Les Cahiers Luxembourgeois: Differdange, Ville Cinquantenaire (1957)

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French Pages 228 [230] Year 1957

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Table of contents :
5: Préface (Pierre Gansen)
7: Présentation (Michel Mosinger)
13: Acrostiche (Paul Henkes)
14: Forêts de mon Pays (Marcel Noppeney, écrit à Trêves, le 25 septembre 1915)
15: En feuilletant les Annales de Differdange (Alphonse Sprunck)
15: I: L'Abbaye cistercienne de Fontaine-Marie
29: II: Quelques Seigneurs et "Bourgeois" de Differdange sous l'Ancien Régime
39: III: Differdange sous le Régime Français
44: IV. Les Débuts de l'Industrie Sidérurgique à Differdange
57: Holz oder Erz? Zur Geschichte der Differdinger Waldungen (Alphonse Eichhorn)
58: I: Allgemeines
60: II: Ausdehnung des Waldes
62: III: Das Gesicht des Waldes
64: IV: Die Produkte des Waldes
82: V: Ausklang
85: Contrastes (Fernande Wolff)
103: Rundgang
119: Von Wegen und Winkeln (Nic Weber, Illustrations Robert Lentz)
121: Illustration: Differdange, Bâcher Jang
124-125: Illustration: Differdange, Bâcher Jang
127: Illustration: Maison Schneider
128: Illustration: Differdange Kahlbrëck
131: Illustration: Châteu du Baron de Soleuvre à Differdange (Lithographie de N. Liez d'après le dessin de F. Clement parue en 1834)
133: Notre Petite Ville - Un film de Télé-Luxembourg réalisé par J.-G. Cornu d'après un scénario d'Edmond Dune
149: Über den Titelberg
151: Victor Molitor bei Franz Erpelding, dem Erforscher des Titelbergs
165: Eine Gemeindesitzung Alten Stils (Jéhan Steichen)
168: Kleinigkeiten aus meinem Souvenirs-Laden (Lucien Marc)
185: Differdange Autrefois (Marcel Noppeney)
193: L'Usine de Differdange (A. Peters)
211: Sommaire
212: Impressum
213: Die Bürgermeister der Gemeinde Differdingen
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Les Cahiers Luxembourgeois: Differdange, Ville Cinquantenaire (1957)

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LES.G4HIER§

LES.G4HIERS

DIFFERDANGE

EDITEUR RAYMON MEHLEN LUXEMBOURG

I M P R I M E R I E

BO U RG -B O U R G E R

■ L U X E M B O U R G

Lecteurs, amis, Un livre jubilaire demande une preface et comme c’est d’une fite de ville qu’il s’agit, c’est le bourgmestre qui doit s’incliner devant l’habitude. II devrait, comme le veut une coutume dont il seraitfacile ä medire, chanter le louange de sa ville, charger d’honneurs les voisins et les environs. II s’agit d’un procede qui d’ailleurs n’est pas tout ä fa it altruiste puisque le signataire se decouvre un röle de premier plan, inattaquable: Qui pourrait lui garder rancune vu qu’il est d’accord ä ne trouver que qualites excellentes cheg tous et tout? Permetiez-moi donc de souligner le caractere superficiel d’un avantpropos. Vous ne saureg que mieux apprecier les accents honnetes, toute ma satisfaction de pouvoir vous saluer en amis lors de ces jours du Cinquantenaire. N ’etant ni ecrivain averti ni orateur f adle je vais d’ailleurs abreger les citations elogieuses. Notre ville vous la connaisseg. Nous sommes fiers d’elle, nous l’aimons teile qu’elle est et nous essayons en mime temps de pousser une transformation qui depuis precisement cinquante ans a change sa Silhouette. Vous connaisseg l’histoire de ces cinquante ans: vous aveg ete lies etroitement ä ce changement grandiose et vous partageg mes espoirs de voir continuer l’oeuvre, lente et belle, qui a debute lorsque les hommes et les machines ont creuse nos collines, seme sur notre terre tours et usines ä perte vue. C’est avec quelque nostalgie que vous vous rappeleg maints coins tranquilles terrasses par l’acier qui coule, par le marteau qui assomme. C’est avec un orgueil explicable que vous regardeg l’accomplissement et la continuite d’une tache qui reunit mains et moteurs. Cette connaissance et cette fierte je les partage et pourquoi alors mesuser des grands mots? Pourtant, si je parle de cette union des hommes et des machines, laisseg-moi rendre hommage surtout aux mains calleuses, aux souffles coupes de nos ouvriers qui nous ont tout donne, qui ont tout cree. 5

Nous connaissons la valeur du travail quotidien, des realisations industrielles. M ais Differdange n’est pas simplement une ville d’usines, et si vous ne voulez trouver dans les pages suivantes que statistiques economiques, demographiques ou rapports de societes, vous serez peutetre desappointes. M ais ces notes seraient superflus: vous en savez plus que ne peuvent dire chijfres et commentaires, c’est vous-memes qui avez fa it la ville et point n’est donc besoin de dorer la realite. J ’espere que tous vous goüterez dans ce livre les articles consacres ä cette etrange beaute qui se degage par la synthese du paysage et de VIndustrie. E t, si j ’honore ici les mains meurtries au travail, les yeux aveugles par lesfeu x,je regarde avec une melancholie bien excusable ce bon sol qui non seulement a donne lefer mais qui continue ä donner des fleurs. E t sije mesure les ombres des cheminees, je pense en meme temps ä ces forets qui restent asile pour l’homme. Fetons le progres materiel et social et respectons ceux qui les ont rendus possibles, qui les ont paye's, avec leur sueur toujours, avec leur vie trop souvent. Restons fiers de notre omvre mais rappelons-nous que la prosperite exterieure doit s’accompagner de cette satisfaction Interieure que nous avons häte d’etrangler au temps des robots. Nous pouvons trouver l’une et l’autre chez nous: Certaines villes peuvent nous egaler ou surpasser en statistiques de production, nulle n’egalera Differdange en harmonieuse et tranquille beaute. Que cette beaute nous reste! Que notre ville prospere en paix! P ie r r e

GÄNSEN

Bourgmestre

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Les « Cahiers Luxembourgeois » m’ayant demande de presenter ä leurs lecteurs leur Numero Special sur Differdange, Ville Cinquantenaire, j ’ai accepte d’enthousiasme. Le mirage azure de la Mediterranee ne saurait me faire oublier la eite active oü j ’ai regu le choc de la premiere formation, eite laborieuse dont chaque rue m’est un lieu de souvenance. La, sont les miens, les vivants et les morts chaque jour plus vivants pour celui qui, passe la cinquantaine, sait mieux encore apprecier leur message de vie, modeste et prestigieux: « Travail! » Les visages familiers de ces cinquante dernieres annees surgissent ä mon esprit qui les associe au souvenir de mes Maitres de Nancy, Paris et Marseille, et je m’efforce d’atteindre la puissance evocatrice de notre grand et eher concitoyen Marcel dans ces lignes du « Livre du Centenaire de VIndependance Luxem bourgeoise ». N o ppen ey,

« Je ferme les yeux sur mes Souvenirs, je les rouvre sur la realite. Rien ne s’est transforme, ni moi-meme.

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« Ceux qui ne sont plus sont toujours lä par la magie de la memoire, ceux qui ont change, ceux qui ont vieilli, ceux qui ont oublie, ceux qui sont morts. « Tous sont restes semblables ä eux-memes, avec le decor immuable de mon enfance sous le ciel libre de mon Pays. » Investi, par la confiance de mes amis Luxembourgeois, de fonctions scientifiques ä la C.E.C.A., j ’en ai profite, tout recemment, pour rendre visite, une fois de plus, ä ma ville. Dimanche de pluie, aux portes de l’HADIR, j ’eus tout loisir de contempler le Geant, harmonieux et ordonne qui, chaque jour, devore des tonnes de notre terre, celle-lä meme que foulerent les Romains et qui devait, plus tard, graver son nom dans l’Histoire du Luxembourg et de l’Europe. Qui m’eüt dit, quand, en Lorraine, je commengai mes etudes de Medecine, qu’un jour je serais fascine, en ma qualite d’Universitaire, par l’angoissant probleme des relations entre l’Homme et la Machine? Mais, que dire des liens qui unissent DifFerdange au grandiose chantier de travail qui l’a fa^onnee et conditionne sa vie?

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Je m’imagine tres bien notre Differdange lorsque l’energie atomique viendra centupler la capacite productive de son usine. Suivant, d’instinct, les allees tant de fois parcourues du parc Gerlache, jadis si delabre, je m’arretai, songeur, devant le buste d’Emile grand realisateur, ami de la France, condisciple fervent de Pierre m’avait donne son amitie et quand, pour l’ultime fois, je le rencontrai, dejä ronge par le mal qui devait l’emporter, il me confia, avec l’energie persuasive qui le caracterisait, les projets qu’execute aujourd’hui, en meme temps que maintes autres realisations grandioses, la Municipalite, sous l’egide intelligente de Pierre M ark,

R en audel.

II

G ä n sen .

Voici maintenant, pittoresquement animee, l’horloge fleurie. La pluie tombe drue, Place du Marche oii, si souvent, je vins, au cours des vacances, les jours de concert, en compagnie de Jean-Pierre, parti, il y a dejä trente ans, pour les Etats-Unis, ä l’exemple de nombreux Luxembourgeois. Lui non plus n’a pas oublie, je le sais, nos annees d’adolescence dont Nicolas, Robert, Albert et Leon partageaient les joyeux ebats.

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Tout naturellement, nos pas nous dirigent tout droit au terrain des « Red Boys » auxquels, un soir d’antan, je donnai le nom qu’ils ont conserve. Son sol, detrempe ce jour-lä, que je connais si bien, fait encore vibrer mon etre mieux que l’Arene grandiose de Lisbonne ou le Stade Mediterraneen de l’Olympique de Marseille, car celui-lä, en pleine foret montagneuse, je l’ai foule, impetueusement, cheveux au vent, sans autre souci que celui de faire triompher ses couleurs. Salut! mes camarades qui avez porte et portez encore le maillot rouge. Salut! nos chers et inoubliables disparus: Jean, Felix, Rene et toi, Zenon, pitoyable victime de Buchenwald! Dans un site olympien, surgit maintenant ä nos yeux, creuse par des artistes differdangeois, dans la colline boisee, un theätre ä l’Antique. Sur le plus eleve des plateaux, trois grandes croix de bois, ruisselantes de pluie, sans ordre dressees, emouvantes, sont, ä dies seules, toute la Passion. Tires de notre songerie par les eclats de carabine des tireurs au pigeon, nous escaladons le « Bierg » et, sous le soleil revenu, lon-

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geons prudemment le champ de tir, laissant ä regret, sur notre droite, les chemins prometteurs de Lasauvage et d’Hussigny. Quelles beautes, ici, nous offre la Nature, sur un sol mine oü grouille la vie dont depend Differdange! Nous reprenons le chemin de la ville: ici, l’Ecole communale oü des Maitres prestigieux m’ont inculque l’amour du travail et des livres; plus loin, le somptueux Hotel de Ville oü j’allais retrouver mon pere; PEglise nouvelle, au style hardi, qui ne peut me faire oublier l’autre oü, sous la baguette magistrale de l’abbe nous chantions, les « missae » les plus difhciles; enfin, le Champ du Repos, face au « Rollesbierg », promis ä la voracite des hauts-fourneaux, face au Stade Municipal et a la Piscine oü vient, jusque des Marches lo rrain es, se detendre la jeunesse sportive, cette jeunesse qui verra l’epanouissement de Differdange dans un monde debarrasse de ses fleaux millenaires: le cancer et tant d’autres maladies vaincues et la mort reculee, tandis que regnera la concorde sur les peuples. Differdange, creuset d’äpre travail, d’organisation intelligente et d’heroique Resistance, B ie w e r ,

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au sein d’un Luxembourg qui a force le respect du monde entier, Differdange a sa place marquee dans l’univers de demain, et nous, ses enfants, restons ä jamais impregnes de sa substance et fideles ä ses legons.

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Dröhnend wirkt noch der Strahl, der zur Korn hin, vom Hügel, dem alten,

In den metallenen Mut deiner Verwandlungen fuhr, 1 lamme frühesten Opfers, gewagt, bedroht und erhalten Feurig beschworene Kraft treibt aus den Tiefen der Flur Ehernes Wachstum herauf.. . in lodernd geschichtlichen Schauem Reift es und rundet die Frucht, die deinem Willen entspricht. Dankbar wissen nun Schloss und Abtei hell dienend sich dauern, Innig an Blumen mißt segnende Stunden das Licht Nimm und bilde nur fort was bisher du der Menschheit geboten! Grollt auch zuweilen die Glut: glaube, sie läutert und stählt Ew ig den Geist dir, den Träger! Und schimmernd über den Schloten Neigt sich den Flammen ein Herz, das dich der Sonne vermählt! Paul Henkes

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Forets de mon pays Je ne vous verrat plus, forets de mon pays, O profondes forets aux frissonnantes branches, Qui tendiez, au detour des longues routes Manches, Votre ombre maternelle ä mes yeux eblouis! Forets, vous qui meliez aux frondaisons legeres L'orgueil du hetre fier et du ebene puissant, Et faisiez le torrent, des rochers bondissant, Devenir le ruisseau jaseur sous les fougeres! O forets, qui sentiez la fraise et le muguet, Langelique, le thym, la resine et la menthe, Oü la ferveur de mon enfance vehemente A chaque arbre, esperait l'aventure aux aguets. . . Oü j'allais, fou d'ardeur, de desir et de fievre, Comrne un calice plein tendant mon coeur d'enfant! Oü chaque souffle etait un bonheur etouffant, Oü chaque haieine etait un baiser ä mes levres!. .. Les feuillages, froisses, faisaient un bruit de voix, La pervenche aux yeux bleus souriait sous le lierre, La myrtille aux yeux noirs clignait dans la bruyere, Des genets eclataient aux lisieres des bois. L'encens des sapins noirs embaumait, et l'attente Gonflait de son sanglot mon coeur sous mes deux mains . .. Oü fuyaient ces sentiers moussus et ces chemins? . . . Queis appels envoüteurs montaient du crux des sentes? . . . D'oü l'emoi, quand tombait le soir pourpre, de voir Le soleil enflammer de ses rayons obliques, Les sveltes troncs etrangement melancoliques, Et leur ombre vers lombre etendre ses bras noirs? . . . Je ne vous verrai plus, 6 forets! Mais f empörte Avec moi votre grand Souvenir emouvant! L'aventure, promise ä mon äme d'enfant, Je l'entends approcher parmi vos feuilles mortes . . . Marcel Noppeney (Ecril ä Treves, le 25 septembre 1915) Fragment de «La grande Aventure». - Poemes detruits en manuscrit pai l'occupant.

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ALPHONSE SP RUNCK EN F E U I L L E T A N T

LES A N N A L E S DE DI F F E RDANGE

I. L'ABBAYE C1STERCIENNE DE FONTAINE-MARIE

D'apres les recueils de chartes luxembourgeoises publies par M. l’Abbe Camille Wampach, le village de Differtingen est mentionne pour la premiere fois dans un acte de donation de mai 1235, par lequel Alexandre de Soleuvre (Zoluyre) fit don d'une maison, d'un moulin et d'un etang qu'il y possedait aux religieuses de l’Abbaye de FontaineMarie qu'il venait de fonder. Le 17 aout de la meine annee, ce monastere fut incorpore officiellement ä l'ordre de Qteaux. Vers 1242, ce seigneur demanda ä l'archeveque Arnould de Treves de bien vouloir confirmer aux mondiales de Differtingen le droit de patronage sur l'eglise de Soleuvre, que lui-meme leur avait dejä confere. Par son testament qu’il fit en mai 1245, il legua au couvent de Defferdingen une somme de 500 livres, payable en 25 annees. Parmi les autres bienfaiteurs de l'abbaye de Fontaine-Marie, je eite le Pape Innocent IV qui lui accorda ä Lyon le 4 octobre 1247 des 'Privileges et lui confirma la propriete de tous ses biens, les Papes Alexandre IV, Urbain IV et Clement IV, la comtesse Ermesinde qui, par son testament fait le 11 fevrier 1247, legua ä l’abbaye de Tyefer­ deng 60 sols, son fils Henri le Blondei, Wirric de Bettembourg qui lui legua en juin 1235 des dimes ä Guerlange et le droit de patronage 15

sur 1eglise de Clemency, Hedvige, veuve du fondateur ainsi que ses neveux Anselme et Theoderic, les seigneurs Nicolas d'Ottange, Gillekin d’Aubange, Alard de Buvange, Philippe de Sone, Thilmann d'Arlon, Guillaume de Sanem, Renaud de Mercy et Simon deKayl. En 1289, quinze archeveques et eveques d'Italie, d'Espagne, de Dalmatie et de Provence, reunis ä Rieti, accorderent une indulgence de quarante jours ä tous ceux qui allaient prier pour le repos eternel dArnould de Huncherange et de plusieurs membres de sa famille qui etaient enterres dans l'eglise abbatiale de Differdange. Cette faveur spirituelle fut confirmee par l’archeveque Bohemond de Treves. La meme annee, 21 archeveques et eveques des memes regions accorderent une indul­ gence de 40 jours ä tous les futurs bienfaiteurs de ce monastere; cette faveur spirituelle pouvait etre obtenue a plusieurs fetes de l’annee. D'apres la charte pontificale du 4 octobre 1247, le monastere de Fontaine-Marie possedait ä cette epoque des fermes ä Hosterborn et ä Rehlingen sur Moselle, des dimes ä Korn, Soleuvre, Kayl, Petange, un moulin, un vivier et un four banal dans son domaine de Differ­ dange, un moulin dans son domaine de Tuntange, un pre ä Holdange, des vignes ä Machtum et Igel, des rentes en argent ä Guerlange, Wisenbach et Kayl. Dans une histoire detaillee de l'abbaye de FontaineMarie, une place d'honneur reviendrait ä l'abbesse Marguerite de Housse, qui fut installee dans sa dignite le 5 novembre 1577. Organisatrice remarquable, eile fit dresser un cartulaire contenant les documents concernant sa maison, particulierement les titres de propriete. Remarquons que les domaines de ce couvent sont toujours restes bien modestes, bien que la plupart des moniales fussent issues de familles nobles du Luxembourg. La requete suivante qu'elles adresserent en execution d une ordonnance du 16 novembre 1753 ä Marie-Therese donne une vue d'ensembe sur la Situation materielle de leur maison1). *) Cette requete qui se trouve aux Archives Gouvernementales XXVII, 2 a 6t6 reproduite aussi dans l'ouvrage de M. l'Abb6 Majerus: Die Luxemburger Gemeinden, II, p. 618. Remarquons que les requetes adressües ä la souveraine etaient presentües effectivement au Conseil Priv6 de Bruxelles qui les transmettait aux autorit^s comp6tentes. Ci-contre Luxembourg, chapelle castrale, 1237, 1er avril Alexandre, seigneur de Soleuvre confirme la donation du droit de patronage de l'eglise de Kar (Obercorn), donation qu’il a iaite en faveur du couvent de Differ­ dange avec le consentement de Jacques de Kons, de la comtesse Ermesinde et du comte Henri. Sceaux: Ermesinde, comtesse de Luxembourg, Henri V, le Blondel, comte de Luxembourg, Jacques de Kons. Orig. Archives de l’Etat, A XXVII

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L'abbaye de Fontaine-Marie ditte de Tiffertange Ordre de Cisteaux: affiliation de Clairvaux Diocese de Treves scise dans la Province de Luxembourg. A este fondee en 1235 par un seigneur de Soleuvre de ses biens patrimoniaux et at este tres mal dottee des son principe en Sorte qu’attendü la modicite et l'insuffisance de son revenu eile n'a jamais este assujettie ä aucune pension n'y ä aucune Charge ditte pain d'abbaye jusques ä I'annee 1719 que l'abbaye estant devenue vacante par la mort de Dame Marie-Jeanne de la Fontaine, des personnes mal informees des facultes de cette maison, solliciterement un pain d'abbaye en faveur de la Demoiselle de Braunsfeit lequel fut accorde sans que la maison qui pouvoit par des representations ecarter cette charge en füt avertie. Dame Frangoise de Gourcy nommee abbesse se retira vers la cour ä l'effet d'obtenir la descharge de cent cinquante florins octroyes ä la Demoiselle de Braunsfeit, mais l'impuissance et le defaut de facul­ tes ne lui ayant pas permis d'avoir un agent sur les lieux qui püt mettre ä profit les dispositions favorables de Son Altesse Serenissime l'Archiduchesse Gouvernante de pais bas 2) eile est restee surchargee de cette imposition, ä la mort de la dite Dame Frangoise de Gourcy, la Dame Antoinette Lude de Saintignon alant este nommee Abbesse la maison at este imposee pour la premiere fois d une pension de cent florins au profit de la Dame de Laspiour laquelle jouit aussi du pain d'abbaye de cent cinquante florins accordes cy devant ä la Demoiselle de Braunsfeit decedee en 1748 ladite Dame l’Aspiour a forme un nouvel etablissement qui la met en etat de se passer facilement desdits pains d'abbaye et de pension. Les Dames Prieure et Religieuses de l'Abbaye de Tiffertange representent tres humblement au pied du Tröne de sa Majeste Imperiale et Royale qu'elles payent annuellement deux cent florins de subsides que cette charge jointe a celle des pains d'abbaye et pension susditte quoique beaucoup en dessous de leur zele et attachement au Service de leur Auguste Souveraine excede neanmoins leurs forces et facul­ tes comme il constera par la dedaration cy jointe verifiee sur les Registres et baulx par Messieurs les commissaires nommes ä cet effet. Representent en outre avec humilite lesdites Dames que pour vivre avec la decence de leur etat elles sont obligees de pousser l'oeconomie jusqu'ä se retrancher du necessaire et c'est dans l'amertume de leur 2) L'Archiduchesse Marie-Elisabeth, soeur de l'Empereur Charles VI.

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coeur qu'elles se voyent forcees ä decouvrir leur triste Situation, etant toutes animees des sentiments qui caracterisent des filles nees Demoiselles et eiles esperent en toute confiance que sa Majeste Imperialle et Royalle qui depand d'une main si liberale les bienfaits sur toute la noblesse, daignera jeter sur eiles un regard de faveur en les exemptant non seulement d’une nouvelle imposition ä la nomination de l’Abbesse futüre, mais en les dechargeant du pain d'Abbaye et pension sous les poids desquelles eiles succombent, les suppliantes ne cesseront de redoubler leurs voeux et prieres pour la Conservation des precieux jours de sa Majeste Imperialle et Royalle, eile fera grace et justice. M. Simonet prieure, Therese d’Auterousse, Anne de Lavaux, Barbe Simonet Gonel grenetiere, M.C. de Robert celleriere, Marianne de Routher sacristaine, Marie Madeleine de Gourcy portiere, M. de Florange, M. de Suys, M.A. Gourcy de Droitemeont, A.J. de Rousseau, M.C. d'Argens de Vinery, F.L. de Saintignon. D'apres un inventaire des biens de l’abbaye, dresse en 1700, peu de temps avant la seconde ocuupation du Duche de Luxembourg par les troupes de Louis XIV, le couvent possedait sur les bans de Differdange, Ober- et Niedercorn des terres pour deux charrues, 129 journaux de terres ä Differdange, Olingerbann et Diffendal3). Des 49 journaux de la terre d'Olingerbann, 30 seulement avaient ete cultives pour la recolte de l'annee en cours, de celle de Differdange qui comprenait 32 journaux tout au plus 30 pour le «marsage». De toutes ces terres, l'abbaye avait engrange 4 malders 8 bichets de froment, 35 malders 4 bichets de meteil, 3 malders d’orge, 23 malders 4 bichets d avoine, 4 malders 3 bichets de pois , un malder de feves et un malder 5 bichets de navettes. Elle possedait un sixieme de la grosse dime d'Ober- et Niedercorn et de Differdange. De la dime sur le chanvre, le lin et les grains semes dans les jardins et les defrichements, eile retirait les deux tiers, alors que le eure d'Obercorn en retirait le reste. Le monastere avait part ä la dime de laine sur les agneaux, ä celle sur les cochons, les poulets, les oisons et les canards. Sur le ban de Differ­ dange, le couvent possedait 24x/2 fauchees de pres en pieces diffe­ rentes, sur celui d'Obercorn W’/2 fauchees en 8 pieces differentes. Voici la liste des rentes et des revenus dont eile disposait en 1700 4): s) Archives Gouvernementales, XXVII, 4. Le journal, subdivise en 160 perches de 16 pieds, avait une surface de 35,86 ares. 4) M. Majerus a publie l'inventaire des biens et des revenus dont le monastere disposait en d£cembre 1753. L'ouvrage eite, pp. 602-618.

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A Arlon, eile avait possede autrefois une rente d'un muids de ble; les religieuses ignoraient comment elles avaient perdu ce droit. A Athus, elles avaient possede autrefois une maison dont elles ne recevaient plus rien en 1700. A Auvil, elles jouissaient d'une rente de 8 quarts de meteil. La cense d'Arrenshof faisait ban ä part sur le territoire de Belvaux. Michel et Jean Cuntz la tenaient ä titre de bail qui finissait a la St.Georges de 1703. Les religieuses recevaient par an 6 malders 5 bichets de ble, 6 malders d'avoine, un veau gras ou un mouton gras, un cochon gras de deux ans au moins, une centaine d'oeufs, deux pots de beurre fondu et une livre de cire. Les deux fermiers devaient labourer un journal pour le ble et un autre pour le «marsage», garder et entretenir en vaine päture 25 moutons et 3 boeufs gras, ou ä defaut de moutons 3 autres boeufs gras. A Aubergy le maire Jean Ereidt devait pour la dime appartenant ä l'abbaye 11 malders de ble, 14 malders d'avoine, mesure d’Arlon; pour la menue dime, il devait donner un ecu en argent, 2 livres de lin et deux ecus pour «epingles». A Bebin, l’abbaye avait droit au neuvieme de la grosse et de la menue dime. Celles-ci etaient engagees ä Notom d'Arlon. A Bellevaux, le couvent partageait avec Nicolas Specht, eure d’Obercorn le sixieme de la dime du ban dit Bersbelin. Le eure lui avait verse en 1700 un mardel de ble. Frangois Weber et consorts lui devaient 15 ecus par an pour le pre de Breuil qui avait une surface d’environ 8 fauchees. A Bestrof (Betzdorf), l’abbye avait droit ä un «preciput» de 3 mal­ ders de froment sur la dime ä remettre au maire de l'abbaye ä Olim (Olingen) par les decimateurs. Le maire devait les remettre au grenier de l’abbaye ä Luxembourg. Elle y percevait aussi deux malders de froment mesure de Luxembourg. A Bettingen, Marie Dideric Käetten devait pour la dime 4 malders de meteil, 4 malders d'avoine, un ecu et deux livres de lin. A Chatillon soubs les Cosses, l’abbaye possedait une masure avec un jardin qui avait ete loue ä Frangois Pruneau le 20 juin 1698 pour un terme de 9 ans, pour une indemnite annuelle de 35 sols Peterman. Elle y avait aussi 3 journaux de vignes qui etaient completement negligees et abandonnees depuis plusieurs annees; eile les avait donnees ä Pruneau pour 29 ans, avec charge de les retablir. Ce fermier etait exempte de toute redevance pour les 4 premieres annees, alors qu’il devait verser 2 setiers de vin chacune des 12 annees suivantes, et 15 21

setiers pour chacune des 13 dernieres , ä prendre sur le pressoir. Pruneau jouissait aussi de deux fauchees de pre qu'il devait remettre en bon etat. A Chemssy, Petrus Binner devait pour la dime un malder et 5 bichets de froment, la meme quantite de meteil, 2 malders 5 bichets d'avoine, 2 livres de lin et 3 ecus. A Chouillers (Schouweiler), Nicolas Schmit devait comme dime 3 bichets de ble et la meme quantite d'avoine. A Cuttry, Jean-Guillaume Dampse devait pour le douzieme de la dime un malder 2 bichets de meteil, et un malder et un bichet d'avoine. A Dalem, le couvent de Mariental devait par «preciput» sur la dime de ce village un malder de froment. A Dippach, Lorens Stephen devait pour la saint Andre 6 bichets d'avoine et 6 poules. A Ellerin (Ehlerange), Michel Cutz versah au couvent 6 bichets de ble et 3H ecus pour deux pres d’environ 5 ^ fauchees, d'une etendue approximative de 4 journaux. A Ellecy, l'abbaye jouissait d’un «preciput» de 24 quartes de meteil mesure de Bar sur la dime du village; cette quantite equivalait ä 8 malders. A Elingen, Goerens Claus et Jean Wilquier versaient pour la dime du village 5 bichets de froment, 3 malders 8 bichets de meteil, 3 mal­ ders 7 bichets d'avoine, une livre de lin et un ecu pour «epingles». A Guerlange, Gille Lambinet versait pour sa part de la dime 3 malders 5 bichets de meteil, 3 malders 5 bichets d'avoine, 2 malders de pois, un malder d'orge mondee, une livre de lin et 6 escalins 5) «d'epingles» A Heistroff, le couvent jouissait d'une rente de 8V2 bichets de fro­ ment dont il n’avait regu que 6V2. A Holtzheim (Holzem), le maire Georges Cremer et Jean Berichem devaient verser au monastere pour la dime 5 bichets de froment, 16 malders 5 bichets de meteil, 23 malders d’avoine, 5 ecus en argent, la meme somme pour «epingles» et 2 livres de lin. Ils devaient en sus remettre au grenier de l'abbaye ä Luxembourg 700 livres de foin. Le moulin de ce village lui devait verser 2 malders 4 bichets de ble, 2 malders d'avoine, 2 chapons, un bichet de farine d'avoine et 7 5) L'escalin valait entre 7 et 8 centimes-or, l'£cu 4,61 francs-d'or, le florin 1,6464 francs-d'or.

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bons sols pour la rente de la maison. La rente de la maison de Mathieu Thomas rapportait au couvent 28 bons sols. A Huzigny, Jean Adam versait pour la dime 25 malders 5 bichets de meteil, la meme quantite d’avoine, 2 ecus pour «epingles», 2% ecus pour la menue dime. A Kaill, Pierre et Jean Lucas versaient pour la dime un malder de froment, 9 malders 5 bichets de meteil, la meme quantite d’avoine, une livre de lin, 2 ecus pour «epingles» et 2 ecus pour la menue dime. A la St.-Etienne, le monastere levait en ce village en fait de rentes 3 malders 5 bichets de bl6, la meme quantite d'avoine, 4 chapons, 9 poules, 16 oeufs et 3 escalins. A Luxembourg, l'abbaye de Münster devait aux moniales de Differdange une rente d'un malder 5 bichets de ble. En 1700, celles-ci n'avaient pas de locataire dans leur refuge. A Mactum et ä Nitel, le couvent possedait des rentes de vin qui pouvaient monter ä 22 setiers; depuis longtemps, il n'en recevait rien. La vigne qui lui appartenait ä Machtum etait en friche. A la Magdelaine, le bourgeois Nicolas Petit devait pour la dime du canton dit Grundt 11 malders d'avoine, 2 bichets de pois et 10 esca­ lins pour «epingles». A Niderkar, Sondach Schlosser devait pour la dime 6 malders de meteil, la meme quantite d’avoine et un bichet d'orge. Pour le Fousbich - probablement un lieu-dit, - il versait un malder 6 bichets d’avoine et un bichet de pois. A Niederkergen, Pierre Kergen versait pour la dime 18 malders de froment, 27 malders de meteil, un malder d’orge, 22 malders d’avoine, 7 malders de pois, un malder de feves et 3 ecus pour «epingles». Cette dime etait engagee ä l'avocat Helminger de Luxembourg pour une rente annuelle de 30 ecus. A Olingen, le mayeur Michel Hirt devait une rente d'un malder d'avoine. Le couvent la lui cedait ä titre de vacations et de salaire pour le transport de grains de Heisdorf ä Luxembourg. L’abbaye possedait encore en cet endroit une rente d'un malder de froment pour un pre et deux pieces de terre. Le maire lui devait par an deux ecus qu'il n'avait plus payes depuis 1694. Jean et Michel Erpeldin de Belvaux devaient pour les «limels» ou rentes de 6 joumaux de la cense d'Osterbour deux malders d’avoine. Nicolas Speltz, cur6 d'Oberkar versait pour sa dime 5 malders un bichet de ble et deux malders 4 bichets d'avoine. 23

A Pettingen (Petange), Nicolas Thiry, Jean Schäett et Clement Fel­ ten versaient pour la dime 4 malders 5 bichets de froment, 12 malders de meteil, 2 malders 5 bichets de pois, 11 malders d'avoine et 2 ecus comme «epingles». Pour la menue dime de ses pres, Nicolas Thiry devait payer ä la St.-Martin 24 ecus. Le maire Grafft de Pissingen devait au couvent 5 bichets de fro­ ment, 2 malders 8 bichets de meteil, 2 malders 7 bichets d'avoine. II versait une livre de lin pour la menue dime et un ecu pour «epingles». Jean Wilquier et Sondach-Joannes Weber de Reckin versaient pour la dime un malder de froment, 7 malders 5 bichets de meteil, la meme quantite d’avoine, 5 bichets de pois, 2 livres de lin et 2 ecus comme «epingles». A Redange (Departement de la Moselle), Nicolas Weber devait pour le «canon» de sa cense 7 malders de ble, la meme quantite d'a­ voine, 2 «quartes» de beurre fondu, une centaine d’oeufs, un mouton ou un veau gras, un cochon gras de deux ans au moins et une livre de cire. Ses autres obligations etaient indiquees dans son bail. Michel Weber et Pierre Quin de Rhumelange versaient pour la dime 18 malders 5 bichets de ble, la meme quantite d'avoine; pour la menue dime, ils devaient 2% ecus, 2 livres de lin et 2 ecus pour «epingles». Pierre Sondach de Rheutien (Rödgen) devait pour la dime un mal­ der 8 bichets de ble, un malder 7 bichets d'avoine, une livre de lin et un ecu pour «epingles». Christian Finger de Sanheim (Sanem) devait pour la dime du canton dit Brulersquefeltien un et un demi bichet d'avoine et un bichet de pois. Rener Geier de Soleuvre devait pour la dime de gros grain 6 mal­ ders de froment et 15 malders de meteil. Pour le terrage, il devait 2 malders de froment, 3 malders 5 bichets de meteil et 2 ecus d'«epingles». Jean Antoine versait pour la dime de «marsage» 11 mal­ ders d’avoine, un malder de pois, 3 malders de feves. Pour le terrage, il versait un malder 4 bichets d’avoine. A Sones (Sone en Meurthe-et-Moselle), Frangois Drouet devait comme rente un malder de meteil et la meme quantite d'avoine. Lorent Boulanger, marechal-ferrant en cet endroit, devait 3 bichets pour la dime du canton dit Femme Sauvage. Louis Maire de Strassen versait comme dime 4 malders de froment, 7 malders de meteil et 12 malders d'avoine; Pierre Biver devait 5 ecus comme dime. 24

Barthelemy Cremer de Tettange devait pour la dime 2 malders 3 bichets de meteil, 2 malders 2 bichets d'avoine, 10 escalins comme menue dime et un ecu comme «epingles». A Tiffertange, Jean Schemit devait pour la dime 6 malders de meteil et 6 malders 4 bichets d'avoine. Jean Reiteriane et Sondach Greiche de Törtlich versah 12 malders 5 bichets de meteil, la meme quantite d'avoine, un ecu et 2 agneaux pour la menue dime ainsi que 2 ecus pour «epingles». La dime de Thiaumont etait engagee depuis 1699 avec celle de Bebin ä Notomb d'Arlon jusqu'au remboursement de la dette de 600 ecus. A Weyer (canton de Mersch), Claus Einsglingue et ses heritiers devaient pour une cense 2 malders de ble, la meme quantite d'avoine et 10 florins d'or. Depuis 1694, il avait verse seulement en 1697 un malder de ble et un malder d'avoine, en 1698 trois ecus et un escalin, l’annee suivante un malder d'avoine et un boeuf maigre qu'il avait estime lui-meme ä 14 escalins, mais qui n'en valait pas 12. A Vickrin (Wickrange), Pierre Hofft devait pour la dime un mal­ der et un bichet de ble, un malder d'avoine et une livre de lin. A Volkrange, le couvent possedait sur le moulin une rente qui rapportait 3 bichets de seigle, 3 malders 5 bichets d'avoine, une poule et 2 poulets, 2 livres de lin et 11 sols. A Veilem (Wellern sur Moselle) le monastere possedait une vigne de 4 journaux dont le fermier versait une «piece» de vin. Le meme avait encore la piece de Maschinder, mais le fripon avait abandonne la vigne sans la cultiver; il avait recolte en 1700 environ 2 hottes de vin qui ne valait rien et qui avait ete vendu sur place pour 12 escalins. Voici quelques details caracteristiques de la recette en argent du monastere pour l'annee 1700: 40 ecus pour la pension de Mademoiselle de Bonneval, 5% ecus pour dix semaines de pension de Marie-Catherine Cherff de Treves, 60 florins pour la pension de feu Dame de Monhaison, 100 florins 7 sols 6 deniers de la part des freres de Dame d'Auttecourt pour le festin de sa profession. En 1700, le couvent etait occupe par 7 religieuses, 4 converses, le confesseur, une niece de l'abbesse, 2 pensionnaires, 4 servantes, un jardinier, un meunier et un porcher. 25

Les registres des depenses nous montrent dans une certaine mesure la vie quotidienne dans l'abbaye; j'ai choisi au hasard quelques details caracteristiques de celui de l’annee 1707: Aumone pour des victimes d'un incendie, un florin, Aumones pour mendiants, 12 sols, Aumönes aux queteurs de St Hubert, 30 sols, Aumones aux queteurs de St Valentin, 30 sols, Aumones aux carmes en reconnaissance de leurs Services, 7 florins, Aumones aux recollets, 3 florins. En fait d'utensiles de cuisine, la maison avait depense 14 florins 2 sols pour les hottes, des paniers, des beches et des terrines. Elle avait fourni elle-meme 200 livres de beurre et depense 14 florins 4 sols pour cet aliment. Le brasseur avait fait au courant de cette annee 6 brassees, montant ä un total de 12 foudres de bonne biere et de 3 foudres de petite. Son salaire etait de 21 florins. Pour l'alimentation des religieuses et de leurs pensionnaires et du personnel de Service, un domestique avait abattu 17 cochons gras, 2 boeufs, 6 veaux et 30 moutons ou brebis. Elles avaient achete en sus 146 livres de viande ä un boucher de Longwy. Pour l'achat de poulets, de grives et de lievres, alles avaient depense 13 florins 14 sols. Pour la fabrication de chandelles, elles avaient achete 5 pots d'huile, 60 livres de suif et 2V2 hottes d’huile ä brüler. L'abbaye avait depense 83 florins 6 sols 9 deniers pour l'achat de 7 livres d'huile d'olive, 7 florins 9 sols 6 deniers pour 3 livres de poivre, une et demie livre de gingembre, de la muscade et des girofies. Pendant le careme, les religieuses avaient depense 18 florins pour poissons et 9 florins 10 sols pour «saurets». Le Chirurgien avait regu 3 florins pour les saignees de mai et autant pour celles de septembre, 30 sols pour autres Services. Les saignees des chevaux avaient coutes 30 sols. Le marechal-ferrant avait regu 30 sols pour s'etre occupe des yeux d'un cheval. Pour une tonne de «daguet» ou de graisse pour les voitures, l'abbaye avait depense 40 florins 19 sols 6 deniers, 3 florins pour theriaque et autres drogues a l'usage de chevaux. Les religieuses avaient regu des etrennes pour la valeur de 12 flo­ rins. Pour preparer le carosse, elles avaient achete 5 aunes d'«estamette» pour 9 florins 6 sols 3 deniers. Pour une tapisserie de la chambre de l'abbesse, du papier ä lettres, la garde de la dime des foins, 3 pots de miel, la gamiture d'un fauteuil, de chaises et de 2 tabourets l'abbaye avait depense la somme totale de 363 florins 2 sols 3 deniers. 26

Les vignes de l'abbaye avaient produit une demi-foudre de vin blanc, autant de vin rouge et 2 aimes de «vin au passe». Elle avait depense en sus 90 florins pour 40 hottes de vin, 18 florins pour une «piece» de vin achetee ä Longwy, 3 florins pour 3 pots d’eau-de-vie et autant pour du verjus. Pour des oeufs, eile avait depense 23 florins 4 sols, 32 florins 3 sols pour un tonneau de sei, 12 florins pour du Sucre, 9 florins pour des fraises, des cerises, des abricots et des navets. Pour la contribution de guerre que le Luxembourg versait alors au commandant d'une armee prussienne campee aux environs de Cologne. l’abbaye etait chargee d'une quote-part de 340 florins 1 sol. Celle dans les aides et subsides du Duche s'elevait ä 93 florins 15 sols, celle pour les aides en France ä 15 florins 10 sols. Le refuge des moniales ä Luxembourg etait charge d'une rente d’un florin 16 sols. Pour regier des affaires du couvent, l’abbesse avait dü y faire un sejour de 3 semaines avec une religieuse et une servante. Cette depense s'elevait avec celles pour les huissiers, les avocats et les clercs ä 152 florins 13 sols 15 deniers. Des reparations faites au bätiment avaient coüte 16 florins 10 sols. Anne Gourcy avait regu 35 florins 5 sols pour une fournee de chaux. Les faucheurs avaient regu 18 florins, les moissonneurs 15. Pour leur vestiaire, les moniales avaient depense 18 florins 13 sols 6 deniers, 93 florins 2 sols 6 deniers pour celui de leur confesseur. Le couvreur avait reyu un malder de seigle, deux bichets de froment et 6 florins 5 sols 6 deniers en argent. Le menuisier avait regu 11 florins 3 sols 6 deniers pour la fourniture d'un fauteuil, de chaises et de deux tabourets. La note du bourrelier s'elevait ä 8 florins 3 sols 6 deniers, celle du vitrier ä 3 florins, celle du marechal-ferrant ä 67 florins 12 sols 6 deniers, celle du tailleur a l l florins 3 sols 6 deniers. Le cordonnier avait fourni 13 paires de chaussures pour les religieuses, 8 paires pour les servantes et 4 pour l'abbesse; sa note s'elevait ä 66 florins 11 sols 6 deniers. Le cordier avait regu 7 florins, le charron 31 florins un sol 6 deniers. Pour le tisserand et les fileuses, l'abbaye avait achete 111 aunes de toile d'etoupe, 57 aunes de toile de lin et 50 livres de fil de chanvre, le tout pour la valeur de 67 florins 9 sols 9 deniers. Le salaire du meunier etait de 14 florins 18 sols, celui du premier valet Pierre Reclin de 55 florins 14 sols 6 deniers. Pierre Schutz de Bas-Charage recevait le meme salaire, Franqois Petit 11 florins 13 sols 6 deniers, le valet Jean 23 florins 7 deniers, le berger Hubert 49 florins. La servante Madeleine de Niederkorn recevait 15 livres et 14 aunes de toile, 2 27

paires de chaussures et 2 livres de laine. La servante Antoinette recevait le meme salaire, Anne-Marie de Holzem 11 florins 13 sols 6 deniers, Barbe de Septfontaines 18 florins 12 sols. Cet etat qui fut dresse par l'abbesse M.-J. de la Fontaine et l'«officiere» Frangoise de Gourcy me semble etre d un certain interet pour l'histoire economique de notre pays ä une des epoques les plus tragiques de son histoire. Quand Pierre-Alexandre-Cyprien Merjai visita le couvent de Differdange vers la fin de l'annee 1786, leglise abbatiale, rebätie en partie en 1616 par les soins de l’abbesse Jeanne de la Ruelle, il vit ä droite le monument funeraire du fondateur qui etait represente en «gisant», portant en main une eglise; l’inscription en caracteres gothiques etait encore lisible en partie. Le sanctuaire etait bien petit et forme d'une simple nef de choeur. Les monuments des deux neveux du fondateur se trouvaient ä gauche. A cöte de ces sepultures, Merjai vit celles de plusieurs abbesses; il en nota soigneusement les epitaphes. Les moniales etaient enterrees dans le cloitre du couvent. Un tableau sur l'autel representait l’Assomption de la Vierge. Voici la necrologie que Merjai a consacre ä la demiere abbesse: Mais quand ä Madame Marie-Madeleine de Gourcy qui fut la demiere abbesse de ce noble Monastere eile mourut au chäteau de Tifferdange le 26 du mois d’aout de l’annee du Seigneur 1799 ägee de 90 ans et 4 mois, religieuse de profession de 74 ans de jubilee de 24 et de son regne d'abbatialite de 46 ans ayant ete inhumee non dans son monastere mais bien au cimetiere de la paroisse d’Oberkorn etant decedee dans la vie des saints qui fut remplie de vertus de charite et d'exemple sortis du temple de la sagesse et de la piete quelle avait edifies dans ses cloitres et j’en fus aime et respecte par les Ser­ vices importants que feu mon pere y renditß) je lui ai consacre cette epitaphe de ma plume que voici: Hic in Christo piissime jacet Reverendissima ac Illustrissima Do­ mina Maria Magdalena de Gourcy Sanctae Mariae in Tifferdange Ordinis Divi Bernardi ultima Abbatissa. Quid tandem? Siste hic luge et hic vide hujus saeculi tumulum Rosae Rosarum atque inter spinas vitae humanae cineres Matris pauperum ac Consolatricis afflictorum, sed inter tales ac tantas virtutes ad memoriam consecratas per 46 annos semper talis fuit obiit in Deo Optimo Maximo 26 Augusti Anno 1799 aetate 90 annos et 4 menses. R. I. P.6 6) Comme avocat et pensionnaire ou secr^taire des Etats de Luxembourg, le pere de Merjai s'^tait chargö de la gestion des affaires de plusieurs abbayes du Duch6.

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Quand l'äbbaye de Differdange füt supprimee en execution de la loi republicaine du 1er septembre 1796, eile etait habitee par 8 moniales et 3 converses. A l'exemple de l'abbesse, 3 religieuses et toutes les converses refuserent les bons de retraite qui leur auraient accorde une modeste pension.

H. QUELQUES SEIGNEURS ET «BOURGEOIS» DE DIFFERDANGE SOUS L'ANQEN REGIME

Dans l'Apergu historique et touristique illustre de la commune et ville de Differdange que le Syndicat d'Initiative de la ville a publie en 1937, M. l’Abbe Albert Steffen a etudie en detail l'histoire genealogique des seigneurs de cette localite, depuis Alexandre de Soleuvre jusquau baron Christophe-Antoine-Jean-Nepomucene d'Amoult de Soleuvre, decede le 22 fevrier 1795, alors que les troupes de la Republique avaient dejä occupe tout le plat pays de Luxembourg dont elles bloquaient la capitale.1) Comme gouvemeurs du Duche ou justiciers des nobles, Claude de Neufchastel, seigneur du Fay, Chevalier de la Toison d'Or, Salentin d’Isenbourg ont joue un röle de premier plan dans notre histoire nationale. Alors que le premier accompagna Charles de Bourgogne, appele ä tort le Temeraire, dans ses campagnes en Rhenanie, son gendre le comte Felix de Werdenberg etait un des meilleurs generaux de Charles-Quint. Le chäteau de Differdange, construit en 1566, etait ä moitie ruine quand Merjai le vit en 1786. II etait habite alors par deux anciens militaires, descendants de Nicolas d'Alscheidt, officier de la seigneurie de Soleuvre et de Differdange de 1590 ä 1632, dont un frere probablement avait ete anobli par Philippe II en 1591. Merjai qui s'interessait beaucoup aux genealogies seigneuriales mentionne encore un Hartard d’Alscheidt, religieux franciscain et missionnaire en Moldavie et en Transylvanie vers 1654. Les armes de cette famille etaient ecartelees d'or et d'azur au griffon contre-ecartele l'un sur I'autre, ongle et lampasse de gueules, tenant dans la patte droite une hache de gueules. Les historiens ne sont pas d’accord sur la date de la premiere charte d'affranchissement de Differdange; la plus probable est celle de 1338. En tout cas, les libertes communales de cette localite furent confirmees ’) Albert Steffen: Differdingen unter dem alten Regime.

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le 3 juin 1392 par le seigneur Guillaume de Differdange2). Les «bour­ geois» de la localite avaient le droit de moyenne et de basse justice qu’ils exergaient par l'intermediaire d'un mayeur et de quatre echevins jures dont les ordonnances etaient proclamees en termes solenneis par un sergent au pied de la croix de justice qui avait la forme d'une Pyramide. Comme Symbole de ses pouvoirs judiciaires, la bourgeoisie disposait d'un piloris. Puisque la justice etait rendue au nom du seigneur, le mayeur et les echevins devaient demander son autorisation avant chaque seance; s'il etait absent, ils devaient toucher auparavant l'anneau de la porte du chäteau. Les conflits entre ceux-ci et l’officier seigneurial etaient assez nombreux, d'autant plus que, d'apres un document eite par M. Steffen3), les echevins de la bourgeoisie exergaient de fait aussi la haute justice encore au 17e siede. En 1625, ceux-ci protesterent contre les tentatives de l'officier Nicolas d'Alscheidt pour exercer un droit d'appel en fait des sentences prononcees par eux. En decembre 1625, le mayeur, les echevins et les «bourgeois» Jean Fraass, Peter Steffes, Clauss Kündtges et Johan Reingraff adresserent au Conseil Provincial de Luxembourg une protestation contre un verdict de la justice seigneuriale. Le 28 fevrier 1686, les seigneurs de Differdange dont le porte-paroles etait le baron Christophe-Antoine d'Amoult et de Soleuvre demanderent au meme Conseil l'autorisation de faire percevoir une amende ä laquelle ils avaient condamne le mayeur et les echevins de la justice de Differdange. Ayant obtenu cette permission, ils y envoyerent leur sergent accompagne de deux hommes du corps de la haute justice et de trois autres, charges de lui preter main forte le cas echeant. Mais les villageois attroupes chasserent les intrus. Les seigneurs de Differdange prierent le 22 mars le Conseil Provincial d'envoyer dans ce village son premier huissier avec quel­ ques archers pour reprimer cette jacquerie villageoise; celui-ci mit aussi la marechaussee ä leur disposition. Le 15 avril 1720, Dame Anne-Marie de Linden, veuve du baron Charles-Guillaume d'Amoult et de Soleuvre, demanda ä l'Empereur Charles VI la Separation totale des deux seigneuries de Soleuvre et de Differdange qui, pour avoir appartenu longtemps au meme seigneur, n'avaient qu'un seul officier, alors qu'il y avait deux 2) Ouvrage cit6 de M. Majerus, p. 592 s. Les documents qui sont cit6s ä la page siiivante se trouvent dans le mSme recueil. s) Ouvrage cit6, p. 40.

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chäteaux distincts. Le marquis de Prie, gouverneur general des PaysBas autrichiens, demanda l'avis des Etats de Luxembourg qui se prononcerent en faveur de la douairiere d'Amoult. Mais la Separation ne fut sanctionnee que le 27 janvier 1727 par un decret du souverain. Le seigneur de Differdange regut aussi le droit de faire eriger un «signe patibulaire». Pour nos ancetres de l'epoque, les gibets qui se dressaient sur de nombreuses hauteurs du pays etaient plutöt des symboles des droits de haute justice de leurs seigneurs que des engins pour l'execution de criminels. Nicolas van Werveke a eite les procesverbaux de deux interrogatoires qui eurent lieu devant la justice seigneuriale de Differdange le 14 avril 1700 et le 5 janvier 1701 au sujet d'une vision diabolique et de pratiques magiques pour la recherche de tresors 4). En 1760, ä l'occasion de la seconde levee de recrues luxembourgeoises pour le Service de Marie-Therese qui soutenait alors une guerre contre Frederic de Prusse, le tisserand Henry Thiry et Gilles Gouren, domicilies ä Differdange, furent incorpores au regiment d'Arberg. D’apres le cadastre de Marie-Therese qui fut dresse en 1766, les terres seigneuriales de Differdange appartenaient alors ä plusieurs proprietaires: au general baron de Schengen, qui habitait ä Luxembourg, aux barons d'Amoult de Soleuvre qui etaient echevins de Deville, capitaines au Service de France ä Nancy, et ä Caratorm qui etait echevin d’Alscheidt. Ces biens comprenaient 170 journaux de terres arables dont les proprietaires payaient la dime ä la dixieme gerbe, 30 journaux de terre arables qui n'etaient cultives que tous les 9 ans, 5]/z journaux de jardins et de vergers, 73^2 journaux de pres, 10 journaux de päturages, 213 journaux 18 verges de bois et un et un demi joumal de haies. A Differdange, ils possedaient un vieux chateau caduc entoure de fosses profonds, avec une ecurie et une bergerie. Le chateau d'Arschot n'etait pas habite. Ils etaient aussi proprietaires des moulins banaux pres de Differdange et de Nieder­ korn. Les dimes auxquelles ils avaient droit ä Differdange leur rapportaient chaque annee 206 malders 8 setiers en grains, 180^ malders en avoine, d'une valeur totale de 1019 ecus 15 sols. Les deux moulins leur rapportaient annuellement 29 malders 9 setiers de grains. La valeur du droit de peche etait estimee ä 12 ecus par an. Les seigneurs jouissaient aussi de la petite dime sur le lin, les oies, les cochonnets, les agneaux et les pommes de terre, qui etait estimes ä la valeur de 42 4) Das Differdinger Schloßarchiv, Luxembourg 1897, pp. 9 - 1 5 .

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ecus 6 escalins. Hs avaient aussi le droit du pigeonnier. La valeur globale de leurs biens et droits feodaux etait estimee ä 38885 ecus 3 escalins 3 deniers, leur revenu annuel ä 1555 ecus 3 escalins 2 sols 3 deniers. Le comte de Kokorzova, chambellan de l’Imperatrice, colonel d’un regiment qui etait en garnison en Boheme, possedait sur le ban de Differdange un journal 71 verges de prairies, qui valaient 83 ecus 7 escalins 3 sols. Le baron Charles-Sigismond de Tornaco, seigneur de Sanem, capitaine au regiment d'Arberg, possedait ä Differdange et ä Niederkom un journal 149 verges de terres arables, 2 journaux 140 verges de pres. Ces proprietes avaient une valeur de 346 ecus 4 escalins 5 sols 3 deniers. Jean-Francois-Joseph Plischard, capitaine au regiment de SaxeGotha, possedait 79 journaux de terres arables, 3 journaux de terres sartables, 8% journaux de jardins et de vergers, \9% journaux de pres. II possedait deux reservoirs dans un jardin et 2 maisons ä Differ­ dange. La valeur de ses biens etait estimee ä 3138 ecus un escalin 5 deniers, son revenu annuel ä 125 ecus 4 escalins un sol 5 deniers. Marie-Frangoise d'Alscheidt qui gerait les biens de ses deux freres, qui servaient au regiment de Colloredo, disposait de 3 journaux de terres arables dont eile donnait la dime ä la quinzieme gerbe, de 3 journaux 7 verges de jardins, de 2% journaux de pres. Le chäteau qu'elle habitait etait caduc. Cette Dame avait droit au bois de chauffage et de construction et pouvait entretenir 50 moutons dans les bois de la «communaute». La valeur globale de ses biens etait estimee ä 538 ecus 6 escalins 6 sols, leur rapport annuel ä 214 ecus 4 escalins 3 sols. Antoine de Mercy de Chassepierre possedait sur le ban de Differ­ dange 3 quarts de journal de terres arables, 2 journaux de terres sar­ tables, qui etaient cultives tous les 15 ans, 3J4 journaux de prairies. Ces biens etaient estimes ä une valeur de 211 ecus 3 escalins 6 sols 17 deniers, leur rapport annuel ä 10 ecus 6 escalins 6 sols un et un demi deniers. Jean-Henri de Pfortzheim, capitaine et prevöt de Durbuy oü il residait, Jean-Georges de Pfortzheim, qui etait capitaine au regiment de Gaisrugg, et Marie-Elisabeth de Pfortzheim, qui demeurait ä Arlon, possedaient sur le ban de Differdange trois quarts d'un journal de pres, qui etaient estimes ä 78 6cus 5 escalins un et un demi deniers. 32

L’abbaye de Fontaine-Marie possedait ä Differdange 110 journaux de terres arables dont eile donnait la dime ä la dixieme gerbe pour 20 journaux, ä la quinzieme gerbe pour le reste. Elle avait 2 journaux de terres sartables, qui etaient cultivees tous les 9 ans, une fois d'avoine et lautre de sarrasin. Cinq journaux de terres sartables, qui etaient situes dans la pente d'une montagne etaient cultives seulement tous les 25 ans. L'abbaye avait encore devant sa porte un jardin de 2 journaux, qui etait cultive de lin, de chanvre et de luzerne. Dans l'interieur de la cour, l'abbaye avait un jardin potager de ?>/ journaux, un pre de 6 journaux dans son enclos. Elle possedait aussi 18 journaux de pres sur le ban de Differdange. D'une terre d'un et un quart de journal de bois et de haies, le quart rapportait cent livres de houblon ä 3 sols la livre, alors que le reste etait inculte. Le couvent disposait aussi de 23 journaux de terres incultes, y compris le canton de Kalbrougk sur le ban d'Oberkom. Le bätiment conventuel renfermait dans ses murailles une eglise, un cloitre, un refectoire, un oratoire, un parloir, un appartement pour hötes, deux basses-cours, une grange, des ecuries, un colombier, une boulangerie, une brasserie, 2 reservoirs, un jardin potager et un moulin que les religieuses avaient relaisse ä bail pour une indemnite annuelle de 8 ecus et de 4 livres de cire et d'«huilerie». En vertu de son titre de fondation, le monastere avait droit au bois de chauffage et de construction dans les forets des seigneuries de Differdange et de Soleuvre; il en retirait approximativement chaque annee 272 cordes de bois et 1800 fagots. Comme il jouissait aussi du droit de parcours sur le ban de Differdange, il entretenait par «annee commune» 22 betes ä comes, 26 porcs et cent betes ä laine. La valeur de son colom­ bier etait estimee ä 8 ecus. Le couvent possedait aussi les deux tiers de la menue dime sur le chanvre et le lin ä Differdange, Oberkorn et d’une maison de Niederkorm eile etait estimee par «annee commune» ä 5 ecus, y compris le rapport d’un enclos dit Gerstegart. Il avait droit aussi aux deux tiers du sixieme de la dime de Differdange, qui lui rapportaient par annee 7 malders 8 bichets de seigle, 8 malders 3 bichets d'avoine, d'une valeur globale de 44 ecus 6 sols. La maison etait chargee de l'entretien du bätiment et du choeur de l'eglise paroissiale d'Oberkom. Pour les aides et subsides, eile versait par «annee commune» 78 ecus 8 sols. La depense pour trois pensions royales viageres s'elevait ä 142 ecus 48 sols, celle pour l'entretien des bätiments par «annee commune» ä 165 ecus 8 sols 7 deniers. Pour l'entretien des 5 domestiques, de nombreux hötes et de 33

journaliers pauvres, il lui fallait 200 malders 8 bichets de grains par an. La valeur totale des biens abbatiaux etait estimee ä 13047 ecus 4 escalins, leur rapport annuel ä 521 ecus 6 escalins 6 sols 2 deniers. Pour la chapelle St-Andre, le «Brudermeister» Pierre Schmit indiqua un revenu annuel de 9 ecus 5 escalins 7 liards. Le eure d'Oberkorn recevait comme salaire annuel 6 ecus 3J4 sols, le sacristain 10 escalins, le «Brudermeister» la moitie. La chapelle etait entouree d'un verger estime ä 37 ecus 4 escalins.

La «communaute» de Differdange avait 22*4 journaux de terres arables, dont eile versait comme dime 2 gerbes sur 15 ä l'abbaye. Les 108 journaux de terres sartables etaient cultives tout les 12 ans. D’un verger de 3 quarts de joumal et de 15 verges, eile versait la petite dime de lin, de chanvre et de «meschelmitt» au couvent. Pour les 23*4 journaux de pres, eile donnait une chopine d'huile ä l’eglise d’Oberkorn. Une coupe etait faite tous les 30 ans dans les bois communaux, qui avaient une etendue de 7 journaux. Les habitants jouissaient du droit de libre parcours dans les 24 journaux de pres. Les bruyeres du village avaient une etendue de 17 journaux; au Scheuergrund, 5 journaux 76 verges d’un «drisch» etaient utilises comme päturage.

La «communaute» etait chargee de l'entretien de la chapelle et d'une maison avec annexe; depuis de longues annees, eile etait en proces au sujet de certaines stipulations de la charte d'affranchissement. Le baron d’Huart de La Sauvage et les heritiers de la famille Alscheidt jouissaient du droit de libre parcours sur tout le ban de Differdange. La valeur totale des biens communaux etait estimee ä 2569 ecus un escalin 6 sols, leur rapport annuel ä 101 ecus 4 escalins 3 sols 11 deniers. La declaration de ces biens etait signee par le mayeur Andre Petry et les «bourgeois» Nicolas Mathias, Jean-Nicolas Schmit, Pierre Anton, Nicolas Hanck et Jean Schauss. Le joumalier Servais Thiry possedait 3 quarts de journal de terres arables dont il payait la dime ä la quinzieme gerbe, 18*4 verges de jardins dont il versait la dime de chanvre au couvent. Pour sa maison, Ci-contre Le pape Clement IV confirme la donation du droit de patronage de l'eglise d'Obercorn au couvent de Differdange, donation faite en 1237 par Alexandre, seigneur de Soleuvre. Sceau du pape Clement IV Orig. Archive« de l'Etat, Luxembourg ■, A XXVII.

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il versait 19 liards au mayeur. La valeur de ses biens etait estimee ä 11 ecus 3 sols IY2 deniers, leur rapport annuel ä 3 escalins 4 sols l x/i deniers. Jean Kremer possedait 15 joumaux 3 quarts de terres arables dont il versait la dime ä la quinzieme gerbe, un demi joumal et 15 verges de jardin dont il versait la dime de chanvre ä l’abbaye, un demi journal de prairies pour lequel il payait 4 liards au mayeur, une maison avec etable et grange et une autre maison avec etable. La valeur de ces biens etait estimee ä 242 ecus 3 escalins 6 sols 2 deniers, leur rapport annuel ä 9 ecus 5 escalins 4 sols 2 deniers. Henri Commen, meunier du moulin banal, possedait 35j^ journaux de terres arables dont il versait la dime ä la quinzieme gerbe, un et un demi joumal de vergers et 6 journaux de pres. Il devait donner chaque annee un «carlet» d’huile ä leglise paroissiale. La valeur de ses biens etait estimee ä 962 ecus 5 sols un denier, leur rapport annuel ä 38 ecus 3 escalins 6 sols un denier. Marie-Catherine Badlesse, veuve Notomb, possedait I8OJ/2 jour­ naux et 43 verges de terres arables dont eile versait la dime ä la quinzieme gerbe; 3 journaux de terres sartables etaient cultives tous les 15 ans. Elle avait aussi 3 et 3 quarts journaux de jardins et de vergers, 28J4 joumaux et 14j^ verges de pres. Avec le fils Lavalle, eile possedait en commun un etang ä titre d'engagere. Avec sa maison et les dependances, ses biens etaient estimes ä 3495 ecus 4 escalins 4 sols un denier, son revenu annuel ä 139 ecus 6 escalins 4 sols un denier. Voici une liste qui indique la valeur totale des biens d'autres habitants de Differdange, avec leur revenu annuel des ecus, escalins, sols et deniers. Valeur des biens Revenu annuel: Nom du proprietaire-. Veuve Elisabeth Bäll, joumaliere. 0-0-0-3 0-0-6-3 Charles Hoffman, 995-7-1-4V2 39-6-5-43^2 Nicolas Berrens, brasseur de biere. 2- 1-0-2 53-5-1 Dominique Thill, 209-2-3-10^ 8-2-6- 10H Servais Mathias, 78-2-2-4 3-1-0-4 Jean Weber, tisserand, 139-7-3-3^2 5-4-5-3M Nicolas Mathias, 402-7-4-7M 16-0-6-7^2 Jean Bosseier, 11-1-3-3M 279-4-5-3^2 Jean Fentiner, cordonnier, 0-0-4-1H 1-6-5-1M 37

Marc Schlässer, magon et proprietaire d'une brasserie. 92-4-5-H 3-2-2-H Jean Cammes, meunier de 131-6-3-6 l'abbaye, 5-2-1-3 Frangois Gehlen, tisserand, 87-6-0-7 3-4-0-7 Elisabeth Gamminet, veuve de 32-6-5-434 Jean-Georges Jung, i -2-3-4y2 Nicolas Raach, maitre des 13-2-2-9J4 hautes oeuvres, 0-4-l-9}^2 Jean Servay, berger, 60-7-3-234 2-3-2-23^2 Jean Wagener, magon. 1-1-2-5 28-4-4-5H Nicolas Thill, cordonnier. 14-7 0-4-5-4 Nicolas Weiskerber, 186-1-6-2 15-3-4-2 Dominique Limpag, journalier, 0-0-2-43^2 1-3-0-4H 1-1-3-4 Dominique Harttert, journalier, 29-4-6-4 Piene Robinet, magon. 135-3-4-83^2 5-3-2-8H Antoine Krantz, magon, 131-7-5-4 5-3-1-4 0-3-5-8 Charles Liger, 11-7-1-8 Aubin Thill, magon, 22-2-3-3M 0-7-1-3H Jean Noel, 0-6-1-9 0-0-1-9 Les charges annuelles de ce tisserand qui selevaient ä 2 sols deniers depassaient ses revenus. Guillaume Specht, magon. 33-0-6-63^2 1-2-4-634 Piene Courteau, 0-2-2-934 7-3-6-9M Jean Schmit, forgeron. 22-2-3-834 257-7-1-834 47-4-6-8 Pierre Thiry, menuisier. 1-7-1-8 Nicolas Marechal, 1-0-3-4J4 Les charges annuelles de ce jardinier qui s'elevaient. ä 2 sols deniers depassaient son revenu. 11 versait au mayeur 19 liards f sa cabane. Jean Goelm, 24-6-4-734 0-7-6-734 Louis Glad, charpentier. 122-2-1-4 4-7-0-8 Les villageois de Differdange avaient ä cette epoque 110 chevaux, 215 betes ä comes, 262 porcs, 58 chevres et 159 brebis. La valeur de leur betail etait estimee ä 1790 ecus un escalin 3 sols. D'apres une statistique faite en 1764 sur ordre du Conseil des Finances, la region de Differdange produisait assez de grains, de legumes et de fourrages pour l'entretien de la population et du betail. Le houblon etait cultive dans plusieurs villages. Une partie du bois etait transformee en charbon pour etre exportee ä l'etranger. En novembre 1793, la comtesse Therese-Josephine de Trauttmansdorff, nee comtesse de Kokorzova, dame de la Croix etoilee, et son 38

frere le comte Frangois-Paul de Kokorzova, premier lieutenant au regiment de Levenehr chevaux-legers au Service de l'Autriche, mirent en vente publique la seigneurie de Differdange et de Soleuvre, qui ötait composee de Soleuvre, Differdange, Ober- et Niederkorn et de plusieurs sujets dependants dans les villages d’Abweiler, Holzem, Bergern et Büringen.

m . DIFFERDANGE SOUS LE REGIME FRANQAIS

Le 18 octobre 1792, alors que Goethe faisait des promenades sur les remparts de la forteresse de Luxembourg et que les Prussiens qui venaient d'evacuer Verdun dressaient leurs tentes pres de Hollerich, la Gazette Politique et Litteraire de Luxembourg, que des emigres frangais publiaient dans notre capitale informa ses lecteurs qu'une bande de «tricolores» etait venue piller Differdange dont les habitants s'etaient refugies dans les forets voisines. Le 4 septembre 1793, un detachement frangais envahit ä 5 heures du matin le domicile de Charles-Ferdinand Vesque, arpenteur jure, notaire, officier de la seigneurie et administrateur des biens du comte Louis-Engelbert d'Arenberg; sous la menace des envahisseurs, il dut verser la somme de mille ecus. Le 1er mars 1794, le baron de Schröder, lieutenantgenöral ä Luxembourg, ecrivit au procureur genöral d'Olimart que l'artillerie avait regu l'ordre de retirer des mains des civils luxembourgeois les fusils dits coniques. Hs devaient les remettre ä l'arsenal de Luxembourg pour y recevoir d'autres. Les villageois de Differdange, Ober- et Niederkorn disposaient de 95 de ces armes. Le 26 avril 1794, le joumal des emigres publia cette information qui me semble bien caracteristique pour le style de la propagande contre-revolutionnaire: «Ces apötres de la revolution se signalent chaque jour par des crimes qui surpassent encore ceux dont ils ont inonde les contrees voisines qu'ils ont envahies; ils ont massacre 24 paysans ä Differdange, et d'autres dans d'autres villages; dans plu­ sieurs ils ont commis des viols; ils ruinent ou detruisent les eglises et les chapelles, profanent les vases sacres et hachent les statues des saints ä coups de sabre; ils mettent le feu aux chäteaux, ils ont reduit en cendres delui de la Claireaux, et ont detruit de fond en comble les forges du meme lieu. On se rappelle qu'ils prechoient avec une Sorte de complaisance: guerre aux chäteaux, paix aux chaumieres. Mais 39

cette regle de conduite est oubliee, et cet ouragan furieux ne renverse pas seulement les chenes superbes, il deracine 1'humble roseau.» L'abbe Jacques Prott qui avait pu entendre encore pendant son enfance ä Budersberg les recits des derniers survivants de ces jours memorables et des evenements tragiques de Differdange en a fait un expose detaille dans lequel il fait une place importante ä Vesque, qui dirigeait la resistance des paysans et ä Dominique Hausemer1). Comme victimes, il mentionne Pierre Brasseur, Antoine Ranck, Valen­ tin Lang, Nicolas Schmitt, Jacques Ewert, Charles Ewens, Pierre Ries, Dominique Kieffer, Pierre Bell et le pere de Dominique Hausemer. Le commandant de Luxembourg avait envoye au secours de la population un detachement de 40 ä 50 cavaliers, qui reussissaient pour le moment ä tenir la foret de Walwerwald. Apres la capitulation de la forteresse de Luxembourg qui fut signee le 7 juin 1795, les religieuses de Differdange se retirerent probablement dans leur refuge; les scelles furent apposes aux portes de leur couvent le 10 juin 1796 par les soins de la municipalite de BasCharage. Comme tous les paysans luxembourgeois, ceux de Differ­ dange furent charges de nombreuses foumitures aux armees de la Republique et de l'Empire. Le 13 juillet 1796, la commune dut fournir 4 chevaux de trait avec harnais pour le Service postal. Le 10 decembre 1796, J.-P. Hemer transporta 5 bichets d'avoine aux magasins de la forteresse. En octobre 1808, la commune dut fournir 1750 kilogrammes de foin, 1620 litres d'avoine. En decembre 1809, les villageois de cette commune durent amener 4 voitures sur les glacis de la forteresse de Luxembourg pour transporter ä Arlon des troupes destinees pour Anvers, en mars 1810 deux chevaux pour un transport de troupes aux Pays-Bas. En fevrier 1813, les habitants de Differdange durent fournir encore une fois deux chevaux. Voici la liste des jeunes gens de Differdange qui se presenterent le 15 avril 1810 pour la levee de conscrits de l'annee suivante 2): JeanPaptiste Adam*, cloutier, Jean-Pierre Belle, manoeuvre, Quirin Bosseler, manoeuvre, Piene Bosseier*, cultivateur, Michel Berchem, ma­ noeuvre, Nicolas Gilardin, manoeuvre, Nicolas Feiltgen, manoeuvre, J) Ce r6öt qui porte le titre: Die Metzelei von Differdingen, am 19. April 1794 a 416 publiö dans le «Luxemburger Hauskalender zur Förderung christlicher Heiter­ keit», annöe 1874. 2) Les noms marquös d'un astörique sont mentionnes aussi dans l'ouvrage de Charles Schaaek: 1 7 9 2 - 1815. Les Luxembourgeois Soldats de la France. Luxemxembourg 1910.

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Jean Hamei, manoeuvre, Claude Kuffer, manoeuvre, Nicolas Kremer*, laboureur, Jacques Melchers, manoeuvre, Pierre Nicles, Mathias Sandignier, cordonnier, Pierre Schockmel*, manoeuvre. Le 24 mars 1800, le marechal-ferrant Jean-Nicolas Schmit, les laboureurs Pierre Hansel et Pierre Meyer, le manoeuvre Jean Niclouse adresserent cette requete ä l’Administration Centrale du Departement des Forets: L'on expose ä l'administration, que les fourrages sont si rares en l'agence de Differdange, qu'il n'y a pas un citoyen qui puisse ceder une botte de paille ou de foin a un autre, et les quatre habitants ci-dessus nommes ayant ete incendies et leurs habitations, granges et ecuries ayant ete entierement consommees par les flammes, il ne leur est reste rien de leurs fourrages pour entretenir leurs bestiaux qui se trouvent ä la belle etoile; et comme ces bestiaux sont pourtant, ce qu'il y a de plus precieux reste aux pauvres malheureux, qu'ils ne sont pas en etat d'entretenir dans un temps de disette. C’est pourquoi ils prennent leurs recours ä l'administration Ia priant de vouloir leur accorder la faculte de faire paturer leurs bestiaux dans les bois domaniaux soit de Waver ou de Selaumont, pour pouvoir les conserver jusqu’ä la moisson et y prendre des chevirons et des lattes necessaires. L'Administration Centrale du Departement refusa cette autorisation en alleguant que la famille Arenberg pourrait demander dans ce cas une indemnite ä la Republique, si eile etait reintegree dans la propriete de ses biens. La foret de Selaumont faisait partie du Depar­ tement de la Moselle. Elle proposa toutefois ä l'Administration Municipal de Differdange d'assigner ä ces paysans une partie du taillis du bois communal. Voici la liste des membres du Conseil Municipal de Differdange au debut de l'annee 1803, alors que la commune qui avait ete rattach^e d'abord au canton de Bas-Charage faisait partie de celui de Messancy: Dominique Hausemer, cultivateur sans fortune, maire, Christophe Brasseur, meunier de peu de fortune, adjoint, Frangois Schouman, riche tanneur, conseiller, Nicolas Gindt, fermier de peu de fortune, conseiller, Jean Reding, conseiller, Nicolas Weber, aubergiste aise, conseiller, Charles Keil, cultivateur fortune, conseiller, Jean Jaminet, tailleur de peu de fortune, conseiller, Pierre Hanzel, cultivateur de peu de fortune, conseiller. 41

Pierre-Joseph Durieux, neveu du dernier President du Conseil Provincial de Luxembourg, etait maire de la commune en 1801; Dominique Lavalle etait son adjoint. Durieux eut comme successeurs Dominique Hausemer et Joseph de Gerlache. Au debut de l'annee 1805, Charles-Ferdinand Vesque qui etait devenu membre de l’Administration Municipale de Differdange fut accuse d'avoir commis des abus dans la gestion des biens et des comptes de la commune; il etait toujours en retard pour le payement des impöts. Le denonciateur exposa aussi l'activite de Vesque pendant les demiers temps de la domination autrichienne dans la region. Alors que l'armee de Sambre-et-Meuse campait ä Morfontaine pres de Longwy, il etait alle ä Luxembourg pour y prendre des armes et des munitions; il avait conduit a Differdange 18 hussards verts pour combattre contre des patrouilles frangaises. Ayant transforme sa maison en veritable arsenal, il avait encourage les villageois des communes voisines ä prendre les armes, en proclamant que la seigneurie de Differdange etait assez forte pour se defendre contre mille «crapauds bleus». Vesque avait engage meme par force les paysans ä prendre les armes, et cause ainsi la mort de plusieurs peres de famille. Il s'etait rendu dans le canton de Wiltz lors de l'insurrection des paysans ardennais; l'Empereur d’Autriche avait recompense ses Services par une medaille d'or. Charge d'un rapport sur les paroisses du canton de Messancy, il avait trouve une nouvelle occasion de manifester sa haine contre le gouvernement frangais; dans une lettre du 9 aout 1804, il avait ecrit que la religion etait dejä assez vilipendee, et que les 500 francs que le gouvemement offrait sur le papier aux eures ne lui rendraient pas son lustre. Il resulte de documents qui concernent l'insurrection des paysans ardennais que Corneille Brasseur de Differdange avait prete son passeport au baron Du Prel du chäteau d'Erpeldange pour faire un voyage ä Paris peu de temps avant cette revolte; lors d'une visite domiciliaire, les gendarmes frangais constaterent que Du Prel venait de bruler une grande quantite de papiers dans une cheminee. Brasseur qui avait fait de la resistance lors de son arrestation fut blesse au bras. Le 11 mars 1805, J.-B. Lacoste, prefet du Departement des Forets, chargea le maire de Differdange de convoquer le Conseil pour le surlendemain ä 8 heures. Reuter, membre du conseil de prefecture et President du College electoral du Departement allait examiner avec les conseillers les accusations contre Vesque. Le 29 mai, Lacoste transmit les denonciations aussi au Ministern de l'Interieur. L'inculpe fut destitue le 42

4 juillet 1805 et remplace par Henri Stein. II est peu probable que les autorites qui prirent cette mesure aient tenu compte de l'attitude de Vesque avant l’occupation de Differdange par les troupes republicaines. Le 30 mai 1809, Jean Nothomb, ancien major au regiment autrichien de cuirassiers du Duc Albert et beau-frere du proprietaire de la faiencerie de Septfontaines, regut l’autorisation de setablir ä Differ­ dange. Cette permission fut accordee vers la meme epoque aussi a J.-B. d'Alscheidt, lieutenant des grenadiers du regiment de Charles Colloredo infanterie, en gamison ä Prague, et ä Frangois d'Alscheidt qui etait sous-lieutenant au meme regiment. Merjai avait fait la connaissance des deux personnages dejä en 1786 ä Differdange. En juillet 1804, Geyssler, entrepreneur des fortifications de la forteresse de Luxembourg, ecrivit au sous-directeur de ce Service qu'en conformite ä ses ordres, il avait envoye un agent ä la carriere de Differdange au lieu-dit Gruben pour y negocier avec l’Administration Municipale qui demandait un prix trop eleve pour ses pierres, puisqu'elle etait convaincue qu'il n'en trouverait pas ailleurs de convenables pour ses travaux. Geyssler esperait qu'un simple arrete du prefet suffirait pour regier cette difficulte. Le 28 septembre, Vesque, le magon Michel Gruber et le tailleur de pierres Jean Neuw estimerent la valeur de cette carriere ä 236,50 francs. En 1807, le vicaire Franck donnait ä Differdange une instruction elementaire pendant la mauvaise saison ä environ 120 ecoliers. Les parents de ceux qui apprenaient aussi lecriturelui versaient un salaire mensuel de 0,60 francs; pour ceux qui se contentaient d'apprendre ä lire, il recevait la moitie. En 1809, ces fonctions etaient remplies par le manoeuvre Dominique Weber, äge de 33 ans, qui ne savait que l'allemand. Il n’avait aucun titre officiel; le vicaire lui cedait une chambre pendant le temps qu'il faisait ses legons. Une fondation scolaire lui rapportait 52,50 francs par annee; il en payait une contribution de 7,92 francs. Pour chaque eleve, il recevait un salaire mensuel de 0,30 francs.

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IV. LES DEBÜTS DE L'INDUSTRIE SIDERURGIQUE A DIFFERDANGE

Inutile de dire que le developpement de la Ville de Differdange est lie bien etroitement ä celui de notre industrie siderurgique. D’apres une lettre qu'Olimpe de St-Mauris, veuve du baron Charles-Elisabeth-Joseph d'Huart adressa le 20 novembre 1813 ä Jourdan, prefet du Departement des Forets, la forge de La Sauvage avait ete fondee en vertu d’une autorisation accordee le 24 aoüt 1614 par l’archeveque Lothaire de Metternich, seigneur de Differdange, qui avait cede aussi cinq quarts de journaux de terre pour la construction de cet etablissement. Le nouveau maitre de forge devait verser un droit de 12 thaler par an. Comme une partie de l'usine se trouvait sur la rive gauche du ruisseau qui formait la frontiere entre le Luxembourg et la Lorraine, le Duc de ce pays accorda egalement un octroi le 7 mai 1615. Par un decret du 6 mai 1624, il permit la construction dune forge et d'une affinerie en cet endroit. En 1623, cette entreprise appartenait ä Gabriel Bemard qui etait originaire de Longwy 1). Celui-ci la ceda dans la suite ä Thomassin, proprietaire des forges de Herserange. En 1762, eile devint la propriete des barons d’Huart qui la possedaient jusqu'en 1828. D’apres un rapport qui fut presente au Conseil des Finances en 1764 ä la suite d'une enquete sur l'activite economique dans les Pays-Bas autrichiens 2), la forge et la fonderie de Differdange produisaient chaque armee 400.000 ä 500.000 livres de fer et environ 40.000 ä 50.000 livres en poterie. Quatre ouvriers travaillaient aux foumeaux et 8 ä la forge; cette entre­ prise occupait encore deux mineurs et environ cent voituriers tant pour *) Voir l'6tude de loseph Wagner: La Sid^rurgie luxembourgeoise avant la d6couverte du gisement des minettes, Luxembourg 1921, pp. 1 7 5 - 177. 2) Voir mon 6tude: Quelques pages de l'histoire de l'industrie m^tallurgique luxembourgeoise sous le rdgime autrichien, parue dans la Revue Technique Luxem­ bourgeoise, 1952, 4.

G-contre

Luxembourg, 1282 Guillaume, seigneur de Sassenheim fait don au couvent de Differdange de la part qui lui revient du dime et du droit de patronage de I’£glise de Bascharage ainsi que de la moitid de la possession allodiale de Wolcrange. Sceau 6questre de Henri V le Blondei, comte de Luxembourg. Orig. Arehives de TEtat A XXVII.

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les «mines» que pour le transport des charbons et des fers, deux charbonniers avec des valets, 6 dresseurs de cordes et bücherons, en tout 126 ouvriers avec les laveurs de «mines». Remarquons que dans la siderurgie d'autrefois, le bücheron, ou pour employer le terme wallon plus usite chez nous, le «bocquillon» etait parmi les simples ouvriers le personnage le plus important. Les fers luxembourgeois etaient exportes generalement en barres dans la principaute de Liege oü ils servaient surtout ä la fabrication de clous. Les problemes qui preoccupaient les industriels luxembourgeois de cette epoque, particulierement l’approvisionnement en bois de chauffage, sont exposes dans plusieurs lettres que le baron d'Huart adressa en 1765 et 1766 au comte Jean-Philippe de Coblenz qui etait charge alors par son oncle, le ministre plenipotentiaire ä Bruxelles, d’une visite des forets domaniales du Luxembourg et qui avait une connaissance parfaite de la Situation economique et sociale du pays. D'Huart avait alors des difficultes avec les Wendel de Hayange, «admodiateurs» de la forge de Villerupt qui apartenait ä Madame de Gerbeviller. Un edit du chancelier lorrain de la Galaiziere qui defendait l’exportation de bois et de charbons de ce Duche avait suscite de graves embarras au proprietaire de la forge de La Sauvage. Celui-ci demanda vers 1762 un octroi exclusif pour la recherche de houille et de «charbon de terre» dans plusieurs prevötes du Luxembourg, ä l'exclusion de la seigneurie de Mont St-Jean. Cette permission lui fut accordee le 24 janvier 1765. Le 5 decembre 1763, Marie-LudvineTherese de Bost d’Esch, comtesse douairiere de Chanclos, demanda au Conseil des Finances l'autorisation de faire faire dans la seigneurie de Differdange des recherches de veines de «charbon de terre»; auparavant, eile avait dejä demande la meme autorisation pour la seigneurie Ci-contre Riete 1289 deuxieme annde du pontifiat de Nicolas IV Vingt et un archeveques et dveques accordent une indulgence de 40 jours ä quiconque apporte une aide materielle ou morale aux soeurs cisterciennes du couvent de Differdange. Sceaux: Boemond de Tteves, Roger de Saint Severin, Philippe de Salerne, Theoctiste d'Adrianople, Johannicie de Mokicense, Pierre d'Arbe, Laurent de Conza, archeveques,Pierre de Tarazone, Bartholomee de Gaeta, Guillaume de Cagli, Maure d'Antelie, Conrad de Toul, Pierre de Segni, Duimus de Phaereyen (Dalmatie) Jacques de Marsi, Lothaire de Veroli, Petrone de Larino, Guillaume de Digne, Nicolas d'Aquila, Munal de d'Osime, Marcel de Tortiboli, 6veques, Orig. Archives de l’Etat A XXVII

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du Mont St-Jean oü eile possedait des droits feodaux tres etendus. Pour les deux seigneuries, eile offrit les memes conditions. Le Conseil Provincial de Luxembourg proposa le 20 decembre de lui accorder cette permission, sous condition quelle versät une taxe ä la caisse des domaines de l'Imperatrice. Les resultats de ces recherches sont inconnus; de tres faibles quantites de «charbon de terre» etaient exportees du Luxembourg dans l'Electorat de Treves vers la fin de landen regime. Frangois-Xavier de Feiler qui traversa la region de Differdange en 1775 en fit une description trbs pittoresque dans son joumal de Voyage3).- «Nous passons par la Sauvage, gorges et chäteau situes entre les montagnes; endroit vraiment sauvage, mais philosophique et ami des reflexions; de belles eaux, des rochers, des bois, des jardins cultives, un travail tres anime, l'art et la force achames ä subjuguer le plus dur des metaux, le bruit que font les forgerons, mele au murmure des cascades,- assemblage tres piquant, qui renvoie mes pensees dans ma chere Hongrie, et dans les montagnes plus cheres encore de ma Transylvanie.» Comme Feiler avait des connaissances approfondies en geologie - il avait combattu certaines theories de Buffon - il examina en detail un rocher de pierre ponce,- il ne partageait pas l'opinion des geologues de l'epoque qui attribuaient ä cette pierre une origine volcanique. D’apres un rapport du Citoyen Charles Dhuart4), les troupes de la Republique enleverent en 1794, lors de leur passage ä La Sauvage, 37.400 livres de fer ä 20 onces la livre qui furent transportees successivement ä Longwy et ä Herserange. Il estimait cette perte ä 5.236 livres ou francs. Les Frangais lui avaient enleve en sus 4.000 livres de fer platine d'une valeur de 720 livres, et 150 bennes de charbon d'une valeur de 9.750 livres. Le fourneau et la forge etaient completement degrades, les cuirs des soufflets decoupes, les rouages brises, la plupart des engins enleves, les etangs desseches. D’apres la lettre dejä citee de la baronne douairiere, la forge de La Sauvage etait composee d'abord d'une affinerie et d'une chaufferie; en 1794, celle-ci ayant ete reconnue comme «abusive» fut remplacee par une seconde affinerie qui demeurait toutefois inactive ä cause du manque d'eau. Le cours d'eau de l'usine de La Sauvage consistait en un ruisseau forme par les «fontaines» de Hussigny et de Godbrange.*) 3) Itin6raire ou Voyages de M. l'Abb