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French Pages 91 [93] Year 2022
Études avestiques et mazdéennes vol. 9 Complémentarité des deux dernières Gâthâs (Y51 et Y53-54.1)
collection dirigée par Pierre Briant,
persika 24
Jean Kellens
chaire d’histoire et civilisation du monde achéménide et de l’empire d’Alexandre. Collège de France
PEETERS
ÉTUDES
AVESTIQUES ET MAZDÉENNES
VOL. 9
24 o
Collection Persika n 24 Études avestiques et mazdéennes vol. 9 Complémentarité des deux dernières Gâthâs (Y51 et Y53-54.1)
Conception graphique : Thierry Sarfis Réalisation : Franck Monnier
Peeters Bondgenotenlaan 153 3000 Leuven Belgique [email protected] www.peeters-leuven.be ISBN 978-90-429-4952-2 eISBN 978-90-429-4953-9 © Peeters, 2022 D/2022/0602/90
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Études avestiques et mazdéennes vol. 9 Complémentarité des deux dernières Gâthâs (Y51 et Y53-54.1) Jean Kellens
PEETERS LEUVEN – PARIS – BRISTOL, CT 2022
Pour Céline Redard en témoignage de reconnaissance
Avant-propos Les principes directeurs qui ont guidé mes articles de 2013a et de 2014b sur la Gâthâ ahunauuaitī, le volume 6 de cette collection sur la Gâthâ uštauuaitī et le volume 7 sur la Gâthâ spǝtā.mainiiu n’ont pas varié. Les Gâthâs sont un texte beaucoup plus complexe que la plainte sempiternelle d’un prédicateur ressassant de strophe en strophe que ses partisans sont bons et que ses adversaires sont mauvais. Arrivé au terme de l’entreprise, j’ai la conviction non d’avoir compris Zaraϑuštra mieux que personne, mais d’avoir discerné que les “Problemwörter” ne pouvaient être éclairés que s’ils étaient examinés non dans le cadre étroit de la strophe où ils sont attestés, mais dans la dynamique d’ensemble de la Gâthâ. J’ai aussi la conviction que les interprétations que j’ai risquées selon ce principe sont, pour beaucoup, imprécises et, pour certaines, fausses. Mais les limites d’un esprit humain n’invalident pas une méthode. Ce volume observe les mêmes conventions de désignation des textes que les études citées ci-dessus : Gâthâ ahunauuaitī (GA : Y28-34), Gâthâ uštauuaitī (GU : Y43-46), Gâthâ spətā.mainiiu (Y47-50), Gâthâ vohuxšaϑrā (Y51), Gâthâ vahištōišti (Y53), Yasna haptaŋhāiti (YH 35.2-41). Les textes vieil-avestiques sont représentés par TVA (Kellens et Pirart 1988, 1990, 1991) et les Études avestiques et mazdéennes par EAM.
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1Le Yasna 51 : un monohâtisme relatif À la faveur de sa longueur relative (22 strophes), la Gâthâ vohuxšaϑrā (Y51) passe par presque tous les motifs obligés communs à chaque Gâthâ polyhâtique (liste dans EAM 6 : 7-9 et 7 : 9) : 1. Le « catalogue » des noms-propres » (11 à 19) est avec celui de la GU (Y46) le plus long et le plus rhétoriquement complexe du corpus gâthique. 2. Le « moment sacrificiel » n’est pas massif, mais partagé pour former clôture en insérant la Gâthâ entre le temps des libations (1. īžā° - 2. ištōiš) et l’affirmation insistante du sacrifice (20. yazəmnŋhō - 22. yesnē … yazāi). 3. Il n’y a pas d’interaction explicite entre la daēnā et le ou les saōšiiat, car saōšiiat n’est pas attesté dans le Y51, mais une vaste zone daēnā peuplée d’entités féminines (16-21) semble introduite par 15. sauuāiš et conclue par 20. sauuō. 4. Le vocatif mazdā coexiste avec le nominatif ahurō dans la strophe 3. 5. La « strophe de la damnation » est intégrée au catalogue des noms-propres, mais en introduction et dédoublée (13-14). 6. La « formule du feu » de 51.9 est commentée dans EAM 7 : 20-29. 7. Le rassemblement des six futurs Amə a Spəta récents n’est pas une donnée immédiate, mais se constitue en un processus complexe qui va de 2 à 4, puis à 7. 8. Il n’y a pas de « catalogue psychologique », mais daēnāet uruuan- sont mentionnés ensemble en 13, comme il est d’usage dans les strophes de la damnation (Kellens 2013a : 79).
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9. La mention de Zaraϑuštra dans la strophe 11, la dernière d’un volet de diptyque hendécastrophique, s’apparente à celle dans la dernière strophe de hāiti des Gâthâs polyhâtiques. Par contre, font entièrement défaut : 1. Le mąϑra initial mentionnant Ahura Mazdā au nominatif. 2. La constatation par la strophe finale d’un ahu devenu ou en voie de devenir fraša. 3. La dissertation sur le mainiiu, le mot même n’étant attesté que par la strophe 7. L’assemblage de la triade penséeparole-action qui lui est concomitante a cependant lieu deux fois, en récurrence presque symétrique, la première en alternance (3), la seconde coincidante (21) avec le rassemblement du noyau dur des entités (2 et 21). La Gâthâ est si clairement formée de deux parties égales et fortement caractérisées que les diascévastes eussent pu, s’ils l’avaient voulu, la disposer en deux hāitis hendécastrophiques concaténées par le nom de Zaraϑuštra (11. spitamāi zaraϑuštrāi – 12. zaraϑuštrəm spitāməm). Cela n’aurait pas manqué d’allure, mais aussi, en l’état des choses, Zaraϑuštra occupe massivement l’omphalos. Le trait distinctif majeur entre ces deux parties est l’invocation continue d’Ahura Mazdā au vocatif dans la première, sa présence permanente au nominatif ou au génitif après trois strophes vides (12-14) dans la seconde. Les rares exceptions appartiennent à une catégorie stylistique bien répertoriée (6, 17 et 18). La première partie pratique modérément la concaténation lexicale. On relève 2. paouruuīm- 3. pouruiiō, la récurrence asymétrique 5. ərəšuuō … cistā – 11. acistā … ərəšuuō et la concaténation alternante 5. gąm – 6. akā aiiō- 7. gąm – 8. akōiiā. Dans le second volet, la concaténation est systématique et complexe : 12. pərətāu zīmō … aštō – 13. cinuuatō pərətāu
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… nąsuu ; 13. xvāiš iiaōϑanāiš – 14. xvāiš iiaōϑanāišcā ; 14. drūjō dəmānē – 15. garō dəmānē ; 15. magauuabiiō – 16. magahiiā ; 16. nąsa – 17. āždiiāi ; 17. xšaiiąs – 18. xšaϑrəm ; 18. vīdō – 19. vaēdəmnō ; approximativement 16. cistīm – 18. cistīm. À partir de 18, un écho enserre la concaténation directe : 18. rapə̄n – 20. rafəδrəm, puis 20. uxδā – 21. uxδāiš et 20. və̄.nə̄ … yazəmnƗծƾhō – 22. yesnē … yazāi vatā. On notera aussi l’écho interne et contrasté 13. a ahiiā nąsuu paϑō – 16. nąsa vaŋhuš padəbīš manaŋhō suivi de la série étymologiquement apparentée ou assonnante 17. išiiąm – 18. ištōiš – 19. išasąs qui introduit directement aux concaténations imbriquées de 18 à 22. Trois procédés assurent la cohésion des deux volets : 1. Deux récurrences symétriques de clôture soulignent le sens profond de la Gâthâ, la première lexicale (1. vahištəm – 22. vahištəm), la seconde thématique (la réunion du noyau dur des entités en 2 et 21). Elles sont liées à l’anneau périphérique que forme le thème du xšaϑra (1 à 6, puis 18 à 22). 2. Quelques récurrences asymétriques, parfois aux limites de la symétrie, sont enserrées par le complexe 1. vairīm – 2. ištōiš – 18. ištōiš … vərətē ; 4. ārōiš ā – 14. ārōiš ā ; 5. dāϑaēibiiō – 14. dātōibiiascā ; 5. xšaiiąs – 17. xšaiiąs ; 6. aŋhuš – 19. ahūm ; 7. sŋhē – 14. sghāišcā … sghō. S’y ajoutent les échos en rebond : 2. sauuaŋhō – 9. sauuaiiō – 15. sauuāiš – 20. sauuō ; 5. magāi – 11. magāi – 15. magauuabiiō – 16. magahiiā ; 5. a iuu - 10. a ī – 21. a īm ; 5. gąm … nəmaŋhā – 7. gąm – 14. gauuōi – 20. nəmaŋhā. On notera que récurrences et rebonds ont fréquemment pour point de départ la strophe 5. 3. Il y a des facteurs de transition : a. la strophe quasi ombilicale 11 est à la fois la dernière à s’adresser à Ahura Mazdā au vocatif et, d’une certaine manière, la première
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du catalogue des noms-propres ; b. La zone « blame » chevauche, de 8 à 14, les deux volets du diptyque ; c. La strophe 8 (puis 10-11) introduit dans le débat un intervenant humain distinct de ceux du catalogue et désigné comme nar « l’Homme », un motif qui conflue, en 19 et 21, avec l’ultime réunion du noyau dur des entités et la réapparition du thème du xšaϑra. Tel était peut-être le but même de la Gâthâ. 1.1 Rendre « très bon » le « bon » Pouvoir d’Ahura Mazdœ pour accéder à l’immortalité (Y51.1-7)
Y51.1
vohū xšaϑrəm vairīm, bāgəm aibī.bairištəm vīdīšəmnāi īžācī, a ā atarə.caraitī iiaōϑanāiš mazdā vahištəm, ta n nūcī varəšānē
Quelques hypothèses raisonnables permettent de surmonter les réticences de TVA III et de combler les lacunes de la traduction de TVA I. a: Que vairīm qualifie xšaϑrəm est suggéré par le parallélisme avec Y27.13 (Ahuna Vairiia), autre strophe initiale de Gâthâ, yaϑā … vairiiō aϑā ratuš … xšaϑrəmcā, où il y a accord avec le plus rapproché. b: vīdīšəmnāi est objet indirect de aibī.bairištəm, le superlatif pouvant exercer des prérogatives verbales. Sur vī + dā et ses dérivés, voir Tremblay 2006 : 259 n. 86. L’idée de « dissociation » s’accorde bien avec bāgəm, qui justifie la voix moyenne, et elle anticipe sur la formule du feu de 51.9.
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b’ :
c:
c’ :
l’interprétation de atarə.caraitī comme ind. prés. de atarə + car : °cara- « pénétrer », comme expression du mouvement, évoque Y50.8 padāiš … īžaii « avec les pas de l’īžā » (cf. scr. íāyas páde). je postule la coloration résultative de aibī.bairištəm et de vahištəm comme qualificatifs de xšaϑrəm. La relégation du deuxième en fin de proposition met en relief la gradation de vohu- en vahišta-. il se peut que tat̰ reprenne ší iaōϑanāiš en un jeu stylistique qui affecte l’objet d’une variation singulier/pluriel similaire à celle du sujet (n … varəšānē), mais il est plus vraisemblable que ta se réfère d’une manière générale à la situation qui vient d’être évoquée comme, dans Y43.1, ta mōi d aux deux infinitives utaiiūitī təuuīšīm ga.tōi et a əm dərəidiiāi. La première strophe du Y51 est programmatique.
« La libation-de-lait imprègne selon l’Agencement le bon Pouvoir qu’il faut choisir, pour qu’il apporte au mieux sa part à celui qui cherche à opérer la dissociation et que, grâce aux actes (de celui-ci), ô Attentif, (de bon, il devienne) très bon. C’est cela que je veux à présent entreprendre à notre profit ». Y51.2
tā v mazdā paouruuīm, ahurā a āi.yecā taibiiācā ārmaitē, dōišā mōi ištōiš xšaϑrəm xšmākəm vohū manaŋhā, vahmāi dāidī sauuaŋhō
D’une manière générale, je maintiens la critique de la version Pirart des TVA que j’ai développée en 1994 (Kellens 1994 : 91). a: quoique l’hypothèse d’une complémentarité 1. vahištəm … 2. paouruuīm soit tentante, la
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solution la plus vraisemblable est que tā renvoie à iiaōϑanāiš et que paouruuīm soit adverbial. La correspondance de pluriel à pluriel est ouverte dès lors que 1. ta, en fonction indéterminée, ne signale pas le passage de iiaōϑana- au singulier. b’ : la même succession des offrandes īžā- et īšti- a lieu de 49.10 à 12 (notons que īžā- n’apparaît que dans la GS, le Y51 et le YH). cc’ : le rapport du possessif de la 2e plur. xšmākəm et de la 2e sing. de l’imp. dāidī paraît étrange. Sans doute stylistiquement voulu, il s’explique du fait que xšmākəm réunit ceux que désignent v et taibiiā°, tandis que dāidī s’adresse à la seule Ārmaiti. xšmākəm … sauuaŋhō est éclairé par Y28.9 xšaϑrəmcā sauuaŋhąm (autre strophe en VIc). Étrangement, vahmaest souvent affecté d’une lourde marque possessive de la 2e plur. : aussi 34.2 xšmāuuatō vahmē, 45.10 xšmāuuatąm vahmāi.ā, 50.7 vahmahiiā yūšmākahiiā et 50.10 xšmākai … vahmāi, soit 5 attestations sur 10. Ici, il y a toutefois hypallage de l’objet indirect à l’objet direct, ou haplologie. Y51.2 combine trois aspects de l’invocation divine caractéristiques du Y28 : 1. Le Y28 (3, 6, 9) et le Y 51 (2, 15) réunissent à eux seuls 5 attestations sur 13 de la structure vāyav indraśca (VIc). Mise à part celle de Y49.6, les sept autres appartiennent à la GA. 2. Y28.3 et Y51.2 procèdent à un rassemblement presque immédiat des entités du noyau dur fondu dans la structure VIc. 3. Dans le Y28, ce rassemblement est suivi de la dislocation du corps des entités, à qui sont adressées des demandes spécifiques (Kellens 2014a : 167). Dans Y51.2, la dislocation est inextricablement liée au rassemblement lui-même et inscrite dans la structure VIc avec le passage
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de v à taibiiācā, puis à leur synthèse dans xšmākəm … dāidī. L’effet du Pouvoir des dieux est obtenu par le Pouvoir du rite, ici de l’offrande-īšti, en une sorte de troc avec la Bonne Pensée du sacrifiant. Le même échange Pouvoir-Bonne Pensée est clairement le sujet de Y43.6 (EAM 6 : 32-33). « Ces (actes) sont d’abord pour vous, ô Maître Attentif et Agencement. Quant à toi, ô Juste-pensée, je veux te montrer le Pouvoir de mon offrande-īšti et le vôtre, que vous exercez sur l’épanouissement, donne-le au chant-d’adoration pour prix de la Bonne Pensée ! ». Y51.3
ā v guš.ā hmiiatū, yōi v iiaōϑanāiš sārətē ahurō a ā hizuuā, uxδāiš vaŋhuš manaŋhō yaēšąm tū pouruiiō, mazdā fradaxštā ahī
ahurō est le problème central de la strophe. Ce nom. sing. est situé hors de la proposition principale a et n’a pas de place dans la relative a’-b’. Le corriger en vocatif est non seulement arbitraire, mais n’offre pas de solution rassurante : *ahurā figurerait sans ancrage dans une autre proposition que mazdā ancré. Que le sujet de hmiiatū soit intégré à la relative n’est peut-être pas une bizarrerie rédhibitoire dès lors que cette relative représente l’objet de la principale. Le maintien de ahurō offre au Y51 une strophe où un Ahura anonyme au nominatif s’associe à Mazdā au vocatif, comme il y en a une dans chaque Gâthâ polyhâtique (Y33.5, 43.3, 48.3). Dès lors : a : Je maintiens l’analyse de TVA III avec l’alternative que gə̄uš.ā ne soit pas le cri par lequel on fait avancer les chevaux, mais, comme régulièrement scr. ghóa-, le bruit des pierres à pressurer, hypothèse complémentaire de celle qui reconnaît
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Haoma dans l’Ahura adventice de Y43.3 (EAM 6 : 25-27) et de 48.3 (EAM 7 : 34-35). b : hizuuā.uxδāiš est probablement une adaptation didactique secondaire de *hizū.uxδāiš (EAM 7 : 13-14). cc’ : Après avoir procédé aux trois offrandes consécutives de l’īžā, de l’īšti et du haoma, le chantre s’apprête à faire siennes les préoccupations qui furent celles d’Ahura Mazdā lors du sacrifice cosmogonique, en commençant par assumer les questions initiales que le dieu s’est posées. Est-ce pour mieux se fondre dans le mimétisme qu’il va, jusqu’à la strophe 7, abandonner l’usage de la 1re personne ? « Que le Maître, par le heurt (des pierres), indique la direction jusqu’à vous à ceux qui s’unissent à l’Agencement par les actes et les paroles que leur dicte la Bonne Pensée et dont tu es, ô Attentif, l’antique propulseur ! » Y51.4
kuϑrā ārōiš ā fsəratuš, kuϑrā mərəždikā axšta kuϑrā yasō.iin a əm, kū spətā ārmaitiš kuϑrā manō vahištəm, kuϑrā ϑβā xšaϑrā mazdā
Cette strophe reproduit les questions qu’Ahura Mazdā s’est posée lors du sacrifice primordial et auxquelles il a répondu en créant les entités. Le chantre les reprend à son compte en en déviant la finalité : comment son propre sacrifice aura-t-il accès aux entités ? De la sorte, il substitue les interrogations en kuϑrā à ā v de la strophe précédente et on notera que, fidèle à son propos initial, il laisse à Ahura Mazdā la propriété exclusive de Xšaϑra. Celui-ci est bien au centre de ses préoccupations et le restera de manière explicite deux strophes encore (5. xšaiiąs, 6. xšaϑrā).
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Le noyau dur est élargi de deux entités mythologiquement féminisées qui ne sont pas Hauruuatāt et Amərətāt. L’une, Fsəratū, fait partie du groupe des six qui se constitue dans les strophes 4 et 5 de YH37. L’autre, Mərəždikā, est inédite, mais on remarquera que le seul dérivé vieilavestique de maržd « avoir pitié », la 2e plur. imp. prés. A. mərəždātā (Y33.11), se situe aussi en contexte haomique, si je ne me méprends pas sur le sens de ādā- (mərəždātā mōī ādāi kahiiācī paitī « ayez pitié de moi lors de chaque libation-de-haoma ! »). Mieux vaut laisser ārōiš ā fsəratuš à son irréductible obscurité. « Où [ārōiš ā] Fsəratū ? Où vient s’installer la Pitié ? Où (toutes deux) glorifient-elles l’Agencement ? Où est la faste Juste-pensée ? Où est la très Bonne Pensée ? Où (sont-ils) selon ton Pouvoir, ô Attentif ? ». Y51.5
vīspā tā pərəsąs yaϑā, a ā hacā gąm vīda vāstriiō iiaōϑanāiš ərəšuuō, hąs huxratuš nəmaŋhā y dāϑaēibiiō ərəš ratūm, xšaiiąs a iuu cistā
L’ordre des mots vīspā tā que nous jugions inusuel dans TVA III n’est peut-être pas une difficulté réelle car tous les contre-exemples sont ou en coordination (34.10, 49.5) ou en corrélation (43.14, 46.10). Deux facteurs, certes eux-mêmes troublants, ouvrent la voie à une analyse plausible : 1. La proposition participiale est inusitée en vieil-avestique. Le seul autre exemple possible, 29.5 frīnəmnā, non seulement est peut-être accompagné de la 1re duel imparf. A. 1ah : ahuuā pour āhuuā (Kellens 1984 : 86 n. 1), mais a un sujet explicite (m uruuā gušcā azii « mon âme et (celle) de la vache pleine »). Or, on ne peut attribuer à
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pərəsąs un sujet, de quelque personne que ce soit, qu’il n’a pas. 2. Une particularité sans doute décisive de la strophe est l’absence combinée de la 1re sing. et du vocatif adressé à Mazdā. Ces deux observations me semblent inviter à faire de vāstriiō, seul nom. sing. disponible, à la fois le sujet de pərəsąs, de vīda, de hąs et l’antécédent de y. Ce qui implique la syntaxe suivante : 1. yaϑā introduit une interrogative indirecte a’ en asyndète avec tā, l’objet interne de pərəsąs qui se réfère aux questions de la strophe précédente (« en posant toutes ces (questions et celle de savoir) comment… »). 2. La proposition principale abb’ est nominale et son sujet vāstriiō a pour attribut la proposition relative cc’ dont il est l’antécédent (« le pâtre… est celui qui a compris… »). Dans cette strophe sans 1re ni 2e personne, en vāstriiō peuvent se confondre le pâtre du sacrifice primordial et celui du sacrifice en cours. Comment Ahura Mazdā, dans sa fonction de victimaire du sacrifice cosmogonique, a-t-il pu trouver une vache à immoler alors que l’existence des entités primordiales elles-mêmes restait un objet d’interrogation ? La réponse figure dans la strophe 7 : il l’a fabriquée (y gąm tašō). Ce faisant, il a fait preuve de la haute qualification rituelle qu’exprime le vers bb’ et donné à ceux qui lui succéderont l’exemple de la bonne dynamique sacrificielle. Dans le contexte de l’offrande carnée, le ratu de 51.5 est très certainement celui de Y29.2 et 6, c’est-à-dire le moment adéquat pour procéder à la crémation, que Y31.2 ratūm… aii ąsaii définit comme celui de faire la part des dieux et la part des hommes (EAM 7 : 28-29). Toutefois, la substitution du déterminant duel a iuu « les deux mises en route » à
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ąsaii « les deux portions » consiste peut-être à réunir les deux phases constitutives du sacrifice sanglant, la mise à mort et l’offrande au feu, ce moment que l’âme de la vache immolée attend impatiemment. Mais il y a aussi autre chose que nous proposent les nombreuses concordances lexicales entre Y43.5 et Y51.5-6 : … hiia ϑβā aŋhuš, ząϑōi darəsəm paouruuīm hiia d … akəm akāi, vaŋvhīm a īm vaŋhauuē ϑβā hunarā, dāmōiš uruuaēsē apmē La variante hiia d… akəm akāi, vaŋvhīm a īm vaŋhauuē de 51.6 y vahiiō vaŋhuš dazdē … a ahmāi akā aiiō donne à penser que a iuu désigne les deux destins contrastés que va mentionner la strophe suivante. Le poète aurait-il ménagé une savante confusion entre les deux opérations de l’offrande carnée et le sort différent réservé à celui qui fait bien et à celui qui fait mal (Kellens 1994 : 41-42) ? « En posant toutes ces (questions et celle de savoir) comment trouver la vache conforme à l’Agencement, en se montrant à la hauteur par ses actes et très apte à rendre l’hommage, le pâtre a pu, pour ceux qui respectent les dispositions-rituelles, avoir l’intuition du temps-rituel des deux mises-en-route ». Y51.6
aa’ :
y vahiiō vaŋhuš dazdē, yascā hōi vārāi rāda ahurō xšaϑrā mazd, a ahmāi akā aiiō y hōi nōi vīdāitī, apmē aŋhuš uruuaēsē Sur le faux relatif y substitué à l’antécédent en corrélation d’opposition avec at̰ , voir TVA II
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b :
c’ :
113-115 et, sur °cā comme marque de changement d’antécédent, TVA II 160. La voix moyenne de dazdē est surprenante (« Mazdā donne ce qu’il a de meilleur que bon… » ?). ahurō xšaϑrā mazd renvoie, de manière visible par son instrumental, à 4 c’ kuϑrā ϑβā xšaϑrā mazdā et révèle ce que Mazdā a le pouvoir de faire, 5. xšaiiąs assurant la transition entre la question de 4 et la réponse de 6. Ahura Mazdā est mentionné au nominatif parce que la strophe est ce que j’ai appelé une « formule séparée » expliquant en quoi consiste « le temps-rituel des deux misesen-route » (Kellens 1994 : 41-42). ahu-, qui est inséparable de ratu-, clôture la strophe. Le sens de uruuaēsa- « tournant » dans son emploi imagé n’est pas facile à préciser en vieil-avestique. Ses deux attestations sont au locatif et qualifiées par apma- « dernier », mais déterminées par un génitif différent : celle-ci et 43.5 dāmōiš uruuaēsē apmē, que prolonge 43.6 yahmī… uruuaēsē. S’il est exact que ahu- désigne l’« état-d’existence » correspondant à un temps rituel (ratu-), il reste à savoir de quelle durée celui-ci est une étape (Kellens EAM 6 : 31-32 et 2020a). En dépit des variations lexicales, le parallélisme avec HN1.14 récent ustəme uruuaēse gaiiehe suggère qu’il s’agit ici du moment de la mort, quand un individu se met en route vers l’une ou l’autre destination.
« (Tel est le temps des deux mises-en-route :) le Maître Attentif a le Pouvoir de donner, au tournant final de l’étatd’existence, mieux que bon à celui qui aura accompli sa volonté, mais pire que mauvais à celui qui ne l’aura pas servi ».
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Études avestiques et mazdéennes
Y51.7
dāidī mōi y gąm tašō, apascā uruuarscā amərətātā hauruuātā, spništā mainiiū mazdā təuuišī utaiiūitī, manaŋhā vohū shē
Revendiquant à nouveau l’usage de la 1re sing. (mōi, comme en 2), le récitant demande au sacrifiant primordial qui a su « inventer » les entités (4) et la vache (5) le bénéfice de la meilleure part (6). Et il précise en quoi elle consiste : Amərətāt et Hauruuatāt, Təuuīšī et Utaiiūiti. De la sorte, il adjoint aux quatre entités du rite réunies en 2 celles de l’immortalité, dont les insolites Fsəratū et Mərəždikā avaient assuré l’intérim en 4. Le rassemblement commun à chaque Gâthâ polyhâtique a finalement eu lieu, mais au bout d’un processus complexe. L’exemple donné par le sacrifice primordial, qui est annoncé en 3cc’ et s’achève ici, donne une version brève de la cosmogonie de Y44.3-7 (EAM 6 : 53-59). Si l’interrogation sur l’existence des entités mentales, présentée comme s’imposant au dieu lui-même encore incertain de son Pouvoir (4), est d’ordre purement stylistique, elle est aussi déviante à deux égards. La création des départements de la nature n’alterne pas avec celle des entités, mais lui succède et est même ultérieure à la fabrication de la vache, qui apparaît comme la première création osseuse. Par le premier trait, la cosmogonie du Y51 semble similaire à celle de l’Avesta récent, et, par le second, à celle du YH (Y37.1 ahurəm mazdąm y gąmcā a əmcā dā apascā dā uruuarscā vaŋvhīš raōcscā būmīmcā vīspācā vohū). La strophe fait aussi l’annonce discrète de ce qui va suivre. En finale absolue de strophe, le loc. shē occupe, au même cas, la même case que apmē aŋhuš uruuaēsē dans la strophe précédente. Faut-il y voir l’annonce de la volonté de parler qui imprègne la strophe 8 ? Plus sûrement, mainiiū, dont c’est la seule attestation dans le Y51, préfigure
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la « formule du feu » (9), à laquelle il est d’ordinaire intégré à l’instrumental (31.3 ; 47.6) ou en version verbale (43.12). Le vohū xšaϑrəm … vahištəm de 51.1 se résout donc en vahiiō vaŋhuš … xšaϑrā de 6, qui consiste en l’immortalité. Mais après la commémoration des origines, il faut suivre son exemple. Aux hommes de jouer. « Ô Attentif, toi qui as taillé la vache, les eaux et les plantes, donne-moi l’Immortalité et l’Entièreté, la Force et la Jouvence quand je te qualifie selon l’Avis (que tu es) le plus faste et selon la Bonne Pensée ! ». 1.2 La formule du feu et l’entrée en scène de l’Homme (Y51.8-10) Y51.8
a zī tōi vaxšiiā mazdā, vīdušē zī nā mruiiā hiia akōiiā drəguuāitē, uštā y a əm dādrē huuō zī mąϑrā iiātō, y vīdušē mrauuaitī
Y51.9
yąm xšnūtəm rānōibiiā d, ϑβā āϑrā suxrā mazdā aiiaŋhā xšustā aibī, ahuuāhū daxštəm dāuuōi rāšaiiehē drəguuatəm, sauuaiiō a auuanəm
Y51.10 a y mā nā marəxšaitē, aniiāϑā ahmā mazdā
huuō dāmōiš drūjō hunuš, tā dužd yōi hətī maibiiō zbaiiā a əm, vaŋhuiiā a ī ga.tē La « formule du feu » de 51.9 (sur la notion, voir EAM 7 : 20-28) fait l’objet d’un quadruple encerclement : 1. Les strophes qui l’entourent lui apportent les éléments qui composent usuellement son « contexte large » (ibid. 24-26). 8 associe les notions de parler (vaxšiiā … mruiiā … mrauuaitī), de savoir (2 x vīdušē) et de mąϑra
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(mąϑrā). La version la plus ressemblante à cet égard est celle de Y31.17-18 (vīduu vīdušē mraōtū … mąϑrąscā). La strophe développe aussi la zone de contrepartie qui est latente depuis 5 et les deux mises en route qui opposent le drəguuat à l’aṣ̌auuan, occupe autoritairement le vers 9cc’ et se prolonge de manière sophistiquée en 10. La substitution de 8. y a əm dādrē à a auuan- a pour résultat étrange que celui-ci a pour seule attestation 9. a auuanəm dans le Y51. drəguuat-, attesté dans les deux strophes, ne réapparaîtra qu’en 13, hors opposition, dans une « strophe de la damnation ». 2. La 1 re sing., réapparue en 7 depuis 2, est absente en 9, mais entourée de 8. vaxšiiā et de 10. mā. Cet encerclement suscite deux questions essentielles pour notre compréhension du cours de la Gâthâ. Le « je » sujet de vaxšiiā est-il resté le même que celui des strophes 1 et 2 et quel rapport entretient-il avec la 3e personne que désignent successivement nar-, mąϑrān- et a auuan- ? 3. Éric Pirart me fait remarquer que la particule at̰ est étrangement rare dans le Y51. Il est d’autant plus remarquable que les strophes 8 et 10 sont les seules qu’elle introduise (l’attestation de 6b’ exerce la fonction simple de mise en opposition à l’intérieur d’une même proposition). La fonction de l’agrégat a zī, qui n’est encore attesté que par Y29.6, n’est pas claire et l’attestation de 51.8 a été carrément mise au rebut (TVA II 125). Une autre particularité syntaxique de 51.8 est d’user trois fois de la particule zī et, si sa fonction en liaison avec a est indéterminable, aucun autre emploi n’est indemne d’incertitude. L’attestation de a’ est la seule en combinaison avec l’optatif et on hésitera entre l’insistance prescriptive et l’emphase du souhait (TVA II 184). zī est fréquent comme marqueur du pronom tainitial d’une proposition prédicative indépendante ou
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principale, mais quelle est exactement la nuance dont elle colore 8 cc’ (TVA II 182-184) ? 4. Le Y51 atteste cinq fois nar- « homme », laissant à distance respectable les Y43 (2, 3, 14) et 46 (6, 10,13). Toutes les attestations sont celles du nom. sing. nā. Les deux premières sont disposées en encerclement de la formule du feu (8 et 10), suivies d’une troisième en 11. Les deux dernières surviennent vers la fin (19 et 21). Cette insistance et cette répartition stylisée sont le signe sûr que « l’Homme » est un protagoniste essentiel du Y51 et, d’une manière générale, que le nar vieil-avestique ne nous a pas livré tous ses secrets. Deux correspondances avec d’autres textes pourraient être éclairantes : 1. Le parallélisme de 51.9 rāšaiiehē drəguuatəm sauuaiiō a auuanəm conclusif de la formule du feu et de 30.11 drəguuō.dəbiiō rašō sauuacā a auuabiiō introduisant à celle de 31.3 est remarquable, mais n’est qu’un élément du réseau des pratiques stylistiques commun aux deux secteurs : a. Les ma iia (ma iiŋhō) que 30.11 interpelle correspondent-ils au nar de 51.8, 10 ? b. 30.11 et 51.8 font pareillement de uštā le programme de la phase rituelle qu’ils amorcent. c. a auuan- est supplanté par la périphrase y a əm dādrē dans 51.8, yōi zarazd aŋhən mazdāi dans 31.1. Si 51.8 maintient drəguuat-, 31.1 lui substitue yōi uruuātāiš drūjō a ahiiā gaēϑ vīmərəcaitē, offrant par la même occasion un écho à 51.10 marəxšaitē. Il y a toutefois une différence massive entre les zones 30.11 – 31.3 et 51.8-10. Tous les intervenants de la première sont pluriels, tandis que la seconde ne met en scène que des individus, qu’il s’agisse du nar, du drəguuat ou de l’aṣ̌auuan. Cette divergence signifie que, d’un passage à l’autre, les mots ne désignent pas
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nécessairement les mêmes personnages et, plus sûrement, que le rite des deux Gâthâs n’a pas le même enjeu. Dans la GA, un groupe social est concerné, dans le Y51, un individu : nar. 2. Sur le fond, il est remarquable que le mot uštā et la périphrase y a əm dādrē suivant la mention de Təuuīšī et Utaiiūiti en 7 fasse écho à 43.1 uštā … utaiiūiti təuuīšīm ga.tōi … a əm dərəidiiāi. C’est plus qu’un parallèle, car l’état de iiāta- vient ensuite nous rappeler que, dans le Hādōxt Nask 2, c’est en récitant la Gâthâ uštauuaitī en insistant sur la strophe commençant par le mot uštā que l’âme du mort trouve la iiāiti- « quiétude ». Ces deux correspondances m’inspirent cette interprétation hypothétique du premier volet de la hāiti : 1. Le récitant « ordinaire » et anonyme a prononcé les strophes 1 à 7 que ceinturent les renvois explicites à la 1re personne (1. n … varəšānē et 2. dōišā mōi – 7. mōi). La quasi contiguïté du singulier et du pluriel dans la strophe initiale indique clairement qu’il est le représentant d’un collectif. 2. Quelqu’un d’autre prend la parole en 8, ce dont a initial, nonobstant zī, peut être le marqueur (Kellens 2014b : 270, EAM 6 : 114-115, EAM 7 : 76 et 79). En justifiant son intervention par la nécessité de parler à Mazdā, il se présente successivement, à la 3e personne, comme l’Homme, celui qui a toujours soutenu A a et le mąϑrān heureux de parler. De même, son interlocuteur, désigné comme « savant », glisse lui aussi à la 3e personne. Nous sommes sur le plan des principes. 3. Le nouveau récitant poursuit son discours dans la strophe 9. Il demande que Mazdā lui accorde quelque chose par le feu du rite en cours (l’obscurité du vers bb’ ne permet malheureusement pas de préciser).
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4. Pour que cela soit possible, il faut que Mazdā affaiblisse le drəguuat et renforce l’a auuan. Ici réside le point délicat de l’analyse. Dans la strophe 10 suivante, l’acte inverse que traduit marəxšaitē n’est pas le fait d’une contrepartie divine de Mazdā, mais la contrepartie de l’Homme. Ceci implique nécessairement que 8. y a əm dādrē et 9. aṣ̌auuanəm ne représentent pas la même personne 1 et que mā, comme objet de marəxšaitē, représente le deuxième dans la strophe 10. Selon l’interprétation la plus vraisemblable, a auuanəm est la désignation indirecte de celui qui vient d’être nommé : le feu2. Ce serait donc lui qui prononce la strophe 10 et, nous y viendrons, la strophe 11. Ici comme en 8, a initial signalerait le changement de locuteur. Y51.8
« Je vais donc te parler, ô Attentif, car l’Homme doit parler à celui qui sait que c’est malheur pour le trompeur, bonheur pour celui qui a toujours soutenu l’Agencement, et, en récitant les formules, il n’est serein que s’il parle à celui qui sait (cela) ».
1 Il est possible que le glissement de la périphrase au terme simple soit
distinctive. Le même phénomène pourrait avoir lieu autour de la formule du feu de Y31.19, dont l’hémistiche c est d’ailleurs identique à 51.9a’ (ϑβā āϑrā suxrā mazdā), avec le passage de 31.19a y matā a əm à 20a y āiia a auuanəm. 2 Sur a auuan- comme possible désignation indirecte du feu rituel et
drəguuat- de sa contrepartie, voir les considérations hésitantes de Kellens 1994 : 145-148, EAM 6 : 21 et EAM 7 : 18. Je persiste à considérer que si la désignation est probable, les faits qui la justifient restent flous.
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Y51.9
Sur les particularités générales des « formules du feu » et leurs difficultés persistantes, voir EAM 7 : 20-28 à propos de Y47.6. La principale originalité de celle-ci est la substitution de aiiaŋhā xšustā à mainiiū, anticipé en 7. Le sens que peut bien faire le « métal qui a été fondu » dans ce contexte, dont l’obscurité totale de b’ nous dissimule la proposition principale, reste énigmatique. Je persiste dans mon scepticisme quant à l’ordalie et je remarque, sans en discerner l’implication vu les difficultés du passage (Kellens 2014b : 289-290), que la formule de Y31.19 est directement précédée, en 18 c’, de snaiϑišā « avec le couteau ». « La [xšnūt] que tu donnes aux deux générosités par ton feu flamboyant (et) le métal forgé, ô Attentif [aibī + b’]. Afin que dépérisse le trompeur, ne cesse de faire s’épanouir le partisan de l’Agencement ! ». Y51.10
b’:
Dans Y47.3 tuuə̄m ahī tā spətō, tā s’explique raisonnablement par une dissimilation de *ptā au contact de spətō. Ici, aucune condition similaire ne permet de rattacher tā au nom du père, qui serait de surcroît redondant avec le génitif déterminant hunuš. La forme pronominale tā sans référent sûrement identifiable est si fréquente que leur assemblage semble faire système. Si les occurrences de 2 et de 5 ont une interprétation plausible, il n’en va pas de même des quatre qui vont se succéder (10, 12, 13, 15). On notera, sans utilité visible, que, sauf en 5 et en 10, le mot suivant a pour initiale v (2 et 15) ou d (12 et 13). cc’ : La « formule du feu » de 31.3 est pareillement suivie en 4 de l’invitation lancée à A a dans un
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contexte où interviennent aussi A i et Ārmaiti : yadā a əm zəuuīm … a īcā ārmaitī. Dans le Y43, l’invitation d’Aṣ̌a en association avec Ārmaiti en 10 précède avec une strophe d’intervalle la « formule du feu » de 12, qui inclut A i : 10 a əm hiia mā zaōzaōmī ārmaitī hacimnō … 12. … səraōšō aṣ̌ī … hacīmnō yā vī aṣ̌īš rānōibiiō sauuōi vīdāiiā. Dans le Y51, Ārmaiti survient en 11. Logiquement, la perspective change avec le locuteur. Dans 31, c’est le sacrifiant qui invite A a à venir auprès du feu ; dans 51.10, c’est le feu qui invite A a à venir auprès de lui. Il me semble que cela vaut confirmation de l’identité des locuteurs. (Le feu dit) : « L’homme qui chercherait à me détruire plutôt que lui, ô Attentif, celui-là est le bâtard du constructeur de la Tromperie, [tā] le plus avare de ceux qui sont-pourtoujours. J’invite l’Agencement à venir à moi d’une bonne mise-en-route ». 1.3 La strophe de transition (Y51.11) Y51.11 k uruuaϑō spitamāi, zaraϑuštrāi nā mazdā
k vā a ā āfraštā, kā spətā ārmaitiš kə vā vaŋhuš manaŋhō, acistā magāi ərəšuuō Cette strophe conclusive du premier volet, la dernière qui invoque directement Mazdā, est aussi de transition. D’une part, elle prolonge le motif du nar entamé en 8 et devenu la préoccupation du feu rituel, d’autre part, elle introduit au catalogue des noms-propres en faisant intervenir Zaraϑuštra. Le terme-pivot entre les deux fonctions est sans aucun doute uruuaϑa-. Le substantif abstrait correspondant uruuata- est intégré à la formule du feu dans la zone Y30.11 – 31.3 tandis
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que le nom d’agent uruuaϑa- traduit clairement un lien qui se noue avec ou entre les hommes du catalogue dans le parallèle Y46.14 zaraϑuštrā kastē a auuā uruuaϑō mazōi magāi. Le feu, après avoir invité autour de lui les entités, s’enquiert de l’homme qui a fait allégeance à celles-ci et, via Zaraϑuštra, le confie aux bons soins de l’équipe sacrificielle. (Le feu continue) : « Quel homme, ô Attentif, est l’allié de Spitāma Zaraϑuštra ? Lequel s’est entretenu avec l’Agencement ? Avec lequel s’est entretenue la faste Justepensée ? Lequel s’est montré à la hauteur de la performance de Bonne Pensée ? ». 1.4 Du rejet de l’alliance (uruuata-, via XUXXDִD) au refus de la récompense (PŞæGD-) : Y51.12-14
Le passage que cerne la récurrence 11. uruuaϑō – 14. uruuāϑā prolonge dans le second volet du diptyque la zone « blame » amorcée en 5. En apportant une réponse négative à la question posée par le feu, il se résout en « strophes de la damnation » et conflue finalement dans le catalogue des noms-propres. À partir d’ici, la première personne disparaît, sauf en cisti ou en discours rapporté (16-18 et 21-22), et, après les strophes vides 12 à 14, Mazdā n’est plus mentionné qu’à la 3e personne. Le récitant d’invocateur se fait narrateur et Mazdā d’interlocuteur sollicité acteur autonome. Y51.12 nōi tā īm xšnāuš vaēipiiō, kəuuīnō pərətāu zimō
zaraϑuštrəm spitāməm, hiia ahmī urūraōst aštō hiia hōi īm caratascā, aōdərəšcā zōišənū vāzā Cette strophe reproduit avec quelques nuances la péripétie qui se joue dans Y46.1-2 :
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1. Le refus de l’agréation rituelle : 46.1 nōi mā xšnāuš – nōi tā īm xšnāuš. 2. Son auteur est un antagoniste sacerdotal : 46.1 yōi sāstārō drəguuatō – kəuuīnō, qui définit d’une manière ou d’une autre un rapport aux kavi. 3. Il se produit en un lieu de la terre, littéral ou métaphorique : 46.1 kąm nəmōi ząm – pərətāu zimō. 4. Il arrache une plainte à sa victime : 46.2 gərəzōi tōi – urūraōst. 5. Il a pour circonstance un voyage pénible ou incertain : 46.1 kąm nəmōi ząm kuϑrā nəmōi aiienī – ahmī … aštō. 6. Il implique des bêtes rares ou fourbues : 46.2 kamnafšuuā – caratascā aōdərəšcā zōišənū vāzā. Mais, il y a dans ce parallélisme deux différences significatives : 1. Le Y51 ne fait aucune référence, ni ici ni ailleurs, aux cercles de l’appartenance sociale, dont 46.1 comporte la liste complète associée à la malveillance des sāstar. Cette divergence comporte un enseignement précieux : les cercles sociaux et le nar, associé ou non à son épouse, occupent le même créneau dans l’action sacrificielle et le rapport aux hommes du catalogue. D’une manière ou d’une autre, dans chaque texte constitutif de l’Avesta ancien, c’est l’un ou l’autre : GA : le catalogue, sans rapport avec les cercles sociaux, intègre la mention d’un nar (28.8 narōi). YH : l’évanescence des cercles sociaux (40.4) contraste avec la fonction clôturante de nā vā nāirī vā (36.6 – 41.2). GU : aux cercles sociaux qui refusent l’agréation rituelle (46.1), 46.10 y vā … nā gənā vā substitue un nar qui, finalement, l’accorde (46.13). GS : il n’y a pas de nar et une liste réduite aux plus petits cercles sociaux (49.7)
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introduit le catalogue3. Laissons pour l’instant de côté le Y53, si particulier. Pour d’autres détails, voir EAM 7 : 60. 2. Le sacrifiant rejeté est un « je » anonyme dans 46.1, Zaraϑuštra à la 3e sing. dans 51.12. Cette substitution a un sens décisif. Dans le Y51, l’apparition de Zaraϑuštra introduit directement au catalogue des noms-propres (1519) et l’acte néfaste de son antagoniste à son complément usuel, la « strophe de la damnation », ici dédoublée (1314). Dans les deux textes, l’espoir de la réparation trouve son expression dans une interrogation aux nombreux modules communs : 51.11 k uruuaϑō … zaraϑuštrāi nā … magāi – 46.14 zaraϑuštrā kastē a auuā uruuaϑō … magāi. Mais la succession entre le rejet et la réparation est immédiate dans le Y51, soumise dans le Y46 à un délai où s’opère la substitution du nar aux cercles sociaux et celle de Zaraϑuštra à « je », ce qui exige, semble-t-il, la répétition de xšnāuš (46.13 y … zaraϑuštrəm … xšnāuš … huuō nā). C’est que la finalité du rite ayant l’agréation pour préalable n’est pas la même dans les deux Gâthâs. Dans le Y46, le but, c’est le cheminement, coïncidant avec l’expansion de la lumière aurorale, du xratu des saōšiiat vers son union avec la daēnā et vers le mīžda qui en est l’enjeu final. Ce processus intermédiaire n’intervient pas dans le Y51, dont le but même coïncide avec l’action des sacrifiants. Il reste à découvrir de quoi il s’agit. a :
Le fait que la métrique suggère de lire Y46.1a nōit̰ mā xšnāuš comme la contraction de *nōit̰
3 Assez curieusement, le patronyme huuō.guua- n’est mentionné que lors
de la liaison avec le nar, donc dans la GU (46.16, 17) et le Y51 (17, 18). Il en va de même de spitāma- lorsque Zaraϑuštra est un item du catalogue (46.13 et. 51.11, 12). Rappelons que Vīštāspa n’a pas de nombril.
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mā ā xšnāuš donne une chance raisonnable à la préverbation de xšn par ā, donc à la fausse coupe de nōi ā en nōi tā. Un tā problématique disparaît et īm apparaît en toute régularité comme un pronom enclitique proleptique de zaraϑuštrəm spitāməm. vaēipiia- « qui doit être sodomisé » est-il une évocation, à la manière de l’Ardā Virāz Nāmag, des peines de l’enfer ? cc’ : īm n’a ni référent ni fonction syntaxique clairs et implique de surcroît la succession prohibée de deux enclitiques. Une correction semble s’imposer, mais laquelle ? L’interprétation traditionnelle des trois mots caratascā aōdərəšcā zōišənū est incertaine, mais plausible. Cette strophe est à l’évidence une réponse à la question du feu : Kəvina n’est pas l’Homme qu’il cherche. Sur le fond, je suis tenté par une interprétation nouvelle. Le sujet de urūraōst est Kəvina, qui refuse l’intervention sacrificielle de Zaraϑuštra alors même qu’il se trouve dans une situation périlleuse. Si le « gué de l’hiver » est la désignation imagée du solstice d’hiver, les « deux bêtes de trait » sont peut-être métaphoriquement le soleil et la lune ou le jour et la nuit, le premier accablé par le froid, la seconde par la durée de son parcours. Je traduis dans cette perspective. « Kəvina – qu’on l’encule ! – n’a pas agréé Spitāma Zaraϑuštra au gué de l’hiver, alors même qu’arrivé là, il ne cessait de déplorer que [īm] ses deux bêtes de trait soient accablées (l’une) par la marche et (l’autre) par le froid ». Y51.13 tā drəguuatō marədaitī, daēnā ərəzaōš haiϑīm
yehiiā uruuā xraōdaitī, cinuuatō pərətāu āk
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xvāiš iiaōϑanāiš hizuuascā, a ahiiā nąsuu paϑō a :
tā est ici irréductible. « In such a way » de Humbach (1991 : I 189) est purement ad hoc. a’: Dans toutes ses autres attestations, ərəzu- qualifie paϑ- « chemin » (33.5, 6, 43.3, 53.2) sous-entendu ici par anticipation sur son attestation de c’. Le sens accordé à haiϑīm « continuité » est une hypothèse fondée sur le caractère duratif de ah « être » et de ses dérivés. b : Sur les particularités de l’emploi conjoint de daēnā- et de uruuan-, voir Kellens 2013a : 72-73. b’ : L’interprétation de āk est d’autant plus malaisée que c’est la seule attestation où il se construit avec le loc. et non l’acc. (48.7, 50.2, 4). Y aurait-il substitution à *pərətūm par persévération depuis 12. pərətāu (zimō) ? c : Le gén. sing. hizuuas° impose de sous-entendre uxδāiš. Je distingue mal le rapport entre le voyage de 12 et le chemin de 13, entre le gué de l’hiver et le gué de l’empileur. Par contre, je considère comme une hypothèse tentante que cette strophe et la suivante soient prononcées par Zaraϑuštra expliquant pourquoi il refuse le mīžda à ses antagonistes. (Zaraϑuštra dit) ? : « [tā] l’âme-voyance du trompeur néglige la continuïté du (chemin) direct, lui dont l’âme s’irrite devant le gué de l’empileur, (car) par la faute de ses actes et (des mots) de sa langue, il a maintenant perdu le chemin de l’Agencement ».
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Y51.14 nōi uruuāϑā dātōibiiascā, karapanō vāstrā arəm
gauuōi ārōiš ā sdā, xvāiš iiaōϑanāišcā sghāišcā y īš sghō apməm, drūjō dəmānē ādā b :
ārōiš ā sədā est une inconnue lexicale comme le segment ārōiš ā de 51.4. Il vaut mieux rapporter gauuōi à uruuaϑa- : uruuāϑā, dont l’emploi avec le datif est évident dans 51.11. b’c : La répétition de l’antécédent, introduit avec changement de nombre, s’explique au mieux comme un mode particulier d’accord de nombre (voir EAM 6 : 41 à propos de 43.12 a ī … yā … a īš). Il est remarquable que, dans sa réponse au feu, Zaraϑuštra transpose le lien d’alliance de sa personne (11. kə̄ uruuaϑō … zaraϑuštrāi) à la vache sacrificielle. (Zaraϑuštra continue) : ? « Les karapan ne sont pas pour la vache des alliés respectueux des dispositions-rituelles et du soin-de-pâture [ārōiš ā sədā] à cause de leurs actes et de leur justification, laquelle les placera finalement dans la maison de Tromperie ». 1.5 La prise de conscience des officiants, de l’épanouissement à l’épanouissement (Y 51.15-20) Y51.15 hiia mīždəm zaraϑuštrō, magauuabiiō cōišt parā
garō dəmānē ahurō, mazd jasa pouruiiō tā v vohū manaŋhā, a āicā sauuāiš ciuuīšī
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aa’ :
le préverbe parā a pour fonction usuelle d’annuler l’action exprimée par le verbe (TVA III). Des gens à qui l’on refuse le don (ici) et que l’on souhaite surpasser dans la compétition sonore (Kellens 2014b : 297-298 sur l’attestation de 33.7) appartiennent nécessairement au mauvais camp. Dès lors, quoi qu’il en soit de son lien formel avec maga- et de son équivalence apparente avec scr. maghávan-, magauuan- succède à kəuuinaet à karapan- dans la série des antagonistes sacerdotaux. Reste la question troublante : et si magauuan- était la variante dialectale de v.-p. magu- ? cc’ : sur ce vers problématique, je propose les hypothèses suivantes, dont aucune ne déroge à la normalité grammaticale. 1. tā, comme instr. sing. nt., détermine vohū manaŋhā. L’insistance démonstrative avec valeur anaphorique (fonction 3 de TVA II 244) se justifie du fait que « cette Bonne Pensée » se réfère à ce que Zaraϑuštra a déclaré dans les deux strophes précédentes. 2. Le sujet du passif intrinsèque ciuuīšī est sous-entendu parce qu’il est l’objet du même verbe cōišt parā à l’actif. Il s’agit donc de mīžda-. 3. Pirart (TVA III) a raison : ahura-, qui figure au nom. dans bb’, ne peut être sous-entendu au voc. dans cc’. En dépit du parallélisme frappant avec 51.2 tā v … ahurā aṣ̌āiiecā … sauuaŋhō, il faut donc prendre və̄ … a āicā tel quel. 4. Le datif a āi étonne, car le mīžda est un octroi des dieux aux hommes et non l’inverse. La strophe 20, qui clôture le catalogue des noms-propres, suggère une explication. En 15, le sauua- (sauuāiš) est l’instrument de cet octroi et, en 20, c’est d’A a que les sacrifiants obtiennent
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le sauuah- (sauuō). Mon hypothèse est que və̄ désigne ceux qui vont être nommés et qu’Aṣ̌a leur est coordonné parce qu’il est l’intermédiaire de leur succès, comme il le sera dans 51.20. La récurrence 15. sauuāiš – 20. sauuō trouve tout son sens. « Maintenant que Zaraϑuštra a frustré les magauuan de la récompense, le Maître Attentif vient le premier dans la maison de bienvenue. Grâce à cette Bonne Pensée, c’est à vous et à l’Agencement que (la récompense) est octroyée avec les épanouissements ». Y51.16 tąm kauuā vīštāspō, magahiiā xšaϑrā nąsa
vaŋhuš padəbīš manaŋhō, yąm cistīm a ā matā spətō mazd ahurō, aϑā n sazdiiāi uštā b’ :
je pense aujourd’hui, contre TVA III, que le sujet de matā est le même que celui de nąsa, donc Vīštāspa. cc’ : dès lors, le dernier vers tout entier reproduit la teneur de la cisti, qui est composée de deux indépendantes, l’une nominale (c), la seconde conclusive (c’), littéralement « dès lors, l’uštā est pour nous apparaître » (TVA II 104). Après 8. uštā yə̄ aṣ̌ ə m dādrē huuō zī mąϑrā š̗ iiātō, l’hémistiche c’ renvoie au Y43 et préfigure le rapport entre celui-ci et le Hādōxt Nask 2. uštā, souligné par la récurrence 8-16, réfère au premier mot de la GU, que l’âme du mort récite durant les trois nuits de déréliction (HN2.1-6), et sazdiiāi, infinitif de sad, à la sensibilité renaissante qui en résulte et aboutit à l’apparition de la daēnā.
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« Par son Pouvoir sur la performance, le kavi Vīštāspa atteint par les chemins de la Bonne Pensée cette idée qu’il pense selon l’Agencement : « (Puisque) le Maître Attentif est faste, le bonheur doit nous devenir sensible ». » Y51.17 bərəxδąm mōi fərašaōštrō, huuō.guuō daēdōišt
kəhrpm daēnaiiāi vaŋhuiiāi, yąm hōi išiiąm dātū xšaiiąs mazd ahurō, a ahiiā āždiiāi gərəzdīm Et survient la bonne Daēnā… L’alternance cisti(16, 18) / daēnā- (17, 19) est clôturée par leurs déesses titulaires traditionnelles Ārmaiti (20) et A i (21). C’est une caractéristique remarquable du Y51 que le catalogue des noms-propres coïncide avec une zone daēnā. La donnée est essentielle. L’usage d’une 1re sing. (mōi), exceptionnelle entre 12 et 20, signale que la strophe est prononcée par Vīštāspa, sans nécessairement faire partie de la cisti qui précède (sur la mobilité du discours dans les catalogues de sacrifiants, voir EAM 6 : 114-115). Le caractère inusuel de l’impératif en subordonnée impose l’analyse de la strophe en deux indépendantes a-b et b’-c’. Cette dernière aurait pour verbe dātū construit en double accusatif, le second introduit, comme il arrive (TVA II 61-62), par un relatif non subordonnant (yąm). La première indépendante pose essentiellement un problème sémantique ou métaphorique : que faut-il entendre par kəhrp- « corps, forme-visible » ? Le mot est rare en vieil-avestique. Il apparaît dans YH36.6 à la fin du processus qui assimile le feu aux grandes lumières célestes et en fait la forme visible d’Ahura Mazdā : sraēštąm a tōi kəhrpm kəhrpąm āuuaēδaiiamahī mazdā ahurā imā raōc « nous t’attribuons pour corps, ô Maître Attentif, le plus
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beau des corps : ces lumières-célestes… » Et il faut peutêtre aussi reconnaître le feu dans les sous-entendus de la seule attestation gâthique : 30.7 ahmāicā … at̰ kəhrpə̄m utaiiūitiš dadā ārmaitiš ąnmā « À lui (le feu ?) la Jouvence donne un corps, la Juste-pensée un souffle ». L’hypothèse du feu est encore soutenue par la seule autre attestation de gərəzdi- : 50.9 a hudānaōš išaiiąs gərəzdā iim « puissé-je me trouver, dispensant la vigueur, au moment d’avidité du dégoulinant », où gərəzdi- semble désigner l’avidité du feu à dévorer l’offrande carnée qui, en se consumant, couvre son socle de graisse (EAM 7 : 83). La principale difficulté de la seconde indépendante consiste à identifier ce qui se cache derrière les pronoms yąm et hōi. 1. yąm peut représenter kəhrpm, daēnaiiāi ou gərəzdīm. N’étant pas subordonnant, les deux premiers ne seraient pas représentés comme ses antécédents, mais sousentendus par persistance. gərəzdīm semble exclu parce qu’il doit être l’objet de āždiiāi4 et non de dātū. 2. hōi, asexué, peut aussi représenter fərašaōštrō. C’est probablement le cas en fonction de la règle que le sujet de l’infinitif est le datif du verbe principal et non son objet (TVA II 28-29). En corollaire, je ferai de kəhrpm le premier accusatif sous-entendu de dātū. L’hypothèse de daēnaiiāi, valable pour yąm ou pour hōi, me paraît moins cohérente. Fərašaōštra, en désignant le feu à la Daēnā, et Vīštāspa, en demandant qu’il puisse accéder à sa vigueur dévorante, révèlent pleinement que, dans le Y51, l’âme-voyance est la cible directe du rite.
4 Le ā long initial de āždiiāi reste problématique (TVA III).
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« Fərašaōštra fils de Hugu ne cesse de montrer à la bonne âme-voyance la forme-visible que j’admire. Que le Maître Attentif, qui en a le pouvoir, rende (cette forme-visible) assez vigoureuse pour que (Fərašaōštra) obtienne l’avidité de l’Agencement ! » Y51.18 tąm cistīm djāmāspō, huuō.guuō ⁺ištōiš.xvarən
a ā vərətē ta xšaϑrəm, manaŋhō vaŋhuš vīdō ta mōi dāidī ahurā, hiia mazdā rapn tauuā À l’exception de quelques traits sémantiques, je maintiens l’analyse de TVA III modifiée par celle de 1994 : 46. a : le démonstratif marquant cistīm, cette fois hors corrélation, « individualise » l’illumination de Djāmāspa. a’ : Éric Pirart me suggère, comme alternative à l’asyndète cistīm … xvarən, un composé ištōiš. xvarənah- accordé à djāmāspō. Le premier terme fléchi n’est pas rédhibitoire (Duchesne-Guillemin 1936 : 6) et l’hypothèse permet d’éviter l’emploi inusuel de xvarənah- au pluriel. Que xvarənahsignifie « incandescence », « profusion » ou « aliment », nous restons en contexte igné si, comme je le pense (2016 : 203), il s’agit matériellement du résidu non consumé de l’offrande (ici, l’īšti). Par ailleurs, qu’īšti- figure conjointement avec išiia- en 48.3 (ištiš … išiiā) et ici dans la strophe suivante (17. išiiąm- 18. ištōiš) confirme la relation entre les deux mots. išiia- semble se référer à la force que procure l’offrande-īšti (Kellens 2014c : 123-124). On remarquera aussi la correspondance entre 50.4 išaiiąs gərəzdā et 51.17 išiiąm … gərəzdīm. tat̰ xšaϑrəm + b’ - c’ : La répétition de tat̰, le second sous-entendant xšaϑrəm par persistance, est peut-être
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discriminante. La cisti de Djāmāspa consisterait à faire la distinction entre le pouvoir de la Bonne Pensée du sacrifiant5 et celui que le dieu offre à titre de secours, pour en implorer le troc. « Djāmāspa fils de Hugu, bénéficiant de la profusion de l’offrande-īšti, choisit, lui, cette idée : « Repère (mon) Pouvoir sur la Bonne Pensée (et) accorde-moi le tien, ô Maître Attentif, en tant qu’il est ton moyen d’aider ! » » Y51.19 huuō ta nā maidiiōi.mŋhā, spitamā ahmāi dazdē
daēnaii vaēdəmnō, y ahūm išasąs aibī mazd dātā mraō, gaiiehiiā iiaōϑanāiš vahiiō Le deuxième mot, ta, objet de dazdē, s’inscrit dans le prolongement de 18. ta xšaϑrəm … ta … hiia et sousentend donc xšaϑrəm, que la strophe conduit finalement à la qualité vahiiō. Le xšaϑra, réapparu en 16 après une longue absence, parce qu’il combine à présent les deux aspects que distingue la strophe 18, est happé par le processus de gradation qui fait successivement de l’adjectif « bon » 19. vahiiō et 22. vahištəm. La récurrence clôturante 1. vahištəm – 22. vahištəm trouve pleinement son sens : le programme de la strophe 1 est accompli. Mais 51.19 opère aussi sa propre résurgence en en modifiant le propos. Le nar est de retour et cette fois intimement associé au motif du Pouvoir. maidiiōi.mŋhā + a’ : Le catalogue des noms-propres du Y51 ne pratiquant pas l’interpellation directe, il vaut mieux faire de maiδiiōi.mŋhā spitamā un instrumental. Le personnage apparaît ainsi comme le sacrifiant décisif qui 5 C’est le seul exemple de la détermination explicite de xšaϑra- par le
gén. manaŋhō vaŋhuš. Faut-il comprendre « le Pouvoir de la Bonne Pensée » ou « le Pouvoir sur la Bonne Pensée » ?
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obtient pour le nar les bénéfices du xšaϑra. On peut faire l’hypothèse que cet office tient à la date de sa naissance : au milieu du mois ou, mieux, au mois du milieu (de l’année), donc lors de l’équinoxe d’automne, qui pourrait faire écho à 12. pərətāu zimō. Par la grâce du temps de sa naissance, le sacrifiant ultime (et anonyme) réparerait la faute de Kəuuina. ahmāi redouble emphatiquement la réflexivité de dazdē, comme taibiiō dans 34.1 et 44.18 taibiiō dŋhā. Cet usage particulier explique peut-être le non recours au pronom réfléchi. b : Cette participiale est un élément antéposé de la relative b’-c’ (ainsi TVA III). c : Je prends dātā pour instr. sing. en asyndète avec iiaōϑanāiš et mazd pour un gén. sing., mais le déficit syllabique est irréductible. « Il s’empare de ce (Pouvoir) grâce au Spitāma né au mois du milieu de l’année, l’Homme qui, trouvant et revendiquant l’état-d’existence par son âme-voyance, dit que ce (Pouvoir) devient meilleur par l’ordonnance-rituelle de l’Attentif et les actes de (sa propre) vie ». Y51.20 ta v.n hazaōšŋhō, vīspŋhō daidiiāi sauuō
a əm vohū manaŋhā, uxδā yāiš ārmaitiš yazəmnŋhō nəmaŋhā, mazd rafəδrəm cagədō Les conclusions de l’article d’Éric Pirart (1987 : 209210), adoptées par TVA III, permettent d’éviter toute anomalie criante (comme la succession de deux enclitiques v n par ailleurs difficiles à comprendre). Mais c’est au prix d’un postulat syntaxique général : que l’infinitif v. n … dāidiiāi se construise avec un double accusatif, celui de l’objet et celui du bien désiré (« charmer acc. pour qu’il accorde acc. »).
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b :
c’ :
en dépit de l’Aṣ̌əm Vohū, on accordera vohū à manaŋhā plutôt qu’à a əm (Ahmadi 2015 : 107 et Kellens 2020b : 115). cagədō reste dans une pénombre incurable, malgré les conjectures rassemblées par Kellens (1974 : 214-215). Ainsi, sur A a comme intermédiaire entre Xšaϑra et les sacrifiants, Y20.3 récent (voir Kellens EAM 3 : 56-57, avec les détails rhétoriques du passage) : « … le Pouvoir appartient à l’Agencement… l’Agencement appartient à l’aṣ̌ a uuan qui l’invite (voir 31.4, 43.10, 49.2 et 51.10) 6 … (donc) l’Agencement vous appartient à vous les saōšiiat ». Xšaϑra appartient à Aṣ̌a, Aṣ̌a aux sacrifiants qui l’invitent et à qui, en contrepartie, il accorde le sauuah qui fait d’eux des saōšiiat.
« Tous les sacrifiants, pour obtenir ce (Pouvoir comme) épanouissement, sont d’accord de charmer l’Agencement par la Bonne Pensée, la parole et l’hommage rendu à l’Attentif qui, (si) la Juste-pensée est avec (cette pensée, cette parole et cet hommage), offre le (Pouvoir comme) secours ». 1.6 La cisti finale (Y51.21-22) Y51.21 ārmatōiš nā spətō, huuō cistī uxδāiš iiaōϑanā
daēnā a əm spnuua, vohū xšaϑrəm manaŋhā mazd dadā ahurō, tm vaŋvhīm yāsā a īm
6 On remarquera que l’invitation lancée à A a a lieu une fois dans chaque
Gâthâ.
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En 2010, Humbach et Faiss (2010 : 192) ont jugé que cette strophe n’était pas « well structured ». L’hypothèse défendue dans TVA III que la Daēnā pouvait incarner un autre principe divin (ici « la Daēnā est A a ») soulage la syntaxe, mais c’est aussi un artifice et je n’y tiens plus. La difficulté majeure est que, de a à c, qui semble bien une longue indépendante, il y a quatre nominatifs (nā spətō, daēnā, a əm et mazd … ahurō) pour un seul verbe (dadā) dont le sujet avéré est mazd … ahurō, qui l’embrasse. Je proposerai l’analyse suivante : 1. aa’ est une indépendante nominale et le reste de la strophe la teneur de la cisti, faite de deux indépendantes (b-c et c’). Il y a donc trois indépendantes, les deux dernières composant une sorte de discours direct. 2. Malgré la barrière nā spətō huuō, ārmatōiš détermine les trois instrumentaux en asyndète cistī uxδāiš iiaōϑanā, comme le suggère uxδā yāiš ārmaitiš de la strophe précédente. Voir aussi 44.10 ārmatōiš uxδāiš iiaōϑanā … cistōiš et 47.2 ārmatōiš zastōibiiā iiaōϑanā … cistī. 3. Malgré l’embrassement par mazd … ahurō, qui semble établir une exclusivité, dadāt̰ doit être compris dans l’hémistiche b avec daēnā pour sujet et a əm spnuua comme objet en double accusatif (« donner à Aṣ̌a la qualité spnuuat-). Comme Humbach (1991 : II 234) en a eu le soupçon, spnuuat- serait l’adjectif attesté avec quelque distorsion dans V19.30 hāu (= daēnā) … spānauuaiti » (voir Redard 2021 : EAM 8, 69) et HN1.4 daēnaca spanauuaiti. La Daēnā n’incarnerait pas A a, mais lui transmettrait ses caractéristiques et le jeu de mot est superbe : l’Homme devient spəta « faste » quand A a devient spnuuat « pourvu de chien(s) ». La strophe est lourdement conclusive. Elle cumule trois rassemblements généraux : 1. celui des entités du noyau dur répercutant symétriquement celui de 2 ; 2. celui, conclusif,
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des entités féminines mises en œuvre par la zone daēnā ouverte en 16 (que le nom d’Ārmaiti soit le premier mot et celui d’Aṣ̌i le dernier relève d’une volonté stylistique évidente) ; 3. celui de la triade pensée-parole-action. Ārmaiti fait fonction de pivot entre les rassemblements 1 et 2, Vohu Manah entre 1 et 3. D’autre part, la strophe conclut le retour de Xšaϑra comme thème dominant depuis 18 et sa combinaison avec celui de l’Homme en 19. Ahura Mazdā donne effectivement (dadā) le xšaϑra et l’Homme, marqué d’un déictique lourd (huuō), devient spəta. Cette strophe est la constatation d’un accomplissement. La Daēnā pourvoit Aṣ̌ a de chien(s), Ahura Mazdā consent à l’échange du Pouvoir contre la Bonne Pensée et l’Homme, devenu « faste », peut aspirer au départ. Le chemin du paradis est ouvert. « L’Homme que voici est faste grâce aux paroles, à l’acte et à l’idée qu’inspire la Juste-pensée : « L’âme-voyance fait en sorte que l’Agencement ait un chien (et) le Maître Attentif donne le Pouvoir pour prix de la Bonne Pensée. Je lui demande la bonne mise-en-route ». » Y51.22 yehiiā mōi a ā hacā, vahištəm yesnē paitī
vaēdā mazd ahurō, yōi ŋharəcā həticā tą yazāi xvāiš nāmnīš, pairicā jasāi vatā L’interprétation syntaxique de TVA III est intégralement maintenue. Une profession de foi inspirée par les accomplissements de la strophe précédente conclut la cisti et la Gâthâ. L’Homme proclame à présent ce qu’il sait : Ahura Mazdā est celui qui, rituellement honoré par le yasna, confère au xšaϑra sa puissance suprême, le conduisant de 1. vohū xšaϑrəm à 22. vahištəm, annoncé par 19. vahiiō. Significativement, le
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commentaire du Yehē Hātąm, qui est une recomposition récente de cette strophe, s’achève par l’extension de vahištaà tous les acteurs et éléments de cet aboutissement : Y21.4 vahištəm vahištō paitii-āmraō vahištō mazd paitiiāmraō vahištəm a auuanəm vahištāi a aōnē « Le meilleur a répondu le meilleur (texte = Y43.1), Mazdā, qui est le meilleur, a répondu que le meilleur a auuan appartenait au meilleur a auuan » (Kellens EAM 3 : 67-68). Cette transformation se traduit parallèlement dans l’évolution des opérations rituelles. Aux offrandes libatoires de 1 (īžā) et de 2 (īšti), qui semblent s’associer en vahma, se substitue le sacrifice (yaz et ses dérivés) combiné à un acte de parole qui n’est pas l’éloge (stu et ses dérivés), comme dans la GA (EAM 6 : 86-87), mais le charme (van et ses dérivés) : 20. v.n … dāidiiai – 22. yesnē … yazāi … vatā. L’hommage (nəmah-), notion liée à l’offrande carnée, semble assurer la transition entre les deux phases (5-20 nəmaŋhā). Le long délai entre les termes de la récurrence traduirait-il celui entre l’immolation (gao- est la préoccupation spécifique de 5 et de 7) et l’offrande au feu (17. kəhrpm … gərəzdīm) ? On notera aussi que la phase finale se constitue alors que perdurent les effets de l’īšti (17. išiiąm – 18. ištōiš.xvarən). « Je sais que le Maître Attentif est celui dont, lors de chaque sacrifice conforme à l’Agencement, le (Pouvoir) est le meilleur pour moi. Ceux qui furent et sont (encore), je veux leur sacrifier en énonçant leur nom et les entourer d’un charme ».
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1.7 Conclusions A Singularités du Y51
Le Y51 se distingue des autres Gâthâs par quelques particularités remarquables : 1 La cosmogonie. Les créations mentales et les créations osseuses n’alternent pas, comme dans le Y44, mais les premières (51.4) précèdent les secondes (51.7), comme dans l’Avesta récent, et, d’entre celles-ci, la vache est la première, comme dans YH 37.1. 2 Les entités. Des six entités rassemblées en 51.4, quatre seulement appartiennent aux autres Gâthâs. Des deux intruses, l’une, Fsəratū, est commune avec le YH (37.5), l’autre, Mərəždikā, est inédite. 3 Le sacrifice. Il comporte la mention du nom (51.22 est d’ailleurs la seule attestation gâthique de nāman-) comme le YH pratique avec insistance pour le feu (36.3), Ahura Mazdā (37.3) et les eaux (38.4). Comme aucun nom n’est en pratique mentionné, on peut se demander, d’une part, si les immortels à qui le sacrifice est promis sont les mêmes que ceux que Y50.4, seule autre attestation de yazāi, associe en hadā + instr. à Mazdā (A a, Vohu Manah, Xšaϑra), d’autre part, si le Y51 original n’a pas été amputé d’une liste nominale7. Il y a une troisième hypothèse, vertigineuse : et si la strophe annonçait les listes en yazamaidē du YH, qui va être répété ? Le deuxième YH serait-il aussi bien introduit dans le corpus gâthique que le premier l’est par la proclamation de l’acte dans Y34.1 (Kellens EAM 4 : 110-113) ?
7 Une autre question serait de savoir si l’absence du futur dans le poly-
chronon de b’ est elliptique ou signifiante.
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4 Les sacrifiants. Le Y51, ignorant les dignités sacerdotales définies par arədra- et saōšiiat-, désigne simplement les hommes du catalogue comme yazəmna- = scr. yájamāna- (51.20). Par ailleurs, les affinités de 51.8 avec 43.1 n’apparaissent pas comme un parallèle formulaire, mais un renvoi. Si les divergences semblent dénoncer une école (très) légèrement divergente, le renvoi prouve que les autres Gâthâs ne lui sont pas étrangères, donc nécessairement un peu plus anciennes. B Finalité rituelle du Y51
Le rite du Y51 est le plus lisible du corpus gâthique, autre effet de la brièveté, mais aussi de quelques notations explicites. Résumons le cours du texte : 1 Les strophes 1 à 6, enserrées par la gradation de l’adjectif vohu- (1. vohū … vahištəm – 6. vahiiō vaŋhuš), sont dominées par le souci de bénéficier du Pouvoir d’Ahura Mazdā. Deux procès successifs sont mis en œuvre pour l’obtenir : a. de 1 à 3, exercer sur le Pouvoir du dieu le Pouvoir des offrandes non carnées (1. l’īžā, 2. l’īšti, 3. peut-être le haoma) ; b. de 4 à 6, exprimer la volonté de reproduire les pratiques qui furent celles du dieu lors du sacrifice cosmogonique : le vers 3 cc’ assure la transition entre les deux passages. 2 Dans les strophes 7 et 8, le but du projet est clairement défini : obtenir l’immortalité. 7, en greffant cette demande directe sur le rappel de l’acte cosmogonique, fait apparaître la reconstruction de la victime sur la litière rituelle comme une résurrection qui préfigure l’immortalité du sacrifiant. 8 présente l’acquisition des quatre entités de l’immortalité comme la réalisation du souhait uštā de Y43.1, qui donne accès à la « sérénité » (š́iiātō). En même temps, il introduit dans le procès
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un nouvel acteur, l’Homme, le nar, qui apparaît immanquablement comme le bénéficiaire personnel du processus en cours. Les allusions textuelles, cette fois détachées du nar, réapparaîtront dans la strophe 16, en ouverture du catalogue des noms-propres et de la zone daēnā. 3 La « formule du feu » de 9 inaugure une zone « blame ». Elle se prolonge dans les « strophes de la damnation » 13 et 14, qui vouent les antagonistes à une immortalité désastreuse. Ce destin est situé systématiquement au bout d’un voyage (12. aštō… caratascā … vāzā), d’un chemin (13. a ahiiā nąsuuƗծ paϑō) ou d’un gué (12. pərətāu zimō, 13. cinuuatō pərətāu) conduisant à la demeure des morts (14. drūjō dəmānē). Chacun de ces motifs trouvera sa contrepartie positive dans les strophes 15 et 16 (16. nąsa vaŋhuš padəbīš manaŋhō, 15. garō dəmānē). 4 La strophe 15 est de transition. Elle met fin à la zone « blame » en constatant l’échec des antagonistes à obtenir le mīžda et elle inaugure le catalogue des noms-propres avec, comme de coutume, le nom de Zaraϑuštra. Le catalogue du Y51 (16 à 21) présente deux caractéristiques essentielles : il réveille le thème du xšaϑra, qui persistera jusqu’à la fin, et il se confond tout entier avec une zone daēnā, qui s’achève en 21. Tous les motifs annexes usuels de celle-ci (Kellens 2013a : 75-77) sont présents, mais disposés d’une manière particulière : a. le mīžda est mentionné en négatif dans la strophe de transition 15 ; b. le chemin, motif important de la « strophe de la damnation » 13, rebondit dans la strophe 16 initiale de la zone daēnā ; c. saōšiiat- n’est pas attesté, mais le dérivé de sū sauua(h)- fait office de clôture (15. sauuāiš – 20. sauuō). Fait essentiel, cet ensemble xšaϑradaēnā commence, dans la strophe 16, par le rappel de l’aspiration uštā de Y43.1 et l’associe ici encore à un
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verbe qui jouera un rôle important dans HN2 (sad : sazdiiāi). 5 Dans la dernière strophe nominale du catalogue (19), le nar s’introduit dans le thème du xšaϑra et prend la parole pour demander, dans la dernière strophe de la zone daēnā, la bonne « mise en route » (21) et proclamer finalement sa volonté d’offrir le sacrifice à Ahura Mazdā et aussi à d’autres dieux (22). Le souhait que traduit uštā est de s’approprier les entités allégoriques de l’immortalité. Or, si le pouvoir de ne pas mourir est la propriété exclusive d’Ahura Mazdā, un rite adéquat, dont le cours se lit clairement dans la GU (EAM 6 : 127-128), permet à l’homme d’y accéder. La Bonne Pensée manifestée par le récitant initial enclenche un processus de transferts successifs ponctués d’offrandes : du dieu à Ārmaiti, d’Ārmaiti au feu rituel, du feu rituel au collège sacerdotal (les arədra dans la GU). La répétition de uštā, de la demande d’immortalité (8) à l’activation des sacrifiants (16), est le signe même que ce programme est aussi celui du Y51. Mais il y a une différence : le rite n’est pas accompli au bénéfice d’une communauté, mais d’un individu précis, le nar, et il consiste à activer sa daēnā (17). Elle lui permettra de trouver la vie (19) et, plus explicitement encore, donnera à A a un/deux chien(s), en sorte que la mise-en-route puisse être envisagée (21). J’en conclus que le Y51 est le récitatif d’un rite funéraire8. L’Avesta récent ne l’a pas oublié : 1 Les deux formules sacrées et ponctuantes adjointes à l’Ahura Vairiia vieil-avestique, l’A əm Vohū et le Yehē Hātąm sont, la première, un développement à partir du mot uštā (en dernier lieu, Kellens 2020b), la seconde, une 8 Le rôle important d’Ārmaiti dans la zone daēnā impliquerait-il une
inhumation ?
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recomposition de 51.22. Le commentaire Bag consacré aux deux formules a pour point de départ la constatation de la discordance, pour l’homme, entre l’immortalité et le pouvoir. L’exégèse de l’A əm Vohū explique qu’A a est le moteur de la transmission du xšaϑra et la récitation du texte en uštā le moyen de l’activer pour avoir part à la durée des dieux (Y21). En conséquence, Zaraϑuštra affirme par le Yehē Hātąm sa bonne volonté sacrificielle et Ahura Mazdā lui répond en récitant les deux premiers vers de Y43.1 (Y22). Ainsi, en un mouvement circulaire qui ramène l’A əm Vohū fondé sur Y43.1 au texte littéral de Y43.1 a-b’ en passant par le Yeŋ́ h ē Hātąm fondé sur Y51.22, la promesse d’immortalité a répondu à la promesse du sacrifice (en résumé EAM 3 : 65). 2 L’adjonction des deux composés uštā.bərəti- et vatā. bərəti- dans Y60.8, 62.1, 7 et 68.14 ne s’explique peut-être pas par l’existence d’une cérémonie ancienne et abolie dont le récitatif allait de Y43.1 à Y51.22, comme Céline Redard et moi en avons fait l’hypothèse dans EAM 5 : 10-11, 14-15 et 37-38. Alberto Cantera (à paraître) a raison : le schéma où les trois termes sont coordonnés par °ca exclut en principe qu’il s’agisse d’une cérémonie unitaire. Il n’en reste pas moins que cette expression témoigne de la fascination conjointe exercée par le premier mot de la GU et le dernier du Y51. Et elle est indépendante de l’importance accordée aux formules A əm Vohū et Yehē Hātąm, puisque uštā n’est pas le premier mot de la première et que vatā a disparu de la seconde. 3 Enfin, il y a le Hādōxt Nask 2. Le processus d’immortalité est enclenché par la récitation du texte commençant par uštā, donc le Y43. Cette fonction est soulignée par le parti tiré de deux termes figurant respectivement dans les deux strophes du Y51 mentionnnant uštā : ils nous
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conduisent de l’état de sérénité (51.8 iiātō – HN2.2, 4, 6 āitīm) à la sensibilité renaissante (51.16 sazdiiāi – HN 2.7, 8 saδaiieiti) qui prélude à l’apparition de la daēnā. L’intercalation hypothétique, mais plausible du Hādōxt Nask 2 à la suite du Y51 dans la cérémonie qui porte son nom, y trouve une logique (Kellens 2016 : 153-158). Enfin, il y a deux facteurs plus discrets, mais qui ne sont peut-être pas dus au hasard. La succession des composés uštā.bərəti- et vatā.bərəti- n’est attestée que dans les trois textes dont HN 2.14 prête la récitation, en hysteron proteron, au défunt : la Dahmā Āfriti (Y60), l’Ātaš Niyāyišn (Y62) et l’Āb Zōhr (Y63-70). À la suite de quoi, Ahura Mazdā constate le bon exemple rituel donné par le défunt : āa mąm narō paskā yazəte ahurəm mazdąm darəgō.yaštəmca hąm.parštəmca « Ainsi les hommes depuis lors me sacrifient-ils à moi, Ahura Mazdā, en de longs sacrifices et avec interrogatoire ». Les deux qualités darəγō.yašta- et hąm.paršta-, aussi en hysteron proteron, ne font-elles pas allusion à l’exigence initiale du feu pour œuvrer en faveur du nar (51.11 k vā a ā āfraštā) et à la prise de conscience finale de l’absolue nécessité du sacrifice (51.22) ? Le Hādōxt Nask 2 est, comme tant de textes de l’Avesta récent, un zand mis en forme narrative.
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2 Le Yasna 53 : un texte problématique complémentaire du Yasna 51 Tout en étant affectée des difficultés usuelles, la dernière Gâthâ pose massivement la question de l’irrégularité métrique. On peut suspecter, mais sans garantie, l’effet combiné de la complexité du schéma métrique (2 × 7 + 5 suivi de 2 × 7 + 7 + 5) et d’un haut degré de corruption. À cette difficulté s’ajoute le nombre élevé de mots inidentifiables. Les deux problèmes invitent conjointement à proposer des corrections et à rechercher des étymologies probantes, mais ces tentatives de solution sont toujours incontrôlables et souvent elles-mêmes source d’une nouvelle obscurité. Nous procéderons donc lentement, avec un scepticisme accentué. Le Y53 est composé de deux parties clairement caractérisées se dissociant dans la strophe 6, de fracture parce qu’elle est elle-même fracturée. Si on accepte l’hypothèse qu’elle est le collage de deux strophes mutilées et que Y54.1 (Airiiaman Išiia) est en réalité la dernière strophe du texte, le Y53 apparaît comme une Gâthâ monohâtique hendécastrophique disposée en diptyque aux deux volets (presque) égaux : 53.1-6 partim et 53.6 partim – 54.1. Remarquablement, l’ensemble est ceinturé par les mêmes références rituelles que le Y51, 53.1 ištiš et 2. vahmāi.ā – 54.1 išiiō… išiiąm correspondant approximativement à 51.2 ištōiš … vahmāi – 17. išiiąm et 18. ištōiš. Les autres marques de répétition lexicale émanent de la dynamique propre à chaque volet.
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2.1 La partie positive : un catalogue des noms propres très particulier (Y53.1-5)
Formellement, les strophes 1 à 5, dépourvues d’allusions au mauvais camp, sont clôturées par l’écho 1-4 yauuōi vīspāi.ā et arrimées à la strophe de transition 6 par la concaténation 5. ahūm yə̄ vaŋhə̄uš manaŋhō – manahīm ahūm. Ses caractéristiques sont les suivantes : 1. Ahura Mazdā est mentionné à la 3e personne dans chaque strophe de 1 à 4 et évoqué en 5 par mcā ī mązdazdūm. Son nom disparaîtra de 6 à 8 pour revenir partiellement au nominatif et au vocatif dans la strophe 9. 2. Il n’y a ni 1re ni 2e personne dans les deux premières strophes. Un « je » anonyme s’adresse à un « vous » qui représente probablement les membres du catalogue, peutêtre en 4, sûrement en 5. L’apparition fugace d’une 2e sing. anonyme à la fin de 3 est énigmatique. 3. Les entités sont discrètes et même évanescentes. Les seules mentionnées, parfois indirectement, sont A a et Vohu Manah. 1 : A a selon l’expression a ā hacā ; 2 : simple mention de manaŋhā ; 4 et 5 : Vohu Manah et A a. L’association d’Ārmaiti à A a et à Vohu Manah en 3 apparaît comme la tentative imparfaite de rassembler le noyau dur. Mises à part d’éventuelles évocations indirectes, toutes les entités sont absentes de 6 à. 8. Le surgissement triomphal de Xšaϑra en 9 a été savamment préparé. 4. La seule concaténation lexicale du passage réunit les deux premières strophes : 1. uxδā iiaōϑanācā – 2. manaŋhā uxδāiš iiaōϑanāiš, dont la seconde version est le seul assemblage de la triade pensée-parole-acte. Celui-ci n’est donc pas associé à un discours sur le mainiiu comme dans les Gâthâs polyhâtiques, mais au rassemblement des entités comme dans le Y51.
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5. Enfin, fait essentiel, le catalogue des noms-propres se confond, comme dans le Y51, avec une zone daēnā et a pour originalité absolue de comporter une femme. Y53.1
vahištā īštiš srāuuī, zaraϑuštrahē spitāmahiiā yezī hōi, dā āiiaptā a ā hacā ahurō, mazd yauuōi vīspāi.ā, huuaŋhəuuīm yaēcā hōi dabən saəcā, daēnaii vaŋhuii, uxδā iiaōϑanācā
Métrique : les irrégularités affectent exclusivement le dernier vers. d : l’hypothèse que dabən serait graphique pour *dbən est invérifiable, le mot étant inconnu9. d’ : le déficit s’expliquerait-il par la prononciation emphatique de daēnā- (ce serait la preuve de son trisyllabisme originel) ou de vohu-, comme il arrive dans le premier hémistiche du mètre ahunavatique (TVA I 89-90) ? La principale aa’ + spitāmahiiā : le passif intrinsèque srāuuī étant intemporel, je postule l’accord avec le subj. aor. dā (TVA II 88) de la conjonctive. La conjonctive yezī hōi + b’-c : le parallélisme avec 28.2 maibiiō dāuuōi ahuu … āiiaptā a ā hacā invite à deux analyses : 1. la locution aṣ̌ ā t̰ hacā est construite adnominalement avec āiiaptā10 (TVA II 38). 2 : āiiaptā et huuaŋhəuuīm constituent un hendiadys pluriel-singulier en asyndète. La relative secondaire d-d’’ : daēnaii vaŋhuii est le seul génitif de daēnā- attesté en vieil-avestique.
9 La répétition abusive de hōi depuis b est aussi envisageable, sans plus. 10 Dont, étrangement, la seule autre attestation appartient aussi au Y28 (7).
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« On saura que la meilleure offrande-īšti est celle de Zaraϑuštra Spitāma car le Maître Attentif lui accordera pour l’éternité les acquis qui découlent de l’Agencement, dont le bon état-d’existence, (à lui) ainsi qu’à ceux qui lui (Zaraϑuštra ou Ahura Mazdā ?) [dabən] et maîtrisent les paroles et les actes de la bonne âme-voyance ». Y53.2
acā scatū manaŋhā, uxδāiš iiaōϑanāišcā xšnūm mazd vahmāi.ā, fraōrə yasnąscā kauuacā vīštāspō, zaraϑuštriš spitāmō, fərašaōštrascā dŋhō ərəzūš paϑō, yąm daēnąm ahurō, saōšiiatō dadā
a-b’ : 1. Sur at̰cā « dès lors » avec mode exhortatif, TVA II 123-124. 2. hōi fait difficulté. Ou il faut le biffer pour régulariser le mètre, ou on ne discerne pas sûrement de qui il s’agit (Zaraϑuštra, Ahura Mazdā proleptiquement ou la Daēnā ?). 3. Malgré Humbach & Faiss (2010 : 193), scatū doit être attribué à hac « suivre, s’appliquer à » : non seulement le parallélisme avec 48.12 xšnūm hactē est impérieux, mais la seule autre attestation de l’aoriste radical hac- / sc-, 46.1 nōi mā xšnāuš yā vərəznā hcā, combine aussi voix active et rection accusative11. 4. Le parallélisme avec 30.5 yaēcā xšnaōšən … iiaōϑanāiš fraōrə mazdąm et 46.1 cité ci-dessus imposent le maintien de xšnūm. Il y a donc nécessairement une racine se xšnū distincte de la racine ani xšnu dont 11 Cette racine pose de toute manière de difficiles problèmes de voix
et de rection (pour le védique, Haudry 1977 : 298-304, et pour l’avestique, Kellens 1984 : 54-55).
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dérive xšnūt- (31.3 et 51.9). 5. vahmāi.ā yasnąscā : sinon ici, en coordination dans YH 35.7 yasnəmcā vahməmcā et attestés, dans les deux strophes successives 34.1 yasnā et 2. vahmāi, yasna- et vahma- ne sont jamais directement associés. Il s’agit de deux moments rituels bien distincts. cc’ : Le groupe humain ici énuméré, avec titre et ascendance, sera commenté dans la conclusion. d-d’’ : Ce vers comporte deux énigmes syntaxiques : quel est l’ancrage de l’acc. plur. ərəzūš paϑō ? Comment faut-il comprendre le rapport des mots dans la subordonnée ? Sur la première question, je risquerai l’hypothèse suivante : la structure de coordination qui en résulterait interdit de mettre en série xšnūm … yasnąscā … paϑō (voir TVA III), mais on peut admettre que ce dernier est aussi l’objet de scatū considéré comme sous-entendu à cause du décalage sémantique qu’implique le changement d’objet direct (sur véd. sac + acc. du chemin suivi, voir Haudry 1977 : 303). Quant à la seconde question, je poserais que daēnąm, antécédent introduit, est transposé d’un génitif dans la principale et que le rapport de yąm avec le gén. sing. saōšiiatō équivaut à une construction en double accusatif usuelle avec dā et est dès lors analogue à celle de 45.11 saōšiiatō dg patōiš spətā daēnā « la faste âme-voyance est (l’épouse) de ce maître de maison qui va s’épanouir » (EAM 6 : 93-94). Les motifs de chemin, de daēnā et de saōšiiat sont donc assemblés, comme il est de tradition (Kellens 2013a : 73-77), mais le mīžda se fera attendre jusqu’à la strophe 7.
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« Que le kavi Vīštāspa Spitāma, fils de Zaraϑuštra, et Fərašaōštra s’appliquent par la pensée, les paroles et les actes à agréer l’Attentif pour le chant-d’adoration et à lui offrir les sacrifices ; (qu’ils suivent aussi) les chemins directs du don (qui sont ceux) de l’âme-voyance que le Maître a faite (épouse) de celui-qui-va-s’épanouir ! ». Y53.3
tmcā.tū pourucistā, haēca.aspānā spitāmī yezuuī dugədrąm, zaraϑuštrahē vaŋhuš paitiiāstīm manaŋhō, a ahiiā mazdscā, taibiiō dā sarəm aϑā hm.fərašuuā ϑβā xraϑβā, spništā ārmatōiš, hudānū varəšuuā
Métrique : b : yezuuī- étant un superlatif intrinsèque, on aimerait substituer *dugəδrā à dugəδrąm. c : Toute correction est arbitraire, mais la suppression de vaŋhuš proposée dans TVA III contribue aussi à régulariser la syntaxe des deux derniers vers (voir ci-dessous). d : ϑβā serait-il l’anticipation non biffée de la seconde syllabe de xraϑβā ? a : L’impossibilité d’expliquer syntaxiquement tm + cā et le fait que pourucistā et ses épithètes soient à l’évidence des nominatifs me convainquent de maintenir l’hypothèse de TVA III selon laquelle tmcā.tū serait graphique pour *tcatū, 3e sing. imp. prés. A. de tac « se figer ». L’inclusion d’une femme dans le catalogue des noms-propres sera commentée en conclusion. c-d’’ : ces deux derniers vers ont pour caractéristique, et pour énigme, l’apparition de deux interventants anonymes, l’un de 3e sing. (dā), l’autre de 2e sing. (taibiiō … hm.fərašuuā … varəšuuā), alors que la
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1re personne persiste à faire défaut. La 2e sing. ne reviendra pas. La tradition manuscrite permet de conjecturer que le m final de paitiiāstīm est anticipé du m initial de manaŋhō (Humbach 1991 2 : 240). Tout arbitraire qu’elles soient, la suppression de vaŋhə̄ u š et la correction *paitiiāstī débouchent sur une syntaxe vraisemblable qui dissocie manaŋhō, déterminant de paitiiāstī, de a ahiiā mazdscā, déterminants de sarəm. Je fais l’hypothèse que varəšuuā est la 2e sing. imp. aor. M. de varz et que son objet interne *š̗ iiaōϑanā est suppléé par son qualificatif spništā (voir 51.21 ārmatōiš … iiaōϑanā) par hypallage. hudānū est l’instr. de moyen de varəšuuā comme paitiiāstī celui de dā. Reste la question de fond : que se passe-t-il dans ces deux vers ? Il ne fait guère de doute que celui qui les prononce est le récitant ordinaire qui parle depuis le début, sans revendiquer la 1re personne. Pour le reste, toute interprétation est nécessairement conjecturale. Je risquerai la suivante. La complémentarité rituelle de l’acteur de 3e personne et de celui du 2e réside dans les deux instrumentaux paitiiāstī et hudānū. Ce dernier, qui est bien connu (31.16, 44.9, 50.11), se réfère très probablement au feu rituel en tant que dévoreur de chair ; paitiiāsti- est un hapax apparenté au seul paitiiāstarde YH 35.9. Si l’« éjection de la Bonne Pensée » était une allusion au pressurage de haoma, source d’exaltation de la pensée rituelle (Kellens EAM 2 : 45 et EAM 6 : 26-27), on comprend que le récitant effectue le relais du sacrifiant préposé aux libations (de 1. ištiš à paitiiāstī manaŋhō) à celui qui va procéder à l’offrande carnée (4 atteste vāstriia-). « Que Pourucistā, petite-fille de Haēca.aspa, la Spitāma fille cadette de Zaraϑuštra, se tienne immobile (tandis que),
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par l’éjection de la Bonne Pensée, celui-ci assure ton alliance, à toi, avec l’Agencement et l’Attentif. Dès lors, entretienstoi (avec ceux-ci) avec aptitude et accomplis, par le (feu) dégoulinant, (les actes) les plus fastes de la Juste-pensée ! » Y53.4
tm zī v spərədā niuuarānī, yā fəδrōi vīdā paiϑiiaēcā vāstriiaēibiiō, acā xvaētauuē a āunī a auuabiiō, manaŋhō vaŋhuš xvnuua, haŋhuš mm bəduš mazd dadā ahurō, daēnaiiāi vaŋhuiiāi, yauuōi vīspāi.ā
a :
La critique extrême de TVA III est entièrement justifiée. L’impossibilité à distribuer en unités lexicales la succession des syllabes, liée à l’excédent métrique de deux d’entre elles, rend toute hypothèse vaine. a’-c’ : La structure de coordination est doublement complexe. 1. acā est certes une cheville métrique (TVA II 124), mais souligne aussi le passage du particulier au général dans le rapport de famille. 2. vāstriiaēibiiō… a auuabiiō est hors coordination parce qu’il chapeaute l’ensemble (les deux mots sont représentés par X dans le schéma de TVA II 148). Par vāstriiaēibiiō, il est entendu qu’ils observent les règles adéquates de l’immolation bovine, situation antithétique de celle qu’évoque 51.14. xvə̄nuuat̰ + c’’ : Tous les mots sont inconnus et inconnaissables (xvnuua, qui ne compte que 2 syllabes, n’est pas sûrement un dérivé du nom du soleil). d’ : Le déficit métrique est identique à celui de 1d’.
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Dans le cas où il y aurait corrélation tm (acc. sing. masc.) … yā (instr. sing. masc.), les deux pronoms pourraient représenter hudānū de la strophe précédente. Le feu hudānu serait celui d’une cérémonie célébrant le lien unissant une femme aux membres de sa famille. On fera dans ce cas l’hypothèse que c’est le personnage interpellé dans la strophe précédente qui a pris la parole. Celui à qui on a dit « taibiiō » devient « je » et tous les autres vont devenir « vous ». « Que je le [vā spərədā niuuaranī], lui par qui une partisane de l’Agencement honore son père, son mari, (ceux) de sa famille (s’ils sont) eux aussi partisans de l’Agencement et pâtres. Le Maître Attentif donne le [xvnuua haŋhuš mm bəduš] de la Bonne Pensée à la bonne âme-voyance pour l’éternité. » Y53.5
sāxvnī vaziiamnābiiō, kainibiiō mraōmī xšmaibiiācā vadəmnō, mcā ī mązdazdūm vaēdō.dūm daēnābīš, aibiiascā ahūm y, vaŋhuš manaŋhō a ā v aniiō ainīm, vīuuaŋhatū ta zī hōi, hušnəm aŋha
L’analyse de TVA III me paraît devoir être maintenue sur les points suivants : a: sāxvnī est un instr. sing., ce qui implique en b la correction de ī en xī comme fausse coupe de *ī dazdūm en ī … dazdūm. Le « précepte » est cité dans le dernier vers. b’ : la correction de xšmaibiiācā en xyūšmaibiācā régularise la métrique, mais est problématique. Ajoutons à présent que les raisons de Humbach
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(1991 : II 242-243) pour attribuer vadəmnō à vad « parler » plutôt qu’à vad « conduire » sont insuffisantes et il y aurait redondance avec mraōmī. cc’ : le parallélisme avec 51.19 daēnaiiā vaēdəmnō yə̄ ahūm išasąs aibī impose de reconnaître en aibiiascā la graphie continue du préverbe aibī de vaēdō.dūm et de ascā, acc. sing. du nom de l’os (ast-) coordonné à ahūm. Il y a brachylogie pour *(ahūmcā) ast (uuatəm) ahūm vaŋhuš manaŋhō. c’c’’ : y non subordonnant relève du problème de l’izafet en vieil-avestique (TVA II 63). dd’ : avec aniia- pour sujet, la 3e personne se substitue régulièrement à la 2e. d’’ : sur l’emploi « subordonnant » de zī + subj. entre deux indépendantes, voir TVA II 81. « Par ce précepte, je parle en tant que convoyeur aux jeunes filles qui se trouvent sur le chariot de noce ainsi qu’à vous. Méditez-le et trouvez grâce à (vos) âmes-voyance l’os et l’état-d’existence de Bonne Pensée : “charmez-vous l’un l’autre selon l’Agencement, afin qu’il en résulte pour vous un bon gain !” ». 2.2 La partie contrastée : une compétition très particulière (Y53.6-9) Y53.6
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iϑā haiϑiiā narō, aϑā jnaiiō drūjō hacā rāϑəmō ymə, spašuϑā frāidīm drūjō āiiesē hōiš piϑā tanuuō parā, vaiiū bərədubiiō, duš.xvarəϑm nąsa xvāϑrəm drəguuō.dəbiiō dji.arətaēibiiō, anāiš ā manahīm, ahūm mərəgəduiiē
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TVA III 243 et Humbach 1991 : I 193 s’accordent à faire de 53.6 le collage de deux strophes mutilées. Il s’y opère effectivement deux ruptures, l’une thématique, l’autre métrique. Avec le second vers, qu’inaugure démonstrativement drūjō, une zone contrastée, qui persistera jusqu’à la fin, succède à la zone positive initiale. Ce n’est pas un signe de discontinuité, car cela arrive dans les Gâthâs. Il y a aussi une transition logique entre les deux passages. Il est probable d’une part, que ī haiϑiiā, comme instr. sing., se réfère à sāxvnī et narō … jnaiiō à kainibiiō… xšmaibiiācā de la strophe précédente, d’autre part, que rāϑəma-, substantif inconnu, mais apposé à mąϑra- dans 44.17, lui soit opposé. Par contre, la rupture métrique est impressionnante et incontournable : l’hémistiche c, avec ses 13 syllabes, dénonce une irrégularité majeure. 1er vers : l’emploi de a. iϑā par rapport à a’. aϑā n’est pas parfaitement clair (TVA II 101). e 2 vers : telle quelle, la principale de b, réduite à son sujet, est incomplète et la relative n’est complète que si spašuϑā (corrigé en xspašnuϑā, de spas « voir » ?) est un verbe construit en double accusatif (frāidīm serait alors un adjectif rapporté à ym). Éric Pirart me fait remarquer que la césure après relatif est une particularité du Y53 (aussi 5 c’). e 3 vers : ici gît l’énigme. Humbach l’analyse de la manière suivante. En supprimant drūjō, dont la répétition peut paraître suspecte, et en lisant *hōi īš pour hōiš, on se trouve devant deux vers supplémentaires de 7 + 5 syllabes, le premier de āiiesē à tanuuō parā, le second de vaiiū à xvāϑrəm (en lisant *bərəbiiō pour bərədubiiō). 53.6 résulterait ainsi du collage de deux strophes, la première amputée de ses deux derniers vers, la deuxième du dernier. La traduction, tout embarrassée qu’elle soit par les
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inconnues lexicales, doit être envisagée dans ce cadre. Une autre solution paraît possible : un troisième vers de structure métrique régulière 7 + 7 + 5 commençant par piϑā et s’achevant par xvāϑrəm. Le désordre ne serait pas dû à la mutilation et au collage, mais à l’intrusion d’un fragment d’origine inconnue et hétérogène au contexte. En dépit de ses obscurités de détail, la strophe y trouve une cohérence syntaxique plausible. La principale amorcée en b et interrompue par la relative b’ se prolonge de c à d. En détail : 1. rāϑəmō est le sujet de parā … nąsa, verbe légitimé par la concaténation lexicale qu’il opère avec 7. anąsa parā ; 2. ce verbe a pour objet xvāϑrəm déterminé par le gén. sing. tanuuō ; 3. piϑā et vaiiū me restent opaques ; 4. bərədubiiō, à lire bərəbiiō, constitue avec d. drəguuō.dəbiiō djit.arətaēibiiō le datif du bénéficiaire et régit duš.xvarəϑm. Sur le caractère inusuel de l’anaptyxe u, du sens d’agent du nom-racine simple et de sa capacité de rection accusative, voir Kellens 1974 : 137-139. Une petite objection toutefois à cette analyse : si la strophe 6 est unitaire, le Y53 élargi de 54.1 n’est pas hendécastrophique. 4e vers : le sens de anāiš ā (aussi 32.15) est incertain (TVA II 3) et le déficit métrique de d’’ est incurable. Cette interpellation finale des drəguuat semble contraster directement avec celle des aṣ̌ a uuan dans la strophe précédente. Serait-ce un autre indice de cohérence strophique ? On notera aussi la concaténation lexicale 5. ahūm y vaŋhuš manaŋhō – 6. manahīm ahūm. « Selon ce (précepte) vrai les hommes sont comme ceci, les femmes comme cela. (Par contre), le rāϑəma selon la Tromperie [spašuϑā frāidīm + fragment interpolé + piϑā] échoue à atteindre le bien-être du corps pour les trompeurs
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qui endommagent l’Agencement en apportant [vaiiū] de la mauvaise nourriture. [anāiš ā] vous détruisez l’étatd’existence mental ». Y53.7
acā mīždəm aŋha, ahiiā magahiiā yauua āžuš zarazdištō, būnōi haxtii paracā mraōcąs aōrācā, yaϑrā mainiiuš drəguuatō, anąsa parā vīzaiiaϑā magm tm, a v vaiiōi aŋhaitī, apməm vacō
La greffe sur la principale (aa’) d’une subordonnée conjonctive (b-c) elle-même pourvue d’une conjonctive secondaire (cc’’) et la juxtaposition à l’ensemble d’une indépendante (d) donnent au volet positif du contraste une longueur démesurée par rapport à l’indépendante finale (d’d’’) qui en constitue le volet négatif. Ce déséquilibre explique deux particularités syntaxiques : la répétition de maga- en clôture de l’ensemble positif et la double fonction de acā initial qui, d’une part, vaut subordination conditionnelle implicite entre la principale et l’indépendante juxtaposée, toutes deux au subjonctif (TVA II 81), et, d’autre part, dispose en corrélation le volet positif et le volet négatif introduit par at̰ , qui signale à la fois l’opposition et le changement d’interlocuteur (TVA II 115). On signalera quelques particularités lexicales : 1. L’emploi irrégulier de maga- au masculin provoque une confusion voulue, donc un jeu de mot, entre maga« performance » neutre et maga- « trou » masculin. Le démonstratif n’a peut-être de valeur qu’indicative du genre. 2. āžu- « pénis » a été identifié à coup sûr par Gershevitch 1996.
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3. mainiiu- : on relèvera que la théorie des deux mainiiu, l’un intrinsèquement bon, l’autre intrinsèquement mauvais, dont l’histoire des religions fait si grand cas, n’existe dans le corpus vieil-avestique, que par 4 strophes de la GA (30.3-6) et une seule de la GU (45.2). Dans le YH, la GS, le Y51 et le Y53, le mainiiu a simplement la qualité de celui qui l’exerce. « (Si) vous activez cette performance-trou, vous aurez la récompense de cette performance-trou autant que le pénis très confiant quand il va et vient au profond des deux cuisses, là où la fougue du trompeur a peine perdue. Mais, pour vous, (trompeurs), « hélas ! » sera le dernier mot ». Y53.8
anāiš ā dužuuarəšnaŋhō, dafšniiā htū zaiiācā vīspŋhō, xraōsətąm upā huxšaϑrāiš jnərąm xrūnərąmcā, rāmąmcā āiš dadātū, iieitibiiō vīžibiiō iratū īš duuafšō huuō, dərəzā mərəiϑiiaōš mazištō, mošucā astū
Le trait stylistique marquant de la strophe est la succession de sept impératifs de 3 e personne, les quatre premiers au pluriel, les trois derniers au singulier. Toute autre personne grammaticale a disparu. Mais le système de coordination est problématique (je ne comprends pas la description de TVA II 150) : 1. Les attributs régis par hə̄ tū, dafšniiā … zax́ i iācā, s’appliquant aux mêmes personnes qui ne se répartissent pas en catégories distinctes, la coordination est en principe exclue (TVA II 158 et 160). 2. La coordination des trois verbes xraōsətąm upā … jnərąm xrūnərąmcā est régulière, mais incertaine, car l’hémistiche c ne peut être ramené à 7 syllabes que par
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la suppression de °cā (il s’agit de la seule irrégularité métrique de la strophe). Il y aurait alors asyndète. 3. La coordination par °cā des ensembles syntaxiques n’étant pas pratiquée, rāmąmcā … mošucā est aberrant Tels quels, celui de rāmąm° semble avoir une fonction adversative et celui de mošu° une valeur emphatique. Indépendamment de la coordination, nous avons à affronter les difficultés suivantes : 1. Dans la dépendance de htū : sur anāiš ā, voir la strophe 6. Je fais l’hypothèse que le composé dužuuarəšnaha pour second terme le nom abstrait varəšnahcorrespondant à l’adjectif varəšna- de Y11.6, que j’ai traduit, sur une vieille suggestion de Karl Hoffmann, par « priapique » (EAM 2 : 88). Par opposition, il est logique que le « pouvoir » de ceux qui sont désignés par huxšaϑra- soit d’ordre sexuel. Si dafšniia- est un dérivé de dab « leurrer », -š- est en effet inexplicable. On peut sereinement considérer zaiia- comme le verbal d’obligation de zah = scr. has « rire », cette étymologie ne s’imposant pas pour jahikā- (Kellens 2013b). 2. Les impératifs pluriels moyens passifs : je maintiens résolument que jə̄ n ərąm et xrūnərąm sont au même titre que xraōsətąm, des 3e plur. imp. prés. M. de sens passif, le premier de jan « frapper », le second de xrū « saigner » (46.5 xrūniiā exhorte d’ailleurs à traiter ainsi l’antagoniste). 3. Les impératifs singuliers actifs : le sujet de dadātū n’est pas explicitement mentionné. J’entrevois deux possibilités. 1. Il faut comprendre qu’il s’agit d’un membre dominant et anonyme de ceux que désigne huxšaϑrāiš. 2. En dépit de son étymologie incertaine et de son emploi dans 44.14, duuafša- serait un nom d’agent et duuafšō huuō mazištō le sujet explicite de dadātū comme il l’est
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de īratū. Cette interprétation justifie d’emblée l’emploi de huuō, mais, dans un cas comme dans l’autre, il est difficile de décider si āiš est un instrumental sociatif renvoyant à huxšaϑrāiš ou négatif renvoyant à leurs victimes. La seconde solution permettrait de mettre en parallèle les pronoms enclitiques āiš et īš. Voilée par la dramatisation brutale qui fait de la zone contrastée un chant de haine et de mise à mort, deux innovations conceptuelles font une apparition discrète. Via le composé huxšaϑrāiš, le xšaϑra, jusqu’ici absent, s’apprête à conclure la Gâthâ et les « domaines-claniques » (vīs-) procèdent, par rapport à 4. xvaētu-, à un premier élargissement de l’appartenance sociale. « [anāiš ā] tous ces mal-bandants doivent être bernés et ridiculisés. Qu’ils soient hués, abattus et vidés-de-leursang par ceux qui ont le bon Pouvoir ! Mais, tandis qu’il accorde malgré eux la paix aux domaines-claniques pris pour quartier, que ce très grand infligeur-de-tourment (?) les entraîne par le lien de la mort et que ce soit tout de suite ! ». Y53.9
dužuuarənāiš vaēšō rāstī, tōi narəpīš rajīš aēšasā dji.arətā, pəšō.tanuuō kū mazdā tauuā, y īš jiiātuš hmiϑiiā, vas.itōišcā ta mazdā tauuā xšaϑrəm, yā ərəžəjiiōi dāhī, drigauuē vahiiō
Le diagnostic de TVA III ne me paraît pas pouvoir être dépassé : de vaēšō à aēšasā, qui inaugure un hémistiche irrégulier de 6 syllabes, aucun mot n’est traduisible. Par contre, le reste est simple.
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L’éclatante présence de xšaϑra, préparée par 8. huxšaϑrāiš, et la première interpellation directe d’Ahura Mazdā, dont le nom n’avait plus été mentionné depuis 4, clôturent démonstrativement la Gâthâ proprement dite. La succession du nominatif ahurō dans la question et du vocatif mazdā dans la réponse s’explique au mieux par la dynamique du passage de 53.9 à 54.1. Zaraϑuštra répondrait à la question du chantre ordinaire qui reprendrait la parole en 54.1. Dans cette perspective, la mention du nom de Zaraϑuštra en 54.1 servirait à identifier l’auteur de la réponse finale de 53.9, comme rafəδrāi désignerait rafəδra- comme le déterminé sous-entendu par anticipation de vahiiō, en sorte qu’il y aurait concaténation lexicale implicite entre 53.9 et 54.1. « Par leur mauvais choix […] ceux qui endommagent l’Agencement et ont le corps soldé. Où est le Maître compagnon de l’Agencement qui puisse les priver de la vie et du libre-aller ? “C’est cela ton Pouvoir, ô Attentif, (et) par lui (aussi) tu veux bien donner au démuni qui vit droitement le meilleur (secours)” ». 2.3 Y54.1 (Airiiaman Išiia) comme dernière strophe du Y53 Y54.1
ā airiimā išiiō, rafəδrāi jatū nərəbiiascā nāiribiiascā, zaraϑuštrahē vaŋhuš rafəδrāi manaŋhō, yā daēnā vairīm, hanā miždəm a ahiiā yāsā a īm, yąm išiiąm ahurō masatā mazd
L’hémistiche a’ n’a que 4 syllabes. Il est possible qu’il y ait catalexe due à la prononciation emphatique de rafəδra-,
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un phénomène identique affectant 28.1a’ ustānazastō rafəδrahiiā. Pour le commentaire grammatical, je renvoie à mon article des Mélanges Oettinger (Kellens 2014c). Sur le fond, on remarquera : 1. L’ensemble Y53-54.1 est soudé par l’écho de clôture 1. ištiš- 54.1 išiiō … išiiąm avec, peut-être, le nom de Zaraϑuštra. 2. Tandis que rafəδrāi prolonge par substitution (voir 51.18 et 20) la présence du xšaϑra apparu en 53.8, la daēnā fait son retour triomphal depuis 53.5, cette fois comme responsable immédiate de la « mise en route » (a i-) vers la conquête du mīžda-. 3. En même temps qu’airiiaman- procède à une nouvelle extension de l’appartenance sociale, les iϑā … narō aϑā jnaiiō de 53.6 se changent en nərəbiiō nāiribiiascā. De jni-, la femme est devenue nāirī- et à la répartition par iϑā … aϑā s’est substituée la coordination. « Que la tribu rendue forte par l’offrance-īšti vienne au secours des hommes de Zaraϑuštra et de leurs femmes ! Pour (obtenir) le secours de la Bonne Pensée, je demande à l’âme-voyance qui gagnera la récompense désirable de (donner) à l’Agencement la mise-en-route que le Maître Attentif rendra forte proportionnellement à l’offrande-īšti. » 2.4 Que se passe-t-il dans le Y53 ?
L’offrande non carnée īšti est annoncée dès les premiers mots de la première strophe et la répétition de išiia- dans Y54.1 salue la persistance de son pouvoir durant tout le cours du rite. Le vahma lui est associé dans la strophe suivante comme les deux mots le sont dans 51.2 (ištōiš … vahmāi), mais sa coordination inusuelle avec yasna évoque
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d’emblée la phase carnée à laquelle se réfèrent probablement 3. hudānū, puis 4. vāstriiaēibiiō. En 3, paitiiāstī(m) est peutêtre une allusion au pressurage de haoma. Dès la strophe 1 aussi, avec le nom de Zaraϑuštra, responsable de l’īšti, commence le catalogue des nomspropres combiné à une zone daēnā. Les deux hommes de la strophe 2 sont en apparence traités différemment. Vīštāspa est pourvu d’un titre et de deux références patronymiques (kauuā°… zaraϑuštriš spitāmō), Fərašaoštra laissé à sa solitude. Ce contraste appelle quelques remarques : a. Un titre n’est jamais accordé qu’à un seul membre du catalogue (EAM 6 : 122). Vīštāspa est kauui dans la GU (46,14) et le Y51 (13), Zaraϑuštra est mąϑrān dans la GS (50.5-6) et, peut-être, indirectement dans la GA (28.5-7). Il est possible que cette attribution désigne celui qui va prendre la parole. b. Les patronymes haēca.aspa- (46.15) et huuō.guua(46.16 et 17, 51.17 et 18), ainsi que spitāma- (46.12 et 15, 51.11. 12 et 19)12, ne figurent que dans les catalogues complexes de la GU et du Y51. Qu’ils soient mentionnés ou non semble relever d’un système, mais lequel ? c. Que zaraϑuštriš et spitāmō se rapportent à Vīštāspa (et on peut supposer qu’ils sont sous-entendus pour Fərašaoštra) est un impératif grammatical. Dans TVA III, nous avons persisté à situer l’information dans le cadre d’une réalité sinon historique, du moins légendaire (et moi-même encore dans 2014b : 260-261). Humbach & Faiss (2010 : 193) veulent concilier grammaire et tradition en comprenant « fils de Zaraϑuštra » au sens imagé 12 Aussi mentionné, hors catalogue, dans 29.8.
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de « disciple par excellence de Zaraϑuštra ». Il est une troisième solution qui aujourd’hui a ma préférence. Les liens familiaux ici définis n’appartiennent à aucune réalité, mais visent à tisser entre les membres du collège sacerdotal un rapport ponctuel symbolique inhérent au rite qui va être célébré et dont la suite va progressivement dévoiler la nature. Pourucistā, en tant que fille de Zaraϑuštra, petite-fille de Haēca.aspa et spitamide, fait partie de cette configuration familiale. Son nom, « celle qui est remarquée par beaucoup », est conforme au rôle qu’elle va tenir dans le déroulement du rite. D’une part, il évoque son pouvoir de séduction, d’autre part, son second terme cistā- est une variante de cisti-, dont l’alternance avec daēnā- est une constante (2013a : 73-79, voir ici 51.16-19), et deviendra le nom de la protagoniste du Yašt 16 à Daēnā. Il est remarquable aussi que la seule strophe entre 1 et 5 qui ne mentionne pas daēnā- est celle de Pourucistā. Tout se passe comme si celle-ci s’y substituait pour l’incarner dans le rite en cours et il faut alors comprendre qu’elle est yezuuī- « cadette » parce que la daēnā - aurore qu’elle représente est celle qui apparaît, se lève aujourd’hui. La strophe 4 résume la situation en termes clairs : il s’agit pour une femme de manifester sa piété dans le cadre familial (x vaētu-) en révérant son père et son mari. La strophe suivante (5) précise que cette famille procède à une cérémonie matrimoniale et, après la problématique strophe 6, qui commence par un aphorisme sur la différenciation homme / femme et s’achève en introduisant la zone contrastée, la situation se teinte crûment de sexualité. La strophe 7, dans le cadre de la rivalité entre aṣ̌ auuan et drəguuat, entretient une confusion prolongée entre rite et rapport sexuel. L’emploi au masculin confère à maga- le
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double sens de « performance sacrificielle » et de « trou ». La confiance en la bienveillance des dieux (zarazdišta-) devient celle en sa vigueur sexuelle et la fougue mise à sacrifier (mainiiu-) celle de l’union amoureuse. Mais aussi, avec l’exaltation du succès des a auuan et la dérision envers le fiasco de leurs adversaires, le rite en cours a pris la forme d’une compétition, aussi clairement qu’à la fin du Y32 de la GA (Kellens 2014b : 299), et l’échec dans cette compétition engendre un processus qui passe brutalement de la moquerie à la mise à mort sans perspective d’accès à l’immortalité (strophe 8). Le bon camp peut revendiquer sa victoire. Il recevra le secours du Pouvoir d’Ahura Mazdā et peut demander à la daēnā la récompense qu’il mérite : la mise en route (a i-) vers le paradis (strophe 9 et Y54.1). L’originalité du Y53, c’est qu’il est le récitatif d’un rite de mariage et non d’un sacrifice qui vise, comme celui des Gâthâs polyhâtiques, à rendre l’état d’existence (ahu-) parfait (fraša-) pour l’ensemble d’une communauté (d’où l’absence dans les Y51 et 53 d’une strophe finale parallèle à celles de la GA, de la GU et de la GS). Résumons ses étapes progressives : 1. une femme fait partie du collège sacerdotal, elle est belle et semble se confondre avec la daēnā (3) ; 2. l’ensemble du collège sacerdotal est censé constituer une famille (4) ; 3. cette famille se trouve au moment de célébrer un mariage (5) ; 4. le rite est alors assimilé à une union sexuelle (7). Que cette union ait lieu dans le cadre strict d’une famille lui donne clairement un caractère incestueux. On ne peut s’en étonner. La daēnā, constamment présente et incarnée par l’héroïne, n’est-elle pas celle par excellence qui pratique le xvaētuuadaϑa « mariage dans la lignée » (Y12.9). Un mot dont le Y53 assemble progressivement les composants (4. xvaētauuē – 5. vadəmnō).
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Mais ces noces ne sont pas d’ordre courant. Le parallélisme entre 53.5 vaēdō.dūm daēnābīš aibiiascā ahūm y vaŋhuš manaŋhō et 51.19 daēnaiiā vaēdəmnō y ahūm … aibī révèle en toute clarté que, tout matrimonial qu’il soit, le rite du Y53 est complémentaire du rite funéraire du Y51. Après avoir accompli la cérémonie qui rend au cadavre (le nar) un accès à l’existence, il faut célébrer son mariage avec sa daēnā, qui est à la fois le mode opératoire et le symbole de l’accueil au paradis.
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Conclusion Le Y51 et le Y53 partagent un certain nombre de particularités communes qui ne sont pas toujours organisées de la même manière, mais concourent à faire d’eux le récitatif de deux cérémonies complémentaires. 1 La structure du cursus rituel. Les deux Gâthâs sont parcourues du début à la fin par l’offrande īšti- et la qualité išiia- qu’elle procure (51.2 ištōiš – 17. išiiąm – 18. ištōiš – 53.1 ištiš – 54.1 išiiō … išiiąm). Toutefois, dans le Y51, l’īšti est précédée de l’īžā (1) et autoritairement supplantée dans les strophes finales par le yasna (20. yazəmnƗծ ŋhō – 22. yesnē … yazāi), tandis que son évocation dans le Y53 est disposée est écho de clôture symétrique. Dans les deux textes, l’association avec le vahma est immédiate (51.2 vahmāi – 53.2 vahmāi.ā), mais, dans le Y53, en une coordination indirecte avec le yasna (yasnąscā), qui ne réapparaîtra pas. Il y a donc contraste avec l’avènement final du yasna dans le Y51 et son évacuation hâtive dans le Y53. Mais, en considérant l’ensemble, l’īšti semble assurer le continuum rituel des deux Gâthâs et le yasna en constituer la phase centrale (l’attestation du mot en 53.2 semble aussi une concaténation lexicale un peu différée). Il faut aussi relever que les références indirectes à l’offrande carnée apparaissent assez vite dans le Y51 (51.5 gąm … vāstriiō) et prolongent yasnąscā dans le Y53 (53.3 hudanū – 4. vāstriiaēibiiō). 2 Le réseau lexical. a. La nécessaire présence de Zaraϑuštra en tête du catalogue des noms-propres ôte une certaine pertinence aux attestations de son nom dans l’économie du texte. On notera toutefois que, par deux d’entre elles, il figure à l’omphalos dans le Y51 (11-12) et en écho de clôture symétrique dans le Y53 (1 – 54.1). b. Une vaste
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zone où le nom d’Ahura Mazdā figure au nominatif dans chaque strophe chevauche les deux Gâthâs (51.15 – 53.4). c. Le Y51 conduit de 1. vohū à 22. vahištəm et le Y53 de 1. vahištā à 9. vahiiō. vohu- et ses degrés non seulement font office de concaténation lexicale entre les deux Gâthâs, mais aussi encadrent leur unité. d. Le retour insistant de xšaϑra à la fin du Y51 (18-21) et son apparition brutale et isolée à la fin du Y53 (9), par-delà le contraste, ont en commun de l’assimiler à un « secours » (51.18 rapn- 20. rafəδrəm et rafəδrāi répété en 54.1 est peut-être anticipé comme déterminé de vahiiō en 53.9). e. J’ai relevé en 2014c (124-125) que vairiia- était transféré de xšaϑra- en 51.1 à mīžda- en 54.1 comme il l’est, dans la GA, de 27.13 à 34.14. On peut faire l’hypothèse d’un mode traditionnel d’englobement révélateur des buts du sacrifice. 3 La zone daēnā. Les deux Gâthâs ont pour particularité commune que leur catalogue des noms-propres se confond avec une zone daēnā, mais avec quelques différences significatives. a. Dans le Y53, daēnā n’alterne pas avec cisti-, mais cette dernière est évoquée par le nom de la protagoniste féminine du catalogue, Pourucistā. b. Le rapport de la daēnā avec Ārmaiti et A i est commun, mais non structuré de la même manière. Dans le Y51, les deux déesses mettent fin à la zone daēnā, respectivement en 20 et 21. Dans le Y53, où toutes deux n’apparaissent qu’une fois, Ārmaiti accompagne la substitution de Pourucistā à la daēnā dans la strophe 3 et A i participe au retour triomphal et final de la daēnā dans 54.1. Le parcours d’A i, en quatre attestations au long des deux Gâthâs, est remarquable. Suite à la prise de conscience qu’il y a deux A i (51.5), prière est adressée
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à A a de venir (auprès du feu ?) avec celle qui est bonne (51.10). Puis 51.21 vaŋvhīm yāsā a īm et 54.1 yāsā a īm yąm išiiąm font résonner en écho la fin des deux textes. Cette finale commune et le parallèle 51.19 daēnaiiā vaēdəmnō … aibī… ahūm – 53.5 vaēdō.dūm daēnābīš aibi°… ahūm dévoile l’objectif du rite. Il se distribue en deux volets que forment les deux Gâthâs : dans le Y51, susciter l’apparition de la daēnā pour revenir à l’existence et, dans le Y53, en l’épousant, obtenir d’elle le signal du départ vers le paradis. 4 De la solitude à la société. Dans le Y51, les cercles de l’appartenance sociale sont passés sous silence et un individu singulier, le nar, s’y substitue comme bénéficiaire du rite. Qu’il s’agisse du défunt dont il faut obtenir le salut semble encore confirmé par une autre absence : en contraste avec la forte présence de la daēnā, aucune des deux Gâthâs n’atteste uruuan-, sinon dans une strophe de la damnation (51.13), où sa présence est particulière et convenue. L’uruuan de cet office des morts est devenu nar comme celui du Hādōxt Nask, une fois la daēnā apparue, devient yuuan. L’appartenance sociale réapparaît avec la configuration du collège sacerdotal en famille (53.4 xvaētauuē). Dès lors, tous les interpelés, y compris le nar (53.4 xšmaibiiā … 6. narō … 54.1 nərəbiiascā), deviennent pluriels et les statuts successifs des femmes auxquelles ces hommes s’unissent déclenchent l’extension des cercles sociaux. La métamorphose des jeunes filles (53.5 kainibiiō) en femmes simplement définies par leur genre (53.6 jnaiiō) détermine l’extension de la famille en clan (53.8 vīžibiiō). La tribu est invoquée pour finir lorsque hommes et femmes sont mariés sous l’égide de Zaraϑuštra et l’emprise de son īšti (54.1 airiimā išiiō … nərəbiiascā nāiribiiascā zaraϑuštrahē). Tout se passe
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comme si le nar solitaire du Y51 était progressivement réintroduit dans l’extension des appartenances sociales. 5 Les intercalations. Trois textes sont ou peuvent être intercalés entre le Y51 et le Y53 (abstraction faite du Vidēvdād ou, éventuellement, d’un Yašt). a. L’intercalation du texte à Aṣ̌ i, officiellement catalogué comme Y52, va de soi. Par ses deux premiers mots dépourvus d’ancrage syntaxique, vohuca vaŋ́ h Ɨծ sca, il se réfère clairement à l’ensemble textuel dont le premier mot est vohū et le dernier vahiiō (Kellens EAM 4 : 102-103). En même temps, il jette un pont entre la même demande yāsā a īm qui survient à la fin des deux Gâthâs (51.21 et 54.1). b. L’intercalation éventuelle du Hādōxt Nask n’est documentée par aucun manuscrit, mais mentionnée par le Nērangestān. L’hypothèse que HN2 ait été inséré entre Y51 et 53 est fondée sur la composition lexicale de Y51.8 et 16, qui induit à l’idée qu’il est la version romanesque de la cérémonie en cours. Si elle est exacte, elle comporte une conclusion grave : les diascévastes récents qui ont procédé à ce montage connaissaient parfaitement la fonction rituelle originale des deux Gâthâs. On notera que V19, dont c’est aussi le lieu d’intercalation, est le seul chapitre du Vidēvdād qui comporte un récit de l’accès au paradis. c. La répétition du YH entre le Y51 et le Y53 est constitutive de l’Avesta ancien. Il est surprenant que ce texte vieil-avestique, en principe hétérogène aux Gâthâs et où les figures de l’immortalité sont d’une grande discrétion, jouisse d’un arrimage lexical et thématique solide. Pour l’essentiel, il vient étoffer la zone rituelle 51.20 – 53.2 consacrée
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au yasna. Dans le détail, l’assemblage de la triade pensée-parole-action en concaténation lexicale entre 53.1 uxδā š̗ iiaōϑanācā et 53.2 manaŋhā uxδāiš iiaōϑanāišcā évoque les premiers mots du YH (35.2 humatanąm hūxtanąm huuarštanąm). YH35.7 yasnəmcā vahməmcā et Y53.2 vahmāi ā … yasnąscā sont aussi les deux seuls exemples de mention conjointe du yasna et du vahma. En témoignant de manière exceptionnelle de la pratique de l’énoncé du nom, systématique dans le YH, 51.22 fait une suggestion troublante. Si les deux Gâthâs ont été composées avec des aménagements qui leur permettent d’accueillir comme une nécessité le YH en leur sein, faut-il penser qu’à un moment donné de l’époque vieilavestique, les traditions gâthiques et haptahâtiques s’étaient déjà associées ? Et que faut-il en conclure quant à la formation du corpus vieil-avestique ? Une collection de fragments hasardeux assemblés sans ordre a-t-on dit…
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La libation-de-lait imprègne selon l’Agencement le bon Pouvoir qu’il faut choisir, pour qu’il apporte au mieux sa part à celui qui cherche à opérer la dissociation et que, grâce aux actes (de celui-ci), ô Attentif, (de bon, il devienne) très bon. C’est cela que je veux à présent entreprendre à notre profit. Ces (actes) sont d’abord pour vous, ô Maître Attentif et Agencement. Quant à toi, ô Juste-pensée, je veux te montrer le Pouvoir de mon offrande-īšti et le vôtre, que vous exercez sur l’épanouissement, donne-le au chantd’adoration pour prix de la Bonne Pensée ! Que le Maître, par le heurt (des pierres), indique la direction jusqu’à vous à ceux qui s’unissent à l’Agencement par les actes et les paroles que leur dicte la Bonne Pensée et dont tu es, ô Attentif, l’antique propulseur ! Où [ārōiš ā] Fsəratū ? Où vient s’installer la Pitié ? Où (toutes deux) glorifient-elles l’Agencement ? Où est la faste Juste-pensée ? Où est la très Bonne Pensée ? Où (sont-ils) selon ton Pouvoir, ô Attentif ? En posant toutes ces (questions et celle de savoir) comment trouver la vache conforme à l’Agencement, en se montrant à la hauteur par ses actes et très apte à rendre l’hommage, le pâtre a pu, pour ceux qui respectent les dispositionsrituelles, avoir l’intuition du temps-rituel des deux mises-en-route. (Tel est le temps des deux mises-en-route :) le Maître Attentif a le Pouvoir de donner, au tournant final de l’étatd’existence, mieux que bon à celui qui aura accompli sa volonté, mais pire que mauvais à celui qui ne l’aura pas servi.
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Ô Attentif, toi qui as taillé la vache, les eaux et les plantes, donne-moi l’Immortalité et l’Entièreté, la Force et la Jouvence quand je te qualifie selon l’Avis (que tu es) le plus faste et selon la Bonne Pensée ! Je vais donc te parler, ô Attentif, car l’Homme doit parler à celui qui sait que c’est malheur pour le trompeur, bonheur pour celui qui a toujours soutenu l’Agencement, et, en récitant les formules, il n’est serein que s’il parle à celui qui sait (cela). La [xšnūt] que tu donnes aux deux générosités par ton feu flamboyant (et) le métal forgé, ô Attentif [aibī + b’]. Afin que dépérisse le trompeur, ne cesse de faire s’épanouir le partisan de l’Agencement ! (Le feu dit) : « L’homme qui chercherait à me détruire plutôt que lui, ô Attentif, celui-là est le bâtard du constructeur de la Tromperie, [tā] le plus avare de ceux qui sont-pourtoujours. J’invite l’Agencement à venir à moi d’une bonne mise-en-route ». (Le feu continue) : « Quel homme, ô Attentif, est l’allié de Spitāma Zaraϑuštra ? Lequel s’est entretenu avec l’Agencement ? Avec lequel s’est entretenue la faste Justepensée ? Lequel s’est montré à la hauteur de la performance de Bonne Pensée ? ». Kəvina – qu’on l’encule ! – n’a pas agréé Spitāma Zaraϑuštra au gué de l’hiver, alors même qu’arrivé là, il ne cessait de déplorer que [īm] ses deux bêtes de trait soient accablées (l’une) par la marche et (l’autre) par le froid. (Zaraϑuštra dit) ? : « [tā] l’âme-voyance du trompeur néglige la continuïté du (chemin) direct, lui dont l’âme s’irrite devant le gué de l’empileur, (car) par la faute de ses actes et (des mots) de sa langue, il a maintenant perdu le chemin de l’Agencement ». (Zaraϑuštra continue) : ? « Les karapan ne sont pas pour la vache des alliés respectueux des dispositions-rituelles et
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du soin-de-pâture [ārōiš ā sədā] à cause de leurs actes et de leur justification, laquelle les placera finalement dans la maison de Tromperie ». Maintenant que Zaraϑuštra a frustré les magauuan de la récompense, le Maître Attentif vient le premier dans la maison de bienvenue. Grâce à cette Bonne Pensée, c’est à vous et à l’Agencement que (la récompense) est octroyée avec les épanouissements. Par son Pouvoir sur la performance, le kavi Vīštāspa atteint par les chemins de la Bonne Pensée cette idée qu’il pense selon l’Agencement : « (Puisque) le Maître Attentif est faste, le bonheur doit nous devenir sensible. » Fərašaōštra fils de Hugu ne cesse de montrer à la bonne âme-voyance la forme-visible que j’admire. Que le Maître Attentif, qui en a le pouvoir, rende (cette forme-visible) assez vigoureuse pour que (Fərašaōštra) obtienne l’avidité de l’Agencement ! Djāmāspa fils de Hugu, bénéficiant de la profusion de l’offrande-īšti, choisit, lui, cette idée : « Repère (mon) Pouvoir sur la Bonne Pensée (et) accorde-moi le tien, ô Maître Attentif, en tant qu’il est ton moyen d’aider ! » Il s’empare de ce (Pouvoir) grâce au Spitāma né au mois du milieu de l’année, l’Homme qui, trouvant et revendiquant l’état-d’existence par son âme-voyance, dit que ce (Pouvoir) devient meilleur par l’ordonnance-rituelle de l’Attentif et les actes de (sa propre) vie. Tous les sacrifiants, pour obtenir ce (Pouvoir comme) épanouissement, sont d’accord de charmer l’Agencement par la Bonne Pensée, la parole et l’hommage rendu à l’Attentif qui, (si) la Juste-pensée est avec (cette pensée, cette parole et cet hommage), offre le (Pouvoir comme) secours. L’Homme que voici est faste grâce aux paroles, à l’acte et à l’idée qu’inspire la Juste-pensée : « L’âme-voyance
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fait en sorte que l’Agencement ait un chien (et) le Maître Attentif donne le Pouvoir pour prix de la Bonne Pensée. Je lui demande la bonne mise-en-route. » 22 Je sais que le Maître Attentif est celui dont, lors de chaque sacrifice conforme à l’Agencement, le (Pouvoir) est le meilleur pour moi. Ceux qui furent et sont (encore), je veux leur sacrifier en énonçant leur nom et les entourer d’un charme. Yasna 53
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On saura que la meilleure offrande-īšti est celle de Zaraϑuštra Spitāma car le Maître Attentif lui accordera pour l’éternité les acquis qui découlent de l’Agencement, dont le bon état-d’existence, (à lui) ainsi qu’à ceux qui lui (Zaraϑuštra ou Ahura Mazdā ?) [dabən] et maîtrisent les paroles et les actes de la bonne âme-voyance. Que le kavi Vīštāspa Spitāma, fils de Zaraϑuštra, et Fərašaōštra s’appliquent par la pensée, les paroles et les actes à agréer l’Attentif pour le chant-d’adoration et à lui offrir les sacrifices ; (qu’ils suivent aussi) les chemins directs du don (qui sont ceux) de l’âme-voyance que le Maître a faite (épouse) de celui-qui-va-s’épanouir ! Que Pourucistā, petite-fille de Haēca.aspa, la Spitāma fille cadette de Zaraϑuštra, se tienne immobile (tandis que), par l’éjection de la Bonne Pensée, celui-ci assure ton alliance, à toi, avec l’Agencement et l’Attentif. Dès lors, entretienstoi (avec ceux-ci) avec aptitude et accomplis, par le (feu) dégoulinant, (les actes) les plus fastes de la Juste-pensée ! Que je le [vā spərədā niuuaranī], lui par qui une partisane de l’Agencement honore son père, son mari, (ceux) de sa famille (s’ils sont) eux aussi partisans de l’Agencement et pâtres. Le Maître Attentif donne le [xvnuua haŋhuš mm bəduš] de la Bonne Pensée à la bonne âme-voyance pour l’éternité.
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Par ce précepte, je parle en tant que convoyeur aux jeunes filles qui se trouvent sur le chariot de noce ainsi qu’à vous. Méditez-le et trouvez grâce à (vos) âmes-voyance l’os et l’état-d’existence de Bonne Pensée : “charmez-vous l’un l’autre selon l’Agencement, afin qu’il en résulte pour vous un bon gain !”. Selon ce (précepte) vrai les hommes sont comme ceci, les femmes comme cela. (Par contre), le rāϑəma selon la Tromperie [spašuϑā frāidīm + fragment interpolé + piϑā] échoue à atteindre le bien-être du corps pour les trompeurs qui endommagent l’Agencement en apportant [vaiiū] de la mauvaise nourriture. [anāiš ā] vous détruisez l’étatd’existence mental. (Si) vous activez cette performance-trou, vous aurez la récompense de cette performance-trou autant que le pénis très confiant quand il va et vient au profond des deux cuisses, là où la fougue du trompeur a peine perdue. Mais, pour vous, (trompeurs), « hélas ! » sera le dernier mot. [anāiš ā] tous ces mal-bandants doivent être bernés et ridiculisés. Qu’ils soient hués, abattus et vidés-de-leursang par ceux qui ont le bon Pouvoir ! Mais, tandis qu’il accorde malgré eux la paix aux domaines-claniques pris pour quartier, que ce très grand infligeur-de-tourment (?) les entraîne par le lien de la mort et que ce soit tout de suite ! Par leur mauvais choix […] ceux qui endommagent l’Agencement et ont le corps soldé. Où est le Maître compagnon de l’Agencement qui puisse les priver de la vie et du libre-aller ? “C’est cela ton Pouvoir, ô Attentif, (et) par lui (aussi) tu veux bien donner au démuni qui vit droitement le meilleur (secours)”.
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Yasna 54.1
Que la tribu rendue forte par l’offrance-īšti vienne au secours des hommes de Zaraϑuštra et de leurs femmes ! Pour (obtenir) le secours de la Bonne Pensée, je demande à l’âme-voyance qui gagnera la récompense désirable de (donner) à l’Agencement la mise-en-route que le Maître Attentif rendra forte proportionnellement à l’offrande-īšti.
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13 à 24 et la Dahmā Āfriti (Y60-61) (Persika 16). Paris : de Boccard. Kellens, Jean. 2013a. Le jour se lève à la fin de la Gāthā Ahunauuaitī. Journal Asiatique 301. 53–84. Kellens, Jean. 2013b. Jahikā et le Vocabulaire Daivique. In Jamsheed Kairshasp Choksy & Jennifer Dubeansky (eds.), Gifts to a Magus: Indo-Iranian Studies Honoring Firoze Kotwal (Toronto Studies in Religion 32), 123– 127. New York : Peter Lang. Kellens, Jean. 2014a. Sur l’origine des Amǝ as Spǝtas. Studia Iranica 43(2). 163–175. Kellens, Jean. 2014b. La Gâthâ ahunauuaitī dans l’attente de l’aube. Journal Asiatique 302. 259–302. Kellens, Jean. 2014c. L’Airiiaman Išiia. In H. Craig Melchert, Elisabeth Rieken & Thomas Steer (eds.), Munus Amicitiae. Norbert Oettinger a collegis et amicis dicatum, 121–125. Ann Arbor – New York : Beech Stave Press. Kellens, Jean. 2016. Observations sur l’intercalation du Hādōxt Nask dans le Yasna. In Dieter Gunkel, Joshua T. Katz, Brent Vine & Michael Weiss (eds.), Sahasram Ati Srajas, Indo-Iranian and Indo-European Studies in honor of Stephanie W. Jamison, 153–158. Ann Arbor – New York : Beech Stave Press. Kellens, Jean. 2020a. Ahu, mainiiu, ratu. In Céline Redard, Juanjo Ferrer-Losilla, Hamid Moein & Philippe Swennen (eds.), Aux sources des liturgies indo-iraniennes (Collection Religions. Comparatisme – Histoire – Anthropologie 10), 165–173, 377–400. Liège : Presses Universitaires de Liège. Kellens, Jean. 2020b. L’A ǝm Vohū entre Gâthâs et Visprad. In Norbert Oettinger, Stefan Schaffner & Thomas Steer (eds.), „Denken Sie einfach!“ Gedenkschrift für Karl Hoffmann (Münchener Studien zur Sprachwissenschaft, Beihefte 30), 113–121. Dettelbach : Verlag J.H. Röll. Kellens, Jean. 2020c. Études avestiques et mazdéennes vol. 6. Lecture sceptique et aventureuse de la Gâthâ uštauuaitī (Persika 19). Paris : de Boccard.
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Avant-propos (p. 7)
1 Le Yasna 51 : un monohâtisme relatif (p. 9) 1.1 Rendre « très bon » le « bon » Pouvoir d’Ahura Mazdā pour accéder à l’immortalité (Y51.1-7) (p. 12) 1.2 La formule du feu et l’entrée en scène de l’Homme (Y51.8-10) (p. 22) 1.3 La strophe de transition (Y51.11) (p. 28) 1.4 Du rejet de l’alliance (uruuata-, via uruuaϑa-) au refus de la récompense (mīžda-) : Y51.12-14 (p. 29) 1.5 La prise de conscience des officiants, de l’épanouissement à l’épanouissement (Y 51.15-20) (p. 34) 1.6 La cisti finale (Y51.21-22) (p. 42) 1.7 Conclusions (p. 46) A Singularités du Y51 (p. 46) B Finalité rituelle du Y51 (p. 47)
2 Le Yasna 53 : un texte problématique complémentaire du Yasna 51 (p. 53) 2.1 La partie positive : un catalogue des noms propres très particulier (Y53.1-5) (p. 54) 2.2 La partie contrastée : une compétition très particulière (Y53.6-9) (p. 62) 2.3 Y54.1 (Airiiaman Išiia) comme dernière strophe du Y53 (p. 69) 2.4 Que se passe-t-il dans le Y53 ? (p. 70) Conclusion (p. 75) Appendice : traduction suivie (p. 81) Yasna 51 (p. 81) Yasna 53 (p. 84) Yasna 54.1 (p. 86) Bibliographie (p. 87)
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