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French Pages 204 [206] Year 2019
re PROGRAMME
2019
Sous la direction de MARJORIE GALY et RÉMI JEANNIN
Sous la direction de MARJORIE GALY et RÉMI JEANNIN
SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES LIVRE DU PROFESSUR
SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
LIVRE DU PROFESSEUR
SPÉCIALITÉ
2019
PROGRAMME
LIVRE DU PROFESSEUR
77 0277 8 ISBN 978-2-0139-5433-4
P001-004_V_1re_9782013954334.indd Tutte le pagine
19/07/19 13:18
AVERTISSEMENT Vous venez de télécharger gratuitement le fichier pédagogique du manuel SES 1re, édition 2019. Nous vous rappelons qu’il est destiné à un usage strictement personnel. Il ne peut ni être reproduit ni être mutualisé sur aucun site (site d’établissement, site enseignant, blog ou site de peer to peer), même à titre grâcieux. D • eux raisons principales : Éviter de rendre le fichier accessible aux élèves dans les moteurs de recherche. • Respecter pleinement le droit d’auteurs : en effet, l’ensemble des guides pédagogiques et livres du professeur mis à votre disposition sont des œuvres de l’esprit protégées par le droit de la propriété littéraire et artistique. Nous vous rappelons que selon les articles L 331-1 et L 335-4 du Code de la propriété intellectuelle, toute exploitation non autorisée de ces œuvres constitue un délit de contrefaçon passible de sanctions de natures pénale et civile, soit trois ans d’emprisonnement et 300 000 euros d’amende.
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2019
SPÉCIALITÉ
PROGRAMME
SCIENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES
LIVRE DU PROFESSEUR DIRECTEURS D’OUVRAGE Marjorie Galy Lycée Fustel de Coulanges, Strasbourg (67) Rémi Jeannin Lycée Hector Berlioz, Vincennes (94) Théophile Andriot Lycée Pierre Mendès France, Tunis
Murielle Germanaz Lycée de Stella, La Réunion (974)
Laurence Beaudonnet Lycée des Arènes, Toulouse (31)
Kevin Hédé Lycée Émile Zola, Rennes (35)
Marie Blanchard Lycée Marc Bloch, Bischheim (67)
Cédric Hounsou Lycée Rémi Belleau, Nogent-le-Rotrou (28)
Jennifer Caux Lycée Paul Robert, Les Lilas (93)
Nicolas Kemoun Lycée Robert Doisneau, Vaulx-en-Velin (69)
Anna Dreuil Lycée Alfred Kastler et Lycée de la Nouvelle Chance, Cergy (95)
Luc Naegele Faculté des sciences économiques et de gestion, Université de Strasbourg (67)
Julie Genet Lycée François Rabelais, Paris (75)
Maxime Salvi Lycée Robert Schuman, Haguenau (67)
Couverture : Guylaine Moi Mise en page : Laure Gros, Anne-Danielle Naname Édition : Sarah Rivoal
www.Hachette-education.com © Hachette Livre 2019 58, rue Jean Bleuzen, 92178 Vanves Cedex ISBN : 978-2-01-395433-4 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous pays. Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes des articles L. 122-4 et L. 122‑5, d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que « les analyses et les courtes citations » dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite ». Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, sans autorisation de l’éditeur ou du Centre français de l’exploitation du droit de copie (20, rue des GrandsAugustins – 75006 Paris), constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
900 g éq. CO2
Sommaire
CH
CH
CH
CH
CH
I SCIENCE ÉCONOMIQUE AP
1
AP
2
AP
3
AP
4
AP
5
Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ?
6
Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ?
24
Quelles sont les principales défaillances du marché ?
43
Comment les agents économiques se financent-ils ?
58
Qu’est-ce que la monnaie et comment est-elle créée ?
72
CH
CH
CH
CH
CH
II SOCIOLOGIE ET SCIENCE POLITIQUE AP
6
AP
7
AP
8
AP
9
Comment la socialisation contribue-t-elle à expliquer les différences de comportement des individus ?
86
Comment se construisent et évoluent les liens sociaux ?
108
Quels sont les processus sociaux qui contribuent à la déviance ?
122
Comment se forme et s’exprime l’opinion publique ?
136
AP
10 Voter : une affaire individuelle ou collective ?
150
CH
CH
III REGARDS CROISÉS AP
11
Comment l’assurance et la protection sociale contribuent-elles à la gestion des risques ?
167
AP
12 Comment les entreprises sont-elles organisées
et gouvernées ?
186
Mode d’emploi du Q-sort OBJECTIFS DU Q-SORT Le Q-sort est une technique d’animation de groupe qui permet de collecter les représentations des individus puis, en les agrégeant, de susciter des échanges argumentés sur un sujet à venir. Le Q-sort n’est donc pas un exercice évaluant les prérequis ni un exercice vrai/faux. Les propositions du Q-sort (items) sont, et c’est volontaire, souvent des phrases ambiguës, clivantes ou provocantes. Il s’agit d’amener les participants d’un groupe à « prendre position » afin de défricher une thématique, de faire émerger les représentations individuelles et de susciter l’intérêt, de mettre en action intellectuelle les participants d’un stage ou d’un cours. Finalement, les neuf items ne sont qu’un prétexte pour mobiliser l’attention des élèves, attiser leur curiosité et faire émerger leurs représentations (incomplètes, erronées ou fondées) sur un chapitre à venir. Grâce au module Hachette en ligne, l’enseignant pourra très rapidement, en classe, projeter une synthèse des réponses des groupes, repérer les items clivants et les items consensuels, et ainsi démarrer son cours en s’appuyant sur les représentations de la classe, qu’il aura ainsi pu faire énoncer et discuter par les élèves.
À l’issue de cette phase d’échanges argumentés, l’enseignant peut demander aux élèves, en groupes ou seul, de formuler quelques propositions/questions qui résument les interprétations divergentes de la classe ; cela revient peu ou prou à faire problématiser les élèves. L’enseignant peut aussi proposer une ou deux problématiques qui seront les fils conducteurs du chapitre.
MARCHE À SUIVRE Remarque : Par défaut, ce sont les items du Q-sort du manuel qui sont proposés en ligne, mais l’enseignant peut les modifier à sa guise ! ■ Avant le cours, sur le site collection, l’enseignant
imprime autant de grilles vierges de réponses au Q-sort qu’il y aura de groupes. ■ En début de séance, l’enseignant demande aux élèves,
par proximité, de former des groupes de 3 à 6 élèves selon la configuration de la classe et les préférences de l’enseignant. On peut aller jusqu’à 20 groupes. ■ L’enseignant invite chaque groupe à compléter, par
Après que les groupes ont complété la grille de réponses, l’enseignant choisit deux ou trois items sur lesquels il demande aux élèves de tel groupe de justifier, en l’explicitant, leur accord face aux membres d’un autre groupe qui, sur le même item, étaient en désaccord avec ceux du premier groupe. L’enseignant peut laisser les élèves prendre la parole, ou nommer tel groupe ou tel élève pour qu’il explicite.
consensus, la grille du Q-sort. Dans chaque case est écrit le numéro de l’item avec lequel le groupe est « tout à fait d’accord », « plutôt d’accord », « sans opinion », « plutôt pas d’accord », « pas du tout d’accord » (compter 10 minutes).
La forme du tableau de collecte des réponses des groupes est construit afin d’obliger les élèves à hiérarchiser les neuf items : celui avec lequel ils sont le plus en accord, celui avec lequel ils sont le plus en désaccord, et les autres items qui sont moins clivants.
■ Il collecte les grilles de réponses des groupes et com-
Important : Petit à petit émergent des points de clivage qui polarisent les échanges entre élèves. Il est important que l’enseignant ne participe pas à ces échanges, il n’intervient que pour réguler/relancer les échanges. L’enseignant (ou des élèves désignés) prend des notes sur les différents arguments échangés. L’enseignant propose aussi à la classe de s’interroger sur un ou deux items « neutres », ceux pour lesquels une majorité d’élèves est « sans opinion ». Il s’agit souvent de propositions qui font peu ou pas sens pour les élèves. L’enseignant demande alors aux élèves d’expliciter à la classe pourquoi le groupe n’a pas réussi à trancher sur l’item.
4
■ Après s’être connecté à l’interface Q-sort en ligne sur
le site collection, l’enseignant crée le nombre de groupes en renseignant pour chacun les prénoms des élèves. plète leurs réponses dans l’interface informatique. Il peut aussi le faire faire tour à tour par les élèves dès qu’ils ont terminé. Pendant ce temps, l’enseignant peut circuler dans la salle. ■ Une fois tous les résultats des groupes saisis, l’en-
seignant vidéoprojette les graphiques de synthèse des réponses de la classe. ■ L’enseignant peut alors inviter les élèves de tel groupe
à formuler leur avis, et demander à un autre groupe de justifier leur avis opposé sur tel ou tel item. À l’issue de cette prise de représentations, l’enseignant doit s’assurer que les grands axes des échanges d’arguments apparaissent dans le cahier des élèves (soit prise en notes par les élèves, soit distribution, le cours d’après, d’une petite synthèse écrite des échanges). Cela sera le point de départ du cours, dont les apports permettront aux élèves d’enrichir leurs représentations et de répondre aux questions qu’ils se sont posées pendant le Q-sort.
5
1
Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? ANALYSE DU PROGRAMME p. 12 Ce premier chapitre d’économie en 1re permet d’introduire le modèle du marché en concurrence parfaite. Le premier objectif d’apprentissage invite à aborder l’organisation des marchés concrets dans leur diversité, en précisant que le marché est une institution et que les structures de marché peuvent être plus ou moins concurrentielles. Ensuite, les objectifs d’apprentissage visent essentiellement à présenter un modèle très simplifié de marché, avec des hypothèses très contraignantes pour conceptualiser un marché où aucun offreur et aucun demandeur n’a de pouvoir sur le prix de marché : le modèle de concurrence parfaite. Il conviendra de mettre en perspective l’écart entre la diversité des marchés concrets et le modèle présenté, en s’appuyant sur la notion de modèle introduite en 2de, et en reliant ce chapitre aux suivants, qui abordent les modèles de concurrence imparfaite et les défaillances de marché.
ORGANISATION DU CHAPITRE Les trois dossiers documentaires permettent de couvrir les objectifs d’apprentissage du programme en une dizaine d’heures, une proposition réaliste compte tenu des nouvelles contraintes horaires et de l’évaluation en fin de 1re pour ceux qui abandonneraient les SES : – Dossier 1 « Comment les marchés sont-ils organisés ? », sur la diversité des marchés concrets, plus ou moins concurrentiels, et qui fonctionnent grâce à des institutions ; – Dossier 2 « Comment le prix se fixe-t-il sur un marché concurrentiel ? », sur l’offre, la demande et leur confrontation pour déterminer l’équilibre du marché concurrentiel ; – Dossier 3 « Qu’est-ce que les agents gagnent à échanger sur un marché ? », sur l’efficacité du marché concurrentiel et l’impact sur l’équilibre de l’introduction d’une taxe. Trois activités sont proposées afin d’appliquer et de préciser les notions et mécanismes étudiés : – Activité 1 « Le marché du sapin de Noël », simulation en classe d’un marché fictif et simplifié pour faire construire les courbes d’offre et de demande à partir des prix de réserve individuels des élèves. Cette activité peut être menée pour introduire le chapitre, elle permet d’aborder beaucoup de notions et mécanismes du chapitre par l’interprétation graphique : interprétation des courbes, de l’équilibre, déplacement sur la courbe, surplus. – Activité 2 « Comment expliquer les variations du prix du pétrole ? », pour un exemple d’application possible du modèle graphique du marché concurrentiel à un produit omniprésent. – Activité 3 « Comment décider de la quantité produite ? », pour approfondir la compréhension du lien entre la courbe d’offre d’un producteur individuel et ses coûts de production. En fin de chapitre, un « Vers le bac – Objectif 1re » permet de s’entraîner sur les épreuves anticipées de 1re, notamment sur la question de la mobilisation des connaissances et le traitement de l’information. Un guide méthodologique et une proposition de corrigés offriront aux élèves des moyens d’appréhender les attentes de l’épreuve et de s’entraîner sur les savoir-faire attendus. 6 • I – Science économique
Un « Vers le bac – Objectif Terminale » permet de s’entraîner sur un sujet de dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire. Les étapes 1 et 2, extraites du guidage méthodologique complet disponible en ligne, aideront les élèves à étudier le dossier documentaire et construire son plan détaillé. Les rubriques habituelles complètent le chapitre pour donner aux élèves des outils de récapitulation et d’approfondissement des connaissances (Synthèse + schéma L’essentiel + sélection de vidéos), d’autoévaluation (Testez vos connaissances !), de mobilisation des savoir-faire quantitatifs (Utilisez les statistiques).
OUVERTURE DU CHAPITRE p. 12-13 Un choix de trois possibilités est proposé pour découvrir et introduire ce chapitre, ce qui permet de varier selon ses classes. – Découvrir par l’image vise à amener les élèves à constater la diversité des marchés concrets mais aussi certaines caractéristiques fondamentales de toute transaction marchande. – Découvrir par la vidéo invite les élèves à découvrir la diversité des modalités de l’échange marchand et des dispositifs de fixation des prix en suivant quelques étapes du commerce des fleurs en France. – Découvrir en situation vise à sensibiliser les élèves à la contrainte que subit un acteur sur un marché concurrentiel quant à la fixation du prix et, plus largement, à réfléchir aux multiples règles, normes, dispositifs, infrastructures, etc., qui sont indispensables à l’échange marchand, en plus de la nécessaire existence d’un acheteur pour le produit proposé à la vente.
DOSSIER 1 Comment les marchés sont-ils organisés ?
p. 14-15
DO
Le dossier documentaire permet d’introduire la notion de marché selon trois angles complémentaires : le marché concret, avec l’exemple de l’automobile, le marché comme construction sociale et historique, et le modèle du marché concurrentiel, outil de base de la microéconomie traditionnelle. C
1
POUR COMMENCER Le marché de l’automobile, du neuf à l’occasion p. 14 Ce premier document comprend 1) un tableau qui résume les échanges sur les différents compartiments du marché de l’automobile (prix, quantités) ainsi que les caractéristiques des acheteurs (âge) et 2) un graphique donnant les parts de marché des principaux constructeurs automobiles en France. L’objectif est d’introduire la notion de marché comme ensemble de transactions d’achat et de vente – dont on voit qu’il peut prendre des formes très différentes y compris pour un même produit – et de faire émerger les notions de degré de concurrence (question 3) et d’institution (question 4). Au-delà des questions proposées, il peut être intéressant de discuter directement à partir du tableau des caractéristiques des différents marchés présentés. 1. En 2017, les acheteurs de voitures neuves ont dépensé 26 700 euros en moyenne pour acquérir un véhicule. L’entreprise PSA (les marques Peugeot, Citroën, DS, Opel) a vendu 32 % des véhicules neufs acquis au cours du 1er semestre 2018. 2. Les véhicules neufs sont vendus par les constructeurs automobiles (directement ou par l’intermédiaire de concessionnaires). Les véhicules d’occasion sont vendus soit par des professionnels (concessionnaires, garagistes, loueurs…) soit par des particuliers propriétaires d’un véhicule. Chapitre 1 – Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? • 7
3. La concurrence entre les vendeurs est probablement plus forte sur le marché de l’occasion dans la mesure où le nombre d’acteurs qui souhaitent vendre y est très élevé : plusieurs millions de vendeurs en 2017. Par contraste, le nombre de constructeurs automobiles est relativement faible : trois constructeurs se partagent près des trois quarts du marché français du véhicule neuf.
DO
4. Un vendeur de voiture non professionnel offre moins de garanties qu’un professionnel du commerce de voitures qui connaît les produits et est soumis à des règles et à des contrôles qui ne concernent pas les particuliers. Sans compter que le professionnel a intérêt à entretenir sa réputation, car il compte sans doute vendre plus d’une voiture ! Ainsi, le commerce de voitures d’occasion entre particuliers est moins encadré que le commerce de professionnels à particuliers. C
2
Les marchés sont des institutions p. 14 Ce texte de Robert Boyer, chef de file de la théorie de la régulation, permet d’envisager la variété et la multiplicité des règles qui permettent d’organiser les marchés concrets et de rendre possible l’échange marchand. La nécessité de telles règles peut être constatée par l’analyse historique des marchés, donnant à voir le marché comme une construction sociale, ou comme une institution, qui peut prendre des formes très diverses. Un exemple en est proposé en vis-à-vis du texte concernant les marchés financiers. Le point commun entre tous les marchés est qu’ils ne peuvent pas exister si les acteurs des marchés ne respectent pas un certain nombre de règles socialement instituées. 1. Lorsque j’achète un croissant à la boulangerie, je deviens propriétaire d’un bien qui était auparavant possédé par le boulanger. Celui-ci consent à me transférer la propriété du croissant en échange de mon paiement. Je n’ai le droit de manger le croissant qu’après l’avoir payé. Sinon, je me rends coupable de vol et je risque une sanction. 2. La monnaie facilite l’échange marchand : tous les biens proposés à la vente ont un prix exprimé en monnaie. Les banques mettent à disposition de leurs clients des moyens de paiement qui leur permettent de s’acquitter du prix lors de la transaction. 3. La qualité des biens alimentaires est souvent indiquée par des labels (Label Rouge, Agriculture Biologique, Lait collecté et conditionné en France, etc.). La résistance des voitures lors d’un accident est contrôlée par un organisme européen qui réalise des crash tests (Euro NCAP). Si l’on assimile la force de travail à une marchandise, on peut considérer que les diplômes des candidats à l’emploi permettent aux employeurs d’évaluer leurs compétences, etc.
DO
4. Si les droits de propriété ne sont pas respectés, par exemple si chacun se sert à la boulangerie sans payer, les producteurs renonceront rapidement à leur activité. En l’absence de monnaie, il sera très compliqué de réaliser des échanges et cela découragera de nombreux acheteurs et vendeurs potentiels. S’il y a tromperie sur la qualité des produits, par exemple si les croissants sont en carton, les acheteurs refuseront vite de les acquérir. Si certains acheteurs sont favorisés par rapport à d’autres, par exemple si les croissants sont moins chers pour les filles, cela risque de décourager les acheteurs discriminés. C
3
Le modèle du marché en concurrence parfaite p. 15 Ce texte propose une définition du marché concurrentiel au sens de la microéconomie. Le marché concurrentiel est un modèle, c’est-à-dire une représentation simplifiée de phénomènes réels, construite avec un objectif précis. L’objectif de ce document est de présenter les principales hypothèses qui sous-tendent le modèle. (L’objectif du modèle est de montrer que le marché coordonne efficacement les acteurs du marché,
8 • I – Science économique
dès lors qu’il est concurrentiel, au sens où les hypothèses de la concurrence parfaite sont respectées. Voir le dossier 3.) « Ce qui est simple est faux, ce qui est complexe est inintelligible » (Paul Valéry). Le modèle du marché concurrentiel ne prétend pas représenter fidèlement le fonctionnement des marchés réels – il est « faux » dans le sens où aucun marché concret n’est parfaitement conforme aux hypothèses qui sous-tendent le modèle. Cependant, il simplifie suffisamment la complexité des marchés réels pour fournir des prédictions qui se vérifient sur un grand nombre de marchés – il permet de parvenir à une certaine intelligence du fonctionnement du marché, pour peu que celui-ci soit suffisamment concurrentiel. 1. Dans mon quartier, il y a plusieurs boulangeries voisines qui sont en concurrence. La baguette de pain standard est vendue partout environ 1 euro. Les baguettes proposées à la vente ne sont pas tout à fait homogènes : certains consommateurs ont une préférence marquée pour les baguettes d’un boulanger particulier. Cependant les produits restent comparables, si on exclut certaines baguettes considérées comme très différentes par certains consommateurs (baguette à l’ancienne, baguette biologique…). Les producteurs de baguette sont parfaitement libres de cesser de produire de la baguette pour faire d’autres pains, ou inversement. Pour autant, les facteurs de production ne sont pas parfaitement mobiles : un boulanger ne peut pas se mettre à réparer des voitures du jour au lendemain, par exemple. Un nouveau boulanger peut s’installer et se mettre à produire des baguettes, mais cela suppose certains coûts (recherche d’un local, achat de matériel…). L’information est relativement transparente, à condition de connaître les produits des différents boulangers, ce qui est le cas pour les amateurs de baguette résidant dans le quartier qui ont pu essayer les différents produits. Bref, les hypothèses du modèle théorique ne sont pas strictement respectées. Malgré tout, ce marché peut être considéré comme relativement concurrentiel. 2. Sur le marché d’un produit, s’il y a un grand nombre de producteurs dont les produits sont homogènes, il est difficile pour un producteur de proposer un prix de vente beaucoup plus élevé que les autres, sinon il ne vendrait rien.
DO
3. L’intérêt d’un modèle est précisément d’être simple, sinon il ne sert à rien. C
4
EXERCICE
Des structures de marché plus ou moins concurrentielles
p. 15 Cet exercice vise à préciser la définition du marché concurrentiel, en concurrence parfaite, où les acteurs sont preneurs de prix, par opposition aux structures de marché non concurrentielles, en concurrence imparfaite. Pour simplifier le problème et ne pas aller jusqu’au tableau de Stackelberg ou à la concurrence monopolistique à la Chamberlin, on considère un marché où tous les produits sont identiques et où le nombre de consommateurs est grand. 1. La différence entre un marché concurrentiel et un monopole tient au nombre de producteurs qui offrent le produit : un grand nombre de producteurs sont présents sur un marché concurrentiel, tandis qu’il y en a un seul en situation de monopole. 2. Dans le cas du monopole, l’unique producteur a la possibilité de déterminer le prix de vente en fonction de son propre intérêt puisqu’il n’a aucun concurrent. Dans le cas de l’oligopole, les producteurs disposent d’une certaine marge de liberté pour fixer le prix de vente, mais celle-ci est limitée par la présence de producteurs concurrents. Dans les deux cas, les producteurs ne sont pas preneurs de prix mais ont une capacité à influencer ce dernier. 3. Marché concurrentiel : a, d, e, f. Oligopole : c, g, h (duopole). Monopole : b (pour ce qui est du transport de voyageurs, et plus pour très longtemps).
Chapitre 1 – Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? • 9
S’EXERCER
p. 15
1 Autoévaluation Un marché met en rapport des acteurs qui souhaitent vendre et des acteurs qui souhaitent acheter un même produit, mais n’est pas nécessairement un lieu physique. Les marchés sont des institutions car la coordination des actions des acheteurs et des vendeurs nécessite le respect de règles comme le droit de propriété, le paiement en monnaie, le respect des contrats, et parce que des organisations les encadrent.
2 Mobiliser ses connaissances Le marché est une institution car l’échange ne peut pas être durable sans règles ni organisations socialement instituées. En effet, l’échange marchand coordonné par le marché nécessite qu’existent la monnaie, le respect de la propriété privée, un affichage des prix, des garanties sur la qualité du produit… Par exemple, sur le marché d’occasion de l’automobile, il existe une cotation officielle des prix des voitures d’occasion selon le modèle, leur année de construction et le kilométrage au compteur (L’Argus), ainsi que des lois protégeant les vendeurs des mauvais payeurs et les acheteurs des escroqueries (défauts dissimulés de la voiture d’occasion).
DOSSIER 2 Comment le prix se fixe-t-il
sur un marché concurrentiel ?
p. 16-17
DO
La séquence proposée vise à introduire le concept d’équilibre du modèle du marché concurrentiel. La confrontation de l’offre et de la demande détermine le prix (DOC 1, DOC 4). La quantité demandée dépend des préférences des consommateurs (DOC 1) et du prix (DOC 2), la quantité offerte dépend des coûts de production des producteurs et du prix (DOC 3). C
1
POUR COMMENCER En 1958, ruée sur le hula hoop ! p. 16 Ce document vidéo permet d’introduire de manière ludique la façon dont la confrontation entre l’offre et la demande détermine le prix de vente. Notez bien que s’il ne faut pas confondre offre et demande (encadré), il ne faut pas confondre non plus demande (quantité demandée pour chaque niveau de prix) et quantité demandée (quantité que souhaitent et peuvent acheter les consommateurs pour un niveau de prix donné), ni offre (pour chaque niveau de prix) et quantité offerte (pour un prix donné). Voir les DOC 2 et 3 du dossier. 1. Le vendeur de jouets réduit progressivement le prix parce qu’au départ il n’y a pas de consommateurs pour ce produit. 2. En l’absence d’acheteurs, le proposer gratuitement est le seul moyen dont il dispose pour tenter d’écouler le stock de hula hoop ! 3. Le petit garçon impressionne les autres enfants en jouant avec le hula hoop, ce qui donne envie aux autres de se procurer le même jouet. Les enfants se ruent à la boutique de jouets pour en acheter, ce qui pousse le vendeur à remonter le prix. Le prix de vente initial s’élève à 1,75 dollar ; une fois le jouet devenu à la mode, il est vendu 3,99 dollars. 4. L’entreprise qui a introduit le nouveau jouet va accroître sa production. D’autres fabricants de jouets pourraient se lancer dans la production de hula hoop à leur tour pour profiter de l’opportunité. En somme, la quantité de hula hoop proposée à la vente devrait augmenter.
10 • I – Science économique
DO
C
2
Comment le prix influence-t-il la quantité demandée ? p. 16 Ce texte permet d’introduire la courbe de demande, qui traduit la relation négative entre le prix et la quantité demandée. Cette relation s’explique par un effet de revenu (la hausse du prix d’un bien, toutes choses égales par ailleurs, dégrade le pouvoir d’achat) et un effet de substitution (la hausse du prix d’un bien, toutes choses égales par ailleurs, incite les consommateurs à se détourner de ce bien pour le remplacer par des biens alternatifs). 1. Avec 6 euros, je peux acheter 3 paquets de riz à 2 euros. Mon pouvoir d’achat est donc de 3 paquets de riz. 2. J’ai toujours 6 euros mais le prix a augmenté, donc mon pouvoir d’achat diminue. Si le prix de vente d’un paquet est de 3 euros, mon pouvoir d’achat est de 2 paquets de riz. Il a donc diminué d’un tiers. 3. Le riz pourrait être remplacé par d’autres céréales : des pâtes, du pain, des pommes de terre… Cela dépend des préférences de chaque consommateur. Certains ne pourraient peut-être pas se passer de riz, quitte à sacrifier d’autres biens qu’ils consomment habituellement. 4. Dans l’ensemble, une hausse du prix du riz réduit la quantité de riz demandée. Remarque
DO
Le repère sur les pentes des courbes d’offre et de demande permet d’aller plus loin en montrant que le degré de substituabilité des biens, déterminé par les préférences des consommateurs, détermine la sensibilité de la quantité demandée par rapport au prix. À l’inverse, la capacité des producteurs à accroître leur offre, dérivant de leurs coûts de production, détermine la sensibilité de la quantité offerte par rapport au prix. C
3
Comment le prix influence-t-il la quantité offerte ? p. 17 Ce document permet d’introduire la courbe d’offre qui traduit la relation positive entre le prix et la quantité offerte. Cela vient de la croissance du coût marginal de production à court terme, postulé par la théorie microéconomique traditionnelle. L’activité 3 revient plus en détail sur cette question. Pour la question 3, on peut inviter les élèves à calculer le profit pour mieux observer que celui-ci est toujours plus élevé lorsque le producteur choisit de produire une quantité telle que le prix de vente permet de couvrir le coût marginal. 1. Lorsque la quantité produite passe de zéro à une tonne de maïs, le coût de production augmente de 200 euros. Produire une tonne de maïs supplémentaire pour arriver à une production de deux tonnes accroît encore le coût de production de 250 euros. 2. Le coût de production de chaque tonne supplémentaire est de plus en plus élevé car ce sont d’abord les terres les plus faciles à cultiver qui sont utilisées, pour finir par la partie du terrain à flanc de colline, la moins propice aux cultures. 3. Si une tonne de maïs est vendue 280 euros sur le marché, j’ai intérêt à produire une tonne (gain : 280 − 200 = 80 euros) puis une seconde (gain : 280 − 250 euros = 30 euros). Mon profit est alors de 80 + 30 = 110 euros. Si je produis une troisième tonne, mon profit diminue : en effet, sur cette troisième tonne mon gain est négatif : 280 – 300 = − 20 euros soit une perte de 20 euros. En somme, mon profit s’élève alors à 80 + 30 − 20 = 90 euros seulement. Si le prix est de 400 euros, j’ai intérêt à produire trois tonnes de maïs pour un profit total de (400 − 200) + (400 − 250) + (400 − 300) = 450 euros. Produire une quatrième tonne réduirait mon profit de 50 euros. 4. Une augmentation du prix du maïs incite les producteurs à accroître leur production. La quantité offerte augmente donc avec le prix. Chapitre 1 – Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? • 11
DO
C
4
EXERCICE
L’équilibre du marché concurrentiel
p. 17 Cet exercice prolonge le DOC 1 et permet d’envisager la confrontation de l’offre et de la demande de manière plus formelle en exploitant la représentation graphique de l’équilibre. L’exercice permet de constater qu’un prix inférieur au prix d’équilibre conduit à une situation de pénurie (les consommateurs ne parviennent pas à acheter autant de biens qu’ils le souhaiteraient) tandis qu’un prix supérieur au prix d’équilibre conduit à une situation de surproduction (les producteurs ne parviennent pas à écouler leurs produits), sans qu’il soit nécessaire d’introduire ces notions. 1. Pour n’importe quel prix supérieur au prix d’équilibre, la quantité offerte est plus élevée que la quantité demandée. 2. Partant d’une situation où le prix est supérieur au prix d’équilibre, toute réduction du prix accroît la quantité demandée et réduit la quantité offerte, d’où une diminution de l’écart entre les quantités offertes et demandées. Une baisse de prix suffisamment importante permet donc de rétablir l’égalité entre quantités offertes et demandées, c’est-à-dire de revenir à l’équilibre. 3. Tableau : Niveau du prix
Situation sur le marché
Conséquence sur le prix
Prix trop bas
Quantité demandée > quantité offerte
Une hausse du prix rétablit l’équilibre
Prix d’équilibre
Équilibre
Prix stable
Prix trop élevé
Quantité offerte > quantité demandée
Une baisse du prix rétablit l’équilibre
4. Graphiques : a) Augmentation de la demande : la quantité demandée augmente pour chaque niveau de prix, donc déplacement de la courbe de demande vers la droite. Prix
Offre
E’ Hausse du prix
E Demande en hausse
Demande initiale
Hausse de la quantité échangée
12 • I – Science économique
Quantités
b) Diminution de l’offre : la quantité offerte diminue pour chaque niveau de prix, d’où un déplacement de la courbe d’offre vers la gauche.
Offre réduite Prix
Offre
E’ Hausse du prix
E
Demande
Baisse de la quantité échangée
Quantités
S’EXERCER
p. 17
1 Autoévaluation 1. Faux. 2. Faux. 3. Faux. 4. Faux. 5. Vrai.
2 Mobiliser ses connaissances Sur un marché concurrentiel, le prix dépend à la fois de l’offre et de la demande car le prix constitue un moyen privilégié de coordonner les décisions d’acheteurs et de vendeurs qui ont des plans nécessairement opposés. En effet, les demandeurs souhaitent acheter le moins cher possible et les offreurs souhaitent vendre le plus cher possible. Le marché peut alors être représenté par la courbe d’offre, fonction croissante du prix, et par la courbe de demande, fonction décroissante du prix. Ces deux courbes se croisent en un point appelé l’équilibre, correspondant au prix qui égalise les quantités offertes et demandées. Par exemple, sur le marché du riz ou du sapin de Noël, si la demande, c’est-à-dire la quantité de produits que les consommateurs sont prêts à acheter pour chaque niveau de prix, est supérieure à l’offre, c’est-à-dire la quantité de produits que les producteurs sont prêts à vendre pour chaque niveau de prix, alors le prix d’équilibre va s’élever pour égaliser les quantités demandées et offertes, et inversement si la demande est inférieure à l’offre. Chapitre 1 – Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? • 13
DOSSIER 3 Qu’est-ce que les agents gagnent à échanger sur un marché ? p. 18-19
DO
La séquence proposée vise à faire comprendre les notions de surplus et de gain à l’échange ainsi qu’à étudier l’impact de l’instauration d’une taxe forfaitaire. C
1
POUR COMMENCER Quel prix êtes-vous prêt à payer pour un vol Paris-New York ? p. 18 Ce document permet d’aborder la notion de surplus de façon implicite en partant d’un cas très concret. Tous les acheteurs ne sont pas prêts à payer le même prix pour un vol Paris-New York. Si tous payaient le même prix, ceux qui étaient prêts à payer plus feraient un gain, appelé ici le surplus. A contrario, le document permet de montrer que les producteurs s’éloignent du modèle de concurrence parfaite où tous les agents échangent au même prix, en pratiquant une discrimination par les prix : en faisant payer plus cher, pour quelques avantages (qualité du siège, espace dans l’avion, boissons et restauration, etc.), ceux qui sont justement prêts à payer plus cher. 1. Pour un vol Paris-New York avec Air France en 2018, neuf billets de 1re classe sont proposés à la vente à un prix de 12 499 euros l’unité. 2. Si tous les billets étaient vendus à 1 142 euros, le gain pour un voyageur prêt à en payer 12 499 correspond à l’économie qu’il réalise en achetant le billet moins cher, soit 12 499 − 1 142 = 11 357 euros qu’il pourrait dépenser autrement. 3. L’offre de billets de 1re classe s’adresse à des voyageurs qui ont les moyens de payer plus cher, donc qui ont un pouvoir d’achat plus élevé. Elle s’adresse aussi aux voyageurs qui acceptent de payer un prix plus élevé, parce qu’ils ont une préférence plus forte pour le confort, ou parce qu’ils peuvent alors travailler ou se reposer pendant le vol. Pour une grande entreprise, permettre à un cadre dirigeant de travailler ou de se reposer peut générer des revenus bien plus importants que le prix d’un billet à 3 000 ou 12 000 euros.
DO
4. La relation entre le prix et la quantité de billets vendus est décroissante : plus le prix est élevé, moins la demande est importante. C
2
La mesure des gains à l’échange p. 18 Ce document vise à introduire une définition rigoureuse du concept de gain à l’échange et à montrer que c’est précisément l’existence de ce gain à l’échange qui justifie la propension des acteurs à échanger. La notion d’efficacité du marché concurrentiel, correspondant à la maximisation du surplus, y est aussi abordée. Concernant la définition du surplus, notez que si le surplus du consommateur est « prix de réserve des consommateurs − prix de marché » et que le surplus du producteur est « prix de marché − coût marginal », alors la sommes des surplus des consommateurs et des producteurs est « prix de réserve − prix de marché + prix de marché − coût marginal », ce qui se réécrit « prix de réserve − coût marginal ». Le prix d’équilibre est celui qui maximise le surplus total, tout autre prix réduit inévitablement le gain à l’échange. Évidemment, cela ne signifie pas que toute intervention sur les prix soit néfaste en soi : les bénéfices peuvent contrebalancer la perte de surplus occasionnée. Intervenir sur le prix procède d’un choix politique, le rôle éventuel de l’économiste se limite à éclairer la décision en évaluant l’ampleur de la perte induite par la modification du prix.
14 • I – Science économique
1. Le prix maximum qu’est disposé à payer un consommateur pour une unité de bien dépend de son pouvoir d’achat et de ses préférences. 2. Le surplus du consommateur pour une unité achetée est l’écart entre le prix maximum qu’il est prêt à payer et le prix qu’il paie effectivement. Dans la mesure où le consommateur aurait été prêt à payer plus cher le bien qu’il a acquis, il gagne à l’échange. 3. Le surplus du producteur pour une unité vendue est l’écart entre le prix de vente et le coût de production de l’unité vendue, ce qui correspond au profit qu’il réalise sur cette unité de bien. 4. Lorsque le prix maximum qu’un consommateur est prêt à payer est inférieur au prix de vente, alors le consommateur n’achète pas, sinon son gain à l’échange serait négatif. Cela signifie qu’il préfère utiliser son argent autrement ou qu’il n’en a pas assez. C’est le cas pour toutes les unités demandées à un prix inférieur au prix d’équilibre, correspondant à la partie de la courbe de demande située à la droite du point d’équilibre. De même, un producteur n’a pas intérêt à vendre un bien à un prix inférieur au coût de production de ce bien, sinon il réalise une perte. C’est le cas pour toutes les unités offertes à un prix supérieur au prix d’équilibre, correspondant à la partie de la courbe d’offre située à la droite du point d’équilibre.
DO
5. Si le prix est fixé autoritairement à un niveau inférieur au prix d’équilibre, alors les quantités échangées diminuent : il y a plus de consommateurs qui veulent acheter mais moins d’offreurs qui souhaitent vendre. La quantité échangée est alors égale à la quantité offerte. Le surplus des producteurs diminue, celui des consommateurs qui parviennent à acheter augmente mais il y a moins de consommateurs, il est donc possible qu’en somme le surplus de l’ensemble des consommateurs diminue. Le surplus total diminue nécessairement. C
3
EXERCICE
Les effets d’une taxe sur les sodas
p. 19 Cet exercice a pour objectif d’analyser l’impact de l’introduction d’une taxe forfaitaire, dont le résultat est une diminution du surplus. À noter que la surface C, qui devrait être coloriée, correspond à un rectangle dont la surface équivaut au produit Q’ × T. Le triangle restant (dit triangle de Harberger) représente la perte sèche occasionnée par la taxation. 1. L’introduction d’une taxe réduit les quantités échangées et accroît le prix d’équilibre. 2. A : surplus des consommateurs ; B : surplus des producteurs ; C : recettes fiscales. 3. Le surplus des consommateurs diminue parce qu’ils paient plus cher et qu’ils achètent une quantité moindre. 4. Le surplus des producteurs diminue, car le prix qu’ils reçoivent diminue et qu’ils vendent une quantité moindre.
DO
5. Les recettes fiscales ne compensent qu’une partie des pertes de surplus impliquées par la taxation : même si l’État reverse tout le produit de la taxe aux consommateurs ou aux producteurs, la réduction de la quantité échangée fait que le surplus total est nécessairement plus faible après l’introduction de la taxe par rapport à avant. C
4
Concurrence, quantité et prix sur le marché de la téléphonie mobile p. 19 Ce document statistique vise à illustrer concrètement le gain de surplus pour les consommateurs et la diminution du surplus des producteurs lorsque la concurrence entre les producteurs augmente. Le surplus est une grandeur théorique, qui n’est pas directement observable, mais les données présentées permettent d’inférer son évolution probable au prix de quelques hypothèses simplificatrices comme la stabilité des préférences des consommateurs. Il est possible de travailler sur le calcul des indices en exploitant les informations apportées par la note afin de reconstituer la série des observations à partir desquelles Chapitre 1 – Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? • 15
les indices ont été calculés : par exemple, le chiffre d’affaires des producteurs a diminué d’environ 25 % sur la période étudiée, il s’élevait donc à près à 18,7 milliards d’euros en 2010 : 14 / 0,75 . Voir la Fiche outils n° 3 p. 258-259. 1. À partir de 2012, les prix des services de téléphonie mobile ont nettement diminué, tandis que la quantité d’appels augmentait. Ces évolutions peuvent être attribuées à l’augmentation de la concurrence sur le marché. 2. La baisse des prix et la hausse des quantités consommées impliquent une très probable augmentation du surplus des consommateurs. 3. Pour savoir si le surplus des producteurs a diminué, il faudrait connaître l’évolution des coûts de production. S’ils sont restés stables, ont augmenté ou ont diminué moins que le chiffre d’affaires, alors le surplus des producteurs a bel et bien diminué (ce qui est le cas : baisse des profits des opérateurs historiques, licenciements). S’EXERCER
p. 19
1 Autoévaluation Sur un marché vérifiant les hypothèses de la concurrence parfaite, l’équilibre correspond à une situation efficace. Lorsque le prix est égal au prix d’équilibre, toutes les unités que les producteurs peuvent vendre avec profit trouvent preneur, et toutes les unités que les consommateurs peuvent acheter en réalisant un gain sont disponibles à la vente. L’équilibre conduit donc à maximiser le surplus total, tandis qu’une intervention sur les prix (comme une taxe) ou sur les quantités le réduit inévitablement.
2 Traitement de l’information
TIVIT
É1
AC
Ce graphique représente l’évolution de 2010 à 2017 des prix, du volume d’appels et du chiffre d’affaires des producteurs de téléphonie mobile en France. On observe globalement une relation inverse entre le prix et la demande, qui vérifie la loi de la demande : toutes choses égales par ailleurs, lorsque le prix des services de téléphonie mobile diminue, la demande exprimée en termes de volume d’appels augmente. On repère cependant deux périodes. De 2010 à 2013, les prix des services de téléphonie mobile décroissent nettement : moins 10 % entre 2010 et 2011 puis moins 25 % en 2012 par rapport à 2010 et enfin en 2013, point bas du graphique, les prix représentent environ 60 % des prix de 2010. Inversement sur cette même période, le volume d’appels s’accroît tout aussi nettement, à la faveur de la baisse du prix (loi de la demande) puisqu’en 2011, l’indice du volume des appels était de 115, base 100 en 2010, soit une hausse de 15 %, pour atteindre un indice de 150 en 2013, base 100 en 2010, soit une augmentation de 50 % du volume des appels entre 2010 et 2013. De 2013 à 2017, le volume des appels continue d’augmenter mais moins vite (+25 points en 4 ans contre +50 points entre 2010 et 2013) pendant que les prix cessent de diminuer et connaissent même une très légère augmentation. Ici encore, on constate que la demande est sensible au prix.
Expérimenter
Le marché du sapin de Noël p. 20 Présentation Simulation en classe d’un marché fictif et simplifié pour faire construire les courbes d’offre et de demande à partir des prix de réserve individuels des élèves. Cette activité peut être menée pour introduire le chapitre, elle permet d’aborder beaucoup de 16 • I – Science économique
notions et mécanismes du chapitre par l’interprétation graphique en un temps limité (1 heure à 1 heure 30) : interprétation des courbes, de l’équilibre, déplacement sur la courbe, surplus. En fin de chapitre, l’activité permet de remobiliser ces notions et éventuellement, en ajoutant quelques questions, la notion de surplus et les déplacements des courbes d’offre et de demande modifiant l’équilibre. Mise en œuvre Exemples de questions supplémentaires possibles : – Surlignez sur la courbe de demande la partie pour laquelle les acheteurs réalisent un surplus, c’est-à-dire achètent à un prix inférieur à leur prix de réserve. – Surlignez sur la courbe d’offre la partie pour laquelle les vendeurs réalisent un surplus, c’est-à-dire vendent à un prix supérieur à leur prix de réserve. – Comment s’appelle l’aire comprise entre ces deux parties des courbes d’offre et de demande ? Calculez les gains à l’échange pour l’ensemble des acheteurs et des vendeurs. – Quel serait l’impact sur l’équilibre d’une maladie du sapin accroissant les coûts de production de 10 euros ? – Quel serait l’impact sur l’équilibre d’une soudaine préférence des consommateurs pour des sapins plus durables en plastique, réduisant leur prix de réserve de 10 euros ? – Quel serait l’impact de l’introduction d’une taxe forfaitaire de 10 euros sur la consommation (ou sur la production) de sapins ?
TIVIT
É2
AC
Il est possible, une fois la représentation graphique de l’équilibre construite, de montrer aux élèves comment une fonction exprimant la quantité offerte (ou demandée) selon le prix peut permettre d’approcher la courbe d’offre (ou de demande) observée. Ce travail peut être mené en collaboration avec l’enseignant de mathématiques et permet de travailler un des objectifs d’apprentissage concernant l’utilisation des données quantitatives et des représentations graphiques (représentation graphique de fonctions simples [offre, demande, coût] et interprétation de leurs pentes et de leurs déplacements). À propos de la représentation graphique, notez qu’un graphique rigoureux nécessiterait ici la construction de courbes « en escalier » car les quantités sont réduites, les sapins n’étant pas divisibles. Le problème de cette méthode est qu’il risque de ne pas y avoir un unique équilibre mais une fourchette de prix réalisant l’équilibre. Intuitivement, on peut montrer que plus le nombre d’acteurs sur le marché est grand, plus les courbes deviennent lisses. Par exemple, pour une courbe de demande estimée pour l’ensemble du marché français, où se sont échangés environ 6 millions de sapins en 2017 (source : ministère de l’Agriculture, http://bit.do/eVm56), une quantité parfaitement divisible, et donc une courbe de demande lisse, est une approximation satisfaisante. Modéliser
Comment expliquer les variations du prix du pétrole ? p. 21 Présentation Cette activité invite les élèves à construire un modèle graphique et à l’utiliser pour expliquer l’origine des mouvements du prix observés historiquement. Un exercice difficile qui présente l’intérêt de confronter le modèle à un cas concret, plutôt que de passer par des cas artificiels construits pour les besoins de l’exercice. Mise en œuvre ÉTAPE
1
REPÉRER LES PRINCIPALES ÉVOLUTIONS DU PRIX ENTRE 1950 ET 2017
p. 21
Cette 1re étape consiste à tirer les constats empiriques concernant l’évolution du prix. Elle permet de travailler un des objectifs d’apprentissage concernant l’utilisation des données quantitatives et des représentations graphiques (lecture et interprétation de Chapitre 1 – Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? • 17
séries chronologiques) en amenant les élèves à distinguer les principales évolutions des prix du pétrole. Voir la Fiche outils n° 8 (p. 268-269). On peut signaler aux élèves l’intérêt des données en volume pour analyser une évolution. Voir la Fiche outils n° 4 (p. 260-261).
2
ÉTAPE
ÉTUDIER LES ÉVÈNEMENTS QUI ONT PU AFFECTER L’OFFRE ET LA DEMANDE DE PÉTROLE
p. 21 Les évènements recensés et leur impact sur le marché : Date
Impact sur l’offre
Impact sur la demande
1973
Diminution
Aucun
1979
Nouvelle diminution
Aucun
2003
Diminution (production désorganisée en Irak)
Augmentation (activité mondiale en croissance)
2008
Aucun
Diminution
2014
Augmentation (OPEP)
Diminution (ralentissement chinois)
2016
Diminution
Aucun
Il faut distinguer l’impact des évènements eux-mêmes, indiqués dans le tableau, et les effets ultérieurs des variations de prix. Par exemple, dans les années 1970, l’explosion du prix encourage à limiter la consommation de pétrole. ÉTAPE
3
EXPLIQUER LES VARIATIONS DU PRIX DU PÉTROLE APRÈS UN CHOC
p. 21
C’est la partie la plus difficile de l’exercice. Il est sans doute souhaitable de présenter aux élèves un exemple d’utilisation du graphique pour guider leur travail, par exemple en partant du choc de 1973 (voir le site collection enseignant). L’entente des pays de l’OPEP pour réduire la production se traduit par une diminution de l’offre, d’où une hausse des prix et une baisse des quantités échangées.
TIVIT
É3
AC
Un prolongement possible de cette activité consiste à réaliser un travail de recherche documentaire avec les élèves pour expliquer des épisodes de hausse ou de baisse des prix dont les causes ne sont pas indiquées sur le graphique. Ce travail peut être réalisé en collaboration avec l’enseignant d’histoire-géographie.
Simuler
Comment décider de la quantité produite ? p. 22-23 Présentation Cette activité a pour objectif de revenir de façon plus approfondie sur le raisonnement à la marge qui sous-tend le choix du producteur opérant sur un marché concurrentiel. Comme celui-ci est preneur de prix, il ne peut choisir que la quantité de biens qu’il produit. Si on fait l’hypothèse que son objectif est de maximiser son profit, ce qui est une approximation commode, alors il accroît sa production tant que le prix de vente permet de couvrir le coût de production marginal. Lorsque le coût marginal dépasse le prix, chaque unité produite en plus réduit son profit. 18 • I – Science économique
Mise en œuvre
ÉTAPE
1
UNE RÉSOLUTION PAR DES CALCULS
p. 22 1. Le marché est concurrentiel : de nombreux autres producteurs offrent des T-shirts considérés par les consommateurs comme identiques à ceux que je produis, donc si je propose un prix de vente plus élevé, aucun consommateur n’achètera mes T-shirts. 2. Au prix unitaire de 4 euros, vendre 600 T-shirts me rapporte 2400 euros. 3. Mon profit est alors de 2400 − 1560 = 840 euros. 4. Tableau complété : Quantité produite
0
1
2
3
…
362
363
364
365
…
300
301,50
302,98
304,46
…
662,16
663,98
665,81
667,65
…
Coût moyen
-
301,50
151,49
101,49
…
1,83
1,83
1,83
1,83
…
Coût marginal
-
1,50
1,48
1,48
…
1,82
1,82
1,83
1,84
…
Chiffre d’affaires
0
4
8
12
…
1 448
1 452
1 460
1 460
…
−300
−297,50
−294,98
−292.46
…
785,84
788,02
790,19
792,35
…
499
500
501
502
…
588
589
590
591
…
1 046,01
1 050
1 054,01
1 058,04
…
1 486,27
1 492,26
1 498,29
1 504,35
…
Coût moyen
2,1
2,1
2,1
2,11
…
2,53
2,53
2,54
2,55
…
Coût marginal
3,99
3,99
4,01
4,03
…
5,98
5,99
6,03
6,06
…
Chiffre d’affaires
1 996
2000
2 004
2 008
…
2 352
2 356
2 360
2 364
…
Profit
949,99
950
949,99
949,96
…
865,73
863,74
861,71
859,65
…
Coût total
Profit Quantité produite Coût total
5. Si le prix de vente est de 4 euros, le profit maximal est atteint pour une production de 500 T-shirts.
ÉTAPE
2
UNE RÉSOLUTION GRAPHIQUE
p. 23 1. a) Lecture graphique : une production de 100 T-shirts donne un coût moyen de 4 euros par T-shirt. b) Si lorsque je produis 100 unités le coût unitaire est de 4 euros, alors le coût total est de 100 × 4 = 400 euros. c) Lecture graphique : le 100e T-shirt produit me coûte environ 0,80 euro. 2. a) La vente de 364 T-shirts me permet de réaliser un profit de 790,19 euros. b) La vente de 500 T-shirts me permet de réaliser un profit de 950 euros. 3. Au-delà de 500 T-shirts produits, le coût de production marginal de chaque T-shirt supplémentaire dépasse 4 euros, donc le prix de vente ne me permet plus de couvrir le coût de production des T-shirts. Alors, chaque T-shirt produit réduit mon profit : par exemple, produire 501 T-shirts réduit mon profit d’un centime par rapport au profit maximal réalisé en en produisant 500. 4. Le producteur doit choisir la quantité telle que le coût marginal s’approche autant que possible du prix mais sans le dépasser. Graphiquement, la quantité qui maximise le profit est donnée approximativement par la quantité où le coût marginal égale le prix. Chapitre 1 – Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? • 19
ÉTAPE
3
LES EFFETS D’UN CHANGEMENT DU PRIX DE MARCHÉ
p. 22 Le prix étant modifié, les dernières lignes du tableau (chiffre d’affaires et profit) sont modifiées également. En revanche, les coûts restent les mêmes. Pour répondre précisément à la question posée, il faut utiliser le tableau. En revanche, l’utilisation du graphique a l’avantage d’aller plus vite. 1. À la suite de la hausse du prix, je peux accroître la quantité de T-shirts mis à la vente jusque 589 unités. Le profit réalisé est alors de 6 × 589 – 1 492,26 = 2 041,74 euros. Chaque unité produite au-delà de ce seuil réduit mon profit. Par exemple, avec une production de 590 T-shirts, le profit réalisé est de 6 × 590 – 1 498,29 = 2 041,71 euros, soit trois centimes de moins que le profit maximal. 2. Texte complété : Pour décider de la quantité à produire qui maximise son profit, un producteur compare ce que lui rapporte chaque unité produite (le prix) avec ce qu’elle coûte (le coût marginal). La quantité qui maximise le profit est donc celle pour laquelle le prix est égal au coût marginal. Donc, si le prix de marché augmente, la quantité produite augmente. Et, si le coût marginal de chaque T-shirt augmente à cause d’une hausse du prix du coton, la quantité de T-shirts produite baisse.
UTILISEZ LES STATISTIQUES p. 26
1
Comparer l’évolution du prix de quelques produits en France p. 26 Ce document statistique permet de s’entraîner à la lecture et l’interprétation de données en indices. 1. L’indice des prix des fruits frais est 120 en 2017, base 100 en 2010. Les prix des fruits frais en 2017 sont plus élevés de 20 % par rapport à 2010. 2. Un kilo de fruits est généralement moins cher qu’un kilo d’ordinateurs ! Ces indices nous permettent uniquement de décrire l’évolution des prix par rapport à une date de référence (l’année de base), pas de comparer le niveau des prix des différents types de produits. 3. Le prix du gazole a augmenté de plus de 20 % entre 2010 et 2012, avant de décroître de 2012 à 2016 pour atteindre un niveau plus faible qu’en 2010. En 2017, le prix du gazole augmente à nouveau. À cette date, il se situe environ 10 % au-dessus de son niveau de 2010. 4. Tandis que les prix des ordinateurs ont fortement baissé de 2010 à 2017 (-40 % environ), les prix des fruits ont eu tendance à augmenter au cours de cette période (+20 % environ).
2
L’évolution du chiffre d’affaires des journaux gratuits p. 26 Ce document est composé de données sur les chiffres d’affaires des journaux gratuits représentées par trois graphiques différents. Il s’agit d’apprendre aux élèves à lire des données et à savoir différencier données en termes absolus (millions d’euros) et en termes relatifs (indice et pourcentage d’évolution). 1. En 2016 en France, le chiffre d’affaires (CA) de la presse gratuite d’information s’élève à environ 130 millions d’euros. En 2016 en France, l’indice du CA des journaux
20 • I – Science économique
gratuits d’information était de 50, base 100 en 2007. En 2016 en France, le taux de variation du CA des journaux gratuits d’information était de 0 %, c’est-à-dire que le CA n’a ni augmenté ni diminué par rapport à l’année précédente. 2. Il n’y a pas de choix qui soit meilleur qu’un autre : tout dépend de ce que vous voulez mettre en avant. Chaque présentation a ses avantages et ses inconvénients. L’évolution du chiffre d’affaires en euros a l’avantage d’être très facile à comprendre et l’inconvénient de ne pas permettre de mesurer précisément les évolutions constatées. Les taux de variation ont l’avantage de mesurer les évolutions période par période. Les indices ont l’avantage de mesurer l’évolution par rapport à une année de base. Les deux mesures ont l’inconvénient de masquer l’information sur le niveau du chiffre d’affaires en euros. Bref, pour être complet, l’idéal est de combiner différents types de mesures. Pour être efficace, il faut se limiter à la mesure la plus significative en fonction de ce que l’on souhaite montrer. 3. La presse gratuite d’information prend son essor au début des années 2000 avec un chiffre d’affaires en forte croissance jusqu’en 2007. Ainsi, entre 2006 et 2007, le chiffre d’affaires fait plus que doubler pour s’établir à environ 280 millions d’euros. De 2007 à 2012, la tendance reste à la croissance du chiffre d’affaires à un rythme plus modéré, malgré une légère diminution en 2009. Au cours de ces cinq années, le chiffre d’affaires du secteur croît encore de 40 % environ pour atteindre 400 millions d’euros. À partir de 2013 en revanche, l’activité s’effondre avec notamment une baisse de plus de 40 % du chiffre d’affaires en 2013, puis à nouveau en 2014. En 2015 et en 2016, le chiffre d’affaires de la presse gratuite se stabilise autour de 130 millions d’euros, revenant à peu près à son niveau de 2006.
TESTEZ VOS CONNAISSANCES ! p. 27-28
1 p. 27 1. Vrai. Toutefois, en fonction du prix, tous les consommateurs d’un produit ne sont pas forcément acheteurs lors d’une période donnée. 2. Vrai. 3. Faux. Normalement la hausse du prix réduit la quantité demandée. 4. Faux. C’est le contraire : la quantité demandée dépend du prix. 5. Vrai. 6. Faux. Le coût unitaire est le coût de production moyen d’une unité. 7. Vrai. 8. Faux. Le chiffre d’affaires est la recette des ventes. Pour obtenir le profit il faut en soustraire le coût de production total. 9. Faux. Un producteur peut faire une perte si son coût de production dépasse son chiffre d’affaires. 10. Faux. La loi de l’offre et de la demande dit qu’il existe un prix d’équilibre pour lequel les quantités demandées sont égales aux quantités offertes. 11. Vrai. Le prix dépend de la confrontation de l’offre et de la demande. 12. Vrai. Les acteurs sont preneurs de prix. 13. Faux. Le surplus des producteurs pour une unité échangée est l’écart entre le prix de vente et le coût de production de cette unité. 14. Faux. Le prix d’achat est égal au prix de vente. Le surplus des consommateurs pour une unité échangée est l’écart entre le prix d’achat et la somme maximale que le consommateur aurait été prêt à payer pour cette unité. 15. Vrai. Chapitre 1 – Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? • 21
2 p. 27 Courbe rouge : offre − courbe bleue : demande − axe des ordonnées : prix − axe des abscisses : quantités − coordonnée du point d’intersection des courbes en abscisses : quantité d’équilibre − coordonnée du point d’intersection des courbes en ordonnées : prix d’équilibre − surface rouge : surplus des producteurs − surface bleue : surplus des consommateurs.
3 p. 27 Le marché d’un bien est équilibré dès lors que la quantité de biens offerte est égale à la quantité de biens demandée. Le prix qui permet d’égaliser quantités offertes et demandées est le prix d’équilibre. La demande dépend de ce que les consommateurs sont prêts à payer pour obtenir le bien. L’offre dépend des coûts de production que supportent les producteurs qui fournissent le bien. L’équilibre d’un marché concurrentiel est efficace dans le sens où le prix d’équilibre est celui qui rend possible le plus grand nombre d’échanges étant donné l’offre et la demande sur ce marché. Autrement dit, le prix d’équilibre permet de maximiser à la fois le surplus des consommateurs et le surplus des producteurs. Mais cela ne signifie pas que tous les acteurs qui souhaitent échanger puissent le faire ! À l’équilibre, certains consommateurs renoncent à acheter car le prix est trop élevé par rapport à ce qu’ils sont prêts à payer, tandis que certains producteurs renoncent à vendre parce que le prix n’est pas assez élevé par rapport à leurs coûts de production.
4 p. 28 Graphique 1 : d – graphique 2 : a, c, e, f, h – graphique 3 : b, g, i. Dans les situations a, c et h, les coûts de production diminuent, incitant les producteurs à accroître leur offre. Au contraire, dans les situations b et g, les coûts de production augmentent, ce qui a l’effet inverse. La situation f voit une croissance de l’offre due à l’entrée de nouveaux producteurs sur le marché, dont on peut supposer que leurs coûts de production sont relativement faibles, sinon ils ne s’y risqueraient pas. C’est le contraire pour la situation i. On peut supposer que les producteurs qui disparaissent ont des coûts relativement élevés, mais ceux qui restent doivent accroître leur production, d’où une hausse de leurs coûts. La situation d correspond à une hausse de la demande, toutes choses égales par ailleurs, d’où une hausse de la quantité offerte et du prix. Dans la situation e, les producteurs s’adaptent à la hausse de la demande en accroissant leur offre.
22 • I – Science économique
VERS LE BAC
BJECTIF TERMINALE
p. 30-31 GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 1
ANALYSER LE SUJET
Application Analysez le sujet suivant : Vous expliquerez les effets d’une variation du prix du pétrole sur le marché de ce produit. ■ « vous expliquerez » : il s’agit d’exposer les mécanismes causals ; ■ « les effets » : les conséquences sur les offreurs et demandeurs, donc sur les quantités offertes et demandées ; ■ « d’une variation du prix du pétrole » : le prix du pétrole résulte de la confrontation de l’offre et de la demande de pétrole, le prix varie donc au jour le jour (augmente ou baisse) pour égaliser les quantités offertes et demandées ; ■ « sur le marché de ce produit » : le marché du pétrole est un marché mondial, l’offre est déterminée par les producteurs de pétrole, et la demande par les industries qui utilisent cette matière première (chimie, plasturgie, carburant…). ÉTAPE 2
ORGANISER SES CONNAISSANCES (NOTIONS, MÉCANISMES, EXEMPLES) Application Complétez le tableau suivant pour le sujet de cette EC3. Notions marché, institution, concurrence parfaite, oligopole, monopole, preneur de prix, atomicité, courbe d’offre, courbe de demande, coût marginal, équilibre, gain à l’échange, surplus du producteur, surplus du consommateur, taxe forfaitaire
Mécanismes
Exemples
Maximisation du profit et équilibre du producteur Déplacement sur la courbe Déplacement de la courbe Effets d’une taxe forfaitaire Gain à l’échange
marché des fleurs coupées, marché de fruits et légumes, marché de l’automobile (neuf et occasion), marché du hula hoop, marché du riz, marché du transport aérien de passagers, marché des sodas, marché de la téléphonie mobile, marché du sapin de Noël, marché du pétrole, marché du T-shirt imprimé, marché de la coiffure dans une grande ville, marché du transport ferroviaire en France, marché des services de transport en taxi
Chapitre 1 – Comment un marché concurrentiel fonctionne-t-il ? • 23
2
Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? ANALYSE DU PROGRAMME p. 32 Ce chapitre traite des différentes imperfections de la concurrence et des différents moyens à la disposition des pouvoirs publics pour préserver la concurrence. Les élèves auront à comprendre comment les entreprises peuvent être amenées à bénéficier d’un pouvoir de marché plus ou moins important. Le concept de « dilemme du prisonnier » sera utilisé pour étudier comment les entreprises en oligopoles sont incitées à former des ententes. Un des points les plus difficiles à aborder avec les élèves sera d’analyser l’équilibre du monopole avec des outils de microéconomie qui n’étaient pas abordés précédemment au lycée, via une représentation graphique et une résolution chiffrée. Le dossier 2 propose une approche peu formalisée pour comprendre le sens économique de l’équilibre de monopole, analysé de manière plus approfondie dans une activité dédiée proposée en fin de chapitre.
ORGANISATION DU CHAPITRE Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage, et permettent de couvrir le programme en 4 séquences d’environ deux heures : – Dossier 1 « Quelles sont les sources de pouvoir de marché ? », sur les différents éléments qui permettent aux entreprises de s’écarter du prix qui s’établirait en concurrence parfaite ; – Dossier 2 « Comment est déterminé le prix sur un marché en monopole ? », sur l’équilibre du monopole ; – Dossier 3 « Pourquoi les oligopoles peuvent-ils mener à des ententes ? », sur les différentes origines des oligopoles et l’explication des ententes à l’aide du dilemme du prisonnier ; – Dossier 4 « Comment préserver les avantages de la concurrence pour les consommateurs ? », sur la lutte menée par les pouvoirs publics contre les ententes illicites et les abus de position dominante, ainsi que la régulation des fusions-acquisitions. Trois activités permettent d’approfondir, au choix, en cours ou en fin de chapitre, certains objectifs d’apprentissage : – L’Activité 1 « Vers des marchés moins concurrentiels ? » pour remobiliser les notions de pouvoir de marché et de concentration ; – L’Activité 2 « Le jeu de l’oligopole » pour faire expérimenter le dilemme du prisonnier appliqué à un duopole, celui formé par Coca-Cola et Pepsi sur le marché des sodas ; – L’Activité 3 « À la découverte de l’équilibre du monopole » qui permet d’aborder pas à pas l’analyse microéconomique de l’équilibre du monopole, à travers un exercice chiffré puis une analyse graphique. En fin de chapitre, un « Vers le bac – Objectif 1re » permet de s’entraîner sur les épreuves anticipées de 1re, notamment sur les questions de mobilisation des connaissances et de traitement de l’information. Un guide méthodologique et une proposition de corrigés offriront aux élèves des moyens d’appréhender les attentes de l’épreuve et de s’entraîner sur les savoir-faire attendus. 24 • I – Science économique
Un « Vers le bac – Objectif Terminale » permet de s’entraîner sur un sujet de dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire. Les étapes 3 et 4, extraites du guidage méthodologique complet disponible en ligne, aideront les élèves à étudier le dossier documentaire et à construire un plan détaillé. Les rubriques habituelles complètent le chapitre pour donner aux élèves des outils de récapitulation et d’approfondissement des connaissances (synthèse + schéma L’essentiel + sélection de vidéos), d’autoévaluation (Testez vos connaissances !), de mobilisation des savoir-faire quantitatifs (Utilisez les statistiques).
OUVERTURE DU CHAPITRE p. 32-33 Un choix de trois possibilités est proposé pour découvrir et introduire ce chapitre, ce qui permet de varier selon ses classes. ■■ Découvrir par la vidéo invite les élèves à comprendre que les entreprises peuvent être sanctionnées lorsqu’elles adoptent des pratiques anticoncurrentielles. 1. Google est en « position dominante » sur le marché des moteurs de recherche car il a été l’un des premiers moteurs de recherche et est donc très majoritairement utilisé par les internautes. Or, plus il est utilisé, plus il récolte des données, et plus les résultats des recherches sont pertinents. Son utilisation permet aussi à Google de vendre de la publicité ciblée qui génère des revenus très importants lui permettant d’innover et de garder une longueur d’avance. 2. L’entreprise Google a été reconnue coupable d’avoir abusé de la position dominante de son moteur de recherche pour favoriser de manière illégale un autre de ses produits, un comparateur de prix nommé « Google Shopping », en le plaçant automatiquement en tête des résultats de recherche. Les victimes de ces actions sont les concurrents de Google, notamment les autres sites comparateurs de prix, et également les consommateurs. 3. La Commission européenne a infligé à Google une amende de plus de 2 milliards d’euros. ■■ Découvrir en situation invite les élèves à réfléchir aux stratégies que peuvent mettre
en place les entreprises pour conquérir les marchés. Solutions potentielles à mettre en place pour faire face à l’installation de ce concurrent : baisser le prix, vendre des trottinettes ayant des caractéristiques différentes, se démarquer par un service clientèle particulièrement soigné, mettre en place une communication innovante, etc. ■■ Découvrir
en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un questionnaire sur leurs représentations, et d’avoir une vision d’ensemble des représentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont être traités dans le chapitre. L’interface Q-sort en ligne sur le site collection permet de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe.
DOSSIER 1 Quelles sont les sources de pouvoir de marché ?
p. 34-35
La séquence proposée vise à faire découvrir aux élèves les différentes situations qui permettent aux entreprises de bénéficier d’une marge de manœuvre en matière de détermination du prix. Elle permet également de distinguer, à partir d’une réflexion sur les différentes barrières à l’entrée, quatre grandes catégories de monopoles. Chapitre 2 – Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? • 25
DO
C
1
POUR COMMENCER Deux marchés où la concurrence est imparfaite p. 34 Ce document propose deux photographies représentant des situations de monopole ou de quasi-monopole, et permet d’amorcer la réflexion sur les origines et les conséquences des situations de concurrence imparfaite. 1. Enedis et BlaBlaCar ont en commun d’être en situation de monopole (ou quasimonopole) sur leurs marchés respectifs, c’est-à-dire d’être le seul producteur. 2. Enedis est en situation de monopole pour des raisons « techniques » : le coût de mise en place d’un réseau de lignes à haute tension est extrêmement élevé et il ne permettrait pas à deux entreprises (ou plus) d’être rentables. La position de quasimonopole de BlaBlaCar provient d’une innovation de cette entreprise qui a su créer une plateforme simple et efficace pour mettre en relation covoitureurs et conducteurs. 3. Lorsqu’une entreprise est en position de monopole, elle peut se permettre de pratiquer des prix plus élevés que si le marché était concurrentiel, puisqu’elle n’a pas de concurrents.
DO
4. Enedis est une entreprise publique, possédée par l’État, afin d’empêcher qu’elle ne puisse utiliser sa position de monopole pour pratiquer des prix abusifs et privilégier la hausse de ses profits à l’intérêt général, car l’accès à l’électricité répond à un besoin de base. C
2
Des coûts fixes qui constituent des barrières à l’entrée Ce document aborde la question des coûts fixes très importants qui caractérisent certains marchés et peuvent constituer un obstacle à l’arrivée de nouveaux concurrents. Il peut être réinvesti pour expliquer l’existence des monopoles naturels (DOC 3). 1. Pour une compagnie de téléphonie, la construction et l’entretien d’un réseau téléphonique est un coût fixe car il est indépendant du nombre de clients qu’elle possède. Quel que soit son nombre d’abonnés, l’entreprise devra supporter le coût de construction et d’entretien de son réseau. 2. Ces marchés sont peu concurrentiels car le montant très élevé de ces coûts fixes ne permettrait pas à un nombre élevé d’entreprises de vendre suffisamment pour rentabiliser ces coûts. Il ne peut donc y avoir que quelques entreprises sur le marché (oligopole naturel), et parfois même qu’une seule et unique entreprise lorsque les coûts fixes sont particulièrement élevés (monopole naturel).
DO
3. Sur un marché où les coûts fixes sont très élevés, un concurrent potentiel doit d’abord procéder à un investissement très lourd pour pouvoir entrer sur le marché. Il est donc plus difficile et risqué pour une entreprise de venir concurrencer les entreprises déjà en place. On peut donc bien parler de « barrières à l’entrée » sur le marché. C
3
EXERCICE
Principales barrières à l’entrée empêchant l’accès au marché
p. 35 Sous forme d’exercice, l’élève est ici invité à découvrir que les différentes barrières à l’entrée peuvent donner naissance à différentes catégories de monopoles. Différents exemples sont proposés pour incarner ces situations. 1. a) Innovation ; b) Loi qui donne un monopole à une entreprise ; c) Innovation + Loi qui donne un monopole à une entreprise (loi sur la propriété intellectuelle) d) Propriétaire unique d’une ressource rare. 2. e) Monopole d’innovation + institutionnel (brevet sur les nouveaux médicaments) ; f) Monopole institutionnel ; g) Monopole naturel + institutionnel ; h) Monopole de ressource.
26 • I – Science économique
DO
C
4
Une entente sur les prix des produits d’hygiène et d’entretien Il s’agit ici de partir du cas d’une entente dans le domaine des produits d’hygiène et d’entretien pour mettre en évidence que celle-ci permet aux entreprises d’acquérir un pouvoir de marché. 1. Treize entreprises ont participé à cette entente. 2. Ces entreprises se sont mises d’accord pour vendre plus cher leurs produits aux supermarchés qui les distribuaient. Elles ont donc disposé d’un pouvoir de marché plus important car elles ont pu fixer un prix plus élevé que le prix qui se serait établi en situation de concurrence, s’il n’y avait pas eu d’entente. S’EXERCER
1 Autoévaluation 1. Faux : certaines barrières à l’entrée, comme une innovation ou des coûts fixes importants, ne sont pas mises en place par l’État. 2. Vrai : les innovations peuvent par la suite (à l’expiration d’un brevet, par exemple) être copiées par d’autres entreprises. 3. Vrai : sur un marché, lorsque les coûts fixes sont très élevés, il ne peut y avoir qu’une seule entreprise présente sur le marché pour rentabiliser ces coûts fixes.
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire Les corrigés s’appuient sur les savoir-faire mis en avant dans les Fiches méthode n° 1 et 2 (« Construire une argumentation », p. 272-273, et « Rédiger un texte long », p. 274) et dans la Fiche bac n° 2 (« L’épreuve composée », p. 282-283). Dans le modèle de concurrence parfaite, l’entreprise est « preneuse de prix » : le prix de vente qui s’établit sur le marché s’impose à elle. En concurrence imparfaite, les entreprises disposent d’une marge de manœuvre en matière de détermination de leurs prix de vente, ce qui leur permet de pratiquer un prix plus élevé qu’en concurrence parfaite, car elles disposent alors d’un « pouvoir de marché ». Celui-ci peut avoir plusieurs origines. Il peut tout d’abord exister diverses barrières à l’entrée sur le marché. L’État peut décider, pour des raisons d’intérêt général, de restreindre l’accès au marché aux seules entreprises autorisées, comme c’est le cas pour les pharmacies en France. Il est également possible que seulement quelques entreprises aient accès à une ressource rare, comme c’est souvent le cas en matière viticole, où un domaine peut posséder une parcelle de vignes particulièrement réputée et inaccessible aux autres entreprises. Enfin, les entreprises peuvent innover et être protégées temporairement de la concurrence par des brevets. Lors de la découverte d’un nouveau médicament, les laboratoires pharmaceutiques sont ainsi temporairement en situation de monopole sur la vente de leur médicament. Aucune autre entreprise n’a le droit de commercialiser la nouvelle molécule. D’autre part, un pouvoir de marché peut également apparaître lorsqu’un nombre très limité d’offreurs est présent sur le marché. Cela peut être dû à des stratégies de concentration des entreprises. Mais cela peut provenir également de coûts fixes très élevés pour accéder au marché (DOC 2), qui ne permettraient pas aux entreprises d’être rentables si elles étaient en plus grand nombre (cas de la téléphonie mobile en France). Les entreprises peuvent alors être tentées de former une entente illégale (DOC 4), par exemple en se mettant d’accord pour pratiquer des prix plus élevés et accroître leurs profits. C’est ainsi qu’entre 2006 et 2012, des industriels se sont entendus pour pratiquer des hausses de prix pour les yaourts vendus sous des marques de supermarché. Le pouvoir de marché des entreprises peut donc provenir soit de barrières à l’entrée sur les marchés, soit d’un nombre limité d’offreurs, qui peuvent par ailleurs être amenés à former une entente. Chapitre 2 – Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? • 27
DOSSIER 2 Comment est déterminé le prix sur un marché en monopole ?
p. 36-37
DO
Ce dossier aborde l’équilibre du monopole, sous forme d’un exercice chiffré puis d’une représentation graphique, dans l’objectif de montrer qu’il est moins efficace que l’équilibre de concurrence parfaite (quantités moins importantes et prix plus élevés). Le cas de l’entreprise Dyson permet au préalable d’insister sur le fait que le monopole (ici, monopole d’innovation) est faiseur de prix, mais que le monopoleur n’est pas complètement libre de son prix de vente (il doit tenir compte de la demande, comme le montrent ensuite les DOC 3 et 4). C
1
POUR COMMENCER Monopoles d’hier et d’aujourd’hui p. 36 Ces deux documents permettent d’ouvrir la réflexion sur les monopoles : leurs raisons d’être et leurs effets sur l’économie (incitation à l’innovation, mais risque d’abus de position dominante). 1. La position de quasi-monopole de la Standard Oil s’expliquait par la technologie et une stratégie commerciale particulièrement agressive. 2. Plus d’un siècle plus tard, Google est également une entreprise en situation de quasi-monopole sur le marché des moteurs de recherche sur Internet : plus de 90 % des requêtes de recherche sont effectuées via ce moteur. 3. Google a proposé l’un des premiers moteurs de recherche et dispose d’une technologie particulièrement innovante et efficace (l’algorithme de recherche). Cette position dominante s’est renforcée au cours du temps avec une logique « winner takes all » sur ce marché : plus il y a d’usagers de Google Search, plus les résultats des requêtes sont pertinents, plus Google Search a d’usagers ; en parallèle, plus il y a d’usagers de Google Search, plus Google s’impose comme le moteur sur lequel il faut référencer et promouvoir son site, plus Google vend des services payants, plus Google génère des revenus qui financent sa recherche, plus Google maintient son avance technologique. Ne pas hésiter à représenter ceci sous la forme d’une boucle de rétroaction positive, avec un schéma causal qui se boucle sur lui-même.
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4. Aspect bénéfique : les entreprises sont incitées à innover pour acquérir une position de monopole, ce qui profite aux consommateurs. Aspect néfaste : les entreprises peuvent être tentées d’abuser de leur situation de monopole pour faire pression sur leurs fournisseurs ou pour augmenter leurs prix. C
2
Dyson, un monopole faiseur de prix Le cas de Dyson permet d’illustrer l’idée que le monopole est faiseur de prix, mais qu’il n’est néanmoins pas complètement libre de son prix de vente : il doit tenir compte de la demande qui s’adresse à lui, ce qui sera revu dans l’exercice du DOC 3 et dans la représentation graphique du DOC 4. 1. On peut associer Dyson à un monopole d’innovation. Dyson développe des produits nouveaux, ou basés sur des technologies nouvelles, ce qui lui permet d’être la seule entreprise à vendre ces produits. 2. Être en situation de monopole permet à Dyson de pratiquer des prix bien plus élevés que s’il était sur un marché parfaitement concurrentiel, en témoignent ses sèche-cheveux à 400 euros ou ses fers à coiffer à 500 euros. 3. Dyson n’est pas pour autant complètement libre de son prix de vente : il doit tenir compte de la demande potentielle des consommateurs en fonction de chaque prix donné. Celle-ci est en effet décroissante à mesure que le prix croît.
28 • I – Science économique
DO
4. Cette position de monopole ne sera pas nécessairement durable : ces innovations peuvent être imitées à plus ou moins long terme par d’autres entreprises. C
3
EXERCICE
Comment le monopole maximise-t-il son profit ?
p. 37 Cet exercice chiffré permet de comprendre pas à pas pourquoi le monopoleur maximise son profit lorsque sa recette marginale égale son coût marginal. En fin de chapitre, l’activité 3 « À la découverte de l’équilibre du monopole » peut constituer une alternative à ce document ou bien un approfondissement/entraînement à proposer aux élèves. 1. Recette totale, coût total et profit associés à chaque quantité : voir le tableau ci-dessous. 2. Recette marginale et coût marginal : voir le tableau ci-dessous. Quantité écoulée
1
2
3
4
5
6
7
8
9
Prix
30 €
28 €
26 €
24 €
22 €
20 €
18 €
16 €
14 €
Recette totale
30
56
78
96
110
120
126
128
126
Coût total
9
18
27
36
45
54
63
72
81
Profit
21
38
51
60
65
66
63
56
45
Recette marginale
30
26
22
18
14
10
6
2
–2
Coût marginal
9
9
9
9
9
9
9
9
9
3. Le 3e gâteau coûte 9 euros à produire (coût marginal) et rapporte 22 euros (recette marginale). Il est donc intéressant de produire ce 3e gâteau puisqu’il rapporte plus que ce qu’il ne coûte. 4. Le 7e gâteau coûte également 9 euros à produire (coût marginal) mais rapporte seulement 6 euros (recette marginale). La pâtisserie n’a donc pas d’intérêt à produire ce 7e gâteau : il occasionnerait une perte puisque qu’il coûte plus que ce qu’il ne rapporte.
DO
5. Pour maximiser son profit, la pâtisserie doit produire une quantité telle que sa recette marginale soit égale à son coût marginal. En effet, pour maximiser son profit, l’entreprise doit continuer à augmenter sa production tant que le dernier gâteau produit rapporte plus qu’il ne coûte à produire, autrement dit tant que la recette marginale est supérieure au coût marginal. Ainsi, tant que la recette marginale est supérieure au coût marginal, l’entreprise a intérêt à accroître sa production sous peine d’un manque à gagner sur les gâteaux non produits. À l’inverse, si la recette marginale devient inférieure au coût marginal, les gâteaux qu’elle produit génèrent des pertes. Ici, on ne fait qu’approcher cette condition : la pâtisserie produira 6 gâteaux, à un prix de 20 euros. (Au-delà, la recette marginale devient inférieure au coût marginal.) C
4
L’inefficacité de l’équilibre du monopole Ce document reprend les données de l’exercice précédent, avec comme objectif de montrer que l’équilibre du monopole est moins efficace que l’équilibre de concurrence (quantités moindres et prix plus élevés). En fin de chapitre, l’activité 3 « À la découverte de l’équilibre du monopole » peut constituer une alternative à ce document ou bien un approfondissement/entraînement à proposer aux élèves. 1. Cette phrase signifie qu’une entreprise en monopole, contrairement à une entreprise en situation de concurrence parfaite, n’est plus « preneuse de prix » : elle n’a plus à s’aligner sur le prix de concurrence. Néanmoins, elle doit tenir compte de la demande qui s’adresse à elle, qui est toujours décroissante à mesure que le prix augmente. Ainsi, le monopole doit accepter une baisse de prix pour vendre davantage, puisqu’il répond seul à la totalité de la demande. 2. Le monopole produira une quantité pour laquelle le coût marginal est égal à la recette marginale (voir la question 5 du DOC 3). Ici, cette pâtisserie en monopole Chapitre 2 – Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? • 29
produira donc 6 gâteaux. Pour écouler cette quantité, compte tenu de la demande qui s’adresse à elle, la pâtisserie devra vendre ses gâteaux à un prix de 20 euros. En effet, on observe sur le graphique que la demande permettant d’écouler les 6 gâteaux correspond bien à un prix de 20 euros. 3. En concurrence parfaite, si le prix était à ce niveau, des entreprises entreraient sur le marché et feraient baisser le prix. Dans cette situation, les entreprises vendraient au coût marginal, constant et égal à 9 euros ici. Les entreprises se partageraient alors la vente de 12 gâteaux au prix unitaire de 9 euros. 4. Le monopole est considéré comme moins efficace qu’une situation de concurrence puisqu’il produit une quantité plus faible (ici, 6 gâteaux contre 12 gâteaux en concurrence) et à un prix plus élevé (20 euros au lieu de 9 euros). Complément possible À l’aide des savoirs du chapitre précédent sur le surplus des consommateurs et des producteurs, montrer graphiquement que le surplus des consommateurs est plus faible alors que le surplus des producteurs est plus élevé, et que le surplus total est moindre. S’EXERCER
1 Autoévaluation Sur certains marchés, un seul producteur est présent. On parle de [monopole / oligopole]. Dans cette situation, le producteur est [preneur de prix / faiseur de prix], c’est-à-dire qu’il dispose de la capacité de pratiquer des prix [plus élevés / plus faibles] qu’en concurrence parfaite. C’est le cas de l’entreprise Dyson, qui peut être considérée comme un monopole [d’innovation / naturel]. Le monopole maximise son profit lorsque son coût [moyen / marginal] est égal à sa recette [moyenne / marginale].
2 Mobiliser ses connaissances Comme pour toutes les autres entreprises, le profit du monopole est la différence entre la recette totale et les coûts totaux. Ce profit sera maximum lorsque la recette marginale (la recette de la dernière unité vendue) est égale au coût marginal (le coût de produire cette dernière unité). En effet, si la recette marginale était supérieure au coût marginal, cela voudrait dire qu’une unité supplémentaire mise sur le marché rapporterait plus (recette marginale) qu’elle ne coûterait (coût marginal) ; l’entreprise aurait alors intérêt à produire cette unité supplémentaire. Inversement, si la recette marginale est inférieure au coût marginal, l’entreprise a intérêt à réduire son niveau de production puisqu’elle économise alors en coût de production unitaire et l’emporte sur ce qu’elle perd en recette. En définitive, le niveau de production est optimal lorsqu’une unité supplémentaire ne rapporte ni plus ni moins (recette marginale) qu’elle ne coûte à produire (coût marginal).
DOSSIER 3 Pourquoi les oligopoles peuvent-ils mener à des ententes ?
p. 38-39
La séquence proposée permet d’expliquer les raisons de l’existence d’oligopoles et de montrer, à travers l’étude du dilemme du prisonnier, qu’il peut être rationnel pour les entreprises de former des ententes.
30 • I – Science économique
DO
C
1
POUR COMMENCER Un exemple d’oligopole : le marché des fabricants de smartphones p. 38 Ce document d’ouverture a pour but de faire découvrir aux élèves que le marché des fabricants de smartphones, qui leur est familier, est un exemple typique d’oligopole. 1. En Europe, les téléphones vendus par Samsung représentent 32 % du total des ventes de smartphones au second trimestre 2018, selon le cabinet IDC.
DO
2. La concurrence peut être ici qualifiée d’imparfaite, car il n’y a pas une multitude d’offreurs de petites tailles mais seulement quelques offreurs qui se partagent le marché. En effet, trois grandes entreprises (Samsung, Huawei et Apple) se partagent près de 80 % du marché européen. C
2
À l’origine des oligopoles, un processus de concentration des entreprises Ce document revient sur les différentes formes possibles de concentration des marchés, qui peuvent aboutir à la constitution progressive d’oligopoles. 1. Les stratégies de concentration permettent à des entreprises d’augmenter leur taille et leur poids relatif dans la production totale. Cela s’effectue par le rachat d’entreprises semblables, situées au même niveau dans la chaîne de production, ou bien par le rachat d’entreprises complémentaires, des fournisseurs ou des distributeurs. L’entreprise peut également grandir en rachetant des entreprises dans d’autres domaines. En définitive, ces processus de concentration limitent progressivement le nombre d’entreprises présentes sur le marché et peuvent mener à la constitution d’oligopoles.
DO
2. a) Concentration horizontale. b) Concentration conglomérale. c) Concentration verticale. d) Concentration horizontale. C
3
EXERCICE
Oligopole et dilemme du prisonnier
p. 39 Cet exercice a pour but de faire comprendre aux élèves le dilemme du prisonnier. Il s’agit de montrer que chacune des parties en présence a intérêt individuellement à choisir une solution (baisse des prix) qui s’avère finalement être contraire à l’intérêt des deux entreprises. Le but est ici de montrer que les entreprises auraient eu intérêt à former une entente, même si celle-ci est illégale. 1. Tableau corrigé :
Maintient les prix SFR Baisse les prix
BOUYGUES Maintient les prix
Baisse les prix
Bouygues :
+3 Md €
Bouygues :
+5 Md €
SFR :
+3 Md €
SFR :
0
Bouygues :
0
Bouygues :
+1 Md €
SFR :
+5 Md €
SFR :
+1 Md €
2. Si Bouygues maintient ses prix, SFR a intérêt à baisser ses prix, car cela lui permet de s’approprier les clients de son concurrent et d’obtenir 5 milliards d’euros de profit (contre seulement 3 milliards d’euros s’il avait lui aussi maintenu ses prix). Si Bouygues baisse ses prix, SFR a intérêt à baisser ses prix également : certes, il ne gagne que 1 milliard d’euros, mais il n’aurait rien gagné s’il avait maintenu ses prix. Finalement, SFR a donc intérêt à baisser ses prix… quoi que fasse Bouygues ! On pourra glisser ici un terme de théorie des jeux : baisser les prix est une « stratégie dominante », c’est-à-dire le meilleur choix quel que soit le choix de l’autre joueur. Chapitre 2 – Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? • 31
3. Si SFR maintient ses prix, Bouygues a intérêt à baisser ses prix, car cela lui permet de s’approprier les clients de son concurrent et d’obtenir 5 milliards d’euros de profit (contre seulement 3 milliards d’euros s’il avait lui aussi maintenu ses prix). Si SFR baisse ses prix, Bouygues a intérêt à baisser ses prix également : certes il ne gagne que 1 milliard d’euros, mais il n’aurait rien gagné s’il avait maintenu ses prix. En définitive, Bouygues a donc intérêt à baisser ses prix… quoi que fasse SFR ! 4. On déduit des questions 2 et 3 que chaque entreprise a intérêt individuellement et rationnellement à baisser ses prix. Or, cette façon d’agir n’est pas la plus satisfaisante pour elles : elles vont toutes les deux gagner 1 milliard d’euros de profit alors qu’elles auraient pu toutes les deux gagner bien plus (3 milliards d’euros) en maintenant leurs prix.
DO
5. Pour faire un choix plus satisfaisant, il aurait fallu qu’elles s’entendent, même si c’est illégal : qu’elles se mettent d’accord toutes les deux pour maintenir leurs prix. Elles auraient ainsi gagné 3 milliards d’euros chacune au lieu de 1 milliard d’euros seulement. C
4
Des ententes pas toujours profitables Ce document montre les difficultés que peuvent avoir les entreprises à mettre en place et maintenir une entente. Document à mettre en relation avec le DOC 3 dans le dossier 4 (p. 41), pour une illustration de l’incitation pour les producteurs à ne pas respecter une entente, en la dénonçant éventuellement au régulateur. 1. Une entente sur les prix permet à plusieurs entreprises du même secteur de se mettre d’accord pour pratiquer des prix plus élevés sur le marché. Elles peuvent ainsi réaliser un profit plus élevé que s’il y avait eu concurrence, au détriment de leurs clients. 2. Il est difficile de mettre en place une entente car c’est une pratique illégale, condamnée par les pouvoirs publics. Par ailleurs, il y a toujours le risque que la partie avec laquelle on s’entend trahisse l’entente, par exemple en augmentant sa production en cachette, ce qui fera baisser les prix du marché. On pourra aussi indiquer que les entreprises ont parfois intérêt à dénoncer l’entente à laquelle elles participent pour éviter une sanction, en anticipant sur le dossier 4 (voir le « Repère », p. 41). S’EXERCER
1 Autoévaluation 1. Faux : elle consiste à racheter une entreprise semblable. 2. Vrai : la concentration des entreprises réduit le nombre d’entreprises sur le marché. 3. Faux : au contraire, le dilemme du prisonnier montre que les entreprises ont intérêt à coopérer.
2 Mobiliser ses connaissances Lorsqu’un marché est en situation d’oligopole, seul un petit nombre d’entreprises est présent sur le marché, contrairement à la situation de concurrence où il y a une multitude d’offreurs. Si ces entreprises ne coopèrent pas, le dilemme du prisonnier montre que chaque entreprise a intérêt individuellement à choisir une solution qui s’avère ensuite contraire à l’intérêt de toutes les entreprises. Ainsi, par exemple, deux entreprises qui ont chacune le choix entre baisser leurs prix ou les maintenir auront toutes deux intérêt rationnellement à baisser leurs prix si elles prennent leur décision de manière individuelle. Or, la situation la plus satisfaisante pour toutes aurait été que chacune maintienne ses prix, ce qui permet d’obtenir un profit plus élevé. Cela montre donc que les entreprises en oligopole ont intérêt à s’entendre, coordonner leurs décisions pour maximiser leur profit. Mais ces pratiques sont illégales, et ces ententes ne sont pas toujours respectées. 32 • I – Science économique
DOSSIER 4 Comment préserver les avantages de
la concurrence pour les consommateurs ?
p. 40-41
DO
Ce dossier développe l’action des pouvoirs publics pour préserver la concurrence et lutter contre les pratiques anticoncurrentielles. Il traite ainsi de la lutte contre les ententes et les abus de position dominante, ainsi que de la régulation des fusions-acquisitions des entreprises. C
1
POUR COMMENCER Une amende de 192,7 millions d’euros infligée au « cartel des yaourts » p. 40 Ce document met en évidence la possibilité pour les pouvoirs publics (ici, l’autorité de la concurrence française) d’infliger des amendes aux entreprises coupables d’ententes illicites. Il peut éventuellement être complété par le DOC 4 du dossier 1 (p. 35) : « Une entente sur les prix des produits d’hygiène et d’entretien ». 1. Le dessin met en scène l’un des dirigeants des 11 sociétés de l’industrie laitière accusées d’entente sur les prix, qui écopent d’une lourde amende. Le yaourt a donc un goût amer pour ce dirigeant.
DO
2. Le consommateur est victime de ce type de pratiques puisqu’elles induisent des prix plus élevés. Ici, du fait de cette entente, les consommateurs ont donc payé leurs yaourts plus chers que s’il y avait eu concurrence. C
2
Des opérations de fusions-acquisitions étroitement surveillées Pour illustrer la mission de surveillance des fusions-acquisitions, ce document prend l’exemple de l’acquisition d’Opel par PSA en 2017, qui a été soumise à l’approbation de la Commission européenne. Il a pour but de montrer aux élèves que les autorités de la concurrence ont le pouvoir d’interdire certaines opérations de fusions-acquisitions ou de les soumettre à certaines conditions. 1. L’opération décrite ici consiste en un rachat par le constructeur automobile PSA (Peugeot Société Anonyme) d’un autre constructeur automobile concurrent, Opel, qui appartenait jusqu’à présent à l’entreprise américaine General Motors. 2. La Commission européenne intervient dans cette opération car elle a pour mission de maintenir un niveau suffisant de concurrence au sein du marché automobile dans l’Union européenne. Grâce à cette acquisition, PSA peut réaliser des économies d’échelle (baisse du coût unitaire lorsque la quantité produite s’accroît) et gagner en productivité, mais la Commission européenne vérifie que cela ne risque pas de réduire trop fortement la concurrence sur le marché automobile et in fine de nuire au consommateur.
DO
3. Si la Commission européenne avait estimé que cette acquisition risquait de restreindre trop fortement la concurrence et conduire à des abus de position dominante, elle aurait pu interdire l’opération ou émettre des conditions à respecter, comme par exemple céder certaines filiales dans les pays où la part de marché de PSA deviendrait trop importante. C
3
La « procédure de clémence », un atout pour déceler les ententes p. 41 Ce document analyse un outil particulièrement efficace utilisé par les pouvoirs publics pour déceler les ententes : la procédure de clémence. Il permet éventuellement de mobiliser de nouveau le dilemme du prisonnier (question 2). Document à mettre en relation avec le DOC 4 dans le dossier 3 (p. 39), pour une explication théorique. Chapitre 2 – Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? • 33
1. Une entreprise qui fait partie d’une entente a intérêt à utiliser la procédure de clémence si elle craint d’être détectée pour cette fraude. En étant la première à dénoncer l’entente elle limite le coût de l’amende, tout en infligeant un coup sévère à ses concurrents. 2. Le dilemme du prisonnier montre que, dans certaines situations, chaque agent a un intérêt individuel à choisir une solution qui s’avère finalement contraire à l’intérêt collectif lorsque tous les agents la choisissent. C’est bien le cas ici : chaque entreprise a un intérêt individuel à dénoncer l’entente (pour ne pas payer l’amende ou la réduire) alors que cela se fait au détriment de toutes les autres entreprises faisant partie de l’entente. L’intérêt collectif aurait été que chaque entreprise ne dénonce pas l’entente pour que les profits élevés se maintiennent.
DO
3. L’Autorité de la concurrence utilise ce type de procédure car elle a comme objectif de garantir un niveau élevé de concurrence sur les marchés. Les ententes (sauf exceptions) sont considérées comme une pratique anticoncurrentielle, mais leur existence est souvent difficile à mettre au jour et à prouver. En incitant les entreprises faisant partie d’une entente à la dénoncer et à participer activement à l’enquête, cela facilite grandement leur découverte et la collecte de preuves nécessaires à la constitution d’une procédure de sanction. C
4
L’autorité de la concurrence a le pouvoir d’infliger des sanctions Ce graphique issu d’un rapport de l’Autorité de la concurrence française illustre l’importance des sanctions financières qui peuvent être infligées aux entreprises en cas de pratiques anticoncurrentielles avérées. 1. Des sanctions peuvent être prononcées par l’Autorité de la concurrence pour deux raisons principales : d’une part lorsqu’elle décèle des ententes, c’est-à-dire des accords entre les entreprises présentes sur un marché pour limiter la concurrence (souvent en s’accordant sur la fixation de prix plus élevés), et d’autre part lorsqu’elle constate des abus de position dominante, c’est-à-dire les cas d’entreprises qui ont acquis une part de marché très importante et qui se servent de cette situation pour restreindre la concurrence. 2. Montant annuel moyen des sanctions prononcées par l’Autorité de la concurrence entre 2009 et 2017 : (206,6 + 442,5 + 419,8 + 540,5 + 160,5 + 1013,6 + 1252,3 + 203,2 + 497,8) / 9 = 526,31 En moyenne, entre 2009 et 2017, l’Autorité de la concurrence a infligé environ 526 euros d’amende par an à des entreprises condamnées pour pratiques anticoncurrentielles. 3. Face à une évolution de grande ampleur, il semble plus pertinent ici d’utiliser le coefficient multiplicateur et de dire qu’entre 2013 et 2014, le montant des sanctions a été multiplié par 6,32. 4. Taux de variation : (valeur d’arrivée – valeur de départ) / valeur de départ = (1013,6 – 160,5) / 160,5 = 531,53 %. Le montant des sanctions a augmenté de 531, 53 % entre 2013 et 2014. Coefficient multiplicateur : valeur d’arrivée / valeur de départ = 1013,6 / 160,5 = 6,32. Le montant des sanctions a été multiplié par 6,32 entre 2013 et 2014. S’EXERCER
1 Autoévaluation 1. Une entente. 2. Une opération de fusion-acquisition. 3. Un abus de position dominante. 4. Une opération de fusion-acquisition.
34 • I – Science économique
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire
TIVIT
É1
AC
Pour que tous les agents économiques (consommateurs et entreprises) puissent bénéficier des bienfaits de la concurrence, il est nécessaire de la préserver et d’empêcher les pratiques anticoncurrentielles des entreprises. C’est le rôle de la politique de la concurrence, qui est mise en œuvre par l’Autorité de la concurrence à l’échelle nationale et par la Commission européenne à l’échelle de l’Union européenne. D’abord, les pouvoirs publics préservent la concurrence en luttant contre les ententes injustifiées. En effet, les entreprises peuvent se mettre d’accord pour pratiquer des prix plus élevés au détriment des consommateurs et des autres entreprises. Pour empêcher de telles pratiques, les autorités de la concurrence peuvent utiliser une « procédure de clémence », qui permet à une entreprise dénonçant une entente de se voir exonérer de sanctions. Quatre fabricants de lessive ont été ainsi condamnés à une amende cumulée de 367,9 millions d’euros, pour une entente sur les prix qui avait duré de 1997 à 2004. C’est un des membres qui a dénoncé l’entente, ce qui lui a permis d’échapper à toute sanction. La politique de la concurrence vise également à lutter contre les abus de position dominante. En effet, certaines entreprises, du fait de leur efficacité et de leur succès auprès des consommateurs, cumulent des parts de marché importantes dans certains secteurs et acquièrent de ce fait une « position dominante ». L’une des missions des pouvoirs publics est alors de veiller à ce que ces entreprises ne se servent pas de cette situation pour restreindre la concurrence. La Commission européenne a ainsi collecté jusqu’à 1 252,3 millions d’euros en 2015 à la suite de poursuites (DOC 4). Enfin, l’Autorité de la concurrence et la Commission européenne surveillent les opérations de fusions-acquisitions des entreprises. Celles-ci peuvent en effet réduire l’intensité de la concurrence sur le marché en réduisant le nombre de concurrents, ce qui serait nuisible aux consommateurs et aux autres entreprises. Les pouvoirs publics peuvent donc interdire certaines opérations de concentration, ou les soumettre à certaines conditions, comme par exemple la revente de certaines activités d’une entreprise sur des marchés où la concurrence s’amenuirait à la suite de l’opération. Ainsi, par exemple, le rachat d’Opel par l’entreprise PSA a été soumis à l’avis de la Commission européenne, qui a conclu que cette opération « ne soulevait pas de problème de concurrence sur les marchés en cause » (DOC 2). Les pouvoirs publics préservent donc la concurrence en remplissant trois grandes missions : la lutte contre les ententes injustifiées, la lutte contre les abus de position dominante et la surveillance des opérations de fusions-acquisitions des entreprises.
Rédiger une synthèse
Vers des marchés moins concurrentiels ? p. 42 Présentation Cette activité permet de remobiliser et d’approfondir les notions de pouvoir de marché et de concentration étudiées dans ce chapitre.
ÉTAPE
1
ÉTUDE DES DOCUMENTS
1. Le « pouvoir de marché » des entreprises correspond à leur marge de manœuvre en matière de détermination du prix du vente. Ce pouvoir de marché peut provenir de différentes sources. Il existe d’abord diverses barrières à l’entrée sur le marché. L’État peut décider, pour des raisons d’intérêt général, de restreindre l’accès au marché aux seules entreprises autorisées. Il est
Chapitre 2 – Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? • 35
également possible que seulement quelques entreprises aient accès à une ressource rare, comme par exemple un domaine viticole. Enfin, les entreprises peuvent innover et être protégées temporairement de la concurrence par des brevets. Un pouvoir de marché peut également apparaître lorsqu’un nombre très limité d’offreurs est présent sur le marché. Les entreprises peuvent alors être tentées de former une entente, par exemple en se mettant d’accord pour pratiquer des prix plus élevés et accroître leurs profits. 2. Informations clés des documents : DOC 1 : De 1980 à 2018, quelle que soit la zone considérée, la marge des entreprises a tendance à croître, parfois assez fortement. C’est le cas notamment pour les ÉtatsUnis, dont la marge moyenne des entreprises passe de 1,15 en 1980 à 1,6 aujourd’hui. DOC 2 : Quel que soit le secteur, entre 1997 et 2012, la part moyenne captée par les 4 plus grandes entreprises américaines a augmenté, ce qui signifie que les marchés sont plus concentrés. C’est notamment le cas dans le commerce de détail, où les 4 plus grandes entreprises captaient 25 % des parts de marché en 1997, et désormais près de 40 % en 2012. DOC 3 : Entre 1980 et 2014, le taux de retour sur capitaux des entreprises américaines (c’est-à-dire leur taux de rentabilité) a doublé, passant de 8 % à 16 %, ce qui pourrait illustrer une baisse générale de la concurrence. Par ailleurs, depuis 1980, dans l’industrie, il y a de moins en moins de nouvelles entreprises entrant sur le marché chaque année, ce qui va dans le même sens. Enfin, la part que représentent les liquidités des entreprises dans le PIB a augmenté (de 1 % à 5 % sur la période 1980-2014), ce qui semble témoigner du fait que les entreprises font davantage de profit.
ÉTAPE
2
LA RÉDACTION
D’une part, on observe une tendance à la baisse de la concurrence sur les marchés lorsque l’on s’intéresse à certains indicateurs financiers des entreprises. Ceux-ci nous montrent la tendance à la hausse du profit des entreprises, induite par la hausse de leur pouvoir de marché lorsque la concurrence diminue. En effet, on observe d’abord que la marge des entreprises, mesurée ici par l’écart entre le prix de vente et le coût de production, n’a cessé d’augmenter ces dernières années dans les pays développés. Elle est ainsi passée de 5 % à 35 % pour les entreprises des pays avancés d’Europe sur la période 1990-2018, et de 20 % à 60 % aux États-Unis sur la même période (DOC 1). Par ailleurs, dans ce dernier pays, le taux de rentabilité des entreprises a fortement augmenté, passant de 8 % à 16 % (DOC 3). Tout cela se traduit par une hausse des réserves de trésorerie détenues par les entreprises, qui représentaient 1 % du PIB en 1980 et 5 % du PIB désormais (DOC 3). D’autre part, l’idée que la concurrence s’érode sur les marchés est attestée par d’autres indicateurs. On peut le voir à travers la concentration des différents marchés, et notamment la part de marché accaparée par les plus grandes entreprises. Plus précisément, si l’on s’intéresse à la part moyenne de chiffre d’affaires capté par les quatre plus grandes entreprises de chaque secteur aux États-Unis, on s’aperçoit qu’entre 1997 et 2012, celle-ci est passée de 30 % à 42 % dans le domaine des transports, de 25 % à 40 % dans le commerce de détail et de 26 % à 38 % dans la finance. Tous secteurs confondus, les quatre plus grandes entreprises représentent 32 % de parts de marché en 2012, contre seulement 26 % quinze ans plus tôt (DOC 2). Dans l’industrie, les entrées de nouvelles entreprises se font ainsi de plus en plus rares, et dans l’économie américaine tout entière, il y a désormais chaque année plus d’entreprises qui disparaissent que d’entreprises créées (DOC 3).
36 • I – Science économique
AC
É2
TIVIT
Expérimenter
Le jeu de l’oligopole p. 43 Présentation
TIVIT
É3
AC
Cette activité a pour but d’aborder de manière ludique le dilemme du prisonnier, en faisant jouer les élèves. Si l’activité se déroule comme prévu, les élèves doivent prendre conscience que sans coopération, leurs décisions individuelles aboutissent à des scores peu élevés. À l’inverse, le but est que les élèves prennent conscience que c’est la stratégie de coopération qui permettrait de maximiser les scores des deux entreprises. Le lien peut ensuite être fait avec les oligopoles : le dilemme du prisonnier montre que des entreprises en petit nombre sur le marché peuvent être incitées à former des ententes. Précision à propos du nombre de tours à effectuer par les élèves : quand le nombre de tours est connu, au dernier tour (6e ici), les deux participants ont intérêt à jouer la défection (pas de publicité), puisqu’aucune rétorsion n’est possible. Donc, il faut que le nombre de tours soit inconnu des participants. L’idéal est de s’arrêter à 5, ce qui permet à chacun de penser qu’il peut encore y avoir un 6e tour quand il joue ce 5e tour.
Simuler
À la découverte de l’équilibre du monopole p. 44-45 Cette activité permet soit de découvrir, soit d’approfondir l’équilibre du monopole. Elle s’appuie d’abord sur un exercice chiffré, qui permet de faire comprendre aux élèves la condition de maximisation du profit du monopole (égalisation de la recette marginale et du coût marginal). Elle mobilise ensuite une représentation graphique de l’équilibre du monopole, avec pour objectif de montrer que celui-ci est moins efficace que l’équilibre de concurrence (quantité d’équilibre plus faible, prix d’équilibre plus élevé). ÉTAPE
1
RÉSOUDRE LE PROBLÈME PAR QUELQUES CALCULS SIMPLES
p. 44
1. Le nombre de tickets vendus a tendance à décroître lorsque le prix augmente, car comme pour beaucoup de produits, la demande est décroissante lorsque le prix augmente : seuls les plus cinéphiles sont prêts à payer un prix élevé, alors que beaucoup d’habitants sont disposés à payer un prix plus faible pour venir voir un film. 2. Tableau possible : Quantité de tickets que vous souhaitez vendre
Votre prix (voir tableau précédent)
Recette totale (prix × quantité)
Coût total (coût unitaire × quantité)
Votre profit (Recette totale – Coût total)
Option 1
4
9 euros
36
8
28
Option 2
10
3 euros
30
20
10
Option 3
3
10 euros
30
6
24
Option 4
7
6 euros
42
14
28
Option 5
6
7 euros
42
12
30
3. Erratum : le profit maximum est de 30 euros lorsque l’on vend 5 ou 6 tickets. Vendre au prix le plus élevé n’est pas une bonne stratégie pour faire le plus de profit, Chapitre 2 – Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? • 37
car la demande ayant tendance à baisser lorsque le prix augmente, cela diminue la recette totale. 4. Tableau corrigé : Quantité écoulée
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
12 €
11 €
10 €
9 €
8 €
7 €
6 €
5 €
4 €
3 €
2 €
1 €
Recette totale
12
22
30
36
40
42
42
40
36
30
22
12
Coût total
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
22
24
Profit
10
18
24
28
30
30
28
24
18
10
0
–12
Recette marginale
12
10
8
6
4
2
0
–2
–4
–6
–8
–10
Coût marginal
2
2
2
2
2
2
2
2
2
2
2
2
Prix
5. Si l’on espère vendre 3 tickets, la vente de ce troisième ticket rapporterait 8 euros (recette marginale) et coûterait 2 euros à produire (coût marginal). Puisqu’il rapporte plus qu’il ne coûte, on a donc intérêt à vendre ce troisième ticket. 6. Si l’on espère vendre 7 tickets, la vente de ce septième ticket ne rapporterait rien (recette marginale de 0 euro) alors qu’il coûterait 2 euros à produire (coût marginal). Il n’est donc pas intéressant de vendre ce septième ticket puisque qu’il coûte plus qu’il ne rapporte. 7. Si la recette marginale est supérieure au coût marginal, cela veut dire qu’un ticket supplémentaire mis sur le marché rapporte plus qu’il ne coûte : le cinéma a alors intérêt à vendre ce ticket supplémentaire et son niveau de production n’était donc pas optimal. Inversement, tant que la recette marginale est inférieure au coût marginal, le cinéma a intérêt à réduire le nombre d’entrées puisque ce qu’il économise alors en coût de production unitaire l’emporte sur ce qu’il perd en recette. Finalement, le niveau de tickets vendus est optimal lorsqu’une entrée supplémentaire rapporte ni plus ni moins (recette marginale) que ce qu’elle ne coûte à produire (coût marginal).
2
ÉTAPE
UNE REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DE L’ÉQUILIBRE DU MONOPOLE
p. 45
1. Graphique corrigé : P 13 12 11 10 9 8 7 6 5 4 3 2 1
Demande Rm M
CP Cm 0
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
Q
2. Le croisement des courbes de coût marginal et de recette marginale correspond à une quantité d’équilibre de 6 tickets vendus. 3. Pour cette quantité de 6 tickets vendus, on peut lire sur la courbe de demande que les consommateurs sont prêts à payer 7 euros. 38 • I – Science économique
6. On observe que l’équilibre de concurrence s’établit à un niveau de prix bien plus faible (2 euros contre 7 euros) et à un niveau de tickets vendus bien plus élevé (11 tickets contre 6 tickets) que l’équilibre de monopole. En ce sens, on peut dire que l’équilibre de monopole est moins efficace que l’équilibre de concurrence : prix plus élevé et quantité échangée plus faible. Complément possible À l’aide des savoirs du chapitre précédent sur le surplus des consommateurs et des producteurs, montrer graphiquement que le surplus des consommateurs est plus faible alors que le surplus des producteurs est plus élevé, et que le surplus total est moindre.
UTILISEZ LES STATISTIQUES p. 48
1
Calculer des proportions 1. En septembre 2017, Deezer comptait 9 millions d’abonnés payants à son service de streaming musical (selon le site Statista.com, en octobre 2018). 2. Part des abonnés à Spotify parmi l’ensemble des abonnés à un service de streaming musical (en %) : Nombre d’abonnés à Spotify / Nombre total d’abonnés à un service de streaming musical [83 / (83 + 50 + 20 + 9 + 4,5 + 1,4)] = 0,4943 = 49,43/100 = 49,43 % En 2018, la plateforme Spotify représente 49,43 % des abonnés payants à un service de streaming musical dans le monde. On procède de même pour les autres plateformes et on obtient : Apple Music : 29,78 % ; Amazon Music : 11,91 % ; Deezer : 5,36 % ; Napster : 2,68 % ; Tidal : 0,83 %. 3. Part cumulée des deux premiers acteurs de ce marché : Part de Spotify + Part de Apple Music = 49,43 + 29,78 = 79,21 % En 2018, les deux premiers acteurs du streaming musical en ligne cumulent 79,21 % des abonnés payants dans le monde. 4. Part des abonnés payants de Deezer par rapport aux abonnés de Spotify : (Nombre d’abonnés Deezer / Nombre d’abonnés Spotify) = 9 / 83 = 0,1084 = 10,84 / 100 = 10,84 % Les abonnés payants de Deezer représentent 10,84 % des abonnés payants de Spotify.
2
Comparer des proportions 1. 63,6 % des navigateurs sur ordinateur utilisés dans le monde pour accéder à Internet sont des navigateurs Chrome (d’après le site Statista.com, en novembre 2017). 2. Le calcul le plus pertinent ici, compte tenu de la différence importante de part de marché entre Chrome et Internet Explorer, semble être un coefficient multiplicateur : Part de marché de Chrome / Part de marché d’Internet Explorer = 63,6 / 8,3 = 7,66 Le navigateur Chrome possède 7,66 fois plus de part de marché que le navigateur Internet Explorer. 3. Évolution de la part de marché du navigateur Chrome entre janvier 2009 et fin 2017 en valeur absolue : 63,6 – 1,4 = 62,2 Évolution de la part de marché de Chrome entre janvier 2009 et fin 2017 en valeur relative (coefficient multiplicateur) : Valeur d’arrivée / valeur de départ = 63,6 / 1,4 = 45,43 4. La part de marché du navigateur Chrome a augmenté de 62,2 points de pourcentage entre 2009 et fin 2017. La part de marché du navigateur Chrome a été multipliée par 45,43 entre janvier 2009 et fin 2017. Chapitre 2 – Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? • 39
TESTEZ VOS CONNAISSANCES ! p. 49-50
1 1. Faux, cela l’augmente. 2. Faux, il pratique un prix plus élevé. 3. Faux, cela aboutit à une moins bonne situation pour les deux. 4. Faux, il s’agit de lutter contre les abus que ces positions dominantes occasionnent. 5. Vrai. 6. Faux, à des coûts fixes trop élevés. 7. Vrai. 8. Vrai. 9. Vrai. 10. Faux, c’est un monopole naturel.
2 pouvoir de marché – entente – barrières à l’entrée – monopole – innovation – loi – coûts fixes – naturel – oligopole – dilemme du prisonnier – politique de la concurrence – abus de position dominante.
3 Monopole institutionnel : 3, 4, 6. Monopole naturel : 2, 5. Monopole d’innovation : 1, 7.
4 Coûts fixes très élevés
Barrières à l’entrée pour les autres entreprises
Innovations Loi qui limite l’accès au marché
Ententes
Pouvoir de marché
Capacité à pratiquer des prix plus élevés
Accès privilégié à une ressource rare Nombre limité d’offreurs
Fusions et acquisitions
VERS LE BAC
BJECTIF 1RE
p. 51
1
MOBILISATION DES CONNAISSANCES ET TRAITEMENT DE L’INFORMATION
Une précision absente de la version spécimen a été ajoutée dans le manuel version élève : les données indiquent l’évolution du profit de chaque producteur en millions d’euros. 1. En situation d’oligopole, c’est-à-dire quand un petit nombre de producteurs vendent sur le marché, ceux-ci sont « faiseurs de prix » : ils peuvent influencer le prix de marché. En effet, chacun a une taille suffisamment importante pour que ses décisions 40 • I – Science économique
de produire plus ou moins changent le prix qui se fixe sur le marché. Par ailleurs, s’il existe des barrières à l’entrée, des prix plus élevés peuvent se maintenir sans que des producteurs extérieurs ne viennent concurrencer ceux qui y sont déjà. C’est le cas notamment sur le marché de la téléphonie mobile en France où quatre opérateurs se partagent le marché, car l’utilisation des fréquences de la 3G est soumise à une autorisation par l’État. 2. Si les deux producteurs décident de baisser leur prix, ils subissent tous les deux une perte de 10 euros. En effet, les quantités qu’ils vendent chacun ne changent pas mais le prix de vente baisse, d’où une baisse du profit. 3. La situation de dilemme du prisonnier permet de montrer l’intérêt qu’ont les entreprises à former des ententes. Dans le cas présenté ici, si le producteur B maintient son prix, il est plus intéressant pour le producteur A de décider de baisser son prix : il gagne ainsi 50 euros de profit contre seulement 20 euros s’il le laissait lui aussi inchangé. De la même manière, si le producteur B baisse son prix, le producteur A a tout intérêt à baisser son prix également pour limiter ses pertes : il perd certes 10 euros, mais il en aurait perdu 30 s’il avait maintenu son prix, car son concurrent aurait capté une partie de sa clientèle. Finalement, quelle que soit la situation, on voit que le producteur A doit privilégier la baisse de son prix. Le même raisonnement peut être tenu si l’on se place du point de vue du producteur B : quelle que soit la décision que prend le producteur A, il a intérêt à baisser son prix. On voit ainsi que dans cette situation, la décision la plus rationnelle pour chacun des deux producteurs est de baisser son prix. Or, ces décisions individuelles rationnelles mènent à une situation qui n’est souhaitable ni pour le producteur A, ni pour le producteur B, puisque chacun voit son profit diminuer de 10 euros. C’est pourquoi il eût été préférable pour ces deux producteurs de se mettre d’accord sur un maintien des prix à un niveau élevé, ce qui leur aurait fait gagner chacun 20 euros de profit. Si l’on généralise cela au cas des oligopoles, structures de marché où un petit nombre d’offreurs est présent sur le marché, on peut en déduire que les entreprises ont tout intérêt à s’entendre plutôt qu’à prendre leurs décisions de manière indépendante les unes des autres. Ces ententes, bien qu’illégales, peuvent ainsi permettre aux entreprises d’augmenter leurs bénéfices.
2
RAISONNEMENT S’APPUYANT SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE
À l’aide de vos connaissances et des deux documents (DOC 1 et DOC 2 p. 36), vous montrerez que le monopole présente des avantages et des inconvénients. 1. Le monopole présente des avantages… 1.1. La constitution de monopoles ou quasi-monopoles peut être le résultat de stratégies d’innovation des entreprises 1.2. Les monopoles naturels peuvent être une réponse à des coûts fixes très élevés 2. Mais également des inconvénients 2.1. Les positions de quasi-monopoles peuvent conduire à des abus de position dominante 2.2. De manière générale, l’équilibre du monopole est moins efficace que celui de concurrence
Chapitre 2 – Comment les marchés imparfaitement concurrentiels fonctionnent-ils ? • 41
VERS LE BAC
BJECTIF TERMINALE
p. 52-53 GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 3 ÉTUDIER LE DOSSIER DOCUMENTAIRE : EXTRAIRE LES INFORMATIONS EN LIEN AVEC LE SUJET
Informations en lien avec le sujet (données statistiques, citations) Ces informations pourront vous servir à affirmer, expliciter ou illustrer.
Prolongements avec le cours ou lien entre les documents
Document 1
Effet du cartel : augmentation des prix de 20 % (niveau national) ou 30 % (niveau international). De lourdes amendes infligées aux cartels. Ex. : 2,9 milliards d’euros pour le « cartel des camions » infligé par la Commission européenne en 2016.
Notion d’entente. Origine des ententes : dilemme du prisonnier. Procédure de clémence pour déceler les ententes.
Document 2
De fortes amendes infligées par la Commission européenne pour sanctionner les abus de position dominante de Google, Intel, Qualcomm et Microsoft.
Notion d’abus de position dominante. Illustration de la politique de la concurrence en Europe.
Document 3
L’arrivée d’un quatrième opérateur sur le marché de la téléphonie mobile a eu un effet à la baisse sur le prix des télécommunications mobiles. En effet, la baisse des tarifs a été amorcée en 2008, mais l’arrivée de Free, le quatrième opérateur sur le marché français, a accéléré la baisse des prix et a supprimé les précédentes courtes phases de remontée des prix.
Notions d’oligopole, coûts fixes, barrières à l’entrée.
GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 4
CONSTRUIRE SON PLAN DÉTAILLÉ
Plan 1 Accepté Rejeté
Plan 2 Accepté Rejeté
Plan 3 Accepté Rejeté
I) Les diverses formes de la concurrence imparfaite peuvent être à l’origine de pratiques anticoncurrentielles… §1 Les concentrations mènent à des oligopoles §2 L’incitation à mener des ententes est forte §3 Les monopoles ont des origines multiples II) Qui nécessitent une surveillance par les pouvoirs publics §4 Déceler les ententes §5 Sanctionner les abus de position dominante §6 Contrôler les fusionsacquisitions
§1 Les fusions-acquisitions peuvent restreindre trop fortement la concurrence §2 Elles doivent donc être étroitement surveillées §3 Les monopoles peuvent abuser de leur position dominante §4 Ils peuvent être préjudiciables aux consommateurs et aux autres entreprises
I) Les entreprises peuvent disposer d’un pouvoir de marché §1 Car il existe des barrières à l’entrée §2 En raison d’un nombre limité d’offreurs §3 Car elles peuvent former des ententes II) Les politiques de la concurrence ont trois principales missions §4 La lutte contre les ententes §5 La lutte contre les abus de position dominante §6 La surveillances des fusions-acquisitions
Le plan 1 traite correctement le sujet. Le plan 2 oublie de traiter une partie du sujet (ententes). Le plan 3 récite des parties de cours sans faire suffisamment le lien avec le sujet.
42 • I – Science économique
3
Quelles sont les principales défaillances du marché ? ANALYSE DU PROGRAMME p. 54 Après avoir compris comment fonctionne le marché concurrentiel (chapitre 1), les élèves ont été amenés à envisager comment fonctionnent les marchés quand la concurrence y est imparfaite (chapitre 2). Dans ce chapitre 3, il s’agit de prolonger l’analyse pour montrer que les marchés sont défaillants dans trois cas : les externalités, les biens non excluables (biens communs et biens collectifs) et l’asymétrie d’information. Dans ces trois cas, le prix qui se forme sur le marché ne permet pas une allocation efficace des ressources. L’étude de ces situations permettra aussi de comprendre la nécessité de l’intervention de l’État à travers des dispositifs dont l’efficacité est elle-même l’objet de débats.
ORGANISATION DU CHAPITRE Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils permettent de couvrir tout le programme en trois séquences sur une durée totale d’une dizaine d’heures, une proposition réaliste compte tenu des nouvelles contraintes horaires et de l’évaluation en fin de 1re pour ceux qui abandonneraient les SES : – Dossier 1 « Pourquoi le marché est-il défaillant en présence d’externalités ? », sur la façon dont les externalités mettent le marché en échec et comment les pouvoirs publics y font face ; – Dossier 2 « Pourquoi le marché est-il défaillant en présence de biens collectifs et communs ? », sur la défaillance induite par la présence de biens communs et collectifs et sur la façon dont les pouvoirs publics y font face ; – Dossier 3 « Pourquoi le marché est-il défaillant quand l’information est imparfaite ? », sur les défaillances induites par les asymétries d’information et sur la façon dont les pouvoirs publics y font face. Deux activités permettent d’approfondir, à la fin du chapitre, certains objectifs d’apprentissage : – Activité 1 « Faut-il une assurance santé obligatoire ? », pour réinvestir les raisonnements du cours sur l’asymétrie d’information et la sélection adverse, et montrer, en s’appuyant sur des données chiffrées, l’intérêt de l’intervention de l’État pour accroître le bien-être social ; – Activité 2 « La chronique éco », pour développer ses compétences argumentatives à l’oral afin d’expliquer et illustrer une défaillance de marché, en prenant appui sur un travail en groupe. En fin de chapitre, un « Vers le bac – Objectif 1re » permet de s’entraîner sur les épreuves anticipées de 1re, notamment sur la question de mobilisation des connaissances et traitement de l’information. Un guide méthodologique et une proposition de corrigés offriront aux élèves des moyens d’appréhender les attentes de l’épreuve et de s’entraîner sur les savoir-faire attendus. Un « Vers le bac – Objectif Terminale » permet de s’entraîner sur un sujet de dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire. L’étape 5, extraite du guidage Chapitre 3 – Quelles sont les principales défaillances du marché ? • 43
méthodologique complet disponible en ligne, aidera les élèves à étudier le dossier documentaire et à construire son plan détaillé. Les rubriques habituelles complètent le chapitre pour donner aux élèves des outils de récapitulation et d’approfondissement des connaissances (Synthèse + schéma L’essentiel + sélection de vidéos), d’autoévaluation (Testez vos connaissances !), de mobilisation des savoir-faire quantitatifs (Utilisez les statistiques).
OUVERTURE DU CHAPITRE p. 54-55 Trois possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre : ■■ Découvrir par la vidéo invite les élèves à s’interroger sur le problème lié à la disparition des abeilles et à ses conséquences sur l’environnement, pour ensuite tenter d’envisager des solutions. ■■ Découvrir par l’image invite les élèves à réfléchir aux risques liés à la surpêche pour l’environnement et, là encore, à envisager des solutions possibles. ■■ Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un questionnaire sur leurs représentations, et d’avoir une vision d’ensemble des représentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont être traités dans le chapitre. L’interface Q-sort en ligne sur le site collection permet de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe.
DOSSIER 1 Pourquoi le marché est-il défaillant en présence d’externalités ?
p. 56-57
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La séquence proposée permet d’introduire les externalités, de différencier les externalités positives et négatives en montrant qu’elles constituent une défaillance du marché qui nécessite une réglementation des pouvoirs publics avec des outils comme la taxe carbone. C
1
POUR COMMENCER L’agriculture intensive p. 56 Cette image permet d’introduire la notion d’externalité négative en suggérant les conséquences néfastes de l’usage de pesticides dans l’agriculture productiviste sur le bien-être de tous. 1. Cet agriculteur traite ses arbres fruitiers avec des pesticides. 2. Les pesticides ont pour fonction de protéger les cultures agricoles contre des ravageurs, des espèces indésirables, des champignons, etc., qui peuvent détruire partiellement ou totalement certaines cultures. Ils ont aussi pour fonction d’accroître les rendements pour nourrir une population en hausse constante. Dans l’ensemble, ils permettent donc aux agriculteurs d’avoir moins de pertes de récoltes et des rendements plus importants, donc des profits plus élevés que s’ils n’utilisaient pas les pesticides. 3. Les individus qui vont être affectés par cet acte : – l’agriculteur lui-même puisque, même en se protégeant grâce à une combinaison, il respire ces pesticides, ce qui accroît les risques de cancer ; – les agents domiciliés près de cette exploitation, qu’il s’agisse des habitants, des écoliers, etc. Les pesticides vont en partie se répandre dans l’air et le polluer ; – les consommateurs de ces produits, qui vont ingérer les pesticides ; – les générations futures, qui hériteront d’un environnement (terres et nappes phréatiques) dégradé.
44 • I – Science économique
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2
Un exemple d’externalités : une histoire d’anguilles grillées p. 56 Ce texte permet de distinguer, à travers une histoire simple, les externalités négatives des externalités positives. Il met aussi en évidence les effets de chacune de ces externalités sur les agents économiques, ce qui permet notamment de souligner le rôle des incitations à favoriser les externalités positives et à décourager les externalités négatives. 1. Au début de l’histoire, l’activité de Sabu, qui pêche et grille des sardines, a des conséquences positives sur son voisin Yoshi qui, lui, profite de l’odeur du fumet d’anguilles, dégagée par les grillades, pour déguster son bol de riz, et cela sans en payer le prix (externalité positive). Par contre, à la fin de l’histoire, Sabu grille du samma, qui dégage une odeur nauséabonde et engendre des conséquences négatives sur son voisin Yoshi, puisque l’odeur lui coupe l’appétit, et cela sans que Sabu ne soit obligé de le dédommager financièrement pour le dommage causé (externalité négative). 2. Remarque pour l’enseignant : l’odeur nauséabonde du samma dans la deuxième partie de l’histoire peut être comparée aux rejets polluants de certaines entreprises et aux externalités négatives qu’ils engendrent pour la population locale. Si le marché avait fonctionné efficacement, il aurait dû faire en sorte que la première activité de Sabu, qui avait des conséquences positives sur son voisin, se poursuive, puisque le bien-être de tous était amélioré. Or, Yoshi s’est contenté de l’odeur des anguilles grillées sans en acheter. Il s’est comporté en passager clandestin, puisqu’il a profité d’une action sans en payer le prix, ce qui n’a pas incité Sabu à poursuivre son activité.
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3. Yoshi aurait pu acheter quelques anguilles à Sabu qui, ainsi, aurait retiré un bénéfice de son activité et aurait été incité à la poursuivre. C
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Subventions et taxes pour lutter contre la pollution automobile p. 57 L’exemple des primes versées pour l’achat d’un véhicule électrique et des sanctions, qui prennent la forme de taxes, appliquées aux véhicules anciens polluants, met en évidence les actions des pouvoirs publics pour lutter contre les externalités négatives et encourager les externalités positives. 1. La prime à la conversion vise à inciter les propriétaires de voitures anciennes et souvent polluantes à les remplacer par des véhicules qui émettent peu ou pas de CO2, grâce à l’octroi d’une prime (bonus) dont le montant s’élève à 2 500 euros pour l’achat d’un véhicule neuf. Le malus automobile, quant à lui, a pour objectif de taxer les véhicules polluants. Dans les deux cas, il s’agit d’inciter les consommateurs à remplacer des véhicules anciens et polluants par des véhicules plus récents dont la technologie est davantage soucieuse du respect de l’environnement. Ainsi, pour inciter les agents à acheter des véhicules électriques, le gouvernement offre un bonus de 6 000 euros sur l’achat d’un tel véhicule neuf (il faudra donc déduire ce bonus du prix d’achat affiché par le garagiste) ; et, d’un autre côté, les pouvoirs publics instaurent un malus pouvant aller jusqu’à 10 500 euros pour taxer les véhicules qui émettent un taux supérieur ou égal à 180 grammes de CO2/km, c’est-à-dire ceux qui polluent beaucoup et engendrent donc des externalités négatives. 2. La réglementation sur les émissions de CO2 vise, par des lois notamment, à interdire de dépasser un seuil défini de rejets polluants. Le non-respect de la réglementation, qui doit donc faire l’objet d’un contrôle, peut se traduire par des sanctions financières. La réglementation ne constitue donc qu’une règle que l’agent est censé respecter, alors que le malus écologique, par exemple, n’est pas une simple mise en garde contre les comportements polluants, mais il consiste bien à faire payer immédiatement l’agent propriétaire d’un véhicule polluant. De la même façon, le bonus écologique, Chapitre 3 – Quelles sont les principales défaillances du marché ? • 45
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qui réduit le coût du véhicule non polluant, est une incitation financière à la préservation de l’environnement. Les subventions et les taxes sont des outils financiers qui semblent, finalement, plus efficaces que la simple réglementation pour inciter les agents à internaliser leurs externalités. C
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EXERCICE
Les effets d’une taxe forfaitaire
p. 57 Cet exercice permet de réinvestir et d’approfondir les connaissances acquises lors des chapitres 1 et 2 concernant l’interprétation de la représentation graphique du modèle du marché. Son objectif est de mettre en évidence le rôle incitatif d’une taxe sur les producteurs pour agir sur les comportements des agents économiques, producteurs-offreurs et consommateurs-demandeurs, et limiter les externalités négatives. 1. Après la mise en place de la taxe, le prix payé par les consommateurs augmente, il passe de p* à pTTC. 2. Ce prix n’augmente pas du même montant que la taxe puisque toute la taxe n’est pas répercutée sur le prix de vente. En effet, les offreurs assument une partie de la taxe pour éviter que la quantité demandée ne baisse trop. 3. La taxe a pour effet d’augmenter le prix payé par les consommateurs (passage de p* à pTTC), ce qui réduit la quantité demandée. Dans le même temps, elle réduit le prix reçu par les offreurs (passage de p* à pHT), ce qui réduit les quantités offertes. En effet, la taxe fait augmenter le prix, ce qui réduit la quantité offerte. Au total, les quantités échangées après la taxe sont inférieures à celles échangées avant la taxe, ce qui réduit les externalités négatives liées à la production et/ou à la consommation du bien et favorise la consommation de biens substituables plus soucieux de l’environnement. 4. La taxe augmente plus le prix versé par les consommateurs qu’elle ne baisse le prix reçu par les producteurs. Ce sont donc les premiers qui supportent la plus grande partie des effets de la taxe. En effet, ici, la demande est très peu élastique au prix, alors que l’offre est très élastique au prix. En conséquence, les producteurs font payer la majeure partie de la taxe aux consommateurs qui achètent le bien même quand son prix augmente. S’EXERCER
p. 57
1 Autoévaluation 1. Faux. 2. Vrai.
2 Mobiliser ses connaissances Une externalité positive est le fait que l’action d’un agent engendre un surplus, un surcroît de bien-être pour un autre agent sans que ce dernier ait à en payer le prix. Ainsi, un agriculteur qui choisit de cultiver « bio » génère des externalités positives puisqu’il préserve la santé des habitants qui vivent dans les alentours en réduisant la pollution de l’air et celle des nappes phréatiques. Finalement, le bien-être des villageois s’améliore sans qu’ils en paient le prix. Toutefois, l’agriculteur peut ne pas être incité à poursuivre son agriculture « bio » si, notamment, les clients potentiels trouvent sa production trop onéreuse et préfèrent acheter des biens moins chers à la concurrence. Dès lors, le marché est défaillant puisqu’il n’incite pas l’agriculteur à poursuivre son action qui, pourtant, a des effets positifs sur le bien-être d’autrui. L’État peut alors intervenir pour l’inciter à poursuivre son activité en lui versant, par exemple, des subventions, qui lui permettent de vendre ses produits moins cher et ainsi de faire face à la concurrence en préservant ses profits. 46 • I – Science économique
DOSSIER 2 Pourquoi le marché est-il défaillant en
présence de biens collectifs et communs ?
p. 58-59
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À l’issue de cette séquence, l’élève devra être capable de différencier les biens communs des biens collectifs, de les illustrer, mais aussi de comprendre que leurs caractéristiques font qu’ils engendrent des défaillances de marché et nécessitent donc l’intervention de l’État. C
1
POUR COMMENCER L’eau, un bien commun p. 58 Ce graphique a pour ambition d’introduire la notion de bien commun et de faire réfléchir aux problèmes possibles pour la ressource, du fait qu’une hausse de la demande ne se traduit pas forcément par une hausse du prix. Ce graphique permet aussi de réinvestir des compétences acquises en amont et liées à des savoir-faire concernant la lecture de données et le calcul d’une évolution. 1. Dans le monde en 2050, la demande d’eau pour l’industrie sera d’environ 1 200 km3 contre 2 000 km3 pour l’irrigation. 2. Alors que la demande totale d’eau était de 1 000 km3 en 2000, elle passera à environ 5 500 km3, soit 5,5 fois plus (5 500 / 1 000) en 2050. Cette forte hausse de la demande en eau peut s’expliquer par une hausse de la population mondiale, qui nécessite une plus grande production agricole, mais aussi par un élevage intensif, qui génère des prélèvements en eau importants.
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3. L’eau est un bien commun indispensable à la survie des hommes. Cette ressource est de ce fait souvent gérée par les pouvoirs publics, qui veillent à la garder accessible au plus grand nombre. Ainsi, les pouvoirs publics prennent en charge une partie des coûts liés à la production d’eau, de façon à s’assurer que son prix reste accessible à l’ensemble de la population. C
2
EXERCICE
Des biens privatifs aux biens collectifs
p. 58 Il s’agit ici de s’appuyer sur un document simple pour comprendre que les biens peuvent être classés en fonction de leurs caractéristiques (rivalité/excluabilité). L’enseignant laissera donc les élèves classer les exemples donnés en prenant appui sur le document. Ce travail pourra être suivi d’une mise en commun qui permet de discuter des critères et donc de mieux se les approprier pour, in fine, faire la distinction entre les différents types de biens. L’élève sera donc ensuite notamment capable de différencier les biens communs des biens collectifs, mais aussi de commencer à s’interroger sur la nécessité d’une intervention de l’État, compte tenu des caractéristiques de ces biens. 1. Biens de club : le cinéma. Biens privatifs : une tablette de chocolat – un téléphone portable. Biens communs : un poisson de rivière – l’air – des champignons dans la forêt. Biens collectifs : la police – l’éclairage public – une idée non protégée par un brevet. 2. Un poisson de rivière ou encore l’air sont des biens communs qui mettent le marché en échec et doivent donc faire l’objet d’une intervention des pouvoirs publics. En effet, du fait qu’ils soient non excluables mais rivaux, ils ont tendance à être surexploités par les hommes, ce qui menace à terme leur existence même. Dès lors, l’État peut imposer des quotas pour limiter le prélèvement de la ressource, comme pour le thon, ou instaurer des taxes afin de décourager certains comportements qui détruisent les biens communs (exemple de la taxe pollueur-payeur pour protéger la qualité de l’air). Chapitre 3 – Quelles sont les principales défaillances du marché ? • 47
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De la même façon, la police ou l’éclairage public sont des biens collectifs qui, comme les biens communs, ne sont pas excluables, mais qui sont aussi non rivaux et mettent le marché en échec. En effet, sans intervention de l’État, aucune entreprise ne serait incitée à produire de l’éclairage public puisqu’il suffirait qu’un seul agent paie le bien collectif pour que tout le monde en profite. Dès lors, l’entreprise ne dégagerait pas de ressources de ses ventes et perdrait sa raison d’être. De la même façon, la population a besoin d’être protégée et, de ce fait, les services de police doivent être accessibles à tous et pas seulement à ceux qui pourraient les financer, auquel cas seulement les plus riches pourraient bénéficier de la protection des policiers. Quand il n’est pas possible ou souhaitable de rendre ces biens excluables, ils doivent être produits par l’État ou ne pas être produits du tout. C
3
Évolution des quotas de pêche du thon rouge en Europe p. 59 Ce graphique met en évidence l’évolution des quotas de pêche du thon rouge. Il va donc permettre de remobiliser les calculs liés à une évolution et devra interpeller l’élève sur l’intérêt des quotas. Il soulignera donc l’objectif qu’ont les pouvoirs publics lorsqu’ils interviennent par la mise en place d’une réglementation. L’élève devra finalement faire le lien entre deux notions importantes du chapitre : biens communs et défaillance de marché. 1. Un quota de pêche est une quantité maximale (plafond) fixée par les pouvoirs publics sur le tonnage de poissons qui peuvent être pêchés. La fixation d’un total de capture autorisé pour chaque espèce de poissons a pour but d’éviter leur extinction. 2. De 2007 à 2010, les quotas de pêche du thon rouge ont diminué de 54,23 %, passant respectivement de 29 500 tonnes à 13 500 tonnes. Il se sont ensuite stabilisés jusqu’en 2014 puis ont été multipliés par 1,75 de 2014 à 2017 en passant de 13 500 tonnes en 2014 à 23 655 tonnes en 2017. La baisse des quotas de pêche dans la première période a permis de reconstituer la quantité de thons rouges. La protection de cette espèce s’est poursuivie à ce niveau jusqu’en 2014, et la hausse du nombre de thons rouges a ensuite permis d’autoriser à nouveau la hausse des quotas de pêche, ou bien les lobbies ont réussi à convaincre que l’espèce n’était plus menacée et qu’il fallait accroître les quotas.
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3. Le thon rouge est un bien commun puisqu’on ne peut empêcher personne de le pêcher (non-excluabilité) mais le prélèvement par un agent empêche les autres agents de le pêcher (rivalité). Étant gratuit, chaque pêcheur, rationnel, a intérêt à en pêcher le plus possible pour accroître ses profits. Dès lors, le poisson subit la « tragédie des communs » et est confronté à un risque de disparition. Le marché est donc, dans ce cas, défaillant puisqu’en l’absence de signal-prix, il n’incite pas les agents à préserver la ressource. Pour cela, l’intervention de l’État est indispensable. En effet, les pouvoirs publics instaurent des quotas de pêche qui, en limitant les quantités prélevées, permettent aux thons de se reproduire et donc de ne pas disparaître. En cas de non-respect des quotas, les pêcheurs s’exposent à payer une contravention qui doit être suffisamment élevée pour les dissuader de pêcher au-delà des quotas fixés. C
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Le coût de l’éclairage public p. 59 Ce texte montre l’intérêt de bénéficier de l’éclairage public pour l’ensemble de la société, avant de faire l’état des coûts qu’il engendre. Ces constats seront alors l’occasion d’interroger les élèves sur les caractéristiques de ce bien collectif qui met le marché en échec et nécessite, lui aussi, une intervention de la puissance publique. 1. Si l’éclairage des rues peut répondre dans certains cas à un besoin de dynamiser les centres-villes, son objectif essentiel est de renforcer la sécurité des citoyens. En
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effet, au Moyen Âge à Paris, par exemple, en l’absence d’éclairage public, les vols avaient lieu essentiellement la nuit et la population ne sortait dans les rues que si elle y était obligée, craignant pour sa sécurité. 2. Imaginons que l’éclairage public fonctionne comme les parcmètres pour automobiles ; alors il suffirait qu’un agent paie pour que la rue s’illumine et que tous les autres, présents à ce moment-là, en profitent sans en avoir payé le prix. Ce fonctionnement privilégierait des comportements de passager clandestin et ne permettrait pas à l’entreprise de réaliser des profits. Dès lors, étant essentiel au bien-être de tous, l’éclairage public doit être confié aux pouvoirs publics. 3. Le marché concurrentiel est défaillant lorsqu’il ne parvient pas à réguler efficacement les activités économiques. Or, les caractéristiques de l’éclairage public font que la consommation de chaque agent n’est pas individualisable (non-rivalité) ; dès lors, comme il est impossible de savoir qui en a profité, il n’est pas non plus possible d’envisager de faire payer les agents pour la consommation du bien. L’éclairage public ne peut donc pas être vendu sur un marché, aucune entreprise ne sera incitée à le produire, le marché est donc bien défaillant. 4. Les communes reçoivent des dotations de l’État et collectent des impôts auprès de leurs habitants. Ces recettes leur servent à financer l’éclairage public qui, dès lors, devient un bien public puisqu’il est pris en charge par les pouvoirs publics. S’EXERCER
p. 59
1 Autoévaluation Biens communs : des jonquilles dans une forêt – le sable sur lequel sont allongés les baigneurs à la plage. Biens collectifs : un phare maritime – les panneaux de signalisation routière – les décorations de Noël dans les villes et villages – la Défense nationale.
2 Mobiliser ses connaissances Un bien commun, comme un bien collectif, est non excluable, c’est-à-dire qu’on ne peut empêcher quiconque de le consommer ; toutefois, alors que le bien commun est rival, autrement dit lorsqu’un agent se le procure, il ne peut plus être utilisé par un autre individu, ce n’est pas le cas des biens collectifs. Ainsi, les jonquilles dans la forêt sont des biens communs puisqu’on ne peut empêcher personne de les cueillir ; toutefois, dès lors qu’un agent les a cueillies, un autre ne peut plus les prendre puisqu’elles appartiennent au premier. Ce n’est pas le cas du phare (bien commun) qui guide les bateaux, qui peut être utilisé par tous les navires en même temps et pour lequel on ne peut exclure les mauvais payeurs.
DOSSIER 3 Pourquoi le marché est-il défaillant
quand l’information est imparfaite ?
p. 60-61 Cette séquence doit permettre à l’élève de connaître et de distinguer les deux principales formes d’information asymétrique, la sélection adverse et l’aléa moral, puis de les illustrer. En prenant appui sur des exemples concrets, le marché des véhicules d’occasion et celui de la santé, l’élève comprendra que ces situations d’information asymétrique conduisent à des défaillances de marché qui, elles, nécessitent l’intervention des pouvoirs publics. Il s’agira ensuite de comprendre que la sélection adverse peut mener à l’absence d’équilibre. Chapitre 3 – Quelles sont les principales défaillances du marché ? • 49
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POUR COMMENCER L’asymétrie d’information, mère de toutes les arnaques ! p. 60 En prenant appui sur l’extrait d’une BD, les élèves sont amenés à comprendre, seuls, ce qu’est l’asymétrie d’information et à l’expliciter. 1. Cette planche de BD décrit un échange entre un consultant en économie et un agent qui a besoin de s’approprier des connaissances sur un des problèmes économiques : l’asymétrie d’information. 2. Le principal est celui qui a besoin de comprendre le problème principal-agent, c’està-dire celui qui ne détient pas l’information et qui, de ce fait, demande à l’ « agent », ici le consultant en économie, de lui expliquer le problème. 3. Dans cet échange, l’asymétrie d’information concerne le savoir. En effet, le consultant en économie, spécialiste de cette discipline, a des informations que le principal n’a pas. Il existe donc une asymétrie d’information puisque le consultant dispose de plus d’informations que l’individu qui vient le voir. Ce dernier est donc prêt à acheter des livres et à payer le consultant pour avoir des explications sur un sujet qui lui semble, a priori, difficile à s’approprier seul.
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4. Lorsqu’un entrepreneur embauche un salarié, il est confronté à une asymétrie d’information puisqu’il ne sait pas si le salarié est réellement productif et motivé. De la même façon, lorsqu’une banque accorde un crédit à un agent économique, elle ne peut pas être sûre qu’il sera en mesure d’honorer toutes les échéances. C
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Le marché des voitures d’occasion face au risque de sélection adverse p. 60 L’exemple traditionnel de l’asymétrie d’information mise en évidence par Akerlof sur le marché des véhicules d’occasion permettra d’illustrer la notion d’asymétrie d’information, mais aussi d’introduire la sélection adverse avant d’envisager les conséquences, pour le marché, de ce manque d’information. 1. Sur le marché des véhicules d’occasion, le vendeur a des informations sur la voiture qu’il met en vente dont ne dispose pas l’acheteur. Il s’agit alors d’une asymétrie d’information qui se définit par le fait que lors de l’échange, un des agents dispose d’informations que l’autre n’a pas. 2. Les vendeurs de voitures d’occasion de bonne qualité ne parviennent pas à les vendre parce que les acheteurs ne sont pas disposés à prendre le risque de les payer au prix affiché, qui, selon eux, doit être négocié à la baisse puisqu’il doit tenir compte du risque que prend l’acheteur en s’appropriant un véhicule dont il n’est pas sûr de la qualité et de la fiabilité. La baisse du prix reflète donc une part du risque pris par l’acheteur qui ne dispose pas de toute l’information concernant le véhicule.
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3. Si les vendeurs de « bonnes » voitures ne sont pas disposés à baisser leurs prix et si les acheteurs ne sont pas prêts à prendre le risque de les payer au prix affiché par le vendeur, alors la conséquence est que l’échange sera impossible et que le marché disparaîtra, ou du moins ne proposera que des « lemons », c’est-à-dire des mauvaises occasions (tacots). C
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Les assurances et le risque d’aléa moral p. 61 Ce texte permet de mettre en évidence une autre forme d’asymétrie d’information : l’aléa moral (ou risque moral). Le marché de l’assurance illustrera cette notion en mettant en évidence les solutions possibles pour y faire face. 1. Dans cet exemple, l’assuré a plus d’informations sur son comportement que l’assureur ; il existe bien une situation d’asymétrie d’information. De plus, ici, le risque réel
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se révèle après la signature du contrat. En effet, sachant qu’il est assuré en cas de risque et qu’il va donc être remboursé si le risque survient, l’assuré, une fois le contrat d’assurance signé, peut adopter un comportement négligent. C’est une situation d’aléa moral puisque le défaut d’information conduit celui qui la détient (l’assuré dans cet exemple) à ne pas respecter les termes du contrat conclu avec l’assureur. 2. Pour se protéger contre l’aléa moral, les compagnies d’assurances laissent une partie du dommage à la charge de l’assuré : c’est la franchise. Elles espèrent ainsi que le montant forfaitaire à payer en cas de réalisation du risque sera suffisamment élevé pour inciter l’agent à la prudence et dissuader ses comportements à risque ou négligents.
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3. Les individus qui souhaitent être licenciés pour trouver un meilleur emploi ou ceux qui désirent avoir un enfant sont nombreux. Dès lors, s’il existait une assurance privée contre ces risques, il suffirait de la contracter puis de provoquer le risque pour qu’il se réalise effectivement et que l’agent soit dédommagé financièrement (aléa moral). Les assureurs seraient donc obligés d’augmenter le prix de leurs contrats d’assurances et s’exposeraient alors au risque de perdre leur clientèle, ou de ne garder que ceux qui ont effectivement les risques de chômage ou de grossesse les plus élevés (sélection adverse). Un marché de l’assurance privée sur ces deux risques ne permettrait donc pas à des entreprises privées de pérenniser leur activité. La couverture de ces deux risques doit donc être effectuée par une assurance obligatoire financée par toute la population et pas seulement par les femmes en âge de procréer ou les salariés les plus exposés au risque de chômage (voir chapitre 11 également sur les assurances sociales). C
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EXERCICE
Distinguer aléa moral et sélection adverse
p. 61 Cet exercice permet à l’enseignant de vérifier que les élèves ont bien compris les notions d’aléa moral et de sélection adverse en prenant appui sur des exemples concrets. Pour chacune des réponses, l’élève pourra être conduit à justifier oralement sa réponse pour vérifier que les définitions sont réellement acquises. Finalement, cet exercice peut prendre la forme d’une évaluation formative. Situation d’asymétrie d’information Lorsque les soins sont gratuits ou quasi gratuits, les médecins et patients sont incités à surconsommer des médicaments.
Aléa moral
Sélection adverse
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Les locataires potentiels mentent sur leurs fiches de paye afin d’accéder à un logement de qualité.
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Les employeurs proposent des salaires élevés pour attirer ou fidéliser les salariés les plus productifs.
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Un agriculteur est indemnisé par l’UE si sa récolte est faible.
x
Plus une personne sait qu’elle a des risques d’être malade, plus elle est incitée à contracter une mutuelle. Un individu peut ne pas être très productif dans son entreprise puisqu’il sait qu’il pourra bénéficier d’une allocation chômage jusqu’à vingt-quatre mois après son licenciement.
x
x
S’EXERCER
p. 61
1 Autoévaluation Avant l’échange Asymétrie d’information sur les qualités du produit → sélection adverse. Exemple : voitures d’occasion Chapitre 3 – Quelles sont les principales défaillances du marché ? • 51
Après l’échange Asymétrie d’information sur les comportements des acheteurs ou des vendeurs → aléa moral. Exemple : assurances
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire L’aléa moral et la sélection adverse sont des asymétries d’information qui provoquent des défaillances de marché, car lorsqu’un des contractants ment, le marché disparaît par manque de rentabilité ou par retrait des vendeurs. Dans le célèbre cas du marché de l’automobile d’occasion étudié par Akerlof, par exemple, la possibilité pour les vendeurs de mentir sur la qualité du véhicule fait perdre confiance aux acheteurs, qui exigent des rabais, ce qui fait fuir les vendeurs de bonnes voitures ; ne restent alors sur le marché que les vendeurs de « lemons » c’est-à-dire des mauvaises occasions bon marché, ce qui renforce la méfiance des acheteurs potentiels, qui, à leur tour, quittent le marché. Le fait que les acheteurs aient moins d’informations sur la qualité du bien échangé que les vendeurs conduit à sélectionner les « mauvais » produits. La sélection adverse constitue donc bien une défaillance du marché.
TIVIT
É1
AC
De la même façon, l’aléa moral qui, lui, survient après la signature du contrat, met le marché en échec. En effet, une fois le contrat signé, l’assuré peut alors prendre des risques qu’il n’aurait pas pris s’il n’avait pas été protégé par une assurance. Dans ce cas, si le risque se réalise effectivement, c’est l’assureur qui devra payer le risque pris et qui assumera alors le comportement risqué de l’assuré. Si l’acheteur a acheté un véhicule, il devra l’assurer dans tous les cas. Or, une fois le contrat signé, il va peut-être se comporter d’une façon différente de celle qu’il aurait adoptée s’il n’avait pas été assuré. C’est le cas classique de l’assurance contre la casse ou le vol des téléphones portables, par exemple qui, sans franchise, incite les assurés à être négligents, voire à établir de fausses déclarations pour être indemnisés. Cette situation coûteuse pour l’assureur fait disparaître le marché, sauf si l’assureur instaure une franchise dissuasive. Ici encore, le libre fonctionnement du marché conduit à une situation sous-optimale. C’est pourquoi l’aléa moral met, lui aussi, le marché en échec.
Argumenter
Faut-il une assurance santé obligatoire ? p. 62 Présentation Activité qui permet aux élèves de réutiliser les notions et mécanismes liés à l’asymétrie d’information et à la sélection adverse en s’entraînant à rédiger une argumentation. Mise en œuvre L’activité peut être réalisée en 55 minutes. – Les étapes 1 et 2 peuvent être réalisées séparément ou simultanément. Compter 10 minutes de travail sur documents et 5 minutes de reprise par document, donc 20 minutes de travail sur documents et 10 minutes de reprise pour les deux étapes. – L’étape 3 est l’occasion d’introduire les méthodes de la rédaction de paragraphes argumentés (Fiche méthode n° 1 « Construire une argumentation », p. 272-273). Il s’agit ici d’écrire deux paragraphes A-E-I (« Affirmer, Expliciter, Illustrer ») reliés par un connecteur logique, en 25 minutes. ÉTAPE
1
COMPRENDRE LES EFFETS DE LA SÉLECTION ADVERSE SUR LE MARCHÉ DE LA SANTÉ 1. Sur le marché de la santé l’information est asymétrique puisque les médecins, par 52 • I – Science économique
exemple, disposent d’informations que les patients n’ont pas (sur la santé réelle de l’agent, sur l’efficacité des médicaments, etc.) 2. Ceux qui contractent une assurance santé sont ceux qui ont le plus de risques d’être malades → les mutuelles qui les assurent voient leurs dépenses augmenter → faillite de ces mutuelles. Pour éviter le risque de faillite, les mutuelles peuvent ne pas assurer les agents les plus malades → seuls les patients « sains » seront assurés → sachant qu’ils sont peu malades, ces derniers ne contracteront peut-être pas de contrats maladies → faillite des mutuelles. 3. La conséquence essentielle de la sélection adverse sur ce marché est que les plus malades ne puissent pas bénéficier d’une couverture maladie et donc, à terme, ne puissent plus se soigner. 4. Une assurance maladie obligatoire conduit à faire participer financièrement tous les citoyens. Ainsi, tout le monde cotise, quel que soit le risque de contracter une maladie. L’argent ainsi collecté est ensuite redistribué à ceux qui subissent effectivement le risque. Ce système, fondé sur la solidarité, assure que tous les citoyens, quels que soient leur niveau de revenus, puissent avoir accès aux soins. ÉTAPE
2
CHOISIR ENTRE ASSURANCE FACULTATIVE ET ASSURANCE OBLIGATOIRE 1. Si la compagnie d’assurances fixait son prix à 1 500 euros, les personnes à faibles risques ne s’assureraient pas puisqu’elles dépensent en moyenne chaque année 1 000 euros pour se soigner. En payant elles-mêmes leurs dépenses de santé elles réalisent donc une économie de 500 euros. Inversement, les personnes dont les risques de tomber malade sont élevés qui, elles, dépensent en moyenne 2 000 euros par an préfèreront l’assurance obligatoire qui leur permet d’économiser 500 euros.
TIVIT
É2
AC
2. Si le gouvernement adopte une loi qui oblige tous les individus à souscrire à une assurance maladie à hauteur de 1 700 euros par an, il va engendrer le mécontentement des personnes dont le risque maladie est faible (puisqu’ils devront financer un montant de dépenses de santé supérieur à celui dont ils ont besoin). Toutefois, il va permettre de créer une solidarité entre les citoyens et de mutualiser les risques. En effet, en gérant collectivement les fonds destinés à la santé, l’État permet à tous les citoyens, et pas seulement aux plus favorisés, d’avoir accès aux soins.
S’exprimer à l’oral
La chronique éco p. 63 Présentation Activité de travail en groupe qui invite les élèves à approfondir un exemple précis de défaillance en s’appuyant sur les documents du chapitre, en cherchant des compléments sur Internet et en construisant une argumentation à l’oral, enregistrée sur un support numérique, ce qui permet ensuite de la réécouter et de pointer les éléments à améliorer. Mise en œuvre L’étape 1 de préparation doit se réaliser, idéalement, au CDI ou en salle informatique. L’étape 2 d’enregistrement peut se dérouler dans tout lieu avec un relatif silence pour ne pas perturber la captation, au CDI ou en salle informatique, ou dans une salle de classe avec des terminaux mobiles. Chapitre 3 – Quelles sont les principales défaillances du marché ? • 53
Une étape supplémentaire peut être extrêmement formatrice : répartir les capsules vidéo entre les élèves et leur demander de les évaluer, ou en écouter quelques-unes en classe entière, pour pointer les qualités et les points à améliorer. Ce dispositif peut ensuite être décliné sur d’autres chapitres au cours de l’année.
UTILISEZ LES STATISTIQUES p. 66
1
Calculer et comparer des proportions p. 66 1. En France, en 2017, on compte 35 000 décès dus aux particules fines, ce qui représente 76,3 % des décès dus à la pollution. Le nombre de morts dus à la pollution en Allemagne est de 81 000 contre pour 14 000 pour les Pays-Bas, soit 5,8 fois moins aux Pays-Bas qu’en Allemagne. Enfin, sur le continent européen on compte 487 600 décès dus à la pollution. La France représente 9,4 % du total de ces décès et l’Allemagne 16,6 %, soit une différence de 7,2 points de pourcentage entre ces deux pays. 2. La pollution, comme par exemple les émissions de CO2 liées à l’activité économique de certaines entreprises, entraîne des externalités négatives en augmentant la concentration de carbone dans l’atmosphère qui, elle, provoque le réchauffement climatique par accentuation de l’effet de serre. La pollution nuit donc au bien-être social en dégradant le climat et en mettant en danger la survie sur notre planète. 3. Pour y remédier il est nécessaire de contraindre les responsables à prendre en compte les conséquences de leurs activités. Ainsi, par des réglementations, l’État peut fixer un seuil maximal de pollution qui, s’il n’est pas respecté, sera sanctionné d’une amende. La taxation, qui renchérit le coût de production et diminue les perspectives de profit, incitent les entreprises qui polluent à réduire leur pollution.
2
Interpréter des indices p. 66 1. Selon le ministère de la Transition écologique et solidaire, l’indice des émissions de CO2 en France est de 76 en 2016, base 100 en 2005. Elles ont donc diminué de 24 % sur la période. 2. L’indice des émissions de CO2 au Royaume-Uni est de 60 en 2016, base 100 en 2005. Les émissions ont donc diminué de 40 % sur la période. Les émissions de CO2 dans l’UE sont passées de l’indice 100 en 2005 à l’indice 86 en 2016, elles ont donc diminué de 14 % en 11 ans. 3. Sur la période 2005-2016, on constate une baisse des émissions de CO2 de 14 % dans l’UE. Toutefois, cette baisse est plus rapide dans certains pays que dans d’autres. En effet, si les émissions de CO2 ont diminué de 40 % au Royaume-Uni de 2005 à 2016, elles ne se réduisent que de 2 % en Pologne. De plus, on remarque que ce n’est qu’à partir de 2008 que la baisse s’amorce dans la plupart des pays de l’UE. En effet, de 2005 à 2008 les émissions de CO2 avaient même tendance à s’accroître, comme c’est le cas au Royaume-Uni, qui avait vu ses émissions augmenter de 10 % en 3 ans. Ces baisses s’expliquent essentiellement par la récession de 2009 qui, en faisant baisser la production, fait également baisser les émissions de GES, mais elles s’expliquent aussi par la mise en place d’un marché des permis d’émissions (à partir de 2005) qui renchérit le coût de la pollution et incite donc les producteurs les plus
54 • I – Science économique
polluants à internaliser leurs externalités, c’est-à-dire à tenir compte, dans leur calcul économique, des coûts que leurs comportements engendrent sur le bien-être des autres et sur l’environnement.
TESTEZ VOS CONNAISSANCES ! p. 67-68
1 Externalités négatives : – La construction d’une éolienne dans votre quartier. N. B. : l’éolienne est une source d’énergie renouvelable qui a de nombreux avantages, et pourrait donc apparaître comme une externalité positive. Toutefois, elle génère du bruit et donc des externalités négatives sur les habitants du quartier. – Une marée noire. Externalités positives : – La découverte d’un vaccin contre une maladie rare. – Un kiosque de restauration rapide s’implante près d’un lycée. – L’implantation d’une firme innovante dans votre ville.
2 1. Un phare est un bien commun. Faux (car il n’est pas rival, c’est un bien collectif). 2. La gestion d’un compte bancaire est un service privatif. Vrai. 3. Une piscine municipale est un bien collectif. Faux (si elle est payante, alors elle est excluable ; c’est un bien de club). 4. Les champignons dans la forêt sont des biens communs. Vrai. 5. Votre piscine, utilisée avec vos amis, est un bien de club. Erratum : Faux, car l’usage est gratuit. 6. Une autoroute à péage est un service collectif. Faux (le paiement de l’autoroute entraîne son excluabilité ; c’est un bien de club). 7. L’éclairage public est un service collectif. Vrai. 8. Les poissons dans la rivière sont des biens privatifs. Faux (ils ne sont pas excluables ; ce sont des biens communs).
3 Sélection adverse Asymétrie d’information Aléa moral Conséquence de l’action d’un agent sur un autre agent sans compensation monétaire
Externalités
Biens non excluables mais rivaux
Biens communs
Biens non excluables et non rivaux
Biens collectifs
DEFAILLANCES DE MARCHÉ
INTERVENTION DES POUVOIRS PUBLICS
Chapitre 3 – Quelles sont les principales défaillances du marché ? • 55
4 Dans un marché en concurrence parfaite, l’équilibre correspond à une situation qui maximise le surplus total des offreurs et demandeurs. Ce n’est cependant pas le cas quand les caractéristiques du marché s’éloignent des conditions de la concurrence parfaite : le prix n’envoie plus les « bons » signaux, et le marché peut être défaillant. C’est le cas lorsque l’information est imparfaite et inégale. Les offreurs et demandeurs sont alors en situation d’asymétries d’information. Lorsque des agents ignorent certaines caractéristiques du produit ou des partenaires avec qui ils échangent avant la signature du contrat, le marché conduit à une sélection adverse : seuls les produits de mauvaise qualité seront échangés (exemple des voitures d’occasion), ou seuls les partenaires les moins fiables participeront aux échanges (exemple des assurances santé, où seules les personnes avec des risques de maladie s’assureraient). Si un des acteurs peut dissimuler son comportement après le contrat signé, il peut changer son comportement pour servir ses intérêts, au détriment de celui des autres, ce qui provoque un aléa moral (exemple de l’assuré qui prend plus de risques après la souscription d’une assurance). En outre, le marché est défaillant en présence d’externalités, puisqu’elles ne sont pas reflétées par le prix de marché. Enfin, lorsque les biens destinés à être vendus sont non excluables, des défaillances apparaissent : rien n’incite à produire des biens collectifs, puisqu’ils sont également non rivaux, c’est-à-dire qu’ils bénéficient à tous en même temps ; et tout incite à surconsommer les biens communs, qui sont rivaux, consommables par un seul agent à la fois.
VERS LE BAC
BJECTIF 1RE
p. 69
1 et 2 Prix
Nouveau surplus des consommateurs
Offre
Prix payé par les consommateurs Demande avant taxe
Prix reçu par les producteurs
Nouveau surplus des producteurs
Demande après taxe Q après taxe
56 • I – Science économique
Q avant taxe
Quantités
VERS LE BAC
BJECTIF TERMINALE
p. 70-71 GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 5
Points faibles de l’introduction d’élève : – La phrase d’accroche « Certaines usines polluent » est banale et fausse, car toute activité de production rejette des déchets ou polluants, mêmes minimes. – Définition du marché à améliorer. Points forts : – Définition des pouvoirs publics : OK. – Problématique : OK. – Annonce du plan : OK. Accroches maladroites : a) Simple reformulation simplifiée du sujet. b) « Depuis longtemps » est à proscrire en accroche, la suite est la définition de défaillance et non une accroche. c) Correct, même si la formulation pourrait être moins généraliste. d) N’est pas une accroche, mais la définition de marché. Accroches issues d’un des documents : – Avec seulement 4 % de sa fiscalité, la France était le pays d’Europe à avoir la plus faible fiscalité environnementale en 2014, témoignant d’une encore faible intervention des pouvoirs publics par ce biais pour lutter contre les externalités négatives. – Quantité de lois étatiques visent à mieux informer les consommateurs afin de limiter l’asymétrie d’information dont ils pourraient être victimes. Exemple d’introduction : La mobilisation récente des jeunes face au dérèglement climatique montre que le climat est un bien commun qu’il est nécessaire de préserver pour la survie de l’humanité. Or, les modes de consommation actuels et la recherche du profit engendrent des externalités négatives, que le marché ne semble pas savoir gérer. Face à ces défaillances de marché qui remettent en cause l’efficacité du marché, les pouvoirs publics, c’est-à-dire l’État central, mais aussi les collectivités territoriales et les institutions européennes, doivent intervenir pour préserver l’intérêt général. Quels sont les outils, les moyens dont disposent les pouvoirs publics pour faire face aux défaillances du marché ? Pour répondre à cette problématique, nous analyserons les moyens d’action de l’État pour faire face aux externalités, puis nous montrerons comment les pouvoirs publics tentent de palier les asymétries d’information, avant d’expliquer le rôle de l’État dans la prise en charge des biens communs et collectifs.
Chapitre 3 – Quelles sont les principales défaillances du marché ? • 57
4
Comment les agents économiques se financent-ils ? ANALYSE DU PROGRAMME p. 72 Les quatre premiers objectifs d’apprentissage reprennent les éléments habituels des chapitres sur le financement de l’économie dans les programmes antérieurs. Ils impliquent d’abord de distinguer besoin et capacité de financement pour définir l’opération de financement, et de comprendre la double signification du taux d’intérêt, pour l’emprunteur et pour le créancier. Ces termes posés, il s’agit d’analyser les modalités de financement des ménages (du revenu disponible à l’épargne, puis au besoin ou à la capacité de financement) puis celles des entreprises, en distinguant autofinancement et différentes formes de financement externe (emprunt bancaire et recours aux marchés financiers). Ce sont des éléments habituels, mais qui peuvent se révéler très techniques pour les élèves, et ouvrir sur de nombreux approfondissements qui déborderaient des objectifs du programme. Nous avons donc fait le choix d’être le plus fidèle possible aux objectifs d’apprentissage pour les traiter au mieux, sans alourdir ce chapitre déjà ambitieux. Le dernier objectif d’apprentissage demande de traiter de la politique budgétaire, appelée « politique de dépenses publiques ». Ce thème fait habituellement l’objet d’un chapitre entier, et c’est donc un défi que de le traiter comme un simple aspect d’un chapitre sur le financement, d’autant plus qu’il s’agit d’évoquer aussi les effets de relance et d’éviction sur la croissance. Par ailleurs, les termes choisis par le programme sont parfois surprenants : « politique de dépenses publiques » alors que la politique budgétaire inclut la politique fiscale (dont il est question, puisque les recettes de l’État doivent être abordées) ; « solde budgétaire » alors qu’il s’agit du solde public, de l’ensemble des administrations publiques. Face à ces problèmes de terminologie, nous avons fait le choix d’être fidèle aux termes indiqués dans le programme, tout en indiquant des dénominations plus rigoureuses, car bien souvent présentes dans les documents utilisés.
ORGANISATION DU CHAPITRE Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils permettent de couvrir tout le programme en trois séquences sur une durée totale d’une dizaine d’heures, une proposition réaliste compte tenu des nouvelles contraintes horaires et de l’évaluation en fin de 1re pour ceux qui abandonneraient les SES : – Le Dossier 1 « Qu’est-ce que le financement ? » permet de découvrir ce qu’est le financement, en s’appuyant sur l’exemple du financement des ménages, pour distinguer capacité/besoin de financement, revenu disponible, épargne. – Le Dossier 2 « Comment les entreprises se financent-elles ? » étend la question du financement aux entreprises et permet ainsi d’introduire le financement externe par l’emprunt bancaire et par les marchés financiers. – Le Dossier 3 « Quel est le rôle du taux d’intérêt dans le financement de l’économie ? » s’intéresse spécifiquement au double aspect du taux d’intérêt dans un financement par la dette : coût pour les emprunteurs et rémunération pour les créanciers ; – Le Dossier 4 « Comment piloter le budget de l’État ? » aborde le rôle du budget de l’État, du déficit public et de ses effets sur la croissance (relance et effet d’éviction). 58 • I – Science économique
Deux activités permettent d’approfondir un aspect du chapitre tout en proposant un dispositif pédagogique qui invite les élèves à s’entraîner sur un savoir-faire : – Activité 1 « Choisir son mode de financement », pour développer l’argumentation écrite ; – Activité 2 « L’État, un agent économique singulier », pour réaliser une carte mentale. Les rubriques habituelles complètent le chapitre pour donner aux élèves des outils de récapitulation et d’approfondissement des connaissances (Synthèse + schéma L’essentiel + sélection de vidéos), d’autoévaluation (Testez vos connaissances !), de mobilisation des savoir-faire quantitatifs (Utilisez les statistiques). Enfin, deux sujets de baccalauréat sont proposés avec un guidage méthodologique, le premier correspondant à l’épreuve commune de contrôle continu de fin de 1re pour les élèves qui arrêteront la spécialité, mais aussi pour l’ensemble de la classe comme une découverte des épreuves de Terminale, pour lesquelles un autre sujet complet traité avec un guidage est également proposé.
OUVERTURE DU CHAPITRE p. 72-73 Un choix de trois possibilités est proposé pour découvrir et introduire ce chapitre, ce qui permet de varier selon ses classes. – Découvrir par la vidéo invite les élèves à découvrir la salle de marché de la Bourse de Paris lors du krach boursier d’octobre 1987. – Découvrir en situation invite les élèves à un exercice de pensée leur demandant de choisir entre deux crédits immobiliers de durée et coût distincts. – Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un questionnaire sur leurs représentations, et d’avoir une vision d’ensemble des représentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont être traités dans le chapitre. L’interface Q-sort en ligne sur le site collection permet de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe. – En complément numérique (site collection), une quatrième possibilité : Découvrir par l’image.
DOSSIER 1 Qu’est-ce que le financement ?
p. 74-75
DO
Cette séquence permet de poser les notions et mécanismes de base du chapitre : le revenu disponible des ménages utilisé pour consommer ou épargner, le crédit immobilier et le crédit à la consommation, et enfin la situation financière des agents économiques : capacité ou besoin de financement. C
1
POUR COMMENCER Financer l’achat de son logement p. 74 Un diagramme circulaire de répartition et un dessin de presse permettent de découvrir la nécessité, pour la plupart des ménages, du recours au crédit bancaire pour devenir propriétaires de leur logement. 1. Le dessinateur veut faire passer l’idée que les ménages aux revenus modestes ont une faible capacité d’endettement, c’est-à-dire que les banques leur prêtent des montants faibles ou, que, compte tenu des prix élevés de l’immobilier, les ménages, même aisés, ne peuvent acheter à crédit que de petits logements (ici, une niche de chien). 2. Les ménages peuvent financer l’achat d’un logement par leur épargne préalable ou, plus fréquemment, par le recours à l’endettement auprès d’une banque en contractant un crédit immobilier. Chapitre 4 – Comment les agents économiques se financent-ils ? • 59
DO
3. Les ménages âgés, aisés ou héritiers sont plus souvent propriétaires de leur logement. C
2
EXERCICE
L’utilisation du revenu disponible par les ménages
p. 74 Le schéma permet de présenter les liens entre revenu disponible, consommation, épargne et capacité ou besoin de financement, l’exercice de les illustrer et de les calculer. 1. Voir schéma. Revenus du travail (salarié ou indépendant)
d
Consommation c, g
+ Revenus de la propriété
h
=
+
Revenu disponible du ménage
Si épargne > investissement
Épargne
Investissement (achat ou travaux d’entretien du logement)
Revenus de transfert (prestations sociales a, f en provenance des pouvoirs publics)
− Prélèvements obligatoires (impôts directs et cotisations sociales)
Capacité de financement
b, e
Si épargne < investissement Besoin de financement
2. Revenu disponible = (d + h + a + f) − (b + e) = 3800 − 1000 = 2800 euros par mois. Épargne = revenu disponible − consommation = 2800 – (1000 + 500) = 1300 euros par mois. Capacité de financement = épargne – investissement = 1300 – 0 = 1300 euros par mois. N. B. : le loyer correspond à l’achat d’un service de logement, et est donc inclus dans les dépenses de consommation du ménage ; mais les échéances d’un emprunt pour acquérir un logement seraient des dépenses d’investissement, car acquisition d’un bien qui sert durablement à fournir un service de logement.
DO
3. Il faudrait donc 100 000 / 1300 = 77 mois au ménage pour financer cet achat sans recours au crédit, soit 6 ans et 5 mois. C
3
1950, le tournant du crédit à la consommation p. 75 Ce document historique décrit la naissance du crédit à la consommation en France. 1. Le crédit immobilier est destiné à l’achat d’un bien immobilier, c’est-à-dire d’un logement, alors que le crédit à la consommation est destiné à financer les dépenses courantes de consommation ou des biens durables, comme de l’électroménager, des meubles ou une automobile. 2. Les entreprises ont favorisé le crédit afin d’accroître leurs ventes.
DO
3. L’achat à crédit de biens durables permet aux ménages de ne pas avoir à attendre la constitution d’une épargne préalable pour acquérir une automobile, une télévision ou une machine à laver. C
4
Situation financière des agents économiques en France p. 75 Ce document classique permet de passer du cas d’un ménage fictif à celui des ménages comme agrégat macroéconomique, ainsi qu’aux autres secteurs institutionnels que sont les SNF, SF et APU.
60 • I – Science économique
1. En France en 2017, les ménages dans leur ensemble avaient une capacité de financement (c’est-à-dire un excès d’épargne nette de dettes) représentant environ 2,5 % du PIB. 2. Seuls les ménages sont en capacité de financement en France en 2017. Les sociétés financières, les sociétés non financières, les administrations publiques et l’économie nationale étaient, quant à elles, en besoin de financement. 3. Si l’ensemble des ménages dégage une capacité de financement, cela n’exclut pas le fait que certains ménages aient été en besoin de financement pour acheter un logement, par exemple, et se soient endettés pour financer cet achat. 4. En 1993 et en 2010, les ménages et les entreprises (SNF) connaissent une hausse de leur capacité de financement, ce qui pourrait indiquer une hausse de l’épargne et une contraction des dépenses du fait du pessimisme lié à la récession. S’EXERCER
p. 75
1 Autoévaluation Le revenu disponible d’un ménage est utilisé de deux manières : la consommation et l’épargne. Celle-ci peut en retour servir à financer des investissements : achats immobiliers essentiellement. Lorsqu’un ménage a un revenu disponible supérieur à ses dépenses, ses investissements sont inférieurs à son épargne : il dégage une capacité de financement. A contrario, lorsque les dépenses d’un ménage sont supérieures à son revenu disponible, par exemple s’il doit acheter une nouvelle voiture ou devenir propriétaire de son logement, ses investissements sont supérieurs à son épargne : il a un besoin de financement. Deux possibilités s’offrent alors à lui : le ménage peut puiser dans son patrimoine (l’épargne accumulée) ou emprunter à sa banque.
2 Traitement de l’information De 1970 à 1989, la situation financière des ménages et celle des entreprises (SNF) convergent. En effet, globalement, alors que la capacité de financement des ménages diminue, passant de 3,5 % du PIB en 1970 à une très faible capacité, proche de 0,1 %, en 1989, le besoin de financement des entreprises, quant à lui, se résorbe, passant de −4 % du PIB en 1970 à −0,5 % du PIB en 1989. En 1989, la situation financière des ménages et celle des entreprises sont donc assez proches. De 1989 à 2005, ménages et entreprises sont tous les deux en situation de capacité de financement, les ménages davantage que les entreprises cependant. Ainsi, sur la période, les ménages ont une capacité moyenne de financement proche de 3 % du PIB et les entreprises une capacité proche de 1 % du PIB, en moyenne. De 2005 à 2009, les situations financières des ménages et des entreprises se remettent à diverger. En effet, les ménages voient leur capacité de financement croître, passant de 2 % à plus de 4 % du PIB en 2009, pendant que les entreprises passent d’une situation excédentaire de capacité de financement (1 % du PIB en 2005) à une situation déficitaire de besoin de financement (−2 % en 2009). Enfin, de 2009 à 2017, les évolutions sont parallèles, avec un recul de la capacité de financement des ménages et une aggravation du besoin de financement pour les entreprises.
Chapitre 4 – Comment les agents économiques se financent-ils ? • 61
DOSSIER 2 Comment les entreprises se financent-elles ?
p. 76-77
DO
Cette séquence permet de se concentrer sur le financement interne et externe des entreprises, par le crédit bancaire ou par l’émission de titres. C
1
POUR COMMENCER D’où viennent les profits ou les pertes des entreprises ? p. 76 Cette courte vidéo de 1 minute 30 permet de découvrir le vocabulaire comptable de l’entreprise : chiffre d’affaires, charges d’exploitation et EBE. 1. Salaire, électricité, publicité, matières premières… 2. L’EBE est négatif si CA < charges d’exploitation. L’entreprise dépensent plus qu’elle ne gagne, elle est en besoin de financement.
DO
3. Un EBE positif ne signifie pas forcément que l’entreprise gagne de l’argent, car elle peut avoir des investissements à financer ou des dettes à rembourser qui excèdent son EBE. C
2
Autofinancement ou financement externe ? p. 76 Ce texte reprend des éléments vus dans le dossier précédent dans le DOC 4. Il indique que les entreprises ont vocation à être des agents à besoin de financement, car elles doivent sans cesse investir pour se développer ou rester compétitive. Le schéma d’accompagnement permet de découvrir et mémoriser les différents modes de financement qui s’offrent aux entreprises. 1. Les entreprises ont des besoins de financement dès qu’elles doivent financer un investissement qui excède leur EBE et/ou leur épargne. 2. Le financement externe est nécessaire quand l’entreprise n’a pas les ressources propres pour financer ses dépenses.
DO
3. Pour une entreprise, un besoin de financement peut signifier qu’elle investit ou innove afin de se développer ou rester compétitive. Ce serait le fait d’épargner et de ne pas investir qui pourrait être mauvais signe pour l’avenir. C
3
EXERCICE
Quel mode de financement ?
p. 77 L’énoncé présente un cas fictif d’entreprise qui doit financer un investissement. Il est l’occasion de comparer les quatre modes de financement (avantages et inconvénients respectifs de chacun). 1. Une action est un titre de propriété, une obligation, un titre de créance. 2. Les entreprises connues et ayant une bonne réputation. 3.
Avantages
Inconvénients
Autofinancement
Pas d’endettement, pas d’ouverture du capital.
Coût d’opportunité, lenteur du développement.
Vente d’actions
Pas d’endettement, gros volume.
Ouverture du capital.
Vente d’obligations
Taux d’intérêt plus faible qu’à la banque, gros volume.
Endettement.
Crédit bancaire
Bénéficier de l’expertise de sa banque.
Endettement.
62 • I – Science économique
DO
C
4
Comment se financent les entreprises en France ? p. 77 Ce document statistique permet de découvrir l’évolution des modes de financement privilégiés par les entreprises en France depuis 20 ans. Il s’agit de l’évolution des ressources dans le bilan des entreprises. Leur « passif » (voir encadré Repère) varie à la hausse ou à la baisse, ce qui leur permet d’acquérir des actifs (productifs, financiers, etc.). Les composantes de la variation du passif des sociétés non financières traduisent donc l’évolution de leur financement, d’une année sur l’autre, le total faisant toujours 100 %. 1. 1996 : 51,2 + 13,3 = 64,5 % 2017 : 34,2 + 8 = 42,2 % La part des émissions de titres (actions et obligations) est moins importante dans la variation du passif, donc dans le financement, en 2017 qu’en 1996. Elle recule d’environ 22 points de pourcentage, soit d’un tiers. 2. En 2009, année de récession et de crise bancaire mondiale, le crédit et les autres modes de financement contribuent à faire baisser le passif des sociétés non financières. Cela signifie qu’il y a moins de crédits accordés que de crédits remboursés. Au contraire, le financement par l’émission de titres croît très fortement pour compenser cette baisse des crédits. S’EXERCER
p. 77
1 Autoévaluation Financement Interne Externe
Direct Autofinancement Vente d’actions, vente d’obligations
Intermédié Crédit bancaire
2 Mobiliser ses connaissances Le financement des entreprises par émission d’actions est différent du financement par émission d’obligations. En effet, les actions sont des titres de propriété alors que les obligations sont des titres de créances, ce qui signifie que l’entreprise n’a pas à rembourser les sommes qu’elle collecte lorsqu’elle se finance via l’émission d’actions, alors qu’elle s’endette et doit les rembourser lorsqu’elle se finance par émission d’obligations. En conséquence, le financement par émission d’actions conduit l’entreprise à ouvrir son capital et à risquer une perte de contrôle, ce qui ne peut pas arriver dans le cas d’un financement par émission d’obligations. Mais ces obligations sont rémunérées à un taux d’intérêt défini à l’avance, alors que les actions sont rémunérées via l’octroi de dividendes, décidés en assemblée générale en fonction des résultats de l’entreprise.
DOSSIER 3 Quel est le rôle du taux d’intérêt
dans le financement de l’économie ?
p. 78-79
DO
Cette séquence est un zoom sur le taux d’intérêt : rémunération et coût, nominal et réel, court et long, ainsi que le prix sur le marché des fonds prêtables. C
1
POUR COMMENCER Acheter une voiture à crédit, combien ça coûte ? p. 78 Résultats de la simulation d’un crédit auto réalisée sur le site comparatif choisir .com, accompagnée d’une affiche publicitaire du département de l’Eure s’adressant aux 18-25 ans. Chapitre 4 – Comment les agents économiques se financent-ils ? • 63
1. Le jeu de mots porte sur le terme « intérêt ». « Aucun intérêt » car le département de l’Eure propose 3 000 prêts auto à taux zéro, c’est-à-dire pour lesquels l’emprunteur ne payera aucun intérêt ; l’expression veut également dire que quelque chose n’est pas intéressant. 2. En février 2019, le taux le plus bas proposé était de 2,10 % ; dans ce cas, l’achat à crédit de la voiture neuve coûterait 15 480 euros à son acquéreur (prix de la voiture + coût du crédit). Pour actualiser cette simulation : automobile.choisir.com/
DO
3. Le coût du crédit augmente avec la durée du prêt car le crédit est assimilable à un service de prêt : plus ce service est rendu longtemps, plus il est coûteux, c’est-à-dire plus le taux d’intérêt demandé par le créancier est élevé (rémunération du service de prêt). C
2
Du taux d’intérêt nominal au taux d’intérêt réel p. 78
DO
Texte tiré du titre Les taux d’intérêt, de la collection Repères, qui présente la diversité des taux d’intérêt, notamment le taux d’intérêt nominal, qu’il ne faut pas confondre avec le taux d’intérêt réel. 1. 100 × (1 + 5/100) = 105 euros Le montant annuel des intérêts est de 5 euros. Au bout d’un an, l’épargnant dispose de 105 euros. 2. Si les prix augmentent de 2 % en un an, 102 euros achèteront dans un an autant que 100 euros aujourd’hui. 3. 5 − 3 = 2 euros. Le placement rapporte réellement 2 euros par an. 4. Nominalement, l’emprunt coûte 5 %. Mais, du fait des 2 % d’inflation, la monnaie empruntée a un pouvoir d’achat plus important que la monnaie remboursée, donc l’emprunt coûte réellement 3 % : l’intérêt nominal de 5 % − l’inflation de 2 %. C
3
EXERCICE
Le taux d’intérêt est le prix sur le marché des fonds prêtables
p. 79 Cet exercice permet de présenter le modèle du marché des fonds prêtables, et de représenter graphiquement la détermination d’un taux d’intérêt d’équilibre. 1. L’offre de fonds prêtables croît avec la hausse du taux d’intérêt, car l’épargne augmente si les rendements proposés pour les placements augmentent. Le taux d’intérêt est ici le prix, et l’offre est une fonction croissante du prix (voir chapitre 1). 2. La demande de fonds prêtables diminue avec la hausse du taux d’intérêt, car l’intérêt est le coût de l’emprunt, et les agents en besoin de financement souhaitent moins emprunter si ce coût augmente. Le taux d’intérêt est ici le prix, et la demande est une fonction décroissante du prix (voir chapitre 1). 3. Équilibre sur le marché des fonds prêtables : Taux d’ intérêt
Offre de fonds prêtables
Demande de fonds prêtables
Montants de monnaie
64 • I – Science économique
4. Changement sur le marché des fonds prêtables suite à l’anticipation d’une crise économique : le taux d’intérêt d’équilibre augmente, le montant de monnaie échangé sur le marché des fonds prêtables diminue.
Taux d’ intérêt
r’ r
Offre de fonds prêtables
Demande de fonds prêtables
DO
Montants de monnaie C
4
Les différents taux d’intérêt des crédits immobiliers p. 79 Document de l’Observatoire Crédit Logement qui permet de comparer les taux pratiqués par les banques selon la durée du crédit immobilier et la solvabilité de l’emprunteur. Le repère sur les déterminants du taux d’intérêt permet de découvrir comment les banques fixent leurs taux d’intérêt selon les crédits et les clients. 1. Quelle que soit la durée du crédit immobilier (15, 20 ou 25 ans), le coût du crédit, c’est-à-dire le taux d’intérêt, augmente avec le risque d’insolvabilité des ménages : les ménages du 1er groupe, les plus solvables, c’est-à-dire les plus fortunés, payent des taux d’intérêt inférieurs à ceux du 2e groupe, qui eux-mêmes payent des taux d’intérêt inférieurs à ceux du 3e groupe, etc. 2. Les banques demandent des taux d’intérêt plus élevés aux ménages les moins solvables, car, statistiquement, ces derniers représentent un risque plus élevé de non-remboursement (prime de risque). Or, le taux d’intérêt rémunère le risque pris par le prêteur qu’est la banque. 3. La conséquence sur les emprunteurs est que les moins fortunés s’endettent à un coût supérieur à celui des plus fortunés. 4. Plus la durée du crédit augmente, plus le risque de non-remboursement augmente. En outre, le crédit étant un service de prêt, plus ce service rendu est long, plus le prix demandé est élevé. S’EXERCER
p. 79
1 Autoévaluation 1. Vrai. 2. Faux. C’est l’inverse, le taux croît avec le risque de non-remboursement. 3. Faux. Le taux d’intérêt réel, c’est le taux d’intérêt nominal moins l’inflation. 4. Vrai.
2 Mobiliser ses connaissances Le taux d’intérêt est le prix des fonds prêtables, car il varie avec l’offre et la demande de fonds prêtables : plus le taux d’intérêt augmente, plus l’offre de fonds prêtables croît, et, inversement, plus la demande diminue. En effet, si le taux d’intérêt augmente, l’épargne devient plus rémunératrice et donc augmente. Mais, inversement, les ménages et entreprises vont diminuer leur demande de crédit, car cela devient plus coûteux d’emprunter. Un taux d’intérêt se fixe donc à l’équilibre entre l’offre et la demande de fonds prêtables. Chapitre 4 – Comment les agents économiques se financent-ils ? • 65
DOSSIER 4 Comment piloter le budget de l’État ?
p. 80-81
DO
Cette séquence aborde le rôle du budget de l’État, du déficit public et du possible effet d’éviction des politiques de relance de la demande. C
1
POUR COMMENCER Qu’est-ce que le budget de l’État ? p. 80 Cette vidéo de 5 minutes permet de présenter le budget de l’État, ses dépenses, les recettes et le solde budgétaire. 1. Dépenses de sécurité (police, armée), de justice (tribunaux, juges), dépenses d’éducation (école, université), prestations sociales (retraites, soins de santé). 2. Prélèvements obligatoires sur l’activité économique (impôts, taxes, cotisations sociales).
DO
3. L’État a une durée de vie potentiellement infinie (sauf guerre et invasion) : il peut faire défaut (ne pas rembourser une partie de sa dette) mais ne disparaît pas pour autant. Par ailleurs, il a un poids économique tellement important que son budget (dépenses et recettes) a des conséquences sur l’ensemble de l’économie. C
2
D’où viennent les déficits et la dette publique ? p. 80 Graphique chronologique présentant l’évolution des dépenses et recettes publiques de la France depuis 1960. 1. En France en 2017, les dépenses publiques représentaient 57 % du PIB, et les recettes publiques, environ 54 % du PIB. Les dépenses étant supérieures aux recettes, les finances publiques sont donc déficitaires à cette date. 2. Les dépenses sont systématiquement supérieures aux recettes depuis 1974, l’écart entre les deux courbes représente le déficit public (État central + collectivités locales + sécurité sociale).
DO
3. Les déficits publics annuels doivent être financés par un recours à l’endettement public de l’État. L’augmentation de la dette publique en France depuis 1974 a pour conséquence d’accroître la dépense publique du fait des intérêts que la France doit verser à ses créanciers. C
3
EXERCICE
Les effets de relance d’une politique budgétaire
p. 81 Schéma qui présente les effets positifs et négatifs des politiques conjoncturelles de relance budgétaire. 1. a) Une politique de relance budgétaire suppose de baisser les impôts / augmenter les dépenses publiques. b) L’effet de relance est d’autant plus élevé que le taux d’épargne est faible / la part des importations dans les dépenses est faible. c) À court terme, la politique de relance budgétaire augmente le déficit et la dette de l’État.
66 • I – Science économique
2.
L’État mène une politique budgétaire de rigueur Déficit et Dette de l’État
Dépenses publiques Prélèvements oblgatoires
Dépenses ménages
Revenus disponibles ménages Effet recessif
Épargne de précaution
DO
Production C
4
La relance peut entraîner un effet d’éviction p. 81 Texte présentant les deux canaux de l’effet d’éviction de la théorie néoclassique. 1. Les dettes publiques ont fortement augmenté après la crise de 2009 du fait de la hausse des dépenses publiques due aux plans de relance et au sauvetage des banques, mais aussi à la contraction des recettes fiscales du fait du ralentissement de l’activité. 2. – Préférence des épargnants pour les titres publics, jugés moins risqués, plutôt que des titres privés (tarissement du financement des entreprises) – Hausse des taux d’intérêt qui renchérit le coût des financements des entreprises (trésorerie et investissement). S’EXERCER
p. 81
1 Autoévaluation Politique de relance budgétaire
Recettes Dépenses
Relance de la demande Déficit public
Effet global ± fort Croissance
Croissance
Effet récessif sur la demande Dette publique
Effet d'éviction
Taux d’intérêt à long terme
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire Une politique de dépenses publiques vise à relancer l’activité économique en stimulant les dépenses des agents privés que sont les ménages et les entreprises. Pour ce faire, l’État accepte, momentanément, d’accroître son déficit public, en augmentant les dépenses publiques et/ou en baissant les prélèvements obligatoires afin d’injecter davantage de pouvoir d’achat dans l’économie. Les agents économiques sont alors censés accroître leurs dépenses de consommation et d’investissement, ce qui stimule la production et donc l’emploi et la croissance. Ce type de politique économique doit être ponctuel, au risque d’engendrer une dette publique coûteuse et difficile à rembourser. Or, on constate, à l’aide du DOC 2, que la France connaît un déficit budgétaire tous les ans depuis 1974. Chapitre 4 – Comment les agents économiques se financent-ils ? • 67
TIVIT
É1
AC
En plus du risque de gonflement de la dette publique, une politique de dépenses publiques peut également engendrer ce que les économistes néoclassiques appellent « l’effet d’éviction ». En effet, la hausse du déficit public nécessite que l’État s’endette en émettant des titres de dette que les épargnants peuvent préférer aux titres émis par les entreprises, car les titres publics sont jugés moins risqués que les titres privés (un État fait rarement défaut). Par ailleurs, cette hausse des titres émis fait croître l’offre de titres et donc les taux d’intérêt pour attirer les acheteurs. Ces deux effets conduisent à rendre plus difficile et coûteux le financement des entreprises qui sont « évincées » des financements. Le résultat sur l’activité d’une politique de dépenses publiques est donc incertain, selon que c’est l’effet de relance ou l’effet d’éviction qui l’emporte.
Argumenter
Choisir son mode de financement p. 82 Présentation Via un jeu de rôle (les élèves incarnent le directeur financier d’une PME), les élèves vont découvrir les modes de financement des entreprises, identifier leurs avantages et leurs inconvénients, puis rédiger en petit groupe quatre paragraphes argumentés pour étayer les affirmations d’un document de synthèse avec des explicitations et des illustrations. Mise en œuvre
TIVIT
É2
AC
C’est une activité utile non pour découvrir les modes de financement, mais pour les récapituler, s’entraîner à les expliquer et les comparer à l’écrit. Elle vient donc en aval d’une séquence de cours qui s’appuierait sur le dossier 2 (« Comment les entreprises se financent-elles ? »). Il est utile ici de s’appuyer sur la Fiche méthode n° 1 « Construire une argumentation » (p. 272-273). Variante pour l’étape 3 : au lieu de la rédaction d’un argumentaire, cette activité se prête également à un débat ; voir Fiche méthode n° 4 « Réussir un débat » (p. 276-277).
Réaliser une carte mentale
L’État, un agent économique singulier p. 83 Présentation L’État est au cœur du dernier objectif d’apprentissage de ce chapitre, à travers les politiques budgétaires. Cette activité permet de découvrir ou d’approfondir le rôle de l’État et son budget, en récapitulant les connaissances dans une carte mentale, un outil utile pour stabiliser les savoirs dans l’optique du baccalauréat. Mise en œuvre Utiliser la Fiche méthode n° 5 « Construire une carte mentale » (p. 278-279). Conseils complémentaires : – L’outil carte mentale, de plus en plus utilisé au collège, est un procédé alternatif de prise de notes, de réalisation d’une fiche de révisions, d’analyse d’un sujet, de brainstorming. Mais il ne convient pas à tous les élèves : pour certains, cela va représenter un outil très utile, pour d’autres, qui n’arriveront pas à faire une carte mentale, l’outil est inutile. Il est donc conseillé de l’indiquer aux élèves comme une possibilité et non comme une panacée pour toutes et tous. 68 • I – Science économique
– Il est important que les élèves parviennent à repérer et isoler les mots clés du cours et à les relier du général (près du centre de la carte) au particulier (vers la périphérie). – Les premières branches correspondent aux grandes parties dans un plan de cours et les branches suivantes aux sous-parties. - L’utilisation de codes couleur et de symboles ou petits dessins améliore l’efficacité de la carte mentale ; incitez vos élèves à la créativité. Document complémentaire : « La politique budgétaire » La politique budgétaire va jouer ce rôle [stabiliser la croissance] en modulant la demande publique qui vient compléter la demande privée. Si la demande globale est insuffisante, il faut une demande publique supplémentaire, obtenue en créant un déficit du budget. Celle-ci peut aller directement à la production, s’il s’agit de commandes publiques supplémentaires, ou aller aux revenus, s’il s’agit de baisses d’impôts ou de dépenses en direction des ménages. Ce déficit a un effet multiplicateur : une augmentation des dépenses publiques entraîne celle de la production et donc celle des revenus distribués, ce qui va amener de nouvelles dépenses, privées cette fois, si bien qu’au final la production aura augmenté plus que les dépenses publiques. […] La dépense ne peut stimuler l’offre que s’il existe des capacités de production inemployées, grâce auxquelles il est possible de produire plus sans investir. Mais, dès que l’économie est revenue au plein emploi de ses capacités, une dépense publique supplémentaire ne peut a priori se faire qu’en réduisant les dépenses privées. Ce mécanisme est appelé effet d’éviction et est un argument traditionnel des opposants à la politique budgétaire. Sa portée est cependant limitée, puisque nous venons de voir qu’il n’est valable que lorsque la production est inférieure à la production potentielle. Source : A. Parienty, Précis d’économie, Collection Repères, La Découverte, 2017 ; p. 182-183.
UTILISEZ LES STATISTIQUES p. 86
1
Comparer des taux 1. En France en 2008, le taux d’intérêt du livret A était de 4 %. 2. Le résultat le plus parlant est le 3e, car dire que le taux du livret A a baissé de 69 % entre 2008 et 2009 est plus parlant que dire qu’il a été multiplié par 0,31 ou qu’il a baissé de 2,75 points de pourcentage. 3. 2000-2009 : (1,03 × 1,03 × 1,03 × 1,0225 × 1,0225 × 1,02 × 1,0275 × 1,03 × 1,04 × 1,0125)1/10 = 1,29861/10 = 1,0265 Hausse annuelle moyenne de 2,65 %. 2010-2018 : (1,0175 × 1,0225 × 1,0225 × 1,0125 × 1,01 × 1,0075 × 1,0075 × 1,0075 × 1,0075)1/9 = 1,12091/9 = 1,0127 Hausse annuelle moyenne de 1,27 %.
2
Distinguer taux d’intérêt nominal et réel 1. En 2018, dans les pays de l’OCDE, le taux d’intérêt nominal à 10 ans des emprunts d’État était en moyenne de 1,5 %. En 2018, dans les pays de l’OCDE, le taux d’inflation moyen était de 1,8 %. 2. Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal − taux d’inflation 3. 1995 : 7,3 − 2,2 = 5,1 % (taux d’intérêt réel) 2009 : 2,2 − 0,6 = 1,6 % 2017 : 1,7 − 2,1 = − 0,4 % 4. Le taux d’intérêt réel devient négatif quand le taux d’inflation excède le taux d’intérêt nominal.
Chapitre 4 – Comment les agents économiques se financent-ils ? • 69
TESTEZ VOS CONNAISSANCES ! p. 87-88
1 1. Vrai. 2. Faux. Le revenu disponible est le revenu après impôts et réception des prestations sociales. 3. Vrai. 4. Faux. Le sont les agents en besoin de financement qui émettent des titres achetés par les agents en capacité de financement. 5. Vrai. 6. Vrai. 7. Vrai. 8. Faux. C’est l’inverse : un État est en déficit budgétaire si ses recettes sont inférieures à ses dépenses. 9. Vrai.
2 1. L’épargne est la partie non consommée du revenu (a). 2. Le taux d’intérêt est le coût de l’emprunt (a) / la rémunération du prêt (b). 3. Une obligation est un titre de créance (b). 4. Une politique budgétaire de relance consiste à baisser les impôts (a) / à augmenter le déficit public (c).
3 Financement interne
Financement externe
Financement direct
Émissions d’actions ou d’obligations
4 Horizontal 2. EBE 7. Autofinancement 9. Relance 10. Déficit Vertical 1. Obligation 3. Épargne 4. Crédit 5. Bourse 6. Intérêt 8. Créance
70 • I – Science économique
Financement indirect
Crédit bancaire
Autofinancement
VERS LE BAC
BJECTIF 1RE
p. 89
1
MOBILISATION DES CONNAISSANCES ET TRAITEMENT DE L’INFORMATION
Sujet complémentaire : À l’aide de deux exemples, présentez deux modes de financement externe des entreprises. Lorsqu’elles n’ont pas recours à l’autofinancement, les entreprises en besoin de financement peuvent se financer de façon externe, c’est-à-dire en ayant recours à des ressources extérieures. Par exemple, lorsqu’une PME connaît des difficultés de trésorerie du fait des délais de paiement de ses clients ou si elle souhaite renouveler ses véhicules, elle peut se tourner vers sa banque pour se financer par emprunt bancaire. En effet, les entreprises peuvent d’abord s’adresser aux banques, auxquelles elles demandent un crédit. Si la banque accepte le projet d’investissement compte tenu de la solvabilité de l’entreprise et de la pertinence du projet d’investissement, on dit qu’elle accorde un emprunt. Ce dernier conduit donc à un endettement de l’entreprise, qui devra rembourser, à l’échéance, le capital prêté ainsi que des intérêts qui rémunèrent la banque et constitue le coût du financement pour l’entreprise. Second exemple : l’entreprise Facebook a ouvert son capital en mai 2012 afin de lever 5 milliards de dollars en émettant 421 millions d’actions à 38 euros l’unité. En effet, les grandes entreprises et les start-up ont, en plus de l’emprunt bancaire, cette seconde possibilité de financement externe qu’est l’émission d’actions sur les marchés financiers. Elles s’adressent alors directement aux épargnants auxquels elles proposent de devenir actionnaires. Si la levée de capitaux en Bourse est réussie, l’entreprise n’aura pas à rembourser, car les actionnaires ne sont pas des prêteurs mais des propriétaires. À ce titre, l’entreprise peut les rémunérer en distribuant des dividendes.
VERS LE BAC
BJECTIF TERMINALE
p. 90-91 GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 6
Paragraphe 1 Affirmation : OK. Explicitation : hors sujet. Pas d’illustration. Paragraphe 2 Ne pas débuter un paragraphe par « En effet ». Explicitation OK. Illustration non développée : citer des noms de banques n’illustre pas le financement bancaire des entreprises. ÉTAPE 7
Ouvertures maladroites : b) « Est-ce qu’un jour », à proscrire. a) et c) « On peut se demander si », à proscrire. Ouverture acceptable : d)
Chapitre 4 – Comment les agents économiques se financent-ils ? • 71
5
Qu’est-ce que la monnaie et comment est-elle créée ? ANALYSE DU PROGRAMME p. 92 Ce chapitre prévoit des objectifs d’apprentissage très classiques, au regard des programmes antérieurs. Après avoir défini ce qu’est la monnaie, à travers ses fonctions et ses formes, il s’agit d’insister sur le rôle des banques commerciales dans la création monétaire via l’octroi de crédits, puis de montrer le rôle régulateur de la banque centrale, et les conséquences de ses interventions sur le niveau des prix et sur l’activité économique.
SURVOL DU CHAPITRE Les dossiers documentaires suivent la logique des objectifs d’apprentissage. Ils permettent de couvrir tout le programme en trois séquences sur une durée totale d’une dizaine d’heures, une proposition réaliste compte tenu des nouvelles contraintes horaires et de l’évaluation en fin de 1re pour ceux qui abandonneraient les SES : – Dossier 1 « Quelles sont les formes et les fonctions de la monnaie ? », sur les fonctions de la monnaie, mais aussi la définition de la monnaie comme institution sociale, et sur les formes variées qu’elle prend au cours de l’histoire et selon les sociétés ; – Dossier 2 « Qui crée la monnaie ? », sur le rôle essentiel des banques commerciales dans la création de monnaie, sous sa forme scripturale, via l’octroi de crédits ; – Dossier 3 « Quel est le rôle de la banque centrale ? », sur le rôle de régulation de la banque centrale, ses objectifs, et ses instruments conventionnels (taux d’intérêt directeurs et interventions sur le marché monétaire). Trois activités permettent d’approfondir, à la fin du chapitre, certains objectifs d’apprentissage : – Activité 1 « Interpréter / Les symboles sur les billets de banque », pour interpréter les symboles présents sur les billets dans différents pays, et mettre en évidence la souveraineté en arrière-plan de toute monnaie, souveraineté d’un nouveau type avec l’euro. – Activité 2 « Simuler / Piloter la politique monétaire d’un pays fictif », à réaliser en salle informatique, pour manipuler le taux directeur d’un pays fictif et analyser ses conséquences sur le niveau des prix et l’activité économique. – Activité 3 « Le Bitcoin est-il une monnaie ? », un débat pour développer les compétences orales des élèves et mobiliser la plupart des objectifs d’apprentissage du chapitre à l’occasion d’un débat sur le Bitcoin et son caractère monétaire ou pas. En fin de chapitre, un « Vers le bac – Objectif 1re » permet de s’entraîner sur les épreuves anticipées de 1re, notamment sur la question de mobilisation des connaissances et le traitement de l’information. Un guide méthodologique et une proposition de corrigés offriront aux élèves des moyens d’appréhender les attentes de l’épreuve et de s’entraîner sur les savoir-faire attendus. Un « Vers le bac – Objectif Terminale » permet de s’entraîner sur un sujet de dissertation s’appuyant sur un dossier documentaire. Les étapes 1 et 2, extraites du guidage méthodologique complet disponible en ligne, aideront les élèves à étudier le dossier documentaire et construire son plan détaillé. 72 • I – Science économique
Les rubriques habituelles complètent le chapitre pour donner aux élèves des outils de récapitulation et d’approfondissement des connaissances (synthèse + schéma L’essentiel + sélection de vidéos), d’autoévaluation (Testez vos connaissances !), de mobilisation des savoir-faire quantitatifs (Utilisez les statistiques).
ORGANISATION DU CHAPITRE p. 92-93 Deux possibilités sont proposées pour découvrir les enjeux de ce chapitre : – Découvrir par la vidéo montre la variété des formes de la monnaie au cours de l’histoire. 1. La monnaie est un moyen de paiement pour certains échanges. N. B. : En ouverture, il n’est pas attendu des élèves qu’ils connaissent les trois fonctions de la monnaie, vues dans le dossier 1. 2. La monnaie a existé sous des formes extrêmement diverses, car ces formes sont influencées par la diversité culturelle des sociétés humaines. Ainsi, les fèves de cacao ont pu jouer le rôle de monnaie dans l’Empire aztèque, mais ne pouvaient pas jouer un tel rôle dans l’Empire romain (qui ne connaissait pas ces fèves) ou dans l’Empire espagnol parti à la conquête de ces territoires américains, où pour des raisons culturelles et historiques, l’or et l’argent jouaient un rôle prépondérant. 3. Ces objets matériels ne servent plus de monnaie aujourd’hui, car les formes de la monnaie admises dans une économie en paiement de n’importe quel échange sont désormais fixées par l’État ou le souverain. Or, le choix s’est porté sur des formes matérielles qui possèdent des propriétés favorables (divisibilité, transportabilité, rareté, etc.), puis sur des formes immatérielles, qui favorisent encore plus les échanges sur des étendues très larges. – Découvrir par l’image : deux images qui présentent des nouveaux moyens de paiement (paiement par reconnaissance faciale, paiement sans contact avec smartphone) et interrogent sur l’avenir de l’usage des pièces et billets. – Découvrir en donnant son avis permet d’impliquer tous les élèves à l’aide d’un questionnaire sur leurs représentations, et d’avoir une vision d’ensemble des représentations de la classe, un point de départ utile pour introduire les enjeux qui vont être traités dans le chapitre. L’interface Q-sort en ligne sur le site collection permet de saisir facilement les réponses des élèves et de visualiser les résultats en classe.
DOSSIER 1 Quelles sont les formes et les fonctions de la monnaie ?
p. 94-95
DO
Cette séquence aborde les fonctions de la monnaie, sa définition comme institution sociale, et les formes variées qu’elle prend au cours de l’histoire et selon les sociétés. C
1
POUR COMMENCER Venezuela : quand une monnaie perd ses fonctions p. 94 Cette courte vidéo permet de comprendre les conséquences d’un épisode récent d’hyperinflation, au Venezuela en 2018, et montre que la détérioration rapide de la valeur de la monnaie lui fait perdre ses fonctions de monnaie. 1. Au Venezuela, entre novembre 2017 et novembre 2018, les prix à la consommation ont augmenté de 1 300 000 %. 2. Quand les prix augmentent, le pouvoir d’achat d’un billet, par exemple de 100 000 bolivars (plus grosse coupure en circulation), baisse : ce billet achète moins Chapitre 5 – Qu’est-ce que la monnaie et comment est-elle créée ? • 73
de biens et de services. Ici, alors qu’un billet de 100 000 bolivars permettait auparavant d’acheter un café, il en faut désormais 20, c’est-à-dire 2 000 000 de bolivars. 3. Les billets de 100 000 bolivars ont un pouvoir d’achat moindre que les sacs tressés avec ces billets. 4. Quand la valeur de la monnaie s’effondre, les agents cherchent d’abord à s’en débarrasser contre tout ce qui peut garder un tant soit peu de valeur, que ce soit des valeurs d’usage comme des biens non périssables (bottines, vêtements, etc.), ou des monnaies étrangères comme des dollars ou des euros. N. B. : Il est possible ensuite, très simplement, de montrer aux élèves que l’inflation produit une hausse de la demande des biens et services, qui en retour accélère l’inflation. L’hyperinflation est un phénomène de hausse cumulative et explosive des prix.
DO
Pour aller plus loin Le site Images de crises propose des images animées d’un célèbre épisode d’hyperinflation en Allemagne en 1923 : sites.ina.fr/images-de-crises/focus/chapitre/1/medias C
2
Les fonctions de la monnaie p. 94 Ce texte et ce schéma présentent les trois fonctions de la monnaie : unité de compte, intermédiaire des échanges et réserve de valeur. 1. a) Intermédiaire des échanges et unité de compte ; b) Réserve de valeur ; c) Unité de compte ; d) Intermédiaire des échanges et unité de compte. 2. La monnaie remplit ces fonctions sur un territoire donné, car c’est un État qui fixe dans des lois son caractère obligatoire (elle a « cours légal ») sur le territoire qu’il régit.
DO
3. La monnaie ne rapporte pas de revenus, mais elle est parfaitement liquide : elle peut être utilisée pour payer immédiatement et sans coût toute transaction. C
3
Simple instrument ou institution sociale ? p. 95 Ce texte permet de présenter simplement les deux manières d’expliquer l’apparition de la monnaie : par ses fonctions, et donc à cause des insuffisances du troc ; comme une institution sociale nécessaire au développement des échanges, que ce soit le financement de l’État (impôts) ou les échanges sur les marchés. Si la première explication a longtemps eu les faveurs des économistes (depuis Aristote et Smith, qui reprend l’analyse du premier), ce texte affirme clairement que les origines de la monnaie sont antérieures à celles du marché : c’est donc la monnaie qui a engendré le marché, et non le marché qui a engendré la monnaie. 1. Le troc butte sur le problème de la non-correspondance des besoins : si je souhaite vendre une table pour acheter une paire de chaussures, je peux trouver quelqu’un qui souhaite une table mais n’a pas de chaussures, ou quelqu’un qui a des chaussures mais ne veut pas de table, plus difficilement quelqu’un qui souhaite une table et possède des chaussures. Le troc est donc une forme d’échange très difficile à réaliser. 2. Selon la deuxième école, la monnaie est née avant le marché, imposée par le pouvoir politique, pour affirmer son pouvoir via le prélèvement des impôts ou d’un tribut aux populations des territoires conquis. 3. Dans cette deuxième école de pensée, la monnaie est une institution qui permet l’échange, mais aussi le lien social. N. B. : Il est possible ici de faire le lien avec le DOC 1, qui montre ce qu’il arrive quand la valeur de la monnaie s’effondre comme au Venezuela, déstructurant l’ensemble de l’économie.
74 • I – Science économique
DO
C
4
EXERCICE
Des formes diverses au cours de l’histoire
p. 95 Cet exercice est basé sur une frise chronologique qui permet d’appréhender l’ancienneté de la monnaie et la grande variété des formes de la monnaie au cours de l’histoire. Pour aller plus loin, voir le thème « monnaie » dans la frise en ligne « 10 000 ans d’économie » de Citeco : www.citeco.fr/10000-ans-histoire-economie/themes/monnaie 1. Pré-monnaie : cauris. Monnaie fiduciaire : premières pièces de monnaie (créséides, frappées par le roi Crésus, en Lydie vers –550), premiers billets en Chine (994) et en Europe (1661). Monnaie scripturale : elle se développe avec l’apparition des premières grandes banques et le développement des lettres de change (1300-1500 en Europe occidentale). 2. En frappant et certifiant les pièces, le pouvoir politique s’assure de pouvoir prélever des impôts dans une monnaie dont la valeur est garantie, et il s’assure qu’un moyen d’échange permet de développer ceux-ci, ce qui est favorable à l’économie. Par ailleurs, le pouvoir politique s’octroie aussi un revenu, en émettant une monnaie dont la valeur faciale est supérieure à la valeur de ses composants. 3. Pré-monnaie : monnaie-cartes à jouer (actuel Canada, 1665). Monnaies fiduciaires : « chouettes » athéniennes, solidus de Constantin (310), écu d’or de Louis IX (1262, affirmation du pouvoir royal), franc (1360), assignats (France, 1789-1796), dollar (d’abord sous forme de pièce, 1792), billets en francs ont cours légal (1848), « billets de nécessité » (pendant la guerre de 1870, pendant la Première Guerre mondiale). Monnaie scripturale : invention de la lettre de change dans le monde musulman (viiie-xe siècle), qui se développe bien plus tard en Occident avec les croisades (1300-1500) ; moyens de paiement en monnaie scripturale, comme le chèque (1865), les cartes de crédit (1966), systèmes de gros paiements (Target 1 en 1999), moyens de paiement communs dans la zone euro (SEPA en 2008-2011). S’EXERCER
p. 95
1 Autoévaluation 1. Faux. Les pré-monnaies apparaissent au cours de la préhistoire, le crédit en –3300 avant J. C., et les premières pièces métalliques en –550 avant J. C. 2. Vrai. 3. Faux. Une monnaie n’a cours légal que sur un territoire donné. 4. Vrai. 5. Faux. Les pièces n’ont plus qu’une valeur faciale et non intrinsèque depuis qu’elles sont fabriquées en alliages et non plus avec de l’or ou de l’argent.
2 Mobiliser ses connaissances Toute monnaie possède trois fonctions : unité de compte, intermédiaire des échanges et réserve de valeur. La première fonction, « unité de compte », correspond à l’existence d’un système de prix permettant d’indiquer la valeur de chaque bien ou service. Par exemple, en France comme dans les autres pays de la zone euro, les prix sont affichés en euros, alors qu’au Royaume-Uni, ils sont affichés en livres sterling. La seconde fonction, « intermédiaire des échanges », renvoie au fait que l’on peut toujours payer avec de la monnaie pour acquérir un bien ou acheter un service. Enfin, la troisième fonction, « réserve de valeur », correspond au fait qu’une monnaie doit permettre d’acheter à peu près la même quantité de biens et service au cours du temps.
Chapitre 5 – Qu’est-ce que la monnaie et comment est-elle créée ? • 75
DOSSIER 2 Qui crée la monnaie ? p. 96-97
DO
Cette séquence permet d’aborder le rôle essentiel des banques commerciales dans la création de la monnaie, sous sa forme scripturale, via l’octroi de crédits. C
1
POUR COMMENCER Comment acheter un clou sans avoir un radis en poche ? p. 96 Ce film d’animation permet de découvrir simplement comment le crédit est au fondement de la création monétaire par les banques commerciales. Visionnez le début, jusqu’à 1 minute 20, puis faites répondre aux questions 1 et 2 ; cela permet d’introduire la création monétaire via une expérience de pensée où chacun créerait, en quelque sorte, sa propre monnaie, mais une monnaie qui n’en serait pas vraiment une, faute de pouvoir libératoire généralisé. Visionnez la suite, jusqu’à 4 minutes 55, puis faites répondre aux questions 3 à 5, pour expliquer pourquoi la monnaie créée par les banques commerciales via le crédit est véritablement une monnaie. 1. Ce papier permet de régler certains achats, mais uniquement auprès de ceux qui connaissent l’émetteur du papier. Il peut donc être un moyen d’échange, mais n’est pas véritablement de la monnaie, car il ne peut permettre de régler des achats auprès de toute personne. 2. Ce papier représente une dette pour celui qui a emprunté une boîte de clous et émis cette promesse de rembourser. Il est une créance pour celui qui possède le papier, créance sur celui qui a émis le papier. 3. La monnaie créée par la banque est acceptée par tous car elle est convertible instantanément en monnaie centrale, la monnaie créée par la banque centrale. Celle-ci garantit donc que la monnaie ait cours légal, qu’elle soit acceptée par tous. 4. La monnaie créée par la banque est une dette pour la banque (elle figure au passif de son bilan), et elle est une créance sur la banque pour ceux qui la possèdent.
DO
5. La banque centrale est appelée « banque des banques », car toutes les banques disposent d’un compte auprès d’elle, où elles placent des réserves, en monnaie centrale, qui leur permettent de faire des règlements entre elles. C
2
Les crédits font les dépôts p. 96 Ce texte permet de comprendre la création monétaire par les banques commerciales à partir du bilan simplifié d’une banque et d’une entreprise. 1. Les dépôts à vue sont inscrits au passif de la banque car ils sont une ressource, alimentée par une remise de billets, par le virement d’un autre compte, ou grâce à un crédit octroyé par la banque. Mais la monnaie qui y est déposée appartient aux clients de la banque, ici à l’entreprise, et figure donc à son actif. 2. Non, il n’y a pas création monétaire quand un agent remet des billets à sa banque qui inscrit la somme correspondante sur son compte. Il y a juste transformation d’une monnaie fiduciaire (billets) en monnaie scripturale (dépôts à vue). 3. La banque crée de la monnaie en inscrivant une somme sur le compte de dépôt de l’entreprise, au passif de la banque, et en inscrivant une créance sur l’entreprise (le crédit) à son actif. 4. Le remboursement du crédit fait baisser les sommes inscrites au dépôt du client (passif de la banque) et la somme inscrite comme créance détenue par la banque (actif de la banque). Il entraîne donc une destruction de monnaie.
76 • I – Science économique
DO
C
3
EXERCICE
Les limites de la création monétaire
p. 97 Cet exercice permet de comprendre pourquoi le pouvoir de création des banques via le crédit est limité par la possibilité de « fuites » de la monnaie créée en dehors de leur bilan, particulièrement si la monnaie créée est utilisée pour des règlements auprès de clients d’autres banques. On pourra prolonger en montrant d’autres types de fuites, comme le retrait de billets ou la conversion en devises. Crédit Marseillais Actif (= Utilisation des ressources)
Passif (= Ressources de la banque)
Créances : + 100 000 Réserves à la banque centrale : – 50 000
Compte de dépôt de BôTapis : + 100 000 – 50 000 – 50 000 Compte de dépôt de GrosBob : + 50 000 Société Géniale
Actif (= Utilisation des ressources)
Passif (= Ressources de la banque)
Créances : Réserves à la banque centrale : + 50 000
Compte de dépôt de PetitBill : + 50 000 Banque centrale
Actif (= Utilisation des ressources)
Passif (= Ressources de la banque centrale)
Titres
Réserves du Crédit Marseillais : – 50 000 Réserves de la Société Géniale : + 50 000
1. Encadrés rouges complétés. 2. Encadrés verts complétés. Voir données entourées ci-dessus. 3. Encadrés orange complétés. Voir données encadrées ci-dessus. 4. Le Crédit Marseillais ne peut pas accorder de crédits de manière illimitée, car la monnaie créée peut être utilisée à tout moment. Or, si cette monnaie est utilisée pour régler des achats à des clients d’autres banques concurrentes, le Crédit Marseillais doit détenir suffisamment de monnaie centrale sur son compte à la banque centrale.
DO
N. B. : On pourra souligner que la création monétaire serait en théorie illimitée dans une économie avec une seule banque, ou limitée par la seule volonté de cette banque d’éviter des effets indésirables comme l’inflation ; c’est la concurrence entre plusieurs banques qui limite le pouvoir de création monétaire, d’où un processus de concentration dans ce secteur. En effet, plus une banque a de clients, moins elle subit de « fuites » en dehors de son bilan. C
4
Quelle forme prend la monnaie créée ? p. 97 Cette infographie permet de schématiser les formes de la monnaie dans la zone euro à partir des montants des grands agrégats monétaires. Nous avons choisi de ne pas présenter M0 (monnaie centrale ou base monétaire), M1, M2 et M3, mais seulement la distinction entre monnaie centrale et masse monétaire (voir encadré Ne pas confondre). 1. Monnaie fiduciaire = billets + pièces = 1203 + 29 = 1232 milliards d’euros. Part de la monnaie fiduciaire dans la masse monétaire = 1232 / 12 305 = 0,10 = 10/100 = 10 %. 2. La masse monétaire est la monnaie que détiennent les agents non bancaires, et qui est donc en circulation dans l’économie. Les réserves des banques à la banque centrale correspondent à la monnaie scripturale détenue par les banques et placée en réserve à la banque centrale : elles ne sont donc pas en circulation dans l’économie, et ne font donc pas partie de la masse monétaire. Chapitre 5 – Qu’est-ce que la monnaie et comment est-elle créée ? • 77
S’EXERCER
p. 97
1 Autoévaluation 1. La monnaie est principalement créée par les banques commerciales. 2. Pour créer de la monnaie, les crédits font les dépôts. 3. La concurrence entre plusieurs banques limite le pouvoir de création monétaire de chacune. 4. La monnaie créée par la banque centrale est la monnaie centrale. 5. Quand un crédit est remboursé, la monnaie prêtée est détruite.
2 Mobiliser ses connaissances Lorsqu’une banque octroie un crédit à un ménage, elle va inscrire la somme prêtée à l’actif du compte de son client : on dit qu’elle crée la monnaie ex nihilo. Ainsi, l’emprunteur a une dette envers sa banque et devra rembourser la somme prêtée plus des intérêts. Cette somme prêtée va être dépensée par le ménage, ce crédit va donc finir par se traduire par des dépôts sur les comptes bancaires des agents économiques qui ont été payés. Par exemple, si un ménage emprunte à sa banque pour acheter une voiture, le concessionnaire qui vend la voiture va déposer, sur son compte en banque, le chèque correspondant au montant de la vente de la voiture. C’est pourquoi on dit que « les crédit font les dépôts ».
DOSSIER 3 Quel est le rôle de la banque centrale ? p. 98-99
DO
Cette séquence explore le rôle de régulation de la banque centrale, ses objectifs, et ses instruments conventionnels (taux d’intérêt directeurs et interventions sur le marché monétaire). C
1
POUR COMMENCER Aux États-Unis, la Réserve fédérale (FED) p. 98 Cette courte vidéo présente la banque centrale des États-Unis, la FED, créée en 1913. Ce document introductif permet de mettre en évidence le rôle d’une banque centrale autre que la BCE, dont le rôle est présenté dans le DOC 2. 1. Les trois objectifs de la FED sont d’assurer à la fois le plein-emploi, la stabilité des prix, et des taux d’intérêt faibles. N. B. : Ces trois objectifs sont ceux donnés à la FED dans le Federal Reserve Act de 1913.
DO
2. La FED a été créée pour éviter les paniques bancaires, en jouant un rôle de « prêteur en dernier ressort » quand une banque est en difficulté, pour éviter que sa faillite n’entraîne celle d’autres banques et donc la paralysie du financement. C
2
Les objectifs des banques centrales de la zone euro p. 98 Ce schéma permet de découvrir les objectifs de la BCE et des banques centrales du Système européen des banques centrales (SEBC), à travers les articles emblématiques de leurs statuts. Ceci permet d’étayer rigoureusement, contre une idée reçue, que la stabilité monétaire est bien l’objectif principal, mais pas l’objectif unique des banques centrales dans l’UE. L’encadré Repère permet de rappeler que le système européen des banques centrales est une construction fédérale avec à sa tête la BCE, mais qu’il comprend également des banques centrales nationales.
78 • I – Science économique
1. L’objectif de stabilité des prix signifie que le SEBC cherche à maintenir l’inflation à un niveau faible (N. B. : inférieur mais proche de 2 % par an). 2. Le maintien de la stabilité des prix est l’objectif principal du SEBC. Mais « sans préjudice de cet objectif », c’est-à-dire sans nuire à cet objectif prioritaire, les actions du SEBC apportent leur soutien aux politiques menées dans l’UE, ce qui signifie que les actions mises en œuvre peuvent viser aussi à soutenir la croissance ou à maintenir la stabilité financière. 3. La FED ne donne pas de priorité à ses trois objectifs, et complète l’objectif de stabilité des prix par ceux d’assurer le plein-emploi et de maintenir des taux faibles, alors que les autres objectifs du SEBC sont moins explicites et précis, en tous les cas pour ce qui est de la politique monétaire.
DO
4. La plupart des banques centrales sont indépendantes des gouvernements pour éviter que le gouvernement puisse faire pression sur elles afin qu’elles prennent des décisions électoralistes, au détriment de la stabilité de la monnaie. C
3
EXERCICE
La banque centrale pilote le taux d’intérêt interbancaire
p. 99 Cet exercice permet de comprendre comment la banque centrale influence le taux d’intérêt sur le marché monétaire, ou taux interbancaire, taux d’intérêt auquel les banques se prêtent à court terme, via la fixation de deux taux directeurs qui forment un « corridor ». 1. La banque centrale demande un taux d’intérêt plus élevé pour ses prêts que celui qu’elle verse aux banques pour les dépôts ou réserves, car, comme toute banque, cela lui permet de dégager une marge pour financer ses activités (payer ses salariés, investir, etc.).
DO
2. Les banques commerciales ne prêtent pas à un taux supérieur à celui octroyé par la banque centrale, car aucune autre banque n’aurait alors intérêt à souscrire cet emprunt si la banque centrale prêtait moins cher. 3. Les banques ne se prêtent pas à un taux inférieur à celui qui rémunère les dépôts auprès de la banque centrale, car il serait alors plus intéressant de conserver la monnaie centrale en dépôt ou en réserve à la banque centrale. C
4
La politique monétaire p. 99 Cette vidéo permet de présenter efficacement la politique monétaire de la banque centrale. 1. Un taux d’inflation supérieur à 2 % par an conduit à une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie. Au contraire, une inflation trop faible peut conduire à la baisse des prix, ou déflation, qui mène les agents économiques à retarder leurs achats, ce qui déprime l’activité économique. 2. Schéma complété : N. B. : Les élèves peuvent aussi choisir de commencer par une baisse des taux directeurs.
➚ des taux directeurs
➚ des taux d’intérêt sur les crédits
➘ des crédits
➘ de la demande de biens et services
➘ de l’inflation
➘ de la croissance
Chapitre 5 – Qu’est-ce que la monnaie et comment est-elle créée ? • 79
3. Il s’agit ici d’une politique de rigueur monétaire. N. B. : Si les élèves ont choisi de commencer par une baisse des taux directeurs, il s’agit d’une politique de relance monétaire. S’EXERCER
p. 99
1 Autoévaluation 1. Vrai. 2. Vrai. 3. Vrai. 4. Faux. Le taux interbancaire est fixé au jour le jour selon l’offre et la demande de monnaie centrale des banques commerciales. 5. Vrai. 2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire La banque centrale peut influencer le niveau des prix et l’activité économique via la politique monétaire. Celle-ci consiste en la fixation de taux d’intérêt directeurs qui permettent de piloter le taux d’intérêt interbancaire sur le marché monétaire. Ce taux interbancaire influence en retour les taux des crédits aux agents, et donc l’inflation et l’activité économique. La banque centrale mène la politique monétaire en jouant le rôle d’une « banque des banques ». Les banques commerciales peuvent déposer à la banque centrale des réserves qui sont rémunérées à un premier taux directeur, le taux des facilités de dépôt, et elles peuvent aussi emprunter à très court terme, jusqu’à 24 heures, à un second taux directeur, le taux de refinancement. Ces deux taux d’intérêt fixent une sorte de corridor, une borne inférieure et une borne supérieure entre lesquelles évolue le taux d’intérêt auquel les banques se prêtent sur le marché monétaire, appelé « taux interbancaire ».
TIVIT
É1
AC
En agissant sur les taux directeurs, la banque centrale influence le niveau des prix et l’activité économique. En effet, si elle baisse ses taux directeurs, le taux d’intérêt interbancaire baisse, ce qui incite les banques à prêter à un taux plus faible aux agents économiques. Ceci stimule la demande globale dans l’économie, ce qui stimule la production et donc la croissance, mais favorise aussi une hausse des prix plus prononcée. En cas de hausse des taux d’intérêt directeurs, les effets sur le niveau des prix et sur l’activité économique sont inverses.
Interpréter
Les symboles des billets de banque p. 100 Présentation Cette activité vise à interpréter les symboles présents sur les billets de banque de différents pays, pour montrer que la monnaie est une institution sociale dont la forme doit inspirer confiance à l’ensemble des membres d’une communauté politique, en règle général un État-nation. À ce titre, l’euro se distingue comme étant un des rares exemples de monnaie au cours de l’histoire qui ne s’appuie pas sur un État-nation, mais sur un ensemble d’États-nations. Mise en œuvre L’activité se déroule sur une heure, en deux temps : comparer puis analyser. Dans la phase de comparaison, proposez aux élèves d’apporter des billets de différents 80 • I – Science économique
pays, ou appuyez-vous sur les exemples donnés dans le livre (euro, livre sterling, dollar australien). Vous pouvez aussi imprimer d’autres exemples de billets du monde entier sur le site Banknoteworld : www.banknoteworld.com/ ÉTAPE COMPARER 1
Tableau complété avec les exemples du manuel : 20 euros
20 livres sterling
50 dollars australiens
Points communs
Motifs de décor difficiles à imiter pour garantir la sécurité, dégradés de couleurs, mention de la banque centrale, signature du gouverneur.
Différences
Éléments architecturaux : pont, fenêtre gothique avec vitrail. Seul personnage : visage d’Europe, personnage mythologique. Carte de l’UE.
Figures de personnages emblématiques du pays : politiques, artistes, scientifiques, etc. Éléments de décor en lien avec le personnage.
ÉTAPE ANALYSER 2
1. Les symboles portés sur les billets (et sur les pièces) permettent à la population de s’identifier à cette monnaie, et ils génèrent de la confiance envers elle. Dans le cas de l’euro, il a été difficile de trouver des symboles exprimant ce lien de confiance au sein d’une communauté politique moins bien définie que les vieux États-nations, d’où la quasi-absence de personnages, en dehors d’Europe, personnage mythologique, et le recours à des éléments architecturaux. 2. Les ponts, les portes et les fenêtres évoquent les liens entre les différents pays de l’UE, mais aussi l’ouverture sur l’extérieur.
TIVIT
É2
AC
3. Dans l’euro de demain, peut-être pourrait-on imaginer de représenter certains des fondateurs de la construction européenne, comme Jean Monnet, Konrad Adenauer, Winston Churchill, ou des personnages emblématiques de la culture européenne comme Gutenberg, Mozart, Shakespeare, Hugo, etc. Mais d’autres symboles pourraient apparaître, prolongeant le rôle de communication politique des billets, comme des personnages emblématiques de la protection de l’environnement ou du maintien de la paix, des valeurs fortes de l’UE.
Simuler
Piloter la politique monétaire d’un pays fictif p. 101 Présentation Cette activité utilise un jeu en ligne développé par la BCE, qui permet de manipuler le taux directeur d’un pays fictif (Economia) et d’analyser ses conséquences sur le niveau des prix et l’activité économique. Mise en œuvre Cette activité est à réaliser en salle informatique, en demi-classe de préférence. ÉTAPE JOUER 1
Suivre les consignes du manuel.
Chapitre 5 – Qu’est-ce que la monnaie et comment est-elle créée ? • 81
ÉTAPE
2
ANALYSER
1. Lorsque le taux directeur est augmenté, progressivement, le rythme de l’inflation ralentit, mais le taux de croissance également. 2. Les mouvements de l’économie sont liés à d’autres facteurs exogènes, comme des évolutions politiques ou internationales, indiqués via des « unes » d’actualité dans l’onglet « Revue de presse ».
TIVIT
É3
AC
3. Les évolutions deviennent vite cumulatives : la hausse des prix conduit à accélérer les achats et donc l’inflation, tandis qu’une baisse des prix conduit à les retarder et donc à amplifier la baisse des prix. D’où l’importance de ramener l’inflation au tour d’un rythme annuel de 2 %.
Débattre
Le Bitcoin est-il une monnaie ? p. 102-103 Présentation Cette activité permet de développer les compétences orales des élèves et de mobiliser la plupart des objectifs d’apprentissage du chapitre à l’occasion d’un débat sur le Bitcoin et son caractère monétaire ou pas. Mise en œuvre Prévoir deux séances de 55 minutes : – Une première pour préparer le débat à l’aide des documents ainsi que d’éventuelles recherches documentaires au CDI ; – Une seconde pour mener le débat, en s’aidant de la Fiche méthode n° 4 (p. 276-277). Le débat peut ensuite être évalué par les membres du jury à l’aide de la grille d’évaluation téléchargeable sur le site collection.
UTILISEZ LES STATISTIQUES p. 106
1
Comparer des représentations graphiques 1. Dans la zone euro en 2018, les billets de 50 euros en circulation représentaient un montant de 500 milliards d’euros. Dans la zone euro en 2017, la valeur des billets de 50 euros en circulation représentait 40 % de la valeur totale de tous les billets en circulation. 2. La représentation a est un graphique chronologique. Elle permet de visualiser l’évolution de la valeur des billets mis en circulation depuis 2002 dans la zone euro. On remarque ainsi assez vite que la valeur des billets de 500 euros décline depuis 2016, et que la valeur des billets de 50 euros est, depuis 2012, supérieure à celle des billets de 500. La représentation b est un double diagramme circulaire. Elle ne permet pas de visualiser aussi vite l’évolution respective de la valeur des billets en circulation mais permet, en revanche, de connaître le poids de la valeur de chaque billet en circulation, ce qui n’est pas le cas avec la représentation a.
82 • I – Science économique
2
L’action des banques centrales sur l’activité économique 1. De 1999 à 2018, on repère 6 périodes : – de 1999 à 2001 : hausse du taux directeur, qui passe de 4,75 à 6,5 % ; – de 2001 à 2004 : chute du taux directeur, qui passe de 6,5 à 1 % ; – de 2004 à 2007 : hausse du taux, qui passe de 1 à 5,25 % ; – de 2007 à 2009 : chute du taux, qui passe de 5,25 à 0,25 % ; – de 2009 à 2015 : stagnation du taux à 0,25 % ; – depuis 2015 : hausse légère du taux, qui passe de 0,25 % à 1,25 %. 2. L’évolution du taux de la BCE a la même forme que celui de la FED, mais de façon décalée (plus tard) et moins ample dans les hausses comme dans les baisses. On observe une seule fois une évolution contraire. Depuis 2016, la BCE a continué de baisser son taux directeur alors que la FED a commencé à l’augmenter. 3. 2001 : 6,5 – 4,8 = 1,7 point de pourcentage d’écart. 2004 : 2/1 = 2 (le double). 2017 : 0,8 – 0 = 0,8 point de pourcentage d’écart.
TESTEZ VOS CONNAISSANCES ! p. 107-108
1 1. Vrai. 2. Faux. Aucune de ces formes de monnaie n’est rémunérée, et toutes subissent uniquement la dégradation de valeur liée à l’inflation. 3. Faux. C’est au moins 90 %. 4. Vrai. 5. Vrai. 6. Faux. Ce sont les banques commerciales qui créent la plus grande partie de la monnaie lorsqu’elles octroient des crédits. 7. Faux. Elle correspond aux billets et dépôts des banques commerciales/réserves. 8. Faux. Seules les banques commerciales peuvent accorder des crédits aux entreprises. Les banques centrales ne prêtent qu’aux banques.
2 La banque centrale émet une partie très faible de la monnaie en circulation dans l’économie : les billets et pièces, qui correspondent à 10 % de la masse monétaire. Ce sont les banques commerciales qui créent les 90 % restants, principalement via le crédit. Tout crédit correspond à une créance que détient la banque sur l’emprunteur, placée donc à son actif. En contrepartie, la banque inscrit la somme correspondante sur le compte courant de l’emprunteur, à son passif puisque l’emprunteur peut les retirer ou les utiliser à tout moment. Elle monétise donc une créance, ce que résume la formule « les crédits font les dépôts ». Quand deux banques doivent régler des transactions entre elles, elles le font en utilisant la monnaie qu’elles ont placée en réserve auprès de la banque centrale, ou en échangeant des titres contre de la monnaie centrale sur le marché monétaire. La banque centrale ne détermine donc pas la masse monétaire qui circule dans l’économie. Mais, pour garantir la stabilité monétaire, elle peut freiner ou favoriser les crédits des banques commerciales en relevant ou en baissant les taux d’intérêt directeurs.
Chapitre 5 – Qu’est-ce que la monnaie et comment est-elle créée ? • 83
3 N. B. : Erreur dans le corrigé du livre, page 292, car le taux des facilités de dépôt est < taux de refinancement, et non l’inverse ; nous vous présentons nos excuses pour cette erreur.
Taux directeurs, fixés par la banque centrale
Taux des facilités de dépôt < Taux de refinancement
Taux d’intérêt interbancaire
Taux d’intérêt des crédits
à court terme (de 24 heures à quelques mois)
à long terme (plusieurs années)
qui se fixe sur le marché monétaire
4 Taux d’inflation organisation divisionnelle > organisation matricielle > organisation de projet. 2. Une organisation moins hiérarchisée est rendue possible par des relations sociales fondées sur la coopération, c’est-à-dire lorsque les parties prenantes s’associent pour atteindre des objectifs communs. Chapitre 12 – Comment les entreprises sont-elles organisées et gouvernées ? • 195
S’EXERCER
p. 243
1 Autoévaluation 1. Vrai. 2. Vrai. 3. Faux.
2 Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire Une entreprise est une organisation mobilisant du travail, des machines et des matières plus ou moins transformées pour produire des biens et des services destinés à être vendus sur un marché. Elle mobilise plusieurs parties prenantes, dont les propriétaires/actionnaires, les dirigeants/managers et les salariés. Ces parties prenantes n’ont pas les mêmes intérêts à défendre dans l’entreprise, et différentes formes de relations sociales peuvent être mobilisées, telles que la hiérarchie, le conflit et la coopération. Les relations sociales qui unissent les propriétaires, les dirigeants et les salariés peuvent être fondées sur la hiérarchie. Il s’agit alors d’une relation dans laquelle une inégalité de statut donne de l’autorité à certains sur les autres. Dans le schéma classique d’une société, les actionnaires, qui possèdent l’entreprise, nomment les dirigeants pour gérer l’entreprise dans une perspective de profit et de croissance. Les dirigeants recrutent et encadrent les salariés qui vont appliquer leur stratégie économique. Ce rapport hiérarchique implique que les actionnaires ont une autorité sur les dirigeants, et que les dirigeants usent de leur autorité sur les salariés. De ce fait, les rapports, s’ils sont asymétriques, organisent les relations de façon descendante, avec l’obligation pour chaque niveau de satisfaire les attentes du niveau supérieur. Cependant, les objectifs de chacune de ces parties ne sont pas les mêmes. En effet, les actionnaires ont un objectif de maximisation des dividendes, donc du profit, les dirigeants souhaitent accroître leur prestige en faisant croître l’entreprise, et les salariés vont avoir le souci d’une juste rémunération de leurs efforts, ainsi que des conditions de travail respectables. Ces objectifs impliquent une utilisation différente des ressources de l’entreprise, et avantager une des parties revient à en désavantager les deux autres. Cela entraîne alors l’apparition de conflits, c’est-à-dire un affrontement entre des acteurs aux intérêts distincts, que les systèmes d’incitation ou de coopération ont échoué à concilier. Par exemple, des salariés peuvent se mettre en grève, soit arrêter leur activité de production, pour faire valoir leurs intérêts auprès des dirigeants, qui, face au blocage de l’activité, seront incités à prêter une attention aux revendications exprimées [DOC 3]. Il est toutefois possible d’associer toutes les parties à la prise de décisions, ce qui aura alors pour effet de faire converger les objectifs de chacune d’elles. La coopération, comportement où chacun poursuit ses intérêts en tenant compte de ceux des autres, peut prendre plusieurs formes. La forme la plus poussée est la société coopérative, dans laquelle chaque salarié se voit détenir une part de l’entreprise. Les décisions tiennent alors compte du triple point de vue réuni du propriétaire, du dirigeant et du salarié. Dans une entreprise classique, il peut y avoir également une coopération plus ou moins poussée, comme dans l’entreprise Michelin, qui a adopté une gestion décentralisée des décisions, reposant alors sur la confiance de la direction envers les salariés. Dans cette entreprise, si les objectifs sont définis par le siège de l’entreprise, l’organisation mise en œuvre pour les atteindre sera propre à chacun des différents sites de production, qui veillent eux-mêmes à maintenir la qualité de la production [DOC 2]. L’entreprise est donc une organisation qui rassemble divers acteurs aux intérêts différents, mais qu’il est possible de réguler selon un degré plus ou moins fort de hiérarchie et de coopération. Mais en cas de mésentente entre ces parties, des conflits peuvent surgir et bloquer l’activité de production. 196 • III – Regards croisés
Rédiger une synthèse
La gouvernance dans les sociétés coopératives p. 244 Présentation Cette activité a pour objectif d’approfondir les spécificités des sociétés coopératives, de faire travailler les élèves sur des savoir-faire spécifiques tels que la lecture et l’interprétation d’un graphique de répartition (Fiche outils n° 7, p. 266-267) et la rédaction de paragraphes argumentés (Fiche méthode n° 1, p. 272-273). Mise en œuvre Cette activité peut se dérouler avant la séquence du dossier 3 ou celle du dossier 4, ou en fin de chapitre.
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C
1
ÉTAPE
1
ÉTUDE DES DOCUMENTS
Qu’est-ce qu’une société coopérative ? Ce document permet aux élèves de voir que le statut de société coopérative est encadré et défini strictement par la Loi. 1. Points communs Impératif de profitabilité ; Employés ; Activités marchandes ; Existence d’un dirigeant ; Partage du profit.
Différences Les Scop ont une gouvernance démocratique, ce qui n’est pas le cas des entreprises classiques ; Les salariés sont associés majoritaires ; Les Scop affectent prioritairement leurs résultats pour maintenir l’emploi et assurer le projet d’entreprise ; Le dirigeant d’une Scop est élu par les salariés ; Partage du profit équitable entre les salariés et les réserves de l’entreprise.
2. Dans une Scop, les salariés ont un rôle renforcé dans la gouvernance de l’entreprise. Dans une entreprise classique, ils appliquent la politique pour atteindre les objectifs fixés par les dirigeants dans l’intérêt des propriétaires. 3. Les Scop ont besoin de dégager un profit, comme n’importe quelle entreprise, mais non seulement elles cherchent à l’atteindre d’une façon démocratique (c’est-à-dire en faisant participer toutes les parties à la prise de décisions), mais elles vont ensuite l’affecter à des fins de protection des emplois. DO
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Population et performance des Scop en 2017 Ce document a pour objectif de faire réaliser aux élèves l’importance économique des Scop dans l’économie française. 1. Les Scop sont les plus représentées dans le secteur des services. En effet, près de 50 % des sociétés coopératives existant en 2017 sont des entreprises de services, d’après les-scop.coop. 2. Les plus gros chiffres d’affaires des Scop sont réalisés dans les secteurs de l’industrie et de la construction (chacun représentant près de 30 % du chiffre d’affaires total des Scop en 2017), du fait de la taille des marchés de ces activités. Vient ensuite le secteur des services, qui réalise environ 22 % du CA total des Scop en 2017, du fait du grand nombre de sociétés.
ÉTAPE
2
SYNTHÈSE
Les Scop sont des sociétés coopératives dont le fonctionnement interne diffère de celui des sociétés classiques. En effet, une Scop ne distingue pas les propriétaires des managers et des salariés. Ces parties prenantes ont ainsi des intérêts similaires et donc convergents. Les relations entre les acteurs sont fondées sur la coopération, Chapitre 12 – Comment les entreprises sont-elles organisées et gouvernées ? • 197
TIVIT
É2
AC
dans le but d’atteindre des objectifs communs tels que la pérennité de l’activité et le maintien des emplois. Cela permet notamment d’éviter des conflits dans le partage des richesses créées par l’entreprise. En 2017, elles représentent plus de 3 000 entreprises en France, et près de 50 % d’entre elles sont des entreprises de services. Les Scop disposent d’une gouvernance spécifique, décentralisée, qui associe l’ensemble des parties prenantes de la société. Ainsi, les propriétaires ne sont pas extérieurs à la vie de l’entreprise, puisque les salariés détiennent au moins 51 % du capital de l’entreprise. Ils disposent également d’un pouvoir déterminant, puisqu’ils représentent 65 % des droits de vote. Cette responsabilité accrue du rôle des salariés dans la prise de décisions doit être un moyen pour l’entreprise de s’organiser de façon à répondre à ses besoins d’investissement et de rémunération des employés. C’est ainsi que le partage des bénéfices est réalisé de façon équitable, puisqu’une part est attribuée aux salariés sous forme de participation et d’intéressement, une autre leur est versée sous forme de dividende, et une dernière est consacrée à alimenter les réserves de l’entreprise.
Expérimenter
Le jeu de la confiance : coopérer ou pas ? p. 245 Présentation À travers un jeu, cette activité a pour objectif de montrer l’importance de la coopération dans le bon fonctionnement d’une entreprise, et donc dans la réalisation de ses objectifs. L’exemple pris est celui d’un cabinet d’avocats où chacun peut utiliser son temps de travail et les équipements du cabinet pour des activités qui contribuent au chiffre d’affaires du cabinet, ou pour des activités individuelles qui génèrent des gains individuels pour les associés. Mais ces associés bénéficient également des gains collectifs du cabinet, partagés entre chacun d’eux. Ce jeu illustre donc le « paradoxe de l’action collective » (Mancur Olson) : chacun peut être incité à ne travailler que pour lui-même et à se comporter en « passager clandestin » en attendant des autres qu’ils contribuent aux activités du cabinet, ce qu’ils ne font pas. Le paradoxe est ici que la maximisation des gains individuels suppose que chacun coopère et participe aux activités collectives, ce qui est impossible si les associés ne se font pas confiance. Mise en œuvre Cette activité peut se dérouler en une heure, par groupes de 4 élèves (étape 1), puis en classe entière pour le bilan (étape 2).
UTILISEZ LES STATISTIQUES p. 248
1
Calculer des variations, interpréter les résultats Cet exercice invite à calculer des variations relatives et à trouver le mode de calcul le plus approprié, en application des savoir-faire explicités dans la Fiche outils n° 2 (p. 256-257). 1.
591,3 (Créations totales d’entreprises en 2017) = 1,815 = 325,7 (Créations totales d’enreprises en 2007)
198 • III – Regards croisés
De 2007 à 2017, la création d’entreprises françaises (y compris microentrepreneurs) a été multipliée par 1,815 selon l’INSEE. 2.
Créations d’entreprises (hors microentrepreneurs) en 2012 – Créations d’ entreprises (hors microentrepreneurs) en 2007 Créations d’entreprises (hors microentrepreneurs) en 2007 × 100 =
242,5 – 258,1 × 100 = – 6,04 % 258,1
En 2012, il s’est créé 6,04 % d’entreprises de moins qu’en 2007, hors microentrepreneurs, en France, selon l’INSEE. 3. Entre 2007 et 2008, compte tenu de la faible évolution des valeurs, on peut utiliser un taux de variation pour les deux colonnes (celles-ci sont identiques jusqu’en 2009) : 331,4 – 325,7 Créations d’entreprises en 2008 – Créations d’entreprises en 2007 × 100 = 1,75 % × 100 = 325,7 Créations d’entreprises en 2007
Entre 2008 et 2009, on peut également utiliser le taux de variation pour comparer les évolutions : Créations d’entreprises (hors microentrepreneurs) en 2009 – Créations d’entreprises (hors microentrepreneurs) en 2008 Créations d’entreprises(hors microentrepreneurs) en 2008 × 100 =
260,2 – 331,4 × 100 = – 21,48 % 331,4
Créations d’entreprises (dont microentrepreneurs) en 2009 – Créations d’entreprises (dont microentrepreneurs) en 2008 Créations d’entreprises (dont microentrepreneurs) en 2008 × 100 =
580,2 – 331,4 × 100 = 75,08 % 331,4
On constate une très forte croissance de la création d’entreprises après la création du statut de microentrepreneur, puisque le nombre total de nouvelles entreprises a augmenté de 75 % de 2008 à 2009, contre 1,75 % de 2007 à 2008, selon l’INSEE. Si on exclut les microentrepreneurs, on remarque une nette baisse de la création d’entreprises « classiques », de 21,48 %.
2
Lire et comprendre un graphique de répartition Cet exercice permet de faire travailler les élèves sur les savoir-faire relatifs à la lecture et l’interprétation de graphiques, en application des savoir-faire explicités dans la Fiche outils n° 7 (p. 266-267). 1. D’après l’INSEE, les femmes représentaient, au premier semestre 2014, environ 27 % des créateurs d’entreprises françaises, exerçant des activités marchandes non agricoles, hors microentrepreneurs. 2. On parle de surreprésentation lorsque l’importance quantitative d’un groupe d’individus dépasse sa moyenne dans la population étudiée. Dans cet exemple, selon l’INSEE, au premier semestre 2014, les créatrices d’entreprises étaient surreprésentées dans les secteurs du « commerce » (28 % des créateurs), de l’« industrie » (30 %), de l’« hébergement et restauration » (31 %), des « autres services aux ménages » (52 %) et de l’« enseignement, santé, action sociale » (59 %). 3. En France, la part des créatrices d’entreprises dans le secteur « enseignement, santé, action sociale » (59 %) était supérieure de 50 points de pourcentage environ à celles des créatrices dans le secteur de la « construction » (9 %), selon l’INSEE, au premier semestre 2014.
Chapitre 12 – Comment les entreprises sont-elles organisées et gouvernées ? • 199
TESTEZ VOS CONNAISSANCES ! p. 249-250
1 1. Faux. Le blocage n’a lieu que si la négociation entre les parties n’a pas abouti. 2. Vrai. 3. Faux. Les managers ont un objectif de rémunération et de prestige qui ne va pas nécessairement avec les objectifs de profit maximum des propriétaires/actionnaires. 4. Faux. Les salariés et les managers peuvent coopérer, car ils ont un intérêt commun à la réussite de l’entreprise. 5. Vrai. 6. Faux. Les organisations moins hiérarchiques accroissent la motivation et l’implication des salariés. 7. Vrai. 8. Faux. La valeur ajoutée est partagée entre les salariés et les propriétaires de l’entreprise, ce qui peut créer des tensions entre eux. 9. Faux. Une microentreprise est une entreprise individuelle. 10. Faux. L’entrepreneur partage la gouvernance avec les actionnaires et les managers, et peut y associer les salariés. 11. Vrai. 12. Faux. Une microentreprise n’est pas une société, elle ne peut pas être détenue par des actionnaires.
2 Une entreprise est une unité économique et juridique dont la fonction est de produire des biens et des services afin de les vendre sur un marché. Elle est le résultat de la volonté d’un entrepreneur qui décide de sa création, en adoptant le statut juridique le plus adapté à sa situation : entreprise individuelle ou société. Le statut de microentrepreneur a permis la création d’un grand nombre d’entreprises individuelles grâce à sa procédure simplifiée et sa gestion facilitée : comptabilité souple, impôt et cotisations sociales forfaitaires sur le chiffre d’affaires. En revanche, si le chiffre d’affaires dépasse les 170 000 euros (pour les activités commerciales) ou 70 000 euros (pour les autres), il faut changer de statut juridique. La société quant à elle permet à l’entrepreneur de ne pas confondre ses biens et ceux de l’entreprise, ce qui le protège en cas de pertes trop importantes qui pourraient conduire à la cessation de paiement et à la disparition de l’entreprise.
3
Intérêts divergents
Salariés
Managers
Actionnaires
Maximisation du salaire
Maximisation de la taille de l’entreprise
Maximisation du profit
4 Horizontal 1. Statut juridique 3. Coopération 4. Actionnaire 5. Gouvernance 200 • III – Regards croisés
6. Hiérarchie 7. Coopérative 8. Manager 9. Salarié
Vertical 2. Entrepreneur 7. Conflit
VERS LE BAC
BJECTIF 1RE
p. 251
1
MOBILISATION DES CONNAISSANCES ET TRAITEMENT DE L’INFORMATION
Cette partie de l’épreuve mobilise les savoir-faire quantitatifs de l’élève ainsi que sa capacité à mobiliser efficacement ses connaissances pour répondre à un questionnement précis, en application des savoir-faire explicités dans la Fiche bac n° 2 (p. 282-283), la Fiche outils n° 8 (p. 268-269) et la Fiche méthode n° 1 (p. 272-273). 1. Voir manuel papier. 2. Voir manuel papier. 3. Une entreprise met en relation plusieurs parties prenantes, les propriétaires/ actionnaires, les managers et les salariés, dont les objectifs peuvent être divergents. En effet, les propriétaires/actionnaires détiennent le capital social de l’entreprise et vont avoir pour principal objectif la maximisation du profit pour percevoir des dividendes élevés. Pour ce faire, ils nomment les managers, dont la fonction est de prendre des décisions de gestion courante de l’entreprise. Ces derniers sont sensibles au prestige apporté par la direction d’une entreprise de grande taille ou qui génère un fort chiffre d’affaires. Les salariés, quant à eux, sous l’autorité des managers, travaillent pour l’entreprise en échange d’un salaire. Ils souhaitent avoir un salaire suffisamment élevé pour satisfaire leurs besoins, et des conditions de travail justes. Atteindre l’objectif d’une des parties rend difficile, voire impossible, de satisfaire les attentes des deux autres. La hiérarchie encadre ces relations en accordant une autorité d’une partie sur une autre. Toutefois, cette situation peut entraîner des conflits, des affrontements entre elles, faute de conciliation. Si le conflit peut être le début d’une négociation, il a pour conséquence la désorganisation de la production. Ainsi, en 2010 en France, 3,3 % des entreprises de 10 salariés ou plus ont connu au moins une grève, représentant 318 jours de grèves pour 1 000 salariés selon la DARES. Le conflit peut toutefois être évité par la coopération dans l’entreprise, une pratique qui permet à chacun de poursuivre ses intérêts en tenant compte de ceux des autres. Par exemple, à travers des mécanismes d’incitation des managers et des salariés pour les associer aux bénéfices de l’entreprise.
2
RAISONNEMENT S’APPUYANT SUR UN DOSSIER DOCUMENTAIRE
Cette partie de l’épreuve mobilise les savoir-faire quantitatifs de l’élève ainsi que sa capacité à mobiliser efficacement ses connaissances pour produire un raisonnement structuré, en application des savoir-faire explicités dans la Fiche bac n° 2 (p. 282-283) et la Fiche méthode n° 1 (p. 272-273). Une entreprise est une organisation productive de biens et de services destinés à être vendus sur un marché. L’ensemble des dispositifs organisant la prise de décisions afin d’atteindre les objectifs qu’elle s’est fixés est la gouvernance d’entreprise. Il existe plusieurs modalités de gouvernance d’entreprise, selon qu’il s’agit d’une entreprise individuelle ou d’une société (dans le cas d’une entreprise individuelle, la prise de décisions est le fait de l’entrepreneur, seul responsable ; nous nous intéresserons donc aux sociétés), mais aussi selon le degré de hiérarchie et de centralisation choisi par les entrepreneurs. Quelles sont alors les différentes formes de gouvernance des entreprises ? Pour répondre à cette question, nous montrerons que la gouvernance des entreprises peut être plus ou moins centralisée ou hiérarchisée. La gouvernance d’une entreprise peut être centralisée, fondée sur la hiérarchie, c’est-à-dire une relation où une inégalité des statuts donne de l’autorité à certains sur d’autres. Il s’agit de la relation sociale classique dans une entreprise, avec les propriétaires/actionnaires qui délèguent la conduite des activités de l’entreprise à des Chapitre 12 – Comment les entreprises sont-elles organisées et gouvernées ? • 201
dirigeants/managers qui sont des salariés de l’entreprise (DOC 3 p. 241). Cependant, les objectifs des premiers et des seconds peuvent s’opposer ; il est alors nécessaire de mettre en place des mécanismes d’incitation afin de faire converger les intérêts des propriétaires et des managers. Avec ces mécanismes, on peut alors entrevoir l’existence d’un « centre de décisions », qui rassemble les représentants de ces deux groupes d’acteurs. Ils y œuvreront à la maximisation du profit afin d’accroître les dividendes des actionnaires et la rémunération des managers (par exemple, grâce à une part variable liée aux performances financières de l’entreprise). Mais la gouvernance d’une entreprise peut également être décentralisée, c’est-àdire qu’elle intègre dans le processus de décisions l’ensemble des parties prenantes. Aux représentants des propriétaires/actionnaires et des dirigeants/managers, sont ajoutés ceux des salariés de l’entreprise, voire les usagers. Cette volonté d’associer les salariés à la prise de décisions de l’entreprise a pour but d’accroître la coopération des parties. Car si les salariés ont pour objectif d’accroître leurs revenus et d’améliorer leurs conditions de travail, ils peuvent bénéficier des mécanismes d’incitation pour rejoindre actionnaires et managers dans leur volonté d’augmenter les bénéfices. La décentralisation des décisions est également un moyen d’adapter la production aux caractéristiques du terrain et de responsabiliser les salariés. Par exemple, en Allemagne (DOC 2 p. 240), les salariés des entreprises de plus de cinq salariés doivent avoir un Betriebsrat, ou conseil d’entreprise, auquel le chef d’entreprise doit soumettre toutes ses décisions. En France, il existe un comité social d’entreprise lorsqu’il y a au moins 11 salariés, mais son rôle est seulement consultatif. Les entreprises disposent donc de plusieurs formes de gouvernance, dont l’objectif est toujours de satisfaire les intérêts de tout ou partie des acteurs qui la composent. Un plus ou moins fort niveau de centralisation ou de hiérarchisation va caractériser ces types de gouvernance.
VERS LE BAC
BJECTIF TERMINALE
p. 252-253 GUIDAGE MÉTHODOLOGIQUE ÉTAPE 6
Application 1 Points forts Présence de l’alinéa ; paragraphe rédigé en un seul bloc, sans retour à la ligne. Points faibles Il n’y a pas d’affirmation ; le paragraphe ne contient qu’une explicitation et une illustration. Application 2 Paragraphe 2 : L’entreprise est un lieu de coopération entre managers et salariés. En effet, les managers et les salariés de l’entreprise ont aussi intérêt à coopérer pour assurer la pérennité de l’activité de l’entreprise. Les premiers, comme il a été mentionné plus haut, pour disposer d’un prestige maximisant leur pouvoir (notamment de négociation face aux actionnaires). Les seconds vont avoir pour objectif principal une juste rémunération au regard des efforts qu’ils consentent à faire pour assurer la production. Les managers peuvent associer les salariés aux prises de décision de l’entreprise. Ainsi intégrés aux instances décisionnelles, les salariés font valoir
202 • III – Regards croisés
leurs intérêts en les faisant converger avec ceux de l’entreprise. Par exemple, en Allemagne, les entreprises de plus de cinq salariés sont obligatoirement constituées d’un Betriebsrat, ou conseil d’entreprise, qui est associé aux décisions relatives aux équipements, au temps de travail, ou encore aux créations ou suppressions de postes. En France, les salariés n’ont pas un tel pouvoir de décision dans les entreprises de plus de 10 salariés, mais ils peuvent siéger dans des instances consultatives comme le comité social et économique. ÉTAPE 7
Application 1 Nous avons donc vu que l’entreprise, si elle est bien un lieu de coopération, est aussi un lieu de conflits. Nous avons ainsi d’abord montré que, dans l’entreprise, managers et actionnaires, managers et salariés et salariés entre eux, coopéraient, puis que, du fait des rapports hiérarchiques, des conflits pouvaient survenir entre managers et actionnaires et entre managers et salariés. Application 2 Ouvertures maladroites : a) trop proche du sujet ; d) formulation naïve. Ouvertures acceptables : b) et c). Application 3 La coopération peut également être plus ou moins forte selon le mode de gouvernance, centralisée ou décentralisée, choisi par l’entrepreneur.
Chapitre 12 – Comment les entreprises sont-elles organisées et gouvernées ? • 203
Achevé d imprimer en France par Dupli-Print à Domont (95) Dépôt légal : Août 2019 – Édition 01 N° d’impression : 2019070596 77/0277/8