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French Pages 374 [225] Year 1996
HIPPOCRATE TOME II 2' Partie
COLLECTION
DES
UNIVERSITÉS
DE
FRANCE
publiée sous le patronage de l ’A SSO C IA T IO N G U IL L A U M E B U D É
HIPPOCRATE TOME II 2^ P artie
AIRS, EAUX, LIEUX TE X T E ÉTABLI ET TRADUIT PAR
J acques JOUANNA Professeur à PUniversité de Paris-Sorbonne
P A R IS
LES BELLES LETTR ES 1996
NOTICE
Conformément aux statuts de l ’Association Guillaume Budé, ce volume a été soumis à l ’approbation de la commission technique, qui a chargé M. Anargyros A nastassiou et M^’’ Amneris R oselli d ’en fa ir e la révision et d ’en surveiller la correction en collaboration avec M. Jacques Jouanna.
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous les pays. (p) 1996 Société d'édition Les Belles Lettres, 95 bd R aspail 75006 Paris. ISBN : 2.251.00451-3 ISSN : 0184-7155
Par la clarté de l’exposé, par l’esprit de synthèse, par la largeur de ses vues qui dépassent la médecine pour déboucher sur l’ethnographie et sur l’anthropologie, le traité des Airs, eaux, lieux, dont le titre a varié au cours de la transmission du texte, est l’un des plus séduisants de la Collection hippocratique. Il a retenu l’attention tout au cours de l’histoire de l’hippocratisme. Les modernes ne seront certes pas aussi enthousiastes qu’un de ses commen tateurs du XVII® siècle, P. Martian, qui disait : « Cet ouvrage me semble surpasser par la fécondité de la doctrine, par l’érudition et par l’éloquence tous les autres écrits d’Hip pocrate. En effet, les connaissances qu’il renferme sont non seulement nécessaires aux médecins, mais aussi très utiles aux historiens, aux géographes et aux hommes politiques » L Toutefois, l’historien de la médecine y puise encore des tableaux nosologiques à la fois précis et synthétiques ^ ; l’historien des idées et le géographe y trouveront la première formulation de la théorie des climats ^ ; l’ethno1. P. Martianus, Magnus Hippocrates Cous Prosperi Martiani medici Romani notationibus explicatus, Venetiis, 1652, p. 70 sq. Comparer le jugement d’un moderne R. Joly, Le niveau de la science hippocratique, Paris, 1966, p. 211 : « Même s’il (sc. l’auteur) n’a pas pu — et pour cause — s’évader de la mentalité préscientifique de son temps, il faut lui reconnaître du génie ». 2. M. Grmek, Les maladies à l ’aube de la civilisation occidentale, Paris, 1983, p. 31 sq. 3. M. Pinna, « Ippocrate fondatore délia teoria dei climi », Rivista Geografica Italiana, 95, 1988, p. 3-19 ; J.-F. Staszak, L a géographie d ’avant la géographie. Le climat chez Aristote et Hippocrate, Paris, 1995, p. 125-207 (Partie IL Un médecin géographe : la mésologie hippocratique).
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logue y lira l’un des deux premiers témoignages écrits sur un village lacustre et la première réflexion cohérente sur les différences physiques et morales entre les peuples ; aussi est-ce à juste titre que l’on a pu dire qu’^iVs, eaux, lieux est le premier traité de climatologie médicale de la littérature mondiale et aussi le premier traité d’anthropologie Quant à l’helléniste, il y rencontrera l’attestation la plus ancienne de l’antithèse νόμος-φύσις. Le traité apparaît donc aux moder nes, à plusieurs égards, comme un écrit fondateur. Il est aussi révélateur de la pensée et de l’imaginaire de ceux qui l’ont interprété en historiens de la pensée, depuis le xvi® siècle jusqu’au xix® siècle, et constitue un des grands textes de référence pour l’histoire de la culture Il était déjà apprécié des Anciens qui n’ont jamais douté de son authenticité. Galien (ii® siècle après J.-C.) l’a abondamment cité dans son ouvrage intitulé Que les facultés de l ’âme suivent les tempéraments du corps, a relevé des mots rares du traité dans son Glossaire, et a rédigé un commentaire du traité qui est perdu en grec mais a été conservé dans sa traduction arabe Un siècle avant Galien, Érotien lisait le traité dans la série des œuvres authentiques d’Hippocrate et y avait relevé et glosé de nombreux termes. Ce n’était pas, du reste, le glossateur le plus ancien à avoir expliqué des termes du traité. Érotien mentionne l’explication donnée par l’un de ses prédéces seurs, Épiclès, d’un terme attesté, pour la Collection 4. G. Sarton, A History o f Science. Ancient Science through the Golden Age o f Greece, Cambridge (Mass.), 1952, p. 368. 5. Voir J. Pigeaud, « L ’hippocratisme de Cardan. Étude sur le Commentaire à'A EL par Cardan », Res publica Litterarum Studies in the Classical Tradition, 8, 1985, p. 219-229 : « Ce type d’ouvrage passionne, parce qu’il met en relation l’âme et le corps, pour parler un langage dualiste, et pose le problème de l’influence réciproque de l’un sur l’autre... AEL fait partie de ces textes que l’Antiquité nous a légués pour l’imagination des siècles ; avec quelques autres comme le Problème X X X péripatéticien, le Régime d’Hippocrate ou le Quod animi mores de Galien » (p. 227 sq.). 6. Sur ce commentaire, connu maintenant grâce à la traduction allemande de Strohmaier, voir infra, p. 139 sqq.
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hippocratique, dans le seul traité des Airs, eaux, lieux Cela nous fait remonter au siècle avant J.-C., époque où vivait Épiclès de Crète, et probablement bien plus haut dans le temps, car Épiclès était un épitomateur du glossateur Bacchéios de Tanagra qui vivait au siècle avant J.-C. Il est donc probable que ce grand érudit alexandrin connaissait lui aussi le traité des Airs, eaux, lieux, bien que l’on n’ait aucun témoignage direct à ce sujet Nous n’avons aucune indication sur le traité avant la période alexandrine. Toutefois, Platon, dont on connaît l’estime pour Hippocrate, s’est vraisemblablement souvenu de la première partie du traité, lorsqu’il recommande, dans les Lois, au législateur qui veut fonder une cité, de tenir compte des facteurs de l’environnement susceptibles d’avoir une influence sur le physique et le moral des habitants, tels que les lieux, les vents, ou les eaux Et il n’est pas impossible qu’Aristote ait été un lecteur attentif de la seconde partie sur l’Europe et l’Asie. La comparaison qu’il esquisse entre les Européens et les Asiatiques dans sa Politique (VII, c. 7, 1327 b 23-33) semble avoir tiré profit des enseignements du traité hippocratique Mais, malgré le succès qu’a connu le traité des Airs, eaux, lieux tout au long de l’histoire de l’hippocratisme, son texte a été très éprouvé par les hasards de la transmission. Une longue lacune, qui existait déjà au temps de Galien, nous prive de tout un développement sur les Égyptiens et les Libyens Le commentaire de Galien au traité a été perdu dans sa version originale en grec. L’ensemble du texte à ’Airs, eaux, lieux est donné par un 7. C’est le terme κανονίαι employé au c. 24, 3 = Érotien K 23 (éd. Nachmanson 50, 10) cité infra, p. 125. 8. Sur cette tradition indirecte, voir Notice « VI. La tradition du texte et son histoire », infra, p. 123 sqq. 9. Platon, Lois V, 747 d ; cf. aussi le Politique 299 b où la connaissance de l’influence des vents sur la santé est une partie importante de la médecine (« la vérité de la médecine sur les vents »). 10. Voir J. Jouanna, Hippocrate, Paris, Fayard, 1992, p. 327-329. 11. C. 12, 6 (fin).
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seul manuscrit grec ancien. Qui plus est, ce manuscrit, le plus récent des manuscrits anciens, dérive d’un modèle où une interversion de folios a entraîné une interversion de développements, si bien que du xvi® siècle au début du XIX® siècle le traité n’a pas été lu dans son ordre originel. Toutefois, des progrès considérables dans l’édition du texte ont été faits à partir du xix® siècle, grâce à l’utilisation de témoignages nouveaux. La découverte de la traduction latine ancienne au début du xix® siècle a permis de rétablir avec certitude l’ordre originel. A la fin du xix® siècle, ce fut la découverte d’une collation plus complète du manuscrit ancien perdu de Gadaldini ; et au xx® siècle, une meilleure connaissance des lemmes du commentaire de Galien par sa traduction arabe. Depuis la dernière édition critique d^Airs, eaux, lieux publiée par H. Diller en 1970, les progrès dans la connaissance des témoignages ont été spectaculaires : résur rection de la version intégrale du Commentaire de Galien à ce traité, découverte d’un nouveau manuscrit grec offrant la fin du traité et de deux manuscrits latins complétant notre connaissance de la tradition latine. Tout cela a permis et permettra d’apporter des améliorations dans l’établisse ment du texte et dans sa compréhension
se rendre dans des cités inconnues d’eux pour y exercer leur métier lors d’un séjour plus ou moins prolongé. Comme les sophistes les plus célèbres, les médecins les plus réputés pouvaient déployer leur carrière dans des cités différentes, soit comme médecin privé, soit comme méde cin public, pour parfaire leur formation ou pour répondre à diverses sollicitations C’est à l’intention de ces futurs grands médecins que le traité est rédigé Mais le paradoxe est que cette œuvre destinée à des hommes de l’art est parfaitement lisible par des profanes. La structure du traité est claire ; elle est soulignée par des transitions qui résument ce qui précède et annoncent ce qui suit Dans un assez long préambule (c. 1-2), l’auteur énumère les différents points qui devront retenir l’attention de ce médecin arrivant dans une cité inconnue de lui ; d’abord les saisons, en second lieu l’orientation de la cité par rapport aux vents et au lever du soleil, puis les eaux. A cela s’ajoutent la nature du sol et le genre de vie des habitants (c. I). La prise en considération de tous ces facteurs est nécessaire pour connaître les maladies, qu’elles soient générales, locales ou particulières, pour les prévoir et pour les soigner. Contre ceux qui verraient dans ces considérations sur les saisons des discours étrangers à la médecine, l’auteur déclare avec force que l’astronomie est une part non négligeable de cet art (c. 2).
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I OBJET ET STRUCTURE D'A IRS, EA U X , L IE U X LE PROBLÈME DE L ’UNITÉ DE L ’ŒUVRE ET DE L’UNITÉ D’AUTEUR Le traité des Airs, eaux, lieux a pour objet déclaré, comme l’indiquent plu sieurs notations du préambule, d’être un manuel de médecine à l’intention des médecins itinérants qui doivent D e s tin a tio n e t s tr u c tu r e d u tr a ité
12. Sur toutes ces pertes et ces découvertes, voir Notice « VI. La tradition du texte et son histoire », infra, p. 83 sqq.
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13. Le cas le plus célèbre, avant Hippocrate, est celui de Démocédès de Crotone ; voir Hérodote III, 131. 14. Il n’est pas impossible que le traité ait été destiné à être prononcé. Toutes les références internes emploient le vocabulaire du discours (λέγειν ; cf. προλέγειν au pass. c. 3, 1 ; c. 5, 1 ; c. 6, 3 ; c. 9, 2 ; c. 22, 13) et non de l’écrit (γράφειν) avec présence importante de la première personne ; pour les exemples de verbes déclaratifs à la première personne, voir infra, p. 20, n. 37 . Le traité appartient à la catégorie des « cours » ; voir J. Jouanna, « Rhétorique et médecine dans la Collection hippocratique », R.E.G., 97, 1984, p. 26-44 (p. 30, 32 et 33 pour notre traité). 15. Sur la structure du traité et ses transitions, voir W. Aly, « Formprobleme der frühen griechischen Prosa », Philologus, Suppl. 21, 3, 1929, p. 52-60 ; B.A. Groningen, La composition littéraire archaïque grecque, 2” éd., Amsterdam, 1960, p. 250-253.
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La première partie de l’œuvre (c. 3-11) traite successi vement des principaux facteurs énumérés dans le préam bule, d’abord l’orientation des cités aux vents et au soleil (c. 3-6), puis les eaux (c. 7-9), enfin les saisons (c. 10-11). Il n’y a pas de développement indépendant consacré au sol ou au régime. Il sera toutefois question de l’influence du sol à la fin du traité au c. 24. Dans son développement sur l’orientation des cités aux vents et au soleil, l’auteur dégage, par-delà la diversité des cités, les constantes en distinguant quatre catégories de cités correspondant aux quatre grandes orientations possi bles : d’abord les cités orientées vers les vents chauds du sud (entre le lever hivernal et le coucher hivernal du soleil) (c. 3), ensuite, les cités exposées aux vents froids du nord (entre le coucher estival et le lever estival du soleil) (c. 4), puis les cités tournées vers les vents d’est (entre le lever estival et le lever hivernal du soleil) (c. 5), enfin, les cités tournées vers l’ouest (entre le coucher estival et le coucher hivernal du soleil) (c. 6). Pour chacune de ces cités, l’auteur montre l’influence des vents sur la constitution des habitants et sur l’état sanitaire de la population en énumérant les maladies locales qui atteignent les différen tes catégories : femmes, enfants, adultes, hommes âgés. Cela est surtout vrai pour les deux premiers tableaux qui sont parallèles et s’opposent : dans la cité orientée vers les vents chauds du sud, les constitutions sont humides, plutôt phlegmatiques, et les maladies locales sont humides, alors que dans la cité exposée aux vents froids du nord, les constitutions sont sèches, plutôt bilieuses, et les maladies sont de nature sèche. Les cités exposées aux vents d’est et celles qui sont tournées vers l’ouest forment également un couple opposé : l’orientation vers l’est est la plus saine, vers l’ouest la plus malsaine ; mais les maladies ne sont pas détaillées comme dans les deux premiers tableaux. Après les vents, le second facteur local qui a de l’incidence sur la santé et sur la maladie est l’eau qu’utilisent les habitants de la cité. Cette influence de l’eau sur la santé est montrée dans un long exposé bien structuré
dont l’organisation repose sur la distinction entre cinq grandes catégories d’eaux, généralement bien délimitées par des phrases d’annonce et de conclusion, comme c’est l’usage pour l’ensemble des exposés du traité La première subdivision correspond à la catégorie des eaux stagnantes de marais et de lacs qui sont mauvaises pour tout usage et donnent lieu à un tableau nosologique bien construit (c. 7, 2-8) ; la deuxième regroupe les diverses eaux de source dont la qualité varie suivant la nature du sol et l’orientation de la source (c. 7, 9-13). La troisième subdivision (c. 8) possède une particularité par rapport aux deux précédentes ; elle comprend deux catégories, les eaux de pluie qui sont bonnes pour la santé, avec un long exposé sur leur formation, et les eaux de fonte des neiges ou de glace qui sont très mauvaises, avec une célèbre « expé rience » quantitative sur la congélation. Enfin la quatrième et dernière subdivision (c. 9) expose une cinquième catégorie, les eaux très diverses, provenant soit de grands fleuves dans lesquels se jettent d’autres fleuves, soit de lacs dans lesquels se jettent de nombreux cours d’eaux très divers, soit des eaux amenées dans des canalisations sur de grandes distances : elle donne lieu à une importante monographie sur la lithiase, l’une des affections provo quées par la consommation de cette eau. Dans le développement sur les saisons (c. 10-11), la problématique reste la même. Il s’agit de déterminer ce qui, dans les différents types de « constitutions » climati ques, est sain ou malsain. Après avoir défini la « constitu tion » annuelle la plus saine (c. 10, 2), l’auteur expose cinq « constitutions » climatiques qui entraînent des maladies (c. 10, 3-12). Ce savoir permet le pronostic des maladies dues aux changements de saisons. Le médecin doit se méfier des changements les plus importants qui sont en rapport avec les mouvements du soleil et des astres : c’est
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16. Remarquons que la division traditionnelle en chapitres ne respecte pas exactement les articulations naturelles de l’exposé : trois chapitres seulement pour quatre subdivisions et cinq catégories.
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le moment où les crises des maladies se produisent et pendant lequel le médecin doit éviter d’intervenir (c. 11). La grande originalité du traité vient du sujet abordé dans la seconde partie (c, 12-24). Dans un élargissement assez inattendu, l’auteur propose une comparaison, restée célè bre, entre les peuples d’Europe et d’Asie, en s’attachant à énoncer et à expliquer les principales différences physiques et morales qui les séparent. La médecine débouche ainsi sur l’ethnographie. Le médecin ethnographe traite d’abord du physique des peuples de l’Asie (c. 12-15) et de leur moral (c. 16). C’est là que se situe, vers le début du développement (c. 12, 6 fin), une longue lacune concernant le développement sur l’Egypte et la Libye dont on ne possède que la conclusion ; puis, parmi les autres peuples de l’Asie qui diffèrent entre eux (c. 13), l’auteur choisit les Macrocéphales (c. 14) et les habitants du Phase (c. 15). Dans le chapitre qui termine le développement sur l’Asie (c. 16), il envisage les Asiatiques moins dans leur diversité que dans leur unité et montre comment ils diffèrent, du point de vue du moral, des Européens, étant moins guerriers et plus doux. Cette différence tient principale ment au climat, et secondairement à l’influence des usages et des lois. L’auteur traite ensuite du physique des peuples de l’Europe (c. 17-23) et de leur moral (c. 23). Il commence par un peuple scythe qui se distingue des autres, les Sauromates où les jeunes femmes vont à la guerre comme les Amazones (c. 17), puis fait un long exposé sur les autres Scythes qui sont à l’Europe ce que les Égyptiens sont à l’Asie (c. 18-22). C’est une véritable monographie où sont présentés leur pays et leur genre de vie nomade (c. 18), puis le climat, régulièrement froid, et la constitution des habitants qui en résulte, froide et humide elle aussi (c. 19). De cette humidité de la constitution, l’auteur voit une grande preuve dans l’une de leurs coutumes qui consiste à cautériser différentes parties du corps pour ôter l’humidité et donner l’énergie nécessaire pour tendre l’arc et lancer le javelot (c. 20). C’est également l’humidité de leur consti
tution qui explique leur faible aptitude à la reproduction, mais aussi leur genre de vie (c. 21). C’est dans un tel contexte que s’explique l’impuissance des Scythes dits Anariées : cette maladie n’est pas due à une cause divine mais à leur genre de vie, à la pratique constante de l’équitation (c. 22). L’auteur passe beaucoup plus rapide ment sur les autres habitants de l’Europe qui diffèrent entre eux à cause du changement des saisons (c. 23, 1-2) et revient sur le moral des Européens comparé à celui des Asiatiques dans un développement parallèle à celui qu’il avait consacré au moral des Asiatiques (c. 23, 3-4). Dans le dernier chapitre (c. 24), l’auteur revient sur les différences physiques et morales entre les peuples d’Europe et sur leurs causes, en insistant sur un facteur secondaire, l’influence du sol ; toutefois, sa réflexion, détachée de toute référence géographique et ethnographique concrète, sem ble s’élever au niveau d’une anthropologie générale où l’explication des différences physiques et morales entre les peuples par le climat, et éventuellement par les lois, s’enrichit par la considération de deux autres facteurs physiques secondaires, la nature du sol et les eaux. , J
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Telle est la structure du traite. , ,, . apres que 1 on a deimitivement ^ , i τ· - /·ιο λ λ \ corrige, a partir de Littre (1840), les perturbations dues à un accident dans la tradition manuscrite. Nous verrons, dans l’exposé sur l’histoire du texte, comment les éditeurs depuis le xvi® siècle jusqu’au début du XIX® siècle furent essentiellement préoccupés par l’ordre correct à rétablir. Mais ils n’ont jamais douté de l’unité de l’œuvre ni de l’unité d’auteur. Dans cette période, même quand la question hippocratique est soule vée, le traité des Airs, eaux, lieux forme une œuvre unique que l’on attribue à Hippocrate lui-même. C’est encore la position des deux grands éditeurs du xix® siècle, Littré et Ermerins. Les interrogations sur l’unité de l’œuvre et sur l’unité d’auteur commencèrent dans la philologie du début du U n ité d e l œ u v r e . , J, e t u n ité d a u te u r
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XX® siècle, à partir du moment où la « recherche des sources » (Quellenforschung) conduisit à examiner la struc ture des œuvres anciennes avec une plus grande attention et où la question hippocratique a été envisagée avec u’ scepticisme grandissant. On s’est demandé d’abord s’il n’y avait pas des interpo lations. Cette recherche sur les interpolations, commencée par Wilamowitz en 1901 a trouvé son épanouissement avec un article de Jacoby en 1911, qui croit déceler l’intervention d’un interpolateur antérieur à Aristote dans la deuxième partie du traité Elle s’est poursuivie, avec moins d’ardeur toutefois, jusqu’à Heinimann en 1945 Pourtant, même au plus fort de la crise, certains érudits ont réagi avec sagesse ; c’est le cas de Trüdinger par exemple qui, dans son étude sur l’ethnographie grecque et romaine de 1918, rejette la plupart des interpolations proposées par Jacoby On s’est demandé également si les deux parties Airs, eaux, lieux, la partie médicale et la partie ethnographique, ne constituaient pas deux œuvres distinctes du même
auteur, réunies postérieurement sous un même titre On est allé plus loin encore, en mettant en cause non seulement l’unité de l’œuvre, mais aussi l’unité d’auteur. Le premier érudit qui a douté de l’unité d’auteur a été Edelstein dans son étude sur le traité parue en 1931 : il considère que l’hypothèse la plus satisfaisante pour rendre compte des disparités entre la première partie où le souci de la prognose est évident, et la seconde d’où ce souci est totalement absent, est l’hypothèse de la dualité d’auteurs Edelstein fut suivi, peu de temps après, par Diller : le choix du titre de sa monographie sur le traité parue en 1934 {Î^anderarzt und Aitiologe) indique nette ment que, selon lui, le traité est formé de la réunion de deux œuvres différentes dues à deux auteurs différents ; la partie médicale serait écrite par un médecin itinérant, tandis que la partie ethnographique serait l’œuvre d’un savant qui appliquerait à la géographie et à l’ethnographie une méthode étiologique analogue à celle que Démocrite ou son école a appliquée à l’étude de la météorologie, de la zoologie ou de la botanique Là encore, des réserves ont été exprimées, et cela dès la parution des travaux d’Edel-
17. U. von Wilamowitz-Moellendorff, « Die hippokratische Schrift περί ίρής νούσου », Sitz.-Ber. der Kôniglich Preuss. Akad. der Wissenschaften zu Berlin, 1901, p. 16 sqq. Il trouve trois grandes interpolations : c. 13, 3 (έχει δε καί) à 5 (εΐδεσιν) ; c. 16, 5 (de εύρήσεις à προτέροισι) ; c. 2 4 , 8 (δκου μέν γάρ) à 10 (άμαρτήση). 18. F. Jacoby, « Zu Hippokrates’ Π Ε Ρ Ι ΑΕΡΩΝ ΤΔΑΤΩΝ ΤΟΠΩΝ », Hermes, 46, 1911, p. 518-567. Aux trois grandes interpo lations de Wilamowitz, Jacoby en ajoute quatre autres : c. 8, 10-11 (de γνοίης δ’άν à δύναιτο) ; c. 20, 1 (de μέγα δέ à σώματα μάλλον) ; c. 21, 3 (de μεγα δέ à σαρκός) et c. 24 (en entier et non pas seulement la fin comme Wilamowitz). 19. F. Heinimann, Nomos und Physis. Herkunft und Bedeutung einer Antithèse im griechischen Denken des 5. Jahrhunderts, Basel, 1945, p. 197 sqq. (le chapitre 22 sur la maladie des Scythes serait dû à un auteur différent). 20. K. Trüdinger, Studien zur Geschichte der griechisch-rômischen Ethnographie, Diss. Basel, 1918, p. 37 et p. 170-173 (critique de l’article de Jacoby) ; voir aussi K. Merz, Forschungen über die Anfdnge der Ethnographie bei den Griechen, Diss. Zurich 1923, p. 17 sqq.
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21. U. von Wilamowitz-Moellendorff, « Die hippokratische Schrift περί ίρής νούσου»..., p. 17 et 20. 22. L. Edelstein, Π Ε Ρ Ι ΑΕΡΩΝ und die Sammlung der hippokratischen Schriften, Berlin, 1931, p. 57-59. 23. H. Diller, Wanderarzt und Aitiologe. Studien zur hippokratischen Schrift Π Ε Ρ Ι ΑΕΡΩΝ ΤΔΑΤΩΝ ΤΟΠΩΝ, Leipzig, 1934. La position de Diller a toutefois évolué. Dans son C.R. de l’ouvrage de M. Pohlenz sur Hippocrate paru dans Gnomon 18, 1942, p. 65 sqq. ( = Kleine Schriften, p. 188 sqq.), Diller adopte une solution encore plus complexe en supposant une couche primitive composée seule ment des c. 1-4, 10 et 11, qui aurait été étendue et remaniée par un autre auteur, mais proche du premier, vraisemblablement un disciple. Il semble que Diller ait abandonné par la suite toute solution trop tranchée ; voir son introduction au traité dans Hippokrates Schriften, Reinbek bei Hamburg, 1962, p. 99. Quant à l’opinion de Diller sur l’influence marquée de Démocrite, elle n’a pas été suivie ; voir la mise au point de A. Stückelberger, Vestigia Democritea, Basel, 1984, p. 80 sq. (avec la bibliographie intermédiaire).
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stein et de Diller En particulier, Pohlenz, en 1938, revient à l’unité d’auteur ^ : il pense que les deux parties sont écrites par la même main ; il maintient toutefois une distinction entre les deux parties, dans la mesure où il pense que la seconde a été écrite postérieurement à la première, probablement après un voyage d’étude de l’au teur dans la région du Pont-Euxin Comme Pohlenz, Heinimann croit à l’unité d’auteur (à l’exception de l’interpolation du c. 22) ; mais, à la différence de Pohlenz, il serait enclin à croire aussi à l’unité de l’œuvre L’étude la plus récente sur la composition d’Airs, eaux, lieux, celle de Grensemann parue en 1979 défend non seulement l’unité d’auteur, mais aussi, avec beaucoup de force, l’unité de l’œuvre. Grensemann voit dans la pre mière partie du chapitre final (c. 24, 1-6 jusqu’à ίδιογνώμονας = c. 24 a Grensemann) la réalisation du développement sur l’influence du sol annoncé au c. 1. Mais,
en voulant replacer une seconde partie du chapitre final (c. 24, 7-10 Μέγισται—άμαρτήση = c. 24 b Grensemann) à la fin de la première partie du traité { = fin du c. 11), l’auteur de cette étude revient à une méthode de déplacement des textes qui était celle des érudits du xvi® siècle lorsqu’ils tâton naient pour retrouver l’ordre correct du traité perturbé dans la tradition manuscrite Un tel déplacement est hypothé tique. La découverte récente d’un nouveau témoin de ce chapitre 24 révèle que le texte connu jusqu’à présent, loin d’être interpolé ou déplacé, est lacunaire à un endroit De toutes les études modernes qui ont supposé des interpolations, douté de l’identité d’auteur ou proposé des déplacements, il ne résulte rien de bien concret pour une édition critique dont la tâche première est de s’en tenir, autant que possible, à la tradition du texte la plus ancienne que l’on puisse atteindre. Aucune interpolation ne s’im pose, si l’on fait exception de la « constitution » climatique de deux lignes qui clôt le chapitre 10 et qui n’est qu’une reprise du début de la première « constitution » climati que Aucun déplacement n’est acceptable, quand il n’est pas justifié par une partie de la tradition. Quant à l’unité d’auteur, elle n’a pas lieu d’être mise en question, malgré la diversité apparente des sujets entre la partie médicale et la partie ethnographique. Ce qui relie ces deux parties, bien que l’une soit située dans le cadre de la cité où le médecin exerce et l’autre dans le cadre des peuples que l’ethnographe compare, c’est à la fois les grandes orientations, la méthode et le style. Que ce soit sur la santé ou la maladie des habitants d’une cité, ou que ce soit sur le physique ou le moral des peuples, les mêmes
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24. Voir la recension d’Edelstein par H. Mewaldt, Deutsche Literaturzeitung, 53, 1932, p. 254 sqq. et celle de Diller par A. Palm, Gnomon, 13, 1937, p. 304 ; voir aussi K. Deichgraber, Die Epidemien und das Corpus Hippocraticum, Berlin, 1933, p. II2 sqq. 25. M. Pohlenz, Hippokrates und die Begründung der wissenschaftlichen Medizin, Berlin, 1938. 26. En faveur de l’unité d’auteur et contre les interpolations, voir aussi W. Aly, Formprobleme... p. 52-60 et la dissertation d’un disciple de J. Mewaldt : K. Zeugswetter, Die Einheit der hippokratischen Schrift Π ΕΡΙ ΛΕΡΩΝ ΥΛΛΤΩΝ ΤΟΠΩΝ, Diss. Wien, 1939, dactyl., 123 p. 27. F. Heinimann, Nomos und Physis..., p. 172. 28. H. Grensemann, « Das 24. Kapitel von De aeribus, aquis, locis und die Einheit der Schrift », Hermes, 107, 1979, p. 423-441. Grensemann insiste en particulier (après K. Trüdinger, Studien zur Geschichte..., p. 171 sq.) sur le rapprochement, à propos du sol, entre d’une part c.l, 5 ψιλή τε καΐ άνυδρος et c. 24, 6 άνυδρα καΙ ψιλά, et d’autre part entre c. 1, 5 έν κοίλω έστί καί πνιγηρή et c. 24, 3 κοίλα χωρία καί... πνιγηρά. Pour le détail des rapprochements, voir comm. ad loc. On ne peut pas toutefois passer sous silence que, malgré la relation évidente entre ce qui est dit de la nature du sol au c. 1 et au c. 24, le c. 24 appartient au développement sur l’Europe : il ne peut donc pas être à proprement parler la réalisation de ce qui a été annoncé au c. 1.
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29. La solution proposée par H. Grensemann est d’autant plus compliquée qu’il isole une phrase (οκού — διαφερούσας = c. 24, 6 fin) entre ce qu’il appelle le c. 24 a et le c. 24 b et veut la mettre en rapport avec le c. 23. 30. Voir Notice infra, p. 108 sq. et commentaire à c. 24, 5 (fin). 31. C. 10, 12 (fin). Cette interpolation est ancienne, car elle existait déjà dans un manuscrit au temps de Galien ; mais Galien ne la lisait pas dans son exemplaire. Voir mon commentaire ad loc.
AIRS, EAUX, LIEUX
NOTICE
facteurs s’exercent, le climat, les eaux et le sol Dans les deux parties, le facteur climatique est défini essentielle ment par le changement des saisons Et dans la compa raison ethnographique, les connaissances médicales vien nent enrichir et éclairer les données sur les peuples d’Europe et d’Asie La méthode consiste dans les deux parties à chercher à établir, avec la plus grande rigueur possible, des lois de causalité nécessaires ou probables entre ces facteurs environnants et l’état de l’homme ou des peuples sans vouloir réduire la complexité de l’interac tion de ces facteurs environnants qui sont envisagés avec la plus grande souplesse. Quant au style, il allie également une grande rigueur dans les transitions, mais aussi une grande souplesse dans la conduite des développements, et une recherche évidente de la prose d’art, sans que cette recherche soit systématique L ’auteur est présent par ses affirmations à la première personne et fait participer son lecteur en s’adressant à lui à la deuxième personne Le
vocabulaire, d’une partie à l’autre, offre des convergences évidentes On admettra donc l’unité d’auteur et également l’unité de l’œuvre (avec une lacune importante dans la deuxième par tie), sans interpolation majeure et sans déplacement par rap port à l’ordre donné dans la tradition manuscrite avant la perturbation accidentelle qui s’est produite dans un ancêtre du manuscrit le plus ancien, le Vaticanus graecus 276.
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32. Comparer c. 24 (influence du climat, du sol et des eaux) avec c. 1 (influence du climat, des eaux et du sol), c. 10-11 (climat) et c. 7-9 (eaux). 33. Comparer, par exemple, c. 24, 6 al μεταβολα1666 των ώρέων et μεταβολήσι των ώρέων avec c. 2, 2 των ώρέων τάς μεταβολάςό 34. Au C. 14, 4 théorie pangénétique pour expliquer la transmission héréditaire d’un caractère acquis ; aux c. 19, 5 et 23, 1 influence du climat sur la formation du fœtus ; c. 22 : long développement sur la maladie des Scythes. 35. Comparer l’emploi de ανάγκη (par exemple c. 3, 1 et c. 24, 4) ou de εΙκός (par exemple c. 4, 3 fin et c. 24, 2) dans la formulation des lois de l’influence des facteurs extérieurs sur l’homme. 36. Pour les transitions, comparer par exemple c. 6, 4-7, 1 ; Περί μεν πνευμάτων ά τέ έστιν έπιτήδεια καΐ άνεπιτήδεια ώδε εχει6 ΙΙερΙ δέ των λοιπών ύδάτων βούλομαι διηγήσασΟαι et c. 22, 13 fin-23, 1 : Περ'ι μέν ούν των ΣκυΟέων ούτως έχει τού γένεοςό Το δε λοιπον γένος το έν τη Ευρώπη διάφορον αύτό έωυτω έστι κτλ6 Pour la prose d’art, comparer par exemple la présence de doublets comparables non seulement par la longueur et par les sonorités, mais aussi par le sens (exemple : c. 1 ,5 φιλογυμνασταί τε και φιλόπονοι ; c. 12, 2 ήπιώτερα και εύοργητότερα). 37. Présence de verbes à la première personne : 1. première partie : c. 3, 1 έγώ φράσω ; c. 7, 1 βούλομαι
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διηγήσαθαι ; c. 7, 9 νομίζω ; c. 7, 11 φράσω ; c. 8, 1 φράσω ; c. 8, 11 νομίζω ; c. 9, 3 φράσω ; c. 9, 5 φημί ; 2. deuxième partie : c. 12, 1 βούλομαι... λέξαι ; έρέω ; c. 12, 2 φημί ; c. 14, 1 παραλείψω ; c. 20, 1 παρέξομαι ; c. 22, 4 φράσω ; c. 22, 11 έλεξα ; εΐρηκα ; c. 24, 1 φράσω. Verbes à la deuxième personne : 1. première partie : c. 8, 10 γνοίης δ’άν ; εύρήσεις. 2. deuxième partie : εύρήσεις aux c. 13, 3 ; 16, 5 ; 20, 1 ; 24, 6 ; ούχ άμαρτήση au c. 24, 10 . 38. En faveur de l’unité du traité, on peut mentionner deux termes qui sont employés dans chacune des deux parties et qui ne se trouvent pas ailleurs dems la Collection hippocratique (πάγκοινος c. 2, 2 ; c. 3, 4 et 5 ; c. 4, 4 ; et c. 17, 2 ; ύδατεινός c. 6, 3 ; c. 15, 1 ; c. 19, 4). Plus nombreux sont les termes communs aux deux parties d'Airs, eaux, lieux qui sont rarement attestés dans le reste de la Collection hippocratique (sans tenir compte des Lettres) : άγριοϋσθαι (c. 4, 3 fin ; c. 16, 2 = 2 emplois sur 3 dans l’ensemble de la Collection) ; άταλαίπωρος (c. 1, 5 ; c. 21, 2 ; c. 24, 8 = 3/5) ; άτονος (c. 3, 2 ; c. 19, 5 = 2/3) ; αύτόθι (c. 5, 5 ; c. 6, 3 ; c. 12, 5 ; c. 15, 1 {bis) ; c. 19, 3 = 6/10) ; έντονος (c. 4, 2 ; c. 20, 1 ; c. 24, 6 et 9 = 4/6) ; έφυδρος (c. 1, 5 ; c. 13, 4 = 2/3) ; οργή au sens de « caractère » c. 5, 4 ; c. 16, 2 ; c. 24, 6 et 9 = 4/4) ; σκεπάζεσθαι (c. 8, 4 ; c. 19, 3 = 2/3). Pour le rapprochement d’expressions, outre celui qui a été fait par Trüdinger et Grensemann entre c. 1 et c. 24 sur l’influence du sol (voir supra, n. 28), on insistera sur l’identité du vocabulaire de la psychologie : comparer c. 4, 3 τά τε ήθεα άγριώτερα ή ήμερώτερα et C. 5, 4 οργήν... βελτίους avec c. 16, 1 ήμερώτεροι τά ήθεα et c. 16, 2 την οργήν άγριοϋσθαι. Α. Bozzi, Note di lessicografia ippocratica. Il trattato sulle arie, le acque, i luoghi, Roma, 1982 (80 p.) n’aborde pas la question de l’unité du traité par l’étude du vocabulaire, ce qui peut paraître étonnant. Il se contente de recenser 127 termes du traité et de commenter sommairement leur emploi avec référence à d’autres passages de la Collection hippocratique ou du reste de la littérature grecque.
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AIRS, EAUX, LIEUX
II LA MÉDECINE DANS AIRS, EA UX, L IE U X rr
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U n e m e d e c in e r a t io n n e lle ; , , , . I la p a th o l o g ie e t le d i v i n
Tout un chapitre de
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consacré à réfuter la croyance selon laquelle rimpuissance de certains Scythes serait causée par une divinité Ces Scythes, appelés Anariées, deviennent semblables à des eunuques. Quand ils ont échoué plusieurs fois de suite dans leurs rapports sexuels, ils attribuent leur impuissance à une divinité et mènent désormais la même vie que les femmes ; mais ils sont vénérés par les autres hommes qui se prosternent devant eux dans l’idée qu’ils sont sacrés et dans la crainte que le même mal ne les atteigne. Ces Scythes appartiennent à la classe riche et aisée qui s’adonne à l’équitation. L’auteur d^Airs, eaux, lieux ne précise pas le nom de la divinité. Mais ces données peuvent être complé tées par Hérodote qui s’intéresse par deux fois dans ses Histoires à ces Scythes, appelés chez lui Enarées et non Anariées Selon Hérodote, c’est la divinité Aphrodite qui inflige cette maladie féminine aux Scythes qui pillèrent son sanctuaire d’Ascalon en Syrie et à leurs descendants ; et ces « androgynes », suivant une loi de compensation, ont un don de prophétie qu’ils doivent à la divinité. Mais, alors qu’Hérodote ne songe pas à mettre en doute cette explica39. Voir J. Jouanna, « Ippocrate e il sacro », Koinônia, 12, 1988, p. 91-113 (version longue) et Id. «Hippocrate de Cos et le sacré». Journal des Savants, 1989, p. 3-22 (version courte), avec la bibliogra phie citée à laquelle on ajoutera J. Ducatillon, « Le facteur divin dans les maladies d’après le Pronostic », dans P. Potter, G. Maloney, J. Desautels, La maladie et les maladies dans la Collection hippocrati que (Actes du VU colloque international hippocratique), Québec, 1990, p. 60-73 et Ph. J. van der Eijk, « Airs, Waters, Places, and On the Sacred Disease : Two Different Religiosities ? », Hermes, 119. 1991, p. 168-176. 40. Hérodote I, 105 et IV, 67. Voir note à c. 22, 1.
NOTICE
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tion religieuse, l’auteur hippocratique ne croit pas qu’une divinité particulière puisse provoquer une maladie. Sans doute le médecin ne heurte-t-il pas de front la croyance dans l’origine divine de la maladie, car il commence sa critique en déclarant (c. 22, 3) : « Pour ma part, je pense aussi (καί) que ces affections sont divines ». Mais il donne un contenu différent au divin lorsqu’il poursuit : « comme toutes les autres, et qu’aucune n’est plus divine ni plus humaine qu’une autre, mais que toutes sont semblables et toutes sont divines ; chacun des états de ce genre a une cause naturelle et aucun ne se produit sans cause naturel le ». Et il réitère cette déclaration vers la fin de son exposé sur cette maladie des Scythes (c. 22, 11) : « Comme je l’ai dit auparavant, ces affections sont divines au même titre que les autres et chacune se produit selon une cause naturelle ». Ce que l’auteur entend par divin, ce n’est pas l’intervention d’une divinité particulière, mais la marche régulière de la nature dans laquelle s’inscrit toute maladie. Le médecin hippocratique substitue donc à une justice divine plus ou moins obscure, sanctionnant la culpabilité de l’individu par une maladie, un ordre de l’univers à la fois divin et naturel qui rend compte de toutes les maladies et dégage le malade de toute culpabilité. C’est la même conception du divin que l’on trouve dans la M aladie sacrée, en des termes si proches que l’on en tire générale ment la conclusion fort vraisemblable que les deux traités sont l’œuvre du même auteur. En particulier, il est dit dans la M aladie sacrée, c. 18 (Littré VI, 394, 12-15 = Grensemann 88, 12-14) : « Il ne faut pas séparer la maladie (dite sacrée) du reste des maladies et croire qu’elle est plus divine, car toutes sont divines et toutes sont humaines, et chacune a une cause naturelle et une propriété qui lui est propre ». Cette formule est strictement équivalente à celle d’a irs, eaux, lieux. Ici également, le concept de divin est vidé de toute représentation anthropomorphique tradition nelle pour se définir par une adéquation avec le naturel. Mais, alors que ces déclarations générales sont bien en situation dans le traité de la M aladie sacrée où il est
AIRS, EAUX, LIEUX
NOTICE
possible de donner des exemples concrets de ces éléments à la fois divins et naturels qui causent la maladie sacrée (l’air que l’homme inspire ou expire, le froid ou le soleil, le changement des vents), la cause que l’auteur d’Airs, eaux, lieux invoque pour expliquer l’impuissance relève, non pas d’un élément naturel et divin extérieur à l’homme, mais du genre de vie des Scythes. Ils se livrent constamment à l’équitation — ce qui altère les voies séminales — ; et le traitement qu’ils emploient est plus nuisible qu’utile : au début de la maladie, ils incisent les vaisseaux situés derrière les oreilles ; or, selon l’auteur, cette opération altère les voies du liquide séminal. Cette nouvelle conception rationnelle du divin débarras sée de toute représentation anthropomorphique n’exclut pas la conception traditionnelle selon laquelle les dieux agissent suivant les mêmes mobiles que les hommes. Bien au contraire, l’auteur utilise cette conception traditionnelle de la religion comme un argument supplémentaire pour dénoncer la fausseté d’une croyance dans l’origine spécia lement divine de cette maladie particulière. En effet, après avoir constaté que les Scythes de la classe aisée sont plus atteints d’impuissance que les pauvres, parce qu’ils possè dent des chevaux et pratiquent l’équitation, l’auteur s’ap puie sur la psychologie des dieux analogue à celle des hommes pour montrer que s’ils intervenaient dans le processus de la maladie ils épargneraient les riches, par reconnaissance pour leurs sacrifices et leurs offrandes, et frapperaient au contraire les pauvres (c. 22, 9-10). En bref, le rationalisme de l’auteur hippocratique ne s’oppose pas à la religion traditionnelle et ne nie pas l’existence du divin ; ce qu’il récuse c’est l’idée que la causalité des maladies puisse être hétérogène.
En effet, grâce à l’observation des saisons et de leurs changements, et aussi du lever et du coucher des astres, il pourra prédire les maladies générales qui atteindront la cité au cours de l’année (c. 2, 2). L’influence des conditions climatiques et météorologi ques sur la santé des hommes est l’une des idées majeures du traité. Il ne s’agit évidemment pas d’une théorie particulière à l’auteur. Elle est partagée par d’autres médecins de la Collection hippocratique^^, en particulier par le compilateur des Aphorismes, qui a regroupé toute une série d’aphorismes sur l’influence des saisons et qui déclare notamment que « ce sont surtout les changements de saisons qui engendrent les maladies » (III, 1) Cette théorie est, du reste, bien connue au v® siècle en dehors des milieux médicaux, puisque l’historien Hérodote la formule en des termes très proches de l’auteur à ’Airs, eaux, lieux quand il déclare à propos des Égyptiens :
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Le premier fac teur que l’au teur d’A irs, eaux, lieux demande au médecin itinérant d’observer quand il arrive dans une cité inconnue de lui est le climat (c. 1, 1). U ne m é d e c in e « m é té o r o lo g iq u e » . p a th o lo g ie e t c lim a t
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« Déjà pour d ’autres raisons les Égyptiens sont, après les Libyens, les hommes les plus sains du monde ; cela tient, je crois, aux saisons, au fait que les saisons ne changent pas ; car c’est dans les changements que se produisent surtout les maladies chez les hommes, changements de toutes les conditions en général et en particulier surtout des sai-
En remontant dans le temps, on rencontre chez Pindare l’idée que les saisons (été, hiver) peuvent provoquer des maladies ^ ; et déjà chez Homère il est clairement dit, à l’occasion d’une comparaison d’Achille avec un astre, que la constellation du Chien d’Orion, lorsqu’elle se lève à 41. Voir Notice « V. Place d'Airs, eaux, lieux dans la Collection hippocratique », infra, p. 71 sqq. 42. Cet aphorisme est, toutefois, une rédaction parallèle d'Humeurs, c. 15, Littré V, 496, 13-15 ( = Jones 88, 16-19). 43. Hérodote II, 77. Pour le changement des saisons comme cause des maladies en dehors de la littérature médicale, voir aussi Thucydide VII 87. 44. Pindare, Pythiques, III, v. 47-50.
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NOTICE
l’arrière-saison « apporte bien des fièvres aux malheureux mortels » Mais l’une des originalités de l’auteur d’Airs^ eaux, lieux est qu’il ne se contente pas de recommander au médecin itinérant cet examen des saisons et des astres, mais qu’il le revendique comme une part importante de la médecine dans une phrase qui clôt son préambule (c. 2, 3) :
Le problème de savoir si la médecine était une science autonome ou si elle devait s’appuyer sur des connaissances préalables ou complémentaires tirées de la science des phénomènes d’en haut (μετέωρα) est débattu dans d’autres traités de la Collection hippocratique avec des réponses différentes ou franchement opposées. Alors que l’auteur de VAncienne médecine établit une séparation nette entre la médecine et la connaissance des μετέωρα l’auteur des Chairs, comme celui d^Airs, eaux, lieux, affirme que la connaissance des phénomènes d’en haut (μετέωρα) est néeessaire à la médecine La position d'Airs, eaux, lieux est néanmoins fort différente de eelle de l’auteur des Chairs. Ce dernier considère que la connaissance de la constitution primordiale de l’homme exige la connaissance préalable des éléments constitutifs de l’Univers ; c’est donc une médecine philosophique. L’auteur d’a irs, eaux, lieux pense, de façon beaucoup plus concrète, que l’état des corps se modifie en fonction des saisons et du lever et du coucher des astres qui marquent le changement des saisons ; c’est une médecine « météorologique ». Telle est
« Si quelqu’un considère qu’il s’agit là de discours sur les choses d ’en haut (μετεωρολόγα), dût-il ne pas changer d ’avis, il apprendra (néanmoins) que, loin d’être négligeable, la contribution de l’astronomie (άστρονομίη), à la médecine est très importante ; car en même temps que les saisons, l’état des cavités change chez les hommes ».
L’objection que veut prévenir l’auteur dans cette mise en garde est que les considérations sur les saisons et sur le lever et le coucher des astres appartiennent à une science qui n’a pas de rapport avec la médecine. Tout en concédant que l’étude des phénomènes d’en haut (μετεωρολόγα) est l’objet d’une science autre que la médecine, Γάστρονομίη, littéralement la « science des astres » l’auteur affirme la dépendance de la médecine par rapport à l’astronomie, car l’état du corps de l’homme subit des modifications en relation avec les saisons ; or les saisons sont déterminées par le lever et le coucher du soleil (solstices, équinoxes) et des astres (Arcturus, Pléiades, Canicule) 45. Iliade, XX II, v. 31 ; voir aussi Hésiode, Les travaux et les jours, V. 587 : « Sirius (autre nom de la Canicule) dessèche la tête et les genoux ». 46. C’est le premier emploi ό’άστρονομία dans la littérature grecque avec Aristophane, Nuées, 201. Sur le médecin hippocratique et l’astronomie, voir J. H. Phillips, « The Hippocratic Physician and ΆΣΤΡΟΝΟΜΊΗ », dans F. Lasserre et Ph. Mudry (éd.). Formes de pensée dans la Collection hippocratique (Actes du IV® Colloque international hippocratique), Genève, 1983, p. 427-434 ; cf. aussi O. Wenskus, Astronomische Zeitangaben von Homer bis Theophrast, dans Hermes, Einzelschr. 55, 1990, p. 97-102 (pour Airs, eaux, lieux). 47. Cette science astronomique combine un calendrier « naturel » en usage dès Hésiode que l’on a qualifié de « préscientifique » (voir
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D.R. Dicks, Early Greek Astronomy to Aristotle, New York, 1970) et la connaissance d’un stade plus avancé de l’astronomie dite mathé matique avec la notion d’équinoxe (voir J.H. Phillips, « The Hippo cratic Physician... », p. 432-434). L ’auteur d'Airs, eaux, lieux suppose que ce savoir est connu de ses lecteurs et reste parfois dans le flou sur le début et la fin des saisons que l’on peut calculer soit par les mouvements du soleil (solstices, équinoxes), soit par le lever et le coucher des astres (Pléiades, Arcturus) ; cf. c. 10 et 11. L’auteur du Régime III, c. 68 (Littré VI, 594, 9-14 = Joly CMG 194, 22 sqq.) est plus explicite, mais ne fait pas intervenir les solstices dans le découpage de l’année : « Je divise l’année en quatre parties, que connaissent parfaitement la plupart des gens : l’hiver, le printemps, l’été, l’automne. L’hiver va du coucher des Pléiades jusqu’à l’équinoxe de printemps ; le printemps de l’équinoxe jusqu’au lever des Pléiades ; l’été des Pléiades jusqu’au lever d’Arcturus ; l’automne d’Arcturus jusqu’au coucher des Pléiades». L’auteur d'Airs, eaux, lieux men tionne aussi le lever de la Canicule qui divise l’été en deux (c. 10, 4 et 12 et c. 11, 2). 48. Voir Ancienne médecine , c. 1, Littré I, 572, 2 sq q ; ( = Jouanna 119, 4 sqq. avec la note 4). 49. Voir Chairs, c. 1, Littré VIII, 584,4 sqq. ( = Joly 188, 6 sqq.).
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l’interprétation de ce passage célèbre, si l’on s’en tient à la Collection hippocratique. On peut, toutefois, y voir une signification supplémen taire en comparant les emplois péjoratifs de μετεωρολόγος ou des composés analogues aux v® et iv® siècles, emplois péjoratifs qui reflètent le discrédit dans lequel était tombée cette nouvelle science qui heurtait les croyances tradition nelles du peuple dans la divinité des astres ^ et avait entraîné à Athènes des procès pour impiété contre ses adeptes, Anaxagore ou même Socrate. C’est ainsi que Coray (I, p. 7) traduit μετεωρολόγα par « rêveries météo rologiques », Littré (II, p. LUI) par « spéculations météo rologiques » et Festugière par « rêveries sur les choses célestes » Du sens technique de « discours sur les choses en l’air », on passerait au sens de « discours en l’air ». L’auteur d'Airs, eaux, lieux prendrait son parti de cette accusation et revendiquerait hautement l’importance de l’astronomie On pourrait trouver un argument en faveur de cette interprétation dans les Nuées d’Aristophane où, parmi les « sophistes » et les « charlatans des choses d’en haut » que repaissent les Nuées, l’auteur comique cite les Ιατροτέχναι, « les artistes de la médecine » (v. 332). Si l’auteur d’Airs, eaux, lieux éprouve le besoin de revendi quer hautement l’utilité de l’astronomie en médecine, c’est vraisemblablement parce que cette science était à son époque autant contestée qu’admirée. On connaît, dans le milieu des sophistes, les divergences entre Hippias qui enseignait l’astronomie et Protagoras qui jugeait cette science inutile à l’éducation des jeunes gens ^ . On peut donc penser que, de manière analogue, certains médecins
étaient sceptiques devant l’application de l’astronomie à la médecine et trouvaient futile une telle prétention à vouloir expliquer l’homme par l’univers qui l’entoure. On a voulu voir enfin dans ce passage d'Airs, eaux, lieux le texte d’Hippocrate auquel Platon fait allusion dans le Phèdre 270 c, lorsqu’il parle de la méthode d’Hippocrate selon laquelle on ne peut pas connaître la nature du corps sans connaître « la nature du tout » (άνευ τής του δλου φύσεως). Si Γοη entend par « nature du tout » la nature de l’Univers, on peut penser à la médecine « météorologique » d'Airs, eaux, lieux ou à la médecine cosmologique du Régime ou des Chairs Et la revendication de l’astrono mie par l’auteur d^Airs, eaux, lieux pourrait se comparer à celle de la « météorologie » par Platon dans le Phèdre Mais l’expression du Phèdre άνευ τής του δλου φύσεως, replacée dans l’argumentation de Platon, ne me paraît pas désigner la nature de l’Univers La médecine de l’Hippocrate platonicien dans le Phèdre qui doit servir de modèle pour la définition d’une rhétorique authentique est celle qui étudie, non pas l’influence des saisons sur le corps, mais l’effet des remèdes et des aliments sur le corps, comme la rhétorique doit étudier l’effet des discours sur l’âme {Phèdre 270 b). Bien que le climat soit le premier facteur que l’auteur recommande d’observer au médecin itinérant dans l’an nonce de son traité, il n’exposera l’influence du climat sur la santé et la maladie que dans la fin de la première partie
50. Voir par exemple dans Aristophane, Nuées, l’emploi péjoratif de μετεωροσοφιστής au v. 360 ou de μετεωροφέναξ au v. 333 ; comparer la critique des « météorologues » chez Euripide, Frag. 913 Nauck^. 51. Sur la traduction française (inédite) d’Airs, eaux, lieux par A.-J. Festugière, voir infra, p. 166. 52. Voir F. Robert, La littérature grecque, Paris, 1955, p. 96. 53. Voir Platon, Protagoras 315 c et 318 e.
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54. Voir, entre autres, R. Joly, « La question hippocratique et le témoignage du Phèdre », R.E.G., 74, 1961, p. 69-92 ; J. Mansfeld, « Plato and the Method of Hippocrates », Greek, Roman and Byzan tine Studies, 21, 1980, p. 341-362 (notamment p. 356-358). 55. Voir Platon, Phèdre, 269 e-270 a : « Tous les arts importants ont besoin en outre de bavardage et de discours élevés (μετεωρολογίας) sur la nature (φύσεως πέρι) » ; cf. aussi le Politique, 299 b : μετεωρολόγον, άδολέσχην τινά σοφιστήν. 56. Voir J. Jouanna, « La Collection hippocratique et Platon {Phèdre 269 c-272 a) », R.E.G., 90, 1977, p. 15-28 et Id., Hippocrate II, 1, De l ’ancienne médecine, CUF, Paris, 1990, p. 77-81 (avec la bibliographie).
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NOTICE
médicale (c. 10 et 11), après les facteurs locaux. Ce développement sur les saisons a pour objet d’aider le médecin à prévoir si l’année sera saine ou malsaine. Après la « climatique » idéale qui est saine (c. 10, 2), l’auteur expose une série de cinq « constitutions » plus ou moins malsaines qui servent d’exemples :
apparaissent à la saison suivante C (l’été pour les deux premières « constitutions », l’hiver pour les trois suivantes). Les maladies sont, en général, énumérées dans la proposi tion principale avec l’indication de la saison où elles ont lieu^L Ces deux éléments, climatologique et nosologique, for ment le noyau minimal, c’est-à-dire les éléments nécessai res et suffisants pour qu’une « constitution » climatique existe. Les deux « constitutions » les plus courtes (n° 3 et n° 4) sont constituées uniquement de ce noyau mini mal. Dans les trois autres « constitutions » dont l’exposé est plus long (n” 1, n° 2 et n° 5), d’autres éléments viennent s’ajouter. Le troisième élément est l’étiologie : c’est l’explicitation du lien causal nécessaire ou attendu entre les données sur le climat et les maladies. Il se rencontre dans chacune de ces trois « constitutions » les plus longues Cet élément est introduit deux fois sur trois par la particule explicative γάρ Enfin, un dernier élément apparaît dans les deux « constitutions » les plus longues (n° 1 et n° 2) ; c’est un pronostic supplémentaire sur l’évolution des maladies en fonction de la nature de la saison où elles se produisent, c’est-à-dire de la saison C La nature de cette saison est
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1. Première « constitution » : hiver sec et boréal suivi d’un printemps pluvieux et austral, c. 10, 3-4 f'Hv δε ό μεν χειμών— υδρωπας). 2. Deuxième « constitution » : hiver austral et pluvieux suivi d’un printemps boréal et sec, c. 10, 5-9 ("Hv δ’ ό μέν χει,μών— ρηΐδίως). 3. Troisième « constitution » : été pluvieux et austral, automne identique, c. 10, 10 (Ίίν δέ τό θέρος— περί,πλευμονίας). 4. Quatrième « constitution » : été sec et austral, automne pluvieux et boréal, c. 10, 11 ('Hv δέ το θέρος— φθίσιας). 5. Cinquième « constitution » : été boréal et sec, automne sec, c. 10, 12 ('Hv δέ βόρειόν τε—άνεξηρασμένοι). Ces unités sont difficilement discernables lors d’une pre mière lecture, car elles sont reliées entre elles par la simple particule δέ. Mais, après analyse, elles se distinguent l’une de l’autre et présentent des éléments constants dans un schéma d’exposition analogue, plus ou moins développé. Le premier élément est l’énoncé de la succession de deux saisons A et B avec leurs qualités données dans une proposition subordonnée introduite par ήν avec le subjonc tif. On a tantôt la succession de l’hiver et du printemps (« constitutions » n" 1 et n” 2), tantôt la succession de l’été et de l’automne (« constitutions » n" 3 à 5) ; et les qualités des saisons se définissent à la fois par les qualités élémentaires (saison sèche ou humide) et par les vents qui dominent (saison boréale ou australe). Le deuxième élément est l’énoncé des maladies qui résultent de cette succession des saisons A et B et
57. L’expression verbale de cette proposition principale indique le lien nécessaire (ανάγκη) ou attendu (εΙκός) qu’il y a entre la succession des deux saisons aux propriétés données et les maladies : ανάγκη est employé dans les constitutions n° 1 (c. 10, 3) et n° 3 (c. 10, 10), alors que εΙκός se trouve dans les constitutions n” 2 (c. 10, 5), n° 3 (c. 10, 10) et n“ 4 (c. 10, 11). 58. Constitution n” 1 : étiologie c. 10, 3 ('Οκόταν γάρ— ύγροτάτοισι) ; constitution η° 2 : étiologie c. 10, 6-7 (Τοΐσι μέν οδν φλεγματίησι— έπιπίπτειν) ; constitution η” 5 : étiologie c. 10, 12 (λίην γάρ-—άνεξηρασμένοι). 59. La particule γάρ apparaît au début de l’étiologie dans la constitution n° 1 (c. 10, 3 ' Οκόταν γάρ) et dans la constitution n° 5 (c. 10, 12 λίην γάρ). 60. Constitution n” 1 : pronostic supplémentaire c. 10, 4 ; consti tution n° 2 : pronostic supplémentaire c. 10, 9 .
AIRS, EAUX, LIEUX
NOTICE
envisagée dans deux subordonnées éventuelles antithéti ques, introduites par καΐ ήν μέν—ήν δέ μή. La première éventualité donne lieu à un pronostic favorable avec un espoir de cessation rapide des maladies ; la seconde entraîne un pronostic défavorable avec des maladies lon gues, dangereuses et se transformant éventuellement en d’autres maladies Ce développement sur les « constitutions » climatiques a eu un grand succès (école aristotélicienne, Celse, Avicen ne). Il est notamment à la source de plusieurs problèmes médicaux du corpus des Problemata attribué à Aristote (I, 8-12 et 19-2j0) ; et l’on rencontre dans les Aphorismes (III, 11-14) quatre « constitutions » parallèles à celles d’Airs, eaux, lieux, que ces parallélismes s’expliquent par une influence d’Airs, eaux, lieux sur les Aphorismes ou par l’existence d’un modèle commun Après cet exposé sur ces « constitutions » climatiques particulières qui permettent de pronostiquer des maladies particulières (c. 10), l’auteur termine son développement sur le climat par des remarques plus synthétiques (c. 11) sur les dangers du changement et sur les périodes de l’année où se produisent ces changements, quelle que soit la nature particulière de chaque « constitution » climatique annuelle. C’est là que l’on saisit au mieux ce qu’il faut entendre par médecine « météorologique », car les change ments les plus dangereux sont en rapport avec les mouve ments apparents du soleil (solstices et équinoxes) et des astres (levers et couchers de la Canicule, d’Arcturus et des Pléiades). Ces changements « météorologiques » n’ont pas seulement une incidence sur l’état physique de l’homme.
mais aussi sur le cours des maladies. Le médecin doit donc en tenir compte dans son pronostic et dans sa thérapeuti que.
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61. Pour être complet on signalera que la constitution la plus longue (constitution n" 2) possède un autre élément entre l’étiologie et le pronostic supplémentaire : c’est la prise en considération de l’orientation des lieux qui, selon les cas, est un facteur atténuant ou aggravant (c. 10, 8 ). 62. Pour la comparaison avec les versions parallèles dans les Aphorismes et dans les Problemata, voir Notice « VI. La tradition du texte et son histoire ; C. La tradition parallèle », infra, p. 150 sqq.
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En dehors du climat, les fac teurs externes que le médecin doit observer quand il parvient dans une cité où il va s’installer sont des facteurs locaux : l’orientation de la cité aux vents et aux levers et aux couchers du soleil, la qualité des eaux que les habitants utilisent, enfin la nature du sol. Tous ces facteurs locaux permettent de prévoir les maladies locales. Une m é d e c in e e n v ir o n n e m e n ta le : p a th o lo g ie e t f a c te u r s lo ca u x ( v e n ts , ea u x , so l)
1. Orientation de la cité aux vents et au soleil. L’exposé sur l’orientation de la cité est l’objet d’un effort de synthèse sans précédent. Prenant pour base de réflexion le monde morcelé des cités grecques où les médecins hippocratiques exerçaient, l’auteur s’efforce de dégager, par delà la diversité des situations particulières, les constantes de la réalité nosologique en distinguant quatre catégories de cités correspondant aux quatre grandes orientations possibles par rapport aux vents et aux levers et aux couchers du soleil Comme il a été dit dans l’exposé 63. Ce sont surtout les points de l’horizon des levers et des couchers du soleil en été (solstice d’été) et en hiver (solstice d’hiver) qui servent de points de repère pour l’orientation dans le traité. On trouve aussi le terme « aurore » (ήώς) pour désigner l’est (c. 6, 1 ; c. 12, 3), le terme « soir, couchant » (έσπέρη) pour désigner l’ouest (c. 6, 3), et les « Ourses » (άρκτοι) pour désigner le nord (c. 3, 1 ; c. 5, 2 ; c. 6, 1 ; c. 19, 2 ter) ; le sud est désigné a'ussi par les « régions chaudes » (c. 19, 2 τα θερμά). Quant aux vents, ils ne servent qu’exceptionnellement à l’orientation (c. 5, 5). Ces vents se résument essentiellement dans le traité à une opposition entre le borée, vent du nord froid et sec, et le notos, vent du sud, chaud et humide. L’auteur mentionne
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sur la structure générale du traité, il s’agit des quatre types de cités suivants :
c. 3 c. 4 A. Subordonnée indiquant l’orientation de la cité par rapport aux vents
1. cités tournées vers les vents chauds ( = le notos) et situées entre le lever d’hiver et le coucher d’hiver du soleil, c’est-à-dire orientées vers le sud (c. 3) ; 2. cités à l’orientation opposée tournées vers les vents froids ( = le borée), vents qui soufflent entre le coucher d’été et le lever d’été du soleil, c’est-à-dire en venant du nord (c. 4) ; 3. cités çxposées aux levers du soleil, c’est-à-dire à l’est (c. 5) 4. cités exposées aux couchers du soleil, c’est-à-dire à l’ouest (c. 6), qui ne reçoivent pas les vents de l’est, mais où parviennent latéralement les vents chauds du sud et les vents froids du nord. La comparaison de ces quatre exposés montre que l’auteur suit un schéma d’exposition. Les cités s’opposent deux à deux : la cité tournée vers les vents du sud (c. 3) s’oppose à la cité tournée vers les vents du nord (c. 4). Ce qui domine en effet dans la première, c’est la chaleur et l’humidité (c. 3, 2 ύγράς ; c. 3, 4 [bis] ύγραί) et dans la deuxième le froid et la sécheresse (c. 4, 2 σκληρά ; σκληράς (bis) ; c. 4, 3 σκληραί ; σκληρότης... ξηρότης ; σκληράς ; c. 4, 4 σκληρά ; σκληρότητος). Mais les deux exposés suivent un schéma d’exposition analogue :
aussi des vents d’est (c. 6, 1) et des vents d’ouest (c. 6,3) mais il ne leur donne pas de nom particulier. Il ne fait pas mention de l’Euros et du Zéphyr. Une fois sont mentionnés les vents étésiens (c. 10, 4). L’auteur fait une distinction intéressante entre les vents communs à tous et les vents locaux (c. 1, 2) ; le seul vent local qu’il nomme est celui des habitants du Phase (c.l5, 3). Sur les vents dans l’Antiquité, voir K. Nielsen, « Remarques sur les noms grecs et latins des vents et des régions du ciel », Classica et M ediaevalia, 7, 1945, p. 1-113 (p. 23-25 pour le traité).
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a) de façon positive ήτις μέν πόλις— έστι ξύννομα
όκόσαι δ’ — επιχώριά έστι
b) de façon négative των δε— σκέπη
του δέ— σκέπη
Β. Proposition principale indiquant ce qui en découle nécessairement (comp. c. 3, 1 άνάγκη είναι et c. 4, 2 άνάγκη είναι) a) les eaux τά τε υδατα
πρώτον μέν τά υδατα
b) les hommes τούς τε ανθρώπους
τούς δέ άνθρώπους
c) les maladies νοσήματά τε τάδε έπιχώρια είναι
νοσεύματα δέ αύτοΐσιν έπιδημεϊ τάδε
avec la même distinction entre les maladies des hommes, des femmes et des enfants, dans un ordre toutefois différent d’un chapitre à l’autre. Dans le deuxième couple de cités, comme dans le premier, le mode d’exposition est parallèle et opposé. Après la relative définissant l’orientation de la cité (c. 5, 2 όκόσαι μέν— κέονται ; c. 6, 1 όκόσαι δέ— άπό των άρκτων), l’auteur donne, dans la principale, un jugement sur l’état sanitaire dans la cité considérée. De toutes les cités, celles qui sont tournées vers l’est sont les plus saines (cf. c. 5, 2 ύγιεινοτέρας), celles qui sont tournées vers l’ouest les plus malsaines (c. 6, 1 νοσερωτάτην). Dans la suite du dévelop pement, les parties communes sont les suivantes :
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NOTICE
a) les eaux, limpides dans l’une (c. 5, 3 λαμπρά), pas limpides dans l’autre (c. 6, 2 ού λαμπρά). b) l’état des habitants, qui dans un cas ont le teint coloré et la voix claire (c. 5, 4 εΰχροα... λαμπρόφωνοι), et dans l’autre le teint décoloré et la voix grave (c. 6, 3 άχρόους... βαρυφώνους) c) la comparaison de la cité à une saison : la cité exposée à l’est est comparable au printemps (c. 5, 5 ήρι) ; la cité exposée à l’ouest ressemble à l’automne (c. 6, 4 μετοπώρω).
et l’intelligence, sont mieux doués que ceux qui sont face au borée » (c. 5, 4). C’est donc l’homme pris dans sa totalité qui est marqué par le milieu dans lequel il vit. Du reste, cette influence ne s’exerce pas uniquement sur l’homme. Elle se vérifie aussi pour toutes les autres productions de la nature, plantes et animaux. Après avoir souligné que les hommes des cités tournées vers l’orient sont, du point de vue du caractère et de l’intelligence, meilleurs que ceux des cités tournées vers le nord, le médecin replace cette observation dans un ensemble plus vaste : « Toutes les autres productions naturelles y sont meilleures » (c. 5, 4). Quant aux maladies locales, elles sont en rapport avec les constitutions et se différencient suivant les sexes (maladies des hommes et des femmes) et les âges (maladies des enfants et des vieillards). Dans les cités exposées aux vents chauds et humides, les maladies sont de caractère humide, comme les constitutions. Ces maladies sont donc caracté risées par des écoulements (par exemple les dysenteries, les diarrhées, les ophtalmies humides) ; au contraire, dans les cités exposées aux vents froids et secs du nord, les maladies sont sèches comme les constitutions (par exemple des ophtalmies sèches, des maladies de la poitrine). Dans les cités orientées vers l’est, les excès des deux premières orientations disparaissent ; ce qui caractérise de telles cités, c’est le juste milieu entre le chaud et le froid (c. 5, 5 μετριότητα) ; aussi les maladies sont-elles moins nombreu ses et moins violentes. Enfin les cités tournées vers l’ouest accumulent les inconvénients des deux premières orienta tions ; ce qui les caractérise, c’est le contraste entre le froid et le chaud (c. 6, 4 μεταβολάς) ; aussi connaissent-elles toutes les maladies, qu’elles soient sèches ou humides.
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Dans ce deuxième couple de cités, les maladies ne sont pas détaillées, mais elles sont envisagées par référence aux maladies des deux premières catégories. Selon l’auteur, l’exposition de la cité aux vents a une importance déterminante non seulement sur la santé des hommes, mais aussi sur leur constitution naturelle. A chaque type de cité correspond un type d’homme. Dans les cités tournées vers les vents chauds et humides du sud, les habitants ont une constitution plutôt phlegmatique, tandis que dans les cités orientées vers les vents froids et secs du nord, les habitants ont une constitution plutôt bilieuse ; les cités tournées vers le levant sont les plus saines tandis que les cités orientées vers le couchant sont les plus malsaines. Dans les cités les plus saines les habitants « ont de belles couleurs et un teint fleuri... ont la voix claire » (c. 5, 4). Au contraire, dans les cités opposées « il est normal qu’ils soient sans couleur et sans force,.., il est normal qu’ils aient la voix grave et qu’ils soient sujets aux enrouements » (c. 6, 3). L ’auteur établit donc une relation nécessaire entre l’orientation des lieux et la constitution des hommes. Cette relation ne se borne pas au physique, mais englobe aussi le caractère et l’intelligence, comme l’indiquent certaines remarques incidentes. Chez les habitants des cités tournées vers les vents du nord, « il est normal que leurs mœurs soient plus sauvages que douces » (c. 4, 3) ; et les habitants des cités tournées vers l’orient « pour le caractère
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2. Les propriétés des eaux : le savoir du physicien et du médecin. Le second facteur local qui est l’objet d’un exposé après l’orientation aux vents est la nature des eaux que les habitants de la cité boivent ou utilisent habituellement, que ce soit dans la cuisine ou pour les bains (c. 7-9) Ce développement, qui est encore plus long que le précédent, est d’une importance exceptionnelle dans l’histoire de la médecine occidentale, car il est le texte fondateur sur l’étude des différentes catégories d’eaux dans leur relation avec la santé et la maladie. L’affirmation, énoncée d’em blée, selon laquelle « l’eau contribue pour une très grande part à la santé » (c, 7, 1) est d’autant plus remarquable qu’elle rappelle une formule analogue que l’auteur a employée dans le préambule du traité à propos de l’astronomie pour montrer l’importance du climat sur la santé (c. 2, 3). Ce sont cinq catégories d’eaux que l’auteur étudie tour à tour : 1. eaux stagnantes : c. 7, 2-8. 2. eaux de source : c. 7, 9-13. 3. eaux de pluie : c. 8, 1-8 (avec une monographie sur la formation de l’eau de pluie). 4. eaux de fonte des neiges ou de la glace ; c. 8, 9-11. 5. eaux mélangées : c. 9, 1-6 (avec une monographie sur la lithiase causée par l’absorption d’eaux mélangées). Cette subdivision en cinq catégories ne donne lieu à aucune justification, bien qu’elle apparaisse pour la pre mière fois dans la littérature grecque conservée. C’est probablement l’indice que ces distinctions ne sont pas une 64. Pour une étude plus détaillée, voir J. Jouanna, « L’eau, la santé et la maladie dans le traité hippocratique des Airs, eaux, lieux » dans R. Ginouvès, A.-M. Guimier-Sorbets, J. Jouanna et L. Villard (éd.). L'eau, la santé et la maladie dans le monde grec, BCH, Suppl. 28, 1994, p. 25-40.
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création de l’auteur, mais devaient être admises déjà avant lui. Hippocrate n’est un commencement que parce que la littérature savante qui le précède et dont il hérite a disparu. À l’intérieur de chaque subdivision, malgré une assez grande souplesse dans l’organisation de leur contenu, l’auteur ne perd jamais de vue son projet essentiel qui est de montrer l’influence des différentes catégories d’eaux sur la santé ou sur la maladie. Mais pour déterminer leur action bénéfique ou maléfi que, il est nécessaire de connaître leurs différentes δυνάμιες (c. 1, 2), c’est-à-dire à la fois leurs propriétés permanentes et leur pouvoir d’agir sur le corps de l’homme. Et l’auteur ne se contente pas d’énoncer les diverses propriétés de chacune des grandes catégories d’eau, à l’aide d’une riche palette qui fait appel aux sens du médecin (la vue ; le goût ; cf. c. 1, 2 στόματι) et probablement aussi à la pesée de l’eau (cf. c. 1, 2 σταθμω) ; mais il s’efforce à chaque fois de justifier l’existence nécessaire de ces qualités (cf. l’emploi de ανάγκη au c. 7, 2 ; c. 7, 9 ; c. 9, 2) soit par le processus de formation des différentes eaux (formation de l’eau de pluie, formation de l’eau de fonte des neiges) ou par leur évolution (eaux stagnantes qui évoluent en fonction des saisons) ou par leur origine (eaux de source ; eaux mélan gées). Le savoir du médecin rejoint ici celui des philosophes présocratiques, quand il part de l’observation des multiples qualités des eaux pour remonter jusqu’aux causes phy siques qui les expliquent. L ’exemple le plus parlant est la longue monographie sur la formation de l’eau de pluie (c. 8, 2-7). Les explications sont substantiellement analogues à celles des philosophes ioniens du vi® siècle (Anaximandre de Milet, Xénophane de Colophon) et du philosophe du V® siècle qui continue la tradition ionienne en la renouve lant : Diogène d’Apollonie La partie la plus légère de 65. Anaximandre : Diels-Kranz 12 A 27 ( = Plutarque, Epitom. III, 16) ; Xénophane : Diels-Kranz 21 A 46 ( = Stobée, Ecl. I, 31) ; Diogène d’Apollonie : Diels-Kranz 64 A 17 ( = Alexandre d’Aphro-
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l’eau salée, dans les marais salants comme dans la mer, s’élève attirée par le soleil ; elle est adoucie par la coction du soleil ; puis elle se condense et retombe sous forme de précipitations d’eau douce. De ces convergences, on conclut un peu trop hâtivement à une influence de Diogène d’Apollonie sur le médecin hippocratique Il peut s’agir tout aussi bien de l’utilisation indépendante d’un savoir commun. L ’exposé du médecin présente même une origi nalité par rapport aux explications des philosophes, du moins à en juger par les doxographies dont nous disposons. Ce qui est nouveau, c’est que l’observation des phénomè nes biologiques vient confirmer les théories cosmologiques. En effet, pour confirmer, dans le cadre de sa monographie sur la formation de la pluie, la loi de physique selon laquelle le soleil attire tout liquide, le médecin fait appel à une observation plus proprement médicale sur la sueur qui s’évapore ou ne s’évapore pas suivant que la peau est protégée ou non du soleil. De toute façon, le passage d'Airs, eaux, lieux sur la formation des pluies est d’une importance exceptionnelle pour l’histoire de la physique dans l’Antiquité, car il est le passage le plus ancien à conserver une explication complète et authentique, alors que les opinions des philosophes présocratiques ne sont connues qu’indirectement par des résumés tardifs, plus ou moins simplificateurs. C’est également dans le cadre de ce savoir physique que l’auteur s’est livré à l’une des rares « expériences » quanti tatives attestées dans la médecine hippocratique. Cette fois, c’est à propos de la formation de l’eau de fonte des neiges
qui a, selon l’auteur, un processus de formation inverse de l’eau de pluie. Alors que dans la formation de la pluie, c’est la partie la plus légère (κουφότατον) et la plus ténue (λεπτότατον) de l’eau qui constitue la pluie après s’être séparée du reste, dans la formation de la glace, c’est la partie de l’eau la plus lourde (βαρύτατον) et la plus épaisse (παχύτατον) qui demeure après séparation et disparition de la partie la plus légère (κουφότατον) et la plus ténue (λεπτότατον). Pour le montrer, l’auteur introduit l’expé rience du vase rempli d’eau que l’on fait congeler après l’avoir mesurée et que l’on fait décongeler pour constater une diminution de l’eau (c. 8, 10). Il s’agit bien d’une expérience quantitative, puisque la même eau est mesurée, avant et après la congélation, et que l’on constate une diminution de la quantité de l’eau. Cette mesure ne se fait pas ici avec la balance, mais avec une des mesures de capacité familières aux Grecs pour quantifier les liquides. Il va sans dire que, si l’expérience est correctement décrite, son interprétation est erronée, car l’auteur conclut immé diatement d’une diminution quantitative à une modifica tion qualitative. Selon l’auteur, si l’eau a perdu du volume, c’est qu’elle n’est pas revenue à sa nature première et a perdu certaines de ses qualités. Mais cette expérience quantitative, si imparfaite soit-elle, reste l’un des témoi gnages les plus remarquables de l’esprit scientifique de l’auteur Alors que le savoir du physicien a pour objet de partir de l’observation des multiples qualités des eaux pour remon ter jusqu’aux causes physiques qui les expliquent, le savoir du médecin part de ces qualités pour montrer leurs effets bénéfiques ou nocifs sur le corps de l’homme. Dans la perspective médicale, le vocabulaire qualitatif qui définit les diverses variétés d’eaux se double d’un vocabulaire normatif. Car la question fondamentale reste de savoir si les eaux sont bonnes ou mauvaises pour la santé. On a ainsi
dise, Comm. aux Météorologiques d ’Aristote, 353 a 32) : « Diogène dit que la cause du caractère salé de la mer est la suivante : comme le soleil attire en hauteur la partie douce [de la mer], le résultat en est que la partie restante et subsistante est salée ». Sur la comparaison entre les explications des Présocratiques et celle de l’auteur d’Airs, eaux, lieux, voir J. Jouanna, Hippocrate, Paris, 1992, p. 367-370. 66. F. Willerding, Studia hippocratica. Diss. Gottingae, 1914, p. 11-25 (« De Diogenis Apolloniatae vestigiis quae sint in libris περί άέρ. et περί ίρ. νούσ. »).
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67. Sur cette expérience quantitative, voir M. D. Grmek, La première révolution biologique, Paris, 1990, p. 31 sq.
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une esquisse de hiérarchisation entre les diverses catégories d’eaux. Les eaux les meilleures pour la santé sont les eaux de pluie, tandis que les plus mauvaises sont les eaux stagnantes et aussi les eaux provenant de la fonte des neiges. L’auteur va jusqu’à proposer un classement à l’intérieur d’une même catégorie. C’est dans l’exposé sur l’orientation des sources (c. 7, 11) qu’est présenté, en effet, le classement normatif le plus complet : après les sources tournées vers l’orient qui sont les meilleures (άριστα), viennent en second lieu (δεύτερα) les sources qui regardent vers le nord, et en troisième lieu (τρίτα) celles qui sont tournées vers l’ouest ; enfin, les plus médiocres (φαυ λότατα) sont celles qui sont exposées au notos, c’est-à-dire au vent du sud. En plus de ces jugements normatifs, l’auteur énumère, à propos de plusieurs variétés d’eaux, les maladies locales qui résultent de leur usage habituel. Toutefois, la seule caté gorie à laquelle l’auteur consacre un tableau nosologique développé et structuré, analogue à ceux que l’on trouve dans la partie sur l’orientation des cités, est la première catégorie exposée, c’est-à-dire les eaux stagnantes (c. 7, 3-8). En plus d’une maladie qui sévit toute l’année chez ceux qui boivent des eaux stagnantes et qui est caractérisée notamment par le gonflement et l’induration de la rate, l’auteur distingue deux séries de maladies, l’une qui se produit en été, car les eaux stagnantes sont chaudes et favorisent la bile, et l’autre qui se produit en hiver, car les eaux stagnantes sont froides et favorisent le phlegme ; pour cette dernière série de maladies, l’auteur tient compte, comme dans les tableaux nosologiques précédents, de la distinction entre les sexes et les âges. L’auteur se contente généralement, quand il parle des maladies causées par les eaux, de les désigner par leur nom, car il s’adresse avant tout à des spécialistes pour qui la pathologie est connue. Mais, à propos des maladies causées par les eaux de provenance diverse (c. 9), il procède, de façon exception nelle, à un long exposé sur la formation de pierres dans la vessie, c’est-à-dire sur la lithiase et sur la strangurie qui en
résulte (c. 9, 4-6). Les processus biologiques et pathologi ques ne sont pas conçus différemment des processus cosmologiques. De même que la cuisson du soleil, dans la formation de l’eau de pluie, opère la séparation entre la partie la plus lourde et la plus légère de l’eau salée, de même la chaleur de la vessie opère par la cuisson la séparation entre la partie la plus lourde et la plus légère de l’urine. Le modèle de ces processus biologiques et cosmo logiques est, en définitive, la cuisine. Toute cette partie concernant l’influence des eaux sur la santé et sur la maladie sera lue et utilisée non seulement dans la littérature technique médicale en Grèce et à Rome, mais même dans la littérature philosophique (Platon, Aristote, Problemata aristotéliciens) Athénée, dans ses Deipnosophistes en II, 46 c, fait une longue citation du développement sur les eaux de source (c. 7, 10).
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3. L ’influence du sol. Le troisième facteur local que l’auteur recommande au médecin d’observer est la nature du sol. En effet, dans son préambule, après avoir mentionné les eaux, il poursuit : « Puis, il doit considérer le sol, s’il est dénudé et sans eau ou s’il est couvert de végétation et plein d’eau, s’il est enfoncé et étouffant ou s’il est élevé et froid » (c. 1, 5). 68. Pour l’importance des facteurs locaux (orientation de la cité ; eaux), comparer Platon, Lois V, 747 d (cf. supra, p. 9) et Aristote, Politique 1330 b, 8-16. Pour les eaux dures et froides entraînant la stérilité (c. 4, 4), comparer Aristote, Génération des animaux, IV, 2, 767 a 32 sqq. ; sur ce rapprochement, voir S. Byl, Recherches sur les grands traités biologiques d'Aristote : sources écrites et préjugés, Bruxelles, 1980, p. 81. Pour la formation de l’eau de fonte des neiges et son influence néfaste sur la santé (c. 8, 9 ), comparer un problème aristotélicien conservé par Aulu-Gelle, Nuits attiques, X IX, 3-10 (cf. Macrobe, Saturnales Vit, 12, 25 sq.). Pour la sueur qui apparaît sur les parties du corps couvertes et non sur les parties nues (c. 8, 4), comparer Aristote, Problemata II, 9 et 37. Les rapprochements avec les Problemata sont déjà faits par F. Poschenrieder, Die naturwissenschaftlichen Schriften des Aristoteles in ihrem Verhdltnis zu den Büchern der hippokratischen Sammlung, Bamberg, 1887, p. 40-43.
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Mais, à la différence des autres facteurs locaux, le sol n’est pas l’objet d’un développement séparé dans la partie médicale. La nature du sol n’intervient que comme facteur secondaire dans le développement sur les eaux de source, et encore s’agit-il autant du sous-sol que du sol. L ’auteur y fait la distinction entre les sources qui proviennent d’un sol rocheux où les eaux sont dures et celles qui proviennent d’un sol meuble où les eaux sont douces (c. 7, 9-10). Il faudra attendre le dernier chapitre du traité pour trouver des remarques qui correspondent approximativement aux quatre catégories de sol distinguées dans le préambule avec prédominance d’une des quatre qualités élémentaires : sol sec et nu ; sol humide et boisé ; sol bas et chaud ; sol élevé et froid. Pour le sol élevé, on comparera le c. 24, 2 et 5 ; pour le sol bas et chaud, le c. 24, 3-4 ; pour le sol humide et fertile, le c. 24, 8 ; et pour le sol sec et nu, le c. 24, 9. Et dans la fin de ce dernier chapitre, l’auteur réaffirme l’influence du sol sur la nature physique et morale des hommes : « De fait, vous trouverez en règle générale qu’à la nature du pays se conforment et le physique et le moral des habitants » (c. 24, 7) ; et l’auteur, pour finir, englobe cette relation entre le sol et l’homme dans une loi plus géné rale : « (Vous trouverez) plus généralement que tout ce qui pousse dans la terre est conforme à la terre » (c. 24, 9)
ressort de ces explications de détail est qu’il y a une interaction complexe entre les grands facteurs qui ont été distingués pour l’analyse et pour l’exposition. D’abord, l’influence néfaste d’une « constitution » clima tique donnée peut être tempérée par des facteurs locaux s’ils sont favorables ou, au contraire, être aggravée par eux s’ils sont défavorables, qu’il s’agisse de l’exposition de la cité au soleil et aux vents, ou des eaux (c. 10, 8). Et inversement le climat peut avoir une incidence indirecte sur les facteurs locaux : dans le cas des eaux stagnantes, les saisons (été, hiver) modifient la nature de l’eau et cette modification de l’eau détermine une pathologie particulière (c. 7, 2 et 4-5). Il y a aussi une interaction des facteurs locaux entre eux. La nature des eaux d’une cité dépend en partie de son exposition au soleil et aux vents. En effet, dans les quatre cités correspondant aux quatre grandes orientations, l’au teur établit un lien nécessaire entre l’orientation de la cité et la nature de ses eaux : dans la cité tournée vers les vents du sud, « les eaux sont nécessairement abondantes, légère ment salées et proches de la surface, chaudes en été mais froides en hiver » (c. 3, 1) ; dans la cité tournée vers les vents du nord, « les eaux sont dures et froides en règle gé nérale, et elles sont douces » (c. 4,2). Dans les cités orientées à l’est, « nécessairement, les eaux qui sont exposées aux levers du soleil sont toutes limpides, de bonne odeur et molles ; et le brouillard n’existe pas dans une telle cité » (c. 5,3). Enfin, dans les cités orientées à l’ouest, « les eaux ne sont pas limpides ; la cause en est que le brouillard, au cours de la matinée, se maintient longtemps, brouillard qui, se mélan geant à l’eau, en fait disparaître la limpidité ; car le soleil n’éclaire pas avant de s’être élevé en hauteur » (c. 6, 2). La complexité de l’interaction entre les facteurs locaux est particulièrement sensible à propos des eaux de source. C’est la nature du sol d’où elles proviennent qui explique la variété des eaux de source ; mais un second facteur les différencie, c’est l’orientation particulière de la source ; enfin la prédominance momentanée d’un vent peut modi-
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Maigre la nettete du plan ,, ,, ^ rr . i d ensemble et un enort de , , , , , ,, synthèse sans precedent, 1 au·' ... , i i. -i , teur allie, dans le detail de ses explications, la souplesse à la rigueur pour rendre compte de la complexité du réel. L ’une des intuitions majeures qui in t e r a c t io n e n tr e I. . le fa c te u r c li m a t iq u e ^ ^ ^ , e t le s f a c te u r s lo c a u x
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69. De cette analogie entre l’aspect de l’homme et l’aspect du sol, l’auteur avait déjà donné des exemples dans la partie ethnographique (c. 13, 4) : « Il en va de même des hommes si l’on veut y prêter attention : il y a des natures qui ressemblent à des montagnes boisées et pleines d’eau, d’autres à des sols légers et sans eau, d’autres à des terrains plutôt couverts de prairies et marécageux, d’autres à une plaine et à un sol dénudé et sec ».
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fier la qualité de ces eaux de source, le vent du nord purifiant les eaux alors que le vent du sud les trouble. Ainsi la prédominance momentanée d’un vent peut éventuelle ment modifier les qualités des eaux d’une source que déterminent un facteur principal, la qualité du sol, et un facteur secondaire, l’orientation particulière de la source. Ainsi tous les facteurs externes qui agissent sur le physique (et le moral) de l’homme peuvent opérer leur action directement ou indirectement ; de plus l’action de ces différents facteurs peut s’ajouter ou s’opposer. La complexité de la relation causale entre le milieu et l’homme vient donc de la pluralité et de l’interaction des éléments qui agissent. Mais elle vient aussi de la diversité des réactions de ce qui subit, c’est-à-dire des différentes catégories d’individus.
inconnue de lui, c’est la possibilité de prévoir les maladies qui frapperont la collectivité, que ce soit des maladies locales (dues à des facteurs locaux) ou des maladies générales (dues au climat). Or la connaissance des maladies locales suppose la connaissance de la constitution des habitants de la cité, laquelle implique la connaissance des effets du milieu et particulièrement de l’orientation de la cité au soleil et aux vents. Mais, bien que l’auteur établisse quatre orientations possibles de la cité, entraînant quatre états sanitaires possibles dans la population d’une cité, les constitutions des habitants ne répondent en réalité qu’à deux types possibles, ainsi que les maladies qui les affectent. Ce sont les deux types d’hommes opposés correspondant aux deux orientations opposées nord/sud. La raison en est que la théorie humorale de l’auteur est binaire. Dans l’orientation des cités au vent du sud, les habitants ont une constitution où le phlegme domine (c. 3, 2) ; au contraire, chez les habitants d’une cité tournée vers les vents du nord, c’est la bile qui l’emporte sur le phlegme (c. 4, 2). Quant aux qualités élémentaires qui définissent ces deux constitutions, il s’agit essentiellement de l’humide et du sec. Les constitutions phlegmatiques sont humides et relâchées, tandis que les constitutions bilieuses sont sèches et dures. La conséquence en est que les phlegmatiques ont la tête faible par suite de la trop grande prédominance du phlegme, sont sujets à des flux de phlegme qui descendent de la tête sur le ventre et le dérangent, et ne digèrent pas facilement, parce que la digestion, qui est une cuisson des aliments, ne s’opère pas aisément en raison d’une trop grande humidité. Au contraire, les bilieux ont une tête saine, et un ventre sec qui digère facilement. Mais la grande tension du corps fait qu’ils sont sujets à des ruptures. Si les deux autres orientations (est/ouest) ne donnent lieu qu’à des remarques sur l’aspect extérieur des habitants (leur teint et leur voix), et non sur leur constitution interne, c’est parce que l’auteur n’a pas encore à sa disposition un système de quatre tempéraments reposant sur quatre humeurs qui pourrait correspondre aux quatre orientations
L’homme, tout en étant déterminé par le milieu, réagit à ce 1· ^ , 1 1 ·/·/·/ milieu. U une part, les diiierents facteurs externes, dans la mesure où ils sont durables en un même endroit, déterminent la constitution de l’homme, et dans la mesure où ils sont variables d’un endroit à l’autre, déterminent des différences dans la constitution des hommes et, par là-même dans les maladies qui les atteignent. Mais d’un autre côté, l’homme présente des variables innées dont le médecin doit tenir compte pour déterminer les différentes réactions à des facteurs identiques en un même lieu. L’idée que l’homme est déterminé par son milieu aboutit chez l’auteur à la perception de différences entre les hommes. Il ne s’agit pas de différences individuelles, mais de différences collectives. Certes, le médecin ne néglige pas la dimension individuelle ; car il y a des maladies indivi duelles. Ce sont des maladies qui dépendent d’un facteur individuel, le régime, et sont provoquées par un change ment de régime (c. 2, 2). Mais ce qui est au centre des préoccupations d’un médecin itinérant arrivé dans une cité L a m é d e c in e de i nom m e
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de la cité et aux quatre saisons. On assiste bien ici au commencement de l’élaboration d’un système quaternaire, dans la mesure où l’auteur compare l’orientation de la cité à l’est au printemps et l’orientation de la cité à l’ouest à l’automne, ce qui laisse entendre que l’orientation de la cité vers le sud ressemble à l’été et l’orientation de la cité vers le nord à l’hiver. Mais il ne le dit pas. Et surtout, il n’y a pas la moindre esquisse d’une théorie des quatre humeurs comparable à celle de l’auteur de la Nature de rhomme où, à chacune des humeurs constitutives du corps (sang, phlegme, bile jaune et bile noire), correspond une saison, et encore moins d’une théorie des quatre tempéraments, qui n’est pas encore définitivement formée même dans le traité de la Nature de rhomme. En particulier, la bile noire dans Airs, eaux, lieux n’est pas une humeur constitutive du corps distincte de la bile jaune, comme dans Nature de rhomme·, c’est une forme épaisse de la bile L’esprit synthétique de l’auteur d'Airs, eaux, lieux n’est pas un esprit systématique. Si à un milieu donné correspond une population ayant un type de constitution donné, il reste que les réactions au sein de cette population se différencient suivant les différentes catégories d’individus. La nosologie, tout en présentant une tendance générale correspondant au type de constitution dominant, prend en compte les variables que sont l’âge (enfants, adultes, vieillards) et le sexe (hommes, femmes). Il y a des maladies particulières aux femmes, aux enfants et aux vieillards. Les trois tableaux nosologiques les plus développés (c. 3, 3-5 ; c. 4, 3-5 ; c. 7, 5-8) s’orga nisent, partiellement ou totalement, en fonction de ces variables. Qui plus est, un même facteur peut déclencher ou ne pas déclencher une maladie, suivant la constitution des indivi dus. « Ces maladies n’atteignent pas tous les individus
indistinctement », déclare l’auteur à propos des maladies causées par l’absorption d’eaux mélangées et notamment la lithiase (c. 9, 3). Et pour justifier son affirmation, l’auteur oppose deux constitutions ; les individus dont le ventre est coulant et sain, dont la vessie n’est pas brûlante et dont l’orifice de la vessie n’est pas trop resserré ne ressentent aucun effet de l’absorption d’eaux mélangées ; en revanche, ceux qui ont le ventre brûlant, et de ce fait la vessie brûlante et le col de la vessie enflammée, souffrent de lithiase et de strangurie. De même, une donnée climatique peut être favorable ou contraire, suivant la catégorie d’individus envisagés. Une longue période de sécheresse est favorable aux phlegmatiques, tandis qu’elle est contraire aux bilieux (c. 10, 12). Cette connaissance de la différence de réaction des constitutions à un même facteur donné est indispensable au médecin, non seulement pour la nosologie, mais aussi pour la thérapeutique. Bien que les indications thérapeutiques soient rares dans le présent traité qui est essentiellement consacré, dans sa partie médicale, au pronostic nosologi que, les conseils du médecin sur l’utilisation des eaux de source en sont un exemple. Alors qu’un individu en bonne santé, quelle que soit sa constitution, peut user de n’importe quelle eau de source, le malade doit choisir l’eau la mieux appropriée à sa constitution, suivant le principe des contraires. Et, à cette occasion, l’auteur fait à nouveau une distinction entre deux constitutions opposées ; les individus qui ont le ventre dur et apte à s’échauffer boiront des eaux douces, tandis que ceux qui ont le ventre mou, humide et phlegmatique boiront des eaux dures (c. 7, 12). Ces deux types de constitutions opposés correspondent à ceux que l’auteur avait déjà distingués à propos de l’orientation des cités au nord et au sud. Mais alors que dans le développement sur l’orientation, ils étaient envisa gés comme le résultat des données de l’environnement qui agissent suivant le principe des semblables, ils sont considérés ici comme les données innées qui réagissent à l’environnement suivant le principe des contraires.
70. La « mélancolie » a pour cause le dessèchement et l’épaississe ment de la bile (c. 10, 12).
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La nature de l’homme dans la diversité de ses types et de ses catégories est donc envisagée par le médecin, lors de sa réflexion sur la nosologie et la thérapeutique, tantôt comme un résultat, tantôt comme un point de départ. La nature de l’homme est façonnée par le milieu dans lequel il vit ; mais l’homme réagit aussi à ce milieu en fonction de sa nature.
partie ethnographique (c. 22), les maladies mentionnées appartiennent à des énumérations. Nombreuses sont les maladies citées. Plus d’une trentaine de maladies sont désignées par un substantif seul : αίμορροίη (« hémorra gie »), αίμορροίς (« hémorroïde »), άσθμα (« dyspnée »), βαρυφωνίη (« voix grave »), βήξ (« toux »), βράγχος (« en rouement »), δυσεντερίη (« dysenterie »), διαρροίη (« diar rhée »), έλκος (« ulcère »), έπινυκτίς (« fièvre nocturne »), ήπίαλος (« fièvre épiale »), ίσχιάς (« sciatique »), κατάρροος (« catarrhes »), καυσος (« causus »), κέδμα (« fluxions aux articulations »), κεφαλαλγίη (« céphalalgie »), κήλη (« tu meurs scrotales »), κιρσός (« varices »), κόρυζα (« coryza »), λειεντεριη (« lienterie »), μελαγχολίη (« mélancolie »), νεφριτις (« néphrite »), οίδημα (« œdème »), όφθαλμίη (« ophtal mie »), περιπλευμονίη (« péripneumonie »), πλευριτις (« pleu résie »), ποδαγρίη (« podagre »), ρήγμα (« rupture »), σπασμός ou σπάσμα (« convulsion »), στραγγουριη (« strangurie »), σφάκελος (« sphacèle »), ύδερος et υδρωψ (« hydropisie »), φαγέδαινα (« ulcère phagédénique »), φθισις (« phtisie ») D’autres affections sont désignées par un substantif ac compagné d’un adjectif ; ainsi πυρετός τεταρταίος (« fièvre quarte ») ou φλέγμα λευκόν (« leucophlegmasie »). Parfois, la maladie est identifiée par un adjectif seul qualifiant le malade (ainsi έμπυος « empyématique », παραπληκτικός, « paraplégi que ») ou un verbe dont le sujet est le malade (ainsi λιθιαν, « être atteint de lithiase »). D’autres maladies sont décrites sans que la langue dispose d’une terminologie médicale particulière (ou sans que l’auteur l’utilise) : par exemple l’induration de la rate (c. 7, 3). Toutes ces maladies intéresseront d’une part le linguiste, qui pourra réfléchir sur la formation des noms de mala dies et d’autre part l’historien de la médecine qui mettra
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Toutes ces reflexions sur les , . relations entre 1 homme et son ... milieu ne remettent pas en cause un savoir préalable sur la nosologie que l’auteur suppose connu de son lecteur. De tous les traités de la Collection hippocratique. Airs, eaux lieux est sans doute le plus commode pour avoir une vue d’ensemble de la nosologie hippocratique, car l’auteur mentionne de nom breuses maladies au cours de l’exposé de son bilan d’une riche expérience médicale. En particulier les tableaux nosologiques des cités orientées vers les vents du sud et du nord (c. 4 et 5) constituent, comme le dit Mirko Grmek, un document « de valeur exceptionnelle sur la réalité nosolo gique de jadis. C’est une description fidèle de ce que les médecins itinérants grecs du v® siècle avant J.-C. avaient réellement sous les yeux lors de l’exercice de leur profes sion. Description fidèle de ce que ces médecins voyaient, cela ne veut pas dire description de ce qui se passait effectivement dans les corps de leurs malades. Au moins deux facteurs intervenaient pour déformer le témoignage. Le premier est le parti-pris doctrinaire, le second est ce que nous appelons l’invisibilité du quotidien » Egalement remarquables sont les tableaux nosologiques chez les gens qui boivent des eaux stagnantes (c. 7, 2-9) ou ceux des « constitutions » saisonnières (c. 10). Si l’on excepte la lithiase qui est l’objet d’un long développement dans la partie médicale (c. 9) et la maladie des Scythes qui forme une petite monographie dans la L a n o s o l o g ie *. d a n s Airs, eaux, lieux
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71. M. Grmek, Les maladies à l ’aube de la civilisation occidenta le..., p. 32.
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72. Pour les références, voir VIndex verbomm. 73. Voir J. Irigoin, « Préalables linguistiques à l’interprétation de termes techniques attestés dans la Collection hippocratique » dans F. Lasserre et Ph. Mudry (éd.). Formes de pensée dans la Collection hippocratique (Actes du IV*’ Colloque international hippocratique).
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en garde contre une assimilation trop hâtive entre le nom de la maladie et la réalité nosologique qu’elle peut recouvrir dans la médecine antique et dans la médecine moderne. Par exemple la πλευρΐτις des Anciens n’est pas totalement comparable à la pleurésie des modernes, car les médecins hippocratiques ne connaissaient pas encore la plèvre. Ou encore le σπασμός des Anciens ne correspond pas au spasme des modernes qui est une contraction, mais à la convulsion, car le verbe σπαν signifie « étirer ». Dans bien des cas, la maladie est présentée sans aucune explication. C’est d’abord le signe que le médecin hippo cratique n’innove pas dans le domaine de la nosologie, et ensuite la preuve que le destinataire du traité est un spécialiste de l’art qui est censé avoir une culture médicale consommée. L’enseignement de base était acquis par les médecins avant qu’ils se destinent à la carrière de médecins voyageurs. Mais l’absence d’explications a suscité par la suite, et cela dès l’Antiquité, nombre de commentaires sur la signification des termes les plus obscurs. Galien, dans son Commentaire au traité des Airs, eaux, lieux, discute sur le sens de plusieurs d’entre eux (par exemple ήπίαλος et surtout σφάκελος et κέδματα) et il cite, à l’occasion, les noms et les opinions de certains médecins ou commenta teurs : ainsi, dans son long exposé sur les κέδματα, Galien cite ce qu’en dit Dioclès de Caryste (iv® siècle avant J.-C.) qui parle de cette affection dans son ouvrage sur la Santé et aussi la définition du commentateur Sabinus Une même maladie peut prendre des formes différentes et opposées : l’ophtalmie sèche s’oppose à l’ophtalmie humide. En revanche, ce qui est plus souvent le cas, des maladies différentes forment des groupes. Les médecins se sont efforcés d’organiser la diversité de la réalité nosologi-
que, et tout particulièrement l’auteur à'Airs, eaux, lieux. Le seul groupement qui est présenté comme traditionnel est celui des « maladies aiguës » ; mais l’auteur ne connaît pas encore le groupe opposé, les « maladies chroniques ». D’autres oppositions apparaissent au cours de l’exposé. Et il n’est pas toujours facile de faire la part entre la tradition et l’innovation. L’opposition entre les maladies communes dues à une cause commune et les maladies individuelles dues à un régime individuel se retrouve dans d’autres traités hippocratiques ; il en est de même de l’idée que certaines maladies sont propres à des saisons de l’année, au sexe et à l’âge. On a vu aussi qu’à l’opposition entre les cités orientées vers le sud et vers le nord correspondait, de manière latente, une opposition entre des maladies humi des causées par un flux d’humeurs et des maladies sèches Ce qui paraît le plus personnel à l’auteur du traité, c’est la notion de maladie locale et l’opposition entre maladies locales (dues à des facteurs locaux) et maladies générales (dues aux changements de saisons). L’un des signes de cette nouveauté est une particularité de vocabu laire : l’adjectif επιχώριος « local » se rencontre huit fois dans le traité sur neuf emplois au total dans la Collection hippocratique et quatre de ces emplois désignent les « maladies locales » Cette nouvelle opposition apporte un raffinement dans le concept de maladie générale. On
Genève, 1983, p. 173-180 ; cf. aussi F. Skoda, Médecine ancienne et métaphore, Paris, 1988, p. 185-309 passim (voir l’index des termes grecs) ; S. Byl, « Néologismes et premières attestations de noms de maladies, symptômes et syndromes dans le Corpus Hippocraticum », Mélanges M. Grmek, Genève Droz, 1992, p. 77-94. 74. Voir note ad loc. ( = c. 22, 4).
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75. Dans le groupe des maladies humides se rangent, outre l’ophtalmie humide, les maladies de la cavité inférieure (diarrhée, dysenterie) ainsi que la paraplégie chez les vieillards, et chez les femmes des pertes utérines ou chez les enfants l’épilepsie. Toutes ces maladies sont mises en rapport plus ou moins explicitement avec des flux d’humeurs et particulièrement de phlegme qui descendent de la tête. Dans le groupe opposé des maladies sèches se rangent, outre l’ophtalmie sèche, les maladies de la cavité supérieure (pleurésie, péripneumonie, empyème) et plus généralement toutes les maladies aiguës ; chez les femmes des règles difficiles. 76. Voici les quatre emplois à propos des maladies locales : c. 2, 1 ; c. 3, 3 ; c. 3, 5 ; c. 4, 4 . Le seul emploi de έπιχώριος dans la Collection hippocratique en dehors d'Airs, eaux, lieux est dans Humeurs, c. 13, Littré V, 494, 1 ( = Jones 84, 16).
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s’achemine ainsi, grâce à ce concept de maladie liée à un milieu géographique donné, vers le concept de maladie endémique, qui s’opposera à la maladie épidémique. Mais, dans le domaine du vocabulaire, on est encore éloigné de cette opposition à l’époque du traité, puisque la maladie locale est dite aussi celle qui « séjourne » έπιδημεϊ (c. 4, 3), verbe qui servira justement à désigner plus tard la catégorie opposée des maladies « épidémiques ». On voit enfin s’éla borer, à la faveur de l’étude des eaux stagnantes, une opposition à l’intérieur des maladies locales entre une maladie permanente et des maladies saisonnières. Toutes ces classifications ou esquisses de classification des mala dies forment, par delà l’exposé des grands facteurs de la santé et de la maladie, une trame plus ou moins discrète, qui est encore assez complexe et assez mouvante pour ne pas entraver l’observation de la diversité nosologique, tout en s’efforçant de l’organiser pour mieux prévoir les maladies et mieux les soigner.
l’Europe et de l’Asie, à l’époque du médecin hippocrati que, revenait à traiter des peuples de l’ensemble de la terre connue. En effet, depuis la naissance de l’ethnographie grecque, que l’on fait remonter à l’ouvrage d’Hécatée de Milet intitulé « Description de la terre » et paru à la fin du vi® siècle ou au début du v® siècle, l’ensemble de la terre, que les Grecs se représentaient primitivement comme un disque entouré par le fleuve Océan, était divisé en trois continents (l’Europe, l’Asie et la Libye) ou dans le cas à^Airs, eaux, lieux, en deux continents, l’Europe et l’Asie Dans la division en deux continents, l’Europe allait depuis l’Espagne du sud jusqu’au Palus-Méotide (mer d’Azov) ou jusqu’au Phase (Rioni) L’Asie englobait non
III L’ETHNOGRAPHIE DANS A IRS, EA U X , L IE U X Si le traité des Airs, eaux, lieux apporte une contribu tion importante à la naissance de la science de l’homme, ce n’est pas seulement par sa partie médicale, mais c’est aussi par un élargissement où l’auteur esquisse une comparaison entre les peuples d’Europe et d’Asie. De la médecine on passe donc à l’ethnographie L ’enjeu de la comparaison ethnographique est d’importance, car traiter des peuples de 77. Sur l’ethnographie dans l’Antiquité, voir K. E. Müller, Geschichte der antiken Ethnographie und ethnologischen Theoriebildung, 2 Bde, Wiesbaden, 1972-1980 (Airs, eaux, lieux, Teil 1 [1972], p. 137144).
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78. C’est la division adoptée par Hérodote (voir Histoires II, 16 sq. ; IV, 42). Rappelons que l’attestation la plus ancienne d’une tripartition des continents est Pindare, Pythiques IX, 8 dans une ode en l’honneur d’un Cyrénéen. C’est la tripartition adoptée par Hérodote qui l’emportera par la suite. Aristote dans son traité Sur le monde, 393 a 21 (cf. aussi Histoire des animaux, 606 b 14 sqq.) et plus tard Strabon (qui traite successivement dans sa Géographie de l’Europe, de l’Asie et de la Libye) admettent la division en trois continents. 79. Ce qui prouve que l’auteur hippocratique part d’une division en deux continents seulement, c’est qu’il traite des Libyens dans le cadre de l’Asie. La presque totalité du développement sur l’Egypte et la Libye est perdue ; mais la fin du c. 12, 7 ne laisse aucun doute sur l’appartenance des Égyptiens et des Libyens à l’Asie. On ne peut donc admettre avec J. Desautels, L ’image du monde selon Hippocrate, Québec 1982, p. 67 sqq., que l’auteur hippocratique divise la terre en trois continents. On aimerait savoir quelle était la position d’Hécatée de Milet sur ce problème de la division en continents. Les documents semblent plutôt aller dans le sens d’une bipartition, car sa Périégèse ne comprend que deux livres, le premier décrivant l’Europe et le second traitant de l’Asie, la Libye étant englobée dans l’Asie. Hippocrate serait donc dans la lignée d’Hécatée. Mais ce n’est là qu’une hypothèse, car certains fragments d’Hécatée parlent d’une périégèse de la Libye. 80. Selon l’auteur hippocratique, la frontière entre l’Europe et l’Asie est le Palus-Méotide (c. 13, 1) ; selon d’autres, il s’agit du Phase ; voir Hérodote IV, 45, 2. Pour plus de détails sur la question de la frontière entre l’Europe et l’Asie, voir c. 13, 1 note ad loc.
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seulement l’empire perse, mais aussi la partie connue de l’Afrique, c’est-à-dire l’Égypte et la Libye. Dès lors, la seconde partie A'Airs, eaux, lieux est une sorte de traité d’ethnographie mondiale, d’autant plus précieux que l’ou vrage fondateur d’Hécatée ne nous est parvenu que sous la forme de maigres fragments. L’auteur hippocratique complète ainsi les informations ethnographiques que l’on peut avoir par Hérodote, notamment sur les Macrocéphales (c. 14), les habitants du Phase (c. 15), les Sauromates (c. 17) et le reste des Scythes (c. 18-22). Sans doute, le monde envisagé par l’auteur hippocrati que est-il restreint, notamment à l’est et à l’ouest : le pays indien et le pays celtique sont ignorés ; les confins ne sont pas mentionnés, sauf du côté du nord avec les monts Rhipées®^. Mais on a une représentation ordonnée du monde qui situe les pays principalement par rapport aux quatre points de l’horizon où se lève et se couche le soleil quand il est le plus au nord (solstice d’été) ou le plus au sud (solstice d’hiver). Cette représentation est comparable à celle d’Éphore de Kymè qui, un siècle plus tard, situera lui aussi les peuples par rapport aux levers et aux couchers du soleil. Mais Ephore ajoutera une symétrie des pays de l’ouest et de l’est (Celtes-Indiens) à la symétrie des pays du nord et du sud (Scythes/Égyptiens Libyens chez l’auteur hippocratique ; Scythes/Éthiopiens chez Éphore) Toutefois, l’ambition de l’auteur hippocratique n’est pas de présenter une description exhaustive des peuples connus. La finalité de la comparaison est autre. Elle consiste à expliquer les différences les plus importantes entre les peuples d’Asie et d’Europe en appliquant à
l’ethnographie la méthode étiologique qui lui avait été suggérée par son expérience médicale. C’est là que réside véritablement l’originalité du projet. En élargissant aux peuples sains sa méthode d’analyse des hommes malades, le médecin ethnographe donne une dimension nouvelle aux recherches ethnographiques. Il en résulte une synthèse tout à fait neuve où les différences entre le physique et le moral des peuples de l’Europe et de l’Asie sont expliquées par de grandes lois.
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81. C. 19, 2. Pour les confins au sud, on ne peut rien dire, étant donné la lacune sur les Égyptiens et les Éthiopiens. 82. Voir Éphore, F Gr Hist 70 F 30 a b. Les vents sont aussi chez Éphore un moyen d’orientation ; mais là encore la représentation est plus systématique : l’auteur hippocratique, comme on l’a vu (n. 63), ne retient que deux vents, celui du nord (le borée) et celui du sud (le notos), alors qu’Éphore en cite quatre : outre le borée et le notos, le vent d’ouest (le zéphyr) et le vent d’est (l’apéliotis).
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, Ce qui frappe d’abord , . X- ^ dans cette partie ethno graphique, c’est la précision de l’information et la maîtrise dans la description. On prendra deux exemples, d’abord un peuple d’Asie, puis un peuple d’Europe. Grâce à la curiosité du médecin, des peuples que l’histoire aurait condamnés à l’oubli parce qu’ils n’accom plirent pas de hauts faits, resurgissent en pleine lumière. C’est le cas notamment des habitants de la vallée du Phase en Colchide, l’actuel Rioni en Géorgie qui se jette dans la Mer Noire (c. 15). La description de ce peuple, situé en Asie, est unique dans la littérature grecque et offre l’un des deux premiers témoignages littéraires sur des villages lacustres En lisant une description aussi évocatrice, on a l’impression d’un reportage fait de première main par le médecin voyageur. Il paraît avoir observé de ses propres yeux le paysage, le climat, le physique et le genre de vie des habitants. L’exposé ne semble pas emprunté à une source livresque. Ce qui confirme cette impression, c’est que certains détails seraient passés inaperçus d’un observateur qui n’aurait pas disposé de la grille d’interprétation mise au point par le médecin dans la première partie de son traité. La description est, en fait, orientée par l’observation de tous les facteurs que l’auteur conseillait de prendre en considération lors de l’arrivée d’un médecin dans une cité L a d e s c r ip ti o n d e s p e u p le s
83. L’autre témoignage de l’époque classique est Hérodote V, 16 (description des habitations lacustres du lac Prasias).
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inconnue de lui : le climat, les vents, les eaux, le sol, le genre de vie des habitants. Tout eela explique, dans une perspective ethnographique, le physique et le moral des peuples, eomme cela expliquait, dans une perspeetive médicale, la constitution des hommes et leurs maladies. Ce qu’il y a de remarquable dans cette évocation du pays du Phase et de ses habitants, c’est que les hommes sont à l’image de leur environnement, humides, lourds et lents, comme les marais sur lesquels ils habitent dans une atmosphère chaude et brumeuse, et comme le Phase qui eoule paresseusement, sans qu’il existe de contraste entre les saisons pour tirer les habitants de leur indolence. Cette alliance du pittoresque et du sens de la synthèse est encore mieux perceptible, à propos d’un peuple d’Europe, les Scythes, car on dispose d’Hérodote comme point de comparaison. L’auteur hippocratique et l’historien présentent, tous deux, un exposé détaillé de ce peuple du Nord de l’Europe La longue monographie qu’Hérodote consacre aux Scythes à l’occasion de l’expédition du roi perse Darius contre ce peuple est le meilleur exemple de ce que l’historien a apporté de nouveau dans le domaine de l’ethnographie. Elle est, à juste titre, réputée pour la richesse de son information, notamment sur les coutumes d’un peuple qu’il avait lui-même visité. Il y décrit, de façon souvent très pittoresque, leur religion, leurs dieux, leurs sacrifices, leurs devins, leurs funérailles ou leurs usages à la guerre, toutes choses dont il n’est pas fait mention dans le traité hippocratique. Mais on chercherait vainement un
plan net de l’ensemble de l’exposé sur les Scythes et des idées directrices qui le structurent : la matière est très riche mais elle n’est guère maîtrisée, même si l’on ne tient pas compte des développements adventices, parfois fort longs, qu’Hérodote intercale volontairement dans son exposé. Au contraire chez l’auteur hippocratique, tout est clairement ordonné : d’abord le genre de vie des Scythes (c. 18) ; puis leur constitution physique déterminée par un climat froid et humide (c. 19-20) ; de cette constitution physique, comme de leur genre de vie, dépend le caractère peu prolifique des Scythes dont certains sont même atteints d’impuissance (c. 21-22). Cette maîtrise dans l’exposition se manifeste aussi à l’intérieur de chacun des développements. Ainsi, au c. 18, 2-4, l’auteur hippocratique esquisse un tableau précis, dense et évocateur du genre de vie de ces nomades, avec un art de concilier le détail pittoresque et la vision d’ensemble dont on ne trouve pas l’équivalent chez les autres auteurs grecs qui en ont parlé, ni chez Hérodote, ni même chez le géographe Strabon Hérodote parle bien de ces Scythes nomades qu’il appelle joliment des « porte-maisons » (c’était aussi le nom de l’escargot en grec !) ; il évoque « des archers à cheval qui vivent non de la terre mais de leurs troupeaux et ont leurs maisons sur leurs chars » ^ ; il mentionne à un autre endroit les >, c’est-à-dire due à une divinité particulière ; 2. l’affirmation de la transmission de particularités acqui ses ou pathologiques par la croyance que la semence vient de toutes les parties du corps ; 109. Pour ce passage parallèle entre Aphorismes et Airs, eaux, lieux, voir Notice « VI. La tradition du texte et son histoire. C. La tradition parallèle », infra, p. 150 sqq.
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3. l’influence des changements du temps sur la nosologie ; 4. des ressemblances dans le vocabulaire et dans le style Cette thèse a été reprise par une majorité d’érudits Plusieurs critiques s’appuient toutefois sur des divergences pour refuser l’identité d’auteur Ils n’ont pas été généralement suivis Après réexamen de l’ensemble des ressemblances et des différences entre les deux traités, Grensemann conclut avec 110. U. von Wilamowitz-Moellendorff, « Die hippokratische Schrift περί ίρής νούσου »..., p. 16, η. 2. Comme exemple de concordance dans le vocabulaire, on signalera les termes qui ne se rencontrent pas dans la Collection hippocratique en dehors d^Airs, eaux, lieux et de M aladie sacrée : δουλοϋν, έπικαταρρεΐν, νοτώδης, παράπληκτος, πολυπληθείη, φλυδαν {ν.Ι. dans A.E.L.). 111. Voir Ο. Regenbogen, Symbola hippocratea. Diss. phil. Berlin, 1914, p. 23-31 ; M. Wellmann, « Die Schrift Περί ίρής νούσου des Corpus Hippocraticum », Sudhoffs Arch. Gesch. Med. X X II, 1929, p. 2 ^ . ; K. Deichgraber, Die Epidemien und dos Corpus Hippocrati cum, {Abh. Preuss. Akad. Wiss,, Phil.-Hist. Klasse, Nr. 3), Berlin 1933 (réimpr. Berlin 1971), p. 112-125 (les deux traités sont issus du même cercle de médecins, s’ils ne sont pas l’œuvre d’un même auteur, comme il est porté à le croire avec Wilamowitz et Regenbogen) ; H. Diller, Wanderarzt und Aitiologe..., p. 94-114 (identité d’auteur entre M aladie sacrée et la première partie d'Airs, eaux, lieux) ; M. Poblenz, Hippokrates und die Begründung..., p. 35 ; K. Zeugswetter, Die Einheit..., p. 31-59 ; R. Joly, Le niveau..., p. 211 ; voir enfin H. Grensemann, Die hippo kratische Schrift * Über die heilige Krankheit », Berlin, 1968, p. 7-18 (réexamen détaillé des ressemblances et des différences). 112. Voir L. Edelstein, Π Ε Ρ Ι ΑΕΡΩΝ und die Sammlung..., p. 181, n. 1 et surtout F. Heinimann, Nomos und Physis..., p. 181 sqq. Selon Heinimann, les ressemblances principales qui se concentrent dans le c. 22 sur la maladie des Scythes s’expliquent par l’adjonction de ce chapitre par un interpolateur qui a utilisé le traité de la M aladie sacrée ; voir aussi J. Ducatillon, Polémiques dans la Collection hippocratique, Paris, 1977, p. 197-226, qui reprend et développe la position de L. Bourgey, Observation et expérience chez les médecins de la Collection hippocratique, Paris, 1953, p. 76, n. 2 (différence dans l’attitude religieuse). 113. Pour une critique de la position de F. Heinimann, voir M. Pohlenz, « Nomos und Physis », Hermes, 81, 1953, p. 419-423 ; pour une critique de la position de J. Ducatillon, voir Ph. J. van der Eijk cité ci-dessus à la note 39.
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sagesse et prudence : « L ’unité d’auteur est la solution qui s’offre. Il faut concéder, il est vrai, qu’une preuve, au sens strict du terme, ne peut pas être apportée ; il semble, toutefois, que les meilleurs arguments sont du côté de ceux qui voudraient attribuer les deux écrits à un seul et même médecin » Il reste que des divergences subsistent entre les érudits sur la chronologie relative des deux traités : selon les uns le traité de la M aladie sacrée est postérieur à Airs, eaux, lieux, selon les autres, il est antérieur w,. rt
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groupes des Epidémies (/III ; II-IV- VI ; V· VII) sont écrits par des médecins itiné rants. Ce n’est probablement pas un hasard si l’influence des facteurs climatiques sur la nosologie est l’une des intuitions majeures de tous ces traités. Ce qui est surtout comparable à Airs, eaux, lieux, c’est le groupe le plus ancien rédigé par un seul et même auteur. Epidémies /-///, car il conserve sous la forme d’une rédaction achevée quatre « constitutions » climatiques, c’est-à-dire quatre des criptions du climat annuel en un lieu donné (en l’occur rence Thasos) avec les maladies qui ont « séjourné » en ce lieu saison par saison. Ces quatre « constitutions » sont comparables aux cinq « constitutions » malsaines d’Airs, 114. Die hippokratische Schrift * Über die heilige Krankheit »..., p. 18. 115. Pour la postériorité de M aladie sacrée par rapport à Airs, eaux, lieux, voir C. Fredrich, Hippokratische Untersuchungen, Berlin, 1899, p. 32, n. 2 (l’auteur de M aladie sacrée serait un disciple de l’auteur d'Airs, eaux, lieux)·, F. Jacoby, «Zu Hippokrates Π Ε Ρ Ι ΑΕΡΩΝ ΥΔΑΤΩΝ ΤΟΠΩΝ»..., p. 518 η. 1 et 522, η. 1 ; Ο. Regenbogen, Symbola hippocratea, p. 72. ; F. Heinimann, Nomos und Physis..., p. 170 sqq. ; J. Ducatillon, Polémiques..., p. 225. Pour l’antériorité de M aladie sacrée par rapport à Airs, eaux, lieux, voir H. Diller, Wanderarzt und Aitiologe..., p. 97 ; M. Pohlenz, Hippokra tes..., p. 35 et 45 ; Id., « Nomos und Physis »..., p. 432 ; Ph. J. van der Eijk, « Airs, Waters, Places, and On the Sacred Disease... », p. 168-176.
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eaux, lieux c. 10 Il y a des ressemblances générales évidentes sur lesquelles il est inutile d’insister : relation entre le climat et les maladies générales qui atteignent les habitants d’une cité ; dans la climatologie, prise en compte de l’opposition entre vent du nord et vent du midi, des mou vements du soleil et des astres, du décalage entre le normal et l’exceptionnel ; dans la nosologie, lien entre les maladies et les changements de saisons, différenciation suivant l’âge et le sexe. Mais il existe aussi des différences. La première tient à la nature même de l’exposé, qui est théorique dans Airs, eaux, lieux et descriptif dans Épidémies I-III : l’un a pour objet d’exposer les liens nécessaires reliant la nosologie à des conditions climatiques données pour permettre au médecin itinérant de prévoir les maladies lorsqu’il retrouvera dans la réalité ces conditions climatiques, tandis que l’autre a pour projet de décrire les maladies qu’il a observées dans quatre « constitutions » climatiques particulières en un lieu donné ; en bref, l’un livre son enseignement aux médecins itinérants, l’autre consigne son expérience de médecin itinérant. Et, alors que l’auteur des Epidémies /-///en reste aux faits climatiques et nosologiques observés, l’auteur à ’Airs, eaux, lieux s’efforce d’expliquer la relation néces saire entre les saisons et les maladies par une physiologie pathologique. De plus, le système d’exposition est différent ; alors que les «constitutions» climatiques à'Airs, eaux, lieux partent de l’hiver (deux fois) ou de l’été (trois fois), celles Epidémies I-III partent toujours de l’automne. Et surtout, l’auteur A'Airs, eaux, lieux envisage la séquence de deux saisons données pour faire le pronostic des maladies dans la saison suivante ou éventuellement dans les deux saisons suivantes, alors que l’auteur des Epidémies I-III, après avoir exposé les conditions climatiques des quatre saisons à partir de l’automne, énonce les maladies en partant du printemps. La différence la plus importante 116. Pour la comparaison, voir K. Deichgraber, Die Epidemien..., p. 125-127 ; V. Langholf, Medical Théories in Hippocrates, Berlin, 1990, p. 164-179.
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porte sur les propriétés des vents : alors que le vent du sud est généralement humide et le vent du nord généralement sec dans Airs, eaux, lieux la liaison entre chacun des deux vents et l’une des deux qualités élémentaires (sec/humide) n’a rien de systématique dans les Épidémies /-///^^®. Il en résulte que, malgré les intuitions fondamentales analogues cju’ils partagent, les deux auteurs à'Airs, eaux, lieux et A'Epidémies I-III ne sauraient se confondre, même en tenant compte de la différence du projet auquel répond chacun des deux développements comparables. r
r·
.
Le traite des Humeurs , qui se rattache au groupe i ή j/ · ττττ^ τλτ des Epidémies ίΙ-Ιν -Vl . , mentionne non seule ment l’influence du climat et des vents, mais aussi d’autres facteurs environnants pris en compte par l’auteur A'Airs, eaux, lieux : les lieux et les eaux. Le traité comporte, en effet, une dernière section consacrée à l’influence de L es fa c te u r s e n v iro n n a n ts *' d a n s Humeurs , ,. e t d a n s Airs, eaux, lieux
117. Dans Airs, eaux, lieux, le vent du sud est lié à l’humidité et le vent du nord à la sécheresse, aussi bien dans le développement sur l’exposition des lieux que dans les constitutions climatiques, à l’exception de la constitution n“ 4 ( = c. 10, 11 où l’été est sec et austral et l’automne pluvieux et boréal dans le texte des manuscrits ; voir comm. ad loc.). 118. L ’auteur A'Épidémies I-III dégage la tendance générale de la constitution annuelle pour trois années sur quatre. La première cons titution est dominée par le vent du sud et la sécheresse {Ep. I, c. 1, Littré II, 598, 7-8 = Kuehlewein I, 180, 10 sq.) ; la seconde par le vent du nord et l’humidité {Ep. I, c. 4, Littré II, 616, 5-6 = Kuehlewein I, 184, 17 sq.) ; la quatrième par le vent du sud et l’humidité {Ep. III, c. 2, Littré III, 68, 9 = Kuehlewein I, 224, 18) ; la troisième constitution {Ep. I, c. 7, Littré II, 638, 8 sqq. = Kuehlewein I, 190, 21 sqq.) n’a pas de tendance générale dégagée par l’auteur (automne : boréal et humide au début ; austral et humide à la fin ; hiver et printemps : boréal et sec ; été : froid dans la première moitié avec peu de pluies, chaud et sec dans la seconde moitié ; aucun vent n’est mentionné ; début d’automne ; austral et humide). Il est abusif de vouloir réduire cette troisième constitution à une tendance générale de type boréal et sec pour construire les quatre combinaisons possibles des vents du sud et du nord avec les qualités élémentaires sec/humide.
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renvironnement sur la maladie (c. 12-19). Plusieurs de ses remarques sont en accord avec celles d'Airs, eaux, lieux Ainsi, à propos des saisons, l’auteur d'Humeurs met en garde contre les changements exactement comme celui d’Airs, eaux, lieux ; et il croit, comme celui d^Airs, eaux, lieux, à la possibilité de pronostiquer les maladies à partir de l’observation des saisons Concer nant les vents, il rejoint l’auteur d'^Airs, eaux, lieux pour penser que le vent du sud (notos) est généralement humide et provoque des maladies humides, tandis que le vent du nord (borée) est resserrant et provoque des maladies de poitrine ; la convergence est d’autant plus remarquable que cette croyance n’est pas partagée, comme on l’a vu, par l’auteur à"Epidémies Ι-ΙΠ. A propos des lieux, on trouve dans les deux traités la même relation établie entre la position des cités où les différences de température sont grandes dans la même journée et la saison de l’automne Enfin, à propos des eaux, il est dit dans Humeurs qu’elles peuvent donner naissance à la lithiase ou à des affections de la rate, comme dans Airs, eaux, lieux . Mais, malgré ces convergences, il n’est pas certain que la doctrine météoro-
logique du traité des Humeurs dépende directement de celle d'Airs, eaux, lieux De toute manière, le traité des Humeurs présente, dans ses remarques sur les saisons, des formulations différentes et des compléments par rapport à Airs, eaux, lieux, ce qui explique que la compilation des Aphorismes présente, dans sa section sur les saisons, des rédactions parallèles à la fois avec Humeurs et avec Airs, eaux, lieux
119. Pour la comparaison entre Airs, eaux, lieux et Humeurs, voir H. Diller, Die Überlieferung der hippokratischen Schrift Π ΕΡΙ ΛΕΡΩΝ ΤΛΛΊΏΝ ΤΟΠΩΝ{Philologus, Suppl. 23, Heft 3), Leipzig, 1932, p. 139 sq. ; K. Deichgraber, Die Epidemien ..., p. 125 sq. Certains rapprochements entre Airs, eaux, lieux et Humeurs sont évidemment bien antérieurs. K. Deichgraber, ibid., p. 112, rappelle que Littré a déjà rapproché le passage sur les eaux dans Humeurs (c. 12) avec Airs, eaux, lieux ( = Littré, t. V, p. 493). 120. Humeurs, c. 15, Littré V, 496, 13 sqq. ( = Jones 88, 16 sqq.) ; cf. Airs, eaux, lieux, c. 11, 1. 121. Humeurs, c. 17, Littré V, 498, 7 sq. ( = Jones 90, 6 sqq.) ; cf. Airs, eaux, lieux, c. 2, 2. 122. Humeurs, c. 14, Littré V, 496, 1 sqq. ( = Jones 86, 21 sqq.) ; cf. Airs, eaux, lieux, c. 3 et 4. 123. Humeurs, c. 12, Littré V, 492,10-13 ( = Jones 84, 4-8) ; cf. Airs, eaux, lieux, c. 6, 4. 124. Humeurs, c. 12, Littré V, 492, 14 sq. ( = Jones 84, 9-11) ; cf. Airs, eaux, lieux, c. 9 (lithiase) et c. 7, 3 (eaux de marais et gonflement de la rate).
Le seul traité de la Collection hippocratique · offre, rr ^■ comme Airs, ;· ’ ’ eaux. Lieux, un expose sys tématique sur plusieurs facteurs de l’environnement que le médecin doit prendre en compte est celui du Régime. En effet, l’auteur du Régime, après avoir annoncé dans son préambule que le médecin doit tenir compte du climat, des vents et de la situation des lieux dans lequel l’homme vit (c. 2), ce qui rappelle évidemment le préambule d’airs, eaux, lieux (c. 1) ^ fait au début de son livre II un exposé distinct sur la situation des lieux (c. 37), puis sur les vents (c. 38). La comparaison entre les deux traités sur ces sujets vient donc naturellement à l’esprit L e s lie u x e t le s v e n ts d a n s le a ité d u Régime .c tt r «.te «.·* e t d a n s Airs, eaux, lieux
125. Selon H. Diller, Überlieferung..., p. 139, le compilateur du traité des Humeurs a lu le traité des Airs, eaux, lieux. K. Deichgraber, Die Epidemien..., p. 126 est plus prudent : les problèmes posés par Airs, eaux, lieux reviennent dans Humeurs et, en partie, les solutions. 126. Dans cette section des Aphorismes (III, 1-23), les aphorismes correspondant aux Humeurs sont plus nombreux que ceux qui correspondent à Airs, eaux, lieux. 127. On retrouve donc dans le Régime les principaux facteurs de l’environnement mentionnés par Airs, eaux, lieux à l’exception des eaux. Et encore doit-on préciser que l’auteur du Régime tient compte des eaux dans son exposé sur la position des lieux. 128. Sur cette comparaison, voir M. Pohlenz, « Hippokratesstudien... », p. 83-86; J. Desautels, L'image du monde selon Hippocra te..., p. 52-61 ; R. Joly, Hippocrate. Du Régime, CMG I 2, 4, Berlin, 1984, p. 262 sq.
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La ressemblance la plus étroite porte sur la recomman dation de prendre garde aux changements lors du lever et du coucher des astres :
sphérique, puisqu’il y est question de « pôle austral » ; dans Airs, eaux, lieux c’est probablement un disque plat. En bref, même si l’auteur du Régime connaît le traité des Airs, eaux, lieux, il a pu utiliser d’autres sources tout à fait indépendantes et certainement plus récentes. De toute façon, l’auteur du Régime applique dans le détail de ses explications avec une cohérence exceptionnelle un système cosmologique binaire, qui lui est particulier : le feu, chaud et sec, se nourrit de l’eau, froide et humide. Cette dualité se retrouve dans le soleil qui est du côté du feu, et dans les vents qui sont du côté de l’eau. En effet, alors que le soleil est par nature chaud et sec, les vents qui naissent de l’eau congelée des pôles (nord et sud) sont par nature froids et humides. Mais ces vents changent de propriétés en fonction des régions qu’ils traversent (terres, mer). C’est ainsi que le borée reste froid et humide, alors que le notos devient chaud et sec à cause de l’action du soleil. Une telle vision des choses est totalement étrangère à l’auteur d’Airs, eaux, lieux.
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1-2 Φυλάσσεσθαι δε χρή μάλιστα τάς μεταβολάς των ώρέων... Δ ει δέ και των άστρων τάς επιτολάς φυλάσσεσθαι.
Régime, c. 1 (éd. Joly, 124, 14 sq.) άστρων τε επιτολάς και δύσιας γινώσκειν δει, όπως έπίστηται τάς μεταβολάς καΐ ύπερβολάς φυλάσσειν κτλ.
Par ailleurs, les deux auteurs pensent que la position des lieux et les vents ont une incidence sur la santé et la maladie ; et à propos des lieux, ils tiennent compte tous deux du relief, en opposant des lieux élevés et des lieux creux. Mais les divergences sont plus importantes que les ressemblances, malgré la parenté évidente des sujets : d’abord, le Régime sépare en deux développements dis tincts l’exposition des lieux au soleil et l’influence des vents, alors que l’auteur d'Alrs, eaux, lieux définit l’expo sition des lieux à la fois par rapport au soleil et par rapport aux vents. Puis, à l’intérieur de chacun de ces deux développements, il existe des différences notables. Dans l’exposition des lieux au soleil, l’auteur du Régime n’en visage qu’une opposition nord/sud et ne parle pas de l’opposition est/ouest comme Airs, eaux, lieux. C’est dans l’exposé sur les vents que se situe la différence la plus importante : alors que dans Airs, eaux, lieux, le vent du nord est par nature froid et sec et cause des maladies sèches, dans le traité du Régime il est froid et humide ; inversement, le vent du sud, qui est, par nature, chaud et humide et cause des maladies humides dans Airs, eaux, lieux, parvient chaud et sec dans la zone où exerce l’auteur du Régime. Plus généralement, la représentation de la terre est différente : dans le traité du Régime, la terre est
V AUTEUR ET DATE DU TRAITÉ
Pendant toute l’Antiquité et jusqu’à une période avancée dans les temps modernes, l’attribution du traité à Hippo crate n’a fait aucun doute. Pour l’Antiquité, rappelons simplement qu’Érotien (F*^ s. après J.-C.) cite le traité parmi les œuvres authentiques d’Hippocrate et que Galien utilise le traité pour dessiner le portrait du médecin 129. C. 38, Joly 160, 17. 130. Voir supra, p. 8.
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idéal à l’image d’Hippocrate dans son petit opuscule Que le médecin doit aussi être philosophe Au début du XIX® siècle, Coray continue à rappeler la position unanime des Anciens et des Modernes sur l’attribution du traité à Hippocrate et s’indigne contre l’unique moderne qui ait osé contester cette paternité en faisant un contresens sur le texte lui-même Quant à Littré, il range encore le traité à'Airs, eaux, lieux parmi les onze traités qu’il attribue à Hippocrate A la fin du xix® siècle les choses changent à partir du moment où le scepticisme grandissant sur la question hippocratique remet en cause les attributions les plus tra ditionnelles. C’est ainsi que Wilamowitz, introduisant dans son Griechisches Lesehuch un extrait du traité, affirme que le médecin auteur à'Airs, eaux, lieux et de M aladie sacrée « ne doit pas être identifié avec son contemporain
Hippocrate de Cos » La question d’auteur s’est compli quée dans les années 30 quand on s’est demandé s’il fallait parler d’un ou deux auteurs Cette crise s’est ensuite apaisée. L’unité d’auteur n’est plus remise en question aujourd’hui. Mais la position de Pohlenz qui, après le scepticisme de Wilamowitz, revient à la tradition selon laquelle c’est bien Hippocrate qui est l’auteur d’Airs, eaux lieux et de M aladie sacrée apparaît d’un optimisme excessif Rien ne permet d’affirmer, comme Pohlenz, que le traité est d’Hippocrate ; mais rien, non plus, ne permet de dire, à l’instar de Wilamowitz, qu’il ne soit pas d’Hippocrate. Comme la question hippocratique aboutissait à une impasse, on a essayé de raisonner sur des ensembles. Le traité des Airs, eaux, lieux, avec sa médecine météorolo gique, s’insère bien dans le groupe des traités que l’on attribuait à l’école dite de Cos. A cet égard, ses rapports avec les Epidémies ont été justement mis en lumière dès la fin du XIX® siècle par Fredrich et ensuite au xx® siècle par Deichgrâber. Il n’est pas injustifié de mettre en rapport le manuel pour les médecins périodeutes qu’est le traité des Airs, eaux, lieux avec l’activité des médecins périodeutes du cercle hippocratique, à partir du moment où Hippocrate est allé de Cos en Thessalie. Il n’est pas injustifié, non plus, d’opposer cette médecine météorologique à celle des écrits nosologiques traditionnellement rattachés aux médecins de Cnide où l’influence du climat sur la nosologie est loin d’être une donnée essentielle. Il reste que cette analyse par grands ensembles, tout en mettant en lumière des affinités et des oppositions, n’exclut pas la diversité des auteurs. Même si Airs, eaux, lieux et Epidémies /-/// peuvent appartenir au même milieu médical, on ne peut pas
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131. Deux passages de ce petit traité de Galien font allusion à Airs, eaux, lieux : 1. G. 1 (éd. I. Mueller 1, 6-9) : « Hippocrate déclare que l’astronomie et que, par conséquent, la géométrie qui en est une préparation nécessaire, rendent de grands services à la médecine » (trad. Daremberg). 2. C. 3 (éd. I. Mueller 5, 15-6, 4) : « Afin donc de vérifier par sa propre expérience ce que le raisonnement lui a appris, il (le médecin idéal à l’exemple d’Hippocrate) devra nécessairement visiter les villes exposées soit au midi, soit au nord, soit au levant, soit au couchant ; celles qui sont situées au fond d’une vallée ; et celles qui sont placées sur une hauteur ; il parcourra aussi celles où l’on use soit d’eaux qui viennent de loin, soit d’eaux de fontaines, soit d’eaux de pluie, soit enfin d’eaux de marais ou de fleuves ; il ne négligera pas de s’informer si l’on boit des eaux très froides ou des eaux chaudes, ou des eaux nitreuses, ou des eaux alumineuses, ou d’autres espèces analogues ; il visitera les villes situées près d’un grand fleuve, d’un marais, d’une montagne, de la mer ; enfin, il étudiera toutes les autres circonstances dont Hippocrate nous a également instruits * (trad. Daremberg). 132. Coray I, p. LIV : « Toute l’antiquité s’est accordée à regarder ce traité comme une véritable production d’Hippocrate. Il n’y a parmi les modernes que le célèbre Haller qui ait osé révoquer en doute ce témoignage unanime ». 133. Littré I, p. 434.
134. U. von Wilamowitz-Moellendorff, Griechisches Lesehuch, I, 2, Berlin, 1902, p. 199. 135. Voir Notice « I. Objet et structure d^Airs, eaux, lieux : le pro blème de runité de l’œuvre et de l’unité d’auteur », supra, p. 15 sqq. 136. M. Pohlenz, Hippokrates..., p. 79 ; voir plus récemment Ch. Lichtenthaeler, Rheinisches Muséum, 136, 1993, p. 370 sq.
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raisonnablement attribuer ces deux œuvres au même médecin. Quant à la date du traité, qu’il s’agisse d’une date relative ou d’une date absolue, il est impossible d’arriver à une certitude. Pour la date relative, que ce soit par rapport à d’autres écrits hippocratiques, ou par rapport à Hérodote, on est loin d’aboutir à un consensus. Par exemple, même quand les érudits sont d’accord pour attribuer Airs, eaux, lieux et M aladie sacrée à un même auteur, ils ne le sont plus quand il s’agit de déterminer lequel de ces deux écrits est le plus ancien Quant aux liens avec Hérodote, certains ont vu une influence de l’historien sur le traité hippocratique (Pohlenz), d’autres une influence du traité hippocratique sur Hérodote (Nestle). En réalité, comme nous l’avons vu, Hérodote et le traité hippocratique ne dépendent pas l’un de l’autre. L ’étude la plus détaillée sur la date d'Airs, eaux, lieux reste celle de Heinimann (1945). Il propose une date haute : « vers la fin de l’époque de Périclès, peu avant 430 ». En faveur de cette date haute, on rappellera que la vision du monde de l’auteur hippocrati que reste marquée par l’expérience politique des Guerres Médiques et ne doit rien à la guerre du Péloponnèse. En ce sens, le médecin appartient plus à la génération d’un Hérodote qu’à celle d’un Thucydide. Mais une date du traité légèrement plus tardive que 430 n’est pas exclue, car il est probablement postérieur à l’œuvre d’Hérodote : outre que la réflexion sur l’expérience des Guerres Médiques est plus évoluée dans le traité hippocratique le médecin connaît l’antithèse νόμος/φύσις sous sa forme élaborée, ce qui n’est pas encore le cas d’Hérodote On pourrait donc situer le traité des Airs, eaux, lieux à la transition entre Hérodote et Thucydide.
137. Voir supra, p. 73. 138. Voir J. Jouanna, Les causes de la défaite..., p. 11, n. 25. 139. Voir M. Pohlenz, « Nomos und Physis»..., p. 425.
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VI LA TRADITION DU TEXTE ET SON HISTOIRE
A . L a tradition directe
1. Les sources grecques. Le traité des Airs, eaux, lieux ne se lit que dans une dizaine de manuscrits, ce qui est peu par rapport à d’autres traités La raison en est que ce traité n’appartient pas à la Collectio Marciana (dont le prototype est le Marcianus gr. 269), mais à la Collectio Vaticana (dont le prototype est le Vaticanus gr. 276). Voici la liste des manuscrits classés chronologiquement : L iste d es m a n u sc rits g r e c s
— Vaticanus gr. 276 — Parisinus gr. 2047 A — Vaticanus Pal. gr. 192 — Monacensis gr. 71 — Marcianus App. gr. V 14
s. XII
f. 63''-67'' V ( + 6Γ-63") s. XIII f. 85’^'' et 120'^ P (c. 24 seulement) s. XV f. 26''-30*^ Pal ( = (c. 1440-1450) { + P apud Diller) s. XV f. 374C379*^ Mo ( = M (c. 1470-1480) ( + 402^-406··) apud Diller) s. XVI f. IP-IO"^ N (c. 1500)
140. La liste est donnée par H. Diels, « Die Handschriften der antiken Arzte, I. Teil : Hippokrates und Galenos », Abhl. Kônigl. Preuss. Akad. Wissenschaften, Berlin, 1905, p. 4. Elle ne comprend évidemment pas le manuscrit P que j ’ai identifié en 1991. Ce manuscrit ne donne que la fin du traité (c. 24 pratiquement en entier, à partir de c. 24, 2 όκόσοι.). Pour l’histoire du texte d'Airs, eaux, lieux, les travaux de H. Diller ( Uberlieferung 1933 et Festschrift Kapp 1958) restent fondamentaux. On trouvera les références complètes à ces deux travaux dans le Conspectus siglorum.
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NOTICE
AIRS, EAUX, LIEUX
— Bodleianus
Holkham. gr. 92 (282) — Mutinensis Est. gr. 220 (a. O. 4. 8) — Paris inus gr. 2146 — Parisinus gr. 2255 (pars rec.) Vaticanus Barb. gr. 5
s. XVI (ante 1526)
f. 186''-196" ( + 178''-186')
Ho (= H apud Diller)
s. XVI (ante 1526)
f. 63''-70''
Mut ( = E apud Diller)
s. XVI (1® med.) s. XVI (post 1538) s. XVI (1558)
f i03''-iiœ ( + 99'--103'') f 376^-378'' ( + 393'-3950 p. 249-304
C ( = I apud Diller) E’’ ( = II apud Diller) Barb ( = B apud Diller)
La tradition manuscrite grecque comprend également un manuscrit ancien perdu (sigle : vet. cod.), dit manuscrit de Gadaldini, connu à travers trois sources qui seront présen tées lors de l’exposé sur ce manuscrit ^ . ,
Le traité est conservé dans un ■, . . ^ seul manuscrit ancien : et encore ^ · ·ι i i i s agit-il du plus recent des manus crits anciens transmettant la Collection hippocratique, le Vaticanus gr. 276, datant du xii*’ siècle ( = V). Ce manuscrit comprend deux parties écrites par deux mains différentes (V“ : f. 1-149’' ; : f. 150’'-207) Airs, eaux, lieux appartient à la première partie (V®) : le texte, transcrit à pleine page (40 lignes par page), est donné aux folios 63''-67''. Il est précédé du traité chirurgical Plaies de tête et il est suivi du premier livre des Epidémies. En tête du traité, on lit en rouge, après le numéro d’ordre Θ ( = 9), le titre Περί άέρων, ύδάτων, τόπων ; et à la fin du traité le L e p r o to ty p e V ^ , e t se s a p o g ra p n e s
141. Anciennement p. 237-292. 142. Voir infra, p. 97 sqq. 143. Sur la question des deux mains, voir surtout G. Lienau, Hippocratis De Superfetatione, CMG I 2,2, Berlin, 1973, p. 13 sqq. Sur le manuscrit V en général, voir dernièrement L. R. Angelotti, « The origin of the Corpus Hippocraticum from ancestors to Codices antiqui. The Codex Vaticanus graecus 276 », Medicina nei Secoli, 3, 1991, p. 99-151.
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titre de rappel, également en rouge, Ίπποκράτους Περί τόπων, άέρων, ύδάτων. Le texte ne comprend qu’une seule correction de seconde main : c. 17, 2 ( = fol, 65'', 1. 19) άπο supra παρθενεύονται. Toutefois le texte donné sous le titre d’Airs, eaux, lieux comporte une très importante omission ; en effet, après une première séquence ( = a) c. 1-c. 3, 1 του δε χειμώνας ψυχρά, fait directement suite ce qui est en réalité la dernière séquence ( = d) c. 10, 9 καΐ λειεντερίαι —- fin du traité. Le texte correspondant à l’omission est inséré dans le traité précédent. Plaies de tête, à l’intérieur du dernier chapitre mais de telle façon que la fin du texte correspondant à l’omission ( = c) c. 9, 5 δτι τό παχύτατον — c. 10, 9 έγγένηται est donnée avant le début ( = b ) c. 3, 1 τού δε χειμώνας — c. 9, 5 λιθιώντες. Ainsi, au lieu de l’ordre attendu ab cd on a l’ordre c b -a d . Ces déplacements ne sont pas dus à un accident de V, car les points de rupture du texte ne se situent pas à la fin d’un folio, mais toujours au milieu d’une page et d’une ligne Le copiste de n’a pas eu conscience des perturbations qui sont antérieures à la copie. Elles sont dues, en fait, à un accident survenu lors de la reliure d’un de ses modèles, plus précisément à un pliage inverse du bifolium 2/7 dans un quaternion. Le décompte de la longueur des parties déplacées permet de reconstituer la disposition du texte sur le modèle perdu Ces perturbations, qui sont passées 144. Le passage à'A irs, eaux, lieux s’insère dans Plaies de tête après τω έλκει (c. 21, Littré III, 260, 2 = Kuehlewein II, 29, 3). 145. Voici la place de ces points de rupture dans le manuscrit V : f. 6V, 1. 13 (τω έλκει/δτι το παχύτατον) ; f. 61'', 1. 16 (έγγένηται/τοϋ δε χειμώνος ψυχροΰ) ; f. 63'', 1. 30 (λιθιώντες/προς το γινόμενον ορρόν • και ήν έξ αρχής) ; f. 64'', 1. 28 (του δε χειμώνος ψυχρά/καί λειεντερίαι). 146. L’explication des perturbations de l’ordre ά'Airs, eaux, lieux dans la tradition manuscrite direete par le recours à la codicologie date de la fin du xix“ siècle ; voir J. Ilberg, « Zur Ueberlieferungsgeschichte des Hippokrates », Philologus, 52, 1894, p. 422-430. Le début d’un quaternion donnant la partie finale de Plaies de tête se terminait au
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AIRS, EAUX, LIEUX
NOTICE
dans les apographes de V, ont défiguré le traité d’Airs, eaux, lieux dans les premières éditions imprimées. C’est seulement à partir d’É. Littré (II, 1840, p. 16, n. 4) que l’ordre correct du traité a été définitivement rétabli grâce au témoignage nouveau de la traduction latine ancienne Le manuscrit V n’a été utilisé qu’assez tardivement dans l’édition du texte. Les grandes éditions du xix® siècle, celles de Littré (1840) et d’Ermerins (1859), ne le connaissent pas encore. C’est à partir de l’édition de Kuehlewein (1894) que ses leçons ont figuré dans l’apparat critique du traité.
Toutefois la plupart d’entre elles étaient indirectement connues dans les éditions précédentes à travers plusieurs de ses apographes Ces apographes sont actuellement au nombre de huit (Barb ; C ; E'’ ; Ho ; Mo ; Mut ; N ; Pal) Pour ce qui concerne le traité des Airs, eaux, lieux, la dépendance, directe ou indirecte, de ces recentiores du manuscrit ancien V n’a plus besoin d’être démontrée, qu’ils présentent ou non la Collectio Vaticana Le premier apographe utilisé dans l’histoire de l’édition est le Bodleianus Holkham. gr. 92 (282) (Ho), manuscrit du premier quart du xvi®, copié par Constantin Mésobotès Il a servi de modèle principal à l’édition princeps, l’Aldine de Jean-François d’Asola Π.526) après corrections en vue de l’impression ( = Ho^) ^ . Au XIX*’ siècle, quand on ne s’est plus contenté de reprendre le texte de la vulgate, ce furent les deux manuscrits de Paris, le Parisinus gr. 2146 (C) du xvi®
verso du premier folio par τώ ελκει {Plaies de tête, c. 21, Littré III, 260, 2 = Kuehlewein II, 29, 3). Au deuxième folio, le texte du traité chirurgical se poursuivait par πρός το γινόμενον όρέων (cf. ορρόν in V). Ce folio 2 donnait la fin de Plaies de tête et le début d’a irs, eaux, lieux ; il se terminait par les mots τοϋ δε χειμώνος ψυχρά (c. 3, 1). Le folio 3"^ commençait par les mots του δε χειμώνος ψυχρά (cf. ψυχροϋ in V) et le texte se poursuivait jusqu’au folio 6'' qui se terminait par λιθιώντες ( = c. 9, 5). Le f. commençait par les mots δτι τό πχχύτατον (c. 9, 5) et se terminait au verso par έγγένηται (c. 10, 9). Le f. S*" commençait par les mots και λειεντερίαι (c. 10, 9). Par suite d’un pliage inverse du bifolium 2/7, le folio 2 ( = séquence a du traité) a pris la place du folio 7 ( = séquence c) ce qui a entraîné l’ordre c ( = 1 folio), b ( = 4 folios), a ( = 1 folio), d. Ce manuscrit ancêtre de V“ comportait par page environ la moitié de ce que contient V“. En effet, alors que V“ contient 40 lignes par page, c’est-à-dire 80 lignes pour un recto-verso, un folio recto-verso de son ancêtre contenait l’équivalent de 43 lignes de V“ (f. 7’^'' 43 lignes ; f. 3 à 6'^ '' 172 lignes, c’est-à-dire 4 x 43 ; f. 2’^'’ 38 lignes 1/2, mais ce chiffre inférieur s’explique par le passage d’un traité à l’autre avec titre de rappel de Plaies de la tête et titre AAirs, eaux, lieux). 147. Signalons, toutefois, que cet ordre avait déjà été retrouvé par le médecin de Milan L. Septalius dans son commentaire au traité {In Librum Hippocratis Coi de Aeribus, Aquis, Locis Commentarii V. Appositus est Graecus Hippocratis contextus, ope antiquorum Exemplarium restitutus et in multis locis emendatus, una cum nova eiusdem in Latinum versione, Coloniae, 1590, col. 65 et surtout col. 347). Septalius, sans connaître la traduction latine ancienne, a rétabli l’ordre correct du texte grec (qu’il présente sous forme de péricopes) avec l’aide des notes de Gadaldini et le justifie par une réflexion d’une lucidité étonnante sur les perturbations de la tradition manuscrite qu’il décrit avec une exactitude à laquelle les modernes n’auraient rien à ajouter. Malheureusement, sa solution est restée dans l’oubli jusqu’à la présente édition.
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148. Le texte de V a été publié par G. Gundermann, Hippocratis De aere aquis locis, Berlin 1911 ( = Kleine Texte fu r Vorlesungen und Übungen herausgegeben von Hans Lietzmann, 77). 149. La première étude sur les manuscrits à'Airs, eaux, lieux est celle de H. Kuehlewein, « Zu dem Texte und den Handschriften der hippokratischen Abhandlung über Wasser, Luft und Orte », Hermes, 18, 1883, p. 17-27. Il a bénéficié des collations faites par Dietz. Pour la collation des manuscrits récents (à l’exception de Ho), voir G. Gundermann, cité à la note précédente. 150. Voir H. Diller, Überlieferung..., p. 1-46 (avec la bibliographie qui le précède, notamment la dissertation de K. Freudenmann, Beitrdge zur Überlieferungsgeschichte der hippokratischen Abhand lung π.ά.ύ.τ.. Diss. Tübingen, 1922). 151. Pour le copiste de Ho, voir E. Gamillscheg/D. Harlfinger, Repertorium der griechischen Kopisten 800-1600, 1. Teil. Handschrif ten aus Bibliotheken Grossbritanniens, A, Wien, 1981, n“ 224, p. 124 sq. Ce manuscrit a appartenu à la bibliothèque de Saint-Jean « in Viridario » de Padoue ; voir R. Barbour, « Summary description of the Greek manuscripls from the Library at Holkham Hall », The Bodleian Library Record, t. VI, n° 5 (August 1960), p. 591-613 (p. 009). 152. Pour la filiation Ho-Aid. après corrections de Ho^, voir Notice, f γ r ειρημενοισι ςωοισιν 2 9 2
149
4. A u tr e té m o ig n a g e in d ire c t.
L’auteur anonyme qui a rédigé un traité sur la rage en utilisant de nombreux pas sages de la Collection hippocratique démarque deux pas sages à'Airs, eaux, lieux quand il explique la prédomi nance de la rage par les conditions climatiques : L ’u tilis a tio n cT A irs, eaux, lie u x d a n s le tr a i té a n o n y m e su r la Rage
290. Extraits de l’introduction (Houtsma, p. 119 = c. 1-2) ; extraits de la partie sur les villes (Houtsma, p. 120-122 = c. 3-6) ; extraits de la partie sur les eaux (Houtsma, p. 122-126 = c. 7-9) ; extraits de la partie sur les saisons (Houtsma, p. 126-129 = c. 10-11). 291. La traduction du début du traité dans Al-Ja’qubi (Houtsma, p. 119) présente les mêmes erreurs que la version courte des lemmes de Galien (voir supra, n. 271) : insertion, après la première phrase du traité formant le premier lemme de Galien, d’une citation de VAphorisme III, 8, tirée de l’explication de Galien au premier lemme, puis insertion d’une autre phrase sur les vents tirée également de l’explication de Galien à ce premier lemme ; tout cela est conforme à ce qu’on lit dans le début de la traduction arabe des lemmes éditée par Mattock-Lyons. Al-Ja’qubi reprend donc la traduction de l’école de Hunain dans sa version courte où les lemmes ont été extraits du Commentaire, avec les erreurs qui résultent de cette opération. Contrairement à ce que suggérait Klamroth, la traduction de AlJa ’qubi, en ce qui concerne au moins Airs, eaux, lieux, n’est pas différente de celle de l’école de Hunain pour la manière de rendre certains termes techniques. Ce point a été vérifié par Véronique Boudon.
Ce développement est une réécriture de trois passages du c. 10 d’a ir s , eaux, lieux : d’abord de la constitution climatique idéale (c. 10, 2) que l’auteur anonyme transforme en constitution climatique malsaine par la négation de ce qui est dit dans le texte hippocratique ; ensuite de deux passages de la première constitution malsaine (c. 10, 3-4). La seule leçon remarquable est l’emploi du verbe φλυδαν, là où le texte hippocratique transmis par V donne πλαδάν. Cette variante, qui est une lectio difficilior, est attestée aussi dans la collection de variantes manuscrites attribuées à Gadaldini (Gad. [B]) et dans certains manuscrits de la citation de Galien dans son Commentaire aux Aphorismes d’Hippocrate Quelle est la source manuscrite de l’auteur anonyme du traité sur la R age ? Il est impossible de le préciser. Mais il est clair qu’elle n’est pas simplement constituée par la tradition • / 294 manuscrite recente 292. Le texte donné sans titre à la fin du Vaticanus Urbinas gr. 68 a été publié par H. Diels, « Hippokratische Forschungen V. Eine neue Fassung des XIX. Hippokratesbriefes », Hermes, 53, 1918, p. 57-87 (p. 70, 1. 16-24, pour le passage reproduit ici). 293. Sur ce rapprochement, voir déjà H. Diller, Überlieferung..., p. 144 (mais Diller ne connaît pas la présence de la variante φλυδαν dans la tradition manuscrite de la citation de Galien face à la vulgate συντήκεσθαι). Pour plus de détails sur ce passage, voir infra, note ad loc. 294. Pour les problèmes concernant les sources manuscrites de cet anonyme, comparer en ce qui concerne les Vents, J. Jouanna,
150 G.
AIRS, EAUX, LIEUX L a tradition parallèle
Par tradition parallèle, il faut entendre les passages d’autres œuvres anciennes qui présentent des parallélismes avec Airs, eaux, lieux, que ces parallélismes s’expliquent par un modèle commun perdu ou par une réécriture à'Airs, eaux, lieux. w
L e s p a ss a g e s p a r a llè le s
La ^partie d''Airs, eaux.
présente plusieurs constitutions annuelles avec les maladies qui en résultent (c. 10). Ces constitutions se retrouvent, en partie, dans le traité des Aphorismes (III, 11 à 14). Depuis l’Antiquité ces parallélismes sont connus. Si Galien cite dans son Commentaire aux Aphorismes des passages du c. 10 d’Airs, eaux, lieux, c’est justement pour souligner ces parallélismes. Voici les passages parallèles : d a w , la CoOection h ip p o cra tiq u e
1. Première constitution : hiver sec et boréal suivi d’un printemps pluvieux et austral. Airs, eaux, lieux, c. 10, 3 ("Hv δε o μέν χειμών — έμποιειν) = Aphorismes III, 11. 2. Deuxième constitution : hiver austral et pluvieux suivi d’un printemps boréal et sec. Airs, eaux, lieux, c. 10, 5-6 ("Hv δ’ ό μέν χειμών — άπόλλυσθαι) = Aphorismes III, 12. 3. Troisième constitution : été pluvieux et austral, automne identique. Airs, eaux, lieux, c. 10, 10 ; pas de correspondances. Hippocrate V, Γ*’ Partie. Des vents, De l ’art, CUF, Paris, 1988, p. 83-86, et en ce qui concerne VAncienne médecine, J. Jouanna, Hippocrate II, Partie, De l ’ancienne médecine, CUF, Paris, 1990, p. 100-102.
NOTICE
151
4. Quatrième constitution : été sec et austral, automne pluvieux et boréal. Airs, eaux, lieux, c. 10, 11 ("Hv δέ το θέρος — φθίσιας) = Aphorismes III, 13. 5. Cinquième constitution : été boréal et sec, automne sec. Airs, eaux, lieux, c. 10, 12 fH v δέ βόρειόν τε — μελαγχολίαι) = Aphorismes III, 14. Bien que les développements soient plus longs dans Airs, eaux, lieux et offrent un système explicatif absent des Aphorismes, les correspondances dans les termes sont trop étroites pour être accidentelles. Elles s’expliquent soit par l’existence d’un modèle commun perdu, soit parce que le c. 10 d'Airs, eaux, lieux a servi de modèle à la compila tion des Aphorismes, ce qui est le plus probable. Dès le xvC siècle, la comparaison entre les deux traités a été faite et a permis de corriger des erreurs de la tradition manuscrite d’Airs, eaux, lieux. C’est ainsi que dans la constitution n" 4, l’erreur de V recc. φύσηας « les vents » a été corrigée dès l’édition de Cornarius de 1529 par φθίσιας « les phtisies », leçon donnée par les Aphorismes III, 13. De même, dans la constitution n“ 1, l’omission de και δυσεντερίας dans V Lat. a été comblée à partir de Van der Linden au xvii® siècle grâce à Aphorismes III, 11. Plus tard. Coray au xix*’ siècle a conjecturé dans la constitution n° 2 ζώειν à la place du fautif ζώσι V recc. par comparaison avec Aphorismes III, 12 Mais cette tendance à l’har monisation progressive des deux textes a entraîné des excès. Dans la constitution n“ 4, la très grande majorité des éditeurs à partir de la fin de la Renaissance (Septalius en 1590 ; Foes en 1595) jusqu’à Diller (1970) ont transformé 295. Voir Coray, I, p. 146 : « J ’ai rétabli Tionisme d’après la leçon ζην des Aph. III, 12. Cet. ζώσι, excepté L. ( = Van der Linden) et M. ( = Mack) qui lisent ζήσαι, d’après Aem. Portus qui corrigeait ζώσαι (aorist. de ζώω) ou ζήσαι ».
AIRS, EAUX, LIEUX
NOTICE
les données climatiques de la tradition manuscrite d’Airs, eaux, lieux (« été sec et austral, automne pluvieux et boréal ») en adoptant la version des Aphorismes III, 13 : « été sec et boréal, automne pluvieux et austral ». Ils ont donc interverti l’ordre νότιον/βόρειον donné par V Lat. en βόρειον/νότι,ον donné par les Aphorismes. Mais tous les témoignages anciens de la tradition directe et indirecte (traduction latine ancienne, lemmes de Galien) confirment la leçon de V recc. dans Airs, eaux, lieux. La normalisation ne s impose donc pas
4. Quatrième constitution : été sec et austral, automne pluvieux et boréal.
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La comparaison entre ces IjCS OOSSQQSS Ό0>Τ*0>ΙΙθΙθ8 1 1 '1 J 9 À‘ ,, passages parallèles d Airs, d a n s le s Froblemata , u ^ 7 . . eaux, lieux et d Aphorismes r is Ote rendue plus complexe par l’existence d’une autre série de passages parallèles dans les Problemata d’Aristote La correspondance entre les trois séries est la suivante : 1. Première constitution : hiver sec et boréal suivi d’un printemps pluvieux et austral. Airs, eaux, lieux, c. 10, 3-4 ("Hv δε μεν χει,μών — ές ΰδρωπας) = Problemata I, 8 et I, 19 = Aphorismes III, Π. 2. Deuxième constitution : hiver austral et pluvieux suivi d’un printemps boréal et sec. Airs, eaux, lieux, c. 10, 5-7 ('Hv δ’ 6 μέν χειμών — έπιπίπτειν) = Problemata I, 9 = Aphorismes III, 12. 3. Troisième constitution : été pluvieux et austral, automne identique. Airs, eaux, lieux, c. 10, 10 = Problemata I, 20. 296. Pour plus de détails sur ce passage, voir infra, note ad loc. 297. Pour le détail de la comparaison, voir J. Jouanna, « Hippocrate et les Problemata d’Aristote : essai de comparaison entre Airs, eaux, lieux, c. 10; Aphorismes III, 11-14 et Problemata I, 8-12 et 19-20», Actes du V lir Colloque international hippocratique, Erlangen, 1993 (à paraître).
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Airs, eaux, lieux, c. 10, 11 ('Hv δε το θέρος — φθίσιας) = Problemata I, 10 = Aphorismes III, 13. 5. Cinquième constitution ; été boréal et sec, automne sec. Airs, eaux, lieux, c. 10, 12 ('Hv δέ βόρειόν τε -— άνεξηρασμένοι) = Problemata I, 11 et 12 = Aphorismes III, 14. La source des Problemata est très vraisemblablement Airs, eaux, lieux. Les Problemata ont été utilisés par certains éditeurs ou commentateurs depuis la Renaissance (Septalius 1590) jusqu’au xx*' siècle (Diller 1970) pour discuter de l’établissement du texte d'Airs, eaux, lieux. Sans doute, les Problemata doivent théoriquement refléter un état fort ancien du texte d^Airs, eaux, lieux, si l’on admet que ce traité hippocratique en est bien la source directe. Mais la comparaison est rendue délicate car la réécriture est évidente dans les Problemata, non seulement parce que son auteur introduit un vocabulaire aristotélicien étranger à la Collection hippocratique mais aussi parce qu’il peut réorganiser et modifier son modèle en fonction de sa propre étiologie. Il convient donc de rester très prudent sur l’utilisation que l’on a pu en faire pour modifier le texte d'Airs, eaux, lieux. Par ailleurs, avant de proposer une modification, il convient de tenir compte de l’ensemble des données, c’est-à-dire non seulement de la totalité des versions parallèles, mais aussi de la totalité des variantes dans la tradition de chacune des versions paral lèles. Par exemple, Diller a vu dans le témoignage des Problemata une raison supplémentaire pour adopter dans la constitution n” 4 l’ordre βόρειον/νότιον des Aphorismes et non l’ordre νότιον/βόρειον donné par l’ensemble de la 298. Par exemple les termes περίττωσις {Probl. I, 8 ; I, 19 et I, 20) ou περίττωμα {Probl. 1, 19 et I, 20).
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AIRS, EAUX, LIEUX
NOTICE
tradition directe et indirecte A''Airs, eaux, lieux Mais si la vulgate des Problemata a bien l’ordre βόρειον/νότιον comme les Aphorismes, il est clair que les manuscrits les plus anciens des Problemata (notamment Y“ le manuscrit de Paris du x® siècle), ainsi que la traduction latine de Bartholomée de Messine (xiii® siècle), offrent le même ordre ψχ Airs, eaux, lieux. Ainsi, la comparaison entre les Problemata et Airs, eaux, lieux, loin de confirmer la modification traditionnellement faite dans le texte hippo cratique, devrait amener à s’interroger sur l’établissement du texte du traité aristotélicien
d’une manière synthétique les grandes étapes du progrès de la connaissance du texte d’A irs, eaux, lieux dans les principa les éditions, plutôt que d’énumérer dans une bibliographie insipide les nombreuses éditions où apparaît le traité.
D. L es
éditions et l ’ h isto ire du texte imprimé
L’histoire du texte manuscrit, exposée précédemment, comporte déjà en filigrane une histoire des éditions imprimées dans la mesure où l’on s’est efforcé d’y incorporer l’histoire des progrès de la connaissance des témoignages manuscrits dans l’érudition du xvi® au xx® siècle. Mais, comme ces indications sont dispersées dans l’étude de chacun des témoignages de la tradition directe ou indirecte, le présent chapitre s’efforcera de rassembler 299. H. Diller, Überlieferung..., p. 141 : « (Probl.) I, 10 bestatigt zu 24, 29/30 die Lesung von Aphor. III 13, an der natürlich nicht zu rütteln ist ». 300. De même, Diller s’autorise des Problemata I, 8 pour confir mer l’absence de la mention des « dysenteries » dans une partie de la tradition (V Lat.) de la première constitution d'Airs, eaux, lieux ( = c. 10, 3 début). Mais les « dysenteries » sont mentionnées dans le Problème 1, 19 qui complète le Problème I, 8 et qui correspond lui aussi à la première constitution d‘’Airs, eaux, lieux. La seule différence est que les dysenteries apparaissent en été dans Airs, eaux, lieux et en automne dans le Problème I, 19. Par ailleurs, ce choix amène Diller à supprimer la seconde phrase du développement d’^tVs, eaux, lieux où il est question de dysenteries ( = c. 10, 3 fin Τάς δυσεντερίας — ύγροτάτοισι), alors que cette phrase, attestée par toute la tradition directe et indirecte, a un correspondant dans les Aphorismes III, 11. Pour plus de détails sur la discussion de ce passage, voir J. Jouanna, « Hippocrate et les Problemata d’Aristote... », cité à la note 297, et voir infra, note ad loc.
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1. Les éditions du xvi® au xviii® siècle Si l’on excepte l’édition princeps en latin, parue dans les Opéra medica de Abu Bakr ar-Razi en 1481, dont la source est la traduction arabe des lemmes de Galien toutes les éditions qui suivirent sont fondées sur la tradition grecque. On se souvient que l’ordre d’Airs, eaux, lieux a été considérablement perturbé dans cette tradition, une partie ayant été insérée dans le traité des Plaies de la tête par un accident de pliure d’une feuille lors d’une reliure d’un ancêtre de V Les premières éditions fondées sur cette tradition grec que reproduisirent donc les aberrations des manuscrits. C’est le cas de la traduction latine de Calvus (1525) de l’édition princeps en grec l’Aldine (1526) faite à partir de Ho, recentior dérivant de V, après corrections d’un réviseur préparant l’édition ^ ; c’est le cas aussi des trois éditions 301. Voir supra, p. 135. 302. Pour le détail, voir supra, p. 85, n. 146. 303. Hippocratis Coi...octoginta volumina... per M. Fabium Calvum ...latinitate donata..., Romae 1525, p. x x x i i i - x l i i e t p . d c l x x i D C L X X V I.
304. Omnia opéra Hippocratis, Venetiis in aedibus Aldi et Andreae Asulani soceri, mense maii 1526, f. 32^35’^ et 194'^-lOô"^. La filiation Ho-Aid. est assurée, car le manuscrit de Constantin Mésobotès a été révisé par une autre main ( = Ho^) dont les corrections sont passées dans l’Aldine. Voici quelques exemples significatifs : c. 3, 1 ύφαλοι, καί V Ho ; ύφαλα (α supra οι) και Ho* Aid. ; c. 3, 1 και μετέωρα V Ho (recte) : μή μετέωρα Ho^ Aid. ; c. 9, 5 πώρος] προς V Ho : παισ'ιν Ho^'"« Aid. ; c. 9, 6 το αρσεν Ho^"*» Aid. : Οαρσεΐς V ; c. 10, 10 περιπνευμονίδας V Ho : περιπλευμονίας Ho^ (λ supra v et δ expunctum) Aid. ; c. 11, 1 b νοσεύμενος V Ho : ό νοεύμενος Ho^ (σ deletum) Aid. ; c. 13, 4 έφύδροισιν V Ho (recte) : άφύδροισιν Ho^ (à supra έ) Aid. ; c. 15, 3 βλιχός V Ho (falso) : βληχρός Ho^ Aid. Les révisions de Ho^ sont faites en vue de l’édition, car certaines sont plus
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en grec de Cornarius, l’une de 1529, donnant le texte grec d^Airs, eaux, lieux (sans la partie située dans Plaies de la tête) l’autre de 1538 offrant le texte grec de l’ensemble de la Collection hippocratique et la troisième oui est une réédition en 1542 de l’édition séparée de 1529 . Le
texte de Cornarius est substantiellement le même que celui de l’Aldine ; il est toutefois amélioré par des conjectures ou quelques variantes puisées dans des manuscrits Les différences de texte sont minimes entre l’édition séparée de 1529, l’édition de 1538 et la réédition de 1542. Toutefois, l’édition séparée de 1529 (rééditée en 1542) est intéressante, car elle est pourvue de quelques notes qui nous renseignent sur l’origine de plusieurs des corrections apportées par Cornarius au texte de l’Aldine. Alors que certaines d’entre elles sont de simples corrections de lecture (exemple c. 13, 3 πελιά V Aid. ; πεδία Corn.), quelques-unes proviennent de la consultation de la tradi tion indirecte, soit le texte grec des Aphorismes (c. 10, 11 φθίσιας Corn, ex Aph. III 13 : φύσηας V φύσιας Aid.), soit la « vieille traduction », dont Cornarius ne connaît pas l’origine, mais dont nous savons maintenant qu’elle est issue des lemmes du Commentaire de Galien par l’inter médiaire de la traduction arabe. Grâce à elle, Cornarius rétablit en trois passages γόνου (« semence ») qui était altéré dans les manuscrits grecs (c. 19, 5 ; c. 23, 1 ; c. 23, 2) et il comble une omission de ces mêmes manuscrits au c. 10, 12 (ύπό κύνα έπομβρον). Si Cornarius a eu une grande incidence sur l’histoire du texte imprimé, c’est moins par ses deux éditions en grec
proprement typographiques (remplacement systématique des minus cules par des majuscules à l’initiale des noms propres ; ponctuation qui réapparaît dans l’Aldine). On notera aussi, du point de vue dialectal, le remplacement des finales fautives de V et de Ho -ηος -ηας (dans les thèmes en -i de la troisième déclinaison) par -toç -ιας. Le correcteur de Ho ne semble pas avoir utilisé un autre modèle. Ses corrections sont parfois de bonnes conjectures qui ont été adoptées par toutes les éditions suivantes. C’est le cas par exemple de c. 15, 3 βληχρός. Ces remarques sur le correcteur de Ho viennent en complément de ce qu’a dit H. Diller, Überlieferung..., p. II sq., car, tout en montrant la filiation de Ho-Ald., Diller ne parle pas de ce correcteur. Pour cette seconde main de Ho dans le traité des Chairs, voir K. Schubring dans K. Deichgraber, Hippokrates. Über Entstehung und Aufbau des menschlichen Kôrpers ( Π Ε Ρ Ι ΣΑΡΚΩΝ), Leipzig/Berlin, 1935, p. XIV sq. (avec la mise au point de H. Diller, C.R. de cet ouvrage, dans Gnomon 12, 1936, p. 369 = Kleine Schriften zur Antiken Medizin, Berlin, 1973, p. 145). Comme Ho^ appartient au travail préparatoire de l’Aldine, j ’ai mentionné dans l’apparat critique directement l’Aldine sans signaler Ho^. L’Aldine n’a pas conservé l’ordre de la Collectio Vaticana. La conséquence en est que la partie dA irs, eaux, lieux insérée acciden tellement dans le traité précédent. Plaies de la tête, en a été considérablement séparée : Plaies de la tête n’apparaît dans l’Aldine qu’en 46® position alors qu’ Airs, eaux, lieux occupe la 23® position. 305. Hippocratis Coi De aere, aquis et locis libellus. Eiusdem de flatibus Graece et Latine, lano Cornario Zuiccaviense interprète, Froben, Basileae, 1529, p. 7-21 (texte grec), p. 31-51 (traduction latine), p. 60-69 (notes). 306. Hippocratis Coi...libri omnes..., Froben, Basileae, 1538, p. 7581 et p. 451-456. 307. J. Cornarius, Ίπποκράτους Κώιου Περί άέρων, ύδάτων, τόπων. Περί φυσών, Parisiis, 1542, ρ. 1-9 (texte grec), p. 12-14 (notes). La réédition de 1542 est différente de l’édition de 1529, en ce sens qu’elle ne donne pas la traduction latine faite par Cornarius, mais rajoute, dans six folios hors pagination, des passages de la « vieille traduction » latine pour donner une idée des parties qui manquent en grec. Cette vieille traduction est faite sur la traduction arabe des lemmes de Galien, comme celle qui est publiée dans les Œuvres de
Rhazi ; mais ce n’est pas dans Rhazi que Cornarius a pris son texte, comme le suppose H. Diller, Überlieferung.., p. 59 (Diller n’a pas eu en main cette seconde édition ; voir ibid., p. 16), ni dans aucun des manuscrits latins connus ; car les variantes offertes par le texte latin donné par Cornarius sont fort nombreuses et attestent vraisemblable ment une traduction différente. 308. Dans sa préface à son édition de 1538 (cf. la traduction donnée par Littré de cette préface, t. I, p. 545), Cornarius dit avoir utilisé trois manuscrits « très anciens » pour corriger le texte de l’Aldine ; le manuscrit d’Occo ( = le Monacensis gr. 71 ; voir supra, p. 91, un manuscrit de la bibliothèque de Johann von Dalberg et un manuscrit de Nicolas Copp, fils de Guillaume Copp, médecin érudit de Bâle, traducteur d’Hippocrate.
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que par sa traduction latine de 1546 Il réorganisa le texte, de façon intelligente, en réincorporant à sa bonne place dans le traité des Airs, eaux, lieux (entre a et d) le long passage qui se trouvait dans les Plaies de tête et en rétablissant, en gros, l’ordre correct des deux parties inversées dans ce long passage (c et b ). Mais il n’a pas vu le point de suture exact de ces deux parties inversées, si bien que la fin de c a été rattachée au début de b. On a ainsi au c. 3 entre a et b, un développement d’une dizaine de lignes (qui vient s’insérer entre ψυχρά et τούς τε ανθρώπους) et qui appartient en fait au c. 10, 8-9 Και όκόσαι.— έγγένηται. On a donc un ordre a, c**, b, c“ , d. Cet ordre, presque correct, fut adopté par toutes les éditions grecques du xvi® siècle qui suivirent (Zwinger [1579], Mercurialis [1588], Foes [1595]), à l’exception de Septalius (1590) qui avait retrouvé le point de suture exact entre c et b, en tenant compte des remarques que Gadaldini avaient faites sur l’ordre du traité à l’aide de son manuscrit ancien dans la quatrième édition des Juntes de Galien (1565). Gadaldini y disait en substance que b suivait directement a dans son manuscrit ancien et aussi que la fin de c** venait directement avant d. Mais comme l’ordre de son manuscrit ancien, tout en ne comportant pas les perturbations de la tradition grecque connue, était différent de celui du reste de la tradition, ces deux remarques faites par Gadaldini ne suffirent pas à lui faire trouver totalement le chemin de la vérité Ce n’est pas tellement par ses remarques sur
l’ordre du traité que Gadaldini a de l’importance dans l’histoire des éditions, mais par les notes marginales tirées de son manuscrit ancien qu’il avait imprimées en marge d’une traduction latine de Cornarius : ces notes eurent, par la suite, une influence décisive sur la restitution de plusieurs passages du traité A la différence des variantes de Gadaldini qui provien nent d’un manuscrit de grande valeur, les nombreuses variantes en marge de l’édition de Zwinger (1579) et de l’édition de Mercurialis (1588) sont de provenance in connue et de valeur inégale. Dès 1595, Foes dans son édition d’Hippocrate, qui vaut surtout par la pertinence et la sobriété de ses 131 notes au traité, tient compte de plusieurs variantes du manuscrit de Gadaldini (voir les notes 8, 32, 40, 41, 42, 43, 58, 73, 86, 121) Mais, comme Foes conserve dans son texte la
309. Hippocratis Coi... opéra... omnia per lanum Cornarium... latina lingua conscripta, Froben, Basileae, 1546, p. 104-117. La traduction latine reprend celle de l’édition séparée de 1529, mais comble une importante lacune. 310. Il améliorait l’ordre de Cornarius dans la mesure où il ôtait c**, faisait suivre correctement a et b et replaçait correctement la fin de c** ( = c. 10, 9 Κήν μεν το θέρος— έγγένηται) devant d ; mais en voulant placer le début de θ'* ( = c. 10, 8 Καί όκόσαι^— μάλλον) à un autre endroit du développement de l’influence des vents sur la santé ( = c. 3-c. 6) et plutôt à la fin du c. 6, il restait dans l’erreur.
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311. Pour ces notes, voir supra, p. 98 sq. 312. Il est intéressant de noter que ces variantes ne proviennent pas toutes des notes marginales publiées dans la quatrième édition des Juntes. Foes dit, en effet, à propos de l’une d’entre elles (n. 32) qu’elle lui a été communiquée par son collègue Jacobus Santalbinus. Sans doute la variante fournie par son collègue se trouvait-elle déjà dans l’édition des Juntes : ( = c. 7, 11) χειμερινής vet. cod. in Gad. (J) Gad. (B) : θερινής V. Mais le texte du manuscrit ancien de Gadaldini communiqué à Foes par son ami porte, non pas sur un mot, mais sur une proposition entière ; φαυλότατα δέ τα πρός τον νότον και τα μεταξύ τής χειμερινής ανατολής και δύσιος. C’est la preuve que les sources du manuscrit ancien de Gadaldini ne constituent pas une tradition « fermée » et que plusieurs érudits pouvaient en avoir connaissance, sans que cela passe directement par Gadaldini. Une autre note de Foes (n. 86) parle du manuscrit d’« Augustin Guadaldini et d’Octavianus Ferrarius ». Est-ce à dire que le manuscrit a eu pour possesseur, après Gadaldini mort en 1575, cet Octavianus Ferrarius? Peut-on formuler l’hypothèse qu’Octavianus Ferrarius est la source de Baccius Baldinius qui publie une collation du manuscrit ancien venue de Padoue en 1586? Cet Octavianus Ferrarius a été le possesseur de deux exemplaires de l’Aldine pourvues de notes semblables conservées à la Bibliothèque de Milan (Ambr. S Ç I VIII 9 actuellement introuvable et Ambr. S Ç E VIII 13) ; les notes de l’exemplaire qui est actuellement introuvable seraient de la main d’Octavianus Ferrarius ; voir J. Ilberg, « Zur Überlieferungsgeschichte des Hippokrates... »,
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vulgate, il faudra attendre surtout les éditions du xix® siècle pour que les bonnes leçons du manuscrit ancien de Gadaldini pénètrent dans le texte édité d^Airs, eaux, lieux. Foes ajoute, après ses notes (I, sect. III, col. 153), quelques variantes provenant de deux manuscrits, l’un de Févrée, l’autre de Servin ; ces variantes sont insignifiantes, à part une bonne leçon de Servin au c. 9, 5 θολωδέστατον Serv. : χολωδέστατον V. Cette leçon se trouvait déjà dans le manuscrit ancien de Gadaldini (cf. vet. cod. in Gad.fJ] Gad. [B]). Est-ce là l’origine de la variante de Servin ? La réédition de Foes de 1624 comporte à la fin du volume des conjectures d’Æmilius Portus (datant de 1545) qui ne manquent pas d’intérêt ; certaines d’entre elles sont men tionnées dans l’apparat critique de la présente édition. Les deux grandes éditions des xvii® et xviii® siècles, celle du Hollandais Van der Linden (I, 1665, p. 327-362) et celle du Viennois Mack (I, 1743, p. 310-338), ne sont pas fondamentalement différentes des éditions de la fin du xvi® siècle pour le matériel utilisé. Mack a profité, cependant, des ressources de la bibliothèque de Vienne pour noter dans ses Variae lectiones en dessous du texte et utiliser éventuellement dans son texte quelques leçons manuscrites
de Joannes Sambucus notées en marge d’une Aldine Il faut attendre les éditions du xix® siècle pour qu’un progrès notable soit fait dans la technique de l’édition d^Airs, eaux, lieux. Une exception doit être faite, toutefois, d’une édition séparée d’yfirs, eaux, lieux avec texte grec, traduction latine et commentaire, qui est tout à fait méconnue, celle du médecin de Milan Septalius (1590) Septalius a été le premier éditeur à publier le traité (par péricopes) dans son ordre correct, comme il a déjà été signalé ; de plus, il discute en philologue averti des différentes leçons qu’il avait à sa disposition ; son commentaire, malgré des longueurs qui risquent de décourager le lecteur, est d’une richesse telle que certaines de ses notes restent inégalées. Septalius devait disposer d’une collation du manuscrit ancien de Gadaldini que nous n’avons pas conservée, car il mentionne à deux endroits des leçons inconnues par ailleurs (c. 1, 5 καΐ φιλόπονοι om. cod, Gad. ; c. 10, 11 ήν δέ τό θέρος αυχμηρόν και βόρειον, τό δε μετόπωρον έπομβρον καΐ βόρειον cod. Gad.).
p. 426-427. Ces notes, précise Ilberg, se trouvaient aussi sur la troisième Aldine de Milan (Ambr. S Ç E VIII 14 actuellement perdue) qui comportait précisément en plus la collation du manuscrit ancien attribuée à Gadaldini. Est-ce le signe d’un lien entre Gadaldini et Octavianus Ferrarius ? Rien n’est dit, toutefois, sur les possesseurs de cette troisième Aldine. Malgré de nombreuses incertitudes, il est clair que le manuscrit ancien de Gadaldini a donné lieu à une diffusion de variantes dans le milieu savant hippocratique de la fin du xvi® siècle, diffusion beaucoup plus complexe que ne le pensent les érudits modernes. Cette diffusion a pu se faire aussi par voie orale. Dans plusieurs des notes de Foes se trouve, en effet, le verbe « audio » à propos des leçons du manuscrit de Gadaldini. En particulier dans sa n. 86 il dit à propos de la note marginale de Zwinger à c. 16, 4 (app. crit.) ήμεροϋσθαι την οργήν : « Quam quidem lectionem desumptam audio ex codice Augustino Guadaldini et Octaviani Ferrarii ». Cette indication sur la leçon du manuscrit de Gadaldini n’est confirmée par aucune des trois sources dont nous disposons.
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2. Les éditions du xix® siècle La première édition qui marque la seconde Renaissance de l’histoire de l’édition imprimée d'Airs, eaux, lieux, n’est 313. Mack cite six leçons de Sambucus pour l’ensemble du traité. On sait que l’éditeur de Vienne a utilisé aussi des notes manuscrites de Cornarius conservées dans un autre exemplaire de la Bibliothèque (cf. Praefatio, f. U '') ; même observation à propos de VAncienne médecine dans J. Jouanna, Hippocrate, tome II, partie. De l'ancienne médecine, Paris, 1990, p. 105, n. 2. L’un des mérites de Mack dans son édition A'Airs, eaux, lieux est d’avoir reconnu la valeur du commentaire de Septalius et d’en avoir tiré profit dans plusieurs passages. 314. La référence complète à l’édition est donnée à la note 147. Sur Ludovicus SeptîJius (1552-1633), voir Ph. Argelati, Bibliotheca scriptorum mediolanensium, Mediolani, 1745, t. II, n" 1539 (Septala Ludovicus alter), col. 1322-1327. L’hommage rendu par Coray à Septalius (I, p. clv) est très tiède. 315. Voir supra, p. 86, n. 147 et p. 158.
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pas, comme pour la plupart des autres traités, l’édition de Littré, mais celle de Coray. Parue en 1800, en deux volumes in-8° de CLX XX + 170 p. et de 484 p., l’édition d’Airs, eaux, lieux d’A. Coray, Docteur en médecine de la ci-devant Faculté de Montpellier, est à bien des égards un chef-d’œuvre Elle tranche par rapport aux éditions précédentes, d’une part parce que le texte repose sur la collation des deux manuscrits grecs de la Bibliothèque de Paris et d’autre part parce qu’elle a utilisé avec beaucoup de lucidité les variantes du manuscrit ancien de Gadaldini que Coray connaissait par deux des trois sources (Cad. [J] et Bald.). Elle se signale aussi par son utilisation de la tradition indirecte (citations de Galien en grec, tradition arabe à travers la paraphrase d’Avicenne) et par une excellente connaissance des éditions qui l’ont précédée. Pour la première fois, l’édition présente un apparat critique digne de ce nom sous la forme de « Variantes et corrections du texte » qui suivent le texte grec et la traduction (I, p. 120170). La lecture de cet apparat critique, jointe à celle des notes philologiques du commentaire, montre la lucidité avec laquelle ce philologue a améUoré le texte en de nombreux passages par de bonnes conjectures, dont cer taines ont été confirmées ensuite par la découverte d’autres témoignages, notamment la traduction latine ancienne. 316. ΙΠ Π ΟΚΡΑΤΟΤΣ Π Ε Ρ Ι ΑΕΡΩΝ, ΥΛΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ, Traité d’Hippocrate Des airs, des eaux et des lieux ; traduction nouvelle...par Coray, docteur en Médecine de la ci-devant Faculté de Montpellier, 2 tonies, Paris, Baudelot et Eberhart, an IX (1800). Pour plus de détails sur le rôle de Coray dans les études hippocratiques, voir N. Nikolaou, « ' H ' Ιτιποκρατική φιλολογία και ό Κοραής » in Διήμερο Κοραή 29 και 30 Απριλίου 1983, Κέντρο Νεοελληνικών έρευνών Ε.Ι.Ε, Athènes, 1984, ρ. 85-101 ; J. Joucuina, « Coray et Hippocrate » dans Hippocrate et son héritage. Colloque FrancoHellénique dH istoire de la Médecine, Fondation Marcel Mérieux, Lyon, 9-12 octobre 1985, p. 181-196 ; Id., « Place et rôle de Coray dans l’édition du traité hippocratique des Airs, eaux, lieux », dans D. Gourevitch (éd.). Médecins érudits de Coray à Sigerist, Paris, 1995, p. 7-24.
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Sans doute, la propension à corriger le texte est excessive ; et l’ordre du traité n’est pas encore totalement rétabli. Mais nul philologue, par les seules ressources de son intelligence et de son acharnement, n’a fait progresser autant que lui la compréhension du texte d’.(4irs, eaux, lieux. Dans la réédition de 1816, qui s’adresse à ses jeunes compatriotes grecs. Coray a apporté quelques modifica tions dans le texte et surtout a considérablement remanié la traduction française dans un souci de plus grande préci sion 317 Dans son édition parue quarante ans plus tard, É. Littré (II, 1840) rend un juste hommage à l’édition de Coray : « En sa triple qualité de Grec, de médecin et d’helléniste. Coray était plus propre qu’aucun autre à donner une édition du Traité des Airs, des Eaux et des Lieux ; et j ’ai cru ne pouvoir trop puiser à une source d’érudition aussi abondante et aussi sûre » (p. 11). Pour établir son texte, Littré a en effet puisé nombre de renseignements donnés par Coray dans ses « Variantes et corrections », ainsi que dans ses notes. Aussi Littré transmet-il assez souvent une érudition de seconde main, notamment dans la présenta tion des éditions de ses prédécesseurs (p. 10 sq.) où il se contente de résumer ce qu’en avait dit Coray. Mais la supériorité de l’édition de Littré sur celle de Coray vient de l’utilisation d’un nouveau témoignage, la traduction latine ancienne qu’il découvrit à Paris. Cette traduction lui a 317. ΙΠ Π Ο ΚΡΑ ΤΟ ΤΣ Π Ε Ρ Ι ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ, Βεύτερον εχΒοθεν μετά της Γαλλικής μεταφράσεως...Έ'» Παρισίοις, εκ τυπογραφίας Ι.Μ. Έβεράρτου, 1816. II s’agit d’une édition scolaire destinée aux étudiants grecs en médecine. L’introduction savante de la première édition a été remplacée par une présentation d’Hippocrate en grec moderne. Les variantes du texte et les notes n’ont pas été reproduites. L’exemplaire personnel de Coray conservé à la Bibliothè que de Chios (cote 6715) possède quelques corrections manuscrites de sa main, ce qui confirme le soin incessant que Coray a mis à améliorer soit le texte soit la traduction du traité ; pour le texte, il propose en c. 8, 3 ( = p. 38, 1. 2 de son édition) μούνων à la place de μοΰνον, et en c. 20, 2 κατέαται à la place de κάτηται ( = p. 96, 1. 7 de son édition).
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permis de présenter le texte dans son ordre correct ; elle lui a servi constamment de critère, comme on peut le constater par ses discussions pertinentes dans son apparat critique, pour confirmer ou infirmer les conjectures de ses prédé cesseurs et notamment de Coray, pour souligner l’excel lence des leçons du manuscrit ancien de Gadaldini adoptées par Coray dans son texte et pour améliorer parfois le texte grec. L’édition d’Ermerins (I, 1859) qui est la seconde grande édition du xix^ siècle à donner après Littré l’ensemble de la Collection hippocratique n’a pas la même importance pour l’histoire du texte d’Airs, eaux, lieux, car elle n’apporte aucun témoignage nouveau ; les notes critiques sont, néanmoins, suggestives. L ’édition de Reinhold (I, 1865) offre un texte grec sans apparat critique ; les modifications apportées au texte traditionnel sont trop nombreuses et souvent arbitraires. C’est à l’extrême fin du xix® siècle qu’apparaît pour la première fois le manuscrit ancien V dans l’édition de Kühlewein (1894), ainsi que les notes manuscrites attri buées à Gadaldini que Dietz avait découvertes en marge des deux éditions imprimées d’Hippocrate à Milan. Mais cette édition accorde trop d’importance au Barberinianus et néglige le témoignage de la traduction latine. L’apparat critique signale aussi pour la première fois d’assez nom breuses corrections de Wilamowitz portant sur l’ensemble du traité
318. Kuehlewein ne signale pas l’origine de ces conjectures, à une exception près. Elles ont été reprises dans les apparats critiques des éditions suivantes (Jones, Heiberg, Diller). Celles dont l’origine n’est pas signalée sont des suggestions faites par Wilamowitz lors de la lecture des épreuves de l’édition Kuehlewein chez Teubner, comme me l’a signalé A. Anastassiou ; voir U. von Wilamowitz-Moellendorff, « Lesefrüchte 261 », Hernies, 64, 1929, p. 481, n. 3 = Kl. Schr. IV, Berlin, 1%2, p. 499, n. 1, et comp. éd. Kuehlewein I, 78, 9 app. crit.
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3. Les éditions du xx® siècle Au début du siècle, U. von Wilamowitz-Moellendorff dans son Griechisches Lesebuch, paru en 1902 et maintes fois réimprimé, a publié dans le premier volume (I, 2, р. 199-207) de larges extraits de la comparaison entre l’Europe et l’Asie (c. 12, 2-7 ; c. 13, 1-2 ; c. 14-20 ; c. 23 ; с. 24, 1-5 et 9) et en a donné un bref commentaire dans le second volume (II, 2, p. 134-137). Bien que Wilamowitz ne donne pas d’apparat critique, le texte est le résultat d’une édition personnelle digne d’attention Mais la propen sion à trouver des interpolations ainsi que les libertés prises avec la tradition manuscrite sont excessives. La première édition du XX® siècle, celle de W.H.S. Jones dans la Collection Loeb (I, 1923, p. 66-137), n’apporte rien de nouveau par rapport à celle de Kuehlewein, car elle est fondée sur les mêmes bases. Avec l’édition de I. L. Heiberg parue dans le Corpus medicorum graecorum (I 1, 1927, p. 56-78), la traduction latine revient à l’honneur, encore qu’elle soit citée d’après le seul manuscrit de Paris. 319. Wilamowitz, dans un article de 1901 (« Die hippokratische Schrift περί Ιρής νούσου»..., p. 17-20), avait déjà proposé (et parfois justifié) plusieurs des corrections adoptées dans son édition de 1902. Certains des choix faits par Wilamowitz en 1901/1902 ne correspon dent plus aux indications données dans l’apparat critique de Kuehle wein quelques années plus tôt, si bien que les apparats critiques des éditeurs modernes (Heiberg, Diller) peuvent, à la limite, attribuer à Wilamowitz des indications contradictoires sur le même texte en cumulant les indications de l’apparat critique de Kuehlewein et les données puisées directement dans les deux publications de Wilamo witz ; voir par exemple ma note à c. 19, 2 (« brouilliird épais »), à c. 19, 5 (« grasse et glabre ») et à c. 23, 1 (fin). Pour éviter toute ambiguïté sur l’origine des conjectures de Wilamowitz, je désigne par « Wilamo witz » tout court les corrections qui sont dans l’article de 1901 et dans le Griechisches Lesebuch de 1902, tandis que je précise « Wilamowitz (apud K.) * pour toutes les corrections antérieurement signalées par Kuehlewein qui n’apparaissent pas dans ces deux travaux, soit qu’elles n’aient pas été reprises, soit qu’elles concernent des parties du texte non étudiées et non éditées en 1901/1902. 320. Voir supra, p. 16.
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Après Heiberg, on signalera un travail (manuscrit) du P. A.-J. Festugière qui comprend une traduction française du traité intitulé Des Climats, des eaux et des lieux, sans introduction, mais accompagnée de 105 notes dont certai nes sont fort développées On retrouve dans la traduc tion et dans les notes les qualités bien connues de sa publication sur VAncienne médecine : précision de la traduction ; acribie dans l’analyse du raisonnement ; notes pertinentes et alertes sur le sens des mots et sur les rapprochements avec Platon et Aristote notamment. Pas plus que dans son travail publié sur VAncienne médecine, il ne s’agit d’une édition. Le texte de base est celui de Heiberg. Mais l’excellente connaissance que Festugière avait des éditions de Coray, Littré, Kuehlewein, Wilamowitz. Jones et Heiberg, ainsi que des ouvrages d’Edelstein et de Merz, fait qu’il lui arrive assez souvent de discuter de l’établissement du texte, comme du sens des mots. J ’ai réinséré, autant que faire se pouvait, les interprétations de Festugière dans l’histoire des interprétations et je n’ai pas hésité à citer in extenso les notes qui me paraissaient les plus suggestives ou les plus originales. J ’ai toujours pris soin d’attribuer expressément à Festugière ce que j ’ai jugé bon d’utiliser dans ses notes. Il faut attendre l’édition de H. Diller parue dans la même collection que celle de Heiberg (CMG I 1, 2, 1970) pour que l’ensemble de la tradition connue (tradition directe : V, Gadaldini, Lat. ; tradition indirecte : traduction arabe des lemmes de Galien, citations de Galien) figure dans l’apparat critique. Par ses travaux minutieux et pertinents sur la tradition manuscrite d’Airs, eaux, lieux
(sa thèse de 1932 et son article de 1958), par son étude de 1934 sur la structure et le contenu du traité, par sa traduction allemande de 1962, et par son excellente édition de 1970, Diller est l’érudit du xx® siècle qui a apporté la contribution la plus ample et la plus décisive à la connaissance de ce traité hippocratique. Pour en rester à son édition, elle présente une introduction en latin qui est un modèle de sobriété et de densité. On regrettera, toutefois, que la traduction arabe des lemmes de Galien (sigle Hun) soit présentée dans la partie sur la tradition directe (p, 9 sq.), alors qu’elle appartient manifestement à la tradition indirecte relevant de Galien (p. 11). Le texte grec muni d’une liste des Testimonia et d’un apparat critique (négatif), est accompagné d’une traduction alle mande et suivi d’un index verborum. Parmi les éditions donnant le texte et la traduction, on signalera enfin celle de D. Lipourlis donnant le texte grec et la traduction en grec moderne ; malgré l’absence d’apparat critique, il s’agit d’une véritable édition critique où les choix sont parfois différents de ceux de Diller, ces choix étant souvent justifiés dans des notes précises et utiles
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321. Ce manuscrit a été remis par le Père A.-J. Festugière lui-même à Fernand Robert lors de la réunion de fondation de l’édition d’Hippocrate dans la CUF en 1966 ; sur cette réunion, voir « Fernand Robert et la renaissance des études hippocratiques en France », par J. Jouanna dans BAGB, 1992, p. 122. Fernand Robert me l’a transmis en 1985. 322. A.-J. Festugière, Hippocrate. L ’Ancienne médecine, Paris, 194β.
323. Signalons que deux mots ont été accidentellement omis dans le texte grec de cette édition. Diller 28, 18 ( = c. 3, 4) : ajouter πάγκοινον après νόσημα. Diller 32, 2 ( = c. 4, 4) ; ajouter συχναΙ après φθίσιές τε γίνονται. 324. Δ. Αυπουρλής, 'Ιπποκρατική ιατρική, "Ορκος, Περί ιερής νούσου. Περί αέρων ύδάτων τόπων. Προγνωστικόν, Θεσσα λονίκη, 1983, ρ. 181-271. Voir aussi L. Untersteiner Candia, Ippocrate, D ell’Arie, Belle Acque, Dei Luoghi. Il Giuramento. L a legge, Firenze, 1957 ; W. Mûri, Der Arzt im Altertum, 3® éd., Munich, 1962, p. 74-77 (c. 1-2 et début de 3 : texte grec sans apparat critique et traduction) ; J. Alsina (avec la collaboration de E. Vintrô), Hipocrates, Tractats mèdics, II : De aere aquis locis, Prognosticum, De prisca medicina, Barcelone, 1976 (texte grec avec apparat critique sélectif, traduction en catalan, notes) ; A. Lami, Ippocrate, Testi di Medicina greca. Milan, 1983, p. 212-215 et p. 236-251 (texte grec partiel sans apparat critique, traduction italienne, notes) ; L. Bottin, Ippocrate, Arie Acque Luoghi, Venise, 1986 (texte grec sans apparat critique, traduction italienne, notes).
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AIRS, EAUX, LIEUX
NOTICE
Le traité a été l’objet, en outre, de très nombreuses traductions publiées sans texte grec ; certaines d’entre elles sont pourvues de notes et sont utiles pour l’interpréta___325 tion
tion arabe, les citations de Al-Ruhawi qui complètent les lemmes de Galien (trad. Levey). Enfin, pour les citations dans d’autres traités de Galien, la traduction arabe du Quod animi mores (trad. Biesterfeldt) et les variantes des manuscrits grecs anciens du Commentaire aux Aphoris mes. L’apparat critique, qui est positif, donne, en ce qui concerne la tradition directe, toutes les variantes du manuscrit V et du manuscrit P (pour le c. 24), même quand il s’agit de formes dialectales ; il mentionne aussi de façon systématique les variantes de Gadaldini, en faisant une distinction (qui n’a pas été faite dans les éditions précédentes) entre les trois sources dont on dispose. Quant à la traduction latine ancienne (Lat.), elle est mentionnée de manière aussi régulière que possible, sans toutefois que soient notées les fautes sans intérêt pour l’établissement du
E. P rincipes
de la présente édition
Par rapport à l’édition de Diller, la présente édition utilise plusieurs témoignages nouveaux : pour la tradition directe, le manuscrit P (c. 24) ; pour la tradition latine ancienne, le manuscrit de Glasgow qui comble une longue omission de la traduction latine ancienne, ainsi que la nouvelle traduction du manuscrit de Munich ; pour la traduction arabe des lemmes du Commentaire de Galien à notre traité, le manuscrit de l’Escurial (trad. MattockLyons) qui représente une famille plus conservatrice et le manuscrit du Caire (trad. Strohmaier), qui remonte à un état du texte encore antérieur ; pour les explications de Galien dans son Commentaire^ le même manuscrit du Caire (trad. Strohmaier) qui est beaucoup plus complet que la traduction hébraïque ; et plus généralement pour la tradi325. En français ; Dacier, Les œuvres d ’Hippocrate, t. II, 1697, p. 407-544 ; J. B. Gardeil, Traduction des œuvres médicales d ’Hippo crate, I, Toulouse, 1801, p. 133-168 ; Ch. Daremberg, Œuvres choisies d ’Hippocrate, 2® éd., Paris, 1855, p. 2%-389 ; R. Joly, Hippocrate. Médecine grecque, Paris, 1964 (extraits, p. 75-87) ; Hippocrate, Airs, eaux, lieux, Paris, Rivages, 1996, trad. P. Maréchaux. En allemand : R. Fuchs, Hippokrates. Sdmmtliche Werke, I, München, 1895, p. 376403 ; R. Kapferer-G. Sticker, Die Werke des Hippokrates, Stuttgart, 1933-1940, VI, p. 5 sqq. ; W. Capelle, Hippokrates, F ü n f auserlesene Schriften, Zürich, 1955 ; J. Kollesch und D. Nickel, Antike Heilkunst, Leipzig, 1979, p. 98-111 (c. 1-11). En anglais : F. Adams, The Genuine Works o f Hippocrates, London, 1849, p. 179-222 ; J. Chadwick-W. N. Mann, The Medical Works o f Hippocrates, (1ère éd. Oxford, 1950), réimprimé dans G. E. R. Lloyd [éd.], Hippocratic Writings, Harmondsworth, 1978, p. 148-169. En italien : M. Vegetti, Opéré di Ippocrate, 2® éd. Turin, 1976, p. 191-229. En espagnol : J. A. Lôpez-Férez y E. Garcia Novo, Tratados Hippocrdticos II, Sobre los aires, aguas y lugares..., Madrid, 1986, p. 9-88 (par J. A. LôpezFérez).
169
326. La question du dialecte est d’autant plus épineuse que la majeure partie du traité est donnée par un seul manuscrit qui n’est pas particulièrement conservateur ; les atticismes inacceptables (exemple : γίγνεσθαι passim) côtoient des réfections systématiques tout aussi inacceptables (exemple : finales des thèmes en -i de la troisième déclinaison au génitif -ηος au lieu de -ιος passim ; on a vu que ces finales en -ηος ont été systématiquement corrigées par le correcteur de Ho préparant l’Aldine). Le manuscrit P, qui fournit un point de comparaison pour le dernier chapitre, encourage à corriger les atticismes de V (c. 24, 2 οΙκέουσι P Gad. (B) : οίκοϋσι V ; c. 24, 6 τησι P Gai. (cit.) : ταΐς V ; ήθεα P Gad. (B) Gai. (cit.) : ήθη V ; αύθάδεάς P Gad. (B) Gai. (cit.) : αύθάδεις V ; c. 24, 9 δασεας P Gai. (cit.) : δασείς V ; ήθεα P Gai. (cit.) : ήθη V ; έόντα P : οντα V). Entre une fidélité absurde au dialecte du manuscrit et une correction systéma tique d’après le dialecte des inscriptions, il est difficile pour l’éditeur de trouver un juste milieu ; car si l’ionien littéraire est artificiel, il est impossible de savoir dans quelle mesure il l’est. La notation de toutes les variantes dialectales dans l’apparat critique permet, en tout cas, au lecteur de connaître les faits et de juger les choix de l’éditeur. Cette précaution, qui était déjà celle de Littré (t. 1, p. VIII), devrait être celle de tous les éditeurs pour que les dialectologues puissent disposer de données sûres comme base de réflexion. Sur le dialecte d’airs, eaux, lieux, voir la monographie de A. Rüst, Monographie der Sprache des hippokratischen Traktates Π ΕΡΙ ΑΕΡΩΝ ΤΔΑΤΩΝ ΤΟΠΩΝ, Diss. Freibourg (Suisse), 1952.
170
AIRS, EAUX, LIEUX
texte grec ; il en est de même pour la nouvelle traduction latine (Lat. 2). Pour la tradition indirecte, la traduction arabe des lemmes de Galien (Gai. [Ar.]) est mentionnée suivant les mêmes principes que la traduction latine. La présente édition citera le témoignage des lemmes du Commentaire de Galien à partir de la traduction anglaise de J. N. Mattock et M. G. Lyons, et ajoutera éventuelle ment le témoignage du manuscrit du Caire (Gai. [Ar. E]) d’après la traduction allemande de Strohmaier. Les indica tions nécessaires au texte et à son interprétation puisées dans les explications de Galien données par le manuscrit du Caire (Gai. [Ar. comm.]) sont citées d’après la traduction allemande de Strohmaier. Dans les notes de la présente édition, les explications de Galien sont citées avec la numérotation des parties, des sections, et des lemmes (exemple : I, 7, 5 Strohmaier, c’est-à-dire explications de Galien au livre I, section sept, lemme 5, trad. Strohmaier). D’autres témoignages apparaissent de manière épisodi que dans l’apparat critique, les citations grecques de Galien ou les citations arabes de Al-Ruhawi. Enfin, quand la leçon adoptée ne se trouve dans aucun des témoins manuscrits grecs, on a recherché dans la mesure du possible l’éditeur le plus ancien qui l’avait proposée, même dans le cas d’une simple variante dialectale. La vulgate imprimée a son histoire, comme la tradition manuscrite. Et cette histoire est particulièrement importante, quand la tradition manus crite grecque n’est pas très riche. La rédaction d’un apparat critique où la tradition grecque est relativement pauvre, mais où les témoignages latins ou arabes sont si riches est particulièrement délicate. On s’est efforcé de présenter les faits sans les déformer par une reconstruction abusive du modèle grec des traductions, mais en suggérant le lien entre les leçons grecques et les leçons des traductions (toujours notées en italique), dans les cas où ce lien est évident ou probable, par le signe cf. ( = « comparez ») précédant la leçon de la traduction. Ce signe cf. peut apparaître soit dans la première partie du lemme (texte adopté) soit dans la seconde partie du lemme
NOTICE
171
(leçons autres que la leçon adoptée). En voici un exemple où le signe cf. se trouve dans les deux parties du lemme : c. 4, 1 θερμών prop. Coray e calidis Corn. (Lat.) cf. calidorum Lat. cf. hot Gai. (Ar.) : θερινών V ( < GEPMCON) cf. estivis Lat. 2. On lira et on interprétera le lemme de la façon suivante : la leçon θερμών, adoptée dans le texte, est une conjecture proposée par Coray (1800) d’après la leçon de la traduction latine de Cornarius (1546) ; cette conjecture est confirmée par la traduction latine ancienne {calidorum correspond à un modèle grec θερμών) et par la traduction arabe des lemmes de Galien {hot correspond aussi à un modèle grec θερμών). En revanche la leçon θερινών donnée par le manuscrit V, qui résulte d’une mélecture d’onciale de θερμών, se trouvait aussi dans le modèle grec de la traduction latine du manuscrit de Munich {estivis est la traduction de θερινών). Les notes justifient aussi précisément que possible les choix entre les variantes en utilisant toutes les ressources fournies par l’histoire du texte et par la critique verbale. Elles s’efforcent également de resituer les problèmes d’interprétation dans leur perspective historique, en tenant compte des différentes époques où les différents témoigna ges ont été connus depuis la Renaissance jusqu’à nos jours. La prise en compte de cette dimension historique est particulièrement indispensable dans le cas d’Airs, eaux, lieux. Nul traité hippocratique n’a connu des progrès aussi réguliers et aussi éclatants dans l’édition, par la découverte de nouveaux témoignages ou par l’utilisation de plus en plus scientifique des témoignages connus.
Au terme d’une assez longue entreprise, mes remercie ments s’adressent à tous ceux qui ont permis la réalisation d’une édition qui a pu tenir compte de tous les témoigna ges actuellement connus, même quand ils ne sont pas
172
AIRS, EAUX, LIEUX
encore publiés. Ma reconnaissance va donc tout particuliè rement à ceux qui m’ont généreusement communiqué, alors que l’édition était pratiquement terminée, les nou veaux témoignages encore inédits : c’est à la générosité amicale de G. Strohmaier que je dois d’avoir pu utiliser la version intégrale du Commentaire de Galien qu’il doit publier dans le Supplément oriental du CMG ; c’est grâce à notre collègue et ami K.-D. Fischer que j’ai eu connais sance du nouveau témoignage sur la traduction latine ancienne, le manuscrit de Glasgow et de la partie de son texte qui comble la lacune, avant sa publication dans Latomus ; c’est grâce à Hermann Grensemann que je connais la nouvelle traduction latine conservée par le manuscrit de Munich : j ’ai eu en main un exemplaire dactylographié de son édition princeps de cette nouvelle traduction qui doit paraître prochainement. Mes réviseurs, Anargyros Anastassiou et Amneris Roselli, ont accompli avec célérité, dévouement et désintéres sement une tâche ingrate mais très efficace. Je voudrais rendre tout particulièrement hommage à la fidélité d’Anas tassiou qui a révisé toutes mes éditions d’Hippocrate parues dans la CUF avec une très haute compétence et une conscience exemplaire. Ma dette à son égard est fort grande. Jean Irigoin a bien voulu relire, avec sa perspica cité habituelle, la partie sur les manuscrits. Mirko Grmek a relu l’ensemble avec le regard de l’historien de la médecine. Didier Marcotte a également relu l’ensemble, en s’intéressant surtout à la géographie. Mes remerciements vont aussi à tous les auditeurs du séminaire hippocratique de la Sorbonne qui, par leur participation fidèle et leur compétence, ont aidé à faire progresser l’édition dans un climat de chaleur amicale et d’enthousiasme philologique, malgré le caractère technique des discussions. Véronique Boudon a traduit en français les passages de la traduction arabe de Al-Ja’qubi concernant notre traité. Caroline Magdelaine a collationné les manuscrits grecs anciens des citations du traité faites par Galien dans son Commentaire aux Aphorismes et elle a relu l’ensemble du présent travail.
NOTICE
173
L’édition a donc mûri dans un lieu et dans un climat favorables ! Pour terminer, il me reste à rendre hommage à la mémoire du Révérend Père Festugière et de mon maître Fernand Robert. Comme il a été dit dans l’histoire des éditions, le Père Festugière a réalisé sous forme manuscrite une traduction et un commentaire d’Airs, eaux, lieux qu’il avait légués à Fernand Robert. L ’intention de Fernand Robert était de mener à bien l’édition commencée par Festugière ; il avait consacré, à cet effet, en 1967-1968 le séminaire hippocratique de la Sorbonne à ce traité. Par la suite, il m’a confié la responsabilité de l’édition et remis le manuscrit du Père Festugière. Il est à espérer que le présent ouvrage continue à faire progresser la connaissance d’Airs, eaux, lieux sur la voie qui avait été tracée par ces illustres prédécesseurs.
174
AIRS, EAUX, LIEUX
C O N SPEC TV S SIGLORVM
I. CODICES I. De aeribus, locis et aquis liber. a. codices graeci. V V'
P vet. cod. in Gad. (J)
ω
Gad. (J)
H
C/l
Gad. (B)
Gad. (A)
Vaticanus gr. 276 ; s. X II. emendatio scribae ipsius. manus posterior. Parisinus gr. 2047 A ; s. X III. lectiones in margine quartae luntinae editionis Galeni (Pars secunda fol. 2-6, Venetiis, 1565) a Gadaldino excerptae et ueteri codici expresse attributae. lectiones in margine quartae luntinae editionis Galeni (Pars secunda fol. 2-6, Venetiis, 1565) a Gadaldino excerptae, sed non ueteri codici expresse attributae. lectiones manuscriptae collationis Gadaldini in margine Basiliensis editionis Ambros. S T VIII 9. lectiones manuscriptae collationis Gadaldini in margine Aldinae editionis Ambros. S Ç E VIII 14 (nunc deperditae).
Raro memorantur : Barb G
Vaticanus Barberinianus gr. 5 ; s. XV I (a. 1558). Parisinus gr. 2146 ; s. X V I (1® med.).
176
SIGLA
AIRS, EAUX, LIEUX Parisinus gr. 2255 {pars rec.) ; s. XV I (post 1538). Bodleianus Holkham. gr. 92 {olim 282) ; s. X V I (ante 1526). M onacensis gr. 71 ; s. XV (c. 1470-1480). M utinensis Est. gr. 220 (a. O. 4 8), s. X V I (ante 1526). Vaticanus P a l. gr. 192 ; s. XV (c. 1440-1450).
E ’’
Ho Mon Mut Pal
Gai. (Ar.)
b. translationes latinae. Lat.
translatio Latina antiqua in tri bus manuscriptis seruata. Parisinus lat. 7027 ; ix® siècle. Hunter. 96 ; ix® siècle. Ambrosianus G. 108 inf. ; ix® siècle.
Lat. (P) Lat. (H) Lat. (A) Lat. 2
M onacensis 23535 ; xii® siècle (fol. 115’··'').
c. citationes in translatione arabica. Ruhawi
=
Al-Ruhawi’s A dah al-Tabib, « Practical Ethics of the physician » (trad. Levey, Trans. Amer. Phil. Soc. 57, 1967).
=
translatio arabica verborum Hip pocratis a Galeno transcriptorum in suo commentario Hippo cratis libri De aeribus, aqu is et locis (trad. J. N. Mattock-M.C. Lyons, Hippocrates. On Endémie D iseases, Cambridge, 1969). A ya Sofy a 4838. Gai. (Ar. A) A ya Sofy a 3572. Gai. (Ar. B) A ya Sofy a 3632. Gai. (Ar. C) Scorialensis 857. Gai. (Ar. D) Cairensis Tal’at, tibb 550 (trad. Gai. (Ar. E) Strohmaier). translatio latina (ed. Diller, Gai. (Lat.) Überlieferung, p. 83-104) ; cf. Abu Bakr ar-Rasi, Opéra medica, Venetiis, 1497. Gai. (Hebr.) = translatio hebraica (ed. A. Wasserstein, Jérusalem , 1982) ; cf. translatio latina in nona operum Galeni editione luntina (1625).
— explicationes Galeni in commentario Galeni in librum Hippo cratis De aeribus, aqu is et locis : translatio arabica explicationum Galeni in suo commentario Hip pocratis libri De aeribus, aquis et locis : Cairensis T al’at, tibb 550 (trad. Strohmaier). translatio hebraica quarumdam explicationum Galeni in suo commentario Hippocratis libri De aeribus, aqu is et locis (trad. A. Wasserstein, Jérusalem , 1982) ; cf. translatio latina in nona operum Galeni editione luntina (1625).
Gai. (Ar. comm.)
IL Memoria secundaria. Gai. (Hebr. comm.
a. Erotianus. Erot.
=
Erotiani uocum Hippocratica· rum Collectio (ed. Nachmanson, Upsaliae, 1918).
b. Galenus. — verba Hippocratis ( = lemmata) in commentario Galeni in librum Hippocratis De aeribus, aquis et locis :
177
— citationes apud Galenum Gai. (cit.)
=
citatio libri De aeribus, locis et aquis a Galeno facta
178
SIGLA
AIRS, EAUX, LIEUX
Gai. (cit. Gai. (cit. Gai. (cit. Gai. (cit. Gai. (cit. Ar.)
— uel in Quod anim i mores (ed. Mueller, Scripta minora II, 1891) — uel in Comm. in Hippocratis Epidem ias VI (ed. WenkebachPfaff, CMG V, 10,2,2,1956^) — uel in Comm. in Hippocratis Aphorismos : Y) : Parisinus gr. 2266 ; s. X III M) : M arcianus gr. 278 ; s. X III S) : Scorialensis Φ III 7 (230) ; s. X III V) : V aticanusgr.2&3 is.X lU IX lY . =
citatio libri De aeribus, locis et aquis a Galeno facta in Quod anim i mores translatione arabica (trad. H. H. Biesterfeldt in Abhdl. fü r die K unde des Morgenlandes, 40, 4, Wiesbaden, 1973).
Aid.
Corn.
Corn. (Lat.)
Lalemant
Zwinger'"'^
— glossae Galeni : Gai. (Gloss.)
=
Galeni Linguarum seu dictionum exoletarum Hippocratis ex· p licatio (ed. Kühn X IX , 62-157).
Bald.
c. Locus in Anonymi De rabie (ed. H. Diels in Hermes, 53,
1918, p. 57-87). U*’
=
Vaticanus Urb. gr. 68 (ultima pars) ; s. XIV .
II. ED IT IO N ES V EL STV D IA Calv.
= M. F. Calvus , Hippocratis Coi ... octoginta volum ina..., Romae, 1525.
1. Les éditions et études sont rangées par ordre chronologique. Parmi les études ne sont signalées que celles qui touchent de près ou de loin à l’établissement du texte. Les autres études sont mentionnées soit dans la Notice, soit dans les notes, quand le besoin s’en fait sentir.
Foes ^ Mercurialis
Septalius
179
F. Asulanus, Omnia opéra H ip pocratis... in aedibus Aldi et Andreae Asulani soceri, Venetiis, 1526. I. CoRNARius, Hippocratis Coi De aere, aquis et locis libellus. Eiusdcm de fla tib u s Graece et Latine, Froben, Basileae, 1529 ; uel Id., Hippocratis Coi... opéra... om nia, Froben, Basi leae, 1538 ; uel Id., Ίττποχράτους Κώιου περί άέρων, ύ8άτων, τόπων. Περί φυσών, Parisiis, 1542. 1. CoRNARius, Hippocratis Coi ...libri omnes, Froben, Basileae, 1546. A. Lalemant, Hippocratis... de Aëre, A quis et Locis, Parisiis, 1557. Lectiones in margine apud Th. ZwiNGER, Hippocratis viginti duo commentarii..., Basileae, 1579 (p. 239-276). Baccii B aldinii In librum Hyppocratis De A quis, Aere et Locis Commentaria, Florentiae, 1586 (lectiones ueteris codicis patavini [ = Gadaldini codicis] in commentario passim seruatae). A. F oes, Oeconomia Hippocra tis, Francofurdi, 1588. H. Mercurialis, Hippocratis opéra que exstant..., Venetiis, 1588. L. S eptalii Mediolanensis In L i brum Hippocratis Coi de Aeri bus, A quis, Locis, Commentarii V. Appositus est Graecus Hippo cratis contextus, ope antiquorum Exemplarium restitutus et in multis locis emendatus, una cum
180
Foes^
Serv.
Martinus Portus J. Martin
Lind.
Mack
Heringa
Coray
Coray^
Littré
AIRS, EAUX, LIEUX nova eiusdem in Latinum uersione, Coloniae, 1590. A. F oes, M agn i Hippocratis... opéra omnia, Francofurti, 1595 (vol. 1, sect. III, p. 63-78 textus et recens latina interpretatio ; p. I33-14I adnotationes ; p. 153 et 158 variae lectiones). Lectiones e S ervini exemplari desumptae apud Foes^ (vol. 1, sect. III, p. 153). Lectiones I. Martini apud Foes^ (vol. 1, sect. III, p. 158). Lectiones P orti (sept. 1595) apud Foes^ (ed. 1624). I. Martinus, Praelectiones in librum Hippocratis... De aere, aquis et locis, Parisiis, 1656. J. A. Van der L inden, M agn i Hippocratis Coi opéra om nia..., vol. 1, Lugduni Batavorum, 1665. S. Mack, Hippocratis opéra om nia..., t. 1, Viennae Austriae, 1743, p. 310-338. A. Heringa, Observationum criticarum liber sin gularis, Leovardiae, 1749. A. Coray, ΙΗ Η Ο Κ Ρ Α Τ Ο Τ Σ Π Ε Ρ Ι ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ, Traité d ’Hippocrate Des airs, des eaux et des lieux..., Paris, 1800. a. ΚΟΡΑΗΣ, ΙΗ Η Ο Κ Ρ Α Τ Ο Τ Σ Π Ε Ρ Ι ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ, 8εύτερον έκ8οθεν μετά της Γχλλικης μετχφράσεως...Έν Παρισίοις, εκ τυπογραφίας Ι.Μ. Έβεράρτου, 1816. É. L ittré, Œuvres complètes d ’Hippocrate, t. 2, Paris, 1840, p. 1-93.
SIGLA Daremberg Ermerins
Cobet
Reinhold Gomperz Schneider
Kuehlewein
Wilamowitz (apud K.)
Jurk Wilamowitz
181
Ch. Daremberg, Hippocrate, 1“ ed., 1843, p. 173-221. F. Z. E rmerins, Hippocratis et aliorum medicorum veterum reliquiae, t. 1, Trajecti ad Rhenum, 1859. C. G. Cobet, « Miscellanea Philologica et Critica », Mnemosyne, 9, 1860, p. 68-86. C. H. Th. R einhold, Τπποκρχτης. KopiSÿj, t. 1, Athènes, 1865. Th. Gomperz, Wien. Sitzungsber. 103, 1883, p. 174. E. S chneider, Quaestionum Hippocratearum specimen. Diss. Bonn, 1885. H. K uehlewein, Hippocratis opéra quae feruntur omnia, vol. I. Lipsiae, 1894. emendationes Wil. in apparatu critico editionis Kuehle wein. J. J urk, Ram enta Hippocratea, Diss. Berolini, 1900.
U. von Wilamowitz-MoellenGriechisches Lesebuch, 1902 ; cf. etiam « Die hippokratische Schrift περί ίρής νούσου », 5. Ber. kônigl. Preuss. A kad., 1901, 1 (p. 16 sqq. ad π. x. û. D O RFF,
T .).
Schonack Gundermann
Jacoby
W. S chonack, Curae Hippocraticae. Diss. Berlin, 1908. G. Gundermann, Hippocratis De aere aquis locis mit der alten lateinischen Übersetzung, Bonn, 1911. F. J acoby, « Zu Hippokrates’ Π ΕΡΙ ΑΕΡΩ Ν, ΤΔΑ ΤΩ Ν , ΤΟΠΩΝ », Hermes, 46, 1911, p. 518-567.
182
AIRS, EAUX, LIEUX
Regenbogen Trüdinger
= 0. R egenbogen, Symbola Hip=
Brinckmann
=
Freudenmann
=
Jones
=
Merz
=
Heiberg
=
Frisk
=
Edelstein
=
Diller (Überlieferung)
Pohlenz
=
=
pocratea, Diss. Berolini, 1914. K . T rüdinger, Studien zur Geschichte der griechisch-rômischen Ethnographie, Diss. Basel 1918 (Anhang, p. 170-173). J. B rinckmann, Vetusta Hippocratici libri π. à. ύ. τ. inscripti versio L atin a a d codicum fidem recensita. Diss. Monac., 1922. K . F reudenmann, Beitrdge zur Überlieferungsgeschichte der hippokratischen A bhandlung περί αέρων ύ8ατων τόπων, Diss. Tübingen, 1922. W. H. S. J ones, Hippocrates, vol. 1, Cambridge (Mass.)/London, 1923 (p. 66-137). K. Merz, Forschungen über die A nfdnge der Ethnographie bei den Griechen, Diss. Zürich, 1923. I. L. Heiberg, Hippocratis opera, CMG, I 1, Lipsiae et Berolini, 1927. H. F r is k , « Ταλαίπωρον eller άταλαίπωρον ? »> Eranos, 29, 1931, p. 90 sq. L. E delstein, Π Ε Ρ Ι Α Ε ΡΩ Ν und die Sam m lung der hippo kratischen Schriften, Problemata IV, Berlin, 1931. H. D iller , Die Überlieferung der hippokratischen Schrift Π ΕΡΙ Α Ε ΡΩ Ν ΥΑΑΤΩΝ ΤΟΠΩΝ {Philologus, Suppl. 23, Heft 3), Leipzig, 1932. M. P ohlenz, « Hippokratesstudien », Nachrichten von der Gesellschaft der W issenschaften zu Gôttingen, Philol.-Hist. Kl. I, N F 2, 1937, p. 67-81.
SIGLA Nestle Lommer
183
W. Nestle, « Hippocratica », Hernies, 73, 1938, p. 1-38. = emendatio apud R. Kapferer,
=
Die Werke des Hippokrates, Festugière
Heinimann
Stuttgart, 1933-1940, vol. 6. A.-J. F estugiere, Des climats, des eaux et des lieux. Traduc tion française et notes, manus crit, s.d. ( = 1940-1950?). = F. Heinimann, Nomos und Phy-
=
sis. Herkunft und Bedeutung einer Antithèse im griechischen Denken des 5. Jahrhunderts, Ba Chadwick/Mann
=
sel, 1945 (Anhang, p. 170-209). J. Chadwick/W. N. Mann, The
Medical Works of Hippocrates, Oxford, 1950 (réimp. Hippocratic Writings, ed. with an intoLesky
Rüst
duction by G. E. R. L loyd, Penguin Books, 1983). = E. L esky , « Zur LithiasisBeschreibung in π. ά. ύ. τ. », Wien. Stud., 63,1948, p. 69 sqq. = A. R ü st , Monographie der Spra-
che des hippokratischen Traktates ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ ΤΔΑΤΩΝ ΤΟΠΩΝ, D iss. Freibourg (Suis Verdenius
Morrison
Diller (Festschrift Kapp)
Diller
se), 1952. W. J. Verdenius, « Notes on Hip pocrates Airs Waters Places », Mnemosyne, 8,1955, p. 14-18. = J. S. Morrison, «Airs, Waters, Places 16 », Classical Review, N.S. 6, 1956, p. 102 sq. = H. D iller , « Nochmals ; Über lieferung und Text der Schrift von der Umwelt », Festchrift E. Kapp, Hambourg, 1958, p. 31-49. = H. D iller , Hippocratis De aere aquis locis, CMG I 1, 2, Berlin, 1970.
=
184 Klingner Nickel Ullmann
Vasileiadis
Lipourlis
Index Hippocraticus
Fischer
Strohmaier
Grensemann
AIRS, EAUX, LIEUX emendatio apud Diller (p. 34). emendatio apud Diller (p. 24). M. Ullmann, « Galens Kommentar zu der Schrift De aere aquis locis » in R. Joly (éd.). Corpus Hippocraticum, Mons, 1977, p. 353-365. A. Π. Β α ς ι λ ε ι α δ η , « Γλωσσι κές παρατηρήσεις στο ιπποκρ ατικά Corpus. Οί ρηματικοί τύποι γίγν(εσθαι), γίν(εσθαι), γεν(έσθαι) στο Περί αέρων, ύ8άτων, τόπων », Ε Ε Thess. (p h ilos.), 17, 1978, p. 11-34. ' Δ. Α ΤΠ Ο ΤΡΑ Η Σ, Ίπποκραηκη ιατρική, "Ορκος, Περί ιερής νούσου, Περί αέρων ύδάτων τόπων, Προγνωστικόν, Θεσσαλο νίκη, 1983.
J. -H. K ühn/U. F leischer..., K. Alpers, a . Anastassiou, D. IrMER, V. S chmidt, Index Hippo craticus, Gottingae, 1986-1989. K. -D. F ischer, « Ein neuer Textzeuge der altlateinischen Übersetzung der hippokratischen Schrift Über die Umwelt », Latomus, 54, 1995, p. 51-57. Commentarium in Hippocratis De aere, locis, aquis in linguam germanicam vertit G. S troh maier (nondum editum ; mox CMG Suppl. Orientale). H. Grensemann, « Ein Fragment einer bislang unbekannten lateinischen Übersetzung von Hippokrates De Aeribus im Codex latinus Monacensis 23535 (12. Jh.) fol. 115'^·''» (nondum edi tum).
AIRS, EAUX, LIEUX
AIRS, EAUX, LIEUX ^ I. 1 Qui veut chercher à appréhender correctement la médecine ^ doit faire ce qui suit ; d’abord considérer, à propos des saisons de l’année, les effets que chacune d’elle est capable de produire ^ ; car elles ne se ressemblent nullement entre elles, mais diffèrent beaucoup, aussi bien de l’une à l’autre que dans leurs changements ; 2 ensuite les vents chauds et froids, surtout ceux qui sont communs à tous les hommes, ensuite aussi ceux qui sont particuliers
1. Voir notes complémentaires, p. 251. De manière plus générale, on se reportera à la section des notes complémentaires pour les appels de notes qui ne correspondent pas à une note en bas de page. 2. L ’auteur indique l’objet de son traité dès le premier mot du texte (Ιητρικήν) : c’est en fait un περί Ιητρικής, un traité sur la médecine. Le prologue définit très clairement le public auquel l’ouvrage est destiné. Alors que certains ouvrages hippocratiques (par exemple VAncienne médecine) s’adressent à la fois aux spécialistes et aux profanes, celui-ci s’adresse uniquement aux médecins, et plus parti culièrement à une catégorie de médecins, les médecins itinérants qui faisaient des séjours plus ou moins prolongés dans diverses cités pour enrichir leurs connaissances en médecine (cf. le verbe ζητεΐν) et exercer leur métier. L’exemple le plus célèbre avant les médecins hippocratiques, connus surtout par les Épidémies, est Démocédès de Crotone (Hérodote III, 131). Lorsqu’ils arrivaient dans une cité qu’ils ne connaissaient pas (c. 1, 3 et c. 2, 1), ils devaient s’imposer d’emblée. L’ouvrage leur est tout spécialement destiné. La brève phrase d’introduction, comprenant une proposition rela tive indiquant le sujet du traité et une proposition principale annonçant les points à examiner, trouve un parallèle frappant au début de M aladies I, c. 1, Littré VI, 140, 1-3 = Wittern 2, 3-5 ("ϋ ς άν περί ίήσιος έθέλη έρωταν τε όρθώς καί έρωτώμενος άποκρίνεσθαι καί άντιλέγειν όρθώς, ένθυμεϊσθαι χρή τάδε · πρώτον μέν, κτλ.).
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΥΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
I . 1 Ί η τ ρ ικ ή ν δ σ τ ις β ο ύ λ € τ α ι όρθώ ς ζ η τ ε ΐν , τ ά δ ε χ ρ ή
Littré
π ο ΐ€ Ϊν ' π ρ ώ το ν μ έν ένθ υ μ € Ϊσ θ α ι τ ά $ ώ ρας το υ ctcos , δ τ ι
II, 12
δ υ να τα ι
α π Ε ρ γάξΕ σ θ αι
ά λ λ ή λ η σ ιν έω υτέω ν
ο ύ δ έν,
και
έν
έκ α σ τη *
αλλά τη σ ι
π ολύ
ου
γάρ
δ ια φ έ ρ ο υ σ ιν
μ € τ α ζ ο λ η σ ιν '
έ ο ίκ α σ ιν α ύ τα ί
2 Ιπ Ε ίτ α
δέ
τ€ τα
π ν Ε ΐίμ α τα τ α θ€ρμά τ€ κ α ί τ α ψ υ χ ρ ά , μ ά λ ισ τ α μ έν τ ά κ ο ιν ά π ά σ ιν ά ν θ ρ ώ π ο ισ ιν , Ιπ Ε ίτα δέ κ α ι τ ά έν έ κ ά σ τ η
Test. Tit. Gai. De propriis libris (ed. Mueller, Scrip. min. II, 112, 25 sq .; 113, 11 sq .); Gai. In Hippocratis Aer. (I, 1 Strohmaier). 1 Ίητρικήν — 187, 3 διαφέρει] Al-Ruhawi, Adab Al-Tabib 33b (ed. Levey 38).
Ante titulum add. Θ V*"* || Tit. : περί αέρων, ύδάτων, τόπων V : περί άέρων, τόπων, ύδάτων Index in V cf. De aeribus, locis et de aquis Lat. περί τόπων, άέρων, ύδάτων subscriptio in V Gai. (Test.) περί άέρων, τόπων, ύδάτων, καιρών, άνέμων, άστέρων Gad. (JB) περί τόπων καί ωρών Erot. (ed. Nachmanson 9, 11) περί ωρών καί τόπων Erot. (ed. Nachmanson 65, 12) περί οικήσεων καί ύδάτων καί ωρών voluerit Gai. (Test.) alios alia scripsisse dixit Gai. (Ar. comm.) (vide Ullmann, p. 362-364) 1| 1 όρθώς ζητεΐν V ; ζητεΐν όρθώς Gad. (B) H ποιεΐν Kuehlewein : ποιέειν V || 2 ένθυμεϊσθαι Kuehlewein : -μέεσθαι V II 3 δύναται V cf. valent Lat. 2 : valeant Lat. || άπεργάζεσθαι V : -άζειν Gad. (B) || έκάστη V cf. unumquidque Lat. 2 : om. Lat. Gai. (Ar.) Il 4 άλλήλησιν Nickel : άλλήλοισιν Gad. (B) άλλήλοις Bald. cf. sibi Lat. cf. adinvicem Lat. 2 cf. from one another Gai. (Ar.) om. V || οΰδέν Coray : ούθέν V || αύταί Coray (αύταί Lind.) : αύται V || 5 ante έωυτέων add. έφ’ Gad. (B) || έωυτέων Gad. (B) ; έωυτών V || έπειτα — 187, 1 έόντα om. Gai. (Ar.) sed hab. Ruhawi || 6 τά (pr.) del. Gad. (B) Il 7 άνθρώποισιν V cf. hominibus Lat. 2 : om. Lat. || τά Gad. (B) : om. V.
187
AIRS, EAUX LIEUX
1.2
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΥΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
187
à chaque contrée Il doit en outre considérer les proprié tés des eaux ; car de même que les eaux diffèrent en saveur et en poids, de même leur propriété diffère beaucoup de l’une à l’autre 3 Ainsi, lorsqu’un médecin arrive dans une cité dont il n’a pas l’expérience il doit en examiner avec soin la position, la façon dont elle est située par rapport aux vents et par rapport aux levers du soleil ; car la cité n’a pas les mêmes propriétés selon qu’elle est située face au borée ou face au notos, ni selon qu’elle est située face au soleil levant ou face au soleil couchant. 4 Voilà ce qu’il doit ^ considérer du mieux possible ; et de même à propos des eaux, comment elles se présentent et en particulier*^ si les habitants usent d’eaux marécageuses et molles ou d’eaux dures issues de lieux élevés et de lieux rocheux, ou d’eaux salées et crues 5 Puis (il doit considérer) le sol, s’il est dénudé et sans eau ou s’il est
χώρτ) έπιχώρια έόντα. Aeî 8c καί των ύδάτων ένθυμ€Ϊ€7θαι τάς δυνάμιας ‘ ώσιτβρ γάρ cv τφ στόματι διαφέρουσι καί έν τω σταθμω, οΰτω καί ή δύναμις διαψέρ€ΐ πολύ έκαστου. 3 Ώστ€ έ$ πάλιν έπ€ΐδάν άφίκηταί τις ής 5 άπειρός έστι, διαφροντίσαι χρή τήν θέσιν αυτής, δκως κεΐται καί προς τά πνεύματα καί προς τάς άνατολάς τοΰ ήλιου ' ού γάρ τωυτά δύναται ήτις προς βορέην κεΐται καί ήτις προς νότον, ούδ’ ήτις πρός ήλιον άνίσχοντα ούδ’ ήτις πρός δύνοντα. 4 Ταΰτα δέ χρή ενθυμεΐσθαι ώς 10 κάλλιστα, καί των ύδάτων πέρι ώς εχουσι, καί πότερον έλώδεσι χρέονται καί μαλακοΐσιν ή σκληροΐσί τε καί εκ μετεώρων καί εκ πετρωδέων είτε άλυκοΐσί τε καί άτεράμνοισι. 5 Καί τήν γήν, πότερον ψιλή τε καί άνυδρος ή
4. L’omission de χρή dans V recc. et dans les éditions avant la connaissance de Gad. (B) fait de ένΟυμεϊσθαι un infinitif d’ordre. Toutefois l’infinitif d’ordre est rare dans le traité ; un seul exemple est sûr en c. 24, 10 ένΟυμεΐσθαι. La nouvelle traduction latine (Lat. 2) qui a convertit confirme l’existence d’un verbe d’obligation et va dans le même sens que la traduction latine ancienne (oportet). A la place de χρή, Heiberg propose δεϊ dont l’omission s’explique mieux d’un point de vue paléographique (haplographie de 8è δει en δέ). 5. Pour le sujet de εχουσι, on peut hésiter entre « les eaux » (Littré-Daremberg-Diller) ou « les habitants » (Jones-Festugière). Bien que le sujet de χρέονται qui vient après soit sans ambiguïté possible « les habitants », il ne s’ensuit pas que le sujet de Ιχουσι soit le même. L’emploi proleptique de των ύδάτων πέρι devant l’interrogative indirecte ώς έχουηι est comparable, mutatis mutandis, à l’emploi proleptique de τάς ώρας τοϋ ετεος devant ο τι δύναται... έκαστη (c. 1, 1). Pour le pluriel εχουσι, malgré un sujet au pluriel neutre, comparer c. 1, 2 διαφέρουσι dont le sujet est υδατα et non δυνάμιες. 6. La suppression de καί devant πότερον opérée par Kuehlewein et Diller se justifierait si sa présence (confirmée maintenant par Lat. 2) était totalement impossible. Mais Verdenius, p. 14, donne à καί le sens de « et en particulier » ; il compare c. 7, 13 δι’ άπειρίην και οτι (mais le texte n’est pas sûr) et c. 12, 1 ές τα πάντα, καΐ περί των έθνέων τής μορφής. Οη pourrait donner aussi le sens de « c’est-à-dire » (καί explicatif).
T est. 4 ές πόλιν — 9 δύνοντα] Al-Ruhawi, Adab Al-Tabib 44a (ed. Levey 44). 4 sq. ές πόλιν... ής άπειρός έστι] cf. Rufus d’Èphèse, Quaest. med. 72 (ed. Gartner 15, 25). 12 sq. άτεράμνοισι] cf. Erot. s.v. άτεράμνοις (A 38 ed. Nachmanson 16, 13 = supra, p. 123). 13-188, 2 ] Al-Ruhawi, Adab Al-Tahib 44a (ed. Levey 45).
1 έπιχώρια Ho : έπιχώρι’ V !| ένθυμεισθαι Kuehlewein : -μέεσθαι V Il 2 δυνάμιας Aid. : δυνάμηας V || ώσπερ V : πώς Gad. (B) || 3 οΰτω Aid. : ούτως V || .5 αυτής Ermerins : αύτέης V || 6 κεΐται Kuehle wein : κέεται V || 7 κεΐται Kuehlewein : κέεται V || 9 χρή Gad. (B) cf. oportet Lat. cf. convenu Lat. 2 cf. should Gai. (Ar.) : om. V δει Heiberg || ένθυμεισθαι Kuehlewein : -μέεσθαι V || 9 sq. ώς κάλλιστα V : ώς μάλιστα Gad. (B) plenissime Lat. ut valde meliora Lat. 2 very deeply Gai. (Ar.) || 10 καΐ (ait.) V cf. et Lat. 2 sed et Lat. : del. Kuehlewein || πότερον Aid. cf. utrum Lat. Lat. 2 : πρότερον V || 11 μαλακοΐσιν V : μαλθακοΐσιν Gad. (B) |j 12 έκ V cf. de Lat. 2 : del. Gad. (B) om. Lat. Gai. (Ar.) || τε Gad. (B) ; om.V || ait. και V ; sive l^t. Lat. 2 II άτεράμνοισι V : σκληροΐς καί άμεταβλήτοις καί δυσεψήτοις Gad. (Β).
188
AIRS, EAUX, LIEUX
couvert de végétation et plein d’eau, s’il est enfoncé et étouffant ou s’il est élevé et froid Puis (il doit considérer) le régime des habitants, quel est celui qui leur plaît, s’ils aiment la boisson, prennent un repas à midi et sont inactifs, ou s’ils aiment l’exercice et l’effort, sont gros mangeurs et petits buveurs II. 1 C’est à partir de ces données qu’il faut considérer chaque cas. Car si un médecin connaissait bien ces données, de préférence dans leur totalité, ou à défaut dans leur majorité, il ne saurait méconnaître, à son arrivée dans une cité dont il n’a pas l’expérience, ni les maladies locales ni ce qu’est l’état naturel des cavités (internes) en sorte qu’il ne serait pas démuni pour le traitement des maladies ni ne connaîtrait l’échec ; toutes mésaventures qui nor malement se produisent si l’on n’a pas la connaissance préalable de ces données pour réfléchir par avance sur chaque cas 2 A mesure que la période et l’année
4. Sur le sens de άπορεΤσθαι et de διαμαρτάνειν, voir P. Brain, « The Hippocratic physician and his drugs : a reinterpretation of ΑΠΟΡΕΙΣΘΑΙ and ΔΙΑΜΑΡΤΑΝΕΙΝ in chapter 2 of ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ », CL·ssical Philology, 77,1982, ρ. 4851. Critiquant les traductions traditionnelles trop abstraites (cf. en français Coray « il ne sera ni embarrassé dans leur traitement, ni exposé aux erreurs »), Brain propose à juste titre de partir du sens premier et concret de « être sans moyens, être démuni » ; il rapproche de Bienséance, c. 11, Littré IX, 238, 15 ( = Heiberg 28, 19). Le médecin ne sera pas pris au dépourvu, car il aura prévu les médicaments nécessaires pour soigner quand il se rendra auprès des malades. Quant à διαμαρτάνειν, on peut lui donner avec Brain le sens de « manquer le but », « échouer complètement ». Διαμαρτάνειν est l’opposé de τυγχάνειν (cf. Platon, Théétète 178 a) ; comparer μηδε διαμαρτάνειν et c. 2, 2 τυγχάνοι τής ΰγιείης. Ayant prévu les médicaments nécessaires, le médecin en visite ne connaîtra pas l’échec.
1.5
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
188
Saoeîa καί Ιψυδρο$ καί cÎtc cv κοίλω eari και πνιγηρή ciTC μ€τέωρο9 καί ψυχρή. Καί τήν δίαιταν των ανθρώπων όκοίη ήδονται, πότ€ρον ψιλοπόται καί άριστηται καί άταλαίπωροι ή ψιλογυμνασταί τ€ καί φιλόπονοι καί 3 Ιδωδοί καί αποτοι. || 14 II. 1 Καί από τούτων χρή ένθυμ€Ϊσθαι Ικαστα. Εί γάρ ταύτα είδ€ίη τι$ καλώς, μάλιστα μεν πάντα, εί δε μή, τά γε πλεΐστα, ούκ άν αυτόν λανθάνοι ες πόλιν άφικνεόμενον ής άν άπειρος ή ούτε νοσήματα επιχώρια ούτε των 10 κοιλιών ή φύσις όκοίη τίς έστιν, ώστε μή άπορείσθαι έν τή θεραπείη τών νούσων μηδέ διαμαρτάνειν * ά είκός εστι γίνεσθαι, ήν μή τις ταύτα πρότερον είδώς προφροντίση περί έκάστου. 2 Τοΰ δε χρόνου προϊόντος καί του ένιT est. 1 sq. èv κοίλω — μετέωρος] cf. Gai. Qiwd optimus medicus sit quoque philosophas, c. 3 (ed. Mueller, Script, min. II, 5, 19 sq.). 13 Toü — 189, 2 χειμώνος] Ps.-Gal. Comm. Hippocratis Epid. I (CMG V, 10, 1, p. 9, 6-8). 1 έν κοίλω V : έγκοίλια Gad. (B) in concavo constituta Lat. έν κοίλω κειμένη(ν) Gai. (Test.) έγκοιλος Kuehlewein fort. rect. cf. concava Lat. 2 sunken Gai. (Ar.) 1| 3 άριστηται V : άρίστητοι coniecerim || 5 και άττοτοι V : om. Lat. Lat. 2 Gai. (Ar.) 1| 6 τούτων Ermerins : -τέων V || ένθυμεΐσθαι Kuehlewein : -μέεσΟαι V H7 καλώς V cf. bene Lat. 2 ; singula Lat. om. Gai. (Ar.) || 8 γε Corn. : τε V quidem Lat. 2 om. Lat. γε transp. post πλειστα Cad. (B) || 10 κοιλιών vet. cod. in Gad. (J) Gad. (B) cf. ventrium Lat. 2 cf. o f the bellies o f lhe people’s bodies Gai. (Ar.) cf. der Baüche der Kôrper Gai. (Ar. comm.) : κοινών V cf. communes Lat. || μή V cf. non Lat. Lat. 2 Gai. (Ar.) ; del. Gad. (B) 1| άπορείσθαι Kuehlewein : -ρέεσθαι V 1| 12 γίνεσθαι Kuehlewein ; γίγνεσθαι V || πρότερον V : πότερον Gad. (B) Il προφροντίση Heringa cf. precogitaverit Lat. 2 : πρόφροντις ή V (προ)φροντησα Gad. (B) consideret Lat. || 13 περί έκάστου · τοΰ δέ χρόνου Gad. (B) cf. de unoquoque. Tempore quidem Lat. 2 cf. about his case. When some time Gai. (Ar.) : περί έκάστου δέ χρόνου V per unumquodque tempus {tempore Kuehlewein) Lat. |1 προϊόντος in mg dextra Gad. (B) Gai (cit.) cf. procedente Lat. 2 cf. has passed Gai. (Ar.) : προσιόντος V cf. adveniente Lat. περιόντος in mg dextra Gad. (B) 1! ante τοΰ (ait.) add. περί Jacoby || 13-189, 1 ένιαυτοΰ V Gai. (cit.) cf. year Gai. (Ar.) ; ut de inminenti anno Lat. (P) inminentia Lat. (A) et de iminencia anni Lat. (H) unde τοΰ ένιαυτοΰ Heiberg {Hermes, 39, 1904, 138, n. 1) ένιαυτοΰ Diller sed tolo anno Lat. 2.
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AIRS, EAUX LIEUX
s’avanceront, il pourra dire à la fois quelles sont les maladies générales qui doivent s’emparer de la cité soit en été soit en hiver, et quelles sont les maladies particulières qui risquent de se produire chez chaque individu à la suite d’un changement de régime Connaissant en effet, à propos des changements des saisons ainsi que du lever et du coucher des astres, la manière dont chacun de ces phénomènes se produit, il pourra connaître à l’avance quelle doit être la constitution (sanitaire) de l’année^. En enquêtant suivant cette méthode ^ et en prévoyant les moments décisifs il pourra connaître au mieux chaque cas, obtenir le plus souvent le retour à la santé, et remporter des succès non négligeables ®dans l’exercice de l’art. 3 Si quelqu’un considère qu’il s’agit là de discours sur les choses d’en haut dût-il ne pas changer d’avis il apprendra (néanmoins) que, loin d’être négligeable, la contribution de l’astronomie à la médecine est très impor tante ; car, en même temps que les saisons, l’état des cavités ® change chez les hommes. III. 1 Comment faut-il examiner chacun des points énoncés précédemment et en faire l’épreuve ? C’est ce que je vais expliquer précisément. Dans la cité qui est située
2. Annonce du développement sur les saisons et les astres aux c. 10 et 11 où l’on retrouve des expressions analogues ; comparer c. 2, 2 το έτος όκοΐόν τι, μέλλει γίνεσθαι et c. 10, 1 όκοΐόν τι μέλλει έσεσθαι το έτος, είτε νοσερον είτε ΰγιηρόν ; comparer c. 2, 2 των άστρων έπιτολάς τε κα'ι δύσιας et c. 10, 2 έπ'ι τοϊσιν άστροισι δύνουσί τε κα'ι έπιτέλλουσιν ; cf. aussi c. 11, 2 των άστρων τάς έπιτολάς φυλάσσεσΟαι... και... δύσιν. 3. Pour la leçon de V έρευνώμενος, adoptée par les éditions jusqu’à la fin du xix' s., comparer c. 1, 1 ζητεϊν et voir Art, c. 11, Littré VI, 18, 18 ( = Jouanna 237, 9) των έρευνησόντων. La leçon de Gad. (B) έννοούμενος, qui a fait son entrée dans le texte à partir de Kuehlewein, semble correspondre à Lat. {intellegens) et Lat. 2 {animadvertens) ; mais n’est-ce pas une lectio facilior par rapport à έρευνώμενος ? La présence de έννοεύμενος en c. 11, 1 n’est pas une raison suffisante pour préférer ici la leçon de Gad. (B) avec certaines éditions modernes (Kuehlewein, Jones, Diller et Lipourlis).
II.2
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΓΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
189
αυτού λέγοε αν όκόσα τ€ νοσήματα μ έ λ λ » ττάγκοινα την ιτόλιν κατασχήσ€ΐν ή θέρ€ος ή χ€ΐμώνο5 όσα Τ€ ϊδια έκάστω k Îv S uv o s γίν€σθαι ck μεταζολή$ τ η $ διαίτη$. Εΐδώ9 γάρ των ώρεων τά$ μεταζολάς καί τών άστρων 5 έπιτολάς τε και δύσιας κατότι έκαστον τούτων γίνεται προειδείη άν το έτος όκοΐόν τι μέλλει γίνεσθαι. Ούτως αν τις έρευνώμενος καί προγινώσκων τους καιρούς μάλιστ’ αν είδείη περί έκαστου καί τα πλεΐστα τυγχόνοι της ύγιείης καί κατ’ όρθόν ψέροιτο ούκ έλάχιστα έν τή τέχνη. 10 3 Εί δέ δοκέοι τις ταύτα μετεωρολόγα είναι, εί ^μή) μετασταίη τής γνώμης, μάθοι άν οτι ουκ έλάχιστον μέρος συμβάλλεται άστρονομίη ές Ιητρικήν, άλλα πάνυ πλεΐστον * άμα γάρ τήσιν ώρησι καί αί κοιλίαι μεταζάλλουσι τοϊσιν άνθρώποισιν. 15 III. 1 "Οκως δέ χρή έκαστα τών προειρημένων σκοπεΐν καί βασανίζειν, έγώ ψράσω σαψέως. "Ητις μέν πόλις πρός T est. 11 sq. ούκ έλάχιστον — ιητρικήν] cf. Gai. Quod optimus medicus sit quoque philosophus, c. 1 (ed. Mueller, Scrip. min. Il, 1, 7 sq.). 3 γίνεσθαι Kuehlewein : γίγνεσθαι V || 5 ante έπιτολάς add. τάς Wilamowitz (apud K.) |1 δύσιας Com. : δύσηας V || κατότι Heiberg cf. et que Lat. ( = καί δτι is Kuehlewein) Lat. (P) sed malingis (lege malignis) Lat. (H) || post έπειτα add. vero Lat. 2 ( = δέ) || post χαλεπώς add. this happens hecause o f the coldness o f the water Gai. (Ar.) sed non hab. Lat. Lat. 2 11 5 τιτρώσκουσί V cf. abortiunt Lat. 2 cf. abort Gai. (Ar.) : nutriunt Lat. || τέκωσι V cf. generaverint Lat. cf. give o, -th Gai. (Ar.) : nutriunt Lat. 2 H 6 άδύνατοι V : άδύνατα Gad. (B) || 7 τής σκληρότατος καί άτεραμνίης V cf. duritio et difficultate Lat. cf. duritia et fortitudine Lat. 2 : the coldness and hardness Gai. (Ar.) |i post άτεραμνίης add. ήγουν άμαλάκτου Gad. (B) |1 φθίσιές Aid. ; φΟίσηές V || 8 τοκετών V : τόκων Gad. (B) || 9 τοΐσί Lind. : τοϊς V |1 9 sq. (παιδ)ίοισιν ΰδρωπες έγγίνονται έν τοισιν ορχεσιν del. Gad. (B) Ü ΰδρωπες V cf. hydropis Lat. (P) cf. hidropes Lat. 2 ; idroceles Lat. (H) Il 10 έως V : τέως ήν Gad. (B) έως Diller || 12 πνευμάτων del. sed post ψυχρών add. πνευμάτων τών οΰ κειμένων Gad. (B).
1%
AIRS, EAUX, LIEUX
sujet des vents chauds, des vents froids et de ces cités-là il en va comme il a été dit précédemment. V. 1 Quant aux cités qui sont situées face aux vents soufflant entre le lever estival du soleil et le lever hivernal et quant à celles qui ont une exposition contraire, voici ce qu’il en est à leur sujet 2 Celles qui sont situées face aux levers du soleil sont normalement plus salubres que celles qui sont orientées face aux Ourses ou que celles qui sont orientées face aux vents chauds, n’y eût-il qu’un stade de distance entre elles 3 D’abord, en effet, le chaud et le froid y sont plus modérés ; ensuite, il est nécessaire que les eaux qui sont exposées aux levers du soleil soient toutes limpides, de bonne odeur et molles, et que le brouillard n’existe pas dans une telle cité ; car le soleil y fait obstacle en brillant de tout son éclat dès son lever ; sans quoi, au 2. Après avoir exposé le couple de cités tournées vers le sud et vers le nord, l’auteur en vient au couple de cités tournées vers l’est et l’ouest. Pour les parallélismes et les oppositions à l’intérieur de ce second couple, voir Notice, p. 35 sq. 3. Le témoignage de Al-Ruhawi apporte dans la tradition arabe un élément nouveau par rapport aux lemmes de Galien. Il possède ήν καΙ στάδιον το μεταξύ ή omis par Gai. (Ar.), mais il rattache ce membre de phrase à ce qui suit, et non à ce qui précède, à la différence de la tradition directe (V Lat.). Galien, dans son Commentaire au traité, ne dit rien de cette précision sur la distance d’un stade quand il commente le passage. On pourrait donc croire qu’il ne lit pas cette précision dans son exemplaire d’Hippocrate ; mais une telle déduction faite par l’examen de ce seul passage est erronée, car dans son introduction au livre IV de son Commentaire à notre traité, Galien cite à nouveau la phrase ; et cette fois la mention de la distance d’un stade entre les deux cités est bien présente (trad. Strohmaier : « auch wenn sie nur einen Pfeilschuss weit voneinander entfernt sind ») ; et Galien commente longuement l’expression qui se rattache bien chez lui à ce qui précède, comme dans la tradition directe. La connaissance plus précise de la tradition arabe amène donc le texte de cette tradition à se rapprocher de plus en plus de notre tradition grecque ; voir déjà Notice, p. 143, n. 275. Le grec στάδιον à lui seul désigne « un stade » ; cf. Hérodote I, 181, 3 ; II, 138, 3 et 149, 3 ; l’addition de εν proposée par Diller est inutile, comme me le signale A. Anastassiou ; par ailleurs, Lat. 2 (stadium) confirme la leçon de V (στάδιον sans εν).
IV.5
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
1%
των ψυχρών καί των πόλ£ων τούτων ώδ€ εχει ώ$ προ€Ϊρηται. V. 1 Όκόσαι δε κέονται προς τα πνεύματα τα μεταξύ των θερινών άνατολεων τού ήλιου και τών χειμερινών και 5 όκόσαι τό εναντίον τούτων, ώδε εχει περί αυτών. 2 Όκόσαι μεν πρός τά$ άνατολάς του ήλιου κεονται, ταύτα5 είκός είναι ύγιεινοτερα$ τών πρ09 τά$ άρκτους έστραμμενων καί τών πρός τά θερμά πνεύματα, ήν καί στάδιον τό μεταξύ ή. 3 Πρώτον μεν γάρ μετριώτερον εχει τό 10 θερμόν καί τό ψυχρόν ' επειτα τά υδατα όκόσα πρός τάς του ήλιου άνατολάς εστι, πάντα λαμπρά τε είναι άνάγκη καί ευώδεα καί μαλακά ήέρα τε μή έγγίνεσθαι εν ταύτη τή πόλει · ό γάρ ήλιος κωλύει άνίσχων καί καταλάμπων * T e s t . 3 Όκόσαι (ed. Levey 32 sq.).
10 ψυχρόν) Al-Ruhawi, Adab Al-Tabib 25a
1 τών πόλεων τουτεων del. Gad. (B) || τούτων Ermerins : τουτέων V om. Lat. 2 sic positis Lat. situated facin g either part Gai. (Ar.) unde τών ουτω κειμένων Diller et jam Heiberg (Hermes, 39, 1904, p. 137) I l 2 προείρηται V : dictum est Lat. Lat. 2 || 3 ait. τά Gad. QB) : om. V II 5 τούτων Ermerins : τουτέων V || αύτών Kuehlewein ; αύτέων V |1 8 πρός τά θερμά πνεύματα Diller cf. ad calidiores flatus Lat. cf. versus calidos ventos l^ t. 2 cf. fa cin g hot winds Gai. (Ar.) Ruhawi : πρός τα θερμά V πρός τά θερμά ΰδατα Gad. (Β) πρός τά πνεύματα τά θερμά Kuehlewein {Hermes, 18, 1883, p. 27) |1 post πνεύματα add. site sunt Lat. 2 1| 8 sq. ήν — ή om. Gai. (Ar.) sed hab. Ruhawi Gai. (Ar. Comm. apud IV Praefationem) |1 στάδιον V cf. stadium Lat. 2 : stadium unum Lat. only one stadium Ruhawi nur einen Pfeilschuss Gai. (Ar. comm. ibid.) στάδιον Diller l| 9 πρώτον Coray cf. primo Lat. cf. primum Lat. 2 ; πρότερον V om. Gai. (Ar.) Ruhawi || μετριώτερον V cf. mediocrius Lat. 2 cf. doser to moderacy Ruhawi : moderatum Lat. less Gai. (Ar.) || 10 post ψυχρόν add. and the diseases o f its people are fewer and milder Gai. (Ar.) !| 12 εύώδεα Coray : ευώδη V || μαλακά V : μαλθακά Gad. (B) |1 ήέρα τε μή Jurk cf. (καί) έρα τε μή Gad. (B) cf. because the air is not thick there Gai. (Ar.) : ή έρατεινά V (< HGPATGMH) et non difficiles Lat. sacros quoque non Lat. 2 ( = ιερά τε μή) il έγγίνεσθαι Kuehlewein : εγγίγνεσθαι V |j 13 καταλάμπων V cf. resplendens Lat. 2 : comprehendens Lat.
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cours de la matinée chaque jour, le brouillard a tendance de lui-même à se maintenir longtemps ^ 4 Quant à l’aspect physique, les habitants ont de belles couleurs et un teint fleuri, plus que d’autres, à moins que quelque maladie, par ailleurs, n’y fasse obstacle Les habitants ont la voix claire, et, pour le caractère et l’intelligence, ils sont mieux doués que ceux qui sont face au borée puisqu’aussi bien toutes les autres productions naturelles y sont meilleures 5 La cité qui a une telle situation ressemble de très près au printemps par la modération du chaud et du froid Et les maladies, tout en étant moins nombreuses et moins violentes, ressemblent aux maladies qui se produisent dans les cités tournées vers les vents chauds Et les femmes, là-même, sont extrêmement fécondes ^ et accouchent faci lement. Au sujet de ces cités, voilà ce qu’il en est
t
6
γ ά ρ έω θινον έ κ ά σ το τβ α ύ τ ο ς ό ή ή ρ έπ € χ€ΐ ώς έ π ι τ ο
π ολύ.
5
197
Il EPI ΛΕΡΩΝ, ΥΔΛΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
V.3
AIRS, EAUX LIEUX
4 Τά
τ€ eiSca τω ν
άν||θρώ πων € υ χ ρ ο ά
tc
καΐ
α ν θ η ρ ά € σ τι μ ά λ λ ο ν , ή ν μ ή τ ις νο υ σ ο ς ά λ λ η
κω λύη '
λαμπ ρόψ ω νοί
|u v e o iv
tc
οί
ά νθ ρ ω π ο ι
οργήν
τ€
καΐ
β € λ τίο υ ς € Ϊσ ι τω ν π ρ ος β ο ρ έη ν , €ΐπ€ρ κ α ι τ ά ά λ λ α τ ά €μψ υόμ £να ά μβίνω ε σ τ ίν . 5 Έ ο ικ ε τ ε μ ά λ ισ τ α ή ο ύ τω κ ε ίμ ε ν η π ό λ ις ή ρ ι κ α τ ά τ η ν μ ε τ ρ ιό τ η τ α το ύ θ ερ μ ο ύ κ α ί το υ ψ υ χ ρ ο ύ ' τ ά τ ε ν ο σ ε υ μ α τα έ λ ά σ σ ω μ εν γ ίν ε τ α ι κ α ι ά σ θ εν εσ τερ α , ε ο ικ ε δε τ ο ΐσ ιν εν τ ή σ ι π ό λ ε σ ι γ ιν ο μ ε ν ο ισ ι
10
ν ο σ ε υ μ α σ ι τ ή σ ι π ρ ός τ ά θ ερ μ ά π ν ε ύ μ α τα έ σ τ ρ α μ μ έ ν η σ ιν . Αΐ
τε
γ υ ν α ίκ ε ς
α υ τό θ ι
ά ρ ικ ύ μ ο ν έ ς
ε ίσ ι
σψ όδρα
και
τ ίκ τ ο υ σ ι ρ η ϊδ ίω ς . Π ε ρ ί μ εν το ύ τω ν ώδε € χ ει.
T est . 4 sq. λαμπρόφωνοί — βορέην] Gai. Quod animi mores, c. 8 (ed. Mueller 57, 19-21; ed. Biesterfeldt 61, 1-4). 5. Bien que l’auteur n’ait pas encore traité des saisons, il compare le climat d’une cité orientée à l’est à celui du printemps. Ce climat se caractérise par la mesure (cf. μετριότητα qui reprend μετριώτερον du début du développement). La cité dont l’orientation est opposée ressemble, en revanche, à l’automne, saison des contrastes et des changements (voir c. 6, 4). 6. Les maladies particulières aux cités exposées aux vents chauds du sud ont fait l’objet d’un développement au c. 3, 3-5. 7. La correction très lucide de Coray (άρικύμονές à la place de έναρικύμονές de V) n’a malheureusement pas été adoptée par Littré. Toutefois, à partir d’Ermerins, elle a fait son entrée définitive dans les éditions d'Airs, eaux, lieux. Comme le suggère Ermerins ad loc., elle provient d’une variante au mot précédent αυτόθι auquel a été ajoutée la finale -εν. Cette variante me paraît attestée par la leçon de la traduction latine ancienne qui donne repente, ce qui correspond en grec à αύτόΟεν. On comparera les variantes αύτόΟι/αύτόθεν en M aladies des femmes II, c. 162, Littré VIII, 338, 15 αύτόθεν MV : αύτόθι Θ. 8. La description de cette cité la plus salubre rappelle, mutatis mutandis, la description de la cité du roi juste chez Hésiode, dans Les Travaux et les Jours, où notamment « les femmes enfantent des fils semblables à leurs pères » (v. 235). Mais, à l’ancienne loi divine et morale du poète, le médecin a substitué une loi naturelle et rationnelle ; voir J. Jouanna, Hippocrate, Paris, 1992, p. 303 sq.
1 sq. τό γάρ πολύ] matutinum ros plerumque Lat. matutinum enim semper ipse aer obtinet ut multum Lat. 2 the explanation o f this is that the moist air is thicker and harder at dawn. Every city Jdcing West retains to a gréai exlent the dampness o f Us air Gai. (Ar.) 11 αυτός ό ήήρ V cf. ipse aer Lat. 2 : ό αύτός άήρ Gad. (B) αύτός [ό ήήρΙ Merz Diller 1| έπέχει Gad. (B) cf. obtinet Lat. 2 cf. retains Gai. (Ar.) : έπιχεϊ V έπίσχει Barb |1 3 post μάλλον add. ή άλλα vet. cod. in Gad. (J) ή άλλη Gad. (B) unde ή άλλη Diller cf. quam alibi (alibi Kuehlewein : albini Lat. [P] ablenis Lat. [H]) Lat. cf. quam in aliis Lat. 2 sed non hab. Gai. (Ar.) Hάλλη V cf. adventitious Gai. (Ar.) : om. vet. cod. in Gad. (J) del. Gad. (B) om. Lat. Lat. 2 |! 5 είσί om. Gai. (cit.) 11 των πρός βορέην Corn. cf. qui ad septemtrionem sunt Lat. cf. qui versus boream Lat. 2 ; των προσβορέων V των πρός βορράν Gai. (cit.) om. Gai. (Ar.) Hειπερ V cf. quia Lat. : ήπερ Coray cf. sicut Lat. 2 εττειττερ Cobet (p. 74) om. Gai. (Ar.) H8 μέν γίνεται Kuehle wein (μεν γίγνεται Aid.) cf. innascuntur Lat. 2 : μέν γίγνεσθαι V cf. quidem fieri Lat. I| 9 τοΤσι(ν) Coray : τοϊς V |1 τησι Coray : ταϊς V |1 γινομένοισι scripsi ; γινομένοις V γενομένοις Aid. |1 10 νοσεύμασι V ; om. Lat. Lat. 2 || τησι Coray : ταΤς V j| post θερμά add. τά V sed del. Gad. (B) Il 11 αύτόθι V cf. ibidem Lat. 2 : repente Lat. ( — αύτόθεν) i| άρικύμονές Coray : έναρικύμονές V (lege εν άρικύμονές) άερικύμονές Gad. (B) |j 12 ρηϊόίως V cf. leviter l.at. 2 : Jacillim e l^at. Il περί - - έ/ει om. Gai. (Ar.) sed hab. Lat. Lat. 2 11 τούτων Ermerins : τουτέο^ν V.
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AIRS, EAUX, LIEUX
VI. 1 Prenons celles qui sont situées face au couchant, qui sont à l’abri des vents soufflant de l’orient et sur lesquelles les vents chauds ne font que couler latéralement ainsi que les vents froids venus des Ourses ; ces cités-là ont nécessairement la position la plus malsaine. 2 D’abord les eaux ne sont pas limpides ; la cause en est que le brouillard, au cours de la matinée, se maintient longtemps brouil lard qui, se mélangeant à l’eau, en fait disparaître la limpidité ; car le soleil n’éclaire pas avant de s’être élevé en hauteur En été, le matin, il souffle des brises froides et il tombe de la rosée, tandis que pendant le reste de la journée le soleil, dont la course est plongeante vers (l’occident), brûle au plus fort ^ les habitants. 3 Aussi est-il normal qu’ils soient sans couleur et sans force et qu’ils aient jpart à toutes les maladies mentionnées précédem ment ^ ; aucune ne leur est spécifique Il est normal qu’ils aient la voix grave et qu’ils soient sujets aux enrouements à cause du brouillard, parce qu’il reste longtemps sur place sans être purifié et en ayant une humidité australe " ; en effet, il n’est guère désagrégé par les vents boréaux, car ces vents ne s’installent pas. Les vents qui s’installent et se
4. La cité tournée vers l’ouest connaît donc à la fois les maladies de la cité exposée aux vents chauds du sud (c. 3) et celles de la cité exposée aux vents froids du nord (c. 4). 5. L’asyndète en début de phrase a paru gênante. On a essayé de la supprimer par divers moyens, soit en ajoutant le relatif ών (Coray), soit en ajoutant une liaison, par exemple < καί > ούδέν par référence à la traduction latine et nihil (solution proposée par Littré et adoptée par Heiberg), ou ούδέν γάρ correction de Barb adoptée par Kuehlewein et Jones, soit en suivant la correction de Cad. (B) τω τε au lieu de των τε, solution adoptée par Diller dans le texte, mais pas dans la traduction. Que faut-il entendre par άποκέκριται ? La traduction arabe des lemmes entend qu’il n’y a aucune de ces maladies à laquelle les habitants de ces cités échappent. Mais Galien dans ses explications (I, 10, 5 ftrohmaicr) entend, comme les modernes, qu’il n’y a aucune maladie qui soit spéciale à ces habitants. Pour ce sens, Festugière rapproch Platon, République III 407 c (νόσημα... άποκεκριμένον).
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ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΓΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
VU
V I . 1 Ό κ ό σ α ι Sè π ρ ος r à s 8 u a ia s κ έ ο ν τ α ι κ α ί α υ τ ή σ ίν Ι σ τ ι σ κ έ ιτ η τω ν 7τν€υμάτω ν τω ν άττο τ ή ς ή ο ΰ ς 'ΐτν€0ντω ν τ ά τ€ θ ερ μ ά π ν ε ύ μ α τ α π α ρ α ρ ρ ε ί κ α ί τ α ψ υ χ ρ ά α π ό τω ν ά ρ κ τω ν , α ν ά γ κ τ) τ α ύ τ α ς τ ά ς π ό λ ια ς θ έσ ιν κ ε ΐσ θ α ι ν ο σ ε 5
ρ ω τά τη ν . 2 Π ρ ώ το ν μ εν γ ά ρ τ ά ϋ δ α τ α ο ύ λ α μ π ρ ά * α ίτ ιο ν δε δ τ ι ό ή ή ρ τ ό εω θινόν κ α τ έ χ ε ι ώς ε π ί τ ό π ο λ ύ , δ σ τ ις τω δ δ α τ ι έ γ κ α τ α μ ιγ ν ύ μ ε ν ο ς τ ό λ α μ π ρ ό ν α φ α ν ίζ ε ι * ό γ ά ρ ή λ ιο ς π ρ ιν άνω ά ρ θ ή ν α ι ο ύ κ έ π ιλ ά μ π ε ι. Τ ο υ δε θέρεος έωθεν μ εν α ύ ρ α ι ψ υ χ ρ α ί π ν έ ο υ σ ι κ α ι δ ρ ό σ ο ι π ίπ τ ο υ σ ι, τ ό
10
δε λ ο ιπ ό ν ή λ ιο ς έ γ κ α τα δ υ ν ω ν ώ σ τε μ ά λ ισ τ α δ ιέ ψ ε ι το υ ς α νθρώ π ους ’ 3 δ ιό κ α ι ά χ ρ ό ο υ ς τ ε ε ίκ ό ς ε ίν α ι κ α ι ά ρ ρ ω σ το υ ς
τω ν τ ε
ν ο σ ε υ μ ά τω ν
π ά ντω ν μ ε τ έ χ ε ιν
μέρ ο ς
τω ν
π ρ ο ειρ η μ ένω ν ' ούδ έν α υ τ ο ΐσ ιν ά π ο κ έ κ ρ ιτ α ι. Β α ρ υ φ ώ νο υ ς τε
εί||κό ς
ε ίν α ι
καί
βραγχώ δεας
δ ιά
τό ν
ήέρα,
δτι
15 α κ ά θ α ρ το ς ώς ε π ί τ ό π ο λ ύ α υ τ ό θ ι γ ίν ε τ α ι κ α ί ν ο τώ δ η ς ' ο ύ τ ε γ ά ρ υπ ό τω ν β ο ρ είω ν έ κ κ ρ ίν ε τ α ι σ φ ό δ ρ α ‘ ού γ ά ρ π ρ ο σ έ χ ο υ σ ι τ ά π ν ε ύ μ α τ α * ά τ ε π ρ ο σ έ χ ο υ σ ιν α υ τ ή σ ι κ α ί
1 δύσιας Aid. : δύσηας V Hκέονται Lind. ; κεΤνται V om. Lat. 2 sed hab. Lat. || αύτησίν Ermerins : αύταίησιν V |1 3 ψυχρά V cf. frigidi Lat. Lat. 2 cf. cold Gai. (Ar.) : del. Wilamowitz Diller || άπό V : έκ Gad. (B) 114 πόλιας Aid. ; πόληας V 11κεισθαι Kuehlewein ; κέεσθαι V !! 4 sq. νοσερωτάτην V cf. egerrimo {-m a < m > Grensemann) Lat. 2 : m orhida Lat. |1 6 ώς έπί τό πολύ V : diutissime Lat. precipue Lat. 2 greatlyprotracted Gai. (Ar.) || 9 post δρόσοι (rore.s) des. Lat. 2 || 10 έγκαταδυνων V : -δύνει Gad. (B) || ώστε μάλιστα V : ώς τά μάλιστα Gad. (B) ut magis Lat. severely vel excessively Gai. (Ar.) ές τά μάλιστα Cobet (p. 75) || διέψει V : διεψεϊν Gad. (B) || 11 άχρόους V cf. sine colore Lat. : yellow Gai. (Ar.) ( = ωχρούς ) !| 11 sq. αρρώστους Aid. cf. inbecilliores Lat. cf. sickly Gai. (Ar.) : άρρωστούσι V || 12 pr. των V : τω Gad. (B) || μέρος om. Lat. 1| 13 ούδέν V Littré : ούδέν γάρ E’’ Barb και ούδέν prop. lâttré cf. et nihil Lat. ών ούδέν sive ούδέν δέ Coray || αύτοϊσι(ν) Flrmerins : αύτέοις V 11 15 πολύ Kuehlewein : πουλύ V || γίνεται Kuehlewein : γίγνεται V il νοτώδης Jacoby cf. austrinus Lat. : νοσώδης V lurbidily Gai. (Ar.) || 16 sq. ούτε — πνεύματα om. (ial. (Ar.) \\ 17 τά πνεύματα — προσέχουσιν om. Lat. || τά πνεύματα V : del. Klingner Diller |i ά τε V : ούδέ Gad. (B) || προσέχουσιν V : προσίσχουσιν Gad. (B) I1 αύτησι Diller : αύταίησι V αύτέοισι vel αύτοϊσι edd.
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AIRS, EAUX LIEUX
fixent dans ces cités sont les plus humides ; car tels sont les vents du couchant 4 Et c’est à l’automne que ressemble de très près une cité offrant une telle exposition par les changements au cours de la journée, du fait qu’il y a un grand intervalle de température entre la matinée et la période de l’après-midi Au sujet des vents, de ceux qui sont utiles et de ceux qui sont nuisibles voilà ce qu’il en est. VII. 1 Pour le reste, au sujet des eaux, je veux exposer en détail celles qui sont malsaines et celles qui sont très saines, les maux qui proviennent normalement de l’eau ainsi que les bienfaits ; car l’eau contribue pour une très grande part à la santé 2 Eh bien donc, celles qui sont marécageuses, stagnantes et lacustres celles-là sont né cessairement chaudes en été, épaisses et malodorantes, du fait qu’elles ne s’écoulent pas ; et comme l’eau de pluie s’y ajoute ^ en étant sans cesse renouvelée et que le soleil est brûlant, elles sont nécessairement décolorées mauvaises et propices à la bile En hiver, au contraire, elles sont (nécessairement) gelées froides et rendues troubles par la 1. Dans le manuscrit V le pronom féminin αΰταίησι, ( = αύτέησι.) renvoie aux cités, comme le note Diller dans son apparat critique. Toutes les éditions jusqu’en 1970 (cf. aussi E*’ Barb sous l’influence des premières éditions imprimées) ont αύτέοισι vel αύτοΐσι. Diller est le premier éditeur à remonter au texte du prototype ; mais Lipourlis revient au texte de la vulgate. La proposition introduite par έπεί ne se construit guère sans le prédicat τοιαΰτα ajouté par Foes. Diller, à la suite de Klingner, a préféré la supprimer, mais elle se trouvait déjà dans le modèle grec de la traduction latine ancienne. Le témoignage des lemmes ne permet pas de juger, car la proposition se situe dans un passage omis par Gai. (Ar.). 2. L’auteur établit une relation entre les quatre expositions consi dérées et les quatre saisons de l’année, explicitement pour l’orientation vers l’est ( = le printemps) et vers l’ouest ( = l’automne), implicite ment pour l’orientation vers le sud ( = l’été) et le nord ( = l’hiver). Les maladies locales sont donc en rapport aves les maladies saison nières. Dans la cité orientée vers l’ouest, on aura des maladies automnales. Comparer Humeurs, c. 12, Littré V, 492, 10-14 ( = Jones 84, 4-9) et Aphorismes III 4, Littré IV, 486, 10-12 ( = Jones 122, 11-13).
199
Il EPI ΛΕΡΩΝ, ΤΔΛΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
VL3
π ρ ο σ κ έ ο ν τ α ι, ύ δ α τ € ΐν ό τ α τ ά ε σ τ ιν * eircl ^ τ ο ια υ τ α ^ τ α έ ιτ ί r r js éairépr^s ΤΓνβύμοτα. 4 Έ ο ικ έ τ€ μ€Τθ'ΐτώρω μ ά λ ισ τ α ή ή
Oéais
τ ο ια ύ τ η
τή$
π ό λ ιθ 5
κα τά
τά ς
τη ς
ή μ έρης
μ € τ α ζ ο λ ά ς , δ τ ι π ο λ ύ τ ο μ έ σ ο ν γ ίν € τ α ι τ ο υ τ€ έω θ ιν ο ΰ κ α ι 5
τ ο υ π ρ ό ς τ η ν δ € ΐλ η ν . Flcpi μ έ ν π ν € υ μ ά τ ω ν ά τ€ έ σ τ ιν έ π ιτ ή δ € ΐα κ α ι άν€'Π Ίτήδ€ΐα ώ δ ε «χ€ΐ. V II.
1 Π ε ρ ί δέ τω ν λ ο ιπ ώ ν
ύ δ ά τω ν
β ο ύ λ ο μ α ι δ ιη -
γ ή σ α σ θ α ι ά τ έ έ σ τ ι νοσ ώ δ€α κ α ι ά ύ γ ΐ€ ΐν ό τ α τ α κ α ι ό κ ό σ α ά ψ ’ ϋ δ α το ς κ α κ ά € ΐκά ς γ ίν β σ θ α ι κ α ι δ σ α α γ α θ ά ’ π λ € Ϊσ το ν
10
γ ά ρ μέρ ο ς ξ υ μ ζ ά λ λ € τ α ι ές τ η ν ύ γ ΐ€ ΐη ν . 2 Ό κ ό σ α μ έν ουν έ σ τ ιν έλώ δ€α κ α ί σ τ ά σ ιμ α κ α ι λ ιμ ν α ία , τ α υ τ α ά ν ά γ κ η το ύ μ έν θέρ€ος c iv a i θ£ρμά κ α ί π α χ έ α κ α ί ό δ μ ή ν Ι χ ο ν τ α , ά τ€ ουκ
ά π ό ρ ρ υτα
Ιό ν τ α ,
άλλα
το υ
Τ6 ό μ ζ ρ ίο υ
ΰ δ α το ς
έ π ιτρ ε ψ ο μ έ ν ο υ a U Î νέου το υ τ ε ή λ ιο υ κ α ίο ν τ ο ς ά ν ά γ κ η
15 ά χ ρ ο ά τ€ € ΐν α ι κ α ί π ο ν η ρ ά κ α ί χ ο λ ώ δ € α ' τ ο ύ δέ χ » μ ώ ν ο ς π α γ€ τώ δ 6 ά τ€ κ α ί ψ υ χ ρ ά κ α ί τ€ θ ο λ ω μ έν α υ π ό τ€ χ ιό ν ο ς
T est . 7 ΙΙερί 3έ των λοιπών - - 207, 12 λείπεται] Al-Ruhawi, Adah Al-Tabib 34a-35a (ed. Levey 38 sq.) ; cf. etiam 35b (ed. Levey 39). 11 έλώ3εα — λιμναία | cf. Athen., Deipnosophistae II, 40 b. 1 προσκέονται Coray : πρόσκεινται V προς αύτά κεινται Gad. (B) || 1 sq. έπει — πνεύματα del. Klingner Diller sed q u i < a > a[d] vespera flatus Lat.(P) q u i < a > a vespera faciunt flatos Lat. (H) |1 post έπεί add. τοιαϋτα Foes^, n. 20 1| έπΙ V : άπο Barb Coray || 2 εοικέ τε Foes^, n. 20 cf. εοικεν τε Gad. (B) : έοικεν εϊ τε V similis est Lat. is bad Gai. (Ar.) sed resemble Ali ibn Ridwan (apud Mattock-Lyons, p. 46) Il μετοπώρω Foes^ : μεθοπώρω V || 3 πόλιος Aid. : πόληος V || ait. της Gad. (B) ; τε V |1 4 γίνεται Kuehlewein : γίγνεται V || 5 περί μέν — 6 έχει om. Gai. (Ar.) sed hab. Lat. || 6 ante άνεπιτήδεια addiderim cf. qui Lat. || 7 ante περί δέ των λοιπών add. in mg βούλομαι καί περί Άσίης καί Εύρώπης λέξαι ώς διαφέρουσιν 76, 9 Gad. (Β) II λοιπών V Gad. (J) cf. other Ruhawi cf. also Gai. (Ar.) : om. Lat. del. Wilamowitz (apud K.) || 9 γίνεσθαι Kuehlewein ; γίγνεσθαι V || 1 1 άνάγκη ante άτε ( 1 2 ) transp. Gad. (B) |1 1 2 θέρεος Coray : θέρους V || καί παχέα om. Gai. (Ar.) sed et pingues Lat. || 1 3 άπόρρυταI Γαλ. έν τώ π. χυμών add. Gad. (B) j| 1 4 έπιτρεφομένου V : έπιφερομένου Gad. (B) influente[m] Lat. f a l l on Gai. (Ar.) reach Ruhawi.
200
AIRS, EAUX, LIEUX
neige et le gel, si bien qu’elles sont très propices au phlegme et aux enrouements. 3 Et chez ceux qui les boivent \ la rate est (nécessairement) toujours grosse et indurée le ventre dur émacié et chaud, les épaules, les clavicules et le visage tout à fait émaciés et tout à fait amaigris ^ ; car les chairs se fondent au profit de la rate ; c’est pourquoi ils sont maigres ; de tels individus sont (nécessairement) affamés et assoiffés ; et ils ont des cavités très sèches, celle du haut comme celle du bas, si bien qu’ils ont besoin d’évacuants plus puissants. Cette maladie leur est habituelle en été et en hiver. 4 En plus de cela, les hydropisies sont très fréquentes et éminemment mortelles ; de fait, en été, des dysenteries surviennent en grand nombre, ainsi que des diarrhées et des fièvres quartes de longue durée ®; or ces maladies, quand elles ont traîné en longueur, conduisent de telles constitutions à des hydropi sies et les tuent. Telles sont les maladies qui se produisent chez eux en été. 5 En hiver, chez les jeunes, ce sont des péripneumonies et des maladies accompagnées de délire,
VII.2
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΊΏΝ, Τ01ΙΩΝ
200
κ α ΐ π α γ ε τώ ν , ώ σ τε φ λ ε γ μ α τ ω δ ε σ τ α τ α ε ίν α ι καί, β ρ α γ χ ω δ ε σ τ α τ α . 3 Τ ο ίσ ι δ ε π ίν ο υ σ ι σ π λ ή ν α $ μ εν ά ε ΐ μ ε γ ά λ ο υ 9 ε ίν α ι κ α ί μ εμ υ ω μ ένο υ ς κ α ι τ ά ς γ α σ τ έ ρ α ς σ κ λ η ρ ά ς τ ε κ α ι λ ε π τ ά ς κ α ί θ ερ μ ά ς, το ύ ς δέ ώ μους κ α ί τ ά ς κ λ η ϊδ α ς κ α ι τ ο 5 π ρ όσ ω π ο ν κ α τ α λ ε λ ε π τ ύ ν θ α ι κ α ί κ α τ ισ χ ά ν θ α ι ' ές γ ά ρ τ ο ν σ π λ ή ν α α ΐ σ ά ρ κ ες ξ υ ν τ ή κ ο ν τ α ι’ δ ιό τ ι ισ χ ν ο ί || ε ί σ ι ν έδω δους τ ε ε ίν α ι το υ ς τ ο ιο ύ τ ο υ ς κ α ί δ ιψ η ρ ο ύ ς ' τ ά ς τ ε κ ο ιλ ία ς Ι η ρ ο τ ά τ α ς [ τ ε ] κ α ί τ ά ς άνω κ α ί τ ά ς κ ά τω έ χ ε ιν , ώ σ τε τώ ν φ α ρ μ ά κ ω ν Ισ χ υ ρ ο τέ ρ ω ν δ ε ΐσ θ α ι. Τ ο ύ τ ο μ έν τ ό 10 ν ό σ η μ α α ύ τ ο ΐσ ι ξ ύ ν τρ ο φ ό ν έ σ τ ι κ α ί θέρεος κ α ί χ ε ιμ ώ ν α ς * 4 π ρός
δέ
τ ο υ τ ο ισ ιν
οί
ϋδρω π ες
[τ ε ]
καί
π λ ε ΐσ τ ο ι
γ ίν ο ν τ α ι κ α ί θ α ν α τ ω δ έ σ τ α τ ο ι ' το ύ γ ά ρ θέρεος δ υ σ ε ν τε ρ ία ι τ ε π ο λ λ α ί έ μ π ίπ τ ο υ σ ι κ α ί δ ιά ρ ρ ο ια ι κ α ί π υ ρ ε τ ο ί τ ε τ α ρ τ α ίο ι
π ο λ υ χ ρ ό ν ιο ι ’
τα υ τα
δέ
τά
νο σ εύ μ α τα
15 μ η κ υ ν θ έ ν τα τ ά ς τ ο ια υ τ α ς φ ύ σ ια ς ές ΰδ ρ ω π α ς κ α θ ίσ τ η σ ι κ α ί ά π ο κ τ ε ίν ε ι. Τ α υ τ α μ έν α υ τ ο ΐσ ι το υ θέρεος γ ίν ε τ α ι. 5 Τ ο υ δ έ χ ε ιμ ώ ν α ς τ ο ΐσ ι ν ε ω τέ ρ ο ισ ι μ έν π ε ρ ιπ λ ε υ μ ο ν ία ι
1 . Après avoir défini la nature des eaux stagnantes, l’auteur expose l’effet de ces eaux sur la constitution des hommes qui les boivent. Ce sont les eaux les plus néfastes : elles entraînent d’abord un état maladif quelle que soit la saison (c. 7, 3 τούτο μεν το νόσημα... και. Οερεος και χειμώνας), puis des maladies particulières à l’été (c. 7, 4 πρός δε τούτοισιν... ταυτα μέν αΰτοΐσι του θέρεος γίνεται) et d’autres particuliè res à l’hiver (c. 7, 5 του δε χειμώνος). Viennent ensuite les maladies des femmes (c. 7, 6 et 8 τησι δέ γυναιξίν) et des enfants (c. 7, 7 τοΐσι δέ παιδίοισι). 2. La rate indurée est, selon Mirko D. Grmek, un symptôme du palu disme (ou malaria). Ce diagnostic est confirmé par la présence de fièvres quartes en été, qui sont des fièvres paludéennes. Les historiens de la mé decine s’accordent pour admettre l’irruption de la malaria maligne {Plasmodium falciparum) dès la Grèce classique sous forme de foyers ré duits, l’hyperendémie paludéenne ne datant que de l’époque romaine ; voir le bilan sur les études actuelles dans M. D. Grmek, « La malaria dans la Méditerranée orientale préhistorique et antique », Parassitologia, 36, 1 9 9 4 , p. 1 - 6 (avec la bibliographie). Le partici[>e parfait passif μεμυωμένους du verbe μυόω dénominatif de μϋς (ό), la « souris », le « muscle », signifie littéralement (rate) « devenue musculeuse », d’où « in durée ». Attesté pour la première fois dans ce traité, ce verbe ne sortira pas de la littérature technique médicale ; cf. LSJ, s. v. μυόω.
T est . 9 τοϋτο — 10 χειμώνος] Ps.-Gal. Comm. Epid. I (CMG V, 10, 1, p. 9, 13 sq.). 3 μεμυωμένους V cf. compacted Gai. (Ar.) : in sanies conversas Lat.
I l 4 θερμάς V cf. perfides (lege fervidns) Lat. hot Gai. (Ar.) :
aufgeblàht Dioscorides apud Gai. (Ar. comm.) ( = πρησθείσας?) H 5 καταλελεπτύνθαι Cobet (p. 75) : -πτΰσθαι V || και κατισχάνθαι scripsi : καί κατασχάνθαι Gad. (B) καί κατισχνάνθαι Diller om. V et macilentos effici Lat. and emaciatcd Gai. (Ar.) || 6 ai σάρκες V cf. carnes Lat. ; mosl o f their flcsh Gai. (Ar.) sed das Fleisch Gai. (Ar. vocem Lat. ü τοΐσι Coray : τοΐς V 1| 7 προσίσταται Lind. : προίστασθαι V || 8 κρυστάλλων Aid. : κρυστάλων V || 10 αύτοΰ Ermerins : αύτέου V || έκπήγνυται Gad. (B) cf. gelât Lat. cf. escapes freezing Gai. (Ar.) : έκκρίνεται V l| 11 Οολωδέστατον V : turbulenturn Lat. turbid part Gai. (Ar.) || καί σταθμο^δέστατον V : et grave Lat. om. Gai. (Ar.) H12 sq. ή χειμών, ές Coray cf. fuerit hiems in Lat. cf. during the days o f winler... inlu Gai. (Ar.) : oi χειμώνες V χειμών εις Gad. (B) || 14 πήζεται Corn. : πήςηται V τή ύστεραίγ; V cf. sequenti Lat. : om. Gai. (Ar.) H 14 sq. έσενεγκών ές άλέχν Coray : είσενεγκών εις άλέαν V.
36
208
VIII.IO
AIRS, EAUX, LIEUX
le mieux, ensuite, le lendemain, après avoir rentré le vase à l’abri, là où la glace fondra le mieux, verser à nouveau, une fois que la glace est liquéfiée, l’eau dans la mesure, vous trouverez qu’elle a beaucoup diminué 11 C’est la preuve que, sous l’effet de la congélation, la partie la plus légère et la plus ténue disparaît et se dessèche ; car ce n’est pas la partie la plus lourde et la plus épaisse : elle ne le pourrait pas. Voilà donc pourquoi je considère comme très mauvaises ces eaux qui proviennent de la neige et de la glace et les eaux qui leur sont analogues et cela pour tous les usages. Au sujet des eaux de pluie et des eaux provenant de la neige et des glaces, il en est donc ainsi. IX. 1 Les habitants ont très souvent la lithiase, sont pris de néphrites, de strangurie et de sciatiques et ont des tumeurs scrotales dans les lieux où ils boivent des eaux très diverses provenant soit de grands fleuves dans lesquels se jettent d’autres fleuves, soit d’un lac dans lequel aboutis sent quantité de cours d’eau divers, et quand ils usent d’eaux importées que l’on a canalisées sur une longue distance et non sur un court trajet 2 Car il n’est pas possible qu’une eau ressemble à une autre ; mais (néces sairement), les unes sont douces, d’autres sont salées et astringentes, d’autres coulent en provenance de sources chaudes, et toutes ces eaux, une fois mélangées ensemble
1. C’est un des rares exemples d’expérience quantitative dans la Collection hippocratique ; voir Notice, p. 41 et n. 67. L ’eau est mesu rée (cf. μέτρω, άναμετρεϊν) avant et après congélation, à l’aide d’une mesure des liquides. On soulignera la coïncidence du sens concret et du sens abstrait dans μέτρον qui désigne le vase servant d’unité de mesure, comme c’était déjà le cas chez Homère {Iliade VII, v. 471 ; XXIII, V. 741) ; de même άναμετρεΐν signifie mesurer à nouveau, en versant à nouveau le liquide dans le vase servant de mesure. Pour le style de l’expérience (εί γάρ βούλει..., εύρήσει,ς), qui se retrouve dans d’autres traités de la Collection hippocratique, voir G. Senn, « Über Herkunft und Stil der Beschreibungen von Experimenten im Corpus Hippocraticum », Sudhoffs Archiv fü r Geschichte der Medizin, 22, 3, 1929, p. 240-242 et p. 260 sq. On comprend mal que (Suite de la note 1, voir notes complémentaires, p. 279)
208
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
ν€γκώ ν CS α λ έ η ν , ό π ο υ χ α λ ά σ »
μ ά λ ισ τ α
ό παγ€τό$>
ό κ ό τ α ν Sc λυθτ), ά ν α μ € τρ € Ϊν τ ο ύδω ρ, €ύρήσ €ΐ9 Ιλ α σ σ ο ν σ υ χνώ . 11 Τ ο ύ τ ο τ€ κ μ ή ρ ιο ν , δ τ ι ύπ ό τ ή ς π ή ξ ιο ς ά φ α ν ίζ € τ α ι κ α ΐ ά ν α ξ η ρ α ίν € τ α ι τ ο κ ο υ φ ό τ α τ ο ν κ α ί λ € π τ ό τ α τ ο ν , 5 ού γ ά ρ τ ο β α ρ ύ τ α τ ο ν κ α ί π α χ υ τ α τ ο ν ' o ù γ ά ρ ά ν δ ύ ν α ιτ ο . Τ α υ τ τ ] ο υ ν ν ο μ ίζ ω π ο ν η ρ ό τ α τ α τ α ΰ τ α τ α ΰ δ α τ α c iv a i τ ά ά π ό χ ιό ν ο ς κ α ί κ ρ υ σ τ ά λ λ ο υ κ α ί τ ά τ ο ύ τ ο ισ ιν έπ ό μ € να π ρ ός ά π α ν τ α χ ρ ή μ α τ α . Π ε ρ ί μεν ο υ ν ό μ ζ ρ ίω ν ύ δ ά τω ν κ α ί τώ ν ά π ό χ ιό ν ο ς κ α ί κ ρ υ σ τ ά λ λ ω ν ο ύ τω ς ε χ ε ι. 10
I X . 1 Λ ιθ ιώ σ ι δ ε μ ά λ ισ τ α ά νθ ρ ω π ο ι κ α ί ύπ ό ν ε φ ρ ί τιδ ω ν κ α ί σ τ ρ α γ γ ο υ ρ ίη ς ά λ ίσ κ ο ν τ α ι κ α ί Ισ χ ιά δ ω ν , κ α ί κ ή λ α ι γ ίν ο ν τ α ι, ο κ ο ύ ΰ δ α τ α π ίν ο υ σ ι π α ν τ ο δ α π ώ τ α τ α κ α ί ά π ό π ο τα μ ώ ν μ ε γ ά λ ω ν ές οΰς π ο τ α μ ο ί ε τ ε ρ ο ι έ μ ζ ά λ λ ο υ σ ι,
15
καί
άπό
λ ίμ ν η ς
ές
ήν
ρ εύ μ α τα
π ολλά
καί
π α ν το δ α π ά ά φ ικ ν ε ΰ ν τ α ι, κ α ί ό κ ό σ ο ι υ δ α σ ιν έ π α κ τ ο ΐσ ι || χ ρ έ ο ν τ α ι δ ιά
μακρου
ά γ ο μ έ ν ο ισ ι κ α ί μ η
έκ
βραχέος.
2 Ου γ ά ρ ο ιό ν τ ε ε τε ρ ο ν έτέρω έ ο ικ έ ν α ι ύδω ρ, ά λ λ α τ ά μ έν γ λ υ κ έ α ε ίν α ι, τ ά δέ ά λ υ κ ά τ ε κ α ί σ τ υ π τ η ρ ιώ δ ε α , τ ά δέ ά π ό θερμώ ν ρ έειν * ξ υ μ μ ισ γ ό μ ε ν α δέ τ α υ τ α ές τ α ύ τ ό ν
2 δέ V cf. autem Lat. : delere prop. Coray || άναμετρεΐν V : re m etie< n > s Lat. unde άναμετρέων Diller || 3 πήξιος Aid. : πήξηος V II 4 άναξηραίνεται V c f . siccatur Lat. : is not subject to freezing Gai. (Ar.) Il 5 post παχύτατον add. exterminabitur Lat. disappear Gai. (Ar.) Il 7 τούτοισιν Reinhold : τουτέοισιν V || 8 sq. περί μέν ούν — έχει V Lat. : om. Gai. (Ar.) del. Gad. (B) || 10 άνθρωποι V : ώνθρωποι Ermerins cf. ώνθρωποι Coray || 10 sq νεφρίτιδων V ; νεφρίτιδος Gad. (B) Il 11 ισχιάδων V : ϊσχιάδος Gad. (B)®' ίσχιαδικο'ι Gad. (B)'"® sciatici Lat. || 12 κήλαι V : κηλήται Coray κηλΐται Gad. (B) c f . cele[s]te fvel celites) Lat. ( suffer from) testiculary hernia Gai. (Ar.) || 13 ές Lind. : εις V || ποταμοί Coray ci. flumina ( inmittuntur) Lat. : ποταμούς V || έτεροι V cf. a lia Lat. : wide Gai. (Ar.) j| 14 ές Lind : εις V II 15 έπακτοϊσι V cf. inductis Lat. : from a high vel remote place Gai. (Ar.) sed von einem fernen Ort Gai. (Ar. comm.) || 16 διά μακροϋ — βραχέος om. Gai. (Ar.) || 18 είναι om. Lat.
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209
AIRS, EAUX LIEUX
au même endroit, entrent dans une lutte intestine et la victoire revient toujours à l’élément le plus fort ^ Mais l’élément qui est fort n’est pas toujours le même : c’est tantôt l’un, tantôt l’autre, en fonction des vents ^ : le borée donne de la force à tel élément, le notos à tel autre, et ainsi de suite pour les autres vents. Dès lors, il est inévitable que de telles eaux laissent dans les récipients des dépôts de boue et de sable. Et de ces eaux, quand on les boit, proviennent les maladies indiquées précédemment 3 Que ces maladies, pourtant, n’atteignent pas tous les individus indistinctement, c’est ce que je vais exposer Ceux dont le ventre est bien coulant et sain et dont la vessie n’est pas brûlante ni le col de la vessie trop rétréci, ces gens-là urinent facilement et il ne se forme aucune concrétion dans la vessie. 4 En revanche, chez ceux dont le ventre est brûlant, il est nécessaire que la vessie soit dans le même état ; quand, en effet, elle est échauffée plus que de nature, son col s’enflamme ; et quand elle est dans cet état, elle ne rejette plus l’urine, mais, la retenant en elle-même, elle la fait bouillir et la brûle ; la partie la plus ténue de l’urine et
209
IIEPI ΑΕΡΩΝ, ΥΔΑΤΩΝ, Τ011ΩΝ
IX.2
ά λ λ ή λ ο ισ ι σ τ α σ ιά ζ α ^ ν ) , κ α ί κ ρ α τ ε ΐν à c î τ ο Ισ χ υ ρ ό τ α το ν · 1σχύ€ΐ 84 ο ύ κ à c l τω ύ τ ό , α λ λ ά α λ λ ο τ € ά λ λ ο κ α τ ά τ α π ν β ύ μ α τα · τω μ4ν γ ά ρ βο ρ έη $ τ η ν Ισ χ ύ ν π α ρ έ χ ε τ α ι, τ φ δέ ό ν ό τ ο ς , κ α ί τω ν λ ο ιπ ώ ν π έ ρ ι ω υ τό ς λ ό γ ο ς . Ύ φ ίσ τ α σ 5
θ α ι ο υν τ ο ίσ ι τ ο ιο ύ τ ο ισ ιν α ν ά γ κ η εν τ ο ίσ ιν ά γ γ ε ίο ισ ιν ίλ ύ ν κ α ί ψ ά μ μ ο ν . Κ α ί ά π ό το ύ τω ν π ινο μ ένω ν τ ά ν ο σ ή μ α τ α γ ίν ε τ α ι τ ά π ρ ο ε ιρ η μ έ ν α . 3 Ό τ ι δε ο ύ χ α π α σ ιν ε |ή ς , φ ρ ά σ ω . Ό κ ό σ ω ν μ εν ή τ ε κ ο ιλ ίη ευρ ο ός τ ε κ α ί ύ γ ιη ρ ή ε σ τ ι κ α ί ή κ ύ σ τ ις μ η π υ ρ ετώ δ η ς μ η δ έ ό σ τ ό μ α χ ο ς τ ή ς
10
κ ύ σ τ ιο ς ξ υ μ π έ φ ρ α κ τ α ι λ ίη ν , ο υ τ ο ι μ έν δ ιο υ ρ ε ύ σ ι ρ η ϊδ ίω ς κ α ί έν τ ή κ ύ σ τ ε ι ο υ δ έν Σ υ σ τ ρ έ φ ε τα ι ' 4 ό κό σ ω ν δέ ά ν ή κ ο ιλ ίη
π υ ρ ετώ δ η ς
π ά σ χ ε ιν *
ό κ ό τα ν
ή, γάρ
άνάγκη
καί
θ ερ μ α νθ ή
τη ν
κ ύ σ τ ιν
μάλλον
τή ς
τω ύ τό φ ύ σ ιο ς ,
έ φ λ έ γ μ η ν ε ν α υ τ ή ς ό σ τ ό μ α χ ο ς ' ό κ ό τ α ν δέ τ α ύ τ α π ά θ η ,
15
τό
ούρον
ουκ
ά φ ίη σ ιν ,
άλλ’
έν
έ ω υ τή
ξυ ν έ ψ ε ι
καί
σ υ γ κ α ίε ι, κ α ί τ ό μ έν λ ε π τ ό τ α τ ο ν α υ το ύ κ α ί τ ό κ α θ α ρ ώ τ α -
T e s t . 9 s q . ό σ τ ό μ α χ ο ς τ η ς κ ύ σ τ ι ο ς ] c f . E r o t . s.v. σ τ ό μ α χ ο ς κ ύ σ τ ε ω ς ( Σ 1 4 e d . N a c h m a n s o n 7 8 , 2 - 4 = supra, p . 1 2 7 ) . 12 κοιλίη πυρετώδης! cf. Erot. s.v. (K 21 ed. Nachmanson 50, 5 = supra, p. 124).
4. L’influence des facteurs extérieurs sur la santé n’est pas identique chez tous les individus. La nature des individus est un paramètre dont il faut également tenir compte ; voir Notice, p. 48-50. L ’auteur distingue ici deux catégories d’individus : ceux qui peuvent boire l’eau mélangée sans dommage et ceux chez qui cette eau provoque la lithiase. La ponctuation adoptée pour cette phrase est celle de V (έξης [)ortant sur άπασιν et non sur φράσω) ; pour l’ordre de V, voir Gundermann, p. 18, 23 et pour la justification de cet ordre, voir Diller, Festschrift Kapp, p. 49 qui rétablit à juste titre l’ordre de V recc. et des éditions anciennes (Aldine, Cornarius) contre toutes les éditions modernes depuis Van der Linden. Pour άπασιν έξης, Diller compare [Xen.] République des Athéniens 1, 6 πάντας έξης et Thuc. 1, 20, 1 παντί έξης τεκμηρίω ; et il note que φράσω est employé seul dans une construction analogue en c. 22, 4. Malgré les remarques de Diller, Lipourlis est revenu à la lectio facilior des éditions modernes.
1 άλλήλοισι — καί om. Gai. (Ar.) |! στασιάζειν scripsi : στασιάζει V neressitatem altercantes Lat. unde στασιάζειν άνάγκη Diller || κρατεϊν Diller : κρατέειν V obtinere Lat. κρατέει Pal Ho^ Aid. |l 1 sq. ίσχυρότατον V : fortiorem Lat. |1 2 άεί om. Lat. || κατά Coray cf. secundum Lat. cf. acrording to Gai. (Ar.) : καί V || 4 ό del. Vi'ilamowitz (apud K.) I| 5 τοιούτοισιν Reinhold : -τέοισιν V || τοίσιν άγγείοισιν Reinhold : τοϊς άγγείοις V || 6 πινομένων Portus : πινευμένων V il 7 γίνεται V : fieri Lat. H7 sq. "Οτι — φράσο^ om. Gai. (Ar.) ii 8 μέν V : ergo Lat. li ύγιηρή Portus : -ρής V || 10 κύστιος Aid. : κύστηος V || ξυμπέφρακται (vel συμπ ) vet. cod. in Gad. (J) Gad. (B) Bald. Portus cf. angustalurn Lat. (Y. contracted Gai. (Ar.) : ξυμπέπρακται V ξυμπίμπραται Zwinger"’* |! 12 πυρετώδης V ; ferventior Lat. il τιούτύ V : hoc Lat. H 13 φύσιος Aid. ; φύσηος V 1| 14 έφλέγμηνεν Lind. : έφλήγμηνεν V || post έφλέγμηνεν add. cum vi Lat. sed non habet Gai. (Ar.) il 15 έο^υτή Kuehlewein : έωυτέη Gad. (B) έωυτέω V i ςυνέψει V cf. dccoquet Lat. : συνέχει [Gai.] In Hipp. De humor. (XVI, 439 Kühn) (Y. dudit ur Lat. (H) imprisons Gai. (Ar.) || 16 συγκαίει Gad. (B) : συγκάει V Ü μέν V : del. Gad. (B) |i αύτοΰ Ermcrins : αύτέου V ü post αυτού add. άποκρίνεται V sed non hab. Lat. (ial. (Ar.) ü ait. το deh'verim.
IX.4 210
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΥΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
210
AIRS, EAUX, LIEUX Tov δ ιΐ€ Ϊ καί, € ξ ο υ ρ € Ϊτα ι, τ ο Sc π α χ ύ τ α τ ο ν κ α ί θ ο λ ω δ έ σ τα
la plus pure passe par (le col) et est évacuée ; en revanche, la partie la plus épaisse et la plus bourbeuse se condense et se coagule Tout d’abord, la concrétion est petite, puis ^ elle grossit : étant roulée par l’urine, elle s’agrège tout ce qui s’amasse d’épais, et de la sorte augmente de volume et durcit. Et quand on veut uriner, la concrétion se précipite vers le col de la vessie sous la poussée de l’urine, empêche d’uriner et cause une forte douleur. Aussi les enfants atteints de lithiase frottent-ils et tirent-ils les parties honteuses, car il leur semble que la cause de l’émission de l’urine se trouve là^. 5 Voici la preuve que les choses se passent ainsi : l’urine émise est très limpide chez les gens atteints de lithiase, du fait que la partie la plus épaisse et la plus bourbeuse demeure sur place et se condense Dans la plupart des cas voilà comment se produit la lithiase ; toutefois, un calcul ^ peut provenir aussi du lait, s’il n’est pas sain, mais est trop chaud et bilieux ; car ce lait échauffe entièrement le ventre et la vessie, si bien que l’urine, étant
τ ο ν ξ υ σ τρ έ ψ € τα ι κ α ί σ υ μ π ή γ ν υ τ α ι * τ ό μ έν π ρ ώ το ν μ ι κρ ό ν, Ιπ € ΐτ α μ € Ϊζο ν γ ίν € τ α ι ' κυ λ ιν δ € υ μ € ν ο ν γ α ρ υπ ό το υ ο υ ρ ο υ , ο τ ι α ν ξ υ ν ίσ τ η τ α ι π α χ ύ , ξ υ ν α ρ μ ό ζ € ΐ π ρ ός έ ω υ τό 5
κ α ί ο ύ τω ς α ύ ξ € τ α ί τ€ κ α ί π ω ρ ο ΰ τα ι. Κ α ί ό κ ό τ α ν ουρτ), π ρ ός το ν σ τ ό μ α χ ο ν τ ή ς
κ ύ σ τ ιο ς
π ρ ο σ π ίπ τω
ύπ ό το υ
ούρ ου β ια ξό μ € ν ο ν κ α ί κ ω λ ύ ε ι ο υ ρ εΐν κ α ί ο δ ύ ν η ν π α ρ έ χ ε ι ισ χ υ ρ ή ν ' ώ σ τε τ ά α ιδ ο ία τ ρ ίξ ο υ σ ι κ α ί έ λ κ ο υ σ ι τ α π α ιδ ία τ ά λ ιθ ιώ ν τ α ' δ ο κ ε ΐ γ ά ρ α υ τ ο ΐσ ι τ ό α ίτ ιο ν ε ν τα ύ θ α ε ίν α ι
10
τ ή ς ο υ ρ ή σ ιο ς .
5
Τ ε κ μ ή ρ ιο ν δέ δ τ ι ο ύ τω ς ε χ ε ι ' τ ό γ ά ρ
ο ύρ ο ν λ α μ π ρ ό τ α τ ο ν
ο υ ρ έ ο υ σ ιν ο ί λ ιθ ιώ ν τ ε ς ,
δ τ ι || τ ό
π α χ ύ τ α τ ο ν κ α ί θ ο λ ω δ έ σ τα το ν α υ το ύ μ έ ν ε ι κ α ί σ υ σ τρ έ φ ε τ α ι. Τ ά μεν π λ ε ΐσ τ α ο υ τω λ ι θ ι α ’ γ ίν ε τ α ι δε π ώ ρος κ α ί α π ό το υ γ ά λ α κ τ ο ς , ή ν μ ή ύ γ ιη ρ ό ν ή , ά λ λ α θ ερ μ όν τ ε
15
λ ίη ν κ α ί χ ο λ ώ δ ε ς ' τ η ν γ ά ρ κ ο ιλ ίη ν δ ια θ ε ρ μ α ίν ε ι κ α ί τ η ν
T e s t . 4 ξυναρμόζει] cf. Erot. .s.t;. συνασκήσει (Σ 15 ed. Nachmanson 78, 5 = supra, p. 127).
2. Kuehlewein préfère ici επειτα δέ de Gad. (B) à επειτα de V parce qu’il s’agit d’une succession temporelle et non d’une énuméra tion ; cf. De usu particularum, Gottingae, 1870, p. 19. 4. La séparation de l’urine en deux parties correspond exactement à ce qui a été dit quelques lignes plus haut (c. 9, 4). La leçon du manuscrit ancien de Gadaldini « la plus bourbeuse » (θολωδέστατον), à la place de « la plus bilieuse » de V (χολωδέστατον), rétablit un parallélisme exact ; comparer ce qui a été dit plus haut (το δε παχύτατον και θολωδέστατον ξυστρέφεται) à notre passage (το παχύτατον καΐ θολωδέστατον... συστρέφεται ). L’erreur de V provient d’un rapprochement avec χολώδες employé quelques lignes plus bas. La leçon de Gadaldini est entrée assez tôt dans les éditions, à partir de Van der Linden (1665). Quelques années auparavant (1637), le Florentin Baldus Baldius (Disquisitio latro-Physica ad textum 23 lib. Hippocr. de Aère, Aquis, & Locis, Romae, apud Ludov. Grignanum) avait fait une dissertation d’une cinquantaine de pages pour montrer la supériorité de la leçon de Gadaldini sur celle de la vulgate ! Depuis lors, cette leçon a été confirmée par le témoignage de la traduction latine {turbulentius), puis par celui de la traduction arabe des lemmes de Galien {turbid part).
1 διιεΐ Corn. : διεϊ V manat Lat. cornes out Gai. (Ar.) δίεισι Wilamowitz (apud K.) διίει prop. Diller διίεται proposuerim || έξουρεΐται Kuehlewein : έξουρέεται V || 2 το μέν πρώτον V : καί το μέν πρώτον Wilamowitz (apud K.) cf. et quidem primo Lat. ll 3 post επειτα add. δέ Gad. (B) |j γίνεται Kuehlewein : γίγνεται V || 5 ούρη Kuehlewein : ούρέη V j| 6 κύστιος Aid. : κύστηος V j| 6 sq. ύπό τοϋ ούρου βιαζόμενον om. Gai. (Ar.) |j 7 ούρεϊν Kuehlewein : ούρέειν V |1 8 έλκουσι V cf. extendant Lat. : wound Gai. (Ar.) ( = έλκουσι) |1 9 τά λιθιώντα om. Gai. (Ar.) |j δοκεΐ Kuehlewein ; δοκέει V || αύτοΐσι Ermerins : αύτέοις V |j 1 0 ούρήσιος Aid. : ούρήσηος V cf. urine Lat. ούρήσιος Coray cf. their difficulty in urinating Gai. (Ar.) H 11 01 λιθιώντες V : hii (sc. pueri qui litias inhabent) Lat. youths who hâve stone Gai. (Ar.) Hpost oi λιθιώντες add. προς το γινόμενον ορρόν V sed del. Gad. (B) Bald. ; de textus ordine in V perturbato vide supra, p. 85 || 12 θολωδέστατον vet. cod. in Gad. (J) Gad. (B) Serv. cf. turbulentius Lat. cf. turbid part Gai. (Ar.) : χολωδέστατον V || αύτοΰ Ermerins : αύτέου V || 13 τά μέν — λιθια om. Gai. (Ar.) || τά μέν πλεΐστα V : et plerumque Lat. unde τα μέν πλεΐστα Diller (jam Lind. e Corn, [lat.] et plerique) |j πώρος Heiberg cf. lapis Lat. cf. stone Gai. (Ar.) : πρός V πόρος Gad. (B) παισίν Aid.
40
211
brûlée, subit les mêmes accidents \ Et j ’affirme qu’il vaut mieux donner aux enfants le vin aussi allongé d’eau que possible car il brûle et dessèche ^ moins les vaisseaux. 6 Chez les femmes, les pierres ne se forment pas aussi fréquemment ; la raison en est que le canal urinaire de la vessie est court et large, de sorte que l’urine est expulsée ^ facilement ; de fait, la jeune fille ne se frotte pas avec la main les parties honteuses comme le garçon ni ne touche le canal urinaire ; car, chez les femmes il débouche dans les parties honteuses — chez les hommes, au contraire, il n’est pas percé en ligne droite ; voilà pourquoi leur canal urinaire n’est pas large — . En outre, les filles boivent plus que les garçons Sur ce sujet donc, il en est ainsi ou à très peu de chose près. X. 1 Pour ce qui est des saisons, moyennant les considérations suivantes, on pourra discerner quelle doit
3. II est difficile de choisir entre les deux variantes synonymes συναυαίνει (V) et συνισχ < v > αινεί (Gadaldini). Elles sont attestées toutes deux dans le reste de la Collection hippocratique ; voir Index hippocraticus s. v. συναυαίνω (5 fois en tout) et s. v. συνισχναίνω 4 fois (mais la leçon de Gadaldini à notre passage n’est pas signalée). La forme étymologique συνισχαίνει donnée par Gadaldini mérite atten tion ; voir c. 7, 3 (κατισχάνθαι) avec la note ad loc. 4. L ’auteur termine le développement sur la lithiase par une dernière différence relevant non plus de la constitution, mais du sexe : le sexe féminin est moins atteint par la lithiase que le sexe masculin. L’auteur explique cette différence à la fois par les différen ces physiques entre les femmes et les hommes (urètre plus court et plus large chez la femme) et par le régime (les filles boivent plus que les garçons). Dans la tradition grecque, les « pierres » ont disparu à la suite d’une mélecture d’onciale et d’une mécoupure (Α ΙΘ 010Τ lu ΑΙΔΟΙΟΤ). Elles ont réapparu grâce au manuscrit ancien de Gadaldini et ont fait leur entrée dans le texte grec des éditions à partir de Van der Linden (1665). La leçon du manuscrit de Gadaldini a été confirmée plus tard par la traduction latine, [>uis par la traduction arabe des lemmes de Galien.
211
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
IX.5
AIRS, EAUX LIEUX
κ ύ σ τ ιν , ώ στ€ τ ο ο υ ρ ο ν ξ υ γ κ α ιό μ € ν ο ν τ α ύ τ ά ττά σ χ € ΐν. Κ α ί ψ η μ ι α μ € ΐν ο ν e iv a i τ ο ίσ ι π α ιδ ίο ισ ι τ ό ν ο ίν ο ν ώ ξ ύ δ α ρ έσ τα το ν
δ ιδ ό ν α ι ' ή σ σ ο ν
γορ
ro s
φ λέβοξ
ξ υ γ κ α ίβ ι
καί
σ υ ν α υ α ίν € ΐ. 6 Τ ο ίσ ι δ€ θ ή λ ε σ ι λ ίθ ο ι ού γ ίν ο ν τ α ι ο μ ο ίω ς ’ ό γ ά ρ ο ύ ρ η ΙΙτή ρ β ρ α χ ύ ς έ σ τ ιν ό τ ή ς κ ύ σ τ ιο ς κ α ι ευ ρ ύ ς , ώ σ τε β ιά ζ ε τ α ι τ ο ο υ ρ ο ν ρ η ϊδ ίω ς ' ο ύ τ ε γ ά ρ τ ή χ € ΐρ Ι τ ρ ίζ ε ι τ ό α ίδ ο ΐο ν ώ σπ ερ τ ο ά ρ σ εν, ο ύ τ ε α τ τ τ ε τ α ι τ ο υ ο ύ ρ η τ ή ρ ο ς ' ες γ ά ρ τ α α Ιδ ο ΐα |υ ν τ ε τ ρ η ν τ α ι — ο ί δ ’ ά νδ ρ ες ο ύ κ ευθύ τ ε τ ρ η ν τ α ι ' δ ιό τ ι κ α ί ο ΐ ο υ ρ η τή ρ ε ς ο ύ κ ε ύ ρ ε ΐς — , κ α ί 10
π ίν ο υ σ ι π λ ε ΐο ν ή ο ί π α ίδ ε ς . Π ερ ί μ εν ο υ ν το ύ τω ν ώδε ε χ ε ι ή δ τ ι το ύ τω ν ε γ γ ύ τ α τ α . X.
1 Π ε ρ ί δε τω ν ώρέων ώδε α ν
δ ια γ ιν ώ σ κ ο ι
ό κ ο ΐό ν
τι
μ έλλει
έσεσ θαι
τ ις τό
ένθ υ μ εύ μ ενο ς έτο ς,
ε ϊτ ε
1 ταύτά Heiberg : ταΰτα V hoc Lat. |1 καί V : qua ex causa Lat. |1 2 τοίσι Coray : τοϊς V |1 2 sq. ύδαρέστατον Aid. : ήδυρέστατον V || 4 σοναυαίνει V ; συνισχαίνει Gad. (B) coangustat Lat. emaciate Gai. (Ar.) Il λίθοι ού vet. cod. in Gad. (J) Gad. (B) cf. lapides non Lat. cf. stone does not Gai. (Ar.) : αιδοίου V ( καρτεροί V : καρτερωταί Gad. (B) fo r tio r e s Lat. i; άνθρωποι V : oi άνθριοποι Barb όώΟρωποι Corav.
229
XVI.3
AIRS, EAUX LIEUX
mais sont soumis à un maître, l’enjeu n’est pas pour eux de s’exercer à la guerre, mais de paraître inaptes au combat \ 4 Car les risques ne sont pas également partagés ; il est normal que les sujets, eux, partent en expédition, subissent des épreuves et meurent, tout cela sous la contrainte, dans l’intérêt de leurs maîtres, et en étant séparés de leurs enfants, de leur femme et du reste de leurs proches. Quant aux exploits nobles et courageux qu’ils acccomplissent, ce sont leurs maîtres qui en profitent pour grandir et prospérer, tandis que les dangers et la mort sont les fruits qu’eux-mêmes récoltent De plus, outre cela, il est inévitable que la terre appartenant à de tels hommes se désertifie, à cause des hostilités et de l’absence de culture De la sorte, même si quelqu’un est porté par sa nature au courage et à la vaillance, son esprit en est détourné par les lois 5 En voici une grande preuve : ceux qui en Asie, Grecs ou Barbares, ne sont pas soumis à un maître mais sont gouvernés par leurs propres lois et subissent des épreuves pour leur propre compte, ceux-là sont les plus combatifs de tous ^ ; car les dangers, ils les affrontent pour eux-mêmes et ils reçoivent eux-mêmes le prix de leur courage, de même que la sanction de leur lâcheté Vous
229
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΥΔΑΤΩΝ, ΐΟΠΩΝ
α υ τ ό ν ο μ ο ι, α λ λ ά δ ε σ π ό ξ ο ν τ α ι, où π ε ρ ί τ ο ύ τ ο υ α υ τ ο ΐσ ιν ο λ ό γ ο ς ε σ τ ίν , δπω ς τ α π ο λ έ μ ια ά σ κ ή σ ω σ ιν , α λ λ ’ δκω ς μ η δ ό ξω σ ι μ ά χ ιμ ο ι ε ίν α ι. 4 Ο Ι γ ά ρ κ ίν δ υ ν ο ι ο ύ χ δ μ ο ιο ί ε ίσ ι ' το υ ς μ έν γ ά ρ σ τ ρ α τ ε ύ ε σ θ α ι ε ίκ ό ς κ α ί τ α λ α ιπ ω ρ ε ίν κ α ι 5
ά π ο θ ν η σ κ ε ιν ε ξ α ν ά γ κ η ς ύ π ερ τω ν δ εσ π ο τεω ν, ά π ό τ ε π α ιδ ιώ ν κ α ί γ υ ν α ικ ώ ν έ ό ν τ α ς κ α ι τω ν λ ο ιπ ώ ν φ ίλ ω ν ' κ α ι όκόσα
μ εν
άν
χ ρ η σ τά
και
ά ν δ ρ ε ΐα
έ ρ γ ά σ ω ν τ α ι,
οί
δ ε σ π ό τ α ι ά π ’ α υ τώ ν α υ ξ ο ν τ α ί τε κ α ί ε κ φ ύ ο ν τ α ι, το υ ς δε κ ιν δ ύ ν ο υ ς κ α ί θ α ν ά το υ ς α ύ τ ο ί κ α ρ π ο υ ν τ α ι ’ ε τ ι δε π ρ ός 10
τ ο ύ τ ο ισ ι τώ ν τ ο ιο ύ τ ω ν άνθρώ πω ν ά ν ά γ κ η έ ρ η μ ο υ σ θ α ι τ η ν γ η ν υπ ό τ ε π ο λ ε μ ίω ν κ α ί ά ρ γ ίη ς . "Ω σ τε κ α ί ε ΐ τ ις φ ύ σ ε ι π εφ υ κ εν
ά ν δ ρ εΐο ς
καί
εύψ υχος,
ά π ο τρ ε π ε σ θ α ι
τή ν
γ ν ώ μ η ν ύπ ό τώ ν νόμ ω ν. 5 Μ ε γ α δε τ ε κ μ ή ρ ιο ν το ύ τω ν ' όκόσοι 15
γάρ
έν
τη
Ά σ ίη
"Ε λ λ η ν ε ς
ή
βάρβαροι
μή
δ ε σ π ό ξ ο ν τ α ι ά λ λ ’ α ύ τ ό ν ο μ ο ί ε ίσ ι κ α ί ε ω υ τ ο ΐσ ι τ α λ α ιπ ω ρ ευ σ ιν, ο υ τ ο ι μ α χ ιμ ώ τ α τ ο ί ε ίσ ι π ά ντω ν ' το ύ ς γ ά ρ κ ιν δ ύ νο υ ς έω υτώ ν π έ ρ ι κ ιν δ υ ν ε ύ ο υ σ ι κ α ί τ ή ς ά ν δ ρ ε ίη ς α ύ τ ο ί τ ά ά θ λα φ έρ ο ν τα ι κ α ί τή ς
δ ε ιλ ίη ς
τή ν
ζ η μ ίη ν
ω σ α ύ τω ς.
T e s t . 11 άργίης] cf. Erot. s.v. αργά (A 42 ed. Nachmanson 16, 19 = supra, p. 124).
5. Pour l’expression μέγα τεκμήριον, comparer c. 8, 4 (τεκμήριον 8è μέγιστον), c. 20, 1 (μέγα Sè τεκμήριον) et c. 21, 3 (μέγα δέ τεκμήριον). La preuve consiste à prendre un contre-exemple. A climat égal, les hommes sont plus courageux, quand ils ne sont pas soumis à un régime despotique mais se gouvernent eux-mêmes. On songe tout naturellement aux Grecs de la côte asiatique. Mais l’auteur mentionne aussi des Barbares. La différence entre Grecs et Barbares s’estompe dans le système d’explication du médecin ethnographe : les hommes, quelle que soit leur origine, sont soumis aux mêmes facteurs d’explication ; voir Notice, p. 69. 6. Ce développement du c. 16, 5 sur les effets bénéfiques du régime autonome sur le courage (όκόσοι— ωσαύτως) est re[>ris à la fin du c. 23, 4, lorsque l’auteur traite du courage des Européens ("Οσοι δε αυτόνομοι— φέρονται). On observe simplement quelques légères va riantes dans l’expression.
1 αύτόνομοί Corn. : αύτόνομες V |1 τούτου Ermerins : τουτέου V H αύτοϊσιν Reinhold : αύτέοισιν V |1 1 sq. ό λόγος έστίν V : έστίν ό λόγος Gad. (Β) 1| 4 στρατεύεσθαι] σημ(είωσαι) στρατιώταις V™* || ταλαιπωρείν Knehlewein ; -ρέειν V |1 5 δεσποτέων Coray ; -τών V I! 6 γυναικών Gad. (Β) cf. c o n iu g ib u s Lat. : -κός V 1| έόντας Ho Mut Aid. : όντας V || tert. και V cf. et Lat. : del. Gad. (B) || 8 αύτών Ermerins ; -τέων V j| έκφύονται V : b en e n a sc u n tu r Lat. unde εύ φύονται Kuehlewein (in app. crit.) Diller έπιφύονται Wilamowitz II 9 αύτοί om. Lat. || 10 sq. έρημουσθαι την γην V cf. d osola r e te rra {d e s o la r i te rra m Kuehlewein) Lat. : ήμεροϋσθαι τήν οργήν Zwinger*"® vet. cod. apud Foes^ || 11 πολεμίων Corn. cf. b e llu m Lat. : άπολεμίων V άπολεμιών Ilberg άποδημιών Morrison άπολεμίης Zwinger*"* Il 12 άποτρέπεσθαι om. Lat. || 13 ύπό Gad. (B) : άπό V || δε V ; del. Gad. (B) || 15 έωυτοϊσι Ermerins : -τέοισι V || 17 έωυτών Ermerins : -τέων V || αύτοί Ermerins : αύτέοι V.
230
AIRS, EAUX, LIEUX
trouverez aussi que les Asiatiques diffèrent entre eux, les uns étant plus braves, les autres plus pusillanimes. La cause en est dans les changements des saisons, comme il a été dit par moi dans ce qui précède L Au sujet des habitants de l’Asie, voilà donc ce qu’il en est. XVII. 1 En Europe, il est un peuple scythe demeurant dans les environs du Palus-Méotide qui diffère des autres peuples ; on les appelle Sauromates 2 Chez eux, les femmes montent à cheval, tirent à l’arc, lancent le javelot depuis leur cheval, et livrent bataille aux ennemis, tant qu’elles sont vierges Or elles ne quittent la virginité que lorsqu’elles ont tué trois ennemis, et elles ne se marient pas avant d’avoir accompli les sacrifices conformes à la coutu me Mais celle qui a obtenu pour elle un mari cesse de monter à cheval, tant que ne survient pas la nécessité d’une expédition générale. 3 Elles n’ont pas de sein droit : alors qu’elles sont encore de tout jeunes enfants, leurs mères,
XVI.5
230
IlEPI ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΙΙΩΝ
Ε ύρήσ €ΐ$ εω υτώ ν,
5c κ α ΐ το ύ ς
to us
μ εν
Ά σ ιη ν ο ύ $
β ε λ ||τίο ν α ς ,
δ ια ψ ε ρ ο ν τα ς
το ύ ς
δε
α υ το ύ ς
φ α υ λότερ ου ς
έ ό ν τα ς ' το ύ τω ν δέ α ΐ μ ε τ α ζ ο λ α ί α ΐτ ι α ι τω ν ώρεων, ώ σπερ μ ο ι ε ΐρ η τ α ι εν τ ο Ϊσ ι π ρ ο τε ρ ο ισ ι. Κ α Ι π ε ρ ί μ εν τω ν εν ττ| 5
Ά σ ίη
ο ύ τω ς € χ ει.
X V II.
1 Έ ν δε τ η Ε υρώ π η ε σ τ ιν έθνος Σ κ υ θ ικ ό ν δ π ε ρ ί
τ ή ν λ ίμ ν η ν ο ίκ ε ΐ τ ή ν Μ α ιώ τ ιν δ ια φ έ ρ ο ν τω ν εθνέων τω ν ά λ λ ω ν ' Σ α υ ρ ο μ ά τ α ι κ α λ ε υ ν τ α ι. 2 Τ ο ύ τω ν α ΐ γ υ ν α ίκ ε ς ίπ π ά ζ ο ν τ α ί τε κ α ί τ ο ξ ε ύ ο υ σ ι κ α ί α κ ο ν τ ίζ ο υ σ ιν α π ό τω ν 10
ίπ π ω ν κ α ί μ ά χ ο ν τ α ι τ ο ίσ ι π ο λ ε μ ίο ισ ιν , έως ά ν π α ρ θ έ ν ο ι έω σ ιν. Ο υ κ ά π ο π α ρ θ ε ν ε ύ ο ν τα ι δέ μ έ χ ρ ις ά ν τω ν π ο λ ε μ ίω ν τ ρ ε ις ά π ο κ τε ίν ω σ ι, κ α ί ού π ρ ό τερ ο ν σ υ ν ο ικ έ ο υ σ ιν ή π ε ρ τ α ιε ρ ά θ ύσ ω σ ι τ α έν νόμια. ‘Ή δ ’ ά ν ά ν δ ρ α έω υ τη ά ρ η τ α ι, π α ύ ετα ι
15
ίπ π α ζ ο μ έ ν η ,
έως
άν
μή
ανάγκη
κ α τα λά ζη
π ά γ κ ο ιν ο υ σ τ ρ α τ ε ίη ς . 3 Τ ο ν δ ε ξ ιό ν δέ μ α ζ ο ν ο υ κ έ χ ο υ σ ι’ π α ιδ ίο ισ ι γ ά ρ έ ο υ σ ιν έ τ ι ν η π ίο ισ ιν α ΐ μ η τέ ρ ε ς χ α λ κ ίο ν
T est . 1 Εύρήσεις — 4 προτεροισι) Gai. Quod animi mores, c. 8 (ed. Mueller 59, 10-14; ed. Biesterfeldt 62, 9-12).
1. L ’a u t e u r r e n v o i e a u d é b u t d e s o n d é v e l o p p e m e n t s u r le m o r a l d e s A s i a t i q u e s ( c . 1 6 , 2) o ù i l e s t d i t q u e l e s c h a n g e m e n t s d e s s a i s o n s s o n t la c a u s e p r in c ip a le d ’u n t t ;m p é r a m e n t f a r o u c h e e t c o u r a g e u x . C e tt e c a u s e p r i n c ip a le o u v r e e t clô t le d é v e l o p p e m e n t s u r le m o r a l d e s A s i a t i q u e s : l’a b s e n c e d e c h a n g e m e n t s d e s a i s o n s j u s t i f i e e n r è g l e g é n é r a l e l ’a b s e n c e d e c o u r a g e c h e z l e s A s i a t i q u e s , m a i s s a p r é s e n c e d a n s c e r t a i n e s r é g i o n s d e l ’ A s i e ( c f . c . 1 3 , 2) e x p l i q u e d e s d i f f é r e n c e s d e n a tu r e e n tre les A sia tiq u e s e u x - m ê m e s , ce rta in s é ta n t p lu s c o u r a g e u x q u e d ’a u t r e s . A i n s i le c l i m a t e t le s lo i s v o n t g é n é r a l e m e n t d a n s le m ê m e s e n s p o u r e x p li q u e r le m a n q u e d e c o u r a g e d e s A sia ti(ju e s ; m a is , d a n s d e s c a s p a r t ic u li e r s , l’in f l u e n c e d e s lo is ( r é g i m e s p o litic ju es a u t o n o m e s ) et d u c lim a t ( c h a n g e m e n t s d e sa iso n s) p e u v e n t e x p l i q u e r q u e c e r t a i n s A s i a t i q u e s s o i e n t p l u s c o u r a g e u x q u e d ’a u t r e s . 2. S u r les S a u r o m a t e s , H é r o d o t e (I V , 1 1 0 -1 1 7 ) p r é s e n te u n lo n g d é v e lo p p e m e n t qui offre d e gra n d es ressem b la n ces av ec celui d e l’a u t e u r h i p p o c r a t i q u e , m a i s a u s s i q u e l q u e s d i f f é r e n c e s . H é r o d o t e situ e c e p e u p le à tr o is jo u r s d e m a r c h e d u P a lu s - M é o t i d e (I V , 1 1 6 , 1). A u s s i π ε ρ ί d oit-il sig n ifie r « d a n s les e n v ir o n s d e » p lu tô t q u e « s u r les b o r d s d e ».
66
16 χαλκίον] cf. Erot. s.v. (X 5 ed. Nachmanson 94, 1 = supra, p. 127) ; cf. etiam Hsch. s.v. 2 έωυτών Ermerins : -τέων V || ante τούς μέν add. καί Gai. (cit.) |1 3 τούτων Ermerins : -τέων V || 4 τοϊσι Gai. (cit.) : τοϊς V || post προτέροισι add. those that live in Libya (vel lonia), i.e. the Libyans (vel lonians), eat a great deal and are soft, being incapable o f fighting because o f the equable climate Gai. (Ar.) || 4 sq. καί — εχει om. Gai. (Ar.) || 6 δ — 231, 4 έκδιδόναι om. Gai. (Ar.) 1| 8 τούτων Ermerins : -τέων V || 10 τοϊσι πολεμίοισιν Littré : τοϊς πολεμίοις V |] 11 εωσιν Coray : έωσιν V || ούκ Mut Aid. : ού V || άποπαρθενεύονται γοοΓΓ add.V’ ®‘) cf. violantur Lat. : παρθενεύονται V |{ 12 ήπερ V : nisi ante Lat. del. Heiberg || 13 θύσωσι prop. Coray Kuehlewein : θύουσαι V Heiberg immolent Lat. θύωσι Lind. θϋσαι Portus Coray || τά έν νόμω Portus Littré cf. que in lege sunt Lat. : τώ έννόμω V τά εννομα Gad. (B) || "H δ’ âv V : del. Gad. (B) om. Lat. || 13 sq. άρηται, παύεται V ; αίρεϊται και παύεται Gad. (B) eliget et desinet Lat. άρηται, καί παύεται Diller |i 16 παιδίοισι Littré ; παιδίοις V || νηπίοισιν Littré : νηπίοις V || χαλκίον Hcringa (ex Erot. apud Eustachium) Erot. (A) : χάλκεον V χαλκεϊον Erot. (LMO) aerea eum {aereum Brinckmann) Lat.
231
AIRS, EAUX LIEUX
faisant fortement chauffer un appareil de bronze fabriqué spécialement à cet effet, l’appliquent sur le sein droit et le brûlent de manière que sa croissance soit arrêtée et que toute la force et toute la quantité (de nourriture) se reportent vers l’épaule droite et le bras droit XVIII. 1 Venons-en à l’aspect physique du reste des Scythes. Le fait qu’ils se ressemblent entre eux et ne ressemblent nullement ^ aux autres peuples s’explique de la même façon que pour les Egyptiens, si ce n’est que les uns sont accablés par la chaleur et les autres par le froid 2 Ce que l’on appelle le désert des Scythes est une étendue plate, couverte de prairies, élevée ^ et modérément pourvue d’eau, car il y a de grands fleuves qui drainent l’eau provenant des plaines C’est là précisément que les Scythes passent leur vie. On les appelle nomades parce qu’ils n’ont pas de maisons, mais habitent dans des chariots. 3 Les chariots les plus petits ont quatre roues, les autres six roues. Ils sont entièrement bâchés de feutre et ils sont aménagés comme des maisons, les uns n’ayant qu’une seule chambre, les autres ayant jusqu’à trois chambres Ils sont imperméables à l’eau, à la neige et aux vents Ces
.5. L ’i d é e q u e l e s f l e u v e s d r a i n e n t l ’h u i n i d i t é d ’ u n e p l a i n e e s t r é a ffir m é e a u e. 2 4 , 4 , a v e c le m ê m e v e r b e έ ξ ο χ ε τ ε ύ ο υ σ ι. S u r les g r a n d s f l e u v e s d e S c y t h i e , v o i r le l o n g e x p o s é d ’H é r o d o t e q u i c o m m e n c e p a r u n e p h r a s e a s s e z p r o c h e d e c e l l e d ’A irs, e au x , lieu x : I V , 4 7 , I ή τ ε γ ά ρ γ ή έ ο ΰ σ α ττεδ ιά ς χ ύ τ η π ο ιώ 3 η ς τ ε κ α ί ε ύ υ δ ρ ό ς έ σ η , π ο τα μ ο ί τε 3t’ α υ τή ς ρέουσ ι ού π ο λ λ ω τ ε ω α ριθμ ό ν έλά σ σ ο νες τ ω ν έν Α ί γ ύ π τ ω δ ιω ρ ύ χ ω ν «c e te rrito ire, q u i e st u n e é te n d u e p la te , est c o u v e r t d e p â t u r a g e s et rich e e n e a u x ; les fle u v e s q u i c o u le n t à tr av er s ce te rrito ire so n t à p e in e m o i n s n o m b r e u x q u e les c a n a u x d e l’É g y p t e ». H é r o d o t e c i te h u i t g r a n d s f le u v e s , d o n t l’I s t r o s , le T y r a s , l’H y p a n i s , le B o r y s t h è n e , le P a n t i c a p è s e t le T a n a ï s . V o i r a u s s i I V , 8 2 . 6. L e m o t ν ο μ ά δ ε ς sig n ifie e n s o n s e n s é t y m o l o g i q u e «c e u x q u i fo n t p a î t r e l e u r s t r o u p e a u x », « p a s t e u r s ». M a i s il c o n t i e n t d é j à c l a i r e m e n t ic i la c o n n o t a t i o n d ’« a b s e n c e d e s é d e n t a r i t é » q u i e s t le s e u l s e n s r e t e n u d a n s le f r a n ç a i s « n o m a d e ». E n q u a l if i a n t t o u s le s S c y t h e s d e « n o m a d e s » , l ’a u t e u r v a à l ’e s . s e n t i e l , c a r il e x i s t a i t u n e m i n o r i t é d e S c y t h e s s é d e n t a i r e s q u i t r a v a i l l a i e n t l a t e r r e ; v o i r in fra n o t e à c . 2 0 , 1 (déb ut).
XVII.3
231
ΠΕΡΙ AEPiIN, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
τ€Τ€χνημ€νον [ ή ] Ι π ’ α ύ τώ το ύ τω δ ιά π υ ρ ο ν π ο ιέ ο υ σ α ι TTpôs τ ο ν μ α ζ ο ν τ ιθ έ α σ ι τ ο ν δ ε ξ ιό ν , κ α ι ε π ικ α ίε ΙΙτ α ι ώ σ τε τη ν
α ΰ ξ η σ ιν
ψ θ είρ εσ θ α ι,
έ$
δε
το ν
δ ε ξ ιό ν
ώ μ ον
και
β ρ α χ ίο ν α π ά σ α ν τ η ν ίσ χ υ ν κ α ί τ ό π λ ή θ ο ς ε κ δ ιδ ό ν α ι. 5
X V III. I
Π ε ρ ί δε τω ν λ ο ιπ ώ ν Σ κυθέω ν τ ή ς μ ο ρ φ ή ς , δ τ ι
α ύ τ ο ί έ ω υ το ΐσ ιν έ ο ίκ α σ ι κ α ί ο υ δ α μ ά α λ λ ο ισ ιν ,
ω ύ τό ς
λ ό γ ο ς κ α ί π ε ρ ί τω ν Α ιγ υ π τ ίω ν , π λ ή ν δ τ ι ο ί μ εν υπ ό το ύ θερ μ ού ε ίσ ι β ε β ια σ μ έ ν ο ι, ο ΐ δ ’ υπ ό το ύ ψ υ χ ρ ο ύ . 2 Ή 6έ Σ κυθέω ν έ ρ η μ ίη κ α λ ε υ μ έ ν η π ε δ ιά ς έ σ τ ι κ α ί λ ε ιμ α κ ώ δ η ς 10
καί
υψ ηλή
καί
ένυ δ ρ ο ς
μ ε τρ ίω ς '
π ο τα μ ο ί
γάρ
ε ίσ ι
μ ε γ ά λ ο ι ο ΐ έ ξ ο χ ε τ ε ύ ο υ σ ι τ ό ύδω ρ ε κ τω ν π εδ ίω ν. Ε ν τ α ύ θ α κ α ί ο ΐ Σ κ ύ θ α ι δ ια ιτ ε υ ν τ α ι, ν ο μ ά δ ες δέ κ α λ ε ΰ ν τ α ι δ τ ι ο υ κ έ σ τ ιν
ο ικ ή μ α τ α ,
ά λ λ ’ εν ά μ ά ξ η σ ιν
ο ίκ ε υ σ ιν .
3 ΑΙ
δέ
α μ α ξ α ί ε ίσ ιν α ί μ εν έ λ ά χ ισ τ α ι τ ε τ ρ ά κ υ κ λ ο ι, α ΐ δέ έ ξ ά κ υ 15 κ λ ο ι ' α ύ τ α ι δέ π ίλ ο ισ ι π ε ρ ιπ ε φ ρ α γ μ έ ν α ι ^ ε ίσ ίν ) ’ ε Ισ ί δέ κ α ί τ ε τ ε χ ν α σ μ έ ν α ι ώ σπερ ο ικ ή μ α τ α , τ ά μ έν ά π λ ά , τ α δέ
Test . 2 τον μαζον... τον δεξιόν... έπικαίεται] cf. Gai. Comm. Aph. VU, 43 (ed. Kühn XVIII A, 148, 11 sq.). 9 λειμακώδης] cf. Gai. Gloss, s.v. λιμακώδεις (ed. Kühn X IX , 118, 16 = B 6 supra, p. 129). 15 πίλοισι] cf. Erot. s.v. (Π 29 ed. Nachmanson 71, 5 sq. = supra, p. 126). 1 ή V : del. Heringa om. Lat. || τούτω Ermerins : -τέω V || ποιέουσαι (-ai supra i add. V^) cf. facientes Lat. : ποιέουσι V H 2 έπικαίεται V cf. έπικαίειν Gai. (Test.) : inposilum habetur Lat.
( = έ π ι κ έ ε τ α ι ) || 3 p o s t α ύ ξ η σ ι ν a d d . ex e a d e m c a u s a L a t . || 6 έ ω υ τ ο Τ σ ι ν Z w i n g e r : α ύ τ ο ι σ ι ν V !| ο ύ δ α μ ά α λ λ ο ι σ ι ν s c r i p s i : ο ύ δ α μ ί ϋ ς ά λ λ ο ι ς V ο ύ δ α μ ο ΐ ς ( - ο ΐ σ ι ν D i l l e r ) α λ λ ο ι σ ι ν W i l a m o w i t z D i l l e r nec a l i a a l i i s L a t . no oth er ra ce G a i . ( A r . ) || 8 β ε β ι α σ μ έ ν ο ι V c f . c o a c ti L a t . : g ro w up G a i . ( A r . ) It ύ π ό H e r i n g a : ά π ο V H1 0 κ α ί ( p r . ) — 2 3 2 , 1 2 ί π π ο ^ ν o m . c o n s u l t o G a i . ( A r . ) i' υ ψ η λ ή V c f . a l l a L a t . : ψ ι λ ή C o r n , a n ύ ψ η λ ή κ α ί ψ ι λ ή ? ( d ' . c . 1 9 , 2 3 3 , 1 4 μ ε τ έ ο ^ ρ α κ α ί ψ ι λ ά :| 1 1 sq. έ ν τ α ύ θ α κ α ί V ; ib id e m L a t . It 1 3 έ σ τ ι ν V ; in su n l L a t . 11 ά μ ά ξ η σ ι ν C o r a y : ά μ ά ξ α ι ς V |
15 sq. πίλοισι — καί om. Lat. tl πίλοισι Erot. : πηλοις V i] post περιπεφραγμέναι addidi είσίν Hδέ (ait.) V : τε Diller del. Wilamowitz 11 16 τετε/νασμέναι V cf. a d in u e n te lege a d in v e n t a e Lat. ; διατετει•/ισμέναι Wilamowitz !| 16 sq. τά μέν άπλά, τά δέ καί τριπλά V : in fe rio re s et su p e r iu s et d u plic.es su n t Lat. τά μέν διπλά, τά δέ τριπλά Coray e Calvo (d u p lic i, tn p lic iq u e ta b u la t o ) τά μέν άπλά, , τά δέ καί τριπλ,ά prop. C.oray (Π, ρ. 277) Diller.
68
232
AIRS, EAUX, LIEUX
chariots sont tirés les uns par deux paires, les autres par trois paires de bœufs dépourvus de cornes ; l’absence de cornes est due au froid ^ 4 Voilà donc les chariots dans lesquels les femmes passent leur vie, tandis que les hommes, eux, se déplacent à cheval Viennent derrière eux les moutons qu’ils possèdent leurs bœufs et leurs chevaux. Ils demeurent au même endroit aussi longtemps que le fourrage est en quantité suffisante pour le bétail lui-même ; quand ce n’est plus le cas, ils se déplacent vers un autre lieu Eux-mêmes mangent de la viande bouillie, boivent du lait de jument et croquent de Γ« hippace » ; c’est du fromage de jument Voilà ce qu’il en est de leur genre de vie et de leurs coutumes. XIX. 1 Maintenant, à propos des saisons et de leur aspect physique, le fait que la race des Scythes est fort différente du reste des hommes tout en étant semblable à elle-même comme la race des Egyptiens, le fait qu’elle est fort peu prolifique ^ et que le pays nourrit des animaux sauvages
XVIII.3
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
232
κ α ι τ ρ ιπ λ ά . Τ α υ τ α δέ κ α ι σ τ€ γ ν ά προ5 ύδω ρ κ α ι π ρος χ ιό ν α κ α ι π ρ ος τ α π ν € ύ μ α τα . Τ ά ς Sk ά μ α ξ α ς β λ κ ο υ σ ι ζ€ υ γ εα τ ά ς μέν δυ ο, τ ά ς δέ τ ρ ία βοώ ν κέρω ς ά τ€ ρ ' ού γ ά ρ έ χ ο υ σ ι κ έ ρ α τ α υπ ό το υ ψ ύχ €ο ς. 4 Έ ν τ α ύ τ η σ ι μ έν ο υ ν 5
τ ή σ ιν ά μ ά ξ η σ ιν ^ α ΐ ) γ υ ν α ίκ ε ς δ ια ιτ ε ΰ ν τ α ι ' α υ τ ο ί δε έ φ ’ ίπ π ω ν ό χ ε υ ν τ α ι ο ί ά νδ ρ ες . Έ π ο ν τ α ι δέ α ύ τ ο ΐσ ι κ α ί τ ά π ρ ό β α τα ^ τ ά ) ε ό ν τ α κ α ί α ί βό ες κ α ί ο ί ίπ π ο ι ' μ έ ν ο υ σ ι δ ’ εν τω α ύ τω τ ο σ ο υ τ ο ν χ ρ ό ν ο ν δ σ ο ν α ν ά π ο χρ τ) α ύ τ ο ΐσ ι τ ο ίσ ι κ τ ή ν ε σ ιν ό χ ό ρ τ ο ς ' ό κ ό τ α ν δε μ η κ έ τ ι, ές ε τέ ρ η ν
10
χ ώ ρ η ν μ ε τ έ ρ χ ο ν τ α ι. Α υ τ ο ί δ ’ έ σ θ ίο υ σ ι κ ρ έ α έφ θ ά κ α ί π ίν ο υ σ ι γ ά λ α ίπ π ω ν κ α ί Ιπ π ά κ η ν τ ρ ώ γ ο υ σ ι · τ ο ύ τ ο δ ’ ε σ τ ί ΙΙτυρός ίπ π ω ν. Τ ά μ έν ές τ η ν δ ία ιτ α ν α υ τώ ν ο ύ τω ς
70
έ χ ε ι κ α ί το υ ς ν ό μ ο υ ς . X IX . 15
1 Π ε ρ ί δέ τώ ν ώρέων κ α ί τ ή ς μ ο ρ φ ή ς , δ τ ι π ο λ ύ
ά π ή λ λ α κ τ α ι τώ ν λ ο ιπ ώ ν ανθρώ πω ν τ ό Σ κ υ θ ικ ό ν γ έ ν ο ς κ α ί έ ο ικ ε ν α υ τ ό έω υτώ ώ σ π ερ τ ό Α ιγ ύ π τ ιο ν κ α ί ή κ ισ τ α
T est . 7 πρόβατα] cf. Erot. s.v . (Il 30 ed. Nachmanson 71, 7 sq. = s u p r a , p. 126).
3 . L a l e ç o n d e V τ ά π ρ ό β α τ χ ε ό ν τ α n ’a p a s g r a n d s e n s . L a correction d e C o ra y q u i ajoute < τ ά > d eva n t έόντα est p aléograph iq u e m e n t tr ès s a t isfa isa n te e t ré ta b lit u n e s y n t a x e c o r r e c te , m ê m e si le s e n s n ’e s t p a s t r è s r i c h e : τ α π ρ ό β α τ α < τ ά > έ ό ν τ α (s c . α ύ τ ο ΐ σ ι ) , « l e p e t i t b é t a i l q u i l e u r a p p a r t i e n t » ( q u e l q u ’il s o i t e t q u e l l e q u ’e n s o i t l a q u a n t i t é ) ; c f . W i l a m o w i t z , Griechisches Lesebuch, I I , p . 1 3 6 . E n c o m p a r a n t le p a s s a g e d e S t r a b o n ( V I I , 3 , 1 8 ) q u i p a r l e d e l ’e f f e t d u fro id s u r les a n i m a u x d e la S c y th ie , D ille r p r o p o s e d e ra jo u te r μ ε γ ά λ α ap rès έόντα p arce q u e S trab o n , ap rès avoir parlé d es b œ u fs san s co rn e s, d it q u e « les c h e v a u x so n t petits, m a is les m o u t o n s so n t g r a n d s » (oï τ ε ιπ π ο ο μ ικ ρ ο ί, τ ά 3 έ π ρ ό β α τ α μ ε γ ά λ α ) . L a c o m p a r a is o n avec S trab o n in diqu e, en tout cas, q u e π ρ ό βα τα n e d ésign e p as d an s le traité h ip p o c r a t i q u e « les q u a d r u p è d e s e n g é n é r a l » (E r o t ie n ) o u « les tr o u p e a u x » (C oray , D a re m b e r g , Littré). L e s trois te rm e s π ρ ό β α τα , β ό ες e t 'ίπ π ο ι d é s ig n e n t , c h e z H i p p o c r a t e c o m m e c h e z S tr a b o n , trois espèces de quad rupèdes ; m outons, b œ u fs et chevaux. 4. C o m p a r e r S t r a b o n V II , 3 , 1 7 (à p r o p o s d e s S c y t h e s ) : « Ils s u i v e n t l e s [ j à t u r a g e s , c h a n g e a n t c h a q u e f o i s p o u r d e s e n d r o i t s o ù il y a d e l’h e r b e , l’h i v e r d a n s le s m a r a i s s it u é s d a n s le v o i s i n a g e d u P a l u s - M é o t i d e , l’é t é a u s s i d a n s le s p l a i n e s ».
11 ίππάκην] cf. Erot. s.v. (I 9 ed. Nachmanson 46, 3 = supra, p. 124). 1 στεγνά Coray e Hemsterhuis (Ar. Plut. p. 369) : στενά V σθενά Cad. (B) constricte vel solide Lat. || 3 sq. κέρως άτερ ' où γάρ εχουσι κέρατα V : cornu autem non habent Lat. || 4 κέρατα del. Wilamowitz I l ταύτησι Coray : ταύταις V || 5 τησιν άμάξησιν Coray : ταϊς άμάξαις V 11 αί add. Lind. H5 sq. αύτοι δε έφ’ 'ίππων V : ipsis vero equis Lat. || 6 oi άνδρες del. Cobet (p. 69 sq.) || αύτοϊσι Ermerins : αύτέοις V || 6 καί — 7 pr. καί om. Lat. 1| 7 τά add. Coray |1 post έόντα add. πλεΐστα Gomperz (apud K.) add. μεγάλα Diller e Strab. VII, 3, 18 || 8 αύτω Ermerins : αύτέω V || άποχρή Reinhold cf. άποχρη Coray^ : άπόχρη V || αύτοϊσι Ermerins : ώυτέοισι V |1 9 τοϊσι Lind. : τοϊς V || μηκέτι V : μηκέτ’ή Wilamowitz cf. n o n f u e r it Lat. || ές Lind. : εις V || 10 κρέα έφθά Aid. cf. c a r n e s a s s a s Lat. ; κρέδεφθα V ( νούσου « à moins que ne survienne la contrainte de quelque violence ou de quelque maladie » ; c’est à dire que ανάγκη est sujet de τύχη. Mais Gai. (Ar.) {unless some great disaster or an illness affects it) correspond à un texte où τίνος άνάγκης βιαίου et νούσου sont sur le même plan, comme dans V. Parmi les contraintes violentes, le médecin songe peut-être à des pratiques abortives qui ont échoué. Pour des subordonnées introduites par ήν μή apportant une restriction, comparer c. 3, 4 ήν μή τι κατάσχη νόσημα et c. 5, 4 ήν μή τις νουσος... κωλύη. 4. La formulation dans le texte de V, confirmée par la traduction arabe dans Al-Ruhawi (voir Notice, p. 122, n. 235), implique que tous les Scythes ne sont pas nomades, alors qu’auparavant en c. 18, 2, l’auteur avait présenté les Scythes comme des nomades. On sait qu’à coté des Scythes nomades (Hérodote I, 15 et 73 ; IV, 2, 19, 55 et 56), il y a des Scythes cultivateurs (Hérodote IV, 18 et 19) ; cf. aussi Strabon VII, 3, 17.
1 χώρη καί φύσει V cf. {in such a ) country, w ith (such a ) nature Gai. (Ar.) : χώρης φύσει scripserim cf. 13, 2 || ώρης καταστάσει V cf. temporis q u a litate m Lat. : clin iate a n d State o f w ind Gai. (Ar.) |1 post καταστάσει add. n oth in g much is lost fro m the bodies w hose eon stitu tion s are ivet a n d cold, especially ivhen the country is a lso wet an d cold. The nutrim ent does not run from. the belly to a i l the members a s it shou ld . In the actio n s a cold con stitution is w eak Gai. (Ar.) li 2 άλλ’ άΐδια scripsi cf. sed sem per Lat. ; άλλα διά V ( a r Tuwtv άλλοισι i l e n t e n d « l e s a u t r e s a f f e c t i i i n . i » : e t d e m ê m e εκαοτα s i g n i f i e « c h a c u n e » d e s a f f e c t i o n s . 2 . C ’e .'^ t- à-d ire r é q u i t a t i ( . ) n ; l ’a u t e u r f a i t r é f é r e n c e à c. 2 2 , 4 .
XXII.IO
241
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
ά ν α τ ιθ έ ν α ι α ν α θ ή μ α τ α έό ντω ν χ ρ η μ ά τ ω ν κ α ΐ τιμ έ ω ν , tous 84 π έ ν η τα ς ή σ σ ο ν δ ιά τ ο μ ή €χ€ΐν, €π·€ΐτα κ α ι €'ΐη μ € μ φ ο μένου9
δτι
ού
δ ιδ ό α σ ι
χ ρ ή μ α τα
α υ τ ο ΐσ ιν ,
ώ στ€
τω ν
το ιο υ τ ω ν α μ α ρ τ ιώ ν τ ά ς ζ η μ ία $ tous ο λ ίγ α κ€ κτη μ € νο υ 5 5
ψ€ρ€ΐν μ ά λ λ ο ν ή tous π λ ο υ σ ίο υ 9 ·
11 Ά λ λ α γ ά ρ , ώσπ€ρ
κ α ί π ρ ότ€ ρ ο ν Ιλ ε ξ α , θ ε ία μ εν κ α ί τ α υ τ ά έ σ τ ιν ό μ οίω 9 τ ο ίσ ιν ά λ λ ο ισ ι, γ ίν ε τ α ι δε κ α τ ά ψ υ σ ιν ε κ α σ τ α . Κ α ί ή τ ο ια ύ τ η vo u o o s α π ό τ ο ια υ τ η 9 ‘Π'ροφάσιθ9 τ ο ίσ ι Σ κ ύ θ η σ ι γ ίν ε τ α ι ο ϊη ν ε ΐρ η κ α . 10
12 Έ χ ε ι δε κ α ί κ α τ ά tous λ ο ιπ ο υ 9
άνθρώτΓου9 ό μ οίω 9 ' δ κ ο υ γ ά ρ ίπ π ά ζ ο ν τ α ι μ ά λ ισ τ α κ α ί π υ κ ν ό τ α τ α , ε κ ε ί π λ ε ΐσ τ ο ι υπ ό κ ε δ μ ά τω ν κ α ί ίσ χ ιά δ ω ν κ α ί π ο δ α γ ρ ιώ ν 13
ά λ ίσ κ ο ν τ α ι
καί
λ α γ ν ε υ ε ιν
κ ά κ ισ τ ο ί
ε ίσ ι.
Τ α ΰ τ α δε τ ο ίσ ι Σ κ ύ θ η σ ι π ρ ό σ ε σ τ ι κ α ί ε ύ ν ο υ χ ο ε ιδ ε σ -
τ α τ ο ί ε ισ ιν άνθρώ πω ν δ ιά t Ô s ^ π ρ ο ε ιρ η μ ε ν α 9 ^ π ρ ο φ ά 15
σ ια 9 , κ α ί 11 δ τ ι ά ν α ξ υ ρ ίδ α 9 ε χ ο υ σ ιν ά ε ί κ α ί ε ίσ ιν ε π ί τω ν 82 ίπ π ω ν τ ό π λ ε ΐσ τ ο ν τ ο υ χ ρ ό ν ο υ , ώ σ τε μ ή τ ε χ € ΐρ ί α π τε σ θ α ι τ ο υ α ιδ ο ίο υ ύ π ό τ ε το ύ φ υ χ ε ο 9 κ α ί το υ κ ό π ο υ ε π ιλ α θ ε σ θα ι το υ
ιμ έ ρ ο υ
κ α ί τη 9
μ ίξ ιθ 9
κ α ί μηδέν
π α ρ α κ ιν ε ΐν
π ρ ό τε ρ ο ν ή ά ν δ ρ ω θ η ν α ι. Π ε ρ ί μεν ουν τω ν Σ κυ θ έω ν οδτω 9 20
έ χ ε ι το ύ γ ε ν ε ο 9· Χ Χ Ι1 1 . 1 Τ ό
δε
λ ο ιπ ό ν
γεν ο 9
τό
εν
τή
Ε υρώ π η
δ ιά φ ο ρ ο ν α υ τ ό έω υτω έ σ τ ι κ α ί κ α τ ά τ ό μ έγεθ θ 9 κ α ί κ α τ ά
1 έόντων Coray : οντων V adsubsistente Lat. 1| χρημάτων V cf. patrimonia Lat. : χρημάτων πολλών Gad. (B) || τιμέων scripsi e τιμών Cad. (B) cf. muneribus Lat. : τιμάν V 1| 2 sq. επιμεμφομένους V cf. querellantes Lat. : έπιμέμφεσθαι Diller || 3 αύτοϊσιν Reinhold : αύτέοισιν V || 4 τοιούτων Ermerins : -τέων V || 7 τοϊσιν Littré : τοϊς || άλλοισι Coray : άλλοις V || γίνεται Kuehlewein (γίγνεται Aid.) cf. fiunt Lat. : γίγνεσθαι V || 8 προφάσιος Aid. : -σηος V || τοίσι Σκύθησι Lind. : τοϊς Σκύθαις V ]| 11 κεδμάτων Aid. : κελμάτο^ν ( mansuetum Lat. : αμίαντον V άμικτον Gai. (cit. vulg.) Gad. (B) cf. they do not mix with people Gai. (Ar.) 1| 4 τό om. Gai. (cit.) Il έγγίνεται Kuehlewein : εγγίγνεται V γί|γ]νεται Gai. (cit.) || 5 έκπλήξιες Aid. ; -ξηες V || γινόμεναι Kuehlewein : γιγνόμεναι V || 6 άμαυροϋσι V : -ρώσιν Gad. (B) || Διότι Corn. cf. thus Gai. (Ar.) : καί δτι V cf. et quoniam Lat. διό καί Gad. (B) || 7 εύψυχοτέρους Corn. : -χροτέρους V || 7 sq. τήν — τούς om. Lat. || οίκεϋντας Diller : οίκοϋντας V οίκέοντας Coray || 8 παραπλησίω Coray ; παραπλησίως V ομοίως παραπλησίως Gad. (B) παραπλησίω Diller coll. c. 23, 2 cf. quod semper similis est et in d iffé r é < n > s Lat. by uniformity o f climate Gai. (Ar.) || 13 οικευντες Diller : οίκοϋντες V οίκέοντες Coray || καί διά τούς νόμους om. Gai. (Ar.) || 14 βασιλεύον ται] σημ(είωσαι) βασιλευομένοις V ”* || 14 ώσπερ — 244, 10 άνδρείας om. Gai. (Ar.).
244
AIRS, EAUX, LIEUX
asservies et ne désirent pas se lancer spontanément dans des risques inconsidérés pour le pouvoir d’autrui. Au contraire, ceux qui se gouvernent par leurs propres lois, étant donné qu’ils assument les risques pour eux-mêmes et non pour d’autres, font spontanément preuve d’ardeur et affrontent le danger ^ ; car le prix de la victoire, c’est eux-mêmes qui le remportent. Ainsi les lois contribuent de manière non négligeable à produire la vaillance. Voilà donc ce qu’il en est, d’un point de vue global et général, de l’Europe et de l’Asie. XXIV. 1 II existe aussi en Europe des nations qui diffèrent les unes des autres par leur taille, leur aspect physique et leur courage. Les facteurs qui provoquent ces différences sont ceux qui ont déjà été mentionnés dans les développements précédents Je vais, toutefois, faire un exposé encore plus précis. 2 Chez ceux qui habitent un pays montagneux raboteux, élevé et riche en eaux, et qui
1. La relative "Οσοι δε αυτόνομοι (sc. εΙοι.ν) s’oppose à "Οκού γάρ βασιλεύονται. La correction de ουτοι V en δσοι, proposée par Coray, est confirmée par la traduction latine {qui autem), comme l’a déjà remarqué Littré (II, 86 app. crit.). On peut ajouter que cette correction est aussi appuyée par le passage parallèle du c. 16, 5 : όκόσοι γάρ ... αύτόνομοί είσι. Si Γοη conserve le γάρ de V, la proposition υπέρ έωυτών γάρ-—ούκ άλλων est à entendre comme une parenthèse séparant la relative "Οσοι δε αύτόνομοί (sc. είσιν) de la proposition principale commençant à προθυμεϋνται. La correction de Coray, si l’on ne tient pas compte des variantes dialectales δσοι/όκόσοι, a été adoptée par Littré, Ermerins, Reinhold et Jones. La connaissance des notes manuscrites de Gadaldini à partir de Kuehlewein a apporté une autre solution (oi δέ αύτόνομοί) adoptée par Kuehlewein, Heiberg et Diller. Mais Lipourlis est revenu au texte de Coray. De fait, la parenthèse explicative est beaucoup moins rude après la relative qu’après le simple adjectif substantivé oi... αυτόνομοι. Peut-être faudrait-il réta blir "Οσοι δέ αύτόνομοί < είσιν > , qui correspondrait exactement à qui autem sui juris sunt de la traduction latine et à c. 16, 5 όκόσοι γάρ ... αύτόνομοί είσι. Cette traduction latine, tout en commençant par une relative, a une (Suite de la note 1, voir notes complémentaires, p. 346)
XXIII.4
ΠΕΡΙ ΑΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
244
παρα||κινδυν6υ€ΐν CKOvres είκή uirèp άλλοτρίης δυνάμιος. 86 Όσοι δέ αυτόνομοι — υπέρ έωυτών γάρ t o u s κινδύνου$ alpeuvTai και ούκ άλλων — , προθυμ€υνται c k ô v t c s καί ès τό δ€ΐνόν έρχονται ‘ τά γάρ άριστ€Ϊα τής νίκης αυτοί 5 φέρονται. Ούτως οί νόμοι ούχ ήκιστα την 6ύψυχίην έργάζονται. Τό μέν ουν δλον καί τό αιταν ούτως € χ « ircpi τ€ τής Ευρώπης καί τής Άσίης. XXIV. 1 "Evciai δέ καί έν τή Ευρώπη φύλα διάφορα έτ€ρα έτέροισι καί τά μ€γέθ€α καί τάς μορφάς καί τάς 10 άνδρβίας * τά δέ διαλλάσσοντα ταυτ’ έστίν α καί έπί των πρότερον εϊρηται * έτι δέ σαφέστερον φράσω. 2 Όκόσοι μέν χώρην ορεινήν τε οίκέουσι καί τρηχεΐαν καί υψηλήν
T est . 8 διάφορα — 11 φράσω) Al-Ruhawi, Adab Al-Tabib 44 a-b (ed. Levey 45). 11 όκόσοι — 246, 1 χολώδεις] Al-Ruhawi, Adab Al-Tabib 44 b (ed. Levey 45). 11 όκόσοι — 246, 3 sq. άπεργάσαιτο άν] Gai. Quod animi mores, c. 8 (ed. Mueller 59, 18-60, 15; ed. Biesterfeldt 62, 16-31). 1 είκγ) om. Lat. H δυνάμιος Aid. : δυνάμηος V || 2 Όσοι δε prop. Coray Littré cf. qui autem Lat. : ούτοι δέ V οί δέ Gad. (B) || post αυτόνομοι add. sunt Lat. unde είσι scripserim 11 έωυτών Coray ; αύτών V II γάρ V : om. Lat. H3 ούκ άλλων προθυμεϋνται έκόντες V : non ab aliis pelluntur inviti Lat. ( = ούχ ύπ’ άλλων προωθεΰνται άέκοντες?) || 4 post άριστεϊα add. έρια Gad. (Β) || 9 έτέροισι Coray : έτέροις V || 10 sq. τά δέ — εϊρηται] This is the first différence to be found in the land o f Europe. The second différence is that part o f it is high and lofty, and the différence o f its seasons is great, whereas part is sunken and depressed, with little différence in its seasons Gai. (Ar.) 11 10 δέ om. Lat. || ταΰτ’ V cf. h e c Lat. : ταύτά Zwinger edd. H 10 sq. έπί των πρότερον V : έπί των προτέρων Gad. (Β) i n p r i o r i b u s Lat. Il 11 φράσω Gad. (B) cf. d i c a m Lat. : φράζω V I c a n S ta te Gai. (Ar). Il όκόσοι VP : δσοι Gai. (cit.) || 12 μέν V Gai. (cit.) : om. P || χώρην ορεινήν (όρινήν P) VP cf. r e g io n e m m o n t u o s a m Lat. ; ορεινήν χώραν Gai. (cit.) || τε V : om.P Gai. (cit.) 1| οίκέουσι P Gad. (B) : οίκοΰσι V Gai. (cit.) οίκεϋσι Diller || pr. καί P Gai. (cit.) cf. et Lat. : om. V I! τρηχείαν Ermerins : τρηχεΐαν V τραχείην P τραχεΐαν Gai. (cit.) Il ύψηλήν VP Gai. (cit.) : ψιλήν Zwinger™*.
245
sont soumis à des changements de saisons comportant de grands écarts dans cet endroit-là il est normal que les corps soient grands et naturellement bien disposés pour l’endurance et le courage et que de tels naturels possèdent la sauvagerie et la férocité à un degré qui n’est pas du tout négligeable 3 En revanche, ceux qui habitent des lieux enfoncés, couverts de prairies et étouffants, qui ont part plus aux vents chauds qu’aux vents froids et qui usent d’eaux chaudes ceux-là ne peuvent certes pas être grands ni élancés mais ils ont poussé en largeur, sont charnus, ont les cheveux foncés, sont eux-mêmes de teint plutôt foncé que blanc ®et, par ailleurs, ils sont moins phlegma2. Les constitutions physiques sont à l’image du sol : les hommes sont de grande taille comme les montagnes ; pour l’analogie entre le sol et le physique des habitants, voir c. 13, 4 et notamment : « il y a des natures qui ressemblent à des montagnes boisées et pleines d’eau ». Le moral (courage, sauvagerie) s’explique par le climat contrasté ; comparer c. 23, 3 et 16, 2. 3. Dans le second tableau, les données sur l’environnement sont opposées à celles du premier : région creuse opposée à région élevée et montagneuse ; climat égal (avec prédominance de la chaleur) opposé à un climat contrasté ; eaux chaudes. A la place de λειμακώδεα « couverts de prairies » donné par V edd., le nouveau manuscrit de Paris donne la variante λιμνώδεα « maréca geux ». Cette variante semble correspondre au modèle grec de la traduction latine qui donne paludestris « marécageux ». Il est donc possible que cette variante de P soit ancienne. Toutefois, la leçon de V est confirmée par l’ensemble de la tradition de Galien (citation en grec et lemmes en arabe) et ne peut pas être mise en doute. L’adjectif λειμακώδης est une caractéristique du vocabulaire d’.^irs, eaux, lieux où le mot est attesté deux autres fois ; voir c. 13, 4 avec la note a d loc. et c. 18, 2. La variante de P est peut-être issue de la glose d’Erotien au c. 13 qui explique λειμακώδεις par λιμνώδεις ; voir J. Jouanna, Un nouveau témoignage..., p. 104. Les deux adjectifs ne sont toutefois pas synonymes. Aussi une autre explication de la variante est-elle envisageable. L ’original pouvait comporter les deux adjectifs λειμακώδεα καΐ λιμνώδεα « couverts de prairies et marécageux », la ressemblance morphologique des deux adjectifs ayant pu entraîner facilement la disparition de l’un ou de l’autre. Ce qui peut étayer cette hypothèse, c’est l’existence d’un couple analogue au c. 13, 4 : λειμακωδεστέροισί τε καί έλώδεσιν « terrains plutôt couverts de prairies et marécageux ».
245
ΠΕΡΙ ΛΕΡΩΝ, ΤΔΑΤΩΝ, ΤΟΠΩΝ
XXIV.2
AIRS, EAUX LIEUX
κ α ί €uuSpov,
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μ€τα ζολα Ι
ώ ρέω ν μ β γ ά λ α δ ιά φ ο ρ ο ι, έ ν τ α ΰ θ α
α ύ τ ο ΐσ ι γ ίν ο ν τ α ι τω ν c I koç
^ τ ά ) € ΐδ € α μ € γ ά -
λ α € ΐν α ι κ α ι n p o s τ ό τ α λ α ίπ ω ρ ο ν κ α ΐ τ ο ά ν δ ρ €Ϊο ν eu ιτ € φ υ κ ό τα , κ α ι τ ό τ€ ά γ ρ ιο ν κ α ι τ ο θτ)ριώ δ€ς α ί τ ο ια υ τ α ι 5
φ ύ σ ΐΕ 9
ο ύ χ ή κ ισ τ α € χ ο υ σ ιν . 3 Ό κ ό σ ο ι δ έ κ ο ίλ α χ ω ρ ία
κ α ι λ β ιμ α κ ώ δ ε α κ α ι π ν ιγ η ρ ά , κ α ί τω ν θ € ρ μ ώ ν π ν € υ μ ά τ ω ν π λ έο ν
μέρο ς
μ ε τ έ χ ο υ σ ιν
ή
τω ν
ψυχρώ ν
||
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χ ρ έ ο ν τ α ι θ € ρ μ ο ΐσ ιν , ο υ τ ο ι δ έ μ € γ ά λ ο ι μ έ ν ο υ ν ο ύ κ ά ν ε ΐη σ α ν ο υ δ έ κ α ν ο ν ία ι, ές εύ ρ ο ς δ έ π ε φ υ κ ό τ ε ς κ α ί σ α ρ κ ώ 10
δ ε ις
καί
μ ε λ α ν ό τ ρ ιχ ε ς
καί
α υτοί
μ έλα ν ες
μάλλον
ή
T e s t . 9 κ α ν ο ν ία ι] Erot. s.v. (K 23 ed. Nachmanson 50, 10 sq. = supra, p. 125) ; Gai. Gloss, s.v. (ed. Kühn XIX, 108, 6 = B 4 supra, p. 129).
1 εύυδρον V Gad. (B) Gai. (cit. LWMV) : Ινυδρον P Gai. (cit. V ) aquas has (lege aquosas) Lat. with much water Gai. (Ar.) άνυδρον Zwinger"’®Gad. (B) |i ait. και VP cf. and Gai. (Ar.) : om. Lat. Gai. (cit.) i; αύτοϊσι Ermcrins : αύτέοισι VP αύτα'ι είσι Gai. (cit.) I1 γίνονται P : γίγνονται V Gai. (cit.) || 2 ώρέων V Gai. (cit.) : ώρών P || μεγάλα διάφοροι P : μέγα διάφοροι V μεγάλαι Gai. (cit.) sed grosse Verschiedenheiten Gai. (cit. Ar.) et differentia Lat. || είκος V Gai. (cit.) cf. convenu Lat. cf. il is natural Gai. (Ar.) ; δέ P 1! add. Diller coll. c. 24, 6 |1 2 sq. μεγάλα VP Gai. (cit.) cf. magnas Lat. ; different Gai. (Ar.) !i 3 pr. το V Gai. (cit.) : om. P |i ait. το V : om. P Gai. (cit.) !| 4 τε VP Gai (cit.) : γε Gad. (B) || ait. το VP : om. Gai. (cit.) I! 4 sq. ai τοιαϋται φόσιες om. P li 5 φόσιες Aid. : φύσηες V φύσεις Gai. (cit.) nature Lat. soûls Gai. (Ar.) || έχουσιν VP cf. habent Lat. : μετέχουσιν Gai. (cit.) || όκόσοι V : όσοι P Gai. (cit.) |1 6 λειμακώδεα V Gai. (cit.) (T. with sultry meadows Gai. (Ar.) : λιμνώδεα P cf. paludestris Lat. λειμακώδεα καί λιμνώδεα scribi potest, coll. c. 13, 4 il καί πνιγερά V Gai. (cit.) : καί πνιγερά P om. Lat. sed hab. Gai. (Ar.) |j 7 μέρος om. Gai. (lât.) il μετέχουσιν P Gai. (cit.) : -σι V μετέ/ονια οίκέουσιν Wilamowitz il ή P Gai. (cit.) cf. quam Lat. cf. lhan Gai. (Ar.) : om. V || τε VP Gai. (cit.) cf. arul Gai. (Ar.) : om. Lat. li 8 χρέονται Lind. : χρώνται VP χρέωνται Gai. (cit.) || θερμοϊσιν P Gad. (B) Gai. (cit.) : Οερμοϊς V ü δέ V Gai. (cit.) : om. P l| μέν ούν P : μέν V Gai. (cit.) Bald. !| 9 κανονίαι V Erot. Gai. (Gloss.) Gad. (J) Gai. ( χρόνου). L’article implique que l’auteur a à l’esprit une période déterminée du temps, mais il ne précise pas laquelle. Cette période, comprise dans l’année, doit correspondre à la succession de deux saisons permettant de pronostiquer les maladies dans la troisième ; voir c. 10. On peut avoir également des doutes sur le choix entre προσιόντος de V Lat. (adveniente) et προϊόντος de Gad. Gai. (cit.) Lat. 2 {jjrocedente) et peut-être Gai. (Ar.). Bien qu’il soit abandonné depuis longtemps dans les éditions (depuis Coray sous l’influence de la citation de Galien, dont on sait maintenant qu’elle est douteuse), le participe προσιόντος peut s’employer à propos du temps (voir LSJ s. V. II). Si l’on adopte cette variante, on comprendra que c’est « à l’approcbe » d’une époque ou d’une année donnée que le médecin pronostiquera par avance les maladies qui s’y produiront. Toutefois, d’après l’exposé sur les constitutions annuelles (c. 10), il apparaît que c’est au cours d’une année (après la succession de deux saisons données) que le médecin peut prédire les maladies qui se déclareront lors de la saison suivante. On conservera donc προϊόντος qui est bien attesté dans le traité ; voir c. 4, 5 et c. 14, 4 (même expression Toù 3è χρόνου προϊόντος). L ’adjonction de ένισταμένου se rapportant à ένιαυτοϋ faite par Heiberg (vide app. crit.) et par Diller d’après la traduction latine ancienne n’est confirmée par aucun autre témoignage
(V Gad. Lat. 2 Gai. [Ar.]). Elle n’est donc pas retenue dans la présente édition.
257
P. 189 1. Les maladies générales (πάγκοινα) sont celles qui atteignent tous les habitants de la cité ; les maladies particulières aux individus (’iSia) s’expliquent par une cause particulière, le régime de chacun (cf. τής όιαίτης). Cette distinction entre « maladies générales » et « maladies particulières » est traditionnelle ; voir Vents, c. 6, Littré VI, 96, 20 sqq. ( = Jouanna 109, 3 sqq.) et Nature de l ’homme, c. 9, Littré VI, 52, 11 sqq. ( = Jouanna 188, 10 sqq.). Ces « maladies générales» au sens traditionnel du terme (opposées aux maladies particulières) englobent les deux catégories de maladies que l’auteur distingue par un raffinement de l’analyse, à savoir les maladies générales dues au climat (cf. c. 3, 5 et c. 4, 4) et les maladies locales dues aux facteurs propres à la cité. Le même terme (κοινά/πάγκοινα) est donc employé dans deux sens différents suivant le mot qui lui est opposé (’ίδια ou έπιχώρια). Par-delà ces distinctions, ce qui provoque la maladie est fondamentalement identique, à savoir le changement ; comparer έκ μεταβολής τής ^ιαίτης et τών ώρέων τάς μεταβολάς. 4. L’accumulation des préverbes en προ- dans ce chapitre (outre προγινώσκων employé ici, voir précédemment προφροντίση et προειδείη) souligne l’importance attribuée par l’auteur au pronostic. Le traitement (cf. c. 2, 1 Οεραπείη) suppose la connaissance préalable des maladies et de l’état des corps. Dans la mesure où une catégorie de ces maladies est due au climat, la prévision de l’état nosologique à partir du déroulement de l’année permettra de se prémunir contre elles et de les soigner en connaissance de cause. Par καιρούς, il faut entendre les moments décisifs soit dans l’évolution d’une maladie (que cette évolution soit favorable ou défavorable), soit dans le traitement (qu’il faille agir ou ne pas agir). Les moments décisifs sont en rapport avec le changement de saison et le lever ou le coucher des astres ; voir le développement du c. 11 où sont donnés des exemples. Sur le sens de καιρός chez les médecins, voir M. Trédé, Kairos. L ’à-propos et l ’occasion (Le mot et la notion d ’Homère à la fin du IV' siècle avant J.-C .), Paris, 1992, p. 149 sqq. 5. L’expression κατ’ όρΟόν φέροιτο est unique dans la Collection hippocratique. Pour l’expression κατ’ όρΟόν, com])arer Mén. 681 κατ’ όρΟόν εύίΐρομεΐν. Le médio-|)assif φέρομαι a le sens de « se porter » (vers), sens qui est fréquent dans la C ollection hippocratique, il est vrai avec une chose pour sujet (comparer dans A irs, eaux, lieux, c. 8, 7). Le médecin » se {)orterait suivant la voie droite », c’est-à-dire â νομίζουσι avec Kuehlewein, Heiberg et en dernier lieu Diller (qui retrouve le texte de l’Aldine, en s’appuyant sur la traduction arabe des lemmes de Galien et sur une correction manuscrite de Gadaldini que je n’ai pas vue dans l’édition de Bâle ; se trouvait-elle dans l’exemplaire perdu de l’Aldine ?) ou άσθματα ά νομίζουσι avec Cornarius et Littré ? D’après la comparaison de V et de Lat. Lat. 2, l’archétype de la tradition directe avait σπασμούς καί άσθματα ά νομίζουσι (sans καί devant ά). Dans ce cas, la maladie sacrée est une conséquence des convulsions et des dyspnées. Galien, dans les lemmes de son commentaire, d’après la traduction arabe, met sur le même plan les spasmes, la dyspnée et la maladie sacrée, mais cette traduction omet & νομίζουσι—ποιεϊν. La citation de ce passage faite par Galien dans son Commentaire aux Épidémies VI (voir Test.) ne comporte pas καί devant â νομίζουσι dans le texte grec (Gai. [U]) ; mais la traduction arabe de ce témoignage indirect possède καί. Ce qui permet de trancher, c’est la connaissance des explications de Galien (I, 7, 6 Strohmaier ; cf. Wasserstein, p. 29) : Galien ne confond pas les dyspnées qu’il explique par un flux de phlegme de la tête sur le poumon et l’épilepsie qu’il explique par le phlegme séjournant dans la tête. Il faut donc ajouter καί devant â νομίζουσι. La majorité des éditeurs modernes depuis Kuehlewein (voir déjà Coray critiqué par Littré) corrigent ensuite τό παιδίον de V en τό θειον (d’après Zwinger""*) ou τό τε θειον (d’après Mercurialis). Avec cette correction, le sens est : « ces accidents qu’on croit causés par la divinité et qu’on pense être une maladie sacrée » (Festugière). Mais cette correction est arbitraire, car, aussi loin que l’on puisse remonter dans la tradition, la leçon de V τό παιδίον est confirmée. C’est la leçon dans la citation du passage que Galien fait dans son Commentaire aux Épidémies VI (voir Test.) et dans son introduction à cette citation (« la maladie [sc. l’épilepsie] est appelée aussi παιδίον comme Hippocrate lui-même l’a montré dans son traité Airs, eaux, lieux·») ; cf. aussi la scholie à Oribase citée supra, p. 126 et Galien, Commentaire aux
AIRS, EAUX, LIEUX
NOTES COMPLÉMENTAIRES
Aphorismes, Kühn XVII B, 643, 2 παιδίον (M : παιδικόν Y Kühn) ονομάζεται τό πάθημα. C’est probablement aussi la leçon d’Erotien dans son Glossaire, comme le supposait déjà Foes^ p. 476 sq. ; voir H. Grensemann, « Weitere Bemerkungen zu den HippokratesGlossaren des Erotian und Galen », Hermes, 96, 1968, p. 182-184. Le terme παιδίον désigne donc dans notre passage, selon Galien et probablement selon Erotien, la « maladie de l’enfant » (par excellence), l’épilepsie. J ’en reste donc au texte de l’archétype de la tradition directe confirmé par Galien ; c’est le texte de Littré (suivi par Jones) qui disait, en critiquant la conjecture τό θειον introduite par Coray (II, 19, app. crit.) : « L ’autorité de Galien est décisive, et il n’y a rien à changer ». Toutefois, la construction est ambiguë (le verbe ποιεϊν peut avoir pour sujet soit ά soit τό παιδίον) et le verbe νομίζειν est difficile à traduire : il fait référence à une dénomination en usage (cf. un peu plus bas en 3, 4 όκόσα οξέα νοσήματα νομίζονται ; voir aussi c. 4, 3 et c. II, 2), mais il semble que, dans l’esprit de l’auteur, cette dénomination soit correcte dans le cas de τό παιδίον et incorrecte dans le cas de ιερήν νοϋσον. Pour la « maladie sacrée », c’est-à-dire l’épilepsie, chez les enfants, comparer M aladie sacrée, c. 8, Littré VI, 374-376 ( = Grensemann 74). 2. Le mot ήπίαλος est déjà employé par Théognis (v. 174). Il est attesté à l’époque classique, non seulement chez Hippocrate (voir Superfétation, c. 34, Littré VIII, 506, 2 = Lienau 94, 19 avec la note ad loc. p. 127 sq. ; cf. aussi Epidémies IV, 20, Littré V, 156, 23 = Smith 108, 7 ήπιαλώδεες [sc. πυρετοί] et Crises, c. 11, Littré IX, 280, 10 sq. έξηπιαλοϋται), mais aussi chez Aristophane {Guêpes v. 1038 ; frag. 346 et 399 PCG III, 2 Kassel-Austin ; cf. aussi Acharniens, v. 1165 ήπιαλέω). Les anciens discutaient déjà sur le sens exact de ce terme ; cf. M. Wellmann, Hippokratesglossare, Berlin, 1931, p. 33 et R. Strômberg, Griechische Wortstudien, Goteborg, 1944, p. 82. Même les médecins n’étaient pas d’accord sur ce qu’il faut entendre par là : selon les uns, il s’agit d’une variété de fièvre accompagnée de frissons ; voir Galien, De diff.febr. II, c. 6, Kühn VII, 347 (fièvre dans laquelle le frisson et le chaud sont toujours présents ensemble dans toute partie du corps) et De inaequali intempérie, c. 8, Kühn VII, 751 ; cf. l’explication de ήπιαλώδεες d'Épidémies IV, 20 par Érotien (H 1, Nachmanson 42, 13) : « fièvres accompagnées d’horripilation et de frissons » (oi μετά φρίκης καί ρίγους γινόμενοι) ; cf. aussi Pseudo-Soranos, Quaest. med.. Rose, Anecd. II, 261 et schol. Aristophane, Acharniens v. 1164 : ήπίαλος γάρ κυρίως ό μετά ρίγους πυρετός). D’autres entendent par là le « frisson » qui annonce la fièvre. Cf. schol. Aristophane, Guêpes v. 1038 : ήπίαλος τό πρό του πυρετού κρύος· Αριστοφάνης Νεφέλαις καί Θεσμοφοριαζούσαις· « άμα δ’ ήπίαλος πυρετού πρόδρομος ». Comparer Hésychius s. v. ήπίαλος· ρίγος πρό πυρετού. Galien, dans le passage du De diff. febr. cité plus haut, connaissait cette acception chez certains Attiques : « il est
manifeste que certains Attiques nomment ainsi le frisson qui précède la fièvre » ; il fait allusion notamment à Aristophane ; cf. son De nominibus medicis, éd. Meyerhof-Schacht, 31. Dans la Collection hippocratique, c’était sans doute une fièvre de mauvais caractère appelée par antiphrase « fièvre douce », si l’on admet avec Strômberg que ήπίαλος est bien un dérivé de ήπιος. 3. Pour les fièvres d’biver, comparer Régime dans les maladies aiguës (App.), c. 10, Littré II, 442, 7 ( = c. 24 Joly 79, 21) : έν πυρετω χειμερινά) ; cf. aussi Prénotions coaques, 155, Littré V, 616, 15 sq. (fièvres quartes d ’hiver). Dans l’énumération de ces maladies (trois maladies distinctes dans V : fièvres épiales, fièvres d’hiver de longue durée ; fièvres nocturnes), le découpage des entités nosologiques n’est pas totalement certain, car l’absence ou la présence d’un simple mot de liaison (καί) peut changer les choses. C’est ainsi que la tradition latine ancienne semble ne connaître que deux maladies : « des fièvres épiales de longue durée en hiver et des fièvres nocturnes » ; il en est de même des lemmes de Galien, mais le découpage est autre : « des fièvres épiales, des fièvres nocturnes de longue durée en hiver ». On conservera le découpage de V, car l’omission d’un καί est très facile. Dans la nouvelle traduction latine (Lat. 2), l’omission de ήπιάλους καί se comprend facilement par un saut du même au même à partir d’un texte identique à celui de V. 4. A la différence d’ήπίαλoς, le terme technique έπινυκτίς n’est pas attesté en dehors de la littérature médicale. Ce sont des ulcères dont l’irritation se fait sentir surtout la nuit ; voir dans la Collection hippocratique, Prorrhétique II, c. 11, Littré IX, 32, 5 sq. ( = Potter 246, 26) ; Épidémies VII, c. 114, Littré V, 462, 6 ( = Smith 406, 9) et Affections internes, c. 31, Littré VII, 248, 5 ( = Potter 180, 15). Dans la littérature médicale postérieure à Hippocrate, voir par exemple Dioclès de Caryste, frag. 82 Wellmann ( = Oribase III, 610) ; selon lui, Γέπινυκτίς fait partie des pustules qui naissent sans cause externe importante ; c’est une pustule de couleur sombre ; voir aussi Rufus d’Êphèse dans Oribase XLIV, 17 : « petit ulcère se produisant spontanément sous forme d’une vésicule rougeâtre ; très douloureux, surtout la nuit » ; cf. Celse V, 28, 15. Pour έπινυκτίς cbez Galien, voir R. J. Durling, A Dictionary o f Medical Terms in Galen, Leiden, 1993, p. 163. Selon Galien dans ses explications (I, 7, 7 Strobmaier ; cf. Wasserstein, p. 31 sq.), il s’agirait d’une fièvre nocturne qui saisit le malade et l’abandonne la même nuit. Pour d’autres témoignages dans l’Antiquité tardive (Paul d’Egine) et au Moyen Age byzantin (Jean Actouarios), pour la survivance du terme dans la médecine de la Renaissance jusqu’au x v iif siècle, ainsi que pour la discussion sur le diagnostic rétrospectif, voir H. Schadewaldt, Geschichte der Allergie, t. 3, München, 1981, p. 55-59.
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AIRS, EAUX, LIEUX
P. 193. 1. Les eaux douces de cette seconde cité sont opposées aux eaux salées de la première. La traduction latine ancienne n’a rien qui corresponde au γλαυκέαται de V. Aussi Festugière propose-t-il de supprimer ce γλαυκέαται comme une glose (mal lue). Mais les lemmes de Galien possédaient à cet endroit l’adjectif γλυκέα au positif ou au superlatif (cf. app. crit.). La conjecture de Lommer (apud Kapferer) γλυκέα τε restitue sans aucun doute la forme correcte qui est à l’origine de la leçon corrompue de V : FATKEATG s’est transformé en ΓΛΑΤΚ6ΑΤΑ1 à la suite d’une mécoupure, d’une dittographie d’une lettre en onciale triangulaire et d’une faute d’orthographe (6/A l). Cette conjecture de Lommer est maintenant confirmée par la leçon de la traduction latine nouvelle (Lat. 2) dont le latin dulces quidem correspond exactement au grec γλυκέα τε. Comparer Rufus d’Éph èse dans Oribase, Coll. med. V 3, 13 : « les eaux orientées vers les Ourses sont douces (γλυκέα μέν) et excessivement froides ». 2. L ’adjectif έντονος s’oppose à άτονος (c. 3, 2). Les constitutions sont opposées dans deux cités dont l’orientation est opposée. Une constitution sèche est έντονος (cf. aussi c. 20, 1 et c. 24, 6 et 9), alors qu’une constitution humide est άτονος (cf. aussi c. 19, 5 et άτονίη c. 20, 1). Un homme έντονος est celui qui a de la « tension » dans tout son corps au sens le plus concret du terme ; en particulier ses tendons (cf. τένων « tendon »), qui sont considérés comme la cause du mouvement par les médecins hippocratiques, sont tendus. Le mot έντονος est repris quelques lignes plus loin par τοϋ σώματος ή έντασις. La tension du corps est source de force et d’énergie. Comparer Aphorismes III, 17 avec la même opposition entre borée/tension et notos/relâchement. 3. Les lemmes de Galien dans la tradition arabe ont une construc tion légèrement différente de celle de la tradition directe : τούς πλείους est rattaché à ce qui précède. Voici, en effet, le texte des lemmes : « les habitants de cette cité sont, dans leur majorité, forts et puissants, leurs jambes tendent nécessairement vers la maigreur ; leur cavité d’en-bas est très dure etc. ». Par ailleurs, ils ont, comme on le voit, la mention supplémentaire des jambes ; cf. aussi Lat. 2 tibiatos ; c’est vraisem blablement une interprétation de l’adjectif σκελιφρούς (cf. σκέλλομαι « se dessécher ») qui est faussement rattaché à σκέλος (τό) « la jambe ». 4. L’auteur oppose plusieurs fois dans le traité les bilieux et les phlegmatiques ; voir c. 10, 6, 10 et 12 ; c. 24, 3. Les tempéraments secs sont bilieux tandis que les tempéraments humides sont phlegma tiques. 5. Par « ruptures » les médecins hippocratiques entendent des distensions des tissus internes (chairs, vaisseaux) qui causent des
NOTES COMPLÉMENTAIRES
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douleurs de longue durée ; comparer, par exemple. Vents, c. 11 (Littré VI, 108, 8-10 = Jouanna 119, 3-5) et M aladies I, c. 20 (Littré VI, 176, 18-20 = Wittern 54, 1-3). 7. La traduction arabe des lemmes de Galien donne un découpage différent du texte de V et de Lat. 2 : « la cause en est la tension du corps, la sécheresse et la dureté de la cavité ; si les gens sont sujets aux ruptures, c’est aussi à cause de la froideur de l’eau ». La traduction latine ancienne n’est guère utilisable, car elle omet της κοιλίης — ξηρότης.
P. 194. 1. La réflexion sur l’impossibilité d’être à la fois un gros mangeur et un grand buveur est ancienne dans l’histoire du texte (accord de V Lat. Lat. 2 et Gai. [Ar.]). Cette réflexion était absente du manuscrit ancien de Gadaldini ; mais il peut s’agir d’une omission accidentelle par saut du même au même ; cf. aussi l’omission dans Barb. Toutefois, on a vu une contradiction avec le c. 7, 3 où les individus buvant des eaux stagnantes sont à la fois de gros mangeurs et des buveurs. Aussi Kuehlewein a-t-il supprimé la réflexion pour faire disparaître la contradiction entre les deux passages. Cependant il n’y a pas nécessairement contradiction, car le c. 7, 3 décrit un état patho logique qui n’infirme pas la réflexion générale portant sur l’état normal. 4. Même mention de l’éventualité d’une maladie générale qu’en c. 3, 5.
P. 196. 1. Diller, sans préciser l’origine de son texte (c’est parfois un inconvénient de l’apparat critique négatif), écrit à la place de τούτων l’expression των ουτω κειμένων. C’est vraisemblablement une conjec ture personnelle à partir de Lat. {sicpositis) et peut-être de Gai. (Ar.). Toutefois, Heiberg avait déjà signalé cette leçon, qu’il attribue (à tort) à Gadaldini, dans son article « Die handschriftliche Grundlage der Schrift Π ΕΡΙ ΑΕΡΩΝ ΤΔΑΤΩΝ ΤΟΠΩΝ », Hermes, 39, 1904, ρ. 137 ; mais il n’a pas repris cette leçon dans son édition. Gad. (B) a également ο υ < τ ω > κειμένων, mais ces mots qualifient les vents. 4. Sur la limpidité et la bonne odeur des eaux exposées à l’est, comparer c. 7, 10 où il est dit que les sources les meilleures, du point de vue de l’orientation, sont celles qui sont tournées vers l’est, car les eaux sont plus limpides, de bonne odeur et légères.
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NOTES COMPLÉMENTAIRES
AIRS, EAUX, LIEUX
P. 197. 1. Ce passage sur les eaux dans la cité exposée à l’est présente un sens globalement clair : les eaux sont limpides car le soleil brillant dès son lever empêche le brouillard (ήήρ) matinal. Cependant le détail a été corrompu dans la tradition directe grecque et dans le texte imprimé jusqu’à Heiberg compris (1927), suivi par Festugière. On croyait que les eaux étaient plaisantes à boire ; ή ερατεινά de V signifie en effet « ou plaisantes ». Mais la leçon de V est fautive. Ce passage signifie en fait : « et il n’y a pas de brouillard » (ήέρα τε μή). La leçon fautive de V provient d ’erreurs de lecture dans un texte en onciale où H6PAT6M H, par suite d’une mécoupure et de la confusion M et IN, a été lu H GPATGINA. La bonne leçon est partiellement conservée par Gad. (B) ; elle a été restituée par Jurk, p. 61 (voir aussi Merz, p. 23, déjà cité par Festugière), puis confirmée par un témoignage que Jurk et Merz ne connaissaient pas, la traduction arabe des lemmes de Galien (« because the air is not thick there ») et enfin, plus récemment, par la traduction latine nouvelle (dont le modèle grec possédait Ιερά τε μή avec une simple faute de iotacisme). La traduction latine ancienne a conservé la négation, mais elle présente une autre leçon : et non difficiles renvoie à un modèle grec άτέραμνά τε μή ( = « et les eaux ne sont pas crues»). La leçon ήέρα τε μή adoptée pour la première fois dans une édition par Diller (1970) n’a pas été retenue par Lipourlis (1983) qui revient, de façon injustifiée, au texte de la vulgate. Par ailleurs la phrase το γάρ-—πολύ a paru gênante et contradictoire avec ce qui précède ; on a supprimé soit l’ensemble de la phrase (Kuehlewein après Ermerins et Reinhold, Festugière), soit le substan tif ό ήήρ pour faire du soleil le sujet de la proposition (Merz, p. 23, Diller) ; mais le substantif ό ήήρ est attesté aussi par Lat. 2 et par les lemmes de Galien. On peut conserver le texte si l’on donne à γάρ le sens courant de « (je dis cela) car » (voir Denniston, Greek Particles, p. 60 sq.), et à αυτός le sens prégnant de « de lui-même» ( = quand l’action du brouillard n’est pas contrecarrée par celle du soleil). Le soleil en brillant de tout son éclat dès son lever fait obstacle au brouillard qui, sans cela, a tendance à se maintenir longtemps dans la matinée ; pour le brouillard qui se maintient longtemps dans la matinée, voir c. 6, 2 (avec la note sur l’ambiguïté du sens de ώς έπΐ τό πολύ « longtemps » ou « souvent »). Toutefois il n’est pas impossible que le texte soit lacunaire ; comparer les lemmes de Galien : « l’explication est que le brouillard est plus épais et plus fort le matin ; et dans les cités tournées vers le couchant, le brouillard se maintient souvent ». On peut avoir, dans la tradition directe, un saut du même au même (de ήήρ à ήήρ). Le texte arabe des lemmes peut correspondre
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au modèle grec suivant : τό γάρ εωθινόν έκάστοτε αυτός ό ήήρ < παχύτερος και ισχυρότερος γίνεται- όκόσαι δέ πρός τάς δύσιας κέονται, έν ταύταις ό ήήρ> έπέχει ώς έπΙ τό πολύ. 2. Οη peut hésiter entre la leçon de V, suivie par les éditeurs jusqu’à Heiberg compris (ήν μή τις νουσος άλλη κωλύη ) et la leçon du manuscrit ancien de Gadaldini adoptée par Diller : ή άλλη, ήν μή τις νοϋσος κωλύη, « (Physiquement, les habitants ont des couleurs plus belles et un teint plus fleuri) qu’ailleurs, à moins que quelque maladie n’y fasse obstacle ». Dans le texte de V, après μάλλον « davantage », il faut sous-entendre « que dans les cités précédentes » ; comparer aussi plus haut μετριώτερον et plus bas άμείνω, avec le même complément sousentendu. 'Άλλη, signifiant « par ailleurs », est un hellénisme ; voir Kühner-Gerth, Ausführliche Grammatik..., II, 1, p. 275, n. 1 et comparer l’emploi de λοιπών au c. 7, 1 . Les lemmes de Galien semblent avoir le même texte que V. Toutefois la leçon du manuscrit ancien de Gadaldini adoptée par Diller est, du point de vue de l’histoire du texte, celle qui est la mieux attestée, car elle est confirmée non seulement par la traduction latine ancienne (que connaissait Diller), mais aussi par la nouvelle traduction latine (qu’il ne connaissait pas). 3. La leçon πρός βορέην (à la place de προσβορέων de V) a pénétré très tôt dans le texte de la vulgate, si bien que les éditeurs n’en connaissent plus l’origine (il s’agit, en fait, d’une correction de Cornarius). Elle trouve un appui dans les deux traductions latines (Lat. Lat. 2). Toutefois l’adjectif προσβορέων donné par V, adopté par le seul Heiberg et recensé comme tel par VIndex hippocraticus s. v. προσβόρεος, n’est pas impossible. Ce qui doit faire pencher en faveur de la correction de Cornarius, c’est l’emploi constant dans le traité de πρός + un substantif à l’accusatif pour indiquer l’orientation ; comparer c. 1, 3 πρός βορέην. Le témoignage indirect de la citation de Galien n’est pas très clair. 4. La leçon de V ε’ίπερ « s’il est vrai que, puisque » (Ermerins, Heiberg) peut trouver un appui dans la traduction latine ancienne (quia). Il n’y a vraisemblablement pas lieu de préférer la conjecture de Cobet έπείπερ ou même celle de Coray ήπερ qui a été adoptée par Littré (mais critiquée par Ermerins) et continue de jouir d’une grande fortune (Kuehlewein, Jones, Diller, Lipourlis). La nouvelle traduction latine (Lat. 2) donne toutefois sicut, ce qui peut aller dans le sens de la conjecture de Coray. P. 198. 1. L’expression ώς έπι τό πολύ est d’ordinaire traduite par I généralement » (cf. Littré ; cf. Jones « generally »), « le plus souvent »
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AIRS, EAUX, LIEUX
NOTES COMPLÉMENTAIRES
(cf. Daremberg) ; voir aussi Lat. 2 (precipue). Mais Diller comprend « durablement » {weithin) ; c’est aussi l’interprétation de la traduction latine ancienne {diutissime) et de Galien dans ses explications (I, 10, 2 Strohmaier) : « Galien dit : Hippocrate cite les causes qui font que l’eau est trouble. Il en est ainsi parce que là l’air ( = le brouillard) et son trouble demeurent longtemps ». Cette seconde interprétation paraît plus adaptée au contexte ; comparer c. 5, 3. 2. Ce tableau sur les eaux et le climat de la cité exposée à l’ouest s’oppose point par point à celui de la cité orientée vers l’est : eaux non claires ; brouillard le matin ; puis, en été, contrastes de température entre le froid du matin et la chaleur du reste de la journée. Mais le système d’explication reste le même : si le brouillard est présent pendant la matinée, c’est parce qu’il n’est pas dissipé par le soleil levant. On a voulu voir dans cette opposition entre les deux tableaux des cités orientées vers l’est et vers l’ouest « une rationalisation contrastée de vieux mythes : le Levant radieux, le Couchant avec ses Ténèbres » (R. Joly, Le niveau de la science hippocratique, Paris, 1966, p. 191) ; cf. aussi A. Ballabriga, Le soleil et le Tartare, Paris, 1986, p. 169 sq. 3. La leçon de V qui donne ώστε (cf. aussi le modèle de la traduction latine ut) paraît syntaxiquement impossible car le participe έγκαταδύνων reste en l’air sans verbe principal à un mode personnel. Les modifications faites par Gad. (B) (transformation du participe en verbe à mode personnel, de ώστε en ώς τά et de διέψει en διεψεϊν) sont trop nombreuses pour être acceptées. En réalité ώστε est un adverbe ionien renforçant le superlatif μάλιστα comme ώς en prose attique. Voir VIndex Hippocraticus s. v. I, 2 qui cite, outre ce passage, un emploi analogue dans Lieux dans l ’homme, c. 12, Littré VI, 298, 10 = Joly 51, 13 (ώστε πελαστάτω A recte : ώς πελαστάτω V Littré Joly Potter). Le texte adopté par Diller, à savoir la leçon de Gadaldini ώς τα μάλιστα sans les autres modifications afférentes, ne s’impose pas, car l’expression n’est pas attestée chez Hippocrate. Il faudrait lire ές τά μάλιστα comme chez Hérodote ; c’est la correction déjà proposée par Cobet (p. 74 sq.) ; mais rien ne doit être changé au texte. Sur la mauvaise orientation d’une cité tournée vers l’ouest où le soleil chauffe trop les habitants dans l’après-midi, comparer Plutar que, De la curiosité, c. 1 (515 c) : « ma patrie (5 c. Chéronée) exposée au Zéphyr et recevant l’après-midi le soleil qui s’abattait depuis le Parnasse, on dit qu’elle fut réorientée vers le levant par Chéron » (rapprochement déjà fait par Coray II, 83). Sur l’effet du soleil qui décolore les hommes des cités de l’ouest, comparer au chapitre suivant l’effet du soleil qui, en été, décolore les eaux stagnantes (c. 7,2) et voir note ad loc. 6. Le terme ήρ a un sens ambigu dans le traité. Il désigne la plupart du temps le « brouillard » (cf. c. 8, 6 ait.) ; mais il peut signifier aussi l’air (cf. c. 8, 6 pr. et c. 15, 2 dans un passage parallèle sur l’explication
de la voix grave). En face de V νοσώδης « malsain », le modèle de la traduction latine (cf. austrinus) était νοτώδης « relatif au notos » (vent chaud du sud qui apporte l’humidité) d’où « humide ». Jacoby, p. 560, signale déjà la corruption de νοτώδης en νοσώδης. Diller {Festschrift Kapp, p. 47) s’appuie sur le témoignage de la traduction arabe des lemmes (« feucht ») pour confirmer la leçon νοτώδης. Il est vrai que Galien dans son commentaire (I, 10, 6 Strohmaier) retient comme idée essentielle l’humidité (« Feuchtigkeit ») et qu’il ne lisait pas νοσώδης de V. Mais la traduction arabe des lemmes ne permet pas de retrouver exactement le texte grec (διά— νοτώδης est traduit par « wegen der dicken, feuchten und trüben Luft » dans Gai. (Ar. [ E ] ) ; on ne sait si le dernier adjectif « trüben » traduit άκάθαρτος ou renvoie à un adjectif grec ayant le sens de « trouble », tel que θολώδης (voir Οολωδέστατον en c. 8, 9, c. 9, 4 et 5 ; cf. aussi θολερός en c. 8, 6). C’est encore νοτώδης que devait lire le traducteur latin dans un passage compara ble (c. 15, 2 austrinus), leçon donnée également cette fois par Gadaldini ; mais V donne dans ce passage une nouvelle variante : χνοώδης. L’adjectif νοτώδης, qui n’est pas attesté en dehors de la Collection hippocratique, apparaît comme variante dans un passage tout à fait comparable de M aladie sacrée où le borée « sépare » la partie trouble et humide de l’air ; c. 13, Littré VI, 384, 8 sqq. = Grensemann 80, 12 sqq. 0 ... βορέης... το θολερόν τε και το νοτώδες (θ Grensemann : νεφώδες Μ) εκκρίνει...Εκκρίνει... την νοτίδα και τό δνοφερόν ; cf. aussi c. 13, Littré VI, 384, 22 = Grensemann 80, 25 νοτώδεα (ΘΜ) opposé à ξηρών. A la lumière du c. 13 de M aladie sacrée, on peut se demander si άκάθαρτος n’est pas dans notre passage d’Airs, eaux, lieux une glose de θολώδης (comp. Hésychius θολερόν... άκάθαρτον) et s’il ne faudrait pas lire en définitive : διά τον ήέρα, δτι θολώδης ώς έπ'ι τό πολύ αυτόθι γίνεται καί νοτώδης. Sur l’adjectif νοτώδης, voir D. ορ de Hipt, Adjektive a u f -ώδης im Corpus Hippocraticum, Hamburg, 1972, p. 135 sq. De la comparaison de tous ces passages, il résulte que les manuscrits hésitent entre plusieurs adjectifs en -ώδης de trois syllabes plus ou moins rares. Il est probable que νοσώδης de V est une lectio facilior par rapport à νοτώδης. Mais la leçon de V n’est pas absurde pour autant ; étant humide, l’air est malsain ; comparer c. 7, 1 νοσώδεα.
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P. 199. 3. 11 est possible de lire καί < à > ανεπιτήδεια ; comparer deux lignes plus bas καί à υγιεινότατα. La disparition du relatif s’explique fort bien par haplographie de ΚΛ1Λ ANGHITHAGIA en KAIANGHI-
THAeiA. 4. Le développement sur les eaux (c. 7-9) termine la partie du traité
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AIRS, EAUX, LIEUX
NOTES COMPLÉMENTAIRES
sur les facteurs qui rendent compte des maladies locales. L’auteur souligne d’emblée l’importance de ce facteur (« l’eau contribue pour une très grande part à la santé » ; pour l’expression πλεΐστον... μέρος ξυμβάλλεται, comparer c. 2, 3 ούκ έλάχιστον μέρος συμβάλλεται ). Sur l’ensemble de cet exposé d’une longueur exceptionnelle (c. 7, 8 et 9), qui est le texte fondateur dans l’histoire de la médecine occidentale sur les différentes catégories d’eaux dans leur relation avec la santé et la maladie, voir J. Jouanna, « L ’eau, la santé et la maladie dans le traité hippocratique des Airs, eaux, lieux))..., p. 25-40. Dans l’expression περί δε των λοιπών ύδάτων l’adjectif λοιπών a embarrassé les traducteurs. Coray entend : « Tout ce qui reste à dire sur les eaux », considérant que l’auteur a déjà parlé des eaux à propos de l’exposition des lieux aux vents et au soleil. Il est suivi par Daremberg (« Pour ce qui reste à dire sur les eaux »). Wilamowitz élimine la difficulté en supprimant l’adjectif ; mais cette correction est une lectio facilior (malgré l’omission de Lat.). Il s’agit d’un hellénisme comparable à περί δέ τών άλλων ύδάτων où l’adjectif, en apparence superflu, signifie « par ailleurs », « du reste » ; voir Kühner-Gerth, Ausführliche Grammatik..., II, 1, 275 A I. C’est ainsi que Diller a compris le texte : « von den Gewassern sonst ». 5. L’auteur traite d’abord des « eaux marécageuses, stagnantes et lacustres » (έλώδεα και στάσιμα καί λιμναία). Diller transpose les adjectifs et écrit στάσιμα καί έλώδεα καί λιμναία en s’appuyant sur la traduction latine (stagnosae et paludestres et loco manentes), sur la traduction arabe (?), sur la traduction hébraïque (?) et sur le témoignage d’Athénée II 46 b έν δέ τώ περί ύδάτων 'Ιπποκράτης καλεϊ... τά... τών ύδάτων στάσιμα χαλεπά, ώς τά λιμναία καί τά ελώδη. Mais ce sont des témoignages trop approximatifs pour autoriser un changement du texte traditionnel. La traduction arabe {turbid, stagnant waters in marshes and swamps Gai. [Ar. ABC] Dos Oberfldchenwasser, das sich über den Erdboden verteilt, das nicht fliesst und in den Salzmarschen und breiten Flusslaüfen stillsteht Gai. [Ar. E] ; cf. Al-Ruhawi : stagnant, tainted and are at the bottom) ne permet pas de reconstituer avec certitude le modèle grec. La traduction hébraïque {waters situated in ponds and rivers) est un pâle reflet de son modèle arabe. La traduction latine renvoie plutôt à un modèle grec qui avait λιμναία καί έλώδεα καί στάσιμα. L ’interpréta tion d’Athénée, à savoir que les eaux de marais et d’étangs sont des cas particuliers des eaux stagnantes, n’est pas nécessairement la bonne. Daremberg {Hippocrate..., p. 486, n. 21 de la F ’’*’ éd.) pense qu’il s’agit de trois espèces sur le même plan, et il rappelle que Rufus d’Éphèse définit les eaux στάσιμα comme celles des puits (Rufus dans Oribase, V, 3, 1 : τά μέν στάσιμα τών ύδάτων, καλώ δε τά εκ τών φρεάτων), sur le même plan que les eaux d’étangs (Rufus d’Ephèse dans Oribase, V, 3, 3 τά δέ έκ λίμνης). 6. Ce développement sur les eaux stagnantes commence par un
ανάγκη (έστί) qui gouverne d’abord deux propositions infinitives (c. 7, 2) sur la qualité des eaux en été (του μέν Οέρεος) et en hiver (τοΰ δέ χειμώνος), puis des propositions infinitives (c. 7, 3) concernant les conséquences sur les hommes qui les boivent (τοΐσι δέ πίνουσι). Dans la première proposition infinitive sur les eaux en été, comme le note Festugière, il y a deux irrégularités : la reprise de ανάγκη qui est inutile, et la liaison entre les deux infinitifs είναι (θερμά) et (άχροα) είναι par άλλά (au lieu d’un καί) sous l’influence de la négation précédente ούκ portant sur le participe (άπόρρυτα) έόντα. Coray (I, 133 sq.), qui défend la leçon έπιτρεφομένου de V, face à έπιφερομένου (postulé par Foes à partir de la traduction latine de Calvus), compare avec Hérodote II, 121 a 1 (έπιτραφέντων βασιλέων) et considère que c’est un équivalent ionien de έπιγιγνομένου. Mais on peut se demander si la leçon έπιφερομένου, que l’on a retrouvée ensuite dans Gad. (B), n’est pas confirmée par Lat. et Gai. (Ar.). 7. Pour les eaux stagnantes décolorées en été par la chaleur du soleil, comparer c. 6, 2-3 : les hommes des cités de l’ouest brûlés en été par le soleil de l’après-midi ont le teint décoloré. Ce sont les deux seuls passages du traité où l’adjectif άχροος est employé. 8. Même antithèse qu’au c. 4, 2 entre bilieux et phlegmatiques ; mais alors qu’au c. 4 la bile était mise en relation avec le froid (orientation aux vents froids) et le phlegme avec le chaud (orientation aux vents chauds), on trouve ici la liaison qui deviendra traditionnelle dans la médecine de l’Antiquité (cf. Nature de l ’homme, c. 7) entre la bile et l’été et entre le phlegme et l’hiver. L ’absence d’une doctrine fixe chez notre auteur plaide en faveur d’une date relativement ancienne, et vraisemblablement d’une antériorité j)ar rapport à la théorie humorale systématique du traité de la Nature de l ’homme. 9. L’adjectif παγετώδης fait partie de la série de termes rares appartenant au fonds ionien qui se trouvent à la fois dans la Collection hippocratique et dans la tragédie grecque ; cf. Sophocle, Philoctète, V. 1082 (lyr.).
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P. 200. 3. Ce qui domine chez les individus qui boivent de telles eaux, c’est la sécheresse et la dureté (cf. c. 7, 3 σκληράς ; ξηροτάτας ; c. 7, 5 διά την τής κοιλίης σκληρότητα). 11 est donc naturel que Γοη rencontre des analogies avec le tableau nosologique de la cité où la constitution des habitants est sèche (cité tournée vers les vents du nord au c. 4) : présence en |)articulier des maladies aiguës qui se développent dans les constitutions sèches, telles s Lat. wenn du (dus Wasser) misst Hun. Gai. En réalité, ces deux traductions, si l’on prend en compte l’ensemble de la phrase, sont trop libres ou trop fautives pour permettre de restituer la syntaxe du grec avec une aussi grande exactitude. 2. Galien dans ses explications (II, 5, 2 Strohmaier) entend que les eaux « analogues » sont les eaux qui sont froides comme la neige ou la glace. 3. C’est le dernier développement concernant l’influence des eaux sur la santé. Il porte sur les eaux mélangées dont la nature varie non seulement suivant la qualité des diverses eaux qui se mélangent, mais aussi suivant la prédominance des vents. Les différents facteurs qui ont une incidence sur la santé et la maladie interfèrent. Ici les vents, dont l’auteur a montré précédemment l’influence directe sur l’homme dans la partie sur l’orientation, interviennent indirectement en modifiant la nature du mélange des eaux. Cette partie est dominée par un exposé sur la lithiase, bien que la lithiase ne soit que l’une des affections qui atteignent ceux qui ont l’habitude de boire des eaux mélangées. Sur ce chapitre, voir E. Lesky, « Zur LithiasisBeschreibung in Περί άέρων ύδάτων τόπων », Wiener Studien, 63, 1948, p. 69-83. Sur la strangurie, voir J. A. Lôpez-Férez, « La strangurie dans le Corpus hippocratique » dans P. Potter, G. Maloney, J. Desautels (éd.), La maladie et les maladies dans la Collection hippocratique (Actes du VP colloque international hippocratique), Québec, 1990, p. 221-226. Dans l’énumération initiale des maladies causées par les eaux
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AIRS, EAUX, LIEUX
mélangées, on peut hésiter entre la leçon de la tradition de V καΐ ίσχι,άδων καί κήλαι, γίνονται, qui donne des noms de maladies et celle de Gad. (B) καΐ ίοχια^ικοΐ καΐ κηλΐται (lege κηλήται) γίνονται qui donne des noms de malades. La traduction latine semble confirmer la leçon de Gad. (B), car elle donne les adjectifs sciatici et celelsjte correspondant à ίσχιαίίικοί et κηλήται. Toutefois, cette traduction a généralisé dans toute l’énumération les adjectifs désignant les malades : ainsi calculosi sunt traduit λιΟιώσι et nefretici correspond à ύπο νεφριτίδων. Aussi le latin sciatici peut-il traduire soit ίσχιάδων de V, soit Ισχιαδικοί de Gad. (B). Toutefois le latin celelsjte jcelites semble être un calque du grec κηλήται/κηλΐται. La leçon de V κηλαι γίνονται est, néanmoins, cohérente avec c. 7, 7 κήλαι έπιγίνονται.
P. 209. 1. L’idée que des éléments ayant des propriétés différentes entrent en conflit, une fois qu’ils sont réunis, est exprimée avec le même verbe à propos des aliments dans le traité des Vents, c. 7 τα γάρ ανόμοια στασιάζει (Littré VI, 98, 20 = Jouanna 111, 6 avec la note 4 de la p. 111 [ = p. 139 sq.]). L’expression de la loi du plus fort (κρατεΐν άε'ι τό ίσχυρότατον) est parfaitement normale dans la conception hippo cratique de la physique et de la biologie. La séquence de V qui coordonne un indicatif et un infinitif (στασιάζει και κρατεϊν) est impossible. Depuis l’Aldine jusqu’à Heiberg (compris), les éditions ont normalisé en choisissant deux indicatifs. Mais l’infinitif κρατεΤν est confirmé par la traduction latine (ohtinere). Il vaut donc mieux rétablir l’infinitif στασιάζει < v > . Diller, en s’inspirant de la traduction latine, a écrit : στασιάζει < v ανάγκη > καί κρατεϊν. Toutefois l’addition de ανάγκη n’est pas indispensable, car les infinitifs στασιάζει < v > et κρατεϊν peuvent dépendre d’un verbe de nécessité sous-entendu comme les infinitifs précédents είναι et ρέειν. Pour ces deux derniers infinitifs, le verbe de nécessité sous-entendu dans le membre de phrase positif (αλλά κτλ.) est à tirer du membre de phrase négatif : « il n’est pas possible que (Où... οίόν τε )..., mais (il est nécessaire) que... ». 2. Pour l’influence des vents sur la qualité des eaux, voir déjà c. 7, 11 (fin) avec la note ad lac. 3. Ce sont les affections énumérées dans la première [îhrase du c. 9 : lithiases, néphrites, stranguries, sciatiques et tumeurs scrotales. Mais la suite du développement est consacrée uniquement à la lithiase.
NOTES COMPLÉMENTAIRES
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P. 210. 1. La vessie est implicitement comparée à une marmite qui fait bouillir l’urine. Les processus biologiques et pathologiques ne sont pas conçus différemment des processus cosmologiques. La séparation de l’urine en deux parties, l’une ténue et l’autre épaisse, est comparable à la séparation de l’eau en deux parties, soit lors de l’évaporation sous l’effet de la chaleur du soleil (c. 8, 2-3), soit lors de la formation du brouillard (c. 8, 6), soit sous l’effet du froid lors de la congélation (c. 8, 9-11). On retrouve les mêmes termes pour désigner chacune de ces deux parties : à λεπτότατον comparer c. 8, 2, 3 et 11 λεπτότατον ; à παχύτατον comparer c. 8, 11 παχύτατον ; et à θολωδέστατον comparer c. 8, 9 θολωδέστατον. Le verbe αποκρίνεται donné par V après αύτοϋ paraît être une addition fautive, bien qu’il soit admis par toutes les éditions. Il est important de noter d’une part que ce verbe est absent du reste de la tradition directe (Lat.) et indirecte (Gai. [Ar.]), et d’autre part qu’il rompt le parallélisme des deux membres de phrase antithétiques τό μέν— έξουρεϊται et τό δέ— συμπήγνυται comprenant deux sujets et deux verbes. Quant à διιεϊ {vel διίει), c’est une troisième personne (forme ionienne) du présent de διίημι employé intransitivement. Cet emploi intransitif est jugé douteux par VIndex hippocraticus s. v. διίημι IL De son côté, Diller (Überlieferung..., p. 18, n. 45) propose de lire διίει et d’y voir une forme thématique de δίειμι « aller au travers ». Il mentionne pour illustrer sa proposition Hésychius άπίει· απέρχεται. Mais la forme άπίει est ambiguë. Elle peut s’interpréter comme une troisième personne intransitive (forme ionienne) de άφίημι avec psilose ionienne. Comparer toujours chez Hésychius διίεται· διέρχεται. Il est clair que la forme διίεται conviendrait parfaitement dans notre passage pour la syntaxe et pour le style ; διίεται καί έξουρεϊται sont deux homéotéleutes de quatre syllabes auxquels correspondraient dans le second membre deux homéotéleutes de quatre syllabes (ξυστρέφεται καί συμπήγνυται). 3. Coray a senti la difficulté qu’il y a à prêter doctement des considérations sur l’origine du processus de l’urine à des enfants qui souffrent de la pierre et ont de la difficulté à uriner. Les enfants touchent ce qu’ils considèrent être la cause de la « difficulté à uriner ». Coray a donc proposé < ο ύ κ > ούρήσιος. Cette correction ou une correction analogue (δυσουρίης, terme qui a l’avantage d’être employé dans la Collection hippocratique) peut trouver un appui dans la traduction arabe des lemmes de Galien {their difficulty in urinating). Il est possible, toutefois, que la traduction arabe soit une simple interprétation d’oύpήσιoς, comme le suggère Diller dans son apparat
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AIRS, EAUX, LIEUX
critique. La traduction latine a l’équivalent ά’ούρήσιος sans négation (urine). Les explications de Galien n’apportent aucun élément nouveau. 5. En ajoutant καί devant τα μέν πλεΐστα Diller croit innover (cf. dans son apparat critique addidi). En consultant l’apparat critique de Littré (II, p. 41), on apprend que cette leçon se trouvait déjà chez Coray. Mais le renseignement donné par Littré est très incomplet. Ce n’est pas une innovation de Coray qui signale justement (I, p. 142) que cette leçon est déjà chez Van der Linden suivi par Mack. Cette correction sera reprise aussi par Ermerins. Les modernes redécouvrent parfois ce qui était déjà fort usité. Il est vrai qu’en l’occurrence le raisonnement n’est pas le même. La correction des éditeurs anciens a vraisemblablement pour origine une conjecture dans la traduction latine de Cornarius (et plerique), tandis que celle de Diller prend sa source dans une leçon de la traduction latine ancienne (ei plerumque). Le pluriel neutre τά μέν πλεΐστα est adverbial ; quant à λιθια, c’est une troisième personne impersonnelle (cf. Index hippocraticus s.v.) ou dont le sujet τις est sous-entendu. 6. La très belle correction faite par Heiberg (1927) de πρός donné par V en πώρος « la pierre, le calcul » lui a été suggérée par la traduction latine (lapis) et par la note manuscrite de Cad. (B) πόρος. Elle a été confirmée, depuis lors, par les lemmes de Galien (stone). Le substantif πώρος est à mettre en rapport avec le verbe πωροϋται employé quelques lignes plus haut. Il est étonnant que cette correction n’ait pas été faite plus tôt dans l’histoire du texte imprimé, notamment par Littré qui a été si attentif à la traduction latine. Les éditeurs jusqu’à Jones compris (1923) ont suivi une correction de l’édition princeps « chez les enfants » (παισί[ν] ; cf. aussi pueris Calvus), correction qui a joui de l’autorité d’une leçon manuscrite, car elle se trouve dans le Parisinus gr. 2255 (E*’) ; mais ce manuscrit doit son texte à l’édition de Cornarius, et donc indirectement à l’Aldine (voir Notice, p. 89 sq.).
P. 211. 1. ταύτά Heiberg : ταϋτα V edd. Après avoir exposé le processus de formation de la lithiase par l’échauffement naturel de la vessie chez les enfants dont le ventre est brûlant (πυρετώδης), l’auteur envisage une autre cause de réchauffement, le lait maternel de mauvaise qualité qui échauffe le ventre et la vessie. Si la cause de réchauffement de la vessie est différente, les effets produits par l’urine échauffée et brûlante sont identiques (comparer ici τό ούρον ςυγκαιόμενον et plus haut τό oupov συγκαίει). Il vaut mieux donc lire ταύτά (« les mêmes effets ») que ταϋτα (« ces effets »). Dans sa traduction, Diller écrit « das Selbe geschieht », ce (jui correspond à ταύτά, mais conserve dans le texte ταϋτα.
NOTES COMPLÉMENTAIRES
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2. Sur la question du vin dans le régime des enfants, comparer la position analogue de l’auteur de la Nature de l ’homme, c. 21, Jouanna 214, 15 ( = Régime salutaire, c. 6, Littré VI, 80, 19) : πίνειν διδόναι ΰδαρέα τον οίνον, « on donnera à boire le vin coupé d’eau » ; comparer aussi, avec Festugière, Aristote, Politique VII, 17, 1336 a 8 : « le régime le mieux adapté à leur corps (sc. des enfants) est riche en lait, mais comporte relativement peu de vin à cause des maladies (άοινοτέρα δε διά τα νοσήματα) ». 5. Le grec comprend deux termes pour désigner les canaux urinaires, ούρήθρα/ούρητήρ, dont dérivent les termes anatomiques modernes « urèt(h)re » et « uretère » désignant deux réalités anatomi ques distinctes (urèt(h)re : canal depuis la vessie jusqu’à l’extérieur ; uretère : canal depuis le rein jusqu’à la vessie). Cette distinction moderne ne correspond pas à l’usage hippocratique ; en effet, l’expression employée ici ό yàp ούρητήρ... ό τής κύστιος prouve que le terme ούρητήρ pouvait désigner aussi bien notre urètre que notre uretère ; j’ai donc traduit ούρητήρ par « canal urinaire » pour conserver l’ambiguïté de sens du terme grec. Depuis Van der Linden, la majorité des éditeurs, y compris Diller, ont corrigé l’indicatif βιάζεται en infinitif βιάζεσθαι, bien inutilement. La consécutive ώστε + indicatif exprime une conséquence réelle. 6. Cette fin de chapitre a été suspectée. Ainsi, Kuehlewein (et avant lui Coray) considère comme interpolée l’explication anatomique sur la différence entre l’urètre de la femme et de l’homme (ές yàp— εύρεΐς). En revanche, Diller conserve cette phrase à l’exclusion de διότι, mais supprime la phrase finale sur la différence de régime (κα'ι πίνουσι—παιδες). Cette dernière phrase est omise dans les lemmes de Galien, mais elle existe dans la traduction latine ancienne. L’affirma tion singulière selon laquelle les filles boivent plus que les garçons peut s’expliquer par l’idée que la constitution féminine est, d’après les médecins hippocratiques, plus humide que la constitution mascu line. E. Lesky, « Zur Lithiasis-Beschreibung... », p. 69-83, défend l’en semble du passage, mais propose l’interversion de καί διότι en διότι καί (qui est attesté ailleurs dans le traité). Si l’on veut conserver καί διότι donné en définitive par tous les témoignages, il faut comprendre (avec Lat. ante corr. et avec l’archétype de Cal. [Ar.] qui ne mettent pas de négation avant εύρεΐς) que la phrase concerne les femmes et non les hommes : « et parce que, chez les femmes, le canal urinaire est large ». Sinon, on peut soit écrire διότι καί avec E. Lesky soit supprimer διότι avec Diller. Les discussions sur ce passage sont anciennes. Galien, dans ses explications (II, 5, 6 Strohmaier), considère que tout ce qui concerne la femme est clair, mais avoue son embarras sur l’expression concernant les hommes « à savoir que leur vessie n’est pas percée dans leurs organes génitaux » (« dass ihre Blase im Geschlechtsteil nicht
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NOTES COMPLÉMENTAIRES
durchbohrt » = ol δ’ άνδρες ού τέτρηνται sc. ές τα αιδοία sine εύθύ ante τέτρηνται). Galien ajoute que tous les commentateurs sont aussi dans l’embarras et il estime avec eux que ces mots ne sont pas d’Hippocrate.
{Probl. I, 8) n’en parle pas ; voir aussi Überlieferung..., p. 141 sq. Mais il ne tient pas compte de la présence des dysenteries dans le Probl. I, 19 qui concerne la même constitution climatique (avec le décalage, il est vrai, des dysenteries en automne, et non en été). De toute façon, l’adaptation assez libre des Problemata ne pèse pas lourd contre la convergence de témoignages anciens de la tradition directe et indirecte et du passage parallèle des Aphorismes. Par ailleurs, ce choix amène Diller à supprimer la seconde phrase du développement où il est question de dysenteries (Τάς δε δυσεντερίας—ύγροτάτοισι). Or cette phrase est donnée aussi bien par la tradition indirecte (Gai. [Ar.] et Gai. [cit.]) que par la tradition directe (V Lat.) et elle a une version parallèle dans les Aphorismes III, 11. Enfin, Galien dans ses explications (III, 3 Strohmaier) commente cette phrase et la discute. En définitive, les dysenteries font bien partie de cette constitution climatique. Comme le remarque Pohlenz {Hippokratesstudien.., p. 73), καί δυσεντερίας a disparu dans la branche de V Lat. par suite de la succession de deux homéotéleutes (όφΟαλμίας/δυσεντερίας). Sur ce problème de texte, voir J. Jouanna, « Hippocrate et les Problemata d’Aristote » cité supra, p. 152, n. 297.
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P. 212. 1. Après l’influence des facteurs locaux sur la santé et la maladie (orientation de la cité au soleil et aux vents ; nature des eaux), l’auteur hippocratique traite d’un facteur plus général, le climat. Il développe seulement maintenant ce qu’il avait demandé au médecin de considé rer « en premier lieu » (c. 1, 1). L’observation de la succession des saisons est un élément essentiel du pronostic ; comparer ce qu’il a déjà dit en c. 2, 2 et ce qu’il dira dans la conclusion en c. 11, 1. Galien dans ses explications (III, 1 Strobmaier) y voit le fondement de toute la médecine et oppose aux médecins qui n’accordent pas d’importance aux saisons (tels que Praxagoras, Héropbile, Erasistrate ou les méthodiques) ceux qui suivent sur ce point Hippocrate (tels que Athénée d’Attale et les pneumatiques, ainsi que les empiriques). Pour la structure de ce chapitre sur les saisons, voir Notice, p. 3032. Tout ce développement présente des correspondances étroites avec une partie de la section des Aphorismes traitant des saisons ( = Aph. III, 11 à 14). Pour rendre compte de ces correspondances, qui sont trop étroites pour être accidentelles, il faut supposer l’existence d’un modèle commun perdu ou admettre que le traité des Airs, eaux, lieux a servi de modèle aux Aphorismes. Galien, dans son commentaire de cette section des Aphorismes, cite des passages étendus du c. 10 d’Airs,eaux,lieux. Ces citations constituent une tradition indirecte intéressante, mais qui a été mal exploitée jusqu’à présent, parce que l’on s’est fondé sur le texte de la vulgate (éd. de Kühn) au lieu de s’appuyer sur le témoignage des manuscrits les plus anciens. Enfin, ce développement sur les saisons a été à l’origine de plusieurs Problemata du Corpus aristotélicien. Pour la présentation de cette tradition indirecte, voir Notice, p. 131 sq., 150-154. 4. Le problème est de savoir si les dysenteries sont ou non mentionnées dans cette constitution climatique. Une partie de la tradition directe (V Lat.) et la vulgate de la citation de Galien omettent και δυσεντερίας. Toutefois ces mots sont attestés dans une partie de la tradition directe (le manuscrit ancien de Gadaldini) et dans la tradition indirecte : lemmes de Galien et un manuscrit ancien de la citation que Galien fait dans son commentaire aux Aphorismes, le Par. gr. 2266 du xiiU siècle ( = Y). Le passage parallèle à'Aphorismes III, 11 donne également καί δυσεντερίας. Diller ne retient pas les dysenteries dans son texte, en arguant que le problème correspondant d’Aristote
P. 213. 1. Le printemps ayant été humide, le corps n’a pas pu se purger de son humidité pendant cette saison. Pour le verbe qui désigne l’humidité du corps, on peut hésiter entre deux termes rares qui sont à peu près synonymes πλαδαν ou φλυδαν . Le premier terme est donné par la tradition grecque et a été adopté par toutes les éditions. Mais le second terme est connu dès le xvU siècle, comme variante. Cette variante est signalée par Foes (1595) dans sa note 50 : « Pro πλαδαν, συντήκεσθαι legit Galenus... Sunt vero qui pro πλαδαν, φλυδαν aut μυδαν legunt ». Foes ne livre aucune indication sur l’origine de ces variantes ; on peut j)enser seulement que μυδαν est lui-même une glose de φλυδαν ; cf. Gai. Gloss, s. v. φλυδα· υγραίνεται, μυδα (Kühn X IX, 152,11). Une variante φλοίδαν, analogue à φλυδαν, apparaît dans le commentaire de Jean Martin (1646, p. 94 : « Brassavolus inquit in suo exemplari [sc. Galeni] scriptum fuisse φλοίδαν, quod est humores comburi »). Ce sont les variantes connues de Coray (I, 145). Mais Septalius dès 1590 signalait déjà clairement que les variantes φλοίδαν et φλυδαν se trouvaient dans certains manuscrits de Galien à la place de συντήκεσθαι (col. 319-320). La variante φλυδαν est attestée ensuite dans les notes marginales dites de Gadaldini découvertes par Dietz au xix” siècle ( = Gad. [B]). Cette même variante a été trouvée plus tard dans le centon Sur la rage publié par Diels en 1918 ; voir Notice, p. 148 sq. Enfin, la collation des manuscrits anciens de Galien (voir app. crit.) donne φλυδαν (ou φλοίδαν).
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NOTES COMPLÉMENTAIRES
Il en résulte que la vulgate de la citation de Galien (συντήκεσθαι) nous trompe et que le médecin de Pergame lisait dans son exemplaire d’Airs, eaux, lieux (pXuSôiv (ou φλοίδαν). Or, on sait que les Glossaires hippocratiques d’Érotien et de Galien connaissent chez Hippocrate le verbe φλυδδν (Érotien Φ 9, Nachmanson 91, 12 ; Galien, Gloss., Kühn XIX, 152, 11). On rapporte la glose d’Érotien à M aladie sacrée, c. 13, Littré VI, 386, 7 ( = Grensemann 82, 4) où le verbe φλυδαν (Θ, avec la variante φλοίδαν M !) est employé dans un contexte tout à fait comparable à celui d’Airs, eaux, lieux (cerveau gonflé d’humeurs sous l’effet des vents du sud ; ici le corps est gonflé d’humeurs dans un printemps où soufflent les vents du sud). Étant donné l’ordre des traités, la glose d’Érotien Φ 9 (située entre la glose Φ 8 qui se rapporte à Épidémies VI et la glose Φ 10 qui est tirée de Lieux dans l ’homme) peut s’appliquer tout aussi bien à notre passage d’Airs, eaux, lieux qu’à celui de M aladie sacrée, car ces deux traités se situent dans l’ordre de lecture d’Érotien entre Épidémies VI et Lieux dans l ’homme. Si l’on ajoute qu’. . Pour le couple formé par les deux affections, on comparera au c. 10, 11 βράγχους καί κορύζας où les deux affections sont au pluriel. Ici κορύζης étant au singulier, on peut penser qu’il en est de même de l’autre affection. Le fautif βράγχω peut être une mélecture de βράγχου. 6. J ’ai rétabli l’adjectif μεγάλης comme attribut de τής μεταβολής d’après la traduction arabe des lemmes de Galien. Pour l’omission, comparer c. 3, 4 (μεγάλης qualifiant μεταβολής omis par V). Le changement de saison est important parce que l’on passe sans transition d’un printemps froid à un été chaud. Sur la nocivité des grands changements, voir c. 11, 1. La restitution de l’adjectif μεγάλης rétablit un équilibre entre les deux propositions au génitif absolu (1. έξαίφνης— καύματος ; 2. μεγάλης— έπιγινομένης) ; l’attribut μεγάλης dans la seconde proposition joue un rôle analogue à l’adverbe έξαίφνης dans la première. La suppression de la proposition και τής—έπιγινομένης opérée par Wilamowitz suivi par Diller n’a, dès lors, plus de raison d’être.
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P. 216. 1. Les facteurs locaux étudiés dans les deux premières parties du traité (orientation des cités au soleil et aux vents, qualité des eaux de la cité) interviennent ici comme paramètres secondaires pour atténuer ou aggraver les maladies causées par le climat. Les eaux des étangs et des marais (έλείοίΓΚ... και λιμνώδεσι) sont les plus mauvaises pour la santé ; comparer c. 7, 2 έλώδεα... και λιμναία avec le développement qui leur est consacré. 3. Après les deux premières constitutions climatiques qui commen çaient par la succession de l’hiver et du printemps et occasionnaient des maladies surtout en été, viennent deux constitutions qui commen cent par la succession de l’été et de l’automne et occasionnent des maladies surtout en hiver. La troisième constitution a donné lieu au Problème I, 20 d’Aristote. Elle n’a pas de passage parallèle dans les Aphorismes, comme le remarque déjà Galien dans ses explications (III, 7 Strohmaier). Certains commentateurs, précise-t-il, ont consi déré que cette constitution a été ajoutée au livre d’Hippocrate. Après μετόπωρον, il convient de sous-entendre επομβρον γένηται καί νότιον. L’addition de ωσαύτως après μετόπωρον que Γοη trouve dans plusieurs éditions (de Coray à Diller) et qui est reprise à la citation de Galien dans son Commentaire aux Aphorismes est possible. En tout cas, la présence de ωσαύτως dans la tradition de Galien est confirmée par la traduction arabe des lemmes {is the same). On peut donc en déduire que Galien lisait ce terme dans son manuscrit d'Airs, eaux, lieux. Faut-il pour autant rétablir ωσαύτως ? L’addition de ωσαύτως a été critiquée par Littré (II, 49 app. crit.), mais l’argument qu’il emploie (« Galien cite de mémoire et non textuellement ») n’est pas convaincant. Ce terme n’apparaît, toutefois, ni dans la tradition directe (V Lat.) ni dans le Problème parallèle d’Aristote dont la formulation correspond exactement à celle d’Airs, eaux, lieux : Aià τί, έάν τό θέρος επομβρον γένηται και νότιον και τό μετόπωρον, ό χειμών νοσερός γίνεται ; 4. La quatrième constitution correspond à Aphorismes III, 13 et à Aristote Problemata I, 10. La correspondance entre les maladies mentionnées pour cette constitution dans Airs, eaux, lieux et dans Aphorismes est presque littérale. Comparer Aph. III, 13 : κεφχλαλγίαι ές τόν χειμώνα γίνονται καί β7,χες καί βράγχοι καί κόρυζαι, ένίοισι καί φΟίσιες « des céphalalgies se produisent en hiver, des toux, des enrouements, des coryzas et chez quelques-uns aussi des phtisies ». Toutefois, dans l’énoncé de la constitution, il y a une différence importante entre les deux traités. Dans Airs, eaux, lieux, un été sec et austral (νότιον) est suivi par un automne pluvieux et boréal (βόρειον), tandis que dans les Aphorismes, l’été est sec et boréal (βόρειον) et l’automne pluvieux et austral (νότιον). D’un texte à
NOTES COMPLEMENTAIRES
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l’autre, il y a interversion d’« austral » et de « boréal ». La très grande majorité des éditeurs, à partir de Foes (1595), a corrigé le texte d'Airs, eaux, lieux pour le mettre en conformité avec celui des Aphorismes ; Diller {Überlieferung..., p. 56, n. 128) a même reproché à Heiberg d’avoir conservé dans son édition le texte de V. Cette correction semble, au premier abord, d’autant plus justifiée que le passage parallèle des Problemata d’Aristote (I, 10) présente dans le texte de ses différentes éditions, comme dans les Aphorismes, un été sec et boréal et un automne pluvieux et austral. Par ailleurs, l’alliance des qualités « sec » et « boréal » (c’est-à-dire « froid ») se rencontre réguliè rement dans les trois constitutions climatiques précédentes. Toutefois, la normalisation est moins justifiée qu’il n’y paraît. L ’histoire de la tradition du texte d'Airs, eaux, lieux montre que tous les témoignages anciens confirment la leçon de V (traduction latine, lemmes et explications de Galien). Il est clair que Galien ne lisait pas dans son exemplaire d'Airs, eaux, lieux le même texte que dans les Aphorismes : il le dit expressément dans son commentaire des Aphorismes (Kühn XVII B, 591). Par ailleurs, la tradition manuscrite des Problemata I, 10 n’est pas unanime : quelques témoins qui ne sont pas négligeables (notamment Y“ le manuscrit de Paris du siècle, ainsi que la traduction ancienne de Bartholomée de Messine du xiiC siècle) donnent le même texte qu’yUrs, eaux, lieux. En définitive, la normalisation a le grave inconvénient de masquer un problème qui est réel. En admettant même que les textes d'Airs, eaux, lieux et d'Aphorismes étaient à l’origine identiques, la version d'Airs, eaux, lieux et d’une partie de la tradition manuscrite des Problemata d’Aristote pourrait bien avoir conservé une lectio difficilior. Mais le prestige des Aphorismes est grand ! Pour plus de détails sur la discussion de ce passage, voir J. Jouanna, « Hippocrate et les Problemata d’Aristote » cité p. 152, n. 297.
P. 217. 2. Cette cinquième constitution a un passage parallèle dans Apho rismes III, 14 et a donné lieu à Aristote Problemata I, 11 et 12. L ’absence de sujet explique les divergences d’interprétation. Certains éditeurs d'Airs, eaux, lieux, à l’exemple de Galien commentant le passage parallèle des Aphorismes (Kühn XVII B, 595, 1-3), compren nent que c’est l’automne qui est sujet (Coray et Daremberg par exemple) ; et comme ils ont corrigé le texte de la constitution précédente à l’aide des Aphorismes, cela revient à comprendre que cette cinquième constitution est constituée de la succession d’un été sec et boréal et d’un automne de même nature. Mais comme les deux constitutions climatiques précédentes commencent par ήν 8è τό θέρος, il est naturel de donner à cette cinquième constitution le même sujet.
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à savoir I’« été » (voir par exemple Diller). Et si l’on ne corrige pas le texte de la constitution précédente, on aura dans cette cinquième constitution un été boréal et sec différent de l’été de la quatrième constitution qui était sec et austral. La solution qui consiste à comprendre ainsi cette cinquième constitution est d’autant plus probable que dans le Problème d’Aristote correspondant, c’est bien l’été (το θέρος) qui est sujet de βόρειον et de αύχμώδες ( = άνυδρον d'Airs, eaux, lieux). Il est vrai que dans le Problème d’Aristote l’automne (το μετόπωρον) est rajouté ensuite sur le même plan que l’été. Mais ce qui correspond dans Airs, eaux, lieux à l’indication sur la sécheresse de l’automne est contenu dans le membre de phrase καΐ μήτε— άρκτούρω qui est absent aussi bien des Aphorismes III, 14 que des Problemata I, 11 et 12. Alors que le lever de la canicule correspond, comme il a été dit précédemment, au début de la deuxième partie de l’été, le lever d’Arcturus marque le début de l’automne ; voir Galien, Commentaire aux Aphorismes III, 14 (Kühn XVII B, 599, 1-4). C’est donc par l’expression μήτε έπι τω άρκτούρs, eaux, lieux évoque la sécheresse de l’automne au moment décisif où il commence. Galien dans son Commentaire à notre traité (III, 9 Strohmaier) abou tit à une interprétation analogue : seul l’été est sujet de βόρειόν τε ή κα'ι άνυδρον, car le lever d’Arcturus marque le début de l’automne. L’omission de έπ'ι τω κυν'ι γένηται ΰδωρ dans V a été comblée par Cornarius dès son édition de 1529 par ύπό κύνα έπομβρον. Comme cette correction a été reprise dans deux manuscrits récents qui dépendent des éditions imprimées (E*’ Barb), les éditeurs (à l’excep tion de Diller) ont adopté ce texte en toute bonne foi sans en connaître la provenance. Or, Cornarius nous donne dans une note de son édition de 1529 l’origine de cette leçon : « Desunt autem verba, quae si adscribas, habebis integram lectionen, haec que ausim ex veteri interprète restituere ». Ce « vieux traducteur » correspond à ce que les modernes appellent la traduction latine récente (Gai. Lat.), c’est-à-dire la traduction latine faite sur la traduction arabe des lemmes de Galien ( = « [neque] diebus canicule pluat »). Il s’agit donc d’une conjecture de Cornarius par rétroversion. La leçon de Gad. (B), corrigée à l’aide du manuscrit de Ferrarius, est préférable, car elle explique mieux l’omission de V (saut du même au même μήτε έπ'ι τω/μήτε έπ'ι τω). L’expression έπ'ι τω κυνί, litt. « à la Canicule », est une expression ramassée pour désigner « au lever de la Canicule », exactement comme en c. 10, 4 l’expression développé έπ'ι κυνος έπιτολή. P. 218. 1. La leçon de V ΰπ’ άλλων τ’ ές άλλα qui a été celle des éditions anciennes (jusqu’à Van der Linden) est issue d’une succession de
NOTES COMPLÉMENTAIRES
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mélectures de lettres onciales triangulaires et de mécoupures après l’omission d’un omicron initial : YOAAACONTGCAAAA = < ο > ύ πλαδώντες αλλά. Cette erreur de lecture est particulière à la branche de V. La traduction latine {non humidi sed) a conservé la bonne leçon ainsi que les lemmes de Galien {dry and thick rather than soft). Toutefois, c’est la citation de Galien dans son Commentaire aux Aphorismes qui a conservé la bonne leçon en grec et a permis de corriger le texte d'Airs, eaux, lieux à partir de Mack et Coray. La bonne leçon était connue aussi de Bald. et de Gad. (B), mais son origine est indéterminée : manuscrit ancien de Gadaldini ou citation de Galien ? 3. La prise en compte des changements de saisons est nécessaire non seulement pour le pronostic des maladies (cf. προειδείη), mais aussi pour la thérapeutique. Il faut s’abstenir des principaux actes thérapeutiques (évacuation, cautérisation, incision) pendant la période dangereuse des changements. La leçon καίειν de V (« cautériser ») est confirmée par les lemmes de Galien et par un manuscrit de la traduction latine. Devant un tel accord qui permet de remonter jusqu’au ii® siècle ap. J.-C., on peut s’étonner que les deux éditions du CMG (Heiberg, Diller) aient renoncé à cette leçon de V pour privilégier des conjectures qui n’ont pas le même ancrage dans l’histoire du texte : καθαίρειν de Heiberg est inspiré par Lat. (P) catarsin adhibere ; mais l’accord de Lat. (A) causin adhibere avec V et Gai. (Ar.) indique que la leçon de Lat. (P), malgré l’accord de Lat. (P) avec Lat. (H), est une innovation fautive. Quant à la conjecture d’Ermerins (κινέειν) reprise par Diller (κινεϊν), elle n’a aucun support dans la tradition d'Airs, eaux, lieux. Du point de vue du contenu, ces deux conjectures ont l’inconvénient supplémentaire de faire double emploi avec φάρμακον διδόναι qui signifie « donner un médicament évacuant ». En revanche, si l’on conserve la leçon de V, on a le couple « brûler, couper » (καίειν/τέμνειν) qui est tout à fait normal dans la chirurgie hippocratique. Sur les dangers du traitement pendant les changements de saisons, comparer Aristote, Problemata I, 4 : « pourquoi, aux changements de saisons, ne faut-il pas user de vomissements ? ». 11 est surprenant que toutes les éditions aient conservé après καίειν le terme οτι, écrit soit οτι soit o τι. Il n’a aucun rôle dans la syntaxe de la phrase. Seul Kuehlewein a essayé de contourner la difficulté en transposant ότι ές κοιλίην après έκόντα. Mais si l’on ne perd pas de vue que le manuscrit V présente d’assez nombreuses fautes dues à des mélectures d’onciales, on rétablira έτι à la place de ότι (confusion de deux lettres circulaires G/O). L’adverbe έτι porte sur la négation μήτε dont il est séparé par un mot ( = « ni non plus ») ; comparer Fractures, c. 2, Littré III, 422, 7 ( = Kuehlewein 49, 3) ούτε τα όστέα, οότε τα νεϋρα, ούτε αΐ σάρκες ετι, « ni les os, ni les tendons, ni non plus les chairs ». L’adverbe έτι, situé après le deuxième μήτε, divise la
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NOTES COMPLÉMENTAIRES
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médication en deux groupes : d’abord l’évacuation, puis la cautérisa tion et l’incision. Il ne convient pas de porter le cautère ou le bistouri dans la région du ventre. La suppression de l’article ai (devant ήμέραι), proposée par Van der Linden et adoptée par la majorité des éditeurs (par exemple Coray, Littré, Kuehlewein, Jones, Heiberg, Diller) est une possibilité ; mais il est plus satisfaisant, d’un point de vue paléographique, de supposer l’omission de cd devant δέκα par haplographie (HM6PAIA1 > HMEPAI). Comparer M aladies II 2, c. 17 (c. 6), Littré VII, 30, 25 ( = Jouanna 152, 6) : τάζ ήμέρας τάς έξ. Je dois cette suggestion à Anastassiou. L’article désigne une période de jours bien connue.
P. 219. 1. Les changements les plus dangereux correspondent aux mouve ments apparents du soleil (solstices et équinoxes) et des astres (levers et couchers). Concernant le soleil, l’expression périphrastique em ployée pour désigner les équinoxes (Ισημερίαι νομιζόμενοα ehoa αμφότεραι) qui diffère de la manière directe dont sont désignés les solstices (ήλιου τροπαΐ άμφότεραι) laisse entendre qu’il s’agit d’une expression moins familière, d’une expression technique, sinon nou velle ; voir R. Dicks, « Solstices, Equinoxes and the Presocratics », 86, 1966, p. 33 et n. 38 ; « More Astronomical Misconceptions », J.H .S., 92, 1972, p. 175. Le fait que le terme ίσημερίη soit employé ensuite sans adjonction de νομιζόμεναι είναι dans les trois groupes des Épidémies et dans le Régime (cf. J.H. Phillips, « The Hippocratic Physician... », p. 432-434, critiquant Dicks) n’infirme pas la fine remarque de Dicks. Il peut s’agir d’une expression sentie comme technique à l’époque à'Airs, eaux, lieux où le terme apparaît pour la première fois dans la littérature grecque conservée (années 430/420), et devenu plus familier par la suite dans la dernière décennie du cinquième siècle {Épidémies I-III vers les années 410) et au qua trième siècle. Les remarques de Dicks et de Phillips ne s’excluent pas. Concernant les astres, on a déjà dit que le lever de la Canicule (vers la fin de juillet) divise l’été des Anciens en deux parties et que le lever d’Arcturus commence leur automne ; quant au coucher des Pléiades, il marque le début de l’hiver. Voir pour ces divisions Galien, Commentaire aux Aphorismes III, 14 (Kühn XVII B, 598 sq.). Pour les dangers liés à la Canicule, comparer Aphorismes IV 5 (Littré IV, 502, 14 = Jones 134, 17 sq.) : « Pendant et avant la Canicule, les évacuations sont laborieuses ». Pour la confusion G T I/G fll, comparer par exemple Ancienne médecine, c. 22, Littré I, 626, 21 ( = Jouanna 150, 1) επί A : έτι M et M aladies des femmes I, c. 4, Littré VIII, 26, 9 ( = Grensemann 96,
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18) έπι V : ετι Θ M et c. 8, ibid., 38, 3 ( = Grensemann 106, 10) έπι
Θ ; έτι MV. 2. Cette phrase sur l’évolution des maladies due aux changements des saisons est à l’origine du Problème I, 3 d’Aristote : « Pourquoi les changements de saisons et les vents prolongent-ils ou font-ils cesser les maladies, les jugent-ils (κρίνουσι) et les provoquent-ils ? ». Sur l’évo lution des maladies et sur leur changement, comparer M aladies I, c. 6, Littré VI, 150, 23 ( = Wittern 16, 21-18, 1) : « les maladies qui changent, qui augmentent ou dépérissent » (τα μεταπίπτοντα και τα αύξανόμενα καΐ τα μαραινόμενα) ». Sur l’évolution des maladies en rapport avec les saisons, voir Nature de l ’homme, c. 8, Littré VI, 50, 14-16 ( = Jouanna 186, 13-15) : « toutes les maladies qui croissent en hiver doivent s’éteindre (φθίνειν) en été, toutes celles qui croissent en été cesser en hiver (λήγειν), excepté celles qui se terminent en une période de jours ». On observera le même emploi de λήγειν dans Airs, eaux, lieux et dans Nature de l ’homme pour désigner la cessation des maladies, et, en revanche, la différence d’emploi de φθίνειν « cesser » dans Nature de l ’homme (sens intransitif) et de son composé άποφθίνειν « perdre (le malade) » dans Airs, eaux, lieux (sens transitif). 4. απάντων désigne l’ensemble des différences plutôt que l’ensem ble des peuples (έθνέων). L’auteur ne peut pas traiter de tous les points ; il traitera simplement des plus importants (περί των μεγίστων) et donc des différences les plus importantes (πλεϊστον διαφερόντων). Le médecin hippocratique veut aller à l’essentiel. C’est aussi l’interprétation de Festugière : pour critiquer l’interprétation de ceux qui comprennent que l’auteur ne veut pas traiter de « tous les peuples » mais « des plus importants » (par exemple Daremberg, Jones), il note que, parmi les peuples traités par la suite, les Macrocéphales, les Phasiens et les Sauromates ne peuvent pas passer pour tels. Toutefois, l’interprétation par les peuples peut trouver un appui dans la reprise du c. 14, 1.
P. 220. 1. Bien que l’auteur établisse une comparaison entre l’Asie et l’Europe, il commencera par traiter de l’Asie (c. 12 à 16) avant de traiter de l’Europe (c. 17 à 24). 2. Le terme εύοργητότερα est donné par Galien dans son Glossaire (cf. Test.) : εύοργητότερα· εύτροπώτερα· όργαΙ γάρ οΐ τρόποι. La tradition directe donne εύεργότερα V ou εύεργετηκότερα vel -τικώτερα Gad. La différence entre les deux catégories de leçons provient d’une mélecture de l’onciale (0 /£ ). Dans la tradition directe, aussi bien dans V Gad. que dans la traduction latine (cf. effectiores), on a lu le radical - εργ - de εργον et on s’est orienté vers l’idée
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d’activité. En revanche, dans la tradition indirecte transmise par Galien, deux témoignages sur trois ont un radical - οργ - rattaché à οργή au sens de « manière d’être », « caractère » : les lemmes du commentaire de Galien (cf. calmer) et le Glossaire de Galien (εύοργητότερα) ; quant à la citation du Quod animi mores, elle est lacunaire sur ce mot dans les manuscrits grecs, mais elle présente dans la traduction arabe une leçon qui indique une activité {ihre Handlungen besser) et renvoie à un terme grec ayant le radical - εργ - ; cf. déjà Biesterfeldt, p. 32 : «jedoch scheint εύεργότερα gelesen worden zu sein ». C’est le radical - opy - qui convient parfaitement au contexte. En effet, les Asiatiques ne sont pas caractérisés par l’activité, mais bien par le manque de courage et l’indolence (cf. c. 16 et c. 23, 3) : ils sont « d’un caractère plus facile ». Le terme οργή est bien attesté en ce sens de « caractère » dans le traité, au singulier ou au pluriel (c. 5, 4 οργήν τε καΐ ξύνεσιν ; c. 16, 2 τήν οργήν άγριοϋσθαι ; c. 24, 6 τα ήθεα και τάς οργάς ; c. 24, 9 τά τε ήθεα καΐ τάς οργάς). S ’il est assuré qu’il convient de lire un terme du radical - οργ -, il resterait à déterminer s’il faut lire εύόργητος avec le Glossaire de Galien ou εύοργος (avec Coray à partir de εύεργότερα donné par V). Les deux formes sont morphologiquement possibles (cf. ευνοος-εύνόητος ; δύσοργος-δυσόργητος). La forme εΰοργος, plus rare que εύόργητος (cf. LSJ s. V.), a été conservée par Hésychius s. v. εύόργοις. Son antonyme δύσοργος est bien attesté chez Sophocle {Ajax, v. 1017 ; Trachiniennes, V. 1118 ; Philoctète, v. 377). Il est fort possible que V ait conservé, en dépit de la faute d’onciale, la forme authentique ; εύοργος semble, en effet, une lectio difficilior par rapport à εύόργητος. Cette variante mériterait, sans aucun doute, de figurer dans VIndex Hippocraticus. On en restera, toutefois, au terme transmis par Galien et introduit dans le texte hippocratique par Heringa. 3. L ’énoncé des différences est immédiatement suivi de son explication (αίτιον). Le vocabulaire de la cause est le même que dans la première partie (comparer c. 4, 3 : τούτου δέ αίτιόν έστι του σώματος ή έντασις) ; et les causes alléguées pour expliquer les différences entre l’Europe et l’Asie sont analogues à celles qui sont avancées pour expliquer les différences de l’état nosologique entre les cités. La cause alléguée ici, les saisons, fait le lien avec les chapitres précédents (c. 10-11) consacrés justement à l’importance des saisons sur l’état nosologique des cités. La comparaison entre l’Europe et l’Asie apparaît donc comme une application à l’ethnographie de la méthode dégagée dans le domaine de la médecine. La notion de « crase » κρήσις appliquée ici aux saisons est une notion importante de la médecine hippocratique. Dans les autres traités de la Collection, le mot désigne le « mélange équilibré » des éléments ou des qualités élémentaires à l’intérieur du corps ; voir par exemple Nature de l'homme, c. 3, Littré VI, 38, 7 = Jouanna 172,1 avec la note ad loc. ; Ancienne médecine, c. 16, Littré I, 606, 20 =
NOTES COMPLÉMENTAIRES
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Jouanna 139,8 ; Aphorismes V, 62, Littré IV, 556, 1 ( = Jones 174, 18). Par l’expression κρήσις των ώρέων, il faut probablement entendre que dans chaque saison les qualités élémentaires, chaud, froid, sec, humide, sont en état de mélange sans prédominance trop marquée de l’une d’entre elles ; comparer au c. 10, 2 la description de l’année saine. La notion de κρήσις/κρασις est apparentée à celle de mesure ; voir, plus bas, dans ce même c. 12, 6 τήν μετριότητα των ώρέων. Le substantif κρασις, dans son attestation la plus ancienne (Eschyle, frag. 55 Radt), désigne le « mélange tempéré » de liquides, de vin coupé d’eau qui servait pour les libations rituelles avant le banquet. Le terme a dû pénétrer assez tôt dans le domaine médical, car il est employé dans le Prométhée d’Eschyle, v. 482, à propos des « mélanges tempérés » de remèdes doux (κράσεις ήπιων άκεσμάτων) enseignés par Prométhée aux hommes pour écarter toutes les maladies. L’emploi de κρασις/κρήσις à propos des saisons, dont nous avons ici l’attestation la plus ancienne, réapparaît chez Platon, Phédon, 111 b, avec l’idée hippocratique que la « crase » des saisons fait que les habitants (de la terre supérieure) ne connaissent pas les maladies : τάς δέ ώρας αύτοϊς κρασιν εχειν τοιαύτην ώστε εκείνους άνόσους είναι και χρόνον τε ζην πολύ πλειω των ένΟάδε : « II y a dans le climat dont ils jouissent un si parfait tempérament qu’ils sont exempts de maladies et que, pour la durée de la vie, ils dépassent de beaucoup les hommes d’ici-bas » (trad. L. Robin). On retrouvera plus tard cette notion de « crase » à propos du climat de l’Italie située au milieu entre les extrêmes chez Strabon (VI, 4, 1) et chez Denys d’Halicarnasse {Ant. rom. I, 37, 5). 5. Pour justifier la supériorité des productions en Asie, l’auteur s’appuie sur une loi de portée universelle (τήν δέ αΰξησιν— δυναστεύη). Afin qu’il y ait croissance (des plantes, des animaux, de l’homme) et qu’il y ait absence de sauvagerie (le substantif ήμερότητα reprend l’adjectif ήμερωτέρη), il faut qu’aucune qualité élémentaire ne soit fortement prédominante dans le climat, mais qu’il y ait égalité de parts (ίσομοιρίη) pour chacune de ces qualités. La formulation de cette loi reflète une conception « dynamique » de la réalité. A la base, il existe un rapport de force entre les qualités élémentaires ; cf. dans ce passage le vocabulaire de la force : έπικρατεΐν très fréquent dans le reste de la Collection et δυναστεύειν également attesté dans le reste de la Collection (voir Ancienne médecine, c. 16, Littré I, 606, 18 = Jouanna 139,5 [avec la note ad loc.] à propos des qualités qui dominent dans le corps ; Humeurs, c. 14, Littré V, 496, 2 et 5 [ = Jones 86, 22 et 88, 5] à propos d’un vent dominant = Aphorismes III, 5, Littré IV, 488, 2 et 5 [ = Jones 122, 15 et 19] ; Vents, c. 15, Littré VI, 114, 17 = Jouanna 124, 16 à propos du souffle qui est prédominant dans l’univers). Ce qui est paradoxal ici, c’est que l’égalité elle-même s’exprime en termes de force puisqu’elle prédo mine (δυναστεύη). Cette loi biologique, par le fond comme par la formulation, est en accord avec la définition donnée par certains
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NOTES COMPLEMENTAIRES
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médecins hippocratiques de la santé et de la maladie : voir surtout Ancienne médecine c. 14, Littré I, 602, 12-14 ( = Jouanna, 136, 12-16), c. 19, Littré I, 620, 2-5 ( = Jouanna 145,12-16), et Nature de l'homme, c. 4, Littré VI, 40, 2-6 ( = Jouanna 172, 15-174, 3) ; et voir, avant les médecins de la Collection hippocratique, Alcméon de Crotone, philosophe et peut-être médecin, disciple de Pythagore (DK 24 B 4), qui explique la santé par Πσονομία des qualités élémentaires et la maladie par la μοναρχία de l’une d’entre elles. On rapprochera l’emploi de ισονομία chez Alcméon et de Ισομοφίη dans Airs, eaux, lieux. De plus, cette loi biologique s’insère parfaitement dans le contexte culturel du v” siècle et trouve des formulations parallèles dans le domaine politique (idéal démocratique) et dans le domaine moral (condamnation de la violence et de l’excès, éloge de la modération, du μέσον et de la douceur). 6. L’auteur, après cette caractérisation générale de l’Asie, apporte des nuances. Toutes les parties de l’Asie ne sont pas identiques ; mais c’est la partie médiane qui est la meilleure. Pour situer cette partie, il reprend èv μέσω déjà employé pour la situation de l’ensemble de l’ Asie ; mais il remplace le génitif των άνατολέων (του ήλίου) par του θερμού καΐ του ψυχροϋ. L ’auteur distingue donc trois zones dans l’Asie, la zone médiane où le chaud et le froid sont en équilibre, la zone méridionale où le chaud l’emporte sur le froid, et une zone septentrionale où le froid l’emporte sur le chaud. La description de la partie médiane de l’Asie correspond à la description de l’Ionie chez Hérodote I, 142, 1-2 : « Les Ioniens dont il s’agit ici, ceux à qui appartient le Panionion, sont de tous les hommes que nous connais sons ceux qui ont établi leurs villes sous le plus beau ciel et le meilleur climat ; car ni les contrées situées en dessus de l’Ionie ne l’égalent, ni les contrées situées en dessous, ni celles qui sont du côté du Levant, ni celles qui sont du côté du couchant, les unes étant accablées par le froid et l’humide, les autres par le chaud et le sec ». Cela ne signifie pas que l’auteur hippocratique restreigne cette partie médiane de l’Asie à l’Ionie ; mais l’Ionie en fait nécessairement partie, en dépit de H. J. Oesterle (« Die hippokratische Schrift ' Über die Umwelt ’ und eine unbekannte arabische Tradition zur Hippokrates-Vita », Sudhoffs Archiv, 63, 1979, p. 326-337) qui voudr£iit remplacer l’Ionie par la Syrie et mettre ce passage en rapport avec un prétendu voyage d’Hippocrate en Syrie, attesté par un témoignage arabe du x® siècle, Ibn Gulgul al-Andalusi, Les générations des médecins et des sages, éd. F. Sayyid, p. 16 : « (Hippocrate), le noble de la famille d’Asclépios. Son lieu de séjour était la cité de Cos, et c’est la cité Homs dans le pays de la Syrie » (à condition de supposer une lacune dans le texte entre Cos et la cité Homs où il serait question d’un voyage !).
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P. 221. 1. Le participe βεβιασμένη « violentée » est confirmé par la traduc tion latine ancienne (coacta) ; mais la citation de Galien dans Quod animi mores présente une forme différente. Les manuscrits de Galien ont la forme erronée τέτται ou πέτται, et l’on peut rapprocher la leçon de Zwinger πέττεται et de Gadaldini πέπτεται. A partir de cette dernière variante Wilamowitz a conjecturé πέπεπται. Mais il est difficile de comprendre comment une forme de πέπτω/πέσσω, qui a le sens de « faire cuire », qu’elle soit au présent (Zwinger) ou au parfait (Wilamowitz), pourrait convenir avec « le froid » ; sans doute le froid peut-il brûler (καίειν ; cf. c. 20, 3 έπικαίεται avec la note ad loc.), mais peut-il cuire ? Coray (II, 205) pense que la leçon des manuscrits de la citation de Galien est une altération pour πεπίεσται, « être accablé » et il choisit cette leçon dans sa seconde édition ; on peut trouver un support à cette conjecture dans la comparaison avec c. 24, 9 ΰπο τοϋ χειμώνος πιεζευμένη et peut-être aussi dans la traduction arabe (du Quod animi mores) qui traduit ici comme en 24, 9 par la même expression {zusammengeschrumpft und verkümmert). Dans la recher che de la bonne leçon à partir de la citation de Galien, un témoignage n’a pas été utilisé, c’est celui de la traduction latine de Nicolas de Reggio de Calabre (xiv" siècle = N chez Mueller), qui donne gelari ; son modèle avait donc soit le présent πήγνυται (déjà conjecturé par Van der Linden) soit plutôt le parfait πέπηκται (déjà conjecturé par Jean Martin en note, p. 119 ; cf. aussi indépendamment Wilamowitz, Griechisches Lesebuch, II, p. 134) qui donne un sens très satisfai sant : la région n’est pas en proie au gel. On conservera néanmoins la leçon de la tradition directe βεβιασμένη, en comparant avec Diller (et d’autres avant lui) o't μέν ΰπο του θερμού είσι βεβιασμένοι, οί 3’ ύπο τοϋ ψυχροϋ au c. 18, 1. Toutefois, la comparaison avec ce passage indique qu’il conviendrait d’ajouter έστίν après βεβιασμένη. De toute façon, le texte est lacunaire après βεβιασμένη aussi bien dans la tradition directe (V et Lat.) que dans la tradition indirecte (lemmes de Galien) : il manque une négation οΰτε justement rétablie par Coray, qui a été suivi par les éditeurs, à l’exception de Littré et de Heiberg. Heiberg {Hermes, 39, 1904, p. 144) rejette cependant la correction de Coray, car il voit une division en deux parties (chaud-sec et froid-humide). Mais l’auteur d'Airs, eaux, lieux n’établit pas un lien privilégié entre le chaud et le sec d’une part et le froid et l’humide d’autre part, puisque le notos est un vent chaud et humide, alors que le borée est un vent froid et sec. Une division en quatre, correspon dant à chacune des quatre qualités élémentaires, est donc plus satisfaisante ; comparer c. 23, 1. 11 est probable que l’adjectif νοτίη désigne, de manière précise, l’humidité apportée par le notos, vent du sud chaud et humide, alors que la fin de la phrase fait plutôt allusion
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à l’humidité apportée par les autres vents, notamment les pluies froides et la neige. Le membre de phrase concernant l’humidité se diviserait donc lui-même en deux parties, l’une relative à l’humidité chaude, l’autre à l’humidité froide. 2. Le substantif φυτά est un antécédent inséré dans la relative. Le modèle grec de la traduction latine ancienne devait déjà avoir, comme V, φυτά à cette place (cf. nascentia Lat.). Il n’y a pas lieu de supprimer cette leçon ancienne avec Wilamowitz et Diller. 3. Pour décrire cette région la plus prospère de l’Asie, l’auteur utilise une division tripartite (plantes, animaux, hommes) qui, tout en étant rationnelle, est l’héritage d’un type traditionnel de description qui remonte jusqu’à l’épopée ; comparer l’éloge de la cité du roi juste dans Odyssée X IX , v. 109-114 et chez Hésiode, Les travaux et les jours, V. 232-237. Mais à l’explication religieuse et morale de l’épopée se substitue chez le médecin ethnographe une explication naturelle et rationnelle ; voir J. Jouanna, Hippocrate, Paris, 1992, p. 303 sq. Ce tableau de la prospérité n’est pas seulement descriptif ; l’auteur le présente comme le résultat normal (έοικός) de la cause préalable ment énoncée. Les faits s’insèrent dans une grille d’explication rationnelle. L’emploi de έοικός ici n’est pas différent de l’emploi de εΙκός dans les tableaux relatifs aux cités ; comparer par exemple c. 4, 3 in fin e (εΐκός) ; c. 5, 2 (είκός). 4. L ’activité des hommes ( = l’agriculture) s’ajoute à l’influence du climat pour rendre doux et effacer le caractère sauvage des plantes (comparer c. 12, 2 ή τε χώρη τής χώρης ήμερωτέρη et ici ήμεροΟντες έξ άγριων). Ainsi la τέχνη des hommes renforce l’influence naturelle du climat et va dans le sens de la φύσις. La forme μεταφυτέοντες de V (qui est un hapax) est considérée par LSJ, ainsi que par VIndex Hippocraticus, comme une forme fautive pour μεταφυτεύοντες. Certains éditeurs ont conservé la forme en -έω (Coray, Littré, Wilamowitz). 7. Au lieu de ήρος έγγύτατα le manuscrit V a προσεγγύτατα par mécoupure et mélecture d’onciale (confusion Π/Η). Cette faute est particulière à la branche de V. Elle n’apparaît ni dans le manuscrit ancien de Gadaldini, ni dans la traduction latine ancienne, ni dans les lemmes de Galien. La comparaison de la contrée avec le printemps rappelle celle qui était faite, dans la première partie, entre les cités orien tées vers le lever du soleil et le printemps : εοικέ τε μάλιστα ή ουτω κειμένη πόλις ήρι κατά τήν μετριότητα τοϋ θερμού και τοϋ ψυχροϋ (c. 5, 5). Le parallélisme est frappant et confirme l’unité d’auteur. P. 222. (Suite de la note 1) adopté la correction ; seuls Wilamowitz et Heiberg ont conservé άταλαίπωρον.
NOTES COMPLÉMENTAIRES
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La citation de Galien offre une variante à το έμπονον ; c’est τό εύτονον « la bonne tension, la vigueur ». Ce terme n’est pas attesté dans Airs, eaux, lieux, mais la correction έντονον proposée par Wilamowitz s’y trouve ; toutefois cet adjectif qualifie le physique (c. 24, 6 et 9 ; cf. aussi c. 4, 2 et c. 20, 1). La leçon de V (έμπονον) trouve un appui dans les lemmes de Galien {given to toit). La traduction latine ancienne (solidum) doit plutôt correspondre à έντονον ; cf. c. 24, 9 où εντόνους est traduit par solides ; mais la traduction latine n’est pas toujours constante ; car έντονος peut être rendu par fortis, alors que solidus peut traduire σκληρός (cf. c. 24, 6 où σκληρά... και έντονα est traduit par solidas et fortes). L’adjectif θυμοειδής est employé trois fois dans le traité ; cf. aussi c. 16, 2 et c. 23, 3. C’est l’attestation la plus ancienne dans la littérature grecque d’un terme qui aura une grande fortune grâce à la République de Platon (une trentaine d’attestations ; voir L. Brandwood, A Word Index to Plato, Leeds, 1976, s.v.), où il désigne la par tie irascible de l’âme, distincte de la partie raisonnable et de la partie désirante ; voir surtout République 441 a. Selon un passage moins célèbre de la République (435 e-436 a), le θυμοειδές est une caracté ristique des Thraces, des Scythes et plus généralement des peuples du Nord (κατά τον άνω τόπον). Dans ce passage, la psychologie s’inscrit dans la géographie comme chez Hippocrate, mais elle relève d’un schéma différent ; chacune des trois parties de l’âme prédomine dans les trois grandes zones du monde habité : au nord (Thraces et Scythes) la partie irascible, au sud (Phénicie, Égypte) la partie désirante et dans la zone médiane (la Grèce), la partie raisonnable. 2. Le traité comporte ici une importante lacune, car la conclusion sur l’Égypte et la Libye suit presque immédiatement le développe ment sur la partie de l’Asie située entre le chaud et le froid ( = l’Ionie). L’ensemble de l’exposé sur l’Égypte et la Libye est donc perdu. Il était déjà perdu au temps de Galien, et c’est Galien qui a été le premier à déceler la lacune. En effet, alors que Galien cite le même texte que le nôtre dans le Quod animi mores (voir Test.) sans avoir remarqué la lacune, il postule plus tard cette lacune dans son Commentaire à Airs, eaux, lieux contre Artémidore Capiton et Dioscoride (voir IV, 1, 7 Strohmaier). Les érudits modernes discutent pour savoir où se trouvait la lacune. Certains, tels Littré II, p. 56, s’appuient sur la citation de Galien (cf. Test.) qui s’arrête à κρατεΐν pour mettre la lacune après ce terme. Littré a été suivi par Reinhold et Jones. Mais si la lacune existait déjà au temps de Galien, l’argument ne tient plus. D’autres mettent la lacune après έγγίνεσθαι ; c’est la solution adoptée dès le xvi® siècle par Zwinger, et suivie par des éditeurs modernes (Ermerins, Kuehlewein, Heiberg, Diller). Certains érudits admettent les deux lacunes à la fois (Edelstein, p. 43, n. 1). Rien n’est totalement assuré dans le détail, sauf l’existence d’une importante lacune.
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NOTES COMPLÉMENTAIRES
Depuis longtemps (bien avant H. I. Schone, « Verschiedenes », Rheinisches Muséum, 73, 1920-1924, p. 144 sq. qui est la source des modernes ; voir par exemple auparavant J. Martin, p. 121 ; Coray II, p. 215 ; J.-L. Heiberg, « Die handschriftliche Grundlage der Schrift Π. A. T. T. », Hermes, 39, 1904, p. 143, n. 2), ce passage a été comparé à Aristote, Gén. An. II, 7, 746 b 7 sqq. : « On dit aussi que le proverbe relatif à la Libye, selon lequel la Libye produit toujours quelque chose de nouveau, vient de ce que même les animaux qui ne sont pas de même espèce s’y unissent (τα μή ομόφυλα άλλήλοις μίγνυσθαι) : comme l’eau est rare, ils se rencontrent tous dans le petit nombre d’endroits qui ont des sources et ils s’y accouplent, même s’ils ne sont pas de la même race » ; cf. aussi Hist. An. VIII, 28, 606 b 19 sqq. où se rencontre à propos des espèces en Libye le même adjec tif πολύμορφος que dans Airs, eaux, lieux. Ces rapprochements amènent à penser que toute la fin du chapitre, à partir de μήτε ομοφύλου—-Οηρίοισι, se réfère à la Libye et qu’une seule lacune se situe entre έγγίνεσΟαι et μήτε. Toutefois Aristote diffère de l’auteur hippocratique dans l’explication des accouplements entre espèces différentes : ce qui est attribué par Aristote à une nécessité géo graphique semble expliqué dans le traité hippocratique par l’empire du plaisir. Cette conclusion sur l’Égypte et la Libye suppose que, selon l’auteur hippocratique, la Libye fait partie de l’Asie. Au contraire, chez Hérodote {Histoires II, 16 et IV, 42), la Libye forme un continent à part de l’Europe et de l’Asie, la frontière entre l’Asie et la Libye étant le Nil ; voir Notice, p. 55. 3. Les peuples de l’Asie qu’il aborde maintenant sont ceux qui sont symétriques de l’Égypte et de la Libye par rapport à l’Ionie. Il s’agit des peuples du nord de l’Asie. L’auteur indique leur situation géographique suivant son système de référence aux levers et aux couchers du soleil. La droite (έν δεξιή) se comprend par référence à quelqu’un qui, situé en Grèce, regarde vers le lever du soleil, comme le note Wilamowitz {Griechisches Lesebuch II, p. 134). Il ne peut pas s’agir des levers du soleil au solstice d’hiver ( = sud-est) suivant la leçon των χειμερινών (pourtant fort ancienne puisqu’elle était dans l’archétype de la tradition directe et indirecte) — car la direction orienterait vers les peuples du sud de l’Asie — , mais des levers du soleil au solstice d’été ( = nord-est), suivant la correction των θερινών faite par Septalius (1590) et attribuée au manuscrit de Gadaldini (par Foes , n. 73). La majorité des éditeurs ont repris cette correction qu’ils continuent à attribuer à Gadaldini, bien que cette leçon n’apparaisse ni dans Gad. (J), ni dans Gad. (B), et j ’ajouterai ni dans Gad. (A) aujourd’hui perdu d’après les indications données par Edelstein (p. 41, n. 3) qui avait à sa disposition la photographie des deux éditions de Milan portant des notes de Gadaldini. La connaissance de la version intégrale du Commentaire de Galien révèle que la correction de
Septalius avait déjà été faite par Galien lui-même (IV, 2, 2 Strohmaier) ; « A cet endroit, il y a une faute, à savoir ' les levers d’hiver ’. Et de fait, il (sc. Hippocrate) aurait dû dire ' les levers d’été ’, parce que le vrai lever du soleil d’hiver se situe dans la direction de la ligne de l’équateur ». L ’expression corrigée « à droite des levers d’été du soleil » paraît désigner la zone nord-est/est de l’horizon, c’est-à-dire la partie de l’Asie au nord de la partie médiane définie précédemment (en c. 12, 4). Quelques éditeurs n’ont pas accepté la correction ; Heiberg supprime τών χειμερινών ; Diller met l’expression entre des croix, mais propose dans l’apparat critique ’ισημηρινών et renvoie à Wanderartz und Aitiologe..., p. 73 sq. Le Palus-Méotide, actuelle mer d’Azov, est également cité dans les Histoires d’Hérodote, notamment lorsqu’il est question des Scythes au livre IV ; voir en particulier IV, 86, 4 : « Le Pont-Euxin communique avec un lac presque aussi grand que lui qu’on appelle Palus-Méotide et ' Mère du Pont-Euxin ’. Le fleuve le plus important qui se jette dans le Palus-Méotide est le Tanaïs (le Don actuel) » ; cf. aussi IV, 57 où il est dit que le fleuve de la Scythie nommé le Tanaïs « débouche dans un autre lac... qui forme la limite (ούρίζει) entre les Scythes royaux et les Sauromates ». Puisque l’auteur hippocratique considère que le Palus-Méotide est la limite entre l’Asie et l’Europe, cette limite doit se prolonger par le Tanaïs ; comparer Hérodote IV, 45, 2, qui rapporte deux opinions sur la séparation de l’Europe et de l’Asie, soit le Phase, fleuve de Colchide, soit « selon d’autres, le Tanaïs, un fleuve de la région du Palus-Méotide ». D’après la manière dont s’exprime Héro dote, l’opinion majoritaire à son époque, opinion qu’il semble parta ger, est que la limite est constituée par le Phase. Au contraire, l’auteur d’.^irs, eaux, lieux est à ranger parmi les « autres », ainsi qu’Hécatée (cf. F Gr Hist 1 F 212 à propos de Phanagorée, ville située en Asie selon Hécatée ; or cette cité est sur la côte est du détroit du Bosphore Cimmérien, donc bien au nord du Phase). Cette division par le Tanaïs (et non par le Phase) est attestée ensuite dans le bilan qu’Ératosthène, à l’époque hellénistique (ni® siècle avant J.-G.), fait des discussions sur la division des continents (dans Strabon I, 4, 7). Elle est reprise par Strabon lui-même (VII, 1, 1 et XI, 1, 1 et 5) ; sur la question de la limite entre l’Europe et l’Asie, voir déjà Notice, p. 55, n. 80.
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P. 223. 1. Le développement sur les peuples du Nord de l’Asie commence par un mot de liaison (δέ) qui a gêné les éditeurs ou les commenta teurs ; il a été supprimé par Coray, suivi par Heiberg. Pour Edelstein, p. 34 et n. 1, ce δέ est le signe d’une lacune de quelques phrases avant τα δε έΟνεα ; mais Verdenius, p. 17, y voit un δέ intensif en début de développement, forme affaiblie de δή.
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On a proposé de modifier la leçon de V ταϋτα ταύττ] et de lire soit ταύτγ) (Wilamowitz) soit ταυτα (Coray), soit τά (Pohlenz, suivi par Diller). Aucune modification ne s’impose : d’une part, la leçon de V est confirmée par la traduction latine ancienne {hec actenus) ; d’autre part, on comparera au c. 8, 11 ταύττ] ούν νομίζω πονηρότατα ταϋτα τα υδατα. Ici ταύτη (sc. τή όδω) signifie « de cette façon », comme au c. 8. Mais alors qu’au c. 8 ταύτη rappelle une explication précédemment donnée, ici ταύτη annonce le processus qui explique les diffé rences, c’est-à-dire διά τάς μεταβολάς των ώρέων και της χώρης την φύσιν. Les peuples précédemment décrits sont les Égyptiens et les Libyens dont on sait indirectement qu’ils se ressemblaient entre eux à cause du climat également chaud ; voir c. 18, 1 avec note ad loc ( = p. 231, n. 3). 2. Il n’y a pas lieu d’accepter la suppression de άλλους faite par Coray et suivie par plusieurs éditeurs (Ermerins, Reinhold, Diller). La leçon de V est ancienne, puisqu’elle était déjà dans le modèle de la traduction latine (alios). Il s’agit en fait d’un hellénisme ; voir Kühner-Gerth, Ausführliche Grammatik..., II, 1, p. 275, n. 1 : « ol άλλοι apparaît dans un deuxième terme qui n’appartient pas à la même catégorie que le premier et doit se traduire par une expression adverbiale : ' d’un autre côté ’, ’ du reste ’, ' d’ailleurs ’ ». Comparer l’emploi de περί δε των λοιπών ύδάτων en c. 7, 1. 4. La leçon de V μεγάλαι άλλάσσουσιν est manifestement fautive. On a proposé de nombreuses corrections (cf. app. crit.), dont les plus vraisemblables d’un point de vue paléographique sont soit μεγάλα άλλάσσουσιν, soit μέγα διαλλάσσουσιν soit μεγάλα διαλλάσσουσιν. La première solution, qui a été choisie par des éditeurs anciens (Van der Linden, Mack, Coray) n’a pas la faveur des éditeurs modernes ; elle mérite pourtant considération, car les verbes de différence peuvent être modifiés dans la Collection hippocratique par le pluriel neutre μεγάλα aussi bien que par le neutre singulier μέγα ; cf. quelques lignes plus bas μεγάλα (sc. διαφέρει) et voir Index Hippocraticus, s. v. μέγας II, 2. Toutefois l’existence du verbe άλλάσσω est douteuse dans la Collection hippocratique. Le composé διαλλάσσω est bien attesté dans le traité (trois autres fois ; voir Index verborum). C’est peut-être la correction de Heiberg (μεγάλα διαλλάσσουσιν) qui explique le mieux la faute dans un manuscrit en onciale de la branche de V : Μ ΕΓΑΛΑΔΙAAAACCOYCIN donne, par simple omission d’un Δ à la fin d’une séquence de quatre lettres triangulaires (ΑΛΑΔ) et par mécoupure, μεγάλαι άλλάσσουσιν de V. Le pluriel έκείνοισιν ne semble renvoyer à rien de précis dans ce qui précède. Cornarius a corrigé en έκεΐ (cf. εκεί dans la phrase précédente) et Coray en έκείνη. On pourrait proposer έκεϊ κα'ι comme dans la phrase précédente. Si l’on conserve le pronom démonstratif au
NOTES COMPLÉMENTAIRES
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pluriel (cf. illorum Lat.), il faut admettre une anacoluthe. La phrase se termine comme si elle avait commencé par le relatif δσοισι au lieu de δκου. 5. Pour έφύδροισιν, comparer Hérodote IV, 198, 2 έπυδρος πίδαξι « bien arrosé de sources » (à propos du pays de la Libye appelé Kinyps). Sur la construction de λεπτοΐσί τε καί άνύδροισιν, les traducteurs divergent. Diller considère que ces adjectifs dépendent de ορεσιν sous-entendu (« dürren und wasserarmen Gebirge »). Mais la plupart des traducteurs (par exemple Coray, Littré, Daremberg, Jones, Chadwick/Mann, Festugière) considèrent que ce sont des adjectifs substantivés désignant des « terrains légers et sans eau ». Faut-il lire λειμακεστέροις {vel -ροισι) de V avec les éditeurs anciens jusqu’à Ermerins compris ou corriger, avec les éditeurs modernes depuis Kuehlewein, en λειμακωδεστέροισ(ι), forme qui avait déjà été proposée par Coray en note ? L’accord de V et des manuscrits d’Erotien donnant la glose à ce passage (λιμακέστεροι) peut faire penser au comparatif d’un adjectif en -ής dérivé de λείμαξ, λειμακής qui n’est pas attesté ailleurs. Si l’on corrige en λειμακωδεστέροισ(ι), c’est d’une part parce que l’explication donnée du terme par Erotien reprend le comparatif par le positif λειμακώδης (A 13, Nachmanson 57, 18 sq. = supra, p. 125) ; c’est d’autre part parce que le Glossaire de Galien donne aussi la forme en -ωδής (Kühn X IX , 118, 16 = B 6 supra, p. 129) ; c’est enfin parce que cet adjectif en -ώδης, qui n’est pas attesté ailleurs dans la littérature grecque, se retrouve deux autres fois dans le traité (c. 18, 2 et c. 24, 3). Si c’est la forme λειμακωδεστέροισι qui est correcte, la leçon de V et des manuscrits d’Erotien pourrait s’expliquer par une haplographie du mot long A 61M A K0)A SC TG P0I(C), facilitée dans un texte en onciale par la ressemblance des deux lettres triangulaires Κ-Δ. La leçon de Gad. (B) λιμνακωδεστέροις semble être une corruption de λειμακωδεστέροις. L’adjectif λειμακώδης, comme le remarque D. op de Hipt, Adjektive a u f - ώ8της im Corpus Hippocraticum, Hamburg, 1972, p. 115, entre dans la série des adjectifs en -ώδης désignant la quantité et qualifiant une région géographique ; comparer dans la même phrase δενδρώδεσι, « riches en arbres ». 6. L’analogie entre le sol et les hommes remonte à une cause commune, le climat. Ce sont les grands changements d’une saison à l’autre (et implicitement aussi la prédominance de l’humide ou du sec) qui expliquent la variété du relief et celle des corps. Cela n’exclut pas que la nature du sol puisse avoir une influence directe sur la nature des corps, au même titre que le climat (cf. au début du chapitre en 2 διά τάς μεταβολάς των ώρέων καί τής χώρης τήν φύσιν et comparer c. 24, 7).
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P. 224. 2. Les « Macrocéphales » sont un peuple d’Asie dont le nom vient justement de leur particularité physique. Il signifie en grec « Têtes longues ». Actuellement, le terme « macrocéphale » a un autre sens : « qui a une grosse tête ». Bien que les Macrocéphales soient connus par ailleurs dans la littérature grecque et latine, c’est le développement le plus long et le plus intéressant que l’on ait sur ce peuple et sur leur pratique ; voir D. Nickel, « Künstliche Schâdeldeformation und Vererbung. Eine antike Hypothèse », Das Altertum, 4, 1978, p. 236240. La seule autre allusion aux Macrocéphales chez Hippocrate, en dehors d’Airs, eaux, lieux, est Épidémies II, 1, c. 8, Littré V, 80, 5 ( = Smith 26, 11), où il est question des « têtes allongées provenant du genre de vie » (τά άπο των διαιτέων [τά] μακροκέφαλα). Sur les Macrocéphales, voir R. E., 14, col. 815 (Herrmann). Un peuple dénommé les Macrocéphales est déjà connu d’Hésiode dans le Catalogue des Femmes (cf. Strabon I, 2, 35 et VII, 3, 6 = frag. 153 Merkelbach-West). Mais ce peuple devait être situé en Libye ; pour la localisation en Libye, cf. Palaiphatos dans Harpocration 5. v. Μακροκέφαλο!. (Παλαίφατος δ’ έν έβδομη Τρωικών έν τη Λιβύη φησίν Κόλχων οΐκεϊν τούς Μακροκεφάλους) et dans la Souda qui reprend Harpocration (Adler III, 311, 32-34) ; cf. aussi Pollux, Onomasticon II, 43 (Bethe I, 95, 10) : Μακροκέφαλοι· όνομάζοιτ’ άν τις... μακροκέφαλος, ως περί Λιβύην έθνος. Voir F. Gisinger, « Zur Géographie bei Hesiod », Rheinisches Muséum, N. F. 78, 1929, p. 323 et n. 2. Notre texte hippocratique est l’attestation la plus ancienne de ce peuple dans le Nord de l’Asie. Cette situation est aussi clairement attestée par [Scylax], Périple, qui place ce peuple près de la ville grecque de Trébizonde sur le Pont-Euxin (Müller GGM 1, p. 63 = n° 85-86) : « Les Macrocéphales. Après les Béchères se trouve le peuple des Macrocéphales, le port de Psores et la cité de Trébizonde. Après les Macrocéphales se trouve le peuple des Mossynœques, etc. » ; cf. aussi Anonyme, Périple du Pont-Euxin (Müller GGM 1, p. 410, n" 37) qui identifie les Macrons et les Macrocéphales ; sur les Macrocéphales situés dans le nord de l’Asie, près de Trébizonde et de Cérasonte, cf. aussi chez les auteurs latins, Pline l’Ancien VI 11 et Pomponius Mêla I, 19, 107. On sait, par Harpocration, qu’Antiphon dans son traité Sur la Concorde parlait des Macrocéphales (DK 87 B 46) ; mais l’indica tion est trop vague pour savoir où il les situait. Strabon (XI, 11, 8) cite parmi les singularités (παραδόξων) de peuples barbares notamment du Caucase l’usage suivant, qui est très proche de celui décrit par l’auteur hippocratique (Lasserre 103, 12-15) : Τινάς δ’ έπιτηδεύειν φασίν, όπως ώς μακροκεφαλώτατοι φανοϋνται καί προπεπτωκότες τοϊς μετώποις, ώσθ’ ύπερκύπτειν των γενείων, « Οη prétend aussi que certains peuples s’efforcent de donner
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à leur tête la forme la plus allongée possible, et cela jusqu’à ce que leur front saille au point de surplomber leur menton » (trad. Lasserre). L’allongement de la tête est une coutume ancienne confirmée par des découvertes archéologiques qui ne proviennent pas toutefois de la région des Macrocéphales, mais de Chypre ou de Lycie ; pour Chypre, voir C. M. Fürst, γυναΤκες, a toute sa raison d’être : « c’est en revanche montés sur leurs propres chevaux que les hommes se déplacent ». 5. Strabon en VII, 4, 6 apporte des indications comparables sur le régime des Scythes nomades ; « Ils se nourrissent de viande, particulièrement de cheval, ainsi que de fromage, de lait, et de lait fermenté de jument ». Cf. aussi VII, 3, 9 dans une citation d’Éphore : « Il y a des nomades Scythes qui se nourrissent du lait de leurs juments ». Homère mentionnait déjà les Hippémolges « qui se nour rissent de laitage » {Iliade XIII, v. 5 sq.) et Hésiode parlait du « pays des buveurs de lait qui ont leurs chariots pour demeures » (frag. 151 Merkelbach-West = Strabon VII, 3, 9). Le terme 3’ίππάκη signifiant « fromage de jument » était connu au V® siècle. Eschyle l’emploie, exactement comme l’auteur hippocrati que, à propos des Scythes : « Les Scythes aux bonnes lois qui se nourrissent de fromage de jument », άλλ’ ίππάκης βρωτήρες ευνομοι Σκύθαι ( frag. 198 Radt = Strabon VII, 3, 7). A cette époque, le mot est clair en lui-même et n’a pas besoin d’explication. Son rapport étymologique avec 'ίππος est évident pour l’auteur à'Airs, eaux, lieux (cf. la juxtaposition 'ίππων και Ιππάκην). Même au iv'’ siècle, quand Théophraste {Hist. Plant. IX, 13, 2) parle de Γίππάκη à propos des
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Scythes, il n’éprouve pas le besoin d’expliquer le mot. C’est seulement plus tard que ce terme rare a eu besoin d’explication. Voir la glose d’Hésychius : « ίττπάκη· nourriture scythe provenant du lait de jument. Selon d’autres, lait fermenté de jument que boivent les Scythes. Il se boit et il se mange coagulé, selon Théopompe dans son livre III ; également écurie de chevaux chez les Lacédémoniens » ; cf. aussi Photius, s. v. et Eustathe ad II. 916, 16. L’explication du terme donnée dans Airs, eaux, lieux (τούτο δ’ έστί τυρός ιττπων) paraît donc être une glose anciennement insérée dans le texte. Elle est comparable au début de l’explication donnée par Dioscoride, De materia medica II, 71, 1 : ή καλούμενη ίππάκη τυρός εστι ϊππειος, βρωμώδης καΐ πολύτροφος, αναλογών τω βοείίρ· ενιοι δε ίππάκην εκάλεσαν τήν ΐτυπειον πιτύαν, « Ce que Γοη appelle Ιττπάκη est un fromage de jument, consistant et nourrissant, analogue au fromage de vache. Certains ont appelé ίππάκη le colostrum de la jument ». Toutefois, selon Wilamowitz (Griechisches Lesebuch, II, p. 136), l’explication donnée par l’auteur d'Airs, eaux, lieux se justifierait par l’ambiguïté du terme ίππάκη pouvant désigner non seulement le fromage de jument mais aussi le lait de jument (cf. Hésychius et Dioscoride cités plus haut dans la note). Sur la préparation de Γίττπάκη des Scythes, voir M aladies IV, c. 51, Littré VII, 584, 13 sqq. ( = Joly 108, 9 sqq.) avec la note de LM . Lonie, The Hippocratic Treatises « On Génération » « On the Nature o f the Child » « Diseases IV », Berlin, 1981, p. 339 sq. : les Scythes mettent le lait de jument dans des récipients de bois et agitent ; la partie supérieure grasse est le beurre ; la partie intermédiaire est le petit lait et la partie la plus lourde et la plus épaisse une fois séchée forme l’hippace ; comparer aussi Hérodote IV, 2, 2 où, toutefois, le terme ίππάκη n’est pas mentionné. 6. Après avoir exposé les mœurs des Scythes qu’il a mis en relation avec le sol, l’auteur va traiter du physique des Scythes en le mettant en rapport avec les saisons. L’annonce de ce nouveau développement reprend l’annonce générale du c. 18, 1 en des termes très proches ; comparer c. 19, 1 (περί δέ... της μορφής, δτι πολύ άττήλλακται των λοιπών άνθρώπων το Σκυθικόν γένος καί εοικεν αυτό έωυτώ ώσπερ τό Αιγύπτιον) et c. 18, 1 ( περί δε... της μορφής, δτι αύτοι έωυτοϊσιν έοίκασι καί ούδαμά άλλοισιν, ωύτός λόγος καί περί τών Αιγυπτίων). Malgré la grande ressemblance des deux passages, la syntaxe dans la seconde annonce est irrégulière. On ne trouve pas la proposition principale attendue après la subordonnée introduite par δτι (dans la première annonce, cette proposition principale est ωύτός λόγος ; cf. aussi c. 16, 1 Περί δε τής άθυμίης τών άνθρώπων...δτι άπολεμώτατοί είσι τών Εύρωπαιων οί Άσιηνοί..., avec la principale αί ώραι αιτιαι μάλιστα). La lacune a déjà été signalée par Coray (II, p. 286) et par Littré (II, p. 70, app. crit.). Peut-être s’agit-il d’une simple anacoluthe : la proposition subordonnée introduite par δτι s’est
allongée démesurément avec l’ajout de καί ήκιστα πολύγονόν εστιν καί ή χώρη ελάχιστα θηρία τρέφει κατά μέγεθος καί πλήθος ; aussi l’auteur a-t-il pu oublier qu’il s’agissait d’une proposition subordonnée et la considérer à la fin comme une indépendante. La seconde annonce est un peu plus complète que la première ; car elle mentionne le caractère peu prolifique des Scythes (ήκιστα πολύγονόν έστι), ce qui est une annonce du développement commen çant au c. 21 (πολύγονον κτλ.) et se terminant à la fin du c. 22, après l’exposé sur l’impuissance des Scythes. Galien (IV, 5, 5 Strohmaier) ne lisait pas θηρία dans son exemplaire, car il commente le lemme « Ihr Land bringt nichts Vieles und nichts Grosses hervor » ( = ή χώρη έλάχιστα τρέφει κατά μέγεθος καί πλήθος, « le pays fait croître des êtres très petits en taille et en nombre ») par « so meint er damit, dass die wilden Tiere in ihm gering an Zabi und an Grosse sind » (« ainsi pense-t-il que les animaux sauvages sont en cette région petits en nombre et en taille »). Galien signale, par ailleurs, que Dioscoride lisait à la fin de la phrase (post πλήθος) : « und dies ist das Ende der Rede » (« et c’est la fin du développement »), mais que lui-même n’a trouvé cette mention dans aucun autre manuscrit.
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P. 233. 1. Les monts Rhipées (ou Rhiphées) que les Anciens situent au Nord de l’Europe marquent la limite du monde habité ; cf. Sophocle, Œdipe à Colone, v. 1248 et la scholie qui donne les deux attestations les plus anciennes qui soient connues des monts Rbipées : Alcman (vu® siècle avant J.-C.), frag. 90 Page (PMG) : « Les Rhipées, montagne couverte de forêt, poitrine de la nuit noire ») et Eschyle, frag. 68 Radt : « Les Rhipées du père Soleil » ; cf. aussi frag. 197 Radt ( = schol. Apollonios de Rhodes IV, 282-291 b) : l’Istros vient des monts Rhipées. Hérodote les mentionne aussi, mais sans les désigner par leur nom (IV, 23, 2) : au delà de la plaine des Scythes, il y a une région rocailleuse habitée par des hommes chauves au pied de « hautes montagnes » ; IV, 25, 1 : « de ce qu’il y a au-dessus des hommes chauves, nul ne peut parler avec exactitude ; car de hautes montagnes inaccessibles forment là une barrière que personne ne franchit » ; comparer Pomponius Mêla I, 109 ; « Au delà des chauves se dresse le mont Rhiphée ». Au texte hippocratique on comparera surtout un géographe contemporain d’Hérodote, Damastès de Sigée dans son traité Sur les peuples (F Gr Hist 5 F 1) : « Au-delà des Scythes habitent les Issédones ; et au-delà de ces derniers les Arimaspes ; au-delà des Arimaspes sont les monts Rhipées, d’où souffle le borée (έξ ών τόν βορέαν πνεΐν) et que la neige n’abandonne jamais (χιόνα δέ μήποτε αυτά εκλείπειν). De l’autre côté de ces montagnes le territoire des
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Hyperboréens descend jusqu’à l’autre mer » ; cf. aussi Hellanicos de Lesbos qui situe les Hyperboréens au-delà des monts Rhipées {F Gr Hist 4 F 187). Le médecin hippocratique, comme Damastès, dit que les monts Rhipées sont la source du borée (δθεν ό βορέης πνέει) et que la neige ne les quitte pas (ούδέποτε 8k τά δρεα έκλείπει) ; mais, à la différence de Damastès, l’auteur hippocratique ne parle pas des Hy perboréens. Voir aussi Aristote, Météorologiques I, 13, 350 b 6-10 : « Sous l’Ourse elle-même, au delà de l’extrémité de la Scythie sont les monts dénommés Rhipées, dont la hauteur a été l’occasion de récits trop fabuleux ; en tout cas, les fleuves les plus nombreux et les plus grands après l’Ister sortent de là, à ce que l’on dit ». Sur ces monts Rhipées, voir aussi infra, n. 3 et 7. Pour les attestations plus tardives concernant les monts Rhipées, voir Pauly-Wissowa, Zweite Reihe, Erster Halbband, Stuttgart, 1914, col. 846-916, 5. v. 'Ριπαία όρη (Kiessling) ; voir aussi J. D. P. Bolton, Aristeas o f Proconnesus, Oxford, 1%2 ; Der Kleine Pauly, II, München, 1972, col. 1417-1419, s. V. Rhipaia ore (F. Lasserre). 2. Les θεριναι περίοδοι désignent le circuit (apparent) du soleil dans le ciel à l’époque du solstice d’été, quand il se lève et se couche le plus au nord. Selon l’auteur, le soleil achève (cf. τελευτών) de monter vers le nord, avant de redescendre et c’est en cette période qu’il est le plus proche (cf. έγγύτατα) de la Scythie ; sa chaleur peut l’atteindre pendant quelques jours, ce qui constitue un bref été (cf. plus bas τό δέ θέρος ολίγας ήμέρας) ; comparer Ο. Wenskus, Astronomische Zeitangaben..., p. 100 sq. En revanche, lors du solstice d’hiver, le soleil, achevant de descendre vers le sud, est censé se déplacer au dessus des « hommes noirs » et tarder à éclairer les Grecs (Hésiode, Les travaux et les jours, v. 527 sq.). 3. Tout le développement sur le climat consiste à expliquer d’une part la dominante froide et humide, d’autre part l’absence de changement des saisons. En plus de la faiblesse du soleil, ce qui explique la froideur du climat, c’est la présence constante des vents froids venus du nord. Ces vents ne sont autres que les souffles du borée qui prend sa source dans les monts Rhipées. L ’auteur explique la froidure de ces vents par la neige, la glace et les pluies qui ne quittent jamais les montagnes où ces vents se forment ; dans les Problemata d’Aristote XXV I, 15, c’est la formation elle-même du borée qui est expliquée par les neiges éternelles des montagnes ; cf. aussi Régime II, c. 38 (Littré VI, 530, 14-16 = Joly CMG, 160, 3 sq.) où est énuméré tout ce qui provoque les vents : « la neige, la glace, les fortes gelées, les fleuves, les étangs, la terre humidifiée et refroidie ». On observera la contradiction apparente entre le borée qui est froid et humide en Scythie, alors qu’il est froid et sec dans la zone tempérée où l’auteur exerce son activité de médecin (cf. la partie sur l’orientation des lieux au c. 4). On doit supposer que le borée qui est à l’origine froid et humide (près des montagnes froides et humides où
NOTES COMPLÉMENTAIRES
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il prend naissance) devient ensuite froid et sec. La position de l’auteur d'Airs, eaux, lieux est différente de celle de l’auteur du Régime II, c. 38 : selon ce dernier, le borée qui naît froid et humide reste froid et humide dans la zone tempérée où le médecin exerce ; voir Notice, p. 78 sq. Le sujet de έκλείπει n’est probablement pas « les vents » (interpré tation de Festugière et de Diller), mais « la neige, la glace et les pluies abondantes », interprétation de la traduction arabe de Galien et, parmi les modernes, de Coray (qui ne retient, toutefois, que les pluies abondantes), de Littré, d’Ermerins, de Jones : les montagnes sont inhabitables parce que la neige et la glace n’y fondent jamais, et non parce que les vents froids y soufflent toujours ; sans quoi, les plaines où soufflent ces vents seraient également inhabitables. Cette interpré tation, généralement adoptée, est confirmée par Damastès (cité supra, p. 233, n. 1 = p. 327), selon qui la neige n’abandonne jamais les monts Rhipées. Ces neiges éternelles des monts Rhipées sont restées une croyance commune dans toute l’Antiquité ; voir en particulier Virgile, Géorgiques IV, 518, Pomponius Mêla II, 1 et Pline IV, 88. Pour l’adjectif signifiant « inhabitables », le manuscrit V donne une forme corrompue διοικητά qui a été corrigée, dès l’Aldine, en δυσοικητά . Mais la corruption peut venir d’une mélecture d’onciale de AOIKHTA (avec confusion de Α/Δ), comme le propose Coray (I, 160 et II, 292). Il rapproche de façon très éclairante Hérodote V, 10 ; άλλα μοι τα ύπο την άρκτον άοίκητα δοκέει είναι διά τα ψύχεα, « mais les régions situées sous l’Ourse me paraissent inhabitables à cause du froid », et Aristote, Météorologiques II 5 (362 b 9) : τά θ’ύπδ τήν άρκτον ύπο ψύχους άοίκητα « les régions situées sous l’Ourse sont inhabitables à cause du froid ». 4. J ’adopte avec la très grande majorité des éditions la leçon de V πο[υ]λύς ; comparer c. 15, 1 (fin) à propos du pays des habitants du Phase : ήήρ τε πολύς κατέχει τήν χώρην. II s’agit d’un brouillard épais. La conjecture τά πολύ (conjecture de Wilamowitz apud Kuehlewein, qu’il n’a pas reprise dans son Griechisches Lesebuch où il adopte la leçon de V) a été adoptée dans le texte par Diller ( = « pendant la majeure partie * [de la journée]) ; elle peut trouver un appui dans Gai. (Ar.) « several limes {by day) ». La traduction latine aerem enim continent multum per dies est ambiguë, car multum peut être soit un masculin se rapportant à aerem, soit un neutre adverbial. 6. La longueur de l’hiver en Scythie est bien connue des Grecs ; comparer Hérodote IV, 28 ; Strabon VII, 3, 18. 7. C’est un des passages où le texte de la vulgate dont on ne se souciait pas de connaître l’origine a joué pendant fort longtemps un rôle trompeur. Alors que V recc. ont άλλ’ ή αυτή άπό, l’Aldine a άλλ’ ή αν τη άπό {sic) provenant d’une mélecture de minuscule (υ/ν). Cette leçon énigmatique de l’Aldine a été corrigée par Cornarius en άλλ’ άνάντη {vel άνάντεα) ύπό qui signifie ; « (les plaines ne sont pas
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couronnées de montagnes mais) vont en s’élevant sous (l’Ourse) ». Ce texte, devenu la vulgate, est repris dans les deux grandes éditions du XIX® siècle, Littré et Ermerins. L’influence de la vulgate se fait encore sentir dans l’édition de Kuehlewein qui, en éditant άλλ’ ή άνάντεα άπό, opère une contamination entre la vulgate et la leçon d’un manuscrit du xvi®, le Barherinianus (άλλ’ ή άν τη άπό), dont Kuehlewein ne savait pas qu’il dérive de l’Aldine. Ce texte de Kuehlewein est repris au xx® siècle dans l’édition de Jones qui, de surcroît, attribue dans son apparat critique, de manière inexplicable, la leçon de la vulgate άλλ’ άνάντη υπό à « la plupart des manuscrits » (« most MSS ») ! Cette indication erronée et ce texte erroné sont à la base de l’article de J. Desautels (« Les Monts Riphées et les Hyperboréens dans le traité hippocratique des Airs, eaux, lieux», REG, 84, 1971, p. 289-296) qui ne peut évidemment que tirer des conséquences erronées sur une prétendue contradiction de l’auteur, acceptant d’abord l’existence des monts Rhipées et ensuite la contestant ici, puisque la correction de Cornarius fait dire à l’auteur qu’il n’y a pas de montagnes, mais simplement une pente vers le nord. En réalité la contradiction est le signe que la conjecture de Cornarius est inacceptable. Il faut repartir de la leçon de V qui est relativement ancienne puisqu’elle est confirmée par la traduction latine {sed idem = άλλ’ ή αύτή). Sans doute n’a-t-elle aucun sens en elle-même. Mais une simple erreur d’accentuation a occulté άλλ’ ή signifiant « si ce n’est », comme l’a déjà vu le copiste du Barherinianus : les plaines ne sont pas entourées de montagnes « si ce n’est » du côté de l’Ourse, où il y a justement les monts Rhipées dont l’auteur vient de parler. Mais que faut-il faire de αύτή dans ces conditions ? Sa suppression, proposée par Wilamowitz (suivi par Festugière, Diller et Lipourlis) et justifiée par une dittographie, simplifierait tout ; mais comme le mot existait déjà dans le modèle grec de la traduction latine, mieux vaut le conserver et rétablir, par simple adjonction d’un < τ > initial avec modification de l’accentuation, l’adverbe démonstratif de lieu ταύτη (qui est attesté ailleurs dans le traité ; cf. c. 8, 11 et c. 13, 2). Le sens de άλλ’ ή ταύτη est : « si ce n’est de ce côté-là » ( = du côté des monts Rhipées dont il vient d’être question), ce côté étant précisé par άπό άρκτων « du côté des Ourses ».
P. 234. 3. Le climat égal est la cause principale avancée par l’auteur pour expliquer la ressemblance physique des Scythes entre eux ; mais il s’y ajoute une cause secondaire : le genre de vie (nourriture, vêtement), qui est aussi uniforme que le climat. Ce double système d’explication du physique des Scythes est comparable à celui qui rendait compte du
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moral des peuples asiatiques par le climat et par les lois au c. 16. Toutefois l’auteur met ici sur le même plan des facteurs relevant soit du genre de vie (nourriture, vêtement) soit de l’environnement (air respiré, eau bue). L’eau de fonte des neiges est très mauvaise pour la santé ; cf. c. 8, 11. La correction de Coray όμοιοι αΰτο'ι έωυτέοισί είσι, σίτω τε χρεόμενοι αίεΐ όμοίω au lieu de δμοια αύτά έωυτέοις είσι σίτω τε χρεόμεναι άεΐ ομοίως de V rétablit une syntaxe correcte de la façon la plus économique. La traduction latine p ro p ter species similes sibi s < u n t > cib o < q u e> utuntur semper similes (lege simili) ne permet pas de retrouver avec certitude le modèle grec. Elle semble confirmer en partie la conjecture de Coray, à savoir le remplacement de l’adverbe ομοίως de V par l’adjectif όμοίω, car elle n’a pas l’adverbe similiter mais l’adjectif similes (lege simili). En revanche, elle semble avoir eu pour modèle χρέονται à la place de χρεόμεναι de V. Le génitif absolu causal (τοϋ τε ταλαίπωρου άπεόντος) est sur le même plan que les participes circonstanciels de cause σίτω τε χρεωμένοι... τόν τε ήέρα... ελκοντες... τά τε ύδατα πίνοντες. L’har monisation proposée par Ε. Schneider {Quaestionum Hippocratearum specimen. Diss. Bonn, 1885, p. 17) qui transforme άπεόντος en άπεόντες est intéressante ; mais elle n’est pas nécessaire. La traduction latine {calore [lege labore\ absenté) confirme la leçon de V. Dans deux autres passages du traité τό ταλαίπωρον est également sujet (c. 12, 6 et c. 24, 3). 4. Les άνάγκαι sont les « causes nécessaires » ; même sens au c. 21, 3 (υπό τούτων των άναγκέων). Le terme άνάγκη commute dans cet emploi avec πρόφασις ; comparer c. 15, 2 : Διά ταύτας δή τάς προφάσιας τά είδεα κτλ. Emploi analogue de υπό της άνάγκης ταύτης dans M aladie sacrée, c. 6, Littré VI, 370, 17 = Grensemann 70, 28 et c. 8, Littré VI, 376, 9 = Grensemann 74, 20.
P. 235. 1. Le ventre ne peut pas se dessécher, c’est-à-dire que la digestion, qui est une coction, ne peut pas se faire dans de bonnes conditions, car l’humidité est trop forte. Trois raisons en sont données dans la tradition manuscrite : le sol, la nature et le climat. Par nature, on entend la constitution des habitants. Mais il est assez singulier que l’auteur explique ce qui relève de la constitution des habitants (ventre humide) par cette constitution elle-même. Je proposerais de voir dans χώρη καΐ φύσει « sol et nature » une faute pour χώρης φύσει « nature du sol ». Avec ce texte corrigé (έν τοιαύτη χώρης φύσει και ώρης καταστάσει), ce qui relève de la constitution des habitants (impossi bilité pour le ventre de se dessécher) s’explique par deux facteurs
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NOTES COMPLÉMENTAIRES
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environnants : la nature du sol et la constitution des saisons. Cette correction peut s’appuyer sur un passage précédent où le physique des peuples est expliqué à la fois par la nature du sol et la constitution des saisons : c. 13, 2 : διά τάς μεταβολάς των ώρέων καΐ τής χώρης τήν φύσιν ; cf. aussi c. 24, 7 : τής χώρης τή φύσει. Toutefois, si faute il y a, elle est ancienne, car la traduction arabe des lemmes de Galien correspond au texte de V. 2. La solution généralement adoptée par les éditeurs modernes consiste à prendre le texte de V άλλα διά τήν πιμελήν τε και ψιλήν τήν σάρκα (« mais à cause de la graisse et de la chair glabre ») et à le rattacher à ce qui suit (« les corps se ressemblent entre eux »), en dépit de la présence de τε (dans τά τε εϊδεα) que certains éditeurs (Kuehlewein, Jones, Diller) ont supprimé en attribuant la suppression à Wilamowitz (cf. les apparats critiques à partir de Kuehlewein ; mais ce n’est pas la solution adoptée par Wilamowitz dans son édition du Griechisches Lesebuch où il supprime άλλα διά τήν πιμελήν τε καί ψιλήν τήν σάρκα et conserve τά τε εϊδεα) ; la suppression de τε avait déjà été proposée par Cobet en 1860 (p. 79). Toutefois, cette solution adoptée par les modernes ne correspond ni à la traduction latine ni à Gai. (Ar.) qui ne rattachent pas le membre de phrase en question à ce qui suit. Tous deux font de cette séquence une proposition indépen dante (Lat. : sed semperpinguescunt et solam carnem ; Gai. (Ar.) : the bodies... are necessarily very f a t and hairless). Pour le début de la proposition, la traduction latine permet de déceler assez facilement la corruption de V : sed semper de Lat. correspond à άλλα διά de V. Or, retranscrit en onciale, ΑΛΛΑΔΙΑ montre une séquence impression nante de lettres triangulaires ; on propose simplement de restituer une barre entre la quatrième lettre et la cinquième dans l’original (ΑΛΛΑΙΔΙΑ), et de voir dans V une mécoupure d’un primitif άλλ’ άίδια correspondant exactement au sed semper de Lat. Cet adjectif (ici au pluriel neutre employé adverbialement) est attesté dans quelques autres passages de la Collection hippocratique, mais il a été maltraité dans la tradition manuscrite ; voir J. Jouanna, Hippocratis De natura hominis, CMG I, I, 3, p. 264, et voir Index Hippocraticus, s.v. Pour la suite de la phrase, πιμελήν correspond à Lat. pinguescunt et à Gai. (Ar.) ( the bodies) are very fa t. Il apparaît donc que πιμελήν recouvre l’adjectif πιμελέα attribut de τήν σάρκα sur le même plan que ψιλήν dans une seconde proposition infinitive introduite par άλλ(ά) avec un verbe de nécessité sous-entendu après ού... οϊόν τε + infinitif. Pour cette syntaxe, comparer dans le traité, c. 7, 7 (τάς τοιαύτας φύσιας ούχ οϊόν τε μακροβίους είναι, άλλά προγηράσκειν), c. 7, 9 (ού τοίνυν οϊόν τε έκ τοιαύτης γής ΰδατα άγαθά γίνεσθαι, άλλα σκληρά τε και καυσώδεα κτλ.) et c. 9, 2 (ού γάρ οϊόν τε ετερον ετέρω έοικέναι ύδωρ, άλλά τά μεν γλυκέα εϊναι κτλ.). La seule différence est que l’infinitif είναι dans la seconde proposition infinitive n’est pas exprimé. Le texte ainsi restitué se rapproche de la traduction latine.
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Les difficultés que l’on rencontre dans cette phrase ne paraissent pas venir d’une lacune dans la tradition directe, bien que Galien, dans la traduction arabe des lemmes, comme dans la version intégrale du commentaire (IV, 5, 12 et 13 Strohmaier), semble avoir lu deux phrases supplémentaires entre καταστάσει et πιμελέα (voir app. crit.). Il doit s’agir non pas d’un texte hippocratique, mais d’explications de Galien faussement attribuées à Hippocrate par suite d’une mauvaise répartition existant déjà dans la version intégrale de la traduction arabe. 5. Jacoby (suivi par Diller) a eu probablement raison de supprimer dans l’énumération des parties du corps cautérisées le terme ισχία : l’absence de mot de liaison et d’article est un indice de l’insertion dans le texte d’une adjonction marginale ou supralinéaire. La comparaison avec la traduction latine et la citation arabe dans Al-Ruhawi confirme qu’il y a cinq parties du corps énumérées, et non pas six. P. 236. 1. Pour la mollesse des Scythes, comparer Aristote, Éthique à Nicomaque 1150 b 14 : « chez les rois Scythes la mollesse (μαλακία) est due à la race ». 2. La cautérisation est un usage qui s’oppose à la nature pour l’améliorer. Le feu chasse l’humide des articulations et supprime la mollesse en donnant de la tension. La notion de force est liée à celle de tension dans la médecine grecque à l’époque d’Hippocrate, car on attribuait la source du mouvement à la tension des tendons et non à la contraction des muscles. Il n’y a pas lieu de suivre Diller qui supprime μάλλον portant sur le comparatif έντονώτερα ; pour le renforcement d’un comparatif par μάλλον, voir Kühner-Gerth, Griechische Grammatik..., II, 1, 2 6 ; et pour cet emploi de μάλλον dans la Collection hippocratique, voir Index Hippocraticus, s.v. μάλα B. μάλλον II 1 (une quinzaine d’exemples). C’est par référence au sens originel de τρέφω « rendre compact », « coaguler », « condenser » (voir P. Demont, « Remarques sur le sens de τρέφω », REG, 91, 1978, p. 358-384) que se comprend ici l’adjectif τρόφιμος, qui signifie « devenu compact », « compact », plutôt que « bien nourri » (interprétation traditionnelle). L’élimination de l’hu mide par la cautérisation fait que le corps est plus dense ; comparer la séquence έντονώτερα... και τροφιμώτερα κα'ι ήρθρωμένα à c. 24, 9 ισχνούς και διηρθρο^μένους κα'ι έντόνους. De plus, à la lumière de cette comparaison, on peut se demander s’il ne faut pas lire ici, comme en 24, 9, le composé < δ ι> ήρθρωμένα avec Coray, suivi par Ermerins : dans un texte en onciale, la séquence ΚΑΙΔ1Η a pu se simplifier en KAIH à la faveur de la similitude entre les deux groupes de lettres Al
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et ΔΙ ; voir Nature de l ’enfant, c. 30 (Littré VII, 536, 13 = Joly 81, 3), où le composé conservé dans la branche de M (διαρθροΰται) a disparu dans la branche de V (άρθροϋται). 4. Le physique particulier des Scythes, dont la cause principale est le climat, s’explique aussi par la coutume (absence d’emmaillotement lors de la première enfance) et le genre de vie (vie confinée des jeunes enfants dans les chariots). C’est le troisième passage où les Scythes sont comparés aux Égyptiens ; voir déjà c. 18, 1 et c. 19, 1. Pour l’absence d’emmaillotement chez les Égyptiens, voir Diodore de Sicile I, 80, 6 : « La plupart des enfants s’élèvent pieds nus et sans vêtement à cause du climat tempéré dans cette contrée (sc. l’Égypte) ». 5. Le physique des femmes scythes est comparable à celui des hommes ; le couple d’adjectifs qualifiant le corps des femmes (ροϊκά... καΐ βραδέα) rappelle celui qui qualifie le corps des hommes f Ροϊκά... καΐ πλατέα). Le passage a été inutilement corrigé. D’abord, au début de la phrase, le mot de liaison δέ a été transformé par Coray^ en τε ; il a été suivi par Ermerins, mais non par Littré ; cette correction se retrouve aussi dans Gad. (B), qui a été suivi par Diller, mais non par Kuehlewein et Heiberg. Manifestement cette correction vise à établir un parallélisme entre deux τε (τά τε γάρ άρσενα... τά τε θήλεα). Mais le texte du manuscrit est défendable : on a un emploi rare de τε γάρ qui n’est pas suivi de τε ou de καί ; cf. Denniston, Greek Particles, p. 536 ; VIndex Hippocraticus, s.v. γάρ (II 1 h) n’en mentionne qu’un seul exemple (dans Fractures c. 3, Littré III, 426, 7 = Kuehlewein II, 50, 17 app. crit.) ; mais les exemples dans la Collection hippocratique sont beaucoup plus nombreux ; voir J. Jouanna, Hippocratis De natura hominis, CMG. I 1, 3, p. 232 et n. 1 (où est déjà mentionné un autre passage d’Airs, eaux, lieux : c. 8, 2 Τήν τε γάρ αρχήν). Les Addenda à Index Hipp. s.v. γάρ corrigent partiellement la lacune (8 attestations). ,Anastassiou, qui a attiré mon attention sur ces Addenda, me signale aussi que les auteurs de YIndex de Hambourg ont retrouvé entre temps une trentaine à une quaran taine d’exemples supplémentaires. Pour la fin de la phrase. Coray (II, p. 311) n’a « pu résister à l’envie » de changer βραδέα « lents » en βλαδέα qu’il traduit par « flasques ». Il s’appuie pour cela sur les gloses d’Hésychius βλαδόν αδύνατον et βλαδεΐς· άδύνατοι, ainsi que sur la glose de Galien βλαδαραί (Coray : βλαβεραί codd.) · ύγραί, μυξώδεις. Sur le sens de l’adjectif *βλαδύς « mou », « flexible », voir Ch. de Lamberterie, Les adjectifs grecs en -υς. Sémantique et comparaison, Louvain-La-Neuve, 1990, I, p. 355-358. Bien que Littré n’ait pas suivi Coray, Ermerins a repris la correction de Coray et l’a amplifiée en harmonisant les deux passages sur les femmes et sur les hommes : il lit également βλαδέα à la place de πλατέα. Ermerins a été suivi par Wilamowitz et Diller ; cf. aussi Index Hippocraticus s.v. βλαδύς. Mais cette correction de
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Coray, aussi séduisante soit-elle, n’est pas justifiée au regard de la tradition directe ou indirecte. Dans le premier passage, l’accord de la tradition directe (V Lat.) et de la tradition indirecte (Cal. [Ar.]) sur πλατέα, « larges » exclut tout changement. Dans le second passage, la leçon de vet cod. in Gad. (J) Gad. (B) Bald. (βραδέα, « lents ») est confirmée par la traduction latine ancienne (tardam), alors que ces mots ont été omis accidentellement dans V et Cal. (Ar.). La leçon la plus ancienne que l’on puisse atteindre est donc βραδέα. P. 237. 1. Le froid extrême peut brûler comme la chaleur. Comparer Xénophon, Anabase IV, 5, 3 ; « Le vent du nord soufflait en brûlant (άποκαίων) tout » ; VII, 4, 2 : « (par suite du froid) les nez et les oreilles étaient brûlés (άπεκαίοντο) ». Dans les Problèmes d’Aristote (XXXVIII, 2, 966 b 33), les gens du Nord ont les cheveux roux (πυρρότριχες). Voir aussi Xénophane DK 21 B 16 : les Thraces imaginent les dieux « roux » (πυρρούς) à leur image. 2. La correction d’Ermerins (απ’ δτων), adoptée par Heiberg et Diller, peut trouver une confirmation dans άφ’ δτων de Gad. (B), sans la psilose ionienne. Mais la leçon de V άπδ των n’est pas impossible, si l’on considère que των est un article employé en position de relatif ; cf. Index Hipp. Addenda s.v. ô, ή, τό (notre passage est rangé dans cf. etiam locos minus certos). 4. Galien dans ses explications (IV, 5, 20 Strohmaier) nous apprend que Dioscoride écrivait dans ce passage la « semence » au masculin (τον γόνον), alors qu’Artémidore Capiton donnait le mot au féminin (τήν γονήν). P. 238. 3. Ce long développement sur l’impuissance des Scythes, qui occupe tout le c. 22 et clôt l’exposé sur ce peuple, est un des passages les plus célèbres du traité. C’est une sorte de monographie où le médecin ethnographe, discutant des causes et du traitement de cette maladie particulière, révèle sa conception générale de la maladie et son rationalisme qui, tout en refusant l’intervention d’une divinité particulière dans le processus de la maladie, allie le naturel et le divin. Voir Notice, p. 22-24. Mais cette monographie n’est pas une pièce rapportée ; elle s’intégre parfaitement dans le développement sur les Scythes ; c’est un cas particulier et extrême de l’absence de fécondité des Scythes, sujet du chapitre précédent. Sur cette maladie des Scythes, voir W.A. Hammond, « The disease of the Scythians », Amer. J. Neurol. Psychiatr., 1, 1882, p. 339-355 ; E.D. Baumann, « Die heilige Krankheit der Scythen », Janus, 31, 1927, p. 447-463 ; K.
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Meuli, « Scythica », Hermes, 70, 1935, p. 121-176 ; G. Dumézil, « Les Énarées scythiques et la grossesse du Narte Xæmyc », Latomus, 5, 1946, p. 249-255 ; A. Esser, « Über ein skythisches Mannerleiden », Gymnasium, 64, 1957, p. 347-353 ; G. Dumézil, Romans de Scythie et d'alentour, Paris, 1978, p. 212-218 (XIII. La maladie des Énarées) ; K. Dowden, « Deux notes sur les Scythes et les Arimaspes », REG, 93, 1980, p. 486-492 ; J. Pigeaud, « Remarques sur l’inné et l’acquis dans le Corpus Hippocraticum », dans F. Lasserre et Ph. Mudry (éd.), Formes de pensée dans la Collection hippocratique (Actes du IVe Colloque hippocratique, Lausanne, 1981), Genève, 1983, p. 41-55 ; A. Ballabriga, « Les eunuques scythes et leurs femmes. Stérilité des femmes et impuissance des hommes en Scythie selon le traité hippocratique Des airs », Métis, 1, 1986, p. 121-138. Ch. TriebelSchubert, « Anthropologie und Norm : der Skythenabschnitt in der hippokratischen Schrift Über die Umwelt », M HJ, 25, 1990, p . 90-103 ; M. Donat, Skythische Schamanen ? Die Nachrichten über Enarees-Anarieis bei Herodot und Hippokrates, Diss. Zurich, 1993. Sur le terme εύνουχίαι, voici la note de Festugière : « Non pas εύνοΰχοι mais εύνουχίαι (de εύνουχίας -ου). L’εΰvoϋχoς est celui qui « garde la couche » (εύνή) ( = l’appartement des femmes), le chambel lan (0 την εύνήν εχων). Par le fait même, il était châtré. Les Grecs d’Asie ont connu l’usage par leurs contacts avec la Perse (cf. l’anecdote de Démocédès conduit à l’appartement des femmes de Darius par les eunuques, Hérodote III, l30, 4 ; dans Aristophane, Acharniens, v. 117 sqq., l’un des deux eunuques prétendument envoyés par le Grand Roi à Athènes se trouve être l’Athénien Clisthène). Et cette connaissance était assez répandue déjà vers le second tiers du v® siècle avant J.-C. pour qu’on pût définir l’impuis sant « celui qui est comme un eunuque », ό εύνουχίας. Selon Aristote, Gén. An. II, 7, 746 b 21 ss., dans les cas d’impuissance naturelle, quand les parties sexuelles sont infirmes de naissance, les femmes n’accomplissent pas leur puberté (μή ήβαν), les hommes n’ont pas de barbe, άλλ’ εύνουχίας διατελεϊν όντας (mais ils restent toute leur vie dans la condition des eunuques). Cf. aussi Arist. Probl. IV, 26, 879 b 8. Les deux termes sont réunis dans les Problèmes d’Aristote IV, 26, 879 b 8 : oîov συμβαίνει τοΐς εύνούχοις και εύνουχίαις ». On ajoutera une référence au sens du suffixe -ίας dans P. Chan traine, La formation des noms en grec ancien, Paris, 1933, p. 93 : « Le suffixe s’employait volontiers pour désigner un personnage par un trait caractéristique » où est cité l’exemple comparable de γυναικίας, « homme efféminé ». La leçon de V καί ai γυναίκες διαλέγονται τε ομοίως est syntaxiquement impossible. L’Aldine, qui est sur ce point à l’origine de la vulgate, ajoute un ώς devant ai γυναίκες. Cette adjonction semble confirmée par la traduction latine ancienne {et uti miliabres [lege mulieres] = καί ώς αί γυναίκες). Mais il faut alors supprimer τε.
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comme l’a proposé Coray (I, 163) et comme l’a fait Littré (II, 76). D’autres solutions ont été adoptées. Th. Gomperz, p. 174, suivi par Kuehlewein, Jones, Festugière et Lipourlis, lit καί ώς αί γυναίκες < διαιτεϋνται> διαλέγονται τε ομοίως («et ils vivent comme les femmes et ont une voix analogue ») ; toutefois cette adjonction d’un verbe n’est pas confirmée par les lemmes de Galien. Heiberg, quant à lui, a repris la correction adoptée par Coray dans son texte : γυναικεία εργάζονται, ώς αί γυναίκες, διαλέγονται τε ομοίως ; mais cette correction entraîne une redondance (« ils se livrent à des travaux féminins, comme les femmes, et parlent comme elles »). Diller, enfin, propose le simple déplacement de καί αί γυναίκες après ομοίως ce qui suffit à rétablir une syntaxe correcte et donne un texte qui peut correspondre à la traduction arabe {and speaking effeminately like women). C’est probablement la meilleure solution, car elle n’exige ni suppression ni conjecture. Le nom des Scythes impuissants est corrompu dans le texte de V qui donne άνδριεϊς. La correction la plus économique est celle de Th. Gomperz, p. 174, qui lit Άναριεΐς ; elle suppose simplement une faute d’onciale dans V ou le modèle de V (ANAP- lu ΑΝΔΡ-). C’est la seule conjecture connue des éditeurs modernes. Mais elle a été précédée par une conjecture de Coray faite dans ses notes (II, 332 Άναρέες) et par une conjecture d’Ermerins faite dans son texte (’ Ανάριες). Le nom propre ainsi restitué se rapproche de celui que donne Hérodote pour désigner ces mêmes Scythes impuissants : les Énarées (I, 105, 4 τούς καλέουσι Ένάρεας [έναρέας codd.] οί Σκύθαι et IV, 67, 2 οί δε Ένάρεες [ένάριες ABC νάρεες DRSVP] οί άνδρόγυνοι). II est vraisemblable que les variantes chez Hippocrate et chez Hérodote remontent à un seul et même mot ; mais quel est-il exactement ? 4. L’auteur hippocratique ne précise pas la divinité à laquelle les Scythes attribuent la cause de la maladie ; même référence allusive en c. 22, 7. Hérodote (I, 105) permet de compléter le témoignage d’Hippocrate. Il s’agit d’Aphrodite : la déesse a infligé une maladie féminine (θήλεαν νοϋσον) aux Scythes qui pillèrent son sanctuaire d’Ascalon en Syrie et à leurs descendants ; voir Notice, p. 22 sq. Toujours selon Hérodote (IV, 67), ces « androgynes » avaient un don de prophétie qu’ils devaient à Aphrodite. 5. Περί γ ’ έωυτών scripsi (cf. περί γε έωυτών Ermerins) : περί τε ώυτέων V περί έωυτών Coray edd. La correction proposée suppose simplement une mélecture (confusion Τ/Γ), avec une mécoupure, dans le modèle en onciale de V. La valeur restrictive de γέ ajoute une fine nuance à l’expression. La crainte éprouvée par les hommes devant les Anariées peut avoir aussi des motifs religieux (puisqu’ils pensent que les malades sont possédés par une divinité) ; mais elle s’explique au moins (γέ) par la peur qu’ils ont de devenir eux-mêmes victimes de la maladie.
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P. 239. 1. L ’auteur ne heurte pas de front la croyance dans l’origine divine de la maladie ; « Pour moi-même aussi (καί) ces affections sont divines ». Mais il donne un contenu différent au divin. Il ne s’agit pas, pour lui, de l’intervention d’une divinité particulière, mais de la marche régulière de la nature. Voir Notice, p. 23. Cette déclaration sur les maladies qui sont toutes également divines et ont une cause naturelle, reprise dans ce même chapitre (c. 22, 11), est comparable à celle qui ouvre et clôt le traité de la M aladie sacrée. On a depuis longtemps souligné la ressemblance entre les deux traités et on en a généralement conclu qu’ils sont composés par le même auteur ; voir Notice, p. 23 sq. et p. 71-73. 2. La cause de la maladie (cf. c. 22, 11 προφάσιος) est l’équitation, c’est-à-dire quelque chose qui relève du genre de vie ; mais à cette cause première s’ajoute une cause secondaire, un traitement malen contreux (c. 22, 5 ’ Ιώνται). L’équitation provoque des κέδματα (cf. aussi c. 22, 12 κεδμάτων). Le terme, sans étymologie sûre, est difficile d’interprétation. « Mot fort obscur sur lequel, de tout temps, les interprètes ont été en désaccord », dit Littré (t. VIII, p. xxix). L’affection est citée aussi dans d’autres traités hippocratiques : Épidémies V I , 5, c. 15, Littré V, 320, 1 ( = Manetti/Roselli 116, 1, avec la note ad loc.) ; Épidémies VII, c. 122, ibid., 468, 1 ( = Smith 412, 17) ; M aladies I, c. 3, Littré VI, 144, 11 et 18 ( = Wittern, 8, 13 et 10, 2 avec la note 14, p. 192 sur κέδματα) ; Lieux dans l ’homme, c. 10, ibid., 296, 6 sq., 10 et 14 ( = Joly 50, 4, 8 et 13) ; voir aussi en dehors d’Hippocrate, Arétée II, 8 (Hude^ 29, 1) : άμφί τήνδε την φλέβα καΐ κέδματα. Comme le mot est difficile, les glossateurs anciens l’ont relevé. Érotien (K 15, Nachmanson 49, 15 sq.) dit simplement : « On appelle κέδματα les affections chroni ques autour des articulations ». Galien (Kühn X IX, 111, 5-6) va dans le même sens, mais est plus précis : « Les affections chroniques dues à un flux, soit autour des articulations en général, soit en particulier autour de la hanche » ; cf. aussi son commentaire à Épidémies VI, 5, 15 (CMG V, 10, 2, 2, p. 300 sq.) : « Il (sc. Hippocrate) appelle κέδματα les flux qui se portent sur les membres inférieurs et surtout sur la première articulation, celle qui est à la hanche ». Hésychius {s.v. κέδματα), tout en reprenant la même définition générale qu’Érotien, signale une autre interprétation : « Les états maladifs chroniques autour des articulations ; selon les uns, c’est autour des parties génitales ». On comparera aussi la double interprétation dans la glose de M recc. à M aladies I, c. 3 (attribuée par certains à Érotien = frag. 54 Nachmanson) : ή χρονιά περί τα άρθρα νοσώδης διάθεσις · τινες δέ καΐ την περί τα γεν(ν)ητικά μόρια, « L’état maladif chronique autour des articulations ; selon certains, aussi l’affection autour des parties
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génitales ». En résumé, les κέδματα sont pour les Anciens une affection chronique des articulations, particulièrement de l’articula tion de la hanche, et parfois une affection des parties génitales ; cette affection est due à des flux. Dans son commentaire à notre traité (IV, 5, 23 Strohmaier), Galien s’étend de façon exceptionnelle sur ces κέδματα. Selon lui, s’il est clair qu’il s’agit d’affections dans la région de la hanche, il est impossible de savoir ce qu’Hippocrate entendait exactement par là. Il rapproche, ensuite, deux passages hippocratiques {Lieux dans l ’homme et Épidé mies VI cités supra) et apporte deux témoignages nouveaux : celui du commentateur Sabinus (« Les κέδματα sont une douleur dans la chair des muscles de l’avant-bras, de la cuisse et de la jambe, et elle est semblable aux douleurs dans les articulations ») et de Dioclès dans son ouvrage intitulé Hygieina (« Les κέδματα viennent des flux... Quand les humeurs du corps sont mises en mouvement, il en résulte différentes maladies. Quand les humeurs deviennent, en plus, mor dantes, elles s’écoulent dans les parties faibles et lâches du corps et il en résulte des flux. Nous n’avons pas besoin d’avancer une preuve de ce que les humeurs se comportent ainsi que nous l’avons écrit, car nous voyons clairement à différents endroits, et particulièrement aux ulcères qui naissent à la peau, que les humeurs sont mordantes et piquantes. Quand une partie de ces flux mentionnés se trouve dans les ' nerfs ’ ou les articulations, de là naissent les affections que l’on appelle κέδματα, et les douleurs aux articulations, les douleurs aux hanches et la goutte. Quand ces humeurs, c’est-à-dire ces flux, se tournent vers les yeux et vers le ventre, de là naissent une ophtalmie et une lienterie dans le ventre et une dysenterie »). Galien termine en faisant la synthèse de ces deux définitions appliquées au passage d’Hippocrate : douleurs dans la région de la hanche dues à des flux. 5. Cette critique du traitement pratiqué par les indigènes implique que la semence vient du cerveau et descend jusqu’aux organes génitaux par des vaisseaux passant près des oreilles. C’est ce qui est explicitement dit par l’auteur hippocratique de Génération, c. 2, Littré VII, 472, 12-16 ( = Joly 45, 19-24) : « Ceux qui ont été incisés le long de l’oreille, ceux-là peuvent avoir des rapports sexuels et éjaculer, mais la semence est peu abondante, faible et stérile ; c’est que la majeure partie de la semence vient de la tête le long des oreilles dans la moelle épinière. Cette voie, à cause de la cicatrice due à l’incision, est devenue dure » ; comparer aussi Lieux dans l ’homme, c. 3, Littré VI, 282, 14 sq. ( = Joly 42, 12 sq.). Pour cette croyance ancienne qui fait provenir le sperme du cerveau (attribuée par la doxographie à Alcméon de Crotone vi'’ s. avant J.-C.), voir E. Lesky, « Die Zeugungs — und Vererbungslehren der Antike und ihr Nachwirken », cité ci-dessus à la note de c. 14, 4 {in fine). Mais la croyance selon laquelle la semence vient du cerveau, qui est implicite dans ce passage, n’est pas en
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contradiction avec l’idée exprimée au c. 14, 4, selon laquelle la semence vient de toutes les parties du corps : venant de toutes les parties du corps, la semence monte dans le cerveau et redescend par les vaisseaux du cou et la moelle épinière dans les organes génitaux ; voir la mise au point de J. Jouanna, « La naissance de la science de l’homme chez les médecins et les savants à l’époque d’Hippocrate : problèmes de méthode », cité ci-dessus à la note de c. 14, 4 (ira fine). Il est singulier de constater que ce traitement, qui est critiqué par l’auteur hippocratique d'Airs, eaux, lieux, est au contraire recommandé par celui d'Épidémies VI, 5, c. 15, Littré V, 320, 1 ( = Manetti/Roselli 116,1 sq.) : « Pour les κέδματα, inciser les vaisseaux derrière les oreilles ». Galien dans son commentaire à notre traité (IV, 5, 24 Strohmaier) s’étend longuement sur ce passage, mais note d’emblée qu’il n’est pas d’accord avec Hippocrate : « Je connais les veines derrière les oreilles, mais je n’ai pas connaissance que, à cause de cela, comme Hippocrate l’affirme, un homme ne peut pas avoir d’enfant si on fait une saignée à ces veines ». L’intérêt du développement de Galien est de rapporter ce que son maître Pélops, élève lui-même de Numisianos, a écrit sur la semence chez Hippocrate au deuxième livre de ses Eisagogai à Hippocrate. Il est intéressant de constater que cet interprète ancien n’avait nullement l’idée qu’il puisse exister une contradiction entre une théorie pangénétique et une théorie encéphalo-myélique, pour reprendre les distinctions modernes d’E. Lesky. Selon Pélops, la semence chez Hippocrate vient de toutes les parties du corps, monte par les vaisseaux dans le cerveau où elle mûrit et prend part à une force psychique, puis redescend par les veines de la tête dans la moëlle épinière jusqu’aux organes génitaux. Cette vision des choses est hippocratique, à l’exception de l’idée que la semence mûrit dans le cerveau et prend part à une force psychique. Galien, pour sa part, ne peut pas admettre l’interprétation de son maître — qui est pourtant la bonne — , car il veut réconcilier Hippocrate avec les progrès de l’anatomie faits après lui. Galien « sauve » Hippocrate en disant que si la saignée des vaisseaux derrière les oreilles entraîne l’impuissance des Scythes, ce n’est pas parce que la semence passe par ces vaisseaux, mais à cause de la perte du sang lors de la saignée ; cf. G. Strohmaier, « Hellenistische Wissenschaft... », p. 163 sq. P. 240. 1. Dans la conception religieuse de la maladie, il y a une constante ambiguïté entre mal physique et mal moral. La maladie est la sanction de la faute morale du malade. Pour l’expression καταγνόντες έωυτών άνανδρείην, comparer, avec Festugière, Andocide, Sur les mystères 3 : καταγνόντες αυτών αδικίαν « s’accusant eux-mêmes d’injustice ». La
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conjecture d’Ermerins qui ajoute την devant άνανδρείην me semble donc malheureuse ; cf. déjà Cobet, p. 70. Festugière se demande s’il s’agit d’une confession publique (Coray : « ils se déclarent impuis sants » ; Littré Daremberg : « ils déclarent leur impuissance ») ou simplement de la conviction obtenue par le sujet qu’il est impuissant (Jones : « holding that they hâve lost their manhood » ; cf. aussi Chadwick-Mann : « They then accept their unmanliness ») et il penche pour la première hypothèse d’après le sens habituel de καταγιγνώσκειν τινός τι « accuser quelqu’un de quelque chose ». 2. Pour γυναικίζω, comparer Aristophane, Thesmophories, v. 268 où Euripide s’adresse à son parent déguisé en femme avant qu’il ne parte pour le défendre devant l’assemblée des femmes : « Si tu parles, tâche de faire la femme avec ta voix » (" Hv λαλης 8’, δπως τω φθέγματι γυναικιεις εύ και πιθανώς) ; l’auteur hippocratique entend lui aussi, tout particulièrement, que les hommes impuissémts prennent une voix de femme ; car γυναικίζουσι correspond à c. 22, 1 διαλέγονται τε ομοίως και αί γυναίκες, de même que και έργάζονται μετά τών γυναικών ά κα'ι έκεΐναι correspond à c. 22, 1 και γυναικεία έργάζονται. Plus généralement, à propos des Scythes qui prennent un habit de femme, comparer chez Lucien, De Syria dea 51 (avec E. D. Baumann, « Die heilige Krankheit der Scythen »..., p. 459, n. 3), les jeunes prêtres de Cybèle qui, après s’être émasculés, prennent des habits de femme (κόσμον τον γυναικήιον λαμβάνει). 4. Les éditions modernes adoptent une conjecture de Coray εί 8ή τιμώμενοι χαίρουσι (Ermerins, Kuehlewein, Jones, Heiberg, Festugiè re), modifiée par Pohlenz en τιμώμενοι δή εί χαίρουσι (cf. déjà Reinhold), suivi par Diller. Le sens est « s’il est vrai que (les dieux) se plaisent à être honorés (par les hommes) ». Ces modifications trouvent leur justification dans YHippolyte d’Euripide v. 8 (τιμώμενοι χαίρουσιν άνθρώπων ύπο « les dieux prennent plaisir aux hommages des hommes »). Car ce rapprochement, que Pohlenz pense être le premier à faire (Hippokrates, Berlin, 1938, p. 45), avait déjà été fait par Coray lorsqu’il a proposé sa conjecture (II, 360). Mais ces conjectures ont le grave défaut de s’écarter considérablement de l’état le plus ancien du texte que l’on peut atteindre. En effet V et Lat. s’accordent pour donner où τιμωμένοισιν ήδη εΐ (cf. non honoratis jam si Lat.). Littré et Daremberg ont conservé ce texte, et ils entendent : « (et même, de préférence, ceux qui possèdent le moins) et qui n’offrent point de sacrifices, s’il est vrai que... » (Littré) ; « (et plus particulièrement ceux qui possèdent peu de chose) et qui, par conséquent, ne font point d’offrandes, s’il est vrai que... » (Darem berg) ; voir déjà Cornarius : « (imo magis invaderet pauperes) circa cultum deorum negligentiores, si saltem... ». Mais, outre que le moyen τιμώμαι n’a pas normalement ce sens à l’époque classique, on attendrait la négation μή. La négation où ne peut se justifier que si l’on
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oppose une catégorie à une autre, exactement comme dans les lignes qui précèdent Σκυθέων ol πλούσιοι, ούχ οί κάκιστοι. La négation οΰ signifie ici également « (et) non pas », et il faut restituer l’article < τ ο ϊσ ι> devant τιμωμένοισι. L ’auteur oppose deux grandes catégo ries dans la société scythe, d’une part ceux qu’il désigne par ol κάκιστοι/οί δέ πένητες/τοισιν ολίγα κεκτημένοισιν et d’autre part ceux qu’il désigne par ol πλούσιοι/οΐ εύγενέστατοι και ίσχύν πλείστην κεκτημένοι/τοϊσι γενναιοτάτοισι/τοΐσι πλουσιωτάτοισι/ < τοΐσι > τιμωμένοισι. Cette seconde série de termes, désignant la classe supérieure, se rapporte à trois critères : la noblesse de naissance, la richesse et le prestige social. A ce troisième critère appartient non seulement ίσχύν πλείστην κεκτημένοι mais aussi < τοΐσι > τιμωμένοισι. L ’expression ol τιμώμενοι désigne les gens qui jouissent de τιμή (« considération ») et bénéficient de τιμαί (« charges honorifiques ») ; comparer Xénophon, Cyropédie VIII, 8, 4 ol τιμώμενοι, « les hommes comblés d’honneurs ». C’est justement ce terme de τιμαί qui est employé dans la phrase suivante, sur le même plan que la richesse, pour qualifier les facilités dont dispose cette catégorie sociale pour faire des sacrifices et des offrandes aux dieux : εόντων χρημάτων και τιμών « du moment qu’ils ont de l’argent et des chiu'ges honorifiques ». Ce texte n’est certes pas celui qui est adopté par les éditions modernes qui écrivent εόντων χρημάτων καΐ τιμάν (sc. αυτούς) avec V. C’est pourtant le texte le plus ancien que l’on puisse atteindre par suite de l’accord de Gadaldini (τιμών) et de Lat. (muneribus). Le texte que j ’ai adopté dans l’ensemble du passage correspond au modèle grec de la traduction latine. On pourrait songer aussi à adopter, à la place de où (V Lat.), ή (Gadaldini ; déjà conjecturé par Coray en note II, 359) ce qui donnerait une syntaxe plus fluide (« et même davantage sur ceux qui possèdent peu de biens que sur ceux qui jouissent d’honneurs ») ; mais le sens n’est pas différent et la leçon de Gadaldini a l’inconvénient d’être une lectio facilior. P. 241. 3. Les effets de l’équitation sur le physique ne sont pas particuliers aux Scythes. L’auteur généralise et étend son explication à tous les hommes qui pratiquent régulièrement l’équitation. Par rapport à son premier développement sur les effets de l’équitation (c. 22, 4), l’auteur cite parmi les affections qui en résultent non seulement les κέδματα comme en c. 22, 4, mais aussi l’affection de la hanche et la podagre. Ces trois affections sont comptées parmi les maladies qui ne sont pas mortelles, mais de longue durée dans M aladies I, c. 3, Littré VI, 144, 11 sq. et 18 ( = Wittern 8, 13 et 10, 1 sq.). Deux d’entre elles, les κέδματα et Γίσχιάς, sont aussi mentionnées ensemble dans Lieux dans l ’homme, c. 10, Littré VI, 296, 6 et 10 ( = Joly 50, 3 sq. et 8) : elles sont expliquées par un flux d’humeur venu de la tête. On notera que
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le terme désignant la podagre (littéralement la maladie « qui attrape le pied », c’est-à-dire la goutte) n’est pas l’usuel ποδάγρη, mais la variante ποδαγρίη non répertoriée dans les dictionnaires LSJ et Bailly ; pour cette variante, voir Index Hippocraticus qui signale aussi Usage des liquides, c. 4, Littré VI, 128, 6 ( = Joly 168, 11). 4. A la fin de son développement sur la stérilité des Scythes, l’auteur revient sur les causes et les accumule pour montrer qu’ils sont les plus impuissants de tous les hommes. Aux causes déjà mentionnées (c’est-à-dire l’équitation et un traitement malencontreux), il ajoute un autre usage : le port du pantalon. Le terme άναξυρίδες désigne un pantalon bouffant, porté notamment par les Perses ; voir Hérodote III, 87, V, 49, 3, VII, 61, 1 et Xénophon, Anabase I, 5, 8. Le texte hippocratique nous apprend que les Scythes portaient des pantalons comme les Perses ; voir aussi Hérodote VII, 64, 2 : « les Saces, c’est-à-dire les Scythes...portaient des anaxyrides ». Le port du panta lon empêche la masturbation qui, dans l’esprit de l’auteur, a un effet positif sur les facultés de reproduction. Il a déjà été question au c. 21, 1 du peu d’ardeur des Scythes pour l’union sexuelle. On comparera c. 21, 1 ή έπιθυμίη της μίξιος et ici τοϋ Ιμέρου καΐ της μίξιος (l’absence de καί dans Lat. n’est pas nécessairement une faute). Les causes alléguées sont également comparables, bien qu’elles ne soient pas identiques ; on comparera en particulier ύπο... τοϋ κόπου et en c. 21, 1 ύπο τών 'ίππων άεΐ κοπτόμενοι. L’auteur était vraisemblable ment conscient du lien étymologique entre κόπτω « donner des coups » et κόπος que l’on traduit par « fatigue », mais qui a peut-être ici un sens plus précis : « coups reçus » (par le cavalier qui retombe sur le cheval à chacune de ses enjambées), « secousses ». 5. Au lieu de άνδρωθήναι la plupart des éditeurs adoptent la correction de Cornarius άνανδρωθήναι (Littré, Daremberg, Kuehlewein. Jones, Diller). Par exemple, Daremberg traduit : « ils ne tentent la copulation qu’après avoir perdu entièrement leur virilité ». Mais cette interprétation est en contradiction avec ce que l’auteur a dit au c. 22, 7 ; ce n’est en réalité qu’à la suite de plusieurs copulations sans effet que les Scythes découvrent leur impuissance. De plus, cette interprétation a l’inconvénient de reposer sur une conjecture qui n’a aucun support dans la tradition du texte {virificant de la traduction latine confirme άνδρωθήναι de V) et qui, de surcroît, n’est attestée nulle part ailleurs. Mieux vaut conserver la leçon manuscrite et donner à άνδρωθήναι le sens qu’il a normalement, à savoir « devenir un homme », « atteindre l’âge d’homme, l’âge adulte » ; pour ce sens de άνδρόομαι, voir dans la Collection hippocratique. Articulations c. 58, Littré IV, 254, 15 ( = Kuehlewein 207, 4) et c. 60, ibid., 256, 10 ( = Kuehlewein 208, 5). Les Scythes éprouvent donc tardivement une excitation sexuelle (c’est le sens de παρακινεϊν déjà bien vu par Coray II, p. 366 sq., qui cite Xénophon, Mémorables IV, 2, 35 et fléliodore, Éthiopiques V, 4), non pas à l’âge de l’adolescence, de la puberté
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(ήβη), mais à l’âge adulte, cet âge variant selon les auteurs. Pour la défense de la leçon άνδρωθήναι, voir déjà A. Ballabriga, « Les eunuques scythes... », p. 137 sq. P. 242. 3. La phrase présente des difficultés de syntaxe. D’abord, après le verbe αίσθάνεσθαι, on attend le génitif seul et non άπό + génitif ; comparer c. 10, 8. Certains éditeurs après Coray suppriment donc la préposition (Heiberg, Diller). D’autres modifications plus drastiques ont été tentées : Kuehlewein supprime αίσθάνεσθαι ; Wilamowitz (apud Kuehlewein) remplace ce verbe par συνίστασθαι (mais Wilamo witz dans le Griechisches Lesebuch supprime la phrase entière). La solution la plus prudente est de conserver le texte : ce n’est pas l’unique fois où le verbe est construit avec une préposition gouvernant le génitif, et non avec le génitif seul ; voir LSJ s.v. αισθάνομαι IL La seconde difficulté est l’absence de liaison entre les deux infinitifs αίσθάνεσθαι et γίνεσθαι, s’il est vrai que και devant την γένεσιν est adverbial. Diverses solutions ont été proposées : ajout de καΐ άλλοτε devant άλλην (Coray suivi par Diller), ajout de τε après άλλην (Heiberg, suivi par Festugière). J ’avais proposé dans un premier temps d’ajouter ώστ’ devant άλλην ; comparer ώστε en 22, 13. Mais il y a une solution plus économique qui consiste à sous-entendre comme sujet de αίσθάνεσθαι le même sujet que dans la phrase précédente (To λοιπόν γένος τό èv τή Ευρώπη) ; ce qui correspond à une reprise en composition annulaire. Dans cette hypothèse καί devant την γένεσιν n’est pas adverbial, mais est la conjonction de coordination qui relie αίσθάνεσθαι et γίνεσθαι avec le sens de « et en particulier ». Si, en revanche, l’on considère que καί devant τήν γένεσιν est bien adverbial, Anastassiou propose la solution suivante : « Man kbnnte vielleicht V folgen und das Fehlen einer Verbindung zwischen den beiden Infinitiven αίσθάνεσθαι und γίνεσθαι dadurch überwinden, dass man γίνεσθαι als einen expexegetischen Zusatz zum vorangehenden Substantiv γένεσιν auffasst (cf. Kühner-Gerth, A u sführliche Grammatik..., II, 2, p. 4 c) ». Festugière pense que τω αύτω reprend τοϋ γόνου et il traduit : « Il est naturel que la génération se ressente de ces conditions en ce qui regarde la coagulation de la semence, et qu’elle soit diverse et non pas identique pour la même semence ». P. 243. 1. La même loi, énoncée en des termes très voisins au c. 19, 5 (fin), sert à expliquer les ressemblances physiques chez les Scythes. La
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comparaison des deux passages confirme que la leçon de V (φθοραί) est préférable à celle de Gadaldini (μορφαί), malgré l’accord de Gadaldini avec la traduction arabe des lemmes de Galien {appearances). Car le terme φθοραί est donné au c. 19, 5 à la fois par V et par la traduction arabe des lemmes de Galien (corrupted). Galien dans son Commentaire à notre traité (IV, 6, 1 Strohmaier = c. 24, 1), revenant sur ce passage quand il commente le début du c. 24, donne deux renseignements qui sont nouveaux. Le premier concerne les deux leçons μορφαί et φθοραί qui existaient déjà à son époque. Selon Galien, la majorité des manuscrits écrivaient μορφαί (« Gestalt »), alors que quelques-uns lisaient φθοραί (« Verderbnis »). Tout en reconnaissant que cette seconde leçon n’est pas fausse, Galien préfère la première et comprend : « les formes (des hommes) se diversifient plus dans la coagulation de la semence lorsqu’il y a des changements des saisons » ; mais il ne fait pas le rapprochement avec le c. 19, 5. La seconde donnée est que Galien lit après cette phrase dans son exemplaire d’Hippocrate « le même raisonnement vaut pour les enfants ( = e.g. παιδία vel νήπια) » et qu’il a lu dans d’autres exemplaires : « le même raisonnement vaut pour les insulaires » ( = e.g. νησιώται), qui diffèrent entre eux comme les Européens, sont sauvages et ne se mêlent pas aux autres. Cette phrase qui n’est pas donnée dans les lemmes paraît être un doublet de la phrase suivante (Περί τε των ήθέων ό αυτός λόγος) avec des variantes de peu de poids, bien qu’elles soient anciennes. 2. L’analyse psychologique et l’explication qui en est donnée sont tout à fait comparables à c. 16, 2 ; voir note ad loc. Pour le second adjectif substantivé qualifiant le moral des Européens, la leçon transmise par V (αμίαντον, « sans souillure ») offre un sens qui n’a aucun rapport avec le contexte. Les éditeurs ont hésité entre άμείλικτον (« qui ne se laisse pas apaiser », « inflexible ») et άμικτον (« qui ne se mêle pas avec », « insociable »). Le premier terme, transmis par les manuscrits de la citation de Galien, est probablement confirmé par la traduction latine { < i m > mansuetum). Le second terme, donné par Gad. (B), correspond à la traduction arabe des lemmes de Galien (they do not mix with people). Les éditeurs ont choisi tantôt le premier terme (Van der Linden, Mack, Heiberg, Festugière, Diller), tantôt le second (Coray, Littré, Ermerins, Kuehlewein, Reinhold, Jones). Ce qui est à l’origine du choix de άμ(ε)ικτον dans les éditions du XIX® siècle, c’est un raisonnement correct à partir d’une donnée fausse ; Coray et Littré se sont appuyés sur le témoignage de la citation de Galien, mais ils ont été égarés par la vulgate qui donne άμικτον au lieu de άμείλικτον. Cette vulgate est peut-être aussi à l’origine de la variante de Gad. (B). A partir du moment où l’on a connu la véritable leçon des manuscrits de la citation (cf. l’apparat critique de Heiberg), on est revenu à la variante άμείλικτον déjà donnée dans le texte par les éditeurs du xvii® siècle et du xviii®. Van der Linden et Mack. La
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glose d’Hésychius άμείλικτον άμικτον laisse clairement entendre que le second terme est une explication du premier.
P. 244. Suite de la note 1. autre construction et un autre texte : qui autem sui juris sunt pro se ipsis pericula suscipiunt, et non ab aliis pelluntur inviti et mala veniunt. Il correspond à un modèle grec que l’on peut reconstruire ainsi : Όσοι δέ αύτόνομοί είσιν, υπέρ έωυτών τούς κινδύνους αίρεΰνται και ούχ ύπ’άλλων προωθεϋνται άέκοντες καί ές τό δεινόν έρχονται. Οη peut traduire : « Ceux qui se gouvernent par leurs propres lois, c’est pour eux-mêmes qu’ils assument les dangers et ce n’est pas sous les ordres d’autrui qu’ils sont poussés contre leur gré et marchent au danger ». Il n’est pas impossible que προΟυμεϋνται de V soit une lectio facilior par rapport à προωθεϋνται que l’on peut postuler dans le modèle grec de la traduction latine. Pour l’emploi de προωθέω dans la Collection hippocratique, voir par exemple M aladies I, c. 8, Littré VI, 154, 11 sq. ( = Wittern 22, 3 sq.) : τόν λίθον ές τον ουρητήρα προέωσαν υπό βίης τοϋ φαρμάκου « ils ont poussé la pierre dans l’urètre par la force du médicament ». 2. L ’auteur renvoie au c. 23, 1 où il a expliqué les différences physiques (taille et morphologie) à l’intérieur de la race des Européens (à l’exception des Scythes) par le climat contrasté. On peut interpréter τα διαλλάσσοντα soit comme un causatif (« les causes qui provoquent le changement » ; cf. Coray, Littré, Daremberg, Jones, Festugière, Diller), soit, de façon moins satisfaisante, comme un intransitif (cf. Index Hippocraticus s.v. διαλλάσσω III. act. intr. 2. differo τα διαλλάσσοντα = differentiae) Le terme TATT(A) est d’interprétation ambiguë dans un texte en onciale non accentué. On peut le lire soit comme le démonstratif ταϋτ(α) avec V et le modèle grec de la traduction latine (cf. hec Lat.), soit comme le pronom de l’identité ταύτ(ά), crase de τα αύτ(ά), avec Zwinger. Les édition modernes depuis Van der Linden et Coray ont adopté la correction de Zwinger. Pourtant, comme le sujet énoncé ici (différences à l’intérieur de la race des Européens) reprend exactement le sujet énoncé au c. 23, 1, il est logique de comprendre que les facteurs expliquant ces différences sont ceux-là mêmes qui ont été exposés aussi au c. 23, 1 (c’est-à-dire les changements de saisons importants). On conservera donc avec les éditions les plus anciennes (Aldine, Cornarius) le démonstratif ταϋτ(α). C’est aussi la solution adoptée par Festugière, à en juger par sa traduction : « Les raisons qui produisent ces différences sont celles que j’ai indiquées plus haut ».
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À la place du début de ce chapitre (« Il existe aussi en Europe — précédents »), Galien, dans la traduction arabe des lemmes, offre un texte assez différent : « C’était la première différence que l’on peut trouver dans le pays d’Europe. La seconde différence est qu’une partie en est élevée et escarpée avec une différence importante entre les saisons, tandis que l’autre est enfoncée et basse avec une petite différence entre les saisons ». Puis Galien rattache la proposition suivante (Ιτι δέ σαφέστερον φράσω) à ce qui suit. Galien commente ce passage (IV, 6, 1 et 2 Strohmaier) : il voit une première raison des différences entre les habitants de l’Europe dans le climat qui explique la différence lors de la formation des fœtus (ce qui a été traité précédemment au c. 23, 1-2) et une seconde cause dans le sol qui détermine des différences après la naissance par la nourriture des enfants. A la lumière des lemmes de Galien et de son commentaire, il est fort probable que, dans la tradition directe, une phrase a disparu énonçant le second facteur d’explication des différences entre les peuples d’Europe, à savoir le sol. On peut restituer ainsi cette phrase grâce à Galien : « les différences viennent aussi de ce qu’une partie en est élevée et abrupte et que les changements des saisons y sont importants, tandis qu’une partie est enfoncée et basse et que les changements des saisons n’y sont pas importants ». Vient ensuite beaucoup plus naturellement l’annonce de développements plus précis sur le sol : « je vais m’expliquer encore plus clairement ». L’omission de cette phrase d’annonce est d’autemt plus probable que Galien, dans le commentaire de la phrase suivante (IV, 6, 3 Strohmaier), souligne qu’Hippocrate répète ce qu’il a dit sur les habitants d’un pays élevé pour la clarté de l’enseignement. 3. À partir de cette phrase jusqu’à la fin du traité, on dispose du nouveau témoignage du manuscrit P (voir Notice, p. 108 sq.). Dans ce dernier chapitre, l’auteur va traiter essentiellement de l’influence du sol, mais sans omettre l’influence des saisons et d’un autre facteur qui intervenait dans la partie médicale, à savoir les eaux. Ces trois facteurs seront rappelés à la fin du traité (c. 24, 7). Ils servent à construire quatre tableaux (1. c. 24, 2 ; 2. c. 24, 3-4 ; 3. c. 24, 5 ; 4. c. 24, 6) + deux derniers tableaux (5. c. 24, 8 ; 6. c. 24, 9) où les données sur le sol, les eaux et le climat sont énoncées dans des propositions relatives et où les caractéristiques physiques et morales des hommes qui en résultent sont énumérées dans des propositions principales. Tous les tableaux de ce c. 24 concernent en principe les Européens ; et l’on s’est efforcé de proposer des noms de peuples correspondant à plusieurs de ces tableaux. Wilamowitz (I, p. 206 sq. et II, p. 137) croit reconnaître les Béotiens, les Lacédémoniens dans le tableau n" 2 (c. 24, 3-4) et les Athéniens dans le tableau n° 6 (c. 24, 9) ; J. L. Heiberg (« Théories antiques sur l’influence morale du climat », Scientia, 27, 1920, p. 457 sq.), propose des identifications de manière encore plus systématique : tableau n“ 1 (c. 24, 2) les Arcadiens ; tableau n" 2
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(c. 24, 3-4) les Béotiens, et les Lacédémoniens pour la variante avec un fleuve, à savoir l’Eurotas ; tableau n" 3 (c. 24, 5) l’Élide ; tableau n“ 4 (c. 24, 6) l’Attique ; tableau n” 5 ; à nouveau la Béotie ; tableau n“ 6 : l’Attique. Déjà Galien dans son commentaire du traité donne des exemples concrets, mais de façon moins systématique. Dans le tableau n° 4 (c. 24, 6), Galien parle de paysages de l’Attique ou de certaines îles des Cyclades (IV, 8, 2 Strohmaier). Toutefois, bien qu’il s’agisse toujours de l’Europe, la réflexion de l’auteur, détachée de toute référence géographique et ethnographique concrète, semble s’éle ver au niveau d’une anthropologie générale énoncée sous forme de lois.
P. 245. 1. L ’emploi adverbial du pluriel μεγάλα donné par P, à côté du singulier μέγα de V edd., est une lectio difficilior. Pour cet emploi dans le traité, comparer c. 14, 1 ; voir aussi Ancienne médecine, c. 23, Littré I, 634, 6 = Jouanna 152, 19, avec la note ad loc. ; pour les autres emplois dans la Collection hippocratique, voir Index Hippocraticus, s.v. II 2, p. 492 a. 4. Comme les données sur l’environnement sont opposées dans ces deux premiers tableaux, il est normal que les hommes soient également opposés, aussi bien physiquement que moralement. Aux hommes grands et courageux des pays montagneux soumis à un climat contrasté s’opposent les hommes trapus et moins courageux des pays creux offrant un climat plus égal. Le manuscrit P a conservé à deux endroits du c. 24, 3 (μεν ούν ούκ P : μεν ούκ V edd.) deux emplois de μεν ούν qui appartiennent à ce que J.D . Denniston, Greek Particles, p. 473 (2), a remarquable ment qualifié en quelques lignes : « Ούν emphasizing a prospective μέν. This usage is not adequately recognized by theorists, and it is rare enough to be a stumbling-block to copyists and editors. It is commoner in Hippocrates and Aristotle than elsewhere ». Grâce à P, nous récupérons deux nouveaux emplois de ουν intensif appuyant un μέν prospectif. La disparition de ce o5v dans le reste de la tradition s’explique d’autant plus facilement qu’il était suivi, les deux fois, par la négation ούκ. Cela a entraîné une haplographie. Κανονίαι est un hapax glosé par Épiclès {apud Érotien), par Érotien et par Galien (cf. Test.). Les glossateurs discutaient sur la signification du mot : les uns comme Épiclès lui donnaient le sens de « grands », les autres le sens de « droits et minces » (Erotien), « droits et ayant le ventre mince » (Galien). Ce substantif en -ίας (ionien -ίης ), formé sur κανών « baguette droite, règle » signifie « homme droit et mince comme une baguette » ; il est employé comme adjectif sur le même plan que μεγάλοι, exactement comme φλεγματίας (ionien -ίης) est coordonné dans la même phrase à χολώδεις. Certains modernes
NOTES COMPLEMENTAIRES
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traduisent de façon moins vraisemblable par « bien proportionnés ». L’homme κανονίας serait celui qui est conforme au κανών, à la règle ; pour l’explication de ce sens, voir Wilamowitz, Griechisches Lesebuch, II, p. 137, qui propose la traduction de « normalgebildet » ; en fait, ce sens de « bien proportionné », « harmonieux » était déjà proposé par les traducteurs arabes de l’école de Hunain ; voir « wohlproportioniert » dans la traduction arabe du Quod animi mores et « ebenmâssig » dans celle des lemmes de Galien. 5. Galien dans ses explications (IV, 7 Strohmaier) oppose les cheveux et le teint foncés de ces habitants qui habitent un climat chaud aux cheveux roux et au teint roux de ceux qui habitent les pays froids (cf. 20, 3 à propos des Scythes) et il poursuit : « De la véracité des propos d’Hippocrate témoignent non seulement les causes natu relles, mais aussi l’observation. Car les Scythes, les Germains et les Celtes ont tous des cheveux blonds, tandis que les habitants de l’Égypte, les Arabes et les Nubiens ont des cheveux noirs ».
P. 247.
1. La présence ou l’absence de fleuves qui drainent l’eau dans les pays creux précédemment décrits introduit une variante dans la constitution des habitants. Les uns sont en meilleure santé, les autres plus maladifs. Mais l’opposition exacte entre ces deux constitutions a été totalement occultée dans le texte de V et des premières éditions. C’est surtout pour la seconde constitution, celle des habitants où le pays n’a pas de fleuves pour drainer l’eau, que le texte de V est corrompu. Sous l’incompréhensible προς γαστρος άτεα se cache Vhapax προγαστρότερα (« plus ventrues »). Cette bonne leçon, attestée d’abord par les notes imprimées issues du manuscrit ancien de Gadaldini (1565), a été introduite dans le texte par Coray en 1800, quoiqu’il la juge « un peu suspecte » (II, 386). Elle a été confirmée, ensuite, par la traduction latine, comme le remarquait déjà Littré (II, p. 89), et plus tard par la traduction arabe des lemmes de Galien (apparat critique de Diller). Cette leçon vient, enfin, d’être retrouvée dans la tradition directe (nouveau témoignage de P). Le mauvais effet des eaux stagnantes sur la rate a déjà été signalé dans la partie médicale du traité au c. 7, 3 : « Chez ceux qui boivent ces eaux (sc. les eaux de marais), la rate est (nécessairement) toujours grosse et indurée ». D’un point de vue médical, la dureté du ventre avec splénomégalie est un symptôme du paludisme chronique qui sévit dans les pays bas où les eaux sont stagnantes. Dans l’énumération des eaux bues par ces habitants, on s’est étonné de voir des eaux de fontaine (κρηναία) citées sur le même plan que des eaux stagnantes. Certains éditeurs ou commentateurs anciens ont modifié en « eaux de puits », d’après la note marginale de Zwinger (φρεαταΐα) ou en « eaux
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lacustres » (λιμναία) par comparaison avec le c. 7, 2 où les trois adjectifs έλώδεα και στάσιμα και λιμναία sont sur le même plan. Le témoignage de P confirme la leçon κρηναία de V. En revanche, P apporte, par rapport à V, un élément nouveau sur la première constitution, celle des habitants des pays creux drainés par des fleuves. Selon le texte de V, les habitants sont « éclatants » (λαμπροί). C’est le texte adopté par tous les éditeurs, avec un raffinement chez Diller qui rétablit le comparatif λαμπρότεροι (« plus éclatants ») d’après Lat. et Gai. (Ar.). Mais P donne une autre leçon, λαπαροί, qui signifie « souples ». On sait que la souplesse du ventre, palpé par le médecin, est un signe favorable (cf. Pronostic, c. 11, Littré II, 136, 9 sq. = Alexanderson 207, 1). Ce ventre souple s’oppose, dans le contexte, au ventre proéminent de l’autre catégorie d’habitants dont la rate est indurée. La leçon de P est donc beaucoup plus intéressante d’un point de vue médical ; et d’un point de vue philologique, elle est la lectio difficilior ; voir J. Jouanna, «Un nouveau témoignage...», p. 104 sq. On rapprochera, en outre, d’un passage des Physiognomica d’Aristote (810 b 6 sq.) où l’adjectif λαπαρός, qualifiant la région du ventre, correspond à un signe favorable : οίς τα περί την κοιλίαν λαπαρά, εόρωστοι, « ceux pour qui la région du ventre est souple, sont pleins de vigueur ». 2. Aux deux premiers tableaux, l’auteur ajoute deux autres ta bleaux (c. 24, 5 et 24, 6) composés de façon analogue : propositions relatives introduites par όκόσοι décrivant le pays et propositions principales indiquant le physique et le moral des habitants. Ces deux autres tableaux paraissent être également antithétiques : les habitants du troisième type de pays ont un tempérament doux et se ressemblent, tandis que ceux du quatrième type de pays ont un tempérament farouche et ne se ressemblent pas. Le troisième tableau rappelle le premier à certains égards, car le pays est élevé et riche en eau, mais il en diffère parce qu’il s’agit d’un plateau au sol lisse, et non plus d’un terrain montagneux et rocheux. Les hommes sont grands dans les deux cas, mais ils s’opposent par le moral : les hommes du troisième pays sont doux alors que ceux du premier sont farouches. La raison de ces différences est double : le sol qui est égal chez les uns, alors qu’il est inégal chez les autres ; et, en même temps, le climat égal chez les uns (cf. έν εύκρήτω), mais inégal chez les autres. A la charnière entre la description du physique et du moral des habitants du troisième tableau, la vulgate des éditions anciennes suit le texte de V : άνορθότερα και ήπιώτεραι « (leurs corps) ne sont pas droits et (leur caractère) est plus doux » ; c’est encore le texte de Foes en 1595. Mais, très rapidement, par suite de la faute manifeste de V sur άνορθότερα, la vulgate de la citation de Galien (dont la variante essentielle, par rapport à la vulgate hippocratique, porte sur άνανδρότεραι 3è à la place de άνορθότερα), a fait son entrée dans les
NOTES COMPLEMENTAIRES
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éditions d’Hippocrate (voir déjà Van der Linden en 1665). Coray en 1800 la reprend en notant son accord avec le manuscrit ancien de Gadaldini. Le nouveau témoignage de P renforce l’accord de la citation de Galien et de Gadaldini. On peut hésiter toutefois sur des détails ; faut-il écrire δέ καί avec le manuscrit ancien de Gadaldini (et la vulgate de Galien) ou τε καί avec P ? Faut-il choisir ήμερώτεραι appuyé par l’accord du manuscrit ancien de Gadaldini, de la citation de Galien et du nouveau manuscrit de Paris ou ήπιώτεραι attesté par le seul manuscrit V ? Les deux adjectifs sont synonymes et sont attestés dans le traité ; voir VIndex verborum. Enfin, on peut voir dans la leçon fautive άνορθότερα de V une corruption de άναρθρότερα « (les corps) sont sans articulations visibles », comme l’a suggéré Heringa (p. 54) ; comparer c. 19, 5. Dans cette hypothèse, il faudrait lire ε’ίη αν < τ ά > ε’ίδεα μεγάλα κα'ι έωυτοΐσι παραπλήσια και άναρθρότερα, άνανδρότεραι δε και ήμερώτεραι αί γνώμαι, « les corps seront grands, proches l’un de l’autre et sans articulations visibles ; mais les esprits seront moins courageux et plus doux » ; voir déjà J. Jouanna, « Un nouveau témoignage... », p. 97, n. 28. La présence de άναρθρότερα aux côtés de μεγάλα pourrait trouver une confirmation dans la phrase suivante où παχεΐς correspond à άναρθρότερα, comme μεγαλόμορφοι reprend μεγάλα. 4. Présentation du quatrième tableau ; pays sec et dénudé. Le couple d’adjectifs λεπτά τε καί άνυδρα a été employé déjà au c. 13, 4, pour qualifier le sol (λεπτοϊσί τε και άνύδροισιν). L’adjectif λεπτός désigne une terre « légère » ; c’est le contraire d’une terre grasse et fertile ; voir Hésychius, s.v. λεπτόγεα- κακός άγρός· ή λεπτή γη καί μή λιπαρά. A propos de l’expression qui définit le climat de ce quatrième pays « où les saisons ne sont pas bien tempérées » (ούκ ευκρητα), Galien note dans son Commentaire à notre traité (IV, 8, 2 Strohmaier) que certains suppriment la négation. Mais il défend à juste titre le texte transmis.
P. 248. Suite de la note 3. changements de saisons) ». Mais l’idée que le climat est le facteur principal qui cause les différences les plus importantes de la nature humaine est implicitement très présente dans cette phrase, puisque la phrase suivante a pour sujet les autres facteurs qui expliquent les différences que connaît la nature humaine (sol, eaux). L’influence du sol, mentionnée ici après le climat comme cause secondaire des différences naturelles, a été citée sur le même plan que le climat au c. 13, 2 pour expliquer les différences entre les peuples (διά τάς μετα^ολάς των ώρέων καί τής χώρης τήν φύσιν). Quant au
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troisième facteur, les eaux, il a fait l’objet d’un très long développe ment dans la première partie médicale (c. 7 — c. 9). Pour le verbe de la proposition relative έν ή άν τις, deux variantes se dégagent de la diversité des témoignages, soit « être nourri, grandir » τρέφομαι (V où le verbe est occulté par une mécoupure, Lat., Gai. [Ar.]) soit « séjourner » στρέφομαι (Gai. Gloss, où στρέφηται est glosé par ενοικη). En faveur de τρέφομαι, on rapprochera c. 19, 1 ή χώρη... τρέφει.
P. 249. 3. Ce second tableau est opposé au premier, aussi bien pour la nature du sol, que pour les eaux et le climat. En particulier, à la terre riche en eau (εύυδρος) du premier tableau s’oppose ici la terre sans eau (άνυδρος). La variante άνυδρος, qui avait déjà en sa faveur l’accord de la traduction latine ancienne et de la citation du Quod animi mores de Galien (désormais confirmée par la traduction arabe ; éd. Biesterfeldt 63, 32 : dürr), est renforcée par le nouveau témoignage de P. Quelques éditeurs dont Ermerins, Kuehlewein, Jones, avaient déjà choisi cette leçon ; mais Heiberg et Diller sont revenus à la leçon de V άνώχυρος (qui était la leçon de la vulgate jusqu’à Littré compris). Le mot signifie « qui n’est pas fortifié »> et ici « qui n’est pas abrité » (Coray). En sa faveur, on pourrait alléguer c. 19, 3 τής γης ή φίλότ-ης, δτι ούκ έστιν άλέη ούδε σκέπη. Diller (ρ. 82) adopte dans le texte άνώχυρος, mais il traduit (p. 83) par « wasserarm »>, ce qui renvoie à άνυδρος. Pour le couple d’adjectifs ψιλή τε και άνυδρος, on comparera au c. 1, 5 την γην, πότερον ψιλή τε και άνυδρος et au c. 24, 6 καΐ άνυδρα και ψιλά. Du reste, le tableau du c. 24, 6 est comparable dans son ensemble à ce tableau final du c. 24, 9. 4. έκκεκαυμένη P ; κεκαυμένη V Gai. (cit.). Le composé est une lectio difficilior par rapport au simple ; comparer M aladies /, c. 29, Littré VI, 198, 16 = Wittern 84, 17 : εκκαιεται ΘLittré : καίεται M. 11 convient bien dans le passage, pour le sens comme pour le style. Pour le sens, on a affaire à un climat contrasté où le pays est accablé par l’hiver et « complètement brûlé » par le soleil. Pour le style, le composé établit une correspondance exacte dans le nombre des syllabes entre les deux membres de phrase antithétiques καΐ ύπο τοϋ χειμώνος πιεζευμένη // και υπό τοϋ ήλιου έκκεκαυμένη (12 syllabes + 12 syllabes, qui se décomposent dans chaque membre en 1 + 2 4- 1 + 3 + 5). La prose d’art, on le sait, n’est pas ignorée des méde cins.
NOTES COMPLÉMENTAIRES
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P. 250. 3. La conclusion est très brève, mais elle souligne la validité d’une méthode que l’on peut appliquer au reste des recherches à faire dans le domaine de l’influence de l’environnement sur l’homme ; comparer la fin du Pronostic, c. 25, Littré II, 190, 6-9 ( = Alexanderson 231, 6-8) ; « Il ne faut demander le nom d’aucune maladie qui ne soit pas inscrit dans ce traité ; car toutes celles qui se jugent dans les intervalles de temps indiqués, se connaissent par les mêmes signes » ; comparer aussi la fin de VAncienne médecine, c. 24, Littré I, 636, 2-5 = Jouanna, 153, 16-19 avec la note ad loc. Seule attestation dans le traité du terme Ιδέη qui a le sens courant de « forme extérieure », visible par les sens (cf. la racine *wid «voir») ; voir J. Jouanna, Hippocrate, Des vents, t. V ,l, CUF, 1988, p. 132, n. 4 (avec la bibliographie). S ’il faut faire ici une distinction entre φύσιες et ίδέαι, on verra dans φύσις la constitution interne et dans Ιδέη la conformation externe. Mais la souplesse du vocabulaire de l’auteur interdit toute analyse trop tranchée. Le sens d”ιδέη ne paraît pas différent de celui de είδος, beaucoup plus fréquent dans le traité.
INDEX VERBORUM *
αϊμαΧ.12, ΧΧΙΙ.5 αίμορροίη IV.3 άγαθός III.2 (bis), V II.l, VII.9, αίμορροίς ΙΙΙ.3 VII. l l , VII.12, VII.13, X.8, αίρέομαι ΧΧΙΙΙ.4 XXIV.5 {bis) αίρομαι VI.2 άγγεϊον VIII. 10, IX.2 αισθάνομαι Χ.8, ΧΧΙΙΙ.1 αγνώμων XVI.2 αΙτίη ΧΧΙΙ.2 άγονος X X II.6 αίτιος IV.3, VI.2, ΙΧ.4, ΧΙΙ.3, άγριόομαι IV.3, XVI.2 XIV.2, Χ ν ΐ.Ι,Χ ν ΐ.5 άγριος IV.3, ΧΙΙ.5, ΧΙΙΙ.3, ακάθαρτος VI.3 ΧΧΙΙΙ.3, XXIV.2, XXIV.9 άκολουθέω XXIV.7 άγριότης ΧΧΙΙΙ.3 άκόλουθος XXIV.9 άγρυπνος XXIV.9 ακοντίζω XVII.2 άγω VIII.4, IX. 1 άκόντιον XX. 1 αδύνατος IV.4 άκρατής Χ.5 αεί/αίεί VII.2, VII.3, VII. 12, VIII. 6, ΙΧ.2 (bis), XVI.2 (bis), άλέηνΐΙΙ.10, ΧΙΧ.3 ΧΙΧ.2 (bis), ΧΙΧ.4, X X I.l, άλίσκομαι IX.1, XXII.12 XXII.4, XXII.13, XXIII.3 άλλάpassim άθλον XVI.5 άλλήλους, -ας, -α 1.1, VIII.7, IX .2, αθροίζομαι VIII.7 X II.l(6 is),X IX .5 , XXIV.5 αθυμίη XVI. 1 άλλοϊος XXII. 7 Αιγύπτιος ΧΙΙ.7, XVIII.1, ΧΙΧ.1 άλλος V.4 {bis), VIII.4, VIII.6, Αίγυπτος X X .2 ΙΧ.2, ΧΙ.2, ΧΙΙΙ.3, XIV.2, άίδιος X IX .5 XIV.4, XVII.1, XVIII.1, ΧΧ.1, αΐδοΐον ΙΧ.4, ΙΧ.6 {bis), ΧΧΙΙ.13 ΧΧΙΙ.3, XXII.11, ΧΧΙΙΙ.1, ΧΧΙΙΙ.4, XXIV.9 αίθριη VIII.10 * Le terme précédé d’un astérisque n’est pas attesté dans les dictionnaires. Cet index a été confectionné à partir d’une indexation automatique {Indexator) réalisée par Daniel Béguin. Qu’il trouve ici l’expression de toute ma reconnaissance.
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άλλοτε IX.2 άνδρείη XVI.5, ΧΧΙΙΙ.3, XX IV .I άλλότριος XXIII.4 ανδρείος ΧΙΙ.6, XVI.4 (bis), XXIV.2, XXIV.3 αλλόφυλος XII. 7 άνδρόομαι XX II. 13 αλμυρός VII.13, VIII.3 άνεγείρομαι. ΧΧΙΙ.5 άλς VIII.3 (bis) άνεμος VIII.7 (bis) άλυκός 1.4, VII. 11, VII. 13, ΙΧ.2 άνεμώδης XXIV.5 άμα ΙΙ.3, IV.3, Χ.7 άνεπιτήδειος VI.4 άμαξα XVIII.2, XVIII.3 (bü), άνευ ΧΧΙΙ.3 XVIII.4, ΧΧ.2 άνέψανος VII. 13 αμαρτάνω X X II.7, XXIV. 10 άνήρ ΙΙΙ.3, IV.4, VII.7, ΙΧ.6, άμαρτίη XXII. 10 XVII.2, XVIII.4, XX I. 1 (ter), άμαυρόω ΧΧ1ΙΙ.3 ΧΧΙ.3 άμείλικτος ΧΧΙΙΙ.3 άνθηρός V.4 άμείνων V.4, VII. 11, ΙΧ.5, άνθρώπινος ΧΧΙΙ.3 XXIV.9 άνθρωπος 1.2,1.5, ΙΙ.3, ΙΙΙ.2, ΙΙΙ.4, άμφότερος ΧΙ.2 (bis) IV.2, IV.3, V.4 (bis), VI.2, XV passim VII.13, VIII.4 (bis), IX .l, Χ.3, αναγκάζω XIV.3, XIV.4 ΧΙΙ.2 (bis), ΧΙΙ.5 (bis), XIII.3, ανάγκη III. 1, IV.2, IV.3 (bis), XIII.4, XIV.5, X V .l, XV.2 V.3, VI. 1, VII.2 (bis), VII.9, (bis), XVI. 1, XVI.2, XVI.3, VII. 10, ΙΧ.2, ΙΧ.4, Χ.3 (bis), XVI.4, XIX. 1, XXII.2, XXII.9, X.IO, XII.7, XVI.4 (bis), XXII. 12, XXII. 13, XXIV.7, XVII.2, XIX.5 (bis), XXI.3, XXIV.8 XXIII.4, XXIV.4 άνίσχω 1.3, V.3 ανάγω VIII.2, VIII.3 αντί X X II.9 χνχ8ί8ομχι XII.5 άντίκειμαι IV. 1 ανάθημα XXII. 10 άντικόπτω VIII.7 άναλδής XV. 1 άνυδρίη ΧΙΙ.4 άναλκής XVI.3 άνυδρος 1.5, Χ.12, ΧΙΙΙ.4, άναλόομαι X. 12 XXIV.6, XXIV.9 άναμετρέω VIII. 10 άνωΐν.2, VI.2, ν ΐΙ.3 ,Χ ν.1 άνανδρείηΧνΐ.1,ΧΧΠ.7 ανώμαλος XIII.3 άνανδρος XXIV.5 άνώχυρος XXIV 9 (ν.Ι.) . άναξηραίνομαι VIII.11, Χ.3, Χ.12 άοίκητος XIX. 2 (ôw ),X II.4,XIX .5, X X . 1 άπαλλάσσομαι XV.2, XIX. 1. άναξυρίς XX II. 13 απαλός XIV.3 άναπλάσσω XIV.3 άπαξ VIII.9 άναρθρος ΧΙΧ.5 (e corr.), X X I V.8 άπας VII.9, VIII.3, VIII.4, Άναριεΐς XXII. 1 νΐΙΙ.11,ΙΧ.3, Χ.3, X .\2(del.), XII. 1, ΧΙΙ.3, X X . 1, ΧΧΙΙ.9, άναρπάζω VIII.2, VIII.3, VIII.4 XXIII.4 άνατίθεμαι X X II.10 άπειμι ΧΙΧ.4 ανατολή 1.3, III. 1, IV. 1, V.1, V.2, άπειρίη VII. 13 V.3, VII. 10, VII. 11 (quater), ΧΙΙ.3,Χ ΙΙΙ.1 άπειρος 1.3, II. 1
INDEX VERBORUM άπεργάζομαι 1.1, X X IV.3 άπλόος XVIII.3 άπό passim αποβαίνω X X II.7 άποδίδωμι ΧΧΙΙ.9 άποθνήσκω XVI.4 αποκρίνομαι VI.3 άποκτείνωνΠ.4,ΧνΠ.2 άπολεμίη XVI.4 (ν.Ι.) απόλεμος XVI. 1 άπόλλυμαι Χ.5, Χ.6 αποξηραίνομαι Χ.9, Χ.12 άποπαρθενεύομαι XVII.2 άπορέομαι II. 1 απορρέω X X II.5 άπόρρυτος VII.2 άποσβέννυμαι V.4 άποσήπομαι VIII.8 άποτελευτάω Χ.4 άποτος 1.5 άποτρέπομαι XVI.4 άποφθίνω X I.2 άποχράω XVIII.4 άποχωλόομαι X X II.4 άπτομαι ΙΧ.6, XX II. 13 άραιότης Χ.6 άργίη XVI.4 αργός XV.2 άργυρος VII.9 άρΟρονΧν.2, ΧΙΧ.5, XX. 1 άρθρόομαι X X .1, άρικύμων V.5 άριστεϊον X X III.4 άριστητής 1.5 άριστος VII. 10, VII. 11, VII. 13, VIII.8 άρκτος III. 1, V.2, VI. 1, ΧΙΧ.2 (ter) άρκτοϋρος Χ.12, ΧΙ.2 άρνυμαι XVII.2 αρπάζομαι VIII.6 άρρωστος VI.3 άρσην ΙΧ.6, ΧΙΧ.5 (bis), ΧΧ.2 αρχαίος VIII.9 αρχή VIII.2, XIV.2, XIV.3
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άρχομαι ΧΧΙΙ.5 αρωγός Χ.12 ασθένεια ΧΧΙΙ.5 ασθενής ΙΙΙ.2, V.5, Χ.5, XV.3, ΧΙΧ.2, XXI. 1 άσθμα ΙΙΙ.3 ’Ασίη XII. 1, ΧΙΙ.2 (bis), ΧΙΙ.4, ΧΙΙΙ.1, XV.3, XVI.3, XVI.5 (&w), ΧΧΙΙΙ.3, XX III.4 Άσιηνός XVI. 1, XVI.3, XVI.5, ΧΧΙΙΙ.2, XX III.4 άσκέω XVI.3 άστρον ΙΙ.2, Χ.2, ΧΙ.2 άστρονομίη II.3 άσφαλτον VII.9 άταλαίπωρος 1.5, ΧΧΙ.2, XXIV.8
άτενΐΐ.2, ΧΧΙΙ.4 ατελής XV. 1 άτερ XVIII.3 άτεραμνίη IV.4 άτέραμνος 1.4, IV.2, IV.4, VII. 11, ν ΐΙ.1 2 ,ν ΐΙ.1 3 (bis) άτοκος ΙΙΙ.3 άτονίη X X . 1 άτονος ΙΙΙ.2, ΧΙΧ.5 άτρεμίζω Χνΐ.2 αυθάδης XXIV.6, XXIV.9 αύξομαι ΙΧ.4, XIV.3 (bis), XVI.4, ΧΧΙΙΙ.3 αί;ξησιςΧΙΙ.3, XVII.3 αύρη VI.2, XV.3 αύτίκα VII. 11, Χ.5 αδτις ΧΧΙΙΙ.1 αυτόθι V.5, VI.3, ΧΙΙ.5, XV. 1 (bis), ΧΙΧ.3 αύτόνομοςΧνΐ.3, XVI.5, ΧΧΙΙΙ.4 αυτός passim αύτοϋ (adv.) VIII.3, \ III.6 (ait.) VIII. 7 αύχμηρός Χ.3, Χ.5, Χ.7, Χ.9, Χ.11 αύχμός ΧΙΙ.4, ΧΧΙΙΙ.1 ( Μ αφανίζω IV.5, VI.2, VII.8, VIII.4, VIII.9, VIII.11 άφέψομαι VIII.8
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άφίημι IX.4 άφικνέομαι 1.3, II. 1, VIII.4, IX. 1, X.12, XV.3, XIX.2, XXI.3, XXII.7 άχροος VI.3, VII.2 B βαδίζω VIII.4 βάδισιςΧ ν.1,Χ Χ .2 βαθύς VII. 10 βάρβαρος XV I.5 βαρύς VIII.3, VIII.7, VIII.11, XV.2 βαρυφωνίη VIII.8 βαρύφωνος VI.3 βασανίζω III.1 βασιλεύομαι XVI.3, ΧΧΙΙΙ.4 (bis)
βελτίωνν.4,Χνΐ.5 βήξνΐΙΙ.8, Χ.11
γαστήρ VII.3, VII.6, VII.8 (ter), Χ.5, ΧΧΙ.3 γεΙΙ.1,Χ Χ ΙΙ.2 γεηρός VII.10 γένεσις ΧΧΙΙΙ.1 γενναίος XIV.2, Χ Χ ΙΙ.9 γένος XVI.3, ΧΙΧ.1, ΧΧ.3, Χ Χ Ι.3,Χ Χ ΙΙ.13,Χ Χ ΙΙΙ.1 γεραιόςΧ.10 γή 1.5, VII.9 (bis), Χ.3 (bis), ΧΙΙ.2, ΧΙΙ.4, ΧΙΙ.5, ΧΙΙΙ.3, ΧΙΙΙ.4, XVI.4, ΧΙΧ.3 (bis), XX IV .8,X X IV .9(ôis) γίνομαι passim γινώσκω VIII. 10 γλαυκός XIV.4 (bis) γλυκαίνομαι VIII.6 γλυκύς IV.2, VII. 10, VII. 12, VIII.2, VIII.6, ν ΐΙΙ.9 ,ΙΧ .2 γνώμη ΙΙ.3, XVI.2 (bis), XVI.4, ΧΧΙΙΙ.3, XXIV.5 γόνος XIV.4, ΧΙΧ.5, ΧΧ Ι.2 (bis), ΧΧΙΙ.6, ΧΧΙΙΙ.1, ΧΧΙΙΙ.2 γυναικείος ΧΧΙΙ.1, ΧΧΙΙ.7 γυναικίζω X X II. 7 γυνή III.3, IV.4, V.5, VII.6 (bis), VII.8, Χ.3, Χ.4, Χ.5 (bis), Χ.6, Χ.12, XVI.4, XVII.2, XVIII.4, ΧΧΙ.2, X X II.l,X X II.7 (ô is)
βιάζομαι VIII.4, ΙΧ.4, IX .6, ΧΙΙ.4, XVIII. 1 βίαιος XV.3, ΧΙΧ.5 βιαίως ΧΙΙ.3 β ίη ΐν .4 ,ν ΐΙ .9 ,Χ ΐν .3 βληχρός XV.3 βορέης 1.3, V.4, ΙΧ.2, XV.3, ΧΙΧ.2 βόρειος VI.3, VII.11, Χ.3, Χ.5, X .7 ,X .ll,X .1 2 ,X .1 2 (ife/.) βούλομαι 1.1, V II.1, VII.12, VIII. 10, XII. 1, ΧΙΙΙ.4, ΧΧ ΙΙΙ.4δασύς 1.5, ΧΙΙΙ.3, XV. 1, X X IV.9 βοϋς XVIII.3, XVIII.4 δέ passim βράγχοςνΐΙΙ.8, Χ.7,Χ.11 δέδοικα ΧΧΙΙ.2 βραγχώδης VI.3, VII.2 δείκνυμι ΧΙΙ.1 (ν.Ι.) βραδύς ΧΧ.2 δείλη VI.4 βραχίων XVII.3, X X .1 δειλίη XVI.5, ΧΧΙΙΙ.3 βραχύς ΙΧ.1, ΙΧ.6, ΧΧ.2 δειλός ΧΧ ΙΙΙ.4 δεινός ΧΧΙΙΙ.4 δέκα XI. 1 δενδρώδης ΧΙΙΙ.4 γάλα IV.4, ΙΧ.5, XVIII.4 δεξιός Χ.6, ΧΙΙΙ.1, XVII.3 (ter) γάρ passim δεσμά (plur.) XIV.3
INDEX VERBORUM
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δεσπόζομαι XVI.3, XVI.5 διό ν ι.3 ,χ ν .ι δεσπότης XVI.4 (bis) διότι VII.3, ΙΧ.6 (del.), ΧΙΙ.7, δεύτερος VII.9,V11.11 Χ ΙΧ .4,Χ Χ ΙΙΙ.2, ΧΧ ΙΙΙ.3 διουρέω VII.9, ΙΧ.3 δέω (Β) 1.2, VII.3, VIII.8, Χ.7, ΧΙ.2 διπλόος Χ.3 δή XV.2 δίςΧΧΙΙ.7 διψηρός VII.3 δήλοςνΐΙΙ.3 διώρυξΧν.1 διά passim δοκέω ΙΙ.3, VII.8, ΙΧ.4, Χ11.1, διάβροχος Χ.3, ΧΙΙ.4 ΧΙΙ.7, XIV.5, XVI.3 (bis), διαγινώσκω Χ.1 ΧΧΙΙ.3, ΧΧΙΙ.4, ΧΧ ΙΙ.6 (6is) διαθερμαίνω Χ.5 δουλόομαι ΧΧΙΙΙ.4 δίαιτα 1.5, ΙΙ .2 ,Χ ν .1 ,Χ ν ΐΙΙ.4 δριμύςΧ.12 διαιτέομαι XVIII.2, XVIII.4, δρόσος VI.2 ΧΙΧ.2 δύναμαι 1.1, 1.3, VIII.11, ΧΙΙ.6, διακρίνω V II.12 ΧΧ.1, ΧΧΙ.2 διαλέγομαι XX II. 1 δύναμιςΐ.2 (b is),X X lllA διαλλαγή XXIV. 7 δυναστεύω ΧΙΙ.3 διαλλάσσω ΧΙΙ.1, ΧΙΙΙ.3, XXIII. δύνω 1.3, Χ.2 2, XXIV.1 δύοΧνΐΙΙ.3 διαλύω VII. 13, Χ.7 δυσεντερίη III.3, VII.4, Χ.3 (bis), διαμαρτάνω II.1 Χ.6 (bis) διαπλέω XV. 1 δύσις ΙΙ.2, V U , VII.11 (bis), ΧΙ.2 διάπυρος XVII.3 δυσμήΠΙ.Ι,ΐν.Ι,νΠ.11 διαρθρόομαι XXIV.9 δυσοίκητος ΧΙΧ.2 (ν.Ι.) διάρροια III.3, VII.4 διασκεδάννυμαι VIII.7 διαστρέφομαι XIV.4 διατήκω V II.13 έαρινός Χ.3 διαφέρω 1.1,1.2 (bis), ΧΙΙ.1 (bis), ΧΙΙ.2, XIV.1, XVI.5, XVII.1, έάωΧνΐ.2 XXIV.6 έγγίνομαι ΙΙΙ.4 (bis), IV.3, IV.5, διαφθείρομαι ΧΧΙΙ.6 V.3, VII.6, Χ.9 (bis), ΧΙΙ.6, ΧΙΧ.5, ΧΧΙΙΙ.2, ΧΧΙΙΙ.3 διάφορή Χ1ΙΙ.5, XV.3 εγγύς ΙΧ.6, ΧΙΙ.6, ΧΙΧ.2 διάφορος ΧΙΙ.5, ΧΙΙΙ.2, ΧΙΙΙ.5 (όί5),ΧΧΙΙΙ.1,ΧΧΙΙΙ.2,ΧΧΐν. εγείρω XVI.2 1, XXIV.2, XXIV.6 έγκαταδύνω VI.2 διαφροντίζω 1.3 έγκαταμίγνυμαι VI.2 διαχώρησιςνΐΐ.9, VII. 13 έγκέφαλος ΙΙΙ.4, Χ.3, Χ.6, Χ.7, διαχωρητικός VII. 13 Χ.11 δίδωμιΙΧ.5, ΧΙ.Ι,ΧΧΙΙ.10 εγχέω VIII.10 διερός XV.2 (ν.Ι.) έγώ ΙΙ1.1, ΧΙΙ.1, ΧΙΙ.7, XIV.5, XVI.3, XVI.5, ΧΧΙΙ.3, XXII. διέψω VI.2 4, ΧΧΙΙ.6 (bis), ΧΧ ΙΙΙ.4 διηγέομαι VII.1 εδρη ΙΙΙ.3, ΧΧ.2 διίημι ΙΧ.4
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έδωδόςΙ.5,ΐν.3, VII.3 Ιθνος X II.l, XIII.2, X IV .l, X IV .2,X V II.l(ôts) εΐ II. 1 (bis), II.3 (bis), VIII.8, VIII. 10, XIII.4, XIV.4, XVI.4, XXII.9, XXIV.4(6 i5) είδος III.2, V.4, X.3, XI.2, XII.5 (bis), XIII.5, XV.2, XIX.4, XIX.5 (bis), XX.2, XXIII.2, XXIV.2, XXIV.3, XXIV.4, XXIV.5, XXIV.6 (bis), XXIV. 7 είκη XXIII.4 είκός II.l, IV.3, V.2, VI.3 (bis), V II.1,V II.13,V III.8,X .2,X .3, X.5, X.6, X.IO, X .l l , XII.5, XII.6, XVI.2, XVI.4, X X I.l, ΧΧΠ.10, X X III.l, XXIV.2, XXIV.6 είμί passim εΐνεκα VII. 12 εΐπερ V.4 εις V.2 M d ) , XIV.3 ( M είτε 1.4,1.5 (bis), X .l (bis) ζν-Ι'ζ^passim Ικαστος I.l, 1.2 (6 1 5 ), II.l (bis), II.2 (ter), III.l, XXII.2, XXII.3, X X II.ll, XXIII.2 έκάστοτε V.3 έκάτερος XXII.5 έκδίδωμι XVII.3 εκεί ΧΙΙΙ.3, XX II. 12, XXIII.4, XXIV.6 έκεϊνος XIII.3, XV. 1, XXII.7 έκκαίω ΧΙΙ.4, XXIV.9 εκκρίνομαι VI.3, VIII.6 εκλείπω ΧΙΧ.2 έκττήγνυμαι VIII.9 έκπληξις XVI.2, ΧΧΙΙΙ.3 έκταράσσομαι ΙΙΙ.2 έκτηξις Χ.6 έκτρέφω XII.5 έκφύομαι XVI.4 έκών XI. 1, X X III.4 (bis) έλάσσων V.5, VIII.10
έλάχιστος ΙΙ.2, ΙΙ.3, XVIII.3, ΧΙΧ.1 ελειος Χ.8 έλκόομαι ΧΧΙΙ.4 έλκος IV.3, VII.7, Χ.9 έλκω ΙΧ.4, XVIII.3, Χ ΙΧ.4 Έλληνες XVI.5 έλος XV. 1 έλπίς Χ.4 ελώδης 1.4, VII.2, ΧΙΙΙ.4, XV. 1, XXIV.4 εμβάλλω IX. 1 έμβρυον VII.6 εμπίπτω VII.4, X X . 1 έμποιέω Χ.3 έμπονος ΧΙΙ.6 έμπόριον XV. 1 έμπυος IV.3 έμφύομαι V.4 έν passim έναντιόομαι VIII.7 έναντ'ος V.1, VII.9, VII. 13, VIII.7, XXIV. 10 ενδύομαι ΧΧΙΙ.7 ένειμι VIII.3 (bis), ΧΧΙΙΙ.3, XXIV.1, XXIV.3, XXIV.4 (bis), XXIV.8, XXIV.9 ένθυμέομαι 1.1,1.2,1.4, ΙΙ.1, Χ.1, ΧΙΙΙ.4, ΧΧΙΙ.7, XXIV. 10 ένιαυτός ΙΙ.2 lv to tV II.ll,X .6 ,X .ll,X .1 2 ένίοτε XV.3 έννοέομαι XI. 1 έννομος XVII.2 (ν.Ι.) έντασις IV.3 ενταΰθα VIII.7, ΙΧ.4, XVIII.2, XXIV.2, XXIV.8, XXIV.9 έντίθημι ΧΧΙΙΙ.3 έντονος IV.2, X X . 1, X X IV.6, XXIV.9 έντρέφομαι ΧΙΙ.5 ένυδρος XVIII.2 έξάγομαι VIII.4
IN D EX VERBORUM έξαίφνης ΙΙ1.4, VIII.7 (bis), Χ.3, Χ .6 ,Χ .7 έξάκυκλοςΧνΐΙΙ.3 έξήςΙΧ.3 εξίσταμαι VIII.6 εξουρέομαι ΙΧ.4 εξοχετεύω XVII1.2, XXIV .4 έοικα 1.1, V.5 (bis), VI.4, VIII.7, ΙΧ.2, X II.l, XII.5, ΧΙΙΙ.4,
361
επιχώριος 1.2, II.1, III.3, ΙΙΙ.5,
ΐν .1 ,ΐν .4 , XV.3, ΧΧΙΙ.2 έπομαι νΐ1Ι.11,ΧνΐΙΙ.4 επομβρίη XXIII.l έπομβρος Χ.3, Χ.5, Χ.9, Χ.10, Χ.11, Χ.12 (del.) έργάζομαι XVI.4, XXII. 1,
ΧΧΙΙ.7, ΧΧΙΙΙ.4
έργαστικός XXIV.9 έρευνάομαι II.2 χ ν ιιι.ι,χ ιχ .ι,χ ιχ .5 έρημίη XVIII.2 έπαινέω VII.10 έρημόομαι XVI .4 έπαιτιάομαι ΧΧΙΙ.7 έρχομαι XIV .4, ΧΙΧ.2, ΧΧΙΙΙ.4 επακτός IX. 1 ές passim έπαύξομαι XV. 1 εσθής ΧΙΧ.4 έπ είν ΐ.3 ,Χ Χ ΙΙ.9 έσθίω ΙΙΙ.2,ΧνΐΙΙ.4 έπειδάν 1.3, VIII.6, ΧΧΙΙ.7 έσπέρη VI.3 έπειτα 1.2 {bis), ΙΙΙ.3, IV.4, IV.5, έσφέρω VIII.10 V.3, VII.6, VIII.10, ΙΧ.4, ΧΙ.2, έτερος V.3, VIII.7, ΙΧ.1, ΙΧ.2 ΧΙ.2 (e corr.), XX.2, ΧΧΙΙ.4, (6is), ΧΙ.2 (6is), XVIII.4, X X II.5,X X II.10,X X IV .7 XX II.3(6is), XXIV.1(6Î5) επέχω V.3 ετησίαι Χ.4 επί passim έτι VII.8, VIII.4, VIII.6, XI. 1, έπιγίνομαι III.4, IV.4, VII.6, XIV.3, XVI.4, XVII.3, X X I.l, VII.7, Χ.3, Χ.4, Χ.7 (bis), Χ.9, Χ Χ Ι.2 ,Χ Χ 1 Ι.1 ,Χ Χ ΐν.1 Χ.12, ΧΧ.3 έτος 1.1, ΙΙ.2, ΙΙΙ.4, IV.3, Χ.1, έπιδημέω IV.3 Χ.2, Χ.10 έπιθυμίη X X I.l εύ Χ Χ ΐν .2 επικαίομαι XVII.3, ΧΧ .3 εΰγενής ΧΧΙΙ.8 έπικαταρρέω ΙΙΙ.2, Χ.6 εόδενδροςΧΙΙ.4 επικίνδυνος ΧΙ.2 ε0διοςΧ.2,Χ.5, ΧΙΙ.4 έπικρατέω ΧΙΙ.3 εόεδροςΧΧ.2 έπιλάμπω VI.2, VIII.4 ευθέως IV.3 έπιλανθάνομαι X X II.13 εύθηνέω ΧΙΙ.5 έπιμέμφομαι X X II.10 ευθύ ΙΧ.6 έπιμήνιος IV .4, X X I.2 εύκαρπος ΧΙΙ.4 έπινυκτίς ΙΙΙ.3 εύκρητοςΧΧΐν.5, XXIV.6 επιπίπτω ΙΙΙ.3, Χ.3, Χ.7 εύνουχίης XXII. 1 έπιτάμνω X X II.6 (ter) εύνουχοειδής XXII. 13 έπιτέλλω Χ.2 εύόργητος X II.2 έπιτήδειος IV.4, VI.4, VII. 11, εύοργος XII.2 (ν.Ι.) VII.12, ΧΙΙ.5, XIV.3 εύρίσκω VIII.10, Χ1ΙΙ.3, XVI.5, ΧΧ.1, XXIV.6, XXIV.7, έπιτολή ΙΙ.2, Χ.4, ΧΙ.2 XXIV.9 έπιτρέφομαι VII.2 εύροοςIV.2 ,IX .3 έπιφέρομαι VIII.7
εύρος XXIV.3 εύρύς IX . 6 {bis) Εύρωπαΐος XVI. 1, X X III.2 Ευρώπη X II.l, XII.2, X III.l, XV.3 (del.), X V II.l, X X III.l, X X III. 3, XX III.4 {bis), X X IV . l ευτραφής XII.5 εύυδρος XXIV.2, XXIV.5, X X IV . 8 εύχροος V.4 εύψυχίη XXIII.4 εύψυχος XVI.4, XXIII.3 εύώδης V.3, VII. 10 έφθός XVIII.4 έφοράω VIII.4 εφυδρος 1.5, XIII.4 εχω passim Ιψω VII.13 (5 ί 5 ) ,ν ΐΙ Ι . 6 (όί5 ) έωθεν VI.2 έωθινόςν.3, VI.2, VI.4 έως IV.5, VIII.7, XVII.2 {bis), ΧΧ.2 έωυτόν -ήν -ό 1.1, VII.11, IX .4 {bis), ΧΙΙ.5, ΧΙΙΙ.2, XVI.3, XVI.5 {ter), XVII.2, X V III.l, X IX .l, XIX.4, XXII.2, XXII. 7, X X III.l, XXIII.2, XXIII.4, X X IV .5,XX IV .6
ζεύγος XVIII.3 ζημίη XVI.5, XXII.IO ζητέω I.l ζώω X.5
ήδομαι 1.5 ήδονή X II.7 ήήρ V.3 {bis), VI.2, VI.3, VIII. 6 {bis), XV. 1, XV.2, XIX.2, XIX.4 ήθος IV.3, XII.2, X V I.l, XXIII.3, XXIV.5, X X IV . 6 {bis), XXIV. 9 ήκιστα VII.13, X.4, XII.5, X IX .l, X X I.l, XXIII.4, XXIV.2 ήλικίη IV.5 ήλιόομαι III.4 ήλιος 1.3 {bis), III.l, IV .l, V.l, V.2, V.3 {bis), VI.2 {bis), VII.2, VII. IO, V II.ll, VIII.2, VIII.3, VIII. 4 {sexties), VIII.6 , X.3, X . 8 {bis), XI.2, XII.3, X III.l, X V .1 ,X IX .2 ,X X .3 ,X X IV .9 ήμέρη VI.4, X I.l, XI.2, XIX.2 {bis) ήμερος IV.3, XII.2, XV I.l, XXIII.3, XXIV.5, XXIV.9 ήμερότης ΧΠ.3 ήμερόω XII.5 ήν II.l, III.4, III.5, IV.4, V.2, V.4, IX. 5, X.2, X.3, X.4 {bis), X.5, X . 9 {ter), X.IO, X .l l , X.12, X.12 {del.), XIII.5, XIX.2, XIX.5, X X II . 6 ήπερ XVII.2 ήπίαλος III.3 ήπιος XI1.2, X V .l, XXIII.3 ήρ V.5, X.2, X.3 (015), X.5 {bis), X . 7 (ôi5 ), X .I2 {del.),X lL6 ήσσον IX.5, X . 8 , X X II. 8 , XXII.IO, XXIV.3 ήσυχίη XXII.7, XXIII.3 ήώς VI.1,XII.3
H T,passim ή {adv.) VIII.7, XIV.5 ήβάω IV.5 ήγέομαι XIV.2 ήδη XXII.9
363
INDEX VERBORUM
AIRS, EAUX, LIEUX
362
θανατωδής VII.4 θαυμάζομαι ΧΧΙΙ.9 θαυμαστός ΧΧ.2 θείος VII.9, ΧΧΙΙ.3 {ter), ΧΧΙΙ.9, XXII.11 θεός ΧΧΙΙ.2, ΧΧ ΙΙ.7, ΧΧΙΙ.9, XXII.IO θεραπείη II. 1 θερινός IV.1 {bis), V .l, VII.IO, V II.ll {bis), XI.2, X III.l, XIX.2 θερμαίνω IX.4, XIX.2 θερμός 1.2, III.l {bis), IV .l, IV.5,.V.2, V.3, V.5 {bis), V I.l, VII.2, VII.3, VII.9 {bis), VII.IO, IX.2, IX.5, X.3, X.7, XII.4 {bis), X V .l {bis), XV.3, X V I.l, X V III.l, XIX.2, XXIV.3 (fei5), XXIV .8 θερμότηςΧ . 6 θέρος II.2, III.l, IV.3, VI.2, VII.2, VII.3, VII.4 {bis), VII.IO, X.2, X.3, X.7, X.9, X.IO, X .l l , X.12 {del.), XIX.2, XIX.4, X X III.l, X X IV . 8 θέσις 1.3, V U , VI.4 θηλύνω X V .l θήλυς IX . 6 , X IX.5 {bis), XX .2 θηρίονΧΙΙ.7,ΧΙΧ.1,Χ ΙΧ.3 θηριώδης XXIV.2 θολερός VIII . 6 θολόομαι VII.2 θολώδηςνΐΙΙ.9, IX .4,IX .5 θυμοειδής X II. 6 , XVI.2, XXIII.3 θύω (A) XVII.2, XXII.IO I ίάομαι X X II.5
Θ θάλασσα VIII.3 θάλπος X X III.l θάνατος Χ.4, XVI.4
ΙδέηΧΧίν.ΙΟ Ιδιογνώμων XXIV . 6 , XXIV.9 ίδιος II.2 Ιδίω VIII.4 ίδρόω VIII.4 {bis)
ίδρώςνΐΙΙ.4 Ιερός Ι Ι Ι.3 ,ΐν .3 ,Χ ν ΐΙ.2 ίησιςΧ Χ ΙΙ . 6 ’ιητρική 1.1, ΙΙ.3 ίκμάς VIII.4 ίκνεομαι VII.7 ίκτερος XV.2 Ιλύς IX .2 ίμάτιον VIII.4 {bis) ίμερος X X II.13 ίνα (Α) VIII.10 ίππάζομαι XVII.2 {bis), Χ Χ ΙΙ. 8 , ΧΧΙΙ.12 ίππάκη XVIII.4 ΙππασΙη ΧΧ.2, ΧΧ1Ι.4, Χ Χ ΙΙ . 8 ίππος XVII.2, XVIII.4 {quater), ΧΧ.2, ΧΧΙ.1, ΧΧΙΙ.4, ΧΧΙΙ.13 Ισημερίη ΧΙ.2 Ισομοιρίη ΧΙΙ.3 Ισχιαδικός IX. 1 ΙσχιάςΙΧ.1, ΧΧΙΙ.12 Ισχίον ΧΧ.1 {del.), ΧΧ ΙΙ.4 ισχνός ν ΐΙ .3 ,Χ Χ ΐν .9 Ισχνότης ΧΧΙ.3 Ισχυρός IV.3 {ter), VII.3, ΙΧ.2, ΙΧ.4, X V .l, XVI.2, X IX .4 (6 1 5 ) X X III.l ισχύς IX.2, XVII.3, Χ Χ ΙΙ . 8 Ισχύω ΙΙΙ.4, ΙΧ.2, XIV.5 ίσχω IV.4, VII.6 , VIII.5, VIII.8 , ΧΧΙ.3
Κ καθαίρομαιΧ.7 καθαρός ΙΧ.4 κάθαρσις IV.4, VII.6 , ΧΧΙ.2 καθεύδω ΧΧΙΙ.5 κάθημαι ΧΧ.2 καθίζω VIII.4 καθίσταμαι VII.4, VIII.9 καί passim καιρός II.2, Χ.2
364
AIRS, EAUX, LIEUX
καίτοι XXII.9 καίω VII.2, VIII.6, XI. 1, X.3, X X .l{b is) κακόομαι XIV.3 κακός V II.l, XXII.8, XXII.12, XXIV.8 κάκωσις X IX .5 καλάμινος XV. 1 καλέομαι IV.3, XV II.I, XVIII.2 (bis), XXII. 1 καλός Ι.4„ ΧΙΙ.2, ΧΙΙ.4, ΧΙΙ.5 (ter) καλώς ΙΙ.1, Χ.8 (bis), XXIV.8 κανονίης XXIV.3 καρπόομαι XVI.4 καρπός ΧΙΙ.5, Χ ν .Ι,Χ Χ .1 κάρτα XXIV.8 καρτερόςΧνΐ.3, ΧΧΙΙΙ.1 κατά passim καταγινώσκω X X II.7 κατάδηλος XV.2 καταλαμβάνω XVII.2 καταλάμπω V.3 καταλεπτύνομαι VII.3 καταμίγνυμαι VIII.6 καταρρήγνυμαι VIII.7 (bis) κατάρροος ΙΙΙ.4, Χ.6 (bis) κατάστασις ΧΙ.2, ΧΙΧ.5 κατεργάζομαι XIV.3 κατέχω 1.2, ΙΙΙ.4, ΙΙΙ.5, IV.4, VI.2, Χ ν .1 ,Χ ΙΧ .2 κατισχ(ν)αίνω VII.3 κατότι ΙΙ.2, VII. 13 κάτω ΐν.2, VII.3, X V .1,X IX .5 καύμα Χ.3, Χ.7 καΰσος ΙΙΙ.4, ν ΐΙ.5 ,Χ .1 0 καυσο)δης VII.9 κέγχρων XV.3 κέδμα ΧΧΙΙ.4, ΧΧΙΙ.12 κέομαι 1.3 (bis), ΙΙΙ.1, V.1, V.2, V.5, VI.1 (bis), Χ.8 (bis), ΧΙΙ.3, ΧΙΙ.4, ΧΙΧ.2, XXIV.8
κέρας XVIII.3 (bis) κεφαλαλγίη X .l l κεφαλή ΙΙΙ.2 (ter), ΙΙΙ.4, IV.2, Χ.6, XIV.2(ier),XIV.3(6w ) κήλη VII.7, IX .l κηλήτης IX .l (ν.Ι.) κινδυνεύω XVI .5 κίνδυνος ΙΙ.2, Χ.4, Χ.9, XVI.4 (6 is),X V I,5 ,X X III.4 κιρσός VII.7 κληίς VII.3 κνήμη VII.7 κοιλίη ΙΙ.3, ΙΙΙ.2, ΙΙΙ.4, IV.2, IV.3 (bis), VII.3, VII.5, VII. 12, VII. 13 (ter), ΙΧ.3, ΙΧ.4, ΙΧ.5, Χ.3, Χ.9, XI. 1, Χ ΙΧ.5 (bis), Χ Χ Ι.1,Χ Χ Ι.2 κοίλος 1.5, XXIV.3 κοινός 1.2, ΙΙ.1 κόπος ΧΧΙΙ.13 κόπτομαι XXI. 1 κόρυζαΧ.7,Χ.11 κουνΐΙΙ.7 κοϋφος VII. 10, VII. 12, VIII.2 (bis), VIII.4, VIII.6, VIII.9, VIII. 11 κουφότης VIII.3 κραιπάλη ΙΙΙ.2 κρατέωΙΧ.2, ΧΙΙ.7 κρέας XVIII.4 κρέμαμαι ΧΧΙΙ.4 κρηναίος XX I V.4 κρήσις X II.3 κρίνομαι X I.2 κρύσταλλος VIII.9, VIII. 11 (bis), ΧΙΧ.2 κτάομαι ΧΧΙΙ.8, X X II.9, ΧΧΙΙ.10 κτήνος ΧΙΙ.5, XVIII.4 κυλινδέομαι ΙΧ.4 κύστις ΙΧ.3 (ter), IX. 4 (bis), ΙΧ.5, ΙΧ.6 κύων ΙΧ.4, X. 12, ΧΙ.2 κωλύω V.3, V.4, ΙΧ.4, XIV.4, ΧΙΧ.3
365
INDEX VERBORUM Μ
μαζόςΧνΐΙ.3(όί5) λαγνεύω ΧΧΙ.1, ΧΧΙΙ.12 Μ α ιώ τιςΧ ΙΙΙ.Ι,Χ νΐΙ.1 λαμβάνω ΧΧ ΙΙ.4 Μακρόβιος IV.3, VII.7 λαμπρός V.3, VI.2 (bis), VII. 10, μακροκέφαλος XIV. 1, X IV.4 (bis) VII. 12, VIII.2, VIII.6, VIII.9, μακρόςΙΧ.1,Χΐν.2 ΙΧ.5,Χν.2 μάλα 1.2, ΙΙ.1 (bis), ΙΙΙ.2, IV.2, λαμπρόφωνος V.4 IV.3, V.4, V.5, VI.2, VI.4, λανθάνω II. 1 VII.7, VII.10 (bis), V II.ll, λαπαρός XXIV .4 VII. 12 (bis), VII.13 (ter), λέγω ΙΙ.2, ΧΙΙ.1 (bis), XIV.1, VIII. 7, VIII.IO (bis), IX .l, XVI.5, XXII.11 (bis), ΧΧΙΙΙ.4, IX. 4, X.3, X.8, X.12, X I.l, XXIV. 1 XI.2 (quater), XII.5, XIII.2, λειεντερίη Χ.9 XV I.l, XVI.2, X X .l (bis), λειμακώδης ΧΙΙΙ.4, XVIII.2, XX II. 9, XXII.IO, XXII.12, XXIV.3 X X III. 2, XXIV.3, XXIV.9 λειμών ΧΙΙΙ.3 μαλακίη X X .l λείος XXIV.5 μαλακός V.3, VII.12, XIV.3, λείπομαι VIII.3, VII1.6, VIII.9, XXI.2 Χ.12 μαλακότης X X L 1 λεπτός VII.3, VIII.2 (bis), VIII.3, VIII. 4, VIII.11, ΙΧ.4, Χ.5, μαλθακός 1.4, XXIV.8 μανθάνω II.3 Χ ΙΙΙ.4,ΧΧΐν.6, XXIV.8 μανιώδης VII.5 λευκός VII.6, VII. 10, XXIV.3 μάχιμος XVI.3, XVI.5, XX III.4 λευκότης ΧΧ .3 μάχομαι XVII.2 λήγω ΧΙ.2 *μεγαλόμορφος XXIV.5 λιβρός XV.2 μέγας III.4, VII.3, VII.6, VIII.4, ΛίβυςΧΙΙ.7 IX .l, IX.4, X.7 (add.), X I.l, λίην ΙΧ.3, ΙΧ.5, Χ.2, Χ.12, ΧΙΙ.4, XI.2, X II.l, XII.2, XII.5, ΧΙΧ.2 XIII.3 (bis), XIII.5, X IV .l, λιθιάω IX .1, ΙΧ.4, ΙΧ.5 (bis) XV.2, X V I.l, XVI.5, XVIII.2, λίθος ΙΧ.6 XIX.3, XIX.4, X X .l, XXI.3, λιμναίος VII.2, VIII.3 X X III. 1, XXIV.2 (bis), λίμνη ιχ .ι,χ ιιι.ι,χ ν ιι.1 XXIV. 3, XX IV .5,X X IV .7 λιμνώδης Χ.8 μέγεθος XII.5 (bis), XV.2, XIX. 1, λόγος ΙΧ.2, Χ.2, Χ.12, ΧΙΙ.1, X X III.l, XXIII.2, X X IV .l XIV. 4, XVI.3, XVIII.1, μεθίστημι II.3, XI.2 ΧΧΙΙΙ.3 μελαγχολίη X.12 λοιπός VI.2, VII.1, ΙΧ.2, Χ.6, XV. 2, XVI.4, XVIII.1, ΧΙΧ.1, μελαίνομαι VIII.7 μελανόθριξ XXIV.3 ΧΧΙΙ.9, ΧΧΙΙ.12, ΧΧΙ1Ι.1, μέλας XXIV.3, XXIV.6 XXIV.10 μέλλω II.2(6 îs) ,X .1, X I.l λόφος VII.10 μέν passim λύω VIII.10
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INDEX VERBORUM
AIRS, EAUX, LIEUX
μέντοι XXIV.4 μένω IX.5, XVIII.4 μέρος II.3, VI.3, VII. 1, XXIV.3 μέσος VI.4, ΧΙΙ.3, ΧΙΙ.4 μετά VII.6, ΧΧΙΙ.7 (bis) μεταβάλλω II.3, XXIII.3 μεταβολή 1.1, II.2 {bis), ΙΙΙ.4,
μήτε Χ.2 (bis), Χ.3, Χ.12 (bis), XI. 1 (ter), ΧΙΙ.7 (bis), XXII. 13 μήτηρ XVII.3 μήτρη ΧΧ Ι.2 (bis) μηχανάομαι XV. 1 μικρός IV.5, ΙΧ.4 μϊξις XXI. l(6is), ΧΧΙΙ.13 μόλις VII.6 ΙΙΙ.5,ΐν.4, νΐ.4,Χ .7,Χ.8,Χ Ι.1 μονόξυλος XV. 1 (bis), ΧΙΙΙ.2, ΧΙΙΙ.3, XVI. 1, μορφή ΧΙΙ.1, ΧΙΙΙ.5, XIV.4, XVI.2, XVI.5, ΧΙΧ.4 (bis), XV.3, XVIII.1, ΧΙΧ.1, XXIII. X X III. l, XXIV.2, XXIV.6 ι,χ χ ιν .ι,χ χ ιν .5 (bis) μοϋνοςνΐΙΙ.3, ΧΧΙΙ.9 μεταλλαγή X X III.l, ΧΧΠΙ.2 μοχθηρός VII.9 μεταλλάσσω XIII.5, XV.3, X IX .4 μυόομαι VII.3 μετανάστασις ΧΧ.2 μεταξύ ΙΙΙ.1, IV.1, V.1, V.2, Ν V II. ll(ie r) μετάστασής XVI.2 νέος IV.3, VII.2, VII.5 μεταφυτεύω X II.5 νέφος VIII.7 (bis) μετέρχομαι XVIII.4 νεφρΤτις IX. 1 μετέχω III.5, VI.3, XVI.2, νηδύςνΐΙ.12, ΧΙΧ.5 XX IV . 3, XXIV.9 νήπιος XVII.3 μετεωρίζομαι VIII.6 νίκη ΧΧΙΙΙ.4 μετεωρολόγος II.3 νίτρον VII.9 μετέωρος 1.4, 1.5, III. 1, VII. 10, νομάςΧνΐΙΙ.2,ΧΧ.1 VIII. 7, ΧΙΧ.2, XXIV.8 νομίζω ΙΙΙ.3, ΙΙΙ.4, IV.3, VII.9, μετοπωρινός XI.2 VII.13, VIII.11, ΧΙ.2, ΧΧ.2, αετόπωρον VI.4, Χ.2, Χ.4, Χ.10, ΧΧΙΙ.7, ΧΧΙΙΙ.2, ΧΧΙΙΙ.3 Χ.11 νόμος XIV. 1, XIV.2 (bis), XIV.3 μέτριος V.3, Χ.2 (bis), XIV.4, XIV.5, XVI.3, μετριότης V.5, ΧΙΙ.6 XVI.4, XVII.2, XVIII.4, μετρίως XVIII.2 XXIII. 4 (bis), XXIV.3 μέτρον VIII. 10 νοσερός III.3, V U , X .l, X.IO, μέχρι X III.1 XIV. 4 (ÔÎ5) μέχρις XVII.2 νόσευμα IV.3 {bis), V.5 {bis), μή passim VI.3, VII.4, VII.5, VII.11,X.7, μηδέ II. 1, ΙΧ.3, Χ.7, XVI.3, X.9,X .12, XI.2, XX II.9 X X III.l νοσέω XXII.4 μηδείς VII.12, ΧΙΙ.1, ΧΙΙ.3, νόσημα II.l, II.2, III.3, III.4 {bis), ΧΧΙΙ.7, ΧΧΙΙ.13 III.5 {bis), IV.4, VII.3, IX.2 μηκέτι XIV.4, XVIII.4 νοσώδης VII.1, X.5 {bis) μήκος XIV.2, XIV.3 (bis) νότιος V II.ll, X.3, X.5, X.7, μηκύνομαι VII.4 X.IO, X .l l , X.12 {deL), XII.4, μήπω VIII.7 XV. 3
νότος 1.3, IV .l, V II.ll, IX.2, X.3 νοτώ δηςνΐ.3,Χν.2 νοϋσος II.l, III.3 {bis), III.4, IV.3, V.4, VII.12, X.9, XIX.5, X X II.5 ,X X II.ll νυκτοειδής VIII.6 νυν XIV.2, XIV.5
ξανθός XXIV.6 ξηραίνω VII.12, VII.13 ξηρός VII.3, X.6 {bis), X.12, X.12 (iie/.),XIII.4 ξηρότης IV.3, X.6 ξυγκαίω VII.12, IX.5 {bis) ξυγκλείομαι XXI.2 ξύλινος XV. 1 ξυμβάλλομαι V II.l, XIV.2 ξυμμίγνυμαι VIII.5, ξυμμίσγομαι IX.2 ξύμπας XII.2 ξύμπηξιςΧΙΧ.5, ΧΧΙΙΙ.2 ξυμφέρω VII.12, Χ.12 ξυμφράσσομαι ΙΧ.3 ξυνάγομαι VIII.5 ξυναρμόζω ΙΧ.4 ξυναρπάζω ΧΧΙ.2 ξύνεσις V.4 ξυνέψωΙΧ.4 ξυνίσταμαι V II.13, VIII.7, ΙΧ.4, Χ.3, Χ.7 ξύννομος ΙΙΙ.1 ξυντείνω X X . 1 ξυντετραίνομαι ΙΧ.6 ξυντήκομαι VII.3 ξύντροφος VII .3 ξυστρέφομαι VIII.7 {quater), ΙΧ.3, ΙΧ.4
Ο ό, ή, τό passim δδε 1.1, ΙΙΙ.3, IV.3, ΧΙ.2
367
όδμήνΐΙ.2,νΐΙΙ.5,νΐΙΙ.8 οδύνη ΙΧ.4 δθενΧΙΧ.2 οΐδαΙΙ.1(όΪ5), ΙΙ.2 {bis) οίδέω VII.6 οίδημα VII.6 οΙκέτις X X I.3 οίκέω XVII. 1, XVIII.2, ΧΧΙΙΙ.3, ΧΧΙΙΙ.4, XXIV.2, XXIV.5 ο’ίκημα XV.1, XVIII.2, XVIII.3 οίνος VII. 10, ΙΧ.5 οίος ΙΙΙ.4, IV.3, VII.7, VII.9, VII.10, ΙΧ.2, Χ.3, ΧΙΧ.3, ΧΙΧ.4, ΧΙΧ.5, Χ Χ .2 {bis), X X I. 1(6Î5), ΧΧΙΙ.7, XXII.11 όκοΐοςΐ.5, ΙΙ.1, ΙΙ.2, Χ.1 όκόσος ΙΙ.2, ΙΙΙ.2, ΙΙΙ.4, IV.1, V.1 {bis), V.2, V.3, VI.1, V II.l, VII.2, VII. 10, V II.ll {bis), VII. 12 {bis), VII.13 {bis), VIII. l, VIII.3, VIII.4 {bis), IX . l, IX.3, IX.4, X.5 {bis), X.8 (6is), X II.1,X II.5, X I V .1 (M , XVI.4, XVI.5, XXIV.2, XXIV. 3, XXIV.5, XXIV.6 όκόταν III.4 {bis), IV.3, IV.4, VII. 8 {bis), VIII.4, VIII.7 {bis), VIII. 9,VIII.10, IX .4(ier),X .3, X . 7, XII.3, XIV.3, XV.3, XVIII.4, XIX.2, X X .l, X X II. 5,X X II.7 δκου III.4, VII.9, IX .l, XIII.3 {bis), XVI.3, XIX.4, XXII.12, X X III. 4, XXIV.6, XXIV.8, XXIV. 9 δκως 1.3, III.l, V III.l, XVI.3, XX. 2 όλιγάκις XIX.2 ολίγος IV.3, IV.4, VII.IO, X IV .l, X V .l, XIX.2 {bis), XIX.4, X X I. 2, XXII.9, XXII.IO όλιγοχρόνιος ΠΙ.4 δλος XX III.4 ομαλός XIII.3
368
INDEX VERBORUM
AIRS, EAUX, LIEUX
δμβριος VII.2, V III.l, VIII.2, VIII.5 (iie/.),V III.ll,X X IV .4 δμβρος VIII.7, X.3, XII.4, XV. 1 (bis), XXIII. 1 όμιλίη XIV.5 ομίχλη VIII.6 δμμα IV.3 δμοιος vel όμοιος XIV.2, XVI.4, Χ ΙΧ .4 {ter), ΧΧΙΙ.3, ΧΧΙΙΙ.2, XXIV.5 ομοίως VIII.4, ΙΧ.6, ΧΙΙ.4, ΧΙΙΙ.3, XIV.5, XXII. 1, ΧΧΙΙ.9, Χ Χ ΙΙ.11,ΧΧΙΙ.12, XXIV.3 ομόφυλος ΧΙΙ.7 όνομάζω XV.3 δξύς ΙΙΙ.4, IV.3, Χ.3, Χ.12, ΧΧ.3, XXIV.8, XXIV.9 (bis) ότο)νίκα Χ.7 δπισθεννΐΙΙ.7,Χ ΧΙΙ.5 δπου VIII. 10 δπως XVI.3 όργή V.4, XVI.2, XXIV.6, XXIV.9 όρεινός XXIV.2 ορθός II.2 όρθώς 1.1 όρμάομαι VIII.7 δρος ΧΙΙΙ.3, ΧΙΙΙ.4, ΧΙΧ.2 (ter) δροςΧΙΙΙ.1 δρχις IV.5 δς passim δσος ΙΙ.2, VII. 1, VII.9, ΧΙΙ.4, ΧΙΙ.5, XVIII.4, ΧΧ.1, ΧΧΙΙΙ.4 δσπερ ΧΙΙΙ.3 δστις Ι.1 ,1.3 (quater), III. 1, VI.2, VII.I2 (bis), XVI.2, X X I.l, XXIV.4 όσφϋς X X . 1 δταννΐΙΙ.4, VIII. 10, ΧΧΙΙ.5 δτι ΙΙ.3, VI.2, VI.3, VI.4, VIII.5, ν ΐΙΙ.11,ΙΧ .3, ΙΧ.5 (bis), ΙΧ.6, XII.3, XVI. 1, XVIII. 1 (bis), XVIII.2, X IX .l, ΧΙΧ.3, ΧΧ.2, XXII. 10, XX II. 13, XXIII. 1, ΧΧΙΙΙ.4
ού, ούκ, ουχ passim ούδαμά vel ούδαμώς XVIII.1 ούδέ 1.3 (bis), ΙΙΙ.2, IV.3, XV.2, ΧΙΧ.3, Χ ΙΧ .4 (bis), ΧΙΧ.5, ΧΧ.2, ΧΧΙΙ.3, XXIV.3, XXIV.8 ούδείς 1.1, VI.3, ΙΧ.3, XIV.2, XV.2, ΧΧ.1, ΧΧΙΙ.3 (bis) ουδέποτε X IX .2 ούκέτινΐΙΙ.9, XIV.5 (bis) ο5ν IV.5, VII.2, VIII.7, VIII.11 (bis), ΙΧ.2, ΙΧ.6, Χ.6, ΧΙΙ.1, ΧΙΙ.7, XIV.4, XIV.5, XVIII.4, ΧΧΙΙ.2, ΧΧΙΙ.6, ΧΧΙΙ.13, ΧΧΙΙΙ.4, XXIV.3 (bis), XXIV. 7 ούράνιος ΧΙΙ.4 ούρέω ΙΧ.4 {bis), ΙΧ.5 οδρησις ΙΧ.4 ούρητήρ ΙΧ.6 (ter) οΰρον ΙΧ.4 (ter), ΙΧ.5 (bis), ΙΧ.6 οδςΧΧΙΙ.5, ΧΧΙΙ.6 ούτε II. 1 (bis), VI.3, ΙΧ.6 (bis), ΧΙΙ.4 (ter), ΧΙΙ.4 (add.), XV.3 (bis), X V I.l (bis), XVI.2, X X .l (bis), X X I.l, XXI.2 ούτος passim οΰτω 1.2, V.5, VII.IO, VII.12, VIII.7, IX.5, X.2, XIII.4, XIV.3 ούτως II.2, V III.ll, IX.4, IX.5, X. 12, XI.2, XII. 7, XIV.5, XV.3, XVI. 5, XVIII.4, XXII.13, XX III.4(6i5),X X IV .I0 όφθαλμίη III.4, IV.3, X.3, X.6
(ôw),X.I2,X.12( στάσις VIII.7 VII.12 (bis), VII.13, XXIV.6, XXIV.9 συστρέφομαι ΙΧ.5 σκληρότης IV.3, IV.4, VII.5 συχνός VIII.10 σκοπέω III.l, X I.l σφαιροειδής XIV.3 Σκύθης X V III.l, XVIII.2 (bis), σφάκελος Χ.11 X X . l, X X II.l, XX II.8, XXII. σφεϊς ΧΙΙΙ.5, ΧΧΙΙ.5, ΧΧΙΙ.7 9, XXII. 11, XXII. 13 (6is) σφόδρα IV.4, V.5, VI.3, XV.3, Σκυθικός X V II.l, X IX .l, XX.3, ΧΙΧ.2, ΧΧ ΙΙ.4 X X I. 3 σώζομαι VIII.4 σπαργανόομαι XX.2 σώμα IV.3, VIII.4, Χ.3, Χ.7, σπάσμαIV.4 XIV.4, XV.2, XVI.2, ΧΙΧ.4, σπασμός III.3 Χ Χ .1,Χ Χ ΙΙΙ.3
372
AIRS, EAUX, LIEUX
τακερός VII. 13 ταλαιπωρέω XV.2, XVI.4, XVI. 5, X IX.4 ταλαιπωρίη XXI.3, XXIII.3 (bis) ταλαίπωρος XII.6, XIX.4, XX IV .2,X X IV .3 τάμνω/τέμνω X I.1, XXII.5 ταύτη (adv.) VIII. 11, ΧΙΙΙ.2, ΧΙΧ.2 (e corr.) ταχύς VIII.5 (bis), X.9, XIV.3 τε passim τεκμαίρομαι XXIV. 10 τεκμήριον VIII.4, V III.ll, IX.5, X V I.5 ,X X .l, XXI.3 τελευτάω X.9, XIX.2 τεσσαράκοντα X.IO τεταρταίος VII.4, X.4 (bis) τετραίνομαι IX.6 τετράκυκλος XVIII.3 τεχνάομαι XVII.3, XVIII.3 τέχνη ΙΙ.2, XXIV.8, XXIV.9 τέχνημα XIV.3 τήκομαι VII.13 τηνικαϋτα Χ.7 τίθημινΐΙΙ.10, XVII.3 τίκτω IV.4 (bis), V.5, VII.6, Χ.5 (bis), ΧΙΙ.5 τιμάομαι X X II.9 τιμή ΧΧΙΙ.10 τις passim τίς Χ ΙΙ.1 ,Χ ΐν .4 τιτρώσκω III.3, IV.4, Χ.5 τοίνυν VII.9, ΧΧΙΙ.6 τοιόσδεΧΧΙΙ.5, XXIV.4 τοιοϋτος passim τοκετόςIV.4 τόκος VII.6, VII.8, Χ.5 τοξεύω XVII.2 τόξον XX . 1 τοσοϋτος XVIII.4 τό τενΐΙΙ.7(όΐ5),Χ ΙΧ .2 τρεις XVII.2, XVIII.3
τρέφω IV.4, ΧΙΧ.1, XXIV.7 τ ρ η χ ύ ςΧ Χ ΐν .2 ,Χ Χ ΐν .9 τρίβω ΙΧ.4, ΙΧ.6 τριήκοντα IV.3 τριπλούς XVIII.3 τρις ΧΧΙΙ.7 τρίτος VII.11 τροττή ΧΙ.2 τρόπος Χ Χ ΙΙ.5 ,Χ Χ ΐν .7 τροφή VII.6 τρόφιμος ΧΧ.1 τρώγω XVIII.4 τυγχάνω ΙΙ.2, VII.12, VIII.7, Χ.5, ΧΙΧ.5 τυρός XVIII.4
ύγιαίνω VII. 12 ύγιείη ΙΙ.2, VII.1, VII.12 ύγιεινόςν.2, VII.1,X.2 ύγιηρός IV.2, ΙΧ.3, ΙΧ.5, Χ.1, Χ.4, Χ ΐν .4 (6 Ϊ5 ),Χ Χ ΐν .4 ύγιής ΧΧΙΙ.5 ύγρός ΙΙΙ.2, ΙΙΙ.4 (bis), VII.12, VIII.3, Χ.3 (bis), Χ.12 (bis), XIX.5 (6Î5),XX.1,XXIV .8 ύγρότης X.6, X X . 1 (ter), X X I.l, XXI.2 ύδαρής IX.5, X.12 ύδατεινόςνΐ.3,Χν.1, X IX.4 ύδερος (del.) VII.8 ύδρωπιάω VII.8 ύδρωψ IV.5, VII.4 (bis), X.4, X.9, XV.2 ύδωρ 1.2, 1.4, III.l, IV.2, IV.3, IV .4(ôis),V .3,V I.2(6is),V II.l (bis), VII.2, VII.9 ter), V II.ll, VII. 13 (ter), VIII.2, VIII.3, VIII. 5, VIII.IO (bis), V III.ll (bis), IX. 1 (bis), IX.2, X.2 (bis), X.4, X.8 (bis), X.12, XII.4, XV. 1 (quinquies), XVIII.2,
INDEX VERBORUM XVIII.3, XIX.2, XIX.4, XXIV. 3, XXIV.4, XXIV.5, XXIV.7, XXIV.8 ύπάρχω XXIV.3 ύπέρΧνΐ.4, XX III.4(6is) υπερβάλλω III.4, X.2 ύπερπάχης XV.2 ύττνηρός XXIV.8 ύπνος XXII.5 ύπό passim υποδέχομαι XXI.2 υπολαμβάνω XXII.5 υπωχρος XV.2 ύστεραϊος VIII.IO ύστέρη VII.8 ύφαλυκός III.l, VII.12 υφίσταμαι IX.2 ύψηλός XVIII.2, XXIV.2, XXIV.5 Φ φαγέδαινα Χ.9 φαλακρός XIV.4 (bis) φάρμακον VII.3, X I.1 Φασιηνός XV.2 Φασις XV. 1 (bis) φαύλος V II.ll, XVI.5 φέρω ΙΙ.2, VII.10, VIII.7, XVI.5, ΧΧΙΙ.10, ΧΧΙΙΙ.4 φημίΙΧ.5, ΧΙΙ.2 φθάνω X X I.3 φθέγγομαι XV.2 φθείρομαι XVII.3 φθινώδης VII.6 φθίσις IV.4, Χ.11 φθορή ΧΙΧ.5, ΧΧΙΙΙ.2 φιλογυμναστής 1.5 φιλόπονος 1.5 φιλοπότης 1.5 φίλος XVI.4 φλέγμα ΙΙΙ.2, VII.6, Χ.6 φλεγμαίνω IX.4
373
φλεγματίης IV.2, Χ.3, Χ.6, Χ.10, Χ.12 (ôis),XXIV.3 φλεγματώδης ΙΙΙ.2, IV.3, VII.2, VII. 12 φλέψ ΙΧ.5, Χ.6, Χ.7, XV.2, X X II.5,XXII.6(6w ) φλυδάω Χ.3 (ν.Ι.) φράζω III.l, V II.ll, V III.l, ΙΧ.3,
Χ Χ ΙΙ.4,ΧΧ ΐν.1 φρενϊτις Χ.6 (del.) φυλάσσομαι X I.1, ΧΙ.2 φύλονΧΧΐν.1 φύσις ΙΙ.1, ΙΙΙ.3, IV.3, VII.4, VII.7, V II.ll, VIII.9, ΙΧ.4, Χ.6, Χ.12 (bis), ΧΙΙ.2, ΧΙΙ.6 (bis), ΧΙΙΙ.2, ΧΙΙΙ.4, ΧΙΙΙ.5, XIV. 1, XIV.2, XIV.3, XIV.4, XV. 3, XVI.4, ΧΙΧ.5, X X .l, X X I. l (bis), XX II.3 (bis), X X II. l l , XXIII.3, XXIV.2, XXIV.3, XXIV.6, XXIV.7 (bis), XXIV.9, XXIV.IO φυτόν XII.5 φύω ΧΙΙ.2, XV.2, XVI.4, XXIV.2, XXIV.3, XXIV.9
χαίρω XXII.9 χαλάω VIII.IO χαλεπός III.4, VII.9, XV.3 χαλεπώς IV.4, VII.6 χαλκίον XVII.3 χαλκός VII.9 χάρις XXII.9 χειμερινός III.l (bis), III.3, V .l, V II.ll (bis) χειμέριος X.5 χειμών II.2, III.l, VII.2, VII.3, VII.5, VII.IO, VIII.IO, X.2, X .3,X .4 ,X .5 ,X .7 ,X .1 0 , X .ll, X.12, X.12 (del), XIX.2, XIX.3, XIX.4, XXIII. 1 (bis), XXIV.8, XXIV.9 χείρ IX.6, XIV.3, X X .l, XXII.13
374
AIRS, EAUX, LIEUX
χιών VII.2, VIII. 1, VIII.9, ψϋχος Χ.2, ΧΙΙ.4, XV.3, XVIII.3, VIII. 11 {bis), XII.4, XVIII.3, ΧΧ.3(όΐδ),ΧΧΠ .13 X IX .2,X IX .4 ψυχρός 1.2, 1.5, ΙΙΙ.1, IV.1, IV.2, χνοώδης XV.2 {v.l.) IV.4, IV.5, V.3, V.5, VI.1, χολή X.12 VII.2 {bis), νΐΙ.ΙΟ , Χ.7, ΧΙΙ.3, χολώδης IV.2, VII.2, IX.5, X.6, ΧΙΙ.4, XVI.1, XVIII.1, ΧΙΧ.2, X .10,X .12,X X IV .3 ΧΧΙ.2, XXIV.3, XXIV.8 χ6ρτοςΧνΐΙΙ.4 ψυχρότηςΐν.3, XX I. 1 χρέομαι 1.4, VII.12, IX .l, X.8 (bis), XII.4, XII.5, XV. 1, XV.2, XIX.4, XX.2, XXII.7, XXIV.3, XXIV.5 χρή I.l, 1.3, II.l, III.l, X I.l, ώδε IV.1, IV.3, IV.5, V.1, V.5, X X I. 2,X X II.9 VI. 4, VII.11, VII.12 {bis), χρήμα VII.9, VIII.3, V III.ll, VII. 13, VIII.10, ΙΧ.6, Χ.1, X X II. 10(6Î5) Χ ΙΙΙ.1 ,Χ ΐν .3 χρηστός VII.6, XVI.4 ώ μ ο ςν ΐΙ.3 ,Χ νΐΙ.3 , X X .l{b is) χροιή XV.2 ωραίος Χ.2, XII.5 χρόνος II.2, IV.3, VII.7, XIV.4, ώρη 1.1,11.2,11.3,111.5, IV.4, Χ.1, XVIII. 4, XIX.2, XX.2, XXI.2, ΧΙ.1, ΧΙΙ.3, ΧΙΙ.6, ΧΙΙΙ.2, XXI1.13 ΧΙΙΙ.3 {bis), ΧΙΙΙ.5, XV.1, χρυσός VII.9 XV. 3, XVI.1, XVI.5, X IX .l, χρως VIII.4 ΧΙΧ.4, ΧΙΧ.5 {bis), X X III.l, χωρέω VIII.7 X X III. 2, XXIV.2, XXIV.6 χώρη 1.2, ΧΙΙ.2 {bis), XII.4, (6is), XXIV.8 ΧΙΙ.6, ΧΙΙΙ.2, ΧΙΙΙ.3 {bis), ώς 1.4 {bis), IV.2, IV.5, V.3, VI.2, XV. 1 {bis), XVIII.4, X IX .l, X IX . 5, XXIV.2, XXIV.4 {bis), VI. 3, IX.5, X II.l, X IV .l, XIV.4, XXI.2, X X II.l, XXIV.5, XXIV.6, XXIV.7 XXII.4, XXIV.8 {bis), XXIV.9 ωσαύτως XVI.5 χωρίον V II.10,XXIV.3 ώσεί XXIV.3 χωρίς III.5, IV.4 ώσπερ 1.2, IX.6, XV.2, XVI.5, XVIII.3, X IX .l, XX.2, XXII. Ψ 11,XX III.4 ώστε 1.3, II.l, VI.2, VII.2, VII.3, ψάμμος IX.2 VII. 7, VII.13, VIII.4, VIII.5, ψεύδομαι VII. 13 IX . 4, IX.5, IX.6, X.3 {deL), ψιλός 1.5, ΧΙΙΙ.4, ΧΙΧ.2, ΧΙΧ.5, X . 5, X.6, X.7, XIV.3, XIV.4, XXIV.6, XXIV.9 XVI. 4, XVII.3, XIX.2, XXII. ψιλότης ΧΙΧ.3 10, XXII.13, X X III.l {add.), XXIV. 8 ψυχή ΧΙΧ.4, ΧΧΙΙΙ.3, ΧΧΙΙΙ.4, XXIV.3, XXIV.8
TABLE DES MATIERES
N otice ...............................................................................
7
I. Objet et structure d'Airs, eaux, lieux ................. II. La médecine dans Airs, eaux, lieux ................... III. L’ethnographie dans Airs, eaux, lieux ............. IV. Place d'Airs, eaux, lieux dans la Collection hippocratique ............................................................. V. Auteur et date du traité ....................................... VI. La tradition du texte et son histoire .................
10 22 54
Stemma ............................................................................
174
Conspectus siglorum ......................................................
175
AIRS, EAUX, LIEUX .................................................
185
Notes complémentaires .................................................
251
I ndex
355
v e r b o r u m
........................................................................................................
71 79 83
COLLECTION DES UNIVERSITÉS DE FRANCE DÉJÀ PARUS Série grecque dirigée par Jean Irigoin de l’Institut professeur au Collège de France Règles et recommandations pour les éditions critiques (grec). (1 vol.). ACHILLE TATIUS. Le Roman de Leucippé et Clitophon. (1 vol.). ALCÉE. SAPHO. Fragments. (1 vol.). LES ALCHIMISTES GRECS. (2 vol. parus). ALCINOOS. Les doctrines de Platon. (1 vol.). ALEXANDRE D’APHRODISE. Traité du destin. (1 vol.). ANDOCIDE. Discours. (1 vol.). ANTHOLOGIE GRECQUE. (12 vol. parus). ANTIPHON. Discours. (1 vol.). ANTONINUS LIBERALIS. Les Métamorphoses. (1 vol.). APOLLONIOS DE RHODES. Argonautiques. (3 vol.). ARCHILOQUE. Fragments. (1 vol.). ARCHIMÈDE. (4 vol.).
ARGONAUTIQUES ORPHIQUES. (1 vol.). ARISTÉNÈTE. (1 vol.). ARISTOPHANE. (5 vol.). ARISTOTE. De l’âme. (1 vol.). Constitution d’Athènes. (1 vol.). Du ciel. (1 vol.). Économique. (1 vol.). De la génération des animaux. (1 vol.). De la génération et de la cor ruption. (1 vol.). Histoire des animaux. (3 vol.). Marche des animaux - Mouve ment des animaux. (1 vol.). Météorologiques. (2 vol.). Les parties des animaux. (1 vol.). Petits traités d’histoire natu relle. (1 vol.). Physique. (2 vol.). Poétique. (1 vol.). Politique. (5 vol.). Problèmes. (3 vol.). Rhétorique. (3 vol.). Topiques. (1 vol. paru). ARRIEN. L’Inde. (1 vol.). Périple du Pont-Euxin. (1 vol.).
ASCLÉPIODOTE. Traité de tactique. (1 vol.).
DINARQUE. Discours. (1 vol.).
ATHÉNÉE. Les Deipnosophistes. (1 vol. paru).
DIODORE DE SICILE. Bibliothèque historique. (7 vol. parus).
ATTICUS. Fragments. (1 vol.). AUTOLYCOS DE PITANE. Levers et couchers héliaques. La sphère en mouvement. Testimonia. (1 vol.). BACCHYLIDE. Dithyrambes. - Epinicies. Fragments. (1 vol.). BASILE (Saint). Aux jeunes gens. - Sur la manière de tirer profit des lettres helléniques. (1 vol.). Correspondance. (3 vol.). BUCOLIQUES GRECS. Théocrite. (1 vol.) Pseudo-Théocrite, Moschos, Bion. (1 vol.). CALLIMAQUE. Hymnes. - Épigrammes. Fragments choisis. (1 vol.).
-
CHARITON. Le roman de Chaireas et Callirhoé. (1 vol.). COLLOUTHOS. L’enlèvement d’Hélène. (1 vol.). DAMASCIUS. Traité des premiers principes. (3 vol.). DÉMÉTRIOS. Du Style. (1 vol.). DÉMOSTHÈNE. Œuvres complètes. (13 vol.). DENYS D’HALICARNASSE. Opuscules rhétoriques. (5 vol.).
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(2
vol.
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HIPPOCRATE. (8 vol. parus).
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NONNOS DE PANOPOLIS. Les Dionysiaques. (7 vol. parus). NUMÉNIUS. (1 vol.). ORACLES CHALDAÏQUES. (1 vol.). PAUSANIAS. Description de la Grèce. (1 vol. paru).
JAMBLIQUE. Les mystères d’Égypte. (1 vol.). Protreptique. (1 vol.).
PHOCYLIDE (Pseudo ). (1 vol.).
JO SÈPH E (Flavius). Autobiographie. (1 vol.). Contre Apion. (1 vol.). Guerre des Juifs. (3 vol. parus).
PINDARE. Œuvres complètes. (4 vol.).
JULIEN (L’empereur). Lettres. (2 vol.). Discours. (2 vol.). LAPIDAIRES GRECS. Lapidaire orphique. - Kerygmes lapidaires d’Orphée. Socrate et Denys. - Lapidaire nautique. - Damigéron. - Evax. (1 vol.). LIBANIOS. Discours. (2 vol. parus). LONGUS. Pastorales. (1 vol.). LUCIEN. (1 vol. paru).
HÉRODOTE. Histoires. (11 vol.).
LYCURGUE. Contre Léocrate. (1 vol.).
HÉRONDAS. Mimes. (1 vol.).
LYSIAS. Discours. (2 vol.).
PHOTIUS. Bibliothèque. (9 vol.).
PLATON. Œuvres complètes. (26 vol.). PLOTIN. Ennéades. (7 vol.). PLUTARQUE. Œuvres morales. (18 vol. parus). - Les Vies parallèles. (16 vol.). POLYBE. Histoires. (11 vol. parus). PORPHYRE. De l’Abstinence. (3 vol.). Vie de Pythagore. - Lettre à Marcella. (1 vol.). PROCLUS. Commentaires de Platon. Alcibiade. (2 vol.). - Théologie platonicienne. (5 vol. parus). Trois études. (3 vol.). PROLÉGOMÈNES A LA PHI LOSOPHIE DE PLATON. (1 vol.).
QUINTUS DE SMYRNE. La Suite d ’Homère. (3 vol.). SALOUSTIOS. Des Dieux et du Monde. (1 vol.). SOPHOCLE. Tragédies. (3 vol.). SORANOS D’ÉPHÈSE. Maladies des femmes. (3 vol. parus). STRABON. Géographie. (9 vol. parus). SYNÉSIOS D E CYRÊNE. (1 vol. paru). THÉOGNIS. Poèmes élégiaques. (1 vol.). THÉOPHRASTE. Caractère. (1 vol.) Métaphysique. (1 vol.). Recherches sur les plantes. (3 vol. parus).
AURÉLIUS VICTOR (Pseudo ). Origines du peuple romain. (1 vol.).
TRIPHIODORE. La Prise de Troie. (1 vol.).
AVIANUS. Fables. (1 vol.).
XÉNOPHON. Anabase. (2 vol.). L’Art de la Chasse. (1 vol.). Banquet. - Apologie de Socrate. (1 vol.). Le Commandant de la Cavale rie. (1 vol.). Cyropédie. (3 vol.). De l’Art équestre. (1 vol.). Économique. (1 vol.). Helléniques. (2 vol.).
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BOÈCE. Institution arithmétique. (1 vol.).
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CALPURNIUS SICULUS. Bucoliques. CALPURNIUS SICULUS (Pseudo-). Éloge de Pison. (1 vol.).
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Les Paradoxes des Stoïciens. (1 vol.). De la République. (2 vol.). Traité des Lois. (1 vol.). Traité du Destin. (1 vol.). Tusculanes. (2 vol.).
THUCYDIDE. Histoire de la guerre du Pélo ponnèse. (6 vol.).
APULÉE. Apologie. - Florides. (1 vol.). Métamorphoses. (3 vol.). Opuscules philosophiques. {Du Dieu de Socrate - Platon et sa doctrine - Du monde) et Fragments. (1 vol.). ARNOBE. Contre les Gentils. (1 vol. paru). AUGUSTIN (Saint). Confessions. (2 vol.).
ANONYME. L’annalistique romaine. (1 vol. paru).
AULU-GELLE. Nuits attiques. (3 vol. parus).
APICIUS. Art culinaire. (1 vol.).
AURÉLIUS VICTOR. Livre des Césars. (I vol.).
CATON. De l’Agriculture. (1 vol.). Les origines. (1 vol.).
CORNÉLIUS NÉPOS. Œuvres. (1 vol.). CORIPPE. Éloge de l’Empereur Justin IL (1 vol.).
CATULLE. Poésies. (1 vol.).
CYPRIEN (Saint). Correspondance. (2 vol.).
CELSE De la médecine. (1 vol. paru).
DRACONTIUS. Œuvres. (3 vol. parus).
CÉSAR. Guerre des Gaules. (2 vol.). Guerre civile. (2 vol.).
ÉLOGE FUNÈBRE D’UNE MATRONE ROMAINE. (1 vol.).
CÉSAR (Pseudo-). Guerre d’Afrique. (1 vol.). Guerre d’Alexandrie. (1 vol.).
L ’ETNA. (1 vol.).
CICÉRON. L’Amitié. (1 vol.). Aratea. (1 vol.). Brutus. (1 vol.). Caton l’ancien. De la vieil lesse. (1 vol.). Correspondance. (11 vol.). De l’invention (1 vol.). De l’Orateur. (3 vol.). Des termes extrêmes des Biens et des Maux. (2 vol.). Discours. (22 vol.). Divisions de l’Art oratoire. Topiques. (1 vol.). Les Devoirs. (2 vol.). L’Orateur. (1 vol.).
FIRMICUS MATERNUS. L’Erreur des religions païennes. (1 vol.). Mathesis. (2 vol. parus). FLORUS. Œuvres. (2 vol.). FORTUNAT (Venance). (2 vol. parus). FRONTIN. Les aqueducs de la ville de Rome. (I vol.). GAIUS. Institutes. (1 vol.). GERMANICUS. Les phénomènes d’Aratos. (1 vol.).
HISTOIRE AUGUSTE. (3 vol. parus). HORACE. Epîtres. (1 vol.). Odes et Epodes. (1 vol.). Satires. (1 vol.). HYGIN. L’Astronomie. (1 vol.). HYGIN (Pseudo-). Des Fortifications du camp. (1 vol.). JÉRÔME (Saint). Correspondance. (8 vol.). JUVÉNAL. Satires. (1 vol.). LUCAIN. La Pharsale. (2 vol.). LUCILIUS. Satires. (3 vol.). LUCRÈCE. De la Nature. (2 vol.). MARTIAL. Épigrammes. (3 vol.). MINUCIUS FÉLIX. Octavius. (1 vol.). PREMIER MYTHOGRAPHE DU VATICAN. (1 vol.). NÉMÉSIEN. Œuvres. (1 vol.).
PALLADIUS. Traité d’agriculture. (1 vol. paru). PANÉGYRIQUES LATINS. (3 vol.). PERSE. Satires. (1 vol.). PÉTRONE. Le Satiricon. (1 vol.). PHÈDRE. Fables. (1 vol.). PHYSIOGNOMONIE (Traité de). (1 vol.). PLAUTE. Théâtre complet. (7 vol.). PLINE L’ANCIEN. Histoire naturelle. (35 vol. parus). PLINE LE JEUNE. Lettres. (4 vol.). POMPONIUS MELA. Chorographie. (1 vol.). PROPERCE. Élégies. (1 vol.). PRUDENCE. (4 vol.). QUÉROLUS. (1 vol.). QUINTE-CURCE. Histoires. (2 vol.).
OROSE. Histoires (Contre les Païens). (3 vol.).
QUINTILIEN. De l’Institution oratoire. (7 vol.).
OVIDE. Les Amours. (I vol.). L’Art d’aimer. (1 vol.). Contre Ibis. (1 vol.). Les Fastes. (2 vol.). Halieutiques. (I vol.). Héroïdes. (1 vol.). Les Métamorphoses. (3 vol.). Pontiques. (1 vol.). Les Remèdes à l’Amour. (1 vol.). Tristes. (1 vol.).
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RUTILIUS NAMATIANUS. Sur son retour. (I vol.). SALLUSTE. La Conjuration de Catilina. La Guerre de Jugurtha. Frag ments des Histoires. (1 vol.). SALLUSTE (Pseudo-). Lettres à César. Invectives. (1 vol.).
SÉNÈQUE. L’Apocoloquintose du divin Claude. (1 vol.). Des Bienfaits. (2 vol.). De la Clémence. (1 vol.). Dialogues. (4 vol.). Lettres à Lucilius. (5 vol.). Questions naturelles. (2 vol.). Théâtre. (2 vol.). Théâtre. Nlle éd. (1 vol. paru). SIDOINE APOLLINAIRE. (3 vol.). SILIUS ITALICUS. La Guerre punique. (4 vol.). STAGE. Achilléide. (1 vol.). Les Silves. (2 vol.). Thébaïde. (2 vol. parus). SUÉTONE. Vie des douze Césars. (3 vol.). Grammairiens et rhéteurs. (1 vol.). SYMMAQUE. Lettres. (3 vol. parus). TACITE. Annciles. (4 vol.). Dialogue des Orateurs. (1 vol.). La Germanie. (1 vol.). Histoires. (3 vol.). Vie d’Agricola. (1 vol.).
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vol.
VALÈRE MAXIME. Faits et dits mémorables. (1 vol. paru). VARRON. L’Économie rurale. (2 vol. parus). La Langue latine. (1 vol. paru). LA VEILLÉE DE VÉNUS (Pervigilium Veneris). (1 vol.). VELLEIUS PATERCULUS. Histoire romaine. (2 vol.). VIRGILE. Bucoliques. (1 vol.). Énéide. (3 vol.). Géorgiques. (1 vol.). VITRUVE. De l’Architecture. (7 vol. parus).
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