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Objets égyptiens et égyptianisants d époque achéménide conservés en Iran
PEETERS
OBJETS
ÉGYPTIENS
ET ÉGYPTIANISANTS D’ÉPOQUE ACHÉMÉNIDE CONSERVÉS EN
IRAN
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OBJETS
ÉGYPTIENS ET
ÉGYPTIANISANTS D’ÉPOQUE ACHÉMÉNIDE CONSERVÉS EN Sépideh Qahéri
PEETERS
LEUVEN – PARIS – BRISTOL, CT 2020
IRAN
20
o
Collection Persika n 20
Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
Auteur : Sépideh Qahéri Translittération et révision des inscriptions cunéiformes : Wouter F.M. Henkelman (vieux-perse et élamite), Julien Monerie (babylonien) Traduction en persan : Azita Hempartian (chapitres et notes), Sépideh Qahéri (notices) Édition du texte en persan : Soheila Ebadifar Contribution éditoriale : Azita Hempartian, Dominique Lefèvre, Christelle Mazé, Neda Tehrani Conception graphique et direction technique d'édition : Nima Fakoorzadeh Maquette et mise en page : Hassan Mehrabi (Groupe Baloot Noghrei No-Andish, Téhéran) Dessins techniques : Maria Daghmechi, Parastoo Hosseini, Sépideh Qahéri, Mahrokh Sohrabi Traitement des images : Nima Fakoorzadeh, Neda Tehrani
Livre publié par le programme Achemenet et le Musée National d’Iran (MNI)
Peeters Bondgenotenlaan 153 3000 Leuven Belgique [email protected] www.peeters-leuven.be ISBN 978-90-429-4288-2 eISBN 978-90-429-4289-9 © Peeters, 2020 D/2020/0602/89
Illustration du frontispice : statue égyptienne de Darius Ier (catalogue A 3.1)
Avec la participation de l'Institut Français de Recherche en Iran (IFRI)
Applique décorée d'une figure égyptianisante (catalogue A 1.10).
À la mémoire de mon père, qui aimait tant la Susiane et ses vastes plaines…
Plan du palais de Darius à Suse établi par Maurice Pillet en 1913 (© musée du Louvre, d’après Perrot 2010a : 99, fig. 64)
SOMMAIRE Avant-propos Préface Remerciements
9 10-11 12
Introduction Liste des rois Cartes
13 14 15-16
1
Les Aegyptiaca d’Iran à l’époque achéménide : sites archéologiques Suse Persépolis Pasargades Autres sites
17-34 18-24 25-30 31-33 34
2 La présence égyptienne au cœur de l’Empire : sources textuelles
35-38 36 36-37 38
Documentation textuelle achéménide Inscriptions privées égyptiennes Sources classiques
3 Les Aegyptiaca de l’époque achéménide dans les collections iraniennes
39-44 40-42 43 44
Musée National d’Iran Musée archéologique de Persépolis Musée archéologique de Suse
4 Catalogue des objets
45-190 46-49
Avertissement Catalogue (A) Éléments architecturaux et sculpture (B) Amulettes et objets magiques (C) Contenants et récipients de luxe (D) Objets divers Notes
50-70 71-99 100-177 178-186 187-190
5 Annexes Liste des figures Table de concordance ,QGH[ Liste des conventions Crédits photographiques Sources bibliographiques Chronologie
191-213 191 192-193 ௐௐ 197 198 199-212 213
AVANT-PROPOS Fut un temps où les musées n’étaient que des réserves pour conserver et exposer des objets précieux. Or, grâce à l’évolution de nos points de vue sur la nature du musée et l’importance des aspects pédagogiques et de recherche de cette institution culturelle, le musée requiert, de nos jours, un rôle très dynamique dans différents domaines parmi lesquels nous pouvons citer les expositions, les publications et les recherches. Le Musée National d’Iran durant les longues années de son existence n’a eu de cesse d’accorder une attention particulière à ce sujet et le nombre considérable d’expositions et de publications du musée en témoigne. Le présent ouvrage est le fruit d’un de ces mêmes projets muséologiques, projet consacré aux objets égyptiens et égyptianisants de l’Iran achéménide, conservés dans les musées iraniens. Les résultats de ce travail de recherche jettent la lumière, à l’aide d’une documentation précise et exhaustive, sur les relations culturelles égypto-perses à l’époque achéménide. Cette recherche, tout en étant un catalogue documenté et illustré de l’ensemble des pièces des musées iraniens, revêt une importance toute particulière pour plusieurs raisons : • Cet ouvrage est consacré à l’étude d’une collection qui n’a été l’objet d’attention, hormis Kamyar Abdi et Shahrokh Razmjou, d’aucun autre chercheur iranien. Sépideh Qahéri, docteur de l’université de Lyon en France, en maîtrisant entre autres, les textes en persan et en français, et, riche des enseignements des professeurs iraniens et internationaux, a confirmé ses compétences pour mener à bout ce projet et nous nous devons de la féliciter chaleureusement à ce sujet. • Les objets publiés dans ce livre, qui sont conservés dans les musées iraniens, sont principalement issus des fouilles archéologiques à Suse et à Persépolis. La publication de cette collection originale pourrait servir de référence à l’étude des objets similaires conservés dans des musées à l’étranger (le Louvre à Paris et l’Oriental Institute de l’Université de Chicago). • La publication de cet ouvrage dans le cadre d'une co-édition entre le programme Achemenet et le Musée National d'Iran (MNI) se situe dans la continuité des publications de Suse, car une part importante des objets présentés dans cette collection, provient des fouilles de ce site. A la fin tout en souhaitant beaucoup de succès pour la suite de ce projet, je profite de cette occasion pour appeler les spécialistes à entamer des recherches ciblées similaires concernant les autres collections conservées dans le Musée National d’Iran. Jebrael Nokandeh Président du Musée National d’Iran
9 ÔÚÒ
PRÉFACE Le beau travail que nous offre Sépideh Qahéri était une nécessité, car l’étude systématique des collections d’objets égyptiens et égyptianisants trouvés en Iran n’avait jamais été entreprise. Les égyptologues et, plus rarement, des archéologues de la période achéménide en Iran se sont contentés de publier quelques « beaux objets » et des documents inscrits. Ces études ponctuelles ne rendaient compte ni de la quantité ni de la diversité des objets trouvés en Perse, qu’ils soient importés d’Égypte ou fabriqués sur place. Les lieux de découverte de ces documents sont assez limités, puisqu’ils proviennent presque tous des résidences royales de Persépolis et de Suse et, pour quelques-uns seulement, de Pasargades ou d’autres lieux. À Suse, explorée pendant près de soixante-dix campagnes par une mission française, les nombreux objets relatifs à l’Égypte proviennent de fouilles peu précises jusqu’à la seconde guerre mondiale et la plupart n’avaient pas été publiés. Il était alors du devoir de l’Institut Français de Recherche en Iran (IFRI), héritier de la Mission de Suse, de susciter leur étude afin de les rendre accessibles à la communauté scientifique. C’est pourquoi, à partir de 2006, en charge de la coopération archéologique de la France avec l’Iran, j’avais encouragé le programme « fouilles dans les musées », à commencer par les musées iraniens, à Téhéran et à Suse, où était déposé la part de matériel issu des fouilles de Suse dévolu à l’Iran lors de la période du partage (1929-1969), puis en totalité après cette date. L’enquête qu’a menée Sépideh Qahéri, en collaboration efficace avec les membres des musées iraniens, l’a conduite d’abord à publier ou republier les documents épigraphiques conservés au Musée National d’Iran (MNI), même s’ils proviennent majoritairement de Persépolis (Qahéri, S. 2012, « Fragments de vaisselle inscrite en égyptien conservés au Musée national d’Iran [Irâne-Bâstân] – Téhéran », BIFAO 112, p. 317-348) ; en effet, ceux de Suse, des éléments de vaisselle de pierre, ont été trouvés majoritairement avant la période du partage (1897-1928) et ils avaient pris le chemin du Musée du Louvre. Ils ont été alors largement publiés par G. Posener en 1936 (La première domination perse en Égypte. Recueil d’inscriptions hiéroglyphiques [BdE 11], Le Caire). La présente étude reprend tous les objets égyptiens-égyptianisants qu’a repérés l’auteur à Téhéran, à Persépolis et à Suse. Ce catalogue de plus de cent numéros renvoie donc une image des formes de la présence égyptienne dans les résidences royales perses, et c’est ce qui fait toute sa valeur. Cette image de l’Égypte au cœur de la Perse est incomplète puisque beaucoup d’objets de Suse, souvent les plus importants, sont aujourd’hui au Musée du Louvre, et qu’une moitié de ceux découverts à Persépolis entre 1931 et 1939 sont aujourd’hui au Musée de l’Oriental Institute de Chicago. En dépit de cette image un peu biaisée, le livre de Sépideh Qahéri permet d’appréhender pour la première fois la pénétration de la culture égyptienne à la cour des grands Rois. Parce qu’il est complet, pour la partie conservée en Iran, ce catalogue montre la diversité des objets de type égyptien trouvés en Iran, des stèles figuratives et décors architecturaux – laissant de côté l’exceptionnelle statue de Darius – aux alabastrons inscrits et à la vaisselle de table, inscrite ou non, jusqu’aux ornements de mobilier, aux bijoux et amulettes. Au-delà de cette recherche réalisée par une égyptologue accomplie, il est un autre aspect important de ce travail que je me plais à souligner en tant qu’archéologue, c’est le résultat de l’enquête minutieuse qu’a conduite Sépideh Qahéri sur le contexte des objets de type égyptien trouvés à Suse. Si à Persépolis, la provenance est assez simple et sans surprise, principalement la Trésorerie, il n’en est pas de même pour Suse, dont le palais achéménide, pillé sous Alexandre, a livré très peu de choses, tandis que des dizaines d’objets très divers ont été trouvés en différents points du site répartis sur plus de 70 hectares. Malgré les réoccupations postérieures à l’Empire achéménide qui ont dû amener à des déplacements d’objets, cette répartition spatiale est une information importante pour l’image de la Suse achéménide. Ainsi, cette étude est un apport important tant pour les égyptologues de l’époque perse que pour les historiens de la Perse achéménide. Il faut remercier Sépideh Qahéri d’avoir mis toutes ses compétences dans cette étude et consacré beaucoup de temps en Iran pour aboutir à ce résultat. Il est aussi un encouragement fort pour compléter l’autre partie du tableau, par l’étude systématique des collections d’objets de type égyptien de l’époque achéménide conservées au Musée du Louvre et au Musée de Chicago. Rémy Boucharlat Ancien directeur de l'IFRI
10 ÔÙÛ
La présente publication est une occasion unique pour l’égyptologie d’entrer en contact avec un matériel archéologique qu’il est difficile de consulter dans les musées et dépôts d’Iran*. De plus, on dispose de peu de traductions de la littérature spécialisée écrite en persan. C’est pourquoi nous avons la chance de saluer ici un auteur qui se fait l’ambassadeur de ce monde qui nous reste difficile d’accès. La partie principale est consacrée à un catalogue des objets dans les musées iraniens dont le contexte archéologique est assuré. À l’avenir l’auteur prévoit d’étudier ceux dont la provenance est incertaine ou inconnue. Cette démarche représente un grand progrès et il serait souhaitable de publier par la suite les objets qui, pour diverses raisons, sont conservés à l’étranger, en particulier à Paris et à Chicago. D'autres études seraient encore à faire, comme l’identification de l’origine de nombreux objets, par exemple les vases en albâtre. Ceux-ci ne peuvent être analysés qu’à l’aide de procédés complexes (Klemm, R., Klemm, D. 1993, Steine und Steinbrüche im Alten Ägypten, Berlin-Heidelberg, p. 223), qui permettraient de déterminer l’origine de beaucoup d’exemplaires et de savoir, en outre, s’ils sont égyptiens ou égyptianisants. L’analyse du contenu originel des récipients, ce qui contribuerait à préciser leur fonction, serait un autre sujet d’étude qui n’exige pas des moyens très compliqués (Serpico, M. 2004, « Salvaging the Past: Analysis of First Dynasty Jar Contents in the Petrie Museum of Egyptian Archaeology », dans S. Hendrickx et alii (éd.), Egypt at its Origins. Studies in Memory of Barbara Adams, Leuven-Paris-Dudley, MA, p. 1009-1026). Si l’on avait toutes ces informations, il serait possible de répondre aux questions suivantes : les objets sont-ils égyptiens ou égyptianisants ? S’ils sont égyptiens, comment sont-ils arrivés en Perse ? Étaient-ils des objets personnels appartenant à des Égyptiens travaillant en Perse ? Étaient-ils des produits commerciaux ? Ou encore, faisaient-ils partie des redevances de l’Égypte à la Perse ? D’ores et déjà, compte tenu des possibilités limitées d'analyse au laboratoire dans le cadre du présent travail, l’auteur fournit des réponses directes ou indirectes à des questions. Il ne s’agit pas d’objets issus du commerce, car ils ont été retrouvés dans les résidences royales lorsque l’Égypte est politiquement dépendante. Il ne s’agit pas non plus d’objets personnels, car ils n’auraient pas été découverts dans les résidences, mais dans la maison ou la tombe de leur propriétaire (celles-ci n’ont pas encore été fouillées). Les objets de luxe, par contre, s’ils ne sont pas égyptianisants, font partie du tribut versé par l’Égypte à la cour perse. Les amulettes, à cause de leurs caractéristiques stylistiques, peuvent être considérées comme égyptianisantes. Ce livre fournit une base solide pour toutes les questions concernant les relations entre l’Égypte et l’Empire achéménide et constitue une source de référence pour de futurs travaux. Renate Müller-Wollermann IANES, Eberhard-Karls-Universität Tübingen
* Je remercie Béatrice Huber pour la traduction en français.
11 ÔÙÚ
REMERCIEMENTS Il m’est agréable d’exprimer mes remerciements les plus sincères à ceux qui m’ont apporté leur concours dans l’élaboration et l’aboutissement de ce livre. Je tiens à remercier en premier lieu les membres du Musée National d’Iran, en particulier son actuel président, Jebrael Nokandeh, pour la confiance qu’il m’a accordée en me chargeant de ce travail, Fereidoun Biglari, directeur des affaires culturelles du musée, ainsi que Yousef Hassanzadeh, responsable du centre de la recherche du musée, et Firouzeh Sepidnameh, responsable des collections pré-islamiques du musée, pour leur aide dans les démarches administratives et les recherches documentaires, Sima Miri et Zahra Akbari, conservatrices en charge de la collection achéménide du musée, qui ont rendu aisé l’accès aux œuvres et leur étude détaillée. Je remercie vivement le programme Achemenet pour le financement de l'ouvrage mais aussi pour l'accès à diverses sources nécessaires à la réalisation du corpus et aussi pour la prise en charge des droits de certaines photographies intégrées au volume. De même, je dois remercier l’IFRI pour sa participation financière à la création de la maquette et à la traduction du livre ainsi que ses autres aides qui ont amplement facilité mes missions d’étude en Iran entre 2008 et 2016. Ces remerciements s’adressent aussi aux directeurs de l’IFRI, Rémy Boucharlat, Christian Bromberger, Denis Hermann, Jamel Oubéchou, Myriam Pavageau et Thierry Vielle, pour leur intérêt et soutien à ce travail. J’exprime aussi ma gratitude à Pierre Briant et à Nicolas Grimal, professeurs au Collège de France, pour leur appui au projet. Je souhaite témoigner toute ma reconnaissance à Mohammad-Reza Kargar, directeur général des musées de l’Iran au Centre de Recherche du Patrimoine Culturel et du Tourisme (RICHT), dont l’indulgence et le soutien m’ont permis de mener à bien l’étude des objets conservés dans les musées de provinces. Je remercie également son équipe, notamment Mohsen Dana, pour le suivi assidu des autorisations préalables au déroulement des missions. Ma gratitude s’adresse au Centre des recherches archéologiques de Suse, en particulier à Mohammad-Hossein Arastouzadeh, son directeur général. Je remercie aussi Loqman Ahmadzadeh, Mehdi Omidfar, Hadi Mirvali et Hamid Sorkheh, attachés aux départements de recherche et de conservation du site, pour leur aide et leur soutien généreux. Toute ma gratitude va aussi à Abbas Alizadeh (Oriental Institute, Université de Chicago), coresponsable du programme de réorganisation des réserves du château de Suse, pour m’avoir accueillie chaleureusement en 2015 au sein de son équipe. Je tiens à exprimer ma reconnaissance à Massoud Rezai Monfared, directeur général du Centre archéologique de Persépolis en 2016, qui a su créer de bonnes conditions de travail pendant la mission menée au musée de Persépolis. Mes pensées vont aussi aux autres responsables et conservateurs du musée pour leur collaboration sans faille. Je dois particulièrement remercier Rémy Boucharlat (CNRS, UMR 5133) pour son encadrement, ses remarques constructives et les diverses sources et informations qu’il m’a apportées. Mes remerciements vont également à Damien Agut-Labordère (CNRS, UMR 7041), Laurent Coulon (EPHE-PSL, UMR 8546), Catherine Defernez (CNRS, UMR 8167), Renate Müller-Wollermann (Eberhard-Karls-Universität, Tübingen), Laure Pantalacci (Université Lumière-Lyon 2), Olivier Perdu (Collège de France) et Elsa Rickal (Collège de France). L’achèvement de ce travail doit beaucoup à leurs conseils avisés et à leur attention bienveillante. Je remercie Laurent Coulon aussi pour m’avoir donné accès aux archives de Jean Yoyotte conservées au Centre Wladimir Golenischeff qu’il dirige. Je voudrais remercier Jafar Mehrkian (RICHT) pour avoir guidé les premières étapes du lancement de cette étude. J’exprime toute ma reconnaissance aussi à mes collègues et amis en Iran, dont l’expertise et la disponibilité ont été d’une aide capitale depuis le commencement de ce travail : Neda Tehrani, Nima Fakoorzadeh et Dariush Mohammadkhani, qui ont réalisé les prises de vues photographiques ; Maria Daghmechi, Parastoo Hosseini et Mahrokh Sohrabi, qui ont effectué les dessins techniques. Qu’ils soient tous remerciés ici pour leur travail excellent et leur soutien sincère, malgré le manque de moyens appropriés lors de leurs interventions. Je remercie vivement Azita Hempartian d’avoir accepté de prendre en charge la traduction en persan de la plus grande partie du volume mais aussi la relecture du texte. Je dois également exprimer ma gratitude à Julien Cuny (Louvre, département AO) pour ses éclaircissements au sujet de certaines découvertes susiennes, à Wouter F.M. Henkelman (EPHE-PSL, UMR 7528) et Julien Monerie (Université Paris 1), qui ont bien voulu accepter de vérifier les inscriptions cunéiformes du corpus. Mes remerciements s’adressent aussi à d’autres collègues et amis qui m’ont apporté leur aide ou conseil au cours de la réalisation de ce catalogue : Lucie Higel, David Klotz, Dominique Lefèvre, Nadia Licitra, Christelle Mazé, Raphaële Meffre, Kourosh Mohammadkhani, Laëtitia Nicolas, Andrea Pillon, Ismael Sangari et Aude Semat. Sépideh Qahéri Collège de France - EPHE-PSL (AOrOc, UMR 8546)
12 ÔÙÙ
INTRODUCTION Cette étude des objets égyptiens et égyptianisants conservés en Iran a été amorcée dans le cadre du programme « Fouilles dans les musées » lancé au sein de l’IFRI en 2006 à l’initiative de Rémy Boucharlat. Elle avait pour but l’inventaire complet des aegyptiaca mis au jour dans les sites archéologiques d’époque achéménide en Iran. Certains objets de ce corpus sont aujourd’hui perdus à cause de la guerre Iran-Iraq (1980-1988) ou de déplacements, mais la plupart de ces objets se trouvent actuellement répartis entre les musées iraniens, européens et américains. La collection iranienne présentée dans le présent volume ne prend donc en compte qu’une partie de ce riche corpus majoritairement inédit. Les pièces rassemblées dans les musées iraniens concernent principalement les découvertes faites à partir des années 19271930 suite à l’application de la loi sur le partage des antiquités, puis à l’accord bilatéral entre l’Iran et la France en 1969 qui a mis fin définitivement au principe de partage. La documentation couvre l’essentiel de l’époque perse achéménide (Briant 1996 et 2017), entre 525 et 331 av. J.-C., période marquée par la fin du pouvoir saïte en Égypte après la conquête de Cambyse II (Jansen-Winkeln 2002 ; Yoyotte 2011) et la présence de deux dynasties perses (i.e. XXVIIe et XXXIe dynasties) dans la chronologie pharaonique (voir liste des rois). L’intérêt d’une telle étude réside dans la nature et la provenance géographique des collections. Étroitement associées aux aménagements du centre politique de l’Empire perse, elles constituent une documentation archéologique cohérente renseignant sur les formes et degrés d’influences pharaoniques dans le développement du système palatial perse. Par les objets qui les composent, elles contribuent également à une connaissance plus précise de diverses catégories socio-professionnelles parmi les Égyptiens installés en Perse achéménide. Bien que la présence égyptienne dans les cités perses soit largement connue par les sources écrites, les études égyptologiques ou achéménides ne s’étaient pas penchées sur le sujet de façon approfondie. La plupart des recherches effectuées dans ce domaine concernaient en effet l’archéologie de l’époque saïto-perse en Égypte elle-même ainsi que l’histoire de la conquête achéménide. La question de la contribution des Égyptiens en Perse n’avait été soulevée que de façon occasionnelle ou partielle dans certaines publications antérieures, comme celles de Georges Posener (1936 ; 1986), Jean Yoyotte (1973 ; 2010a-b), Pierre Briant (1993 ; 1996), Kamyar Abdi (1999 ; 2002a-b) ou encore dans des études beaucoup plus récentes, notamment celles de Mélanie Wasmuth (2009 ; 2017). Cette lacune ne pouvait être comblée que par une enquête systématique dans les sources archéologiques provenant des principales résidences achéménides en Perse et en Élam. Ces sources, en partie inconnues ou peu connues, n’avaient pas fait jusqu’à présent l’objet d’une étude méthodique. Les raisons en sont sans doute l’imprécision des fouilles et des publications anciennes mais aussi l’inaccessibilité d’un bon nombre de ces vestiges depuis plusieurs années. L’élaboration du présent catalogue a nécessité dans un premier temps un long travail de repérage, d’inventaire et d’études muséographiques. Il s’est appuyé ensuite sur un dépouillement documentaire détaillé. Il a ainsi fallu reprendre en détail les sources bibliographiques existantes, notamment en ce qui concerne les publications relatives au site de Suse fouillé presque continuellement pendant plus d’un siècle. En parallèle, de nombreux documents d’archives ont dû être consultés, dont les archives en ligne de l’Oriental Institute de l’Université de Chicago et de la Smithsonian Institution pour les travaux archéologiques à Persépolis et les archives de fouilles susiennes, en particulier de l’époque de Roland de Mecquenem, accessibles actuellement sur le site web de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée à Lyon. Ces recherches ont également conduit à examiner des archives plus spécifiquement égyptologiques, principalement celles de Jean Yoyotte (Centre Wl. Golenischeff, Paris), qui avait entamé l’étude préliminaire de notre dossier dès 1972, après la découverte de la statue égyptienne de Darius Ier et sa collaboration avec la mission de Suse. L’inventaire ainsi enrichi a permis de reconsidérer certains documents anciennement publiés ou cités et d’élargir le corpus égyptien des découvertes de l’Iran. Le présent ouvrage constitue dès lors un important outil de travail scientifique mis à la disposition des spécialistes de l’Égypte saïto-perse et du monde achéménide. Par son classement typologique et sa richesse documentaire, il facilitera l’étude et l’analyse d’autres ensembles égyptiens trouvés sur le territoire iranien conservés hors d’Iran mais aussi dans d’autres régions de l’Empire achéménide et en Égypte tardive. Pour l’établissement d’un corpus exhaustif de l’ensemble des trouvailles égyptiennes de Perse, les données réunies ici devront toutefois être complétées dans le futur par d’autres pièces se trouvant dans les collections du Louvre et de l’Oriental Institute (Chicago).
13 ÔÙØ
LISTE
DES ROIS
Basse Époque égyptienne et dynasties perses achéménides* XXVIe dynastie saïte Psammétique Ier
(– 664-610)
Néchao II
(610-595)
Psammétique II
(595-589)
Apriès
(589-570)
Amasis
(570-526)
Psammétique III
(526-525)
Cyrus le Grand (559-529) / Cambyse II (529-522)
XXVIIe dynastie perse (525-522)
Mésoutirê
er
(522-486)
Sétoutrê
er
(486-466)
Cambyse II Darius I
nom égyptien
Xerxès I
Artaxerxès Ier
(466-424)
Darius II
(424-404)
Artaxerxès II
(404-402)
Concurrents Pedoubastis IV [v. 522] Psammétique IV [v. 486-485] Inaros [v. 465-450] XXVIIIe dynastie saïte Amyrtée-Psammétique V
(404-399)
XXIXe dynastie mendésienne Néphéritès Ier
(399-393)
Achôris
(393-380)
Néphéritès II
(380)
XXXe dynastie sébennytique Nectanébo Ier
(380-362)
Téos
(362-360)
Nectanébo II
(360-342) XXXIe dynastie perse Artaxerxès III
(342-338)
Artaxerxès IV
(338-336)
Darius III
(336-332)
Concurrent Khababach [v. 335 ?] Conquête de l’Égypte par Alexandre le Grand (– 332) * Liste proposée d’après les chronologies établies dans Perdu 2012 : 32-33 (Basse Époque égyptienne) et Perrot 2010 : 13 (Rois achéménides). Pour une nouvelle datation replaçant la fin de la dynastie saïte et le début de la domination perse en 526 av. J.-C., voir Quack 2011 : 228-246. Sur les titulatures en égyptien des souverains perses et sur leurs concurrents, consulter Beckerath 1999 : 220-221 et 231 ; Vittmann 2011 ; Kaper 2015.
14 ÔÙ×
Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
CARTES SACES Mer d'Aral
SCYTHIE
CHORASMIE
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SOGDIANE
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Mer Noire
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DAHES
pi en ne
ARMÉNIE PHRYGIE LYDIE
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Mer Méditerranée
Saïs Memphis
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BABYLONIE
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Suse
ARACHOSIE
Pasargades Persépolis
SUSIANE
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ARABIE
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Ecbatane Behistun
DIE
MÉDIE SYRIE
CHYPRE
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PARTHIE
CILICIE
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LIBYE
BACTRIANE HYRCANIE
HINDUSH
MAKA Golfe Persique
ad
ÉGYPTE
Ou
Oasis de Bahariya
iH am t
ou rR
Mer d'Oman
ge
Éléphantine NUBIE
Carte 1 – Carte des régions contrôlées par l’Empire perse achéménide (© S. Qahéri d’après http://www.achemenet.com/fr/interactive-map/?/lieux-geographiques)
Bakou
TURKMENISTAN
Erevan
ARMÉNIE
Mer Caspienne Tabriz AZERBAÏDJAN
Mashhad GUILAN
KHORASSAN
Zandjan
Ninive Arbèles Nimroud
Mossoul
Da
Kermanshah
sh
Dahaneh-e Gholaman
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LOURISTAN
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Babylonne Borisppa
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Kish Nippur Uruk
Masdjed-e Soleiman ,ĂƞdĂƉƉĞŚ
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KHOUZISTAN
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Dasht-e Kavir Ganj Nameh Hamadan Nush-i Jan
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M Assur ES O PO TA
Téhéran
K a ro u n
500 km
ma
Tracé du canal 0
Thèbes
Me
Oasis de Kharga
mâ
Oasis de Dakhla
Naqsh-e Rustam
SISTAN
Pasargades Persépolis
Shiraz FARS
BABYLONIE
Boushehr
Golfe Persique
0
500 km
Carte 2 – Carte du territoire central de l’Empire achéménide avec les sites mentionnés (© S. Qahéri d’après Curtis et Tallis 2005 : 11)
15 ÔÙÖ
Carte 3 – Carte de l’Égypte situant le parcours du canal de Darius et les principaux sites mentionnés (© S. Qahéri d’après Perdu 2012 : 34 et Sternberg-El Hotabi 2016 : 32)
16 ÔÙÕ
Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
De haut en bas, vues des sites de Suse, de Persépolis et de Pasaragdes.
1
LES AEGYPTIACA
D’IRAN À L’ÉPOQUE ACHÉMÉNIDE
:
SITES ARCHÉOLOGIQUES
6ඎඌൾ La plaine de Susiane, située au sud-ouest de l’Iran, constitue une région fertile traversée par les trois fleuves Karoun, Karkheh et Dez qui prennent leurs sources dans les montagnes avoisinantes du Zagros (cartes 1 et 2)1. Dès la fin du VIe millénaire av. J.-C., cette région connaît dans sa partie septentrionale le développement de villages d’agriculteurs et d’éleveurs2. L’antique cité de Suse se trouve au nord-ouest de la plaine, sur les rives d’une petite rivière nommée Chaour issue d’un groupement de sources au nord-ouest de la ville3. Les vestiges archéologiques de Suse occupent une grande surface d’environ 250-300 ha et représentent un ensemble de cinq collines, de hauteur et de superficie différentes4. Le site, qui a gardé jusqu’à aujourd’hui son ancien nom sous l’appellation de Shoush5, fut définitivement identifié à partir de 1850 dans le cadre d’une mission anglo-russe chargée de la délimitation des frontières entre la Perse et l’Empire ottoman6. Il a été par la suite exploré pendant plus d’un siècle par les délégations archéologiques françaises successives7. Fondée vers 4000 av. J.-C. et occupée de façon plus au moins continue jusqu’au XIVe siècle de l’ère chrétienne, la ville de Suse a connu sous l’Empire achéménide une période importante d’extension et de changement8. La présence achéménide y est attestée à partir du règne de Darius Ier, qui décida de transformer la cité élamite en une ville royale nouvelle9. Le choix de Darius tenait sans doute à sa politique monarchique et au passé prestigieux du site ainsi qu’à sa position géographique au nord du golfe Persique et entre les plaines mésopotamiennes et le plateau iranien10. Le noyau des installations royales achéménides de Suse, moins étendues qu’à Persépolis, est constitué de trois imposantes collines arasées11. Elles couvrent une superficie de près de 70 ha et sont enfermées dans une épaisse muraille de briques crues peu élevée et dépourvue de tours (fig. 1)12. Le complexe palatial du roi, l’ensemble le mieux connu de la Suse achéménide, fut érigé au nord sur une plate-forme artificielle dite de l’« Apadana ». Il comprenait deux grands ensembles architecturaux : (a) la résidence du roi, composée d’appartements privés et officiels, organisés autour de trois cours centrales (fig. 1,6), (b) une grande salle d’audience hypostyle, avec trente-six colonnes dans sa partie centrale, que l’inscription trilingue d’Artaxerxès II (A2Sa) désigne comme apadana (fig. 1,7)13. L’accès aux palais était possible via un « propylée » situé à l’est de la terrasse de l’Apadana (fig. 1,2). L’édifice de plan carré, premier lieu d’accueil, était relié par une large chaussée à la porte monumentale du palais dont l’origine remonte également au règne de Darius Ier (fig. 1,3-4)14. Flanquée d’une statue colossale du roi, et sans doute d’une seconde en 1. Cf. Kirkby 1977 : 251-253 et fig. 93 et aussi les contributions dans EIr I/1 : 43 (Dez/ãb-e Dez) ; XV/6 : 583-585 (Karkheh) ; 629-633 (Karoun) (accessibles en ligne via http://www.iranicaonline.org/). 2. Amiet 1966 : 30 et 578-579 ; id., 1988 : 27-37 ; Moghaddam 2012 : 516-530. 3. Hansman 1967 : 28-30 (Shãur/Shapour) et fig. 1. 4. Steve et alii 2002-2003 : 361. 5. Pour les noms de l’antique Suse, on se reportera à ibid. : 363-374. 6. Sur l’identification et l’exploration du site par Loftus, le géologue de la délégation britannique de cette mission, voir Curtis 1997 : 36-45 ; id. 1993 : 1-15. 7. Concernant l’historique des fouilles menées par les missions françaises dans la Susiane entre 1884 et 1979, voir Chevalier 2010 : 79-112 ; Perrot 2010c et aussi l’ensemble des contributions réunies dans Chevalier 1997. 8. Pour la chronologie du site et ses occupations successives, voir en dernier lieu Steve et alii 2002-2003 : 403sq. et aussi Perrot 1998 : 83-97 (premières occupations du site) ; id. 2010a. 9. Bien que certaines sources écrites sous-entendent la souveraineté de Cyrus II sur l’Élam, aucune trace archéologique ou épigraphique de ses activités ni celles de son successeur Cambyse II n’a été retrouvée à Suse. Cf. Briant 1996 : 177-180 ; id., 2010 : 26. Les travaux de terrassements et de remodelage de Suse par Darius Ier ont dû être lancés peu après 520 av. J.-C., en même temps que les constructions entreprises à Persépolis. Néanmoins, les dates précises du début et de la durée des aménagements susiens du roi restent difficiles à déterminer. Sur ce point, voir e.g. Briant 2010 : 28-29 et n. 36-39. 10. Se reporter aux éléments discutés dans Steve et alii 2002-2003 : 487-488 et aussi Boucharlat 1990b : 149-150. L’importance de l’antique Suse est aussi rapportée par les sources classiques (Hérodote, Histoires V, § 54 ; VII, § 151 ; Strabon, Géographie XV, 3.2) et bibliques (Daniel VIII.1-2 ; Esther I.2-5 ; Ezra IV.9). La présence du tombeau présumé de Daniel aux abords ouest du site (fig. 1) en rappelle d’ailleurs un souvenir. Cf. Perrot 2010g. 11. Voir Perrot 1981 ; id. 1985. Sur l’ensemble des collines et constructions du site voir également Boucharlat 2013. 12. Boucharlat 1990b : 150 : où l’auteur met en parallèle les données archéologiques avec le témoignage des sources classiques (Strabon Géographie XV, 3.2) décrivant la cité achéménide de Suse comme une ville « de plan oblong sans fortification ». 13. Sur la salle d’audience et les différents départements du quartier résidentiel du palais, voir Amiet 2010a : 1-13 et fig. 1 ; Ladiray 2010 : 199-220 et Perrot 2010e : 241-253. Pour l’inscription d’Artaxerxès II évoquant pour la première fois à Suse le terme apadana, voir Steve 1987 : 88-94, n° 35, pl. 16-17. 14. D’après l’inscription trilingue de Xerxès Ier (XSd) relevée sur le socle inférieur des bases de colonnes dans la salle centrale du bâtiment. Cf. Vallat 1974b : 171-178. C’est très probablement sous le règne de Xerxès Ier que la construction de cette porte aurait été achevée. Cette date vaut probablement aussi pour la mise en place de la statue égyptienne de Darius dans le passage ouest de la porte. Cf. ibid. et aussi Perrot 1981 : 85-86.
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Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
WĂůĂŝƐ ĚΖƌƚĂdžĞƌdžğƐ II
ƉĂĚĂŶĂ WĂůĂŝƐ de ĂƌŝƵƐ I
7
6 5 Musée
Village perse achéménide
4 3
Mausolée du prophète Daniel
2
Acropole
sŝůůĞZŽLJĂůĞ 1
sŝůůĞĚĞƐƌƟƐĂŶƐ
ŽŶũŽŶ 0
500 m
Fig. 1 – Plan de la ville de Suse achéménide avec les vestiges de constructions royales et de l’enceinte (1) Porte des Artisans (2) Propylée (3) Chaussée de briques (4) Porte de Darius (5) Esplanade (6) Résidence royale (7) Salle d’audience (© S. Qahéri d’après Perrot 1985 : fig. 1)
symétrie sur son côté ouest, et dotée d’une salle hypostyle, la « Porte de Darius » constituait, semble-t-il, l’entrée symbolique de la résidence. Une grande esplanade occupait l’espace entre cette porte et l’entrée du complexe palatial (fig. 1,5 et 2)15.
Fig. 2 – Coupe du secteur Ville Royale-Apadana à Suse (accès au palais) (1) Propylée (2) Chaussée d’accès (3) Porte de Darius (4) Esplanade du palais (5) Entrée est de la résidence (© S. Qahéri d’après Perrot 1981 : pl. 36)
Les quartiers résidentiels permanents de la cité, s’il en existait, ont dû être implantés plus au sud sur la colline dite de la « Ville Royale »16. Enfin, une enceinte fortifiée s’élevant à l’ouest sur l’« Acropole », le tell le plus élevé du site, devait abriter le trésor 15. Pour l’ensemble de ces constructions à l’est de l’Apadana et leurs fonctions, consulter Perrot et Ladiray 1974 : 43-56 ; Perrot, Ladiray et Vallat 1999 : 158-177 ; Ladiray 2010 : 181-195 ; Perrot 2010c : 132-134 ; id. 2010e : 240-241. 16. Faute de données archéologiques, notre connaissance des constructions domestiques susceptibles d’avoir hébergé les membres de la cour à Suse ainsi que de l’organisation des présumés quartiers résidentiels de la Ville Royale reste quasi inexistante. Consulter Perrot 1985 ; Boucharlat 1990b : 150-152.
Les Aegyptiaca d’Iran à l’époque achéménide : sites archéologiques
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Suse 1851-1852
royal et assurer la protection de la cité (fig. 1)17. Cet ensemble royal de trois collines aplanies dominait, depuis sa face orientale, une grande ville basse nommée la « Ville des Artisans » et dont les limites et l’organisation à l’époque achéménide nous restent inconnues en l’absence de vestiges architecturaux probants18. Une construction massive de plan rectangulaire, la « Porte des Artisans », érigée sur le flanc est du tell de la Ville Royale, permettait un accès à la ville royale à proprement parler (fig.1,1)19. Après Darius Ier, l’activité des souverains achéménides sur le site est notamment représentée par le règne d’Artaxerxès II, une période qui marque avant tout la phase de « reconstruction » ou seulement de réparation de la salle d’audience apadana suite à l’incendie survenu dans ce secteur 50 ans plus tôt sous le règne d’Artaxerxès Ier (A2Sa). Au règne d’Artaxerxès II (A2Sd) est attribué également l’aménagement d’un nouvel édifice palatial à l’extérieur de l’enceinte de la cité, en contrebas sur la rive droite du Chaour (fig. 1)20. De rares témoignages textuels suggèrent la réalisation d’autres travaux de construction et/ou de restauration à l’intérieur de l’enceinte de la cité pour le règne de Xerxès Ier (XSa-b-d) et peut-être aussi pour ceux d’Artaxerxès Ier et de Darius II (D2Sa)21. À la suite de l’effondrement du pouvoir perse, les constructions royales de Suse disparurent rapidement. Contrairement à Persépolis, les palais susiens n’ont pas été endommagés par les troupes d’Alexandre et les raisons de leur disparition sont plutôt à rechercher dans l’abandon de monuments affectés au demeurant par une certaine « fragilité » dans leur construction et par leurs « trop grandes dimensions »22. Le pillage puis un phénomène de désertion relativement rapide seraient sans doute à l’origine de la disparition et de la dispersion de la quasi-totalité des objets et du mobilier royaux sur l'ensemble du site, très tôt après la chute de l’Empire, et de la présence de modestes restes dans les niveaux d’occupations post-achéménides de Suse23. Tout au long des diverses phases d’exploration archéologique, les tells de Suse ont livré de nombreuses pièces égyptiennes et égyptianisantes datées de l’époque achéménide et réparties sur les différents secteurs du site. Majoritairement issues de fouilles anciennes, ces sources restent néanmoins difficiles d’accès en raison de l’absence de publications ou bien de l’imprécision des données jadis publiées, voire seulement répertoriées24. C’est pourquoi en parallèle au présent catalogue, une révision méthodique des archives de fouilles susiennes ainsi qu’une étude approfondie dans les collections de musées conservant les découvertes de la Suse achéménide (notamment au Louvre) s’avèreraient indispensables en vue de l’établissement d’un corpus exhaustif de la documentation égyptienne de Perse. Les premiers vestiges égyptiens de Suse proviennent des travaux de voyageurs européens, parmi lesquels figure notamment le britannique W.K. Loftus25. Les fouilles menées par cet explorateur entre 1851 et 1852 dans le secteur nord de l’Acropole (tranchée D, carte Loftus 1857 : 340) ont révélé un grand ensemble de fragments de vases en « albâtre » de type égyptien et inscrits en quadrilingue dont cinq exemplaires distincts sont aujourd’hui conservés au British Museum (fig. 3)26. La quantité d’amas de vaisselle repérée fut considérable et, d’après le fouilleur, suffisante pour remplir une brouette : « Decidedly the most interesting objects obtained at this locality [i.e Acropole] were a collection of broken alabaster vases, some of which must have been of large dimensions. A pile of these, sufficient to have filled a wheelbarrow, were gathered together … Beneath the inscriptions [i.e cunéiformes] is a vertical line close to the edge of the fracture, which I believe to have formed part of the border around an Egyptian cartouche of the same King [i.e. Xerxès] »27 (entre crochets S. Qahéri). 17. Sur la colline de l’Acropole et ses éventuelles fonctions défensives et administratives à l’époque achéménide, voir Boucharlat 2010a : 374-377 ; Perrot 2010e : 250. Concernant l’emplacement des magasins royaux sur la colline de l’Acropole, voir infra, p. 21 et n. 28. 18. Cf. Perrot 1985 : 67-68. La découverte de l’installation domestique du « village perse-achéménide » au nord-ouest du tell reste dans ce contexte un cas exceptionnel, voir infra, p. 23, n. 49-50. 19. Concernant la structure de la Porte des Artisans, se référer à Perrot 1981 : 81-82 ; Ladiray 2010 : 178-179. 20. Sur la résidence de Chaour, on se reportera à Perrot, Le Brun et Labrousse 1971 : 36-46 ; Boucharlat et Labrousse 1979 : 19-136 et aussi Boucharlat 2010a : 385-407. 21. En dehors des travaux susiens de Xerxès Ier pour l’achèvement des constructions de son père – Propylée et Porte de Darius (XSa et XSd), les inscriptions relevées sur de nombreuses bases de colonnes (XSb) peuvent lui attribuer l’aménagement d’un palais. Cf. supra, p. 18, n. 14. Pour l’ensemble des sources écrites pouvant révéler les travaux de construction à Suse par les successeurs de Darius Ier, voir Muscarella 1994 : 218, n. 3 ; Briant 2010 : 43-44 et en particulier Steve et alii 2002-2003 : 493-494. 22. Suivant Boucharlat 1990a : 225-231. 23. Cf. Amiet 1990 : 213 ; id., 2010b : 353. 24. En dehors des différents types de découvertes égyptiennes présentées dans les pages suivantes, il existe un nombre important d’autres petits objets de caractère égyptien provenant de Suse qui restent inédits ou mal connus. À titre d’exemple, voir les pièces accessibles depuis la Base Atlas du musée du Louvre (http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=crt_frm_rs&langue=fr&initCritere=true). 25. Voir supra, p. 18, n. 6. 26. Au-delà du tell de l’Acropole (Citadel Mound), Loftus avait également ouvert des tranchées sur d’autres secteurs du site, notamment sur le tell de l’Apadana (Shushan the Palace) et le tell de la Ville Royale (Great Platform) et avait relevé un premier plan des principales collines de Suse. Cf. Loftus 1857 : 340. 27. Ibid. : 409-411. Pour les fragments envoyés au British Museum, voir Curtis 1993 : 26-27, n° 78-82 ; 46 (pl. 11b) et 54 (pl. 19a) ; Curtis et Tallis 2005 : 129, n° 141-145. Un autre objet égyptien trouvé par Loftus dans ce secteur de la cité est une amulette-pendentif ânkh en « faïence ». Consulter Loftus 1857 : 409 ; Curtis 1993 : 25-26, n° 73, fig. 7 et pl. 18a (= Londres, BM ANE 1853, 1219.58).
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Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
Fig. 3 – Exemples des premiers fragments de vases d’albâtre découverts par W.K. Loftus sur le tell de l’Acropole à Suse (Londres, BM ANE 91453-6 ; 91459 / © The Trustees of the British Museum)
Cet entassement de fragments d’« albâtre » ainsi que la découverte de nombreux autres morceaux de vaisselle royale et de rares objets de prestige dans différents secteurs de ce tell suggèrent davantage pour l’Acropole une fonction de magasins royaux à l’époque achéménide28.
Fig. 4 – Scarabée-cachet au nom d’un certain Padiousir-netjer-nefer provenant de Suse (Dieulafoy 1893 : fig. 357, n° 1)
Suse 1897-1912
Suse 1884-1886
À partir de 1884, le début des fouilles systématiques du site par les missions françaises a suscité la découverte progressive de différents autres types de monuments égyptiens à travers l’ensemble des collines de Suse29. Les deux campagnes menées par Marcel Dieulafoy (1884-1886) ont livré des objets égyptiens sur trois secteurs principaux du site : tells de l’Acropole, de l’Apadana et de la Ville royale. Comme à l’époque de Loftus, les découvertes importantes concernent des fragments de vases en « albâtre » inscrits (Ville Royale, zone nord, tranchée L ; Apadana, tranchée D) mais également des cachets portant noms ou motifs égyptiens (Acropole et Apadana) (fig. 4)30. Sous l’égide de la « Délégation scientifique française en Perse », Jacques de Morgan poursuivit les fouilles de Suse entre 1897 et 1912 et mit au jour à son tour plusieurs artefacts de caractère égyptien dans différents secteurs du site31. Les trouvailles caractéristiques de cette période sont encore une fois des fragments de vaisselle en pierre anépigraphes ou inscrits aux noms des rois perses et plus rarement à ceux des souverains néo-babyloniens32. Ces fragments correspondent en grande partie à divers types d’urnes et d’alabastres en « albâtre », ces derniers pouvant être munis de deux tenons stylisés ou, moins fréquemment, en forme de tête de canard (fig. 6)33. La plupart des exemplaires complets et inscrits (ou également sculptés) de ces récipients sont aujourd’hui conservés au musée du Louvre34. Or, un autre grand lot composé de nombreux fragments non-inscrits et très probablement jointifs à Fig. 5 – Alabastres égyptiens découverts dans la tombe princière de l’Acropole (dessin Morgan 1905b : pl. 2) 28. Sur ce point, voir aussi Amiet 2010b : 353. 29. Cf. aussi supra, p. 20, n. 24. 30. Dieulafoy 1893 : 435-436 (vases en « albâtre ») et 440-441 (cachets). 31. Pour un résumé sur les zones fouillées par Morgan à Suse, voir Steve et alii 2002-2003 : 391-394. 32. Morgan 1905a : 40 (exemplaires d’époque perse) ; Scheil 1905 : 56 ; Pézard et Pottier 1926 : 80 et d’autres sources présentées dans Amiet 1997a : 103 et 108-109, n. 49 ; id. 2010b : 353 et 363, n. 29 (exemplaires babyloniens). 33. Bien que rares, les alabastres munis des anses, percées ou non, en forme de tête de canard sont connus dans le répertoire de la vaisselle achéménide. Cf. e.g. Catalogue de vente David Ghezelbash 2007 : lot n° 22 (alabastre en pierre) ; Treister 2007 : 74-77 (alabastres en argent provenant de l’Asie Mineure : Ikiztepe, Basmaci et Sinope) et aussi Summerer 2003 : 23 et 25, fig. 4 = Amandry 1956 : 15 et pl. 3,1 (Sinope). Les types proches se rencontrent également parmi la vaisselle en pierre assyrienne : Searight et alii 2008 : 27 et pl. 13, n° 98 et 104. 34. Cf. Posener 1936 : 37-151 et passim. Les Aegyptiaca d’Iran à l’époque achéménide : sites archéologiques
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ceux du Louvre se trouve sur place à Suse35. Ces vases proviennent essentiellement des remplissages post-achéménides de l’Acropole et les principales zones de découverte sont la pointe septentrionale (tranchée 3) ainsi que les secteurs sud et sud-est du tell (tranchées 15 et 17)36. Les deux alabastres de la « tombe princière » creusée dans le flanc est de l’Acropole constituent les seuls exemples trouvés par Morgan à leur emplacement d’origine (fig. 5)37.
Suse 1912-1946
Fig. 6 – Exemples de divers vase(s) et fragments de vases en « albâtre » provenant des fouilles de Morgan sur le tell de l’Acropole (dessins Morgan 1900 : fig. 137, 258 et 314-317 ; 1905a : fig. 47 ; 1905b : fig. 69)
Parmi d’autres trouvailles égyptiennes issues des fouilles de Morgan, on compte également des amulettes en « faïence » (oudjat, têtes de Bès et autres divinités) dispersées majoritairement dans les constructions du palais de Darius Ier (fig. 7)38, avec néanmoins quelques autres exemples venant du secteur sud de l’Acropole (tranchées 7, 15)39. À partir de 1912 et jusqu’en 1946, la direction des fouilles, désormais dans le cadre de la « Mission de Susiane », est assurée par Roland de Mecquenem. Cette phase des travaux archéologiques de Suse est marquée par la découverte du plus grand nombre d’objets égyptiens ou égyptianisants de types variés parmi les vestiges d’époque achéménide de la cité40. Un nombre considérable de fragments de vaisselle d’« albâtre » (inscrits et anépigraphes) fut de nouveau mis au jour sur le tell de l’Acropole pendant les cinq campagnes successives de 1929 à 193341. Les pièces proviennent principalement du remplissage d’époque achéménide dans le « puits élamite » situé au sud de l’actuelle citadelle (sondage 1, carte Mecquenem)42. D’autres découvertes remarquables de cette période concernent des amulettes en forme d’oudjat, de tête de Bès et de lion en « faïence », trouvées en très grand nombre parmi les deux « dépôts de fondation » du palais de Darius43. Un nombre réduit d’amulettes en forme de Bès a été également recueilli sur le sol d’une des pièces de la résidence44.
Fig. 7 – Amulette tête du dieu Bès en « faïence » provenant du tell de l’Apadana, fouilles de Morgan (© Paris, Louvre Sb 3564)
35. D’après une notice jointe au lot par la mission française en 1974 qui précise la (re)découverte et l’inventaire des fragments suite à des travaux de restauration du « toit des écuries » dans la citadelle de Suse. Cette dernière précision indiquerait que les pièces proviennent des fouilles de Morgan (communication R. Boucharlat). 36. Cf. Morgan 1900 : 93 et fig. 137 (Acropole, tranchée n° 3 H) ; Jéquier 1900 : 129-130, fig. 314-317 (Acropole, tranchée n° 17). Voir aussi Amiet 1997a : 103-104 et fig. 84 et 204, cat. 129 (vase en « albâtre » inscrit au nom de Xerxès Ier [Paris, Louvre Sb 561] : fouilles de Morgan-Mecquenem 1908). 37. Morgan 1905b : 41-43, fig. 68 ; Razmjou 2005 : 174 et 179, n° 278-279. 38. Parmi les objets trouvés par Morgan dans le déblaiement du palais de l’Apadana, sans que l’on ait néanmoins plus de précision sur les zones de découverte. Voir les exemplaires en ligne sur la base Atlas du Louvre (Sb 3566 ; Sb 3564). 39. Cf. Morgan 1900 : 117-118, fig. 209-212 et 137, fig. 360. 40. Outre les publications et notes du fouilleur, cet apport numérique des découvertes connues est également tributaire des rapports annuels envoyés par Mecquenem au Ministère de l’Instruction Publique (devenu Éducation Nationale). Cf. Mecquenem et Amiet 1980 : 1 ; Amiet 1997b. 41. Cf. Mecquenem et Amiet 1980 : 37-40 ; rapport de fouilles 1933 de Mecquenem (ArchNat F/17/17257). 42. Mecquenem 1947 : 90 ; Mecquenem et Amiet 1980 : 37-38 ; rapports de fouilles 1931, 1932 et 1933 (ArchNat F/17/17256 ; F/17/17257). 43. Mecquenem et Pézard 1911 : 55-56 ; Mecquenem 1947 : 47 = Yoyotte 2010b (où d’après les notes du fouilleur, le déblaiement du palais de Darius en 1910-1911 avait révélé « deux dépôts de fondation » comprenant « une masse considérable d’amulettes égyptiennes en pâte bleue, Oudjah [sic] et images du dieu Bès »). 44. Mecquenem 1947 : 47.
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Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
Les travaux de Mecquenem à la pointe sud du tell de la Ville royale, dans le secteur dit du « Donjon », ont révélé un autre ensemble important de la documentation égyptienne de la Suse achéménide45. Aux côtés des célèbres fragments d’ivoire aux motifs d’inspiration pharaonique [Cat. D 2.3 – D 2.4] trouvés en 1935 dans un puits post-achéménide (fig. 8)46, quelques rares exemples de la sculpture égyptienne à l’intérêt tant archéologique qu’historique ont pu être mis au jour dans cette zone (fig. 9)47. Contrairement au secteur du Donjon, les pièces égyptiennes provenant d’autres chantiers de Mecquenem sur le tell de la Ville Royale sont peu nombreuses et se résument essentiellement à quelques amulettes, scarabées-cachets et empreintes de sceau trouvés dans les sépultures post-achéménides48. La période suivante des fouilles de Suse, sous la direction de Roman Ghirshman (1946-1967), se distingue notamment par la découverte d’objets égyptiens provenant d’une installation « domestique » connue sous l’appellation du « Village perse-achéménide », située en bordure ouest du tell de la Ville des Artisans49. Associées probablement aux membres d’une communauté d’origine égyptienne ou bien récupérées a posteriori dans les ruines achéménides du site, ces pièces se composent d’alabastres anépigraphes complets [Cat. C 1.14], d’amulettes en forme d'oudjat [Cat. B 1.7], de tête de Bès et à l’image de la déesse Nephtys [Cat. B 4.3] ainsi que de fragments de vases en pâte bleue [Cat. C 5b.4]50,
45. Le secteur du Donjon et ses vestiges avaient été repérés depuis l’époque de Loftus, voir Curtis 1993 : 10-11 ; Boucharlat 2010a : 380 et 381-383. 46. Sur la découverte des petits objets et décorations en ivoire dans ce puits situé près de la construction rectangulaire du Donjon, voir Mecquenem Rapport 1935, Donjon (ArchNat F/17/17257) ; Mecquenem 1943 : 76 ; id., 1947 : 85-89 et en particulier 86-88, fig. 55 et aussi dans Amiet 1972b : 167-191 ; id., 2010b : 358-362. 47. Il faut notamment rappeler la découverte d’un fragment du sarcophage égyptien dans le secteur sud-ouest du Donjon près des fondations de la petite structure carrée en briques crues. Le bloc (Paris, Louvre E 17450/AF11685), inscrit et sculpté de motifs funéraires, pourrait témoigner de la pratique des coutumes funéraires égyptiennes à Suse d’époque achéménide : Qahéri 2016 (= infra, fig. 9). Voir aussi la partie médiane d’une grande statue féminine en « faïence » (Paris, Louvre Sb 10214) trouvée dans les remplois (niveau fondations) de l’édifice rectangulaire d’époque sassanide du Donjon, portant sur le dos l’indication d’un titre de prêtrise égyptien lacunaire ۊPQܔU […] : Mecquenem, Rapport 1933 (ArchNat F/17/17257) ; Caubet 2010b : 343-344. 48. Cf. Rapport 1927, Ville Royale, chantier « C » (3 ?) : amulette égyptienne (ArchNat F/17/17256) ; Rapports 1936 et 1938, Ville Royale, chantier 4 : amulettes et scarabées (ArchNat F/17/17258) ; Mecquenem 1929-1930 : 86. Voir aussi Amiet 1972a : 287, n° 2240 (scarabée à l’image d’Harpocrate [Paris, Louvre Sb 5509], provenant également des fouilles de Mecquenem, tell Ville Royale ?). En dehors de ces objets, dans son rapport de 1938 (ArchNat F/17/17258), le fouilleur mentionne également la découverte d’un fragment de « bassin » en calcaire portant « quelques hiéroglyphes égyptiens » parmi les objets du chantier 5 du tell de la Ville Royale. Cf. aussi Mecquenem 1943 : 69. 49. Sur les phases d’occupation (pré-achéménide, puis fin-achéménide) dans cette zone, voir Miroschedji 1981 : 38-39 ; Boucharlat 1990b : 154. Cf. aussi Ghirshman 1954 : 18-20 ; Stronach 1974a. 50. Ghirshman 1954 : 36-37. Voir également infra, p. 44, fig. 21.
Les Aegyptiaca d’Iran à l’époque achéménide : sites archéologiques
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Suse 1946-1967
Fig. 8 – Ivoires à motifs égyptiens provenant d’un puits du Donjon à Suse (dessin Mecquenem 1947 : 87, fig. 55)
Suse 1969-1979
matière bien connue aussi parmi les objets royaux égyptiens de la Trésorerie de Persépolis51. En dehors des pièces provenant du « Village perse-achéménide », les autres objets susiens fabriqués en pâte bleue se rapportent à un nombre réduit d’éléments décoratifs de murs et de meubles ainsi qu’à de rares exemples d’alabastres et d’objets en forme de balustre. Ceux-ci peuvent être rapprochés d’un modèle de manches de miroirs égyptiens, les manches-massues52. Les objets égyptiens de la Ville des Artisans sont accompagnés de quelques morceaux d’alabastres anépigraphes et de fragments de vaisselle royale quadrilingue trouvés dans ce même secteur ouest du tell (VdA 2,b, Ghirshman)53. De nombreuses amulettes, notamment oudjat, ont été en outre repérées dans les tombes parthes de ce tell (VdA 2,b?) ainsi que dans les habitations post-achéménides sur le tell de la Ville Royale (chantier A, Ghirshman) [Cat. B 1.9 – B 1.10]54. Les derniers travaux archéologiques de Suse ont été conduits par Jean Perrot dans le cadre d’un programme franco-iranien entre 1969 et 197955. Hormis la découverte fortuite de la statue égyptienne de Darius Ier [Cat. A 3.1] adossée à la Porte monumentale de son complexe palatial (fig. 2)56, les objets de caractère égyptien sont assez rares dans les rapports de cette période. Ils se limitent en effet à un petit nombre de fragments épars d’alabastres (Apadana-Est, Ville Royale-Apadana)57, de scarabées-cachets (Ville Royale I)58 et d’amulettes59. Fig. 9 – Fragment d’un sarcophage égyptien trouvé dans les remplois sassanides du Donjon avec la mention du titre de rang égyptien rpɏȕȓɈW ɏ (© Paris, Louvre E 17450/AF 11685)
51. Pour les artefacts en « bleu égyptien » datant d’époque saïte et découverts dans la Trésorerie de Persépolis, consulter Schmidt 1957 : 133-135 et aussi infra, p. 29. Pour un exemple de récipient royal d’époque perse en pâte bleue, voir un alabastre de provenance inconnue appartenant à l’ancienne collection de Norbert Schimmel et portant le cartouche de Darius Ier, dans Gropp 1972 : 326-328, fig. 8 ; Settgast 1978 : n° 256 ; Catalogue de vente Schimmel Collection Sotheby’s New York, 16 décembre 1992, lot n° 119. 52. Qahéri et Cuny 2017-2018. Pour d’autres fonctions jadis attribuées à ces pièces – vase libation-ۊV ou balustre d’escalier, voir Amiet 1990 : 215-216 ; id., 2010b : 355 ; Caubet et Pierrat-Bonnefois 2005 : 13-14, n° 10 et 139-140, n° 383 ; Caubet 2010a : 412 ; ead. 2010b : 344. 53. Cf. Ghirshman 1948 : 332 (frag. vaisselle royale) et les notes de fouilles inédites de l’archéologue communiquées par R. Boucharlat (VdA 2,b). D’après ces mêmes notes, les niveaux achéménide et post-achéménide du chantier A du tell de la Ville Royale ont fourni également de rares exemplaires complets ou fragmentaires d’alabastres de type égyptien. 54. Ghirshman 1954 : 69 et d’après ses carnets de fouilles (communication R. Boucharlat). D’autres découvertes égyptianisantes de Ghirshman sur le tell de la Ville Royale sont très probablement de petits scarabées-cachets en « faïence ». Cf. e.g. Amiet 1972a : 287, n° 2241. 55. Sur l’historique des fouilles de cette période, voir les contributions dans Perrot 2010c : 120sq. 56. Cf. supra, p. 18-19. Pour les circonstances de la découverte de cette statue et les suggestions concernant l’existence d’une réplique en roche locale de ce monument destinée également à être placée à l’entrée de la Porte, voir Kervran 1972 : 235-239 ; Perrot et Ladiray 1974 : 49-51 ; Perrot 2010d : 196 ; id. 2010e : 239 ; aussi Qahéri et Razmjou à paraître. 57. Voir les quelques fragments de vases en « albâtre » provenant des chantiers Apadana-Est et Ville Royale-Apadana et conservés actuellement dans les réserves de la citadelle de Suse [Cat. C 1.34]. Se reporter aussi à Boucharlat 1987 : 228 et 298-299, fig. 80, 1 et 3. 58. Carter 1980 : 30-31 et 124, fig. 56,3 (scarabée en pâte bleu, Ville Royale I, enceinte achéménide). 59. Ibid. : fig. 56,2 = Leclant 1982 : 484 (amulette-pendentif en « faïence » représentant le dieu Shou assis, Ville Royale I, enceinte achéménide) ; Yoyotte 2010b (amulettes oudjat, Apadana-Est).
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Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
3ൾඋඌඣඉඈඅංඌ $XF°XUGXSD\VGHOD3HUVHDFWXHOOHSURYLQFHGX)ƗUV OHVLWHGH3HUVpSROLV3ƗUVD) se trouve dans une région montagneuse à environ 200 km en ligne droite de la côte nord-est du golfe Persique (cartes 1 et 2). Les ruines visibles du site antique s’élèvent au pied de la montagne Kouh-e Rahmat (litt.« mont de la miséricorde »)60, dans la plaine de Marvdasht où s’écoulent les rivières Kor et Pulvar (Sivand)61. La fondation du site remonte à l’époque achéménide et c’est très probablement Darius Ier qui entreprit la construction des premiers monuments sur la terrasse, à partir des années 519-518 av. J.-C., soit environ à la même date que le lancement des travaux architecturaux de ce roi à Suse62. Cette nouvelle résidence établie par Darius dans le cadre de sa politique de refondation de l’Empire63 devient le plus important centre politique et administratif des Achéménides en Perse64. L’édification des monuments persépolitains fut complétée sous les deux règnes de Xerxès Ier et Artaxerxès Ier, puis poursuivie de façon continue jusqu’à la conquête macédonienne en 330 av. J.-C., qui causa la destruction et l’abandon du site65. Ce grand centre, qui paradoxalement n’est pas mentionné dans les récits d’historiens grecs contemporains66, contient un vaste complexe royal reposant sur une terrasse de 12 ha partiellement artificielle et dressée à près de 18 m au-dessus de la ville basse aménagée dans la plaine environnante67. À cette terrasse s’ajoute un « quartier sud » (Barzan-e Jonoubi) composé de plusieurs constructions royales importantes (fig. 10,20)68. La terrasse comprend trois principales compositions architecturales : (a) les palais, (b) les salles de Trésorerie, (c) les quartiers de service et de garnisons (fig. 10). L’ensemble des constructions royales était protégé par une haute muraille fortifiée en briques flanquant les bords sud, est et ouest de la terrasse (fig. 10). Les aménagements royaux sont surmontés depuis l’est par les tombes rupestres d’Artaxerxès II (tombe V) et d’Artaxerxès III (tombe VI) creusées dans le versant de Kouh-e Rahmat69. Une entrée monumentale à deux rangées d’escaliers au nord-ouest de la terrasse constitue l’accès principal de l’ensemble palatial70. Construite ou complétée par Xerxès Ier, cette entrée conduit à la porte de la résidence appelée « Porte de tous les Pays » et gravée au nom de ce même roi (XPa)71. Les premiers monuments fondés par Darius Ier comprennent une imposante salle d’audience (appelée apadana par similitude avec celle de Suse), le palais WDþDUD, le bâtiment de la Trésorerie ainsi qu’une partie des fortifications nord de la terrasse (fig. 10,4-5-12-17)72. Les édifices plus tardifs comprennent le palais hadiš et le bâtiment dit du Harem de Xerxès Ier placés dans la zone sud du complexe (fig. 10,6-11)73. Aux constructions débutées par ce souverain s’ajoute très probablement aussi le Tripylon ou la salle du conseil accolée à l’angle sud-est de l’Apadana (fig. 10,10)74. Parmi les deux structures inachevées (palais D et G) adjacentes au palais de Xerxès (hadiš), celle placée au nord (palais G) semble correspondre à une construction d’Artaxerxès III (fig. 10,8-9)75. Dans ce secteur, un autre palais
60. Sur cette montagne et son appellation voir Shahbazi 1977 : 205-207. 61. Voir Zand, Morshedi et Javan 2007 : 256-257 et aussi Schmidt 1953 : 56 ; Kleiss 1976 : 131sq. ; id. 1994 : 165-170. Sur l’approvisionnement en eau de la partie basse du site via un réseau de canaux alimentés très probablement par le captage des sources de Seidan à l’est de Kouh-e Rahmat, voir Gondet 2011 : § 5.5.4.1.4. L’alimentation en eau de la terrasse reste une question non résolue. 62. Les traces de constructions antérieures au règne de Darius Ier sont attestées uniquement dans la plaine basse (Briant 1996 : 99 et 180-181 ; Boucharlat 2010b : 422-423 et notamment Askari Chaverdi, Callieri et Gondet 2013 ; Askari Chaverdi, Callieri et Matin 2014 concernant la construction début-achéménide de Tol-e Ajori). Sur le rôle de Darius (et non pas Cambyse II dans certaines études) en tant que fondateur de Persépolis et initiateur du projet de transfert de la résidence de Pasargades à Persépolis, voir en dernier lieu Bessac et Boucharlat 2010 : 1-36. Concernant la date suggérée pour la refondation de Suse par Darius, voir supra, p. 18, n. 9. 63. Briant 1996 : 99 et 180-182 ; Perrot 2010f : 467-468. 64. Sur les fonctions politico-économiques (et non pas seulement cérémonielles) de Persépolis et son habitation permanente d’après de nombreux documents d’archives trouvés sur le site, voir Henkelman 2011 : 110-112 ; id. 2012 : 950 et aussi Briant 1996 : 197-198. 65. Pour la chronologie des constructions du site, voir Briant 1996 : 180-181 ; Mousavi 2012 : 49-51 et aussi Roaf 1983 : 150-159. 66. Cf. Briant 1996 : 221 ; Mousavi 2012 : 51. La plus ancienne description est attestée chez Diodore de Sicile (Bibliothèque historique XVII, LXX-LXXII). 67. Cette terrasse a été créée en partie par le nivellement partiel du piémont d’une montagne rocheuse nommée Šahi Kouh (« montagne royale ») de caractère sacré (Shahbazi 1977 : 205) en contrebas de Kouh-e Rahmat. Cf. aussi la description donnée par Tilia 1978 : 3-27. 68. Tadjvidi 1976a-b. Pour un résumé sur la fonction et la chronologie des constructions dans ce secteur voir Gondet 2011 : § 5.2.3.3. 69. Schmidt 1970 : 99-102 et 102-107 ; Calmeyer 1990 : 12-14. Une troisième tombe inachevée se trouve au point sud du site (Schmidt 1970 : 107 et pl. 76-79) (fig. 10). L’attribution de cette sépulture à un règne en particulier reste problématique (Kleiss et Calmeyer 1975 : 81-98 ; voir aussi Briant 2003 : 39-52). Une datation tardive (deuxième moitié de la période achéménide) peut être néanmoins suggérée pour la construction de la tombe d’après les éléments iconographiques gravés sur la façade. Cf. Roaf 1983 : 146-147. 70. Cet accès remplace une première entrée aménagée à l’origine au sud de la terrasse et conservée longtemps, voir Tilia 1978 : 11-17. 71. Cf. Schmidt 1953 : 64-68 et Tilia 1972 : 37-43. 72. Schmidt 1953 : 70-90 (apadana) ; 222-237 (WDþDUD) ; 156-200 (Trésorerie) ; Boucharlat 2010b : 429-430. 73. Schmidt 1953 : 238-244 (hadiš) et 255-264 (harem). 74. Cf. Roaf 1983 : 142-145 et 157. Pour l’attribution incertaine de cette construction au règne de Darius Ier, voir Schmidt 1953 : 107-122. 75. Ibid. : 274-275 ; Tilia 1972 : 313-316 et Calmeyer 1990 : 136.
Les Aegyptiaca d’Iran à l’époque achéménide : sites archéologiques
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Persépolis 1931-1939
attribué à Artaxerxès Ier (palais H) occupe le coin sud-ouest de la terrasse (fig. 10,7)76. Placée au nord de la Trésorerie, la « salle aux 100 colonnes » fut érigée pendant les règnes successifs de Xerxès Ier et d’Artaxerxès Ier (fig. 10,13)77. Par sa fonction présumée de lieu de rassemblement de l’armée, cet édifice pourrait être lié à l’institution de la « Table du roi » assurant l’approvisionnement des officiels et du personnel palatin78. Attenantes à l’est de cet édifice se trouvent les unités de service et de garnison (salle aux 32 colonnes) (fig. 10,14)79. Enfin, une porte monumentale inachevée dans la cour nord de la « salle aux 100 colonnes » constituait probablement l’accès d’honneur du quartier militaire (fig. 10,16)80. Outre les influences égyptiennes perceptibles dans la conception architecturale des monuments palatiaux81, le quartier royal de Persépolis a livré le deuxième grand ensemble d’aegyptiaca d’Iran après Suse. Bien que les premières fouilles du site remontent à la fin du XIXe siècle82, les découvertes égyptiennes proviennent principalement des campagnes menées sous les auspices de l’Oriental Institute de l’Université de Chicago entre 1931 et 193983. Ces travaux, qui concernent essentiellement le déblaiement des constructions de la terrasse, ont été conduits successivement par les archéologues allemands Ernst Herzfeld (1931-1935) et Erich F. Schmidt (1935-1939)84. C’est notamment à ce dernier que l’on doit les plus importantes publications scientifiques relatives à cette cité et ses environs85. Les objets égyptiens et égyptianisants issus de ces fouilles sont majoritairement les fragments de vases royaux provenant du secteur nord et du centre du bâtiment de la Trésorerie, en particulier des deux salles 38 et 41 (fig. 11)86. Ils appartiennent manifestement à deux groupes chronologiques distincts : la XXVIe dynastie saïte et la XXVIIe dynastie perse87. Une grande partie des exemplaires est inscrite aux noms des souverains régnants, ce qui détermine d’emblée leur datation. Les pharaons saïtes dont le nom apparaît sur les récipients de Persépolis sont Néchao II, Amasis et l’un des rois Psammétique (fig. 12,b)88, alors que la période achéménide n’est représentée que par des inscriptions quadrilingues datant du règne de Xerxès Ier (pour la vaisselle dite « de table »)89. Les formes des vases, inscrits ou anépigraphes, sont variées et se composent en général de plateaux [Cat. C 2 et 3], d'urnes [C 4.1-2 et C 4.4], de jarres ainsi que d'un nombre réduit d’alabastres [Cat. C 1.4, 12 et 21] et de couvercles de vases [Cat. C 5a.3]90.
76. Tilia 1972 : 61-62 et 243-316 ; id. 1974 : 130. 77. Schmidt 1953 : 124-137 ; Root 1979 : 105-108. 78. Ce bâtiment est considéré comme salle du trône (Schmidt 1953 : 129-130) ou salle d’honneur ou de réunion des officiers de l’armée (Godard 1952 : 126) ou bien salle à manger des gardes royales (Trümpelmann 1983 : 227-237). Sur le lien de cet édifice avec l’institution de la Table du roi, consulter : Henkelman 2010 : 684-692 ; id. 2012 : 946 et aussi Briant 1996 : 297-309. 79. Cf. Trümpelmann 1983 : 235-237. Pour la « salle aux 32 colonnes », voir Krefter 1971 : 59-61 et aussi Sami 1966 : 43. 80. Schmidt 1953 : 130 ; Krefter 1971 : 55-57. 81. Sur les traces de traditions pharaoniques dans l’architecture des palais royaux de Persépolis, se référer à Root 1979 : 77 ; 125-128 ; 138-147 ; 218-222 ; 240-250 ; 270-272 et aussi Wasmuth 2017 : 58 82. Henkelman 2012 : 943 ; Mousavi 2012 : 123-154. 83. Pour l’historique des fouilles de cette période, voir Mousavi 2002 : 222-235 ; id. 2012 : 156-192. 84. Avec néanmoins les tranchées ouvertes sur les tells situés au sud de la terrasse et dans les plaines nord et nord-ouest, voir Herzfeld 1928 : 18-19, fig. 51-55; Godard 1952 : 120-123 ; Krefter 1979 : 13-25. 85. Schmidt 1939 ; 1953 ; 1957 et 1970. 86. Cf. Schmidt 1957 : 81-83. 87. Il est à noter que contrairement aux récipients de Suse, les exemplaires provenant de Persépolis, n’ont pas été l’objet d’une grande dispersion à travers le site et la plupart des fragments recueillis dans les salles de la Trésorerie ont pu être facilement assemblés et restaurés à la suite des fouilles. Cf. ibid. : 81-91. 88. Sur l’ensemble de ces vases royaux saïtes, voir ibid. : 81-83 et pl. 47-48 ; Qahéri 2012 : 320-321. 89. L’absence du nom de Darius Ier sur la vaisselle découverte dans les magasins de Persépolis, pourtant fondés sous son règne, suscite des questions d’ordre chronologique concernant la date du dépôt des objets thésaurisés, très probablement à partir du règne de Xerxès Ier, voir aussi Schmidt 1957 : 81. 90. Ibid. : 90-91 et pl. 65.
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Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
Kouh-e Rahmat
&ŽƌƟĮĐĂƟŽŶƐ 18
Tombe d’Artaxerxès III
17
Tombe d’Artaxerxès II
14 16 13
19
15
Terrasse royale 2 1
12
3 4
10 8
9
11
6
Barzan-e Jonoubi
5 7
20 21
Tombe ŝŶĂĐŚĞǀĠĞ
0
200 m
Fig. 10 – Plan du quartier royal de Persépolis avec les vestiges de constructions et de l’enceinte fortifiée (1) Escalier d’entrée (2) Porte des Nations (3) Citerne (4) Apadana (salle d’audience) (5) Palais de Darius Ier (WDþDUD) (6) Palais de Xerxès Ier (hadiš) (7) Palais d’Artaxerxès Ier (palais « H ») (8) Palais « D » (9) Palais d’Artaxerxès III (palais « G ») (10) Tripylon (salle du conseil) (11) Harem de Xerxès Ier (bâtiment du Musée) (12) Trésorerie (13) Salle du trône (salle aux 100 colonnes) (14) Garnison (salle aux 32 colonnes) (15) Allée de garnison (16) Porte inachevée (17) Fortifications nord-est (archives) (18) Fortifications hautes (archives) (19) Fortifications basses (rempart et garnison) (20) Installations palatiales hors terrasse (21) Mur de clôture dans la plaine (© S. Qahéri d’après Kleiss 1992 : fig. 1)
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38
33
41
19 18
31
« Garrison Street »
64
76
0
25 m
N
Fig. 11 – Plan de la principale partie de la Trésorerie à Persépolis avec l’emplacement des salles d’où proviennent les objets égyptiens d'époque saïto-perse – en jaune : les salles ayant fourni le plus grand nombre de pièces, (salles 18-19) base de statuette (salles 31-41) récipients (salle 33) récipients, empreintes de sceau (salle 38) récipients, statuette Bès (salle 64) incrustation Bès (salle 76) amulette oudjat (« Garrison Street ») statuette Hérichef (© S. Qahéri, d’après Schmidt 1957 : 81-83, fig. 17 ; pl. 31, 41, 43 et passim)
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Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
Comme à Suse, les récipients sont taillés dans différentes roches, avec une prépondérance de l’« albâtre » et de pierre calcaire pour les alabastres et les vases d’époque saïte91. L’emploi de roches dures sombres est largement attesté pour la vaisselle dite « de table » achéménide92. Parmi les découvertes de la Trésorerie de Persépolis (salles 81 et 83)93, on trouve aussi des alabastres de style égyptien gravés avec des inscriptions babyloniennes pré-achéménides. À ces pièces s’ajoute aussi un ensemble de fragments de vases en pâte bleue, avec ou sans inscriptions hiéroglyphiques, qui semblent tous dater de l’époque saïte [Cat. C 5b.1 – C 5b.3]94. D’autres objets à caractère égyptien trouvés dans la Trésorerie consistent en quelques fragments de statuettes, divines ou autre(s)95, ainsi qu'en des empreintes de sceaux à l’effigie du dieu Bès96. Un nombre relativement important d’empreintes ornées de figures ou d’inscriptions égyptiennes est par ailleurs présent dans le riche corpus des archives des fortifications nord-est de la terrasse (fig. 10,17)97. Les cachets mentionnent en général des noms et/ou fonctions de particuliers et peuvent par conséquent confirmer l’implication d’officiels égyptiens dans l’administration persépolitaine98. À l’extérieur de l’entrée est de la Trésorerie, sur l'allée de garnison (fig. 11, « Garrison Street »), les fouilles ont permis de découvrir la partie supérieure d’une petite statuette en bronze représentant le dieu criocéphale Hérichef (fig. 12,a)99. La proximité immédiate de la zone de découverte avec le bâtiment de la Trésorerie laisse néanmoins penser que cet objet faisait également partie des pièces égyptiennes déposées dans les magasins royaux100. De rares exemples d’éléments d’incrustation (salle 64) en forme de Bès [Cat. D 2.1] ainsi que des amulettes en forme d’œil oudjat (vestibule 76) se trouvent aussi parmi les trouvailles égyptiennes de la Trésorerie101. Une partie d’un grand relief représentant le visage du dieu Bès semble aussi provenir des premières phases des fouilles archéologiques du site [Cat. A 2.1]102.
a
b
Fig. 12 – (a) Fragment d’une statuette en bronze à l’effigie du dieu Hérichef provenant de « Garrison Street », PT4 104 [H. 6,5 ; l. 2,8 cm] (© Chicago, Ill. OIM A 23146, d’après Schmidt 1957 : pl. 31, 5) ; (b) Couvercle de vase au nom d’un roi Psammétique, aujourd’hui disparu, découvert dans la Trésorerie de Persépolis, salle 41, PT6 183 et 245 [D. 20 cm] (© dessin S. Qahéri, d’après Schmidt 1957 : pl. 48, 1) 91. Schmidt 1957 : 81-83 et pl. 47-48. 92. Ibid. : 84-91. 93. Ibid. : 108-109 et pl. 81 (où est cité également un alabastre [n° 3] provenant du temple des Frataraka au nord-ouest de la terrasse de Persépolis). 94. Ibid. : 69 et pl. 35, 7 (élément de vase, lotus) ; 83 et pl. 47,2 (jarre). 95. Cf. un torse du dieu Bès en pâte bleue provenant des fouilles de 1937 (PT5 299) et perdu dans la mer arabique en 1941 lors du transfert des antiquités (Schmidt 1957 : vii et 150) ; les fragments (base et pieds) d’une statuette à Chicago (Ill.), OIM A 23127 en pâte bleue et portant sur la base une ligne d’inscription dédicatoire dont les quelques signes préservés pourraient se lire […] [s]MAȓU Ɉ IAEȟ Ɉ […] « santé et sa joie, à jamais » (ibid. : 68 et pl. 31.3). 96. À compter au total 5 empreintes d’un sceau à base circulaire (salle 33, PT4, 950), représentant le dieu Bès debout flanqués de deux figures animalières et dont le lieu de conservation actuel demeure inconnu (Schmidt 1939 : 43 ; id. 1957 : 38-39, n° 64, pl. 2 et 13). 97. Sur la découverte de ces archives, on se reportera à Henkelman 2008 : 69-71 ; Jones et Stolper 2008 ; Razmjou 2008 : 51-55. 98. Consulter Garrison et Ritner 2010. Pour un autre groupe d’empreintes de sceaux achéménides, de provenance inconnue, mentionnant les anthroponymes égyptiens, voir Giovino 2006 : 105-114. 99. Pour cette figurine, également conservée à l’OIM de Chicago (A 23146) voir Schmidt 1957 : 68. 100. Cf. Schmidt 1939 : 69-70 et fig. 49 ; id. 1957 : 68. 101. Pour ces amulettes oudjat du type bicolore, voir Schmidt 1953 : 195 ; id. 1957 : 77 et 155, pl. 43.3 (PT 6, 443) : où il est question de la découverte de deux amulettes dont une est associée au lot des objets perdus dans la mer arabique. 102. Les circonstances et la zone de découverte du fragment ne sont pas connues, se reporter à la fiche signalétique du monument sur la base de Photographic Archives de l’OIM (https://oi-idb.uchicago.edu/id/0fdef23b-93d1-4b14-b341-f9337d50e49a).
Les Aegyptiaca d’Iran à l’époque achéménide : sites archéologiques
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Persépolis 1939-1979
À partir de 1939 et jusque dans les années 1970, les fouilles de Persépolis ont été poursuivies de façon discontinue d’abord sous l’autorité de l’architecte français André Godard, directeur des services archéologiques d’Iran (1928-1960)103, puis par les archéologues iraniens Ali Sami (1941-1961) et Akbar Tadjvidi (1962-1972)104. Des travaux de cette période, axés principalement sur les secteurs nord et nord-est de la terrasse ainsi que sur les collines de la plaine sud (Barzan-e Jonoubi), on ne connaît qu’un petit nombre d’objets à caractère égyptien105. Ils comprennent une grande urne anépigraphe [Cat. C 4.3], deux exemplaires complets d’alabastres anépigraphes [Cat. C 1.15], un fragment de « vase Bès » [Cat. C 5c.1] ainsi qu’une empreinte de sceau représentant le même dieu [Cat. D 3.1]. La découverte d’un deuxième fragment du grand relief de Bès [Cat. A 2.1, Document associé] est signalée dans le cadre du projet d’exploration et de restauration du site engagé par l’Istituto italiano per il Medio ed Estremo Oriente (IsMEO) de Rome en collaboration avec le Centre de conservation des monuments historiques de l’Iran106.
103. Cf. Chevalier 2002 : 339-347. 104. Sur l’ensemble des travaux effectués à Persépolis après 1940, voir Mousavi 2012 : 193-213. 105. Pour les rapports d’activités et de fouilles de cette période, consulter Godard 1946 : 264-270 ; id. 1947 : 550-551 ; id. 1952 : 125-128 ; Sami 1952 ; Tadjvidi 1973 : 200-201 ; id. 1976a : 12-19 ; id. 1976b : 56sq. 106. Le fragment proviendrait des prospections menées en 1974-1975 dans la plaine à l’ouest du site (Romano 1989 : 781-783). Pour les travaux de cette mission à Persépolis entre 1964-1978 sous la direction de Cesare Carbone, puis Giuseppe Tilia, se reporter à Tilia 1972 ; 1978 et Mousavi 2012 : 202-206. Voir aussi infra, p. 62.
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Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
3ൺඌൺඋൺൽൾඌ Première capitale historique des Achéménides, Pasargades (3ƗVDUJDGƗ) se situe à près de 1900 mètres d’altitude dans les monts Zagros et à une quarantaine de kilomètres au nord-est de Persépolis (cartes 1 et 2)107. Le site est placé dans la partie méridionale de la plaine Dasht-e Morghab alimentée par la rivière Pulvar108. Ici, la fondation des monuments royaux remonte au règne de Cyrus II vers le milieu du VIe siècle av. J.-C. D’après les sources classiques et les textes d’archives de Persépolis, cette capitale garde un statut important pendant et après le règne de Darius Ier, certainement comme un haut lieu dynastique, sans que l’on puisse en dire plus sur sa fonction précise109. Les principales constructions du site, qui s'étendent sur près de 200 ha, se composent au nord d’une plateforme en pierre nommée « Tall-e Takht » ou « Takht-e madar-e Soleiman » (litt. « le Trône de la mère de Salomon ») haute de 14 m et supportant des bâtiments de briques datables d’époques postérieures au règne de Cyrus (fig. 13,1)110. Il est fort probable que cette terrasse haute, bâtie à l’extrémité ouest d’une colline et surplombant une grande enceinte de plan polygonal au nord, ait été initialement aménagée dans le but d’y installer la résidence du roi à proprement parler111. De caractère défensif, la plateforme semble avoir servi d’entrepôt royal depuis la fin du VIe siècle av. J.-C. jusqu’à la conquête d’Alexandre112. Au-delà du secteur isolé de l’« enceinte sacrée » au nord113, la partie centrale du site, qui occupe un très grand espace de plus de 15 ha, constitue le quartier officiel de la cité royale114. Cette ville basse, traversée par un cours d’eau, comprend un ensemble de cinq bâtiments hypostyles érigés autour d’un jardin qui était marqué par des canaux d’irrigation et qui faisait très probablement partie d’un vaste parc royal115. Les constructions se composent au sud-est d’une porte monumentale (porte R) à quatre passages formant l’accès principal au complexe (fig. 13,3)116. Un jambage de l’ouverture nord-est de cette porte est décoré de la fameuse figure syncrétique dite du « Génie ailé »117. L’inscription au nom de Cyrus (CMa) gravée au-dessus de ce relief a disparu depuis le milieu du XIXe siècle118. Plus au nord se trouvent les bâtiments à portiques des deux palais « S » et « P » (fig. 13,5-6), bâtis également sous le règne de Cyrus et achevés par Darius Ier (inscriptions CMa-CMc)119. Le palais S, situé entre la porte R et le palais P, est souvent interprété comme la « salle d’audience » du complexe royal120. Outre les palais, les angles sud-est et sud-ouest du jardin central sont occupés par deux pavillons (A et B) flanqués également de portiques (fig. 13,8-9)121. Dans ce secteur, un pont en pierre franchissait le cours d’eau au sud du pavillon B et près du palais S (fig. 13,4)122. La zone médiane située entre les palais et la plateforme est notamment marquée par la présence des vestiges d’une tour carrée nommée « Zendan-e Soleiman » (litt. « la prison de Salomon »), identique à celle de « Naqsh-e Rustam » et dont la fonction reste discutée (fig. 13,2)123. D’après les recherches récentes, cette construction à Pasargades devait jadis faire partie d’un grand ensemble architectural dont l’utilisation doit encore être déterminée124. Enfin, dans la partie sud-ouest du site, à près d’un kilomètre des édifices palatiaux, se dresse le tombeau de Cyrus II, érigé sur un socle monumental de six degrés et doté d’un toit à deux pentes (fig. 18)125. D’après les sources classiques, ce mémorial de pierre 107. Stronach 1978 : 1-5 ; Boucharlat 2004 : 352-353. 108. Kleiss 1991 : 23-30 ; Boucharlat 2004 : 352. 109. Arrien, Anabase III, 18.10. Pour les tablettes de Persépolis, voir Hallock 1969 : 98 (PF 62-63), 230 ; 524-526 (PF 774 et 1942), 260-261 ; 329 (PF 908 et 1134) et Henkelman 2008 : 431 ; 283-284. 110. Boucharlat 2004 : 359. 111. Cf. Stronach 1978 : 11-23 ; Boucharlat et Benech 2002 : 5-7 ; Boucharlat 2004 : 354 ; id. 2014. 112. Suivant la description d’auteurs classiques mais aussi compte tenu des objets découverts sur et/ou à proximité immédiate de la terrasse. Cf. Sami 1971 : 91 ; Stronach 1978 : 146-159 et 178-186 ; Stronach 1985 : 853-854 ; Henkelman 2012 : 941. 113. Pour ce secteur situé à plus d’un kilomètre au nord-ouest de la partie centrale du site où se dressent notamment deux autels en pierre, voir Stronach 1978: 138-145. 114. Boucharlat et Benech 2000 : 5-8 et passim ; Henkelman 2012 : 941 et aussi Nylander 1970 : 113-114. 115. Stronach 1989 : 480-483 ; Boucharlat et Benech 2002 : 15-17 et 23-24 ; Benech, Boucharlat et Gondet 2012 : 1-35 ; Boucharlat 2014. 116. Stronach 1978 : 44-55. 117. Ibid. : 47-50 et fig. 25 ; Root 1979 : 46-19 ; Garrison 2009 : 11-12 et fig. 8. Voir aussi infra, p. 33, n. 127. 118. Stronach 1978 : 47-49. 119. Ibid. : 56-106 (où 63-65 et 97-99 concernant les inscriptions) ; id. 2000 : 682-692 ; Boucharlat 2004 : 357-359 et 361-362. 120. Herzfeld 1929-1930 : 11-12 ; Ghirshman 1963 : 132-133 ; Stronach 1978 : 56. Le portique nord-est de ce bâtiment dispose d’une banquette pouvant correspondre à un siège royal (Boucharlat 2014 ; Stronach 1978 : 66). 121. Stronach 1978 : 107-112. 122. Pour ce pont et sa datation probablement fin-achéménide, se reporter à ibid. : 113-116 ; id. 1965 : 29-30. 123. Stronach 1978 : 117-137. Voir aussi Boucharlat 2003 : 79-81 et 94-98 ; Potts 2007 : 271-297 (concernant les fonctions). 124. Pour les éléments architecturaux détectés lors des prospections magnétiques dans ce secteur, voir Boucharlat et Benech 2002 : 24-26 ; Boucharlat 2003 : 81-98 ; id. 2005 : 228 ; Benech, Boucharlat et Gondet 2012 : 20-23. 125. Stronach 1978 : 24-43.
Les Aegyptiaca d’Iran à l’époque achéménide : sites archéologiques
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1
Citadelle
2 6 7 9
8 5 4
3
Tombeau de Cyrus Village moderne
0
500 m Fig. 13 – Plan du site de Pasargades avec les vestiges de constructions royales et des fortifications nord (1) Plateforme « Tall-e Takht » (2) Tour « Zendan-e Soleiman » (3) Porte « R » (4) Pont (5) Palais « S » (6) Palais « P » (7) Jardin central (8) Pavillon « B » (9) Pavillon « A » (© S. Qahéri d’après Stronach 1978 : fig. 3 et 48 ; Boucharlat 2007 : fig. 3)
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Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
Pasargades 1961-1963
calcaire haut de 11 m était entouré d’un paradis royal pourvu de toutes sortes d’arbustes (Arrien, Anabase VI, 29.4 ; Strabon, Géographie VI, 3.7, suivant Aristobule)126. Outre le relief du génie de la porte « R » à la couronne égyptianisante hmhm (fig. 14), couronne inspirée plus probablement de l’art égyptianisant du Levant127, les aegyptiaca de Pasargades sont très peu nombreux. Les seuls objets connus appartiennent aux dernières campagnes de fouilles conduites par David Stronach entre 1961 et 1963 avec l’appui du British Institute of Persian Studies128. Les découvertes se composent de quelques fragments d’alabastres trouvés sur la terrasse de Tall-e Takht et datés en grande partie de l’époque achéménide129. La présence de ce type de récipients de luxe dans cette zone, comme celle d’autres artefacts en métal précieux, renforcerait l’hypothèse d’une fonction de trésorerie ou de magasins royaux pour le Tall-e Takht130. Les 51 pendentifs en or à tête de Bès [Cat. D 1.1] trouvés dans une cachette d’orfèvrerie près du pavillon B constituent un autre groupe d’objets à caractère égyptien de Pasargades131. Ce trésor serait daté d’une période comprise entre la seconde moitié du Ve et le milieu du IVe siècle av. J.-C.132.
Fig. 14 – Relief du Génie ailé de la porte « R » à Pasargades (photo Ghirshman 1963: fig. 174)
126. Voir aussi Briant 1996 : 98-99 et supra, p. 31, n. 115. 127. Wasmuth 2017 : 50-52, voir aussi Root 1979 : 47-49 et 300-303. 128. La découverte d’objets à caractère égyptien n’est pas signalée dans les rapports publiés des fouilles précédentes menées par E. Herzfeld (1928) et A. Sami (1949-1955) sur le site. Pour les travaux de ces périodes, voir successivement Herzfeld 1929-1930 : 4-16 ; Sami 1956 et 1971 et aussi Stronach 2005 : 113-120. 129. Les fragments sont anépigraphes à l’exception d’un seul exemplaire évoquant une mention de capacité en babylonien : Stronach 1978 : 182 et 228-229, fig. 99 (n° 15, frag. inscrit). Voir également Askari Chaverdi et Callieri 2007 : 9, 16, fig. 5 (PTT 1, inv. 24). Les récentes fouilles du « Tang-e Bolaghi », vallée proche de Pasargades, ont également mis au jour un alabastre fragmentaire provenant d’une installation domestique (TB 76, tranchée 3) d’époque achéménide : Askari Chaverdi et Callieri 2006 : 67 ; iid. 2009 : 34 et 2016 (où l’on trouve une très brève mention de la découverte sans illustration). 130. Cf. supra, p. 31, n. 112. Dans ce sens se reporter également aux caractéristiques architecturales des constructions mises au jour sur Tall-e Takht rappelant le plan des magasins royaux : Stronach 1978 : 146-155, [fold-out] n° 6 et fig. 75 ; Boucharlat 2004 : 355, fig. 2 et 361. Voir aussi supra, p. 21 et p. 26-29 (cas de Suse et de Persépolis). 131. Pour ce trésor caché dans une grande jarre d’eau d'époque achéménide, voir Stronach 1978 : 168-177 et aussi 202-203 ; pl. 154. 132. Ibid. : 176-177.
Les Aegyptiaca d’Iran à l’époque achéménide : sites archéologiques
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$ඎඍඋൾඌඌංඍൾඌ133 En dehors des trois cités de Suse, Persépolis et Pasargades, les découvertes égyptiennes et égyptianisantes d’époque achéménide issues des fouilles archéologiques en Iran sont exceptionnelles134. Les quelques sites connus correspondent à des localités géographiques diverses (carte 2). À près de 18 km de Suse, le site de Haft Tappeh a fourni un exemplaire de vase Bès presque complet (fig. 15) provenant d’un contexte post-achéménide et donc secondaire135. Toujours au Khouzistan, sur la terrasse de Masdjed-e Soleiman, une amulette en « faïence » représentant la tête du dieu Bès dans un style perse ainsi qu’un scarabée égyptianisant portant sur le plat la figure de la même divinité accompagnée des cartouches de Thoutmosis III (0QېSU5ҵ) ont été découverts dans les niveaux post-achéménides136. Dans la sépulture nº 2 du cimetière achéménide de Dosaran à Zandjan, au nord-ouest du pays, un médaillon d’or en forme de tête stylisée de Bès a été mis au jour137. De même, une amulette oudjat a été repérée dans une tombe (nº 5) d’époque perse de Ghalekuti I (Guilan) au nord de l’Iran138. Enfin, les fragments d’un alabastre en pierre calcaire muni de deux tenons à tête de canard (fig. 16) ont été signalés parmi les trouvailles du bâtiment QN 2 de la ville achéménide de Dahaneh-e Gholaman à l’extrême est de l’Iran, près de la frontière afghane139. Ce type de décoration bien connu pour les anses d’alabastres (en pierre ou en métal)140 est à rapprocher d’un autre exemplaire similaire (fig. 6) dans le corpus des aegyptiaca d’époque achéménide d’Iran141.
Fig. 15 – Vase Bès découvert à Haft Tappeh [H. 12 ; D. 11 cm] (dessin Rafiei-Alavi 2014 : fig. 1)
Fig. 16 – Alabastre de Dahaneh-e Gholaman [H. 10 (farg.) ; D.10,3 cm] (dessin Zehbari 2016 : fig. 1)
133. Les objets mentionnés dans cette partie, inaccessibles dans le cadre de notre étude, n’ont pas pu être intégrés au corpus du présent volume. Le lieu de dépôt de certaines pièces demeure inconnu. 134. Les vestiges d’époque achéménide de l’antique Ecbatane dans l’actuelle province de Hamadan sont très mal connus (Boucharlat 2005 : 253-254 ; id. 2018) et les données archéologiques disponibles ne mentionnent pas d’objets égyptiens. Une statuette en bronze à l’image d’Harpocrate vue dans le commerce en 1964 (Salon des Antiquaires, Paris 26 septembre-18 octobre 1964) pourrait provenir de Néhavand, ville située dans la même province. Cf. Leclant 1965 : 223, 4 (b) ; Archives Jean Yoyotte, Cahier 4, lot 39 (Centre Wl. Golénischeff, Paris). 135. Rafiei-Alavi 2014 : 169-191 (objet conservé au musée de Haft Tappeh). 136. Ghirshman 1976 : 67 et pl. CVI,3 ; CX,3 ; pl. 68 (où l’auteur attribue ces découvertes à l’époque achéménide). Sur le problème de l’occupation achéménide à Masdjed-e Soleiman, voir Stronach 1974 : 246-247 ; id. 1978 : 283-284 ; Boucharlat 2005 : 238. 137. Rahbar 1997 : 24, fig. 2 et 3.18 = Abdi 1999 : 134, 6.8 ; id. 2002b : 156, 6.8. 138. Pour cette amulette dont l’aspect (« faïence » bicolore avec pupille et sourcil en noir) se différencie des principaux modèles de Suse et de Persépolis, voir Haerinck 1989 : 460 et fig. 2,7. Toujours dans le secteur nord de l’Iran, Morgan signale dans son rapport de 1889 la présence de deux ouchebtis qui proviendraient de Mazandéran (Morgan 1889 : 80, fig. 2-3 ; id. 1896 : 111, n. 1). D’après les descriptions de Morgan, ces statuettes funéraires (Tbilissi, MNT, s.n. ?) appartiennent à un certain général Psammétique (ILW QȓLÕɏ/RLȨJRȓ/RLȨJ) dont le floruit pourrait se situer sous les derniers règnes saïtes. Cf. Morgan 1889 : 80. 139. Voir Zehbari 2016 : 132-134. D’après les étiquettes de fouilles, les deux fragments proviennent des fouilles italiennes de 1965 à l’intérieur du bâtiment QN 2 placé à l’est de la ville de Dahaneh-e Gholaman (ibid. : 132). Pour la fonction présumée de cette structure (peut-être un entrepôt) et les découvertes dans ce secteur du site, se reporter à Scerrato 1966 : 18-23 et fig. 34-35 ; Gnoli 1993. 140. Cf. supra, p. 21, n. 33 et aussi Qahéri et Trehuedic 2017 : 1, n. 1. 141. Pour ce fragment provenant de l’Acropole de Suse, voir Morgan 1900 : 121-122, fig. 258 et supra, p. 21. L’emploi de ce décor est également bien connu pour d’autres catégories de la vaisselle royale achéménide, consulter e.g. [Cat. C 3.6] et Schmidt 1957 : pl. 53-54.
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Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
De haut en bas, péctroral de la statue de Brooklyn (NY), BrM 37.353, charte de fondation du palais de Darius à Suse (Paris, Louvre Sb 2789), inscriptions de la statue de Vatican, MGE 22690 (196).
2
LA
PRÉSENCE ÉGYPTIENNE AU CŒUR DE L’EMPIRE
:
SOURCES TEXTUELLES La participation des Égyptiens au développement de la culture palatiale en Perse, démontrée par les découvertes archéologiques, peut être également retracée grâce aux sources textuelles. Ce corpus comprend aussi bien les textes officiels et administratifs achéménides que les inscriptions privées égyptiennes contemporaines des deux périodes de domination perse en Égypte. Les récits d’auteurs classiques apportent en sus des données complémentaires sur la présence égyptienne dans le territoire central de l’Empire. La comparaison des sources écrites avec la documentation matérielle jette quelques lumières sur les diverses catégories socio-professionnelles des Égyptiens en activité dans la Perse achéménide et permet ainsi de mieux saisir la spécialisation de certains corps de métier.
'ඈർඎආൾඇඍൺඍංඈඇඍൾඑඍඎൾඅඅൾൺർඁඣආඣඇංൽൾ Les inscriptions des chartes de fondation du palais de Darius à Suse (DSf, DSz et DSaa) révèlent non seulement l’importation des matières premières depuis l’Égypte (ébène et argent) mais aussi la contribution de nombreux artisans et ouvriers égyptiens à la construction et à l’embellissement des structures palatiales achéménides142. Les Égyptiens sont ici associés à des professions relatives à l’orfèvrerie, au travail du bois et à l’ornementation du palais143. Chartes de fondation du palais de Darius à Suse, texte élamite (DSz), lignes 44-52 « Les hommes artisans qui travaillèrent la pierre, eux, (étaient) des Ioniens et des Sardes. Les orfèvres qui travaillèrent cet or, eux, (étaient) des Mèdes et des Égyptiens. Les hommes qui travaillèrent ce bois, eux, (étaient) des Sardes et des Égyptiens. Les hommes qui firent des briques cuites, eux, (étaient) des Babyloniens. Les hommes qui ornèrent la terrasse, eux, (étaient) des Mèdes et des Égyptiens » : (Vallat 1970 : 155-157, en gras S. Qahéri).
Outre le témoignage de ces textes de « propagande royale », les Égyptiens sont associés à des spécialités similaires également dans les documents d’archives administratives de Persépolis (tablettes de Fortification et de la Trésorerie : Henkelman 2017a) renseignant sur la présence et les activités de différents groupes ethniques impliqués dans les constructions palatiales achéménides144. Plusieurs tablettes inscrites en élamite de ces archives mentionnent la distribution de rations et de provisions de voyage aux travailleurs égyptiens engagés pour les programmes architecturaux145. Certains de ces spécialistes devaient par ailleurs bénéficier d’une position hiérarchique élevée146. D’autres activités plus rares, comme celle de brasseur, sont aussi connues en association avec les Égyptiens147. D’ailleurs, la présence de communautés égyptiennes en Perse trouve également écho dans le contenu de certains textes cunéiformes de Suse où il est question de la part active des Égyptiens dans les contrats privés à l’époque achéménide, tels les contrats de mariage ou de vente de terres148.
,ඇඌർඋංඉඍංඈඇඌඉඋංඏඣൾඌඣඒඉඍංൾඇඇൾඌ Si les sources textuelles achéménides attestent la présence d'artisans et d'ouvriers égyptiens spécialisés en Perse dans le cadre des constructions royales, les inscriptions égyptiennes contemporaines témoignent du déplacement de membres de la classe dominante de l'Égypte vers les capitales achéménides. Pour la première période perse (XXVIIe dynastie), le témoignage le plus significatif est indubitablement le dossier du célèbre Oudjahorresnet, responsable des finances royales auprès des pharaons 142. Pour les trois versions des chartes de fondation de Suse en vieux-perse, babylonien et élamite, voir Vallat 1970 et 1971 (DSf, DSz) ; id. 1986 (DSaa). 143. Consulter la compilation reproduite dans Wasmuth 2017 : 45-49. 144. Voir supra, p. 29, n. 97-98. 145. Pour ces textes voir en dernier lieu Henkelman 2017a et aussi dans Wasmuth 2009 : 134-136. 146. Cf. e.g. le cas d’un maître charpentier égyptien engagé à Persépolis comme « centurion » (chef d’équipe d’ouvriers) et recevant un montant considérable de rations pour son travail (tablette PT 01). Cf. Cameron 1948 : 83-84 = Henkelman 2017a : 276. Sur les contremaîtres artisans appelés en Perse depuis les différentes parties de l’Empire, voir Briant 1996 : 443-444 et 447-448. 147. Henkelman 2017a : 284-286. 148. Joannès 1990. Voir en parallèle, la mention d’un scribe des Égyptiens sur la tablette New Haven (Conn.), YBC 16813 provenant très probablement aussi de Suse. Cette indication suggère l’existence d’une communauté égyptienne reconnue à Suse d’époque achéménide (Henkelman 2017b : 119-121). L’installation de la diaspora égyptienne est également attestée dans d’autres régions de l’Empire, en particulier à Nippur. Cf. Davies et Finkelstein 1984 : 339 ; Briant 1996 : 522 ; Hackl et Jursa 2015. Voir en parallèle le dossier des Cariens déportés d’Égypte installés à Borsippa (Waerzeggers 2006).
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Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
saïtes et titulaire du rang de « chef des médecins » sous les premiers souverains achéménides149. Le texte autobiographique gravé sur sa statue du Vatican MGE 22690 (196) relate non seulement l’affectation de ce haut fonctionnaire au service du pouvoir perse mais aussi son séjour en Élam. C’est depuis cette résidence perse qu’Oudjahorresnet fut dépêché en Égypte, sur l’ordre de Darius Ier, pour la restauration de la « Maison de vie » de Saïs150. Statue d'Oudjahorresnet, Vatican, MGE 22690 (196), texte de l'appui dorsal, colonne 1 « La Majesté du roi de la Haute et de la Basse Égypte, Darius, qu’il vive éternellement, m’ordonna de retourner en Égypte, tandis que Sa Majesté se trouvait en Élam (ɏQL), alors qu’elle était grand roi de tous les pays étrangers et grand souverain de l’Égypte, pour remettre en état l’établissement de la Maison de Vie… » (Posener 1936 : 22, l.43, en gras S. Qahéri).
Il est en de même du trésorier Ptahhotep, un autre dignitaire égyptien comptant parmi les favoris de la cour de Darius Ier151. Dans le texte de sa stèle du Sérapéum de Memphis (Paris, Louvre IM 1244)152, les deux titres effectifs de cet officier sont associés directement à la titulature de Darius153, ce qui suggèrerait le rattachement de Ptahhotep à l’administration centrale achéménide en Perse154. La mobilité des élites égyptiennes vers les résidences des Grands Rois est aussi largement démontrée pour la deuxième domination perse en Égypte (XXXIe dynastie). C’est ainsi qu’à l’instar de leur prédécesseur Oudjahorresnet, les médecins Ounnéfer, puis Samtoutefnakht furent envoyés en Perse pour y pratiquer des soins médicaux au bénéfice de la santé des derniers rois achéménides et de leur entourage (fig. 17)155. Un passage autobiographique des inscriptions de la tombe d’Ounnéfer à Saqqara renseigne sur l’exercice de ce praticien au sein même du complexe palatial de Suse156. À la même période, une inscription lacunaire égyptienne semble évoquer la présence du fils aîné du pharaon Nectanébo II (XXXe dynastie) à la cour perse avant qu’il ne regagne l’Égypte suite à la conquête d’Alexandre157. Dans le même ordre d’idées, la mention de noms ou de Fig. 17 – Inscription autobiographique gravée sur l’appui dorsal fonctions d’Égyptiens sur de rares monuments cultuels ou de la statue du magicien Samtoutefnakht funéraires158, mais aussi sur des cachets et empreintes de (© Naples, MAN 1035, d’après Tresson 1930 : pl. 2) sceau dans le centre de l’Empire, confirme l’engagement d’un cercle de hauts officiers égyptiens au service du pouvoir perse159.
149. Pour ce personnage et l’ensemble de ses monuments et occupations professionnelles, voir Pressl 1998 : 225-258, F9 ; Qahéri 2014 (vol. II) : 168-180, CP28. 150. Sur ce passage du texte, se reporter à Posener 1936 : 21-22, doc. 1, E. Voir également Briant 1993 = id. 2017 : 275-277 ; Sternberg-El Hotabi 2016 : 22. 151. Pour le dossier de Ptahhotep décoré des ornements perses sur sa statue de Brooklyn (BrM 37.353) se reporter à Cooney 1953 : 5-8 ; Zivie-Coche 1991 : 285. 152. Posener 1986 : 91-96 et pl. 15. 153. Ibid. : 95-96 ; Qahéri 2016 : 11, n. 41. 154. Cf. aussi Posener, 1986 : 95-96. 155. Pour ces deux praticiens spécialistes des guérisons magiques voir successivement Känel 1980 : 36-45 (inscriptions de la tombe d’Ounnéfer à Saqqara) ; Tresson 1931 : 369-391 et Perdu 1985 : 89-113 (inscription de la statue de Samtoutefnkaht à Naples, MAN 1035). Pour ce dernier monument, voir aussi Sternberg-El Hotabi 2016 : 29-30. 156. Känel 1980 : 44 : col. 16-18 du texte autobiographique, où le personnage décrit son arrivée en présence du souverain perse dans sa capitale susienne. Le toponyme mentionné dans le texte (2U:t dynasties perses).
Provenance La provenance renvoie à l’origine des objets. En l'absence de traces d'ateliers de production, elle reste toutefois difficile à déterminer pour une grande partie des pièces. Faute d’autres indices, les matériaux de fabrication, la typologie ou les éléments épigraphiques ont été considérés comme critères de provenance (perse ou égyptienne).
Matière Les objets du catalogue n’ayant pas pu être échantillonnés et analysés en laboratoire, il a été difficile de déterminer les matières de façon exacte. L’identification des pierres dures (attestées principalement pour les vases d’apparat) et d’autres matériaux repose essentiellement sur les données tirées des registres de musées et de fouilles ainsi que 188. À l’exception des inscriptions (cunéiformes et hiéroglyphiques) de la statue de Darius qui ont été reproduites dans plusieurs publications antérieures. Cf. infra [Cat. A 3.1] (bibliographie).
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des précédentes publications de référence189. Les deux variétés de la roche « albâtre » (calcaire-égyptien – CaCO3 et gypseux-oriental – CaSO4) ont été distinguées d’après leur aspect général sans avoir eu recours à un examen minéralogique190. Enfin, suivant les appellations conventionnelles, le terme « faïence » qualifie une pâte siliceuse recouverte de glaçure et celui de « bleu égyptien » une fritte dépourvue de glaçure et composée de quartz et d’un silicate mixte de cuivre et de calcium191.
Dimensions Les dimensions conservées de chaque objet sont indiquées en centimètres : H. (hauteur) ; l. (largeur) ; ép. (épaisseur) ; pr. (profondeur) ; D. (diamètre). Dans les cas où la reconstitution globale d’un monument était possible et quand celle-ci s’avérait significative pour la fonction de l’objet, une deuxième entrée précise les dimensions d’origine. Le poids en grammes n’est donné que pour de rares récipients complets.
Type Sous la rubrique « type » a été réuni l’ensemble des informations liées à la typologie et à l’aspect de chaque objet.
Technique Les caractéristiques relevant de la fabrication (taille, sculpture, modelage et autres) et de la transformation des pièces (gravures, incisions, ajouts, couleurs, etc.) sont signalées dans cette partie.
État de conservation Une courte note décrit l’état visuel de l’objet tout en indiquant des manques et dommages. Les restaurations modernes effectuées sur différentes parties de chaque pièce sont également notées.
Inscriptions Parallèlement aux fac-similés reproduits au début de la notice (cf. supra, « Illustrations »), lorsque la pièce porte une inscription, celle-ci est présentée en détail. Un premier registre indique la nature et le contenu du texte suivis de ses caractéristiques linguistiques et graphiques. Un second registre donne la ou les versions translittérées de l’inscription ainsi que sa traduction. Dans le cas des inscriptions multilingues, le texte égyptien est mentionné en premier lieu avant d’autres versions principalement en écriture cunéiforme. Les titulatures égyptiennes des souverains perses ont été distinguées sous deux types « A » et « B » suivant les formes établies par Georges Posener192. La translittération des noms de rois et de pays est également d’après Posener (1936 : 161-163 et 183-188) mais aussi Schmitt et Vittmann (2013 : 9, 25 et 57) pour les noms royaux. Aussi bien dans les fiches du catalogue que dans le texte, les sigles employés pour les inscriptions cunéiformes sont conformes à l’usage de l’épigraphie achéménide193. Dans la mention des textes cunéiformes, les trois versions de langues vieux-perse, élamite et babylonien (Lecoq 1997 ; Searight et alii 2008) ont été abrégées successivement en « vp. », « él. » et « b. ». La disposition du texte ainsi que le sens de l’écriture des signes hiéroglyphiques sont exposés à l’aide des IOqFKHVGHGLUHFWLRQĸĻĺ /HVODFXQHVOHVRPLVVLRQVHWOHVUHVWLWXWLRQVVRQWLQGLTXpHVVHORQOHVFRQYHQWLRQV typographiques adoptées dans l’usage égyptologique : (abc) mot restitué ; mot ajouté [abc] mot restitué dans une lacune […] lettre/mot en lacune ɅɆ mot dans un cartouche (?) lecture/traduction incertaine ou problématique
189. En particulier Schmidt 1957. 190. Pour la distinction entre l’albâtre calcaire (égyptien) et l’albâtre gypseux, voir Klemm et Klemm 2008 : 147-166 ; De Putter 2011 : 560-562. 191. Lucas et Harris 1962 : 156-167 et 340-343 ; Nicholson 1998 : 50-55 ; Caubet et Pierrat-Bonnefois 2005 : 13. Pour la composition des artefacts en « bleu égyptien » découverts à Persépolis, voir Matson 1957 : 133-135 ; Schmidt 1957 : 76. 192. Posener 1936 : 137-151 ; Qahéri 2012 : 322-327 ; Wasmuth 2015 : 218-222 (= ead. 2017 : 209-210). 193. Cf. Kent 1953 ; Lecoq 1997 : [11] et 179sq. ; Vallat 2010 : 300-317. La traduction des inscriptions concernées dans le texte est d’après Lecoq 1997.
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Objets égyptiens et égyptianisants d’époque achéménide conservés en Iran
Bibliographie La bibliographie comprend les publications principales (globalement peu nombreuses). Afin de faciliter la consultation, les références sont ici indiquées par ordre alphabétique et selon le système Harvard (nom et date). Pour la plupart des objets persépolitains issus des fouilles américaines, une entrée parallèle signale la présence des photos et registres de découverte dans la base de données de l’Oriental Institute (Collections ; Photographic Archives).
'ਏਃਕਅਔਁਓਓਏਃਉਪ Quand les pièces du catalogue sont jointives avec d’autres fragments, sous une rubrique nommée « Document associé », une deuxième zone a été ajoutée à la fin de la notice. Elle rassemble les principales données relatives aux objets qui peuvent se raccorder (lieux de conservation et de découverte, dimensions, inscriptions et sources bibliographiques) ainsi que leur reproduction photographique numérotées en « Fig. Cat. ».
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(A) Éléments architecturaux et sculpture 1. Décors architecturaux (1.1-1.10) 2. Reliefs et inscriptions (2.1-2.2) 3. Statuaire royale (3.1)
ņʃćĔɣĔįˈ˒ĄĿĄŅēĈĻģļĄĔĜĈəĤ (1.1-1.10) ŅēĈĻģļĄȦĈȱʠʩɔȻĄ.1 (2.1-2.2) łȲɚȮȺĄĿĄłȲėɉĔʨĄəɱȺ .2 (3.1)ĄņńĈɛĄĄŁĔįʠʪĄ.3
$ eඅඣආൾඇඍඌൺඋർඁංඍൾർඍඎඋൺඎඑൾඍඌർඎඅඉඍඎඋൾ A1 Parallèlement aux sources textuelles achéménides et aux récits d’auteurs classiques1, la contribution des artisans égyptiens à l’embellissement des palais perses peut également être appréhendée par les données archéologiques. Les témoignages conservés dans les collections iraniennes se rapportent principalement à deux types distincts de décors architecturaux travaillés en « bleu égyptien » et provenant de Persépolis. Le premier type comprend un ensemble de fragments de cornes découvert dans le palais « D »2 et appartenant à des statues monumentales ou à des chapiteaux composites, comme en attestent de nombreux exemplaires en pierre des salles hypostyles de Persépolis et de Suse3. Les fragments correspondent à neuf bases circulaires de cornes d’un diamètre compris entre 7,5 et 8,5 cm [Cat. A 1.1 – A 1.9]4. Les traces de mèches de crinière sur deux exemples [Cat. A 1.2 et A 1.5] laissent supposer que les cornes pouvaient, au moins pour certaines, orner la tête de lions5. Une mortaise d’attache carrée ou rectangulaire est ouverte au centre des bases : elle était sans doute destinée à recevoir un tenon saillant permettant de l’assembler avec une figure animalière en ronde-bosse. Comme pour d’autres éléments de décors architecturaux achéménides, ces bases portent sur le plat une ou plusieurs « marques d’artisans » relatives probablement à des modes de production et de pose des pièces jointives6 ou bien à l’organisation du travail des groupes d’ouvriers spécialisés7. Les marques gravées sur les cornes du palais « D » sont en caractères hiéroglyphiques égyptiens, plus au moins schématisés. Elles comportent au moins quatre principaux signes : la mèche tressée, la fleur de lotus, l’oie et une indication de chiffre8. Ces marques semblent témoigner de la participation directe de spécialistes égyptiens dans la conception des décors en fritte bleue dont les techniques relevaient d’une longue tradition en Égypte déjà bien avant la domination perse9. L’influence égyptienne dans l’ornementation architecturale est également perceptible à travers un deuxième type de décor en pâte bleue présent à Persépolis. Il s’agit très probablement d’une plaque murale [Cat. A 1.10] incisée du motif égyptianisant du faucon Horus, symbole divin de la royauté égyptienne10. L’oiseau royal aux ailes étendues y est représenté de face avec la tête tournée vers la droite dans un cadre composé de triangles colorés à l’origine11. Les prototypes de cette figuration frontale du faucon sont connus notamment dans l’art joaillier pharaonique à partir du Nouvel Empire12. La plaque du MNI, de forme carrée, devait être attachée à un support plat au moyen de deux grands trous de fixation à l’intérieur du cadre. On rencontre cette même disposition de montage pour de rares autres plaques similaires non décorées également découvertes à Persépolis (fig. 20,b)13. A2 Outre sur les talismans et objets de protection (infra, Cat. B), l’image du dieu Bès apparaît sur les fragments d’un grand relief [Cat. A 2.1] trouvés dans les alentours immédiats de la terrasse de Persépolis. Appartenant très probablement à un décor architectural, cette grande représentation frontale de Bès est à rapprocher des décorations de chapelles dédiées au culte de la fertilité ou de celles des mammisis (pr-ms.t « Maison de naissance ») d’époques tardives voués aux mystères 1. Cf. supra, p. 36-38. 2. Voir infra, p. 187, n.1. 3. Sur les chapiteaux à double protome d’animal ou de génie, voir Schmidt 1953 : 22 ; Ghirshman 1963 : 215-221 ; Curtis et Razmjou 2005 : 50-53 et 62-64 ; Ladiray 2010 : 204-205 et aussi Boucharlat 2010a : 377, fig. 436 (cornes en pierre à mortaise carrée). 4. D’autres fragments sans signes gravés sont également conservés dans les réserves du MAP. 5. Dans le même ordre d’idées, on rappelle la découverte, dans le même palais « D », des fragments de statues de lion également faites dans la pâte bleue. Cf. Schmidt 1953 : 269 ; id. 1957 : 73 et pl. 35, 4. Pour la figure de lions ou lions-griffons cornus dans l’art architectural et la sculpture perses, voir Schmidt 1953 : 22 et pl. 116 et 145 ; Ghirshman 1963 : 215-216 ; Daucé 2010 : 339. 6. Dans ce cadre, consulter notamment les marques d’artisans attestées sur les briques siliceuses ornementales à Suse (Daucé 2010 : 332-334 ; Hesse 2010 : 379). 7. Les marques gravées sur les pièces de sculpture et d’architecture en pierre sont liées au contrôle et à la gestion administrative des travaux (et non pas simples signatures des maîtres d’œuvres). Elles peuvent également signaler l’origine ethnique des groupes d’ouvriers impliqués dans les constructions perses, voir Nylander 1974 ; id. 1975 : 322-323. Cf. aussi Stronach 1978 : 21-22 ; Roaf 1983. 8. Cf. infra, p. 54 et 187, n. 2 et aussi Schmidt 1957 : 73-74. 9. Voir Matson 1957 : 133-135 ; Nicholson et Shaw 2000 : 108-110 ; Caubet et Pierrat-Bonnefois 2005. La production sur place de ces objets dans les capitales perses par des artisans spécialisés est aussi confortée par la découverte des dépôts du pigment « bleu égyptien » aussi bien à Persépolis qu’à Suse. Cf. supra, p. 43, n. 178 et aussi Schmidt 1957 : 133, n. 4. 10. Schenkel 1980 : 14-25 ; Bonhême et Forgeau 1988 : 63sq. et passim. 11. Sur le lien suggéré de ce motif avec le symbole d’Ahuramazda, consulter Luschey 1972. 12. Cf. infra, p. 60 et 187, n. 7 ; Luschey 1972 : 259 et n. 18 ; Andrews 1990 : 134-136. Pour les productions égyptianisantes, voir e.g. Dalton 1964 : 15, n° 33 (disques d’or d’époque perse, provenant du Trésor de l’Oxus – Londres, BM ANE 123935) ; Cluzan 2014 : 185 = Montet 1928-1929 : 166-167, n° 619-620 (pectoraux royaux provenant de Byblos – Paris, Louvre AO 9093). 13. Voir supra, p. 43.
Éléments architecturaux et sculpture
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de la naissance du dieu enfant et au culte royal14. Conformément à l’iconographie habituelle de Bès dans ces édifices, le relief fragmentaire de Persépolis devait à l’origine représenter le dieu nu, debout et bien campé sur ses jambes trapues. Il pouvait soit appuyer ses deux mains sur ses cuisses, soit empoigner des animaux néfastes et/ou lever un bras au-dessus de sa tête15. Malgré son état fragmentaire, il est possible de reconnaître certains traits stylistiques de la figure montrant des similitudes avec le masque de Bès sur la stèle d’Horus du MNI [Cat. B 5.1], ainsi qu’avec d’autres représentations tardives de ce dieu datées de la fin de la période pharaonique à l’époque ptolémaïque16. Le visage divin est finement travaillé en relief sur une surface plane. Le front est lisse et porte des plis, sans traces de mèches de crinière. Les yeux sont grands et allongés, les paupières surmontées de plis réguliers et les sourcils bien épais. Le nez est épaté et les grandes oreilles léonines, dont seulement une est aujourd’hui conservée, étaient dégagées. À l’intérieur de l’oreille, les touffes de poils sont marquées de façon stylisée sur deux rangées. La disposition des poils trouve des parallèles proches dans les reliefs bésoïdes ptolémaïques17. Le dieu montre les dents et tire la langue. Sa bouche épaisse est entourée d’une moustache tombante sur une large barbe à mèches ondulées. Les traces, actuellement perdues, de la base d’un mortier strié sur un des fragments18 attestent que la tête de Bès était surmontée de sa coiffe traditionnelle. Importé ou sculpté sur place, ce monument d’une grande qualité d’exécution, découvert en plein centre de l’Empire perse, pourrait révéler la pratique de rituels égyptiens à caractère médicomagique, peut-être dans le cadre même de la résidence royale19. Un petit fragment en pierre de provenance susienne, portant quelques signes hiéroglyphiques [Cat. A 2.2], constituerait un autre élément architectural des aegyptiaca de Perse. Il porte sur la face les bribes d’une inscription égyptienne dont le contenu semble évoquer une notion de délimitation géographique (ɈȓÕ « frontière »)20. Le texte semble être disposé en colonnes sans repères de séparation. Les caractères hiéroglyphiques, grossièrement gravés en creux peu profond, s’orientent de droite à gauche. Se rapportant à la première ou deuxième période perse21, ce fragment pourrait, du fait de son contenu, appartenir à un bloc ou à une stèle22. A3 La statue colossale de Darius Ier [Cat. A 3.1] est un exemple unique de l’art statuaire égyptien en ronde-bosse à effigie humaine trouvé dans le centre de l’Empire achéménide. Cette statue monolithique d'une hauteur de plus de 3 m à l’origine23, a été taillée en Égypte dans la pierre bekhen (grauwacke) du Ouadi Hammâmat24. D’après ses inscriptions dédicatoires, ce monument était probablement destiné au temple d’Atoum à Pithôm/Tell el-Maskhuta (Pr-Jtm) sur la frange orientale du Delta (carte 1 et 3)25. La consécration de l’effigie royale à cet endroit est sans doute liée à la commémoration des travaux de Darius pour le creusement du Canal des pharaons initié près d’un siècle plutôt par Néchao II (Hérodote, Histoires
14. Quibell 1907 : 12-14 et pl. XXVI-XXIX ; Haarlem 1995 : 74-75 ; Manniche 2015 : 209-232 (« chambres de Bès », cultes de fertilité) ; Daumas 1958 : 137-144 ; id. 1975 : 462-475 ; Kockelmann 2011 : 3 (mammisis). Cf. aussi Labrique 2011 (édifice d’époque saïte de caractère probablement mammisiaque à Ayn el-Mouftella dans l’oasis de Bahariya). Au-delà des reliefs et des stèles, on connaît également de grandes statues à l’effigie de Bès érigées dans les temples, voir Lauer et Picard 1955 : 7-8 et fig. 5 = Paris, Louvre N 437 (statue provenant du Sérapéum de Saqqara, date Nectanébo II, Dynastie XXX) ; Manniche 2015 : 225-226 et aussi Hawass 2000 : 169-173 (statue provenant d’El-Baouiti dans l’oasis de Bahariya, époque ptolémaïque). 15. Cf. réfrénces ci-dessus et aussi les diverses attitudes du dieu, mentionnées dans Tran Tam Tinh 1986 : 99-103 (reliefs). 16. Voir Daumas 1950 : 134-144, pl. I et VII (mammisi de Nectanébo Ier, Dendara) ; Gasse 2004 : 74-76, n° 13 (stèle magique ptolémaïque, Paris, Louvre E 929). Selon Romano (1989 : 781-782), le relief de Persépolis pourrait dater d’époque saïto-perse (Dynasties XXVI-XXVII) notamment compte tenu de la présence des plis sur le front et de la forme épaisse des sourcils. Cependant ces caractéristiques peuvent être également constatées dans l’iconographie ptolémaïque (références mentionnées ci-dessus). Étant donné la nature même du monument ainsi que l’ensemble de ses traits stylistiques, on peut suggérer une datation plus tardive. De date proche (fin IVe siècle av. J.-C.) mais associée à un contexte différent, la figure de Bès apparaît sur un relief de l’hérôon de Gjölbasch-Trysa en Lycie d’époque achéménide (Abdi 1999 : 118 et 138, n° 11.1 ; Daumas 2010 : 568 et fig. 3). 17. Daumas 1950 : pl. I et VII (décor de colonne, Dendara) ; Hawass 2000 : 172-173 (grande statue de Bès ptolémaïque). 18. Voir le cliché exposé dans Romano 1989 : 781-783, n° 271. 19. Pour le rôle de Bès dans les manipulations médico-magiques liées à la fertilité et la protection des nouveaux-nés, voir Tran Tam Tinh 1986 : 108 ; Pinch 1994 : 120-132 et Manniche 2015. 20. Sur ce terme correspondant aussi bien à une limite de champ/lieu et une division géographique ou administrative qu’un district ou une province et son lien, dans les textes officiels, avec la mise en place d’un bornage spatial, voir Lorton 1971 : 161, n. 11-12 ; Helck 1976 : 896 ; Goyon 1993 : 10sq. ; Wilson 1997 : 1123. 21. Cependant l’écriture même du mot ɈȓÕ(Wb V : 234,15 – 236,14) trouve des parallèles dans la documentation saïto-perse, voir Der Manuelian 1994 : 375 (stèle de l’an 13 d’Apriès) et aussi Posener 1936 : 55-56 ; 72 ; 76 (stèles du canal, Maskhuta et Kabret/Chalouf). 22. Comparer avec les exemples cités dans les notes précédentes 20-21 (supports des inscriptions concernées marquant un domaine territorial ou commémorant un acte bâtisseur ou donateur royal). 23. Stronach 1972 : 241; id. 1974 : 61. 24. Trichet et Poupet 1974 ; Trichet et Vallat 1990. Sur l’exploitation de la carrière du Ouadi Hammâmat dans le désert oriental à l’époque pharaonique et sous les Perses, voir Yoyotte 2010a : 268-269 ; Sternberg-El Hotabi 2016 : 23-27 et aussi Couyat et Montet 1912 ; Goyon 1957. 25. Pour le lieu de provenance de la statue de Darius, voir infra, p. 187, n. 14.
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Éléments architecturaux et sculpture
II, § 158-159)26. La statue est aujourd’hui brisée au niveau des genoux et toute sa partie supérieure est manquante27. Elle représente le roi debout, revêtu de la robe de cérémonie perse plissée à manches longues28. Il porte aux poignets des bracelets à section circulaire, ornés de têtes bovines, ornement royal bien attesté dans l’art aulique achéménide29. Les plis gauches de la robe ainsi que la base de la statue sont gravés d’inscriptions hiéroglyphiques. Celles-ci comprennent essentiellement l’éloge théologique de Darius, une dédicace au dieu Atoum et la liste des vingt-quatre pays conquis. Le nom de chaque contrée est mentionné dans un cartouche-forteresse surmonté d’une figure ethnique associée levant les mains en signe d’adoration30. Les contrées étrangères sont divisées en deux séries : celles de l'Est et du Nord du centre de l'Empire sont représentées à gauche alors que celles de l’Ouest et du Sud prennent place sur le côté droit de la base31. L’ensemble du texte de l’éloge s’apparente à celui du préambule de la stèle de Tell el-Maskhuta. Or, le symbole monarchique de « l’Union des Deux Terres » (RLȓɈȓ UW) et la figuration des pays englobés dans l’Empire sur la base de l’effigie royale sont identiques à ceux figurés dans le cintre des stèles du Canal32. Une inscription cunéiforme trilingue couvre le pan droit de la robe sur quatre lignes horizontales. Cet agencement en ligne rend la lecture du texte cunéiforme moins aisée que l’inscription hiéroglyphique disposée en colonnes. Le contenu du texte se rapporte à l’adoration d’Ahuramazda et à la glorification du roi ainsi qu’à l’exécution du monument en Égypte33. Le transfert de la statue en Élam et son installation contre le montant droit de la « Porte de Darius » à Suse peuvent être attribués au règne de Xerxès Ier (XSd). Les raisons de ce transfert sont probablement liées aux troubles que connaît l’Égypte à la fin du règne de Darius Ier 34. La découverte par Mecquenem (sur le tell de l’Apadana à Suse) de deux fragments de plis de robe appartenant à une statue colossale en calcaire gris35 suggère qu’une réplique en roche locale de la statue égyptienne de Darius devait être dressée près de l’autre côté de la porte de son palais de Suse36. L’inscription cunéiforme préservée sur les plis est également en faveur d’une telle interprétation37. Cette hypothèse peut par ailleurs être étayée par une petite statuette en pierre récemment repérée dans les magasins du musée de Téhéran, de provenance également susienne et dont l’aspect stylistique présente des similitudes avec la statue monumentale du roi38.
26. Sur l’emplacement de la statue de Darius sur le site de Pithôm en corrélation avec ses quatre stèles commémoratives le long du trajet du Canal, voir Bresciani 1998 ; Wasmuth 2017 : 155-156. 27. Sur la reconstitution de la tête du roi sur cette statue de style plus probablement perse, voir Stronach 1974 : 67 et n. 24 ; Azarpay 1994 ; Razmjou 2001 ; Perrot 2010e : 336-237 ; Wasmuth 2017 : 118-120. 28. Cf. aussi infra, p. 67. 29. Se reporter à diverses représentations de bijoux à tête animalière comme le décor des frises d’archers à Suse (Curtis et Razmjou 2005 : 87-88) ou bien les statues de hauts dignitaires égyptiens à l’époque perse : statue de Vatican, MGE 22690/196 (Grenier 1993 : 18-19, pl. 5) ; statue de Karlsruhe, BLM H.350 (Albersmeier 2007 : 164-165, 4.12) ; statue inachevée/modèle du Caire, ME CG 33301 (Edgar 1906 : 1 et pl. I). Les parallèles réels de tels ornements sont également connus parmi les données archéologiques, voir Frank 2010 : 366, fig. 419 (Paris, Louvre Sb 2761-62) ; Platz-Horster 2001 : n° 73 (Berlin, SM 1987.3). 30. Pour ce texte, voir infra, p. 67-69. 31. Yoyotte 1972 : 258-259; id. 1974 : 183 ; id. 2010a : 288-296. 32. Posener 1936 : 48sq. et pl. IV-VII ; Lloyd 2007 : 99-107 ; Yoyotte 2010a : 282-283 ; Wasmuth 2017 : 126sq. 33. Cf. infra, p. 69. 34. Vallat 1947b : 167-168 ; Yoyotte 2010a : 276. 35. Mecquenem 1947 : 47 et pl. V, 4-5. 36. Perrot 2010e : 239. 37. L’attribution du fragment d’un visage humain en ronde-bosse (trouvé sur le tell de l’Apadana à Suse) à la réplique de la statue égyptienne de Darius est à écarter compte tenu notamment de ses dimensions, voir ibid. : 236-237. 38. Voir infra, p. 187, n. 11.
Éléments architecturaux et sculpture
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A 1.1. Élément de chapiteau ou de statue MNI inv. n° 151 (2151) Découverte Persépolis, Palais D (?)1 Datation Basse Époque, XXVII-XXXIe dynasties Provenance Perse Matière Fritte « bleu égyptien » Dimensions H. 7,6 ; ép. 2-2,5 ; D. 7,5 Type Corne rattachée à la tête d’un animal ou d’un génie appartenant probablement à un chapiteau ou à une statue monumentale Technique Pièce moulée et incisée ; caractères hiéroglyphiques grossièrement gravés sur la base État de conservation Seule la base est conservée ; objet brisé, fragmentaire et restauré
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Inscriptions Marques d’artisans2 6LJQHVKLpURJO\SKLTXHVĺ Trois signes : mèche tressée, lotus et oie, accompagnés d’une indication chiffrée
Bibliographie Inédit.
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Éléments architecturaux et sculpture / Décors architecturaux
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A 1.2. Élément de chapiteau ou de statue MAP inv. n° 928 Découverte Persépolis, Palais D (?)3 Datation Basse Époque, XXVII-XXXIe dynasties Provenance Perse Matière Fritte « bleu égyptien » Dimensions H. 7 ; ép. 2-2,5 ; D. 7,5 Type Corne rattachée à la tête d’un animal ou d’un génie appartenant probablement à un chapiteau ou à une statue monumentale Technique Pièce moulée et incisée ; caractère hiéroglyphique grossièrement gravé sur la base État de conservation Seule la base est conservée ; objet brisé, fragmentaire et restauré Inscriptions Marque d’artisans 6LJQHVKLpURJO\SKLTXHVĺ Signe de lotus
Bibliographie
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Inédit.
Éléments architecturaux et sculpture / Décors architecturaux
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A 1.3 – A 1.6
MAP 927
MAP 937
MAP 938
MAP 939
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Éléments architecturaux et sculpture / Décors architecturaux
A 1.3 – A 1.6. Éléments de chapiteau ou de statue MAP inv. n° 927 MAP inv. n° 937 MAP inv. n° 938 MAP inv. n° 939 Découverte MAP 937 : Persépolis, Palais D (PT5 833) ; les autres fragments MAP 972 ; MAP 938 et MAP 939 proviennent vraisemblablement du même secteur4. Datation Basse Époque, XXVII-XXXIe dynasties Provenance Perse Matière Fritte « bleu égyptien » Dimensions MAP 927 : H. 6,4 ; ép. 2,5 ; D. 7,5 MAP 937 : H. 4,2 ; ép. 2,3 ; D. 7,5 MAP 938 : H. 6,5 ; ép. 2,2 ; D. 8,5 MAP 939 : H. 8 ; ép. 2 ; D. 7,5 Type Cornes rattachées à la tête d’un animal ou d’un génie appartenant probablement à un chapiteau ou à une statue monumentale Technique Pièces moulées et incisées ; caractères hiéroglyphiques grossièrement gravés sur la base État de conservation Seul un fragment de la base de chaque objet est conservé ; traces de feu sur la surface
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Inscriptions Marques d’artisans 6LJQHVKLpURJO\SKLTXHVĺ MAP 927 : indication chiffrée MAP 937 et MAP 938 : oie MAP 939 : indication chiffrée
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Bibliographie Schmidt 1957 : 73 et fig. 11, C [A 1.4]. OI-IDB : https://oi-idb-static.uchicago.edu/multimedia/76204/PT5-833_Field_Registration_Card.pdf Inédit [A 1.3 ; A 1.5-6].
Éléments architecturaux et sculpture / Décors architecturaux
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A 1.7 – A 1.9
MAP 941
MAP 943
MAP 947
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Éléments architecturaux et sculpture / Décors architecturaux
A 1.7 – A 1.9. Éléments de chapiteau ou de statue MAP inv. n° 941 MAP inv. n° 943 MAP inv. n° 947 Découverte MAP 943 : Persépolis, Palais D (PT5 832) ; les autres fragments MAP 941 et MAP 947 proviennent vraisemblablement du même secteur5. Datation Basse Époque, XXVII-XXXIe dynasties Provenance Perse Matière Fritte « bleu égyptien » Dimensions MAP 941 : H. 6 ; ép. 1,5 ; D. 7,5 MAP 943 : H. 3,3 ; ép. 2,2 ; D. 7,5 MAP 947 : H. 5,9 ; ép. 2,5 ; D. 7,5 Type Cornes rattachées à la tête d’un animal ou d’un génie appartenant probablement à un chapiteau ou à une statue monumentale Technique Pièces moulées et incisées ; caractères hiéroglyphiques grossièrement gravés sur la base État de conservation Seul un fragment de la base de chaque objet est conservé.
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Inscriptions Marques d’artisans 6LJQHVKLpURJO\SKLTXHVĺ MAP 941 : mèche tressée MAP 943 et MAP 947 : oie
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Bibliographie Schmidt 1957 : 73 et fig. 11, D [A 1.8]. OI-IDB : https://oi-idb-static.uchicago.edu/multimedia/76203/PT5-832_Field_Registration_Card.pdf Inédit [A 1.7 ; A 1.9].
Éléments architecturaux et sculpture / Décors architecturaux
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A 1.10. Applique murale MNI inv. n° 436 (2436)6 Découverte Persépolis, partie nord de la salle des 32 colonnes (fouilles A. Sami, 1948) Datation Basse Époque, XXVII-XXXIe dynasties Provenance Perse Matière Fritte « bleu égyptien » Dimensions H. 12,5 ; l. 12,5 ; ép. 1 Type Applique murale en forme de plaque carrée munie de deux trous de fixation, décorée d’une figure égyptianisante représentant le faucon-Horus coiffé du disque solaire avec les ailes déployées et tenant entre ses serres le signe ÕM emblème de l’éternité (simplifié ici en un cercle)7 ; le plumage du corps est représenté par des stries et le motif central est entouré d’un cadre composé de triangles en creux. Technique Plaque moulée et travaillée sur une face ; décor estampillé/incisé ; traces de pigments blanc, rouge et vert à l’intérieur du motif central ; les triangles du cadre contenaient vraisemblablement des incrustations reprenant les mêmes couleurs8. État de conservation Complet ; cassures sur les bords par endroits
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Inscriptions Aucune
Bibliographie
ņĘĈəʃĄɌĈˋİ
Curtis et Razmjou 2005 : 95, n° 77 ; Luschey 1972 ; Sami 1952 : 74-77, n° 5 et fig. entre pages 72-73 ; id. 1966 : 96-97, n° 12 et pl. [14] ; 7000 years 1964-1965 : 29, n° 459.
60 ÔÔÛ
Éléments architecturaux et sculpture / Décors architecturaux
A 2.1. Partie de relief ou de stèle monumentale jointif avec un autre fragment (Fig. Cat. 1) MNI inv. n° 233 (2233) Découverte Persépolis, zone de découverte inconnue (PUA 18) Datation Basse Époque, XXVI-XXXIe dynasties Provenance Égypte ou Perse Matière Roche calcaire (?) Dimensions H. 19 ; l. 14,7 ; ép. 6,5-7,3 Type Élément d’un grand relief mural ou d’une stèle représentant le dieu Bès debout ; le monument faisant probablement partie d’une construction à caractère médico-magique9. Technique Haut relief ; gravure soignée ; les traits du visage divin sont représentés en détail. État de conservation Seul un fragment de la partie gauche du visage est conservé ; la pièce se raccordait à un autre fragment, aujourd’hui inaccessible, trouvé en dehors de la terrasse de Persépolis (Fig. Cat. 1). Inscriptions Aucune
Bibliographie
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ņĘĈəʃĄɌĈˋİ
Abdi 1999 : 118 et 138, n° 11.3 (où 11.3 err. OIM) ; id. 2002b : 151, fig. 23 (où fig. 23 err. MNI, n° P-180) et 158, n° 11.2-3 ; Romano 1989 : 781-782 (mention) ; Wasmuth 2017 : 93-94. OI-Photographic Archives, Persepolis Terrace / Sculpture P 58313 : https://oi.uchicago.edu/gallery/sculpture#6G4_72dpi.png
Éléments architecturaux et sculpture / Reliefs et inscriptions
61 ÔÔÚ
A 2.1
Fig. Cat. 1
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Document associé Objet non localisé (anciennement MNI, inv. inconnu) Découverte : Persépolis – en dehors de la terrasse, plaine ouest (travaux A.B. Tilia en 1974-1975) Dimensions : np Inscriptions : aucune
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Cf. Abdi 1999 : 118 et 138, n°. 11.2 ; id. 2002b : 151, fig. 24 et 158, n° 11.2 ; Leclant 1979 : 401, III.2 ; Romano 1989 : 781-783, n° 271 [vignette Fig. Cat. 1] ; Wasmuth 2017 : 93-94.
62 ÔÔÙ
Éléments architecturaux et sculpture / Reliefs et inscriptions
A 2.2. Fragment de stèle ou de bloc MNI inv. s.n.10 Découverte Suse, zone de découverte inconnue Datation Basse Époque, XXVII-XXXIe dynasties Provenance Perse Matière Grès (?) Dimensions H. 5 ; l. 5,5 ; ép. 1-2 Type Fragment d’une inscription hiéroglyphique appartenant probablement à une stèle ou un bloc Technique Inscription gravée peu profondément ; facture peu soignée ; agencement espacé et inhabituel des caractères État de conservation Égratignures sur toute la surface Inscriptions Partie d’un texte égyptien probablement en colonne 7H[WHKLpURJO\SKLTXH&ROĻĺ (1) […]ɈȓÕ[…] (2) […] [Ɉȓ]Õ UM[…