Les Ecoles médicales à Rome 2869390483, 9782869390485


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French Pages 317 [309] Year 1991

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Les Ecoles médicales à Rome
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Littérature

N° ISSN 0248-3521

Médecine

Société

LES ECOLES MEDICALES A ROME

UNIVERSITE DE NANTES

Numéro Spécial -1991

UNIVERSITE DE LAUSANNE Publications de la Faculté des Lettres XXXIII

LES ECOLES MEDICALES A ROME Actes du 2ème Colloque international sur les textes médicaux latins antiques, Lausanne, septembre 1986

Edition préparée par Philippe Mudry et Jackie Pigeaud

GENEVE LIBRAIRIE DROZ S.A. 11, rue Massot 1991

AVANT-FROFOS C'est par une belle soirée de l'été 1982, sur la terrasse d’une maison de Provence, que naquit entre trois amis, Innocenzo Mazzini (Macerata), Philippe Mudry (Lausanne) et Jackie Pigeaud (Nantes) le projet de colloques consacrés aux textes médicaux latins antiques. Nous considérions que le moment était venu de réunir les savants, philologues, philosophes, historiens, médecins, qui, de façon souvent très isolée, travaillaient sur les auteurs médicaux latins. Un domaine d'investigation longtemps négligé, quand il n'était pas franchement méprisé, au nom d'un certain nombre de préjugés parmi lesquels, en bonne place, la conviction qu'il s'agissait là d'une littérature de seconde zone, dépourvue d’originalité, et que l'on pouvait quasiment ignorer puisque l’on avait la chance de posséder les grands modèles grecs, en particulier Hippocrate et Galien. A cela s’ajoutait le manque d’intérêt de la plupart des philologues pour des textes qui ne leur paraissaient pas jouir d'un statut littéraire digne de considération. Mieux valait continuer à tourner et retourner les champs traditionnels de la philologie où l’on était entre vieilles connaissances et où l'on trouvait, ou croyait trouver, matière à des travaux plus valorisants. Mais les choses étaient en train de changer et des travaux toujours plus nombreux montraient à l'évidence que ces textes, pour nombre desquels on ne disposait souvent - et on ne dispose toujours pas -, ni d'éditions ni de commentaires scientifiquement satisfaisants, constituaient un pan important de l’héritage culturel antique. Ils ouvrent à la recherche des espaces immenses, encore peu ou mal balisés, dont l'exploration requiert la mise en commun de compétences multiples et diverses, qui vont de la philologie à la pathologie et à la lexicologie, en passant par la philosophie, l’histoire, l’archéologie ou la rhétorique.

Tel était le projet des "pères fondateurs", réunir ces approches diverses et nécessaires en instituant des rencontres régulières dont on espérait qu'elles donneraient une dynamique commune à des efforts encore dispersés et qu’elles seraient source de rencontres fécondes entre des chercheurs qui trouvaient trop rarement dans leur environnement scientifique un interlocuteur avec qui confronter leurs idées et discuter de leurs travaux. On en est maintenant à la préparation de la quatrième édition des colloques sur les textes médicaux latins antiques, qui sera mise sur pied à Saint-Jacques de Compostene en septembre 1992 par un participant de la première heure, Manuel Enrique Vazquez-Bujan. Les trois premières éditions (Macerata 1984, Lausanne 1986, Saint-Etienne 1989) ont démontré par la qualité des communications présentées ainsi que par leur nombre croissant (au point que cela pose désormais de sérieux problèmes d’organisation), par l’intérêt des discussions et la richesse des contacts qui

se sont noués à ces diverses occasions, que l’entreprise projetée il y aura tantôt dix ans était à la fois opportune et nécessaire. Nous présentons ici les communications du deuxième colloque organisé en septembre 1986 à la Faculté des Lettres de l’Université de Lausanne par la Section des sciences de ΓAntiquité, avec l’appui du Fonds national suisse de la recherche scientifique. Ces études s’organisent autour du thème des "écoles médicales à Rome" avec un accent particulier mis sur le méthodisme pour la connaissance duquel les témoignages des textes latins sont d’une importance primordiale. A cet effet, les organisateurs avaient demandé à deux savants, que leurs travaux qualifiaient par­ ticulièrement dans ce domaine, la présentation de deux rapports destinés à faire un état de la question sur l’école méthodique. Ces deux rapports figurent en tête de ce volume.

Une série de circonstances contraires ayant retardé la parution de ce volume, les auteurs ont eu la possibilité d’apporter les compléments bibliographiques qu’ils ont jugés nécessaires.

Grâce à une heureuse collaboration entre la Section des sciences de Γ Antiquité de l’Université de Lausanne et de l’institut des lettres anciennes de l’Université de Nantes, ce livre paraît conjointement dans la Collection des Publications de la Faculté des lettres de Lausanne et dans la Collection Littérature, Médecine et Société de la Faculté des lettres de Nantes. Nous tenons à remercier les instances de direction de ces deux collections pour l’appui qu’elles ont apporté à notre initiative et pour leur soutien financier. Notre reconnaissance va également à Madame Danielle Daviet, secrétaire de' l’institut des lettres anciennes de Nantes, qui s’est chargée de la saisie du texte et n’a ménagé dans cette tâche ni sa peine si son temps, ainsi qu’à Sophie Joubert, maître de conférences à la Faculté des lettres de Nantes, qui a pris en charge la saisie des textes grecs. Nous ne saurions non plus oublier nos assistants lausannois, Eric Chevalley, Manuela Ryter et Brigitte Maire qui nous ont apporté une aide bienvenue dans la relecture des épreuves. Enfin, cela nous est un plaisir tout particulier de dire combien nous a été précieux dans l’organisation scientifique du colloque le soutien actif et amical du professeur Mirko-D. Grmek, directeur d’études à l’Ecole pratique des Hautes Etudes et docteur honoris causa de l’Université de Lausanne. Sans lui, le colloque n’aurait pas été ce qu’il fut ni ce livre ce

qu’il est. Philippe Mudry

Jackie PIGEAUD

LES FONDEMENTS DU METHODISME

Jackie PIGEAUD

Je dédie cette étude à Prosper Alpin, auteur du De Medicina Methodica1 et

à Daniel Leclerc, l’auteur d’une Histoire de la Médecine2 à qui le méthodisme doit beaucoup.

Abréviations: K: Galien, Opera quae extant, éd. D.C.G. Kühn, Leipzig, 1821-1833, reprint Hildesheim, 1965. D: Galien, Oeuvres choisies, traduction Ch. Daremberg, Paris, Baillière, 1856. C.M.G.: Corpus medicorum graecorum. S.M.: Galenus, Scripta minora, éd. Marquardt-Müller-Helmreich, tome III, Teubner, Leipzig, 1893, reprint Hakkert, Amsterdam, 1967.

Hère édition, Padoue, 1611. J’ai utilisé la 2ème édition, Leyde, 1719. 2 Amsterdam, 1723.

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Les fondements du méthodisme.

La présentation de mon étude m’a posé des problèmes que je me permets d’évoquer parce qu’ils sont liés au Méthodisme lui-même et à son évolution. Des hommes sont impliqués très intimement aux notions et aux concepts, et l’on ne saurait se dispenser de l'histoire de la doctrine méthodique. D’où la tentation que l’on a de commencer par des monographies. Mais, d’un autre côté, il est difficile de comprendre quelque chose aux débats et aux évolutions si l’on n’a pas une idée assez claire du fondement de la doctrine et de sa cohérence intellectuelle.

J’ai donc résolu, de manière qui peut sembler paradoxale, de commencer par un exposé de ce qui paraît être les bases du Méthodisme, de ce qui fait qu’un Méthodique se reconnaît essentiellement comme Méthodique, à savoir la théorie de la communauté et de l'indication* Je m’efforcerai, par la suite, même au risque quelquefois de répétitions, de reprendre le mouvement du Méthodisme dans sa création et son histoire. oooOooo A. - Quand on cherche à réfléchir de manière un peu synthétique sur le Méthodisme il faut avouer que les ouvrages ne sont pas très nombreux, et ce n’est pas l’ouvrage de Th. Meyer-Steineg3, sur lequel nous reviendrons, qui peut nous aider beaucoup. En fait, l’impulsion vient surtout des historiens de la philosophie, comme on le voit dans le recueil d’articles "Sciences and Spéculation - Studies in Hellenistic Theory and Practice"4.

En ce qui concerne le Méthodisme, l'on peut parler de tentative pour constituer une nouvelle épistémologie médicale cohérente, fondée sur l’exploitation d’un nouvel objet, le groupe "communauté-indication”. Les Méthodistes définissent "toute leur secte" comme "la connaissance des communautés apparentes conséquentes avec le but de la médecine"; quelques-uns ajoutent encore, précise Galien, non pas "conséquentes avec le but" mais "qui s'accordent avec le but". Le plus grand nombre réunit ces deux formules et dit que "la Méthode est la connaissance des communautés apparentes conséquentes avec le but de la médecine et qui s accordent avec lui". D’autres, ajoute Galien, comme Thessalos, professent que la $Th. Meyer-Steineg, Dos medizinische System der Methodiker. Eine Vorstudie zu Caelius Aurelianus "De Morbis acutis et chronicis", in lenaer medizinischhistorische Beitràge 7/8, Iena, 1916. ^Edited by Jonathan Barnes, Jacques Brunschwig, Myles Barnyear, Malcolm Schofield, Cambridge, Paris, 1982. - Bien qu’ils ne concernent pas le Méthodisme, mais parce qu’ils marquent bien un renouveau dans l’approche de l’épistémologie antique, il faut noter l’importance de deux recueils : La scienza ellenistica, a cura di G. Giannantoni et M. Vegetti, Pavia, 1984 ; et II sapere degli antichi, a cura di M. Vegetti, Pavia, 1985. 9

Jackie PIGEAUD

"méthode est la connaissance des communautés qui touchent à la santé et lui sont nécessaires"5. Il faut essayer de comprendre ce que cela signifie; c’est-à-dire qu’il faut tenter, comme les Anciens eux-mêmes, de rendre compte de tous les termes.

Je trouve que la critique philologique est assez discrète sur la notion même de communauté. En vérité, il n’est pas facile de se représenter la communauté méthodique. L’on dispose pourtant d’un certain nombre de définitions, grâce à Galien. Il existe des divergences. Cela n’est pas étonnant quand on sait qu'il y eut des discussions entre Méthodistes, sur les communautés. "Tous les disciples de Thessalos ont divergé les uns d'avec les autres, et de Thessalos lui-même, n'admettant pas les mêmes communautés, ne s'accordant pas du tout entre eux, même sur un seul point". Ces différences portent surtout, comme nous le verrons, sur le nombre et la façon d’apparaître des communautés6. Thessalos avait écrit un traité περί των κοινοτήτων7, malheureusement perdu, et Soranus aussi8. Mais il est nécessaire, pour un historien, d’examiner les diverses définitions. Leurs écarts, leurs divergences, la manière dont Galien les critique, montrent que la discussion a été rude sur cette notion capitale, pierre angulaire de la doctrine méthodiste. La difficulté que l’on rencontre à réfléchir sur les notions méthodistes vient sans doute aussi de leur emploi de la langue. Galien s’insurge violemment contre la façon dont ils utilisent la langue grecque. C’est une habitude de Galien, dira-t-on, quand il s’attaque à une doctrine, de lui reprocher de ne pas utiliser des mots propres, les mots du langage grec commun, comme le faisait Hippocrate9. Mais en ce qui concerne les Méthodiques Galien touche à quelque chose de profond10. "Olympicos, écrit-il, se sert du vocabulaire grec de manière embrouillée (τεταραγμένως) et déviante (άλλοκότως), comme d'ailleurs tous les Méthodistes"11. Cette utilisation des mots doit s'apprécier davantage 5 Des sectes, aux étudiants (I K 81, II D 385) :όλην την αίρεσιν εαυτών ούτως ορίζονται γνωσιν φαινομένων κοινοτήτων... ακολουθών tu? τής ιατρικής τελεί, ... συμφώνων. Et Thessalos: προσεχών τε καί αναγκαίων προς ύγιείαν. ^Galien, X Κ 35. ^Galien, X Κ 7. ^Caelius Aurélien, Maladies chroniques IV, 1, Drabkin, p. 816. ^Cf. notamment ce qu’il dit sur Archigene dans De toc. adf. III. 10Voici quelques lieux où Galien condamne le grec des Méthodistes: I K 175176, II D 439 ; X K 38, 55, 71, 267. 1ÌXK55. 10

Les fondements du méthodisme.

comme un travail sur les mots, comme nous le verrons, dans ce qu’en dit Sextus12.

C’est que les Méthodistes ont essayé de créer un objet épistémologique nouveau; et ils n’ont pas hésité devant le solécisme et le néologisme comme l’ont fait, en philosophie, les Stoïciens; et on l’a assez reproché à Zénon13. Dans la proposition que nous avons donnée, par exemple, qui affirme que le Méthodisme "est la connaissance des communautés apparentes conséquentes avec le but de la médecine”, on peut dire que ni la notion de communauté, ni celle d’apparence, ni celle de conséquence ne sont à prendre dans l’usage habituel; je ne parle pas seulement de l’usage courant, mais celui des doctrines philosophiques ou médicales antérieures.

Le Méthodisme intéresse à la fois les historiens de la médecine et ceux de la philosophie. C’est de ces derniers, je pense, que viendra la stimulation qui nous fera sortir de Meyer-Steineg et autres ritournelles. C’est ce que montrent les travaux récents: dans le remarquable ouvrage collectif Science and Spéculation, Studies in Hellenistic Theory and Practice déjà cité, les articles de Michael Frede, "The Method of thè socalled Methodical School of Medicine", p. 1-23, qui nous intéresse au premier chef et qui est très stimulant, de J. Barnes, "Medicine, expérience and logic", p. 24-68, et de D. Sedley, "On signs", p. 239-272.

Il faut prendre la peine d’étudier les définitions et d’entrer dans les débats qui ne sont pas seulement amusements de sophistes. Mais les discussions, même si elles sont quelquefois pleines de mauvaise foi, montrent le statut nouveau de la communauté, difficilement assimilable par la logique de l’époque et expliquent que des esprits aient pu s’enthousiasmer pour elle ou s’exciter contre elle. C’est pourquoi avant même d’essayer de comprendre ce qu’est, dans la réalité, une communauté, il faut tenter de comprendre son statut formel. Qu’est-ce donc qu’une communauté! Le principe de la médecine méthodique, dit le Pseudo-Galien de ÏIntroductio, est "la contemplation du semblable selon ce qui apparaît - ή κατά τα φαινόμενα τοΟ όμοιου Θεωρία14", ou plus brièvement: "c'est la connaissance des communautés*l

I, 240. l^Galien le dit lui-même (VIH K 642): "Zénon de Citium est le premier à avoir osé innover (καινοτομεΓν) et transgresser (ύπερβαίνειν) Vhabitude des Grecs dans le langage". l4xiv K 678. 11

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apparentes""15. La médecine, dit encore le texte, est"contemplation c semblable sur de l'apparent, του όμοιου θεωρία έττί των φαινομένων1 Naturellement Tlntroductio, comme Celse, dans le passage du Prooemiu que nous examinerons, comme Galien, mesure l’originalité du Méthodisn par rapport aux doctrines empiriques et dogmatiques. L’apparent s’oppo au caché des dogmatiques (και ούκ επί των αδήλων, ώ$ έν τή λογικ αίρέσει)17. Le semblable évoque la μετάβασίδ του όμοιου de Empiriques. Mais les Empiriques n’envisagent aucune généralité. C’est manière de penser de ces Anciens, qui classent, comparent par différences ressemblances entre les écoles, faisant des Méthodiques une sorte d’éco mixte entre dogmatiques et empiriques, que certains auteurs essaient c réduire à l’une ou à l’autre de manière assez variée18. Mais cette mixit cette irréductibilité formelle du Méthodisme doit pouvoir s’interpréta différemment.

Donnons-nous provisoirement les deux communautés de base, resserré et le relâché. Bien évidemment nous reviendrons sur ce qu’elk représentent. Mais essayons de comprendre le statut formel de ] communauté comme les Méthodiques ont essayé de le formuler. Celse d aussi que la Méthode est définie par ses fervents comme"eorum [que] que in morbis communia sunt contemplatricem (Prooe. 57).

Que signifie la "contemplation"! Est-ce simplement la vision, ] perception du visible, de l’apparent? ou cela doit-il s’entendre comme ] "prise en considération”, qui impliquerait un jugement, u raisonnement?19. UIntroductio passe d'un sens à l’autre grâce à l'ambiguïî du mot θεωρία; ce qui lui permet de parler, pour les dogmatiques, d contemplation du caché20. Mais après tout, nous savons que la γνώμη e: un sens. Il faut sans doute prendre la "contemplation" au sens de 1 perception par la vue de ce qui est immédiatement visible. C'est 1

l^Cf. le texte que nous avons déjà cité, I K 81. 16XIV K 682. ^Ibidem 18Ainsi Celse, Prooe. 62-63, essaya de réduire le Méthodisme soit a Dogmatisme, soit à FEmpirisme. Je cite La préface du 'De Medicina' de Cels dans l'édition commentée de Ph. Mudry, Bibliotheca Helvetica Romani Lausanne, 1982. l^Dans le premier cas nous sommes du côté de l’Empririsme; dans l’autre d Dogmatisme. 20XIV K 686: ή τού όμοιου θεωρία έπι των φαινομένων, άλλ’ ού έπι των άδηλων ... 12

Les fondements du méthodisme.

perception du semblable dans le visible qui constitue la communauté. Mais alors serions-nous dans un domaine connu?

Le terme de communauté. Examinons un peu ce terme de communauté, κοινότης. Chez Platon, il intervient une fois, avec un sens abstrait dans le Théétète (208 D). "Tant que tu n atteins qu'un caractère commun, les objets dont tu posséderas la raison (logos) ne seront que les objets mêmes sur qui s'étend cette communauté" (κοινότης). Chez Aristote, l’usage de ce terme est banal. Il désigne le fait de partager, de mettre en commun. Faisant allusion à Platon, Aristote parle de la mise en commun (κοινότης) des femmes et des enfants. Il désigne ce que les parties du corps ont en commun (Poi, 1274 b 10; 1266 a 34), ou la possession commune de tous les biens (απάντων κοινότης, Eth. à Nie. 1165 a 30). Mais on ne trouve aucune occurrence dans un contexte logique. Plus intéressante est l'utilisation du terme dans l’Epicurisme. La κοινό της, ici la propriété commune, la qualité commune, intervient dans Vinférence (metabasis), cf., par exemple Philodème, De signis XIII, 2,3. C’est le fondement de la méthode empirique, et l’Epicurisme lui-même l’a sans doute reçue de la médecine ancienne, comme la montré De Lacy21; (je ne parle évidemment pas, ce qui serait anachronique, de médecine empirique).

Cette conception de la communauté comme qualité, propriété commune, fonde Γόμοίωσις, et la formule de la médecine qui cette fois s’avoue empirique - ή μετάβασις άττό του όμοιου - lui conviendrait tout à fait.

Mais, de quelque côté qu’on se tourne, on serait bien embarrassé pour trouver un garant philosophique à ce qu'est la communauté méthodique, et je serais tenté de prendre le terme au sens le plus trivial, le sens aristotélicien: le fait de partager, la possession commune; ce que les choses ont en commun.

Il est des débats formels qui nous échappent, mais qui ont certainement dû avoir leur importance théorique. Ainsi I K 190-191 = II D

^The Sources of Epieurean Empirism in Philodemus, On Methods of Inférence, edited with translation and commentary by P.H. De Lacy and Estelle Allen De Lacy, revised édition with the collaboration of Marcello Gigante, Francesco Longo Auricchio, Adele Tepedino Guerra, Napoli, 1978, notamment p. 166-168 ; Cf. aussi Elizabeth Asmis, Comelle University Press, Ithaca and London, 1984, "Philodemus: inference by similarity", p. 197-211.

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Jackle PIGEAUD

447-448: De la meilleure secte à Thrasybule22. Les Méthodistes disent· ότι τήν κοινότητα ημείς τήν αυτήν και μίαν λόγομεν είναι.La discussion a dû porter sur i'ontologie, sur l’être de la communauté. La communauté méthodique prétend être une réalité et une unité. Le relâchement est et il est un. Mais que veut dire cette unité? Tous les malades, en un même moment, souffrant de relâchement, souffrent du même relâchement, qui indique, c’est-à-dire qui exige le même .resserrement. Mais qu’est-ce que cet être de la communauté? Est-ce un corps? Est-ce une forme? Bien entendu, on serait tenté de le définir comme corps. Car, ce relâchement est du corporel; et il se voit parce que quelque chose se modifie dans un corps, et d'autre part, ce quelque chose exige son contraire. Il réclame soulagement, guérison. Oui, mais alors comment le concevoir comme un corps unique? Car alors, si je guéris tel malade de son relâchement, c’est l'ensemble des malades souffrant en même temps de relâchement qui doit se trouver guéri ipso facto. Les Méthodistes répondent alors "Nous soutenons quune communauté est une et la même non parce quelle est un corps un et sans solution de continuité (ούχ ότι έν ri εστι σώμα συναφές αυτό έαυτ