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NAISSANCE DE LA
VERRERIE MODERNE
DE DIVERSIS ARTIBUS COLLECTION DE TRA VAUX DE L'ACADÉ MIE INTERNATIONALE D'HISTOI RE DES SCIENCES
COLLECTION OF WORKS OF THE INTERNA TI ONAL ACADEM Y OF THE HISTORY OF SCIENCE
DIRECTION EDITORS
EMMAN UEL
ROBERT
POULLE
HALLE UX
TOME 38 (N.S. 1)
BREP OLS
NAISSANCE DE LA
VERRERIE MODERNE XIIe-XVIe SIÈCLES ASPECTS ÉCONOMIQUES, TECHNIQUES ET HUMAINS
MICHEL
PHILIPPE
BREPOLS
© 1998 Brepols Publishers, Turnhout
Imprimé en Belgique D/1998/0095/76 ISBN 2-503-50738-7 All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher.
À Chanthaly
REMERCIEMENTS
Voici un fruit personnel qui doit beaucoup à autrui. Il n'aurait pas vu le jour sans les contrats de recherche alloués par l'Inventaire général, dès 1988. Une meilleure connaissance de l'histoire des verreries et des verriers me donna l'idée, en novembre 1993, d'en faire profiter tout le monde. Je souhaitais alors présenter un instrument de travail, non une recherche terminale. Des recherches complémentaires me confirmèrent dans ce choix. Un tel livre devenait indispensable pour accompagner l'avancée des travaux des historiens de l'art, des archéomètres et des archéologues. Il en résulte un outil qui doit répondre à des questions, que l'on interroge, et que l'on corrige ... L'avenir dira si l'on ne doit pas lui donner une forme encore plus souple et pratique, dans un CD Rom. Ma reconnaissance s'adresse en premier à la Cellule du patrimoine industriel de l'inventaire général (Claudine Cartier et Jean-François Belhoste) qui a su, contre vents et marées, mettre en place une politique de recherche sur le patrimoine industriel, unique en France, aidée en cela par certains services régionaux (Haute-Normandie, Champagne-Ardennes, Nord-Pas-de-Calais). Christiane Claerr, conservateur de l'inventaire, m'a fourni des informations sur la Franche-Comté, ainsi que Pierre Camp, historien par excellence du val de Saône; Mathieu Arnoux, maître de conférences à l'Université de Paris VII, a fait de même sur la Normandie. Sophie Lagabrielle, conservateur au Musée du Moyen Âge, en plus d'informations sur la Bourgogne, la Normandie et le Nivernais, m'a aidé dans certaines démarches; surtout, elle a su m'insuffler sa passion pour l'histoire du verre. David Crossley, maître de conférences à l'Université de Sheffield, m'a informé sur la verrerie anglaise, de même qu' Anselmo Mallarini, sur celle d' Altare. Danièle Foy, chercheur à Aix-enProvence et spécialiste international de l'histoire et de l'archéologie du verre, a su répondre à mes demandes. L' Association française pour l'archéologie du verre (AFAV) et Geneviève Sennequier, conservateur au Musée des Antiquités historiques de Rouen, l'association Histoire au présent et son président François-Olivier Touati, maître de conférences à l'Université de Paris XII, sont à joindre à ces remerciements, de même que le CNRS et la Mission du patrimoine ethnologique, dans des recherches dirigées par Denis Woronoff, professeur à l'Université Paris 1. À Bourges, Geneviève Bailly et Philippe Goldman, des Archives départementales, m'ont largement conseillé et documenté sur le verre en Berry. Françoise Thélamon, professeur d'histoire antique et responsa-
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ble du Groupe de recherche d'histoire (GRHIS), à Rouen, m'a encouragé dans mes recherches sur la Normandie et par des table-rondes sur le patrimoine industriel. D'autres chercheurs sont remerciés dans le cours de cet ouvrage. Patrice Beck, maître de conférences à l'Université de Tours, et Philippe Braunstein, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, m'ont aidé dans ces recherches. Je remercie ces deux amis pour leur sollicitude et leurs conseils avisés. Pour avoir suivi la réalisation de ces pages et la lente élaboration de la publication, je considère Philippe Braunstein comme le directeur scientifique de ce travail. Toute la rigueur dans la présentation est due à l'attention méticuleuse d'Emmanuel Poulle, directeur honoraire de l'École des chartes, à qui je voue une reconnaissance particulière, tant la tâche paraissait lourde. Robert Halleux, directeur du Centre d'histoire des sciences et des techniques de l'Université de Liège, en partage la responsabilité. Tous deux me font un grand honneur en m'ouvrant les pages de cette brillante Collection. Certains proches se sont chargés des tâches ingrates. Olivier Puaux a revu et refait toutes les cartes. Ghislain Brunel, conservateur aux Archives nationales, m'a conseillé sur la présentation des sources. Annick Bureaud, pour la logistique et la présentation formelle, et Philippe Malherbe, professeur de lettres, ont relu l'ouvrage en entier; qu'ils sachent que ce témoignage m'a profondément touché. Ce livre a une vocation scientifique ; celle-ci a été largement facilitée par l'aide technique que m'ont apportée Ugly et surtout Nomad, fidèles et brillants collaborateurs du chercheur moderne. Au terme de ces remerciements, je souhaite rendre hommage à Monsieur Vincent, professeur de lettres au lycée Victor-Louis de Talence, qui m'a fait découvrir l'histoire économique, à mon oncle Jean Philippe, conservateur des archives du diocèse de Nice, à Madame Anne-Marie Cocula, professeur d'histoire moderne à l'Université de Bordeaux III et à tous les enseignants de l'Institut d'études politiques de Bordeaux 1, qui m'ont enseigné une conception universelle de l'histoire. Cet ouvrage est dédié à la mémoire de Philippe Nowacki-Breczewski. Il représentait pour moi le chercheur d'aujourd'hui; historien, archéologue, spécialiste de l'archéologie subaquatique, c'était un homme brillant, un novateur, un perfectionniste, qui dirigeait à merveille l'équipe de fouilleurs du fleuve
Sinnamary en Guyane, qu'il m'avait amicalement demandé de rejoindre. Je l'imagine, souriant des yeux à l'idée que son œuvre se poursuit désormais puisque je me réfère ainsi à lui.
Elle est retrouvée. Quoi ? - L'Éternité. C'est la mer allée avec le soleil. (A. Rimbaud, « L'Éternité », Œuvres complètes, Paris, Éditions Gallimard, 1972)
INTRODUCTION
LES PRÉMISSES D'UNE RENAISSANCE L'histoire du verre est depuis quelques années à l'honneur. Cela provient de la fascination pour le produit, entre l'art et l'industrie, la métamorphose de la matière pâteuse en des formes pures et légères. L'attrait pour le geste précis du verrier, la force de son souffle, sa démarche décidée n'évoquent pourtant pas le mystère. Tout semble limpide, réglé comme un ballet; rien n'est plus mensonger tant la technique est subtile, remise en cause par la qualité du feu et des diverses substances employées, par la composition ou la disposition du four. L'activité verrière semble n'avoir jamais évolué, sauf dans sa dimension industrielle. Rien n'est cependant figé dans le temps, même si les verriers ont cherché à le faire croire. Et encore aujourd'hui. La progression rapide des connaissances techniques et économiques l'a sortie de l'histoire familiale ou locale auxquelles elle restait le plus souvent confinée jusqu'alors. Pour moi, cette histoire particulière semble refléter l'état de santé des régions et des époques qui la vivent. Parce que la demande de verre évolue, en temps de crise ou d'essor, agissant tel un baromètre sur les populations consommatrices. Le verre est bien souvent assimilé à un produit de luxe, ou plutôt la marque d'un confort ou d'un apparat. Ce n'est pas, tant le verre plat que le menu verre, un objet de première nécessité, au contraire du fer ou de la terre cuite. En revanche, il est un signe distinctif, voire récognitif, de la volonté de puissance d'un particulier, d'un groupe ou d'une administration. Dès lors le verre - et a fortiori le four verrier - peut entrer dans le circuit du mobilier d'intérêt politique, comme les gueuses de fonte et le haut fourneau dans la métallurgie. Quant aux verriers, ce sont des soldats de la technique qu'ils détiennent et qu'ils véhiculent. Qu'ils désertent leur région d'origine, qu'ils développent des fours en terre étrangère et ils seront poursuivis pour trahison, tout autant par leur communauté verrière originelle que par les autorités politiques bafouées par eux. Les verriers ne sont pas en conflit avec d'autres industriels qui pourraient guigner leurs coupes forestières. Ils ne connaissent guère la concurrence, en vertu de lettres de privilèges de production, voire de distribution de leurs produits sur des territoires délimités. Mais ils s'affrontent dès lors sur des marchés éloignés, foires nationales et internationales, grandes cités internationales : les tenants du verre plat rond normand ou « de France »
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et ceux du verre parallélépipédique de la Lorraine impériale ... Le fondement de leur pouvoir repose sur des secrets de fabrication. La séduction pour la matière de verre, le caractère occulte de la fabrication, le ballet scientifique des travailleurs, la culture véhiculée par les verriers ... telles sont des explications à la vogue particulière pour cette activité. L'apport documentaire de plusieurs années de recherche, tantôt menées avec l'inventaire général, tantôt avec des archéologues et tantôt personnelles, forme la base principale de cet ouvrage. Je me sers par ailleurs de travaux récents ou en cours, menés par les archéologues de l' AFAV, par le laboratoire d'histoire du verre de Denis Woronoff et Jean François Belhoste, et par d'autres chercheurs plutôt orientés vers l'histoire de l'art. Après la somme À travers le verre, les colloques de l' Association française pour l'archéologie du verre et de nombreux travaux scientifiques, il fait le point sur des recherches qui ont fortement progressé depuis une vingtaine d'années ... L'essentiel paraîtra neuf, tant dans la forme que dans le fond. Je souhaitais réunir et synthétiser toutes ces données, parfois les compléter ou bien les confronter dans une perspective géographique ou historique beaucoup plus large que je ne l'avais fait antérieurement. De fait, le cadre de cet ouvrage se situe dans des limites chronologiques et géographiques précises, tout en faisant apparaître des mouvements techniques et humains d'envergure, des influences dépassant la barrière de ces frontières naturelles, mieux concevables ici, dont je ne suis pas dupe de la perméabilité. Cette étude intéresse généralement l'histoire du verre en France. J'ai plus particulièrement travaillé sur les établissements érigés sur un espace s'étendant de la Loire à la Meuse. Il correspond, au-delà du seul hexagone, à des régions où la fabrication de gros verre, c'est-à-dire du verre plat, a prévalu historiquement du Moyen Âge jusqu'à la Révolution, mais qui ont abrité également une importante production de gobeleterie. Ces zones verrières ont fait l'objet de nombreux travaux archéologiques et historiques, souvent de monographies, parfois de thèses et de quelques études généalogiques nourries par des fonds d'archives denses et peu connus. Ces propres recherches et la rédaction qui les synthétise en ont été facilitées. Évoquer cette enquête m'amène à inventorier l'historiographie du sujet et
les façons diverses de son traitement. À quand remonte-t-elle donc? Sans
doute au moine Théophile, alias Rogerus von Helmershausen. Le Schedula diversarum artium est au xne siècle un véritable livre de recettes, un ouvrage pédagogique qui couvre, outre le verre, plusieurs autres domaines techniques d'ailleurs très complémentaires. Il met en valeur des passerelles entre certaines techniques des arts du feu et de la métallurgie, mêlées naturellement et à jamais. Après lui, on sort du Moyen Âge. Agricola, Biringuccio écrivent aussi sur les techniques et les fours en général. Le premier a influencé toute une lignée d'historiens des techniques, Neri, Merret, Kunckel. Au XVIIe siècle, Haudicquer de Elancourt décrit les verreries de son siècle et de son environne-
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ment, à savoir les verreries normandes. Il se réfère peu à l'histoire, sauf pour évoquer des essais ratés de combustible minéral. Il influencera Félibien des Avaux et Leber, parmi d'autres. Le XVIIIe siècle est très prolifique et se caractérise par un désir de maîtrise universelle des entreprises, des techniques et des produits. L'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert détaille des verreries de plusieurs types, forestières normandes, anglaises ou la Manufacture des glaces. À la même époque, Bosc d' Antic propose une perspective comparative internationale et lt? normand Estancelin une étude de la relation historique entre la forêt normande et les verreries régionales. Au XIXe siècle se fondent de véritables sommes régionales telles celles de Pillon sur le Poitou, de Boutillier sur le Nivernais, de Le Vaillant de la Fieffe sur la Normandie ... en même temps que des travaux d'histoire des sciences et des techniques : Guide du verrier de Bontemps, travaux de Gerspach, Lami, en plus des études thématiques. Schuermans en Belgique, par sa correspondance avec Milet et avec Pinchart, traite du mouvement des verriers italiens, en particulier aux XVIe et XVIIe siècles dans des écrits érudits. L'historiographie verrière s'est poursuivie au XXe siècle dans plusieurs directions. L'histoire du verre peut être considérée sous l'angle des familles de verriers ; elle est illustrée en ce cas par Guillaume de Caquerai, auteur d'une somme sur sa famille comprenant plusieurs tableaux généalogiques fort utiles. Hennezel d'Ormois, dans un style moins monographique, évoque la verrerie et les verriers du Nord et de Belgique, avec fougue et nombre d'informations. L'histoire d'une famille de verriers offre un biais intéressant pour aborder celle du verre. Elle permet d'acquérir une vision dépassant l'espace local ou régional, trans-régionale ; elle a souvent pour auteurs les descendants de ces familles tirant un profit plus ou moins heureux de leurs archives. Ces auteurs, historiens improvisés et rarement verriers laissent une œuvre inégale, quoique foisonnante: Caquerai, Riols de Fonclare, Hennezel d'Ormois, Le Vaillant de la Fieffe. Les verriers historiens parlent bien de leurs techniques mais prêtent à la critique quant à la conception du passé. De nombreuses études ont été consacrées à des manufactures de glaces. Elles concernent des périodes postérieures mais, comme Saint-Gobain, ont une assise plus ancienne. Pour les études nationales, la Belgique, grâce aux travaux de MM. Chambon et Lefebvre dispose d'ouvrages relativement à jour dans ce domaine et tout à fait remarquables du point de vue scientifique. En France, l' œuvre incontournable de James Barrelet est désormais dépassée aujourd'hui par la progression des recherches régionales menées, en particulier, par des archéologues. Ils ont également fait progresser l'histoire en Angleterre, en Italie, en Allemagne et en Bohême. Les études régionales ont porté en France sur des régions privilégiées. La Lorraine a connu deux thèses presque simultanées de Rose-Villequey et Ladaique et des travaux plus ponctuels sur l'Argonne, la forêt de Darney, et le comté de Bitche. La Champagne a fait l'objet de plusieurs articles, sur ses confins méridional et oriental de la forêt d'Othe et del' Argonne. La Norman-
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die a intéressé les auteurs du point de vue de l'histoire du verre plat, à côté d'études plus générales ou au contraire ponctuelles. L'Alsace, la région parisienne, la Picardie, le Nivernais, le Berry, la Franche-Comté et la Bretagne paraissent moins passionner les chercheurs, sauf dans le cadre d'études plus ouvertes à d'autres industries ou à la forêt. Je rend ici un hommage appuyé à la structure et aux équipes de l'inventaire général, en particulier la Cellule du patrimoine industriel et la Cellule vitrail, qui ont su mener dans ces régions du nord comme du sud de la Loire des études souvent longues et lourdes à assumer mais qui portent leurs fruits dans le Midi et ont provoqué des avancées inespérées en Bretagne, en Normandie, en Nivernais, de même qu'en Bourgogne, Lorraine, Champagne et Thiérache. Quant aux archéologues, qui depuis une vingtaine d'années quadrillent le territoire, ils ont, sous l'impulsion de Danièle Foy et de Geneviève Sennequier pour des périodes plus anciennes dans ce dernier cas - redonné un nouveau souffle à la recherche verrière. La production des archéologues (et, au delà, des archéomètres de certains laboratoires tels ceux du CNRS à Orléans-La Source ou du CRIAA de Bordeaux) s'est signalée par des publications sur la Provence, la Lorraine, la Champagne, la Normandie, le Languedoc et le Roussillon, l'Alsace, Paris et le Nivernais. Elle s'est affirmée lors de manifestations, à savoir pour les périodes qui nous intéressent: expositions de Lyon, Avignon, « Vitrum » à Autun et Dijon et surtout « À travers le verre » de Rouen, en liaison avec des colloques organisés par l' Association Française pour l' Archéologie du Verre. Certaines revues - ou des numéros spéciaux - ont ouvert des perspectives fort riches, en particulier sur le « grand Est » français. Dans ce contexte historiographique, nous chercherons plutôt à compléter le point de vue régional et, dans une perspective historique, des absences que seul le manque de temps et les incertitudes de la fiabilité des informations documentaires insérées permettent de justifier. Nous laisserons de côté l'iconographie verrière. Celle-ci a été amplement représentée déjà, en particulier dans l'ouvrage-somme À travers le verre et je n'ai, dans l'état actuel de mes travaux, rien de mieux à apporter. Ce qui manquait, en l'occurrence, c'est une vision à la fois générale sur un vaste espace géographique et politique ainsi que le recul chronologique - en gros du xne au xv1e siècle - parfois au delà lorsque le besoin s, en ressentait. Mais le cadre historique de ce travail s'interrompt, symboliquement, au XVIIe siècle, car les désordres entraînés par la guerre de Trente Ans et les campagnes de Louis XIV ont totalement déstabilisé la répartition des établissements verriers : bouleversement des frontières et du commerce ; modification des mentalités et défaite d'un «establishment verrier» reposant, depuis quelques siècles, sur une stricte hiérarchie sociale et technique. Ces changements annoncent le nouvel ordre étatique dont le fleuron sera la Manufacture de glaces de Tourlaville. En mettant l'accent sur des régions telles la Normandie ou la Lorraine, à la personnalité technique et économique verrière fortement marquée, ces études ont souvent rejeté dans l'ombre ou l'oubli de l'histoire d'autres
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régions remarquables mais dont l'histoire verrière est plus courte, tantôt épisodique, tantôt circonscrite géographiquement. Après avoir été éclipsées par d'autres secteurs de production, celles-ci devenaient les oubliées des historiens. Je souhaite démonter cette injustice dans une première partie consacrée à l'histoire verrière régionale. Chaque région y est traitée de façon équitable, le plus en conformité avec son rôle historique en ce domaine. Ce travail m'a été possible par le recours à ces ouvrages techniques et monographiques idée de régression introspective dans l'histoire des origines verrières - à certains fonds d'archives écrites et iconographiques et grâce à l'apport récent des fouilles archéologiques sur tout le territoire : histoire du bâti, des techniques, approvisionnement, matériaux, espace de production, de commerce, etc., mais aussi d'autres disciplines ayant le verre pour thème ou support de recherche éventuel: palynologie, ethnologie. Grâce à ces documents, j'ai pu tenter d'appréhender la forme des fours, la part des combustibles, les matières employées et la production, le commerce. Dès lors, il était également utile de m'attacher aux verriers et à leurs familles, en particulier grâce à des exemples lorrains. L'histoire aujourd'hui est en retard dans son traitement par rapport à l'avancée d'instruments de travail nouveaux et de disciplines voisines. Il faut d'abord retourner aux sources de l'histoire, tenir compte ensuite de l'avancée même des sciences historiques. Il n'est pas indécent de traiter de généalogie ou de justice lorsqu'on parle d'histoire des techniques tant les informations données par des enquêtes, dans ces deux cas, peuvent nous servir. Enfin, il faut que les historiens s'ouvrent à des disciplines complémentaires telles l'archéologie et l' archéométrie, l'ethnologie, la démographie, les travaux des verriers et artistes contemporains, intègrent enfin l'histoire du verre et des autres disciplines techniques dans le monde économique contemporain. Ce qui rend l'histoire éminente tient dans sa capacité à intégrer, voire à englober, des disciplines et des méthodes d'approche différentes : aller chercher ailleurs non seulement ce qu'elle ne peut montrer ou prouver, mais aussi confronter ses propres résultats à ceux d'autres disciplines. Et là, il y a encore du travail à effectuer 1. Retourner aux sources de l'histoire du verre, c'est investir : - les comptabilités domaniales, laïques et ecclésiastiques : comptes de loyers verriers ; achats de verres ; intégration des entreprises dans l'économie domaniale (forêts, constructions, réparations) ; les travaux d'entretien ou de construction ; les données techniques sur la participation de la main d' œuvre à des travaux verriers ou liés au verre (l'empaquetage, le charroi) ; les données sur les individus, sur le bâti, sur le travail. 1. Je me réfère ici à cette remarque de Denis Woronoff lequel, ouvrant le stage de l'inventaire consacré au patrimoine sidérurgique, souhaitait réconcilier« l'historien en charentaises avec l'historien en pataugas», Pont-à-Mousson, 1986. Je renvoie le lecteur passionné par la lecture de la bibliographie relative à chaque région aux pages concernées et à la bibliographie récapitulative.
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- les comptes forestiers : localisation et description des sites ; affouages verriers qui fournissent des données sur l'approvisionnement; description des parties boisées et non boisées ; emplacement des coupes. - les procès : sur la forêt, sur les sites (voisinage, contrats) ; enquêtes instructives sur la localisation des ateliers, l'espace, la population, l' approvisionnement et le commerce. - les notaires: baux et ventes d'établissements ; construction de bâtiments ; engagement de verriers ; ventes de verres ; approvisionnement. - les familles (sources permettant des croisements d'informations). Toutes ces perspectives d'avenir doivent nous ramener aux antécédents de notre période. Selon des recherches récentes menées par des archéologues et des archéomètres bordelais, le verre est apparu vers le troisième millénaire avant notre ère tant en Orient qu'en Occident, et de façon «spontanée» , partout où l'on connaissait la métallurgie du cuivre. Cette métallurgie donna aux premiers verriers l'idée d'utiliser des agents chimiques contenus, notamment, dans des cendres végétales: d'abord le sodium, présent dans la salicorne, puis le potassium des fougères. En forçant la teneur en soude, les verriers pouvaient même abaisser la température de fusion au-dessous de 1000° C. Le verre est resté un matériau secondaire jusqu'à l'invention du soufflage, sur les bords de la Méditerranée orientale. En Europe occidentale, les Romains surtout ont élevé la verrerie au niveau d'un art qui ne sera égalé, puis dépassé, qu'au Moyen Âge par une grande connaissance des techniques et des colorants. Grâce à la technique du soufflage, le verre à vitres apparaît en Orient au 1er siècle de notre ère 2 . Les recherches menées sur le verre plat (vitrail), en particulier par Jean Lafond, et les fouilles opérées dans des fours du Midi et qui se sont développées, également, dans des nécropoles de la moitié nord de la France, ont permis, pour ces régions, d'avancer largement la chronologie technique dans le temps. On sait que des vitraux effectués à partir de cives peintes garnissaient la clôture primitive de l'église Saint-Vital de Ravenne, remontant au VIe siècle. Leur diamètre varie de 0, 17 à 0,265 m. Elles sont légèrement antérieures à celles, incolores, bleues et violettes, trouvées en Égypte au vne siècle, lesquelles mesurent jusqu'à 0,40 m. de diamètre 3 . À partir des années 800, l'essor de la production verrière apparaît en particulier en Allemagne à travers des articles de luxe. Certains de ces objets ont une très large distribution, de la Scandinavie à l'Angleterre, la France et le sud de l'Italie. Le verre, dans les siècles suivants sera produit sur une plus grande échelle et s'utilisera dans un usage plus courant. La cartographie des ateliers antérieurs au XIe siècle (tabl. 1 et carte 1) publiée dans À travers le verre mentionne trente cinq éta2. Sur l'histoire du soufflage, M. Feugère, «Premiers verres d'Occident», Archeologia, n° 252, p. 31 ; pour une présentation des travaux du CRIAA (Centre de recherche interdisciplinaire d'archéologie analytique) de Bordeaux, P. Cherruau, «La mémoire du verre», Le Monde, 21 avril 1993, p. 12. 3. J. Lafond, Le vitrail, origine, technique, destinées, 1992, p. 23 et 27.
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LES PRÉMISSES D'UNE RENAISSANCE
blissements, à savoir vingt dans le nord et quinze dans le sud ; mais elle reste encore, selon ses auteurs, imparfaite : Tableau 1 Répartition des ateliers verriers antérieurs au XIe siècle Époque
Nord
Sud
Protohistorique 1er au Ille siècle
-
1
12
4
IV' au IXe siècle
8
10
20
15
Total
Pour la période du rve-rxe siècle, dans le nord, la verrerie paraît particulièrement implantée en Champagne - dans l'Argonne et la forêt d'Othe (Froidos, Sainte-Menehould, Lavoye)- et, plus sporadiquement, en Normandie (Lyons-la-Forêt), dans les environs de Paris (Saint-Denis), en Lorraine (Metz) et en Franche-Comté (Évans). Certaines de ces découvertes sont dues à des fouilles de nécropoles urbaines (Saint-Denis). Déjà semblent en place les grandes régions de production verrière du Moyen Âge et du XVIe siècle, telles la Normandie et la Champagne. Selon ses auteurs Danièle Foy et Geneviève Sennequier, cette carte ne montre pas de logique d'établissement mais plutôt, comme on le verra dans les périodes postérieures, des phénomènes spontanés et parfois des quartiers industriels ou « werkhalle » (groupement d'ateliers) comprenant activités verrières, céramiques, métalliques, en tout cas pour les ateliers antiques. Ce phénomène s'accentue au Bas Moyen Âge et au XVI° siècle. L'attraction offerte par le verre auprès des hommes d'église et de cour, de même que des bourgeois et du peuple, accroît la demande et rejaillit sur la production. Certains événements joueront un rôle capital : la première période d'expansion de la production verrière dans le courant économiquement et commercialement favorable des xne et xnre siècles et les premières années du xrve; le développement du verre plat normand en sera l'un des flagrants résultats mais il sera entravé par la guerre de Cent Ans, jusqu'au milieu du xve siècle ; celui du cristallin intervient alors dans un contexte de renouveau économique et commercial dans le royaume de France, tout comme le verre plat lorrain, relayé un temps par celui du Nivernais avant l'envolée du verre « de France » au XVIIe siècle4. Voici en tout cas les fondements documentaires pour cette recherche. L'idée générale de cet ouvrage est de montrer une vision synthétique de l'histoire du verre, à travers des exemples d'évolution différents, rappelant les grandes éta4. Lire à ce sujet B. Gille, Histoire des techniques (sous la direction de), Encyclopédie de la Pléiade, Paris, 1978; celui-ci souligne l'abondance de textes traitant de la technique du XIIe au début du XIVe siècle, p. 508-520.
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pes régionales et montrant le passage, d'une verrerie implantée un peu partout au Moyen Âge, à une verrerie régionale spécialisée et problématique au XVIIe en Lorraine jusqu'à celle, plus difficile, du XVIIl 0 siècle en Normandie ... On commencera par une rétrospective des verreries régionales, dans une sorte de panorama introductif à la suite. La deuxième partie nous fera rentrer dans le pourpris des verreries et découvrir les aspects économiques de l' approvisionnement et ceux, plus techniques, des fours et du mobilier. Dans la troisième partie, on étudiera les verriers et l'organisation de leurs familles dans le cadre administratif et économique de leurs activités. Enfin, on traitera de la production et de la circulation des verres.
LES PRÉMISSES D'UNE RENAISSANCE
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Carte 1 Ateliers verriers antérieurs au XIe siècle, d' après les actes du colloque de Rouen, 1989, publiés en 1991 sous la direction de Danièle Foy et de Geneviève Sennequier
ATEllERS ANTMURS AU XIe Sl~CtE
if Protohistorique
200 1111 ~~~~~~~
~
À
Ier-Ille siècle
0
IVe-IXe siècle
FROIDOS
0
STE-HENEllOUl.0 0
ST-DENIS SOREl-HOUSSEl À
O OtAVOYE
•
VERRilRES
lE HANS
À
POITIERS
••
AUTUN
SANXAY
À
À
MADRANGES
VOINGT
LYON À
•
VIENNE VIVIERS
0 METHAMIS
0
PREMIÈRE PARTIE
PANORAMA DES VERRERIES ET DE LEUR ÉVOLUTION DU XIIe AU XVIe SIÈCLE
PRÉLIMINAIRE
On propose ici (tabl. 2) une description del' emprise des établissements verriers, région par région, sur la base d'un échantillon installé, globalement, de la Loire à la Meuse. Elle n'est sans doute pas sans erreurs ni sans oublis. On cherche à remettre à leur place historique des zones géographiques jusqu'à présent délaissées ou ignorées de l'historiographie verrière, quitte à donner des idées de recherches complémentaires à tous ceux qu'elles séduisent. On atteint un total de 304 sites ainsi répartis régionalement : 122 sur les marges (dont 83 en Lorraine) ; 80 dans le centre-est (dont la moitié en Champagne) ; 42 dans le cœur du Royaume et 57 dans l'ouest (dont 33 en Normandie). Quant à l'évolution chronologique, l'implantation des établissements double du xrve au XVe, et du XVe au XVI0 siècle. Mais, je le rappelle, il ne s'agit généralement pas de dates de fondation d'entreprises mais des premières mentions connues de celles-ci. En affinant quelque peu ce tableau, on se rend compte de la précocité verrière de zones telles la Normandie, en premier, l'Île-de-France, le Nivernais, la Champagne et la Bourgogne. Ces aires de production ne connaîtront pas, pour l'essentiel d'entre elles, le « boum » de créations que va vivre la Lorraine. Créer une entreprise répond, en particulier, à des raisons conjoncturelles. Celles-ci peuvent varier d'une région à l'autre. On estime, dans le cas lorrain, que l'apaisement des conflits avec la grande Bourgogne du Téméraire a encouragé l'essor de nouveaux sites, dès la fin du XVe siècle. Des fouilles permettront, assurément, de faire avancer la chronologie de plusieurs établissements au XIIIe siècle, plus ou moins équitablement dans le Royaume de France comme dans ses marges. Tableau 2 La dynamique des créations: les nouveaux sites d'un siècle sur l'autre XIe S.
XIl0
S.
XIIIe
S.
XIV"
S.
XV"
S.
XVIe
S.
Total
Normandie
-
-
-
13
14
6
33
Bretagne
-
-
-
2
4
5
11
Maine
-
-
-
1
3
9
13
Île de France
-
2
2
4
2
5
15
Nivernais
-
-
-
4
1
13
18
Berry
-
1
-
1
6
1
9
Bourgogne
-
-
-
5
7
16
28
22
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Tableau 2 La dynamique des créations : les nouveaux sites d'un siècle sur l'autre Comté
-
-
Champagne
-
1
2 1
Lorraine
-
-
-
Alsace
1
-
-
Thiérache
-
Total
1
1 5
3 8
3 8 1 1 2 45
5 4 20 4
3 26 62 13
6 78
8 167
13
40 83 19 20 304
Ce tableau dresse un aperçu des grandes régions de production que nous allons rencontrer, de l'accroissement du nombre d'entreprises d'un siècle sur l'autre et de l'apparition, aux xve et xv1e siècles, d'une verrerie lorraine fortement représentée. On s'imagine difficilement le phénomène économique et commercial que représentaient de telles entreprises sur le plan local ou régional. D'autant plus qu'il sera noyé dans le flot d'autres ateliers nouvellement érigés, surtout au moment de la reconstruction, dès la deuxième moitié du xve siècle. Il influencera l'activité forestière, par ses sources d'approvisionnement, le commerce à courte et moyenne échelle, par le rayonnement de la production, la vie intrinsèque des populations attirées par l'offre de travail, enfin tout le paysage traditionnel dont il modifiera la structure des chemins, l'architecture des villages et la topographie.
CHAPITRE PREMIER
L'ESPACE OCCIDENTAL Le grand ouest du Royaume forme une zone de production verrière très inégale mais précoce en Normandie, et sur ses flancs manceaux et percherons. Le marché parisien peut être une explication à l'éclosion, plus tardive, de la verrerie bretonne, alors qu'il favorisait les entreprises moins éloignées. Surtout, il paraît clair que le dynamisme des verriers dans le nord de la Normandie s'est communiqué, avec un décalage, dans des zones plus au sud, peut être en vertu de protections politiques dont bénéficièrent les milieux industriels du duché de Bretagne.
LA NORMANDIE ET LE PERCHE
La Normandie figure en avant-garde lorsque redémarre l'industrie du verre au milieu du Moyen Âge. On le constate dans des pièces archéologiques et des documents iconographiques et d'archives, dès le xrne siècle s'affirment la volonté politique, la possibilité économique et technique de produire du verre de qualité en quantité suffisante pour fournir les chantiers de construction de palais religieux, princiers et royaux, ainsi que les églises, en mobilier et en panneaux de verre. Ce phénomène apparaît simultanément dans d'autres régions, de la Thiérache à la Lorraine, en Champagne, dans les deux Bourgogne ainsi qu'en Valois 1. Il peut même être plus précoce encore, comme en Berry ou dans le 1. On utilise ici deux ouvrages fondamentaux consacrés à la Normandie, mais ils restent peu sûrs, parfois, quant au fonds et aux sources : O. Le Vaillant de la Fieffe, Les verreries de la Normandie[ ... ], Rouen, 1873; et L. Estancelin, Mémoires[ ... ], Dieppe, 1828; pour des aspects plutôt archéologiques, consulter le catalogue À travers le verre, du Moyen Âge à la Renaissance, édité sous la direction de Danièle Foy et Geneviève Sennequier ; la carte intitulée « Les ateliers en Gaule romaine» fait clairement apparaître les ateliers de Rouen, Lyons-la-Forêt, Évreux et SorelMoussel comme antiques mais non datés. Ceux de Vieux et de la forêt de Compiègne datent du rue siècle ; pour une perspective chronologique plus large et appliquée à la Bourgogne : le catalogue Vitrum. Le verre en Bourgogne, coédité par les villes d'Autun et de Dijon, 1990; pour les antécédents à cette période médiévale, voir M. Feugère, «Premiers verres d'Occident», Archeologia, n° 252, décembre 1989, p. 20-31.
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NAISSANCE DE LA VERRERIE MODERNE
Midi2 . Partout, cette industrie témoigne de l'essor économique et de l'effort entrepris pour réaliser des bâtiments représentant la puissance, qu'elle soit matérielle ou bien spirituelle. Le renouveau de la production transparaît le plus dans la fabrication du gros verre soufflé, des verrières et des vitraux, grâce à la technique du « verre en plat » qui illustrera quelques entreprises normandes. Il se concrétise dans l'accroissement du nombre des fours, de treize à quatorze, au moins, du XIVe au XVe siècle. Une majorité d'établissements sont construits dans les premiers siècles du Moyen Âge. Ceux qui s' édifient au XVIe siècle le seront tardivement, après une coupure d'une quarantaine d'années, à l'exemple de la Saussaye en forêt de Lyons et de Varimpré dans le comté d'Eu, le premier site, éphémère, et le second fabriquant des bouteilles de verre. Dès les dernières années de ce siècle s'édifient des fours à faire verre cristallin, à l'instigation de verriers provençaux à Rouen, Saint-Sever ainsi qu'en forêt d'Eu (Flamets, Le Caule). L'établissement de Campigny, près de Bayeux, marque peut-être une nouvelle génération de sites au xvne siècle3 . La verrerie normande se partage en deux zones d'implantation quelque peu inégales (tabl. 3 et carte 2). La principale se situe au nord, entre les rivières de Bresle et de Seine, fermée à l'est par l'Epte, aux limites originelles du duché, tirant parti des coteaux boisés de forêts d'Eu, de Lyons, d'Eawy, d'Hellet; la seconde s'établit entre les villes de Caen, Alençon et Évreux, autour des forêts d'Écouves, d'Hallouze et d' Andaines. Verrerie urbaine parfois, peut-être sous la forme des « fabriques/échoppes » du Midi (à Rouen et à Lillebonne, ou dans leur périphérie), elle accompagne bien souvent des chantiers de construction ou d'entretien, de manière ponctuelle ou fonctionnelle. Nous identifions certains exploitants et leurs employeurs. Les princes laïques et le roi jouent un rôle primordial, notamment en forêt d'Eu (comtes d'Eu à Saint-Martin-auBosc et à Rétonval), ou bien en forêt d'Écouves (duc d'Alençon au BoisMallet) ; surtout, ils possèdent les forêts nécessaires, et dans l'environnement desquelles s' édifient ces fours. Dans l'état actuel des recherches, c'est dans la forêt de Lyons que le redémarrage de la production verrière au Bas Moyen Âge paraît le plus précoce et le plus intense, du fait de plusieurs résidences royales 4 . Amorcé sans doute dans le courant du XIIIe siècle, il se prolongera au siècle suivant. D'autres établissements s' édifient dès le XIVe siècle à proximité de Rouen (Le Lihut, Lille2. Sur le Midi, se reporter à D. Foy, Le verre médiéval et son artisanat en France méditerranéenne, Paris, CNRS, 1988; sur le Berry, nous en restons aux affirmations publiées par A. de La Chenaye-Desbois et Badier, Dictionnaire de la noblesse, 1863-1875, en dix-neuf volumes, selon lesquelles l'un des enfants de la famille Bongard (ou Bongards), établie en Thiérache, se serait installé dans le courant du XII 0 siècle à Bois-Belle, dans le Berry. 3. A. Bouton, Le Maine, histoire économique et sociale, t. III, XVII0 -XVIII 0 siècles, Le Mans, 1972. 4. De~ recherches historiques et archéologiques plus intensives sur les forêts d' Andaine, d'Hallouze, d'Ecouves, etc., feraient-elles vraiment progresser la connaissance sur le sujet? Elles nous montreraient, en tout cas, une plus grande intensité et une plus grande antériorité d'exploitation que celle que l'on indique ici.
L'ESPACE OCCIDENTAL
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bonne, peut-être Campdos) ainsi que d'Alençon (Bois-Mallet en forêt d'Écouves) et de Bagnoles-de-l'Orne (Andaine). Au XV0 siècle, les principales forêts normandes abritent des fours verriers, phénomène qui s'accentuera tout en se réglementant au xv1e siècle. La documentation nous éclaire sur certains des produits entrant dans la composition du verre. Le bois offre le matériau combustible. Au XIIIe siècle, la forêt de Lyons, et en particulier la Haye de Neufmarché, sont des lieux connus pour la façon des cendres. On utilise également les cendres de la forêt d'Eu, avec des achats, notamment, en 1395 et 13965 . On perçoit la valeur particulière de la cendre de bois dans les frais du verrier Gobert (ou Gombert) évoqués dans le compte de fabrication de verre au profit de la Fontaine du Hou: plus d'un tiers, c'est-à-dire 32 livres 7 sous 4 deniers pour un total de 90 livres 16 sous 8 deniers (hors salaire). D'autres produits entrent en compte. Le verre brisé « facilite et accélère les réactions d'élaboration du verre». Le vitrier Jehan Bailli fournit ainsi une fillecte de grume! de verre (ou groisil) à battre sur le ciment, dans la région d'Eu. Beaucoup de chaux et de sablon transite depuis le Mont des Fourcques pour l'entretien du château d'Eu et d'autres bâtiments. Ces éléments relatifs au fondant et à la silice sont rarement évoqués par ailleurs 6 . La fougère fournit l'élément potassique. Elle n'est mentionnée que dans le compte de la Fontaine du Hou. De menus ouvriers l'ont cueillie et voiturée jusqu'aux fours. Cette intervention rentre aussi pour environ un tiers du coût de revient de la fabrication du gros verre (30 livres et 10 deniers). Étain et plomb, également employés dans le vitrage - qu'on se reporte au moine Théophile sur la « composition des fenêtres » - sont mentionnés dans les ouvrages faits pour le manoir de la Feuillie en 1320, par Jehan le Verrier, pour estein et soudeure et plan... : 40 sous. Celui-ci intervient encore à Neaufles et à Château-Gaillard, avec son frère Julien : soudures de plomb et renfourmage de lustre. Le fer figure également parmi les produits nécessaires à la production du verre : bandes de fer pour tenir le verre7 . C'est ainsi qu'on peut interpréter la fabrica - ou forge - du compte de la Fontaine du Hou, pour 66 sous: réalisation ou entretien d'outils de verrier. Rien n'est dit cependant concernant les argiles nécessaires aux fours et aux creusets. 5. Arch. nat., J 217 ; en 1332, Vincent le Cendrier et Jehan le Cendrier achètent du bois de la forêt de Lyons; l'année suivante, Vincent le Cendrier devient créancier des frères Perrin et Jehannin dits Ladumes etc., pour des marchés de bois en la forêt de Lyons ; sur la forêt d'Eu, Bibl. nat., fr. 24121, fol. 13. 6. Arch. nat., 300 AP II 240, comptabilités du comté d'Eu, années 1442 et 1465/66. 7. Arch. dép. Eure, II F 4049, année 1333, emploi de quatre bandes de fer pour tenir deux panneaux de verre pour la fenêtre croisée de la salle du château du Goulet ; Bibl. nat., fr. 26000, pour des emplois d'étain et de plomb dans la verrerie à Neaufles-Saint-Martin (entre 1353 et 1355) et Château-Gaillard (1354); sur l'ensemble, se reporter au Traité des divers arts par le moine Théophile, Paris, 1924.
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NAISSANCE DE LA VERRERIE MODERNE
On peut distinguer ici deux formes de l'entreprise médiévale. La première - la verrerie de chantier - a souvent été créée en fonction de besoins importants que requéraient l'édification de palais, de châteaux, d'églises et de bâtiments publics tels des salines. Parfois, à l'exemple de la Fontaine du Hou, sa production reste polarisée durant quelques années à un chantier voisin conséquent. Entre le XIV0 et le XV0 siècles, la diversité des clientèles permet le développement simultané d'une verrerie « d'atelier », de plus vaste envergure, même si les verriers doivent aussi courir les contrats. On y voit les effets de la vulgarisation des produits et de la diversification de la consommation, mais ce n'est sans doute qu'un schéma réducteur. Ce mouvement de construction, et l'arrêt des chantiers, coïncideront avec l'échec des Anglais durant la guerre. Peu à peu, semble-t-il, on va passer à La Haye, Martagny, Rétonval, la Croix, les Routhieux, et surtout à Saint-Martin-au-Bosc, à des entreprises plus ambitieuses de clairières (dix acres à la Haye, quatorze acres et plus à SaintMartin). Toutes profitent de l'existence de marchés importants. Pour les verreries d'Eu, il s'agit de celui des villes de Dieppe et d'Eu. Pour ceux de la forêt de Lyons, Rouen s'avère incontournable. Il est évident que si la technique de fabrication de gros verre en plat peut être associée, d'abord, à la forêt de Lyons, cette production a dû bénéficier d'une audience plus large atteignant Paris et son administration. Ce changement se marquera dans le rôle de quelques familles. C'est la manifestation des Jourdain, Le Barrier, Guichard, Mésange, Brossard et des Bouju, ainsi que de plusieurs Le Verrier, souvent marquée par des dynasties verrières, puis l'association et l'alliance de certaines d'entre elles en un oligopole industriel qui traversera les siècles. Celui-ci se constituera petit à petit et ne trouvera sa forme définitive dans cette région comme simultanément en Champagne - que lorsqu'aux familles Caquerai, Brossard et Le Vaillant s'adjoindront les Bongard, dans la première moitié du XVI0 siècle8. De nouveaux sites vont apparaître. Surtout, la fin du XVI0 et le début du XVIIe siècles marquent l'introduction des Provençaux dans la fabrication du cristallin à Rouen Saint-Sever. En Beauvaisis, la verrerie souligne le lien entre les environnements normand et valois. Celle de Thelle, en pays de Bray et à proximité du plateau crétacé du pays de Thelle, existe au milieu du XV0 siècle, exploitée par la famille Le Vaillant. Trois frères de cette famille tiennent alors le site. Le 5 avril 1489, Jean et Pierre cèdent à Adam tout ce qu'ils peuvent avoir en la verrerie. C'est le second fils de Jehan, Étienne, marié à Louise de Bouju qui la reprendra, peut-être avec son frère Jehan, au début de l'année 1504, et sans doute avec le marchand Loys du Bois, époux de Gillette Le Vaillant9. 8. M. Philippe,« Aspects de l'histoire du verre en forêt d'Othe», Annales de l'Est, 4, 1991; concernant le patronyme « le verrier », il demeure difficile de dissocier la fonction professionnelle du nom de famille, peut-être indépendant de la première. 9. Arch. nat., T 1506/4, avril 1504, séquestre des papiers de la famille Bongars.
L'ESPACE OCCIDENTAL
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Aux XIVe et XVe siècles, ce ne sont pas les fours normands qui fournissent leur gros verre à la construction des verrières des églises de Chartres. Celui-ci provient, selon les comptes de Notre-Dame de Chartres, des forêts percheronnes de Senonches et de Longny, soit à une cinquantaine de kilomètres de distance. En revanche, le travail du vitrail normand peut être l'œuvre d'ateliers chartrains dès le XIIIe siècle 10 . On fabrique et façonne donc également du verre plus à l'est, dans le Perche, dans les forêts de Longny et de Senonche, dès au moins le x1ve siècle. Tableau 3 Normandie et Perche 11 Site
Source
ire mention
Localisation
1 Bois-Mallet
1313
Le Vaillant de la Fieffe
Forêt d'Écouves
2 Camp-d'Eau
c. 1330
Le Vaillant de la Fieffe
Forêt de Gaillefontaine
3 Campigny
xvne s.
Bouton
près de Bayeux
4 Caule (Le)
1573
À travers le verre
Forêt d'Eu
5 Chapelle-d' And. (la)
1342
AN J 780 n° 12
Forêt d' Andaines
6 Condé-surNoireau
1437
Le Vaillant de la Fieffe
Forêt d' Auvray
7 Croix (La)
c. 1360 GV, 2e f. MV
Le Vaillant de la Fieffe
Forêt de Lyons
8 Feuillie (La)
1320
BN Fr 25993 n° 270
Forêt de Lyons
Le Vaillant de la Fieffe
Forêt d'Eu
1326
BNFr5291
Oise
11 Font. du Hou (La)
1302
BN Lat.17010
Forêt de Lyons
12 Haye (La)
1416
AN 300AP11488
Forêt de Lyons Forêt du Hellet Forêt d'Eawy
9 Flamets 10 Flavacourt
XV° S.-XVle S. cristallin
13 Hellet (Le)
XIV" S.
Le Vaillant de la Fieffe
14 Lihut (Le)
c. 1330
Le Vaillant de la Fieffe
10. J. Lafond, op. cit., d'après les comptes de Notre-Dame de Chartres, 1375 et 1415; cf à ce sujet le chanoine Y. Delaporte, Les vitraux de la cathédrale de Chartres, Chartres, 1926; voir également La sociabilité en Normandie, Association de Recherche sur la Sociabilité, Musées départementaux de la Seine-Maritime, Rouen, 1983, avec l'exemple des vitraux de la cathédrale de Rouen, p. 41. 11. La numérotation correspond à celle des sites sur les cartes régionales ; Cne = commune ; c = circa ; f = forêt ; le fond de carte est établi sur la base des régions administratives actuelles.
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NAISSANCE DE LA VERRERIE MODERNE
15 Lillebonne 16 Longny 17 Mailleraye (La)
1388 XIV"-XV" GV XVIe
S.
Beaurepaire
estuaire Seine
Lafond
Forêt Longny
À travers le verre
estuaire Seine
18 Martagny
1486
Charpillon
Forêt de Lyons
19 Martincamp
1593
À travers le verre
Forêt d'Eawy ?
20 Messei
1455
BN Fr 25911 n° 977
Bois de Messei
21 Rétonval
1476
AN 300 AP Il 128
Forêt d'Eu
22 Rouen
1598 cristallin
Schuermans
23 Rouen-St-Sever
1605 cristallin ?
Schuermans
24 Routhieux (Les)
1350
25 Saires-la-V. 26 Saussaye (La) 27 Senonches
XV"s. 1579 XIV"-XV" s. GV
Le Vaillant de la Fieffe
Forêt de Lyons
Herbaut
près Domfront
BN Cés d'Hoz.150
Forêt de Lyons
Lafond
Forêt Senonches
28 St André-de-Mes.
1458
BN Fr 25913 n° 1296 Bois de Messei
29 St Clair d' 01;1 tre Hal
1470
BN n a 1 2320 n° 284
Forêt d'Hallouze
AN 300 AP II 128
Forêt d'Eu
BNPO 527
Forêt d'Écouves
avant 1485?
Le Vaillant de la Fieffe
Forêt de Thelle
avant 1493
Le Vaillant de la Fieffe
Forêt d'Eu
c. 1570
Le Vaillant de la Fieffe
Forêt d'Eu
AN KK 1338 n° 77
Forêt de Vernon
30 St Martin-auBosc 31 St-Sauveur-de-C. 32 Thelle 33 Val d' Aulnoy 34 Varimpré 35 Vernon
1409-1430 1490
1424
La verrerie normande se concentre en nombre dans des massifs forestiers bien fournis sur tout son vaste territoire. Elle sera avantageusement servie, dans un premier temps, par des techniciens innovant dans la technique et la maîtrise de la fabrication du gros verre plat, et dans un deuxième temps par des verriers provençaux implantant plusieurs sites de menu verre cristallin.
L'ESPACE OCCIDENTAL
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Carte 2 Les verreries normandes anciennes
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verrerie de Martagny
verrerie la Haye 1 523
Gilles de Caquerai ép. Jeanne du Buisson (ép.2 Jean Le Vaillant)
verrerie de Martagny
Jean de Caquerai ép. Jeanne de Bouju
Nicolas
,Adrien
Michel
ép. Adrienne dul Buisson
Antoine de Bouju
1
Richard de Bouju verrerie de la Croix
1
Ferrand seign. de la Croix ép. Marie d'Huei
Jean curé de Freuilly
1
Marguerite ép. Antoine d'Arutel
verrerie Saint-Martin
Anne ép. Emond de Brossard
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verrerie de Martagny
verrerie Saint-Martin-au-Bosc
Anthoine ép. Jeanne de Riencourt
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Colart Brossart
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LES APPROVISIONNEMENTS
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Dans la même garde du Deffends de la Ruelle, d'autres ventes ont conservé le nom de leur ancien exploitant : trois arpents de haute futaie de vieilles ventes, à l'actif de feu Jehan Le Vaillant ; une autre de quinze arpents et demi joignant le Val du Roy près de la Croix-Dame-Alets exploitée par feu Richard Bouju. Son fils Anthoine semble poursuivre la coupe voisine. Richard Bouju avait encore fait valoir une vente de sept arpents et demi de haute-futaie, comportant plusieurs landeaux avec paisson et pasture. On peut supposer que la vente Dargueuil, vieille vente n'ayant d'autre revenu que des genêts, ronces, genévriers et des hêtrots de quatre pieds de tour et portant plusieurs places de feux de fougères faites et brûlées cette année précise, relève de la verrerie de la Croix. Comme les jeunes ventes ne sont pas encore exploitées, cette verrerie doit donc fonctionner avec des stocks de bois des ventes consommées par Richard Bouju. Avec environ 120 arpents de ventes verrières, la garde du Deffends de la Ruelle représente le principal lieu forestier travaillant pour l'industrie et en particulier pour la verrerie. Mais d'autres ventes de la forêt portent un nom significatif pour nous, celui d'une famille de verriers par exemple : vente de Nicollaud Bouju en la garde de Beaumont ; près des terres de Richebourg, la Petite vente Brossart. Ces derniers figurent parmi les grands noms du verre, particulièrement en Normandie. Deux d'entre eux, Pierre et Jacques, sont en 1531 incriminés, parmi vingt-quatre autres personnes, pour des malversations forestières 5 . La Haye de Neufmarché constitue un autre haut lieu pour la production de verre dans la forêt de Lyons. La verrerie de Martagny est signalée à proximité du triage de la vente des Claquets et notamment d'une partie de bois de fort beau revenu especialment es environs de la maison et des terres du Bosc et dessus la voirrerye de Martagny. Quant à la verrerie de la Haye de Neufmarché, elle se situe dans une grande trogne fustée et laingnée de 700 arpents de haute futaie, qui s'étend de Bézu à Quiquempet jusqu'au Val de l 'Erable et aux terres de Anthoine Bouju, écuyer sieur de Saint-Martin. Ce grand triage, qui comprend notamment les terres du Vert, a été dépeuplé lors de« l'année des grands vents», c'est-à-dire en 1519-1520. En dedans, se trouve un grand nombre de bois de fort beau revenu en plusieurs lieux de vente de moyenne taille, surtout depuis Bézu jusqu'à Quiquempet et aux environs de la «vieille verrerie enclose en dedans ». Cette trogne est plantée en majorité de carnots dont partie peut porter bûche ronde par le pied, autre partie gloe fendue. C'est à l'intérieur que se rencontre le lieu et pourpris de la vieille verrerie où il y a plusieurs maisons et demeures et contient 10 acres, soit environ 8 hectares. Par d'autres sources, on sait qu'il y aura en 1547 un four actif, voire 5. Arch. nat., ZlE 1135, arrêt de la réformation de la forêt de Lyons, 19 juin 1531 ; un personnage de la verrerie de la Croix n'apparaît qu'en 1541 : Guillaume Bongard, écuyer verrier, achète moyennant 150 livres une maison à Beauvoir le 25 mars 1541, d'après Bibl. nat., fr. 29654, fol. 10.
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NAISSANCE DE LA VERRERIE MODERNE
deux 6 . Peu loin de là se trouve une petite vente, nommée la vente Bouju, au triage de la vallée du Petit Four... Plusieurs schémas sont possibles pour l'exploitant d'une verrerie, selon que le propriétaire dispose, ou non, de bois. Il peut jouir dès le départ d'un affouage, limité ou à volonté, tant pour le bois de merrain ou de construction nécessaire à l'édification de ses bâtiments, que pour la consommation du four (cas de la forêt de Darney). L'exploitant peut aussi obtenir le combustible par l'affermement. Sinon, il lui reste le marché ambiant... Le cas des Bérulle, en forêt d'Othe, est particulièrement intéressant et explicite pour leur ferme de la seigneurie monastique de Cerilly. Ils disposent ainsi librement des bois. Ce pouvoir important sera la cause de deux procès, intentés par l'abbaye suite à la déprédation de son patrimoine forestier. Les bois seront, au terme d'un accord entre les parties, dégagés de la ferme de la seigneurie. Dès lors, les verriers de Cerilly et du Vieux-Verger devront recourir au marché local, fort encombré, quitte à s'en éloigner au prix de coûts de revient supérieurs. D'après un document champenois, neuf cents arpents de bois des forêts de Nogent-en-Othe et de Lalleu seront ainsi réduits à buissons et broussailles, notamment par le verrier Jacques de Bérulle7 . Faut-il y voir la raison principale de l'échec de ces verreries au milieu du XVIe siècle, en pleine restructuration économique et commerciale ? Il en va différemment en Lorraine (carte 14) où ce1tains verriers ont obtenu très tôt des privilèges. Ils peuvent prendre, couper et exporter bois de merrain et de construction, bois de chauffage et de consommation des fours de leurs verreries, aux lieux convenables aux moindres dommages possibles et au plus grand profit des verriers, moyennant redevance. Lorsque le verrier Hugot Massel, des verrières du Hautbois, en forêt de Darney, souhaite faire construire une verrerie de menu verre dans les hautes forêts du duc, il demande qu'on lui accorde une quantité de bois semblable aux autres sites pour l'édifier, avec le chauffage du four à verres. L'exemple des premiers sites sert donc les édifices postérieurs. Dans le site de Charles-Fontaine, en Thiérache, l'affouage est constitué de bois de dix ans d'âge répartis en quarante jallois, à raison de 80 verges de 24 pieds par jallois, soit une quinzaine d'hectares. On laissera seize balliveaux de chêne, voire de fresne, par jallois, et les arbres d'âge resteront au profit de la propriétaire Marie de Luxembourg 8 . 6. Bibl. nat., P 0 592, 20 avril 1547, présence d'un autre four d'artifice à faire verre attenant à la maison de la veuve de Jehan Le Vaillant; sur la forêt de Lyons au XVIe siècle: M. Philippe,
«La forêt de Lyons au milieu du XVIe siècle d'après une enquête administrative», Études normandes, 4, 1992, p. 68 et 80; dans les années 1519-1520, un ouragan ravagea la forêt de Lyons et détruisit en partie le Buisson de Bleu; vingt ans plus tard, le souvenir reste présent de« l'année des grands vents ». 7. Arch. dép. Côte-d'Or, 7H 663, procès entre l'abbaye de Molesmes et les exploitants de ses bois de Nogent, 1529-1530. 8. Bibl. nat., Lorraine 474, 15 juillet 1554, pour la verrerie du Haut-Bois ; Arch. nat., R4 985 1, décembre 1529, pour celle de Charles-Fontaine; celle-ci se situe dans la forêt de Saint-Gobain (Aisne), dont elle est l'ancêtre.
LES APPROVISIONNEMENTS
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L'espace chronologique de la fin du XV0 et du début du XVIe siècles marque un changement important dans la conscience des propriétaires forestiers. Il correspond, dans certaines régions, à une ponction croissante sur ces bois de la part d'exploitants industriels, parmi lesquels des verriers et, plus généralement, des marchands de cendres, à l'exemple du marché parisien. On le perçoit par le biais de procès et de plaintes pouvant aller jusqu'au niveau du roi. Les bois de haute-futaie de la Champagne proche de Paris (forêt d'Othe) en composent un des hauts lieux : pratique du furetage, colonisation des bois par toutes sortes d'entrepreneurs. En forêt d'Othe, en Thiérache, en Lorraine, on évoque au xv1e siècle la chute (ou le chômage temporaire) de verreries par faute de bois. Le mouvement industriel a fait place à un essor tel qu'il devient difficile, parfois, de concilier les intérêts des propriétaires forestiers avec ceux des entrepreneurs, souvent d'ailleurs en surnombre9. Il signifie, d'autre part, que tous les verriers, qu'ils soient ou non dotés del' affouage nécessaire à leur fonctionnement, pâtissent de semblable façon de la concurrence quant à leur approvisionnement en combustible. Ce caractère est renforcé par le panage des porcs et les droits de chasse es bestes grosses noires et rousses a chiens et harnais. En forêt de Darney, les verriers peuvent dès le xve siècle mettre au panage jusqu'à cent porcs - soit vingt cinq par verrier lors de la première concession - sans rien payer au duc. Cette pratique est générale à l'époque et s'applique autant dans les bois du Nouvion (vingt cinq à trente bêtes pour le verrier d'Esquéhéries), qu'en Thiérache (quarante pourceaux à Momignies, trente deux pourceaux à Charles-Fontaine)10. On peut voir là le signe d'une économie seigneuriale, domaniale. Avec les plaintes des propriétaires forestiers, des limites seront portées au furetage et à la déprédation de ces bois. On passera ainsi, sous leur action, d'une économie du furetage et de l'affouage en futaie à une économie d'entreprise avec l'exploitation, par la contrainte ou par l'entente, du taillis. L'espace demandé par les verriers de la Vôge pour faire valoir leurs entreprises s'accroît au cours du XVIe siècle. Dans leur demande de 1556 pour le site du Vieux-Battant (Neufmont ?), François Hennezel et Nicolas Thietry, de la verrerie Dame Sybille, souhaitent qu'on leur acense quatre vingt journaux de terre, à mettre en nature de terre labourable et, en outre, deux petites pièces de pré pour prendre du bois mort et vif, pour l'édifice de leurs verreries et pour l'affouage. Dans la demande, contemporaine, des frères Nicolas et Georges Hennezel pour la Houldrichapelle, il s'agit de douze arpents de bois pour ériger la verrerie, en plus de quarante huit arpents pour le domaine de celle-ci 9. Archives Condé à Chantilly, D 3, sur les dommages causés vers 1580 dans la forêt de Nouvion (Thiérache) par les verriers d'Esquéhéries; Bibl. nat., Lorraine 60, sur l'encombrement de la forêt de Darney par les fours verriers au XVIe siècle. 10. Sur ces mentions relatives à la forêt de Darney aux xve et XVIe siècles : Bibl. nat., Lorraine 474, 21 septembre 1536 et Lorraine 60, 15 septembre 1469 ; sur le four d'Esquéhéries : Archives Condé à Chantilly, D3 ; sur Momignies : Archives Générales du Royaume, Bruxelles, Chambre des comptes, CC 10401 ; sur Charles-Fontaine: Arch. nat., R4 985 1, décembre 1529.
94
NAISSANCE DE LA VERRERIE MODERNE
(soit soixante arpents). En 1564, Guillaume du Hou et Alexandre de Bonnay, pour le site de l'Homme Mort, réclament deux cent quarante arpents pour mettre en nature de terre labourable et y bâtir 11 . Germaine Rose-Villequey a établi une moyenne de cent vingt jours (ou journaux) pour l'espace d' approvisionnement, soit vingt quatre hectares par site. Avec une vingtaine d'établissements, cet espace d'approvisionnement avoisine cinq cents hectares pour la Vôge verrière, soit le dixième de la superficie de la forêt 12. Le développement du « grignotage » des forêts lorraines par les verriers inquiétait tout particulièrement l'administration, qui chercha à plusieurs reprises à le mesurer, pour mieux l'endiguer. On le reconstitue (tabl. 15) à partir des données des années 1549 et 1561. Tableau 15 Tableau des essarts d'après les arpentages effectués le 18 août 1549, puis en 1561 (données d'origine en verges carrées converties en mètres carrés) 1549
1561
Belrup
36888,12
248346
Torchon
253389,2
265209
Hennezel
330534,4
362299
Senenne
264537,28
359744
Dessus Droitevaul
318304
-
Dame Sybille
416813,6
425152
Saint-Vaubert
438318,72
-
194157,6
169652
Briseverre d'Ardenay
217324,8
-
Pierre Thietry
343791,84
402668
Henricé
441000
435883 + 143080
Voivre près D. Sybille
55977,6
-
-
163520
Hubert Beauregard
61320
Lapeion
-
376096
Autel des 3 Bans
-
163520
Claudon
-
255500
Clérey
-
154322
11. Bibl. nat., Lorraine 667, 7 mars 1564. 12. G. Rose-Villequey, op. cit., p. 717-719: journal ou arpent de Lorraine = 20 ares 44 ca. ; cf A.-L. Joanne, op. cit., article Darney : la forêt compte 5282 hectares à la fin du XIXe siècle.
LES APPROVISIONNEMENTS
95
Tableau 15 Tableau des essarts d'après les arpentages effectués le 18 août 1549, puis en 1561 (données d'origine en verges carrées converties en mètres carrés) La Frizon
-
394492
la Pille
-
rien
la Bataille
-
20440
Boyvin
-
rien
Grandmont
-
408800
Tolloy
-
79716
Somme
3311496,1 (env. 332 ha)
4889759 (env. 500 ha)
96
NAISSANCE DE LA VERRERIE MODERNE
Carte 14 La forêt de Darney, d'après Germaine Rose-Villequey. À noter la répartition particulière des établissements, même si certains d'entre eux érigés au
xve siècle s'éteignent au XVIe. Cette utilisation intensive de l'espace forestier diffère des répartitions en chapelet, dans les vallées de !'Argonne, ou de la concentration partielle, dans les forêts de Lyons et d'Othe.
(Graphique dressé par G. Rose.)
. IX. .
CARTES ET PLANS
l. La Couronm.~ d~ Verrerie" de la Vôge , canton de Darney (du 'so
NORMANW -
~
THIERACHE
ARGONNE 1463
1642
1562 1578
VÔGE
~
1683-84
16011 XVe 1578
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LES FAMILLES VERRIÈRES
235
Les (de) Bonnay (Bonnet) Originaires du Doubs actuel, Jehan et Husson Bonnet, de Fontenoy en Vôge, amodient en 1419 le lieu où soulait estre la vieille verrerie de Chaux, pour édifier audit lieu une maison de bois a quatre rans, un fourneau pour faire verre, à charge de payer 120 francs et 10 florins de cens par an. Vers 1500, Girard Bonnet sera autorisé à dresser une verrerie à Courtefontaine, dépendant du prieuré du lieu. Mais, une fois édifiée, le procureur de la gruerie interdit au verrier de couper du bois, ce qui ruinera le four. Faut-t-il compter dans cette famille Georges Boneti, présent en 1490 à Pourcieux, dans le Var, et Guillaume Bonet, compté vers 1500 à Palau 26 ? Connus également au XIVe siècle en Lorraine, ils figurent parmi les étrangers travaillant le verre à Bennévise en 1407. On ne les rencontre pas en dehors de ces régions. C'est en tout cas principalement dans le sud de la Lorraine (ill. 26) qu'ils exerceront leur art. On peut y voir le rôle des familles alliées, mais également l'attirance économique et commerciale pour des verreries telles Selles et l' Autel des Trois Bans, situées à des endroits stratégiques pour eux, aux portes de la Comté d'Empire et du Royaume.
26. Sur son rôle en Franche Comté, R. Genevoy, op. cit., d'après Arch. dép. Doubs, IB 339; sur la famille, Dictionnaire de la Noblesse, t. II, 2e éd., 1771; sur son rôle en Lorraine, G. Ladaique, op. cit., p. 183 et suiv.; sur leur présumée présence en Provence, on se réfèrer à D. Foy, Le verre médiéval, p. 70 et 72.
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Joachim Il
1
Jehan Ill ép . Yolande de Besneval
Joachim chev. seign. des 3 Bans ép. Catherine du Pont
Etienne chev. 1431
1
Philippe ép. Jeanne de Noserey
Joseph (Besançon)
Jacques César
(branche étël iedlns lt Clermontois)
Henri ép. Anne du Breuil
--1
Adrien ép. Jeanne de Godières
(alliances Bigault, Condé)
Chrétienne de Foucault
ép.
Angrand
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Philippe
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Thomas
l
Philippe seign. de Mureville en Champagne ép . Nicole du Fay de Surville en Bassigny
1
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Alexandre chev. seign. des 3 bans ép. Nicole de Chavigny
1
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LES FAMILLES VERRIÈRES
237
Les (de) Brossard (Brochard) Les Brossard sont originaires de la Thiérache. Ils y travaillent le verre dans le courant du XVe siècle : Richard de Brossard, verrier à la Fère au début du siècle, Perrot de Brossard, verrier au Bois-Mallet en 1457. Peu à peu, ils vont davantage s'implanter dans cette région et plus au sud encore. Étienne de Brossard présent à Carlepont et à Charles-Fontaine en 1529, a repris par mariage cet établissement détenu originellement par les Gauthier. Jean Brossard figure également dans cette entreprise où l'on façonne, notamment, des verres à pied. Dans l' Avesnois, cette famille paraît également attirée par la sidérurgie27 . Parallèlement, des Brossard se sont établis en Normandie, et notamment en forêt d'Eu (ill. 27). Ils sont d'abord dans la seigneurie de Saint-Martin-au-Bosc à la fin du x1ve siècle. Ils possèderont l'intègralité de celle-ci d'ici la fin du siècle. Mais leurs activités se développent alors en direction du verre. En 1441, Colar et Richard de Brossard rachètent, moyennant 1000 écus, à Jourdain et Le Barrier, la verrerie d'Eu, la seule alors établie dans cette forêt. Certains d'entre eux gagneront le sud, en traversant la Seine: 1490, Jean Brossard, verrier à Saint-Sauveur-de-Carrouges ; 1503, Robert de Brossard, à la verrerie de la Haye ; 1508, Gilles et Philippin, à la verrerie de la Guilletière (Saint-Clair-deHalouze). On les rencontre en 1450 dans le Maine mais beaucoup plus tard en Bretagne28 .
Ils sont également précocement installés en Argonne : Antoine de Brossard époux de Judith de Ponthieu, travaille en 1453 le gros verre. Ils tiendront notamment les établissements de Futeau et du Four les Moines. Peu à peu, partie d'entre eux se dirige vers le sud de la Champagne et la Puisaye. Noble Guillaume Brossard demeure en 1529 à la verrerie du VieuxVerger tenue par les Bérulle, et sous la responsabilité de son allié François de Bongard; il y travaille le menu verre et le« verre à pomme». En 1561 Mathurin Brossard est connu à la verrerie de Vergigny, là où le rejoindront bientôt des verriers venus de Lorraine. La même année, Mathurin Brossard est verrier à Gien-sur-Cure, en Nivernais - s'agit-il du même ou d'un homonyme? Dans le premier cas, cela confirmerait des liens entre Nivernais et forêt d'Othe, tout comme ceux entre celle-ci et l'Argonne. Sa famille se trouve représentée beaucoup plus tôt, au XIVe siècle, dans cette région (à Vandenesse) 29 . 27. Bibl. nat., P 0 527, fol. 123, généalogie de la famille; Arch. nat., R4* 985-1,,décembre 1529, copie collationnée à l'original du bail de la verrerie de Charles-Fontaine, par Etienne de Brossart, écuyer ; sur leur présence dans l'Argonne, abbé Gillard, « Les gentilshommes verriers d'Argonne», extrait de la Revue d'Ardenne et d'Argonne, Verdun, 1930; sur l'implication des Brossard de Thiérache dans la sidérurgie, voir Arch. dép. Nord, 9 H 1504, 26 octobre 1584, achat de 230 cordes de bois par Jean Brossart, maître de forge, moyennant 138 livres. 28. Arch. nat., 300 AP II 128, acte de cession du fief de Saint-Martin-au-Bosc ; voir Annexe n° VI; Bibl. nat., P 0 527, 2 mars 1490, présence du verrier Jean Brossart, paroisse Saint-Sauveur-de-Carrouges ; sur l'histoire de cette famille au xve siècle, M. Philippe, «Du chantier [... ] ». 29. Sur Mathurin, S. Lagabrielle, art. cit., p. 40, et M. Philippe,« Aspects[ ... ]», p. 260; Arch. dép. Yonne, 1J 24A, sur Guillaume de Brossard en forêt d'Othe, 25 décembre 1529; sur leur présence dans !'Argonne, Abbé Gillard, art. cit.
238
NAISSANCE DE LA VERRERIE MODERNE
C'est un peu plus tard qu'on les rencontre dans la Vôge lorraine, aux côtés des Pillemier et des Bigot. On peut penser que ces derniers, qu'ils assistaient en forêt d'Othe et en Argonne, ont facilité leur arrivée sur place. Il existe de fortes probabilités pour que les membres de ces familles implantés en Lorraine proviennent de Champagne argonnaise ou de forêt d'Othe. Les Brossard se manifestent dans la Vôge tardivement et au moment critique: migrations saisonnières et exode, crise politique et économique. Leur venue reste éphémère et très limitée. Comme les Bongard, leurs alliés en Normandie, en forêt d'Othe etc., les Brossard travaillent plutôt le gros verre. Globalement, cette famille a progressé simultanément depuis la Thiérache vers le sud-ouest et le sud-est. Faut-il entendre sous ce nom le Jean Brossardi établi en 1435 à Tourves, en Provence30 ?
30. Sur leur présence dans le Maine, A. Bouton, op. cit., t. III, p. 390 ; sur la Bretagne, C. Herbaut, op. cit. ; sur la Provence, D. Foy, Le verre médiéval, op. cit., p. 68 ; sur le Nivernais, S. Lagabrielle, art. cit., p. 38.
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Verrene de Martagny
Verrerie La Haye 1523
ép. Jehanne du Buisson
Gilles
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Verrerie Saint-Martin-au-Bosc
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Christophe
Salomon
-1
Nicolas
Charles
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Verrerie La Haye 1503 (achat à Robert de Brossard)
Verrerie de la Croix
Jehan de Caquerai
ép. Jehanne de Bouju
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ép. Anne de Bouju
Verrerie de Martagny 1495
Verrerie de la Croix
ép. Guillaume de Caquerai
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ép. Jehanne de Riencourt
1
Marguerite
Verrerie Saint-Martin-au-Bosc 1491
Jehan
1
Verrerie Saint-Martin-au-Bosc (1441à1474, teste en 1488}
ép. Colette des Essarts
Colard
Verrerie Saint-Martin-au-Bosc
ép. Charlotte de Cayeu
Richard
Anthoine
1
Gauthier
ép. 1388 Anne de Sénéchaussée
Jean de Brossard
BROSSARD
Je han
Verrerie de Thelle
Jean
Verrerie de la Croix
J
Richard de Bouju
BOUJU
Verrerie de Thelle
Adam
Verrerie de Thelle
Ebenne ép. 1503 Louise de Bouju
(al!iance&"ossard 1501)
Verrerie La Haye
Verrerie de Thelle
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