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French Pages [312] Year 1988
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Madeleine CASTELLANI
Du Conte populaire à l’exemplum
LA MANEKINE DE PHILIPPE DE BEAUMANOIR
THESE DE DOCTORAT DE TROISIEME CYCLE SOUTENUE DEVANT L'UNIVERSITE DE PARIS III n
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Directeur : J. DUFOURNET
CENTRE D’ETUDES MEDIEVALES ET DIALECTALES UNIVERSITE DE LILLE III
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LA MANEKINE DE PHILIPPE DE BEAUMANOIR
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Directeur : J. DUFOURNET
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© CENTRE D'ETUDES MEDIEVALES ET DIALECTALES
AVANT -PROPOS
La Manekine, qui a été traditionnellement attribuée au jurisconsulte Philippe de Beaumanoir, a été éditée à la fin du siècle dernier par Hermann Suchier. Elle a été récemment mise à la disposition d’un public plus large grâce à la traduction qu’en a donné madame Marchello-Nizia, en 1981, aux éditions Stock- Plus. Cette oeuvre, aujourd’hui assez oubliée, était fort connue au Moyen Age. Bien qu’il s’agisse, selon son auteur, d’un premier roman encore plein
d’imperfections, elle a été assez célèbre pour donner lieu à une mise en prose effectuée par un certain Jean Wauquelin, "transcripteur et écrivain de livres" à la cour du duc de Bourgogne Philippe le Bon, et pour devenir, au théâtre, l’un des Miracles de Notre Dame. Il est vrai que le sujet n’en avait pas été inventé par Beaumanoir. Il s’agit en effet d’une histoire fort connue au Moyen Age, mais dont lon trouve aujourd’hui encore des versions orales en Europe et au Canada. A l'origine de notre roman, on suppose qu’il a dû se trouver l’une ou lautre des multiples versions orales du conte de la fille aux mains coupées dont les folkloristes, en particulier Thompson, et, en France Paul Delarue et Marie-
Louise Ténèze, ont donné une typologie dans leurs ouvrages. I conviendra donc tout d’abord d’étudier La Manekine en rapport avec cette typologie, afin de déterminer les motifs qu’elle emprunte au conte-type et ceux qu’elle modifie ou qu’elle ajoute. D’autre part, notre roman ne constitue que l’une des nombreuses versions écrites de ce conte avec lesquelles il conviendra donc aussi de la comparer. Cependant, ce conte est aussi un roman, et comme tel, il s’inscrit dans
une civilisation particulière, et il transcrit aussi les préoccupations de son auteur, et peut-être de ce treizième siècle où il a été composé. Nous nous
attacherons donc ensuite à travers les grandes étapes géographiques du roman, Hongrie, Ecosse et Rome, à étudier comment Beaumanoir conçoit
les rapports du souverain avec ses vassaux, la morale courtoise et l'attitude. religieuse de ses contemporains mais plus généralement de tout chrétien. Ainsi ce roman nous apparaîtra rédigé sous la double influence du folklore et de la foi.
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INTRODUCTION
Chapitre Premier
LE RECIT L'histoire de La Manekine débute en Hongrie. Un roi et une reine ” n’ont qu’une fille. Lorsque la reine meurt, le roi lui promet de se remarier pour assurer au trône un héritier. Mais il ne doit le faire qu’avec une femme aussi belle que la défunte ; or, on sait déjà que sa pareille ne peut être trouvée. Alors que la fille du roi, Joïe, a seize ans, les barons du royaume, craignant que celui-ci ne tombe en quenouille, engagent leur souverain à se remarier. Pour rester fidèle à sa promesse, le roi fait rechercher par douze messagers une femme aussi belle que la défunte, mais en vain (wv. 49-279). Au cours d’un repas, l’un des barons remarque la beauté de Joie et sa ressemblance avec la reine morte. En accord avec les autres conseillers, il incite le roi à épouser sa fille. D’abord horrifié, celui-ci demande un délai
jusqu’à la Chandeleur ; mais, lors d’une entrevue avec sa fille, il en tombe amoureux. Joïe repousse l’idée du mariage. Le jour de la Chandeleur, elle se coupe la main gauche, pensant qu’ainsi mutilée, elle ne pourra être reine. En proie à une folie meurtrière, son père la condamne à être brûlée vive. Le sénéchal du royaume, pris de pitié, épargne Joïe. Il la met dans une barque sans voile ni gouvernail, l’abandonnant à la volonté divine. Après avoir éloigné les curieux, il fait brûler à sa place un faisceau de branches épineuses. Ainsi s’achève la première partie du roman (vv. 280-1068). Après neuf jours de navigation, Joïe parvient en Ecosse et accoste à Berwick. Elle y est recueillie par un prévôt qui la conduit à la cour du roi, à Dundee. Comme elle refuse de révéler son identité et son origine, le roi décide de l’appeler la Manekine. Il en devient bientôt amoureux et l'épouse malgré l’opposition de sa mère. Après les fêtes du couronnement, celle-ci se retire dans son château d’Evoluic (vv. 1069-2456). Alors que sa femme attend un enfant, le roi part pour Ressons, en Beauvaisis, afin de participer à un tournoi. Il confie la Manekine et l’enfant qui va naître à la garde de son sénéchal. En compagnie du comte de Flandre, il se distingue particulièrement dans les deux tournois auxquels il participe et en remporte le prix (vv. 2457-2934). Pendant ce temps, la Manekine donne naissance à un fils que l’on appelle Jehan. Le sénéchal annonce la nouvelle au roi, mais le messager, au cours du voyage, s'arrête à Evoluic . La reine-mère substitue à la lettre une missive mensongère , 1l y est dit que la Manekine a donné naissance à un
8 monstre. Malgré son chagrin à cette nouvelle, le roi ordonne de garder sains et saufs la mère et l’enfant, jusqu’à son retour. Mais sa lettre est à nouveau interceptée par la reine-mère qui ordonne de brûler la Manekine et son fils (wv. 2935-3530). Le sénéchal pris entre son devoir d’obéissance et son affection pour la jeune reine, trouvant, de plus, cette condamnation inexplicable, décide de *_ recourir à un stratagème : il fait brûler deux effigies et abandonne les deux victimes sur le même bateau qui avait amené la Manekine. À son retour, le roi comprend, d’après le récit du messager, le méfait de sa mère. Il la fait enfermer dans une tour sans issues. Puis il décide de partir à la recherche de sa femme et de son fils, avec onze compagnons dont le sénéchal. Ainsi se termine la deuxième partie (wv. 3531-4588). En douze jours de navigation, la Manekine arrive à Rome où elle est d’abord accueillie par des pêcheurs puis hébergée chez un sénateur. Elle y reste sept ans, menant une vie austère et pleine de piété et exerçant la fonction de portière (vv. 4589-5398). Le roi d’Ecosse, après sept ans d’une quête infructueuse, adresse une prière de supplication à la Vierge. Cette oraison a un effet immédiat : le bateau est poussé vers Rome où le roi est, à son tour , logé chez le sénateur. Mais sa femme, apprenant la nouvelle, refuse de participer au repas. Elle explique au sénateur que le roi lui a autrefois fait du mal. Son fils cependant, ayant pris au doigt de sa mère l’anneau du mariage, joue devant le roi et le laisse tomber. Le roi reconnaît l’objet et interroge le sénateur. Il lui raconte son histoire ; convaincu que son hôte n’est pour rien dans les malheurs arrivés à la Manekine, le sénateur appelle celle-ci ; le roi et la
reine d’Ecosse se retrouvent (vv.5399-6596). Le sénateur leur recommande de remercier Dieu et de participer aux cérémonies de la Semaine Sainte. Le Jeudi Saint, sur la place saint Pierre, en présence du pape Urbain, tous assistent à la confession publique du roi de Hongrie, venu en pèlerinage. Sa fille se fait alors reconnaître de lui et lui pardonne (wv. 6597-7396). Des serviteurs du pape vont puiser de l’eau pour les baptêmes ; ils trouvent dans le bassin une main qui, malgré leurs efforts, persiste à revenir dans leur seau. Ils rapportent l’événement au pape ; celui-ci, comprenant que Dieu va accomplir un miracle en faveur de Joïe, commande
d’aller
chercher la main, qui se ressoude sans difficulté au poignet de l’héroïne. Une voix céleste se fait entendre ; elle raconte comment la main est venue
de Hongrie à Rome dans le ventre d’un esturgeon. A l’intérieur du poisson,
on trouve
une sorte de reliquaire qui avait contenu
la main. Toute
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l'assemblée participe aux cérémonies du Vendredi Saint et de Pâques, dans la joie générale (vv. 7397-7844). Le roman ne se termine pas avec ce miracle. Le lendemain de Pâques, les deux rois, Joïe et les deux sénéchaux quittent Rome pour la Hongrie. Le père de Joïe transmet la souveraineté à son gendre. Un messager venu d'Arménie,
dont
était originaire
la reine
morte,
les invite
à recevoir
lhommage des barons de ce pays. Avant le départ, Joïe marie les deux sénéchaux aux filles du sénateur, à qui l’on envoie de nombreux présents et
de l’argent (vv. 7845-8120). Au bout d’un an, les voyageurs repartent pour l’Ecosse. Il y sont
accueillis triomphalement dans les manifestations de joie populaire. Le pays tout entier vient rendre hommage à son roi et l’histoire s’achève dans la liesse (vv. 8121-8528).
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Annexe I
LA MANEKINE DRAMATISEE Suchier étudie partiellement la dramatisation de notre texte. Il s’agit de l’un des quarante Miracles de Nostre Dame par personnages. Selon notre éditeur, ces textes, connus par un manuscrit unique du début du quinzième siècle, ont probablement été composés entre 1345 et 1380. Suchier note qu’il reprend là une hypothèse émise par Magnin en 1847, dans le Journal
des savants.! Le texte que nous étudierons ici est celui édité en 1880 par G. Paris et U. Robert, XXIXème Miracle, tome V du recueil des Miracles de
Nostre Dame par personnages, page 1 et suivantes. A. L’incipit du texte nous présente le contenu du miracle : "Cy commence un miracle de Nostre Dame, conment la fille du roy de Hongrie se copa la main pour ce que son pere la vouloit espouser, et un esturgeon la garda sept ans en sa mulete.'
Ce résumé privilégie l’inceste et surtout la miracle. Il souligne la conservation extraordinaire l’hagiographie. Enfin il met l’accent sur un trait poisson. La "mulete" est empruntée au vers 7601 de ne réapparaîtra pas dans le miracle.
mutilation, cause du de la main, trait de exotique, le nom du La Manekine mais elle
B. La liste des personnages peut être séparée en trois groupes d’après le moment de leur entrée en scène. On remarquera qu’ils sont beaucoup plus nombreux que dans le roman: 1. En Hongrie, le roi et la "fille Royne” sont entourés de quatre personnages qui représentent la cour : un comte, deux chevaliers et un personnage nommé Remon. Les trois premiers forment le conseil royal, le quatrième sert d’ambassadeur. Il sera envoyé par les chevaliers à la cour pontificale. Deux sergents et un bourreau complètent cet ensemble. Enfin,
1 Journal des savants, 1847, p. 50. Voir Suchier, /ntroduction, p. LXXXV.
2 Edition Paris et Robert, XXIXème Miracle, tome V, page L Ms p. 84 a. Suchier note que deux autres Miracies rappellent le nôtre : celui du roi Thierry (Miracle XXXIT) et celui "de la fille d’un roy qui se parti d’avec son pere pour ce qu’il la vouloit espouser." (Miracle XXXVTT).
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au milieu de l’épisode, apparaissent le pape et deux cardinaux que Remon va consulter à Rome et que l’on retrouvera à la fin de la pièce. 2. En Ecosse, comme dans le récit de Beaumanoir, le prévôt est le premier personnage à apparaître. La cour du roi et de sa mère est constituée par cinq personnages : deux chevaliers comme en Hongrie, deux demoiselles et l’écuyer du roi, Lambert. Un héraut sera chargé d'annoncer la nouvelle du tournoi. Autour de la reine mère retirée dans son domaine un homme de confiance nommé Godefroy et son secrétaire. Le "miracle" ne pouvait se concevoir sans l'intervention de Dieu, représenté entouré de sa mère et de deux anges dont lun est saint Gabriel et l’autre saint Michel. 3. A Rome, le sénateur est accompagné de sa femme. Interviennent aussi dans le drame, l’enfant, fils de la Manekine, et autour du pape, le clerc, Colin, et un chapelain qui entonnera à la fin de la pièce le chant de gloire à Dieu. réduites On voit que les scènes de groupe se trouvent systématiquement à deux personnages, qui constituent une Cour autour d’un personnage plus important : deux chevaliers en Hongrie et en Ecosse, deux cardinaux formant le conseil pontifical, deux demoiselles autour de la reine d’Ecosse et même deux anges. On notera que n’apparaît pas le titre de sénéchal employé par Beaumanoir pour caractériser les hommes de confiance des rois en Hongrie comme en Ecosse. L'auteur de la pièce, n’a pas retenu la relation entre père et fille qui existait pour chaque partie du roman : le prévôt d’Ecosse n’a pas de fille, non plus que le sénateur. Ce dernier cependant est marié, ce que l’on trouve dans d’autres versions de nos contes, mais assez rarement : c’est le cas de Roboal et Benigna dans Mai und Beaflor. Ont été supprimés aussi les pêcheurs de Rome. Au contraire, comme la femme du sénateur, d’autres personnages nouveaux apparaissent : en Hongrie, l’écuyer Remon, chargé de l'ambassade au pape - et les cardinaux qui entourent celui-ci à Rome - ainsi que
le bourreau,
qui se montre
très violent.
En
Ecosse,
Beaumanoir
signalait le secrétaire de la reine qui rédige les lettres falsifiées, mais le théâtre ajoute un confident et conseiller nommé Godefroy. Toutes les utilités" reçoivent un nom : le messager s’appelle Lambert et l’on sait qu’il s’agit de l’écuyer du roi. Celui-ci a auprès de lui un héraut nommé Godeman qui n’existait pas dans le roman. A Rome, le clerc chargé ne puiser l’eau baptismale se nomme Colin.
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Enfin, tous les personnages célestes sont bien entendu une création du miracle. C. Dans le déroulement du récit, des scènes ont été créées ou développées : à
Rome l’ambassade de Remon permet une réunion du conseil pontifical. C’est une création de la pièce, mais on le sait, cette ambassade,
si elle
n'existe pas chez Beaumanoir, est présentée par plusieurs des autres versions de notre conte. Mais l'essentiel des scènes créées ou sur lesquelles le dramaturge
s’attarde, va dans deux directions
: scènes
miraculeuses,
scènes réalistes. 1. Toutes les scènes qui se déroulent au ciel sont caractéristiques des Miracles Nostre Dame. Elles mettent en scène Dieu et la Vierge, accompagnés de deux anges. 2. En Ecosse, la scène de l’accouchement est très développée. C’est là un motif que l’on retrouve également dans les jeux liturgiques avec les
femmes qui aident Marie lors de la Nativité. Dans la même volonté de réalisme, on notera les scènes de beuverie, elles aussi fréquentes dans le
théâtre médiéval ainsi dans Courtois d’Arras ou dans le Jeu de la Feuillée. Ici ce n’est pas une "scène de taverne” mais l’écuyer Lambert, tout en ayant par son ivrognerie un rôle dramatique, constitue l’un des éléments comiques de la pièce. Au contraire de grandes parties du roman se trouvent supprimées: 1. Le tournoi, pour des raisons évidentes car sa STE est extrêmement difficile. 2. La fin du roman: la pièce s'achève normalement par l’éclat du miracle. Le chapelain entonne une hymne à la gloire de Dieu que les assistants reprennent en choeur. Ainsi sont esquivées les relations entre le roi de Hongrie et son gendre ainsi que le retour des personnages dans leurs pays d’origine. D. Décors et répartitions des scènes À) en Hongrie et à Rome La première partie de la pièce se déroule entre deux lieux : la cour du roi et celle du pape. 1. Scène réunissant le comte, le roi et le premier chevalier. Le roi refuse de se remarier et rappelle la promesse faite autrefois à sa femme. 2. Scène réunissant le comte et les deux chevaliers. Le deuxième chevalier rappelle qu’il a fait en vain rechercher une nouvelle femme pour le roi ; un certain temps s’est donc écoulé depuis la première scène:
266 "Longue saison a k passé Et n’ont fait rien.
Ce même chevalier propose alors comme épouse la fille du roi - il joue donc le rôle du baron de l’écuelle dans notre roman - et le comte décide qu’il transmettra la proposition au roi. Il s’agit par conséquent de la mise en scène du deuxième conseil. Dans le texte de Beaumanoir, le premier chevalier, tout en souscrivant finalement à la décision se montre plus hésitant. Au second chevalier qui déclare : "Qui lui conseilleroit a prendre En feroit il ore a reprendre Trop malement ?
Il répond certainement non ” mais que Diex ne s’en courouçast”. La décision des trois hommes s’explique comme dans le roman par des causes féodales. Ils invoquent au vers 65 le “srant meschief” que leur causerait le manque d’héritier mâle. 3. Les trois conseillers vont parier au roi Celui-ci accepte sans grande hésitation, à condition que l’Église y consente. La pièce est ici très différente du roman où la décision est imposée au roi qui peut seulement demander un délai. L'ambassade au pape à laquelle les barons de Hongrie suggéraient de recourir, est ici demandée par le roi et a effectivement lieu. Le roi hésite en effet car l’inceste n’est pas une coutume : "Si croy que piéça n’oistes Parler de fille femme a pére ; Et non pourquant mais qu’il n’appére Que du pape en aie l’ottroy A la prendre a femme m’ottroy
Sanz contredit."°
Un homme sage, Remon, est immédiatement proposé par le deuxième chevalier comme ambassadeur. 4. Voyage du messager vers la cour de Rome ; Remon prononce une prière à Dieu et à "madame sainte Avoye" pour la réussite de sa mission (vv.163-173).
3 Miracle XXTX, vv. 58-59. 4 Ibidern, vv. 75-76. 5 Ibidern, vv. 106-197.
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5. Arrivée à Rome et conseil pontifical. L'autorisation est accordée au roi par l’octroi d’une bulle. Auparavant le pape a interrogé ses cardinaux sur la proposition faite par les barons: "Ce peut il faire sans mesprendre Contre la foy ve
Les arguments des cardinaux pour autoriser le mariage sont multiples ; tout d’abord, le premier insiste sur l’essence extraordinaire de la personnalité royale qui la place au dessus du commun des hommes. Par une formule qui, pour être populaire, n’en est pas moins expressive : “a tel pot tel cuillier."?
il montre que l’on peut accorder à un roi ce que l’on interdirait à d’autres. Le deuxième cardinal se livre à une brève enquête auprès de Remon afin de vérifier si aucune solution n’est possible. Remon souligne que l'absence d’héritier mâle provoquerait la ruine du pays et cet argument politique - assorti du rappel de la promesse faite à la reine - emporte la décision. Le roi doit faire son devoir, c’est-à-dire assurer sa lignée.
Aux arguments féodaux que l’on trouvait chez Beaumanoir, s’ajoute ici une affirmation nette : la nature supérieure de la personne royale qui la met au dessus des lois édictées pour tous. 6. Nouvelle scène de transition : retour du messager (wv. 254-263). ‘7. Scène réunissant le messager, les chevaliers, le comte et le roi: ceux-ci prennent connaissance de l’autorisation pontificale. Ici intervient le premier intermède comique du Miracle. Comme le texte de la bulle est en latin, le
comte qui ne connaît pas cette langue, ne peut immédiatement en lire le contenu. 8. Arrivée de la jeune fille. Celle-ci apparaît pour la première fois dans la pièce ; elle n’est pas nommée. Aucune scène ne nous a présenté auparavant ses relations avec son père. Aussi la proposition de ce dernier apparaît-elle dans toute sa brutalité. De même que les discussions politiques et théologiques de la cour pontificale avaient remplacé les monologues du roi, passages à la fois dramatiques et psychologiques de notre roman, de même : ici le caractère du roi manque de subtilité. Le refus de la jeune fille est immédiat ; elle étend même l'inceste au cas où il aurait été non son père mais son beau-père. Le roi se met 6 Ibidern, vv. 196-197. 7 Ibidem, vers 203.
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immédiatement en colère et tout en l'appelant "belle amie" (v. 304) l’accuse
de folie et veut imposer sa volonté : "Foles estes de refuser
Chose que vueille."
Les arguments de la jeune fille rejoignent en partie ceux de Joie : elle oppose le plaisir qu’il pourra tirer de ce mariage - qui se révèlera limité - à la damnation éternelle qui en résultera. Elle insiste beaucoup plus que Joïe sur le lien physique qui les unira et sur son aspect contre-nature : "Et ouitre, si fault que j’assemble Avec vous, quant serons ensemble, Conment arez char si osée
Que de vous, je soie adesée
Conme il est de conmun usage Es assemblez en mariage ?"
La violence du roi est terrible et il impose le mariage immédiat à sa fille qui ne trouve d’échappatoire que dans un prétexte ; elle quitte la salle en prétendant aller se parer pour la cérémonie. Ainsi dans cette scène se trouvent rassemblés deux moments différents du texte de Beaumanoir : les entrevues successives du roi avec sa fille. L'aspect psychologique de lPévolution du roi est totalement éludé. Nous sommes ici plus proches de Jehan Maillart que de Beaumanoir. 9. et 10. Monologue de l'héroïne. Les scènes suivantes supposent que la jeune fille s’est un peu éloignée du lieu où se trouvent son père et les chevaliers. En effet elle prononce une tirade au cours de laquelle le roi, se plaignant qu’elle ne revienne pas assez vite la fait chercher par le premier chevalier. Le monologue de la jeune fille comprend plusieurs étapes : - étonnement devant la décision prise par son père (wv. 337-340). - prière à la Vierge dont elle souligne la vie sans tache ; on retrouve ici l’idée de la conception immaculée (vv. 341-351). "Vierge qui sans pechié naquiste
Et sans pechié aussi vequistes."}
- décision de se mutiler, dont elle demande à Dieu de tenir compte (wv. 352-365). 8 Ibidern, vv. 306-307. 9 Ibidern, vv. 315-320.
10 Zbidem, vv. 343-344.
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11. Devant le roi Cette scène comprend deux parties : elle commence par une discussion entre le roi et sa fille. Celle-ci lui montrant son bras mutilé, le roi explose avec une grande violence verbale : il la traite de "dépiteuse garce" et annonce qu’elle en mourra "a diffame" (vv. 404-405). I] commande alors qu’elle soit brûlée. Les chevaliers qui entourent le roi tentent de le faire revenir sur sa décision. Le deuxième chevalier semble être le sénéchal auquel le roi vient de donner cet ordre. Voyant qu’il ne peut fléchir le roi, il appelle deux sergents (nommés Guyot et Jourdain). Il commande au premier d’ailer chercher le bourreau - Cochet - après avoir critiqué le second sergent pour la pitié dont il fait preuve envers la jeune fille. 12. L’exécution de l'héroïne. Pour la clarté de ce qui suit, il faut supposer que le roi s'éloigne en compagnie du premier chevalier et du comte mais qu’il reste visible du public. La scène débute par une oraison de la jeune fille qui commence comme une "prière du plus grand péril”. Nous sommes ici proches du texte de Beaumanoir, bien que cette prière ne soit pas prononcée durant la navigation aventureuse. L’héroïne souligne ensuite sa douleur devant lattitude de son père mais confirme sa résolution en refusant à nouveau tout lien charnel avec le roi : "Tresdoulx Diex, encores miex l’aim Avoir perdue et mort sentir Que mon pere me cogneust Ne charnelment a moy jeust."l
Emu de pitié, le deuxième chevalier - le sénéchal chez Beaumanoir - décide
de la sauver. Il ordonne au sergent d’escorter la jeune fille enfin nommée Joïie (v. 559) jusqu’à sa propre maison où elle sera mise en prison. 13. Scènes se déroulant dans deux lieux différents ; celui où se tiennent le roi, le premier chevalier et le comte, celui où se trouve le deuxième chevalier. a) le roi envoie le premier chevalier demander ce que l’on est en train de faire brûler ; le deuxième chevalier ayant répondu qu’il s’agit de la fille du roi, son compagnon se lamente. 3 b) revenu auprès du roi, il refuse de lui dire la vérité ; le roi envoie
alors Remon chercher le sénéchal qui annonce la mort de la jeune fille. Le 11 Jbiderm, vv. 483-486 ; le l’ représente la main que la jeune fille a coupée. On notera l’utilisation de "connaître" au sens biblique.
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roi se lamente et se déclare aussitôt damné. Bien que le comte lui conseille d'oublier, le roi se déclare définitivement dans la tristesse et cherche par
quel moyen il pourra apaiser la colère de Dieu. La différence la plus forte avec Beaumanoir est ici le retournement brutal du roi de Hongrie qui n’interviendra que beaucoup plus tard dans notre texte. La psychologie se trouve à nouveau supprimée au profit de l'effet dramatique.
b) en Ecosse et à Senlis 1 Scène réunissant le prévôt, la reine et le roi d'Écosse : le prévôt annonce l’arrivée d’une jeune inconnue richement vêtue. Ce dernier motif, fréquent dans les autres récits (La Belle Hélène de Constantinople, Constance entre autres) n’apparaissait pas chez Beaumanoir. 2. Arrivée de la jeune fille. Elle dit s'appeler Berthequine ce qui selon Suchier pourrait rappeler le diminutif flamand d’Elisabeth ou encore être un diminutif de Berthe. Cela confirmerait l'influence de l’histoire de Berthe au grand pied, autre héroïne persécutée. La mère du roi montre . immédiatement
une
attitude
hostile,
ce
qui n’était
pas
le cas
chez
Beaumanoir. A nouveau toute évolution psychologique est éludée. Le roi, au contraire, se montre extrêmement aimable avec la jeune fille. 3. Scène réunissant la mère et la jeune héroïne : le roi étant sorti, la haine de la reine-mère se donne libre cours et explose en violentes injures ; elle traite "Berthequine" de musarde et d’avolee coquarde (v. 733 et v. 734) puis de dame esmoingnonnée et sauvage. Elle accuse la jeune fille d’être une inconnue à l’origine douteuse, insiste sur la mutilation ; l’appelant "sauvage", elle en fait un être de nature, étranger à la société des hommes. Puis elle sort.
4. Retour du roi Il trouve la jeune fille en pleurs et ayant appris la violence de sa mère, il lui promet de la faire reine dans moins de huit jours. Sont supprimés les monologues de la jeune héroïne et du roi et bien sûr, le portrait qu’il contenait. De même, on ne voit pas l’amour des héros naître et s'épanouir dans le cadre courtois. L'action est au contraire très resserrée. 5. Le mariage. Il est probable que quelques jours se sont écoulés. Le roi envoie son écuyer chercher l’évêque pour qu’il célèbre le mariage et lui recommande de l’amener, ainsi que la jeune fille, qui sera conduite par deux chevaliers, en "lostel de Chistre" (wv. 809 et 817). Les chevaliers viennent rendre compte de leur mission, et le roi part avec eux. On remarquera que si le mariage est célébré de façon plus solennelle que chez
2
-Beaumanoir, le roi prend soin qu’il se déroule hors du palais et hors de la présence de sa mère. 6. Monologue de la reine-mère: elle se plaint de son fils et décide de partir. 7. Scène réunissant le roi et la reine-mère, les deux chevaliers et Lambert. Alors que l’on s’apprête à célébrer les fêtes réunissant tout le royaume et que les ménétriers sont là, la reine-mère annonce son départ pour un : château qui n’est pas Evoluic, mais Gort (v. 875) pour se reposer quelques jours, dit-elle à son fils ; mais un a parte (vv. 884-887) montre que sa décision de quitter la cour définitivement est prise. 8 et 9. Annonce du tournoi : Un héraut vient annoncer à tous qu’un tournoi se tiendra à Senlis ; la scène suivante réunit le roi et la jeune reine, Lambert, les deux chevaliers et le prévôt. a) le roi décide de partir accompagné par le premier chevalier qui s’occupera de l’équipement. b) on apprend que la jeune femme attend un enfant, ce qui suppose qu’un certain temps s’est écoulé depuis la scène 7. c) le roi confie sa femme au prévôt et à son "maistre d’hostel", sans
doute le deuxième chevalier qui l’accompagnera quelques lieues seulement. 10 et 11. Naissance de l'enfant. a) la jeune reine demande au prévôt et au deuxième chevalier d’aller assister à une messe pour le roi dite en l’église saint André. b) après leur départ, elle se sent mal ; aidée des deux demoiselles qui laccompagnent vers une chambre, elle donne naissance à un garçon. Dans ce passage, qui n’existe pas de façon détaillée chez Beaumanoir, la jeune femme, tout en se plaignant, adresse de nombreuses invocations à la Vierge
et à saint Jean. La “première damoiselle" se montre en ces circonstances beaucoup plus efficace que sa compagne qui se contente de gémir avec la reine. C’est elle qui conduit la jeune femme vers sa chambre, aide à la naissance de l’enfant et a préparé le lit où se reposera la nouvelle accouchée. Elle aussi qui envoie sa compagne - qui se nomme Yolande prévenir l’écuyer Lambert. Paradoxalement cette scène est donc l’une des plus précises dans sa présentation des caractères. 12 et 13. La lettre envoyée au roi a) Yolande prévient Lambert de la naissance. Celui-ci part à la recherche du prévôt et du deuxième chevalier. b) tous trois rédigent la lettre au roi, lettre que doit porter Lambert.
272
Toutes les scènes d’Ecosse ont eu lieu jusqu'ici dans un seul décor : le palais du roi. A partir de là, les lieux changent et l’action se déroule successivement au château de Gort et à Senlis. 14 à 19. La mère du roi modifie le contenu de la lettre. a) Lambert, reçu par la mère du roi qui demande à son homme de. confiance, Godefroy, de faire préparer le souper, mange et boit à un tel point qu’il est complètement ivre et que l’on doit le coucher. Il est vrai que la reine l’y a fortement aidé en faisant mettre un somnifère dans sa boisson et en l’encourageant à bien boire et à bien manger. Le messager est tellement ivre qu’il n’hésite pas à se montrer extrêmement familier avec la reine : "Vezci bon vin. Ca vostre main ! Je vous jur et creant, ma dame, De vous feray demain ma femme Par mariage."
et plus loin, lorsque Godefroy l’'emmène jusqu’à sa chambre (b) il ajoute : "Alons, mon ami, or avant. Venez couchier aussi ma belle ; Hurtez bellement, je chancelle. Qui estes vous ?"
c) Une fois l’ivrogne couché et endormi, la reine lui vole elle-même les
lettres. d) Elle fait appeler son secrétaire qui se nomme Maître Bon et lui fait lire la lettre que le roi a adressée au chevalier. Puis elle lui dicte la fausse missive. Ainsi le contenu des deux lettres est connu du public. e) Elle remet la lettre à sa place.
f) Le lendemain, au matin, Lambert reprend la route après avoir promis de passer à nouveau au château, lorsqu’il reviendra en Ecosse. Toutes ces scènes se déroulent dans deux lieux différents du château. 20 et 21.4 Senlis. a) Voyage de Lambert entre l’Ecosse et Senlis : il n’occupe que quelques vers (1316-1322). b) Le roi prend connaissance de la lettre en présence du premier chevalier et il ÿ répond ; sans dire le contenu de sa lettre à Lambert, il lui
12 Jbidern, vv. 1194-1197.
13 Ibidem, wv. 1208-1211.
273 recommande de veiller à son exécution. Aucune mention n’est faite de l’activité du roi au tournoi. 22 à 31. Nouvel échange de lettres a) Voyage de retour de Lambert. b) Scène précédente.
entre la reine-mère, Lambert
et Godefroy parallèle à la
c) Godefroy aide Lambert à se coucher. d) La reine demande à Godefroy d’ailer chercher le secrétaire. e) Elle vole les lettres. f) Godefroy va trouver le secrétaire. g) La reine demande à maître Bon de lui lire la lettre dont le contenu est ainsi connu du public puis lui dicte une nouvelle missive qu’elle porte dans la chambre de Lambert (h). A cette occasion apparaît de façon nette la référence au texte de Beaumanoir car la reine nomme sa bru la Manequine (v.1519). i) Au matin, Lambert décide de partir ; il fait ses adieux à la reine qui
lui donne cent florins (j). On voit que le passage précédent est constitué de nombreuses petites scènes, d’un vers seulement parfois ; ainsi lorsque la reine revient après
avoir rapporté les lettres dans la boîte que porte Lambert, elle annonce : "Fait ay par temps”. Il faut supposer ici trois lieux différents : celui où se tient la reine, la maison du secrétaire et la chambre de Lambert.
On retrouve les intermèdes comiques de la scène qui s'était précédemment déroulée à Gort. Ainsi, dès que Lambert y arrive, il demande immédiatement à boire. La reine feint, comme dans la scène précédente, de s’intéresser à son confort, recommandant à son homme de
confiance de s’occuper de lui avec diligence et même de veiller à bien le couvrir lorsqu'il dormira. Ce feint intérêt souligne la duplicité de la reine et la cruauté dont elle fera preuve dans la rédaction de la fausse missive ordonnant de brûler sa bru et son petit-fils et menaçant le "maistre d’ostel’ de le faire pendre s’il n’obéit pas. 32 et 33. L'’héroïne est abandonnée sur la mer. a) Court voyage de Lambert de Gort à Berwick. Le nom de cette ville montre à nouveau l'influence directe du texte de Beaumanoir. b) La scène suivante réunit de très nombreux personnages et comporte plusieurs étapes. Contrairement à ce qui se passe dans le roman, elle doit se dérouler à Berwick, d’où l’héroïne partira ensuite pour sa deuxième navigation aventureuse.
274 - le prévôt et le deuxième chevalier prennent connaissance de la prétendue lettre du roi et se lamentent. - ils communiquent la nouvelle à la jeune reine (qui devait donc se tenir en retrait au début de la scène). La succession des événements est ici encore très rapide, contrairement au roman où quelques jours s’écoulent entre la réception du message et l’annonce à la reine.
‘- lamentation de l’héroïne qui souligne l’injustice de la condamnation
pour elle et surtout pour son fils innocent. Elle demande à être épargnée à condition qu’elle s’exile. Nous sommes ici proches du texte de Beaumanoir. - le prévôt propose de l’envoyer sur mer avec son enfant dans un bateau sans gouvernail. Contrairement au roman, le parallélisme avec la
première navigation n’est absolument pas souligné. Pourtant le prévôt luimême avait bien précisé au roi que la jeune inconnue était arrivée en Ecosse dans "Une Sanz Sanz Sanz Quel
nasselle (qui) par mer vint gouvernement par mer nul, trait de cheval ne de mui mast, sanz aviron, sanz voille, qu’il fust, de soie ou de toille."14
Dans la réponse de la jeune femme, on retrouve une formule que Joïe avait utilisée pour remercier le sénéchal de Hongrie : "Puis qu’à mourir vient, j’ayme mieux Que noyons en la mer parfonde Que prendre a la venue du monde Par ardoir mort."l
paroles qui rappellent les vers 1004-1005 de La Manekine. - Les demoiselles qui accompagnent l’héroïne lui font leurs adieux La première demoiselle se distingue à nouveau de sa compagne. Elle voudrait accompagner la jeune reine ; le chevalier lui montre les dangers de la mer et les menaces de la tempête. La jeune femme propose à nouveau d’aller avec l’héroïne ou même de prendre sa place, ce que le prévôt refuse et qu’il considère comme une folie. On pourrait avoir ici un souvenir de La Belle Hélène de Constantinople où la nièce du comte de Gloucester, par amour pour l’héroïne - raison qui est aussi invoquée ici par la suivante de la reine demande à périr à sa place.
14 Jbidermn, vv. 630-634. 15 Jbidern, v. 1678-1681.
275
C) Sur mer et au ciel : le premier miracle 1. En mer : Ce passage débute, comme dans le roman par une prière de l'héroïne , qui se plaint des vicissitudes de la Fortune. Elle termine son oraison en rappelant la Passion et en demandant à la Vierge de venir à son SeCOUTS. 2. Au ciel, Notre Dame prie Dieu d’intervenir. Celui-ci soulignant les mérites de l’héroïne, ses prières fréquentes et la façon dont elle a supporté les épreuves, décide de montrer sa puissance en sa faveur. Marie demande aux anges de préparer l'intervention de Dieu par leurs chants. Dieu, Marie et les anges se tenaient dans un lieu plus élevé comme le montre une réplique de la Vierge : "Anges, pensez de jus descendre."l$
Le chant des anges accompagne le trajet des acteurs du ciel au lieu où se trouve l’héroïne. Ce chant est une hymne à la Vierge dont le refrain est constitué de litanies : "Tresdoulce vierge debonnaire, Sejour de vraie humilité,
En qui Dieu prist humanité."17
Il rappelle lattitude confiante de Marie, et son acceptation des souffrances pour l’amour de l’humanité ; il demande aussi aux hommes de prier la Vierge. : | 3. Dieu s'adresse à l'héroïne : il lui redonne espoir et comme elle ne le reconnaît pas immédiatement, se présente en quelques vers. Nous retrouvons ici les formules bien connues que nous avons relevées dans l’Ave Maria du roi d'Écosse : ainsi Dieu se nomme “fontaine de tout bien" (vers 1817), rappelle sa Passion et la confiance que les hommes doivent avoir en lui. Comme chez Bsaumanoir et contrairement à ce que nous avions signalé chez Jehan Maïllart, les deux premières personnes de la Trinité se trouvent ici confondues. Ainsi Notre Dame s'était adressée à Dieu dans la scène précédente en l’appelant "Fils" (v. 1756). Nous retrouvons ici le goût du Moyen-Age pour les formules paradoxales : “ (.….) Je sui père et filz
Sui de ma
fille et de ma mère."18
16 Zbidern, vers 1772. 17 Ibidem, vv. 1782-1784 repris par deux fois.
18 bide, vv. 1813-1814. Voir le chapitre de la quatrième partie sur l’Ave Maria du roi d’Ecosse.
276 Il n’est fait aucune allusion à la troisième personne, l'Esprit, dans la pièce.
Le goût de l’auteur l’emporte plutôt vers la mise en scène frappante que
vers les subtilités théoriques. D’où une certaine simplification même si l'absence de l'Esprit Saint est assez surprenante. 4. La prédiction de Dieu se réalise : à la fin d’une courte prière de louange, l'héroïne s'aperçoit qu’elle est arrivée sur la terre ferme. L'intervention de Notre Dame en pleine mer se trouve dans le miracle d’Oliva, mais elle est
alors plus complète, car Marie guérit l’héroïne de sa mutilation. d) À Rome
: l'héroïne rencontre le sénateur. Deux lieux différents
voient se dérouler l’action : 1. Les bords du Tibre : le sénateur y trouve la jeune fille, qu’il juge immédiatement de haut lignage - rappelant ainsi l’attitude du prévôt dans le roman de Beaumanoir -et l'invite chez lui après avoir dit où ils se trouvent et avoir décliné son identité. 2. La maison du sénateur : l'héroïne y est accueillie avec une grande amabilité par la femme de ce dernier. Le sénateur lui propose, comme elle veut travailler - tout en redoutant de le faire car elle n’y a pas été préparée d’être intendante chez lui et de détenir les clés de sa maison. Nous retrouvons là la même fonction que dans La Manekine. Le texte présente un trait bizarre. Alors que jusque là, il semblait que l'héroïne et son fils soient seuls, il apparaît clairement dans les paroles du sénateur que la première demoiselle a persisté dans son dessein d’accompagner sa maîtresse : "Venez vous ent avec moy, belle, Et vous et vostre damoiselle."
déclare-t-il en les accueillant au bord du Tibre ; puis il propose à la suivante de résider dans une autre des demeures qu’il possède à Rome. C’est à notre connaissance le seul texte où la jeune héroïne soit accompagnée dans sa navigation lorsque celle-ci conserve son caractère aventureux. e) À Senlis et en Ecosse : retour du roi et découverte de la trahison.
1. à Senlis, le roi dépêche son écuyer Godeman pour qu’il annonce son retour. 2. L'écuyer, parvenu en Ecosse, rencontre le prévôt et le deuxième chevalier ; sans transition, le roi apparaît et rejoint les trois hommes. Le 19 /bidern, vv. 1884-1885.
277
prévôt et le chevalier déclarent avoir fait brûler la reine et l’enfant ; ils se justifient en produisant la lettre qu’ils ont reçue. Interrogeant Lambert, le roi soupçonne la vérité. 3. Le deuxième chevalier et le prévôt vont à Gort chercher la reine. 4. La reine avoue à son fils la vérité. Elle se montre très hautaine et ne cherche pas à déguiser les raisons qui l’ont poussée à agir. Elle renouvelle ses injures et ses accusations contre sa bru. Enfin, elle conseille à:son fils de se remarier. Le roi la fait jeter en prison malgré l'intervention du premier chevalier. Celui-ci a dû revenir de France avec lui bien qu’il n’ait pas parlé dans les scènes précédentes. Devant les menaces du roi qui veut les faire pendre, le prévôt et le chevalier révèlent qu’ils n’ont pas brûlé la jeune reine. Le roi décide de partir avec eux à la recherche de sa femme. Auparavant il ira à Rome
demander le secours de Dieu et de saint Pierre. Ce passage suit dans son ensemble le récit de Beaumanoir. Cned la fin diffère grandement. Pour des raisons d’efficacité dramatique, l’auteur supprime les sept années d’errance. Mais il supprime en même temps les aventures du roi et surtout son Ave Maria. Il est vrai que, nous l’avons vu,
certains éléments des litanies mariales ont été utilisés déjà dans l’hymne angélique. f) À Rome : La dernière partie du miracle s’y déroulera entièrement, mais tous les événements ne se passent pas dans le même lieu. 1. Scène réunissant le sénateur, le roi, le premier chevalier d'Écosse (il est probable que le deuxième chevalier et le prévôêt sont présents). Le sénateur propose au roi de l’héberger. 2. En présence de l’héroïne, le sénateur demande à sa femme de tout
préparer pour recevoir le roi. La jeune femme décide de se retirer dans sa chambre. Contrairement au roman de Beaumanorr, il s’agit d’une plainte en a parte et le sénateur ne connaît pas apparemment les raisons de cette retraite. 3. Le sénateur et sa femme reçoivent le roi Un dialogue comique s’instaure entre les deux époux, le sénateur et sa femme rejetant l’un sur l’autre la responsabilité de leur mariage que la femme présente finalement comme un "mariage arrangé” sur le désir de son mari " (...) elle me vouloit avoir A toutes fins." - "Diex, que vous, hommes, estes fins !
Certes je n’y pensoie mie,
|
278 Sire ; mais une seue amie Se trait vers ceulx de mon lignage Et fist tant que je mariage
Se consonma."?
4, L'épisode de l’anneau ressemble en plusieurs points à notre roman. Le roi, ému par la beauté de l’enfant et reconnaissant l’anneau interroge le sénateur qui tout d’abord déclare que l’enfant est son fils puis dit la vérité. L'action se déroule cependant beaucoup plus rapidement que dans le roman et on se demande même pourquoi le sénateur - sinon par affection pour l’enfant - n’avoue pas immédiatement que celui-ci n’est pas le sien. Car il ne cherche nullement, comme chez Beaumanoir à protéger l’héroïne dont il ignore le lien avec le roi d’Ecosse. 5. Retrouvailles du roi et de sa femme. L'épouse du sénateur va chercher l’héroïne ; le jeu de scène indique : "ici ira le roy acoler sa femme sanz riens dire, et se pasmeront." Il correspond à la description de Beaumanoir ; de
même on peut rapprocher les exclamations du roi lorsqu'il revient à lui : "Ma doulce compaigne, m’amour,
Mon bien, ma joie, mon solaz.'
des vers 5545-5549 de La Manekine où le roi se lamentaïit sur Joïe perdue. Les époux décident de se rendre immédiatement à Saint Pierre pour remercier Dieu. On apprend alors seulement que l’on est le Jeudi Saint. Jusque là aucune date précise n’avait été donnée, contrairement à ce qui se
passe dans La Manekine. L’héroïne y rappelle non seulement la messe, mais la bénédiction des huiles saintes et la cérémonie du Lavement des pieds auxquelles Beaumanoir ne fait pas allusion ; cependant, on retrouve dans les deux textes l'annonce de labsolution que doit donner le pape pour des raisons dramatiques évidentes : ainsi seront possibles les retrouvailles avec le roi de Hongrie. 6. À Rome, dans un lieu indéterminé, le roi de Hongrie et les deux
chevaliers qui l’accompagnent décident de se rendre sur la place Saint Pierre. Le deuxième chevalier souligne une autre signification du Jeudi Saint, l'institution de la prêtrise. 7. Sur la place Saint Pierre vont se dérouler la fin de la pièce et le miracle. a) le pape envoie son serviteur, le clerc Colin, chercher de l’eau.
20 Zbidem, vv. 2309-2310. 21 Jbidern, vv. 2309-2310.
279 b) pendant ce temps ont lieu les retrouvailles entre le roi de Hongrie et sa fille. Il n’y a auparavant aucune confession du père. Le roi d’Ecosse apprend ainsi la haute lignée de sa femme. Ces événements, contrairement à ce qui se passe dans le roman ont lieu hors de la présence du pape. c) les personnages se dirigent alors vers le pape auquel son clerc
annonce
qu’il a trouvé dans la fontaine une main en parfait état de
conservation. L’héroïne déclare qu’il s’agit de la sienne et après l’avoir interrogée le pape ressoude la main. Nous n'avons pas ici exactement les mêmes étapes que chez
Beaumanoir et en particulier les déplacements des personnages entre la place elle-même et le lieu où se trouve la fontaine. Le serviteur n’a pas besoin de lintervention pontificale pour comprendre qu’il doit repêcher la main miraculeuse. Et si le pape puis l'héroïne rendent grâce à Marie héroïne après avoir rappelé tous les miracles accomplis ce jour-là en sa faveur - la solennité n’est donnée au miracle que par les interventions finales de la foule représentée par un homme (l’un pour touz) qui chante la gloire de Dieu et de Marie dont le chapelain dans la dernière scène entonne les louanges. La pièce se termine ainsi par la participation de la foule, du public, représentant les croyants qui ont vu à nouveau se déployer devant eux la puissance divine. En conclusion, que dire de la structure de ce Miracle ? Il suit d’assez
près le texte de La Manekine, même si par endroits nous avons pu signaler des différences de détail De La Manekine, il a supprimé tous les développements psychologiques, toutes les descriptions courtoises pour ne conserver que le fil dramatique et la dimension religieuse. Il a réduit sensiblement la durée du récit : car les sept années de remords dont parle le roi de Hongrie au vers 2378 du miracle ne correspondent ni à la durée du roman - plus longue - ni à celle de la pièce - beaucoup plus courte. En fait, le mariage du roi et de l’héroïne semble suivre de huit jours l’arrivée de celle-ci
en
Ecosse
; le départ
du roi d’Ecosse
pour
Rome,
lorsqu'il
recherche sa femme est immédiat. Il y a donc une sensible contradiction avec l’âge probable de l’enfant à Rome, contradiction dont l’auteur dramatique ne s’est guère préoccupé. Autre différence avec La Manekine dont le ton uniformément sérieux va parfois jusqu'aux grandes manifestations de sensibilité - larmes, pamoisons multiples du roi d’Ecosse et de sa femme - le miracle n’hésite pas à recourir à plusieurs reprises, en Hongrie, en Ecosse et à Rome à des
scènes comiques dont certaines fondées sur le caractère - ainsi à Rome, la
230
"dispute" entre les époux - sont d’un comique plus fin. D’autres n’hésitent pas à se fonder sur un comique verbal ou gestuel - en particulier les scènes d’ivrognerie. Contrairement à ce qui arrive dans certains Miracies, on ne voit pas Satan intervenir ici directement. Certes, le roi de Hongrie déclare avoir été la proie du malin lorsqu'il dit : "En ses laz m’a bien Sathan pris."22
Mais cette intervention se fait à l’intérieur des individus et non par la présence physique du démon. Pierre Gallais, dans ses remarques sur la
structure des Miracles de Nostre Dame À notait que la Vierge était dans ce théâtre l’adjuvant unique. Ici encore elle intervient comme médiatrice pour demander l'intervention divine. Selon lui, on pouvait classer ces miracles en deux groupes d’après la nature de l’opposant. Le premier groupe
rassemblerait les miracles où l’opposant serait l’infirmité morale du héros. Cela concerne la moitié du Corpus, qui raconte des conversions. Dans le second groupe, le Diable joue le rôle d’opposant ; il inspire au héros ou à un autre personnage le désir de faire du mal. Bien que le Diable, nous l'avons dit, n’apparaisse pas, notre Miracle pourrait être classé dans ce
second groupe, les opposants successifs se trouvant être, comme dans les contes, le roi de Hongrie et la reine d’Ecosse.
Ainsi, comme dans les récits du folklore, se produit un manque qui peut
être
comblé
seulement
par l'intervention
d’un
être
surnaturel,
l’'adjuvant, c’est-à-dire la Vierge qui fait appel à Dieu. Son intervention est, comme dans tous les miracles, nécessaire et motivée comme le montre Dieu
lui-même lorsqu’il s’adresse à l’héroïne. Il s’agit à la fois pour lui de faire éclater une nouvelle fois sa puissance et son amour envers les hommes et de récompenser l’héroïne de sa fidélité. Enfin, Pierre Gallais souligne que le résultat du Miracle dépasse celui qui en est bénéficiaire et renforce la puissance de l’Eglise entière. En effet, selon les pièces, il a des conséquences diverses : institution de fêtes ou de
sanctuaires, conversion d’un haut dignitaire ecclésiastique, voire naissance d’un futur évêque ou d’un futur saint. Les derniers vers donnent la clé du Miracle. On remarquera que notre texte ne constitue pas un bon exemple de cette pratique - à laquelle le roman par l'institution d’un pèlerinage autour de la “mulete" qui avait contenu la main, linvitait pourtant. 22 Ibidem, vers 591.
23 Pierre Gallais, "Remarques sur la structure des Miracies Nostre Dame," p. 130.
281
Cependant, l’appel final au public - représenté par un individu qui répond aux sollicitations du pape - contribue à élargir la portée de l’histoire. Le peuple chrétien est invité à renouveler par son chant l’expression de sa
confiance totale dans la bonté et la puissance divine. Ainsi la participation
au spectacle devient acte de foi.
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Annexe II
LA MISE EN PROSE DE WAUQUELIN Le texte de Wauquelin ne présente pas apparemment de très grandes différences avec La Manekine rimée de Beaumanoir. Cependant le transcripteur, en transformant certains passages, ou simplement par la suppression ou l’ajout de certains détails, a modifié parfois le sens des épisodes. Situer le récit dans le temps, le rendre clair à ses lecteurs, telles sont les
deux directions dans lesquelles il a travaillé. Il a donc multiplié les références, surtout littéraires et bibliques, et les explications étymologiques afin d’éliminer toute hésitation. Il montre nettement dans sa préface quelles ont été ses trois intentions : faire connaître le texte, le rendre agréable à lire, et, pour cela, l’embellir en évitant les pièges de la rhétorique que Beaumanoir n’a pas toujours su éviter : "Et combien que ceste histoire ait esté aucunefois romanciiee par rime, neantmains pour l’embelissement d’icelle, affin que plus patentement elle fuist congnulte, et pour hoster la constrainte de la retoricque qui aucunefois y chiet, comme sevent ceulx qui dece congnoissent, je l’ay composee par la maniere qui s’enssieult."
Pour éclairer le récit, il faut donc tout d’abord le situer historiquement.
Comme il était alors habituel, Beaumanoir avait déclaré que son histoire était véridique : " (...) vraie est la matere Dont je voel ceste rime fere."?
Wauquelin renchérit, en prétendant se référer à une chronologie précise : il rattache les héros aux dynasties existantes et propose une date pour le règne du roi de Hongrie :
1 Wauquelin, édition Suchier, chapitre L, p. 267-268. 2 La Manekine, vv. 35-36.
234 "ou tamps d£ l’incarnation de nostre seigneur Jhesucrist mil soissante quinze « ou environ.
Le roi qu’il nomme Salomon aurait épousé la fille de l’empereur Henri d'Allemagne, nommée Gisle. Ainsi aurait été scellée la réconciliation des deux pays après une guerre. Le récit devient histoire, chronique fondée sur des témoignages. : Chez Beaumanoir, on le sait, la mère de Joïe vient d’Arménie. On peut
donc se demander pourquoi Wauquelin a ainsi modifié le texte. Il faut tout d’abord remarquer que dans la réalité, une relation étroite existait entre Hongrie et Allemagne. La Pologne et la Hongrie étaient considérées comme des régions vassales de l’empereur qui devait parfois y imposer son autorité au prix de guerres nombreuses. L'histoire de la Hongrie s'explique en grande partie par des luttes d’influence entre l’Allemagne et l’empire chrétien d’Orient. Les différents rois de Hongrie se tournent successivement vers l'Occident ou vers Constantinople. Ainsi à la fin du règne d’Etienne, en 1038 - le premier roi de Hongrie, qui fut canonisé - le pouvoir revint à son neveu par alliance, Pierre le Vénitien, qui régna jusqu’en 1046. Mais entre 1041 et 1044, ses sujets, qui le trouvaient trop soumis à l’Allemagne, le déposèrent. En sa personne ils rejetaient aussi la christianisation imposée par Etienne. Or Pierre fut remis sur le trône par les Allemands et en particulier par l’empereur Henri IL Selon Wauquelin, son successeur aurait été notre roi qui, après une période de luttes avec l'Allemagne aurait fini par faire alliance avec elle: "Cestui roy Salomon, selonc ce que dient les histores et tiesmoignent, des
Hongres fu le troixysme roy Xpestiien, dont le premier fu nommez le second Piere, et le tierch fu cestui dont est le procès.
EÉstievene,
En fait, les deux successeurs de Pierre, André 1er (1047-1060) et son frère Béla ler (1060-1063) étaient chrétiens mais préféraient se tourner vers Constantinople. Le fils d'André, Salomon, loin de lutter contre les Allemands, fut placé par eux sur le trône de Hongrie, en 1063, aux dépens de son oncle. Il régna jusqu’en 1074 ce qui correspond approximativement à la date donnée par Wauquelin bien qu’il ne s’agisse pas, dans notre récit, de la fin du règne. Il semble que sa femme ne fut pas celle que lui donne Wauquelin ; Gisle épousa Etienne de Hongrie ; de plus, elle était la soeur
3 Wauquelin, chapitre IL p. 268. 4 Wauquelin, chapitre IL p. 269.
285 et non la fille de l’empereur. D’après Suchier * l'épouse de Salomon se nommait Sophie ou Judith. Bien qu’on puisse donc relever des inexactitudes dans la présentation de la dynastie hongroise, il est clair que Wauquelin a voulu souligner le lien existant entre Hongrie et Allemagne. Or notre transcripteur vit à la cour de Philippe le Bon, en une période où les relations entre la Bourgogne et la dynastie des Habsbourg - qui s’installe en Allemagne avec Frédéric IT - se développent. L'empereur reconnaît les acquisitions du duc, qui reçoit régulièrement de lui l’investiture. Autour des années 1446, des négociations sont en cours pour constituer un royaume de Bourgogne, vassal de l’Empire. En nous présentant la Hongrie alliée de l'Allemagne, Wauquelin nous décrit une situation politique que l’on cherche à instaurer dans l'entourage ducal en Bourgogne. De plus, à l’époque de Wauquelin, la Hongrie se trouve elle aussi dans la mouvance de l’Empire ; l’ensemble des biens des Luxembourg passe, le Brandebourg excepté, au gendre de l'empereur défunt Albert de Habsbourg. Et, à partir de 1440, le jeune roi de Hongrie a un tuteur, l’empereur, qui désigne lui-même le régent, Jean Hunyade. Par un renversement de politique, le fils de ce dernier, Mathias Corvin, devenu à son tour roi de Hongrie en 1457 à la mort de Ladisias,
imposera une nouvelle période de lutte avec l'Allemagne. Mais Wauquelin étant mort en 1452 n’a pu connaître cette situation, ce qui explique qu’il nous donne de la Hongrie l’image d’un pays proche de lAllemagne, avec des liens familiaux établis entre les dynasties. Le même souci de précision historique apparaît à propos de l’épisode du tournoi. A partir du Roman de Ham et des récits de Jean Renart, l'habitude fut prise de mêler au récit des personnages célèbres du temps. Wauquelin y souscrit tout d’abord en donnant une identité au roi d’Ecosse: "et comme je quide par aultre hystore, en le nommoit Cononus, en Franchois
Conon."
Participent aussi au tournoi le roi de France, Philippe 1er et son frère, le duc Raoul de Bourgogne dont on notera la place privilégiée, le duc d'Orléans, le duc de Bourbon, le duc Godefroy de Louvain, le comte de
Hainaut, Baudoin et Robert, comte d’Artois. Bien que les noms qu’il donne soient ceux de chevaliers célèbres au rôle politique important, Wauquelin
5 Suchier, Introduction, p. XCIV.
6 Wauquelin, chapitre XXXIII, p. 315.
236
souligne que la plupart des seigneurs ne participaient pas au tournoi car c'était temps de croisade : "Et en allerent conquester la sainte chité de Jherusalem, se en firent Ghodeffroy de Loraine roy, et fu sornommez de Buillon." :
Né vers 1060, Godefroy de Bouillon, duc de Basse Lorraine devint avoué du
Saint Sépulcre en 1099 et mourut l’année suivante. Le départ pour la croisade, prêchée à Clermont par Urbain IL, date de 1095. Il y a donc un décalage chronologique avec la date donnée par Wauquelin dans la première partie du récit. On peut se demander quels personnages cités dans
la mise en prose existaient réellement à la date proposée et si tous les titres nobilaires étaient déjà attribués. Le duc de Bourgogne peut être identifié au compétiteur de Charles le Simple pour la couronne de France, à laquelle il fut élu en 923. Devenu duc de Bourgogne en 921, il ajoutera à ces titres celui de roi d’Italie qu’il fut de 922 à 926. Il était le gendre de Robert ler, duc et roi de France. Mort en 937, il a été choisi par Wauquelin à cause de son importance politique et non pour sa conformité avec la chronologie. La personnalité d’un autre Raoul, comte de Vermandois en 1120, beau-frère du roi Louis VII et grand connétable du royaume, a pu influencer le choix de notre transcripteur.
Les titres de comte d’Artois et de duc d’Orléans paraissent postérieurs à la date
du tournoi.
L’Orléanais,
gouverné
d’abord
par des
comtes
amovibles devint en 861 duché de France par son annexion au comté de Paris. L’avènement de Hugues Capet le réunit à la couronne, dont il ne fut détaché qu’en 1240 pour une durée de vingt ans. À nouveau réuni en 1260 il ne sera apanagé qu'en 1344. Philippe de Valois, cinquième fils du roi Philippe VI devient duc d'Orléans. De même le titre de comte d’Artois a d’abord été porté en 1237 par Robert 1er qui mourut à la Mansourah le 8 février 1250. Depuis 1180 le comté était réuni à la couronne et antérieurement, depuis Charles le Chauve, à la Flandre. Enfin, le titre de duc de Bourbon date de 1310. Depuis 916, les hommes qui sont à la tête du
pays portent le titre de "sires de Bourbon". A la date qui nous intéresse et depuis 1077, il s’agit d’Archambaud V dit le Pieux. Il semble donc que Wauquelin ait, sans exactitude historique, utilisé des titres importants à son
époque.ÿ
7 Wauquelin, chapitre XXXTV, p. 318. ÈNousje utilisé ici l’ouvrage du Comte de Mas Latrie, Trésor de Chronologie d'Histoire et de Géographie, aris,
287 Suchier identifie le comte
du Hainaut, Baudoin,
avec le frère de
Godefroy de Bouillon. Baudoin I de Jérusalem qui sera fait prisonnier en 1099 par les Sarrasins devrait être parti pour la croisade. Le comte de Flandre se nomme Robert le Frison. On remarquera chez Wauquelin sa relation avec le roi d’Ecosse, très différente de celle qu’ils entretiennent dans le texte de Beaumanoir. Ici le roi se montre fort soumis ; il demande au comte la permission de traverser ses terres. Lorsque le comte le fait venir à Gand, il accorde au roi d’être de sa "maisnie" au tournoi de Ressons. Loin d’être le premier, le roi n’apparaît alors que comme un combattant parmi d’autres, ce qui fausse l’image qui en était donnée par Beaumanoir. De même, Wauquelin supprime totalement la description des tournois. Le roi ne ressort pas particulièrement même si, à cause du récit de Beaumanoir, Wauquelin est contraint de dire qu’il s’est distingué : "En ceste ville de Ressons, comme
diient les histoyres, fu ung moult riche
tournoy, et de la en fu ung aultre remis a Espernay. En tous lesquelx deux se prouva mou, noblement Conon, le roy d’Escoche, entre tous les seigneurs quy y furent."
Suit l’énumération des combattants. On saura plus loin, au chapitre XXXIX, que le roi a "acquis un tresgrant pris et los entre les barons de
Franche". Ainsi disparaît l’un des épisodes les plus importants du roman, dont Wauquelin ne garde que quelques noms qu’il veut mettre en valeur parce que ce sont encore des personnages importants de son époque. Le roi Philippe 1er de France, nommé à l’occasion du tournoi, réapparait plus loin à propos des différents qui l’opposèrent au pape Urbain IL le pape de La Manekine selon Wauquelin. Pape de 1088 à 1099, contemporain du roi Philippe qui régna de 1060 à 1108, il prêcha à Clermont la croisade dont notre transcripteur parle à propos du tournoi. L’éloge qu’il en fait est à la fois vibrant et curieux. Wauquelin en effet parle du concile de Clermont non à propos de la croisade mais d’une querelle entre le pape et l’évêque de Cambrai. Voici la description que Wauquelin donne du pape : "Nostre saint pere le pappe Urbain (...) ung tressaint et devot homme. Et je acteur ay trouvé par aultres histoires que il fist moult de biens en son tamps, ne oncques en sa viie ne doubta la mort pour le bien de l’eglise soustenir, et bien le moustra contre le roy de Franche Phelippe, lequel il fist excommeniier
en Franche et en Bourgoingne,
comme
diient lez histoires,
pour le pechié que il faisoit de ses concubines. Chils pappe Urbains fu premiers moisnez de l’abbeye de Cligny, depuis il fu evesque d’Ostie et 9 Wauquelin, chapitre XXIV, p. 318.
288 depuis pappe. Il tint ung conchil a Clermont en Auvergne la ou i y eult quatre .evesques, cent abbez et dix mille que moisnes que clercs ; ouquel
conchil mut une tresgrant controversie a le cause de l’evesquié de Cambray,
laquelle cause je laisse pour
cause
de briefté,
et v
revenir
à no
pourpois."
On remarque la disparition totale de la croisade, ce qui correspond à l'évolution des mentalités ; les échecs successifs ont miné peu à peu le
voyage d’outremer et les derniers siècles du Moyen-Age préfèrent gagner leur salut par d’autres moyens. Au contraire, Wauquelin souligne l'importance des querelles d’investiture et des luttes entre spirituel et temporel. La première affaire mentionnée dans la mise en prose, celle des
"concubines" du roi de France, est bien connue : ayant répudié sa première épouse Berthe, Philippe devait épouser Bertrade de Montfort, comtesse d'Anjou. Il invita à ce mariage en 1092, les principaux évêques de France. Mais un certain nombre d’entre eux refusèrent d’y assister notamment Yves de Chartres qui rédigea à cette occasion une lettre célèbre. Il recommande à ses collègues de ne pas se laisser influencer, de ne pas devenir des "chiens
muets". En même temps il leur adresse une copie de la lettre envoyée au roi, dans laquelle il lance une violente diatribe contre les dangers de la
femme.lt La plupart des évêques suivirent Yves de Chartres mais le roi fut marié par l’évêque de Senlis, Ourson et Yves fut emprisonné. Dès octobre 1092, le pape avait blâmé l’archevêque de Reims et ses suffragants de leur faiblesse ; le légat Hugues, archevêque de Lyon, excommunia le roi au
concile d’Autun, le 16 octobre 1094.12 Le fait que Wauquelin ne mentionne pas la croisade peut s’expliquer aussi parce qu’Urbain Il la prêcha seulement à la veille de dissoudre le concile. Auparavant celui-ci s'était surtout consacré au règlement des problèmes qui se posaient alors à l’église, en particulier celui de l’évêché de Cambrai. Le pape a reconnu les prérogatives du métropolitain de Reims qui peut investir les rois de France ; en même temps, il tient à recommander à l’archevêque de garder une certaine indépendance par rapport au roi ce qui explique les reproches qu’il lui adresse lors du mariage de Philippe 1er. Or, à la même époque l’église d'Arras, jusque là soumise au diocèse de Cambrai réclama son indépendance en profitant de la mort 10 Wauquelin, chapitre LIX, p. 356. 11 Lettre d'Yves de Chartres aux évêques de France, in Correspondance, Les classiques de l’histoire de prance NE ES Les Belles Lettres, Paris, 1949, tome I, p. 61-65, Edition et traduction de Dom Jean ercq. O.S B. 12 Voir Jules Gay, Les papes du XTème siècle et la chrétienté, Bibliothèque de l’enseignement de l’histoire ecclésiastique, Paris, 1926 2° édition, p. 365.
289 de lévêque. Le pape autorisa la création d’un évêché à Arras mais l'archevêque de Reims, qui devait consacrer l’évêque élu, Lambert de Guines, retarda cette cérémonie car il n’osait pas braver Cambrai. Aussi Lambert se fit-il ordonner par le pape à Rome. L’archevêque de Reims, Rainald, reconnut la séparation des deux diocèses quelques mois plus tard seulement. Voir le diocèse de Cambrai réduit plaisait au pape car, de tous les suffragants de Reims, l’évêque de Cambrai était le seul fidèle du souverain germanique. Il venait d’être investi par Henri IV. Au concile d'Autun, sous la présidence du légat Hugues de Lyon, Henri IV sera excommunié. Au concile de Clermont, Gaucher, l’évêque de Cambrai, l’est
à son tour sur l’accusation de simonie et pour avoir accepté l’investiture impériale. Ainsi s'affirme l’autorité pontificale.S Notons qu’à l’époque de Wauquelin, à partir de 1439, la puissance pontificale, jusque là affaiblie, s'affirme à nouveau. En 1447, peu avant sa mort, le pape, qui est alors Eugène IV, reçut les délégués de Frédéric VI Ils lui apportaient l'hommage de l’empereur.!{ Ce renouveau de la papauté peut expliquer l’éloge du pape chez Wauquelin. De plus, Urbain IL fut, comme notre texte le souligne, moine à l’abbaye de Cluny, dont il fut le prieur, et, sur le chemin du concile en 1095, il consacra la troisième église abbatiale dont saint Hugues avait commencé la construction et qui n’était pas encore achevée à cette date.ls Or labbaye de Cluny appartient au domaine bourguignon dont le pape Urbain était originaire. Nouvelle façon pour Wauquelin de rendre hommage au duché et à la dynastie de Bourgogne. Wauquelin a apporté au récit un certain nombre de modifications de détails. Ainsi, dès le début du roman, il présente celui-ci comme un exemple des vicissitudes de la Fortune, ce qui est, à cette place, un ajout au texte de Beaumanoir.!$ Le passage où devait être décrite la première navigation de Joïe manque dans le manuscrit ; nous ne pouvons donc pas savoir si le motif de la Fortune réapparaissait alors. De même nous possédons seulement la fin de la deuxième navigation avec la prière de l'héroïne. Une habitude fréquente du transcripteur consiste à annoncer les différents épisodes qu’il va rapporter ; Beaumanoir ne le faisait guère qu’à propos de la conversion future du roi de Hongrie. C’est dès le chapitre V 13 Jules Gay, op. cit, Urbain IT en Lombardie et en France, p. 374. 14 Francis Rapp, L'Eglise et la vie religieuse en Occident à la fin du Moyen-Age, Paris, PUF, 1971, p. 85. 15 Jules Gay, op. cit., p. 372 et Jean Richard, Histoire de la Bourgogne, PUF, Que sais-je ?, 1965, p. 52. 16 Wauquelin, chapitre Il, p. 268 : "Fortune, la mere de tritresse et de consolation, n’espargne grant ne petit (..). Et ce bien nous apparra en la deduction de ceste histore jadis composee en rime par ung nommé
Phelippe de Fini
290
que Wauquelin présente les épreuves auxquelles Joïe se heurtera ; il en tire à l’avance une leçon ; Dieu, selon lui, les a permises pour glorifier l’héroïne:
"Pour ge esprouver et faire luire subz le candelabre devant sa benoitte fache."
Dans la première partie du récit, les modifications restent assez peu nombreuses
; ainsi, lors de son dialogue avec la reine mourante,
le roi
évoque lui-même l'intervention future des Hongrois qui ne se laisseront pas commander par une femme. Plus intéressante est son attitude face à sa fille. Contrairement à ce qui se passe dans Beaumanoir, l’aveu de son amour est immédiatement suivi d’une tentative plus physique ; il cherche à embrasser Joïe qui le repousse.!# Chez Wauquelin, l'étude de son caractère manque donc de subtilité. Enfin, on notera que l’atmosphère du royaume paraît moins sombre que chez Beaumanoir. On y voit en effet "caroler" des demoiselles et de jeunes "bachelers”.! Ainsi la différence fondamentale d’atmosphère entre les deux royaumes apparaît moins nettement ici. En Ecosse, on note tout d’abord un certain intérêt du transcripteur
pour les détails qui animent la scène, la curiosité des Ecossais, à l’arrivée de
Joïe dans le pays. Mais inversement, disparaissent des passages descriptifs importants : ainsi le portrait de la Manekine réduit à une ligne, considéré sans doute par Wauquelin comme un exemple de la rhétorique dont il voulait débarrasser le texte de Beaumanoir. Il en est de même pour les fêtes du couronnement. Wauquelin se refuse à les décrire afin d’arriver, selon lui, plus vite à l’essentiel, c’est-à-dire à la partie religieuse du récit.
Mais il supprime ainsi tout ce qui fait de celui-ci un roman courtois. Cependant, il mentionne à l’occasion des festivités du couronnement des joutes et des tournois qui lui paraissent inséparables de manifestations de ce genre: "Y furent faittes joustez et tournois en grans pompes et deduis,"21
17 Wauquelin, chapitre V, p. 274. 18 Wauquelin, chapitre XI, p. 285 : "A (dont le ro)y veant que sa fille ne prendoit point bien en gré ce que
i lui avoit dit, l’embracha et la volt baisier, et la fille mist sa main audevant, pource que elle veoit bien que il
s’escauffoit ou delit de la veue d’elle." 19 Wauquelin, chapitre VIL p. 277 : "les jones bachellers esjoïssoïient dames et damoiselles de danses, de carolles et d’aultrez esbattemens." 20 Wauquelin, chapitre XXI, p. 296-297. 21 Wauquelin, chapitre XXXI, p. 313.
291 Enfin, contrairement
à La Manekine
de Beaumanoir,
le roi lui-même
ordonne à sa mère de partir car sa jalousie est trop forte et trop visible. Dans le domaine religieux, le texte subit également quelques modifications. Ainsi, nous l’avons vu, la leçon finale est annoncée dès le
début du récit. La seconde prière de la Manekine que ñous ne possédons pas entièrement apparaît plutôt comme une demande de vengeance.# Mais la plus grande différence réside dans l’attitude du roi lors de sa quête. Tout d’abord, Wauquelin souligne la confiance permanente du roi en Dieu : "I ne savoit auquel lez tourner premiers, se non en la disposition, de Dieu, la ou il avoit sa ferme fianche comme vray catolicque que il estoit.
De même, après avoir développé le passage où Beaumanoir décrit les souffrances du roi - multiples épreuves, rencontres extraordinaires d’hommes au langage inarticulé ou d’animaux monstrueux, orages, combats nombreux - Wauquelin montre que le héros résiste à toutes ces difficultés grâce à l’appui de Dieu qu’il prie chaque jour avec dévotion. Ainsi la prière ne manifeste pas la conversion du roi, le dernier recours d’un homme désespéré. Bien plus, le départ pour Rome n’est pas le résultat d’un miracle; simplement, le roi et ses compagnons décident de s’y rendre pour
se confesser car le carême est arrivé : "Il leur vint volenté, pource peneuse, que ils tourneroïient
que quaresme estoit et environ la sepmaine leurs voiles vers Romme, et que ils yroïient
veoir les sains lieux par devotion, et si se confesseroïient a nostre saint pere
le pappe Urbain qui adont regnoit, ou,2s sains confesseurs qui la estoilent, pour estre absols de tous leurs pechiés.
Rome apparaît comme but de pèlerinage, de la même façon que pour le roi de Hongrie. Mais l’aspect surnaturel du passage est totalement éludé. La volonté moralisante de Wauquelin s'appuie sur des références constantes à l’Evangile, aux douleurs de Marie, à la passion du Christ qui fondent la dévotion de Joïe, ainsi au chapitre XXX] : "Car l'istoire dist que, en quelque honneur et feste que elle fuist, tousjours avoit elle en ramenbrance la benoïitte passion de nostre seigneur et le tourment que y rechupt sa gloriëuse mere la benoïitte vierge Marie."
22 Voir la note 16 de ce chapitre. 23 Wauquelin, chapitre XLVI, p. 333 :"O vray Dieu, ne veullés souffrir que ceste mauvaise traison demeure
inpugnie."
24 Wauquelin, chapitre L, p. 340. 25 Wauquelin, chapitre L, p. 342.
26 Wauquelin, chapitre XXXI, p. 313.
292
Selon Wauquelin, l’héroïne sait donc conserver le sens de la mesure ; elle évite de tomber dans l’orgueil, dans une confiance excessive fondée sur les valeurs humaines. De même, dans le chapitre suivant, le transcripteur met
en valeur la dévotion de Joïe envers le Christ et Marie, mais il n’insiste pas sur la charité de l’héroïne et ne fait aucune allusion à la valeur courtoise du don, à l’attitude de Joïe envers les jeunes nobles du royaume qu’elle établit. La prière paraît donc tenir plus de place que les aeuvres. Enfin, et en cela Wauquelin ne se distingue pas de son modèle, une très grande importance
est donnée à l'espérance, première des vertus chrétiennes ; ainsi le roi, malgré l’annonce de la naissance monstrueuse proclame, en conclusion de la lettre envoyée à ses sénéchaux : "Tousjours sommes nous esperans en la grasce de nostre seigneur"?7
Dernière caractéristique de Wauquelin, labondance des références explicatives de toute nature. Nous avons déjà eu l’occasion d’en citer un certain nombre, juridiques, légendaires ou scripturaires ; le transcripteur espère ainsi expliquer à son lecteur le choix de l’inceste ou la décision prise par Joïe de se mutiler, faits qui peuvent lui paraître extraordinaires ou bizarres. Cependant, lorsqu'il en propose une explication, Wauquelin réduit
la complexité de ces épisodes. Les références du transcripteur peuvent être classées en deux groupes : d’une part, de multiples citations latines, savantes, souvent empruntées à la Bible ; d’autre part, des préceptes de sagesse populaire. On retrouve fréquemment la formule suivante : "l’escripture nous ensaigne et aprent”", ou encore "bien fu adont la parolle averie de celui que escripsy (..)"28 Dans le premier cas, on peut citer le chapitre XXV où "l’escripture" désigne en fait le texte de Beaumanoir. En effet, le parallélisme des deux passages est évident. Wauquelin déclare : "Amours est une vollenté par laquelle mains coers g'hommes et de femmes sont temptez. Si vous diray par quel usage ce vient."?
ce qui correspond exactement aux vers de Beaumanoir : "Amours, c’est une volentés Dont mains cuers a esté tentés,
Si vous dirai par quel usage.' 27 28 29 30
Wauquelin, chapitre XXXVTIII, p. 324. Wauquelin, chapitre XXV, p. 302 et chapitre XVII, p. 290. Wauquelin, chapitre XXV, p. 302. Beaumanoiïr, La Manekine, vv. 1417-1419.
293
Mais l’écriture peut désigner aussi un autre texte que La Manekine rimée de Beaumanoir ; ainsi, au chapitre XXIIL pour expliquer le nom donné à Joie en se référant au latin, Wauquelin fait allusion à une “escripture” qui peut soit être la Bible, où sont mentionnées des mutilations, soit plus largement
la culture et tout particulièrement le latin. Notons d’ailleurs que Wauquelin, qui utilise largement cette langue ne manque jamais de traduire la formule qu’il présente à son lecteur ; ainsi au chapitre XVII : "Ultima gaudiü occupat luctus et c., c'est a dire que pleurs occupent tousjours les daraïines ordonnances de joiie."
ou encore au chapitre XLVI : "Tanquam aurum in fornace probavit electos dominus et c., c’est a dire que nostre seigneur a esprouvé ses esleus comme le or en la fournaise."
Les références bibliques sont nombreuses ainsi à l'Ancien Testament -
l’histoire de Judith et Holopherne évoquée par Joïe 51 - aux psaumes ?? et à saint Paul. Les proverbes et expressions populaires sont placées par Wauquelin même dans la bouche de personnages de haut rang comme les barons de Hongrie. Ainsi fait-il dire à celui qui découvre la beauté de Joïe : "Nous avons envoiiet querir saint Pierre a Romme, et nous l’avons a nostre huis."
ou plus loin aux membres du conseil devant le roi : Es pus savons de certain que conmunement
de bon estocq wide bon
it.
Comme on peut le voir d’après ce dernier exemple, des adverbes ou des formules introductives - “on dist conmunement” - soulignent l’origine populaire des expressions employées par Wauquelin.
31 Wauquelin, chapitre XIV, p. 286-287, "me doint otel conseil que il donna a la bonne Judich contre la malisce et perversité Holofernes." 32 Wauquelin, chapitre LXIII, p. 363 : "Populus quem non cognovi servivit michi et in auditu auris obedivit michi, c'est a dire :’Le peupie que je n’ay point congnu m'a servit, et a oÿr parier de moy il a obey a moy." 33 Wauquelin, chapitre L, p. 341 : "Si Deus pronobis, quis contra nos ?” 34 Wauquelin, chapitre VIL, p. 277. 35. Wauquelin, chapitre VIL, p. 279.
294
Ainsi la mise en prose, tout en suivant d’assez près le texte rimé,
apparaît comme le travail d’un clerc, attaché à une culture religieuse et à la latinité, mais ne dédaignant pas le recours à la sagesse populaire à laquelle Beaumanoir se référait peu. La leçon retenue par Wauquelin pour ses lecteurs est identique à celle de La Manekine versifiée : l’homme doit savoir, dans les pires malheurs, conserver sa confiance en Dieu. Mais le transcripteur a éludé toutes les descriptions qui font aussi de La Manekine un roman courtois et qui pour Beaumanoir jouent également un rôle dans la structure religieuse d’ensemble. De même les monologues délibératifs, les méditations des personnages sont réduits voire supprimés. Wauquelin a ainsi modifié le sens de l’oeuvre dont il a voulu faire non un conte mais un texte historique ; il s’est appuyé sur des dates précises, sur des références multiples aux chroniques et sur la présence de personnages appartenant aux dynasties régnantes, particulièrement celles du Nord de l’Europe, de la France et de la Bourgogne auxquelles Wauquelin se trouvait personnellement attaché.
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TABLE DES MATIERES AVANT PROPOS
page 3
INTRODUCTION Chapitre premier: Chapitre deux:
Le récit.
page 7
Structures du récit.
page 11
Chapitre trois:
L'auteur.
page 21
|
page5
PREMIERE PARTIE: La fille aux mains coupées.Etude des motifs folkloriques page 31
Chapitre premier: Chapitre deux:
Le Corpus. Analyse des principaux récits.
Chapitre trois:
Le schéma des contes oraux et le motif de l'inceste.
Chapitre quatre:
Chapitre cinq:
Le conte-type 706. Le rôle de l’enfant dans les différentes versions.
DEUXIEME PARTTE: La Hongrie
Chapitre premier:
Chapitre deux: Chapitre trois: Chapitre quatre: Chapitre cinq:
Images de la Hongrie. Trois princesses de Hongrie: Elisabeth, Berthe et Joïe. La Hongrie, royaume de la contrainte. L'amour du roi de Hongrie. La mutilation.
TROISIEME PARTIE: L’Ecosse. La Maneline, roman courtois
Chapitre premier:
page 33
page 37 page 57 page 65 page 79 page 89
page 91
page 101 page 107 page 119 page 131 page 141
Les valeurs courtoises dans La Manelkaine.
Chapitre deux:
L'amour du roi d’Ecosse.
page 143 page 153
Chapitre trois: Chapitre quatre:
Le portrait de la Manekine.
page 163
Les fêtes du couronnement.
Chapitre cinq:
Le tournoi.
page 173 page 185
QUATRIEME
PARTIE: La leçon du roman: Lz Manelane,
roman religieux
page 201
Temps liturgique et temps folklorique dans La Manekine. Piété et sainteté: de la prière
page 203
au miracle.
page 213
Chapitre trois: Chapitre quatre:
Les prières de la Manekine.
page 223 page 233
Chapitre cinq:
Prière, repentir et confiance
Chapitre premier: Chapitre deux:
L’Ave Maria du roi d’Ecosse. en Dieu.
page 247
CONCLUSION:
page 259
ANNEXES:
page 261 page 263 page 283
Annexe l: Annexe Il:
BIBLIOGRAPHIE:
La Manekine dramatisée. La mise en prose de Wauquelin.
page 295
a
4