LÉYTE/. /AWKÍNO/ « apocyn, tue chien (Apocynum erectum) » < grec ἀπόκυνον, BCT 560.59 >AWNÉLLA< « agnelle » < latin agnella, dans >YÉRBA< « espèce de poireau », appelée ainsi car il servait de pâturage aux brebis, BCT 985, 1946, 4899 et 5079.60
|| 54 Voir Corriente 1977 : 151–152. 55 Pline l’a mentionné pour une variété de prunes. 56 Du gothique *spaura, voir Corriente 1997 : 17 ; cf. le castillan espuela. Nous changeons donc d’avis, ici et depuis Corriente 2008 : 145, ayant d’abord soutenu une étymologie tirée du latin aspĕrus « âpre » dans Corriente 1997 : 17. 57 Voir Bustamante 2005 : 147. 58 Il faut corriger les lectures >Ɂṭyršnh< et >Ɂṭryšh< des manuscrits. 59 Mais voir Corriente 2008 : 146, note 139, à propos d’autres identifications chez les botanistes. Voir aussi Corriente 1977 : 33, à propos de la chute occasionnelle d’un /b/ en position implosive, qui aurait ici remplacé le /p/ étymologique, mais un phonème marginal en arabe andalou.
/BABÓŚ/ | 65
*/AWKWA FÉFERI/ : voir >AG/KWAAYUNNÉR< « joindre » < latin adjungĕre, dans >AYÚNNE BÚLBAŚFAYČ(IY)ÉLLAɁṭrš ɁywšYÚNNE< pour le premier constituant du syntagme et, pour le deuxième, *>PÉǦA< « pièce », comme euphémisme au lieu de /BÚLBA/ devenu très vulgaire, selon Corriente 2008b : 406.
66 | /BACÍL(A)/
/BACÍL(A)/ « petit pois (Pisum sativum) ; lupin (Lupinus hispanicus) », probablement < bas latin *pisellum, diminutif du latin pisum, mais l’emprunt aurait eu lieu à travers l’Afrique du Nord, à cause de la préservation de la consonne sifflante,66 BCT 701, 1151, 1384, 2786, 3138 et 4219. Cf. /PEZÁČ/. /BÁKA/ « vache » < latin vacca, dans >KÓNNOBALLÓKA< « folle avoine (Avena fatua) », dont l’étymologie inconnue, préromane selon certains auteurs, celtique selon SG 30, qui mentionne ce terme et en donne des variantes galicienne, castillane et aragonaise, mais il pourrait s’agir d’une évolution phonétique hâtive du roman andalou *ABÉNA LÓKA.67 /BALLÚḪA/ : voir /MÁLBA/. /BÁLŚAMON/ « baumier (Commiphora opobalsamum) », BCT 924. Il ne semble pas s’agir d’un véritable mot roman andalou, mais de la prononciation chez les docteurs du latin balsămum < grec βάλσαμον, d’origine sémitique, cf. phénicien >bšm< et hébreu bośem, encore prononcés avec une sifflante latéralisée, reflétée par le grec avec un /l/. /BANTÁWMA/ : voir /PANTÁWMA/. /BANÚC/ « ébène (Ebenus) » : ne dérive pas directement du latin ĕbĕnus, mais de l’arabe abanūs, également emprunté au grec ἔβενος, la chute de la voyelle initiale pouvant être attribuée à la métanalyse de l’article roman ou arabe, et fausse coupe subséquente, selon Corriente 2008a : 147. Ce dernier phénomène n’a pas eu lieu dans le dérivé /EBANÚČ/ « sorbier (Sorbus terminalis) », avec le suffixe péjoratif {+ÚČ}, ainsi appelé à cause de son bois dur et solide, mais évidemment inférieur à celui de l’ébène. /BÁRBA/ « barbe » < latin barba : dans les syntagmes >BÁRBA DE KONÉLYO / LÉPRE< « salsifis noir (Scorzonera hispanica) », littéralement « barbe de lapin / lièvre », BCT 737 et 1380, et /BÁRBA NÁNČA/ (corruption de /LÁNČA/), littéralement « pointe de lance », « Centaurea sonchifolia / Jacobi) », BCT 916. Il y a aussi un diminutif >BARBÉLL/YABARGÁLLOŚ< dans BCT 2580, 3793 et 5108,69 avec une autre graphie >GARGÁLLOŚġrġ/l)ywn< suggère >GARGALYÓNBARRABÉŚ< : ce passage d’IQ 87/24/3 est problématique, puisque la graphie originale *>barbānasbarbāsyarġllušbarrūqà< est le nom ainsi expliqué des fruits du tamaris. 71 Voir Lapesa 1980 : 468–469 et 597, et cf. /BAYÓMBA/ « raisin d’ourse (Arctostaphylos uvaursi) », castillan gayuba, contaminé par gayomba, q.v. 72 Il reste pour la rime la différence entre /s/ et /ś/, mais leurs confusions étaient fréquentes, selon Corriente 1977 : 49 et un mot roman en position de rime n’aurait pas été trop gênant pour ce poète. 73 Traduction suivante en arabe andalou : /mur ʕazīz makrúm/ « allez, puisant et honoré ». Nous avons suggéré une lecture alternative, */BEŚTÍTO/ « revêtu (d’une robe d’honneur donnée par un
68 | /BAŚTÓN/
/BAŚTÓN/ « bâton » < latin bastum, avec suffixation augmentative romane, chez IQ 90/15/4.74 >baṭṭiḫ+YÉLLA< « fruit de la mandragore (Mandragora officinarum) », mot hybridé de l’arabe andalou /baṭṭíḫa/ < arabe classique /biṭṭīḫah/ « melon », avec le suffixe diminutif roman. /BÁYNA/ « corne », selon SG 28, tiré d’Ibn Buklāriš, < latin vāgīna « fourreau », avec une évolution sémantique particulière, aussi dans le syntagme /– DE ČÉRBO/ « corne de cerf », dans le roman hispanique oriental. /BAYÓNB(O/A)/ « raisin d’ourse (Arctostaphylos uva-ursi) », castillan gayuba, BCT 921, 924, 1422, 3022, 3223, 3649 et 4521, phonétiquement contaminé par le roman andalou */GAYÓNBA/, d’où le castillan gayomba « genêt d’Espagne », mais les deux mots semblent être préromans. /BAZÍNO/ « pot de chambre » < latin vās « vase »,75 avec le suffixe diminutif roman, dans le syntagme /BÉYZA –/ « nom vulgaire de la centaurée (Centaurium erythraea) », littéralement « il baise les pots de chambre », car on l’utilisait pour leur nettoyage, BCT 713, voir /BE(Y)Z/ǦÁR/. */BEBÉR/ « boire » < latin bĭbĕre dans /BEBRÁŚ/ « tu boiras », A25, et /BEBÉŚ/ « que tu busses », A20. /BEḪŠATÓR/ « espèce d’euphorbe (Calotropis procera) » < latin vexātor « tourmenteur », ainsi appelé à cause de son goût très amer, BCT 847. D’où aussi, avec une suffixation plus étendue, /BEḪŠATORÁYRA/ « plante asclépiade mangée par les Arabes (Glossoneme edule) », mais on dirait qu’elle n’était pas appréciée par les Andalous, BCT 3447. /BELÁR(E)/ « veiller » < latin vĭgĭlāre, dans IQ 20/16/4 /BELÁR+i/ « ma veille », hybridé avec le possessif arabe andalou. D’où aussi, avec suffixation agentive, /BELATÓR/ « nénuphar (Nymphaea caerulea) », car certaines espèces de cette plante n’ouvrent leurs fleurs que pendant la nuit,76 BCT 3136. /BÉLČ/ : voir */ÍLČ(E)/. >BELÉNYO< « jusquiame (Hyoschyamus) » < latin vĕnēnum « poison ; drogue », SG 44, tiré d’Ibn Buklāriš.
|| supérieur à un inférieur) » ; en fait, notre poète mentionne cette robe, /ḫilʕah/, dans 94/27/1, /ḫilʕah alqáyt ʕala abán quzmán/ « tu as mis une robe d’honneur sur IQ ». 74 Voir Corriente 2014 : 46, à propos du catalan babastell et d’autres dérivés du même mot dans les romans hispaniques. 75 Une hypothèse alternative est le bas latin bacchinon, étudié par Coromines. 76 On les appelle en arabe /layliyyah/ ou /sāmiriyyah/, c’est-à-dire « de la nuit », à cause de cette propriété.
/BÉNTO/ | 69
/BELÉŚA/ « dentelaire (Plumbago europaea) »,77 peut-être du gothique *bilisa, BCT 261, 757, 3144 et 4899. >BÉLLO< « beau » < latin bellus, A7 et H23 ; voir aussi >BONTÓRKABELLÍTOBÉLYAŚ< « vieilles (femmes) » < latin vĕtŭlas : dans les syntagmes >ENPRÉNYA< et >ŚOMÁLLADablīšah< et >bāšilyahšākah bāntahBERTEČÉLLO< « espèce d’uvulaire (Uvularia amplexifolia) » < latin vertĭcillus « peson de fuseau », à cause d’une ressemblance avec ses semences. D’où aussi*/BERTEČÉL/ « variété de figues », dont la graphie >burtiǧāl< pourrait refléter une labialisation de la première voyelle. >BERTÓNKA< : voir >BONTÓRKAbyzmānhb(b)rnāqhbnǧmānh< et >bnzǧ mānhbassiare< « descendre », ce qui est autrement soutenu par la graphie >ǧnǧbnyh< de 1244.
/BOLČÁKA/ | 71
/BÍMNE = /BÍMEN/ « osier (Salix safsaf) » < latin vīmen, BCT 3232, 3560, 3659 et 4884.82 Il y a aussi un possible diminutif roman */B/FINN+ÉL/ « sorte de jonc », avec les graphies >finā(l)BOBRÉLLA< : voir >APOPR(IY)ÉLLA< et /RROTÚNDO/. >BOBÓLYO< et >BOBOLYÁYRA< « œil de bœuf (Anthemis tinctoria) » < latin bŏvis ŏcŭlus, calque du grec βούφθαλμον, BCT 572, 845, 987, 1638, 2138, 3462, 3521, 3585, 4240 et 4488. /BOĠ/ḪTÓRNA/ et >BOḪTORN(IY)ÉLLA< : voir /BÓKTOR/. /BÓKA/ « bouche » < latin bucca, dans /DE LÓPO/ « centaurée majeure (Centaurea centaurium) », littéralement « bouche du loup », BCT 901 et 4231, probablement à cause de son odeur fétide. D’où aussi le diminutif roman >BOKÉLLAfymnBOLYÁR< « alkékenge, physalis (Physalis alkekengi) » < latin bulla « bulle », à cause des bractées autour de son fruit, BCT 833, 1351, 2581 et 3597. /BÓNO/ « bon, beau ; bien » < latin bŏnus, A11, 13, 25, 29, 32 et 34, H17 et 24, IQ 84710/4 et 87/10/3, féminin /BÓNA/ dans H13. Voir aussi /PÁLO/ et /MÉNTA/. /BONTÓRKA/O/ = /BONTORÓNKA/O/ = /BO/EL/RTÓNKA/O/ = /BELTÓN(I)KA/ « bétoine (Stachys betonica) » < latin hispanique b/vētŏnĭca, BCT 676, 677, 980, 981, 2028, 2243, 2257, 2295, 2586, 3978, 3979, 4098, 4161, 4252, 4421, 4490, 5067 et 5069.88 /BÓKTOR/ « vautour » < latin vultŭr, dans /ÁLA DE –/ « fougère mâle », BCT 368 et 2160. D’où aussi /BOḪ/ĠTÓRNA/ « stachyde (Stachys ochimastrum) »,89 BCT 550, 983, 2249, 2732, 2988, 3030, 4051 et 5080, et son diminutif >BOḪTORN(IY)ÉLLAKALANDAYRWÉLLABORRÁLLA< « morgeline, stellaire (Stellaria media) », BCT 959, aussi appelée /ČENČÉKOŚ/, littéralement « haillons », q.v., ce qui a suggéré des rapports sémantiques avec le castillan morralla « fatras » et le portugais baralha ou catalan barreja « mélange », à cause de son aspect, mais la vraie étymologie semble être un diminutif roman de */BÓRRA/ < latin burra « étoffe grossière en laine », cf. le castillan borra « bourre ». /BOS/ « vous » < latin vos, cas oblique dans H4, réflexive dans H10. Le nominatif, /BOS+ÓTRIS/, dans H12, a cette addition caractéristique du castillan et du catalan. /BOYÁTA/ et /BÓYE/ : voir /BUWÉY/. /BÚDA/ « jonc (Juncus) » : < latin bŭda, un vieil emprunt au berbère de l’Afrique du Nord, passé en arabe andalou búḏa, mais réintroduit par l’immigration berbère
|| 87 Voir aussi Corriente 2008 : 151, note 159 à propos de la suffixation et d’autres dérivés, et BCT 2007 : 114, à propos de contaminations avec le bas latin porcus « vulve », à cause de son utilisation dans le traitement des douleurs de l’utérus. 88 Il y a eu beaucoup de confusions phonétiques et sémantiques avec /RÓNPE TÓNKA/ « calendule (Calendula arvensis) » et /BRETÁNIKA/ = /BERTÁNIKA/ < latin brĭtannĭca (herba) « patience (Rumex patientia) » ; voir Corriente 2008 : 152, et note 160, ainsi que des étymologies populaires, telles que */BÓN TÚREKO/ « bon comme l’encens » < bas latin *bonus turicus, /BÓN TRÓNKO/ « belle tige » < latin bŏnus truncus ou >BÉLLA< ou /BÓNA TÓNKA/ « belle tunique » < latin bella / bŏna tŭnĭca, à cause de la beauté de ses fleurs ». 89 Un tel adjectif ne pouvant dériver directement du latin vultŭrīnus. 90 La graphie >bǧyn< dans 4764 suggère une prononciation vulgaire sans la première syllabe, à cause d’une métanalyse de mot /(a)bū/, souvent préfixé aux noms de plantes et d’animaux.
/BUWÉY/ | 73
avec le préfixe de classe, d’où le portugais (a)tabua ou taboa « massette (Typha angustata) », BCT 768, 803, 1940, 2473, 3721, 3894 et 4522. Une espèce de soude est appelée /BUDÉČO/, avec le suffixe péjoratif, BCT 814 et 3580. /BULBÁKA/ : voir /ILYÁKA/. /BÚLBUC/ « sorte d’oignon ou de poireau », dans BCT 675 et 985, ne semble pas s’agir d’un mot roman, ni d’un dérivé du latin bulbus « oignon », mais une simple transcription du grec βολβός, utilisé par les botanistes. >BULLUTÉLLA< « germandrée (Teucrium chamaedrys) », diminutif roman de l’arabe bullūṭah « gland »,91 BCT 981 ; voir /MORKÁYR/. /B(U)RÚKO/ « sauterelle sans ailes » < latin brūchus < grec βροῦχος, BCT 148, d’où aussi le castillan brugo « espèce de puceron ». /BURRÚKA/ « verrue » < latin verrūca, BCT 2355.92 Quant aux graphies >brwqā/y< et >brwyqā< dans BCT 853 et 2359, il s’agit de corruptions du grec μυρίκη « tamaris ». >BUTÁNYA< « bryone noire » < latin vītĭnĕa < « de vigne », BCT 630, 1894, 2523, 2948, 3854, 4253, 4448 et 4976.93 /BUTÉL/ « renoncule (Ranunculus) » < bas grec βούτελος, littéralement comme le français « mort-aux-vaches », à cause de sa toxicité pour le bétail, BCT 631, 632, 2542, 2547, 2566, 2570, 2764, 4134, 4719 et 4735.94 */BÚḪŠUŠ/ « buis (Buxus sempervirens) » n’est qu’une transcription du latin buxus ou du grec πύξος, BCT 3135, dont la forme andalouse était /báqs/,95 BCT 377, 541, 923, 1148, 2242, 3232, 3470, 3807, 4677, 4756 et 4820. /BUWÉLO/ « bol d’Arménie » < grec βῶλος « motte de terre », chez SG 60, selon Ibn Buklāriš, avec diphtongaison du roman central. /BUWÉY/ « bœuf » < latin bōs, -ŏvis, dans /LÉKWA (ḎE) –/ « buglosse »,96 BCT 2516 et 2715, et /ÉNFALA –/ « cynoglosse », BCT 242, 567 et 2643, ainsi appelée car cette plante fait gonfler les ventres du bétail et les fait mourir. SG 57 en rapporte d’Ibn Ḥayyān le dérivé /BOYÁTA/ « troupeau de bœufs », à suffixation participiale romane.
|| 91 Emprunté au grec βαλανωτή, à travers le syriaque ballūṭ(a). 92 Le mot est rapporté par VA et Alcalá avec un pluriel brisé et un dérivé participial, preuves d’une intégration totale dans l’arabe andalou. Quant à la confusion avec le tamaris, on l’a attribuée à une ressemblance extérieure (questionnable) et à leur efficacité dans le traitement des verrues. 93 Avec plusieurs graphies comme >bawṭāniyah< et >bwṭānnah< suggérant des variantes dialectales d’un mot technique non assimilé. 94 Avec les graphies alternatives >bwṭwlwn< et >bwṭlyČELEDÓNYA< « chélidoine (Chelidonium majus) » < latin chĕlīdŏnĭa < grec χελιδόνιον, ne serait qu’un mot technique des botanistes, ce qui est confirmé par l’hésitation des graphies, avec >ǧ< et >ḫČÉČARO MÓLLE< « vesce tendre », d’un ambassadeur à Cordoue, probablement un Mozarabe, du roi de Léon, Ramiro II, selon Ibn Ḥayyān, AlMuqtabas V : 475, où il faut corriger >Ɂlǧǧrmlhǧnǧbnyh< comme */ČENČEPÓNTA/ dans Corriente 2008 : 156.
*/ČÉRBO/ | 75
/ČENČÉKOŚ/ « morgeline, stellaire (Stellaria media) », littéralement « haillons », < bas latin siccinicare « couper la viande en bandes pour la sécher »,103 appelée aussi >BORRÁLLA< q.v., BCT 959 et 1319. /Č/ṢÉNNA/ « aconit (Aconitum ferox) », serait une autre désignation vulgaire del aconit, à cause de ses effets létaux » (cf. le synonyme /ČENČABÁRA/), combinaison phonétique et sémantique dans ce cas du latin cinnus « signe, clignement de l’œil», avec signum « signe ordonnant l’exécution d’un ordre, surtout une sentence de mort ».104 >ČENŚ(IY)ÉLLA< « espèce de fumeterre (Fumaria spicata) ou hypécoum (Hypecoum imberbe) », diminutif roman du bas latin *cinisia < latin cĭnis, BCT 1325, 1981, 2575, 3632, 4008 et 4561. /ČENTÁWR(I)YA/ « centaurée (Centaurea erythraea) » < bas latin centauria < latin centaurēum,105 BCT 713, 1199, 3162, 3455, 3852, 4231 et 4793. /ČENTÉNO/ « seigle (Secale cereale) » < latin centēnum, BCT 4299. /ČENTO/ « cent » < latin centum : dans /– DÉTOŚ/ « adiante (Adiantum capillus Veneris) », ajoutant le latin dĭgĭtus, littéralement « cent doigts», BCT 1200 ; >–FÓLYAŚ< « espèce de centinode », littéralement « cent feuilles », ajoutant le latin fŏlĭum, BCT 1202 ; /–NÚDO/106 « une autre espèce de centinode », ajoutant le latin nōdus, littéralement « cent nœuds », BCT 1198 et 3457 ; et /– KÁP(E)TE / KÁPO/ « chardon roulant », ajoutant le latin căpŭt, littéralement « cent têtes », BCT 76, 130, 191, 302, 363, 441, 534, 820, 1201, 1342, 1588, 2111, 2191, 2221, 2942, 3817, 3935, 4053, 4054, 4268, 4862, 4864, 5064 et 5088. >ČE/OPÓLLA< « oignon (Allium cepa) » < latin caepulla, BCT 985, d’où le syntagme >ČOPÓLLA DE PÓRKO< « scille (Scilla campestris) », BCT 3461, et aussi les dérivés avec suffixation diminutive, >ČOPOLLÍN< « ciboulette (Allium fistulosum) », BCT 985, et >ČOPOLLÉLLA< « narcisse (Narcissus tazzetta) », BCT 987. /ČERÁR/ « blé (Triticum sativum) » < latin cĕrĕālis, BCT 1337 et 4147. */ČÉRBO/ « cerf » < latin cervus, dans /ŚÉBO DE – / ČERBÚNO/, adjectif attributif à suffixation romane dans le deuxième cas, « suif de cerf », chez SG 512, tiré d’Ibn Buklāriš ; cet adjectif se retrouve dans 744 /POLÉYO–/ « pouliot de montagne (Teucrium polium) » et son féminin dans /ČERBÚNA/ « espèce de trèfle ou luzerne », BCT 2485.107 Avec une autre suffixation attributive romane, on a
|| 103 Voir Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 288, à propos des témoins de cette racine dans les dialectes andalous arabe et roman. 104 Quant à l’hésitation dans la réalisation de la consonne initiale, qu’on retrouve dans /C/ČÍNKO/, /Č/CEBÁYRA/ et /ARČA/, voir 2.2.2 (les consonnes pré-palatales). 105 Voir */ÁWRO/. 106 Voir 2.4.1.1 à propos de ces deux cas de singulier avec les noms de nombre supérieurs à dix. 107 Dans 1329 ce mot est une erreur au lieu de /KABRÚNO/, q.v.
76 | /ČÉRČ/
>ČERBÉNNA< « espèce de jonc (Juncus conglomeratus ou effusus) », BCT 569, 1272, 1281 et 1940.108 /ČÉRČ/ : nom donné en Algarve à une espèce de ciste, à grains mangeables pendant la disette, métonymie d’une forme métathétique de /ČÉČARO(Ś)/, q.v., BCT 549. /ČÉRK(O)/ « chêne vert (Quercus ilex) et d’autres espèces » < latin quercus, BCT 799, 919, 1322, 1737, 2248 et 3506.109 /ČERMÁMA/ « salsifis noir (Scorzonera hispanica) », probablement un mot composé du roman */ČÉRRO/110 < latin cirrus « rameau filiforme », caractéristique de cette plante, et /MÁMA/ « suce » < latin mammāre,111 cf. son nom castillan populaire churrimam/na, BCT 439, 623, 737, 1380, 1951 et 2127. >ČERMÉNNAŚ< « espèce de poire », peut-être un attributif de >ǧulmāniyahAČET(Y)ELLAČOPÓLLAČOPOLLÍN< et >ČOPOLLÉLLA< : voir >ČEPÓLLAǧm/nǧr(h)< et >ǧmǧmhḏib+ÉLLO< « petite bardane (Arctium minus) », peut-être un diminutif roman de l’arabe andalou ḏíb « loup »,122 à cause des pointes dans ses fruits, BCT 1712. /DIBÍNA/ « devineresse » < latin dīvīna et /DIBÍNAŚ/ « tu devins » < latin dīvīnāre « deviner », dans H2. /DÍYA/ « jour » < latin dĭēs, A22, IQ 82/10/1 et 86/9/3. /DO/ : voir /DE/. /DÓB(E)/ « n’importe où » < bas latin *de unde, A37, mais le passage est douteux. Voir /ÓB(E)/. /DÓLČE/ « doux » < latin dulcis, A36 ; d’où aussi, avec suffixation romane, /DOČÍNO/ « réglisse (Glychyrrhiza glabra) »,123 BCT 2298 et 3470, aussi appelée /YÉRBA DOLČE/, BCT 3470 et 5070, q.v. */DOLÉR(E)/ « faire mal » < latin dŏlēre, dans H9 /DÓLED/ « lui fait mal », H9 /DÓLE(D)+LA/ « elle lui fait mal », A14 /DOLEDÓRE/ « tourmenteur » et IQ 19/13/3 /DOLÓR/ « douleur ». /DONÁR(E)/ « donner » < latin dōnāre, H25, mais le passage est douteux. De la même racine, DÓNO « cadeau », dans IQ 19/13/3. /DÓNNO/ « seigneur, maître » < latin dŏmĭnus, IQ 102/4/1. D’où aussi à travers l’adjectif dŏmĭnĭcālis /DONNEKÁL/, nom d’une variété de figues, en castillan doñegal, selon SG 178, mais aussi de poires, selon Abulḫayr. /DÓKO/ « nom de plusieurs espèces de carotte (Daucus carota) » < latin daucum < grec δαῦκον, BCT 29, 714, 1332, 1376, 1484, 1906, 2094, 2356, 2361, 2566, 2570, 2669, 2721, 2838, 3187, 3848, 4149, 4533, 4839 et 4908. */DORMÍR(E)/ « dormir » < latin dormīre, dans A15 /DORMIRÉYO/ « je dormirai », et /KE DÓRMA/ « que je dorme », dans IQ 20/16/2. /DÓŚ/ « deux » < latin dŭŏ, dans IQ 96/12/1.
|| 120 Cf. le castillan endeble « faible ». Voir Corriente 2008 : 160, note 193, à propos de l’utilisation du graphème >ḏ̣< dans certains contours vocaliques. 121 Cf. le castillan dentabrón et les formes similaires du portugais et du galicien. 122 Ou plutôt d’autres carnivores canidés, car le loup gardait en arabe andalou son nom roman, lúbb, Cf. le castillan adive « chacal ». 123 Où il faut corriger les graphies >ṭaǧīnuh< et >ṭaǧiyyuhḏurāǧnu/iḏurāqinḏurāqni< et >ḏurāqūnanɁbrh/y< et l’assignation de ce nom à la Marque Supérieure, suggèrent un attributif du fleuve Èbre, donnant son nom à une variété de lavande. 126 Selon l’étude de Griffin 1961 : 227–228, avec une substitution du suffixe diminutif par l’augmentatif ; cf. castillan escuerzo « carpaud » et catalan escurçò « vipère ». Mais l’étymologie latine est encore discutable : voir Corriente 2008 : 161. 127 Voir Corriente 2008 : 161, note 197, à propos des variantes chez les auteurs. 128 Où on explique que ce nom roman n’a jamais signifié la citrouille, mais qu’on l’a introduit ici comme un synonyme de yaqṭīn. 129 Le même mot semble avoir été transmis à l’arabe andalou comme */ičínu/ (echíno dans Alcalá), à travers le langage des gens de la mère et avec la phonétique bas latine habituelle dans ces cas assez fréquents.
80 | /EN/
/EN/ I « dans » < latin in, A23, H3 et 8, IQ 21/4/2 et 83/11/2. Voir /ÉŚŚO/ et /ÚNO/. /EN/ II « en (adverbe pronominale) » < latin inde130, A20 et 25, H25, et IQ 10/2/2 et 83/11/2. Cet adverbe semble être aussi le premier constituant de l’expression impérative /ÉN+DEMÓBE+TE/ « enfuis-toi », nom alternatif de la scolopendre ou mille-pieds et, par métonymie, nom des plantes capillaire (Asplenium) et dauphinelle (Delphinium nevadense) »131 < latin (de)mŏvĕo « s’éloigner », BCT 1385, à cause de la peur provoquée par ces arachnides. /ENÉBRO/ « genévrier (Juniperus communis) » < latin jūnĭpĕrus, dans SG 184. /ENÉŚTA/ : voir /YENÉŚTA/. /ÉNFALA BUWÉY / : voir /BUWÉY/. */ENFERMÁR(E)/ « tomber malade » < latin infirmāri,132 dans H10 /ENFERMÁD/, H18 /ENFERMÓRON/, et l’adjectif dérivé /ENFÉRMO/ « malade », dans A8 et H9. >ENPRÉNYA BÉLYAŚ< « espèce de renoncule », littéralement « il engrosse les vieilles femmes » < latin impregnat vĕtŭlas, à cause de son efficacité contre la stérilité, selon l’auteur, BCT 2547 ; voir /YÉRBA BÉTERA/. /(EN)TÉDA/ « livèche (Levisticum officinale) », BCT 476, 2552, 3227 et 3822, avec plusieurs graphies corrompues,133 dont la meilleure serait >(Ɂn)ṭyd/ḏh< < latin taeda « (torche de) pin ». >ENTÉLYAŚ< : voir >LENTÉLYAŚEŚKOPÉLLA< « espèce d’euphorbe », diminutif roman du latin scōpa « balai », car on utilisait cette plante pour les faire, BCT 414, 1944 et 5126. /EŚKÓRD(I)YO/ « marrube blanc (Marrubium vulgare) » < latin scordĭum < grec σκόρδιον, BCT 59 et 3027. /EŚPÁRRAG(O)/ « asperge (Asparagus officinalis) » < latin aspărăgus < grec ἀσπάραγος, BCT 260, 2350, 2557, 2580, 3179, 3457, 3507, 4502 et 4969, avec plu|| 130 Voir 2.3.2. 131 Il faut corriger les graphies du manuscrit >Ɂndamūniti< et >Ɂndamūliyāǧinǧibāsahaškīn(uh)aškīl< ou >askīn< étant témoigné par BCT 3463.
/EŚT(E)/ | 81
sieurs graphies, dont la plupart auraient reflété la prononciation de l’arabe andalou, pas le roman.135 Aussi dans le syntagme qualificatif >ECPARÁG BELLÍTO< « espèce d’orobanche », traduit par « grande asperge », et pas « beau » comme le castillan bellido, et dans le dérivé >EŚPARAGÉNNO< « asperge amère », avec suffixation romane. /EŚPAR(I)TÉL/ « millet au grain ouvert » < bas latin *sparitus, au lieu du latin sparsum, avec suffixation diminutive romane et contamination phonétique par /EŚPÁRTO/, q.v., BCT 1372, 1935 et 4230. */EŚPÁRTO/ « sparte, alfa (Stipa tenacissima) » < latin spartum < grec σπάρτον, reflété par le diminutif roman >EŚPARTÉLLO< « cévadille (Hordeum murinum) », BCT 388, 575, 2735 et 4532, et par le dérivé à suffixation romane >EŚPARTÉNYOŚ< « chaussés avec des espadrilles (en alfa) », dans Ibn Ḥayyān.136 /EŚPÁTA/ « espèce de glaïeul (Gladiolus communis) », métonymie du latin spătha < grec σπάθη « baguette du tisserand », BCT 4552, d’où aussi le diminutif roman >EŚPATÉLLA< « variété de blé qui pousse en trois mois », BCT137 1655, 4552 et 4566, nom également synonyme du >EŚPATELYÓN< « espèce de lis », à la suffixation augmentative, BCT 355, et le dérivé /EŚPATÁNA/ « massette (Typha angustata ou latifolia) », dans SG 193, tiré d’Ibn Albayṭār, cf. le castillan espadaña. */EŚPÁYDO/ « épouvanté » < latin expăvĭdus, chez IQ 7/1/3, mais le passage est douteux. /EŚPÍNA/ dans /– ÁLBA/ « épine blanche (Crataegus oxyacantha) » < latin spīna alba, BCT 364, 971, 4276 et 4861, aussi nommé avec le dérivé adjectival, /EŚPI/ONÓZA/,138 BCT 4276. /EŚPÍKLO/ « (a)spic (Lavandula spica) », métonymie du latin spīcŭlum « dard », BCT 291, 4528 et 4902. >EŚKÁLYA< « espèce de blé (Triticum spelta) » < latin scandă/ŭla, BCT 36, 1655, 1781, 1970, 1971, 2398, 3424, 4176, 4632 et 4890. /ÉŚŚO/ « cela » < latin ipse, dans /EN –/ « à ce moment-là », A23 et H8. */EŚTÁR(E)/ « s’arrêter, se tenir » < latin stāre, dans IQ 102/4/3 et 5/1, /EŚTARÉYO/ « je m’arrêterai ». /EŚT(E)/ « ceci » < latin iste, dans IQ 84/12/4 et 76/7/4, A 10 et 38, H 1, 6, 14 et 15, en début ou en fin de syntagme, féminin /EŚTA/ dans A4 et 22 ; voir /AKÉŚTE/. || 135 Voir Corriente 2008 : 163 et note 202. 136 Voir Makkī & Corriente 2001 : 57 et note 93. 137 À ne pas confondre, malgré les prononciations similaires, avec >ašbiṭāllah< « épeautre (Triticum spelta ou monococcum) », un diminutif roman du latin spelta, dans BCT 355, voir page 37. C’est l’origine du français « épée », du castillan espada, etc., cf. les noms italiens du glaïeul spadino et fil di spada. 138 La forme avec harmonisation vocalique étant la seule transmise dans le texte ; cf. >ČE/OPÓLLA< et /ČI/UKÚTA/.
82 | /EŚTÍNKO/
/EŚTÍNKO/ « orchis (Orchis mascula) » < latin stinch/gus, par une métonymie du grec σκίγγ/κος « scinque », BCT 397 et 1797. /EŚTÓPA/ « étoupe (du lin) »139 < latin stuppa < grec στύπ(π)η, BCT 14, 557, 2345 et 2357. >EŚTRÉNYE MEYÁTOŚ< « passerage (Lepidium campestre) », littéralement « il presse le pissat », < latin stringĕre et mēiāre, BCT 508, 1587, 1664 et 2366. /FÁBA(Ś)/ « fèves (Vicia faba) », dans BCT 1151, < latin făba, dans le syntagme /FÁBA (DO) PÓRKO/ « espèces de lupin et fougère », littéralement « fève du porc », < latin porcus, dans BCT 2162, 3701 et 3825, et dans les dérivés suffixés */FABÁKO/ « lupin (Lupinus termis) »,140 et >FAYČ(YI)ÉLLA< « lupin ; arum (Arum maculatum) »,141 BCT 992, 1151, 2743 et 3823. /FABRÁYR/ « février » < latin fĕbr(ŭ)ārĭus, selon SG 209. /FÁČ(E)/ « face, visage » < latin făcĭēs, dans A17 et 19, IQ 1/6/1 et 83/11/2. */FAČÉR(E)/ « faire » < latin facere, dans A5, 21, 26, 32 y 40 et H 14, 15, 16 /FARÉYO/ « je ferai », et A25 /FARÁŚ/ « tu feras ». *>FANNÉŚTER< « navet sauvage (Rapistrum rugosum) » < bas latin raphanistrum, variante hypothétique basée sur les graphies estropiées >qlštyrqallašta/ur< et >qlšyd< de BCT 2747, 3968 et 4868, avec lambdacisme et chute de la première consonne par métanalyse de l’article défini, et métathèse des deux premières consonnes, peut-être une contamination par l’arabe fann « branche »,142 alors que la graphie de BCT 2621 et 2625, suggèrent plutôt /LABÁŚTER/, q.v. /FARÁGA/ : voir /ŚAḪŚO FARÁGA/. /FARÁNKO/ et /FARÁYLE/ : voir >ORÉLYAFARÁNNE FERRÍNO< « espèce de chardon sauvage », littéralement « il casse le fer », BCT 3699 et 4881143 ainsi appelé parce que ses racines pouvaient casser le soc de la charrue. Voir aussi >AFRÁNN/YE WÉŚŚOŚ< et /ŚAḪŚO FARÁGA/. /FARÁ(ḪŚO)NO/ « frêne (Fraxinus excelsior) » < latin fraxĭnus, BCT 1919, 2735 et 3738. /FÁTOŚ/ « destin » < latin fātum, chez IQ 84/11/3, mais cf. aussi /FÍKOŚ FÁTOŚ/. >FAYČ(IY)ÉLLA< : voir /FÁBA(Ś)/. /FÉBRAŚ/ « feuilles tendres des plantes », littéralement « franges (d’une toile) », < latin fibra, contaminé par fimbria, BCT 3665.
|| 139 Et aussi, par métonymie, le nom de certaines espèces d’algues. 140 Il faut corriger ainsi >fayāquh< dans BCT 1151. 141 Voir 2.5.4 à propos de l’accumulation de suffixes. 142 Ou, peut-être plutôt, par le roman >FÓLYA< « feuille », q.v., ce qui épargnerait une de ces phases si nombreuses. 143 Où /FERRÍNO/ serait un dérivé à suffixation romane du latin ferrum.
*>FÓLYAŚ< | 83
/FÉČN(O)/ « absinthe de Judée (Artemisia judaica) » < latin faecĭn(ĭ)us, à cause de sa forte odeur », BCT 445, 735, 742, 1943, 3779, 4256, 4472, 4547 et 5010. /FÉLČA/ « férule (Ferula communis) » < latin fistŭla « tuyau », BCT 2566,3750. /FÉLČO/ « fougère (Pteris aquilina) » < latin fĭlix, -ĭcis, BCT 654, 1255, 2032, 2160, 3061 et 4430. Une variante /FÉLČE/ est transmise par Ibn Ǧulǧul, et son augmentatif >fulǧ(iy)ūnFARÁNNEFILYÓLOF(OL)ÓR (DE) PÉNNA< « sorte de myrte », BCT 1950 et 3647, littéralement « fleur de plumes », < latin pe/inna, à cause de ses fleurs blanches, dont la prononciation raccourcie témoigne des variantes phonétiques populaires, avec la chute du /l/145 et de la préposition,146 cf. /LAFÓRA/. *>FÓLYAŚ< « feuilles » < latin fŏlĭa, pluriel de fŏlĭum, HOJA devenu singulier dans le bas latin. Aussi reflété par >FOLYÓŚ< « adiante (Adiantum capillus Veneris) »,
|| 144 Cf. le catalan fesol, mais le portugais feijão. La graphie arabe de ce mot avec un >ṣ< refléterait la prononciation du néo-arabe >fāṣūlyāFOLLÁR< « pâte feuilletée », dans IQ 9/32/3, avec suffixation romane. /FÓNKOŚ/ « champignons » < latin fungus, BCT 2580 et 3793. >FONÓČ/ḺO< « fenouil (fœniculum vulgare) » < latin fēnĭcŭlum, BCT 976, 2120, 3651 et 3723. /FORAKÁŚAŚ/ « sobriquet de quelqu’un », selon SG 225, traduction de l’arabe naqqāb, expliqué dans GL comme le voleur qui s’introduit dans les maisons faisant un trou dans les murs, < latin fŏro ou fūror et căsa « cabane », devenu « maison » dans certains romans. /FÓRBOŚ/ « euphorbes » < latin euphorbĕum < grec ἐυφόρβιον, avec chute par dissimilation de la première syllabe, BCT 3640. /FORMÉNTE/ « blé (Triticum sativum) » < latin frūmentum, BCT 1655. /FORMÍKAŚ/ « fourmis » < latin formīca, BCT 931. /FÓŚK(O)/ « variété de figues ou dattes » < latin fuscus « obscure », BCT 1004, 1149 et 2271. /FUČČÍYYA/ = / FUMÍYYA/ = >FUMÉLLO< « fumeterre (Fumaria officinalis) » < latin fumus « fumée » ou, plus exactement, du bas latin *fumigeat < latin fumigat « il fume », avec métanalyse du suffixe attributif arabe {+iyyah}, qui a été remplacé par le suffixe diminutif roman dans >FUMÉLLOFUMIČÉLLOFUŚ(Y)ÉLLO< et /FUZ(Y)ÉL/ « orobanche ; espèce de chardon » < latin fūsum/s « fuseau », avec suffixation diminutive romane, BCT 971, 1380, 1588, 1675, 2350, 3702, 3832, 4283, 4547, 4738, 4791, 4861 et 4881.147 >fuww+ÉLLA< « espèce de garance (Rubia tinctorum) » < arabe fuwwah avec suffixation diminutive romane, BCT 1554, 1669, 1673 et 3818. /GABÁNCO/ « églantier (Rosa canina) » dont l’étymologie est préromane, selon J. Coromines, qui témoigne d’autres cas du même suffixe dans les noms d’arbres, BCT 2229, 3014, 3464 et 3514. /GÁBYA/ « sorte de cresson (Lepidium) », peut-être appelée ainsi à cause d’une ressemblance avec les gabies des navires, < latin căvĕa, contaminé par gāvĭa
|| 147 À plusieurs graphies, voir Corriente 2008 : 169, note 28.
/ǧíd+OŚ/ | 85
« mouette », car ces oiseaux se posent souvent sur ces lieux pour se reposer ou guetter leur proies, BCT 2576 et 3585.148 >GALLO< « coq » < latin gallus, dans les syntagmes >GÁLLO ČÉKO< « sorte d’épine », littéralement « coq aveugle » (< latin gallus caecus), BCT 1627 et 3520, et >GÁLLO KRÉŚTAGALLÉL< « polypode commun (Polypodium vulgare) », BCT 965, 3517 et 4495. >GALLÉŚKO/A< « gaulois » < latin gallĭcus, avec replacement du suffixe attributif par un équivalent roman ; voir RÁBANO et YÉRBA. >GALLÍNA< : voir /PÉDE/. >GÁLLO< : voir >GALLÉLGANNÁR(E)< « gagner, acquérir », < gotique *ganan « convoiter », sémantiquement contaminé par *guaydanjan « gagner », témoigné par H13 >GÁNNEŚ< « que tu gagnes ». /GARAFYÓN/ « poinçon des agriculteurs », selon SG 253, tiré d’Ibn Alʕawwām, < grec γράφιον, mais un tel mot serait un cultisme. /G(A)RÁMA/ « chiendent (Agropyron repens) » < latin grāmēn, BCT 1163 et 3545. >GARGALLÓN< : voir *>BARGÁLLOŚKAT(Y)ÉLLOKOLYÓNġzālah< chez BCT 3586 et >ʕzylš< chez SG 558, ne seraient que des corruptions de >ġrāluhĠ/QÓTTA
Ġ/QÓTTA< « gomme ammoniaque » < latin gutta « goute », BCT 3510, 4207 et 5009. D’où aussi, avec suffixation diminutive romane, >QOTTÍLLAġud/d)+ÉLLA< « espèce de tumeur glandulaire » < arabe ġuddah « glandule », avec suffixation diminutive romane.150 >ǧuʕayd+ÉLLA< « espèce de lavande » n’a de roman que le suffixe diminutif, BCT 1383.151 >ḥabaq+YÉLLA< « sorte de basilic » < arabe ḥabaq « basilic », avec suffixation diminutive romane, BCT 1649. /ḫadd+ÉLLO/ « gratteron (Galium aparine) », littéralement « petite joue », mot arabe avec suffixation diminutive romane. /ḫal+ÉLLO/ « carthame sauvage », littéralement « petit oncle maternel »,152 mot arabe avec suffixation diminutive romane. /ḥa+PAPR+ÓN/ « anis (Pimpinella anisum) », BCT 583, 1563 et 2584, où l’on retrouve l’arabe ḥabb « semence », suivi du résultat roman du latin păpāver (voir /ANPÁWRA/), et le suffixe augmentatif roman, sans lequel on a aussi /ḥa+PAPÁWRA(Ś)/ « coquelicots », BCT 167 et 4868. Cf. PÁBER. /ḥard+ON+ÁYRA/ « espèce de mélisse sauvage », hybridé avec double suffixation romane de l’andalou ḥarḍ/ḏún153 < arabe ḥirḏawn « lézard », par une attribution folklorique, BCT 1000, 1473, 1632 et 1670. /ḥalw+ÉLLA/ « anis sauvage », hybridé avec suffixation diminutive romane de l’arabe ḥalwāɁ « sucrérie », CT 583, 1089, 1543, 2584 et 4481. /ḥurf+AYRÓLA : nom alternatif de /GÁBYAŚ/, hybridé avec double suffixation romane de l’arabe ḥurf « cresson », à cause de son goût, selon l’auteur, BCT 3585 ; cf. >KABALLÍNO< sous >KABÁLYOIBLEṬO< : voir /BELÉTO(Ś)/. >IČÉLLA< « chêne (Quercus) », probablement < latin īlex, -ĭcis, avec suffixation diminutive romane et chute des deux premiers phonèmes par métanalyse de l’article arabe, ou simple dissimilation du premier /l/, BCT 3506 ; cf. /ČÍNA/. D’où aussi le synonyme */ÍLČE/, qui apparaît toujours avec la graphie >blǧǧaʕd+ÉLLAFÉ+T+EN< « quitte cette place ». */IŠÍR(E)/, dans H3 /IŠÍD/ « sorti » < latin exīre. /KABÁL/ « juste, exact », IQ 46/3/4, du latin caput, à travers le bas latin et avec suffixation adjectival romane. >KABÁLYO< « cheval », SG 65,156 < latin căballus « cheval hongre », devenu le mot usuel à la place de ĕquus, aussi dans les dérivés >KABALLÁR< « variété d’orge pour les chevaux », dans Ibn Buklāriš, selon SG 65, >KABAKYÚN+ātKABALLÍNO< dans >ḥurf< « moutarde sauvage », BCT 1585 et 1662, avec suffixation adjectivale romane. /KABTORÍYA/ « espèce de renoncule » < latin cautērium < grec καυτέριον, probablement contaminé par qabturíyya « Isla Mayor » (du Guadalquivir), BCT 2541 et 2570. /KAKKÓŚA/ : voir /YÉRBA/. /KALABÁČA/ « courge (Cucurbita maxima) », comme sobriquet selon SG 72, d’un mot supposé préroman. D’où aussi, avec suffixation diminutive romane, avec et sans diphtongaison, /KALABAČÓLA/ = KALABAČWÉLA « aristoloche ronce (Aristolochia rotunda) », BCT 2242, 2243, 2518 et 3853. /KALAMÉNTA/ « menthe de montagne, calament (Calamintha officinalis) » < latin călāminthe < grec καλαμίνθη, BCT 3239, 3641, 3642, 3811, 3812 et 4060. Aussi corrompu come /KOMLÁTA/, peut-être contaminé par le latin cŭmŭlāta « parfaite », BCT 2496, 3239 et 3811. /KALAND+AYR+ÓLA/ = /KALANDAYRWÉLA/, avec et sans diphtongaison du deuxième suffixe diminutif roman, ajouté à */KALÁND+ÁYRA/ « bûcher », dérivé du latin candela, avec métathèse des consonnes sonores, BCT 550 et 4051.
|| 154 Qu’on retrouve dans /ALBÁYNO/, /PALANTÁYN/ et /PANČÁYN/, q.v. 155 Avec les graphies >bulb/yāqahÚNYAKALLAT(IY)ÉLLA
KALLAT(IY)ÉLLA< et >KÁLYO< : voir >KUWÁLLOKAMELLÍN< « espèce d’oseille (Anabasis articulata hispanica) » < latin cămellus, avec suffixation adjectivale romane, BCT 1661 et 4203. /KAMRÓN/ II « nerprun (Rhamnus tinctoria) » : nom aussi d’autres plantes épineuses, son origine pourrait être le latin crābro, -ōnis, phonétiquement contaminé par /KAPRÓN/ « bouc », BCT 3430 et 3507 ; voir aussi /KÁPRA/. /KÁN/ « combien » < latin quantum, A2. Voir aussi >KOLYÓNKANÉLLA< « espèce de plantain », tous deux chez Abulḫayr, BCT 2728. /KANÁYRA/ « stachyde (Stachys germanica) » < latin cănārĭa herba, littéralement « herbe des chiens », utilisée contre l’hydrophobie, BCT 3027. >KANČÓLLO< « chardon (Carduus) », d’un mot préroman, cf. le castillan gancho et le basque kantxo « crochet » ;158 d’où aussi >KANČOLLÁTA< « globulaire (Globulaire alypo) », avec suffixation romane, BCT 1619 et 4023. /KÁNDE(D)/ « il brûle » < latin candere, H5, dans un passage douteux. /KÁND(O)/ « quand » < latin quando, H2, 3 et 9 : voir aussi /DES KÁND/. /KANÍNA/ : voir /ÚBA/. >KANNAMÉL(LO)< « lin sauvage (Linaria vulgaris) », diminutifs romans du latin cannăbis < grec κάνναβις, probablement à travers le bas latin cannabum relevé par Isidore, BCT 2576, 4081, 4208 et 4261. >KANNÁRY(A)< « artichaut » < grec κί/ύναρα, non transmis dans ce cas par le latin cĭnăra, comme le résultat phonétique le prouve, et n’appartenant peut-être donc pas au roman andalou, mais à l’arabe andalou, BCT 219, 1631, 2357, 2447, 2591, 3466, 3598, 4025, 4026, 4027 et 4277. >KÁNNAŚ< « roseaux » < latin canna < grec κάννα, d’où aussi le diminutif >KANNÉLLA< « cerfeuil (Carum ammioides) », BCT 2016, 2120, 3951, 4230, 4251, 4690 et 5011, et les autres dérivés par suffixation romane, >KANNÍČ< « acore », BCT 4230, >KANNÁTA< « seiche », chez Ibn Albayṭār, selon SG 88, >KANNÚTO< « sureau », BCT 2505 et 4879, et >KANNUTÍČ< « greffe en flûte », selon SG 89–90. /KÁNPO/ « champ » < latin campus, dans /LAYTÚKA/, >ONÓLYOKANTÓLLO< = /KANTUWÉLO M(AY)ÓRE/ « lauréole (Daphne laureola) », probablement un diminutif roman dérivé du latin canthus,159 BCT 3022 et 4024.
|| 157 Variante de SG 80, tirée de plusieurs auteurs, parmi lesquels Ibn Albayṭār. 158 Mais des rapports phonétiques et sémantiques avec le latin canthus « bande protectrice » sont probables, cf. le castillan canto et cantón ; voir >KANTOLLOKANČÓLLOKAPÉCA KAPELL/YÓŚA< « épine blanche (Crataegus oxyacantha) », BCT 2133, 4196 et 4652, littéralement « tête chevelue ».162 La variante masculine est probablement le résultat d’une contamination avec le genre de l’arabe raɁs ; elle se trouve dans >KAPÉC TÓRDO / TORD(IY)ÉL / TORDÉLLO< « carthame sauvage »,163 BCT 198, 971, 3430, 3523, 3832, 4377, 4861 et 4881. D’où aussi les dérivés /KAPCÁTA/ « espèces de millet ou de basilic », BCT 1266, 1775, 1935, 3863, 4297 et 4885, avec le suffixe participial ; son diminutif roman >KAPCAT(Y)ÉLLA< « eupatoire, chicorée, etc. », BCT 534, 590, 1381, 1460, 1567, 1588, 2131, 21135, 3596, 4213, 4791 et 4973 ; et /KAPCÁYRA/ « pavot (Papaver somniferum) », BCT 4868 ; cf. aussi /KAPOT(Y)ÉRRA/. >KAPÉLLO MÓRE< « adiante (Adiantum Capillus veneris) », BCT 2573 et 4113 ; cf. >KANTÓLLO< et >KERÉŚ KAPÉLLOKAPELL/YÓŚAknkwšhknṭwšh /t/, qu’on retrouve parfois dans les dialectes plus vulgaires de la Péninsule Ibérique. 162 Mais on doit suspecter une erreur, au lieu de /KANÓŚA/ « grisonnante ». 163 Cf. /TORDÍČ(O)/. 164 Les graphies >qynālh< et >quyātluhKAPYÉLLOKAPÉLLOqmrūn< dans BCT 3507 est une erreur au lieu de *>qmbrūn< « sorte de nerprun », cf. castillan cambrón¸ voir /KAMRÓN/ II.
90 | >KARDEN(Y)ÉLLA
KARDEN(Y)ÉLLA< « mille-feuille (Achillea millefolium) », diminutif roman de /KÁRDENO/, rendu par l’auteur comme « noir ; turquoise », < bas latin cardinus « bleuâtre », BCT 553, 555, 1576 et 4000. Cf. /YÉRBA KÁRDENA/. */KÁRDO(Ś)/ « chardon » < latin cardŭ(u)s, dans les dérivés : /KARDÁČ(O)/ « pissenlit (Taraxacum officinale) », chez BCT 712, 3403, 4269, 4489 et 4911 et IQ 90/9/3, aussi appelé >KARD(IY)ÉLLO< et /KARDÉL/, BCT 364, 971 et 4881,166 /KARDÓNE/ « épine blanche (Crataegus oxyacantha) », chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 103, et /KARDÚB/ « chardon aux ânes (Silybum marianum) », BCT 28, 267, 364, 2285, 2357, 3957, 4167, 4276, 4846, 4859, 4861, 4881, 4911 et 4945, avec son diminutif étymologique >KARDUBÉLLO/ = /KARDUBYÉL/ « épine blanche (Crataegus oxyacantha) », dont le deuxième constituant semble être le latin albus « blanc », BCT 971.167 /KARÍČ(E)/ « laîche (Carex comans) » < latin cārex, -ĭcis, BCT 110, 371, 973, 1536, 1689, 1940, 1954, 3564, 3859, 4230 et 4793.168 /KARKÉYŚA/, peut-être « colocasie (Arum colocasia) » < latin cŏlŏcāsĭa < grec κολοκασία, BCT 2173 et 2499. /KARMÉL/ « espèce d’oseille (Zygophyllum simplex) » < latin călămellus « petit roseau »,169 BCT 1661 et 4086. */KARPÍR(E)/ « déchirer » : dans A16 /KÁRPE(D)ME/ « il me déchire », et IQ 102/4/2 /KARPÍTO/ « déchiré », < latin carpĕre. /KARRÚBYAŚ/ « espèce de prune sauvage », BCT 3490, peut-être < arabe ḫarrūb « caroubes », à travers une suffixation romane *>KARUBÉNYAŚKAŚTÁNYA(Ś)< « châtaigne(s) (fruits du Castanea sativa) » < latin castănĕa < grec κάστανον, BCT 919 et 4057, d’où aussi le diminutif >KAŚTANN/YÓLA = KAŚTANYUÉLAKAŚTANYÓLIqār(h/y)ǧqrǧ< suggérant le déplacement de l’accent, par contamination avec le suffixe roman {+ÍČ}, comme dans le castillan carrizo. 169 Cf. le castillan caramillo, dont l’ancêtre se trouve dans le roman andalou darb karamel « jouer du chalumeau », voir Corriente 1988c : 39. 170 Voir Meyerhof 194 : 191, et cf. l’arabe andalou qašqar = kaškar du Vocabulista in arabico, selon Corriente 1989 : 245, q.v.
/KÓCT/ | 91
/KATÍBO/ « captif » < latin captivus, chez IQ 103/5/1. >KATNAT(Y)ÉLLA< « centinode (Polygonum aviculare) », BCT 1571, 2955, 3042, 3457 et 4016, diminutif roman du latin cătēnāta « enchaînée », traduit par le synonyme arabe muqaffalah. */KÁTRO KARÉNTA/ « argentine (Potentilla anserina) » : probablement abrégé de /– – NÚDOŚ/ « quarante-quatre nœuds »,171 BCT 3457 et 4042. >KAT(Y)ÉLLOŚ< « croix de Malte (Tribulus terrestris) », chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 112 et BCT 1627 et 4020, probablement un diminutif roman du latin cattus « chat », à cause de ses épines ; cf. /GÁTO/. /KÁWČE/ : voir /KODKÁWČE/ sous /KÓDA/. /KÁWLE/ « chou » < latin caulis « tige », BCT 2557, d’où aussi les dérivés à suffixation romane /KAWLÁR/ « chou-fleur », sous la même entrée, >KAWLÉLLA< « satyrion ; chou marin ; saponaire, etc. », BCT 585 et 4524, et >KAWLEČ(IY)ÉLLA< « petit chou », BCT 935 et 2565. /K(E)/ « que », chez H16 et 17 et IQ 20/16/2, « afin que », chez H13, « car » chez A3, 28 et 36, H19 et IQ 102/4/3, « (ce) qui » chez A29, H1 et IQ 83/11/2 ; voir ʕasí. /KÉ/ « quoi », chez A6, 21, 26, 27, 32 et 40, H14, 15, 16, 22 et 23 et IQ 11/9/2 voir /POR/. /KERBÁR(E)/ « casser », chez A6, < latin crĕpāre, /KERBÁD BOŚ/ « cassez-vous », H10. */KERÉR(E)/ « vouloir » < latin quaerĕre, A13 /KÉRO/ « je veux », A1 et 11 /KÉREŚ/ « tu veux, A13 et 15 et H11 /KÉRED/ « il veut », A28 /KÉRE(D)+LO/ « il le veut », A29 et 42, IQ 11/8/2, H17, /KERÉŚ/ « vous voulez », IQ 19/84/12 /KERÍYA/ « je voulais », A8 « KÉŚ » « il voulut », A8 /KERRÁD/ « il voudra », et A15 /ŚI KÉRAD/ « au moins » (cf. castillan siquiera). >KERÉŚ KAPÉLLO< « adiante (Adiantum capillus Veneris) » < latin cresce « pousse » et capillus « cheveu », à cause de cette vertu, BCT 2573 et 4113. /KERÉŚPA/ : voir /YÉRBA/. /KERÉŚTA/ : voir >GALLÉLKÓDA DE KABÁLLO< « orobanche (Orobanche carophyllacea) », BCT 559, littéralement « queue de cheval », /KÓDA LÓPA/ « molène (Verbascum) », BCT 1957, 2189, 3457, 4247 et 4252, littéralement « queue de loupe » (voir /LÓPA/), et /KODKÁWČE/ « satyrion », BCT 2565, 3577 et 4262, probablement < latin cauda călĭcis « tige du calice ». >KODÓNYOŚ< « coings (fruits du Cydonia vulgaris) »172 < latin cŏtōnĕum (mālum) < grec κιδώνιον μήλον, BCT 4548. >KOKÓMRO< « concombre (Cucumis sativus) » < latin cŭcŭmĕr, -ĕris, BCT 3814 et 3974, d’où aussi le diminutif roman >KOKOMR(IY)ÉLLO< « concombre d’âne (Ecballium elaterium) », BCT 543, 3469 et 4015, synonyme de /KOKÓMRO AŚNÍNO/, BCT 3469, avec un qualificatif dérivé du latin ăsĭnīnus, à côté d’un /KOKÓBRA/, BCT 3974, 4120 et 4263, il semblerait qu’il ait été contaminé par le latin cŭcurbĭta « courge ». >KÓL(LO)< « cou » < latin collum, dans A14, H11 et IQ 67/2/2 ; voir aussi /KOLÓNBA/. /KOLÓBRA/ dans BCT 805, 955, 2743 et 3476, et son diminutif >KOLOBR(IY)ÉLLA< « serpentaire (Dracunculus vulgaris) », BCT 2743 et 4014, < latin cŏlŭbra « serpent », d’où aussi /KOLOBRÍN/ « espèce d’euphorbe », BCT 2935, 4197, 4546 et 5126, avec suffixation adjectivale (cf. latin cŏlŭbrīnus). /KOLOČONÁYRA/ = /KOLONČONÁYRA/ : voir /YÉRBA/ et /KORAČÓN/. /KOLOFÓN(Y)A/ « colophane », dans Ibn Albayṭār et Ibn Rušd, selon SG 123. /KOLÓNBA/ « pigeon » < latin cŏlumba, dans les syntagmes >KÓLLO DE KOLÓNBA = KOLÓNBA KÓLLOKOLYON DE KÁN< « grand testicule du chien (Orchis hircina) », BCT 1798, dont le premier mot, < latin cōlĕus, se retrouve dans le syntagme >KOLYON(EŚ) DE GÁTO< « orobanche (Orobanche) », BCT 1799 et 1987, littéralement « couilles du chat » ; voir aussi /KÁN/. || 172 Attribué à la langue des « Francs », c’est-à-dire au roman hispanique oriental, ce qui est confirmé par le catalan codonys, face au castillan membrillo et au portugais marmelo < latin mĕlĭmēlum « pomme-miel ». 173 Dont l’ordre des mots décèle un classicisme, < latin columbæ collum, tout comme dans le cas de >GALLOKRÉŚTAGALLÉLKOMNÉL(LO)< « thym (Thymus vulgaris) », BCT 3203 et 3967. /KOMLÁTA/ : voir /KALAMÉNTA/. /KÓMO/ « comment », interrogatif ou exclamatif dans H5, 6 et 15, « comme », comparatif dans A11, 26 et 36 et H3, aussi dans la combinaison /– ŚI/ « comme si », dans A18. /KON/ « avec » < latin cum, A7 et 26 et H6 et 23. >KONÉLYO< : voir /BÁRBA/. /(KON)FÍDA/ « baume de styrax », probablement < latin (con)fīde « fais confiance », à cause de son efficacité, BCT 2386, 3696 et 4761. >KÓNNO DE BÁKA< « colchique (Colchicum) », littéralement « vulve de la vache », BCT 4080 et 4566, < latin cunnus175 et vaca. */KONTENÉR(E)/ : dans H4 /KONTENERÁD/ « il contiendra » < latin contenere. /KORAČÓN/ « cœur » < latin cor, -dis, avec suffixation romane, A12 et H5 et 9. */KÓRBO/ « corbeau » < latin corvus ; témoigné par l’arabe andalou qurbáč, avec suffixation romane péjorative, et avec suffixation diminutive romane dans /KORBÉL/ « variété de figues », BCT 1149, probablement à cause de sa couleur. /KORREYÓLA/ « liseron (Ipomea purpurea) », BCT 3459, 4173 et 1980, diminutif roman du latin corrĭgĭa « courroie », à cause d’une certaine ressemblance entre leurs formes. /KÓRNO/ « corne », dans /KÓRNO DE KÁNPO/ « mélilot (Melilotus officinalis) », littéralement « corne du champ », < latin cornu et campus, dont le synonyme avec suffixation diminutive romane >KORNÓLLO = KORNUWÉLYO< signifie aussi « cornouiller (Cornus florida) », à cause d’une contamination du latin cŏrōna < grec κορώνη,176 BCT 551, 611, 1384, 3513, 3845, 3867, 4281 et 4831. >KORÓLLO< « corail » < latin cŏrall(ĭ)um < grec κόραλλον, où on a métanalysé le suffixe diminutif roman {+ÓL(L)}, qui a déclenché une harmonisation vocalique, BCT 595, 940 et 3860. /KORÓNA/ « espèce de pois », probablement < latin cŏrōna, peut-être par contamination sémantique et phonétique de l’arabe qarn « gousse », BCT 4225. */KORRÉR(E)/ « courir » < latin currĕre, dans A5 /KORRÉŚ/ « vous courez ».
|| 175 Ce mot du registre bas du castillan, souvent utilisé comme une interjection de surprise ou de colère, est aussi déjà attesté dans A35, /a KÓNNO/ « parbleu » ; voir PD 303 et note 195. 176 Voir Corriente 2008 : 203 et note 298.
94 | */KOŠÉR(E)/
*/KOŠÉR(E)/ « prendre », < latin cōgĕre, dans A8 /KOŠÉD/ « prenez », et IQ 102/4/3 /KOŠÍTO/ « pris, captif ». /KÓTTA/ : voir /GÓTTA/. >KULÁNTORO (KANPÉNYO)< « coriandre (sauvage) (Coriandrum) », BCT 2573 et 4089, < latin corĭandrum < grec κοaρίανδρον, avec l’addition optionnelle d’un adjectif dérivé par suffixation romane du latin campus (voir /KORNO/) ; d’où aussi le diminutif roman >KULANTER(Y)ÉLLO< « fumeterre », BCT 2575 et 4210. /KÚLO/ « cul » < latin cūlus, dans Albayānu l’muġrib, selon SG 24, et dans le syntagme /KÚLE+LÚČE/ « linaire (Linaria latifolia / vulgaris) », dont le deuxième constituant est le dérivé roman du latin lux, -ūcis, littéralement « cul de lumière ; ver luisant »,177 BCT 585, 1239, 1583, 4233, 4773 et 4889. >KWÁLYO< « caille-lait des chameaux », chez Ibn Buklāriš, selon SG 142, < latin cŏāgŭlum « pressure », avec une variante phonétique >KÁLYOKALLAT(IY)ÉLLA< « euphorbe ». /LA/ : voir /(E)L/. >L(AB)ÁŚTER< « olivier sauvage (Olea silvestris) » < latin ŏlĕaster et ŏlĕastellus, BCT 2231, 2621 et 5029. On a aussi appelé ainsi, par confusion phonétique, le troène (Phillyrea latifolia), BCT 2551, < latin ligustrum, et le radis sauvage (Raphanus raphanistrum), < latin rāphănistrum, BCT 2621, 2625, 2644 et 3703. /LAFÓRA/ : voir /FOLÓR/. */LÁḪTE = LÉYTE/ « lait » < latin lac, -tis, dans les dérivés /LAḪTÁYRA = LAḪTAYRÓLA = LAḪTAYR(U)WÉLA/ « chicorée sauvage (Taraxacum officinale) », BCT 2123, 2633, 2667, 3575 et 5126, < latin lactārĭa, avec suffixation diminutive romane dans les deux derniers cas, /LAḪTÁČ/ « bouillie de farine ; boue »,179 et /LAḪTÚKA = LEYTÚKA/ « laitue (Lactuca sativa) » < latin lactūca. /LAKAPRÓNEŚ/ : voir /ÁLA/. /LANÁT/ « variété de raisin » < latin lānātus « similaire à la laine » (cf. castillan lanado), BCT 3494 et 3532. /LÁNČAŚ/ « lances », A26, < latin lancĕa, avec suffixation romane du pluriel, d’où aussi le dérivé avec suffixation romane instrumentale et diminutive /LANČAYRÓLA = LANČAYR(U)WÉLA/ « chardon bénie (Cnicus benedictus) », BCT 2750 ; voir /BÁRBA/. /LÁNDEŚ/ « glands » < latin glandes, BCT 919 et 5035.
|| 177 Selon Griffin 1961 : 192. 178 Selon 2.2.2 (les consonnes labiales et labiodentales). 179 Chez Ibn Razīn ; voir Benchekroun 1981 : 26 et Corriente 1997a : 478, corrigeant son étymologie. L’arabe andalou /LAḪT(IY)ÍN/ « sève des figues », selon VA, < bas latin lactigin(em), serait un témoigne d’une autre dérivation romane de ce mot latin.
/LEBRÉL/ | 95
/LANPADAYRÓLA/ « grande centaurée (Centaurea centaurium) », BCT 2646 et 4231 < latin lampăs, -ădis, avec suffixation romane instrumentale et diminutive et une métonymie qu’on retrouve, sans le suffixe de diminutif mais avec monophtongaison, dans /LANPADÉR/ « espèce de figues », BCT 2645 et 4231, appelés ainsi car leur maturation coïncide avec la Saint-Jean, célébrée avec les feux bien connus. /LAPÁCA/ « patience, rumex (Rumex patientia) » < latin lăpăthĭum < grec λάπαθον, avec un changement de genre fréquent en arabe andalou, afin de suggérer un nom d’unité par suffixation du morphème du féminin,180 et d’éviter une voyelle postérieure à la fin du mot, BCT 2005 et 2599. >LAPÉLLA< « daucus de Candie (Athamanta cretensis) », BCT 44, 1376, 2669, 2770, 2930 et 3575, diminutif roman du latin lappa « bardane (Lappa maior) ».181 /LATÉL/ « variété de figues », BCT 1149, probablement un diminutif roman du latin lātus « large », mais il pourrait aussi s’agir d’une altération phonétique de lătīnus « latin »,182 ou du bas latin *plattus « plat ». /(L)ATÉRNO/ « alaterne (Rhamnus alaternus) »183 < latin ălăternus, BCT 2551 et 2672. /LÁWRO/ « daphné mézéréon (Daphne mezereum) », BCT 2632, < latin laurus, d’où aussi le diminutif roman >LAWR(IY)ÉLLO< « fragon hypophylle (Ruscus hypophyllum) », BCT 1599, 2632, 3426, 3466 et 3636. /LAYRÉNI/ « variété de raisins » : probablement attribué au nom d’un lieu disparu, témoigné aussi dans le Repartimiento de Comares,184 avec le suffixe arabe de nisbah, BCT 3089. /LAYRÓN/ « alisme (Alisma) » < latin lrŏn < grec λύρον, avec un phénomène de diphtongaison spontanée caractéristique de l’arabe andalou,185 BCT 2738. /L(E/O)/ « le ; lui » : H4 /L+IRÉY/ « j’irai à lui », H17 « je le sais », A18 /LO PREMÉŚ/ « je le presserais », H23 /L+AMÁŚE/ « je l’aimerais ». /LÉB/ « légère » < latin lĕvis, BCT 2745. /LEBÁR(E)/ « porter ; supporter ; se lever » < latin levāre, dans A6 et H20 /LÉBO/ « je supporte », A2 /LEBARÉY/ « je supporterai », A27 /LÉBA(D)/ « il se lève », mais ce passage est douteux. /LEBRÉL/ « bassine », diminutif roman du latin lābrum, avec harmonisation vocalique, BCT 2739.
|| 180 Cf. le cas de /qunílya/ « lapin » < latin cuniculus, castillan conejo, etc. 181 Parfois confondu avec >ALBÉLLAaṭrinah< et >(l)aṭirnuh /č/, connue dans certains dialectes de l’arabe andalou.186 /LÉČNO/ « thuya (Callitris quadrivalvis) », BCT 2623 et 3463, probable résultat d’un mot latin *īlĭcĭnus, hybridé de īlign(ĕ)us et īlĭcĕus « similaire au chêne » ; cf. */ILČ(E)/ et (IL)IČÁYN(O)/. /LEDÉRE/ « dommage(r) », A37, infinitif utilisé comme un nom d’action, < latin lædĕre. /LEḪŠÁR(E)/ « laisser » < latin laxāre, dans IQ 7/1/13 /LÉḪŠA+LO/ « il le laisse », et A21 /LEŠÁDE/ « laissé ». /LÉḪTO/ « lit » < latin lectum, témoigné dans l’explication étymologique de l’auteur pour le dérivé instrumental roman /LEḪ/YTÁYRA/ « Mollugine (Mollugo glinus / lotoides) », BCT 2633. >LÉKWA< : voir >LÉ(N)KWALENTÉLYAŚ< « lentilles » < latin lentĭcŭla, avec suffixation romane de pluriel, BCT 2634 et 3466. /LENTÉŚKO/ « lentisque (Pistachia lentiscus) » < latin lentiscus, BCT 2657 et 3258, aussi appelé >LÉNYO RRÓŚTEKO< < latin lignum et rustĭcus, BCT 2658 et 3258. /LÉPER = LÉPRE/ « lièvre » < latin lĕpŭs, -ŏris : voir /BÁRBA/ et >ORÉLYALÉ(N)KWA< « langue » < latin lingua, dans les syntagmes >LÉ(N)KWA (DE) BUWÉY< « buglosse (Anchusa officinalis) », littéralement « langue de bœuf », BCT 2516 et 2715, traduit du latin lingua būbŭla,187 et >LÉ(N)KWA DE LÓPO< « espèce de consoude », littéralement « langue de loup », BCT 2732, < latin lingua et lŭpus ; voir /LÓPA/. /LEŠÁDE/ : voir /LEḪŠÁR(E)/. /(L)ÉŚKA/ « amadou » < latin esca « nourriture ; appât », avec une évolution sémantique et l’agglutination optionnelle de l’article roman ; également le nom du cresson de fontaine (Sisymbrium / Erysimum officinale) ou de l’échinope (Echinops ritro), identification douteuse, selon l’auteur, BCT 250, 1708 et 2665. D’où le dérivé, avec suffixation instrumentale romane, /EŚKÁYRA/ « espèce d’inule (Conyza rupestris) » et « armoise (Artemisia herba-alba) ». */LETÁR(E)/ « se réjouir », dans A27 /LETARÉY/ « je me réjouirai ». D’où aussi l’adjectif /LÉTO/ « gai, content », connu de certains andalous cultivés, à cause d’une étymologie populaire et fausse du nom de la ville de Tolède < latin
|| 186 Voir Corriente 1977 : 68, 4.1.2. 187 Selon Pline. Ces graphies avec un >q< reflètent une variante sonore /g/ ; voir Corriente 1977 : 53, 2.22.2. Il y a aussi, dans le manuscrit de Rabat, des graphies avec >ġ< et >nLEYTÚKA KANPÉN(N)A< « laitue (sauvage, Lectuca (scariola) », BCT 1793, < latin lactuca (campānĭa) ; voir /KÁNPO/, /LÁḪTE/ et /TORNÁR(E)/. /LIBÁRDA/ « eupatoire d’Avicenne (Eupatorium cannabinum) », chez SG 405, BCT 2594 et 3596, peut-être < latin olīvārĭa « qui ressemble à l’olive » ;190 voir /OLÍYA/. /LÍGA/ « consoude (Symphytum officinale) », BCT 1567, 2580, 2753, 3207, 3259, 3333, 3512, 4896, 4909, 5074 et 5126, < latin lĭgat « il attache », ou du nom déverbal en dérivant, à cause de ses vertus cicatrisantes, ce qui serait une variante vulgaire de consŏlĭda. >LÍLYO/A< « lis (Lilium elegans) », BCT 2511, 2650, 4552 et 4555, < latin līlĭum.191 /LÍNO/ « lin (Linum usitatissimum) », BCT 2576, 2629 et 5000, < latin līnum < grec λίνον. La variante >linuš< de 2577 et 3021 pourrait refléter le suffixe adjectival roman {+ÓŚ}, plutôt que le morphème du pluriel. */liq+ÁR(E)/ « trouver », dans A1 /liq+ÁR+TE/ « te trouver », hybridé de l’arabe /liqāɁ/ « rencontre », avec le morphème de l’infinitif roman et le pronom personnel masculin de la deuxième personne. /LOGÁR/ « lieu » < latin lŏcus, avec suffixation romane, A8. /LÓKA/ « folle » < arabe andalou /láwqa/ < arabe /lawqà/ « sotte », BCT 970.192 /LÓPA/ « louve » < latin lŭpa, d’où aussi le dérivé déjà latin /LOPÍNO/, BCT 3455, < lŭpīnus « de loup ; lupin (Lupinus termis) », nom aussi du fruit de la centaurée ; cf. /BÓKA/, /KÓDA/, /LÉ(N)KWA/, /PALÁNTA/, /PÉDE/, /TÓRBA/ et >UNYAMAČELLÁYRAMAḪŠÉLLA< « joue » < latin maxilla, avec une évolution sémantique, dans >RRÚBYA< « gratteron (Cassier sauvage) » et dans le syntagme >–DO ŚÓL< « joue belle comme le soleil », chez IQ 49/5/2. /MAKÁRČA/ « matricaire (Matricaria chamomilla) », BCT 987, 1907, 2356, 838 et 5154, < bas latin *matricariacea ou *matricalicea, d’où aussi le diminutif roman >MAKARČÉLLA< « espèce de marguerite », BCT 572, 2839 et 3885. /MÁLBA(Ś)/ « mauve (Malva rotundifolia) » < latin malva, BCT 1802 et 2860, à suffixation du pluriel romane, aussi dans les syntagmes /MÁLBA AWRÁTA/ « rose trémière (Malva rosea), BCT 1802 et 2862, littéralement « mauve folle », avec un adjectif dérivé du latin aura « souffle d’air »,194 /MÁLBA BÉŚKO/ « guimauve (Althaea officinalis)», BCT 1802 et 2861, < latin malva hibiscus/m, /MÁLBA BÍNO/ « espèce d’anémone », BCT 2864, littéralement « mauve (de) vin », et >MÁLBA BALLUḪA< « mauve des Juifs (Corchorus oliorius) », BCT 1802, dont le deuxième constituant semble être corrompu à partir du néo-arabe /mulūḫiyyah/ < grec μολόχη.195 D’où aussi, avec suffixation diminutive romane, >MALBÉLLA< « hellébore noir (Helleborus niger) », BCT 67, 1789, 2363 et 2863.
|| 193 Mais avec des variantes graphiques dans 2566 et 3709, mettant en doute toute hypothèse étymologique pour ce phytonyme. Voir Corriente 2005a : 227–228 et note 15. 194 Car on croyait que la folie était souvent causée par les souffles des esprits malins ; cf. le castillan malva loca ; voir aussi Corriente 2008a : 179, note 243. Il y avait aussi un synonyme /MÁLBA azzawāniyyah/, BCT 2866, littéralement « mauve des prostituées » et, avec une altération euphémistique, /MÁLBAt azzína/ « mauve de décoration », BCT 2865. 195 Voir Corriente 2008a : 179.
/MÁTRE/ | 99
/MÁL(E)/ « mal », substantif dans H4 et IQ 83/11/2, adjectif dans A26 et adverbe dans H9 et 18, < latin malus et male.196 >MALLÓL< « aubépine (Crataegus oxyacantha) », BCT 1632, une métonymie du latin mallĕŏlus « petit marteau ; greffe », car on l’utilisait pour greffer les poiriers et d’autres arbres fruitiers. /MALMÉLO/ « coing (fruit du Cydonia vulgaris) » < latin mĕlĭmēlum « pomme douce comme le miel », ou mālŏmellum, BCT 4548. /MÁMMA/ « maman » < latin mamma, A10, 14, 15, 17, 21, 30, 31, 32, 35 et 38, H14 et 23, et IQ 76/7/4. /MANCÁNA/ « pomme (fruits du Pirus malus) » < latin mattiāna (māla), BCT 1148, d’où aussi le diminutif roman /MANCANÉL/, BCT 942, 985, 2230, 3089 et 3258, nom de certaines variétés d’olives, d’aubergines, d’oignons et de raisins, et son féminin >MANCANÉLLA< « camomille (Matricaria chamomilla) », BCT 972, 2771, 2841, 3491 et 4256. /MANČÁYN/ : voir /PANČÁYN/. >MÁNNA< « ruse » < bas latin manea, chez IQ 107/3/2, et dans le syntagme >MÁNNA BÉDMANNÁYRA< « bardane (Lappa maior) », à cause de sa toxicité, BCT 3046. /MÁNO/ : voir /BÁYZA(Ś)/. /MANTÉKA/ « beurre », dans Ibn Buklāriš, selon SG 334. >MANYÁNA< « matin » < bas latin (hora) maneana, adjectif formé sur le latin mānĕ « (au) matin », IQ 50/8/3, aussi dans le syntagme adverbial >DE –< « de bon matin », A17 et 19. /MÁR(E)/ « mer » < latin măre, A29 et BCT 1658 et 3035. /MARÉTNO/ « espèce de jonc (Carex maritima) » < latin mărĭtĭmus « maritime », avec dissimilation des consonnes nasales, BCT 1163, 1758, 1940 et 3029. /MARÍTO/ : voir /TORNÁR(E)/. /MARRÓYO/ « marrube blanc (Marrubium vulgare) » < latin marrŭbĭum, BCT 59, 550, 1463, 2585, 2847,3027, 3747, 3969, 4160, 4344, 4807, 4869 et 4963. >MATAḪŠ(IY)ÉLLA< « centinode (Polygonum aviculare) », métonymie à suffixation diminutive romane du latin mă/ĕtaxa < grec μέταξα « soie crue », BCT 552, 2745 et 2967. /MÁTRE/ « mère » < latin mātĕr, A19, aussi dans les dérivés /MATREKÁL/N/R/ « matricaire (Lonicera periclymenum) », BCT 123, 444, 1161, 2049, 2622, 2745, 3013 et 4256, < latin (herba) mātricālis, /MÁTRE ŚÁNA/ « behen blanc (Silene inflata) », BCT 2972 et 5117, synonyme de /YÉRBA ŚÁNA/, et /MATRE ŚÉLBA/ « chèvrefeuille (Lonicera caprifolium) », BCT 2155 et 2970, dont le deuxième constituant || 196 Le mot était connu d’Abulḫayr, qui croyait à tort le retrouver dans le deuxième constituant du nom grec de l’épine noir (Paliurus aculeatus), χαμαιλέων μέλας, selon BCT 1156.
100 | >MATRÓNYO
MATRÓNYO< « arbousier (Arbutus unedo) », BCT 13, 1312, 1374, 2876 et 4129, probablement < bas latin arbutrus < latin arbŭtus, avec dissimilation, lambdacisme et métanalyse d’un article arabe, puis contaminé par les résultats romans du latin mātĕr, mātĕrĭa ou mātūrus, et augmenté avec le suffixe {+ÓŅO≠A} ; voir /YÉRBATO/. /MÁTTA FRÍDA/ « aurone (Artemisia abrotanum) » ou « matricaire (Lonicera periclymenum) », BCT 2780 et 4256, littéralement « herbe froide », ainsi appelée à cause de ses vertus rafraichissantes, < latin matta « natte de joncs », avec une évolution sémantique dans le roman, et frīgĭdus « froid ». D’où aussi le diminutif roman >MATTÉLLA< « espèce de lavande ou d’armoise », BCT 2900 et 4902. /MAT(T)ÁR(E)/ « tuer » < bas latin *mattare < latin mattus « mou », A5, 26 et 32. /MÁWRA/O/ : voir /ŚÉMNE/ et /YÉRBA/. /MAWRÉNO/ « (taureau) noir » < latin maurus « africain », d’où aussi >MAWRETÁNYA< « Ethiopie », dans BCT 4889, le sobriquet diminutif /MAWRÉL/, chez SG 352, l’attributif /MAWRÉŚKO/ « maure, nord-africain », ajouté à /ANPÁWRA/ et /ŚÉMNE/, q.v., et /MAWRUČÓN/ « carthame sauvage (Carthamus tinctorium) », BCT 2171, 2732, 2793, 3493 et 5074, avec une double suffixation romane, péjorative et augmentative ; voir /YÉRBA MÁWRA/. /MÁ/Y)Ś/ « plus » < latin măgĭs, avec une signification différente avec et sans le /y/, comme en portugais ma(i)s ; cf. A18 /NON MÁŚ/ « pas plus, pas une fois de plus », et H10 /MÁYS ENFERMÁD/ « devenez plus malade ». /MAYÓR/ « plus grand » < latin mājŏr, voir /BÍMEN/, /MÉNTA/, >KANTÓLLO< et >KAPÉLLOMEL(L)ÁYRAMEL(L)ÁYRA< « buglosse (Borago officinalis) », BCT 101, 903, 3037, 4656, 4660 et 4734, à cause de la viscosité de ses feuilles et, avec suffixation romane, /MÉLEKAŚ/ « feuilles de marjolaine (Majorana hortensis) », BCT 2884 ; voir aussi >(MUR)MELLÁT< et /ŚUČAMÉLE/.197 /MELEKÓN/, cultisme des botanistes andalous, malgré la suffixation romane, < latin mēdĭca herba, < grec μηδικός « Mède », BCT 2886 et 3037. >MELLÁT< : voir >(MUR) MELLÁTMELONÉLLOmandah< « menthe poivrée (Mentha piperita) », rendant le grec ἡδύοσμον, aussi dans /MÉNDA BÓNA/ « espèce de basilic »,199 2867 et 3023. Le dérivé latin, à suffixation péjorative mentastrum, est reflété dans /MENTARÁSTORO/ « menthe à feuilles rondes (Mentha rotundifolia) », BCT 2776 et 3811, avec un /r/ répercussif, qu’on ne retrouve pas dans la variante dissimilée >mantarašt.h< ; voir /ČETRÍYA/. */MEŠÉR(E)/ « embrouiller » < latin miscēre « mêler », dans A33 /MEŠETÓRE/ « qui aime faire des histoires », et le participe /MEŠÍTA/ « mêlée », dans BCT 2098. /MÉŚŚE/ « moisson » < latin messis, BCT 2211. /(M)EŚTÍČA/ « métisse » < latin mixtīcĭus : voir /BOLČÁKA/EŚ/. /METRÁNA/ « exubérante » < latin mĕlĭōro, avec suffixation adjectivale romane, et une évolution anomale du group /ly/, comme dans le castillan medrar,200 dans A17 et 19. /MEW/ « mien » < latin meus, A4, 8, 12, 21, 22, 34, 37 et 39, H2, 3, 4, 5, 7, 9,11, 14 et 23, et IQ 102/4/1 ; avec le féminin /MA/, A18, 20 et 25. /MEYÁTOŚ/ : voir >EŚTRÉNYE MEYÁTOŚMILLIKÁR< « auriculaire (petit doigt) », probablement le résultat de la contamination du latin pollĭcāris « pouce » avec mĭnĭmus « moindre », chez IQ 86/10/2.201 >MÍLL/YO< « mil(let) (Setaria italica) » < latin mĭlĭum, BCT 1935 et 2899, d’où, aussi, avec suffixation péjorative romane, >MILLÉČOAKWÉNYO< « aquatique » ou /PÚTDO/ « fétide », q.v. sous >AG/KWA< et /PÚTDA≠O/, BCT 1935 « sétaire (Setaria adherens) » et, avec une évolution phonétique du groupe /ly/ similaire à celle du castillan millo, /MIČWÉLO/ « millet », avec suffixation diminutive romane, dans Ibn Buklāriš, selon SG 362. Voir /PÉPRO/ et /ŚÉNC(IY)O/. */MIRÁR(E)/ « regarder » < latin mīror « admirer », avec une évolution sémantique, dans A37, /MÍRE/ « qu’il regarde », mais c’est un passage douteux.
|| 198 Il faut ainsi corriger la graphie >mlwlyālh< dans BCT 3013. Le mot roman aurait été arabisé comme *manún, emprunté par le marocain mnūn. 199 Bien qu’il puisse aussi s’agir du latin munda « nette ». 200 Voir Corriente 1997b : 287 et note 103. 201 Voir Corriente 1993 : 143 et note 2.
102 | /MIYÉLKA/
/MIYÉLKA/ « luzerne (Medicago sativa) », littéralement « herbe des Mèdes », BCT 2887 et 3128, < latin mēdĭca herba < grec μηδικός « Mède », voir /MELEKÓN/. /MOČÓL = MOČWÉL/ « hibou », sobriquet de quelqu’un, selon SG 351, < basque motz « petit de taille », avec suffixation diminutive romane, à cause de l’aspect de ses oreilles, cf. le castillan mocho « tronqué ; écorné ». /MÓKO/ « barbe (des épis) » < latin muccus « morve », BCT 2927 ; cf. castillan moco et l’autre métonymie de l’arabe andalou /múkk/ « champignon d’une chandelle ». >MOLLÁYRA< « fontanelle, sommet de la tête » < latin mollis « mou », puisqu’elle est ainsi, avec suffixation instrumentale romane, chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 369. D’où aussi, avec une autre suffixation latine, dans ce cas le diminutif mollĭcellus, >MOLLEČÉLLAMÓLLIČEMOLYÁR< « variété d’olive », BCT 1179 et 2230,202 avec suffixation adjectivale romane et, peutêtre, le sobriquet >MOLLÉTAŚMÓNDA FÓLLE< « réglisse (Glychyrrhiza glabra) », nom métonymique, littéralement « il nettoie le soufflet », < latin mundat follem, BCT 3470 ;204 cf. /DOČÍNO/ sous /DÓLČE/. */MÓNTE/ et /MONTÓZO/ : voir /FÍG/KO(Ś)/, /TIRIDKÁYRA/ et /zanbúqa/. /MÓRAŚ/ « mûres (Rubus ou Morus) » < latin mōra, pluriel de mōrum205 < grec μόρον ; cf. /MOLO GRIYÉKO/. */MORDÉR(E)/ « mordre » < latin mordĕre, dans A23 /MÓRDAŚ/ « que tu mordes », A26 /MÓRDA/ « mordue », et A34 /MORDEDÓRE/ « mordeur ». /MORKÁYR/ « espèce d’olive », qu’on consommait rôtie comme les saucisses appelées en castillan morcón et morcilla, < basque mork-, avec le suffixe instrumental roman. /MO/URÓŚA/ « mouron de champs (Anagalis arvensis) », probablement < latin umbrōsa « ombreuse », puisqu’on la décrit comme poussant dans les lieux om-
|| 202 Cf. le castillan mollar, qualificatif de certaines espèces molles de fruits. 203 Le masculin est le nom du mûrier en latin, mais voir la note 205 sous /MÓRAŚ/, à propos de ce changement de genre. 204 Il faudrait lire ainsi >mndabllh< dans le manuscrit. 205 Phénomène assez fréquent avec les noms de fruits et de plantes, cf. /ANPÁWRA/, /ČENTÁWRIYA/, /ČÍNA/, et les résultats romans du latin pĭrum, fŏlĭum, fĭcum, intĭbum, etc., où le roman a préféré le féminin.
/NÁPO/ | 103
brageux, contaminée par un dérivé adjectival roman du latin mūrus « mur », car on l’appelle aussi parfois « pariétaire », BCT 959 et 2978. */MÓRRE/ « mourir » < latin mŏrĭor, dans A36 /MÓYRO+ME/ « je meurs », A30 et H15 /MORRÉYO/ « je mourrai ». /MÓRTE/ « mort » < latin mors, -tis, A27 et IQ 20/8/2. */MÓŚKA/ « mouche » < latin musca, dans les dérivés romans >MOŚKÉNNO< « eupatoire (Agrimonia eupatoria) », BCT 902, 1460, 2953, 2954, 3462, 3596, 4140, 4197 et 5077, à suffixation adjectivale, /MOŚKÓN/ « pulicaire (Pulicaria dysenterica) », BCT 2953, et son synonyme /YÉRBA MOŚKÁYRA/, BCT 5077,206 à suffixation augmentative et adjectivale respectivement, et >MOŠOLYÓN< « moustique », parfois aussi utilisé comme un sobriquet, selon SG 380.207 /MÓŚTO/ « moût » < latin mustum, BCT 2807. D’où aussi, avec suffixation adjectivale romane, >MOŚTÉNNOMOŚTÁLYOŚ< « sorbier (Sorbus aucuparia) », BCT 2643 ; cf. bas latin mustalia. /MÚLA/ : voir /YÉRBA –/. /MÚR/ « souris » < latin mūs, -ris, est reflété dans les syntagmes >MUR MELLÁT< « espèce de chicorée », BCT 2885 et 4569, littéralement « souris à la couleur du miel »,208 /MUR NÉGAR/ « sumac sauvage (Rus coriaria) », BCT 1377 et 2997, < latin mūs nĭgĕr, littéralement « souris noire »,209 et /MUR ČÉKAL/ « chauve-souris ; niveau à fil à plomb », selon SG 390,210 < latin mūs cæcŭlus, littéralement « souris un peu aveugle » ; cf. aussi /ÓR ČÉKOL/. /MURÓŚA/ : voir /MORÓŚA/. /MÚRTA(Ś)/ « myrte(s) (Myrtus comunis) » < latin mu/yrtus < grec μύρτος, BCT 2140 et 2803, aussi appelé >murtā/īn< et >m.rtīnuhNABÁLYAŚ< « espèce de canne » < latin nŏvācŭla « rasoir », BCT 4230 ; voir Corriente 1997a : 520 à propos de ce mot en arabe andalou. /NÁNČA/ : voir /BÁRBA/. /NÁPO/ « navet » < latin nāpus, BCT 2747 ; d’où aussi /NAPÉL/ = >NAP(Y)ÉLLO< « aconit (Aconitum napellus) », BCT 2506, 991, 1335, 1782, 1904, 2339, 2351,
|| 206 Mais le latin avait déjà muscārĭa. 207 Mais le latin avait déjà muscella ; cf. le castillan mocejón. 208 Voir /MÉLE/. 209 Voir /NEGRÉL/. 210 Voir aussi la description de DS II : 579.
104 | /NAŚTÓRT/
2606, 2692, 2747, 3049, 3139, 3572, 3807, 3904, 3920 et 4094, à suffixation diminutive romane, avec ou sans diphtongaison. /NAŚTÓRT/ « cresson des champs (Lepidium campestre) » < latin nasturtĭum (cf. castillan mastuerzo), BCT 1662, mais une étymologie populaire semble avoir fabriqué une dérivation du latin nas tortus « nez tordu », cf. le nom catalan de cette plante, morritort. /NÉPETA/ « népète, herbe aux chats (Nepeta cattaria) » < latin nĕpĕta, BCT 383, 2494, 2812, 3112, 3152, 3441, 3641, 3642, 3811 et 3812. */NÉGRO/ « noir » : est reflété avec suffixation diminutive romane dans /NEGRÉL/R/ « nom de plusieurs variétés de figue, basilic, raisin et genêt », BCT 1149 et 3494, avec suffixation adjectivale dans /NEGRÍN/ « variété de raisin », BCT 3494, et avec suffixation augmentative dans >NEGRÓN< « variété de blé », BCT 1655 ; voir aussi /MURNÉGAR/ sous /MÚR/, >WÉLYO< et /YÉDRA/. /NÉŚPORO/ : voir /N(IY)ÉŚPORO/. /NÍLO/ « variété de rose » < latin nērĭon < grec νήριον, BCT 5013. /NI(N)/ « ni » < latin nec, A8, 15 et 21. /NÍŚAŚ/ « prunes, fruits de Prunus domestica » < bas latin nixa (cf. le dialectalisme asturien nisa), BCT 3117 et 3490 ; voir aussi /ŚÉMŚONŚ/. /N(IY)ÉŚPOROŚ/ « nèfles ; azérolier (Cratægus azarolus) » < latin mespĭlum/s < grec μέσπιλον,211 BCT 2229, 3014, 3109, 3117, 3464 et 3490. /NÓČ(E)/ « noix » < latin nux, -ŭcis, BCT 1344 et 3063, aussi dans le syntagme >NÓČ ABELLÁNEŚ< « noisettes, avelines (Corylus avellana) »212, BCT 3730, ainsi que, avec suffixation diminutive romane, >NOČ(Y)ÉLLA< « semence du pavot ; cresson drave (Lepidium draba) », etc., BCT 213, 943, 1251, 2051, 3129, 3144, 4868 et 4899. D’où aussi, avec évolution phonétique différente et suffixation instrumentale romane, /NOKAYRÓLA = NOKAYR(U)WÉLA/ « pivoine (Paeonia officinalis) », BCT 3807. /NÓḪTE/ « nuit » < latin noctis, A1 et 4, et IQ 20/6/3. /NOMMÁR/ « nommer » < latin nōmĭnāre, IQ 84/12/4. /NON/ « ne, non » < latin non, A2, 2, 6. 9, 13, 15, 17, 18, 21, 23, 33, 34, 37, 40 et 42, H4, 8, 11, 16, 17, 19, 22 et 23. /NÚDO/ : voir /ČÉNTO/, /KÁTRO/ et /ŚEN/. /O/ « ou » < latin aut, A1 et 40 et H16. /ÓB(E)/ « où » < latin ŭbī, A1 et 37 et H4 ; voir /DÓBE/. /OḪŠÍNA/ « radis sauvage (Raphanus raphanistrum) », cultisme des botanistes, < grec ὀξύνες, ignoré par le latin classique, BCT 113, 305, 1212, 1698, 2747 et
|| 211 Il y a aussi une variante >nā/yšburātfǧlbānis< des manuscrits par >nǧblānšlaḫšinah< dans BCT 5033. /OKUPÁR/ « se soucier » < latin occŭpāre, IQ 84/11/4. /ÓLF/ : voir >AFRÁQAOLYÓLA< « espèce de germandrée (Teucrium fruticans) », BCT 298, 347 et 2232. /ÓLMO/ « orme (Ulmus campestris) » < latin ulmus,213 BCT 488, 497, 1344 et 3135. */OLÓREŚ/ « arbre à baume (Commiphora africanum) »214 < latin ŏdōres, littéralement « exhalations (bonnes) », BCT 3040. /OMRÍYYA/ < « plante chénopodiacée à l’identification douteuse », latin umbra « ombre », BCT 376, 3216 et 4902 ; cf. castillan umbría « ombreuse ». /ÓN/, dans /D+–/ « d’où », < latin unde, H17. >ONÓLYO (KANPEN(N)O)< « hélénie (Helenium) », métathèse du latin hĕlĕnĭum < grec ἡλένιον, contaminé par le résultat roman du latin gĕnŭ « genou », suivi d’un qualificatif résultant du latin campānĕus « du champ », BCT 2174 ; voir /KÁNPO/. */(O)PREMÉR(E)/ « opprimer » < latin opprĭmĕre ou prĕmĕre,215 dans A18 /(O)PREMÉŚ/ « que tu opprimes ». /ÓR ČÉKOL/ « espèce de centaurée », littéralement « or un peu aveugle », < latin aurum cæcŭlum, allusif à la couleur jaune de ce qui est teint avec cette plante, qui pourrait tromper la vue et faire croire qu’il s’agissait du vrai or, BCT 230, 18338 et 2519 ; cf. /MURČÉKAL/ sous /MUR/.216 /ORBÁKA/ « laurier » < latin laurĭ bacca / bāca, classicisme des botanistes, avec métanalyse et chute de l’article, BCT 94, 1668, 2037, 2148 et 5095 ; cf. l’italien orbacca.217 /ORCÁL/ « variété de poire », résultat roman du latin hordĕārĭum, puisque sa maturation coïncide avec celle de l’orge, selon Abulḫayr, dans BCT 2556 ; cf. /WÉRCO/. /ORÉČA/ « oreille » < latin aurĭcŭla qu’on trouve dans le syntagme >ORÉČA BELLÍTA< « mandragore (Mandragora officinarum) »,218 BCT 25 et 5123 et, avec suffixation diminutive romane, dans >ORČÉLLA< « orseille (Roccella tincto-
|| 213 Les graphies des manuscrits >b/yukmuš< reflètent une fausse scansion de la phrase /yusammà bi+/ « il s’appelle », cf. les cas de /ÍLČ(E)/ et /ILYÁKA/. 214 Il faut corriger les graphies >’y/nwrš< comme >’ḏ/lwršlārbqsORELYÉLLAORÉLL/YAORÉLYAŚ< « variété de poireau », BCT 486 et 985, et dans les syntagmes >ORÉLYA DE FARÁYLE< « joubarbe (Sempervivum tectorum) », BCT 1624, littéralement « oreille de moine », dont le deuxième constituant est le résultat du latin frāter, et >ORÉLYA DE LÉPER< « espèce de plantain », BCT 2728 ; cf. /LÉPER = LÉPRE/. /ORÉGANO (WERTÁNO)/ « origan (Origanum vulgare) » < latin ŏrīgănum < grec ὀρίγανον/ς, suivi d’un qualificatif dérivé roman du latin hortus « jardin potager », BCT 3201 et 3202. >ORÉLL/YA< : voir /ORÉČA/. /ORTÍKA(Ś)/ « ortie(s) » < latin urtīca, BCT 1621, aussi dans le syntagme /ORTÍKA NÉGRA/ « ortie noire »,219 1621 et 3587, et le diminutif /ORTIKÉLLA/ « petite ortie (Urtica urens) », BCT 1621. /ORÚKA/ « chenille » < latin ē/ūruca, BCT 170, 393 et 1377. /ÓTRI/ « un autre » < latin alter, H17, aussi dans le pluriel /ÓTRIŚ/, H12. /PÁBER/ « coquelicot (Papaver rhœas) », dérivé haplologique du latin păpāver, BCT 665, 4868 et 5084 ; cf. /ANPÁWRA/ et /ḥaPAPRÓN/. /PÁČE/ « paix » < latin pax, -ācis, utilisé comme sobriquet, selon SG 412–413. >PALABR(IY)ÉLLA< « chardon roulant (Eryngium campestre) » < latin tardif ălăbrum « dévidoir »,220 BCT 761, 1342, 2552 et 5107. /PALÁNTA DE LÓPO/ « espèce de renoncule » < latin planta « plante », avec l’ambigüité sémantique conservée dans les langues romanes occidentales, en français, en castillan, en catalan et en portugais, BCT 861 et 2541 ; voir /LÓPO/ et /PÉDE LOPÍNO/. /PALANTÁYN/ « plantain (Plantago species) » < latin plantāgo, -ĭnis, BCT 378, 609 et 2728, dans ce dernier cas avec une variante >b.ntāy.nFÍK/GOq< et avec un >ġPANNÓŚ< « espèce de pêche très duvetée », suffixation adjectivale romane du latin pannus « morceau d’étoffe » ; cf. le latin pannūcĕa māla « espèce de pommes » et, chez Alcalá, banúja « pêche », BCT 1792, 2556 et 4548. /PAN/ « pain » < latin pānis, dans les syntagmes /–PÓSTER/ « espèce de camomille », avec un qualificatif roman reflétant le latin postĕrus, littéralement « dernier pain », cf. le synonyme néo-arabe /ḫubz alġurāb/, littéralement « pain du corbeau », avec une allusion qui nous échappe, et /PANKÉYŠO/ « bourse à pasteur (Capsella bursa-pastoris) », BCT 918 et 1665, nom composé avec une variante phonétique de /KÉYǦO/ « fromage », q.v. /P/BANTÁWMA/ « gui (Cuscuta epithymum) » < latin ĕpĭthmum < grec ἐπίθυμον, BCT 548, 552, 818, 1676, 1924, 2157, 2198, 3448, 4525 et 4970, cultisme des botanistes, corrompu par les copistes et / ou par la prononciation vulgaire.223 /PAPÍR/ « papyrus » < latin pāpȳrum/s, probablement pas plus qu’un cultisme des botanistes BCT 929. /PARTÁL/ « moineau » < bas latin pardalus < grec πάρδαλος, dans le syntagme arabe andalou avec un deuxième constituant hybridé du roman /ḥašíšat/ /ʕúšbat+alparṭál/ « pariétaire (Parietaria cretica) », BCT 1446 et 1478. /PÁŚKA/ « pâques » < latin pascha < grec πάσχα < syriaque pasḥā < hébreu pesaḥ, A12, H15 et IQ 50/8/3. /PÁW/LMEŚ/ « paumier nain (Hyphaene thebaica) » < latin palma, BCT 1915 et 3126, d’où aussi, avec suffixation diminutive romane, >PAWMÉLLA< « palmite (Chamaerops humilis) », BCT 936, 1257, 1916, 1991 et 2165.224 /PÉČ/ « poix » < latin pix, -ĭcis, IQ 99/15/1, avec les dérivés /PÉČNO/ « espèce de raisin noir » < latin pĭcĭnus, BCT 3494 ;225 et /PEKATÍČ/ « gluant », à suffixation adjectivale et participiale romane, dans IQ 99/15/3 ; et, encore, à travers le latin pĭco « gluer », avec suffixation augmentative romane et par une métonymie, /PIKÓN/ « fruit de l’acacia utilisé par les tanneurs », BCT 3184. /PÉDE/ « pied » < latin pēs, -ĕdis, dans les syntagmes /PÉD(E+D)+ANÁTE/, « quintefeuille (Potentilla reptans) », BCT 624 et 928, littéralement « pied de canard »,
|| 222 La forme plus commune et suggérée par plusieurs graphies semble être la plus courte de /PÁLO/, cf. páll dans Alcalá. 223 Ce qui serait appuyé par la réalisation optionnelle /b/ de la première consonne et par le changement de genre ; voir note 205 sous /MÓRAŚ/. 224 Mais voir Corriente 2008a : 189, note 268, à propos de l’identification problématique de ces espèces. 225 Cf. /RRÉČNO/ à propos de l’accentuation conservatrice de ces mots.
108 | /PEKATÍČ/
où le deuxième constituant est le résultat roman du latin ănăs, -ătis, >PÉDE (DE) POLLÉL(LO)< « espèce d’oseille (Coronopus / Lepidium squamatus, mais aussi Salicornia fruticosa ou europæa) », BCT 1587, 1661 et 4241, littéralement « pied de poulet »,226 où le deuxième constituant est le résultat, avec suffixation diminutive romane et restriction sémantique, du latin pullus « petit (d’un animal) », /PÉDE DE TÓRDO/ « variété d’orpin (Sedum altissimum) », BCT 626, où le deuxième constituant est le résultat roman du latin turdus « grive », >PÉDE GALLÍNA< « partie comestible du gros chiendent (Cynodon dactylum) », BCT 625, où le deuxième constituant est le résultat roman du latin gallīna « poule »,227 /PÉDE GATTÍNO/ « espèce de renoncule », où le qualificatif est le résultat du latin cattīnus « de chat », BCT 628,228 /– LOPÍNO/ = /– DE LÓPO/ « une autre espèce de renoncule »,229 BCT 2541, avec les synonymes /PÉDE PORKÍN / PORKÉL/, littéralement « pied de cochon » < latin porcus, avec suffixation romane adjectivale et diminutive respectivement, BCT 629 et 1561 ; cf. aussi >GALLOPELOZYÉLLA< « piloselle (Hieracium pilosella) » < latin pĭlōsus « poilu », à suffixation diminutive romane, BCT 1161. /PENÁTO/ « affligé » < latin pœnātus, IQ 10/2/2. >PÉNNA< : voir /FOLÓR/. >PENNÓR< « gage » < latin pignŭs, -ŏris, H11. /PÉPER/= /PÉPRO/ « poivre » < latin pĭpĕr, BCT 351, 801, 1611, 3797 et 4848, aussi dans le syntagme >PÉPRO AKWÉNYO< « poivre d’eau (Polygonum hydropiper) », BCT 3804, avec suffixation augmentative masculine dans /PEPRÓN/ « passerage (Lepidium) », chez Ibn Albayṭār, selon SG 442, et féminine dans
|| 226 Il y a aussi des graphies comme >bādbylyān< et >bydblyālPÉD POLLÍN< dans BCT 939 et 1664, avec substitution du suffixe du diminutif par un suffixe adjectival, nom aussi du Lepidium campestre, avec une variante >PÓČE POLLÍNGÁLLO< et /ŚÉBO/. 228 Voir aussi >KOLYÓN< et >ÚNYAKARDÉLLO PEPRÁTO< « chardon roulant (Eryngium campestre) », BCT 1342, 4268 et 4055 ; cf. /ŚÉNC(IY)O/ et /ŚEŚÁNBORO/. /PÉRAŚ/ « poires, fruits de Pyrus communis » < latin pĭrum, BCT 2556,230 aussi dans les dérivés, avec suffixation péjorative et augmentative, /PERUČÓN/ « poire sauvage », BCT 2229, et diminutive dans /PER(U)WÉLO/ = /PERÓLO/ « espèce d’azérole », BCT 661 et 3020, ainsi que probablement le nom d’une espèce de poire appelée « chinoise », >burl.yūnPERELLÓN latin pensāre, dans A4 /PÉSED A(D)/ « envers et contre, malgré ». /PEŚÓT/ « espèce de pois », probablement < latin pĭsum (< grec πίσον) săpĭdum,232 dans Ibn Buklāriš, selon SG 446, voir aussi /PEZÁČ/. /PEŚTÓREGOŚ/ « pistaches », probablement < latin pistŏr, -ōris « confiseur », avec suffixation adjectivale romane, puisque seuls les confiseurs en faisaient usage, BCT 3808. */PETÍR(E)/ « demander » < latin pětěre, dans IQ 102/4/1 /PÍTO/ « je demande ». /PÉTRA/ « pierre » < latin pětra, d’où aussi, avec suffixation adjectivale romane, chez SG 436, là aussi avec les dérivés à suffixation romane, locative dans /PETREKÁL/ « terrain pierreux », péjorative dans /PETRÚČA/ « espèce de châtaigne »,233 dans SG 437, et adjectivale dans /PETREKÁYRA/ « mercuriale annuelle (Mercurialis annua) », BCT 811 ; voir aussi /BÍTRIYO/. /PEZÁČ/ « espèce de pois » < latin pisum, avec suffixation péjorative romane, BCT 702, 1384, 3026, 4219 et 4225, et les synonymes >PEZÉLLO< et /PEZ(E)LÉL/, dont la suffixation est diminutive, BCT 655 et 549, respectivement. /PÍKO/ « bec » < latin pīcus « pivert », ayant acquis dans le bas latin hispanique les significations du castillan pico, parmi lesquelles « bec ; extrémité », dans SG
|| 230 Voir les notes 205 sous /MÓRAŚ/ et 180 sous /LAPÁCA/, à propos du changement de genre, à travers le pluriel du neutre, alors que le féminin pĭrus était le nom de l’arbre, le poirier. 231 Une variante graphique >byr.trā< pourrait déceler un autre changement de genre. Quant aux graphies avec un >f< initial et un >ṯPINÉLLO< « herbe aux puces (Plantago psyllium) ; ivette, chamépitys (Ajuga chamaepitys) ; mille-pertuis (Hypericum vulgare) », BCT 671, 804, 974, 2585, 3229 et 4976. /PÍŚT(O)/ « alpiste, millet long (Phalaris canariensis) » < latin pistum « pilé, moulu », avec une évolution sémantique, BCT 779, 870, 1311, 1935, 1936, 4154, 4538 et 4885. /PÍTO/ : voir */PETÍR(E)/. /PÓČE/ « cul » < latin pōdex, -ĭcis, dans /PÓČE PACRÍN/ = >PÓČE POLLÍNPOLLÉLOPOD(OL)LÁYRA< et >PODOLYÁR< : voir /YÉRBA –/. /POLÉYO/ « pouliot (Mentha pulegium) » < latin pūlēgĭum, aussi dans les syntagmes qualificatifs /– ČERBÚNO/ et /– KAPRÚNO/, q.v. sous /ČÉRBO et */KÁPRA/. >POLLÉL(LO)< : voir /PÉDE/. /POLPÓDYO/ « polypode commun / de chêne (Polypodium vulgare) » < latin pŏlpŏdĭum < grec πολυπόδιον, BCT 654, 810 et 965, cultisme des botanistes, reflété par les graphies corrompues >balmūḏyah< et >burbūḏyuhPORPÓLYA< « vulvaire, ansérine fétide (Chenopodium vulvaria) », peut-être < latin purpŭra « de pourpre ; brillante », BCT 3587.234 /PÓRRO/ « poireau » < latin porrum/s, BCT 985, d’où aussi les diminutifs /PORRÉL/ « espèce de caroube », BCT 1807, et >PORRÉLLA< « cougourde (Lagenaria siceraria) », BCT 4263. /PÓŠOLA/ : voir /RRÉY/. */POTÉR(E)/ « pouvoir » < bas latin *pŏtēre, au lieu du classique posse, dans A6 /PÓDO/ « je peux », et H20 /POTRÁD/ « il pourra ». /PÓTRA/ et /POTRÁYRA/ : voir /YÉRBA –/. /PÚDDA/ : voir /YÉRBA –/. /PUǦABANTÁYRA/ « espèce de plantain (Plantago serraria) », dérivé à suffixation instrumentale d’un mot roman hispanique conservé dans le castillan pujavante « paroir du maréchal ferrant », BCT 769 et 2364. */PÚLČ/ « punaise » < latin pūlex, -ĭcis, BCT 670, d’où aussi avec suffixation augmentative romane, /PULGÓN/ « puceron » BCT 4100, et, avec suffixation adjectivale romane, /(YÉRBA) PULKÁYRA/ « pulicaire (Pulicaria dysenterica) », BCT 636, 1219, 1449, 2829, 3596, 4139, 4714 et 5076. /PÚNIČEŚ/ « grenades » < latin (mālum) pūnĭcum, à travers le bas latin et le protoroman hispanique,235 BCT 872 et 2151.236 /PÚTDA/O/ : voir >MÍLYORRÁBANO GALLÉŚKORRABANÉLLO< « (Diplotaxis erucoides) » ; voir >YÉRBA GALLÉŚKAbarbīnā< et >brbymā< des manuscrits comme >brblyārbubliǧǧaš< et >bablaǧis< comme >b.n.ǧ.šRROMÉNYO< = /LOMARÍN(O)/240 « romarin (Rosmarinus officinalis) » < latin rosmărīnus/m, composé par rōs ou rhus « sumac » et mărīnus « marin », BCT 554 et 2082. >RRONNÓNEŚ< : voir /YÉRBA DE –/. */RRONPÉR(E)/ « rompre, casser » < latin rumpĕre, dans le participe /RRONPÍTO/, chez IQ 83/12/2, et dans le syntagme /RRÓNPE TÓNKA/ « souci des jardins (Calendula officinalis) », littéralement « il déchire la tunique », dont le deuxième constituant reflète le latin tŭnica, cf. le castillan tonga « couche (de briques, etc.) », BCT 580, 980, 2051 et 3462. /RROPÚDDO≠A/ : voir /YERBA PÚTDA/.
|| 238 Voir la note 226 à >PÉDE (DE) POLLÉL(LO)šaḥm+(IY)ÉLLA< | 113
/RRÓŚA/ « rose » < latin rŏsa, BCT 2002 et 5013, également dans les syntagmes /RRÓŚA AŚNÍNA/ « églantine (Rosa canina) », BCT 5013, >RROŚÉL(LO)< « ciste (de Crète) (Cistus polymorphus) », BCT 549, 1999, 2080, 2580, 4772, 4906, 5013 et 5021 et, avec suffixation diminutive romane, dans /RRÓŚETA/ « plaque de rougeur au visage », selon SG 496. /RRÓŚTEKO/ : voir >LÉNYO< et /ÚBA/. /RROTÚNDO/ « rond » < latin rŏtundus, chez IQ 21/6/1, et le féminin dans /BÓB(A)RA RROTÚNDA/ « aristoloche ronde » (Aristolochia rotunda), chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 49. /RROYÓLA/ = /RROY(U)WÉLA/ « cuscute (de thym) (Cuscuta epithymum) ; lierre (Hedera helix) ; busserole, raisin d’ours (Arctostaphylos uva-ursi) », dérivé par suffixation diminutive romane du latin rŭbĕus « rougeâtre » (cf. le castillan roya « rouille (du blé, etc.) », BCT 557, 1422, 2090, 3464, 3498, 4253 et 4966, d’où aussi, avec suffixation augmentative romane, /RROYÓN/ « blé roux », BCT 1655. /RRÚBYA/ : voir >MAḪŠÉLLA RRÚBYA–KANPÉNYA< « rue de montagne (Ruta montana) », BCT 2052 et 4561, où les deuxièmes constituants sont des adjectifs à suffixation romane dérivés du latin hortus « jardin potager » et campus « champ » ; voir /YÓNČA/. /ŚA/ : voir /ŚEW/. */ŚABÉR(E)/ « savoir » < latin săpĕre, dans H17 /ŚÉ/ « je sais », A37 /ŚÁBEŚ/ « tu sais », A20 /ŚABÉŚ/ « que vous sachiez », H24 /ŚABRÉY/ « je saurai », H15 /A(Ś) ŚABÉR/ « tu sauras », et IQ 86/9/3 /ŚÁB/ « sache ». /ŚABÍNA/ « sabine (Juniperus sabina) » < latin săbīna, chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 572. /ŚABÚK(O)/ « sureau (Sambucus ebulus) » < latin să(m)būcus, BCT 164, 967, 1290, 1752, 1753, 1877, 2089, 2568, 2858, 3435, 4726, 4879, 4880, 4903 et 5125. >šaḥm+(IY)ÉLLA< « sécacul (Pastinaca schekakul) », BCT 1342, 1942, 2542, 2745 et 4785, dérivé à suffixation diminutive romane de l’arabe /šaḥm/ « graisse », d’où aussi, avec double suffixation participiale et diminutive romane, >šaḥm+AT+(IY)ÉLLA< « espèce de lierre », BCT 1161 et 4786.
114 | /ŚAḪŚO FARÁGA/
/ŚAḪŚO FARÁGA/ « saxifrage (Saxifraga cymbalaria) », BCT 4239, 4767 et 4835, < latin saxĭfrăga, cultisme des botanistes. /ŚÁKWASO/ « espèce de ciste » < latin sălīcastrum, BCT 549, 550, 782, 924,1661, 2350, 3512, 4208, 4549 et 4780.241 /ŚALBIYA/ « sauge », BCT 310, 550, 759, 1191, 2411, 2834, 3981, 3633, 4208, 4549 et 4875, < latin salvĭa. /ŚÁLČO/ = /ŚÁLEČ/ « saule » < latin sălix, -ĭcis, BCT 3232, 3574, 3659, 4883 et 4884, également dans le syntagme qualificatif /ŚÁLČO GATTÍNO / GATTÍL / GATTÉČ / « gattilier (Vitex agnus castus) », BCT 3232 et 4884, où le deuxième constituant est un dérivé adjectival roman de /GÁTO/, q.v. ; voir aussi /PÉDE/, >KOLYÓN< et >UNYA–KANPYÉNO< « cynoglosse (Cynoglossum creticum) », BCT 2732. /ŚAPONÁYRA/ = >ŚO/IPN(IY)ÉLLO< « saponaire (Saponaria officinalis) », dérivés par suffixation adjectivale et diminutive respectivement du latin sāpo, -ōnis « savon », BCT 302, 3576, 4389, 4901 et 5088. /ŚARDÓN/ « espèce de thym », probablement une dérivation à suffixation augmentative romane du latin sardus « sarde », BCT 33, 3203, 3967 et 4675. /ŚARÍN/ : voir /ŚÁRO/. /ŚARǦÍDA/ « sarriette » < latin sătŭrēia, avec une forte métathèse (cf. le catalan sajolida ou sadorija), BCT 1632 et 4606 ; voir */ŚAṬRÍYA/. /SÁRO/ « gouet (Arum maculatum) » < latin ărum < grec ἄρον, contaminé par le bas latin arisarum, BCT 258, 1977, 2743, 3143, 3823 et 4539, d’où aussi, avec suffixa|| 241 Voir Corriente 2008b : 186, s.v. arcazón, à propos de son évolution phonétique. 242 Il pourrait s’agir d’une dérivation du latin *(acquæ) salis operum « eau des salines ».
>ŚEǦELLÁT (KURÚŠE)< | 115
tion adjectivale romane, /Ś/SARÍN(O)/ « espèce de thym »,243 165, 557, 985, 2283, 2743, 3143, 3203, 3204, 3215, 3218 et 4660. >ŚARRÁL(Y)A< = >ŚARRÁLLA< « laiteron (Sonchus oleraceus) », BCT 4814 et 4973, < bas latin sa/erralia, aussi dans les syntagmes >ŚARRÁLYA D+ÁŚNOŚ< et /ŚARRÁL alḥimár/ albaqár/ « espèce de chicorée », littéralement « laiteron d’ânes / vaches », BCT 2344, 1669, 1793, 1794, 3259, 4569, 4963 et 1669. */ŚATAKÓNAŚ/ « espèce de raisin très doux et noir de Tolède », BCT 3494, sans doute un mot roman, dont les deux graphies >šuṭfūnuš< et >stqūnš< ne permettent pas d’en résoudre l’origine étymologique, peut-être le latin sătăgo « donner satisfaction », avec suffixation augmentative romane, qui aurait remplacé le suffixe agentif du latin sătăgentes.244 */ŚAṬRÍYA/ « sarriette (Satureia hortensis) », BCT 2124, 2296, 2348, 3201, 3209, 3802 et 4627, < arabe andalou /šaṭríyya/ < latin sătŭrēia ; voir /ŚARǦÍDA/. >ŚAWŚ(IY)ÉLLA< « espèce de soude (Suaeda maritima) », BCT 1661 et 4816, avec suffixation diminutive romane, dérivé du bas latin salsa « salade », d’où aussi */ŚAWŚOLÁTA/245 « espèce d’oseille », BCT 1661 et 4117, à suffixations diminutive et participiale romanes ; voir */ŚEŚRABÓNA/. /šawṭí/ « espèce d’oignon sauvage », BCT 985, 1148, 3494 et 3508, < arabe andalou /šáwt/ < latin saltus « forêt », avec suffixation attributive arabe. /ŚAYYÍNA/ « sorgho (Sorghum vulgare) », BCT 1210, 1371, 1388, 1990, 4013 et 4590, < latin săgīna « nourriture substantielle ». */ŚÉBO/ « suif, graisse » < latin sēbum, dans les syntagmes /–DE Č/SÉRBO/ = /–ČERBÚNO/, q.v. sous */ČÉRBO/, et >–DE GALLÍNA< « matricaire (Aster amellus ou tripolium) », dans BCT 4791. */ŚEDÉR(E)/ « s’asseoir », dans A27 /ŚÉDED/ « il s’assoit », mais c’est un passage douteux. /ŚÉ/ÍGA/ « bugle (Sympytum tuberosum) », BCT 2353, 2461, 2732, 2753, 3207, 3259, 3334, 4416, 4896, 4897, 5025 et 5074, métonymie du latin sīca « poignard »,246 également avec suffixation diminutive romane, >ŚE/IGÉ/ILLAŚEǦELLÁT (KURÚŠE)< « jasmin (Jasminum officinale) », BCT 4364, 4605 et 5120, désignation métonymique dérivée du latin sĭgillātus « scellé » et crux, - ŭcis « croix », littéralement « scellé avec une croix ». || 243 Mais il pourrait aussi s’agir d’une évolution phonétique du suffixe diminutif {+ÉL}. Plusieurs graphies de ce mot dans les manuscrits ont un double >rṣ< de ces deux mots décèlent une adoption directe du grec ἀρίσαρον par certains botanistes. 244 Cf. fartons dans le dialecte valencien du catalan, nom d’une sucrerie qu’on mange avec l’orgeat. 245 Il faut corriger ainsi les graphies >šwrš lāṭh< et >šwš zlāṭah< des manuscrits. 246 Voir aussi Corriente 2008a : 208–209, note 311.
116 | /ŚÉKA+(N/
/ŚÉKA+(N/D)+PÉDE/ « espèce d’aurone (Artemisia abrotanum) », BCT 2347 et 4256, littéralement « moissonne debout », à cause de la longueur de ses tiges, < latin sĕcāre « couper » et pēs, -ĕdis « pied » ; voir /PÉDE/ et /BÓLA+D+BÉNTO/ (sous /BOLÁRE/). /SÉKO/ : voir /ECTORÁK/. /ŚÉLBA/ : voir /MÁTRE–/. /ŚELBA(N)Ś(ah)/ « globulaire »,247 BCT 48, 850, 2518, 2835, 2975, 3357, 4202, 4449, 4518, 4764, 4765, 4894 et 4902, < latin silvānus « des forêts », avec addition optionnelle du suffixe singulatif arabe. /ŚEMÉNTEŚ/ « carvi (Carum carvi) », BCT 2539 et 4604, < latin sēmentes « semences, semailles ».248 /ŚEMLÉL/ « espèce de champignon (Cytinus ruber / hypocistis) », BCT 4586, < latin sĭmĭla « semoule », avec suffixation diminutive romane, d’où aussi /ŚÉMRA/ « variété de blé », sans suffixation mais avec rhotacisme, BCT 1655 et 1960. /ŚEMNE MÁWRO/ « nigelle de Damas (Nigella damascena) », BCT 4836 et 4889, < latin sēmen maurum, littéralement « semence mauresque », avec une variante graphique >šaminyuh /ŚEMŚÓNEŚ/ ; voir /NIŚAŚ/. /ŚEN/ « sans » < latin sĭnĕ, A12 et 37, H4 et 5 et dans /–NÓDO/ « orcanette (Asperula tinctoria) » < latin sĭnĕ nōdo « sans nœud », BCT 2118, 4775 et 4910. /ŚÉNC(IY)O/ « encens ; safran »249 < latin incensum, phonétiquement contaminé par absinthĭum « absinthe », BCT 2737, 4754 et 4905 ; aussi dans les syntagmes >ŚÉNCO KANPÉNYO< et >ŚÉNCO AKWÉNYO< « espèce d’armoise (Artemisia) », BCT 4256 ; voir >AG/KWAŚÉNYA< < la-
|| 247 Avec les graphies alternatives >šarbānsah< et >širmānsahšarbātušnšul-šmynšŠENTÉLLA< « renoncule (Anagallis arvensis) » < latin scintilla « étincelle », BCT 555, 2167, 4878, 5087 et 5136. /ŚENTEŚTÚRA/ « pouliot (Mentha pulegium) », BCT 1382, 4763 et 4766, < latin sentis tūra « tu sens l’encens », pluriel du latin tūs, mentionné par l’auteur sous /ŚÉNC(IY)O/. >ŚENYÓR< « monsieur » < latin sĕnĭŏr, IQ 47/3/2. /ŚÉPYA/ « espèce d’artichaut aux feuilles très blanches », BCT 1631, < latin sēpĭa < grec σηπία « sépia », selon l’explication métonymique de l’auteur.250 */ŚÉR(E)/ « être » < bas latin *essere, dérivé analogique du latin esse, dans A26 et H1 /YÉŚ/ « tu es », H9 et 12 et IQ 67/2/2 /YÉD/ « il est », A40 /ŚERÁD/ « il sera », A33 /ŚÉYAŚ/ « que tu sois », et A4 et IQ 81/10/1 /ÉŚ/ « sois ». /ŚÉRBA/ : voir /ŚÓRBAŚ/. /ŚERYÓLAŚ/ = /ŚERÓLLA(Ś)/ « prune(s), fruits de Prunus domestica », BCT 4279, < latin cērĕŏla « couler de cire ».251 /ŚÉRPE/ « serpent » < latin serpens, dans les manuscrits d’Abulḫayr,252 également avec suffixation augmentative romane dans >ŚERPELL/YÓN< « serpentaire (Dracunculus vulgaris) ou sa tige », BCT 2743 et 4778. /ŚERTÍN/ « cuscute (Cuscuta epithymum) », BCT 557 et 4747, dérivé métonymique à suffixation adjectivale romane du latin serta « guirlande », bien qu’il puisse aussi s’agir d’une évolution phonétique du suffixe diminutif roman, attaché au même mot et évident dans la graphie >šyrṭyl< pour /ŚERTÉL/ « genêt (Calycotome spinosa) », aussi >šrṭynsyrṭynsīsanbarŚAWŚOLA PÚT(E)DA< « salsola fétide (Salsola foetida) » ; voir >ŚAWŚ(IY)ÉLLAsid+ÉLLO< « petit seigneur », diminutif à suffixation romane de l’arabe andalou /síd/ < arabe /sayyid/, H3. *>ŚIFÉLYOŚ< « jujubes (fruits de Zizyphus sativa) », BCT 3508 et 4772,253 probablement < latin zĭzphus < grec ζίζυφον, à travers une prononciation corrompue */ŚIČÉFOŚ/, avec métathèse, métanalyse et remplacement du suffixe diminutif roman {+ÉČO} par {+ÉLL/Y(O)}. /ŚÍGA/ et >ŚIGÉ/ÍLLA< : voir /ŚÉGA/. /ŚILIBÁTO/ « cinglé, toqué », métonymie du latin sībĭlātus « qui a écouté un sifflement », IQ 10/2/1. /ŚÍŚT(A)RA(Ś)/ « aneth sauvage (Meum athamanticum) », BCT 1624, 2528, 2703, 3071, 3817, 4469, 4528, 4904 et 4907, par une métonymie, déjà signalée par l’auteur, du pluriel du latin sistrum < grec σεῖστρον « sistre ». /ŚO/ « sous » < latin sub, dans A14. /ŚOBREŚÁWTO/ « sursaut » < latin sŭper et saltŭs, combinaison néolatine et évolution sémantique de l’idée de « sauter dessus », A15, mais ce passage est douteux. /ŚÓL/ « soleil » < latin sōl, -is, dans H3 et IQ 49/5/2 ; voir /TÓRNA/.
|| 253 La graphie des manuscrits, >šifilyaš< reflèterait la phase finale de l’évolution du mot, alors que >šaǧbaššiḥyašTALLÁR(E)< | 119
/ŚOLLÁYR/ « tournesol (Chrozophora tinctoria) », métonymie du latin sōlārĭum « cadran solaire », au lieu de sōlāris herba, BCT 2086 et 4806.254 >ŚOMALLAD BÉLYAŚ< « espèce de ciste », BCT 4595 et 4902, littéralement « il brûle les vieilles femmes (voulant se chauffer avec leur feu) », selon l’explication de l’auteur, résultat roman du bas latin *submaculare < latin măcŭlāre et vĕtŭlas ; voir >ENPRÉNYA BÉLYAŚ< et /YÉRBA BÉTERA/. >ŚONDÉLLA< « espèce de trèfle ou luzerne ; navet sauvage », peut-être < latin summĭtās, -ātis « sommité, pointe », BCT 3128 3856 et 4801. /ŚÓNO/ « mangoustan (Garcinia mangostana) », métonymie du latin somnus « sommeil », expliquée par l’auteur, BCT 1352. >ŚOPERBÉLLO< « marjolaine (Majorana hortensis) », probablement une suffixation diminutive romane du latin sŭperbus « superbe », qualificatif déjà classique des fruits excellents, BCT 3023 et 4603. /ŚOPLATÁYRAŚ/ « espèce de chardon », suffixation instrumentale romane ajoutée au résultat du latin sufflāre « souffler », BCT 2357 et 4783. /ŚÓRBAŚ/ « sorbes (fruits de Sorbus aucuparia) » < latin sorbum, BCT 2229, 4768, 4769, 4771 et 4877, avec une variante /ŚÉRBA/, dans BCT 4668, qu’on retrouve dans la ḫarǧah d’un muwaššaḥ par Ibn Lubbūn.255 /ŚÓRDÉL(LAŚ)/ « glandes amères », suffixation diminutive romane du latin surdus « sourd », car on croyait que sa consommation provoquait la surdité, BCT 919, 3510 et 4640. /ŚÚBER/ « chêne-liège (Quercus ilex suber) » < latin sūbĕr, BCT 621, 919, 2192, 4011 et 4646. /ŚUČAMÉL(E)/ « nom de plusieurs plantes bonnes à sucer » < bas latin *suc(e)are < latin sūgĕre « sucer » et mĕl, -llis « miel », BCT 2099, 2327, 2518, 3020, 3078 et 4591. D’où aussi /ŚÚK BÉNTO/, littéralement « suce le vent », étymologie populaire de l’iranisme arabe /sakbīnaǧ/ « sagapène (Ferula scowitziana) ». /ŚUDADÁR/ « suaire » < latin sūdārĭum, IQ 20/6/4, dans un passage douteux. /ŚUWÉDA/ : voir /YÉRBA ŠOLDÁYRA/. /TA/ : voir /TEW/. /TAGÁRR/NA/O/ « livèche (Levisticum officinale) », mot probablement préroman, BCT 1907, 2356, 2552, 2704 et 3727. /TÁLE/ « tel » < latin tālis, IQ 22/9/4. *>TALLÁR(E)< « tailler, couper » < bas latin *taleare < latin tālĕa « rejeton (qu’on coupe) », dans A16 >TÁLLA(D)+ME< « il me coupe » et, avec suffixation augmentative romane >TALLÓN< « trognon, tige d’une plante potagère », chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 529. || 254 Voir Corriente 2008a : 212, à propos de la gémination du >l< dans ce mot roman. 255 Voir Corriente 1997b : 156.
120 | /TAMARÉŚKO/
/TAMARÉŚKO/ « tamaris (Tamarix articulata) » < latin tămăriscus, BCT 2252 et 2359. /TÁN(TO)/ « si grand que » < latin tantus, H1, 3, 9, 18 et 23. /TÁPARAŚ/ « câpres » < latin cappăris < grec κάππαρις, dans Ibn Buklāriš, selon SG 530. /TARAKONTÍYYA/ « serpentaire (Dracunculus vulgaris) » < latin drăcontēa ou drăcontĭum < grec δρακόντιον, BCT 985, 2268 et 2743. Une corruption populaire du mot arabe andalou /aġraquntiyya/ ou /ġarġantíyya/ semble avoir été générée par l’utilisation de cette plante pour le traitement des râpes des bêtes, < roman andalou /AGREG/KÓN/, q.v. sous /AGROGÓN/. /TARAŚÉNNA/ « espèce d’aurone », cultisme des botanistes, peut-être une métonymie du latin tra(n)senna « lacet, filet ». /TARAYÉR(E)/ « (ap)porter, amener » < latin trăhĕre, dans A30 /TARÁYE/ « porte ». D’où aussi /TARAYTÓR/, littéralement « goupillon, brosse », nom alternatif de la centaurée, q.v. sous /BAZÍNO/. /TÁRTAK(O)/ « épurge (Euphorbia lathyris) », peut-être une métonymie du bas latin tartareus « infernal » (cf. le synonyme castillan higuera del infierno = tártago), avec suffixation attributive romane, s’il ne s’agit pas d’une évolution phonétique du latin lāthr(is),-ĭdis,256 BCT 1049, 1153, 1411, 1723, 2256 et 5126. /TÁRTAR/ « tartre » < bas latin tartarum, BCT 1411, 2256 et 5126. /TÁWČ/ « sparte, alfa (Stipia tenacissima) » < latin hispanique taucia, d’origine préromane, BCT 1940 et 2281 ; cf. le castillan atocha, à travers l’arabe andalou et avec agglutination de l’article arabe. D’où aussi le diminutif /TOČÉLLO/A/ « espèce d’armoise (Artemisia herba alba) ». /TAWTANÉL/ « sorte de rhume » < latin tābĭtūdo, -ĭnis « consomption », avec suffixation diminutive romane, chez Ibn Wāfid, selon SG 537.257 /TÁḪŠ/ « if (Taxus baccata) » < latin taxus, BCT 1782, 2248 2331, 2677, 3051 et 4888. /TE/ « te, toi » < latin te, tibi, dans A25 et 40, H 16 et 25. /TÉDA/ : voir /(EN)TÉDA/. /TÉDYO/ : voir *>TÓLLER(E)ṭarṭar< de BCT 2256 ne serait qu’une confusion avec /TÁRTAR/, aussi bien que >ṭarṭaq< dans BCT 2525 est au lieu de /TÁRTAK(O)/. 257 Avec une étymologie improbable, < bas latin tutanus « moelle des os », qu’on retrouve néanmoins dans l’édition d’Ibn Wāfid 2006 : 42, note 15.
*/TIRÁR(E)/ | 121
>TENNÍTA< « absinthe », littéralement « teinte », BCT 572, 2294 et 4692, participe régulier du verbe roman dérivé du latin tingĕre, cf. le castillan teñida. /TÉRRA/ : voir /KAPOT(Y)ÉRRA/. /TERÉBOLO/ « trèfle (Trifolium pratense) » < latin trĭfŏlĭum, BCT 1989, 2288 et 3128.258 /TERÉDNO/ : voir /LÉYTE/. /TERÉMOLA/ « brize (Briza maxima) », < latin trĕmŭla « tremblante », BCT 2354. /TERÉŚ ÁYREŚ/ « nom de lieu dans le district de Tortosa », littéralement « trois airs », BCT 3022, < latin trēs et āĕr, -is. On en retrouve le premier constituant dans /– PÉDEŚ/ « espèce de chicorée », BCT 4569 ; voir /PÉDE/. /TERMÉŚ/ « variété de blé » < latin trĭmensis « qui pousse en trois mois », BCT 1655, 2302, 2303 et 4634. /TÉRNA/ ou /TIRÍNA/ « pensée (Viola tricolor hortensis) » < latin terna et trīna respectivement, féminins du distributif et multiplicatif de trois, synonymes dans cet acception, BCT 2320, 2690, 3987 et 4224. /TERPÉČ/ « espèce de jonc », métonymie de l’arabe andalou /ṭirpíč/ « candélabre », < bas latin tripedium < latin trĭpēs, -pĕdis « trépied ».259 /TEW/ « ton, tien » < latin tŭus, H12, et féminin /TA/, H25 et IQ 86/9/3. /TEYÁTO/ : voir /ÚBA/. /TEYMÁT/K/ « espèce de chardon (Carduus pycnocephalus) », peut-être un dérivé à suffixation participiale ou moins souvent péjorative du latin tĕgĭmen « cuirasse », à cause de ses épines, BCT 1125, 1156, 1593, 1594, 1631, 4273, 4852, 4911 et 4991.260 /TI/ « toi » < latin te, dans A1 et H25 /A(D) –/ « à toi ». /TINTÓRYA/ « anil (Indigofera tinctoria) » < latin tinctōrĭa « tinctoriale », probablement un cultisme des botanistes, BCT 3094 et 3131. >TÍNY/NA< « cuscute (Cuscuta epithymum) » < latin tĭnĕa, BCT 557, 2321, 2522 et 4173, aussi dans le syntagme >YÉRBA DE TÍNNA< « euphorbe monnoyer (Euphorbia chamaesyce) », BCT 5087. */TIRÁR(E)/ « tirer ; perdre », mot néolatin à étymologie très problématique,261 dans A15 /TIRÉY/ « j’ai perdu » (passage douteux).
|| 258 La correction >ṭirifuluh< suggérée par l’auteur ne serait qu’une réflexion étymologique basée sur le bien connu mot grec, et ne prouve pas cette prononciation dans certains dialectes du roman andalou. 259 Voir Corriente 2008a : 215, note 321, à propos de l’évolution phonétique de ce mot. 260 Une métonymie basée sur le berbère timǝṭ « nombril », suggérée par Tilmatine & Bustamante 2000–2001 : 444 est aussi possible, mais l’auteur mentionne un autre mot pour le berbère, >tāskrātay< la plupart des fois, et le remplacement occasionnel d’un suffixe roman par un autre est un trait fréquent du faisceau dialectal roman andalou. 261 Comme le prouve le fait que Corominas hésite dans un article de plus de sept colonnes entre une origine germanique et le parthe tīr « flèche ».
122 | /TIRÍDKO/
/TIRÍDKO/ « blé (Triticum vulgare) » < latin trītĭcum, BCT 1655 et 2313, aussi avec suffixation adjectivale romane dans /TIRIDKÁYRA/ « espèce de sison (Liguisticum lucidum) », BCT 1376, 1936, 2314 et 2356, et dans le syntagme /–MONTÓZA/ « espèce d’ivraie (Lolium rigidum) », BCT 1936 ; voir /FÍKO/ et /zanbúqa/. /TÍYA/ « tante ; proche », féminin du bas latin t/h/īus < grec θεῖος ou directement de θεία, H12. /TOČÉLLO/A/ : voir /TÁWČ/. /TÓKCIKO/ « aconit (Aconitum ferox) » < latin toxĭcum < grec τοξικόν « poison des flèches », cultisme des botanistes, BCT 2315, 2339 et 2351. *>TOLLÉR(E)< « soulever, tirer » < latin tollĕre, dans A40 >NON T+EM TÓLYA< « ne me quitte pas », H16 /NON TE TOLGAŚ/ et IQ 75/9/4 >NON TE TÓLYA< « ne t’en va pas », et dans le syntagme >TÓLLE(D) TÉDYO< « basilic sauvage (Calamintha acinos) », < latin tollet tædĭum « il dégoute », à cause de son odeur, BCT 2310. >TÓLLO< et >TUWÉLLO< « berse (branc-ursine) (Heracleum spondylium) », probablement abrégé d’un syntagme dont le deuxième constituant était le latin tullĭus « cascade » ou le celte tullus « trou », puisque cette plante pousse dans les marais, cf. le castillan tollo de même sens, BCT 2361, 2528 et 4411. >TOM(IY)ÉLLO< « thym » < latin thmum/s < grec θύμος, avec suffixation diminutive romane, BCT 2283, 3203 et 4256. /TOMENTÉL/ = >TOMENT(IY)ÉLLO< « tormentille (Potentilla tormentilla) » < latin tōmentum « tout ce qui sert à rembourrer », avec suffixation diminutive romane, BCT 2299, 3316 et 3819. /TÓNKA/ : voir */RRONPÉR(E)/. /TÓRA/ « aconit ((Aconitum ferox) » < bas latin thora < grec φθορά « ruine » ; voir /ÁNTOLA/ et /YÉRBATÓRA/. /TÓRBA LÓPA/ « molène (Verbascum species), syntagme roman dérivé du latin turbat lŭpam « il effraie la louve », à cause de sa toxicité, BCT 980, 982,1957, 1958 et 2295. /TORBÉŚKO/ « garou (Daphne laureola) » < bas latin turbiscus, BCT 2287, 3021 et 3022.262 /TORDÁL/ « sorte d’olive », suffixation adjectivale romane du latin turdus « grive », véritable fléau des olives mûres, BCT 2230.263 D’où aussi /TORDÍČ(A)/ « espèce d’oseille », à suffixation romane péjorative, appelée ainsi à cause de sa couleur, BCT 245, 1661, 2087, 2286, 2486 et 4242, et /TORDÓNA/ « espèce de galanga », à suffixation romane augmentative, BCT 1385 et 2259 ; voir aussi /KAPÉC/ et /PÉDE/.
|| 262 Peut-être appelé ainsi à cause de ses feuilles âpres (latin turbĭdus), selon l’auteur. 263 Où il faut corriger dans le manuscrit >ṭurluYÉRBA DE RONNÓNEŚḥašīšatu+ l+kamɁah< « herbe des champignons ». /TÚBRAŚ/ : voir /TÚRBAŚ/ /TUMÓN/ « timon d’une charrue » < latin tēmo, -ōnis, chez Ibn Al-ʕAwwām, selon SG 584. /TÚR/ : voir /BONTÓRKA/, /ŚENTEŚTÚRA/ et /YERBATÓRA/. /TÚRBAŚ/ ou /TÚBRAŚ/ « truffes (Tuber Micheli) », avec métathèse optionnelle du latin tūbĕr « truffe », BCT 2269 et 2580. /turrah+ÁYRA/ « bagatelle », suffixation instrumentale romane attachée à l’arabe /turrahah/ de même sens, A33.264 || 264 L’arabe andalou /turráha/ aurait été assez fréquent, puisqu’il est enregistré par VA, devenu le nom d’une sorte de champignon selon BCT 1130, et témoigné par le dialecte andalou du castillan
124 | >TUWÉLLO
TUWÉLLO< : voir >TÓLLOUBYÉLLA DE TE(L)YÁTOUBÉLLAŚ< « bryone blanche (Bryonia alba) », attribué à la Marque Supérieure, BCT 217. /ÚBRE/ « pis » < latin ūbĕr, aussi dans le dérivé /UBÉYRA/, avec chute haplologique du premier /r/, peut-être « espèce de centaurée (Centaurea collina) », tous deux dans BCT 2358. /UBRÚFOL(EŚ)/ « buffles » < latin būbălus < grec βούβαλος, dans Ibn Buklāriš, selon SG 554, cf. le catalan brúfol. /UN/ « un (article indéfini) » < latin ūnus, A21 et IQ 102/5/1, d’où aussi /ÚNO/ « quelqu’un », IQ 13/14/1, et l’adverbe /EN ÚNO/ « ensemble », H24, et son féminin /ÚNA/, IQ 82/10/1. */UNÍR(E)/ « joindre » < latin ūnīre, voir *>AYUNNÉRUNYA< « ongle » < latin ungŭla, dans les syntagmes >– DE GÁTO– DE KABÁLLO– DE LÓPO< « croton (Croton tiglium) », correction nécessaire des graphies des manuscrits >and/ḏāl lbhWÉLYO< « œil » < latin ŏcŭlus, dans le pluriel >WELYOŚWÉLYO NÉGER< « espèce d’ortie (Urtica urens) », littéralement « œil noir ». BCT 1621 et 4988 ; voir *>APRÍR(E)BOBÓLYO< et */NÉGRO/. /WÉRC/YO/ « orge (Hordeum vulgare) » < latin hordĕum, avec deux résultats différents du group /dy/, reflétant les divergences dialectales du roman andalou,265 BCT 1655.
|| dans esturrufar « défaire » ; voir Corriente 2008b : 290, ainsi que Corriente, Pereira & Vicente 2017 : 216. 265 Voir Griffin 1961 : 69 à propos de cette évolution phonétique.
/YÉRBA/ | 125
/WERKÁT/ « variété d’olive », probablement < latin orchăs, -ădis < grec ὀρχάς, BCT 2230. /WERTÁNO/ et /WERTÁYRA/ : voir /RRÚTA/, /ORÉGANO/ et /YÓNČA/. /WÉŚŚOŚ/ : voir >AFRÁNN/YEWÉLYOYENEŚTÉLLA< « queue de cheval (Equisetum arvense) », BCT 438, 559 2115, 4818 et 5109 ; voir /PÓRKO/. /YÉNDRO/ « aneth sauvage (Meum athamanticum) », résultat d’un diminutif roman du latin ănēthum < grec ἄνηθον, cf. le portugais endro, BCT 3038. /YÉRBA/ « herbe » < latin herba, dans les syntagmes : /– AŚPLÉNI/ « asplénie, doradille (Asplenium) », attributif arabe du latin asplēnŏs < grec ἄσπληνος, BCT 2362, 3092 et 5069 ; /– AWNÉLLA/O/ « espèce de poireau », littéralement « herbe de l’agneau ou de l’agnelle », BCT 985, 1946, 4899 et 5079, < latin agnella et agnellus ; /– AWRÁTA/ « pourpier (Portulaca oleracea sativa) », voir /MÁLBA(Ś)/ ; /– BÉTERA/ « absinthe (Artemisia absinthium) », BCT 5060, < latin vĕtus, -ĕris « vieux », voir >ENPRÉNYA BÉLYAŚ< ; /–DE FÉL/ « petite centaurée (Erythreaea centaurium) », littéralement « herbe de fiel », BCT 4231 et 5103, < latin fĕl, -ellis ; /– DE FÓKO/ « espèce d’euphorbe, lierre, dentelaire, etc. », littéralement « herbe de feu », BCT 2089, 2745, 4899, 5086 et 5126, < latin fŏcus « foyer » ; /– DE LÚNA/ « espèce d’anil », BCT 5023, littéralement « herbe de lune », < latin lūna ; /–DE MÚLA/ « luzerne (Medicago sativa)», BCT 5072, littéralement « herbe de mule », < latin mūla ; >– DE RONNÓNEŚ< « consoude (Symphytum officinale) », BCT 4909 et 5074, littéralement « herbe des rognons », < latin rēnes, avec suffixation augmentative romane ; /– DÓLČE/ « réglisse (Glycyrrhiza glabra) », BCT 3470 et 5070, littéralement « herbe douce », < latin dulcis ;266 >– GALLÉŚKA< « doronic (Doronicum cordatum) », BCT 1944 et 5063, voir /RRÁBANO/ ; /– MÁWRA/ « chardon roulant », voir /MAWRÉNO/ ; /–MÚREKA/ || 266 Dont une espèce était appelée /– ÉBRO/, attribuée au nom du fleuve Èbre ; voir Corriente 2008a : 224.
126 | /YÉRBATO/
« cerfeuil musqué (Myrrhis odorata) », BCT 5113, < latin myrrha < grec μύρρα « myrrhe », avec suffixation adjectivale romane ; >– POD(OL)LÁYRA / PODOLYÁR< « herbe aux poux (Delphinium staphisagria) », BCT 1382, 1448 et 5066, < latin pēdŭcŭlārĭa, à suffixation adjectivale romane ; /– PÓTRA / POTRÁYRA/ « espèce de luzerne ou trèfle » BCT 2485 et 5073, < bas latin *pullitru, avec omission de la préposition de génitif dans le premier cas, et avec suffixation adjectivale romane dans le deuxième ; /– PÓNTA/ « grémil des champs (Lithospermum arvense) », < latin puncta « estocade », BCT 5080, car on traitait avec elle les douleurs aigües des côtés ; /(–) PÚT/DDA/ « trèfle fétide, fenouil sauvage, absinthe », BCT 4256 et 5114, < latin pūtida « fétide », également avec le préfixe itératif {RRE+} dans /–RROPÚDDA/ « espèce de tournesol » ;267 /–KAKKÓŚA/ « mercuriale (Mercurialis annua) », suffixation adjectivale romane du latin căco « aller à la selle », BCT 773, 1532, 2697, 5061 et 5062, car elle est très laxative ; /– KÁRDENA/ « espèce d’anil sauvage », BCT 4584, < bas latin cardinus « bleuâtre », compris par l’auteur comme « noire » ;268 /– KERÉŚPA/ « pouliot de montagne (Teucrium polium) », < latin crispus « crépu, frisé », BCT 1382 et 5065 ; /– KOLO(N)ČONÁYRA/ « mille-pertuis (Hypericum) », BCT 4976 et 5078, suffixation augmentative et adjectivale romane du latin cŏr, -dis « cœur », témoignée aussi par /KORAČÓN/ dans A12 et 41 et H5 et 9 ; /– ŚÁNA/ « branche ursine (Acanthus mollis ou spinosus) », < latin sānus « sain », BCT 86, 934, 1901, 2102, 2972, 4891 et 5117 ; /– ŚOLDÁYRA/ ou /ŚUWÉDA/ « consoude (Symphytum officinale) » < latin consŏlida, chez Ibn Buklāriš, selon SG 605 et BCT 974 et 4641 ; et /– TORTOLÁYRA/ « tournesol (Chrozophora tinctoria) », BCT 5075, suffixation adjectivale romane du latin turtŭr, –ŭris « tourterelle » ; voir /BÉNKA/, /BOPUČÍNA/, /ÉBRO/, >MOŚKÉNNOTÍNYA< et /YÉRBOLA/. D’où aussi les syntagmes /YÉRBOLA ḥulwah/ « bétoine (Stachys betonica) », diminutif roman hybridé avec le mot arabe signifiant « douce », et /YERBÁTO/ = /YERBATÓR(A)/ « saponaire (Saponaria officinalis) », résultat du latin herba tūs ou tūris, littéralement « herbe d’encens », BCT 1661, 3195, 3576, 4749 et 5088. /YÉRBATO/ « arbousier (Arbutus unedo) » < latin arbŭtus, contaminé par /YÉRBA/, q.v., BCT 1374 et 5083, aussi dans le pluriel /YÉRBOTOŚ/, chez Ibn Ǧulǧul, selon SG 610. /YERBATÓR(A)/ : voir /YÉRBA/. /YÉRBOLA/ « hellébore (Helleborus albus ou fœtidus) », BCT 2506, < latin hellĕbŏrus, phonétiquement contaminé par /YERBÓLA/, q.v., sous /YÉRBA/.
|| 267 Témoigné aussi par /wádi (RRO)PÚDDO/, nom d’un ruisseau de l’Aljarafe de Séville, également avec harmonisation vocalique dans la première syllabe, aujourd’hui corrompu comme Repudio, étymologie populaire d’un mot qui n’était plus compris ; voir Corriente 2008a : 224. 268 Voir aussi >KARDEN(Y)ÉLLAYERMANÉLLAŚ< « petites sœurs », suffixation diminutive romane du résultat du latin germāna (sŏrŏr) « vraie sœur », H4. /YILÁKA/ : voir /ARČILÁKA/. /YIRÁNTE/ « cardon roulant (Eryngium campestre) », BCT 3817, < latin gȳrans, -tis « tournant », également dans la suffixation diminutive romane >YIRANTÉLLAYÚLYO< « juillet » < latin jūlĭus, selon SG 618. >YÚNNE< : voir >AYÚNNEYÚNYO< « juin » < latin jūnĭus, selon SG 618. >zaʕfaran+ÉLLO< « grémil des champs (Lithospermum arvense) », BCT 804, 2337 et 3231, hybridation du nom arabe du safran avec le suffixe diminutif roman, traduisant le diminutif arabe /zuʕayfirāʔ/, son synonyme. /zanbaq+ÁYRA/ « iris (Iris) », hybridation du nom arabe de cette fleur avec le suffixe instrumental roman, BCT 987, 988 et 2195. /zanbúqa MONTÓZA/ « épine-vinette (Berberis vulgaris) », BCT 541, syntagme composé de la forme hypocoristique andalouse de l’arabe /zanbaq/ « jasmin », avec un adjectif roman, q.v. sous /FÍG/KO(Ś) ; voir /EŚKÍNO/ et /TIRIDKÁYRA/.
|| 269 Les variantes >yunkah< et >yunqà< de ce mot dans BCT 5081 semblent être le résultat d’une confusion avec le nom roman du jonc.
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