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French Pages 213 Year 2004
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(g:) TEXTES CLÉS
DANS LA MÊME COLLECTION
PHILOSOPHI E DES SCIENCES Philosophie del' esprit textes réunis par D. Fisette et P. Poirier
Naturalismes et réalismes
Volume I : «Psychologie du sens commun et sciences de l'esprit», 2004. Avec des textes de P. Churchland, D. Davidson, D. Dennet, J. Fodor, C. Hempel, D. Lewis, H. Putnam, W. V. Quine et W. Sellars. Volume II:« Problèmes et perspectives», 2004. Avec des textes de F. Dretske, J. Fodor, J. Levine, H. Putnam, Z. Pylyshyn, D. Rosenthal, P. Smolensky, S. Stich et T. van Gelder.
Textes réunis par Sandra Laugier et Pierre Wagner
PARIS
LIBRAIRIE PHILOSOPHIQUE J. VRIN 6, place de la Sorbonne, ve 2004
/ J. HoUVImESSI~. «Essentialisme et réduction ultime» ln/kvtw /ntcmatlonale de Philosophie, n° 117-118, 1976 > 1. Ce qui est observation pour l'un est un livre scellé de sept sceaux pour un autre, ou une envolée dans l'imaginaire pour un troisième. C'est la ruine de la notion d'observation, enten due comme source impartiale et objective de preuve pour la sCience. Ce que j'ai dit plus haut laisse déjà entrevoir quell e serait ma réponse à 1' exemple des rayons X : ce qui compte pour être une phrase d'observation varie avec l'étendue de la communauté considérée. Mais nous pouvons également toujo urs parvenir à une norme absolue en prenant tous les locuteurs de la langue, ou la majorité d'entre eux 2• C'est une moquerie que les philo:. sophes, qui trouvent insoutenable l'ancienne épistémologie 1. N. R. Hanson, «Observation and Interpretatio (éd.), Philosophy ofScience Today, New York, Basic n», in S. Morgenbesser Books, 1966. 2. Cette réserve permet des déviants occasionnels comme le fou ou 1' aveugle. Un autre choix est d'exclure les cas de ce genre en ajustant le niveau de fluence de la conversation, par quoi nous définissons la mêmeté de langue. (Je suis redevable à Burton Dreben de 1' élaboration de cette note et aussi de l' influence plus substantielle qu'il a eue sur la genèse de cet article en d'autres points).
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dans son ensemble, réagissent en en rejetant 1' une des parties sur laquelle on vient seulement de répandre jour. L'éclaircissement de la notion de phrase d'observation est une heureuse circonstance, car on a là une notion fondamentale sous deux rapports. Ces deux rapports répondent à la dualité que j'ai relevée plus haut dans cette conférence: dualité entre concept et système doctrinal, entre savoir ce qu'une phrase signifie et savoir si elle est vraie. La phrase d'observation joue un rôle de base dans l'une et l'autre entreprise. Sa relation avec le système doctrinal, avec notre savoir de ce qui est vrai, est tout à fait celle qu'elle avait traditionnellement : pour les hypothèses scientifiques, les phrases d'observation sont les dépositaires de la preuve. Sa relation avec la signification est fondamentale également, puisque les phrases d'observation sont celles que, par situation, nous devons apprendre à comprendre en premier, aussi bien si nous sommes des enfants que si nous sommes des linguistes sur le terrain. Car les phrases d'observation sont précisément celles que nous pouvons associer à des circonstanc~s observables, qui sont l'occasion d'une énonciation ou d'un assentiment, indépendamment des variantes entre les histoires passées des informateurs éventuels. Elles sont la seule voie d'accès à la langue. La phrase d'observation est la pierre d'angle de la sémantique. En effet nous venons de voir qu'elle est fondamentale pour l'apprentissage de la signification. Elle est aussi le lieu où la signification est la plus sûre. Les phrases situées en aval à 1' intérieur des théories, n'ont pas de conséquences empiriques qu'elles pourraient prétendre leur appartenir en propre; elles n'affrontent le tribunal de la preuve sensorielle que par paquets plus ou moins gros. La phrase d'observation au contraire, située à la périphérie sensorielle du corps de la science, est le paquet vérifiable minimal; elle a un contenu empirique entièrement à elle et qu'elle porte sur ses épaules. L'infortune de l'indétermination de la traduction touche peu les phrases d'observation. Égaler une phrase d'observation
L'ÉPISTEMOLOGIENATURALISÉE
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de not:e l.angue à une phrase d'observation d'une autre langue est pnnc1palement une affaire de généralisation empirique; c'est une affaire d'identité entre le parcours de stimulations qui suscitent l'assentiment à l'une des phrases, et le parcours de stimulations qui suscitent 1' assentiment à 1' autre phrase 1. Ce n'est pas une offense aux opinions préconçues des anciens Viennois que de dire que l'épistémologie est maintenant devenue de la sémantique. Car 1'épistémologie reste, comme elle l'a toujours été, centrée sur la preuve, et la signification reste, comme elle l'a toujours été, centrée sur la vérification; or prouver est vérifier. Ce qui est plus vraisemblablement un coup pour les opinions préconçues, c'est que la signification, lorsque nous allons au-delà des phrases d' observation, cesse généralement d'avoir la moindre applicabilité évidente à des phrases isolées; et aussi que 1' épistémologie s'amalgame avec la psychologie ou bien avec la linguistique. Ce gommage des frontières pourrait contribuer au progrès, me semble-t-il, en permettant des recherches d'ordre scientif~que et phil?sophiquement intéressantes. Un domaine possible est celm des normes perceptuelles. Considérons d'abord le phénomène linguistique des phonèmes. En entendant les myriades de variations de sons prononcés, nous développons l'habitude de traiter chacune d'elles comme une approximation de l'une ou de l'autre parmi un nombre limité de normes -environ une trentaine en tout- qui constitueront une sorte d'alphabet parlé. Toute parole en notre langue peut se traiter en pratique comme une suite formée à 1'aide de cette trentaine d'éléments seulement, les petits écarts étant ainsi rectifiés. Or il est probable qu'à 1' extérieur du royaume du langage aussi, il n'y a en tout qu'un alphabet assez limité de normes perceptuelles, conformément auxquelles nous tendons inconsciemment à rectifier toutes les perceptions. Si on savait 1. Quine, Word and Object, p. 31-46, 68. Trad. fr. J. Dopp et P. Gochet, Le Mot et la chose,« Champs», Paris, Flammarion, 1977, p. 63-82 et 111-112.
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les identifier expérimentalement, on pourrait prendre ces normes comme pierres de construction épistémologiques, ou comme modules de l'expérience. Elles pourraient se révéler partiellement variables en fonction des cultures, comme les phonèmes le sont, et partiellement universelles. Il y a encore le domaine que le psychologue Donald T. Campbell appelle épistémologie évolutionnaire 1• Dans ce domaine on trouve les travaux de Hüseyin Yilmaz, qui montre comment certains traits structurels de la perception des couleurs seraient prédictibles à partir de leur valeur de survie 2 ; enfin un sujet plus nettement épistémologique, que l'idée d'évolution aiderait à éclaircir, est l'induction, maintenant que nous permettons à 1' épistémologie d'employer les ressources des sciences de la nature 3 •
1. D. T. Campbell, « Methodological Suggestions from a Comparative Psychology ofKnowledge Processes », Inquiry 2 (1959), p. 152-182. 2. Hüseyin Yilmaz, «On Color Vision and a New Approach to General Perception», in E. E. Bernard et M. R. Kare (eds.), Biological Prototypes and Synthetic Systems, New York, Plenum, 1962; «Perceptual Invariance and the Psycho-physicalLaw »,Perception and Psychophysics 2 (1967), p. 533-538. 3. Voir« Espèces naturelles», chap. 5 de Quine, Relativité del' ontologie et autres essais, trad. fr. J. Largeault, Paris, Aubier-Montaigne, 1976. ·
HILARYPuTNAM
LANGAGE ET RÉALITÉ
PRÉSENTATION Mathias Girel
. Hilary Putnam, né en 1926, fut d'abord , Pnnceton, puis au MIT de 1961 à 1965 . pdrofe~s~ur a l' · ·~H . , avant . e reJOindre umversit~ arvard, de 1965 à sa retraité en 2000 Il est acte~r ma~~ur, d~s principaux débats des trente .dernièr~~ anne:s, qu Ils agisse de philosophie de l'esprit (au travers de nom ~eus es analyses de l'apport, et ensuite des limites d ' .. u paradigme fonctionnaliste ), de philosophie du lan ~ne ~;alyse r~nouvel~e des notions de référence et Jea~~ri~f c:sp I osop~e des sciences (à la fois par une approche san~ ~ ~e corrigee des nombreux visages que peut y prendre le rea~Isme et par de nombreux articles de philoso hie de la ~ogtiuetet ~es niat?ématiques), et enfin par une int~rrogation . ons an e e la dichotomie fait/valeur. Les textes les mflue?ts so~t s?ns doute ceux qu·' il a consacrés dans les an%~~: 1970 a la theone «causale» de la référence 1 Au delà d 1 champ de la philosophie du langage, ils . ont- une ;o~;~ 1. Dans un ensemble auquel appartient . conférenceprononcéeàPrincetonen 1974. notre texte, qUI est à l'origine une
HILARY PUTNAM LANGAGE ET RÉALITÉ
épistémologique immédiate, dans la ~e~ure où ils pe~~ttent à J>utnam de renvoyer dos à dos le positivisme et le relat1v1~m~, tributaires selon lui d'une même approche naïve de la stgmfication, et ils ont pour cette même raison donné lieu à de vifs débats en philosophie des sciences. . . . Sur le plan historique, donner une s1tuat10n suffisante de la pensée de Putnam au cours ?es quarante den;ières ~nnées tiendrait de la gageure, ne sermt-ce que parce qu au-dela de la grande diversité thématique de ses ~~térêts il ~'.ajamais ~ésité à réévaluer, voire à rejeter ses positiOns anteneu~es: sm~ant les époques, ses interlocuteurs principau:c- seraient Q~me, Wittgenstein, les représentants du pragmatisme (C. S. Petree, W. James, J. Dewey), plus récemment Austin, e~ sou;e?t ... Putnam lui même. On se limitera ici au contexte Immediat de «Langage et réalité», renvoyant le lecteur, pou~ le détail d~s positions adoptées par Putnam, a~ t~?leau pass~onnant. qu Il en a fait lui-même dans «Un deffil-stecle de philosophie, vu de l'intérieur» (Putnam 1997). Putnam décrit souvent cette époque comme un~ vive réactio~, au mo~en d'.un «robuste» réalisme métaphysique, aux exces opposes: ~a1s conve~ge~ts dans leurs effets, du positivisme et du relativisme, dont 11 dtra qu'ils sont «les deux envers d'une même pièce» (Putnam, 1990, trad. fr., p. 9). Il n'est en effet pas possible ~e co~ prendre ses textes des années 1970 sans te.n~r .compte ~ la fms de sa proximité passée vis-à-vis du posttlvtsme logtque et de son attitude sans cesse plus critique par rapport à ce mouvement. Au cours des années 1950, Putnam est en contact direct avec des représentants majeurs de ce coura~t: il _rédige sa thèse sur le concept de probabilité sous la d1rect10n de Reichenbach, il est Assistant Professor à Princeton (et collègue de Hempel) quand Carnap y est Visiting Fe~low. Les deux hommes, Carnap et Reichenbach, auront une mfluence profonde, apparente dans les premiers travaux de Putn~m comme dans les études historiques qu'il leur a consacrees (Putnam, 1994, Cf. notamment chap. 4 et 5). Sensible
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ce~endant aux c~·itiques décisives de 1' empirisme logique que Qume - autre mfluence majeure de Putnam et autre trait d'u~~on.importan~ entre le cercle de Vienne et la philosophie amencame- avait produites dans les Deux Dogmesi, il les p~o~on~e pour son propre compte dans une critique de la distmct10n entre termes théoriques et termes observationnels (Cf.« Ce q~~ les théories ne sont pas», 1975b, trad. fr., 980) et dans une cntique de la« théorie positiviste de la signification» («Explication et référence», 1975b, trad. fr., 1980), qui lui fait adopte~ de.s positio~s proches de celles de Saul Kripke. Il s agit donc bien de philosophie du langage, à condition de ne pa~ tombe~ dans 1'illusion qui consisterait à supposer que ce~te phi~oso~hie peut déposer tous les problèmes philosophiques, Illuswn que dénonce précisément le début du texte. «Langage et réalité» semble en effet, au premier abord avoir ~n t~ème limité, puisqu'il désigne Fapproche « vé~ifica t~on~I.ste >; de la signification, c'est-à-dire 1'idée que toute la sigmftcatwn des termes théoriques pourrait se ramener à des p~é?ictions au suje~ d:o?se:vables. Mais il ne faudrait pas c1~01re que Pu~n~m VIse ICI umquement des auteurs qui auraient ?efendu explicitement une telle thémie. Le fait qu'il puisse m~oquer d.es auteurs aussi différents que Peirce, Carnap et W~ttgenste~n est à ce sujet lourd d'enseignements. Si Carnap et Wit~?enstem - du mm~s le premier Wittgenstein, relu à la Iumwre du cercle de VIenne- sont fréquemment associés à cette approche, la référence à Peirce pourrait étonner. Il est cependant vrai que Peirce a défendu, avant de la nuancer une ma:c-ime qui,. ~roposant une méthode pour éclaircir les si~nifi cations mobilisées par 1'enquête scientifique annonce à bien ?es ~gards l'idée que la signification d'une' proposition est .I~entique aux méthodes qui permettent de la vérifier (« Considerer quels sont les effets pratiques que nous pensons pouvoir 1. ,Voir dans c~ volume la présentation par S. Laugier de l'« Épistémologie naturalisée» de Qume.
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être produits par l'objet de notre conception. La conception de tous ces effets est la conception complète de 1' objet» 1), etc' est bien ainsi qu'il a été lu par les représentants majeurs du cercle deVienne. Selon Putnam, cette approche vérificationniste, que l'on retrouve sous diverses formes au xx e siècle, implique deux prétentions désastreuses: l'une serait réductionniste (elle consiste dans l'affirmation que nos énoncés ordinaires etthéoriques peuvent être traduits sans reste dans un idiome sensationnaliste); l'autre serait éliminativiste (elle consiste dans l'affirmation qu'une philosophie du langage bien construite peut dissoudre la plupart des problèmes philosophiques). Mais, comme la «pierre philosophale» que Putnam évoque à la fin de son texte, il s'agit dans les deux cas d'une réduction mythologique. La première prétention se réclame d'une traduction dont Putnam pense qu~elle.a échoué, aussi bien chez Mach que chez Carnap (cf. «Explication et référence», § III); la seconde prétention semble mettre 1' accent sur une approche trop étroite de la signification. C'est parce que cette position, outre son extravagance (voir les derniers. mots de Putnam sur la philosophie du langage comme «solvant universel»), implique finalement un idéalisme phénoménaliste, que Putnam peut rapprocher de façon polémique de Berkeley. La première cible serait donc claire : il s'agirait bien du positivisme, attaqué à partir d'une de ses composantes les plus importantes, le vérificationnisme, mais on manquerait sans doute 1' essentiel de la critique de Putnam si on négligeait la très grande proximité entre cette position et une autre qui, pour n'être pas nommée, n'en n'est pas moins visée. Putnam renvoie souvent dos à dos le positivisme d'une part, et la vision des révolutions scientifiques qu'a donnée T. Kuhn 2, voire 1. Peirce, Comment rendre nos idées claires, 1878, in Peirce, Œuvres, vol. 1, trad. fr. Cl. Tiercelin et P. Thibaud, Paris, Le Cerf, 2002, p. 248. 2. Cf. le texte de Kuhn présenté ici, p. 285.
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P. Feyerabend, d'autre part, car à se .. remment opposées sont en fait 1~ y~ux ces positiOns appainsensiblement dans 1'aut . 1 so Id'?res, et chacune glisse ficationniste pourquoi u~: · ~rsqu~ ~ on de.ma~de à un vérivaleurs de vérité en acquiert if~o~~ti~~· qm n avait pas de changé de signification M : .OI a trmer que le terme a sujet des atomes des gè ats, ~~ t~ute nouvelle théorie au signification de ~es termU:: ~~ u ~~~s du SIDA change la qu'un accroissement de la~ or~ 1 n est pas envisageable 1' on passe d'une ancienne , onnatssance se produise lorsque a une nouvelle théorie : toute découverte qui , t d . d'une de ces choses esf:: en. a.Jout~r à notre connaissance chosedontnousn'avons. fa~t une _decouverte au sujet d'une jamais pensé auparavant ~~~~:~ar~~;~ ~~~~~~~le nous n'avons
Par ailleurs, dans le cadre d' 1 philosophie des sciences l' u~ te type -positiviste- de connaissance porte sur les' baccrotssement recherché de la , . « o servables >. • 1 theonques ne sont que de fl :>, pmsque. es termes au sujet de ces derniers. soou I. s1permettant des prédictions eux-mêmes sont «charge''s dre, tsht' e~ termes observationnels eone » - ce quI· decou , 1e des « Deux dogmes » de Qui lui-même consacrés à Cne comme des articles que Putnam a devrait conduire à un c~nap - tout changement de théorie observables, ce qui, note Pu~~!~ment de signification de ces ' conduirait à la conclusion k h . scientifiques différentes so t . u menne que des théories signification, rendant inintel~gi~~~~~~ensur~bles ~uant à la comprendre des théories scient'f· ait ~~e 1 on pUisse même . I 1ques anteneures (Ibid.).
St ces théories en apparence , conséquences, il faut sans doute opp?~ees ont de telles la sémantique sur laquelle ll modtfter en profondeur thèse de ce texte qui enga edes re~osent. Telle est donc la ' ge eux mveaux d'ar . contre les maximes du vérif t' . . gumentatwn: Ica wnmsme, Il s'agit de montrer
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l'usage possible de deux principes méthodologiques, p~us «modestes» : le principe de_« bénéfice du doute», et le pnncipe d'« ignorance raisonnable». La d~scription ~e ces deux principes, ainsi que de la façon dont Ils sont freque~e~t violés mobilise les principales composantes de la theo~e « caus~le » de la référence que Putnam défendait alors. Ma1s, s'il apparaît clairement que les principales positio~s visées par la critique de Putnam violent l'un des ~eux- vm;e/les deux: principes- il faut proposer une conceptiOn de la reference.~m ne s'expose pas aux mêmes travers, et c'est c~ que la ~em1~re section du texte, un peu plus technique, s attache a farre, autour d'une fiction mettant un scène une tribu. dont la sémantique de plus en plus co~p~exe peu~ ê~r~ construite en partant de la simple notion de« refe~ence pm~.u~1:e ». Le premier principe, le princ1pe de ben~flce du ??ute, affirme que nous devrions accepter, sous cert~m~s cond1t10?s, des modifications raisonnables de nos descnptwns erronees afin d'assurer la référence stable à des entités théoriques: il s'agit de montrer que nous pouvons continuer à r~férer à ces mêmes entités au fur et à mesure de la correctiOn de ces descriptions. «Langage et réalité», de ce point de vue, n'est pas un doublon d'autres articles plus cél~bres tel~ que ~ .de t auta~ eur, l~cu! du dépend de 1' environnement a auss1 y 11 Mats . rents dtffe ts emen ironn d'env différents que 1~ cas .~ans une contribution plus subtile de l'environnement a la qm ;e matœ une. des. termes d'espèces naturelles ; 1' eau est paraeau 1 de e part1 e même microstructure que la plus grand r-nous: est digme; et l'eau paradigme est un paradigme-pou e posstble, mond autre un Sur . l'eau dans notre environnement ~vec une ié. assoc être rait pour mot ou une autre planète, un es que cnter es mêm des et otype stéré e mêm bonne partie du XY~ et no~ notre terme «eau», mais il pourrait désigner ere preune Ho. Du moins, cela pourrait arriver dans 1' e,_au; de Jû.t ~YZ scientifique. Et il ne s'ensuivrait pas que meme la avmr rait pour il s'ensuivrait uniquement que XYZ Ce etc. eau,· 1' que goût e mêm apparence que 1' eau, avoir le des lle actue e natur la de nd dépe à quoi réfère «l'ea u» tête~. paradigmes, pas seulement ce qu'il y a dans nos s1mp~ement est le nnab Raiso ce oran d'Ign Le Principe posseder la de qu'un locuteur peut «avoir» un mot, au ~ens et non. ~e urs, capacité normale de l'utiliser dans le dtsco '. ex~hct te.rm~ ce de connaître le mécanisme de la référence f1catwn » s1gm la e naîtr «Con tement ou même implicitement. ent icitem impl est iser l'util de ble d'un mot au sens d'être capa ~utant aître conn pas n'est ce mais e; connaître quelque chos connattre la que les philosophes tendent à le supposer. Je peux ent ou icitem signification du mot «or» sans connaître, impl
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1'or (à ~~plicitement, les critères nécessaires pour être de claire très ne idée 1 mverse de John Locke), et sans avoir aucu
trouve être lié. de la façon dont le mot est lié à ce à quoi il se Le Principe nt. Nos ~eu;xyrincipes se complètent parfaiteme que les oser supp de dit ~u Benefice du Doute nous inter ent ellem [actu sont rts expe s Introducteurs de noms et autre dit inter nous le nnab raiso ce oran d'Ign omniscients ; le Principe somni ent iquem soph philo sont eurs locut d~ suppo~er q~e dessciem ). ment cients (meme mcon
APPLICATIONS
culièremènt Le second Principe me semble être violé parti quelques iner exam vais souvent en philosophie de l'esprit. Je exemples. hologiques Ma propre conception est que les prédicats psyc des êtres elles ionn fonct riétés prop correspondent à des La présence de humains~! ~'autre.s êtres doués de sensadetion. que certains ont ces pr?pnetes expltque le regroupement ce rents états et appele les « symptômes » et «critères » des diffé le Principe soit, en c?nditions psychologiques. Quoi qu'il pas besoin ns n'avo nous que d Ignorance Raisonnable nous dit expliciou ment licite (imp nt save de postuler que les locuteurs à des dent spon corre iques holog psyc tement) que les prédicats aître conn de in beso pas t n'on s qu'il et états fonctionnels, fonction (implicitement ou explicitement) une caractérisa correspond. tionnelle de l'état particulier auquel un prédicat ment» - la onne Cela est lié à la «contribution de 1' envir (de façon cas ce dans ?a ture intéri~ure d~ locuteur même étant certaine une a eur locut Le Impropre) 1 «environnement». capaest Il ue. conn bien pas est lui nature. c.ette dernière ne qu'il ce dans eur» doul « e comm ble de fatre ~s~ge de mots qui état tout ter déno pour leur» «dou mot le rapporte. Il utthse sa de sujet au est en fait 1'état dont témoigne ce qu'il rapporte
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douleur. Mais il n'a pas besoin de savoir ce qu'es~ cet état, au sens d'être capable de le caractériser. S'il p,eut faue usa~~ du terme de douleur à des fins de rapport, s 11 a la capaclt~ ~e concevoir les autres en train de ressentir de la douleur, et d utiliser les phrases permettant. d'exprimer ~e qu'i~.conçoit, ~lors cela est certainement suffisant pour due qu 11 a acqms le concept de douleur: pourtant, il n'y a ~bsolument rien qu~ le locuteur ait besoin de connaître au SUJet de la nature metaphysique de la douleur (cf. chap. 22 in Putnam, Philosophical . Papers, vol. 2). ie philosoph la de Si cela est correct, alors une grande partie de l'esprit contemporaine doit ê~re fausse. Par e~emple, on a avancé que «je vois une tache Jaune», prono?~~ ~o~e un rapport-sur-des-s~nsations (i. e. dans le sens ou J a1 !.Impression visuelle d'une tache jaune) signifie« ce qui s.e passe ~n moi est le même processus que celui qui se ~ro~~lt quand ~e vois une tache jaune», où ce dernier« vois» s1gmf1e «perçois effectivement». Une telle théorie fait de tous les rapports sur des sensations des hypothèses (et des hypothèses plutôt risquées,. en cela) (en supposant .que la notion, d~ ~; (Il etait crucial dans .mon analyse de « energie » et .d~ « hg~e droite ») ; mais le Princ ipe du Bénéfice du Doute clanf1e la rruson pour laquelle il en est ainsi. Mon dernier exemple est la question controversée du -~aractère conventionnel du choix d'une métrique. Adolf Grunbaum et moi-même avons discuté de cette question au fil des ans et ne sommes en rien tombés d'accord. Mais il y a eu u~e c~nvergence entre nos analy ses, et je pense que cela s exph~ue par notre accep~a~on de l'idée que la métrique (pour 1 espace-temps) est fiXee par des lois et non par des «r~g~es de correspondance» (cf. Grünbaum, 1973). Bien sûr, « flxee. par des lms » ne signifie pas implicite ment définie par des, l?z~ .en ~'un _d~s sens familiers selon lesqu els on utilise « ~e~I~Itlon 1mphc1te » en logique technique . Le Principe du Bene~1ce du ~oute implique que nous pouvons changer d'avis au SUJ~t des}ms, ~t que nous n'avons pas à dire que nous avons change la denotatwn de nos termes. Ainsi, s'il y a une métrique na~urelle, tels que« homme» et«
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. l'espace-temps qui est opun:a!e po.ur, des lois qui physique, et que nous sont des approximations arrivons pet~t a petl~~ vraie desc ription de la multiplicité toujours met:le~res ~~: ouvons dire que nous découvrons sous cette metnque, ~ p 'et de la métrique de l'espacede fatts au su] 1 de plus en pus .. . .. b um dtrat't.· au su]· et de la métrique non-tnviale temps (Grun a . de l'espace-temps, si je comprends extrinsèqu~~ent um'\~e). et nous n'avons pas à dire que nous bien sa posltton a~tu~=n~ en train d'in ven ter une métriqu~ ou sommes progresstve . de métriqu es ou quoi que ce sOit de de stipuler u~e su~ces~l~:ste encore d~ grands domaines .de ce genre. Bte~ sur, estime que l'un ique métrique « extnndésaccord. Grunbaum ·mpr e~gn e~ede convention», et · · 1 1 est ore« sèque » non-tnvta e Jenc'acc . epte pas non plus la distinctlO n je n'accepte pas c~la~ ~:» de Grünbau m. Mais l'important « intrinsèq~.e/extnns~~oi-même avon s été capables de parest ~u~ Grunbaum ~ubstantiel en con venant de rejeter un~ venu a un. accor~ du lan age. Nous voyons ici encore que Sl certaine phllos~phte ., proposés sont bien moins granles deux princtpes. que J a matique ou que la théorie vérifidioses que la max~m~lr~Ton ils peu vent être utiles dans de cationniste de la. stg~i:~:rent~ de la phil osophie. nombreux do mames
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LES MOTS ET LE MONDE
'. . .' . arlé de questions que nous som mes en tr.ain Jusqu tcl,J a~p dre grâce aux progrès en phtl oncer a com pren ' de comme t més dep uis Deux dogmes de. l' empl-. s~phie du l~ngage ~;d~t en passant, le principe du Bénéfice du nsme de Qum~. (~o d l'Ignorance Rais onn able me semblent Doute et le pnnctpe e t "mement bien avec l'ap proc he généd 'acc tous eux s. order ex · · f relier je soupçonne que mon pnn ctpe rale de Q~me. EnDpar ~cu est 'probablem ent son Principe de du Bénéfice du ou e ·
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Charité, bien qu'il cite Wilson.) Perm ettez-moi maintenant dè plonger hardiment dans un territoire qui est moins bien balisé. Nos deux principes présupposent la notion de référence. (Nos propos sur« le fait des' adapter à la description de Bohr» n'était qu'une façon déguisée de parl er de référence au sens du logicien : ce qui « s'adapte» à une description est ce «à quoi» la description «réfère», c'est-àdire ce dont est vraie la description). La référence est une rela tion entre les mots et le monde; il s'agit seulement d'une faço n tape-à-1' œil de dire que 1' extension de la relation «réfère à» est une classe de paires ordonnées de termes et de choses. La paire est dans la classe qui est 1' extension de la relation de référence pour 1' Anglais 1, dans le cas précis où a est un citron; la paire est dans la classe qui est 1' extension de la relation de référence pour 1' Allemand, dans le cas précis où pes t une roue; et ainsi de suite. Toute relation qui (quand on la restreint à un langage particulier) associe une chose à chaque mot est une relation mots-monde. La référenc e est une relation motsmonde; mais il en va de même de son complément (ou plutôt, de la restriction de son complément au domaine des mots, le domaine converse étant illimité); la pair e se trouve dans le complément de la relation de réfé-:rence. Et il y a beaucoup d'autres relations mots-mondes. Ainsi, se contenter de dire que la réfé rence est une relation mots-monde, c'est ne pratiquement rien dire à son sujet. Mais àmoins que nous puissions dire quelque chose d'instructif au sujet de cette relation, notre philosophie du langage tout entière flotte tranquillement dans les airs. Le principe du Bénéfice du Doute appartient à une mét hodologie qui permet de dire à quoi les locuteurs réfèrent; si nous ne savons pas ce qu'est référer à, nous pouvons affirmer qu~ Bohr référait aux 1. Au sens strict, la référence est une relati on triadique entre un symbole, une entité et un langage; mais quand le troisième argument est rendu constant nous parlons de la «relation de référ ence pour L», où Les t le langage en question.
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.. électrons quand llutlhS~l.t 1e mo t « électron))' ou bien nier qu'il relation entre le mot de Bohr le faisait; puisque sav~lr quelle uestion est affirmée ou niée «électron» et les ~articules en q 'thodologie pour de telles n'apparaît pas cl~t~ement, une ~:odologie pour une science affirmations et ~e~lS est ~ne m; nts que soient ses résultats, qui' quelque prec1eux et 1mpo ~ · des nottons con fuses. n'en repose pas moms sur .. t ue l'œuvre de Tarski a Beaucoup de phil~s~ph~s ~~~ rendu parfaitement preclse a ~~~ d~ référence (et la notion tte opinion. Hartry Field a liée de vérité). Je ne, ~~~ge p:s ~;r ité » et les «définitions de souligné que les « defmttlons t~lisées en logique technique ne référence» du type ~e celles'~' renceetdevérité(Field, 1972). , clarifient pas les no~lOUS ~re ~ent Quelques tarskiens_Preten)( que le critère d'adéquation oirTarski 195l,p.166)rend de Tarski (la« ~onventlo~ ~t; e~ de référe~ce, mais non les claires les nottons. ~e v~ 1 vér ité elles--mêmes. Mais la . définitions formalisees. le a t' s de nommer une phrase et . « convent10n T » emplm . e. es no ton t . , s à et exigeant autant de ' . d me n 1œe s enswvre e'. notions, mtt ' " . , 1me'fér enc eelles. -mem es. clarification que, la vente etdar ~ «désignation» (cf. Sellars, L'analyse de Sellars e a 11 s rop 1967 et 1962) ne nous aide pas non plus. Se ar p oseque: (1) «Rad» en allemand désign e la roue. . . .d .oue . Cela signifie que «R a,d ».ta le rôle en alleman que J l' ob,1 ection de Church - que Pour ev1 er «roue» en franÇais J .. • ., . (1) n'est pas un enonce, ,au,. su· et du mot anglats «roue» J, . u'il a elle le « guilleSellars introduit un pro~ed~ ~p;c~!l(ars 1:: 3 et 1964) (lié, met-point». (dot quotatwn cs .oblique» de Frege). Un. mo t d'une certame faço~, aud~ se~ e entre guillemets-pomts eno son propre rôle linguistique. tt s deux les noms d'un cer . Amsl. «.roue.» et en tête; ce tdéal, c'est de spécifier une p e~tu ~, ~u mom s dans le cas corréler à une paramétrisation~a~ etn sat wn du mon de et de la phrases acceptées tendent à lon u ang a~e de faç~ n te!le que les de choses (au sens de la p g ~er ~e ~ seco~eler a des états effectivement. arametnsatwn) qm se produisent
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LANGAGE ET RÉALITÉ
HILARY PUTNAM
qu'un Cela ne contredit en rien l'intuition de Wittgenstein ble ensem un et s chose de ble ensem un entre pur isomorphisme .des s chose d'états de choses possibles ne fait pas de ce~. ~~e s 11 appart1ent ole symb un n'est chose ue quelq symboles; . Ma1s met.tre à un système qui a les fonctions appropnees e certams comm le, patib 1' accent sur la fonction n'est pas incom in luienste Wittg d secon le être l'ont pensé, y compris peutan~~· spond corre la sur nt l'acce e même, avec le fait de mettr entlepas n'est e imag e comm on ficati signi Une théorie de la e u~e comm tout , térale unila ment seule est elle rement fausse ; entlepas théorie de la signification comme «usage» n'est rement fausse mais seulement unilatérale. avec La conception de la référence esquissée ici s'accorde les ale génér règle qu'en nt les principes de Boyd qui veule qu'en nt; réfère tie abou e tifiqu termes dans une théorie scien ie s~nt règle générale les lois ~'une théorie scie~tif~~ue about l~s pnnse, mver 1 A . 1973) d, (Boy s vra1e approximativement bes?m pour cipes de Boyd sont exactement ce dont nous avo~s ~1~ue, .les justifier notre affirmation que, ~ans 1,~ cas p~arad1gm: . B1en v~r~te la phrases acceptées convergent JUsqu ~ refl.eter s~r ques empm ~ matwn sûr, les principes de Boyd sont des affir s sucee le t quen exph qu'ils la science; comme Boyd, j'estime leur que et thèse hypo . autre toute de la science mieux que une bonn~ acceptation implicite par les scientifi~ues ex~liq~~ ue (ce qm t1f1~ sc1en ue, ~rauq la ~ans atif part de ce qui est norm nulle;> ~ese hyp?t « 1 ~e t~on accep 1 lle laque est la raison pour empime reahs du de 1' instrumentalisme est une solutwn n vale è~~ premi la de rique qui n'est pas bonne). Parmi les ~ri~~ipes he est e .Dout .du 1ce partie de cet article, le Principe du ~enef . ~oyd ~e pes pnnc1 aux e d'une manière particulièrement étrmt en~e refer la ~e ptwn conce la que Cependant, je ne crois pas ce. r~apph présentée ici se limite à l'institution de la SCien refer~nce la de le causa ent alem génér ption querais une conce t a de tenan également aux termes moraux et aux termes appar nombreux autres domaines de la vie.
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liens Au fur et à mesure que le langage se développe, les des et ge langa du causaux et non causaux entre des morceaux s. varié plus et aspects du mon?e de~iennent plus complexes e pensé la ou mot le entre Re~he~cher un hen umforme unique mais lte; 'occu 1 rcher reche est et~ Objet du ~ot ou de la pensée expan~01r n?tre notwn de référence, en développement et en uer manq est ère prolif qui le famil une e swn, sunplement comm é. L'essence 1'essence de la relation entre le langage et la réalit spondent de cette r~lation est ~ue le~ la~~age et la pensée corre certaine une dans asymptotiquement a la realite, au moins de la ie théor une est mesure. Une théorie de la référence ion. quest en ance spond corre s posi. . Peirce, et ses successeurs adeptes de conception sophie philo e bonn e qu'un ient pensa tivistes et thérapeu~iqu~s, problèmes du ~~gage pourrmt fa1re la lumière sur tous les erreur leur er répét serait Ce e. sophi philo la de traditionnels la que en part~nt d '~un. point de vue différent que d'affirmer le sopha philo pierre conceptwn reahste de la référence était la j'affirme. (ou.m.~me.le solvant universel). Ce n'est pas ce que de sens e dénué pas n'est Ma1s J affirme que cette conception un~ c'est pie, théra eure meill et ~qu.e ce q~i est vraiment la theone sensee du monde.
BOYD R., « Reali~m and Scientific Epistemolog of Philosophy LXIX FIELD H., « Tarskt 's Theory ofTruth »,Journal ' '
y »,inédit, 1973.
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KUHN T. S., « Secon
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96 SC=~i=~cience and Subjec~vity, Indi":~~~·,! ;~urnal SELLARS W., «Truth and correspon ,
of
w. V. QUINE SUR LES SYSTÈMES DU MONDE EMPIRIQUEMENT ÉQUIVALENTS
Philosophy,LIX, 1962:P· 29 -55 · · XVI 1963 p.627-71. _ « AbstractEntities :>,Re~zew ofMetap;y~:c~hilos~phy, 'LXI, 1964, -«Notes on Intent10nahty», Journa O; -«
J~ 61~~~;~ct Entities in SemanticsS»' llin IplÎAÎ ~~~~lpp (éd.), The
· h .+R dolph Carnap, La a e, ., · Phzlosop yo; u fT hinFormalizedLanguages»,Logzc, TARSKIA.,«TheConcepto rut . New York, 1951,p.152-278. Semantics and Metamathematz~~hout Substrata », Review of WILSON N. L., «Substances Wl 9 Metaphysics,XII, 1959,p.521-53 ·
PRÉSENTATION Sophie Hutin et Sandra Laugier
W. V. Quine (1908-2000) est à la fois héritier et pourfendeur de 1' empirisme logique («L'épistémologie naturalisée», p. 36),. en particulier celui qui est incarné par son maître Rudolf Carnap. Dans l'article «Deux dogmes de l' empirisme» (1951) 1, en rejetant le dogme empiriste de 1' analyticité et du réductionnisme, il formule les thèses fameuses du holisme et de la sous-détermination, sous une forme radicale : une mise en cause de l'idée de contenu empirique d'un énoncé individuel, et de l'idée d'une adéquation entre l'expérience et le schème conceptuel de la science. Cette radicalité a conduit de nombreux commentateurs et critiques à faire de Quine un adepte du conventionnalisme, en fonction du pragmatisme proclamé à la fin de 1' article :
1. rétée, est vraie ou vise à être vraie. La seconde soutient que le langage de la science devrait être interprété de manière littérale, mais que ses théories n'ont pas à être vraies pour être bonnes. L' anti-réalisme que je défends appartient à la seconde catégorie.
II Quand Newton rédigea ses Principes mathématiques de philosophie naturelle et son Système du monde, il distingua soigneusement les phénomènes qui devaient être sauvés et la réalité qu'il postulait. Il distingua les « grandeurs absolues »
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qui apparaissent dans ses axiomes et leurs «mesures sensibles » qui sont déterminées expérimentalement. Il discuta soigneusement· la manière dont (et le degré auquel) «les mouvements vrais des corps particuliers [peuvent être déterminés] à partir des apparents », au moyen de 1' assertion selon laquelle «les mouvements apparents . . . sont les différences des mouvements vrais » 1. Les «mouvements apparents » forment des structures relationnelles qui sont définies en mesurant des distances relatives, des intervalles temporels, et des angles de séparation; Pour faire bref, nommons apparences ces structures rela. tionnelles. Dans le modèle mathématique fourni par la théorie de Ne~ton, les corps sont situés dans l'espace absolu, .dans lequel Ils ont des mouvements réels ou absolus. Mais·à l'intérieur de ces· modèles nous pouvons définir des structures conçues pour être des reflets exacts .de ces apparences et qui sont, comme le dit Newton, identifiables en tant que différences entre des mouvements .vrais. Ces structures, définies en termes de r~lations pertinentes entre lieux absolus et temps absolus, qm sont les parties appropriées des modèles de Newton, je les appellerai des mouvements, en empruntant la terminologie de Simon (1954). ~ua~d .Newt?n revendique l'adéquation empiri que pour sa theone, d soutient que sa théorie a un modèle tel que toutes les apparences effectives sont identifiables (isomorphes) à des mouvements dans ce modèle. La théorie de Newton va beaucoup plus loin. Cela fait partie de sa théorie qu'il y a quelque chose comme l'espace absolu, que le mouvement absolu est un mouvement relatif à 1' espace absolu, que l'accélération absolue cause certaines tensions et certains efforts, et par làdes déformations dan~ les a~p.arences, etc. En outre, il avança l'hypothèse (c'est lui qui utlhse ce mot) selon laquelle le centre de gravité du système 1. Newton 1990, t.l, p. 15 (trad. modif.).
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solaire est au repos dans l'espace absolu. Mais, comme ille nota lui-même, les apparences ne seraient pas différentes si ce centre se trouvait dans n'importe quel autre état de mouvement absolu constant. Désignons par TN la théorie de Newton (mécanique et gravitation), et par TN(v) la théorie TN plus .le postulat .selon lequel le centre de gravité du système s~la~re a une v1tess~ absolue constante. D'après la propre descnpt10n de Newton, Il revendique l'adéquation empirique pour TN(O); et il soutient également que si .TN(O) est empiriquement adéquate, alors toutes les théories TN(v) le sont. Si on se rappelle ce qu'est revendiquer 1' adéquation empirique, nous voyons que toutes les théories TN(v) sont empiriquement équivalentes exactement si tous les mouvements dans un modèle de TN(v) sont isomorphes aux mouvements dans un modèle TN(v+w ), pour toutes vitesses v et w constantes. Pour le moment, accordons que ces théories sont empiriquement équivalentes, en renvoyant les objections à une section ultérieure. III
Qu'est-ce exactement que le «contenu empirique» de TN(O)? Fixons notre attention sur un philosophe fictif ~t anachronique, Leibniz, dont le seul désaccord avec la théone de Newton est qu'il ne croit pas à l'existence de l'espace absolu. En conséquence, il ne peut évidemment attacher aucune « signification physique» à des énoncés portant sur le mouvement absolu. Leibniz croit, comme Newton, que TN(O) est empiriquement adéquate; mais non q~' e!le est. vrai~. Pour être bref, disons que Leibniz accepte la theone, mms qu 11 ne la croit pas; lorsqu'il y a risque de confusion, nous pouvons développer cette expression et dire qu'il accepte la théorie
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com_me e"!piriquement adéquate, mais ne croit pas qu'elle soit vraze. Mms alors, que croit Leibniz? Leibniz croit que TN(O) est empiriquement adéquate, et donc, de manière équivalente, que toutes les théories TN(v) sont empiriquement adéquates. Pourtant on ne peut identifier la théorie que soutient Leibniz à propos du monde -nommons-la TNE- avec la partie commune à toutes les théories TN(v ). Car chacune des théories TN(v) a des conséquences telles que les suivantes: la terre a une certaine vitesse absolue et 1' espace absolu existe. Dans chaque modèle de chaque théorie TN(v) on va trouver quelque chose d'autre que des mouvements, et voilà le hic. Croire une théorie, c'est croire que l'un de ses modèles représente correctement le monde. Une théorie peut avoir des modèles isomorphes; on supprime aisément cette redondance. Si on l'a supprimée, alors croire la théorie, c'est croire qu'un de ses modèles, et un seul, représente correctement le monde. Par conséquent, si nous croyons à propos d'une famille de théories qu'elles sont toutes empiriquement adéquates, mais que chacune d'elles va au-delà des phénomènes, alors nous sommes encore libres de croire que chacune d'elles est fausse, et donc que la partie qu'elles ont en commun est fausse. Car cette partie commune est exprimable ainsi : 1' un des modèles de 1'une de ces théories représente correctement le monde. IV
. On pe~t ~bjecter que des théories paraîtront empinquement eqmvalentes uniquement tant qu'on ne prendra pas en considération leurs extensions possibles!. L'équivalence peut généralement, voire toujours, disparaître quand nous considérons leurs implications pour un autre domaine 1. VoirparexempleBoyd 1973.
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d'application. L'exemple usuel est celui du mou~em~~,t brownien· mais il n'est pas concluant, car on savart deJa que les thermodynamiques phénoménologique et statistiq~e étaient en désaccord, pour des périodes de temps suffisamment longues, même à propos des phénomènes macroscopiques. Mais il y a un bon exemple, qui e~t fi~tif: 1~ combinaison de 1'électromagnétisme avec la mecamque, s1 nous ignorons les résultats nuls, inattendus, qui menèrent au remplacement de la mécanique classique. La théorie de Maxwell ne fut pas développée comme une partie de la mécanique, mais elle avait des modèles ~éca: niques. Cela découle d'un résultat de Konig, que, Pom~a:~ expose en détail, ~ntre autr~s, ?ans 1~ préf~ce de son El~ctrtc~t: et Optique. , Mars la theone presentait une p~tlculante nouvelle et étrange: la vitesse elle-même, et non simplement sa dérivée, apparaît dans les équations. On mit au point.toute une série d'expériences de pensée pour mesurer la vitesse absolue; la plus simple fut peut-être celle de Poincaré : Supposons deux corps électrisés; bien qu'ils nous semblent en repos, ils sont l'un et l'autre ehtraîh~s par le mouvement de la Terre;( ... ) [ils] équivaudront donc à deux courants parallèles et de même sens et ces deux courants devront s'attirer. En mesurant cette attraction, nous mesurerons la vitesse de la Terre; non pas sa vitesse par rapport au soleil ou aux étoiles fixes, mais sa vitesseabsolue(l970, p.132). 1
Le résultat nul délivré par toutes les expériences de cette sorte conduisit au remplacement de la mécanique classique par la mécanique relativiste. Mais suppos~ns que l'on ait effectivement trouvé des valeurs pour les ,vitesses .absolues; spécifiquement pour celle du centre du systeme s?la1re. Alors, sûrement, l'une des théories TN(v) serait confirmée, et les · · autres falsifiées ? 1. Poincaré, La valeur de la science, Flammarion, Paris, 1970.
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Ce raisonnement est fallacieux. Newton faisait la distinction entre mouvements vrais et apparents sans présupposer da;~tage que la méca.nique élémentaire dans laquelle ies theones de Maxwell avawnt des modèles. Chaque mouvement dans un modèle de TN(v) est isomorphe à un autre mouvement d~ns un modèle quelconque de TN(v+w ), pour toutes les v1te~s~s constant.es v et w. Cette affirmation d'équivalence emp1nque pouvat t-elle être remise en cause par ces réflexions du dix-neuvième siècle? La réponse est non. L'expérience de pensée, on peut l'imaginer, confirma la théorie qui ajoutait à TNl'hypothèse: HO. Le centre de gravité du système solaire e$t au repos absolu. EO. Deux corps électrisés se déplaçant à la vitesse absolue · vs' attirent mutuellement avec la force F(v ). Cette théorie a une conséquence portant strictement sur les apparences : CON. Deux corps électrisés se déplaçant à la vitesse v relative au centre de gravité du système solaire s'attirent mutuellement avec la force F(v). On peut cependant obtenir cette même conséquence en ajoutant à TNles deux hypothèses suivantes en lieu et place des précédentes : Hw. Le centre de gravité du système solaire a la vitesse . absoluew. absolue Ew. Deux corps électrisés se déplaçant à la vitesse v+ w s'attirent mutuellement avec la force F(v). Plus généralement, pour chaque théorie TN(v) il y a une théorie électromagnétique E(v) telle que E(O) est celle de Maxwell et que toutes les théories combinées TN(v) plus E(v) sont empiriquement équivalentes. Il n'y a rien d'original dans cette observation dont Poincaré ~is.cu~e- l'~quivalent immédiatement après 1~ passage que J at ctte ct-dessus. On n'a besoin, semble-t-il, que d'exemples familiers, mais correctement énoncés, pour
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monter que les concepts d'adéquation empirique et d' équivalence sont praticables. Dans le reste de cet article, j'essaierai de généraliser ces considérations, tout en montrant que les tentatives pour expliquer syntaxiquement ces concepts ne pouvaient que les réduire à l'absurde.
- ou presque. Car une théorie T peut subir une modification s~mple ou é~identequi soit empiriquement adéquate, alors qu'il n en sera nen pour une autre théorie empiriquement équivalente à T. La supériorité de la mécanique céleste de Newton sur la variante proposée par Brian Ellis peut en fournir un exemple; Ellis (1965) semble lui -même être de cet avis. II s'agit d'un~ supériorité pragmatique, qui ne saurait suggérer que les théones, ~mpiri.quement équivalentes au sens ici exposé, peuvent neanmoms avoir un contenu empirique différent.
v L'idée que des théories puissent avoir des vertus cachées en permettant des extensions réussies à de nouveaux types de phénomènes est trop belle pour être abandonnée. Et ce n'est pas une idée très neuve. Dans la première leçon de son Cours de philosophie positive, Comte fait référence à la théorie de la chaleur de Fourier pour montrer l'inanité du débat entre partisans du calorique et de la théorie cinétique. Les exemples qui illustrent une équivalence empirique ont malheureusement tendance à dater; la théorie du calorique a perdu. Federico Enriques semble mettre le doigt sur la raison exacte de cette tendance quand il écrit: «les hypothèses qui sont indifférentes dans la sphère limitée des théories actuelles deviennent significatives du point de vue de leur possible extension» 1• Pour évaluer ce qu'il suggère par là, il nous faut demander ce qu'est exactement 1' extension d'une théorie. Supposons que des expériences aient réellement confirmé la théorie combinée TN( 0) plus E(0). Dans ce cas la mécanique aurait remporté une victoire. L'affirmation selon laquelle TN (0) était empiriquement adéquate aurait été confirmée par les faits. Mais des extensions victorieuses comme celle-ci ne pourraient avantager une théorie au détriment de l'un de ses équivalents empiriques. Par conséquent, si l'idée d'Enriques est correcte, il doit y avoir une autre sorte d'extension, qui est réellement une défaite 1. Enriques, 1929, p. 230.
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VI Nous n'avons toujours pas de conception générale de 1' adéquation et ?e l'équivalence empiriques. C'est ici que l'approche syntaxtque a échoué de la manière la plus flagrante. Elle concevait une théorie comme étant identifiable à 1' ensemble de ses théorèmes dans un langage déterminé. Ce langage dispose d'un vocabulaire, divisé en deux classes, les termes observationnels. et les termes théoriques. Soit Ela première classe; on soutenatt alors que le contenu empirique de la théorie Tétait sa sous-théorie T/E, c'est-à-dire les théorèmes exprimables dans ce sous-vocabulaire. Tet T' étaient déclarées empiriquement équivalentes si TIE était identique à T'lE. On souleva des questions évidentes, qui furent résolues. Craig montra que, sous certaines conditions, TIE est axiomatisable dans le vocabulaire E. Les logiciens attachèrent de 1'importance à des questions concernant les vocabulaires ~estreints, et cela suffit apparemment à les rendre également Importants aux yeux des philosophes. La distinction entre term~s observationnels et théoriques était plus discutable, et certruns transformèrent cette division en termes« anciens» et
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«récemment introduits » 1• Mais .. tout cela est erroné. Le contenu. empirique ne· peut être isolé de cette man~èr.e syntaxique. Si une telle chose était possible, alors TIE d1~a1t exactement ce que dit T à propos de l'observable, et ~en d'autre. Mais songez que la théorie quantiqu~, dans sa v~rswn de.Copenhague, dit qu'il y a des choses qm ont ~arfms u~e position dans l'espace et parfois non. Cette ~onsequenc~e, ~e viens de 1' énoncer sans utiliser de termes théonques.-La theone TN de Newton implique qu'il y a quelque chose (à savoir l'espace absolu) qui n'a pas de position et n'occupe aucun volume. Tant que les entités inobservables diffèreront systé~a tiquement des entités observables eu égard à ~e~ c~actér,ts tiques observables, TIEdira qu'il y a de telles ~n~1tes s1 Tle d1~. La théorie réduite T/E n'est pas une descnptlon de la partie observable du m~nde de T; c'est plutôt une version boiteuse et entravée de la description parT de toute chose. Cela se pa~se aussi mal .pour l'équivalence empirique. Dans la sectwn II, TN(O) et TNE doiven{être empiriquement équivalentes, mais la remarque ci-dessus à. propos de TN m~n~e::rq~e TN(O)IE n'est pas TNEIE. Pour éliminer de telles d1ff1cultes, on s'attacha aux extensions des. théories, en tentant de redéfinir l'équivalence empirique 2• Mais ces extensions ont des . conséquences absurdes similaires. La pire conséquence de 1' approche synta~1que .fut certainement la manière dont elle dirigea 1' attentwn philosophique sur des problèmes techniques. non pertine~ts. Les expressions «objet théorique» et «prédicat observatwnnel »
m~ni~estent de.s erreurs de catégorie. Les termes peuvent être
1. Par exemple Lewis 1970. Cet article n'est pas vu)nérable aux critiques que je formule ici; au contraire, il fo~mit des ra}so~s indépend~ntes de conclure . que le contenu empirique d'une théone ne peut etre 1solé syntaxtquement. 2. Voir Boyd 1973: Nous pourrions dire que l'article de Boyd, comme celm de Lewis 1970, nous fournit une preuve indépen~ante de ce que 1~ contenu empirique ne peut être isolé syntaxiquement. Mats Bo_Yd conc.l~t egalement qu'il ne peut y avoir de distinction entre vérité et adéquation empmque pour les théories scientifiques.
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theonqu~s, mats ~. On fmt la ~lst!n,ctlon entre voir une émission diffusée en dtrect ou en dtffere. On peut. se livrer à de~ distinctions sans fin grâce ,à u~e. grande variété d'adverbes, d'adjectifs, et même de prepos1t1ons. J.e pense qu'il ne peut y avoir aucune confusion quand on d1t qu'on voit avec un microscope.
LE RÉALISME SCIENTIFIQUE
Quand une image est une carte des interactions entre l'échantillon et l'image produite par le rayonnement, et que c'est une bonne carte, alors nous voyons avec un micr~sc~pe. Qu'est-ce qu'une bonne carte? Une fois supprimés, ~u neg~tgés les aberrations ou les artefacts, une structure de 1 ech~ntlllo.n devrait figurer sur la carte selon un en~emb~e de r~latwns bt: ou tridimensionnelles essentiellement tdenttques a celles qm · . .. ? existent réellement dans l'échantillon. , . Cela a-t-il une incidence sur le realisme sctentlftque. Commençons par indiquer clairement que ce ne peut être qu'une incidence modeste. Mon raisonnement ici ne P?rte même pas sur la réalité des objets e~ des struc~ures ·qu~ ne peuvent être discernés que par ~n ffilC~o~cope _electromque (cela nécessiterait un autre article). J a1 parle surtout de
EST-CE QU'ON VOIT À TRAVERS UN MICROSCOPE?
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microscopie optique. Imaginons maintenant un lecteur qui, au départ, .serait sensib~e aux thèses de Van Fraassen, et qui pensermt que les objets que l'on ne peut voir qu'avec des microscopes optiques ne peuvent pas être considérés comme o~servables. c~ lecteur pourrait changer d'avis, et accepter d mclure ces objets dans la classe des entités observables. Cela ne menacerait en rien les principales positions philosophiques · , anti-réalistes de Van Fraassen. voyon.s nous que Mais si ~ous arrivons à la conclusion avec les ffilcroscopes optiques, s'ensuit-il que les objets que nous déclarons voir sont réels? Non, dans la mesure où j'ai seulement dit que nous ne devrions pas rester enlisés dans 1' ornière positiviste-phénoménologique du dix-neuvième siècle et que nous devrions nous autoriser à dire qu'on voit avec un microscope. Pareille recommandation manifeste un sol~de attachement au réalisme en matière de microscopie, mats constitue une pétition de principe qui élude le problème. On le v~it clairement dans les propos optimistes que j'ai cités en phystque des hautes énergies, affirmant qu'on a vu des neutrinos électroniques, des deutérons, et ainsi de suite; Le physicien est un réaliste, lui aussi, et ille montre en employant le ~ot voir, mais cet emploi n'est pas un argument qui prouve l'existence des deutérons .. C'est peut-être l'une des raisons du scepticisme des philosophes à 1' égard de la suggestion du Dr. Parakh, qui dit qu'on peut être converti au réalisme simplement par les progrès de la microscopie. , La microscopie élude-t-elle la question du réalisme? Non. A y regarder de plus près, l'idée de Parakh est juste. Nous sommes vraiment convaincus de la réalité des structu~es que nous observons à 1' aide de différents types de microscopes. Cette conviction vient en partie de ce que nous avons réussi à supprimer systématiquement aberrations et artefacts. Ce n'était pas le cas en 1800. Bichat avait banni le microscope ~~ ses salles d.e dissections parce que 1' on ne pouvait pas, à 1 epoque, confirmer que les structures que 1' on observait exis-
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IANHACKING
taient vraiment dans l'échantillon. Aujourd'hui, nous nous sommes à peu près complètement débarrassés des aberrations, nous avons supprimé beaucoup d'artefacts, nous avons appris à en négliger d'autres, et nous sommes toujours sur nos gardes pour éviter de nous laisser abuser. Nous sommes convaincus de la réalité des structures que nous semblons voir parce que nous pouvons intervenir physiquement sur elle, par des microinjections par exemple. Nous en sommes convaincus parce que des instruments exploitant des principes physiques entièrement différents nous amènent à observer des structures pratiquement identiques dans le même échantillon. Nous sommes convaincus parce que nous comprenons clairement la plupart des théories et procédés physiques utilisés pour construire les instruments qui nous permettent de voir, mais cette conviction théorique ne joue qu'un rôle relativement faible. Nous sommes convaincus davantage en constatant les extraordinaires recoupements avec la biochimie, qui confirme que les structures distinguées au microscope sont également distinctes du point de vue de leurs propriétés chimiques. Nous sommes convaincus, non pas par une théorie sur la cellule qui aurait un fort pouvoir déductif - il n'en existe aucune - mais à cause de l'enchaînement d'un grand nombre de généralisations de bas niveau qui nous donnent la capacité de contrôler et de créer des phénomènes dans le microscope. En bref, nous apprenons à nous mouvoir dans le monde microscopique. Berkeley n'a peut-être pas dit tout ce qu'il y a à savoir sur la vision binoculaire en trois dimensions chez l'enfant, dans son Essai sur une nouvelle théorie de la vision, mais assurément, il décrit bien ce qui se passe quand nous pénétrons dans ces nouveaux mondes à l'intérieur des mondes que nous révèle le microscope.
THOMASKUHN
COMMENSURABILITÉ, COMPARABILITÉ ' COMMUNICABILITÉ
PRÉSENTATION Miguel Coelho
. Les écrit~s de !homas Kuhn (1922-1996) ont exercé une ~~?uence determmante sur 1' épistémologie du vingtième stecle, .et on~ notamment inspiré l'un de ses courants majeurs: la . so~t?logte des sciences. La Structure des Révolutions
sczentiJ!~u.es (1962) rompt avec la philosophie des sciences du poslttvtsm~ logique, qui mettait l'accent sur l'analyse de 1~. f~rme .logtque . des énoncés et des raisonnements et s mteressatt aux cntères de rationalité scientifique (Carnap He~~el).; ell~ rompt. tout autant avec la méthodologie d~ falstf~cationmsm~, qm s~ proposait d, apporter une réponse au probleme de la de~arcatwn entre la science et la non-science (Popp~r); elle, at~~tbue un rôle décisif à l'histoire des sciences elle-meme et ~ 1 etude de sa dynamique, source de rationalité par la productiOn de consensus au sein d'une communauté d sava~ts et, ~u se~n d'un paradigme théorique à un momen~ donne de 1 evolutiOn de la pensée scientifique.
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» « Commensurabilité, Comparabilité, Communicabilité de pagné accom publié été a Il est un texte de 1982. est commentaires de P. Kitcher et de M. Hesse. Cet article an~ , Truth n, Reaso de ation public la de donc contemporain ~e~at~ History de H. Putnam, dont un chapi~re consacré au. te. A urabih mens mcom 1' de enne kuhni thèse la ue critiq visme la de thèses nes la même époque, Kuhn approfondit certai are What « (dans s Structure des révolutions scientifique Hempel Scientific Revolutions?», 1981 ), polémique avec Theory and nality Ratio « ( es scienc et la méthodologie des r l'im~o en~ iellem essent alors ne soulig Choice », 1983). Il tions revolu les : ) (1981 es scienc les dans ogie tance de l'anal nts de scientifiques se présentent comme des déplaceme ple de l'exem réseaux de relations et d'analogies. Kuhn y prend nne. télicie aristo que la mécanique newtonienne et de la physi urable .I?ens incom est te Le concept de mouvement chez Aristo est a?aau concept de mouvement chez Newton : le prem1er ou a la t, lescen conva un chez ie malad logue au devenir d'une ce ment totale t exclu d ~econ le t; vivan .être un croissance chez et ~ns type de comparaison. Ce sont donc des réseaux de relati q~es physi d'analogies différents qui rendent les concepts d a la incommensurables d'une théorie à 1' autre. Kuhn se défen d'i.rra ti~ns accusa les même époque (article de 1983) contre twns revolu des ture Struc la de tionnalisme portées à 1' encontre conféscientifiques. En somme, cette série d'articles et de malen de re nomb n certai un er corrig à rences est destinée .à re, tendus sur le point de vue exprimé dans l'œuv~e majeu depms faire le bilan de 1' évolution de la pensée kuhmenne i~com 1' de 1962, à répondre aux objections contre la thèse son. David et m Putna mensurabilité, notamment formulées par
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Voici la liste des principales publications de Kuhn : , 1957: The CopernicanRevolution rtific 1962 : Première édition de The Structure of Scie11 de ce postfa une avec 1970, en n éditio ième Revolutions; Deux · l'auteur. . 1977 : The Essential Tension, recueil d'articles nti~uity Disco 1978: Black-Body Theory and The Quantum (1894-1912) 2000: The Roadsince Structure, recueil d'articles. La conférence de 1982 estdonc postérieure de vingtans'à e de Ia Structure des révolutions scientifiques. Il n'est pas inutil .• de avant ge· revenir sur les principaux aspects de cet ouvra par prises tra,c~r u?e esqui~se des nouvelles orientations cette la reflexiOn kuhmenne depuis lors, et notamment dans conférence. ifiques, , . D' ~près Ia ~tructure des révolutions scient science cycle un selon ule s'artic es l histOire des scienc , résoifique scient ution /révol gique molo no~male/crise. épisté ale. norm e scienc lle nouve d'une tion fonda et cnse la lutiOn de té activi 1' de La science normale définit proprement une norme la de t· dépar de sc~ehtifique : po~r autant, elle est le point tt eriçar comm en e, logiqu scwnce et son pomt d'aboutissement la à . ience pré-sc la de opère le cycle par le passage qu'elle ratiori s:ience. La ~cience normale est caractérisée par l'appa ainsi a (on es facett ples multi aux terme d un paradzgme, la dans terme ce de ns icatio signif deux vingtpu recenser 1 ble ensem ùn à Structure ! ), mais qui correspond, au total, comde canons de rationalité scientifique par lesquels une des p cham le des, muna,uté de savan~s, définit «les métho 1982, , Kuhn dans (cité » on problemes, et les cnteres de soluti est donc note ~) pour ~a .rec~erche. La rationalité scientifique ême. elle-m es scienc des re histOi parI prodmte 1. Cf. Kuhn, Structure, trad. fr. p. 247.
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Cette thèse pose, bien sûr, le problème du rel:tivi~me, soulevé, entre autres, par Putnam 1 et par Davi~son , ~m ont reproché à Kuhn de réduire la ratio~nalit~ a~x chmx,c~ntl~gents d'une communauté scientifique determmee dans 1 his~mre des sciences. Les normes de rationalité seraient ~~rs relatl;es et la discussion rationnelle des théories entre differentes epoques serait bannie. Le problème est particulièremen.t aigu lorsqu'au chapitre 9, Kuhn élargit le concep~ de para~Igme au champ même de l'observation et des donnees sensonelles, au moyen de l'analogie avec la vision. Le paradigme struct~r~ notre vision de la réalité, de sorte que non seuleme~t Gahlee et le physicien aristotélicien ne disposent pas des men:es conc~pts théoriques pour appréhender cette réalité, mais Ils ne votent littéralement pas la,même chose lorsqu'ils regardent l'un et l'autre un pendule. Le premier ~oit un m?uve~en~ proche du mouvement inertiel et qui tend a se perpetuer la ou le second voit une chute entravée. C'est ce qui justifie la thèse de l'incommensurabilité: des paradigmes différents ne peuvent être confrontés entre eux en vue de les évaluer respectivement du point de vue de leur valeur de vérité. Ce qui fait défaut, c'est un système de règles et de concepts en commun. Le passage d'un paradigme à un autre est donc moins de l'ordre de la discussion rationnelle et de la persuasion que de l' o~dr~ ~e la conversion. En d'autres termes, la révolution scientifique réalise un Gestaltswitch, un «changement d' aspec~ » comp~ rable à l'exemple du canard-lapin emprunté p~ Wlttge~stem aux expériences de psychologie de la perceptwn : u~e Ima~e ambiguë qui nous présente tantôt l'aspect d'u~ lapm, ta~tot celui d'un canard, mais où il est impossible de vmr les deux~ la fois. Les paradigmes sont, de même, mutuellement exclusifs. 1. H. Putnam, Raison, Vérité et Histoire, trad. fr., Paris, Minuit, 1984, chap. 5. . E Ates 2. D. Davidson, «Sur l'idée même de schème conceptue1», m nque sur la Vérité et 1'Interprétation, trad. fr., 1993.
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C'est ce qui conduit Kuhn à formuler la notion des paradigmes en termes de « mondes différents » : .. .les changements de paradigmes font que les scientifiques, dans le domaine de leurs recherches, voient tout d'un autre Œil. Dans la mesure où ils n'ont accès au monde qu'à traversee qu'ils voient et font, nous pouvons être amenés à dire qu'après une révolution, les scientifiques réagissent à un monde différent (trad. fr. de 1983, «Champs», Flammarion, p.157); ... après une révolution, les scientifiques travaillent dans un monde différent. (lbid,p.I88).
En 1982, Kuhn entend répondre aux soupçons d'irrationnalisme ou de relativisme qui pèsent sur 1' interprétation de la Structure. Davidson et Putnam mettent l'accent, dans leurs objections, sur le làngage et la discussion rationnelle, soit en tant qu'ils contiennent des normes épistémiques et des valeurs constitutives d'objectivité et non réductibles à une communauté particulière (Putnam), soit qu'ils autorisent des procédures d'interprétation au moyen d'un Principe de Charité, procédures sans lesquelles nos énoncés les plus factuels seraient impossibles, et qui constituent un fond de croyances partagé par les interlocuteurs. De manière significative, Kuhn répond à ces diverses objections sur le terrain où elles situent le débat, et doit donc s'intéresser à la question du langage et des langues naturelles. Pour ce faire, 1' analogie entre paradigmes et langages est ici nettement accentuée. Les pàradigmes semblent fonctionner comme des langages différents, plus précisément, des langues naturelles différentes (mais Kuhn n'estpas exempt d'ambiguïté sur ce point). L'enjeu posé par le défi davidsonien est le suivant: si les paradigmes sont comme des langues naturelles différentes, ne pourrait-on pas disposer d'une technique d'interprétation pour comparer les paradigmes entre eux et les rendre traductibles l'un par l'autre? Kitcher, quant à lui, pense qu'il est possible de traduire certains concepts désuets de la théorie newtonienne par des
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termes de .la physique contemporaine, éventuellement en recourant à des procédés elliptiques. · Dans un premier temps, Kuhn présente une défens e de la thèse de l'incommensurabilité, en proposant l'idée d'une incommensurabilité locale : Les théories incommensurables partagent une majeure partie de concepts, à l'exception d'un groupe plus ou moins restreint de concepts qm les rend intraductibles en raison de leur importance stratégique dans le réseau de relations qu'elles établissent ·entre les objets du monde. Kuhn revient ensuite sur ce point, qu'il illustre par des cas.d' ambiguïté dans les langues naturelles, dans l'exemple de l'adjectif français doux/douce, qui structure le monde d'une manière incommensurable à 1' anglais. Il s'agit en 1' occurrence d'un point «nodal>~ occupant une place stratégique dans un réseau de relations par lequel le langage «découpe» le monde . Ces réseaux ne, se superposent pas . nécessairement d'une langue à l'autre, leurs sytèmes de relations se déplacent d'une langue à l'autre. . Ensuite Kuhn relève une ambiguïté dans la notiOn d' interprét~tion, héritée du modèle de la traduction radic~ le, envisagée.par Quine dans Le Mot et la chose. Il y est ~u~st~ on d'un traducteur égaré au sein d'une communauté md1ge ne dont la langue ne présente aucup.e caractéristique en comm un . avec la sienne et ne disposant pour traduire cette langue que de 1 1' observation du comportement des indigènes ~t d'énon cés du type «gavagaï» proférés en présence d'un objet observé en commun. Le traducteur doit alors recourir à un «manuel de traduction quinien » fictif, c'est-à-dire un ensemble d'hyp othèses par lequel il projettera un certain n~mbre de prés.up posés ontologiques sur la langue en q~e~t1?n. Pour Q~me, toute traduction relève en ce sens d'un mevltable « t(Spnt de clocher». Kuhn distingue ici deux procédés un peu différents : l'interprétation, d'une part, est cette procédure~ar ~a~uelle le linguiste s'immerge directement dans la langu.e md1gene ~our l'acquérir de la même façon qu'un enfant qm apprendrait sa
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langue; la traduction est la tentative, d'autre part, de confronter une langue à une autre en vue de produire un texte· dans la langue du traducteur. La première offre à un scientifique d'aujourd'hui la possibilité de comprendre une théorie du passé en l'absence d'un manuel de traduction. Mais s'immerger dans une théorie du passé ne signifie évidemment pas qu'on ~a rende c.o.mmensurable à la physique contem porajne. C'est a la condltwn seulement de retrouver le réseau de relatio ns signifiantes et d'analogies tombé en désuétude qu'on peut r~trouver la m~îtri~e d'une technique, d'un savoir , d'une langue d~sparus. Un lmgmste peut devenir bilingue, il ne supprime pas 1' mcomrriensurabilité de deux langues pour autant. · Ce que Kuhn met en doute, néanmoins, c'est la pertinence d'une sémantique ·référentielle pour la compréhension des théories scientifiques. Le modèle quinien dela traduction radicale, qu'il dénonce, pose un défi que Davidson tente de releve r au moyen de la théorie de la vérité de Tarski, en proposant tine méthode d'interprétation des énoncés d'une langue nature lle par un Principe de Charité qui rende vraies la majorité des croyances partagées par les interlocuteurs. Ce modèle illusite bien la prédominance du problème de la détermination d~' la référence dans la philosophie du langage de la secoride moitié du .vingtième ~iècle. !> Illustre le matériau inintelligible dont il part. En observant le comportement et les circonstances qui entourent la production ?u te~t~, e~ en supposant tout au long qu'un sens pertinent.peut ~tre tir~ .d un c~mportement qui se présente comme linguistique, 1 mterprete cherche ce sens, s'efforce d'inventer des hypothèses, comme« gavagaï »signifie« tiens , un lapin», qui r~nd~nt 1' én~~cé ou 1' inscription ·intel ligible. S!l' interprète r~ussit, ce, qu Il ou elle a accompli en premier lieu e,~t 1' apprentissage d une nouvelle langue, peut-être la langue dont « gavagaï »est un terme, ou peut-être une version antérieure de la propre langue de l'interprète, une langue dans laquelle des termes encore en vigueur comme « force » et « masse » ou «élément» et «composé» fonctionnaient diffé remment. La question de savoir si cette langue peut être tradu ite dans celle avec laquelle le traducteur a commencé est une question 1. [N.d.T.] Sur« gavagai »,Quine et le problème de la traduction radicale cf. par exemple Quine, Le Mot et la chose, op. cit., chap. 2. '
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ouverte. Acquérir une nouvelle langue n'est pas la ~êm~ chose que traduire celle-ci dans notre propr~ langue. La reussite dans le premier cas n'implique pas la réus~Ite dans le s~cond. C'est précisément en rapport a ces prob lemes que l~s exemples de Quine sont immanquable~ent trompe~rs, ca~ Ils confondent interprétation et traductwn. Pour mterpreter l'énoncé « gavagai », il n'est pas nécessair e que l' a?t?rop.ologue imaginaire de Quine vienn~ d'une co~m unaute lm~m~ tique qui ait connaissance des lapms et poss ede un m?t qm s Y réfère. Au lieu de trouver un terme correspo nd~~t a «gavagai», l'interprète/anthropologue pourrait ac~uenr le. terme indigène en grande paitie de la même façon qu 11 a acqms, dans 1 une période antérieure, certains termes de sa propre langue • L' anthropologu~ ou interprète, en d'aut res ter~es, peu~ apprendre et apprend souve?t ~ r~connaîtr e ~es creatures ~Ul font dire « gavagaï » aux mdigenes. ~u he~ de, tr~dmre, l'interprète peut simplement apprendre a c?nn aitre 1 am mal et se servir du terme des indigènes pour le désig ner. . La possibilité de suivre cette autre voie n'exc lut pas, bten entendu la traduction. L'interprète ne se cont entera pas, pour les rais~ns précédemment avancées, d'int rodui~e le ~erme « gavagai » dans sa propre langue, par exem pl.e 1 anglais. ~e serait altérer l'anglais, et le résultat ne serai t pas une tt~ duction. Mais l'interprète peut essayer de décrire en anglais les référents du terme« gavagai »-il s ont des poils, de longue~ oreilles, une queue touffue, et aut~es c?os es semblab}es. S1 la description réussit, si elle convient a toute s les cre~tures qui provoquent des énoncés i~pliquant . « ga~aga1 » et seulement à celles-ci, alors « creature pOilu e, a ~ongues oreilles, et avec une queue touffue ... » est la traductwn que 1. Quine (Word and Object, p.47 et note ~· 70; trad. ~r. p. 84 et p.ll5 ) remarque que son traducteur radical pounait chotstr la solutl?n.« coüt~u~e »et «apprendre la langue directement comme un enfa~t ». ~ats tl constde~e ce procédé comme une simple voie détournée pour la meme fm que cell~s qm sont atteintes par ses moyens standard, cette fin étant un manuel de traduction.
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~on :echerc~e, et « gavagaï » peut par voie de conséquence etre mtrodmt en anglais comme une abré viation de cette de.scription 1• Dans ces circonstances, aucun problème d' mcommensurabilité ne se pose. / Mai~ ces ~i.rcon~tances ne sont pas nécessair es. Il n'est pas necessaire qu tl y ait une description anglaise coréférentielle au terme indigène « gavagaï». En apprenan t à reconnaître des gavagaïs, l'interprète peut avoir appris à reconnaître des ~spects. distinctifs !nconnus des anglophones et pour lesquels 1 anglais ne fourmt aucune terminologie descriptive. Autrement dit, peut-être les indigènes structuren t-ils le monde animal différemment des anglophones, en effectuant des di~.criminations différentes. Dans ces circonstances, «gavagai » reste un terme irréductiblement indigène, non traduisible en a?glais. Bien. que les anglophones puiss ent apprendre à se servir du terme, Ils parlent la langue indigène lorsqu'ils le font. Telles sont les circonstances pour lesquelles je réserverais le terme« incommensurabilité».
DÉTERMINATION DE LA RÉFERENCE CONT RE TRADUCTION
J'ai affirmé, donc, que c'est à des circonstan ces de cette sorte, même si elles ne sont pas toujours reco nnues, que sont généralement confrontés les historiens des scien ces qui tâchent de comprendre les textes scientifiques périm és. La théorie du p~logisti~ue a constit~é l'un de mes exemples types, et Philip Kitcher s en est servi comme d'une base pour une critique 1. Cert~ins objecteront qu'une long~es oreilles, une queue touffu
séquence comme «créature poilue, avec de e ... » est trop longue et trop complexe pour val?tr comme traduction d'un seul terme dans une autre langue. Mais je tends à crOire que tout terme pouvant être introduit par une séquence peut être assimilé de façon à ce que, avec la pratique, ses référe nts puissent être reconnus direct~n;t~n,t. Dans tous les cas, je m'inté resse à une version plus forte de l'intraducttbtltte, selon laquelle on ne dispose pas même de longues séquences.
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ouverte. Acquérir une nouvelle langue n'est pas la même chose que traduire celle-ci dans notre propre langue. La réussite dans le premier cas n'implique pas la réussite dans le second. C'est précisément en rapport à ces problèmes que l.es exemples de Quine sont immanquable~ent trompe~rs, ca~ tls confondent interprétation et traductiOn. Pour mterpreter l'énoncé «gavagaï», il n'est pas nécessaire que l'anthropologue imaginaire de Quine vienn~ d'une co~munauté lin~ui~ tique qui ait connaissance des lapms et possede un m~t qm s Y réfère. Au lieu de trouver un terme correspondant a «gavagaï », l' interprète/anth~opologu~ pourrait ac~uérir le. terme indigène en grande partie de la meme façon qu tl a acq ms, dans une période antérieure, certains termes de sa propre langue 1• L'anthropologue qu interprète, en d'autres termes, peu~ apprendre et apprend souvent à reconnaître ~es créatures ~ut font dire « gavagaï » aux indigènes. Au heu de tradmre, 1' interprète peut simplement apprendre à connaître 1' animal et se servir du terme des indigènes pour le désigner. La possibilité de suivre cette autre voie n'exclut pas, bien entendu, la traduction. L'interprète ne se contentera pas, pour les raisons précédemment avancées, d'introduire le terme « gavagaï » dans sa propre langue, par exemp~e l'anglais. Ce serait altérer 1' anglais, et le résultat ne sermt pas une traduction. Mais l'interprète peut essayer de décrire en anglais les référents du terme« gavagaï »-ils ont des poils, de longues oreilles, une queue touffue, et autres choses semblables. Si la description réussit, si elle convient à toutes les créatures qui provoquent des énoncés impliquant « gavagaï » et seulement à celles-ci, alors «créature poilue, à longues oreilles, et avec une queue touffue ... » est la traduction que l.Quine (Ward and Object, p.47 et note p.70; trad.fr. p.84 et p.115) remarque que son traducteur radical pounait choisir la soluti?n.« coût~u~e »et «apprendre la langue directement comme un enfant». ~ms tl cons1de~e ce procédé comme une simple voie détournée pour la même fm que cell~s qUl sont atteintes par ses moyens standard, cette fin étant un manuel de traductwn.
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1' on recherche, et « gavagaï » peut par voie de conséquence être introduit en anglais comme une abréviation de cette description 1• Dans ces circonstances, aucun problème d'incommensurabilité ne se pose. .· ·. Mais ces circonstances ne sont pas nécessaires. Il n'est pas nécessaire qu'il y ait une description anglaise coréférentielle au terme indigène « gavagaï ». En apprenant à reconnaître des gavagaïs, l'interprète peut avoir appris à reconnaître des aspects distinctifs inconnus des anglophones et pour lesquels l'anglais ne fournit aucune terminologie descriptive. Autrement dit, peut-être les indigènes structurent-ils le monde animal différemment des anglophones, en effectuant des. discriminations différentes. Dans ces circonstances, «gavagai» reste un terme irréductiblement indigène, non traduisible en anglais. Bien que les anglophones puissent apprendre à se servir du terme, ils parlent la langue indigène lorsqu'ils le font. Telles sont les circonstances pour lesquelles je réserverais le terme« incommensurabilité».
DÉTERMINATION DE LA RÉFERENCE CONTRE TRADUCTION 'Il
J'ai affirmé, donc, que c'est à des circonstances de cette sorte, même si elles ne sont pas toujours reconnues, que sont généralement confrontés les historiens des sciences qui tâchent de comprendre les textes scientifiques périmés. La théorie du phlogistique a constitué l'un de mes exemples types, et Philip Kitcher s'en est servi comme d'une base pour une critique 1. Cert~ins objecteront qu'une séquence comme« créature poilue, long~es orellles, une ~ueue touffue ... » est trop longue
avec de et trop complexe pour val?1r comme traduction d'un seul terme dans une autre langue. Mais je tends à cr01re que tout terme pouvant être introduit par une séquence peut être assimilé de façon à ce que, avec la pratique, ses référents puissent être reconnus directement. Dans tous les cas, je m'intéresse à une version plus forte de l'intraduc tibilité, selon laquelle on ne dispose pas même de longues séquences.
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pénétrante de la notion d'incommensurabilité dans son ensemble. Ce qui est en jeu à présent s'en trouvera considérablement clarifié si j'expose d'abord le nerf de cette critique et sij' indique ensuite le point où elles' égare, à mon avis. Kitcher avance, à juste titre selon moi, que le langage de la chimie du vingtième siècle peut être employé pour identifier les référents de termes et d'expressions de la chimie du dixhuitième siècle, au moins dans la mesure où ces termes et ces expressions réfèrent vraiment. À la lecture d'un texte, disons, de Pristley et en considérant les expériences qu'il décrit dans des termes modernes, on peut s'apercevoir que « 1' air déphlogistiqué »réfère parfois à l'oxygène lui-même, d'autres fois à une atmosphère enrichie d'oxygène. «Air phlogistiqué » est en général de l'air ,dont on a retiré de l'oxygène. L'expression « (est plus riche en phlogistique que)» est co:-référentielle avec « (a une plus grande affinité· avec 1' oxygène que)».. Dans certains contextes__; par exemple, dans l'expression «le phlo:.. gistique est émis durant la combustion» -le terme.« phlogistique» ne réfère à rien, mais il y a d'autres contextes dans lesquels il réfère à l'hydrogène 1• Il ne fait pour moi aucun doute que les historiens qui ont affaire à des textes scientifiques anciens peuvent et doivent employer le langage moderne pour. identifier les référents de terme~ désuets. Comme l'indigène qui pointe le doigt vers des gavagaïs, ces déterminations de la référence procurent souvent les exemples concrets à partir desquels les historiens peuvent espérer apprendre ce que les expressions problématiques signifient dans leurs textes. En outre, l'introduction d'une terminologie moderne permet d'expliquer pourquoi et dans quels domaines des théories plus anciennes ont réussi 2•
Kitcher, cependant, décrit ce procédé de détermination de la référence comme une traduction, et suggère que sa possibilité doit mettre fin au discours sur l'incommensurabilité. Il me semble qu'il fait erreur sur ces deux points. Songez un instant à 1' allure qu'aurait un texte traduit selon les techniques de Kitcher. Comment rendrait-on, par exemple, les occurrences de «phlogistique» qui ne réfèrent pas? Une possibilité'::_ suggérée à la fois par le silence de Kitcher sur le sujet et par son souci de conserver les valeurs de vérité, qui sont problématiques dans ces occurrences- serait de laisser un blanc pour les espaces correspondants. Laisser des blancs, cependant, c'est échouer en tant que traducteur. Si seules les expressions qui réfèrent ont une traduction, alors absolument aucun ouvrage de fiction ne pourrait être traduit, et pour ce qui nous concerne, les anciens textes scientifiques doivent être traités avec au moins le même égard que celui. qui est normalement accordé aux ouvrages de fiction. Ils rappottent ce que les scientifiques du passé ont cru, indépendamment de
1. Kitcher, «Theories, Theorists, and Theoretical Change»; p. 531-536. 2. Kitcher suppose que ses techniques de traduction lui permettent de spécifier quels énoncés de 1' ancienne théorie sont vrais et lesquels sont faux. Par conséquent, les énoncés sur la substance dégagée par la combustion étaient faux mais les énoncés sur l'effet de l'air déphlogistiqué sur les activités vitales
étaient vrais parce que dans ces énoncés «air déphlogistiqué »référait à l' oxygène. Je pense, cependant, que Kitcher se sert seulement de la théorie moderne pour expliquer pourquoi certains énoncés produits par des praticiens de l'ancienne théorie étaient confirmés par l'expérience et d'autres non. La capacité. à expliquer de tels succès et de tels échecs est fondamentale pour 1' interprétation des textes par l'historien des sciences. (Si une interprétation attribue à l'aQteur d'un texte des affirmations répétées que des observations facilem~nt disponibles auraient infirmées, alors l'interprétation est presque à coup sûr erronée, et l'historien doit se remettre au travail. Pour un exemple de ce qui peut alors être requis, voyez mon article «A Function for Thought Experiments », in Mélanges Alexandre Koyré, vol.2, L'aventure de la science, LB. Cohen et R. Taton (eds.), Paris, Hermann, 1964, p. 307-34; reproduit in The Essential Tension: Selected Studies in Scientific Traditipn and Change, Chicago, University of Chicago Press, 1977, p. 240-65, trad. fr. «La Fonction des expériences par la pensée», in La Tension essentielle. Tradition et changement dans les sciences, Paris, Gallimard, 1990, p. 323-335). Mais ni l'interprétation de Kitcher ni ses techniques de traduction n'autorisent à déclarer vraies ou fausses des phrases isolées contenant des termes de l'ancienne théorie. Les théories sont, selon moi, des structures qui doivent être évaluées comme des touts.
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leur valeur de vérité, et c'est ce qu'une traduction doit communiquer. . . Une autre possibilité serait que Kitcher pmsse s~ servi; de la même stratégie de dépendance cpntextuelle qu .11 a ~deve loppée pour des termes qui réfèrent comme .«arr dephlogistiqué ». «Phlogistique» serait a~ors parfms rendu P~ «substance dégagée par la combustiOn des corps», pm:fms par« principe [métallisant]», et parfois pa: d' au~res lo~utwns encore. Cette stratégie, cependant, condmt aussi au desastr~, non seulement avec des termes tels que «phlogistique» mats aussi bien avec des expressions qui réfèrent. L'usage d'un se~l mot, «phlogistique», associé à des composés comme « mr phlogistiqué » qui .en sont dérivé.s, e~t un des moyens par lesquels le texte original commun~qumt les croy~nces de. so~n auteur. En substituant des expressiOns sans relation ou diff~ remment reliées aux termes reliés, parfois identiques, de l'on~ ginai, on doit pour le moins supprimer ces croyanc~s, ce qm rend le texte qui en résulte incohérent. En exammant une traduction de Kitcher on se trouverait régulièrement dans l'embarras pour comprendre pourquoi ces phrases étaient juxtaposées dans un texte unique 1• • • • ~ Pour voir plus clairement ce qm est Imphque dans l'approche de textes désuets, consi?ér~z le modèl: s~ivant de certains aspects centraux de la theone du phl~gistl~ue~ Par souci de clarté et de concision, je l'ai construit mm-meme, mais il aurait pu, mis à part le style, être extrait d'un manuel de chimie du dix-huitième siècle: Tous les corps physiques sont co11_1posés d' élém~nts chimi~~:s et de principes chimiques, ceux-ct dotant ceux-la de propnetes particulières. Parmi les éléments se trouvent les ~e~es et les airs, et parmi les principes se trouve le phlogtsttque. Un 1. Kitcher, bien sOr, explique bi~n ces juxtaposition~ en se référant aux croyances de l'auteur du texte et à la théorie moderne. Mrus les pass~ges dans lesquels il le fait sont des commentaires, et aucunement des parues de sa traduction.
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ensemble de terres, par exemple le charbon et le soufre, est, dans un état normal, particulièrement riche en phlogistique et laisse un résidu d'acide quand il en est privé. Dans un autre ensemble, les oxydes de calcium ou minerais sont normalement pauvres en phlogistique, et ils deviennent brillants, malléables et bons conducteurs de chaleur- donc métalliquesquand ils en sont imprégnés. Le transfert de phlogistique à 1' air se produit pendant la combustion et des processus liés comme la respiration et la calcination. L'air dont le contenu en phlogistique a ainsi été augmenté (air phlogistiqué) a une élasticité et une capacité à alimenter la vie qui sont réduites. L'air dont une partie du composant phlogistique normal a été retranché (air déphlogistiqué) alimente la vie en particulier au niveau énergétique.
Le manuel se poursuit à partir de là, mais cet extrait servira pour la totalité. Ce modèle que j'ai construit consiste en phrases de la chimie du phlogistique. La plupart des mots dans ces phrases figurent à la fois dans les textes de chimie du dix-huitième siècle et dans ceux du vingtième siècle, et ils fonctionnent de la même manière dans les deux cas. Quelques autres termes dans des textes de ce genre, en particulier« phlogistication », « déphlogistication »,et ceux qui s'y rapportent, peuvent être remplacés par des expressions dans lesquelles seul le term:e «phlogistique» est étranger à la chimie moderne. Mais après que tous ces remplacements ont été achevés, il reste un petit groupe de termes pour lesquels le vocabulaire de la chimie moderne n'offre pas d'équivalent. Certains ont entièrement disparu du langage de la chimie, «phlogistique» étant ici 1' exemple le plus évident. D'autres, comme le terme «principe», ont perdu toute signification purement chimique. (L'impératif« Purifiez vos réactifs.» est un principe chimique en un sens très différent de celui dans lequel le phlogistique en était un). D'autres termes encore, par exemple «élément», restent centraux pour le vocabulaire de la chimie, et ils héritent de certaines fonctions de leurs anciens homonymes. Mais les
THOMASKUHN
COMMENSURABIÜI'É, COMMUNICABILITÉ , COMPARABILITÉ
termes comme «principe», antérieurement appri s avec eux, ont disparu des textes modernes, et avec eux la généralisation constitutive selon laquelle les qualités comm e la coule~~ et l'élasticité fournissent un témoignage direct de la compos1t10~ chimique. Il en résulte que les référents de ~es t~r~es qm subsistent, aussi bien que les critères pour les Identifier, sont maintenant fortement et systématiquement altéré s. Sur ces deux points, le terme« élément» fo.nctionnait 'au di~xhui~iè~e siècle aussi bien comme l' expresswn moderne « etat d agregation» que comme le terme mode~e « él~~ent »:, ~ , Que ces termes de la chimie du dix ~h~Itleme s~ec: e r.eferent ou non - des termes comme «phlogistique», « pnncipe >~ et «élé men t»- ils ne peuvent être éliminés d'auc un texte qm se présente comme la traduction d~ un original ~e la théori~ du, phlogistique. Au minimum, ils doivent servi r de sub~tltut~ fplaceholders] pour les ensembles reliés de propriétés qm permettent l'identification des référents su~po ~és d~ ces termes reliés. Pour être cohérent, un texte qm developpe la théorie du ph,ogistique doit représenter la matiè re issue. de la combustion comme un principe chimique, le même qm ren~ l'air impropre à la respiration, et aussi qui, quan d il es~ e~tra1t d'un matériau approprié, laisse un rés~du d'aci de .. Ma~s s1;es termes ne peuvent être éliminés, ils semblent aussi ne pas etre remplaçables individuellement par un ensem ble ~e mo~s o~ d'expressions modernes. Et si c'est le cas- un pomt ~m dmt être considéré maintenant - alors le passage construit· dans lequel ces termes apparaissaient ci-dessus ne peut pas être une traduction, en tous les cas pas au sens que ce terme a couramment dans la philosophie récente.
L'HISTORIEN COMME INTERPRÈTE ET COMM E ENSEIGNANT D'UNE LANGUE
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~eu~-il être correct, toutefois, d'aff irmer que les ~a chim.I~ du dix-huitième siècle com me«
termes de phlogistique» sont mtradmsibles? J'ai déjà décrit, après tout, dans le langage mod~rne, un certain nombre de façons selon lesquelles 1' ancien te~e «phlogistique» réfère. Le phlog istique est, par exemple, degage par la combustion; il réduit l'élasticité de 1' air ainsi que ses propriétés favorables à la vie; et ainsi de suite. Il semble que des expressions du langage mode rne comme ~elles-ci pourraient être assemblées pour produire une traduction dans le langage moderne de« phlogistique». Mais ce n'est pas possible. Parmi les expressions qui décrivent comment les référents du termeq.p est alors appelée la cause de l'effet q. Vu que (~&p)~.q n'entraîne pas nécessairement (H&q)=>p, la d1ssymetne entre la çaqse et l'effet se trouve, du moins ep. partie, restaurée. Notons ensuite que toute contrainte réduisant le nombre des pararp.ètres disponibles- et que Mach déplorepossède, de notre ·point de vue, le mérite de restreindre la manière dont une hypothèse peut être fabriquée de façon à subsumer des résult~~s factuels donnés.d'avance. Ces restrictions mettent le scientifique en demeure de construire des lois hautement testables etsont, de ce fait, d'un très.grand secours. Reprenant le schème ~(xhx2 , • ~ ., Xn) = 0 [j=1,2, ... , rn], il nous semble donc souhaital?le qu'il y ait plus d'équations que d'inconnues à calculer; c'est-à-dire que no1,1s devrions avoir n