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French Pages 312 [302] Year 2010
Parlons tpuri
Parlons… Collection dirigée par Michel Malherbe Dernières parutions Parlons sakha, Émilie MAJ et Marine LE BERRE-SEMENOV, 2010. Parlons arabe libanais, Fida BIZRI, 2010. Parlons fang. Culture et langue des Fang du Gabon et d'ailleurs, Cyriaque Simon-Pierre AKOMO-ZOGHE, 2010. Parlons amis, Rémy GILS, 2010. Parlons wakhi. Culture et langue du peuple wakhi – Pakistan, Afghanistan, Tadjikistan et Chine, Karim KHAN SAKA, 2010. Parlons twi. Langue et culture, Kofi ADU MANYAH, 2009. Parlons akyé bodin, Firmin AHOUA & Patrice ACHIE BROUH, 2009. Parlons balinais, Made Windu Antara KESIMAN, Michel MALHERBE, 2009. Parlons slovaque, Etienne BOISSERIE, Diana JAMBAROVÁ et Vlasta KŘEČKOVÁ, 2009. Parlons néwari, Sushila MANANDHAR, 2009. Parlons farefari, Mary Esther Kropp Dakubu, 2009. Parlons allemand, Hervé RICHARD, 2009. Parlons tcherkesse, Amjad JAIMOUKHA, Michel MALHERBE, 2009. Parlons moba, langue du Nord-Togo, Pierre REINHARD, 2009. Parlons shanghaïen, Feng LI, 2009. Parlons bunun, Rémy GILS, 2009. Parlons suédois, Corinne PENEAU, 2009. Parlons agni indénié, Firmin AHOUA et Sandrine ADOUAKOU, 2009. Parlons otomi, Yolanda LASTRA, 2009. Parlons luo, Neddy ODHIAMBO et Michel MALHERBE, 2009. Parlons marquisien, Edgar TETAHIOTUPA, 2008. Parlons arawak, Marie-France PATTE, 2008. Parlons khakas, S. DONIYOROVA, D. ARZIKULOVA, C. DONYOROV, 2008. Parlons bamiléké, Dieudonné TOUKAM, 2008.
Kolyang Dina Taïwé
Parlons tpuri
Du même auteur Chez le même éditeur Culture et identité au Nord-Cameroun (essai), 2008, en collaboration avec Clément Dili Palaï Wanré le ressuscité (roman), 2008 Pulsations (poésie), 2010 Chez d’autres éditeurs Pleurs sans larmes (roman), La Pensée Universelle, 1994 Le Sahel, ses femmes et ses puits (poésie), CLE, 1996 Na joŋ hrage/Les jeux tpuri, (essai), Ka’arang, 1996, en collaboration avec Dadaï Kolyang …dann ist das Herz verwundet, eine Begegnung der Kulturen (nouvelles), Atlantik, 1997 Anthologie des écrivains du Nord-Cameroun (essai), Ka’arang, 2002, en collaboration avec Clément Dili Palaï Le Mur de Berlin m’a rendu polygame (nouvelle), Ka’arang, 2006. Orature et Littéralité, une perspective africaine (essai), LIT, 2008 Maïye (roman), CLE, 2010
© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-296-12845-3 EAN : 9782296128453
© Kolyang Dina Taïwé
Sommaire Introduction .......................................................................... 13 Relief et climat.......................................................................... 13 Histoire du peuplement............................................................. 14 La population ............................................................................ 16 L’organisation sociale : les clans .............................................. 19 Les Tpuri et leurs voisins : mélanges et échanges .................... 21
Chapitre 1 : Description de la langue .................................. 23 Langue à tons et à phonèmes complexes .................................. 23 Les emprunts et déviances linguistiques................................... 31 L'existence de deux variétés dialectales.................................... 34 L’affirmation, la négation et l’interrogation ............................. 35 La division du temps : adverbes et noms de temps................... 37 L’infinitif et le temps des verbes .............................................. 40 Les comparaisons...................................................................... 42 Les contractions ........................................................................ 43 Les adjectifs et pronoms démonstratifs..................................... 43 Les pronoms relatifs.................................................................. 45 Les pronoms associatifs ............................................................ 45 Les pronoms personnels en fonction de complément ............... 46 Les pronoms d’insistance.......................................................... 47 Les nombres cardinaux et ordinaux .......................................... 47 Compter l’argent ....................................................................... 49 Les rapports de parenté ............................................................. 50
Chapitre 2 : Conversation.................................................... 51 Elément 1 : Salutations et présentations ................................... 51 Élément 2 : Comment s’orienter ............................................... 53 Élément 3 : La notion du temps ................................................ 54 Élément 4 : La cuisine .............................................................. 55 Élément 5 : Les préoccupations villageoises ............................ 56
Élément 6 : Recevoir de la visite .............................................. 57 Élément 7 : La santé.................................................................. 59 Élément 8 : Préparatifs de voyage ............................................ 59 Élément 9 : Au marché ............................................................. 60 Élément 10 : Remerciements et adieux..................................... 61
Chapitre 3 : Vie culturelle, religieuse et politique............... 63 La vie culturelle ........................................................................ 63 Le « Goni » ou l’initiation chez les Tpuri ............................ 64 Rites de passage : le nage may ............................................. 67 Autour de l’amour et du mariage.......................................... 68 Les labrets : dorno ou gaolan ?............................................. 72 Les noms tpuri ...................................................................... 73 Tumtum / Comptines............................................................ 75 Lele / Poésie féminine .......................................................... 76 Roo / Poèmes........................................................................ 78 La musique ........................................................................... 81 Les chants et les danses : une mise en scène particulière....... 81 Les compositeurs de renom.................................................. 83 Le gourna.............................................................................. 85 Waiwa : divertissement et contrepoids social ...................... 86 Byam : le Shakespeare tpuri, poète et génie......................... 88 Le reggaeman tpuri : Gesse Roy .......................................... 89 La diva de la musique moderne tpuri : Yang Mad ............... 91 Les jeux ................................................................................ 91 Un exemple de jeu à pions simple : Soole............................ 94 La culture face à la dynamique sociale............................... 100 Un retour vers un enseignement millénaire........................ 102 Les mesures ........................................................................ 105 La chasse ............................................................................ 108 Calendrier des activités .................................................. 110 La pêche ............................................................................. 115 Politique et vie moderne ......................................................... 120 L’amorce d’une participation politique .............................. 124 La marginalité politique des acteurs................................... 127 La domination économique ................................................ 130 L’oppression culturelle....................................................... 133
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Le verrouillage du système : la domination par le « haut » 136 Les aboutissements de la subordination politique. ............. 139 Les pôles d’émission de la conscience politique ................ 143 Le MDR et les acteurs politiques tpuri............................. 144 Mutations et perspectives : changement ou continuité ? .... 149 Croyances et religions ........................................................ 160 Signes prémonitoires .......................................................... 160 Le rôle du Grand Prêtre « Wang Soo Kulu » ..................... 163 Religions du livre ............................................................... 171 L'empire catholique à l'exemple de Doukoula .................. 172 Les protestants : plusieurs caïmans pour un seul marigot .. 174 Interdits et purification ....................................................... 174 Actes et rites purificatoires................................................. 175
Lexiques.............................................................................. 185 Mini-lexique français-tpuri ..................................................... 187 Mini-lexique tpuri-français ..................................................... 211
Biblographie....................................................................... 307
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Introduction
Situé à cheval entre le Cameroun et le Tchad, le pays tpuri s’étend de part et d’autre de la frontière séparant les deux pays vers le 10° de latitude Nord et le 15° de longitude Est. Concrètement, il est situé au Sud-Ouest de la République du Tchad et au Nord-Est de la République du Cameroun. Il est coincé entre les Massa au Nord et les Moundang au Sud-Ouest, et limité à l'Est par les lacs du MayoKébbi et au Nord-Ouest par les royaumes foulbés. Le pays tpuri est une région de plaines. Le seul sommet dominant de la région est le Mont Illi où réside Wang-Dore, le Roi et Chef Spirituel des Tpuri. Le pays possède une population importante. La densité est environ de 37 à 67 habitants au km2 en allant des plaines vers le MayoKébbi. La majorité de la population Tpuri se trouve au Cameroun, même si leur Roi réside au Tchad. Les Tpuri sont des éleveurs de bovins et d'excellents agriculteurs. Selon Seignobos et Tourneux, « le pays [tpuri] exprime une profonde unité : paysage monotone pris entre l’excès d’eau durant la saison des pluies et le manque le reste de l’année, parcs de Faidherbia albida sous lesquels divague le bétail, habitat dense, mais dispersé, à concessions ouvertes, marqué par les enclos des associations de jeunes gens (gurna) qui suivent des «cures de lait» pendant la saison sèche. La très forte cohésion de la société [tpuri] a maintenu jusqu'à ce jour un rejet de toute influence de l’islam et des Peuls, leurs voisins conquérants du Nord. » Relief et climat Le relief de la région tpuri s’articule autour de la plaine de Kalfou. Le climat de type soudano-sahélien est aride accompagné d’une sécheresse longue et rude. Les pluies baissent considérablement du Sud vers le Nord. Il s’agit d’un milieu défavorisé qui renvoie à un écosystème de type sahélien. A cause de la basse pluviométrie et des irrégularités des pluies, la sécheresse est presque récurrente.
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Les températures sont assez élevées avec des minima de 27°C en janvier et des maxima en mars et avril où l’on atteint facilement 40° à l’ombre. Sur tous les plans, la défaveur du milieu est une réalité incontestable. Les aléas climatiques déterminent la précarité de la vie des espèces vivantes dans cette région. Aussi la végétation montre des signes de souffrance due aux aléas climatiques auxquels s’ajoute l’action anthropique. L’espace est dominé par les principales essences qui sont l’Acacia albida et le faidherbia. Le réseau hydraulique régional est pauvre et est marqué par l’absence notoire de cours d’eau permanents. Cependant, lorsque l’on enregistre une pluviométrie abondante, les eaux du Logone débordent dans les dépressions. A ce moment, les plaines subissent des inondations de grande envergure et engendrent parfois des catastrophes sociales. Histoire du peuplement Selon Guillard, « les Tupuri se seraient installés sur les rives du Mayo-Kébbi, lacs de Fianga et de Tikem, il y a environ trois cents ans. Avant eux, le pays aurait été occupé de façon peu dense par des peuplades aujourd'hui peu connues. Certains prétendent que les Moungouri, actuellement dispersés et complètement assimilés à la masse tpuri, exerçant le métier de forgeron, seraient les descendants de ces premiers occupants du pays »1. Tous les Tpuri déclarent provenir de Doré situé aux pieds du mont Doré, qui est le seul relief important du pays servant de point de repère historique. Pour les historiens, une discussion religieuse serait à l’origine de la scission des Tpuri en deux parties : les Doré et les Goua. Mais la nomination d'un grand chef religieux entraîne une expansion tpuri au sens large du terme. Les Tpuri à la recherche de terres plus fertiles s'étendent vers l'Ouest où ils sont arrivés jusqu'à Lara et vers le Nord jusqu'à Dargala. Selon Feckoua2, la structure linguistique du parler tpuri et du parler moundang constitue un argument de poids confirmant la thèse de 1Guillard (J.) : Golompoui: Analyse des conditions de modernisation d'un village du Nord-Cameroun, Paris; Mouton et Cie, 1965, p.33 2Feckoua (L.L.) : Les hommes et leurs activités en pays tupuri du Tchad. Paris; 1977, p. 32.
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Guillard selon laquelle les Tpuri seraient venus du Sud. Pour De Garine3, les Moundang se déplaçant d'Ouest en Est en provenance de Lara, auraient habité la région de Doré avant d’être chassés de là. Mais le danger le plus inquiétant pour les Tpuri fut donc celui des Peuls (Foulbé) musulmans. En effet, au XlXème siècle, les Foulbé vivaient déjà d'une façon pacifique dans la région. Comme tous les pasteurs, ils ont rencontré l’hostilité des populations sédentaires pour leurs pâturages auxquels il faut ajouter le vol régulier du bétail. Le pacifisme des Foulbé s'est transformé, sous l'impulsion d'Ottoman Dan Fodio, en une guerre de conquête brandissant l'étendard du prophète Mohammed. Une grande partie du NordCameroun était sous la domination d'Adama et prenait le nom d'Adamaoua. Koïranga, le chef musulman de Mindif, se lança vers 1830 contre les populations païennes Tpuri qui représentaient à ses yeux, de vastes terres, des esclaves et un beau fief à s’approprier. Peuple égalitaire, les Tpuri n'avaient pas de chefs militaires pour organiser les hommes aux combats. La bataille contre l'ennemi était levée en masse et de façon spontanée au son du cor annonçant une attaque. L'agression soudaine, le manque d'unité politique et militaire tpuri, la dispersion des villages et l'absence d'obstacles permirent aux Foulbé d'avancer rapidement jusqu'au cœur du pays tpuri. En voulant évacuer les esclaves et le butin conquis, les Foulbé furent surpris à Gouyou par une attaque brusque et déterminée de la part de tous les villages levés en masse. Battus, les Foulbé se sauvèrent grâce à leurs chevaux. Ils laissèrent après eux leur butin, de nombreuses dépouilles parmi lesquelles celle de Koïranga lui-même, et des prisonniers. Modibo Bakari que Feckoua cite affirme que « dans cette expédition périrent de nombreux soldats de Maroua, en particulier des membres de l'aristocratie. La douleur fut immense et on fut longtemps à Maroua sans battre le tambour. » 4 Cette leçon foudroyante infligée aux Foulbé par le Tpuri sans organisation 3 Garine (I. de) : Contribution à l'histoire du Mayo-Danaye (Massa, Tpuri, Moussey et Mousgoum), en contribution à la recherche ethnographique à l'histoire. Paris; Cujas. 1973, p. 180. 4Feckoua (L.L.): op. cit; p. 33
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militaire apparente a contribué à tenir en échec les visées expansionnistes des Tpuri fanatiques, avides d'esclaves et de gloire, rêvant de créer des empires et d'imposer leur religion mahométane à des Tpuri, selon eux, sans religion. Mais cela n’a cependant pas mis définitivement fin aux exactions des Foulbé. Ces derniers continuaient à faire des rapts isolés d'esclaves. A cela s'ajouta la menace des Européens. Pendant l'ère des conquêtes coloniales, chaque puissance colonisatrice envoyait ses émissaires dans la « jungle » africaine pour se tailler une portion de terre. Le pays tpuri n'a pas manqué d'être envahi. Il a vu passer successivement différents explorateurs avant d'être effectivement occupé. Feckoua écrit qu’«en 18511852, Vogel atteignait les lacs tupuri. Puis il a fallu attendre mai 1900 pour voir arriver les premiers Blancs en pays tupuri: le lieutenant Faure en 1901. En 1903, le commandant Lenfant étudia la voie d'eau Bénoué-Mayo-Kébbi-Logone avec l'enseigne de vaisseau Delevoye en traversant ce qu'il appelait « le marais du Tuburi »; le Lieutenant de vaisseau Audouin et le capitaine d'Adhelar et enfin en 1908-1909, la mission du Commandant Moll qui s'attaqua à la délimitation frontalière entre territoires allemands et français »5. La France et l'Allemagne se disputaient cette région qui couvrait aussi le pays tpuri. De là, naquirent les limites définitives du pays tpuri fixées par les deux puissances. La population Au global, la population se répartit sur deux pays. Cette délimitation de la région tpuri n’exclut pas la complexité de l’espace pluriethnique. Si l’aire ethnique de ces populations s’étend principalement sur deux départements à l’Extrême-Nord du Cameroun et dans une préfecture au Sud-Ouest du Tchad, les poches du territoire contenant ces mêmes gens en dehors de ces deux zones traduisent une certaine densité c’est-à-dire un volume démographique qu’il faut bien relever dans la perspective de la présentation matérielle de la région tpuri car on trouve aussi des grandes communautés dans les zones de Lagdo, Mbandjock, 5Feckoua (L.L.): op. cit. , p. 33
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Nkoteng, Dizangue, etc. qui sont des zones de fortes activités industrielles au Cameroun. A cause des médiocres bases statistiques et les difficultés liées à l’imprécision de la répartition ethnique des populations du Cameroun, tout porte à croire que les Tpuri sont aujourd’hui en pleine explosion démographique. Les chiffres qui suivent, tirés des travaux antérieurs et de recensements administratifs, attestent de leur vitalité procréatrice. En 1955, Jean Cabot et Roland Diziain6 estimaient les populations tpuri à 63.000 habitants. Dans les mêmes départements, les travaux d’Alain Beauvilain7 de 1987 effectués dans les mêmes départements présentent des chiffres croissants soit environ 161.067 habitants. A cette population camerounaise, il faut ajouter celle vivant sur le territoire tchadien surtout celle de la diaspora des villes camerounaises. Au regards de la dynamique sociale croissante, des chiffres (statatistiques) ne sont plus représentatives de la population tpuri. D’un point de vue général, un constat s’impose : l’expansion démographique des populations tpuri du Cameroun est un fait incontestable. Elles se retrouvent un peu partout sur l’ensemble du territoire et occupent les quartiers pauvres des grandes agglomérations nationales et sont en grand nombre employés comme main-d’œuvre dans les structures industrielles à l’instar du complexe sucrier de Mbandjock. D’autres groupes des populations tpuri se sont implantés dans les zones à rendement agricole dans le Mayo-Rey et dans l’arrondissement de Pitoa près de Garoua. Durant la seule période partant de 1976 à 1986, 11.928 habitants tpuri se sont déplacés pour le compte du Projet Nord-Est Bénoué. Au cours de l’année agricole 1997-1998, la Société de Développement du Coton (SODECOTON) a enregistré la migration de 6.000 familles ayant quitté l’arrondissement de KarHay pour le pourtour de Poli près de Garoua. L’on peut affirmer ces chiffres ne sont-ils pas à revoir à la hausse que les Tpuri
6 Cabot (J.) et Diziain (R.) : Populations du Moyen-Logone : Tchad et Cameroun, Paris, ORSTOM, 1955, p.63. 7 Beauvilain (A.) : op. cit. pp. 588-590.
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constituent une population dont le nombre se situe sûrement entre 500.000 et 750.000 âmes au Cameroun et au Tchad. 8 L’explosion démographique des Tpuri s’explique par leur forte fécondité, la pratique du mariage précoce et polygamique. Cette situation crée d’énormes problèmes de survie dans la région et engendre des conflits et des contradictions de tout genre. Les migrations ou les déplacements permanents observés à l’heure actuelle sont les réponses à l’engorgement démographique des zones d’origine. C’est pourquoi J. Boulet, A. Beauvilain et P. Gubry parlent d’une entreprise de colonisation du Diamaré par les Tpuri et les Massa9. Beaucoup de lamidats c’est-à-dire des entités politiques traditionnelles peul sont prises en tenailles si bien que leurs permanences sont compromises à long terme. A part les zones d’émigration, on peut distinguer le pays tpuri traditionnel qui se limite administrativement à l’ensemble des cantons créés dans les années 1920 et 1930 sur la base des considérations ethniques. Il s’agit, au Cameroun, des cantons de Bizili, de Doukoula, de Doubané, de Golonghini, de Tchatibali, et de Touloum dont la population est intégralement composée d’éléments tpuri. A ces cantons, il convient d’ajouter celui de Guidiguis dont les Peul occupent une fraction et les espaces tpuri inclus dans les cantons à majorité peule comme ceux de Kalfou, de Daram, de Kolara, de Horlong, mais aussi le canton moundang de Lara et le canton massa de Wina. Tout cela sur une superficie d’environ 2000 km2. Au Tchad, le pays tpuri comprend les quatre cantons de Fianga, Youé, Tikem et Kéra et ses marges incluses dans le canton moundang de Torrock. Dans cet espace délimité, le Tpuri reste l’unique élément. Le pays traditionnel couvre quelque 3500 km2. D’où les fortes densités à l’origine de sa dilatation au détriment des territoires des groupes ethniques voisins
8 Les statistiques des recencements de populations sont un secret de polichinelle au Cameroun et utilisées à des fins politiques. Les statistiques des chercheurs tels que Ruelland fixent en 1980 les locuteurs de la langue tpuri à 250.000. Le père Capelleti estime cette population en 1992 à 300.000 âmes. 9Boulet (J), Beauvilain (A) et al., « Les groupes humains » in Boutrais (J) et al., Le Nord-Cameroun. Des Hommes. Une région, op. cit. p. 130.
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Le pays étendu s’est constitué grâce à la dynamique migratoire amorcée depuis le début du XXème siècle. Le résultat de cette extension de l’espace tpuri qui s’effectue vers le Diamaré permet d’observer aussi une forte imbrication des Tpuri et des ressortissants d’ethnies voisines attestée par la présence des chefs non tpuri en zone considérée comme tpuri. En tenant compte des villages où la population tpuri est numériquement supérieure à celle du groupe autochtone, l’espace tpuri est circonscrit aujourd’hui à une ligne qui commence, à l’ouest, par Guérémé localité qui représente la pointe occidentale du lamidat de Guidiguis, remonte vers le Nord, atteint Léra et Gaban de l’arrondissement de Lara, inclut Kolara de l’arrondissement de Moulvoudaye, passe par Ngouna puis Koré qui en représente l’extrémité septentrionale, rejoint Koura Belo à l’Est de Moulvoudaye et au Nord-Est de Kalfou. Ces deux localités étant très en profondeur du pays, atteint Tchafkadji au Nord-Est et bifurque vers le Sud et atteint Maldi, passe à l’Ouest du canton Wina. Au total un gain en espace presque égal à la moitié du pays traditionnel. L’organisation sociale : les clans Quant aux clans et lignages, le peuple tpuri est composé d'éléments très divers qui, malgré les mélanges, se comportent comme un véritable bloc ethnique. Ces éléments se constituent en deux grands groupes, les Tpuri proprement dits et les Kéra au parler différent portant le même nom. Ces deux groupes se réclament d'un ancêtre commun et la distinction est uniquement d'ordre linguistique. Guillard, s'inspirant des écrits de Milbrat et de Lamouroux rapporte que "les premiers renseignements écrits donnent comme limites au groupe Toubouri : au Nord la ligne Domo-Guidiguis à l'Ouest la ligne Guidiguis-Mbourao, au Sud Mbourao-Tikem et à l'Est l'étroite bande longeant le lac, de Fianga à Domo, laissant sur les bords mêmes du lac Fianga une bande de terrain vide qui sera peuplée par d'autres émigrés: les Wina. Dans ces limites qui sont restées grossièrement les mêmes depuis cinquante ans, si les Toupouri constituent la masse écrasante de la population, on
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trouve cependant "d'autres populations étroitement mélangées et complètement assimilées. Parlant Toupouri, suivant les mœurs et coutumes Toupouri, n'ayant qu'un très vague souvenir de leur origine grâce au nom conservé de l'ancêtre ou du clan, elles ne se distinguent en rien de la masse. La très grosse majorité des habitants de Golonpui et le chef de terre lui-même sont des Mousseye du clan Sonok mais leur assimilation au Toupouri est telle qu'eux-mêmes se considèrent et agissent comme de véritables Toupouri10." Ce brassage s'est fait à la faveur des différents mouvements migratoires qui ont eu lieu à l'ère précoloniale et qui continuent de s'effectuer dans les zones vides d'hommes. Il s'agit aujourd'hui des mouvements pionniers dus au manque de terre en rapport avec l'accroissement naturel de la population. Les clans tpuri sont regroupés en trois fratries : les Banré, les Goua et les Doré. Les Banré, clans forgerons, représenteraient le fond de peuplement le plus ancien du pays tpuri. La forge est d’une telle importance chez les Banré que l’on a parfois tendance à identifier Banré et forgerons : «Certains prétendent que les Mongouri, actuellement dispersés et complètement assimilés à la masse tpuri, mais exerçant le métier de forgeron, seraient les descendants de ces premiers occupants du pays.» (Guillard 1965, p. 63.) Les Gouwa sont constitués de clans qui n’appartiennent ni aux Banré ni aux Doré ; parmi eux, on retrouve : Fékné, Gouédjéré, Dingri, Intéré, Guémaré, Mounkéra, Doŋlonre, Gouyouri, Momboui, Darbéré, Mindaoré, Movéné, Gambouri, etc. Les Doré sont les clans les plus nombreux et comptent les Goudoum, Dablakri, Mo-waŋ-Séré, Mo-waŋ-Dawa, Mo-waŋKidifi, Nimbakri, Yowé, Ngaré... A côté de ces grands ensembles de clans, on en recense d’autres, venus plus récemment de chez les Moundang, de chez les Wina, ou encore de chez les Moussey.
10Guillard (J.):, op. cit. p.66
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Les Tpuri et leurs voisins : mélanges et échanges « Aime ton prochain comme toi-même » est une parole biblique qui semble très difficile à appliquer. L’on dirait que l’homme a subitement décidé de se haïr. Aurait-il circonscrit la sémantique du prochain juste dans le contexte de choix particulier de ceux à aimer et d’autres à mépriser ? Le voisin serait-il cet homme que l’on recherche à longueur de journée sans le trouver ? Le Tpuri a ses propres représentations du voisin. Le Peul serait fourbe, paresseux et trompeur. Il n’aime pas se salir. Il vit des fruits de l’escroquerie. Ses femmes sont hautaines. Ses enfants mal éduqués. Ces derniers ont le ventre plein d’oxyures car leurs mères ne savent pas les traiter avec les herbes traditionnelles. Ces femmes ont les hanches libres, puisqu’elles ne portent pas de cauris autour de la taille. Leur nourriture est faible et nage dans des sauces gluantes. Voilà ce que le Tpuri sait ou croit savoir de son voisin peul. Le Moundang lui serait chiche. Il se cache avec la nourriture, aime les sauces aux haricots et à lapâte d’arachide. Ses femmes sont plus sales que les femmes Tpuri, observe ce dernier. Frère du Tpuri, il récolte néanmoins un peu plus de respect que le Peul. Le Massa est nerveux, aime la dispute et sauve cependant son honneur dans le gourna. Il aime les vaches et le lait. Ses femmes, d’une noirceur d’ébène, aiment le poisson et les pipes noires. Sa langue prête au Tpuri beaucoup de mots nobles. Frère du Tpuri dans le Goni, l’initiation, au gourna, il récolte du respect et de la considération dans le contexte des relations humaines. Tels sont les préjugés, les stéréotypes, les idées faites par le Tpuri à l’endroit des ses voisins. Cependant cette vision stériotypée du Tpuri vis-à-vis des autres peut conduire à une vision de ce dernier au miroir de ses voisins. D’aucuns le qualifient d’un être sans but. Jouisseur et sans grande ambition, il apparaîtrait comme un être sans vision et naviguant à vue dans un monde qui évolue pour d’autres. Le miroir dans lequel l’on voit l’autre est toujours un peu plus sale et l’on est toujours un peu plus exigeant par rapport à ce qu’il est. Tel est le jeu des images toutes faites auxquelles semblent se donner les uns à l’égard frd autres dans la société. Pourtant, lois de penser seulement à un processus de dénigrement, il s’agit d’une
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autre manière d’exprimer sa culture et de l’imprimer au monde. C’est à juste titre qu’on a longtemps considéré des stéréotypes, comme des éléments de l’inconscient collectif d’une aire culturelle autour desquelles se fixent la croyance et les préjugés de classe, favorisant ainsi une lecture hiérarchisée de la société et de ses relations. Toupouri, Toubouri, Tpuri – lequel est juste ? Si officiellement, le peuple est désigné au Cameroun de Toupouri et la langue de toupouri, il n’en a pas toujours été ainsi. Il existe plusieurs orthographes du terme qui les qualifient. L’on retrouve Tuburi chez Hans Dominik (1906) et d’autres auteurs allemands. Ensuite les expressions Toubouris parsèment la littérature coloniale française (Milbratt (1912), Herse (1934), Marin (1937)). Ebert (1952) écrit même Tubiri. Ruelland préfère tupuri dans ses recherches sur la langue dans le village de Mindaoré au Tchad. Feckoua est ambivalent, dans sa thèse il a utilisé l’orthographe Tupuri (1977), mais depuis 2002 il semble préférer Toupouri. Bien d’autres auteurs à l’instar de Tourneux et Seignobos utilisent systématiquement Toupouri. La thèse de doctorat de Fendjongue sur le pouvoir chez ce peuple utilise aussi l’orthographe Toupouri. Les auteurs religieux (Kleda, Cappelletti) emploient tupuri. Le seul auteur qui s’accroche systématiquement à l’orthographe Tpuri est Kolyang Dina Taïwé. En effet, il justifie cette utilisation par la sémantique propre au peuple lui-même. Pose-t-on la question « qui estu ? » (ndo diŋ je mãy ?) à un membre de ce groupe, il répondra je suis un Tepuri (ndi diŋ je Tepuri). Le « T » étant « humide », comme comportant un « e » aspiré. Le « i » final étant une déclinaison. En effet, l’on dit a diŋ jar Tepur woo (ce sont des Tepur). Le terme je (pluriel jar) désigne le genre humain suivi de la spécificité raciale, clanique ou sociale. Le peuple se nomme lui-même Tepur (décliné en Tepuri ). Nous avons donc préféré la désignation Tpur (déclinée en Tpuri) à toutes les autres appelations car plus proche de la prononciation avec laquelle les concernés se désignent eux-mêmes. Les voisins peuls des Tpuri les nomment Doreedjo, les gens de Doré, en rapport avec le Pape des Tpuri, Wang Doré.
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Chapitre 1 : Description de la langue Indiquant également l'ethnie, le mot «tpuri» désigne une langue parlée à la frontière entre le Tchad et le Cameroun et « [classé] par Boyd parmi les langues du groupe 6, Mbum, de la famille Adamawa-Oubanguienne, du Sous-Phylum Niger Congo.»11 Dans la langue tpuri, Ruelland12 distingue 24 voyelles divisées en 14 orales dont 7 brèves et 7 longues et 10 nasales dont 5 brèves et 5 longues réparties comme suit : orales brèves : a, e, ε , i, o, Ǥ, u orales longues : aa, ee, εε, ii, oo, ǤǤ, uu. Nasales brèves : a, e, i, o, u et nasales longues aa, ee, ii, oo, uu. Toujours selon cette auteure, il existe 25 consonnes dont 18 orales et 7 nasales et prénasalisées présentées comme suit : b, ǣ , c[tȓ], d, ǧ, f, g, h, j[dz], k, l, m, mb, n, nd, n, ŋg, p, r, s , t, w, y[j]. La voyelle longue se représente par le redoublement de la voyelle. Langue à tons et à phonèmes complexes L'alphabet tpuri possède de nombreux phonèmes qui peuvent constituer un obstacle pour les non locuteurs de la langue En effet, la langue tpuri comporte quatre grandes hauteurs tonales.13 On distingue le ton haut ú ; le ton mi-haut ū ; le ton mi-bas ù ; le ton bas ü. On note dans la réalisation de l'acte de parole des oppositions entre ces tons. Les oppositions tonales sont de deux ordres. On distingue les oppositions dans le paradigme verbal et les oppositions sur le lexique. Dans le paradigme verbal, les oppositions sont également de deux ordres. On a quatre oppositions dans le paradigme verbal 11 Ruelland (S.) : Description du parler tupuri de Mindaoré, Mayo-Kebbi (Tchad). Phonologie, morphologie, syntaxe, Paris, 1992, 585 pages, p. 8. 12 Ruelland (S.) : Dictionnaire tupuri -français- anglais (Région de Mindaoré, Tchad), Peeters/ SELAF, Paris, 343 pages. 13 Ruelland (S.) : Description du parler tupuri de Mindaoré, Mayo-Kebbi (Tchad). Phonologie, morphologie, syntaxe, op. cit., p. 90
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de l'injonction, deux oppositions dans le paradigme verbal aspectuel.14. Les premières sont données par : consonne sourde + voyelle fermée Injonctif ton haut Näa ǧúu coore pilons du mil ! Accompli ton mis-bas Näa ǧùu coore nous avons pilé du mil Inaccompli ton bas Näa ǧüu coore nous pilons du mil consonne sourde + voyelle ouverte Injonctif ton mis-haut Courons! Näa ǧée Accompli ton mis-bas nous avons couru Näa ǧèe Inaccompli ton bas nous courons Näa ǧëe consonne sonore. + voyelle fermée Injonctif ton bas haut Näa dúu coore touchons du mil! Accompli ton mis-bas Näa dùu coore nous avons touché du mil Inaccompli ton bas Näa düu coore nous touchons du mil consonne sonore + voyelle ouverte Injonctif ton bas mi-haut Näa jö bïí buvons de l’eau! Accompli ton mis-bas Näa jò bïí nous avons bu de l’eau Inaccompli ton bas Näa jö bïí nous buvons de l’eau
A l'injonctif, les tons mi-bas et bas s'opposent toujours l'un à l'autre à des hauteurs qui apparaissent comme des variantes contextuelles, parce que conditionnés par les segments des verbes. Quelques oppositions tonales dans le paradigme verbal aspectuel sont données par le tableau suivant : Inaccompli Accompli Inaccompli Accompli
consonne sourde. + voyelle fermée Mi haut je pile du mil ndi ǧuu coore mi-bas je pilai du mil ndi ǧùu coore consonne sourde+ voyelle ouverte mi-haut ndi see j'avance mis-bas ndi sèe j'avançai
Dans ce paradigme, «l'opposition entre un ton mi-haut et un ton mi-bas est attestée pour tous les verbes avec la valeur sémantique oppositive entre l'inaccompli et l'accompli.»15
14 Ibid. p. 90-94. 15 Ruelland (S): Description du parler tupuri de Mindaoré, Mayo-Kebbi (Tchad). Phonologie, morphologie, syntaxe, op. cit, p. 94.
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Quant aux oppositions des quatre hauteurs sur le lexique, ces dernières diffèrent selon que la consonne à l'initiale d'un article est sourde ou sonore et selon que la voyelle finale est fermée ou ouverte. Ainsi on a entre autres les cas suivants : consonne initiale sourde + voyelle fermée
Opposition de ton haut opposé à mi-haut haut à mi-bas
Consonne initiale sourde + voyelle ouverte
haut opposé à mi-haut
Consonne initiale sonore + voyelle fermée
haut opposé à mi-haut
haut opposé à bas
haut opposé à bas
Exemples súwáare : karité sùwàarè : nuages húy : rat hùy : nez háagú : limite, frontière hàagè : couteau de jet sáale : corde säalë : une vingtaine gïrí : se dressant droit gïrì : argile rouge búsälë : blennoragie büsälë : cauris
En raison de ces différentes oppositions des hauteurs tonales observées dans la langue, les tons jouent un rôle très important dans la communication. Les tons dans la langue tpuri, comme dans toutes les langues dites à tons jouent le rôle d'unités discrètes en ce sens que toute substitution d'une hauteur tonale à une autre entraîne une variation significative du mot. C’est le cas des énoncés suivants : Avec tons á díŋ féw á díŋ few á díŋ fèw
sans tons á diŋ few á diŋ few á diŋ few
ton attribué ton haut ton mi-haut ton mi-bas.
traduction c'est un Afzelia africana (arbre) c'est la lune c'est un piège à collet
Ainsi, les tons ont une fonction distinctive, car ils permettent de distinguer les signifiés différents. Aussi la substitution d'une hauteur tonale à une autre peut neutraliser le sens du mot ou de l'énoncé. Conséquence, le mot ou la phrase n'a plus de signification dans la langue. C'est par exemple le cas suivant : on ne peut pas dire «á diŋ fëw». Cet énoncé n'a aucun signifié dans la langue. Donc le ton bas n'a pas sa place dans cet énoncé. En somme, le système tonal dans la langue tpuri est d'un maniement très délicat. En effet, il a toujours posé d'énormes
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difficultés aux non locuteurs de ladite langue qui ont l'ambition de l'apprendre, surtout ceux dont la langue maternelle est une langue sans tons. Il en va de même pour les natifs débutants qui ont accusé un retard dans l'apprentissage de leur langue maternelle et qui de ce fait ont déjà acquis des habitudes linguistiques dans d'autres langues. Nota Bene : Dans le présent ouvrage, nous utiliserons un alphabet simplifié où les accents symbolisant les tons seront omis. Le contexte justifiant en général le ton imposé. Exception sera faite pour à (l’impersonnel on) et le pronom personnel á…woo (ils) pour le différencier du a (il).
Par rapport à la syntaxe, la phrase tpuri se présente sous la structure de la phrase française à savoir Sujet + Verbe + Complément. ndi re hoole a see de parday
je mange la nourriture il marche vite
Cependant en français, cette structure peut être bouleversée pour des raisons stylistiques. Mais tel n'est pas le cas en tpuri, car chaque mot a sa place à lui et ne peut être déplacé. L'adverbe en tpuri occupe toujours la dernière position dans un énoncé ou dans une phrase. Nous avons les exemples suivants : Ecriture en tons á ǧèe kúm á dë häa mbale Day wàará là sǤ bǤn dá'a mo debaŋ
Ecriture sans tons á ǧee kum á de haa mbale Day wara la so bon da' mo debaŋ
Ndo ko ba mö hò'ö jag tpur bay wáagë me dë pàrdày wa ga ?
Ndo ko ba mo hõ' jag tpur bay wããge me de parday wa ga ?
Traduction Il court vite Il est forcément méchant Alors, aujourd'hui tu as donc rencontré beaucoup de souffrances. Comme tu le constates, j’ai des difficultés à parler couramment le tpuri.
Dans la phrase tpuri, normalement le substantif sujet, se trouve toujours avant le verbe :
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Avec tons Wokréo räw raŋgë. á ráw wǤǤ sú bàa cèë
sans tons Wokreo raw raŋge. á raw woo su baa cee
traduction Wokréo a voyagé. Ils sont partis à la pêche hier
L'adjectif qualificatif, qu'il soit attribut, sujet ou épithète, est cependant séparé du nom par le déictique mäà dë. Comme exemples, nous avons les énoncés ci-après : Avec tons á wǤǤ dë häa á wǤǤ këleere Däy mäà dë tàbäy Dεεrε mäa dë tèbεεrεε wǤǤ Näy mäa dë bùugí Jag tpur mäa dë wǤǤre dà’a gë ga so
sans tons á woo de hãã á woo kelẽẽre Day maa de tabay Dẽẽre maa de tebẽẽre woo Nay maa de buugi jag tpur maa de woore da’ ge ga so
Traduction Ils sont méchants Ils sont petits Un boeuf noir Des boeufs noirs La viande pourrie Le tpuri pur ne se parlera plus
La présence de l’expression mäa dë entre l’adjectif et le nom que ce dernier qualifie est nécesssaire et a un impact sur la bonne compréhension du sens de l’énoncé. La morphosyntaxe tpuri semble être complexe et constitue de ce fait une barrière aux non-locuteurs de la langue. Dans ce sens, nous étudierons cette complexité de la morphosyntaxe au niveau de la marque du pluriel compte tenu du fait que en tpuri, celle-ci se manifeste différemment selon les types de morphèmes, nous examinerons les cas suivants : la marque du pluriel au niveau du substantif, du verbe et de l’adjectif qualificatif. En tpuri, le pluriel ne se manifeste qu’au niveau des noms de la catégorie dénombrable. Ce pluriel, de manière générale, se forme en adjoignant aux morphèmes les suffixes -re, -ri. Ce suffixe pluralisateur connaît plusieurs réalisations vocaliques selon que les voyelles de la base sont fermées ou ouvertes. L’adjonction des suffixes -re ou -ri à une base du substantif donne lieu à plusieurs cas possibles de variations morphologiques du substantif. 1. Lorsqu’on adjoint à la base (du substantif) le suffixe -ri, celleci est conservée, mais la voyelle de sa première syllabe s’allonge. La dernière voyelle conserve le ton final de la géminée.
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singulier tiŋ : case, maison piri : cheval Fi : herbe fii : chèvre
pluriel tiiŋri : cases, maisons piiri : chevaux fiiri : herbes fiiiri : chèvres
2. Lorsqu’on adjoint à la base le suffixe -re, deux variations morphologiques de celle-ci s’observent : - La base est conservée et la voyelle finale garde le ton final de la base : singulier kage : poulet nãy : animal sauvage, gibier à poils baw : antilope cheval bolo : l’homme
pluriel kagere : poulets nãyre : animaux sauvages, gibiers à poils bawre : antilopes cheval bolore : les hommes
- La première consonne de la base est conservée, mais on observe des modifications d’ordre phonétique, phonologique de cette base. On pourrait parler de cas d’irrégularité. Néanmoins, dans ces modifications, la voyelle finale garde le schème tonal de la dernière voyelle : singulier tuware : mâle wele : enfant de sexe masculin day : boeuf, bovidé, vache tuwãy: femelle
pluriel tuwerpiiri : mâles weere : enfants de sexe masculin dẽẽre : boeufs, bovidés, vaches tenaare: femelles
Le pluriel de l’adjectif qualificatif s’opère différemment selon que cet adjectif est attribut du sujet ou épithète. Employé comme attribut du sujet, l’adjectif forme son pluriel de deux façons : - Il est suivi du déictique pluriel woo et porte à sa désinence comme le substantif soit le suffixe «-ri» soit le suffixe «-re». a klee : Il est petit
á woo kelẽẽre : Ils sont petits
- Il ne porte aucun suffixe à sa désinence, mais il est suivi du déictique pluriel woo ; ce dernier marque alors son pluriel
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a de hãã il est méchant. day maa de tabay un bœuf noir
á woo de hãã ils sonts méchants. dẽẽre maa de tebẽẽre woo des boeufs noirs.
Par contre, employé comme épithète, l’adjectif est entre le déictique pluriel maa de... woo qui marque son pluriel : En tpuri, le sujet est le support initial d’incidence du verbe. En d’autres termes, le verbe ne prend que le nombre du support de l’incidence c’est-à-dire du sujet. Dans cet ordre, peuvent être support d’incidence les substantifs et les pronoms personnels ndi ndo naa wuri nday a à á ... woo
je tu nous inclus nous exclus vous il impersonnel «on», ils
et dans les discours rapportés, l’on utilisera à la place de à et á … woo les termes: se saara
il, elle ils, elles.
Si pour certaines langues non africaines telles que le français ou l’anglais, les éléments de reconnaissance du nombre des verbes sont des flexions, en tpuri, il n’existe pas de flexions indiquant le nombre du verbe. Mais, il existe plutôt des désinences indiquant les temps, les modes et les aspects des verbes.Cependant, on parvient à reconnaître le nombre du verbe à travers le déictique pluriel woo placé généralement après le verbe. Mais cette règle n’est applicable qu’aux verbes ayant pour support d’incidence le substantif. Voici quelques exemples : Werpiiri wãã woo gana : Les hommes ont dit ceci Maiday lay Maifíiri lay raw woo baa cee : Maïday et Maïfiiri sont parties à la pêche Remarque : La coordination française et est donnée en tpuri par lay... lay ou woo de.
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Le nombre des verbes dont le support d’incidence est un pronom se reconnaît plutôt à travers le nombre du pronom lui-même. Autrement dit, le nombre du verbe est dépendant de celui du pronom lorsque celui-ci est son support d’incidence : Á ma’ woo kẽẽ Ils ont lutté Ndo joŋ fereŋ Tu as volé Naa ŋgog go Nous avons maigri
De manière générale, nous pouvons dire qu’en tpuri les suffixes pluralisateurs -re, -ri (qu’on peut intégrer à une base nominale ou adjectivale) et le déictique pluriel woo (qu’on peut adjoindre à un énoncé) sont des morphèmes de modalité par excellence, c’est-àdire des morphèmes qui permettent de reconnaître le nombre. En somme, il n’est pas facile de reconnaître le pluriel d’un mot, d’un syntagme ou d’une phrase, encore moins de mettre ceux-ci au pluriel à cause de l’inexistence de l’article et des flexions qui, en principe pourraient faciliter la tâche, c’est-à-dire l’apprentissage de la langue. Tout comme dans beaucoup de langues, le lexique tpuri semble être complexe. Cette complexité émane de deux problèmes majeurs à savoir celui de la polysémie et de l'homonymie. A cela s’ajoute l'existence de deux variétés dialectales. En tpuri, il existe des entrées qui génèrent plusieurs signifiés. Ce n'est qu'au niveau de leur emploi qu'on parvient à distinguer les signifiés. Il s'agit par exemple du mot jaŋge qui signifie à la fois lire et trottiner. Il en va de même pour le vocable durgi qui a plusieurs sens à savoir guerre, action de guerroyer, bouger ou le fait de bouger. De même, certains verbes admettent un «complément référentiel» pour générer plusieurs sens. C'est par exemple le cas du verbe jooge, boire. A ce verbe, on peut adjoindre les compléments yii et bone; on obtient les lexies suivants : jooge yii, le fait de boire le vin, jooge bone, le fait de souffrir. Ce problème de polysémie et d'homonymie, commun d'ailleurs à toutes les langues, peut tout de même constituer un handicap.
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Les emprunts et déviances linguistiques Le tpuri évolue aujourd’hui en chevauchement fonctionnel avec le fulfuldé et le français. Les conséquences se retrouvent à plusieurs niveaux : le ton, le lexique et la syntaxe. Dans la chaîne parlée, le ton joue un rôle d'unité discrète en ce sens qu'il permet de distinguer les signifiés différents. Ainsi, une fausse manipulation du ton entraîne systématiquement une variation significative du morphème, voire la neutralisation du sens de celui-ci ou de l'énoncé. Outre les phonèmes identiques sur le plan acoustique, il existe des phonèmes tpuri qui ne figurent pas dans le système phonologique français mais qui existent en tant que graphèmes, c’est à dire des éléments servant à transcrire une langue. C’est le cas des phonèmes dans les mots comme : cẽẽ jagjoo yoo
[t∫e] [dzakdzo] [jo]
poisson proverbe prix
C’est à juste titre qu’il convient de penser avec Gervais Mendo Ze que le français des Camerounais « est abondamment influencé par les langues nationales et (...) comporte un accent marqué par les habitudes linguistiques acquises dans les milieux ambiants premiers ». « cet accent selon lui peut aussi être fonction du degré de culture du locuteur »16. La différence de système phonologique entre les deux langues (tpuri et français) est la principale cause, ceci d’autant plus que pour le locuteur tpuri qui parle « un français tpuri », les mots qui posent le plus souvent problème sont des mots comprenant des phonèmes qui n’existent pas en tpuri. Ce locuteur dans son besoin de communiquer, cherche dans sa langue des correspondants aux phonèmes français. Le choix des phonèmes de substitution ne se fait pas au hasard. En effet, les correspondants trouvés aux phonèmes français qui posent problème sont les plus proches de ces phonèmes sur le plan articulatoire dans la mesure où le mode d’articulation est le même 16 Mendo Ze (G.): Le français en Afrique noire francophone, Paris, ABC, 1990
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et les plus proches sur le plan acoustique parce que les lieux d’articulation sont identiques. Le tableau ci-dessous présente la liste des phonèmes français qui ne sont pas aisément prononcés par les locuteurs tpuri. normal y: but [byt] Ø: peu [p Ø]
déviant i: bit [bit] e: pé [pe]
Ǥ : longuement [lǤgmã] e: longuément [lǤgemã] œ: brun [brœ] ε: brin [brε] v: vélo [velo] f: felo [felo] z: raison [rεzǤ] ∫: chercher [∫εr∫e] z: déjeuner [dezœne]
s: raisson [rεsǤ] t∫: [t∫εrt∫e] dz: [dedzœne]
« L’accent peut aussi être fonction de degré de culture du locuteur » dit Mendo Ze. Les locuteurs qui n’ont pas atteint un certain niveau scolaire, parlent français avec un accent tpuri très perceptible. Par exemple, le [te] en finale devient [dé] et quelque fois, le [e] est remplacé par [i]. Exemples: bicyclette [bisiklεt] devient [bisiklεde] Martine [martin] devient [martini] De même, les mots qui se terminent par une consonne et qui n’ont pas un [ ] muet, se prononcent chez ces locuteurs comme s’ils comportaient un [é] en finale. Exemples: “final” se prononce “finalé” “directeur” se prononce “directeré” A côté de ce phénomène de substituts aux phonèmes inexistants dans la langue, les emprunts linguistiques enrichissent la langue tpuri. Quelques autres emprunts au français sont : butigi : fare : farmasi : felo (felew) : foto : godeboŋ : gumser
boutique, magasin phare pharmacie vélo photo coup de poing commissaire
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jofere kale kalsoŋ komandaŋ : kostum : laporte : lere : li : pare : pengele : sag : sosete : tablo : tayere :
chauffeur cale caleçon commandant costume porte l’heure lit pari, tontine épingle sac chaussette tableau noir tailleur
Au Nord-Ouest du pays tpuri, le Diamaré camerounais est occupé par les Peuls, ennemis légendaires des Tpuri avec lesquels ces derniers entretiennent, de nos jours, des rapports pacifiques. Même si les Tpuri sont restés très allergiques à la langue peule comme support de l’islam au Nord-Cameroun, ils ont cependant empruntés plusieurs mots de cette langue. En effet, la majorité des emprunts tpuri à des langues africaines est d’origine peule ou transite par cette langue. En voici quelques exemples : asana : bambado : doole dulya : dumo : gonga : grama : hiila : jam :
allumette griot obligation le monde son de farine vérité impôt prétexte paix
Les locuteurs tpuri sont sensibles aux différents parlers de leur langue. Ces variétés dialectales se distinguent au niveau lexical, voire phonologique et quelques fois syntaxique. Les nombreuses variétés font référence à des localisations géographiques. Ainsi,
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nous avons le tpuri de ǣaŋ liŋ, vers-chez-soi, qui est la variété la plus « pure », car se trouve au centre du pays tpuri et les locuteurs ne sont pas en contact avec les ethnies voisines. L'existence de deux variétés dialectales Désignées en référence aux découpages géographiques, les deux grandes variétés dialectales à savoir la variété ǣaŋ liŋ au Tchad et une partie du Cameroun, la variété ǣaŋ go exclusivement au Cameroun, diffèrent l'une de l'autre soit au niveau lexical, soit au niveau sémantique ou phonétique. Ainsi, un mot de la variété dialectale ǣaŋ liŋ peut soit ne pas exister en parler ǣaŋ go, soit avoir une autre prononciation ou une signification autre que celle du parler ǣaŋ go et vice-versa. Nous donnons quelques exemples pour cerner ces différences. Quelques différences entre les variétés dialectales ǣaŋ liŋ et ǣaŋ go Variété dialectale ǣaŋ liŋ abeille celan acné cembεεl durgi yeeru jeu de pions avion baabur chaîne paklam linceul bakda
Variété dialectale ǣaŋ go abeille yõõre acné jembel durgi poo jeu de pions avion afiyõŋ chaîne cene õõbεε maa linceul tee huuli cheval maa - pal ǧiwil
lasware
grand couteau de jet en bois tourbillon de poussière lame de rasoir
dufe
vin
yii
maa-pal siwil
lasware
tourbillon de poussière qui sonde (les gens) vin
Différenciation lexicale phonétique lexicale lexicale lexicale lexicale sémantique phonétique sémantique lexicale
Face à ces deux variétés dialectales, les non locuteurs et même les natifs débutants dont l'âge dépasse déja un certain seuil se trouvent parfois embarrassés parce que le vocabulaire se révèle difficile et complexepour eux. Ce qui pourrait provoquer le dés-intérêt pour l'apprentissage de la langue.
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L’affirmation, la négation et l’interrogation Plusieurs expressions sont utilisés dans le parlons Tpuri pour répondre à l’affirmative. Il s’agit entre autres : Termes Ãã : Oui Yo / Yowa : Bon De’ele : Bien Do sen ne no : Il en est ainsi
Exemples Ãã, a diŋ fen maa de el mbe : Oui, c’est une bonne chose Yo, ndi laa we: Bon, j’ai compris De’ele, ndi a yaŋ toŋ : Bien, je viendrai demain Waare ǣon mbe ǣaa do sen ne no : Ta parole a toujours été ainsi
Dans une phrase, la négation se réalise par le mot ga Ndo re hoole we ? Baywa, ndi re hoole ga
As-tu mangé la nourriture ? Non, je n’ai pas mangé la nourriture.
Fdam yãã ǣẽẽre ǣen mbe we seŋ ? Baywa, a yãã ne seŋ ga Fdam a-t-il récupéré ses dettes ? Non, il ne les a pas récupérés. Weere fer wo ti lakol toŋ so ge? Baywa, a fer wo toŋ ga Les enfants reprennent les classes demain? Non, ils ne reprennent pas demain. Waŋ raw mbe we raŋge seŋ? Le chef a t-il voyagé? A’ a, a da’ nen ga Non, il n’a pas eu le temps. Je wuu Jar wuu Jag wuu Tiŋ wuu
un Européen les Blancs la langue française et par extension toute langue parlée par les Européens Ville
Pronoms personnels en fonction sujet Ndi ndo naa wuri
je tu nous (inclusif) nous (exclusif)
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nday a à á ... woo
vous il impersonnel «on», Ils
Dans les discours rapportés, l’on utilisera à la place de à et á … woo les termes suivants : se
il, elle
saara
ils, elles
Les directions et différentes positions sont données par : wur bolaw : Ouest wur botoŋ : Est glonhwede: Nord ǣan ni wãybane: Sud blam: après, à la suite de pele: devant
guri: gauche
ware: droite
ti jeŋ: à côté ciŋ ti : au dessus de wer : sous, dessous, derrière pel deger : tout droit
Sir jar mberhẽẽre wo diŋ ti wur bolaw sir tpuri Le pays des Moundangs se trouve à l’ouest du pays tpuri Sir Dubane diŋ ti wur botoŋ Gidigisi Doubane est à l’Est de Guidiguis De yaale, leege fiǧ debaŋ le nen glonhwede En saison de pluies, le vent vient du Nord Jar co’ge mbuǧ wo nen wo nen ǣan ni wãybane Les sacrificateurs se tournent vers le sud Blam lumo car re ne jar se L’après-marché accuse les gens Wee klee bay seege pel jar wa. L’enfant ne marche pas devant les gens. Je haǧge see pele, weere see wo blam ǣe. Le maître marche devant, les enfants marchent derrière lui. A bay hãã feere ne jar ni jar Tpur wo de do gur wa On ne donne pas les choses en pays tpuri avec la main gauche. Ndo dag jo nen war, a koo mo de el Quand tu danses adroitement, les gens t’apprécient. Blam wuu ma woge Yagoan kan do war go ne Dugla La route qui mène à Yagoua laisse Doukoula à droite. A laa manda ti jeŋ sukar ga. On ne met pas le sel à côté du sucre. Jar po cor wo koore ciŋ ti tiŋ ǣaara Certaines gens mettent des bois sur le toit de leurs cases. Je freŋ yon fẽẽre freŋ ǣen wer preŋ Le voleur cache les choses volées sous le lit. Je sode se pel deger Un soldat marche droit.
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gisidgi: milieu yoo: milieu/parmi
Waŋ see ti gisiǧgi jar faada ǣe wo Le chef marche au milieu de sa cour. Fii masen bay ooge yoo kããra ǧegeǧ wa Cette chèvre ne reste pas tranquille parmi les autres.
La division du temps : adverbes et noms de temps Le temps se désigne par wur qui définit en premier chef le soleil, mais par ricochet le jour, le temps et l’heure par référence à la position du soleil. Ti gisiǧgi suŋ Ti kag roo Wur le busumbusum Ngel busumbusum Ngel le go de maŋ were Wur maŋ ǣil ciŋ Jag toŋ mbuhu Wur de moday De moday bii piri Wur bii fiiri Wur day Wur de’ hoole maa de cege Wur ǧegere Wur de haw soole Wur fiiri ma de law Wur naa leege Wur fuǧ we Wur de le’ge gesiŋ Wur de kaŋge ti koore Wur day mola
Wur baa lware nen Wur de’ hoole ma de law Wur ǣilgi nene
au milieu de la nuit au chant du coq de grand matin, aurore
minuit vers 4 h vers 5 h
le temps s’éclaircit le soleil monte tôt le matin la matinée l’heure de donner à boire aux chevaux l’heure de donner à boire aux chèvres l’heure où les bœufs sortent ou rentrent l’heure où l’on mange la boule de mil du matin
vers 5 h vers 6 h vers 6 h vers 7 h vers 9 h
le soleil se casse le cou l’heure où les chèvres rentrent l’heure où le vent se lève le soleil s’esquive, crépuscule au coucher du soleil le soleil se pose sur les arbres crépuscule, quand on ne peut plus reconnaître quelqu’un dans l’obscurité l’heure où l’on mange la boule de mil du soir l’heure de la veillée
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10 h 9 h, 17 h vers midi midi 13 h vers 15 h 16 h 16-17 h vers 17 h 18 h
18 h 30 vers 19 h vers 20 h
Wur laage tiŋma
l’heure où l’on entre à l’intérieur de la maison
vers 20 h
Adverbes et noms de temps ǣaa ǣaa longtemps Taŋgu avant, d’abord, auparavant
Ndi see ǣaa ǣaa bay je koǧge J’ai longtemps erré sans guide Taŋgu, sir Gidgis hay diŋ yoo way Auparavant, Guidiguis était une brousse
keǣaa/keǣaala
A wãã keǣaa la ga na tay wo ni waŋ. On a dit il y a quelques instants que l’on se réunit chez le chef A raw keǣaa hãã kore. Il est parti depuis en brousse. Mota ma caw her ti naw renam tum Cette voiture passe tous les 7 jours. A raw raŋge ti naw sen la. Il a voyagé ces jours-ci. Ti naw tum yii de kaŋge liŋ ni Guskreo Chaque jour, il y a du bil-bil chez Gouskréo. Ndi wo Cad ti boŋ ga Je ne suis jamais allé au Tchad. Wara diŋ wur iggi Aujourd’hui est jour de repos. Ndi da’ nen we wur po, ndi wo yaŋ woo se ǣay ǧa. Si je trouve une occasion un jour, je viendrai chez vous. blam lumo car re ne jar se L’après-marché accuse les gens Ndo nduu blam jar ǣuy le la ? Pourquoi es-tu arrivé après tout le monde? Naa ig smagga ǧa Reposons nous un peu. Wramo jo yii wese la debaŋ, kol nage go ǣi pyew Wramo a beaucoup bu avant-hier, il a dormi dans la rivière. Wese dera’ puy a baa fii liŋ ni Il y a exactement deux jours, une hyène est venue attraper une chèvre à la maison.
depuis, il y a quelques instants, dernièrement, tout à l’heure ti naw renam dans 7 jours ti naw sen la ces jours-ci ti naw tum chaque jour ti boŋ ga jamais wara aujourd’hui wur po un jour blam : après, à la suite de, en retard smagga : quelque temps, un instant Wese avant-hier ou plusieurs jours wese dera’a il y a exactement deux jours
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wese la l’autre jour suu : hier, le jour avant, la veille toŋ : demain, lendemain toŋ ǣen de law le lendemain soir
toŋ ǣen de toŋ le lendemain matin toŋ ǣen le lendemain toŋ de law demain soir toŋ de toŋ demain matin toŋ la ce matin toŋ de toŋ mbuh très tôt le matin de toŋ toŋ tôt le matin jag toŋ matin su de jag toŋ hier matin pelnew après demain, le lendemain tagla cette année kani l’année dernière
Wese la war Mailodyaŋ raw kange ǣe ne pan ǣe L’autre jour, le mari de Mailodyang l’a raccompagnée chez ses parents. Suu wur sii le go ti yii huuli Garwa Hier nous avons passé la journée aux funérailles à Garoua. Toŋ diŋ dimasi Demain c’est dimanche. A maŋ way do wara ne no, a a de fẽẽre ma ti ǣen toŋ ǣen de law On est parti avec la mariée comme aujourd’hui, le lendemain soir on a apporté sa dot. A da way le wara toŋ ǣen de toŋ a bus go On a épousé la femme aujourd’hui, le lendemain matin on l’a répudiée. Wara na jo’, toŋ ǣen na ig Aujourd’hui on sème, le lendemain on se repose. A ur le Yawunde suu a day Marwa toŋ de law Il a quitté Yaoundé hier, il arrive à Maroua demain soir. Tren ma wara de suŋ day Gawndere toŋ de toŋ Le train de cette nuit arrive à Ngaoundéré demain matin. A tee ngel go toŋ la dẽẽre bay wo ǣi kaw ni wa so Au réveil ce matin, les bœufs n’étaient plus dans l’étable. Kal go toŋ de toŋ mbuh Sors très tôt le matin Laa we go toŋ de toŋ Sortez tôt le matin ! Caa ngel le de jag toŋ Viens le matin A raw su de jag toŋ Kaele, se hom le ga so Il est allé hier matin à Kaélé, il n’est plus revenu. A tee huulin go tee, pelnew ǣe a dus go so. On a enterré le mort, le lendemain on s’est séparé. Tagla la ndi da’ coore ga Cette année-ci, je n’ai pas eu de mil. Kani bal ǣlag woo klar go me L’année passée les éléphants ont détruit mon karal.
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deebu année prochaine blam taw le dernier kolge pel devenir premier
Deebu ndi raw ǣi fil ig see ǣi me’ ǧa L’année prochaine, j’irai en ville me reposer un peu. Naw maa blam taw les derniers jours
Le nouvel an tpuri se nomme ngel teege. Il coïncide avec le début de la saison sèche et est marqué par la fête du coq. L’on se situe en octobre-novembre. Ngel teege signifie aussi le lever du jour. Division du temps selon les phénomènes naturels few / mois ancoo baa aussi yaale boo tiŋ burgi ceere dãã gumugi aussi musgware hooge mbiiri way gara hoole gara jo’ge, kabge, mulum maa wee babu
Explication mois de la saison froide, saison de récolte des arachides, pois de terre lune de la pluie/saison des pluies début de la grande saison sèche où l’on construit les cases lune de la poussière lune du froid lune de la flûte les gens sont faibles et attrapent facilement les maladies
correspondance octobre - novembre
lune où on ramasse les déchets de chiens
avril-mai
juin/juillet
vers avril vers décembre janvier vers décembre janvier vers juillet-août
vers août-septembre vers mai
mois des semailles lune pour moissonner le mil babu
maa wee coglum twale
lune pour moissonner le mil coglum
waŋ yegge
le mois du chef Dore fêtes des récoltes
mois où le soleil brûle
vers novembre décembre Novembre vers septembreoctobre février-mars
L’infinitif et le temps des verbes Les verbes ont leur infinitif en gi ou en ge. Les racines contenant le phonème a, aa, e, ee, o, oo ont leur infinitif en ge. Les racines en i, ii, u, uu ont l’infinitif en gi. Quelques exemples : con ge, a ge, yãã ge, aa ge, kaŋ ge, wãã ge, tay ge, gay ge, see ge, ii gi, griǧ gi, huu
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gi, suu gi. Pour conjuger un verbe, on omet la terminaison ge ou gi. Dans la forme inaccomplie, le verbe se conjugue au ton mihaut. On a ainsi le présent, dans une action progressive. Ndi ǧuu coore maa laage ne kagre woo : Je pile le mil pour donner aux poules. A raa debaŋ, wose ǣe huu la ? : Il pleure beaucoup, qui des siens a t-il perdu ?
Pour mieux marquer l’action progressive, l’on utilise parfois la particule de qui indique que l’on est en train de mener l’action. Il précède directement le verbe conjugué. Ndi de de’ hoole : Je suis en train de manger. Pan ǣe de cee ti ne he ne : Son père est en train de le coiffer.
La forme accomplie se présente sous le ton mi-bas. Elle représente une action passée. Huuli pan ǣe cèn debaŋ, à ràa ne debaŋ lay : La mort de son père lui a beaucoup fait mal, on l’a aussi beaucoup pleuré. Ndi sèe nen ceg suu, kol cee ti go me : J’ai marché hier sous le soleil jusqu’à avoir mal à la tête.
La particule hay peut être utilisé pour situer une action dans le passé ; hay se place toujours avant le verbe counjugé. Ndi hay suu ig se ǣi me’ ǧa : Je me suis couché pour me reposer un peu. Waŋ hay raw go raŋge, a fer le liŋ suu kway ǧa: Le chef avait voyagé, il n’est rentré qu’hier.
Le futur se confond généralement avec la forme inaccomplie. La phrase peut aussi contenir un adverbe de temps pour situer l’action dans un contexte d’avenir. Feo kag maa debun, waŋ ga se ǣrew nãy go ne jar raŋge wo ǣuy A la fête du coq de l’année prochaine, le chef dit qu’il distribuera de la viande à tous les voyageurs. Lakol tii wer pelnew, weere raw woo yer ǧuu ǣaara toŋ. L’école commencera après demain, les enfants iront s’inscrire demain.
Le futur immédiat qui se confond parfois avec le présent progressif peut aussi s’exprimer par la particule yaŋ. On dira :
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A a hun la ? A yaŋ age toŋ : Il vient quand? Il viendra demain. Do ǣi wak me, ndi da’ sungu yaŋ: Ma main me gratte, j’aurai de l’argent.
Placé avant le verbe, il renforce l’action dans le sens progressif. Mis à la fin, il est un adverbe qui appuie l’action progressive. Les comparaisons Pour comparer deux entités, l’on utilise les expressions do ou ti ǣaale : do comme ti ǣaale comme
Bii man le tagla doo maa kanin ne pa no L’inondation de cette année est sembable à celle de l’année dernière. Liw cee ti go ti ǣaale pan ǣe La pintade a rasé la tête comme son père. (proverbe)
Pour marquer l’inégalité dans le comparatif l’on utilise daŋ woore daŋ plus beau que
Way ma deŋ daŋ wãy ǣi woore Cette femme est plus belle que la mienne.
Le superlatif se forme avec daŋ… ǣuy Daŋ … ǣuy
Daŋ … do … ǣuy Le plus adroit ǣaale
boŋ une fois ǣaale boge deux fois ǣaale swa’ trois fois ǣaale
naa quatre fois ǣaale dwee cinq fois
Walyam daŋ weere Marwa woo ǣuy Walyam est plus intelligent que tous les enfants de Maroua. Jagli daŋ ra do ǣuy Djagli est le plus adroit.
Ndi woo Yawunde ǣaale boŋ Je suis allé à Yaoundé une fois. Ndi dog wããre mo ǣaale ǣog ga Je ne te répéte pas la parole deux fois. Jar jag Baa yog wo ti de kage bii ǣaale swa’a Les chrétiens baptisent en versant trois fois l’eau sur la tête. A cor bii ne hen se ǣaale naa, blam sen se hu go Il a reçu quatre fois des perfusions, après il est mort. Faage bay gay ndo wa ga, werga ndo dog go wara la ǣaale dwee mono La route ne te fatigue plus puisque tu es venu aujourd’hui ici cinq fois.
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ǣaale
puri plusieurs fois ǣaale ndar dwee environ 5000 ǣaale … : environ …
Ndi baa yaŋ go ne hen ǣaale puri Je l’ai conseillé plusieurs fois. Yesu haa rege ne jar ǣaale ndar dwee Jésus a nourri près de 5000 personnes. A joŋ dẽẽre go ǣaale kisi Il possède près de 100 bœufs.
Les contractions Aux substantifs et verbes conjugés, l’on ajoute la lettre n, qui est une contraction de no ou ne, pour rendre ces substantifs déterminés. Je ceege : un malade Je ceege no = je ceegen : le malade Hãã bii le me me’ ǧa : Donne-moi un peu d’eau Hãã biin le me ǧa Donne moi l’eau (le récipient d’eau) Je ceegen yaŋ ǣe ? : Le malade va-t-il bien ? Baa raa tagla do ma kanin ne ga Il n’a pas plu cette année comme l’année dernière Koo yaŋ le wer swa’. Ndi maŋn le ǧa Il y a un tabouret sous le vestibule. Je l’amène. Konso taa solay do ǣi, ren go kermeneg. Konso a emprunté de l’argent chez moi, et l’a mangé kermeneg (idéophone)
Indéterminé Déterminé Indéterminé bii no = biin l’interlocuteur sait de quelle « eau » il s’agit. je ceegen (Un malade que l’interlocuteur connaît) déterminé kanin = kani no détermine le siège utilisé dans la phrase d’avant : maŋn = maŋ ne détermine l’argent utilisé dans la phrase d’avant ren = re ne
Les adjectifs et pronoms démonstratifs Le rapport de détermination restrictif, de destination, d’appartenance, de possession et d’opinion est marqué par le mot maa. Le démonstratif est présenté par l’expression se no, contracté en sen signifiant ce, cet, cette, ses, ceci, celle-là, celle-ci, cela. L’expression complète pour désigner le démonstratif est donc maa se no (maa sen).
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Sans indication de distance Proche/rapproché
Blo maa se no : Cet homme Werpiiri maa sen woo : Ces hommes Blo maa sen lam no : Cet homme-ci. Werpiiri maa sen wo lam no : Ces hommes-ci. Blo maa sen woo mo no : Cet homme-là. Werpiiri maa sen woo woo mo no: Ces hommes-là.
Loin/ éloigné
Pronoms démonstratifs A man maa kay, a men maa la no A a de maa kay
Il prit celui-ci, il laissa celui-là. Il est venu avec celui-ci.
Pour renforcer les adjectifs et pronoms démonstratifs, l’on utilise les adverbes suivants : Adv. deŋ
utilisation objet (animal ou être humain) debout
pluriel lug/lag deŋ deŋ woo, pour désigner distinctement les objets dans le groupe
ti’i
objet couché allongé
ka’a
personne ou arbre en station debout
lug/lag, ǧuggi/ǧage tiǧ tiǧ pour désigner distinctement les objets dans le groupe ka’ ka’a
ye’e
personne ou animal en position assise
lag/lug, ye’ ye’e ou yeǧ yeǧ pour désigner distinctement les objets dans le groupe
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Exemple Wel maa sen mo deŋ ti ǣe cen ge ? Cet enfant a-t-il mal à la tête ? Weere ma lug wo ti ǣaara cee ra ge Ces enfants ont-ils mal à la tête ? Deere ma deŋ deŋ bay wode haa wa : Ces vaches ne sont pas méchantes. Way ma ti’i gor tiǧ de el debaŋ Ce chien garde bien la maison. Wayre ma lug wo da woo kããra Ces chiens s’aiment. Fiiri maa tiǧ tiǧ kiǧ woo re yaŋ ne na ti wur po : Ces chèvres nous apporteront un jour des ennuis. Way go ka’a : Cette femme vit seule Koo ma ka’ hig go : Cet arbre a séché. Weere joore cor wo tiŋ go ka’ ka’a Les jeunes ont planté chacun sa case. Je maa ye’ a le gen ǧa ? Celui qui est assis là vient d’où ? Weere wo, lag we go yeq yeq so. Les enfants, asseyez vous chacun .
Les pronoms relatifs maa ga : ce, celui, celle … qui ; celle … que, quand, lorsque De maa ga : pendant que, lorsque Doo maa ga / Wer maa ga : parce que Nen maa ga : afin que Ti ngel maa ga là où Wur maa ga : le jour où
De maaga wur le’ go gesiŋ mono, saara raw rawge so. Lorsque le soleil s’est couché, ils sont partis Way ǧee do maaga war ǣe mbar ne tum tum mono. La femme a fui parce que son mari la bat. Naa joŋ we joŋre nen maaga sir naa mo kol tiŋ wuu go lay Travaillons afin que notre village devienne aussi une ville A laa tiŋ ti ngel maaga a tee pan ǣe ni. Il a construit sa maison là où l’on a enterré son père. Wur maa ga baa raa we ceere hee. Le jour où il pleut il fait froid
Les pronoms associatifs ǣi : mon, ma, à moi, mes, le mien
Fiiri ǣi yee woo go : Mes chèvres sont perdues Solay ǣi le’ go wara, maygeman ǣi de da war lay : Mon argent est tombé Aujourd’hui, ma sœur est en train de se marier aussi. ǣo : ton, ta, à Kalsoŋ ǣo bay wa ge ? : Ton caleçon n’existe-t-il pas? toi, tes, le tien Way ǣo loŋ man nee ǣo yaŋ: Ton chien va mordre ta belle-mère. ǣe : lui, à lui, Weere ǣe woo kleere ǣuy da : Ses enfants sont encore à elle, son, sa petits. Hun ǣe raw do, a ii jobo yaŋ wur po : Sa jalousie est excessive, elle tuera quelqu’un un jour. wuri : nous Lakol wur bay waara wa, metre wur bay liŋ wa : Notre (exclusif) école n’a pas classe aujourd’hui, notre maître n’est pas là. naa : nous, Naare naa puy woo go matala debaŋ : Nos femmes sont notre, nos très éveillées maintenant. (inclusif) Gawlaŋre fiǧ wo ti go ne wẽẽre naa ma ti tiŋ wuu woo Les prostituées ont tourné la tête de nos enfants dans les villes. ǣay : vôtre, Kagre ǣay jwiǧ woo põõre Mayhorlong wee go so. vous, à vous, Vos poules ont éparpillé le mil germé de Mayhorlong chez vous, pour Dẽẽre ǣayn bay wo lagge eŋ wa : Vos bœufs ne restent vous pas tranquilles.
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ǣaara : leurs, ses, eux, à eux, à elles
Sir ǣaara kol tiŋ wuu we go: Leur village est devenu une ville. Jag tug ǣaara de ǧag debaŋ : La margelle de leur puits est très sale.
Utilisés avec maa, ces pronoms marquent la possession maa ǣi : à moi, pour moi maa ǣo : à toi, pour toi maa ǣe : à lui, pour lui maa wuri : à nous, pour nous (exclusif) maa naa : à nous, pour nous (inclusif) maa ǣay à vous, pour vous maa ǣaara à eux, pour eux
Han hoole maa ta’ diŋ maa ǣi Cette calebasse à boule est à moi. Ngel suuli maa ǣo bay go de uygi wa ǧa Le lit pour toi n’est pas encore fait. Ndi caa hoole maa ǣen ne hen ǣi hãne Je coupe la nourriture pour lui dans la calebasse. Peŋ maa sen diŋ maa wuri maa ǣay woo wer taale Ce pain est à nous, pour vous est sous le hangar. Kag ma kay diŋ maa naa ma ǣaaran huǧ wo go Ce poulet est à nous, les leur sont morts. A diŋ maa ǣay, waŋ hãn le we: C’est à vous, le chef vous l’a donné. Niiribi je huulin la, day maa de see din maa fentray ǣaara: Quant aux neveux du défunt, le bœuf rouge est à eux seuls.
Les pronoms personnels en fonction de complément me : me, moi (1ère pers. sing.) mo : te, toi (2è pers. du sing.) ne : le, la, lui (2ème et 3ème pers. du sing.) hen : lui, elle
wuri : nous (exclusif)
naa : nous, notre, nos (inclusif), forme impérative aussi donnée par wee)
Da le’ge koo ma ka’a me lay! Cueille-moi les fruits de cet arbre. Ndo kik me, ndi srog mo yaw la ? Tu fais le pied de grue, veux-tu que je te pousse ? Maamu, ma’ ne wa go ! Frère, ne tape pas sur lui Haw sug koo ne ne lay so: Arrache lui aussi une feuille d’arbre. A man wãy ne hen wese de suŋ : On lui a amené une femme hier nuit. Hãã we mbaga ne hen lay, a woo liŋ do koǧ yaw la? Cueillez lui aussi les feuilles du mbaga, doitelle/il rentrer bredouille. Lakol wur bay waara wa, metre wur bay liŋ wa. Notre école n’a pas classe aujourd’hui, notre maître n’est pas là. Naare naa puy woo go matala debaŋ. Nos femmes sont très éveillées maintenant. Gawlaŋre fiǧ woo ti go ne wẽẽre naa ma ti tiŋ wuu
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donnée par wee)
nday : vous, votre, vos, synonyme wee ra : leur (pronom personnel, 2ème et 3ème pers. du pl.) hããra : eux, elles, les, leur, pronom personnel (pluriel de hen)
woo : Les prostituées ont tourné la tête de nos enfants dans les villes. Naa hoo wee go ciŋ, faagen hãã debaŋ : Levonsnous, la route est longue. Ndi men nday/wee ko tele : Je vous laisse voir la télé. Baa do ne ra se wa. Ne les touche pas. Superfe riŋ ra ga a mo see ǣaara liŋ so : Le souspréfet leur a dit qu’ils rentrent chez vous. A hoo naare ne hããra wese de suŋ : On leur a amené des épouses hier nuit. Hãã we mbaga ne hããra lay, a woo woo liŋ do koǧ yaw la? Cueillez leur aussi du mbaga, vont-elles rentrer bredouille ?
Les pronoms d’insistance mbi : 1ère pers. sing. mbo: 2ème pers. sing. mbe : 3ème pers. sing. mbe : 1ère pers. pl. mbay : 2ème pers. pl mbaara :3ème pers. pl.
Ndi raw mbi yaŋ : J’irai Joŋ joŋre sen mbo go me: Fais-moi ce travail Darsumo ǣen la fleg mbe fentray ǣe boŋ tu. Darsumo quant à lui chasse seul Solay mo kay la ǣrew mbe naa yaŋ go ǣuy. A diŋ podge na mbe: Cet argent sera partagé entre nous tous. C’est bien notre salaire. Maa ǣay la, ni nday lag mbay go gesiŋ ti do gur ǣi la tuu : Quant à vous, restez à ma gauche. Fiiri maa lag wo diŋ ma jar leege naa mbaara Ces chèvres sont bien celles de nos voisins.
Les nombres cardinaux et ordinaux boŋ ǣog swa' Naa Dwee hiira' Renam nenma' kawa' hwal
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
hwal ti boŋ hwal ti ǣog hwal ti swa' hwal ti naa hwal ti dwee hwal ti hiira' hwal ti renam hwal ti nenma’ hwal ti kawa’
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11 12 13 13 15 16 17 18 19
Ensuite, l’on dit : do ǣoge ou hwal hwal ǣoge do swa ou hwal hwal swa do na ou hwal hwal na do dwee ou hwal hwal dwee do hiira’ ou hwal hwal hiira’ do renam ou hwal hwal renam do nenma’ ou hwal hwal nenma’ do kawa’ ou ou hwal hwal kawa’
20 30 40 50 60 70 80 90
94 : hwal hwal kawa’ ti na
Les centaines et les milliers se disent : 100 200
kis boŋ kis kis ǣoge
ndar boŋ ndar ǣoge
1000 2000
etc.
Les nombres ordinaux maa tangu/ permel : premier maa de ǣoge deuxième maa de swa’a troisième maa de naa quatrième maa de dwee cinquième
Je wuu maa tangu ga nduu ti sir tpur diŋ je jag baa. Le premier blanc à venir en pays tpuri est un chrétien. Sam ma de ǣog yee do na ga so. Le deuxième mouton ne peut plus être acheté par nous. Baa caa poo ma de swa’ mo kay, tiŋ do’ wuu go Au troisième coup de tonnerre la maison brûla. A wii me ǣaale swa’a, maa de naa se tros jiili go me Il m’a demandé trois fois, la quatrième fois il m’a énervé. Wãy ma caw biŋ puri, maa de dwee ǣeŋ diŋ mãy lay so : Cette femme a beaucoup accouché d’enfants, le cinquième est enfin une fille.
blam taw : le dernier kolge pele : devenir premier
Naw maa blam taw : Les derniers jours Pir maa sen ǧee debaŋ, a kol go pel ǣaara ǣuy Ce cheval court beaucoup, il deviendra premier.
etc. Boŋ boŋ : un à un
Ndi tos ga Baa ga mo koǧ jar maa ti tamsir go boŋ boŋ : Je prie Dieu qu’il garde un à un les habitants de la terre.
ǣuy
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ǣog ǣoge/
jag jag : deux à deux swa swa : trois à trois naa naa : quatre à quatre dwee dwee : cinq à cinq
Weere jõõre car woo go de tigliiri woo ǣog ǣoge ndal kããra: Les jeunes se regroupent deux à deux pour causer. Mberhẽẽre da woo ãy debaŋ, lag wo jag swa swa ti hoole Les Moundangs aiment beaucoup le haricot et le mettent trois à trois dans la bouche pendant le repas. Pus day ma po yaŋ, say à lag dẽẽre wo naa naa ma kog ge ǣe : Il y a des charettes, il faut quatre à quatre bœufs pour les tirer. Jar po da woo nãy debaŋ, her wo were do go dwee dwee nen ne ǣuy: Certaines gens aiment beaucoup la viande et mettent les cinq doigts (cinq à cinq) dans la sauce.
etc helleŋ : impair tuǣ tuǣ : pair
à de helleŋ : c’est impair. Kee ra go tuǣ tuǣ ǣuy: Compte les par paires.
Compter l’argent Pour compter de l’argent et en règle générale, le nombre est précédé de la désignation sungu. En fait ne connaissant pas les pièces de 1 ou 2 francs, l’unité est la pièce de 5 frs CFA. L’on procède donc comme suit : 5 sungu sisi ou sungu boŋ (1 frs) 10 sungu dee ou sungu ǣoge (2 frs) 15 sungu swa’ (3 frs) 20 sungu naa (4 frs) 25 sungu dwee (5 frs) 30 sungu hiira’ (6 frs) 35 sungu renam (7 frs) 40 sungu nenma’ (8 frs) 45 sungu kawa’ (9 frs) 50 sungu hwal (10 frs) 75 90 100 105 150 250
sungu hwal ti dwee (15 frs) sungu hwal ti nenma’ (18 frs) saŋ saŋ de sisi sungu do swa’ (30) ou saŋ de sungu hwal sungu do dwee (50)
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1000 ndar 10000 ndar hwal 1000000 mbilyoŋ bon 1 257 990 : mbilyoŋ boŋ de ndar kis kis boge de ndar do dwee ti renam de saŋ kawa’ de sungu hwal ti nenma’. Les rapports de parenté pan ǣi = mon père ; pããre ǣi woo = mes pères man ǣi = ma mère ; mããre ǣi woo = mes mères hen ǣi = mon frère ; hẽẽre ǣi woo = mes frères maygeman ǣi = ma sœur ; maygemããre ǣi woo =mes soeurs kaa ǣi = ma grand-mère ; kaare ǣi woo = mes grands-mères (la jeune mariée et la mère du mari s’appellent mutuellement kaabe). moo ǣi = mon grand-père ; moore ǣi woo = mes grands-pères. (la jeune mariée et le père du mari s’appellent mutuellement moobe) kaw / kawre = parenté (clan, lignage) pan ǣi ma klee = mon petit père (frère de mon père) nii = oncle (frère de ma mère) ; niiri = oncles naa ǣi = ma tante; naare ǣi woo= mes tantes suu = beau frère/belle soeur wel = mon fils ; weere woo = fils, mãy = fille ; mãyre woo = filles wel pe/ mãy pe = frère/soeur (fils du père), se dit des enfants du même père, mais de mères différentes, par extension à tous les enfants du clan ; weere pããbe woo/ mãyre pããbe woo. bãy ǣi = beau-frère (femme appelle le frère de son mari) ; bãyre ǣi woo = mes beaux-frères man gene = coépouse, ainsi s’appellent les femmes d’un même mari ou de deux frères ; naare gene woo = coépouses La jeune mariée est appelée par le nom de son village : Maihorlong (fille de Horlong) = elle vient de Horlong.
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Chapitre 2 : Conversation Elément 1 : Salutations et présentations Jan Pol : Ndo naa we ? Falna : Ãã, ndo naa we lay ? Jan Pol : A ǧe me ga Jan Pol. Falna : Ūuu maa ǣin ga Falna. Ndo a le ge ne ? Jan Pol : Ndi a le Fransi. Falna : Yoo, ndo diŋ je wuu ma Fransi ge ! Ndi ǣin diŋ je tpur ma Gidgisi. Jan Pol : De’ele. Ndi raw ǧa. Ndo gwa’ we. Falna : De’ele, ndo mo day de’ele.
Le texte • Ndo naa we ? = As-tu dormi? est l’expression tpuri pour dire bonjour. • A ǧe me ga … : On m’appelle …. En tpuri, l’on ne dit pas : je m’appelle X. Ce sont les autres qui appellent le nom. Pour être réflexif, on pourrait dire ǧuu ǣi ga … = mon nom est …. ǧuu maa ǣin ga … est une contraction de ǧuu maa ǣi no ga … = mon nom est …. Le terme maa indiquant le possessif et no le déterminé. • je … : mot générique désignant la gent humaine (la personne). Il est suivi généralement d’un mot qui précise la qualité / l’appartenance de la personne. Le pluriel de je est jar et obéit aux mêmes règles : je tpur = un Tpuri ; je wuu = un Européen etc. jar tpur = les Tpuri ; jar wuu = les Européens. • de’ele = bien est à la fois une réponse affirmative et un souhait day de’ele = arrive bien
Les salutations Selon le découpage journalier, il existe plusieurs variantes de salutations : salutations Ndo naa we ? As-tu passé la nuit? Ndo sii we ? As-tu passé la journée ? Ndo con wur we ? As-tu fait tendre le soleil ? Ndo yaŋ ǣo ? Es-tu ?
français bonjour
découpage temporel de l’aube à 11 h environ
bonsoir
de 11 h à 15 h environ
bonsoir
à partir de 15 h jusqu’à la tombée de la nuit Neutre. Dans la nuit, l’on préférera cette expression aux autres
Comment vas-tu ?
Les présentations présentations Ndo diŋ je may ? Qui es-tu ? Ndi diŋ je wuu, maa deŋ laa diŋ wãy ǣi. Je suis un Européen, ici c’est ma femme Ndi diŋ je dore, weere ǣi woo mo lag laa no Je suis du clan Doré, voici mes enfants Tiŋ ǣi Bordo : J’habite Bordeaux Ndi diŋ je Tulum : Je suis de Touloum Ndo diŋ je may ? : Qui es-tu ? Ndi diŋ je raŋge : Je suis un voyageur, un touriste Ndi diŋ je haǧge: Je suis un enseignant Ndi diŋ je freŋ : Je suis un voleur
explication Dans le sens de quel village/ clan/origine es-tu ?
Dans le sens de quel est ton métier/ta profession ? Que faistu dans la vie ?
Pour annoncer votre arrivée vers une personne ou un groupe de personnes, vous direz : Annonce: Ndi see wo se ǣo lay Réponse: See mbo le Annonce: Ndi see wo se mbay lay Réponse: See mbay le
Annonce : Je marche aussi vers toi Réponse : Arrive (Viens) Annonce : Je marche aussi vers vous Réponse : Arrivez (Venez)
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Les différentes manières de venir verbe a ge : venir, arriver
exemple a le viens Nii ǣi hay raw koore, matala a a we liŋ: Mon oncle était parti en brousse, maintenant il est arrivé à la maison.
a ge de : venir avec, amener see ge : venir, marcher, avancer
A le de padal me do: Amène moi une aiguille. see le : viens
nduu gi arriver
Jar Kaolar nduu woo wur degere. Les gens de Kolara sont arrivés à midi.
co’ge : arriver à l’improviste
gecemgecem co’ je moray liŋ. le hérisson est arrivé à l’improviste chez un homme du clan des Moray. ndi day we go Garwa jam. je suis bien arrivé à Garoua.
day ge : arriver, atteindre
Spécificité d’un court voyage, de la brousse, du marché
avec un repère, vers lequel l’on se dirige quelqu’un que l’on attendait ou qui n’a pas l’intention de partir vite
Élément 2 : Comment s’orienter Falna : Ndo raŋ nen doga ndo kiǧ jobo no no, ndo diŋ je waare yaw la? Jan Pol : Ãã, ndi diŋ je waare cwãy. Falna : Ndo a le gen la? Jan Pol: Ndi a le Fransi. Ndi wo Dugla. Falna: Faage Dugla fer nen wur bolaw, hee Caocai taw. Jan Pol: Ama, ndi wo go raŋge Marwa ǧa. Falna: Yoo, de’ele. Ndo fer yaŋ le da’ me ge Gidgis la. Jan Pol: Yoo, suse’. Falna: De’ele, ndo mo day de’ele.
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Le texte
• raŋ ge nen : regarder autour de soi, se méfier. raŋ ge Marwa : voyager à Maroua. Le verbe raŋ ge est ici polysémique. Intransitif, il signifie toujours voyager ou vagabonder, sans but précis. Ndi raw go raŋ ge = je pars en voyage. Suivi d’une destination, il signifie voyager pour la localité ainsi désignée. • doga : comme si. • je waare : un étranger, ndo diŋ je waare : tu es un étranger, en raccourci l’on dit aussi tout simplement ndo waare. • cwãy : vérité. Cette particule ajoutée à une phrase est un adverbe qui renforce. ndi diŋ je waare cwãy : effectivement, je suis un étranger.
Pour demander une route, l’on dira Faage ma woge… la gen la / ge ne ?: Où es la route de …. ? Faage ma woge ti lumo Jiglao la ge ne ? : Où est la route qui mène au marché de Dziguilao? Faage ma woge Jiglao fer nen wur bolaw, kaŋ do go ne Donross me’. La route de Dziguilao va vers l’Ouest, passe à côté de Donrosse.
Élément 3 : La notion du temps Jan Pol : Ndo da’ nen yaŋ toŋ ge ? Falna : Jam mbe ? Jan Pol : Ãã, maa jam. Sãy woge raŋge Dacega ti ǣi. Falna: Baywa, toŋ ndi wo we coore ǣi le liŋ. Dwee woo go de ǣlagge ǣe. Jan Pol : De lumo Jiglao lay ? Falna : De’ele. De wur ge mãy ne ? Jan Pol : De mboday bii piri. Falna : De’ele. Jan Pol : De wur ǧeger da’ la naa fer we le go. Blam sen naa hee le ti lumo Jiglao taw so.
Le texte • da’ ge nene : litt. trouver les yeux, avoir le temps. Il se conjugue comme ndi da’ nen, ndo da’ nen etc. Nene étant sa forme déclinée. • jam : paix, emprunt au fulfulde • sãy : envie, désir
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• dwee woo : les oiseaux. Il s’agit d’un forme abrégée. Wee dwee : un oiseau, weere dweere woo ou dweere woo : des oiseaux. Dwee woo étant juste une désignation générique raccourcie pour les oiseaux. • lumo : (emprunt au fulfulde) marché. Suivi du nom du lieu, désigne le marché de cette localité. Par extension, il est devenu la manière de compter les jours de la semaine. La ronde des jours de la semaine se fait donc à partir des marchés locaux. Par exemple lumo Tulum = marché de Touloum (mardi), lumo Dugla = marché de Doukoula (mercredi), lumo Jiglao = marché de Dziguilao (jeudi), lumo Mboǧflay = marché de Moulvoudaye (vendredi) etc. • de mboday bii piri = le matin des chevaux. Il s’agit du moment où l’on abreuve les chevaux. • De wur ǧeger da’ la naa fer we le go = A midi nous serons rentrés. L’on est en présence d’une inversion. Normalement, la phrase se présente comme suit : Naa fer le go de wur ǧegere = nous rentrerons à midi. Ūeger est décliné en ǧegere. Élément 4 : La cuisine Mai awe : Ndo con wur we? Mai ele : Ãã, ndo con wur we lay? Mai awe: Ndi a yãã cuu. Cuu mani ǣin aa go. Mai ele : Cuu manda kaŋ ceege ti man cew lay. Mai awe : Cwãy. Ndo def naa nee may la? Ndo kar mbaga yaw la? Ndi laa coo gara le nen bii. Ndi ǣe’ baa ne dra’ ga. Mai ele : Manda bay wa, ndo yee kibmaji so. A coo mbe nen nãy lay nen cee lay mo pa. Mai awe : Hay ǣaa la, ndo laa ãy we go nen bremceere no, taw go tu. Mai ele : Ndi wii mo! Wããre ma tigriŋ yaŋ la pa. Freŋ hoo fiiri wo suu de suŋ. A raw de jag toŋ la baa ǣaale ǣaara. A wãã keǣaala ga naa tay wo go ni je kluu. Mai awe : Ndi gay go argag debaŋ.Ndi fer jeŋ hoole ǣi no. A roǧ go. Mai ele : Ndo taw we go no, ni naa see mbe. Tayge jag de ele.
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Le texte • cuu : sel obtenu par filtration des cendres de tiges. Pour les distinguer l’on dit cuu heege = sel des tiges, cuu manda = chlorure de sodium. • argag : idéophone, montrant l’intensité de la fatigue. • naa see mbe = allons quand même. Le mbe est un pronom d’insistance. • Ndo kar diŋ mbaga : tu as préparé du mbaga (feuilles de savonnier). Kar ge comme verbe transitif signifie préparer, mais intransitif, il signifie cuire, dans l’expression mbagan kar ga ǧa (les feuilles du savonnier ne sont pas encore cuites). • laa ge coo gara nen bii : mettre la farine de gara dans l’eau. Pour préparer la boule de mil qui est la nourriture de base des Tpuri, l’on doit malaxer la farine en une pâte dure. Pour le faire, on met la farine dans l’eau bouillante. Cette masse de farine est percée avec un bâton approprié. Cela se dit ǣe’ ge hoole : percer la boule. Après un temps raisonnable, l’on tournera la pâte pour obtenir une structure homogène. Élément 5 : Les préoccupations villageoises Fdam: Bar ǣi Barba baa bale ǣaale ǣoge. Buugi nãy baa boole go ni ǣe par. Kenso: Bii baa bal ni Baambe le Biibale lay. Nãy buu ti bugu ǣi leege le ni deŋ. Fdam : A ga ǣaa ǣaa hay ǣesge daŋ matala. Kenso : Ndo wo we ti lumo no, nii ndo wo se šesne. Jar ǣaara da wo ne werga a dog ǣrew yii ǣog ǣoge. Fdam : Ndi wo go ni ga. Mopo bay do ǣi wa. Coo ce daŋ ceege. Kenso : A wo ti lumo la, car wer kããra lay. Fdam : Cwãy, Cewdandi car re ne Colbay se ti lumo ma we sen la debaŋ. Kenso : Blam lumo car ǣe re ne jar se tum. Corge jiiri diŋ ceege pa. Colge wããre diŋ carge wer lay.
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Le texte • baa go par : bien rempli, très plein. Par est un adverbe qui détermine la manière de remplir. • ǣaa ǣaa hay ǣesge daŋ matala : Avant on partageait mieux qu’aujourd’hui. La comparaison est réalisée par daŋ. • Mopo ǣi baywa : je n’ai rien. Mopo bay wa : Il n’y a rien. • Blam lumo car re ne jar se tum : L’après-marché accuse toujours les gens, expression proverbiale pour dire que les dernières personnes à rester sur la place du marché peuvent être accusées d’avoir volé ou pris des choses qui s’y traînent. Élément 6 : Recevoir de la visite Fdam : Suse’ ǣay de seele Maigamcuki : Suse’ ǣay ǣuy so. Jan Pol : Yo wa. Fdam: Kiǧ we koore le ne waare wo. Lag we go wer taale la. Maigamcuki: Koo yaŋ le wer swa’. Ndi maŋn le ǧa. Jan Pol : Gay we se bay wa. Maigamcuki : Bii ma joge mo kay no. Nday jo mbay bii ma ni wur lay? Jan Pol : Suse’ ǣay debaŋ so. Fdam : Ndo sii we? Jan Pol : Ãã, ndo sii we lay? Maigamcuki : Ndo sii we? Jan Pol : Ãã, ndo sii we lay? Maigamcuki : Ndo ga ndo a le Fransi? Jan Pol : Ãã ! Maigamcuki : Naa ǣi yaŋ wo se ǣo Jaaman ni lay, a yaŋ ǣe go jam lay? Fdam : Jaaman bay se Fransi maŋ wa mo pala. Maigamcuki : Ndi kon tẽ’ lay. A woo le koore ni ǣuy ga.
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Le texte • Suse’e ǣay de seele : Merci/Du courage de votre marche. Ainsi souhaite t-on la bienvenue aux visiteurs. Le terme signifie « Soyez les bienvenus. » • Koo = tabouret, siège, chaise. Il est un raccourci de koohayle. Le pluriel est koore. • Ndi maŋn le ǧa : Je l’amène. Le maŋn est une contraction de maŋ ne. Celle-ci détermine et définit le complément qui se rapporte à koo, mentionné dans une phrase précédente. L’adverbe ǧa renforce l’action d’amener. • A woo le koore ni ǣuy ga = Ils sont tous en brousse là-bas. Cette expression désigne quelqu’un qui est hors des limites du pays tpuri. Les différentes parties d’une maison. jag jiŋ : Fétiche de la concession. Esprit matérialisé par un piquet, planté à l’entrée de la concession. jag tiŋ : porte tiŋ je tiŋ : case du chef de famille tiŋ wãy : case d’une femme bargiŋ : cuisine tiŋ weere jõõre : case des jeunes jiǧim : lieu où l’on jette les ordures et les brûle le matin pendant la saison froide, lieu de sacrifice tiŋ fiiri woo : enclos des petits ruminants faale tiŋ : WC (litt. derrière la maison) cay : hangar où l’on garde le bois et les ustensiles de cuisine (c’est sous ce hangar que l’on met l’abreuvoir des poules.) taale : hangar sous lequel l’on se repose wer swaa / ǣi swaa : lieu où la femme fait son ménage (entre sa case et la cuisine), de fois lieu du sacrifice de la famille. hulugi: espace entre deux secos ywale : entrée de la concession autre que le jag jiŋ. Chaque concession en possède généralement une, opposée au jag jiŋ
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Élément 7 : La santé Kenso : Tõõ cee me. Farsi : Tõõ ce mo we ndo to tõõ go cii cii, de juugi jwãy jwãy. Kenso : Woge ti lopitale kol do ǧee maa blam mbreŋ no no. Cege tõõ a le se dudu. Farsi : Ceege joŋ mo we ndo ngog go debaŋ. Ndo gay go argage. Kenso: Jar po baa wo yaŋ me ga ndi mo yii ne cee ge tõõ no. Farsi: Joge yii debaŋ joŋ cege. Á kaŋ coo jar lay. Kenso: Ceege sen kol kan seele ǣi go ǧolgãy. Farsi: A woo ǣe ti lopital na doga a wo ǣe ni je halge ne lay no. Kenso: A diŋ graw liw sen boŋ. Le texte • Tõõ ce me = (litt.) l’urine me fait mal. Tõõ cii = bilharziose qui se manifeste par l’immixion de sang. • Juugi = rougir, jwãy jwãy donnant l’intensité. • Lopital = l’hôpital, emprunt du français • ǧee maa blam mbreŋ = la fuite après la chicotte. Expression proverbiale pour signifier qu’il ne sert à rien de fuir après avoir subi le châtiment. Il faut fuir pour éviter d’être chicoté et non après. • A diŋ graw liw sen ǣuy = (litt.) C’est le même bâton de la pintade. Expression proverbiale pour dire que c’est la même chose. Élément 8 : Préparatifs de voyage Farsi : Ndo con wur we ? Kenso : Ãã, ndo con we lay Farsi: Ferge ti lakol weeren kos wo we go pa so. Kenso : A laa wo go liŋ la wese la ga. Fen cee tiŋ a we go pa so. Farsi: Ndi hay ǧig ga ndi raw Marwa yeǧ fẽẽre ne hããra. Kenso: Ndo wii naa ti kaye wo de lifore wo ga. Wedaa, ndo woo we se ǣo ni ndo yee sangu tõõ le me do ti farmasi ma ti jeŋ goferner lay. Farsi: Farmasi maa sen de wuy debaŋ, maa ti pon ǧawa. Polis joŋ la yõõ woo ti jar ti faage ti wããre kardante lay.
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Kenso: Ndo ǧii we diŋ mota ma de law no, se joŋ mbe ǧawa. Farsi: Jar plada joŋ wo laa gay wo jar ti waare bagas debaŋ pa. Kenso : A joŋ mbe yaŋ de ele. Ndo caa ngel toŋ mbuh yaw ? Farsi : Ndi raw de ler hiira’a. Ndi da’ mota ma tangu yaŋ laybla’. Yo, a mo na de naa de ele. Kenso : A mo day de ǣo de el lay. Farsi : A mo gwa’ de ǣo de el lay. Le texte • fer ge ti lakol kos we go : La rentrée des classes s’approche. laa ge liŋ : prendre les congés, surtout en rapport avec le système scolaire. šo’ ge go liŋ : renvoyer. • kaye ; lifore : cahier, livres • wedaa : terme de camaraderie, se dit entre les hommes de même classe d’âge • farmasi : pharmacie. Dans le texte, il ya une longue liste d’emprunts de mots français. goferner : gouverneur, pon : pont, désigne aussi un quartier de la ville de Maroua, dans l’Extrême-Nord du Cameroun. polis : police, emprunt du français, kardante : carte d’identité, mota : voiture, bagas : bagage • de wuy : cher • jar plada =Les peuls, ennemis légendaires des Tpuri. Les deux peuples vivent aujourd’hui dans une intelligence réservée. • ler hiira’= 6 heures, ler étant un emprunt du français. Élément 9 : Au marché Farsi : Yoo kayen la gãy gãy ne ? Buba : Boŋ ǣe sungu do swa de dwee. Paket ǣen ndar de saŋ hiira’ lay. Farsi : šil ǣe gãy ne ? Buba : Hwale. Maa lan yaŋ, derewal ǣe lefeǧ lefeǧe, sen boŋ saŋ ǣoge. Farsi : Ndo naa go me ti maa kay la gãy ne? Buba : Ndo daa kaye gãy ne ? Farsi : Do dwee.
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Buba : Ndi naa saŋ swa’ we go mo. Pod mbo 7200 so. Farsi : Kay, a raw de wuy. Buba : Mãy ne? See mbo so. Le texte • Yoo kayen (contraction de yoo kaye no) = le prix des cahiers, yoo désignant le prix, maa yoo = à vendre ; re ge yoo = avoir de la valeur. On dira aussi sungu ǣe gãy ne ?? D’autres termes se rapportant à la monnaie sont : Combien est son argent sungu ma kleere = la monnaie, fer ge sungu = rendre la monnaie, sungu = argent ; synonyme solay, karaŋa • sungu do swa’ de dwee = litt. trente cinq francs. Comme l’unité est de 5 francs, il faut multiplier 35 par 5 ce qui fait dans la monnaie courante 175 francs. • ndar de saŋ hiira = mille et six cents • Ndi naa saŋ swa’ we go mo : je t’enlève trois cents. Saŋ est sûrement un emprunt du français cent. Il ne s’utilise qu’en monnaie. En termes de numération, l’on dit kis pour dire 100. • kay : exclamatif de négation, emprunt du fulfulde. • blam : après, a ge blam : venir/arriver en retard. • mãy : quoi. Mãy joŋ ne ? Qu’est-ce qui s’est passé ? yaw : marque ici l’interrogation, il est le diminutif de yaw la. Ndo raw mbo yaŋ yaw la ? Pourras-tu partir ? Élément 10 : Remerciements et adieux Carsumo : Pan torlan raw gen ǣa ? Fanlaw: Ndi yaŋ la. Carsumo: Wur joŋ suse’ mo ti rege de joge maaga ndo hãã ne wur mono. Fanlaw: Je joŋ suse’ na diŋ ndi ga. Ndi joŋ suse’ ne jar torlan wo ǣuy. Ne naare woo, ne werpiiri wo, ne weere wo. Carsumo: Wur fer woo go ti lumo Jabe ǧa. Fanlaw: A mo day de bay de ele. Carsumo: Ndi joŋ gwa’ so ne ndo ga, naa yiŋ yaŋ matãrala tu pa ga. Jar joŋre woo : Ndo gwa’ so weda, wur raw we.
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Le texte • Pan torla = père du torla. Le torla est une action communautaire d’entraide initiée par un travailleur pour appeler les autres à l’aider dans son champ. Il se termine généralement par un repas ou du vin offert aux travailleurs. • Joŋge suse’ : remercier. Suse’ est un remerciement après un service rendu. Dans un autre contexte, il signifie courage. Il est poli de toujours encourager des gens quand on passe et qu’ils sont en train de travailler. Signifiant merci, l’on peut le faire suivre de l’objet/l’action pour lequel/laquelle l’on remercie.L’on dira suse’ ti : merci pour … • Day de’ele : Bon voyage. litt. Arrive bien. Tel est l’adieu/le souhait de celui qui reste sur place à celui qui part. Ce dernier dira : Gwa’ we de’ele : restez bien. On dira généralement joŋge gwa so = dire les adieux. • matãrala = tout de suite, terme utilisé aussi pour signifier maintenant, dans le contexte général, l’on utilise aussi le mot debala : temps de maintenant, plus en termes de changement.
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Chapitre 3 : Vie culturelle, religieuse et politique La vie culturelle Guy Georgy stipule dans son livre Le petit soldat de l'Empire : « Les [Tpuri] sont une race magnifique, de haute taille et de puissante musculature. (...) Il n'est pas possible de quitter le pays [tpuri] surtout si la saison sèche accablante tire à sa fin, sans assister à la fête des Gournas. On appelle gourna une société de jeunes gens et d'hommes adultes qui désirent se rassembler au sein d'un groupe pour une douzaine de mois et qui, avec l'autorisation du chef de village, construisent un camp clôturé de paille à l'ombre d'un grand arbre. Cet enclos édifié après un sacrifice au “jagjin”, le fétiche qui est planté à l'entrée du camp, recevra plus d'une centaine de jeunes gens qui seront tous accompagnés d'une vache laitière et de son veau. »
Ce morceau choisi décrit plusieurs caractéristiques culturelles des Tpuri. A côté des structures sociales, il y a des manifestations religieuses qui qualifient la culture. Les aspects artistiques et intellectuels constituent la troisième variante dans la culture. L'art est défini comme l'expression désintéressée et idéale du beau. Dans cette perspective, on peut citer les labrets des femmes, l'architecture de jegale, les parures lors des danses. La sculpture est aussi une expression culturelle. Les chaises, les lits, les tabourets et les cuisinières majestueusement taillés et construits sont un cri authentique de la culture tpuri. Nous avons un patrimoine très diversifié en ce qui est de l'art. À cela s'ajoutent les activités intellectuelles que constitue la composition des chants des gurna, des waiwa, des dilna qui sont chacun pour soi un chef-d'œuvre. Que des milliers de femmes composent des chants improvisés, avec une mélodie susurrante et cela chaque jour, dans la pénombre du petit matin, quand elles écrasent le mil, qu'elles récitent spontanément des poèmes lyriques pour bercer leurs enfants, que des dizaines de bouviers, pieds poussiéreux et brûlés par les flèches empoisonnées d'un inclément soleil zénithal composent des poèmes pour leur bétail, que des intellectuels mystérieux, à la mémoire d'éléphant, aillent au Tchad écouter pendant un jour le texte d'un chant de gourna, pas moins long que le chemin qui les y
conduit, témoignent d'un génie intellectuel indescriptible, d'un grenier de données intellectuelles inépuisables. Le « Goni » ou l’initiation chez les Tpuri Le Goni exprime le mieux l’identité de la société tpuri dans sa totalité. Au-delà du rituel qui entoure cette initiation, c’est sa valeur culturelle qui fonde son analyse ici, suivie de son apport par rapport à l’harmonie sociale au sein de la société tpuri. Le « Goni » rentre dans le système éducatif traditionnel qui permet à chaque individu de vivre en harmonie avec le groupe. C’est un système assez strict où le manquement aux injonctions des aînés est sévèrement puni. Pratique réservée exclusivement aux personnes de sexe masculin, l’initiation du « Goni » fait en sorte que le groupe initié se trouve désormais dépendant et soumis aux groupes initiés des aînés. Ils peuvent aussi désormais avoir accès à la sphère mystique de la communauté. Les obligations qui en découlent sont aussi claires : obéissance et allégeance à la hiérarchie du système traditionnel. Il faut noter qu’au sein des hommes d’un même « contingent », l’intégration interne est très forte. Elle est vécue et se manifeste à travers une solidarité fonctionnelle sur plusieurs plans tant dans les temps de joie qu’à l’occasion des épreuves sociales. Il faut aussi noter que le « Goni », plus qu’une simple manifestation culturelle, c’est un véritable système de grades. Une fois initié, plus les années passent, plus l’on devient plus gradé que les autres générations. La même pratique crée au sein de la société une double division entre les initiés dits païre et les non initiés désignés de lougoudi ; entre les femmes et les initiés, provoquant de véritables contradictions au sein de la société. Tout jeune s’étant livré à cette partique est considéré comme ayant atteint la maturité et comme tel doit désormais s’appeler autrement. Le tableau N° 1 indique comment s’opère cette mutation du nom. L’on ajoute ainsi au radical du nom du non initié un suffixe donné. C’est par cette nouvelle appelation que les femmes ou ceux-là qui ne sont pas allés faire cette pratique devraient désormais désigner l’initié sous peine de châtiment. Les débuts de cette pratique en pays tpuri remontent à une époque très lointaine et nos investigations sur le terrain nous ont permis de prendre
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connaissance des différentes promotions qui se sont succédées depuis 1858. Tableau N°1: Mutation nominale des initiés Suffixe -kamla -kagou -andi -dandi -bele -sala -kreo -toing -kissam -sandou -yala
Non-initié Kaoga Tchoumo Dourwe Longwe Djonre Houmdi Daïga Kingbe Djakbe Laïssa Taïra
Transformé (Initié) Kaokamla Tchoumkagou Dourandi Longdandi Djonrebele Houmsala Daïkreo Kingtoing Djakissam Laïssandou Tayala
Source : Enquêtes L'important est la valeur éthique de cette initiation. Suzanne Ruelland dit: « L'initiation marquée par le changement de nom17 du garçon va modifier les comportements appelatifs tant du garçon envers son entourage que de celui de ses familiers envers lui.18 » Il est désormais strictement interdit aux femmes et aux non-initiés d’appeler les jeunes initiés par leur nom de non-initiés sous peine de châtiments graves. Le nouveau nom constitue un signe de distinction sociale et confère une certaine autorité. L’initiation remonte à une époque lointaine à telle enseigne qu’il est difficile d’établir avec exactitude les années de promotion. Mais
17 Nous ne pensons pas à ces changements de nom par circonstance ou comme intégration dans un groupe donné, à l’instar des Juifs dans les sociétés qui les « hébergeaient » (selon Memmi dans Le changement de nom). Un autre exemple est la série des noms musulmans ou arabisés (Amadou, Abdou, Ahidjo etc...) adaptés par les populations non islamisées du Nord Cameroun pour se forger une certaine chance dans l'administration. Du moins, ce fut le cas sous l'ancien président Ahidjo. 18 Suzanne Ruelland: Termes d'adresse et hiérarchie sociale chez les Tupuri du Tchad in Aspects de la Communication en Afrique, Peteers Paris 1993, p. 128
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nous avons pu établir au cours de nos investigations de terrain certaines dates et les promotions correspondantes. Tableau N°2 : Les différentes promotions du « Goni ». N° d’ordre Promotion Année 1 Guidinguissam 1858 2 Tourou 1869 2 Kedaï-Fog 1880 4 Kedaï-Firma 1891 5 Djintoing 1902 6 Semarkamla 1913 7 Toumounkamla 1924 8 Dissandou 1935 9 Dissala 1944 10 Debsia 1955 11 Debsikreo 1968 12 Disdandi 1975
Source : Enquêtes Les rites de « Goni » qui semblent mal adaptés à l’évolution moderne seront interdits par le pouvoir post-colonial en 1975. Plus que cette signification superficielle, l'initiation revêt une valeur plus profonde. L'enveloppe de la personnalité reste la même dans la croissance. La personnalité cachée change et l'initiation contribue à se défaire de cette personnalité enfantine pour entrer dans le cercle des adultes. Suzanne Ruelland l'a bien remarqué: « La société exige de l'initié l'abandon de ses habitudes langagières infantiles et l'adoption d'une attitude équivalente à celle d'un homme adulte19. » Les rites d'initiation soulignent l'importance de “l'individualité de l'individu” qui accepte pourtant volontiers la primauté du bonheur collectif. Ainsi, il donne à sa propre “individualité individualiste” une connotation inférieure, simpliste, se pliant à la loi de la
19 ibidem p. 130.
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collectivité. En apportant son individualité à la première communautaire, il l'affirme encore plus.20 Pendant que nous mettions la dernière main à cet ouvrage, le Goni a repris dans tout le pays tpuri, après 33 années d’interdiction. Il reste encore à évaluer l’impact de cette reprise. Rites de passage : le nage may Guy Georgy ne tarit pas d’éloges par rapport au rite de passage du Nage-May. Il dit : « C’est pendant le séjour au gourna que les anciens autorisent les novices à coucher avec une fille (…). Quand l’accord est donné, le postulant se rend chez le père de la demoiselle et discute de la nature et du montant de la dot ; si l’offre est acceptée, il repart chez lui pour trois jours avec l’élue. C’est ainsi que s’effectue le passage à l’âge adulte et un [Tpuri] se base sur cet événement pour compter les années ». On pourrait qualifier une telle pratique de débauche sexuelle, mais il s’agit d’un élément de culture. Certes les choses ont évolué aujourd’hui, mais que l’on ne s’y trompe point. D’autres cultures, à l’instar de celle des Bamiléké, exige du chef à introniser de montrer sa capacité à féconder des jeunes filles. Une expérience personnelle de M. Waidou Mbortchogue nous rassure et réoriente le débat sur cet aspect de notre culture : « Cette expérience m’a beaucoup marqué et surtout les considérations qu'il y a autour méritent d'être vécues. Il me semble que les filles de mon temps avaient une autre appréhension de la parole et des relations avec les hommes. » Le jagjiŋ (petit poteau à l’entrée de la concession), fétiche ardemment puissant dans l’union de la famille et qui pourrait être 20 Ce principe de reniement de soi pour une affirmation plus grande n'est pas étranger aux religions révélées. Jésus dira, par exemple, à ses disciples: celui qui ne se renie pas n'est pas digne de moi. (Marc 8,34). Le fondateur de la théologie sous l'arbre, une théologie de libération à l'africaine, Jean-Marc Ela, se demande par exemple, pourquoi, dans l'eucharistie, l'on devrait imposer des produits européens (vin et blé) à des chrétiens d'Afrique alors que le "mil marque profondément la vie des montagnards du Nord-Cameroun". Plus concis : "Pourquoi dire la messe avec les "choses des Blancs" lorsque le mil signifie tant de chose pour nous." in Le Cri de l'homme Africain, Paris 1993, p. 12.
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comparé à la croix des chrétiens, a longtemps vécu grâce à la pratique de nage may. La légendaire fidélité de la femme tpuri à son mari vient aussi de cette pratique. Il faudrait penser à une redéfinition des éléments de cette culture. Autour de l’amour et du mariage La manière de vivre l’amour et le mariage constitue une clé importante à la compréhension d’une société. Dans les sociétés, les charmes peuvent constituer une clef non négligeable dans l’explication des faits sociaux à l’instar des fiançailles, du mariage, de la prostitution et de la polygamie. Pour la plupart des garçons ou des hommes qui en usaient, ils visaient la conclusion des relations de concubinage, de fiançailles, ou de sauvegarde d’un mariage menacé de rupture. Mais les charmes aidaient aussi à rendre tout simplement une fille frivole. En cela, le charme en amour est parfois un phénomène contradictoire. Hier les hommes étaient au devant de la scène. Aujourd’hui, plus que les hommes, les femmes s’intéressent aux charmes pour conquérir des maris. Le phénomène semble même bouleversant. Le modernisme, la baisse des revenus et l’école occidentale jouent un rôle important dans les mutations des rôles assignés jadis au mariage. Le nombre de femmes sans mari ou femmes libres s’accroît, conduisant au fait que filles et femmes charment de plus en plus les hommes. Dans les relations de concubinage, les femmes voulant vivre sous la protection permanente d’un mari et profiter de la chaleur masculine choisissent la voie mystique. Elles multiplient les consultations chez les devins. Certes en amour il faut avouer que sentiment précède raison. En tpuri, le charme en amour est appelé « sangu mai » littéralement « remède-fille » Il épouse plusieurs formes. Jadis, le charme pouvait être utilisé par un garçon dans des relations intimes avec une fille. Pour bien comprendre, il faut savoir que lors des fiançailles les filles tpuri ont plusieurs prétendants, connus des parents. A ce titre, tous les moyens s’avèrent nécessaires. Pour prendre le pas sur ses rivaux, chaque prétendant peut charmer la jeune fille. Comment s’effectue la mise en place du charme ? Au cours des fiançailles, le garçon ne rend visite à la bellefamille que dans la nuit. Il participe donc régulièrement aux
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causeries du soir avec sa belle-famille. Après les salutations d’usage, il rejoint directement la case de la belle-mère. Ici, il s’assied sur la meule à écraser appelée « niini » utilisée pour la circonstance comme siège. Ayant son « sangu mai » dans la poche, il le frotte sur la surface latérale de la pierre à écraser désignée de «man niini ». La jeune fille et sa mère utiliseront, au chant du coq, la meule pour moudre le mil. Ce mil écrasé sur la pierre comportant le « sangu mai » et destiné à la consommation familiale influence toute la maisonnée. Le jeune garçon devient mielleux aux yeux de la jeune fille. Il gagne la confiance de toute la famille. Dans la société tpuri, la polygamie favorisait l’utilisation des charmes au sein des ménages. Pour satisfaire aux besoins sexuels de ses femmes, le mari polygame fait alors appel au charme du signe du taureau, « sangu blo dai », le « remède-taureau ». Indiqué pour les hommes, le « sangu blo dai » permet aux hommes de satisfaire autant de femmes que possible sans éprouver la moindre fatigue. Il forge aussi un obsédé sexuel. Il n’est point conseillé aux femmes et filles au risque d’en faire des polyandres, des frivoles et des filles volantes. Cependant les prostituées peuvent en utiliser pour satisfaire leurs clients à tour de rôle sans se lasser. Ce type de charme peut leur permettre de multiplier leur revenu. Le charme du signe du crapaud, « sangu man nyala », n’a pas quant à lui moins d’effets dans le système marital tpuri. Cette forme s’emploie surtout à l’endroit des femmes mariées. Le mari jaloux n’aimerait pas que sa compagne s’érige en femme infidèle. Dès les premiers jours de vie conjugale, il lui offre le charme du signe du crapaud. L’effet de ce charme est de rendre la femme laide. En réalité, elle restera seulement belle aux yeux de son conjoint. Même les plus belles filles reconnues de tous perdent toute considération par les autres à la réception de ce charme. Il est aussi l’apanage des maris qui voudraient maintenir leurs femmes au foyer conjugal. Le but primordial de ce charme semble reposer dans le fait d’avoir une femme fidèle, gardienne de la maison. Il existe aussi des charmes utilisés uniquement par les femmes. Le charme du signe labret, « sangu dorno », peut être utilisé pour contenir son mari. Ce charme sert à clouer le bec du conjoint par la
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femme. La réception de ce charme le pousse à être répulsif aux autres beautés féminines, ne s’attachant qu’à la charmante. Les jeunes filles tpuri ne sont pas en reste. La modernité ayant apporté son lot de casse-tête, la conquête d’un mari devient alors un souci permanent des jeunes filles. Certaines vont consulter des marabouts qui leur prescrivent des amulettes porte-bonheur. D’autres, avant de sortir, s’embaument le corps avec le parfum garni de « sangu fiiri gii ». Ce charme favorise l’attrait des amis pour aboutir au mariage. En milieu tpuri, le mariage peut-être précoce et les raisons en sont multiples. Pour la jeune fille, c’est avant tout sa beauté physique qui en fait l’objet des convoitises. Les Tpuri aiment les femmes minces, élancées, brunes ou noires « sénégalais » (expression utilisée en milieu tpuri pour dire noir très brillant et très lisse). Cependant le physique ne cache pas la forêt des qualités recherchées que sont politesse, ardeur au travail, intelligence, etc. Pour les garçons, c’est essentiellement la richesse des parents qui décide d’un mariage précoce, car dans la société tpuri, marier jeune son fils est un signe de prestige social. Quant aux qualités morales du jeune homme, elles ne sont pas généralement prises en considération. Cela ne veut pas dire que le garçon est d’emblée considéré comme de bonne moralité. Il existe huit (8) formes de mariage chez les Tpuri dont les trois premières (yaage wãy, mange wãy et baage wãy) sont considérées comme légales et les cinq autres (ǧeege de ǣiili, wãy ti barge, ǧeege de wãy, wãy ti hee, hooge wãy) de circonstance. Sans ordre d’importance, on a le yaage wãy (réserver une femme). Ce type de mariage peut se définir comme mariage par proposition. Car, dès le bas âge, la jeune fille est proposée à un homme pouvant être lui aussi d’un bas âge ou non. Le deuxième est le mange wãy (enlever une femme) qui est originellement un mariage d’amour et de prestige social. Il pouvait aussi se pratiquer à l’insu des parents, s’ils venaient à s’opposer à un tel projet. Enfin, le dernier est baage wãy (attraper une femme) où la jeune fille est conduite chez son futur époux, de gré ou de force. Plusieurs facteurs peuvent favoriser ce type d’union : laideur de la fille, timidité du jeune garçon, incapacité morale de l’un ou des deux, éloignement des lieux de résidence etc.
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Pour les mariages de circonstance, l’on a le ǧeege de ǣiili (fuir avec la grossesse) qui est une forme de mariage forcé. En cas de conception, la fille doit fuir le domicile parental pour se réfugier dans celle de son futur époux. Cette forme de mariage peut avoir été arrangée surtout si les deux familles sont réticentes alors que les jeunes s’aiment. Ce type de mariage chez les Tpuri est honni et généralement source de malheur. Un autre est le wãy ti barge (femme par amitié) où les parents, généralement amis de longue date avec un autre clan, décident de renforcer leur amitié en mariant leurs enfants. Bien entendu, cela ne se fait pas toujours avec l’accord des futurs époux. Il y a donc de nombreux dérapages observés dans cette forme d’union. Quant au wãy ti hee (femme par inimitié), il s’agit d’une union en lieu et place d’une vengeance. Ce mariage permettait de mettre fin aux guerres incessantes entre clans ou villages. Il était décidé de donner une fille au clan ou à la partie ayant perdu un homme dans les altercations. L’objectif principal était d’apaiser les perdants et émousser toute velléité de vengeance pouvant entraîner une multitude d’autres actes criminels. La fille pourra devenir plus tard l’épouse de l’un des frères du défunt. L’avant dernier type de mariage de circonstance est le ǧeege de wãy (fuir avec une femme). Ici, il est question pour les jeunes amants de partir en exil, hors du village, à cause du refus des familles. C’est aussi un mariage mal vu par la société tpuri, puisqu’il n’est véritablement arrangé que lorsque les jeunes rentreront au village ; parfois après plusieurs années et avec une progéniture. Enfin, le dernier est le hooge wãy (hériter d’une femme). À la mort d’un chef de famille, ses veuves font l’objet d’héritage, sous la forme du lévirat. Soumis à une dynamique temporelle et sociale, influencé par la religion et l’éducation, le lévirat subit une grande mutation qui l'éloigne, dans certains cas, de son but initial. Dans les multiples métamorphoses qu’il revêt, il est devenu une sorte de lévirat moderne, désigné désormais de gisgi signifiant originellement s’adosser. Dans le gisgi, une veuve accepte la « protection » d'un héritier mais refuse de vivre sous son toit. Cette protection inclut tous les droits et devoirs d’un couple : sexualité, nutrition, santé, entraide mutuelle, soutien moral, éducation des enfants etc. Le gisgi est une nouvelle forme de lévirat imposé par des femmes qui ne veulent pas se
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soumettre au lévirat traditionnel mais qui ne peuvent pas aussi refuser la responsabilité sociale et familiale. Aussi, il tire ses origines du dysfonctionnement du lévirat et de la mauvaise intégration de la veuve. Mais en général, l’héritier n’a réellement pas de droits de décision sur « sa » femme. Refusant les contraintes qu’impose le mariage normal (obligation de cohabitation, respect mutuel, fidélité, etc.), les deux partenaires se disputent souvent sur la responsabilité par rapport aux enfants en bas âge. Les labrets : dorno ou gaolan ? Le gaolan est une petite rondelle en caoutchouc ou métal portée sur les lèvres. Son port a été interdit en 1945 au Tchad. Les filles qui n'étaient pas à l'âge de le faire en cette date ont été privées de cette parure. On les appelait Mairédakolé, du nom de De Gaulle. Au Cameroun le gouvernement n'avait pas été rigoureux et cette pratique a continué après 1945. Nul n’aurait arrêter le port du gaolan si l’administration n’avait pas considérablement agit par sa force pour y parvenir. Les femmes elles-mêmes en étaient très fières. Laurent Feckoua Laoukissam rappelle que l’« on doit s’accorder, cependant, pour dire que cette pratique fait bien partie d’un fonds culturel commun dont les autres éléments, nombreux, sont, outre l’initiation déjà évoquée, la scarification faciale ou corporelle revêtant des formes variées …, la dent taillée. » Plusieurs auteurs ont sévèrement condamné les labrets. André Gide trouve qu’il s’agit ici « d’une des plus déconcertantes aberrations ». Ce qu’il qualifie par ailleurs de pratique hideuse. Pour Lembezat, elle est laide. Mais Laurent Feckoua résume : « En matière de culture tout peut-il s’expliquer ? (…) Si le beau c’est ce qui plaît, alors le labret peut être considéré comme œuvre d’art puisqu’il plaît aux personnes qui le portent. Tout jugement de valeur est nécessairement subjectif. Le beau ici peut être son contraire ailleurs. » Il a existé une hostilité farouche à son abolition. D’ailleurs, en Europe aujourd’hui, il est de mode de se percer les lèvres, les sourcils, la langue et à plusieurs endroits les lobes des oreilles et le nombril. Il n’est pas rare d’avoir des bijoux intimes à des endroits très sensibles du corps. Beau ou pas beau, là question ne se pose pas quand le but est de plaire.
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Les noms tpuri Quand les danses de waiwa ou de gourna battent leur plain, que la lutte traditionnelle tient la respiration en suspens, les jeunes aiment ǣo'oge foge. En ces circonstances, les noms, les sobriquets revêtent une importance cruciale. Ce sont des noms de louange (togoǧge). En faisant quelques pas de galanterie, les jeunes garçons suivis de leurs belles (jeunes filles) se promènent en soulevant une fine poussière. Une belle poussière ! Là le nom est important. Le nom marque la personnalité, l'individualité. Mais depuis les noms perdent leur importance, car une tendance mondiale à l´étiquétisation est avancée. Les beaux pseudonymes tpuri disparaîtront-ils un jour ? La question du nom, de l'appellation est aussi vieille que l'humanité elle-même. Le nom est avant tout l’expression d'une identité. Il est le vecteur d'une histoire, le cri d'un espoir. Mais le nom évolue comme la société humaine évolue. Car chaque génération a ses noms et ses appellations. Par des noms, les valeurs ont été transmises aux générations futures. Dans tous les groupes sociaux, le nom est donné selon certains critères que définissent la culture et les traditions. Monsieur Zoccarato21 a essayé de collecter les noms tpuri essayant ainsi de les institutionaliser. Dans sa sémantique transcendantale, le nom appartient à une dimension spirituelle de l'homme. Les noms sont des expressions d'une appartenance à un patrimoine particulier.22 L'individualité africaine se trouve dans les cérémonies d'appellation ou de nomination. L'enfant ne prend ni le nom du père ni celui de la mère. Il reçoit son propre nom qui se donne selon les circonstances et les situations qui ont régi sa naissance : la mort des frères ou des sœurs aînés, les fêtes ou les récoltes, les disettes ou les guerres etc... Le nom est ainsi un insigne d'individualité et définit la singularité de la personne dans l'entité communautaire.
21 Zoccarato, S.: Fenêtres sur le monde toupouri, 1200 noms, Mission catholique Guidiguis, 1991. 22 Rostaing, C.: Les noms de lieux, PUF 1945, p. 5.
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Quant aux sobriquets, ils sont choisis souvent par le groupe en raison de quelques critères singuliers définissant l'être nommé, mais jamais comme une étiquette de distinction, sans signification. Suzanne Ruelland rencontre le même fait chez les Tpuri. Elle rapporte: "Il est de coutume, entre amis de même génération, et notamment lorsque les adolescents entrent dans des compétitions de lutte, de se donner des surnoms... Filles et femmes se donnent aussi de surnoms."23 Ce paradigme de surnoms et de sobriquets démontre l'individualité de chaque membre de la société qui s'identifie à son nom. Ces sobriquets sont souvent tellement significatifs que les “vrais noms” s´éteignent ou sont oubliés. Le pseudonyme n'est pas un nom de naissance mais plutôt un nom de circonstance. Car il est donné après mûre observation de la personne et le "discernement" de sa réelle personnalité. Ces pseudonymes sont la représentation et le reflet physique ou morale de l'individu ainsi nommé. Ils traduisent l'embonpoint, l'intelligence, la ruse, la taille élancée, courte, le talent etc. L'individualité est ainsi présentée. Chaque pseudonyme est chargé de lourdes significations tels que le précise les cas suivants ces exemples : 24 Baissa, Bayyal, Calna, Colwa, Dabsoumo, Digna, Faïdi, Fanbade, Gaaryam, Gessaïna, Hrao, Jabe, Jaorang, Karmaï, Klomso, Lefene, Legaige, Lurna, Maïge, Mburna, Ndurai, Ndurayna, Padna, Pdem, Ragna, Saïge, Samali, Walyam, Wana, Yamlag, Yamra, ... Pour revoir l’importance du nom, il faudrait rentrer dans la tradition profonde. Quand une fille naît, à côté du préfixe mai (fille), le mot dai (bovin) est le plus utilisé pour la nommer, en présage à la dot qu’elle peut apporter. Témoins ces quelques noms choisis au hasard parmi ceux à connotation dotale: 23 Suzanne Ruelland : Termes d'adresse et hiérarchie sociale chez les Tupuri du Tchad in Aspects de la Communication en Afrique, Peteers Paris 1993, p. 129. 24 Parfois ces noms ont une connotation idéophone, en fonction de la corpulence de la personne.
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Biidai, Blamdai, Bouldai, Dadai, Daiawe, Daibon, Daichale, Daichawe, Daidai, Daiduwe, Daiferle, Daihwale, Dailin, Daipa, Daisage, Daisakle, Daiso, Daiyan, Daiyanle, Daiyanpa, Dikdai, Djondai, Goddai, Goodai, Hodai, Joodai, Kedai, Kiddai, Kodai, Kondai, Laodai, Maidai, Maidaiso, Mbokdai, Ndardaiwa, Ndokdai, Taidai, Tchadai, Tedai, Tokdai, Tudai, Wadai, Widai, Yaadai, Yondai Tous ces noms sont les témoins muets d'une identité qui fait de la dot une partie intégrante de la culture Tpuri, une profonde valeur qui ferait que l'interdire serait aussi bannir ces milliers de combinaisons nominales. On observe aussi quelques mutations nominales comme : Maisabouli, Maimillion, Maisolay, Maiborgo, Maiflew, Mailarme, Maiboo, Maitole, Maisode, Mainilon, Mailakle, Maimbarao, Maitourto, Maibrouet, Maiban, Maijen etc ... ou en d’autres termes (francisés) Mai-savon, Mai-million, Maisolay (Mai-argent), Maiborgo, Maivélo, Mailarme (mai-caleçon), Maiboo (mai-fer), Mai-tôle, Maisoldat, Mai-nilon, Mai-la clé, Mai-mbarao (Mai coton), Maitourteau, Mai-brouette, Mai-banque, Mai-jeune etc ... Sans commentaires.
Tumtum / Comptines Le tum-tum est un jeu de société pratiqué dans les veillées nocturnes, en saison sèche. Il est joué par les enfants. Le tum-tum est divisé en trois séquences : 1) une séance de chant, 2) une imitation de la préparation des repas et 3) une levée des joueurs couchés. Les joueurs étendent leurs jambes sur le sol. Celui qui dirige le jeu - il peut être aussi un joueur - entonne le chant. Pendant que le poème est chanté, le directeur du jeu promène sa main, selon les rythmes du poème que lui seul chante, sur les jambes des joueurs. Là où la main reste à la fin du chant, le joueur concerné enlève cette jambe et le jeu recommence avec une jambe en moins. Cette pléonasme est utilisée jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu’une seule jambe tendue. Le perdant est celui dont la jambe reste la dernière.
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Weere mendewle nday hay le la gen la ? wur hay le ni kaa wur kaa ǣay ii may we ? ii kag de puy ne wur wur day ni Nyamo lay Nyamo man ti day ni wur wur day ni puy so na puy laa wããre ne wur ga wur mo see mbe dore seŋ dore hoo fii ne wur man jugu ma de see kaŋ sen ti taale ta' man juguu ma de puy kaŋ ti naare ta' nday ǣin hay le go wer day a mo see le ǧa kiǧ day me boŋ ǧa day da' go da' so na Jãã jag ga day hwale day hwal da' gen la de kis gi la poo
Canetons siffleurs Où étiez-vous? Nous étions chez notre grand-mère Que vous a égorgé votre grand-mère ? Elle nous a égorgé une poule blanche. Nous sommes aussi arrivés chez Nyamo. Nyamo nous a donné la tête d'un bœuf. Quand nous arrivons chez Hyène, Hyène refuse de nous adresser la parole. Que nous allons rapidement chez Doré ? Doré nous donne de la paille. Prend un chapeau rouge Le pose sur le hangar Prend un chapeau blanc Le met sur les femmes Mon amant garde les boeufs Qu'il vienne Me chercher un boeuf Ayant trouvé un boeuf Il en faut dix Où trouver dix boeufs? Avec une centaine de grondements!
Ces poèmes à côté de l'esthétique qu'ils propagent et conservent décrivent des situations sociales qui peuvent être pénibles ou joviales. On assiste à une philosophie sociale et une psychologie de l'être. C'est cet aspect d'équilibre qui est crucial à la croissance de l'enfant tpuri. Il grandit dans un monde de connivence où les mots justes sont utilisés pour décrire les situations qui s'y rapportent. Ainsi grandit la personnalité. Ainsi grandit la société.
Lele / Poésie féminine Les lele sont des ballets chantés et animés par les femmes lors des funérailles. Le lele est constitué uniquement de femmes. Seul le petit tam-tam qui rythme la danse peut être battu par un homme. La danse est dirigée par une cheftaine, qui est une poètesse sans pareil, témoignant d'une intelligence et d'une créativité qui cherchent encore leur semblable. C'est elle qui dit les vers pour mèner le
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chant. Ce chant est composé d'un refrain que les danseuses reprennent à chaque couplet de la cheftaine. Les femmes dansent en cercle. La cheftaine, la meneuse du chant, se tient souvent sur le tombeau fraîchement fermé. Les danseuses tournent en cercle autour d'elle, dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre. « Ce que nous sommes et ce que nous avons, nous le devons une fois à notre père et deux fois à notre mère » dit un proverbe. Suse' ǣo so Way diŋ go ǧew ǧew Suse' ǣo so Way diŋ go ǧew ǧew Suse' ǣo so May go ni way Yanda Suse' ǣo so May ni way Garwa Suse' ǣo so May ni way Nile Naare yegre wora Ndi hoo naare yegre do ǣi. Kaŋ ra debaŋ wa Naare sasu ma dugla Kaŋra debaŋ wa Naare sasu ma dugla Naare Dugla wo Naare ma re wo nduu we 'War la way so Ndi jon gete' ne nday ge la Caa we nãy no Ndi ca gete' ne nday so la Laale way erenga.... Na man ǣil go se joo ǧa so go
Du courage à toi Femme qui se presse Du courage à toi Femme qui se presse Du courage à toi La fille de la femme de Yanda Du courage à toi Fille de la femme de Garoua Du courage à toi Fille de la femme de Nile Femme-crieuse de youyou Je prendrai de crieuses de youyou avec moi Ne les épousez pas beaucoup Les femmes sasu de Doukoula Ne les épousez pas beaucoup Les femmes sasu de Doukoula Les femmes de Doukoula Les femmes à problèmes sont arrivées On a tué un chien Je ne vous fais pas des mensonges Coupez la viande Je vous mens alors Le lale de la femme erenga Élargissons le cercle de danse
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Roo / Poèmes Hããge ǣil ne dage
Croire à l’amour
Ndi hay hã ǣil ne dage Ndi hay hã ǣil ne fruygi Ndi hay hã ǣil ne hooge sug ti Ndi wo weege diŋ cẽẽge jiiri Ndi wo hooge le liŋ diŋ huni Ndi wo da’ge diŋ sõõre
J’ai cru à l’amour J’ai cru au bonheur J’ai cru au respect J’ai récolté la déception J’ai engrangé la haine J’ai trouvé la honte
Ndi ǧẽẽ debaŋ kiǧ dage Ndi raŋ jag siiri ǧiggi ti fruygi Ndi tob kayge go wer hooge sugi Jar tebeere hã woo me diŋ cẽẽge jiiri A ǧe woo me ga je loǧge wer huni Poǧge ǣin diŋ hẽẽne woo de sõõre
J’ai fui pour chercher l’amour J’ai erré croyant au bonheur J’ai refusé le secours pour le respect J’ai obtenu des hommes la déception J’ai été certifiée de folle par la haine J’ai eu la peur et la honte comme prix
Man ǣi hu go War ǣi hu go Hẽẽre ǣi ma twerpiiri huǧ woo go
J’ai perdu ma mère J’ai perdu mon mari J’ai perdu mes frères
Ndi kol je coo go De hayle ciŋ ti taale Do je gor ngel Ne mãyremããre ǣi woo ti Nen maaga a mo ǧig woo ti ti fruygi ti hooge sug ti ti dage bon se ma kluu sen. wa so hase
Je suis devenue une hère Perchée sur un mirador en sentinelle à mes sœurs pour qu’elle ne croient plus jamais au bonheur au respect à l’amour à cette géhenne.
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Blo Bale, raa wa ! Un éléphant mâle ne pleure pas Raa wa go Raa wa go Man ǣo yaŋ le seege Man ǣo yaŋ le seege
La berceuse : Ne pleure pas, éléphant mâle Ne pleure pas, pachyderme Ta mère arrive, roi des lourdeurs Ta mère arrive, menant la file des femmes
De mbaare hããre ti De hãn nẽẽ yoo De põõre loone bii ti De dage de yoŋre jiili ǣe
Avec le fagot de bois Avec la calebasse de légumes Avec la jarre d'eau Avec l’amour sur sa poitrine
Raa wa go Raa wa go Man ǣo yaŋ le seege Man ǣo yaŋ le seege De dage ma jiili ǣe De feg ǣe maaga pẽǧ jar go De doo ǣe ma desãy ga sag do man yaa baa De wããre ǣe maaga do fen mbuǧgi Raa wa so Raa wa so Blo bal ǣi no Blo bal ǣi ma yãã ndi no Tag bii mberbe ma dewooren ga Werga bale rag wo ga Jar peǧ jar 'waǧ wo 'war ga Yãã pãã, joo dage ma ǣil ǣe Tag redew mberbe ma nen ǣon go Taw hiliggi wo de higiǧgi ǣon go Kuǣ jag ti ǧumgi no ti tiipaale ǣi
Ne pleure pas, éléphant mâle Ne pleure pas, pachyderme Ta mère arrive, roi des savanes Ta mère arrive, sauveur des faibles Avec son coeur en amour Avec son rire curatif Avec ses douces mains irisées Avec ses mots magiques La mère : Ne pleure plus, mon éléphant mâle Ne pleure plus, mon éléphant salvateur Je suis là, embuée de mes sueurs gluantes Nous collant d'amour pour l'éternité Essuie tes belles gouttes de larmes Car les éléphants ne pleurent jamais Les sauveurs ne crient pas Prends mon sein et suce l'amour Essuie tes belles perles de larmes Arrête tes sanglots Romps tes douleurs Sur ma tombe
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La musique Si le rire est la musique de Dieu mise dans le coeur des hommes, la musique est l’âme des peuples
Pour connaître les hommes et pénétrer leur coeur, il faut aimer leur musique, car elle est l’essence même de ce qui fait la vie d’un peuple. La musique, partout dans le monde, exprime les profondeurs et les aspirations les plus viscérales de l’être humain. Que ce soient des louanges, des réjouissances ou des revendications, la musique est avant tout la partie audible de la voix cachée et tue. Parfois, elle est un cri de douleur, souvent une inspiration, quelque fois un appel nostalgique. La musique tpuri est multiforme, originale et pluridisciplinaire. Elle se confond avec la création des poètes (aussi bien femmes que hommes) et est un instrument nécessaire aux festivités, aux funérailles et aux purifications (des soo et autres esprits). La musique tpuri vit au centre des réalisations sociales. C’est un élément essentiel pour la santé morale de la société. Les chants et les danses : une mise en scène particulière En pays tpuri, la musique est avant tout un espace d’expression. L’expression qui anime cet espace se retrouve aussi bien dans le symbole utilisé que dans le réel, le palpable, la partie visible et audible de la musique. Plus loin encore, cet espace se retrouve dans les mots des chansons et dans l’exécution des rythmes. Mais la musique et par conséquent la danse ont un caractère multiforme: Susurrée par les jeunes bouviers, la musique se retrouve aux puits, dans les coeurs des jeunes en promenade, pendant les travaux champêtres, dans les conseils des sages etc. La musique tpuri est une mise en scène théâtrale. Elle est une grande manifestation des poètes et des danseurs. Obéissant à une chorégraphie particulière, la musique rassemble autour de la danse des jeunes plein d’idées et d’imagination. En termes chorégraphiques, les danseurs se servent des plumes d’oiseaux rares, des képis d’anciens soldats, de la terre ocre, des calebasses, des serviettes, des chaînes etc. Toutes ces décorations sont portées selon une imagination propre à chacun et chacune, mais ayant toujours une connotation créative et créatrice.
Et comme la danse elle-même est un art, les jeunes et vieux se parent des accessoires les plus beaux. Quand dans leurs ornements les jeunes s’élancent dans les danses, l’on entend des parents s’exclamer „Weere ma debalan maŋ wo ǧuu paare ǣaara wo ciŋ so“(Les jeunes d’aujourd’hui ont honoré le nom de leurs pères). Dans cette situation, la danse est la défense d’un patrimoine culturel dans le souci de perpétuité transgénérationnelle. Dans ce contexte, toutes les danses tpuri sont d’abord le lieu d’une certaine théâtralité de l’art (parures), du pouvoir (les chants constituent un contre pouvoir puissant), de rencontres (les jeunes y trouvent leurs futures épouses) et d’un conservatisme salutaire pour les traditions (les vieux se reconnaissent dans la continuité de la vie). En Afrique, il est rare qu’une musique ne donne pas lieu à une danse. Parfois, le nom de l’instrument utilisé pour la musique prête son nom à la danse qui en résulte. Chez les Tpuri, l’on distingue plusieurs types de musique et partant de danses. La danse collective et rythmée obéit avant tout à une règle cardinale : le soliste. En effet, c’est lui qui en est le coeur, car étant le poète qui agence les rimes et les idées (dans le lele) ou qui donne le ton nécessaire (gurna). Par exemple, l’on dira a haw siŋ no, pour signifier qu’il a donné une autre tonalité à la chanson. Il juge le ton, la fatigue des danseurs, le rythme, la vitesse des chants. Il est le thermomètre de la danse. Des danses entières se suspendent, parce que le soliste est absent. Dans les rares cas où un soliste n’est pas nécessaire, le chanteur lui-même constitue le meneur de la musique et le contrôleur de la vitesse du chant (dans le dilna). Si l’on peut classer les danses tpuri, le gurna l’emporte de loin devant le waiwa que suit le dilna. Dans cette optique le lele des femmes emboîte le pas au daa qui devance le siili. Après le joo ka’araŋ et le joo soo, le mbaga jaw et le joo tgware se disputent la place. Ce classement est sûrement subjectif, car il faudrait interroger les maîtres de l’art tpuri eux-mêmes. Peut-être faudrait-il juste savourer la musique, les rythmes et la danse au lieu de se livrer à des gymnastiques intellectuelles de classification.
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Les instruments de musique tpuri Instruments tmbale
Description tambour, tam-tam des gourna à deux faces, porte suspendu au cou. Deux variantes existent: mantimbale, we-timbale. Aussi désigné de man mbucu siili/manbããre flûtiau fait avec une corne de gazelle ou de chèvre, joué par les jeunes gens. Petit sifflet en argile à trois ou quatre trous, imitant la corne d’antilope joué par les jeunes qui gardent les chèvres. man-bããre: flûte à quatre trous en corne d’antilope ou en bois en forme de corne. man-fii-bããre: flûte à quatre trous en corne d’antilope ou en bois en forme de corne guitare, didil maa saaraw: harpe, didil haare: lyre dilna nom du tambour sexué pour la fête du ka’arang joo ka’arang calebasse allongée, instrument de musique à vent, dundulun frappé contre la cuisse, joué par les filles Il existe en plusieurs composants : man-daa : flûte en dãã ãã tige de mil, wel ǣe (parway – heege, birglig ou tuyau pour la fabrication moderne), dlegu (coo nayre – les cornes d’animaux) sug koo sug koo tambour anthropomorphe à une face, d’environ 1m 50 tindin de haut coloré au rouge avec du kaolin jaune, girri, Le plus grand des tambours, sexué (tétons et nombril) titir
Les compositeurs de renom Un bon poète est la conscience de son peuple. Car il dit les vérités d’une manière non voilée, il chante les joies et les peines des hommes. Il pleure aussi les plaintes et amplifie la voix des laisséspour-compte. Dans le contexte tpuri, tous les compositeurs sont en effet des poètes très puissants dans leur rôle de gyrophares de la société. Ils transcendent les lasses de la société et jugent les travers des hommes et les femmes. Cependant, nous sommes en présence d’une spécialisation de la poésie, même si la plupart des thèmes relèvent de la critique sociale et dont porteurs d’effets de contrepouvoir. Le contre-pouvoir est dans les sociétés traditionnelles un réel pouvoir de contrôle tant des dirigeants que de l’éthique.
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Les instruments de musique tpuri Instruments Matériels de fabrication
Utilisation
Danse
tronc d’arbre (mbucu, cur, festivités, taagu mbaydan) creusé, funérailles, deuil peau de bovin tané tesson de poterie, peau de jeu, hrage chèvre, veau cornes d’animaux, argile gurna, festivités
gurna, waiwa, kbar gurna fiiri joo siili
dilna
fil de fer, tronc d’arbre pour boîtier et support, boulons en karkarbao. cuir de bovin ou caprin
animation, fêtes, veillées
diili
joo ka’arang tidiŋ
arbre wa’, peau de bovin, karkarbao, nii tamu l’arbre wa’a
war ou man mãyblumbl um dundulun
arbuste way depuy, corde de swe et une calebasse lub bil bii calebasse allongée tiges de mil, cornes d’animaux
fêtes de ka’arang ka’arang Annonces de décès funérailles, purification hrage, jeux initiation au diili,
tmbale
wedewdew siili/ manbããre
dãã sug koo kocogcwãy kew kew, kojee, kol tindin
sug swaare boîte d’insecticide (moderne), fer, boo tooge (originale) fer forgé
titir
en faidherbia, curi
peppee
cagge, fudgi mu’ase
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veillée festivités, avant ou après le feo kage sifflet (flew) accompagnement d’autres instruments accompagnement lele décoratif initiation, funérailles des hommes de wayna, mort d’un parent du clan du chef, wel-binni. jour de fêtes, jour de mort ou de guerre hrage, jeu
joo daa joo flew
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Le gourna Le « gourna » est indubitablement la danse la plus populaire chez les Tpuri. On pratique cette danse à l’occasion des funérailles et autres cérémonies. L’un des éléments-clés du gourna est le chant qui, en réalité, est un long poème. Il permet au « poète compositeur » de dénoncer les maux de sa société afin d’améliorer cette dernière. Le gourna est une institution empruntée, dit-on, aux voisins massa qui s’est épanouie sous une forme propre chez les Tpuri. Chaque année après la récolte vers le mois de novembre, les hommes adultes d’un ou de deux villages, mariés ou célibataires peuvent décider de former un gourna. Pour cela ils doivent chacun amener une vache laitière dont ils boiront en commun le lait. Le troupeau s’installe sous un arbre près d’un puits à la lisière du village, constituant ainsi un „camp„ nommé kaw day. Les hommes s’y réuniront quotidiennement pour s’entretenir de faits divers (les aventures amoureuses sont un des sujets de conversation favoris). Ce sont les plus jeunes membres qui auront la tâche du gardiennage du troupeau. Le but explicite d’une telle association est de grossir autant que possible (l’embonpoint étant, aussi bien pour les hommes que pour les femmes tpuri le signe d’un épanouissement intérieur) et cela en se nourrissant exclusivement de bouillies à base de lait. La fonction du gourna est de danser en public lors des funérailles ou levées de deuil de notables, du moins pendant la saison sèche. Pendant la saison des pluies, alors que le ‘camp’ s’est défait pour que chacun puisse vaquer à ses occupations agricoles, les membres du gourna participeront aux luttes entre les différents villages. En adhérant à ce ‘club’ les hommes trouvent compagne ou épouses. Ils y acquièrent la force nécessaire pour les luttes avec des prétendants rivaux. Jeunes ou âgés, ils sont appelés en tpuri weere jon.re « jeunes de la danse.» Le siŋ gurna, chant (du) gourna, est appris par le groupe auprès de l’un ou l’autre compositeur de renommée. Chaque compositeur est entièrement libre de choisir ses thèmes pour chaque chant. Ce dernier se présente comme une suite sans structure verbale apparente, d’allusions à des événements d’intérêt général, de ragots locaux, de scandales. Le compositeur introduit aussi les louanges
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de personnalités locales ou nationales qui ont sa faveur et peut introduire, pour les honorer le nom de ses amis. Il est possible de comparer le contenu du chant gourna à un journal local, à ceci près que les auditeurs connaissent le plus souvent par avance les évènements auxquels il fait allusion. Le chant ne fait que rendre public des évènements qui sont venus à l’oreille du compositeur. Toute personne ayant eu vent de conduites répréhensives selon la morale tpuri (vol, inceste, adultère, corruption) peut en avertir le compositeur qui s’inspirera de ce qui lui est rapporté pour sa prochaine composition. Ajoutons que le dévoilement public de certains comportements (les auteurs étant identifiables dans les chants) déclenche parfois lors des danses publiques de véritables batailles rangées, les parents ou amis de ceux qui sont dénoncés s’en prenant ouvertement aux chanteurs exécutants. Aussi plusieurs chefs de village hésitent à accorder un terrain pour le camp gourna, les chanteurs, en proclamant tout haut ce que tout le monde sait mais tait ravivant souvent des querelles de lignages et de villages qu’ils ont par la suite la charge d’apaiser. Les compositeurs de chants ont donc un rôle prépondérant dans la vie sociale tpuri. En dénonçant les actes répréhensibles, ils exercent une censure. Leurs chants deviennent une manifestation de contre-pouvoir surtout lorsqu’ils prennent pour cible des individus dont la fonction dépend de l’administration centrale. Les chants sont alors perçus comme une forme de contestation politique. Le courage du compositeur camerounais Dang Biina qui fut traîné en prison pour avoir publiquement dénoncé les exactions d’un chef de canton malhonnête qui prélevait, sans rétribution, chèvres, moutons et vaches auprès des paysans est resté célèbre, jusque chez les voisins tchadiens. Tongna du village de Nenbakre au Tchad fut aussi emprisonné pour avoir critiqué trop explicitement certains chefs nommés par l’administration centrale. Waiwa : divertissement et contrepoids social Le waiwa, séance de danse et de chants exécutés du début à la fin des récoltes, est assurément à côté du gurna une des valeurs culturelles et éthiques les plus profondes de la culture tpuri. Les danses de waiwa sont des mises en scènes qui relèvent d'une culture de la poésie. Les chants sont rythmés par deux ou trois
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tambours. Après les danses suit une séance de ŋgu, la lutte traditionnelle. Le commencement de la danse est sublime. Toute la troupe se regroupe autour du soliste. Les tambours attachés à des cordes sont accrochés au cou. Leurs batteurs se déplacent avec le groupe qui tourne dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre. On semble à faire à une masse amorphe. Tout le monde court au rythme de la chanson et des tambours. Lentement, des files indiennes se forment. Le signe est donné par les batteurs de tambours qui se détachent de la masse. D'abord, un géant prend la direction de la masse amorphe. Il accélère le pas, freine pour donner le temps aux autres de s'aligner. Ensuite, toute la masse comprend le signe, se rallonge, se démultiplie. En un clin d'oeil, les files indiennes naissent. Les plus grands devant, les plus petits derrière. Souvent même les files sont tellement longues qu'elles s'entrelacent. Pendant que les files se consolident, les batteurs de tambours se détachent et se placent au centre des cercles concentriques que forment les files. Ils battent les tambours au point de se faire saigner les mains. Un rythme fou et sublime, une mélodie grandiose et pénétrante. Les saccades de battements percent le cœur de la nuit couvrant et couvant l’âme des danseurs. Les corps se déploient. Ils dansent au rythme des poèmes chantés. Ces corps deviennent des instruments pour créer la beauté de la mélodie. Les corps sont subitement des vers d'une poésie dont les strophes sont les files indiennes et les rimes les batteurs de tambours. Devant ces sublimes beautés, ces transes grandioses, oubliant tous les méandres des difficultés matérielles et de l'épuisement des travaux champêtres, des mères et des pères stériles ont pleuré, tout en disant tout haut: « Daga wel ǣo mo hay mbe yoo kããra ni boŋ lay ! » (Il faut aussi qu'un de tes enfants s'y trouve parmi.). Des danseurs peuvent sortir de la file et aller "jeter la poussière" à des amis qui se trouvent à une autre place de la file. Aussi, peuvent-ils inviter des spectateurs à se joindre à eux. Souvent l'on remarquera une vieille mère quitter la lisière de la surface de danse et s'élancer en rythmes frénétiques à la découverte de sa deuxième jeunesse. Voici quelques poèmes de waiwa :
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1.
1.
Sida na tii le ǣan hon la ? sida ti le Tchadeǣale Karway de 'war me ge Sug ǣi mo la ǧuu sida wa
Où a commencé le sida ? Le sida a commencé à Tchadeǣale Le désir sexuel me tue Que mes oreilles n'entendent pas le mot sida
2. Fen sõõre yaŋ nday ǣããre no Sen fuy se mbay diŋ may la ? Hiina de ǧii puuli mani pan ǣe no Blo ǧii puuli mani pan ǣe no Se raw riŋ mayre ga Mankom Maysway raa wa Blo bin mayre coǣwe Ndo ren go kaf lay Man Hiina go de mbug hããre ma Maylamso Na jõõre na raa manda Blo je soole joŋ re ni nanga
2. Il y a une chose honteuse, vous les Massa Qu'est-ce qui bouge là-bas? Hiina monte le grenier de son père L'homme monte le grenier de son père Et dit aux filles "Maysway, ne pleure pas!" L'homme a donné naissance à des filles pour se soutenir Tu as tout “mangé” La mère de Hiina casse toutes les calebasses de Maylamso Nous les jeunes, trémoussons le manda L'homme-informateur n'a pas bien agi.
Byam : le Shakespeare tpuri, poète et génie Si le pays Tpuri a produit des musiciens de dilna, Byam est sûrement au-dessus de tous ceux-ci, et ceci tant par sa verve, ses passerelles vers les autres chants que sont les gurna, les waiwa qu’il coule aisément dans les rythmes de la lyre et de la harpe tpuri, le tidili que par sa propre création. Mais Byam sait aussi par son génie créer des historiettes sociales soit sur des thèmes actuels où l’escroquerie tarnée par des prestations est stigmatisée soit par des louanges pleins d’humour. Mais Byam est plus que sa poésie. Sa personne transcende sa musique. Aveugle, dépourvu, déshérité, Byam a reçu un seul don : celui de la poésie. Esprit vif, critique acerbe d’une société en déphasage avec ses idées et ses traditions, Byam reste dans le panthéon des poètes du patrimoine culturel tpuri, le seul chanteur-compositeur traditionnel qui transcende les limites, les idéologies, les classifications et surtout son oeuvre de création est profonde et sublime. Quand Byam, dans sa ligne poétique, donne des sobriquets aux animaux de la brousse – sobriquets humains relevant de leur comportement et souvenez-vous qu’il est aveugle , il fait montre d’une profonde inspiration. Ou bien observait-il avec les oreilles ? Quand Byam dans ses envolées lyriques définit les criquets, sauterelles et autres insectes par rapport à leur résistance devant les prédateurs que sont les chiens, il
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démontre un sens aigu de l’humour. Subitement la lutte pour la survie qu’impose la nature aux animaux revêt un autre aspect. Elle devient une copie de la lutte des êtres humains. Dans aucune Académie des Sciences et dans aucune anatomie, les criquets ne sont classés en fonction de leur résistance aux prédateurs. Mais ici Byam utilise le compagnon le plus fidèle de l’homme, le chien, pour caractériser les criquets et les sauterelles. Seul le Shakespeare tpuri, Byam, dans une poésie dithyrambique, peut créer et définir ainsi une classification de biologie presque scientifique. Explication
Description en français dont la nuque ressemble à la guitare maaga gor ǣe de maŋ dilna maa de tõõ qui a du venin maa graŋ de maŋ gore dont les ailes ressemblent à la nuque à la nuque écrasée maa gor de bleǧge maaga way da sen ga que le chien ne mange pas maa da war no qui aime le mari maa de maŋ mene qui ressemble au vagin maaga baa do way ga que le chien ne peut attraper hãy ga facilement maa jiili de yerge à la poitrine rayée maa nãy de lwaare à la chair gluante criquet sans cou mapoǧ ma bay soole waŋ ǣaara maaga gleŋ do way ga maa bag majee la a deŋ
leur roi qui ne peut fuir le chien qui attrape l’oiseau « majee »
Nom ciŋgiǧiw maa goŋgroŋ maa lagbuuri maa nono maa poǧ poole maa sigla maa ti hoŋ maa ceere maa dugdwee maa luuri maa mbug saŋne man day pãã maa paŋre maa wayway maa ǣle maa boŋ man fii baare maa galga
Le reggaeman tpuri : Gesse Roy Dans Exorcist et plus particulièrement le poème chanté Mai T’puri, le musicien et poète Gesse Roy décrit la femme confrontée à la tyrannie maritale et qui ne possède rien et doit même se voir arracher le revenu de ses initiatives commerciales. Le poète-chanteur encourage la femme tpuri portée par la douleur contradictoire de sa vie et lui donne des ailes pour qu’elle fréquente l’école moderne.
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Avec elle, c’est toute la gent féminine du Nord-Cameroun qui devrait être galvanisée par les mots magiques du musicien pour se tourner résolument vers la modernité, le futur, vers le développement même si ce dernier n’est pas toujours synonyme d’avenir. Ô, fille tpuri Tes yeux s’ouvriront-ils? Ô, Fille tpuri Quand tes yeux s’ouvriront-ils? Regarde Pour préparer la nourriture, il n’y a que toi Pour enseigner les enfants à la maison, il n’y a que toi Pour accompagner les enfants à l’hôpital, il n’y a que toi Mais toujours tu pleures Si ton époux rentre et trouve le repas non prêt Il te gronde Si ton mari revient à la maison et trouve le lit non arrangé Il te frappe avec le bâton L’argent pour les courses Il ne le donne pas Les médicaments Il n’en achète pas Les revenus de ton commerce, Il s’en approprie de force (...) L’argent de ration Il le dépense au jeu de hasard Les cahiers des enfants Il en tourne du tabac pour fumer Mentir Il en est le chef il ne connaît que boire“ "Fille tpuri, fréquente l’école, pour toi-même"
L’engagement à travers les textes de ce musicien constitue un éclairage intéressant dans le débat culturaliste et développementaliste du Nord-Cameroun. Ces discussions pourraient constituer un apport grandiose dans les projets aujourd’hui se
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qualifient d’orientés genre mais parfois ne désignent paradoxalement les femmes. Fervent militant des droits de la femme et de l’enfant, Gesse Roy est convaincu qu’il n’est point d’Afrique unie et forte demain sans enfants heureux aujourd’hui. Sensible aux problèmes cruciaux de l’heure qui minent la jeunesse et menacent l’existence même de son pays et celle de tout le continent, il apporte à travers ses différents albums, sa modeste contribution dans la lutte contre la déforestation, la destruction de l'environnement, le SIDA, la Faim, la Gabegie, la Corruption et le Chômage des jeunes. Gesse Roy se veut un artiste et un messager universel. Il chante dans cinq langues : Français, Anglais, Allemand, Fulfulde, et sa langue maternelle le tpuri de l’Extrême-Nord du Cameroun. Gesse Roy compte à ce jour Trois (03) albums audio : Legalize the justice (10 titres), Exorcist (13 titres), Peace Love and Justice (10 titres). Dix vidéogrammes Ses chansons et clips sont à découvrir sur son site: www.gesseroy.com La diva de la musique moderne tpuri : Yang Mad De son vrai nom, Yanpelda Madeeine, elle est la révélation de la musique camerounaise de 2009. Avec ses 8 titres dont les plus en vues sont nylon, kaikaara, ndai mbi, Chantal Biya, Waa jag tpuri, Yiide maa, elle a gagné le Nord-Cameroun avec une voie suave. Elle puise dans les rythmes du terroir et interpelle l’éducateur et les jeunes. Les jeux Chez les Tpuri, comme dans beaucoup de sociétés africaines, les jeux couvrent tous les domaines de la vie. Du judicieux esprit mathématique à l'humour le plus parfait, de la culture physique au raisonnement subtil le plus complet, de l'imitation sournoise aux blessures sanglantes, le jeu est pluridisciplinaire et multiple. Il est multiforme et embrasse tous les âges. Le jeu est l'image de la vie la plus complète. Bien au delà, le jeu est d'abord recherche du beau, du sublime, de la profondeur de soi qui aboutit à la création d'objets, à l'exercice corporel ou intellectuel. L'on distingue diverses sortes de
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jeux. Parfois, le nombre de joueurs qui y participent est important. Il y a les jeux de société et les jeux à caractère solitaire. Mais, on peut aussi faire une distinction temporaire entre les jeux diurnes et les jeux nocturnes. Naturellement dans les villages, il n'y a pas de séparation clinique. Les jeux diurnes ou nocturnes sont aussi bien collectifs que solitaires. La distinction faite ici relève plus d'un souci d'inventorisation que d'une catégorisation sociale fondée. Le jeu collectif est celui qui regroupe plusieurs joueurs qui travaillent de concert pour la réalisation d'un but commun ou qui jouent les uns contre les autres pour atteindre un but fixé, inhérent au système de jeu ou fixé de commun accord. Ces jeux peuvent être individuels. Pour atteindre l'effet de divertissement, les participants jouent à tour de rôle. Là, naissent un effet de collectivité, un halo de bonheur. Les individualités se renient pour créer un collectif. Les enfants transcendent leurs différences pour le bonheur collectif, l'esprit communautaire. En voulant un plaisir individuel, ils se créent un bonheur collectif. Généralement, les jeux de collectivité comprennent tous les jeux à pions (ngãy sous toutes ses formes, seege, durgi, cegawge). La majorité des jeux de société est pratiquée par des filles. Cependant, on retrouvera aussi des jeux comme le tum-tum qui unissent aussi bien les filles que les garçons. Pour le jeu de société, les enfants se retrouvent dans des compétitions de course, de jets de pierre, de cueillette etc. Tous participent pour le bonheur du groupe. Mais aussi, il se crée une identification avec les autres, un esprit de tolérance envers les autres, d'appartenance à une communauté. Par le groupe et avec le groupe, l'enfant grandit. Il apprend. Il s'apprend. Il tolère. Pour les jeux à caractère solitaire, même si on ne peut pas le caractériser par son individualité et son sens plus aigu de la créativité, le jeu à caractère solitaire est le plus souvent sujet à une intelligence accrue. Que ce soit le dundulun où la jeune fille chante et joue à la mélodie de son poème, ou la construction de maisons ou de voitures à partir des tiges de mil, le jeu à caractère solitaire repose sur le génie inventeur du joueur. Une forte créativité est requise. Les jeux à caractère solitaire font souvent aussi l'objet de projet commun où l'esprit de collectivité est souligné. Un groupe peut jouer au dundulun à tour de rôle, en utilisant le même instrument. Ici une forte
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représentation masculine est notoire. En dépit de cette catégorisation, on peut affirmer que le jeu unit les deux groupes au delà de leurs occupations. Car on remarquera une forte tendance à spécialiser les filles dans les tâches ménagères, à l'aide de la mère. Les garçons aideront le père dans les activités d'étable, tressage des cordes et des nattes, construction des cases etc.... Quand par le jeu, les deux groupes s'unissent, chacun apportera de son habilité. À l'unisson et au diapason du coeur collectif, tous s'aident à grandir. Le puzzle de la vie se complète par les différents éléments qu'apportent chacun et chaque groupe. Par rapport à la division temporelle, les jeux diurnes respectent une certaine division des enfants selon le sexe. Même si cette séparation n'est pas typique, on remarquera, en traversant les villages, des groupes d'enfants divisés en garçons et filles. Ces dernières se regrouperont pour jouer à la mère dans la cuisine, au cegawge ngãy etc. Les garçons, par contre, se livrent à la construction des jouets comme les cerceaux, les maisons, jeu de toupie etc. Cependant aucun village ne se permettrait une ségrégation des enfants. Il n'existe dans aucun village tpuri une discrimination entre les deux sexes, à l'état d'enfance. Depuis les temps immémoriaux, le clair de lune a fasciné les hommes et leurs sociétés. A côté du respect devant le mystère nocturne, et ce depuis la nuit des temps, l'homme cherche à dompter la nuit. Dans la profonde Afrique, la nuit est maîtrisée par les chants polyphoniques. On lui parle, on la dompte, on l'adule, on la respecte. A son tour, elle se plie. Elle répond. Elle se laisse dompter. Comme pour lutter contre l'hostilité de la nuit, les jeux nocturnes sont tous collectifs. Ils sont aussi les plus beaux, les plus profonds. Elles ont un fond mystique. Quand aux chants, aux récitals, ils sont très polyphoniques. Car la polyphonie est le coeur de la vraie Afrique. La polyphonie est le filet qui crée l'harmonie, la communion non seulement entre les hommes mais aussi entre l'homme et le cosmos. Les jeux nocturnes unissent mâles et femelles. Dans la séparation des groupes sociaux en garçons et filles, on ne distingue pas la spécificité diurne. Est-ce parce que le proverbe dit que la nuit cache l'éléphant? Car dans la matrice de la nuit, de l'obscurité, de la terre, il n'y a pas de dichotomie du mâle-femelle, du dedans-dehors, du vrai-
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faux, du bon-mauvais. Dans les groupes de jeu nocturne, on ne remarquera pas cette division. Que ce soit une séance de conte, de tum-tum, de cache-cache, de chants, on ne retrouve pas de spécificité masculine ou féminine. Tous y participent, tous y apportent de leur mieux, de leur créativité. Tous vainquent la nuit, en lui commandant par les mots, par les jeux. Dans les villages, il y a des activités qui ne sont ni jeux ni travail à proprement parler. Ce sont des activités soit de chasse soit de cueillette. Leurs fruits s'ajoutent comme une goutte d'urine dans le revenu familial. Par les adultes, il n'est cependant pas considéré comme travail. Ces jeux constituent le pont entre la petite enfance et l'initiation à la vie d'adulte. L'enfant joue encore avec ses frères et soeurs, mais il a déjà accès à la société adulte, à laquelle il apporte de temps en temps un revenu quelconque. C'est ici que ressort l'importance capitale du jeu dans la vie de l'enfant africain. Il quitte lentement les rouages de l'enfance et s'enfonce dans les profondeurs de la dureté de la vie adulte - sous l'oeil attentif des adultes et protecteur de la société. Enfin, il se responsabilise. Même si les jeux constituent un domaine préféré des enfants, on retrouve ici et là une participation active des adultes. Certains jeux ne sont qu'interprétés ou imités approximativement par les enfants: il s'agit ici des seege ngãy et du durgi põõ. D'autres sont dirigés par des adultes (tum-tum). Bref, l'implication des adultes dans le jeu est présente. Comment en serait-il autrement si le jeu est la réponse à la créativité, une voie pour l'enfant de devenir adulte? Car ce n'est pas en attendant que ces enfants grandissent que l'on leur inculquera le sens de la vie. Un exemple de jeu à pions simple : Soole Le soole (hernie) est une variante du ngãy. Seulement, il est plus facile, plus simple et à un seul tour. Le jeu aurait-il son origine dans l'imitation des hommes hernieux ? En effet, une pierre mise au soleil est enfoncée de force dans la culotte du perdant par les participants. C'est pourquoi on joue cǧoge, étant sur ses gardes, prêt à s'enfuir au cas où on est menacé de hernie. Le soole utilise le même dispositif que le ngãy. Seulement, le nombre de pions utilisés est limité à 30. Chaque trou a 3 pions au
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début du jeu. Le soole se joue à plusieurs. Le nombre idéal étant 2, et le maximal 10. 5 4 3 2 1 E D C B A
Fig.: 5.8 Dispositif du soole au début Le jeu semble avoir une forte raison sociale à savoir se libérer des contraintes. Dans ce soole ce but est atteint en remettant tous ses pions aux autres joueurs. A perdu qui accumule les pions. Comparé au ngãy on a à faire ici à un principe tout à fait différent. Au ngãy, le vainqueur-capitaliste accumule tout. Au soole, le malin se libère de tout fardeau, en remettant ses pions-problèmes aux autres. Le jeu commence par le signal hõõlii hõõ. (On peut aussi dire hõõ). A ce signal, tous les joueurs doivent enlever deux pions de chacun de leurs trous. Les pions ainsi collectés constitue le grenier duquel les joueurs se serviront selon les règles définies plus loin. Après le signal, le dispositif de la figure 5.9 constitue la position de départ pour le jeu. 5 4 1
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Fig. 5.9: Dispositif du soole après le hõõli Le dernier joueur à libérer ses trous est critiqué. Et c'est lui qui doit commencer à distribuer les pions en les regroupant les pions. Dépendant du lieu où il commence, il regroupe les pions des trous avec les lettres vers ceux avec les chiffres. La première séquence consiste en deux étapes: 1) Regroupement des pions. Le pion d'un quelconque trou est mis dans le trou opposé, ensemble avec le pion qui s'y trouve déjà.
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Fig. 5.10: Première étape du jeu Par exemple trou 1 et A, trou 2 et B, trou 3 et C etc… 2) Alternance du contenu des trous: Le joueur doit changer les trous des pions en les mettant dans le trou opposé. Par exemple, si au début les deux pions étaient dans le trou A, il doit maintenant les pousser dans le trou 1, trou C remet ses contenus à 3 etc… 5 4 1
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Fig.: 5.11: Deuxième étape du jeu A la fin, il remet un de ses propres pions ramassés pendant le signal du hõõli à son adversaire. Au cas où il y a plusieurs joueurs, il le remet à celui qui est son adversaire le plus proche en suivant le sens contraire aux aiguilles d'une montre. Ensuite, cet adversaire qui commence à distribuer les pions. Règles du jeu : Le joueur distribue les pions dans les trous dans le sens contraire à celui des aiguilles d'une montre. La distribution se fait en chaîne. Elle ne s'interrompt que quand le dernier pion tombe dans un trou vide. Quand il ramasse les pions dans le premier trou, le joueur doit compter les séquences de distribution. Une nouvelle séquence commence quand le joueur ramasse les pions d'un trou où le dernier pion est tombé.
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Fig.: 5.12: Dispositif après la première séquence Si le joueur avec les trous en chiffres était le dernier au hõõli, c'est le joueur aux trous de lettres qui commencera le jeu. Alors s'il ramasse les pions du trou B, il devra compter boŋ boŋ (1, 1), jusqu'au trou D, puisque c'est la première séquence de distribution. 5 4 2
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Fig. 5.13: Première séquence Le dernier pion tombe-t-il dans un trou à un ou plusieurs pions, il les ramasse et continue à les distribuer dans les trous consécutifs, en incrémentant l'étape. Dans l'exemple, suivant cette distribution à la chaîne, il ramassera les pions du trou D et continuera à les distribuer en incrémentant la séquence, en comptant ǣog ǣog ǣog (2, 2, 2). 5 4 1
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Fig.5.14: Une séquence de distribution Le joueur ne s'arrête que si le dernier pion tombe dans un trou vide ou à deux pions. Dans cet exemple, le trou Nr. 4 n'ayant pas de pions avant la distribution, et puisque la distribution s'y achève, le joueur arrête son jeu. Selon le nombre de séquences, le joueur remet à son adversaire. Comme il a compté jusqu'à 2 séquences seulement, il remet 2 pions à
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son adversaire. Ce dernier joue à son tour. Quand le joueur avec les trous en chiffres commence le jeu avec le trou 3, il scande boŋ, boŋ (1, 1) et interrompt l'étape au trou 1 dont il ramasse le contenu et continue à distribuer en comptant ǣog, ǣog, ǣog (2, 2, 2) pour interrompre son chant au trou C avec la même procédure, en comptant cette fois swa' swa (3, 3). Il interrompt la troisième étape dans le trou E avec la même procédure. Ce n'est qu'après 7 séquences que le dernier pion tombera dans le trou C alors vide. 5 4 1
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Fig.: 5.15: Après une longue séquence Le joueur compte alors 7 pions qu'il remet à son adversaire. Le jeu peut durer très longtemps comme le démontre les séquences suivantes. Le joueur avec les trous en lettres joue à son tour le trou B. La première séquence finit dans le trou D. Il continue la deuxième séquence pour la terminer dans le trou Nr. 5. De là commence la troisième séquence pour finir dans le trou A. Son jeu est terminé, il remet 3 pions à son adversaire. Il en résulte la figure 5.16. Son adversaire commence son jeu dans cet état avec le trou Nr. 3, il n'aura que 3 séquences et remettra 3 pions à son rival. La figure 5.17 démontre l'état où il achève son jeu. 5
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Fig. 5.17: Le jeu suivant
Et le jeu continue comme le montre la séquence suivante
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Fig. 5.18: Après une longue séquence Si un participant n'a pas la possibilité de jouer parce que tous ses trous comptent zéro ou un pion, il remet un pion au joueur adverse qui recommence à jouer. Baage soole : Le soole, la hernie, attrape un joueur (soole baa jobo) quand tous les pions sont rassemblés chez lui. Pour punir le perdant, on lui met un objet dans la culotte. L'outil utilisé (une pierre, un tesson de poterie, une houe) est d'abord mis au soleil pour qu'il chauffe. Le perdant ressemble alors à une personne hernieuse. Remarquant que la hernie va l'attraper, le joueur peut déjà, bien avant la fin de la partie, prendre la fuite. C'est pourquoi on joue le soole cǧoge, en position canard, prêt à s'enfuir. Dès que le perdant prend les larges, la chasse commence.... Imaginez un fuyard chassant sa hernie devant soi ! Le soole marie l'esprit de finesse à l'intelligence la plus subtile. Le joueur qui débute doit connaître les lois de la complémentarité, car c'est cette loi mathématique qu'il suit en jumelant les pions et en les repoussant dans les trous initiaux, de manière à ce que les trous contenant les pions alternent avec les trous vides. Aussi, une beauté naît de cette alternance. C'est comme les colliers au cou d'une belle sahélienne. Ensuite commence le sublime du jeu. On se débarrasse d'un fardeau, les pions, qu'on remet à son adversaire. Mais ce jeu est alternatif. C'est comme un jeu de culpabilité de deux personnes qui s'accusent mutuellement. Mais le soole semble aussi refléter les liasses de la vie, les labyrinthes du quotidien. Aucun joueur ne doit se proclamer vainqueur. Même avec un seul pion, la situation peut toujours se renverser et l'on peut attraper le soole. Dans cet esprit d'extrême calcul et de finesse, il y a aussi un humour propre au Tpuri.
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La culture face à la dynamique sociale Depuis la pression coloniale sur l’Afrique, l’existence des structures culturelles et de l’organisation sociale, autochtones se voit de plus en plus remise en question par l’introduction massive et violente d’un ordre culturel d’origine occidentale. Pourtant si les phénomènes tels la scolarisation et l’urbanisation se sont développés à une grande vitesse, imposant un mode de vie et des systèmes éducatifs situés quasiment à l’antipode des idéaux que la société autochtone s’efforça longuement de soigner à savoir le respect, l’hospitalité, la solidarité, la courtoisie, l’allégresse, la croyance en l’éternité de la vie. Ces principes et valeurs apparaissent comme des dénominateurs communs de l’Afrique. Certes, leur présence est bien fortement prononcée dans les milieux ruraux restés à peu près intacts de l’influence envahissante de la cupidité et de l’esprit matérialiste de la ‘Civilisation’ moderne - milieux où la Tradition semble encore entretenue par des cénacles inconnus du grand public. Au crépuscule des balbutiements d'un réveil de conscience hésitant, un désastre : une population meurtrie, une jeunesse livrée à la débauche, une misère qui partout s'installe et mine. En somme, un peuple à la dérive dans un modernisme dit mondialisant et pourtant culturicide. Sous la pressante poussée du flot de l'anarchie qui frappe aux portes, les digues mises en place pendant des lustres, peut-être sans le vouloir, tombent les unes après les autres. Face à l'urgence, on ressent partout, à en juger du moins certaines velléités qui se dégagent, un pressant engouement à la chose culturelle. Il est indéniable qu'il faut lutter contre l'érosion de l’identité. L'ignorance, principalement par les jeunes, des valeurs va grandissante. Serait-ce un aveu de faiblesse, ce renoncement volontaire à la réflexion ? Le problème de l'acculturation se manifeste à plusieurs niveaux et nécessite une réflexion mûre et profonde. Plusieurs stéréotypes existent. Chez beaucoup de personnes, la langue tpuri est de moins en moins pratiquée en famille. Elle est remplacée par le français ou le fulfulde. Plusieurs types ou classe de personnes se dessinent : Le pire : Il ne comprend ni ne parle la langue de ses parents. Il ressent un fort malaise qu'il n'extériorise que rarement. Il évite de se retrouver avec ses pairs (ethniques) afin de ne pas tomber dans le piège de devoir s'exprimer en tpuri. Ici, il existe deux sous-types. Le
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pire courageux, qui assume son incapacité linguistique, en disant ouvertement qu'il ne comprend pas la langue. Le pire réactionnaire qui refuse son malaise et réagit fortement à toute tentative qui l'amènerait à s'exprimer en tpuri. Le mi-perdu : Il comprend mais ne parle pas. Quand l'on lui parle en tpuri, il répond dans une autre langue. Il ne ressent pas nécessairement un malaise, tant qu'il est devant un interlocuteur qui comprend les deux langues. Mais rare sont ceux de ce groupe qui voient en ce problème une situation à corriger. Ils le vivent comme un mal nécessaire. Le courageux : Il s'efforce de parler, mais ne maîtrise ni la grammaire ni l'orthographe. Il a un vocabulaire réduit qu'il complète avec des mots d'une autre langue. Socialement, il est accepté, car l'on reconnaît chez lui un effort. Les sources du problème semblent être très profondes. Les causes peuvent résider dans un mariage mixte, un environnement hostile, l'absence prolongée du père, la marque de ‘civilisation’ des parents qui préfèrent parler la langue de Molière dans la famille etc... Donc dans l'inconscient, l'on se dit “progressiste” et moderne. Aussi, une volonté réelle peut exister chez les parents, mais un laxisme dans l'application conséquente du parler “vernaculaire“ au foyer peut conduire à la perte de la langue. Dans le domaine de la perte de la propre langue, l'individu est en face d'un sérieux problème social qui a des répercussions sur le propre bien-être personnel ou social. Que doivent ressentir les parents des enfants qui ne parlent plus leurs langues ? Est-ce un début d'incapacité qui s'intériorise quand l'on remarque que l'enfant ne répond aux questions qu'en français ou fulfulde lorsque le parent lui parle en tpuri ? Est-ce alors un effet de refoulement, au point d'oublier même que l'on parle le tpuri ? Se justifie-t-on par la pression de l'entourage ? Ce comportement conduit-il à une frustration personnelle que l'on n'extériorise plus ? La langue ellemême devient-elle taboue ? Tout ce qui tourne autour de son apprentissage est-il alors banni du conscient ? Ce sont autant de questions qui montrent que tant du côté parental que de celui de l'enfant, l'on ressent un malaise refoulé, afin de le supporter.
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Les grandes villes sont remplies de personnes hybrides qui sont des monstres culturels ou, disons-le positivement, des inventeurs de culture. Car leur tête est française, leur ventre duala, et leurs pieds hausa. Se refusant à être appelés Tpuri, ils ne se libèrent pas totalement de cette “classification“. Il s'agit pour eux-même, d'un terrible drame avec des répercussions inestimables sur la société. C’est dans cette perspective que Amadou Hampaté Bâ affirme : “L'abandon de nos langues nous couperait tôt ou tard de nos traditions et modifierait tôt ou tard la structure même de notre esprit. Ce serait amputer irrémédiablement l'humanité d'une de ses richesses, d'un style de vie profondément humain, fraternel et équilibré, de plus en plus rare dans l'humanité moderne“.25 Voilà le ton qui est donné : nous perdons non seulement notre esprit, mais aussi une manière de contribuer à la richesse humaine. Un retour vers un enseignement millénaire D’une manière générale, les signes évidents d’une culture éthique longtemps établie sont identifiables sur toute l’étendue du continent malgré la pression occidentale dite moderne. Des dénominateurs communs à l’Afrique existent et ont été véhiculés systématiquement de génération en génération à travers nombre de vecteurs de transmission de connaissances : l’exemple des Anciens, les contes, les paraboles, les aphorismes, les us et coutumes, les légendes, les jeux, les initiations, les rituels etc... Suite à la diffusion multimillénaire des fondements de la Tradition, les principes et vertus distillés dans les populations ont pu s’implanter ou point de s’inscrire dans les profondeurs de la conscience collective programmant la qualité des automatismes quotidiens. Notre profonde admiration pour les principes éternels de sagesse entretenue par la Tradition nous a conduit à les rappeler plus loin, sous une forme adaptée à la perception de l’homme d’aujourd’hui. Assurément, nous ne représentons ni une religion, ni un système philosophique, ni une idéologie politique quelconque. Nous n’enseignons pas. Surtout pas dans un domaine aussi complexe et inaccessible que la Tradition africaine. Nous n’en aurions aucunement la compétence. Nous plaidons pour un mode de 25 Aspects de la civilisation africaine, Présence Africaine, Paris, 1972, p. 32.
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développement strictement endogène c’est-à-dire qui s’appuie sur les ressources, les populations, l’économie, l’histoire, la culture du milieu où il s’articule. Aussi ressentons-nous comme un véritable devoir de saluer les efforts de ceux, pas à pas, sans crayon, ni temple, ni religion grandiosement institutionnalisée, qui su acheminer jusque dans les coins les plus reculés du continent les souffles d’un enseignement éthique et culturel d’une valeur inestimable. Il faudrait bien se représenter l’ambiance générale de l’époque. On devrait pour cela visualiser cette longue procession des veilleurs silencieux, d’ardents instructeurs qui, même pendant les cinq derniers siècles traversés d’importantes agressions extérieures ont mobilisé la dernière énergie aux fins de garder resplendissantes les splendeurs éternelles d’un art de vivre à caractère communautaire, non religieux et universel. Nous disons bien non religieux car il précéda de très loin la création des religions connues aujourd’hui. Ces religions se donnèrent pour tâche de vulgariser, d’universaliser, à leur façon ces principes éternels de sagesse déjà scellés dans la Tradition africaine. Ce n’est pas à nous de dire si elles y sont parvenues. Nous pouvons juste noter que sans recours à quelque puissante institution religieuse les tenants de ladite Tradition ont su installer un art de vivre à caractère communautaire dans les profondeurs abyssales de la conscience collective de populations taxées de sauvages, arriérées et sans civilisation. Nous honorons en âme et conscience la mémoire de ces disparus qui se sont inlassablement attelés à tisser les fils de Vie d’une grande œuvre qu restera à vie. Ces disparus, ces morts ne sont pas morts. Ils vivent à travers les fruits éternels de leur œuvre. Ils se réincarnent pour ainsi dire à travers tout mouvement de volonté inspiré par le respect de la vie, l’hospitalité, la croyance en l’éternité, la joie... Certes, nous trouvons indispensable de rappeler leur œuvre gigantesque - passée sous silence par les modernes. Mais y a-t-il meilleure façon de rendre hommage à ces inconnus avant-gardistes que de s’efforcer soi-même de vivre en symbiose avec leur règle de vie et d’encourager d’autres intéressés à faire autant ? Les initiatives communautaires régies par les principes et les vertus de sagesse et de paix ne représentent-ils pas aujourd’hui un passage obligé de succès aussi bien incontournable pour les personnes individuelles que pour les groupes de personnes voire les institutions ?
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Nous parlions plus haut d’avant-gardistes inconnus. Qu’il nous soit permis de mentionner qu’ils sont inconnus non parce qu’ils ne portaient pas de nom. Pas plus parce qu’ils ne craignaient d’être portés vifs sur quelque bûcher pour hérétiques. Mais par absolue fidélité aux principes de modestie et d’humilité. Conscients du fait que leur personnalité pourrait éclipser les splendeurs éternelles de l’enseignement à véhiculer, ils se retirèrent consciemment dans les silencieuses coulisses de l’histoire, des gens sans nom, ni titre. Leur enseignement était un doux et permanent entraînement à l’humilité, à la solidarité et à la miséricorde. Ils le disaient de nature solaire car il s’efforçait, à travers la défense de l’intérêt commun et sans dogme de quelque forme de connecter intimement l’individu à un milieu social chaleureux, harmonieux, solaire. Par cette démarche, la Terre (tamsir) s’unissait symboliquement au Soleil (wuri), son principe régulateur et nourricier. Lorsque les temps se troublaient, et les malheurs et les calamités tendaient à se multiplier dans la société, les Anciens soulignaient que la seule observation des principes et des vertus de sagesse était suffisamment puissante pour contraindre le soleil à briller à nouveau avec éclat sur les multitudes de la terre. Ainsi, par les vertus et les principes, les sociétés menacées d’être précipitées dans le capharnaüm de l’oubli avaient la chance ultime de se ré-emboîter dans leur centre de gravité originel. Et il y a plus: ces principes de la Tradition étaient réputés forcer les problèmes sociaux les plus ardus à trouver rapidement leur solution. Les 12 principes éternels de sagesse ci-après qui pourront peut-être un jour être commentés en détail ne sont consignés nulle part : ni dans un écrit d’éducation morale donné à l’africaine, ni dans quelque document de religions africaines. Ils ont été formulés sur la base de longues observations d’us et coutumes ainsi que l’analyse de proverbes, contes, divers rituels d’initiation etc... Il s’agit là de quelques-uns des élémentaires instruments de transmission d’enseignement éthique. Il en existe encore d’autres de haute intensité vibratoire qui dépassent totalement l’entendement de l’homme contemporain. Énonçons maintenant les 12 principales vertus : Imagination, Respect de la vie, Vigilance, Charité, Justice, Humilité, Patience, Vérité, Douceur, Modération, Joie, Bienveillance.
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L'homme demeure imparfait s’il est incapable de s'exprimer dans une langue comprise par au moins quelques-uns de ses pairs. Tant qu'il n'aura pas réalisé cette aspiration de l'humanité à communiquer, il n’aura pas atteint la plénitude de soi. Impossibles paraît donc l'expression de la joie et de la douleur, du bien et du mal, du bienêtre et de la misère, du périssable et de l'éternel, de l'amour et de la haine, la perception des couleurs, des sentiments, des goûts et des humeurs. Le comportement lui-même dépendra de la réaction produite par le sentiment que crée le langage.
Les mesures Nous avons diverses unités de mesure parmi lesquelles se trouvent la calebasse, le pied, la corde de bovin et plusieurs autres systèmes spécifiques développés dans le but de chiffrer des récoltes, les produits de chasse, de formaliser les échanges entre les êtres humains. La calebasse : La calebasse semble une mesure bien enracinée dans le milieu tpuri. Elle est un objet d'une importance sociale cruciale dans la vie des Tpuri. Elle sert de récipient à toutes les circonstances. Plat pour mettre les repas, pour transporter de l'eau, pour conserver les légumes, la calebasse a de multiples fonctions. Aussi sert-elle de gobelet, de récipient pour le lait au gourna, de verre pour le bil-bil. La calebasse s'est imposée pratiquement comme unité de mesure dans le domaine de la production agricole. Bien avant les sacs, les kilogrammes et les litres, les Tpuri avaient leurs méthodes de mesure basées sur l'unité de la calebasse comme l'indique le tableau ci-après. L'unité de mesure étant han kuǣgi ti - (calebasse mise sur la tête) qui est une petite calebasse que les femmes posent renversée sur leur tête comme un bonnet quand elles vont en voyage ou vont au marché. Cette calebasse sert souvent de gobelet ou de verre quand elles doivent donner à boire à un enfant. Le han kuǣgi ti en unité de mesure a un volume d'environ 1 litre, mais probablement moins d'un litre. Le han hoole est la calebasse pour la boule de mil, le han luǣ ǣil bii est la calebasse qu'on met dans le récipient servant à transporter l'eau afin que le liquide contenu dans celui-ci soit
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stabilisé et ne bouge pas beaucoup. Le han jag yaage est la calebasse de l'aire de battage de mil. Le cõõ gerhee était un sac fait de peau de bœuf travaillé, ceci bien avant l'arrivée des sacs synthétiques ou en coton. Le cõõ gerhee (corne d'âne) est le sac qui pend d'un côté de l'âne. Il est maintenu en équilibre par l'autre côté de même taille. Mesure hãn kuǣgi ti hãn hoole hãn luǣ ǣil bii hãn jag yaage nen cõõ gerhẽẽ gerhẽẽ
rapport à l'unité 1 4 hãn kuǣgi ti 2 hãn hoole 4 hãn luǣ ǣil bii 2 hãn jag yaage 2 2 cõõ gerhẽẽ
litre 1 4 8 32 64 128
La calebasse servait de mesure effective dans toutes les couches sociales tpuri. Il est vrai que les calebasses n'avaient pas toutes les mesures exactes, mais elles servaient au moins de normes pour les échanges et les mesures des récoltes quand on devait quelque chose à quelqu'un. Pieds : Larousse définit le pied comme étant une « ancienne mesure de longueur valant environ 33 cm. Ancienne unité de mesure anglosaxonne valant 12 pouces, soit 30,48 cm. » Les Tpuri ont aussi développé une unité spécifique pour mesurer les distances. Le système le plus adapté était celui des pieds. Le cadastre traditionnel mesurait le tout en mettant ses pieds l'un devant l'autre sur une ligne imaginaire et déterminait ainsi la mesure de son champ, le diamètre de sa maison ou la longueur de sa natte etc... Avant l'arrivée des mesures en mètres et des “quarts” de champs de coton, le Tpuri mesurait son champ en cordes comme l’indique le tableau suivant : Mesure pieds m Ha 18 50 m x 50 m = 0,25 ha (1 quart) doŋ saale (demie corde) 53 106 32 2 quarts (0,5 ha) saale
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Une demie corde comptait 53 pieds. Une corde était le double. Aujourd'hui l'on compte 60 pieds pour une corde. Le pied jouait aussi un rôle dans la construction. Par exemple, une maison normale comptait 12 pieds de diamètre. Une grande maison avait 14 pieds. La circonférence pour une maison de 12 pieds de diamètre s'élevait à 30 pieds. Il faut préciser que les Tpuri avait une vague notion du chiffre magique pi (3,14) car la circonférence d'un cercle se calcule par diamètre multiplié par pi. Ce qui fait 12 pieds multiplié par 3,14 qui donne une trentaine de pieds. Quand l'architecte compte 6 pieds, il arrive au milieu du cercle qui doit constituer le mur à monter. Alors il y plante un poteau, plie une corde qu'il tire jusqu'au point de départ. Ainsi il peut tracer une courbe équidistante (un cercle) en utilisant son poteau fixe, sa corde et un morceau de bois qu'il tourne en se promenant autour du poteau fixe avec la corde tendue, ce qui fait un cercle parfait. Pour le tressage des nattes, l'on avait aussi recours à la mesure du pied. Pour une natte (hiigi suuli - natte pour se coucher), on compte 7 pieds. Pour la natte-porte (jag faage), l'on compte 5 pieds. La longueur d'un nen tiŋ (les seckos) dépendait en principe de la longueur voulue par la personne. Récapitulatif des mesures en pieds Nature demie corde corde diamètre d'une case normale circonférence d’une case normale natte (pour se coucher) natte-porte (pour fermer la case)
Pieds 53 106 12 30 7 5
Correspondance doŋ saale saale diy tiŋ kiigi ti tiŋ hiigi suuli hiigi jag faage
Systèmes spécifiques Corde de bovin : Pour l'élevage, le Tpuri a une mesure pour la corde de bovin. Elle se rapporte à la longueur du tibia. Pour tresser une corde de vache (par saale day), il faut 5 tours double de la jambe. La corde passe par la plante du pied, ressort par le gros orteil et revient passer le genou. 5 tours doubles font une bonne corde de bovin. Pour compter certains produits, l'on utilise des mesures spécifiques.
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Le tableau suivant récapitule ces diverses mesures. mesure Nombre singleton (1) helleŋ juggi/jagge, tubbi paire (2) vingtaine (20) saali
Pour mesurer la profondeur d'un puits, on dira do pare. Do par est la taille normale d'un homme moyen avec la main levée (à peu près deux mètres). Quand on dit : le puits a do par par naa, c'est qu'il est profond d'à peu près 8 mètres (4 mains levées = 4 fois 2 m = 8 mètres). Pour la hauteur d'un mur, on dira ti pug qui désigne une hauteur où un homme de taille moyenne qui peut étant au pied du mur peut regarder par-dessus sans se mettre sur la pointe des pieds. Formellement, ti pug correspond à 1 mètre 60. Une botte de paille a une mesure bien déterminée. Une bonne botte doit faire trois fois le tour d'un toit. Ceci est naturellement en moyenne, car la hutte étant conique, elle est à la base plus large qu'au sommet. La chasse La chasse est assurément l'un des métiers les plus anciens de l'être humain. Chasser du gibier aux alentours est l'occupation qui, à côté de la cueillette des fruits, a suivi la vie de l'homme. Dans les régions sahéliennes où les saisons se distinguent bien les unes des autres, l'homme obéit aux aléas climatiques, en fixant ses activités selon les signes des temps. Aussi, les Tpuri reconnaissent que leur vie dépend de la nature qui les entoure. A côté de sa structure agricole et de son élevage, la société tpuri prête une particulière importance à la chasse et à la pêche. Malgré le fait que les gibiers se raréfient et face à d'autres aléas climatiques, la chasse et la pêche constituent un important aspect de la vie sociale. Même s'il y a des chasseurs individuels, la chasse ou la pêche ne constituent pas des professions en tant que telles. Organisées collectivement, elles renforcent les liens sociaux. On va à la chasse ensemble. On se partage le butin. On prend les repas de chasse ensemble. De la chasse au partage du butin, on s'associe. Et les jeunes sont emballés dans la mystique des parties de chasse racontées et des exploits des grands chasseurs.
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Les chefs de terre responsables de la pêche et de la chasse Le waŋ siiri (chef de terre) qui est choisi parmi les fondateurs du village détient un certain nombre de prérogatives socioadministratives. Entre autres, il est responsable de la chasse et de la pêche dans sa circonscription. Il organise les pêches collectives sur ses eaux. A ce titre, les meilleurs et les plus gros poissons tels le heterotis niloticus (sangrai), le lates niloticus ou capitaine (cee de puy) et le gymnarchus niloticus (jum) dit "poisson du chef" lui reviennent de droit. Si un pêcheur capture plusieurs de ces poissons, il remet le plus gros au chef de terre. Il organise la chasse sur son domaine, veille à la bonne marche de la vie sociale et surtout au respect des calendriers. Cet aspect relève du domaine religieux et est de fait plus ou moins strictement imposé par les chefs de terre. Mais cet ordre ne fait pas l'objet d'un contrôle policier, car la population collabore avec le chef et se plie volontiers à ce calendrier, de peur de s'attirer le mécontentement des dieux. Le pays tpuri est une région plus ou moins marécageuse. Les lacs tpuri ont attiré plus d'un explorateur dans la région. On supposait que la Bénoué prenait sa source dans cette région marécageuse. Même si la pêche et la chasse constituent des activités secondaires dans la région, elles livrent un supplément à la nutrition. Elle complète une alimentation basée spécifiquement sur des céréales. Bien que le gibier se fasse rare au pays tpuri, la chasse constitue, surtout en saison sèche, un important atout, une entreprise collective. Prérogatives du Wan kluu et calendrier des activités Le Waŋ kluu est avant tout un chef religieux. A ses fonctions religieuses, sont attachées un certain nombre de terres qui sont des domaines destinés à l'ouverture des chasses sur l'ensemble du pays. Il les gère et y organise des parties de chasse. Feckoua nomme ces domaines : Tchokrai (ou Bao), savane herbeuse située entre les villages de Mokaye, Tonton, Mbarou, Darbé et Ganhou qui comprend la terre ferme de part et d'autre du Mayo-Kebbi lui-même dans la traversée de cette terre. Il est brûlé tous les ans au mois d'avril au lendemain de la fête du "Méné". C'est la plus grande chasse organisée en pays [tpuri] et à laquelle le "Pape" prend part d'une façon symbolique et reste sous un arbre. Il est le
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destinataire de la première proie. S'il revient bredouille, le chef de Tonton est tenu de lui fournir le jarret d'un boeuf en guise de gibier.
En plus de ce domaine réservé à la chasse, il en existe d'autres placés sous la surveillance du chef suprême sur lesquels il prélève des impôts (sur les récoltes issues de ces terres). Ces domaines constituent ce que l'homme moderne appelerait aujourd'hui "domaine réservé" ou parc. Le contrôle est strict quant à l'interdiction d'y mettre du feu ou d'y chasser avant la date présumée et officiellement ouverte par le Waŋ Dore. Cette interdiction répond à plusieurs nécessités dont la plus importante semble être le maintien de l'équilibre de la faune. De surcroît, le couvert végétal peut se régénérer si l'interdiction d'y mettre le feu est bien respectée. Dans l'organisation générale, le Waŋ Doré inaugure la chasse en y participant lui-même, soulignant ainsi l'aspect social de l'évènement. Sa participation symbolique donne à l'évènement tout son charme sacral et aussi son importance sociale. Calendrier des activités L'année tpuri commence en octobre, avec la fête des coqs et la récolte du mil rouge. Le calendrier définit plusieurs activités qui s'échelonnent, interrompues par la canicule de février à avril. Ce calendrier issu des exigences locales est adapté aux besoins des populations tpuri. Seuls les mois de février à juillet ne connaissent pas de cumul d'activités. Pendant cette saison, l'on se livre à la petite chasse après les travaux champêtres quotidiens. L’essentiel de l’activité culturelle va d'octobre à février avec les associations de gurna. Activités Cultures (pluies) Mois Octobre Récolte de mil rouge Novembre Récolte de mil chandelle et blanc Décembre Récolte de coton, marché de coton Janvier
marchés de coton
Cultures de saison sèche repiquage
chasse pêche
repiquage et sarclage sarclage donglong ou babou début récolte donglong babou
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Elevage (bœufs) gourna pâturage gourna pâturage gourna pâturage
Autres activités
Collecte de matériaux de construction Collecte de matériaux de construction
gourna pâturage
Construction de cases tressage de pailles
Février
récolte donglong babou
Mars
ouverture de chasse chasse
Avril Mai
Juin Juillet
Août Septembre
gourna pâturage
préparation, fumure labour des champs labour et semis de mil et coton sarclage, démariage traitement de coton Sarclage attachement des tiges de mil
chasse
pêche pêche
pépinière donglong préparation des champs
pêche
Construction de cases tressage de pailles Construction de cases tressage de pailles Construction de cases tressage de pailles pâturages près du village et dans les alentours pâturage près du village et alentours pâturage près du village et alentours
pâturages près du village et alentours pâturage près du village et alentours
Dans ce calendrier, les activités secondaires sont dépendantes des saisons. Dans les régions à pluies intermittentes, la pêche se passe dans les rivières et les marécages de saison pluvieuse. En saison sèche, ce sont seulement quelques rares femmes qui piochent dans les lits des marécages à la chasse des anguilles hivernant dans les lits secs. Ce cumul d'activités est résolu par priorités. Car c'est souvent après les travaux champêtres que commencent les autres activités. Les groupes de femmes avec les gesarge ou les hommes avec les gjobay se rencontrent après les travaux champêtres, ils se dirigent en groupe dans les marais pour une pêche collective. Ce calendrier, dicté plus ou moins par les aléas climatiques, est confirmé par le Wan kluu, lui donnant ainsi un aspect formel. C'est également à lui que revient l'initiative des autres manifestations rituelles telles le "Ka'arang", fête marquant la période des grandes chasses et le "Dan" qui ouvre la saison des pêches. Darge et flegge Le Tpuri distingue deux types de chasse: le flegge26 et le darge. Flegge est la chasse individuelle. Elle n'a pas besoin d'être annoncée. Le chasseur accompagné de son chien, armé de son bâton et de ses 26 Flegge peut aussi se rapporter au fait de glaner les restes d'épis dans un champ
déjà récolté, par exemple flegge wer cããre = collecter les restes du mil pénicilliaire.
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pièges se lance dans la brousse. Le flegge se passe aussi bien la nuit que le jour. Il est aussi bien pratiqué en saison de pluies qu'en saison sèche. Ici on n'a pas nécessairement à faire à un chasseur professionnel. Le butin peut être significatif (souvent il revient chercher les gens du vilage s'il ne peut pas transporter tout le butin), mais il peut aussi être médiocre. Bref, le flegge est d'abord une chasse individuelle qui n'obéit pas à des normes sociales imposées et des rites sacrificiels. Le seul aspect sacré est le respect des lois de la brousse. Souvent les gao (chasseurs de renom ou professionnels) sont des initiés du flegge. Darge est la chasse collective tpuri. Elle obéit à des règles bien définies et fait l'objet d'une ouverture officielle. Elle est assurément la technique la plus élaborée, avec ses règles les plus complexes et ses lois les plus secrètes. Elle doit être annoncée quelques jours à l’avance. Il existe des lois de partage du gibier au cas où le chien de l'un a attrapé le gibier en premier et un autre lui a asséné le coup mortel. Il y a plusieurs formes, par exemple, le darge mapoǧe (chasse aux criquets) auquel se livrent les enfants. Le type de gibier existant dépend en grande mesure des saisons et aussi fonction du moment (nuit et jour). La nuit généralement, c'est le flegge (individuel). Les gibiers sont les petits rongeurs (mbreŋ, cemcem, timini, boli, deguh, etc.). De jour, le flegge peut se rapporter à des animaux allant des petits rongeurs aux gros quadrupèdes (ndaŋ, murgum, cemcem, puw, caŋ, twee, mbreŋ, …). Quant à la grande chasse organisée (darge), les types d'animaux tués sont ngay, mene, hay, ndaŋ, goŋ, mbreŋ, twee, migir, kukwee, …). Pendant la saison de pluies, certaines espèces d'oiseaux migrateurs apparaissent (mendewle, fuu, sasia, gari) et qui s'ajoutent à ceux habituels (kããkra, geo geo, angar, kurkudu, gulur, …) Mais de nos jours, avec la déforestation galopante, la désertification, certains oiseaux et animaux se font de plus en plus rares ou ont complétement disparu. Mythes de chasse et de pêche Les mythes marquent essentiellement la santé spirituelle d'un peuple à une époque donnée. Ils sont aussi des vestiges d'une haute activité spirituelle qui s'est sacralisée avec le temps et a cessé d'être un conte.
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La création des clans tpuri repose sur une séparation familiale qui aurait poussé deux frères, Dore et Goua, à s'installer loin l'un de l'autre. Ces deux frères constituèrent deux clans à partir d'un différend de famille. Un soir, alors que Goua mangeait dans sa case avec un neveu, il s'entendit appeler de l'extérieur. Il sortit et aperçut un être ayant la forme d'un taureau qui lui dit: "Je ne suis pas un taureau. Je m'appelle Mene et je suis venu t'indiquer un moyen pour que tes descendants, les Goua, restent en bonne santé, aient de belles récoltes et soient heureux. Vous adresserez vos prières à moi et vous m'offrirez des sacrifices. Pendant deux lunes (mars et avril) vous chanterez la chanson que je vous apprendrai et vous danserez. A la fin des deux lunes de fête tu organiseras la chasse au feu dans cette forêt (qui porte le nom de Méné et située entre les villages de Ganhou, Darbé et Tonton) et tout le gibier tué sera pour toi. La fumée de l'incendie montera très loin dans le ciel et je vous accorderai aussitôt la pluie".
Ici, l'on reconnaît la consécration d'un clan aux activités de chasse et d'agriculture. En plus, on trouve des éléments du mythe conservés de plusieurs manières. Selon Tchago, dans trois différentes versions de l'instauration de la dynastie Doré, des éléments communs reviennent constamment. Dans la première version, il s'agit des insignes royaux que sont le bouclier, (kroŋ ou gidigli), un sceptre en forme de crosse, en bois (maapal), un grand tambour (titir) et d'un couteau de jet (haage). Dans la deuxième version, le mythe se rapporte à un enfant délaissé et élevé par un lion (la force), le singe (l'intelligence), le serpent (la méchanceté) et la panthère (la patience). Dans la troisième et dernière version, un vieillard, à sa mort, remet à son héritier la houe (l'agriculture), la corde (élevage) et le couteau de jet (la chasse et la défense). Inconciliables, ces versions revêtent cependant une certaine importance. La mention du couteau de jet dans deux versions semble bien relever de l'importance que revêtent la chasse et la défense dans le milieu tpuri. En plus la deuxième version démontre l'aspect holistique et la complicité avec la nature dans le milieu Tpuri où l'être humain est mis en connivence avec la nature, vivant avec des animaux tous hostiles à l'homme. En résumé, les Tpuri, même s'ils ne sont pas des chasseurs de profession, sont liés dès leur origine à la nature, à la brousse.
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Les chasseurs initiés aux totems La brousse a ses secrets et ses lois. Les chasseurs, avec l'aide des divinateurs, sont supposés avoir des pouvoirs magiques pour commander à ces lois. Dans tous les cas, ce sont des hommes courageux, ayant aussi un certain goût de l'aventure. Le monde des animaux est réel et particulier pour les chasseurs. Il a ses habitudes, les lois à respecter. En effet, les Tpuri savent que les animaux communiquent entre eux, se parlent et entendent les hommes. On dit même qu'ils ont leur lieu de réunion, leurs marigots secrets où ils s'abreuvent toute l'année. Par halucination ou enchantement, les chasseurs les plus redoutés percent souvent le secret. D'autres reçoivent des animaux la recommandation de ne pas le dire aux hommes sous peine de mort et parfois sont définitivement interdits de chasse par les mêmes animaux. Dans l'histoire de la chasse chez les Tpuri, l'homme (chasseur) et le chien sont liés. Certaines brousses sont sacrées et il est formellement interdit d'y chasser. D'autres arbres, identifiés par les chasseurs sont dangereux car on peut y rencontrer des apparitions, des animaux transfigurés qui portent malheur. Ainsi donc, certains animaux sont intouchables: hérisson blanc siffleur (porte-malheur), le serpent boa… Bien que complémentaire et temporaire, la chasse prend souvent une importance capitale pour certains hommes (caste des chasseurs, gao) qui sont initiés à la pratique. Les waŋ bay (man bay) ne sont pas des hommes simples. Car ils ont signé avec la brousse un pacte et sont par conséquents initiés à ce monde peu connu et inaccessible à la plupart. Il en est de même des Gao, chasseur à la flèche chez certains peuples (Moundang), la flèche étant mal connue des Tpuri. L'on retrouve souvent les exploits des Gao dans les contes quand ils interveinnent au profit des déshérités pris en otages par la brousse ou les animaux. Au fait, le bay-nay ou man-bay est une propriété dont on hérite de père en fils. Il y a un sacrifice exceptionnel pour assurer sa rentabilité et la sécurité des chasseurs. Le plus souvent les chasseurs observent une période d'inactivité parce que le man-bay est rendu malheureux « hobgo ». Ceci arrive quand le gibier est mal réparti, causant le mécontentement d’une vieille femme ou de l'un des chasseurs. Ainsi le chef égorge une chèvre qu'il partage avec tous et ceux-ci viennent cracher sur le man-bay en souhaitant un bon
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rendement. Comme le souligne Jan Knapert qui a beaucoup travaillé sur la mythologie africaine : Dans les forêts au nord du Cameroun, les animaux appartiennent aux Bedimo, les esprits des ancêtres. Le chasseur doit prier ses ancêtres, afin qu'ils chassent l'animal de leurs ”enclos”.27 Les chasseurs doivent prier les ancêtres et les esprits de la brousse pour que les animaux sortent de leurs "enclos". Les contes et les légendes tpuri font beaucoup mention des hommes (chasseurs) qui se transforment en animaux prédateurs pour dévorer le soir les chèvres, pas en brousse mais dans les villages. Ainsi se transforment-ils en hyènes, en lions… Ces hommes qui ont la faculté de se transformer en hyènes chassent la nuit. Donnant des instructions concrètes à leurs femmes, ils prennent la forme de la hyène, vont attraper les caprins des villageois. Munis de leur butin, ils rentrent chez eux. Leurs femmes doivent les frapper avec une tige de coglum vieille d'un an, afin qu'ils recouvrent la forme humaine. Chaque clan tpuri a son totem en brousse auquel les chasseurs doivent faire beaucoup attention. Non seulement, ils (totems) peuvent protéger ceux-ci, mais aussi porter malheur s'ils violent les coutumes. Par exemple, les dore ont comme totem le lion28, les darbere la panthère, les baigare la tortue etc… La pêche Les Tpuri sont un peuple longtemps installé dans les grandes zones inondables de part et d'autre du fleuve Logone, des lacs Fianga et Tikem (Tchad). Par vagues de migrations progressives, ils sont de nos jours tant au Cameroun (dans les plaines et brousses) qu'au Tchad (villages très anciens). Jadis riverains des cours d'eau 27 Knapert, J.: Lexikon der afrikanischen Mythologie, Hyene, München 1995, p.155. 28 Les totems relèvent toujours d'un mythe lointain. Par exemple chez les Dore, leur aïeul lors d'une partie de chasse a rencontré un lion souffrant avec un os au fond de sa gorge. Il voulait assommer l'animal (qu'il pouvait) mais a plutôt choisi d'enfoncer sa main dans la gueule du félin pour lui pousser l'os dans le gosier. Plein de joie, l'animal le remercie dans le langage des hommes (étonnant), lui propose de le suivre et l'amène dans la brousse où gît un buffle frais. Le brave chasseur se sert et le lion le conduit à l'orée des bois. Depuis lors, les Doré ont pour totem de brousse le lion qu'ils ne doivent ni craindre ni abattre.
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temporaires avec quelques étangs et lacs, ils pratiquent la pêche, mais une pêche restée depuis lors artisanale. On comprendra pourquoi le Tpuri n'a pas pu développer des techniques sophistiquées de pêche comme chez certains peuples riverains tels les Kotoko, les Kadao ou les Mousgoum. La principale explication repose dans le fait que les Tpuri sont tout simplement agro-pasteurs. Leur installation dans les vallées des fleuves et lacs a plutôt pour but la culture du sorgho de contre saison sur les zones inondées (yaéré) avec beaucoup d'alluvions fertilisant les sols) que la pratique des pêches. La pêche est restée ainsi une activité complémentaire (aux instruments rudimentaires) pratiquée à une période où les travaux champêtres sont achevés ou du moins dans les pauses qu'imposent les poches de sécheresse pendant la saison des pluies. Bien qu'artisanale, la pêche a toujours sa place dans la vie de ceux qui sont au bord des eaux. Car ils ont une coutume ancestrale donnant lieu aux mythes de la pêche, aux totems des eaux, à la concrétisation des divinateurs exceptionnels, bref à une culture homo-aquaticus avec ses mœurs liées aux eaux. Le Tpuri et ses eaux Le Tpuri considère l'eau comme un don naturel qu'il peut augmenter en quantité et en qualité. Des chefs des eaux (ils font des sacrifices à celles-ci) existent dans chaque village qui travaillent en connivence avec le chef traditionnel pour les inondations, l'abondance des eaux en poisson et surtout attenuer la méchanceté des eaux (mythe du barkage). Chaque année avant la première pluie, aidés par les divinateurs et surtout les amis de barkage (fée) les chefs font des sacrifices aux bords des eaux. Ils peuvent même très souvent attenuer ou détourner la mechanceté de barkage sur les étrangers. Des fois, des chefs des eaux riches négocient avec ces reines des eaux pour proposer des bœufs vifs et morts (tués). Les eaux étant délimitées, lorsque les conditions sont remplies, les pêcheurs (à la ligne, filets et autres techniques) peuvent commencer leur pêche. Coutumièrement, les riverains maîtrisent les animaux aquatiques les plus redoutés (hippopotames et caïmans). Aussi connaissent-ils les endroits profonds, bouées, lieux fréquentés à un moment précis par les animaux aquatiques. D'autres commandent aux hippopotames, par exemple les cas de Wan Manra et Wan
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Tchinring (Tchad) qui grimpent sur les dos des hippopotames susbititués à une pirogue pour traverser leurs eaux territoriales en disent long sur la connivence entre l'homme et ses eaux. Excellents nageurs, les riverains taillent des pirogues dans un tronc d'arbre pour le transport collectif (4 à 5 personnes) et pour la pêche au milieu des lacs. Le mythe du barkage Le barkage, défini comme le génie de l'eau, joue un important rôle dans le contact des Tpuri avec l'eau.. Il reste un mythe dans la mesure où son existence réelle est difficilement vérifiée à cause des interdits qui ne laissent pas l'insatisfait obtenir des renseignements avec les preuves. Or, bien qu’il soit mythe ancestral, il reste actuel car va de la vie des Tpuri riverains. Le génie des eaux (barkage) se manifeste de plusieurs manières et selon les personnes: • aux petites filles et aux petits garçons qui jouent naïvement au bord des eaux, il peut tout simplement apparaître sous forme d'une bague, un boucle d'oreille ou pièce d'argent neuve (100 ou 5 francs). Tout ceci en or ou cuivre très brillant. Les innocents ou innocentes les ramènent à la maison mais très souvent ces objets disparaissent la nuit sans suite. • aux femmes qui vont se laver le soir ou celles qui vont puiser de l'eau à midi, il prend la forme humaine (un petit enfant aux cheveux blancs et longs qui se lisse la barbe) • aux braves pêcheurs, très souvent une voix qui appelle dans un murmure, une forme blanche se déplaçant sur les eaux accompagnée d'un tourbilon d'air frais ou un grand hãgrão aquatique qui se déplace sur les eaux à petite vitesse et qui disparaît complétement à l'attention attirée du pêcheur. Toutes les jeunes femmes riveraines des lacs et des fleuves ont un sacrifice (sõõ barkage). Ceci est indépendant de leur mari quel qu'il soit car après le premier accouchement, l'enfant a la diarrhée. La mère ou le père de l'enfant va consulter un divinateur (halge) qui lui dit immédiatement de se rappeler ce qu'elle a pu trouver ou voir dans son jeune âge au bord de l'eau. Ceci est le moment de dire très souvent : « Ah ! Le joli collier? » ou « La belle bague? ». Automatiquement, la jeune mère doit faire le sacrifice en constituant le monde des eaux (paysages et nourritures) afin d'inviter son ami
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(barkage) à accepter le sacrifice dû et de lâcher son enfant arrêté par ce dernier. Elle doit chercher la farine de pigri (herbe aquatique), planter trois hãgrão (une autre herbe aquatique) et prendre du sable fin qu'elle mouille. Si son enfant est mâle, elle égorge une poule. Si l'enfant est fille, un coq. Le barkage n'aime pas le canard qui est son ami et compagnon des eaux. Le génie des eaux peut être méchant ou bienfaiteur. On rencontre beaucoup de gens qui ont passé un séjour dans l'eau chez le génie barkage. Ceux-ci disparaissent lors d'un bain collectif pris près de la rive. Après plusieurs jours d'attente du corps (soupçon de noyade), les habitants restent calmes et attentifs. Parfois, (le plus long séjour connu à ce jour est de 40 jours pour une femme de Darbe au Tchad) on retrouve le disparu sur la berge habillé de “hãgrão" et de “donglai”. Avant de le toucher, il faut verser du sang d'un cabri ou d'un bélier selon le sexe de la victime. Souvent ils deviennent de grands divinateurs (je halge) par la suite, ou ils sont très riches et ne craignent plus les eaux. On dit même qu'ils repartent très souvent dans ce monde mais avec le secret et l'interdit de ne jamais le dire aux hommes. Malfaiteur, le génie tue souvent beaucoup d'hommes (riverains et étrangers). D'autres génies rendent des eaux insignifiantes et peu profondes très dangereuses à traverser. Leur colère est déterminée par la couleur des eaux qui change (rouge, bicolore). Le barkage méchant peut emporter tout un troupeau de bovins d'un village. Ce qui étonne est le respect dû au barkage quand il a fait une victime. Les gens font les sacrifices, calmes, sans lamentations, ni pleurs, car dit-on, si l'on verse une larme, une seule goutte, il abat sa victime. Ses manifestations sont cependant aussi dangereuses même en dehors de grandes eaux. Parfois, quand les enfants vont se laver les mains dans le gesaage (l'abreuvoir des poules), le barkage peut les attraper. Dans une rivière, une mare peu profonde (arrivant à la cheville), les enfants comme les adultes peuvent se "noyer", parce que le barkage les a attrapés. Le barkage serait-il une émanation du Mamy Wata des côtiers sur toute la côte ouest-africaine. La fascination pour l'eau et aussi son aspect incontrôlable a sûrement contribué à la définition et l'élaboration de ce mythe qui réglemente le contact de l'homme avec ses eaux, avec les eaux, avec le monde liquide.
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Les lacs tpuri et la pêche Installés sur les deux rives des fleuves Logone et Chari, les Tpuri ont développé une pêche artisanale et collective. Ces régions marécageuses, au centre du continent ont attiré l'attention des explorateurs (Rudin, 1938) par la culture, l'activité de pêche et l'originalité des habitants. Région marécageuse, le pays tpuri a attiré non seulement les explorateurs par son emplacement au centre du continent, mais aussi par la singularité de ses cultures. Les explorateurs qui y sont passés ont loué l'originalité de ses habitants. Aussi la réputation des lacs dits Gauthier ou Tuburi (Rudin 1938) est bien connue. A propos des lacs Fianga, Rudin écrit : Les fleuves Logone et du Chari ayant des cours en partie navigables et coulant du sud au nord dans le Tchad, offrent un pays agricole riche, mais qui souffrent cependant atrocement des inondations périodiques. Dans ces basses plaines, les autochtones cultivent des ignames, du coton, des fruits, du blé et du sorgho. Les marécages tpuri étaient supposés offir une connection d'eau entre la Bénoué et les fleuves Logone. Cependant, elle ne constituait pas une route pratiquable. Mais ce fait n'était pas connu en 1894, quand les Français ont signé le traité avec l'Allemagne et eurent accès à la Bénoué, espérant ainsi que la connection pourrait être d'une valeur pratique dans l'avenir.29
Des grandes parties de pêche collective ont lieu chaque année dans des portions des lacs et fleuves différents. Bien organisée, la pêche obéit à des règles de partage, de contrainte de droit territorial dû au chef riverain et à la capture de certaines espèces de poissons. Les grandes eaux les plus connues où ont lieu les pêches regroupant tous les villages tpuri et où la nouvelle est répandue jusqu'au fond des villages du Cameroun sont : grao, baissam, n'geer, marli et huli … Cette action collective montre aussi que la pêche est pensée comme une activité ludique, un diverstissement dont les revenus ne font pas nécessairement nourrir la famille. Dans ce sens, l'ouverture officielle de la saison avec l'invitation des villages tpuri à y participer est une action de consolidation des liens. La présence d'eau pousse la population à développer des techniques de pêche adaptées à leurs besoins. Ici aussi, l'effort est collectif, car il ne s'agit
29 Rudin, R.H.: Germans in the Cameroons, 1884-1914 , A case Study in Modern Imperialism, New Haven, 1938, p. 105
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pas d'une pêche industrielle. Artisanale, les moyens de pêche sont d'abord pensés pour la pêche de subsistance. La pêche est divisée en activité masculine et féminine, car liée à la nature des objets à manier. Les femmes utilisent les nasses (gesarge) et le "dama". Quant à l'homme, il se sert de la lance, et du mboga. Le maniement des filets est mixte compte tenu de leur longueur. L'homme seul manie la pirogue pour la pêche (pêche à la ligne) et construit des obstacles créés pour attraper les poissons. Parmi les poissons en pays tpuri l'on retrouve les espèces suivantes: sangrai, tfare, durguhoole, cee de puy, yãã, porcoggi, nini ...
Politique et vie moderne L’année 1990 constitue une césure dans l’histoire politique du Cameroun. Elle est marquée sur le plan juridique par l’adoption des lois dites libérales et sur le plan politique par la naissance d'une vie véritablement plurielle avec l’émergence des partis politiques et autres associations. C’est aussi à partir de cette date que le Cameroun négocie à son rythme et à sa manière, le processus de démocratisation. Depuis lors, le paysage politique camerounais laisse perceptible des recompositions politiques qui se font et se défont suivant les circonstances et les intérêts géopolitiques et géostratégiques. Le retour à une vie politique plurielle est un phénomène incontestable, tout au moins sur le plan du principe de la démocratie universelle. Comme le dit Jean-Marc Ela, « les groupes sociaux ne restent pas passifs devant les défis qui les provoquent : leurs ripostes et leurs réactions mettent en jeu les stratégies des acteurs divers »30. Depuis l’amorce du processus de démocratisation, un certain nombre de constats se dégagent des comportements politiques des acteurs sociaux tpuri : l’activisme électoral et partisan, le contact politique le plus souvent médiatisé et l’activisme local sont à l’œuvre dans cette société. Tous ces indicateurs précieux nous paraissent suffisants pour considérer le caractère participatif du comportement politique 30 Ela (J-M.) : Restituer l’histoire aux sociétés africaines, Paris, L’Harmattan, 1994, p 62.
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des Tpuri. En vue d’obtenir des gains politiques et sociaux tant sur le plan local que sur le plan national, les acteurs politiques tpuri pénètrent de plus en plus les réseaux du pouvoir. Les sites et les stratégies du déploiement de cette volonté sont multiples. Ce sont davantage les entreprises politiques et les associations socioculturelles qui participent de l’affirmation politique locale et nationale des Tpuri. Pour les entreprises politiques, il s’agit principalement du MDR (Mouvement pour la Défense de la République), parti créé par M. Dakolé Daissala, un Tpuri originaire du département du Mayo-Kani, qui fut Ministre d’Etat chargé des Postes et Télécommunications entre 1992 et 1997. Cette formation politique recrute le plus gros de son électorat dans les rangs des populations tpuri. La preuve en est que lors des consultations pour les élections des conseillers municipaux du 21 janvier 1996, toutes les communes localisées dans les régions tpuri ont été conquises par le MDR. Il s’agit notamment des communes rurales de Doukoula, Kalfou, Datcheka, Tchatibali dans le Mayo Danay ; Moulvoudaye, Touloum, Guidiguis et Dziguilao dans le Mayo Kani. Si la participation est un indice du processus de démocratisation, elle semble avoir trouvé un terrain propice au sein des populations tpuri31. L’effervescence politique manifestée durant les consultations électorales organisées au Cameroun depuis 1990 : élections législatives, présidentielles, communales, est probante. Le militantisme dans les formations politiques ne constitue pas la seule stratégie de construction de l’identité politique et de positionnement des Tpuri dans le champ politique local et national. D’autres structures concourent également à leur dynamique politique en ces temps de libéralisation et de déconstruction autoritaire. Il s’agit d’abord de la Dynamique Culturelle Kirdi (DCK) qui est une structure identitaire à connotation politique. Le concept « Kirdi »32
31 Schilder (K) : « La démocratie aux champs. Les présidentielles d’octobre 1992 au Nord-Cameroun », in Politique Africaine N°50, juin 1993, pp 115-122. 32 Terme à connotation péjorative et méprisante d’origine incertaine, Kirdi colporte une double signification de mécréant ou d’esclave potentiel. Voir Taguem Fah : Les élites
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participe de l’instrumentalisation de l’ethnicité dans le but de conquête des positions de pouvoir par les acteurs politiques nonmusulmans. La DCK est une structure de mobilisation politique et constitue un paravent de structuration et d’animation des réseaux clientélistes, de légitimation de la position sociale et politique des différents investisseurs. C’est une véritable exploitation de la référence culturelle à des fins de conquête de pouvoir, une instrumentalisation des solidarités primaires. Les éléments primordiaux sont des ressources politiques comme l’islam l’avait été sous le Président Ahidjo33. La déconstruction de l’autoritarisme politique et la multiplication des espaces d’expression politique engendrées par le pluralisme ont imprimé une dynamique interne à la société tpuri. On assiste à une certaine désintégration de la société, processus qui s’articule autour de deux grands blocs dont les espaces de lutte sont multiples : le bloc de Dakolé et celui d’Ayang. Chacun des deux protagonistes prétend contrôler l’évolution du groupe ; c’est une lutte pour le contrôle de l’historicité tpuri. Ils drainent chacun derrière soi, une clientèle dont les chevauchements sont difficilement perceptibles, parfois repérables au niveau des acteurs qui rompent avec la vision dualiste et figée de la position politique. La représentation psychosociologique des Tpuri fait du pouvoir un « gâteau » au partage duquel il convient de prendre part. La légitimité de chaque acteur, de chaque entrepreneur politique est largement tributaire de ses capacités distributives. A l’unité politique de la société sous l’Etat post-colonial monolithique, on assiste à un éclatement politique induit par la libéralisation. On voit s’esquisser une structuration post-moderne de l’hégémonie fondée sur des désarticulations plutôt que sur des processus cohérents. Mais une question se pose : dans ce jeu politique d’endiguement, dans ce carcan typologique bipolaire, quelle place réserver aux catégories sociales subordonnées c’est-àdire la jeune élite politique naissante ? La jeune génération d’acteurs politiques tpuri doit faire preuve d’invention et de créativité pour musulmanes et la politique au Cameroun. De la période française à nos jours, Thèse de Doctorat, 3e cycle, Université de Yaoundé I, 1996, p. 191 et Ignatowski 2006, p. 211. 33 Schilder (K) : « Etat et Islamisation au Nord-Cameroun (1960-1982) », in Politique Africaine N°41, Mars 1991, pp 144-148.
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marquer et signifier son originalité pour se démarquer des puissants magnats dont la domination constitue une constante. D’emblée, il faut relever que le Cameroun septentrional est traversé par des contradictions. La diversité en est la principale caractéristique34. Mais cet espace a subi une colonisation duelle : conquête peule au nom de la djihad c’est-à-dire la guerre sainte qui a secoué et désarticulé les structures politiques des sociétés locales. Cette guerre a été amorcée dès l’hégémonie de la société peule. Ensuite est venue s’ajouter la présence occidentale : allemande et française dont la principale constante fut de légitimer la suprématie politique peule. Deux cultures vont se construire et s’établir : une culture de domination pour la minorité peule et une culture de dépendance pour la majorité non-musulmane. L’indépendance du Cameroun en 1960 ne modifiera en rien l’ordre social établi. Les Peul constitueront sous le Président Ahidjo le groupe politique d’appui à son pouvoir. Dans la société tpuri, rares étaient les élites qui occupaient des positions de pouvoir importantes. Désormais, l’islam était devenu un enjeu politique, une ressource d’ascension sociale et de catégorisation politique. L’influence islamique se fit sentir dans le domaine des symboles publics : noms islamiques donnés aux enfants, interdiction de la vente de l’alcool sur le marché local, etc. Il s’en est suivi une représentation du pouvoir qui, aux yeux des musulmans et des autres groupes sociaux, était le monopole du clan islamo-peul. Le pouvoir ou encore la participation à la gestion des affaires publiques se dépouillait de son caractère républicain pour s’entourer d’un mythe. Pour les Tpuri, il leur restait l’enrôlement massif dans l’armée avec pour principales tâches, l’exécution des fonctions subalternes, consacrant ainsi un ordre social qui renferme les mécanismes qui ont sécrété ces inégalités. L’arrivée au pouvoir en 1982 du Président Paul Biya, un « sudiste chrétien » et le mouvement de libéralisation de la vie politique camerounaise accélérée à partir de 1990, ont été considérés comme une véritable « sortie de l’enfer », une libération du joug de la domination peule. Aussi avec le processus de démocratisation, vu
34 Boutrais (J) et al.; Le Nord-Cameroun. Des Hommes. Une région, Paris, O.R.S.T.O.M. 1984, 551p.
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comme une démystification du pouvoir, assorti de l’instauration du multipartisme et l’émancipation des libertés, on assiste à une situation de « réveil politique ».Pour le cas spécifique des Tpuri, il faut dire que le multipartisme signifie démocratie. On assiste à un certain fétichisme politique qui se traduit par la volonté de tous de « faire la politique ». Le processus de démocratisation implique deux types de mutations à savoir une égalité politique locale, c’est-à-dire affirmer une identité politique locale malgré l’environnement inhibiteur, et ensuite une affirmation d’une singularité politique sur le plan national en exploitant la potentialité politique du nombre. Du point de vue nombre, la société tpuri représente un enjeu de pouvoir, une ressource politique. La construction de l’identité politique tpuri constitue un fait de haute visibilité cristallisant la légitimité de leurs différentes stratégies dont l’engouement politique constitue un indicateur qui informe sur l’effectivité du processus de démocratisation. Cette dialectique sociale et politique s’exprime par les démarches des divers acteurs où la classe dirigeante, élites politiques tpuri, surtout transforme de plus en plus la masse rurale dominée en ressources de positionnement politique et où les dominés, les paysans tentent de se soustraire pour obtenir, soit le départ de cette élite et partant un changement alternatif, soit de conforter leur position politique. L’amorce d’une participation politique Nul ne doute que l’effervescence politique observée dans le Cameroun colonial tire son fondement de l’issue de la conférence de Brazzaville et des lois qui ont été votées par la suite, en 1948. Le Cameroun est en ce moment essentiellement pluraliste sur le plan politique. Mais, la plupart des partis ont une coloration ethnique ou régionale. Dans cette mouvance de « politisation » des tribus, apparaîtront au Nord : - l’Association Amicale de la Benoué et l’Evolution du NordCameroun (créées respectivement en 1948 et en 1956 par Ahmadou Ahidjo) ; - l’Association Amicale des Musulmans du Diamaré (co-fondée par Yaya Dahirou et Salihi Haman) ;
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- l’Association pour le Progrès et l’Evolution du Margui Wandala (fondée par Adama Haman) ; - l’Association Progressiste, Sociale et Evolutive du Nord (créée par Nana Djafarou) - etc. La société tpuri brille par son absence. 35 Mais le tournant décisif marquant la transformation des rapports politiques entre la Métropole et la colonie du Cameroun se situe à partir de 1956, année qui renvoie au vote de la loi-cadre, laquelle établissant, entre autres, le suffrage universel. La prééminence de la disparité politique régionale entre le Sud et le Nord reste une donnée essentielle de l’histoire du Cameroun. L’émancipation politique s’est opérée à géométrie variable. Elle a été plus rapide et visible dans la partie méridionale à cause de l’emprise de la culture occidentale sur celle-ci. Par contre, dans les aires septentrionales, les pesanteurs historiques de tous ordres ont constitué un facteur de blocage à l’évolution politique. Ainsi, lors des consultations de 1956, Daïcréo Golopo fut élu dans le cadre du collège unique : le choix du fils du chef nous instruit suffisamment sur la politique coloniale consistant à pérenniser ses intérêts à travers des structures qu’elle a forgées dans les sociétés lignagères. La fragilité de l’émancipation politique tpuri dans le système colonial est le résultat ou encore la conséquence d’un processus historique dont les composantes n’ont pas la même intensité ni la même portée. C’est pourquoi nous allons nous en tenir à quelques unes. L’alliance clientéliste ou hégémonique nouée entre l’aristocratie peule et les colons a été un facteur décisif de la mise en marge de la prise des décisions collectives par les sociétés non musulmanes en général et tpuri en particulier. Cette dernière étant considérée comme le pôle de cristallisation de l’opposition au système colonial peul et occidental. Par cette technique de domination, l’administration coloniale délégua presque la gestion de la partie septentrionale aux Lamibé et autres chefs inféodés veillant tout simplement à ce que celle-ci ne soit pas infiltrée par le « virus » du nationalisme upéciste. Les chefs, 35 Bayart (J.-F) : L’Etat au Cameroun, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1985, p. 48.
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ainsi que le reconnaît Dakolé, assumaient « la réalité du pouvoir auprès des masses, par exemple en rendant la justice avec un taux d’arbitraire variant selon les secteurs, la religion ou la localité des populations concernées »36. Un autre problème de fond ayant scellé politiquement la société tpuri dans le système colonial est celui de la scolarisation dont le but était plus de reproduire la domination coloniale et ses relais locaux37 que d’inculquer des idées modernes aux jeunes Camerounais du Nord, surtout non musulmans. La scolarisation était ainsi taillée sur mesure. Cela aboutit logiquement à la mauvaise formation de l’élite porteuse de la conscience politique tpuri. A ces facteurs qui nous paraissent assez déterminants parce qu’ayant retardé la construction de l’identité politique tpuri, il faut ajouter la disparité du bénéfice des infrastructures et investissements coloniaux, surtout ceux servant de canaux à la diffusion de la conscience politique. Nous faisons allusion ici au réseau de communication qui fait défaut en milieu tpuri même à l’heure actuelle où en dehors de l’axe routier reliant la ville de Maroua à celle de Yagoua en passant par Kaélé, Guidiguis et Kalfou, tout le reste de la région tpuri vit une carence insoupçonnée des voies carrossables. En effet, les chefs-lieux de certains arrondissements comme Dziguilao, Moulvoudaye, Doukoula, Datchéka et Tchatibali restent coupés du flux d’échange en saison pluvieuse. Le gouvernement a toujours été interpellé par les populations victimes à travers ses représentants et les élites locales et extérieures. Le développement de ces zones passe nécessairement par la construction et l’entretien du réseau de communication. Le rôle mineur joué par les canaux de diffusion ordinaires que sont la radio et la presse écrite dans le processus d’éveil de la conscience politique des masses tpuri est remarquable. Aucune personne, surtout en milieu rural, n’a connu les termes décolonisation, accession à l’indépendance grâce à la radio ou aux journaux, à l’exception de quelques rares personnes ayant été engagées dans 36 Dakolé Daïssala, op.cit, p. 52. 37 Il s’agit de l’école des fils des chefs créée à Garoua et Maroua, voir à cet effet Roupsard (M), Nord Cameroun, Ouverture et développement, 1987, pp. 23-32. Il y aussi l’Ecole Pilote de Pitoa, créée en 1953 de conception élitiste, au programme entièrement « métropolitain » et au corps enseignant exclusivement français ; voir à propos Dakolé Daïssala, op.cit, p.54.
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l’armée coloniale. La situation n’est guère meilleure aujourd’hui, car toujours peu de Tpuri possèdent une radio. La presse écrite, faute des réseaux routiers, ne parvient pratiquement pas en milieu rural, donc n’est pas lue malgré la présence au village des fonctionnaires retraités, des déscolarisés, préoccupés par l’élaboration d’autres stratégies de survie. En conclusion, c’est dans ces conditions qu’il faut comprendre l’attitude négative marquée par une certaine désaffection à l’égard du système politique que l’absence d’un leader ou d’un acteur historique ne semble pas justifier. Lorsque le Cameroun accéda à l’indépendance en 1960, la société tpuri vivait déjà une domination par la base, au niveau local et le processus de contrôle total du pouvoir entrepris par les autorités politiques post-coloniales ne sera pas un remède miracle aux lacunes des Tpuri. Une observation sociologique de la partie septentrionale nous permet de dégager un constat : le clivage social entre les populations musulmanes et celle non musulmanes est un phénomène de haute visibilité. L’analyse de Cuoq trouve toute sa pertinence lorsqu’il dit qu’« une barrière sépare Fulbé (musulmans) et Kirdi (païens) : elle n’est pas seulement religieuse (…), elle n’est pas seulement sociale ou raciale, elle est faite de tout ce qui oppose une population vaincue, refoulée et humiliée à un envahisseur triomphant et méprisant ».38 La marginalité politique des acteurs Corollaire de la confiscation du pouvoir et de la mainmise des musulmans sur l’appareil étatique, l’exclusion politique des populations tpuri des instances décisionnelles a été plus manifeste sous le régime du Président Ahidjo. Ceci n’est que l’actualisation d’un conflit historique ayant opposé Peuls et Tpuri à propos de la violation de l’identité et de la souveraineté politique de ces derniers à la suite de la guerre sainte. Partant du constat que les Tpuri ont vécu une marginalité politique par rapport à d’autres, c’est-à-dire les islamo-peuls sous le Président Ahidjo, il faut surtout étayer cette situation à partir de deux points qui cadrent avec cette réalité : le contexte monolithique et la gestion territoriale. 38 Cuoq (J.M.) : Les Musulmans en Afrique, Paris, Editions G.P., 1975, p. 313.
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Le pouvoir camerounais a, en une trentaine d’années, mis en place des moyens de contrôle s’étendant à l’ensemble du pays, à ses différentes régions, à ses divers secteurs productifs, à ses multiples groupes sociaux. Mettre en place des moyens de contrôle ne préjuge en rien de leur efficacité et il conviendra de l’apprécier à partir de l’élimination des forces politiques concurrentes qui s’est opérée entre 1966 et 1990. Ce qui engendra la concentration de l’autorité et le positionnement des principaux leviers de commande entre les mains de ceux qui se sont installés au sommet de l’Etat et du parti : un bref rappel historique de ce processus s’impose ici. En effet, les syndicats, les partis, les chefferies du Nord et de l’Ouest (dans une moindre mesure) ont constitué les principales forces politiques du Cameroun au lendemain de la deuxième guerre mondiale. De 1966 à 1990, le capitalisme périphérique a ainsi consacré et consolidé sur le plan politique un Etat monolithique dont la direction n’a été assumée jusqu’à une certaine époque que par un seul parti dont les origines se situent dans l’union des féodaux du Nord et qui est devenu tour à tour UC, UNC, RDPC lors du congrès de Bamenda du 24 mars 1985. En milieu tpuri, la consolidation du monolithisme eut des conséquences qui peuvent se lire en termes de subordination et d’exclusion du champ politique de ce groupe dont le rôle se réduit davantage à la légitimation de l’action des acteurs dominants. Un évènement demeure historique en milieu tpuri par rapport à l’élimination des forces politiques concurrentes. Il s’agit de l’interpellation de certains lycéens en 1982, pour avoir tenté la mise sur pied d’une association d’élèves. Cela traduit ainsi la confiscation de l’appareil politique par l’aristocratie islamo-peule. Autrement dit, l’Etat se définit ici sans son peuple, devient son opposé voire son ennemi et c’est en considération de tout cela que Eboussi-Boulaga parle de « l’Etat fétiche, sans prise sur la réalité 39», faute de légitimité et d’enracinement social. La marginalisation politique des Tpuri ne se situe pas seulement au niveau du parti, elle est à prédominance administrative et a de graves implications dans l’exercice du pouvoir et de son style. 39 Eboussi-Boulaga (F) : Les Conférences nationales en Afriques noire. Une affaire à suivre, Paris, Karthala, 1993, p. 101.
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L’administration considérée comme le lieu par excellence du pouvoir étatique, s’est trouvée pendant longtemps investie sur le plan local par une élite administrative issue d’un réseau relativement stable : l’obédience musulmane, si bien que l’on se trouve tout naturellement porté à penser à une certaine congruence entre le commandement territorial et la religion musulmane. On peut dire que tout ou presque est connu de la situation politique de ce groupe sous le Président Ahidjo à partir du tableau ci-dessous, constitué à partir des sous-préfets qui se sont succédés dans l’arrondissement de Kar-Hay. Sous-Préfets dans l’arrondissement de Kar-Hay Noms et Prénom Religion date de nomination YAYA GARGA Musulman 29/09/1961 SAIDOU MOHAMADOU Musulman 17/03/1966 GODJE ALKALI Musulman 12/06/1970 YAYA DJAFAROU Musulman 14/08/1971 HAMADOU HAMADJAM Musulman 17/07/1975 ZIGLA KAVAYE Musulman 20/03/1979 BIPDJOKA Richard Chrétien 21/08/1983 Source : Archives de la sous-préfecture de Kar-Hay (Doukoula).
De façon générale, ce tableau de commandement montre bien que de 1961 à 1982, la fonction publique territoriale dans le Cameroun septentrional, plus précisément à Doukoula, n’a relevé que des seuls musulmans. Préfets et sous-préfets étaient mutés régulièrement d’une circonscription à une autre. Toute l’évolution du système social était ainsi parfaitement contrôlée, sinon verrouillée jusqu’en 1983, année où les populations de l’arrondissement de Kar-Hay connurent un non-musulman prendre les commandes de leur unité en la personne de Richard Bipdjoka de tribu Bakoko. Ainsi, on peut tirer la conclusion selon laquelle les Tpuri étaient exclus de la gestion de leurs localités, comme l’a remarqué Bayart : « le vrai pouvoir politique local est entre les mains de l’administration territoriale »40. Le constat de Ela selon lequel « pendant un quart de siècle, les non-musulmans du Nord-Cameroun sont restés les 40 Bayart (J.F.) : L’Etat au Cameroun, Paris, Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1985, p.217.
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laissés–pour-compte d’une administration accaparée par les représentants d’une aristocratie à cheval qui avait imposé sa domination dans l’ensemble de la région »41 pèse de tout son poids. Surtout que tout s’est passé sous la supervision et la coordination d’un inamovible Gouverneur musulman, Ousman Mey, que Gaillard42 qualifiait de pro-consul laissé par Ahidjo dans la région pour protéger activement l’ordre peul. Partant de toutes ces données ci-dessus, Dieudonné Oyono a constaté que le « premier Président de la République avait fini par transformer la majorité de ses compatriotes en simples exécutants et en spectateurs passifs de l’exercice de son autorité »43 bloquant toute initiative de construction des modes d’accès à l’Etat. Cela fait appel à une appréhension vigilante car, à notre humble avis, il est surtout question des populations non musulmanes du Nord, victime d’une gestion politique marginalisante, en raison du quadrillage et du contrôle systématique dont elles étaient l’objet. La situation n’a pas beaucoup changé, mais a subi une légère évolution avec l’avènement du Président Paul Biya qui procédera à la redéfinition des acteurs politiques aussi bien au niveau local que national. Les rapports entre la société tpuri et l’Etat moderne, postcolonial représenté sur le plan local par l’aristocratie lamidale et l’élite politico-administrative sont ici sous-tendus par un faisceau de contradictions consacrant la fragilité et la crise de l’Etat moderne camerounais. Le phénomène mérite d’être analysé sur le plan économique, car celui-ci ne saurait être dissocié de la dimension politique. La domination économique Elle constitue une des conditions objectives de l’oppression et de l’exploitation de la société tpuri partant de son segment paysan et provoquant des réactions qui sont signes d’une véritable politisation de la masse rurale. Ces conditions qui nous paraissent assez objectives et qui ont engendré l’exploitation des paysans tpuri sont 41 Ela (J.M.) : Ma foi d’africain, Paris Karthala, 1985, p.24. 42 Gaillard (Ph.) : Ahmadou Ahidjo, Paris, Groupe Jalivres, 1994, p.13. 43 Oyono (D) : Un parcours vital. Essai sur le renouveau camerounais, Yaoundé, Imprimerie St Paul, 1966, p. 37.
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en effet relativement indépendantes de toute politique locale ; elles sont intrinsèquement liées à la manière dont a été introduit le mode de production capitaliste au Cameroun et aux conditions générales de son développement et de son expansion. L’exploitation et la contrainte qui se sont exercées au détriment de la paysannerie se sont présentées sous des formes très diverses au cours de l’histoire coloniale et post-coloniale. Ces formes ont varié non seulement selon les époques mais également selon les régions. Les Tpuri vivant sous l’autorité des chefs peuls comme ceux de Kalfou et de Moulvoudaye connaissent plus les situations d’exploitation que ceux qui ont pour détenteur l’autorité lamidale un Tpuri. Ils connaissent la Zakkat, cette dîme que les sujets payent en nature aux chefs peuls. Aussi, une fois par semaine ou par mois, ils consacrent des journées de travail dans les plantations des chefs peuls alors qu’avec les chefs tpuri, cette pratique revêt le caractère d’entraide donc de solidarité dont l’office de la bière de mil à la fin de la journée par le chef, constitue l’expression. Plutôt que d’en faire un relevé exhaustif, il nous paraît plus réaliste et plus essentiel de définir les mécanismes généraux qui les ont engendrées et qui en rendent comptent d’une part et les principaux bénéficiaires d’un tel système d’autre part. Les mécanismes d’oppression économique des paysans tpuri sont nombreux et pluriformes ; ils n’obéissent à aucune réglementation dans la mesure où ils s’opèrent dans une partie du pays où l’arbitraire préside à la régulation des rapports entre les dominants et les dominés. C’est pourquoi il apparaît ici difficile de les répertorier et de les analyser en détail. Cela ne constitue nullement un obstacle insurmontable pour la connaissance des phénomènes qui ont secrété les inégalités matérielles au sein des composantes ethniques septentrionales. A cet effet, la domination paysanne au NordCameroun en général et chez les Tpuri en particulier résulte des procédures héritées de la colonisation. Elle consiste surtout en l’imposition en argent et l’instauration des cultures obligatoires dans le cadre de l’exploitation par la grande propriété capitaliste des moyens de production et de la force du travail. Les entreprises capitalistes de production agricole qui commercialisent la production rentière et agricole autochtone sont représentées par la Société de Développement du Coton (SODECOTON), créée en 1974 en remplacement de la Compagnie
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Française de Développement des Textiles (CFDT) et l’Office Céréalier, créé un an plus tard. La SODECOTON est une société d’Etat chargée de promouvoir le développement intégré au Nord du Cameroun en encourageant d’une part la culture cotonnière, et d’autre part, les cultures vivrières, voire des activités pastorales. Mais par les blocs de coton ou champs communautaires, cette société exproprie pratiquement les groupes de petits paysans. De même, l’Office Céréalier a pour objectifs la stabilisation des prix de céréales, la constitution des stocks de sécurité et un stock régulateur du marché. Autrement dit, il doit relayer les marchés en période de soudure. Mais ces deux organismes ont des mécanismes de fonctionnement de vraies entreprises capitalistes. Leurs évolutions respectives ont abouti, en milieu rural en général, et tpuri en particulier, à une stratification sociale en groupes antagonistes dans la mesure où par leurs actions dans la pratique du travail agricole, ils ont développé une bourgeoisie administrative composée de techno-bureaucrates d’une part, et une bourgeoisie rurale où se retrouvent les chefs islamisés d’autre part. Par conséquent, ces deux organismes ont contribué à la marginalisation de la majorité des petits paysans. Leur développement s’est accompagné de la cristallisation des inégalités sociales en milieu rural et de la consolidation des rapports clientélistes entre les chefs islamisés et l’Administration. A la lumière de ce qui précède, l’Etat moderne camerounais a véritablement mis en place un système de développement qui n’a finalement abouti qu’à la domination des paysans. C’est pourquoi, Ela, en saisissant le monde rural à la lumière du politique consigné dans l’étatique, dit que le développement « tend à se définir comme un véritable système de domination à partir des mécanismes de contrôle de la paysannerie et de la production agricole »44. Autrement dit, au Cameroun, à travers l’agro-industrie, les mécanismes de fonctionnement de l’Etat opèrent une dépaysannisation transformant le seigneur de la terre qu’est le paysan en simple ouvrier ou manœuvre. Ce solde, sacrifiant la paysannerie sur laquelle repose le développement par la trilogie 44 Ela (J.M.) : Quand l’Etat pénètre en brousse : les ripostes paysannes à la crise, Paris, Karthala, 1990, p.151.
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Qu’est-ce qu’un Kirdi ? Terme de mépris utilisé par les musulmans, le mot Kirdi désigne les habitants des montagnes, non musulmans. Cette appelation s’est généralisée aux populations non islamisées de tout le Nord-Cameroun. Mais des nuances fortes sont à noter dans cette généralisation. Les non musulmans de l’Adamaoua se dérobent à cette appelation. Aussi les peuples du Bec de Canard (Tpuri, Massa, Mousseye, etc.) ne se reconnaissent pas non plus dans cette caractérisation. Dans un long poème allégorique, Kirdi est mon nom, paru dans les années 1990, Jean Baptiste Baskouda, reprend ce mot de mépris et en fait une valeur poétique pour l’appliquer à plusieurs peuples non islamisés du Nord-Cameroun.
dominatrice, aboutissement des extorsions, des fonctions, des marginalisations et parcellisations paysannes, passe nécessairement par l’idéologie religieuse, donc islamique qui légitime toutes les échelles du système de domination. L’oppression culturelle L’oppression culturelle a pour objectifs la déstabilisation et la destruction de la personnalité culturelle tpuri. Ainsi, par les phénomènes de christianisation et d’islamisation, les populations tpuri de l’Extrême-Nord ont connu l’oppression culturelle. Bien que les deux phénomènes aient eu le même effet, à savoir la dislocation de l’ordre culturel tpuri, ils n’avaient pas la même vision. Sans sous-estimer l’atteinte à l’identité culturelle tpuri par le christianisme, celui-ci avait pour but principal et non exclusif, l’évangélisation au nom de la mission civilisatrice. Alors que l’islamisation en pays tpuri avait un but essentiellement politique, donc de domination. A cet effet, l’oppression culturelle mérite d’être appréhendée aux niveaux physique et mental. D’emblée, il faut déjà établir une nette distinction entre la méthode utilisée par le christianisme et celle employée par l’islam pour introduire les nouvelles cultures dans la mentalité des populations tpuri. La différence est d’autant plus remarquée dans la mesure où l’évangélisation n’a jamais usé de la violence pour s’imposer chez les Tpuri, tandis que la volonté d’islamiser ces derniers avait érigé l’intimidation et la violence physique comme les seules méthodes
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jugées efficaces et sans lesquelles, cette entreprise était vouée à l’échec. Ce qui fut d’ailleurs le cas. La dimension physique de l’oppression vise surtout l’islam. Comme nous l’avons vu, l’implantation de l’islam, depuis ses origines, a connu des difficultés et des résistances en pays tpuri. Les mobiles d’une telle opposition se situent au double plan politique et culturel. L’alliance entre Peuls et administrateurs coloniaux occidentaux a prouvé ses limites quant à l’expansion de l’islam dans la société tpuri, mais avec l’évènement de l’Etat post-colonial, les discriminations religieuses dévoilent au grand jour l’intention de domination des peuls, surtout quant aux méthodes utilisées. De manière concrète, la violence aussi bien physique que symbolique rentre dans la catégorie des armes employées pour étendre l’islam chez les Tpuri. Les cas de figure sont nombreux mais dispersés car, l’islamisation sporadique était monnaie courante, surtout dans les régions de Moulvoudaye, Kalfou et dans une certaine mesure à Guidiguis où les chefs féodaux s’occupent de la tâche. Les cas les plus illustratifs de l’usage de la violence furent la destruction des lieux de culte à Kalfou et la bastonnade de leur tenants par les sbires du grand chef de cette localité de l’époque, El Hadj Tamboutou. Celui-ci avait énergiquement interdit la construction des lieux de culte dans cette localité. Ce qui s’inscrit dans la logique de la déclaration de Ousman Mey, alors gouverneur de la grande province du Nord de l’époque, selon laquelle « je détruis et je détruirai vos cases de prière, la constitution c’est pour le sud »45. Et Maïdadi Sabana (devenu ensuite Sadou), alors Préfet du Mayo-Danay, ajoute que « le christianisme est la religion des Blancs, un bon Camerounais doit être musulman »46. Une telle prise de position pour l’islam par les dignitaires locaux du régime du Président Ahidjo traduit effectivement la réalité de la dimension politique et oppressive de l’islamisation au NordCameroun. En même temps, au mépris de la laïcité constitutionnellement consacrée de l’Etat, on constate l’existence d’un même Etat, mais aux mécanismes de fonctionnement qui varient d’une région à une autre, d’un groupe social à un autre. Ce 45 Ousman Mey in Gaillard (Ph.), op. cit. p.14. 46 Dakole Daïssala, op. cit. p.14.
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qui contredit le slogan d’unité nationale tant clamé de part et d’autre et par conséquent bloque et détourne l’émergence d’une véritable conscience nationale. Ainsi, il est tout à fait indéniable d’affirmer qu’il y avait une corrélation entre l’islamisation de toutes les tribus animistes ou non musulmanes du Nord–Cameroun et l’instauration d’une hégémonie peule dont l’administration était l’entrepreneur pour sa réalisation. Dans cette ordre d’idées Kees Schilder, par prudence scientifique, émet des réserves lorsqu’il écrit à propos de l’islamisation au Nord–Cameroun entre 1960-1982 ceci : « Une étude plus systématique serait prématurée, mes connaissances se basant uniquement sur des sources orales et non sur des sources administratives inaccessibles aux chercheurs »47. Malgré un bilan quelque peu mitigé, sinon globalement négatif aujourd’hui, l’islamisation a quand même atteint la société tpuri post-coloniale. Elle était cependant toutefois élitiste et ne touchant que ceux qui sont inféodés, ou qui occupent des positions de pouvoir dans l’appareil politique. Il s’agit d’une violence psychologique et morale. Celle-ci est fait de peur, de terreur, d’humiliation et reste gravée dans tous les esprits. Ainsi, les populations tpuri ont subi des brimades qui ont conduit dans une certaine mesure à la désarticulation de la structure de leurs mentalités dont l’une des conséquences fut l’islamisation de quelques personnes isolées. Aussi, dans le but de bénéficier de certains avantages sociaux, avec l’islam comme variable de mobilité sociale, certaines personnes arrivaient à dénicher dans leur généalogie un ascendant imaginaire du moins musulman, sinon peul, plus exactement à concocter un patronyme à consonance musulmane. Les noms ci-dessous sont illustratifs de ces personnes aujourd’hui culturellement ambiguës. Mutation nomminelle après l’initiation. Nom musulman Bouba Ahidjo Ahmadou Bello Sanda
Nom après l’initiation Boubakréo Ahikréo Ahmadkréo Belandi Santoing
Source : Enquête 47 Schilder (K) : « Etat et islamisation au Nord – Cameroun (1960-1982) », in Politique Africaine, op. cit. p 144.
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Au vu de ce tableau, l’oppression mentale constitue véritablement une arme de domination politique. Jean Ziegler l’a remarqué lorsqu’il écrit qu’ «il n’y a pas de prise de pouvoir politique sans prise préalable du pouvoir culturel »48. Cependant, si la politique d’assimilation est caractéristique des Etats-Nations, ce qui est une façon insidieuse d’imposer aux minorités la culture et le mode de vie dominante, celle-ci n’a pas pu prospérer en milieu tpuri, à cause de certaines pesanteurs historiques, et la démission du président Ahidjo du pouvoir en novembre 1982, a conduit à un retour à l’authenticité, marquée par une certaine dé-islamisation sur le plan régional sans pour autant remettre en cause la domination au milieu national ou central.
Le verrouillage du système : la domination par le « haut » Nul ne doute que la domination politique au Cameroun sous les Présidents Ahidjo et Biya, du moins avant 1990, ait été un des mécanismes du fonctionnement et de gestion du pouvoir étatique. C’est pourquoi il faut articuler la réflexion sur le sommet de celui-ci avec des projections périphériques. En d’autres termes, la domination politique locale de la société tpuri n’est que le reflet périphérique d’une hégémonie du pouvoir central sur tout le système politique. Celle-ci se traduit par le monopole des moyens de contrôle et de gestion des ressources politiques dont dispose la société politique camerounaise. Ainsi, rendre compte du rétrécissement d’accès aux grands espaces de décisions politiques durant la première phase de l’indépendance suppose que l’entreprise s’appuie sur les structures institutionnelles fondamentales, à savoir : l’Exécutif, le Parlement et le Parti unique. Il nous semble pratiquement impossible d’étudier le système politique camerounais, du moins le degré d’intégration des populations tpuri dans les mécanismes de gestion du pouvoir, sans se référer à la position de ce groupe au niveau des services de la présidence et des ministères. Autrement dit, prendre en compte l’Exécutif, qui constitue le lieu par 48 Ziegler (J) : La victoire des vaincus (oppression et résistance culturelle) Aris, Ed. du Seuil, 1988, p. 145
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excellence de décision, dans l’analyse des rapports entre un groupe social précis et tout le système politique, revient non seulement à caractériser la nature du régime, mais aussi à avoir une certaine idée sur le pouvoir présidentiel. Ainsi, de 1958 à 1982, durée du pouvoir du Président Ahidjo avec ses trois Républiques (Constitution du 04 mars 1960, Constitution du 01 septembre 1961, Constitution du 02 juin 1972.), les services de la Présidence de la République ont constitué un mythe pour les acteurs tpuri en ce sens qu’une analyse sociologique ne permet pas d’établir une certaine adéquation entre leur poids démographique et leur représentation dans ces services, hormis la masse de la garde prétorienne du Président Ahidjo connue sous l’appellation de la Garde Républicaine. L’observation d’une telle situation permet d’avancer que le régime du Président Ahidjo était un régime inféodé au groupe islamo-peul et sa présence à la tête de l’Etat n’était pour ses coreligionnaires et pour les autres camerounais que le symbole de la domination musulmane dans tout le Cameroun. Par conséquent, la domination locale se trouve renforcée et avalisée par l’entreprise politique hégémonique du pouvoir central. L’insignifiante représentation sociologique49 des acteurs tpuri des services de la Présidence peut s’expliquer dès ses débuts, par l’absence des cadres au sens technique, dans cette société ayant tardivement bénéficié des structures de modernité, surtout de la scolarisation. Cependant, avec la vulgarisation de cette dernière et surtout durant la deuxième décennie de la naissance de l’Etat postcolonial, les acteurs tpuri ont toujours été mis à l’écart des services de la Présidence. C’est pourquoi l’on est fondé à soutenir qu’il s’agissait d’une pratique d’exclusion politique d’un pouvoir personnel. L’accession du Président Paul Biya au pouvoir en novembre 1982 ne constitue nullement une révolution ou un changement par rapport à la situation antérieurement vécue par les Tpuri. La redéfinition des acteurs sociaux dans le sens de rééquilibrage géopolitique amorcée par celui-ci en vue de consolider 49 En dehors de la nomination de Ayang Luc comme chef de service des Affaires Législatives et Réglementaires en 1974-75, aucun autre acteur tpuri n’a été promu dans les services de la Présidence sous le Président Ahidjo. Cette situation est de plus déplorable sous le Président Biya dans la mesure où l’absence des acteurs reste une constante malgré l’émergence d’élites dans ce groupe.
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un pouvoir nouvellement acquis, n’a pas conduit ce dernier à ouvrir les services de la Présidence aux Tpuri. Jusqu’aujourd’hui, aucun cadre tpuri n’occupe une quelconque position dans ces services. D’où, dans les deux cas, la conscience politique tpuri se trouve aiguisée davantage et orientée de plus en plus vers la participation à la vie politique nationale. Ainsi, l’observation des différentes équipes gouvernementales qu’a connues le Cameroun depuis son accession à l’indépendance en 1960 jusqu’aux années 1980, éclaire sur le caractère ethnothéologique de l’Etat camerounais dont parle Victor Kamga50, surtout sous le Président Ahidjo. A l’appui d’un tel argument, il serait intéressant de lire le tableau ci-dessous : Ministres musulmans ayant occupé les postes-clés sous le président Ahidjo. Ministères Ministres Origine Tribu Religion Forces Armées Sadou Daoudou Nord Mboum musulman Maïkano Abdoulaye Nord Peul musulman Sadjo Angokay Nord Guiziga musulman Economie Youssoufa Daouda Nord Peul musulman Bouba Bello Nord Peul musulman Vroumsia Tchinaye Nord Massa musulman Maïkano Abdoulaye Nord Peul musulman Fonction publique Sadou Daoudou Nord Peul musulman Youssoufa Daouda Nord Peul musulman
Source : Ngayap (P.F.), op. cit., p.78. Ce tableau montre effectivement que les ministères-clés, piliers d’un régime politique africain sont de 1958 à 1982 détenus par les musulmans ou les islamisés du Nord-Cameroun, c’est-à-dire ceux de la partie septentrionale du territoire national. La situation des députés tpuri à l’Assemblée Nationale n’est pas reluisante. Une lecture des rapports sociaux permet d’affirmer que l’école assure effectivement une fonction de reproduction permanente des inégalités. Ainsi, même si tous les titres scolaires sont susceptibles de constituer des pouvoirs politiques, le développement de la capacité rhétorique exige l’acquisition d’une formation scolaire assez longue. Est-ce le cas des députés tpuri ? Le 50 Kamga (V.) : Duel camerounais : démocratie ou barbarie, Paris, L'Harmattan, 1985.
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tableau ci-dessous fournit quelques éléments permettant de juger de la qualité de représentativité des élus tpuri. Le CEPE étant le Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires. Députés tpuri de 1956 à 1992 Noms Daïcréo Golopo Welba Houli Wanso Albert Adama Houly Houly Harambé Djongmaa Djongmo Habé Grégoire Graobé Wambara Jacques
Profession Encadreur CFDT
Parti UC UC Moniteur UC Agent recenseur UC et UNC Instituteur UC, UNC, RDPC Secrétaire d’état-civil UNC Instituteur RDPC Instituteur RDPC Secrétaire d’administration RDPC
Diplôme Néant Néant Néant CEPE CEPE Néant CEPE CEPE CEPE
Source : Enquête. L’analyse du tableau ci-dessus éclaire sur le caractère médiocre du capital culturel dont disposent les Tpuri qui ont bénéficié des suffrages des électeurs depuis 1963 jusqu’en 1988, année marquant les dernières consultations législatives de l’ère monolithique. Et la détention d’un tel capital culturel par un acteur politique ne peut que limiter la capacité rhétorique de celui-ci, affaiblissant ainsi sa puissance fonctionnelle et marquant la faiblesse de son pouvoir de décision. Un tel constat est incontestable au vu de la situation vécue par les députés tpuri au sein de l’Assemblée Nationale depuis son institutionnalisation. Si le rôle du représentant consiste avant tout à défendre les intérêts des populations dont il est le porte-parole, c’està-dire d’œuvrer pour le développement de sa région, il paraît absurde de nos jours de faire confiance à des incapables de défendre des projets de développement de leur région. Les aboutissements de la subordination politique. L’avènement tardif de la culture occidentale en pays tpuri est une cause fondamentale expliquant la lente émergence d’une élite scolarisée. L’élite tpuri est un pur produit du capitalisme mondial, née sur les franges de l’Etat néo-colonial où l’insertion dans l’appareil étatique est une condition consacrant cette appellation. L’Etat servant ici à la formation de la catégorie politique élitiste et
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celle-ci utilisant les sites du pouvoir pour asseoir les bases économiques susceptibles de renforcer davantage leur autorité et leur influence dans les différentes sphères de la société. Ainsi, la représentation populaire tpuri ne confère la valeur élitiste qu’à toute personne ayant une capacité de distribution ; c’est-à-dire du salariée usant de sa position sociale pour redistribuer les ressources étatiques liées à cette position. Cela s’explique aisément car la société tpuri, n’ayant pas bénéficié des avantages étatiques de types crédits et prêts bancaires pour exercer le commerce, ne dispose pas d’une élite de propriété. En d’autres termes, il n’existe pas d’opérateur économique tpuri réalisant des chiffres d’affaires atteignant « le seuil économique de crédibilité politique »51 selon la formule de Flambeau Ngayap. La stratification de la société tpuri aujourd’hui présente d’un côté, les paysans, travailleurs de la terre sans grands moyens de production et de l’autre la bourgeoisie bureaucratique constituée d’une sous-couche parasitaire initié par le néo-colonialisme rendant l’Etat comme un véritable site de classes et de luttes de classes. En définitive, dans l’imagerie populaire tpuri, la notion d’élite est restrictive. Elle s’applique fondamentalement à une catégorie précise d’acteurs, ceux qui disposent, non seulement des ressources pour entretenir des clientèles, mais ceux qui sont dotés d’un certain niveau intellectuel leur permettant éventuellement d’intégrer les espaces étatiques pourvoyeurs des rentes économiques. Cela est d’autant plus vrai qu’aujourd’hui, la notion d’élite trouve sa plus grande expression lors des campagnes électorales où les élites politico-administratives font étalage de leur puissance économique. Cette possibilité n’est en principe offerte qu’à ceux qui occupent des positions de rente dans l’appareil étatique. Cette conception a conduit à la restriction du nombre d’élites tpuri. L’élite traditionnelle est faite de toutes les personnes qui jouissent d’une certaine autorité découlant de croyances ou de structures sociales dont les racines renvoient à une époque ancestrale. Dans ce groupe, l’on retrouve les chefs administratifs, purs produits du pouvoir colonial et postcolonial, agents auxiliaires inféodés au pouvoir politique. 51 Ngayap (P.F) : Cameroun, qui gouverne ? De Ahidjo à Biya, l’héritage et l’enjeu, Paris, L’Harmattan, 1983.
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A l’inverse, les chefs religieux estiment comme les véritables garants de la tradition. De la dualité de l’élite traditionnelle, on remarque que dans la représentation collective tpuri, les chefs religieux tels que « Wang-Soo-Kulu » et « Wang-Siri », par les pouvoirs de régulation de la société toute entière dont ils disposent, bénéficient d’une place particulière au sein de la communauté. En outre, dans la pluralité d’élites traditionnelles, il faut noter la présence de certains détenteurs du savoir traditionnel comme les faiseurs de pluie, les devins et les guérisseurs. La panoplie des personnes singulières et distinctives noie la notion d’élite traditionnelle à telle enseigne qu’elle perd de sa spécificité au profit d’une confusion d’acteurs participant à l’action historique de la société tpuri. Ce qui paraît plus important ici, c’est la dimension élitiste de la participation politique où le chef administratif constitue l’épicentre entre le système politique, la population locale et les intellectuels. Ceci étant, l’élite politique traditionnelle tpuri se présente comme l’indique le tableau ci-après : Chefs traditionnels tpuri. Noms et Prénoms Wangoing Gonou Dakréo Koskréo Hamatkréo Djaobélé Boubakréo Gaskréo
Unité traditionnelle Doukoula Bizili Tchatibali Touloum Golonghini Dziguilao Doubané
Classement 1er degré 1er degré 2e degré 2e degré 2e degré 2e degré 2e degré
Source : Enquête La majorité des chefs traditionnels tpuri souffre d’un déficit de formation intellectuelle. Tous les grands chefs n’ont pas pu accéder à une formation au-delà des études primaires. Cela prouve que le pouvoir politique au Cameroun est un syncrétisme où interfèrent des formes et des forces diverses de gouvernance qui tantôt bloquent, tantôt dynamisent tout processus de changement. L’élite intellectuelle quant à elle suppose avoir atteint un niveau d’instruction et un seuil intellectuellement raisonnable. Ce critère à lui seul ne suffit pas pour bénéficier du substantif « élite ». Encore
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faut-il être artisan de la construction d’une structure d’autorité dotée de la capacité et de la volonté de diriger la société. Bref, l’élite intellectuelle ici renvoie à l’élite du pouvoir. Ce groupe peut être porteur d’une conscience politique comme il peut ne pas l’être. Il peut encore être un groupe identitaire restreint porteur de revendications populaires susceptibles de fonder un mythe de mobilisation pour tout un peuple, par exemple le cas des Tpuri ici, ce qui n’est pas aussi automatique. Il est tout simplement intéressant de remarquer que dans les rapports entre le pouvoir et la société au sein de l’appareil d’Etat comme institution centralisée, l’élite en question configure un mécanisme de courroie de transmission entre la périphérie et le centre. Dans bon nombre de cas, la gestion de la position de l’élite, par elle-même ou par le pouvoir, conduit à la grève des relations entre la société civile et la société politique ; d’où la nécessité de caractériser ce groupe. Concrètement, l’élite politique tpuri au pouvoir englobe les fonctionnaires de haut rang dans l’administration centrale et locale, les membres du Bureau politique et du comité central du parti au pouvoir et de ses organes directeurs, de ses mouvements de masse et les députés à l’Assemblée Nationale. Le cumul des fonctions politiques et administratives fait qu’en règle générale l’on a affaire aux mêmes personnages. A priori, on peut dire qu’en milieu tpuri, l’autorité investie du pouvoir de nomination, semble accorder une grande importance au niveau d’instruction des candidats aux postes élevés dans l’appareil politico-administratif. Ainsi aux côtés de l’élite politique bureaucratique et partisane, il faut ajouter les cadres qui exercent plus ou moins des professions libérales et les déchets sociaux de l’Ajustement52. Ensemble, ils constituent le bataillon électoral frappant aux portes du monde rural durant les campagnes dont le résultat positif constitue une preuve de capacité de mobilisation politique, caractéristique d’une élite politique. La mobilisation a pour but de conduire ceux-ci à prendre 52 Par déchets sociaux de l’Ajustement Structurel, il faut entendre toutes ces personnes valides ayant perdu leur emploi pour cause de « déflation », de compression et celles ayant interrompu leurs études dont la cause principale reste la conséquence de la situation précédente. Toutes ces personnes utilisent aujourd’hui l’activité politique comme stratégie de survie. Rémunérées, elles deviennent de véritables « mercenaires » politiques aussi bien pour le pouvoir que pour l’opposition.
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position pour l’entreprise politique sous la bannière de laquelle on milite et dont on défend les idéaux. Cette qualité est considérée comme variable susceptible de conduire à la nomination /cooptation, c’est-à-dire à l’accès à la catégorie d’élite politique bureaucratique, dans la mesure où durant un processus électoral, le pouvoir soupèse les élites en les nommant en fonction des ressources politiques potentielles qu’elles peuvent rapporter. Cette dimension mobilisatrice nous semble fondamentale au vu des moyens que l’élite met en œuvre durant les campagnes électorales. Ainsi, par ce phénomène de nomination qui matérialise la cooptation en fonction des ressources politiques sur lesquelles le pouvoir s’appuie pour jauger sa légitimité, l’élite politique tpuri se caractérise par deux positionnements : d’un côté Ayang Luc et de l’autre Dakolé Daïssala. Cela entraîne des rapports de clientélisme se matérialisant par l’accès aux facilités et aux rentes étatiques selon que l’on est derrière l’un ou derrière l’autre. Les pôles d’émission de la conscience politique A l’observation de la société tpuri aujourd’hui, une chose apparaît nette : l’existence d’une pluralité en son sein d’instances de négociation des positions sur l’échiquier politique national. Cela n’est que le reflet au niveau micro-social d’une réalité qui irrigue tout le système socio-politique camerounais. Ces lieux de production du politique vont des formations politiques jusqu’aux microorganisations de type familial, preuve de l’avènement d’une espèce de « société civile » en milieu tpuri. Pour les populations, surtout rurales, démocratisation et démocratie, qu’elles désignent par « mokkraci » épousent l’idée d’un processus d’égalisation à des fins d’accès à des biens ou des positions dans un groupe, communauté ou société donnés. Une telle appréciation est sous-tendue par la réinvention des concepts anciens, c’est-à-dire d’un vocabulaire en usage jadis, notamment avant la renaissance du pluralisme et tombé en désuétude voire interdit par le régime en place. C’est ainsi que sont revenus dans les discours courants du monde rural tpuri des mots comme opposant, liberté d’expression, égalité, démocratie, changement, etc.
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Ceci étant, l’analyse des forces politiques plurielles en compétition pour la conquête des consciences politiques tpuri s’impose. Ces forces peuvent revêtir plusieurs caractères et épouser différentes formes : elles vont des partis politiques, en passant par les associations d’élites pour déboucher sur les comités de développement villageois. Les partis politiques L’instauration du multipartisme envisagé comme condition fondamentale du processus de démocratisation se traduit non seulement par l’édification d’une pluralité d’organisations d’expression politique, mais aussi par une lutte des individus et des groupes pour gagner l’autonomie vis-à-vis du contrôle, tout comme les efforts pour acquérir ce contrôle des autres. Ainsi, une démarche empirique d’observation sur le terrain nous a permis de constater que la société tpuri est la cible de conquête de plusieurs partis politiques. A chaque consultation électorale, des demandeurs de suffrages populaires font leur apparition sous différentes étiquettes partisanes. Cependant, compte tenu de l’audience dont bénéficient les uns et les autres, deux partis politiques ont émergé en milieu tpuri et constituent les canaux de prédilection d’expression de leur conscience politique. Il s’agit des partis politique dénommés M.D.R.et R.D.P.C.. La société tpuri n’est nullement la « chasse gardée » d’un parti politique quelconque. Plusieurs formations se disputent ses faveurs électorales. Cependant, il faut noter que les deux partis ci-dessus réussissent toujours à s’imposer. Leur analyse permet de mieux cerner l’émancipation politique d’une société par rapport à la problématique de la démocratisation.
Le MDR et les acteurs politiques tpuri L’option pour le Cameroun d’une civilisation de modernité politique s’est traduite concrètement par la formation de plusieurs partis politiques dont le support juridique reste la loi libérale n°90/056 du 19 décembre 1990 relative aux partis politiques. C’est à la faveur de
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cette disposition que le MDR (Mouvement pour la Défense de la République) vit le jour sous l’impulsion de Dakolé Daïssala, Tpuri originaire de la localité de Goudaye dans le département du Mayo Kani. Le MDR dont le siège est à Yaoundé a été légalisé par décision n° 283/D/MINAT du 9 octobre 1991. Le MDR est l’organisation politique qui a le plus véhiculé le processus de démocratisation en milieu tpuri. Des citadins aux ruraux, des jeunes aux vieillards et des hommes aux femmes, dans leur majorité, chacun s’est reconnu dans cette structure. C’est ce qui explique les succès éclatants de cette formation politique aux élections législatives de mars 1992 et aux élections municipales de janvier 1996. Pourquoi cet enthousiasme pour le MDR en milieu tpuri ? Est-ce par rapport à son programme politique ou par rapport à l’appartenance ethnique de son leader ? L’engouement pour le MDR trouve son explication et sa justification à partir d’un certain nombre de variables qui ne sont pas exclusives les unes des autres. La première variable qui nous paraît la plus déterminante semble être l’origine ethnique du leader du MDR. Etant Tpuri, Dakolé et son parti ont bénéficié sans grand effort d’un ancrage en milieu d’origine. Pour la masse rurale, c’est le parti du fils et des frères qu’il faut soutenir dans la mesure où dans l’imagerie populaire, il aura pour objectif majeur la défense des intérêts des siens. La démocratisation se réalise ici sur fond de l’ethnicité où les préférences primordiales resurgissent sur la scène politique. Une autre variable non moins importante ayant enraciné le MDR en milieu tpuri repose sur l’histoire des rapports sociaux entre ce groupe et l’Etat camerounais. En effet, pour la majorité des Tpuri, le régime surtout du président Ahidjo est considéré comme le régime musulman où la religion constituait une ressource de positionnement et d’ascension, voire d’insertion sociale. N’étant pas musulmans, ils ont donc été marginalisés, exploités et frustrés. Le MDR apparaît ainsi comme un parti de libération et de la remise en cause de l’hégémonie peule. C’est aussi à l’intérieur de cette structure qu’ils pourront s’épanouir. Une dernière variable mérite d’être prise en compte dans l’analyse des conditions ayant facilité l’implantation du MDR en milieu tpuri.
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Elle est liée à la personne même de Dakolé qui est perçu comme un martyr. En effet, l’incarcération de celui-ci en 1984, suite aux évènements liés au putsch d’avril de la même année, l’a plutôt auréolé d’un mythe. Dakolé est devenu aux yeux de la grande communauté Kirdi en général et tpuri en particulier comme celui qui a été victime d’une injustice à cause de son franc parler et de son courage. C’est pourquoi l’accueil qui lui a été réservé à l’aéroport de Maroua-Salack lorsqu’il fut libéré s’apparentait plus à une fête populaire. Bref, la prison a fait de lui un martyr, un « Mandela » chez les Tpuri. Au vu de ce qui précède, le MDR bénéficiait de tous les atouts pour s’implanter et les populations y voyaient la formation politique à travers laquelle elles pouvaient mieux exprimer leur conscience politique sans pour autant en faire d’elle la seule structure partisane. Le passage de l’autoritarisme à la compétition entre les formations politiques, signe de la décompression de l’espace public au Cameroun, s’opère en milieu tpuri par la coexistence aux côtés du MDR, du RDPC, parti au pouvoir et vestige du monolithisme partisan qui a prévalu de 1966 à 1990. Le parti au pouvoir contribue de manière assez efficace à l’éducation et à l’encadrement politique des populations tpuri. Des cellules de base jusqu’aux sections départementales, en passant par les comités et les sous-sections, les structures du plus ancien parti politique, puisqu’il a vu le jour avant les autres structures partisanes, sont de véritables lieux où s’élaborent les stratégies politiques de conquête, de conservation et d’exercice du pouvoir. Sous l’impulsion de hauts dignitaires du régime et du parti avec leurs clientèles politico-administratives locales, le RDPC, parce qu’il est implanté dans toute la région tpuri, sert de véhicule de la conscience politique. A ce titre, les temps électoraux sont les moments par excellence où l’on observe le déploiement d’un militantisme se ressourçant de ses idéaux, preuve de la réalité du pluralisme non seulement dans son aspect spécifiquement politique mais dans toute sa dimension sociale.
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Les consultations électorales Après la promulgation des lois libérales de 1990, les élections législatives du 1er mars 1992 constituent le premier test mettant véritablement en concurrence les nombreux partis politiques qui composent l’échiquier national. L’élection présidentielle anticipée du 11 octobre 1992 constitue une première dans l’histoire politique du Cameroun depuis l’accession de ce dernier à l’indépendance. La pluralité des candidatures discutant la charge présidentielle constitue la marque principale. Aussi, bien que remportée par le détenteur du pouvoir en place, en la personne de Paul Biya, cette élection fut véritablement compétitive si l’on en croit l’arrêt portant proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 11 octobre 1992. Notre objectif ici n’est pas de décrire le processus électoral présidentiel, il vise plutôt à situer la société tpuri dans la perspective de cette opération, c’est-à-dire chercher à savoir quelles positions les électeurs tpuri ont adoptées vis-à-vis des différents candidats en lice. Autrement dit, pourquoi les uns et les autres ont adopté une telle attitude et non une autre ? En effet, dans la société tpuri de base, un bon nombre de populations perçoit l’Etat à travers ses fonctionnaires notamment le sous-préfet, les agents de maintien de l’ordre, les agents de développement rural et la façon dont ceux-ci accomplissent leur travail dans les villages. Ainsi, la période des indépendances marquée par le régime du Président Ahidjo reste pour les populations une période de tristes souvenirs parce qu’elle a brimé, marginalisé, ponctionné, déporté, bref, il n’existait pas de liberté. Ces événements restent gravés dans la mémoire comme traits caractéristiques de cette période qui correspond donc au régime du Président Ahidjo. Ainsi, sous l’impulsion de l’élite extérieure dépêchée spécialement pour la circonstance et avec la crainte d’une renaissance de l’hégémonie musulmane53, les électeurs tpuri orienteront leurs choix politiques en octobre 1992 en faveur du candidat au pouvoir comme l’atteste le tableau ci-dessous dans le département du Mayo-Kani.
53 Schilder (K) : idem
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Taux de participation par ethnie durant les présidentielles de 1992 dans le Mayo Kani.
Ethnies Foulbés Moundang Guisiga Tpuri
RDPC 15 41 66 89
UNDP 79 45 24 05
Source : Schilder (K) : « La démocratie aux champs : les présidentielles d’octobre 1992 au Nord Cameroun », op. cit., p. 118.
C’est dans cette ambiance de revanche par rapport à l’histoire et à cause de la non-maîtrise de l’espace local par les autres postulants à la charge présidentielle que sont intervenus les résultats massifs obtenus par le candidat Paul Biya au plan local. Aussi, ce succès du RDPC est à mettre à l’actif d’une élite qui, tantôt pour une survie politique, tantôt par l’accord de coalition, a usé de tous les moyens pour satisfaire le prince. L’ombre de l’ethnicité n’est pas à négliger durant ces deux premières élections pluralistes au Cameroun. Elle se confirmera avec les municipales. Les élections locales du 21 janvier 1996, rentrent dans la même logique que les précédentes, c’est-à-dire qu’elles s’inscrivent dans le cadre du processus de libéralisation de la vie politique au Cameroun. Elles constituent à ce titre une autre étape décisive dans l’évolution du système politique local camerounais. D’une manière générale, le processus de démocratisation engagé au Cameroun a engendré un changement total au niveau des élites dirigeantes locales en ce sens que chez les Tpuri, les élections municipales de janvier 1996 ont permis l’émergence d’une élite dont la majeure caractéristique réside au niveau de leur nouveauté par rapport à l’espace politique local. Il s’agit d’acteurs sociaux nouvellement venus sur la scène politique avec l’avènement du MDR comme force politique sur l’échiquier politique national. Les élections du 21 janvier 1996 ont confirmé la tendance amorcée par les électeurs tpuri en mars 1992, à savoir la propension pour l’opposition. Ce qui présume une certaine volonté de changement dans le jeu politique local. Le MDR, en raflant la quasi-totalité des sièges pourvus dans les huit (08) communes rurales chez les Tpuri, établit sa domination politique, prouve son implantation et affirme sa popularité par
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rapport aux autres formations politiques avec lesquelles, ils se disputent les suffrages populaires. Les élections sont en principe et à cause de leurs objectifs, un laboratoire pour jauger la popularité des candidats en lice. L’issue de celles-ci dépend d’un certain nombre de paramètres qui ne sont pas les plus dissociables les uns des autres. Le succès d’une formation politique à l’occasion d’un processus électoral peut être circonstanciel, conjoncturel, structurel, voire un pur hasard. C’est ainsi qu’une corrélation apparaît avec évidence entre le comportement de l’électorat tpuri et l’ethnie du leader du MDR, Dakolé dont l’ethnie est aussi Tpuri. Le fait que toutes les communes localisées dans les zones où les Tpuri sont numériquement majoritaires ont été acquises au MDR constitue une preuve certaine que l’ethnicité a joué un rôle fondamental dans la victoire électorale de ce parti. C’est pourquoi l’insertion de l’ethnicité dans le jeu politique fait de celle-ci un enjeu de compétition et de lutte pour le positionnement. En tant que telle, elle est un soutien et constitue une monnaie politique la plus importante et la plus multiforme dans le processus des démocratisations africaines. Elle représente en même temps un grand danger pour les mêmes démocratisations du fait de la cristallisation des conflits politiques suivant les clivages ethniques.
Mutations et perspectives : changement ou continuité ? A l’étape actuelle du processus de démocratisation amorcé au Cameroun et ses ramifications en milieu tpuri, nous pouvons affirmer qu’une certaine corrélation apparaît avec évidence entre celui-ci et un certain nombre de phénomènes de type nouveau observable sur le triple plan politique, économique et culturel. Mais cela voudrait-il dire que l’on aboutisse à une conclusion fondant l’existence d’un véritable changement ? La situation politique de la femme Au vu des résultats des élections locales en milieu tpuri, les femmes semblent être ignorées du partage des gains obtenus. Comment admettre qu’elles soient de plus en plus exclues de la gestion des affaires dans lesquelles elles sont totalement impliquées en tant que
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citoyennes ? Existe-il un déficit de capacités sociales aux femmes tpuri pour investir les sphères politiques décisionnelles ? Ainsi, bien que la sous représentation politique du genre féminin soit un phénomène de grandes dimensions spatiales, les facteurs qui y sont à la base diffèrent d’un pays à un autre et varient d’une société à une autre. S’agissant plus précisément de la société tpuri, le taux de représentativité du genre féminin, aussi bien aux élections législatives que municipales organisées depuis la réinstauration du pluralisme politique, est nul par rapport au nombre des femmes qui s’acquittent de leur devoir civique. Certes, les règles traditionnelles sont d’un secours à l’explication de ce phénomène, mais ce qui nous paraît fondamental et qui a véritablement joué au différentiel politique actuel est le retard de la scolarisation. L’histoire a voulu que celle-ci s’implante tardivement en pays tpuri et y trouve une tradition hostile à l’éducation des filles. Il est vrai que la période allant de 1960 – 1990 n’était pas favorable à l’expression et aux débats politiques contradictoires, cela n’a pas moins contribué au règne des cultures de sujétion et paroissiale, la sous scolarisation est le facteur déterminant et explicatif de la marginalisation politique des femmes en milieu tpuri. Ainsi, dans la société tpuri elle-même, les quelques rares filles ayant acquis tôt l’instruction se retrouvent dans l’appareil administratif, ou dans les structures locales décentralisées et partisanes. Au vu du caractère incontournable de l’éducation comme condition d’une pleine, active et entière participation à la vie d’une société, la réussite de la démocratisation ne peut être effective que si les dirigeants priorisent l’éducation de base par la démocratisation la plus large possible afin d’essayer de résoudre le problème de l’inégalité politique entre les sexes. La sous-représentation des femmes tpuri au niveau des instances décisionnelles est l’expression des contradictions qui traversent cette société dont le retour au pluralisme constitue l’instant de déclic. Il s’est produit deux acteurs dont l’analyse des trajectoires politiques permet de rendre compte des deux grandes tendances partisanes polarisant l’électorat tpuri.
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Ayang et Dakolé : deux acteurs bipolarisant l’électorat S’agissant des inductions de la démocratisation dans la société tpuri, celle-ci a certes permis l’émergence de nouvelles forces (la jeunesse avec la crise scolaire et les migrants de retour, les associations paysannes, les milieux religieux, etc.). Mais elle n’a pas fondamentalement ébranlé les bases de l’élite politico-administrative qui a accédé à la direction des affaires nationales aussi bien sous le régime du Président Ahidjo que sous celui de Paul Biya. Dans certains cas, il a paradoxalement favorisé la promotion sociale et politique de certains éléments en vue, avant l’avènement de la démocratisation. C’est le cas de Ayang Luc et de Dakolé Daïssala qui, depuis le retour du pluralisme politique, demeurent les deux principaux acteurs politiques tpuri autour desquels se nouent et se dénouent des relations de clientèle et se déchirent des factions. Les deux principaux protagonistes de la scène politique en milieu tpuri sont tous deux issus des familles exerçant l’autorité traditionnelle. Ce sont deux princes, donc de souche féodale. Ayang naquit dans la chefferie traditionnelle de Doukoula, administrativement supérieure à celle de Goudaye d’où est issu Dakolé. Les deux relèvent de la génération quarante (Ayang né en 1947 et Dakolé en 1942), c’est-à-dire qu’ils virent le jour en pleine période d’occupation coloniale ; les grains du nationalisme étaient cependant déjà semés au Cameroun. Dès leur naissance, ces deux acteurs qui tentent aujourd’hui de canaliser le comportement politique de la population tpuri dans un sens ou dans un autre, étaient déjà auréolés d’une certaine légitimité de type traditionnel. Ainsi, à la faveur de leur origine familiale et conformément à la logique du fonctionnement du système colonial de la France, Ayang Luc et Dakolé Daïssala seront parmi les premiers enfants tpuri à bénéficier de l’instruction occidentale lorsque celle-ci fut introduite dans la région septentrionale du Cameroun. L’acquisition de la connaissance constituant à son tour un autre élément d’ascension politique, c’està-dire de promotion politico-administrative. L’itinéraire politicoadministratif de Ayang Luc et de Dakolé Daïssala offre un exemple d’une trajectoire politique qui s’est opérée de façon progressive et évolutive. C’est le prototype d’une ascension politico-bureaucratique qui renseigne sur le mode de la répartition du pouvoir politique au
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Cameroun où chaque segment de la société ne se reconnaît dans le système que lorsqu’un des siens occupe une haute position dans le dispositif étatique. Ceci étant, les deux principaux acteurs de la scène politique tpuri ont essentiellement évolué dans l’administration camerounaise. Titulaires des titres universitaires relevant de la même spécialité administrative, leur carrière est le résultat de l’articulation entre le politique et l’administratif : politique à cause de leur origine familiale qui est une ressource politique traditionnelle et administrative pour avoir subi des formations d’administrateurs. Ils appartiennent ainsi à ceux dont l’ascension et la déchéance dépendent du monopole présidentiel des choix politiques. Ayant ainsi été longtemps confinés à l’unanimisme et contraints au loyalisme qu’exigeait le fonctionnement du système politique antérieur, ambiance créée par l’instauration du monolithisme politique, Ayang Luc et Dakolé Daïssala font aujourd’hui preuve d’une différentiation au niveau de leur option politique respective. Le caractère horizontal du conflit entre Ayang Luc et Dakolé Daïssala offre un exemple concret de la lutte que les acteurs politiques se livrent pour la quête des ressources politiques. Cela signifie que les conflits de positionnement réactivés au sein des élites dirigeantes camerounaises depuis l’avènement de la démocratisation n’est pas spécifique à l’élite politique tpuri. Ils apparaissent quand la diversité des enjeux ne peut plus être régulée par une autorité unique. Tout compte fait, la prise de la direction du MDR par Dakolé apparaît comme la conséquence d’une lutte de leadership et non la genèse de ses rapports conflictuels avec Ayang. L’attachement de l’un au système et l’opposition de l’autre à l’ordre politique établi méritent d’être analysés à travers les différents processus de cette opposition duelle. Sous-jacente à la libéralisation politique amorcée depuis 1990, les divergences politiques entre les deux principaux pôles de l'élite politico- administrative tpuri, ont mis en branle certains attributs et principes ayant longtemps servi à la régularisation de l'ordre sociopolitique de cette société. Cela s'est traduit par l'irruption dans le champ politique d'un grand nombre d'acteurs dotés d'une conscience
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politique, s'intéressant à ce qui l'entretient et prêts à s'affirmer. Ce qui indique l'émergence d'une base sociale sur laquelle une vie politique démocratique peut s'édifier. Le caractère conflictuel des relations entre les différents acteurs militant dans les diverses formations politiques qui irriguent le système politique national n'est pas un phénomène spécifique aux acteurs politiques tpuri. Aussi, remarque-t-on un peu partout dans la société camerounaise, au niveau micro comme au niveau macro, des conflits latents ou ouverts entre les différentes catégories dirigeantes. Ceux-ci ont pour fondement le désir de monopoliser les moyens de contrôle des ressources politiques dont dispose une société donnée. Et les sociétés infra-étatiques sont les lieux par excellence d'émergence et de manifestation de tels conflits. Ainsi, les dynamiques nouvelles de compétition politique entre le RDPC et le MDR, puisqu'il ne s'agit que de leurs ténors, ont transformé l'espace tpuri où l’on assiste aujourd'hui à une forme de démocratie locale. Celle -ci n'est remarquable que durant les temps électoraux. C'est pourquoi, pour rendre compte des rivalités politiques entre Ayang Luc et Dakolé Daissala et leurs clients locaux il convient de s'en tenir à un événement précis : les élections législatives du 17 mai 1997. Bien qu'il ne soit pas possible d'entrer davantage dans le détail de tout le dispositif électoral, les consultations législatives de mai 1997 suscitent un certain nombre d'intérêts dont l'analyse permet de comprendre et de tirer des leçons d'un processus électoral dans un contexte de démocratisation et dans un groupe ethnique relativement homogène mais dominé par deux principales formations politiques sous l'impulsion des deux principaux acteurs politiques. L'analyse du processus électoral de mai 1997 met en évidence en milieu local tpuri une lutte pour la coptation des voix entre le RDPC et le MDR. Celle-ci fut particulièrement caractérisée par des joutes oratoires les plus violentes qui avaient pris les allures d'une bataille rangée entre les deux clans. Aussi, les différents partisans ne se sont pas ménagés ; Doukoula a reçu des propos injurieux, allusions sur les défauts ou la moralité douteuse de celui d'en face, interpellations, attaques et droits de réponses, sans oublier que des menaces de violence physique ont été observées de la part des uns et des autres.
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Pour tout dire, un déballage qui mettait à mal la tradition de respect et de courtoisie inhérents à la culture de toute société civilisée. Au delà du comportement intransigeant d'une élite politicoadministrative qui a tendance à situer les temps électoraux sur des logiques émeutières, la classe populaire n'en reste pas moins partie prenante dans le combat qui oppose les deux protagoniste politiques tpuri. Celle-ci, sans accès aux positions de pouvoir, exorcisent les déceptions engrangées depuis les promesses par les uns et les autres durant la présidentielle et les législatives de 1992 et les municipales de 1996. Ceci à travers des chansons traditionnelles et populaires qui, outre l'évidence de leur fonction ludique et distractive, louent et célèbrent, raillent et humilient les partisans de tel ou de tel parti politique. Ainsi, à travers la chanson politique comme "lélé" louant Dakolé et son parti, on peut noter cet extrait significatif ci-dessous : D'où proviennent ces cris (de joie) ! Ces cris proviennent du MDR. On porte le Cameroun sur la tête. Le MDR est en train de constituer des dossiers de candidatures. Il a dit que ce n'est que le début et qu'il en reste encore. Merci, vous, les enfants du Cameroun. Alignons-nous derrière Daïssala ou encore votons pour Daïssala. La clarté du message et son caractère laudatif et mobilisateur pour le MDR ne sont plus à démontrer. Cela semble avoir contribué à voir le parti de Dakolé sortir victorieux des élections législatives de 1992 et des consultations municipales de 1996 dans les circonscriptions tpuri. Face à la défaite, la réplique des partisans de Ayang Luc ne se fera pas trop attendre. Aux législatives de 1997 et pour marquer l'adhésion à l'idéologie et à la politique du RDPC, donc du Chef de l'Etat, ils rétorquent ainsi qu'il suit : Yaya Dakolé tu nous haïs Même ceux qui cognent le front au sol nous ne les voulons pas Nous ne pouvons voter pour une autre personne que Paul Biya. Nous avons opté pour un retour au RDPC ou encore nous avons envoyé un courrier pour qu'on chasse le MDR. La réplique du RDPC a eu un écho favorable surtout à Doukoula dans la mesure où tous les cinq sièges à pourvoir dont disposait le
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Département du Mayo-Danay ont été conquis par le parti de Paul Biya. Aussi dans le Mayo-Kani, Dakolé et son parti ne vivront pas une situation admirable dans la mesure où ils n'ont remporté qu'un seul siège, en l’occurrence celui de son président national. En tout état de cause, la rude bataille pour la conquête des sièges parlementaires observée en milieu tpuri durant les législatives de 1997 témoigne de l'évidence de l'option plus ou moins libérale de la plupart des régimes politiques d'Afrique noire en général et du régime politique camerounais en particulier. L'opposition entre les deux principaux acteurs politiques tpuri se situe dans la logique de ce qui apparaît nettement comme un combat « alimentaire » qui se situe notamment dans les luttes factionnelles proto-bourgeoises déjà largement étudiées par la science politique bourgeoise africaniste54. Un tel combat, évidemment, est moins intéressant dans la mesure où il n'augure aucune perspective historique de transformation profonde de la société mais permet de comprendre la nature des relations entre les classes subalternes, la classe dirigeante et l'Etat au Cameroun. L'application concrète ou l'expression de l'opposition de position entre Ayang Luc et Dakolé Daïssala se situe vraisemblablement durant les deux élections présidentielles pluralistes que le Cameroun ait connues depuis 1990. Dakolé affiche une instabilité notoire de son comportement politique. Il avait rallié le RDPC à l'élection présidentielle de 1992 et a ensuite fait défection pour rejoindre l'opposition à la présidentielle de 1997. Cette versatilité de l'attitude politique du Président du MDR illustre un comportement politique motivé, non seulement par des gains immédiats ou potentiels, mais par un souci de l'obtention d'un gain optimal et maximal suivant les logiques qui président à la répartition de celui-ci. Elle témoigne aussi de certains calculs politiques dont font preuve bon nombre d'acteurs politiques mus par une volonté de la préservation ou de l'acquisition des biens matériels ou symboliques. Autrement dit, un tel
54 Voir Bayart (J.F.) : L'Etat en Afrique, L'Etat en Afrique (la politique du ventre), Paris, Fayard, 1989 ; Banégas (R) : Insoumissions populaires et révolution au Burkina-Faso, Centre d'Etude d'Afrique Noire, IEP, Université de Bordeaux I, Bordeaux, 1993, 148 p.
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comportement s'inscrit dans la logique de la prudence et de la sécurité alimentaires dont parle Danioué55. Tout compte fait, même si l'inconstance de Dakolé peut être justifiée par son statut de Chef de parti et qu'en vertu de cette qualité, il dispose d'une certaine liberté de manœuvre pour se positionner dans un système politique pluripartisan, il ne faut pas aussi perdre de vue que celui-ci apparaît plus comme un entrepreneur politique que comme un professionnel guidé par la recherche du bien collectif. Au-delà de la dimension duelle de ce conflit, c'est toute la société tpuri qui semble noyée dans un système plus englobant et dévorant dans la mesure où la participation politique demeure élitiste. Cela place cette société devant ses responsabilités qui se traduisent en termes de défis qu'il faut relever. Les défis majeurs de la société Le véritable défi politique aujourd'hui au Cameroun en général et en milieu tpuri en particulier est celui de la socialisation politique. Celle-ci a pour fonction d'inculquer aux individus les valeurs, les attitudes et les orientations qui leurs permettront de tenir leur rôle, chacun à sa place et au nom de l'idéal commun, en tant que mécanisme de stabilisation ou de pérennisation des valeurs que véhicule le système politique. Au total, l'édification d'un État démocratique au Cameroun passe inévitablement par une vulgarisation d'une culture de participation des masses rurales, pour maintenir leur conscience politique éveillée et orientée vers l'éthique de conviction et de responsabilité. Les instances politiques locales se doivent d'assumer cette responsabilité qui est une tâche permanente. C'est pourquoi il apparaît nécessaire de choisir les représentants locaux des partis politiques sur des bases objectives56, c'est-à-dire au-delà de la variable clientéliste et autres critères d'affinité de tout genre.
55 Danioué (R.T.) : Afrique : l'unité de mesure démocratique, Paris, L'Harmattan, 1997, 165 P. 56 Parmi les critères assez objectifs susceptibles de guider aux choix des dirigeants des instances politiques locales, l'on peut retenir : un niveau raisonnable de formation intellectuelle, une certaine assise populaire locale, un dévouement pour les problèmes collectifs et un sens assez élevé de responsabilité.
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En fin de compte, l'effort pour la mise en place d'un État solide, démocratique et porté aux sensibilités de toutes les couches et catégories sociales semble une tâche vouée à l'échec ne s'accompagne pas d'une amélioration des conditions matérielles de vie des populations. Autrement dit, si la crise de l'État interfère avec la crise économique, cette dernière constitue le plus important défi pour la détermination du processus de démocratisation au Cameroun, surtout dans les zones économiquement vulnérables comme celles de l’Extrême Nord. Dans le répertoire des problèmes sociaux et économiques susceptibles de nuire à la construction démocratique, on note des fléaux classiques, à savoir les inondations, les criquets migrateurs, les grands pachydermes (éléphants, et à la sécheresse qui sont des véritables ennemis des activités agricoles). Ils jouent un rôle néfaste sur les rendements des paysans et les vouent à l'imploration de l'aide alimentaire des autorités nationales ou internationales et dont la distribution obéit à des manœuvres politiques qu'orchestrent le plus souvent les autorités administratives et les élites politiques. Aussi il faut mentionner particulièrement le phénomène des bandits de grand chemin appelés encore coupeurs de route ou « jarguina » dans le jargon local. Celui-ci nous paraît en rapport avec les formes décisives de dé-étatisation, c'est-à-dire des formes de contestation qui s'entendent exclusivement dans les luttes frontales, ouvertes, opposant les dominés aux dominants. Le phénomène des coupeurs de route apparaît comme relativement récent, surtout dans sa dimension armée, donc militaire. L'opération consiste à tendre des embuscades aux véhicules transportant les grands commerçants connus dans la région septentrionale sous le nom d' « Aladji » et qui s'immixent depuis longtemps et de manière pesante dans la vie publique, ou les autorités administratives et politiques, voire les symboles de l'Etat. Les actions de ces bandes civiles armées opérant presque uniquement le jour consistent à arrêter les véhicules et autres par force, dans des bosquets pour dépouiller les usagers de leur argent ou autres biens sous la menace des armes. Si le phénomène y a cependant une longue existence, il a néanmoins pris plus d'ampleur avec les duretés de la crise économique actuelle et aussi les crises politiques que connaissent certains pays frontaliers avec le Cameroun, plus précisément le Tchad où les modalités de dévolution régulière du pouvoir ont cédé
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la place à l'acquisition forcée de celui-ci. Cette situation a engendré la circulation des armes de toute nature entre les deux pays. Ce qui installe dans les régions septentrionales un climat d'insécurité où s'est cristallisée une culture de violence devenue en plus opératoire par le conflit politique entre arables Choa et Kotokos; deux groupes ethniques antagoniques situés dans le département du Logone-etChari. N'épargnant aucune couche sociale, aucune catégorie sociale ni aucun corps, le phénomène des coupeurs de route a pris une ampleur qui à contraint les pouvoirs publics à mettre sur pied deux opérations militaires spéciales dénommées GPIG (Groupement Polyvalent d'Intervention de la Gendarmerie) et BLI (Bataillon Léger d’Intervention) pour contrecarrer ce mode d'accumulation aux relents de remise en cause de l'ordre politique; voire de la souveraineté nationale. Aussi trame-t-il des conflits socio-politiques entre les marginaux; les exclus et les bénéficiaires de la «crisocratie » qui est le gouvernement de ceux qui s'enrichissent sur le dos des gagne-petit grâce aux effets de la crise. Autrement dit, c'est un mode de gouvernement qui permet à la bourgeoisie politico-administrative et à la classe des hommes d'affaires d'exploiter au maximum les déclassés sociaux, victimes des effets de la crise. En tout état de cause, considérer le phénomène des coupeurs de route comme une forme déviante d'accumulation est une évidence. Cependant, tout pousse à penser qu'il s'agit d'un réseau complexe puisque ses principaux acteurs, ses bases et ses facteurs déterminants restent encore complètement ignorés. La nécessité d'une libéralisation culturelle totale. La démocratisation comme paradigme apparaît comme un phénomène total en ce sens que tous les champs sociaux connaissent de véritables transformations. Sur le plan purement socio-culturel, l'on a assisté à la résurgence des requêtes identitaires ayant montré davantage que l'unité nationale réclamée haut et fort par les régimes monolithiques n'était que factice. Au Cameroun par exemple, la concrétisation d'une prise de conscience identitaire s'est faite sentir à travers tout le pays : par-ci, la communauté anglophone a revendiqué et revendique encore, à travers l'ANC et la SCNF, le retour à l'Etat Fédéral qui pourrait garantir son autonomie et le respect de sa
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culture. Par là, les Bamilékés, les Beti, les Bassa, les Sawa, les Musulmans, les Kirdi, etc se sont identifiés à travers des associations tribales, c'est-à-dire identitaires. Cela atteste de la vivacité des cultures africaines qu'il convient de définir afin de mieux cerner les contours, plus précisément ceux de la culture tpuri. Cependant, la société tpuri ne semble pas avoir recouvré toute sa plénitude culturelle malgré la libéralisation de la vie socio-culturelle. La prohibition du « Goni » chez les Tpuri n'était rien d'autre que l'application d'une méthode politique d'aliénation visant à exploiter et à dominer les classes subalternes. Ceci opère au niveau de la société globale une dé-conscientisation politique qui transforme la plus grande majorité des populations en fidèles et non en acteurs ou sujets historiques. Dans le cas précis, l'objectif des pouvoirs publics de l'époque semblait simple : anéantir tous les espaces qui leur échappent pour en faire une région culturellement homogène et soumise. Bref, il fallait affaiblir tous les espaces susceptibles de provoquer des mobilisations politiques allant dans le sens contraire à celui du « Prince ». La renaissance de la pratique du « Goni » constitue un grand défi pour les entrepreneurs politiques, au premier rang desquels l'élite tpuri. Sa réussite se rangera dans l'actif de la libéralisation, de la démocratisation. Il convient de dire "il est nécessaire aujourd'hui d'adopter d'autres approches qui se préoccupent d'abord des processus culturels réels à l'œuvre dans les sociétés africaines, des stratégies qu'ils mobilisent, des enjeux auxquels ils renvoient et des effets qu'ils produisent »57 car comme le dit Célestin Monga, « derrière l'écume des mots, il y a cependant la force des mythes et des croyances des langues et des connaissances, des coutumes et des visions, qui tissent la mémoire commune des hommes et conditionnent leur devenir »58.
57 M'bokolo (E) : Afrique Noire, Histoire et civilisations, Paris, Hatier-Aupelf, Tome II, 1992; p. 259 58 Monga (C.) : « L'identité mutante. Authenticité, permanences et ruptures dans les cultures africaines », in Afrique 2000, n° 9, Avril-Mai-Juin 1992, p. 82
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Croyances et religions Le peuple tpuri est culturellement très riche. Nous avons choisi quelques thèmes dont on peut discuter du caractère représentatif ou non pour illustrer cette créativité. Nous parlerons succintement des signes prémonitoires qui livreront leur secret sur le cosmos religieux ou superstitieux de ce peuple, conduisant à la description de la religion tpuri. Nous conclurons le chapitre par quelques objets d’art et les techniques de chasse et de pêche chez les Tpuri et surtout les charmes en amour et du mariage. Signes prémonitoires Toujours préoccupé par son lendemain, l’homme analyse les actes du présent dont il projette la signification dans l’avenir ; cela lui permet de mieux appréhender le futur rempli de crainte et d’obscurité. Les signes prémonitoires sont l’une des façons de prédire cet avenir pour s’en rendre maître et possesseur. Chez les Tpuri, il existe une variété de signes dont les effets sont confirmés par l’expérience quotidienne. Dans tous les cas, il s’agit d’une construction populaire. En les présentant, nous levons un pan de voile sur la compréhension du fonctionnement de la société tpuri. Ces signes sont classés selon qu’ils concernent le corps humain, les animaux ou les êtres inanimés. Pour le Tpuri tout parle et peut aider l’homme à mieux décoder le futur. Le corps humain est un champ privilégié pour les signes prémonitoires de danger ou de bonne nouvelle. Certains phénomènes sont considérés comme un avertissement des dieux, tant en mal qu’en bien. Si quelqu’un a le hoquet, c’est que quelque part on appelle son nom. Le hiǧgi (hoquet) démontre qu’un des proches ou du moins quelqu’un qui pense à vous a prononcé votre nom. Pour l’arrêter, on prononce après chaque hoquet et de manière aléatoire le nom de tous ceux qui sont susceptibles de vous appeler. Lorsque vous prononcez un nom et que le hoquet s’arrête, on conclut alors que cette personne a appelé votre nom. Il arrive aussi que votre main vous gratouille. Le wakge do (gratter la main) est un bon présage pour vous, car assurément vous aurez de l’argent ou quelque chose de précieux. Cela peut même être la viande qui est un met assez considéré chez le Tpuri moyen.
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Parfois c’est l’œil qui peut vous chatouiller. Cette fois-là, vous allez voir une chose étrange. Enfin, lorsque c’est la plante du pied qui vous chatouille, cela préfigure un voyage à effectuer. Il peut être aussi la preuve que vous marchez beaucoup et parfois sans but clair, c’est-à-dire à l’aventure et tout le temps. Pendant que l’on marche, il arrive que le pied heurte un obstacle, de quelque nature que ce soit, le plus souvent c’est le gros orteil qui subit le coup. Ceci est un signe ambivalent. Il peut signifier autant le bien que le mal, selon le sexe du premier enfant chez la maman. Si le premier enfant est un garçon, alors tous ses petits frères et petites sœurs sont pel tware, devant-masculin. Se cogner le pied droit draine une malchance. Ainsi en est-il de même lorsque étant du pel twãy, devant-féminin - c’est-à-dire que l’aîné est une fille – on se cogne le pied gauche. Par contre le droit est le signe de la chance chez les pel twãy tandis que le gauche l’est chez les pel tware. Ici, il y a comme une ambivalence à ce niveau. Le pied gauche représente le sexe féminin et le pied droit le masculin. Il faut un croisement pour que les modalités de chance soient réunies. Quand il n’y a pas croisement, c’est-à-dire que le pied qui heurte l’obstacle renvoie à son antécédent – le sexe du premier enfant - cela est le signe d’un malheur : un voyage infructueux, l’échec d’une entreprise quelconque ou alors l’absence de celui chez qui l’on se rend. Même si on va au marché, on ne peut acheter ce qui est désiré. Parfois, vous avez l’impression d’avoir entendu votre nom. C’est la pauvreté qui a englué. Peut-être est-ce parce que dans la pauvreté on est aux aguets, croyant recevoir un secours salvateur de quelque part ? Quoiqu’il en soit, l’impression d’avoir entendu son nom chez les Tpuri est interprétée comme un appel de la pauvreté. Le cwiiri, l’éternuement, est le signe que votre amant pense à vous. Les jeunes s’amusent souvent lorsque quelqu’un éternue, à dire mbarfa, l’équivalent de « à vos amours » tout en demandant le nom de votre amant(e) de qui on réclamera quelque présent symbolique. L’amour ne vit-il pas aussi des petites astuces apparemment insignifiantes et banales ? Il n’est pas facile de se mordre la langue de manière non intentionnée. Cela n’arrive qu’à ceux qui calomnient les autres. Cet acte vient comme pour signifier à l’intéressé qu’il n’est pas bien de
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« couper les fesses » (cage wer) de quelqu’un et qu’il faille cesser de parler afin de ne pas verser inutilement dans ce défaut. Comme nous le constatons, plusieurs parties du corps humain sont un présage pour un nombre d’événements qui peuvent être heureux comme fâcheux. Les Tpuri ne considèrent pas seulement comme présage ces manifestations physico-physiologiques du corps humain. Même les animaux sont l’objet d’une interprétation qui module les comportements admis dans l’imaginaire collectif et individuel. Certains animaux sont yoo, impurs, et les rencontrer sur son chemin est le signe d’une mauvaise nouvelle ou d’un événement malheureux. Ils se rangent des oiseaux aux mammifères. Un caméléon qui traverse la route devant vous est particulièrement mauvais. Il faut donc contourner à tout prix de sorte qu’il ne traverse pas avant vous, même s’il faut le tuer. En tuant un caméléon, il faut couper une herbe entre les dents comme un ruminant afin que le poge, la malédiction ne tombe pas sur vous. Autrement dit vous serez coupable de son sang qui causera sûrement des dommages dans votre vie. Le baygma (renard) et le tugturu (hibou) ne sont pas à rencontrer, car leur présence annonce un malheur imminent. Le cri du baygma derrière votre maison signifie que quelqu’un des vôtres est mort ou que vous perdrez dans les jours suivants un membre de la famille. C’est la même interprétation qui est donnée au hululement du hibou ou au cri du we dwee yoo, oiseau de la malédiction. Si une chèvre ou un bœuf, pendant qu’il rumine, laisse échapper une partie de son bol, il devient objet de malédiction et doit être abattu. Même si personne n’a su cet état de chose, le je halge – le féticheur médiumnique – révèlera qu’un animal de telle couleur est honni. Il faut l’abattre avant que la maladie n’alite un membre de la famille, la mort pouvant s’ensuivre. Il en est de même si un poulet saute dans un grenier ou sort pour chercher à becqueter la nuit. C’est un sacrilège et dès qu’il est aperçu, il ne reste plus qu’à l’abattre afin d’ôter la malédiction de la famille. Dans la même lignée un bouc ou une chèvre ne doit pas se gratter le long du mur. S’il est question d’un mouton, cela est normal, mais qu’une chèvre le fasse aussi est signe de malheur. Ainsi dit-on de ceux qui ont commis un sacrilège, ndo grid go, comme pour leur dire qu’ils ont commis le geste réprimandé de la chèvre.
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Une petite tourterelle annonçant la pluie fait souvent en saison humide ses petits tours de danse pour annoncer au bouvier qu’il sera mouillé pendant la garde des bœufs. Aussi des insectes (gogo nãy) rampants et d’un rouge vif constituent un présage que la famille trouvera de la viande. Quand l’astre solaire s’orne de cercles concentriques, l’on dit que le soleil s’est construit une maison : wur haw jgal ti ǣe ou bien wur gaǧ jage. Ce signe indique la mort d’un chef. Cela peut être à des dizaines de kilomètres. Il peut s’agir aussi d’un chef pas très connu. Quand il pleut en saison sèche ou qu’il y a beaucoup de nuages, alors soit il y a naissance soit deuil de jumeaux quelque part. Si un jumeau meurt/naît pendant la saison de pluies, il va particulièrement pleuvoir ce jour et durant toute la journée. Il s’agit du baa bisi. Il existe encore bien d’autres signes prémonitoires qui règlent la vie communautaire des Tpuri. En effet, quand le Wang Doré se trompe de lune (few yee nen waŋ dore), il mourra à coup sûr. Comme nous le constatons, beaucoup de signes sont des présages chez les Tpuri soit en bien soit en mal. Ces signes sont inculqués à l’enfant dès son jeune âge. Il s’agit là des éléments contenus dans l’imaginaire collectif et perpétrés de génération en génération. Le rôle du Grand Prêtre « Wang Soo Kulu » Le terme Wang traduit chef en français. Les Tpuri ne font pas de distinction entre les notions de chef, de roi et de souverain. Ce qui entraîne parfois des difficultés dans l’analyse du phénomène du pouvoir dans cette société, s’il faut comprendre le caractère étranger du phénomène du pouvoir de facture occidentale dans cette société. L’expression Wang Soo Kulu signifie le chef des génies, le plus grand prêtre et chef religieux de toute la communauté tpuri, de toute personne tributaire du terreau culturel tpuri, quels que soient le rang social et la nationalité. L’importance du personnage de Wang Soo Kulu dans l’ordonnancement constitutionnel et le fonctionnement de la société tpuri se saisit à partir de deux aspects susceptibles de cerner son contour. Cette entreprise s’avère riche en privilégiant le statut social de celui-ci et ses attributions. Le Wang Soo Kulu est le plus grand prêtre dans l’ordre politique et culturel de la société tpuri. La mythologie reconnaît en cette autorité sa référence culturelle et son repère symbolique. Il représente dans la
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tradition tpuri ce que le pape représente pour les fidèles de l’Eglise catholique. C’est la figure symbolisant la représentation collective des Tpuri. C’est aussi cette autorité suprême qui produit et reproduit l’identité socio-politique de ceux-ci. Son image est celle d’un guide social. Chefs spirituels Tpuri depuis la fondation de la dynastie Noms Tpuri (Dore) Nyawé Djongwé Dia Yobara
Origine Peffé Koumaïwa Koumaïwa Kiriou Koumaïwa
Règne
Autres informations
Assassiné par les habitants de Nenbakri, village situé à environ 8 km de Doré
Sirandi Koumaïwa Wang-Motching Degné Glogué
Koumaïwa
Tiyoh
Degné
1872 – 1928 1928 – 1931
Fourtoing
Koumaïwa
1931 – 1957
Damsala
Kiriou
Gongbélé
Degné
1957 – 1959 1959 – 1992 1992
Fils de Dia. C’est lui que les colonisateurs allemands et français trouvèrent au trône. Accusé de conspiration contre l’occupation française, il fut déporté à Bongor où il mourut en 1931 de suite de maladies. Écrasé par une automobile alors qu’il traversait la chaussée pour rejoindre son « Gho » Désavoué par les habitants de Illi (village du clan des électeurs des « Wang-Doré »)
Kromwala Koumaïwa Intronisé depuis 1992 Gaïwa Source : Tchago Bouimon : « La fête religieuse du Kagi dans le royaume de Doré “, in Pour mieux connaître le Tchad, L’identité Tchadienne, l’héritage des peuples et les apports extérieurs, Paris, L’Harmattan, 1994, pp 139-157.
Le Wang-Dore est à la fois chef politique et chef religieux. Mais la religion prend la première place, ce qui lui vaut le titre de Wang Soo Kulu, c'est-à-dire grand chef des prières ou chef spirituel suprême. Cette qualité lui confère également des prérogatives très étendues. La religion est la principale matrice du pouvoir de Wang-Dore. Elle est le principe culturel de base à partir duquel s’élabore la vie chez les Tpuri. Non seulement le pouvoir est légitimé par la religion, mais elle lui confère aussi un caractère sacré. L’assise sacrée du pouvoir n’est pas l’apanage des seules sociétés traditionnelles.
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Bénéficiant d’un contexte socioculturel caractérisé par la permanence de sentiments religieux, le Wang-Dore dispose de larges pouvoirs non assortis de contraintes manifestement physiques mais qui structurent les rapports sociaux. La légitimation du pouvoir du chef spirituel tpuri est articulé autour des croyances religieuses et des comportements socioculturels qui lui confèrent une assise populaire. Le culte et la sacralisation dont ce pouvoir fait l’objet, son acquisition et son déploiement, peuvent mieux se comprendre à la lumière de la rationalité spécifique en œuvre dans le système social Tpuri. Ainsi validé dans le champ de l’imaginaire collectif, le pouvoir ici se fait observer à des occasions assez nombreuses mais à des degrés différents. Des multiples fonctions qu’exerce le Wang-Dore, une revêt un caractère principal. C’est le rôle qu’il a lors du déclenchement de la fête du coq appelée Feo Kagi chez les Tpuri. Ici, l’économique, le politique, l’idéologique, bref tous les aspects majeurs de la vie humaine ne peuvent se concevoir en dehors de ce rite religieux défini par la multiforme relation avec l’invisible. C’est également dans ce registre qu’il faut les mettre pour comprendre leur intelligibilité. En tant que chef spirituel suprême, le Wang-Dore déclenche les fêtes de l’année. Pour les Tpuri, l'année ou kingi comporte douze mois ou « few », de 30 jours. La date précise de la fête du coq varie selon les lieux car elle est échelonnée dans le temps à partir de sa célébration par le grand chef politico-spirituel. Elle a lieu le plus souvent en septembre - octobre, période de la maturité et de la récolte du sorgho rouge. C’est la fête la plus importante des Tpuri, qui tous la célèbrent par un sacrifice, une large consommation de bière de mil et un égorgement de poulets. De toutes les multiples fêtes religieuses qu’on rencontre chez les Tpuri, la fête du coq dont Wang-Dore est l’ordonnateur, revêt son importance à partir d’un certain nombre d’aspects qui constituent les points saillants et partant expliquent la suprématie du chef spirituel tpuri. La fête du coq est avant tout la fête des morts où l’on se souvient de ses parents. Du plus jeune au plus vieux, qu’on ait perdu son père ou sa mère ou ses deux parents, on égorge un ou deux poulets. Au-delà d’une simple fête, c’est une célébration de la vie, une convivialité cosmique, une communion totale, intégrant le Haut :
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l’Ancêtre, le Père. Le procès religieux informe, au sein de cette société, une convivialité cosmique qui valorise au quotidien un environnement, un écosystème apparemment pauvre et hostile à l’homme grâce à la relation avec l’invisible qui représente les dieux, l’ancêtre ; il humanise et rend favorable le milieu naturellement défavorable. Cet aspect imaginaire de cette fête induit un comportement collectif sur le plan politique. La fête du coq constitue également un facteur d’unité politique. Elle est attestée par le respect scrupuleux par tous les Tpuri de la levée de Kalkao59. Cette levée s’étend sur tous les villages tpuri du Tchad et du Cameroun. Toute action visant à vouloir reprendre des mains du Kalkao son petit bétail est considérée ou interprétée comme un acte de rébellion contre le grand chef politico-religieux de Dore, c’est même un défi lancé à ce dernier. Mais l’expérience montre que rares sont les cas de désobéissance. Les populations de confession musulmane et qui vivent sous la mouvance de Dore se sont souvent pliées à la règle. Cette soumission traduit l’appartenance des populations concernées à une idéologie politique commune et leur attachement à une autorité reconnue de tous. Le second élément d’unité politique est l’observation rigoureuse par les villages tpuri du calendrier de la fête de coq. En effet, tout chef local qui méconnaît ce calendrier est vu comme un personnage récalcitrant. Il est passible d’une amende et dans le pire des cas, il est destitué. L’étude portée sur la société tpuri qui constitue la condition pour comprendre « le social dans tous ses états »60, révèle enfin que la fête du coq est un facteur d’unité religieuse et culturelle. Sur le plan religieux, la fête s’accompagne d’un certain nombre d’interdits dont le respect est la condition sine qua non de la paix sociale, de la prospérité, de la vie. En effet, il convient de souligner que l’observation stricte de ces interdits a pour contrepartie le bon ordre, la bonne santé. La preuve en est que la transgression de ces interdits a pour effet immédiat ou à long terme le désordre social, les 59 En effet, les Kalkao, émissaires attitrés du souverain de Dore, envoyés dans tous les villages tpuri pour s’emparer de moutons ou cabris, ne se heurtent à aucune résistance de la part des administrés du royaume c’est-à-dire de la part de tous ceux qui vivent dans l’unité politique de Wang-Dore. 60 Ela (J-M) ; Restituer l’histoire aux sociétés africaines, op. cit. p.64.
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épidémies, les cataclysmes naturels comme la sécheresse et les inondations, la récession économique qui affecte un ou plusieurs maillons du royaume61. Pendant les deux semaines qui précèdent la célébration de la fête, durant lesquelles on prépare le vin local, il est interdit d’avoir des relations sexuelles ou d’égorger un poulet, de faire du bruit, de se marier car la jeune fille deviendra stérile, de blesser une tierce personne. Il est également prohibé à tout chef de famille de passer la nuit hors de chez lui, de battre une femme ou un enfant. Tout chef de village investi du pouvoir de Dore doit veiller au respect scrupuleux de ces interdits car c’est une période de réconciliation des Tpuri entre eux et avec leur environnement culturel. Mais, il faut se poser des questions sur l’application effective de ces principes et de ces prescriptions d’ordre religieux. Enfin sur le plan culturel, outre ces éléments religieux et politiques liés à la fête, il y a lieu de faire mention des traits culturels qui auréolent cette dernière. Ces traits culturels sont fort nombreux et variés : ils vont des rites de la puberté jusqu’aux séances de lutte, en passant par les danses. En conclusion, la fête de coq ou few kagi, appuyée au grand sanctuaire de la monarchie de Dore est loin d’être entamée par le modernisme. Elle a résisté et résiste toujours aux agressions culturelles extérieures et surtout aux influences des «religions révélées» comme l’islam et le christianisme dont la mission première est de faire disparaître les religions traditionnelles préexistantes. Plutôt, la résurgence des mouvements sociaux aux relents identitaires est venue renforcer davantage les comportements traditionnels des acteurs sociaux. En dehors du pouvoir politique, aujourd’hui partagé entre le Tchad et le Cameroun, la fête de kagi demeure le levain ; autrement dit le ciment religieux et surtout culturel des Tpuri. De nos jours, sa célébration a dépassé même les frontières territoriales précoloniales de la monarchie. C’est ainsi que cette fête a migré dans les grands centres urbains avec les
61 Les différentes calamités dont sont victimes les populations tpuri s’expliquent par l’inobservation par celles-ci des règles prescrites par leur chef spirituel. Telle est la raison avancée par les uns et les autres.
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immigrants et les migrants Tpuri en quête d’un emploi. Chaque année ces travailleurs migrants la célèbrent avec faste. Dépositaire de l’autorité traditionnelle de toute la société Tpuri, le Wang-Dore est le personnage titulaire d’un pouvoir qui se manifeste par la détention d’un savoir d’essence culturelle dont l’utilisation assure sécurité et prospérité. La pérennité de cette perception en fait le pôle central du pouvoir politique chez les Tpuri mais que le mécanisme de fonctionnement permet d’observer des points de ramification dans tous les villages tpuri. L’organisation politico-rituelle des villages s’articule autour du Wang-Siri qui est le chef de terre, fondateur du village. Ils sont identifiés par leur statut et leurs rôles au niveau de la gestion de leur terroir de commandement. Définir le statut du Wang-Siri dans la nomenclature des structures qui participent du fonctionnement normal de la société tpuri, c’est répondre à une problématique liée à la situation particulière de ce personnage dans l’organisation de la société tpuri. Cela apparaît aussi déterminant dans la mesure où de son statut procède le rôle qu’il joue dans les mécanismes qui rentrent dans le registre du contrôle social. Chez les Tpuri, ce personnage diffère de Wang-Dore, il n’est pas permis de le confondre car il dispose d’un savoir lié à l’antériorité de son installation dans un espace géographique bien précis. Dans la vie quotidienne, rien ne permet d’emblée de distinguer le Wang-Siri des autres populations. Il mène une vie sociale quotidienne banale. Cependant, il a un statut assez particulier qui fait de lui la deuxième personnalité politico-religieuse dans l’ordre constitutionnel traditionnel chez les Tpuri. D’abord, le Wang-Siri est, tout comme le Wang-Dore, un chef religieux avec cette différence que son pouvoir religieux est circonscrit à un espace géographique bien délimité. Ses prières n’ont d’effets qu’à l’intérieur de l’espace qu’il gouverne. C’est donc une autorité périphérique par rapport au plus grand chef spirituel qu’est le WangDore. Ensuite, comme nous l’avons dit, l’organisation politico-rituelle de la société tpuri s’effectue autour des différents clans ou kaw. Chaque village porte les traces d’un clan fondateur, c’est-à-dire celui dont la fixation sur un territoire est antérieure à tout autre clan. C’est
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l’antériorité de la fixation et de l’occupation des lieux qui confère à un clan le droit de gouverner l’espace géographique choisi. Le Wang-Siri est donc l’homme qui, avec les siens, furent les premiers à s’installer et à exploiter un terroir. L’apprivoisement des divinités fait de lui le seul détenteur du savoir religieux du village. Descendant par excellence des premiers habitants, le Wang-Siri est l’homme autour duquel s’articule toute la dynamique du groupe constitué. Il est le «seul de son vivant à exercer les fonctions de chef religieux pour toute la région »62. C’est pourquoi ce personnage est choisi parmi les plus vieux de la plus vieille génération du clan fondateur du village. Il ne s’agit pratiquement pas d’un choix. Le pouvoir du Wang-Siri lui échoit. Il doit l’assumer au nom de la continuité du pouvoir clanique. A partir de l’élément territorial, un phénomène fondamental de l’organisation de la société tpuri se dégage : chaque clan tpuri se définit par un point de départ, d’origine d’où sont partis ses membres. Ce lieu constitue un point de repère historique rappelé à tout moment en cas de besoin. Généralement, le village porte le nom du clan fondateur et cela facilite l’opération de rattachement de chaque Tpuri à un point précis. Ainsi des lieux comme Manra, KonKrong, Zouaye, Ndirim, Guidiguis traduisent à la fois des villages et des clans. Les fonctions du Wang-Siri rentrent dans le cadre de l’environnement religieux, base de l’organisation de la société tpuri. Malgré les variations démographiques des villages et les localisations géographiques des uns et des autres, les Wang-Siri ont les mêmes attributions minimales. A cet effet : - Le Wang-Siri participe aux fêtes religieuses que le Wang Soo Kulu initie. Obéissant à ce dernier, il répercute les recommandations du plus grand chef spirituel au niveau de son terroir, donc à sa population. Il joue à ce titre un véritable rôle de courroie de transmission, sans pour autant être considéré comme un exécutant pur et simple des décisions de la hiérarchie spirituelle. Il dispose d’une large marge de manœuvre surtout lorsqu’il est en communication avec ses divinités dans le jag siri. Il s’agit ici des temples sylvestres que l’on trouve dans chaque village. Constitués 62 Guillard (J) : op. cit. p. 123.
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de bosquets sacrés, ces temples font l’objet des sacrifices rituels chaque année ou lorsque le besoin se fait sentir : raison de maladie ou songe annonçant un mauvais présage. - Le rôle du chef de terre est aussi de maintenir l’univers dans un sens favorable à son peuple. En effet, dès les premières pluies, le chef consulte un devin, pour savoir ce que le génie de la terre veut en offrande pour rendre la terre plus féconde. En général, c’est un poulet qui est offert en sacrifice. Cette tâche lui revient de plein droit parce qu’ « il représente la connaissance la plus profonde des choses terrestres et supraterrestres, de la vie de la petite communauté, de ses fondements et de ses coutumes »63. - Enfin, le pouvoir du chef de terre est multiforme et ses décisions concernent l’ensemble des activités des populations qui vivent dans son terroir. Elles s’appliquent aussi bien au domaine économique et agricole qu’au domaine judiciaire, guerrier et surtout religieux. En matière judiciaire, il joue un rôle fondamental dans la mesure où c’est lui qui autorise les justiciables à prélever avec leurs dents la terre du cimetière sacré afin de prononcer le verdict. Cette pratique est une forme de prestation de serment couramment en usage chez les Tpuri. Tout cela participe de la fonction politico-rituelle des chefs de clan à l’intérieur des villages. Il faut noter ici qu’en principe, Wang-Dore ne sort pas de son palais. Il ne lui arrivera jamais de dormir hors de ce palais. Mais s’il arrive qu’un problème important et urgent à traiter exige sa présence, il peut se déplacer si cela doit se faire hors de sa résidence. Des dispositions sont prises d’avance pour qu’aucune personne ou un animal ne puisse traverser son chemin et surtout aucun chef de terre Wang-Siri ne doit le rencontrer au hasard. Avant sa sortie effective, il arbore les attributs de mystification du pouvoir. Ainsi, il met sur son front, sa poitrine et sur ses bras de l’ocre jaune et rouge et porte au cou de grosses perles. L’inséparable conseiller Gho porte son bouclier, son bâton de commandement et son sac de peau de bête contenant du tabac; en somme tout ce qui fait sa dignité. Le chef de terre à qui il a affaire doit le rencontrer sous un arbre sur un terrain neutre c’est-à-dire que les débats doivent se dérouler hors du territoire du chef de terre en question. Cela 63 Guillard (J): op. cit. p. 123.
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témoigne du caractère sérieux et grave de la situation. En outre, le chef de terre ne doit jamais le regarder en face. Les deux se tournent donc le dos pour entamer la palabre. Toujours dans la logique de la mythification du pouvoir politique, le Wang-Dore, au cours de son déplacement, ne doit faire aucune déjection en dehors de Dore. S’il en éprouvait le besoin, les selles et les urines sont recueillies dans un sac pour être enterrées sur le sol de Dore. Aussi, si un problème jugé assez grave à cause de son impact sur la société survient, par exemple le manque de pluie, un certain nombre de chefs de terre peuvent venir à la cour de Wang-Dore pour examiner avec l’aide des devins, les raisons de l’absence de pluie et les remèdes à y apporter. Aucun chef local ne peut être désigné et investi sans le consentement et la présence d’un représentant attitré de Dore, fief de Wang-Dore et ce, malgré l’existence d’un collège électoral local qui ne peut faire que des propositions. En clair, le Wang-Dore désigne les WangSiri, ce qui crée d’emblée des rapports de subordination et de dépendance. Ceci signifie donc qu’en fait, chaque chef de terre est souverain sur sa terre parce qu’il maîtrise à lui seul les réalités de celle-ci. Il est le seul responsable des sacrifices en faveur des dieux de sa terre. Cependant, des relations hiérarchiques se dégagent entre le WangDore et les Wang-Siri du fait que ces derniers ne sont que des relais territoriaux répercutant les ordres du Chef spirituel au niveau de leurs villages respectifs, surtout pour les célébrations des fêtes annuelles qui sont de grandes instances très déterminantes pour l’unité de la société tpuri. Religions du livre Si la carte religieuse du pays Tpuri n’est pas difficile à établir, elle est cependant truffée de détails qui transparaissent dans les différentes poches de terroir que se sont appropriées les religions révélées. Malgré cette apparente conversion, il existe un paradoxe grave dans la région : le pays est foncièrement animiste. Il est resté attaché à ses principes religieux traditionnels. Pourtant, plusieurs pasteurs, un archevêque et une vingtaine de prêtres issus du pays tpuri essaient d’expliquer le christianisme à la population.
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Cette vérité d’animisme, de paganisme, de réticence envers les religions révélées établie, il reste à localiser et fixer l’impact des religions sur le milieu tpuri. Car si l’Eglise catholique a célébré avec grande pompe son cinquantenaire en pays tpuri, il y a une dizaine d’années, il ne reste pas moins de questions posées sur son impact réel sur le développement humain, économique et social de la région. Après les premières prospections catholiques en milieu tpuri, en 1948, l’Eglise du Pape ne va s’implanter ici qu’à la fin des années 1940 et croître très lentement. Les grands centres seront Doukoula, Guidiguis, Touloum et, en dehors du pays strictement tpuri, Yagoua et Moulvoudaye. A partir de Doukoula et de Datchéka, la percée protestante sous l’épée de conquête de l’Eglise Fraternelle Luthérienne, confession minuscule qui n’a pas véritablement de portée mondiale, va commencer son avancée dans le pays tpuri, s’implantant dans les petits villages. Si l’Islam a toujours coexisté avec les villageois – Kalfou, Guidiguis – il n’a jamais conquis le village tpuri. Il existe, et on l’accepte. Même sa sournoise manière de conversion n’a pas vaincu l’âme tpuri foncièrement allergique à la religion de Mohammed. Peut-on croire à la religion des gens que l’on a vaincus ? Avec l’éclatement de l’Eglise Fraternelle Luthérienne ces dernières années et la multiplication des autres obédiences protestantes, la prostitution religieuse s’installe en pays tpuri, se multiplie et continue à faire jaser les vieux. L’empire catholique à l’exemple de Doukoula Riches de la mission évangélisatrice à eux confiée, les prêtres missionnaires Oblats de Marie Immaculée vont sillonner les villages environnant de Doukoula pour y répandre la « Bonne Nouvelle ». Ils commencent par leurs proches collaborateurs, les manoeuvres, puis les habitants installés autour du chef avant d'atteindre les habitants des villages. Les séances d'instruction chrétienne se créèrent. Des groupes de catéchumènes furent organisés. Les enseignants dispensaient les cours sous les arbres. Les premiers missionnaires furent les pères Jean Colson, Léon Saison, puis Guy Capelle, Christian Denis et Marcel Dalverny arrivèrent à Doukoula. Après soixante ans d'évangélisation, c'est-à-dire depuis la fondation de la Mission à Doukoula en 1949, le constat qui se dégage est que le
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milieu tpuri, fortement christianisé, est beaucoup plus acquis au catholicisme. La mission catholique de Doukoula a donné naissance à neuf autres dont quatre au Tchad. Les autres se trouvant en pays tpuri du Cameroun sont : Golonpoui créée en 1958, Touloum 1964, Djiguilao 1968, Moulvoudaye 1974 et Guidiguis en 1975. La mise sur pied des groupes de vocation dans chaque paroisse a fait naître chez les jeunes un sentiment nouveau : celui de consacrer leur vie à Dieu. Nombreux sont les jeunes tpuri qui suivent cette voie "divine" c'est-à-dire celle qui doit aboutir à la consécration. Au grand séminaire de Maroua, ils sont des dizaines à suivre leurs études. L'éclosion sacerdotale dans le milieu féminin ne s'est pas vite réalisée du fait des difficultés que les filles devaient rencontrer. Qui plus est, la scolarité des filles a pendant longtemps été refusée par les parents car elles étaient uniquement destinées au mariage. Même les familles chrétiennes sont restées intransigeantes dans ce domaine. Le Rubicon est toutefois franchi par Anne Maïhouli, fille du diacre Gabriel Massinguer qui fit ses premiers vœux en 1979. C'est enfin, devant le Jean-Paul II qu'elle prononça ses voeux perpétuels le 10 août 1985 à Yaoundé. Depuis lors, les filles qui manifestent la volonté de devenir sœurs sont nombreuses. En somme, la vocation à la vie consacrée est l’un des signes qui prouvent que la mission évangélisatrice des missionnaires fut une réussite en pays tpuri. Les écoles confessionnelles en général et catholiques en particulier ont joué un rôle considérable dans la scolarisation des enfants. Dans cette perspective, les missionnaires accordent une grande priorité à la pastorale éducationnelle. C’est ainsi que, les missionnaires de Doukoula, par le truchement du père Capelle, homme à tout faire, ouvrirent pour la première fois en pays tpuri l’école privée catholique à Doukoula en janvier 1952. Le père Capelle en fut le tout premier enseignant. Il fut aidé dans cette tâche par Hilaire Roubdwang qui avait étudié pendant cinq ans à l’école protestante de Yagoua d’où il sortit en 1944 suite à la fermeture de l’école à cause de la Deuxième Guerre Mondiale. Déjà, en 1959, l’Ecole Privée Catholique (EPC) avait envoyé 7 de ses premiers élèves méritants au collège de Mazenod de Ngaoundéré. Sur sept élèves, cinq avaient réussi au Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires (CEPE). Le retour de ces premiers élèves au village suscita une nouvelle prise de conscience de la part
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des jeunes et des parents. Le tout premier maître autochtone fut Wangso Albert. Les protestants : plusieurs caïmans pour un seul marigot Les Eglises dites protestantes, si elles ont connu un début localisé dans les villages de Doukoula et de Datchéka en pays tpuri, se trouvent aujourd’hui être en éternelle scission. L’Église Fraternelle Luthérienne (EFL) a été longtemps le seul caïman de la mare tpuri. Depuis le schisme dû à certaines mauvaises interprétations de la seule et unique parole de Dieu, de nouvelles Eglises de la philosophie pentecôtiste font leur entrée dans les villages. On trouvera sous des arbres quelques fidèles qui ont quitté leur ancienne dénomination EFL et se sont retrouvés un nouveau zèle de néophytes dans des regroupements sans nom. Des familles entières sont divisées. Pendant que le père est fraternel luthérien, la mère et les enfants sont évangélistes ou plein évangélistes. Les nouvelles Eglises sont dénommées AMI, CMCI, plein évangile, adventiste, EFL, vraie église, assemblée de Dieu, vraie assemblée de Dieu etc. qui constituent tous des caïmans partageant le même marigot qui ne sera jamais paisible. Tous iront au ciel, chez Dieu qui tâchera de séparer les bons grains des mauvais, alors que sur la terre ils ne mangent même pas ensemble et ne s’adressent pas la moindre parole … au nom du bon Dieu et de sa Bible. Interdits et purification Si l’eau sert à la propreté physique, le sang, lui, sert à la propreté morale et spirituelle. La pureté étant inaccessible pour un être déchu, il a besoin des rites pour accéder à l’antichambre de la pureté. Ces rites constituent les éléments de purification pratiquée dans chaque société humaine. Souvent à une échelle familiale, mais parfois il y a des institutions qui officient dans la catharsis. Les religions révélées ont un clergé qui réconcilie l’homme avec son âme à travers des cérémonies de purification. Chez les Tpuri, les purifications sont une partie intégrante du pacte social qui lie les hommes à la vie, la vie à Dieu et le cosmos à l’Esprit qui le sous-tend. Dans cette intelligence, plusieurs rituels de purification existent à l’échelon des fautes et des souillures subies.
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En dehors de la catharsis dont chaque société a besoin pour se réconcilier avec son passé et surtout redéfinir sa boussole pour le futur, il est des actes que les êtres humains posent pour ré-unir leur âme avec leur corps : les rites de purification. Elles interviennent dans la vie d’un accusé reconnu coupable d’un acte à l’encontre de l’éthique sociale et surtout du pacte unificateur des principes de la communauté. Dans la société tpuri, les purifications se rapportent à tous les actes dont la morale ne sous-tend pas une activité reconnue par les lois ancestrales, la religion et la morale dont les tenants sont les patriarches (moobe) et le Wang-Kluu sur le Mont Illi. Les éléments de la purification varient selon la gravité de la souillure : du simple tabac répandu par terre ou distribué aux vieilles personnes, à la préparation de la bière de mil en passant par le sang des animaux. Sont considérées comme des souillures graves l’adultère, l’inceste, la nudité et le fait de déféquer en présence de sa belle-famille. Dans la belle-famille, la nourriture est considérée comme souillure mineure. En général, l’acte de la purification d’une souillure reste en soi discret. Il s’effectue généralement la nuit. De surcroît, il ne donne jamais lieu à des radios-trottoirs ou des diffusions inter-villageoises. Le conseil familial s’emploie à garder le secret afin de protéger la respectabilité de ses membres. Actes et rites purificatoires Les grandes souillures concernaient les relations sexuelles (avec sa sœur, sa mère ou sa belle-mère), l’adultère ou le meurtre. Il existe aussi des transgressions d’interdits se rapportant généralement aux animaux ayant commis des actes anormaux. Par exemple, le fait que deux chiens s’accouplent ou que le mouton « vomisse » dans la concession sont considérés comme un yoo. Quelques-uns des actes qui détruisent l’équilibre social peuvent être l’inceste, l’adultère, le viol, la naissance des jumeaux, déféquer au sein d’une concession, découvrir la nudité de sa belle-mère, un assassinat, une grossesse hors mariage... Tout cet ensemble constitue les interdits chez l’homme tpuri. Nous ne pourrons analyser tous les interdits et consécutivement leurs rites purificatoires. Seuls les cas d’adultère, de l’inceste et de la grossesse hors mariage seront traités ici.
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L’inceste : La notion de clan est assez élargie chez l’homme tpuri. L’on doit mener des recherches minutieuses en parcourant toutes les branches généalogiques afin d’éviter d’éventuels liens de parenté lorsqu’une idée de fiançailles ou de mariage nous habite. Il serait inacceptable et condamnable de courtiser la fille de sa tante ou la fille d’un même lignage clanique. Grande serait la conséquence. À partir de six ans, les garçons et les filles d’un même père ne peuvent partager la même chambre. Lorsque la fille est pubère, elle doit contrôler ses relations avec ses frères, ceci sous les recommandations de sa mère. L’entourage et les parents prennent toutes les dispositions afin d’éviter d’éventuelles situations critiques. Un cas d’inceste provoque le plus souvent des cas successifs de décès et des maladies. On serait donc obligé de consulter un devin pour déterminer la cause du drame. Celui-ci laissera en revanche à entendre qu’un membre de la famille détient un secret qui est la cause du drame. Mais comment peut-on réparer un tel tort ? Seuls les rites purificatoires peuvent apporter une solution. Comme l’agneau expiatoire chez les Juifs, les rapports incestueux, actes les plus déshonorants, ne peuvent être lavés que dans le sang d’un chiot. C’est le pawge way. Les auteurs se procurent un chiot. Une fois l’animal trouvé, il faut obéir à un procédé précis. Dans la nuit, les deux parties se rendent à l’écart, hors du village portant le chiot sur la poitrine. Les deux personnes sont habillées de la manière la plus sordide car l’on doit laisser son habillement sur les lieux de sacrifice que l’on ne peut offrir qu’étant nu. “Les deux frères” doivent tirer en deux le chiot expiatoire. L’un prend les membres postérieurs et l’autre prend les membres antérieurs et l’animal est renversé sur le dos et maintenu en suspension. L’une des parties prend le couteau et tranche le chiot au niveau du thorax en formulant en même temps les prières qui peuvent se résumer en ces termes : « Que par le sang de ce chiot nos souillures soient lavées aujourd'hui et qu'aucun drame ne nous arrive plus ». Chaque partie prononce cette litanie. Après ces prières, on laisse l'animal choir à terre en s'agitant dans du sang avec ses derniers souffles. Le couple rentre étant convaincu que les divinités ont exaucé et accepté leur sacrifice car les dieux des Tpuri sont pleins de miséricorde et pardonnent qui se repent et revient vers eux.
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Purifier l’adultère par le sacrifice d’un bouc Selon l'éthique tpuri, une femme prise en flagrant délit, ou du moins se sentant fautive, consciente d'avoir eu des rapports sexuels coupables avec une tierce personne; ne devrait plus pénétrer dans le foyer conjugal. En fait, la femme tpuri, légalement mariée, est placée sous le contrôle du poteau protecteur le jag jiŋ planté à l'entrée principale de toute concession. Ce jag jiŋ protège la famille, et est le gardien du sexe de la femme. Si le jag jiŋ se fâche, après s’être senti foulé et souillé par des actes déshonorants, toute la famille est mise en péril et entre dans une période de maladies ou de décès. Si l'épouse finit par avouer son forfait en dévoilant son cavalier, il faut dès lors passer à un rite purificatoire. Les deux fautifs ayant foulé au pied l’orthodoxie tpuri doivent sacrifier un bouc. Il s’agit du pawge toglon. Selon les lois tpuri, un homme qui entretient des rapports sexuels avec la femme d'un autre, doit selon les clauses coutumières procurer un jeune taureau et un bouc : éléments définitionnels de purification en cas d'adultère. Le jeune taureau est l'amende infligée au fautif. La justice tpuri reconnaît que tout homme qui a des rapports sexuels avec une femme qui ne lui appartient pas doit donner un jeune taureau au mari cocufié. Est-ce une manière de contribuer à posteriori à la dot ? Le bouc (non castré) est l'agneau expiatoire, l'animal, qui, par son sang, pourra laver la femme de ses souillures et lui rouvrir l'entrée de la concession. L'autel sur lequel l'animal sera immolé se construit devant le jag jiŋ, seule instance ayant pouvoir de pardonner et d'effacer de telles iniquités. L'animal est donc fendu en deux devant le jag jiŋ. La femme prend un morceau de foie et le fait brûler sur un faible feu, le plus souvent le combustible se réduit à une poignée de paille. Elle jette trois petits morceaux par terre aux divinités tpuri qui sont les premières à être servies dans toute opération rituelle. Dès lors, l’épouse fautive peut donc rentrer dans le foyer conjugal car les dieux lui ont pardonné ses fautes. La vie conjugale peut reprendre. Cependant, avant que le mari ne commence à fréquenter cette femme et à goûter à ses repas, l'épouse doit lui préparer un repas de réconciliation, dit pour « joindre les mains ». Ce mets est généralement constitué d'un poulet ou d'une chèvre selon les
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exigences du mari. Ce repas est partagé dans une joie totale avec les voisins pour oublier le choc et faire savoir que l'erreur est humaine. Purifier une grossesse hors mariage La jeune fille tpuri ne devrait pas connaître un homme avant le mariage. Seule une catégorie de filles, celles qui n'ont pas eu la chance d'avoir un partenaire à temps c’est-à-dire celles qui ont « vieilli à la maison paternelle », étaient autorisées selon certains principes à connaître des hommes, avec le consentement des parents ou d'un témoin. Dans le cas contraire, le public condamne les rapports sexuels frauduleux et hors mariage. Qu’une jeune fille conçoive chez ses parents est une grande honte, car elle a déshonoré ses géniteurs. Expulsée de la famille, elle doit rejoindre son partenaire. La fille tpuri ne peut en aucun cas accoucher dans la concession paternelle. Le jeune homme responsable de la grossesse, doit offrir à la belle famille un bœuf en don purificateur. La jeune dame se rend donc chez ses parents en compagnie d'un ami de son mari qui tient l'animal expiatoire. Selon les normes hiérarchiques tpuri, le sacrifice a lieu chez le doyen du lignage clanique, communément appelé je moobe, le plus vieux en âge du clan. Une fois que la fille se présente devant son autorité avec ses sacrifices, il doit immédiatement les présenter aux ancêtres en proférant les prières qui pourraient se réduire en ces termes : “Ô Dieu Tout Puissant, Toi qui a fait toute chose ; Vous mes ancêtres Doumdi, Manó ... Vous tous dont j’ignore le nom, Recevez ce matin les sacrifices que Votre fille m’a chargé de vous offrir. Veuillez à ce que rien de mal ne lui arrive, qu’elle soit sans difficultés et dans la sérénité.” Après ces prières on immole l’animal. L’on mange à satiété à l’exception de la fille qui ne peut goûter à la viande. A-t-elle accouché avant d’offrir ces sacrifices purificatoires, sa progéniture ne doit pas toucher à cette viande. Relevons en outre que le porge ǣiili devrait normalement se passer avant l’accouchement. Il s’agit de purifier la fille des mauvaises paroles que ses parents lui auraient avancées. Ainsi, l’homme se reconnaît véritable auteur de la
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grossesse et prend toute la charge de l’accouchement. Le porge ǣiili est donc chez l’homme tpuri ce qu’est la déclaration de reconnaissance d’enfant auprès d’une autorité civile. Même si la fille arrivait à divorcer, l’enfant revendrait à celui qui aurait porge. Dans le cas contraire, l’enfant revient aux parents de la fille.
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Un danseur avec ses parures
Un autre goût de parures
Il préfère un instrument de musique comme parure
Un chasseur de mélodies
Enregistrant une autre voix
Chassant une voix féminine
Un jardin La migration a fait découvrir aux Tpuri les cultures maraîchères
Une case tpuri
Un groupe de danse
Les danseurs
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Les danseuses
Une vue sur les gurna
Les batteurs de tambours
D’autres danseuses
D’autres batteurs de tambours
Les danseurs et danseuses intermixés
Une batterie de tambours
Les femmes sont de grandes croyantes L’église est une donnée importante en pays tpuri (les fidèles dans une église)
Des fidèles suivent des sermons par radio
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Wang Dore assis avec son adjoint Gho à Illi (2000, Temga)
Wang Dore se lève assisté par son inséparable adjoint Gho à Illi (2000, Temga)
Les alentours du palais de Wang Dore avec en arrière plan le mont Illi, (2000, Temga)
Wang Doré avec ses insignes du pouvoir (2000, Temga)
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Lexiques Remarque générale : Les deux lexiques qui suivent se sont inspirés largement, pour le français-tpuri du dictionnaire trilingue de Suzanne Ruelland, et pour le tpuri-français des travaux des missionnaires italiens basés à Guidiguis en pays tpuri, dont nous saluons ici la persévérance, le dévouement et le sens de la pérennisation de la culture locale.
Mini-lexique français-tpuri aire de battage : yaage aisselle : garaŋ doo à : ne ajouter : laa.ge ni alcool : yii abaisser (s): geǧomge alcool de mil : argi abandonner: menge abeille : nyoore, aligner : sara’ge allemand : jaamane bedelew abimer: ǣlagge, geleǣge aller : rawge, hooge aller au devant de : aboyer: biggi caage pele absence : balam allumer : do’ge, ngalge accepter: dayge allumette: asana , accident : hobre almede accompagner : kaŋge amant (e) : nday accoucher : biŋgi âme : nen-ceere, accoupler (s’) : ǧiigi nencerse accrocher : hagge âme des ancêtres : man accuser: caage ree se munjuri acheter : yee.ge amener : baa.ge…le achever : tawge amer : bodro’o, acide : brade dewdew, gelage, wage acné : jebele ami (e) : bar ǣ i adolescent : we jõõ ami (e): nday adolescente : tigli amincir: kereŋge adosser : gisgi, deŋge amitié: barge adultère : yoo amour : dage affaisser : balge ample : biliri affûter : ǣo’.ge saŋ âgée (personne): je ampoule (électrique) : ampuli tããbe ampoules (cf. hul.gi) agent de police : polis ampoules aux mains et agoniser : huugi aux pieds : kulgi aide soignant : dokdor amulette : laaya aider : kayge amusement : foo aigre : cemcem, ndase analyser : ǧagge aiguille : pa’dale ancêtre : moobe ail: lay âne : gerhe aile: garaŋ animal sauvage : nãy ailleurs: kare, korpo ankylosé : baŋge aimer : da.ge ankyloser: (s’) jooge cii aine : coo tiwããne ainsi : ne kay, so A
anneau
de
cheville:
ǣege
année : tagla année dernière : kani année prochaine : deebo, eege ngele annexe : podogge anthropophage : kreŋ antilope : meene, ngay antilope cheval : baw antilope cobe : baryam antilope ourebi: hay anus: jag gologe août: few kal kaw, few maa joŋ fen sõõre wa, few hoole gara apathique : lumudi aplatir : beleǧge, ra’ge appareil à moteur: masin appeler : ǧege apporter : baage….le apprécier : keege apprendre : haǧge, jaŋge apprêter (s’) garagge se approcher de : sa’ge se appuyer : gisgi appuyer (s’) contre : deŋge après-midi : law arachide : mo-noo, suwee araignée : gubongubongi arbre : koo arc: man-tan-waa arc-en-ciel: man-yaa baa ardent: haǣge argent: sulay, sungu
argile: pãy armée : larme arracher : baragge arrêter : diggi, hooge jage arrêter (s’) : ooge arrhes : jag horoge arrière grand-parent : didi arrière grand-mère : kaabe didi arrière grand-père : moobe didi avertir : riŋgi aveugle : je rew aveugler : raage avion : baabur avorter : le’ ge avouer : ǣo’ge jage avril cf. : few burgi
bas ventre : gesããge bâteau : daage wuu bâtir : hawge bâton : garaw bâton de repiquage : kututu bâton de semailles : gepee battre : mbum.gi, ma’ge battre des ailes : ma’ge garan bavard : karlaw bave : defõõre beaucoup : debaŋ, puri beau-frère : bãy.be, suubi beau père : moobe, yaabe beauté : woore bébé : wel furi bébé (fille) : mãy twãy B begaiement : mborgolo bac : daage boo bégailler : doǣge bache : base bègue : mborgolo bailler : caa.ge halaw beignet : wayna baisser : (se) goǧom.ge bélier : gamla belle–fille : kaabe, balancer (se) : fitgi moobe balançoire : maa felew belle-mère: kaabe, man balayer : tefge, torge balle de céréales : hoole neebe bãybe, balle de fusil : wel wuu belle-sœur: heŋbe, suubi, may.no banane : banan benjamin: jagpãã banc : gudubuli bercer : jããge nene bandage : bande berge : jag diŋdiŋ bii banlieue : podogge berger : je koǧ day, je baobab : konkon baptême : batem koǧ fiiri barbe : piŋ berner : joŋge nene barrer : caage nene bétail : horoge barrer une ouverture : beugler : buugi beurre : noo pãã teege, teǧge, tegge bas du dos : sage biche cochon : ngay
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bicyclette : keke bidon : bidon bien : de ele, woore bien-être : woore bien portant : holoŋ bière de mil : yii bile : miyew bilharziose : too cii billet de banque : kaǧkaǧ billon : deele biner : caage gubun binôme : jage blanc : depuy le blanc : je wuu, waŋ maa depuy, wuu blanchir : baǧge, puugi blennorragie : busale boa : wee cwee bœuf : day boire: jooge bois : koo boisson alcoolisé : yii boîte de conserve : kob boiteux : leŋ, je leŋ bon : de ele caractère : cuwa’ cuwa’ bondir : yooge, eren ge bonne santé : se holaŋ bonnet : jugu bord : jage au bord : jage borgne : je nen boŋ bosquet: jag siri, liri bosselé : ǧoglom bossu : dun.gi boubou : jelabiya, tarawal bouc: bolo fii, toglon bouche : jage bouche bée : ba’a boucher: teege, tegge
boucher un trou: ndepge, repge, rupgi bouchon : jag hoole boucle d’oreille : kelelew bouclier : gidigli bouder : baage po, topge boue: pããge bouger : farge, ya’ge bouillie : keere, mbordom bouillir : sarge, tooge boule : hoole, hoole tay boules d’herbes : hoyom bourgeonner : goǧge bousculer : srogge boursouflure : erenge bout : jage bouteille : klobo boutique : butiki bouton : biton bracelet: boo ma doo braise : jaŋre wuu branche : doo bras : doo, maymay brave: cay briller: sagge brique: birigi briser: heresge briser se : mbuggi brosser : corogge, tefge brouette : burwede brouillard : sãy brouiller : doǣge brousse : mbasga en brousse : yoo koo, yoo way broyer: nange, ndereǧge bru: kaabe, moobe, kaka, momo
brucelles: mo je may bruit: tertere, ngarge jage brûlant: tuu brûler: duugi, roǧge brut : jonray brutaliser : joŋge coo buffle : baw C cache-fesse : gafraw cache sexe : gambus, sugway, daare cacher : yoŋge cachette : hulugi cadeau : faray, fenǣaale cadet de jumeau : paale geere cailcédrat: bage cailler: baage caillou: jeãy caiman : sii calao : sulum calebasse: hane caleçon : galson caler : giggi calme : deemes, degedes calmer : law ge, siggi camarade: bar bi caméléon : tipeŋ camion : bene, berle, hoodoroo, kamyo campement : kan canard : dodo, gododo canari: loone, jiŋ canine: san way canne à sucre: yeege cantine: komrom canton: gando, prog caoutchouc: gawsu
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capitaine (militaire): kapida, kaptèn capitaine (poisson) wecèe-depuy caporal: kapral, gafran caqueter: karge carboniser: roǧge carcasse : gufore caresser : lamge carie dentaire : ceege saŋ carquois : faraa carrefour : larga’a carte d’identité : kardante cartes à jouer : karte cartouche: mbeere wuu, wel wuu case: tiŋ casque colonial : tilgi casque de guerre : casser : ǧirgi, hawge castrer : tiggi cataracte de l’œil: geere cauris: busale cause (à – de ) : doo, wer causer: ndalge cavité: ruum ce : maà, de màà céder : beresge, jelge céder à : domge centure : sentiri célébrité : pay célibataire : bijigiri celle de : màa celui de : màa cendre : sàagè censurer : man ge jage cent : kisi cent francs : sàa centre : ǣiili, gisiǧgi cependant : pa ga
cerceau : keke cérémonie de mort : jaare cérémonie (sp) : sùwàage certain (un) : po cesser de : hooge jage cette année : taglà chacal : booli chacun : je la chaîne : rece’ chair : nãy chair de poule : rosge chaise : sese chaleur : cege, tuu, hisi, baage wuu chameau : man yonyon champ : pay champion : heǣe, ti ǣiini pir chance : rusgi, siigi ti chanceler : somãyge changer de place : kolge changer d’opinion : naage goge changer de route : celge changer de voix : ǣo’ge geege chant : siŋ chant (divers): kembaare, leele, maynii-le, waye, waywa, gurna chant du coq : kag roo chanter : ‘wage siŋ chanter en canon : geǧem ge chapeau : klaŋ charbon de bois : birbi, heŋre charbon du sorgho : biri charrette: puspus charmer : segawge
charognard : gebege charrue : son-day chasse: gaw chasse collective : darge chasser les esprits : duugi chasser quelqu’un : nii gi chasseur : je gaw chat domestique : paatu chat sauvage : timiini chat-huant : cigriw chatouiller : geleg ge chaud : tuu chauffer : sarge, tooge chauffer au soleil : holge chauffeur : jofere chaussette : sosete chaussures : tarage, sulye chauve : hirig gi chauve -souris : baybay, taktibay chéchia : jugu chef: waŋ chef de culte : waŋ sõõ chef de terre : waŋ siri chef de village : waŋ wuu chemin : blam day, fàage chemise : simisi chenille (diverses) : ganǣaw, gundulay, man-de burlum, mberemje, titina ,beere cheptel: horoge chercher: kiǧgi cherté: wuuy chétif: lema cheval: piri
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cheveux: riŋ-ti cheville: soole ǣaale chèvre : fii chez : ni chiche : teǣee chicote: breŋ chicoter : jwa’ ge chien : way chiper : keǧegge feere chiquer : heege cuki choléra : kolora chômeur : baran chose : fèn mo, mopo chouette, tùktùrù chuchoter : sewegge wããre cicatrice: defõõre wããge cicatriser: ruggi ciel: ciŋ ti baa cigale: yerweŋ cigarette: cuugi cinq : dwee ciseaux : siso ciseler : gaǧ ge citrouille : man ti-pay civette : dejoo clair : depuy clairsemé : rawraw clavicule: gelen gelenman boole clé: lakele clic apical: cerew clic vélaire : caa ge turum clitoris: jiiri meene, waŋ meene cloche: kondolon clou : ponte clouer: ǣalge coaguler: baage cochon: gaduuru coccyx: mendew
coccyx des animaux : guǧur-wàale cœur (muscle) : kuldus cœur (cartes) : kubi co-épouse : man geene cogner : helge coiffe : mbalaga coiffer : deege coin: jeŋ coincé : caage waŋ coincer: heǣ ge, giggi cola : gooro colère: hop ge de waŋ, jif gi, sõõge ǣiili collant: rebaŋ colle sp: kole colle: ka’ãy coller: nee ge, tõõge collier: cene collier de perles: redew colonne vertébrale: keceere, ticeere colorer: baage law, rããge coloration : rumgi colporter des rumeurs : caage were coma : buggi jage combattant (anciens) : keeseŋ combattre : durgi combien : gãy-ǣa, gãy ne, ge mãy la comestible : dàrdam comme : doo … (no) commencer : tiigi wer comment : ga hãy la, gãy ne, e la commission : peege compacté : cinen compensation matrimoniale : horog maa wããy
compétition : ngaǣge complètement : hala, paf complimenter : suse’, joŋge suse’ compliquer : guluggi composer un chant : kaŋge siŋ comprendre : laage comprimé : kinin compromettre : kelewge compter : keege concombre : ngurgutu concourir : ngaǣge jage conduire : ya’ge conduit auditif : laa le suggi, rum sugi confondre : tapge congé : konse connaître : koge consommer : reege constater : ǧak ge, er ge constellation d’orion : jar freŋ constipation : hopge constriction : rugosge construire : hawge construire en argile : booge consulter le devin : kaŋ ge halge conte : mbaa content : feh conter. ‘waage mbaa contourner : kii gi contre : se contrepoison : sangu contretemps (à) : guri contredire (se) : naa ge gog convalescence : baǧge converser : ndalge convoquer : ǧeege
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copain : kam, goo-tum coq : bolo kage coqueluche : cigew cigew coquillage sp: gefergeŋ corbeau : gããge corde : keerem corde : saale cordon ombilical : fan cor : tinrin corne : coo corne musique : siili corps : se costaud : pay côté : jeŋ cotiser : targe cotiser (se) : tayge doo coton : mbaraw cotonnier : koombaraw cou : soole coucher : suuli coucher (se) : suugi coude : ǧonǧon doo coudre : sããge couler : yuugi coup de poing : godebon coup de tonnerre : põõ coupe-coupe : kupkup couper : caa ge, carge couper en lamelles : cawge couper en lanières : celerge couper les cheveux ras : po’ge ti couper menu : carge couper net : tegesge couple : tubi cour : feele, ǣi feele, siigi courage : egre
courber : diigi, goǧomge courir : ǧèe ge courir à quatre pattes : piriggi courir en zigzagant : huggi, naage gog cours d’eau : piyew course : ǧee court : dokray courtisans : jar faada courtiser : sekway ge couscous : coo bii cousin (e): hen be, hen bo, nana, mãy pan bi, mãy pee coussinet à portage : getegle couteau : mbege couteau de jet : haage couteau de jet : maapal couturier : tayere couver : pegge couvercle de grenier : gujugli couverture : borgo couvrir : barge, hulgi crabe : mahalan cracher : ceǧge sããre, laage sããre, tufgi craindre : heege crainte : molare crampe : maa wayway crapaud buffle : digiri craquer ses phalanges (faire) : haragge doo crayon à bille : bigi crème : noo crêpe : furum hoole crêpir :kor ge crépuscule : day-mo-la creuser : teege, terge creux : juwidin, cirin
crevace : kangaran crever : tulgi cri : ware crier :’waage ware crin sp: saraw criquet : maapode croc-en-jambe: kedegge, ma’ge ǣàale, weǧ ge crocodile: sii croiser : gragge croiser les jambes : horngosge croître : jor ge, gee ge croquer : sorge croupe : saage, mongore cueillir : bragge, hooge cueillir des fruits : daage cueillir du mil : hawge coore cueillir un à un : saŋ ge cuillère : gedekre cuir : hõõge, ndare cuirasse : koroŋ cuire : õgge, kar ge, jiigi cuire à l’étouffée guǣgi cuire une poterie : jii gi pãy cuisine : bargin cuisiner : bo’ge hole cuivre : maaway cultiver : jeege curer (se) (le nez, les dents) hologge cylindrique : guwarlaŋ d, D d’abord: tangu, jagcu damer : degge
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dandiner (se) à la lutte : ǣo’ge foge dans: ǣi, ǣil, nen danse: joo danses diverses : kembaare, kuwuysa, may-nii-le, mbaga, waye, waywa, kuwaysa, wiile danse guerrière: mbaga jaw danser: dagge joo danseur : wee joo de : maa, ne débattre (se) : durgi, jeweǧge, temge débiter du bois en petits morceaux : parge koo débiter en gros morceaux : paǧge déblayer : hol ge déborder : jifgi debout : deŋ, ǧugi débroussaler : kaŋge pày, karawge, po’ ge. décanter : siggi décaper : piggi décembre : few maa wee babu, few ceere déchet: mbiiri déchiqueter: pawge, ngaragge déchirer : beresge, cragge déchirer en griffant : piriǧgi décolorer : puugi décomposer : so’ge décorer de traits : yerge décortiquer : heŋge découper : kafge découvrir : ce’.ge décroître : ferge gesiŋ
dedans : nen défendre : kayge ti déféquer : ee.ge mbiiri, kaŋge kaabe défi : foge défier à la danse : gifitgi déflorer : ndulgi, tulgi déformé : kordon déformer : diigi, hoyoǣge défricher : karawge dégarnir : piggi dégâts : po’ge dégonfler : laage dégouliner : segewge dégoût : meyeede dégoûter : fõõge dehors : siigi délation : laage huuli démagogie : kaŋge turum ti wããre demain : toŋ démancher : peŋge demander : kamge, wiigi démangeaison : wagge démarche calme : caw démarche légère : gedefeŋ-gedefeŋ déménager : urgi demeure : tiŋ dénoncer : bo’ge were, laage huuli dent: saŋ dépasser: daŋge dépêcher : maŋge bale way déplacer: ya’ge déplacer: ur.gi déplaire: fõõge déposer : laage, lagge dépouiller un animal: sooge dépression : gãyri
député : depite dermatose : bigriw dernièrement : keǣaa dérouler : buǧgi, fiǧgi derrière : faale, were désacord : gamge désagréable : gofyon désaprouver : ngerge nene descendance : were descendre : cuwaage, ǧiigi go désenfler : bolofge, laage désenvouter : buǧgi déséquilibrer : geleŋge désir sexuel : fegge nene, karway, say désordre : hãy, juguǧgi dessiner : kilirgi, yerge dessous : were dessus du pied : faale ǣaale détacher : buǧgi, pogge détériorer : ǣlage déterrer : furuggi détourner : turusgi détourner l’attention : yõõge ti détritus : jaare détruire : wesegge dette : ǣeere devant : nen pele, pele devenir jeune homme : naage joo deverser : kaage go dévier: turusgi devin: je halge devinette : jag joo dévisager : herge devise de chasse : hay dévoiler : le’ge were devoir : mo
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deux à deux : jag jag diable : manhuuli diarrhée : swaage dieu : baa différent : sare difficile: gaali difficilement: gaggage digestion : jiggi diguette : dam dilater dans l’eau : bolorge dimanche : dimaasi diminuer : ferge gesiŋ diminuer en volume : mbogge diphtérie : dwee-fiiribii diplomatie : hiila dire : riŋgi, wããge, wiigi dire du mal de : caage wer discret : koǧge jage discussion : faare discuter en détail : ǣagge disjoindre : wa’ge disparaître : basge dispensaire : lopital disperser : dusgi, mberge disposer en ordre : cirgi dispute : kokway distance : mbeeda distant : farge ǣil distiller: ǧiggi de l’alcool: yuugi argi distraction: lirgi distribuer : ǣesge disséminer : dusgi dissoudre : ngoroǣge, tõõge dissymétrique : geǣlew
divination : halge divinité : soo diviser : celerge, ǣrewge divorcée : gawlaŋ divorcer : busgi dix : hwale dix huit : ti-nenma’ dix neuf : ti-kawa’ dix sept : ti-harnam docteur : dokdor doigt : we doo donc : so donner : hãge donner des conseils: ferge wããre, riŋgi dont : maa ga dormir : le’ge naa dormir les yeux ouverts : naa twee dos: faale dos de la main : faale doo dot : horog maa wãy douanier: duwaane douceur: coo doucement : se ta’ doute : faare, marfa douter : dawge douze : ti-ǣoge drap : latra drapeau : drapo dressé : deŋ, giiri, ka’a, taǧtaǧe dresser: balge droit: deele, giiri droite: ware à droite: doo ware dru: biǧbiǧii, boǧboǧe dur: garaŋ dureté: jaŋre durcir: jaŋge, cirgi durillon: tiŋriŋ
E, e eau : bii, bii salaŋ éblouir : yirgi ébouillanter : siǧgi ébranler : gedge écarquiller les yeux : yorge nene écarter : huwe‘ge maŋge ǣili, wa‘ge échanger: cooge écharpe : mbalaga échassier: sasiya échauder pour plumer: yolge éclaircir :badge, karawge éclairer : teege ngele éclat du soleil : cege éclater : caage, mungi éclater en morceaux : mbuggi école : lakole économiser : begge écorce : ǣologe écorcher : toloǣge écosser : henge écouter : laage écraser : nderedge écrire: yèr ge écrit: keftere éduquer: haǧge, jaŋge écureuil : ǧaŋ effilé : selwede effriter (s’) : heresge égal : dégà’a égaré : keǣleŋ égarer: somge égarer: welge, yeege égocentrisme : haram égorger: nga’ ge égouter: fir gi égouter (s’) : ur gi
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égratigner : ngolorge, tirgi, toloǣge tagtããre, ããge égratignure: kiriggi éjaculer: toge feere élargir: gingi, holomge éléphant : bale eleusine: to’om élever : geege élever (s’) : urgi ciŋ elle : hene, ne se, à elles : hããra, ra, saara elle-même : mbe elles-mêmes : mbaara embarras : ngiǧgi doo embellir : woo ge embellir (s’) : gràgge sè embonpoint : gobre embranchement: larga’a embrasser : kelewge embrouiller : hãyge émettre des sons : sùwàa ge émietter : horosge, wesegge émonder : kolo’ge émousser : dirisgi empêcher : caage empiffrer (s’) : siliggi empoisonner : joŋge, gun ge empreinte : blam emprunter : taage emprunter sur gage : tuugi en bas : gesiŋ enceinte (être) : mange ǣiili encercler : caa ge ti enclos sp : gelaŋ enclos abandonné : tabuli
enclos familial : tiŋ encoche : gaǧge encore : pa encourager : coǣge endormir (s’) : le’ge naa endroit : ngele enduire : tagge, korge enduire de poison : ǣo’ge nee waa énerver (s’) : sõõge ǣiili enfant : wee klee enfermer : hulgi enfler : faǧge, wuugi, erenge enfoncer: muugi enfoncer (s’) : yoǣge enfumer: biggi engager (s’) dans le gurna : nii gi gurna engloutir : rege engoulevent : leǣre engraisser : goǣge enivrer (s’) : taage enjamber : cegaǧge enlever : naage ennemi : je hee enrober : kaage enrouler : deege enseignant : jè haǧge, medere enseigner : haǧge ensemble : kuruǣi ensuite : day entasser : ceŋge, corge ti entendre : laage enterrer : teege entier : halla entier (en) : ǣuy entorse : mburguǧgi entourer : kiigi
entraîner (s’) : jaŋge entre : holaŋ entrecroiser : garagge entrée : jage entrer: kalge, ser ge entremêler : legaǧge enveloppe : anflop enveloppe de fruits : flegre envelopper : kuugi envie : huni envieux : ǣiili envoler (s’) : urgi ciŋ envoyer : ǣo’ge envoyer un message : ǣo’ge soole, tagge épanoui et résistant : birbiri épanoui : tenene éparpiller : buggi, mberge, rayge épaule : jag bay épée : musalam éperon : celan épervier : gurugi épi : mbeere épidémie : bulfuŋ épier : begge, cegeǧge épiler : yweǧge épine : hõõre épingle : pengele éplucher : talge éponge végétal : fen kor han époque : ngele épouse : wãy épouse (co-) : man gene épouse du père : maa be épousseter : leǧge époux : ware épuisement : hugli épuiser : sayge
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épurer : galge équilibrer : geǧerge érection : maŋ ge gèr ergot (de coq): defe escargot rond : duudu esclave: gebee esprit : sõõ esprit maléfique : manhuuli esquiver : naage naale essayer : liwgi, gusgi essence : noo mooda essorer : cam ge, hããge essouffler(s’) : hor ge essuyer : saǧge essuyer les fesses : tagge est : wère est-ce que : ge, yaw la estimer: kee ge estomac: man-cew et : lay … lay étagère: cay étaler: barge étaler du mil : yiŋgi coore étang : goloŋ éteindre: iigi wuu étendu: pidigi éternuement: cwiiri éternuer: cwiigi étincelles: welwel wuu étiré : jididi étirer: sir gi étirer (s’): mbèd ge étoile: gere étonner : grisgi étouffer : guǣgi s’étouffer : joge puuri étranger : hãy, waare étrangère : mãy étrangler: õrõgge kiŋ être : diŋ, yaŋ
être à charge : neege jobo étriqué : geban étroit : kreŋ étudier qq’un : lam ge étui : fra eux : ra, saara, hããra eux–mêmes : mbaara évangile : wããre Baa évaporer (s’) : õg ge événement : rèe évidé : hoŋ évider : suggi, hologge évider avec soin : bar ge espacé : ràwràw éviter : celge exact : nan exciter : yirgi exclusivement : say excréments : mbiiri excréter : eege exiger: sawge, wiigi exiler (s’): somge exister: yaŋ exprès : re’e exprimer : wããge exténuer : say ge
faire : joŋge faire à sa guise : mbudgi jage faire de la fumée : naage cugi faire des histoires : yefge wããre faire du feu : firiǧgi wuu faire entrer : muugi faire mal : ceege faire semblant de lancer : hagaǧge
faire sortir : corõ õǧge faire une raie aux cheveux : naage ti faire-part de décès : soole faîte : ti faîte du toit : tipeege tiŋ familier : haǧge famille : ti ǣiini, kaw famine : koŋne faner : baǧge, puugi fantasque: kii gi ti fardeau : mo bone farine: coo fatigue : gayri f, F fatigue de l’accouchée : face : pele mãw en face : de pele fatiguer : gayge, ngarge fâcher : sõõge ǣiili faucher : saŋge facile : gusi faucille : san façon : ngare faucille à deux lames : fade : keǣe bikordo fagot : ǣaare fausse-couche : ǣo’ge faiblesse : hugli mbarga, cwaage ǣiili faillir : le’ge faut (il) : da-gà faim : koŋne féliciter : joŋ ge suse’ mourir affamé : laǣge femelle : tuwãy faim de viande : cega, femme : wãy, pl naare sãy
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femme enceinte : ǣiili fémur des animaux : smburi fendre : beresge, mun gi fennec : wee fentes dans la terre : ǣorè fer : boo fers de prisonier : gejam fermenter : jiigi buuri fermer: teege, teǧge, tegge, kuǣgi fertiliser : sõ’ ge pay, rumgi fesse : gologe, nay gologe force : egre forticule : gogo coore feu : wuu faire du feu : fuggi wuu feuille : sug koo feuillet : ka ãy fiancé : nday fibre : sãraw ficelle : saale fièvre : cege figuier : hoo, kumkuma figuier (jeu de pions) : yii fil : sãraw filer : bo’ge mbaraw filet de pêche : bay, dama filet de transport : cirag fille : mãy fils : wele fils de chef : yarma filtre : hãw filtre à sel : caaga, tilgi filtrer: ǧiggi, yuugi
filtrer la bière : curgi fin : kefkefe, legeǧe finir : tawge flacon : klobo flamme : wuu flâner : hàl ge flaque : debdeb flèche :waa fleur : fuǧgi koo fleurir : fuǧgi flexible : gidiw flots (à) : bitbidi, botbode flou :cirim cirim flûte: coo foie : jiiri foin: hõõ fois : ǣaale folie: tiigi folie douce: gufa, loǧge foncer : rumgi foncer sur : dug gi ti fonctionnaire : je wuu fondre : ngoroǣge fondre la chaleur : duwalge fontanelle : ti hiliggi forcément: ǣakla, mbale, mbegte’e forge: munguuri forger : tooge forgeron : je too ge forme (en): bolor ge former: balge fort : cam, kiŋkiŋ, kuy fou : je loǧge, je tiigi fouet : mbreŋ, dambeelè fouetter : jwa’ ge foule : ngaba fouler : mburguǧgi fourche : ǣerewge
fourmi : ngoloro mucuycuy, museleere, tagtããre, timee fourmis (avoir des ) : baŋge fourrage : hoosabe fourreau : fraa foyer : suwee fragile : tulusi fraîcheur : lom frais : depãy, tenene français : jag wuu franchir : cegadge francolin : kukwe frapper : ma’ge frapper en vol : legawge frayeur : molare frein : freŋ frère : heŋ be, heŋ bo, mãy-gemaa, wel ni baba, wegema, wel pan be, welpee frétiller : durgi friper : ruwagge frire : eg ge froid : ceere froisser : regosge froncer les sourcils : ngerge nene fronde : garfuyda front : pele frontière : haagu frotter: giridgi, gõgge, korge, nange, piggi fruit : le’ ge koo fruit de l’acacia albida: geŋgeŋ fruit du savonnier: degorgore fuguer: som ge fuir : dange, ǧee ge fuite : ǧee fumée : cugi fumer : naage cugi
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fumer du tabac : ǧaage cugi fumer(du poisson de la viande) : haǣge, siǧgi fumure : rumgi funérailles : yii huuli fureter : cerenge furoncle : man dwee, man waŋ fût : goŋgoŋ g, G gage : tuugi gagner de l’argent : yããge sungu gagner au jeu : reege gagner une compétition : daŋge gâle chez l’homme : darmay gâle chez l’animal : torso galipette : gidigli garde-bœuf : kãkra garder : koǧge gardien : gardi gargoulette à bière : daŋ garrot chez l’animal : bay gaspiller : rayge gâter : ǣalage, geleǣge gâter un enfant : sã’ge gauche : guri à gauche : doo guri gaucher : guri gauler : juwa’ge gaver : jebge gaz gastro-intestinal : mbiiri gecko : suwelge geindre : mdumgi gémir : ndumgi
gencive : nãy saŋ, tiŋriŋ gendre : yaabe, man nee générosité: yaŋ génie: soo génie de l’eau: barkage genou : koyogre gens: jare gentil: de yaŋ gentillesse: yaŋ germe de mil : waa cõõre germer : tiigi, tidgi gibécière : man cew gibier à poils : nãy giffler : belge doo ne, haragge doo giraffe : man pir baa gland du penis: hirlin, ti-ǣiini glissant: ndarda glisser : naage ndarda glouton : je ǣiili glume : hoole gober : siliggi goinfrer : siliggi gombo: luuri gommer : giriǧgi gonfler : hoǣge gonfler d’air: fulgi gorge:kiŋ gourde: laŋ gourmand: je ǣiili, je koŋne goût : cõõre goût sans : kubi, keǣe goûter : liwgi, gusgi goyave : goyaf grain de beauté : tebee grain de sable : karkiya graines : mbeere graine : weela
graine de coton : hm mbaraw graisse : noo grand : kluu, kowawaw grand nombre : ngaba grandeur : geere grandir : geege grandir vite : jawge grand-mère : kaabe, kaka grand père : moobe, momo, yaabe grater: wagge grater le sol: furuggi gravier : jeãy grenier en argile : boole grenier en paille : puuli griffe : fuygi griffer : ããge gri-gri : laya griller legèrement : haǣge grimace : fuuy grimper : ǧiigi grippe : dwee gris : jayjay grommeler : ngurumgi jage gronder : caage põõ grondement : samge gros orteil : man-baale gros yeux : ngerge nene grossesse : ǣiili grosseur : goǣre grossir : goǣge groupe de travail : torla grue couronnée : ngari guêpe : tibuuri guérir : peege guérisseur : je segawge guerre : durgi guetter : begge gui : fiyen
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guidon : gidon guitare: dilna, titili H habiller : laage habituer : haǧge hacher : carge klaaǣe haie : laaǣe haleine : ngernegu hanche : koŋ haricot : ãy yaale harpe : dilna harpon : gucuweke hasard : hãy hâter: temge hausser les sourcils: naage nene hauteur : geere, tipeǧem-peǧem hennir: buygi herbe: fi hérisson: gecemgecem hériter d’une épouse : hooge wãy herminette : klaǣe hernie : soole hernie inguinale : hangare hernie ombilicale : pãy ǣiili héron : angare hésiter : dawge, mbarawge heure : lere, wuri heureux : feh hier : su hippopotame : kere histoire : ree hocher la tête : caage ti homme : bolo homme : je tware homonyme : mberge
honte : soore hôpital : loptal hoquet : hidgi houe : son huile : noo huit : nenma’ huître : gefergen humain : je tabay humide : depãy humidité : loom hurler : ngarge jage hyène :puy
indécis : mbarawge indiquer : ngaǣge indolence : cuwaage indolent : lumudi induire en erreur : joŋge nene inévitablement : mbale infecter : jubgi infirmier : dokdor inimitié : hee initiation : gonogay, goni initié : pay, culculi, goo I, i non initié : lugud injecter: ǣe’ge ibis : giwgiw insecte: gogo ici : hõ’, la insecticide: fuduri idiot: loǧge insérer: serge igname: dawa, ǧew inspecter un champ: ignorance: mbukru range pay il: se, saara, woo instable : karlaw île : kaali instant : doolatu ilot : denderen instrument de musique : dundulun, jawlan imaginer: ǧegge instrument de musique à imbécile: je loǧge cordes : titili imiter : birgi jage immédiatement : paǧ, iris (œil) : pããre nene irréflechi : je lirgi sok irresponsable : je loǧge immerger : luǣgi insuffisant : peege impair : helleŋ imperméable : õõbe insuffisant en taille : gebaŋ baa impliquer : ǣo’ge ree, insulter : ǧarge intelligent : koge kelewge interdire : diggi, mange impôt: limpo, grama jage incendier : duugi interroger : wiigi jage inceste : yoo intestin : ǣiiri, gororoinciser : weege ǣ iiri, weereǣiiri incisive :weere saŋ ivraie : birgili incliner : jelge incommoder : kolorge inconscient : bugge j, J jage
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jabot : kulkul jabot des batraciens : kungulga jabot du coq : kul bolo kage jadis : ǣaǣaa, ǣaa jalousie : huni jamais : hase jambe : ǣaale jambières : gãã janvier : few ceere jarre : cããge, hoole, jiŋ, loone jaune: bufbufi je: ndi jeter: ǣo’ge jeter un sort: gungi jeu: hrage jeu de cartes : caca, kos jeu de cauris : caca jeu de pions : ngãy, põõ jeune : klee jeune fille : mãy jeune mariée : mãy waare jeunesse : jõõ joie : friigi joue : haw jouer de la harpe : ma’ge dilna jouer du tambour : ma’ge timbal jour : wuri juger : caage kiida juillet : few gumugi juin : few baa, few yaale jujubier : ǧeere jumeaux: geere jusqu’à: hãã juste : kiǧede justice : kiida
juxtaposer : rapge
lapge, larmes: mberbe lavement: parge gologe laver: yogge k lécher: seǧge léger : gefeŋ kaolin jaune : bardage légérement : cercer kaolin rouge : giri légume : sug nee karité : suwaare léopard: bele kepi : kepi léper: cii kilogramme: kelew lequel: hun là klaxon: coo mooda lettre : keftere, ledere leur: ǣaara, saara l, L levée de deuil: yi’ huuli là: hã’ã, ho’o, ni lever : urgi cin labourer : parge, jeege lever les yeux : mange labret : dorno, gawlaŋ, nen ciŋ weere jage lever une malédiction : lacet : lay, saale sulye fããge laideur : mbaramga lévirat : hooge wãy laineux : gujur lèvre : nãy jage laisse : taŋ levure : defõõre, pããre laisse en métal : rice’ yii laisser : menge lézard : gefeǧgew, lait : pãã, kumbore tuborbore, suwelge lamantin : gangan liane : guweere lambeaux : caragge libellule : mãy jag baa lame : saŋ libérer : bereǧge lame de rasoir : liberté: jam, ti se ǣo lasware, mo cee ti libre: baran, doo lamentations : roo lampe à pétrole : lamba lie de bière: doroǣe, duurdur lance : jaw lier : bange, damge, lance-pierre : ǣo’ge lancer un harpon : so’ge kelewge, sa’ge lancer des youyous : lier côte à côte : rapge lieu : ngele uwaage yegre lieu d’initiation : lanciner : large hurugi langue parlée : jage langue (muscle) : ligoter : bange, paklam lignage : were turum lanière décorative : lew ligne de pêche : tiǧeǣ limite : haagu lapin : tuwee limiter : mange jage larcin : kiǧegge feere limnée : kooje largeur: diy
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linceul : bakda lion : mingiri liquide amniotique: ti bii lire: jaŋge lisse: keleǧe lisser: gurgi lit: ǧeere lit en madriers: preŋ lit de ruisseau: pore livre: keftere loin: hãã au loin: kal kal lombric: muyurǧu longueur: pããge longtemps: holaŋ lorsque: de maaga louche: geǧekre loup: way baa lourdeur: põõre louvoyer: huggi luciole: welwel wuu luette: fi, fenkiŋ, waakiŋ lui: hene, ne, se luisant: kẽk lumière:wuu lune: few lunettes: dondolon lutte: ngu m ma: ǣi machete: kupkup machine à coudre: tayere machoire: gegarga magnétophone: radyo mai: few jo’ge maigre: kere’ge maigreur: ngogre maigrir: ngogge, yweǧge
main: doo maintenant: matãrala maïs: caare mbaala mais: ane maison: tiŋi à la maiosn: liŋ maître d’école: medere majorité: daŋge mal de tête: ngarge ti malaxer: waŋge malchance: hoǣre mâle: tware malheur: gayre malice: ǧeŋ malin: cwer malle: komrom malmener: joŋge coo maman: mama manière: ngare manières: hilla manioc: mbay manger: rege, joge, soge manger sans sauce: hoǧge mangue: magroŋ manquer: peege ti mante religieuse: maawayway marâtre: maabe marc de bière: gisiǧgi yii marche: seele marché: lumo mare : goloŋ margouillat: gefeǧgew mari: ware mariage: dage wãy marmite: teǣoole marmite de bière: tumbuulu marmite á sauce: tum nee
marmonner : ngurumgi jage masser: kaǧge, waŋge matelas: matala matin: ngel teege maudire: fadge mauvais: ǣlagge me: me, ndi méchanceté: hãã méchant: de hãã mécontent: sõõge meilleur: ǧawa mélanger:tayge melon: mantibãy méningite: ceege soole mensonge: gete’ menstrues: sage, way mentir: cage gete’ menton: tamu mère: mããbe belle-mère: man nee merci: suse’ mes: ǣi message: peele, soole mesure juste: ga’a mesurer: ngaǣge métal: boo métaphore: jag jõõ mettre: heege mettre à l’écart: laage day mettre à mort: ‘warge mettre bas: ce’ge mettre côté à côte: taǣge mettre en gage: tuugi mettre en lambeaux: ceragge mettre en ordre: kene’ge mettre le feu: do’ge meule: niini miel: noo yõõre
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mil: coore milieu: ǣili, diy, gisidgi mille : ndare mille-pattes: gifiigiw million: mbilyoŋ mince: lemma ministre: minisdiri moi: me, ndi mois: fe moissonner: weege moitié: doŋ, reeda molaire: gegarga mon: ǣi monde: tamsiri monnaie: sungu monstrueux: mbuǧgi montre: lere montrer: kange nene moquer: fegge ti mordre: loŋge mort : huuli, man huuli les morts: jar ǣi tu mortier : saŋne morve : duwee moteur : masiŋ mou : lemaǧe, tulusi mouche : kwãy moucher : fẽẽge dwee moucheron:burum burum mouchoir de tête : salabi moudre : naŋge moudre fin : sogoǧge moudre grossièrement : harge moue : beleǧge jage mouiller : taŋge mourir : huugi mourir de faim ou de soif : laǣge mousse : defoore
moustache : piŋ maa jage moustique : tuway moustiquaire : seŋge mouton : sam mue : gufore muet : kam muet d’étonnement : ba’a multiplier : jawge tesge Mundang : mbarhay, mberheere mur : giligi, kore mur de paille : nen tiŋ mûrir: ruggi, le’ge were musaraigne : gejõõli musique : jõõ musulman: je ma’ pel plata
oindre : tagge oiseau : duwee ombre: nen-cee omoplate: bay on : a onchocercose : pew oncle maternel : niibi, nii oncle paternal : paabe maa klee ongle: fuygi onze: ti boŋ opérer: mbuggi ôter: naage or : paga , pere’ ga ordonné: circir oreille : sugi oreillons : wugi kingirin orgasme: toge fẽẽre o, O n, N origine: were objecter faage nager: ‘eege bii Orion: jar freŋ obliger : sogge naître: biŋgi orner : kne’ge obscurité : sungu narine: rum huy obsédé sexuel : karway orphelin: holge narrer : siigi orteil: wel ǣaale observer : lamge, erge natron : bilme obstination : kalbade gros orteil: man ǣaale natte : fen suuli, hiigi obtenir : da’ge ortie: hoole nausées: hooge jage obturer : rebge os: hm ne.. pas: bay…wa, ga, occiput : gore osciller: geleŋge wa occuper (s) de : ǧawge où: gene, gen la, genǣa nettoyer : fããge ou bien : no ga doo neuf : kawa’ octobre : few kag ou encore : ti ga neveu : naabe odeur : foore ou peut-être : ti ga nz : huy oeil: nene oublier : yõõge ti nièce : naabe oesophage: kiŋ ouest : wur bolaw nier : faage oeuf: paare oui : ãã nivaquine : kinin offrir de la nourriture : ouvert : bungi, hoŋ niveler : bagge jage ouverture : jage kange jage noeud: feŋ oie : dodo ouvrir : bulgi noir: tabay oie de gambie : fu ouvrir les yeux : caage noix de cola: goro oignon : teme nene nom : ǧu oignon sauvage : ovin : sam nombril : nen pãy madelay nombreux : debaŋ nommer : ǧege non : bay wa nord : glon hwede notable : jar ǣaale notre,nos : naa, wuuri nourrisson : mbarga nous : naa, wuuri nouveau, nouveauté : defãy de nouveau : pa nouvel an : ngel teege novembre: few maa faale few nuage: suwaare nuit : suŋsuŋ, sungu nuitée : naw numéro : lamba nuque : ginege
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p pagne: farda paille: lay pain: pẽŋ paire: jage, tubi, jugi paisible : desãy paix: jam palabre: faare palissage: kore palmier doum: hare palmier rônier : goomo palper : du’gi paludisme : huhu pancréas : baali panier : kerge panse : man cew panser : sa‘ge waage pantalon : pondolon, cirla panthère : bele papaye, papayer : daguje papier : derewale, keftere papillon : gibir-gibiri paquet : sage par terre : gesiŋ parallépidede : labrage paralyser : labge paralysé des jambes : gurum parc à bœufs : kaw day pardon: kam kam pareil : dega‘ parent , parenté : kaw paresser : cwããge parfois : maa po parier aux cartes : parge parlement :tayge ti parler : wããge parler à tord et à travers : kafge wããre
parler trop : parge wããre parmi: yoo paroles: wããre parrain d’initiation: pãy partager: ǣesge partie: palaŋ partir : rawge partir de bon matin : caage ngele partir en courant : laage ǧeere passage dans une palissage : ywaale passoire : hãw passer ailleurs : heege kare passer une année : kiŋgi passer une journée : siigi passer une nuit : nage pasteur : pastere patate douche : kutaku patrilignage : were patte : baale, kuyor, saage paume: ǣi coo doo paupière: hul nene pauvreté: coo pavaner: je er.ge peau : hõõge peau tannée : faage pêcher avec une nasse : dagge cee pêcher en groupe : cooge bii, cooge cee peigner : curuggi peindre : rããge peler : talge pélican : guboo pelle : pele pellicules : kofafiiri pencher : jelge
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pencher en arrière : le’ge gor pendant : nen pendre : sa’ge ciŋ pénis : ǣiini pénicillaire : cããre penser : ǧiggi penser à : kaŋge ti percer : feege, firidgi, ndulgi, tungi, colo’ge perche de piroguier : padam perdre l’éclat : corge perdrix : kukuwe père : paabe, pan, baba, pee, poo perfidie: huni perle de kolier: redew permission du militaire : burmuson personne : je, je tabay, jobo perturber : fãyge peser : pooge, ngaǣge pétales de l’hibuscus : pordo péter : yogge mbiiri petit : dokray, kelee petit de taille: mbew petite taille : jeǧeŋ petite fille : moobe, kaabe momo petit fils: moobe, kaabe petit neveu : moobe, momo pétrir : yaŋge peu : de’e, me’e, mbage plantes : ǧeege doo rancune : wããre ǣiili, ǧawge wããre ǣiili rang : sara’ge poinçon : waa
poindre : laage waa poing : guŋgi doo pointe : ponde pointu : ǧew, ndelem pois de terre : mogaraŋ poison : gurko, saŋgu poison: nee waa poisson : cee poitrine : jiili police : polisi pommier de sodom : poole pondre : ǣo’ge paare pont : pon porc : gaduuru porc-épic : deem porte : jag tiŋ, laporte porte bébé : faage mbarga porter au pouvoir : hayge ti waŋ porter malchance : hoǣge poser : kaŋge poser contre : jagge poser sur la tête : kaŋge ti position assise : ye’e possession: ha’ge soo, huwayna postérieur: gologe postillonner: purgi pot à bière: daŋ pot à sauce : gesonge poteau : fãy, gefãy poterie : booge pou : tende pouce : man doo poudreux : legede poule: man kag poulet: kage poumon: bofe
pour destination: maa pour bénéficiaire : ne pourquoi : ga-le-la pourrir : buugi, so’ge pourtant : pa ga pousse d’arbre : goldon pousser grandir : geege pousser accouchement : er.ge pousser des cris : ‘wage ware poussière : ǣurgi poussin : kuduk kage préfet : berfe premier : jag cu en premier : tangu première épouse : man kom prendre : maŋge prendre du recul : maŋge were prendre en charge : ǧawge doo prendre la place : cooge ti prendre le parti de : kayge ti préparer : ’uy gi préparer une sauce, une bouillie : defge préparer de la bière : kaŋge yii préparer de la bouillie : defge kere préparer la boule : ǣo’ge hoole prépuce : nee ǣiini près de : ǣan, ǣin préserver : gaǧge président : persidan presser, essorer : hããge presser : coroǧge, tuǣgi
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presser doucement : hegge presser (se) : temge prêter : taage prêter attention : hooge sugi prêter serment : longe soo prêtre catholique : pere prévenir : riŋgi prier : tosge prier avec insistance : kamge priser : fõõge cugi prison, prisonier : dangay prix : yoo proche : mbaŋ proéminent : ngiryin professeur : je haǧge, medere profond : kuǧum peu : deflega prolonger : mbeǧge promenade : raŋge promener : raŋge propre : cuwelgeǧ prostituée : gawlan protéger d’un sort : gungi protéger un champ : lubgi prosterné : mundara prosterner : gonge protester : faage protubérant : ngoryon provoquer : du’gi, kiǧgi jage, kiǧgi wããre provoquer en paroles : gẽǧge jage puce : tewǧege pudeur : soore puis : day
raccourcir : tonge puiser : ǧaage racine : gurkoo, kããge puisque : lay no racloir : halakle puits : tugi racloir de cuisine, de pull-over : tirko portière : gefergeŋ purifier : porge raconter : birgi, siigi, pus : saŋre python : we cuwee, wel yalge wããre radio: radyo jobo, wel waŋ rafraîchir: wooge raie des cheveux: pere q raisonner : ruugi quand: de maa ga, hun ramasser : farge, hooge ramasser en tas : la toromge quatorze : hwal ti naa ramifier : ǣerewge quatre : naa quatre pattes : kirnigi ramolir : taŋge, cããge que : maaga, ga ramper : kirnigi quel : hunla ranimer : birgi quelconque : po ranger : bagge jage quelque chose : mo po kene’ge rapidement: kum quelque part : ǣanla quelque temps : rapidité: parday rapiècer : jagge semeega rapporter : begge quelqu’un : jobo quémander : rooge, waare, siigi rapporter sur : laage ‘waage querelle : waŋ, kiǧgi huuli rapprocher : kosge jage ras bord : fefe queue: waale raser : ceege qui: maa ga, wo se quiconque : wose la rassasié : kããge, wuugi rassembler : tayge ti ǣuy rat de Gambie: quinze : hwal ti dwee mburgum quoi : mãy ne, mãy se, mãy….la, mãy….ne, rate: baali rayer : yer.ge, kelerga ela, ga la ga razzia : poo recencer: yerge r recevoir: da’ge récipient : kop raboter : gurgi réciprocité : kããra, ke rabougri: gerdem raccommoder: ‘uweege récolter : caage récompenser : poǧge raccourci: caage ti réconcilier : tagge jage
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récoudre : ma’ge nene recracher : ferge recroqueviller : roǧge reculer: homge redonner vie : baǧge refaire : dogge refouler : toǣge,ẽgge refroidir : wooge refuser : peŋge, ẽgge refuser de rendre : caage waŋ regarder : kooge regret : marfa régulièrement : cerep reins : hẽẽre, sage rejeter : duggi relier : jagge rembourser : poǧge remémorer : diggi remettre en : kene’ge remords : marfa remplacer : cooge ti remplir : baage remuant : gerǧew, karlaw remuer : fuygi renard: baygama, wee rencontrer: da’ge, yiŋgi rendre : busgi, ferge rendre droit : doǣge, pointu : ceǧge renifler : fõõge renverser : kuǣgi renvoyer : busgi, niigi répandre : durusgi, rayge réparer : bagge, kene’ge repartir : fange répéter : dogge répiquer : peǧge répondre : yiŋgi jage
reposer : ǣo’ge egre, iggi réprimander: ruugi répudier : busgi répugnace : menyeede réserver : diggi résister : coǣge, mange doo respiration : poore respirer : ǣo’ge egre ressentiment : wããre ǣiili resserrer : lerge ressouder : jagge ressusciter : birgi restant : tee rester : guwa’ge rester debout: ooge restes (nourriture) : furum-hoole, tãy restituer : ferge retard : blam retarder : baage ti retenir : diggi retirer : mange, hogge retourner : cogge le, ferge, homge retourner à l’envers : mbudgi rétrécir : mbekge, tõõge rétribuer : poǧge réunir : tãyge ti réveler : le’ge were réveiller : puygi revenir : coge le, ferge rêver : luwa’ge révolter : ngelge rhumatismes : tugwaare rhume : dwee richesse : horoge rideau : kelebe rider : ruwa‘ge, togge
rien : koǧe rigole : pore rincer : keǧge rincer en secouant : gujuggi rire : fegge rivière : maaroge, piyew riz : tijam, jam rognon : hẽẽre rond : delele, horlon ronfler: hongorge ronger: kolo‘ge, pasge rosée : meebe roseau : fiiri-bii, hoo roter : jiigi, gernegu rotule: helen kuyõgre rouer de coups: bumgi rouge : desẽẽ, jilenlen, jinjin, juwãy rougeole: kotor-kotor rougir: juugi rouille dans la poussière: gufurgi rouler dans l’eau : bulumgi rouler des fibres : dẽẽge, parge saale rouler en poussant : legaǧge rouler entre les doigts : kaǧge rouler par terre : hululgi rouler : lasge rouspéter : kide’ge roussette : gulee-gulee route : faage, balam wuu roux : seeru ruer : furumgi rugueux : hasgage ruissellement : loge ruminer : sogoǧge
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ruse : ǧeŋ s, S sa : ǣe, se sable : budufi, duguǧgi sac :, ndare sac à main : sage sac à mil : bugu sacrifice : co’ge sõõ, fuggi, porge, siigi saigner : mungi cii saisir : baage, mange saison : ngele salade : suk ne sale : ǧage salé : gelage, leklek, luk salir : demge, puugi salive : sããre saliver : salagge, lawge sããre saluer: heege jage salutation: mange doo, suse’, conge sandale: taarage sang : cii sangloter : hiliggi sans : bay sans cesse : corog saouler : taage satan : man huuli, cuwee satisfaction : wuuri satisfait : feh sauce : nee sorgho : donlon, musukwaare sorgho rouge hâtif : gara sortir : kalge, coroǧge sortir d’embarras : naage saale soole
sortir de terre : tiigi sosie : tee souche d’arbre : gur koo soucieux : diggi soudain : seŋ, tuseŋ, tu souffler : fuggi, fulgi souffrance : bone soulever : puǧgi soupe : nee source : kããge bii sourd : ndigrin souris : kulum sous : were soutenir : coǣge,deŋge souvenir (se) : ǧiggi souvent : sagsage, tum sperme : feere stérile : geǧge sternum : denderen jag jiili stupéfier : ngilgi subitement : tuseŋ,tu succès : rusgi sucer : soǣge sucer des épis : kuǣgi sucre : sugare « sucré » : jibidi non sucré : dewdew sucrerie : bonbon sud :wãy baane sueur : gibigri suffire : kããge suffisamment : ma’a suicide : hagge ciŋ suie : birbi suinter : camge, curgi suite à : blam,were suivre : baage blam suivre des conseils : hooge sugi support de poterie : geǧew
ténailles : bogam tendon : kããge tendon d’achille : kerdew tendre la main : conge tendre un piège : gungi ténia : sii tenir : ǧawge tenir en équilibre : geǧerge terme à : de’ge t terminer : tawge termites : miyer, soore, ta : ǣo suuli tabac : cugi termite ailé : tiŋni table : tabuli termite soldat : tabouret : paale mbiringitin tacheter : yerge termitières : purgum, taciturne : mbululum suuga, suuli, tinni tact : hiila ternir : corge taillader : nga’ge terrasser : bawge taillé : ndelem terre : tamsiri, siri tailler : ceǧge tailler pour nettoyer : terre sablonneuse: puuli territoire : siri horogge taire : hemge, saage testicule : mbay tête : ti jage téter : joge pay tamarinier : bããre téton : jag pãã, jag tambour : timbale wããre tamis : deme têtu : ngelge, tipẽẽge tamiser : gas.ge coo thé : say tanguer : gelenge tiède: desãy tante : naabe tièdir: wooge tarir : õgge tige: heege taro : bogolo tige sucrée: yeege tasser : cenge tique des animaux : furi taureau : blo day tirer : fuugi, mbeǧge te : mo, ndo tirer vers le bas : sololge teindre : baage, raage tison : jaŋre wuu téléphone : telfon tisser : mbaraw temps : ngele tissu en coton : godon témoignage. tawgi tituber : tibalge témoin : je tawgi toi : mo, ndo tempe : palanga supporter : soǧge sur : ti surdité : ndigriŋ surpasser : daŋge surprendre : hooge nene, naage … doo surveiller: gorge, koǧge suspens (en) : giggi syphilis : coldo
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toi-même : mbo toile d’araignée : bay toit : jegale toiture : tiŋ tomate : dimasi tombe : tipaale tomber : le’ge tomber enceinte : mange ǣiili ton : ǣo tontine : pare torche : gere, torse tordre : pereǧge, diigi tordu : kerweǧen, korǧon se tortiller en dansant: terge tortue : degurhoole tôt : mbuh toucher : du’gi, lamge touiller une sauce : girgi toujours : sagsage, tum tourbillon de poussière : gurleege, siwil tourner : legaǧge, caage tourner autour: kiigi tournoyer : fidgi tourterelle : kurgudu tousser : helge tout : ǣuy toux : hele trace : blam tracer : kilirgi tracer des sillons : paage traîner la jambe : kirgi traîner par terre : kogge traire : hããge tranchant : de saŋ trancher : kafge tranquille : deemes, degede, sedem tranquiliser : lawge
transformer : kolge transgression : yoo transpercer : juwa’ge transpercer d’une lance : so’ge transpirer : nguruǧgi transporter : soǧge transvaser : kolge trapu : tir travail : joŋre travailler : joŋge trébucher : farge treize: hwal ti swa’ tremblant: latlat trempé: nguruǣgi très : debaŋ tresser : taage, tadge tresser une natte : yalge tresser une paille : tããge tribunal : jag dangay tricher : cuggi nene tricher aux cartes : tõõge tricot : tirko trier : fange triste : sooge tristesse : coo triturer : hosge trois : suwa’a trompe d’éléphant : doo tromper : jaage, yeege trop : debaŋ troquer : cooge, corge trou : ruum, tu trou d’eau : gedele trou de termitière : ruum-tiŋni troubler : dobge, hãyge trouer : feege troupeau de bœufs : dẽẽre trouver : da’ge truc : mo, mopo
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tu : ndo tubercule: kããge tuberculose : deboore tuer : iigi, ‘warge u ulcère : guwee un : boŋ une paire :: nene un à un : boŋ boŋ l’un l’autre : ke, je lan unique : boŋ, wad boŋ uniquement : tawa unir : leege urine : tõõ uriner : toge tõõ urticaire: daswa user: rege user en frottant: hosge utérus : ngel weere v vache : man day vagabond: baraŋ, dagaare vagin: meene, tu meene vague: kangaw vainqueur: bulum valeur : gofe valise : komrom valoir : ngare vanner : fa’ge vannerie : tããge vanter : ja’ge varan :caŋ, puw varicelle: kotor-kotor variole: duwee fiiri bii vaste: pidigi, lit vautour: gebege veille : su veiller sur : gorge ti
veiller le soir : ǣilgi nene veiller toute la nuit : nage podak veine : kããge cii vendre : yeege vengeance : bole, hee venger : sa’ge hee venin : nee, sangu cwee venir : nduugi, age vent : leege vente : yoo ventre : ǣili, ǣiiri ver de Guinée : dare verdict : caage kiida vérité: cuway, gonga, kidolgi, kudole vermouler: corge verre: tasa verre matière: dodolon verrue : gidindin vers : ǣan, le, ne, wo verser : kaage, laage vert : hosabe vert non mûr : gumugi, guwagu vessie : ful tõõ, hul tõõ vêtement: õõbe viande: nãy vide : hoŋ vider : kaage go, laage vieillard : je tããbe vieillesse : tããbe vieillir : garge vieux : tããbe vigne : talalum village: bi leege ville: tiŋ wuu, fili vin : yii vingtaine : saale vipère : yee virer : caage visage : pele
viser : geǧerge visible : tinoo visqueux : rebaŋ vite : gusi, kum vitesse : parday vivant : caw voici : kay voir : koge voisin : je leege voisinage : leege voiture : mooda voix : gẽẽge forte : kolon vol : freŋ volant : gidon voler: cuggi, joŋge fereŋ volontairement: re’e volontiers: ǣagla vomir : duggi vouloir : dage vous : nday, we vous-même : mbay votre : ǣay voyage : range voyou : bandi vraie : cuway, kidolgi vraiment : kudole cway z zigzag : kerweǧeŋ
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Mini-lexique tpuri-français a, A a (interj.), hé á : on. a : il. a woo : ils, elles a’ a : tiens !, non. age : venir, arriver, aller. aa ge :perdre la saveur. aale : 1, insecte sp. qui vit au bord des rivières, motte de terre aare : buttage, mil sp. rouge (gara) age : venue agre : outarde royale. agse : axe mécanique akaw : écrivain, scribe, greffier, fonctionnaire, moniteur de la sodecoton. alkaali : juge coutumier. amaa : mais, ma foi, eh bien, or, cependant ampuli : ampoule ancel : herbe, ampoule ancoo : saison froide, d’octobre à décembre andrin : insecticide an-le ? : pourquoi ? anne : mais, cependant, eh bien an-so : certainement angare-maa-depuy : héron blanc. angare (n.) : oiseau héron cendré angare (n.) : hernie inguinale. arangaawa : lit fait avec des baguettes are : poisson sp., mil sp.
argag : détermine le verbe gay ge (fatiguer) arge : alcool de mil, parfois de manioc asana : allumette. ay : tubercule sucré ayida : camarade aa : oui. aa ge : griffer, égratigner, pincer, couper une matière molle. ay : haricot, niébé hoo-ay, fane sèche. sug-ay, feuilles du haricot tor ge ay se, faire des mouvements amiboïdes.
Baa caa swaare : le ciel est couvert de nuages Baa dè buggi : il commence à pleuvoir. Baa duu : grondement du tonnerre au loin Baa laa, il pleut Baa le dè naagè : la pluie se prépare Baa raa plaŋ-plaŋ : il a plu par endroits Baa raw we liŋ : fin des pluies Baa ti roo : il pleut Baa ur we le : la tornade arrive, la pluie se prépare caage-poo-Baa : foudre hoo ge Baa : l’arrêt de B la pluie. jag-tob Baa : début de ba : papa la saison des pluies ba : que, comme, ndum gi Baa : quand. grondement du tonnerre ba : un certain, un autre. roo Baa : crépitement ba : non de la pluie. ba’a : silence, calme, sagge Baa, éclair. muet d´étonnement, Baa-huuli : [culture], bouche bée. animal mythique qui est hay ge ba’a : se taire. supposé vivre dans le hay ge go ba’a : rester ventre des femmes, calme, en silence hémorroides bà’àse : mbò’àsè bàa gè : attraper, saisir, ba...laybla’ : même si prendre, reprendre vie Bàa : Dieu. (feu), convenir (habits, co’o ge Bàa : bijoux…), commencer l’ensemble des bàa barge : lier une sacrifices, culte, amitié, faire alliance. phénomènes atmosphé- bàa bay : être couvert riques, ciel de / nettoyer les toiles Baa bii-sii : pluie de d´araignées toute la journée.
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bàa bii, mettre qqn à l’épreuve. bàa blam waare, terminer l’affaire bàa ǣaale : poursuivre (trace…) : suivre. bàa cii : battre son plein, coaguler bàa doo: faire la cérémonie où la femme qui a accouché reprend ses occupations quotidiennes. bàa glog : serrer (boulon) bàa glog waare : rapporter les paroles de qqn bàa jag : goûter (bière, vin...), jeter un sort., s’apprêter bàa ge jag tiŋ, fermer à moitié la porte, bacler bàa ge jag waare, accomplir une parole, une promesse bàa ge law, colorer, teindre bàa ge may ne war de doo [Culture], faire la cérémonie du mariage dans la quelle on prend la main de la femme, on la pose sur la pierre à mil, et on la conduit au puits pour indiquer son travail de femme mariée., forme de mariage avec l’accord des parents bàa ge may : prendre une fille pour la nuit lors de la fete du coq,
avec l’accord des parents bàa ge nday : faire la cour à une fille avec ou sans l’intention de la marier bàa ge nenne : désirer, plaire bàa ge poo : bouder, regretter bàa ge se kay, faire attention à, se retenir. bàa ge soole, avoir mal à la rate. bàa ge ti, retarder. bàa ge ti daŋgay, mettre en prison bàa ge tiŋ : construire un nid bàa ge wur : atteindre le crépuscule, tomber de la nuit. bàa ge wuu : battre le plein, chaleur torride. báabùr : avion báalí : pancréas, rate bàbù : mil blanc qui se repique ; en divers espèces bad gè : redonner forme, vie, aller mieux (santé), faner, éclaircir, blanchir, palir, brunir, grandir., retremper et tendre pour sécher. bad se, bad nen, brunir (corps, face…) badgè : convalescence bàg gè : attraper, prendre, causer, plier (habits…) bàg gè bii : ridiculiser en paroles, prendre qqn pour un imbécile
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bàg gè blam ware : parler sur ce qui s’est passé bàg gè ǣaale : suivre les empreintes laissés par les voleurs bàg gè jagge : ranger mettre en ordre, être rancunier, garder la barbe bàg gè may : prendre une fille pour la nuit lors des fêtes bàg gè piŋ : garder la barbe longue bàg gè ti : garder de cheveux longs. bàg gè yaŋ : conseiller bagbray: puce rouge, punaise. bagda : linceul bàgé : caïcédrat. bag-gefedgew :oiseau sp bagla: est-ce que ?, nécessairement, sens de remerciement, encouragement bal gè :dresser un animal, former un adolescent •, s´écrouler, s’épuiser. bàlà : même si. bàl (lè) : éléphant. baloŋ : ballon bandi : voyou baŋ ge : lier (personnes)., attacher, avoir les pieds ankylosés, être entravé par une maladie. baŋ ge sway, passer le cache-sexe entre les jambes
baŋge : banque. bàr gè : couvrir un toit avec de la paille non tressée, étendre, étaler bàr : qualifie la grandeur. bàr : ami, camarade bardag (ge) : [culture] kaolin de couleur jaune. ma’ ge bardag (ge) : marquer, consacrer, investir barga : salutation des “hwayna”, paix. coŋ ge barga, saluer en se donnant la main barge : amitié, alliance, ami. baa ge barge : lier une amitié. may ti barge : jeune fille pas mariée avec laquelle on peut lier une amitié. sa’ ge barge : faire alliance bàrgí : campement gurna. bárgíŋ : cuisine bárgíŋ-yee : plante sp à des petites fleurs odorantes barkag(ge) : [cult.] : génie des eaux, mamiwata bàryàŋ : siège fait avec une branche d’arbre fourchue. bàs gè : perdre, feinter, rouler., manquer, disparaître, tuer. bàsè : bache báw gè : terrasser, vaincre à la lutte,
convaincer, avoir raison. báw gè de kiida, condamner, incriminer baw : animal sp.: antilope cheval man baw, fille déjà âgée, non mariée wel-baw : magie et prestidigitation. bày : sans. bày : bosse des bœufs, garrot d´animal. jag bày : épaules, creux des omoplates. bay : filet de chasse ou de pêche, toile d’araignée bày- bày : chauvesouris sp. báy- báy-yoo : chauvesouris sp.petite, qui apporte le malheur baybra : oiseau sp. cigogne blanche. bàycéere : plante sp. aux feuilles comestibles. bay-dag :saint, pur, sans critique bay-duu : sans nom (nom de personne) baygamà :renard des sables, fennec. báy-soole :insecte sp. grosse fourmi. bay...wa :ne...pas bay-wa : non bay-wa has ǣuy : pas du tout báaré : tamarinier dont les fruits, acides et rafraîchissants sont
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utilisés en boisson et bouillie. bay-bay : chardon bayna : chef, dominateur wer bedew : au fond, derrière, cul-de-sac yoo bedew : centre, encerclé. bédεf (fε) : sable très fin, couleur marron clair. bèelé : phacochère. bentee, benteere:, caleçon. berεŋjiya : arbre sp. dont le fruit est appelé gεŋ gεŋ. bétlèw : sorte de petite abeille mellifère, qui ne pique pas. be’ere (n.) : chenille sp. processionnaire, rouge; plaie qui se forme entre doigts et orteils. bε’ ε : serré, étroit bεd gè : aplatir la « boule de mil », modeler avec les doigts. bεdbεd : coléreux bèg ge : guetter, épier bèg ge waare : rapporter. bεg bεg-mbiiri :, oiseau sp. vautour, charognard. bεl gé : lancer des étincelles bεl gé de dee : courir. bεl gé doo : giffler bεl (lε): léopard dit panthère. bεlyèg (ge) : gourde pour garder eau et lait
bεn : camion benne bεrmεl : barràmine bid(biddi) : qualifie l’adverbe abondamment, à flots. bid gi : échapper de, s’échapper, dégager. big(gi) : marteau indigène, tous les outils de la forge. big gi : aboyer, étouffer, chasser avec la fumée un animal dans un terrier, souffler de l’air dans le vagin de la vache pour qu’elle se laisse traire., insuffler de la fumée dans les narines des bœufs contre certaines maladies., activer le feu avec un soufflet, chauffer la case. big(gi) :bic, crayon bigriw : maladie des orteils et des ongles bii : eau bii maŋge, inondation.. bii sa’laŋ, eau simple cag ge ti bii : perte du liquide amniotique à l’accouchement gwa’ ge ti jobo bii : droit de vengeqnce, de révolte, de réponse. ha ge bii : se noyer. mee ge bii : rite qui consiste à verser de l’eau sur les pieds en certaines occasions, par ex. quand qqn s’est perdu et ne sait plus retourner au village, ou
quand qqn rentre d’un long voyage... nee de bii ǣogge, sauce sans condiment taw ge bii : perdre sa valeur. 2, bénéfice, intérêt, revenu bijigir : être adopté par une famille quelconque, adoption, célibataire bikordo : coupe- coupe, matchette à double tranchants. bilgim : crinière , barbe de maïs. bilmε,bilmi(n.) : natron. biŋgi : naissance, accouchement biŋ gi : naître, accoucher de, mettre bas, produire, donner beaucoup de fruits biŋ gi twar : avoir un fils unique. biŋni : dignité boo biŋni : anneau wel biŋni : prince, bír gí : reprendre vie, reprendre connaissance, ressusciter bír gí blam : redire fidèlement ce qu’on a dit, se conformer à bír gí jag : imiter, imiter la façon de parler dc qqn, interpréter bír gí mbεεrε : avoir des enfants ou des petits fils¤ donner des sémences bír (rí) : champignon du mil, laissant tomber une poussière noire. bírbí : charbon de bois
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ou de tiges de mil, noir de fumée, suie birgli : plante parasite qui ressemble au mil bla : insistance dans une interrogation, en position finale: n’est-ce pas blàm : après, à la suite de, dernier, trace, en l’absence de, en retard, dernière qualité de toute denrée alimentaire. blàm maaga : après que blàm waare : la suite de la parole ou le sens. blam bε : après que, ensuite blam –day : chemin où passent les bœufs, sentier blam –por : rigole, lit d’un ruisseau. blam-wuu : route, grande et carrossable. blar gè : étendre, couvrir, étaler., planer. blaw gè : séparer blεd gè : aplatir, s’aplatir, en parlant de la tête, des lèvres, du nez. blod gè : arracher l’écorce des arbres pour en faire des cordes, arracher une peau, une croute… blof gè : désenfler, dégonfler. bloo : homme, mâle (placé devant les noms des animaux et des oiseaux), gros.
blorε : rayure, tacheté de points multicolores. blór gè : reprendre forme, retrouver sa forme physique et psychique, aller mieux, se révolter contre qqn blorge : rayé, tacheté blùm : vainqueur, champion de lutte qui n’a jamais été battu joŋ ge blùm, naa ge blùm , vaincre blùm :qualifie l'adjectif gros. blùm gí : faire des cabrioles dans l’eau, se rouler dans l’eau, s’éclabousser blum-blum : tubercule sauvage. bò-láw : ouest bò-toŋ : est. bodro’o : amer. bii bodro’o : breuvage pour les bébés faite avec l’écorce de certains arbres bogawla : défenseur d’une cause, champion, leader, élite. bohad(ge) : fragile, pas solide. bom gè: amuser, s’amuser, courir bomge : amusement. bondoro : serpent sp. boo : métal, fer, cheveu gris boo –arge : alambic boo -biŋni(n.), or, bague, bracelet mis aux bébés à leur naissance,
anneau qu’on met au doigt boo–doǣǣε(n.), bracelet, anneau en aluminium, par extension : aluminium boo -horogge(n.), cheveu blanc depuis la naissance(deux ou trois) symbole de la richesse (croyance) boo –kud(di) (n.), minerai de fer, « boule» ronde en fer servant autrefois de monnaie boo –maa -doo(n.), bracelet. boo –maa -way(n.), cuivre, metal quibrille boo -soole(n.), collier traditionnel en fer, porté autrefois par les femmes mariées boo -ti(n.), cheveux gris boo gè(bor gè), construire, bâtir, maçonner, modeler, faire de la poterie. boo gè ti : se rassembler, former un ensemble, une foule. boole : grenier. ǧii gi boole : monter sur le grenier bosa’a : ètre béni. kaŋ ge bosa’a : bénir bòore : arbre sp. aux fruits rouges comme de petites prunes, fruit de l’arbre bòore. bo : même si bo’om : cynocéphale bof(fε) : pas bien mûr je boffε : un naïf
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bof (fε) : poumon bogray : casque traditionnel bògdòo : échassier, marabout pêcheur bôl gè :danser en groupe bòl (lε) :vengeance. sa’ ge bòl (lε) : venger. bòl(lε) : d’avance, d’abord, en premier. pel bòllε : avant ti : à la place de bò1gè :gros. bolgè : [culture]¤ danse d’adultes. bolo : nom donné à celui qui a un gros nombril. bon(nè) : souffrance, châtiment, condamnation. boŋ –boŋ : un à un boŋ(ŋe) : un, seul, unique., égal, dans le sens de : même chose, pareil. boŋboŋ : bonbon boŋbroŋ : poisson sp. boo : peut–être. boo : sans but, rien, en vain. boo : épidémie, fléau boogi : danse funéraire en chantant en canon. boogo : école. booli : chacal. bor(re) :, poilu, velu, pelage, chair du ventre et sternum du chien. bor gè : s’échauffer. bor gè moday, s’échauffer au soleil
bor gè moday woo toŋ, le matin après borgo : couverture bòrgwáy : mil blanc qui se repique sur sols argileux non inondés. bra’ gè : renoncer à qqch., renvoyer à une autre date, avorter (projet..). braaga : nain brambra : chenille du tamarinier. bràŋ :chômeur, vagabond see ge bràŋ, se balader, errer braŋ -gaage : insecte qui vit dans l’eau et ressemble au scrabe bràd (dè) : acide brεm : herbe sp. servant à tresser la nasse. brεŋ (n.), liane à forme buissonante et grimpante brεs gè : déchirer, se fendre, se déchirer, se dénouer, violer une fille. brεw : large, dressé brεw : bureau brig(gi) : brique, parping brigi : épervier, filet de pêche conique. bringi tiŋ, termites « soldats » bromjog : volumineux, gros brùm gi : être comblé de joie ou de bonheur , être en situation de dilemme ou de doute.
brùm gi nen : tromper, duper. brùm : nasse à pêche brum-brùm : moucheron, tout petit moustique brumgi : suspect, obscur. bubrum : poisson sp. bùdùf(fi) : poussière, sable très fin. bùd gi (pog ge) : délier, détacher, guérir qqn envoûté, enlever un sort, exorciser, dérouler une corde, répartir les biens d’un défunt bùdgi : partage, division (funérailles). budum gí : rendre en poudre, devenir poussiéreux (sol...) budumgí : poudre, en poudre. búf-búf(fi) : jaune (couleur) bufda : nom donné aux vaches qui donnent beaucoup du lait. bùg gí : éparpiller, semer à la volée, pulvériser bugrí : naïf, innocent. ha’ ge ti bugrí : faire un faux serment. bugrum : mors du cheval bùgù :sac, sac de mil bùl gi : ouvrir, libérer bùl gi nenne : ouvrir les yeux bùl gi nen waare : dévoiler un secret
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bùl gi waare : critiquer, mentir bùlfúŋ : épidemie bùlùl gi : se rouler par terre bunuggi : fusil bùŋ gi : ouvrir, soulever, lever bur-yii : bière non fermentée wur bur- yii, veille de la bière fermentée. burgusum : contenu de la panse des ruminants. burmùsoŋ : la permission du militaire buru : paire, dans le jeu des coquilles bùrwεdε : brouette bùs gi : divorcer, répudier, renvoyer, rendre, refuser bùs gi yoo : refuser un achat, renoncer à qlq ch. bùsàlè : cauris, coquillage ma’ ge bùsàlè : jeu avec les cauris bùsàlè :blennorragie busum :la nuit sóo busum, l’esprit de la nuit busum-busum : de bonne heure, clairobscur, mal éclairé. bùtigi : boutique bùu gi : pourrir. buugi : pourriture bùurí : arbuste sp. dont l'écorce sert à faire des cordes bii- bùurí, infusion faite avec les racines du buuri
buwale : grande route buy : domestique, serviteur, vagabond bŭyaa : [Culture] boule de feu mobile dans la nuit. A l’intérieur de cette boule existe l’esprit du sorcier anthropophage selon la pensée populaire, sous forme de crapaud (femme) ou de margouillat (homme) qui va à la chasse des âmes búu gí : beugler, meugler, mugir. bùy gí : hennir
fen-ǣàalè : récompense, cadeau see ge de ǣàalè, marcher à pied ǣaara : leurs, ses, eux, à eux, à elles. ǣàaré : arrondi, morceau de forme ronde¤ botte de paille, part, tranche. ǣa-bla’ : vraiment, quoi, sens de fierté. ǣad gé : être clair, s’éclaicir, s’epanouir ǣàg gè : s'entretenir d’une affaire, discuter en détail, raccomoder ǣàg gè may : baratiner une fille, faire la cour à ǣ une fille. ǣa’ : tiens ! ǣa : tellement, vraiment ǣàg gè waare : se mettre d’accord. (insistance) ǣàg gè oobe : faire ǣa : hé’ l’ourlet (couture) 2, ǣa lε’ ? : pourquoi ?, accrocher, épingler, comment ? boutonner. ǣa : marque le négatif ǣàg gè waare : de l’impératif. conversation, causerie. ǣà’asè : arbre sp., arbre ǣàl gè : clouer, à encens enfoncer, attacher, ǣaa : loin, depuis, jadis, adhérer, coller 2, autrefois, depuis abandonner, mépriser toujours, avant. qqn., faire attendre qqn ǣaa -ǣaa : longtemps. longtemps ǣàalè : pied, jambe, ǣala : même si. patte, pas, au pied de, ǣaŋ : vers, vers le trace, roue, environ, fois milieu, côté caa ge ǣàalè : ǣaŋ ciŋ : vers le haut calomnier qqn, faire un ǣaŋ gesiŋ : vers le bas croc-en-jambe à qqn maŋ ge ǣàalè way doo, ǣaŋ go : pays tpuri au Cameroun dont la se précipiter.
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variété dialectale est considérée la plus pure. ǣaŋ gurri : côté gauche ǣaŋ la : de toute part. ǣaŋ liŋ : désigne sa propre région et son dialecte pour un locuteur, ainsi, les Tpuri de Sere, Dawa et Nenbagri au Tchad, ayant tous le même parler, s’appellent « ǣaŋ liŋ ». ǣaŋ warre, côté droit ǣaŋ wεrrε, les Tpuri de Fianga et de Sere, appelés ainsi par les « ǣaŋ liŋ » ǣaŋ yεr ge ti, favoriser les parents ou les amis. ǣar gè : avoir beaucoup de lait, couper une peau lorsqu’on fait un sac pour porter l’enfant couper le bord de la calebasse, évider avec soin calebasses etc., séparer l’utile du déchet, couper, tailler, sculpter, fendre ǣar gè cee : sécher le poisson (en le fendant) ǣarge : coupure, taille, scupture. ǣaw : arbre à bois dur qui servait à faire des haies défensives pour un ensemble de concessions. sóo ǣaw [Culture] : esprit de l'arbre ǣaw:
On le prie pour avoir beaucoup d’enfants, lieu de la grande chasse coutumière au Tchad, brousse speciale résérvée au chef du village. ǣawge : bancroche. ǣay : vôtre, vous, à, pour, chez, vôtre ǣày :testicules ǣày laa ge : puberté sar ge ǣày : formation des testicules ǣày cilar : testicules qui pendent trop (injure) ǣây : annonce du chef, cris. waa ge ǣây, proclamer ǣày-day : mil blanc ǣàarè : clan tpuri, situé à Viri, Moulvouday et Gounougaya au Tchad. jag ǣàarè : la langue massa, incertitude, doute. jar ǣàarè : les Massa jar ǣàarè hóhò : les Moussey ǣày(be) : belle-sœur, beau-frère wày ǣày : femme héritée. wel ǣày : orphelin (né après la mort de son père) ǣay : poisson sp. qui ressemble à la sardine, le plus beau, le plus fort, champion.
ǣè’ gè (ǣer ge) : piquer, repiquer. ǣè’ gè glog de fii, renoncer à quelque chose à cause d’un manque d’initiative, aggraver une situation ǣè’ gè pa’talle : faire une piqûre ǣedεŋdεŋ : [culture], plante sp. utilisé en médicament contre certaines taches de la peau. ǣè’gè : [culture], anneau de fer, ornement des filles pour la danse et le mariage ǣε : lui, à lui, à elle, son, sa ǣεεrε : dette, créance, débit. je ǣεεrε : débiteur. ǣεg gè : retrécir, maigrir, n’être pas bien mûr, comprimer, économiser ǣεg gè εŋ-εŋ : épier ǣεgtε’ε : obligatoirement, forcément, ǣεs gè (ǣrεw ge) : partager, distribuer. ǣεswε :nom d’une grande famine qui sévit pendant les années 1925-1930. ǣεw : bruit quand l’on décortique l'arachide, qualifie l’adjectif: petit.
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ǣεε : onomatopée pour
distinguer les chèvres des moutons) ǣi : mon, ma, à moi, mes, le mien ǣi-coo-ǣaale : plante du pied ǣi -coo-doo :paume de la main. ǣi-leege : village, centre d’une ville ǣi-leege maa kluu, ville ǣi-swaa :lieu où la femme fait son ménage, des fois lieu du sacrifice de la famille. ǣid gi : uriner (sens péjoratif) ǣid gi too : uriner ǣidiǣiŋ, ǣididiŋ-kloŋ :, dépôt dans le tuyau d’une pipe. ǣif :beaucoup ǣifèele : cour du saré, espace entre les cases en ronde, [culture] lieu du sacrifice pour la famille ǣiged’ gè : enlever qqch. qui est entré dans la chair, avec des pinces ou avec les ongles ǣiili : grossesse: s’emploie pour la femme, les animaux et les plantes. cwaa ge ǣiili : avoir une fausse couche cwaa ge ǣiili rε’ε : provoquer une fausse couche
maŋ ge ǣiili : concevoir. ǣiiri : ventre, intestin weere ǣiiri :intestin grêle weere ǣiiri maa kleere : intestin grèle jag glog ǣiiri : appendice ǣil(li) : dedans, dans, espace vide, creux. kal ge ǣil : entrer maŋ ge ǣil woo go : écarter, s’éloigner, éléver ǣil de sóogè : être en colère ǣil de hiriggi, ventre dur et sec ǣil go fεh : être heureux ǣil lε’ go : avortement de ǣil : être gourmand, glouton, être envieux. de dεŋ ǣil, être habile, avoir la technique de ǣil de puy : être bon ǣil de suŋgu : jaloux ǣil de swaare : jaloux ǣil de taabay : être méchant. ǣil : centre, milieu, chambre, pièce ǣi1-sooge : colère ǣil gì : enlever l’outil de son manche ǣilgi nenne : veiller ǣilgi ti : casser: se dit d’une tige de mil dont l’épi s’est cassé.
kaŋkaare ǣilim : injure (gros sillon inter fessier) ǣiŋ : près, avec, auprès ǣiini : verge, pénis ǣiini maa de cage, pénis circoncis ǣiini pliŋgitiŋ : pénis gros et court caa ge ǣiini : circoncire jiiri ǣiini : gland du pénis née ǣiini : prépuce sog ge ǣiini : placer sa verge entre ses jambes quand on est nu et esposé pour se laver ǣlâg gè : abîmer, détériorer, casser, pécher, gâter, être méchant, mauvais, offensif.... ǣlâg gè de nen sεŋ : empirer ǣlàggè : péché, mal, mauvais, méchant ǣlog : écorce de l’arbre, écaille des poissons, des tortues, peau épaisse et rugueuse. ǣlur(ri) : épilepsie, convulsions d’épilepsie je ǣlur¤ épileptique. ǣôgad gé : tenir avec les pinces ou avec les pattes qqch. de gros, serrer fortement entre les dents. ǣogam : tenailles, os iliaque ǣogay : espèce de lance.
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ǣogod-ǣogod(de) : insecte sp. qui a des pinces. ǣo : ton, ta, tes, à toi, le tien. maa ǣo : toi, pour toi. ǣò’ gè: jeter , lancer, envoyer, poser, libérer, relâcher, animer, battre son plein, se répandre ǣò’ gè aale : partir inaperçu. ǣò’ gè bay : jeter le filet ǣò’ gè bisi : périmer, être démodé, être malade ǣò’ gè blam : frayer un chemin ǣò’ gè boŋ, mettre bas un seul petit ǣò’ gè ǣi tuu, enterrer, ensevelir ǣò’ gè ǣiili : grossir une fille : avorter ǣò’ gè darge : partir à la chasse ǣò’ gè de huuli : trahir ǣò’ gè doo ne jobo soole : saluer qqn, embrasser ǣò’ gè duu : crier ǣò’ gè egre : respirer, souffler, expirer, se reposer ǣò’ gè faare waare : conseiller, chercher des solutions ǣò’ gè fii : raconter des choses contre qqn, prévenir qqn de, dévoiler, démasquer
ǣò’ gè flεw : faire une balançoire, prendre l’élan ǣò’ gè fogge : se dandiner à la danse ou devant l’adversaire à la lutte ǣò’ gè foo : ne rien valoir ǣò’ gè gesiŋ : détruire, offrir le repas à la divinité, lors du sacrifice ǣò’ gè geege : baisser la voix ǣò’ gè geege joo : changer de registre dans les chants gourna ǣò’ gè glog : partir. ǣò’ gè glog tiŋ : poser les fondations ǣò’ gè godof : prendre du poids, grossir ǣò’ gè hoolε : préparer le repas ǣò’ gè huy : se fâcher ǣò’ gè jag(ge) : accomplir, se repentir d’une parole dite, confesser, avouer l’adultère, dénoncer ǣò’ gè jag go : désobeir ǣò’ gè jag kluuri, être adulte. ǣò’ gè jag maape : faire périr, désobeir ǣò’ gè jag mbiiri : reprocher qqn ǣò’ gè jag ti kee : avoir les mêmes paroles, les mêmes idées, complicité,
conspiration, coup monté ǣò’ gè jagge ti : maudire ǣò’ gè joo gesiŋ : arrêter la danse ǣò’ gè klooro : tresser un sac ǣò’ gè lom : humecter ǣò’ gè may ti bii [Culture] : cérémonie d’intégration chez son mari de la nouvelle épouse ǣò’ gè mbaaraw : filer le coton ǣò’ gè mbarga : faire une fausse couche ǣò’ gè mebe :imbiber de rosée ǣò’ gè nay : grossir, prendre du poids. ǣò’ gè nee-waa, faire sortir le venin après une morsure, enduire une flèche avec un poison ǣò’ gè paa, renvoyer le lait ǣò’ gè paare : pondre ǣò’ gè peele : commissionner ǣò’ gè ré : impliquer, entraîner dans une affaire ǣò’ gè ré gesiŋ : renoncer au châtiment, à une affaire, réconforter ǣò’ gè roo gesiŋ, arrêter la danse ǣò’ gè saŋ, aiguiser, affûter
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ǣò’ gè sew, se suicider par pendaison ǣò’ gè soole, envoyer un message, faire dire à qqn ǣò’ gè sug ti, rappeler qqch. à qqn ǣò’ gè taabay, devenir vert, devenir noir ǣò’ gè ti, se rassembler pour former un ensemble ǣò’ gè ti waare : conclure ǣò’ gè tidεp : jeter
l’hameçon ǣò’ gè waare ti : accuser qqn ǣò’ gè (way) liŋ : [Culture] : faire la cérémonie de mariage dans la quelle la femme est accompagnée chez son père ǣò’ gè weere : dénoncer, dévoiler ǣò’ gè wεr tiŋ : poser les fondations de la case ǣò’ gè wεr waare : expliquer ǣogà :un peu de ǣòg(gε) : deux ǣôg gè :, sécher précocement, fâner ǣog-ǣogla : marche de l’échelle, échelle. ǣógólò : taro ǣoŋ -ǣoŋ : toile d’araignée, filet de rangement suspendu dans la case
ǣòr gé : s’évaporer,
ǣùg gi : encercler à la
évaporer, s’infiltrer ǣorε : crevasse dans le terrain à la saison sèche., fentes ou fissures dans le talon; ou bien sur les lèvres. ǣòrgè : évaporation, infiltration ǣosàl : blennoragie. ǣosàl coldo : blennoragie ǣràg gè : arracher, cueillir un fruit à la main ou une perche, casser une partie de qqch ǣràwgè : partage ǣràwgè faage : carrefour ǣrε’ : un peu de, minuscule ǣrε’ nen : yeux miniscules, débris ǣrεg gè : s’efforcer d’entrer, se dégager avec difficulté, se libérer avec effort ǣrεg gè : arracher ǣrεŋ gé : quémander ǣrεw gè : se diviser, ramifier, former une fourche. ǣrεwgè : division ǣrεwgè faage, carrefour ǣrud gi : arracher, couper les herbes rapidement et en grand quantité, déchirer un habit ou tissu avec force
chasse ou à la guerre, casser en plusieurs morceaux ǣùg gi jagge : être dans le coma, agoniser ǣùlùg gi : mal élever ǣûm gi : battre, rouer de coups, battre le mil, avoir ǣuŋ-ǣuŋ : thorax, tronc ǣurgi : poussière, tornade sèche. fεw ǣurgi, mois d’Avril ma’ ge ǣurgi : épousseter ǣuy : tout, en entier, tous fεd ǣuy : complétement ǣuy gi:hennir. c, C càa gè (car ge, cag ge) : couper, casser, fendre,, abattre, blesser, vacciner, faire des scarifications, semer: coton, haricots, mil penicillaire, récolter, se sauver, briller càa gè bii : traverser une étendue d’eau, atteindre, devenir liquide, faner, être saisi d’angoisse. càa gè blam : suivre. càa gè ǣaale : calomnnier qqn, buter contre/sur un chemin rocheux, couper le pied, la racine, faire un croc-
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en-jambe à qqn pour le faire tomber càa gè ǣil : avoir l’hydropisie càa gè ǣiini : circoncire. càa gè calaw : liquifier, devenir liquide càa ge cee : avoir peur., être enceinte être malade, être vivant, avoir reçu la vie càa ge céggé : se déplacer à midi càa ge ciŋ : abréger¤ couper (récit...). càa ge day : séparer les vaches quand elles rentrent, payer la dot càa ge doo gurri : virer à gauche càa ge doo ne jobo haw : giffler. càa ge doo warre : virer à droite càa ge dee de waare : reconforter qqn càa ge ǧee jag joŋre : travailler avec entrain càa ge gab : monter (sur le cheval, l’âne.,.). càa ge gay : devenir coléreux, nerveux càa ge getε’ε : mentir càa ge geege : muer, changer de voix, entonner une chanson càa ge gornoge : bourgeonner càa ge gubuŋ : biner le sorgho, prendre qqn pour un imbécile, un naïf, se moquer de qqn
càa ge haage : faire alliance càa ge heene : être angoissé, effrayer qqn, intimider càa ge jag : commencer, créer càa ge nen(ne) : morceler, séparer, empêcher, barrer, ouvrir les yeux, découvrir càa ge nen faale tiŋ : être à l’extérieur de la maison càa ge nen go : se trouver a l’extérieur càa ge nen kraŋ : être éveillé, vigilant càa ge nen siigi : se trouver dehors càa ge ŋgel : sortir très tôt le matin. càa ge oobe : tailler un habit càa ge parday jobo : encourager qqn, dépêcher qqn, précipiter, aviser. càa ge pay : à la fin de l’initiation, on devient « pay » maître des initiés, être ancien dans un domaine càa ge pelle : aller à la rencontre de qqn càa ge poo : gronder, menacer, reprimander. càa ge rê : accuser faussement càa ge se : être fou, insensé, couper en partie, vacciner, se blinder, scarifier
càa ge se go : soulager, enivrer. càa ge somoŋ : fabriquer des parping càa ge swaare : se couvrir de nuages, sauce ayant des gouttelettes lipidiques à la surface càa ge tagrum : claquer la langue càa ge ti : encercler, hocher la tête, prendre un raccourci càa ge ti day : finir de payer la dot, finir son tour de paître càa ge ti wer joo : faire un geste de la tête en chantant càa ge wàŋ : être calé, être coincé, confisquer qqch, ne pas vouloir quitter. càa ge war, venir au secours. càa ge waare ne jar se : accuser qqn faussement càa ge wεrrε : calomnier, médire, éliminer, faire disparaitre, remuer les hanches càa ge wùrri : se déplacer dans l’aprèsmidi ou le soir câagà : partie inférieure du filtre pour la fabrication du sel traditionnel ca-ca : jeu de hasard, lotterie cafra : grossier, rugeux
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câg gè : éclater, percer, ouvrir, juger, médire câg gè de fεggε : éclat de rire câg gè de roo : éclater en sanglots câg gè welle [Culture], placer l’enfant sur les pieds en écartant ses jambes, pour qu’il fasse ses selles cagge : jugement, éclatement, rupture cagge kiida : jugement cagge : herbe sp., paille, bracelets faits de paille cagge, dont les jumeaux et leurs parents s’ornent les poignets à l’occasion de la fête des jumeaux calaw : liquide, léger, fluide câm gê : être perméable, humide, essorer, suinter. caŋ : varan des mares capceba : terre sablonneuse qui prend vite l’humidité où on s’enfonce pendant la saison des pluies. càr gè :bâcher, couper en petit morceaux càr gè ti wer siŋ : accompagner un chant du mouvement de la tête càr gè ǣaale : tituber, trébucher càràg gè : mettre en lambeaux, en débris... caw : en mouvement, bien portant, en vie, vivant, dynamique
day mo caw no : voici qqch. ou qqn en mouvement. càw gè : tondre, couper au ras, couper la viande en petits morceaux, couper les épis avec une partie de leur tige, en les laissant sur place avant la récolte. caw-caw : rapidement cay : buffle, fort, courageux, étagère cayaa : corde faite par les potières pour orner les poteries, ornement fait avec cette corde. caa gé : pétrir, ramolir dans l’eau, mélanger, tremper. caa gé coo : faire la pâte caage : grande bourma dans laquelle on garde la bière en fermentation. caane : herbe sp. à sauce. caare : mil sp. mil chandelle ou pennicillaire caare-mbala : petit mil des Bornouans, diffusés par ces derniers au XVIIIème siècle. cè gé : être malade, avoir mal, blesser, souffrir, être douloureux. cè gé jiili : faire mal au coeur, renoncer à faire qqch. cedam gè :être perméable. cee : essence, âme, membrane, mue.
cee méenè :hymen cee daŋ ge : être angoissé, être inquiet kaŋ ge cee ne jobo ti : dominer qqn ou qqch, obliger naa ge cee : muer nen cee : ombre cee-cwεε : peau du serpent qui a mué. cee-paa : crème du lait ceere : froid. ceere joŋ me : j’ai froid goŋ ge doo ceere : être recroquevillé par le froid. ŋgel ti ceere : saison froide cèfàd : être prêt à, content, actif. cega : envie de viande cègàd’gè : traverser, franchir, enjamber, dépasser cègàd’gè waare, se mêler dans une conversation cègàw gè : attraper au vol, prendre la parole. cègàw gè ngay : jouer au « ngay » cég(gé) : jour, midi, chaleur, soleil, éclat du soleil, lumière ŋgel ti céggé : saison sèche oo ge nen céggé : se tenir au soleil cegé : maladie, fièvre. cegé cigεw-cigεw : coqueluche cegé dobbore : tuberculose
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cegé-dwee : rhume cegé dagge : choléra. cegé grum : polyomyélite cegé gtor-gtor : rougeole cegé hεrgeǣε : paludisme des enfants, sinusite, hémorragie nasale. cegé huhu : paludisme des enfants cegé kiŋkriŋ : oreillons cegé kluu : variole cegé naa : maladie du sommeil cegé saŋ : carie dentaire cegé soolè : méningite cegé swaage:mbiiri diarrhée cegé ti, paludisme des adultes cegé tway, paludisme des adultes de cegé : être malade je cegé : un malade lε’ ge cegé : tomber malade cègεd’ gè : épier, avancer en cachette pour guetter, observer, guetter cêlàm gè : vagabonder, déambuler, errer cèlèr gé: découper en lanières, fendre en deux cembεlε : acné cèràg gé : déchirer, démêler, griffer cèrèw : enduit du fœtus cèrèw ti-bii : sperme, mucosité intestinale, glaire
kagge cèrèw : sécrétion vaginale ceréw : bruit fait avec les lèvres pour manifester le dégoût, fiasquer, sifflement émis par le lézard cerεǣ (ǣε) : réguliérement, souvent, successivement. cêrεd gè : serrer fort, attacher solidement. cerεŋ : creux et profond, côté, flanc, penchant, de travers cerεŋ gè : inspecter, fouiller, fureter cewdε : termite sp. cè’ gè : allumer, braquer, montrer en découvrant, dégager, découvrir cè’ gè saŋ : montrer les dents. cè’ gè ǣiini : déculotter cèd gè : allumer, lampe, torche. cee : poisson jar bag cee : pêcheurs coo ge cee : pêcher cee-ti, lame de rasoir. cee gè : raser ti de ceege : avoir la tête rasée. cew : arbre sp., épineux, racine laa ge cew : mettre les racines, être vétéran dans un domaine cèw : panse man cew : estomac cε’ : assis là-bas cε’ gè : éclore, mettre bas
cεrge : reproche, critique kaŋ ge cεrge ne jobo cεd d gè : tailler, sculpter se : faire des reproches cεd d gè saare : cracher à qqn cigam : là (action cεd d gè saŋ : tailler les imprévue) canines de la mâchoire cigεw-cigεw : supérieure. coqueluche. cεgrεw : petit et maigre cigriw : oiseau sp. chatcεgyew : cordelette, huant ornement de danse cii : tubercule sp. cεl gè : dévier, passer, sauvage qu’on mange s’éloigner, éviter cεl-cεlge :cavité creusée en période de disette cii : sang au fond de la fosse cii de baage : sang mortuaire pour y coagulé : caillot déposer le cadavre jo ge cii : reprendre vie, cεlge :errant, déviation cεm-cεm :aigre, un peu avoir une jambe ankylosée acide, amer cεmε’ : tranquillement, de cii se : avoir la force. jag de cii : être dans sa stable , stagnante pleine jeunesse. cεnε : collier, bijou, baa ge cii : battre son chaîne de vélo cεŋ gè : tasser, enfouler plein. laa ge cii ne jobo se : cεŋ-cεŋ : arbuste sp. purifier qqn d’un acte dont les brindilles contraire à la coutume donnent une décoction caa ge cii : avoir la pour fermenter le lèpre « mbordom » et le je cii : lépreux « coo-bii ». cεŋlεŋ : bracelet en fer cii -cii : en attendant, un peu, en même temps cεŋlεrε : herbe sp. à ciigà : envie de manger sauce qui pousse dans la viande les champs du sorgho. cii-yoo : oiseau sp. cεr(rε) : oiseau sp., dit chevêche, rossignol, pic-bœuf, colonne sanglant vertébrale, partie cilam : oiseau sp. terminale du placenta moineau, mange-mil. cεr gè : reprocher, cilaŋre :haricot sauvage critiquer, tailler qui pousse seul, non cεrdεd(dε) : régulier, comestible bien serré cεǣ :très rapproché, fréquemment
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cilar : rideau de paille. suspendu à la porte. ǣày cilar : testicules à bosse est descendue cilεl, cilεl-lεl : léger, fluide, clair. cima’ : lâche, peu serré cimag gè : cravater cimag :fortement, brusquement. cimbel : acné. ciŋ : en haut ciŋ ti sir la : sur la terre caa ge ciŋ : abréger, couper, ne pas terminer kaŋ ge ciŋ : reporter, garder. le go ciŋ :, être en ville, être au sud du pays en général. nay-jag maa ciŋ : lèvre supérieure ŋgel maa ciŋ : ciel ur gi ciŋ : se lever ya’ ge ciŋ : augmenter, progresser, encourager cir gi : s’éparpiller, disposer en ordre, aligner, étaler cir gi ti : encercler, entourer cirεǣ-cirεǣ (ǣe) : habituellement. cirig gi :mal piler le mil cirim, cirim- ciriŋ : creux, profond, volumineux cirla : pantalon fulbé. clo’ gè : agrandir un trou, un creux, faire passer par un trou, tailler, percer. clo’o : oiseau sp. gendarme
gloŋ-clo’o : nord cocoo : pauvreté, souffrance, misère, désespoir, malheur colol : liquide (sauce) coo :pâte, farine, pauvreté je coo : un pauvre coo ǣi1 : carence alimentaire, malnutrition, peine, tristesse gay ge coo jobo : faire de la peine. jo ge coo jobo : faire souffrir qqn, maltraiter koge de coo : avoir pitié coo-bii :pâte obtenue du reste du couscous mis dans l’eau, mélangé avec du sucre ou d’autres plantes à décoction coo-doo : paume de la main. coo-mayno : farine que les femmes donnent à leurs amies coo-paare :jaune de l’œuf coo-ti-waage, coo-tiwaane : aine coo-way-hunni : farine du fonio cuit mélangée à l’arachide, au sésame, et au sucre coo gé : changer, remplacer, échanger, payer la rançon, payer une amende. coo gé ǣaale : pédaler coo gé cee, pêcher avec la nasse.
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coo gé diggi : changer de pensée coo gé kaara : se changer à tour de rôle coo gé solay : changer l’argent coore : grain, mil coore baa nen wε : les grains se forment dans l’épis coore ǣo’ taabay : les grains des épis deviennent verts coore fud wε : le mil est en fleur coore gee wε : le mil grandi coore go de caa faale kor, le mil est aussi haut que la clôture coore hoo ǣiili wε : l’épis est formé coore jag-dwee : reste du mil, mangé par les oiseaux, dernière qualité coore laa faŋ wε : le mil a germé coore laa ti wε : les épis sont sortis coore ma de bii : mil battu coore maa de hilli : mi1 non battu coore maa de se’ǣεŋ : mil qui n’est pas mûr coore maa-ko’o : dernier épis vert du sorgho, servant à fabriquer la farine maako’o coore rug we : le mil est mûr
coore sa’ soole wε : le mil est prêt à donner des épis coore tii wε : le mil a germé ti coore : épi du mil wal ge nen coore : démarier les jeunes plantes et les répiquer waŋ coore : mil de première qualité wee ge coore : récolter le mil cor gè : échanger, faire du troc, ternir, perdre d’éclat cor gè nenne : alterner cor gè waare : ne pas tenir parole côrôd’ gé :faire sortir en pressant, presser côrog gè : peigner, brosser, éteindre les morceaux de charbon de bois pour les retirer. coo : corne coo geblew : cornes d’une vache qui ne tiennent pas debout coo jaw : barbelés d’une lance coo sildiw : corne pour faire des ventouses coo sirri : partie d’un pays, un quartier. coo tiŋ : coin de la case, angle de la case koo maa de coo : arbre à fourche, la croix coo : flûte de corne d’antilope, de chèvre ou de vache, trompette.
coo ‘waa ge : sonner la trompette , jouer de la corne, de la flûte coo mooda : klaxon d’une voiture coore : saveur¤goût. a de coore : c’est bon de-bay-coore : être méchant waare maa de coore, la bonne nouvelle waare ǣaaran de coore ǣog ǣuy : avoir raison tous les deux jag de coore : avoir de bonnes paroles cô’ gé :percer, planter, enfoncer en terre, fonder un foyer , s’installer, arriver à l’improviste cô’ gé ǣaare : fête du clan tpuri ǣaare cô’ gé degεr, insister. cô’ gé fii ti : se souvenir d’une désobeissance ou manque de respect envers autrui. cô’ gé gawraŋ ti : fleurir. cô’ gé haare : entasser le bois de feu cô’ gé jugi : faire un tas de fourrage cô’ gé ka’raŋ : sacrifice aux ancêtres cô’ gé kagge : fête du poulet cô’ gé soo : faire un sacrifice cô’ gé suggi : écouter, prêter attention
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cô’ gé yoore : percer la cruche pour prendre du miel coǣ gè : être fort, être protégé, être entretenu, avoir un support coǣ gè jag re : avoir courage devant un drame coǣ gè nen : réconforter, soutenir, encourager, consoler, reprendre forme, santé, récuperer. codog : accroupi cog gê : brûler, griller au feu, aux braises, rôtir cog gê ay de fii : ètre idiot, insensé cog gê retourner, revenir, rentrer cogoore : asticot coglum : mil sp., blanc cogob(bε) : intrigue, magouille je cogob(bε) : celui qui intrigue, qui magouille cogob gè :trahir, calomnier cogray : grenier provisoire en sekko, plus résistant que le puuli côl gè : mentir, faire un faux témoignage, dramatiser. côl gè faage : dévier, se perdre côl gè geege siŋ : transformer une chanson à un autre ton coldo-daswa :syphilis, dermatose
collo :syphilis color : vide. comcorom : élévation dans un champ, motte de terre coŋ gè : descendre en piqué, tendre la main, étendre, envoyer qqch. par l’intermédiaire de qqn coŋ gè barga : se saluer en se donnant la main coŋ gè wùr : salutation du soir. cor gé : piquer cor gé koo : planter des arbres cor gé nenne : rougir, devenir coléreux, devenir jaune, devenir sale (eau, linge...), devenir faible (lumière...) cor gé ti kee : entasser, mettre en tas. cor ge : couleur roux cheveux, habits, couleur jaunâtre dents.... cor gé saŋ : couleur jaunâtre des dents coroga : peigne côrôg(gè) : toujours, régulièrement, sans cesse cràg gé : casser en morceaux. cùǣ gi : salir (maison, cour...), laisser s’accumuler les saletés, être plein de saletés, raconter des bêtises... cuǣgi: saleté cug(gi) : fumée cug(gi) wuu : guêpier
cug(gi) wuu : couleur bleu cug wuu : fumée baa ge cuggi : se fumer, tabac je daa cuggi : fumeur je foo cuggi : celui qui prise du tabac je re cuggi : celui qui chique du tabac nen cuggi : petits morceaux de tabac, pus. cug-maa-de-bii : tabac à priser mêlangé avec du natron cug-maa-de-mbiiri : boule de tabac non pilé, débris de tabac, tabac brut cug-maa-de-noo : tabac à priser mélangé avec de la pommade cug-maa-foore : tabac à priser cug-maa-rege : tabac à chiquer cûg gi : s’emparer de qqch, duper nen ǣε cûg gi : avoir des troubles visuels cûg gi se : tromper cûg gi waare : cacher la vérité à qqn, contrecarrer une vérité cugoǣε :tubercule sp. cug-wuu : oiseau sp. cùlcùli :le plus jeune garçon d’un grouje d’initiés considéré comme leur chef cùr gi : suinter, laisser couler tiŋ cùr gi : case dont le toit laisse passer l’eau
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cùr gi poorè : filtrer le mil germé pour faire la bière curi : arbre sp. acacia albida, faidherbia curiŋ :sorte de piège pour attraper les oiseaux et petils mammifères. cûrûǣ gi : comploter, chercher querelle en déformant la parole, mal écraser à cause de l’humidité, mal piler à cause de l’humidité cûrûǣ gi nen : écraser en morceaux, fouler cùu : sel, viande, engrais chimique cuu-heege : sel liquide fait avec les tiges du mil cuu-manda :sel cuu-nay : sauce faite avec de la viande, bouillon de viande. cuu-nee : part de viande qu’on donne à son voisin cwa’-cwa’ :content, de bonne humeur. cwàa gè : descendre. cwàa gè baa : pleuvoir. cwàa gè ǣiili : faire une fausse couche, avorter, tomber cwaayaa : bout de tige pour décorer les poteries cwa’-cwa’ : crapule, ennuyeux cwàagê : paresse, indolence je cwàagê : paresseux. cway :vérité, vraiment.
cwe’ gé : pleuvoir un peu. cwèd gè : presser, pincer, coincer, insérer, étouffer. cwèdgè :pression, problème cwee :complétement, bien cwεε : serpent cwεgre :bien mûr, petit, résistant, dur, solide cwεr(rε) : habile, droit (sens moral), vif, mûr. jag ǣε cwεr(rε) : il parle vite cwεrε :piège à oiseaux, piège à rat, fait d’une petite nasse,cellule de prison. cwii : grosse aiguille en bois servant à la confection des toits de cases « jigale », pour attacher la paille cwii gi : éternuer cwiiri :éternuement D da :camarade, copain, leur. dà gè : aimer, vouloir. dà gè doo, faire signe avec la main, cueillir des fruits dà gè getε’ε : être orgueilleux, être snob. dà gè waŋ, s’entèter, ne voloir rien entendre, faire de sa tête dà gè war : se marier, épouser, prendre pour époux
dà gè way, se marier, épouser, prendre pour épouse dà’ gè : trouver, obtenir, recevoir, rattraper, rencontrer, damer le sol. dà gè glog : connaître le sens, dévoiler, découvrir, comprendre dà gè nen, avoir la possibilité, le temps... dà gè se : retrouver sa liberté. dà gè way : se rouiller, avoir les règles dà gè wεr 1 : connaître le sens 2, supplier. da’ge : retrouvailles, rencontre, possession, trouvaille da’ge-se : salut, liberté dàagé :pirogue, barque daago : natte tressée en lamelles de feuilles de palmier rônier “hare” servant de tapis de sol pour s’asseoir ou pour dormir. dàare :cache-sexe de filles fait avec des perles. dàawa : igname sp., manioc. dàd gè : trembler de froid, de peur, de fièvre,.. grelotter., aimer, trouver dàg gè : damer dàg gè cee : pècher avec une nasse, en piétinant les herbes dàg gè go de glog : reculer
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dàg gè joo : danser, piétiner. dàg gè pay : malaxer l’argile en la piétinant dàg gè saŋ : aiguiser, affamer. da gà : refus joŋ ge da gà : ne mo po, refuser qqch, bouder. dàgâ : que, on veut que, il faut que, il est indispensable que. dàgàarè : vagabond, qui erre, voyou. dagdelaa : oiseau sp. petite outarde, collier blanc : cane petière. dage : amour. saŋgu dage : remède pour rendre amoureux. dagsa’ : petit arbre avec beaucoup de touffes. dah : hibiscus cannabis, oiseau sp. Martin pêcheur dala : pièce de cinq francs. dalâ : entraves pour chevaux et ânes ǣo’ ge dalâ : entraver un animal dali-pag-pag(ge) :¤ rapidité, faire qqch. avant le temps. dalinga : danse traditionnelle des jeunes. dâm : digue en terre pour arrêter l’eau dans un champ dâm gè : lier la charpente de la toiture
en chaume ou avec du bois, attacher ma’ ge dâm gè : construire une digue dama : petit filet de pèche dàmbèele : arbuste spécial, brindilles de cet arbuste, chicotte, faite avec les branches de cet arbuste, fouet. damge : cercle en bois tiŋ damge : cercle en bois ou en chaume pour la toiture dàŋ : pichet pour la bière dàŋ gé : se sauver, fuir, dépasser, gagner une course, une compétition, plus.. que. dàŋ gé gesiŋ : s’infiltrer, (eau), descendre dàŋgây : prison, prisonnier, punition. jag dàŋgây : tribunal. dàŋgè : fuite dàŋgé : pour la plupart, surtout, en grande partie, en majorité daŋlaŋ : du verbe tag ge oindre, en détermine la façon dàr(rè) : ver de Guinée. daram : terrain argileux dàrgè : [Culture] grande chasse collective et coutumière. ǣo’ ge dàrgè : chasser dàrmày : gale (des humains). darsa : fragile
dàsè : 1 : petite abeille fait son miel sous la terre proche des termitières, mauvais goût, un peu aigre (bière de mil, fruit), touffu, petite quantité dàswà : fourrage pour ovins, caprins..., petites plaies causées par un pansement en feuilles., urticaire, démangeaison. coldo- dàswà : syphilis, qui se caractérise par de petits boutons au pénis dàw gè : ne plus savoir que faire, hésiter, être dans le doute, embrouiller, énerver, agacer, être agité, troubler dàwnà : moulin à moteur. day (coord.) : et, puis, ensuite, alors wεr-day : écart, un peu loin, à distance. dày (n.pl. dεεrε) : bovin, boeuf, vache. dày bar jagdwee : génisse pleine pour la première fois dày bum : taurillon dày ǣiliri : gros taureau dày ǣlar : jeune vache ou taureau, grand veau dày go lap : petit génisson. dày go lir :grand taureau dày gol(le) : prête d’une vache pour le gurna dày sulupi : génisson day tiggi : boeuf
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day tigli : grande génisse tware, jeune boeuf joo day : danse gurna, gurna kaw-day : enclos à bétail dây gè : 1 arriver, atteindre, vouloir, accepter, donner son accord. day-mo-la : crépuscule, être ignorant¤être sous informé. dàyyâ : scorpion. twar- dàyyâ : scolopendre. daa : [Culture] flûte à six trous dàà : [Culture] ordalie. daa-kluu :arbre sp., [culture] bois dur servant à la fabrication des tam-tams, des pilons et les feuilles donnent une teinture noire, les racines une teinture jaune et macérées donnent un médicament pour toux, épilepsie, plaies et qui calme les boeufs méchants. dè (adv.) : ainsi que dé (prép.) : avec, en compagnie de de-bay-coore : méchanceté. de-bay-koge : ignorance. de-bay-woore : laideur de-bay-yaage-jag : désobéissance de-ǣiili : être enceinte.
de cegé : le jour, midi, chaud, chaleur. de-cocoo : pauvre, douloureux de-da’-nen : avoir la possibilité, la capacité, pouvoir. de-deele : juste de εl (lε) : 1, bien, en paix, bon (sens moral) 2 (n.), habilité, esprit de créativité de-fooré : odeur. de-gaali : difficile. de-garge : quadragénaire, vieux. de-gεtε : menteur, traître degeere : haut, grand de-gobre : gras, corpulent de-hayle : assis de-haa : méchant, sevère, hostile. de-hodge : bien. de-hragge : cassé, brisé, brisure. de-hragge se : triste, fatigué, désespéré. de-hugli : faible, faiblesse de-kôré : sage, savant de kod ,de kod koddε : gratuitement, vainement, sans intéret. dè-màaga : pendant que, quand, lorsque, douteux. de-mbud-soorê : humiliation de-moday :vers neuf heures. de-naage :ointu, brûlé
de-nen-sεŋ : pire, d’un seul coup de-ŋgar : mesure (qui convient). de-ŋgεlge : étonné, têtu, troublé, perdu, perturbé de-ŋgogre :maigre, maigreur. de-parday : vite, rapide. de-paage :long, longueur de-ruggi : maturité (fruits), maturité d’esprit de-so’ge : décomposé. ŋgel de so’ge : bonne terre de suŋ : nuit. de-suuli : couché de-tawgi : habilité, malhonnêteté de-taabe : vieux de-waŋ : colère, contrainte. de’εsε : arbuste dont le bois est utilisé pour faire les toits. deba’-deba’a : collant, visqueux. debàlà :le présent, beaucoup, nombreux, trop, très. deboore : tuberculose. hεl deboore : toux du tuberculeux debulbuli, debubuli : ronde, cylindrique, entier deǣay gè : ébranler, chanceler deǣayge : ébranlement, trouble, chancelant
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deǣεǣ : beaucoup. deǣlig(gi) : épais. decεr(rε) : colonne vertébrale. dedε : frère, soeur. dêe : chant funèbre (de lamentation). dêe : forme d’insistance. dèe gè :tresser la corde, en roulant des fibres contre la cuisse dèe gè nen saale : tresser la corde dèe gè ti : faire de tresses avec le cheveux, enrouler pour faire les tortillons des coiffures. dèebô : l’année prochaine, après la prochaine fête du poulet (oct. nov.) deele : droit., debout, en position verticale, juste, billon soo deele : se dit de qqn qui ne s’assoit pas defay : neuf, nouveau. defirgi : à moité seché, à moitié refroidi. defooré : bave, mousse jif gi defooré : écumer, baver. car ge defooré : écumer, baver defoore-sabuli : mousse du savon defoore-waage : cicatrice. defoore-yii : mousse de la bière, levure de la bière.
dèfùŋgû : plante spéciale “aubergine” indigène dega’a : égal, même, pareil, semblable dega’ : de la même manière degam jε’ε : du verbe hay ge: rester, en détermine la façon degar(ra): autour. de gεε (prép.) : avec, et degεr-gεr(rε) : [Culture] cercle en branchages ou en paille pour lier le toit en paille dehay : [Culture], morceau d’étoffe qu’on porte aux hanches en signe de deuil, bandeau. dehay : païen, étranger, d’un autre groupe ethnique, inconnu, sans façon, sans manières, irréfléchi dèlay gé : prendre, donner une forme concave, s’entrouvrir. delel : petit et rond, circulaire. demal ge : écoeurer, raisonner. denaŋ : du verbe dee ge: courir, en détermine la façon depay : frais, humide, lent, mou., à l’instant, il y a une minute.. depeere : le moins, insuffisant. depiiri : blancs, blanchâtre depuy : blanc
depuygi : éveillé, prudent, sage lag ge depuygi :, ètre, rester sage, prudent derdεw: chatouillement. derdew co’ ge : chatouiller desay : doux, heureux, frais., tiède, envieux, bonheur, désir desee : rouge, pourpre, de couleur chaude. desii : avec chance desii ti, heureux deswa’ : témoin, troisième déw : igname sauvage. dèwle :cabane provisoire deyi : au large dε gè : manger, prendre du ventre , être sur le point d’accoucher. de dε gè prε’prε’ε : être à termes dε’ε : un peu dεε : pièce de dix francs, boeufs dεεs :du verbe le’ ge: tomber, en détermine la façon dεf-baale : tibia de la vache dεf(fε) :ergot des oiseaux, des poules..., coccyx. dεf gè : ne plus bien raisonner, être timbré, dramatiser. dεf gè nen waare : multiplier les paroles dans la conversation
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dεfgè: préparation (sauce), dramatisation dεflεga : peu profond: puits, recipient.... dεg gè :entasser, remplir, damer avec un bois ou avec les pieds : sol, colon... dεm : porc-épic dεm gè : salir dèmgè : saleté, sale dεŋ: debout, en nombre dεŋ-dεŋ : vélo dεr :appendice dεr(rε) :humide dεrε : bière de mil sp. plus alcoolisée dεr gè : devenir humide, lubrifier. dεra’a : vrai, exprime la restriction dans un choix. dεrgεl (lε) : brique ma’ ge dεrgεl (lε) : faire des briques diblig(gi) :épais (ne s’emploie pas pour les liquides). didi : arrière petit-fils : terme de parenté troisième génération. didil : guitare. didil maa saaraw : harpe didil haare : lyre dig gi : empêcher, retenir, défendre digli : gros. digil(li) : mûr à l’intérieur du grenier pour la division en plusieurs compartiments.
digin-gin-dwee : herbe sp. odorante, comestible digin-gin-manmuyuuri : herbe sp. odorante, non comestible digir(ri) : grenouille, crapaud buffle. dijεrε : criquets dévastateurs, criquet pèlerin. dijoge : mâle de la pintade dijoo : civette, mangouste. dilegû : instrument à vent fait avec une calebasse allongée. dilεm : pique (jeu de cartes) diligi :flûte en tige de mil. dili’ gi : retrousser. dilnà : harpe à six cordes. dim :poisson sp. dimaasi : petite tomate cultivée dans le pays tpuri, consommée fraîche ou séchée, tomate, dimanche dinàare : carreau au jeu de cartes dinig(gi)i : qualifie l’adjectif: gros. diŋ : être, c’est, diŋ sεn gà : beaucoup, très nombreux. diŋ-diŋ-bii : rivage, plage, bord de l’eau diplig(gi) : épais: objets dur et compacts dirεgtεr : directeur (école)
ditigi : petit panier pour la pêche. dïw : arbuste sp, utilisé pour faire des pipes, des pièges à rat, des lits diw kloŋ : tuyau de la pipe fait avec ce bois, piège. diw-bïi : plante aquatique sp. diw gi : grandir, s’épanouir, se multiplier. dii gi : déformer (objet long), tordre. dii gi faage : virage do’ gè : allumer, mettre le feu doǣ(ǣe) : mal cuit. jag doǣ : mal parler, parole agressive boo doǣ : aluminium doǣ-oobe :rouleau de tissu, pièce de pagne. doǣ gè : brouiller, troubler l’eau doǣ gè jag mborglo : bafouiller, bégayer. doǣge : trouble (eau). doǣge-jagge : difficulté de prononciation dôdo : oie, canard dog(gε) : support, pilier dog gè : recommencer, répéter. nay dog gè : taper sur un animal qui vient d’être tué à la chasse pour avoir droit à la patte ou au gigot, tuer un animal malade. dog gè wεr : sarcler
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dog gè jagge : radoter, faire des sottises doggà : encore, propre, même, d’ailleurs. dogge : répétition, recommencement dogol gè : trébucher, cogner. dogray : petit de taille, court et robuste dogtor : médecin, docteur, infirmier, aide soignant. dom gé : prier., supplier., céder à, se plier à, choyer domgè : supplication, gentillesse. dom-leege : vent, contrevent. dom-pigri : herbe dono’ : lit en terre battue (poto-poto) dôŋ : moitié, demi, nus, rεεda, dusi dôŋdôlôŋ : verre, lunette, bouteille. doŋloŋ : mil, sorgho jaune répiqué en fin des pluies. doo : bras, main., dizaine., possession. doo dwee : cinquante doo dwee-dwee : à mains vides doo gurri : bras gauche, gauche doo par : mesure de la longueur de la paume de la main depuis la base du pouce jusqu’au bout du majeur, hauteur du corps plus bras étendu (mètre tpuri) longueur
de l’avant bras plus la longueur de la main doo warre : bras droit, droite bay doo : incapable, inhabile, maladroit de doo : adroit, habile. ha ge doo : [Culture], au début du mariage, la nouvelle épouse réserve une partie de la nourriture ou boisson pour son mari ou pour la belle-mère en signe d’affection ha ge doo : corrompre, mouiller la barbe. hoolε doo : dans la cérémonie du mariage ǣo’ ge way ti bii on appelle ainsi la nourriture offerte à la nouvelle épouse et donnée aux invités re ge doo : [Culture] dans la cérémonie du mariage ǣo’ ge way ti bii on appelle ainsi la nourriture offerte à la nouvelle épouse et donnée aux invités, appauvrir, gaspiller suŋgu doo dwee : deux cent cinquante francs suŋgu doo swa’a : cent cinquante francs doo nono : comme, comparaison. do ga : parce que. doo sεn nono : comme ça doo sεn no pa : de même encore
doo maaga : parce que, comme. doo may : pourquoi cela? doo-bàllè : trompe de l’éléphant doo-darge : le cercle des chasseurs , embuscade doo-fur(ri) : chenille qu’on trouve sur l’arbuste “furri” doo-kod(dε) : mains vides, bredouille doo-la-tuu : à l’instant, tout de suite doo-wùrri : herbe sp. doolε : prière de l’initiation, mouvements des initiés doolε : panier pour du mil pilé doolε : notion d’obligation, dor gè : faire semblant de refuser qqch., faire des manières pour obtenir des faveurs, flatter, feindre dorno : labrets. dra’a : mème, aussi.., absolument. draa :du verbe baŋ ge: lier, en qualifie l’intensité et la façon dramgi, dramji : herbe sp. servant de paille, herbe qu’on mélange à l’argile. drεŋ gè : être rabougri dris gi : émousser droǣ gé : troubler. droǣ-yii : marc de la bière non fermentée.
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dros : épais jag dros : lèvre épaisse dros, drus : du verbe lε’ ge en détermine la façon de l’action. drùs gi : répandre irrégulièrement (fumier, braises..) dù’ gi : toucher, palper, provoquer, apparaître. dù’ gi gor gesiŋ : vaincre a la lutte, renverser dubbu : million duǣ(ǣi) : filet de viande morceau de viande, cambrure des reins. dùf(fi) : arbre sp., ficus aux fruits comestibles. dufgum : herbe sp., graminée qui sert pour faire des secko et des toits des cases dûg gi : fermer,, encercler., vomir., rejeter, déborder, inonder dûg gi ti : s’acharner sur, foncer sur dûg gi doo : perdre, se faire avoir, serrer les poings, faire le coup de poing dùgi : poisson dugorgore : fruit du savonnier mbaga dugudi : [Culture] dans la divination halge, est le terme général pour désigner ce qui est mal ou anormal dûgùdgi : plante sp. sauvage, dont les
graines ressemblent à du sable, mangées en cas de famine, gros sable dùgùd’ gi : rendre poudreux, farineux dùgùd’ gi nenne : briser. dùgum : lutte, jeu de combat dugur(gur) : rond. dugur-hoo1ε : tortue. dugur-leege : tourbillon. dugurgi : secouer dugwàarè : conséquence d’une faute, [Culture] rhumatismes attribués à une divinité soo mécontente d’un comportement. en particulier si on a tué qqn à la guerre, si on a tué un âne ou un cheval. dugyaa : gale (hommes). dulya :vie dulye : petite tourterelle dumo : son de la farine tamisée dùmô’ gé :pétrir, écraser entre tes doigts. duŋ gi : courber, être bossu, être voûté. duŋduluŋ, duŋguluŋ : calebasse allongée, servant d’instrument de musique à corde ou à vent, frappé contre la cuisse, joué par les filles.... dûr gi : combattre, faire la guerre, lutter, se
mettre en peine, gesticuler, frétiller, se débattre, se démener, supporter ou faire de son mieux., jouer dùr-dùr : résidu, débris, déchet, lie dùr-dùr yii : bière de mil pas filtré. durgi : guerre duryawa : veille. dûs gi : répandre, disséminer, disperser, se séparer., chasser dûs gi waare : répandre la parole, calomnier, médire. dusgi : débandade, dispersion duu gi : [Culture], crier, chasser les mauvais esprits, notamment manhuuli, en faisant du bruit, gronder, brûler dùudù : escargot à coquille ronde. duugi : cri, cérémonie spéciale du Chef de Dawa, après la fète du poulet yii duugi : bière préparée pour la fête du chef de Dawa duulεkε : [Culture] jeu entre jeunes le soir dûwâanè : douane, douanier. dwàl gè : fondre à la chaleur, se détendre, se remettre d’une maladie, convalescence dwas gè : supprimer, dissiper, disparaître.
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dwee : oiseau, canard domestique, mil sp. dwee (num) : cinq suŋgu doo dwee : cinq dizaines de 5 fr.= 250fr. dwee-koo : oiseau sp. pivert dwεl(lε) : dessus de la biere, avant la fermentation. dwee : rhume, grippe, chandelle au nez, morve. maŋ ge dwee : première quantité d’un repas ou d’une boisson, que le propriètaire goûte avant de l’offrir à qqn ǣo’ge dwee : jeter un sort. dwee-fiiri-bii : variole, diphterie, appelé autrefois waŋkluu, ce nouveau nom désigne la paille fiiri-bii avec laquelle on la soigne dwee-jorge : pneumonie. dwee-kluu : variole dwεd(de) : dur, solide., résistant à la lutte, molle, élastique dwil(li) : jarret, mollet. dessus de la bière non préparée, grand vent. hm jag dwil, le péroné dwuuri : veuf, célibataire ǧ ǧa : d’abord,
auparavant ǧa la :
souhait, exhortation, s’il vous plaît ǧaage : puisage, folie, sottise ǧàa gè : puiser de l’eau, fumer, être fou, insensé. ǧàa gè jag : goûter, boire. ǧàa gè kloŋ : fumer la pipe. ǧàa gè ŋgel : bondir ǧag : là, allongé, étalé. ǧàg(gè) :saleté, sale, impur. kaŋ ge ǧàg : souiller ǧàg gè : soupçonner, constater, analyser, réfléchir, imaginer. ǧal(le) :chronique, tension. ǧaŋ : écureuil, rat palmiste. ǧàr gè : insulter. ǧarge :insulte ǧàw gè : tenir (à la main, dans les bras...). ǧàw gè doo : garder, s’occuper de, prendre en charge. ǧàw gè jagge : se contenir (parole), ne pas intervenir. ǧàw gè se : se reserver, se maîtriser ǧàw gè wąąre ǣiili : être rancunier ou être discret, confident. ǧàw gè sir, gouverner ǧàwwà : mieux, meilleur, un peu, assez
ǧè gè : appeler, nommer., convoquer. ǧè gè ǧuu : faire l’appel ǧè gè sọọ : appeller l’esprit ǧee : course, fuite ǧee gè : courir, fuir, se sauver ǧee gè ti, secourir ǧee gè war, aller à la poursuite, chercher qqn ǧee gè ti taale : «feu de paille, ça n’est pas grave. » (litt. courir sur le hangar) ǧèere : arbre, fruit du jujubier , [Culture] lit à madriers en jujubier , courses, fuites ǧëgàl gè : poser, superposer, croiser, appuyer la tête sur qqch. ǧegεr : droit, repère, exact, réference, moyen, solution. wŭr ǧegεr : midi. ǧegil(li) : complexe, difficile, dilemme. ǧèmέs : tranquille, calme, imperturbable. ǧέm ge : boire une quantité de liquide d’un seul coup. ǧέŋ : ruse, astuce, malice, manière. de ǧέŋ ǣilli, technique, habilité. ǧεŋǧεrεŋ : ilôt ǧεŋǧεrεŋ-jag-jiili : sternum.
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ǧεŋ-gor-mo : verre pour boir large ǧέr gê : décanter un liquide, verser un liquide avec soin. ǧεrεs : peu. ǧέrέwàlè : papier, lettre. ǧεw(ǧεw) : pointu, en pointe. ǧέw-ǧέw : un peu amère, non sucré. ǧεwsεŋ : plante sp. épineuse, chardon ǧid gi : monter, descendre ǧiggi : pensée, projet, désir ; ambition ǧîg gi :¤ penser, se remémorer, désirer, avoir la nostalgie, réfléchir, distiller, filtrer goutte à goutte ǧîg gi ti : se souvenir ǧîg gi wããre ne jobo se : en vouloir à qqn ǧii gi (ǧidgi) : monter, descendre, grimper, s’accoupler (pour les animaux). ǧii gi lε go : descendre. ǧiŋriŋ : lieu élevé. ǧir gi : casser. ǧiw gi : grandir, se développer, multiplier, augmenter. ǧomọ gè : supplier. ǧoǣ gè :redresser, rectifier, éduquer, corriger., supplier.
ǧog gè : économiser,
conserver, rendre, se réserver. ǧoglom : bosselé ǧogol gè :couper en deux, cogner ǧogor : trahison ǧόgόm-ǧόgόm : plante sp. : herbacée ǧoloŋ :droit. ǧoŋ-ǧoŋ-doo : coude ǧόŋrόs(sέ) : modeste, discret, posé, calme, droit ǧor(rε) : entonnoir. ǧuǣ(ǣi) : innombrable. ǧug : debout, nombreux. ǧug(ǧuggi) : ceux-ci, ensemble, étalé ǧùg gi : ronger ǧùm : poisson sp. qui ressemble au silure ǧuu : nom. ǧuu jọọ : surnom ǧe go ǧuu : faire l’appel. kaŋ ge ǧuu : donner le nom raa ge ǧuu, renommée loŋ ge ǧuu : heler ǧùu gi : piler, enlever les grains des épis au pilon dans le mortier. ǧuuwa : rarement. ǧwil : dessus de la bière non préparée e, E
egre : force, courage, respiration, souffle. egre gir-girri : violence ǣoǧ ge egre : respirer fug gi egre : souffler hoo ge egre : arrêter la réspiration, se fatiguer, perdre haleine je egre : un fort, un riche, qui a le pouvoir laa ge egre : expirer, dégonfler erεŋŋa : épervier. èę gè : nager. èę gè baa : s’abriter èęgè : excréter èęgè mbìiri : déféquer, aller à la selle. ęęgà : très peu ęę - ne? : comment ? èg gè : résister, refuser έg gè : griller, frire. εl (lε) : bonté, habileté, valeur de εl (lε) : bien, bon. εŋ : tranquille, patiemment hay ge εŋ : attendre un moment oo ge εŋ : se calmer ǣεg ge εŋ : épier attentivement εŋŋa : lentement, doucement εŋre : en cachette ǣodge εŋre : épier εr gè : penser, réfléchir, examiner, observer, constater, supposer, soupçonner, contracter son corps, pousser au moment de
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l’accouchement, à la selle. εrge : contraction, soupçons, sondage εrεŋ gè : enfler anormalement, prendre l’élan pour sauter, pour bondir... εrεŋge : boursouflures causées soit par des coups, soit par des scarifications volontaires, traces de chicotte sur le corps εrgεg gè : déployer un effort, supporter une charge lourde ew : petit et allongé. f,F fa’ gè : vanner, refroidir fàa gè : douter, discuter., contester, contredire, objecter, protester. fàa gè cii : douter jusqu’à la fin, soutenir une cause jusqu’au bout fàa gè jag : nier faada : cour, courtisan, serviteur. fâagè : peau d’animal tannée, peau de boeuf ou de chèvre tannée portée autrefois par les hommes comme cachefesse. fâagè mbarga : portebébé en peau décorée de kaolin rouge (girri) et cauris waŋ ge fâagè : tanner la peau
fâagé : route, piste, sentier, chemin, solution, permission. da’ ge fâagè : trouver un moyen da’ ge fâagè jobo : attendre, éprouver qqn ha ge fâagè ne jobo : permettre qqch. à qqn faalè : dos, derrière, audelà de, l’envers, revers., partie extérieure d’une poterie faalè doo : revers de la main see ge de faale : reculer faare : discussion, palabre, doute. ǣod’ge faare waare : conseiller. de faare ǣilli : hésiter, être incertain fad ge : vanner, maudire, dénoncer, gonfler, enfler. fadge : malédiction, vannage fàl gè : passer en coup de vent fàŋ gè : prendre un à un, trier fàŋ gè ǣaale : prise de jambe à la lutte fàŋ gè nenne, trier. fàŋ gè ti : apprécier, estimer. fàŋ : cordon ombilical, placenta laa ge fàŋ : délivrance dans l’accouchement fàŋ coore : premières feuilles
faŋdugri : extérieur de la concession, jardinet faŋdi : celui qui n’est pas au “gurna”, qui n’a pas de vache. fâr gè : prendre, choisir, porter, apporter, être en érection, tressaillir fâr gè ǣil, être distant, secret, en froid, en mésentente. fâr gè doo : saluer de la main à distance , mesurer la distance en étendant le bras fâr gè fii waare : discerner fâr gè jag : empêcher fâr gè se : être sorcier, cogner, trébucher fârdà, farta : pagne fârè : phare de vélo au de voiture. farge : ramassage, érection fàrmàsi : pharmacie. fas gè :effacer fày : poteau fây : rat des champs, souris. fayda :chance. faa : esprit maléfique censé être d’origine moundang. Il saisit les personnes qui travailleraient dans les champs le dimanche, et en juillet et août ceux qui travailleraient mercredi. Il serait à l’origine du sa’a tpuri, poison. faa gè : guérir, purifier, balayer
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faa gè dugwaare : purifier de la conséquence d’un péché. faa gè ǣluuri : purifier de la folie douce, guérir une maladie, due à un sorcier grâce au je saŋ gu ou guérisseur, désensorceler, exorciser, nettoyer, balayer. faa gè jagge : lever une malédiction faa gè de klεggε : chicotter avec un fouet faage : cérémonie spéciale faite à la suite d’un meurtre ou d’une chose contraire à la coutume fade : goût de la potasse, trop salé. fay gé : troubler, perturber, dénigrer, déprécier, dévaloriser, diminuer. fee gè : percer feele :cour entre les cases dans l’enclos, maison, concession felo : vélo. fen :chose, habitude. maŋ ge fen paabe : prendre le caractère du père fen-bodro’o : breuvage fait avec des écorces d’arbres pour la boisson et le bain des bébés. fen-ǣaale : récompense, don fen-degal-ti : coussin
fen-feggε : humour, moquerie. fen-grag-se : ornement de danse fen-hayle : chaise, siège fen-heege :lèpre fen-hor-se, fen-horjagge : chose nauséabonde, dégoûtante. fen-jad-se : chose qui fait peur. fen-joge : boisson, rafraîchissant fen-joo : ornement de danse, instrument de musique pour la danse fen-kaa-ti : voile, foulard, mouchoir de tête fen-kaŋ -ti : coussin, oreiller fen-kiŋ : pharynx, luette caa ge fen-kiŋ : couper la luette fen-ko-nen : miroir fen-kor-han : éponge fen-maa-ŋgaǣ-pooré : balance fen-mbudgi : miracle, humiliation fen-ooge : interdit fen-poore : fardeau fen-rege :nourriture fen-sagge : don, ornements des reins, serviettes hygiéniques fen-saŋ : tout carnassier, pois de terre, arachides... toute graine comestibles qu’on grignotte
fen-sii-jagge : offrande pour le sacrifice fen-suŋ :hyène et autres animaux nocturnes fen-suuli : lit fen-tiŋ : chose qui est de droit au chef de famille fen-way :occupations de la femme, règles de la femme, menstrues fen-yεrge : bic, crayon, stylo fentray : tout seul, solitude fee : choses, sort. fee gè : se moucher fee gè dwee : se moucher fee gè ǣaale : se reposer. fee-dwee : arbre dont se sert du bois pour faire des cases feegu : terre blanche: chaux. feere : choses, sperme laa ge feere : éjaculer laa ge feere ne jobo se : jeter un sort feere bag-bag : animaux sauvages feere fuggi : choses qu’on offre pour le sacrifice feere mbudgi : miracles fε’a : faire du commerce en achetant en gros pour vendre en détail. fεdε : éventail en paille pour activer le feu, pour s’éventer.... : fête
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fεd’ gè : répandre, saupoudrer, pulvériser. fεdεg gé fii ne jobo ti : féliciter qqn fεdεg gé : attirer l’attention de qqn par un signe de la main, rejeter. fεdεg gé de doo haw : provoquer qqn avec un signe de la main à la joue fεdεg gé fii : louer en faisant des gestes avec des fleurs, des branches, avec les doigts en défaut de cela fεdεg gé wuu : ramasser les braises. saŋ de fεdεg gé : dents en forme de virgule fεggε : rire, sourire jag fεggε : souriant fεg gé : rire. fεg gé ti : se moquer de, avoir envie de rire, sourire à. fεg gé nenne : désirer sexuellement, plaire fεgge-ti : moquerie fεh : heureux, content, satisfait ǣil fεh : heureux jag go fεh : heureux fεnsiya : pièce de cinq francs. fεŋ : espace entre deux noeuds, articulations fεr gè : revenir, rendre, restituer, rembourser, retourner, répondre fεr gè blam : retourner, reculer fεr gè diggi go blam, regretter, changer d’idée
fεr gè gesiŋ, diminuer, décroître fεr gè glug : recracher dans le récipient dans le quel on boit fεr gè lε : revenir ici fεr gè waare : répondre, conseiller, rapporter les paroles de qqn, citer fεr gè way ne war ǣε : envoyer l’épouse à son mari. Dans la cérémonie de mariage après le consentiment de la fille (wiigi jag may), l’épouse est accompagnée par le témoin (je tawgi) chez son mari fεr gè woo : retourner là-bas, fεr gè dog waare : répéter fεrge : retour, venue fεrgεŋ : poisson sp. fεw : arbre sp., piège à collet pour les oiseaux. fεw : lune fεw baa kag depuy : veille de la disparition de la lune fεw bad ǣil go ciŋ : la lune est pleine fεw caa jag tuu : pleine lune fεw haŋgad wel ǣili : premier quartier fεw huu go : la lune est morte fεw kaŋ ti wày : dernier quartier fεw kol wε : la nouvelle lune est apparue
fεw lεr go ciŋ : pleine lune #Ä : veille de la nouvelle lune fεw co’ ge : sacrifice à la lune, fête, spécial au chef de Dawa huuli fεw : veille de la nouvelle lune iigi fεw : être enceinte, fête, mois. fid gi : attiser le feu, souffler, faire tourner qqch en rond. fid gi fugum : attiser le feu avec le soufflet. 2, dérouler, effilocher. fid gi mbaaraw : égrener le coton fig(gi) : interêt. figliw : fille ou femme libre qui se prostitue, instabilité, infidélité fii : herbe ,paille fii maa de pay : herbe fraîche, verte bo’ ge fii : démasquer, faire comprendre, prévenir, sensibiliser fii : serpent fii : luette, inflammation de la gorge fii : chèvre fii-bii: herbe fii-cagge : herbe sp., très dure, pour tresser des nattes fii-dramgi :herbe sp. servant à protèger les greniers avec cette herbe tressée fiigiw : mille pattes, jute fiili : ville fiiri : chèvres
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fεd ge fii : féliciter fiiri-bii :sorte de roseau dont on fait de la vannerie fïi-wayla : chèvre de haute taille fiŋ gi : être bien plein fiŋ gi paa : sécréter du lait, méfier, attrapper, rouiller fiŋ gi way : se rouiller, rouille fir gi : essorer, égoutter, sécher, 2 être âgé, être vieux, vieille., mourir. fir gi nenne : écarquiller les yeux. firgi : vieux, pas bien séché (habits, grains..) firliŋ : arbre, dont le fruit est “soodε”. fiyεn : plante sp : parasite, dit “gui”, qui sert à faire de nombreux médicaments. fid gi : remuer, secouer., se balancer, bouger, se dépécher, envoûter., devenir fou, perdre la raison. fii-fii :mouche maçonne. fiigi :ongle. fiigi do, ongles des doigts de la main fiigi ǣaale : ongles des orteils flay : espace, en paix, en bonne santé flew : sifflotement flεg gè : chasser, pêcher flεg gè waare, examiner, analyser
flεg gè nen mbaaraw : faire la dernière récolte du coton flεg : un peu. flεgge : chasse, pêche. flεgrε : écorce, son du mi1), enveloppe, épluchure, coquille, écaille flεŋ : petit trou, androit caché, 2 opportunité fogad :vraiment. foo : arbre sp. foo gè : sentir (odorat), renifler, déplaire, dégoûter. maafoo gè fay-fay : épices, parfums foo gè cuggi : priser foo gè de coore : sentir bon, agréable foo gè de coore de mbrεŋ, fouetter foo -foo :plante parasite qui pousse dans les champs du sorgho foore : odeur kaŋ ge foore : dégoûter, en avoir marre, être excédé fog gê : détacher. foggε : dans l’expression ǣo’ ge foggε : lancer un défi à la danse, se promener devant l’adversaire à la lutte fom gè : revenir. foo : amusement, gymnastique. ŋgid gi foo : jouer un sale tour, humilier mbud gi foo : mépriser
foo gà : beaucoup, vrai, véritable. jag foo gà : véritable. for : forêt. jag-for :ivage. forlome : mil sp. foto :photo, image fraa : lieu où les chèvres avec leur gardien se mettent à l’ombre pendant la chaleur. : fourreau, carquois, étui, membrane. fraa ǣiini : prépuce fraa méenè : hymen frây : cadeau d’alliance qu’on fait aux frères et soeurs de l’épouse qui viennent conduire la jeune mariée chez son mari frây huuli : cadeau en biens (bétail) ou en argent, donné pour avoir la permission d’enterrer un mort si c’est une femme, versé par son mari aux parents de son épouse; si c’est un homme, versé par son père et ses oncles paternels aux oncles maternels du défunt, pour maintenir les relations entre alliés. frày ge : marcher, longer une route. frεg gé : démanger, gratter, se gratter du bout du doigts. frεggε : démangeaison
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jag frεggε : sens figuré péjoratif: dévoiler les secrets, être indiscret frεŋ : vol, en cachette, secret je frεŋ : voleur. joŋ ge frεŋ : voler raw ge frεŋ : partir en cachette frεw : en vitesse, sans s’arrêter, en un clin d’oeil, en un instant frid gi : percer frîŋ : creux et profond. frùg gi : déterrer (igname, arachides, racines...) frùg gi nen : se renouveler, chercher à l’intérieur. frùm gi : piler, se ruer sur qqch. pour se l’approprier. frum-hoolε : morceau de ‘boule de mil” desséchée. frûy gi :se réjouir fruygi : joie, réjouissance füdûr(ri) :poudre, insecticide fùd gi : fleurir, s’incliner (le soleil). fùd gi faale ne jobo : fouetter qqn fudgi : apparence, silhouette. fudgi-koo :fleur fudgi-saŋgu :fleur sp. d’une éspèce d’oignon sauvage fùg gi : déposer qqch. sur la route ou au carrefour des chemins,
ou faire un sacrifice, se rassurer. fùg gi way : donner un médicament à son chien pour en faire un bon chasseur. fùg gi halge : faire le sacrifice conseillé par le devin fùg gi soo : apaiser l’esprit, la puissance, souffler. fùg gi wuu : faire le feu. fuggi : offrandes pour éloigner le malheur. fugum : oiseau sp. , soufflet du forgeron, sac, besace fuh : calme, retenu, dégonflé, désert, lieu éloigné du village au sol argilo-sableux hydromorphe, dit yaere, brousse fùl gi : souffler, gonfler d’air en souillant fulgum :plante sp. qui pousse dans les champs de mil rouge, parasite ful-too : vessie. fuŋ gi : tirer, étirer. fur(ri) : arbuste sp. guiera senegalensis, qui pousse dans les terres pauvres. wel furri : petit garçon qui vient de naître et qui n’a pas encore de nom, tique des animaux. furdu : boisson non fermentée faite avec du mil. furyaa : herbe sp. à sauce, médicament
contre la maladie des poules. fuy : grimace, gaminerie, jeu fuu : oie de Gambie, canard armé fuu gi : souffler, réveiller. fuy :poil. fuy maa jag : moustache (animaux) fuy gi : dépêcher. remuer, secouer, branler, bouger fuy gi jagge : goûter fuyda :fronde, lance pierre. fuygi : griffe fuygi doo : ongle de la main fuygi ǣaale : ongle des orteils, sabot fuygi ǣaale-day : sabot de la vache. fuy gi : bruit fuygi ǣaale : bruit de la marche fuygi-doo-garre : sorte d’acacia dont l’écorce est utilisée contre les maux des dents. fuy-kaara : maladie du bétail, tique qui s’insère dans les sabots et fait enfler la patte g, G gà :, ne … pas gà da : pas encore gà has ǣuy : jamais. gà : n’est ce pas ?, que gà na : que.
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ga yaw : n’est ce pas? gà’gè : niveler, ramener à un certain niveau en taillant (calebasses, jarres, bois…) ga’a : égal, ni jeune, ni adulte, à la juste mesure, net, au bon moment. ga’ dawwa : moyen ga’arum : héron noir, coloration noirâtre, putréfaction du placenta gaagir : civette. gàali : introuvable, difficile, important, pénible gaǣ gè : se fatiguer, être dépassé, être perplexe, fatiguer qqn, déranger qqn. gadagre : loin(très). gaduuru : cochon, porc. gad gè : ciseler avec art, faire une encoche, tailler, sculpter, avoir des traces ou moustaches autour des lèvres, se bousculer, se précipiter en désordre (troupeau) gad gè liŋ : se hâter de rentrer à la maison gad gè getε’ε : mentir. gaf ge : assembler, ranger, mettre face à face. gafraw : peau d’animal décorée, préparée pour l’initiation, tourterelle sp. gagag : difficilement, avec peine.
ga-hay-la ?, ga-hayne ? : comment ? gajeere : culotte grossière sans poche ni braguette. gàl gè : remuer le mil dans la calebasse pour que les saletés reviennent par-dessus, épurer, affiner, durer, devenir robuste, ne pas se marier (fille). galdu : robuste ga-lε-la? : pourquoi?, pour quelle raison? gal-ga? : pourquoi? (reproche) galge : lisse, gros, robuste, fort galsoŋ : caleçon galyoŋ : camion, caterpillar gàm gè : refuser les uns après les autres, comparer, rejeter la responsabilité de, ne pas être d’accord, refuter. gàmà : protecteur féminin de la famille; gamay : jusqu’ à quand, combien? gàmbùs : cache-sexe des femmes baŋ ge gàmbùs : porter le cache-sexe gâm-gâm : piège à ressort pour attraper les petits rongeurs. gàmlâ : bélier, mobylette ganǣaw : chenille sp., herbe sp. gànè : amulette
soo gànè : esprit du lamantin gaŋ : moule à briques, bascule, four pour sécher le mil gara’ non mûr, habit, gandura, grande robe pour femmes gàŋ gè : attacher les boeufs pour le pâturage, écarter les pieds, les bras, entrouvrir, forcer pour ouvrir ou écarter deux composants l’un de l’autre, contredire, résister. gaŋge : campement gurna gar : vis gar(re) : autour, plante qu’on mange en temps de disette, aigle gâr gè : vieillir, endurcir, vaincre, rendre luisant. gàrà : mil sp. rouge, à différentes espèces gàrà : dehors garday : pubis gardi : garde nationale gàrfuyda : vraie fronde faite avec une corde, lance pierre garge : vieux de quarante ans et plus, d’un certain âge. garlina : femme méchante, qui n’a peur ni honte gâs gé : secouer, bercer, tamiser gàsiya : arbre sp. acacia.
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gàw : ensemble des instruments de chasse. je gàw : chasseur, ennemi. gawla : corbeau, le plus fort. gàwlàŋ : femme divorcée, prostituée gàwlé : le gros labret gawna : être enceinte pour la première fois. gàwrâŋ : lance, sorte d’arme de guerre. gàwsu : caoutchouc, plastique, rustine gawyaŋ : branchages, morceaux d’étoffe gày gè : fatiguer gayε : arbre sp. neem gàyre : fatigue, usure vieillesse, malheur gaywa : tuyau en fer, pour la pipe, fusil ga : anneau de cheville, gambières en tôle gaa : gazelle, antilope gaagè : corbeau gaagè : couleur blanche et noire. gay : pion gay jaw : variété de gay avec cinq pions dans chaque trou gay-ǣa?, gay-la?, gayne?: combien? ge? : est-ce que? ge : suffixe de l’infinitif, futur du verbe. gebar (re) : transport sans coussin gèbέε : esclave gèbέllέ : dalle en argile servant de couvercle.
gèǣlèw : dissymétrique gècέglέ : couteau de jet en bois en forme de «T» gedεǣge-nen : brisure gedεm gè : accuser qqn, porter plainte. gedεŋ : nain. gedεŋ gè : danser en chantant les couplets du wiile gedεw : bois fourchu servant d’étagère gefa’a : accueillant, en bonne santé. gèfaf gè : user, abîmer, dévaloriser qqn gefafge : usé. gèfay : pilier, poteau. gefε’ gè : maigrir, perdre du poids. gèfèeré : piège. gefefge : terne. gèfέd’gέw : margouillat mâle. gèfέŋ : léger, articulation. gèfεrgεŋ : moule, coquille de moule genan : arbre sp. gènàn gè : porter qqn sur un brancard, attacher, emballer gen-ne? : où? gesaŋ : tiges de mil rouge coupées caa ge jag gesaŋ : couper le mil rouge et le mettre en bottes dans le champ gesargé : couché sur le dos. gèsàrgè : nasse de pêche.
gesariyεl : rideau. gèsáagè : morceau de canari, tesson de poterie, abreuvoir des poules. gèsáagè bii : eau restante dans la mare gèsáagé : pubis chez la femme. gesεd(de) : résistant gesεl : à la place de, à défaut de, en récompense de, au lieu de ma’ ge ti gesεl : rendre l’offense. gèsiŋ : par terre, au sol, sur le lit, position assise. ǣo’ ge ré gèsiŋ : renoncer au châtiment, mettre fin à une affaire, à un problème hay ge gèsiŋ : rester assis hee ge ti gèsiŋ : baisser la tête. nen gèsiŋ : en bas. gètâglε : balai, herbe sp.avec laquelle on fait le balai getε’ε : mensonge, snobisme. da ge getε’ε: orgueil, aimer la grandeur. caa ge getε’ε : mentir. gew getε’ε : valeur, bosse de bison gèw-gèw : cotisation d’argent, objet parié ou somme d’argent engagée gey : élan de derby ou biche-cochon.
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geyam : entrave, fers aux pieds geyam : pleurs à la mort gee gé : grandir, croître, pousser, élever. gee gé welle : adopter geegè : voix, ton. geerè : grand, géant, grandeur, hauteur, taille. gεd gè : être stérile, rendre stérile, demeurer sans se marier (fille), secouer pour libérer, bouger, insister en demandant qqch., rester attendre longuement qqn gεdgè : stérilité gεε : avec ,et gεεrε : jumeaux laa ge gεεrε : accoucher des jumeaux gεl(lε) : repère, déviation, source, origine, dévié, pas bien droit, tordu. gεl gé : réserver pour, choisir, isoler qqn, sélectionner, consacrer à. gεlεŋjεw : oiseau sp. bleu, mal posé, qui balance, qui dandine gεŋ-gεŋ : fruit de l’arbre acacia albida (faiderbia). gεŋgεŋru : albinos gεr(rε) : marque du superlatif gεr woore : le plus beau gεr jag woore : le plus beau (superlatif absolu). gεr(rε) : marque la position droite, marque la position allongée,
courbée, nu(e), immobile gεr(rè) : étoile, lumière, bougie, lampe, cataracte de l’œil gεr waa : la grande étoile du matin gεr way-dwurri : l’étoile du célibataire; quand cette étoile disparaît, les femmes mariées se couchent et les célibataires ne trouvent plus à manger gèrdèw : instabilité. gεrhee : âne. gεrnègu : insecte qui dégage une mauvaise mauvaise odeur gεrsεlε : partie restante de qqch. caa ge gεrsεlε : circoncision gεtεεlε : coussinet rond gεwlε : corbeau gεd gè : provoquer gεd gè jagge : provoquer en paroles, agacer giǣ gi : malaxer la boule de mil avec de l’eau giǣεrε : arbuste sp.utilisée pour tresser des seckos gibigri : sueur. laa ge gibigri : transpirer yuu gi gibigri : suer. gibir(ri): auvent gibir-gibir(ri) : carreau, papillon. gicεrε : terminus du placenta
gidafya : piège pour canard armé gidelay : lit en bois de la saison chaude, très élevé gidε : affirmation, approbation, insistance, désapprobation. gidεgrε : petit. gidεl(lε) : petit puits de la saison pluies et du début de la saison sèche. gidigi : nasse cônique roseaux, pour la pêche de petits poissons. gidigli : bouclier tressé roseaux fiiri-bii, doublé de cuir. jwa’ ge gidigli : faire la roue, faire des acrobaties, signe de malheur (deuil, maladie grave) gidil(li) : gros, pas tranchant. gidiŋdiŋ : morceau de bourma cassé, mélange dégraissant, paille et poterie concassées, verre (matière), vernie, unique, seul. gidoŋ : guidon de vélo, volant de voiture. gidwεŋ : crevette de lac: gidew : bois à plusieurs fourches servant d’étagère. gidεm gè : chanter en canon. gidεr gé : tenir en équilibre sur la tête
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gir gi : touiller une sauce sans condiment gir gi tiŋ : arriver au haut du mur gir(ri) : kaolin rouge giriyà : scoliose, cambrure des reins, ambiguïté waare maa de giriyà : paroles agressives, incompréhensibles je de giriyà : méchant, sournois giriyiŋ : gros (dents, grain...), idée de désordre (grains, fagots..) girliŋ : arbre dont le bois sert à faire les cases girnig gi : marcher à quatre pattes girwidiŋ : oignon sauvage. gis gi : s’appuyer, s’adosser, s’installer sur un siège. gisidgi : marc de la bière. mbiiri-arge : dernière goutte obtenue après la filtration du marc gisidgi : milieu gisidgi dega’ : au bon milieu gisidgi suŋ : au milieu de la nuit minuit. giw-giw : oiseau sp. ibis gla (interr.) : n’est-ce pas? glàd gè : secouer qqch. pour l’arracher, s’agiter pour dégager.
glàd gè ti : nier, secouer la tête en signe de négation, secouer qqn pour le réveiller glàg(gê) : amer, amertume glag-liw : mâle de la pintade glaŋ : chapeau de paille, fabriqués par les petits bergers. glàŋ : lendemain de la fête, la bière du lendemain, restant, reliquat glàŋ yii, bière du lendemain, ou bien d’un jour après la fermentation men ge na glàŋ (gà), aussitôt, rapidement, au même instant, traîner, laisser pourrir une action, un problème. glàŋ : enclos glaŋ-g1aŋ : gros, espacé. glàw(glaw) : qui grandit vite, mue des poules weere maa glàw : enfants qui grandissent vite kag maa glàw : poule qui perd le duvet, espèce de poule de ferme. glεg gè : chatouiller glεŋ-glεŋ-man-boole : clavicule glεsge : dressé glεw gé : trembler, hésiter, dandiner, balancer, être
maladroit, avoir une culpabilité. glèwgè : culpabilité, tremblement, hésitation glis(si) : gésier. glod-boŋ : irrégulièrement, unique glôg(ge) : derrière, sexe. glôg daŋ : dernière quantité de vin de la jarre glôg koddε : nu dag ge de glôg : reculer jor ge glôg : encourager maŋ ge glôg : suivre so’ ge glôg :encourager, accompagner. srog ge glôg : pousser, coordonner (un travail.) gloŋ : mare, petit étang. gloŋ hwεεdε : nord gloŋ waybanne : sud glôr gè :convaincre, persuader, dissuader. glùb gi : brouiller, compliquer, semer la discorde, être paralysé,ne pas bien accomplir les sacrifices rituels glulu-cay : arbre sp. pamplemnoussier, oranger glùm gi : faire du désordre, troubler gôbôŋ-gôbôŋ-1i : araignée. gôǣàl gè : secouer, bouger, étourdir, fatiguer (par trop de paroles)., tourner. gùdêboŋ : coup de poing.
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gododo : canard sauvage godom gé : se plier, plier le genou, courber, se baisser, marcher en se courbant gofafiiri : viande avec beaucoup de nerfs, dartre, pellicules de la peau gofo’ gè : alléger gojε : petit escargot. gojogjo : rainette, petite grenouille golyog(ge) : esprit. gomna : gouvernement, ce qui provient de l’Etat. gonolay : chenille sp. qui vit sur la pomme cannelle. guru : gorille gornog(ge) : chenille dévastatrice, bouton de fleur. gofoore : lie, mousse, bave ǣo’ ge gofoore yii : fermenter la bière de mil gog gê : laver en frottant fort googe : herbe sp., graminée, sert pour la fabrication des seckos, crinière gô? (interr.) : n’est- ce pas? hein ? gô : indique l’inversion d’un procès avec certains verbes « kâlge» entrer, « kalge go» sortir; « yèegè» acheter, « yèegé gô », vendre
go ton ǣεn : le matin suivant go’ gè : rester. goboo : pélican. goǣ gè : grossir, engraisser, bourgeonner. gobre : gras, adipeux godô, gadodo : canard gôdôg gé : suivre qqn en masse. godogray : petite taille, court, largeur. gôdon : couverture indigène en coton, pagne ou tissu en coton gôd gè : fleurir, bourgeonner, pousser des nouvelles feuilles, encourager, rassembler nombreux, enrouler, se mettre à plusieurs pour battre qqn, encercler qqn gofa’a : accueillant, souriant, symphatique, philanthrope. gof : simple, léger naa ge gof : dévaloriser, humilier goforne : gouverneur gofuy : jeux, amusements, jeu risquant, mauvais jeux gog(ge) : zigzag ndar ge gog(ge) waare : infidèle, parjure gôldôŋ : jeune pousse d’arbre, excroissance des arbres gol-maa-doo : boule de coton servant d’ornement,: pour les gurna
gol-doo : avant-bras gom : ami, du même âge, équivalence, capacité, performance, espèce. go-may? (interr.) : quel?, comment? gonolay : lit fait de piquets et de tiges à une certaine hauteur pour éviter les moustiques gônogay : initiation des hommes. gon : sorte de grenouille, insecte, sauterelle, antilopecheval avec de longues cornes en spirale, corne de l’antilope-cheval, coléoptère de couleur vert doré et brillant, bourgeon kan ge gon : bourgeonner, début de la formation des fruits. goŋ gè : adorer, prier recroqueviller. gondolay : tubercule sp. du nénuphar. goŋga : vérité, vrai. goŋ-goŋ : fût, bidon métallique, touque, carcasse de fer. gonjo : friperie d’importation, produits locaux ma’ ge gonjo : dévaloriser, devenir abondant. goŋ-niini : calebasse dans la quelle tombe la farine du moulin. gôo: adjoint du chef coutumier, juge
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coutumier, sacrificateur du chef de terre qui le remplace quand celui-ci n’est pas là goo-goo : insecte gôomô : palmier sp ; ronier gôoni : initiation des hommes gôoro : noix de kola. gôr gè : attendre gôr gè ti : surveiller, veiller, garder gôr gè jagge : préparer un bon repas pour le mari, être attentive au goût du mari gôr gè jag jobo de waare : accuser qqn indirectement par la parole gôr gè jobo de bii yoo ǣi laŋ : attendre qqn avec impatience gôr gè nen ti faage ta’a : attendre qqn avec impatience gor(re) : nuque, occiput. gor swee : partie surélevée du foyer, rebord où l’on pose le petit pot à sauce gorge : attente. gôrgôto : courbé, bossu baa ge gôrgôto : être bossu. gosoŋge : petit recipient pour la sauce. gotor-gotor : rougeole go’ gè : mal élever un enfant, chérir un enfant, être égoïste
go’gè : égoïsme, égocentrisme, avarice gràg gè : habiller, se préparer, être prêt, s’apprêter, embrasser gràg gè doo : croiser les bras, se tenir la main gràg gè suugi : aller dormir gràg gè de woore : glorifier grama : impôt, taxe, patente gràŋ : dur, résistant, sorte de sorgho très dur, aile gran-doo : aisselle. gran-tagtibay : parapluie gràw : bâton gràw boo : barre de fer, barre de fer employé par les femmes sewna et hwayna grày : poulie grεg(ge) : hernie inguinale, aine. grεg gè : refuser, contester. grεg gè glog : reculer, ne pas s’intéresser à, traîner grεgge : refus grεŋ-jiili : sternum. grεw-grεw : sorte de pie groŋ : trou du poisson qui s’enlise dans la boue grùbi : épervier. grùd’ gi : frotter rouler, effacer, essuyer. grùd’ gi jag go gesiŋ : méconnaître
grûm : paralytique, paralysie hrag ge grûm : devenir paralytique grwa’sa’, grwag’sa’ : rugueux. gubudo : plante sp. à sauce, gluante gûbùn gi : sarcler et biner gùbùn : moquerie càa gè gùbùn : se moquer de qqn, radoter, arriver à un certain niveau, moitié gùbùn-gara : partie inculte d’un champ du mil rouge. gùǣ gi : cuire à l’étouffée, mélanger la pâte, délayer, faner, rouler qqn par terre sans le frapper gùǣog : imprudent, insensé gùdùu : arbre sp., posemarmite en argile. guceke : petite lance, harpon gudugri : oiseau sp.de sable guduri : bouillie faite avec du mil rouge pas mûr gudo’o : pas plein, à moitié vide, appellation de bière. gùdûb gi : briser, broyer, écraser. gudubgi : brisure, broyage gùddùbùli : tronc d’arbre qui sert de siège, cale, amorphe.
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gùdûr-waale : coccyx (chez les animaux) gufa : handicapé mental, folie douce. gùfag gè : délaver, déteindre, user, être pauvre gufor : cire, carcasse d’animal mort, cocon gùfùd’ gi : provoquer l’adversaire à la lutte, défier qqn. crier en courant à la chasse, à la mort, à la danse gurna, chasser les esprits. gùffungù : aubergine indigène blanche et verte gûfûr gi : se rouler dans la poussière. gufurgi : démuni, pauvre gùjùg gi : rincer les habits épousseter en secouant gûjùgli : couvercle en paille du grenier gulbuy : herbe graminée dont on fait des chapeaux giilegu : pioche gulug gi : recracher gulugi : animal sp., flûte faite avec la corne de cet animal, tout liquide recraché gùlùlu : arbre sp. aux fruits comestibles et grains toxiques. gùlùri : pigeon jaune vert gùm : arbre sp. ficus polita, figuier, figue
gûm-gûm : plante sp. dont les racines brûlées sont odorantes, encens gumlii : boudin de paille ou de brindilles pour porter le bas de la charpente. gumser : commissaire gumugi : période où les plants de mil sont jaunes. ngel gumugi : période des rhumes, (couleur) vert, pas mûr, goût ni amer ni sucré gumuguri : petite mare gumuu : lutte. gumuu laa haare :tomber ensemble, pas de vainqueur ni de vaincu blaw ge gumuu : séparer les lutteurs gùn gi : jeter un sort, empoisonner, ne pas trouver, rater, manquer, rester, courber, puer gungi doo : poing gungi fεw : piéger gungi nenne : protéger contre ennemis et malfaiteurs au moyen de plantes et écorces diverses. gùnday : paroles agressives, méchantes. gùr gi : lisser, aplanir., faire la dalle de la case gùr gi ti : arrondir gùr gi paa : secouer le lait pour faire le beurre gùr(ri) : tronc de l’arbre, début, commencement,
gauche, injustement, maladroitement gur faŋ : cordon ombilical gur koo : souche de l’arbre, racine gur paa : racine du sein. gur san : gencive ǣan gur ri : côté gauche, gaucher dàg gè gur : danser sans suivre le rythme doo gur ri : bras gauche ‘waa ge gur ri : chanter sans rythme gureg(ge) : petit oiseau qui niche par terre, petite ouverture que les souris font sur les tois gurga : petit canard chinois gur-koo : poison, médicament, aussi bien pour guérir que pour faire du mal. gur-leege : tourbillon de poussière gurlun : fusil, chose ronde qui n’a pas d’ouvertures, pas de division, en masse, en un seul ensemble gùrna : groupement d’hommes autour d’un troupeau de vaches laitières pendant la saison sèche, cure de lait, danse gur-son : houe usée à moitié, douille de la houe gurtum : amputé d’un membre de son corps
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je gurtum : se dit de qqn qui a perdu un membre du corps. guryage : traînée blanche sur le dos faite par la sueur, crasse gûs gi : goûter, essayer., prendre pour femme. gùs(si) : facile, mieux., moins cher, bientôt. gusug : rapide, irresponsable gutagu : patate douce. gutugi : puits. guu : embuscade, guetapens lag ge guu : tendre une embuscade gùyùd gi : arracher, déchirer. guu : coléoptère, aux couleurs métalliques, dont la larve mange le bois gwà’ gè : rester, manquer. gwa’so : « au revoir » joŋ ge gwa so : aller dire « au-revoir » gwàa : obédience religieuse à certains rites et cérémonies aux ancêtres. gwagu : pas mûr, vert. gwan : mangeoire gwàrga : arbre sp. dont on fait la glu avec sa sève gwàrgèdaŋ : couleuvre, dont la morsure n’est pas dangereuse. gwày : kaolin rouge que les gurna utilisent pour enduire le corps pour la
danse, animal sp., cob de buflon. gweere : liane, cactus grimpant, ayant un goût amer, on fait des médicaments, sorcellerie... gwee : herbe, plaie suppurante. gwigwi : la plus grande des chauves - souris, roussette
wel habag-habag : enfant prématuré hâǣ gé : brûler, nettoyer le duvet d’oiseaux ou le pelage d’animaux au feu, fumer (poisson, viande...), griller légèrement, être brûlant, chauffer, être ardent. hàd gé : enseigner, apprendre, s’habituer, éduquer, devenir familier, apprivoiser h, H hàd gé de waŋ : s’habituer à la colère, hà’ gè : jurer, conjurer. être coléreux, s’efforcer hà’ gè jagge : tenir hàdàm gé : plier sous le parole fardeau, faire une hà’ gè soo : cérémonie courbette pour esquiver d’initiation pour les qqch. ‘hwayna, sewna, soo, hâdal gé : s’échauffer golyog: être possédé par hàg gè : suspendre, un esprit; se dit pour les attacher en haut, crises de possession. accrocher hà’ gè hay : ne pas hàg gè se gà : se ficher dévoiler un secret de qqn, ne pas se hà’gè : serment, soucier de qqn. conjuration, trahison hàg gè ciŋ : se suicider huy de hà’ gè : nez par pendaison. pointu haglo : qualité, sagesse haag-tufa (expr) : hal gè : planer, tenir en cracher main, flâner haage : couteau de jet. hàlàg gè : frapper au hâagû : frontière, limite vol, raidir, tordre, être ǣo’ ge hâagû : tracer la tordu. frontière, délimiter hàlàg gè yoo : porter haara : eux, les, leur sous l’aisselle haaram : avarice, halagle : tout ustensile égocentrisme, rapacité, usé ou cassé, poubelle mesquinerie, cupidite, halagle hoolε : morceau injustice, malhonnêteté de calebasse taillé, habag-habag(ge) : utilisé en cuisine qualifie le fait d’être halaw : baillement déformé, pas bien solide caa ge halaw : bailler
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hale : en possession de tous ses sens, complet, normal, en bonne santé hàlgè : divination faite ordinairement avec des pailles ou des pierres. bir gi hàlgè : concretiser les recommandations du devin fug gi hàlgè : exécuter les recommandations du devin je hàlgè : le devin kaŋ ge hàlgè : consulter le devin ko ge hàlgè : consulter le devin halge-doo : aisselle halla : en entier hâm gè : humilier, abaisser, s’affaisser hâm gè jagge : baisser la voix hàŋ gè : fermer, couvrir la tête avec qqch. de circulaire haŋgad’ gè : faire semblant de, menacer, servir qqch. en petite quantité. haŋgo : entrave, fers, menottes wε’ge haŋgo : délier l’entrave har : essaye ! ose ! hàr (rê) : petit rônier ou palmier doum, (adj.) qui n’est pas fin, cadavre d’un animal à moitié mangé hàr gè : concasser, tailler une calebasse
hàr gè saŋ : dentition de lait hàr gè tay : apparition du duvet des oiseaux hàr gè waa : germer. haraw : cartilage, jeune harlaŋ : rond sphérique, circulaire. harnam (num.) : sept harya’ : brisures hoolε harya’ : « boule de mil » avec des brisures, présence du sable dans un aliment has(se) : négation totale, rien, jamais, pas du tout hasgag(ge) : rugueux hàw : joue, parole. bεl ge doo hàw : giffler kol ge hàw : rincer la bouche ma’ ge doo hàw : giffler hàw gè : casser, rompre, construire un toit en paille, dévier hàw gè cii : saigner. hàw gè grum : devenir paralytique hàw gè jag jobo : empêcher qqn de parler lors d’une discussion hàw gè mbarga : sevrer l’enfant quand la mère est de nouveau enceinte hàw gè war : gémir, se lamenter, pleurer. wùr de hàw gè soole : une heure de l’après midi hày : verbe être au passé., sens du verbe avoir
hày ǣo : assieds-toi hày le yε’ε : rester assis. hày lε ǣaa-ǣaa : autrefois, il y a longtemps hày mbo : assieds-toi, étonnement, nom, nom d’un ancêtre de certains clans, totem. haya : loyer, à vendre hayba, haybo : même si hayga : si hày gè : s’asseoir, rester hày gè codoge : s’accroupir hày gè kyogre : s’agenouiller hày gè ba’a : se taire hày gè ti waŋ : porter au pouvoir woo ge hày gè : aller faire ses besoins hayle : position assise fen hày gè : place, siège koo hày gè : place, siège ŋgel hày gè : place, siège ha gè : donner, se donner hà gè bii : se noyer hà gè poore : étouffer, étrangler hà gè doo ne gumuu : désigner son adversaire hà gè doo ne jobo : provoquer qqn, saluer hà gè faage : permettre hà gè hrog ti way : doter une femme hà gè may ne war : marier une fille
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hà gè nenne : révéler, obséder, avoir une vision hà gè paa : allaiter hà gè se : croire. ha’ gê : écarter, entrouvrir, ouvrir jag de ha’ gê : bouche entrouverte (insulte) ha’a : là, comme cela haa gè : cueillir, traire, essorer les vêtements haa gè ǣiiri : vider le contenu des boyaux. haa gè saŋre : faire sortir le pus haa gè swεε : arracher les arachides haa gè yii : filtrer la bière, presser la bière haa : méchant, sévère, méchanceté, sévérité je haa : le méchant maa de haa : ce qui est pire. yaa ge haa : guérir, accepter haa : loin, au loin, depuis, jusqu’à. haarè (n.pl.de han) : calebasses laa ge hare : score nul. haaré : bois de chauffage ǣaare haaré : fagot de bois caa ge haaré : couper le bois de chauffage sa’ ge haaré : attacher le fagot tam haaré : fagot de bois hage : donné, générosité
hagraw : herbe qui pousse sur les bords des mares. han(nè) (n. pl. haare) : calebasse, calebassier haw : filtre hee ge haw ne jobo ti : mettre la fête dans le filtre (enterrement d’un enfant) haw : poisson qui a une arête vénimeuse sur le dos hãy : au hasard, n’importe comment, sans façon, sans se gêner, en désordre jag de hãy : langue étrangère je de hãy : étranger, inconnu hay : antilope ourébi hay gè : tromper, troubler, scandaliser, embrouiller, inquiéter, être indécis, persécuter hayda : latérite, nom donnée à une fille brune hay-hay : crapule, méchant hee : inimitié, vengeance je hee : l’ennemi hèe gè : passer, mettre, enfiler, lever du soleil, être humide, être mouillé. hèe gè cirla wεr : porter le pantalon hèe gè cuggi : chiquer hèe gè jag : saluer hèe gè kalir : devenir presque aveugle
hèe gè karre : passer ailleurs, passer à côté hèe gè lofε : bien enfiler son habit hèe gè man-jaw : brûle. hèe gè may : avoir de rapports sexuels avec une fille hèe gè nencee : couvrir hèe gè oobe ti : s’habiller hèe gè ti : passer par hèe gè waare karkarre : être hypocrite hèebe : frère de parenté éloigné heege : tige cuu heege : sel de tige, potasse heg(ge) : sec. jag de heg(ge) : propos arrogant, sécheresse, maigreur ŋgel de heg ge : sécheresse hegre : charbon de bois. hélεŋ : petite pierre ronde pour aiguiser la meule, tourterelle sp. hélεŋ kyogre : rotule hèllεŋ : impair. hèn(be) (n. pl.de. heerebe): frère, soeur., cousin(e). hèn(be) (n. pl. heerèbè): belle-soeur hèn gè : écosser, décortiquer, pousser. hên(nè) (pl. haara) : lui herεf(fε) : friable, stérile, mou, fragile, très bien cuit
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hèrεg gè : presser, avoir besoin d’aller à la selle. hee : toujours, souvent, régulièrement. sii gi hee : passer toute la journée, du matin ou soir hee gè : craindre, refuser, se reposer. hee gè bii : jeuner heege : interdiction, mise en quarantaine fen heege : lèpre, respect hee-lee :malhonnêtement, avec tromperie. heene : peur, angoisse. je heene : celui qui a peur heeré : reins, rognons hèg gè : appuyer, pousser, avoir envie de, menacer de. hew : petit pot à lait des gurna hèǣ gê : coincer, bloquer, faire pression sur, être pressé par qqch. hèǣ gê de hoolε : gaver, forcer à manger. hèǣ gê de waŋ : être en colère, obliger qqn hèǣ gê ŋgel : inonder, entourer. hεǣaala : tout à l’heure, il n’y a pas longtemps. hεǣε : champignon, gris-gris pour empêcher le vol des produits des champs
hεdŋgεr : petite tourterelle hεεdε . maladie de carence alimentaire, marasme hεl(lε) : toux hεl gè : tousser hεl gè kagge : chant du coq. hεl gè hanne : cogner une calebasse, manquer . hεl gè naw : être irrégulier hεl gè paare : pondre irrégulièrement hεl-deboore : tuberculose hεl-hεl : tendre, souple hεlεl-lεl : trop mince, chétif hεm gè : se taire, s’arrêter de pleurer, cesser de faire bruit, se calmer. hεngεr(rε) : tourterelle sp. hεŋ : serpent sp. hεrdεg gé : calomnier, faire des mauvais sondages hεrεgε : courbure en arc (jambes) : bancal. hεrgébε : bracelet en fer des jumeaux. hεrgébε : paludisme, hémorragie nasale, sinusite, petite termite ailée hidgi : hoquet. hidil gi : fumer (viande ou poisson), essorer à petit feu, griller à petit feu.
hig gi : sécher, se raidir, endurcir, s’endurcir. hig(gi) : sec higri : plante, espèce d’ivraie higri : milieu, tronc de l’arbre, abdomen. hiigi : natte tressée en feuille de ronier ou paille. hiigi fiiri-bii : natte mortuaire en feuilles de roseaux dans laquelle est enveloppé le cadavre prεdge hiigi /taa ge hiigi : tresser une natte hiila : prétexte, manière, stratagème, diplomatie hiira’à (num.) : six híiyè : rat minuscule rongeur plus petit qu’une souris, genre de mulot hil(li) : manche d’outil en bois coore maa de hil : mil non battu hilîg gi : sangloter. hiliggi : sanglot hiliggi-ti : fontanelle hiŋ : à côté de., près de hirig gi : raser la tête à sec, ti de hirig gi : tête chauve hir1iŋ : pénis, gland du pénis his(si) : chaleur. his : rapproché, superposé. hm : os hmmud : hématome. hola-hola : médicament.
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hombore : grosse vipère dont la morsure n’est pas mortelle mais provoque un gros oedème. hôŋgôr gè : ronfler. hôo gè : ramasser plusieurs choses, s’arrêter, couler abondement, se précipiter sur, partir, s’en aller. hôo gè ǣilli : s’énerver hôo gè ciŋ : démenager, changer de domicile, soulever, se lever hôo gè de jobo : se précipiter sur qqn hôo gè deere : accourir hôo gè jagge : s’en prendre à qqn, s’arrêter brusquement, avoir la nausée. hôo gè jiiri : énerver qqn, irriter, s’énerver hôo gè nen(ne) : agir brusquement, surprendre hôo gè saŋ jobo : en vouloir à qqn, menacer qqn avec des mauvaises paroles. hôo gè sug ciŋ : prêter attention à hôo gè suggi : obéir, respecter, suivre le conseil hôo gè tεmge : s’agiter hôo gè torla : inviter collectivement des gens pour travail dans un champ
hôo gè war : prendre mari (veuve qui se remarie) hôo gè way : arrêt des menstrues hôo gè way henbe : prendre la femme d’héritage, lévirat hôo gè wεrrε : s’écarter. hôolé : son, balle du mil, poison des flèches. hôolè : jarre hôr gè : éblouir, ramasser, voler. hôr gè meseeru : dégoûter hôr gè nenne : se fâcher hôr gè se : dégoûter, être abominable howal gè : être menacé, fatiguer, se fatiguer. hôyoǣ gè : abîmer, déformer, défoncer, froisser. hôyôm : boules d’herbes, feuilles de tabac, miettes ho’ : (marque la position d’objets) ensemble - ce – cela, là - ces…là-ces ho’ gé : ouvrir, écarter, écarquiller holay : sauce faite d’écorce de tigtiga et des haricots hôo : roseau, fourrage, foin. hoo : arbre sp. hooge : peau non tannée, cuir.
hooge-nenne : paupière. hooge-se : corps hoo-méené : espèce de figuier hoore : épine. hoo-sabê : couleur vert, serpent de couleur verte, fane de haricot servant de fourrage (tige et feuilles), herbe aquatique hoǣ gè : gonfler, être rassasié, enfler. hoǣ gè de wâŋ : être fâché hoǣe : arbre sp. hoǣre : malédiction, malchance, accident hôd’gè : manger la « boule de mil » sans sauce, manger la terre. hodge : habililé hodge : sans sauce hôg gè : délivrer, détacher, retirer avec difficulté, décrocher avec effort, décoller. hogdo : accroupissement laa ge hogdo : s’accroupir, en faisant ressortir les fesses. hôgo : canard domestique. hol gé : se chauffer au feu ou au soleil. hol gé ŋgel : resplendir, déblayer, canaliser l’eau, faire une entaille. holaŋ : en bonne santé, bien portant, longtemps,
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distance, milieu, la partie entre deux objets. hol-bii : caniveau. holge : orphelin, désespoir. holom-holom : plante asperge de brousse, grimpante et épineux, déterré et mangé par les jeunes bergers hôlog gè : nettoyer en grattant, libérer, enlever, évider hôlom gè : agrandir, gonfler, élargir hom gè : revenir, rendre, devenir, reculer, refouler hon-la? : quel?, lequel?, laquelle? maa hon-la ǣuy : tout, n’importe quel hoŋ : vide hoŋ : sac tressé en fibres molles hoŋgog : bronchies de poisson hoŋyoŋ : léger et sec hoolε : pâte de farine cuite à l’eau, présentée sous forme de boule. hoolε glogge : expression pour désigner les fesses hoolε tay : reste de “boule de mil” de la veille ǣo’ ge, ǣod ge hoolε : préparer la “boule de mil” çaa ge hoolε: couper la “boule de mil”
dε’ ge hoolε : tremper la “boule de mil” dans la sauce frum hoolε : reste de la “boule de mil” séchée tuguŋ gi hoolε : touiller la boule de mil pendant la cuisson hôr gè : travailler inutilement, miner qqn, nuire, être essoufflé, préparer un champ, défricher horε : creuvasse dans les terres “doŋloŋ”, trou d’érosion aquatique hôrloŋ : forme ronde, circulaire, sphérique hôrloŋ kiŋ : pomme d’Adam hôrŋgos gè : croiser, plier hôrŋgos gè oobe : faire l’ourlet. horôg gè : gratter, tailler, racler horôs gè : froisser, rabattre réduire en morceaux, émietter, manger hôs gè : écraser entre les mains hôtroo : caisse de voiture hôyôm : faiblesse, maladie hràg gé : casser, briser, frapper, venir nombreux hràg gé cii : saigner hràg gé doo : faire craquer les phalanges des doigts, giffler hràg gé grum : devenir paralytique
hràg gé kεrdεŋ, kεrwedεŋ : zigzaguer hràg gé se : devenir triste, fatiguer hràg gé waale : être prête à vêler. hràggè : jeu haragge : accouplement d’animaux et d’hommes. feere hragge : jouets, luxe joŋ ge hragge : s’amuser hrέs gè : traverser, couper en petits morceaux hrôg(gè) : richesse. je hrôg(gè) : un riche hudum : cavité qui se trouve dans les yaeres. hûg gi : tromper, courir en zigzagant hûg gi nen : se précipiter hûgli : faiblesse, lâcheté hu-hu : paludisme infantile. hûl gi : couvrir, se cacher hûl gi nenne : mourir hùl(lî) : vessie, enveloppe hul-nenne : paupières. hul-paa : mamelle d’un mammifère hu1ug(gi) : refuge, abri hulur gi : creuser profondément, élargir huluri : à l’intérieur hulus(si) : friable, fragile hul-waa : carquois
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hun(ni) : jalousie, haine, convoitise, perfidie. hun-guyuri : chant de la tourterelle hun-la ? (interr.) : quand hùr(ri) : célibataire, veuf hurma : avarice, cupidité. hûrùg(gi) : lieu isolé hors du village des jeunes initiés hus gi : commencer à faire qqch. hùu gi : mourir, s’éteindre huuli : mort, cadavre ‘war ge huuli : tuer je huuli : le défunt, le responsable des cérémonies de la mort lag ge huuli : trahir, dénoncer raa ge huuli : lamentations à la mort yii huuli : funérailles huli : montagne, colline, pierre, caillou huy : nez, germe huy : souris, rat hwàl(lè) (num.) : dix hwaynà : esprit se manifestant par la maladie ou la possession, congrégation des possédés de cet esprit hwela : noyau du palmier doum. hwelε’ε : lenteur, lent. hwè’ gé : écarter hwεεdε : étroit
gloŋ hwεεdε : le nord
baage jag ni waa : ne pas toucher i, I ǣiili jag degawna : enceinte pour la id gi : tuer première fois id gi se : se déranger. ǣo’ ge jag : avouer ig gi : se reposer, durer, ǣo’ ge jag mbiiri : être en retraite, résister reprocher ch. à qqn ig ga : être facile après lui avoir fait du iggi : repos bien igri : près de. ǣo’ ge jag woorε go : iŋri : près de beauté parfaite ii gi : tuer de jag toŋ : de grand ii gi fεw : être enceinte matin ii gi goni : achever dog ge jag : faire des l’initiation sottises, se faire répéter ii gi jagge : mettre fin à gor ge jag : préparer le un problème, cesser repas spécial pour le ii gi jobo de gurko : mari empoisonner qqn hee ge jag : saluer ii gi : wuu, éteindre le jar maa jag taŋ : les feu captifs kee ge jag : considérer j, J qqn ked ge jag : chercher jà’ gè : parier, se vanter. querelle jà’ gè ti : quereller, en lε’ ge jag go : terminer se vantant maŋ ge jagge : ja’ge : vantardise, défendre arrogance, orgueil, ŋgar ge jagge : crier fierté, présomption. raw ge jagge : se jaamane : allemand tromper, revéler une jàg(ge) : ce, ce-ci, ce là vérité, jurer. jag(ge) : bouche, sεn diŋ jag may ! : parole, entrée, quelle parole ! ouverture, avis, opinion, tay ge jagge : faire idée, commencement, alliance, réconciliation, début, bout, langue se mettre d’accord (parlée), paire, lieu tii gi jagge : spécifique à une activité commencer prédominante wag ge jagge : serrer la baa ge jag go ti ŋgel ǣε bouche : accomplir
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waa ge jagge gesiŋ : parler à voix basse waa ge jagge hrog : parler avec intérêt wii gi jagge : interroger yaa ge jagge : accepter, obéir jag Baa : la religion chrétienne, la mission jag-baage : malédiction jag-bay : épaule jag-bonne : situation de souffrance jag-ǣiini : gland jag-ǣlagge : parole mauvaise, situation de mal jag-cégè : situation de maladie jag-cèrèw : enfant premier-né jag-coore : déchets du mil mangé par les oiseaux jag-daŋgay : tribunal jag-de-fεggε : souriant, content jag-de-ha’ge : bouche entrouverte jag-dehay : langue étrangère jag-diŋ-diŋ-bii : berge jag-dispaŋsεr : dispensaire jag-doo : à l’extremité de l’entrée, dehors, à l’écart, au bout de qqch, à la fin jag-dwee : première partie d’un ensemble ou d’un contenu jag-dwel(le) : mollet jag-fad’ge : malédiction jag-fen : ce que...
jag-fii : partie non encore tressée du “sekko”, pré jag-gebee : esclavage jag-gekway : colère jag-gesaŋ : tas de mil coupé et croisé jag-glog : anus. jag-gosoŋ : bord du lac jag-gur : parole gauche jag-hiila : langage recherché jag-hm : articulations jag-hrog : arrhes, gage, avance sur dot, reste de la dot jag-jag : deux à deux jag-jebele : premier goût des aliments conservés. jag-jiili : poitrine, coeur. jag-jiŋ : fétiche de la concession. Esprit matérialisé par un piquet (normalement de l’arbre sew ou hoo), planté à l’entrée de l’enclos familial, censé protéger famille et notamment empêcher l’adultère des épouses. Oblige les femmes à avouer l’adultère. jag-joo : langage recherché, métaphore, parabole, style indirect, proverbe, prétexte, reproche, critique. jag-joŋre : au travail, être sur le chantier jag-kaw : campement des gouna
jag-kawre : décision de la parenté. famille, clan, ethnie, tribu.. jag-koftor baa : début de la saison des pluies, en mai, les trois ou quatre semaines avant la saison des pluies jag-kogway : colère jag-kraŋ : qui parle trop jag-leege : abords du village jag-lir : bosquet dense près du village où vivent les esprits jag-lodge : parole insensée jag-manrogge : bord de la mer jag-mbarga : l’aîné jag-mbεgge : morceau de viande, entier, tranchant du couteau jag-mblulum : bouche non percée, muet. jag-misεlεrε : lieu autour de la fourmilière (on fait des rites de purification) jag-moray : parler pour flatter, démagogie jag-naa : être en train de dormir jag-nday : le premier amant jag-ndεǣ : étouffé jag-nen go : reprendre forme jag-paa : bout du sein, mamelon, dernier-né jag-piili : bout du coeur jag-podogge : limite jag-pyεw : rive
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jag-rege : à table jag-ru-ru coore : déchets du mil pour les poules. jag-sirri : bosquet sacré du village où le chef de terre fait les sacrifices propitiatoires aux ancêtres du village, une fois par an et chaque fois que le devin le demande. jag-soo : langage des esprits, lieu du sacrifice jag-suuli : toute première sortie des termites jag-tagge : commission jag-tawgi : ruse, fourberie jag-teǣee : refus, jag-ti kee : superposé jag-tigli : jeune fille, plaisanterie des jeunes filles à la puberté jag-tiŋ : porte jag-tiŋni . toute première sortie des termites jag-tob-baa : début de la saison des pluies jag-tuu : l’ouverture d’un trou jag-twoorε : langage des enrichis, orgueilleux jag-waŋ : colère jag-waare-day : pis de la vache, plante sp. rampante, médicament pour les plaies bè’eré jag-waare : bout du sein jag-wel : premier-né
jag-wuu : langue française ou toute autre langue parlée par des blancs jag-yïi : première calebassée de bière, langage des buveurs, lieu où on boit la bière. jag-yoo : les côtes, prix, vente jag-yoore : premier essaim d’abeilles jàg gé : remettre en place, rapiécer, ressouder, poser, greffer, attacher bout à bout, relier, s’accoupler jagcu : avant, en premier. je maa jagcu : le premier je maa jagcu cεggrεga : le premier de tous jam : paix, en paix, liberté. riz sauvage, riz cultivé jàŋ gé : lire, trotter, éduquer, apprendre, durcir se fortifier, mûrir jàŋre : mûr, intelligent, vivace, dureté, vivacité, jàŋre-wuu : braise, tison jàr(re) : gens jàr ǣaalè : notables jàr ǣaŋ-go : désigne les Tpuri du Cameroun jàr ǣi-tuu : les morts jàr faada : “courtisans” d’un chef jàr frέŋ : constellation d’Orion
jàr herge waare go karkar : hypocrites jàr po : quelques uns jàr tεεbεεrε : les hommes jargale : siège avec dossier, utilisé au “gurna” jàw gè : grandir vite, pousser, se ramifier, se diviser, se multiplier s’agrandir en nombre. jàwgè warre : crier très fort jàwgè yεgrε : pousser le youyou jàw : lance, sagaie, guerre. jàwlàŋ : instrument de musique à vent jawre : en pointe, grand de taille. jaa gè : tromper. jaa gè nenne : consoler, bercer , attirer jaa gè wuu : chauffer, brûler superficiellement des aliments, faire peur, menacer, hanter, effrayer jaa gè doo : être un peu fou jaarè : ordures, détruits laa ge jaarè huuli : cérémonie après un décès dans la quelle les objets personnels du défunt sont détruits jè : notion de personne, quelqu’un. jè bag bii jar : un hypocrite jè ǣil kluu : gourmand jè cii : un lépreux.
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jè de-swaa : un témoin jè krεŋ : un sorcier (mangeur d’âmes) jè lan... lan : l’un., l’autre jè leege : un voisin jè lε’ faage : un bandit, “coupeur de route” jè lεŋ : un boîteux, un infirme je maa kluu : un sage, dirigeant je mày : piéton jembuguru : un ignorant je moobe : celui qui a l’autorité religieuse, le grand-père de la famille ndigriŋ : un sourd je peele : un envoyé je sεn : celui-là je sεwna : celui qui a l’esprit sewna je soole : un messager je taabay : une personne, un homme. je tawgi : témoin des formalités préliminaires au mariage je taabe : personne âgée, vieillard je terεrε :commerçant je twarre : homme, mâle. je’ay : endroit pierreux, gravier, caillou jebele : acné jedŋgεrna : vrai ami/e, femme prérerée. je : fils de jèe gé : cultiver, labourer jèegè : labour
jegale : toit de case fait en paille tressée.... jerara : bouton. jεǣ gé : entasser, damer jεdε : une petite distance, à l’écart. jεl gè : se pencher, baisser, incliner, se placer de côté jεŋ : coin, côté, près de, à côté de, le long de jεnjelεŋ : maigre et courbé jεŋ-jεŋ-nen(ne) : le tour de l’œil jεŋrεŋ : minuscule jεwde : termite qui ronge les habits. jεgu : couleur brun, couleur marron ji’εr gé : se pavaner, se vanter, marcher en se donnant des airs jibid(di): sucré jiǣ gi : déborder, abonder jiǣ gi waare : parler beaucoup jidim gi : sarcler en profondeur, devenir de plus en plus profond, creuser plus profondément jidim : emplacement dans la cour de l’enclos où on allume le feu en periode fraîche, ce qui crée un tas de détruits. jif gi : se sauver jif gi defoore jagge : baver jig gi : piquer
jig gi may : coucher avec une fille, nourriture qu’on digère mal, se gaver jig gi pày : butter un champ jigâl gè : secouer. jigid gi : trembler, secouer. jigid gi ti : être fou, perdre la raison jigid’gi : large jigidi : tremblement jigir(ri) : herbe à des poils vésicants, poilu jigyi : bois taillé en pointe, au bout duquel on met du fer ou la hache pour creuser un trou. jii gi : fermenter, rôter jii gi mbaa : raconter jii gi boo : rougir, égorger jii gi ǣil : remplir le ventre jii gi graw : taper qqn jii gi pay : cuire des poteries jii gi wuu : rougir avec le feu, remplir, transformer jiiba : poche, sac jiili : poitrine, estomac, coeur. car ge jiili : se décourager, s’inquiéter, être anxieux ma’ ge ti jiili : écoeurer, consterner mbud gi jiili : se fâcher, énerver, exaspérer ŋgid gi jiili : se tracasser
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jiili de suuli : vie paisible jiili depuy : coeur pur, bon, qui n’a rien à se reprocher grεŋ jiili : sternum jiiri : foie, offrande dans les sacrifices aux grandes divinités sooré lε’ ge ti jiiri : avaler mal, réjouir, plaire jiiri méenè : clitoris. jiiri ǣiini : gland du pénis. jilay : anneaux de fer attachés aux chevilles des jumeaux jiŋ : petite jarre pour garder la farine caa ge jiŋ : arrondir. jir(ri) : mange-mil jiyed gè : boiter. jô gè : boire. jô gè bii : s’infiltrer, se sécher (habits..) jô gè cii : reprendre connaissance, être fatigué, être ankylosé. jô gè poore, jô gè puuri : s’étouffer jô gè roo : pleurer jô gè dee : courir jôbo : quelqu’un, une personne. joo : tam-tam joo wayε : tamtam pour la danse, danse, musique, griot, jeune, jeunesse. fen joo : ornement. wee joo : jeune homme wee joo bur yii : jeune homme de neuf à 10 ans
wee joo jag cii : jeune de douze à vingt cinq ans wee joo maa ndiŋndiŋ : jeune de vingt cinq à trente ans wee joo maa mbramga : jeune désordonné wee joo maa pâŋre : jeune irresponsable joo pirri : honte jooli : musaraigne jo’ gé : semer jôǣ gè : manger. jodge : semailles jofεrε : chauffeur jofŋgorέ : touffu jomjorom : excréments de vers de terre des zones inondées joŋ (dém.déf) : celui-là, ce la, ça...(en général) joŋ gè : faire. joŋ gè ba’ : se taire joŋ gè blum : vaincre joŋ gè bon : souffrir joŋ gè ǣil go fεh : être dans la joie joŋ gè caw : vivre joŋ gè coo : souffrir, brutaliser, malmener, torturer joŋ gè coo se ǣo : se déranger joŋ gè daŋgay : emprisonner, tourmenter, faire souffrir, punir joŋ gè dawwa : être convalescent joŋ gè egre : faire un effort, supporter.
joŋ gè frεŋ : voler joŋ gè fruygi : être dans la joie joŋ gè haragge : s’amuser, s’accoupler (animaux) joŋ gè heene : avoir peur joŋ gè huuli : faire la cérémonie de levée de deuil yii huuli joŋ gè jobo : menacer joŋ gè joŋre : travailler joŋ gè kiŋgi go boŋ : passer une année joŋ gè kluu : grandir, croître joŋ gè lodge : se moquer de, être imprudent, être irréflechi joŋ gè naa : avoir sommeil joŋ gè naw : passer le temps joŋ gè nenne : tromper, berner, induire en erreur joŋ gè peele : servir, aller en commission joŋ gè re ti faage ǣε : se conduire bien joŋ gè rege : préparer le repas joŋ se go ǣuy : cela arrive à tout le monde joŋ gè soorè : avoir honte joŋ gè suusε’ : remercier, rendre grâce, féliciter joŋ gè swaa-swaa : être content du malheur des autres joŋ gè tuu : être chaud, avoir la fièvre
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joŋge : empoisonnement, envoûtement. joŋle : civette joŋrày : amorphe joŋre-kayge : charité joŋre : incurable jôŋre : travail jôr gè : encourager. jôr gè wεrrε : encourager, exhorter, diviser en plusieurs branches, se multiplier, croître, grandir jôr gè dwee : pneumonie joro : zero, nul, néant jrεŋ : grenouille jùǣ(ǣi) : paire, deux. jûǣ gi : déborder, multiplier judiŋ : grand et profond, creux jùdùm gi : ramollir et briser jûgi : tas de, tas de fourrage pour les animaux jùgû : bonnet en tissu ou fait au crochet jùgùd gi : mettre en désordre, présenter de façon négligée, éparpiller jûm : poisson sp. gymnarchus niloticus jûu gi : rougir. jûu gi jùway : rouge jwà’ gè : se vanter, être arrogant, fouetter, piquer, chicotter, transpercer, cingler, gauler, attraper, projeter, remuer, ôter le
son ou l’écorce, en pilant (mil, riz...), ranger jwà’ gè gidigli : faire des acrobaties, des roulades, à l’occasion d’un malheur ou des jeux jwà’ gè go ti kee : unir, former un seul groupe. jwà’ gè jag : relever une malédiction jwa’ge : piqure, orgueil, arrogance jwàale : soif jwàrgà : barbe, moustache jwεd gè : asperger, éclabousser, secouer, se débattre pour se débarasser de qqn jwεd gè cwe’-cwe’ : arroser un peu jwεd gè cii : asperger du sang jwεrgà : arbuste sp dont l’écorce sert pour les filets, racines purgatives.
k, K ka’a : station debout (personne ou arbre), ceci, cela, là, en place, figé, stabilisé, seul. ka’ay : sève collante. naa ge ka’ay saŋ : s’en sortir d’une situation ou travail difficile ka’ay-day : feuillet du bovin
ka’ay-fii : feuillet de la chèvre ka’bla : lieu habité par le clan guyuri kà’ràŋ : sacrifice aux ancêtres à la saison sèche. kaa(be) : grand-mère, petit-fils, belle-mère, mère du mari, bellefille, bru, épouse du fils. kaa(be) didi : arrière grand-mère, quatrième génération. kaa(be) kutur-kutur : arrière grand-mère, cinquième génération kaa(be) kufdur : arrière grand-mère, sixième génération kàa gè : vider, déverser, mettre, dérouler, enrouler, couvrir kaa-kàa : terme d’adresse et d’affection entre kaabe grandsmères, petits fils, petites filles kàali : partie élevée dans une mare kàali bii : île kaara : tout au tour, aux environs, de tous les horizons kaare(be) : pluriel de kaabe kàawà’à (num.) : neuf kâay ! : interjection qui exprime l’admiration, l’étonnement : quel, exprime aussi le refus. kaaye : mort apparente kab gè : semer, s’étaler
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kabraŋ : roseau qui sert pour la fabrication des flèches kab : juste (en comptant) kaǣaa : blennorragie kaǣar-kaǣar : irresponsable kacigar : reste de farine tamisée, son de farine kàd gé : enrouler, masser, kàf gè : hacher, abattre , trancher, abîmer. kàf gè getε’ε : mentir beaucoup kàf gè waare : parler à tort et à travers kag(ge) : poulet kag lε’ warre : le poulet est tombé du côté droit. Le sacrifice est favorable kag lε’ε : le sacrifice est favorable kag fεw : la fête du poulet, nouvelle année tpuri. Sacrifice aux ancêtres. waare maa ǣi1 mankag : paroles confidentielles kàg gè : verser, répandre, jeter. kakrum : palais dur de la bouche. kal(kalle) : pendant, au moment de, à l’époque de kal fud : rater, manquer de justesse.
kal maaga : au temps de, pendant que, lorsque. kal wayriŋ : depuis longtemps, jadis, très haut kal gè : entrer, pénétrer, sortir, passer devant qqn kal gè jag : déniveler, être different kal gè lε : entrer (avec permission). kal gè lε go : sortir (avec permission) kàlbadè : malhonnêteté kàlfii : arbre aux racines purgatives kalir : membrane kalkaw : taxe d’une chèvre ou mouton prélevée par le chef de Dore et de Dawa fεw kalkaw : mois d’août-septembre kalsε :il y a deux ans kalsε maa la no : il y a 3 ans kalsε haa : il y a plusieurs années kalsoŋ : caleçon kam : calme, discret kâm gè : supplier, prier avec insistance. kam-kam : supplication. kàmli :période difficile pour un enfant dont la mère est de nouveau enceinte kamliiri : enfants kamram : bien plat kan : compagnon, camarade, ami. kani : l’an dernier
kàŋ gè : accompagner, se former, poser, porter, déposer, produire. kàŋ gè halge : consulter le devin. kàŋ gè jagge : offrir un aliment en signe d’affection, partager kàŋ gè kiŋ : renier, ne pas dévoiler, ne pas dénoncer kàŋ gè koŋ : montrer son pouvoir, montrer sa capacité kàŋ gè lugud : trahir kàŋ gè mandayguum : préparer la boisson non fermentée mandayguum kàŋ gè may : verser la dot kàŋ gè mene liŋ : fin du sacrifice de menne kàŋ gè mo po wεr solay : laisser qqch. en gage contre de l’argent. kàŋ gè nenne : montrer, fixer, négliger, haïr, mépriser. kàŋ gè pay : débroussailler kàŋ gè saage : rite propitiatoire annuel. Les femmes partent en brousse “poser des cendres” tôt le matin. kàŋ gè saage ne jobo wεrrε : se débarasser de qqn qui ennuie kàŋ gè siŋ : composer un chant kàŋ gè taw : trahir kàŋ gè ti : s’en aller kàŋ gè tiŋ : placer la case
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kàŋ gè trum ti waare : être discret, démagogie kàŋ gè waare : accompagner l’étranger kàŋ gè war : se marier kàŋ gè way : se marier kàŋ gè wεr : trahir. kàŋ gè yii : préparer la bière de mil kaŋgarga : molaire, mâchoire inférieure. kaŋgaw : vague. kaŋge jwaale : soif kaŋge : tubercule kaŋge : accompagnement, production, conduite, formation (plaies…) kaŋkaare : sillon inter fessier, périnée kaŋkraŋ : très sec kar(ra) : à coté. kàr gè : cuire dans l’eau kàr (rè) : à côté, ailleurs, de travers. kar’ay : gravier. karaŋa :ancienne pièce de un ou deux francs kârdàŋde, kardaŋtike : carte d’identité karde : cartes kargaday : plante parasite des champs de mil karhaw : maladie des hommes et du bétail due à la carence de nourriture. karkarbaw : plante grimpante, les feuilles sont mangées par les chèvres
karkiyaa : grain de sable, gros sable, gravier karlàw : remuant, agité., se dit d’une fille ou d’un garçon instable. kàrwày : désir sexuel, obsédé sexuel kàsiya : acacia; planté par les Européens. kat-kat : billet de banque kaw : parenté, parent, tribu, enclos, parc à boeufs kâw (excl.) : “ma chère”, exclamation familière entre genre féminin kày : ceci kay, kay-baa : période sèche pendant la saison des pluies qui s’étale sur deux ou trois semaines. kày gè : aider. kày gè joŋre : charité kày gè ti : défendre, prendre le parti de kayge : aide. kaa gè : suffire, se rassasier, pouvoir, être capable, oser, souffrir. kaage : racine, tubercules kaage bii : source kaage cii : artère, veine kaakraa: aigrette, pic boeuf, garde boeuf blanc kaane : bracelet kaarà : ami, camarade, ensemble, commun, entre eux, les uns sur les autres
kaare : arbre dont on fait des tamtam et bâtons avec le bois kaarè (be) (n.pl.de kan) : camarades, copains cég kag : en plein jour, en pleine chaleur kéǣaa : depuis, avant, tout à l’heure, il y a quelques instants. kébaala : tout à l’heure, en ce moment. keca’ gè : tourner légèrement dans un liquide keca’ : peu, petite quantité kedere’e : seul, petit kedam : nom du manche la houe , chance. kedε’ge : exigeant, dérangeant, bavard kedεg-kedεg : en détail. far nen coore kedεgkedεg : bien trier le mil baa ge ǣaale jobo kedεg-kedεg : dépister la trace de qqn kèe gé : compter, estimer, apprécier, considérer, aimer, louer, lire kêege : compte, calcul, énumeration, recensement kèerεm : grosse corde keeseεŋ : “quinze ans”: nom donné aux anciens combattants kégay : houe spéciale employée en brousse
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dans les zones sablonneuses kejegεd gè : gâter des choses, gaspiller, détruire kèlodè : short porté par les garçons et les hommes ker (re) : hippopotame ker (re) : bouillie kerge : corbeille, grand panier en osier pour la collecte du coton kesasa : bouteille. keyaǣ (keyaǣǣe) : abîmé kee : ensemble, l’un l’autre. kε’ : un peu kεǣ (ǣε) : paix, en paix. kεb(kεǣǣε) : fade, sans goût kεd’gè : amaigrir, rincer kεdεb : un peu kεf-kεf (fε) : fin, menu, moulu, doux au toucher, non rugueux, souple kεftεr (rε) : livre kεkε : sorte de cerceau en sekko fabriqué par les enfants pour jouer kε-kε : bicyclette. kepdεŋ : morceau d’étoffe. kεrdεw : tendon d’Achille kεrdεŋ : plante rampante, parasite dans les champs. kεrjεd : paralysé kεrkεre : batonnet pour la pêche à la ligne
kεrnen(ne) : vigilant, rusé, difficile à tromper, malin kεrtwa . lynx des marais kεs : embêtement ré maa kεs jare : danger kεs gè : embêter, ennuyer, surprendre, aller trouver qqn pour l’attraper kεd gé : chercher kεd gé jagge : chercher querelle, provoquer kidàari : pour l’instant, d’abord kidôlgi : vérité, vrai. kid gi : chercher kid gi waare : chercher querelle, provoquer kid gi jagge : provoquer kid gi ǣaale : entrainer qqn pour le mettre dans son tort kid gi kidε’ gé : être querelleur kidεg gè : faire un crocen-jambe kidεg gè feere : chiper kidiǣ gi : rouler au sol kig gi : résister, piquer kii gi : contourner, encercler, rôder. kii gi waare ne jobo ti : tendre un piège à qqn accuser qqn kii gi ti : être fantasque, être farfelu, être bizarre, être un bon-à-rien. kiida : jugement. je caa kiida : le juge caa ge kiida : juger.
kiida baa ge : être condamné. kikεǣ(ε) : paix, (adj) fade. kilεεrε : grand filet de pêche. kindiǣi : piège fabriqué en sectionnant le haut d’une termitière purgum. kini : tout médicament en comprimé kiŋ : gorge fen kiŋ : luette. saw ge kiŋ : avoir une angine kin gi : vivre, passer une année. kingi : âge, année, an kiŋkriŋ : glande parotide. kiŋri : jachère. kir gi : traîner par terre, marcher à quatre pattes. kir gi de gloggε : marcher sur son derrière kirnig : piège à poisson kis(si) : cent, centaine kingi kis(si) : siècle kiw gi : enduire, oindre. klaǣ(ǣe) : herminette klag gè : ennuyer, être désobligeant, être exigeant klam gè : être insuffisant klare : karal klay : nouveau-né. klee : petit. wee klee : jeune enfant. klelεw : boucle d’oreille klεbε : espèce de rideau
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klεεrε : petit tambour pour annoncer la mort d’un chef klεg (gε) : chicotte, fouet klεm-klεm : superficiel, peu abondant klεŋ : argile. klεrga : zébrure, rayure. klεw : kilogramme klεw gé : nouer les bras autour de qqn, embrasser, lier, enrouler klεwgè : accolade klir gi : tracer, tirer un trait, dessiner klirgi ŋgel tiŋ :tracer la fondation de la case klirgi do nen sirri : écrire avec le doigt sur le sol k1o’ gè : émonder, élaguer du bois, tailler un arbre, ronger klobo : bouteille, flacon klôd’ gè : abîmer, avoir des plaies sur la tête kloŋ : pipe, récipient kloŋ : fort (voix), à haute voix. kloŋ-paa : petit pot à lait klôr gè : nettoyer grossièrement. klôr gè suggi : se nettoyer les oreilles, crier fortement kluu : grand (taille) lε’ ge kluu : devenir grand joŋ ge kluu : grossir. je kluu : un vieux, un ancien
kluu dawwa : moyen kluu riŋ : très gros, la majorité, grandeur, autorité Waŋ Kluu : chef religieux de Dore ŋgel kluu : lieu de l’autorité. cegé kluu : variole. knè’ ge : réparer, préparer, arranger, ranger, restaurer ko-la : voici que kô gè : voir, rendre visite, connaître profondément, regarder, savoir kô-nâ : en un clin d’oeil, en un rien de temps kôcela : vite. kôfàf gè : s’user, s’affaiblir koge-re : sagesse kômàŋdaŋ : commandant komare : chant et danse des hommes à l’occasion d’un dècès. kombor (re) : premier lait kondoloŋ : cloche ou clochette koo : arbre, bois yoo koo : brousse koo-cii : arbre à la sève rougeâtre koo-hayle : siège, tabouret koore : brousse, arbres kore : sagesse je kore : un sage. kôwàl ge : fatiguer koyaage : goyave.
koo gè : avoir des relations sexuelles koogè : crasseux, crasse kose : congés, vacances ko’ gé : renverser, se retourner, se pencher ko’ gé jaare : jeter les ordures ko’o :uniquement, rien que, seulement. ko’roŋ : mil, espèce de coglum, mil blanc très dur koǣ : récipient en fer, en verre, en plastique... kôǣlor : vide kod (kodde) : rien, pour rien, gratuitement kod gè : paître, guider, garder kod gè feere : arranger. kod gè jagge : se retenir de parler kod gè se : se contrôler, se méfier, s’abstenir kodog ge : creuser kôdoggè : recourbé, creux kôg gè : traîner qqn par terre, tirer, ramener kogway : querelle, palabre, reprimande, dispute en parole kôl gè : devenir, déplacer transvaser, se transformer. kôl gè haw : se rincer la bouche kôl gè jag-joo : devenir une critique kôl gè nenne : changer de couleur, avoir la jaunisse.
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kôl gè saŋ : pousser des dents kolε : petit panier cônique porté par les jeunes initiés kolε : colle, dissolution. kolga : fruit comestible du palmier doum. kolge : transformation, changement, devenir kolhod : droit. kolooro : sac en jute, étoffe grossière, muselière kolora, koloro : choléra. kom : passer toute une année, tout au long de kôm gè : manger la viande avec la boule de mil, gérer, économiser. koma : comment ! komdε : petit singe komgê : viande. komrom : cantine, malle, armoire, cercueil. konoloŋ : clochette koŋ : hanche kaŋ ge koŋ : montrer son pouvoir, sa puissance. koŋkili : margouillat mâle koŋ-koŋ : baobab koŋ-koroŋ : sans substance, sans moelle, très sec koŋ-kuyoŋ : très sec, désséché koŋne : faim. koŋne-ǣil (li) : gourmandise, avarice cupidité.
koŋne-gijibay : fond du panier pour prendre les poissons koo : même, mais koo ba : même si. kor (rε) : palissade en nattes ou en argile kor-han : plante sp. qui donne une éponge rugueuse végétale. kor-saŋ : plante dont les feuilles, en infusion, soulagent la carie dentaire kor gé : nettoyer les calebasses, crépir un mur, peindre, brosser les dents kordo : corde faite avec l’hibiscus cannabis swee. kordoŋ : de travers, déformé, tordu. korgolo : canard domestique. korho : serpent sp, termitière abandonnée kos(sε) : sorte de jeu de cartes, à deux ou quatre joueurs kos gè : être proche, s’approcher kôstum : ensemble veste pour homme kraa : ossements humains ou des animaux domestiques; pour les animaux sauvages on dit tεm hm kraa : os sec et devenu blanc kraŋ : voix autoritaire grave, bien éduqué, bien portant, vaillant
kraŋga : argent, pièce de monnaie kràw gè : défricher, débroussailler, nettoyer, s’éclaircir (ciel), aurore. krày : bracelet en bois krây : rat sp. rayé krε’ gè : maigrir, amincir krεǣ gé : ramasser les pions au jeu du gay krεŋ : sorcellerie inconsciente. krεrε : petit et maigre, effilé. krεs gè : effrayer krεw : maigre, mince krεyoŋ : crayon krig gi : se déchirer le corps, écrire. kris(si) : trachome. kriw gi : salir, mal défricher. kro’ge : chauve. kroda : sarclage du sorgho krod gè : être fâché, bouder krôdgè : colère kroŋ : cuirasse en paille tressés et cuir, bouclier. kroo : étui, coquille krubi : mil sp. krum gi : se débrouiller, à qui mieux mieux krûs gi : éteindre la braise, mal faire. kruwuy : herbe sp. dont les grains sont mangés en temps de disette krwày gè :avertir, repeter conseiller
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krwayge . avertissement, conseil. krwεŋ : petite ouverture, étroit (orifices) krwεŋrεŋ : petit trou, petite passerelle kubu : arbre sp. pseudo cedrela kotschyi kùǣ gi : cuire à l’étouffé, fermer, renverser, couvrir. kuǣ-kùǣ(ǣi) : coupecoupe kuǣlù : large et épais. kud (di) : sort. caa ge kud di : tirer au sort kudagu : patate douce kudur-huy : cloison nasale kudur-waale : partie charnue de la queue. kudoŋ : gourde dont on a coupé le dessus kuduf (fi) : quantité moyenne de matière en poudre (farine, herbes à sauce, poussière...) kudùf gi : rendre en poudre kudufgi : (en) poudre, petits morceaux. kudug-kudug-kagge : poussin kùdum : profond kujugum : grand filet de pêche kujukur : poule sp. dont les plumes sont ébouriffés kujuu : moitié kû-kû : violence
kukwee : perdrix kul : poche (animaux) kul gi : avoir des ampoules aux mains ou aux pieds, enfler, gonfler kuldus : coeur. kuldus kagge : gésier de la volaille kûlεε : perroquet kulfuda : sot, insensé. kulga-digirri : plante sp. aux baies comestibles, varieté de sorgho kulgi : plaie qui se forme toute seule kul-goboo : varieté du mil gara. kulii-kulii : tourteau d’arachide kulum : souris sp. kulum-koo : rat sp. des champs kulur : oeil des outils où se fixe le manche kulur-mucu : fruit du kapokier mucu kûlùr gi : perdre la maîtrise de soi kulurgi : folie, idiotie. ku-may-la? : combien? kumkuma : figuier. kundul : arbre sp. aux fruits comestibles kundurgu, kunurgu : boisson non fermentée, fabriquée avec du mil. kuŋgulga : plume du cou de certains oiseaux, poche à bruit des batraciens kur-po : ailleurs, peutêtre
kur-po-gà : nulle part. kûr gi : passer le ballon avec le pied, lutter kûr gi tεngεlε : jeu du tεngεlε : passer la noix en tapant avec le bâton kurgûdù : pigeon kurkur (ri) : balle en terre que les enfants fabriquent pour jouer kurpugi : plante sp. dont on mange les feuilles kuruǣi, kûrûfi : sorte de sorgho sucré, cultivée aux alentours de l’enclos. kùrwuy : fête kurwuy : herbe sp. dont on mange les graines en temps de famine. kùtûg (gi) : puits. ku-tuu-tuu : gros bois pointu. kuu : nasse faite avec les racines de l’arbre doum ou en roseau, pour la pêche des femmes. kùu gi : envelopper, voiler couvrir kùu gi mbarga : porter un bébé à dos, cérémonie à la naissance d’un enfant kùyor : patte, du genou au pied, pied kuuni : cuisse. kwàr gè : rouler en spirale, nettoyer grossièrement, rayer dans le sens de la longueur.
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kwàrgèdaŋ : serpent sp. strié de jaune et de noir, en longueur, inoffensif. kwarya : mil sp. espèce de coglum, mil blanc très dur kway : mâle du cobe de Buffon kwày : ensuite, après say toŋ kwày : à demain kwàysà : danse, fête de la saison des pluies kway : mouche kway : querelle, dispute. kwii : fort, fortement kyogre : genou l, L là : autre maa là : l’autre, ceci. là? : interrogatif lε là ? : pourquoi? may là : quoi? gen là? : où? là :ici. làa gè : envoyer, jeter, entrer, sortir, apparaître, passer, vouloir, accepter, écouter, comprendre, vider, dégonfler, mettre, s’écrouler, habiller, déposer làa gè bii : être perméable làa gè boo ti : avoir des cheveux blancs làa gè ǣaale nen tiŋ : tresser le bas du sekko làa gè ǣày : puberté, testicules formés.
làa gè cuggi : cérémonie du mariage: don du tabac, faite quelque jours après le « ǣo’ge ti bii » làa gè cuggi nenne : se faire piquer les yeux par la fumée làa gè huuli : trahir, dénoncer, rapporter làa gè hologge : s’accroupir làa gè jagge : se jeter, se précipiter, obéir, faire la dalle (puits, latrine...) làa gè jaare : jeter les ordures làa gè jaare huuli : cérémonie à la mort. làa gè lε go : sortir làa gè logom ne jobo : mépriser qqn, sousestimer qqn, dominer. làa gè naa : dormir làa gè ni : ajouter làa gè ŋgariŋgari : comprendre de travers làa gè paale : s’installer (trône) làa gè paa : figure aux jeu du yeeru làa gè poo : cornmencer le jeu des pions làa gè saare : cracher (animaux et serpents) làa gè se : avoir des boutons sur la peau, se maîtriser, se rassurer. làa gè se fuh : se calmer, se laisser faire làa gè sir : s’installer làa gè sir ne jobo nenne : voler qqn, tromper qqn
làa gè sug : bourgeonner làa gè swee : cérémonie de mariage: présentation d’un foyer, construit par une femme du village du mari à la mariée, et qui clôture les cérémonies du mariage làa gè ti kee : superposer l’un sur l’autre. làa gè wàa : prendre racine làa gè war : crier (sujet au pluriel). làa gè waare : suivre les conseils làa gè woo : entrer làa gè yii : mettre le mil dans l’eau pour le faire germer (préparation du vin) laage : entrée, sortie, éruption cutanée. làale : sol stérile, en plein air. làale suggi : conduit auditif, tympan labi-labi : salutation du chef du sewna labrag(ge) : plat, parallélépipède laǣ (ǣε) : barrière, clôture avec les épines, haie làǣ gè : mourir de faim ou de soif làǣ gè desay ǣε ǣil : désirer fortement lag gè : s’arrêter, rester, déposer
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lag gè bii wuu ne ǣaale jobo : faire un massage avec de l’eau chaude sur la jambe lag gè gesiŋ : s’asseoir lag gè logom : flatter lag gè : manger, ce qui est liquide ou molle, laper lag : ceux-là, celles- là lag-lag : salé. lagloway : oiseau sp. petit et noir au plumes très brillantes lakεl : clé lakolε : l’école, tout lieu d’enseignement lam : forme contractée de la mono : ce, ceci, cela. lâm gé : tâter, caresser, soupeser, ausculter. lamba, lampa : lampe à pétrole lamba taasa : peinture ôtée d’une assiette, marque, repère lampo : impôt. lan (dém.déf) : l’autre laŋ : gourde à haut col laŋ-cee : gourde à poissons laŋ-paa : gourde à lait làŋ gè : se frotter le corps, nettoyer, troubler làportε : porte, battant d’une porte ou fenêtre lâr gè : picoter, lanciner (brûlure), irriter lâr gè se : brûler, faire mal. lâr gè wεr : exciter, pousser à larda : glissant
naa ge larda : glisser, déraper larga’a : fourchu larga’a faage : carrefour, fourche large : picotement larme : armée las ge : se moquer de qqn, mépriser, tomber dans le piège de qqn, se faire rouler lasware : lame de rasoir. latra : drap de lit law : après-midi, soir, terre salée làw gè : consoler, se lamenter, se plaindre, mettre en garde lày : paille lày (no) : puisque, aussi, également, tellement laya : gri-gri, amulette lâybla’a : peut-être layda : ligne, trait, corde lebay : mou, tendre. lebrεg-nee, lembrεgnée : hirondelle, bois pour tourner la sauce leǣε : totem (ancêtre) leda : plastique lèege : vent. je lèege : voisin ǣi lèege : village lègàd gè : trainer, rouler en poussant, tourner sur soi legam : cure d’engraissement légàn(ne) : faux ormeau d’Afrique.
lègaw gè : frapper en pleine course ou en plein vol. lègàwgè : jeu d’adresse lègad’ gé : négliger ses sacrifices rituels, être mêlé à, faire l’adultère et d’autres péchés contre nature (inceste...). lemun : citron, citronnier, lew : lanière de peau lêwda : lanière de peau lewluwa : plante sp. dont les feuilles sont utilisées dans des sauces lèwrè : herbe sp. : graminée. lèe gè : unir, mettre côte à côte, coller. lε : marque une direction centripète, depuis, ici, de à. lε’ gè : tomber, risquer de, commencer, tenter de, vouloir, produire lε’ gè bii : plonger (dans l’eau) lε’ gè ǣi1 (li) : plaire, charmer, séduire lε’ gè de roo : pleurer lε’ gè deere : courir (course) lε’ gè gesiŋ : tomber en faillite,tomber en déclin lε’ gè go : devenir fou, tomber, ruiner lε’ gè gor : se pencher en arrière, méconnaître lε’ gè jag go : finir, terminer, accomplir lε’ gè jagge : se mettre d´accord
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lε’ gè jarre : attaquer les gens lε’ gè jobo : accuser qqn lε’ gè kaara : se quereller, se battre lε’ gè may : demander la main de la fille lε’ gè mbεεrε : donner des fruits lε’ gè mondraa : se prosterner lε’ gè naa : s’endormir lε’ gè nen ne jobo ti : apercevoir lε’ gè soo : entrer en transe lε’ gè swaa : se moquer de qqn lε’ gè ti hm : avoir le malheur lε’ gè ti noo : avoir ce qui fait le bonheur lε’ gè waŋ : se mettre en colère, s’énerver lε’ gè wεεrε : commencer à mûrir, se dévoiler lε’ gè wuu : chauffer (fièvre) lε’ gè yoo : demander le prix waare lε’ gè : il y a palabre lεbε : initiation des garçons, congrégation des initiés, langue spéciale qu’on apprend à l’initiation lεǣrε : oiseau sp.: genre de passereaux lεǣrε : travailleurs, manoeuvres
lεdεrε : lettre, papier, livre. lεd’ ge : essuyer de la main, épousseter, racler pour nettoyer, tirer avec force, arracher, tirer un coup sec. lεεgo-yii : bière de mil qu’on goûte gratuitement. lεεlε : danse exclusivement féminine, sans instrument de musique, dansée lors de cérémonies d’enterrement, funérailles. lεmdε : paisible, sans soucis lεmma, lεm-lεm : mince, chétif, étroit lεŋ : boiteux lεr gé : éclairer lεr gé ciŋ : illuminer, serrer lεrε : l’heure. lεrgâ : sorte de sekko dont on se sert pour prendre les termites li : lit lidir : bouteille d’un litre lig gi : avaler, résumer. lig gi koŋne : envier, être cupide. lig gi waare : garder rancune ligà : mieux que. lii gi : enlever le mauvais goût lili : rhinocéros lim : sacrifice du chef de Dawa, nom propre d’une divinité qui
concerne la chasse historico-mythique de la brousse ǣi-ǣulum et qui révéla le kalkaw. liŋ : à la maison, chez soi, pays natal. liŋ gi : corriger, reprocher, éduquer liŋgi : éduqué, éducation, reproche jag liŋgi : loi, règle à observer lir : buisson, bosquet d’épineux, endroit touffu de la brousse lir gi : faire des caprices, être irréfléchi, grandir (arbres) lirgi : idiotie, folie liw gi : goûter, essayer liw gi may : draguer une fille liw : arbre sp. qui donne des fruits comestibles très vitaminés en forme de régime; l’écorce sert pour peindre l’intérieur des cases en rouge, fruit du néré liw : pintade. glag liw : mâle de la pintade liwluwa : herbe sp. lid gi : se brûler avec un récipient chaud, décorer les calebasses par pyrogravure lidgi : brûlure, noirceur lob gè :attaquer, ajouter l’argile lob-lob : graisse, reste de viande dans la marmite lobre : tendre, adulte, moyen
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lod gè : être fou, déraisonner, rendre fou. je lod gè : un fou jag lod gè : parole absurde, langage sexuel lodgé : folie douce, stupidité logom gi : flatter logom : flatterie lag ge logom : flatter, sous-estimer lom : serpent noir cracheur. lom : humidité, fraîcheur naage lom : avoir des plaies causées par le frottement des cuisses lors d’un voyage, d’une marche … ou à la suite d’une station assise prolongée. lom-pigri : serpent cracheur loŋ gè : mordre, piquer. loŋ gè bilme : croquer le natron loŋ gè doo : signe de mécontentement, d’étonnement loŋ gè duu : appeler fort loŋ gè jobo : prêter de l’argent à qqn loŋ gè korho : morsure du serpent korho loŋ gè soo : prêt serment par l’ordalie. loŋ gè waare ne jobo se : accuser qqn faussement. loŋgè : morsure loonε : jarre à eau, canari.
lor : espace entre deux sekkos ou deux meubles. lor gè : mordre. lorgoo : espèce de pioche pour défricher, repiquer. losε : lanière (fouet) en peau de chèvre portée à l’initiation. lùb gi : plonger, nager sous l’eau, immerger, abandonner. lùb gi jobo : ne pas vouloir se séparer d’une personne chère, insiter, protéger un bien contre les voleurs lùbgi : protection, insistance, abandon lùd gi : répéter, compter de nouveau, se tromper en comptant, doubler, se moquer lug : ceux-là (débout). lug-lug (gi) : salé, natronné, séléniteux. lùgod gè : être fou, raditer. lùgodgè : insensé lugud(di) : sadique, transgresseur, méchant, non initié. lùgùd gi : enchevêtrer, emmêler, s’enrouler, entremêler, transgresser luumo : marché naw luumo ka’ : dans le jour de la semaine nen luumo ka’ : dans la semaine. nen naw luumo maa caw woola : dans cette semaine
lùuri : gombo lùuri-are : gombo de variété hâtive lùuri-kluu : gombo de variété tardive lwà’ gè : rêver. ndo lwà’ me : tu me rêves : le locuteur a rêvé d’une personne à plusieurs reprises de façon inquiétante lwà’gè : rêve yii lwà’ge : bière fabriquée à la suite d’un rêve, illusion lwàarè : consistance gluante lwàd gè : faner, flétrir, ternir lware : herbe sp. pour tresser couvercles du grenier, nattes, sekkos… lwεd gè : maigrir
mà’ gè fii : faucher l’herbe mà’ gè gamla de jobo : se rencontrer mà’ gè godoŋ : tisser un pagne en coton mà’ gè garaŋ : battre des ailes, être en mouvement mà’ gè haw : gifler mà’ gè hεl : tousser mà’ gè lab : clôturer aec des épines mà’ gè liŋ : partir à la maison mà’ gè mbaa : réciter des contes mà’ gè nen ti : troubler l’esprit mà’ gè tεlfoŋ : téléphoner mà’ gè ti jiiri/jiili : écoeurer, consterner mà’ gè timbal : jouer du tambour ma’a : exclamation m, M marquant la mauvaise mà’ gè : frapper, battre humeur. fermer ma’a : ça suffit, assez mà’ gè baloŋ : jouer au maa : ce de, celui de, ballon introduit les numéraux mà’ gè billi : se fâcher ordinaux, marque la mà’ gè burgi : destination, la épousseter possession mà’ gè de gur-koo : l’appartenance empoisonner. wel maa ni : fils de mà’ gè de halge : faire maa bay : quant à vous la divination contre qqn maa lan : l’autre ma’a (be) : mère, mà’ gè de man-geene doo : frapper avec le épouse du père, épouse dos de la main de l’oncle paternel mà’ gè doo : applaudir. maa (be) : ce, mà’ gè fεgge : sourire celui…qui, quand, lorsque
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dè maa : pendant que, lors doo maa : parce que nén maa : afin que ti ŋgel maa : la où ti maa : par le fait que wεr maa : parce que wùr maa : le jour où… maalεŋga : bière de mil. maaloori : riz maalum : guérisseur musulman ko ge maalum : consulter le devin musulman maam : frère, sœur (familier, affectueux) maama : maman maapale : grand couteau de jet en bois, cheval rapide (dans les contes) maapodε : criquet (terme général). maay :aller à pied jar maay : les piétons see ge maay : aller à pied waa maay : l’étoile de celui qui va à pied maa-ba-po, maa-papo : un certain, un autre maa-po-gà : qui sait ? maabura : folie maa-daw-laŋ : la femme préférée. màa-feŋre : herbe sp qui pousse dans les champs de sorgho maa-fuy-jam : appellatif élogieux pour une jeune fille courtisée
maa-gaŋgaŋ : fond tressé du grenier provisoire puuli maagay : terme de l’initiation : la grande mère des initiés maa-gowaŋ : petits pois cuits et séchés maa-heglà : tourterelle à collier qui a un anneau de plumes noires au cou. maa horay : émigrant. maa-jebe : sarcelle maa-jee : roitelet. maa-koga : pigeon blanc maa-koo : pâte faite avec les grains de kurufi ou de doŋloŋ cueillis frais, bouilli, séché, pilé et réduit en farine. maa-solon : gourmand maa-way : cuivre, bracelet en cuivre, couleur marron. boo maa way : surnom d’un beau jeune homme donné par son amie. maa-way-way : crampe, attribué à la mante, mante religieuse madala : matelas madam : désigne la femme blanche, femme d’une autorité. mahalan : crabe sp. mahol : muraille makir : diaphragme, en abondance maklooro : trou creusé màmàarè : fils à hameçons
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màmuwata : génie des eaux. man : mère manduf (fi) : figuier mànrog (gè) : lac, cours d’eau, mer. manyaa : crapaud. man-baw : fille déjà âgée, femme libre d’un certain âge man-baare : flûte à quatre trous man-bii : esprit invisible dont on entend les pleurs semblables à ceux d’un chat et qui garde le petit mil man-bingà : jeu de ficelle où l’on forme différentes figures man-binni : insecte sp. man-baale : gros orteil. man-caawàa: scarabée sacré sp. man-cew : estomac, panse man-day : vache man-dayguum : boisson faite avec des restes de « boule de mil » séchée. man-daa : flûte en tige de mil man-debày : citrouille. man-de-berenjε : chenille sp. qui vit sur le « mbaaga ». man-debεlnεg : grand courlis cendré man-de-boriyon : chenille sp. comestible man-dekod : cadeau. man-doo : pouce
man-dwee-dan : oiseau sp. man-dwee : furoncle. du’gi man-dwee paa : apparition des seins d’une fille. man-dudu : coq de pagode. man-fii-baare : flûte à quatre trous, insecte sp. man-flεw : balançoire man-gàrùm : grand échassier man-geenè : co-épouse hun man-geenè: jalousie de la co-épouse man-gondolay : chenille sp. comestible man-gurna : tambour pour la danse gurna man-hoo-pày : rat sp., au gros ventre qui vit dans des endroits humides. man-hon : panse des animaux man-huuli : esprit maléfique, cause de la mort d’enfant en bas âge, diable, démon. man-niini : grosse prierre de la meule man-saasiya : cigogne man-suula : flaque d’eau, torrent man-suuswa : chenille sp. comestible man-tan –waa : arc man-taw-ti-koo : girafe. man-tuu : nom d’adresse affectueux pour les filles
man-tuu-waare : source de palabre qui aime beaucoup parler man-tway : jachère, terrain inculte man twee : gazelle sp. cob de buffon man-wan : furoncle, abcès man-wàagè : abcès plus grave que « man dwee », plaie, bouton causé par des filaires, douleur après l’accouchement, douleur après l’ovulation. man-waare-paa : bout du sein. man-yaa-bàa : arc-enciel. man : à côté de màn-gè : prendre, ressembler, inonder màn-gè blam : suivre, poursuivre màn-gè baale way : se dépêcher, se hâter màn-gè biili : devenir enceinte màn-gè bil(li) : égarer, plaire, décider, écarter, former un grand cercle, s’éloigner. màn-gè biini : avoir l’érection màn-gè cin : soulever màn-gè de pelle : renverser. màn-gè doo : résister, désobéir. màn-gè doo cin : aider, soulever la main màn-gè frèn : voler
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màn-gè hobre : enlever la malchance màn-gè jag : défendre, empêcher, limiter. màn-gè jag go : terminer màn-gè jaw : cérémonie de mariage où le père donne au témoin la lance qui marque l’alliance entre les deux clans et conclut le mariage màn-gè naw : choisir un jour, après quelque jour, dans quelque jour… mois màn-gè nen go : mettre à part, rester à part màn-gè ngel : faire jour màn-gè poo : victoire dans un combat màn-gè se : importer, se développer, croître màn-gè ti cin : honorer, estimer, s’en orgueillir, soulever la tête màn-gè torla : prendre des hommes pour un travail communautaire màn-gè way : se marier màn-gè wer (re) : reculer, se retirer, suivre màn-gè wer le go : s’éloigner màn-gè woo go : emporter mange : choix. marfa : regret, doute margèday : myrrhe. màrsal : maréchal marya’a : il va mieux.
màsin : tout appareil à moteur, machine à coudre matala, matarala : maintenant. maw : maigrir à cause d’un accoucherment may : fille may bay de ndulgi wa : fille vierge may binni : princesse may de yaage : fille dont la dot est payée may geman : sœur utérine may gomaa : terme d’addresse pour un enfant de même père et même mère que le sujet may gumi : terme affectif may maa jag paa : dernière-née may maa : ma chère ! may no : mademoiselle, belle-sœur may pan bi : pour s’adresser à une sœur de même père ou une fille d’un oncle paternel may pee : pour s’adresser à une sœur de même père ou une fille d’un oncle paternel may ti barge : fille donnée en mariage grâce à une amitié may ti glan, may tigli ti naw : fille en âge d’avoir des amants, avant le mariage mun gi : se fendre, éclater
may tigli : une jeune fille en âge de se marier may tway : fille qui vient de naître et qui n’a pas encore un nom may waare : jeune mariée, femme étrangère naa ge may : passer la nuit avec une fille wooge jag may : aller voir la fille, faire la cour à la fille mày ? : quoi ? quelle chose ? re mày la : quel problème ? may : muscle du bras. may may doo : avantbras may-biŋni : chenille sp. may-ba ?: quoi ?, quel problème ? may-delay : oignon sp. comestible maygari : danse, tambour maygù : femelle du margouillat. may-jag-dew : alcool de manioc may-la ? : quoi ? may-ne : quoi ? may-nii-lε : danse et air joué sur la harpe may-ninpoŋ : tubercule du nénuphar sp. may-pa-la ? : quel problème ? may-sε-la ?: quoi may-toŋ-toŋ : grillon may-twee-twee : oiseau sp. mba’a : comment !
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mbàa : conte, histoire. mbar ge mbàa : raconter des contes waa ge mbàa : narrer mbàa lε jag go ti manbii-kluu : formule de fin mbàa lε’ krib : le conte est tombé. Début du conte. mbaala : herbe sp. à sauce. mbàarà : eux-mêmes, ensemble mbaaraw : coton, cotonnier mbàga : savonnier mbàga : la mecque mbàgà : danse funéraire, danse mbal-taale : poutre mbaŋ : tout près, proche, à côté de proximité. mbàr gè : frapper mbàràmgà : irréflexion, légèreté, bizarrerie. mbàrga : petit enfant, bébé, nourrisson. mbàrge : raclée, punition mbarhay : moundang mbàsgà : terre sablonneuse. mbay : façon de danser mbày : vous-mêmes mbay : manioc mbay-toŋ-lày : patate douce. mbàydàŋ : singe. bo’om mbàydàŋ : cynocéphale, mâle le plus gros
mbε : lui-même, nousmêmes mbε no : certes, certainement mbεd gè : tendre, étendre, s’étirer, s’allonger, tirer mbεd gè sagge : se reposer. mbεd gè jagge : prolonger. mbεd gè ǣaale cawcaw : se détendre mbεdda : assez loin mbεεrε : semence, grains, épis mbεεrε-nen : la pupille de l’œil mbεεrε-wuu : cartouche mbεg gè : couteau. mbεg cuu : couteau de cuisine jag mbεg ge : morceau de viande, tranchant du couteau, blessure mbεg-barkagge : poisson sp, couteau des femmes initiées à l’esprit barkagge mbεr gé : se disperser, partir, éparpiller mbεr gé liŋ : faire rentrer à la maison mbεr gé de deere : prendre la fuite, lever la séance. mbεrbε : larmes. mbεrεw : maladie incurable, amitié pour toujours, amour pour toujours, ami inséparable
mbεrgè : homonyme, homologue. mbi : moi-même. mbidiǣiŋ :poisseux, gluant, collant, goût piquant mbiiri : excrément, gaz gastro-inrestinal, déchet ǣo’ge jobo de mbiiri : humilier qqn, lui faire honte ǣo’ge jag mbiiri : chercher palabres ee ge mbiiri : aller à la selle, déféquer gororo mbiiri : rectum kaŋ ge mbiiri : être urgent, être indispensable. swaa ge mbiiri : avoir la diarrhée yog ge mbiiri : péter mbilyoŋ : million mbîrjà : arbre sp dont les fruits sont utilisés dans le tannage des peaux mblâagâ : ceinture, turban au tour de la tête mblulùm : sourd-muet, taciturne. mbo : toi-même. mbo’àsè : arbre sp. à encens mbog gè : déformer, diminuer en volume, entonner un chant funèbre mbogdo : chéri, préféré mboge : bouclier mbôggè : déformation, déformé, abîmé.
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mbogge : danse funéraire en chantant en canon. mbol gè : grossir mboo-foo : un vaurien. mborcog (ge): pet de la civette, odeur que dégagent les animaux sauvages mbôrdom : bouillie faite avec le mil pénicillaire mbôrglô : bègue, trouble de la parole. mbôrgwày :, arbre sp. épineux mbornon : timide, qui ne sourit pas mborofεε : porc sauvage mborsog (gε) : caractère dominant d’un parent, puissance sexuelle, sperme mbraga : qui ne grandit pas, simplet. mbraw gè : douter, être indécis mbrade : panier tressé pour la pêche, nasse. mbremje : grosse chenille des caïlcédrats mbrèn : genette au poil roux mbrén : chicotte, fouet mbud gi : retourner, fermenter mbud gi doo : mépriser, se moquer de mbud gi faale : se repentir, retourner mbud gi foo : mépriser, humilier qqn
mbud gi jagge : évoluer dans la vie, prendre ses initiatives, faire ce qu’on veut mbud gi jiili :se fâcher, énerver mbud gi nenne : se transformer, tourner le visage, révéler mbud gi soorè : humilier fen mbud gi : miracle, chose étrange, chose monstrueuse, humiliation je jon fen mbud gi : magicien mbudgi : fermentation (bière), renversement, mépris, moquerie, miracle, changement mbug gi : fendre, opérer, démolir, casser en plusieurs morceaux, détruire, se briser mbul : moule à briques mbulnà : chef guérisseur de hwayna mbululum : outil sans manche mbuluri : épilepsie mbulwayri : mil sp. mburgudi (di) : entorse, foulure. mburgud gi : se fouler, se faire une entorse. mburgum : rat de Gambie mburyug : abri, tente me : me, moi mè : peu, en petite quantité. mè fiyew : très peu
mè-cèe-ti : lame à rasoir. mèe gè : verser un liquide par terre en offrande aux ancêtres avant de le boire mèebe : rosée. méela : fruit du palmier doum, jeu d’équipe « tengele », qui consiste à renvoyer avec des bâtons les fruits du palmier doum. mèené : gazelle méenè : organes génitaux de la femme, vagin mèn gè : laisser, quitter, abandonner. mèn gé faage : permettre mèndèrèw : piment rouge mèndèwlè : canard sp. siffleur mendew : coccyx. menjeede : dégoût, répugnance. mennè : sacrifice des gens de Ganhou, nom d’une divinité mèsèw : adultère et autres infractions à la coutume. meseeru : frison, chair de poule, dégoût médéré : maître (école) méndéré : petit crapaud sp., qui se gonfle en cas de danger, et qui vit sous terre. micwicwi : fourmi sp., espèce de coglum, mil blanc très dur
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mii : sa mère mindil : mouchoir de tête mindiw : maladie des poules mingir (ri) : lion miselere : fourmi sp. miyew : bile miyer (re) : termite guerrière mo : te, toi mo : exprime le devoir. mo : chose, truc, ce, celui qui mo ha’(a) : sens général, toute position mo ho’(o) : ce qui est loin mo jag : ce qui est appuyé contre qqch. mo je’(e) : celui qui est assis mo jon : sens général, toute position mo ka’(a) : ce qui est planté mo kay : ce qui est dans la main mo lag : ce qui est assis ou debout ou posé, mais ne bouge pas mo lug : ceux qui sont assis ou debout ou posés, mais qui ne marchent pas mo maa ha’ : cela mo po gà : rien mo sug : ceux qui marchent mo ta’(a) : ce qui est posé ou placé sur qqch. mo ti(i) : ce qui est allongé par terre, qui est couché
mo ye(e): celui qui est assis mo-cèe-ti : rasoir. moday : heure de la sortie des vaches, entre 7h et 9h du matin. moday bii pirri : l’heure pour abreuver les chevaux (vers 8 h) bor ge moday : se réchauffer au soleil de huit heures mogayi : grande natte circulaire utilisée comme fond des greniers mogran : pois de terre mojemay : pince, brucelles moklare : plante sp. graminée. molare : peur, frayeur. sangu molare : remède pour faire peur ou pour ne pas avoir peur mo-nay-se : chair, corps mondraa : prosternation mongron : manguier¤ mangue. moo (be) : grand-père, ancêtre mâle du même lignage, petit- fils, je moo be : patriarche, chargé des cérémonies propitiatoires hoo ge moobe : hériter la charge religieuse de je moobe moobaara : ancêtre du lignage mooda : automobile, voiture, camion moranga : laideur
mosèlàm, mosolam : épée mog gè : déformer mondore : montre mongor(re) : croupion du poulet mongor-kagge : plante sp. mu’aa : pas en bonne santé. micumcum : cobra africain mucupay : brucelles mucuu : kapokier à fleurs rouges his kulur mucuu : courte période de chaleur au moment où les fleurs de cet arbre se forment Muda : Fianga mula : coton brut. jag mula : première partie d’une matière brute, lèvre non percées mum gi : résonner mùn gî : se fendre, éclater, tomber d’épuisement. mùn gî poo : gronder mundoore : récipient de capacité connue, servant de mesure mungay : espace de condyle à la machoire inferieure mungore : os du bassin, croupe d’un animal mungor-kagge : vertèbres soudées de la poule munguuri : forge musal : blennorragie.
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mùsgwàarè : terme général pour les sorghos répiqués. mûson : maçon musug (gi) : massa, nom d’une vache muswan : femme assez âgée, non mariée mùswarè : mouchoir mutumlum : serpent spécial dont il est difficile de reconnaître la tête de la queue, au venin mortel mùu : ta mère, terme injurieux muu gi : enliser, enfoncer, faire entrer dans muu gi swee : macérer le chanvre dans l’eau avant de tirer les fibres muyaa : kapokier, fromager muyelay : plante sp. indigo, henne, plante cultivée muyur(ri) : veille de la nouvelle lune. muyuurdu : ver de terre, lombric. mbiiri muyuurdu : excrément de ver de terre muyuuri : sottise, bêtise. muy : douce, incertitude n, N na : que, introduit un discours direct, après ga. na eela : marque énonciative pour
conclure un discours rapporté na ge : passer la nuit, vivre, dormir, grandir. nage podag : passer une nuit blanche nage tenenne : passer la nuit éveillé nage wer jobo : passer la nuit à deux ou plusieurs dans une même chambre ndo na we yawla ? : bonjour, salutation du matin nà’a : « mon enfant ». naa : quatre. nàa : sommeil. le’ ge nàa twee : dormir les yeux ouverts ti nàa : être endormi. nâa : nous (inclusif), notre(inclusif). nàa : tante. naa (be) : tante, neveu nâa gè : arracher, partir, s’écorcher, surgir s’avancer, s’acheminer, venir, aller, venir en groupe, réunir les gens nâa gè biin go gesin : verser l’eau par terre nâa gè blum : vaincre nâa gè ǣlurgi : soulever de la poussière nâa gè ǣil go : perdre de valeur, dévaloriser, user nâa gè cee : muer nâa gè cuggi : faire de la fumée, laisser s’échapper de la fumée. nâa gè gog : zizaguer, être tortueux, changer
d’opinion, se contredire, être infidèle nâa gè jag(ge) : dire le dernier mot, jurer, avoir des plaies à la bouche, en avoir marre, changer de décision nâa gè joo : devenir jeune homme nâa gè larda : glisser, être glissant. nâa gè leege : se réjouir après une souffrance, se mettre à l’aise nâa gè nen : apparaître, attirer l’attention de qqn, devenir propre nâa gè nen bii : se délaver, se déteindre. nâa gè nen biili : devenir enceinte nâa gè saalè soolè : sortir qqn d’un embarras, se sentir soulagé nâa gè se : quitter, s’éloigner nâa gè se de mbrεŋ : faire des plaies sur le corps avec le fouet nâa gè se de wuu : brûler qqn nâa gè soo ne jobo ti : exorciser nâa gè ti : donner l’épi. nâa gè ti ciŋ : se redresser nâa gè waala : critiquer nâa gè waywaale : tirer au sort nâa gè wεr : décanter, suivre. nâa gè wur : lever du soleil
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naadεŋ : nom du bâton porté par les initiés lors de la sortie de l’initiation. naage : arrachement, pointu nâa gè wuu : brûlure naa-naa : terme d’adresse entre une tante et ses neveux et nièces. naare : femmes, épouses. na-ga : c'est-à-dire naŋ : uniquement, rien que, juste, à point, exact, comme il faut nàŋ gè : écraser, moudre, broyer sur la meule, frotter. nàŋ gè nen : diviser, écraser, broyer naŋ-boŋ : fou/folle, insensé naŋ-gà : injuste, maladroit, mal faire, mal agir. nàw : jour ; sert à compter les jours, temps, vie. naw bε taw go : il est mort. naw luumo, naw reman : la semaine kee ge naw : donner une peine, un délai may ti naw : une fille libre ti naw sεn la : ces jours-ci nàw-naw : mince, élancé này : nom des noninitiés, donné par les
initiés, viande, chair, corps, gibier a de này debaŋ : il est très gros nay-jagge : lèvre nay-saŋ : gencive ndàgrè: nénuphar ndàl gè : causer, blaguer converser, réfléchir, , baratiner une fille ndalge : causerie, conversation, histoire ndàr(re) : sac en cuir, sac, billet de mille francs ndàr gè : enlevesr, à plusieurs reprises, arracher, déposer. ndày : vous ndày : fiancé, flirt, sans promesse de mariage ndèd gè : cueillir les feuilles à sauce, avec les ongles au ras du sol ndegεd gè : couper en petit morceaux ndelεm : pointu, taillé. ndεb gè : boucher, reboucher, combler. ndεbba : arbuste sp. ndεεrε : petite grenouille, rainette. ndεεrε : fiancé s ndεm gè : amener entassés. ndεrεd gè : broyer, écraser ndi : je, me, moi ndib : touffu et épais ndigga : mieux. ndigriŋ : surdité, sourd. ndiŋ : collier tressé,orné de cauris
ndiŋ gi : devenir sourd, empêcher d’entendre, assourdi, corriger, battre ndis-mbaraŋ : nom propre d’un « bosquet sacré » ndo : tu, te, toi ndo mbo so : débrouille-toi ndo gè : terminer, résumer, déranger ndog gè : prévoir ndoggè : prévoyance je bay ndoggè : un imprévoyant ndor ge : déménager, se déplacer, déplacer ndosgore : touffu. ndug : ce qui est posé. ndugla : fenêtre ndùl gi : percer une membrane molle, déflorer une vierge ndùlùb gi : trop cuire ndum gi : soupirer, geindre, gémir ndùrum-ndurum : obscur nduu gi : arriver, venir, sortir. ndùbi : sorte de ficus ne : à, vers, de, comme celui de, le, la, lui. ne ?: où ?, quoi ?, comment ? nee : algue, viande, sauce soupe nee-biini : prépuce nee-siŋ : oseille de Guinée nee-twèe : lierre rampante
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nee-waa : venin (d’un serpent), poison pour les flèches. nèe gè : coller nen : oeil, face, visage, source, profondeur, grosseur, épaisseur, équivalence, montant, couleur, apparence, silhouette, aspect, temps, devoir, dans, dedans, à l’intérieur, pendant, parmi, entre, vers. nen baa naa : être accablé de sommeil nen bii : dans l’eau nen baŋ glonwεεdε : nord nen baŋ waybanne : sud nen caa ge go ŋgaŋga’ : ne pas avoir envie de dormir nen da-ga : il faut que, de façon que, à tel enseigne que nen doo : domination, protection, pouvoir., indépendance. nen koo : derrière l’arbre nen lwa’ge : en songe nen maaga, afin que nen mo sε : sa part nen pelle : devant, ouest occident, nen wεrrε : est, orient nen wur bo-law : ouest nen wur bo-toŋ : est nencee : ombre. nenséerè, nencεrse : âme d’une personne. nenmà’a : huit
sungu nenmà’a : quarante francs nen-ndulga : rebord de la fenêtre nen-pay : bas ventre, nombril nensεŋ : de plus, enfin, complètement, pire. nen-tiŋ : mur de paille l’enclos de cases familiales nen-waare : vérité. nenwε : herbe sp. qu’on tresse pour la confection du toit jigale nen-werrε : est, orient, levant. nèe gè : coller nèe gè se kee boŋ : être uni, en communion ni : si, chez, dans, là de sεn ni tuu : à ce moment là même sεn ni : c’est comme cela nifakin : nivaquine nii (bi) : terme de parenté entre un oncle maternel et les fils de sa sœur, neveu maternel, nièce. nii gi : chasser, renvoyer, vouloir (auxilliaire) niigi soo go ne jobo ti : exorciser niigi poo : jouer au « poo » cooren de nii kway : le mil a deux ou trois feuilles niigi gurma : entrer au « gurna » avec sa vache laitière
niigi darge : aller à la chasse niigi : renvoi niilε : guitare niini : meule à écraser le mil niini-marhay : meule propre aux Moundang niitamu : arbre sp. que l’on le trouve dans les « jag-sirri » njofta : folie no : à cause de, pour, précité, ainsi. no no : ainsi. no-ga : ou, hein ! noo : huile, matière grasse. woo ge jo noo : aller en ville manger des mets gras. noo-mooda : essence, huile de moteur noo-paa : beurre noo-swεε : huile d’arachide noo-yoore : miel sauvage nowane :chance. numra : jeu de cartes, numéro nus : moitié., demi nyew : peu ngà’ gè : égorger, taillader, s’enfoncer dans le sable, se terrer ngàari : grue couronnée ngàb gè : mesurer, prendre en exemple, comparer, choisir, prendre un échantillon, indiquer, montrer, égaliser, arranger
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ngàb gè jag dee : faire la course ngàb gè jagge ti : se mesurer à quelqu’un, entrer en compétition, concurrence ngàbà : foule ngad gè : égorger, essuyer, torcher. ngàf gè : mettre face à face ranger côte à côte, superposer ngàf gè jagge : affronter, concourir ngàl gè : allumer un feu avec des brindilles. ngàm gè : refuser ngàr gè : déchirer, bavarder, pousser des cris, hurler ti bi ngàr go : j’ai mal à la tête, fatiguer physiquement. ngàr (re) : manière de faire, façon, technique, mesure, temps de ngàr ŋgel sεn ni : en ce temps là joŋ ge de ngàr : faire avec soin, avec attention maa de ngàr bo : capacité, équivalence ngàr be nen bi : c’est ma manière de faire ngày : biche-cochon. ngèl : place, lieu, endroit, temps, moment, époque, saison ngèl ancoo : période des fraîcheurs après les plu. ngèl bii taalay : terrain inondé
ngèl bùsùmbùsùm : aurore ngèl caa ndεl : période des grandes inondations en juillet et août ngèl kluu : aîné d’une descendance ngèl maa de so’ge : bonne terre, terre fertile ngèl tee wε go : il fait jour, le matin ngèl teege : début de la saison sèche, nouvel an ngèl ti ceere : saison pendant laquelle les nuits sont froides, décembre janvier ngèl ti cege : la saison sèche : il fait chaud pendant la journée ngèl ti hissi : période de grande chaleur ngèl weere : utérus, matrice ngèl yaale : saison des pluies de juin à septembre. ngèl yed noo : magasin d’huile baa ge jag go ti ngèl bε : accomplir faage maa ti ngèl bε : le chemin de justice da’ ge ngèl : être tranquille. rè maa ti ngèl bε : la justice. ti ngèl ni tuu : en ce moment précis ngèlεr gè : déchirer (tissu) ngέl ge : être bouleversé, sidérer, être étonné., stupéfier,
adoucir, heurter, rendre/être têtu. ngεlge : étonnement, capricieux, têtu ŋgεl-ŋgεl : tous, sans exception. ngέr gè : fendre, faire des fentes. ŋgεrgecε’ : plante sp, épineux aux feuilles comestibles. ngεs gè : être très riche ngεs(se) : un riche ngid gi : tourner, retourner, fermenter. ngid gi doo : mettre dans l’ambarras, ridiculiser ngid gi faale ne blagge no : se repentir ngid gi foo : jouer un tour, se moquer de quelqu’un ngil gi : ne pas germer, afaiblir, perdre connaissance, être dans le coma ngilεε : épervier, piège pour poissons. oo ge ngiŋ : se tenir prêt ngir gi : fendre. nenne : faire de gros yeux en signe de désaprobation ngiriyiŋ : se dit d’une rangée d’objets proéminents et serrés. nglaw : fragile. nglàw gè : tituber, avouer, hésiter, désserrer, détacher, relâcher. nglawge : doute, hésitation, confusion
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nglo’ gè : se desserrer tout seul. nglo’o : faible nglor gè : tracer le champ avant de le semer, égratiner nglore : égratinure, incision, balafre. ngloro : fourmi sp grosse, friande de sucre. ngodog (ge) : naivité. ngog gè : maigrir, faire maigrir. ngoge : oiseau sp. petit héron nocturne ngogre : maigreur, maigre. ngolom : arbre sp., sert pour les toits des cases ngolom : fruit du nénuphar ngoŋ : cuirasse ngor gè : griffer, scarifier, égratiner . ngoryoŋ : en rang protubérant, moins que ŋgiriyiŋ ngràd gè : prendre fuite. ngras (se) : mal cuit. ngrès gè : mal cuir un aliment, sous alimenter, être avare, regarder froidement sans chaleur dans le regard. ngris gi : émerveiller ngrog gè : fondre, dissoudre ngrog gè : écorcer, défaire un épis de mil ngrub gi : ne pas bien se laver, mal laver, être trempé, être mouillé, transpirer
ngrud gi: grignoter ngrum gi : marmoner, grommeler de façon mécontente ngùlùri : petit grillon sp. comestible ngu-ŋgu : fourmi sp. rouge ngùrgùdù : arbuste sauvage, dont on fait des cordes pour le tressage des pailles et la confection des toits « jigale »
oobe-maa-kluu : veste, par-dessus d’un vêtement, manteau oobe-maa-kuf-kuf : tapis, vêtement en velours, en soie oobe-soodε : tenue militaire oobe-swee : habit de deuil ooge : respect oròg gè : tordre, enfoncer les ongles oròg gè kiŋ : étrangler. oo : pardon. ornog gè : se baisser, se o, O recroqueviller, se faire ondoro : serpent sp. très petit, supporter vénimeux og gè : tarir, sécher, òo gè : placer, s’arrêter, s’évaporer, diminuer, se tenir, rester debout, longue période de bien rendre (cultures), travail. donner beaucoup des oggè : épuisement, produits, gonfler évaporation. òo gè ne : consacrer à òo gè ŋgiŋ : courage ! òo gè pelle : prendre la p, P responsabilité de quelqu’un. pa : encore, de nouyeau. òo gè way : ménopause pà’ ge : blaguer, se de la femme moquer de qqn en òo gè bil : se tenir blague. debout au centre pà’ gè : passer à l’école oo gè : être soumis, pa’ge : blague craindre, faire attention, pà’tàl : aguille. respecter, prendre soin, pàa ge : buter, tracer les être tolérant, être sillon, sarcler, glisser, austère, se contrôler réussir à un examen, oobe : vêtement passer la classe oobe-baa : supérieure impermeable paadu : chat. oobe-fεw : tenue de fête paale : siège en bois oobe-maa-bil : sousvêtement
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paale-gεεrε : nom propre de celui qui naît après les jumeaux padam : ricochet mbar ge padam : faire des ricochets sur l’eau avec un caillou. padam ge : pagayer pad gè : écorcer un arbre pour le breuvage du bébé, débiter un arbre en gros morceaux pafolay : plat paga : cependant, or, pourtant, alors que paglam : entrave, chaîne. paglam-twee : punition que les parents font subir aux enfants en ligotant leurs jambes et leurs têtes entre les leurs pah : clairement. pal gè : déterrer, retourner les grosses mottes de terre sèche pour les briser pala : bouclier en paille tressée. palu : paludisme. pan : père. pan-pay : maître du champ pan-ti-cwee : responsable pan-tiŋ : maître de la concession, chef de la concession pan-tway : le maître par excellence pàŋpràŋ : plat. paŋre : pomme canelle de brousse.
pàr gè : tresser, parier, côtiser pàr gè glogge : purger. pàr gè gur fii : défricher un champ pàr gè haare : fendre du bois. pàr gè jobo solay : parier avec qqn de l’argent. pàr gè nen saale : unir deux cordes déjà tressées pàr gè ti : compétir, concourir pàr gè waare : parler beaucoup para : pagaie. parday : vitesse, rapidité caa ge pàr gè : venir au secours. parday raw ne : il est trop pressé parε : pari, tontine, cotisation, tour lag ge parε : parier. woo ge ti parε : aller a la tontine wur ti parε : nous faisons le pari yii parε : bière à l’occasion d’un pari parway : petite flûte en tige de mil ou en tuyau de métal pas gè : ronger patala : maintenant. pàw gè : couper en deux un animal vivant, en cérémonie de purification d’inceste ou d’adultère.
pàw gè mbarga : couper un enfant dans le ventre de sa mère, quand elle n’arrive pas à accoucher pàw gè sam : sacrifice (brebis) en cas de pendaison ou après que la foudre aie tué qqn pàw gè togloŋ : sacrifice en cas d’adultère (bouc) pàw gè way : sactifice en cas d’inceste (chien) pay : celui qui a été à l’initiation. pày :champ pày yïi : bière pour le travail collectif du champ pan pay : le maître du champ payna : qqn qui est estimé, considéré, apprécié, maître, expert paa : sein, mamelle. paa de wud mandwee : les seins apparaissent gros comme un furoncle paa koo : sève des arbres paa laa go gesiŋ : ses seins sont descendus paa laŋ : sein comme une gourde paa maa de baage : lait tourné, caillé gur paa : tour du sein, son attache haa ge paa : traire may, wel maa jag paa : demier-né(e) noo paa: beurre
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paabe : père, grand ancêtre paabe maa klee : oncle paternel paage : boue, terrain boueux. paage : longueur(objets). paage-waage : pus endurci d’une plaie. paare : parents, petites boursouflures purulentes dans une plaie, œufs. ǣod ge paare : pondre swaa ge paare : pondre paare-ǣay : bourses, spermatozoides paare-kagge : œufs de poule paare-menne : ovules, hymen. paare- nenne: iris de l’œil paare-yii: dépôt de la bière de mil qui sert de levure pay : gaillard, homme costaud, le plus beau, nombril, argile, terre argileuse cultivable, frais (vivres...) ǣo’ pay ǣiili : hernie ombilicale. pay gidegre : petit nombril de pay : lent, timide. pecèg gè : diviser en plusieurs parties, couper en petits morceaux pecèg gè nen waare : multiplier les paroles
pee : ton père, son père, terme familier. pèe gè : transmettre un message, charger qqn d’une commission peele : commission, message. pel(le) : devant, en face, front, visage, ouest caa ge pel(le) : partir à la rencontre, saluer jar ma’ge pel(le) : musulmans kol ge pel(le) : devenir premier ma’ge pel day : donner le premier coup de l’abbattage d’un bœuf offert en sacrifice chez l’oncle maternel par le neveu man ge jobo de pel(le) : renverser qqn. pel bol : d’avance pel jobo : chez qqn pel twar, pel tway : de type masculin, féminin détermination selon le sexe du premier enfant. pelnew : après demain, le lendemain. pee ge : être insuffisant, manquer, guérir, nourrir, subsister peegè : guérison, incapacité, insuffisance peegè-ti : cerveau pew : graminée, dont la paille est utilisée pour les toitures, onchocercose pèd gè : repiquer pεdε : très loin pεg gè : couver
pεgne : tortue d’eau sp. de grandeur moyenne, comestible. pεgrεga : or pεlε : pelle pεŋ : herbes et pailles que les rongeurs accumulent dans leurs trous, nid des souris. pεŋ ge : bondir, rebondir, refuser. pεŋ ge mbarga : couper un enfant dans le ventre de sa mère quand elle n’arrive pas à l’accoucher pεŋgεlε : épingle pεŋgεlεŋ : quinquéliba pεr gè : faire des cabrioles, sauter. pεrε : raie dans les cheveux pεrε : prêtre catholique. pεrmεl : premier pεrsidaŋ : président pεyεg gè : fracasser, briser avec violence pidi : arbre sp. utile comme bois de lit et médicaments pig gi : aiguiser pigri : grains d’éleusine piili :coeur piŋ : barbe pir gi : violer les règles, transgresser un interdit, activer un feu en soufflant pirgi day : souffler dans le vagin de la vache pour qu’elle se laisse traire pir gi halge : consulter le devin
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pir(ri) : cheval. blo pir(ri) : étalon blo depuy cegad pel jobo gà : grande colère, décision fatale pirid’ gi : déchirer en griffant pirïg gi : courir à quatre pattes plâda : peul plàŋ (plàŋ) : partie, par endroits, côté plaŋa : tempe plàw gè : casser en morceaux, fracturer. play : sorte de couvercle en forme de plateau plôg ge : arracher. plotig : du mot « politique » dans le sens péjoratif: mentir, trahir,, mensonge, ruse, faux témoignage, stratège. po : un, un certain, quelconque. maa ba po : un certain, quelques-uns maa ba po woo : certains podam : bambou de Chine, arbre sp. utilisé pour les arcs et les perches ma’ ge podam : rebondir polisi : police pôo : « ton père », terme familier voire insultant. pôw : varan, iguane poyorgi : poisson sp.
poo : razzia, sorte de jeu des pions, colère caa ge poo: gronder car ge poo : gronder maŋ ge poo : victoire poo gè : peser, accabler poorè : mil germé pour préparer la bière pooré : arbre sp. dont les fruits sont acides. pooré : poids, lourdeur, fardeau, pouvoir ha ge pooré : faire sentir son pouvoir jar maa de ha pooré : ceux qui ont du poids (les autorités) pooré sooré : obligation, peur des sacrifices aux esprits poorè : crasse, moisissure. pooré : respiration jo ge pooré : étouffer po’ge : couper arbustes, herbes, cotonniers..., débroussailler, faucher les herbes, découper en petit morceaux, tailler, ronger, secouer. p’hom : singe. po’om : poison pôd gé : payer, retribuer un service, rembourser une dette, rendre. podag (ge) : publiquement, au grand jour, endroit désert naa ge tenen podag : passer la nuit blanche podag gè : secouer pod’ge : salaire. podogge : région, annexe, banlieue
pog (ge) : malchance, porte malheur pôg gè : détacher, délivrer. pôg gè mbaaraw : récolter le coton pôg gè nen : couper en quartiers. pôg gè ti : défaire les tresses polfoge : palissade en sekko qui entoure la case ponte : clou, pointe pon : pont pondolon : pantalon européen poole : arbre sp. pomnier de Sodome pordo : pétales rouges, pôr gè : purifier, sacrifier pour purifier, fatiguer, se décourager, vider le contenu d’un recipient. pôr gè yoo : purification après un manquement à la coutume pôrgè : purification, évacuation (liquide) pôrjogi : poisson sp. por(re) : poil, poilu, vélu, petit sillon fait par la pluie, ravin, rigole, lit d’un ruisseau. blam por(re) : rigole por (ré) : fatigue. pre’e pre’e : presqu’a terme. pred gè : tresser, tordre, tourner avec la main predge : excitation, passion, douleur
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pren : lit en madriers de bois. pren-mongore : os du bassin prog (ge) : région pùd gi : s’envoler, déménager, se lever, se soulever. puduf(fi) : poussière. pùg gi : verser, renverser: liquide, mil.... pugum : oiseau sp. pùm gi : être couvert de poussière, moisir pûmgi : gris, pâle, poussiéreux pundum : entre temps. pùr gi : arroser pûrgi : arrosage pûr (ri) : beaucoup, plusieurs. purgûm : termitière, termite. purgusum : contenu de la panse des ruminants. pùrmùson : permission du militaire puryaa : faible pus-pus : poussepousse pùu gi : blanchir, délaver, être décoloré, défaire, se salir de poussière, pâlir, épuiser le sol, appauvrir. pûugi : épuisement, épuisé pùuli : sable presque blanc et fin, terre sablonneuse. pûuli : grenier provisoire puuta : pas trop bouilli
puy : barbe pûy : hyène soo pûy : médicament pour se donner du courage pendant la lutte puy gi : réveiller. pyew : rivière pyton : bouton. r, R ra : leur. rà’ gè : aplatir, rater, manquer, s’effondrer ràagè : pleur, lamentation ràa gè : pleurer. ràa gè joo : danser et chanter ràa gè mbàga : danser et chanter le mbàga ràa gè duu : avoir une bonne réputation puy ràa : danger, alerte rab : petit, peu. ràb gè : lier ensemble, juxtaposer ràdyo : radio ràŋ gé : se promener, voyager ràŋ gé hoolε : aller de case en case pour manger le soir (garçons, filles seulement lors des fètes) ràŋ gé nenne : regarder autour de soi, se méfier ràŋ gé pay : inspecter le champ ràŋ gé suggi : se promener à plusieurs raŋge : promenade, voyage.
ràw gé : partir, commencer, dépasser, être plus, être trop, plus grand que, plus fou que, trop nombreux ràw gé de dogray : être trop court ràw gé doo : être excessif, tuer ràw gé diggi : s’inquiéter. ràw gé jag ǣε : s’en aller selon son propre désir ràw gé pel : précéder. ràw gé ruggi : trop mûrir, être présomptueux ràw gé ti maa tuu : exagérer rawge : départ rawge-diggi : inquiétude, soucis raw-raw : clairsemé, espacé. rày gè : dépenser, répandre, gaspiller, s’éparpiller raa gè : aveugler, devenir aveugle, peindre, teindre, changer de couleur. ré : malheur, nouvelle, affaire, histoire en cours, raison, problème ré cegè : souffrance ré hay : on ne sait jamais. ré hay-hay : révolte, désordre ré po bay wa : pas de problèmes, tout va bien
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ré soorè : chose honteuse, déshonneur, infamie caa ge ré ne jobo se : accuser faussement da’ ge ré : avoir des problèmes waa ge ré : commander, dominer. yaa ge ré jobo se : prendre soin de qqn rèbàŋ (rebàŋ) : collant, visqueux. reǣay : très tendre, fragile rècε’ε : chaîne. redε’ : petit, mince. redεw : perle, collier de perles. re gè : manger, user, se détériorer à l’usage, tromper, frauder, voler, gaspiller les biens d’autrui, gagner, être tranchant re gè gèw : avoir de la valeur re gè nenne : mâcher, pénétrer dans la chair. re gè wàŋ : régner, avoir le pouvoir, dominer re gè waŋ : être en colère, murmurer re gè yoo : avoir du prix, avoir de la valeur rege : nourriture ré-mayla : quel problème renam : sept rew : piège à collet rew : arbre sp. rew : cécité, être aveugle.
rew bùsuŋ, rew suŋ : se dit de certaines personnes qui ne voient pas la nuit rε’ε : exprès. rεǣ gè : boucher, obturer un trou, combler. reeda : moitié. rεm gè : se mettre en place, se placer. rεw (rεw) : espacé parsemé riba : intérêt ribiŋ : collant. riŋ : nom, être connu partout, renommée. lε’ge riŋ : avoir une mauvaise réputation ti riŋ : grosse tête kluu riŋ : le plus gros geege riŋ : grosse voix riŋ : cheveux. riŋ gi : dire, conseiller, prévenir, avertir riŋgà : que riŋ-gâ-ndi, riŋ-ga-sε : orgueil. riŋgi : avertissement. riŋ-ti : cheveux, chevelure. risga : riche. ro’ gè : pincer avec les ongles. rôd’ gè : brûler , se camouffler rôd’ gè doo glog : marcher nu en cachant le sexe avec la main rôd’ gè do ne jobo ti : voler qqn, protéger qqn, dominer qqn. rod ge : brûlure, fumée
roŋ gé : salir, couvrir, tâcher, être corpulant. roo : lamentations, pleurs, cris des animaux, des oiseaux... roo huuli : lamentations chantées aux cérémonies funéraires, danses et chants roo kagge : chant du coq. jag roo : lieu de la danse woo go ti roo : aller aux funérailles ou au deuil roo gè : mendier, quémander, demander. rôs gè : rétrécir, se contracter, avoir la chair de poule. rùb gi : calmer, boucler, obturer un trou, forcer, gaver de nourriture ruǣǣi : obstruction, corruption rùǣgi : plante sp. parasite des sorghos rûg gi : mûrir, être mûr, être orgueilleux, être sage, se cicatriser, se dessécher ruggi : mûr, sage, malin, astucieux, sensé rùgôd gè : tenir serré. rûgôs gè : mélanger, serrer rûgôs gè oobe : froisser, mal plier un vêtement rùg-rug : brisure rùm gi : noircissement de certaines poteries, noircir, fumer le champ
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en y laissant les boeufs passer la nuit, fertiliser. rûm : creux, cavité rumod’ gè : froisser dans la main, chiffonner pour tenir caché dans la main. ru-ru : mil de dernière qualité rûs : à l’improviste rûs gi : éteindre, détourner rusgu : chance, succès. ruu gi : réprimander qqn, reprocher, raisonner qqn rwà’ gé : salir, souiller rwàg gé : friper, chiffoner rwe : sale, petit. s, S sà’ gè : attacher, lier. sà’ gè bεllε, sà’ gè bollε : venger sà’ gè nen kokway : attacher fortement sà’ gè nen lεŋ : attacher légèrement sà’ gè se : approcher de, s’approcher sà’ gè se ciŋ : se pendre sà’ gè waage : soigner, panser une plaie sà’gè : nœud, attachement sa’laŋ : simple. sàalè : vingtaine sâalè : corde, ficelle hoo ge sâalè mbarga : aller chez une sorcière pour soigner le bébé
naa ge sâalè go soole : se libérer d’une affaire. sa’ ge sâalè ne jobo : donner un grade, une décoration sàarà : ils, elles, eux, leur saasiya : cygogne noire. saasu : reine, la femme préférée, femme libre sabuli : savon sàd’ gè : essuyer, lisser, polir, astiquer. sadda : espèce de pièce de pagne sadge : grumeau, caresse sag (ge) : bassin, rein, croupe d’un animal. fen- sag (ge) : récompense pour un travail, règles. sag da’ ne : elle a vu ses règles sag (ge) : sac. sàg gè : briller, luire, brimer saga-saga : commandement qu’un initié plus gradé donne à un moins gradé que lui sagge-baa : éclair sag-sag(ge) : toujours, que, sans arrêt, pur. sàh gè : niveler, égaliser, se cicatriser, effacer. sakor : jeu d’enfants en soulevant une jambe salabi : mouchoir de tète sàlàg gè : mettre le feu à plusieurs endroits,
pour débrousser, faire saliver. sam : mouton sàm gé : venir avec force, produire un bruit, rumeur, raler, accabler. sàmàra : sandale en cuir ou plastique samge : bruit. sam-sam : docile, dévoué, innocent san gè : se faire malade sàndâlè : sandale sântiri : ceinture sàŋ gè : cueillir, apporter, couper l’herbe, faucher la paille, ressembler. sàŋ gè nenne : trier, prendre un à un. sàŋ : dent, lame, bord, tranchant, faucille sàŋgù : oignon sauvage sâŋgù-cwεε : venin de serpent saŋne : mortier re ge jag saŋne : se dit de celui qui na pas un lieu d’habitation fixe jag saŋne : lieu où on pile le mil sâŋrè : pus. sar (ra) : à part, isolée, cii dehors. sar (sarre) : différent sàr gè : bouillir, chauffer jusqu’à ébullition. sara’a : désigne un voisin qui profite d’un repas ou de la bière dans un travail collectif sans participer au travail.
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sàrè : sésame sarge : à la renverse sarge : ébullition, échauffement sàriyàl : petit rideau sàrsârè : sergent. sarwusi : service, fonctionnaire. saw : merde !. sàw gè : griller en fumant l’aliment, brûler, exiger. sày pelle : au revoir sày toŋ : à demain sày wùr poo : à un autre jour, jusqu’à ce que.... sày : étagère sày : thé sày gè : tomber de vieillesse ou de fatigue, s’effondrer, exténuer, épuiser, tomber en décrépitude, égorger. sa’ gè : gâter un enfant sa’a : sorcellerie. saa : jeu d’adresse saa gè : coudre saa gè suŋgu : obscurcir saage : cendre, épaule kaŋ ge saage : cérémonie rituelle kaŋ ge saage ne jobo wεrrε : se libérer de qqn dont on en a marre saaraw : fil, boeing, avion. saare : salive, moutons say : frais, tiède, humble, besoin, désir, envie de viande, faim de viande, brouillard de sable.
sayaa : tiède, calme. se : corps, chair, contre, à l’égard de, par rapport à, chez, comme, selon, pour, part, partie, couleur, aspect joŋ ge se : empoisonner, mordre (chien), ennuyer, déranger les gens. hay ge se : rester à côté de, être à l’aise. kod ge se : se maîtriser ti se ǣε : libre se ǣi porre : j’en ai marre se koddε : nu. se’ǣεŋ :vert séǣaa : marque un certain temps écoulé, quand, pendant. seǣay : près de qqn ou de qqch. seǣo : près de qqn ou de qqch. sans spécifier la direction sedaga : aumône, cadeau, fête, réjouissance. sedεm : se taire, silencieux, silence, tranquille. sèe gè : marcher., avancer, aller, venir, recouvrir (peau). sèe gè gay : jouer au pions sèe gè lεŋ : boiter seele : marche, conduite, comportement. ur gi seele : commencer à marcher.
seeta’ : lentement, petit à petit sègàm : mince sègâw : magie sègàw gè : mendier demander en flattant, séduire, charmer segawre : jaunisse sèlaŋ gé : être jugé, être dressé. sèlε’ gè : arranger, mettre. selεεŋŋa : entier, tout seul, séparé. semafuu : je m’en fous sèna’ gê : caresser sépé : C.E.P.E Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires sèw : suicide séw : arbre sp. qui donne des cendres blanches sèwnà : nom d’un esprit qui se manifeste chez les femmes par de crises de possession et de glossolalie; les possédées changent de nom et deviennent à leur tour « guérisseuses », formant une congrégation de femmes qui se réunissent pour chanter et danser ensemble. waŋ sewna : la première femme possédée par le « sewna » se’ere : dégoût seere : roux seeru : roux, brun clair
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sε : son, il, lui. sέ’al gè : accabler par, affaiblir sεd gè : lécher, ravager, dévaster sεεdεεwa : témoin. sεfέ : chef, tout chef nommé par l’administration, en opposition au chef traditionnel « waŋ ». sέg gè : parler à l’oreille, chuchoter. sεkrε : cigarette sέl gè : enlever le dessus d’un liquide (eau, bière.) sέl gè yii : puiser le dessus de la bière sεlwεd (dε) : ovale, allongé, effilé sεm : nom sεn : ce, ses, ceci, cela de daŋ sεn ǣuy : en plus de cela de ŋgar ŋgel sεn ni mono : en ce temps-là ré sεn eeǣa? : c’est comment? sεn baa se ǣo gà : cela ne te convient pas, c’est indigne de toi sεn gà : beaucoup. sεn joŋ mo po gà : ça ne fait rien. sεŋ-gà : pas du tout, inaccompli du verbe sεŋ (sεŋ) : tout de suite, aussitôt. sέŋ gè : être extrêmement sale, s’enrichir sεŋge : moustiquaire
sεr gè : remplir un récipient à goulot ou mettre des grains dans un sac, entrer en file indienne. sεrbεdε : « serviette » de toilette sεrεd gé : serrer sεsε : siège sibir gi : gonfler à la cuisson sid’ gi : annoncer, sentir, fumer une viande ou un poisson, faire sécher légérement la viande ou le poisson, être sur le point de pourrir, cuire un peu la viande pour la conserver sid gi le tuu : dégager une forte chaleur sig gi : picorer, décanter, s’éclaircir kag sig gi : poule pondeuse sig gi yεg-yεggε : très clair sii : scie sii : mouche bleu, mouche à viande sîi : ténia siigi : dehors, à l’extérieur koo siigi : la famille, la maisonnée, la maison, case. sii gi : annoncer, révéler, rapporter, raconter, narrer, passer la journée, avoir de la chance, du succès, réussir, gagner, être heureux.
siigi hee : passer la journée. siigi jagge : offrir le sacrifice. siili : flutiau, petit sifflet siili : journée siili liŋ : journée fériée nen siili ka’a : dans une journée sii-sii : pièce de monnaie sil gi : s’enfoncer. sildèw : ventouse faite avec la corne de vache. baa ge sildèw : poser la ventouse silig gi : gober, avaler, sans mâcher, picorer silim : grand tourbillon. silim : grand calao. silliw: grand grenier silmà : cinéma simis (si) : chemise siŋ : chant sir gi : descendre, atterrir, planer, allonger, étirer, dérouler, durcir. sir (ri) : pays, terre, nation. jag sir : lieu du sacrifice siw gi : brûler sid’ : pointu, long, grande taille. sii : caiman. siiri : herbe sp. slàg gè : regarder avec désir, faire monter l’eau à la bouche, être attrayant, attirer. slε’ : tranquille, qui ne bouge pas. smagga : quelque temps, un instant.
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smbεrgε : caste, catégorie, cadre sô gê : grignoter, croquer, grincer, sômay gé : tituber, chanceler sôo gè : dépouiller un animal, canaliser sôolè : cou, nouvelle, faire-part d’un décès je sôolè : le messager sôolé : grosses testicules, rate, hernie inguinale. sosεtε : chaussette so’ gè : fumer le champ à fertiliser, pourrir. sogol : jarret. soo gè : être mécontent, être triste, être jaloux soo : divinité, esprit, génie soo puy : breuvage euphorisant pris par les jeunes lutteurs pour les rendre agressifs. a de soo ti : il est possédé co’ ge soo : offrir le sacrifice de ge soo : appeler au secours un des esprits ha’ ge soo : initier qqn au monde des esprits jag soo : lieu du sacrifice lε’ge soo : entrer en transe loŋ ge soo : jurer sooge-ǣilli : colère soorè : honte, pudeur timidité, respect baa ge soorè doo jobo : respecter qqn
je soorè : un timide fen soorè : qqch de honteux ou impur soorè : termite. so : donc, ainsi, c’est ainsi que, (empr. fr.) seau so’ gè : donner un coup de poing, de lance, transpercer d’une lance, repiquer. so’ gè glogge : faire un bout de chemin avec qqn, encourager so’ gè klare : repiquer le sorgho so’ gè tuu : faire les trous pour repiquer le sorgho sôǣ gè : sucer. sôǣ gè doo : manger la viande sôǣ gè jag kaara : baiser, embrasser sodέ : fruit de l’arbre “tifirliŋ”. sôd’ gè : porter, supporter transporter, gouverner, conduire sôd’ gè mbarga : s’occuper de l’enfant sodge : fardeau, charge sog gè : entasser, obliger, forcer, coincer, gaver, convaincre, brimer sog gè ǣiini : placer la verge entre les jambes sog gè pelle : être sur le point d’achever, de finir. sog gè wεrrε : sousestimer qqn
sogge : passer sans s’arrêter, directement, sans hésiter, épreuve, obligation sog-la : alors. sogôd gè : moudre très fin, saupoudrer, ruminer sogway : magie. je sogway : sorcier. sol gé : tomber l’un sur l’autre. solay : argent. solay boo : la monnaie solay kad-kad : billet de banque sôlod gê : arracher l’écorce des arbres pour en faire des cordes, éplucher, arracher la peau d’un animal sôlôl gè : descendre solôlgè : chute d’eau dans une rivière, descente. sôlolô : longue calebasse, sôlom gè : écumer, écremer, ramasser qqch. au fond d’un liquide sôm gè : fuir, s’égarer, s’exiler, s’évader somo : ciment. soo-galiire : récipient de l’eau soŋ : houe soodε : soldat, militaire maŋ ge soodε: s’engager lε ti soodε : être dans l’armée sor gè : percer, piler sor gè de doo : donner un coup de poing
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sor gè mbay : claquement des chevilles sor gè saŋne : coup de pilon sor gè se : avoir les courbatures, croquer ce qui est dur sore : python royal srà’ gè : mettre en rang, aligner. sra’ge : rang, rangée sram : taille moyenne. srèw gé : dégouliner en laissant de traces, couler. srέ’ gè : étaler, se raidir. srέŋ gé : contaminer, avoir une vision. sroǣ gé : égrainer, saisir, aspirer, boire en aspirant srôg gè : pousser, bousculer sû : hier, le jour avant, la veille. sug (gi) : oreille hoo ge sug (gi) gà : ne pas respecter laa ge sug (gi) gà : être têtu sug (gi) ǣε bay wa : il n’obéit pas sug (gi) : feuilles des arbres sug-sùg (gi) : en vie, en marchant, avec entrain. sûgàrè : sucre sùgodέ : chicotte, fouet sùgway gè : faire mine de, feindre. sùl gi : gonfler pendant la cuisson. su-la : il y a longtemps
suluǣ (suluǣǣi) : enfant d’âge moyen de six à sept ans. sûlûl gi : tomber l’un sur l’autre sulum :¤ toute ouverture qui n’est pas bien faite, pas ronde, ovale, froid, timide. sûlûmma : soucieux, triste sùlye : soulier, chaussure sûm gi : foncer sur, charger sùmkara : instrument de musique sumur : fémur des animaux. sûŋ : nuit. suŋgù : argent, monnaie. sûŋgû : ténèbres, obscurité, crépuscule. sur (ri) : arbre sp. à bois bois tendre, cachesexe des femmes sùr gi : fixer qqn du regard pour le connaître, deviner, supposer. sura : grosse perle sùrûg gi : faire sortir qqch., favoriser le divorce, provoquer le divorce, évider suu (bi) : terme d’alliance de belle-sœur ou beau-frère. sùu gi : se coucher, se calmer, se tranquilliser ǣil ǣε suu go : être calme, tranquille sûugà : termite sp., termitière
sùuli : le coucher fen suuli : lit sûuli : termite sp. ailée suusε’ε : merci, courage, condoléances, bienvenue, félicitation. joŋ ge suusε’ε : remercier suuswa : chenille sp. swà’(a) : un peu swà’(a) : trois swaa : qualifie le fait de jouir du mal, être sadique, cynique.... sεn swaa go : c’est fini, c’est passé, c’est fait, tant pis yaa ge swaa re : être intrus, sens figuré prendre des responsabilités swàa gè : ronfler, siffler, bourdonner. swàa gè ǣay : proclamer une annonce. swàa gè darge : crier pour annoncer la chasse swàa gè jobo : railler qqn swàa gè kûmbare : entonner un chant funèbre swàa gè mbiiri : avoir la diarrhée. swàa gè mèsèw : cérémonie de purification que subissent la femme adultère et son amant swàa gè nen : pousser qqn à faire qqch, tromper swàa gè paare : pondre des oeufs en quantité
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swàa gè wεrrε : pousser qqn à faire qqch swàa gè wuu : crier “vaincu” à la lutte. swàagè : sifflement d’un serpent, bruissement swâarè : nuages, nuée swâarè : arbre sp., karité, arbre à beurre dont les amandes sont très huileuses. swày : cache-sexe de femme, arbustes. swa’a : micocoulier d’Afrique. swee : hibiscus cannabis swèe : fourneau dans lequel on cuit les aliments laa ge swèe : étape du mariage où on attribue le foyer à la jeune mariée swε : arachide swε-daŋ : plante rampante, arachide sp. sauvage, mangée par l’écureuil swεg gè : chuchoter, parler discrètement swεg gè nenne : cligner des yeux swεl gê : crier, grandir trop vite, envoyer, faire partir. swεlgê : lézard sp. de nuit swεεluwa : scinque. swεŋ gè : maigrir à cause d’un problème, recroqueviller de peur.
swεr (rε) : arbre sp. épiphyte dont les fruits sont comestibles. swil (li) : un grand vent, tourbillon de poussière, de sable swilla : apparence, silhouette. swir (ri) : ficelle servant à la fabrication du tambour, nerfs swid gi : être crasseux, être mal lavé
taaflay : plat, pas profond, forme évasée. taale : hangar, auvent, véranda. tàaràgè : chaussures tâasa, tàasawa : assiette ou casserole tàa-tàa : longtemps tablo : tableau noir hoo ge nen doo taǣ : arriver à l’inproviste. taǣ gé : participer, se mêler à, prendre qqch. par mégarde, mettre t, T ensemble, confondre taǣ gé feere wεr ta’a : celui-ci, celui-là, ǣoggε : faire deux ceci cela, cet, là-bas, ici, projets à la fois par groupe, lieu vide tàg gè : essuyer nen ta’a : les yeux fixés tàg gè glogge : se là. torcher, essuyer les nen ta’a gà : n’importe fesses, oindre, enduire, comment, quel que soit. frôler taw ta’a gà : pendant tagge : message, que fonction, commission tà’ gè : convoiter, tagge-se : indifférence désirer tagla : cette année tâa gé : emprunter, tagrûm : palais de la prêter, se saouler, bouche. s’enivrer, tomber de tàgtaare : fourmi sp. fatigue. tàgtaare maa nen boŋ : tàabây : noir, couleur fourmi borgne, sombre personnage des contes je taabây : homme tàgtaare : toute petite tâabû : grand filet de écorchure, blessure.... pêche, en forme de tâgtibây : chauve-souris liasse. graŋ tâgtibây : aile de tàabul (li) : vestige la chauve-souris, d’une concession parapluie ǣiini maa hoo tàabul : takuje : papayer et la tribu de l’héritage papaye tàabul huuli : désastre, tâl gê : éplucher avec le faillite. couteau, peler des
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tubercules, aiguiser avec un couteau, ne pas réussir tâlâlum : vigne sauvage aux baies comestibles talaŋ : même hauteur tam : boule, fagot tàm gè : mordiller, mâchonner, tremper de salive tàm gè waare : détourner une conversation, éviter de se compromettre en détournant le sujet traité. tâmo : menton. tam-sir (ri) : monde, sol, terre tàmu : arbre sp, fruit de cet arbre taŋ : os à moelle taŋ : arrêtoir de piège à collet jag taŋ : souffrance je maa jag taŋ : captif, prisonnier tâŋ gê : mouiller, imprégner, mettre à ramollir dans de l’eau tâŋgû : avant, d’abord, auparavant taŋwàa : arc. tàr gè : cotiser, collecter, quémander, demander, mendier. tàr gè lombo : payer les impôts. tàr gè luumo : payer la place au marché je tàr nay : le boucher târge : cotisation, collecte d’impôts tàrnày : sangsue.
ta-ta : petite marmite en terre cuite taw : directement blam taw : le dernier. tàw gè : finir, achever, anéantir, mourir, tuer tàwgi : témoignage taw-taw : ce n’est que, ne vouloir que, pas à pas. maŋ ge taw-taw : ressembler exactement tawwa : seulement, seul, uniquement. tày : petit fer forgé attaché aux reins des bébés pour qu’ils urinent aisément (croyance), vergetures sur le ventre de la femne enceinte ou après la grossesse, maladie du sein de la femme qui allaite tày gè : rassembler, réunir, unir, tày gè jag : réconcilier. tàyεrε : tailleur, machine à coudre taygeti : réunion, assemblée, parlement taa gè : tresser, attacher taabe : vieillesse, abimé, usé, vieux. taw ge taabe : user, vieillir. taagu : prunier d´Afrique taagu-dwee : citron, citronier tay : plume ywεd ge tay: déplumer
naa ge tay: enlever la plume, humilier qqn, vieux, ancien. tayay : nu, plat. tèbal gè : marcher lentement, tituber. tèǣee : avarice, égoïsme. tèǣee : grain de beauté tèe gè : creuser, enterrer, déterrer, récolter tèe gè jagge : enquêter, interroger, faire une recherche tèe gè koo pirri : faire attendre longtemps tèe gè ŋgelle : éclairer, faire jour. de ŋgel tèe gè : l’année prochaine, après la saison des pluies, au moment du nouvel an, début de la saison sèche tègaǣ gê : salir tegag : poux aux oreilles du chien tegas gè : faire une action brusquement. telapga : lichen, mousse sur les arbres. têmag gé : embrasser, cravater, saisir les deux mains de qqn, serrer fortement temnee : récipient en terre cuite pour préparer la sauce. ténàare . femelles tenen(ne) : vivant, en vie, frais,cru, éveillé, épanoui, en bonne santé
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teŋgεl : cercle qui soutient le toit tèrέεrε : commerce. tèwdεg (gέ) : puce tewdεŋ : forme réduite de nasse tè´e : quoi. tèe gè : fermer, boucher tεb gè : demander avec insistance, exiger, presser qqn, supplier qqn. tεd gè : empêcher au sein de couler tεε : reste, même, comme, semblable, avec. tέεbέεrέ : hommes jar (maa) : les hommes tεbεεrε : couleur noir, vert, bleu.., au pluriel tεf gè : balayer, boucher, brosser, dépoussiérer. tεg : centre, essentiel, fond. tεgε-lômbo : reçu de l’impôt payé tεlfon : téléphone tεm : os de gazelle ou de bête sauvage, servant pour le sacrifice tεm gè : se précipiter, bouger, se presser, s’agiter, désirer. tεmbεrε :timbre poste tεmcεrε : oiseau sp. qui suit les troupeaux. tεmε : oignon tεmge : agitation, précipitation, désir tεmlεr(rε) : complétement tεndε : pou.
tεŋ-tεn : grillon tεŋ gè : consoler. tεŋgεl : guitare des bergers tεŋgεl (le) : jeu d’enfants en saison sèche tεŋ-tεŋ :un à un. tεr gé : danser sur place, se tortiller en dansant, se traîner par terre sur les fesses, menacer qqn tεrmεmεdεr : thermomètre tεrse : datre tεrwεlε : truelle. tεs gé : multiplier, se multiplier, proliférer tεsgê : prolifération. tεs (tεssε) : couper brusquement la parole à qqn, avoir un regard furieux tεw : intermediaire, s’arranger avec qqn pour rendre une fille enceinte. kaŋ ge tεw : trahir. ti’i : marque une position couchée ti : tête, somnet, sujet, surface, (prép.) pour, à, au dessus de, sous, en, dans, (sert à former les nombres), tour. ti boŋ gà : jamais. ti jεŋ : à côté ti naw renam : dans sept jours ti naw tum : chaque jour ti ŋgel jobo : à la place de
caa ge ti jobo : se mettre à plusieurs pour lutter contre un coo ge ti : payer pour qqn remplacer de ti : être intelligent. laage oobe ti : s’habiller. ur gi ti : bouillir. ti-bay-bay : oignon sp. comestible ti-bii : liquide amniotique ti-boŋ : onze, en comptant ti-ǣiini : famille élargie comprenant les descendants d’un grandpère paternel, gland du pénis. ti-ǣiini-pir : champignon sp. comestible mais pas mangé par les Tpuri ti-ǣoggε : douze, en comptant ti-caŋ : mil sp. aux grains très rouges ti-desay : heureux ti-hiliggi : fontanelle ti-jàm : riz sauvage, riz cultivé ou importé ti-kolεε : oiseau sp. ti-naa : indifférent ingratitude, ignorant ti-naa : naif ti-paa : crème du lait ti-peege-ti : cerveau, cervelle, sommet, cime ti-se : libre. tibùuri :guèpe sp., dont la piqûre est douloureuse.
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tidoŋ : grâce à tidεp : hameçon tifaare : poisson sp. qui s’enlise pendant la saison sèche. tifirliŋ : arbre sp. que l’on le trouve dans les bosquets sacrés; son fruit est le sodε, racine comestible tifogè : plante sp. ou oignon d’inde, tig gi : castrer, écraser, taper avec une pierre ti-ga : ou peut être, ou encore. tigèw : grosse grenouille. tigir(ri) : crapaud buffle tigli : jeune fille tigriŋ : autre, de nouveau, encore tigtiga : arbre sp., la macération de l’écorce dans l’eau donne un liant pour la sauce tikooge : milan tilgi : filtre pour le sel, casque de guerre timbàl (le) : tambour timbarma : lieu non sarclé, champ en jachère timée : fourmi. timiini : chat sauvage, teigne, plaie sur la tête tiniini : oignon du pied. tiniŋ : tambour antropomorphe à une face, d’environ 1m50 de haut. naa ge de wεr tiniŋ : conduire à la perfection, à l’accomplissement.
tinoo : visible, évident, probable, en évidence a bay tinoo wa : introuvable waa ge tinoo : parler en public tiŋ : case, maison, concession, demeure, abri, enceinte circulaire coo tiŋ : coin de la maison, quartier du village jag tiŋ : porte je tiŋ : maître de la maison, le propriétaire de la maison. tiŋ-baa : temple, église tiŋ-saŋgu : pharmacie tiŋgâari : faux baobab, pied d’éléphant, plante sp., dont les tubercules sont comestibles tiŋma : dans la case, à l’intérieur de la case. tiŋni : termitière cathédrale, termite ailée tiŋriŋ : gencives tiŋriŋ : ensemble tiŋriŋ : callosité, cor, durillon kaŋ ge tiŋriŋ : épaissir, durcir tipaale : tombeau, tombe tipale : sorte de dermatose maladie de la peau. tipεŋ : caméléon. tir gi : traîner qqch. par terre, égratigner, déplacer. tirgi : écorchure, cuisson tirko : tricot, pullover
titil(li) : instrument de musique à corde, guitare. titir (ri) : le plus gros des tamtams tiwεr (rε) : assis. re ge tiwεr ga yε’ε : profiter du fruit du travail d’un autre tiwεr (re) : descendance tiyoore : arbre sp., son bois sert à faire des mortiers tii gi : germer, pousser tii gi wεr : commencer, s’enrager, être fou, être furieux , être enragé. tii gi de waŋ : être en colère. tiigi : furieux, enragé. je tiigi : un homme furieux. tloǣ gé : écorcher jusqu’à ôter la peau. tloǣ gé tagtàare : égratigner légèrement, s’effriter. tô gè : émettre un liquide tô gè feere : éjaculer tô gè too : uriner. tobooge : le plus grand, l’ainé. toǣoole : marmite servant à la préparation de la boule de mil. tônog gê : balayer toŋgor (re) : interdit qui affecte certaines personnes je maa de toŋgor (re) : qqn qui porte malheur
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too gè : forger, chauffer à l’excès, bouillir to’o : au moins, ne que... too : urine. nen too : couleur de l’urine tô gè too : uriner to ge too go cii : uriner du sang too cii : hématurie, bilharziose too gè : coller, greffer, s’accrocher à, piquer et s’y fixer, rétrecir, tremper, commencer tooge : piqûre de sangsue, tique. to’ gé : éplucher, ôter l’écorce d’un bois tô’ôm : résidu dans le coin de l’œil. toblo’o : épais. toǣ (ǣe) : première pluie, pièce de tissu tôǣ gè : refuser, bouder, abandonner, rejeter, renoncer, nier tog gê : rider, froisser, serrer le visage, froncer, réunir, se rassembler tôgloŋ : bouc toglorε : herbe sp., on s’en sert comme paille tôgôd’ gé : louer, glorifier, rendre hommage, flatter togodge : louange, gloire, surnom. togso : corbeille tom-pigri : éleusine toŋ : demain, lendemain toŋ gè : raccourcir. toŋlay : patate douce
toŋroŋ : coccyx. too : devant tôr gè : balayer torε : cercle de base torla : groupe de travail collectif torso : gale des animaux tôs gè : prier, supplier, attraper. tôs gè ti : bénir. tôs gè ti : maudire 2, boucher tosge : prière trawale : grand habit des Fulbes. tray : bouillie acide, faite avec des restes de boule de mil trεǣ gè : ramasser dans les trous consécutifs les pions en nombre paire, menacer avec les paroles (hommes), les aboiements (chien), dépasser la limite, justifier l’accusation, confondre trεǣ gè jobo de gay : entremêler qqn dans une affaire trom gé : ramasser en tas, entasser, s’emparer d’une personne à la lutte, immobiliser qqn à la lutte tros ge : étendre les braises pour les éteindre. trosε : lampe électrique de poche, torche électrique. trùm : langue,organe du goût
trum-day : pourpier sauvage trùs gi : détourner, faire dévier. truusa : parfum tuba : pardon. tùbuulu : grande marmite pour bouillir la bière tùǣ (ǣi) : paire, couple tûǣ gi : masser, appliquer des compresses chaudes en cataplasme, mettre une pression sur. tùǣôr-ǣorè : lézard de nuit, cracheur, craint par les gens. tùǣùy : massue en bois tùfgi : cracher tug (gi) : puits. tùg gi : ajourner, ouvrir, renvoyer, conserver, garantir, réserver. tùg gi may : abandonner une fille tuggi : conservation tùgi : touque, récipent métallique tûgtùrû : chouette,hibou. tùgùn gi : touiller la boule de mil en cuisson tûgùn (ni) : bâton pour touiller la boute de mil tulgi . crévaison tûl gi : trouer, percer, crever (pneus...). tùl (li) : troué, percé tum : toujours, chaque fois, souvent tûmbùr : dattier tùmo : témoin
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tûmôore : arbre sp., saucissonnier, fruit de l’arbre tùm-tùm : jeu d’enfants assis en rond, jambes tendues, une personne debout chante en touchant à tour de rôle les pieds. tunugi : insecte sp. qui mange les poissons secs et les peaux des bêtes. tûŋ gi : pagayer, percer tùŋgùli : paille utilisée pour la fabrication des sekkos tùpùr (ri) : Tpuri. turme : pièce de pagne, rouleau de pagne. tutwal : celui qui a le pouvoir, chef, prince. tutwal waare : dictature. tûu : feu, chaud, grande chaleur, être brûlant, trou, aussitôt tûu kag-kag : très chaud tûu lep-lep : un peu chaud caa ge jag tûu : donner le premier coup de pioche pour creuser la tombe. jiili tûu : se fâcher facilement kol ge ti tûu : remplacer. wa ge ré de tûu : parler sévèrement tùu gi : emprunter sur gage tuu-bii : partie la plus profonde de la mer.
tuu-dayya : terrier des scorpions tuu-glog : anus tuu-kerre : piège à hippopotame tuu-kiŋ : oesophage, salières tuu-méenè : orifice du vagin tuu-sεŋ : tout de suite tuu-tuu : bois au bout duquel on emmanche la hache tuuta : déteint. twar (rè) : mâle, viril, masculin, courageux diggi maa twar (rè) : comportement courageux je twar (rè) : homme. wee- twar (rè) : garçon twar-dayya : scolopendre twar-yεggε : plante sp. twày : terrain libre, zone vide d’une région, terre laissée en jachère. twày pan ǣi : terrain defriché par mon père may twày : toute petite fille sans encore de nom. tway : femelle may tway : fille. tway : moustique twèd gè : ronronner. twee-gulε : pélérin à gros bec crochu. twèd’ gé : tressaillir, se tordre. twee : lièvre twee diŋ dwee : un grand silence twee paglam : punition
twεr (rε) : assis. re ge twεr (rε) ga yε’ε : avoir son pain sans la sueur de son front twoorε : impoli, orgueilleux, égoïste, qui ne salue pas,snobisme.
waa-plada : chardon sp., graines du chardon wàa : flèche, aiguille en fer pour coudre les calebasses hoole waa : poison de la flèche wàa : étoile du matin. wàa màay : nom propre u, U ur (ri) (ri.) : albinos. d’une étoile qui sort ùr gi : se lever, vers quatre heures du s’envoler, déménager, matin, repère des quitter voyageurs piétons pour ùr gi dee : commencer leur départ à courir wàa pirri : nom propre ùr gi go ti wεrrε : d’une étoile s’asseoir wàa : germination des ùr gi seele : plantes commencer à marcher waale-man-sam : ùr gi ti : bouillir. sorgho sp. ùr gi waare ciŋ : wàale : piège à collet soulever un problème pour oiseaux ùr gi wuu : wàalê : queue, idiotie, s’enflammer avoir le saleté, faire de travers coeur brûlant wàare : étranger, hôte urbiciŋ : tout wàare naw : étranger phénomène céleste qui doit passer la nuit uu gi : sécher des grains da’ ge wàare : avoir à la saison des pluies des étrangers sur le séchoir à mil joŋ ge wàare : faire « gàŋ ». tout ce qu’il faut pour bien recevoir les étrangers w, W may wàare : fille ou wa : non femme étrangère, bay...wa : ne…pas. nouvelle épouse wà’ gé : écarter, sir wàare : pays disjoindre, desserrer, étranger ouvrir pour enlever. tiŋ wàare : hôtel wà’â : mimosée yaa ge wàare : recevoir wà’â myεrε : arbre sp. les étrangers qui produit la gomme wag (ge) : gale arabique wag (wagge) : amer waa-cay : herbe, luette
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wàg gé : démanger, gratter wàg ge gerhee : monter sur l’âne et serrer les talons sous son ventre pour ne pas tomber wàl gê : commencer à parler, séparer deux choses collées ensemble, séparer deux personnes qui se querellent, avoir de la chance. wàl gê ǣaale : suivre le rythme de la danse, écarter les jambes wàl gê trum : délier la langue, guérir un sourdmuet waŋ-pay : celui qui a un gros nombril. wàŋ-ǣaale : orteil. waŋ-huuli : grand, vainqueur wàŋ gé : écraser, briser, broyer. wàŋ gé ti faagè : se fatiguer (aller et venir pour rien), fatiguer. wàŋ : colère, querelle, contrainte caa ge wàŋ : ne pas vouloir quitter, être calé. ce ge de wàŋ : s’efforcer de manger wàŋ : chef. wàŋ bociŋ : chef du ciel wàŋ ǣaale : gros orteil wàŋ doo : pouce wàŋ frum-hoole : au gurna c’est celui qui repartit les dons et la
viande, lors des danses pour les funérailles wàŋ kabraw : nom du chef dans les contes wàŋ kluu : le chef du lignage « doorε » wàŋ maa depuy : le blanc, le colon wàŋ mayre : au gurna c’est celui qui se charge de l’ornement, des chants et des danses wàŋ raŋge . grand voyageur. wàŋ sir (ri) : chef coutumier d’un village, chef de terre wàŋ soo : chef coutumier d’un clan, le prêtre, intercesseur auprès d’un esprit ou divinité soo, chef de culte (hwayna et sewna) wàŋ weere-joore : au gurna, celui qui surveille la morale et facilite les rencontres entre un garçon et une fille wàŋ wuu : chef mis en place par l’administration baa ge wàŋ : investir un chef re ge wàŋ : être solidement établi, régner wàr (re) : mari. dor ge wàr (re) : faire des manières pour obtenir des faveurs de son mari nen wàr (re) : vrai mari wàr (re) : cri.
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‘waa ge wàr (re) : crier caa ge wàr (re) : venir au secours dee ge wàr (re) : poursuivre, répandre. wàr (re) : droite ǣaŋ wàr (re) : côté droit dag ge joo wàr (re) : danser adroitement doo wàr (re) : main droite lε’ ge wàr (re) : tomber sur le coté droit, réussite, succès. wâra : aujourd’hui wày : rouille fiŋ gi wày : rouiller wày : brousse, dans les composés: po’ ge wày : débrousser sug wày : brousse, branches d’abres, arbustes yoo wày : brousse. wày : lacet, lanière de sandales. wày : menstrues, règles. wày : canidés, chien. wel- wày : petit chien, espion (sens figuré), traître. way-baa : lycaon way-sabe : fane d’arachides, du haricot wày-dare : gommier wayε : danse de nuit, chez le chef de terre, au mois de mars-avril, tambour entreposé chez le chef, utilisé pour les danses nocturnes en mars et avril.
wàyla : beignet fait avec du mil ou riz. wàywa : danse de jeunes. waa gé : parler, dire, décider waa gé ré : commander. waa gé ré jarre : avoir autorité sur les gens waa gé : délayer le reste de la boule de mil dans l’eau ou le lait, émietter, désintégrer waagè : plaie, blessure, syphilis. waaré : parole, avertissement waaré bagge kedεgkεdεg : préceptes, faire un sabotage, endoctriner qqn waaré de gunday : paroles méchantes, agressives waaré lε’ε : il y a palabre waaré maa de coore : l’évangile, une bonne parole, la raison waaré maa de girya : paroles méchantes waaré maa heg kee ǣilli : paroles agressives ǣo’ ge waaré : accuser, porter plainte caa ge waaré : accuser daw ge waaré ǣilli : garder rancune wàarè : seins, poitrine. wày : femme, épouse. wày bosoo : femme possedée par le mauvais esprit
wày ǣay : femme héritée. wày dage : la femme préférée. wày dwurri : veuve wày kluu : vieille femme. wày maa kluu : la première femme d’un polygame bus gi wày : répudier une femme, divorcer ǣo’ ge wày ti bii : première étape du mariage way-bânnè : la fille qui naît après les jumeaux en deuxième place, sobriquet pour la première femme d’un polygame, désigne la pluie dans la métaphore des femmes possédées par l’esprit de la pluie, sud, mygale way-fεw : étoile qui paraît à côté de la lune way-frum : racine comestible du nénuphar way-gad’-koo : pic-vert way-jiŋ- jiŋ : mange mil way-tuu-way-tuu : blême, comme le pic vert way-waale : sort, oiseau sp. à longue queue. way-yaa-mo : plante sp. aquatique way-yog-mbiiri : arbuste sp wee : nous, vous, postposé à un verbe à la forme injonctive,
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indique que l’on s’adresse à plusieurs interlocuteurs wèe : enfant wee-boo : anneau. wee-cee-depuy : capitaine wee-cwεε : boa wee-dwee : oiseau. wee-ge-man : frère maternel wee-ge-mii : son frère, ton frère. wee-gè-màa : frère maternel wee-han : petite calebasse wee-han-bosa’ : calebasse de bénédiction wee-jεŋ-jεŋ : marmite à sauce plus petite que le « temnee ». wee-jôo : adolescent, jeune non marié en âge de participer aux danses, serviteur wee-jôo-maa-degarge : homme entre les deux âges wee-klee : petit enfant, petit. wèe gè : moissonner, couper l’épi de la tige. wèe gè sa’a/ krεŋ : soigner la sorcellerie avec des incisions weeda : camarade, mon cher. wèeré : enfants wèeré ǣaale : orteils. weere-ǣiiri: intestin, entrailles. weere-gooni : les initiés
weere-jagge : petits labrets au coin de la bouche. weere-joore : jeunes weere-saŋ : incisives weere-wuu: étincelles. weere-yuuri : petites carpes wèl(le) : fils de, garçon wèl de nday : enfant naturel wèl furri : le nouveau né wèl holge : orphelin wél maa jag de gawna : fils premier né wèl maa jag paa : fils dernier né wèl muu : fils de ta (sa) mère wèl ni bàbà : frère, terme d’adresse propre au style des contes wèl pan ǣi : frère wèl pee : frère paternel jag wèl : premier fils wel-baw : petit du buffle wel-jobo : python, boa wel-wuu : balle, cartouche wésé : avant-hier ou plusieurs jours plus tôt wésé dεra’a : il y a exactement deux jours wésé la : l’autre jour wèsèg gè : briser, détruire en émiettant, réduire en lambeaux wèd gè : faire un crocen-jambe à qqn. wèela : amende du fruit du palmier doum
wε : marque un processus accompli, s’oppose au négatif gà, passé du verbe. wεε : renard sp. ressemblant au fennec. wεl gè : errer, s’egarer, se perdre. wεlεd gè : faire un geste de mécontentement, tourner wεl-wεl-wuu : étincelle, luciole. wεrge : anormalité. wεr-day : à l’écart, un peu loin. wεr-ga-hay-la : c’est pourquoi wεr-ga : parce que, car wεr-maaga : parce que wεr-sεn : pour cela, à cause de cela wεr-swa’a : véranda, entre la case et la cuisine wεr(rε) : patrilignage, identifiable par le nom d’un ancêtre moobe, clan, race, tribu , sous, en dessous, derrière, à la suite de, à cause de, en raison de, suite à.... wεr cegè : plusieurs sortes de maladie wεr ciŋ : vers le haut. wεr dày : garder les vaches wεr dày : à une certaine distance wεr duu : au nom de wεr tiŋ : fondations de la case wεr warre : être mariée.
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wεr yïi : la dernière calebasse de bière. feere maa ti wεr naa : notre coutume frug gi wεr : glaner. hay ge ti wεr : rester assis, s’assoir maŋ ge wεr : suivre, reculer see ge wεr : suivre srog ge wεr : pousser, encourager ur gi ti wεr : se mettre assis wεrεg gè : gratter, démanger. wεrpiiri : hommes. wεs gè : donner, jeter, briser. wii-gi : demander, dire de façon exigeante, inviter. wii gi doo : provoquer, menacer du doigt. wεr doo ti : indiquer du doigt. wii gi jagge : interroger wii gi jag may no :¤ cérémonie de mariage dans la quelle la fille retourne chez son père et celui-ci l’interroge sur son accord à ce mariage wii gi nen : montrer. wii gi wεr jobo : tenir compte de qqn, considérer. wiigi wεr may : enquête sur la fille avant le mariage wiigi wεr wel : enquête sur le garçon avant le mariage
wiigi : demande, question wiile : danse et chants des femmes lors des funérailles wiiri : demandes, questions wilεŋ : sorte de tourterelle wilu : aigle pêcheur wisεg-wisεg : petits morceaux. wôlàŋ : lien, entente ti wôlàŋ : entre, neutralité, rangée, intervalle wolàŋ : longtemps, durable, être en bonne santé. wôo gé : refroidir, rafraîchir, embellir, réussir, être béni, être heureux wôo gé jiili : se calmer, hommage rendu au mari décédé, par la veuve. wôo gé nenne : plaire. wooge : fraîcheur wôo gé se : bonheur woŋ(woŋ) : bien portant, en bonne santé. woo gè : aller, partir ndo woo wε : au revoir woo : marque l’atteinte d’un but, à l’accompli, là-bas, marque le pluriel. a… woo : ils woo de : et. woo-ǣa ?, woo-la ?, woo-ne ?, woo-sε-la ? : qui ?, le quel ?, qui ?, c’est qui ? qui est-ce…
woorε : beauté, beau, bien- être a de gεr woorε : c’est le plus beau grag ge de woorε : habiller de beauté woosε : environ, entre, jusqu’au nombre de … woo-sε-la-ǣuy : quiconque, tout homme, chacun, n’importe qui wum gi : submerger, plonger, immerger wûr (ri) : nous wûr (ri) : sorte d’aigle à tête et aux pattes rouges, le plus puissant. wûr (ri) kaŋ ne : dermatose avec la peau rouge wùr (ri) : soleil, jour, temps, heure. wùr baa lwaare nen : au coucher du soleil wûr bii fiiri : vers dix heures wûr (ri) ǣilgi nenne : vers vingt heures. wûr (ri) day holge go puryaa : le soleil est légérement apparu, après l’orage wûr day : l’heure de sortir ou du rentrer le troupeau wûr day-mo-la : crépuscule wûr de haw soole : treize heures wûr de lε’ ge gesiŋ : au coucher du soleil wûr de moday : vers sept heures
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wûr dε’ hoolε maa de cégé :vers midi wûr dε’ hoolε ma de law : vers dix-neuf heures wûr degεrrε : midi, douze heures wûr fiiri maa de law : vers quinze heures wûr fud wε : seize/dixsept heures, crépuscule wûr kaŋ ge ti koore : vers dix-huit heures wûr laa ge tiŋma : vers vingt heures wûr lε busum-busum : de grand matin, vers cinq heures wûr maŋ ǣil ciŋ : vers six heures du matin wûr mbâa : le temps des contes wûr moday bii piiri : vers 19h wûr naa leege : vers 16 heures wûr po : un jour wuriyu : cris de malheur que lancent les femmes. wus : imbécile. wus gi : commencer à faire qqch. wus gi nen : faire brusquement. wuu gi : se rassasier., gonfler, enfler. wuu : feu, flamme, lumière. bo’ge wuu : chauffer, démarrer. do’ge wuu : allumer le feu
fug gi wuu : raviver, attiser le feu en soufflant maŋ ge wuu : aller chercher du feu ŋgal ge wuu : allumer le feu ŋgel baa wuu : il fait chaud wuu : fusil, armée. ma’ge wuu : tirer au fusil maŋ ge wuu : partir dans l’armée jag wuu : la langue française jar wuu : les blancs je wuu : un européen, fonctionnaire tiŋ wuu : ville waŋ wuu : chef mis en place par l’administration wùuri : rassasiement, enflure, satisfaction. wùy : tantôt, émeute, querelle, palabre. de wùy : prendre part à une émeute, cherté, être cher. joŋ ge wùy : discuter pour acheter wùylε : danse et chant funèbre des femmes, à la veille des funérailles, et au deuil. way wùylε : femme qui chante les couplets du « wùylε » wuy : herbe sp. pour faire des murs en paille wuy : taon
‘w, ‘W ‘waa gè : aller quémander le mil en période de disette, émettre des sons ‘waa gè ǣay : proclamer, annoncer à haute voix, dénoncer qqn ‘waa gè flεw : siffler ‘waa gè mbaa : conter, narrer ‘waa gè mbaaga jaw : chanter le chant de la danse de guerre ‘waa gè siili : jouer de la flûte. ‘waa gè war ne jobo ti : porter plainte contre qqn ‘waa gè warre : lancer des cris d’alerte, appeler au secours ‘waa gè yεgrε : lancer des youyous je ‘waa war : adversaire dans un procès ‘wad- ŋgar : cris a l’occasion de la mort. ‘war gè : causer une mort violente. y, Y ya’ge : conduire, partir, avancer, approcher, se retirer, aller, accomplir. ya’ge ǣεεrε : rembourser la dette ya’ge de fεw : partir avant le temps. ya’ge doo : transmettre, donner une chose reçue
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ya’ge godogray : raccourcir ya’ge jag duu ne jobo : appeler qqn par l’intermédiaire d’une autre personne. ya’ge kluu : grandir ya’ge pelle : continuer, passer (à l’école). ya’ge pirri : aller a cheval ya’ge se lε : approcher ya’ge tiŋ : déplacer la maison ya’ge wuu : activer le feu yàa (be) : beau-père, gendre, grand-père et père de la mère de l’épouse, père d’une coépouse de la mère pour sujet masculin aidé de la famille yaabo : les beauxparents s’appellent ainsi entre eux yàâfù : oiseau sp. sorte de grand duc, sorte de chouette yàagé : place balayée servant de séchoir. jag yàagé : lieu du battage du mil, récompense donnée aux femmes à l’occasion du battage du mil yâalé : saison des pluies, petites plaies sur la peau des enfants pendant la saison des pluies. yâǣ gê : construire un mur avec de l’argile pressée avec les doigts.
yâǣ gê poore : étendre le mil mouillé, et le couvrir de feuilles ou paille pour le faire germer, protéger yàd gè : avancer. yàd gè cii-cii : partir avant le temps yàl gè : tresser le haut de sekko, mettre des fibres dans l’eau pour en faire des cordes. yàl gè waare : raconter avec trop de détails, interpréter les idées des autres en sens péjoratif yalge : éffilochage yàm gè : venir en foule yâŋ : être, marquant l’existence, le présent, avoir. waa ge yâŋ : dire la vérité bag ge yâŋ : conseiller, marque le futur yâŋ : générosité, gentillesse. yàŋgà : coquetterie, sens des relations sociales, sociabilité, être civilisé. yâŋ-yâŋ : vrai, original, véritable. yàr gè : être mûr, mûrir, jaunir, tomber des feuilles. yàrgè : mûr, maturité. yàw : déjà, plutôt yàwlà? : marque l’interrogation, l’insistance... est-ce que...? yâwwàa : exlamation de surprise
yàa gé : prendre, saisir, arracher, enlever, sauver, délivrer, tomber yàa gé aa : accepter, consentir yàa gé fray : cadeau offert aux parents et aux frères de la fille lors d’un mariage, ou aux parents d’une fille ou des oncles, lors d’un décès yàa gé jagge : obéir, acquiescer, accepter yàa gé ŋgel : inonder, envahir yàa gé rè : prendre la responsabilité. yàa gé rè se gà : fuir la responsabilité, disculper yàa gé sa’a : avoir la magie yàa gé siŋ : chanter le refrain d’un chant yàa gé sir go : conquérir, défendre sa terre, occuper un pays, terre, place... yàa gé sir le : conquérir yàa gé solay : toucher de l’argent, gagner son salaire yàa gé way : doter une fille pour son mariage yàa gé wuu : prendre feu, incendier yàa gé yaale : esquiver yaa yàa gé : forme de mariage avec le consentement des parents yaa : silure, poisson chat. yaa-day : sorte de silure
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yaage-yee : terme juridique d’approbation, cris des femmes lors des cérémonies… yàagè jag : obéissance yàagè : prise, conquête, occupation yàagè : refrain yaare : mil sp.blanc et très dur, espèce de coglum yèd gè : vendre. yee : vipère yèe gè : acheter, vendre, se perdre, s’égarer yèe gè nen : perdre quelqu’un de vue, invisible, tromper, être trompé, être perplexe yegàd gè : démolir le toit de la case. yègεd gè : couper, découper, labourer (mal) yelε-lε : transparent yeye : mode, moderne yèerû : sorte de jeu qui consiste à éliminer les pions de l’adversaire en mettant en ligne trois de ses pions, sur une tablette de 6x5 trous. yeewdaŋ : grande marmite yε’(ε) : ce-ci, cela. yεεdε : impur très sale. yεεgè : tige de mil sucrée. yεf gè : provoquer yεg gè : couper en petit morceaux pour faire sécher, émietter et étaler yεggε : petit sésame
yεgrε : youyou de joie aigu que poussent les femmes. yεgrεŋ : grains sp. d’oseille de guinée yεl gè : poser les baguettes de divination. yεlbεŋ : belle yεm gè : se taire. yεnkor : clé yεr gé : écrire, inscrire, recenser, pyrograver yεrge : écriture yεrwεŋ : cigale yigàw gè : débroussailler, défricher, ramasser yii : bière de mil, toute boisson alcoolisée, bière, vin, fermentation de la bière du mil yii lε’ wε : la bière est prête pour l’ébullition yii lεεgo : bière qu’on goûte seulement et qu’on ne paye pas. yii may : bière ou le beau-père invite tous les prétendants de la fille bur yii : bière non fermentée defoore yii : le ferment de la bière glaŋ yii : bière du surlendemain yii-pay : bière pour un travail collectif yii-pirri, bière pour le cheval yii-tiŋ : bière pour le saré yii-togloŋ : bière pour le bouc (purification après l’adultère), cérémonie où la belle-
mère offre un bouc à son beau-fils yii-yoo : bière pour la purification pour une faute yíŋ gí : rencontrer, encercler, affronter, étaler yíŋ gí jag : répondre yíŋ gí ti : être heureux, se rencontrer, amasser. yír gí : exciter, éblouir, irriter yό’gè : sauter, bondir. yogod gè : cultiver en désordre, mal labourer, délabrer. yόo : parmi, au milieu de, entre. yoo koo : en brousse, au milieu des arbres yôo : poche, on versera dans votre poche yôo : côté, côtes yôo : prix yôr gé : sauter. yôr gé de ré : être cupide, intrus yôr gé nen ré : être cupide yôr gé nen waare : dénoncer qqn yordo : rugueux, épineux, pointe yore : lance sp. yorge : délation, trahison, cupidité, intrus yôrôǣ (ǣe) : mou, pourri, estomac des ruminants, panse du ruminant, bonnet, la panse yor- yor (re) : nageoire dorsale, crête du coq.
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yoǣ (ǣe) : enfoncement. yoǣ gè : s’enliser, s’enfoncer. yòo gè : oublier, retarder, tarder, négliger, ne pas faire attention. yòore : abeille yo : oui, d’accord yog : morceau d’étoffe yôg gè : laver. yôg gè nenne : envoùter yôg gè mbiiri : péter yol gè : épiler, échauder pour dépouiller. yoŋ : grande corne musicale, flûte yoŋ gè : cacher. yoŋ-yoŋ : chameau, ignorant yoo : ah ! yôo : malheur, inceste, adultère... et générateur de malédiction, transgression d’un interdit, toute naissance anormale, péché (bible) por gè yoo : purifier la transgression d’un interdit yor gè : fondre. yorgway : rugueux, épineux yoyogò : sauce faite avec de petits poissons, herbe sp. à sauce yùǣ gì : avoir des plaies. yùgùd gì : délabrer. yùgùd gì pay : cultiver en désordre
yùgùd gì : usure ,usé, ébouriffé. yug- yug,yugyuga : en attendant. yur (ri) : infiltration yùu gì : couler. yùu gì arge : distiller l’alcool
ywàalè : entrée de la concession autre que le jag-jiŋ, véranda. caa ge ywàalè ne jobo ti : voler qqn ywεd’ gè : plumer, maigrir, perdre du poids
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ywid’ gi : enlever, déranger, délabrer ti de ywid’ gi : cheveux ébouriffés ywid’ gi feere : quémander, déchirer
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