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French Pages 240 [217] Year 1998
COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE publiée sous le patronage de l’ ASSOCIATION GUILLAUME BUDÉ
MÉNANDRE TOME I 3° partie
LE BOUCLIER TEXTE ÉTABLI ET TRADUIT PAR
JEAN - MARIE JACQUES Professeur émérite à l’Université Michel de Montaigne - Bordeaux III
Deuxième tirage
PARIS LES BELLES LETTRES 2003
Conformément aux statuts de l’Association Guillaume Budé, ce volume a été soumis à l’approbation de la commission technique, qui a chargé M. F. Jouan d’en faire la révision et d’en
surveiller la correction en collaboration avec M. J.-M. Jacques.
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés pour tous les pays. © 2003. Société d'édition Les Belles Lettres 95 boulevard Raspail, 75006 Paris www.lesbellesletitres.com Première édition 1998
ISBN : 2-251-00461-0 ISSN : 0184-7155
AVANT-PROPOS
Comme les éditions précédentes du Dyscolos et de la Samienne, cette édition séparée du Bouclier s'adresse à un
large public. C’est pourquoi la notice et les notes sont plus développées qu'il ne serait souhaitable si elle visait unique-
ment un public restreint de spécialistes. Une fois de plus, dans la mesure où l’état de conservation de la pièce le permettait, elle a été conçue comme une introduction à Ménandre et à son art. Depuis notre première édition de la Samienne (1971), vingt-cinq ans se sont écoulés. Les lecteurs sont assurément en droit de savoir pour quelle raison celle du Bouclier a été différée si longtemps. Un tel délai mérite quelques mots d'explication. Dès après la parution de l'édition princeps du Dyscolos (1959), une rumeur s'était répandue: non seulement le manuscrit qui nous a transmis cette comédie en contenait deux autres, mais des fragments en avaient été détachés, qui se trouvaient en divers endroits du monde. Le propriétaire du papyrus, le collectionneur genevois Martin Bodmer, faisait dire qu'il était en négociation pour les récupérer. C'est la raison avancée naguère pour justifier la longue attente qui est intervenue entre la publication du Dyscolos et celle de l'édition princeps de la Samienne et du Bouclier (1969),
qu'a suivie de près celle des deux pièces par Colin Austin dans les Kleine Texte 188a. Par ailleurs, on chuchotait qu'il existait aussi des fragments papyrologiques d'autre
VII provenance,
AVANT-PROPOS concernant
telle
comédie
Bodmérienne,
la
Samienne notamment. Alphonse Dain s’est fait l'écho de ces bruits dans son article intitulé «La Survie de Ménandre » {Maia 3 [1963] 287 s.). Passant outre, la Société d'édition «Les Belles Lettres» décida de donner la Samienne dés la parution de l'édition princeps évoquée ci-dessus, ce qui fut fait en moins de deux ans. Quelques semaines après l'édition Austin, le S février 1971, comme pour signifier qu'on avait été trop vite en besogne, le papyrologue Eric Turner, qui présidait alors aux destinées de la collection d'Oxyrhynchos, tenait à Cambridge un séminaire où il présentait un papyrus de la Samienne révélant,
entre autres, les débuts de douze vers nouveaux, à placer dans la lacune affectant le bas de la p. 5 du P. Bodmer XXV. Nous nous le sommes tenu pour dit, et, pour ce qui est du Bouclier, plutôt que de donner une édition périmée aussitôt que parue, nous avons préféré attendre un moment où l’on pouvait penser que toutes les collections avaient livré leurs trésors. Quelle peut être l’importance même d’une seule lettre lorsqu'il s'agit d'établir un texte, il est facile d'en avoir une idée en consultant la n. 111 de la p. χων. Nous devons cette lettre à une bribe du manuscrit Bodmer publiée en 1991: ce fragment s'était caché à la Duke University. Et, dans le temps même où je finissais de mettre au net la présente édition,
paraissait en 1995, dans le Vol. 61 des Oxyrhynchus Papyri un morceau d’une soixantaine de vers permettant d'améliorer l'établissement du texte des v. 174-236. C'est dire que les lecteurs n'ont rien perdu pour attendre, car ils disposeront d'un texte à jour des toutes dernières découvertes. Publier aujourd’hui le Bouclier ne veut pas dire que je m'en sois désintéressé hier et avant-hier, bien loin de là. La publication de l'édition princeps donna lieu — il en est ainsi à l’occasion de toute découverte papyrologique considérable —, entre spécialistes concernés, à de nombreux échanges de
AVANT-PROPOS
ΙΧ
vues auxquels j'ai participé. J'ai eu le privilège de discuter «à chaud», avec divers savants, différents points touchant à l'établissement du texte, sa traduction et son interprétation, ou de recevoir d’eux des tirés à part de leurs articles, — entre autres, W. G. Arnott, C. Austin, D. Bain, À. Barigazii, À. Blanchard, H.-D. Blume, À. Borgogno, P. Burguière, F. Conca, C. Corbato, D. Del Corno, C. Dédoussi, F. Jouan, Κ. Gaiser, À. Guida, L. Gil, A. Hurst, À. G. Katsouris, J. E.
Karnezis, sir H. Lloyd-Jones, W. Luppe, J. Martin, A. Oguse, M. Rossi, F. H. Sandbach. Parmi la troupe nombreuse des Ménandrisants, il en est deux, aujourd’hui disparus, auxquels je voudrais rendre un
particulier hommage. Vers la fin de sa carrière, André Oguse s'était pris de passion pour Ménandre qu'il avait fort bien servi dans maints articles et contributions critiques. Il m'a rendu, pour le Bouclier, le même service qu'il m'avait rendu pour la Samienne,
en m'adressant en 1981
des remarques
abondantes et précieuses. Ma dette à son égard est plus grande que ne le laissent supposer l’apparat critique et les notes. J'ai eu le grand bonheur d'engager, autour du Bouclier, un
dialogue des plus fructueux avec Konrad Gaiser. Il avait un talent spécial, une intuition quasi divine, pour identifier les menandrea qui se cachent sous des fragments anonymes. Ses conjectures éclatent le plus souvent d'intelligence. Sa contribution à l'œuvre d'interprétation, brillante, impressionnante,
n'a d'égale que celle de Rudolf Kassel. Sa mort prématurée est une perte immense pour la communauté des hellénistes. Ce serait manquer à la plus élémentaire gratitude que de ne pas offrir l'hommage de respect et d'admiration qu’ils méritent aux promoteurs et réalisateurs de l'entreprise de ces
dernières années la plus vaste et la plus utile à nos études. Avec les six volumes parus de leurs Poetae Comici Graeci, Kassel et Austin ont fait leurs obligés de tous les fervents de la Comédie Grecque. Le monumentum aere perennius qu'ils sont en train d'ériger n’est pas seulement précieux par le
Χ
AVANT-PROPOS
rassemblement des textes disposés de la manière la plus commode, il l'est aussi par ses subsidia interpretationis —un commentaire knapp und klar, qui satisfait toutes les curiosités en évitant tout bavardage inutile. Les lecteurs qui ont l'habitude de le fréquenter verront aisément tout ce que cette édition lui doit. Au cours de mes vingt dernières années de carrière, le Bouclier a souvent eu les honneurs du programme de la Licence dans les Universités où j'ai été appelé à enseigner, Poitiers et Bordeaux. Il m'est arrivé d'en tirer des sujets de Travaux d'Études et de Recherches ou de Thèse de doctorat, que j'ai eu plaisir et profit à discuter avec les étudiants
concernés, G. Esquié notamment, auteur d’un commentaire présenté en 1976 comme thèse de 3° Cycle de l'Université de Bordeaux III: qu'ils en soient remerciés! Mes remerciements vont aussi à mon réviseur, François Jouan, qui s'est acquitté de sa tâche avec une science, une conscience et une efficacité dignes de tous éloges. Hugh Lloyd-Jones et Colin Austin ont lu un état du texte et de la traduction; je leur sais gré des remarques dont ils ont bien voulu me faire part. Naturellement, je suis seul responsable des choix que j'ai opérés en définitive, les erreurs éventuelles sont imputables à moi seul. Je remercie enfin la Société d'Édition «Les Belles Lettres», son directeur scientifique, Jean Irigoin, et son directeur technique, Jean Malye. Auprès de Jean frigoin, j'ai rencontré, non seulement les avis les plus éclairés, mais aussi la plus grande compréhension et une totale complaisance lorsqu'il s'agissait de satisfaire à mes demandes pendant la mise au point d'un livre difficile à composer; et cela, à tous les stades de sa fabrication. Qu'il veuille bien trouver ici l'expression de ma sincère, profonde et amicale gratitude!
Chêne Vert, le 20 mai 1997.
NOTICE L'ŒUVRE
A la différence de la Samienne et du Dyscolos, conser-
vées, la seconde à peu près intégralement, la première assez bien pour qu'on soit en mesure de suivre, du début à la fin et sans interruption, la succession des scènes, Le Bouclier, la troisième et dernière des pièces de Ménandre transmises par le codex Bodmer, est gravement mutilée
dans actes nous — à
ses parties médiane et finale. Si les deux premiers et le début du troisième se lisent presque au complet, ne possédons plus que la charnière des actes IV et V savoir les deux dernières scènes de l’acte IV et la
première
de l’acte V, avec
le tout début
de la seconde;
encore sont-elles passablement lacuneuses. Ainsi nous trouvons-nous dans la situation inverse de celle du Sicyonien et du Misouménos, deux comédies dont les fragments
les plus importants se répartissent entre les trois derniers actes. Mais, si, dans le cas du Bouclier, nous possédons une bonne moitié de la pièce, ici comme là, trop d’éléments nous font défaut pour qu'il nous soit possible de
porter sur cette comédie un jugement en tous points motivé”.
* N. B. — En cas de référence abrégée à un ouvrage, et en l’absence de renvoi à une note où la référence est complète, le lecteur est prié de se reporter aux listes figurant sous la rubrique «Conspectus notarum», p. CXIX, et dans la Note bibliographique, p. Cxv.
XII
NOTICE
Avant d'étudier en détail le contenu de ses parties conservées, et de présenter avec toutes les précisions désirables les sources de son texte!, il m’a paru opportun de rappeler au départ les étapes de sa résurrection. 1° Dès 1913, un papyrus de Florence révélait 84 vers? plus ou moins bien conservés d’une comédie anonyme qui n’était autre que Le Bouclier. Bien que l’on eût affaire à des fragLes étapes de la résurrection
menta adespota, le premier éditeur, suivi par l’ensemble? des critiques, n’hésita pas à l’assigner à Ménandre. Grâce à ce document, on disposait du début de l’acte ΠῚ (une quarantaine de vers) et des treize derniers vers de l’acte II — la
fin de la scène dans laquelle Daos monte contre Smicrinès une
ruse reposant sur la mort fictive de son frère Chérestrate“. On pouvait lire aussi un morceau de la deuxième partie du prologue et ses tout derniers vers, ainsi que la quasi-totalité du monologue de Smicrinès qui leur fait suite. Du prologue prononcé par la déesse Fortune, pour ne rien dire de la première scène de l’acte 1, il manquait les éléments qui éclairent la personnalité du jeune soldat mercenaire Cléostrate et 1. Voir Sigla p. CxvII, et la description des manuscrits p. ΧΟΙ. 2. L'édition de Kôrte (Kôrte-Thierfelder, 1 p. 138-142) fait état de 87 vers (cf. Kôrte, «Menandros Nr. 9», RE 15 [1931] 734, 62), mais
ce chiffre intègre les deux vers qui manquent après 59, ainsi que la mention XOPOY qu'il compte pour un vers. 3. L’assignation à Ménandre qui n’était qu’une conjecture chez Vitelli a été pleinement démontrée par E. Ulbricht, Kritische und exegetische Studien zu Menander, diss. Leipzig 1933, p. 1 ss. Une exception surprenante dans ce consensus est celle de S. Sudhaus, la plupart du temps mieux inspiré: il assignait ces fragments à la Comédie Moyenne
(voir O. Schrôüder, Kleine Texte
135, Bonn
1915, praef.), ce
qui explique leur absence dans son édition de Ménandre (ΚΙ. T. 44-46, Bonn 1914). ‘ 4. On lui avait attribué à tort le nom de Chéréas. La raison en est que, au v. 87 Kôürte (= 440), qui se termine par les mots οἴχεται μὲν οὖν ὃ Xaipéag, on donnait au verbe son sens figuré «est mort», sans se soucier d’une suite possible qui l’aurait précisé, comme c'est le cas, dans sa valeur propre «est parti». Il faut dire que l’on croyait alors que, dans cette scène, Daos annonçait à Smicrinès la mort de son frère.
C'était faire bon marché de σχεδόν (78 Kôrte = 431).
L'ŒUVRE
XII
l’origine des richesses convoitées par son oncle Smicrinès — il en est question dans son monologue —, ceux également qui précisent les visées du vieil avare et les rapports de parenté existant entre les principaux personnages. En l’absence de tels éléments, les essais tendant à la reconstruction des antécédents de l’action étaient fatalement voués à l’échec.
En semblable matière, où la prudence est de rigueur, une tentative aussi pondérée que l’était celle d'Alfred Kôrte n’est pas de nature à encourager la hardiesse. Mais, plutôt que de faire la leçon aux philologues d’hier avec l’aide des nouveaux fragments, je crois plus utile de signaler une conjecture intéressante à laquelle avaient donné lieu les fragments anciens. Rudolf Herzogf avait eu l’excellente idée de voir dans la ruse de Daos un moyen de faire appliquer la loi athénienne relative à la fille épiclère: telle est, en effet, après la mort supposée de son père, la situation
juridique de la fille unique de Chérestrate. Seulement, pour justifier son application, il forgeait une histoire deux fois contraire aux données
c’est pour
imposer
alors connues
à Smicrinès
de l’action. Selon lui,
le mariage
préparé
par
Chérestrate entre sa propre fille et le fils de Smicrinès que Daos, un servus callidus de l’espèce ordinaire, aurait tramé sa ruse. Car, si, aux termes de la loi athénienne, l’épiclère, c’est-à-dire la fille restée seule héritière du patrimoine,
devait épouser le plus proche parent de son père dans l’ordre de primogéniture, celui-ci pouvait se faire remplacer par son
fils, s’il n’était plus en âge d’être le mari. Ce scénario était inspiré du Phormion, où, grâce au parasite, un jeune homme
est astreint à épouser sa belle en tant qu’anchisteus. Mais a) le mariage projeté par Chérestrate concerne son beaufils et la sœur
de
X.
(Cléostrate,
comme
nous
le savons
aujourd’hui), que X. lui avait confiée, et non pas sa propre fille et le fils de Smicrinès (13-16 K.- Th. = 136-139);
5. Dans son édition (K.-Th. I p. LVii s.) et aussi dans son article de la RE (735, 12 ss).
6. ΒΕ. Herzog, «Menanders Epikleros?», Hermes 51 (1916) 315 5.
XIV
NOTICE
b) si l’on interprète correctement la description par Fortune du mode de vie solitaire de Smicrinès, ce dernier risque fort d’être célibataire (2 Kôrte = 125). Dans de telles conditions, et aussi pour des raisons qui tiennent à ce que l’on croyait savoir de l’Épiclère de Ménandre, dont on avait tendance à rapporter tous les fragments à une pièce unique, au lieu de faire la distinction nécessaire entre ses deux pièces appelées Épiclère, la conjecture de Herzog, qui proposait non sans réserve d’identifier à cette comédie les fragmenta adespota de Florence, avait peu de chances d'être accueillie favorablement’. Seul, à ma connaissance, J. Van Leeuwenf les a publiés sous ce titre, adopté dubitativement pour la commodité des références.
On préférait, d'ordinaire, désigner la pièce, comme le fait Kôürte, du nom de Comoedia Florentina.
2° Peu de temps après la publication de l'édition princeps du Dyscolos en 1959, on apprenait” que le codex Bodmer contenait en outre des fragments de la Samienne et du Bouclier, ces derniers (parmi eux la Comoedia
Florentina)
identifiés
par la présence d’un certain nombre des citations anciennes. Pour en avoir la confirmation,
il fallut attendre dix ans ia
publication du P. Bodmer XXVI, en 1969. Elle avait été précédée deux ans plus tôt par celle d’un papyrus de Cologne,
P. Colon. 904, qui n’est en fait qu’un morceau du même manuscrit. Il contient une bonne partie des fragments connus des deux derniers actes. L'édition princeps du P. Bodmer XXVI les présente intégrés à leur place primitive. Cette fois, avec la première moitié de la pièce au complet, ou peu s’en faut, et quelques scènes des actes IV-V, il ne manquait plus rien des antécédents de l’action; qui plus est, 7. Ont pris position contre elle, entre autres, Kôrte, «Menandros», RE 735, 57 ss. (cf. K.-Th. I p.Lviu 55.); Wilamowitz, Gromon 5 (1929) 466. Parmi ceux qui l’ont adoptée, citons, entre autres, Ulbricht (voir supra n. 3), Schubart (infra n. 54 [p. cu]), Webster, Studies in Menander?,
Manchester 1960, p. 97!, 146. 8. Dans sa troisième édition (Leiden 1919), elle occupe les p. 177183 (commentaire, p. 249 s.). 9. Voir Dyscolos p. ΧΕΠΙ, ἢ. 2.
L'ŒUVRE
XV
nous pouvions suivre dans le détail la manière dont elle se noue, et nous avions un jour appréciable sur son dénoue-
ment. La conjecture de Herzog
se vérifiait quant à la
signification de la ruse de Daos, dont le but, maintenant, apparaissait clairement. Du coup, ce n’était plus une, mais deux épiclières qui devenaient des éléments de l’intrigue.
ΓΟ δὴ était assez pour que deux philologues, indépendamment l’un de l’autre, Alberto Borgogno!° et Konrad Gaiser!, fissent revivre la conjecture mort-née de Herzog en suggérant que L'Épiclère était un titre alternatif du Bouclier — une conjecture séduisante qui mérite d’être regardée de près. 3° Signalons ici, à titre d’hypothèse, bien que le docu-
ment sur lequel elle s’appuie en offre peut-être lui-même la preuve, l’identification du Bouclier et d’un papyrus de Berlin (P. Berol. 21145) proposée par Konrad Gaïiser en
mai 1983. 4° Depuis un certain temps déjà, on savait que l’un des fragments résultant du dépeçage du codex Bodmer se cachait en Amérique, à la Duke University. Publié en 1990'2, je P. Robinson inv. 38 est une mince bande de papyrus détachée du P. Colon. 904. Réinséré à la place qui était la sienne à l’origine et réexaminé en 1992", il a permis d’aller plus loin dans l’intégration des passages concernés. S°
Enfin,
redevables
aux
scènes
de progrès
3 et 4 de
du même
l’acte 1, nous
sommes
ordre, en ce qui touche
l'établissement du texte et la constitution du dialogue, à un
papyrus d’Oxyrhynchos (P. Oxy. 4094) publié en 1995. 10. À. Borgogno, «᾿Ασπὶς ἢ Ἐπίκληρος 7», Rivista di Filologia e di Istruzione Classica 98 (1970) 274-277.
11. K. Gaiser, Menander: Der Schild oder die Erbtochter, eingeleitet, übersetzt und ergänzt, Zürich / Stuttgart, Artemis Verlag, 1971. 12. In E. Handley - A. Hurst, Relire Ménandre Rencontres, 2), Genève, Droz, 1990, p. 167-171.
(Recherches
et
13. M. Gronewald, «Zu Menanders’ Aspis», Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik 90 (1992) 50-54.
XVI
NOTICE Ι. —
DÉVELOPPEMENT DE L'ACTION ET PARTICULARITÉS DE L’INTRIGUE: TRADITION ET NOUVEAUTÉ.
Il n’est pas nécessaire de nous attarder sur la structure du Bouclier dont l’action se développe en cinq actes, selon une
règle invariablement observée dans les pièces de la Comédie Nouvelle, et que nous avons pu voir à l’œuvre, déjà, dans le
Dyscolos et la Samienne*. Le chœur
Présente entre les v. 255 et 256, d’une part, et,
de l’autre, 399 et 400, où elle assure la séparation
des actes I-IT et Π-ΠῚ respectivement, la mention XOPOY intervenait au milieu des fragments de Cologne.
Elle doit
être restituée dans le blanc!$ de deux lignes que l’on observe entre les vers 752 et 753. A cette place, compte
tenu de
l'équilibre des actes!6, il ne peut y avoir aucun doute sur l'identité de ceux qu'elle distingue (IV-V). Que le premier des deux est bien l’acte IV, on en ἃ une preuve supplémentaire dans le fait qu’il se termine avec la scène du retour de Cléostrate, lequel, par la grâce de Tychè, assure le dénouement. On sait en effet que, dans les pièces de ce type à déoic/Adoic, le dénouement intervenait dès L'acte IV!?. Quant au chœur, sa composition n’est pas plus individualiδός qu’elle ne l’était dans la plupart des comédies de la Νέα: il reste une troupe de fêtards éméchés qui ne sont pas caractérisés autrement que par leur ivresse!$,
14. Voir Dyscolos p. ΧΙ s., Samienne p. x ss. 15. Cette conjecture est vérifiée par la diplè qui marque le v. 752 en tant que dernier vers de l’acte: voir l’apparat critique ad loc. et infra p. XCvHI n. 40. 16.
Si le morceau qui s’achève en 752 terminait l’acte III, celui-ci
aurait 352 vers contre Samienne
193 pour le Dyscolos et environ 217 pour la
(si mes calculs sont exacts). En revanche, si 752 est le der-
nier vers de l’acte IV, sa place est à peu près la même que celle des vers correspondants, Dysc. 783 et Sam.787. 17. Cf. le Dyscolos et ma remarque p. ΧΧΙΧ, n. 1. 18. Voir Dyscolos p. ΧΙΠ s., Samienne p. XII 5.
L'ŒUVRE
XVII
Deux particularités, toutefois, distinguent le Bouclier des autres pièces de Ménandre dont on possède la fin de l’acte I. Ici, c’est à peine si l’on reconnaît la formule stéréotypée par laquelle le dernier personnage resté en scène annonçait l’ap-
proche du chœur!°. Du reste, Daos fait plus que d'annoncer l’arrivée des choreutes. En des termes voisins de ceux qu’emploie Héraclès dans l’Alceste d'Euripide®, il tire de leur comportement une leçon de philosophie «épicurienne»: dans l’ignorance où ils sont de ce que leur réserve Fortune, il les invite à se donner du bon temps aussi longtemps qu'ils le pourront — une leçon qu'il tire, selon toute apparence, de sa propre expérience, lui qui se croit victime d’une de ces vicissitudes dont elle a le secret (254 s.). Cet ancien précepteur
de Cléostrate devenu son valet d’armes croit, en effet, avoir perdu
son maître en Lycie;
aussi n'est-il pas lui-même
d’humeur à se réjouir. Le Bouclier est, à notre connaissance,
la seule pièce où adresse au chœur.
l’annonce
du chœur
se double
d’une
A lire ce qui nous reste de l’intrigue du Bouclier, on pourrait penser qu'il s’agit d’une sombre affaire d’héritage digne de Balzac. Il y avait à Athènes un génos représenté par trois frères. Deux d’entre eux habitent aujourd’hui en ville des maisons Le thème
voisines.
L’aîné,
Smicrinès,
vit seul
avec
une
vieille
ser-
vante: c’est un avare de [4 pire espèce, capable de sacrifier parents et amis à ses intérêts, et qui ne recule devant aucune bassesse pour se procurer un profit, si honteux soit-il. Son frère
cadet,
Chérestrate,
immensément
riche,
aussi
bon
et
généreux que Smicrinès est mauvais et avaricieux, est en 19. La formule signalée Dyscolos p. χιν (Dysc. 232 = Arbitr. 171
οἷς μὴ ᾽νοχλεῖν εὔκαιρον εἶναί μοι δοκεῖ) est remplacée ici par l’adresse au chœur qui en est évidemment exclusive. Voir K. B. Frost, Exits and Entrances ..., Oxford
1988, p. 27.
20. Cf. Eur. Alc. 785 τὸ τῆς τύχης γὰρ ἀφανές... 788 5. εὔφραινε σαυτόν, πῖνε, τὸν καθ᾽ ἡμέραν | βίον λογίζου (cité par Austin, KI. Τ. 1880, p. 26). Ce parallèle n’empêche nullement de considérer que, ici,
pour Daos, Τύχη est la personne divine: voir p. 292 et infrä p. ΧΧΙ:
XVII
NOTICE
possession d’une femme
et d’une fille; vivent également
sous son toit un beau-fils, Chéréas, né d’un premier mariage
de sa femme, ainsi qu’une nièce qu’il a recueillie et élevée. Le
troisième
frère,
en
effet,
est
mort
en
laissant
un
fils,
Cléostrate, et une fille bien plus jeune. Α sa majorité, Cléostrate s’est engagé comme mercenaire pour refaire la fortune paternelle et pour doter sa sœur, qu’il a confiée, en partant, à la tutelle de son oncle Chérestrate. Au moment où commence l’action, Chérestrate, inquiet de l’absence prolongée de son neveu, s’apprête à marier sa nièce, en la dotant de ses propres deniers, avec son beau-fils qui en est tombé amoureux. Mais c'était compter sans les mauvais tours du hasard qui a jeté bas ce bel édifice. Le jour même où le mariage va
être célébré, Daos rentre de Lycie avec le butin du mercenaire et la nouvelle que son jeune maître est mort au combat. Smicrinès,
témoin
de
l’arrivée de
Daos,
a aussitôt
sa
convoitise excitée par ce que Daos lui a dit imprudemment du butin. Pour s’en rendre maître, il décide in petto d’épou-
ser lui-même la sœur du disparu devenue épiclère, comme son état-civil le lui permet, comme la loi athénienne lui en donne
le droit,
sinon
le devoir.
Ces
visées
matrimoniales
suspectes, qu’il s’est bien gardé d’annoncer, nous les apprenons, comme
les antécédents de l’action, de la bouche de la
déesse-prologue Tychè, l’incarmation du hasard: elle intervient après la scène initiale pour rassurer le public sur le sort de Cléostrate. L’esclave a été trompé par la présence du bouclier de son maître au milieu des morts impossibles à identifier. Le Bouclier est un exemple parmi d’autres d’un drame
fondé
sur l’erreur et la méprise?!.
En
fait, nous
ne
21. Cf. les paroles de Tychè au v. 101 (ἀγνοοῦσι καὶ πλανῶνται) et voir infra p. XxI1. La méprise (ἄγνοια), comme on le sait par Lucien, Calumniae
non
temere
credendum
1, est la source de bien des mal-
heurs et le point de départ de bien des tragédies: σχεδὸν γὰρ τὰ πλεῖστα τῶν ἐν τῇ σκηνῇ ἀναβαινόντων κακῶν εὕροι τις ἂν ὑπὸ τῆς ἀγνοίας καθάπερ ὑπὸ τραγικοῦ τινος δαίμονος κεχορηγημένα. Le Bouclier est un exemple typique de comédie nouvelle dérivant pour l'intrigue de la tragédie à hamartia (sur cette dernière voir D. W. Lucas, Aristoile: Poetics, Oxford
1968, p. 303 ss.).
L'ŒUVRE
XIX
sommes pas dans une tragédie, ni dans une comédie larmoyante: Cléostrate est bel et bien en vie, il a seulement été fait prisonnier par les Lyciens, il va rentrer incessamment
lui aussi. Jusqu’à son retour (722), toute l’intrigue consistera à mettre au point, puis à exécuter un plan de campagne sus-
ceptible d’arracher la fausse épiclère aux griffes de Smicrinès, afin de pouvoir la marier avec Chéréas, comme Chérestrate l’avait décidé. L'usage du prologue différé, chez Ménandre, est bien connu, comme aussi celui du prolore gue divin, ces deux variétés n’en faisant qu'une seule dans la plupart des comédies où un prologue Le prologue
divin est attesté’?, Dans son théâtre, une divinité assume couramment ce rôle quand les données de l’action comportent un fait qui échappe à la connaissance des acteurs du drame. C'est précisément le cas du Bouclier avec la mort supposée
de Cléostrate sans laquelle l'intrigue serait impossible. D'une manière générale, c’est le cas des comédies à reconnaissance. Dans sa forme extérieure, le monologue de Fortune répond exactement au schéma que laissaient attendre
les autres pièces de Ménandre offrant la même caractéristique — à savoir Le Héros, Le Misouménos, Le Sicyonien et La Tondue, pour nous en tenir aux originaux grecs”. 22. Voir Dyscolos p. XVI ss., Samienne p. LX ss. et surtout J.-M. Jacques, «Le début du Misouménos et les prologues de Ménandre», Musa locosa (Festschrift für Andreas Thierfelder), Hildesheim / New
York 1974, p. 71-79. 23. Il est probable que l'Arbitrage aussi a comporté un prologue divin retardé, mais il n’a laissé aucune trace, pas même l'indice que fournit, pour le Héros, la mention de cette divinité dans la Liste des per-
sonnages. On n’a aucune chance de retrouver par conjecture l'identité du dieu-prologue s’il n’est pas attesté, sauf, peut-être, pour le Sicyonien, où c'était sans doute une divinité secondaire d'Éleusis telle que la Καλλιγένεια des Secondes Thesmophories (Ar. fr. 331). Cette hypothèse est préférable à celle de Webster {ntr. p. 182, rien ne prédestinant Élenchos à l'examen de gnôrismata. Contre Frost p. 118 (= Comm. Ρ. 636), je crois que, si le prologue du Sic. était initial, la scène suivante serait annoncée après la formule de captatio benevolentiae (Sic. 23s. =
XX
NOTICE
Prologue retardé s’insérant après une scène d’action, il ne comporte pas, comme le ferait peut-être un prologue initial, tel celui de Pan dans le Dyscolos, l’annonce de l’arrivée des personnages qui prendront part à la scène suivante?*. Aussi bien celle-ci met-elle en cause les mêmes personnages, conformément à l’intention exprimée par Smicrinès à la fin de
la scène
1 (75
s.). Prologue
divin mis
dans
la bouche
d’une déesse connaissant, à la différence des hommes, l’avenir non moins que le passé, Fortune n’y hésite pas plus que ses collègues, les autres dieux-prologues, à prédire en
termes exprès
l'issue de l’action.
À priori, toutes
les
comédies de la Néa ont un happy end. Et le spectateur antique ne répugnait pas à en avoir la confirmation d’entrée
de jeu. C’est bien ce que lui confirme Tychè, non seulement en ce qui concerne le retour de Cléostrate (116 s.), mais aussi quant au résultat des menées de Smicrinès (147-150).
Une telle forme de drame ne recherche pas les effets de suspens, elle ne laisse planer aucun mystère sur le dénouement, elle s’intéresse plutôt à la façon dont il est acquis. Ce qu’elle y gagne, comme on l’a souvent souligné, c’est que, à cause de la supériorité des spectateurs sur les acteurs du drame qui en savent beaucoup moins qu'eux, elle peut recourir (et elle ne s’en prive pas) aux effets d’ambiguïté et d’ironie, à propos de tel mot, de telle situation, — des effets qu’ils seraient incapables de percevoir autrement. Enfin, pour ce qui est de la caractérisation, le prologue retardé autorise une technique que, seul, le Bouclier nous donne
la possibilité d'observer.
Dysc. 45s.), comme elle l’est dans le Dysc. J’ai considéré également les prologues des adaptations de la Palliata à propos du Dysc. et de la Sam. (voir supra n. 22). 24. Dysc. 47-49. 25. Boucl.
147-150; cf. Tondue
162-170.
26. De ce point de vue, l'importance du prologue peut s’apprécier par comparaison avec les pièces dans lesquelles il a été supprimé. Le modèle de l'Epidicus en comportair sûrement un. Si Plaute l'avait conservé, le public aurait pu goûter l’ironie de la situation quand Strattipoclès achète à un léno sa propre demi-sœur, quand Périphane se fait extorquer par Épidique l'argent qui sert à payer sa propre fille.
L'ŒUVRE
XXI
Car, dans les autres pièces offrant ce genre de prologue, ou
dans lesquelles on peut, de façon certaine, conjecturer son existence, ou bien les scènes initiales ont disparu (Sicyonien,
Tondue), ou bien c’est le prologue lui-même (Héros, Misouménos). En revanche, dans le Bouclier, le public peut à loisir soupçonner la cupidité dans les questions de Smicrinès à Daos au cours de ia scène 1, dès avant que Fortune ne le décrive comme un exemplaire achevé du type du profiteur éhonté (120-124), une description qu’il ne justifiera que trop dans la suite, à commencer par les scènes qui suivent immédiatement le prologue. La déesse Tychè
personnage
Si, comme
on se plaît à le croire, les
divinités portant des noms d’abstraction,
telles que πίστις, τύχη, φόβος, etc., ont acquis un statut divin parce qu’elles incarnaient des forces ayant des effets observables dans la vie des hommes, et ressenties comme telles’??, nulle n’a mieux mérité que Tychè
d'être haussée au rang des dieux, elle qui, à l’époque hellénistique, a changé la face du monde, ainsi que Polybe en a
fait la remarque après Démétrios de Phalère#. Des esprits 27.
Voir M. L. West, Hesiod:
Theogony, Oxford
1966, p. 33. Dans
le cas de Tychè, il approuve Usener selon qui ces forces ont commencé par être des daimones et ne sont devenues des abstractions qu’à un stade ultérieur. En fait, rien n'empêche d’appliquer à Tychè également le processus décrit par West: ταὐτόματον, l'équivalent sémantique de τύχη, n’a certainement jamais été un daimôn, ce qui n’empêche pas un personnage de Ménandre de le considérer comme un dieu dès qu’il a constaté, chez lui-même, son influence (Sam. 290).
28. Les références à Τύχη personne divine sont très nombreuses, y compris chez Ménandre. indépendamment des pièces identifiées (Arbitr. 351, Coneiaz. 13, Dysc. 801, Tondue 150, 802; fr. 295 [Xénologos], 348 [Progamôn]), les fragments anonymes apportent une riche
provende (la source en est le plus souvent Stobée), dans laquelle peuvent se cacher, à l’occasion, des citations du Bouclier (fr. 463 s., 467 s., 486, 623, 630, 632, 637). Sur l'importance de Tychè voir E.
Rohde, Der griechische Roman und seine Vorläufer*, Leipzig 1914, p. 276-282 (pour la Néa, p. 279!). Démétrios de Phalère 228 FGrHist F39
(Kommentar
p. 652)
avait illustré la mutabilité de Fortune
par
XXII
NOTICE
superficiels, peu au courant des choses du théâtre, ont reproché à Ménandre d’avoir accordé à Fortune une part trop belle dans ses intrigues. C’est oublier que le théâtre vit de conventions
et qu’il s’agit ici, précisément,
d’une
conven-
tion non seulement acceptée, mais encore appréciée, du public athénien. Dans toutes les pièces de cette période, et pas
seulement
chez
Ménandre,
les
données
de
l’action
auraient pu être présentées par Tychè dont le rôle de θεὸς
προλογίζουσα a valeur de symbole; ainsi dans la Tondue, où elle a pris le masque d’Agnoia, un masque qui conviendrait également pour le Bouclier, la méprise de Daos, comme celle de Polémon, étant un produit du hasard. Mais, à la différence d’Agnoia, qui ne dépasse pas le statut d’abs-
traction, Tychè est une déesse bien vivante en dépit des incrédules?”?, elle jouit d’un culte à Athènes et dans nombre de cités de la Grèce contemporaine, un culte si florissant qu’il tend à éclipser alors celui des autres dieux. Figure l’écroulement de l'empire perse en prévenant qu’il s'agissait d'une faveur provisoire accordée aux Macédoniens; fasciné par ce passage du Περὶ τύχης qu'il cite dans son Histoire (29. 21, 1-6 BüttnerWobst), Polybe en a fait l'application au renversement de l'empire macédonien par les Romains. Elle apparaît bien là, selon sa propre définition (Boucl. 151 s.), comme la Tychè gubernatrix (Tér. Eun. 1046).
Le Nouvelliste de Théophraste illustre sa toute-puissance par la destinée de Cassandre (Car. 8. 8 δυστυχὴς Κάσανδρος, à ταλαίπωρος: ἐνθυμῇ τὸ τῆς Τύχης). Voir Dyscolos p. 60). 29.
Par exemple Μέη. fr. 468 (cf. Philémon fr. 9), Philém. fr. 125
οὐκ ἔστιν ἡμῖν οὐδεμία Τύχη θεός, ! οὐκ ἔστιν, ἀλλὰ ταὐτόματον, ὃ γίγνεται | ὡς ἔτυχ᾽ ἑκάστῳ, προσαγορεύεται Τύχη. De telles réflexions s’expliquent par les circonstances, que nous ignorons, dans lesquelles elles étaient formulées. Déméas de la Samienne, quant à lui,
reconnaît la divinité du hasard (voir n. 27). 30. Je me bornerai à rappeler qu’un sanctuaire d’’Ayaôn Τύχη est attesté par un décret trouvé sur l’Acropole, datable de 334/3, relatif aux honneurs à rendre à un certain nombre de divinités (IG 112 333 c 195.
{{- 20: τοῦ ἱεροῦ τῆς ᾿Αγαθῆς Τύχης], cf. IG IP 1496, A col. IV fr. a 76 ἐκ τῆς θυσίας Tilt ᾿Αγαθ]ῆι Τύ{χηι et ibid. fr. Ὁ 107, d 148); et à renvoyer, sur la religion de Tychè, aux pages classiques de Wilamowitz, Der Glaube der Hellenen, 1 p. 299 ss. et de M.
P. Nilsson,
Geschichte der griechischen Religion (Hdb. d. Altertumswiss. V 2.2),
L'ŒUVRE
XXII
emblématique de la Néa, avant de l’être du Roman, elle fait
plus, dans le Bouclier, que d’être à l’origine de la crise, elle est aussi l’artisan du dénouement, si bien qu’eile domine l’action d’un bout à l’autre, rappelée constamment au souvenir des spectateurs par les références explicites que Daos fait à Τύχη, sinon par les allusions que constituent les mots
de la même famille’!. Ce qu'on a dit de Pan du Dyscolos’? est bien plus vrai encore de Tychè
du Bouclier:
même
si,
dans cette pièce comme dans les autres, le jeu des caractères suffit à rendre compte de l’action, il est légitime de dire, sans forcer les mots, que la déesse y préside. Au demeurant, Fortune a, de toute évidence, fait sa rhéto-
rique chez Ménandre*#. A peu près égal de dimensions aux prologues du Dyscolos (49 vers) et de la Tondue (51 vers conservés) — celui de la Samienne est beaucoup plus long (une centaine de vers) —, son monologue de 54 vers est un exposé équilibré, bien articulé, rigoureusement construit.
Aux quatre vers du début (99-102), où Fortune justifie son intervention et fait appel à la bienveillance du public, répondent München 1961, II p. 200-210 (sur la Νέα voir p. 202 s.). Le temple de Bona Fortuna est attesté par Plaute, Aul. 102 (Staphyla se plaint que la maison d’Euclion ne reçoive pas sa visite, quamquam prope est). Tychè, comme Hygieia, jouit à la fois d’un culte public et d'un culte domestique. 31. Cf. le salut de Daos à Fortune 218-220, sa mention de la déesse 254, à quoi il faut ajouter la maxime de Chérémon qu'il cite au v. 422
et celle de Carcinos aux v. 427 ss. Voir p. 62, 292. En revanche, je suis plus réservé en ce qui est du vocabulaire de la même famille; car, à cet
égard, le Bouclier n'offre pas une image qui le distingue des autres pièces: ils ne sont pas plus nombreux que dans le Dyscolos ou la Samienne, par exemple. 32. Sur les relations de la divinité et de l’action voir W. Ludwig, «Die plautinische ‘Cistellaria’ und das Verhältnis von Gott und Handlung bei Menander»
in Ménandre, Fondation Hardt, p. 45-96 (sur Pan
p. 84 ss.);, N. Zagagi, «Divine interventions and human agents in Menander», in E. Handley-A. Hurst, Relire Ménandre, p. 63-91, et The Comedy of M., London 1994, p. 142 ss. (Boucl.: p. 143 ss., Dysc.: p. 156 55.). 33. Sur les qualités rhétoriques de Ménandre voir p. 44!. 34. Pour son lien avec la scène précédente voir p. 9!; sur l'emploi de ἀλλά initial, cf. Ar. Lys.
1 et voir E. Fränkel, p. 103.
XXIV
les deux
NOTICE
vers et demi de la fin (150b-152), où la déesse
décline son identité. A l’intérieur de ce cadre fermement tracé, la masse tout prologue: 1° éclairer acteurs; dans récit de Daos méprise
de l’exposé remplit les trois buts pratiques de le public en lui apprenant ce qui est ignoré des une narration vive et enlevée, Tychè refait le en précisant les faits qui ont abouti à sa
(104-117a);
elle annonce
du même
coup
le retour
de Cléostrate (116 s.; le rejet 117a ὅσον οὐδέπω est d’un grand effet); suit une transition appuyée 117b-118a ταυτὶ μὲν οὖν μεμαθήκατε | ἱκανῶς; 2° présenter les personnages principaux, portraits contrastés de Smicrinès (118b-125) et de Chérestrate, ce dernier élargi
aux projets de Chérestrate illustrant sa bonté* (126-141a); 3° ouvrir un jour sur le dénouement; retour sur Smicrinès, échec programmé de ses visées matrimoniales (141b-150a; voir en outre
116 s.).
À cette netteté de composition correspond la fermeté de versification: peu de résolutions dans l’ensemble, encore moins dans le portrait de Smicrinès où l’on en compte seulement deux (122, 125), un portrait de cette âme sombre où
domine la négation’? (cf. 121b-123a): il a la vigueur et la précision de trait d’une eau-forte. Outre le nom de Τύχη, le prologue ne comporte qu’un seul autre nom, celui de Cléostrate (114), dont la mort sup-
posée détermine toute l'intrigue, — fidélité à une technique
déjà signalée à propos du Dyscolos et de la Samienne’®. Le décor
cru bon
D'où vient la déesse Tychè pour haranguer le public d'Athènes? Peu de philologues ont de se poser la question, aucun n’y a vraiment
35. Voir p. 11°. 36. Pour l'effet tiré de la répétition de χρηστός voir p. 10}. 37. Pour un effet du même genre, dû à l’accumulation des négations, À. H. Groton renvoie à Dysc. 329-331.
38. Voir Dyscolos p. XVIN, Samienne p. LXi.
L'ŒUVRE
XXV
répondu’. Serait-ce qu’elle apparaît sur le θεολογεῖον, ou mieux sur le toit de la skènè, lieu des épiphanies dans la tragédie du V* siècle, chez Euripide notamment? A l’époque de Ménandre, les dieux du théâtre se passent fort bien de
cette tribune. Des divinités comme Pan ou Tychè sont proches des hommes auxquels elles se mêlent, et les hommes ont conscience de cette proximité. C’est là un des aspects de la religiosité hellénistique. De l’interpénétration des mondes humain et divin nous avons un signe concret, sur la scène de
la Néa, dans l'existence occasionnelle d’un sanctuaire comme élément du décor. Il s’agit en pareil cas d’un décor à triple élément dont le sanctuaire forme le centre®. L'exemple typique est aujourd’hui apporté par le Dyscolos où nous
n’avons pas besoin de conjecturer son existence. Pan, le dieu-prologue, présente lui-même l’élément central, d’où il sort{!, entre les maisons de Cnémon et de Gorgias, comme étant la grotte de Phylé, si contraire que soit une telle localisation aux données de la réalité. Autre exemple possible, le sanctuaire
de
la Bonne
Foi
(Πίστις),
entre
les
maisons
d’Euclion et de Mégadore, dans l’Aululaire, sans doute adap-
tée de l’’Amotos de Ménandre“. Compte tenu de ce que 39. Frost (supra n. 19) p. 23, qui note cette carence, admet que son entrée se faisait au niveau de la scène, comme celle des autres acteurs (cf. ma remarque p. 9'), mais sa propre solution («Tyche simply entered at stage level from one of the sides») est peu convaincante. Selon Gaiser (voir l'indication scénique de son édition p. 32), Tychè s'adresse au public «von einem erhôhten Teil der Bühne aus». 40. Webster, Greek Theatre Production, London (11956) 21970, p. 22, note qu'un tel décor convient à la scène telle qu’on peut la supposer dans le théâtre de Lycurgue — une porte centrale plus large que les deux portes latérales et encadrée par un porche de pierre. 41. Dysc. 2 5. Les éléments du décor, dont le temple d’Askièpios, sans doute au centre, entre les maisons de Phédrome et de Cappadox,
semblent avoir été présentés pareillement dans le modèle grec du Curculio de Plaute: cf. Curc. 14 s. et voir la n. suivante. 42.
Cf. Aul. 583, 608 ss.; voir infra n. 128 et Webster Jntr. p. 120.
Pour le temple de la Bonne Foi divinisée à Athènes cf. Diogenian. 2. 80 (I p. 209. 7 Leutsch-Schneidewin), Apostol. IV 25 (I p. 316. 3 L.Schn.);
autres références ap. Bernert,
«Pistis Nr.
1», RE
20 (1950)
XXVI
NOTICE
nous avons pu noter du rôle de Tychè dans le Bouclier, je serais fort surpris que sa domination sur la pièce n’eût pas eu pour symbole la présence de son sanctuaire au centre du décor. Elle le méritait au moins autant que Pan. Et les références de Daos à Fortune y trouvent une justification supplémentaire. Qu'il s’agisse d’un prologue initial ou retardé, on le voit, les modalités
scéniques
de l'intervention divine
restent les mêmes, Maintenant, sous quel aspect se montrait-elle, dans quel costume,
avec quels
attributs“?
Avait-elle un bandeau
sur
les yeux“ ou une corne d’abondance à la main? Ou encore tenait-elle Ploutos dans ses bras, comme la statue de Xénophon? Je serais tenté de croire que, comme la statue d’Euty-
chidès, elle ne portait sur elle aucun signe distinctif susceptible de la faire reconnaître, avant qu’elle ne se décidât à satisfaire la curiosité du public en levant le voile, en guise de congé, sur son identité, sa nature divine ayant été annon-
cée d'emblée (100).
1812.
19.
«Elle
n’était
..
pas,
probablement,
moins
familière
aux
Athéniens du ΓΝ“ 5. et du IIF 5. qu'aux Romains contemporains de Plaute» (Legrand, Daos p. 494); c'était p. ê. la déesse-prologue du modèle grec de Casina (Legrand, ibid.). Citons encore, comme des possibilités, le Héros (un sanctuaire entre les maisons de Lachès et de
Pheidias, Webster /ntr. p. 146), la Prêtresse (p. ὃ. temple de Cybèle, ibid. p. 150) et le Curculio «which perhaps goes back to an original by Menander» (Greek Th. Prod?. p. 23). 43. Voir supra n. 32. 44. A cet égard, il n’y a pas, je crois, à distinguer entre prologue initial et prologue différé. Dans le deuxième cas comme dans le premier la scène est vide pour l’arrivée de la divinité-prologue, et le prologue, s’il n’est plus la préface, devient une parenthèse de l’action. A défaut de pouvoir observer comment les choses se passaient dans les autres comédies à prologue différé, à cause des lacunes de leur texte, l'exemple de Pan du Dysc. constitue une référence suffisante. 45. Sur l’accoutrement que l’on peut imaginer pour les dieux-prologues voir Legrand, Daos p. 519. 46. Mén. fr. 463 τυφλόν γε καὶ δύστηνόν ἐστιν ἡ Τύχη. Sur la statue de Xénophon, contemporain de Céphisodote, voir Pausanias 9. 16. 10.
L'ŒUVRE La scène
XXVII
On aimerait bien savoir si le prologue initial a été un jour supplanté par le prologue différé, ou si ces deux formes ont été utilisées concurrem-
ment par les poètes, au gré de leurs besoins dramatiques. Ménandre les a sans doute trouvées l’une et l’autre à sa dis-
position. Deux faits nous invitent à ne pas voir dans la seconde un phénomène par trop tardif. La tragédie d’Euripide, qui semble avoir inspiré le prologue initial, ne commence pas toujours par un monologue, il arrive que le monologue y soit précédé d’une scène dialoguée (/phigénie à Aulis). De plus, sans aller chercher des antécédents à l’ex-
térieur du genre comique, nous trouvons le prologue différé en germe dans la Comédie Ancienne, quand, par exemple,
les deux serviteurs de Trygée se livrent à une espèce de parade bouffonne centrée autour de l’escarbot géant qu’on ne voit pas, avant que l’un d’eux ait consenti à expliquer posément le sujet de la pièce“. Dans le Bouclier, l'une des raisons du choix, indépendamment de celle que nous avons déjà signalée,
saute aux yeux. Après l’atmosphère empreinte de tristesse et de regrets créée, au moins en apparence, par la première scène,
il importait de retrouver au plus tôt le climat familier de la Néa#, C'est également, ajoutée aux autres fonctions du prologue que nous avons détaillées, la tâche de Tychè.
Si le poète attendait de la scène d’action initiale qu’elle captât l’attention des spectateurs, elle a dû remplir ce but à merveille dans le Bouclier: nulle autre n’était mieux faite pour piquer leur curiosité que celle de l’arrivée à grand spectacle du butin du soldat mercenaire ramené d’Asie par son esclave. Ils voyaient défiler, venant de la parodos de droite pour prendre place sur la scène, une cohorte nombreuse d’esclaves lyciens, garçons et filles en costumes nationaux, 47. Aristophane, Paix 1-49, 50-61, 64-82. Sur les survivances de la Comédie Ancienne dans la Néa voir F. Wehrli, Motivstudien zur griechischen Komôdie, Leipzig 1936. 48. Cf. Niklas Holzberg, Menander, Untersuchungen zur dramatischen Technik (Erlanger Beitr. zur Sprach- und Kunstwissenschaft, Bd.
50), Nürnberg 1974, p. 29 5.
XX VIII
NOTICE
accompagnés de bêtes de somme chargées de coffres et de cantines, troupe bruyante et colorée sous les ordres — autre élément de surprise — d’un valet d’armes, porteur d’un
bouclier, qui fermait peut-être la marche“. Mais, que Daos ait précédé ou suivi, c’est lui surtout qui attirait les regards à cause de son grand bouclier fracassé. Arrivé en vue de la maison de Chérestrate, il prononçait un monologue d’entrée en scène éclairant en partie ce spectacle inusité, touchant hommage, quasi-tragique de contenu et de forme, de l’ancien précepteur à son jeune maître disparu, passant en revue tous ses espoirs brisés (4-12). Comment aurait-on pu mettre le public en meilleure condition pour écouter la conversation qui s'engage alors entre Daos et Smicrinès? Celui-ci faisait-
il partie du cortège? Était-il resté muet en attendant que Daos eût fini son monologue? Il n’est que d’énoncer cette hypothèse pour qu’elle tombe d'elle-même. La seule solution vraisemblable, même si elle gêne par son caractère inédit, c’est que Smicrinès a été attiré par le bruit sur le pas de sa porte, et que, de là, il a entendu Daos monologuer. Ainsi, c’est Smicrinès qui accueille Daos, Chérestrate étant
pour lors en ville avec Chéréas (218). Il est vain de s’étonner que le dialogue commence sans formule de politesse.
L'émotion
de Daos
et la brutalité de la nouvelle
qu’il
apporte expliquent suffisamment cette absence. Toutes ses pensées sont accaparées par la disparition de son jeune maître et ses conséquences. La conversation s'engage, sans plus, sur ce thème qui est de nature à intéresser Smicrinès. Il
ne s’agit pas, d’ailleurs, d’une conversation à proprement parler, mais plutôt d’un long récit coupé de remarques, la plupart du temps exclamatives (33, 48, 64), de Smicrinès qui se comporte un peu en personnage protatique®. Il n’y ἃ dialogue véritable qu’au début, pour lancer le récit (18 ss., 22), 49.
Arnott, dans son édition p. 12. F. H. Sandbach (contra: Comm.
ad v. 1, p. 63) s’est rallié à ce point de vue (in A. Blanchard, Essai sur
la Composition des Comédies de Ménandre, Paris 1983, p. 149%). Il ne s'impose nullement. 50.
Cf. 5. Ireland, Hermes
109 (1981)180.
L'ŒUVRE
XXIX
et à la fin, lorsque, trahissant sa cupidité défiante, Smicrinès soupçonne Daos d’avoir détourné une partie du butin (84 ss.).
Tous les détails de ce récit, fait avec l’expérience d’un vieux briscard, ont des parallèles chez les historiens militaires, sur-
tout Xénophon’!, y compris l’image atroce des cadavres pour-
rissants, au visage tuméfié et méconnaissable, après trois jours d’exposition au soleil de Lycie (72-74). Indépendamment des parallèles historiques, ce brillant morceau, dont le style émaillé de sentences est approprié à la personnalité de Daos, offre
aussi des échos épiques”?, ce qui n’a rien de surprenant dans une relation de campagne en forme de récit de messager. C'est la scène initiale, avec les deux mentions des
Le titre
v. 15-17 et 74-76, qui résout l’énigme du bouclier
posée de prime abord aux spectateurs, avant que Tychè dissipe la méprise qu’il a causée à Daos (111-113). Le titre est donc justifié
dès
l'ouverture,
comme
celui
des
Συναριστῶσαι,
modèle grec de la Cistellaria de Plaute. La scène éponyme des Συναριστῶσαι figure sur les panneaux de mosaïque décorant
la «maison du Ménandre» à MytilèneS. Celle du Bouclier a de grandes chances d’avoir été représentée dans la maison dite «des Comédiens» à Délos**: il est douteux, en effet, qu’une autre comédie ait campé, l’un en face de l’autre, deux personnages masculins dont l’un est un esclave portant un grand bouclier. Le titre «Bouclier» appartient à la série des objets jouant un rôle important dans l'intrigue; Ménandre en a sept de ce
genre, Ce n’était peut-être pas l’unique titre de notre pièce‘, 51.
Voir
p.3 n. 1, 4 n. 2 et 3,5 n. 1 et 3,6n. 2, 7 πη. 2. Onen
trou-
vera davantage dans Austin II p. 8-10 et A. H. Groton p. 57 ss. 52. Voir p. 4 n. 2,7 η. 3. 53. S. Charitonidis-L. Kahil-R. Ginouvès, «Les Mosaïques de la Maison
du
Ménandre
à Mytilène»,
Antike
Kunst,
6. Beiheft,
Bern
1970, p. 41-44 et pl. 5,1. C'est ce type de scène qui, souvent, est représenté, voir infra n. 198. 54.
Webster MNC
XZ4 (I p. 87).
55. Cf. Δακτύλιος, Ἐγχειρίδιον, Κεκρύφαλος, Πλόκιον, Ὑδρία. On peut rattacher à la même catégorie le Θησαυρός et la Παρακαταθήκη. 56. Voir supra p. XV et infra p. LXXIX.
XXX
NOTICE
Après le prologue différé, l’action reprend son cours attendu avec Île nouvel entretien de Smicrinès et de Daos à la bouffon scène 2 (cf. 95 s.). Smicrinès comptait bien rallier cet esclave potentiel (219 s.) à ses projets matriLa fin de l’acte IL:
du tragique au
moniaux,
ou,
à tout
le moins,
s’en
faire
un
porte-parole
auprès de son frère, avec qui il lui répugne d’aborder le sujet (167). Mais l’honnête Daos lui oppose une fin de non-recevoir (205-209). Faute d’un ambassadeur, Smicrinès se rendra donc à l’agora pour parler lui-même à Chérestrate (216-218). Il n’aura pas à lui faire annuler le mariage prévu (162-165). En effet, il n’a pas plus tôt tourné les talons que nous apprenons son annulation. Outre l'interpellation inhabituelle du
chœur par Daos”?, les deux scènes finales comportent un autre élément de surprise. À quoi servent-elles? Nous sommes en droit de nous poser la question quand nous constatons qu’elles ne font pas avancer l’action d’un pas. On a rernarqué que Ménandre aimait, à la fin d’un acte, faire entendre
une
note nouvelle;
que, après avoir obtenu,
grâce aux scènes précédentes, un certain degré de tension dramatique, il l’achevait alors prestement en jouant sur un effet de contraste; que cette tonalité nouvelle était souvent l’œuvre de personnages nouveaux, susceptibles de relancer l’action après la coupure de l’entracte’t, Les deux scènes finales de l'acte [ remplissent exactement ces trois buts. Pour
ce qui est du dernier,
Ménandre
n’a certainement
pas inventé ce moyen de rétablir la continuité de l’action, dans le cas d’une suspension de la fiction dramatique. Lorsqu’Aristophane, aussitôt avant la parabase des Acharniens — parenthèse de l’action pour le moins aussi marquée que
les interludes choraux de la Néa —, prend soin de faire annoncer les trois scènes qui la suivent, en les présentant 57. Voir supra p. XVI. S8.
Voir, entre
autres, E. W.
Handley,
«The
Conventions
of the
Comic Stage and their Exploitation by Menander», in Ménandre (Fondation Hardt, Entretiens sur l’ Antiquité Classique, XVÏ), Vandœuvres/ Genève 1970, p. 3-26 (en part. p. 10 ss.).
L'ŒUVRE
XXXI
dans le même ordre”, il satisfait à la même exigence. Même si les deux joyeux compères des sc. 4 et 5 de l'acte I du Bouclier ne reparaissent pas après l’entracte, leur intervention, causée par la remise en question du mariage de Chéréas avec la sœur de Cléostrate, est une façon de rappeler aux spectateurs ce mariage qui va être au centre de la conversation de Smicrinès et de Chérestrate, au début de l’acte II.
Le cuisinier, sinon le trapézopoios, personnage moins fréquent, est une des utilités léguées à la Νέα par les formes de comédie des générations précédentesf!. Avec leur stock de plaisanteries éculées et de thèmes rebattus, dont Ménandre
n’a garde de se priver?, les scènes de cuisinier sont assurées d'obtenir un franc succès populaire. En plus des éléments
qui viennent de la tradition, celle de la sc. 4 offre peut-être quelque chose de moins conventionnel, sinon de totalement
inédit®. Alors que, dans l’immense majorité des cas, nous avons affaire à l’arrivée d’un cuisinier sur le théâtre de ses
exploits, nous assistons ici au départ d’un cuisinier frustré du salaire qu’il escomptait. C’est après le regard ému de Daos, après celui, intéressé, de Smicrinès, un troisième regard, 59. Dans les v. 623 ss., immédiatement avant la parabase, Dikaiopolis proclame son intention de commercer «avec tous les Péloponnésiens, les Mégariens, les Béotiens, mais non avec Lamachos». Or, il reprend les mêmes mots immédiatement après la parabase (720 ss.), et c’est bien dans cet ordre que se présentent les personnages attendus, le Mégarien d’abord (729 ss.), puis le Thébain de Lamachos (959 ss.). 60. De même, l’arrivée du cuisinier et de Dyscolos, lance les premières scènes de l’acte fice; de même, la scène finale de l'acte ΠῚ du nias et du cuisinier) a un lien évident avec la
(860 ss.), enfin le serviteur Gétas, à la fin de l’acte II du ΠΙ, autour du thème du sacriMisouménos (arrivée de Clipremière scène de l’acte IV.
61. Y compris la Comédie Ancienne: sur la tradition de ce rôle voir H. Dohm, Mageiros (Zetemata, Heft 32), München 1964. 62. Voir les notes, p. 17 ἢ. 1 et 2. 63. Le cuisinier du Mercator a été engagé (c’est le sens de λάβω ὑὸς ἔργον au v. 221: cf. 743 conducti sumus, 747 nos conduxit senex)
pour une partie fine par Lysimaque, parce que celui-ci croyait sa femme à la campagne. S’apercevant de son erreur, Lysimaque le congédie dès son arrivée, mais la scène commence comme une arrivée ordinaire de cuisinier (PL. Merc. 741 ss.).
XXXII
NOTICE
comique cette fois, porté sur la mort supposée de Cléostrate. Et Ménandre n’a pas eu peur de forcer la dose avec la scène du trapézopoios. À. M. Dale, à propos des Acharniens, a mis en relief un trait typique caractérisant la structure de la Comédie Ancienne,
la tendance à étirer la matière en insérant dans sa
trame des scènes à répétition$t. La répétition du même effet dans les sc. 4 et 5 s’inscrit dans une longue tradition. La double scène de la porte, dans le Dyscolos (I 2 et 3), en est un autre exemple. Mais, là, le doublet comique servait à mettre en évidence le caractère de Cnémon; ici, il a pour seul résultat
de créer un contraste par rapport aux scènes précédentes. La première scène de l’acte I, avec la fausse annonce de la mort de Cléostrate, avait installé dans la pièce une atmo-
sphère équivoque, même si un habitué de la Comédie Nouvelle ne pouvait pas être dupe. Après la mise au point de Fortune, la scène 3, qui voit Daos faire front contre Smicrinès,
garde un ton sérieux. Tout change avec les deux scènes finales où la comédie reprend pleinement ses droits. Maintenant, le chœur pourra déployer sa gaieté à son aise. Rien n’empêchera les spectateurs d’y participer. Si Daos, en s’adressant au chœur, marque une réserve bien compréhensible — comment pourrait-il s'associer à cette joie? — sa réflexion finale (254 s.) donne une raison supplémentaire de s’y livrer. Commencé sur un ton parodiant le pathos tragique, l’acte I s’achève dans une tonalité qui est celle du bathos comique, voire même sur une note de bouffonnerie. L'acte II est celui du μηχάνημα, au cours duquel est élaborée une ruse visant à renverser l’obstacle qui se dresse devant le bonheur des jeunes gens. Smicrinès L'acte 11: le mèchanèma, élaboration
vient
d'annoncer
s
à son
frère
son
intention
d’exercer
ses
64. «Old Comedy: the Acharnians of Aristophanes», in Collected Papers, Cambridge 1969, p. 283: «it is a constant tendency of comic structure to pair, to set to partners as it Were, to divide into semichoruses, to run scenes in dual correspondence, to expand a play by series of insertions symmetrically constructed».
L'ŒUVRE
XXXII
droits en épousant leur nièce. Il a refusé un compromis en
homme qui n’ignore pas que le véritable héritier du patrimoine,
ce n’est pas
mariage
(scène
l’épiclère,
1). Comment
mais
l’enfant
sortir de cette
né de
son
impasse?
En
d’autres termes, comment s'opposer à une revendication de
Smicrinès fondée sur la loi? Chéréas ne sait que pleurer sur Cléostrate et sur lui-même (scène 2). Quant à Chérestrate, il
n’a pas plus de ressources pour défendre ses projets que le jeune Philolachès de la Mostellaria (chef d’œuvre de la comédie à fallacia), auprès duquel on voit Tranion jouer le
même rôle que Daos:
et Daos, avant qu’on en arrive à
l’exposé de son plan, essaie de faire sortir Chérestrate de sa torpeur, de même que Tranion a des paroles d'encouragement
à l'égard de son maître, Chérestrate n’est ni moralement ni même
physiquement en état de résister. Aussi bien est-ce
d'habitude
l’esclave,
ou
le parasite,
qui est sur la brèche
pour sauver les amours des jeunes gens. C’est alors qu’on
peut admirer l’astuce du fallax servus toujours prêt à inventer des tours en vue d’aider son jeune maître à atteindre son but,
que ce soit au détriment d’un père ou d’un léno. De ce type,
attesté par Ovidef? pour les comédies de Ménandre, et popularisé par la Palliataf8, nous ne possédions guère jusqu'ici que des échantillons latins. Les parties perdues du Dis Exapatôn sont justement celles où nous aurions pu voir à l’action 65.
Voir Plaute, Mostellaria (II 1).
66. Rapprocher Bouclier 305 ss. et Mostell. 387; cf. également Epid. 181, Pseud. 232.
67. Amours 1. 15. 17. 68. Presque toutes ses pièces offrent un échantillon d'esclave callidus ou fallax: voyez, entre autres, PL. Asin., Bacch., Cas., Epid., Merc., Miles, Mostell., Poen., Tér. Ad., Heaut. Leur origine grecque est affirmée par Plaute. L'une de ses créations les plus remarquables, Tranion de la Mostellaria (adaptée de Philémon), maître d’intrigues consommé qui a dupé deux fois Théopropide, a cette bravade lorsqu'il est confondu (1149 ss.): «Si tu as pour amis Diphile ou Philémon, tu leur diras de quelle façon ton esclave t’a mystifié: ce sont d’excellentes fourberies que tu leur fourniras pour leurs pièces» (trad. A. Emout). Α en juger par la Mostellaria, Philémon peut passer pour un maître de la comédie à tromperie.
XXXIV
NOTICE
Syros, le modèle grec de Chrysale des Bacchides. Gétas du
Dyscolos n’est qu’une simple virtualitéf? d’un tel rôle. A cet égard, le rôle de Daos comble une lacune de nos sources. En effet, c’est en «architecte» de
Daos maître d’intrigues
la tromperie, en maître d’intrigues (cette étiquette, évidemment, ne suffit pas à le caractériser),
que paraît Daos dans la scène 3. Il n’est pas allé chercher la sienne très loin. C’est en voyant Chérestrate affalé sur son lit, où
il s’est écroulé
en
rentrant
de
l’agora,
après
avoir
essuyé le refus de son frère, que Daos a l’idée de lui faire jouer le rôle d’un malade atteint de la maladie connue des Grecs sous le nom de mélancholia, et dont il offre tous les
symptômes’!, puis d’un mort ayant succombé à une complication. On notera que l’idée de la tromperie se manifeste exactement au même endroit de l’action dans le Bouclier et dans l’Eunuque de Térence, adapté d’une comédie homonyme de Ménandre,
et que, dans l’une et l’autre pièce, elle s’ins-
pire directement de la réalité. «Ô bienheureux cet eunuque, lui qui va être introduit dans cette maison», s’écrie Chéréa (Eun. 365) en apprenant que l’eunuque, un présent de son frère à Thaïs, va se trouver sous le même toit que sa belle. Il n’en faut pas plus pour que Parménon lui suggère de prendre la place de l’eunuque en se déguisant avec ses habits (acte II, sc. 3). L'idée de la mort simulée de Chérestrate, sur quoi re-
pose le mèchanèma, ἃ pu être empruntée par Ménandre”? à la tragédie où le procédé est utilisé à l’occasion, en particulier dans l’Hélène d'Euripide.
69. Voir la description qu’en fait Sostrate lorsqu'il pense recourir à ses services (Dysc. 182-185). 70.
Pour cette image cf. Plaute Miles Gloriosus 901, 915, 1139, Poen.
1110 et Aristophane Paix 305. 71. Voir p. 222, 241. 72.
Par Ménandre et non par Daos, comme
l’écrit A. G. Katsouris,
Linguistic and stylistic characterization (Tragedy and Menander), loannina 1975, p. 104. Une idée semblable ne peut être mise sur le même plan que les citations tragiques.
L'ŒUVRE
XXXV
J'ai montré ailleurs comment Chérestrate, dans
éléments structuraux
son état de prostration, ne pouvait faire son entrée en scène, au début de l’acte II, que par le moyen de l’eccyclème”. A cela s’ajoute le fait que sa chambre fournit à un conseil de guerre un cadre mieux approprié que le devant de sa maison. Aussi bien l’eccyclème est-il pour une scène d'intérieur, comme est la scène 3, le moyen de se dérouler sous les yeux du public. L'élaboration
du mèchanèma
donne
lieu, tour à tour, à
différents effets comiques que l’on retrouve dans les nombreuses scènes parallèles de la Palliata. 1° C’est d’abord l’insistance sur les difficultés de l’entreprise, suivie par la brusque invasion de l’idée et par le cri de
victoire du maître d’intrigues/*— tout cela ramassé ici dans le court espace
de trois vers (321b-324a).
Ménandre
le triomphe
ont
plus
modeste
Les esclaves de
que
ceux
de
Plaute", 2° Ensuite, il y a le contraste entre l'intelligence du fallax servus, inventeur de la tromperie, et la balourdise du maître
sans ressources au départ et, qui plus est, lent à comprendre où
l’esclave
veut en venir’6,
Au
début
de la scène, Daos
avait pourtant fixé nettement l’objectif (329 s.). Chérestrate l’a oublié en entendant Daos décrire son état qui n’est que trop
vrai, et annoncer sa mort inéluctable. Et Chéréas, accaparé par son propre malheur, ne lui est d’aucun secours. Il faudra que Daos mette les points sur les i (356 ss.). 73. Voir l’article cité p. 22!. 74. Voir p. 22°. Cf. également le parasite Phormion réfléchissant et trouvant une solution (Tér. Phorm.
et trouvant presque aussitôt sortir Pamphile d’embarras 75. Gageons que c'était inventé de toutes pièces la 978; cf. 761 ss.). 76.
317 ss.), l'esclave Géta cherchant
(ibid. 555), Dave cherchant un plan pour et trouvant sans tarder, etc. le cas de Syros, si toutefois Plaute n’a pas folle tirade de son Chrysale (Bacch. 925-
L'étonnement de Chérestrate a des parallèles chez Plaute (cf.
Bacch. 749 s., Poen. 172 quo evadas nescio). Par ailleurs, s’il est conscient de sa supériorité intellectuelle, il se garde bien de l’afficher (voir p. 15°).
XXXVI 3°
NOTICE Enfin, quand tous les détails du mèchanèma sont arrêtés,
l’esclave resté seul en scène prévoit la débâcle de l’adversaire
et ne résiste pas à la joie de vanter ses propres mérites??. Ici, ce qui tient lieu de ce satisfecit, c’est la brève mention du plaisir que promet le divertissement qui s’annonce (397 s.), mais ce plaisir n’est autre que l’anticipation du succès. Ces trois éléments structuraux sont présents, mais sobre-
ment traités. Et la comparaison avec les parallèles latins met immédiatement en lumière ce qui fait l’originalité de cette scène parmi toutes les scènes de mêchanèma. Aussi bien Daos n'est-il pas un maître d’intrigues ordinaire. Plein de
modestie comme Épidique’8, et bien qu'il ait proclamé hautement sa volonté de ne pas fourrer son nez dans ce qui regarde les hommes libres (208 s.), c’est pourtant lui le seul ἀρχιτέκτων de la ruse, tout comme Épidique, dont il a à
peu près l’âge”. Auprès de Smicrinès, il est bien un représentant de cette catégorie d'esclaves affectés à berner les barbons®!; mais, dans cette tâche, il ne met pas l’exubérance et l’impertinence des tout jeunes hommes qui la composent en majorité, témoins Tranion ou Pseudolus. Auprès de Chéréas et de la sœur de Cléostrate il joue bien le même rôle que Milphion auprès d’Agorastoclès et d’Adelphasie; mais la qua-
lité des amours dont il est l’auxiliaire le distingue du servus fallax de type courant. D'ordinaire, celui-ci finance les amours plus ou moins avouables du fils avec l’argent du père. 77. Les exemples sont plautiniens. On les trouve, comme dans le Bouclier, le plus souvent à la fin 367], Chalinus [Casina 504-514], {Pseud. 758-766]), mais aussi à 917-929]). Voyez D. Del Como,
de l'acte IT (cf. Chrysale [Bacch. 349Épidique [Epid. 306-319], Pseudolus la fin de l'acte IV (Milphion [Poen. «Ancora sull’ Aspis di Menandro»,
ZPE 8 (1971) 32. 78. Bouclier 213 s. - Epid. 257 s., 261 5. 79. Bouclier 12: d’un côté, Daos a été le pédagogue de Cléostrate; de l’autre, Épidique reconnaît en Télestis, aimée de son jeune maître, sa demi-sœur (fille de Périphane et de la thébaine Philippa), à laquelle il apportait dans son enfance des cadeaux d’anniversaire de la part de son père.
80. Cf. Tér. Eun. 39 (dans la revue des types traditionnels) falli per seruom senem.
L'ŒUVRE
XXXVII
Daos est, contre un vieil avare accapareur d’héritage, le défenseur d’amours légitimes approuvées par les parents (297-
299). C’est dire que le public pourra goûter en toute bonne conscience le plaisir qu'offre toujours la comédie à tromperie avec le succès du trompeur sympathique et la défaite du trompé antipathique. En tout cas, la part essentielle qui est celle de Daos dans l'élaboration du mêchanèma, et, bientôt, dans sa mise en œuvre, montre qu’il ne convient plus d’opposer, comme on le faisait naguèref!, la Palliara à la Néa pour ce qui est de l’importance respective des rôles d’esclaves dans les deux genres. Les actes III-IV: mise en œuvre
La mise en œuvre du mèchanèma débute,
selon le plan prévu, par la nouvelle de La maladie
de
Chérestrate,
et c’est
Daos,
naturellement, qui a le rôle du κακάγγελος. C’est la raison de son entrée en scène tumultueuse au v. 408. Smicrinès est déjà là, inquiet de n’avoir pas encore reçu l'inventaire que Daos devait lui porter (280). Au moment précis où Smicrinès fait part de ses soupçons, et où il dénonce les «tours d’esclave fugitif» (407) de Daos, celui-ci sort de chez Chérestrate en courant#?, comme
s’il fuyait, en vue de mettre à
exécution la technèf? mise au point à la fin de l’acte précédent**, Le lien ironique entre les scènes 1 et 2 est évident. . La scène qui va se jouer maintenant intermède bouffon était, bien sûr, attendue, mais la manière dont elle se déroule crée pour nous une totale surprise. La
question de Smicrinès au v. 421
(ποῖ τρέχεις;) permet
81. Bieber p. 94 fait observer que l’esclave de la Νέα, de Ménandre notamment, «has only secondary roles»; cf. p. 102: «the slaves are not … the leaders of the intrigue and not clowns as sometimes in Latin Comedy». Voir infra p. LXX et n. 191.
82. Voir la note française, p. 29!. 83. Plaute et Térence emploient le mot grec (technaltechina) pour désigner les tours de leurs esclaves: PI. Bacch. 392, Tér. Eun. 718, al.
84. Pour la liaison des scènes voir supra p. XXX 5.
XXXVIII
NOTICE
d’imaginer le comportement de l’acteur. Il va et vient sur la scène, d’un rythme saccadé, entre deux citations de sentences
tragiques. Un autre Smicrinès de Ménandre se fait faire la leçon par un esclave à coups de citations de la tragédie (Arbitrage, 1123-1126), mais le jeu est plus mesuré et la scène n’a pas la même allure. Ici, il ne faut pas moins d’une vingtaine de vers à Daos pour annoncer la nouvelle (431
s.). Comme
il en était dans les deux scènes finales de l’acte 1, l’action reste donc un moment suspendue. Daos n’en ferait-il pas un peu trop? On a vu dans la passivité avec laquelle Smicrinès essuie ce déluge de citations une preuve de sa stupidité. Il est incapable, assurément, de comprendre, comme peut le faire le spectateur averti, l'ironie cachée de ces maximes qui
s’appliqueront à lui dès le triomphe du mêchanèma. Pour le reste, il ne fait que se prêter au jeu. Les choses, en effet, ne
doivent pas être jugées du point de vue de la logique ordinaire. Nous avons affaire, une fois de plus, à une scène en-
trant dans les conventions du genre comique, et que Ménandre étend à plaisir pour la plus grande joie du public, une scène
de servus currens®, même si, en filigrane, nous pouvons y déceler quelque chose de plus subtil, une allusion enveloppée à la défaite de Smicrinès. scène du médecin
Autre scène attendue, celle du médecin
(1 3). Ici, l’on voit la tromperie s’appuyer sur un déguisement: à défaut d’un authentique «médecin étranger» (383 ξενικόν τιν᾽ ... ἰατρόν) complaisant, c’est un ami de Chéréas, affublé de façon à satisfaire aux normes du décorum médical, qui jouera les médecins doriens,
avec le vocabulaire et l’accent appropriés. On connaissait
déjà par la Palliata nombre d'exemples du même procédéff, 85. Elle entre dans ce type, bien qu’elle n’en présente pas toutes les caractéristiques. Cf. W. S. Anderson, «A new Menandrian Prototype for the Servus Currens of Roman
Comedy»,
Phoenix
24 (1970) 229-236.
86. Sur la philosophie du procédé chez Plaute voir la communication de A. Thierfelder au Congrès de l'Association G.Budé tenu à Aixen-Provence, 1-6 avril 1963, «De fallaciarum facetiarumque rationibus
L'ŒUVRE
Dans
une bonne
moitié des comédies
XXXIX
plautiniennes
dont
l'intrigue repose sur une fallacia — c’est-à-dire dans toutes sauf le Srichus —, quelle que soit l’identité de leur modèle, il y a déguisement, le plus souvent à l’instigation d’un esclave — Pseudolus accoutrant Harpax en valet d’armes!?, Toxile une jeune fille de naissance libre en captive d’un Persan, ravie au fin fond de l’Arabie8, Palestrion son maître en
patron de vaisseau’, Milphion affublant le fermier d’Agorastoclès en étranger en goguette? —, mais quelquefois aussi sur l'initiative d’un homme libre, tel Mégaronide engageant un agent d’intrigues «de figure inconnue», «quelque fieffé menteur, hâbleur, effronté», et le revêtant d’oripeaux exoti-
ques pour qu’il joue le rôle d’un étranger”. Avec sa double qualité d’étranger et d’étranger parlant dorien, le médecin du Bouclier n’a rien d’une création origi-
nale, c’est le point d’aboutissement d’une longue tradition.
Sosibios de Lacédémone”?, dans son Περὶ τῶν μιμηλῶν ἐν Λακωνικῇ, nous apprend que les δεικηλικταί ou δικηλισταί laconiens”, représentants d’un genre fruste de comédie populaire au caractère bouffon, donnaient, entre autres saynètes ti-
rées de la vie quotidienne, «les voleurs de fruits» ou «le médecin étranger» (ξενικὸν ἰατρόν). Plautinis» («Sur le rapport entre les tromperies et le comique dans les comédies de Plaute»), publiée dans les Anales de Filologia Clésica 8 (Buenos Aires 1964) 29-34. Résumé dans les Actes du Congrès d'Aixen-Provence, Paris, Les Belles Lettres, 1964, p. 177-179.
87. 88. 89. 90.
Pour Persa Miles Poen.
les références au Pseudolus voir p. 27!. 522. Gloriosus 1177. 170 ss.
91.
Trinummus 767 ss., 858.
92. Son témoignage a été recueilli par Athénée, Deipn. 14. 621f (= FGrHist 595 F 7). Sur les scènes de médecin dans la Comédie voir L. Gil et 1. R. Alfageme, «La figura del médico en la comedia âtica», Cuadernos de Filologia Clésica 3 (1972) 35 ss.; sur la scène du Bou-
clier, L. Gil, «Menandro, ‘Aspis”’ 439-464: Comentario y ensayo de reconstruccién»,
Cuadernos
de Filologfa Clésica
2 (1971)
125-140.
93. Ce sont les mêmes qui, selon Sosibios, sont appelés phallophores par les Sicyoniens, αὐτοκάβδαλοι, phlyaques en Italie, ἐθελονταί par les Thébains.
XL
NOTICE
L'utilisation d’un dialecte comme le dorien, entre autres”, n’est pas non plus une nouveauté. Que l’on songe, en particulier, au Mégarien
et au Béotien d’Aristophane”,
comédie ancienne anonyme
ou à la
transmise par un papyrus de
Strasbourg*, fragment d’une conversation entre un Athénien
et un Dorien que l’on a assignée à Platon (Λάκωνες) ou à
Philyllios (Πόλεις). L'emploi du dorien par un médecin pas davantage. Nous ignorons ce qu’il en était des pièces intitulées Le Médecin, qui sont attestées chez Antiphane, Aristophon et Théophile pour la Mésè, et, pour la Néa, chez Philémon. Mais un poète de la Mésè, Alexis”, témoigne, dans sa Man-
dragorizoménè, de la bonne impression que font, auprès de la clientèle, les remèdes
prescrits sous leur nom
dorien au
lieu de l’être sous leur nom attique — πτισάνας τρούβλιον au lieu de τρύβλιον πτισάνης, σεῦτλον au lieu de τευτλίον. Il existe, pour nos conjurés, deux raisons plutôt qu’une d’in-
venter un médecin dorien*. La nouveauté de la scène est à chercher ailleurs, dans la
précision clinique de l’argument médical, dans la justesse et la cohérence du diagnostic posé. Relativement à la compétence,
si sa nullité est moins
verbeuse,
le médecin
des
Ménechmes” ne surclasse pas de beaucoup ceux de Monsieur de Pourceaugnac. H en va tout autrement pour le médecin du
Bouclier, à qui Daos a fait assurément la leçon'®. A partir 94. La Comédie Ancienne, témoin Aristophane, a joué abondamment sur les dialectes et même les langues étrangères: voir T. Long, Barbarians in Greek Comedy, Southem Illinois Univ. Press 152, 154; pour la Néa, p. 150-151. 95. Acharniens 729 ss., 860 ss.
1986, p. 134-139,
96. P. Argent. 2345' = adesp. 1035. 97. Alexis fr. 146. Dans ce fr., la langue étrangère est le dorien; en revanche, le Médecin (P. Oxy. 2659) de Deinolochos, poète sicilien ( s.), parlait dorien pour un publie dorien. 98.
Voir les notes françaises, p. 27!, 32!.
99. Plaute Ménechmes 889-956. 100. Comme le fait le maître d’intrigues qui apprend son rôle à celui qu’il engage: voir, par exemple, Trin. 854 5. quae uoluit mihi dixit, docuit et praemonstrauit prius | quo modo quidque agerem.
L'ŒUVRE
XLI
d'un «état» (411) mélancolique reconnu par Chérestrate (312-314) qui se sent l’esprit dérangé, Daos avait imaginé des complications dans lesquelles la bile noire est déterminante — ainsi la phrénitis (349) ou inflammation du dia-
phragme. Le chagrin éprouvé par Chérestrate — «cause de la plupart des indispositions» (344 s.), déclare doctement Daos
qui tient le même langage que le médecin d’Antiphane!! — n’a fait qu’aggraver les choses en ajoutant son influence perni-
cieuse à ce qui était prédisposition naturelle, bien connue de Daos (346 s.), pour déchaîner l’action nocive de la bile noire
et ses effets fatals. L'annonce de la maladie faite par Daos aux v. 433 s. est conforme à ce schéma. Le médecin, dûment chapitré par Daos, n’a plus qu’à le confirmer en diagnosti-
quant une phrénitis (471 s.) à des symptômes aussi convaincants qu’inexistants. Comme il était à l’acte 1 bon tacticien militaire et à l’acte II psychologue avisé, Daos est médecin compétent à l’acte IT, si du moins on prend pour norme la médecine hippocratique: il partage l’omniscience de son créateur. Molière fera rire avec une médecine
incohérente,
Ménandre vise le même but avec une médecine véridique!©2. On rit d’une invention si bien construite, même si elle n’est pas bouffonne en soi mais médicalement juste, et cela d’autant plus qu’il s’agit de la consultation d’un pseudomalade par un pseudomédecin. Après le faux départ du médecin et le supplément d'entretien qu’obtient des actes ITI-IV de lui Smicrinès, lent à accepter son verdict, une scène s’engage entre Smicrinès et Daos venu aux La grande lacune
nouvelles, curieux de juger l’effet produit par le médecin et décidé
à confirmer par son témoignage
l’évolution de la
101. Antiphane fr. 106 (cité p. 241). La δυσθυμία, autre symptôme de la mélancholia, passe pour avoir le même effet: Soph. fr. 663 Radt τίκτουσι γάρ τοι καὶ νόσους δυσθυμίαι. 102. Je démontre ce point dans un article de la R.É.A. intitulé «La bile noire dans l'antiquité grecque: médecine et littérature», à paraître en 1998.
XLIT
NOTICE
maladie. Malheureusement, la perte de deux feuillets du codex
Bodmer (fol. 29-30) nous empêche de suivre le développement de l’action dans la deuxième moitié de l’acte ΠΙ, dispa-
rue en même temps que la plus grande partie de l’acte IV'%. Π ne saurait être question de combler une lacune de cette importance. Tout au plus pouvons-nous poser quelques jalons fournis par l’examen des parties conservées et des fragments, sans nous dissimuler que, ce faisant, nous entrons sur le terrain
glissant de la conjecture. 1° De la scène 4 de l’acte III il nous reste les quatre premiers vers. Mais, s’il convient d’identifier avec le Bouclier le P. Berol.
21145,
comme
le voulait
K.
Gaiser,
nous
en
lisons aussi la fin!°?, 2° Il a été trop souvent question de l’inventaire du butin (281, 400 5.) pour que l’on puisse croire que Smicrinès s'en soit totalement désintéressé dans les quelque 205 vers manquants. Il est probable qu’il le faisait transférer chez lui, en tant que chef du génos chargé d’assurer la succession de Cléostrate. Le fr. 4, sinon le fr. 1, peut étayer cette hypo-
thèse et le v. 780 parler dans le même sens!®, 3° Enfin, dans l’hypothèse, que l’on ne peut exclure a priori, de l'identification d’une Épiclère de Ménandre
avec
le Bouclier, il est légitime de tenter d’intégrer dans la deuxième pièce les fragments de la première. C’est ce que
j'essaierai de faire dans la troisième section de cette Notice"%, Lorsque le texte reprend au v. 700, nous en sommes
à
l’annonce de la mort de Chérestrate. Ce qui prouve que le mèchanèma a eu plein succès, c’est qu’un arrangement préalable semble être intervenu entre Smicrinès et Chéréas, comme Daos l’avait pronostiqué (361-363) "°7. Les v. 715-721 se 103. Voir infra p. ΧΟΙΠ. 104. Voir les notes latines et françaises du Fragment attribué par conjecture, p. 40.
105. 106. 107. cf. 778 restrate
Voir p. 41!, 43! et 39! Voir infra p. ΕΧΙΧ ss. Le détail des témoins (362 παρόντων μαρτύρων τρισχιλίων, et la note critique à 720) n’est pas sans importance: quand Chéressuscitera, il ne lui sera plus possible de revenir sur son choix.
L'ŒUVRE
XLIH
laissent aisément compléter et interpréter en ce sens. Smicrinès et Chéréas, semble-t-il, se rendaient à l’agora!® pour concrétiser leur accord, laissant la scène libre pour l’ar-
rivée de Cléostrate. Le retour de Cléostrate
L'arrivée de Cléostrate est un coup de théâtre attendu depuis le prologue. Il intervient ironiquement, de manière inopinée, au moment
précis où la ruse de Daos allait être couronnée de succès. Le Bouclier n’est pas la seule pièce dans laquelle un événement extérieur vient doubler la ruse et provoquer le dénouement. Celle qui a été machinée par Milphion du Poenulus pour duper le léno, la mise en scène des témoins, les confidences
de Syncérastus, tout cela est apparemment rendu inutile par l’arrivée de Hannon, elle aussi inéluctable. Inutile? En fait,
jusque-là le public avait ri de bon cœur au spectacle d’une ruse bien conçue et bien conduite. Maintenant, il n’était pas
disposé à bouder son plaisir au moment où une péripétie, préparée de longue main, venait malgré tout le surprendre et l’intéresser — la reconnaissance de Hannon par Agorastoclès, Adelphasie et Antérastile, celle de Cléostrate par Daos. Son plaisir n’en était que renforcé et ravivé. À propos des dénoue-
ments qui ne la comportent pas, Voltaire écrit: «De pareils dénouements sont toujours froids... parce qu’ils n’ont point ce qu’on appelle la péripétie». Voilà ce que l’on gagne, sur le plan dramatique, à la méprise de Daos. L'acte V
L'acte final du Bouclier est, avec ses quelque cent-dix vers, le plus court des actes V de Mé-
nandre qui nous ajent été conservés!1°. Comme l’acte IV et 108. Voir les notes latines et française ad loc. 109. C'est là que Smicrinès pouvait trouver de l'argent (voir les
références à la fin de la note française, p. 35!), peut-être pour ne pas toucher à l’or du butin. 110. J'obtiens le total de 110 vers pour l’acte V du Bouclier en diminuant de 10 le nombre des vers évalué par Austin pour la lacune finale (l’éd. pr. est muette sur ce point). Je crois cette diminution nécessaire, car, si l'on évalue à 45 le nombre de vers à la page, à cet
XLIV
NOTICE
la seconde
partie de l’acte V de la Samienne,
il était écrit,
peut-être dans sa totalité, en tétramètres trochaïques, rythme vif, prometteur
de
scènes
prestement
enlevées.
Grâce
aux
suppléments providentiels apportés naguère à quelques-uns des vingt-neuf premiers vers subsistants par le P. Robinson inv. 38, il ne reste plus aujourd’hui aucun doute sur les
interlocuteurs!!! ni sur la manière dont se développe l’action au début de cet acte. Après avoir fait l’annonce du double mariage dont il était déjà question à l’acte IE (285 s.), Daos est tout heureux d’apprendre à Chéréas, qui revient de l’agora, l’arrivée de Cléostrate, et de l’envoyer chez Chéres-
trate embrasser son ami, avant de se préparer lui-même à accueillir Smicrinès, qui suit de près Chéréas,
comme
il le
mérite, Celui-ci se voyait asséner successivement deux coups des plus douloureux en apprenant le retour de Cléostrate, qui lui ôte le butin définitivement, et la résurrection de Chérestrate, qui le prive de l’héritage de son frère. Comment supportait-il le choc? C’est ce que nous aimerions bien savoir. Parvenait-il à se racheter, comme Cnémon du Dyscolos et Euclion
de
l’Aululaire?
La
lacune
finale
ne
suffit
pas,
semble-t-il, à lui permettre d’opérer un tel rétablissement. La déconfiture de Cnémon à la fin du Dyscolos (909 ss.), un
thème qui plonge ses racines dans la Comédie Ancienne, nous permet d’imaginer comment la pièce se terminait. Sans doute s’achevait-elle gaiement sur un divertissement bouffon
dont Smicrinès faisait les frais!"2, Aussi bien les v. 774-776 endroit du manuscrit, on peut être sûr que la page finale en a comporté moins, le colophon à lui seul ayant occupé environ 6 vers. Ce total est à comparer avec ceux du Dyscolos (185) et de la Samienne (122).
111. Le raisonnement de W. G. Arnott (p. 89 s.) était en apparence très satisfaisant. Son seul tort c’est qu’il se fondait sur une conjecture erronée, à laquelle avait prêté B° au v. 765 — νὴ τὸν Ἡρακ]λέα (conj. d'Austin adoptée dans le texte sans mise en garde critique) —,
au lieu de la vraie leçon ]Xatp'éa fournie par ΒΡ, et qui avait été anticipée par Kasser. 112. Sur ce type de fin voir les réflexions de Sandbach (Comm. Ρ. 369); il rapproche Plaute, Miles Gloriosus, de modèle incertain, et les Bacchides, pièce adaptée du Dis Exapatôn.
L'ŒUVRE
XLV
du Bouclier impliquent-ils un châtiment comique analogue qui le mettra en état de vérifier le mot d’Alexis!!?, Daos,
pour le mener à bien, recevait-il l’aide du cuisinier ravi de se venger du contretemps subi? L'annonce du double mariage laisse présager son retour triomphant, comme aussi l’allusion
du v. 772 au festin de noce.
IL. —
LA PEINTURE DES CARACTÈRES:
TYPES OU INDIVIDUS ?
Si l’on entend par «comédie de caractères» celle qui s’attache exclusivement à peindre des types généraux, il est certain que cette définition ne s’applique pas à la comédie de
Ménandre. Il est bien vrai en effet que, la plupart du temps, «il répugnait visiblement — comme l’a noté Paul Mazon'!# — à peindre des types, aux traits accentués», des «person-
nages tout d’une pièce, raidis dans une attitude». Ce n'est pas à dire que ses héros ne puissent relever d’un type général. Tel est évidemment le cas pour ceux dont le a fourni le titre de la pièce. Mais, même alors, ne sont pas forcément prévisibles, ce ne sont ils restent des êtres humains. C’est ce que
trait dominant leurs réactions pas des robots, j'ai essayé de
démontrer pour son dyscolos!!5, Maintenant, dire avec Mazon que «Ménandre s’est surtout attaché ... à l'étude des caractères», ce n’est pas du tout faire de sa comédie je ne sais
quel drame psychologique qui le mettrait en contradiction
avec les observations d’Aristote!!6 sur la tragédie, lesquelles 113. Alexis fr. 68 τὰ πονηρὰ κέρδη τὰς μὲν ἡδονὰς ἔχει | μικράς, ἔπειτα δ᾽ ὕστερον λύπας μακράς. Cf. également Mén. fr. 499 et voir
p. 26!. 114.
Aristophane et Ménandre, Extraits, Paris, Hachette, 1908, p. 272.
115. Dyscolos p. XXX-XXXIX. 116. Poétique 6, en particulier τῶν τραγφῳδίας μερῶν) ἐστὶν À ἀρχὴ μὲν οὖν καὶ οἷον ψυχὴ ὁ τασις) τῆς τραγῳδίας, δεύτερον est le principe et comme l’âme de les caractères».
1450a 15 μέγιστον δὲ τούτων (sc. τῶν πραγμάτων σύστασις et 38 5. μῦθος (sc. ἡ τῶν πραγμάτων σύσδὲ τὰ ἤθη «la fable (ἰ. e. l'intrigue) la tragédie; en second lieu viennent
XLVI
NOTICE
sont valides pour toutes les formes de drame ancien, y compris la Néa. C’est reconnaître la spécificité de cette forme de drame dans lequel l'intrigue reste naturellement primordiale — nul n'ignore tous les soins que Ménandre, dans chacune de ses pièces, a donnés à son agencement!?? —, mais dans lequel aussi les rouages de l’intrigue consistent essentiellement dans les réactions des personnages à des situations données, réactions qui, pour être vraisemblables, doivent découler logiquement de leurs caractères, une fois la part faite au hasard — nommons-le Fortune. Intrigue et caractères
Quelques mots d'explication ne me semblent pas inutiles sur ce point. C’est son génie parti-
culier de l’abstraction qui a amené Aristote à
isoler les six parties constitutives de la tragédie et à les considérer séparément les unes des autres. Pour ne rien dire des autres parties, il existe une interdépendance et une complémentarité évidentes entre les deux premières, intrigue et caractères, inséparables l’une de l’autre. Mais leurs rapports ne se présentent pas de la même façon dans la tragédie, où les personnages peuvent se contenter d’avoir le caractère de leurs actions, fournies par la tradition mythologique. Dans une
forme
d’art dramatique
comme
la Comédie
Nouvelle,
l’arrangement de la matière, la σύστασις τῶν πραγμάτων d’Aristote, en un mot l'intrigue, repose beaucoup plus sur
les ἤθη. Comme les πράγματα sont ici inventés, leur enchaînement vraisemblable et nécessaire a davantage besoin d’être justifié par les caractères. C’est ce qu'avait fort bien vu un poète de la Comédie Moyenne, Antiphane, dans un passage célèbre de sa Poièsis (fr. 189), où il soulignait les
difficultés de la tâche du poète comique par opposition aux facilités dont jouit le poète tragique. Aristote a dit: «Sans action il ne peut y avoir de tragédie, mais il peut y en avoir une sans caractères» !!8. Voilà une hypothèse qui n’est même 117. Dyscolos p. xxvi. 118. Poétique 1450a 23 5.
L'ŒUVRE
XEVII
pas envisageable dans la comédie d’Antiphane, elle l’est encore moins dans celle de Ménandre qui marque, pour l’observation des hommes, le même intérêt psychologique que les Caractères de Théophraste!!?. Facteur décisif de l’action, les
caractères ont bien pour Ménandre un intérêt capital. Ce qui semble le prouver ici, c’est que le prologue, non content de désamorcer les coups de théâtre, met l’accent sur les caractères comme s’il voulait suggérer qu’il s’agit de l’élément essentiel. Il y ἃ un autre point à considérer si l’on veut placer l’étude de la peinture ménandréenne des caractères dans la juste perspective. Toutes les formes du drame ancien comportent deux éléments. C’est le premier, à tous les sens du mot, l'élément actif, l'intrigue, qui lui a donné son nom de
δρᾶμα. Mais à côté de lui existe un élément passif, celui que Buschor'# appelle Mimus. Accru dans le drame moderne, cet élément gagne déjà en importance dans la Mésé, plus encore
dans
la Néa,
chez
Ménandre
notamment:
c’est
le
βεβιωμένον, la fidélité à la vie!2! qui s'exprime dans l’individualisation des caractères telle qu’on la constate chez Ménandre. Et il la pratique sans aucune espèce de préjugé: chez lui, il arrive qu’un type antipathique devienne un individu sympathique, qu’un esclave mérite plus de considéra-
tion qu’un homme libre. D'autre part, les intrigues peuvent être stéréotypées, les personnages avoir un statut identique: leurs caractères ont toujours la variété de la vie et leur langage, chaque fois approprié à leurs humeurs et à leurs sentiments, crée l'illusion du vécu — art de la caractérisation et art du dialogue, les deux aspects les plus originaux et les plus réalistes d’un théâtre fondamentalement non réaliste. 119. O. Regenbogen, «Theophrastos 3», RE Suppl. 7 (1940) 1507. 13. 120. Über das griechisches Drama, München 1963. 121. Le mot fameux d’Aristophane de Byzance — «ὦ Ménandre! ὃ vie! lequel de vous deux a imité l’autre?» (Syrian. Comm. in Hermogen. librum Περὶ στάσεων 2. 23. 10 Rabe) — n’est que la reconnaissance de cet état de choses, particulièrement marqué chez lui, et non pas un contresens dans lequel se serait fourvoyée à sa suite toute la critique ancienne, et qui lui aurait été inspiré par la méconnaissance de la vraie nature du théâtre de Ménandre, une morale péripatéticienne en action.
XLVIIT
NOTICE
1. Smicrinès:
L'action, si l’on néglige les comparses, cuisinier, ordonnateur
des
tables, médecin
—
bref, les utilités sur lesquelles je reviendrai!?? —, se passe à l’intérieur d’une même famille!?: elle met en cause deux frères, une nièce et une fille, un beau-fils et un neveu, ainsi
que l’esclave de ce dernier, qui mène le jeu. Mais, à en juger par les scènes conservées, elle était dominée surtout par deux
figures remarquables, dont l’une attire l’antipathie, l’autre la sympathie des spectateurs, l’Athénien Smicrinès et le Phrygien Daos, la dupe et le dupeur. les avares de Ménandre
Cnémon faisait une entrée en scène fracassante (Dysc. 153), préparée de longue main.
Celle de Smicrinès est beaucoup plus dis-
crète, c’est à peine si on la remarque. Présent sur scène dès le début de l’action, c’est tout juste si, dans la sc. 1, il ne fait
pas l’effet d’un personnage protatique évitant à Daos de monologuer. Mais les quelques mots qu’il prononce au cours de son premier entretien avec Daos (guère plus d’une dizaine de vers sur quatre-vingt-douze) suffisent à montrer au public quel est le trait dominant de son caractère — l’avarice!?#, Et, à peindre l’avare Smicrinès, Ménandre ἃ mis autant de soin qu’à fixer les traits du bourru Cnémon. Les
deux pièces, à cet égard, peuvent passer pour des comédies de
caractères.
Et,
à
l’exemple
du
Dyscolos,
le Bouclier
aurait mérité de s’intituler Φιλάργυρος. Ménandre n’a pas écrit de comédie de ce titre!?, mais sa peinture de l’avarice était aussi célèbre que celle de la superstition ou de la défiance, témoin Alciphron lorsqu'il fait écrire à Ménandre par Glycère que toute l'Égypte brûle de voir et d’entendre, 122. Voir plus loin, p. Lxlr. 123.
Cf., entre autres, la Casina, les Ménechmes, le Stichus.
124. Voir la note française, p. 10!. 125. Il est attesté, pour la Mésè, chez Philiscos (Φιλάργυροι); pour la Néa, chez Dioxippe, Philippide et Théognète (Φάσμα ἢ Φιλάργυρος). Il y a doute sur Cratès If, seulement connu de la Souda qui mentionne,
parmi ses titres, un Φιλάργυρος (voir Kôrte, RE 11 [1922] 1624. 60). Pour la Comédie latine, cf. Novius (Parcus), Pomponius (Parci).
L'ŒUVRE
XLIX
entre autres, ses avares, ses superstitieux et ses défiants!2, Pour les deux derniers caractères, malgré le pluriel d’Alci-
phron, on songe aussitôt aux pièces intitulées d’après le nom de leur représentant (Δεισιδαίμων, “Aniotog). Pour l’avarice,
le choix
est évidemment
plus
ouvert,
mais
un
autre
témoignage, celui de Choricios de Gaza!?, permet de le restreindre aux comédies dans lesquelles paraissait un Smicrinès. Nous en connaissons trois — auxquelles il faut sans doute
ajouter au moins le modèle!8 de l’Aululaire, Plaute ayant pu changer le nom de Smicrinès pour celui d’Euclion —: outre le Bouclier, ce sont l’Arbitrage et le Sicyonien. Mais Smicrinès de l’Arbitrage, «plus préoccupé de sauver la dot de sa fille
Pamphilè que d’assurer son bonheur»!?”, Smicrinès du Sicyonien, impliqué dans des histoires d'argent, s’ils méritent le
nom d’avares, ne sont que des personnages secondaires: ils n’ont pas la stature du nôtre, ils sont d’ailleurs des avares moins typiques. D’où le soupçon que le Smicrinès de Choricios, faute d’être l’original d’Euclion!#, ce qui n’est pas exclu, pourrait bien être l’avare du Bouclier. On s’est demandé
si celui-ci n’aurait pas été nommé ainsi pour le distinguer du reste de sa famille!?!, En fait, il porte tout bonnement le nom 126. Epist. 4. 19. 6 φιλαργύρων καὶ ἐρώντων καὶ δεισιδαιμόνων καὶ ἀπίστων καὶ πατέρων καὶ υἱῶν καὶ θεραπόντων. 127. Cité dans les témoignages au titre, infra p. 2; voir également ci-dessous p. LXXIX. 128. Cf. p. Xxv. Jusqu'à preuve du contraire, je pense que ce modèle est ménandréen;,
Webster, Studies in Menander? p. 121 (cf. Intr 119 ss.)
et Gaiser («Zum ‘Apistos’ Menanders als dem Original der ‘Aulularia’», Wiener Studien 79 [1966]
191-194) conjecturaient l’"Antiotoc. Peut-
être faut-il ajouter aussi le Dis Exap. si Plaute a opéré la même substitution avec le Nicobule des Bacch. quelque peu avare; c’est le péché mignon des pères: cf. Antiphon de Stichus (518 ss., 555), Périphane d'Épidicus (468), Ménédème d’Heaut. (dans le portrait qu’en fait Syrus), Demiphon de Phormion (66 ss., 120, 298, 393), etc.
129. 130. comme utilisés 131. p. 12.
Ph. E. Legrand, Daos, Lyon/Paris 1910, p. 221. Dans l’Aululaire, c’est la fumée elle-même qu’Euclion considère une perte. Correction de l'adaptateur? Ou parallèles ménandréens dans deux pièces différentes? C’est une idée de Webster {ntr. p. 97 reprise par A. H. Groton
L
NOTICE
de l’emploi: dans la Νέα, Smicrinès est le nom réservé aux
vieillards avares ou bourrus!*?. aischrokerdeia
De même que Pan décrivait en premier lieu le caractère du bourru Cnémon!#, de même
est-ce celui de Smicrinès
sur lequel Fortune, dès qu'elle
a
rétabli la vérité des faits, éclaire en priorité le public (118125) — un avare qu’elle désigne nommément en tant que tel
(127 τοῦδε τοῦ φιλαργύρου), que chacun connaît comme tel (359 ὁ δὲ φιλάργυρος γέρων), et cela malgré tous les efforts qu’il déploie en vue de faire illusion et de corriger sa réputation bien établie d’avarice (153). Voici le portrait moral typique qu’elle en donne: «Pour ce qui est d’être mauvais,
il bat tout le monde absolument. Ce misérable ne connaît ni parent ni ami;
les laideurs de la vie, il n’en ἃ nul souci:
ce
qu’il veut, c’est tout posséder, il n’a pas d’autre idée en tête. Et il vit en solitaire avec une vieille servante». Fortune se trouve d’accord avec la communauté des poètes comiques, les Diphile, les Apoïlodore de Géla, pour qui la φιλαργυρία est un résumé de tous [65 vices!#*, lorsqu'elle y reconnaît le mal absolu: Smicrinès est le pire des avares que l’on puisse
imaginer, il représente donc le summum de la πονηρία55. Aussi bien le mot peut-il, à lui seul, désigner l’avarice:
car
c’est bien un avare que dépeint Antiphane!# dans l’homme qu'il ἃ d’abord caractérisé, en des termes voisins de ceux que 132. Pour des Smicrinès bourrus cf. Julien, Misopogon 19. 4-6 Lacombrade ἐνόμισας ἂν Σμικρίνην ὁρᾶν ἢ Θρασυλέοντα, δύσκολον πρεσβύτην ἢ στρατιώτην ἀνόητον (le rapprochement avec Thrasyléon ne laisse aucun doute sur l’origine comique de Smicrinès); Alciphron, Epist.3. 7. 3 Σμικρίνης ὁ δύστροπος καὶ δύσκολος. 133. Dysc. 5-23. 134. Voir la note française, p. 10!. Pour Diphile voir le texte cité n. 136. 135. Cf. 120 s., et voir 144 ὃ πονηρός, 322 τοῦ σφόδρα rovnpoÿ. Voir Démétrios II fr. 2 (cité infra n. 152) et Diphile, n.136. 136. Fr. 166. 5 (cité p. 10!).Cf. Diph. fr. 94. 1 εἰ μὴ τὸ λαβεῖν ἦν,
οὐδὲ εἷς πονηρὸς ἦν (suit une définition de l’avarice qui fait perdre tout sentiment de justice; pour le texte voir n. 163).
L'ŒUVRE
LI
Fortune emploie pour Smicrinès (120 s.), comme étant «insurpassable en matière de πονηρία».
Parmi les variétés d’avares dont on trouve des descriptions chez les Grecs, dans les écrits moraux du Péripatos notamment, il n’est peut-être pas sans intérêt de se demander quel est le type dont relève Smicrinès? A cette question Fortune semble apporter elle-même une réponse aux v. 122-124, lors-
qu'elle dit: οὐδὲ τῶν ἐν τῷ βίῳ | αἰσχρῶν πεφρόντικ᾽ οὐδέν, ἀλλὰ βούλεται | ἔχειν ἅπαντα --- entendez que, pour assouvir sa soif de possession, il ne recule devant aucune action honteuse.
Or, cette attitude est précisément
celle du
profiteur éhonté (αἰσχροκερδής), dont l'Éthique à Nicomaque fournit une définition plus complète que les Caractères:
πάντες γὰρ (sc. οἱ αἰσχροκερδεῖς) ἕνεκα κέρδους, καὶ τούτου μικροῦ, ὀνείδη ὑπομένουσιν «ils bravent toute honte en vue d’un profit même mesquin»!*7. Pas étonnant que l’aischrokerdeia ait pu passer pour «ce qu’il y a de pire
au monde»[38 Pour Aristote, l’aischrokerdeia n’est qu’une forme de l’âveλευθερία35. Selon lui, en effet, ce sont les relations qu’un homme entretient avec l’argent qui permettent de déterminer
s’il a un comportement digne ou indigne d’un homme libre. Voyez l'Éthique à Eudème®: «1, ἐλευθεριότης se rapporte à l'acquisition et à la perte des richesses. Celui que toute acquisition
emplit d’une joie excessive,
toute perte d’un
137. Aristote, Éth. Nic. 4. 3, p. 1122a 2 s. répétée ibid. 1. 8 et 12. Pour Théophraste (Car. 30. 1), l’aischrokerdeia est une ἐπιθυμία képδους αἰσχροῦ, définition «purement tautologique», évidemment «tronquée» (O0. Navarre, Comm. p. 197). Esquisse sémasiologique du mot αἰσχροκερδής ap. P. Steinmetz, Theophrast: Charaktere, München
1963, Vol. 2 p. 340.
138. Philémon ap. Comp. Men. et Philist. 139. Voir, par exemple, ἔμ. Nic. 1122a Mor. cité infra n. 142. 140. Εν. Eud. 3. 4, p. 1231b 28-32 à χρημάτων κτῆσιν καὶ ἀποβολήν: ὁ μὲν μᾶλλον χαίρων ἢ δεῖ, ἀποβολῇ δὲ πάσῃ δεῖ ἀνελεύθερος, ὁ δ᾽ ἀμφότερα ἧττον ἢ ὡς δεῖ ἐλευθέριος.
155. 8 et le passage de Magna μὲν ἐλευθεριότης περὶ γὰρ κτήσει μὲν πάσῃ λυπούμενος μᾶλλον ἢ δεῖ ἄσωτος, ὁ δ᾽ ἄμφω
Lil
NOTICE
chagrin excessif, est ἀνελεύθερος; celui que l’une et l’autre affectent moins qu’il ne faut est prodigue (ἄσωτος);
celui
que toutes les deux affectent selon la juste mesure, ἐλευθέρίος». Voyez encore l’Éthique à Nicomaque"\: «Nous appliquons toujours le terme de ἀνελευθερία à ceux qui s’intéressent plus qu’il ne faut aux richesses». On comprend dès
lors que ἀνελεύθερος ait pu, en un sens restreint, désigner le parcimonieux. C’est en ce sens qu’on le trouve chez Théophraste qui lui a consacré un de ses Caractères (22). Par ailleurs, Théophraste décrit deux autres types d’avarice —
la μικρολογία"“2, «l’économie poussée au-delà de la mesure» (Car.
10), qui est le fait du mesquin, et 1᾿ἀναιϊισχυντία,
mépris de l’opinion en vue d’un profit honteux»
«le
(Car. 9),
celui du profiteur sans scrupules. Des quatre variétés d’avares dépeintes par Théophraste, l'äveAedBepos et le μικρολόγος relèvent de la ladrerie, "ἀναίσχυντος et l’aioxporkepôns
de la cupidité, de l’appétit de posséder (nAcoveëia)!#. Aristote ignore le sens restreint d’évaioxuvtos, relatif aux
affaires d’argent!#. Quant à Ménandre, pour désigner les 141. Éth. Nic. 4. 1, p. 1119b 28 Kai τὴν μὲν ἀνελευθερίαν προσάπτομεν ἀεὶ τοῖς μᾶλλον ἢ δεῖ περὶ χρήματα σπουδάζουσι. 142. Sur la μικρολογία prise en ce sens cf. Aristote ap. Plut. Pelop. 3; Phgn. 8094 21, al. Elle aussi est une forme ἀ᾽ἀνελευθεριότης (Magna Moralia 1. 25. 1192a 9 ἔστι δὲ καὶ τῆς ἀνελευθεριότητος εἴδη πλείω, οἷον κίμβικάς τινας καλοῦμεν καὶ κυμινοπρίστας καὶ αἰσχροκερδεῖς καὶ μικρολόγους). 143. Voir infra n. 149. Pour les deux types de φιλαργυρία, cupidité et lésinerie voir Ph.-E. Legrand, Daos, p. 219. La plus courante est la seconde, celle des pères, «moins soucieux de gagner que de ne pas dépenser». 144. Sur ce point, il est bon de comparer la définition de 1’ ἀναίσχυν-
τος ἀναισχυντία chez Aristote et Théophraste: Éth. Eud. 3. 7, p. 1233b
26 ὃ μηδεμίας φροντίζων δόξης ἀναίσχυντος, Car. 9. 1 à δὲ ἀν. ... καταφρόνησις δόξης αἰσχροῦ ἕνεκα κέρδους (cf. [Plat.] Défin. 416a 14 ἀναισχυντία ἕξις ψυχῆς ὑπομενητικὴ ἀδοξίας ἕνεκα κέρδους). La conjecture de Kassel (αἰσχρᾶς au lieu de αἰσχροῦ), adoptée par J. Rusten (Theophrastus:
Caracters, L.C.L.
1993) gâte le texte, juste-
ment conservé par Steinmetz. L'âvaicyuvtia et l'aitoypoképôeta ont exactement le même but qui est la recherche d’un profit honteux; elles varient seulement sur le compte à tenir de l’opinion.
L'ŒUVRE
1
manifestations de l’avarice, il ne connaît, en dehors de φι-
λάργυρος, que le terme de μικρολόγος35. D’un Smicrinès on aurait plutôt attendu qu’il se rangeât dans la catégorie des ladres, spécialement dans celle du μικρολόγος, pour des raisons sémantiques. C’est peut-être le cas des autres Smicrinès de Ménandre!#, Mais, pour celui du Bouclier, les mots cités de Fortune ne peuvent laisser aucun doute sur la nature de son avarice: il s’agit de cupidité, non pas de la forme ἀναισχυντία (Smicrinès ne méprise pas l'opinion,
comme on le verra) mais de la variété αἰσχροκέρδεια. Chose piquante à constater: la définition péripatéticienne de l'aiozpokepôñs semble mieux justifiée par Smicrinès que par le caractère homonyme de Théophraste. Les exemples
dont il émaille son chap. 30 sont plutôt le fait de carotteurs, alors que les profits escomptés par Smicrinès viennent d’actions vraiment honteuses et de nature à attirer sur lui l”’«opprobre» — épouser une épiclère pour s’assurer l'héritage, quand il s’agit d’une «jeunesse» et que l’on est soi-même un vieux barbon, et, pour cela, rompre un mariage sur le point de se conclure entre deux jeunes gens qui étaient faits l’un pour l’autre. Ces décisions, qu’il maintient contre son frère (II 1), même si elles bénéficient du renfort de la loi, ne
sont-elles pas de ces αἰσχρά que Daos juge πάνδεινα 7 Sans doute Aristote, dans sa Rhétorique%1, paraît-il élargir la définition de l’atoxpoképôeia lorsqu'il lui rattache des «profits tirés de choses mesquines ou honteuses». Mais le
passage est ambigu, car, en fait, ἀνελευθερία est donnée comme ia source conjointe d’une telle attitude. Il n’autorise 145. À en juger par les fragments conservés: pour μικρολόγος voir le fr. 97. 5. ἀνελεύθερος apparaît au sens large, Sent. mon. 45 ἀνελεύθεροι γάρ εἰσιν οἱ φιλάργυροι (cf. n. 139, 142). Peuvent viser des αἰσχροκερδεῖς le fr. 510 (μὴ πάντοθεν κέρδαινς κτλ.) et le fr. dub. 940 (βέλτιστε, μὴ τὸ κέρδος ἐν πᾶσι σκόπει). 146. Voir supra p. ΧΕΙΧ et n. 128. 147. Rhét. 2. 6, p. 1383b 22-25 καὶ τὸ κερδαίνειν ἀπὸ μικρῶν ἢ αἰσχρῶν ἢ ἀπὸ ἀδυνάτων, οἷον πενήτων ἢ τεθνεώτων, ὅθεν καὶ ἢ παροιμία τὸ ἀπὸ νεκροῦ φέρειν' ἀπὸ αἰσχροκερδείας γὰρ καὶ ἀνελευθερίας.
LIV
NOTICE
certes pas à traduire αἰσχροκέρδεια par «resquillage» 48, car les Grecs, lorsqu'ils emploient le mot, sont sensibles à sa
composition. Si les Béotiens ont fait aux gens d'Ôrôpos une
réputation ἀ᾽ αἰσχροκερδία!“5, on peut croire qu’ils l’étayaient sur autre chose que sur des coupages de vin abusifs ou des chapardages d’huile dans des établissements de bain. défiance et sottise
Un trait de l’avare typique, indissociable de l’avarice, est la défiance. C’est, d’après
la définition de Théophraste, «une tendance à supposer que tout le monde veut vous léser»!%, Dans cette imputation universelle de malhonnêteté on reconnaît aisément la source de l’attitude de Smicrinès en mainte occasion. Il soupçonne Daos d’avoir détourné une partie du butin (406, cf, 86), et ce n’est qu’en raison de la peur du qu’en dira-t-on qu’il refoule son envie d’en vérifier le contenu sur-le-champ (153 ss.). Il dénonce, de la part de Chérestrate, des empiètements conti-
nuels au mépris de ses droits (176-184). dans son offre de lui abandonner le butin ciation au mariage de leur nièce (276 ss.). aisément convaincre par le pseudodocteur Chérestrate est mortelle (481 55.}}5}, Nul bon accueil aux insinuations de Daos sur dont il accuse les femmes (491 ss.).
148.
Il flaire un piège contre une renonIl ne se laisse pas que la maladie de doute qu'il fasse les malversations
Comme le fait J. Rusten (chiseling) in Theophrastus: Caracters,
L.C.L. 1993, p. 159. 149. Héracleidès I 25 (p. 84. 1 Pfister): cf. ibid. 17 (p. 76. 6) τελὠνῶν ἀνυπέρβλητος πλεονεξία ἐκ πολλῶν χρόνων ἀνεπιθέτῳ τῇ πονηρίᾳ συντεθραμμένη «la cupidité insurpassable des douaniers qui a grandi de longue date conjointement avec une totale perversité». πλεονεξία et αἰσχροκερδία -κέρδεια sont synonymes: cf. Polyb. 6. 46. 3 ὁ περὶ τὴν αἰσχκροκέρδειαν καὶ πλεονεξίαν τρόπος οὕτως ἐπιχωριάζει παρ᾽ αὐτοῖς ὥστε παρὰ μόνοις Κρηταιεῦσι τῶν ἁπάντων ἀνθρώπων μηδὲν αἰσχρὸν νομίζεσθαι κέρδος (cité par Pfister ad loc.).
150. Théophr. Car. 151.
18. 1 ὑπόληψίς
τις ἀδικίας κατὰ πάντων.
Peut-être, comme le héros d’un fr. anonyme (adesp. 906), soup-
çonne-t-il les médecins d’exagérer le mal pour se rendre importants.
L'ŒUVRE
LV
Comment un homme si attentif à ses intérêts, si soupçonneux envers les autres, peut-il tomber aussi facilement dans
le panneau du mêchanèma? On ἃ vu là un signe de stupidité. Une telle sottise, en fait, n’est pas imputable à l’homme: elle est inhérente à la cupidité, laquelle supprime chez ceux dont elle s'empare tout esprit critique. «Il n’aura d’yeux — prévient Daos — que pour l’accomplissement de son dessein, et, tout à cette attente, il sera incapable de réflexion, juge inconsidéré de la vérité» (334 s.). Confronté sans doute à la même réalité, un personnage de Diphile faisait chorus: «Il n’y a rien de plus sot que la cupidité éhontée; l'esprit atten-
tif à s'enrichir est aveugle à tout le reste» "52 (fr. 99). Tel est le ressort du mêchanèma. Pour qu’il puisse fonc-
tionner, il faut que Smicrinès soit la copie conforme du cupide typique. Quel que soit le goût de Ménandre pour les nuances et leur complexité, l’intrigue exige, de toute néces-
sité, qu’il se réduise à l’«archétype simpliste» de la cupidité.
À ce stade de l’action, on ne doit, on ne peut, attendre
de lui rien de plus. Maintenant, si nous comparons la caractérisation de Cnémon ou d’Euclion à celle de Smicrinès, nous voyons qu’il nous manque, pour autres traits {ypiques
celui-ci, les remarques que, dans les deux autres pièces, les
autres personnages font sur le héros. Ici, nous n’avons droit
qu'aux commentaires lapidaires de Daos et de Chérestrate: ils se boment parfois à des exclamations!%3, C’est bien peu à côté des propos de Gorgias et de Daos, de Gétas et de Sicon, de Sostrate et de Simikè sur Cnémon, de Strobile et de 152. On trouvera le texte de ce fragment cité dans la note de la traduction, p. 231. Cf. Démétrios II fr. 2 σφόδρ᾽ εὐάλωτόν ἐστιν ἡ πονηρία" | εἰς γὰρ τὸ κέρδος μόνον ἀποβλέπουσ᾽ ἀεὶ | ἀφρόνως ἀπαντᾷ καὶ προπετῶς συμπείθεται; Antiphane fr. 244 ὡς δυστυχεῖς ὅσοισι τοῦ κέρδους χάριν | ἐπίπροσθε ταἰσχρὰ φαίνετ᾽ εἶναι τῶν καλῶν: ἐπισκοτεῖ γὰρ τῷ φρονεῖν τὸ λαμβάνειν; Μέη. fr. 482 ἀσυλλόγιστόν ἐστιν ἡ πονηρία.. 153.
Boucl. 219 s., 314 s., 319 s., 322, 359.
LVI
NOTICE
Staphyla sur Euclion!$* — propos dans lesquels on relève des traits analogues à ceux qui composent la mosaïque des Caractères. Mais peut-être s’en trouvait-il de semblables dans les parties perdues des actes IIT et IV du Bouclier. Si Fortune présente la vieille servante de Smicrinès à peu près comme Pan le fait pour Simikè et le Lar Familiaris pour
Staphyla!$, c’est sans doute qu’elle paraissait sur scène. Elle pouvait donc contribuer comme elles à la caractérisation de
Smicrinès. Le transfert du butin!% chez lui (conjecture vraisemblable) était susceptible d’exacerber la défiance de l’avare en fièvre obsidionale. Le fr. 1 du Bouclier en porte peut-être témoignage, comme aussi le trait caricatural rapporté par
Choricios!$? au sujet d’un Smicrinès. Pourraient trouver place dans un pareil contexte les fr. 1-2 de l’Épicière 1 dans l’hypothèse de son identification avec le Bouclier58, traits individuels
Mais, avec tout cela, nous en restons tou-
jours à l’«archétype simpliste» de l’avarice. Or, nous savons que Ménandre n’était pas un auteur de mélodrames qui pût se contenter de monstres parfaits. Y avait-il dans la peinture de Smicrinès des traits capables de l’humaniser et d’en faire autre chose qu’une «mécanique littéraire»?
Dans
le Dyscolos,
c’est
l’expérience
de
l’altruisme
de
Gorgias, à la suite de la chute dans le puits, qui amène Cnémon à tempérer, au moins sur ce point, sa misanthropie absolue!$?, et qui, du même coup, le montre sous un jour plus sympathique. Il n’y a pas de place, dans le Bouclier, pour une crise de conscience analogue de la part de Smicrinès. On ne voit d’ailleurs pas quel accident pourrait l’inciter 154. Dysc. p. ΧΧΧιμῆ; Aul. 67 ss., 297-321. 155.
Boucl. 125 - Dysc. 30 s., cf. Aul. 38. La vieille Sophronè tient
auprès de Smicrinès de l’Arbitrage la même place que Staphyla auprès d’Euclion. 156. Voir supra p. XLII. 157. Voir supra p. XLIX et infra p. LXXIX. 158. /nfra p. LXXIX ss. 159. Dysc. 720 ss.
L'ŒUVRE
[ΝΗ
à changer les fausses valeurs de la πλεονεξία et de l’individualisme pour les vraies valeurs de la φιλανθρωπία et de la générosité. Après la lacune des actes ΠΙ et IV, il semble être resté tel qu’il était auparavant, et les quelque quatre-
vingts vers manquants à la fin de l’acte V sont insuffisants pour un pareil retournement, incompatible, du reste, avec la conception qu’ont les Grecs, notamment Théophraste et Ménandre,
du caractère et de sa permanence,
surtout chez
les vieillards! Est-ce à dire que l’avare du Bouclier est dépourvu traits individuels?
de
Pas du tout. Reste à savoir s’ils peuvent,
dans une certaine mesure, le rendre moins antipathique. A la vérité, la figure de Smicrinès ne manque pas de traits qui
débordent la typisation de l’avare et en font un individu. S’agissant d’une création de Ménandre, le contraire eût été surprenant. En voici quelques-uns:
1° Du fait que l’un des deux types de cupides, l’évaioguvτος, brave l’opinion il ne s’ensuit pas que le second, l’aioyροκερδής, doive s’en préoccuper. Smicrinès quant à lui a grand désir de paraître ce qu’il n’est pas: il lui répugne de passer pour intéressé (91 s.), à plus forte raison pour avare (153 ss.). Doit-on considérer cette attitude comme un élément
positif? Tout au plus, je pense, comme «un hommage du vice à la vertu». Par là, Smicrinès ne fait qu’ajouter l’hypocrisie à l’avarice. Bien des paroles, chez lui, sonnent faux, —
par
exemple ses regrets exprimés à propos des morts supposées ou fictives de Cléostrate (172-175, cf. 92) et de Chérestrate (718? cf. 434). Si cet aischrokerdès est un avare honteux, soucieux avant tout de sauver les apparences, c’est aussi un avare déterminé, allant jusqu’au bout de sa logique de cupidité — et tant pis pour les autres!
2° Envers les autres, Smicrinès est à la fois doucereux et inflexible. Désireux de se montrer sous un bon jour, il entend bien agir le plus doucement possible avec sa famille (98), 160. Cf. K. Gaiser, «Menander und der Peripatos», Antike und Abendiand 13 (1967) 34 5.
LVIH
NOTICE
dès qu’il a décidé d’épouser l’épiclère, et il est capable de flatter Daos dont il songe à se faire un allié (193). Fort capable également de l’envoyer au supplice, s’il pensait que c’est le seul moyen d’assurer l’intégrité d’un bien qu’il croit déjà à lui (159), et n’hésitant pas à prendre son avantage sur son frère quand il est en mesure de le faire et qu’il oppose à ses ouvertures un abrupt refus (275 ss.). 3° Esclave de la πλεονεξία, prisonnier de ses fausses valeurs, il est d’un égoïsme forcené qui transparaît dans son
style où le «je» domine!f!. Enfermé dans cet égoïsme comme dans une forteresse, il est coupé du reste de sa famille qu’il semble ignorer, sauf quand il a intérêt à se rappeler qu’elle existe. Alors il se plaint d’être brimé par son frère, traité
comme un esclave ou un bâtard, tenu à l’écart des décisions importantes, et cela quand son âge devrait faire de lui le chef naturel du génos (176-184). Quelle est la part de la sincérité et celle de la tactique dans ce sombre tableau brossé avec complaisance? Smicrinès serait-il un mal aimé, un mal compris, une victime de son entourage”? Avant de se demander si cet égoïsme est repli sur soi consécutif à une mise en qua-
rantaine familiale® réelle ou supposée, il convient de prendre garde au moment où Smicrinès formule ces récriminations. Elles prennent place dans l’entretien qu'il a demandé à Daos (95 s.), juste avant qu’il ne précise ses intentions, tout autres qu’amicales à l’égard de sa famille. D’où le soupçon, dont on ne peut se défendre, que nous avons là les plaintes hypocrites d’un agresseur en train de se poser en victime.
161. Le voir À. G. consciously Smikrines’ speech and
contraste avec le style de Daos est frappant à cet égard: Katsouris (supra n. 72), p. 111-113; cf. p. 104: «(Daos) underestimates himself thus indicating his intelligence; selfishness and avarice is expressed in his cool and ordinary his repetitive use of the personal and possessive pronouns».
162. Voir en ce sens H. Lloyd-Jones, «Menander’s Aspis», Greek Roman ἃ Byzantine Studies 12 (1971) 194 = Greek Comedy, Hellenistic Literature, Greek Religion & Miscellanea (The Academic Papers of sir H. L1.-J.), Oxford 1990, p. 23: «extreme selfishness originates in resent-
ment at supposed neglect».
L'ŒUVRE
LIX
4° Enfin l’avarice de Smicrinès a quelque chose de para-
doxal. Un personnage de Diphile!#? nous avait enseigné que la cupidité, «c’est s’asservir constamment au profit sans considérer ce qui est juste». Dans notre pièce, c’est l’avare
qui est promu à la dignité de gardien des lois et du droit. Il soupçonne ses adversaires d’être tentés de s’en écarter (160 s.). Il ne cesse de se référer à la loi (160, 174, 190). Aussi bien
est-ce la loi qui l’aide à parvenir à ses fins. Il agit sous son couvert. De l’avare du Bouclier on serait en droit de proposer cette définition: Smicrinès est un aischrokerdès qui cache sa πονηρία sous le manteau du légalisme!5, En dehors de Smicrinès, le seul autre
Smicrinès, Euclion
avare de la Néa que nous puissions juger
et les autres
sur pièces est Euclion. Encore n'est-il qu’un reflet de l’original perdu. Sous la réserve que l’Aululaire offre bien l’image fidèle du modèle grec, nous pouvons
dire que Smicrinès n’est pas avant tout un défiant comme Euclion, avare d'occasion qui ne retrouve la paix qu’après
s’être débarrassé de son encombrante marmite. Smicrinès, lui, est un avare de plein droit, chez qui, comme chez Harpagon, l’avarice est, non pas un état d’esprit passager causé
par la découverte fortuite d’un trésor, mais une disposition morale permanente, un vice qui plonge ses racines au plus profond de son être. Surtout, que l’on n’aïlle pas croire que,
en peignant cet avare qui cherche à assouvir son appétit
insatiable de posséder aux dépens des affections familiales naturelles, Ménandre
a grossi le trait pour les besoins du
théâtre. En fait, à l'instar de Balzac, il n’a rien fait de plus
que de concurrencer l’état-civil. A la fin du V° siècle avant J.-C, il y avait à Athènes un avare du même type, pour qui
163. Diph. 94. 2 5. φιλαργυρία τοῦτ᾽ ἔστιν, ὅταν ἀφεὶς σκοπεῖν | τὰ δίκαια τοῦ κέρδους διὰ παντὸς δοῦλος ἧς (le v. 1 est cité n. 136). Le mot κέρδους prouve qu’il s’agit de cupidité et non de lésinerie. 164. Cf. H.-D. Gnomon 46 (1974)
Blume dans son compte-rendu de l’éd. Gaiser, 146. Pour Smicrinès et la loi voir p. ΕΧΧΠ s.
LX
NOTICE
l’argent comptait plus que tous les siens'$, et dont les victimes n'étaient autres que ses propres petits-enfants. Il a fourni à Lysias l’occasion d’un plaidoyer pathétique justement célèbre. Diogiton, dans la vie réelle, est une anticipation de Smicrinès. La création de Ménandre est profondément vraie. Si elle n’a pas toute la puissance des créations de Balzac, c’est que, pour la peinture des caractères, la Comédie Nouvelle d’Athènes est un outil moins approprié que le roman français
du
XIX®
siècle.
Mais,
en
son
genre
et sa sphère
athénienne, Smicrinès n’en fait pas moins bonne figure à côté des avares de Balzac, les Grandet, les Rigou, les Hochon
et
les La Baudraye, les Gobseck et les Nucingen, etc. conclusion
Mais en voilà assez sur [ἃ peinture de l’avarice. Revenons en deux mots sur l’individu Smicrinès,
autrement dit sur ses manières d’être et d’agir particulières,
indépendantes de l’avarice. Sans vouloir à proprement parler le réhabiliter, on a parfois songé à nuancer les jugements d’une sévérité absolue qu’il a inspirés à ses premiers critiques!$6, Mais lorsqu'on fait de Smicrinès son propre bourreau autant que celui des autres, lorsqu’on le montre «empêétré dans des idées fausses et souffrant lui-même le martyre dans le cercle diabolique de l’appétit de possession, du sentiment d’infériorité et du délire de suspicion où il est
tombé» !$7, outre que l’on romantise quelque peu le personnage, je ne sais si de telles constatations peuvent lui servir d’excuse. A nous en tenir strictement aux fragments conservés, Smicrinès, j'en ai peur, est entièrement négatif: de tous 165. Lysias 32 (Contre Diogiton). 17 πάντας ἡμᾶς περὶ ἐλάττονος ποιεῖ χρημάτων: tels sont les derniers mots de la fille de Diogiton à son père, au cours d’un émouvant conseil de famille.
166. Voir, par exemple, W. G. Amoitt, «Young Lovers and Confidence Tricksters», Univ. Leeds Review 13 (1970) 8 «Menander'’s only complete villain to date»; H. Lloyd-Jones (voir n. 162) p. 193 = Acad. Pap. p. 23 «the most complete villain»; F. H. Sandbach, Comm. p.62
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συνοικιεῖν, ποθ«ε»ινὸν ἥκοντ᾽ οἴκαδε,
ἐμοί τ᾽ ἔσεσθαι τῶν μακρῶν πόνων τινὰ ἀνάπαυσιν εἰς τὸ γῆρας εὐνοίας χάριν. Νῦν δὲ σὺ μὲν οἴχει παραλόγως τ᾽ ἀνήρπασαι, ἐγὼ δ᾽ ὁ παιδαγωγός, «ὦ» Κλεόστρατε, τὴν οὐχὶ «σώ»σασάν σε τήνδ᾽ ἐλήλυθα ἀσπίδα κομίζων ὑπὸ δὲ σοῦ σεσωσμένην
1
15
πολλάκις ἀνὴρ γὰρ ἦσθα τὴν ψυχὴν μέγας, εἰ καί τις ἄλλος.: ΣΜΙΚΡΙ(ΝΗΣ) Τῆς ἀνελπίστου τύχης, ὦ Δᾶε.: (AA.)
Aavñs.:
(ZM.)
Πῶς δ᾽ ἀπώλετ᾽, ἢ τίνι “τρόπωι;:
(ΔΑ.)
4-13 (- νῦν λειπόμενον... τάχα τις ἔσται Eclog. 4. 12. 6 ᾿Ασπίδος = fr.
Στρατιώτῃ, Σμικρίνη, σωτηρίας
20
δὲ) Cf. Heliodor. 5. 2. 7 ᾧμην... βιώσεσθαί τε τὸ νυνὶ δέ... Il 11 5. (—- ἀνάπαυσιν) Cf. Heliodor. 1. 8. 6 τῶν κακῶν ἀνάπνευσις Ι| 20 5. (στρατιώτην -) Stob. = vol. IV p. 343. 8 Hense (MA, om. S) Μενάνδρου 70
7 ad σύμβουλον uide fr. 213. 4 s. Il 8 ἧσπερ A.: nvxep B Il 10 ποθινον (8 ex τ corr.) B || ἥκοντ᾽ A.: ηκουντ᾽ B Ii 11 μακρῶν A.: uaxapov B 1113 νῦν B%: σὺν B* Il ἀνήρπασαι Α.: avapz- B Il 14 ᾧ add. À. | 15 σώσασαν A. ll σε (o add. 5. 1.) B 11 16 σεσωμένην Sandbach (ci. δὲς. 121), at uide Ael. Dion. σ 12 Erbse οἱ δὲ νεώτεροι σέσωσμαι | 17 τὴν Α.: τῆς B || 18 p. n. σμικρι (pot. qu. σμικρί ) interl., cf. ad 193, Dysc. 129, 212 I 19 ἀπώλετο Β il 20 στρατιώτῃ A. (iam Edmonds): -tnç B (1 in $ mutato aut σ[μικρινη] geminato) -τὴν Stob. defendit Sisti cl. Arist. Pol. 1286 a 35 (uide et Apollodor. fr. 2, eodem sensu sed alia syntaxi)
4
LE BOUCLIER
ACTE 1, sc. 1.
de dénicher une raison de salut. Mais, si c’est de périr qu'il s’agit, il a la tâche aisée. SMICRINÈS. — Tout de même, raconte-moi l'affaire, Daos. Daos. — Il y a un fleuve de Lycie nommé le Xanthe: que de combats, pour lors, n’avons-nous pas livrés sur ses bords,
toujours avec la même
fortune!
Et les barbares étaient en
fuite, ils nous avaient abandonné la plaine. Mais, à ce qu’il paraît, il est utile, justement, de ne pas être en tout favori de la fortune: celui qui a subi un revers, celui-là, il se tient sur
ses gardes. Nous autres, nous n’avions plus aucune disci-
pline, et le mépris de l’adversaire nous ἃ conduits à ce qui allait arriver’. De fait, beaucoup
des nôtres avaient aban-
donné le retranchement et ils pillaient les villages, ils mettaient les fermes en coupe réglée, ils vendaient leurs captifs; chacun s’en revint avec de l’argent en quantité. SMICRINÈS. — Magnifique! Daos. —Mon
jeune maître (, lui,) rassemble quelque
six
cents pièces d’or, des coupes d’argent, un joli tas, une troupe de captifs’, celle que tu vois ici tout près, et il m’en-
1. ἔργον εὑρεῖν; fr. 6. 1. — Apollod. ἔτ.2.. στρατιώτην... ἔργον ἄχρι γήρως λαβεῖν Ι ἐστιν διευτυχηκότ᾽, ἂν μὴ δειλὸς À. D. sentencieux: cf. 27 5., 334 s., al.
2. Riche en souvenirs épiques et en parallèles fournis par les historiens militaires, le récit de D. débute par un emprunt hom.: 23 - 1.11. 722 ἔστι δέ τις ποταμὸς Μινυήιος (cf. 62 5. - ἰδ. 724...τὰ δ᾽ ἐπέρρεεν ἔθνεα πεζῶν). --- 25 5. - X. An. 7. 4. 2 (les Thynes ont abandonné la plaine pour les montagnes avant de lancer une attaque noctume). - 27 s. - Onasandros, Stratège 14. 1; exemples (X.Hell. 4. 1. 17; al.) trop nombreux pour qu’on voie chez Mén. une allusion au désastre (312 a. C.) infligé à Athénaios par les Nabatéens (D. 5. 19. 95. 4 s.; sa leçon: ib. 6 s.). — De S. (33) rapprocher le riche Périphane (Epid. 212 hercle rem gestam bene!). 3. CI. s'est distingué de ses camarades en ne vendant pas sur place ses captifs (αἰχμάλωτα captifs plutôt que butin: X., pass.; Dém. 19. 139, 306; pour la vente, cf. X. An.7. 4. 2), mais en les mettant à l’abri comme le reste de son butin. De ce butin, D. ne cite d’abord que les principaux articles dans un ordre de valeur décroissante: pièces
AËTIIE
4
ἔστ᾽ ἔργον εὑρεῖν πρόφασιν, ὀλέθρου B’eürropov.: (ΣΜ.) Ὅμως διήγησαι τὸ πρᾶγμα Aâé μοι. (ΔΑ.) Ποταμός τίς ἐστι τῆς Λυκίας καλούμενος Ξάνθος, πρὸς ᾧ τότ᾽ ἦμεν ἐπιεικῶς μάχαις πολλαῖς διευτυχοῦντες᾽ οἵ τε βάρβαροι 25 ἐπεφεύγεσαν τὸ πεδίον ἐκλελοιπότες. Ἦν δ᾽, ὡς ἔοικε, καὶ τὸ μὴ πάντ᾽ εὐτυχεῖν χρήσιμον᾽ ὁ γὰρ πταίσας τι καὶ φυλάττεται. Ἡμᾶς δ᾽ ἀτάκτους πρὸς τὸ μέλλον ἤγαγε τὸ καταφρονεῖν᾽ πολλοὶ γὰρ ἐκλελοιπότες 30 τὸν χάρακα τὰς κώμας ἐπόρθουν, τοὺς ἀγροὺς ἔκοπτον, αἰχμάλωτ᾽ ἐπώλουν᾽ χρήματα
ἕκαστος e[i]xe πόλλ᾽ ἀπελθών. ΣΜΙΚΡΙ (ΔΑ.).......
Ὡς καλόν.: ὁ τρόφιμος συνάγων χρυσοῦς τινας
ἑξακοσί]ους, ποτήρι᾽ ἐπιεικῶς συχνά,
35
ὄχλον αἰχ]μαλώτων τοῦτον ὃν ὁρᾶις πλησίον, 28 (ὃ --ΞὉ Schol. Hom. 1|. 9. 453 agnouit K. Nickau (uide H. Erbse,
Scholia Graeca in Homeri /liadem, vol. II, Berlin 1971, pp. 495, 550) 1 30 5. (πολλοὶ — ἐπόρθουν) Harpocrat. s. u. χάρακα“... Μένανδρος ᾿Ασπίδι; sine fabulae nomine Sud. 5. u. χαράκωμα (x 93 Adler),
Zonaras 8. u. χάρακα (p. 1841 Tittmann), Et Gen. s. u. χάραξ (Miller, Mélanges, p. 307) = fr. 71
22 διήγησαι
Α.: διηγήσασθαι
B || 23 καλούμενος
Sandbach:
καλουμένης B (idem mendum Dysc.577) ἢ} 24 ξανθος (ς ex ο corr.) Β 131 χάρακα τὰς test.: καταχαρας Β (κατὰ prius om., postea perpe-
ram inserto) || κώμας: πόλεις Et. Gen. 1l 32 αἰχμάλωτ᾽ A.: εχμ- B Il 33 ad lac. quadrat τ pot. qu. σ Il πολλα B Il ἀπελθών (idem mendum 96, cf. ad 213, 301) A. qui Ἄπολλον etiam coniecit Smicrini tri-
buens (cll. 88, 250, fr. 334. 4, fr. com. adesp. 1014. 35, Lycophr. TrGF 100 F 2. 5 Ἄπολλον, ὡς καλόν): ἀπελθεῖν B defendit Sisti (cf. Xen. An. 7. 1. 7 οὐκ εἶχον ἀργύριον ἐπισιτίζεσθαι) I! p. n. Br il 34 in. (seruato συνάγων) ἱμάτια suppl. Gronewald cl. 90, (scripto ovvaγαγὼν) ἐνταῦθ᾽ A. αὐτὸς δ᾽ nos; possis etiam χλάμυδας, at longius ll τρόφιμος (p ex τ corr.) B Il ovvayov B, displicet tempus: συναγαγὼν A. (idem mendum 70, 84, Sam. 454 et cf. Asp. 65) Il 35-37 ad suppl. cf. 85, 91, 142 ῃ| 35 συγχνα B, tum add. gl. πολλα Il 36 in. Borgogno ducibus Kasser-Austin qui 37 in. ὄχλον suppl.: τῶν τ᾽ Kasser-Austin
5
LE BOUCLIER
ACTE [, sc. 1.
voie à Rhodes (en personne), avec l’ordre de laisser ce butin
à la garde d’un hôte à lui, puis de venir le retrouver (là-bas). SMICRINÈS. — Eh bien alors, qu’arrive-t-il? DaAos. —- Pour moi, je me mettais en route à l’aube. Mais,
le jour de mon départ, les barbares, sans être vus de nos sentinelles,
restaient
sur
place,
à
l’abri
d’un
mamelon:
ils
avaient appris par des transfuges que nos forces étaient dispersées!. Et, le soir venu, quand étaient dans les tentes, rentrant
tous les soldats présents — note bien -— d’une
contrée qui regorgeait de tout, il arrive ce qui devait arriver?: ils étaient ivres pour la plupart. SMICRINÈS. —
Mauvais cela, très mauvais!
car c’est sans
crier gare qu’on leur tombe dessus, j'imagine.
d'or (34 5. philippes, cf. PI. Poen. 166 [nummi Philippi] sescenti, Mil. 1061, Bacch. 230, al.) et argenterie (ποτήρια = 155 τἀργυρώματα (cf. fr. 411]); coupes précieuses appelées simplement ἐκπώματα, Thphr. Car.
18. 7; cf. le magot du léno (Rud.
1313 ss. et voir p. 25)). S. les
citera dans le même ordre (84 s.), et ce n’est qu'après avoir entendu 5. contester le poids des coupes (cf. 406) que D., vexé, ajoutera aux articles initiaux le complément, moins important à ses yeux, des «manteaux»
(90). Le suppl. 34 ἱμάτια δ᾽ fait l’économie d’une corr., mais
l’aor. est meilleur et le texte obtenu moins satisfaisant. 1. Cette action n’est pas en contradiction avec 26. Comme les Thynes (p. 42), le gros des barbares ἃ abandonné la plaine pour les montagnes. Mais un parti lycien bien renseigné sur les Grecs attend son heure, dissimulé derrière une colline (cf. X. Cyr. 3. 3. 28).
2. La syntaxe de cette phrase s’éclaire si l’on voit que la question du v. 39 (cf. Tér. Hec. 143 quid deinde fit? Phorm. 121 quid fit denique?) a sa réponse à la fin du v. 47. Il en résulte que les mots οἷον εἶκός ne peuvent être l’incise habituelle («comme de juste», cf. Dém. 54. 6, 55. 23): ils font partie de l’énonciation principale (pour la constr. voir la n. crit. à 47). Il suffit de remplacer le te du v. 46 par un ve soulignant la circonstance intéressante, et l’on a un ensemble parfaitement cohérent. 3. La question de S. (39) marquait une certaine impatience. Va dans le même sens sa conjecture du v. 49: μοι δοκεῖ ne convient bien qu’à lui, non à D. qui a été informé par les survivants, cf. 60; par elle, S. prend la place du narrateur et l’invite à se presser; il est capable d'imaginer les détails (ἐπιπίπτουσιν: X. An. 6. 4. 24), il a hâte que D.
en vienne à l’essentiel.
ΑΣΠΙΣ
5
.…. ἀπο]πέμπει μ᾽ εἰς Ῥόδον κας«ί» τωι ξένωι φράζει κ]αταλιπεῖν ταῦτα πρός θ᾽ αὑτὸν πάλιν
..... ἀ]ναστρέφειν.: (ZM) Τί οὖν δὴ γίνεται;: (ΔΑ.) Ἐγὼ μὲν ἐξώρμων éwbev ἡ δ᾽ ἐγὼ ἀπῇρον ἡμέρᾳ λαθόντες τοὺς σκοποὺς τοὺς ἡμετέρους οἱ βάρβαροι λόφον τινὰ ἐπίπροσθ᾽ ἔχοντες ἔμενον, αὐτομόλων τινῶν πεπυσμένοι τὴν δύναμιν ἐσκεδασμένην. Ὡς δ᾽ ἐγένεθ᾽ ἑσπέρα κατὰ σκηνάς θ᾽ ἅπλν ἦν τὸ στρατόπεδον, ἔκ γε χώρας ἄφθονα ἅπαντ᾽ ἐχούσης, οἷον εἰκὸς γίνεται᾽
40
45
_Bpüalov οἱ πλεῖστοι.: (ZM.)
Πονηρόν γε σφόδρα": ἄφνω γὰρ ἐπιπίπτουσιν αὐτοῖς μοι δοκεῖ.:
48 (ἐβρύαζον) Priscian. Inst. gramm. 5. 193 Hertz βρυ«άζ»ειν Μένανδρος τὸ μεθύειν ἐν τῇ ᾿Ασπίδι, unde Romani ebrius dicunt = fr. 74; cf. Heliodor. 5. 16. 1 τοῦ πότου δὲ λαμπρῶς ἤδη βρυάζοντος 1: 49 (ἄφνω) Phot. α 3372 (Theodoridis).. καὶ Μένανδρος ᾿Ασπίδι καὶ ἐν ἄλλοις (Epitr. 275, Cith. 16 K.-Th.). Cf. 343 37 αὐτὸν suppleuerimus: ὄχλον Kasser-Austin || ἀποπέμπει Kassel (cf. 319): διαπέμπει Arnott, nos prius Il ξεινωι B 38 in. Kassel ἢ καταλιπεῖν B: -λιπόντ᾽ (αὐτὰ) Pieters. || Θ᾽ αὑτὸν Kassel: eavtov B defend. Pieters (uide adn. praeced.), Gronewald qui 39 in. αὖτις δ᾽ uel εὐθὺς δ᾽ suppl. 1 39 in. suppl. τάχιστ᾽ Α., ταχέως Sisti (cf. fr. com. adesp. 1014. 8 τα[χέ]ως δεῦρ᾽ ἀναστρέψας πάλιν [δ. à. x. et 1017. 21] ), ἐκεῖσ᾽ (i. e. δεῦρο in oratione recta) nos |} 44 πεπτυσμενοι B Il 46 γε nos (cf. Sam. 175 ἔν γε τοῖς νυνὶ λόγοις, Sic. 241 ὑπό γ᾽ ἐμοῦ et uide Ar. Pac. 658 πρός γε τοὺς θεωμένους, Soph. Tr. 801 ἔκ γε τῆσδε γῆς, 879 πρός γε πρᾶξιν, al.): τε B Il 47 γινεται B (defendit Sandbach Comm. liam ap. Austin II 9] interpretatus οἷον εἰκὸς [sc. γίνεσθαι) γίνεται [sc. τοιοῦτον]; alio sensu οἷον εἶκός [sc. ἐστιν] Sam. 76): πίνεται coniecerit Lloyd-Jones (οἶνος subintellegens) ἢ 48 rovnpov (prius o ex à corr., ut uid.) B Il 49 Smicrini continuat Gallavotti || apvo (φ ex v corr., ut uid.) B
6
LE BOUCLIER
ACTE I, sc. 1.
Daos. — .. (..…... lacune de 2 vers environ .....). On pouvait bien être vers le milieu de la nuit! et je montais la garde sur le butin et les esclaves, en faisant les cent pas devant la tente,
quand j'entends un tumulte, des gémissements, une course, des lamentations, des gens qui s’interpellent par leur nom: c’est de leur bouche, justement, que je tiens le récit de l’affaire. Par l'effet d’une bonne
fortune,
il y avait à cet en-
droit-là un petit mamelon, une position solide: c’est là, sur son sommet, que se faisait notre rassemblement général et qu’arrivait par vagues le flot de nos blessés — cavaliers, troupes d'élite, fantassins. SMICRINÈS. — Quelle chance pour toi d’avoir été alors envoyé en mission!
Daos. — Là, dès l’aube, nous établissions un retranchement et nous restions sur place. Quant à nos fourrageurs, dispersés pour lors dans les raids que j'ai dits?, ils ne cessaient de grossir nos rangs. Trois jours après, nous faisions
1. D. parti de bon matin, a été rejoint au milieu de la nuit par les rescapés du camp grec attaqué au tomber du jour. Du coup, sa mission n'a plus de raison d’être. Au vrai, elle n’avait d’autre but que d’éloigner D. momentanément afin de rendre sa méprise possible. 2. Que l’on restitue ἐκ τύχης ou εὐτυχῶς ἃ partir de la fa/sa lectio de B εκτυχῶς, ce qui importe c’est que l’action de Τύχη transparaisse dans le mot: quand elle n’est pas expressément nommée, le vocabulaire employé assure sa présence du début à la fin de la pièce (voir p. 29? et Notice p. ΧΧΙ s.). — Pour les choses militaires, X. apporte son contingent de parallèles; rassemblement sur une hauteur: 61 s. - An. 6. 3. 3 λόφον εἰς ὃν δέοι πάντας ἁλίζεσθαι, 6. 5. 28 ἐπὶ λόφου συνέστη; afflux des troupes sur un point: 62 “- 5. 2. 3 εἰς τοῦτο πάντες συνερρυήκεσαν, 6. 3. 6 καὶ ἀεὶ πλείονες συνέρρεον (pour ἑπέρρεον voir p. 42); construction d’une palissade: 65 - 6. 5. 1 (pour l'expression cf. Pol. 3. 105. 10). — Hypaspistes (63): sur ce corps d'élite voir E. Foulon, REA 98 (1996) 56 s.; les trois variétés de soldats cités, eu
égard à leurs capacités physiques, sont comme trois vagues successives d’arrivants. — D. a un ton passionné (vocabulaire [59 ὀδυρμόν]) et graphie [62 ἠθροιζόμεσθα)] tragiques): contraste saisissant avec 5. qui ne songe qu’à féliciter D. de sa chance. 3. Cf. 31 s. Pour une référence analogue, voir 134 après 129.
ΑΣΠΙΣ
6
(AA.).. ]..... [.... 1... uo.. φα.. [.. ].
sens
ΡΙ. 2
50
desunt 2 fere uersus
ἡ μνρνος 1: ].. υπί....]. ἐγω Ἰτα περὶ μέσας δ᾽ ἴσως 55 νύκτας φυλακ]ὴν τῶν χρημάτων ποούμενος τῶν τ᾽’ ἀνδραποδίων περιπατ[ῶ)ν ἔμπροσθε τῆς (55)
σκηνῆς ἀκούω θόρυβον οἰμω[γὴ]ν δρόμον ὀδυρμόν, ἀνακαλοῦντας αὑτοὺς ὀνόματι, ὧν καὶ τὸ πρᾶγμ᾽ ἤκουον.Ἐκ τύχης δέ τι λοφίδιον ἦν ἐνταῦθ᾽ ὀχυρόν᾽ πρὸς τοῦτ᾽ ἄνω ἠθροιζόμεσθα πάντες, οἱ δ᾽ ἐπέρρεον
60 (60)
ἱππεῖς, ὑπασπισταί, στρατιῶται τραύματα ἔχοντες. (ZM.) ‘As ὥνησ᾽ ἀποσταλεὶς τότε.: (ΔΑ.) Αὐτοῦ δ᾽ ἕωθεν χάρακα βαλόμενοί τινα épévopev' οἱ δὲ τότε «δι»εσκεδασμένοι ἐν ταῖς προνομαῖς αἷς εἶπον ἐπεγίνοντ᾽ dei ἡμῖν. Τετάρτηι δ᾽ ἡμέραι προήγομεν
65 (65)
59 (ἀνακαλοῦντας -) Cf. Heliodor. 1. 30. 1 καὶ ὀνομαστὶ (quod fort. corrigendum est) Θέρμουθιν ἀνεκάλει πολλάκις 50 summarum litt. uest., σ᾽ dub., temptauerunt oi] π[ο]λέμι[οι uel τὸ] π[ο]λεμι[κὸν Handley, oi] π[ο]λέμειροι uel Ἰπλειχιί Kasser, sed haec suppl. ad sensum (cf. Xen. An. 3. 5. 2), non ad uest. quadrant; tum ].p.. ὑσσεφασι Kasser (.... υσσεφασι iam Amott dub.) |! 51 post
u. 50 deesse duos uersus suspicantur Kasser-Turner || 54 fin. a dextra parte litterae ὦ, utrum unius litt. an pers. notae uest. parua sint incertum
[| 54 x{?
HN 55 τ mutil.
| 56 in. Kassel
ii 57 τ᾿ Kassel:
δ᾽ B
Il
58 σκηνῆς A.: -vas B Il 60 πραμ᾽ (y 8. 1. add.) B |! ἐκ τύχης Turner (cf. Plat. Phaedr. 265c, al.; idem mendum 281): ἐκτυχως B εὐτυχῶς A. (cf. 728, Dysc.400) ᾿] 61 τουθ᾽ B || 62 δεπορρεον B 1 64 ὠνησ: (punct. inf. eras., ut uid.) B 1] 65 βαλόμενοι Reeve: βαλλ- B, cf. 34 II 66 διεσκ- Kassel (ad 44 ἐσκεδασμένην / 66 διεσκ- Xen. H.G. 2. 1. 27 contulit Groton): δὴ post δὲ add. Amott prius cl. Denniston? 257, 259 11 67 ἐπεγίνοντ᾽ Sandbach: exœitiuovt” B || 68 δ᾽ A.: θ᾽ B | nuepai (ἴ add.) B || προήγομεν Sandbach: προσηγομεν B, idem mendum 163, 332, 354
7
LE BOUCLIER
ACTE I, sc. 1.
mouvement derechef, car nous avions appris que les Lyciens avaient emmené leurs prisonniers dans les villages du haut
pays!. SMICRINÈS. — Mais lui, il était tombé parmi les morts?
tu
l’as vu? D40S. — Impossible de l’identifier sûrement. Tu penses! il y avait trois grands jours qu’ils étaient là, gisant à l’abandon, ils avaient le visage tuméfié.
SMICRINÈS. — Alors, d’où vient ta certitude?? Daos.
——
Il était étendu
mort,
tenant
son
bouclier
fra-
cassé. C’est la raison pour laquelle, j’imagine, il ne s'était même pas trouvé un barbare pour le prendre. Quant à notre capitaine, notre excellent capitaine, il nous a interdit de pleurer
nos morts séparément: voyant que la collecte des ossements par groupes distincts serait une perte de temps, il les a fait réunir et incinérer tous en bloc. Et, après avoir expédié les
funérailles en toute hâte, il a levé le camp sans plus tarder’. Nous-mêmes, nous avons commencé à nous frayer passage jusqu’à Rhodes;
puis, après quelques jours de halte dans
cette île, nous faisions voile jusqu'ici. Voilà!
tu as entendu
mon récit au complet. SMICRINÈS. — Tu as là, dis-tu six cents pièces d’or? 1. D. livre en passant une information importante pour la suite (cf. 116), dont 5. n’a pas tort de s’alarmer aussitôt. — Qui a mis les Grecs au courant? Comment D. savait-il tout à l’heure que les Lyciens avaient été renseignés par des transfuges? De tels détails sont moins le fait du narrateur que celui de l’auteur omniscient. 2. Cf. PI. Epid. 208 qui tu scis? S. n’a pas plus de pitié pour les morts que pour les blessés (cf. 64). La seule chose qui l’intéresse à présent c’est de savoir comment CL a péri (19 s., cf. p. 55), et, s’il n’était pas possible de l'identifier normalement, de connaître les preuves de sa mort. La putréfaction a tôt fait de défigurer un cadavre: cf. Amm. Marc. 19. 9. 9 cadauera mox... fatiscunt ac diffluunt adeo ut nullius mortui facies post quatriduum agnoscatur (cité par Reeve ap. Austin Π 10); voir aussi X. An. 6. 4.9: au bout de quatre jours, il n’est plus possible de relever les cadavres. Le thème de la reconnaissance difficile des morts est posé par l’{liade, 7. 424 ἔνθα διαγνῶναι χαλεπῶς ἦν ἄνδρα ἕκαστον - Bouc. 71 5. 3. V. 75 συντετριμμένην: la ponctuation du témoin et la corr. qui en découle donnent un texte meilleur; l’état du bouclier est précisé
ΑΣΠΙΣ
7
πάλιν, πυθόμενοι τοὺς Λυκίους εἰς τὰς ἄνω κώμας ἀγεαγρεῖν oùs ἔλαβον.: (ΣΜ.) Ἐν δὲ τοῖς νεκροῖς 70 ᾿πεπτωκότ᾽ εἶδες τοῦτον;: (ΔΑ.) Αὐτὸν μὲν σαφῶς οὐκ ἦν ἐπιγνῶναι' τετάρτην ἡμέραν (70) ἐρριεμ»μένοι γὰρ ἦσαν ἐξωιδηκότες τὰ πρόσωπα.: (ΣΜ.) Πῶς οὖν οἶσθ᾽;: (ΔΑ.) Ἔχων τὴν ἀσπίδα ἔκειτο συντετριμμένην᾽ διό μοι δοκεῖ 75 οὐδ᾽ ἔλαβεν αὐτὴν οὐδὲ εἷς τῶν βαρβάρων.
Ὁ δ᾽ ἡγεμὼν ἡμῶν ὁ χρηστὸς καθ᾽ ἕνα μὲν κλάειν ἐκώλυσεν διατριβὴν ἐσομένην ὁρῶν ἑκάστοις ὀστολογῆσαι, συναγαγὼν πάντας δ᾽ ἀθρόους ἔκαυσε᾽ καὶ σπουδῇ πάνυ
(75)
80
θάψας ἀνέζευξ᾽ εὐθύς᾽ ἡμεῖς τ᾽ εἰς Ῥόδον διεπίπτομεν τὸ πρῶτον, εἶτ᾽ ἐκεῖ τινας
(80)
μείναντες ἡμέρας ἐπλέομεν ἐνθάδε. Ἀκήκοάς μου πάντα.: (ΣΜ.) Χρυσοῦς φὴς ἄγειν ᾿ἑξακοσίους;: 74 s. (ἔχων -- συντετριμμένην) Schol. Ar. Ach. 284 τῷ δὲ συντρίβειν καὶ Μένανδρος κέχρηται... καὶ ἐν τῇ ᾿Ασπίδι = fr. 72 70 ἀγαγεῖν Kassel: ayeiv Β, cf. ad 84 cf. ad 79, et ad rem uide Xen. H.G. 3. 584) Borgogno fort. recte || 75 ekeito (it sel (διόπερ Dysc. 55, 126, 805, Epitr.
Il οὖς A. (idem mendum 163, 2. 5): où B ὅσ᾽ (cf. Dysc. ex o corr.) B Il διό μοι Kas904 usurpauit Men., at δι]ὸ
suppl. possis δίς. 130 ): διεμοι B δέ μοι Sandbach (ante συντ- distincto contra test.) duce Handley qui δ᾽ ἐμοὶ scripsit (idem mendum 177, Dysc. 286, 337, 491) 1 76 οὐδ᾽ BF : οὐκ B“ Il οὐδε εἰς (ουδις ἃ. c.) B 11 77 ὃ δ᾽ Kassel: οὐδ᾽ B il 78 κλάειν scripsimus (cl. 232 κλαούσας):
κλαιεῖν Β καίειν uel κάειν Kassel, at cf. 1]. 7. 427 1] 79 ἑκάσ-
tous Kassel fort. recte (cf. ad 70), at ὀστολογῶ cum acc. parum testatum il 80 exavoe- B pot. qu. -σε: Il 83 ἐνθαδε: (sed punct. inf. del.) B |! 84 ἀγαγεῖν (ya del.) B
8
LE BOUCLIER
ACTE I, sc. 1.
Daos.— Mais oui. SMICRINÈS. — Et des coupes d’argent? Daos. — Il peut bien y en avoir un poids de quarante mines. SMICRINÈS. — Pas davantage!? Daos. — Héritier! SMICRINÈS. — Comment? Tu crois que mes questions, dis-moi,
n’ont
pas
d’autre
motif?
Par
reste du butin, il a été raflé? Daos. — La plus grande partie ou faite de ce que j’ai reçu à l’origine, en trant les coffres) Τὶ ÿ a là-dedans des mydes. (Désignant les captifs) Tu vois
Apollon!
Mais,
le
à peu près, exception mains propres. (Monmanteaux, des chlaici cette troupe? elle
fait partie du patrimoine. SMICRINÈS. — Je ne me soucie nullement de Plût au ciel que le malheureux fût encore en vie! Daos. — Plût au ciel! (Aux gens de sa suite) céans porter la douloureuse nouvelle à ceux qui jamais dû la recevoir. ({| se dirige vers la Chérestrate avec les captifs et les bagages.) SMICRINÈS.
—
tout cela! Entrons ici n'auraient maison de
Ensuite, je désire te voir, Daos,
de quelque chose, quand tu auras un moment2.
à propos
(À part) A
cette heure, je suis décidé, moi aussi, à rentrer chez moi, je
veux examiner comment on pourra s’y prendre le plus doucement (montrant la maison de son frère) avec les gens de cette maison. ({| rentre chez lui.) d'emblée, car c’est l’unique raison de sa présence sur le champ de bataille. Pour un guerrier reconnu à son bouclier cf. 11. 5. 182. — 78 κλάειν est défendu contre la séduisante corr. de Kassel par un souvenir possible (cf. p.42) de l’Iliade (7. 424 ss.): Priam, qui procède lui aussi à
une incinération collective, a proscrit de même toute plainte funèbre (424 [cité p. 72] - Boucl. 77 καθ᾽ Eva, 427 οὐδ᾽ εἴα κλαίειν Πρίαμος μέγας — 78). La hâte du capitaine a rendu l’erreur de D. irrémédiable. 1. 5. ajoute ici la méfiance (cf. 406) à la cupidité. Dans le texte de B, 86 5. est une agression gratuite de D., contraire à son caractère; avec la corr. de Kassel, il ne fait que se défendre.
2. ἐντυχεῖν = ἰδεῖν (Dysc. 236, Tondue 159 s.). — τι: cf. Dysc. 107 ἰδεῖν τί σε. — κατὰ σχ. = otiose (PI. Mil. 1221).
ΑΣΠΙΣ
8
(ΔΑ.) Ἔγωγε.: (ΣΜ.) Καὶ ποτήρια;: 85 (ΔΑ.) Ὁλκὴν ἴσως μνῶν τετταράκοντ᾽. (ΣΜ.) Οὐ πλείονος; (ΔΑ.)Κληρονόμε.: (ΣΜ.) Πῶς; οἴει «μ᾽» ἐρωτᾶν, εἰπέ μοι, (85)
διὰ τοῦτ᾽; Ἄπολλον᾽ τἄλλα δ᾽ ἡρπάσθη;: (ΔΑ.)
Σχεδὸν τὰ πλεῖστα, πλὴν ὧν ἔλαβον ἐξ ἀρχῆς ἐγώ" ἱμάτι᾽ ἔνεστ᾽ ἐνταῦθα, χλαμύδες᾽ τουτονὶ 90 τὸν ὄχλον ὁρᾶις οἰκεῖον. (ΣΜ.) Οὐθέν μοι μέλει
᾿τούτων᾽ ἐκεῖνος ὥφελε ζῆν.: (ΔΑ.)
Ὥφελε. Παράγωμεν εἴσω τὸν ταλαίπωρον λόγον ᾿ἀπαγγελοῦντες τοῦτον οἷς ἥκιστα xpñ.: (ΣΜ.) Εἴτ᾽ ἐντυχεῖν βουλήσομαί τι Aûé σοι κατὰ σχολήν. --- Νυνὶ δὲ καὐτός μοι δοκῶ εἴσω παριέναι σκεψόμενος τίν᾽ ἂν τρόπον τούτοις προσενεχθείη τις ἡμερώτατα.
(ϑ0)
95 (95)
86 -κοντα Β Il οὐ πλείονος; Smicrini tribuit Kassel (cll. 118, 406 s.; haud contra dicunt 153 ss.) obloquentibus multis frustra (ad uersus
87 uoc. solitarium κληρονόμε cf. Dysc.701, Sam. 457 5.) οἴει κτλ. distinguere malit Henrichs, cf. Dysc. 793 5. Il μ᾽ 88 τἄλλα δ᾽ ἡρπάσθη Dauo tribuerit J. Martin |! 90 ἵματια 1 91 οἰκεῖον. B I 91 5. οὐθέν -- ζῆν Smicrini tribuit Kassel, 192 Env (ξ in ζ corr.) B 1 93 ταλεπωρον B li 94 ἥκιστα Schmidt: nrkiota χρη Β ἥκιστ᾽ ἐχρῆν Sandbach (Comm. Misum.
}} 87 πῶς add. A. | eveon B cf. 172 5. χρῆν V. p. 70), cf.
650 et uide Austin II 12 (adde Alex. fr. 150.9 s.), at cf. etiam
Aesch. Ch. 907, 930, Soph. O. R.. 1184 s., Isocr. 2. 5 τοὺς μὲν ὑφ᾽ ὧν ἥκιστα χρῆν διεφθαρμένους (hunc loc. contulit Groton) Il 95 σοι Α.: σὺ Β, idem mendum 261 Il in m. d. novyn B significat uu. 96 ss. νυνὶ - ἡμερώτατα sese adloqui Smicrinem, cf. adn. ad 493 et uide ad rem Schol. Ar. Ran. 606 ἡσυχῆ δὲ ταῦτα λέγει H 96 -vovet B ἢ δοκῶ Kassel: δοκει B, uide ad 33, 213, 301 Ι] 97 σκεψάμενος coniecerit Sandbach adu. εἴσω de Chaerestrati domo interpretatus || τινα B
9
LE BOUCLIER
ACTE I, Prologue.
PROLOGUE.
LA DÉESSE FORTUNE (sortant de sa chapelle). — Oh! s’il s'était produit, pour les gens de cette maison, quelque chose de fâcheux, il ne serait pas convenable pour moi, une déesse,
de marcher sur leurs pas!. En fait, ils sont dans l’ignorance et dans l'erreur. Et (l’on) apprendra ce (qui est arrivé en me prêtant attention. Le soir fatal, le jeune homme qu'on croit mort était en compagnie 4) un autre mercenaire. Quand (le malheur eut fondu sur eux) avec l'offensive barbare, le trompette sonnait l’alarme sans désemparer et les soldats, (aussitôt), quittaient les tentes pour se porter à l’attaque en prenant chacun la première arme venue. Voilà comment
celui qui était alors auprès du jeune maître de cet esclave partait au combat
avec
le bouclier que
vous
avez
vu, et il
tombe sur-le-champ. Maïs, comme le bouclier gisait au milieu des morts, et que le jeune homme qui le portait avait le visage tuméfié, l’esclave s’est trompé du tout au tout’. Cléostrate, lui, est allé au combat avec d’autres armes que les siennes, et il a été fait prisonnier; mais il est vivant, et il
va revenir sain et sauf d’un moment à l’autre. Là-dessus, vous voilà donc suffisamment instruits. Quant au vieillard questionneur de tout à l’heure, il est par
sa naissance l’oncle paternel de Cléostrate;
mais, pour ce
qui est d’être mauvais, il bat tout le monde absolument. Ce misérable ne connaît ni parent ni ami; les laideurs de la vie, 1. Pour les questions relatives au prologue voir Notice p. ΧΙΧ ss. — F. joue sur le terrain des acteurs humains (cf. ἀκολουθεῖν): sa présence dément la sinistre nouvelle, les dieux fuient la proximité de la mort (E. Alc. 22). - τούτοις: Ch. et les siens, comme en 98. La répétition lie les
deux tirades entre lesquelles la scène est restée vide: cf. Dysc. 520 8. 522 (et la n. de Treu, Dysk., München 1960, p. 135). — Voir p. 19]. 2. Après une brève captatio benevolentiae (102 - Thphr. Car. 7. 2 ἂν ἀκούῃ μαθήσεται), F. commence par rétablir la vérité des faits, concernant l'attaque du camp. Les lacunes initiales n’affectent pas leur succession (offensive, alarme, ruée des soldats hors des cantonnements):
cf. X. An. 7. 4. 16;
Chion
3. 2. D'’ordinaire, les armes
sont déposées en un point du camp; cette fois, elles semblent avoir été quittées sous les tentes; d’où la facilité de l’échange.
ΑΣΠΙΣ
9
ΘΕΟΣ TYXH Ἀλλ᾽ εἰ μὲν ἦν τούτοις τι γεγονὸς δυσχερές, θεὸν οὖσαν οὐκ ἦν εἰκὸς ἀκολουθεῖν ἐμέ. 100 Νῦν δ᾽ ἀγνοοῦσι καὶ πλανῶνται" τοῦτο δὲ Ἰχων μαθήσεταίι (100) PL. 3 ὐὐρρμμννος desunt 2 fere uersus ιν μμμννννον . }ν... LIL II 105 £lévos ἄλλος ὡς. [.... Jrok.. [ ñ τ᾽ ἐπίθεσις τῶν βαρβάρων! ἐπέχων ἐσήμαιν᾽ ἐξεβοήθου[ν ὁπλιζόμενοι [τὸ] παρὸν ἕκαστος πλησίον’ (105) οὕτως ὁ μὲν παρὰ τῶι τροφίμωι τούτου τότε 110
ὧν ἐξεβοήθει τήνδ᾽ ἔχων τὴν ἀσπίδα, εὐθύς τε πίπτει" κειμένης δ᾽ ἐν τοῖς νεκροῖς τῆς ἀσπίδος τοῦ μειρακίου τ᾽ ὠιδηκότος οὗτος διημάρτηκεν. Ὁ δὲ Κλεόστρατος (110) ἐκεῖθεν ἑτέροις ἐκβοηθήσας ὅπλοις 115 γέγον᾽ αἰχμάλωτος, ζῇ δὲ καὶ σωθήσεται ὅσον οὐδέπω. Ταυτὶ μὲν οὖν μεμαθήκατε ἱκανῶς. Ὁ γέρων δ᾽ ὁ πάντ᾽ ἀνακρίνων ἀρτίως γένει μὲν αὐτῷ θεῖός ἐστι πρὸς πατρός, (115) πονηρίαι δὲ πάντας ἀνθρώπους ὅλως 120 ὑπερπέπαικεν᾽ οὗτος οὔτε συγγενῆ 116 5. Cf. Heliodor. 5. 16. 2 ὃ παῖς δὲ ὅσον οὐδέπω ὀφθήσεται Il 121 5. Cf. Heliodor. 1. 32. 4 οὕτως ἄρα λῃσταῖς καὶ ψυχῶν αὐτῶν ἐστι χρήματα προτιμότερα, καὶ τὸ φιλίας ὄνομα καὶ συγγενείας πρὸς ἕν τὸ κέρδος δρίζεται 99 ρη. B | yeyovoco Β per dittogr. Il 102 ὃ προσέ]χων multi Il 102 post hunc u. deesse duos uersus suspicantur Kasser-Turner, uide ad 51 |! 106 5[? supplere possis ὡς δί᾽ οὖν] τὸ κακ[ὸν αὐτοῖς ἐπέπε-
σεν ( οὖν et αὐτοῖς Gronewald qui ante ὡς dist. cl. Sam. 223: τὸ κακὸν Borgogno); ὡς δ᾽ äpix]to καὶ Handley (haud longius, Kasser) Il 107 fin. [ἐπεγένετο possis uel τὸ πολεμικόν cl. Theophr. Car. 25. 5 li 108 fin. τ᾿ αὐτίκα nos (αὐτίκα A.) il 109 τὸ suppl. Kassel Il
116 γέγον᾽ A.: yeyovev B I 121 οὗτος Page: ουτῶς B
10
LE BOUCLIER
ACTE I, Prologue.
il n’en ἃ nul souci: ce qu’il veut, c’est tout posséder, il n’a pas d’autre idée en tête. Et il vit en solitaire, avec une vieille
servante!. (Montrant la maison de Chérestrate) La demeure voisine,
où vient d’entrer le serviteur, c’est un frère de notre avare qui l’habite, un frère cadet: sa naissance en fait un parent de Cléostrate au même degré; mais, au moral, il est d’une
bonté parfaite, jeune fille, son ceau a confié expédition?, et
fort riche de unique enfant. sa sœur avant les deux jeunes
surcroît, marié et père d’une C’est à lui que notre jouvende prendre la mer pour son filles ont grandi comme deux
sœurs, aux côtés l’une de l’autre.
Je viens de faire allusion à la bonté? de cet autre oncle,
jugez vous-mêmes! Voyant que l’absence de son neveu se prolongeait outre mesure et que son patrimoine était des plus modestes, il se disposait à donner lui-même la jeune fille en mariage à un petit jeune homme, le fils de sa propre femme,
né d’une
première
union;
il lui faisait une
dot de
1. Portrait typique de S. éclairant son aparté (98) avant d’être mis en
action (sc. 2) sous l’aspect le plus sombre. Avare au suprême degré (124), S. est un πονηρός fieffé (120 s. - Antiphan. fr. 166 ἄνθρωπος ἀνυπέρβλητος εἰς πονηρίαν, adesp. 675 ὑπερδεδίσκηκας πονηρίᾳ πάντας), deux traits dont l’alliance naturelle (Diphile fr. 94; cf. Apollod. Gel. 3) a éteint en lui tout souci des convenances (123), tout sentiment amical et
familial (121 s.: cf., pour l'expression, Tér. Eun. 147 s. habeo hic neminem | neque amicum neque cognatum; pour les négations, Dysc. 328 ss.). — Par son mode de vie solitaire (125 - Dysc. 30 s., Aul. 23), S. se range avec ses homonymes
(sauf Sic.), avec Cnémon et Euclion (Smicrinès?),
parmi les descendants du monotropos (voir Dysc., p. ΧΧΧΙ), plus ou moins avares (y compris Epitr., Sic.) sinon πονηροί (Dysc. 388). 2. ἐκπλέων, leçon de B (cf. 3 ἐξορμώμενος), hapax ménandréen; ἔτι νέαν (F) «encore jeune» est une variante véritable: cf. 132 s., 298 s.;
mais voir Notice p. CIV n. 71. 3. La reprise de χρηστός par F., au moment où elle passe à l’examen de la situation qui découle du caractère des deux frères, accuse le trait. M. a traité plusieurs fois la question des différences entre frères, notamment dans les ᾿Αδελφοί α΄ (= PI. Stich.) et β΄ (= Tér. Ad.): ici, elle prend la forme d’une antithèse absolue, le cadet étant aussi bon que l'aîné est mauvais. — Pour la description de Ch. (129 s.) cf. le pro-
logue du Sicyonien (14 s. χρηστὸς σφόδρα | καὶ πλούσιος).
AZTIIE
οὔτε φίλον οἶδεν, οὐδὲ τῶν ἐν τῷ βίωι αἰσχρῶν πεφρόντικ᾽ οὐδέν, ἀλλὰ βούλεται F, p. 1" ἔχειν ἅπαντα᾽ τοῦτο γινώσκε᾽ι μόνον ᾿ καὶ ζῇ μονότροπος γραῦν ἔχων 'διάκονον.
10
(120) 125
Οὗ δ᾽’ εἰσελήλυθ᾽ ὁ "θερ᾽ άπων ἐν γειτόνων 5
10
ἀδελφὸς οἰκεῖ τοῦδε τοῦ φιλαργύρου νεώτερος, τ᾽ αὐτ᾽ὸν προσήκων κατὰ γένος τῶι μειρακίωι, χρηστὸς δὲ τῶι τρόπῳ πάνυ καὶ πλούσιος, γυναῖκ᾽ ἔχων καὶ παρθένου μιᾶς πατὴρ “ὦν"" ᾧ κατέλιπεν ἐκπλέων ὁ μειρακίσκος τὴν ἀδελφήν "σύντροφοι αὐταί ‘8’ ἑαυ ταῖς εἰσιν ἐκτεθραμμ'έναι.:
(125) 130
(129)
Ὧν δ᾽ "ὅπερ' ὑπεῖπα χρηστὸς οὗτο'ς, μακροτέραν ὁρῶν ἐκείνωι᾽ τὴν ἀποδημίαν "τά τε οἰκεῖα p'é"rp'i'a παντελῶς, τὴν παρθένον αὐτὸς συνοικίζειν νεαν"ΐίσκῳ τινὶ 15 ἔμελλεν, ὑῶι τῆς γυναικὸς "ἧς ἔχει expl. ἡ ἐξ ἀνδρὸς ἑτέρου, 'προῖκά τ᾽ ἐπε' δίδου δύο
135
(135)
122 οὔτε... οὐδὲ A.: οὐδε... ovte B It 124-139 habet F quoque (124126, 128, 131-139 mutilos suppl. B) 1! 124 fin. μόνον iam coniecerat Coppola 125 in. καὶ paene euanid. F I 126 in. οὐ paene euanid. F I! fin. ενγειτονωί (litt. ovæ paene euanid.) F eyyit- B (i. 6. ἐν y-) Il 127 ἀδ-
van Leeuwen, alii: ἀδελφὸς Koerte Il του (v add. 5. 1.) B Il 128 τ᾽ aurov B, τ... Ôv ΕἸ 129 δε B: te ΕἸ] 131 κατέ...εν F (iam disp. Koerte probante Vitelli) || ἐκπλεὼν B: en veav F I 132 μιρ- (ς add. s. I.) B ἢ αδελφήν: Ε, nulla interp. B |! 133 αὐταὶ F (teste Vitelli), sine accentu B: αὗταί edd. plerique Il ekt£@p- F: εἰστεθρ- B I| par. et dicolon B perperam ll 134 ὧν δ᾽ ὅπερ ὑπεῖπα Kassel (cf. 338): ὧν δ᾽ ὑπερ ὑπειπα B ὧν δ᾽ [....]1υ.εἴπα F teste Borgogno, ὧν δ᾽ [ὡς] προεῖπα (suppl. De Stefani) F testantibus Vitelli, aliis || οὗτοί in F iam disp. Coppola |! 137 avtos B: ovtos F teste Vitelli (dubitat Borgogno), uest. incerta || fin. νεανίᾳ τινὶ suppleuerat De Stefani || 138 γυναικὸς ἧς (o ex & corr.) B, supra litteram quae in F -κος sequitur asperum spiritum disp. Coppola; ad ἧς ἔχει (cf. 67) uide fr. com. adesp. 1000 (= P. Didot. D), u. 15 ἣν ἔχει, 1084 (= P. Antinoop. 15), u. 7 ubi lege ἀπὸ τῆϊς γυναικὸς (ὅσον) ἣν ἔχειν ἔδε[ι γέ με Hi 139 etépov-F, nulla interp. B 1! fin. (επε)διδου δυο B: δηλαδη (litt. nAa ualde detritae) in F disp. Vitelli falso
1
LE BOUCLIER
ACTE I, sc. 2.
deux talents. Et il allait célébrer la noce en ce jour!. Mais le coup qui s’est abattu aujourd’hui sur toute la maisonnée va
la mettre sens dessus dessous. Pour avoir entendu parler des six cents pièces d’or il y ἃ un instant, et pour avoir eu sous les yeux
esclaves
barbares,
bêtes
de
somme,
jeunes
ser-
vantes, le mauvais oncle que vous avez vu voudra devenir lui-même, de la jeune héritière, seigneur et maître, fort de ses droits d’aîné. Mais c’est en vain qu’il se donnera mille peines, mille tracas, et qu’il fera mieux connaître à toute la ville quelle sorte d’homme il est: il reviendra à son premier état. Il ne me reste plus qu’à indiquer mon nom: qui suis-je, moi qui, sur tout cela, ai plein pouvoir d’arbitrage et de direction? C’est moi Fortune’, (Elle rentre dans sa chapelle.) SCÈNE 2. SMICRINÈS (sortant de chez lui).
SMICRINÈS. — Pour éviter de me voir décerner un brevet
d’avarice, je n’ai pas vérifié* la somme qu’il apporte en bel et bon or, ni le nombre des pièces d’argenterie, je n’ai exigé aucun compte: sans faire aucune difficulté, j’ai laissé porter le magot (montrant la maison de Chérestrate) dans cette demeure. C’est qu’ils ont l’habitude de me dénigrer à tout bout de champ. Aussi bien le compte exact se retrouvera-t-il tant que les porteurs seront des esclaves. J’ai dans l’idée 1. L'exemple de bonté donné par F. constitue le dernier antécédent de l’action qu'elle a mission de révéler. Devenu ipso facto chef du génos (131, 298), Ch., en qualité d’ ἐπίτροπος, a décidé de marier sa nièce (137, 298, cf. 10, adesp. 1007. 6) à son beau-fils, en la dotant
généreusement (139 s. - 274 s., voir p. 202). Le mariage doit avoir lieu le jour même (140 5. - Aul. 288 5. nuptias...hodie facier). On saura plus tard que Chéréas ἃ demandé sa main (294 ss.).. 2. Élément du train d'un mercenaire retour de campagne
(Sic. 394
s., 411) complétant la description du butin. 3. Agnoia (Tondue 141), Pan (Dysc. 12) se nomment plus tôt. — Cf. adesp. 883 (μόνη διοικεῖν ... ἅπαντα βούλεται), Tér. Eun. 1046. 4. Le défiant de Théophraste porte lui-même son argent, il ne cesse de vérifier son compte (Car. 18. 3 ἀριθμεῖν πόσον ἐστίν).
ΑΣΠΙΣ
11
τάλαντα' καὶ ποιεῖν ἔμελλε τοὺς γάμους 140 νυνί. Ταραχὴν δὲ τοῦτο πᾶσιν ἐμπεσὸν τὸ νῦν παρέξει πρᾶγμα᾽ τοὺς ἑξακοσίους χρυσοῦς ἀκούσας οὑτοσὶ γὰρ ἀρτίως ὁ πονηρός, οἰκέτας τε βαρβάρους ἰδών, (140) σκευοφόρα, παιδίσκας, ἐπικλήρου τῆς κόρης 145 οὔσης κρατεῖν βουλήσετ᾽ αὐτὸς τῶι χρόνωι προέχων. Μάτην δὲ πράγμαθ᾽ αὑτῷ καὶ πόνους πολλοὺς παρασχών, γνωριμώτερόν τε τοῖς F, ρ.1 πᾶ[σ]ιν ποήσα'ς αὑτὸν οἷός ἐστ᾽ ἀνὴρ (145) 18 ἐπάνεισιν ἐπ΄ὶ τ᾽ ἀρχαῖα. A'o'ur'à'v τοὔνομα 150 ΡΙ. 4 το]ὐμὸν φράσαι: τίς εἰμι, πάντων κυρία
“τούτων βραβεῦσαι καὶ διοικῆσαι; Τύχη: ZMIKP/ Ἵνα μή τις εἴπῃ μ᾽ ὅτι φιλάργυρος σ᾽ φόδρα, οὐκ ἐξετάσας πόσον éar ὃ φέρει χρ᾽ υσίον (150) οὐδ᾽ ὁπόσα τἀργυρ᾽ ὠματ᾽, οὐδ᾽ ἀριθμὸν λαβὼν 155 οὐδενός, éroi'p'u's εἰσενεγκ' εἶν ἐνθάδε
25
εἴασα" β' α'σκαίνειν γὰρ εἰώθασ' ί με ἐπὶ παντί᾽ τὸ γὰρ ἀκριβὲς εὑρεθή'σετ᾽αι ἕως ἂν οἱ φέροντες ὦσιν οἰκέτ' αι.
(155)
152 Cf. Alciphr. 2. 4. 2 τὸ ζῆν... ὑπὸ τῇ τύχῃ βραβεύεται; Heliodor. 7. 6. 4 εἴτε τι δαιμόνιον εἴτε τύχη τις τἀνθρώπεια βραβεύουσα 140-148 πος nouem uersus habet B, lacunam autem duodecim uersuum F, unde codicis B textum contraxisse librarium uersusque aliquot deesse suspicatus est Amott (cil. Sam. 778-783 in B om.), probante Sisti (p. 81-82), at sensu nihil caret, nulla certa refectionis signa (uide
Notice p. CV) } 141 eurecov B Il 143 axovoac: B Il 148 γνωριμοτερον B | 149-164
habet F quoque
(149-150
in., 158-159 ex. mutilos in F
suppl. B; suppl. F 150 [ἐπὶ —], 153-157 lacunosos in B, qui 151-152 hiat) 1} 149 s. παί et ]x ualde mutil. B Ii 149 ἐστι B il 150 ἐπι F: εἐπείι B qui tum nihil nisi saummarum litt. minuta uest. praebet ll 151 τίς εἶμι, πάντων κτλ. dist. R. H. Martin I! 152 par. et dicolon F, hiat B Il τυχηι F 1 153 p. n. F%, hiat B || 154 πόσον ἐστὶν Koerte Wilamowitz: ὁπόσον ἐσθ᾽ F, hiat Β || 158 fin. imarum litt. noet uest. minuta in B
12
LE BOUCLIER
ACTE I, sc. 3.
que, de leur plein gré, ils s’en tiendront à la loi et au droit; sinon, on ne les laissera pas faire. Pour ce qui est de la noce qui se prépare, je veux les avertir d’y renoncer. Sans doute est-il choquant déjà d’en faire mention: on ne s’occupe pas de noce le jour où vous arrive une telle nouvelle. Tout de même, frappons au moins à leur porte et appelons Daos: c’est bien le seul qui me prêtera attention!. (/{ se dirige vers la porte de Chérestrate.)
SCÈNE 3. SMICRINÈS, DAOS (sortant de chez Chérestrate).
DaAos (continuant de parler aux femmes de la maison). —
Votre conduite, certes, est grandement
excusable;
mais,
dans la mesure du possible, faites de votre mieux pour supporter le choc avec des sentiments humains. SMICRINÈS. — C’est toi que je suis venu voir, Daos.
Daos. — Moi?? SMICRINÈS. — Oui, par Zeus! ce n’était que justice — que ton ce monde pour administrer ces mort lui eût donné plein pouvoir
Ah! oui, plût au ciel — et pauvre maître fût encore de biens-là, et que ma propre sur tous les miens, confor-
mément aux loisÿ. Daos. — Plût au ciel! Eh bien alors?
1. 12 se lie à 96-98 par-delà le prologue: le monologue confirme les dires de F. et les soupçons du public. Le veto au mariage révèle que, malgré ses protestations (87 s., 91 s.), 5. veut hériter, donc revendiquer l'épiclère (145-7). Cupide mais soucieux du qu’en dira-t-on, il parle à un esclave plus volontiers qu'à ses parents (Car. 4. 5). — 157s.: γάρ' explique l'absence de contrôle, γάρ la justifie en ellemême: aucun risque, des esclaves avoueraient sous la torture; raison valable pour les hommes
libres (οὖν:
Denniston? 470
s.). —
160 s.:
Dém. 16. 14 &. τοῖς δικαίοις, PI. Epid. 292 iura.… et leges. 2. Entrée en scène
non
motivée
(Frost 24!). On
l'aurait attendue
provoquée, même si D. oublie que 5. est là pour lui (171, cf. 95 s.). M. a-t-il voulu montrer D. attentif à autrui quand 5. ne songe qu’à ses intérêts? — ἀνθρωπίνως: fr. 650, Mis. 703 5. 3. οὖν renvoie à leur entretien de la sc. 1 et, plus précisément, au
ΑΣΠΙΣ
12
Οἷμαι μὲν οὖν ἑκόντας αὐτοὺς τοῖς νόμοις 160 καὶ τοῖς δικαίοις ἐμμενεῖν᾽ ἐὰν δὲ μή, 30 οὐθεὶς ἐπιτρέψει. Τοὺς δὲ γινομένους γάμους τούτους προειπεῖν βούλομ᾽ αὐτοῖς μὴ moeiv' expl. "ἴσως μὲν ἄτοπον καὶ λέγειν᾽ οὐκ ἐν γάμοις (160) ἐστὶν γὰρ ἥκοντος τοιούτου νῦν λόγου. 165 “Ὅμως δὲ τὴν θύραν γε κόψας ἐκκαλῶ “τὸν Aüov' οὗτος γὰρ προσέξει μοι μόνος.: ΔΑΟΣ Πολλὴ μὲν ὑμῖν ταῦτα συγγνώμη ποιεῖν, ἐκ τῶν δ᾽ ἐνόντων ὡς μάλιστα δεῖ φέρειν (165) ἀνθρωπίνως τὸ συμβεβηκός.: ΣΜΙΚΡΙ Πρός σ᾽ ἐγὼ 10 “πάρειμι, Δᾶε.: (ΔΑ. Πρὸς ἐμέ;: (ΣΜ.) Ναὶ μὰ τὸν Δία. Ὥφελε μὲν οὖν ἐκεῖνος, ὃν δίκαιον ἦν, ζῆν καὶ διοικεῖν ταῦτα, καὶ τεθνηκότος inc. O ἐμο᾽ ὃ γενέσθαι τῶν ἐμῶν κατὰ τοὺς "νόμους (170) κύριος ἁπάντων.: ΔΑ(ΟΣ) Ὥφελεν ᾿ τί οὖν;: 169 (ἐκ τῶν... ἐνόντων) Cf. Heliodor. 7. 21. 5 = 9. 3. 6 160 ἐκοντας αὐτους Β: αὐτοὺς ἑκόντας F Il 162 ουθεις Β: οὐυδεις Fil ἐπιστρ-, yeiv- B ᾿| 163 τούτους F: toutou Β, uide ad 70 || προειπεὶν F: προσεῖπειῖιν B Il βούλομ᾽ auto F: βουλομαι B I ποειν’ F: ποιεῖν B (nulla interp.) || 164 γαμοις’ B qui post λέγειν non dist., nulla interp. in F neque post γάμοις neque post λέγειν Il 165 ἐστιν B: εἰσὶν Winnington-Ingram Henrichs (cf. Plat. Phaed. 59a,
al. et uide L. 5.13.5... ἐν A II 1 ), at cf. Lys. 12. 74 où περὶ πολιτείας ὑμῖν ἔσται ἀλλὰ περὶ σωτηρίας («tournure peu fréquente et qui appartient plutôt au style de la conversation» adnotat Bodin, Extr. des Orat. att.
ad loc.) 1 168 p. n. B% Il συνγν- B 1 170 p. ἡ. in u. 171 m. s. B !l 174-236 (excepto 193 om.) habet O quoque (174-197, 203-236 mutilos suppl. B; 199 de laeua parte [0] O mutil. suppl. B, de media [αἰπρα] B mutil. suppl. O; 200 de laeua frœiva] B mutil. suppl. O; 201 de laeua [ὦ.Ε] B mutil. suppl. O, de dextra O mutil. suppl. Β; 202 in. et ex. Ὁ mutil. suppl. B, de
laeua {iv} B mutil. suppl. O Il 174 ante ἢ. u. numerum fifi= 142 habet O m. sup. Il 275 κυριος (1 add. s. L.) B ll ἀπαντῶν B, Or: πάντων δ᾽ Ox1 dicolon ante ὥφελεν et post οὖν habent ΒΟ ἢ p. n. δὰ supra ὥφελεν O
13
LE BOUCLIER
ACTE I, sc. 3.
SMICRINÈS. — Alors? Je suis l’aîné de la famille. Voir mes droits bafoués et mon frère chercher constamment un avantage à mes dépens, c’est ce que je supporte!. Daos. —
Voilà qui, de ta part, est raisonnable.
SMICRINÈS. — Mais, mon bon ami, il ne reste aucunement dans la juste mesure, il me prend tout à fait pour quelque esclave né dans notre maison ou pour quelque bâtard, lui qui, en ce jour, faisait des préparatifs de noce et donnait la jeune fille à je ne sais qui, sans m’en avoir référé, sans m’avoir demandé mon avis. Et pourtant, ses titres de parenté ne sont pas supérieurs aux miens, il est son oncle, ni plus ni moins que moÿ. DAos. —- Eh bien! et après? SMICRINÈS.
—
J’enrage
de
voir
tout
ce
train-là.
Mais,
puisqu'il se comporte en étranger à mon égard, c’est ce que je vais faire avec lui. (Montrant la maison
Mon
de Chérestrate)
bien, je ne vais pas l’abandonner à ceux d’ici pour
v. 92, où 5. exprimait tardivement le même regret (ἐκεῖνος ὥφελε ζῆν). Pour l'emploi de μὲν οὖν cf. 160: ici, le membre δέ, que laisse attendre μέν, n’est pas formulé par δ. mais il est facile à imaginer: c’est, comme le suggère Groton (p. 136), la question de ses «droits légaux», centrale pour lui. — ταῦτα: les richesses que D. a ramenées de Lycie. — τεθνηκότος ἐμοῦ: S. se place dans l’hypothèse où CL. aurait été son fils adoptif: c'était un moyen de déshériter son frère, qu'il envisage, en guise de préparation, avant d'aborder celui, plus lucratif, que lui donne la mort de CI. 1. πρεσβύτατός εἶμι τ. y.: 176 - 146 s. 5. ne déclare pas aussitôt ses intentions matrimoniales. L’hypocrite veut se donner le beau rôle en les présentant comme une décision motivée par le comportement de Ch. Pour l’occasion, S. désigne son «frère» au lieu de recourir à sa manière allusive (3° pl. ou pron., 98, 163, 188).
2. D. croit-il à cette accusation de brimades forgée pour les besoins de la cause? Sans se compromettre, il félicite S. ironiquement d’une patience conforme à ce qu’attend le peuple qui réprouve «non seulement ceux qui commettent des injustices, mais ceux qui ne peuvent supporter, de la part de leurs proches, la moindre atteinte à leurs droits» (Lys. 32. 1, trad. M. Bizos).
3. Le rapport de parenté, précisé d’abord par la déesse-prologue (119, 128), est réaffirmé ici par S. avant de l’être par D. (360). S. est de mau-
vaise foi quand il s’en autorise pour reprocher à Ch. de ne pas l’avoir consulté: c'est oublier qu’il a décidé ce mariage avant le retour de D., à
AZTIIE
13
(ΣΜ.)
Τί γάρ; 175 Πρεσ' βύτατός εἰμι τοῦ γέν'ους" ἀδικούμενος ἀεί τε πλεονεκτοῦντα τὸν ἀδελφόν τί μ'ου ᾿ὁρῶν' ἀνέχομαι.: ΔΑ(ΟΣ) Νοῦν éxes.: (ΣΜ.)
Ἀλλ᾽, ὦ' γαθέ,
οὐδ' ἐεν» μετριάζει, νενόμικεν δὲ παν' τελῶς (175) οἰκ' ὀτριβά μ᾽ ἢ νόθον τιν᾽, δ᾽ς vuv'i γάμους 180 érro'ie διδ' οὺς οὐκ οἶδ᾽ ὅτωι «τὴν» παρθένον, οὐκ ἐ᾽ παν' ενεγκών, οὐκ ἐρωτήσας ἐμέ, ἐ μ' οἱ προσήκων ταὐτό, θεῖος ὧν ὅπερ ᾿κἀγώ.:
(ΔΑ.) (ΣΜ.)
Τί οὖνν δή;: Πάντα ταῦτ᾽ ὀ' ργί'ζομαι δ' ρῶν. Ἐπειδὴ δ᾽ ἐστὶν ἀλλοτρίως ἔχων πρὸς ἐμέ, ποήσω "ταῦτ᾽ ἐγώ᾽ τὴν οὐσ΄ ἴα'ν οὐχὶ κατ᾽ αλεί' ψω “τ'ἡν ép'nv' διαρπάσαι
(180) 185
179 s. Cf. Ach. Tat. 6. 16. 4 μή με νομίσῃς ἀνδράποδον εἶναι 177 ἀεί A.: ae Β hiat Ο, an aie? Cf. ad 194 I πλεονεκτουντα B: πλεονεκτοντα O (suprascripto πλεονεκουντα) || ti μου Handley Reeve: τ᾽ ἐμοῦ B (uide ad 75) «μί O γ᾽ ἐμοῦ A. prius il 178 dicoton ante νοῦν ΒΟ, post ἔχεις B (punct. simplex ΟΣ I! p. n. δὰ supra vouv O1 νοῦν ἔχεις; dist. Amott parum recte || 179 οὐδὲν West (cf. 263): οὐδε ΒΟ (cf. Dysc. 314, 962) Il μετριάζει O (iam A.): μετριαζι ue-B 1180 οικίοτριβα O: οικότριδα B Il μ᾽ ἢ νόθον τὶν[.]ς O (iam LloydJones): μήνοθεντινος B Il 181 τὴν add. A. 1! 183 tavt’ o B, cf. 184 ravt’opy- li huius u. de dextra parte uest. in O 77..η.ἡ{ ad B non quadrant, uide ad 186, 233 Ii 184 dicolon post δή B: om. O Il tavt’ o- B: .tfalof (ie. {tlavra in ταῦτ corr.) O qui post π et ante ta legi nequit,
charta detrita ἢ 185 ene1ôn O (qui post δ᾽ legi nequit): επιδη B Il 186 ronco B: ποιήσω O Il ταῦτ᾽ A.: taut’ B ταῦτ᾽ Del Como, nos prius (cl. Dysc. 727 ss.), at uide Asclepiad. in A.P. 5. 164. 3 ταῦτα παθοῦσα (ubi ταῦτα defendit Wil. [ungleich kräftiger], ταὐτὰ corr. Salmas.) }} £yw post οὐσίαν habere uidetur O cuius uest. (post ποιno) ad B non quadrant, uide ad 183, 233 N 187 κατ[αλείψω (legitur accentus) O ut uid.: καταλιψὼω B
14
LE BOUCLIER
ACTE Ï, sc. 3.
qu'ils le mettent au pillage, pour ça non!! Comme certaines personnes de ma connaissance? me le conseillent, je vais prendre cette jeune fille pour épouse. Après tout, la loi me semble tenir à peu près ce langage, Daos. Ainsi donc, la façon correcte dont vous pourriez agir en cette affaire, tu devrais t’en soucier toi aussi: tu n’es pas un étranger. DaAos. — Smicrinès, il me semble un chef-d'œuvre de réflexion, ce mot: «Connais-toi toi-même». Laisse-moi m'y tenir, et tous les points sur lesquels il faut s’en référer à un domestique sans faute et sans reproche, soumets-les moi,
demande-moi des comptes à leur sujet? (....… ). SMICRINÈS. — Que tu es donc réservé! Daos. — Mais si c’est au sujet de ce qui t’appartient que
tu me demandes des comptes, tu peux aussi bien soumettre à un interrogatoire complet les servantes et les esclaves en compagnie desquels j’ai reçu l'or. Il y a des scellés sur le coffre; tous les contrats que Cléostrate a passés avec des
un moment où, en tant que tuteur, il avait pouvoir légal de le faire (p. 11!). — 5. ignore-t-il qui est le fiancé, comme il a l’air de le prétendre? En fait, il pose une question de principe pour laquelle l'identité du fiancé importe peu (cf. Eschine 3. 172 συνῴκισε τὴν μὲν ἑτέρων ὅτῳ δήποτε). On ne peut s'appuyer, en tout cas, ni sur Χαιρέας ὁδί (268, cf. Fab. inc.30 Λάχης ὁδί) ni sur 121 5. (à prendre au fig.) pour démontrer qu'il ne connaît même pas Chéréas, le pluriel de 216 (τούτων τινά) semble prouver le contraire. — 179 οὐδέν recommandé par 263 (cf. Sam. 599 - 722 et p. 29!); νενόμικεν: adesp. 1017. 41. — 180 οἰκότριβα injurieux (voir Sandbach à δίς. 78). — 184 τί οὖν δή: 39, adesp. 1093. 79. 1. 186 = ἔσομαι ἀλλοτρίως ἔχων πρὸς σέ (contra: Dysc. 241 ss., Stich. 43 ss.): son mariage n’est pas accaparement d’héritage mais moyen d'empêcher des parents indignes d'hériter de sa propre fortune. — 187 διαρπάσαι: Dém. 27. 7 τὰ ἡμέτερα διηρπάκασιν. 2. γνωρίμων = les noti et amici, Pseud. 127, Aul. 475, al. 5. n’a pu se concerter avec eux. 115 lui ont conseillé de se marier (cf. Mil. 1119), la loi lui permet de suivre ce conseil en remplissant son but
inavoué. —
192 in.: Dém. 46. 23. —
193 in.: Tér. Phorm. 545.
3. Sur la célébrité du mot delphique cf. fr. 215, Philém. fr. 139 (τὸ
ῥῆμα τοῦτο); son utilité vantée par une sentence monostique (Test.): se connaître soi-même n'est-ce pas être au courant de sa situation et savoir ce qu’on doit faire (Coneiaz. fr. 1)? Contra:
fr. 203 (il est plus
ΑΣΠΙΣ
14
τ' ούτοις, 'ôn'e'p δὲ᾽ καὶ παραινοῦ" σίν rives τ᾽ ὧν γνωρίμων μοι, λή' ψ'ομ'αι τὴν παρθένον (185) γυναῖκα ταύτην᾽ καὶ γὰρ ὁ νόμος μοι δοκεῖ 190 οὕτω λέγειν πως, Δᾶε. Ταῦτ᾽ οὖν ὃν τρόπον π᾿ράτ' τοιτ᾽ ἂν ὀ' ρ' θῶ'ς, καὶ σὲ "φ᾽ ρο'ντίζειν ἔδει᾽ οὐκ ἀλλότριος «εἶ».: ΔΑΟΣ Σμικρίνη, πάνυ μοι δοκεῖ τὸ" ῥῆμα τοῦτ᾽ εἶναί τι μ'ἐμεριμνημένον, (190) τὸ γνῶ!θι' σαυτόν " épu'é' ve‘ iv τούτωι μ᾽ ἔα, 195 ὅσα τ᾽ oixérn't δεῖ μὴ π᾿ ονηρ'ῶι ταῦτ᾽ ἐμοὶ ἀνάφερε κα΄ὶ' τ᾽ ούτων᾽ παρ᾽ ἐμοῦ ζήτει λόγον᾽ xl. (JE: (ΣΜ.) Ὡς [ὑπ]εστάληϊίς ἄρα. (193a)
[AAOJE
PL 5 Σῶν δ᾽ εἴ με δο[ῦν]αἱ πρα[γμάτων βούλει λόγον, π' ἂν τὰς θεραπαίνας "ἔστιν ἀνακρίνειν τά τε (195)
σώματ᾽ α μεθ᾽ ὧ[ν] ἐλάμβ' ανον τὸ χρυσίον: σ΄ ημεῖ" ἔπεστιν’ [ὅσα σ] υνήλλαξέν τισιν»
201
194 ς. Cf. Sent. mon. 762 Jaekel τὸ γνῶθι σαυτὸν πᾶσι χρήσιμον πέλει 189 ληψομαι Β: λήμ[ψ]ομίαι O Il 190 ταῦτην (sic!) O: τ᾽ αὐτὴν Β Il 192 ορθος Β, οἹ]ρίθωϊς (ς om. sed add. 5. 1.) O qui post (πρα)τ et ante p uest. incerta habet Il 193 om. Ο Il εἶ add. Sandbach (cf. Dysc. 238 s.) Il p.n.
supra out scripta, cf. 18 | 194 tout’ B: τοῦτο O 1 εἶναι O ( iam Kassel): eve B, cf. ad 323 li 195. ὦ [.] O (quod ad γνῶθι quadrat): γνωθει B 1! 196 τ᾽ B: δ᾽ O Ι οἰκετηι (ι add.) B, οἰκετηί O Il 197 avépepe: O (alt. € interi.), nulla interp. B ἢ 198 hic u. in ima codicis B scheda periit Il }é.:© (dicoli punct. inf. periit) uel Ἰέγω (y, τ, 0?) O Il Lit. ς[ mutila ll Ἰεστάληίς uel JeotéA{n]ç 1 199 p. n. O", in B" periit || σῶν (mutil.) O: σον B il δ᾽ ει B, O (diastolè dub.) | με Ὁ (iam Kassel): μαι B Il δοί B qui tum hiat, δί...Ἰαιπαί (supra αἱ scr. p; à, p mutil.) i. e. rpal Ο 1] 200 παντας B ai.].tas O || Gepa[..….]s ἐστι (litterae post lac. mutil.) B θεραπαῖνα [0 qui tum hiat || ἀνακρίνειν nos (cf. 118), ἀνερωτᾶν malit Austin, at ad
syntaxin cf. Lucian. Cat. 11, Sat. 9 πολλά με ἀνακρίνεις, al. || 201 μεθ᾽ ὦ ελάβι (μ superscripto) O μεθ Ἰαμβανοντοχί (6 mutil., oy[ est. tenuissima) B | 202 ἐπεστί...... Ἰυν- B: ]ἐστιν..... { (post ἔστιν uest. incerta) O qui tum hiat; post ἔστιν litteras (συν dispicere sibi uidetur Handley, lectionem parum certam; spatium 3 litterarum, non unius, ante συνήλλ- in B, ὅσα coniecit Del Como || -ηλλαξεν (a add.) Β || τισῖ B
15
LE BOUCLIER
ACTE !, sc. 3.
gens pendant qu'il était à l'étranger, je suis en mesure de les expliquer, moi. Ces choses-là, si l’on m’y invite, je les indiquerai en détail, lieux, circonstances, témoins. Quant aux
histoires
d’héritage,
Smicrinès,
ou
bien,
par
Zeus!
de
mariage d’héritière, de naissance, différence de parenté!, ne
mêlez plus Daos à cela! Les affaires d'hommes libres, traitezles vous-mêmes, c’est à vous qu’un tel soin conviendra. SMICRINÈS. — Trouves-tu dans ma conduite, de grâce,
quelque chose à reprendre?? DAoS. — Je suis Phrygien. Bien des choses qui sont belles chez vous me paraissent, à moi, abominables, et viceversa. À quoi bon te préoccuper de mes avis? Ton jugement, à toi, est meilleur que le mien, naturellement’.
SMICRINES. — En ce moment, tu m'as l’air de dire grosso modo: «Ne me donne pas du tracas!», c’est à peu près ça. Compris! Il me faudra voir quelqu'un de la maison, et, pour cela, me
rendre
à la place
du marché,
s’il n’y a personne
céans{. Daos.— Non, personne. (Smicrinès sort par la droite.) Ô
utile
de connaître
les autres).
Maxime
souvent
citée,
mais
souvent
détournée de son sens («Rappelle-toi que tu es mortel»). D. la prend au
sens
de:
«Rappelle-toi
ta condition
d’esclave»
(cf.
196).
Et
il
demande à n’être interrogé que sur les points concernant ses rapports avec son ancien maître. -196 μὴ πονηρῷ: cf. PL Pseud. 460. S. espérait p. ὃ. que D. se comporterait envers lui comme envers un nouveau maître (192 5., cf. 214 s.). — 198-202: Malgré l'apport de Ο, le texte de 198-202 reste en partie conjectural. — 202 σημεῖα: cf. 366, adesp. 1084. 34 σημανοῦμαι δ᾽ αὔτ᾽ ἐγώ, Epid. 308 ex occluso atque obsignato armario, Thphr. Car. 18. 4 σεσήμανται τὸ κυλικεῖον. 1. Allusion à la procédure d’épidicasie (Beauchet 1 439) cf. Tér. Phorm. 129ss. qui fuerit pater, | quae mater, qui cognata tibi sit, omnia haec | confingam. 2. ἀγνωμονεῖν (O) «agir sans réflexion», vraie variante. 3. 211: cf. 248 et p. 182. — 213 s.: PI. Epid. 261 s. plus sapitis. 4. 215 ὁμοῦ τι: voir V. Schmidt ap. Austin EE 21 et cf. fr. 760a (ὁμοῦ τι Meineke). —
toioutôtporov:
τούτων τινά: voir p. 13.
Thcd. 2. 8. 3, 2. 13. 4; αἱ. --
ΑΣΠΙῚΣ
15
ἐκεῖνος ἀποδημῶ᾽ν, ἔχω φράζειν ἐγώ᾽ ταῦτ᾽, ἂν κελεύηι τίς με, δείξω καθ᾽ ἕν, δ'που,
πῶς, τοῦ" παρόντος᾽ περὶ δὲ κλήρου, Σ' μικρίνη, 205 ἢ νὴ AT ἐπικλ'ή'ρου γάμων τε καὶ γένους (201) καὶ" διαφορᾶς "οἰκειότητος μηκέτι Δᾶον' ἄγετ᾽ εἰς μέσον, τὰ τῶν ἐλευθέρων αὐτοὶ δ' ἐ πρά' τ᾽ τεθ’ οἷς τὸ τοιοῦτον ἁρμόσειι.: ΣΜΊ]ΊΙΚΡΙ Δοκῶ' δέ σοί τι, πρὸς θεῶν, ἁμαρτάνειν; : 210 (ΔΑ. )Φρύξ εἰμι’ πολλὰ τῶν παρ᾽ ὑμῖν" φαίνεται (206) καλῶν ἐμοὶ πάνδεινα καὶ τοὐναντίον τούτων. Τί προσέχειν δεῖ σ᾽ ἐμοί; Φ' ρονεῖ"ς᾽ ἐμοῦ βέλτιον ei κό' τως: σ'ύ.
ΣΜΙ
Nuvi por δοκεῖς λέγειν δ' μοῦ τι τοιουτό' τροπόν ônréov' ἂν εἴη εἰ μή τις" ἔνδον
ΔΑΟΣ
«μὴ "mép'exé μοι mpéypara» 215 τι. Μανθάνω. Τούτων τινὰ (211) πρὸς ἀγορὰν ἐλθόντι po'i, ἐστίν. ": Οὐδείς. - Ὦ Τύχη,
203 5. dist. alii aliter, post ἐγώ Arnott, nos suadente Oguse cl. Dem. 19. 139 φράσω πρὸς ὑμᾶς ἐγώ || 204 ante ἢ. u. numerum pjiÿ = 143 habet Ο πὶ. sup. ἢ κελευηι B: κελ. ἡ O Il δειξω ( in E corr., ut uid.) Β ἢ καθ. Έν].. (suprascripto e]v’ o[nov) O |! 205 παρόντος ΒΟ (sine accentu B) || 206 γαμὼν B: γαμου O ! 207 ô[..]popav (ç supra v scripto)
O
qui
ante
μηκετι
spat.
uacuum
habet
(charta
detrita?)
||
208 δαον B: spat. 5/6 litterarum in O; de τοῦτον cogitauit Handley, at uide ad 207 |! 209 par. B, hiat O qui ante πρ- spat. 4/5 litt. habet (αὐτοὶ δὲ longius) ll πραί..]τετ (sic!) O Il τοιουτον B: τοιουθ’ OF (τοιοῦτο a. c.) Il fin. dicolon B, hiat O 11 210 p. n. B", hiat O |! δὲ: (dicolon del.) B Il σοί τι multi (cf. Dysc. 288): σοι ti A. ἢ auapraveiv (μ ex p corr.) B: ayvouoveuv O (cf. Sam. 809, Apollodor. fr. 7. 6) fort. recte Il fin.
dicolon B, hiat O I 213 προσεχεῖν BF (ει supra ὦ scripto): χων B“ (idem mendum
u. 96) il σ᾽ ἐμοι B, hiat O Il 214 par. B, hiat O || βελ-
τειον B || dicolon ante où B, fort. post σὺ O qui m. d. ]..{ scr., p. n. ut uid. (cf. 218) 1 215 πράγματα ΒΟ (sine accentu B): πράγματ᾽ ἢ Handley cl. Sam. 727 1 216 τοιουτότροπον Page: τοιουτοντροπον B, Ἰτρόπον O Il toutov (prius τ om. sed add. s. 1.) B: τοῦτον O |! 218 par. B, hiat O Il dicolon B, in O fort. periit, cf. adn. sq. |! p. ἢ. supra οὐδ (uide ad 18) B, in m. d. O
16
LE BOUCLIER
ACTE I, sc. 4.
Fortune! entre les mains de quel maître — et en m’arrachant à quel maître — tu te disposes à me livrer! Quel mal t’ai-je donc fait pour que tu me traites aussi sévèrement! 7 Au moment où Daos va rentrer chez le cuisinier sort de chez celui-ci.
Chérestrate,
SCÈNE 4. Daos, LE CUISINIER et son aide.
LE CUISINIER. —
51 jamais j’ai la chance de trouver du
travail, ou bien il survient un décès, et alors me voilà réduit à filer sans salaire, ou bien il y a une naissance dans la maison, suite à une grossesse clandestine, et alors, subitement, adieu
le sacrifice! je n’ai plus qu’à déguerpir. Quel guignon! Daos. — De grâce, cuisinier, décampe! LE CUISINIER. —
Mais, à cette heure, que crois-tu que je
fasse? (À son aide) Prends les coutelas, galopin, plus vite que ça enfin! Trois drachmes, c’est le prix du travail que j'avais trouvé, après dix jours de chômage, en venant ici2. Je croyais le tenir, cet argent. Voilà qu’un mort arrivé de Lycie me l’enlève de force, cet argent. Et lorsqu’un pareil malheur atteint
la maisonnée,
brigand,
quand
tu
vois
les
femmes
1. D. fait partie des biens de CI. il sait que 5. les convoite (87, 91).
Son invocation à F. (cf. adesp. 1032. 12 s.) pourrait viser une abstraction personnifiée (PI. Cisr. 670), mais elle est plus naturelle, adressée à la déesse voisine (cf. 254 et Dysc. 572). Voir p 62.
2. Originalité de la scène: au lieu de se vanter ou de poser mille questions en arrivant (Dysc.393, Sam. 455, Mis. 671, al.; voir H. Dohm,
Mageiros, Munich 1964, pass.), le cuisinier, congédié au reçu de la terrible nouvelle, déploie son bagout habituel pour dire sa frustration (cf. le cuisinier du Merc.
741ss.). C’est, sur la disparition de CI., un troi-
sième regard, une diversion comique après la tension, en même temps que la réactualisation du mariage sur lequel rebondira l’acte II. — 221, 223: Philém. 107. 2, 3 τέθνηκέ τις... | κεκύηκέ τις... — 226: PI. Pseud. 919 numquid agere aliud me vides? — 228 s.: certains se contentent du tiers (Aul. 448, Pseud. 808); mais cf. Straton 1.32.
ΑΣΗΙΣ
16
οἵῳ μ᾽ ἀφ᾽" οἵου δ'εσπότο᾽υ᾽ rap'eyy'uäv μέλλεις" τί σ᾽ ἠδίκηκα τ᾽ ηλικοῦτ᾽" ἐγώ;:
220
ΜΑΓΕΙΡ(ΟΣ) Ἂν καὶ λάβ᾽ω ποτ᾽ ἔργον, ñ τέθν᾽η'κέ τις, (216) εἶτ᾽ ἀποτρέχειν δεῖ μισθὸν οὐκ ἔχοντά μ' ε΄ ἣ τέτοκε τῶϊν ἔνδον κυοῦσά τις λάθρᾳ, εἶτ᾽ οὐκέτι θ᾽ ύουσ᾽ ἐξαπίνης, ἀλλ᾽ οἴχομαι ἀπιὼν ἐγώ' τ᾽ ἧς δυσποτμίας.: ΔΑΟΣ Π'ρὸς" τῶν θεῶν, 225 “μάγειρ᾽, ἄπελ᾽ θ΄ ε.: ΜΑΙ Ν᾽ὃν δὲ τί δοκῶ σο[ι] ποεῖν; (221)
Λαβὲ τὰς pax'aip'a's, πα΄ιδά' ριον, θᾶττόν ποτ΄ε. Δραχμῶν' τριῶν ἦλθον δι’ ἡ μερῶν ἔργον λαβ' ὦν’ ὥιμην "ἔχειν᾽ ταύτας᾽ ἐλθών τις ἐκ Λυκίας ἀ' φήρηταςι»" ταύτας. Τοιούτου" συμβεβηκότος
δέκα νεκρὸς βίαι 230 κακοῦ (226)
220 par. B, hiat O Il ηδικη.α Ο (ἠδίκηκα iam A.): ηδικα B I! τηλικοῦυτον B (cf. 209), hiat O Il dicolon (punct. sup. periit) post εγῶ (sic!) O: om. B || 221 p. n. B%, hiat O Il καὶ Α.: κε B, hiat O Il note B |! 223 τῶ]ν
O (iam
A.):
τις B, de τοῖς cogitauimus
at cf. fr. com.
adesp.
1147. 82 ἔοικέ τις τῶν ἔν[δ]ονί Il κυοῦσα (5 add. 5. 1.) OP, B (sine accentu):
κυοσαὰα ΟΝ (idem mendum
u. 177) 1 224 (ουκ)ετιθυί(ουσ
(anap. dilacer. vel tribrach. male diuisus) B θ]ύουσι Ο (lac. ante hoc uerbum ad οὐκέτι quadrat): οὐχὶ 8- Handley οὐκ ἐπιθ- Gallavotti Il 225 par. B, hiat O Il ad δυσίπο]τομιας (sic!) gl, pot. qu. v. I. κακί[οπ]ραξ[ταὶς (lege κακοπραγιας) habet O interl. || dicolon B, Ο (in
hoc periit punct. sup.) 1} p. n. supra προς scriptam habent B (δαος) O (δαί ut uid.) 1] τῶν (ὦ add. 5.1.) O It 226 par. B, hiat O Il dicolon B, hiat O
Il p. n. scr. O interl.: om.
ΒΗ
σο[ι] O (σοι in hac sede iam
Gallavotti, nos): om. B it 229 ounv B: -@unv O Il tavtac: B ταῦτας O: γ᾽ αὐτας A. posterius (seruato 231 ταύτας) | νεκρος pallidiore atramento add. O7 11230 ἀφηρηταβιαῖ B: αἱ...1....[.1β[.1α Ὁ qui Jev suprascripsit (gl. ἀνεῖλεν, âpnacev?); spat. ante Big longius (an αἰφηι]ρητίαι]7), sed uide ad 207 Il 231 tautaç: B (hiat Ο): αὐτάς A. prius (seruato 229 ταύτας); 229 ταύτας---231 ταύτας (contra interp. in B) Handley ΟἹ}. Sam. 723, Peric. 361 s. (sed alio sensu) I συμβε[βη]κοτοῖς O supras-
cripto συβ[4(6 litt.].. (gl. ovBaivovroc?)
17
LE BOUCLIER
ACTE I, sc. 5.
occupées à pleurer et à se frapper la poitrine à grands coups, tu l’emportes vide, ta burette? Quelle belle occasion tu avais
trouvée là! Souviens-toi! Ce n’est pas l’Étincelle mais Aristide le Juste que j’ai à mon service!. Pour moi, je te verrai dîner par cœur aujourd’hui. L’ordonnateur des tables, lui, va peut-être rester ici pour le repas funèbre? ({{ sort avec son aide par la droite.)
SCÈNE 5. DaAosS, L’'ORDONNATEUR
DES TABLES
(sortant de chez Chérestrate). L'ORDONNATEUR DES TABLES (s'adressant aux femmes de la maison sans voir Daos). —Eh
bien!
moi, si je ne touche
pas la drachme promise, je serai frappé d’un tel coup que, de vous à moi, il n’y aura plus aucune différence?. DaAos. —
(/mpatienté)
En avant!
(Montrant
le cuisinier
qui s'éloigne) Celui-là, ne le (vois-tu pas......................… ἐονννννννννν νυν νννννον lacune de 1 vers ......................)
L’'ORDONNATEUR DES TABLES. — Tiens! voilà Daos! Qu’a-t-il donc à nous apprendre? (qu’il me faut décamper, espèce d’idiot?) DAoS. — Parfaitement! L'ORDONNATEUR DES TABLES. — Eh bien, par Zeus! 1. Cette
leçon du cuisinier à son aide et disciple
(Σπινθήρ
n.
d’esclave,Theopomp. fr. 33. 8; de cuisinier, Ariston AP 6. 306. 9 = 784
G.-P.), mettre les occasions à profit (234 - Euphron fr.9. 12 ὁ καιρὸς εὐκτός cf. Dionys. 3. 1 ss.), pose le thème rebattu du cuisinier voleur (233 5. - adesp. 1093. 228 5. ἐλάδια Ι...ἐκφέρουσι, 1073. 12 ἔλαιον ἐξηρασάμην; voir en outre Euphron 1. 14 ss., Aul. 322, Merc. 746, Pseud. 791, 852). —
236 s.: Stich. 325 hodie non cenabis.
2. Redoublement comique de la scène précédente (cf. Dysc. ITT 2-3). Dans les riches repas urbains, le τραπεζοποιός est distinct du cuisinier (contra: Dysc. 943 5, et p. 502). Le jeu de mots sur κόπτω («ennuyer»,
au fig.) se rattache au sens pr. de «battre», comme ici, aussi bien qu’à celui de «couper» (Sam. 457 et p. 182).
ΑΣΠΙΣ
17
τοῖς ἔνδον, ἱερόσυ᾽λε, κλ' α'ούσας ὁρῶν καὶ κοπτομένας yuvairas' ἐκφέρ' εις κενὴν τὴν λήκυθον; Mép'vn'oo' καιρὸν 'παρα' λαβὼν τοιοῦτον. Οὐ Σπινθ᾽ ἢρ᾽ Ἀριστείδην δ᾽ ἔχω 235 expl. Ο ὑπηρέτην δίκαιον᾽ ὄ᾽' ψομαί σ᾽ ἐγὼ (231) ἄδειπνον ᾿ ὁ δὲ τραπεζοποιὸς καταμενεῖ “εἰς τὸ περίδεε»ιπνον τυχὸν ἴσως;: ΤΡΑΠΕΖΟΠΟΙΟΣ Δραχμὴν ἐγὼ ἂν μὴ λάβω, κοπτόμενος ὑμῶν οὐδὲ ἕν αὐτὸς διοίσω.: ΔΑΟΣ Πρόαγε. Τοῦτον οὐδ. [. ]. ς 240
Péserneneressesses ECS UNUS UETSUS sn νεννννννενεναν PI. 6(T.) Δᾶος πάρεστι, ri mor’ «ἀπ»αγ,γέλλων ἄρ,α; ].. pur. [.. ]ra.:
Πάνυ μ[ὲν οὖν.
(237)
242 Anon. ad Arist. 93 b 25, cf. 96 a 19, Schol. δά Hermogen. Rhet. Gr.7. 4 W., Joh. Sic. ibid. 6. 128 διαπορητικὸν ὅ ἐστιν ἐρώτησις αὑτοῦ πρὸς adrôv, ὥστε: Δᾶος --- ἄρα (= fr. adesp. 287 Kock [CAF IT 460], ut agnouit Gaiser) 232 ιεροσυ]λε O: ἵεροσυλξ σὺ B (iam corr. À.) ll κλία]ουσας O,
ut uid. (iam Sandbach): κλαιουσας BF (καλουσας a. c., ut uid.) il 233 codicis Ο lac. litterarum circa 14 ante ek@- breuior (γυναῖκας om.?) ἢ! 235 ἀαριστειδὴν O: αριστιδ- B || 236 ὑπερετην B, hiat O Il «τὸν» δίκαιον Gallavotti (ad metrum cf. Epitr. 348 et uide Handley p. 172 s.)
H 237 καταμενεῖ A.: -uévet Lloyd-Jones Il 238 p. n. supra δραχμὴν B !! 239 ἂν: au B il 240 summarum litt. uest.; par. periit, dicoli punct. sup. legitur || p. ἢ. supra rpou, uide ad 18 || ουδεεῖς (prius € incert., litterae 1 uest. minut.) Kasser-Austin dub. οὐδ᾽ δρᾷς dispexisse sibi uidetur Handley 1 242 πάρεστι Anon. 96a 19: προσῆλθε Anon. 93b 25 Il litt.,y dispexerat et &y]yÉAÀA&WV iam suppleuerat Parsons il ayy- corr. ed. ἢ -aylyeA Ov B: -αγγελῶν Anon. Il 243 in. δεῖν ἀπιέναι μ᾽ suppleuerimus e. g. Il ]..pœx.{ (disp. p Kasser-Turner, ed. pr.; π ed. pr., τ eidem) ä]vôpar(e) suppl. Koenen | ]pa (linea ducta expungendi causa) superscripto Jta: (-vra: Kasser dub.) B äppJaota Koenen, possis ἰδιῶ]τα (cf. Sam. 71)
18
LE BOUCLIER
ACTE I, sc. 5.
puisses-tu périr, misérable, misérablement, pour avoir agi de la sorte! Abruti! tu avais de l’or en quantité, des esclaves, et
tu es venu rapporter tout cela à un maître, au lieu de prendre la fuite!? De quel pays es-tu donc? Daos. — Je suis Phrygien. L’'ORDONNATEUR DES TABLES. — Autant dire rien qui vaille! Une femmelette! Nous seuls, les Thraces, nous sommes des hommes. Parle-moi des Gètes! Par Apollon!
voilà qui est viril?! D405$. — (A parti) Et voilà pourquoi les moulins sont tout remplis
des nôtres!.
(A l'ordonnateur
des tables)
Hors
de
mes jambes, oust! loin de la porte! car en voici d’autres que je vois s’approcher — une troupe? d'individus éméchés. L’ordonnateur des tables s’en va par la droite, tandis que le choeur fait son entrée dans l’orchestra.
(S’adressant au choeur) Vous ne manquez pas de sens. Ce que Fortune nous réserve, nul ne le sait. Donnez-vous du
bon temps pendant que vous le pouvez. (Daos rentre chez Chérestrate.)
1. L’ordonnateur des tables devait être présent dans d'autres pièces de la Néa, mais les fr. n’ont que brèves allusions ou sèches mentions (voir Dysc.
647, Sam.
462, Philém. 64, Diph. 42. 2 s., Alexandr.
3),
une fois, par exception, l’énoncé de quelques-unes de ses tâches (Antiphan. 150.. πλυνεῖ σκεύη, λύχνους | ἑτοιμάσει, σπονδὰς ποήσει {contra: Col. fr. 1], τἄλλ᾽ ὅσα τούτῳ προσήκει: cf. Ath. 170 d-e, Poll. 3. 41, Hesych. τ 1256 L., Phot. II p. 222 N.). Cette scène est la seule qui nous permette de l’observer en tant que personnage. Sa caractérisation (loquacité, rapacité) en fait un reflet du cuisinier typique. 2. Cf. 211. Le τραπεζοποιός partage le préjugé des Grecs; mais voir J.-M. Jacques, «La figure de l’étranger dans la Comédie Nouvelle», in Littératures Classiques 27 (1996) 323-332.
3. ὄχλον
ἄλλον
donne-t-il
à entendre
«des ennuis
d’un
genre» (cf. Sic. 150)? Double sens improbable (cf. Arbitr.169).
autre
ΑΣΠΙΣ
18
(TP.) Κακὸς κακῶ]ς ἀπόλοιο τοίνυν, νὴ Δία, τοιαῦτα π]εποηκώς᾽ ἀπόπληκτε, χρυσίοίν 245 ἔχων τοσοῦτο, παῖδας, ἥκεις δεσπότηι (240) ταῦτ᾽ ἀποκομίζων κοὐκ ἀπέδρας; ποταπός πίοτ᾽ εἶ; (ΔΑ. )Φρύξ.: (ΤΡ. Οὐδὲν ἱερόν᾽ ἀνδρόγυνος. Ἡμεῖς μόνοι οἱ Θρᾷκές ἐσμεν ἄνδρες᾽ οἱ μὲν δὴ Γέται, Ἄπολλον, ἀνδρεῖόν τι χρῆμα. ΔΑΟΣ Τοιγαροῦν 250 “γέμουσιν οἱ μυλῶνες ἡμῶν.: -- Ἐκποδὼν (245) ἀπαλλάγηθ᾽ ἀπὸ τῆς θύρας᾽ καὶ γάρ τινα ὄχλον ἄλλον ἀνθρώπων προσιόντα τουτονὶ
ὁρῶ μεθυόντων. Νοῦν éxere τὸ τῆς Τύχης ἄδηλον᾽ εὐφραίνεσθ᾽ ὃν ἔξεστιεν» χρόνον:
255
248 respicere potest Tertullian. De Anima 279 Ὁ Comici Phrygas timidos dicunt (Tragici, pro Comici, corrigere uolebat Nauck cl. Eur. Or. 1447 c. schol.) 1} 254 5. Cf. ΝΥ. Peek, Gr. Versinschr. (1955) ἢ. 1938 πάντα δ’ ἄδηλα τύχης; Heliodor. 4. 9. 8 τὸ γὰρ ἄδηλον τῆς τύχης ἀνθρώποις ἄγνωστον; Theophylact. Epist. 32 ὃ... ᾿Αλέξανôpos ἅτε δὴ φιλόσοφος ὧν ἐδεδοίκει τὸ τῆς τύχης ὡς ἔοικεν ἄδηλον ll 255 (εὐφραίνεσθ᾽-) Cf. εὐφραίνου δίν] ζῇς χρόνον, inscriptionem parui sceleti tibicinis iuxta Menandri sceletum caelati in poculo argenteo ex illa villa Bosco Reale appellata prope Pompeios deprompto; uide H. de Villefosse, Fondation Piot: Monuments et Mémoires, vol. V, Paris 1899, pp. 65, 228 ss., tab. 7. 1 (cf. K.-Th. Il, test.
22;
Austin,
ZPE
13
[1974]
160),
ad
Peek,
op.
cit., n.
1219
(εὔφραινε τὸ ζῆν, ἐφ᾽ ὅσον ζῆις) nunc refert Austin 244 ss. loqui coquum, non mensarum structorem, suspicantur Handley Stoessi, at haec uerba seruo melius conueniunt et uide 252 ἀπαλλάγηθ(ι), unde patet coquum exire sub finem u. 238 || 245 in. legitur....].{.rle- 1.δ[ disp. ed. pr. (litterae δ᾽ pars inf, dubito) unde τοιο]νδ[ε A., uox suspecta; τοιαῦτα με] τοιοῦτο ad usum, non ad uest.
quadrat |! ante ἀποπλ. dist. A.: post hanc uocem Borgogno Sandbach Il 246 παιδας B (cf. Sic. 393): παῖδες (exclam.) Henrichs ll 247 ποταπος πί agnouit Rea (de littera πί dubitat Kasser), cf. Alex. fr. 177. 3, 232. 3; fin. rot’ el uel πά(ρει A. ll 249 ἐστεγ᾽ μὲν (τεγ᾽ expuncto) B |! 250 τι Reeve dub. (cf. Theophylact. Epist. 9 ἄπιστόν τι χρῆμα πόθος καὶ ἔρωτες, Chion. Heracl. 17. 2 Düring c. adn., αἰ.): το Β (cf. 320, al.) I 250 5. (τοιγαροῦν — ἡμῶν) Dauo dedimus duce Reeve (cf. Ephipp. fr. 2. 3): mensarum structori continuat B 1 251 ἡμῶν B: ὑμῶν Reeve, at Dauus ita loquitur ut structoris uicem obtineat Il p. n. (ad 250 τοιγαροῦν pertinens) supra ἐκποῦ (uide ad 18) scripsit B falso || 255 diplèn post dicolon adpinxit B
19
LE BOUCLIER
ACTE IL, sc. 1.
CHOEUR. ACTE II SCÈNE
1.
SMICRINÈS, CHÉRESTRATE, CHÉRÉAS entrant tous les trois par la droite. SMICRINÈS.
—
Bon!'.
Maintenant,
qu’as-tu
à me
dire,
Chérestrate ? CHÉRESTRATE. — Premier point, excellent ami, il y ἃ la question des funérailles, il faut la régler.
SMICRINÈS. — Ce sera tout à l'heure une affaire réglée. Second point, ne promets la jeune fille à personne: la chose ne te concerne pas, c’est moi qu’elle regarde. Je suis ton aîné. Toi, tu as à la maison une femme, fille; moi aussi, il m’en faut une.
sans compter
une
CHÉRESTRATE. — Ah ça! Smicrinès, tu n’as donc nul souci de la mesure? SMICRINÈS. — Hé! pourquoi cela? CHÉRESTRATE. — À cet âge, tu t’apprêtes à épouser une jeunesse? SMICRINÈS. — Que veux-tu dire avec ton «à cet âge»? CHÉRESTRATE.
—
Moi,
je
te trouve
vieux,
archivieux2.
SMICRINÈS. — Serais-je le seul à m’être marié sur le tard”? CHÉRESTRATE. — Prends la chose avec des sentiments humains, Smicrinès, je t’en prie, au nom des dieux! C’est avec cette jeune personne qu’a grandi Chéréas ici présent qui s’apprête à la prendre pour femme. À quoi tendent mes paroles? Pour toi, aucune perte à subir: les biens qui sont en cause, tous autant qu’ils sont, eh bien! toi, prends-les tous, sois en le maître, nous te les donnons. Mais la petite, 1. Cf. 99 (- Ar. Lys. 1), Dysc. 50; voir Fränkel p. 103.
2. 258 s. - Pseud. 630 res erit soluta. — 260 -- Poen. 427 meum est istuc magis officium quam tuum. — 265: Merc. 290 5. quid tibi ego aetatis videor? — Acheronticus, senex vetus, decrepitus.
AZTIIE
19
XOPOY
ZMIKP(INHE) _Elév : ri δή μοι νῦν λέγεις, Xaipéorpare;:
ΧΑΙΡ(ΕΣΤΡΑΤΟΣ)
(250)
Πρῶτον μέν, ὦ βέλτιστε, τὰ περὶ τὴν ταφὴν δεῖ πραγματευθῆναι.: (ΣΜ.) Πεπραγματευμένα ἔσται. Τὸ μετὰ ταῦθ᾽ ὁμολόγει τὴν παρθένον μηθενί᾽ τὸ γὰρ πρᾶγμ᾽ ἐστὶν οὐ σὸν ἀλλ᾽ ἐμόν’ 260 πρεσβύτερός el” σοὶ μέν ἐστ᾽ ἔνδον γυνή, (255) θυγάτηρ, ἐμοὶ δὲ δεῖ γενέσθαι.:
(XA.)
Σμικρίνη, οὐδὲν μέλει σοι μετριότητος;:
(ΣΜ.)
Διὰ τί, παῖ;:
(ΧΑ.)Ὧν τηλικοῦτος παῖδα μέλλεις λαμβάνειν;: (ΣΜ.) Πηλίκος;: (ΧΑ.) Ἐμοὶ μὲν παντελῶς δοκεῖς γέρων.: (ΣΜ.) Μόνος γεγάμηκα πρεσβύτερος;: (ΧΑ.)
265
Ἀνθρωπίνως (260)
τὸ πρᾶγμ᾽ ἔνεγκε, Σμικρίνη, πρὸς τῶν θεῶν. Τῆι παιδὶ ταύτηι γέγονε Χαιρέας ὁδὶ σύντροφος ὁ μέλλων λαμβάνειν αὐτήν. Τί οὖν λέγω; Σὺ μηδὲν ζημιοῦ᾽ τὰ μὲν ὄντα γὰρ 270
ταῦθ᾽ ὅσαπέρ ἐστι λαβὲ σὺ πάντα, κύριος
(265)
γενοῦ, δίδομέν σοι᾿ τὴν δὲ παιδίσκην τυχεῖν 263 (-- σοι) fort. respicit Et Magn. s.u. οὐδέτερον p. 640.15 5. (deest in Et. Gen. AB) : τὸ παρὰ Μενάνδρῳ οὐθὲν μέλει σοι Il 264 Phot. II p. 211. 17 Naber τηλικοῦτος: ἐπὶ ἡλικίας τίθεται: οὕτως Μένανδρος 256 5. personarum notae ΕΒ" || 258 πεπρ- (prius x ex y corr.) Β ἢ 259 tavra Β || 261 σοὶ Α.: ov B, uide ad 95 li 262 5., 264, 265 loqui Chaeream, non Chaerestratum, coniecit Webster perperam || 263 οὐδὲν
B: ovôev test.? } ad παῖ interiectionem uide Sam. p. 24 n. 1}} 267 πραγμα B il 268 yeyovev B
20
LE BOUCLIER
ACTE Il, sc. 1.
laisse-la! obtenir un époux en rapport avec son âge. Je lui donnerai quant à moi, de mes propres deniers, une dot de
deux talents?. SMICRINÈS. — Miséricorde! C’est avec Mélètidès? que tu t’imagines en train de causer? Qu'est-ce que tu dis? Que je prenne le bien et que je laisse la fille à ce garçon? Pour que, en cas de naissance, je sois poursuivi en justice comme détenteur de ce qui appartient à l’enfant? CHÉRESTRATE. — C'est là ce que tu crois? Laisse tomber! SMICRINÈS. — «Tu crois», dis-tu*? Envoyez chez moi Daos: je veux qu’il me donne un inventaire de ce qu’il a rapporté. ({} rentre dans sa maison.) CHÉRESTRATE. — Que faut-il que je (..... }? Ou qu'aurais-
je donc dû faire? CHÉRÉAS. — (.....) est (.....). CHÉRESTRATE.
—
(.... Je comptais)
vous laisser tous les
1. Le tour du grec, avec le cpl. τὴν παιδίσκην repris par le pron. de rappel s'explique comme, en certains cas, la répétition du pron. personnel (voir Fränkel p. 91). 2. Cf. 139 s.: montant
de
la dot
de
Kratéia
(Mis.
976)
et
de
l’héroïne d’un fr. anonyme (adesp. 1098). C’est une somme généreuse dépassée seulement par la dot de la sœur de Sostrate (Dysc. 844) et celle de Glycère
(Tondue
1015), pour ne rien dire du fr. 333.11
(10
talents!) ni des chiffres de la Palliata qui peuvent être considérablement exagérés (dix talents: Pl. Merc. 703, Tér. Andr. 951; vingt: PI. Cist. 561). 3. Nom désignant un sot (Ar. Gren. 911; Taillardat 8459: presque tous
les témoins ont Μελιτίδης, mais la forme patronymique MeAntiông, seule correcte, est attestée aussi par Apulée, Apol. 2. 44). Mélètidès (Apostol. 5. 27) cité avec d’autres membres de la confrérie des sots, Amphiétidès (Sud. y 118, Bekker Anecd. 211. 29), Coroibos (Lucien, ἰ. c.), Boutalion et Coroibos (Sud. B 468), Coroibos et Ibycos (Diogénien 5. 12), Margitès et Coroibos (Et. Magn. 577. 32; deest Et. Gen. AB).
Amphiétidès était mentionné dans 1 Ὑποβολιμαῖος (fr. 429). 5. ne peut se contenter d’assurances: «les enfants issus (du) mariage peuvent réclamer les biens de leur aïeul lorsqu'ils ont atteint leur majorité» (Beauchet I 260).
4. Voir n. crit. à 280; idée s. e.: «dis plutôt que j’en suis certain». Aux parallèles latins cités dans l’apparat ajouter PI. Cas. 355 CL. credo ecastor velle. CH. at pol ego hau credo, sed certo scio.
ΑΣΠΙΣ
20
καθ᾽ ἡλικίαν ἔασον αὐτὴν νυμφίου" ἐκ τῶν ἰδείρων ἐγὼ γὰρ ἐπιδώσω δύο τάλαντα προῖκα.: (ΣΜ.) Πρὸς θεῶν, Μελητίδῃ
275
λαλεῖν ὑπείληφας; Τί φής; Ἐγὼ λάβω
(270)
τὴν οὐσίαν, τούτῳ δὲ τὴν κόρην ἀφῶ ἵν᾽, ἂν γένηται παιδίον, φεύγω δίκην ἔχων τὰ τούτου;: ΧΑΙΡΕΣΤΡΙΑΤΟΣ])
Τοῦτο δ᾽ οἴει; Κατάβαλε.:
(ΣΜ.) «Οἴει;» λέγεις; Τὸν Δᾶον ὥς με répare ἵν’ ἀπογραφὴν ὧν κεκόμικεν δῷ μοι.: (ΧΑ. Τί χρὴ
pur
(275)
Jeu”; ἢ τί «ποτερ ποι{εῖ]ν μ᾽ ἔδει;:
(ΧΑΙΡΕΑΣ) ΡΙ.7
280
..]. μεν..[ … [εστιν.:
(ΧΑ.) 273
Ἐμὲ. [..1.} avtnv
Β
defend.
Amott
(eam
interpretatus
recte)
Sandbach
(ipsam), cf. Dysc. 805 5. cum nostra lat. adn. et uide K.-G. I 660 s.: αὑτῆς Handley Page (αὐτῆς Gallavotti) duce A. qui αὑτῆς (idem mendum u. 17) ἔασον ordine inuerso scripsit Il 274 ἰδίων A.: ἴδων B || ἐγὼ om. B
sed add. 5. 1. 1 275 MeAntiôn V. Schmidt (sic Lucian. Amor. 53, teste cod. Laur. 57. 51): μελιτιδη B, cf. Koerte ad fr. 429 || 277 tout (οὐ ex
ἢ corr.) B 1! 279 χαιρεστρί B"% I 280 over B (cf. PI. Most. 1090 TH. experiar, uf opino. TR. certumst, Ter. Andr. 367 5. «opinor» narras?
non recte accipis: | certa res est }: οἷον (cf. Dyse. 75, Peric.
488, al.) coniecerimus rati Smicrinem κατάβαλε male interpretari subintellegentem τὴν σὴν ἐπιχείρησιν, non ὑπόνοιαν ut uult Ch. || μ’ἐπεμψατε B !l 281 par. periit Il δῷ μοι A. (idem mendum, u. 60): ôn μοι B
defend. Sandbach (ratus Chaerestratum interloqui) δηλοῖ Gallavotti; possis φέρῃ pro τί χρή; conicere et Smicrini continuare (accepto δή μοι), cf. 401, Sic. 247, al. |} fin. χρη (n mutil.); fort. χρῆίν, at cf. P. Sorb. 72: (fr. com. adesp. 1017), u. 27 ti χρὴ νυνὶ ποιεῖν; ἢ 282 in. λέγειν] ἔμ᾽ Gaiser; je mutil., eu” (Parsons Gallavotti ) pot. qu. et (ed. pr.) ll ποτε add. Sandbach Il μ᾽ eôet (μ mutil.) B: με δεῖ multi, uide ad 281 || 283 imarum litt. uest. minuta || 283-284 in. Smicrini dedit A., Chaereae Sisti nos || 284 in. ἔνεστιν Barigazzi (283 fin. ὅσον suppleto, cf. Sam. 523 s.) Il (εμε)λ[} λί[υπεῖ τὸ γεγονός Gaiser; fin. φόμην À. uide ad 285
21
LE BOUCLIER
ACTE II, sc. 3.
deux maîtres de mon bien, une fois que vous auriez épousé, toi, (Chéréas), sa sœur, et lui-même ma propre fille. Fasse le
ciel que je quitte au plus vite l'existence, avant d’avoir vu ce que jamais, au grand jamais, je n’avais escompté!.
SCÈNE 2. CHÉRÉAS (resté seul).
CHÉRÉAS.
—
Bien.
C’est
ton malheur en premier,
ὃ
Cléostrate, qu’il convient sans doute de plaindre et de déplorer, mais, en second lieu, c’est le mien. Car, parmi les gens
de cette maison, en est-il un d'aussi infortuné que moi? Jugez plutôt! Tombé, sans que ma volonté y soit pour rien, amoureux de ta sœur, toi que j'aime plus que personne au monde,
je n’ai rien
fait d’irréfléchi,
ni d’indigne,
ni d’in-
juste, non! je l’ai demandée en légitime mariage à ton oncle, à qui tu l’avais confiée, et à ma mère, auprès de qui elle est éduquée, et je rêvais déjà d’une vie de bonheur. Mais, après avoir cru et espéré très fort toucher précisément au but, je ne serai même pas en mesure de la voir désormais: c’est à un autre que la loi donne toute puissance et autorité sur elle, la loi aux yeux de qui je ne compte plus pour rien?. SCÈNE 3. CHÉRÉAS, DAOS, CHÉRESTRATE. Daos
(sortant de chez Chérestrate
et s'adressant à lui).
— Chérestrate, tu n’agis pas comme il faut. Debout! pas question d’être déprimé ni de rester couché! (Apercevant 1. Cf. 320 5. et la n.; pour le sentiment, Eur. Héc. 497 s. 2.
Amoureux
al. (voir Sam. νόμους):
infortuné: Mis. 4 s., adesp.
p. Lx s.). —
290-2:
1084.
Eur. Héc.
1 s., PL Cist. 205,
589. —
Dém. 36. 32. — 299: Cisr. 172 educavi eam. —
297
(κατὰ
303: loi elle-
même κύριος en cas d'épidicasie de l'épiclère (Beauchet I 156).
ΑΣΠΙΣ
Jus σὲ μὲν λαβ[όν]τα ταύτη[ν αὐτὸν δ᾽ ἐκεῖνον τὴν ἐμὴν.. [ ὑμᾶς καταλείψειν τῆς ἐμαυτοῦ κυρίουϊς. Ἀπαλλαγῆναι τὴν ταχίστην τοῦ βίου “γένοιτό μοι πρὶν ἰδεῖν ἃ μήποτ᾽ ἤλπισα.:
21
285 (280)
ΧΑΙ]ΡΕΑΣ Elév' τὸ μὲν σὸν πρῶτον, ὦ Κλεόστρατε, ἴσως ἐλεῆσαι καὶ δακρῦσαι κατὰ λόγον πάθος ἐστί, δεύτερον δὲ τοὐμόν᾽ οὐδὲ εἷς τούτων γὰρ οὕτως ἠτύχηκεν ὡς ἐγώ. Ἔρωτι περιπεσὼν γὰρ οὐκ αὐθαιρέτῳ
τῆ[ς] σῆς ἀδελφῆς, φίλτατ᾽ ἀνθρώπων ἐμοί, οὐθὲν ποήσας προπετὲς οὐδ᾽ ἀνάξιον
290 (285)
295 (290)
ο[ὐ]δ᾽ ἄδικον ἐδεήθην ἐμαυτῶι κατὰ νόμους συνοικίσαι τὸν θεῖον ὧι σὺ κατέλιπες,
καὶ τὴν ἐμὴν μητέρα, παρ᾽ À παιδεύεται᾽ ὥιμην δὲ μακάριός τις εἶναι τῶι βίωι. 300 ἘἘλθεῖν δ᾽ ἐπ’ αὐτὸ τὸ πέρας οἰηθεὶς σφόδρα (295) καὶ προσδοκήσας οὐδ᾽ ἰδεῖν δυνήσομαι τὸ λοιπόν᾽ ἕτερον κύριον δ᾽ αὐτῆς ποεῖ ὁ νόμος ὁ τοὐμὸν οὐδαμοῦ κρίνων ἔτι.: ΔΑΟΣ
Χαιρέστρατ᾽, οὐκ ὀρθῶς ποεῖς᾽ ἀνίστασο᾽ οὐκ ἔ«σ»τ᾽ ἀθυμεῖν οὐδὲ κεῖσθαι. Χαιρέα,
305 (300)
294 Cf. Aristaenet. 1. 16, 1 Mazal ἔρωτι περιπεσὼν ἀπορρήτῳ 285 in. ἀ]εὶ (ς per dittographiam) Α., ὑ]εῖς Sisti dub. 1] n[ ualde mutil. Il fin. Χαιρέα Α., φόμην Handley (uide ad 284), τὴν κόρην Armott Borgogno || 286 fin. lit. duarum uel unius uest., fort. tn[ uel tu, suppl. τῆς οὐσίας Handiey τῆς οἰκίας A. (cf. Dysc. 73 s., fr. 334, 2) 1 287 καταλιψεῖν ΒΚ“ ἢ lit. (K)vprov imarum uest. ll 290 p. n. Br ii 298 συνοικεῖσαι B Il -λειπες B Il 301 ἐλθεῖν A.: ελθων B, uide ad 33, 96, 213 1] πέρας Kassel: τερας B Il 305 p. n. B°: il 306 οὐκ ἔστ᾽ À.: οὐκετ᾽ B, uide ad 358 il οὐδὲ (€ ex o corr.) B
22
LE BOUCLIER
ACTE Il, sc. 3.
Chéréas) Chéréas, viens le réconforter, ne le laisse pas faire: notre sort à nous tous est entre ses mains, ou c’est tout
comme. (S’adressant de nouveau à Chérestrate) Ouvre plutôt tes portes!, montre-toi au grand jour! Vas-tu abandonner tes amis, Chérestrate, aussi lâchement ? Pendant que Daos prononce ces mots (309 ss.), l’eccyclème amène à la vue des spectateurs Chérestrate étendu sur son lit.
CHÉRESTRATE. — Daos, mon garçon, je ne suis pas bien. Ces tracas me causent un accès d’humeur noire. Non, par les
dieux! je n’ai plus ma tête à moi, je suis à deux doigts d’être fou
complètement,
tant il me
met
à présent
hors
de
moi,
mon excellent homme de frère, avec sa nature mauvaise. Ne voilà-t-il pas qu’il se dispose à être lui-même le mari?
Daos. — Le mari, dis-moi? Le pourra-t-il? CHÉRESTRATE.
—
Il le dit, le parfait honnête homme,
et
cela quand je lui donne tout ce que ton maître a envoyé de là-bas. Da0s. — Ô monstre d’infamie! CHÉRESTRATE.—
dieux!
L’infâme
espèce!
Non,
non,
par
les
pas de danger que je vive, si je dois voir cela se
produire?. Daos. — (Réfléchissant) Comment donc pourrait-on venir à bout de cet individu bougrement mauvais? La tâche est tout à fait ardue. Elle est ardue sans doute, mais possible
cependant, (triomphant) oui, possible?! 1. En l’absence de terme technique (cf. Dysc. 758), l'invitation semble faire allusion à la manœuvre d’entrée de l’eccyclème; y répond, pour la manœuvre de sortie, l'ordre 396 εἴσω τις ἀγέτω τουτονί. Voir J.-M. Jacques, «Mouvement des acteurs et conventions scéniques dans l’Acte II du Bouclier», Grazer Beitr. 7 (1978) 37-56, cf. Frost 28-31.
— 307 παραμυθ. «rassurer», Georg. 61, Tondue 293, adesp. 1089. 21. — 308 ἡμῖν: D. concerné, cf. 2195. et p. 16!. 2. Diagnostic à tirer de 311-321, 337-350: outre l’art. cité n. 1, voir J.-M. Jacques, «La bile noire dans l’antiquité grecque», REA 1998. — 311 κακῶς ἔ. «être malade»: Thphr. Car. 22. 6. 3. L’esclave callidus, avant d'inventer une ruse, souligne la grande
ΑΣΠΙΣ
22
ἐλθὼν παραμυθοῦ, μὴ ᾿πίτρεπε' τὰ πράγματα ἡμῖν ἅπασίν ἐστιν ἐν τούτωι σχεδόν. Μᾶλλον δ᾽ ἄνοιγε τὰς θύρας, φανερὸν πόει σαυτόν᾽ προήσει τοὺς φίλους, Χαιρέστρατε, 310 ᾿οὗτως ἀγεννῶς;: ΧΑΙΡΕΣΤΡΑΤΙοΟΣ])
Δᾶε παῖ, κακῶς ἔχω᾽
(305)
μελαγχολῶ τοῖς πράγμασις«ν»᾽ μὰ τοὺς θεούς, οὔκ εἰμ᾽ ἐν ἐμαυτοῦ, μαίνομαι δ᾽ ἀκαρὴς πάνυ᾽ ὁ καλὸς ἀδελφὸς εἰς τοσαύτην ἔκστασιν ἤδη καθίστησίν με τῆι πονηρίαι᾽ 315 “μέλλει γαμεῖν γὰρ αὐτός.: ΔΑΟΣ Εἰπέ μοι, γαμεῖν; (310) δυνήσεται δέ;; (XA.) Φησὶν ὁ καλὸς κἀγαθός, καὶ ταῦτ᾽ ἐμοῦ διδόντος αὐτῶι πάνθ᾽ ὅσα ἐκεῖνος ἀποπέπομφεν..: ΔΑΟΣ Ὦ μιαρώτατος.: (XA.) Μιαρὸν τὸ χρῆμ᾽" οὐ μὴ βιῶ, μὰ τοὺς θεούς, 320 εἰ τοῦτ᾽ ἐπόψομαι γενόμενον.: ΔΑΟΣ Πῶς ἂν oûv (315) τοῦ σφόδρα πονηροῦ περιγένοιτό τις; Πάνυ ᾿ἐργῶδες.: Ἐργῶδες μέν, ἀλλ᾽ ἔνεσθ᾽ ὅμως, : 4
ενεστι.
313 (- ἐμαυτοῦ) Cf. Alciphr. 1. 11. 1 οὐκέτ᾽ εἰμὶ ἐν ἐμαυτῇ; Arrian. Epict. 1. 22. 21 οὔκ εἰμι ἐμαυτοῦ, μαίνομαι ἢ! 323 (ἐργῶδες) Cf. Heliodor. 3. 15. 3; Theophylact. Epist. 5 307 πιτρεπε (mi ex π corr.) B Il 308 τουτωι B: ταὐτῶι Handley Luschnat Il 311 ayavvos B It p. n. Bi 312 μελανχολω B, uide ad 347 11 315 tn (1 add.) Β H 316 p. n. Bi 319 p. n. BI! ἢ Sandbach A. (cf. Ar. Vesp. 187, al.): o B Il 321 p. n. BI 322-325 dialogi diuisio (uide etiam ad 325 5.) incerta. dicolon post 323 ἐργῶδες! del. multi, uersum 323 totum Dauo tribuerunt Lampignano (cl. Ter. Heaut. 677) Gallavotti qui seruo continuauit 324 5. (— τοὔργον); 322 5. πάνυ ἐργῶδες (suadente Lloyd-Jones), 324 5. (ἔνεστι; — τοὔργον) Chaerestrato dedit A., (καὶ — τοὔργον) Dauo Arnott haud inepte (per
Athenam
iurat seruus aliquis fr. com. adesp.
1063. 8); 324 Éveort
Dauo continuauimus (καὶ μὴν in. interlocutionis 385, Peric. 1002, al.)
1323 eveo0” B: αἵν- ΒΚ, uide ad 194
23
LE BOUCLIER
ACTE Il, sc. 3.
CHÉRESTRATE. — Et certes l’entreprise est digne d’émulation, oui, par Athéna! DAos. — Si quelqu'un, (je vous le demande) au nom des dieux, a formé le projet (..... lacune de deux vers... ce n’est pas) deux talents (qui suffiront, il faut) lui (donner) un espoir
(plus
consistant).
Tu
le
verras
(alors)
se
laisser
emporter aussitôt (.....), victime de la précipitation, totalement
dans
l’erreur,
éperdu,
et tu pourras
ainsi
le manier
aisément; car il n’aura d’yeux que pour l’accomplissement de son dessein, et, tout à cette attente, il sera incapable
de
réflexion, juge inconsidéré de la vérité!. CHÉRESTRATE.
—
Que
veux-tu
donc
dire?
Pour
moi, je
suis prêt à tout faire à ton idée.
Daos. —Ce qu’il faut faire? mettre en scène un malheur familial: jouez-lui une tragédie de votre façon. Tiens! ce que tu as laissé entendre il π᾿ y a qu’un instant, il faut lui donner à présent l’apparence de la réalité: entré dans un état dépressif à cause du malheur de Cléostrate et de sa jeune sœur qu’on allait marier, et aussi parce que tu vois déprimé, et pas qu’un peu, (montrant Chéréas) le garçon que voici, que tu considères comme ton propre fils, tu es tombé en difficulté de son entreprise: cf. Chrysale (PL. Bacch. = Mén. Dis Exap.) 695 vix videtur fieri posse, 761 ss. Il n’y arrive pas du premier coup (Epid. 94 s.). Pour l'évolution qui se fait jour dans le court espace de l’aparté, cf. Tér. Heaut. 675 ss. (cité par Lampignano, ap. Del Como, ZPE 6{1970] 220), surtout 677 (at sic opinor. Non potest. Immo optume! Euge habeo optumam!). On se plaît à imaginer D. réfléchissant dans l'attitude de 1᾿ ἡγεμὼν θεράπων représenté par une terre cuite d’Athènes (Webster MNC? AT 23 = MNC* 3 AT 3) ou par une statuette de bronze (Bieber fig. 406 = MNC3 4 XB 98), assis, jambes croisées, menton appuyé sur la main droite, la main gauche tenant le coude droit (cf. PI. Mi. 200ss., surtout 209 columnam mento suffigit suo). 1. Cf. Diph. 99 ἄρ᾽ ἐστὶν ἀνοητότατον aloxpokepôia: | πρὸς τῷ λαβεῖν γὰρ dv ὃ νοῦς τἄλλ᾽ οὐχ δρᾷ. 2. Cf. PL Epid. 270 facere cupio quidvis, dum id fiat modo. 3. τραγῳδῆσαι: outre Sic. 262s., voir Hid. 2. 11. 2 et surtout 2. 29. 4 ἐπετραγῴδει καὶ ἕτερον πάθος. Cf. Pseud. 754 em tibi omnem fabulam. — οἰκεῖον: cf. 5. Àj. 260 οἰκεῖα πάθη. — ἀλλοῖον (Kassel) «autre qu’il ne faudrait», possible.
AZHIE
(XA.)
23
Kai μὴν ἄξιον φιλονικίας, “νὴ τὴν Ἀθηνᾶν, roüpyov.:
(ΔΑ.)
Εἴ τις, πρὸς θεῶν,
ὥρμηκί. 1. [. Ἰτων δ᾽ εἰ. 1. ΡΙ. 8
325
(320)
«μὐρνρρννρνννοο desunt 2 fere uersus μι Ἰδύο réAlavra Ἰαὐτῷ τιν᾽ ἐλπίδ 330 ἐν Ισφ[εἸρόμενον εὐθὺς ἐπί προπετῆ, διημαρτηκότ᾽, ἐπτ[οημένον ὄψει μεταχειριεῖ τε τοῦτον εὐπόρωϊς. (325) Ὃ βούλεται γὰρ μόνον ὁρῶν καὶ προ, σδοκῶν ἀλόγιστος ἔσται τῆς ἀληθείας κριτής. 335
(XA.)Τί οὖν λέγεις; Ἐγὼ γὰρ 6 τι βούλει ποεῖν ἕτοιμός εἶμι.: (ΔΑ.)
Δεῖ τραγῳδῆσαι πάθος οἰκεῖον ὑμᾶς. Ὃ γὰρ ὑπεῖπας ἀρ[τίως, δόξαι σε δεῖ νῦν, εἰς ἀθυμίαν τινὰ ἐλθόντα τῶι τε τοῦ νεανίσκου πάθει τῆς τ᾽ ἐκδιδομένης παιδός, ὅτι τε τουτονὶ ὁρᾷς ἀθυμοῦντ᾽ οὐ μετρίως, ὃν νενόμικας
334 s. Stob. Eci. 3. 23. 4 = vol. IV p. 596.
lemm. Br.) Μενάνδρου
11 Hense (SMA,
(330) 340
sine
᾿Ασπίδος = fr. 69
324 φιλονικεῖας B 11 325 5. (εἴ τις —) Chaerestrato dant Amott, alii (uide etiam ad 322-325) || 326 litterarum (œpu)nx uest. minuta Il I(œv)? 11 329, 330 λί, Ἰαυίτω) ualde mutil. 1 331 litt. Ἰσφί Jp imarum uest., Jo disp. Parsons (negat Kasser qui de o uel εξ cogitauit) unde εἰἸσφερόμενον A. li πί an y[, t[? 11 332 προπετῆ A.: προση- B Il διημ- (cf. 114) Gaiser: τιημ- B, uide ad 337} fin. ἐπτοημένον A. (cf. fr. com. adesp. 1147. 173 fin. ἐπτοημέ[ν]η): ἐπτερωμένον LloydJones li 333 ὧἱ mutil. |! 334, 335 o,, +, uest. perparua; fin. suppl. Stob. H 335 αλογ- (y ex τ corr.) B Il 336 litterae (xoz1)v uest. minut. |! 337
δεῖ Α.: te B, uide ad 332 Il 338 οἰκεῖον F. Ferrari (οὐκ ἀλλοῖον tanquam glossema interpretatus): οὐκ᾽ ἀλλοῖον B ἀλλοῖον (ad sensum uide Kannicht ad Eur. Hel. 1050) Kassel οὐκ ἄλλο γ᾽ Sisti
24
LE BOUCLIER
ACTE IL, sc. 3.
proie à l’un de ces maux soudains. La plupart des indispositions, pour tous les hommes, viennent du chagrin, ou c'est tout comme; or, tu es, je le sais bien, d’un tempérament bilieux, sujet aux accès d’humeur noire!. Là-dessus, on recevra
la visite d’un médecin qui dissertera doctement et dira que le mal n’est autre qu’une inflammation de la plèvre ou du diaphragme, ou quelqu’une de ces maladies qui tuent promptement.
CHÉRESTRATE. — Eh bien alors? Daos. —- Tu es mort subitement, nous crions: «Il est parti, Chérestrate!», nous nous frappons la poitrine devant ta porte. Toi, tu restes bouclé à l’intérieur, mais un manne-
quin
enveloppé
d’un
linceul,
figurant
ton
cadavre,
sera
exposé à la vue de tous. CHÉRESTRATE. — (À Chéréas) Tu comprends veut dire? CHÉRÉAS. — Ma foi non, par Dionysos! CHÉRESTRATE. — Ni moi non plus.
ce qu'il
Daos. — Héritière, ta fille le devient à son tour, au même
titre que la jeune fille revendiquée? en mariage présentement. 1. La ruse de D. s’appuie dépressif de Ch. (339, cf. 306), cholia, que D. a imaginé une laquelle son tempérament (346 tempérament est le fondement
sur la réalité: c’est en constatant l’état un des symptômes constants de la melancomplication mortelle de cette maladie à s.) le prédispose. La connaissance de ce même du μηχάνημα et la garantie de sa
crédibilité. C’est pour lui-même que D. la revendique (εὖ οἶδα) et non pour 5. que Ch. fasciné par la description de sa maladie et de sa mort, semble avoir oublié. Il ne reviendra à lui que lorsque D. aura tiré la conséquence de la ruse (356). Mais, pour que l’équivoque soit dramatiquement possible, il ne faut pas qu’il ait été question de S. entre-temps. — 345 Antiphan. 106 ἅπαν τὸ λυποῦν ἔστιν ἀνθρώπῳ νόσος | ὀνόματ᾽ ἔχουσα πολλά, Philém. 106. 1-3 πολλῶν φύσει τοῖς πᾶσιν αἰτία κακῶν λύπη: διὰ λύπην καὶ μανία γὰρ γίνεται | πολλοῖσι καὶ νοσήματ᾽ οὐκ ἰάσιμα. --- Rapports melancholia (312), chagrin et maladies du v. 349: cf. 433, p. 30", ΠΕ 3 et les n.; voir art. cité supra p. 222. 2. Sur le sens de ἐπίδικος voir Beauchet I 440 5. II cite des passages d'Isée (4412) «où les filles héritières sont qualifiées d’ ἐπίδικος, sans qu’il soit fait la moindre allusion à un litige dont elles seraient l’objet, et par cela seul qu’elles sont sujettes à la revendication de l’anchisteus».
ΑΣΠΙΣ
24
ὑὸν σεαυτοῦ, τῶν ἄφνω τούτων τινὶ
(335)
κακῶν γενέσθαι περιπετῆ. Τὰ πλεῖστα δὲ ἅπασιν ἀρρωστήματ᾽ ἐκ λύπης σχεδόν 345 ἐστιν᾽ φύσει δέ σ᾽ ὄντα πικρὸν εὖ οἶδα καὶ μελαγχολικόν. Ἔπειτα παραληφθήσεται ἐνταῦθ᾽ ἰατρός τις φιλοσοφῶν καὶ λέγων (340) πλευρῖτιν εἶναι τὸ κακὸν ἢ φρενῖτιν ἢ “τούτων τι τῶν ταχέως ἀναιρούντων.: (XA.) Τί οὖν;: 350 (ΔΑ.) Τέθνηκας ἐξαίφνης, βοῶμεν «οἴχεται Χαιρέστρατος», κοπτόμεθα πρόςσθε» τῶν θυρῶν᾽ σὺ δ᾽ ἐγκέκλεερισαι, σχῆμα δ᾽ ἐν μέσωι νεκροῦ (345)
“κεκαλυμμένον προκείσεταί σου.: (ΧΑ.)
Mavbäves
“ὃ λέγει;: (ΧΑΙΡΕΑΣ) Μὰ τὸν Διόνυσον, «οὐ» δῆτ᾽. (XA.) Οὐδ᾽’ ἐγώ.: (ΔΑ.) Ἐπίκληρος ἡ θυγάτηρ ὁμοίως γίνεται 356 ἡ σὴ πάλιν τῆι νῦν ἐπιδίκωι παρθένωι. 343 (ἄφνω) Vide test. ad 49 Il 344 s. Cf. Sent. mon. 440 Jaekel λῦπαι γὰρ ἀνθρώποισι τίκτουσιν νόσους (= Eur. fr. 1071N.2); hos uersus respicit (contra uocem τραγῳδίαν) Choricius, Apol. Mim. 112 φ. 370. 9 s. Foerster-Richtsteig) τὰ πλεῖστα δὲ ἅπασιν ἀρρωστήματα λύπῃ κατὰ τὴν τραγῳδίαν συμβαίνει, non Euripidis locum ut Nauck arbitrabatur ἢ 351 s. Cf. Heliodor. 2. 1. 2 οἴχεται Χαρίκλεια, Θεαγένης ἀπόλωλε 346 φυσεῖι BF: φυσι Β" Il οιδα Β: οἷδε (sc. Smicrines) Kassel perperam |! 347 μελανχ- Β, uide ad 312 || 349 φρενῖτιν Α.: φερονιτιν Β 11351 βοῶμεν Kassel: βοησομεν BF (idem mendum Dysc. 420, 541) otyev B* (postea οἱ expunxit et Bonoo superscripsit) βοήσομ᾽ À. (uide ad 352) 1 352 κοπτομεθα B: κοψόμεθα A. (uide ad 351) Il πρόσθε Borgogno (π. τ. 6. fin. uers. Peric. 299, Sam. 577, Ephipp. fr. 3.2 c. adn; cf. Sam. 529 in alia sede): προ B (cf. Georg. 104) καὶ ante κοψόμεθα add. A. 11 353 ἐγκεκλείσει A. dub. || 354 κεκαλυμμενον Br: -«λυσμενον B* || προκείσεται Kassel: προσκ- B Ι| 355 ὃ A.: ov B !l où add. A. Il fin. οὐδ’ ἐγώ Chaerestrato tribuit A.: Chaereae continuat B, defendit Barigazzi || 356 επικληρως B* I! ἡ θυγατη[ρ ομοιῶὼς] B in m.: ομοιῶς ἡ θυγατηρ B in textu
25
LE BOUCLIER
ACTE II, sc. 3.
Or, vous pouvez bien posséder, toi, soixante talents, et elle quatre!, et notre vieil avare est parent des deux héritières au
même degré. CHÉRESTRATE. — J’y suis, maintenant. Daos. — (A part) Oui, si tu n’es pas une borne’. (À C'hérestrate) L'une, il se fera un plaisir de la donner sur-le-
champ, en présence de trois mille témoins, au premier qui lui en fera la demande;
l’autre, il l’épousera…
CHÉRESTRATE. — Alors, gare à lui! Daos.
—...
en
imagination,
et la maison
tout entière,
devenu le maître, il en fera le tour avec les clés, apposant les scellés sur les portes, riche en rêves. CHÉRESTRATE. — Et mon double, que devient-il dans tout
cela? DAos. — Il restera étendu, et nous, nous serons tous assis
en cercle, (veillant) à ce que Smicrinès ne puisse approcher δονονοανονοονενεομεννοννοννμνονα lacune de 1 νοῦς ὐὐὐὐὐνμνμμνννννιν Daos. --- (.....) les amis (.....) il (te) sera possible de (le
mettre) à l'épreuve (.....) il est venu à la maison (.....) est
1. Les 600 χρυσοῖ (34 5.) font à eux seuls la moitié de la somme (1 talent = 6000 drachmes, 1 χρυσοῦς = 20 dr.). Le reste vient des autres éléments
du butin,
notamment
l’argenterie
(sur la valeur
des
coupes cf. Lys. 12. 11 et L. Bodin, Extraits des Orateurs Attiques, ad loc.) et du maigre patrimoine (136).
2. Cf. Anaxippos fr. 3. 3 (πέτρινον falso suspectum); Ar. Nu. 1202 (λίθοι), Apollod. Car. 9 où με παντάπασιν fjynoat λίθον cité par Donat ad Tér. Hec. 214 me omnino lapidem, non hominem putas (cf.
Heaut. 831, 917), PI. Merc. 632, Poen. 291 (lapide silice stultior); Mil. 1024 (saxum), al. Pour la lenteur de l’homme
libre à comprendre
son
esclave callidus voir Mil. 793 (Périplectomène ne voit pas tout de suite où Palestrion veut en venir); 3545. - Phorm. 846.
3. 364 τῷ δοκεῖν («en apparence») - τῷ λόγῳ (Lucien, /carom. 11, al). —
365 διοικήσας:
aor. inchoatif, ad 364s. cf. Lucien, Gall.
29 ἅπασαν περίειμι διαναστὰς ἐν κύκλῳ τὴν οἰκίαν. D. décrit le comportement d’un ἄπιστος (cf. Car. 18. 4).
—
366:
ΑΣΠΙΣ
25
Τάλαντα δ᾽ éri σοὶ μὲν ἑξήκοντ᾽ ἴσως, (350) ταύτῃ δὲ τέτταρ᾽" ὁ δὲ φιλάργυρος γέρων ἀμφοῖν προσήκει ταὐτό.: (ΧΑ.) Νυνὶ μανθάνω.: 360 (AA.)Ei μὴ πέτρινος εἶ, -- Τὴν μὲν εὐθὺς ἄσμενίος
δώσει παρόντων μαρτύρων τρισχιλί[ων τῷ πρῶτον αἰτήσαντι, τὴν δὲ λήψεται —: (ΧΑ.) Οἰμωώξετ᾽ ἄρα. (ΔΑ.) τῷ Bokeiv': τήν τ᾽ οἰκίαν πᾶσαν διοικήσας περίεισι κλειδία ἔχων, ἐπιβάλλων ταῖς θύραις σημεῖ᾽, ὄναρ πλουτῶν.
(ΧΑ.)
(355)
365
Τὸ δ᾽ εἴδωλον τί τοὐμόν;
(ΔΑ.)
Κείσεται, ἡμεῖς τε πάντες ἐν κύκλῳ καθεδούμεθα, (360) ..….… [ν{π|ες αὐτὸν μὴ προσέλθῃ πολλ[α 369 ΡΙ. 9. ..«ὐρνμρνεμνμοονν deest unus uersus ...οννοννννννννεννονοννον
}. ]. [.. ]ν τοὺς φίίλους ....…]Jou πεῖραν ἔσται τινί
373
358 ἐστὶ À. uide ad 306 ἢ εξηκονθ᾽ Β Il 360 προσήκει Α.: -κοι Β -κῶν Kassel ratus Chaerestratum interloqui Dauumque sententiam interruptam post 361 εἰ — εἴ (ubi sese adloquitur) continuare Il τ᾽ avto B ut uid [361 litterarum (ao)uev uest. || 362 τρισχειλι (1π|. λι west, minuta) B || 364 οιμωξετ᾽ (6 ex ζ corr.) B il τῶι δοκεῖν Dauo tribuit Kassel:
Chaerestrato continuat B, defendit Sandbach ( for imagi-
ning that), sed ad sensum cf. Xen. Conu. 8. 4. 3 μὴ τῷ δοκεῖν ἀλλὰ τῷ ὄντι ἀρετῆς ἐπιμελούμενον Il 365 διοικήσας Page: -κησαι (i. e. -κῆσαι) Β defend. A. (cl. K.-G. I 16 5.), alii -κήσει multi (uide ad Sam. 572) | 366 ovap (o add. s. 1.) B If 367 τὸ — τοὐμόν; Chaerestrato tribuit Kassel ll 368 καθειδ- (1 expunct. pot. qu. y) B Il ef uest. minut. H 369 Ἰν[ uest. minut. disp. Del Corno, suppl. τηροῦντες Borgogno, Handley (hic ante πολλί dist.) εἴργοντες Sandbach prius Il μὴ (litt. summarum west.) disp. Borgogno Sandbach || fin. πολλάκις multi πολλὰ μὲν Gaiser ! 372, 373 fin. κι, v{ uest. minuta K 373 in. Jo disp. Handley qui λαβεῖν ἑκάστ]ου suppl. (cf. Theophor. 14; fr. com. adesp. 1032. 23; 1046. 2; al.) I fin. τίνία τρόπον Handley
26
LE BOUCLIER
ACTE Il, sc. 3.
redevable. δ᾽ (if a commis) quelque (vol), tu lui fais payer le double, absolument!. CHÉRESTRATE. — Voilà qui (est magnifiquement) parler, Daos, et dans mon caractère.
Daos. — Et, pour le mauvais bougre, quel châtiment pourrais-tu (imaginer) de plus fort? CHÉRESTRATE. — Je vais lui infliger, oui, par Zeus! la punition que méritent tous les chagrins qu’il a jamais pu me causer. Car il ne fera pas mentir le proverbe? du «loup qui a ouvert la gueule pour rien», il s’en ira bredouille. Daos. -— Mais il faut passer à l’action sans perdre un ins-
tant. Connais-tu un médecin étranger, Chéréas, un garçon astucieux, un tantinet hâbleur?
CHÉRÉAS. — Non, par Zeus! pas du tout. 1. Lloyd-Jones (n. 162), p. 184 et ap. Austin IE 35, songe au montant
de l’amende qui punit un vol. Dans la loi athénienne, en effet, une personne convaincue de vol avait non seulement à restituer l’objet volé, ou
à verser une compensation à sa victime, mais elle devait aussi lui payer une amende égale au double de la valeur de l’objet volé, pour ne rien dire d’autres sanctions possibles (Dém. 24. 105, 114; même peine pour le recéleur:
Lys. 29.
11; voir D. M. MDovwell,
The Law
in Classical
Athens, London 1978, p. 148). D. sait que S. profitera de la situation (366); il suggérerait à Ch. de l’accuser de vol le moment venu, ce qui entraînerait pour l’avare le pire des châtiments. De la même façon, Agorastoclès exige du léno «une amende du double pour le vol» (PI. Poen. 1351 duplum pro furto mi opus est). 2. Les parallèles des Test. et de l’apparat critique (ajouter: Lucien, Gall. 11 εἰσήειν οὖν μάτην λύκος χανὼν παρὰ μικρόν) montrent que le proverbe se limitait aux mots λύκος χανὼν διὰ κενῆς. Si ἄπιθι figure chez Aristénète, c’est par imitation de ce passage. Le proverbe, tel qu’il est expliqué par Photius (Tesr.) et, dans les mêmes termes, par l’atticiste Pausanias (À 26 Erbse), s’applique parfaitement à S. — Allusions: Ar. Lys. 629 λύκῳ κεχηνότι, PI. Aul. 194 inhiat aurum ut devoret, Stich. 605 hereditatem inhiat quasi esuriens lupus, Trin. 169 ss. — Le loup d'Arbitr. 1006 était-il celui du proverbe? On est tenté de suppléer ὥσπερ λύκ[ος τις διὰ κενῆς χανὼν … | ἀπελήλυ[θα (cf. Boucl. 382 ἄπεισι): Chérestrate frustré de ses espoirs (LloydJones, p. 185, n. 25) parlant ironiquement de lui-même à la fin de son
monologue d’entrée en scène? 3. Cf. Epid. 196, ΜΙ]. 215 age, siquid agis. Sens et place de ἤδη: cf. Thphr. Car. 20. 10.
ΑΣΠΙΣ
26
......]7nws ἦλθεν ἐπὶ τὴν οἰκίαν (365) ἐέέένΪτις γέγον᾽ ὀφείλων᾽ εἴ τινι νν......} διπλάσιον εἰσπράττει πάνυ. (XA.).....… τιν ὃ λέγεις, Δᾶε, τοῦ τ᾽ ἐμοῦ τρόπου. (ΔΑ.) Τιμωρί)αν δὲ τοῦ πονηροῦ τίν᾽ ἂν ἔχοις Eee ] σφοδροτέραν;: (ΧΑ.
Λήψομαι, νὴ τὸν Δία,
(370)
ὧν] μ᾽ ὠδύνηκε πώποτ᾽ ἀξίαν δίκην᾽ 380 τὸ γ]ὰρ λεγόμενον ταῖς ἀληθείαις «λύκος χ]ανὼν» ἄπεισι «διὰ κενῆς».: (ΔΑ.) Πράττειν «δὲ» δεῖ ἤ]δη᾿ ξενικόν τιν’ οἶσθ᾽ ἰατρόν, Χαιρέα, ἀστεῖον, ὑπαλαζόνα;: (ΧΑΙΡΕΑΣ) 378 s. Cf. Alciphr.
Μὰ τὸν Δί᾽, οὐ πάνυ.: 4. 4. 2 ἱκανὴν
τιμωρίαν
respicere uidetur Aristaenet. 2. 20, 35 5, Mazal λύκος
δώσει
(375)
I 381
5.
οὖν χανών, ᾧ
Λύκων, ἄπιθι διὰ κενῆς; cf. Dion. Antioch. ep. 11 ἄρα μὴ λέληθα ἐμαυτὸν εἰς παροιμίαν ἐλθὼν καὶ γέγονα λύκος χανὼν διὰ κενῆς; uide Phot. I p. 397. 1 ss Naber = Sud. À 816 Adler (cf. Hesych. À 1386 Latte) λύκος ἔχανεν"... ἐπὶ τῶν συνελπιζόντων χρηματιεῖσθαι, διαμαρτανόντων δὲ λέγουσιν. ᾿Αριστοφάνης Θεσμοφοριαζούσαις β΄ (= fr. 350); Diogenian. 6. 20 et Leutsch-Schneidewin ad loc.
(L p. 273) 374 Ἰπῶς Handley
Il litt. (οικ)ιαν imarum
uest.ll 375 7τι (A.) pot.
qu. ]n (ed. pr.) + εἰ B 1 376 ravu- (punct., ut uid.) Β 377 7τ uest. minut., suppl. εὖ y’ ἐσ]τὶν A. I τροπου. B ll 377-382 dialogi diuisio incerta. 377-378 in. dat Gallavotti Chaereae, 377 Chaerestrato A., Sandbach:; 378-379 in. Dauo Sandbach (contra B), Chaerestrato continuat A.; 379-
382 (Anw. — 380 Jo”) qui uide ad 380 v scripto) B votti εὑρεῖν
κεν.) Chaerestrato dant Sandbach Gallavotti, Dauo A. (lecto seruo 382-384 (πράττειν — ὕπαλ.) continuat (contra B); H 378 ]a uest. minut., suppl. τιμωρίαν Kassel || τιν᾽ (Tex | 379 in. suppl. ταύτης A. prius, λαβεῖν etiam Α., GallaBorgogno εἰπεῖν Handley {| vn (v ex τ scripto) B Il 380
1μ᾽ (Gallavotti Sandbach) pot. qu. σ (ed. pr.), nam ow semper in ligatura, non μῶ; loqui Chaerestratum censent Gallavotti Sandbach, cf.
Dysc. 891 Il 381-382 distinximus cll. prouerbii lectionibus, cuius non est uerbum ἄπεισι, uide test. et cf. Ar. fr. 350, Eub. fr. 14. 11, praesertim Euphron. fr. 1. 30 5. τοῦ γὰρ μὴ χανεῖν i λύκον διακενῆς où μόνος εὕρηκας τέχνην it 381 in. ]a uest. minut. ll 381 s. (--- κενῆς) an Dauo tribuendum? Hi 382 δὲ add. A. || 383 ἔενικονικον B
27
LE BOUCLIER
ACTE IL, sc. 3.
Daos. — Et pourtant, il l’aurait fallu. CHÉRÉAS. — Mais que dis-tu de ceci? Je vais revenir avec un de mes camarades en renfort. J’emprunterai pour lui une perruque, un élégant manteau, une canne, et il prononcera tous les mots qu’il pourra avec un accent étranger!. DaAos. — Parfait! mais fais vite! (Chéréas sort par la droite.) CHÉRESTRATE.— Et moi, que dois-je faire? Daos. — Ce qui a été décidé: meurs, et bonne chance?!
CHÉRESTRATE. — C’est ce que je vais faire. Daos. — Ne permettez, au moins, à personne de sortir, et
veillez sans faiblesse à ne rien laisser transpirer*. Mais qui sera avec nous dans le secret?
CHÉRESTRATE. — Seules, ma femme et les deux petites, elles aussi, ont droit à des explications, je ne veux pas qu’elles pleurent. Quant aux autres, laissons-les m’insulter céans, dans l’idée que je suis mort. Daos.
—
Tu
as
raison.
(Montrant
Chérestrate)
Qu'on
ramène celui-ci à l’intérieur!
1. D. demande un médecin étranger astucieux (384 ἀστεῖον: cf. Pseud. 385 ad eam rem usust hominem astutum, etc.), étranger p. ἃ.
pour qu'il ne soit pas reconnu de S. (cf. Pseud. 731, Trin. 766 ss.; mais voir p. 32). Chéréas lui en propose un de son invention, un ami déguisé en médecin (pour l’élégante χλανίς, cf. Hippocr. De medico 1 [9. 204 L.] ἐσθῆτι χρηστῇ). De la même façon, Pseudolus, afin de flouer le léno, déguise un esclave en valet de militaire (Pseud. 752).
Sur le recours au déguisement voir Notice p. ΧΧΧΥΠῚ 8. 2. à. τ. ou τὐχἀάγαθῇ, dans la langue familière (Ar. Ois. 675, αἱ.; Nicostr. 18, adesp. 1089. 18, 1093. 125, al; voir aussi And. 1. 120, Dém. 3. 18, al.), accompagne un impér. avec la valeur d’un souhait abrégé. Incongrue dans la bouche du stupide qui l’emploie à l'adresse d’un mort véritable (Car.
14. 7), elle a ici le sens de:
«puisse ta mort
s’accomplir avec une heureuse fortune», i. e. «puisse notre ruse réussir». Van Leeuwen (cf. Gronewald ZPE
114 [1996] 60), la donne à Ch.
chez qui elle serait acquiescement (teinté d’une nuance apotropaïque, voir Sam. p. 19*); ποήσω
suffit en ce sens.
3. Avec ces directives de D. comparez celles de Tranion, qui joue, chez Plaute, un rôle équivalent (Most. 399-401).
ΑΣΠΙΣ
27
(ΔΑ.) Καὶ μὴν ἔδει.: (ΧΑΙΡΕΑΣ) Τί δὲ τοῦςκτο»; Τῶν ἐμῶν τινα 385 ἥξω συνηθῶν παραλαβὼν καὶ προκόμιον F, ΡΠ’ αἰτήσομαι καὶ χλανίδα καὶ βακτηρίαν 34 αὐτῶι, ξ' ενιεῖ δ᾽ ὅσ᾽ ἂν δύνηται.: ΔΑΟΣ Ταχὺ μὲν οὖν.: (ΧΑ.) Ἐγὼ δὲ τ'ί ποῶ;:" (ΔΑ.) Taü τὰ βεβουλευμένα’ (380) ᾿ἀπόθνῃσκ᾽ ἀ΄ γαθ᾽ῆι τύχηι.: (XA.) Ποήσω. (ΔΑ.) Μηδένα 390 ἔξω γ᾽ ἀφίετ᾽, ἀλλὰ τηρεῖτ᾽ ἀνδρικῶς
38
τὸ πρᾶγμα: Τίς δ᾽ ἡμῖν συνεί' σεῖται;:
ΧΑΙΡΕΣΤΡΑΤΟΣ
Μόνηι
δεῖ τῆι γυναικὶ ταῖς τε παιδίσκαις φράσαι αὐταῖς ἵνα μὴ κλάωσι, τοὺς δ᾽ ἄλλους ἐᾶν (385) ἔνδον παροινεῖν εἴς με νομίσαντας ‘ve'kp'ôv.: 395 (ΔΑ.) Ὀρθῶς λέγεις. Εἴσω τις ἀγέτω τουτονί.
40
385 τοῦτο Kassel ll 387-440 habet F quoque (uersus 410-412. 415 deperditos, 409 de media parte [uk] et ex. 416 de media [a]. 421-423.
425-427. 432-440 ex. mutilos in B suppl. F; ceteras lacunas, quae sunt codicis F,suppl. B) |! 388 par. BF |! oo B i. e. ὅσ᾽ (hiat F) defend. Kassel West: ὡς A. ll dicola et p. n. Bm, hiat F I 389 par. BF Il post eyoôe uest. dubia F Il ταῦτα τὰ βεβ- Α.: ταυτα βεβ- B ταδε βεβ- F Il 390 par. F: om. B il dicolon F: punct. simplex B |! ]n tuxn ΕἸ! 390-2 (μηδένα — πρᾶγμα) Dauo dat Kassel li unôeva B: unôeel F (Borgogno) in tabula dispici nequit, μηδὲ ἕν Gallavotti |! 391 εξω B: eoo Ε (εγὼ Vitelli falso) Il γ᾽ Sandbach Sisti (cf. Ar. Vesp. 922 μὴ νῦν ἀφῆτέ y’ αὐτόν et uide Denniston? 126): τ᾽ B, F (γ᾽ Vitelli falso) δ᾽ A. Il (ἔξω)θ᾽ corr. Gallavotti || agret” F teste A. (αφιεμ᾽ Vitelli, ante hoc uerbum εγωγ᾽ lecto): αφειετ᾽ B I! 392 par. et dicola BF I τίς — ovveioetat loqui Dauum
suspicatur Del Corno, seruo tribuit Gaiser (iam Coppola)
N p. ἢ. χαιρεας (ad 392-395 [μόνῃ —], non ad 392 [τίς — συνείσεtai;] ut uoluit Α., pertinentem) adpinxit B" falso, yaipeotpatos scripsimus ἢ! 394 αὐταῖς (par. del.) B H kAaœwon F: -σιν' B li 395 par. BF Il rapoiveiv F: rnapoveiv B Il dicolon B, hiat F ll 396-399 loqui Dauum suspicatur Del Como, tribuit ei Gaiser (iam Coppola): Chaereae A., uide ad 392
28
LE BOUCLIER
ACTE IH, sc. 2.
L’eccyclème accomplit la manœuvre inverse mettant fin à la scène d'intérieur. Il comportera,
à coup
sûr, du
plaisir et du
sport, notre
malheur, et de la belle façon, pourvu qu’il prenne place, et que le médecin nous prête quelque vraisemblance. (/{ rentre chez Chérestrate.)
CHOEUR. ACTE III SCÈNE 1. SMICRINES (sortant de chez lui).
SMICRINÈS. — Ah bien, oui! il a eu vite fait, Daos, de se rendre Oui,
chez
moi
vraiment,
pour
m'apporter
il a grand
souci
l'inventaire
de moi!
Daos
des biens! est de leur
côté. Eh bien bravo! oui, par Zeus! bonne idée qu’il ἃ eue là! Voilà un prétexte que je suis heureux de trouver contre lui pour faire mes vérifications, non plus aimablement, mais
d’une manière conforme à mes intérêts. Car, pour les biens non apparents, je suppose, il y va du double. Je les connais, moi, ses tours d’ esclave fugitif. SCÈNE 2.
SMICRINÈS, DAOS, puis CHÉRÉAS, LE MÉDECIN et son assistant. DaAos (sortant en courant de chez Chérestrate). —
Ô puis-
sances divines! Qu'il est effroyable, oui, par le Soleil! le malheur qui nous arrive! Je n'aurais jamais cru qu’un homme pût tomber aussi vite dans un état! aussi grave. C’est un orage qui ἃ fondu sur la maison avec furie. SMICRINES. — Que peut-il bien vouloir?
1. πάθος est à prendre ici en un sens médical voisin de νόσος
ΑΣΠΙΣ
45
28
Ἕξει τιν᾽ ἀμέλει διατριβὴν οὐκ ᾿ἄκρ»ρυθμον ἀγωνίαν τε τὸ πάθος, ἂν ἐνστῇ ‘u'ovov ὃὅ τ᾽ ἰατρὸς ἡμῖν πιθανό'τητ᾽ α σχῆι: τινα.: (390)
ΧΟΡΟΥ
(ΣΜΙΚΡΙΝΗΣ)
50
Ταχύ γ᾽ ἦλθ᾽ ὁ Δᾶος πρός με τὴν τῶν χρη μά᾽' των φέρων ἀπογραφήν᾽ πολύ y'é pou’ πεφρόντικε. 401 Δᾶος μετὰ τούτων éori'v. Εὖ γε", νὴ Δία’ καλῶς ἐπόησε᾽ πρόφασιν εἴληφ᾽ ἄσμενος πρὸς αὐτόν, ὥστε μὴ φιλανθρώπως ἔτι (395)
ταῦτ᾽ ἐξετάζειν, ἀλλ᾽ ἐμαυτῶι συμφόρως.
405
Τὰ γὰρ οὐ φανερὰ δήπουθέν ἐστι διπλάσια᾽ ᾿ἐγώιδα τούτου τὰς τ' ἐίχνας τοῦ δραπέτου.:
(AAOË) 55
Ὦ δαίμονες, φοβ'ερ'όν γε, νὴ τὸν Ἥλιον, τὸ συμβεβί[ηκός᾽ ο]ὐκ' ἂν φή'θην ποτὲ (400) ΡΙ. 10 ἄνθρωποϊίν εἰς] τοσοῦτον οὑτωσὶ ταχὺ 410 πάθος ἐμ[π]εσεῖν. Σκηπτός τις εἰς τὴν οἰκίαν expl. ἢ ῥαγδαῖος ἐμπέπτωκε.: (ΣΜ.) Τί ποτε βούλεται;:
411 ς. respicit Theophylact. Epist. 24 ῥαγδαῖος ἐνεδήμησε
σκηπτὸς
ἡμῖν
398 evorn Ε: eotn Β || 399 par. B, om. F Il τ᾽ Ε (ut uid.): θ᾽ Β | dicolon ante et post τινα B qui diplèn adpinxit, nulla signa F | χορου BF {il 400 ηλθ’ o δαος προς με F: ηλθε προς μ᾽ o δαος B Il 401 axovYpapnv:B, nulla interp. in F Il γε nov B: τί (τ mutil.) unde τε μου uel τ᾽ epov F Il 403 enonce: B: -oev: F || aouevoc B: -voc F teste Vitelli, de littera ὦ dubitat Borgogno; ad -ος / -ως uide West, Stud. in Aesch., Berlin, De Gruyter,1990, p. 305 n. 12 Il 405 εξεταζειν F: -τασεῖν B I epavto F: εἰμ᾽ αὐτῶι B Ii 407 par. et dicolon BF || εγωδὰ F: εγωδ᾽ α B || 409 summarum avoœn litt. uest. minuta praebet B |] 410415 hiat B
29
LE BOUCLIER
DRE
ACTE IL, sc. 2.
lacune de deux vers μον
DaAos. — (Ô divinité) que (...)! SMICRINÈES. —
(...) l'individu (.....).
DaA0s. — «Il n’est pas un seul homme dont le bonheur soit parfait». Voilà encore une pensée remarquable!. Ô dieux tant vénérés, quel coup imprévu! (.....) SMICRINÈS. —
Daos, misérable Daos, où cours-tu?
Daos. — Et ceci encore, quelque part: «C’est Fortune qui préside aux affaires humaines, non la prudence?». Bravissimo!
«£a
divinité
implante
le crime
quand
elle veut ruiner une maison
(comme
p. ex. chez Galien {De constir. artis med.
chez
les mortels,
de fond en comble».
1. 273, 3-5 Kühn]:
ἁπάντων δὲ τούτων αἰτία τοὺ σώματός ἐστιν ἡ διάθεσις ἣν εἴτε νόσον εἴτε πάθος ὀνομάζοι τις où διοίσει; cf. PI. Men. 874 ei derepente tantus morbus incidit. 1. Les spectateurs n’ont pas eu longtemps à attendre pour voir se réaliser la promesse
de D. (397), dont
l’entrée a été annoncée
ironi-
quement (407: cf. Frost 32): c’est celle d’un servus currens qui ponctue sa course de brèves tirades, sans faire tout d’abord attention à 5. qu’il bombarde de sentences tragiques (l’ancien précepteur a des lettres), dans une scène bouffonne (sur sa valeur voir Notice Ὁ. ΧΧΧΥΠ 5.). — Les Test. précisent les références (418, 422, 423 s., 427-429, et aussi 435 s., 436 s., 443). Le fait que certaines citations soient attribuées
simultanément à M. et à un auteur tragique (418, 422) vient de ce que le compilateur byzantin des Sentences monostiques les a extraites du Boucl. sans les identifier. J’ai exclu de ces fragica 426 in., commentaire personnel de D. (voir n. crit.). —
418, 419:
le premier vers de la
Sthénébée d'Eur. est passé en proverbe de bonne heure; il est cité non seulement par Ar. (Gren. 1217) mais par Nicostratos (fr. 29. 1) et Philippide (fr. 18. 3); voir également adesp. 1059, fr. 1. 1. Le compliment
εὖ διαφόρως, litt. «remarquablement bien» (pour διαφόρως pris en ce sens cf. Arbitr. 550, Tondue
262), s'adresse, comme
les commen-
taires analogues (423 ὑπέρευγε [voir note critique ad loc.; dnépev: Tondue 982], 430 εὖ πάντα ταῦτα) au poète qui a forgé la maxime (cf.
425 σεμνά, 439 où τῶν τυχόντων). D. louait semblablement la sentence delphique (194).
2. Cf. fr. 417,7 s. et Comm. p. griech. Roman’ p. 301“. La déesse fois de plus, sentir sa présence, ici (cf. 5. OR 977), même si τύχη v. 254, comme
le nom commun
711; voir également E. Rohde, Der Fortune (cf. Pseud. 6785.) fait, une par l’intermédiaire de cette maxime peut y être considéré, ainsi qu’au
(voir p. 6?). Cf. Notice p. XXXVIIIL.
AZTIIE
F, p. I, μμννέννον desunt uersus duo 62 _....]povov Ba...vi ...}.. []αρ΄αἱ
29
τ ρνμννννονν 415 (405)
ΣΜΙΚΊΡΙ ἄ'νθρωπος" ὑπ (ΔΑ.)κ«Οὐκ ἔστιν ὅστις πά vr’ ἀνὴρ εὐδαιμονεῖ.» 66 Πάλιν εὖ 'διαφόρως. Ὦ πολ[υτίμητοι θεοί, ᾿ἀπροσδοκήτου πράγμαϊτος]. aal 420 (ΣΜ.) Δᾶε κακόδαιμον, ποῖ τρέχίεις; (AA.) ] Kai πίου réêe (410) «Τύχη τὰ θνητῶν πράγματ᾽, οὐκ ebBo'uAia.» 70 Ὑπέρευγε. «θε ὃς μὲν αἰτίαν φύει βρο' τοῖς,
ὅταν κακῶσαι δῶμα παμπήδην θέλῃ.» 418 = Sent. mon. 596 (h. u. ex u. 1 (fr. 661.1 N2) 11 422 = Sent. 2 (p. 782 N2) = TrGF 71 F2 Snell 111-118); cf. Alciphr. 3. 8. 3 πάντα δὲ τύχη ll 423 s. (θεὸς -)
Asp. citat excerptor) = Eur. Stheneb. mon. 732 (ex Asp.) = Chaeremon. fr. (uide G. Morelli, Eikasmos, 1 [1990] οὐδὲν γὰρ ἐν ἀνθρώποις γνώμη, = Aesch. Niob. fr. 154a, 15-16 Radt
415 in. ᾧ δαῖμον ὃν Kassel cil. fr. trag. adesp. 17 ( ᾧ δαῖμον ὅς μ’ εἴληχας, ὡς πονηρὸς εἶ - Alciphr. 3. 13. 1), Aesch. Pers. 845, Eur.
fr. 444 Ν.2; locum esse trag. docet 419 πάλιν Il 416 apa F, litt. ap imarum uest. minuta praebet B ll 417 ante a(v8p-) lineolae uest. habet B; p. ἢ. opikp/ in u. 417 m. 5. fuisse suspicatur Sandbach ἢ par. B, hiat F Il ἀανθρωπος: B: -πον F il 418 οστις παί B (periit α paene totum): ουδί
F (lect. dubia)
I! fin. ex Eur.
(uide test.) restituit ed. pr. ἢ] 419
ra..veu[ F (πάλιν iam disp. Norsa) I! fin. suppl. multi; ad 419 5. cf. Fab. incert. 56 5. ἢ 420 in F legi nequit par. B || Ἰκαια (i. 6. scriptio plena pro κἀϊ ) disp. A. probante Kasser Il 421 fin. nihil nisi JBAafnç novou F teste Lodi (lect. ualde dubia ad codicis B uest. non quadrat):
καιπί pot. qu. καιτοί B unde καί που τόδε suppleuimus καὶ τοῦτό που A. καὶ παραλόγου Borgogno (ad 420 πράγματος spectans), alii alia 1 422 πραγματία) B il fin. οὐκ ευβουλια F, praecedentibus uerbis δ᾽ oufx] ἐστιν teste Vitelli (uest. ualde dubia); de Chaeremonis
loco
(uide test.) iam cogitauerat Vitelli || 423 in. vrepevye B (cf. Epitr. 525, Theophor. 30): καὶ ôfn F teste Vitelli (uest. incerta) ὑπέρευ corr. multi, at in loco Aeschyleo non displicet uocis θεὸς scansio tragica li φυει F: φυσι B Il 424 παμπηδην F: πανπηδη B ll fin. (6eA)n ualde mutil.
30
LE BOUCLIER
ACTE Il, sc. 2.
Eschyle, l’auteur d’augustes! pensées .... SMICRINÈS. — Tu débites des maximes, triple misérable! Daos. —
Incroyable, insensé, terrible!
SMICRINÈS. — Il ne s’arrêtera donc jamais? DAOS. — «Qu’y a-t-il d’incroyable en fait de maux humains?» C'est Karkinos qui parle. «Car, en un seul jour, la divinité fait passer l’homme de la bonne à la mauvaise fortune». Voilà autant de perles, Smicrinès. SMICRINÈS. — Mais qu'est-ce que tu veux dire? DAos. — Ton frère —
ὃ Zeus, comment m’exprimer?
—
il s’en faut d’un rien qu’il ne soit mort2. SMICRINÈS. — Lui qui me parlait ici même, à l'instant? Que lui est-il arrivé?
Daos. — Excès de bile, chagrin, égarement d'esprit’, suffocation. SMICRINÈS. — heur!
Ὁ Poséidon!
ὃ dieux!
quel terrible mal-
1. La leçon de F (σεμνός) offre un texte possible (A. à σεμνός — Diph. 60 ὁ κατάχρυσος.. Εὐριπίδης), mais elle est trop peu sûre pour être retenue.
Celle qui se tire de B (σεμνά)
donne
un texte de
sens équivalent mais plus difficile à justifier. L’aposiopèse (Sisti) est peu probable. Une interruption de 5. coupant la parole à D. (cf. 436) possible (sc. εἰπών
vel sim.); c’est l'explication la plus couramment
retenue, mais peu satisfaisante, car, dans notre cas, la pensée est complète. Je serais tenté d’expliquer ces mots par l’ellipse de γράψας. C'est ainsi que, dans ses références, pour distinguer Apollonios de Rhodes de ses homonymes, Etym. Gen. précise: ᾿Απολλώνιος ὁ τὰ ᾿Αργοναυτικά, p. ex. 5. v. ἀριήκοος (Et. Magn. 142. 52 ἃ seulement ᾿Απολλώνιος). Il y a ici comme une définition d'Eschyle, caractérisé ges la σεμνότης de son style, comme il l’est chez Ar. Gren. 1004 ἀλλ᾽ … πυργώσας ῥήματα σεμνά (cf. 833, 1020). 2. Cf. Eur. Hel. 1196 Μενέλαος, οἴμοι, πῶς φράσω; τέθνηκέ μοι. 3. Ces trois mots sont à mettre en relation avec la melancholia (cf. 312, 314, 345, ΠΙ 3 et voir l’art. cité p-22?). Nous sommes ici au début du scénario de la tragédie (337 ss.), à la déclaration de la maladie.
Rapports chagrin-folie: cf. Antiphan. 287 λύπη μανίας ὁμότοιχος εἶναί μοι δοκεῖ, Alexis fr. 298 λύπη μανίας κοινωνίαν ἔχει τινά, Philém. 106 (cité p. 241), Cleaen. TrGF 84 F2 λύπη γὰρ ὀργή τ᾽ εἰς Eva ψυχῆς τόπον | ἐλθόντα μανία τοῖς ἔχουσι γίνεται.
ΑΣΠΙῚΣ
(ΣΜ.)
30
Αἰσχύλος ὁ σεμν᾽ἀ --: Γνωμολογεῖς, τρισάθ'λιε;:
425
(ΔΑ.) Ἀπιστον᾽, ἄλογον, δεινόν.:
(ZM.) Οὐδὲ παύσεται; ": (415) (ΔΑ.)ς«Τί᾽ δ᾽ ἐστ᾽ ἄπιστον τῶν ἐν ἀνθρώποις κ' ακῶν;» 75 δ' Καρκίν' οἷς φησ᾽ «ἐν μιᾶι γὰρ ἡμέραι τὸν εὐτυχ΄ ἢ τίθησι δυστυχῆ θεός.» Εὖ πάντα τ' αῦτα', Σμικρίνη.: (ΣΜ.)
Λέγεις δὲ τί;:
430
(ΔΑ.) Ἁδελφός - ὦ Ζεῦ, πῶς φράσω; - σχεδόν τί σου (420) ᾿τέθνηκεν.:
(ZM.)
80
" Ὁ λα λῶν
ἀρτίως ἐνταῦθ᾽ époi; :
τί παθών;:
(ΔΑ.)
Χολή, λύπη τις, ἔκστασις φρενῶν, “πνιγμός.:
(ZM.)
Πόσειδον καὶ θεοί, δ'εινοῦ πάθους.
426 (— δεινόν) Vide app. crit. ad loc. Il 427-429 Junioris fr. nouum, TrGF 70 F5a 425 par. B, hiat F || ocuvea
B (i. e. fort. σεμνὰ
= Carcini
uox ex falsa lec-
tione σεμνε in exemplari suo correcta, à supra εξ scripto) cor. et dist. A.: Jooa F (Vitelli) Joo: (Borgogno) σεμνός A. prius; p. ἢ. opukp/ ἃ (1. e. Smicrines protagonista) olim fuisse suspicatur K. U. Wahl, uide ad Sam. 340 || dicolon (post σεμν-) B, de F dubitari potest || fin. dicolon F, hiai B 11 426 (— δεινόν) hoc esse tragicum fr. nouum arbitrantur multi (cum uersibus 427-429 conglutinatum praebet Sneli TrGF 70 Carcinus II FSa parum recte), Daui autem proprium iudicium Sisti Sandbach (Comm.
p. 742) probabilius (cf. 419 s.) Il 426 in. par. B qui
ἄπιστον habet: uest. incerta F Il post Seivov dicolon BF Il fin. dicolon F, hiat B 1! 427 in. hiat F, ti suppleuerat van Leeuwen: τις B ll ἐστ᾽ B: ἐστιν ΕΠ] 428 in. o B, hiat F, iam coniecerat Wilamowitz || no:
(i. e.
φησ᾽ ) B (iam ita coniecerat Page suadente Vitelli «πὲ si pud.. escludere una interpolazione del nov»): ποὺ φησ᾽ (non φησιν) F teste Vitelli πού φησιν (deleto μιᾶι) Wilamowitz ἢ 430 in. εὖ (non συ) et F teste Borgogno ll par. BF, dicolon (post σμικρινη) F om. B, fin. dico-
lon BF Il 431 σχεδον F: σχελον B Il 432 in. par. et dicolon BF Il ὁ λαλῶν iam coniecerat van Leeuwen ἢ! fin. dicolon F, hiat B || 433 s. par. et dicolon BF || 433 τις: B ii 434 ποσιδον B K fin. sitne dicolon in F incertum, hiat B
31
LE BOUCLIER
Daos.—
ACTE IX, sc. 2.
«Il n’est aucune réalité si terrible par son seul
nom, il n’est aucun malheur!»...…
SMICRINÈS. — Que tu es donc assommant! DaA0os. —— «Car les événements
contraires, tout imprévus
qu’ils sont, c’est une puissance divine qui en a décidé». La première citation était d’Euripide, celle-ci appartient à Chérémon?: ce ne sont pas les premiers venus. SMICRINES. — A-t-il reçu la visite d’un médecin? DAoS. —
Non, mais Chéréas est parti en chercher un.
SMICRINÈS. — Qui donc? Daos. — Le voici, oui, par Zeus! à ce qu’il paraît. (S'adressant au médecin qui arrive par la droite avec son assistant et Chéréas.) Dépêche-toi, mon bon ami. LE MÉDECIN. — (Voilà!) Daos. — «Chose difficile à contenter que les malades, en raison de leur détresseS». Daos et le médecin Chéréas.
entrent
chez
Chérestrate
avec
1. Début de l’Oreste abondamment cité, les trois premiers vers au complet par Stob. Eci. 4. 34, 48 (V p. 840: voir Hense ad loc., nom-
breuses références). La pièce d’Eur. a exercé au 1V° a. C. une véritable fascination dont témoigne M. (cf. 443, Arbitr. 910 - Or.922, δὶς. 176 8. - Or. 866 5., al.).
2. Chérémon cité ou parodié: Eubul. 128; éloge d'Eur.: Diph. 60. 1, Philém. 153 (cf. 118), adesp. 1048; cf. Ar. Lys. 368. 3. οὐδείς est la réponse à une question impliquant τις (cf. 218), la corr. de Kürte offre un texte excellent. Si j’adopte, non sans hésiter, la solution alternative, c’est que οὐδείς est parfois interpolé en B (cf. Sam. 653), mais jamais μέν dans les pap. de M. (Comm. ad loc.). 4. La situation est la même dans les Ménechmes, quand le vieillard,
qui attend le médecin avec impatience, l’invite à se presser dès qu’il le voit paraître avec la lenteur imposée par le décorum: 442 - Men. 888 (atque eccum incedit.) moue formicinum gradum. S. On peut s'interroger sur l’à-propos de cette citation: mise en garde à 5. qui pourrait être tenté d'accompagner D. et le médecin? II est à noter qu’elle irait dans le sens de son propre sentiment (444 ss.).
ΑΣΠΙΣ
31
(AA. )« Où ἔστιν οὐδὲν Beuv'ôv' ὧδ᾽ "εἰπεῖν ἔπος οὐδὲ πάθος» —: (ΣΜ.) Ἀποκναίει'ς σ᾽) ύ.: (ΔΑ.) «Τὰς γὰρ συμφορὰς ἀπροσδοκήτους δαιμόν' ων ἴἾτις] ὥρισεν.» 85 Εὐριπίδου τοῦτ᾽ ἐστί, τόδε Xa'ipmuovos, οὐ τῶν τυχόντων.: (ΣΜ.) Εἰσελήλ'υθ[εν] δέ τις expl. Εἰατρός;: (AA.) Οἴχεται μὲν "οὖν à Xaipéas ἄξων.: (ΣΜ.) Tiv' ἀρα;: (ΔΑ.) Tourovi, νὴ τ[ὸν Δία, ὡς φαίνεται. -- Βέλτιστ᾽, ἐπίσπ[ε]υ[ δ᾽. (ΙΑ.) -ος(ΔΑ.) Δυσάρεστον οἱ νοσοῦντες ἀπορίας ὕπο.»:
435
(425)
440
(430)
435 s. (-- πάθος) = Eur. Or. 1 5. ἢ} 436 5. = Eur. fr. 9448 (Snell, suppl. ad Ν.2, p. 1040) = Chaeremonis fr. nouum, TrGF 71 F42 |} 443
= Eur. Or. 232 435 par. B falso Il 436 s. (τὰς —) finxisse Dauum suspicabantur Wilamowitz Allinson, Euripidi autem tribuit Snell, Chaeremonis nunc constat esse fr. nouum (uide test.) {| 436 in. par. et dicolon (post παθος)
BF Il ol: F, dicolon om. B || 437 δαιϊμονωνί B δαιμόνων [τις] ὥρισεν Kasser-Austin: ôaiuov[es disp. et suppl. Vitelli, at lit. -a(v) ualde dubia 1 τοδεχαί B (a agnouit Handley probante Kasser):
δαιμονί F it fin. δι)ώρισαν in F 438 εὐρυπ- B ll τοί...]υρημενον
(litterarum υ, &, v, v nihil nisi uest.) in F dispicere sibi uisus est Vitelli,
restituit Handley || τόδε (de hoc demonstratiuo ad ea quae praecedunt spectante uide K.-G. 1 647. 7 et cf. Thuc. 1. 144. 2 οὔτε γὰρ ἐκεῖνο κωλύει ἐν ταῖς σπονδαῖς οὔτε τόδε): τὸ δὲ A. (an Dauus Eur. Or. 1 8. ad Chaeremonem releget comico errore?) || 439 ς, par. et dicolion BF || 440 ovbeic” B (ovôeic F) ante oiyetat insertum del. Vitelli: seruauerunt (deleto μὲν et οἴχετ᾽ scripto) Koerte probante A., (del. οὖν 6 } ed. pr. et Handley dubitanter || 441 τιν᾽ (1 ex ο corr.?) B Il fin. νὴ τίὸν Δία ed. pr.: νὴ τ[οὺς θεούς A. Il 442 fin. ἐπίσπευδ᾽ A. qui
tum e.g. coniecit ἀλλ᾽ ἐγών (medico tributum) aut ἀλλὰ χρή (Chaereae), cf. Sam. 905, Dysc. 849
32
LE BOUCLIER
ACTE ΠῚ, sc. 3.
SCÈNE 3. SMICRINÈS, puis LE MÉDECIN et son assistant. SMICRINÈS. — Moi, en tout cas, s’ils m’aperçoivent, ils diront que j'ai été trop heureux de venir aussitôt, j’en suis sûr et certain. Et Chérestrate lui-même n’éprouverait aucun plaisir à me voir. (.....) bizarre (...) je n’ai même pas interτορέ....
Après être sorti de chez Chérestrate, le médecin a en-
gagé avec Smicrinès une conversation devant la maison de ce dernier.
Le MÉDECIN. — (.....) sé bîle (....) se laissant emporter (....) à cause de sä détresse brézente.
SMICRINÈS. — (...) Oui, je comprends. LE MÉDECIN. —
(.....)
SMICRINÈS. — Oui, je comprends. LE MÉDECIN. — (.....) le diaphragme lui-même, j'ai l'impression de le (voir faisant saillie). Nous avons goutñme d’abbeler ce mal-là phrénitis!. SMICRINÈS. —J’entends bien. Et alors? ΠΠ ne reste plus aucun espoir de salut?
1. Sur la scène du médecin étranger voir Notice p. ΧΧΧΙΧ ss. Sa langue, empruntée au domaine linguistique des plus célèbres écoles médicales (Grande-Grèce, Cos, Cnide), est un dorien mêlé d’atticismes,
que j'ai choisi de rendre par quelques touches d’accent germanique. Son diagnostic est ce que l’on pouvait attendre d’un garçon à qui D. a fait la leçon (p.24!, 30°): χολάν (465, cf. 477), la bile noire évidemment, y joue le rôle principal, nous sommes devant un cas de melancholia (312) compliquée en phrénitis (472, cf. 349). Quels que soient les suppl. 470-2, Gronewald (ZPE
1993, 24; cf. l’art. cité supra p. 222) ἃ élucidé
ce passage en rapprochant Dioclès fr. 38, où φλεγμονὴ τοῦ διαφράγματος = οἴδημα τῶν φρενῶν, et Hippocr. (n. crit.).
ΑΣΠΙΣ
32
ΣΜΙΚΡ(ΙΝΗΣ) Ἐμὲ μέν, ἐὰν ἴδωσιν, εὐθὺς ἄσμενον φήσουσιν ἥκειν, τοῦτ᾽ ἀκριβῶς οἶδ᾽ ἐγώ' 445 αὐτός τ᾽ ἐκεῖνος οὐκ ἂν ἡδέως μ᾽ ἴδοι. (435) ἐννεννοον ..... 10’ ἄτοπον οὐδ᾽ ἐπηρόμην νονονοννονονονοννονοον imae paginae desunt 9... PI. 11 .........…. paginae summae 6 fere uersus.........… lv: 463
] (ΙΑΤΡΟΣ)
] αὐτῶ τὰν χολὰν
Juel.. ]. δη φερομένωι
(440)
Ἰδιὰ τὴ[ν] παρεῦσαν ἀπορίαν.:
(ΣΜ.) (4. (ΣΜ.) (IA.)
]. ὦ τοῦτο [δ]ήπου μανθάνω.: Ἰσαν.:
Ταῦτα δήπου μανθάνω.: αἸὐτὰς τὰς φρένας δή μοι δοκῶ ] ὀνυμάζειν μὲν dv εἰώθαμες φ]ρενῖτιν τοῦτο. (ΣΜ.) Μανθάνω. Τί οὖν;: Οὐκ ἔστ]ιν ἐλπὶς οὐδεμία σωτηρίας;
470 (445)
444 p. n. B"* || 447 in. uest. 14 lit. summarum minutissima || ἐπ᾿ἡpounv (ex”, non et’ ) B: ἐπῃρόμην Pieters || 465 αὐτῷ A. ll 466 litt. Juuel imarum uest. parua Il 467 tn[v] B: τὰν A. at de pronuntiandi ratione a pseudomedico dorico usurpata uide u. 388 || 468 Jo, τ, y? 1} huius u. in. (ante τοῦτο) medico tribuas cl. 469 || 469 ]o uel τ! 470 in. (uel 471 in.) βλέπεν ἐκτός] suppleuerimus duce Gronewald qui sensum loci enucleauit cil. Diocl. fr. 38 Wellmann, Hippocr. Maladies 2. 72(61).
1 Jouanna αἱ φρένες οἰδέουσιν ἐκτός Il Ιυτ᾽ας Β Il 471 ante ὀνυμ- uest. in uersuum 471-472 interlinio supra 472 (φε)ρίνιτιν) dicolo similia pot. qu. hastae litterarum p, τ, ὃ Il ὀνυμάζεν (cf. 474 θάλπεν) À. dub., uide ad 467 il ὧν om. sed 5. 1. add. B E 472 in. ἀμὲς suppl. Kassel, an πῶς δή; (Smicrini tributum, uide ad 471)? I φρενῖτιν A.: [φε]ρνιτιν B Il τουτοB (dicoli punct. sup.?), Smicrini dat Fraenkel (cf. 468 s.), medico continuat À. 11473 Smicrini tribuit (signo interrogationis posito) À. dub. l! οὐκ
ἔστιν suppl. À. cf. Ar. Thesm. 946 κοὐκ ἔστ᾽ ἔτ᾽ ἐλπὶς κτλ.
33
LE BOUCLIER LE MÉDECIN.
ACTE ΤΠ, sc. 3.
—— Non, en effet, de tels maux
sont fatals,
s’il ne faut pas te réchauffer de fains esboirs. SMICRINÈS. — Ne me réchauffe pas! parle franchement. LE MÉDECIN. — Il n’a, en vérité, absolument aucune chance de survie:
il vomit une partie de κα bfle, le mal jette
un voile sur (... ) ses yeux (....) il a l’écume aux lèvres et (....) son enterrement est écrit sur son visage. (Le médecin fait un mouvement pour partir.) SMICRINÈS. —
(Attends un peu.)
LE MÉDECIN. — Marche defant, petit. (/{s font quelques pas qui les amènent près de la maison de Chérestrate.) SMICRINÈS.
—Toi,
(le médecin),
oui, c’est toi que (j’ap-
pelle).
LE MÉDECIN. — C’est moi que tu rabbelles? SMICRINÈS. — Parfaitement. (Approche un peu) ici! (Montrant la porte de Chérestrate) Loin de cette porte!
Encore!! LE MÉDECIN — (J'ai dit tout ce que j'avais à dire). Tu ne saurais vorcer la main des dieux. SMICRINÈS.
—
(Laisse-moi
rire).
demande-leur
plutôt
qu’il ressente quelque (mieux). Il arrive bien des choses (sans qu’on les attende). LE MÉDECIN. — Ris (donc tant que tu voudras), je bré-
1. La disposition relative des maisons (voir p. 2) découle nécessai-
rement des injonctions de S. Il répugne à se faire voir près de la maison de Ch. (444 s.): l’entretien a donc sans doute eu lieu devant chez
lui. Lorsque le médecin donne à son aide le signal du départ (481), il reprend le chemin de la ville, ce qui a pour effet de le rapprocher de la maison de Ch. Pour revenir auprès de S., comme celui-ci l’y invite, il doit en conséquence s'éloigner de cette porte. Dans l’hypothèse d’une disposition inverse des maisons, les injonctions de 5. et les mouvements des acteurs deviennent incompréhensibles.
ΑΣΠΙΣ
33
(ΙΑ.) Καίρια] γάρ, ai μὴ δεῖ σε θάλπεν διὰ κενᾶς, τὰ τοιαΪῦτα.:
(ΣΜ.)
Μὴ θάλπ᾽ ἀλλὰ τἀληθῆ λέγε.:
(ΙΑ.) Οὐ πάμπαν οὗτός ἐστί τοι βιώσιμος᾽ ἀνερεύγεταί τι τᾶς χολᾶς᾽ ἐπισκοτεῖ Jevr. [..] καὶ τοῖς ὄμμασι ]. κνον ἀναφρίζει τε καὶ ]. ας ἐκφορὰν βλέπει.: (ΣΜ.) 1: (ΙΑ.) Προάγωμες, παῖ.:
(ZM.)
Σέ, σὲ
475 (450)
480
(455)
] (ΙΑ. (ΣΜ.) (4. (ΣΜ.)
(Α.)
]. μετακαλῆς;: Πάνυ μὲν οὖν᾽ δ]εῦρ᾽ ἀπὸ τῆς θύρας ἔτι.: οὐ]κ ἂν βιῴης τὼς θεώς.: ] αὐτὸν εὔχου τρόπον ἔχειν ]. πολλὰ γίνεται.:
Γέλα
485
(460)
474 in. suppl. Kassel (ad καίρια cf. Hesych. κ 266 Latte) ἢ μὴ δεῖ σε θάλπεν Kassel: μηδεῖς εθαλπεν ed. pr. Il 475 in. suppl. A. | 476 τοι Α.: τοις B
il 478 τι uel nf || 479 π)υκνὸν A. dub. Il 480 ]1? H
481 in. dicoli punct. sup. uel litterae uest. || σε σε B: σέ γε Armott prius (cf. Dysc. 959), at cf. monodiae (E. Heitsch, Die Dichterfragmente d. rôm. Kaiserzeit P p. 45) u. 5 s. σέ, | [σὲ καλῶ], suppl. prob. || 482 ]. dicolon uel litterae uest. ]e disp. A. καλῶ τὸν ἰατρόν (IA.) ἐμ]ὲ Gronewald li 483 in. πρόελθε μικρὸν Lloyd-Jones: ante δεῦρ᾽ possis ἴθι (A.) uel βάδιζε Il 484 in. εἴρηκα πάντ᾽ (uel πᾶν) suppleuerimus lt βιωης B (i. e. Bipnc): βιῴη (sc. Chaerestratus) Sandbach dubitanter probante Blume qui (14.) fiv. (ΣΜ.) ti où λέγεις;] init. suppl. Il τὼς θεώς Gronewald (βιῴης tanquam optatiuum uerbi βιάω poetice usurpati audacter interpretans (hapax!), non uerbi βιόω, et cll. Eur. fr. 1076 N2. πάντων ἄριστον μὴ βιάζεσθαι θεούς, Plat. Resp.365 d, al.): τώστεως B defendit Sandbach τὼς (cf. Ar. Ach. 762) τέως scripto et κληρονόμος ὧν] suppleto (ad οὐκ ἂν βιῴης cf. fr. com. adesp. 1149. 14 οὐκ] ἂν βιῴην) Il 485 in. ἐρρωμένως τιν᾽ Sandbach e. g. an γελῶ: καλῶς tiv’? Il 486 Ja pot. qu. ε (pace Kasser), suppl. ἀπροσδόκητ]α Sandbach
34
LE BOUCLIER
ACTE IV.
tends (connaître) mon art. (....) mais toi-même, tu m'as l’air (de ne pas être en bonne santé), tu couves quelque malârñe de gonsomption. En un mot, tu as blus d’une mort écrite sur
ton visage.
(Le médecin!
et son assistant sortent par la
droite.)
SCÈNE 4. Dao,
SMICRINÈS.
Daos est entré en scène pendant les dernières répliques de la scène précédente: il parle d’abord à la cantonade, en faisant semblant de ne pas voir Smicrinès.
Daos. — Les femmes, je suppose, sont en train de piller comme
on le ferait en pays
ennemi,
des
instructions
sont
données aux voisins par les canalisations. (4 part) Je vais jeter le trouble? dans l’esprit de l’individu que voici. Mais, ce que justernent je faisais, (.....) ΝΞ lacune de...
ACTE IV
SMICRINÈS, CHÉRÉAS.
SMICRINÈS. — (..….) ils crient: «Il est parti (...)». CHÉRÉAS. — (.....) Chérestrate (...). SMICRINÈS. — (.....).
.
1. Sa mission a réussi; sa sortie retardée (481 ss.; voir Frost 15) est
un moyen de souligner l'importance de la scène suivante. 2. Cf. adesp. 1147. 40 s. ἀλλὰ δεῖ | tod]tous ταράττειν, PI. Cas. 589 ego huic aliquem in pectus iniciam metum.
ΑΣΠΙΣ
34
] φαμὶ τᾶς ἐμᾶς τέχνας σ]ὺ δ᾽ αὐτός μοι δοκῆς “..{.}.{..]. ἑαλην ἀλλ᾽ ὑπέρχεταί τί τοι 489 φθιτικὸν νόσαμα' σὺ μὲν ὅλως θανάτους βλέπεις. ΔΑΟΣ Ἦ που φέρουσιν αἱ γυναῖκες ὡσπερεὶ (465) ἐκ πολεμίων᾽ ἐπιτάττεται τοῖς γείτοσι ᾿διὰ τῶν ὑδρορροῶν.: -- Θορυβήσω τουτονί 493 ἀλλ᾽ ὅπερ ἔπραττον πρατί RUE imae paginae desunt 10 fere uersus; ......... use desunt folia duo, i. e. uersus fere 190; ......
PI, 12... summae paginae desunt 5 fere uersus (2) (2)
βοῶσις«ν» «οἴχεθ[᾽ Χαιρεστρατί
700 (470)
ZMIKP/ ἰΔεδρακιχ᾽. [ 487 in. ἔμπειρος εἶμεν A. ll 488 τ]ὸ À. at cf. 490 et uide ad 467 Il δὲ B Il 489 lit. κεαλὴν imarum uest. tenuissima disp. Kasser, κες«φ»αλήν A. || 490 τὺ A. dub., cf. 488 || θανάτως (ὅλως tanquam adiect. interpretatus) West, uide ad 467 θάνατον coniecerit A. || 491493 Dauo tribuit Gaiser ita loquenti ut Smicrini timorem incutiat (uide 493 fin.): Smicrini tribuunt cett. Il 491 de p. n. uide ad 493 Il 492 ἐπιτάττεται Α.: -tattete B || 493 p. n. δαος supra θορὺ (uide ad 18) in falsa sede scripsit B, tum ἡσυχῆ haec uerba esse personae sese adloquentis significans (uide ad 95 ubi eodem modo, postquam cum Dauo conlocutus est, sese adloquitur Smicrines); de librarii errore ad hunc dicoli usum pertinenti cf. 250, Dysc. 214, ai. || 494 nihil nisi litt. summarum uest, parua; ἐπραττον disp. Arnott Handley (probante Kasser), tum πρατί Handley pot. qu. πραγίμα (A.) ll 700-721 de dialogi diuisione uide etiam ad 753-781
Smicrinem
(cf. 702) cum
Dauo
colloqui suspicabatur Gaiser, cum Chaerea Borgogno probabilius;: 715-721 de Cleostrati sorore despondenda Chaereae agere uidetur Smicrines; postea forum adire Smicrinem cum Chaerea ut argentum arcesseret, quod Chaerea a Smicrine impetrauerat nescimus quo pacto, eique daret testibus coram — a foro autem eos redire, primum Chaeream (764), secundum Smicrinem (771) --- coniecit Gronewald, cuius supplementa infra dedimus e. g. || 700 distinximus οἱ. 351 || [οὗτος suppl. A. 11 702 p. n. B" ἢ δέδρακεν, οἴχετ᾽ A. dub.
35
LE BOUCLIER
ACTE IV.
CHÉRÉAS. — (...) est mort. SMICRINÈS.— (...} notre homme a péri. CHÉRÉAS. — (.....). SMICRINÈS. — (...) rien (...) il reste (...) désormais il est juste (...).
CHÉRÉAS.— (...) ici (...). SMICRINÈS.— (...) ne va pas (...). CHÉRÉAS. — (.....). SMICRINÈS.— (...) un testament (...). CHÉRÉAS. — (....….). SMICRINÈS. — (...) prend(...).
CHÉRÉAS. — (.....). SMICRINÈS.— Pour ce qui est des fiançailles (il est inop-
portun),
sans
moment
où il (nous) est arrivé un pareil (malheur),
doute,
d'y
procéder
(immédiatement),
au
à vous
(comme à moi: car c’est avec) force (larmes que je pleure sur) toi, (ὃ Chérestrate!) Mais je suis prêt à produire tout (l'argent) que tu demandes
(en me le faisant verser au mar-
ché, et à) te (le donner, en plus de la jeune fille, intégralement), par-devant (témoins)!. Smicrinès et Chéréas n’ont pas plus tôt disparu par la parodos de droite que Cléostrate fait son entrée.
1. Les fr. des deux derniers actes sont fort lacuneux, et leur traduction, quand elle est possible, largement conjecturale. Toutefois, l’assemblage de B* et de ΒΡ ἃ permis de faire progresser le texte et son interprétation (voir 720 s.). Cf. l’éd. révisée et commentée de 713-29, 75772 par M. Gronewald, ZPE 90 (1992) 50. — L'annonce de la mort de
Ch. (703 s.), attendue dès 448 ss., met le point final au scénario de la ruse. Les v.715 ss., avec les suppl. proposés, montrent son plein succès. D. ἃ vu juste (362 s.), S. a, par avance, conclu un arrangement, sûrement avantageux pour lui-même, avec le candidat naturel: Chéréas a-t-il renoncé à l’héritage contre paiement”? En tout cas, il a demandé de l’argent à S., p. ὃ. inspiré par D. (cf. 765 s.). Présentement, l’heure n'est pas aux fiançailles (cf. 164 s.) mais au deuil dont S. entend bien
prendre sa part. Mais, pour ce qui est des stipulations financières, il est prêt à y donner suite sur-le-champ. C’est dans ce but qu’ils partent pour l’agora (cf. Asin. 245, Trin. 727).
ΑΣΠΙΣ
35
τέθνηκε.: (?) (2)
[ ἁνὴρ ἀπόλ[ωλε Τὸ μηδὲ élv ὑπόλοιπο[ν ἤδη δικαι
(2)
ἐνθάδί
(2)
γραμμί
(2
(2)
705 (475)
μὴ διαί ον.[
710 (480)
ου.[
οὖ. [ἢ]... [ Βὕἢ
(ἢ λαμβανί
(ΣΜ.) Τὸ μὲν ἐγγυᾶν [ ἴσως τοιούτου πί ὑμῖν γενομενί πολλῶν σεπί... Jupol ἕτοιμος ἀποφαίνειν ὅσ᾽ ἂν κελευΐῃς npal “ἐναντίον σοι "ταῦτα. [
715 (485)
720 (490)
703 δί, AL,x1? || 704 ἀπόλίωλε A. dub. Il 705 ἕν A. Ι| 706 suppl. A. cl. Dysc. 841 11 710 alterius μ uest. tenuissima, γραμμί[ατιδι- Borgogno Ι 711 (o)v mutil. li 713-729 in. habet Β" ex B excisa (uide ad 757) À uersuum 718-729 de laeua et media parte 3/8 litteras seruauit ΒΡ, aliud fr. eiusdem codicis atque ΒΒ" (uide ad 762) || 715 fin. suppleuerimus ἄκαιρόν ἐστ᾽ αὐτίκα μάλα ll 716 πί uel τί B° mutil., πράγματος Gronewald cl. 142; possis τοῦ κακοῦ τὸ τήμερον ἢ"! 717 γενομένου Gaiser, tum πρός τ᾽ ἐμοί Gronewald || fin. μετὰ δακρύων Gronewald 1 718 σ᾽ ἐποδύρομαι Gronewald, at displicet uerbum recens, ἀποδύρομαι correxerimus ἢ fin. γάρ, ὦ Χαιρέστρατε Gronewald (cf. 2, 14,
290) 11 719 fin. δὲ χρήματ᾽ ἐν ἀγορᾷ Gronewald Il 720 ooav B Il αἱ B° mutil., πραττόμενος Gronewald, πράγματ᾽ uel πρακτέον A. Il fin. Kai μαρτύρων Gronewald (cil. 778, Sam. 898) Il 721 σοι ueram lect. (non σου) coniunctis in unum duobus codicis B fragmentis B* et Bb disp. Gronewald Il κί (teste A. dub.) uel πί B° mutil., πίάντ᾽ ἐπιδιδόναι suppl. Gronewald
36
LE BOUCLIER
ACTE IV.
CLÉOSTRATE, puis DAos. CLÉOSTRATE.
—
À
terre
chérie,
bonjour!
(C’est
moi,
Cléostrate,) qui t’invoque après m'être sauvé (à grand peine de) mille (travaux). (Pourtant), si je suis bien rentré (dans mes foyers sain et sauf), à mon salut, je le constate, il
manque (quelque chose). Si, en revanche, Daos en ἃ réchappé, (et s’il est présent ici même) par une bonne fortune, je m’estimerai (alors, par Zeus! le plus heureux des hommes). Mais frappons à cette porte!. (11 frappe à la porte de Chérestrate.) DAOs (répondant de l'intérieur). — Qui frappe à la porte? CLÉOSTRATE. — C’est moi. Daos (toujours de l’intérieur). — Qui viens-tu voir? Le maître de la maison est mort (... ).
CLÉOSTRATE. — Il est mort? Hélas! infortuné que je suis! Daos.— (Au large!) Inutile d’ennuyer une famille dans le deuil (... }.
CLÉOSTRATE. — Hélas! misère de moi! (Ouvre-moi la porte), misérable individu! DAoS
(ouvrant la porte). —
Ô mon
oncle!
(Vas-tu décamper à
ia fin),
1. Le retour de CL. (cf. 116 5.) crée un effet d’ironie au moment où il
intervient, juste après la scène où les spectateurs ont pu constater le succès d’une ruse qu’il rend inutile. Par quelle parodos CI. faisait-il son entrée? Par celle de gauche, s’il venait de l'étranger, ce qui ne poserait aucun problème, 5. et Chéréas effectuant leur sortie par celle de droite. Cependant, la solution alternative est plus vraisemblable. Arrivant d’audelà des mers, CE venait probablement du port, comme D. avant lui, et, d’une manière générale, comme tous les voyageurs en provenance d’Asie: il entrait donc par la parodos de droite. Pour que cela soit possible, il suffit d'admettre que, avant de se montrer au public, il attendait que 5. et Chéréas eussent disparu. Il en résulte que la scène restait vide entre les deux dernières scènes de l’acte ἵν. Mais n’était-ce pas un moyen de mettre en relief la scène finale du retour (voir Dysc. p. 511)? —
722: cf. fr. 1
χαῖρ᾽ ᾧ φίλη γῆ, 287 © φιλτάτη γῆ μῆτερ, Sam. 183 et p. 82. — 730: cf. Arbitr. 1075 ἡ θύρα παιητέα. CI. tambourine joyeusement (Smicrinès de l’Arbitrage avec fureur), d'où παίω
au lieu de κόπτω.
Hésitant à
ouvrir la porte (cf. 390 s.), D. ne le fait qu’en 737; cela explique la lenteur de la reconnaissance. — 731: cf. Dysc. 98 τὸν κύριον ζητεῖν ἔφην.
AËTITE
36
KAEOZTPATOZ
Ὦ φιλτάτη 'γῆ, χαῖρ[ε προσεύχομ'αἱ σοι pl πολλῶν σε σωκώς᾽ ei [ πάρειμι τὴ ν owrnpliav
725
(495)
ὁρῶ Beopév'nv τὴν [
εἰ δ᾽ αὖ διαπ' ἐφευγεῖν ὁ Aülo]s εὐτυχῶς arf νομίσαιμ᾽ "ἐμαυτ᾽ ὁ[ν ᾿παιητέα δ᾽ ἐσθ᾽ ἡ θύρ[α. (ΔΑΟΣ) Τίς τὴν θύραν; (ΚΛ.) Ἐγώ.:
(ΔΑ.)
Τίνα ζητεῖς; Ὁ μ[ὲν γὰρ δεσπότης
730
(500)
τῆς οἰκίας τέθνηκ[ε
(KA.)
[ τέθνηκεν; Οἴμοι δυ[στυχής.
(AA.)
[ καὶ μὴ ᾽νόχλει πενθ[οῦσι
(ΚΛ.) Οἴμοι τάλας" ὦ θεῖ᾽" ἀν _ävôpurré μοι κακόδ[αιμον
(ΔΑ.)
735
[
(505)
722 p. n. B*m. 8. | fin. χαῖρ᾽ ἐγὼ Κλεόστρατος A. Il 723 fin. μίόλις ἐμαυτὸν ἐκ πόνων suppl. Gronewald 1] 724 πολλον B* (non πολλὰ ον) defendit Willis (cil. Plat. Com. fr. 189. 16, Soph. Anr. 86,
Tr.1196) qui etiam de πολλῶν cogitauit | -σώκως: BP p. c. (-σοκa. c.) Il fin. δὲ Kai σῶς οἴκαδε Gronewald | 725 fin. ὅμως τινὸς Gronewald H 726 fin. ἐμήν Gronewald A., tum νὴ τοὺς θεούς Α. νὴ τὸν Δία nos 1} 727 fin. πάρεστί τ᾽ ἐνθαδί A. (-δί nos) || 728 απί B° mutil., än[üvrov δὴ τότ᾽ ἂν A. (δὴ nos) 729 ἐμ᾽ αὐτοῖν (diastolè Bb) | fin. ἄνδρα μακαριώτατον Gronewald Il 730 fin. A. qui et παῖδες (possis παῖ, noi). (ΔΑ. τίς el; coniecit; uide Herond. 1. 3 τίς τ[ὴν] θύρην; - ἐγῶὧδε et cf. Ar. Ran. 38 τίς τὴν θύραν ἐπάταξεν; fr. com. adesp. 1122. 6 in. τίς τὴν θύραν Il 731 fin. suppl. A. 1 733 δυστυχής. (AA.) ἄπελθε où A. Sandbach ll 734 fin. πενθ[οῦσιν (ed. pr.), tum ἡμῖν, πρὸς θεῶν Borgogno Il 735 θεῖε B ! ἀνξήρπασαι, où δὲ Borgogno, ἄνοιγε τὴν θύραν Sandbach dub. || 736 κακόδ[αιμον A. Il fin. [(AA.) οὐκ ἄπει noté suppl. Sandbach e. g.
37
LE BOUCLIER
ACTE V, sc. 1.
blanc bec!! Ô Zeus! (Notre bonheur est complet ). CLÉOSTRATE. — Daos! qu'est-ce que tu veux dire?? Daos (étreignant Cléostrate). — (Chérestrate est vivant), et tu es dans mes bras. CLÉOSTRATE. — (.....). ινοννννεννννννεννένμνενοι lacune de 6 vers environ .ὐὐὐνὰνννννννννννν
CLÉOSTRATE. — (.....). DAOSs. — (...} ne va pas, toi (...) (Aux gens de la maison) Ouvrez (toutes les portes*! Plus besoin de ruser, Cléostrate est de retour. Pour moi), je suis bien éveillé, (et pourtant, je vois arriver des choses dont) nous (n'aurions même pas osé rêver). (Ils entrent chez Chérestrate.)
CHOEUR.
ACTE V SCÈNE
1.
DaAos, CHÉRÉAS.
DAos (sortant de chez Chérestrate). — (... ) je l'avoue (...) égal (...} les femmes (sont) heureuses (...) les choses
1. μειράκιον est tout autre qu’amical dans ce contexte (cf. Sic. 274). C'est seulement avec l’invocation que commence
la reconnais-
sance: cf. Mis. 611 ᾧ Ζεῦ, τίν᾽ ὄψιν … ὁρῶ; 2. τί λέγεις; «que signifient tes paroles?» et non simplement «que dis-tu?». Je ne vois pas comment les suppl. tirés des autres scènes de reconnaissance justifieraient une telle surprise. Le mien, après l'annonce de la mort de Ch., demande explication. 3. Lit. «je t’ai» L'expression vient de la tragédie, dont de telles scènes imitent le style (E. Alc.
1134, El. 579, Ion
1140, 17 829, al.).
4. Cet ordre concerne sans doute la pièce dans laquelle Ch. a été enfermé à clé (cf. 353 ἐγκέκλεισα!).
ΑΣΠΙΣ
37
“μειράκιον᾽ ὦ Ζεῦ [ (ΚΛ.) Δᾶε, τί λέγεις;: (ΔΑ.) { ἔχω σε.: (KA)
Kar[
739
PL 13 ............... desunt 6 fere uersus ................., (?) JPav: Ju: (510) ]. μηδὲ σύ ἀ]νοίγετε Le 750
ἐγρ]ηγορώς ]. ouev.:
(515)
[XOPOY] (AA.)
]. ὁμολογῶ
]. ς ἴσος γυναῖκες ἄσμεναι
755
739 Vide etiam Misum. 615; cf. Heliodor. 2. 6. 3 ἔχω σε, ΘεάYEVES 737 fin. φίλτατ᾽, εὐτυχήκαμεν suppleuerimus (cil. 727 ss.): φίλε, τίν᾽ ὄψιν εἰσορῶ; Borgogno cl. Ar. Thesm. 905, at Cleostrati uerba ti λέγεις; sensu carent ll 738 fin. [ὦ τρόφιμ᾽ ἀνελπίστως φανείς suppl. Borgogno cl. Eur. El. 578 s., al.; ΓΧαιρέστρατος γὰρ ζῇ γε καὶ Il 746 possis αἰσθάνει (Lloyd-Jones Sandbach}, λανθ- uel μανθ- (A.) Il 750 fin. i pot. qu. τ', Jo dispicere sibi uid. Handley, unde odto]oi suppleuerit 1! 751 5. cf. Coneiaz. 1 εἰ καθεύδομεν, 4 οὐκ ἐγρήγορα Il 752 diplèn post dicolon adpinxit B || 753-781 tetrametros esse trochaïcos demonstrat uersuum dispositio cum uersibus 746-752 collatorum; loqui uidentur Dauus 753-762 (uide ad 753 ss.), Smicrines 777-781; uices 763-776, prius obscurae, iam clariores factae sunt adiuuante Bt: conloqui Dauum cum Cleostrato Chaereaque suspicabatur Borgogno, cum coquo Arnott 011. Dysc. 885 ss.; nunc constat aliquem (Dauum, ut uid.) cum Chaerea (cf. 765) de Cleostrato (767) conloqui, certe de Smicrine
agitur 771 ss. ἢ 753 ss. soliloquium esse Daui putant multi, Chaereae autem Gaiser minus apte Il 754 ]a? tum © pot. qu. σ᾽
38
LE BOUCLIER
ACTE V, sc. 1.
de céans (... } (n’a pas fait) traîner (les choses) en longueur (...} il se prépare un double mariage: (Chérestrate marie) sa propre fille (à Cléostrate), et, (à Chéréas, il donne) sa nièce derechef (...) et tout son bien (il ἃ l’intention de le leur lais861....). Voilà qui va mettre un terme à tout ce branle-bas. — Chéréas, je suppose, est en train de sillonner (la place du marché, promenant avec lui) notre (canaille de) voisin.
(Apercevant Chéréas rentrant de l’agora) Mais le voici (en personne), oui, par Zeus! Chéréas, viens un peu me trouver. (Smicrinès t’a remis tout l’argent!?)
CHÉRÉAS. — Tout, oui, par Hélios! DA0s.— (Écoute-moi bien: il est rentré dans ses foyers), il vient d'arriver sain et sauf, Cléostrate!
CHÉRÉAS. —— (...) lui que je croyais mort? (... ). Et alors, où est-il? Daos.
—
Ici même,
(.. et tu vas pouvoir) embrasser un
ami retrouvé (.. tu comprends?) Chéréas entre chez Chérestrate, pendant que Smicrinès arrive en scène par la parodos de droite, rentrant de l’agora.
(Apercevant 1. 753-81:
Smicrinès)
Voici
que
(Smicrinès)
s’ap-
tétramètres trochaïques. Ce type de vers (voir Dysc.
p. 53?) s’étendait p. ἃ. à tout l'acte V (Sam. IV-V, comportant des scènes animées,
sont
écrits dans
ce
mètre,
sauf V
1-2 occupées
dans
leur
quasi-totalité par des monologues). — Le bref monologue de D. 75364 fait le point sur les événements qui se sont déroulés en coulisse. Ch., sorti de sa léthargie n’a pas perdu de temps (757 5. où πολὺ]ν παρείλκυσεν | xpévov]i? cf. Lucien, Amor. 54 παρέλκειν πλείω χρόνον [cité par Austin}, Jo. Chrys. /n psalm. 145, PG 55. p. 521. 4 βραδύνουσι, πολὺν παρέλκουσι χρόνον) pour réaliser ses projets initiaux. C’est maintenant deux mariages au lieu d’un qui se préparent: 759 - 286, 760 - 285 (Ch. garde l'initiative, C1. n'ayant rien eu à objecter au mariage de sa sœur), 761 - 287. — 763 5. révèlent 16 motif
de l’entrée en scène de D.: il attend Chéréas, impatient de connaître le succès de sa démarche et de lui apprendre le retour de CI. Que D. n’'ignore rien de cette démarche (voir p. 35!), 763 le prouve: τὸν γείτονα ne peut représenter que S., cet acc. ne peut être que le cpl. d’un pcpe. ayant même sujet que περιπατεῖ, i. e. Chéréas. Au moment où D. s'inquiète de son retour, il le voit arriver (cf. Dysc. 78).
ΑΣΠΙΣ
(ΔΑ.)
(XA.)
38
] τἄνδοθεν ]v παρείλκυσεν (520) γίϊνεται διπλοῦς γάμος τὴν] ἑαυτοῦ θυγατέρα Ἰτὴν ἀδελφειδ»ῆν πάλιν 760 1. [.. τὴν δὲ πᾶσαν οὐσίαν ]ν τ[αῦ]7τα πάνθ᾽ ἔξει πέρας.: (525) Jav' που περιπατεῖ τὸν γείτονα mpo'v οὑτοσί γε, νὴ Δία ] Χαιρ'έα, πρόσελθέ μοι 765 1. (ΧΑ.) Πάντα', νὴ τὸν Ἥλιον. : πάρεσ]τιν ἀρτί'ως Κλεόστρατος.: (530)
Ἰν μὲν οὖνν ὥμην ἐγώ Ἱψεις εἶτα' ποῦ᾽ στιν;: (AA.) Ἐνθαδί }r° ἀσπάσ'αι φίλον λαβών 770 ]ανεις᾽ προσέρχεται
756 τἄνδοθεν Α.: -τ᾽ ἀνδοθεν Β τ᾽ ἔνδοθεν A. dub. 1 757-772 ex. habet Β" (uide ad 713) il uersuum 762-772 de dextra parte 2/8 litteras seruauit ΒΡ (uide ad 718) 11 757 τὸν χρόνο]ν A. possis où πολὺ]ν 1758 (διπλου)σ o (yauoc) B° per dittogr ll 759-760 in. τῷ Κλεοστράτῳ μὲν ἤδη... | τῷ δὲ Χαιρέᾳ δίδωσι] À. e. g. (cf. 285 s.) 760 ἀδελφιδῆν Lloyd-Jones: ἀδελφὴν Β" ἢ παλιν Β΄: «ἔμ»παλιν A. dub. (seruato ἀδελφὴν) Il 762 in. τοῖσδε λείψει uel sim. (cf. 287) Il τί B°, ταῦτα iam A. li παντα B‘ii fin. mutatum argumentum (non perso-
nam) significare dicolon putat Gronewald qui Dauo 763-766 in. continuat || 763 in. Χαιρέας μὲν κατ᾽ ἀγορ]άν suppl. Gronewald || litterae v uest. perparua ΒΡ, tum x uel y B Il 764 in. περιάγων τὸν παμπόν]ηρον --- suppl. Gronewald (πονηρὸν A.) |} νη τον δια B* defendit Amott (deleto γε} Il 765 in. Χαιρέας πάρεστιν αὐτός suppl. Gronewald (cf. Dysc. 143 s. καὶ πάρεστί γ᾽ οὑτοσὶ | αὐτός) Il Xaip(éa) B° (iam Kasser) il πρόελθε Lloyd-Jones cl. Dysc. 753 li 766 in. πάντ᾽ ἔδωκε Σμικρίνης σοι; possis; post lac. dicoli uest.? 1| 767 in. οἴκαδ᾽ ἥκων σῶς πάρεσ]τιν suppleuerimus (πάρεστιν A., Gronewald) | ] apriwcwo B°** per dittographiam, corr. A. li 768 δ]ν Gronewald 11 769 }y mutil. || 771 Javeic: B° (α mutil.), μανθάνεις; A.
39
LE BOUCLIER
ACTE V, sc. 2.
proche (par ici) en (grande) conversation (avec lui-même). Le
banquet
des
noces,
il est évident
que
c’est
lui qui
va
(nous) en faire les frais. (... ) soit qu’(on) l’ennuie tant et plus (...} j’en fais par ce moyen quelqu’un de mieux dressé (...). (C'est qu’il) me (faut apprivoiser le bonhomme) en quelque sorte!.
SCÈNE 2. SMICRINÈS, DAOS.
SMICRINÈS. —
(À part) (...} pour moi d’avoir cela. Les
fiançailles (...) et par-devant témoins (...) et ἃ Chéréas ce qu’il veut (...) car cette fortune, moi je (...) sans que (personne) me cause de l’ennui. ΝΞ --- lacune de 80 vers environ ὐὐννννννρννς,
Fragment non localisable de B. (...… } épouseur (..... ) 1. Aussitôt après la sortie de Chéréas, D. signale l’arrivée de S. La description de 5. monologuant
se laisse aisément restituer (771
5.) et
les commentaires 773-6 sont parfaitement clairs. — 774 κόπτῃ: le c. o. est sans doute S., le 5}. τις, le sens fig. «ennuyer» (cf. 239) probable; c’est ce que D. fait depuis le début de l’acte Π]. Si le retour de
CL. ἃ soustrait D. à la servitude sous 5. (219), ce dernier n’en fait pas moins partie de la famille, et, à ce titre, il mérite d’être dressé, comme Gétas, le pendant de D. dans le Dysc., le dit de Cnémon. — 777-81:
le
monologue d’entrée en scène de S. est moins aisé à saisir, les rapports entre les mots conservés étant trop souvent incertains. On entrevoit que δι,
à
présent
(cf.
715
ss.),
est
prêt
à
procéder
aux
fiançailles
par-devant témoins (778 μαρτύρων y’?). — 780 τήνδε τὴν οὐσίαν: celle qu'il rapporte du marché (Gronewald)? celle qu’il a chez lui (sc. le butin)? Si 5. a payé Chéréas au marché (cf. 719-21 et 766 πάντα
sc. ἔχω), il s’agit plutôt du butin, dont il pourra jouir sans être gêné par personne. τήνδε n’impose pas le choix de la première hypothèse, ce démonstr. pouvant marquer seulement le lien entre S. et cette fortune qu'il garde présente à l’esprit (Handley p. 163 s.).
AZTIIE
39
Ἰαλαλῶ᾽ν εὐωχίαν
(535)
παρ]έξων δῆλός ἐστιν οὑτοσί’
(ΣΜ.)
Ξ
] ἄν τε κόπτῃ πολλάκις Ἰυτωι κοσμιώτερον ποῶ 775 ]ηρ ἐστί μοι τρόπον τινά.: Jov μοι τοῦτ᾽ ἔχειν τὴν ἐγγύην (540) ]ειναι μαρτύρων δ᾽ ἐναντίον ] Χαιρέαι δ᾽ ἃ βούλεται .] γὰρ τήνδ᾽ ἐγὼ τὴν οὐσίαν 780 ] μοι παρενοχλοῦντος « >: Ξ: ante finem desunt 80 fere uersus ἡ ςς
Codicis B fragmentum nondum insertum.
a (recto)
b (verso)
Ἱερφηνί Ἱενηνί
LE. LL ] νυμφιον δὴ μαλί
]ινταπί
[
772 in. Σμικρίνης δευρὶ πρὸς αὑτὸν παρ]αλαλῶν (παραλWillis, cf. fr. 209. 7) suppleuerimus || 773 παρέξων Gaiser || ουτοσι’ B il 776 suppl. οἰκεῖος ἀν]ήρ Turner cl. Dysc. 904 owppoviotéos γὰρ ävlñp Sandbach, possis etiam ἡμερωτέος cl. Dysc. 903 ἢ 777 sese adloqui uidetur Smicrines Il μοι τοῦτ᾽ ἔχειν Arnott: Tout’ εἐχειῖν μοι (lineola subter litteram v ducta) B, μοι del. A. Il 779 χαιρεαῖ B I 780 εγὼ τῆν om., sed add. 5. L., B Il 781 ]u ualde mutil. || post παρε-
νοχλουντος add. οὐδενός Gronewald οὗτοσί A. dub. Codicis B fragmentum nondum insertum. Hoc fragmentum, propter papyri foliorum 49-50 (= PI. 10-11) fabricationem, eis tribuerit ed. pr. (pp. 41, 43); si recte coniecit, in paginarum 49-50 summarum lacunis (a) 413-417 (Ὁ) 457-462 collocare debes; res dubia. (a) 1, 3 et (b) 2 litt. v iuxta lacunas mutila.
40
LE BOUCLIER
Fragment.
Fragment attribué par conjecture
SMICRINÈS. — (A part) (Mais, si injuste (qu’elle soit), la loi, tout comme l’ordre d’un tyran, (doit) être respectée. (Assistez-la!) Daos. — (Achevant son récit) La jeune fille aussi (était assise à ses côtés), toute gémissante à l’idée de ce trépas (imprévu), elle a eu ce cri de douleur: «Ah! père, père», et €...
):
«Oh!
prends-moi
dans
tes bras, père,
(étreins
ton
enfant! }».
Fragm. conjectural. -- Le problème relatif à l'identification de ce fr. proposée par K. Gaiser aurait été résolu aussitôt que posé si l’on pouvait être sûr que le suppl. à restituer au v. 5 est bien ἔμυξεν, une forme garantie pour le Boucl. par le Lex. hippocr., et qui ne se lit plus ailleurs. Le sens indiqué pour elle par Érotien cadre parfaitement avec le contexte. Ses trois premières lettres comblent exactement la lacune initiale de ce vers. À cet égard, et pour ne rien dire de ὥρυξεν, le suppl. Guwbev, de sens excellent lui aussi (cf. E. Pho. 1432 in eadem sede; introduit des paroles rapportées), est un moins bon candidat, néanmoins possible (voir ἢ. crit.). Le doute méthodique s'impose donc. — 1-3: à cause de la lacune de 1 et de la corruption de 3 in., l’inter-
prétation de la sentence ne peut être qu’hypothétique; il m’a semblé que la référence à la loi convenait mieux à S. — 3-6:...]£ev suggère un verbe au passé à la fin de 3. La scène émouvante de la fille en pleurs et du père mourant appartient donc à un récit, p. ὃ. de D. racontant à 5. ce qui s’est passé chez Ch. après la visite du médecin. — 7: réflexion de S. comparable à celle qu’il formulait à la fin d’un entretien précédent avec D. (96 ss.)? — 8: commentaire ironique de D. utilisant de nouveau
l’image du juge (335). —
A partir de ces éléments, on peut
conjecturer la place de ce fr. à l’acte 1Π. D., qui se doute que 5. interrogera
le médecin,
entre
en
scène
un
peu
avant
491,
curieux
de
connaître l'effet de cet interrogatoire sur S., et prêt à confirmer le pronostic fatal. Auparavant, D. n’avait pas convaincu 5. de la gravité du mal (431, cf. 473). Le verdict du médecin (476) ne dissipe pas tous ses doutes; de là le supplément d’entretien (482 ss.). Dans la scène 491 ss., D. complétait le travail du médecin. Le récit (3 ss.)
semble aller dans ce sens. Si 7 est correctement interprété comme une réflexion de sortie de S., ce fragment n’est autre que la fin de III 4. On peut suivre l’évolution de son état d'esprit: cette fois, il commence
ΑΣΠΙΣ
40
Fragmentum ex coniectura attributum
(ΣΜ.)
].. {..].... δικοςί
ὁ λ]όγος τυράννου καὶ νόμος φυΐ
. 10. Τηγεσθ'
(AA.)
ἡ κόρη δὲ καὶ προσί
ὀδ]υρομένη δὲ πρὸς μόρον τί .]ξεν᾽ «αἱ πάτερ, πάτερ», και.. [ «ὦ π]εριπλάκηθί μοι, πάτερ, τοτί
5
Fragmentum ex coniectura attributum
P. Berol. 21145 (= fr. com. adesp. 1128), saec. p. C. n. Il, primum ed. R. Kannicht (= K.) in Praestant Interna, Festschrift U. Hausmann, Tübingen 1982, p. 374-376 (cum tab. 79,1); retractauerunt K. Gaiser, «Ein neues Fragment aus Menanders Aspis (P. Berol. 21445
[sic] )»,
XVII Congresso Intermazionale di Papirologia: /! Libro delle Commu-
nicazioni, Napoli, Loffredo, 1983, pp. 39-41; ZPE 51 (1983) 37-43; Kassel-Austin, PCG vol. VIII p.454. Hoc esse fragmentum actus JII in lac. 495 ss. inserendum coniecit K. Gaiser (= G.) probabiliter, qui 1-2, 4-6, 8 Dauo, 3 et 7 Smicrini tribuit; 1-3 (— ηγεσθ᾽ ) Smicrini, 3-6 (À κόρῃ — ) Dauo dedimus. In hoc fr. finem uideris eius scaenae (491 ss.), in qua funestam medici coniecturam (476-480) Dauus Smicrini firmabat sine dubio. 1 duarum ante δικὸς litterarum uest. ad εκ pot. qu. où quadrant, ἔκδικος G. Il 2 fin. υἱ uest. perparua, suppl. φυλακτέος G. φυλάττεται K. (de lege ad epiclerum pertinenti filiam cogitandum esse uidetur); de uocis λόγος sensu uide Comp. Men. et Philisr. 2. 144 λόγος φυλαχθεὶς οὐδέν ἐστιν ἢ νόμος et cf. Eupol. fr. 114 τὸ γὰρ δίκαιον πανταχοῦ φυλακτέον || 3 fin. σί mutil. προσ[ῆν G. suppleto et lecto init, ἔα:] ti ἤγεσθ᾽; at fin. lac. esse uid. unius metri, non syllabae (cf. 2, 4, 7, 8), unde προσίίζανς suppieuerimus, et init. suppleuerimus et correxerimus dub. (idem mendum codicis B Sam. 287, 535) ἐπ]αρήver’ (sc. τῷ νόμῳ) Il 4 fin. {dv ἄθλιον K., τὸν ἄσκοπον G. cl. Dysc. 715115 in. ἔμυ]ξεν (ἰ. e. Aspid. fr. 3) G. (ad lacunam sensumque quaἀγα) ὥὦιμωξεν K. (longius nisi ομωξ- uel ὠμοξ- scriptum esset) li ad interiectionem αἴ cf. Epitr. 468, Misum. 577, fr. com. adesp. 1084 ( = P. Antinoop. 15), ἃ. 24 |! fin. καὶ où (κ, 1, o uest.) disp. G. (Kai où
scriptio plena pro κοὐ) | 6 in. Snell |! -κηθί Kassel (cl. Eur. fr. 930. 2 N2. τέκνον, περιπλάκηθι τῷ λοιπῷ πατρί): -κηγι Pap. 1! fin. τί mutil. τὸ τέκνον ἔχε G. qui de uerbi ἔχω sensu 739 ἔχω σε contulit
41
LE BOUCLIER
Fragments.
SMICRINÈS. — (Je vais réfléchir) à la situation que le sort me fait présentement. ({| rentre chez lui.) Daos. —
(A part) Et (tu) ne (vas) pas, dans une situation
qui est bonne, être (bon) juge, aujourd’hui!
Fragments de la tradition indirecte. A. Le Bouclier 1 (68) Stobée, Ecl. 4. 8. 7 (Satire de la tyrannie). Ménandre, Le Bouclier: Ô trois fois malheureux tous ceux qui ont quelque supériorité
sur tous
les autres!
Quelle
pitié,
l’existence
qu'ils
mènent, jour après jour, ces gardiens de forteresses, ces maîtres de citadelles! S’ils soupçonnent tout le monde d’avoir si peu de mal à les aborder, un poignard à la main,
quel châtiment que le leur!!
à y croire. — Gaiser a souligné les convergences du fr. et de la pièce — thème de la loi, image du juge, sans compter la facilité d'insertion dans l'intrigue. Sans doute les situations semblables, les retours de thèmes identiques, les parallèles de vocabulaire et d’images sont-ils trop nombreux dans la Néa et chez M. pour qu’on puisse considérer de telles convergences comme des preuves. Elles n’en sont pas moins impressionnantes et de nature à recommander le suppl. ἔμυξεν, adopté dans OCT? p. 356: il répond à tous les critères requis. 1. Image des angoisses de 5. détenteur du butin (p. 431)? S’il y a allusion historique, elle est impossible à préciser. Il n’est pas sûr que M. ait en vue un fait récent:
D. Del Como
(ZPE 6 [1970] 224 s.; cf.
Ammott p. 92 5.) songe aux événements d’août 382, à Thèbes, racontés par Xénophon (Hell. 5. 2. 25 et 4. 1). Au cours de l’histoire, des situa-
tions analogues ont pu produire en d’autres temps et en d’autres lieux: sur le caractère fallacieux de telles allusions historiques voir la Notice Ρ. LXXXI 58.
ΑΣΠΙΣ
41
(ΣΜ.) πρ]ὸς τὴν παροῦσάν μοι réxnlv (ΔΑ.) κο]ὐκ ἐν καλῷ καλὸς κριτηΐ
Fragmenta aliunde nota. L — Fragmenta e fabula quae Aonis inscribitur. 1 (68 K.-Th.) Stob. Ecl. 4. 8. 7 (SMA) = voi. IV p. 297 s. Hense
(ψόγος τυραννίδος) Μενάνδρου "Agios "A τρισάθλιοι, «ὅσοι» τι πλέον ἔχουσι τῶν ἄλλων᾽ βίον ὡς οἰκτρὸν ἐξαντλοῦσιν οἱ τὰ φρούρια τηροῦντες, οἱ τὰς ἀκροπόλεις κεκτημένοι" εἰ πάντας ὑπονοοῦσιν οὕτω ῥᾳδίως ἐγχειρίδιον ἔχοντας αὑτοῖς προσιέναι, οἷαν δίκην διδόασιν.
Fragm. ex coniectura attributum 7 in. Jo mutil. cf. Comp. Men.
et Philist.
1. 260
5
πρὸς
τὴν
παροῦσαν «πάντοθ᾽» ἁρμόζου τύχην il fin. βουλεύομαι suppl. G. (ct. Thuc. 7. 47. 1) βουλεύσομαι Luppe; haec ubi dicta, exire Smicrinem coniecerimus cl. 96 ss. 1! 8 κο]ὺκ et κριτὴς γεγονὼς K. (probante G.), tum ἀεὶ G. qui u. 9 in. τὸ νῦν σφαλήσῃ 6. g. coniecit (ironice dictum, cf. 334 s.); possis etiam κριτὴ[ς τὸ (uel τὰ, cf. fr. com. adesp. 820. 3) νῦν ἔσει (uel ἔσῃ); κριτη[ρίῳ Lloyd-Jones Fragmenta aliunde nota: I. — e fabula quae ᾿Ασπίς inscribitur: fr. 1 2 «ὅσοι» τι Borgogno: ti codd. «οὗτοι» ti Kaïibel, ἔχεειν
ζητρ»οῦσι corr. Cobet (οἵ ex ti scripto), alii aliter I! 4 οἱ codd.: ἢ Mei-
neke | 5 οὕτω codd. (cf. Ar. Vesp. 634 οὕτω ῥᾳδίως): οὗτοι Porson Il 6 αὑτοῖς Stephanus: αὐτοῖς SA αὐτοὺς M
42
LE BOUCLIER
Fragments.
2 (73)
Stéphane de Byzance, s. v. Ἰβηρίαι: . et, sur le génitif Ἴβηρος
a été formé
le féminin
Ἰβηρίς: une Grecque, non une Ibère!. Ménandre, dans Le Bouclier.
3 (75) Érotien, Lexique hippocratique, 5. v. ἔμυξεν:
ἔμυξεν «il (elle) a gémi?». Le mot est attesté aussi chez Ménandre, dans Le Bouclier.
4 (76) Pollux, Onomasticon,
10. 137:
Ressemble au coffre un meuble comparable, les
κανδυτάναι (portemanteaux), attesté à la fois chez Ménandre, dans Le Bouclier, et chez
Diphile, dans Le Plaideur (fr. 39). Ibid. 7. 79 Les meubles 1. L'épitomé des Ethnika porte seulement les mots Kai — Ἰβηρὶς. La citation de M. nous a été conservée avec le texte complet de l'article Ἰβηρίαι grâce à Constantin VII Porphyrogénète (De administrando imperio 23). 2. ἔμυξεν ne se lit pas dans le Corpus hippocratique et n'est pas attesté en dehors de cette référence d'Érotien à M. Voir p. 40, v. 5 et la n. française.
ΑΣΠΙΣ
42
2 (73) Steph. Byz., 8. ν. Ἰβηρίαι (p. 324. 16 Meineke) καὶ ἀπὸ τῆς Ἴβηρος γενικῆς ᾿Ιβηρὶς τὸ θηλυκόν, Ἑλληνίς κτλ., Μένανδρος ᾿Ασπίδι"
Ἑλληνίς, οὐκ Ἰβηρίς
3 (75) Erotian. voc. Hippocr., e 17 (p. 36. 10 Nachmanson) ἔμυξεν᾽ ἐστέναξεν, μέμνηται τῆς λέξεως καὶ Mévavδρος ἐν» ᾿Ασπίδι. ἔμυξεν.
4 (76)
Pollux, Onom. 10. 137 (FS ABCL) ὡμοίωται δὲ τῷ κιβωτίῳ παραπλήσιόν τι σκεῦος᾽ κανδύτανεςξ, οὗ μέμνηται καὶ Μένανδρος ἐν ᾿Ασπίδι᾽" καὶ Δίφιλος ἐν Ἐπιδι-
καζομένῳ" ὁ --- ἀόρτας (fr. 39). Ibid. 7. 79 εἰς ἃ δὲ κατετίθεντο τὰς ἐσθῆτας ταύτας χηλοὶ μὲν καθ’ Ὅμηρον (Od. 21. 51)... παρὰ τοῖς νεωτέροις καὶ ῥίσκοι καὶ κανδύτανες, ἴσως καὶ ἀόρται (sequ. Men. fr. 282; uide etiam Poll.
10.
136,
139).
Cf. Hsch.
1. παραπλήσιόν τι σκεῦος om. À
᾿Ασπίδι om. À
κ 648 L. κανδυτάναι 2. κανδύταλις À
ἢ
3. καὶ M. ἐν
4. ἐπικαζομένῳ FS
fr. 3 ἔμυξεν habere uid. fragmenti p. 40 u. 5 fr. 4 κανδύτανες suspectum, κανδυτάνης apud Diph. (ubi forma singular. desideratur) corr. Kassel (uid. K.-A. ad loc.); formam piural. (cf. Sic. 388) scripsisse Menandrum, i. e. κανδυτάναι, uerisimile est, unde Hesych.: (τοὺς) κανδυτανας (δίς. 1. c.) uocum κανδύτανες et κανδυτάναι acc. pl. esse potest.
43
L'ÉPICLÈRE
dans lesquels ils rangeaient ces vêtements s’appellent χηλοί chez Homère (Odyssée 21. 51)... chez les poètes plus récents, à la fois ῥίσκοι et κανδυτάναι, peut-être aussi
ἀόρται.
Hésychius
coffres
à manteaux,
κ 648 κανδυτάναι où ils mettaient
ou κανδυτάλαι:
les riches
manteaux!.
B. L’Épiclère, I et IL. Témoignages anciens. La plus célèbre des deux pièces de Ménandre
connues
sous ce titre, sans doute la Seconde Épiclère (Voir la Notice,
p. LXXVI ss.), modèle probable de Turpilius dans son Epiclerus, contenait un débat judiciaire attesté par les fragments de l’adaptation latine, et auquel font allusion les deux témoins ci-dessous: 1° Cornutus, Rhétorique, 34 Quant au fait que l’exorde vise à préparer les auditeurs, 1] déclare que, s’il y a lieu de les préparer, nous les préparerons, mais que, s’ils sont déjà préparés, il est inutile de faire un exorde. Ménandre ne l’ignorait pas: aussi bien, dans L’Épiclère, où un différend opposant le mari et la femme est Ι. J'ai adopté partout, dans la traduction de Pollux, la leçon restituée κανδυτάναι (voir n. crit.), au lieu de la falsa lectio κανδύτανες présentée aussi par Photios. On est tenté en 10. 137 de remplacer le plur. Kavôütavec par le sg. κανδυτάνης, à cause du sg. σκεῦος. Mais, si le sg. s'impose chez Diph. 39, M. pouvait employer le plur., comme il le fait souvent pour des objets similaires: Sic. 388 s. τοὺς κανδυτάνας, τοὺς ἀορτί (cf. fr. 282) |.. .τοὺς ῥίσκους (cf. fr. 168). Et il est à noter qu'Hésychius et Photios offrent des mots au plur. Chez Élien (NA
17. 17), κανδύτανες (Kavavtäves codd.) est le nom donné
à des vêtements fabriqués avec des peaux des rats de Térédon (cf. Hésych. p 368 L. ῥίσκοι- εἶδός τι pudv?). L'espèce de cantine à vêtements, ou portemanteaux, désignée par ce mot aurait pu figurer au v. 90, à la place de ἐνταῦθα. En était-il question à propos de l’inventaire du butin (401)? Plus probablement, à propos de son déménagement (voir la n. au fr. 1 et cf. δίς. 387).
ETTIKAHPOZ
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κανδύλαι" ' ἱματιοθῆκαι, ὅπου τὰ πολυτελῆ ἱμάτια ἔβαλλον; Phot. I p. 310. 11 Naber κανδύτανες᾽ ἱματιοφορίδες... κανδυτάναι LA
5. κανδυτάλαι correxit Καὶθε!.
Il. — Fragmenta e duabus fabulis quae Ἐπίκληρος
inscribuntur.
Testimonia. 1. De duabus fabulis eiusdem tituli uide infra test. 2 et fr. 1-2, 4,5.
2. Titulum exhibet CGFP 105 (P. Brit. Mus. 2562 = Catalogus comoediarum Menandri selectarum), s. p. C. n. ΠΙ͂Ν, fol. 9 recto, tetr. 331... ᾿Επίκληρος Χρηστή... (Koerte-Thierfelder, Men. Καί. I p. 150). Vide ad fr. 5.
3. Clariorem respexerunt: a) Cornutus, Rhet. Gr. 1 p. 359 Spengel πρὸς δὲ τὸ ὅτι παρασκευαστικόν ἐστιν ἀκροατῶν τὸ προοίμιον, ἐκεῖνό φησιν, ὅτι ὅτε μὲν παρασκευάσαι δεῖ, τότε παρασκευάσομεν' ἐὰν δὲ ὦσι παρεσκευασμένοι, περιττὸν προοιμιάζεσθαι. Τοῦτο καὶ Μένανδρον εἰδέναι᾽ ἐν γὰρ τῇ Ἐπικλήρῳ δικαζομένων τοῦ τε ἀνδρὸς καὶ τῆς γυναικὸς καὶ τοῦ παιδίου δικάζοντος οὐκ ἔθηκεν οὐδε-
44
L'ÉPICLÈRE
tranché par le jeune fils, n’a-t-il assigné d’exorde à aucun des deux plaideurs à cause des bonnes dispositions initiales du mari, et c’est comme
si nous
nous
entretenions
avec
la
femme en particulier. 2° Quintilien, /nstitution oratoire, 10. 1. 70 Et ceux-là
ont assurément
très bien
vu, qui attribuent à
Ménandre les discours mis sous le nom de Charisios!. Son œuvre elle-même apporte de sa qualité d’orateur une preuve bien meilleure à mes yeux, à moins que d’aventure on ne juge mauvais les plaidoyers que comportent L’Arbitrage, L'Épiclère et les Locriens, ou que les morceaux d’éloquence du Psophodéès, du Nomothète et de L'Enfant supposé ne
soient pas des chefs-d’œuvre conformes à toutes les règles de l’art oratoire?. Pour ma part, je considère cependant que sa contribution est plus grande encore pour les auteurs de déclamations, puisque ceux-ci ont le devoir, conformément aux usages de la controverse, d'entrer dans un plus grand nombre de personnages — pères et fils, soldats et paysans, riches et pauvres, personnages en colère ou suppliants, pleins
de douceur
ou
de rudesse.
Dans
tous
ces rôles, ce
poète respecte admirablement le caractère propre à chacun.
1-2 (155-156) Athénée, Deipnosophistes, 9. 373c: Ménandre, dans la première Épiclère, donne par les mots suivants une claire illustration de l’usage courant (c’est-àdire l'emploi de ὄρνις au sens de poule; cf. ibid. 3734: que 1. Logographe contemporain de M., auteur de nombreux discours. Qu'ils aient été assignés à M. est une preuve de leur qualité. 2. Tous les exemples allégués par Quintilien sont perdus, à l'exception des plaidoyers du berger Daos et du charbonnier Syriscos de l’Arbitrage (Π 1), deux chefs-d’œuvre en leur genre.
EHIKAHPOZ
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τέρῳ προοίμιον διὰ τὸ τὴν εὔνοιαν προὐπάρχειν τοῦ ἀνδρός, ὁμοίως δὲ κἂν πρὸς τὴν γυναῖκα ἰδίᾳ διαλεγόμεθα. b) Quintil. Inst. or. 10. 1. 70 (= K.-Th. IL, test. 38)... Nec nihil profecto uiderunt, qui orationes, quae Charisi nomini addicuntur, a Menandro scriptas putant. Sed mihi longe magis orator probari in opere suo uidetur, nisi forte aut illa mala iudicia, quae Epitrepontes, Epicleros, Locroe habent, aut meditationes in Psophodee, Nomothete, Hypobolimaeo non omnibus oratoriis numeris sunt absolutae. Ego tamen plus adhuc quiddam conlaturum eum declamatoribus puto, quoniam his necesse est secundum
condicionem
controuersiarum
plures
subire
personas, patrum filiorum, militum rusticorum, diuitum pauperum, irascentium deprecantium, mitium asperorum. In quibus omnibus mire custoditur ab hoc poeta decor. c) Turpilius, qui eam expressit (Ribbeck C. R. F.5 p. 106 544.); litis reliquias habes fort. in fr. ft, VI, VI. 4. Comoediam ᾿Ἐπίκληρος inscriptam composuerunt etiam Alexis, Antiphanes, Diodorus, Diphilus, Heniochus, Caecilius Statius (Ribbeck 46).
1-2 (155-156) Athen. Deipn. 9. 373c (de gallinis quae ὄρνιθες a recentioribus appellantur) Μένανδρος δ᾽ ἐν Ἐπικλήρῳ πρώτῃ σαφῶς τὸ ἐπὶ τῆς συνηθείας φησὶν ἐμφανίζων οὕτως᾽ ἀλεκτρυών -- ἡμῶν; καὶ πάλιν αὕτη -- μόλις + Eustath. Comm. ad Od. 2. 181 (I p. 91. 12 5. Stallbaum {omisso fabulae nomine] ἀλεκτρυών — ἡμῶν). Fr. 1 respi-
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L'ÉPICLÈRE
l’on dit également au pluriel ὄρνις, on ἃ là-dessus le témoignage de Ménandre): Un coq avait crié à plein gosier. Lui, de dire aussitôt: «Voulez-vous bien chasser les poules dehors, loin de notre maison! (... )». Et encore:
Elle parvint enfin à chasser les poules, non sans peine!.
3 (157) Stobée, Eclog. 4. 53. 19 (Comparaison de la vie et de la mort):
Qu'est-ce qu’il pourrait y avoir de bon pour un mort, lorsqu'il n’y ἃ rien de tel pour nous, les vivants??
4 (160)
Harpocration, Lex. 139. 23, s. v. ὄρον: Ustensile
agricole... Chez
Ménandre,
dans
la seconde
Épiclère, signifie une pièce de bois avec laquelle on presse la grappe de raisin foulée aux pieds.
1. L'usage courant dont parle Athénée (n°/n°) est évidemment l'usage contemporain. Avant de se référer à M. il a dit que, dans cet usage, ce sont seulement les poules qui sont désignées du nom d'oiseaux (3738). Sur cette appellation générique voir D’Arcy W. Thompson, À Glossary of Greek Birds, Oxford 1936, p. 33. — Le héros de ce fr. se contente de faire chasser les poules par sa servante. Euclion va plus loin en assommant un coq coupable d'avoir gratté le sol à l’endroit où sa marmite était cachée (Aul. 465-9). 2. Réflexion sur la mort de Ch. (394 s.)?
EHIKAHPOZ
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cit Athen. 9. 373d ὅτι δὲ καὶ ἐπὶ τοῦ πληθυντικοῦ ὄρνις λέγουσι πρόκειται τὸ Μενάνδρειον μαρτύριον. ᾿Αλεκτρυών τις ἐκεκράγει μέγα᾽ < ὁ 8’ εὐθύς" > οὐ σοβήσετ᾽ ἔξω, φησί, τὰς
ὄρνις ἀφ᾽ ἡμῶν; (...). Αὕτη nor’ ἐξεσόβησε τὰς ὄρνις μόλις.
4
3 (157) Stob. Ecl. 4. 53. 19 (SA) = vol. IV p. 1103. 10 H. (σύγκρισις ζωῆς καὶ θανάτου) Μενάνδρου ’EnikAnpos (fabulae nomen om. S) :
τί δ᾽ ἂν ἔχοι νεκρὸς ἀγαθόν, ὅπου γ᾽ οἱ ζῶντες ἔχομεν οὐδὲ ἕν;
4 (160) Harpocrat.
139.
23
(cf. Phot., Sud.,
sine fabulae
nomine) ὄ p o ν΄’ σκεῦός τι γεωργικόν... παρὰ Mevävδρῳ ἐν δευτέρᾳ ᾿Επικλήρῳ σημαίνει ξύλον τι ᾧ τὴν πεπατημένην σταφυλὴν πιέζουσι.
fr. 1 2 in. ὃ δ᾽ εὐθύς add. Dobree (accepto φησί) Il φησί om. Eust., fort. Athenaei uocem !! 3 ὄρνις Kaibel (cf. Athen. 373d, supra): ὄρνιθας Α, Eust. fr. 3 2 ἔχομεν 5: ἔχοιμεν À
46
L'ÉPICLÈRE 5 (152)
Théon, Progymn. p. 92. 16 Sp. = p. 56, 15 Patillon: Il est possible,
à l’inverse, d'introduire
la narration
par
une réflexion générale... comme on le voit chez Ménandre, dans La Chrèstè ou L'Épiclère (Plut. Mor. 513e «la joie est beaucoup plus loquace que la fameuse insomnie du Comique» est une allusion au v. 1, cité aussi par Théon Ρ. 88, 14 Sp. = p. 51, 14 Pat.): Certes, il n’est rien de plus loquace que l’insomnie!. Moi,
en tout cas, elle m’a tiré du lit jusqu'ici, et elle m'incite à conter toute l’histoire de ma vie depuis le début.
6 (153) Stobée, Eclog. 4. 53. 12 (Comparaison de la vie et de la mort): C’est comme dans les choeurs: tous leurs membres ne chantent pas, il y a toujours deux ou trois muets plantés en bout de file?, pour faire nombre. La situation est à peu près la même ici: chacun ἃ une place, mais seuls vivent ceux qui ont des moyens d'existence.
1. Début d’un long récit, monologue d’exposition (voir Sam. p. LX) prononcé par un vieillard (et non un jeune homme, comme le voulait Webster /ntr. p. 136). Turpilius, dans son adaptation, l’avait remplacé par un dialogue (CRF p. 106, fr. 1 Ribbeck), comme Térence l’avait fait pour le monologue d’exposition de l’Andr. de M. (Sam. p. LX*). Pour les réflexions générales ponctuant ses prologues voir Dysc. p. 6!; pour celle du v. 1, cf. fr. 338, 360, Philém. 112 Kock, Diph. 99 (p. 23!). Dans toutes
ces sentences, malgré sa place, ἄρα = ἄρα (Denniston 482). ἢ faut donc les ponctuer affirmativement, y compris le v. 1 de ce fr. et Kithar. fr. 1. 8. 2. C.-à-d. «au dernier rang». C’est le χοροποιός qui assignait
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5 (152) Theon, Progymn. p. 92, 16 Sp. = p. 56, 15 Patillon
ἔστι δὲ καὶ ἀνάπαλιν προθέντα γνωμικὸν λόγον διηγήσασθαι, καθάπερ καὶ ἐπὶ τοῦ μύθου παρεσημειωσάμεθα,
οἷον καὶ παρὰ Μενάνδρῳ ἐν (τῇ) Χρηστῇ «ἢ» ᾿Ἐπικλήρῳ᾽ ἄρ᾽ --- λαλίστατον; εἶτα ἑξῆς τὸ διήγημα᾽ ἐμὲ -- βίον. Ν. 1 citat Theon ibid. p. 88, 14 Sp. = p. 51, 14 Ραϊ., respicit Plut. Mor. 5136 πολλῷ γάρ ἐστιν ἡ χαρὰ τῆς κωμικῆς ἐκείνης ἀγρυπνίας λαλίστερον. 1. Χρηστῇ defendit Corbato (cll. Theon. et Catal. com. Men. select. tetrad. 331 [cf. supra test. 2]): χρυσῇ Hemsterhuis πρώτῃ Blaydes (probante Koerte) ἢ addidimus et τῇ (suadente Austin) del.
ualde dubitantes de titulo Ἐπίκληρος χρηστή (υἱός Notice p. LXXVIN). "Ap' ἐστὶ πάντων ἀγρυπνία λαλίστατον. Ἐμὲ γοῦν ἀναστήσασα δευρὶ προάγεται λαλεῖν ἀπ᾽ ἀρχῆς πάντα τὸν ἐμαυτοῦ βίον.
3
6 (153) Stob. Ecl. 4. 53. 12 (A, om. 5) = vol. IV p. 1101. 5 Η. (σύγκρισις ζωῆς καὶ θανάτου) ᾿Επίκληρος᾽ Ὥσπερ τῶν χορῶν οὐ πάντες δουσ᾽, ἀλλ᾽ ἄφωνοι δύο τινὲς ἢ τρεῖς παρεστήκασι πάντων ἔσχατοι εἰς τὸν ἀριθμόν, καὶ τοῦθ᾽ ὁμοίως πως ἔχει"
χώραν κατέχουσι, ζῶσι δ᾽ οἷς ἐστιν βίος.
fr. 5 1 = Sent. mon. 53 “Ap” ἐστὶ πάντων ἀγρυπνία καλλίστατον (sic!) uid. Borgogno, Rhein. Mus. 114 (1971) 287 5.
5
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L'ÉPICLÈRE
7 (154) Stobée, Eclog. 4. 24. 18 (Qu'il est inopportun d’avoir des
enfants, et qu’on ne peut savoir si ceux que vous croyez avoir sont bien les vôtres; qu’il ne faut pas en adopter): Deux partis s’imposent à l’homme, ou bien le célibat, ou bien, dès qu'il est père de famille, la mort; tant la suite de son existence est alors pleine d’amertume!.
8 (158)
Bekker, Anecdot. 81. 12: Vois cela, songes-y et écarte-toi? un peu de ma route.
9 (159) Priscien, /nst. gramm.
18. 266:
Tu ne me crois pas encore?
leur place aux choreutes, selon leurs capacités. On sait la fière apostrophe du jeune roi Damonidas à celui qui l’avait placé ainsi (ταχθεὶς ἔσχατος τοῦ χοροῦ), à une place déshonorante (χώρα ἄτιμος): «Bravo! tu as trouvé le moyen de mettre en honneur une place qui n’y était pas» (Plut. Apophth. Lacon. 219e, cf. 208d). 1. Cf. fr. 350, 596 cités dans la même section par Stobée. Il est évident que de pareilles maximes dépendent des humeurs et des situations des personnages qui les prononcent. La première section du même chap. (ὅτι καλὸν τὸ ἔχειν παῖδας) fait valoir le point de vue inverse: c'est ainsi qu’un personnage de l'Empimpraménè s'écriait: «Quel bienfait que celui d’être père de famille! » (fr. 145). 2. Voir aussi Dysc. 633 κατάβα (cf. Ar. Gu. 979s., Gren. 35). Ces
formes sont les seules attestées chez les poètes comiques. On les retrouve ensuite dans la koinè.
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7 (154) Stob. οί. 4. 24. 18 (lemma add. MA, sine lemm.
5) = vol. IV p. 608.16 H. (ὅτι ἀσύμφορον τὸ ἔχειν τέκνα, καὶ ἄδηλον εἰ ἴδια τῶν ἔχειν νομιζόντων᾽ καὶ μηδὲ θετὸν ποιεῖσθαι) Μενάνδρου ᾿Επικλήρφῳ᾽ Ἢ δεῖ μόνον ζῆν ἢ γενόμενον πατέρα παίδων ἀποθανεῖν' οὕτω τὸ μετὰ ταῦτ’ ἐστὶ τοῦ βίου πικρόν. Ὁ
4
À
Ὁ.)
2
᾿
Lol
#
3
ὃ ([58)
Suda
Bekker, Anecd. a 3545 Adler)
81. 12 (cf. ibid. 436. 14, 17 5. et ἀνάβα, κατάβα, διάβα, ἀπόστα'
Μένανδρος ᾿Επικλήρῳ᾽ Ὅρα σὺ καὶ φρόντιζε κἀπόστα βραχύ.
9 (159) Priscian. {nst. gramm. 18. 266 Hertz
ΠΙΪ (sc. Attici)
πεπίστευμαί σοι καὶ ὑπὸ σοῦ. Μένανδρος ᾿Επικλήρῳ᾽ οὔπω -- πεπίστευμαι, nos quoque «credor tibi» et «credor a te».
οὔπω σοι πεπίστευμαι; fr. 71 5. corr. Dobree: ἢ μόνον δεῖ ζῆν ἢ παίδων γεννωμένων πατέρ᾽ ἀποθανεῖν codd. ll 2 ζῆν MA: ζεῖν 5113 οὕτω 5: οὕτως MA fr. 8 de formis ἀπόστα (et Paidion, fr. 317), παράστα
(Dis Ex. fr.
3.1; Theophor. 28) uel sim., quae alibi non leguntur apud poetas, uide Ar. Byz. fr. 56 Nauck. Cf. etiam Phot. α 1405, 2009 Theodoridis.
TABLE DES MATIÈRES
L'ŒUVRE
sus
νον νοονννενονοννουοοονοανοονοναννοννν
. DÉVELOPPEMENT DE L'ACTION ET PARTICULARITÉS DE L’INTRIGUE: TRADITION ET NOUVEAUTÉ. Le chœur, Xvi. Le thème, xvir. Le prologue retardé, ΧΙΧ. La déesse Tychè personnage, ΧΧΙ. Le décor, Χχιν. La scène initiale, xxvII. Le titre, ΧΧΙΧ. La fin de l’acte I: du tragique au bouffon, xxx. L'acte Il: le mèchanèma, élaboration, ΧΧΧΠ.
Daos maître d’intrigues, XXXIV. éléments structuraux, ΧΧΧΝ. Les XXXVI. intermède cin, ΧΧΧΝΠΙ. La XLI, Le retour de
actes ΠΙ et IV: mise en œuvre, bouffon, XxXVII. scène du médegrande lacune des actes IN-IV, Cléostrate, xLuI. L'acte V, xLm.
. LA PEINTURE DES CARACTÈRES: TYPES OÙ INDIVIDUS? «ενοννονννο νον ευνννονονοννενενννοννονευνενονννννννσονον Intrigue et caractères, XLVI. 1. Smicrinès: XLVII. les avares de Ménandre, XLVII. aischrokerdeia, 1. défiance et sottise, LiV. autres traits typiques, Lv. traits individuels, Lvi. Smicrinès, Euclion et les autres, ΕἸΧ. conclusion, LX. 2. Chérestrate, LXI. 3. Chéréas et Cléostrate, LxI. 4. Les utilités, LXHI. 5. Daos: LXIV. seruus bonae frugi, LXIV. le Phrygien, LXVI.
Ë x
VII
50
TABLE DES MATIÈRES
IIL. LE BOUCLIER, AUTRE TITRE DE LA PREMIÈRE ÉPICLÈRE ? nnnnnrnnernnrerrreenrernrenrneresenneseneesnenene L'épiclérat moteur de l'intrigue, ΕΧΧ.
EXIX
Impor-
tance de la loi, LXXI. Particularités juridiques, ΕΧΧΙΙ. Ménandre critique de l’épiclérat? Lxxiv. Les deux
«Épiclère» de Ménandre, LxxvI. La Chrèstè ou L'Épiclère 117, LxxVu. Le Bouclier ou L ’Épiclère 1 LXXIX. IV.
LA DATE. JUGEMENT D’'ENSEMBLE .....νννννννοον Allusions historiques? LXxxI. Critères internes,
LXXXI
LXXXIH. Aspects techniques, LXXXVI. Éléments bouffons, LXXXvHI.
LE TEXTE
Jugement
d’ensemble,
LXXxXvI.
.......ννννοννονοονοννενμννμεονονονεοννονεν με κενεενένσονοον
XCI
Le codex Bodmerianus, ΧΕΙ. P. Bodmer XXVI
(B+B°+B°): xcl. particularités orthographiques, XCVI. dialogi divisio, xcVI. PSI 126 (F), c. Comparaison de F et de B, cui. P. Oxy. 4094 (O), cui. P. Berol. 21145, cix. Principes de la présente édition, CXI. σχν
SIGLA
«οννονννννονενοονοενενοοννενσον εν κονοονενοοννενον σεν εκενεννοννύνοννν
σχνῃ CXVII CXIX CXXI
PERSONNAGES
.....«ενννννονοννενν νον εν εν οννα σον ονσοοονοσννσονονονννοσον
LE BOUCLIER
.....ενοννννονοννενονννννενονοννονενννοννεονονονεννεννοσνονν
Ce volume, de la Collection des Universités de France, publié aux Éditions Les Belles Lettres,
a été achevé d'imprimer en janvier 2003 sur presse rolalive numérique
de Jouve 11, bd de Sébastopol, 75001 Paris
381" volume de la série grecque
N° d'édition : 4722 Dépôt légal : janvier 2003 Imprimé en France