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L’ECCLÉSIOLOGIE D’ANSELME DE LUCQUES (1036‑1086) AU SERVICE DE GRÉGOIRE VII : GENÈSE, CONTENU ET IMPACT DE SA « COLLECTION CANONIQUE »
I N S T R V M E N TA PAT R I S T I C A E T M E D I A E VA L I A
Research on the Inheritance of Early and Medieval Christianity
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L’ECCLÉSIOLOGIE D’ANSELME DE LUCQUES (1036‑1086) AU SERVICE DE GRÉGOIRE VII : GENÈSE, CONTENU ET IMPACT DE SA « COLLECTION CANONIQUE »
Andrey M itrofanov
2015
I N S T R V M E N TA PAT R I S T I C A E T M E D I A E VA L I A
Research on the Inheritance of Early and Medieval Christianity
Founded by Dom Eligius Dekkers (†1998)
Rita Beyers Alexander Andrée Emanuela Colombi Georges Declercq Jeroen Deploige Paul-Augustin Deproost Anthony Dupont Jacques Elfassi Guy Guldentops Mathijs Lamberigts Johan Leemans Paul Mattei Gert Partoens Marco Petoletti Dominique Poirel Paul Tombeur Marc Van Uytfanghe Wim Verbaal
All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher. © 2015, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium D/2015/0095/57 ISBN 978-2-503-55489-1 Printed in the EU on acid-free paper.
PREFACE Pour le soutien et l’aide que nous avons reçus d’eux dans notre travail, nous voudrions exprimer nos sentiments les plus sincères de gratitude à Son Éminence Jean-Pierre Delville, l’évêque de Liège, à Son Éminence Léon (Zerpizky), le métropolite du Grand Novgorod, au Révérend Père Dom Philippe Vanderheyden OSB, l’abbé du monastère de l’Exaltation de la Sainte Croix de Chevetogne, ainsi qu’à toute la communauté et très particulièrement au Révérend Père Dom Antoine Lambrechts, le bibliothécaire ; à l’Association Œcuménique « Unitas », à M. Sergei Beliaev, au Révérend Père Dom Odo Lang OSB, le bibliothécaire du monastère de Sainte Vierge Marie des Ermites d’Einsiedeln, à Mme Brigitte Basdevant-Gaudemet, professeur à l’Université Paris-Sud, à M. Louis Léon Christians, Professeur à l’Université Catholique de Louvain, à M. Jacques Pycke, Professeur à l’Université Catholique de Louvain, Mme Rita Lizzi Testa, professeur à l’Université de Pérouse, à Mme Galina Lebedeva, professeur à l’Université de SaintPetersbourg, à Mme Kathleen Cushing, professeur à l’Université de Keele, à Mme Francine Dominique Lichtenhan, professeur à l’Université de la Sorbonne Paris-IV, à Mme Françoise Petit.
TABLE DES MATIÈRES Introduction . . . . . . . . . . . . . . . 11 Le sujet, son intérêt et la nouveauté de l’approche La méthode utilisée et le plan de travail Le questionnement principal
Première partie Analyse des sources Introduction à la première partie .
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Chapitre I Les sources . . . . . . . . . . . . . . . 23 Sources hagiographiques Œuvres d’Anselme Sources narratives Conclusion
Chapitre II Le portrait d’Anselme dans la littérature scientifique Littérature médiévale Littérature de l’époque moderne Conclusion
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Chapitre III Étapes de la vie d’Anselme Esquisse d’un portrait historique La famille « da Baggio » La jeunesse d’Anselme Ministère épiscopal d’Anselme Anselme exilé Conclusion
Chapitre IV La « Collection canonique » et sa tradition manuscrite
Importance de la « Collection » et question de sa paternité Manuscrits Conclusion
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Chapitre V Recherches sur la version originale de la « Collection canonique » d’après l’analyse des rubriques . . . . 81 Caractéristiques des versions textuelles Critères de la reconstruction de la version originale
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TABLE DES MATIÈRES
Les rubriques communes des versions “A”, “B” et “C” montrant le noyau de la version originale (le « protographe ») Conclusion
Chapitre VI Le problème de la source la plus ancienne de la « Collection canonique » d’Anselme de Lucques : la « Collection Quesnelliana » . . . . . . . . . . . . . . . . 91 Anselme de Lucques et l’utilisation de la « Collection Quesnelliana » L’origine de la « Collection Quesnelliana » Contenu de la « Collection Quesnelliana » La tradition manuscrite de la « Collection Quesnelliana » La « Collection Quesnelliana » et la « Collection » d’Anselme Conclusion
Conclusion de la première partie . . . . . . . . 111 Deuxième partie Commentaire des sources Introduction à la deuxième partie
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Chapitre VII L’ecclésiologie d’Anselme de Lucques d’après la « Collection canonique » (Livres I-IV, la version “A”) . . . . . 115 La position du pape dans l’Église universelle Le droit d’appel La procédure judiciaire ecclésiastique du point de vue d’Anselme Les matières liées à l’ecclésiologie Conclusion
Chapitre VIII L’ecclésiologie d’Anselme de Lucques d’après le « Liber contra Wibertum » . . . . . . . . . . . . . 137 Les racines de l’ecclésiologie d’Anselme L’ecclésiologie du « Liber contra Wibertum » L’attitude de l’Église ancienne à l’égard des schismatiques et la position d’Anselme Conclusion
Chapitre IX La discipline générale antique de l’Église et l’ecclésiologie d’Anselme de Lucques . . . . . . . . . . . 153 L’ecclésiologie de l’Église ancienne et Anselme de Lucques L’ecclésiologie byzantine et Anselme de Lucques Conclusion
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table des matières
Chapitre X Anselme de Lucques et le droit romain : actualisation des textes anciens et anachronisme historique . . . . 171 Anselme de Lucques et la « Collection en 74 titres » Anselme de Lucques et les Сonstitutions romaines impériales Conclusion
Chapitre XI La doctrine morale et la spiritualité d’Anselme de Lucques : Le « Sermo de caritate », les lettres et les prières . . 187 La doctrine morale anselmienne La spiritualité anselmienne Conclusion
Conclusion de la deuxième partie . Conclusion générale
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Perspectives de recherches Épilogue
Annexe
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La Comparaison des rubriques de la « Collection » d’Anselme de Lucques d’après les versions différentes
Manuscrits examinés . . . . . . . . . . . . 317 Sources . . . . . . . . . . . . . . . . 319 Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . 323 Index
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INTRODUCTION Le sujet, son intérêt et la nouveauté de l’approche La querelle des Investitures, conséquence politique de la Réforme grégorienne effectuée par Grégoire VII après 1073, peut être considérée comme le moment central de l’histoire de l’Église en Occident au Moyen Âge. Cette lutte a été provoquée par le conflit entre des principes différents concernant l’existence de l’Église : la liberté politique et sociale, réalisée dans le cadre de la Réforme effectuée par le pape Grégoire VII, a rencontré la résistance des forces liées à la Cour impériale et de la tradition ecclésiastique basée sur le modèle des rapports entre l’Église et l’Empire à l’époque ottonienne et même carolingienne. Le césaropapisme allemand, devenu réalité après le couronnement d’Otton Ier en 962, et les liens sociaux entre la hiérarchie épiscopale, le clergé et les familles nobles, empêchaient la réalisation du programme de changement de la vie de l’Église au sens évangélique, commencé par les moines de Cluny. Les défauts devenus habituels chez la plupart des prélats – simonie, mépris de la chasteté, asservissement aux princes séculiers – ont suscité la Réforme effectuée par la force politique exercée par les papes Alexandre II et Grégoire VII. La lutte entre la papauté et l’Empire est devenue une page dramatique de l’histoire médiévale, au même titre que les croisades ou la naissance de la philosophie scolastique. L’esprit de cette époque héroïque et sanglante se reflète dans les œuvres des contemporains, écrites pour glorifier les promoteurs de la Réforme grégorienne. La Réforme grégorienne de la vie de l’Église, et la lutte pour l’investiture, signée par la guerre ouverte entre Grégoire VII et l’empereur Henri IV et par le ravage normand de Rome, ont suscité une grande littérature polémique, composant deux volumes publiés par les « Monumenta Germaniae Historica » intitulés « Libelli de lite ». Cette littérature nous donne un bon exemple du développement vivant de la pensée canonique de l’Occident chrétien. La formation du droit canonique comme discipline juridique auto-
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nome réalisée au XIIe siècle n’aurait pas été possible sans la littérature canonique née à l’époque grégorienne. En même temps, cette littérature a provoqué une discussion plus approfondie sur la nature de l’Église chrétienne. L’ecclésiologie, c’est-à-dire la compréhension théologique et canonique de la vie et de l’organisation ecclésiastique, est devenue un sujet central de presque tous les textes écrits dans le cadre de la querelle des Investitures. Parmi les écrivains-collaborateurs de Grégoire VII, Anselme de Lucques (1036‑1086) occupe une place centrale, car sa vie et ses œuvres ont eu une valeur exceptionnelle pour l’action de la Réforme grégorienne et pour l’ecclésiologie sous-jacente. Neveu du pape Alexandre II, devenu évêque mais ayant ensuite refusé son évêché à cause de l’investiture civile, prélat converti au monachisme bénédictin et revenu dans son diocèse sur l’ordre de Grégoire VII, Anselme a été un personnage pieux et courageux. Cependant, comme l’a justement dit Kathleen Cushing, la personnalité autoritaire du pape Grégoire VII l’a rejeté dans l’ombre sous laquelle ses collaborateurs fidèles ont souvent été éclipsés1. Il est vrai que pendant longtemps l’image d’Anselme de Lucques n’a pas été bien reconnue dans la littérature historique, bien qu’il ait été le principal compagnon de Grégoire VII au plus fort de la lutte contre l’Empire. Quoi qu’il en soit, la « Collection canonique » attribuée à Anselme, ses lettres ainsi que son activité pastorale l’ont placé parmi les plus remarquables personnages de l’époque. La naissance de la « Collection canonique » d’Anselme de Lucques2 (environ 1083), partisan fidèle et combattant laborieux de Grégoire VII, a été d’une importance évidente pour ses contemporains. L’ecclésiologie générale de la « Collection » d’Anselme liée à sa méthode canonique était influencée par l’amitié qui existait entre le pape et l’évêque de Lucques 3. En même temps, Anselme 1 K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canonistic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 1 2 C. Fonseca, « La “Memoria Gregoriana” di Anselmo da Lucca discorso di aperture », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture. Atti del convegno internazionale di studi (Mantova 23‑24‑25 maggio 1986), a cura di P. Golinelli, Bologna, 1987, p. 17‑18. 3 « And the general juridical theory of Anselm’s collection reflects his friendship with Pope Gregory VII » : A. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum B. 34, Frankfurt am Main, 2006, p. 5 ; « Due cose si notano concordemente nella persona di Anselmo di Lucca :
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se devait de construire sa doctrine ecclésiologique sur le fondement de la tradition précédente, car sa méthode de travail restait celle du chanoine antiquaire : le droit canonique n’était pas encore devenu la discipline universitaire des décrétistes ou des décrétalistes 4. L’école cléricale, qui existait auprès de la cathédrale de Lucques à l’époque, pouvait tenir lieu de laboratoire à Anselme, qui voulait maintenir le contact avec les responsables des archives de la curia pontificalis5. La réception de la tradition canonique précédente devait être importante pour l’évêque de Lucques, en raison aussi de la concurrence possible avec les autres recueils des règles ecclésiastiques. Comme l’a montré Gérard Fransen, à l’époque où Anselme rédigeait son ouvrage, Burchard de Worms (965‑1025) était encore copié en Toscane 6 et il a été utilisé par Anselme. L’époque d’Anselme de Lucques n’a pas seulement été le temps de la Réforme grégorienne et de la querelle des Investitures, mais aussi le temps du schisme entre Rome et Constantinople, commencé quand Anselme avait presque 18 ans. L’affirmation, par Grégoire VII et Anselme de Lucques, de l’autorité suprême du Siège apostolique n’a laissé aucun espace libre, ni aux partisans de l’Église impériale en Lombardie et même en Allemagne, ni aux Grecs, fidèles aux principes de la Pentarchie aprouvée par les décisions des conciles anciens. Les « Fausses Décrétales » (c. 850‑853, probablement rédigées à Corbie) adoptées par Rome au IXe siècle, la « Collection Hispana d’Autun » de la même époque et certains fragments des Pères de l’Église récupérés et commentés d’une già i suoi contemporanei affermavano che abbia voluto coscientemente imitare in tutto Gregorio VII, cuius vestigia exsequi ferventer desideravit nella teoria e nella prassi » : A. Stickler, « Il potere coattivo materiale della chiesa nella riforma Gregoriana secondo Anselmo di Lucca », Studi gregoriani, 2 (1947), p. 241. 4 G. Picasso, « La “Collectio canonum” di Anselmo nella storia delle collezioni canoniche », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture. Atti del convegno internazionale di studi (Mantova 23‑24‑25 maggio 1986), a cura di P. Golinelli, Bologna, 1987, p. 319. 5 A. Szuromi, op. cit. p. 4‑5 ; K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canonistic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 89. 6 G. Fransen, « Anselme de Lucques canoniste ? », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca (1073‑1086) nel quadro delle trasformazioni sociali della riforma ecclesiastica a cura di C. Violante, Roma, 1992, p. 145.
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manière adaptée à l’idéologie grégorienne sont devenus l’une des principales sources pour toutes les collections dites « grégoriennes » : la « Collection en 74 titres », la « Collection de Deusdedit » et enfin la « Collection canonique » attribuée à Anselme de Lucques, à ce jour l’ouvrage le plus approfondi et le plus complet. Les recherches d’Alfonse Stickler, d’Edith Pásztor, de Kathleen Cushing et d’Anselme Szuromi expliquent bien le caractère exceptionnel du travail d’Anselme et son importance pour le droit canonique. Cependant il n’est pas possible d’ignorer une série de questions restées sans réponse satisfaisante dans les nombreux ouvrages consacrés à Anselme de Lucques. Ces questions déterminent la nouveauté de notre approche : – Quels ont été les vrais rapports d’Anselme et des ouvrages qui lui sont attribués7 ? – Quelle était la version primitive (« protographe ») de la « Collec‑ tion canonique » d’Anselme écrite c. 1083 8 ? – Comment faut-il considérer l’ecclésiologie exprimée dans ses œuvres dans le cadre de la Réforme grégorienne du point de vue de la tradition ancienne de l’Église latine autant que grecque9 ? – Quelles sont la valeur historique et l’influence des textes liés à son nom10 ?
Nous avons essayé de répondre à ces questions dans les pages du présent travail. 7 Il n’y a pas de preuve exacte quant à la paternité anselmienne de tous les ouvrages qui lui sont attribués. 8 La question est compliquée, car il y a des hypothèses différentes sur l’origine de la « Collection ». En tout cas aucune version manuscrite conservée ne peut être considérée comme la version de l’auteur. 9 Edith Pásztor qui s’est occupée des motifs de l’ecclésiologie d’Anselme, considérait sa pensée dans le cadre de la théologie augustinienne, sans référence au discours ecclésiologique plus élargi, particulièrement à celui des Pères grecs : E. Pásztor, « Motivi dell’ecclesiologia di Anselmo di Lucca. In margine a un sermone inedito », Bullettino dell’Istituto storico italiano per il Medio Evo e Archivio muratoriano, 77 (1965), p. 45‑104. 10 Kathleen Cushing est la seule chercheuse qui ait essayé de résoudre le problème de la valeur historique de la pensée anselmienne pour le déve loppement de la papauté ; elle a fait son analyse dans le cadre canonique, mais pas dans le cadre ecclésiologique : K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canonistic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 1-passim.
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La méthode utilisée et le plan de travail La question de la méthode est toujours très importante quand il s’agit de recherches sur les textes médiévaux devenus l’objet d’une grande discussion, comme c’est le cas pour les ouvrages d’Anselme, et en premier lieu pour la « Collection canonique » qui lui est attribuée. Comme il est de règle dans une étude de texte, nous avons examiné la tradition manuscrite, pour restituer ensuite l’œuvre dans un contexte théologique et historique plus élargi. La première partie de cette thèse est consacrée à l’analyse des sources. Elle comprend : – la caractéristique des œuvres d’Anselme et de son époque, – la liste de la littérature médiévale, des publications modernes et les étapes de sa vie, – la comparaison des versions différentes de la « Collection » anselmienne, tâche devenue absolument nécessaire dans le cadre des recherches sur la version de l’auteur. – Les aspects techniques de ce travail se trouvent dans l’« Annexe » qui inclut une liste comparative des rubriques de la « Collection » d’Anselme d’après des versions manuscrites les plus anciennes. – Les études sur la version originale de la « Collection » nous permettent de mettre en relief un noyau des rubriques primitives réflétant le « protographe » anselmien. Nous présentons les numéros de ces rubriques d’après la version “A” de la « Collection ». – Une enquête précise sur la question des rapports qui ont probablement existé entre la « Collection » d’Anselme et la « Collection Quesnelliana », en lien avec le développement du « Vetus Romanus » avant le VIe siècle, nous permet de tirer la conclusion qu’Anselme de Lucques n’a pas connu ce recueil ancien du droit canonique.
L’analyse des sources nous permet de réaliser un commentaire des textes d’Anselme de Lucques dans le cadre des recherches sur son ecclésiologie dans la deuxième partie de la monographie. Nous examinons la spécificité de l’ecclésiologie anselmienne et sa méthode d’après : – la « Collection canonique », – le « Liber contra Wibertum », – les lettres d’Anselme, – le « Sermo de caritate », – les lois romaines adoptées par Anselme.
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Ce commentaire a été effectué dans l’optique de la comparaison de l’ecclésiologie et de la spiritualité d’Anselme avec la tradition ancienne de l’Église. Le questionnement principal Le plan de travail ainsi expliqué et justifié nous permet de poser des questions essentielles pour nos recherches : – Quelle était la version de l’auteur de la « Collection canonique » (le « protographe ») ? – Anselme de Lucques est-il vraiment l’auteur de la « Collection canonique » ? – Quelle est la source la plus ancienne de la « Collection » : la « Col‑ lection Quesnelliana » pourrait-elle être considérée comme cette source ? – Quelle est l’ecclésiologie exprimée dans la « Collection cano‑ nique », dans le « Liber contra Wibertum » ou dans les autres ouvrages d’Anselme de Lucques par rapport à la discipline « générale antique », comme l’appelle P. Joannou ? – Сomment faut-il considérer l’ecclésiologie d’Anselme du point de vue de la tradition canonique ancienne de l’Église ? – Quelle a été l’attitude d’Anselme de Lucques par rapport à l’histoire précédente et quelle était sa spiritualité ?
Nous espérons que l’examen des questions mentionnées ainsi que les recherches sur les réponses proposées aideront à améliorer notre connaissance de l’époque grégorienne en général. Les sources canoniques présentent certaines difficultés pour tout chercheur. La première d’entre elles est la compréhension de la méthode d’utilisation des textes canoniques anciens à une époque plus tardive. Il est évident que l’époque de la Réforme grégorienne a poussé les canonistes, en particulier Anselme de Lucques, à interpréter les canons anciens d’une manière qui soit cohérente avec leur temps. Ce mode d’interprétation a provoqué une sorte d’« anachronisme historique », c’est-à-dire une modernisation du sens de textes produits autrefois dans des buts différents. La deuxième difficulté est la question de la réception des textes anciens. Souvent les canonistes de l’époque grégorienne, comme les médiévaux en général, n’utilisaient pas les collections authentiques des canons anciens, mais ils récupéraient les canons à travers des
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recueils tardifs qui ne contenaient que des excerpta. Cette méthode a provoqué une certaine sélection dans les canons anciens, par exemple certains canons des conciles locaux des VIe -VIIe siècles, connus grâce aux collections canoniques du XIe siècle (Burchard de Worms /950‑1025/, la « Collection en 74 titres »), ont été recopiés par les canonistes tardifs sans aucune connaissance des collections complètes contenant les canons mentionnés dans leur contexte primitif. La troisième difficulté est la question de l’authenticité des textes récupérés. Il est bien connu que les canonistes médiévaux considéraient souvent comme des documents vrais des textes faux fabriqués à des fins politiques dans telle ou telle situation passée. La grande partie des collections dites « grégoriennes » se compose de textes inauthentiques. La « Collection canonique » d’Anselme de Lucques n’a pas fait exception. En réalité, les textes inauthentiques comme les fameuses « Fausses Décrétales » avaient la même autorité aux yeux des canonistes des XIe -XIIe siècles que les sources officielles liées à la curia romana, car ils montraient l’unité et la continuité du magistère de l’Église à travers le temps. Il n’est évidemment pas possible de juger la méthode d’Anselme de Lucques à la lumière des exigences modernes de la critique historique. Les nouvelles circonstances imposaient une interprétation adéquate et utile par rapport à une réalité changée. Anselme de Lucques et les autres canonistes grégoriens appliquèrent aux documents publiés par les autorités ecclésiastiques leur propre manière de lire. Les « Dictatus papae » (1070 environ) ont influencé la pensée d’Anselme de Lucques qui a interprété les textes du pape saint Léon le Grand, de saint Augustin ou du Pseudo-Anaclet, du point de vue d’un partisan de la Réforme grégorienne. L’autorité actuelle de l’Église de Rome lui donnait cette prérogative. Les critères de la cohérence avec l’idéologie grégorienne avaient une valeur essentielle pour les canonistes du XIe siècle. Les sources canoniques étaient en évolution. Les générations de canonistes ajoutaient des chapitres et des rubriques aux canons anciens, dans le cadre de l’actualisation des textes, pour leur utilisation pratique. C’est pourquoi tout chercheur qui étudie des sources canoniques devrait toujours bien distinguer les canons récupérés et les rubriques ajoutées dans le cadre de la composition
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de la collection canonique. La distinction mentionnée ne devrait pas être seuleument chronologique. Le chercheur a le devoir de se demander : comment le canoniste médiéval fabriquant des rubriques considérait-il les canons anciens ? Quelle autorité avaient-ils pour lui ? Quelle était la diffusion de ces canons et de la collection de celui qui les utilisait ? L’auteur des rubriques connaissait-il vraiment l’origine des textes qu’il avait commentés ? Les enjeux globaux de ce travail sont justifiés par la problématique canonique et sa valeur pour l’Église chrétienne. Parmi ces enjeux, il faut mentionner une explication du tournant de l’époque grégorienne et de la Réforme grégorienne devenue un des points capitaux de l’histoire médiévale. Le lien existant entre événements réels et textes canoniques n’est pas toujours évident, bien que le développement des collections canoniques soit un bon miroir réflétant les contours de la vie sociale et religieuse à l’époque médiévale, surtout avant Gratien. Notre travail a pour but d’éclairer ce lien ainsi que la position de la papauté dans le cadre de la querelle des Investitures. Bien que le travail d’historien ne puisse pas dévier du principe d’objectivité, nous considérons la justification de la position de Grégoire VII comme l’un des enjeux importants de nos recherches. C’est Grégoire VII qui a donné une impulsion au développement de la conception de la liberté de la foi. Considérée aujourd’hui comme une condition essentielle de la vie civilisée, la liberté de la foi n’avait pas de valeur évidente dans le monde féodal. En même temps, l’impact de Grégoire VII et de sa Réforme a eu sur le monde une autre importance : la monarchie pontificale proclamée par Grégoire VII et justifiée par Anselme de Lucques a provoqué le processus de formation des monarchies absolues au Moyen Âge. Henri II d’Angleterre, Louis VI de France, l’empereur Frédéric I luttaient contre leurs féodaux en s’appuyant sur le modèle du pouvoir absolu du pape initié par Grégoire VII et ses continuateurs. Le droit de l’Église développé par les canonistes grégoriens a été examiné par Gratien, dont la méthode juridique a influencé le droit des royaumes médiévaux et stimulé la réception du droit romain au XIIe siècle. La Réforme grégorienne a eu une importance capitale pour les Croisades : le pape Alexandre II a donné sa bénédiction au roi Sancho de Castille pour faire la guerre contre les Arabes en Espagne.
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Grégoire VII a appelé les princes à faire la guerre contre Henri IV et à aider l’Empire byzantin malgré le schisme de 1054. Anselme de Lucques a justifié le droit de l’Église à utiliser l’épée contre les schismatiques et les hérétiques par sa théorie de la persecu‑ tio beata. Urbain II a lancé la première Croisade qui a bouleversé la représentation du monde en Europe. La monarchie pontificale constituée par Grégoire VII et Anselme de Lucques a contribué à l’approfondissement du schisme entre Rome et l’Orient byzantin : Pascal II a créé, à Antioche et à Jérusalem, une hiérarchie latine parallèle à la grecque, en s’appuyant sur l’idée du monopole de l’Église de Rome en ce qui concerne la vérité chrétienne. Pourtant trois siècles plus tard, la même monarchie pontificale a sauvé la perspective d’union entre Rome et Constantinople : quand le concile de Bâle a accusé les évêques grecs d’« hérésie », le pape Eugène IV, en contrepartie, a invité les Grecs en Italie à Ferrare pour organiser le concile œcuménique en s’appuyant sur son propre pouvoir justifié par le droit canonique. Il est évident que l’identité européenne actuelle n’aurait jamais été possible sans une unification de l’Église de Rome au Moyen Âge, et à l’époque grégorienne plus précisément, effectuée par Grégoire VII et ses collaborateurs, parmi lesquels une place importante revient à Anselme de Lucques.
Première partie Analyse des sources Introduction à la première partie L’analyse et la caractérisation des sources liées à la vie d’Anselme de Lucques sont l’objet principal de la première partie de la monographie. Son plan n’est pas très compliqué. D’abord, il faut considérer les sources en les distinguant d’après leur origine ; ensuite, il faut examiner la littérature médiévale et moderne qui concerne Anselme de Lucques. Après cette démarche introductive, nous présentons les étapes de la biographie d’Anselme dans le cadre de la querelle des Investitures ; nous faisons l’analyse de la « Collection canonique » attribuée à Anselme en considérant sa tradition manuscrite. Ensuite, les recherches sur la version originale des rubriques (dite le « protographe ») de la « Collection canonique » et l’analyse de la « Collection Quesnelliana » nous permettent de trouver la réponse aux questions suivantes : Quelle partie de la « Collection canonique » est originale ? La « Collection Quesnelliana » pourrait-elle être la collection la plus ancienne utilisée par Anselme de Lucques ?
CHAPITRE I
LES SOURCES Les sources historiques montrant les conditions de vie d’Anselme et présentant sa biographie ainsi que son activité politique et littéraire ne sont pas très nombreuses ; elles sont cependant très diverses et il est donc difficile d’en faire une classification. Il n’est pas possible de les réunir dans un groupe spécifique (dans un groupe hagiographique par exemple), mais on peut les répartir en trois catégories : les sources qui donnent des informations biographiques sur Anselme ; les ouvrages qui ont été écrits par Anselme ou qui lui sont attribuables par le style, tels ses traités, les collections canoniques et la poésie ; enfin les documents narratifs ou liturgiques. Sources hagiographiques La première catégorie compte deux biographies hagiographiques d’Anselme. En premier lieu il faut mentionner la « Vita Anselmi Luccensis », longtemps mais faussement attribuée au prêtre Bardone, le confesseur de la comtesse Mathilde de Toscane. Sans doute était-ce Mathilde qui avait demandé à un clerc d’écrire la « Vita Anselmi », car elle était la fille spirituelle d’Anselme1. Ce document a été conservé par quelques manuscrits qui présentent deux rédactions : une complète et une courte2 . L’ouvrage du Pseudo-Bardone a été reproduit grâce aux lectionnaires monastiques et diffusé dans les couvents et les chapitres de Toscane. Il était plus particulièrement utilisé dans la pratique liturgique à Mantoue, Novare, 1 L. Wadding, Vita Anselmi Lucensis commentariis illustrata, Romae, 1657, p. 54 ; S. Tengnagel, Vetera monumenta contra schismaticos conscripta, Ingolstadii, 1612, p. 86‑110 ; Bardonis presbyteri Vita Anselmi Luccensis, ed. R. Wilmans, MGH, SS, 12 (1856), Hannoverae, p. 13‑35. 2 Bruxelles, Bibliothèque Royale 18644‑52 (2), Codex Alexandrinus 200. P. Golinelli, « Dall’agiografia alla storia : le Vitae di sant’Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture. Atti del convegno internazionale di studi (Mantova 23‑24‑25 maggio 1986), a cura di P. Golinelli, Bologna, 1987, p. 28‑33.
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Florence et Padoue 3. Sa rédaction complète présente les documents spécifiques destinés à argumenter en faveur de la canonisation d’Anselme quelques années après sa mort. D’ailleurs, comme l’a montré Edith Pásztor, la « Vita Anselmi » a été écrite pour la préparation de sa canonisation par un auteur anonyme, probablement par le chapelain de Mathilde4. La « Vita » est un exemple classique de l’hagiographie médiévale latine ; c’est pourquoi la narration du Pseudo-Bardone n’a pas d’ordre chronologique fixe. L’auteur s’intéressait principalement à l’image spirituelle, par laquelle il réfléchissait aux divers événements de la vie d’Anselme. Une autre biographie d’Anselme, également très importante, est le poème intitulé : la « Vita metrica Anselmi Luccensis »5. L’auteur de ce poème s’appelait Ranger ; il était évêque de Lucques et le deuxième successeur d’Anselme après Godefroy (1087‑1112) sur le trône épiscopal6. L’histoire de ce monument poétique est très difficile à établir. Il a été écrit entre 1096 et 1099. Il n’y a pas de doute que Ranger soit l’auteur du poème, car ses contemporains en témoignèrent, Donizone par exemple qui est devenu un écrivain célèbre grâce à son poème biographique consacré à Mathilde de
3 ibid. p. 30 ; P. Licciardello, « Le Vitae di Anselmo, vescovo di Lucca », dans Hagiographies 5, Corpus Christianorum, Series Latina, par G. Philippart, Turnhout, 2012, p. 524‑531. 4 E. Pásztor, « La “Vita” anonima di Anselmo di Lucca. Una Rilettura », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca (1073‑1086) nel quadro delle trasformazi‑ oni sociali e della riforma ecclesiactica, a cura di C. Violante, Roma, 1992, p. 207‑208 ; E. Pásztor, « Una fonte per la storia dell’età gregoriana : la “Vita Anselmi episcopi Lucensis” », dans Bulletino dell’Istituto Storico Italiano per il Medio Evo, 72 (1961), p. 1‑33 ; E. Pásztor, « Luсa Wadding, editore della Vita Anselmi episcopi Lucensis », dans Archivum franciscanum historicum 54 (1961), p. 303‑328 ; E. Pásztor, « Bardo », dans Dizionario biografico degli italiani, T. VI, Roma, 1964, p. 315‑316 ; P. Guidi, « Il primicerio lucchese Bardo non è autore della “Vita S. Anselmi episcopi Lucensis », dans Miscellanea Lucchese di studi storici e letterari in memoria di Salvatore Bongi, Lucca, 1931, p. 11‑29 ; B. Schmeidler, G. Schwartz, « Kleine Studien zu den Viten der Bischofs Anselm und zur Geschichte des Investiturstreits in Lucca », Neues Archiv, 43 (1922), p. 527‑537. 5 Rangerii Lucensis Vita metrica s. Anselmi Lucensis episcopi, ed. E. SackurB. Schmeidler-G. Schwartz, MGH, SS., 30/2 (1929), Lipsiae, p. 1155‑1307. 6 P. Guidi, « Della patria di Rangerio, autore della “Vita Metrica” di S. Anselmo vescovo di Lucca », dans Studi gregoriani, 1 (1947), Roma, p. 270‑271 ; P. B. Gams, Series episcoporum ecclesiae catholicae, Graz, 1957, p. 740.
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Toscane7. Ranger devint plus tard un auteur ecclésiastique notoire, parce qu’il pouvait donner une forme poétique très harmonieuse aux pensées et aux idées théologiques et canoniques. Il connaissait de manière approfondie l’art poétique, car dans sa jeunesse il avait eu la possibilité d’apprendre les textes des poètes latins anciens en France 8. Dix ans après la création du poème dédié à la vie d’Anselme, Ranger écrira son très célèbre livre poétique : « De anulo et baculo », qui sera une réponse au clergé de l’Église de Liège, après que les Liégeois ont adopté la position pro-impériale. Dans ce livre Ranger défend ses idées théocratiques par rapport à la question de l’investiture9. Le poème de Ranger dédié à Anselme fut conservé d’abord dans le codex de Ripoll du XIIe siècle, d’origine italienne, découvert au début du XIXe siècle dans la bibliothèque du monastère de Sainte Marie de Ripoll en Catalogne. En 1806, le manuscrit a été transcrit par Errera et Villanueva. En 1839, Georg Pertz l’a décrit d’une manière scientifique ; pourtant la première édition du poème ne parut qu’en 1868 à Madrid10. Cette édition a été préparée grâce à De La Fuente après qu’il eut reproduit le texte du document selon la version présentée dans la copie de 1806, car le manuscrit original avait été brûlé lors d’un incendie au début des années 1830. Puis le poème a été publié encore une fois en 1929 par des historiens allemands dans le cadre des « Monumenta Germaniae 7 G. Severino, « La Vita Metrica di Anselmo da Lucca scritta da Rangerio. Ideologia e genere letterario », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca… p. 223‑226. 8 G. Severino, « La Vita Metrica di Anselmo da Lucca scritta da Rangerio… », p. 233‑234 ; J. Y. Tilliette, « Insula me genuit. L’influence de l’Énéide sur l’épopée latine du XIIe siecle », dans Lectures médiévales de Vir‑ gile, Roma, 1985, p. 121‑142 ; G. Chiri, La poesia epico-storica latina nell’Italia medievale, Modena, 1939 ; U. Ronca, Cultura medievale e poesia latina d’Italia nei secoli XI-XII, I, Roma, 1892. 9 Rangerii episcopi Luccensis Liber de anulo et baculo, ed. E. Sackur, MGH, Libelli de lite, 3 (1867), Hannoverae, p. 508‑533 ; M. Nobili, « Il “Liber de anulo et baculo” del vescovo di Lucca Rangerio, Matilde e la lotta per le investiture negli anni 1110‑1111 », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca…, p. 157‑206. 10 G. Severino, « La Vita Metrica di Anselmo da Lucca scritta da Rangerio… », p. 230 ; Sancti Anselmi… Vita a Rangerio successore suo…, scripta, ed. I. DE LA Fuente, Matriti, 1870 ; A. Overmann, « Die Vita Anselmi Lucensis episcopi des Rangerius », dans Neues Archiv, 11 (1885), p. 403‑404.
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Historica ». Le poème de Ranger n’est pas seulement la narration de la vie d’Anselme, habillée d’une forme poétique. Le document compte plus de 7.300 strophes11 et présente le panorama élargi des événements dramatiques qui se passaient à l’époque de la querelle des Investitures12 . Il existe aussi une troisième variante de la biographie d’Anselme, produite probablement pour l’utilisation liturgique. Ce document présente une version abrégée de l’ouvrage du Pseudo-Bardone ; il a été publié par Wilhelm Arndt au XIXe siècle13. Ce document ne donne aucune information nouvelle par rapport aux biographies d’Anselme du Pseudo-Bardone et de Ranger. Œuvres d’Anselme La deuxième catégorie des sources contient les documents qui sont le fruit de l’activité d’Anselme. En premier lieu, il faut citer la « Collection canonique » attribuée à Anselme, qui en réalité est une compilation, composée par plusieurs auteurs. Elle a été publiée par Friedrich Thaner, et il en sera question plus bas. Le « Liber contra Wibertum » est l’ouvrage le plus fameux d’Anselme, le symbole de son activité et de sa lutte contre le parti impérial et contre l’antipape Clément III (Guibert de Ravenne). Cet ouvrage était une deuxième lettre d’Anselme, envoyée à Clément III. La correspondance entre Anselme et Clément III a été initiée par le premier qui envoya à l’antipape une lettre avec des exhortations afin de l’inciter à se repentir et à se soumettre au pape légitime Grégoire VII. Mais Guibert composa une réponse très grossière et dure, dans laquelle il accusa Anselme de révolte contre le souverain Henri IV. Anselme décida d’écrire un traité pour discréditer le parti impérial après qu’il eut reçu cette fausse accusation. Son traité final est présenté dans le « Liber contra Wibertum », dans lequel Anselme exprime ses opinions canoniques et politiques concernant la lutte pour l’investiture et sur les principes de l’orga-
11 G. Severino, « La Vita Metrica di Anselmo da Lucca scritta da Rangerio… », p. 234. 12 R. Bordone, Uno stato dell’animo. Memoria del tempo e comportamenti urbani nel mondo comunale italiano, Firenze, 2002, p. 47‑48. 13 Anselmi Luccensis Vita, dans MGH, SS., XX, W. Arnd, p. 692‑696 ; P. Licciardello, « Le Vitae di Anselmo, vescovo di Lucca »…, p. 529.
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nisation de la société chrétienne14. Ces opinions ont été formulées par l’auteur d’une manière très directe. Ce traité a été publié par E. Bernheim selon deux manuscrits, parmi lesquels se trouvait un codex de Louvain, perdu dans un incendie en août 1914, et selon une édition ancienne15. L’auteur du « Liber contra Wibertum » aborde des problèmes canoniques très importants ; l’ouvrage se compose de deux parties. Anselme s’arrête plus particulièrement sur une question qui n’avait jamais été posée auparavant : celle de la « guerre juste », que l’Église aurait pu faire contre les pécheurs ou les schismatiques pour défendre la vérité16. Cette idée d’Anselme, née pendant la querelle des Investitures, anticipait sans doute la première Croisade. Le « Liber contra Wibertum » contient aussi l’apologie d’Anselme, dans laquelle il explique le sens de ses relations avec Mathilde de Toscane, apologie qui se trouve également chez Ranger et Donizone17. Comme on le croit depuis longtemps, Anselme composa aussi le complément au « Liber contra Wibertum », appelé « Collectanea » et qui présente des fragments des Pères de l’Église ainsi que des décrets concilaires. Ce recueil avait aussi une signification polémique. Il a été publié pour la première fois avec le « Liber contra Wibertum » par Henri Canisius à Ingolstadt en 160418. Malgré les soupçons avancés sur la paternité des textes de « Collectanea » dans leur totalité, Kathleen Cushing a souligné le caractère important du commentaire sur le passage de l’Évangile selon saint Matthieu, concernant la purification du Temple de Jérusalem19. Ce texte – le symbole des réformateurs – pourrait bien avoir été écrit par Anselme de Lucques20. 14 C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo », dans Dizionario biografico degli Italiani, T. III., Roma, 1961, p. 405‑406. 15 Bruxelles, Bibliothèque royale 18644‑52 ; Anselmi Lucensis Episcopi Liber contra Wibertum, ed. E. Bernheim, dans MGH, Libelli de lite I, p. 519‑528 ; G. Fransen, « Anselme de Lucques canoniste ? », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca…, p. 143. 16 E. Pásztor, « Lotta per le investiture e “ius belli” : la posizione di Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 375‑385. 17 H. Zimmermann, « Anselm II. zwischen Gregor VII., Mathilde von Canossa und Heinrich IV. », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca…, p. 141‑142. 18 H. Canisius, Antiquae praelectiones, Ingolstatii, 1604, T. VI, p. 199‑235. 19 PL, 149, coll. 475‑477. 20 K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canonistic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 4‑5.
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La doctrine théologique d’Anselme, qui se développa sans doute sous l’influence de Grégoire VII, est reflétée aussi dans les textes des prières, qu’il composa lui-même. Ces prières ont été écrites personnellement pour Mathilde de Toscane, lorsqu’Anselme était déjà son confesseur. Selon l’opinion de Silvia Cantelli, ces textes d’Anselme ont été inspirés par une lettre du pape Grégoire VII, adressée à Mathilde, dans laquelle le pontife romain lui conseillait de communier plus souvent et de pratiquer la dévotion et la vénération de la Sainte Vierge21. Ces textes d’Anselme, adressés au Christ et à la Sainte Vierge, permettent de préciser notre recherche sur les principes fondamentaux de la vie spirituelle de notre personnage. Pour lui, la pratique d’une communion plus fréquente et la vénération de la Vierge, avec l’idée de son Assomption corporelle, étaient les fondements de la dévotion chrétienne en général 22 . Il n’y a que cinq prières qui ont été écrites par Anselme pour Mathilde. Deux d’entre elles étaient déjà connues et publiées par Andrea Rota en 1733 selon la version du codex de Modena23. En 1938, André Wilmart, qui faisait des recherches sur la tradition des manuscrits d’Anselme de Canterbury, trouva le groupe de textes des prières composées par Anselme dans la bibliothèque de l’Arsenal à Paris, dans un codex des Célestins du XIIIe siècle. Chaque prière a été intitulée « Oratio venerabilis Anselmi ». Heureusement, le copiste médiéval ajouta l’adjectif « Lucensis » dans le titre de la deuxième prière. La précision du copiste a permis de découvrir l’auteur véritable de ces prières, vers lequel pointait d’ailleurs d’une manière indirecte le contenu des textes24. Ces prières étaient 21 S. Cantelli, « Le preghiere a Maria di Anselmo da Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 291‑292. 22 S. Cantelli, « Le preghiere a Maria di Anselmo da Lucca »…, p. 291‑299 ; H. Barre, « La maternité spirituelle de Marie dans la pensée médiévale », dans Études Mariales, XXVIII (1966), p. 77‑104 ; H. Barre, « Marie et l’Église, du Vénérable Béda à Saint Albert le Grand », dans Études Mariales, IX (1951), p. 59‑143 ; H. Barre, « La croyance à l’Assomption corporelle en Occident de 750 à 1150 environ », dans Études Mariales, VII (1949), p. 63‑123. 23 Bibliotheca Estensis in Modena, ms. H. 4‑6, 93v-96v. ; A. Rota, Notizie istoriche di S. Anselmo, vescovo di Luca et protettore di Mantova coll’aggiunto di cose del santo inedite, Verona, 1733, p. 368‑374. 24 S. Cantelli, « Le preghiere a Maria di Anselmo da Lucca »…, p. 291 ; A. Wilmart, « Cinq textes de prière composés par Anselme de Lucques pour la comtesse Mathilde », dans Revue d’ascétique et mystique, 19 (1938), p. 26‑38.
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adressées au Christ et à la Vierge par une personne de genre féminin et témoignaient qu’elle pouvait réellement les réciter. André Wilmart publia ces textes et donna ainsi la possibilité de réfléchir à l’expérience spirituelle d’Anselme. Au début du codex on trouve une prière qui s’appelle « Oratio pro consolatione dominae comitissae Mathildis ». Ensuite, il y a une prière pour recevoir le Corps du Christ. Puis le manuscrit propose deux prières à la Vierge et enfin l’oraison que cette dame prononçait, lorsqu’elle devait s’approcher de la communion25. Les première et cinquième prières étaient déjà connues grâce à l’édition ancienne de Rota. Il faudrait mentionner qu’il y a aussi un groupe de textes, attribués à Anselme, qui contient des méditations, écrites en latin. Parmi les historiens des XVIIe -XVIIIe siècles déjà, il n’y avait pas d’opinion unanime sur l’authenticité de ces textes. Ces textes ont été republiés par Jacques-Paul Migne dans le 149e volume de la Patrologie latine sous le titre « Ouvrages apocryphes » d’Anselme, car Migne connaissait toute l’histoire de la polémique sur l’authenticité des textes26. Parmi eux, il faut citer les « Meditationes super orationem Dominicam », les « Meditationes super Ave Maria », les « Meditationes super hymnum Salve Regina » et les « Meditationes super actiones Domini nostri Iesu Christi ». Tous les documents ont été publiés ensemble par le franciscain Luc de Wadding en 1634. Pourtant ces textes étaient déjà connus auparavant et étaient devenus le prétexte d’une grande discussion scientifique. Ainsi, par exemple les « Meditationes super orationem Dominicam », les « Meditationes super Ave Maria » et les « Meditationes super hymnum Salve Regina » avaient été publiées pour la première fois par Badde sous le nom d’un certain Martinus de Magistris. Nous pouvons aussi trouver les « Meditationes super hymnum Salve Regina » dans l’édition de Venise des œuvres de saint Bernard de Clairvaux, car en 1568 celui-ci était considéré par l’éditeur comme l’auteur véritable. Il faudrait préciser ici que le style littéraire de ce document 25 A. Wilmart, « Cinq textes de prière composés par Anselme de Lucques pour la comtesse Mathilde »…, p. 49‑72. 26 L. Wadding, Maxima Bibliotheca veterum Patrum, T. XXIII, XXVII, Lugdunii, 1677, passim ; A. Rota, Notizie istoriche di S. Anselmo, vescovo di Luca et protettore di Mantova coll’aggiunto di cose del santo inedite, Verona, 1733, p. 368, 375 ; L. Muratori, Rerum Italicarum Scriptores, Vol. III, pars. I, Mediolani, 1726 ; PL, 149, coll. 39‑103.
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ressemble au style utilisé par saint Bernard pour ses prédications et ses méditations. En outre, comme l’a montré P. Richard, les « Meditationes super actiones Domini nostri Iesu Christi » ne peuvent être considérées comme un ouvrage d’Anselme… à cause de passages particuliers qui ne sont pas dignes d’une personne si sainte et si noble27. Ce chercheur n’a pas expliqué ses doutes plus précisément. En tout cas l’absence de preuves sûres et directes de l’authenticité de ces textes ne permet pas de les utiliser pour caractériser les particularités de la mystique d’Anselme. En plus des documents de spiritualité mentionnés, Anselme laissa encore quatre traités de morale et d’exégèse. En premier lieu, il s’agit de l’ouvrage intitulé le « Sermo de caritate », qui a été publié par Edith Pásztor selon la version unique, conservée dans un codex de Bruxelles28. L’édition a paru avec des commentaires approfondis, dans lesquels l’historienne donne des explications sur la doctrine ecclésiologique d’Anselme29. Selon Edith Pásztor, le « Sermo de caritate » a été écrit par Anselme à la fin de sa vie, entre le 25 mai 1085 et le 18 mars 1086. Cette opinion est confortée par le texte lui-même : si notre héros parlait toujours de fidélité par rapport au Pape dans le « Liber contra Wibertum », dans le « Sermo de caritate » il parlait de fidélité par rapport à l’Église de Rome sans mentionner le nom du Pape. Cette situation nous permet de supposer que le « Sermo de caritate » a été composé dans la période entre la mort de Grégoire VII et la mort d’Anselme, lorsque le trône pontifical de Rome était vacant 30. Nous devons aussi mentionner un autre traité probablement écrit par Anselme, qui a été dédié au sacrement de l’eucharistie. Le texte de cet ouvrage intitulé 27 P.
Richard, « Anselme de Lucques », dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques par A. Baudrillart-U. Rouzes-R. AigrainP. Richard, Vol. III, coll. 492, Paris, 1924. 28 Bruxelles, Bibliothèque royale 18644‑52, ce manuscrit du début du XIIe siècle contient aussi la deuxième version de la « Vita Anselmi » ainsi que le « Liber contra Wibertum ». 29 E. Pásztor, « Motivi dell’ecclesiologia di Anselmo di Lucca. In margine a un sermone inedito », dans Bollettino dell’Istituto Storico Italiano per il Medio Evo e Archivio Muratoriano, 77 (1965), p. 45‑104 ; G. S. Fornasari, « Anselmo e il problema della “caritas” », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 301‑312. 30 E. Pásztor, « Motivi dell’ecclesiologia di Anselmo di Lucca… », p. 55‑56, n. 3.
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« De corpore et sanguine Christi » a été trouvé par Bandini en 1777 parmi les œuvres d’Anselme d’Aoste conservées dans un manuscrit de la bibliothèque laurentienne de Médicis à Florence (le codex Florence Plut. 434 XVIII). L’incipit du traité, les noms de certains chapitres ainsi que le grand nombre de citations de saint Augustin ont poussé à attribuer l’ouvrage à Anselme de Lucques 31. Cependant son explicit proclame d’une manière non équivoque Anselme d’Aoste comme l’auteur. Ce texte n’est pas encore publié nonobstant la référence à ce manuscrit par Bandini dans son catalogue 32 . En outre, Anselme est également l’auteur de commentaires sur les livres de l’Ancien Testament 33. Il composa des « Commentaires sur les Psaumes » ainsi que des « Commentaires » sur les Lamentations de Jérémie 34. Malheureusement nous n’avons qu’un fragment du premier traité qui a été conservé grâce à Paul de Bernried – l’auteur fameux de la « Vita Gregorii VII ». Paul de Bernried a cité un fragment des commentaires d’Anselme sur le deuxième psaume (les deux premiers versets) dans son ouvrage 35. Ce fragment développe la même idée que le « Liber contra Wibertum ». Pour Anselme, probablement, les paroles de David permettent de réfléchir sur la position de l’Église à son époque, pour condamner l’antipape Clément III et pour comparer les persécutions contre Grégoire VII avec celles contre le Christ. Les « Commentaires » d’Anselme sur les Lamentations de Jérémie sont perdus, bien que nous puissions 31 L’Incipit du traité : “In nomine sanctae et indiuiduae Trinitatis de cor‑ pore et sanguine Christi eumdem magistrum Anselmum”, dans Codex Florence Plut. 434 XVIII, fol. 104 v. ; les chapitres du traité plus proches des pensées augustiniennes acceptées par Anselme de Lucques dans la « Collection cano‑ nique » : « Quod Deus Christum pro nobis assumptum super omnia exaltauit » (le premier chapitre), « Quod uisibile sacramentum panis et uim incipat indicat (sic) Christi corpus posterius » (le cinquième chapitre) etc, – Codex Florence Plut. 434 XVIII, fol. 105 r. ; Explicit attribuant le traité à Anselme d’Aoste (de Canterbury) : « Explicit liber Anselmi Cantuariensis archiepiscopi « de corpore et sanguine Domini » : Codex Florence Plut. 434 XVIII, fol. 126 r. 32 P. Richard, « Anselme de Lucques… », coll. 493. 33 « In lamentationes Hieremiae lucidissimam fecit expositionem, Psalterium quoque rogatu benedictissimae Dei ancillae Mathildae exposuit luculentissime, breuiter sed utiliter usque in locum ubi dicit : Benediximus uobis in nomine Domini. Ibi siquidem uitam et expositionem finiuit », Bardonis Vita Anselmi Luc‑ censis, p. 21. 34 P. Richard, « Anselme de Lucques… », coll. 489‑493. 35 Pauli Bernriedensis Vita Gregorii VII, dans PL, 148, coll. 96.
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imaginer le contenu hypothétique de cet ouvrage grâce aux citations de Jérémie présentées par Anselme dans le « Liber contra Wibertum ». Enfin, nous devons mentionner encore un groupe de sources qui pourrait servir pour les recherches sur la vie et l’activité d’Anselme. Ce sont ses lettres qui nous permettent de comprendre le cercle de ses relations. Nous en avons trois, parmi lesquelles deux ont été publiées par Karl Erdmann selon la version du codex de Hannover XI 671 en 195036. Dans la première lettre qui a été adressée au roi d’Angleterre Guillaume le Conquérant, Anselme félicitait le roi pour sa victoire et lui donnait des conseils afin qu’il respecte l’Église de Rome (1085). Dans la deuxième lettre qui a été envoyée à Hermann, l’évêque de Metz, Anselme déplorait le triste sort de la chrétienté en raison de la division de l’Église de Rome et des crimes des partisans de l’empereur. La troisième lettre connue d’Anselme a été conservée dans la Chronique d’Hugues de Flavigny (F° 117), sous les événements de 1078 37. Cette lettre présente la réponse d’Anselme à Ponsio, l’abbé du monastère de Frossinora, qui voulait quitter son abbaye à cause de la terreur répandue par les partisans de l’empereur. Cette réponse montre la perception de la guerre, caractéristique d’Anselme. Sources narratives La troisième catégorie des sources qui concerne la biographie d’Anselme est plus limitée, bien que presque chaque document de l’époque de la lutte pour l’investiture puisse devenir intéressant pour les recherches sur son héritage spirituel et littéraire. Anselme, en particulier, est parfois nommé dans les lettres du pape Grégoire VII38. Sigebert de Gembloux le caractérisa d’une manière positive dans son ouvrage dénommé le « Liber de scriptori‑ bus ecclesiasticis »39, en le présentant comme auteur de traités cano36 Briefsammlungen der Zeit Heinrichs IV, C. Erdmann-N. Fickermann, dans MGH, Die Briefe der Deutschen Kaiserzeit, 5 (1950), Weimar, p. 15, 50. 37 Hugonis Flaviniensis Chronica, dans PL, 154, coll. 317‑318. 38 F. J. Schmale, « Fontes litem de investitura illustrantes, Pars prior Gregorii Papae VII Epistolae selectae, cura et studio », dans Ausgewählte Quel‑ len zur Deutschen Geschichte des Mittelalters, B. XII a, Darmstadt, 1978, p. 36. 39 Sigeberti Gemblacensis Liber de scriptoribus ecclesiasticis, Cclxi, dans PL, 160, coll. 585.
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niques. La « Chroniсa Uniuersalis » d’Ekkehard40, le « Chronicon » de Bertold de Reichenau41, la « Vita Mathildis » de Donizone42 , et bien sûr le « Chroniсon » d’Hugues de Flavigny43 mentionnent Anselme parmi les personnages importants de l’époque. Il est évident que la compréhension du rôle historique d’Anselme ne serait possible que dans un contexte social plus élargi, surtout si nous considérons que l’époque d’Anselme était celle du début de la conscience catholique d’une unité en Occident. Conclusion Les sources liées à la vie et à l’activité d’Anselme de Lucques sont diverses. Leur analyse permet de considérer les différents aspects de son rôle historique. Les ouvrages écrits par Anselme reflètent sa pensée personnelle et occupent une place de premier ordre dans nos recherches. La « Collection canonique », le « Liber contra Wibertum », le « Sermo de caritate », ses lettres et ses prières eucharistiques sont, dans le cadre de notre travail, les textes les plus importants.
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Uraugiensis Chronica, dans PL, 154, coll. 951‑952. Chroniken Bertholds von Reichenau und Bernolds von Konstanz 1054‑1110, herausgegeben von S. Robinson, dans MGH, SS, Nova Series, XIV (2003), Hannover, p. 410, 433, 461, 489, 495. 42 Donizonis Vita Mathildis, dans PL, 148, coll. 1002. 43 Hugues Flaviniensis Chronica, dans PL, 154, coll. 339. 41 Die
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LE PORTRAIT D’ANSELME DANS LA LITTÉRATURE SCIENTIFIQUE Notre considération de la littérature relative à Anselme de Lucques repose sur un plan simple : nous examinons la littérature médiévale dans laquelle on trouve certains passages sur Anselme, et la littérature de l’époque moderne composant le discours scientifique. Littérature médiévale « Anselme de Lucques, évêque, homme célèbre par la connaissance des lettres »1, – ces paroles rédigées apparemment par Sigebert de Gembloux expriment l’attitude de la tradition ecclésiastique occidentale par rapport à Anselme. Ces paroles respectueuses de Sigebert sont également paradoxales, car leur auteur était l’adversaire idéologique d’Anselme et de sa compréhension de la vie ecclésiastique2 . Le bénédictin brabançon critiquait le mouvement des patarini3, auquel participait Anselme, parce que ce mouvement menaçait la dévotion et l’obéissance des laïcs par rapport aux clercs. Il élabora cette critique ainsi que la condamnation des nouveautés de Grégoire VII dans sa « Chronique » 4, ou dans son fameux traité pour défendre les messes célébrées par les prêtres mariés5. Mais en même temps, en racontant la mort d’Anselme dans la Chronique, Sigebert constatait sans passion « qu’Anselme, 1 « Anselmus Lucensis episcopus, uir litterarum scientia clarus », Sigeberti Gemblacensis Liber de scriptoribus ecclesiasticis Cclxi, dans PL, 160, coll. 585. 2 K. Mirbt, Die Publizistik im Zeitalter Gregors VII, Leipzig, 1894, p. 450‑456. 3 Les patarini ont contesté l’élection de Guido da Velate à l’évêché de Milan et ont incité la population à refuser les sacrements des prêtres corrompus et nicolaïtes. Soutenus par Alexandre II et Grégoire VII, les patarini seront persécutés comme secte hérétique par Lucius III en 1185. 4 Sigeberti Gemblacensis Chronica, dans PL, 160, coll. 217‑218. 5 Sigeberti Gemblacensis Apologia contra eos qui calumniantur missas coni‑ ugatorum sacerdotum, dans MGH, Libelli de lite, ed. E. Sackur, Hannoverae, 1892, p. 436‑448.
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l’évêque de Lucques, le coopérateur infatigable de Hildebrand, est mort après qu’il s’installa à Mantoue. Il publia des commentaires sur les psaumes et sur Jérémie et confirma la doctrine de Hildebrand par un livre excellent. Sa sainteté a été manifestée par des miracles » 6. Cette mention positive faite par Sigebert est la seule qui ait été faite par les partisans du parti impérial et il est important de la rappeler. Le caractère exceptionnel de cette mention, exprimée par un adepte du parti impérial, nous incite à mettre en doute l’authenticité des passages cités. Les paroles laudatives de Sigebert de Gembloux à propos d’Anselme ne pourraient-elles pas être une interpolation tardive ? L’analyse du vocabulaire de Sigebert de Gembloux, effectuée par Jean Schumacher, montre que « le vocabulaire de Sigebert est essentiellement « classique » : les lemmes qui n’appartiennent pas à la langue latine courante totalisent à peine 10% de l’ensemble du vocabulaire. Offrent surtout un vocabulaire neuf les textes historiques et, plus particulièrement le « Liber de uiris illustribus »7. Il est bien connu que les œuvres de Sigebert ont subi une série de corrections : certains manuscrits de sa « Chronique » portent les traces du travail de correcteurs tardifs, certains fragments du texte peu favorables au parti grégorien ont été effacés 8. Il est donc bien possible que les passages laudatifs concernant Anselme de Lucques aient été insérés dans le texte de la « Chronique » et du « Liber de uiris illustribus » par les continuateurs de Sigebert ; cependant leur brièveté ne permet guère de le prouver de manière irréfutable.
6 « Anselmus Luccensis, Hildebrandi cooperator indefessus, apud Mantuam exulans moritur, qui in Hieremiam et in Psalmos tractatus edidit et doctrinam Hildebrandi libro luculento confirmavit ; cuius sanctitas miraculis declarata est », dans Sigeberti Gemblacensis Chronica, dans PL, 160, coll. 223. 7 J. Schumacher, L’Œuvre de Sigebert de Gembloux. Études Philologiques, Louvain-la-Neuve, 1975, Vol. II, p. 939‑942. 8 Par exemple : le codex Bruxelles Bibl. Royale 18239 – l’« autographe » de Sigebert de Gembloux se termine aux événements de 972 (fol. 7‑42), la suite a été écrite alia manu : Sigeberti Gemblacensis Chronica par L.C. Bethman, dans MGH, VI (1844), Hannoverae, p. 284‑286 ; le codex Bruxelles Bibl. Royale 9070‑9075 – « ommissa annorum 1074, 1080 et Hildebrandus ubi uis Gregorius uocatus » : Ibid. p. 288 ; Catalogus Sigeberti Gemblacensis monachi de uiris illustribus par R. Witte, Frankfurt/M, 1974, p. 100. (les manuscrits s ont tardifs).
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Toutes les autres présentations de notre héros exprimées au Moyen Âge, sont panégyriques, parce que leurs auteurs appartenaient au parti grégorien. Parmi elles les paroles de Paul de Bernried sont les plus remarquables, car lui qui était le biographe du pape, appela Anselme l’héritier de Grégoire VII. Il dit qu’Anselme était l’héritier parfait et le continuateur heureux des vertus du pape Grégoire. En tant que pontife de l’Église de Lucques, il essayait d’imiter Grégoire partout… Grégoire était comme la source et Anselme était comme la rivière qui coulait et qui arrosait la terre. Grégoire était comme la tête qui dirigeait tout le corps, mais Anselme était comme la main soigneuse qui fait les actions du chef. Grégoire illuminait tout comme le soleil, mais Anselme comme la lumière illuminait les objets particuliers. Comme Élie avait transmis à Élisée son manteau, l’instrument du ministère prophétique, en sortant de la cohabitation des morts, ainsi Grégoire a donné à Anselme les signes du pouvoir pontifical, c’est-à-dire : la mitre de sa tête, en quittant cette vie terrestre…9.
Le style hagiographique et relevé de Paul de Bernried dominait aussi dans la « Vita Anselmi » du Pseudo-Bardone. L’auteur de cet ouvrage soulignait l’ascétisme et les vertus de son héros, en disant : « Comment pourrais-je parler de sa continence ? ». Pour le Pseudo-Bardone, Anselme était en premier lieu l’homme qui aidait et servait le pape légitime. Ranger avait la même opinion d’Anselme. Il souligne dans la « Vita Metrica » qu’Anselme est devenu en premier lieu le continuateur des œuvres de son oncle, le pape Alexandre II. Ce dernier enseignait et préparait son neveu pour le ministère ecclésial. Ranger commence le premier chapitre de son ouvrage par ces mots : Сélèbre parmi les nobles du sang de ses pères Anselme fut évêque dans notre ville 9 « …praecipuus virtutum eius sectator et heres, beatus Anselmus, Ecclesiae Lucensis Antistes, qui ante omnia id studii semper habuit, ut imitaretur eum in omnibus… Gregorius namque, veluti fons erat ; Anselmus quasi rivus fluebat, et arida irrigabat : ille, quasi caput totum corpus gubernabat : iste, ceu manus stu‑ diosa, quod injunctum operabatur : ille, sicut sol illuminavit omnia ; iste, velut splendor, declaravit singula. Olim Elias, ex mortalium cohabitatione transitu‑ rus, dimisit Elisaeo pallium suum, Prophetici muneris instrumentum : simili‑ ter et Gregorius, ex hac mortali vita migraturus, transmisit Anselmo Pontificalis insigne potestatis, videlicet mitram capitis sui », dans Pauli Bernriedensis Vita Gregorii VII Papae, dans PL, 146, coll. 95.
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chapitre ii Digne successeur proche d’Alexandre Que Rome prit de notre office pour sa charge »10.
Cette idée de la succession unique faite pour réaliser l’action noble de la Réforme ecclésiastique qui a uni Alexandre II, Grégoire VII et Anselme, inspira aussi Donizone. Donizone laissa une description de la mort d’Anselme dans son poème, dédié à Mathilde de Toscane. Il dit : Celui qui règne aux cieux a emmené Anselme dans les airs. Je crois qu’il n’y a eu personne de semblable à lui dans ce siècle ; En accomplissant jour et nuit Le double ministère des moines et des pontifes Il maltraitait son corps comme un ennemi ; Il fut catholique, célibataire, pieux et sobre pareillement, De sa mort vraiment s’attristent les fidèles, Mais les schismatiques se réjouissent, car il était leur adversaire11.
Des louanges similaires, adressées à Anselme, se trouvent chez Hugues de Flavigny, chez Bertold et chez Ekkehard, également partisans de la réforme grégorienne12 . Mais leurs louanges ne sont pas aussi passionnées que celles de Donizone ou de Paul de Bernried. Hugues de Flavigny, en particulier, qui connaissait Anselme personnellement, parlait de lui ainsi : « Aujourd’hui le seigneur Anselme qui a été élu évêque de Lucques, homme digne de toute proclamation de louange, est devenu heureux par sa mort, lui dont on chante tranquillement toute louange »13. Il faut remarquer 10 « Clarus
nobilium claro de sanguine patrum Anselmus nostra praesul in urbe fuit, Dignus Alexandri successor eique propinquus Quem sibi de nostro munere Roma tulit », dans Rangerii Lucensis Vita Metrica I., v. 1‑4, dans MGH, 30, 2, p. 1157. 11 « In coelis regnans Anselmum vexit ad aethra Huic similis credo fuit hoc in tempore nemo ; Officium duplex monachorum pontificumque Nocte die complens ; corpus macerabat ut hostem ; Catholicus, caelebs, pius et sobrius fuit aeque ; De cuius vere tristantur morte fideles, Schismatici gaudent ; erat his contrarius autem » dans Donizonis Vita Mathildis II, dans MGH, XII, v. 368‑374, p. 387. 12 C. Baronius, Annales ecclesiastici, T. XVII (1046‑1093), Romae, 1869, p. 541. 13 « domnum Anselmum Lucensem aelectum, virum omni laudis praeconio dig‑ num, nunc felici beatum excessu, in quo omnis laus secure canitur », Hugonis Flaviniensis Chronica, fol. 96, dans PL, 154, coll. 276.
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qu’Hugues lui-même ressemblait à Anselme par son style littéraire ; l’un et l’autre utilisaient beaucoup les textes de l’Écriture et surtout ceux de l’Ancien Testament pour combattre les partisans de l’antipape Clément III et de l’empereur Henri IV14. Ekkehard mentionne aussi la position sévère d’Anselme par rapport à l’antipape dans sa « Chronica Uniuersalis ». Le chroniqueur reprend la citation de la lettre d’Anselme adressée à l’antipape. Dans cette lettre Anselme lui proposait les mêmes textes de Cyprien de Carthage qu’il avait utilisés dans le « Liber contra Wibertum ». Selon Ekkehard « Anselme était avant tout érudit en lettres, il avait les qualités d’un esprit plus raffiné, il était brillant dans l’éloquence et en plus, il avait la crainte de Dieu et était habile dans la sainte prière ; c’est pourquoi il se manifesta par des miracles indéniables tant après sa mort que pendant sa vie »15. Grégoire VII écrivait de même sur son érudition16. Ensuite ces caractéristiques fusionnèrent avec l’image hagiographique d’Anselme, elles devinrent les loci qui étaient transmis et représentés dans le contexte de la vénération d’Anselme comme saint patron de Mantoue. Pour les générations suivantes, Anselme n’était qu’un disciple de Grégoire VII qui l’aidait par ses vertus. Dans une certaine mesure ce portrait répondait à la situation réelle, mais la personne vivante de notre héros, la richesse et la complexité de ses opinions canoniques et historiques ont disparu de la tradition à cause de l’insuffisance des sources concernant sa vie. En tout cas, les auteurs médiévaux tardifs ignoraient les difficultés de son chemin spirituel, alors que le Pseudo-Bardone et Ranger les mentionnent d’une manière évidente. Anselme de Lucques est décédé le 18 mars 1086, en accomplissant le ministère de légat pontifical en Lombardie. Il remplit cette 14 P. Hearly, The Polemical use of scripture in the Chronicle of Hugh of Flavigny, Recherches de Téologie et Philosophie Médiévales, LXXIII, 1, Cologne, Leuven, 2006, p. 1‑36. 15 « Anshelmus episcopus, vir literis apprime eruditus, ingenio acutissimus facundia precipuus, et quod omnibus maius est, in Dei timore et sancta conver‑ satione nominatissimus, adeo ut tam in vita quam post mortem referatur mira culis clarus », dans Ekkehardi Uraugiensis Chronica Universalis, dans PL, 154, coll. 952. 16 Fontes litem de investitura illustrantes, Pars prior Gregorii Papae VII Epis tolae selectae, cura et studio, F. J. Schmale, dans Ausgewählte Quellen zur Deut‑ schen Geschichte des Mittelalters, B. XII a, Darmstadt, 1978, p. 36.
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charge pour lutter contre l’empereur Henri IV et ses partisans, quand il se trouvait dans une solitude presque complète. En même temps, son expérience et les miracles survenus tout au long de sa vie donnaient un bon exemple à ses continuateurs. C’est pourquoi il a été canonisé par le pape Victor III dès 1087. L’image d’Anselme dans la tradition ecclésiastique est liée à la personne de Grégoire VII ainsi qu’à la communauté qui s’était formée autour de lui à Mantoue. Anselme est devenu le patron de la ville, où il se cacha et accepta de loger après son exil de Lucques. Pourtant, pendant des siècles la vénération d’Anselme ne fut qu’une vénération de piété. Ses ouvrages ne sont pas devenus célèbres comme les œuvres de ses compatriotes Pierre Damien, Hildebrand ou Humbert17. Littérature de l’époque moderne Pour les historiens de l’époque, Anselme n’avait pas d’autre rôle historique que son action en tant que légat de Grégoire VII. Pour César Baronius, Augustin Theiner, Luc de Wadding, Ferdinando Ughelli, Andrea Rota, Robert Bellarmin et Scipione Maffei, Anselme n’était que l’ombre de son grand directeur18. C’est pourquoi les érudits des XVIe -XVIIIe siècles publièrent les textes 17 La
vénération d’Anselme qui se développait à Mantoue, permettait de former le patriotisme local des citoyens, surtout sous le règne de la famille des Gonzague. Pour Mantoue, Anselme pouvait devenir le personnage central de son histoire comme saint Ambroise de Milan pour les Milanais, saint Zénon pour les habitants de Vérone, saint Alexandre pour les citoyens de Bergame ou saint Filaster pour les gens de Brescia. Vide ; A. Bellu, « Il culto di S. Anselmo nella vita religiosa e culturale di Mantova nel basso Medioevo », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 81‑97. 18 C. Baronius, Annales ecclesiastici, Romae, 1869, T. XVII, p. 540‑541 ; A. Theinerius, Disquisitiones criticae, p. 563 ; L. Wadding, Bibliotheca veterum Patrum, Suplementum, T. XXVII, coll. 436 ; F. Ughelli, Italia Sacra sive de episcopis Italiae cura et studio N. Coleti, Venetiae, 1717, T. I., coll. 814 ; A. Rota, Notizie istoriche di S. Anselmo, vescovo di Luca et protettore di Mantova coll’aggiunto di cose del santo inedite, Verona, 1733, passim ; F. Talenti, Pane‑ girico di santo Anselmo, vescovo di Lucca, Mantua, 1748, passim ; H. R. Bellarminus, De scriptoribus ecclesiasticis, Coloniae Agrippinae, 1684, ad ann. 1077 ; F. M. Fiorentini, Memorie di Matilda, la gran contessa e propug‑ naculo della Chiesa, Lucca, 1642, passim ; S. Maffei, Gli annali di Mantova, Cortona, 1675, p. 434 ; P. Richard, « Anselme de Lucques », dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques par A. Baudrillart-U. RouzesR. Aigrain-P. Richard, Paris, 1924, Vol. III, coll. 489‑493.
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polémiques ou biographiques, écrits par Anselme ou consacrés à lui, mais la plupart ignoraient la « Collection canonique », de même qu’ils ne connaissaient pas la plus grande partie de ses textes de mystique et de morale. Cette connaissance fragmentaire de l’héritage littéraire d’Anselme ne permettait pas de refléchir d’une manière approfondie sur sa personnalité, sur les racines canoniques de sa doctrine. La publication par Friedrich Thaner, professeur à l’Université de Graz, des onze livres (le livre 11 partiellement) de la « Collection canonique » (1906‑1915), ne fut suivie d’aucun article scientifique dans l’historiographie, relatif à la biographie de notre personnage ou bien à la vie de l’écrivain ecclésiastique et spirituel indépendant des influences extérieures. Ce n’est qu’en 1924, que P. Richard a publié un article sur la biographie d’Anselme dans le troisième tome du « Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésias‑ tiques », dans lequel il a réuni les informations de toutes les sources connues à ce moment. C’était une première biographie scientifique d’Anselme19. Toutefois il y avait une grande lacune dans l’article de P. Richard : l’auteur qui devait présenter le curriculum vitae de son personnage, dans son ensemble, se limita à un exposé sur les sources sans aucune analyse et sans application de la méthode critique. L’auteur s’abstint de définir l’importance historique et sociale de l’activité d’Anselme20. Un article plus approfondi, qui ne touchait que l’activité d’Anselme en tant que canoniste, a été publié en 1935. Son auteur, A. Amanieu, participait à la publication du « Dictionnaire de Droit canonique » préparé sous la rédaction de Raoul Naz21. A. Amanieu voulait présenter Anselme en tant que canoniste, faire l’analyse de sa méthode et décrire ses œuvres. A. Amanieu a parfaitement atteint ce but, il présente la méthode canonique appliquée par Anselme, en faisant l’analyse des sources sur lesquelles a été fondée la « Collection canonique ». L’édition de Friedrich Thaner et sa 19 P.
Richard, « Anselme de Lucques »…, coll. 489. même lacune se retrouve dans le bref article de K. Mirbt publié en 1896, vide : K. Mirbt, « Anselm von Lucca », dans Realencyklopädie für protes tanische Theologie und Kirche, herausgegeben von A. Hauck, Vol. I. Leipzig, 1896, p. 572‑573. 21 A. Amanieu, « Anselme de Lucques », dans Dictionnaire de Droit cano‑ nique, par R. NAZ, Vol. I., Paris, 1935, p. 573‑576. 20 La
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propre érudition l’y aidèrent. Cependant, l’édition de Friedrich Thaner n’était pas complète. Dans cette édition il n’y avait pas d’appareil critique bien fait, c’est pourquoi l’article d’A. Amanieu n’est que la description brève de la « Collection canonique ». Vingt ans plus tard, Jean Bernhard put faire des recherches approfondies sur la méthodologie canonique d’Anselme. Il publia un livre, dans lequel il fit l’analyse comparative de la « Collection canonique », attribuée à Anselme et de la « Collection canonique en deux livres » qui est très mal connue et qui a été conservée dans un seul manuscrit22 . Les recherches de Jean Bernhard ont permis de présenter les liens de la « Collection canonique » attribuée à Anselme, avec les autres recueils de droit canonique en Occident, mais ces recherches ne concernaient ni la biographie, ni la vie d’Anselme, alors que sa biographie aurait été utile pour vérifier l’authenticité de la « Collection canonique ». C’est pourquoi le médiéviste Augustin Fliche a publié un article en 1948, dans lequel il posait la question sérieuse de son authenticité23. Au début des années 1960, les recherches historiques sur Anselme de Lucques sont passées à un niveau supérieur grâce au travail des médiévistes italiens. En 1961, dans le troisième volume du « Dizionario biografico degli Italiani », a été publié un article de Cinzio Violante dédié à la biographie détaillée d’Anselme24. Cet article comporte une analyse critique des sources concernant la vie d’Anselme, ainsi qu’un apparat critique remarquable. Dans cet article, Cinzio Violante caractérisait également l’atmosphère sociale, dans laquelle vivait notre auteur. Cette publication était le fruit de recherches systématiques sur la société chrétienne en Italie à l’époque de la lutte pour l’investiture25. L’auteur considère que cette lutte fut un cataclysme qui préluda au développement de l’Église et de la société pour des siècles. Cette approche permet22 J. Bernhardt, « La Collection en deux livres (Cod. Vat. lat. 3832) », dans Revue de droit canonique ΧΙΙ, Strasbourg, T. I, II. 1962, par exemple vide : T. I., p. 322. 23 A. Fliche, « La valeur historique de la collection canonique d’Anselme de Lucques », dans Miscellanea Historica in Honorem Alberti de Meyer 1, Louvain-Bruxelles, 1948, p. 348‑357. 24 C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo », dans Dizionario biografico degli Italiani, T. III., Roma, 1961, p. 399‑407. 25 C. Violante, « La pataria milanese e la riforma ecclesiastica. I : Le permesse », dans Studi storici, 11‑13 (1955), Roma, p. 16.
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tait de réveiller l’intérêt pour Anselme qui cessa d’être l’ombre d’Alexandre II ou de Grégoire VII, pour devenir la figure centrale, indépendante et symbolique, de la lutte contre le parti impérial. Désormais Anselme apparaissait débarrassé de son linceul, tissé avec les pages empruntées aux compilations canoniques, couvertes de la poussière et du moisi des siècles passés. La doctrine d’Anselme et sa perception de la vie ecclésiastique sont devenues le sujet des recherches d’Edith Pásztor qui a publié beaucoup d’études sur Anselme. Edith Pásztor est arrivée à la conclusion que l’ecclésiologie d’Anselme n’était pas identique à celle des autres partisans de la réforme de Cluny, mais ajoutait de nouveaux détails doctrinaux à l’idéologie de la réforme26. Comme elle l’a montré, la « Vita Anselmi » du Pseudo-Bardone et les autres sources qui concernent sa vie permettent d’imaginer ses idées sur les rapports du Sacerdoce et de l’Empire. Selon l’auteur, Anselme ne pouvait pas présenter par hasard les canons et les lois de la Basse Antiquité qui dirigeaient ces rapports. Au début des années 1980, les publications scientifiques dédiées à Anselme sont devenues plus nombreuses. Il faut, en particulier mentionner ici l’article biographique de Theo Kölzer, l’article de Robert Somerville qui traite de la lutte personnelle entre Anselme et l’antipape Guibert, ainsi que les notes de Karl Märtl qui concernent le « Liber contra Wibertum »27. Néanmoins, il n’y avait pas encore de base historiographique sérieuse qui eût permis d’écrire une monographie scientifique sur sa biographie dans le contexte élargi de l’époque, bien que les sources soient mieux connues. Pour stimuler les efforts des chercheurs qui travaillaient sur la vie et l’héritage littéraire d’Anselme, le milieu des médiévistes italiens prépara deux colloques scientifiques et internationaux dédiés à Anselme. Ces colloques étaient liés au neuvième centenaire de sa mort. Le premier eut lieu à Mantoue les 23‑25 mai 26 E. Pásztor, « Motivi dell’ecclesiologia di Anselmo di Lucca », dans Bol‑ lettino dell’Istituto Storico Italiano, 77 (1965), p. 45‑104 ; E. Pásztor, « Sacerdozio e regno nella Vita Anselmi episcopi Lucensis », dans Annuario Historiae Pontificiae, 2 (1964), p. 91‑115. 27 T. Kolzer, « Anselm von Lukka », dans Lexikon des M. A., I, MünchenZürich, 1980, coll. 679 ; R. Somerville, « Anselm of Lucca and Wibert », dans Bulletin of Medieval Canon Law, n. s. 10 (1980), p. 1‑13 ; C. Martl, « Zur Ueberlieferung des Liber contra Wibertum Anselms von Lucca », Deutches Archiv, 41 (1985), p. 192‑202.
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198628, tandis que le deuxième fut organisé à Lucques les 25‑28 septembre 1986 sous la direction de l’Académie des Sciences, Arts et Lettres. Le recueil des matières de ce colloque n’a été publié qu’en 1992 29. Il faut souligner que la figure d’Anselme n’avait jamais bénéficié d’un égard scientifique pareil. Il s’agissait là de ses origines, de sa doctrine, de la situation politique et sociale en Lombardie à son époque, de la signification de ses ouvrages pour la tradition ecclésiastique et des recherches archéologiques qui concernent l’histoire de son diocèse. Bien sûr, dans la discussion une place centrale était donnée à la participation d’Anselme à la guerre entre Grégoire VII et Henri IV. Les participants des colloques ont également parlé des textes liturgiques qui contiennent la tradition de la vénération d’Anselme dans les siècles ultérieurs. Parmi les participants il faut mentionner ici, entre autres, Cinzio Violante, Edith Pásztor, Paolo Golinelli, Giovanni Severino, Peter Landau, Giorgio Picasso, Gérard Fransen. Dans ces communications, Anselme a été présenté comme une personne très complexe qui unissait simultanément en lui l’ascète et le réformateur, le directeur spirituel et le juriste, l’évêque et le tribun politique. À partir des résultats de ces colloques, Anselme est devenu objet de recherches de l’historiographie anglophone. Les chercheurs anglophones se sont intéressés à sa méthode canonique et à sa place dans le mouvement des réformateurs grégoriens. D’abord Kathleen Cushing a publié un ouvrage à ce sujet en 1998 30. Elle y traitait de l’autorité du pape dans le cadre du travail d’Anselme sur la codification nouvelle du droit canonique. L’auteur s’appuyait sur la « Collection canonique » et devait prendre en considération la discussion sur la paternité et sur l’authenticité de ce recueil canonique. Puis en 2006, le canoniste hongrois Anselme Szuromi a publié une monographie en anglais, dans laquelle il présentait ses recherches approfondies sur la « Collection canonique », attribuée à Anselme. L’auteur analysait les sources de ce recueil et proposait 28 Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture. Atti del convegno internazionale di studi (Mantova 23‑24‑25 maggio 1986), a cura di P. Golinelli, Bologna, 1987, passim. 29 Sant’Anselmo vescovo di Lucca (1073‑1086) nel quadro delle trasformazioni sociali e della riforma ecclesiastica, a cura di C. Violante, Roma, 1992, passim. 30 K. G. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canon‑ istic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, passim.
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la reconstruction de la méthode de la réception du droit canonique ancien, appliquée par Anselme, ainsi que la classification des canons récupérés. Mais nous devons constater que le problème qui persiste quant à l’authenticité de ce recueil, en particulier au vu des arguments de Gérard Fransen, Peter Landau et Edith Pásztor contre la paternité d’Anselme en ce qui concerne la « Collection canonique », du moins dans son intégralité, ne nous permet pas de nous accorder avec toutes les conclusions d’Anselme Szuromi sur Anselme 31. En 2000 à l’Université américaine de Fordham, le chercheur Louis Hamilton a défendu une thèse dédiée au pouvoir dans le cadre de la vie liturgique en Italie à l’époque de la querelle des Investitures. Dans cette thèse, l’auteur considérait Anselme comme le principal formateur de l’idéologie politique et de la théorie théocratique dans le contexte de la Réforme grégorienne 32 . Pour Louis Hamilton, Anselme fut le premier, dans l’Église occidentale, qui avait proposé aux autorités religieuses d’utiliser les moyens séculiers et militaires pour défendre la foi et la piété, c’est-à-dire la vérité sur la terre. La question concernant la réception du droit de l’Église ancienne par Anselme, avant qu’elle n’ait été présentée dans la monographie d’Anselme Szuromi en 2006, a déjà été mentionnée par le canoniste espagnol Fernando Martinez Martinez qui souligne la domination de l’idéologie de la hiérarchie dans la méthode juridique d’Anselme 33. La primauté du pape restait le critère unique pour juger de l’importance de l’un ou l’autre texte canonique 34. Cependant Fernando Martinez Martinez, dans son article, publié en 2003, parlait d’Anselme parmi d’autres canonistes médiévaux et ses conclusions n’étaient pas bien argumentées, car il ignorait le problème de l’authenticité de la « Collection », attribuée à Anselme, comme le fera encore Anselme Szuromi. En même temps, Louis Hamilton a désigné spécifiquement la « Collection canonique » comme 31 A. S. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum, B. 34 (2006), Frankfurt am Main, passim. 32 L. Hamilton, The power of liturgy and the liturgy of power in eleventhand twelfth- century Italy, dissertation for degree of doctor of philosophy, New York, 2000, p. 106‑134 ; 189‑194. 33 F. Martinez Martinez, Orto y ocaso de una definición : el concepto de derecho en las colleciones canónicas anteriores a Graciano, Madrid, 2003, p. 445‑449. 34 Ibid.
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étant l’ouvrage le plus important d’Anselme, tout en émettant de sérieux doutes quant à sa paternité. L’auteur a fait l’analyse du problème de l’authenticité de ce recueil d’une manière approfondie. De ce point de vue, les recherches de Louis Hamilton sur le rôle historique d’Anselme devraient être reconnues comme plus efficaces. Néanmoins, il a ignoré d’autres textes importants d’Anselme, en particulier ses textes liturgiques et ses lettres, qui ne soulèvent aucun doute sur leur authenticité, car l’évêque de Lucques n’était pas le personnage central de sa thèse. Conclusion C’est ici que nous pourrions mentionner les deux visions concernant Anselme : selon la première, Anselme ne fut en premier lieu que le juriste qui devait assurer la base canonique de la Réforme grégorienne (Anselme Szuromi, Louis Hamilton, Kathleen Cushing, Fernando Martinez Martinez) ; selon la deuxième, il fut la figure politique qui participa à la Réforme comme disciple spirituel du pape et qui répéta d’une manière plus sévère ses opinions dogmatiques. C’est ainsi que la tradition postérieure liera à son nom la création de la Collection immense des canons (Edith Pásztor, Peter Landau, Paolo Golinelli). Ces représentations de notre personnage pourraient ne pas s’exclure l’une l’autre si elles n’empêchaient pas de créer le portrait psychologique et spirituel d’Anselme dans le cadre des problèmes théologiques qui sont devenus la base de ses réflexions pastorales. Quoi qu’il en soit, à l’heure actuelle, il n’y a pas de monographie scientifique moderne qui puisse répondre aux nombreuses questions sur la biographie d’Anselme, sur l’influence de ses idées dans l’Église, de même qu’il n’y a pas d’édition complète et critique de toutes ses œuvres.
CHAPITRE III
ÉTAPES DE LA VIE D’ANSELME ESQUISSE D’UN PORTRAIT HISTORIQUE La vie d’Anselme de Lucques peut être divisée en trois périodes : la jeunesse, le ministère épiscopal et l’exil. Elles déterminent le plan de ce chapitre. La question de l’origine d’Anselme, essentielle pour la compréhension de sa vie, a été considérée d’une manière approfondie par Hagen Keller. Ce chercheur a présenté les résultats de ses recherches devant les participants du colloque scientifique qui s’est réuni à Lucques en 19861. Comme l’a montré Hagen Keller, la famille et l’entourage social d’Anselme le préparaient à la carrière ecclésiastique. Certaines sources éclairent l’histoire de sa famille. Nous savons précisément qu’Anselme naquit en 1036 dans une famille milanaise noble du nom de Baggio, dont le fief se trouvait près de Milan. Dans la « Vita Anselmi » du Pseudo-Bardone il est dit qu’Anselme « indigena fuit, et nobilis prosapia »2 . Il avait un oncle, évêque de Lucques depuis 1056, appelé aussi Anselme. C’est lui qui devint l’éducateur de son neveu. Anselme I était un partisan passionné de la réforme ecclésiale dans l’esprit du mouvement de Cluny, c’est lui qui, en particulier, soutint les chefs des patarini en Lombardie et leur révolte contre le clergé milanais. C’est pourquoi Anselme II (notre auteur) devait poursuivre son action après que son oncle devint l’évêque de Rome en octobre 1061 sous le nom d’Alexandre II. Dans son poème, Ranger appelait le neveu : « Le successeur digne et le proche d’Alexandre »3. 1 H. Keller, « Le origini sociali e famigliari del vescovo Anselmo Lucca », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca…, p. 27‑50. 2 Bardonis presbyteri Vita Anselmi Luccensis, ed. R. Wilmans, dans MGH., SS., 12 (1856), Hannoverae, p. 13‑35. 3 « dignus Alexandri successor eique propinquus », dans Rangerii Lucen‑ sis Vita metrica S. Anselmi Lucensis episcopi, ed. E. Sackur-G. SchwartzB. Schmeidler, dans MGH., SS., 30/2 (1929), Lipsiae, p. 1155‑1307. Comme l’a montré H. Keller, Ranger ne considérait pas le népotisme au sein de l’Église comme un problème : H. Keller, « Le origini sociali e famigliari del vescovo Anselmo », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca…, p. 30.
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chapitre iii
La famille « da Baggio » Les prénoms des parents d’Anselme restent inconnus. Nous ne savons même pas précisement si Alexandre II était un frère de son père ou de sa mère. Dans une lettre d’Alexandre II, adressée à Lanfranc de Normandie, il y avait une recommandation afin que son « fratruelis » soit reçu dans la célèbre école. Nous pourrions supposer que le pape Alexandre II était un frère de son père4. Probablement Anselme avait-il aussi un frère qui s’appelait Arialdo et qui figure dans la « Vita Anselmi » du Pseudo-Bardone5. Le grand-père d’Anselme et père d’Alexandre II s’appelait Arderico ; c’était un laïque sachant lire et écrire, tout comme son père Tazzone et son frère Adelrico. Il exerçait les fonctions de légat de l’empereur dans les comtés de Milan et de Sepri en 1014‑1015. Il portait un titre spécial et s’appelait « chevalier de Saint-Ambroise » (miles sancti Ambrosi). Hagen Keller croit que la famille da Baggio a pu occuper cette place honorable après avoir participé à la révolte contre l’archevêque Landulfe. Pendant cette révolte le père de Landulfe, qui s’appellait Ambroise, et un certain Bonizone (« Ambrosius qui et Bonizo ») furent assassinés par le serf d’un certain Tazzone, Tazzone qui pouvait être le père d’Arderico et donc le grand-père d’Anselme. Il est vraisemblable que la famille d’Anselme appartenait à la « nouvelle » aristocratie milanaise. Son domaine se trouvait dans les environs de la cité, qui ne dépendaient que de la communauté urbaine milanaise. La famille détenait la charge de capitainerie de Cesano Boscone. Elle essayait d’éloigner du gouvernement urbain les clans des anciennes familles. Cependant la plus grande partie du clergé milanais appartenait à ces anciennes familles, comme par exemple Landulfe. La jeunesse d’Anselme La « Vita Anselmi » du Pseudo-Bardone ne donne pas beaucoup d’information sur son enfance et son éducation. Il est évident que l’enfance d’Anselme s’est passée sous la surveillance d’Anselme I
4 H. Keller, op. cit., p. 34 ; Alexandri II epistola ad Lanfrancum, dans PL, 146, coll. 1353 ; K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canonistic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 46‑48. 5 Bardonis Vita Anselmi Luccensis, p. 31.
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l’aîné 6. Anselme II était un clerc de la basilique de saint Ambroise au moment de la naissance du mouvement des patarini. Après que les patarini eurent commencé leur lutte contre le clergé marié sous la direction du diacre Arialde et de Landulfe Cotte, Anselme I (le futur pape Alexandre II) leur assura toute sa protection. Quoique Cinzio Violante souligne que le clergé milanais n’était pas unanime dans sa résistance aux prédications des « pauperes Christi »7, la plupart des prêtres de l’archevêché, avec leur chef Guidon, condamnaient d’une manière cruelle les patarini et leur activité. Aux yeux du clergé, ces combattants pour la purification de l’Église n’étaient que des vagabonds et des membres d’une secte 8. En abolissant l’ordre ecclésiastique, ils blâmaient la mémoire de saint Ambroise et le vénéraient d’une manière hypocrite9. Dans ces conditions difficiles, Anselme II qui n’avait que vingt ans, devait choisir entre ses confrères et son oncle, qui essayait avec vigilance de canaliser les patarini. Puisqu’Anselme II avait été instruit depuis son enfance dans l’esprit de la Réforme, il a choisi sans aucun doute le parti de son oncle. Malheureusement les sources ne nous donnent pas d’information plus précise sur la jeunesse d’Anselme II. Quoi qu’il en soit, il n’avait pas la possibilité de réagir ou de faire quoi que ce soit d’une manière indépendante de cemme de son oncle. Néanmoins Alexandre II ne voulait pas utiliser son neveu dans les affaires politiques avant qu’il ne soit prêt. Comme l’a montré une lettre d’un certain prêtre Hugues adressée à Ubaldo, l’évêque de Mantoue, dans le cadre de la canonisation d’Anselme, celui-ci aurait d’abord fait ses études à l’école de la basilique ambrosienne10. Ce 6 Bardonis
Vita Anselmi Luccensis, p. 13‑14 ; Rangerii Vita metrica Anselmi Lucensis, dans MGH, SS, 30 (2), v. 1‑5, p. 1157 ; K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canonistic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 44. 7 C. Violante, « I laici nel movimento patarino », dans Studi sulla Cristi‑ anità medievale. Società, istituzioni, spiritualità, a cura di P. Zerbi, Milano, 1972, p. 145‑246. 8 E. N. Trubezkoï, Religiosno-obschestvenniï ideal zapadnogo christianstva, Saint-Pétersbourg, 2004, p. 220‑544. 9 H. Keller, « Le origini sociali e famigliari del vescovo Anselmo », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca…, p. 47. 10 Un jurisconsulte qui s’appelait Lanzone di Treviso a dit dans son éloge en 1086 : « Memento familiaritatis quae nos in scholiis socios iunxerat », dans
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chapitre iii
n’est pas par hasard que le Pseudo-Bardone a écrit qu’Anselme était « studieux dans les livres scolaires qu’il faut lire »11. Assurant les devoirs pontificaux depuis 1061, Alexandre II avait besoin de résister à l’antipape Pierre Cadale, l’évêque de Parme12 . Étant donné la situation compliquée du schisme, il ne pouvait plus s’occuper de l’éducation de son neveu. C’est pourquoi le pontife romain décida d’envoyer Anselme à l’extérieur. Comme l’a écrit Cinzio Violante, Bérenger de Tours a écrit une lettre au cardinal Étienne en 1063‑1065 pour convaincre le pape d’inscrire son neveu dans l’école de Bérenger à Angers13. Toutefois Alexandre II voulut envoyer Anselme dans une autre école célèbre de l’époque, celle dirigée par Lanfranc dans l’abbaye du Bec. C’est de ce projet qu’il s’agit dans une lettre du pape sans date précise14. Il n’y a pas d’information plus concrète concernant les études d’Anselme. Au début de 1073, un peu avant la mort d’Alexandre II, Anselme reçut l’ordre de son oncle d’occuper sa place à Lucques sur le trône épiscopal. Cet ordre était provoqué par l’impossibilité pour le pape d’accomplir simultanément le ministère de pontife romain et celui d’évêque de Lucques. Entre le 18 mars et le 21 avril 1073, Anselme fut élu évêque de Lucques par le clergé ainsi que par tout le peuple. Après cet événement, heureux pour lui, Anselme pouvait aller à la Cour impériale pour obtenir la confirmation de son élection et pour accepter l’investiture du roi Henri IV avec l’anneau et la crosse selon la tradition15. Le Pseudo-Bardone raconte Hugonis presbyteri ad Ubaldum Mantuanum episcopum epistula, dans MGH, SS., XII, p. 33 ; C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo », dans Dizionario biοgrafico degli italiani, Vol. III, Roma, 1961, p. 399. 11 « studiosus in scholasticis etiam legendis libris », Bardonis Vita Anselmi Lucensis, dans MGH, SS., XII, p. 13 ; C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo »…, p. 399. 12 Die Chroniken Bertholds von Reichenau und Bernolds von Konstanz 1054‑1110 herausgegeben von S. Robinson, dans MGH, SS., Nova Series, XIV (2003), Hannover, p. 191‑197 ; Thomasi Ebendorfer Chronica Pontificum Romanorum, herausgegeben von H. Zimmermann, dans MGH, XVI (1994), München, p. 332‑333. 13 C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo »…, p. 399. 14 Ibid. 15 C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo »…, p. 400 ; P. Richard, « Anselme de Lucques », dans Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésias‑ tiques par A. Baudrillart-U. Rouzes-R. Aigrain-P. Richard, Vol. III, coll. 489, Paris, 1924.
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l’histoire du voyage d’Anselme, mais la réalité de ce voyage est loin d’être prouvée. D’après le Pseudo-Bardone, Anselme alla en Allemagne accompagné d’un certain Menegard, cardinal de l’Église de Rome de Sainte-Rufine, et de l’évêque de Silve Candide, qui figure dans les sources en tant que comte. Comme l’a dit le même auteur, après son arrivée à la Cour, Anselme refusa de recevoir l’investiture du pouvoir civil. C’est pourquoi il dut rentrer chez lui sans attendre les insignes épiscopaux16. Finalement, il ne provoqua que la furie du roi ce qui fut comme un signe annonçant leur future lutte. Le récit d’Hugues de Flavigny, qui rapporte la réaction sévère des légats de l’empereur par rapport à l’élection d’Anselme sans mentionner l’investiture impériale en octobre 1073, pourrait, dans une certaine mesure, prouver la réalité de ce voyage17. Par ailleurs, nous n’avons pas de témoignages solides justifiant ce voyage, sauf une lettre de Grégoire VII, dans laquelle le pape a interdit à Anselme d’accepter l’investiture civile18. La position d’Anselme par rapport au pouvoir civil était identique à celle du nouveau pape, l’archidiacre Hildebrand, élu le 22 avril 1073 et adoptant le nom de Grégoire VII. En réalité, la coutume d’une investiture impériale ou royale contenait des contradictions par rapport aux principes fondamentaux de la Réforme de Cluny19. Ces principes défendus par le pape Grégoire VII contenaient une idée de la liberté ecclésiastique qui pouvait s’exprimer dans une existence du clergé indépendante du pouvoir séculier ainsi que dans une proclamation de la supériorité du clergé par rapport aux laïcs aux différents niveaux de la vie sociale20. Comme le dit Ranger : L’anneau et le bâton sont deux signes sacrés, Ils ne peuvent être reçus de la main d’un laïc. 16 Bardonis
Vita Anselmi Luccensis, p. 14 ; K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution, Oxford, 1998, p. 48‑49. 17 Hugonis Flaviniensis Chronicon, ed. G. H. Pertz, dans MGH, SS., T. VIII, Hannoverae, 1848, p. 411‑412. 18 Das Register Gregors VII, herausgegeben von E. Caspar, Berlin, 1955, Vol. I, p. 34‑35. 19 Sur les principes de la Réforme grégorienne ainsi que sur l’histoire de la lutte pour l’investiture v. J. Hefele-H. Leclerq, Histoire des conciles d’après les documents originaux, T. V/1, Paris, 1912, p. 13‑323 ; CH. Poulet, Guelfes et Gibelins, Paris, 1922, T. I, p. 8 ; H. X. Arquilliere, Saint-Grégoire VII, Essai sur sa conception du pouvoir pontifical, Paris, 1934, p. 335 ; L. Muratori, Annali d’Italia dall’anno 998 all’anno 1357, Vol. III, Milano, 1838, p. 111‑136. 20 E. N. Trubezkoï, op. cit., p. 350‑473.
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chapitre iii Un anneau appartient à l’époux, un anneau est donné à l’épouse, Pour que chacun se connaisse Comme époux d’un seul et n’en désire pas d’autre. Et le bâton exprime le signe et la tâche du pasteur, Qu’il relève ceux qui sont tombés et qu’il pousse à avancer les paresseux, Le Christ possède le nom et le ministère de l’un et de l’autre, Le Christ a l’épouse, le Christ gouverne la bergerie21.
Il faut ajouter aussi qu’aux yeux des partisans de la Réforme, la Cour de Henri IV était plongée dans le vice et le péché. Le Pseudo-Bardone n’est pas avare de détails pour décrire la décadence morale et l’obscurité intellectuelle du clergé germanique et lombard. Selon son témoignage, à cette époque à la Cour impériale, n’avaient de prix que le clerc dont la concubine était la plus splendide ou bien le chevalier capable de rompre ses vœux le plus souvent possible22 . Grégoire VII invita Anselme à Rome et maintint son refus de l’investiture, puisque Henri lui-même était excommunié. En août 1073, Anselme, qui n’était encore qu’un évêque nommé et élu mais qui n’avait pas encore été consacré, entreprit le voyage à Vérone. Il participa là-bas à la discussion entre Grégoire VII et Henri IV. Cette discussion fut possible grâce à l’entremise de la comtesse Béatrice de Toscane et de sa fille Mathilde. Comme l’a dit Cinzio Violante, ces deux dames s’intéressaient à l’accord du pape concernant l’investiture civile d’Anselme, car la ville de Lucques était une forteresse importante de Toscane, et les princesses voulaient à l’avenir rester en paix avec l’empereur23. Il est évident que Grégoire VII n’était pas forcément heureux de cette possibilité de compromis politique, parce qu’il espé21 « Anulus
et baculus duo sunt sacra signa, nec ullo De laici manibus sucipienda modo. Anulus est sponsi, sponsae datur anulus, ut se Noverit unius non alium cupere… At baculus prefert signum pastoris opusque, Ut relevet lapsos, cogat et ire pigros. Christus utrunque sibi nomen tenet officiumque Christus habet sponsam, Christus ovile regit. », dans Rangerii episcopi Luccensis Liber de anulo et baculo, v. 14‑17, v. 24‑27, ed. E. Sackur, dans MGH, Libelli de lite, 3 (1867), Hannoverae, p. 509. 22 Bardonis Vita Anselmi Luccensis, p. 17. 23 C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo »…, p. 400.
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rait que le neveu d’Alexandre II puisse devenir un continuateur de la Réforme de l’Église. Le pontife romain avait déjà fait des reproches à la comtesse dans une lettre datée du 27 juin 107324. Dans cette lettre le pape avait exprimé son espoir quant à l’intelligence d’Anselme et à sa capacité à distinguer les actions justes et injustes. Il voulait, pour Béatrice, faire de l’action d’Anselme un exemple de conduite honnête. Il faut souligner que parmi les historiens il n’y a pas d’unanimité en ce qui concerne cette lettre pontificale. Que voulait dire le pape, quand il constatait qu’Anselme avait « une science des lettres divines » (in eo tantam divinarum litterarum scientiam) ? Comme l’a montré G. Fornasari, Anselme était capable de distinguer les actions, en fonction des idées fondamentales de Cluny. C’est pourquoi, le compromis proposé par Béatrice sur la question de l’investiture civile était insupportable pour lui ainsi que pour le pontife25. Certains historiens ont imaginé que Grégoire VII parlait de la discipline canonique connue par Anselme et exprimée dans sa « Collection canonique », et qu’il était prêt à enfreindre sous la pression de la comtesse26. Pourtant cette supposition ne peut résister à aucune critique, parce que la « Collection canonique » d’Anselme a été composée par lui au début des années 1080 (en 1083). À notre avis, le pape voulait dire dans cette phrase qu’Anselme avait une grande intelligence et qu’il avait la force de caractère suffisante pour résister aux tentatives anti-canoniques de la Cour. Craignant la répression impériale par rapport à Anselme, Grégoire VII lui écrit une lettre datée du 1er septembre 1073 et envoyée de Capoue. Dans cette lettre, le pape lui donne l’ordre de refuser l’investiture civile de manière catégorique et de venir à Rome sans retard 27. 24 « De electo vero Lucensi non aliud vobis respondendum esse pervidimus nisi quod in eo tantam divinarum litterarum scientiam et rationem discretionis esse percepimus, ut quae sinistra quae sit dextra ipse non ignoret. Quodsi ad dexteram inclinaverit, valde gaudemus ; sin vero, quod absit, ad sinistram, utique dolemus », dans Fontes litem de investitura illustrantes, Pars prior Gregorii Papae VII Epis‑ tolae selectae, cura et studio F. J. Schmale, dans Ausgewählte Quellen zur Deutschen Geschichte des Mittelalters, B. XII a, Darmstadt, 1978, p. 36. 25 G. S. Fornassari, « Anselmo e il problema della “caritas” », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 306‑307. 26 Ibid. 27 « te ab investitura episcopatus de manu regis abstinere donec de commu nione cum excommunicatis Deo satisfaciens rebus bene compositis nobiscum
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chapitre iii
Anselme qui se trouvait avec Béatrice et Mathilde dans le monastère de Saint Zénon de Vérone au mois d’août, exécuta cet ordre du pape. En octobre 1073, janvier 1074 au plus tard, il se trouvait déjà près de Grégoire VII en tant qu’ami. Nous trouvons une information sur le séjour d’Anselme à Rome dans le « Chroniсon » d’Hugues de Flavigny qui mentionne cet épisode28. En décembre 1073, Grégoire VII se trouvait dans une situation très compliquée : le roi Henri était excommunié et ses légats arrivés à Rome apportèrent une lettre de leur souverain dans laquelle il exprimait sa volonté de faire pénitence, mais demandait une compensation qui aurait pu être le refus du pape d’ordonner Anselme pour le diocèse de Lucques et Hugues pour le diocèse de Die sans l’investiture royale. En outre, Béatrice restée la seule amie du pontife romain parmi les princes civils, continuait à demander le compromis qui ne correspondait pas aux principes de la Réforme. Comme les négociations entre le pape et les légats du roi se poursuivaient, Grégoire VII put ordonner Hugues pour l’évêché de Die sans l’investiture civile le 16 mars 1074. Cependant la situation d’Anselme était plus difficile à cause de la position politique de la ville de Lucques dans les relations entre Béatrice de Toscane et Henri. Une fois qu’Henri IV fut proche d’un accord avec Grégoire VII et que son excommunication fut levée à la fin d’avril 1074, Anselme donna son accord au compromis et accepta l’investiture de l’anneau et de la crosse par l’empereur29. Il était à Pise le 21‑24 avril 1074 avec Béatrice et Mathilde. Peu après, le 23 octobre 1074, Grépacem possit habere » : Das Register Gregors VII, herausgegeben von E. Caspar, Berlin, 1955, Vol. I, p. 34‑35 ; P. Golinelli, « Dall’Agiografia alla storia : le “vite” di Sant’Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 43 ; P. Golinelli, « I rapporti tra Gregorio VII e e signore di Canossa, Beatrice e Matilde, dell’epistolario gregoriano », dans Bolletino Storico Reggiano, 66 (luglio 1987), p. 17‑27. 28 Comme l’a dit Hugues de Flavigny, Anselme de Lucques et Hugues de Die « aetate pares, caritate non impares… Senes autem erant non longevitate vitae, sed morum maturitate », Hugonis Flaviniensis Chronicon, ed. G. H. Pertz, dans MGH, SS., VIII, Hannoverae, 1848, p. 411‑412. Comme l’a cité K. Cushing, « Anselmus episcopus Lucensis huic facto interfuit », K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution, Oxford, 1998, p. 51, n. 42. 29 Bardonis Vita Anselmi episcopi Luccensis, p. 14 ; P. Golinelli, « Dall’Agiografia alla storia : le “vite” di Sant’Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 42 ; H. E. Cowdrey, Pope Gregory VII 1073‑1085, Oxford, 1998, p. 275.
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goire VII sacra Anselme évêque. Dans les documents de la communauté de Lucques, Anselme est mentionné évêque élu (episcopus electus) le 29 septembre 1074 pour la dernière fois. Il est mentionné évêque effectif le 25 janvier 1075 pour la première fois30. La première charte qui appelait Anselme évêque actuel de Lucques est un acte de donation de terre au monastère de saint Zénon de Vérone, effectué par la comtesse Béatrice et sa fille Mathilde31. Quoi qu’il en soit, tout compromis dans les questions de la foi laissé sans solution théologique peut provoquer des problèmes de conscience. En février 1075, Grégoire VII promulgua le fameux décret contre l’investiture civile d’évêques et d’abbés au concile de Latran (24‑28 février 1075). Dans le décret, le pape assimile une acceptation de l’investiture civile à la simonie et proclame invalide une ordination de prélat confirmée par l’investiture civile. Bien qu’une loi ne puisse être rétroactive selon le droit romain, Anselme était confondu par le décret du concile de Latran et considérait que son ordination était invalide. Il voulut faire pénitence et quitter son évêché, dont il ne se jugeait pas digne. Il arriva à Florence le 7 mai 1075, officiellement pour confirmer la donation de Hildebrande de Maon (le château et la cour de Montecatino), et il se désista de son évêché devant la comtesse. Ensuite il quitta la Toscane et alla au monastère de Saint-Gilles du Gard sur le Petit-Rhône, qui vivait selon les règles de Cluny32 . Il croyait qu’il serait moins coupable devant Dieu dans une cellule monastique que sur le trône épiscopal. Suivant Kathleen Cushing, Anselme était encore à Saint-Gervais près de Lucques le 28 avril 1075, puis il se trouvait à Saint-Miniato le 25 novembre 1075, et enfin il est appelé monachus et episcopus dans une charte, datée du 21 décembre 1075. Il est clair que sa conversion au monachisme bénédictin eut lieu entre la fin de février 1075 (le concile) et le 28 avril 1075 ou entre le 7 mai 1075 et le 25 novembre 107533. Pour30 C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo »…, p. 400 ; P. Richard, « Anselme de Lucques… », Vol. III, coll. 489. ; K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution, Oxford, 1998, p. 52. 31 C. Violante, loc. cit. K. Cushing, loc. cit. 32 C. Violante, loc. cit. Comme l’a dit K. Cushing, il est probable qu’il s’agisse de l’abbaye de Polirone, K. Cushing, loc. cit. p. 54. 33 Bardonis Vita Anselmi Luccensis, p. 14‑15 ; K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution, Oxford, 1998, p. 53‑54.
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tant Anselme ne put devenir un véritable moine. Grégoire VII lui donna l’ordre de revenir pour accomplir son devoir pontifical. Le 25 décembre 1075, après qu’Anselme fut revenu, Grégoire lui donna sa propre investiture ex novo. Ministère épiscopal d’Anselme Après son investiture, Anselme justifie la confiance du pape. Il fit son choix de vie. Il prit la décision de créer des communautés de chanoines réguliers dans son diocèse dans le cadre de l’application de la Réforme grégorienne. D’abord il installa une communauté сanoniale près de la basilique de saint Martin à Lucques. En s’appuyant sur la bulle du pape Léon IX, donnée aux chanoines de Lucques en 1054, il donna l’ordre aux membres de son clergé de laisser leurs biens et de s’assembler pour vivre en communauté 34. La « Vita » du Pseudo-Bardone décrit les efforts inutiles d’Anselme pour organiser la vie communautaire de ses clercs. Anselme essayait d’engager les clercs à suivre son exemple personnel : il prononçait des prédications dans lesquelles il expliquait quel profit spirituel apporte une vie monastique, il menaçait les chanoines de se faire excommunier par le pape, allant même jusqu’à promettre des biens aux familles des chanoines qui auraient accepté de mener une vie en communauté ainsi que des places honorables à ceux qui s’étaient jusqu’alors opposés à cette idée. Cela n’aida en rien !Les chanoines ne voulaient rien changer à leur existence. Ils préféraient vivre avec leurs familles et leurs biens. Les tentatives d’Anselme d’accélérer la réforme dans son diocèse se passaient à l’époque d’événements menaçants. Henri IV accusa Grégoire VII d’usurpation du trône pontifical devant le concile de Worms le 24 janvier 1076, car Grégoire avait été élu par le peuple, mais il n’avait pas été confirmé par l’empereur selon l’ancienne tradition. Henri se fâcha contre le pape, qui ne respectait pas les droits de l’empereur sur l’investiture. Le pape excommunia l’empereur et proclama l’interdit mis sur son domaine en février 1076 35. Comme l’a raconté une contemporaine de ces événements – la princesse Anne Comnène, fille et biographe de l’empereur byzan34 Bardonis Vita Anselmi Luccensis, p. 15 ; P. F. Kehr, Italia Pontificia, T. III, Berolini, 1908, n. 1, p. 397. 35 Sigeberti Gemblacensis Chronica, dans PL, 160, coll. 219.
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tin Alexis dans l’« Alexiade » –, Grégoire humilia les légats du roi germanique d’une manière cruelle et indigne pour un évêque 36. Parmi les historiens de la première période moderne, César Baronius réfutait cette accusation, tandis que Charles du Fresne du Cange citait une lettre d’Henri IV, adressée à Anno, l’archevêque de Cologne, dans laquelle Henri avait reconnu cette humiliation de ses légats 37. Anne accusa cet évêque (Grégoire VII) d’être « barbare » dans sa prétention à être à la tête du monde chrétien, ce qu’on ne pouvait expliquer que par l’orgueil vain des Latins. La princesse écrivit qu’elle ne pouvait pas décrire les humiliations des légats du roi germanique, car elle ne voulait pas souiller son stylet et le papier, et parce que l’honneur de la fille de l’empereur des Romains et de la dame qu’elle était ne lui permettait pas de raconter toute l’histoire de leur persécution. La princesse de Constantinople condamne Hildebrand et suggère que ce soit le patriarche œcuménique de Constantinople qui devienne le chef de l’Église sur Terre selon le canon 28 du concile de Chalcédoine. Un des chercheurs les plus sérieux en ce qui concerne le texte de l’ « Alexiade », Jacob Lubarsky, a affirmé qu’Anne elle-même, bien qu’elle fût engagée dans la polémique entre Grecs et Latins à l’époque, utilisait les sources latines authentiques et identiques à celles de Guillaume d’Apulie 38. C’est pourquoi nous ne pouvons pas rejeter son témoignage comme un pamphlet, expliqué seulement par un antagonisme confessionnel. Cet antagonisme était aussi caractéristique des écrivains latins de l’époque, qui connaissaient les conditions contemporaines de l’Église byzantine beaucoup moins bien qu’Anne ne connaissait la situation de l’Église de Rome 39. 36 Anne
Comnène, Alexiade, par B. Leib, Paris, 1967, T. I, p. 47‑48. Dufresnii Du Cangii Ad Alexiadem Commentaria illustrata, dans PG 131, coll. 153. 38 Anna Comnina “Aleksiada”. Perevod i kommentarii J. N. Lubarskiy, Moskva, 1965, p. 456‑459. 39 Par exemple Sigebert de Gembloux écrit : « Grecis in haeresim multi‑ formem declinantibus auctore Michaele Patriarcha Constantinopolitano et Leone Acridano Bulgarum archiepiscopo… Nicetas… scripsit contra Romanos librum plenum erroris et stultitiae », Sigeberti Gemblacensis Chronica, dans PL, 160, coll. 210‑211. Puis le chroniqueur ne pouvait rien faire si ce n’est répéter les accusations bien connues du cardinal Humbert, adressées au patriarche Michel. Grégoire VII personnellement était un peu plus favorable à l’Église de Constantinople. C’est Grégoire VII, qui se désolait et pleurait presque sur 37 Caroli
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Le texte d’Anne témoigne de sa connaissance de la situation politique en Occident latin. En même temps son récit de l’outrage des ambassadeurs du roi fait par le pape est anecdotique. La peur exagérée par Anne, son désir évident d’impressionner le lecteur, nous obligent à considérer cette histoire comme le fruit de son imagination nourrie par des auteurs grecs de l’Antiquité : Voici à peu près en quoi consistait le différend entre le roi et le pape. Ce dernier incriminait le roi Henri parce qu’il ne donnait pas gratuitement les églises, mais parce qu’il les vendait pour de l’argent et qu’il conférait aussi à l’occasion la dignité épiscopale à des sujets indignes : c’était pour des griefs de ce genre qu’il le poursuivait. De son côté le roi d’Allemagne accusait le pape d’usurpation, sous prétexte qu’il s’était emparé du trône apostolique sans son consentement. Il poussa même l’impudence contre lui jusqu’à prononcer des paroles encore plus audacieuses, disant que s’il ne renonçait pas de lui-même à la papauté, il l’en dépouillerait ignominieusement. Quand ces propos furent rapportés au pape, celui-ci aussitôt avait manifesté sa fureur contre les ambassadeurs ; il commença par les maltraiter cruellement, ensuite il leur fit tondre la tête et raser la barbe, la première avec des ciseaux et la barbe au rasoir, enfin il mit le comble à sa conduite par un outrage très inconvenant et qui dépasse la barbarie, puis il les renvoya. J’aurais raconté cet outrage, si la pudeur qui convient à une femme et à une princesse de sang impérial ne m’en avait empêché. Ce qu’il fit en effet est indigne, je ne dis pas d’un pontife, mais simplement d’un homme qui porte le nom de chrétien. J’ai eu en abomination, non seulement cet acte, mais la seule idée qu’a pu en avoir ce barbare ; j’aurais souillé et ma plume et mon papier si j’avais rapporté plus explicitement ce qui s’est passé. Cependant pour faire comprendre ce qu’était cet outrage barbare, et comment le cours du temps produit des hommes dont la nature raffinée en fait de méchanceté ne connaît plus de frein, il suffira de nous refuser à révéler ou à raconter ne serait-ce qu’un détail de ce qui s’est passé. Et cela, ô justice, est l’œuvre d’un pontife, et même l’œuvre du premier pontife, l’œuvre de celui qui préside le sort de l’Empire Byzantin d’une manière tout à fait polémique dans le Dic‑ tatus Pape, en disant : « …dixerimus de adiutorio faciendo fratribus nostris, qui ultra mare in Constantinopolitano imperio habitant, quos diabolus per se ipsum a fide catholica conatur avertere et per membra sua non cessat cotidie quasi pecudes crudeliter enecare… » (Dictatus Papae le 16 décembre 1074), dans Fontes litem de investitura illustrantes. Pars prior Gregorii Papae VII Epistolae selectae, cura et studio F. J. Schmale, dans Ausgewählte Quellen zur Deutschen Geschichte des Mittelalters, B. XII a, Darmstadt, 1978, p. 70.
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à tout l’univers, pour m’exprimer dans les termes et suivant la croyance des Latins, ce qui n’est d’ailleurs qu’arrogance de leur part. Car lorsque le siège de l’empire fut transféré de là-bas ici dans notre pays et dans notre cité impériale, ainsi que le sénat et toute l’administration, du même coup fut transféré le premier rang dans la hiérarchie épiscopale. Aussi bien les basileis, dès le début, ont-ils accordé les honneurs au siège de Constantinople ; mais surtout le concile de Chalcédoine éleva l’évêque de Constantinople au plus haut faîte [de la hiérarchie] et lui subordonna tous les diocèses de l’univers. Il n’y a donc aucun doute qu’un pareil outrage infligé aux ambassadeurs n’ait été dirigé contre celui qui les avait envoyés, non seulement parce que [le pape] les châtia, mais aussi parce qu’il fut le premier à inventer le nouveau genre d’outrage qu’il leur fit subir. Il voulait en effet, je pense, faire comprendre par ces actes le mépris dans lequel il tenait le roi, comme si les ambassadeurs outragés signifiaient qu’un demi-dieu s’entretenait avec un mulet 40.
Le conflit entre Grégoire et Henri ne put se résoudre que grâce au secours d’Hugues de Cluny qui provoqua la pénitence du roi à Canossa devant Grégoire le 25 janvier 107741, lorsque le Saint Empire Romain Germanique était déjà déchiré par la guerre civile42. Pendant ce nouveau conflit, les tentatives d’Anselme d’organiser des communautés de chanoines étaient soutenues par la comtesse Mathilde qui gouvernait la Toscane après la mort de sa mère Béatrice. Grégoire VII visita la Toscane lui-même en 1076. Alors, le chapitre des chanoines de Lucques donna un accord ambigu à la création d’une communauté régulière. Une année plus tard, la promesse des chanoines donnée au pape restait lettre morte. Par deux fois le pape rappela aux chanoines leur promesse, dans une première lettre datée du 11 août 107743 et dans une autre, datée du 28 novembre 107844. 40 Anne
Comnène, Alexiade, par B. Leib, Paris, 1967, T. I, p. 47‑48. Chroniken Bertholds von Reichenau und Bernolds von Konstanz 1054‑1110, herausgegeben von S. Robinson, dans MGH, SS., Nova Series XIV, Hannover, 2003, p. 258‑262 ; Thomasi Ebendorfer Chronica Pontificum Romanorum, herausgegeben von H. Zimmermann, dans MGH, XVI (1994), München, p. 337. 42 L. L. Ghirardini, La storia si è fermata a Canossa ?, Reggio Emiliano, 1985, passim ; Donizonis Vita Mathildis, dans PL, 148, coll. 1046‑1115. 43 Das Register Gregors VII, herausgegeben von E. Caspar, Berlin, 1955, Vol. II, p. 348‑349. 44 Das Register Gregors VII, herausgegeben von E. Caspar, Berlin, 1955, Vol. II, p. 412‑413. 41 Die
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Le pontife romain menaça de les excommunier dans une lettre, signée le 1er octobre 1079, mais les chanoines ne lui répondirent rien45. Finalement Anselme appliqua un moyen extrême. En tant qu’évêque local, il convoqua un concile des prélats toscans dans le château de Saint-Genese de Mammoli, octroyé par la comtesse Mathilde. Ce concile, dirigé par le cardinal Pierre Igneus, évêque d’Albe, qui était un ami d’Anselme, excommunia les chanoines qui avaient refusé de se rassembler en communauté régulière46. Quelques années plus tard, Anselme devait reconnaître le danger d’engager de force quelqu’un dans la vie ascétique cénobitique. Au début de 1077, après l’humiliation de l’empereur à Canossa, Anselme fut envoyé à Milan et en Allemagne avec le cardinal Gérard comme légat. Comme l’a dit Arnulf de Milan, c’est Anselme qui devait mettre fin au schisme de l’archévêque Théobalde dans sa ville natale47. Théobalde avait été sacré archevêque par l’empereur en septembre 1075 pour remplacer Atton, un partisan de Grégoire VII. Après l’arrivée des légats à Milan, le cardinal Gérard fut arrêté sur l’ordre d’Henri IV48. Les officiers impériaux n’avaient pas eu l’audace d’arrêter Anselme, car les Milanais le considéraient comme leur compatriote malgré la division au sein de l’Église. Le 21 juin 1077 Anselme était à Pavie avec Mathilde. Deux années plus tard, Anselme participa au concile de Rome, réuni en février 1079 pour l’excommunication de l’archévêque Théobalde. Déjà en mars 1077, le pape avait béni l’insurrection de Rodolphe de Souabe et l’avait confirmé en tant que roi germanique quoiqu’il eût pardonné à Henri IV à Canossa. Puis Grégoire VII lui envoya un diadème sur lequel il y avait la fameuse inscription : « Petra
Das Register Gregors VII, herausgegeben von E. Caspar, Berlin, 1955, Vol. II, p. 460‑462 ; H. E. Cowdrey, Pope Gregory VII 1073‑1085, Oxford, 1998, p. 304‑305. 46 M. G. Bertolini, « Enrico IV e Matilde di fronte alla città di Lucca », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca… p. 344‑345 ; E. Kittel, « Der Kampf und die Reform des Domkapitels in Lucca im 11. Jahrhundert », in Festschrift A. Brackmann, Weimar, 1931, p. 221‑224 ; 225‑226. 47 Arnulfi Mediolanensis Gesta archiepiscoporum Mediolanensium, dans PL, 147, coll. 331‑332. 48 P. Golinelli, « Dall’Agiografia alla storia : le “vite” di Sant’Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture… p. 44 ; C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo », dans Dizionario biοgrafico degli italiani, Vol. III, Roma, 1961, p. 401. 45
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dedit Petro, Petrus diadema Rodulfo » 49. Le Saint Empire se noyait dans le chaos de la guerre sanglante et l’avenir de Grégoire VII était sans nuages. Pourtant quand le pape avait à nouveau excommunié l’empereur en mars 1080, Henri IV était redevenu puissant. Il avait pu défendre ses droits souverains en Saxe et était arrivé en Lombardie avec toute son armée. En juillet 1080 l’empereur convoqua un concile à Bressanone. Ce concile déposa Grégoire VII et intronisa en tant que pape de Rome Guibert, l’archevêque de Ravenne, qui reçut le nom de Clément III. Dans cette situation Anselme, qui voulait maintenir l’autorité du pape légitime, participa au concile de Rome en 1080, convoqué par Grégoire VII contre Guibert de Ravenne. Pendant les années précédentes Anselme avait fortifié sa position en recevant de riches donations : il reçut le château Diecimo de Mathilde le 26 septembre 1078 et de l’argent de Mathilde le 17 septembre 1079. Pourtant les chanoines de Lucques, soumis à la Réforme ecclésiastique, appliquée par Anselme, préféraient soutenir Guibert. En 1080 il y eut une révolte dans les terres de Toscane contre Grégoire VII, inspirée par Henri IV et ses agents. Anselme fut chassé de son diocèse par ses chanoines qui élurent comme évêque de Lucques un certain chanoine Pierre50. Ce Pierre, condamné par la « Vita Anselmi » du Pseudo-Bardone, accepta immédiatement l’investiture de l’empereur le 25 juillet 108151. Anselme exilé Exilé, Anselme trouva un lieu de repos dans le château de Sainte-Marie al Monte le 14 octobre 1080, puis le 19 décembre 1080 dans le château de Moriano, propriété de la comtesse Mathilde52 . Quelques mois plus tard il s’installa à Mantoue, défendue par les troupes de Mathilde, dont il devint le confesseur sur ordre de Grégoire VII. Dans la « Vita Anselmi », écrite par le Pseudo-Bardone, il y a un passage touchant, mais audacieux, dans lequel l’auteur compare l’épisode de la recommandation de Mathilde à Anselme, 49 Sigeberti
Gemblacensis Chronica, dans PL, 160, coll. 219. E. Cowdrey, The Age of Abbot Desiderius, Oxford, 1983, p. 153. 51 Bardonis presbyteri Vita Anselmi episcopi Luccensis, p. 16 ; K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution, Oxford, 1998, p. 57‑60. 52 M. G. Bertolini, « Enrico IV e Matilde di fronte alla città di Lucca », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca…, p. 345. 50 H.
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faite par Grégoire VII, à l’épisode évangélique de la recommandation de la Vierge à saint Jean, faite par le Christ sur la Croix. En outre, Anselme devint le légat extraordinaire du pape en Lombardie pour résister au schisme de Guibert (Clément III)53. À partir de ce moment-là, commença l’activité littéraire d’Anselme, qui dura jusqu’à sa mort. Cette activité se développait à l’époque de la guerre cruelle et affreuse entre la comtesse Mathilde et les alliés de l’empereur Henri IV en Italie Centrale54. Après qu’Anselme fut chassé de Lucques par son clergé, les troupes de la comtesse furent mises en déroute par l’armée des partisans de l’antipape Guibert dans la bataille sanglante de Volta près de Mantoue le 15 octobre 1080. Comme l’ont montré les sources, la comtesse dirigeait ses troupes personnellement, mais les chevaliers lombards et allemands entreprirent une charge de front, que la faible armée de la comtesse ne pouvait contenir. Ce jour-là, Rodolphe, duc de Souabe, respecté par Grégoire VII en tant que roi germanique, et mortellement blessé dans la bataille d’Elster, décéda55. Ce fut Bernold de Constance, qui fit remarquer la signification symbolique de cette perte pour le parti grégorien56. Après la victoire sur les troupes de Mathilde, Henri IV pouvait commencer sa marche sur Rome sans aucun obstacle. En tout cas, il devait profiter de sa chance avant que Grégoire VII ne puisse utiliser l’aide militaire de Robert Guiscard, duc normand d’Apulie, avec lequel le pape avait signé un traité. En fait Robert était trop occupé par la guerre qu’il faisait contre Alexis Comnène, l’empereur byzantin, et ne pouvait qu’abandonner Gré-
53 E. Marani, « Topografia e urbanistica di Mantova al tempo di Sant’Anselmo », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 208. 54 Bardonis Vita Anselmi Luccensis, p. 18‑19. 55 Rangerii Vita Metrica Anselmi Luccensis, dans MGH, SS, 30 (2), v. 3260, p. 1125 ; L. L. Ghirardini, « La battaglia di Volta Mantovana (ottobre 1080) », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 230‑238. 56 « R(udolphus) rex piae memoriae occubuerit. Ille inquam alter Machabeus cum inter primos hostibus instaret, in seruitio sancti Petri occumbere promuerit et postea uno die superstes, omnibus suis rite ordinatis ad Dominum migrasse non dubitatur Idibus Octobris … Eodem die decessionis eius in Longobardia milites prudentissimae ducis Mathildae fugantur ab exercitu pene totius Longobardiae apud Vultam prope Mantuam » : Die Chroniken Bertholds von Reichenau und Bernolds von Konstanz 1054‑1110 herausgegeben von S. Robinson, dans MGH, SS., Nova Series XIV, Hannover, 2003, p. 426.
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goire VII à son propre sort 57. L’empereur s’approcha de Rome avec une grande armée le 21 mai 1081 et occupa les champs de Néron près de la Ville éternelle. Quelques semaines plus tard, il devait battre en retraite pour éviter la malaria, générée par les marais du Latium. En juillet 1081, Henri IV arriva en Toscane. Il prit Lucques et y proclama la confiscation du domaine féodal et allodial de Mathilde. La comtesse refusa et prit la décision de résister par les armes. Comme l’ont expliqué le Pseudo-Bardone et Ranger, c’était Anselme qui poussait la comtesse à continuer la guerre contre Henri IV et qui fortifiait son esprit par la prière 58. Pourtant l’empereur pouvait célébrer sa victoire, parce qu’il contrôlait presque toute la Toscane. Comme l’a montré Tholomée de Lucques, Henri IV acheta la tranquillité de cette ville par des privilèges, accordés aux chanoines et aux magistrats qui avaient chassé Anselme, son pasteur59. Florence ne montra aucune résistance. La plupart des évêchés étaient occupés par les partisans de l’antipape Guibert, parmi lesquels il faut mentionner Arezzo, Pistoia, Volterra, Sienne, Lucques, Plaisance, Parme, Reggio, Modène et Vérone. Mathilde et Anselme ne conservaient leur pouvoir que dans les châteaux et dans les manoirs fortifiés, protégés par l’altitude de la chaîne des Apennins (par exemple Canossa, Carpinetti, Montebaranzone, Monteveglio) 60. Néanmoins Mathilde continuait de se défendre à Mantoue, tandis qu’Anselme excommuniait les prélats schismatiques qui avaient accepté l’antipape Guibert. Quand Mathilde apprit que Rome était assiégée par Henri IV en avril 1082, elle décida de sacrifier les biens des monastères toscans pour aider Grégoire VII avec l’argent obtenu. Avec l’accord d’Anselme et des abbés locaux, Annae Comnenae Alexiadis, dans PG 131, coll. 159‑160. Bardonis Vita Anselmi Luccensis, p. 17 ; Donizonis Vita Mathildis, dans MGH, XII, v. 281‑286, p. 385 ; Rangerii Vita metrica, dans MGH, SS, 30 (2), v. 3551‑3598, p. 1232 ; L. L. Ghirardini, « La battaglia di Volta Mantovana (ottobre 1080) », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 238‑240. 59 Die Annales des Tholomeus von Lucca in doppelter Fassung, herausgegeben von B. Schmeidler, dans MGH, Nova Series, VIII (1955), Berolini, p. 17. 60 Sur la valeur militaire de Canossa v. : Arnulfi Gesta archiepiscoporum Mediolanensium, dans MGH, SS, V, p. 8 ; L. L. Ghirardini, « Il sistema strategico difensivo dell’Appenino Canossiano », dans Milleni Sampolesi. Atti del convegno di Studi Storici di S. Paolo d’Enza (4‑5-6 maggio 1984), Reggio Emiliano, 1985, p. 99‑127. 57
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Mathilde confisqua les trésors de la basilique de Sainte-Apollonie à Canossa, de l’abbaye de Saint-Prosper à Reggio et du monastère du Nonantola pour restaurer le trésor de l’Église de Rome61. Ce sacrifice donna un prétexte à l’évêque schismatique, Benzo d’Albe, pour accuser Anselme et Mathilde de profanation de biens ecclésiastiques ainsi que de cambriolage 62 . Ce Benzo appelait aussi Rome la Babylone et comparait les papes Alexandre II (l’oncle d’Anselme) et Grégoire VII aux démons 63. L’antipape Guibert (Clément III) expliquait de la même manière la résistance militaire de la comtesse à ses partisans par « une influence diabolique » d’Anselme. Guibert faisait même des allusions ambiguës sur la nature des relations entre Anselme et Mathilde, ce que celui-ci réfutera dans sa lettre à l’antipape le « Liber contra Wibertum » 64. Anselme ne put arriver à Rome pour participer au concile provincial de Latran le 20 novembre 1083. Le siège de Rome l’empêcha de présenter sa « Collection canonique », déjà écrite, à Grégoire VII. En mars 1084, Rome fut prise par les troupes impériales et l’antipape Guibert accepta l’intronisation pontificale. Grégoire VII dut se cacher dans le château Saint-Ange. Comme l’a dit l’auteur des annales du monastère d’Einsiedeln, Henri IV prit Rome avec ses troupes, assassina beaucoup de gens et installa l’antipape Guibert par la force des armes, non par la volonté du ciel65. C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo » …, p. 403. L. Ghirardini, loc. cit. ; Benzonis Albigensis Ad Henricum imperato‑ rem libri VII, dans MGH, SS, XI, p. 663. 63 « Roma quondam caput mundi facta Babylonia Audiens regem dictantem legis testimonia Mox direxit contra eum hec duo demonia », Benzonis Albigensis Ad Heinricum IV imperatorem, ed. Y. Seyffert, dans MGH, 65 (1996), Hannover, p. 536. 64 « Quod autem obsecras, per Iesum, ne nobilissimam feminarum amplius circumueniam, deludam et fallam, Deum testem invoco, nihil terrenum, nihilque carnale, in ea uel ab ea ex intentione concupisco, et sine intermissione oro ut ab hoc saeculo nequam cito eripi merear, nimio affectus taedio, quia incolatum meum prolongari (Ps. Cxix) video, serviens die ac nocte in custodiendo illam Deo meo, et sanctae matri meae Ecclesiae, cuius praecepto mihi commissa est », Anselmi Lucensis Liber contra Wibertum Antipapam, dans MGH, Libelli de lite, Vol. I. p. 527. 65 « Mlxxxiii ricus rex Romanos lantes deuicit poo Romam armis ce ultis tam cede quam pereuntibus. Mxxxiiii ricus rex Romanos tionem accepit Grego pa non iure 61
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Deux mois plus tard, l’armée de Robert Guiscard ainsi que les troupes des Arabes de Sicile arrivèrent sous les murs de la Ville éternelle. Henri IV, qui n’avait pas de grandes forces et qui était trop éloigné de son pays, dut battre en retraite. Les Normands prirent Rome, la brûlèrent et la pillèrent66. Les Arabes, qui se trouvaient sous l’étendard de Robert, entrèrent à cheval dans la basilique de Saint-Pierre, où ils chantèrent des versets coraniques. Comme l’a dit un auteur tardif, Thomas Ebendorfer de Hassenbach, Robert abandonna au feu quelques quartiers de Rome, commit de nombreux crimes et violences envers les citoyens 67. Bernold de Constance a témoigné que tous ces événements dramatiques sont arrivés, parce que des Romains avaient blessé un des chevaliers Normands 68. Le désastre de la Ville éternelle et l’invasion arabe provoquèrent une réaction négative du peuple romain à l’égard de celi sed ui orum expulit Vuigber uennatem archiepiscopum llius subrogauit qui n die pasche in impera benedixit », Die Annalen des Klosters Einsiedeln, Edition und Kommentar, herausgegeben von C. von Planta, dans MGH, LXXVIII (2007), Hannover, p. 285 ; Hugonis Flaviniensis Chronicon, dans PL, 154, coll. 332 ; Die Chroniken Bertholds von Reichenau und Bernolds von Konstanz 1054‑1110, herausgegeben von S. Robinson, dans MGH, SS., Nova Series, XIV (2003), Hannover, p. 431. 66 V. D’Alessandro, Storiografia e politica nell’Italia normanna, Napol i, 1978, p. 99‑220 ; Guillelmi Apuli De rebus gestis normannorum in Sicilia, dans PL, 149, coll. 1074 ; Chronicon breve Normannorum, dans PL, 149, coll. 1086‑1087 ; Annae Comnenae Alexiadis, dans PG 131, coll. 159‑162. 67 « Soluta ergo obsidione Robertus Guiscardus Rome propinquauit et post tempus per portam Flamineam ingressum habuit. Quo audito Romani bellum adoriri nisi sunt, sed nil proficere potuerunt, sed et ipse regionem in qua ecclesie sancti Laurencii in Lucina et Siluestri fere destruxit. Dehinc papam de castro Angeli extraxit et ad Lateranum deduxit Romanos spoliauit, mulieres dehones‑ tauit, regiones illas circa Lateranum et Coliseum ignis uoragine penitus absupsit, castrum Angeli captum est », Thomasi Ebendorfer Chronica Pontificum Romano‑ rum, herausgegeben von H. Zimmermann, dans MGH, XVI (1994), München, p. 343. 68 « Robertus Wiscardus dux Normannorum in seruicium sancti Petri post K. Maii Romam armata manu inuasit, fugatoque Heinrico, totam urbem Grego‑ rio papae rebellem penitus expoliauit et maiorem eius partem igni consumpsit eo quod Romani quendam eius militem vulnerauerint », Die Chroniken Bertholds von Reichenau und Bernolds von Konstanz 1054‑1110, herausgegeben von S. Robinson, dans MGH, SS., Nova Series, XIV (2003), Hannover, p. 442.
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Grégoire VII, qui avait fait venir des étrangers et des infidèles. Hugues de Flavigny, favorable au pape, mentionne aussi les crimes perpétrés par les Normands à Rome, ainsi que leurs conséquences pour Grégoire VII69. Finalement le pape dut quitter Rome et s’enfuir à Salerne après une révolte, pour laisser la place à l’antipape avant Noël 1084. Simultanément, la victoire temporaire des Normands provoqua la décision, prise par Mathilde et Anselme, d’entreprendre une expédition militaire contre les partisans de l’antipape en Lombardie. L’armée de la comtesse, dirigée par cette Jeanne d’Arc italienne ainsi que par son confesseur, quitta Mantoue et se mit en marche vers Modène. Le 2 juillet 1084 à la pointe du jour, Mathilde attaqua les chevaliers de l’antipape qui n’étaient pas encore prêts à se battre étant à peine sortis du sommeil. L’armée des schismatiques fut complètement battue et mise en déroute. L’évêque de Parme, Eberhard, fidèle à l’antipape, ainsi que le capitaine de l’armée ennemie, le comte Albert, grièvement blessés, furent faits prisonniers. Cette bataille victorieuse se déroula près de Sorbara. On entendait partout « San Pietro ! » la devise victorieuse de Mathilde et d’Anselme70. L’exemple de la vie ascétique, menée par Anselme, attachait des gens au parti grégorien. Comme en témoignent le Pseudo-Bardone et Hugues de Flavigny, Anselme aimait le carême, il priait longuement, célébrait la messe chaque jour et avait une bonne manière 69 « At quia normannorum instabilitas Urbe capta et praedae data multa mala perpetrauerat, nobilium romanorum filias stuprando, et nocentes pariter innocen‑ tesque pari poena affligendo, nullumque modum uti uictoribus mos est in rapina crudelitate direptione habendo : ueritus ne duce recedente infidelitas romana exa gitata recrudesceret et quos antea habuerat quasi fidos amicos, pateretur infidos cedendum tempori arbitratus, Salernum se contulit », Hugonis Flaviniensis Chron‑ cicon, dans PL, 154, coll. 334. 70 « Eodem tempore milites prudentissimae ducis Mathildae in Longobardia contra fautores Heinrici et inimicos sancti Patri uiriliter pugnauerunt, ex quibus episcopum Parmensem et sex capitaneos cum aliis fere centum bonis militibus ceperunt. Equos etiam plus quam quingentos et loricas plurimas et omnia tento‑ ria inimicorum pleniter potiti uictoria habuerunt », Die Chroniken Bertholds von Reichenau und Bernolds von Konstanz 1054‑1110, herausgegeben von S. Robinson, dans MGH, SS., Nova Series, XIV (2003), Hannover, p. 443 ; Donizonis Vita Mathildis, dans MGH, XII, v. 338‑365, p. 386‑387 ; Bardonis Vita Anselmi Luccensis, p. 20 ; Rangerii Vita Metrica v. 6551‑6560, dans MGH, SS, 30 (2), p. 1292‑1293.
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de réagir71. Ce portrait psychologique confirme son autorité, que l’on peut sentir aussi dans ses lettres. En 1085, Anselme écrivit une lettre au roi Guillaume d’Angleterre et une autre à l’évêque Hermann de Metz. Il essayait de pousser ses correspondants à garder leur fidélité envers le pape légitime. Sept ans auparavant il avait fortifié de la même manière l’abbé Ponsio dans une lettre privée72 . Le 25 mai 1085, Grégoire VII décéda à Salerne. Avant sa mort, il nomma trois de ses possibles successeurs, ce qui était contraire à la tradition canonique (le concile de Rome de 465, le concile de Latran de 1059). Parmi ces possibles successeurs figurait le nom d’Anselme ainsi que ceux d’Odon d’Ostie (le futur Urbain II) et d’Hugues de Lyon73. Entre le mois de mai 1085 et le mois de mars 1086, Anselme écrit le traité canonique connu sous le titre Sermo de caritate, dans lequel il expliquait le sens spirituel de la lutte entre l’Église et l’Empire. Il mourut le 18 mars 1086, neuf mois après son père spirituel. Il avait presque cinquante ans et il travaillait sur les Commentaires des psaumes, quand il fut appelé dans le royaume céleste. Son corps fut enseveli dans la cathédrale de Mantoue, quoique son testament indiquât d’enterrer ses restes dans l’abbaye de Polirone. L’autorité d’Anselme et son influence dans le camp grégorien étaient si grandes qu’il fut canonisé par le pape Victor III peu après sa mort. Trois années plus tard, la première biographie d’Anselme était composée par un écrivain anonyme sous le nom du prêtre Bardone. Il s’agissait des nombreux miracles qui avaient eu lieu devant son tombeau et grâce à son intercession. En 1392, Antoine degli Ubaldi, évêque de Mantoue, donna l’ordre d’ouvrir le tombeau, et le corps d’Anselme, bien conservé, 71 « De abstinentia uero illius quid dicam ? Omnes uero cibos habuit tam‑ quam exosos, etiam delicatissimos quae praedicta ipsius in Christo filia saepe sibi exquisiuit, non dico, non manducauit, sed uix gustauit », Bardonis presbyteri Vita Anselmi episcopi Luccensis, dans PL, 148, coll. 918 ; Hugonis Flaviniensis Chronicon, dans PL, 154, coll. 276. 72 Hugonis Flaviniensis Chronicon, dans PL, 154, coll. 317‑318. 73 Briefsammlungen der Zeit Heinrichs IV, C. Erdmann-N. Fickermann, dans MGH, Die Briefe der Deutschen Kaiserzeit 5, Weimar, 1950, p. 75 ; H. E. Cowdrey, The Age of Abbot Desiderius, Oxford, 1983, p. 186 ; U.-R. Blumenthal, Gregor VII, Papst, Zwischen, Canossa und Kirchenreform, Düsseldorf, 2001, p. 330.
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fut déposé dans le côté droit de l’abside pour la vénération. En 1565, les reliques d’Anselme furent placées sous l’autel de la cathédrale. Elles s’y trouvent encore de nos jours. La mémoire d’Anselme est célébrée par l’Église de Rome le 18 mars, bien que, selon les Bollandistes, on confonde souvent, en dehors de l’Italie, notre personnage avec Anselme de Canterbury. Conclusion Anselme de Lucques est devenu un personnage important de la lutte tant pour l’investiture que pour la Réforme grégorienne. Sa biographie nous permet de nous représenter le contexte historique dans lequel il écrivait ses ouvrages. Ainsi, il est évident que sa « Collection canonique » était la réalisation du grand projet de créer un système de droit destiné à justifier la Réforme ainsi que la monarchie pontificale dans l’Église de Rome. Probablement cette « Collection » a-t-elle été faite pour être présentée devant le concile de Latran en 1083 ? Si la « Collection canonique » eut une grande histoire et conserva son influence jusqu’aux jours de Gratien, les autres ouvrages d’Anselme, ses lettres et ses commentaires bibliques ne furent pas jugés très intéressants par les générations médiévales plus tardives. Une partie de ces documents a disparu. Pourquoi ? Pour répondre à cette question générale il faut chercher à connaître la rédaction authentique de sa Collection. Cette rédaction nous permettra d’apprendre l’essentiel de la théologie d’Anselme et de considérer sa valeur historique pour l’Église.
CHAPITRE IV
LA « COLLECTION CANONIQUE » ET SA TRADITION MANUSCRITE La lutte militaire qui opposa l’Église de Rome et le Saint Empire Romain peu après l’élection d’Hildebrand provoqua la naissance d’une « Collection canonique » particulière1. Cette « Collec‑ tion » devait refléter les idées qui déterminaient l’activité des partisans de la Réforme grégorienne. Il est bien possible que la base de cette « Collection » ait été composée par Anselme de Lucques. Sa rédaction primitive était formée de sept livres dont le premier était dédié à la question de la primauté du pontife romain2 . Le livre a été basé sur les « Fausses Décrétales ». En outre Anselme de Lucques composa un livre spécial de canons, dans lequel il soutenait le droit de l’Église de se défendre avec les armes. Il est probable que les continuateurs d’Anselme ajoutèrent encore les cinq livres qui ont été attachés à la « Collection ». Voici une liste des livres de la « Collection » d’après la version “A”, considérée comme la plus proche de l’original (dans les rubriques) par plusieurs chercheurs : Kathleen Cushing, Anselme Szuromi, Peter Landau, Friedrich Thaner. I. de potestate et primatu apostolicae sedis II. de libertate appellationis III. de ordine accusandi testificandi et iudicandi IV. de priuilegiorum auctoritate V. de ordinationibus ecclesiarum et de omni iure ac statu illarum VI. de electione et ordinatione ac de omni potestate siue statu episcoporum VII. de uita et ordinatione clericorum / et de omni actu eorum VIII. de lapsis IX. de sacramentis 1 Cette
proposition peut être justifiée par le contenu du livre XIII de la « Collection canonique », dans lequel il est question de la persecutio beata des schismatiques. 2 Une liste des livres de la « Collection » d’Anselme d’après des versions différentes se trouve dans l’« Annexe » I.
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chapitre iv X. de XI. de XII. de XIII. de
coniugiis poenitentia excommunicatione uindicta et persecutione iusta
Dans la première moitié du XIIe siècle, des écrivains anonymes élargirent la « Collection » en choisissant précisément des canons de divers conciles de l’Église de Rome parmi lesquels il faut mentionner сeux de Bénévent, de Plaisance et de Latran. Cette version élargie devint un compendium juridique utilisé tant à des fins pédagogiques que pour des exercices administratifs. La reconstitution de la rédaction authentique de la « Collection » d’Anselme doit être considérée comme l’objectif principal des recherches sur l’histoire du texte de la « Collection ». Car la « Collection » d’Anselme est devenue une des sources les plus importantes dans la composition du décret de Gratien3. Il est évident que la résolution des problèmes de l’authenticité de la « Collection » ne pourra que contribuer à une meilleure compréhension de la réception du droit ecclésiastique romain à l’époque médiévale. Comme nous l’avons dit, la « Collection » d’Anselme représente une compilation dont les rubriques sont regroupées d’une manière systématique. Bien que la « Collection » fût très diffusée dans la première moitié du XIIe siècle, les spécialistes en histoire du droit canonique médiéval l’ont oubliée pendant longtemps. Importance de la « Collection » et question de sa paternité C’est au XVIe siècle qu’Antoine Augustin ainsi que les historiens italiens constatèrent la valeur de la « Collection » canonique en XIII livres dont l’auteur pouvait être Anselme de Lucques. On peut remarquer qu’aucune collection canonique n’a été autant oubliée par les historiens que le recueil attribué à Anselme. En même temps ce recueil provoquait une discussion scientifique très intense4. Enfin au XXe siècle, la « Collection » devint l’objet d’études intensives. Comme l’a montré Peter Landau, la « Collection » a été conservée grâce à 3 Corpus juris canonici, ed. C. Friedberg, Lipsiae, 1879, T. I, coll. XLIX-L. 4 Petrus et Hieronimus Ballerini, De antiquis … collectionibus et col‑ lectoribus, Pars. IV, cap. XIII., dans PL, 56, coll. 326‑329 ; F. Monsacrati, Anim aduersiones in Decretum manuscriptum S. Anselmi episcopi Lucensis, Romae, 1821 ; A. MAI, Specilegium Romanum, T. VI, Romae, 1832, p. 316‑395.
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quelques rédactions récentes parmi lesquelles le groupe des manuscrits “A” représente la rédaction la plus ancienne5. Cette rédaction se trouve dans trois des plus anciens manuscrits de cette « Collec‑ tion », qui ont été produits aux XIe-XIIe siècles : le codex Vaticanus Latinus 1363, le codex Parisinus Latinus 12519 et le codex Cambridge Corpus Christi 269. La tradition manuscrite du document fut mise en système au début du XXe siècle par Paul Fournier6. Cet historien remarqua que les manuscrits qui appartenaient au groupe “A”, ne contenaient pas la version originelle du document, mais représentaient une rédaction postérieure qui apparut en tout cas après la mort d’Anselme. Cette conclusion donna un prétexte pour douter de la personne de l’auteur7. Après quelques années, Friedrich Thaner put préparer la publication de l’édition incomplète de la Collection8. Il publia les onze livres de la « Collection canonique » (jusqu’au Livre XI, cap. 15) et ne publia pas les deux derniers livres. L’édition de Friedrich Thaner permit de recommencer les recherches systématiques sur la « Collection » attribuée à Anselme. Cette « Col‑ lection » pouvait devenir une source importante pour l’histoire de la Réforme grégorienne. Les ouvrages d’Alfonse Stickler et d’Augustin Fliche constituèrent des étapes importantes pour ces recherches sur la lutte pour l’investiture9. En 1986, Edith Pásztor, devenue une 5 P.
Landau, « Intorno alle redazioni più ampie del XII secolo della raccolta dei canoni di Anselmo da Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 338‑339 ; A. Theinerius, De sancti Anselmi Lucensis canonum collectione dissertatio, dans PL, 149, coll. 542‑544. 6 P. Fournier, « Observations sur diverses recensions de la collection d’Anselme de Lucques », dans Annales de l’Université de Grenoble, XIII (1901), p. 427‑458. 7 « Già Fournier riconosceva che la redazione A era stata compilata poco tempo dopo della raccolta originale di Anselmo… Tra i manoscritti rinvenuti nel frattempo, il Corpus Christi College 269, così come già il Vaticano e il Paris 12519, contiene parimenti la forma A ancora vicina all’originaria compilazione, senza successive aggiunte », P. Landau, « Intorno alle redazioni più ampie del XII secolo della raccolta dei canoni di Anselmo da Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 341. 8 Anselmi Episcopi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minore, recensuit F. Thaner, Oeniponte 1906/1915 (la reproduction : F. Thaner, Anselm II. Bischof von Lucca, Aalen, 1965). 9 A. M. Stickler, « Il potere coattivo materiale della Chiesa della Riforma Gregoriana secondo Anselmo di Lucca », dans Studi Gregoriani 2, Roma, 1947, p. 235‑285 ; A. M. Stickler, Historia juris canonici latini, I, Torino, 1935, p. 170‑172 ; A. Fliche, « La valeur historique de la collection canonique d’An-
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spécialiste reconnue sur le sujet de l’héritage littéraire d’Anselme, publia le XIIIe livre de la « Collection » dans le cadre des recherches sur la vie d’Anselme qui ont été présentées au colloque réuni à l’occasion du 900e anniversaire de sa mort10. Cette publication a été faite d’après le codex Vaticanus Latinus 1363, après qu’il fut corrigé grâce au codex Vaticanus Latinus 4983. Depuis la deuxième moitié du XXe siècle, les discussions au sujet de la personne de l’auteur de la « Collection canonique » ont été reprises avec une nouvelle intensité. Parmi les historiens qui défendent la paternité d’Anselme se trouvent Giorgio Picasso, Cinzio Violante, Louis Hamilton, Anselme Szuromi et Kathleen Cushing. Giorgio Picasso, en particulier, défend sa position en s’appuyant sur le texte de la « Vita Anselmi » du Pseudo-Bardone, car l’auteur médiéval de cette biographie présente la liste des ouvrages d’Anselme, dans laquelle il mentionne un certain « recueil apologétique » qui fut composé à partir de fragments et de sentences des Pères de l’Église pour défendre le pape Grégoire VII11. Giorgio Picasso partage l’opinion de ses prédécesseurs et identifie la « Collection canonique » à ce « recueil apologétique » dont le PseudoBardone avait parlé12. C. Violante croit qu’on pourrait identifier la « Collection » au « recueil apologétique » en analysant le contenu des livres qui composent la « Collection ». Les deux premiers livres de la « Collection » sont dédiés à la justification de la doctrine de la primauté de l’Église de Rome. Le troisième livre contient les privilèges qui ont été donnés à l’Église de Rome par les empereurs, de Louis le Pieux jusqu’à Henri II. Cinzio Violante remarque de façon particulière le treizième livre de la « Collection canonique », dans lequel il est question du droit de l’Église de se défendre avec les armes et selme de Lucques », dans Miscellanea Historica in Honorem Alberti de Meyer 1, Louvain-Bruxelles, 1948, p. 348‑357. 10 E. Pásztor, « Lotta per le investiture e “ius belli” : la posizione di Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 405‑412. 11 « Apologeticum unum diversis ex sanctorum patrum voluminibus compi‑ lavit, quibus domini papae sententiam et universa eius facta atque praecepta canonicis defenderet rationibus et approbaret orthodoxis auctoritatibus » : Vita Anselmi Lucensis, ed. R. Wilmans, dans MGH, SS., XII (1856), Hannoverae, p. 21. 12 G. Picasso, « La “Collectio Canonum” di Anselmo nella storia delle collezioni canoniche », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 314.
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à l’aide de pieux laïcs13. Comme nous l’avons déjà mentionné, c’est un livre qui fut publié par Edith Pásztor. Le septième livre de la « Collection » est également devenu un important objet de discussion. Selon Cinzio Violante, ce livre a été écrit pour diriger la vie communautaire des clercs. Il y eut une polémique entre E. Pérèle et G. Leclercq sur le but de la création de ce livre. Le premier croyait qu’il devrait être considéré comme le « libellus », qu’Anselme avait composé pour les communautés réformées des clercs de son diocèse selon le témoignage de Bonizo de Sutri14. Le deuxième argumentait et défendait une autre opinion, selon laquelle le « libellus » devrait être identifié au recueil des règles des chanoines, la « regula canoni‑ corum » qui a été trouvée dans le codex Ottob. Lat. 17515. En général Cinzio Violante souligne que la « Collection canonique » est devenue l’ouvrage le plus important d’Anselme et il n’y avait pas de doute qu’il en fût l’auteur16. Anselme Szuromi et Kathleen Cushing croient qu’il y avait une école spéciale pour les clercs près du Chapitre de Saint-Martin à Lucques17. Probablement cette école est-elle devenue un laboratoire ou plutôt une chaire pour Anselme, qui pouvait approfondir et appliquer à la vie quotidienne sa doctrine de la Réforme ecclésiastique. Il pouvait aussi inviter des canonistes pour composer sa « Collection canonique »18. Par ailleurs, de grands spécialistes comme Edith Pásztor et Gérard Fransen ont essayé de prouver que la « Collection canonique » ne peut être considérée comme un ouvrage produit par Anselme. Edith Pásztor, qui a consacré beaucoup d’années aux recherches sur la biographie d’Anselme, a confirmé que les résultats des recherches 13 C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo », dans Dizionario biografico degli Italiani, T. III., Roma, 1961, p. 403. 14 Bonizonis Sutriensis Liber de vita christiana, a cura di E. Perels, Berlin, 1930, p. 204. 15 J. Leclerq, « Un témoignage sur l’influence de Grégoire VII dans la réforme canoniale », dans Studi Gregoriani, VI (1959), Roma, p. 173‑227. 16 C. Violante, « Anselmo da Baggio, santo », dans Dizionario biografico degli Italiani, T. III., Roma, 1961, p. 403‑404. 17 C. D. Fonseca, « Il capitolo di S. Martino e la riforma canonicale nella seconda metà del secolo XI », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca…, p. 51‑64. 18 S. A. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum, B. 34 (2006), Frankfurt am Main, p. 4‑5 ; K. G. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canonistic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 89.
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de Peter Landau sur la tradition des manuscrits de la « Collection canonique » ne permettent pas de l’identifier au « recueil apologétique » signalé par le Pseudo-Bardone19. Le professeur de l’Université de Louvain, Gérard Fransen, refuse, d’une manière très catégorique, d’admettre qu’Anselme puisse être l’auteur de la « Collection » entière. Dans l’article qui a été publié après le colloque international et qui a été intitulé « Anselme de Lucques canoniste ? », G. Fransen proposa des arguments très directs contre la paternité d’Anselme. Pour Gérard Fransen, Anselme n’a pas pu composer la « Collection », car la structure de cette collection n’est pas homogène. Par exemple, les matières des sept premiers livres n’ont pas été systématisées tandis que le contenu des six livres suivants a une structure logique. Les livres I-VII de la « Collection » contiennent de petits extraits du « Décret » de Burchard de Worms tandis que les livres suivants présentent des fragments plus élargis de ce document. Les citations de saint Augustin ne sont indiquées en groupes compacts qu’à partir du huitième livre. Les fragments augustiniens, insérés dans le « Liber contra Wibertum », – ouvrage authentique d’Anselme sans aucun doute et le plus ancien –, présentent une version plus élargie dans la « Collection » que dans le « Liber » lui-même. Seul un codex tardif, Vat. Barb lat. 535, porte une attestation directe de la paternité d’Anselme. Pourtant Gérard Fransen ne donne aucune réponse à la question de savoir qui pourrait être l’auteur de la « Col‑ lection canonique »20. Les arguments et la critique de Gérard Fransen sont très utiles pour ranimer la discussion autour de la structure et de la textologie de ce recueil canonique. Kathleen Cushing n’a pas considéré les arguments de Gérard Fransen comme convaincants, mais elle n’a pas proposé non plus de preuves décisives de la paternité de la « Collection »21.
19 E. Pásztor, « La “Vita” anonima di Anselmo di Lucca. Una Rilettura », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca (1073‑1086) nel quadro delle trasformazi‑ oni sociali e della riforma ecclesiactica, a cura di C. Violante, Roma, 1992, p. 209 ; P. Landau, « Intorno alle redazioni più ampie del XII secolo della raccolta dei canoni di Anselmo da Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 341. 20 G. Fransen, « Anselme de Lucques canoniste ? », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca…, p. 143‑155. 21 K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The canonistic work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 7.
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À notre avis, la critique exprimée par Gérard Fransen est très convaincante, mais ne peut-on supposer qu’Anselme soit seulement l’auteur du noyau de la « Collection » ? Car il est difficile de trouver quelqu’un dans l’épiscopat italien qui pourrait être l’auteur d’un recueil canonique aussi grand que la « Collection » entre 1083, la date plus ancienne de la création de la compilation, et le début du XIIe siècle. En tout cas cet auteur devait avoir une grande érudition et bien comprendre la doctrine du pape Grégoire VII dans le cadre de sa perspective future. Ce rôle historique correspond au mieux à Anselme à ce moment-là. Nous pouvons supposer qu’Anselme composa le noyau de la « Collection », auxquels on ajouta les autres textes à une époque plus tardive. Les recherches de Paul Fournier, Peter Landau et Edith Pásztor sur la tradition des manuscrits de la « Collection » ne confirment finalement que la spécificité de sa structure et des fragments canoniques adoptés, qu’il ne faut pas considérer comme le résultat du travail d’Anselme22 . Manuscrits En s’appuyant sur les résultats des recherches de Paul Fournier ainsi que sur ses propres observations, Peter Landau composa le stemma des codex qui se formèrent à partir des différentes rédactions de la « Collection ». Ce stemma ne peut servir qu’à imaginer le développement du texte de la compilation d’Anselme. C’est Linda Foweler-Magerl qui généralisa la liste des rédactions et des manucrits de la « Collection » dans la Clavis Canonum d’après les recherches de P. Landau. Comme elle l’a montré, la rédaction “A” ne devrait être considérée que comme la copie la plus ancienne mais ne peut en aucun cas être l’archétype23. Il est évident que la “A” a été composée avant 108624 (les codex Vat. Lat. 1363, Paris BnF. Lat. 12519, Cambridge Corpus Christi 269). Bien que Friedrich Thaner et Peter Landau la considèrent comme la version la plus 22 E. Pásztor, « Lotta per le investiture e “ius belli” : la posizione di Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 376, n. 5. 23 L. Fowler-Magerl, « Clavis Canonum, Selected Canon Law Collections before 1140, access with data processing », dans MGH, Hilfsmittel, 21 (2005), Hannover, p. 157‑158. 24 1083 – la date la plus probable de la composition de la Collection d’Anselme, 1086 – la date de la mort d’Anselme.
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ancienne de la Collection, Kathleen Cushing supposa que la rédaction “Bb” du manuscrit Vat. Barb. Lat. 535, la plus proche de la version “A”, était un manuel scolaire25. Ce manuscrit aurait été produit à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle (avant 1109). Son apographe produit au XVIIe siècle se trouve à la Bibliothèque nationale de France (Paris BnF. Lat. 12450)26. Comme nous l’avons déjà dit, l’opinion de Kathleen Cushing, qui considère la version “Bb” comme une présentation scolaire de l’archétype de la « Collection », est bien argumentée. C’est un manuscrit de la collection de Barberini, reproduit à la fin du XIe ou au début du XIIe siècle et contenant les sept premiers livres de la « Collection ». Sans doute, ce sont des livres que nous pourrions considérer comme le fruit de l’activité d’Anselme. Ces livres proposent une bonne illustration de sa doctrine canonique exprimée dans le « Liber contra Wibertum » ainsi que dans le « Sermo de cari‑ tate ». En même temps, la version “Bb” porte les traces du processus de correction qui aurait pu avoir lieu sous l’influence des décrétales d’Urbain II et de Pascal II. Les sept livres présentés par la version “Bb” ont été couronnés par l’incipit du titre qui n’existe que dans le manuscrit Vat. Barb. Lat. 535 ainsi que dans son apographe d’Achery Paris BnF. Lat. 12450 (l’apographe de Haenel Leipzig 3528). Cet incipit présente la version “Bb” comme appartenant à la Collection authentique d’Anselme (authentica col‑ lectio). Son texte dit : Incipit autentica et compendiosa collectio regularum et sententiarum sanctorum patrum et auctorabilium conciliorum facta tempore VII Gregorii sanctissimi papae a beatissimo Anselmo Lucensi episcopo eius diligenti imitatore et discipulo cuius iussione et precepto deside‑ rante consummauit hoc opus27.
25 K. Cushing, « Polemic or Hanbook ? Recension Bb of Anselm of Lucca’s Collectio canonum », dans Bishops, Texts and the use of Canon Law, 2009, p. 69‑77 ; L. Fowler-Magerl, « Clavis Canonum, Selected Canon Law Collections before 1140, access with data processing », dans MGH, Hilfsmittel, 21 (2005), Hannover, p. 139‑145. 26 L. Kery, Canonical Collections of the Early Middle Ages (a. 400‑1140). A Bibliographical Guide to the manuscripts and Literature, CUA Press, 1999, p. 221. 27 Anselmi Episcopi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minore, recensuit F. Thaner, Oeniponte 1906/1915, p. 2.
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La version “Bb” comme « la collection authentique et détaillée » a été composée selon l’ordre de Grégoire VII. Il faut souligner le temps et le lieu de sa composition pour affirmer les liens qui existent entre la “Bb” et l’archétype de la « Collection ». Bien que le codex Vat. Barb. Lat. 535 ait été produit à l’époque de Pascal II, il ne faut pas douter que la “Bb” n’ait été que la version pratique ou plutôt scolaire créée sous l’influence de l’archétype d’Anselme28. Cette version primitive n’a été élargie qu’après son approbation à l’abbaye de Polirone près de Mantoue. À notre avis, cette version pourrait devenir la base de la nouvelle édition critique de la « Col‑ lection » ainsi que les manuscrits de la “A”. Les titres de la “Bb” sont parfois plus courts que les rubriques de la “A”. Il n’y a pas de raisonnements élargis caractéristiques de la “A”. La rubrication de la “Bb” témoigne de la version du manuscrit Vat. Barb. Lat. 535 comme d’une sorte de manuel pratique de droit canonique tandis que la “A” devait devenir une versio vulgata qui conservait la matière canonique pour une réutilisation plus tardive. On peut aussi appuyer cette supposition sur le témoignage de l’incipit qui se trouve dans le manuscrit Vat. Barb. Lat. 535, avant la liste des livres de la « Collection » : Incipit capitulatio librorum quos beatus Anselmus Lucensis de cohae‑ qualibus causis singulos in hoc uolumine libros composuit29.
Comme l’a montré P. Landau, la version “A” devint un exemple pour une certaine copie “X” de la « Collection », qui devint un prototype pour la nouvelle rédaction mentionnée comme la version “A’ ”. L’existence de la copie “X”, qui serait un chaînon pour lier la “A” avec la “A’ ”, est établie par deux manuscrits : le codex du Séminaire de Sainte-Catherine de Pise (Pisanus seminarii sanctae Catharinae 59) et le codex de Florence de la bibliothèque d’Ashburnham (Florence Laurentien d’Ashburnham 53) 30. La version “A”, qui fut composée vers 1123 (elle contient entre autres les décrets du Ier concile œcumenique de Latran de 1123), est présente dans de 28 K. Cushing, « Polemic or Hanbook ? Recension Bb of Anselm of Lucca’s Collectio canonum », dans Bishops, Texts and the use of Canon Law, 2009, p. 69‑77. 29 Anselmi Episcopi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minore, recensuit F. Thaner, Oeniponte 1906/1915, p. 1. 30 L. Fowler-Magerl, op. cit., p. 221‑224.
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nombreux manuscrits, parmi lesquels il faut mentionner : le codex de Graz (Graz II 351), le codex de Naples (Naples XII A 37‑39), le codex de Parme (Parme 976), le codex de Florence (Florence Laurentien Saint-Marc 499), hélas, ignoré par Friedrich Thaner31. Comme l’a montré Linda Fowler-Magerl, cette famille de manuscrits est originaire de Toscane. Ses recherches comparatives sur l’ “A” et l’ “A’ ” nous ont révélé le caractère des interpolations ainsi que la réception de la « Collection » avant le Ier concile de Latran. Si les textes des canons présentés par la “A” et la “A’ ” sont plus ou moins identiques, leurs rubriques présentent une différence évidente. les titres de la “A”, en particulier, sont dans une certaine mesure plus laconiques que сeux de la “A’ ”. Il est bien possible que les manuscrits de la version “A’ ” aient été utilisés par Gratien dans les années 1140 (Graz II 351, Vatican Lat. 1361) 32 , car c’est la “A’ ” qui a permis d’obtenir le résultat efficace de la codification du droit canonique entreprise par l’Église de Rome dans le cadre de l’activité du Ier concile de Latran. En outre, cette version serait devenue la base de la reproduction du nouveau manuscrit à Bergame après 1135 (Vatican Lat. 1361). Comme l’a dit Peter Landau, Gratien pouvait utiliser aussi la version “Bb”33. Comme l’ont montré Linda Fowler-Magerl et Peter Landau, l’archétype perdu de la « Collection » d’Anselme est devenu la base d’une copie qui n’a pas été conservée. Elle a été désignée par Peter Landau comme la version “Y”. Cette version disparue devint une base pour deux nouvelles rédactions indépendantes entre elles. Comme l’ont dit John Gilchrist et Klaus Zechiel-Eckes, l’auteur de la version “Y” travaillait vers 1090 à l’abbaye de saint Denis près de Milan. Grâce aux recherches de Klaus Zechiel-Eckes, nous savons qu’il avait utilisé les collections canoniques de la fin du IXe siècle conservées dans le manuscrit Biblioteca Ambrosiana A. 46. La première de ces deux rédactions a été dénommée la rédaction “B”, considérée par le cardinal Angelo Mai comme la verL. Fowler-Magerl, op. cit., p. 218‑221, 227. S. A. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum, B. 34 (2006), Frankfurt am Main, p. 93‑101. 33 P. Landau, « Gratian and the Decretum Gratiani », dans The History of Medieval Canon Law in the Classical Period, 1140‑1234, from Gratian to the Decretals of Pope Gregory IX, by W. Hartmann-K. Pennington, Washington, 2008, p. 32. 31
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sion originelle de la « Collection » d’Anselme 34. Elle s’est formée à Milan avant la fin du XIe siècle 35. Cette version “B” se présente comme une variante de la « Collection », plus élargie que la “A” ou la “Bb”. Elle est conservée par des manuscrits récents parmi lesquels il faut mentionner le codex Vatican Lat. 1364, le codex Vati‑ can Lat. 6381 ainsi que le codex l’Université de Bologne 375. C’est le manuscrit Vatican Lat. 1364 qui a plus d’autorité à cause de son contenu élargi. Dans ce codex, il y a un ajout contenant les décrets du concile de Plaisance de 1095 et qui se trouve à la fin du huitième livre de la « Collection ». La version “B” n’a pas le livre XI de la « Collection » dédié à la pénitence. De ces deux rédactions, la deuxième a été dénommée la version “C”. D’après Peter Landau, elle a vu le jour en Italie du Nord un peu avant 1138. Mais nous n’avons aucun manuscrit du XIIe siècle pouvant nous représenter cette version tardive. Nous ne connaissons que le codex Vatican Lat. 4983 daté du XVIe siècle qui nous conserve la forme “C” de la « Collection ». Son apographe produit au XVIIe siècle se trouve à la Bibliothèque nationale de France (Paris BnF. Lat. 12451) 36. Pour résumer la question de la diffusion et de l’influence de la “B”, il faut souligner que la “B”, en tant que version élargie de la « Collection » d’Anselme, devint une base pour un autre groupe de manuscrits qu’on appelle l’« A Venetiana » ou l’« A aucta ». Cette version a été produite à Mantoue par les bénédictins de l’abbaye de Polirone. Elle n’est conservée que dans deux manuscrits : le codex de Venise (Venise, saint-Marc Cl. IV.LV) et le codex de Man34 L. Fowler-Magerl, op. cit., p. 169‑171 ; P. Landau, op. cit., p. 345‑346 ; A. MAI, Spicilegium Romanum, T. VI. Romae, 1832, p. 316‑395. 35 K. Zechiel-Eckes, « Eine Mailander Redaktion der Kirchenrechtssammlung Bischoff Anselms II von Lucca (1073‑1086). Eine Text und quellenkritische Studie », dans Zeitschrift der Savigny-Stiftung für Rechtsgeschichte : Kanonistische Abteilung (ZRG KA), 81 (1995), p. 130‑147 ; J. Gilchrist, « The Collectio Canonum of Bishop Anselm II of Lucca (d. 1086) : Recension B of Berlin, Staatsbibliothek Preussischer Kulturbesitz Cod. 597 », dans Cristianità ed europa. Miscellanea di studi in onore di Luigi Prosdocimi I, cura C. Alzati, Roma-Freiburg-Wien, 1994, p. 377‑403 ; L. Kery, Canonical Collections of the Early Middle Ages (a. 400‑1140). A Bibliographical Guide to the manuscripts and Literature, CUA Press, 1999, p. 221. 36 P. Landau, « Die Rezension C der Sammlung des Anselm von Lucca », dans Bulletin Medieval Canon Law, N. S. 16 (1986), p. 17‑54.
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toue (Mantoue CII 23) 37. Cette famille a exercé une influence sur la création de la Collection canonique conservée dans le codex de Berlin (Berlin, Staatsbibliothek, Savigny 3). Conclusion La riche tradition manuscrite de la « Collection » d’Anselme nécessite encore des recherches. La préparation d’une nouvelle édition critique de la « Collection » d’Anselme est le but ultime de ces recherches. Cette édition devrait se baser sur l’analyse comparative de ces différentes versions. En vue de cet objectif, notre travail contient une édition des rubriques de la « Collection » d’Anselme d’après les versions les plus anciennes, qui nous permet de mettre en relief un noyau original, identique au « protographe » composé par Anselme lui-même. Les rubriques primitives influencèrent une réception tardive de la « Collection » et une diffusion de sa tradition manuscrite. Il faut mentionner la “A” (la versio vul‑ gata), la “Bb” (la forme authentique ad usum scholarum), la “B” (la rédaction lombardienne) et la version “C” (Milan) en tant que versions les plus proches de l’archétype. Dans une certaine mesure, nous pouvons supposer que la comparaison de ces versions manuscrites nous permettra à l’avenir de découvrir le caractère de la réception de la « Collection » d’Anselme à l’époque qui précédait Gratien (1082‑1142). Quoi qu’il en soit, il est évident que la grande autorité de la « Collection » d’Anselme provoqua une diffusion de ses manuscrits qui permit de créer la plus grande partie de la « Concordia discordantium canonum ».
37 G. Motta, « La redazione A “Aucta” della Collectio Anselmi Episcopi Lucensis », dans Studia in Honorem A. M. Stickler (1992), p. 375‑499 ; K. Cushing, « Law, Penace and the “Gregorian” Reform : The Case of Padua, Biblioteca del seminario vescovile Ms 529 », dans Canon Law, Religion and Politics, Liber Amicorum Robert Somerville, by U-R. Blumenthal-A. WinrothP. Landau, Washington, 2012, p. 32.
CHAPITRE V
RECHERCHES SUR LA VERSION ORIGINALE DE LA « COLLECTION CANONIQUE » D’APRÈS L’ANALYSE DES RUBRIQUES La reconstruction de l’original des rubriques de la « Collection » d’Anselme, qui est l’objectif de ce chapitre, nous oblige à examiner les trois versions les plus anciennes : la “A”, la “B” et la “C” en comparaison avec la version “Bb” dépendante de la “A”. Les recherches de critique textuelle sur la version “Bb” de la « Col‑ lection canonique » d’Anselme de Lucques permettent de considérer cette version comme une rédaction basée sur la version “A”, faite pour l’école des chanoines de Saint-Martin après la victoire du parti grégorien. Bien que la version “Bb” ne compte que sept livres de la « Collection », une liste des rubriques des livres concernés et le système de l’incipit manifestent sa valeur de copie spéciale et complète, établie sur la base du texte du « protographe » de la « Collection ». Cette copie a eu une influence évidente dans le cadre de la transmission tardive du document1. Quoi qu’il en soit, nous pouvons classer les versions de la « Collec‑ tion », créées après la mort d’Anselme, en distinguant trois groupes. La version “Bb” est la rédaction scolaire faite à Lucques ; cependant la version “A” représente la matière canonique servant à stimuler l’utilisation pratique de la « Collection » jusqu’aux créateurs de la version “A’ ” et Gratien ; les versions “B” et “C”, composées à Milan selon Klaus Ziechel-Eckes, sont des copies de la version “Y” rédigée vers 1090. Il est possible que cette version “Y” ait été considérée sous les pontificats d’Urbain II et de Pascal II comme une rédaction officielle de la « Collection » d’Anselme par ses compagnons milanais. Anselme, légat du pape Grégoire VII en Lombardie, était considéré en Lombardie comme son continuateur. C’est pourquoi l’autorité de sa « Collection » a pu avoir une importance évidente après le triomphe d’Urbain II et de Mathilde. 1 A. Szuromi, « Some new observations on the textual development of the Collectio canonum Anselmi Lucensis », dans Iustum, Aequum, Salutare, V. (2009) 2. p. 141‑148.
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chapitre v
Il est bien connu que la version originale de la « Collection cano‑ nique » d’Anselme de Lucques est, encore aujourd’hui, une question énigmatique pour les chercheurs. Comme nous l’avons dit dans le IVe chapitre, c’est Peter Landau qui a systématisé la tradition manuscrite de la « Collection » anselmienne en s’appuyant sur l’hypothèse de deux branches du document qui dépendent de la version originale (le « protographe »). Il était d’accord avec Friedrich Thaner qui considérait la version “A” comme la plus proche du « protographe ». Suivant Paul Fournier, Peter Landau a considéré la version “B” comme une branche alternative de la tradition manuscrite anselmienne. Cette version fut examinée par le cardinal Angelo Mai et désignée comme la version la plus ancienne jusqu’au début du XXe siecle. John Gilchrist et Klaus Zechiel-Eckes ont considéré la version “B” comme le miroir réflétant la version “Y” plus ancienne et probablement plus proche du « protographe » de la Collection. Pourtant, les chercheurs contemporains Gérard Fransen, Linda Fowler-Magerl et Kathleen Cushing n’ont aucun doute sur le fait que la version “A” de la Collection d’Anselme nous présente un texte plus ou moins identique à la version de l’auteur, texte devenu la base pour la préparation des copies manuscrites, parmi lesquelles on trouve : la version “Bb” – le manuel de droit canonique effectué pour l’école du chapitre à Lucques à l’époque de Pascal II, devenu le seul témoignage de la paternité d’Anselme –, une certaine version “Y” actuellement perdue, probablement effectuée à Milan, devenue une base pour la version “B” copiée en Lombardie sous Urbain II, la version “C” et la version “A aucta” copiée dans le scriptorium de l’abbaye de Polirone près de Mantoue à la fin du XIIe siècle. Il est possible qu’Anselme de Lucques ait consulté directement les rédacteurs de la version “A aucta”. Cependant, l’unanimité des chercheurs ne donne aucune réponse aux arguments proposés par Paul Fournier, qui a reconnu que la version “A” ne présentait probablement pas la forme originelle de la « Collection » malgré son caractère plus bref, et qui est d’avis que l’absence du livre pénitentiel XI dans la version “B” peut témoigner de son authenticité et de ses liens plus proches avec la forme originelle. Caractéristiques des versions textuelles La comparaison textuelle des versions “A”, “B” et “C”, tant entre elles qu’avec les versions “Bb” et “A aucta”, permet de
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reconstruire la forme originale de la « Collection canonique » d’Anselme de Lucques et d’essayer de résoudre le problème dans une certaine mesure ; mais en même temps les rubriques parfois récupérées dans des collections différentes ne permettent pas d’établir un critère sûr pour la reconstitution de la version originale2 . Si les canons trouvés dans la version “A” et communs à toutes les autres versions composent le noyau « canonique » de la « Collection » d’Anselme, augmenté par les rédacteurs tardifs (I. “Bb”, II. la version perdue “Y”, “B”, “C”, “A aucta”), les rubriques sont beaucoup plus variables. On peut affirmer que le noyau des rubriques communes à toutes les versions est devenu le tronc élaboré par l’auteur de la « Collection », car l’analyse de certaines rubriques de la version “A”, changées dans “B” et “C”, pas toujours irréprochables au niveau du style, peut témoigner du travail effectué par les rédacteurs touchant non seulement les versions secondaires ou tertiaires (“B”, “C”, “A aucta”, “Bb”), mais aussi la version “A” présentée dans les codex Vat. Lat. 1363, Parsis BnF Lat. 12519 et Corpus Christi 269. 1. Bien que la version “B” soit plus élargie que la “A”, et plus éloignée de la version de l’auteur, les variantes des rubriques communes aux deux versions nous donnent souvent une lecture plus brève et plus littéralement correcte dans la “B” que dans la “A”. Est-ce une trace du travail des rédacteurs ou plutôt un témoignage de l’authenticité des rubriques de la version “Y” complétée à Milan (1090) par les rubriques nouvelles – absentes dans la version “A” (=“B”) ? 2. L’absence du livre pénitentiel dans la version “B” n’est-elle pas un signe de l’origine la plus ancienne de la forme “Y”, complétée à la fin du XIe siècle par les nouvelles rubriques à l’abbaye de Saint-Jacob (Milan, 1095) (=“B”), mais reconstruite au niveau du texte et augmentée du pénitentiel par les fondateurs de la versio vulgata (=“A”), puis devenue la base du manuel du droit canonique effectuée à l’école du chapitre de Lucques (=“Bb”) ? 3. Comme l’a dit Kathleen Cushing, la version “Bb”, contenant l’unique attribution de la « Collection » à Anselme de Lucques, a été créée au début du XIIe siècle à Lucques et présente le texte de la version “A” interpolé et élargi. Cependant il est évident qu’An2 Nous remercions Mme Kathleen Cushing pour l’entretien qu’elle a bien voulu nous accorder et pour l’opinion qu’elle a émisé sur la valeur de la version “A” de la « Collection » d’Anselme.
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chapitre v
selme de Lucques n’a achevé sa « Collection » ni à Lucques ni dans d’autres villes de Toscane, mais à Mantoue ou dans l’abbaye de Polirone, où il se trouvait en 1083, chassé de Lucques par ses chanoines et mis sous la protection de Mathilde comme légat du pape Grégoire VII. Ce fait permet-il de penser que les versions de la « Collection » reproduites en Lombardie (“B”, “A aucta”) pouvaient être plus proches de la pensée anselmienne ? 4. L’attribution de la « Collection » à Anselme attestée dans la version “Bb” n’est-elle pas une simple manifestation de l’autorité du recueil et de la victoire du parti réformateur sous Pascal II dans la région où Anselme de Lucques s’était réfugié pendant l’invasion des forces impériales ? Une analyse comparée des rubriques des versions “A” et “B” de la « Collection » d’Anselme nous montre les traces du travail des rédacteurs dans les deux cas. Par exemple, la rubrique I, 1 : « Quod in nouo testamento post Christum dominum a Petro sacerdotalis coe‑ perit ordo » (A) / « Quod post Christum a Petro sacerdotalis ordo cae‑ pit » (B). La version “A” propose une citation littérale du canon du Pseudo-Anaclet interprétée par les rédacteurs de la version “B” (ou “Y”). Un autre exemple, la rubrique I, 3 : « Vbi beatus Petrus concessum sibi ius ligandi ac soluendi in suos transponit successores » (A) / « Quod beatus Petrus concessam sibi potestatem suis tradidit suc‑ cessoribus » (B). Quelle version pourrait être plus proche du « protographe » ? Il est évident que la version “A” contient une explication de la substance et du sens du pouvoir pontifical dont on a parlé dans la version “B”. Un autre exemple, la rubrique I, 7 : « Quod Christus sancto Petro concessit uolentibus apostolis ut primus esset inter ipsos » (A) / « Quod beato Petro a Domino concessum est ceteris preesse aposto‑ lis ipsis uolentibus » (B). Nous voyons ici la même pensée exprimée d’une manière différente. En tout cas la version “B” nous propose une variante plus laconique et plus correcte du point de vue du style. Enfin ajoutons encore la rubrique II, 17 : « Vt de eo quod ad sinum sanctae Romanae ecclesiae confugit nichil ante decernatur donec ab ipsa precipiatur quae uices suas ita aliis impertiuit ecclesiis ut sint in partem uocatae sollicitudinis non in plenitudinem potestatis » (A) / « Vt nichil defugiente ad Romanam ecclesiam sine eius precepto iudi‑ cetur si uero quis secus presumpsit ab officio submoueatur » (B). La même idée de l’immunité canonique d’une personne s’adressant au Siège Apostolique est exprimée d’une manière complètement diffé-
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rente. La version “B” nous présente souvent les rubriques écrites d’une manière plus directe et plus stricte que la “A”. La reconstruction de la version originelle de la « Collection », basée sur l’analyse des rubriques communes à la “A” et la “B”, nous montre les deux étapes du développement du document. La versio vulgata de la « Collection » a été créée probablement sous la direction d’Anselme, car certaines adjonctions faites aux rubriques du « protographe » par les rédacteurs contiennent une expression de ses idées personnelles : I, 3 (ius ligandi et soluendi), I, 4 (amor Dei), I, 69 (nauis Petri). La version milanaise préparée après la mort d’Anselme, à la fin du XIe siècle, était plus laconique dans les rubriques, mais elle a été élargie par les rubriques nouvelles habituellement ajoutées à la fin de chaque livre. Quoi qu’il en soit, il est évident que les rubriques de la version “A” ainsi que celles de la version “B” ne nous présentent que le résultat du travail des rédacteurs effectué après 1083 (la date de la composition de la « Collection » par Anselme), mais avant 1095 (la date du concile de Plaisance), et qu’elles sont éloignées de la version originelle (« le protographe »). Cependant les canons de la version “A” nous montrent le recueil anselmien augmenté ensuite par les rédacteurs en 1090 (la version “Y”) et en 1095 (la version “B”). On pourrait examiner les étapes de la formation des versions de la « Col‑ lection canonique » d’Anselme de Lucques de la manière suivante : La “A” – La version vulgata produite dans le cadre de la diffusion du document « anselmien » et présentée dans les codex du XIIe siècle (Vat. Lat. 1363, Paris. BnF. Lat. 12519, Corpus Christi 239) – 1083‑1086, Toscane, territoire contrôlé par Mathilde ( ?) – La création du livre pénitentiel ajouté à la « Collection cano‑ nique » (le livre 11) – 1083‑1086 – La composition de la version scolaire “Bb” augmentée, attribuant le document à Anselme de Lucques (Vat. Lat. Barb. 535) – 1102‑1112, Lucques (Pascal II) La “B” – La version originelle (« le protographe ») fabriquée ou influencée par Anselme ( ?) – 1083, Mantoue ou l’abbaye de Polirone (Grégoire VII) – La rédaction des rubriques est à l’origine de la version abrégée des rubriques – “Y” vers 1090, Milan, l’abbaye de Saint-Denys (Victor III, Urbain II), augmentée de différents canons
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chapitre v – L’ajout des canons du concile de Plaisance 1095 dans la version abrégée (Vat. Lat. 1364), devenue la “B”, – 1095‑1102, Bergame, l’abbaye de Saint-Jacob (Urbain II) La “C” – La composition de la version synthétique “C” (Vat. Lat. 4983), dans laquelle ont été mélangés le texte provenant de la « version abrégée », le livre pénitentiel et l’incipit commun avec la “Bb”, mais sans l’attribution du document à Anselme, – 1135, Italie du Nord.
En s’appuyant sur les résultats de la comparaison des versions différentes d’après les tables publiées dans les annexes, nous présentons ici le modèle du « protographe » de la « Collection » d’Anselme, c’est-à-dire le noyau des rubriques écrites par lui. Critères de la reconstruction de la version originale Les critères de la reconstruction de la version originale (« le protographe ») de la « Collection canonique » d’Anselme mis en œuvre ici ne sont pas très compliqués. Nous prenons ici le noyau – les rubriques communes de la version “A”, et des versions “B”, “C”, “A aucta” pour la base du texte écrit par l’auteur de la « Collec‑ tion », en laissant de côté les résultats du travail du rédacteur de l’abbaye de saint-Denys de Milan (= la “Y” mentionnée dans le stemma de P. Landau) et en rejetant les rubriques spécifiques de la “B” écrites par les rédacteurs milanais et absentes dans la “A”, ainsi que les rubriques trouvées dans la “A” exclusivement, mais changées ou absentes dans les versions de la branche “Y”. Les adjonctions textuelles interpolées dans les rubriques du « protographe » par les rédacteurs de la version vulgaire (la “A”) ou par les rédacteurs milanais (la “B”) ont été écrites en lettres italiques. Quant aux différences textuelles entre les diverses versions, nous ne mentionnons que des variantes portant sur les mots, laissant inchangée la construction de la phrase. Dans les cas difficiles, quand nous avons préféré une variante de la “B” ou de la “A”, nous l’expliquons dans l’apparat critique, qui est seulement un premier pas vers la reconstruction totale du texte de la « Collec‑ tion » anselmienne à l’avenir. Nous négligeons les rubriques modifiées par les rédacteurs post-anselmiens au niveau de la syntaxe ou du sens. Ces rubriques,
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déjà examinées dans la liste comparative, ne nous donnent pas la possibilité de découvrir la vue originelle et de restaurer la pensée anselmienne. En outre, nous laissons de côté la version “Bb”, examinée aussi dans la liste comparative. Cette version plus tardive, qui attribue la « Collection » à Anselme de Lucques, ne nous montre que la logique du développement de la version “A” à des fins scolaires et explicatives. Un Ier livre nous présente : la “A” = 89 rubriques, la “B” = 90 rubriques, dont 40 rubriques sont communes (« le protographe »), tandis que les 50 autres rubriques ont, soit des adjonctions, soit des différences textuelles, et qu’une rubrique de la version “B” (L. I. 80) a été interpolée par les rédacteurs milanais. Quant aux différences textuelles, habituellement les rubriques de la version “B” sont plus courtes et plus laconiques que celles de la “A” pleines d’explications et d’adjonctions. En choisissant une variante pour la reconstruction du texte original, nous suivons autant que possible le principe de clarté du texte, et nous préférons des lectures plus correctes et plus exactes au niveau du style, communes aux versions mentionnées. Nous ne pouvons pas savoir exactement quel morceau du texte a été inséré ou influencé par Anselme de Lucques, ou par ses rédacteurs, mais nous pouvons souligner les fragments inchangés et reconstituer le noyau des rubriques rédigées par les continuateurs d’Anselme. Ce noyau nous présente la trace du « protographe » anselmien. Il faut souligner qu’il ne s’agit ici que de rubriques qui ne sont pas une source sûre pour la reconstitution de la version originale de toute la « Collection ». L’édition de Friedrich Thaner nous montre les canons de la version “A” devenus le noyau « canonique » du « protographe ». Nous examinons ici le noyau « méthodique » – le tronc des rubriques originales. Le texte de l’incipit n’existe que dans les deux versions “C” et “Bb”. L’incipit abrégé est présenté par la version “C” liée avec la version milanaise “B”, tandis que son texte élargi, le seul attribuant la « Collection » à Anselme de Lucques, n’est attesté que par le manuel du droit canonique “Bb” dépendant de la versio vulgata “A”. La présence de cet incipit ne nous permet pas de considérer la “C” et la “Bb” comme les versions vraiment proches de l’autographe, mais bien comme plus récentes. Quoi qu’il en soit, Anselme de Lucques n’avait pas besoin de souligner l’authenticité et d’accentuer le caractère complet de son œuvre, et de plus, il
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n’avait pas besoin de justifier sa propre paternité en appliquant les expressions exaltées trouvées dans le texte composé par ses continuateurs. En outre, la liste des rubriques de la version “Bb” porte les traces bien repérables du travail des rédacteurs : toutes les rubriques spécifiques du manuscrit Vat. Lat. Barb. 535 ont été insérées alia manu et dans une encre différente de celle du texte de base. Les rubriques communes 3 des versions “A”, “B” et “C” montrant le noyau de la version originale (le « protographe ») : Livre I 5, 6, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 15, 19, 22, 23, 26, 27, 35, 36, 37, 40, 44, 46, 48, 50, 51, 53, 54, 60, 61, 62, 67, 71, 72, 73, 74, 75, 80, 81, 82, 83, 87, 89. Livre II 1, 3, 4, 5, 9, 12, 13, 14, 21, 26, 28, 29, 30, 31, 33, 34, 38, 39, 40, 41, 42, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 55, 56, 57, 59, 60, 61, 62, 65, 68, 70, 72, 79, 81 Livre III 1, 2, 4, 5, 6, 8, 9, 10, 12, 14, 15, 16, 18, 19, 20, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 35, 38, 40, 41, 44, 46, 49, 50, 51, 55, 57, 58, 60, 61, 62, 67, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 77, 79, 80, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 89, 90, 92, 93, 94, 99, 102, 103, 104, 105, 106, 107, 109, 110 Livre IV 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 25, 26, 27, 28, 31, 32, 33, 34, 36, 37, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 50, 52, 53, 54, 55 Livre V 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 21, 23, 24, 25, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 41, 42, 43, 45, 46, 47, 48, 53, 54, 56, 58, 59, 60 Livre VI 1, 2, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 33, 35, 36, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 45, 47, 48, 49, 50, 52, 54, 56, 58, 59, 61, 62, 63, 65, 66, 67, 68, 3 Les
numéros des rubriques ont été établis d’après la version “A”.
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chapitre v
de la version originale. Les résultats de nos recherches sur cette version originale sont les suivants 4 : Livre I – 40 rubriques communes (“A”/ “B”/ “C”5) – sur 89 (la version “A”) Livre II – 44 rubriques communes sur 82 Livre III – 71 rubriques sur 114 Livre IV – 46 rubriques sur 55 Livre V – 47 rubriques sur 64 Livre VI – 144 rubriques sur 190 Livre VII – 113 rubriques sur 174 Livre VIII – 21 rubriques sur 34 Livre IX – 37 rubriques sur 49 Livre X – 35 rubriques sur 45 Livre XII – 44 rubriques sur 72 Livre XIII – 17 rubriques sur 29.
Au total, les rubriques communes aux versions “A”/ “B”/ “C” sont au nombre de 659 sur 997 rubriques de la « Collection cano‑ nique » (la version “A”). Si la version “A” n’est pas l’original d’Anselme et si les rubriques communes de la version “A” et des versions “B”/ “C” rédigées indépendamment6 reflètent cet original, les rubriques originales de la « Collection canonique » écrites par Anselme de Lucques composent presque 66% du nombre des rubriques connues d’après la version “A”.
4 Nous omettons le Livre XI (de poenitentia) qui n’existe pas dans la version “B” et peut avoir été ajouté après 1086. 5 La version “C” liée à la “B” donne parfois une lecture tout à fait différente. 6 P. Landau, « Intorno alle redazioni più ampie del XII secolo della rac colta dei canoni di Anselmo da Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 341. (le Stemma).
CHAPITRE VI
LE PROBLÈME DE LA SOURCE LA PLUS ANCIENNE DE LA « COLLECTION CANONIQUE » D’ANSELME DE LUCQUES : LA « COLLECTION QUESNELLIANA » Il est bien connu que la Réforme grégorienne ne fut pas un mouvement seulement d’ordre politique, mais qu’elle eut aussi pour objet la purification de toute la tradition canonique de l’Église en Occident. Comme l’a montré Brigitte Basdevant-Gaudemet, « au XIe siècle, pour les princes, un concile constituait souvent une tribune où exposer publiquement des conflits les opposant à l’autorité ecclésiastique »1. Même au début du pontificat de Grégoire VII, il n’existait aucune collection canonique approuvée par la tradition ancienne qui aurait pu clairement définir l’autorité de l’évêque de Rome par rapport au pouvoir impérial (sauf les recueils particuliers : la « Collection en 74 titres », la « Collection en 2 livres », la « Col‑ lection de Deusdedit »)2 . C’est pourquoi, la naissance de la « Collection canonique » d’Anselme de Lucques 3, partisan fidèle et combattant laborieux de Grégoire VII, était d’une importance évidente pour ses contemporains. Comme le pensaient Anselme Szuromi et Alfonso Stickler, la théorie canonique générale de la « Collection » d’Anselme a été influencée par l’amitié qui existait entre le pape et l’évêque de Lucques 4. En même temps, Anselme se devait de 1 B. Basdevant-Gaudemet, Église et Autorités. Études d’histoire du droit canonique médiéval, Paris, 2006, p. 127‑128. 2 Loc. cit. 3 C. D. Fonseca, « La “Memoria Gregoriana” di Anselmo da Lucca discorso di aperture », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture. Atti del convegno internazionale di studi (Mantova 23‑24‑25 maggio 1986), a cura di P. Golinelli, Bologna, 1987, p. 17‑18. 4 S. A. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum, B. 34 (2006), Frankfurt am Main, p. 5. « Due cose si notano concordemente nella persona di Anselmo di Lucca : già i suoi contemporanei affermavano che abbia voluto coscientemente imitare in tutto Gregorio VII, “cuius vestigia exsequi ferventer desideravit nella teoria e nella prassi” » : A. Stickler,
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construire sa théorie canonique et sa doctrine ecclésiologique sur le fondement de la tradition précédente, car sa méthode de travail restait celle du chanoine antiquaire : le droit canonique n’était pas encore devenu la discipline universitaire des décrétistes ou des décrétalistes5. L’école cléricale de la cathédrale de Lucques à l’époque, pouvait tenir lieu de laboratoire à Anselme, qui voulait maintenir les contacts avec les responsables des archives de la curia pontificalis6 . La réception de la tradition canonique ancienne devait être importante aussi pour l’évêque de Lucques en raison de la concurrence possible avec les autres recueils des règles ecclésiastiques7. Anselme de Lucques et l’utilisation de la « Collection Quesnelliana » La « Collection Quesnelliana » est le code romain des canons les plus anciens probablement utilisés par Anselme de Lucques dans sa « Collection canonique ». Deux canons de la « Сollection Quesnel‑ liana », mentionnés par Friedrich Thaner et Anselme Szuromi, sont regroupés dans le sixième Livre de la « Collection » d’Anselme (L. VI. 112, 129)8. Le premier canon présente la regula formata‑ rum, écrite par Attique, évêque de Constantinople, utilisée par les « Il potere coattivo materiale della Chiesa nella Riforma Gregoriana secondo Anselmo di Lucca », dans Studi Gregoriani, 2 (1947), p. 241. 5 G. Picasso, « La « Collectio canonum » di Anselmo nella storia delle collezioni canoniche », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 319. 6 S. A. Szuromi, op. cit. p. 4‑5 ; K. G. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canonistic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 89. 7 La tradition manuscrite de la Collection d’Anselme de Lucques est examinée par Peter Landau, Loth Kéry et Linda Fowler-Magerl, vide : P. Landau, « Intorno alle redazioni più ampie del XII secolo della raccoltà dei canoni di Anselmo da Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 338‑348 ; L. Kery, Canonical Collections of the Early Middle Ages (ca. 400‑1140), A bibliographical guide to the Manuscripts and Literature, Washington, 1999, p. 218‑226 ; L. Fowler-Magerl, « Clavis canonum, Selected Canon Law Collections before 1140 », dans MGH, Hilfsmittel, 21 (2005), Hannover, p. 139‑148, 169‑171, 218‑224. 8 S. A. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum, B. 34 (2006), Frankfurt am Main, p. 73 ; Anselmi Luccensis Collectio canonum una cum collectione minore, recensuit F. Thaner, Oeniponte, 1915, p. 323, 329.
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traducteurs des documents canoniques et expliquant la corrélation entre l’aphabet latin et grec. Le deuxième présente des fragments des actes du concile de Chalcédoine (451). Puisque la « Collection Quesnelliana » est le code le plus ancien de l’Église de Rome et fut adopté par Anselme de Lucques, il faut considérer ici les étapes de son développement. Cet examen nous permettra de répondre à la question : Anselme de Lucques, utilisa-t-il vraiment la « Quesnel‑ liana », comme l’ont pensé Anselme Szuromi et Friedrich Thaner ? L’origine de la « Collection Quesnelliana » La « Collection Quesnelliana » a été composée sous le pontificat du pape Gélase (494‑495) en tant que code de l’Église de Rome, dans lequel on avait inséré le « Vetus Romanus », créé dans les années 340 9. La « Quesnelliana » présentait un système juridique, qui était à la base de la renaissance ecclésiastique réalisée par Gélase dans le cadre de la réception du droit romain. Presque tous les manuscrits de la « Quesnelliana » sont d’origine franque et furent établis à l’époque carolingienne. Cette situation fut un prétexte pour les frères Ballerini et Friedrich Maasen pour remettre en cause les racines italiennes de la « Collection »10. Néanmoins les résultats des 9 Clauis
patrum latinorum, ab E. Dekkers-A. Gaar, Corpus Christiano‑ rum, Series Latina, Steenbrugis, 1995, p. 578 ; J. Gaudemet, Les Sources du droit de l’Église en Occident, Paris, 1985, p. 133. 10 Pierre et Jérôme Ballerini, Friedrich Maasen et Louis Duchesne soutenaient la thèse des racines gauloises de la Quesnelliana (le diocèse d’Arles) en raison de l’origine franque des manuscrits conservés : « In Galliis autem eam conditam, ac proinde nec Italicam, sed Gallicanam collectionem esse, probabilibus, ut nobis videntur, conjecturis indicabimus. Duo de hoc canonum et constitutionum codice in recitata epigraphe affirmavit Quesnellus, nimirum omnium qui hactenus prodierunt esse vetustissimum et amplissimum. Hoc secundum defendi nequit : amplior enim est multo inter caeteras Isidori collectio, quae sane, adulterinis etiam omissis, longe plura documenta complectitur. Vetustissimus vero codicum hactenus editorum, qui exhibent canones simul et constitutionessedis apostoli‑ cae, eatenus dici potest, quatenus nulla documenta continet quae sint posteriora Gelasio ; cum aliae collectiones antea typis datae aliqua posteriorum pontificum praeferant, ut vel ex Dionysiana cognoscere licet. Recte autem statuit P. Coustan‑ tius in praefatione ad tom. I Epistolarum Romanorum pontificum, hunc codicem sub Gelasii aevum fuisse digestum… Cum vero haec hypothesis omnino sit falsa, nihil impedit quin iidem canones ita huic codici privato inserti fuerint sub Gela‑ sio, sicut in aliis privatis collectionibus ante vel paulo post Gelasium lucubratis inveniuntur inserti. Confer nostras Observationes ad dissertationem 12 Quesnelli
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recherches contemporaines confirment l’origine romaine de la « Col‑ lection », évidente pour Pasquier Quesnel, son premier éditeur. La tradition manuscrite de la « Quesnelliana » n’est pas très répandue. Ses manuscrits conservés permettent seulement d’affirmer l’existence de la rédaction archétypique α, composée à Rome à la fin du Ve siècle (494‑495). Cette hypothèse se base sur l’analyse du contenu de la « Quesnelliana ». On peut la justifier, en s’appuyant sur les arguments suivants : 1. la présence des versions latines des canons des conciles grecs, d’origine italienne dans la « Ques‑ nelliana » (la version isidoriana antiqua pour les canons du concile de Nicée et isidoriana uulgata pour les canons des conciles, pris dans le « Syntagma » d’Antioche)11 ; 2. la réception par la « Quesnelliana » du code « Vetus Romanus » (des années 340), dans lequel les canons des conciles de Nicée et de Sardique étaient assemblés sans division chronologique ; 3. l’utilisation des titres rubriques confirmant l’idée de la primauté romaine, par exemple le titre du 6e canon du concile de Nicée « de primatu Romanae ecclesiae »12 ; cap. 2 n. 8… » Ballerini fratrum dissertationes, dans PL, 56, coll. 357‑358 ; F. Maasen, Geschichte der Quellen und Literatur des Canonischen Rechts im Abendlande, Graz, 1956, p. 491‑493 ; C. H. Turner, Ecclesiae Occidentalis Monumenta iuris antiquissima, Oxonii, 1913, I, II, p. XII. Pourtant les chercheurs du XXe siècle : E. Dekkers, H. Wurm, C. Silva Tarouca, J. Gaudemet ont prouvé l’origine romaine de la Quesnelliana, en s’appuyant sur les résultats de l’analyse critique de son contenu. Vide : C. Silva Tarouca, Nuovi studi sulle antiche lettere dei Papi, Roma, 1932, p. 424, 552 ; H. Wurm, Studien und Texte zur Dekretalensammlung des Dionysius Exiguus, Bonn, 1939, p. 85‑86 ; J. Gaudemet, Les Sources du droit de l’Eglise en Occident, Paris, 1985, p. 133 ; Clauis patrum latinorum, E. Dekkers-A. Gaar, Corpus Christianorum, Series Latina, Steenbrugis, 1995, p. 578. 11 J. VAN DER Speeten, « Le dossier de Nicée dans la Quesnelliana », dans Sacris erudiri, XXVIII (1985), p. 384‑450. Comme l’a remarqué ce chercheur, le dossier de Nicée, mis dans la Quesnelliana (la version Q), était proche de la version latine plus ancienne des canons de Nicée, conservée dans le code d’Ingilrame (Cod. Vaticanus Reginae 1997). Cette version, créée au IVe siècle, est devenue une base pour les traductions tardives, faites en Italie aux Ve -VIe siècle. En outre, la version Q a influencé la réception gauloise du droit canonique grâce à la Collection de Saint-Maur. 12 Le titre mentionné se trouve dans toutes les rédactions de la Quesnel‑ liana : le codex Attrebatensis 644 (572) de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Vedast et le codex Vindobonensis 2141 (39) de la bibliothèque de l’abbaye de Fulda. Comme l’a dit Charles Hubert Turner, la version du 6e canon du concile de Nicée, représentée par la Quesnelliana, remontait au texte lu par
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4. l’absence de documents d’origine gauloise dans la « Quesnel‑ liana », par exemple l’absence des canons du concile I d’Arles (314), de Turin (398) ou des « Statuta ecclesiae antiqua » ; 5. la réception du « Bréviaire » d’Hippone, approuvé par le Siège apostolique au début du Ve siècle ; 6. les limites chronologiques des décrets pontificaux récupérés par la « Quesnelliana » (385‑495) ; 7. l’affirmation de la primauté de l’évêque de Rome dans la préface de la Quesnelliana, inspirée par le Décret dit « gélasien » (les années 380) et par les lettres de Gélase adressées à l’empereur Anastase (494‑495). Contenu de la « Collection Quesnelliana » Les textes juridiques, adoptés par la « Quesnelliana », présentent une structure compliquée, ordonnée selon un principe chronologique13. La première partie contient : la préface, composée de fragments du Décret dit « gélasien » et du Xe livre d’Histoire ecclésiastique de Rufin ; le code archaïque « Vetus Romanus » (les canons réunis des conciles de Nicée et de Sardique) ; le « Bréviaire » d’Hippone ainsi que les canons du « Syntagma » d’Antioche (les canons du concile d’Ancyre, de Néocésarée et de Gangre) dans la version « isidoriana uulgata »14. La deuxième partie contient : les documents des archives pontificales concernant l’hérésie de Pélage (les chapitres 6‑20), les décrets d’Innocent Ier, adressés à Exupère de Toulouse, aux évêques de Macédoine, à Décence de Gubbio et à Victrice de Rouen (les chapitres 21‑24). Ensuite la « Quesnelliana » présente les documents concernant le concile de Chalcédoine et la polémique monophysite, parmi lesquels il faut mentionner ici les fragments des actes et des canons du concile de Chalcédoine pris de la version prisca Paschasin, légat du Pape Léon le Grand, au concile de Chalcédoine en 451. C. H. Turner, appelait cette version sylloges Q. Voir Turner C. H., Ecclesiae Occidentalis Monumenta iuris antiquissima, Oxonii, 1899, T. I, I, p. 274‑277. 13 F. Maasen, loc. cit., p. 494‑500. 14 La version, augmentée, corrigée et utilisée par les rédacteurs de la « Col‑ lectio Hispana » plus tard (au VIIe siècle). Les manuscrits des versions latines du Syntagma d’Antioche, datés des VIe -VIIe siècles, sont importants pour la reconstruction de ce recueil canonique grec, parce que le texte originel n’existe que dans les manuscrits grecs, datés de l’époque studite (IXe siècle). Voir. P. Joannou, « Discipline générale antique (IV-IXe s.) », dans Fonti fasc. IX, (Pontificia comissione per la redazione del codice di diritto canonico orientale), T. I. 2., Les canons des Synodes Particuliers, Roma, 1962, passim.
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(Italie, fin du Ve siècle), la constitution des empereurs Valentinien III et Marcien « Omnibus negotiis », la profession de foi du concile de Chalcédoine (le chapitre 25), les constitutions des empereurs Valentinien III et Marcien « Tandem aliquando » et « Venerabi‑ lem » ainsi que la constitution de Marcien « Licet iam sacratissimа » (les chapitres 26‑28). Ensuite, il y a les décrets de Sirice, Zozime, Boniface Ier et Célestin (les chapitres 26‑28), en particulier le premier décret disciplinaire de Sirice, « Directa ad decessorem », adressé à Himère de Tarragone (les chapitres 29‑36). La « Quesnelliana » présente aussi les formules de la foi orthodoxe utilisées en Occident au Ve siècle. En outre, il faut mentionner la lettre du prêtre Faustin « Nos Patrem », adressée à l’empereur Théodose, le « Libel‑ lus Augustini de fide catholica » (les chapitres 37‑40), les actes du concile de Constantinople, convoqué contre Eutychès (le chapitre 42), les documents concernant le schisme d’Acace, qu’on retrouve aussi dans la « Collection de Freisingen »15, la lettre de saint Athanase d’Alexandrie, adressée à Épictète, la lettre de saint Cyrille d’Alexandrie adressée à Jean d’Antioche (les chapitres 52‑53), la profession de foi du concile de Chalcédoine, trouvée aussi dans la « Collection » du codex Vatican Lat. 1322, les lois impériales prises du Code Théodosien : « De fide catholica » (CTh XVI, I, 2), « De his qui supra religione contendunt » (CTh XVI, 4 ; I, 6 ; I, 2), « De hae‑ reticis » (CTh XVI, 5) (le chapitre 54), la lettre de Damase « Per filium » avec les actes du synode romain de 378 contre Apollinaire de Laodicée, augmentés par les professions des conciles d’Éphèse et de Chalcédoine (le chapitre 55), les lettres du concile de Milan de 451 et d’Arles sur l’excommunication d’Eutychès, adressées au pape Léon le Grand (les chapitres 56‑57). La troisième partie de la « Quesnelliana » présente les décrets pontificaux concernant la doctrine de la primauté romaine dans le cadre de la renaissance juridique gélasienne. Il faut mentionner : le décret de Gélase « Necessaria rerum » (le chapitre 58), les versions latines des canons des conciles d’Antioche, de Laodicée et de Constantinople de 381 selon l’« Isidoriana uulgata » (les chapitres 59‑61), les documents du concile de Telepte en 418 et de Rome en 386, la « regula formatarum » d’Attique de Constantinople, 15 J. Gaudemet, Les Sources du droit de l’Église en Occident, Paris, 1985, p. 131‑132 ; F. Maasen, Geschichte der Quellen und der Literatur des Cano nischen Rechts im Abendlande, Graz, 1956, p. 476‑486.
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dans laquelle on trouve des règles de traduction des documents canoniques (le chapitre 63), la lettre apocryphe de saint Clément, adressée à saint Jacques « Notum tibi facio » (le chapitre 64) et la version latine de la lettre de saint Cyrille d’Alexandrie « Καταφλυαρουσι μεν », adressée à Nestorius (le chapitre 66). La « Quesnelliana » se termine par les décrets de Léon le Grand (les chapitres 67‑98). L’analyse du contenu de la « Quesnelliana » permet de constater la réutilisation de matériaux des archives pontificales sous le pontificat de Gélase. L’affirmation de la primauté de l’Église de Rome, basée sur l’interprétation du fameux épisode évangélique (Mth. 16, 18‑19), était provoquée par la situation générale, dans laquelle se trouvait la Chrétienté à la fin du Ve siècle. Le schisme d’Acace de Constantinople et le développement du monophysisme en Orient ont conduit Gélase à souligner l’autorité de l’Église de Rome, en s’appuyant sur les promesses évangéliques, données à saint Pierre par le Christ16. Il est évident que les archives de l’Église de Rome, existant depuis l’époque de Damase et de saint Jérôme, comportaient beaucoup de matériaux auxquels Gélase s’était intéressé lorsqu’il était clerc du pape Félix III17. Le concile de Rome, convoqué par Gélase au mois de mai 495 pour juger son légat infidèle, Misène, évêque de Cumes, examina son acte de pénitence, lu par lui devant l’assemblée, en s’appuyant sur certains actes pris des archives de l’Église de Rome par le clerc Sixte18. Il est possible que le clerc Sixte, devenu notaire du pape au concile, parlait des actes de l’excommunication de Misène, mais 16 I. Meiendorff, Istoria Zerkvi i vostochno-christianskaia mistika, Moskva, 2000, p. 123‑126 ; H. Koch, Gelasius im Kirchenpolitischen Dienst seiner Vor‑ gänger Simplicius und Felix III, München, 1935, passim ; W. Ullmann, Gelasius I (492‑496). « Das Papsttum an der Wende der Spätantike zum Mittelalter », Päpste und Papstuum, 18 (1981), Stuttgart, passim ; W. Ullmann, The Growth of Papal Government in the Middle Ages, London, 1955, p. 14‑31. 17 CH. Pietri, L. Pietri, Prosopographie Chrétienne du Bas-Empire : Prosopographie de l’Italie Chrétienne (313‑604), Vol. II, Paris, 1999, p. 906 ; L. Duchesne, Le Liber Pontificalis, texte, introduction et commentaire, Vol. I., Paris, 1882, p. 255. 18 Les actes du concile de Rome 495 ont dit : « Sixtus notarius sanctae Romanae ecclesiae iussu domini mei beatissimi Papаe Gelasii ex scrinio edidi, die tertio Idus Maii », Gesta de absolutione Miseni 30, Collectio Auellana Ciii., O. Günther, Epistolae Imperatorum, Pontificum et aliorum…Auellana quae dicitur col‑ lectio / Corpus scriptorum ecclesiasticorum latinorum 35, Vindobonae, 1895‑1898,
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en même temps pouvait parler des actes des archives en général. Nous ne savons pas s’il s’agissait ici d’une Collection réunissant les documents des archives pontificales. Quoi qu’il en soit, nous pouvons supposer que c’était la « Collection Quesnelliana », composée sous le pontificat de Gélase, mais préparée avant le concile de Rome de 495 qui présentait les documents les plus importants des archives mentionnées. La « Quesnelliana » a réuni les documents canoniques disponibles du point de vue juridique à la veille de la grande Réforme du droit, réalisée par Denys le Petit. La tradition manuscrite de la « Collection Quesnelliana » Comme nous l’avons souligné, la rédaction archétypique α de la « Quesnelliana » n’a pas été conservée. Il est évident que Charles Hubert Turner et Louis Duchesne avaient raison, lorsqu’ils avaient avancé l’hypothèse de l’existence de la rédaction gauloise de la « Quesnelliana », établie dans les diocèses narbonnais (Arles). Leur erreur consistait à identifier cette rédaction hypothétique à l’archétype romain. Il est bien possible que la rédaction gauloise, appelée β, devenue la simple copie de l’archétype romain, ait été écrite par un clerc de la Gaule narbonnaise pour la vie quotidienne des évêchés locaux au début du VIe siècle. Ce clerc inconnu, archidiacre ou notaire privé, comprenait sans doute la valeur du droit romain ainsi que la discipline de l’Église de Rome et a réalisé son travail avec application. Il explique le contenu de la « Quesnelliana » et son origine dans l’incipit général après exécution de sa copie. L’incipit mentionné dit : « + Continet codex iste canones ecclesiasticos et constituta sedis apostolicae »19. Il se trouve dans tous les manuscrits complets conservés de la « Quesnelliana », provenant probablement de la copie gauloise β. Son auteur n’était pas romain, car un Romain n’avait pas besoin de préciser « constituta sedis apostoli‑ cae ». Une situation pareille se retrouve à propos de plusieurs livres d’origine romaine transmis à la Gaule, comme le montre l’exemple du Sacramentaire Grégorien « Hadrianum »20. L’exemplaire de l’archéT. I. p. 487 ; CH. Pietri, L. Pietri, Prosopographie Chrétienne du Bas-Empire : Prosopographie de l’Italie Chrétienne (313‑604), Vol. II, Paris, 1999, p. 2091. 19 Ce sont les codes manuscrits Attrebatensis 644 (572), Einsiedlensis 191, Parisiensis 1454. 20 M. Metzger, Les Sacramentaires, Turnhout, 1994, p. 79.
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type romain de la « Quesnelliana » a été perdu ainsi que la version originelle de l’« Hadrianum » : en Italie il était devenu inutile après la réforme de Denys le Petit. L’archétype franc de la « Quesnelliana », établi par les recherches philologiques, a été daté par Charles Hubert Turner. Cet archétype, provenant de la rédaction narbonnaise β, n’a pas été conservé, mais Charles Hubert Turner trouva une note marginale dans le codex d’Arras 644 (ex-572) (fol. 134 r.), devenue une clef pour la datation. Elle dit : « hoc habuit uetustus : ab hoc concilio antiocheno usque indictionem XII ; quod est in anno XV regni chlotharii regis anni ducenti LXII ». Le chercheur a mis des limites chronologiques à la création du uetustus : pas avant 594 (l’avènement au trône de Clotaire II), pas après 672 (la mort de Clotaire III). La date du concile d’Antioche était connue : 341 (330 ?). Il fallait ajouter 262 ans pour accepter la date précise : 603 (594 ?). En s’appuyant sur l’analyse paléographique des ligatures et des abréviations trouvées dans le codex d’Arras 644 (ex-572), Charles Hubert Turner en est venu à la conclusion que l’archétype franc de la « Quesnelliana », appelé uetustus et devenu une copie de la rédaction narbonnaise, pouvait avoir été exécuté par des moines anglo-saxons, en Neustrie ou en Angleterre, vers 60321. Il faut appeler l’archétype, fait par les moines anglo-saxons, la rédaction Г. Elle serait devenue une source de la diffusion de la « Quesnelliana » pendant la Renaissance carolingienne de la culture du livre. La copie la plus proche de la rédaction Г est représentée par le codex d’Arras 644 (ex-572), le manuscrit conservé le plus ancien de la « Quesnelliana ». Il reflète bien l’archétype Г sans fautes d’orthographe graves et sans interpolations évidentes. Les scribes ont même conservé le système des ligatures et des abréviations, caractéristiques de la tradition du livre manuscrit anglo-saxon. Le codex d’Arras a été fabriqué à la fin du VIIIe siècle, probablement dans le Nord de la France ou à l’abbaye de Saint-Pierre de Bath (Suffolk, Angleterre). Il contenait le catalogue des pontifes romains jusqu’au pape Hadrien22 . Le manuscrit a été donné à la 21 C.
H. Turner, Ecclesiae Occidentalis Monumenta iuris antiquissima, Oxonii, 1913, T. I, II, p. XII. 22 C. H. Turner et E. Schwartz ont daté le codex d’Arras 644 (572) du VIIIe siècle. M. Petoletti a proposé une date plus tardive, VIIIe/IXe siècle, mais sans arguments solides, v. E. Schwartz, Acta Conciliorum Oecumeni‑
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bibliothèque de l’abbaye de Saint-Vaast d’Arras en 1068 par l’abbé Seiwold de Bath, qui avait fui l’invasion normande. Le manuscrit a-t-il été fabriqué à l’abbaye de Saint-Pierre de Bath ou la donation de 1068 signifiait-elle son « retour » à la patrie ? Nous n’avons pas de réponse à cette question. Le codex d’Einsiedeln 191 (ex-277), établi pour la bibliothèque de la Cour de Charlemagne à la fin du VIIIe siècle, est très proche du codex d’Arras 644 (ex-572) au niveau philologique. Il est évident qu’il y avait des liens culturels entre les monastères anglosaxons et la cour carolingienne. Charles Hubert Turner a supposé que le codex d’Einsiedeln n’était que la copie du codex d’Arras. Eduard Schwartz croyait que le codex d’Einsiedeln était identique au manuscrit d’Arras, mais il n’était pas sa copie exacte23. On peut confirmer l’opinion d’Eduard Schwartz, en s’appuyant sur les fautes orthographiques et grammaticales, trouvées dans le codex d’Einsiedeln. Si les clercs, travaillant à la bibliothèque de la cour de Charlemagne, avaient la possibilité de copier l’archétype franc, devenu une base pour le codex d’Arras 644, (ex-572) en Angleterre, nous pourrions affirmer qu’ils étaient pressés d’accomplir leur devoir et de fournir un livre à la cour impériale, ce qui expliquerait les fautes du codex d’Einsiedeln. D’ailleurs nous ne pouvons pas vérifier cette hypotèse technique car les fautes trouvées dans le codex d’Einsiedeln ne suffisent pas à la justifier. Est-ce que les manuscrits d’Arras et d’Einsiedeln ont été fabriqués dans le même scriptorium de l’abbaye de Saint-Pierre de Bath ? Cette question reste ouverte pour l’instant. Il n’est pas évident que les manuscrits mentionnés se basent sur le même archétype Г, daté de l’époque de Clotaire II (603)24. Deux siècles plus tard, le codex d’Einsie‑ deln 191 (ex-277) a été apporté à la bibliothèque du chapitre de Constance, et fut à la disposition de Bernold de Constance, hiscorum, Berolini et Lipsiae, T. I. Vol. 5, p. XIIII ; C. H. Turner, Ecclesiae Occidentalis Monumenta iuris antiquissima, Oxonii, 1913, T. I, II, p. XII ; M. Petoletti, « Un frammento del secolo IX della “Collectio Quesnelliana” nel’Archivio capitolare della Basilica di S. Ambrоgio a Milano », dans Aevum, 82 (2008), p. 304. 23 E. Schwartz, Acta Conciliorum Oecumenicorum, Berolini et Lipsiae, T. I. Vol. 5, p. XIIII. 24 M. Petoletti, « Un frammento del secolo IX della « Collectio Quesnelliana » nel’Archivio capitolare della Basilica di S. Ambrоgio a Milano », dans Aevum, 82 (2008), p. 304.
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torien célèbre du XIe siècle25. C’est lui qui laissa ses notes marginales sur les feuilles du manuscrit. Peu après, il a été donné à la bibliothèque de l’abbaye de Sainte-Marie des Ermites d’Einsiedeln (Suisse). Malheureusement, le manuscrit ne présente pas la « Ques‑ nelliana » intégralement. La diffusion des manuscrits de la « Quesnelliana » sur le territoire de l’Empire carolingien s’est poursuivie au IXe siècle. Le codex de Paris BnF. Lat. 1454 offre une copie, provenant aussi de l’archétype Г via un manuscrit perdu. Le codex de Paris BnF. Lat. 1454 est proche des manuscrits de la famille γ : des codex d’Arras 644 (ex-572) et d’Einsiedeln 191 (ex-277) au niveau philologique, mais sa structure intérieure est différente. Les rubriques y représentent des ajouts, insérés à l’intérieur de la « Quesnelliana » pour préciser le contenu des documents, en particulier. En outre le codex de Paris BnF. Lat. 1454 a des titres ajoutés dans le « Bréviaire » d’Hippone à partir du canon 25. La composition de l’incipit de la « Ques‑ nelliana », présentée par le codex de Paris BnF. Lat. 1454, est particulière : elle n’a pas de signe de croix avant la phrase de l’incipit et l’ordre des mots, connu grâce aux manuscrits du VIIIe siècle, a été changé : « Canones continet codex iste ecclesiasticos et constituta sedis apostolicae »26. Au début du manuscrit, il y a une Collection canonique, découverte par G. Sachery, dans laquelle se trouve une interprétation latine des canons des apôtres, des conciles de Nicée, de Laodicée et d’Antioche, ainsi que les constitutions apocryphes attribuées au pape Sylvestre. À partir du folio 37 r, le lecteur trouve la « Quesnelliana » avec les rubriques interpolées. On peut supposer que le codex de Paris BnF. Lat. 1454 présentait une rédaction Г de la « Quesnelliana » dans sa forme tardive ε, datée de la fin du VIIIe ou du début du IXe siècle. Il est probable que cette forme ε, apparentée aux manuscrits d’Arras 644 (ex-574) et d’Einsideln 191 (ex-277), ait été fabriquée dans un but éducatif ou pour l’enseignement du droit canonique aux écoles épiscopales. Les rubriques ajoutées et interpolées, trouvées dans le codex de Paris BnF. Lat. 1454, le distinguent du groupe γ. L’édition de Ballerini ignore les rubriques mentionnées, non encore publiées. La forme ε de la « Quesnelliana » est representée aussi par le codex de Paris 25 F. Maasen, Geschichte der Quellen und der Literatur des Canonischen Rechts im Abendlande, Graz, 1956, p. 487. 26 Le codex Parisiensis 1454, fol. 37r.
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BnF. Lat. 3842 А (Codex Thuaneus). J. Gaudemet le considérait comme le plus authentique, mais il ignorait les manuscrits plus anciens de la famille Г de la « Quesnelliana ». Les codex de Paris BnF. Lat. 1454 et de Paris BnF. Lat. 3842 A ont été créés dans le troisième quart du IXe siècle sous le règne de Charles le Chauve dans la région parisienne27. Le codex de Paris BnF. Lat. 1454 a été fabriqué à la bibliothèque de la cathédrale de Beauvais28. Le codex de Paris BnF. Lat. 3842 A, utilisé par P. Quesnel pour la première publication de la « Quesnelliana » en 1672, était bien connu. Pourtant le codex de Paris BnF. Lat. 1454, décrit par Fr. Maassen, n’a, pendant longtemps, pas eu de grande renommée parmi les chercheurs. En 1990, H. Mordek identifia un fragment de la « Collec‑ tion Quesnelliana », trouvé dans le codex de Paris BnF. Lat. 1458 et considéré d’abord comme une version de la « Collection » de Denys le Petit, sous la forme de la « Quesnelliana », conservée dans les codex de Paris BnF. Lat. 1454 et 3842 A. Le codex de Paris BnF. Lat. 1458 a été fabriqué dans un scriptorium de France du Nord au milieu du IXe siècle. Charles Hubert Turner a réuni les manuscrits mentionnés, sauf le codex de Paris BnF. Lat. 1458, découvert en 1990, en une seule famille que nous appelons ici la familia Γ. Elle est basée sur l’archétype franc ou anglo-saxon, fabriqué vers 60329. Elle contient deux groupes de manuscrits (consensus codicum) : γ – le codex d’Ar‑ ras 644 et d’Einsiedeln 191, et ε – le codex de Paris BnF. Lat. 1454, de Paris BnF. Lat. 3842 А et le fragment, conservé dans le codex de Paris BnF. Lat. 1458. Il est évident qu’il y a une autre famille manuscrite de la « Ques‑ nelliana », appelée Δ et diffusée à l’époque carolingienne. Charles Hubert Turner le premier souligna la différence entre les manuscrits de la famille Δ et ceux de la famille Г. La famille Δ est représentée par des manuscrits divers, parmi lesquels il faut mentionner 27 La description du codex de Paris, BnF 1454 et 3842 A se trouve dans H. Mordek, Kirchenrecht und Reform in Frankreich. Die Collectio « Vetus Gal‑ lica », die alteste systematische Kanonensammlung des frankischen Galliens, Berlin, 1975, p. 238‑240. 28 H. Mordek, « Bibliotheca capitularium regum francorum manuscripta. Überlieferung und Traditionszusammenhang der fränkischen Herrschererlasse », dans MGH, Hilfsmittel, 15 (1995), München, p. 409. 29 C. H. Turner, Ecclesiae Occidentalis Monumenta iuris antiquissima, Oxonii, 1913, T. I, II, p. 34.
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les plus anciens : les codex de Vienne Lat. 2141 (39) et de Vienne Lat. 2147 (42), fabriqués vers 780 dans le scriptorium de l’abbaye de Lorsch. La date et la localisation des manuscrits ont été précisées par Charles Munier et Marco Petoletti30. La tradition manuscrite de la famille Δ est riche. Elle est représentée au IXe siècle par le codex de Paris BnF. Lat. 3848 A, provenant de la Bibliothèque de l’Oratoire de Troyes et inséré ensuite dans la collection privée de Denis Petau. Friedrich Maasen a daté ce manuscrit à la charnière entre le VIIIe et le IXe siècle. Jean Gaudemet affirme qu’il est le plus proche de l’archétype perdu de la famille Δ, mais le chercheur ignorait les manuscrits mentionnés plus anciens. Le codex de Paris BnF. Lat. 3848 A a été fabriqué dans la région de Metz, devenu le domaine du roi Lothaire 31. Malheureusement, le codex mentionné ne contient pas actuellement de documents plus anciens, repris par la « Quesnelliana » : il n’y a pas de matériaux du codex « Vetus Romanus ». Le feuillet 1 r. présente l’incipit du « Bréviaire » d’Hippone : « Incipit breuis statutorum »32 . En outre, le codex de Paris BnF. Lat. 3848 A ajoute des titres spéciaux, absents dans les manuscrits anciens de la famille Г, et dans le « Bréviaire » d’Hippone. Les titres mentionnés se trouvent aussi dans la version du « Bréviaire » d’Hippone, représentée par le codex de Gand, fabriqué dans le scriptorium de la bibliothèque de la basilique de Saint-Bavon après le XIIe siècle, aujourd’hui perdu. Cette constatation nous permet d’affirmer l’affinité philologique du codex de Paris BnF. Lat. 3848 A et du codex de Gand33. La rédaction de la « Quesnelliana », présentée par le codex de Paris BnF. Lat. 3848 A et par le codex de 30 M. Petoletti, « Un frammento del secolo IX della « Collectio Quesnelliana » nel’Archivio capitolare della Basilica di S. Ambrоgio a Milano », Aevum, 82 (2008), p. 304 ; CH. Munier, Concilia Africae 345‑525, dans Corpus Christianorum, Series Latina, 149 (1974), Turnholti, p. XV. 31 M. Petoletti, « Un frammento del secolo IX della « Collectio Quesnelliana » nel’Archivio capitolare della Basilica di S. Ambrоgio a Milano », Aevum, 82 (2008), p. 304 ; H. Mordek, « Bibliotheca capitularium regum francorum manuscripta. Überlieferung und Traditionszusammenhang der fränkischen Herrschererlasse », dans MGH, Hilfsmittel, 15 (1995), München, p. 409‑10. 32 Le codex Parisiensis 3848 A fol. 1r. 33 P. Crabbe, Sacrosancta concilia Omnia tam Generalia quam Particula‑ ria, I, Coloniae Agrippinae, 1551, p. 433‑434 ; CH. Munier, « Concilia Africae 345‑525 », dans Corpus Christianorum, Series Latina, 149 (1974), Turnholti, p. 53.
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Gand, a des variantes et des différences textuelles par rapport aux manuscrits du groupe γ (le codex d’Arras 644 (ex-572) et le codex d’Einsiedeln 191). Elle appartient à la famille Δ. L’analyse paléographique des rubriques du codex de Paris BnF. Lat. 3848 A, écrites en onciale ancienne, alors que le texte des canons est écrit en minuscules carolingiennes, nous permet de confirmer cette supposition. En s’appuyant sur les résultats des recherches de P. Coustant et des frères Pierre et Jérôme Ballerini, on peut affirmer que le codex de Saint-Hubert, conservé dans la collection privée de Pierre Coustant, mais actuellement perdu, était lui aussi proche des manuscrits de la famille Δ, en particulier des codex de Vienne mentionnés précedemment, provenant de l’abbaye de Lorsch34. Il est bien possible que la famille manuscrite Δ ait donné au codex 42 du collège d’Oriel d’Oxford un archétype textuel. Ce manuscrit a été posé à la base de la première édition de la « Quesnel‑ liana », effectuée par Pasquier Quesnel. Il a été fabriqué par Guillaume de Malmesbury en 1135. Il avait beaucoup d’interpolations, absentes dans les manuscrits plus anciens. Comme l’a dit Rodney Thomson, Guillaume de Malmesbury utilisait un archétype perdu, écrit aux VIIIe -IXe siècles 35. Le manuscrit d’Oxford 42 a été donné à la bibliothèque du collège d’Oriel en 1459 avec d’autres livres par le maître Andrew Moncswell. Le codex de Gand perdu, qui appartient à la famille Δ et a été utilisé par Peter Crabbe dans son édition des actes des conciles, n’était que la copie du manuscrit d’Oxford 4236. La tradition manuscrite de la « Quesnelliana » a laissé des traces dans les fragments dispersés. Les auteurs du Bulletin bibliographique « Medioevo latino » mentionnent toutes les copies complètes de la « Quesnelliana »37. La diffusion de la « Quesnelliana », commen34 Ballerinorum Petri et Hieronimi fratrum Appendix ad sancti Leonis Magni OperaTomus III, Venetiae, 1757 (= PL, LVI, coll. 353‑746). http ://www. documentacatholicaomnia. eu/25_10_MPL. html Cooperatorum Veritatis Societas. 35 M. Petoletti, « Un frammento del secolo IX della « Collectio Quesnelliana » nel’Archivio capitolare della Basilica di S. Ambrоgio a Milano », Aevum, 82 (2008), p. 304 ; R. M. Thomson, William of Malmesbury, Woodbridge, 1987, p. 64‑66, 96‑97, 124‑125. 36 CH. Munier, « Concilia Africae 345‑525 », dans Corpus Christianorum, Series LatinaI, 149 (1974), Turnholti, p. 27. 37 Medioevo latino, Bollettino bibliographico della cultura europea da Boezio a Erasmo (secoli VI-XV), a cura di A. Paravicini Bagliani-L. Pinelli, XXX, Firenze, 2009, p. 717.
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cée en Angleterre de l’Est et en France du Nord au VIIIe siècle, toucha les territoires élargis de l’Empire carolingien autour du XIe siècle après sa chute. Ces territoires s’étendaient sur un grand espace, limité par Paris et par les Ardennes au Nord-Est, par les terres du Rhin et de la Suisse au Sud-Est. La géographie de la diffusion des manuscrits de la « Quesnelliana » permet d’espérer la découverte de nouveaux codex et fragments de la Collection. C’est Marco Petoletti qui a découvert un fragment de la « Quesnelliana », daté du IXe siècle, dans les archives de la basilique de Saint-Ambroise de Milan. Ce fragment ne contient que les canons du concile de Sardique, insérés dans le « Vetus Roma‑ nus » et conservés dans la « Quesnelliana » 38. Comme l’a remarqué le chercheur, le fragment de Milan pourrait être une copie, faite sur les manuscrits de l’abbaye de Lorsch (les codex de Vienne déjà mentionnés) sur l’ordre des archevêques de Milan. Les résultats des recherches d’archives nous montrent que la « Quesnel‑ liana » n’était pas connue dans les scriptoria de la Lombardie. Pourtant, il est évident qu’il y avait des liens culturels actifs entre l’archevêché de Milan et des monastères du Haut-Rhin. Ils généraient une diffusion de livres manuscrits, fabriqués en Allemagne, en Italie du Nord. Marco Petoletti mentionne la destinée de l’archétype manuscrit des œuvres de Sénèque « De beneficiis » et « De clementia », dont la réglure à été tracée à Milan et qui fut transmis à Lorsch afin de me compléter avec le texte. Outre le fragment de Milan, il faut mentionner ici le fragment de Düsseldorf fabriqué à la fin du VIIIe siècle, et le fragment de Vati‑ can 4982 créé au XVIe siècle 39. Les résultats de l’analyse de la tradition manuscrite de la « Quesnelliana » s’appuyent sur le texte critique de ses rubriques et de documents plus anciens, devenus sa base. Ce texte critique, établi par nous, a été publié à Moscou en 2010. 38 M. Petoletti, « Un frammento del secolo IX della « Collectio Quesnelliana » nel’Archivio capitolare della Basilica di S. Ambrоgio a Milano », Aevum, 82 (2008), p. 293‑312. Marco Petoletti a publié le texte du fragment trouvé, pourtant il n’avait pas la possibilité de le comparer avec le texte critique des canons du concile de Sardique, établi par Charles Hubert Turner. 39 M. Petoletti, loc. cit. ; Le fragment de Düsseldorf E. 32 a été fabriqué à Verdun. Il a été copié en minuscule anglo-saxonne, tandis que le fragment de Vatican 4982 a été fabriqué soit en Italie, soit en Allemagne.
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La « Collection Quesnelliana » et la « Collection » d’Anselme L’analyse de la tradition manuscrite de la « Quesnelliana » nous permet de reconnaître qu’elle était ignorée en Italie centrale tant à l’époque de la lutte pour l’investiture, que plus tard. Dès lors, nous devons poser une question : comment Anselme de Lucques a-t-il pu récupérer deux canons de la « Quesnelliana » dans sa « Collec‑ tion canonique » ? Il est bien possible qu’il connût la « Quesnelliana » en tant que recueil de droit canonique ancien grâce à ses études en Normandie et en France, mais ses études datent de sa jeunesse. Notre auteur, avait-il la possibilité d’utiliser un exemplaire de la « Quesnelliana », quand, sur l’ordre de Grégoire VII, il composa sa propre « Collection » ? La comparaison de différentes rédactions des deux canons de la « Quesnelliana », insérés dans la « Collection » d’Anselme, nous permettra de répondre à cette question. Comme nous l’avons dit, il n’y a que deux canons de la « Ques‑ nelliana » insérés dans la « Collection » d’Anselme. Ce sont la « regula formatarum » d’Attique de Constantinople ainsi qu’un fragment des canons du concile de Chalcédoine. La « Collection » d’Anselme présente le texte suivant : L. VI. 112. Capitulum : Exemplar formatae concilii Calcedonensis40 De litteris formatarum. Incipit epistola formata a CCCXVIII episcoporum et ab Attico Constantinopolitanae urbis episcopo edita41. Quod epistolae formatae ita debeant fieri42. Collection d’Anselme Incipit epistola formata facta X CCCXVIII episcopis 43. Graeca elementa litterarum numeros etiam exprimere nullus qui uel tenuiter graeci sermonis notitiam habet ignorat. Ne igitur faciendis epistolis
Collection Quesnelliana (Г version) Incipit regula formatarum. Graeca elementa litterarum numeros etiam exprimere nullus qui uel tenuiter graeci sermonis notitiam habet ignorat. Ne igitur faciendis epistolis
40 La version “Bb” (le codex de Vatican Barberini 535, son apographe de Paris BnF. 12450). 41 La version “B” (le codex de Vatican 1364) et “A aucta” (le codex de Mantoue C II 23). 42 La version “A” (le codex de Paris BnF. 12519) et “A ’” (le codex de Naples XII A 37‑39). 43 La version “A aucta” (le codex de Venise de Saint-Marc Cl. IV. LV.).
le problème de la source la plus ancienne canonicis quas mos latinus formatas uocat aliqua fraus falsitatis temere presumeretur hoc a patribus CCC.X et octo Niceam congregatis saluberrime inuentum est et constitutum ut formatae epistolae hanc calculationis seu supputationis habebat rationem id est ut assumantur in supputationem prima graeca elementa Patris et Filii et Spiritus sancti ПYА quae elementa octogenarium quadrigentesimum et primum significant numeros. Petri quoque apostoli prima littera id est П numerus octoginta significat eius qui scribit episcopi prima littera cui scribitur secunda littera accipientis tercia littera ciuitatis quoque de qua scribitur quarta et indictionis quaecumque est id temporis id est qui fuerit numerus assumatur. Atque his omnibus litteris graecis quae ut diximus numeros exprimunt in unum ductis unam quaecumque collecta fuerit summam epistolam teneat. Hanc qui suscipit omni cum cautela requirat expressam addat preterea separatim in epistola etiam nonagenarium et nonum numerum qui secundum graeca elementa significat AMHN44.
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canonicis quas mos latinus formatas appellat aliqua fraus falsitatis temere presumeretur hoc a patribus CCC.X et octo Niceam congregatis saluberrime inuentum est et constitutum ut formatae epistolae hanc calculationis seu supputationis habebаt rationem id est ut assumantur in supputationem prima graeca elementa Patris et Filii et Spiritus sancti ПYА quae elementa octogenarium quadrigentesimum et primum significant numeros. Petri quoque apostoli prima littera id est П numerus octoginta significat eius qui scribit episcopi prima littera cui scribitur secunda littera accipientis tercia littera ciuitatis quoque de qua scribitur quarta et indictionis quaecumque id temporis id est qui fuerit numerus assumatur. Atque his omnibus litteris graecis quae ut diximus numeros exprimunt in unum ductis unam quaecumque fuerit summam epistolam teneat. Hanc qui suscipit omni cum cautela requirat expressam addat preterea separatim in epistola etiam nonagenarium et nonum numerum qui secundum graeca elementa significat AMHN45.
Au premier coup d’œil, le texte de la lettre présenté par Anselme de Lucques n’avait pas de différence significative avec la « Quesnelliana ». Friedrich Thaner a dit qu’elle donnait « textus idem fere ac Collectionis Quesnellianae » 46. Pourtant il y a des variantes philologiques qui ne permettent pas d’imaginer qu’Anselme pût utiliser les manuscrits de la « Quesnelliana » dans la récupération de la « regula formatarum ». En outre l’incipit, trouvé dans la « Ques‑ nelliana », n’avait rien de commun avec les titres, trouvés dans les versions de la « Collection » d’Anselme. Si les compositeurs de la « Quesnelliana » utilisaient le génitif pluriel : « regula formatarum », 44 Le texte critique selon : Anselmi Lucensis Collectio canonum una cum col‑ lectione minora, recensuit F. Thaner, Oeniponte, 1915, p. 323‑324. 45 Le codex d’Arras 644, le codex de Paris BnF. 1454 fol. 156r-v. 46 Ibid., p. 323.
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Anselme de Lucques et ses continuateurs préféraient le nominatif singulier du participe passé : « epistola formata » / « exemplar for‑ mata ». En réalité l’expression « anselmienne » a été prise de la « Col‑ lection Pseudo-isidorienne » : « Incipit epistola formata Attici episcopi Constantinopolitani » 47. Les textes présentés par les manuscrits des familles différentes de la « Quesnelliana », sont identiques entre eux. Le texte de la famille Г présente la version mentionnée. Le texte critique de la famille Δ a été publié par les frères Ballerini48. Il est évident que le texte présenté par Anselme est identique à celui trouvé dans la « Collection Pseudo-isidorienne » 49. La rédaction des actes du concile de Chalcédoine présentée dans le codex Vatican Lat. Ottobon. 93, utilisée par Klaus Zechiel-Eckes, comme base textuelle, est en accord avec les manuscrits de la version de Cluny, dont l’un fut utilisé par Anselme de Lucques. Nous pouvons constater que la « regula formatarum » a été récupérée dans la Collection d’Anselme d’après un exemplaire de la « Pseudo-isido‑ riana » (selon Klaus Zechiel-Eckes et Karl Georg Schon, c’était le codex de Lucques Bibl. Cap. Feliniana 123 (Plut. II), du s. IXe 4/4). Cependant la conclusion de l’« epistola formata », présentée par la Pseudo-isidoriana, contient une phrase latine : « ualete in domino », tandis que le texte adopté par Anselme de Lucques avait un mot grec : AMHN, trouvé dans le texte présenté dans la « Quesnelliana ». Pourquoi Anselme de Lucques, ajouta-t-il un mot, pris d’une Col‑ lection si rare et ancienne ? Le deuxième canon, probablement récupéré de la « Quesnelliana » par Anselme de Lucques (L. VI. 129), a été justement attribué par Friedrich Thaner à la version « prisca ». Cette version représentait une traduction latine des canons des conciles de Constantinople de 381, d’Éphèse de 431 et de Chalcédoine de 451, faite en Italie dans la deuxième moitié du Ve siècle. Elle a été insérée dans la « Ques‑ nelliana » sous le pontificat de Gélase. La version « prisca » n’avait rien de commun avec la version isidorienne-hispana. Sans doute
47 http ://www.
pseudoisidor. mgh. de/html/081. htm. Petri et Hieronimi fratrum Appendix ad sancti Leonis Magni Operum Tomus III, Venetiae, 1757 (= PL, LVI, coll. 730‑731). 49 http ://www. pseudoisidor. mgh. de/html/081. htm. 48 Ballerinorum
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Anselme de Lucques avait-il un manuscrit de la version « prisca », devenue la base de l’emprunt. La comparaison du texte adopté par Anselme avec le texte de la « prisca », transmis par la « Quesnel‑ liana », nous montre des différences évidentes : Collection d’Anselme Vt omnis ecclesia habens episcopum habeat et oeconomum. Quoniam ut in quibusdam ecclesiis reperimus sine oeconomis res ecclesiasticas tractant episcopi placuit omnino ut omnis ecclesia habens episcopum etiam oeconomum habere de proprio clero qui res ecclesiasticas dispenset cum consensu episcopi sui ne cum dispensatio sine testimonio fuerit res ecclesiasticae dispersae sint ad contumeliam pontifici irrogandam. Si uero hoc non fecerint reos eos sanctis subiacere canonibus .
Collection Quesnelliana Vt episcopi dispensatores habeant. Quoniam ut in quibusdam ecclesiis reperimus sine oeconomis res ecclesiasticas tractant episcopi placuit omnem ecclesiam habentem episcopum etiam oeconomum habere de proprio clero qui res ecclesiasticas dispenset cum consensu episcopi sui ne cum dispensatio sine testimonio fuerit res ecclesiasticae dispersae sint ad contumeliam pontifici irrogandam. Si uero hoc non fecerint eos sanctis canonibus reos 50.
Il est évident que le texte anselmien porte les traces des corrections des rédacteurs de la version prisca. – Il y a une faute de syntaxe : la conjonction latine ut demande une forme personnelle du prédicat, au subjonctif. En même temps le texte adopté par Anselme, ajoute ut sans le changement de la construction de la phrase de la version « prisca », composée avec l’utilisation de l’accusatif cum infinitiuo. En s’appuyant sur la correction médiévale, donnée par le codex de Venise de Saint-Marc Cl. IV. LV. (la version “A aucta”), Friedrich Thaner ajoute le prédicat au subjonctif : debeat51. – La dernière phrase a été changée dans le texte anselmien sous l’influence de la version isidorienne-hispana : reos eos sanctis subi‑ acere canonibus iudicamus (le texte anselmien), diuinis subiaceant regulis (la version isidorienne-hispana).
Le codex de Paris BnF. 1454 fol. 88v. La famille Δ de la « Quesnelliana » donne presque le même texte : Balle‑ rinorum Petri et Hieronimi fratrum Appendix ad sancti Leonis Magni, Operum Tomus III, Venetiae, 1757 (= PL, LVI, coll. 547). 51 Anselmi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minore, recensuit F. Thaner, Oeniponte, 1915, p. 329. 50
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Conclusion L’analyse comparative accomplie autorise les conclusions suivantes. Les textes de la « Collection » d’Anselme communs à ceux de la « Quesnelliana » ne donnent aucune possibilité d’affirmer qu’Anselme de Lucques a utilisé les manuscrits de cette « Col‑ lection ». Leurs différences textuelles sont trop évidentes, tandis que la diffusion de la tradition manuscrite de la « Quesnelliana » ne toucha pas la Toscane et la Lombardie du Sud – régions dans lesquelles Anselme composa sa « Collection » en 1082‑83. On peut supposer qu’Anselme de Lucques aurait pu utiliser un recueil de canons anciens proche de la « Quesnelliana ». Ce recueil lui aurait permis d’ajouter un mot grec dans la « regula formatarum », prise de la « Pseudo-isidoriana », et de récupérer le texte corrigé de la version « prisca ». Il est bien possible que ce recueil ne fût rien d’autre que le codex 88 des Archives du chapitre de Lucques, copie du VIIe VIIIe siècle de la version prisca et mentionnée par les frères Ballerini. Cette réponse aux questions posées au début du chapitre doit être vérifiée par des recherches philologiques.
CONCLUSION DE LA PREMIÈRE PARTIE L’analyse des sources liées à l’activité d’Anselme de Lucques nous permet de présenter une conclusion. La vision d’Anselme comme personnage historique est double : premièrement, il était un collaborateur actif de Grégoire VII combattant les schismatiques ; deuxièmement, il était le canoniste le plus sérieux de l’époque grégorienne. Si l’origine et la destination des petits ouvrages d’Anselme sont claires, la « Collection canonique » est devenue l’objet de discussions approfondies. La question de la paternité de la « Collection canonique » posée radicalement par Gérard Fransen, ainsi que les recherches de Paul Fournier et Peter Landau affirmant que la version “А” n’est pas le fruit de l’activité personnelle d’Anselme, nous pousse à faire une nouvelle proposition : notre analyse comparative des rubriques de la « Collection » d’après les versions les plus anciennes (effectuée sur la base de la liste publiée dans l’ « Annexe I ») permet d’affirmer que presque 66% des rubriques communes aux les versions “A”, “B” et “C” présentent la version originale anselmienne. Les recherches d’Edith Pásztor sur les textes patristiques utilisés par Anselme dans le « Liber contra Wibertum » et dans la « Collection canonique », ainsi que les recherches de Kathleen Cushing sur les livres XII-XIII de la « Collection » et la composition des livres en général, permettent d’affirmer que les livres I-VII et XII-XIII furent écrits par un seul auteur, qui peut être Anselme de Lucques selon l’incipit du codex Vat. Lat. Barb. 565. Les livres VIII-XI concernant la vie des chanoines, les sacrements et la pénitence, qui se distinguent des livres I-VII et XII-XIII par leur caractère (Gérard Fransen), peuvent encore avoir été ajoutés à la « Collection » du vivant d’Anselme, par lui-même ou par ses disciples. La « Collection Quesnel‑ liana », liée au « Vetus Romanus » et à la réforme ancienne du droit canonique effectuée par le pape Gélase, n’est pas une source d’Anselme, qui ne se basa que sur les collections plus tardives : en premier lieu sur la « Collection en 74 titres » et les « Fausses Décrétales ».
Deuxième partie Commentaire des sources Introduction à la deuxième partie Le Commentaire des sources liées à l’ecclésiologie anselmienne, objet principal de la deuxième partie de la monographie, nous oblige à suivre le plan suivant : l’examen des premiers livres de la « Collec‑ tion canonique » dans lesquels la pensée anselmienne est exprimée par les rubriques des canons ; l’analyse du « Liber contra Wibertum » devenu son manifeste ecclésiologique, bref mais éloquent, la comparaison de l’ecclésiologie d’Anselme basée sur les « Fausses Décré‑ tales », avec la discipline générale antique de l’Église ; l’interprétation de la méthode anselmienne dans le cadre de son utilisation des textes du droit romain ; l’analyse de la doctrine morale anselmienne et de sa spiritualité d’après ses lettres et ses prières.
CHAPITRE VII
L’ECCLÉSIOLOGIE D’ANSELME DE LUCQUES D’APRÈS LA « COLLECTION CANONIQUE » (LIVRES I-IV, LA VERSION “A”) L’ecclésiologie d’Anselme de Lucques, exprimée dans les livres de la « Collection canonique » qu’il a composés, repose sur deux piliers : les citations bibliques reprises aux interprétations des Pères latins et les « Fausses Décrétales ». La citation néo-testamentaire principale aux yeux d’Anselme est le dialogue fameux entre le Christ et saint Pierre (Mt. 16, 18)1. Ce dialogue, dans lequel le Christ a donné les clefs du royaume des cieux à Pierre, a influencé la doctrine du pouvoir du pape de Rome comme celui du successeur de Pierre en Occident à partir du Décret dit « Gélasien » (380) jusqu’aux premières collections grégoriennes. Notre étude de l’ecclésiologie d’Anselme se base sur l’examen des rubriques les plus caractéristiques des livres I-IV d’après la version “A”, selon le plan suivant : la position du pape dans l’Église universelle d’après Anselme de Lucques, le droit d’appel et la procédure judiciaire ecclésiastique du point de vue d’Anselme. La position du pape dans l’Église universelle En suivant les auteurs des « Fausses Décrétales » au début de la « Collection », Anselme de Lucques cite le Pseudo-Anaclet et déclare que « l’ordre sacerdotal a commencé par Pierre après le Christ-Seigneur dans le nouveau Testament » (L. I. 1)2 . Il faut 1 « Et ego dico tibi quia tu es Petrus et super hanc petram aedificabo ecclesiam meam et portae inferi non praeualebunt aduersum eam et tibi dabo claues regni caelorum et quodcumque ligaueris super terram erit ligatum in caelis et quodcum‑ que solueris super terram erit solutum in caelis », Mt. 16, 18. 2 « Quod in nouo testamento post Christum dominum a Petro sacerdota‑ lis coeperit ordo. In nouo testamento post Christum dominum nostrum a Petro sacerdotalis coeperit ordo quia ipsi primo pontificatus in ecclesia Christi datus est dicente Domino : Tu es, inquit, Petrus et super hanc petram aedificabo ecclesiam meam et portae inferi non preualebunt aduersus eam
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admettre que le texte du Pseudo-Anaclet, devenu le moyen de transmission de la citation évangélique, avait pour base originale le « Décret Gélasien ». Le fragment du Pseudo-Anaclet, cité à la fin du Ier livre de la Collection, développait la pensée « gélasienne » d’une manière plus élargie (L. I. 66) 3. D’après Anselme, l’Église de Rome a reçu le primat du Seigneur lui-même, primat que les apôtres Pierre et Paul ont consacré par leur mort, survenue le même jour ; et le siège Romain est le premier, l’Alexandrin est le deuxième et l’Antiochien le troisième. L’évêque de Lucques répétait ainsi les paroles du Pseudo-Anaclet, écrites au IXe siècle4. Ce texte est une citation du « Décret Gélasien », reprise aussi dans l’Histoire ecclésiastique de Rufin et dans l’introduction de la « Col‑ lection Quesnelliana ». L’origine de la théologie d’Anselme est donc à chercher à l’époque de Damase et de Sirice. Cependant, la compréhension patristique commune de l’épisode évangélique raconté par saint Matthieu, était plus générale, plus spirituelle ; elle n’avait pas d’intention juridique nettement affirmée. C’est pourquoi, probablement, Anselme préféra citer les « Fausses Décrétales » pour représenter la fonction gouvernante et canonique du primat de saint Pierre. Les paroles de Jésus-Christ, adressées à saint Pierre, (Mth. XVI, 18‑19) sont une source dogmatique de la doctrine de la primauté pour Anselme, qui justifiait une interprétation grégorienne de ces paroles par les autres fragments, tirés des « Fausses Décrétales ». Plusieurs textes pseudo-isidoriens ont été récupérés dans la « Collection en 74 titres »5. Outre les et tibi dabo claues regni caelorum. Hic ergo ligandi soluendique licentiam primus accepit a Domino primusque ad fidem populum gratia Dei uirtute suae predicationis adduxit », Anselmi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minore, recensuit F. Thaner, Oeniponte, 1906, p. 7. 3 « Haec uero sacrosancta Romana ecclesia et apostolica non ab apostolis sed ab ipso Domino saluatore nostro primatum obtinuit sicut ipse beato Petro apostolo dixit : Tu es P. et reliqua usque soluta et in caelo », Anselmi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minore, recensuit F. Thaner, Oeniponte, 1906, p. 34. 4 « Quod Romana ecclesia ab ipso Domino primatum obtinuit et quod ambo apostoli Petrus et Paulus una die sua eam morte consecrauerunt et quod ipsa prima sedes est secunda Alexandrina tertia Antiocena », ibid. 5 S. A. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum, B. 34 (2006), Frankfurt am Main, p. 55‑67 ; K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canonistic Work of Anselm of
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textes du Pseudo-Anaclet (L. I. 1, 2, 7, 66), il a repris les textes des Pseudo-Clément (L. I. 3‑6), Pseudo-Jules (L. I. 8, 17, 23, 38), Pseudo-Vigile (I, 9), Pseudo-Pius (L. I. 11, 22), Pseudo-Calixte (L. I. 12), Pseudo-Lucius (L. I. 13, 35), Pseudo-Denys (L. I. 14), Pseudo-Marcel (L. I. 15), Pseudo-Marcelin (“Bb” L. I. 37), PseudoEusèbe (L. I. 16), Pseudo-Damase (L. I. 18, 54), Pseudo-Sôter (L. I. 32), Pseudo-Zéphyrin (L. I. 33), Pseudo-Fabien (L. I. 34), Pseudo-Sixte (L. I. 36), Pseudo-Liberius (L. I. 39), PseudoPelagius (L. I. 52), Pseudo-Anther (L. I. 53), Pseudo-Jean (L. I. 55), Pseudo-Marc (L. I. 60). Ces fragments devaient souligner la valeur théologique de la succession de Pierre. En outre, Anselme utilisa des apocryphes, devenus des arguments canoniques pour la justification de la monarchie pontificale. Par exemple, il a pris une lettre douteuse d’Athanase d’Alexandrie au pape Marc, dans laquelle Athanase avait demandé au pape de renvoyer avec son approbation les décrets du concile de Nicée (L. I. 59). La conclusion de cette lettre, soulignée par Anselme par une remarque « Et infra », dit : Nunc ergo optamus ut a uestrae sedis auctoritate quae est caput et mater omnium ecclesiarum ea ad correptionem fidelium orthodoxorum percipere per presentes legatos mereamur6.
Cette lettre douteuse se trouvait dans la « Collection » d’Anselme après un document d’une valeur similaire. Ce document représentait une pétition du concile de Nicée, adressée au pape Silvestre, dans laquelle les participants avaient demandé la confirmation des décrets du concile (L. I. 58). En outre, Anselme de Lucques a entrepris une collection de fragments patristiques, accordés aux textes pseudo-isidoriens. Ensuite nous rencontrons la citation de saint Matthieu (16, 18) dans les fragments de saint Cyprien de Carthage, pris dans son livre sur l’unité de l’Église catholique (L. I. 10)7, dans le fragLucca, Oxford, 1998, p. 72, 147‑157, une liste des fragments pseudo-isidoriens pris immédiatement ou de la « Collection en 74 titres » p. 210‑213, une liste des fragments canoniques pris de la « Collection en 74 titres » p. 213‑215. 6 Anselmi Episcopi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minore, recensuit F. Thaner, Oeniponte 1906/1915, p. 30. 7 « Quod super unum id est Petrum aedificauit Dominus ecclesiam suam. Ex epistola sancti Cipriani » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 11.
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ment des Pseudo-Pie (L. I, 12, 22)8, Pseudo-Marcel (L. I. 15)9, Pseudo-Eusèbe (L. I. 16)10, Pseudo-Jules (L. I, 17, 23)11, les libelli d’Ennodius (L. I, 24)12 , Pseudo-Lucius (L. I. 35)13, saint Grégoire 8 « Vt nemo dissentiat a Romana ecclesia quae est caput omnium ecclesiarum. Instruimus uos apostolica auctoritate omnes eadem seruare debere quae et nos seruamus nec debetis a capite quoquo modo dissidere : In Christo enim habitat omnis plenitudo diuinitatis corporaliter ut sitis in illo repleti qui est caput omnis principatus et potestatis, qui et hanc sanctam apostolicam sedem omnium ecclesiarum caput esse precepit ipso dicente principi apostolorum Petro : Tu es P. et s. h. p. aedificabo ecclesiam meam et portae inferi non preualebunt aduersus eam, et cetera » : Anselmi Lucensis Collectio cano‑ num…, p. 11‑12. 9 « Vt Antiocena ecclesia Romanae sit subiecta nec ab eius dissentiat dispositione. Rogamus uos fratres dilectissimi ut non aliud doceatis neque sentiatis quam quod a beato Petro apostolo et reliquis apostolis et patribus accepistis. Ipse enim caput est totius ecclesiae cui ait dominus : Tu es P. et s. h. p. aedificabo ecclesiam meam, et reliqua » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 13. 10 « Quod prima salus est regulas rectae fidei custodire et statutis partum non deuiare sicut Romana permansit ecclesia beati Petri sacerdotio ditata… Nec potest domini nostri Iesu Christi sententia praetermitti dicentis : Tu es P. et s. h. p. et reliqua. Et haec quae dicta sunt rerum probantur effectibus quia in sede apostolica extra maculam semper est seruata catholica religio » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 14. 11 « Quod Romana ecclesia omnibus est prelata non tantum canonum decretis sed uoce ipsius saluatoris. Romana ecclesia omnibus maior et prelata est ecclesiis quae non solummodo canonum et sanctorum patrum decretis sed domini saluato‑ ris nostri uoce singularem obtinuit principatum : Tu es inquiens Pe. s. h. p. et reliqua » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 14 12 « Quod papa a nullo nisi a deo erit iudicandus. Aliorum hominum cau‑ sas uoluit deus per homines terminare sedis istius presulum suo sine quaestione reseruauit arbitrio. Voluit beati Petri apostoli successores caelo tantum debere innocentiam et subtilissimi discussoris indagini inuiolatam habere conscientiam … Replicabo uni dictum : Tu es P. et s. h. p. ae. e. m. et quodcumque solueris s. t. erit s. in c. » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 16‑17. 13 « Quod ecclesia Romana mater omnium ecclesiarum numquam a fide errauit. A recte ergo fide et apostolico tramite propter ullam perturbationem nolite recedere scientes quia iuxta saluatoris sententiam beati sunt qui persecutionem patiuntur propter iustitiam. Haec est apostolorum uiua traditio haec uera caritas quae predicanda est et precipue diligenda ac fouenda atque fiducialiter ab omnibus tenenda. Haec sancta et apostolica mater omnium ecclesiarum Christi ecclesia quae per dei omnipotentis gratiam a tramite apostolicae traditionis numquam errasse probatur nec hereticis nouitatibus deprauanda succubuit sed in exordio normam fidei Christianae percepit ab auctoribus suis apostolorum Christi principibus illi‑ bata finetenus manet secundum ipsius domini saluatoris diuinam pollicitationem qui suorum discipulorum principi in suis fatus est euangeliis : Petre inquiens
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le Grand (L. I. 56)14, saint Léon le Grand (L. I. 57)15, saint Jérôme (L. I. 64)16, Gélase (L. I. 67)17, Maxime de Turin (L. I. 69)18, Anastase le Bibliothécaire (L. I. 72.)19, Grégoire VII (L. I. 80)20. Toutes les autres citations bibliques, trouvées dans les textes récupérés par Anselme, sont plus ou moins arbitraires. Elles ne sont pas utiles pour éclairer la doctrine anselmienne proprement dite. Le premier livre de la « Collection » d’Anselme nous montre une idée centrale de l’ecclésiologie, proclamée par les créateurs de la Réforme grégorienne. On pourrait dire que les titres du livre nous présentent la somme de la doctrine grégorienne, poussée à l’extrême dans le cadre de la guerre pour l’investiture, commencée au début des années 1080. L’analyse de cette somme théologique et canonique nous permettra de préparer une conclusion au sujet de sa doctrine. C’est Jean Gaudemet qui a fait une analyse historique du contenu du premier livre de la « Collection » d’Anselme. Il a découvert la pensée anselmienne en s’appuyant sur sa méthode de récupération des canons21. Comme l’a montré l’historien, Anselme de Lucques a fait une sélection dans des documents de la chancellerie pontificale, justifiant une doctrine de la primauté du pape et la supériorité de l’Église par rapport au pouvoir civil. Ces documents ecce sathanas expetiuit uos ut cribraret sicut triticum ego autem pro te rogaui ut non deficiat fides tua et tu aliquando conuersus confirma fratres tuos… » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 21. 14 « Quod in uera catholica ecclesia apostolicae sedi subiecta uera Christi hostia immolatur » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 28. 15 « Quod ab apostolica sede fidei ueritas est inquirenda tamquam ab ipso Petro qui fidei plenitudinem breuiter complexus est dicens : “Tu es Christus” et cetera » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 29. 16 « Qui comederit agnum extra ecclesiam beato Petro eiusque successoribus commissam profanus est » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 33. 17 « Quod euangelica auctoritate prima omnium est Romana ecclesia ubi Petrus et Paulus una die morituri sunt » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 35. 18 « Quod sanctus Petrus et Paulus doctores sunt gentium auctores martyrum principes sacerdotum et quod Petrus a soliditate fidei petra dicitur et in naui eius omnes tuti sunt » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 36. 19 Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 44 20 « Quod apostolico licet imperatores excommunicare ac deponere quod aetiam aliqui fecerunt episcopi » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 54. 21 J. Gaudemet, « L’ordre du monde, vu par un canoniste à la fin du XIe siècle (Anselme de Lucques, Collectio canonum, L. I. Ch. 71 à 89) », dans Persona y derecho, 25 (1991), p. 59‑71.
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anciens étaient : une lettre du pape Gélase (L. I. 71), adressée à l’empereur Anastase, une lettre du pape Nicolas I, adressée à Michel III, empereur byzantin (L. I. 72), une lettre du pape Nicolas I, adressée à Hincmar, évêque de Reims (L. I. 21), des fragments du « Liber Pontificalis » (L. I. 73, 74, 78, 81), de l’« Histoire » d’Anastase le Bibliothécaire (L. I. 75, 76, 77), des Registres des papes Hadrien, Étienne et Jean VIII (L. I. 79, 82, 83, 84), un fragment de Pierre Damien, destiné aux clercs (L. I. 63), une lettre du pape Grégoire VII adressée à Hermann, évêque de Metz (L. I. 80), un serment d’Otton I, empereur du Saint-Empire Romain (L. I. 86), une lettre du pape Jean II, adressée à Justinien I, empereur byzantin, extraite d’un manuscrit inconnu (L. I. 87)22 , des fragments de la Novelle CXXXII (L. I. 88) et de la Novelle VI de Justinien I (L. I. 89), prise du recueil Authenticum23. Néanmoins la plupart des textes réunis dans le premier livre de la « Collection » d’Anselme de Lucques, représentent des fragments des « Fausses Décrétales ». Comme l’ont montré Klaus Zechiel-Eckes et Karl Georg Schon, Anselme a pu utiliser le codex manuscrit de la Bibliothèque du Chapitre de Lucques, Codex Felinianus 123 (Plut. II) Bibliothecae Capitularis Luccensis, en qualité de « Hand exemplar »24. Ces textes sont devenus une base pour affirmer la monarchie ecclésiastique à l’époque de la lutte pour l’investiture. 22 Otto Guenther a affirmé qu’il n’était pas possible de connaître le codex, devenu une base pour la récupération de cette lettre de Jean II, faite par Anselme. A priori, cette lettre se trouvait dans le Code de Justinien (CJ. I, 1, 8) ainsi que dans la Collection Avellana. Voir Epistulae imperatorum pon‑ tificum aliorum … Avellana quae dicitur Collectio, recensuit O. Guenther, dans Csel, XXXV (1895), Vindobonae, Pars. I. p. LXXIIII-LXXV. 23 S. A. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum, B. 34 (2006), Frankfurt am Main, p. 107. 24 http ://www. pseudoisidor. de/html/Handschriftenverzeichnis. html#sdfootnote46sym, Klaus Zechiel-Eckes a écrit : « Lucca, Bibl. Cap. Feliniana 123 (Plut. II), s. IX 4/4 n. Auf die Handschrift der Klasse A2 in der Form, die Hinschius seiner Edition mit zugrunde gelegt hat, hat eine Handschrift der Cluny-Version eingewirkt. Der Text scheint zwar vorzüglich zu sein, doch wird zu prüfen sein, inwiefern diese Textqualität auf die Einwirkungen der Cluny-Version zurückzuführen ist. (Vgl. Williams, Codices, S. S. 31 f. ; Reynolds in Revue Bénédictine 80 (1970) S. 238‑252 ; Fuhrmann, Einfluss und Verbreitung II, S. 526, der annimmt, diese Handschrift könnte das « Handexemplar » des Bischofs Anselm v. Lucca gewesen sein ; Schneider, Konzilsordines, S. 150 ; Bischoff, Festländische Handschriften II, S. 131) ».
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Les rubriques de la « Collection » d’Anselme reflètent sa pensée personnelle. Les idées principales d’Anselme de Lucques sur la papauté sont les suivantes : – « Que Rome en tant que premier siège ne soit jugée par personne »25 – « L’ordre sacerdotal a commencé par saint Pierre après le Christ »26 – « L’Église de Rome, fondée par saint Pierre, est la tête de toutes les Églises »27 – « Le pouvoir sacré de lier et d’absoudre n’a été donné qu’à saint Pierre qui l’a transmis à ses successeurs »28 – « Celui qui afflige le pape, n’accepte pas le Christ »29 – « Nous, les chrétiens catholiques, ne devons pas même parler avec celui avec lequel ne parle pas le pape »30 – « Le Christ a donné à saint Pierre le droit d’être le premier parmi les apôtres, ralliés à cette idée »31 – « L’Église de Rome préside aux autres communautés chrétiennes puisque saint Pierre est devenu le président de l’assemblée apostolique »32 – « Le Christ a fondé son Église sur la personne de saint Pierre »33 25 S. Vacca, « Prima sedes a nemine iudicatur, Genesi e sviluppo storico dell’assioma fino al Decreto di Graziano », dans Miscellanea Historiae Pontifi‑ ciae, 61 (1993), Roma, p. 194‑203 ; « Ut prima sedes a nullo iudicetur » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 26 « Quod in nouo testamento post Christum dominum a Petro sacerdotalis coeperit ordo » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 27 « Quod super id est Petrum aedificauit Dominus ecclesiam suam, Ut nemo dissentiat a Romana ecclesia quae caput est omnium ecclesiarum » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 28 « Quod habet Romana ecclesia singulari priuilegio potestatem ligandi atque soluendi » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 29 « Quod Christum non recipit qui papam contristauerit » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 30 « Quod nec loqui debemus cui papa non loquitur » Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 31 « Quod Christus sancto Petro concessit uolentibus apostolis ut primus esset inter ipsos » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 32 « Quod ecclesia Romana omnibus preest ecclesiis sicut beato Petro datum est preminere ceteris apostolis » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 33 « Quod super unum id est Petrum aedificauit Dominus ecclesiam suam » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3.
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chapitre vii – « Aucun chrétien ne doit s’éloigner de l’Église de Rome, devenue la tête de toutes les Églises »34 – « Aucun chrétien ne doit ignorer les règles de l’Église de Rome »35 – « L’Église de Rome n’admet jamais aucune erreur dans les questions de la foi »36 – « Le pape doit purifier et corriger tout ce qui contredit l’ordre de l’Église universelle »37 – « L’Église d’Antioche, fondée par saint Pierre, est soumise à l’Église de Rome et ne s’éloigne pas de son opinion dogmatique ou canonique »38 – « Le salut éternel sera garanti aux chrétiens s’ils conservent les règles de la foi orthodoxe et maintiennent les statuts des saints Pères en suivant l’Église de Rome, de saint Pierre »39 – « L’Église de Rome a été préférée aux autres non par les décrets canoniques, mais par la voix du Seigneur » 40 – « Les colonnes de l’Église, les évêques, ont été confirmées sur un fondement, la chaire de saint Pierre, élue en qualité de premier siège » 41 – « Toutes les Églises doivent conserver les statuts de la sainte Église de Rome, si elles ne veulent pas perdre la communion avec elle » 42 .
34 « Ut nemo dissentiat a Romana ecclesia quae caput est omnium eccle‑ siarum » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 35 « Quod a regulis Romanae ecclesiae nullatenus conuenit deuiare » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 36 « Quod ecclesia Romana numquam a fide errauit » : Anselmi Lucensis Collec‑ tio canonum…, p. 3. 37 « Quod per uniuersam ecclesiam quicquid nociuum in ea est debet papa cor‑ rigere et emendare » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 38 « Ut Antiocena ecclesia Romanae sit subiecta nec ab eius dissentiat dispositi‑ one » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 39 « Quod est prima salus regulas rectae fidei custodire et a statutis patrum non deuiare sicut Romana permansit ecclesia beati Petri sacerdocio ditata » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 40 « Quod Romana ecclesia omnibus est prelata non tantum canonum decretis sed uoce ipsius Saluatoris » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 41 « Quod ecclesiae columpnae qui sunt episcopi confirmatae sunt super firma‑ mentum Petri quod est sedes apostolica » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 42 « Vt sacerdotes siue omnes ecclesiae statuta conseruent sanctae Romanae ecclesiae si nolunt eius communione carere » : Anselmi Lucensis Collectio cano‑ num…, p. 3‑6.
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– « Que personne n’ait l’audace de critiquer ou rejeter le jugement du premier siège » 43 – « Le pape ne devra être jugé que par le Seigneur Dieu, non par quelqu’un parmi les hommes » 44 – « Le pape ne doit pas rester silencieux devant un certain scandale ecclésiastique » 45 – « Le pape doit avoir soin de chaque ordre ecclésiastique ; il observe et surveille toutes les Églises » 46 – « Ceux qui veulent devenir les fils fidèles, doivent connaître et suivre le rite sacré de l’Église de Rome » 47 – « Le Siège apostolique ne protège jamais aucune hérésie, mais il les détruit » 48 – « Le bateau de saint Pierre ne peut pas faire naufrage » 49 – « Le vicaire apostolique romain a accepté la mission de défendre la foi orthodoxe dans chaque Église, donnée par saint Pierre »50 – « Toutes les Églises doivent suivre la tradition de l’Église de Rome car elle leur donne la position légitime »51 – « Le Siège apostolique peut absoudre les condamnés injustement, sans le synode »52
43 « Vt
nemo presumat iuditium primae sedis retractare aut iudicare » Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3. 44 « Quod papa a nullo nisi a Deo erit iudicandus » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4. 45 « Quod papae non licet tacere quod in querelam potest uenire » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4. 46 « Quod papa pro uniuersis ecclesiis principaliter curare debet / Quod pro omni statu ecclesiae papa debet curam habere » : Anselmi Lucensis Collectio cano‑ num…, p. 4. 47 « Vt omnes qui ueri filii uolunt esse sciant et sequantur quae in Romana ecclesia sacro ritu aguntur » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4. 48 « Quod apostolica sedes numquam hereses fouet sed destruit » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4. 49 « Quod nauis beati Petri non turbatur » : Anselmi Lucensis Collectio cano‑ num…, p. 4. 50 « Quod habet apostolicus a beato Petro fiduciam defendendi fidem rectam in omni ecclesia » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4. 51 « Quod traditionem Romanae ecclesiae debent reliquae obseruare quia prin‑ cipium ab ipsa acceperunt » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4. 52 « Quod sedes apostolica absque sinodo possit soluere inique dampnatos » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4.
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chapitre vii – « Aucun chrétien ne doit observer plus de canons que ceux du Siège apostolique romain »53 – « Il n’est absolument pas possible de prendre certaines décisions sur le Siège apostolique sans le Siège apostolique lui-même »54 – « L’autorité, qui donne le droit de convoquer des conciles généraux, n’a été confiée qu’au Siège apostolique romain »55 – « La vraie hostie du Christ n’est immolée que dans l’Église catholique, soumise au Siège apostolique »56 – « L’Église de Rome restera immaculée à jamais »57 – « Celui qui mange l’Agneau en dehors de l’Église confiée à saint Pierre et à ses successeurs, est un profanateur »58 – « Saints Pierre et Paul étaient les docteurs des païens, les modèles des martyrs, les princes des prêtres 59. – « Le monde est dirigé par l’autorité des pontifes et par le pouvoir des rois ; pourtant le pouvoir royal doit se soumettre aux pontifes » 60 – « Les empereurs doivent obéir aux prêtres, non régner » 61 – « Le Siège apostolique romain a la possibilité canonique d’excommunier les empereurs et de les déposer » 62 , selon la définition du pape Grégoire VII, exprimée dans sa lettre, adressée à Hermann, l’évêque de Metz.
53 « Quod
nullus magis debeat obseruare canones quam apostolicus » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4. 54 « Vt irritum sit quicuid in apostolica sede absque apostolico » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4. 55 « Quod auctoritas congregandarum generalium synodorum soli apostolicae sedi sit commissa » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4. 56 « Quod in una catholica ecclesia apostolicae sedi subiecta uera Christo hostia immolatur » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4. 57 « Quod Romana ecclesia semper immaculata permanserit et permanebit » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 4. 58 « Qui comederit agnum extra ecclesiam beato Petro eiusque successoribus commissam profanus est » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 5. 59 « Quod sanctus Petrus et Paulus doctores sunt gentium auctores martyrum principes sacerdotum » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 3‑6. 60 « Quod auctoritate pontificum et potestate regum mundus regitur et regalis tamen potestas subiecta esse debet pontificibus » : Anselmi Lucensis Collectio cano‑ num…, p. 5. 61 « Quod sacerdotibus imperatores obedire debent non iubere » : Anselmi Lucen‑ sis Collectio canonum…, p. 5. 62 « Quod apostolico licet imperatores excommunicare ac deponere quod etiam aliqui fecerunt episcopi » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 5.
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Pour argumenter les points principaux de son idéologie, Anselme de Lucques cite des œuvres historiques, en rappelant les épisodes précédents, rappel devenu nécessaire pour justifier la doctrine de la monarchie ecclésiastique du pape. Ces épisodes, repris de l’« Histoire » d’Anastase le Bibliothécaire et exposés dans la « Chronographie » du grand historien byzantin, Théophane le Confesseur, témoignaient de l’imperfection du pouvoir impérial en comparaison avec l’autorité épiscopale. En outre Anselme cite le « Liber Pontificalis » et les autres sources sans suivre l’ordre chronologique. Anselme s’appuie sur les précédents historiques : le pape Libère a défendu la foi orthodoxe devant l’empereur Constance, à qui le devoir impérial, confié par le Seigneur, ne donnait aucune possibilité de s’ingérer dans les affaires spirituelles 63. Le pape Jean a demandé à l’empereur Justinien de maintenir la foi orthodoxe et catholique devant les apostats et les juifs ; finalement Justinien a publié la profession de foi orthodoxe, sanctionnée par la loi impériale, et a proclamé le mode de coexistence du sacerdoce et de l’empire. Anselme cite le fragment de la VI Novelle de Justinien, devenu le manifeste des rapports entre l’Église et l’État dans l’Empire romain d’Orient pendant toute son histoire. Le principe de la « symphonie » des pouvoirs, traduite en latin comme la « conso‑ nantia bona » dans le recueil de l’« Authenticum », a été interprété par Anselme comme le témoignage de l’obéissance du pouvoir civil à l’autorité du pape de Rome. C’est pourquoi il l’a considéré dans le cadre des autres précédents historiques, y compris parmi les arguments pour souligner la supériorité de l’autorité pontificale sur le pouvoir impérial. Le pape Grégoire II a démis de la royauté l’empereur Léon III à cause de son impiété. Le pape Étienne a fait de Pépin le roi des Francs, le serviteur obéissant de l’Église de Rome. Le pape Hadrien a provoqué l’invasion de Charlemagne en Italie pour détrôner Didier, le roi des Lombards. Charlemagne a donné des châteaux, des manoirs, des cités et des régions nombreuses au pape Hadrien pour faire honneur à l’Église de saint Pierre. Le pape Hadrien a refusé d’envoyer ses légats à Constantinople pour participer au concile œcuménique, en l’absence des garanties promises par l’impératrice Irène. Le pape Jean VIII a 63 « Quod imperatoribus fas non est curiose de spiritualibus negotiis agere » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 50.
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élu et confirmé l’empereur Charles le Chauve, le petit-fils de Charlemagne. L’empereur Otton Ier a prêté serment au pape Jean, en promettant la protection et la défense de l’Église de saint Pierre. Donc l’empereur, le souverain de tous les princes sur la terre, n’est que le fils obéissant et l’humble serviteur du pape de Rome, le vicaire de saint Pierre, dans la pensée d’Anselme de Lucques. En composant le premier livre de la « Collection », Anselme a-t-il ajouté quelque chose aux fragments des Pères de l’Église ? Il faut répondre : oui. Par exemple la version “Bb” (Vat. Lat. Barb. 535, Paris BnF Lat. 12450) présente des interpolations, mises dans le texte du livre « De catholicae ecclesiae unitate » de saint Cyprien. Ces interpolations soulignent une idée de la primauté de Pierre 64. Les manuscrits de la version “Bb” contiennent aussi un autre fragment, repris par saint Cyprien, qui avait proclamé la même idée65. 64 Nous avons marqué les interpolations, en suivant le texte constitué par J. Hartel et Friedrich Thaner : « Quod super unum id est Petrum aedifi‑ cauit Dominus ecclesiam suam. Ex epistola sancti Cipriani. Loquitur Dominus ad Petrum : “Ego dico tibi quia tu es Petrus et super hanc petram aedificabo ecclesiam meam”. Super unum aedificat ecclesiam et illi pascendas oues man‑ dat quamuis apostolis omnibus post resurrectionem suam parem potestatem tribuat et dicat : “Sicut misit me pater et ego mitto uos accipite Spiritum sanctum” tamen ut unitatem manifestaret unam cathedram constituit et unitatis eius‑ dem originem ab uno incipientem sua auctoritate disposuit. Hoc erant utique et ceteri apostoli quod Petrus fuit pari consortio prediti et honoris et potestatis sed exordium ab unitate proficiscitur et primatus Petro datur ut una ecclesia Christi et cathedra una monstretur et pastores sunt omnes et grex unus ostenditur qui ab apostolis omnibus unanimi consensione pascatur. Quam unam ecclesiam etiam et in Cantico canticorum Spiritus sanctus ex per‑ sona Domini designat et dicit : “Vna est columba mea perfecta mea una est matri suae electa genitrici suae”. Hanc ecclesiae unitatem et beatus apostolus Paulus docet et sacramentum unitatis ostendit dicens : “Vnum corpus et unus spiritus una spes uocationis uestrae unus Dominus una fides unum baptisma unus Deus”. Quam unitatem tenere firmiter et uendicare debemus maxime nos episcopi qui in ecclesia presidemus ut episcopatum quoque ipsum unum atque indiuisum probe‑ mus. Nemo fraternitatem mendacio fallat nemo fidei ueritatem perfida preuarica‑ tione corrumpat ». 65 « Quod una est ecclesia et unus papa sicut Deus unus est et Christus unus. Cyprianus. Deus unus est et una ecclesia et cathedra una super Petrum Domini uoce fundata. Aliud altare constitui aut sacerdotium nouum fieri praeter unum altare et unum sacerdotium non potest. Quisquis alibi collegerit spargit : adulte‑ rium est impium est sacrilegium est quodcumque humano furore instituitur ut dispositio diuina uioletur. Item Inde schismata et haereses aborta sunt et oriuntur dum episcopus qui unus est et ecclesia preest superbia quorundam praesumptione contemnitur » : vid. : Paris BnF 12450.
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La doctrine théologique de la primauté du pape légitime, défendue par Anselme, était justifiée par d’autres fragments des Pères de l’Église ainsi que des pontifes romains 66. Les tables des sources utilisées par Anselme de Lucques, composées par Kathleen Cushing, le font voir d’une manière représentative 67. Cependant, il est probable que les continuateurs d’Anselme essayent parfois d’équilibrer sa pensée exaltée et son idéologie grégorienne. Le manuscrit principal de la version “A” en particulier, Vat. Lat. 1363, contient une note marginale qui dit : Il faut que celui qui préside sur les autres agisse à la manière du médecin, et ne doit pas se laisser emporter par la fureur de la bête sauvage 68 (I, 3).
L’auteur de cette petite note a-t-il voulu faire des reproches à l’antipape Clément III au travers de cette comparaison méprisante, ou a-t-il introduit dans le texte de la Collection « grégorienne » une accusation cachée envers le pape Grégoire VII qui avait invité les Normands à piller et ravager Rome à l’époque de la composition de la version “A” (1083‑1086) ? Dans le premier cas, l’auteur de la note marginale répétée dans le codex Vat. Lat. 1363 pourrait être Anselme ; dans le second cas, plus probable à nos yeux, c’est un scribe inconnu qui a redigé la version “A” au début du XIIe siecle et a ajouté la note marginale. Une autre note marginale trouvée dans le codex Vat. Lat. 1363 parle du rôle principal de saint Pierre et du rôle auxiliaire de saint Paul dans l’Église sur la terre. Comme l’a dit le rédacteur inconnu, les noms les meilleurs des apôtres : une pierre et un vaisseau, sont nécessaires pour la maison du Sauveur. La maison se construit par la pierre du courage et elle est ornée par l’utilité du vase. La pierre soutient la stabilité du peuple pour qu’il ne tombe pas, le vase fait la protection des chrétiens pour qu’ils ne soient pas méprisés ou tentés (I, 69) 69. 66 S. A. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum, B. 34 (2006), Frankfurt am Main, p. 93‑101. 67 K. G. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canon‑ istic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 203‑209. 68 « Ipsum autem qui preest ceteris oportet medici vicem agere et non ferae bes‑ tiae furore commoueri » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 8. 69 « Optima apostolorum nomina : petra et uasculum necessaria domui Salua‑ toris. Domus enim fortitudinis petra construitur utilitate uasis ornatur. Petra ad
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Il est probable que cette note marginale exprimât la logique de la pensée de l’école canonique développée après la mort d’Anselme. Cette logique équilibrait dans une certaine mesure l’idée de la domination de saint Pierre et de son successeur par l’image de saint Paul. Quoi qu’il en soit, comme l’ont dit justement Paul Fournier et Gabriel Le Bras, le premier livre de la « Collection canonique » d’Anselme de Lucques « traitait de la primauté de l’Église de Rome, dont l’autorité souveraine s’étend sur toute l’Église, s’imposant aux empereurs et aux rois »70. Le droit d’appel Le IIe livre de la « Collection » d’Anselme nous montre les détails de son ecclésiologie, appliqués au droit d’appel judiciaire. Comme le dit Anselme, en citant le livre du Deutéronome, les litiges difficiles doivent être transmis aux prêtres. Ceux qui ne sont pas obéissants aux prêtres sont condamnés à mourir. La vérité vétéro-testamentaire, citée par Anselme, a été sanctionnée d’une manière politique par l’édit célèbre de l’empereur Théodose Ier, cité par Gratien et Valentinien, « Cunctos populos ». Le texte de ce document a été interprété par Anselme comme la sanction pragmatique, donnée au pape, pour faire de la foi de saint Pierre la religion impériale. Comme le dit Anselme, en citant la loi des empereurs Valentinien et Valens, extraite du Code de Justinien, il est interdit de provoquer des délais longs et injustifiés dans les procès en faisant appel. Comme le montre Anselme, le droit romain est d’accord avec la tradition de l’Église de Rome, selon laquelle le pape est devenu le juge suprême dans les affaires les plus graves et dans les négociations les plus importantes. Dans le IIe Livre de la « Collection », Anselme revient à l’interprétation pseudo-anaclétienne de la citation de saint Matthieu, en appliquant la doctrine de la succession de Pierre aux problèmes de la juridiction ecclésiastique (L. II. 4. 6)71. Aux yeux d’Anselme de firmitatem populos ne labantur sustentat uas ad custodiam operit Christianos » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 37. 70 P. Fournier-G. LE Bras, Histoire des collections canoniques en Occi‑ dent depuis les Fausses Décrétales jusqu’au Décret de Gratien, T. II., Paris, 1932, p. 28. 71 « Vt difficiliores causae et maiora negocia ad sedem apostolicam si appella‑ tum fuerit deferantur. Quod ad Romanam ecclesiam ab omnibus oppressis appel‑
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Lucques, les « Fausses Décrétales » sont la source la plus exploitée et la plus nécessaire pour argumenter le droit d’examiner les appels, droit accordé au siège apostolique par le Seigneur, du point de vue ecclésiastique. C’est le Siège apostolique qui est devenu l’instance judiciaire suprême. La même interprétation se trouve déjà dans les textes des Pseudo-Sixte (L. II. 11), Pseudo-Alexandre (L. II. 35), Pseudo-Athanase (II. 51). L’Église est imaginée par Anselme comme une société hiérarchique, dans laquelle règne l’ordre de l’obéissance directe au vicaire de Pierre. Les rubriques principales sont les suivantes : – « Il faut que tous les opprimés en appellent à l’Église de Rome, auprès de laquelle toutes les affaires ecclésiastiques doivent se résoudre »72 – « Quiconque a une nécessité juridique, doit avoir la possibilité de trouver une défense dans l’Église de Rome sans aucun obstacle »73 – « Que chaque évêque ne soit jugé ou écouté que par le synode convoqué par l’autorité apostolique du pape »74 – « Aucun évêque ne pourra prendre des décisions à propos de la foi ou de la religion sans l’autorité apostolique, même s’il a le soutien des prélats de sa province »75 – « En accomplissant les devoirs canoniques, les primats ne peuvent pas prononcer de condamnation sans s’appuyer sur l’autorité apostolique du pape »76 landum est ubi etiam omnes ecclesiasticae causae maiores sunt terminandae » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 76, 77 72 « Quod ad Romanam ecclesiam ab omnibus oppressis appellandum est ubi etiam omnes ecclesiasticae maiores sunt terminandae » : Anselmi Lucensis Collec‑ tio canonum…, p. 71. 73 « Quod omnes quibus fuerit ad Romanam debent ecclesiam suffugere absque omni impedimento et ut nullus episcopus iudicetur uel audiatur nisi in synodo apostolica auctoritate conuocata et cetera » : Anselmi Lucensis Collectio cano‑ num…, p. 71. 74 « Vt nullus episcopus iudicetur uel audiatur nisi in synodo apostolica auc‑ toritate conuocata » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 71. 75 « Quod absque auctoritate apostolica sede nulli licet episcoporum causas dif‑ finire quamuis scrutari liceat cumprouincialibus episcopis » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 71. 76 « Vt primates accusatum episcopum discutiant sententiam uero dampnatio‑ nis sine apostolica auctoritate non proferant » : Anselmi Lucensis Collectio cano‑ num…, p. 72.
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chapitre vii – « L’Église de Rome a le droit de juger chaque personne et chaque institution judiciaire tandis qu’elle-même n’est pas justiciable de quelqu’un »77 – « Elle a le pouvoir d’absoudre les gens condamnés injustement et de condamner les coupables sans synode »78 – « Le prêtre, qui n’est pas obéissant aux constitutions du Siège apostolique, doit être déposé et excommunié, car il doit non seulement être obéissant, mais aussi enseigner les autres dans cette vertu »79 – « Le pape rétablit les évêques injustement condamnés par les princes terrestres, et demande de leur rendre leur charge, car c’est toujours le pape qui peut excommunier les évêques ainsi que les princes » 80 – « Le Siège apostolique peut absoudre les chrétiens liés par les autres évêques, tandis qu’il n’y a personne qui peut absoudre les chrétiens liés par le pape de Rome » 81 – « Le Siège apostolique a le droit de convoquer les synodes ainsi que les conciles et de juger toutes les affaires et toutes les choses ecclésiastiques » 82 – « Le pape peut maintenir l’équilibre dans l’application des canons, en les adoucissant, quand il y a une nécessité, en suivant la sentence du pape Symmaque » 83. – « Un concile, convoqué sans la permission du pape de Rome, ne peut pas s’appeler concile » 84
77 « Quod sancta Romana ecclesia fas habet iudicandi de omnibus de illa uero nullus » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 71. 78 « et potestatem habet soluendi iniuste dampnatos et dampnandi quos oportue‑ rit absque synodo » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 71. 79 « Vt quisquis sacerdotum apostolicae sedi non obedierit preceptis a ministerio deponatur et excommunicetur quia non solum obedire debuit sed et aliis ut obe‑ dirent insinuare » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 72. 80 « Quod papa restituit episcopos iniuste dampnatos propter timorem prin‑ cipum et omnia sua reddi precepit alioquin excommunicaret tam episcopos quam eorum principes » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 72. 81 « Quod apostolica sedes ab aliis ligatos potest soluere ab illa uero ligatos nemo de qua presumptione Acatius dampnatus est » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 72. 82 « Quod apostolica sedes ius habeat conuocandi synodos et iudicandi omnes maiores causas ecclesiae » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 72. 83 « Quod papa canonum decreta ita librare debet ut quae necessitas temporum relaxanda exposcit temperet quantum fieri potest » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 89. 84 « Vt nec concilium nominetur quod sine consensu papae congregatum fue‑ rit » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 90.
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Cependant Anselme met dans le IIIe livre de la « Collection » le fragment du Pseudo-Damase, dans lequel il y avait une autre citation de saint Matthieu, proclamant le Christ comme le « chef de la communauté des fidèles égaux » 85. D’après Anselme de Lucques, citant le Pseudo-Jules, ce sont les apôtres et le concile de Nicée, qui ont donné et confirmé le droit du Siège romain de prononcer une sentence finale sur toutes les questions de la vie de l’Église. Anselme déclare que le pape Jules a condamné ceux qui avaient convoqué un concile pour accuser et condamner des évêques, acceptés par le pape, sans sa sentence. Il affirme que tous les litiges graves entre les clercs et les laïcs doivent être examinés par le pape de Rome. Pour lui, il est evident qu’aucun chrétien ne peut critiquer le verdict du Siège apostolique, qui doit juger tout le monde 86 et qu’aucun métropolite ne peut convoquer de synode ou de concile avec ses évêques sans la permission du pape de Rome. Anselme illustre ces sentences par les précédents historiques liés à la lutte entre Rome et les archevêques. Ainsi, il cite l’invective du pape Nicolas Ier contre Hincmar, évêque de Reims, qui avait eu l’audace de condamner l’évêque Rotard de Soissons, lequel avait fait appel au Siège apostolique 87. La question de Rotard est importante dans le cadre du développement de l’autorité pontificale sur les archevêques. Il est bien connu que le pouvoir de ces derniers était basé sur le 6e canon du concile de Nicée ainsi que sur les canons des conciles locaux plus tardifs (les canons du concile de Turin de 398 par exemple). Le conflit entre Hincmar, l’archevêque de Reims, et Rotard, l’évêque de Soissons, a provoqué le concile de Soissons de 863 qui a déposé Rotard. Alors Rotard a fait appel à Nicolas Ier, le pape de Rome, qui l’a rétabli sur son siège. Bien que l’appel de Rotard ait pu se baser sur le droit d’appel octroyé aux évêques par les « Fausses Décrétales », Nicolas Ier mentionne des textes anciens dans ses lettres adressées à Hincmar de Reims, en défendant Rotard de Soissons. Parmi ces textes il y avait des canons du concile de Sardique de 343 ( ?) ainsi que les sentences du pape Gélase. La position de Nicolas Ier dans le conflit entre 85 « Vbi sunt duo uel tres congregati in nomine meo, ibi sum in medio eorum » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 139. 86 Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 101. 87 Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 106.
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Hincmar et Rotard, répétée dans le conflit entre Ignace et Photius de Constantinople, a provoqué l’adoption des « Fausses Décrétales » par Rome. Cependant Anselme de Lucques, ignorant ces détails, considérait les « Fausses Décrétales » comme des textes authentiques, quand il a mis leurs fragments au début et les lettres de Nicolas Ier à Hincmar de Reims à la fin du IIe livre de la « Collection cano‑ nique » 88. En outre, Anselme cite le pape Grégoire le Grand qui écrivit à Jean, évêque de Syracuse, que l’Église de Constantinople devait être soumise au siège apostolique. Enfin, il cite les paroles de saint Paul, tirées de l’épître aux Hébreux (Hb. 5, 4‑6), en disant qu’aucune personne n’est capable de se glorifier, parce que même le Christ ne s’est pas glorifié, mais le Père l’a glorifié. L’épisode, récupéré des Actes du concile de Constantinople 869, considéré comme œcuménique par Anselme de Lucques et les autres canonistes romains, confirme une sentence anselmienne, selon laquelle celui qui fait quelque chose contre le pape de Rome ou voudrait déshonorer un des patriarches, se trouve sous l’anathème 89. La procédure judiciaire ecclésiastique du point de vue d’Anselme Le IIIe livre de la « Collection » nous montre les opinions d’Anselme de Lucques sur la procédure judiciaire dans le cadre de l’autorité suprême du pape de Rome. Anselme ne fait que concrétiser les principes de son ecclésiologie, exprimée dans les livres précédents. En s’appuyant sur les « Fausses Décrétales », Anselme affirme que les coupables en état de péché mortel ne peuvent accuser un évêque90. La section centrale du IIIe livre de la « Collection » est occupée par les chapitres d’Angelramme, source canonique d’origine franco-italienne, devenue le règlement général de la procédure judiciaire, appliquée contre les évêques91. Ce règlement proclame le principe de l’indépendance complète du tribunal épiscopal par rapport au pouvoir civil, principe garanti par le jugement suprême du pape de Rome. Nés à l’époque de la dégradation politique de l’Empire carolingien, les chapitres d’Angelramme se présentaient 88 Anselmi
Lucensis Lucensis 90 Anselmi Lucensis 91 Anselmi Lucensis 89 Anselmi
Collectio Collectio Collectio Collectio
canonum…, canonum…, canonum…, canonum…,
p. 104‑106. p. 109. p. 119. p. 157‑168.
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comme le modèle de l’existence libre de l’Église, liberté devenue effective après le début de la guerre entre le pape Grégoire VII et l’empereur Henri IV dans les années 1080. En outre, Anselme de Lucques cite plusieurs épisodes historiques liés à la manifestation de l’autorité judiciaire du pape de Rome dans l’Église ancienne. Il cite ainsi les paroles de Paschasin, le légat du pape Léon le Grand, prononcées au concile de Chalcédoine à propos de l’excommunication de Dioscore, et extraites de la « Сollection » de Rustique, où il appelle l’Église de Rome « la tête » de toutes les Églises92 . D’après Anselme de Lucques, Dioscore a été condamné non à cause de la foi, mais parce qu’il avait excommunié le pape Léon le Grand93. Anselme cite les actes du concile de Constantinople de 680, dans lesquels est souligné le rôle central des légats du pape Agathon dans la condamnation de l’hérésie monothélite94. Puis il cite les fragments de l’Histoire d’Anastase le Bibliothécaire et du Livre Pontifical, dans lesquels se trouvaient les précédents historiques de la participation active du pape de Rome dans la lutte dogmatique aux IVe -VIIe siècles. Il mentionne les noms des papes Jules et Libère (L. III, 96, le titre de la famille bB selon Friedrich Thaner)95, Agapit condamnant les théopaschites au synode de Constantinople en 529, Vigile devenu pape indépendamment de l’empereur Justinien Ier et de Menna, le patriarche de Constantinople96. Anselme récupère un canon de Benoît le Lévite, dans lequel se trouve une proclamation de la supériorité de l’audience épiscopale, c’est-à-dire de la compétence juridique de l’évêque, dans les terres des Romains, Francs, Saxons, Frisons, Bretons, etc. suivant le Code de Théodose97. Le fragment des Actes du concile d’Éphèse de 431 forme la conclusion de la liste des précédents historiques, confirmant l’idée de la monarchie du pape de Rome98. La plénitude du pouvoir judiciaire et la surveillance, par rapport à la procédure ecclésiastique, du jugement appartiennent au pape, selon l’opinion d’Anselme. Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 172. Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 175. 94 Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 175‑177. 95 « De episcopis a Iulio papa restitutis et Liberio in exilio religato et Felice pro eo consecrato » : p. 177 ; « De exilio Liberii papae et Felice eius consilio ordinato » : Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 187. 96 Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 179. 97 Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 183. 98 Anselmi Lucensis Collectio canonum…, p. 187‑189. 92
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Le IVe livre de la « Collection », dans lequel Anselme de Lucques parle des privilèges ecclésiastiques, commence par la citation du Pseudo-Anaclet : « Que les privilèges des églises et des monastères restent inviolés ». Puis Anselme cite des fragments des lettres des papes Léon le Grand et Grégoire le Grand, défendant le caractère perpétuel des privilèges accordés au Siège apostolique. On pourrait dire qu’Anselme de Lucques présente ici une sorte d’ecclésiologie pratique99. Il cite une constitution du concile de Constantinople de 869 qui garantit les privilèges ecclésiastiques donnés pour 30 ans, ainsi que le décret du pape Jean VIII, proclamé lors du concile de Ravenne de 877, présentant la défense canonique du patrimoine de saint Pierre100. Enfin Anselme donne le corpus des chartes impériales confirmant les droits du pape de Rome sur la Ville éternelle et l’Italie centrale, droits selon lesquels le pape y exerce sa juridiction sans subir de contrôle exterieur. Parmi les chartes mentionnées, on trouve la fameuse Donation de Constantin et les autres chartes des empereurs carolingiens et ottoniens qui ont approuvé l’indépendance politique du patrimoine de saint Pierre. Les matières liées à l’ecclésiologie Les matières des livres V-VII de la « Collection » d’Anselme ne touchent le problème de l’ecclésiologie que d’une manière indirecte, en s’appuyant sur les principes exprimés dans les premiers livres. Quant aux livres VIII-XII, comme l’ont montré Edith Pásztor et Gérard Fransen, il est bien possible qu’en réalité ils n’aient pas été écrits par Anselme101. La question de l’ecclésiologie, pourtant centrale dans l’héritage littéraire anselmien, n’y est pas abordée directement. Ces livres ont trait aux chrétiens tombés dans le péché (le VIII), aux sacrements (le IX), au mariage (le X), à la pénitence (le XI), à l’excommunication (le XII). Les questions rituelles et la spécificité de la procédure canonique sont devenues tout à coup plus importantes que l’ecclésiologie proprement dite. Le contenu du livre IX dédié aux sacrements provoque 99 Anselmi
Lucensis Collectio canonum…, p. 193‑206. Lucensis Collectio canonum…, p. 205. 101 G. Fransen, « Anselme de Lucques canoniste ? », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca…, p. 143‑155 ; E. Pásztor, « Lotta per le investiture e “ius belli” : la posizione di Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 376, n. 5. 100 Anselmi
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un nouveau doute par rapport à la paternité de cette partie de la « Collection canonique ». Comme nous le dirons plus bas, Anselme de Lucques aimait résoudre la question des limites sacramentelles de l’Église dans l’esprit de la doctrine de saint Cyprien de Carthage. Pourtant, le livre IX est plein de contradictions à ce sujet. Cependant, les arguments de la discussion ecclésiastique liée à la querelle des Investitures, qui sont devenus les titres du livre XIII de la « Collection », nous renvoient aux livres I-II, compris dans le cadre politique. Le livre XIII peut donc être considéré comme un ouvrage original d’Anselme, caractéristique de sa doctrine ecclésiologique102 . Comme l’écrit Jean Flori, dans la situation de confusion entre l’Église et la res publica, Anselme de Lucques (tout comme Yves de Chartres) témoignait de cette complète fusion qui conduisit à considérer comme légitime la poursuite et le châtiment des hérétiques, schismatiques, blasphémateurs et autres violateurs des lois divines103. D’après Anselme, Moïse n’a pas agi cruellement, lorsqu’il a tué quelqu’un selon l’ordre du Seigneur. Il y a une sorte de vengeance, effectuée par amour, non par haine. Il faut faire la guerre en voulant le bien. Ceux qui font la guerre peuvent être justes ; c’est la nécessité objective qui oblige à réprimer les ennemis, non la volonté. Celui qui va combattre, doit prier. Ceux qui n’obéissent pas au pape doivent être corrigés. L’Église peut persécuter les hérétiques et les schismatiques. Celui qui pourrait confondre les pécheurs, mais ne le fait pas, est complice de leur impiété. Il faut pratiquer la miséricorde par rapport aux hommes, et la persécution par rapport aux péchés. Le pouvoir civil doit empêcher les personnes mauvaises de faire le mal. Il faut résister aux adversaires de l’Église par toutes les forces de l’esprit et du corps. La victoire militaire ne peut être obtenue que par la prière, non par le désir de répandre le sang. La sentence des juges doit être rendue sans servilité par rapport aux personnes humaines. Les racines patristiques des rubriques du livre XIIIe de la « Collec‑ tion » d’Anselme, examinées par Edith Pásztor, permettent de dire que l’idée anselmienne de la guerre juste se fonde sur la doctrine E. Pásztor, « Lotta per le investiture e “ius belli” : la posizione di Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 405‑481 ; H. E. Cowdrey, Pope Gregory VII 1073‑1085, Oxford, 1998, p. 653. 103 J. Flori, Croisade et chevalerie, XIe-XIIe siècles, Paris, Bruxelles, 1998, p. 202. 102
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de la cité de Dieu, comprise dans le cadre de la réforme grégorienne. L’Église de Rome, l’Église militante, dirigée par le pape légitime, Grégoire VII, est l’incarnation de la cité de Dieu sur la terre, qui combat les forces de l’Antéchrist, dont les chefs visibles sont l’empereur Henri IV et l’antipape Clément III. Conclusion L’ecclésiologie d’Anselme de Lucques doit être considérée dans le cadre de la situation politique, liée à la querelle des Investitures. Quoi qu’il en soit, Anselme a appliqué la doctrine de la monarchie universelle du pape de Rome, exprimée dans les « Fausses Décré‑ tales », aux conditions de son temps. La correspondance échangée entre Anselme de Lucques et son adversaire ecclésiastique, Guibert de Ravenne, nous montre l’application de la théorie à la lutte entre le pape Grégoire VII et l’antipape Clément III. Comme l’a montré Kathleen Cushing, la doctrine ecclésiologique d’Anselme de Lucques était une tentative de lier le programme de la Réforme grégorienne à la tradition et aux autorités anciennes. Il est bien connu qu’il était un disciple zélé (imitator et discipulus) de Grégoire VII, selon une expression des rédacteurs de la version “Bb” de la « Collection canonique ». Il suivait la doctrine de Hildebrand, comme l’a montré Sigebert de Gembloux (ou ses interpolateurs). Mais il préférait s’appuyer sur la tradition patristique d’une manière plus évidente que sur les textes des réformateurs, comme les Dictatus papae par exemple104.
104 K. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canonis‑ tic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 104‑121.
CHAPITRE VIII
L’ECCLÉSIOLOGIE D’ANSELME DE LUCQUES D’APRÈS LE « LIBER CONTRA WIBERTUM » Outre la « Collection canonique », les idées ecclésiologiques d’Anselme de Lucques émergent aussi de ses ouvrages les plus originaux. Après la « Collection canonique », c’est le « Liber contra Wiber‑ tum » qui est l’ouvrage le plus connu de l’époque de la querelle des Investitures1. Le « Liber contra Wibertum » n’est autre que la deuxième lettre d’Anselme, adressée à l’antipape Clément III pendant la guerre entre Grégoire VII et l’empereur Henri IV en Italie. Anselme l’a confirmé dans le Liber : « Je t’ai écrit quelques mots avec une grande douleur et avec un sentiment de charité sincère, pour que, reconnaissant ton erreur, tu reviennes à la raison et fasses pénitence de tes péchés »2 . Mais la première lettre d’Anselme, où se trouve-t-elle ? Cette question est longtemps restée sans réponse. Un historien allemand, Karl Panzer, a supposé que la lettre perdue d’Anselme était insérée dans un livre de Wido, évêque schismatique de Ferrare, appelé « De scismate Hilde‑ brandi »3. Après qu’Anselme de Lucques eut reçu cette réponse de Clément III, il écrivit le « Liber contra Wibertum » 4. Mais un historien connu, Robert Sommerville, a découvert un nouveau texte,
1 R. Witt, The two latin Cultures and the Foundation of Renaissance Human‑ ism in Medieval Italy, Cambridge, 2012, p. 195. 2 « Scripsi tibi pauca cum multo dolore et sincerae caritatis affectu ut cogno‑ scens errorem tuum redires ad cor et poenitentiam ageres delictorum tuorum » : Anselmi Lucensis Liber contra Wibertum Antipapam, dans, MGH, Libelli de lite, Hannoverae, 1891, Vol. I. p. 520. 3 K. Panzer, « Wido von Ferrara de scismate Hildebrandi », dans His‑ torische Studien herausgegeben von W. Arndt et aliorum, Leipzig, 1880, passim ; Widonis Ferrariensis De schismate Hildebrandi, dans MGH, Libelli de lite Vol. I., p. 529‑567. 4 « … comperimus Anselmum iam antea epistolam ad Wibertum misisse, eam‑ que breuiorem, ut uidetur, et mitiorem … » : Vita Anselmi Luccensis, dans MGH, Libelli de lite, Vol. I., p. 518.
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adressé à l’antipape5. Ce texte est intitulé « Anselmus L gratia Dei gratia (sic) Lucensis episcopus Wiberto preuaricatori antichristo ». Il se trouve parmi des lettres de Césaire d’Arles dans le manuscrit Harley 3052 du XIIe siècle (fol. 123r‑124r), conservé à la British Library de Londres. Ce texte a plusieurs passages identiques au « Liber contra Wibertum ». Robert Sommerville, après une analyse comparative du texte trouvé dans le manuscrit Harley 3052 avec le Liber, a proposé d’identifier le texte découvert à la première lettre (perdue) d’Anselme de Lucques. Quoi qu’il en soit, la polémique, reflétée dans la correspondance entre Anselme de Lucques et Clément III, nous permet d’examiner les questions relatives à l’ecclésiologie anselmienne. Les racines de l’ecclésiologie d’Anselme Comme l’a montré Edith Pásztor, Anselme est devenu un théologien et un canoniste grégorien à tous points de vue, car il consacra sa vie à la défense de la Réforme de l’Église 6 faite par Grégoire VII, et participa à la guerre contre Henri IV7. C’est Edith Pásztor qui publia le texte du XIIIe livre de la « Collection cano‑ nique » d’Anselme dans le cadre du colloque, organisé à Mantoue en mai 1986. Elle fit cette publication sur la base des codex Vatican 1363 et Vatican 4983 (la version “A” et la version “C”)8. S’appuyant sur les résultats des recherches sur le XIIIe livre de la « Collection canonique » ainsi que sur le « Liber contra Wibertum », Edith Pásztor formula les principes fondamentaux de l’ecclésiologie d’Anselme de Lucques9. Ces principes ont déjà été mentionnés dans le chapitre précédent. Anselme a identifié la totalité de l’Église universelle à l’Église de Rome et a soutenu le droit de l’Église de se défendre avec les armes. Pour Grégoire VII, comme pour Anselme, l’Église de Rome a été fondée par le Christ directement. Cette Église est 5 R. Sommerville, Anselm of Lucca and Wibert of Ravenna, Papacy, Coun‑ cils and Canon Law in the 11th-12th Centuries, Great Yarmouth, 1990, p. 1‑13. 6 E. Pásztor, « Motivi dell’ecclesiologia di Anselmo di Lucca », dans Bolle‑ tino Dell’Istituto Storico Italiano, 77 (1965), p. 45‑104. 7 E. Pásztor, « Lotta per le investiture e “ius belli” : la posizione di Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 375‑377. 8 Ibid., p. 405‑421. 9 Ibid., p. 380.
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« princeps, magistra, et domina » sur les autres Églises locales. La doctrine de la monarchie pontificale, formulée par Léon le Grand et Gélase, est devenue la base de l’idée théocratique grégorienne. Anselme croyait que tous les peuples et tous les princes étaient les sujets du Siège Apostolique et que celui-ci était protégé par le Christ de toute sorte d’erreur dogmatique. Pour lui, c’était l’Église de Rome qui conservait une foi orthodoxe et catholique sans aucune corruption. Si l’Église de Rome était unique, l’offrande eucharistique ne pouvait se faire que par les clercs, consacrés par le pape légitime, vicaire du Christ. Les portes de l’enfer ne pourraient jamais prévaloir contre cette Église. Cette doctrine d’Anselme de Lucques n’était pas originale, mais cependant c’est lui qui a rejeté la doctrine romaine traditionnelle au sujet des limites canoniques de l’Église (l’espace, dans lequel la grâce sacramentelle s’exerce) pour la pousser dans son ultramontanisme paradoxal. Comme nous l’avons déjà dit, Anselme de Lucques avait proclamé dans le Ier livre de la « Collection canonique » : « C’est dans l’unique Église catholique, soumise au siège apostolique, que l’hostie véritable du Christ est immolée » (L. I. 56)10. Malheureusement, Edith Pásztor ne présente pas une analyse approfondie de l’opinion d’Anselme à propos du problème des limites canoniques de l’Église, quoique la question des limites canoniques de l’Église fût essentielle pour l’ecclésiologie dans le cadre de la polémique entre saint Cyprien de Carthage et saint Étienne de Rome. Elle ne justifie que le caractère christocentrique de l’ecclésiologie anselmienne, lié à sa doctrine de la guerre juste contre les schismatiques, sous lesquels il visait les partisans de l’antipape Clément III11. Il est probable que le christocentrisme de l’ecclésiologie d’Anselme de Lucques portât les traces de l’ancienne conception germanique, selon laquelle l’Église se voyait comme l’armée (l’ost) céleste du Christ-Roi. L’influence culturelle de cette compréhension de l’Église a influencé la création des miniatures à l’époque des Croisades, dans lesquelles on imaginait le Christ à cheval, 10 « Quod
in una catholica ecclesia apostolicae sedi subiecta uera Christi hostia immolatur » : p. 28. 11 E. Pásztor, « Lotta per le investiture e “ius belli” : la posizione di Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 404.
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dirigeant les troupes des chevaliers croisés. Pourtant, la constatation du christocentrisme de l’ecclésiologie d’Anselme, faite par Edith Pásztor, n’est pas suffisante pour découvrir l’essentiel de sa pensée théologique. Il est évident que chaque système ecclésiologique chrétien doit être christocentrique, mais la spécificité de l’ecclésiologie d’Anselme ne peut devenir claire et évidente que dans le cadre de la question des limites canoniques de l’Église. Cette question ecclésiologique est sans doute très complexe. Il faut la considérer dans la perspective du dévelopement de la doctrine anselmienne. L’ecclésiologie du « Liber contra Wibertum » Comme nous l’avons dit, la position personnelle d’Anselme de Lucques par rapport à la situation de la division de l’Église de Rome, faite au début des années 1080, s’est exprimée plus précisément dans le « Liber contra Wibertum ». Il faut reconnaître que la « Collection canonique » ne contient que des titres courts, représentant, d’une manière insuffisante, des idées personnelles de l’auteur. D’ailleurs, le « Liber contra Wibertum », lettre écrite par Anselme et adressée à l’antipape Clément III, est aussi une œuvre de compilation. Cette lettre n’a pas de structure logique stricte. Elle représente un résumé sommaire des auteurs chrétiens et des Pères, réfléchissant sur l’unité de l’Église. Anselme commence sa lettre en accusant l’antipape du péché d’adultère spirituel et d’usurpation du trône pontifical. Il dit : « Ne dis donc pas : « parce que nous avons pris soin de l’Église universelle ». Comment en effet l’Église t’a-t-elle été confiée, – à toi qui, c’est certain, n’es pas entré par la porte qu’est le Christ, mais par un autre endroit as escaladé comme un voleur12 » ?Le fragment, trouvé par Robert Sommerville dans le manuscrit Harley 3052 (123r), modifié dans le Liber, dit : « Car vous dites que l’empereur a ordonné que tout ce qui relève de son pouvoir, doit lui être rendu ». J’ai répondu : « Ce qui est divin n’est pas soumis à l’empereur ». « Il est établi que 12 « Noli
tu itaque dicere : “quia uniuersalis ecclesiae curam suscepimus”. Quommodo enim tibi commissa est Ecclesia quem constat non intrasse per ostium, quod Christus est, sed aliunde ascendisse ut furem ? » : Anselmi Lucensis Liber contra Wibertum Antipapam, dans MGH, Libelli de lite, Hannoverae, 1891, Vol. I., p. 521.
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tout est permis à l’empereur, que l’univers est sa propriété ». Je réponds : « Si tu veux gouverner plus longtemps, empereur, sois soumis à Dieu ». Car il est écrit : « Ce qui est de Dieu est à Dieu, ce qui est de César, à César ». Les palais relèvent de l’empereur, les églises des prêtres. Le droit des remparts publics a été confié à toi, le droit des remparts spirituels à moi”13. Ce passage d’Anselme, sans doute influencé par les œuvres de saint Ambroise14, a été cité par ses continuateurs dans une note marginale, trouvée par Friedrich Thaner dans le codex de Munich 22289 de la Collection mineure, datée du XIIe siècle. Cette note marginale dit : « La loi des empereurs n’est pas au-dessus de la loi de Dieu, mais en dessous »15. L’empereur doit devenir le serviteur de l’Église, dans la pensée anselmienne. En continuant la polémique contre l’antipape, Anselme de Lucques écrit dans le Liber : « Instruits par ceux-ci et d’autres innombrables préceptes salutaires, nous exécrons non pas les sacrements de l’Église, comme tu le dis mensongèrement, mais les schismatiques et les sacrilèges, par les mains parricides desquels les sacrements divins ont disparu »16. Il est évident qu’Anselme reproche aux schismatiques un cambriolage spirituel. Si les schismatiques ont volé le droit de célébrer des sacrements, est-ce qu’ils peuvent être considérés en qualité de clercs ? Comme l’ont montré 13 « Nam dicitis imperatorem iussisse ut que in potestate eius essent omnia ei tradi deberent. Respondi ea que diuina sunt imperatori non esse subiecta. Allega‑ tur imperatori licere omnia ipsius esse uniuersa. Respondeo “Si uis diutius reg‑ nare imperator esto Deo subditus”. Scriptum est enim “Que Dei Deo et que Cesaris Cesari”. Ad imperatorem palatia pertinent ad sacerdotem ecclesie. Publicorum tibi moenium ius est commissum mihi sacrorum » : R. Sommerville, « Anselm of Lucca and Wibert of Ravenna », dans Papacy, Councils and Canon Law in the 11th-12th Centuries, Great Yarmouth, 1990, p. 6. 14 Il s’agit de la lettre de saint Ambroise, adressée à Marcelline, Anselmi Lucensis Liber contra Wibertum Antipapam, dans MGH, Libelli de lite, Hannoverae, 1891, Vol. I., p. 521. 15 « Lex imperatorum non est supra legem Dei uel subtus » : Anselmi Luccen‑ sis Collectio canonum una cum Collectione minore, recensuit F. Thaner, Oeniponte, 1906, p. 38, n. 71. 16 « His et aliis innumeris salutaribus praeceptis admoniti detestamur non sac‑ ramenta ecclesiae sicut tu mentiris sed scismaticos et sacrilegos quorum parrici‑ dalibus manibus sese sacramenta diuina subtraxerunt » : Anselmi Lucensis Liber contra Wibertum Antipapam, dans MGH, Libelli de lite, Hannoverae, 1891, Vol. I., p. 522.
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Robert Sommerville et John Gilchrist, certains partisans de Grégoire VII rejetaient la validité des sacrements des clercs lombards mariés ou devenus les alliés de l’antipape17. Cette position, influencée par les œuvres de saint Cyprien, est caractéristique d’Anselme de Lucques. La liste des autorités utilisées par Anselme de Lucques dans le Liber, ne pourrait que confirmer sa réputation d’érudit. La plupart des fragments des Pères, cités dans Liber, se trouvent aussi dans la « Collection canonique », mais la « Collection » les accepte avec des interpolations ou changements philologiques. Par exemple, Anselme a mis dans Liber des fragments de saint Cyprien de Carthage (lettre à Magne), de saint Ambroise (epistula ad Marcellinam), de saint Augustin (Contra donatistas, epistulae ad Donatum, ad Bonifacium, Commentaria ad psalmos), de saint Jérôme (Commenta‑ ria super Ezechielem), de saint Grégoire le Grand (epistula ad Velo‑ cem), de saint Léon le Grand, d’Innocent Ier, les textes des Pseudo-Clément, Pseudo-Pélage, Pseudo-Gélase, etc.18 Comme nous l’avons remarqué, la méthode de citation des textes des Pères, appliquée par Anselme dans le Liber, poussa Gérard Fransen à faire une analyse comparative des fragments cités du Liber avec ceux de la « Collection canonique ». En s’appuyant sur les résultats de cette analyse, Gérard Fransen a critiqué l’attribution de la « Collection » à Anselme de Lucques19. Malgré une grande érudition de l’auteur, le Liber a été écrit sous l’influence d’émotions plus que d’une argumentation théologique. Le Liber est devenu une accusation et un appel enflammé à la pénitence. Anselme dit : « Écoute donc, toi le plus impie de tous, toi qui dois désormais être appelé ainsi par moi, parce que tu n’as pas craint d’aboyer contre ton
17 R. Sommerville, « Anselm of Lucca and Wibert of Ravenna », dans Papacy, Councils and Canon Law in the 11th-12th Centuries, Great Yarmouth, 1990, p. 11 ; J. Gilchrist, « “Simoniaca haeresis” and the problem of orders from Leo IX to Gratian », dans Proceedings Congress Boston (MIC, Subsidia 1 ; Citta del Vaticano 1965), p. 209‑235 ; “nullus igitur locus ueri sacrificii est apud haereticos siue excommunicatos”, Bernoldi monachi libelli, dans MGH, Libelli de lite, Hannoverae, 1892, Vol. II., p. 28. 18 K. G. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canon‑ istic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 223. 19 G. Fransen, « Anselme de Lucques canoniste ? », dans Sant’Anselmo vescovo di Lucca…, p. 143‑155.
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Seigneur et Maître, – reconnais ce qui est convenable »20. C’est pourquoi les fragments des Pères cités par Anselme, ne concordent pas toujours entre eux. Anselme changeait souvent l’objet de sa critique, passait de l’accusation à sa propre apologie, en ignorant la chaîne logique des arguments polémiques. En rappelant son refus de l’évêché en 1075, Anselme écrivait : « C’est le propre des bons esprits de craindre la faute , des réprouvés, de blâmer les autres en se préférant pour de sottes raisons »21. En rejetant les accusations folles de Clément III d’adultère avec la comtesse Mathilde, Anselme écrit : « Quant au fait que tu m’adjures, par Jésus, de ne pas assiéger davantage la plus noble des femmes, de ne pas me jouer d’elle, de ne pas la tromper, je prends Dieu à témoin que je ne convoite avec intention rien de terrestre, rien de charnel en elle ou venant d’elle, et sans cesse je prie de mériter d’être vite retiré de ce monde mauvais, affligé d’une trop grande lassitude, parce que je vois que mon séjour se prolonge (Ps. 119), quand je sers jour et nuit en la gardant pour mon Dieu et pour ma sainte mère l’Église, sur l’ordre de qui elle m’a été confiée »22 . La structure du Liber n’a rien de commun avec la « Collection cano‑ nique ». Le contenu du Liber a été bien analysé par E. Pásztor. Une idée centrale, exprimée dans le Liber, est la même que dans la « Collection canonique ». Les partisans de Clément III ne sont pas les brebis du Christ selon Anselme, car elles n’appartiennent pas au
20 « Audi itaque, sceleratissime omnium, qui sic mihi iam nominandus es, eo quod latrare non timuisti conta Dominum et Magistrum tuum ; cognosce quae pro‑ pria sunt » : Anselmi Lucensis Liber contra Wibertum Antipapam, dans MGH, Libelli de lite, Vol. I., p. 520. 21 « Proprium est bonarum mentium ibi metuere culpam repro borum uero se praeferendo alios de fatuis sensibus reprehendere ». Ce passage est une paraphrase de la lettre de saint Grégoire le Grand, adressée à Augustin. Anselmi Lucensis Liber contra Wibertum Antipapam, dans MGH, Libelli de lite, Vol. I., p. 519. 22 « Quod autem obsecras, per Iesum, ne nobilissimam feminarum amplius circumueniam, deludam et fallam, Deum testem invoco, nihil terrenum, nihilque carnale, in ea uel ab ea ex intentione concupisco, et sine intermissione oro ut ab hoc saeculo nequam cito eripi merear, nimio affectus taedio, quia incolatum meum prolongari (Ps. Cxix) video, serviens die ac nocte in custodiendo illam Deo meo, et sanctae matri meae Ecclesiae, cuius praecepto mihi commissa est » : Anselmi Lucensis Liber contra Wibertum Antipapam, dans MGH, Libelli de lite, Vol. I., p. 527.
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troupeau, gardé par Grégoire VII, pape légitime23. Anselme répète sans cesse que les schismatiques n’ont pas de sacerdoce correctement ordonné et d’eucharistie valide. Leurs bonnes actions n’apportent rien pour leurs âmes. Ils sont destinés à l’enfer, mais la pénitence leur permettrait de revenir à l’Église catholique unique. Les schismatiques repentis seront acceptés par le pape, car avec leurs péchés immenses, ils n’ont aucune possibilité de corriger leurs peines par des actions humaines. Seule la grâce du Christ pourrait leur pardonner24. En partageant cette compréhension de la grâce autosuffisante, Anselme acceptait une idée de saint Augustin. Malheureusement, Edith Pásztor ignora dans son article un document très important, ayant trait à la doctrine anselmienne du « ius belli ». Ce document est un fragment des Commentaires sur les Psaumes d’Anselme de Lucques, aujourd’hui perdus. Selon le Pseudo-Bardone dans la « Vita Anselmi Luccensis », outre son « apo‑ logeticum » (la « Collection canonique »), Anselme avait en effet écrit un Commentaire sur les Psaumes. Il avait commencé cet ouvrage à Mantoue à la demande de la comtesse Mathilde pendant le siège de Rome par les troupes impériales. Anselme n’a pas pu terminer le Commentaire étant mort entre temps (il s’est arrêté au Psaume 128)25. Le fragment mentionné a été conservé grâce à Paul de Bernried qui l’a cité dans un passage de la « Vita Gregorii VII », dédié à Anselme de Lucques. Paul de Bernried explique cette citation par sa volonté de manifester la fidélité personnelle d’Anselme à Grégoire VII et à la Réforme de l’Église26. Ce fragment contient le commentaire anselmien du Psaume 2, dans lequel il n’y a pas de citations des autorités, tant aimées par lui. Le fragment, inspiré par les motifs du « Liber contra Wibertum », représente un résumé de l’ecclésiologie d’Anselme :
23 M. Maccarrone, « La teologia del primato romano del secolo XI », dans Le istituzioni ecclesiastiche della “Societas Christiana” dei secoli XI-XII. Papato, cardinalato ed episcopatо, Milano, 1974, p. 76‑78. 24 E. Pásztor, « Lotta per le investiture e “ius belli” : la posizione di Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 381‑382. 25 Vita Anselmi Lucensis, ed. R. Wilmans, dans MGH, SS, XII (1856), Hannoverae, p. 21. 26 Pauli Bernriedensis Vita Gregorii VII Papae, dans PL, 146. coll. 96.
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Les rois de la terre se dressent, les princes se liguent entre eux con‑ tre le Seigneur et contre son Christ. Les rois de la terre – c’est-àdire les membres de celui qui règne sur tous les fils de l’orgueil –, non seulement vinrent, mais se dressèrent et avec leur armée assiégèrent l’Église de Rome, et les princes des prêtres se liguèrent dans un complot contre saint Pierre et contre Grégoire, son vicaire, bien plus, contre celui-là même qui a dit : « Celui qui vous atteint m’atteint, celui qui vous méprise me méprise ». On crucifie à nouveau le Fils de Dieu. Car il est certain que notre tête souffre dans ses membres, est malade dans ses membres, comme lui-même l’a dit au bienheureux Pierre : « Je vais à Rome pour être crucifié à nouveau ». Est-ce que tu ne vois pas que les princes des prêtres ont convoqué le concile dans la maison de Pilate pour livrer le Christ à la mort, lorsque Henri a préparé tant de faux témoins contre le souverain pontife, lorsque tous crient : Il est passible de mort ?Est-ce que Barabbas n’est pas à nouveau préféré et le Christ livré à la mort sous la responsabilité de Pilate, lorsque Guibert est élu à Ravenne et le pape Grégoire rejeté ? Ainsi on demande que vive le bandit qui est condamné par la loi et on condamne le juste par qui tous sont sauvés. Est-ce que tu ne vois pas que de nouveau Pilate s’est lavé les mains et a dit : « Je suis pur du sang de cet homme, je ne trouve nul grief en lui », quand par une pénitence simulée, Henri s’est prosterné devant le souverain pontife, mais ensuite a dit à ses faux évêques : « Jugez-le selon votre loi » ?… Brisons leurs chaînes etc. « Accablons, disent-ils, l’homme juste, puisqu’il contrarie nos actions. Si en effet nous le libérons, alors les Romains viendront et enlèveront notre région et notre nation. Si le pape Grégoire reste en vie, il enverra contre nous les prédicateurs de la vérité qui, brisant notre vie et nos actions, arracheront les brebis du Christ de nos mains. Et les justes se disputeront nos dépouilles et laisseront l’Église à ceux qui font du fruit en elle »27. 27 « Astiterunt
reges terrae et principes conuenerunt in unum aduersus Domi‑ num et aduersus Christum eius. Reges terrae membra uidelicet eius qui regna super omnes filios superbiae non solum uenerunt sed et astiterunt et exercitu suo Roma‑ nam ecclesiam obsederunt et principes sacerdotum conspirantem conuenerunt in unum contra sanctum Petrum et contra uicarium eius Gregorium imo ipsum qui dixit : Qui uos tangit me tangit qui uos spernit me spernit (Lc. 10) crucifigunt iterum Filium Dei. Constat etenim quia caput nostrum in membris suis patitur in membris infirmatur sicut ipse beato Petro dixit : Vado iterum Romam cruci‑ figi. Nonne tibi uidentur principes sacerdotum in domo Pilati colligere concilium ut Christum morti tradant cum tot falsos testes contra summum pontificem Hen‑ ricus adornauit cum omnes clamant : reus est mortis ? Nonne iterum Barrabas eligitur et Christus sub Pilato morti addicitur cum Rauennas Guibertus eligitur et papa Gregorius reprobatur ? Sic uiuere latronem petunt qui lege damnatur et
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Ainsi Anselme de Lucques identifiait Grégoire VII au Christ, trahi à la crucifixion par Pilate comme le pape fut trahi par Henri IV. L’antipape Clément III n’était que le chef des prêtres juifs. Il est évident que le développement de la comparaison néo-testamentaire d’Henri IV avec Pilate, de Clément III avec Caïphe n’a pas été insérée dans le commentaire sur le Psaume 2 sans raison. Le Psaume 2 est lié directement au thème de la Passion du Christ dans le rite liturgique de l’Église de Rome. Le « Liber Responsalis », attribué à saint Grégoire le Grand (le livre des antiennes de Charles le Chauve), avait prescrit de lire comme première antienne du premier nocturne la nuit du Vendredi Saint, ce deuxième verset du Psaume 2 : « Les rois de la terre se dressent, les princes se liguent entre eux contre le Seigneur et contre son Christ »28. Après l’antienne il fallait chanter tout le Psaume. Le Typicon de la Grande Église de Constantinople publié par Juan Mateos avait prescrit de chanter le prokimenon du même Psaume aux vêpres du Jeudi Saint et à l’office du pannychis du Vendredi Saint29. Anselme de Lucques utilise donc les motifs liturgiques, habituels pour chaque chrétien catholique, en comparant la situation ecclésiastique contemporaine avec la trahison du Christ. Il est évident que l’antipape Clément III aurait pu répondre à Anselme, en disant que le Christ ne résista pas aux Juifs avec les armes et à Gethsémani ordonna à saint Pierre de laisser l’épée. En même temps, Grégoire VII s’est mis à faire la guerre contre ses iustum damnant per quem omnes saluantur. Nonne tibi uidetur iterum Pilatus manus suas lauisse et dixisse : Mundus ego sum a sanguine huius nullam in eo causam inuenio quando simulata poenitentia Henricus adorauit summum ponti ficem deinde falsis episcopis suis dixit : Secundum legem uestram iudicate eum ?… Dirumpamus uincula eorum etc. Opprimamus inquiunt uirum iustum quoniam contrarius est operibus nostris. Si enim dimiserimus eum sic uenient Romani et tollent nostrum locum et gentem… Si papa Gregorius uixerit mittet contra nos predicatores ueritatis qui discutientes uitam et actus nostros eripient oues Christi de manibus nostris et iusti diripient spolia nostra et dimittent ecclesiam facienti‑ bus fructum in ea », – Ibid. 28 « Astiterunt reges terrae et principes convenerunt in unum adversus Domi‑ num et adversus Christum eius » : R. Hesbert, Corpus Antifonalium Officii, Roma, 1962, Vol. I, p. 172 ; Grego‑ rii Magni Liber Responsalis, dans PL, 78, coll. 766. 29 « Князи людстiи собрашася вкупе на Господа и на Христа Его » : J. Mateos, Le Typicon de la Grande Église de Constantinople, Roma, 1963, T. II. p. 74.
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ennemis, guerre à laquelle Anselme de Lucques participait avec une grande énergie. L’analogie évangélique, admise par Anselme, n’est qu’une figure rhétorique, caractéristique d’un défenseur de l’ecclésiologie grégorienne. Anselme identifiait la plénitude de l’Église universelle à la juridiction canonique de Grégoire VII. Il croyait que les adversaires du pape légitime, excommuniés par lui, se trouvaient en dehors de l’Église. Comme nous l’avons dit, dans son ecclésiologie, Anselme de Lucques était un disciple de saint Cyprien de Carthage. Anselme croyait comme lui que les limites sacramentelles de l’Église étaient identiques à ses limites canoniques. C’est pourquoi il a mis un fragment célèbre de saint Cyprien, adressé à Magne, dans le « Liber contra Wibertum » : « L’Église est une : il n’est pas possible de se trouver au dedans et au dehors. Si en effet quelqu’un est chez Novatien, il n’a pas été chez Cornelius. Mais s’il a été chez Cornelius qui succéda à l’évêque Fabien par l’ordination légitime, Novatien n’est pas dans l’Église ni ne peut être compté comme évêque »30. Si un chrétien communiait avec des schismatiques, il serait en dehors de l’Église. Il perdrait la grâce, car « Tout ce qui est retranché de l’Église, se joint à la femme adultère. Il se sépare des promesses de l’Église, et il n’arrive pas aux récompenses du Christ, celui qui quitte l’Église du Christ. Il est étranger, il est profane, il est hostile, il ne peut avoir Dieu pour père, celui qui n’a pas l’Église pour mère »31. L’attitude de l’Église ancienne à l’égard des schismatiques et la position d’Anselme Le sacrement de l’autel n’est valide que dans une juridiction canonique de l’Église, selon l’ecclésiologie de saint Cyprien, 30 « Ecclesia una est, quae intrus et foris esse non potest. Si enim apud Noua‑ tianum est, apud Cornelium non fuit. Si uero apud Cornelium fuit, qui Fabiano episcopo legitima ordinatione successit, Nouatianus in ecclesia non est, nec epis‑ copus computari potest » : Anselmi Lucensis Liber contra Wibertum Antipapam, dans MGH, Libelli de lite, Vol. I., p. 521. 31 « Quisquis ab Ecclesia segregatus adulterae iungitur a promissis Ecclesiae separatur nec perueniet ad Christi praemia qui reliquit Ecclesiam Christi. Alienus est, profanus est, hostis est, habere non potest Deum patrem qui Ecclesiam non habet matrem » : Ibid.
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approuvée par Anselme de Lucques. Pourtant sa doctrine, soutenue aussi par les évêques d’Asie Mineure, exprimée dans une proclamation sur l’invalidité du baptême des schismatiques et des hérétiques, adoptée lors du concile de Carthage en 256, a été condamnée par saint Étienne, pape de Rome 32 , qui reconnaissait la validité de chaque baptême, célébré au nom du Christ. Cette doctrine a été révisée par la tradition de l’Église catholique au IVe siècle. Le concile d’Arles, en particulier, réuni en 314, ordonna d’accepter les donatistes revenus dans l’Église, par l’imposition des mains, en respectant la validité de leur baptême fait au nom de la Sainte Trinité selon les paroles de l’Évangile 33 (Mth. 28, 19)34. Un demi-siècle plus tard, Damase, pape de Rome, rejeta la position de Lucifer, métropolite de Cagliari, qui refusait d’accepter les sacrements des clercs qui avaient exprimé leur accord en prononçant une formule de foi acceptée par le concile arien de Rimini en 35935. En 392, le concile de Capoue, présidé par saint Ambroise avec la bénédiction du pape Sirice, condamna la pratique des réordinations et rebaptêmes, célébrés sur les donatistes en Afrique du Nord36. En Orient, le concile de Constantinople, convoqué en 381, a pris la décision d’accepter les ariens, les pneumatomaches et les autres hérétiques dans l’Église par une chrismation (une confirmation) sans rebaptême 37. En tout cas, Anselme de Lucques 32 C. Hefele-H. Leclerc, Histoire des conciles d’après les documents origi‑ naux. Paris, 1907, T. I. Pars I, p. 172‑191. 33 « Euntes ergo docete omnes gentes baptizantes eos in nomine Patris et Filii et Spiritu sancti » (Mth. 28, 19). 34 « Euntes ergo docete omnes gentes baptizantes eos in nomine Patris et Filii et Spiritu sancti » (Mth. 28, 19). J. Gaudemet, « Conciles galois du IVe siècle », dans Sources Chrétiennes, 241 (1982), Paris, p. 50 ; C. Hefele-H. Leclerc, Histoire des conciles d’après les documents originaux, Paris, 1907, T. I., Pars I, p. 295. 35 Eusebii Hieronimi Altercatio Luciferiani et orthodoxi par A. Canellis, dans Sources Chrétiennes, 773 (2003), Paris, p. 82‑201. 36 Une interprétation d’un seul canon du concile de Capoue n’a été conservée que dans le code des canons de l’Église d’Afrique. V. PL. 130, coll. 335 ; CH. Pietri, Roma Christiana. Recherches sur l’Eglise de Rome, son organisation, sa politique, son idéologie de Miltiade à Sixte III (311‑440), Roma, 1976, T. II, p. 900 ; C. Hefele-H. Leclerc, Histoire des conciles d’après les documents originaux, Paris, 1907, T. III, Pars I, p. 80‑82 ; Mansi L., Sacrorum Conciliorum nova et amplissima collectio, T. III, p. 738. 37 Synthagma canonum cum scholiis Balsamonis, dans PG. 137, coll. 343‑344.
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devait connaître les règles des conciles d’Arles I, de Capoue et de Constantinople, finalement insérées dans la « Collection Hispana » et adoptées par la « Collection Pseudoisidoriana ». En 692 le concile in Trullo ordonna d’accepter les monophysites (les arméniens, les coptes, les jacobites, les éthiopiens et les monophyletes) ainsi que les nestoriens (les syriaques) dans l’Église par une pénitence sans chrismation ou rebaptême, observant ainsi la discipline ancienne, approuvée par le concile de Constantinople par rapport aux ariens 38. Cette décision du concile signifia une acceptation des ordres des arméniens, des éthiopiens et des syriaques par l’Église. Cette position a été fixée aussi dans les livres liturgiques, comme en témoigne l’Eucologe grec Barberini 336, le plus ancien sacramentaire grec, fabriqué au VIIIe siècle 39. Bien que certains canons du concile in Trullo eussent un caractère anti-romain, ils furent approuvés par le pape Jean sous l’influence de Justinien II, empereur byzantin, mais d’une manière ambiguë. En outre, les canons du concile in Trullo étaient connus par certains canonistes latins de l’époque tardive, en particulier par Yves de Chartres 40. Néanmoins, selon toute probabilité, Anselme de Lucques n’avait pas la moindre connaissance des canons du concile mentionné. C’est pourquoi il ignorait le principe de la reconnaissance des ordres et de l’eucharistie des schismatiques, conservant une succession apostolique et une hiérarchie avec ordination. Il faut souligner qu’Anselme de Lucques ne rejetait pas la validité du baptême célébré par les partisans de l’antipape Clément III, mais il ne voulait pas accepter leurs ordres et leur eucharistie. Sans doute, la position d’Anselme était-elle accordée aux 38 Synthagma
canonum cum scholiis Balsamonis, dans PG. 137, coll. 839‑842 ; S. Troianos, E Penthekte oikoumenike synodos kai to nomothetiko tes ergo, Athena, 1992, p. 108‑109. 39 S. Parenti-E. Velkovska, L’Eucologio Barberini gr. 336, Roma, 1995, p. 155 ; Aussi : M. Arranz, Eucologio Costantinopolitano algi inizi del secolo XI, Roma, 1996, p. 266‑267. 40 P. Landau, « Überlieferung und Bedeutung der Kanones des Trullanischen Konzils im westlichen kanonischen Recht », dans The Council in Trullo, revisited by G. Nedungatt-M. Featherstone, Roma : Pontificio Istituto Orientale, 1995, p. 215‑229 ; H. Ohme, « Die sogenannten “antirömischen Kanones” des Concilium Quinisextum (692) – Vereinheitlichung als Gefahr für die Einheit der Kirche », dans The Council in Trullo…, p. 307‑321 ; H. Ohme, Das Konzil Quinisextum, Turnhout, 2006, p. 9‑157.
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opinions du cardinal Humbert qui n’acceptait pas les sacrements des simoniaques. La position caractéristique d’Anselme et d’Humbert était contraire à la doctrine de saint Augustin. C’est lui qui avait distingué une acceptation de la validité in potentia des sacrements des schismatiques et un refus de leur caractère salutaire in actu, car les schismatiques avaient perdu la donation d’amour. La donation d’amour est appelée caritas par saint Augustin41. Il est curieux de constater que dans le IXe livre de la « Collection cano‑ nique » il y a une citation de saint Augustin, dans laquelle il est question de cette donation : « Le don de Dieu qu’est la charité ne peut ni se trouver ni être donné en dehors de la sainte Église… Parce que les hérétiques et les schismatiques, quoi qu’ils aient, n’ont pas la charité42 ». Il faut dire que le IXe livre de la « Collection canonique » contient des contradictions importantes. Le motif augustinien de l’amour divin, appelé caritas, exprimé dans le IXe livre, se trouve aussi dans « Sermo de caritate », écrit par Anselme43. Pourtant, la doctrine de saint Augustin au sujet des limites de l’Église contredisait la doctrine de saint Cyprien, partagée par Anselme, alors qu’une idée centrale de la Réforme grégorienne, provoquant la lutte entre le clergé et la noblesse impériale, était basée sur la conception augustinienne de l’Église en tant que cité de Dieu44. Comme le dit le IXe livre de la « Collection canonique », « le sacrement de l’imposition de la main de l’évêque est plus digne que le baptême » (IX, 23), « que les baptisés chez les hérétiques soient confirmés par l’imposition de la main de l’évêque » (IX, 28). Le texte de saint Léon le Grand mis sous la rubrique citée explique 41 G.
Florovsky, O granizach Cerkvi, Izbrannie bogoslovskie statji, Moscou, 2000, p. 159‑170. 42 « Donum Dei quod est caritas extra ecclesiam sanctam nec haberi nec dari potest… Quod heretici et schismatici quicquid habeant, caritatem non habent » : Anselmi Episcopi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minore, recensuit F. Thaner, Oeniponte, 1906/1915, p. 468‑469. 43 E. Pásztor, « Lotta per le investiture e “ius belli” : la posizione di Anselmo di Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 381 ; E. Pásztor, « Motivi dell’ecclesiologia di Anselmo di Lucca. In margine a un sermone inedito », dans Bollettino dell’Istituto Storico Italiano per il Medio Evo e Archivio Muratoriano, 77 (1965), p. 45‑95. 44 E. N. Trubezkoi, Religiozno-obschestvennii ideal zapadnago christian‑ stva, Saint-Pétersbourg, 2004, p. 329‑335.
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que les hérétiques n’avaient que la forme du sacrement, mais qu’ils n’avaient pas la vertu de la sanctification. Cependant, les textes augustiniens trouvés dans le IXe livre (IX, 33‑41) présentent une autre vision. Comme l’a dit saint Augustin aux donatistes, « vous êtes avec nous dans le baptême, dans le symbole, dans les autres sacrements du Seigneur, mais vous n’êtes pas ni dans l’esprit de l’unité, ni dans le lien de la paix, ni dans l’Église catholique » (IX, 41). Comme l’a dit le père Georges Florovsky, patrologue éminent et théologien orthodoxe, l’essence de la doctrine ecclésiologique de saint Augustin était liée à sa conception de la vie sacrementelle : La première chose attirant l’attention chez Augustin, – est la question de la validité des sacrements, liée à la doctrine ecclésiologique en général d’une manière organique. La réalité et la validité des sacrements, célébrés par les schismatiques, signifiaient une affinité avec l’Église pour Augustin. Il proclama directement que l’Église fait sa propre action dans les sacrements des schismatiques : elle met au monde les uns en dedans, les autres en dehors d’elle-même, – le baptême des schismatiques a une valeur, parce que c’est l’Église qui le fait (S. Augustini De baptismo 1, 15, 23)… L’Unité de l’Église s’est créée par une liaison double : par l’unité de l’esprit et par l’alliance de la paix (Eph. 4, 3). Voilà que l’alliance de la paix est déchirée et rompue dans le schisme, mais l’unité de l’esprit, réalisée dans les sacrements, n’a pas cessé. C’est le paradoxe de l’être des schismatiques : ils se sont unis à l’Église dans la grâce des sacrements, mais cette unité devient une raison de condamnation à cause de la disparition de la caritas…45.
Conclusion La doctrine sacramentelle de saint Augustin a été transformée à l’époque scolastique sous l’influence de l’aristotélisme46. Finalement, la théorie scolastique qui sera formulée plus tard, selon 45 G. Florovsky, O granizah Cerkvi, Izbrannie bogoslovskie statii, Moskva, 2000, p. 166. (La traduction est faite par nos soins). 46 La doctrine scholastique des sacrements a été approuvée par le 8e canon du concile de Trente : « Sacramenta conferre gratiam non ex opere operantis, sed ex opere operato, seu vi ipsius signi sensibilibus secundum Christi institutio‑ nem rite adhibiti, ita ut posita actione sacramentali, infallibiliter gratia confer‑ atur, independenter omnino a dignitate et merito sive ministri sive suspicienti », F. Cappello, Tractatus canonico-moralis de Sacramentis, Taurinorum Augustae, Romae, 1938, Vol. I, p. 8 ; Le canon dit : « Si quis dixerit, per ipsa novae legis sacramenta ex opere operato non conferri gratiam, sed solam fidem divinae
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laquelle tous les sacrements, célébrés par un clerc ordonné, de manière et avec une forme correcte, sont valides ex opere operato sans égard à sa position canonique, n’aurait pas pu être acceptée par Anselme de Lucques. Il était un théologien trop engagé dans la lutte canonique et politique, pour anticiper le développement à venir de la doctrine intellectuelle des sacrements. Il comparait l’Église catholique à Sarah et la communauté des schismatiques à Agar. La doctrine anselmienne de la persécution juste (la per‑ secutio beata) des schismatiques, effectuée par la force (par l’ef‑ fusio sanguinis), n’était qu’une conséquence de sa perception du clergé schismatique comme une secte profane47. Les contradictions entre la pensée augustinienne qui inspire le IXe livre et la pensée cyprienne partagée par Anselme de Lucques valident les résultats des recherches d’Edith Pásztor, qui sèment des doutes quant à l’attribution du IXe livre à Anselme.
promissionis ad gratiam consequendam sufficere : anathema sit ». Canones et decreta Concilii Tridentini, ab I. Pelella, Neapoli, 1859, p. 41. 47 E. Pásztor, op. cit. p. 388‑404 ; A. Stickler, « Il potere coattivo materiale della Chiesa nella riforma gregoriana secondo Anselmo di Lucca », dans Studi Gregoriani, II (1947), p. 235‑285.
CHAPITRE IX
LA DISCIPLINE GÉNÉRALE ANTIQUE DE L’ÉGLISE ET L’ECCLÉSIOLOGIE D’ANSELME DE LUCQUES L’ecclésiologie d’Anselme de Lucques, fondée sur l’idée de la monarchie ecclésiastique du pape de Rome, se présente comme le résultat du développement logique de la doctrine romaine, liée à la tradition de la vénération du tombeau de saint Pierre, née dans la communauté paléochrétienne de la Ville éternelle. Cette doctrine a été formulée par les auteurs du « Décret Gélasien » (380)1, adoptée par Rufin, répétée par les compilateurs de la « Collection Ques‑ nelliana » (495), et finalement, est devenue la base théologique de l’ecclésiologie de l’Église de Rome après la réception des « Fausses Décrétales », fabriquées à Corbie par les bénédictins francs, sous le pontificat de Léon IV. La réforme ecclésiastique, provoquée par Léon IX, développée par Alexandre II et Grégoire VII, a inspiré la création des collections canoniques dites grégoriennes. Ces collections se proposaient d’être le modèle du code du droit canonique de l’Église de Rome, en confirmant l’autorité suprême du pontife romain par les canons et les textes patristiques latins de l’époque précédente. Parmi les collections grégoriennes, c’est la « Collection » d’Anselme de Lucques qui a pu jouer ce rôle jusqu’au moment de la composition du Décret de Gratien (1142), en se diffusant sous la forme de nombreuses rédactions manuscrites à travers toute l’Italie. En même temps, la correspondance entre Anselme de Lucques et l’antipape Clément III, examinée dans le chapitre précédent, montre la spécificité de la pensée anselmienne, dépendant de la doctrine de saint Cyprien de Carthage par rapport aux schismatiques. Est-ce que la doctrine d’Anselme, examinée et représentée dans le cadre du développement de l’ecclésiologie de l’Église de Rome, répondait aux principes ecclésiologiques de l’Église ancienne, ou se présentait-elle comme une doctrine nouvelle, fon1 Le
texte du « Décret Gélasien », vide infra.
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dée essentiellement sur les « Fausses Décrétales » et réclamée par la situation politique, préparée par la querelle des Investitures ? La discipline générale antique, examinée par J. Joannou, pouvait-elle proposer certains textes canoniques opposés à la doctrine d’Anselme ? Pour répondre à ces questions, il faut examiner les sources de l’ecclésiologie chrétienne générale en comparaison avec les textes anselmiens, dans lesquels notre personnage formulait sa propre ecclésiologie et citait les œuvres liées à la doctrine de l’autorité du pape de Rome. L’ecclésiologie de l’Église ancienne et Anselme de Lucques Il est évident que des idées importantes pour l’évolution de l’ecclésiologie de l’Église ancienne se trouvent dans les épîtres de saint Ignace d’Antioche (fin du Ier siècle). C’est lui qui a écrit : « Qu’aucune personne ne fasse rien sans l’évêque dans les affaires qui concernent l’Église. L’eucharistie valide est celle-là qui est célébrée par l’évêque ou par celui auquel l’évêque a délégué son pouvoir. Là où se trouve un évêque, il y a une communauté des fidèles, comme là aussi où se trouve le Christ Jésus, il y a l’Église catholique »2 . Le principe de l’ecclésiologie eucharistique a constitué l’existence de l’Église universelle depuis l’époque du christianisme primitif. La hiérarchie épiscopale, fondée sur la succession apostolique, se trouvait à la tête des communautés eucharistiques, parmi lesquelles les Églises fondées immédiatement par les apôtres avaient une sorte d’autorité spirituelle, non juridique (Rome, Alexandrie, Antioche, Jérusalem). C’est saint Clément de Rome qui disait que l’Église de Rome préside « dans l’amour » parmi les autres Églises locales 3, mais en même temps la plénitude de l’existence ecclésiale, c’est-à-dire l’unité accomplie des fidèles avec le Christ – le chef de l’Église catholique – ainsi que l’unité des uns et les autres, est réalisée et démontrée chaque fois pendant la liturgie eucharistique, célébrée dans chaque communauté chré2 « Μηδεὶς χωρὶς τοῦ ἐπισκόπου τι πρασσέτω τῶν ἀνηκόντων εἰς τὴν Ἐκκλησίαν. Ἐκείνη βεβαία εὐχαριστία ἡγείστω, ἡ ὑπὸ τὸν ἐπίσκοπον οὖσα, ἢ ᾧ ἂν αὐτὸς ἐπιτρέψῃ. Ὅπου ἂν φανῇ ὁ ἐπίσκοπος, ἐκεῖ τὸ πλῆθος ἔστω – ὥσπερ ὅπου ἂν ἦ Χριστὸς Ἰησοῦς ἐκεῖ ἡ καθολικὴ ἐκκλησία », Ignatii Antio‑ chensis Epistulae ad Smirnenses, dans PG 5, coll. 713. 3 H. Hemmer, Les Pères Apostoliques, T. II, S. Clément de Rome, Paris, 1909, p. 130.
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tienne par l’évêque, ou un peu plus tard par le prêtre en qualité de délégué de l’évêque. La communication eucharistique, existant entre les communautés chrétiennes, était le seul moyen d’expression de l’unité essentielle de l’Église catholique jusqu’au concile de Nicée (325), qui a proclamé le principe du territoire canonique, réunissant les communautés chrétiennes épiscopales (les diocèses) et gouverné par le synode des évêques avec le métropolite en tête. L’accroissement de l’autorité de l’évêque de Rome en Occident depuis le concile de Sardique (343) 4 et l’activité législative des papes Sirice et Innocent Ier ont provoqué l’édition du « Décret Gélasien », dans lequel fut proclamée l’idée du primat de l’Église de Rome, sanctionné par le mandat du Christ donné à saint Pierre, non par certaines décisions conciliaires5. Ce texte, cité par Anselme de Lucques (L. I. 69) selon la version des « Fausses Décrétales », ne fut d’abord pas accepté par toutes les Églises 6 latines . Ainsi, l’Église de Carthage a refusé les prétentions du 4 Le concile de Sardique en 343 a affirmé les droits de l’évêque de Rome d’être le juge dans tout litige se produisant dans les Églises locales. 5 Decretum Gelasianum, dans PL, 59, coll. 157‑183. 6 Nous citons ici en latin le texte authentique du document, devenu la principale source d’Anselme de Lucques, en suivant la tradition manuscrite de la « Collection Quesnelliana » (les codex d’Arras 644, d’Einsiedeln 191 et de Paris BnF 1454) : « Sciendum est sane omnibus catholicis quoniam sancta ecclesia Romana nullis synodicis decretis praelata est, sed euangelica uoce Domini et Saluatoris nostri primatum obtinuit, ubi dixit beato apostolo Petro : Tu es Petrus, et super hanc petram aedificabo ecclesiam meam, et portae inferi non praeualebunt aduersus eam ; et tibi dabo claues regni coelorum : et quaecumque ligaueris super terram, erunt ligata et in coelis ; et quaecumque solueris super terram, erunt soluta et in coelis. Adhibita est etiam societas in eadem urbe Romana beatissimi apostoli Pauli, uasis electionis ; qui uno die unoque tempore, gloriosa morte cum Petro sub principe Nerone agonizans coronatus est. Ambo ergo partier sanctam ecclesiam Romanam Christo Domino consecrarunt, aliisque omnibus urbibus in uniuerso mundo sua praesentia atque uenerando triumpho praetulerunt. Et licet pro omnibus assidua apud Dominum omnium sanctorum fundatur oratio, his tamen uerbis Paulus beatissimus apostolus romanis proprio chyrographo pollicetur dicens : Testis enim mihi est Deus, cui seruio in spiritu meo, in Euangelio Filii eius, quod sine intermissione memoriam uestri facio semper in orationibus meis. Prima ergo sedes est coelesti beneficio Romana ecclesia, quam beatis‑ simi apostoli Petrus atque Paulus suo martyrio dedicarunt. Secunda autem sedes apud Alexandriam beati Petri nomine a Marco eius discipulo atque euangelista consecrata quia ipse et in Aegypto primus uerbum ueritatis a Petro directus praedicauit, et gloriosum suscepit martyrium, cui uenerabilis successit Abilius.
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pape à exercer le droit d’examiner les affaires intérieures des Églises africaines. Par exemple, le concile de Carthage en 418 a interdit aux clercs africains d’appeler les Églises « transmarines » à examiner les litiges africains (Vt nullus ad transmarinia audeat appellare). Le concile de Carthage, en 424, a proclamé d’une manière non équivoque l’interdiction pour les clercs africains d’en appeler à l’Église de Rome (Vt nullus ad romanam ecclesiam audeat appellare). Depuis les recherches de Charles Munier, on sait que le canon 17 du concile de Carthage de 424 a été conservé dans le codex du Vatican Palatin 574 (fol. 118v-119r), mais il n’a pas été publié avant la deuxième moitié du XXe siècle (1966)7. Les nombreux éditeurs des actes conciliaires de la première modernité, parmi lesquels : Jean Merlin, Peter Crabbe, Laurent Surius, Severin Binius, Jacques Sirmond, Philippe Labbé, Jean Cossart, Jean Hardouin et Nicolas Coletti, ne pouvaient pas admettre ce texte anti-romain, si utile aux polémistes protestants (tels que David Blondel), dans la collection publiée des conciles de l’Église latine. Le canon anti-romain découvert par Charles Munier a-t-il provoqué une certaine réaction scientifique ou confessionnelle après 1966 ?L’analyse des publications récentes liées au canon découvert nous montre un changement profond de l’attitude des chercheurs Tertia sedes apud Antiochiam, idem beati Petri apostoli habetur honora‑ bilis ; quia illic priusquam Romam ueniret habitauit et Ignatium episcopum con‑ stituit ; et illic primum nomen christianorum nouellae gentis exortum est. Nam et Ierosolymitanus episcopus pro tanti loci reuerentia ab omnibus habetur honorabi‑ lis ; maxime quoniam illic primus beatissimus Iacobus qui dicebatur Iustus qui etiam secundum carnem frater Domini nuncupatus est a Petro, Iacobo et Ioanne apostolis episcopus est ordinatus. Itaque secundum antiquorum patrum definitio‑ nem sedes prima Ierosolymis minime dicitur : ne forte ab infidelibus aut idiotis sedes Domini nostri Iesu Christi quae in coelo est in terra esse putaretur. Est enim sedes eius coelum, terra autem scabellum pedum eius . Quoniam ipse est per quem omnia facta sunt et sine quo factum est nihil : Quoniam ex ipso et per ipsum et in ipso sunt omnia ; ipsi gloria in saecula saeculorum. Apud Ephesum uero beatissimus Ioannes apostolus et euangelista multo tempore post resurrectionem et ascensionem in coelos Domini nostri Iesu Christi commoratus est ; ibique etiam euangelium quod secundum Ioannem dicitur diuina inspirati‑ one conscripsit atque requieuit ; et ob hoc episcopus Ephesius pro tanta apostoli et euangelistae memoria prae coeteris episcopis metropolitanis in synodis honorabi liorem obtinet sedem ». 7 CH. Munier, « Un canon inédit du XXe Concile de Carthage : “Vt nul‑ lus ad romanam ecclesiam audeat appellare” », dans Vie conciliaire et collections canoniques en Occident, IVe-XIIe siecles, London, 1987, p. 113‑126.
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dans la problématique examinée. Presque tous les auteurs qui se sont intéressés au travail de Charles Munier n’ont parlé que du contexte local africain dans lequel le canon mentionné avait été produit, sans aucune allusion dogmatique dans le cadre de la polémique confessionnelle actuelle 8. Le contexte africain nous montre que, malgré la protestation des évêques de Carthage, les conciles africains durent adopter certaines décisions prises à Rome pour résoudre des situations difficiles du point de vue des canons qui se rencontraient en Afrique du Nord. Le concile de Carthage de 419 notamment a adopté le canon du concile de Capoue, convoqué en 393 sur l’ordre du pape Sirice9. Ce concile, sous la présidence de saint Ambroise de Milan, interdit la pratique africaine consistant à réordonner et à rebaptiser les schismatiques et les pécheurs10. Nonobstant la position des Églises gauloises et espagnoles, fidèles à l’autorité du pape aux IVe -Ve siècles (Himerius de Tarragone, Victrice de Rouen), l’évêque de Rome n’a pas pu régler, dans les Églises espagnoles et gauloises, la crise provoquée par l’hérésie de Priscillien11. Finalement, Priscillien a été condamné par les décisions des conciles de Saragosse (380), de Bordeaux (386) et assassiné sur ordre de l’usurpateur Maxime. Le concile de Turin (398), convoqué sous la 8 A. Faivre, Naissance d’une Hiérarchie, les premières étapes du cursus clérical, Paris, 1977, p. 210 ; A. Melloni, « Facteurs involutifs et lignes de développement dans l’historiographie relative au christianisme africain, dépassements et hérédités de la Chrétienté », dans Église et l’histoire de l’Église en Afrique. Actes du colloque de Bologne (22‑25 octobre 1988), par G. Ruggieri, Paris, 1988, p. 294 ; CH. Munier, « L’Influence de saint-Augustin sur la législation », dans Augustinus Afer. Saint-Augustin : africanité et universalité. Actes du colloque international Alger-Annaba (1‑7 avril, 2001), par P.Y. FUX-J.M. Roessli-O. Wermelinger, Freiburg, 2003, p. 112 ; S. Lancel, St. Augustine, London, 2002, p. 358. 9 CH. Pietri, Roma Christiana. Recherches sur l’Église de Rome, son orga nisation, sa politique, son idéologie de Miltiade à Sixte III (311‑440), Roma, 1976, T. II, p. 900 ; Sancti Ambrosii Opera, ed. M. Zelzer, dans Corpus scrip‑ torum ecclesiasticorum latinorum, 82 (1990), Vindobonae, Vol. III, Epistolarum libri X, p. 3‑10. 10 « Illud autem suggerimus mandatum nobis quod etiam in Capuensi plena‑ ria synodo uidetur statutum quod non liceat fieri rebaptizationes et reordinationes uel translationes episcoporum » : Le Codex canonum ecclesiae africanae, dans PL, 130, coll. 335. 11 E. Babut, Priscillien et le priscillianisme, Paris, 1909, p. 251‑252.
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présidence de Simplicien, évêque de Milan, a ignoré l’opinion du pape12 . Il est devenu en quelque sorte le premier manifeste historique du gallicanisme13. C’est le pape Léon le Grand qui a pu neutraliser ce manifeste et défendre l’autorité spirituelle du trône de saint Pierre, acceptée par le concile de Milan en 451. Il est évident qu’Anselme de Lucques ne connaissait rien de l’histoire de la formation de l’ecclésiologie romaine, en acceptant les « Fausses Décrétales » comme la source vraie et authentique de la tradition de l’Église primitive. D’ailleurs, il n’était pas le seul : Théodore Balsamon – le grand canoniste byzantin, né quelques années après la mort d’Anselme, devenu le partisan fidèle de l’hégémonie du patriarcat œcuménique de Constantinople, suite à l’interprétation impériale du 28e canon du concile de Chalcédoine, donnée par la princesse Anne Comnène – considérait la « Donation de Constantin » comme un document authentique dans ses commentaires sur le « Nomokanon » en XIV titres. Comme l’a montré Alexis Pavloff, ce faux document a été apporté à Constantinople avec la lettre du pape Léon IX en 1053. Pendant le schisme de 1054, il a été traduit en grec et interprété d’une manière extraordinaire : si l’Ancienne Rome abandonne la foi orthodoxe, c’est le patriarche de Constantinople qui devient le successeur de la donation impériale, accordée par le fondateur de la Nouvelle Rome au chef visible de l’Église catholique sur la terre14. Le rite liturgique de l’Église de Rome nous montre des coutumes différentes de la situation décrite dans la « Collection canonique » d’Anselme de Lucques. Bien que le pape Grégoire VII ait été élu par le peuple romain, la prérogative de l’élection pontificale a été réservée au collège des cardinaux par le concile de Latran en 1059. 12 CH. Munier, « Concilia Galliae 314‑506 », dans Corpus Christianorum, Series Latina 148 (1963), Turnholti, p. 54‑58. 13 E. Babut, Le Concile de Turin. Essai sur l’histoire des Églises provençales au Ve siècle et sur les origines de la monarchie ecclésiastique romaine, Paris, 1904, p. 100‑102. 14 B. Narbekoff, Nomokanon konstantinopolskago patriarcha Photija s tolkovaniem Balsamona, Pars II, Kazan, 1899, p. 219‑249 ; A. Pavloff, « Podloznaja darstvennaja gramota Konstantina Velikago pape Silvestru », dans Vizantijskij Vremennik, T. III, vipusk I, 1896, p. 18‑82 ; Nomokanon der slavischen morgenlandischen Kirche oder die Kormtschaja Kniga von Tschedomilj Mitrovits, 1898, p. II. ; G. Dagron, Empereur et Prêtre. Étude sur le “césaropa‑ pisme” byzantin, Saint-Pétersbourg, 2010, p. 302‑309.
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La procédure de la postulation des prêtres et des diacres à Rome, limitée par la confirmation du pape, a été donnée aux chapitres des chanoines de la même manière. Malgré les vestiges de la procédure élective des clercs romains, conservés dans les fragments de l’« Ordo Romanus IX » et des « Statuta ecclesiae antiqua », récupérés par Anselme (L. VII. 43, 44, 46‑52)15, la situation contemporaine au compilateur de la Collection et aux canonistes devenus ses continuateurs, montrait la victoire des principes de la réforme grégorienne. Les continuateurs d’Anselme de Lucques ont proclamé que les clercs romains dépendaient du Siège Apostolique16. Cependant, la discipline liturgique existant dans l’Église de Rome aux VIIe -VIIIe siècles (en 650, d’après Jean Deshusses)17, conservait les éléments de la procédure élective, observée pour élire les clercs, accordée au peuple romain. Comme l’a montré Antoine Chavasse, les libelli des messes, probablement composés dans les Églises du Latium et de la Campanie, dépendantes de Rome, ont été réunis dans le sacramentaire créé pour les prêtres des titres romains ainsi que pour les paroisses extra muros et appelé dans la tradition historique le sacramentaire « gélasien »18. Le sacramentaire gélasien vetus nous montre la procédure d’élection des clercs romains par le peuple chrétien19, approuvée entre autres par la Novelle CXXIII de l’empereur Justinien Ier. L’ecclésiologie byzantine et Anselme de Lucques La théorie de la pentarchie, née au IVe siècle en Orient grec, s’est développée progressivement. Cette théorie, complètement ignorée 15 Anselmi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minore, recensuit F. Thaner, Oeniponte, 1915, p. 381‑385. 16 Les versions “Bb”, “C” et “A’ ” proposent : « De conuersione clericorum ut in uno conclaui sunt », « Quod adolescentes in clero positi probatissimo seniori deputentur », « de communi uita clericorum », – Anselmi Lucensis Collectio cano‑ num…, p. 362. 17 Le Sacramentaire Grégorien, ses principales formes d’après les plus anciens manuscrits, ed. J. Deshusses, Freiburg, 1971, p. 51. 18 A. Chavasse, « Le Sacramentaire Gélasien (Vaticanus Reginensis 316) », dans Bibliothèque de Théologie série IV, Histoire de la Théologie, Vol. I., Paris, 1959, p. 74‑177. 19 Le Liber Sacramentorum Romanae Aecclesiae ordinis anni circuli (sacra‑ mentarium gelasianum), herausgegeben von L. C. Mohlberg, Roma, 1964, p. 24‑26.
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par Anselme de Lucques, a été créée lors des premiers conciles œcuméniques par la transformation de l’ecclésiologie eucharistique sous l’influence du droit romain civil aux IVe -Ve siècles. Acceptée officiellement par Rome jusqu’au VIIIe siècle, elle existait comme modèle ecclésiologique à Byzance même après 1054. En premier lieu, le 6e canon du concile de Nicée de 325 a proclamé un « diptyque » (une liste des noms) des Églises principales, parmi lesquelles étaient rappelées Rome, Alexandrie, Antioche et Jérusalem. En outre, le document définit le territoire canonique, soutenu par l’évêque d’Alexandrie : « Que soient maintenues les anciennes coutumes établies dans l’Égypte, la Libye et la Pentapole ; en sorte que l’évêque d’Alexandrie ait le pouvoir sur toutes ces provinces, puisqu’une coutume de ce genre existe aussi pour l’évêque de Rome. À Antioche aussi et dans les autres provinces, que chaque Église conserve ses prérogatives »20. La réception de ce canon dans les Églises latines a provoqué un changement de son interprétation dès le IVe siècle. Les canonistes italiens plus tardifs ont souligné la valeur du primat du pape de Rome, en expliquant le contenu du canon, mais en ignorant la vision grecque de l’égalité des Sièges. La Collection Quesnelliana (495) lui a ainsi ajouté le titre : « Du primat de l’Église de Rome »21. La Collection Prisca (fin du Ve siècle) dit : « Du primat de l’Église de Rome ou des évêques des autres cités »22 . La traduction du canon, proposée dans la rédaction du codex d’Ingilrame, avait un texte incorrect du point de vue grammatical : « Ecclesia Romana semper abuit primatus. teneat autem et Aegyptus ut episcopus Alexandriae omnium habet potestatem quoniam et Romano episcopo haec est consuetudо. Similiter autem et qui in Anthiocia constitutus est… »23. 20 « Τὰ ἀρχαῖα ἔθη κρατείτω τὰ ἐν Αἰγύπτῳ καὶ Λιβύη καὶ Πενταπόλει ὥστε τὸν ἐν Ἀλεξανδρείᾳ Ἐπίσκοπον πάντων τούτων ἔχειν τὴν ἐξουσίαν. Ἐπειδὴ καὶ τῷ ἐν τῆ ῾Ρώμῃ Ἐπισκόπῳ τοῦτο σύνηθές ἐστιν. Ὁμοίως δὲ καὶ κατὰ τὴν Ἀντιόχειαν καὶ ἐν ταῖς ἄλλαις ἐπαρχίαις τὰ πρεσβεῖα σώζεσθαι ταῖς Ἐκκλησίαις », – V. N. Beneschevič, Syntagma XIV titulorum sine scholiis secundum uersionem paleo-slouenicam adiecto textu graeco et uetustissimis codicibus manuscriptis exarato, T. I, Petropoli, 1906, p. 86. 21 « De primatu ecclesiae Romanae”, – C. H. Turner, Ecclesiae Occidentalis monumenta iuris antiquissima, Oxonii, I, II, 1904, p. 121. 22 “De primatu ecclesiae Romanae uel aliarum ciuitatum episcopis”, ibid. 23 Ibid.
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La traduction, effectuée dans la rédaction proposée dans la Col‑ lection Quesnelliana (l’Isidoriana antiqua), dit : « Ecclesia Romana semper habuit primatum. teneat autem et Aegyptus Libiae et Pen‑ tapoli ita ut episcopus Alexandriae harum omnium habet potestatem quoniam et Romano episcopo haec est consuetudo. Similiter autem et qui in Anthiocia constitutus est… »24. Elle a été lue par le prêtre Paschasin, le légat du pape Léon le Grand, au concile de Chalcédoine (451) et a provoqué l’indignation des évêques grecs. Il est évident que la compréhension du 6e canon de Nicée par les Grecs et les Latins a été complètement différente déjà à l’époque de la chute de l’Empire Romain d’Occident. Les traductions latines africaines étaient plus proches de la version originale que les textes latins italiens. Les évêques de Carthage voulaient résister à Rome, en s’appuyant sur les canons des conciles œcuméniques, traduits d’une manière indépendante des canonistes romains. Par exemple, la version de Cécilien, approuvée en 419 par le concile de Carthage, donnait un titre particulier au 6e canon de Nicée : « Des primautés qui s’appliquent à quelques villes »25. Elle proposait la traduction presque exacte : « Antiqua per Egyptum adque Pentapolim consuetudo seruetur ut Alexandrinus episcopus horum habeat sollicitudinem quoniam et urbis Rome epis‑ copo similes mos est ut in suburbicaria sollicitudinem gerat nec non et apud Antiochiam… »26. La version d’Attique, faite à Constantinople pour l’évêque de Carthage en 419, était encore plus proche du texte authentique : « Antiqui mores obtineat qui apud Aegyptum sunt et Libiam et Penthapolim ut Alexandriae episcopus omnium habeat sollicitudinem quia et urbis Romae episcopo similes mos est. similiter autem et circa Anthiociam… »27. En réalité, l’interprétation du 6e canon du concile de Nicée, donnée par les canonistes romains, a prévalu en Occident. Elle a existé pendant tout le Moyen Âge ainsi que dans la première modernité jusqu’à Jean Cabassut, devenu son apologiste devant les polémistes protestants au XVIIe siècle. L’oratorien français a 24 C. H. Turner, Ecclesiae Occidentalis monumenta iuris antiquissima, Oxonii, I, II, 1904, p. 276. 25 “De primatibus qui ad quasdam pertinent ciuitates”, – C. H. Turner, Ecclesiae Occidentalis monumenta iuris antiquissima, Oxonii, I, II, 1904, p. 121. 26 Ibid. 27 C. H. Turner, Ecclesiae Occidentalis monumenta iuris antiquissima, Oxonii, I, II, 1904, p. 120.
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souligné l’actualité du pouvoir du pape de Rome, déjà respecté au concile de Nicée. Comme le dit Jean Cabassut, le pouvoir pontifical a sanctionné les droits canoniques des évêques orientaux, mentionnés dans le texte du canon28. Pourtant, après l’érection de Constantinople (330), les hiérarques grecs ne considéraient Rome que comme l’ancienne capitale de l’empire, dont l’évêque ne pouvait pas prétendre aux droits exclusifs dans l’Église catholique. La théorie de la pentarchie est née sous l’étoile de la victoire sur l’arianisme. C’est le concile de Constantinople en 381 qui a condamné l’hérésie d’Arius sans le secours du pape Damase, dont le Tomos (daté le 378) n’était pas devenu la base dogmatique du nouveau symbole de la foi catholique, approuvé par le concile (le symbolum nicaeno-constantinopo‑ litanum). L’indépendance du concile a été réalisée dans la décision d’accepter les évêques orientaux, fidèles à la mémoire de Meletius d’Antioche, opposé au pape, si ces évêques avaient reconnu comme une la divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit29. En outre, le concile de Constantinople a adopté le 3e canon, octroyant à l’évêque de la Nouvelle Rome le rang de deuxième hiérarque après le pontife de l’Ancienne : « Que l’évêque de Constantinople ait l’avantage d’honneur après l’évêque de Rome, car cette ville est la Nouvelle Rome »30. Malgré le concile d’Éphèse en 431, devenu un lieu de proclamation de l’autorité suprême de saint Pierre, faite par Philippe, le légat du pape Célestin31, saint Cyrille d’Alexandrie considé28 I. Cabbasutius, Notitia Historica conciliorum sanctae ecclesiae, Lutetiae Parisiorum, 1683, Vol. XIII, p. 173. 29 « Περὶ τοῦ τόμου τῶν δυτικῶν – καὶ τοὺς ἐν Ἀντιοχείᾳ ἀπεδεξάμεθα τοὺς μίαν ὁμολογοῦντας Πατρὸς καὶ ῾Υιοῦ καὶ Ἁγίου Πνεύματος θεότητα », – V. N. Beneschevič, Syntagma XIV titulorum sine scholiis secundum uersionem paleo-slouenicam adiecto textu graeco et uetustissimis codicibus manuscriptis exarato, T. I, Petropoli, 1906, p. 97. 30 « Τὸν μέντοι Κωνσταντινουπόλεως ἐπίσκοπον ἔχειν τὰ πρεσβεῖα τῆς τιμῆς μετὰ τὸν τῆς ῾Ρώμης ἐπίσκοπον δὶα τὸ εἶναι αὐτὴν νέαν ῾Ρώμην », – V. N. Beneschevič, Syntagma XIV titulorum sine scholiis secundum uersionem paleo-slouenicam adiecto textu graeco et uetustissimis codicibus manuscriptis exarato, T. I, Petropoli, 1906, p. 97. 31 “Nulli dubium immo saeculis omnibus notum est quod sanctus beatissi‑ musque Petrus apostolorum princeps et caput fideique columna et ecclesiae catholicae fundamentum a Domino nostro Iesu Christo saluatore humani generis ac redemptore claues regni accepit soluendique ac ligandi peccata potestas ipsi
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rait l’accord du pape comme un moyen politique pour condamner Nestorius plus que comme la condition de la légitimité du verdict synodal. Le concile de Chalcédoine en 451 a formulé le dogme christologique, en s’appuyant sur le texte de la lettre du pape Léon le Grand, mais en même temps les évêques grecs ont approuvé le canon 28, supprimant les privilèges exclusifs du pape de Rome. Ils ont dit : « Suivant en tout les décrets des saints pères et reconnaissant le canon des cent cinquante évêques convoqués sous le règne de Théodose le Grand, empereur de bonne mémoire, à Constantinople, la ville impériale, la nouvelle Rome, – le canon lu depuis –, nous avons pris les mêmes résolutions au sujet des privilèges de la très sainte Église de Constantinople, la nouvelle Rome. Les pères ont accordé avec raison au siège de l’ancienne Rome ses privilèges, parce que cette ville était la ville impériale. Par le même motif, les cent cinquante évêques ont accordé que la nouvelle Rome honorée (par la résidence) de l’empereur et du sénat et jouissant des mêmes privilèges que l’ancienne ville impériale doit avoir les mêmes avantages dans l’ordre ecclésiastique et être la seconde après elle… »32 . Ce canon a proclamé l’identité des droits des évêques de Rome et de Constantinople, deux villes capitales de l’Empire Romain, en ignorant complètement la théorie romaine de la succession de saint Pierre, respectée en Occident. data est : qui ad hoc usque tempus et semper in suis successoribus uiuit et iudi‑ cium exercet”, – H. Denzinger, Enchiridion symbolorum, Friburgi Bresgouiae, 1932, p. 57. 32 Πανταχοῦ τοῖς τῶν ἁγίων Πατέρων ὃροις ἑπόμενοι καὶ τὸν αρτίως ἀναγνωσθέντα κανόνα τῶν ἑκατὸν πεντήκοντα Θεοφιλεστάτων ἐπισκόπον τῶν συναχθέντων ἐπὶ τοῦ τῆς εὐσεβοῦς μνήμης μεγάλου Θεοδοσίου τοῦ γενομένου βασιλέως ἐν τῇ βασιλίδι Κωνσταντινουπόλει νέᾳ῾Ρώμῃ γνωρίζοντες τὰ αὐτὰ καὶ ἡμεῖς ὁρίζομέν τε καὶ ψηφίζόμεθα περὶ τῶν πρεσβείων τῆς ἁγιωτάτης ἐκκλησίας τῆς αὐτῆς Κωνσταντινουπόλεως νέας ῾Ρώμης. Καὶ γάρ τῷ θρόνῳ τῆς πρεσβυτέρας ῾Ρώμης διὰ τὸ βασιλεύειν τὴν πόλιν ἐκείνην οἱ πατέρες εἰκότως ἀποδεδώκασι τὰ πρεσβεῖα. Καὶ τῷ αὐτῷ σκοπῷ κινούμενοι οἱ ἑκατὸν πεντήκοντα Θεοφιλέστατοι ἐπίσκοποι τὰ ἶσα πρεσβεῖα ἀπένειμαν τῷ τῆς νέας ῾Ρώμης ἁγιωτάτῳ θρόνῳ εὐλόγως κρίναντες τὴν βασιλεία καὶ συγκλήτῳ τιμηθεῖσαν πόλιν καὶ τῶν ἴσων ἀπολαύουσαν πρεσβείων τῇ πρεσβυτέρᾳ βασιλίδι ῾Ρώμῃ καὶ ἐν τοῖς ἐκκλησιαστικοῖς ὡς ἐκείνην μεγαλύνεσθαι πράγμασι δευτέραν μετ´ἐκείνην ὑπάρχουσαν… », – V. N. Beneschevič, Syntagma XIV titulorum sine scholiis secundum uersionem paleo-slouenicam adiecto textu graeco et uetustissimis codicibus manuscriptis exarato, T. I, Petropoli, 1906, p. 125‑126.
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Malgré le refus du pape Léon et de ses successeurs d’accepter le 28e canon, finalement méprisé par Denys le Petit dans ses œuvres canoniques, cette règle a été approuvée par la tradition des collections canoniques de la Grande Église de Constantinople. Le concile in Trullo, convoqué en 692 par l’empereur Justinien II, a confirmé le 28e canon de Chalcédoine par le canon 36. Il dit 33 : « Renouvelant la législation des cent-cinquante saints pères, qui se sont réunis dans cette ville impériale gardée de Dieu et des sixcent-trente qui se sont rassemblés à Chalcédoine, nous décrétons que le Siège de Constantinople jouira des mêmes privilèges que le Siège de l’ancienne Rome et obtiendra dans les affaires de l’Église la même grandeur que celui-ci venant en second après lui ; le Siège de la grande ville ensuite, puis celui de Antioche et après celui-ci, le Siège de la ville de Jérusalem »34. Le pape Constantin devait confirmer les canons du concile in Trullo en octobre 711, quoiqu’ils aient porté les traces de la polémique anti-romaine 35, mais cette confirmation avait un caractère ambigu. Le pape dit qu’il ne soussigne que les « canons accordés avec la foi orthodoxe et les décrets de Rome »36. Deux siècles plus tard, la résolution du schisme de Photius, la restauration de la communion entre le pape et le patriarche, réalisée par le concile de Constantinople 879‑880, a conduit à la naissance du canon devenu le symbole de l’attitude des patriarches œcuméniques sur la question du primat du pape de Rome. Dans le canon mentionné, il ne s’agissait que de l’accord 33 « Ἀνανεούμενοι τὰ παρὰ τῶν ἐκατὸν πεντήκοντα ἁγίων πατέρων τῶν ἐν τῇ θεοφυλάκτῳ ταύτη καὶ βασιλίδι πόλει συνελθόντων καὶ τῶν ἑξακοσίων τριάκοντα τῶν ἐν Χαλκηδόνι συνελθόντων νομοθετηθέντα ὁρίζομεν ὥστε τὸν Κωνσταντινουπόλεως θρόνον τῶν ἴσων ἀπολαύειν πρεσβείων τοῦ τῆς πρεσβυτέρας ῾Ρώμης θρόνου καὶ ἐν τοῖς ἐκκλησιαστικοῖς ὡς ἐκεῖνον μεγαλύνεσθαι πράγμασι δεύτερον μετ´ἐκεῖνον ὑπάρχοντα μεθ´ὃν ὁ τῆς Ἀλεξανδρέων μεγαλοπόλεως ἀριθμείσθω θρόνος εἶτα ὁ Ἀντιοχείας καὶ μετὰ τοῦτον ὁ τῆς ᾽Ιεροσολυμιτῶν πόλεως », – V. N. Beneschevič, Syntagma XIV titulorum sine scholiis secundum uersionem paleo-slouenicam adiecto textu graeco et uetustissimis codicibus manuscriptis exarato, T. I, Petropoli, 1906, p. 168. 34 P. Joannou, Discipline générale antique, Rome, 1962, T. I, p. 170. 35 H. Ohnme, Die sogenannten “antirömischen Kanones” des Concilium Qui‑ nisextum (692) – Vereinheitlichung als Gefahr für die Einheit der Kirche, dans The Council in Trullo revisited, ed. by G. Nedungatt-M. Featherstone, Romae, 1995, p. 307‑321 ; Decreta Conciliorum Oecumenicorum et generalium, par. G. Alberigo…, dans Corpus Christianorum, Turnhout, 2006, p. 211. 36 A. V. Kartaschev, Vselenskie Sobori, Moskva, 1994, p. 200.
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entre le pape de Rome et le patriarche de Constantinople dans le cadre de la pentarchie. Le texte du canon affirme l’égalité canonique de Rome et de Constantinople au niveau de la juridiction ; il est prévenu toute tentative d’élargir l’autorité du pape en dehors des limites prescrites dans les canons des conciles de Chalcédoine ou in Trullo, en ignorant l’ecclésiologie romaine. Chaque clerc ou laïque excommunié par le pape Jean devait être excommunié par le patriarche Photius de même que chaque personne excommuniée par Photius devait être soumise à l’excommunication de Jean37. En 883, la grande Église de Constantinople sous la présidence du fameux patriarche Photius a approuvé la rédaction finale du Nomokanon en XIV titres, dont la version la plus ancienne a été fabriquée sous le règne de l’empereur Héraclius (610‑641). Un peu plus tard, le synode de Constantinople, convoqué en 919‑920, a confirmé le contenu de ce Nomokanon, appelé en grec le Syntagma, dans lequel on pouvait trouver le canon 28 du concile de Chalcédoine et le 36 du concile in Trullo, rejetés par Rome, mais acceptés par les patriarches grecs. Le Nomokanon en XIV titres est basé sur la théorie de la pentarchie, comprise dans l’esprit des règles mentionnées. Il est remarquable qu’en Occident la même époque ait donné au monde les Fausses Décrétales, devenues le manifeste de la monarchie ecclésiastique du pape de Rome. Deux siècles plus tard, ce texte a été interprété dans l’esprit de la réforme grégorienne par Anselme de Lucques, proclamant le principe de la juridiction directe du pape sur toute l’Église catholique. Comme le dit Vladimir Beneschevič, 37 « Ὥρισεν ἡ ἁγία καὶ οἰκουμενικὴ σύνοδος ὥστε εἴ τινες τῶν ἐξ ’Ιταλίας κληρικῶν ἢ λαικῶν ἢ ἐπισκόπων ἐν τῇ Ἀσίᾳ ἢ Εὐρώπῃ ἢ Λιβύῃ διατρίβοντες ὑπὸ δεσμὸν ἢ καθαίρεσιν ἢ ἀναθεματισμὸν παρὰ τοῦ ἁγιωτάτου πάπα Ἰωάννου ἐγένοντο ἵνα ὦσιν οἱ τοιοῦτοι καὶ παρὰ Φωτίου τοῦ ἁγιωτάτου πατριάρχου Κωνσταντινουπόλεως ἐν τῷ αὐτῷ τῆς ἐπιτιμίας ὅρῳ τουτέστιν ἢ καθῃρημένοι ἢ ἀναθεματισμένοι ἢ ἀφωρισμένοι. Καὶ οὓς μέντοι Φώτιος ὁ ἁγιώτατος ἡμῶν πατριάρχης κληρικοὺς ἢ λαικοὺς ἢ τοῦ ἀρχιερατικοῦ καὶ ἱερατικοῦ τάγματος ἐν οἱᾳδήποτε παροικία ὑπὸ ἀφορισμὸν ἢ καθαίρεσιν ἢ ἀναθεματισμὸν ποιήσει ἵνα ἔχῃ αὐτοὺς καὶ ἁγιώτατος πάπας Ἰωάννης καὶ ἡ κατ´αὐτὸν ἁγία τοῦ Θεοῦ ῾ρωμαίων ἐκκλησία ἐν τῷ αὐτῷ τῆς ἐπιτιμίας κρίματι μηδὲν τῶν προσόντων πρεσβείων τῷ ἁγιωτάτῳ θρόνῳ τῆς ῾ρωμαίων ἐκκλησίας καὶ τῷ ταύτης προέδρῳ τὸ σύνολον καινοτομουμένων μήτε νῦν μήτε εἰς τὸ μετέπειτα » ; J. Meijer, A Successful Council of Union, A Theo‑ logical Analysis of the Photian Synod of 879‑880, Thessalonike, 1975, p. 19‑73.
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chapitre ix Le Nomokanon, fait en 883, est le grand acte de libre disposition de l’Église orientale. Il signifie le retour aux fondements anciens et authentiques de la discipline ecclésiastique, fixée aux VIe -VIIe siècles, le retour, cependant réalisé dans l’esprit de la tradition stricte de l’Église, exprimée dans les canons des conciles à partir du concile in Trullo. Si nous prenons en considération que les Fausses Décrétales, devenues le recueil canonique de la même valeur pour l’Église occidentale, s’est caractérisé par les traits opposés, il ne sera pas exagéré de dater la division entre les Latins et les Grecs de 883, du point de vue du droit canonique 38.
Le problème de la pentarchie a été résolu par les créateurs du Nomokanon de 883 dans l’esprit des canons mentionnés. En même temps, la tradition du droit gréco-romain, développée dans le cadre de la « symphonie des pouvoirs »39, a souligné la dignité du trône patriarcal de la capitale impériale. Le 5e chapitre du Ier titre du Nomokanon particulièrement, intitulé « Des patriarches, métropolites et primats en Afrique », cite le 28e canon du concile de Chalcédoine et le 36e canon du concile in Trullo parmi les autres règles 40. Théodore Bestès, le canoniste byzantin de la seconde moitié du XIe siècle, devenu le premier commentateur du Nomokanon, déclare que c’est Constantinople qui est devenue le chef de toutes les Églises 41, citant les constitutions impériales. Celles, prises au Code de Justinien, mises dans la Collection tripartita en 640 par l’Anonyme Énantiophane, confirmaient le primat de la Grande Église de Constantinople parmi les autres Églises catholiques 42 .
38 V. N. Beneschevič, Kanonicheskij sbornik XIV titulov so vtoroj chet‑ verti VII veka do 883 g., Saint-Pétersbourg, 1905, p. VII-IX. 39 La Novelle 6 de l’empereur Justinien Ier : Nov. Iust. 6, praef. 40 B. Narbekoff, Nomokanon konstantinopolskago patriarcha Photija s tolkovaniem Balsamona, Pars II, Kazan, 1899, p. 54‑55. 41 Ibid., p. 55. 42 Cod. Iust. I, 1, 7 ; I, 2, 6. 20‑24 ; I, 2, 16 ; Nov. Iust. 123, 2 ; 131, 2. « Τὰ γενόμενα ἐν τῇ κατὰ Ζήνωνος τυραννίδι παρὰ τὰ πρώην βασιλικὰ θεσπίσματα περὶ ἱερέων ἢ τῆς ἐκκλησιαστικῆς καταστάσεως ἡ διάταξις ἀκυροῦσα τὰ πρώην ἀνανεοῦται καὶ φησι τὸν Κωνσταντινουπόλεως ἔχειν τῶν ἄλλων τὴν προεδρίαν » : Collectio tripartita I, 2, 16, dans PG 138, coll. 1104, (il y a une édition moderne de la Collectio tripartita : Collectio tripartita, van der Wal et Stolte, Groningue, 1994) ; S. Troianos, « Byzantine Canon Law to 1100 », dans The History of Byzantine and Eastern Canon Law to 1500, by W. HartmannK. Pennington, Washington, 2012, p. 115‑169.
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Le 1er chapitre du VIIIe titre du Nomokanon, dédié aux statuts des évêchés, comportait aussi la citation du 36e canon in Trullo43. Théodore Bestès dit dans le commentaire que Constantinople s’appelle Rome selon le Code de Justinien (Cod. Iust. I, 17, 1.10) et que son archevêque obtient tous les privilèges de l’Ancienne Rome, en citant la loi, prise de la Collection tripartita44. La pensée canonique byzantine, stimulée par le schisme entre Rome et Constantinople, s’appuyait sur le 28e canon du concile de Chalcédoine, pour résister au pape. En même temps, les prétentions des patriarches de Constantinople s’étaient éloignées de l’ancienne doctrine eucharistique de saint Ignace d’Antioche autant que l’ecclésiologie romaine, prêchée par Anselme de Lucques en suivant les Fausses Décrétales. En outre, les Fausses Décrétales sont devenues une base théologique non seulement pour Anselme de Lucques et les canonistes grégoriens, mais aussi, d’une manière paradoxale, une source permettant la justification du primat du patriarche de Constantinople. C’est Théodore Balsamon qui a proclamé la transmisson des droits impériaux de Rome à Constantinople, en s’appuyant sur la version grecque de la Donatio Constantini. Comme l’ont montré Basile Narbekoff et Gilbert Dagron, l’interprétation byzantine de la Donation de Constantin a été dirigée par la même logique que la pensée de Léon IX et des canonistes réformateurs en Occident, parmi lesquels il faut rappeler Deusdedit et Anselme de Lucques 45. Comme l’a dit Clarence Gallagher, la méthodologie des canonistes grecs et latins était bien différente au Moyen Âge46, pourtant la façon d’interpréter et d’examiner les sources canoniques, caractéristique de Balsamon et d’Anne Comnène, est 43 B.
Narbekoff, Nomokanon konstantinopolskago patriarcha Photija…, p. 217‑219. 44 « Τὰς ἀναφυομένας ἀμφισβητήσεις ἐν ὅλῳ τῷ Ἰλλυρικῷ οὐ δεῖ τέμνεσθαι παρὰ γνώμην τοῦ ἀρχιεπισκόπου Κωνσταντινουπόλεως ἥτις ἔχει τὰ προνόμια τῆς ἀρχαίας ῾Ρώμης » : Collectio tripartita I, 2, 6, dans PG 138, coll. 1100. 45 B. Narbekoff, Nomokanon konstantinopolskago patriarcha Photija s tolkovaniem Balsamona, Pars II, Kazan, 1899, p. 219‑249 ; G. Dagron, Empereur et Prêtre. Étude sur le “césaropapisme” byzantin, Saint-Pétersbourg, 2010, p. 302‑309. 46 C. Gallagher, Gratian and Theodore Balsamon, Two Twelfth-Century Canonistic Methods Compared, Byzantium in the 12th Century : Canon Law, State and Society, Athens, 1991, p. 61‑89.
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finalement devenue pareille à celle d’Anselme de Lucques et de Gratien. Les uns comme les autres citaient les documents anciens sans tenir compte de leur cadre historique. Les uns comme les autres cherchaient la justification de leur doctrine – quelle que soit l’ecclésiologie présentée : la monarchie du pape ou la pentarchie – dans des textes chronologiquement éloignés et rapidement examinés d’une manière trop formelle. Conclusion La comparaison de la doctrine ecclésiologique prêchée par Anselme de Lucques, avec l’ecclésiologie liée à la discipline générale antique de l’Église, nous montre une grande spécificité de la pensée d’Anselme. La doctrine d’Anselme s’est éloignée de l’ecclésiologie eucharistique, défendue par saint Ignace d’Antioche, car Anselme a changé le sens du système d’Ignace. Si celui-ci affirmait la présence du Christ et de l’Église catholique là où se trouve l’évêque, le successeur des apôtres, Anselme de Lucques dit que le Christ et son Église sont présents là où se trouve l’évêque de Rome, le successeur de saint Pierre. Il faut le reconnaître : il a rétréci la position de l’Église dans le monde. La doctrine anselmienne, fondée sur la tradition romaine de la vénération du tombeau de saint Pierre, exprimée dans le Décret de Gélase, dans les lettres de saint Léon le Grand, dans les textes de Gélase et de saint Grégoire le Grand, contredit la théorie de la pentarchie, approuvée par les canons des conciles œcuméniques (Constantinople 381, Chalcédoine 451, in Trullo 692), sanctionnée par le droit gréco-romain. Cependant, Anselme de Lucques préférait soutenir le primat du siège romain, sur la base de l’interprétation de l’épisode néo-testamentaire (Mtth. 16), donnée par les auteurs des Fausses Décrétales (Pseudo-Anaclet et les autres). Il dit que l’Église de Constantinople comme les autres doit être soumise à l’Église de Rome47. Par contre, les canonistes byzantins, inspirés par la théorie de la pentarchie, appliquaient une autre méthodologie, en cumulant l’interprétation traditionnelle des canons anciens avec la référence à l’autorité impériale de la Nouvelle Rome. L’ap47 Anselmi Luccensis Collectio canonum una cum collectione minore, ed. F. Thaner, Oenipote, 1906, p. 108.
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pel de Balsamon à l’autorité de la Donation de Constantin a été invalidé après les recherches attestant la fausseté de ce document. En garantissant le pouvoir du pape sur toute l’Église, l’idéologie de la succession de saint Pierre, inspirée par les Fausses Décrétales, coexistait avec la doctrine de saint Cyprien de Carthage dans les œuvres d’Anselme de Lucques. Cette doctrine a provoqué la prédication en faveur de la lutte contre les schismatiques, mis en dehors de l’Église catholique pour sauvegarder la liberté ecclésiale. Cette idée, devenue moderne et audacieuse, a facilité la victoire de la papauté dans la querelle des Investitures ainsi que le concile de Clermont en 1095.
CHAPITRE X
ANSELME DE LUCQUES ET LE DROIT ROMAIN : ACTUALISATION DES TEXTES ANCIENS ET ANACHRONISME HISTORIQUE La position de la « Collection canonique » d’Anselme de Lucques par rapport au droit romain est ambivalente voire même ambiguë. Il est évident que notre personnage considérait le pape de Rome comme la base juridique de tout ordre hiérarchique présent sur la terre. Mais en même temps, le canoniste Anselme s’éloignait de la tradition du droit romain, car dans la méthodologie qu’il appliquait, il s’appuyait sur les sources médiévales, parmi lesquelles la « Collection en 74 titres »1 et les Fausses Décrétales2 occupaient la première place. Anselme ne s’est intéressé qu’aux questions posées par son époque. Il a ignoré les principes fondamentaux du droit romain, car ils ne répondaient pas à sa tâche. La Collection en 74 titres
La Collection d’Anselme (la version A)
de primatu Romanae ecclesiae
de potestate et primatu apostolicae sedis
item de eadem re et quod Petrus et Paulus passi sunt una die
de libertate appellationis
de priuilegiorum auctoritate
de ordine accusandi testificandi et iudicandi
de monachorum monasteriorumque libertate
de priuilegiorum auctoritate
de ordine accusationis deque accusatorum personis
de ordinationibus ecclesiarum et de omni iure ac statu illarum
ut infra prouinciam accusatio terminetur et quid sit prouincia
de electione et ordinatione ac de omni potestate siue statu episcoporum
1 P. Fournier, « Le premier manuel canonique de la Réforme du XIe siècle », dans Mélanges d’archéologie et d’histoire, 14 (1894), p. 147‑223. 2 K. G. Cushing, Papacy and Law in the Gregorian Revolution : The Canon‑ istic Work of Anselm of Lucca, Oxford, 1998, p. 72‑86 ; 147‑169.
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chapitre x
quod ordines inferiores non possint accusare superiores
de communi uita clericorum et qui se continere non possunt
quod ecclesiarum pastores prius sint ammonendi quam accusandi
de lapsis
quod non possunt oues accusare pastores
de sacramentis
de iudicio et examinatione episcoporum
de coniugiis
de episcopis sine Romana auctoritate depositis
de poenitentia
de numero et qualitate iudicum
de excommunicatione
ut nemo absens iudicetur et de iustis iudiciis
quod Moyses nihil crudele fecit quando precepto Domini quosdam trucidauit
Anselme de Lucques et la « Collection en 74 titres » Paul Fournier considérait la « Collection » d’Anselme comme une simple imitation de la « Collection en 74 titres », premier manuel canonique de la Réforme de Cluny. Ce manuel a eu d’ailleurs beaucoup d’imitateurs, comme le cardinal Deusdedit et le prêtre Grégoire devenu l’auteur du « Polycarpus », chronologiquement proches d’Anselme de Lucques. Pourtant, l’imitation de la « Collection en 74 titres », réalisée par les canonistes grégoriens, ne peut pas nous faire refuser le caractère plus approfondi et plus professionnel de la « Collection » d’Anselme. Celui-ci a exposé la problématique générale du droit canonique dans les rubriques des livres de la « Col‑ lection » et l’a examinée d’une manière détaillée dans les titres des canons à l’intérieur de chaque livre, tandis que l’auteur de la « Collection en 74 titres » avait disposé les questions canoniques de manière arbitraire et chaotique. Si l’auteur de la « Collection en 74 titres » considérait les sujets particuliers, importants pour l’époque, Anselme essayait déjà de formuler des thèmes généraux, examinés plus systématiquement dans chaque livre de la « Collection ». La comparaison des rubriques des livres de la « Collection » d’Anselme avec les titres de la « Collection en 74 titres » fait voir la distinction de la méthodologie de l’« auteur » et l’« imitateur »-Anselme.
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173
Si la comparaison des rubriques montre les différences méthodologiques entre la Collection d’Anselme et la « Collection en 74 titres », celle-ci est néanmoins devenue la source la plus importante de récupération de canons par Anselme de Luques. Comme l’a dit Paul Fournier, « sur les 315 fragments composant la « Collection en 74 titres », 250 sont extraits de celle du pseudo-Isidore »3. Il faut ajouter que la plupart de ces fragments pseudo-isidoriens ont été insérés dans la Collection d’Anselme dans le cadre de la présentation du pouvoir épiscopal4. Anselme de Lucques et les Сonstitutions romaines impériales Comme l’a montré Anselme Szuromi, la Collection d’Anselme est devenue un code pratique de droit, dont la naissance a été provoquée par la Réforme grégorienne. Les versions manuscrites de la Collection ont eu une grande influence sur la tradition juridique dans le cadre de la réception du droit canonique et surtout de la préparation du texte du Décret de Gratien au XIIe siècle5. En effet, la compréhension anselmienne de la réalité historique, sa volonté d’actualiser les textes anciens et de moderniser leur sens sont caractéristiques et typiques du canoniste du XIe siècle 6. Anselme de Lucques a dû défendre le pape légitime en ignorant les principes classiques du droit romain, mais en s’appuyant sur certains textes législatifs romains. En effet, la méthodologie appliquée par les premiers manuels canoniques de la Réforme grégorienne n’a rien de commun avec celle du droit romain classique. L’intêret fondamental pour le droit romain et la connaissance de son système deviendront le fruit scientifique de l’activité des canonistes du XIIe siècle, parmi lesquels Yves de Chartres et Gratien occuperont la place la plus digne.
3 P.
Fournier, op. cit., p. 187. A. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum, B. 34 (2006), Frankfurt am Main, p. 79‑86. 5 S. A. Szuromi, « Some new observations on the textual development of the Collectio canonum Anselmi Lucensis », dans Iustum, Aequum, Salutare, V (2009/2), p. 141‑148. 6 J. Gaudemet, « L’ordre du monde vu par un canoniste à la fin du XIe siècle (Anselme de Lucques, Collectio canonum chap. 71 à 89) », dans Persona y derecho, 25 (1990), p. 59‑71. 4 S.
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chapitre x
Chaque législateur romain publiant des constitutions impériales, en particulier relatives aux affaires ecclésiastiques, s’est appuyé sur le principe de la distinction du droit, formulé par Gaius, jurisconsulte antique qui avait déclaré : « Chaque droit utilisé par nous s’applique soit aux personnes, soit aux objets, soit aux actions »7. Les constitutions impériales promulguées dans le cadre de l’activité législative du pouvoir romain par rapport aux chrétiens avaient été rassemblées dans le Code Théodosien en 438 en suivant le principe de Gaius. Un siècle plus tard, elles ont été rédigées et réunies avec des documents nouveaux par la commission de Tribonien, composant le Code de Justinien (en 534). En laissant de côté les recueils des lois impériales consacrées à l’Église, produites par les auteurs privés (la Collectio Auellana, les Constitutiones Sirmondianae) 8, nous devons présenter les rubriques des collections officielles du droit romain relatives à l’Église : le XVIe livre du Code Théodosien et le Ier livre du Code de Justinien9. Cette présentation nous 7 « Omne autem ius quo utimur uel ad personas pertinet uel ad res uel ad actio‑ nes » : Gaii Institutiones II, dans Fontes Iuris Romani anteiustiniani, pars altera, par I. Baviera, Florentiae, 1964, p. 10. La classification du droit est déjà devenue un trait de la société de Rome archaïque : “maximeque fama celebravit Cretensium, quas Minos, Spartanorum, quas Lycurgus, ac mox Atheniensibus quaesitiores iam et plures Solo perscripsit. Nobis Romulus ut libitum imperitauerat, dein Numa religionibus et diuino iure populum deuinxit, repertaque quaedam a Tullo et Anco, sed precipuus Seruius Tullius sanctor legum fuit, quis etiam reges obtemperarent (Tacitus Ann. III, 26). Cum a primo urbis ortu regiis institutis, partim etiam legibus, auspiciae, caeri‑ moniae, comitia, prouocationes, tota res militaris diuinitus esset constituta (Cicero Tusc. IV, 1, 1)”, – Fontes Iuris Romani Antiqui, par T. Mommsen, Friburgi, Lipsiae, 1893, p. 1‑2. 8 Aujourd’hui, il y a une grande discussion sur les origines des Consti‑ tutiones Sirmondianae, voir : E. Magnou-Nortier, « Le Code Théodosien, Livre XVI », dans Sources canoniques, 2 (2002), Paris, p. 60‑63 ; E. Magnou-Nortier, « Autour des Constitutions Sirmondiennes : introduction, texte latin, traduction française », dans Traditio Iuris : Permanence et/ou discontinuité du droit romain durant le haut Moyen Âge, Lyon, 2005, p. 105‑197 ; O. Huck, « Les Constitutions Sirmondiennes », dans Code Théodosien, Livre XVI, par J. Rougé-R. Delmaire-F. Richard, dans Sources Chrétiennes, 497 (2005), Paris, p. 430‑468. Les éditions critiques : Codicis Theodosiani libri XVI una cum Constitutionibus Sirmondianis, par T. Mommsen, Dublin/Zurich, 1971 (reprint). 9 Comme l’affirme Laurent Waelkens, les premiers titres du Code de Justinien (CJ 1, 1‑13) perdus à l’époque du haut Moyen Âge ont été recons truits au XIIe siècle, L. Waelkens, « L’hérésie des premiers titres du Code de
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aidera à considérer la réalisation historique du principe formulé par Gaius, et ignoré par les canonistes grégoriens, dans la législation ecclésiastique des empereurs romains. Le Code Théodosien
Le Code de Justinien
de fide catholica
de summa trinitate et de fide catholica et ut nemo de ea publice contendere audeat
de episcopis ecclesiis et clericis
de sacrosanctis ecclesiis et de rebus et priuilegiis earum
de monachis
de episcopis et clericis et orphanotrophis et brephotrophis et xenodochis et asceteriis et monachis et priuilegio eorum et castrensi peculia et de rimendis captiuis et de nuptiis clericorum uetitis seu permissis
de his qui super religione contendunt
de episcopali audientia et de diuersis capitulis quae ad ius curamque et reuerentiam pontificalem pertinent
de haereticis
de haereticis et manicheis et samaritis
ne sanctum baptisma iteretur
ne sanctum baptisma iteretur
de apostatis
de apostatis
de iudeis de caelicolis et samaritanis
nemini licere signum Saluatoris Christi in silice uel in marmore aut sculper aut pingere
ne christianum mancipium iudaeus habet
de iudaeis et caelicolis
de paganis sacrificiis et templis10
ne christianum mancipium haereticus uel paganus uel iudaeus habeat uel possideat uel circumcidat11
Justinien, Une hypothèse sur la rédaction tardive de C. 1, 1‑13 », dans Tijd‑ schrift voor Rechtsgeschiedenis, 74 (2011), p. 253‑296. Ici, nous laissons cette hypothèse de côté pour ne pas éveiller la curiosité du lecteur.
176
chapitre x
Le droit romain, relatif aux affaires ecclésiastiques, est donc devenu plus compliqué et plus riche à l’époque de Justinien sur le territoire de l’Empire byzantin12 , mais le Code de Justinien n’était pas bien connu en Occident pendant les siècles obscurs et ce jusqu’au XIe siècle, même en Italie. C’est le Code Théodosien et surtout ses extraits, réunis par Alaric II, le roi des Wisigoths, dans son Bréviaire, qui étaient devenus la source d’une réception limitée du droit romain en Occident, devenu un patrimoine nécessaire pour l’existence des royaumes « barbares ». D’ailleurs, cette réception n’était pas toujours bien utile pour le droit canonique. L’analyse comparative des constitutions de l’empereur Valentinien Ier, conservées dans le Code Théodosien, avec ses lettres, trouvées dans la « Collectio Auellana », effectuée par Laurent Guichard, nous montre une réalité imprévue de l’antiquité tardive : la neutralité de Valentinien Ier en matière religieuse était bien différente du « modèle constantinien »13. Il est évident que les constitutions, inspirées par cette « neutralité », étrange pour la mentalité médiévale, ne pouvaient rien donner à l’Église, surtout à l’époque de la christianisation des barbares ou de la querelle des Investitures. La question dogmatique de la foi catholique, liée à la crise arienne et à la discussion trinitaire à l’époque de la basse antiquité, est devenue, à l’époque de la Réforme grégorienne, la question canonique de l’autorité du pape de Rome. La polémique sur la position et l’organisation de l’Église par rapport au monde extérieur, aux hérétiques et aux païens, effective à l’époque des empereurs du Bas-Empire, s’est transformée dans le cadre de la polémique sur l’ordre hiérarchique de l’Église et sur la primauté pontificale à l’époque de la querelle des Investitures. C’est Anselme Szuromi qui a réalisé les recherches techniques sur l’adaptation du droit romain et des constitutions impériales, 10 J. Rougé-R. Delmaire-F. Richard, « Code Théodosien, Livre XVI », dans Sources Chrétiennes, 497 (2005), Paris, p. 111‑471. 11 Codex Justinianus, par P. Kruger, Berolini, 1873‑77, passim. 12 S. Alivisatos, Die kirchliche Gesetzgebung des Kaisers Justinian I, Berlin, 1913, p. 4‑90. 13 L. Guichard, « Le style de Valentinien Ier dans ses lois religieuses du Code Théodosien et dans ses lettres de la Collection Auellana », dans Empire chrétien et Église aux IVe et Ve siècles, Intégration ou “concordat” ? Le témoignage du Code Théodosien, par Jean-Noël Guinot-François Richard, Paris, 2008, p. 155‑172.
anselme de lucques et le droit romain
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effectuée par Anselme de Lucques dans le cadre de la composition de la Collection canonique14. Son travail nous permet de justifier l’opinion exprimée, à la suite de Jean Gaudemet, par Richard Puza : « Ecclesia uiuit lege romana », ou mieux … : « Chacun sait que le fondement du droit canonique est romain »15. Cette règle est restée tout à fait actuelle jusqu’à l’époque grégorienne, car elle était basée sur la tradition. En suivant cette tradition, Anselme de Lucques a adopté certaines constitutions appartenant au droit romain, malgré l’ignorance de ses principes fondamentaux. En premier lieu, il a adopté un édit célèbre, promulgué par les empereurs Gratien, Valentinien et Théodose le 28 février 380, adressé au peuple de la ville de Constantinople. Cet édit a donné à l’Église la position de religion dominante : Nous voulons que tous les peuples que gouverne la mesure (l’empire – dans la Collection d’Anselme) de notre clémence soient conduits à la religion que la tradition proclame avoir été transmise aux Romains par le divin Pierre apôtre et enseignée à partir de lui jusqu’à nos jours, religion à laquelle il est clair que le pontife Damase adhère, de même Pierre, évêque d’Alexandrie, homme d’une sainteté apostolique ; à savoir que, selon l’enseignement des apôtres et la doctrine évangélique, nous croyons en la divinité unique du Père, du Fils et de l’Esprit dans une égale majesté et une sainte trinité. Nous ordonnons que ceux qui suivent cette loi soient rassemblés sous le nom de Chrétiens Catholiques. Quant aux autres, insensés et égarés, nous jugeons qu’ils doivent supporter l’infamie attachée au dogme hérétique, que leurs conventicules ne pourront recevoir le nom d’Églises, qu’ils devront être châtiés en premier lieu par la vengeance divine, ensuite par celle de notre volonté que nous recevons d’une décision du ciel16. 14 S.
A. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum, B. 34 (2006), Frankfurt am Main, p. 101‑130. 15 R. Puza, « Le Code Théodosien XVI et le droit canonique », dans Empire chrétien et Église aux IVe et Ve siècles, Intégration ou “concordat” ? Le témoignage du Code Théodosien, par Jean-Noël Guinot-François Richard, Paris, 2008, p. 248. 16 « Cunctos populos quos clementiae nostrae regit temperamentum in tali uolu‑ mus religione uersari quam diuinum Petrum apostolum tradidisse Romanis reli‑ gio usque ad nunc ab ipso insinuata declarat quamque pontificem Damasum sequi claret et Petrum Alexandriae episcopum uirum apostolicae sanctitatis hoc est ut secundum apostolicam disciplinam euangelicamque doctrinam Patris et Filii et Spiritus sancti unam deitatem sub pari maiestate et sub pia trinitate credamus. Hanc legem sequentes christianorum catholicorum nomen iubemus amplecti reli
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chapitre x
L’édit mentionné, inséré dans le Code Théodosien (CTh XVI, 1, 2) en 438, reproduit presque un siècle plus tard dans le Code de Justinien (CJ I, 1, 1)17, puis retrouvé dans la « Collectio Ques‑ nelliana », n’est devenu qu’un prétexte permettant à Anselme de Lucques de déclarer : « Que tout le monde suit la religion, prêchée par le divin apôtre Pierre », c’est-à-dire par le pape18. Le pape Damase avait proclamé la foi catholique sanctionnée par les empereurs. La mention de Damase était une cause suffisante pour insérer l’édit dans la « Collection canonique » d’Anselme de Lucques. L’autorité de Damase était traditionnellement respectée par les canonistes médiévaux, surtout par les canonistes grégoriens. Deux siècles plus tard, Accursius a dit dans sa Magna Glossa : « Damasus uir summae sanctitatis »19. Anselme a-t-il utilisé le Code Théodosien ou plutôt des extraits conservés dans des recueils médiévaux privés ?Cette question n’a pas de réponse définitive. La version de l’édit présentée dans la « Collection » d’Anselme, présente certaines différences par rapport à la version originelle. Ainsi, la version anselmienne propose l’expression : « clementiae nostrae regit imperium », tandis que la version du Code Théodosien contient une variante capable de changer le sens de la phrase : « clementiae nos‑ trae regit temperamentum ». La version anselmienne ne mentionne pas les noms des auteurs de l’édit de Thessalonique, en l’attribuant faussement à l’empereur Justinien Ier. Comme l’a montré Friedrich Thaner, Anselme de Lucques a parfois utilisé les lois romaines de
quos uero dementes uesanosque iudicantes haeretici dogmatis infamiam susti‑ nere diuina primum uindicta post etiam motus nostri quem ex caelesti arbitrio sumpserimus ultione plectendos » : E. Magnou-Nortier, « Le Code Théodosien, Livre XVI », dans Sources canoniques, 2 (2002), Paris, p. 97. 17 Il y a une grande discussion sur l’origine de l’Edit de Thessalonique inséré dans le Code de Justinien au XIe siècle d’après l’opinion de L. Waelkens : L. Waelkens, « L’hérésie des premiers titres du Code de Justinien, Une hypothèse sur la rédaction tardive de C. 1,1‑13 », dans Tijdschrift voor Rechtsgeschiedenis, 74 (2011), p. 253‑296 ; S. Grodziski-D. MalecA. Karabowicz-M. Stus, « Vetera novis augure », dans Studia i parce dedyko‑ wane Professorowi Waclawowi Uruszczakowi, Cracovie, 2010, passim. 18 « Vt omnes eam sequantur religionem quam diuinus Petrus apostolus edocuit » : Anselmi Episcopi Lucensis Collectio canonum una cum collectione minore recensuit F. Thaner, Oeniponte, 1906/1915, p. 76. 19 Accursii Glossa in Codicem, dans Corpus Glossatorum juris ciuilis, Torino, 1968, p. 4.
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la Collection de Bobbio, décrite par Friedrich Maassen20. En tout cas, la valeur historique de l’édit de Thessalonique n’était pas perçue par Anselme, qui l’a mis dans le IIe livre de la Collection parmi les autres lois et canons particuliers, dédiés aux questions de l’appellation. Comme l’a dit Emmanuel Soler, « c’est cependant en 380 que, pour la première fois, le terme « catholiques » distinguait officiellement les chrétiens orthodoxes reconnus comme tels par l’État impérial des hérétiques qui refusaient Nicaenum »21. Il est bien connu que l’édit de Thessalonique a eu sa propre histoire dans l’Empire byzantin. Le texte de l’édit a été traduit en grec et inséré dans les Basiliques sous l’empereur Léon VI (c. 900). Comme l’ont dit Igor Medvedev et Stephanos Troianos, le manuscript grec Paris Coislin 151 utilisé par Gustav Heimbach dans le cadre de la reconstruction du Ier Livre des Basiliques reflète le texte authentique du Code byzantin promulgué par les empereurs macédoniens, très proche du texte latin du Code de Justinien. Cependant, les chercheurs du XXe siècle, Herman Jan Scheltema et Nicolas Van Der Wal, ont ignoré ce manuscrit en préparant la reconstruction du Ier Livre des Basiliques22 . Quoi qu’il en soit, Anselme de Lucques n’était ni un chroniqueur, ni un historien, ni un jurisconsulte, mais il était un canoniste grégorien afin de voir s’il était possible de l’actualiser et de l’adopter pour servir les intérêts du pape de Rome. La grande partie des constitutions impériales récupérées par Anselme de Lucques se trouve dans le IVe livre de la « Collection canonique »23. Certaines constitutions se retrouvent aussi dans la lettre de Hincmar de Reims, adressée à l’empereur Charles le Chauve. La plupart des lois mentionnées parlent de différents privilèges, octroyés à l’Église par le pouvoir romain impérial. 20 Anselmi
Episcopi Lucensis Collectio canonum…, p. 76. Soler, « L’Église Catholique sous la dynastie théodosienne », dans Empire chrétien et Église aux IVe et Ve siècles, Intégration ou “concordat” ? Le témoignage du Code Théodosien, par Jean-Noël Guinot-François Richard, Paris, 2008, p. 109‑110. 22 I.P. Medvedev, « K zaverscheniu novogo izdania Basilik », dans Vizan‑ tijskij Vremennik, 52 (1991), Moscou, p. 273‑275 ; Basilicorum Libri LX, par G.H. Heimbach, Lipsiae, 1833, Vol. I, p. 1 ; Basilicorum Libri LX, par H.J. Scheltema-N. VAN DER WAL, Groningen, 1955, Vol. I, p. 1. 23 S. A. Szuromi, « Anselm of Lucca as a canonist », dans Adnotationes in ius canonicum, B. 34 (2006), Frankfurt am Main, p. 101‑130. 21 E.
180
chapitre x
Anselme de Lucques n’était pas un auteur de chronique. Soupçonnait-il l’origine historique de la politique romaine par rapport aux clercs ?Il est évident qu’il n’avait pas la moindre idée de la réalité de la participation épiscopale dans le fonctionnement des structures urbaines de l’antiquité tardive, de la distinction définitive entre les biens ecclésiastiques et ceux de la curie municipale, approuvée par le droit romain, de la position fiscale des clercs dans l’Empire romain24, etc. Le monde d’Anselme était celui de l’Italie médiévale du XIe siècle : il ne connaissait pas d’autres rapports sociaux que les rapports féodaux, selon lesquels il n’y avait qu’un service militaire des vassaux et une protection législative des seigneurs ; il n’y avait que deux centres de l’autorité suprême : le pape et l’empereur, lequel devait devenir l’humble fils du pape s’il voulait rester le seigneur catholique et chrétien. En même temps, Anselme, comme chaque érudit au Moyen Âge, considérait sa propre époque comme la continuation légale et naturelle du temps romain ancien. Si le pape Grégoire VII était le successeur de saint Pierre, comme Damase, Léon le Grand et Gélase, de même l’empereur Henri IV devait être considéré comme le successeur de Constantin, Théodose ou Justinien : il devait suivre les constitutions anciennes et respecter la liberté de l’Église, garantir l’immunité de ses biens et ses droits, parmi lesquels le droit de l’investiture était le plus important. C’est Jean Gaudemet qui a examiné la manière anselmienne d’appliquer les lois romaines à la réalité de son époque sur l’exemple des fragments des Novelles de Justinien, exprimant le principe de la symphonie du pouvoir spirituel et du pouvoir terrestre25. Le même anachronisme caractérise 24 Empire
chrétien et Église aux IVe et Ve siecles, Intégration ou “concordat” ? Le témoignage du Code Théodosien, par Jean-Noël Guinot-François Richard, Paris, 2008, p. 83‑465 ; R. Lizzi Testa, Vescovi e strutture ecclesiastiche nella città tardoantica (l’Italia annoraria nel IV-V secolo d. C.), Roma, 1989, p. 36‑ 137 ; R. Lizzi Testa, « Privilegi economici e definizione di status : il caso del vescovo tardoantico », Rendiconti della academia nazionale dei Lincei, classe di scienze morali, storiche e filologiche, S. IX, Vol. XI, Fasc. I, Roma, 2000, p. 57 ; R. Lizzi Testa, « “Tributa sunt purpurae, non lacernae”, Il guardaroba del vescovo tardoantico », dans Tutto è grazia : in ommagio a Giuseppe Rugieri, Roma, 2010, p. 375‑396. 25 J. Gaudemet, « L’ordre du monde vu par un canoniste à la fin du XIe siècle (Anselme de Lucques, Collectio canonum chap. 71 à 89) », dans Per‑ sona y derecho, 25 (1990), p. 59‑71.
anselme de lucques et le droit romain
181
Anselme, quand il a pris les constitutions romaines de l’antiquité tardive ou les textes nés dans le royaume ostrogoth de l’Italie. Le manque d’information historique l’a parfois empêché de comprendre le vrai caractère du document choisi. Dans plusieurs fragments de la Collection en particulier (I, 24 ;I, 50 ;II, 57 ;III, 102 ;VI, 1), Anselme cite les textes des Actes des conciles symmachiens, conservés dans les lettres de Symmaque ou dans les œuvres d’Ennodius. Ainsi Anselme présente des fragments des Actes du concile de Rome, convoqué en 499 sous le pape Symmaque, provoqué par sa lutte avec le prêtre Laurent, en disant dans le préambule : « Qu’aucune personne ne sollicite la papauté et ni lorsque le pape vit… »26. Ailleurs il cite un document du concile de Rome, du 6 novembre 502, qui contient l’ordre du roi Théodoric de défendre les droits du pape27. Il est évident qu’Anselme a actualisé le texte de l’époque de Théodoric pour l’appliquer à la situation, liée à l’élection illégitime de Guibert de Ravenne, effectuée par l’empereur Henri IV. Les parallèles historiques étaient clairs : Symmaque – Grégoire VII, Laurent – Guibert de Ravenne, probablement Henri IV – Anastase Ier, l’empereur romain de l’Est, devenu l’adversaire de la papauté à l’époque de Gélase à cause de la question monophysite, donnant son soutien à Laurent et aux sénateurs romains devenus hostiles au pape légitime. Mais le roi Théodoric, où a-t-il disparu dans la comparaison historique proposée par Anselme à ses lecteurs ? Comme le dit le « Liber Pontificalis » (source connue et citée par Anselme à d’autres endroits), après le concile de Rome de 499, le pape Symmaque en a convoqué un autre le 23 octobre 502, après avoir été attaqué par les sénateurs Feste et Probine28 qui avaient commis des crimes sanglants29. Cette histoire est attestée par les lettres du pape Symmaque, probablement connues par Anselme. Сe sont les majordomes du roi Théodoric, les Ariguerne, Bedeulfe et Gudila, qui ont sauvé le pape Symmaque dans ce moment
26 Anselmi
Episcopi Lucensis Collectio canonum…, p. 265. Episcopi Lucensis Collectio canonum…, p. 181‑182. 28 CH. Pietri, L. Pietri, Prosopographie Chrétienne du Bas-Empire : Prosopographie de l’Italie Chrétienne (313‑604), Paris, 1999, Vol. I, p. 812‑814 ; Paris, 2000, Vol. II, p. 1836‑1837. 29 Le Liber Pontificalis, par L. Duchesne, Paris, 1886, T. I, p. 261. 27 Anselmi
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périlleux30. Comme les Goths, ils étaient ariens, mais ils ont obéi à l’ordre de leur roi, devenu pour le pape le consul ordinaire de l’Est et le princeps Romanus, mais resté pour eux le roi de l’armée des Goths (le rex exercitus Gothorum), ou le reiks harjis en gothique. Comme l’a dit Herwig Wolfram, Théodoric, devenu le princeps Romanus et même l’Auguste de l’Italie, a justifié son titre par la citation de la volonté de Zénon, un des empereurs romains d’Orient, auxquels les sources gothiques, particulièrement le calendrier liturgique (dont un fragment a été conservé dans le manuscrit-palimpseste de la bibliothèque Ambrosienne) avait réservé le titre d’empereur au sens propre – le þiudans31. Finalement, Anselme de Lucques ne pouvait pas connaître ces particularités historiques, mais était-il capable d’admettre l’idée de considérer le roi hérétique en qualité de protecteur de l’Église de Rome ? Cette question restera ouverte, mais il est sûr que la Collection canonique d’Anselme ne représente pas un livre dans lequel la largeur des vues et l’impartialité historique de l’auteur sont les qualités majeures. Les textes romains législatifs, approuvés par les recueils officiels, sont devenus la partie la plus importante de la « Collection » d’Anselme au sens juridique, après les « Fausses Décrétales » et les « Lettres » pontificales. Parfois, ces textes ont été corrompus par les interpolations médiévales. Ils sont devenus la clé nécessaire pour connaître la perception des textes romains anciens durant le haut Moyen Âge. La récupération de constitutions romaines de l’anti30 CH. Pietri, L. Pietri, Prosopographie Chrétienne du Bas-Empire : Prosopographie de l’Italie Chrétienne (313‑604), Paris, 1999, Vol. I, p. 186‑187. 31 [thiudans] – le roi, v. H. Wolfram, Die Goten von den Anfängen bis zur Mitte des sechsten Jahrhunderts, Entwurf einer historischen Ethnographie, Sankt-Petersburg, 2003, p. 406‑413. Le calendrier liturgique des Goths mentionne le 3 novembre comme le jour de la mémoire de “Kustanteinus þiudanis”. Il s’agit de Constantin le Grand, l’empereur romain. D’ailleurs il ne faut pas oublier que le calendrier a été produit par les Goths romanisés, devenus chrétiens et appelés “les petits Goths” (la partie des terwingues dans le sens ethnique). En même temps, les grewtungues – les prédécesseurs des Ostrogoths et les païens, pouvaient utiliser le terme “ þiudans” pour appeler leur “reiks” avant l’invasion des Huns, à l’époque de Hermanarich qui avait créé son “empire” primitif sur le territoire de la Russie actuelle, v. Iordanis Getica siue de origine actibusque Getarum, par T. Mommsen, Berolini, 1882, p. 88‑89.
183
anselme de lucques et le droit romain
quité tardive, effectuée par Anselme de Lucques, nous en montre la dynamique, expliquée par le tableau suivant : L’empereur et l’adresse
La date
La loi
La Collection d’Anselme (la version A) et l’intermédiaire selon Fr. Thaner
Le sujet selon Anselme
Constantin à Dracilien
le 31 août 326
CJ I, 5, 1
IV, 54
Vt priuilegia catholicis facta non prosint hereticis
Constance adresse son salut aux clercs
le 27 août 343
CTh XVI, 2, 8
IV, 13 par la lettre de Hincmar de Reims à Charles le Chauve
Vt clerici suis rebus licenter gaudeant
Constance et Julien aux habitants d’Antioche
le 14 février 361
CTh XVI, 2, 16
IV, 14 par la lettre de Hincmar de Reims à Charles le Chauve
Vt fideles Christiani perpetua securitate potiantur
Valentinien et Valens à Claudius, préfet de la ville
le 8 juilet 369
CJ I, 4, 2
II, 3 par la Collection de Bobbio ?
Vt frustatoriae dilationis causa appellationes non fiant
Valentinien, Valens et Gratien à Probe, préfet du prétoire
le 3 décembre 374
CJ VII, 44, 3
III, 90 par les Registres de Grégoire I, XIII, 50
___
Gratien, Valentinien et Théodose au peuple de la ville de Constantinople
le 28 février 380
CTh XVI, 1, 2 ; CJ I, 1, 1
II, 2
Edictum Imperatoris ut omnes eam sequantur religionem quam diuinus Petrus apostolus edocuit
Gratien, Valentinien et Théodose à Tuscianus, comte d’Orient
le 31 mars 381
CTh XVI, 2, 26
IV, 15
Vt custodes sacrorum locorum nullam molestiam sustineant
Valentinien, Théodose et Arcadius à Optat, préfet augustal
le 4 février 384 ?
Const. Sirmdon. 3
III, 106
Vt episcopi et ceteri ordines ecclesiastici ad publicas leges non pertrahantur
184
chapitre x
Valentinien, Théodose et Arcadius à Dextre, comte des objets privés
le 3 juillet 387
CJ VII, 38, 2
IV, 39
Vt terrae ecclesiarum aut reipublicae quae uenditae uel alienatae sunt absque pretio restituantur
Arcadius et Honorius à Hierius, vicaire d’Afrique
le 23 mars 395
CTh XVI, 2, 29
IV, 16 par la lettre de Hincmar de Reims à Charles le Chauve
Vt priuilegia ecclesiis facta permaneant inuiolata
Arcadius et Honorius à Théodore, préfet du prétoire
le 31 janvier 397
CTh XVI, 2, 30
IV, 17 par la lettre de Hincmar de Reims à Charles le Chauve
De eadem re
Arcadius et Honorius à Théodore, préfet du prétoire
le 26 avril 398
CJ I, 3, 10
(III, 90) ; IV, 23 par les Registres de Grégoire I, XIII, 50 par la lettre de Hincmar de Reims à Charles le Chauve
Vt procurator prouinciae capitali sententia uindicet iniurias quae ecclesiis uel ecclesiasticis uiris importantur
Arcadius et Honorius à Euthychianus, préfet du prétoire
le 27 juillet 398
CJ I, 3, 11
IV, 24
Vt episcopi per ecclesias clericos ordinent quotquot unicuique uiderint competere
Arcadius et Honorius à Sapidianus, vicaire d’Afrique
le 25 juin 399
CTh XVI, 2, 34*
IV, 18 par la lettre de Hincmar de Reims à Charles le Chauve
Vt qui priuilegia ecclesiae uiolauerit XII libras auri persoluat
Honorius et Théodose à Meletius, préfet du prétoire
le 25 mai 412
CJ I, 2, 5
IV, 21
Item de quibus necessitatibus ecclesiae singularum urbium habeantur immunes
Valentinien et Marcianus à Palladius, préfet du prétoire
le 12 novembre 451
CJ, I, 2, 12
IV, 53
Confirmatio priuilegiorum quae sacrosanctis ecclesiis facta fuerunt
anselme de lucques et le droit romain
185
Marcianus à Palladius, préfet du prétoire
le 7 février 452
CJ I, 1, 4
IV, 25
Vt nemo de fide Christiana quaestionem audeat amplius mouere quae reuerentissimis synodis firmata est
Valentinien et Marcianus à Palladius, préfet du prétoire
le 6 juillet 452
CJ I, 3, 23
III, 94 (par la Collection de Bobbio ?)
Vt memoria Euticetis dampnetur et Flabiani uenerabilis recordatio magnificetur
Léon et Anthemius à Armasius, préfet du prétoire
le 8 mars 469
CJ I, 3, 30
VI, 4
Item de eligendis episcopis ut puris mentibus fiat et nullum pretium interueniat
Léon et Anthemius à Dioscore, préfet du prétoire
le 23 décembre 471
CJ I, 3, 34
IV, 55
Item confirmatio priuilegiorum quae locis uene rabilibus facta sunt
Léon et Anthemius à Erythrius, préfet du prétoire
le 4 avril 472
CJ I, 3, 32
IV, 20
Item priuilegium de libertate clericorum ac monachorum
Justinien à Démosthène, préfet du prétoire
529
CJ I, 2, 22
IV, 19
Priuilegium imperatoris de uenerabilibus locis
Justinien à Démosthène, préfet du prétoire
529
CJ I, 2, 21
IV, 22
Vt nemo audeat ab ecclesiis quomodo libet tollere uasa sacra uel uestes aut cetera donaria
NJ 6, pr. 1
I, 89
Quod sacerdotium et imperium humanam maxime uitam exornat et de eligendis ordinandisque episcopis et
Justinien à Épiphane, patriarche de Constantinople
de dampnatione symoniacae peruersitatis
186
CHAPITRE X
Justinien à Pierre, préfet du prétoire
NJ 123, 19 ; 29
III, 90 (par les Registres de Grégoire I, XIII, 50)
Commonitorium pape Gregorii Iohanni defensori qualiter agere debeat de quibusdam episcopis iniuste dampnatis et de presbyteris quibusdam et cetera
Justinien
NJ 132
I, 88
Professio imperatoris quod primum et maximum bonum est christianae fidei recta confessio
Justinien
NJ 123 ; 137
VI, 3 par l’Épitome de Julien, cap. 428
Preceptum imperatoris qualiter episcopi sint eligendi
Justinien
Inst.J II, 1, 7
V, 46*
Quod res sacrae nullius sunt nec alienari debent nisi pro captiuis
Conclusion L’adaptation du droit romain effectuée par Anselme de Lucques est un travail accompli dans le cadre de la création d’une apologie contre les partisans de l’empereur d’alors – le roi germanique. Finalement, l’utilisation du droit romain par Anselme avait un caractère technique. La modernisation du point de vue sur le droit romain, l’interprétation des constitutions romaines dans le cadre de la politique de l’époque étaient la principale méthode d’Anselme. En essayant d’actualiser les constitutions romaines de l’antiquité tardive, Anselme de Lucques est tombé dans une sorte d’anachronisme historique, rendu évident seulement par les historiens modernes, mais excusé par ses préoccupations politiques.
CHAPITRE XI
LA DOCTRINE MORALE ET LA SPIRITUALITÉ D’ANSELME DE LUCQUES : LE « SERMO DE CARITATE », LES LETTRES ET LES PRIÈRES Anselme de Lucques est un théologien original. Il a appliqué le terme caritas, repris à saint Augustin, pour signifier l’obéissance hiérarchique au pape légitime. Cette obéissance est devenue pour lui une condition de l’unité de l’Église universelle. Sa doctrine morale et sa spiritualité liées à la dévotion mariale et eucharistique sont les éléments importants de sa compréhension de la vie de l’Église. Anselme, ignorant la doctrine tolérante de saint Augustin concernant les sacrements des schismatiques, approuvait au contraire l’opinion rigoriste de saint Cyprien, en fait réprouvée par l’Église de Rome aux IIIe, IVe et VIIe siècles. L’ecclésiologie « ultramontaine » d’Anselme a influencé sa doctrine éthique. Comme l’a montré Giuseppe Fornassari, historien italien, le thème de la caritas, compris en tant que service au pape, est devenu le sujet central de sa théologie morale. La valeur sotériologique de la caritas a toujours été évidente pour la tradition patristique, mais c’est Anselme qui identifia cette vertu à une position politique1. Anselme de Lucques considérait la caritas en tant que vertu active, obligeant chaque chrétien à combattre pour le vicaire de saint Pierre, Grégoire VII et à lui obéir2 . Comme l’a justement dit Giuseppe Fornassari, la théologie morale d’Anselme était complètement différente de la tradition spirituelle de saint Benoît, selon laquelle l’obéissance extérieure n’était que le moyen nécessaire pour une purification intérieure et un développement de la charité cordiale 3. Saint Benoît était plus proche de la tradition monastique grecque qu’Anselme, malgré sa célèbre conversion au monachisme 1 G. Fornassari, « S. Anselmo e il problema della “caritas” », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 301‑312. 2 H. E. Cowdrey, Pope Gregory VII 1073‑1085, Oxford, 1998, p. 306. 3 Ibid., p. 303‑304.
188
chapitre xi
bénédictin en 1075. S’appuyant sur la compréhension ambrosienne de l’Église, Anselme de Lucques la comparait au bateau du Christ, entouré par les vagues du monde. C’est pourquoi, il considérait l’obéissance au pape comme la soumission au pilote et la liberté politique comme la condition la plus fondamentale de la réalisation de la charité, inspirée par le Saint-Esprit. L’indépendance politique de l’Église de Rome face à la tyrannie d’Henri IV et du pseudopape Clément III avait une valeur spirituelle pour lui, car elle préservait la dignité intérieure des chrétiens. La doctrine morale anselmienne Anselme identifiait la charité à l’action du Saint-Esprit, octroyant la vérité et la liberté. Dans le « Sermo de caritate » il écrit : « La seule vraie charité est celle qui est gouvernée par la motion de l’Esprit et qui n’est soutenue ni par le conseil humain ni par la délibération, elle qui se répand d’autant plus largement que serait plus libre l’esprit dans lequel elle s’introduit » 4. On pourrait considérer qu’Anselme de Lucques était un disciple de saint Augustin pour les questions non liées à la doctrine sacramentelle. Anselme prêchait un service actif à l’Église. Chaque chrétien devait participer à la défense du pape légitime et à la juste persécution des schismatiques. Il considérait qu’une action publique, accomplie pour le salut des frères, était un geste plus important que le souci de son propre salut éternel. Anselme posait une question rhétorique dans le « Sermo de caritate » : « Dans quel esprit, en effet, un serviteur du Christ préférerait-il son salut au fait d’être utile envers ceux qui lui sont plus proches, quand le Fils unique du Père lui-même, pour être utile à la multitude, est sorti du sein du Père vers notre monde ? »5 Si le bateau du Christ, dirigé par saint 4 « Sola… uera caritas est quae impetu Spiritus regitur nec consilio humano nec deliberatione fulcitur quae tanto latius propagatur quanto liberior fuerit mens cui inseritur » : E. Pásztor, « Motivi dell’ecclesiologia di Anselmo di Lucca. In margine a un sermone inedito », dans Bollettino dell’Istituto Storico Italiano per il Medio Evo e Archivio Muratoriano, 77 (1965), p. 96‑97 ; G. Fornassari, op. cit., p. 303. 5 « Qua enim mente seruus Christi utilitati proximiorum salutem preponat suam quando ipse Patris Vnigenitus, ut multis prodesset de sinu Patris egressus est ad publicum nostrum ? » : E. Pásztor, « Motivi dell’ecclesiologia di Anselmo
la doctrine morale et la spiritualité
189
Pierre et son vicaire, Grégoire VII, était menacé par la tempête politique, chaque chrétien catholique devait accomplir son service moral et protéger le bateau de toutes ses forces. Comme le dit Eugène Trubezkoi, Anselme de Lucques considérait l’investiture impériale comme une usurpation de la propriété du Christ6. En ce cas, l’élection de Clément III n’était que le triomphe de l’agression diabolique contre l’Église, fiancée immaculée du Fils de Dieu. Giuseppe Fornassari et Edith Pásztor ont reconnu que le « Sermo de caritate » avait été écrit par Anselme en 1085 ou au début de 1086, c’est-à-dire juste avant sa mort7. En ce temps-là, Grégoire VII était déjà décédé à Salerne et les partisans de Henri IV triomphaient malgré la victoire militaire des princes fidèles au parti grégorien : les troupes de Mathilde de Toscane avaient libéré la région de Mantoue et l’armée de Robert Guiscard avait ravagé la Ville éternelle. Comme nous l’avons remarqué, Anselme, influencé par l’éloquence de saint Ambroise, aimait comparer l’Église de Rome au bateau du Christ à Tibériade. Il caractérisait la position de l’Église contemporaine, en disant : « Voilà que maintenant à nouveau la tempête s’est levée sur la mer, le bateau au milieu de la mer est secoué par les flots. Car le Christ dort au milieu du bateau, et, puisque Judas se trouve encore dans le bateau, Pierre se trouble » 8. Selon Anselme, c’était l’antipape Clément III qui était devenu Judas. Dans le premier livre de la « Collection canonique », Anselme a mis un fragment des commentaires de saint Ambroise sur l’évangile selon saint Luc, devenu la source principale pour le « Sermo de caritate ». Ce motif a été répété dans la Collection d’Anselme un peu plus tard, exprimé par une nouvelle citation de saint Ambroise :
di Lucca. In margine a un sermone inedito », dans Bollettino dell’Istituto Storico Italiano per il Medio Evo e Archivio Muratoriano, 77 (1965), p. 97 ; G. Fornassari, op. cit., p. 304. 6 E. N. Trubezkoi, Religiozno-obschestvennii ideal zapadnago christianstva, Saint-Pétersbourg, 2004, p. 264. 7 E. Pásztor, op. cit., p. 48 ; G. Fornassari, op. cit., p. 305. 8 « Ecce nunc iterum tempestas in mari orta est, nauis in mari medio iactatur fluctibus. Dormit enim in medio nauis Christus et quia Iudas adhuc in naui est, turbatur Petrus » : E. Pásztor, op. cit., p. 48.
190
chapitre xi Le Sermo de caritate
La version Bb de la Collection
La version A de la Collection
Quod nauis beati Petri non turbatur 9. Ex tractatu beati Ambrosii super Lucam. Ambrosius episcopus.
Quod sanctus Petrus et Paulus doctores sunt gentium auctores mar- Sermo de caritate tyrum principes sacerdotum et quod Petrus a soliditate fidei petra dicitur et in naui eius omnes tuti sunt. Ambrosius in sermone ad populum.
Non turbatur nauis quae habet Petrum turbatur illa quae Iudam habet etsi multa illic discipulorum merita nauigabant tamen adhuc eam proditoris perfidia agitabat. In utraque Petrus sed qui suis meritis firmus est turbatur alienis. Caueamus igitur perfidum caueamus proditorem ne per unum plurimi fluctuemus. Ergo non turbatur haec nauis in qua prudentiam auigat abest perfidia fides sperat . Quemadmodum enim turbari poterat cui preerat is in quo ecclesiae firmamentum est ? Illic ergo turbatio ubi modica fides hic securitas ubi perfecta dilectio. Denique etsi aliis imperatur ut laxent retia sua soli tamen Petro dicitur : Duc in altum hoc est in profundum
Hanc igitur solam ecclesiae nauem ascendit Dominus in qua Petrus magister est constitutus dicente Domino : Super hanc petram aedificabo ecclesiam meam. Quae nauis in altum saeculi istius nata ita ut pereunte mundo quos suscepit seruet illaesos. Sicut enim Noae archa naufragante mundo cunctos quos susceperat incolumes seruauit ita et Petri ecclesia confragante saeculo omnes quos amplectitur representabit illaesos »11.
9 11
Ecce nunc iterum tempestas in mari orta est, nauis in mari medio iactatur fluctibus. Dormit enim in medio nauis Christus et quia Iudas adhuc in naui est, turbatur Petrus
La version “Bb” (les codex de Vatican Lat. Barb. 535, de Paris BnF. Lat. 12450). Ibid. p. 36.
la doctrine morale et la spiritualité
191
disputationum. Quid enim tam altum quam altitudinem diuitiarum uidere scire Dei Filium et professionem diuinae generationis assumere ? Quam licet mens non queat humana plenae rationis inuestigatione comprehendere fidei tamen plenitudo complectitur »10.
Anselme de Lucques exprima sa doctrine morale et politique non seulement dans ses ouvrages polémiques, mais aussi dans ses lettres, justement considérées par Giuseppe Fornassari en qualité de documents illustrant une spécificité de la pensée anselmienne12 . Le chercheur s’est borné à l’analyse d’une seule lettre anselmienne dans le cadre de sa compréhension de la charité, de l’obéissance et de la liberté ; mais à notre avis, toute la correspondance d’Anselme est très significative pour permettre d’aboutir à des conclusions, généralisant l’idée principale de sa pensée éthique. Une lettre d’Anselme, adressée au roi d’Angleterre, Guillaume le Conquérant, a une remarquable valeur politique. Cette lettre a été datée par Karl Erdmann de 1085. Elle a donc été écrite pendant la dernière période de la vie d’Anselme. On peut se demander pourquoi, celui-ci, résistant aux schismatiques lombards avec sa plume et son éloquence, décida d’écrire au roi d’un pays si lointain. Il est évident que Guillaume le Conquérant avait la bénédiction de Grégoire VII, qui trouvait un intérêt à son soutien. L’alliance entre Guillaume et Grégoire a été fortifiée par les nombreuses lettres du pape, dans lesquelles il lui avait indiqué le droit chemin. Comme disait Grégoire VII, chaque prince chrétien devait devenir un fils spirituel de saint Pierre et de son vicaire pour justifier sa destinée chrétienne. Cette déclaration est répétée plusieurs fois dans les « Dictatus Papae ». Elle est devenue une base idéologique de la résistance à l’empereur pendant la querelle des Investitures. Comme l’a montré Andrei Viazigin, la foi chrétienne devait recevoir une réalisation concrète dans la vie politique quotidienne 10 Anselmi Luccensis Collectio canonum una cum collectione minore, ed. F. Thaner, Oeniponte, 1906, p. 22. 12 G. Fornassari, S. op. cit., p. 310.
192
chapitre xi
selon Grégoire VII13. C’est pourquoi il exprimait sa doctrine dans une conversation par correspondance, dans ses lettres, adressées aux princes. On sait que Grégoire VII a supprimé le rite ancien de l’Église d’Espagne dans sa lettre, adressée aux rois Alfonse VI de Castille et Sancho IV de Navarre14. L’attitude du pape relative au pouvoir civil se manifeste aussi dans sa politique envers les princes chrétiens qui n’appartenaient pas à la tradition latine. D’abord Grégoire VII cherchait un moyen de mettre fin au schisme avec le patriarche de Constantinople, en écrivant à Michel VII, empereur byzantin en 107315. Dans les « Dictatus Papаe », daté du 16 décembre 1074, Grégoire VII appelait les princes, fidèles au SaintSiège, à aider leurs frères de l’Empire de Constantinople, assiégé par des seldjoukides, nonobstant le schisme16. Quelques années 13 A. Viazigin, Grigorii VII, Ego zizn’ i obschestvennaia deiatelnost’, Saint-Pétersbourg, 1891, p. 1‑150. Andrei Viazigin, professeur ordinaire en histoire médiévale de l’Université impériale de Kharkov, publiciste politique russe, influencé par la doctrine grégorienne, a été tué à coups de sabre par les rouges en septembre 1919, alors qu’il avait été arrêté en tant qu’otage. 14 « …Romanae ecclesiae ordinem et officium recipiatis non Toletanae uel cuiuslibet aliae sed istius quae a Petro et Paulo supra firmam petram per Chris‑ tum fundata est et sanguine consecratа cui porte inferni id est linguae heretico‑ rum nunquam preualere potuerunt sicut cetera regna occidentis et semptemtrio‑ nis teneatis » : Das Register Gregors VII, herausgegeben von E. Caspar, Berlin, 1955, Vol. II, p. 93 ; H. E. Cowdrey, Pope Gregory VII 1073‑1085, Oxford, 1998, p. 468‑480. 15 « Nos autem non solum inter Romanam cui licet indigni deseruimus eccle‑ siam et filiam eius Constantinopolitanam antiquam Deo ordinante concordiam cupimus innouare sed si fieri potest quod ex nobis est cum omnibus hominibus pacem habere… » : Das Register Gregors VII, herausgegeben von E. Caspar, Berlin, 1955, Vol. I, p. 29‑30 ; H. E. Cowdrey, Pope Gregory VII 1073‑1085, Oxford, 1998, p. 481‑487. 16 « …dixerimus de adiutorio faciendo fratribus nostris, qui ultra mare in Constantinopolitano imperio habitant, quos diabolus per se ipsum a fide catholica conatur avertere et per membra sua non cessat cotidie quasi pecudes crudeliter ene‑ care… » (Dictatus Papae le 16 décembre 1074), dans Fontes litem de investitura illustrantes. Pars prior Gregorii Papae VII Epistolae selectae, cura et studio F. J. Schmale, dans Ausgewählte Quellen zur Deutschen Geschichte des Mit‑ telalters, B. XII a, Darmstadt, 1978, p. 70 ; La même idée du pape était exprimée dans sa lettre, datée du 1 mars 1074 : « Notum uobis esse uolumus hunc uirum presentium portitorem dum de ultramarinis nuper reuerteretur parti‑ bus apostolorum limina et nostrum presentiam uisitasse. A quo sicut a plerisque aliis cognouimus gentem paganorum contra christianum fortiter inualuisse impe‑ rium et miseranda crudelitate iam fere usque ad muros Constantinopolitanae ciui‑
la doctrine morale et la spiritualité
193
plus tard, Grégoire VII excommunia Nicéphore III Botaniatès, empereur byzantin, au concile de Rome, convoqué le 19 novembre 1078, parce que l’empereur aurait usurpé le trône, en épousant la femme de Michel VII, Marie d’Alanie17. En outre le pape écrivit au prince russe Iziaslav, en lui donnant comme conseil d’apporter un hommage au Siège apostolique18. Anselme de Lucques essayait de continuer l’activité pastorale de son père spirituel19. Sa lettre adressée à Guillaume le Conquérant est une manifestation de cette activité. Anselme ne voulait pas que le roi d’Angleterre reconnût l’antipape Clément III. C’est pourquoi, il lui exposa sa théorie éthique du pouvoir et son opinion sur l’image morale du prince chrétien. Anselme commence par une louange à Dieu, qui a élevé Guillaume au sommet du pouvoir : « Par quelle puissance de vertu et (quelle) gloire de prospérité la droite très invincible de Dieu t’élèverait-elle et par quelle proclamation de louange t’exalterait-elle partout parmi les diverses nations ? », écrit-il, en évoquant non seulement les pays occidentaux (l’Angleterre), mais aussi les autres terres, marquées par les gestes héroïques du roi20. Après cette louange, Anselme l’invite à rendre gloire au Seigneur et à servir tatis omnia deuastasse et tyrannica uiolentia occupasse et multa milia christiano‑ rum quasi pecudes occidisse. Qua de re si Deum diligimus et christianos nos esse cognoscimus pro miseranda fortuna tanti imperii et tanta christianorum clade nobis ualde dolendum est… » : Das Register Gregors VII, herausgegeben von E. Caspar, Berlin, 1955, Vol. I, p. 75. 17 « …celebrata est synodus Rome in ecclesia sancti Saluatoris pro restaura tione sanctae ecclesiae. In qua inter alia excommunicatus est Constantinopoli‑ tanus imperator… » : Das Register Gregors VII, herausgegeben von E. Caspar, Berlin, 1955, Vol. II, p. 400. 18 « … regni uestri gubernacula sibi ex parte beati Petri tradidi‑ mus ea uidelicet intentione atque desiderio caritatis ut beatus Petrus uos et reg‑ num uestrum omniaque uestra bona sua apud Deum intercessione custodiat et cum omni pace honore quoque et gloria idem regnum usque in finem uitae ues‑ trae tenere uos faciat et huius militiae finitо cursu impetret uobis apud super‑ num regem gloriam sempiternam » : Das Register Gregors VII, herausgegeben von E. Caspar, Berlin, 1955, Vol. I, p. 236 ; H. E. Cowdrey, Pope Gregory VII 1073‑1085, Oxford, 1998, p. 452‑454. 19 H. E. Cowdrey, Pope Gregory VII 1073‑1085, Oxford, 1998, p. 459‑467. 20 « Quanta uirtutis potentia et felicitatis Gloria inuictissima Dei dextera te sub‑ limauerit et quanto laudis preconio per diuersas usquequaque gentes extulerit… » : Briefsammlungen der Zeit Heinrichs IV, C. Erdmann-N. Fickermann, dans MGH, Die Briefe der Deutschen Kaiserzeit, 5 (1950), Weimar, p. 15‑16.
194
chapitre xi
l’Église par la force de ses armes : « C’est donc à ceci que je t’engage, c’est ceci que je te conseille, roi très illustre : que dans n’importe laquelle de tes activités tu ne veuilles jamais présumer de toi ni élever ton cœur en faisant confiance à tes propres forces, mais que tu reportes tout ton espoir et toute ta gloire à Celui qui du ciel t’a procuré la victoire et t’a paré d’une multitude de peuples et t’a élevé par une opulence de richesses. Les églises que le pouvoir divin a concédées à ta domination, honore-les par diverses donations, traite avec respect leurs prêtres et leur clergé, souviens-toi des veuves et des pauvres, montre à tes sujets la rigueur de la justice avec la tranquillité de la miséricorde. Conserve la douceur de l’humilité, la beauté de la miséricorde, de toutes les manières que tu peux, attache-toi à Dieu, jusqu’à ce que tu parviennes, de cette gloire transitoire et vaine, à celle qui dure sans fin. Quant à moi, me souvenant des bienfaits que ta bienveillance a accumulés sur moi, je ne rechignerai pas, si tu l’ordonnes, à dépenser mon service pour ta dignité avec tout mon effort selon la volonté de Dieu »21. Anselme de Lucques propose donc au roi l’idéal du prince chrétien et du chevalier. Un demi-siècle plus tard, cet idéal est devenu le sujet central des prédiсations de saint Bernard de Clairvaux. Dans une certaine mesure, on peut considérer la lettre d’Anselme de Lucques, adressée à Guillaume le Conquérant, comme la première manifestation du code chevaleresque. Anselme énumérait les trois vertus chevaleresques principales : la fidélité au Christ, le service de l’Église, la défense des veuves 21 « Hoc ergo moneo, hoc suadeo, rex illustrissime, ne in aliquo operum tuo‑ rum de te umquam presumere uelis nec cor tuum eleuetur fiduciam habens in propriis uiribus, sed omnem spem et gloriam tuam ad eum transferas, qui tibi et uictoriam de celo ministrauit et gentium multitudine decorauit et diuitiarum opu‑ lentia sublimauit. Ecclesias, quas in tua ditione concessit diuina potestas, uariis exorna muneribus, sacerdotes earum et clerum decenter honorifica, uiduarum et pauperum memor esto, iustitiae rigorem cum misericordiae tranquilitate subditis exhibe. Humilitatis mansuetudinem, misericordiae decora retine, omnibus modis quibus uales, Deo adhere, quatinus de hac transitoria et inani gloria ad illam peruenias, quae est sine fine continua. Ego autem memor beneficiorum, quae in me tua beneuolentia contulit, omni conamine secundum Deum seruitium meum tuae dignitati impendere, si preceperis, non grauabor » : Briefsammlungen der Zeit Heinrichs IV, C. Erdmann-N. Fickermann, dans MGH, Die Briefe der Deut‑ schen Kaiserzeit, 5 (1950), Weimar, loc. cit.
la doctrine morale et la spiritualité
195
et des pauvres. Après le début des croisades, ces vertus chevaleresques ont été transformées sous l’influence de la culture séculière. C’est pourquoi saint Bernard de Clairvaux devait opposer la chevalerie chrétienne et idéale (militia), incarnée dans la vie des ordres militaires, à la chevalerie séculière et réelle (malitia), dans le Livre De Laude nouae militiae, adressé aux Templiers22 . D’ailleurs, la triade des vertus chevaleresques, bien que sécularisée au XIIe siècle, conserva des vestiges de l’image du prince, créée dans la lettre d’Anselme de Lucques. La fidélité, la générosité et la courtoisie, prêchées par Guillaume de Poitiers, le troubadour Ambroise et Chrétien de Troyes, résultaient de l’idéal de l’époque grégorienne23. La conception chrétienne des vertus chevaleresques correspondait à la doctrine de la guerre juste, formulée par Anselme de Lucques. La sécularisation de l’idéal chevaleresque, faite après la première Croisade, fustigée par saint Bernard, a été déplorée par certains troubadours. En particulier Guillaume IX, comte de Poitiers, devenu participant de la croisade contre les almoravides espagnols après la bénédiction du pape Pascal II, voulait faire refleurir les vertus chevaleresques pour la gloire de Dieu devant la mort. Il a écrit : Guillaume IX de Poitiers Merce quier a mon compaignon, S’anc li fi tort qu’il m’o perdon ; Et ieu prec en Jesu del tron Et en romas et en lati. De proeza e de joi fui, Mais ara partem ambedui ; Et eu irai m’en a scellui On tut peccador troban fi. Tot ai guerpit cant amar sueill, Cavalaria et orgueill ; E pos Dieu platz, tot o acueill, E prec li que-m reteng’am si…
Traduction moderne Si je fis tort à mon prochain, Je crie merci, qu’il me pardonne ! J’en prie Jésus, le roi du ciel, Dans mon roman et mon latin. J’ai été tout Joie et Prouesse, Mais je dois quitter l’une et l’autre, Et partir, ores, vers Celui Où tous pécheurs trouvent la Paix. J’ai laissé tout ce que j’aimais : La chevalerie et l’orgueil… Tout ce que Dieu veut, je l’accepte, Et le prie de m’unir à lui.
22 Bernhardi Claraevalensis De Laude Novae Militiae ad milites templi, dans PL, 182, coll. 921‑940. 23 Les troubadours, par R. Nelli et R. Lavaud, Paris, 2000, II. Le trésor poétique de l’Occitanie, p. 528.
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Soixante-dix années plus tard, un compatriote de Guillaume IX, Ambroise, expliquait une des raisons de la perte de Jérusalem, prise par Saladin en 1187, par les péchés des chrétiens : Qui long estoire ad a traitier, Mult lui covient estreit guatier, Qu’il ne comenst por sei grever Uevre qu’il ne peusse achever, Mais si la face e si l’empraine ; E por ço ai comencie briefment, Que la matire n’alt griefment. Vers la materie me voil traire Dont l’estoire est bone a retraite, Ki retrait la mesaventure Qui nos avint, e par dreiture, L’autre an en terre de Sulie Par nostre surfaite folie, Que Deus ne volt plus consentir K’il ne la nos feist sentir : Sentir la nos fist senz dotance Et en Normendie et en France Et par tote crestiente U que poi en ot ou plente, La fist il sentir en poi d’ure, Por la croiz que li monz aure, Qui a cel tens fud destornee, Et des paens aillors tornee Qu’el pais ou ele selt estre, Ou Deus deigna morir e nestre…24
À qui a longue histoire à conter, Il convient de beaucoup penser, Qu’il ne commence pas à se tourmenter Que l’œuvre il ne puisse achever, Mais il la fait et il l’entreprend ; Et pour cela j’ai commencé brièvement, Que le sujet d’un récit ne soit pas douloureux Je veux m’acheminer à la matière Dont l’histoire est bonne à raconter Qui raconte le malheur Qui nous arriva, et à bon droit, L’année dernière aux terres de Syrie Par notre folie excessive Que Dieu ne voulut plus admettre, - Qu’il ne la nous fasse pas éprouver ! Il nous la fit éprouver sans doute Et en Normandie et en France Et par toute la chrétienté Quelle soit-elle : nombreuse ou petite ? Il la fit éprouver aux têtes dures, Par la croix que le monde adore, Qui en ce temps fut enlevée, Et par des païens ailleurs portée Que dans le pays où elle devait être, Où Dieu daigna mourir et naître…
La décadence de la chevalerie est expliquée, dans les textes du XIIe siècle, par l’oubli des vertus chrétiennes, oubli stigmatisé déjà dans les lettres d’Anselme. L’idéal chrétien des vertus chevaleresques, formulé dans la lettre d’Anselme, est fondé sur les saintes Écritures. Anselme citait le prophète Isaïe (Is. 26, 12) et rappelait les actions du roi Cyrus. Il voulait interpréter les racines spirituelles des victoires de Guillaume et lui proposait les paroles des saints Pierre et Paul comme devise de vie. (Rm. 13, 4 ; Pt. 2, 14). Anselme essayait d’obliger le roi à garder fidélité au pape légitime25. Ambroise, L’Estoire de la guerre sainte, par. G. Paris, Paris, 1894, p. 15. der Zeit Heinrichs IV, C. Erdmann-N. Fickermann, dans MGH, Die Briefe der Deutschen Kaiserzeit, 5 (1950), Weimar, p. 17. 24
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Si Anselme avait adressé la lettre à Mathilde, toute son éloquence aurait eu un sens. Pourtant la réputation de bon chrétien ne convenait pas à Guillaume, dont les vices et les conflits avec le primat de l’Église d’Angleterre, Anselme de Canterbury, étaient bien connus. Il est évident que la lettre d’Anselme de Lucques, adressée à Guillaume le Conquérant, avait une valeur de programme moral plutôt qu’une influence politique réelle. La conception de la vie de l’Église en tant que lutte spirituelle, caractéristique d’Anselme de Lucques, est aussi exprimée dans sa lettre, adressée à Hermann, évêque de Metz, d’une manière très claire. La lettre a été écrite avant 1085 (selon Karl Erdmann). Elle décrit la position de l’Église pendant les controverses et la lutte entre Grégoire VII et Clément III. Le préambule de la lettre, dans laquelle l’auteur se désigne « frater A. peccator monachus et Lucensis qualiscumque episcopus »26, est un témoignage de l’humilité d’Anselme, qui ne pouvait pas oublier son indignité d’être évêque selon les canons du concile de Latran 1075 (chapitre III). En même temps, la doctrine anselmienne soutenant que le pape est une source du sacerdoce légitime ne peut pas nous enlever l’impression qu’Anselme voulait mettre chaque évêque dans une position complètement subordonnée au Siège apostolique27. Après les saluts adressés à Hermann, destinataire habituel de Grégoire VII, Anselme de Lucques lui dresse un tableau, désolant pour les réformateurs, de la situation qu’il avait pu constater après l’invasion des troupes impériales en Italie. La narration d’Anselme est pleine d’allusions eschatologiques, reprises plus tard dans le « Sermo de caritate ». Il dit que la dernière heure de l’Église terrestre s’est approchée : « En effet, voilà que le Christ est seul dans la campagne, à nouveau avec le psalmiste il crie : “Pour moi, il n’est plus de refuge : personne qui pense à moi… pas un homme de bien, pas même un seul” (Ps. 141, 5 ; Ps. 13, 1, 3). On cherche à nouveau Jésus, non pour le trouver, mais pour le perdre. Mais lui-même crie par le même psalmiste : “Qu’ils soient tous humiliés, déshonorés, ceux qui s’en prennent à ma vie” (Ps. 39, 15) »28. Ensuite Anselme compare Grégoire VII au 26 Ibid.,
p. 50. absque auctoritate apostolica nulli licet episcoporum causas diffinire quamuis scrutari liceat cum prouincialibus episcopis » : Anselmi Luccensis Col‑ lectio canonum una cum collectione minore, ed. F. Thaner, Oeniponte, 1906, p. 79. 28 « Ecce enim Christus solus in campo est, iterum cum psalmista clamat : periit fuga a me et non est qui requirat animam meam, non est iam qui facit 27 « Quod
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Christ : « Est-ce qu’il n’est pas évident pour toi – écrivait-il – qu’ils crucifient le Christ et le méprisent, ceux qui, foulant aux pieds son héritage, la vigne du Seigneur Sabaoth, c’est-à-dire l’Église universelle de Pierre, se dressent contre le prince des apôtres lui-même par un genre nouveau et inouï de blasphème, et s’efforcent de diminuer l’honneur de celui à qui a été donné le pouvoir au ciel et sur la terre, alors que s’exhortant elle-même à la passion la Vérité dit : « Je vais à Rome pour être crucifiée à nouveau” ? »29 Comme l’a dit justement Karl Erdmann, le fragment cité est lié d’une façon logique au fragment anselmien des Commentaires sur les Psaumes, conservé par Paul de Bernried. Dans celui-ci il y avait aussi une citation et une intreprétation de la tradition apocryphe du « Quo vadis », parlant de la rencontre du Christ et de saint Pierre devant les murs de Rome30. La lettre d’Anselme adressée à Hermann de Metz a un caractère politique autant que moral. Notre personnage transmet les saluts de la comtesse Mathilde à Hermann. Il dit que la comtesse respecte l’évêque de Metz d’un amour sincère et le supplie de soutenir Grégoire VII dans sa lutte, jusqu’à la fin. « Dame Mathilde te salue dans une charité non feinte, elle dont la sincérité de charité envers toi abonde de plus en plus à cause de la constance de ta foi ; et elle te prie en suppliant de persévérer jusqu’à la fin. – En effet celui qui aura persévéré jusqu’à la fin sera sauvé », – écrit-il31. Le soubonum, non est usque ad unum. (Ps. 141, 5 ; Ps. 13, 1,3) Querunt iterum Iesum, non ut habeant, sed ut perdant. Sed ipse per eundem clamat : confundantur et reuertantur omnes qui querunt animam meam (Ps. 39, 15) » : ibid. p. 50‑51. 29 « Nonne tibi uidentur, Christum crucifigere et contemptui habere, qui here ditatem eius, uineam Domini Sabaoth, uniuersalem uidelicet Petri ecclesiam, con‑ culcantes aduersus ipsum apostolorum principem nouo et inaudito blasphemiae genere insurgunt et illius honorem, cui potestas in celo et in terra data est, immi‑ nuere contendunt, cum ipsi ad passionem exhortans ipsa ueritas dixerit : uado Romam iterum cricifigi », – ibid. p. 51. 30 « cricifigunt iterum Filium Dei… sicut ipse beato Petro dixit : Vado iterum Romam crucifigi” et supra “Nonne tibi uidentur… colligere concilium, ut Chris‑ tum morti tradant » : Pauli Bernriedensis Vita Gregorii VII, dans PL, 148, coll. 96 ; Briefsammlungen der Zeit Heinrichs IV, C. Erdmann-N. Fickermann, dans MGH, Die Briefe der Deutschen Kaiserzeit, 5 (1950), Weimar, p 51, n. 2 ; Passio Petri et Pauli c. 61, Acta apostolorum apocrypha I, 171. 31 « Salutat te domna M in caritate non ficta. Cuius erga te carita‑ tis sinceritas propter fidei constantiam magis magisque exuberat, et ut perseueres usque in finem, suppliciter exorat. – Qui enim perseuerauerit usque in finem, hic saluus erit » : Briefsammlungen der Zeit Heinrichs IV…, p. 51.
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tien de Hermann était important pour Grégoire VII, car il pouvait devenir le chef de l’opposition cléricale à l’empereur dans le Saint Empire Romain malgré les victoires d’Henri IV, remportées sur Rodolphe de Souabe. La position anselmienne sans compromis, que l’on retrouve dans toutes ses œuvres, est exprimée dans la lettre adressée à Ponzio, abbé de Frassinoro, d’une manière évidente. D’abord notons qu’on identifia par erreur l’abbé Ponzio à l’abbé Ponso de Frainet (selon Pertz – l’éditeur de la Chronique d’Hugues de Flavigny, dans laquelle la lettre a été conservée). Cette erreur a été provoquée par le nom latin mal compris, donné à Ponsio par Hugues de Flavigny – « Pontius abbas Fraxinensis ». En fait, le destinataire d’Anselme de Lucques était l’abbé Ponzio, supérieur de l’abbaye de Frassinoro, dans les Apennins de Modène, comme l’ont établi Angelo Mercati, Paolo Golinelli et Giuseppe Fornassari32 . Cette lettre a été écrite avant les lettres précédentes : Hugues de Flavigny a mis son texte sous les événements de 1078 et a précisé que la lettre avait été composée quelques années après que Grégoire VII eut donné sa bénédiction à Ponzio afin qu’il devienne abbé 33. Anselme répond ici à la demande de l’abbé : pouvait-il quitter son abbaye à cause des persécutions insupportables menées par les partisans de Clément III ansi que par les chevaliers allemands, venus avec les schismatiques ? On peut supposer que la réponse d’Anselme a été composée entre 1080 et 1084 pendant le temps passé entre la bataille de Volta de Mantoue (le 14 octobre 1080) et la bataille de Sarbara (le 2 juillet 1084). En cette période, la plus grande partie de la Toscane et la chaîne des Apennins se trouvaient sous le contrôle des troupes de l’évêque de Parme, fidèle à l’antipape et à l’empereur. Dans sa réponse à Ponzio, Anselme donne des arguments éthiques. Comme l’a noté Giovanni Fornassari, ces arguments étaient liés à l’idée de « caritas », centrale dans la doctrine anselmienne. Cette charité spirituelle ne devait être exprimée que par la discrétion et par l’obéissance 34. Anselme n’imposa pas à l’abbé son 32 G.
Fornassari, « S. Anselmo e il problema della “caritas” », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 309 ; A. Mercati, Saggi di storia e letteratura, I, Roma, 1951, p. 379‑402. 33 Hugonis Flaviniensis Chronicon, dans PL, 154, coll. 317‑318. 34 G. Fornassari, op. cit., p. 309.
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opinion personnelle et ne lui ordonna pas de rester à son poste. Il ne lui donna son conseil qu’en qualité de directeur spirituel : « J’ai cru que l’obéissance à monsieur l’abbé et à la sainte congrégation de la Maison de Dieu ainsi qu’à notre vénérable père, Hermann, l’archevêque de Lyon, avec la bénédiction apostolique de notre très bienheureux père Grégoire, était plus grande que toutes les iniquités, et qu’elle pouvait suffire non seulement à essuyer toute tache de pensées injustes mais aussi à mériter le repos éternel, à moins que toi, en ne croyant pas, tu te rendes indigne et reçoives en vain la grâce de Dieu. En effet, tout ce qui ne provient pas de la foi est péché »35. En s’appuyant sur la doctrine de saint Paul et de saint Augustin, Anselme souligne l’importance de la foi, et reproche discrètement à l’abbé son manque de foi et de fermeté. Ce manque de vertu provoque la lâchété, empêchant de faire le bon choix. La foi aurait pu aider Ponzio dans cette situation équivoque. Anselme attend un acte de foi de la part de Ponzio pour faire son choix. Cette approche augustinienne de la foi comme un acte audacieux marquera la pensée de plusieurs théologiens jusqu’à Luther et Kierkegaard. En faisant des reproches à Ponzio, Anselme s’est abstenu de lui interdire de quitter l’abbaye, bien qu’il ne pût pas donner son assentiment. Il lui laissa la liberté et le droit de décider : devait-il rester dans le monastère ou le quitter ? Anselme exprima l’espoir que le Seigneur enverrait à Ponzio la fermeté de l’esprit. « Il nous a semblé qu’il vaut mieux, – écrivait l’évêque de Lucques, – que le fleuve de ta bonne intention poursuive sa course, plutôt qu’il soit condamné à la sécheresse perpétuelle en courant contre la fougue [de ton esprit]. En effet il est plus supportable que tu périsses, toi seul, plutôt que tu entraînes avec toi dans la crise, pareillement à ce qui s’est passé jusqu’ici, tous ceux qui te sont confiés. Cependant, nous sommes confiants que le Seigneur t’accordera selon le désir de ton cœur, à toi qu’il n’a pas trouvé capable de la direction 35 « Credidi domni abbatis et sanctae congregationis Casae Dei necnon uene rabilis patris nostri H Lugdunensis archiepiscopi obedientiam cum benedictione apostolica beatissimi patris nostri G omnibus iniquitatibus maiorem esse, et non solum ad detergendam omnem maculam iniquarum cogita‑ tionum, uerum etiam ad promerendam requiem aeternam posse sufficere, nisi tu non credendo indignum efficeres, et gratiam Dei in uacuum reciperes. Omne enim, quod non est ex fide, peccatum est… » : Hugonis Flaviniensis Chronicon, dans PL, 154, coll. 317.
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d’autres selon son cœur. Si donc un autre chemin te plaît davantage, avec notre permission dépose la charge que t’a imposée la seule nécessité sans la charité. Et par tes saintes prières aide-moi, moi qui travaille sur un autre bateau »36. Il est évident qu’Anselme utilisait l’image ambrosienne du bateau pour signifier que l’Église était comme il la décrit dans le « Sermo de caritate ». Anselme est devenu le seul pilote de ce bateau en Lombardie. C’est pourquoi il sent qu’il est de son devoir d’opposer l’idéal de la charité sacrificatrice à la nécessité politique qui incite l’abbé Ponzio à se plier aux persécutions et à abandonner son abbaye. Cette charité devait seulement encourager Ponzio à obéir au pape et au devoir. Comme l’a justement remarqué Giuseppe Fornassari, le « bateau de la charité », sur lequel allait Anselme, se distinguait du « bateau de nécessité », portant Ponzio à la tentation37. En identifiant la charité à l’obéissance à l’Église en tant que sa manifestation extérieure, Anselme de Lucques anticipait la doctrine morale de saint François d’Assise 38. La correspondance conservée d’Anselme de Lucques donne une bonne idée de sa doctrine morale et fait voir comment ses idées éthiques ont influencé ses relations avec ses contemporains de haut rang. L’ecclésiologie d’Anselme, liée à sa doctrine morale par l’idée de la caritas active, est basée sur son expérience personnelle et spirituelle. Il reste à considérer les œuvres liturgiques d’Anselme pour examiner sa vision de la vie spirituelle et de la prière. La spiritualité anselmienne Les prières écrites pour la comtesse Mathilde et publiées par André Wilmart en 1938 39, sont un miroir de l’image spirituelle 36 « Melius
nobis uisum est ut cursum suum peragat bonae intentionis tuae fluvius, quam contra impetum currens perpetua ariditate dampnetur. Tolerabilius est enim, ut tu solus pereas, quam tecum pariter sicut hactenus omnes tibi com‑ missos in discrimen adducas. Sed tamen confidimus quia tribuet tibi Dominus secundum cor tuum quem non inuenit idoneum ad regimen aliorum secundum cor suum. Si itaque alia uia plus tibi placet, nostra licentia depone sarcinam, quam imposuit tibi sola sine caritate necessitas, et sanctis orationibus tuis adiuva me in alia naui laborantem » : Hugonis Flaviniensis Chronicon, dans PL, 154, coll. 318. 37 G. Fornassari, op. cit., p. 310. 38 Ibid., p. 312. 39 A. Wilmart, « Cinq textes de prière composés par Anselme de Lucques pour la comtesse Mathilde », dans Revue d’ascétique et de mystique, 19 (1938), p. 49‑72.
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d’Anselme et de sa fille en Christ. C’est Silvia Cantelli qui a décrit les deux sujets principaux de ces prières, adressées au Christ et à la Vierge40. Primo, on trouve le motif de l’intercession de la Vierge Marie accordée à la personne priante (la comtesse Mathilde). Secundo, les prières sont des textes destinés à être récités avant la communion. L’auteur souligne la nécessité ontologique, au moment de la préparation à recevoir l’eucharistie, de demander l’intercession de la Vierge, la Dame qui a donné la vie terrestre au Christ. Une corrélation entre la préparation à l’eucharistie et l’intercession de la Vierge, considérée en tant que condition sine qua non pour une communion digne, n’était pas caractéristique de la tradition liturgique latine à l’époque précédente41. Comme le dit Silvia Cantelli, le contenu des prières ainsi que leur caractère répondait à une nouvelle dévotion, répandue à la Cour de la comtesse de Toscane sous l’influence de la Réforme grégorienne. Cette dévotion, caractéristique d’Anselme et de Mathilde, a été bénie et sanctionnée par Grégoire VII. C’est lui qui conseillait à Mathilde de communier plus souvent et de vénérer la Vierge d’une manière plus intense dans la lettre envoyée le 16 février 1074 42 . Dans la première prière « ad consolationem dominae comitissae Mathildis », très riche par son contenu, Anselme exprimait une idée, inspirée par le pape. La comtesse s’adresse au Christ, en le suppliant de ne pas la condamner pour ses nombreux péchés : « Seigneur Jésus-Christ, roi des rois, juste juge, bon pasteur, père très bon, maître très miséricordieux, médecin très doux, tout-puissant, redoutable, adorable, créateur de toutes choses, qui supportes et effaces nos péchés à cause de la pénitence… Je ne suis plus digne, Seigneur, d’invoquer ton saint nom, ni d’élever vers le ciel mes yeux captifs, car j’ai profané ton saint temple, j’ai abîmé ton image… » 43. Comme l’a remarqué André Wilmart, la phrase 40 S. Cantelli, « Le preghiere a Maria di Anselmo da Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 291‑299. 41 Ibid., p. 293. 42 Ibid., p. 292. 43 « Domine Iesu Christe, rex regum, iuste iudex, pastor bone, pater piissime, rector misericordissime clementissime medice, omnipotens tremende adorande, omnium creator, paciens et dissimulans peccata nostra propter penitentiam… Iam non sum digna, domine, inuocare nomen sanctum tuum nec ad celum leuare cap‑ tiuos oculos, quia prostitui templum sanctum tuum, corrupi ymaginem tuam… » : A. Wilmart, « Cinq textes de prière… », p. 49‑50.
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initiale est proche du verset de Bérenger de Tours : « Juste juge, Jésus-Christ, roi des rois et Seigneur… », et de l’antienne de sainte Agnès, chantée pendant l’introït du mercredi des Cendres selon le rite romain : « Tout-puissant, adorable, vénérable, redoutable, je te bénis… » 44. Après ces paroles, la comtesse s’adresse à la Vierge et demande son intercession pour une communion digne. Selon Silvia Cantelli, l’auteur des prières argumente théologiquement l’invocation à la Vierge par le fragment de l’évangile selon saint Jean, dans lequel le Christ crucifié confia la Vierge Marie aux soins de son disciple (Jn. 19, 25‑27). Le Christ a dit : « Ecce mater tua », c’est pourquoi tout le genre humain dans la personne de saint Jean a été adopté par Notre-Dame. Puisqu’en acceptant la communion, les chrétiens annoncent la mort du Seigneur (I Cor. 11, 26) comme le font la Vierge et saint Jean devant la Croix, le Christ accepte une intercession de sa Mère pour ses fidèles au moment de son immolation. La prière de Mathilde contient un souvenir de l’épisode évangélique mentionné : « Ô ma douce Dame, Mère pure de mon Seigneur, je ne sais par quelle audace j’oserai appeler le secours de ton intercession. Je rougis devant l’excellence de ta grandeur ineffable et la magnificence de la vérité immuable en réfléchissant à mon fardeau de malheur et à la foi violée de mon engagement. Mais puisque tu as été choisie pour cela, et préférée avec ton Fils à toutes les créatures, exaltée au-dessus de la gloire de tous les mortels et de la dignité angélique, pour que la dignité immense de ton Fils très glorieux te mette devant sa sévérité et que, quasi contraint par ton intervention, le juge rigoureux révoque la sentence de la très juste menace, pour que par toi il soutienne la force et le règne des cieux et que par ton intercession il mette fin à ce malheur du [diable] violent, j’implore en suppliant ta Clémence, Dame très glorieuse, que tu offres le remède unique de notre infirmité, celui de la chair vivifiante, prise de ton sein immaculé …“Marie”, a dit le Christ, “voici ton Fils, Apôtre, voici ta mère” ; que, mue par un si grand sentiment de douceur, la Mère glorieuse intercède pour
44 « Iuste iudex Iesu Christe, Rex regum et domine… », « Omnipotens, adorande, colende, tremende, benedico te… » : A. Wilmart, « Cinq textes de prière… », p. 49.
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tous ceux dont la foi est juste, et qu’elle protège d’un patronage spécial les fils adoptés, les captifs rachetés… » 45. La prière se termine par une profession de foi dans la présence réelle du corps et du sang du Christ dans le pain et le vin eucharistiques : « Je crois et je confesse que cette hostie très sainte a la nature et la gloire de ta chair vivifiante, chair que, dans le sein de la Vierge Mère, la prenant de sa chair à elle, toi, le Christ, le Fils unique du Père, tu as unie à toi, chair que, dans l’unité de ta personne selon l’Esprit de sanctification tu as formée et assumée… Je sais en effet, Seigneur Jésus-Christ, que toi, tout en étant au ciel, tu es dans cette hostie de façon ineffable et inconnue non seulement pour les hommes, mais aussi pour les anges, et que tu es contenu, tout entier, sous ces signes et sous les formes du pain » 46. Il est possible qu’Anselme ait voulu souligner dans son texte, écrit pour Mathilde, la réalité de la présence du Christ dans l’eucharistie dans le cadre de la défense de la foi catholique contre l’hérésie de Bérenger de Tours, dont la compréhension symbolique de l’eucharistie avait provoqué un scandale en France47. Cependant dans les prières anselmiennes, il n’est pas fait mention de la transsubstantiation. La doctrine de la transsubstantiation ne sera 45 « O pia domina mea, domini mei mater intacta, nescio qua fronte tue inter‑ cessionis auxilium inuocare presumam. Erubesco ineffabilis tue magnitudinis excellentiam et incommutabilis ueritatis magnificentiam, recolens meam infe‑ licitatis erumpnam et promissionis fidem uiolatam. Sed quia ad hec electa es et uniuersis creaturis cum Filio tuo prelata super omnium mortalium gloriam et angelicam dignitatem exaltata ut immensa dignitas gloriosissimi Filii tui te opo‑ neret seueritati sue et tua interuentione quasi coactus reuocaret [districtus iudex] sententiam comminationis iustissime ut per te regnum celorum et uim substi neat et uiolenti illud tua intercessione diripiat : – suppliciter imploro clementiam tuam, gloriosissima domina, ut singulare remedium ex tuo illibato utero assumpte uiuificatricis carnis nostre infirmitatis offeras… Maria – inquit, en Filius tuus, apostole, ecce mater tua – ut tanto pietatis affectu pro omnibus recte credentibus mater gloriosa intercederet, et adoptatos in filios, redemptos captiuos, singulari patrocinio custodiret… » : A. Wilmart, « Cinq textes de prière… », p. 51, 53. 46 « Credo enim et Confiteor hanc sacratissimam hostiam vivifice carnis tue naturam habere et gloriam quam in utero virginis matris de carne eiusdem, [tu Christe] unigenite Patris [unisti tibi, quam in unitate persone] secundum spiri‑ tum sanctificationis formasti et assumpsisti… Scio enim, Domine Ihesu Christe, quod tu, in celo existens, inefabili modo et incognito non solum hominibus, sed et angelis, es in ista hostia, et totus contineris sub illis signis et spetiebus panis » : ibid., p. 56. 47 E. Gilson, Philosophie au Moyen Âge, Moscou, 2004, p. 177.
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élaborée que dans la philosophie scholastique. Anselme utilisait d’autres termes dogmatiques, exprimant la foi dans le sacrement de l’eucharistie. Il ne dit qu’une chose : la nature du pain eucharistique est la nature du corps du Christ. La profession de foi eucharistique, affirmée dans la prière anselmienne, est la même que la profession de saint Jean Chrysostome, disant : « Je crois, Seigneur, et je confesse que tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, qui est venu dans le monde pour sauver les pécheurs dont je suis le premier. Je crois encore que ceci même est ton corps très pur et que ceci même est ton sang précieux » 48. La matérialité du corps du Christ, hérité de la Vierge et retrouvé dans l’eucharistie, était traditionnellement soulignée par les textes liturgiques byzantins dans le cadre de la polémique contre le docétisme monophysite. En particulier dans l’akathiste, le chef d’œuvre de l’hymnographie byzantine du VIe siècle, la Vierge est appelée « le temple animé » (ναὸς ἔμψυχον), car le Seigneur, contenant tout l’univers, a habité dans son sein. Anselme de Lucques exprime la même idée dans ces prières, bien qu’il ne parlât pas le grec et ne connût pas la tradition liturgique byzantine (« la gloire que, dans le sein de la Vierge Mère, la prenant de sa chair à elle, toi, le Christ, le Fils unique du Père, tu as unie à toi, chair que, dans l’unité de ta personne selon l’Esprit de sanctification tu as formée et assumée… ») 49. Anselme de Lucques ainsi que l’auteur de l’akathiste, étaient inspirés par la foi commune de l’Église catholique et orthodoxe indivisibles. La prière anselmienne se termine par une demande de communion digne : « Accorde donc, Seigneur, que la communion ne soit pas pour moi en vue de la condamnation et du jugement, mais de la joie éternelle du salut. Qu’elle me transporte du monde vicieux et qu’elle me conduise jusqu’à la patrie de ta clarté. Que je voie 48 « Πιστεύω Κύριε καὶ ὁμολογῶ ὅτι σὺ εἶ ὁ Χριστός ὁ Υἱὸς τοῦ Θεοῦ τοῦ ζῶντος ὁ ἐλθὼν εἰς τὸν κόσμον ἁμαρτολοὺς σῶσαι ὧν πρῶτός εἰμι ἐγώ, ἔτι πιστεύω ὅτι τοῦτο αὐτό ἐστι τὸ ἄχραντον σῶμά σου καὶ τοῦτο αὐτό ἐστι τὸ τίμιον αἷμά σου ». (Credo Domine et confiteor Te Christum Filium Dei viventis venientem in mundum pro salvando peccatorum quorum primus sum ego. Credo etiam hoc corpus purissimum tuum et hunc sanguinem honestum tuum esse), Proseuchetarion katanuktikon, Thessalonike, 1993, p. 255. 49 « gloriam quam in utero virginis matris de carne eiusdem, [tu Christe] uni‑ genite Patris [unisti tibi, quam in unitate persone] secundum spiritum sanctifica‑ tionis formasti et assumpsisti ».
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dans sa beauté le roi de tous les siècles et que je voie la volonté du Seigneur avec tous tes saints anges. Amen »50. Comme l’a remarqué André Wilmart, ce texte est proche de la troisième prière pour la communion du Missel Romain, écrite par saint Thomas d’Aquin. D’après les résultats de l’analyse philologique, le chercheur a supposé que le texte mentionné a été écrit sous l’influence du Livre des psaumes, utilisé dans l’Église de Rome au XIe siècle. Mathilde demandait la possibilité de « voir la volonté du Seigneur » (Ps. 26, 4), selon l’expression du Psautier Romain, Ambrosien et Mozarabe, tandis que cinq siècles plus tard le Psautier, approuvé par le concile de Trente, corrigera la phrase et dira « voir la joie du Seigneur »51. La deuxième et la cinquième prières d’Anselme contiennent aussi une demande de communion digne. Ces textes sont soignés, du point de vue littéraire, ce qui est caractéristique d’Anselme. Anselme cite des textes évangéliques, parmi lequels il faut mentionner les paroles de Jésus « Ego sum uia, ueritas et uita » (In. 14, 6) ou l’épisode de la pénitence (Lc. 15, 18). Le dialogue de la personne suppliante avec le Christ se base sur le rappel de paroles de Jésus : « Ta vérité dit : “Le royaume de Dieu est au-dedans de vous” ; et nous voyons que l’ennemi règne. Ta prière, adressée au Père, est la suivante : “Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel”, – mais tu n’as pas été écouté. Dans quelle confiance crierai-je donc vers toi ? Mais probablement tu dis : “Tu cries vers moi, mais tu ne m’appelles pas en vérité” ? Dis-moi : “Qu’est-ce que je veux de toi sur la terre” ?J’ai renoncé et je renonce au monde et à toutes ses pompes. Tu sais que c’est à toi seulement que je me fie, en toi que mon esprit bondit de joie”52 ». La prière se termine par des paroles du prophète Ezéchiel. 50 « Da ergo, domine, ut non sit mihi in condempnationem et iudicium, sed in salutis [eterne] gaudium sempiternum, ut me transferat de seculo nequam et per‑ ducat ad patriam claritatis tuae, ut in decore suo uideam regem omnium saecu‑ lorum et uideam uoluntatem domini cum [omnibus] sanctis angelis tuis. Amen » : A. Wilmart, « Cinq textes de prière… », p. 57. 51 Ibid., p. 57. 52 « Dicit ueritas tua : Regnum DEI Intra VOS EST ; et nos uidemus quia inimicus regnat. Oratio tua ad patrem est : Adveniat Regnum Tuum, Fiat Voluntas TUA Sicut IN Celo ET IN Terra, et non exauditus es. Qua ergo fiducia ego clamabo ad te ?Sed forte dicis : clamas ad me non inuocas in ueritate ? Dic mihi : quid volo a te super terram ? Renuntiaui et renuntio seculo et omnibus
la doctrine morale et la spiritualité
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La cinquième prière d’Anselme touche à la pénitence. Il s’agit de la descente du Fils de Dieu dans l’enfer pour le salut des pécheurs. La prière dit : « Car tu es celui-là même, et non un autre, que j’entends qu’on place dans un récipient tellement sale, celui que les anges redoutent, (que) les archanges craignent. Âme impie, je ne crains pas celui que les chérubins et les séraphins redoutent et admirent et ne veulent pas comprendre davantage »53. Comme le dit A. Wilmart, ces paroles ne sont qu’une paraphrase du canon romain de la messe, avant le « Sanctus ». Au début de la prière, le contraste entre le pécheur et le Seigneur a été souligné d’une manière évidente. Ce contraste ne peut être vaincu que par le Christ, incarné en la Vierge et descendu en enfer54 : « Je sais que c’est toi qui as détruit l’enfer et qui as tué la mort »55. La troisième et la quatrième prières d’Anselme, adressées à la Vierge, répètent le contenu de la première. Dans ces textes, il n’y a pas le motif des lamentations de Notre-Dame devant la Croix, trouvé chez les auteurs mystiques du XIVe siècle, saint Jacques de Todi ou sainte Catherine de Sienne56. Anselme de Lucques propose à la comtesse Mathilde de s’adresser à la Vierge, car c’est Notre-Dame qui a adopté les pécheurs repentis. Il dit : « Daigne, Dame très miséricordieuse, approcher tes mains salutaires de mes douleurs et appliquer le remède de ton apaisement à mes blessures, car en toi seule est ma confiance après le salut de Dieu, JésusChrist, ton Fils »57. Le motif des lamentations de la Vierge devant la Croix eut pourtant une grande influence dans la tradition chrétienne : c’était le symbole de la fidélité au Christ abandonné et le pompis eius. Tu scis quia in te tantum confido, in te exultat spiritus meus … » : ibid., p. 58. 53 « Ipse enim es, et non alius, – quem in tam inmundum uas collocare audio, – quem tremunt angeli uerentur archangeli. Mens inpia non timeo quem et cherubim et seraphim tremunt et mirantur, et ultra uolunt non comprehendere », ibid. 54 « Te scio esse qui infernum confregisti et mortem occidisti » : A. Wilmart, « Cinq textes de prière… », p. 69. 55 Ibid., p. 70. 56 S. Cantelli, « Le preghiere a Maria di Anselmo da Lucca », dans Sant’Anselmo, Mantova e la lotta per le investiture…, p. 297‑298. 57 « Dignare, misericordissima domina, salutiferas manus tuas meis admouere doloribus et tue placationis medelam adhibere uulneribus, quia in te sola mihi fiducia est post salutare Dei, Iesum Christum Filium Tuum » : A. Wilmart, « Cinq textes de prière… », p. 63.
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signe de l’unité spirituelle du Sauveur avec sa Mère. Dans la tradition byzantine par exemple, il y avait un chant liturgique, appelé le canon, écrit par Syméon Logothète et dédié aux lamentations de la Vierge au Vendredi Saint. Les prières d’Anselme sont surchargées de citations des saintes Écritures et sont inspirées aussi par le rite monastique. Par exemple, Anselme répète un fragment de la prière de Manassé dans la troisième et quatrième prières écrites pour Mathilde : « J’ai péché plus que le nombre de grains de sable de la mer et je ne suis pas digne d’être ajoutée au compte de tes servantes »58, ditelle dans la troisième prière. « Je suis une femme qui a péché plus que le nombre de grains de sable de la mer »59, reprend-elle dans la quatrième. Conclusion D’après les résultats de l’analyse des prières écrites pour la comtesse Mathilde par Anselme de Lucques, on reconnaît dans sa méthode spirituelle une doctrine typique de la tradition bénédictine. Ces textes sont inspirés par le Psautier, livre principal du rite monastique. Cependant, les prières anselmiennes sont fondées sur des idées caractéristiques de la dévotion individuelle, plus tardives que les règles bénédictines. Dans les textes mentionnés, il y a un appel à la pénitence intérieure, devenue le motif central de la littérature ascétique du pontificat d’Innocent III. La doctrine morale d’Anselme, illustrée par ces prières, permet de reconnaître en lui un théologien scoliaste, typique de la tradition bénédictine. Il n’était pas encore un théologien scolastique, utilisant la méthode philosophique d’Aristote. Pourtant, son attitude par rapport aux sacrements de l’eucharistie et de la pénitence est caractéristique de la dévotion individuelle médiévale qui a prospéré à l’époque scolastique un siècle plus tard.
58 « Peccaui super numerum harene maris et non sum digna computari in numero ancillarum tuarum » : ibid., p. 63. 59 « Ego sum que peccaui super numerum arene maris » : ibid., p. 65.
CONCLUSION DE LA DEUXIÈME PARTIE Le commentaire des sources et l’interprétation de l’ecclésiologie d’Anselme de Lucques, objets de la deuxième partie de la monographie, nous donnent les résultats suivants : son ecclésiologie est influencée par la pensée de saint Cyprien de Carthage. Tout en s’appuyant sur certains textes de saint Augustin, Anselme ignore la doctrine augustinienne liée à la question des limites sacramentelles de l’Église et préfère la vision ecclésiologique de saint Cyprien. L’ecclésiologie anselmienne, basée sur les « Fausses Décré‑ tales », justifie la doctrine de la monarchie papale proclamée par Grégoire VII. Dans le cadre de ses travaux, Anselme a modernisé le sens des textes de la discipline générale antique de l’Église et les constitutions des empereurs romains. La doctrine morale et la spiritualité anselmiennes étaient liées aux initiatives de Grégoire VII devenu son maître spirituel. En même temps, l’originalité de la pensée anselmienne se manifeste par sa doctrine de la caritas et ses prières eucharistiques inspirées par la dévotion mariale.
CONCLUSION GÉNÉRALE Les recherches sur les textes d’Anselme de Lucques entreprises dans la présente monographie nous permettent de formuler les principaux résultats concernant l’histoire des œuvres d’Anselme ainsi que sa doctrine ecclésiologique. Les résultats mentionnés se basent sur l’approche de sources et sur l’analyse des textes examinés. La comparaison détaillée des manuscrits contenant la version “A”, la “A aucta”, la “B” et la “C” de la « Collection canonique » attribuée à Anselme de Lucques nous permet d’affirmer l’existence d’une version d’auteur de ce recueil, appelée « le protographe » (presque 66% des rubriques), élaborée par Anselme de Lucques, actuellement perdue. Il est probable que ce « protographe », que nous avons reconstitué d’une manière hypothétique, a été produit vers 1083. Bien que la version « B », créée après 1095 et dépendant de la version perdue “Y” créée vers 1090, nous propose des rubriques augmentées et des canons ajoutés à la « Collection cano‑ nique » sous Urbain II d’après le codex Vat. Lat. 1364 (le concile de Plaisance), le caractère plus court et plus exact au niveau du sens des textes des rubriques communes (A/B), ainsi que l’absence du XIe livre pénitentiel dans la “B” soulignée par Paul Fournier, nous invite à considérer le noyau des rubriques communes de la “A” et de la “B” comme le texte le plus proche du « protographe », malgré le rôle intermédiaire de la “Y”. L’analyse des rubriques de la version “A” nous montre que leur texte a été souvent interpolé par les citations cachées dans l’intitulé des canons et n’était pas toujours irréprochable du point de vue de la grammaire. En nous appuyant sur les arguments exprimés par Edith Pásztor et Gérard Fransen, vérifiés par nos recherches, nous pouvons affirmer que le IXe livre de la « Collection » ne peut pas être considéré comme un document composé par Anselme de Lucques. La contradiction entre le IXe livre, basé sur la doctrine sacramentelle augustinienne et sur le « Liber contra Wibertum » influencé par saint Cyprien, et le XIIIe livre devenu le manifeste de la persecutio beata, est trop évidente. Finalement, la version des rubriques, trouvée dans les codex Vat.
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Lat. 1363, Paris BnF Lat. 12519 et Corpus Christi 269, composée entre 1083‑1095, ne peut pas être considérée comme l’original du recueil, malgré le caractère authentique des canons présentés dans les manuscrits mentionnés. La question de la paternité de la « Collection canonique » dans sa totalité reste ouverte. Comme le dit Gérard Fransen, l’attribution de la « Collection » à Anselme de Lucques n’est mentionnée que dans un seul manuscrit, fabriqué plus de 15 ans après sa mort (Vat. Lat. Barb. 535) et n’a pas été notée dans les manuscrits plus anciens et plus proches de son temps (Vat. Lat. 1364, Vat. Lat. 6381, probablement Vat. Lat. 1363). Cependant l’analyse comparative, effectuée par Edith Pásztor, de la doctrine ecclésiologique exprimée dans les premiers livres de la « Collection canonique » (I-VII) ainsi que dans le XIIIe livre, avec la doctrine du « Sermo de caritate » ou avec « Liber contra Wibertum », le fragment du commentaire sur le 2e Psaume, les lettres d’Anselme, nous permet de considérer ces textes comme créés ou influencés par Anselme de Lucques. L’analyse des différentes sources utilisées par Anselme de Lucques, effectuée par Kathleen Cushing et Anselme Szuromi, nous invite à découvrir les collections canoniques plus anciennes dans lequelles il aurait puisé. L’analyse des textes récupérés de la « Collection Quesnelliana » et insérés dans le VIe livre de la « Collec‑ tion » d’Anselme, d’après l’opinion de Friedrich Thaner et Anselme Szuromi, ne nous permet pas de nous accorder avec leur proposition. La comparaison des textes mentionnés avec les manuscrits les plus anciens de la « Quesnelliana » (Arras Bibl. Mun. 644 et Ein‑ siedeln 191), nous montre qu’Anselme de Lucques avait utilisé une autre collection canonique, non pas la « Quesnelliana », ignorée par lui malgré son origine romaine, ce que nous prouvons en nous appuyant sur l’analyse de la tradition manuscrite.La considération de l’ecclésiologie d’Anselme de Lucques dans le cadre du développement du droit canonique de l’Église nous montre son ignorance profonde des questions liées aux rapports entre le Siège apostolique et le Siège de Constantinople, ainsi qu’une faible connaissance de l’histoire ecclésiastique en général. Anselme de Lucques n’était ni un auteur de chronique universelle comme Sigebert de Gembloux, ni un théologien comme son célèbre homonyme Anselme d’Aoste, ni un maître en droit comme Yves de Chartres. Comme le dit justement Kathleen Cushing, il n’a récupéré des exemples historiques,
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des canons ou des documents du droit romain civil qu’en tant qu’ils pouvaient être utiles dans le cadre de la liaison de l’idéologie grégorienne avec la tradition de l’Église latine. L’analyse comparative de la doctrine grégorienne et particulièrement de l’ecclésiologie anselmienne avec la théorie de la Pentarchie adoptée par la tradition du droit byzantin ainsi que la comparaison de leurs racines nous permet d’approuver l’opinion de Vladimir Beneschevič et de dire que le schisme entre Rome et Constantinople, devenu une réalité au niveau officiel en 1054, a été anticipé par les événements des IXe -Xe siècles : l’adoption des « Fausses Décrétales » par Rome (Nicolas Ier) et la confirmation du « Nomokanon » en XIV titres en 883 et 919 dans l’Empire byzantin ont rendu le conflit inévitable. L’analyse des lettres d’Anselme de Lucques ainsi que de ses prières écrites pour Mathilde de Toscane nous montre une vision de la vie spirituelle bien différente de la tradition bénédictine précédente. La dévotion individuelle et personnelle par rapport au Christ et à la Vierge, l’éducation aux vertus morales : l’obéissance au pape, la caritas, la fidélité à la liberté de l’Église devenue nécessaire dans le cadre de la lutte politique contre l’empereur, occupent la première place dans la spiritualité anselmienne, aux dépens de la valeur des vertus monastiques proposées aussi aux laïcs à l’époque précédente : l’humilité, la soumission aux règles de la communauté, la participation aux offices quotidiens. L’idéal moral exprimé dans les lettres d’Anselme correspond bien à l’idée de la caritas examinée par Edith Pásztor, anticipant l’idéologie des croisades. Cependant, la dévotion personnelle popularisée par Anselme dans les prières composées pour Mathilde, qui anticipait la dévotion franciscaine d’après l’opinion d’André Wilmart et Silvia Cantelli, a un caractère commun avec la dévotion byzantine exprimée par saint Jean Chrysostome. Perspectives de recherches Les perspectives de recherches sont riches et variées. Malgré le rôle central du pape Grégoire VII dans la Réforme de l’Église de Rome, devenue pour Anselme une raison d’être, il serait caricatural de réduire l’importance de l’activité d’Anselme à « la simple justification » de la monarchie absolue du pape. Il n’est pas possible d’oublier que la « Collection canonique » d’Anselme est devenue
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une des sources principales de Gratien, même si Anselme n’est pas l’auteur de la « Collection » dans sa totalité. Car nous devons constater le développement du droit canonique en qualité de science autosuffisante effectué au XIIe siècle, et la réalisation de l’idée de la liberté ecclésiastique proclamée par Anselme de Lucques et Grégoire VII : la résistance efficace de la papauté aux empereurs germaniques au XIIe siècle, la première croisade (1096‑1099), la reconquête espagnole amorcée à partir de la 2e moitié du XIe siècle et bénie par le pape témoignent de l’influence de notre personnage sur l’histoire de l’Europe médiévale 60. L’importance du rôle d’Anselme de Lucques dans le cadre de l’histoire de la Chrétienté médiévale invite les chercheurs à réaliser le projet dont Gérard Fransen parlait de manière catégorique : il s’agit de la préparation de la nouvelle édition critique de la « Col‑ lection canonique » d’Anselme et de tous ses ouvrages. Épilogue Après les siècles éclairés par le triomphe de la papauté, la décadence de la théocratie pontificale du XIIIe siècle et la guerre permanente entre les Guelfes et les Gibelins en Italie ont provoqué la critique de la papauté dans la littérature et dans la poésie. On connaît les invectives de Dante ou de Jacopone da Todi contre le pape Boniface VIII proclamant la célèbre théorie des deux épées en 1302. C’est Dante qui a mis le pauvre Boniface VIII dans un des cercles de l’Enfer et qui a cité les « paroles » poétiques du Christ : Non fu la sposa di Cristo allevata del sangue mio, di Lin, di quel di Cleto, per essere ad acquisto d’oro usata ; ma per acquisto d’esto viver lieto 60 « Como es sabido, en la programma general de la Reforma del papa san Gregorio VII (1073‑1085), la libertas christiana incluía dos objetivos esenciales a conquistar : en primer lugar la independencia de lo espiritual respectо al poder temporal y la afirmación del papado como entidad política soberana, dentro del sistema feudal y promoviendo la infeudación de territorios a la Sede apostólica ; en secundo lugar la centralización y el control de las Iglesias nacionales bajo la Sancta Romana et uniuersalis Ecclesia, rectora de la Cristiandad » : J. P. Rubio Sadia, Las Ordenes religiosas y la introducción del Rito Romano en la Iglesia de Toledo, Toledo, 2004, p. 45.
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e Sisto e Pio e Calosto e Urbano sparser lo sangue dopo molto fleto 61.
Dans un autre fragment, racontant la vie de Guido da Montefeltro séduit par le pape, Dante dit : Lo principe de’nuovi farisei, avendo guerra presso a Laterano, e non con Saracin’ ne con Giudei ché ciascun suo nimico era Cristiano…62
Un autre contemporain de Boniface VIII, Jacopone da Todi, était encore plus sévère par rapport au pontife en écrivant : O papa Bonifacio, – io porto el tuo prefazio e la maledizione – e scommunione… Per grazia te peto – che mi dichi : Absolveto ! e l’altro pene me lassi – fin ch’io del mondo passi…63 Luzifero novello – a sedere en papato ; Lingua de blasfemia – che ‘l mondo hai venenato …64
L’esprit de l’époque grégorienne était complètement différent de celui du duecento. Le temps de Grégoire VII et de ses collaborateurs est devenu l’aurore de la papauté – telle que nous la connaissons en considérant le cours de l’histoire du Moyen Âge classique. Les vers exaltés de Donizone ou de Ranger de Lucques auraient pu être une bonne antithèse aux auteurs cités, s’ils avaient vécu à la même époque. Comme le dit Donizone dans la « Vita Mathil‑ 61 « Non,
l’Épouse du Christ n’a pas été nourrie de mon sang, de celui de Lin et d’Anaclet pour l’employer ensuite à ramasser de l’or ; mais c’est pour acquérir ce bonheur éternel, que Sixte ainsi que Pie et Calixte et Urbain ont versé tour à tour leurs larmes et leur sang » : La Divina Commedia, Paradiso XXVII, 22‑27. 62 « Cependant, le seigneur des nouveaux Pharisiens du côté de Latran venait d’entrer en guerre, non pas contre les juifs ou contre les païens, car ses seuls ennemis étaient tous des chrétiens » : La Divina Commedia, Inferno XXVII, 85‑87. 63 « O pape Boniface – Je supporte ta préface Et la malédiction et l’excommunication… Je te prie par la grâce que tu me dis : soit pardonné ! Et que tu me laisses une autre peine jusqu’à ce que je passe de ce monde » : La letteratura italiana del Duecento, p. 31. 64 Historia de la Iglesia Catolica…, p. 581.
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dis », la poésie de son époque était un don florissant donné à saint Pierre : Filiolae Petri violae post lilia dentur, Detur ei de fonte Dei ros, unde rigentur…65
Les continuateurs anonymes d’Anselme de Lucques ont loué son œuvre canonique en précisant qu’elle était faite au Nom de la Sainte-Trinité : In Trinitatis nomine sanctae et indiuiduae Incipit hinc feliciter istius libri series Quem sanctus ex Italia Anselmus quique Pontifex Lucanae fuit ecclesiae Vir prudens ac catholicus in Christi fide feruidus Carpsit ex toto canonum Patrum Sanctorum corpore… Singulos composuit in hoc uolumine codices66
65 Donizonis 66 Paris
Vita Mathildis, dans MGH, XII, v. 395‑396, p. 387. BnF Lat. 12450, fol. 1r.
ANNEXE LA COMPARAISON DES RUBRIQUES DE LA « COLLECTION » D’ANSELME DE LUCQUES D’APRÈS LES VERSIONS DIFFÉRENTES
La publication d’une liste comparative des rubriques de la « Collection » d’Anselme de Lucques d’après les manuscrits originaux est absolument nécessaire, car elle peut expliquer la méthode par laquelle nous avons essayé de découvrir la version originale des rubriques d’Anselme. Les critères de la reconstruction de la version originale (« le protographe ») de la « Collection canonique » d’Anselme mis en œuvre ici ne sont pas très compliqués. Nous prenons ici le noyau – les rubriques communes de la version “A” et des versions “B”, “C”, “A aucta” pour la base du texte écrit par l’auteur de la Collection, en laissant de côté les résultats du travail du rédacteur de l’abbaye de saint Denys de Milan (= la version “Y” mentionnée dans le stemma de Peter Landau) et en rejetant les rubriques spécifiques de la version “B” et absentes dans la version “A” écrites par les rédacteurs milanais, ainsi que les rubriques trouvées dans la version “A” exclusivement, mais modifiées ou absentes dans les versions de la branche “Y”. Les adjonctions textuelles interpolées dans les rubriques du « protographe » par les rédacteurs de la version vulgaire (la version “A”) ou par les rédacteurs milanais (la version “B”) ont été écrites en italique dans les quelques cas particuliers.
Manuscrits examinés1 Vat. Lat. 1363, XIIe siècle (A1) Paris BnF Lat. 12519, XIIe siècle (A 2) La version A’ Florence, Laurentianus Saint-Marc 499, fin du XIIe siècle (ignoré par Fr. Thaner) La version B Vat. Lat. 1364, fin du XIe siècle (B1) Vat. Lat. 6381, début du XIIe siècle (B2) La version Bb Vat. Lat. Barb. 535, début du XIIe siècle, Paris BnF Lat. 12450 d’Achery, XVIIe siècle,
1 L. Fowler-Magerl, « Clavis Canonum, Selected Canon Law Collections before 1140, access with data processing », dans MGH, Hilfsmittel, 21 (2005), Hannover, passim ; L. Kery, Canonical Collections of the Early Middle Ages (a. 400‑1140). A Biblio-graphical Guide to the manuscripts and Literature, CUA Press, 1999, p. 218‑221.
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La version C Vat. Lat. 4983, XVIe siècle Paris. BnF Lat. 12451 d’Achery, XVIIe siècle Incipit capitulatio librorum quos beatus Anselmus Lucensis episcopus de cohaequalibus causis singulos in hoc uolumine libros composuit Bb Versio A / Bb
Versio B / C (=Y)
Versio A’ / Vat. Lat. 1361 (V5)
X. de potestate et primatu I. de primatu et excellentia Primus liber continent de potestate et primatu aposRomanae ecclesie apostolicae sedis tolicae sedis / et eius dignitate V 5 de primatu Romanae Secundus liber continet de XI. de libertate appellatio- II. nis eclesie et libertate appella- libertate appellationis et ut tionis difficiliora iudicia ad sacerdotes deferantur et qui non obedierit moriatur. Tertius liber continet de orde ordine accusandi, dine accusandi testificandi XII. de ordine accusandi III. et iudicandi quod homicitestificandi et iudicandi testificandi et iudicandi dae adulteri et cuncti criminibus alligati et infames atque laici et quicumque coaequales non sunt episcopos accusare et uexare non debent.
de auctoritate XIII. de priuilegiorum auc- IV. toritate legiorum
Quartus liber continet de priuilegiorum auctoritate priui- et ut priuilegia ecclesiarum et monasteriorum inuiolata permaneant.
Quintus liber continet de ordinationibus ecclesiarum XIV. de ordinationibus ec- V. de iure et ordinatione ac et de omni iure ac statu ilclesiarum et de omni iure ac statu omni potestate siue larum quod ecclesia una statu illarum statu episcoporum et de sy- est licet diuersa habeat moniacis membra. XV. de electione et ordina- VI. de electione et orditione ac de omni potestate natione ac de omni potestate siue statu episcoporum siue statu episcoporum et de symoniacis
Sextus liber continet de electione et ordinatione ac de omni potestate siue statu episcoporum et ut papa incolumi nullus ambiat papa-
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219 tum et de electione alterius si ipse adhuc uiuens nichil inde disposuit.
XVI. de uita et ordinatione VII. de uita et ordinatione Septimus liber continet de clericorum / et de omni actu presbiterorum, diaconorum uita et ordinatione clericorum et qui se continere non eorum Bb, X et reliquorum ordinum possunt. XVII. de lapsis
VIII. de lapsis
Octavus liber continet de lapsis et qui ex clero lapsi fuerint pauperrimis monasteriis ubi poeniteant tradantur ipsi et res ipsorum aut si parentes habuerint ipsi res accipiant et sufficientiam eis prouideant.
XVIII. de sacramentis
IX. de sacramentis
Nonus liber continet de sacramentis ut in sacramentorum oblationibus nichil offeratur nisi panis et uinum aqua mixtum.
XIX. de coniugiis
X. de coniugiis
Decimus liber continet de coniugiis quod pactio coniugalis coniugium facit.
XX. de poenitentia
XI. de excommunicatione Vndecimus liber continet de B de poenitentia C poenitentia.
XXI. de excommunicatione
XII. de excommunicatione C Duodecimus liber continet de excommunicatione quod excommunicati sunt omnes qui contra sanctam Romanam ecclesiam superbiendo se erigunt.
XXII. de uindicta et perse- XII. B XIII C de uindicta Tertius decimus continet de et persecutione iusta cutione iusta uindicta et persecutione ius‑ ta / de uindicta et de bellis V 5 Ad Versionem A supplementum (Cambridge Corpus Christi 269)2
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annexe
Primus liber continet de ordine et primatu Romane sedis et de eiusdem pontifice omnibus eiusdem pontifice prelato ac de oria potestate eidem subicienda et de confirmatione catholice fidei de ordinatione et episcoporum electione et de symoniaca damnatione. Secundus liber continet de grauioribus iudiciis ad Romanam sedem referendis et de eadem sede ab in iudicio oppressis appellanda de iniuste damnatis de comprouincialibus conciliis de episcopis accusatis nonnisi per Romanum pontificem damnandis Salua nos Christus Salua Tertius liber continet de his qui infames notantur ad accusationem non recipiendis de numero et qualitate accusatorum et testium quod apud seculares iudices clerici non accusentur de expoliatis ante iudicium reuestiendis de accusandi testificandique licentia de Dioscori damnatione de honore Romanis defensoribus augendo de episcopis ad Symachi pape accusati causam congregatis. Quartus liber continet de priuilegiis ecclesiarum et monasteriorum inuiolandis de agentibus contra sacros canones de imperatoribus ut episcopis obediant de clericorum et monachorum et sacrorum locorum libertate de sententia
2 L. Fowler-Magerl, « Clavis Canonum, Selected Canon Law Collections before 1140, access with data processing », dans MGH, Hilfsmittel, 21 (2005), Hannover, p. 142‑144.
annexe fidei catholice et ecclesiastice discipline de prediis ecclesiarum non alienandis de patrimoniis Romane sedis non subtrahendis de concessis Romano pontifici a Constantino et a ceteris de terris ecclesiarum alienatis de rebus ecclesiarum non diuidendis de censura canonum non uiolanda de prima sede a nullo iudicanda de episcopis eligendis de iure et Romane ecclesie possesione ab imperatore restituendis. Quintus liber continet de dignitate et institutionibus ecclesiarum et de earum decimis et rebus singulis. Sextus liber continet de Romani pontificis et aliorum electione et uita et ordinatione de illicitis ordinationibus de pallii donatione et cartis et pastellis absque pretio faciendis de dalmaticis de episcoporum mutationibus et quod duo episcopatus uniuntur primis flaminibus et primatibus uel patriarchis de archiflaminibus et archiepiscopis prouincia de episcopis ad comitatum non ituris sine licentia Romani pontificis de formatis epistolis de alienis clericis de nullo uocando uniuersali de quibusdam institutionibus episcopis utilibis de ciuitate proprium episcopum interimente de pastore et mercennario et fure de natis ex adulterio promouendis de bigamis et concubinariis non ministrandis de pastoris sententia de habitis amittendis presumendo non concessa de sacramentis synodalibus et scismaticorum de liminibus
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222 apostolorum uisitandis de canonibus non ignorandis de pecunia lucre gratia non expetenda de secularibus causis non occupandis de ornatu uestium non expetendo de scismaticis opprimendis de mulieribus cum clericis non cohabitandis de continentia ministrorum altaris de apocrifis libris et canonicis et catholicis scripturis. Septimus liber continet de uita et moribus clericorum et de non promouendis de qualitate ordinandorum et ordinationibus eorum de abbatis electione de ingredientibus monasterium de monasteriorum causis nonnisi ab episcopo disponendis. Octauus liber continet de lapsibus clericorum et de incontinentium damnatione. Nonus liber continet de oblationibus sacramentorum altaris et de missarum officiis celebrandis de baptismo et qualitate baptizandorum de crismate renouando et proprietate sacramentorum. Decimus liber continet de institutione coniugiorum et lege desponsatarum de coniungiis separandis et post quem consanguinitatis gradum copulandis de anathemate illicitorum coniungiorum et aliorum commissorum de uiolentia castitatis de uxore adultera de uirgine nescienter cum alieno uiro nubente de mulierum raptoribus. Vndecimus liber continet de qualitate penitentie et poenitentum et de quantitate diuersorum criminum. Duodecimus liber continet de diuersitate excommunicatorum et modo
annexe
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annexe excommunicationis de scismaticis et hereticis. Tertius decimus liber continet de quibusdam sententiis Augustini et aliorum doctorum.
Explicit adnotatio pecedentium librorum Bb
Incipit autentica et compendiosa collectio regularum et sententiarum sanctorum patrum et auctorabilium conciliorum C facta tempore septimi Gregorii sanctissimi papae a beatissimo Anselmo Lucensi episcopo eius diligenti imitatore et discipulo cuius iussione et precepto desiderante consummauit hoc opus Bb La version “A” Vat. Lat. 1363 – A1 Paris. BnF. Lat. 12519 – A 2
La version “Bb” (les supléments) Vat. Barberini 535 Paris. BnF. Lat. 12450
La version “B” Vat. Lat. 1364 – B1 Vat. Lat. 6381 – B 2 Supplément : la version “C” Vat. Lat. 4983 Paris. BnF. Lat. 12451
Liber I De potestate et primatu apostolicae sedis
De primatu et excellentia Romanae ecclesiae
1. Quod in nouo testamento post Christum Dominum a Petro sacerdotalis coeperit ordo
Quod post Christum a Petro sacerdotalis ordo caepit
beati Petri 2. Quod Romana ecclesia ca- Quod put est omnium ecclesiarum priuilegium transiuit in ab ipso Domino non ab alio alios primatum obtinuit
Quod sacrosancta Romana ecclesia caput / est B1omnium ecclesiarum a Domino / est B2 C constituta
3. Vbi beatus Petrus concessum sibi ius ligandi ac soluendi in suos transponit successores
Quod beatus Petrus concessam sibi potestatem suis tradidit successoribus
4. Quod prepositi non laeduntur dum a fratribus propter rigorem iustitiae odio habentur immo magis amor Dei illis reconciliatur
Quod pepositi non laeduntur dum a fratribus propter iustitiam odio habentur
224
annexe
5. Quod Christum non recipit qui papam contristauerit
Quod Christum non recipit qui papam contristauerit
6. Quod nec loqui debemus cui papa non loquitur
Quod nec loqui debemus cui papa non loquitur
7. Quod Christus sancto Petro concessit uolentibus apostolis ut primus esset inter ipsos
Quod beato Petro a Domino concessum est ceteris preesse apostolis ipsis uolentibus
8. Quod ad formam apostolorum facta est quaedam distinctio episoporum quibus tamen omnibus beati Petri sedes preminet
Quod ad formam apostolorum facta est quaedam distinctio episoporum quibus tamen / omnibus B1 beati Petri sedes preminet
9. Quod ecclesia Romana om- Quod una est ecclesia nibus preest ecclesiis sicut et unus papa sicut unus beato Petro datum est premi- Deus est nere ceteris apostolis
Quod ecclesia Romana omnibus preest ecclesiis sicut beato Petro datum est preminere ceteris apostolis
10. Quod super unum id est Petrum aedificauit Dominus ecclesiam suam
Quod super unum id est Petrum aedificauit Dominus ecclesiam suam
11. Vt nemo dissentiat a Romana ecclesia quae est caput omnium ecclesiarum
Vt nemo a Romana ecclesia dissentiat quae caput est omnium ecclesiarum
12. Quod a regulis Romanae ecclesiae nullatenus conuenit deuiare
Quod a regulis Romanae ecclesiae nullatenus conuenit deuiare
13. Quod Romana ecclesia nunquam a fide / errauerit A1 / errauit A 2
Quod ecclesia Romana nunquam a fide / errauit B1 / errauerit B 2 C
14. Quod per uniuersam ecclesiam quicquid nociuum in ea est debet papa corrigere et emendare
Quod papa debet uniuersali ecclesiae subuenire et quidquid in ea nociuum est corrigere
15. Vt Antiocena ecclesia Ro- Quod apostolica sedes manae sit subiecta nec ab eius auctoritatem habet uniuersae ecclesiae subuedissentiat dispositione nire et quicquid in ea nociuum est corrigere et emendare
Vt Antiocena ecclesia Romanae sit subiecta nec ab eius dissentiat dispositione
225
annexe 16. Quod est prima salus regulas rectae fidei custodire et a statutis patrum non deuiare
Quod Romanam ecclesiam beati Petri sacerdotio Dominus ditauit et prima salus est a constitutis patrum non deuiare et in sede apostolica semper catholica seruata religio
17. Quod Romana ecclesia omnibus est prelata non tantum canonum decretis sed uoce ipsius saluatoris
Quod est prima sa- Quod Romana ecclesia ipsius lus regulas recte fidei Domini uoce saluatoris custodire et a statutis omnibus prelata est patrum non deuiare sic ut Romana permansit ecclesia beati Petri sacerdocio ditata
18. Quod ecclesiae columpnae qui sunt episcopi confirmatae sunt super firmamentum Petri quod est sedes apostolica
Quod apostolica sedes firmamentum est omnium episcoporum ecclesiarumque omniumque uertex
19. Vt prima sedes a nullo iudicetur
Vt prima sedes a nullo iudicetur
20. Vt sacerdotes siue omnes ecclesiae statuta conseruent sanctae Romanae ecclesiae si nolunt eius communione carere
Vt omnes ecclesiae statuta Romanae conseruent
21. Vt nemo presumat iudicium primae sedis retractare aut iudicare
Vt nemo apostolicae sedis iudicium iudicare aut retractare presumat
22. Item quod apostolica sedes caput est omnium ecclesiarum
Quod apostolica sedes caput est omnium ecclesiarum
23. Quod habet Romana ecclesia singulari priuilegio potestatem ligandi et soluendi
Quod Romana ecclesia / singuli B1 / singulari B 2 C priuilegio potestatem habet ligandi et soluendi
24. Quod papa a nullo nisi a Deo erit iudicandus
Quod apostolicae sedis presul a nullo / nisi a Deo B1C iudicandus est / nisi a Domino B2
25. Vt papa uices suas alteri committat ubi presens ipse non potest esse quod etiam subdiacono potest
Quod papa uices suas alteri et suae sedis etiam subdiacono committit ubi presens esse non potest
ecclesiae
226
annexe
26. Quod papae non licet tacere quod in querelam potest uenire
Quod papae tacere non licet quod in querelam potest uenire
27. Vt ad sedem apostolicam ab episcopis referatur dum in fidei ratione dubitatur
Vt ad sedem apostolicam ab episcopis referatur dum in fidei ratione dubitatur
28. Quod papa pro uniuersis ecclesiis principaliter curare debet
Quod papa ex diuina institutione uniuersis ecclesiis principaliter curare debet
29. Item de apostolicae sedis auctoritate et quod pro necessitate temporis adhibenda est curatio vulneratis
Quod sedis apostolicae auctoritate iudicentur quae difficultatem diiudicationis habere uidentur
30. Item de principatu Romanae ecclesiae et quod discipulus Marcus a magistro Petro non dissentit
Quod Romana ecclesia principatum a Domino accepit et Marcus a magistro / papa B 2 Petro non dissensit
31. Vt omnibus catholicis sequetur quod sedes apostolica docet cui principatum Dominus dedit totius ecclesiae
Vt omnes catholici / sequentur B1 / sequantur B 2 C quod sedes apostolica docet
32. Quod pro omni statu ec- Vt omnes catholici se- Vt / pro B 2 omnium eccleclesiae papa debet curam ha- quantur quod sedes siarum bere apostolica docet cui statu papa curam habeat principatum Dominus dedit totius ecclesiae 33. Vt omnibus ecclesiis papa Quod papa pro omni De eadem re prouideat et succurrat ecclesiae statu uigilare debet 34. Item de eodem et ut omnes qui ueri filii uolunt esse sciant et sequantur quae in romana ecclesia sacro ritu aguntur
De eadem re
35 Quod ecclesia Romana mater omnium ecclesiarum numquam a fide errauit
Quod Romana ecclesia mater est omnium ecclesiarum et numquam a fide errauerit
36 Quod apostolica sedes numquam hereses fouet sed destruit
Quod apostolica sedes numquam hereses fouet sed destruit
37 Quod nauis beati Petri non turbatur
Quod nauis beati Petri non turbatur
227
annexe Quod non sit liberum apostolico dissimulare uel tacere
38. Quod non sit liberum apostolico tacere quia omnibus preest 39. Quod habet apostolicus a beato Petro fiduciam defendendi fidem rectam in omni ecclesia
Quod non licet Imperatori quidquam agere quod apostolicis regulis contrarium sit
Quod habet apostolicus a beato Petro fiduciam et auctoritatem defendendi fidem / rectam pro uniuersali ecclesia C
40. Quod papae maior cunctis necessitas corrigendi incumbit
Quod / papae B1 / papa B 2 maior cunctis necessitas corrigendi incumbit
41. Quod traditionem Romanae ecclesiae debent reliquiae obseruare quia principium ab ipsa acceperunt
Quod B 2 C Traditio Romanae ecclesiae a reliquis obseruetur ecclesiis quae ab ipsa principium acceperint
42. Non aliter de scripturis sentiendum preterquam sancti patres docuerunt
Quod non aliter de scripturis / sentiendum B1 C / sciendum B 2 quam sancti patres docuerunt
43. Quod papa ipsius sedis reuerentia cogitur studiosus pro omnibus esse ut non uideatur pastorem Christi non amare
Quod papa ipsius sedis reuerentia cogitur studiosus pro omnibus esse
44. Quod non sit recedendum ab apostolicis institutis
Quod non sit recedendum ab apostolicis institutis
45. Vt nullus decreta sedis apostolicae temerare presumat quia hoc ad potentissimum sacerdotem papam corrigendum pertinet
Vt nullus decreta sedis apostolicae temerare presumat
46. Quod apostolica sedes uniuersae presit ecclesiae
46. Quod apostolica sedes uniuersae presit ecclesiae
47. Quod sedes beati Petri fas habet iudicandi de omni ecclesia et nemo de illa unde et soluere potest quoscumque liga‑ tos
Quod sedes beati Petri fas habet iudicandi de omni ecclesia sed nemo de illa
48. In eodem. Quod sedes apostolica absque synodo possit soluere inique dampnatos
Quod sedes apostolica absque synodo possit soluere inique dampnatos
228
annexe
49. Quod nullus magis debeat obseruare canones quam apostolicus
Quod apostolica sedes uniuscuiusque synodi sua auctoritate confirmatae seruare debet constitutum
50. Vt irritum sit quicquid in apostolica sede absque apostolico decernitur
Vt irritum sit quicquid in apostolica sede absque apostolico decernitur
51. Quod Petrus accepit claues regni caelorum ut aliis aperiret
Quod Petrus regni caelorum claues accepit ut aliis aperiret
52. Quod auctoritas congregandarum synodorum generalium soli apostolicae sedi sit commissa nec sine eius auctori‑ tate rata esse potest
Quod auctoritas congregandarum generalium synodorum soli apostolicae sedi sit commissa
53. Quod papa a solo Deo sit iudicandus
Quod papa a solo Deo sit iudicandus
54. Vt nemo ea quae apostolicae sedi concessa sunt usurpet sine eius consultu
Vt nemo ea quae apostolicae sedi concessa sunt usurpet sine eius consultu
55. Quod sanctus Petrus ius ligandi atque soluendi Lino et Cleto non tradiderit licet eos si‑ bi associauerit
Quod sanctus Petrus ius ligandi atque soluendi Lino et Cleto non tradidit
56 Quod in una catholica ecclesia apostolicae sedi subiecta uera / Christo A1 / Christi A 2 hostia immolatur
Quod in una catholica ecclesia uera Christi hostia immolatur
57. Quod ab apostolica sede fidei ueritas est inquirenda tamquam ab ipso Petro qui fidei plenitudinem breuiter complexus est dicens : Tu es Christus et reliqua
Quod ab apostolica sede fidei ueritas est inquirenda
58. Petitio Niceni concilii ut ab apostolica auctoritate confirmetur
De peticione Niceni concilii ut ab apostolica auctoritate confirmetur
59. Petitio egyptiorum episcoporum pro capitulis LXX Niceni concilii ab auctoritate sedis apostolicae
De peticione egyptiorum episcoporum pro capitulis LXX Niceni concilii
60. Quod Romana ecclesia semper inmaculata permanserit et permanebit
Quod Romana ecclesia semper inmaculata permanserit et permanebit
229
annexe 61. Quod beati Petri sedes sacerdotalis mater est dignitatis et magistra ecclesiasticae rationis
Quod beati Petri sedes sacerdotalis mater est dignitatis et magistra ecclesiasticae rationis
62. Vt nulli fas sit temerare diuina et apostolicae sedis institute
Vt nulli sit fas temerare diuina et apostolicae sedis institute
63. Quod Romana ecclesia omnes instituit ecclesiasticas dignitates ipsam autem uer‑ bum illud fundauit per quod creata sunt omnia
Quod Romana ecclesia omnes instituit ecclesiasticas dignitates et qui sibi suum priuilegium auferre conatur in heresim / inlabitur B1 / labitur B 2 C
64. Quod comederit agnum extra ecclesiam beato Petro eiusque successoribus commissam profanus est
Quod quis comedit B1 / qui co‑ mederit B 2 C agnum extra ecclesiam beato Petro commissam profanus est
65. Quod pro fide Petri specialiter supplicatus est Christus
Quod pro fide Petri Christus specialiter rogauit
66. Quod Romana ecclesia ab ipso Domino primatum obtinuit et quod ambo apostoli Petrus et Paulus una die sua eam morte consecrauerunt et quod ipsa prima sedes est secunda Alexandrina tertia Antiocena
Quod Romana ecclesia ab ipso Domino primatum obtinuit et quod Petrus et Paulus una die sua eam morte consecrauerunt et quod ipsa prima sedes est secunda Alexandrina tertia Antiocena
67. Quod euangelica auctoritate prima omnium est Romana ecclesia ubi Petrus et Paulus una die mortui sunt
Quod euangelica auctoritate prima omnium est Romana ecclesia ubi et Petrus et Paulus una die mortui sunt
68. Quod Romana ecclesia non synodicis sed euangelicis institutis primatum obtinuit et quod sanctus Petrus et Pau‑ lus una die in urbe Roma coro‑ nati sunt 69. Quod sanctus Petrus et Paulus doctores sunt gentium auctores martyrum principes sacerdotum et quod Petrus a soliditate fidei petra dicitur et in naui eius omnes tuti sunt
Quod Romana sedes primum primatum ob tinuit nec prima diceretur si aliam sororem se haberet
Quod Romana ecclesia non synodicis sed euangelicis institutis primatum obtinuit
Quod Petrus et Paulus doctores sunt gentium auctores martyrum principes sacerdotum
230
annexe
70. Quod ad corpus beati Pauli uel ad sudarium eius nemo potest accedere de cuius catena interdum potest aliquid limari interdum minime
Quod nemo potest accedere ad beati Pauli corpus uel sudarium eius de cuius catena interdum limari potest interdum minime
71. Quod auctoritate pontificum et potestate regum mundus regitur et regalis tamen potestas subiecta esse debet pontificibus
Quod auctoritate pontificum et potestate regum mundus regitur et regalis tamen potestas subiecta pontificibus esse debet
72. Quod sacerdotibus impe ratores obedire debent non iubere
Quod sacerdotibus imperatores obedire debent non iubere
73. De constantia papae Agapiti contra Iustinianum augustum quem tandem ad pedes suos humiliauit
De constantia papae Agapiti contra Iustinianum augustum quem tandem ad pedes suos humiliauit
74. De obedientia et honore De eadem re quem Tiberius imperator exhibuit pape Constantino
De obedientia et honore quem Tiberius imperator exhibuit pape Constantino
75. Quod imperatoribus fas non est curiose de spiritualibus negotiis agere
Quod imperatoribus fas non est curiose de spiritualibus negotiis agere
76. Qualiter Gregorius papa regnum a Leone imperatore separauit propter eius impie tatem
Quod Gregorius papa regnum a Leone imperatore separauit propter eius impietatem
77. Quod Stephanus papa Pipinum in regem prouehit et an‑ tecessorem eius regem totondit et in monasterio conscripsit illum uero sacramento regi commisso absoluit
Quod Stephanus papa Pipinum in regem peruexit eumque a periurio in regem commisso absoluit
78. Item quam magnam obedientiam et humilitatem rex Pipinus Stephano papae exhibuit
De obedientia et humilitate quam rex Pipinus Stephano papae exhibuit
79. Vbi papa Iohannes VIII cum episcopis et senatu populoque Romano Karolum in regem eligit et confirmat
Quod papa Iohannes VIII cum episcopis et senatu populoque Romano Carolum in regem eligit et confirmauit
231
annexe 80. Quod apostolico licet imperatores excommunicare ac deponere quod aetiam aliqui fecerunt episcopi
De Carolo rege in romanum imperatorem electo
81. Quod rogante Adriano papa Karolus rex Desiderium regem Longobardorum cepit et quam honorifice idem Karolus Romae susceptus est
Quod apostolico licet imperatores excommunicare ac deponere quod etiam aliqui fecerunt episcopi
82. Quod Karolus rex et patricius prouincias et ciuitates et castra aliaque multa ecclesiae sancti Petri dedit ac restituit
Quod rogante Adriano papa Carolus rex Desiderium regem Longobardorum cepit et honorifice idem Romae susceptus est
83. Quod cum magna honori De Karolo rege in Ro- Quod Carolus rex et patricius Imperatorem prouincias ficentia legati sedis apostoli- manum cae dirigendi sunt ad regem electo et ciuitates et castra aliaque multa ecclesiae sancti Petri dedit ac restituit 84. Quod Adrianus papa suos legatos noluit Constantinopolim dirigere nisi imperator et Augusta cum omni sena‑ tu securitatem eis facerent et quae sine ipso facta sunt prius anathematizarent et ne uniuersalis episcopus dicatur Constantinopolim
Quod cum magna honorificentia legati apostolicae dirigendi sint ad regem
85. Vt monitis apostolici obedientia prebeatur ab augustis
Quod Adrianus papa legatos noluit Constantinopolim mittere nisi imperator et Augusta eorum securitatem facerent et quae sine ipso facta sunt prius anathematizarent et ne uniuersalis dicatur Constanti‑ nopolitanus episcopus
86. Sacramentum regis Ottonis factum domino papae Iohanni
Vt monitis apostolici obedientia prebeat ab augustis
87. Epistola Iohannis papae ad imperatorem Iustinianum et imperatoris ad papam de confirmatione fidei catholicae contra Iudaicam et apostaticam perfidiam
De sacramento regis Ottonis facto domino pape Iohanni
sedis
232
annexe
88. Professio imperatoris quod primum et maximum bonum est christianae fidei recta confessio
Epistola Iohannis papae ad imperatorem Iustinianum et imperatoris ad papam de confirmatione fidei catholicae contra Iudaicam et apostaticam perfidiam
89. Quod sacerdotium et imperium humanam maxime uitam exornat et de eligendis ordinandisque episcopis et de dampnatione symoniacae peruersitatis
De professione Iustiniani quod primum et maximum bonum est christianae fidei recta confessio
90. Sacramentum regis Quod sacerdotium et impeOttonis factum domino rium humanam maxime uipapae Iohanni tam exornat et de eligendis ordinandisque episcopis et de dampnatione symoniacae peruersitatis / De absolutione iuramentorum C 91. Epistola Iohannis papae ad imperatorem Iustinianum et imperatoris ad papam de confirmatione fidei catho licae contra Iudaicam et apostaticam perfidiam 92. Professio imperatoris quod primum et maximum bonum est christianae fidei recta confessio 93. Quod sacerdotium et imperium humanam maxime uitam exornat et de eligendis ordinandisque episcopis et de dampnatione simoniacae peruersitatis 94. De principatu Romanae ecclesiae et de ecclesiis a Constantino constructis
233
annexe Liber II de libertate appellationis
De primatu Romanae ecclesiae et de libertate appellationis
1. Vt difficiliora iuditia ad sacerdotes defferantur et qui non obedierit moriatur
Vt difficiliora iudicia ad sacerdotes deferantur et qui non obedierit moriatur
2. Edictum imperatoris ut omnes eam sequantur religionem quam diuinus Petrus edocuit
Vt omnes eam sequantur religionem quam diuinus Petrus apostolus edocuit
3. Vt frustatoriae dilationes causa appellationis non fiant
Vt frustatoriae dilationes causa appellationis non fiant
4. Vt difficiliores causae et maiora negocia ad sedem apostolicam si appellatum fuerit deferantur
Vt difficiliores causae et maiora negocia ad apostolicam sedem si appellatum fuerit deferantur
5. De eadem re
De eadem re
6. Quod ad Romanam ecclesiam ab omnibus oppressis appellandum est ubi etiam omnes ecclesiasticae maiores sunt terminandae
Quod ad Romanam ecclesiam ab omnibus oppressis appellandum est a qua omnes ecclesiasticae maiores terminandae
7. Quod omnes quibus necesse fuerit ad Romanam debent ecclesiam suffugere absque omni impedimento et ut nullus episcopus iudicetur uel audiatur nisi in synodo apostolica auctoritate conuocata et cetera
Quod omnes quibus necesse fuerit ad Romanam ecclesiam suffugere eamque appellare debent absque impedimento et ut nullus episcopus iudicetur uel audiatur nisi in apostolica synodo auctoritate conuocata
8. Vt pulsatus in aduersitate episcopus licenter sedem appellet apostolicam aut si uocatus fuerit ueniat non autem reuertatur nisi formatis instructus
Vt pulsatus licenter sedem appellet apostolicam uocatus fuerit ueniat non autem nisi formatis instructus reuertatur
9. Quod absque auctoritate apostolica nulli licet episcoporum causas diffinire quamuis scrutari liceat cumprouincialibus episcopis
Vt accusatus uel iudicatus a comprouincialibus episcopis licenter papam appellet qui eius causam retractet et in loco eius interim alius non ordinetur
Quod absque auctoritate apostolica nulli liceat episcoporum causas diffinire quamuis scrutari liceat comprouincialibus episcopis
234
annexe
10. Vt ei qui iudicem sibi sense‑ Vt ecclesiasticis disposirit aduersum liceat appellatio- tionibus nulla inducatur nis remedio uiciatam causam confusio releuare et nulla detentionis iniuria affligatur etiam his qui in supplitia sunt destinati fas sit appellare.
Vt appellationis remedio uiciata causa releuetur et in supplicio et non destinato uox appellandi non negetur
11. Vt omnes episcopi in grauioribus causis pulsati ad apostolicam ecclesiam quasi matrem confugiant quae per se aut per uicarios suos iudicato‑ rum a comprouincialibus negocia retractet
Vt in grauioribus episcopi pulsati ad sedem apostolicam confugiant quae ipse aut suos uicarios negotium eorum re‑ tractare percuret
12. Vt primates accusatum episcopum discutiant sententiam uero dampnationis sine apostolica auctoritate non proferant
Vt omnes episcopi in grauioribus causis pulsati ad apostolicam ecclesiam quasi matrem confugiant
Vt primates accusatum episcopum discutiant sententiam uero dampnationis sine apostolica auctoritate non proferant
13. Quod dubiae ac maiores Quod apostolica sedes Quod dubiae ac maiores caucausae ab apostolica sede de- ius habet conuocandi sae ab apostolica sede debent bent terminari synodos et iudicandi terminari omnes maiores causas ecclesiae 14. De eadem re
Quod Romana ecclesia De eadem re ius habet non solum monachos sed etiam clericos cuiuscumque diocesis ad se conuocare
15. Qui alieno errore maculatur aut suo proposito recesserit uel apostolice sedi non obedie‑ rit non est suscipiendus 16. Quod sancta Romana ecclesia fas habet iudicandi de omnibus de illa uero nullus et potestatem habet sol uendi iniuste dampnatos et dampnandi quos oportuerit absque synodo
Qui alieno errore maculatus aut suo proposito recedens uel apostolice sedi inobediens non est suscipiendus Vt difficiliores singularum prouinciarum quaestiones ad sedem apostolicam referantur
Quod Romana ecclesia fas habet iudicandi de omnibus de illa uero nullus et potestatem soluendi iniuste dampnatos et dampnandi quos oportuerit absque synodo
annexe
235
17. Vt de eo quod ad sinum sanctae Romanae ecclesiae confugit nichil ante decernatur donec ab ipsa precipiatur quae uices suas ita aliis impertiuit ecclesiis ut sint in partem uocatae sollicitudinis non in plenitudinem potestatis
Vt nichil defugiente ad Romanam ecclesiam sine eius precepto iudicetur si uero quis secus presumpsit ab officio submoueatur
18. Quod omnium appellatio‑ num et episcoporum et cunctorum maiorum negocia apostolicae sedi debent reseruari
Quod appellantium episcoporum et cunctorum maiorum negotia apostolicae sedi debeat reseruari
19. Vt quisquis sacerdotum apostolicae sedi non obedierit preceptis a ministerio depo‑ natur et excommunicetur quia non solum obedire debuit sed et aliis ut obedirent insinuare
Quod alienus sit a diuinis et pontificalibus officiis qui apos‑ tolicae sedis noluerit obedire preceptis
20. Si quis superbis dubitauerit ante corpus sancti Petri uictu‑ rus atque uincendus decernet
Vt nullus metropolitanorum causas episcoporum siue aliorum agere presumat nisi quae ad propriam pertinent parochiam
21. Vt nullus metropolitanorum causas episcoporum siue aliorum agere presumat nisi quae ad propriam pertinent parrochiam
Quod papa omnium ecclesiarum curam debet habere et sedes sancti Petri sacerdotalis mater est dignitatis et magistra ecclesiasticae rationis
22. Quod papa omnium ecclesiarum curam debet habere et quod sedes sancti Petri sacerdotalis mater est dignitatis et magistra ecclesiasticae rationis
Si quis fr his dubitauit ante corpus sancti Petri uictus aut uincendus decertet
Quod papa restituit episcopos iniuste dampnatos principum timore et omnia sua reddi precepit alioquin excommunicet tam episcopos quam eorum principes
23. Quod papa restituit episcopos iniuste dampnatos propter timorem principum et omnia sua reddi precepit alioquin excommunicaret tam episcopos quam eorum principes
Quod apostolica sedes ab aliis ligatos potest soluere ab illa uero ligatos nemo
24. Quod apostolica sedes ab aliis ligatos potest soluere ab illa uero ligatos nemo de qua presumptione Acautius damp natus est
Quod papa omnium ec- Quod papa repparare potest clesiarum curam debet iudicia dampnatorum habere ut non uideantur pastorem Christum non amare
236
annexe
25. Quod papa renouare possit iuditia dampnatorum
Quod apostolica sedes ius habet conuocandi synodos et iudicandi omnes maiores ecclesiae causas
26. Quod apostolica sedes ius habeat conuocandi synodos et iudicandi omnes maiores causas ecclesiae
Quod ideo Romanae sedi concessa sunt priuilegia de congregandis conciliis et iudi‑ ciis et restitutionibus episco‑ porum ut omnibus oppressis succurrat
27. Quod Romanae sedi concessa sunt priuilegia congre‑ gandorum conciliorum ac restitutionum episcoporum et iuditiorum et ut omnibus oppressis succurrat
Quod nemo prae apos- Quod ueritas saepius exagitatolica auctoritate debet ta manifestius clarescit episcopum dampnare licet eius possit persctutari opinionem
28. Quod ueritas saepius De tpr congruo exagitata manifestius clares- dendo quo sit cit accusate persone sime perducenda dium
proui- Vt ad apostolicam sedem causa transferantur quae alibi finiri rectis- non possunt in me-
29. Vt ad apostolicam sedem transferantur quae alibi finiri non possunt
Vt ad apostolicam sedem referatur siqua dissensio inter fratres oriatur
30. Vt ad apostolicam sedem referatur si qua dissensio inter fratres oriatur
Vt causae ecclesiarum ab episcopis uentilatae corroborentur ab apostolica sede si ratae debuerint permanere
31. Vt causae ecclesiarum ab episcopis uentilate corroborentur ab apostolica sede si ratae debuerint permanere
Vt purgatio episcoporum non fiat sine consensu Romani pontificis uel aliorum pontificum
32. Quod episcopi nec dampnari nec restitui possunt sine consensu Romanae sedis A 2
Quod papa decreta canonum ita librare debet ut quae necessitas temporum relaxanda exposcit temperet quantum fieri potest
33. Quod papa canonum decreta ita librare debet ut quae necessitas temporum relaxanda exposcit temperet quantum fieri potest
Quod qui decreta sanctorum non habit de neglectu larguendi qui habent et non obseruant de temeritate sunt corripiendi
Vt nec concilium nominetur quod sine consensu papae congregatum fuerit et ut diffici liores quaestiones ad ipsum referantur
annexe
237
34. Vt nec concilium nomine- Quod alicuius episcopi tur quod sine consensu papae absolutio ex consensu congregatum fuerit et ut diffi- sedis apostolicae pendit ciliores quaestiones ad ipsum referantur
Quod apostolicae sedi summarum dispositiones causarum ab ipso Domino traditae sunt et ut sacerdotes non accusentur apud publicos iudices
35. Quod apostolicae sedi summarum dispositiones causarum ab ipso Domino traditae sunt et ut sacerdotes non accusentur apud publicos iudices
Vt episcoporum finitiua iudicia ad sedem Romanam referantur et in ecclesiis eorum non alii praeponantur donec negotia eorum iuste ibi terminentur
36. Vt episcoporum tantum finitiua iuditia referantur ad sedem Romanam et in ecclesiis eorum non alii preponantur donec negocia eorum iuste ibi terminentur
Vt accusatus episcopus alieno iudice non constringatur sed apud suos episcopos causa eius discernatur finis uero ad apostolicam sedem deferatur
37. Vt accusatus episcopus alieno iudice non constringatur sed apud suos episcopos causa eius rationabiliter discernatur finis uero ad apostolicam sedem deferatur
Quod apostolica sedes aucto ritatem habet uniuersae ecclesiae subueniendi atque nociua corrigere et emendare
38. Quod apostolica sedes auctoritatem habet uniuersae ecclesiae subuenire atque nociua corrigere et emendare
Vt difficiliores singularum prouinciarum quaestiones ad sedem apostolicam referantur
39. Vt difficiliores singularum prouinciarum questiones ad sedem apostolicam referantur
Quod absque auctoritate sedis apostolicae nulla potest synodus regulariter congregari nec episcopus qui eam appellauit potest sine ipsa dampnari
40. Quod absque auctoritate sedis apostolicae nulla potest synodus regulariter congregari nec episcopus qui eam appellauerit potest sine ipsa dampnari
Vt nemo suspicionis arbitrio iudicetur et quod sola sedes apostolica priuilegium habet a temporibus apostolorum iudicandi episcopos
41. Vt nemo suspicionis arbitrio iudicetur et quod sola sedes apostolica priuilegium habet a temporibus apostolorum iudicandi episcopos
Quod ab apostolis eorum successoribus statutum est ut absque Romani pontificis sententia nec concilia celebrentur nec episcopi dampnentur et sicut beatus Petrus primus erat apostolorum sic Romana ecclesia primatum habet omnium ecclesiarum
238
annexe
42. Quod ab apostolis eorum que successoribus statutum est ut absque Romani pontificis sententia nec concilia celebrentur nec episcopi damp nentur et sicut beatus Petrus primus erat apostolorum sic Romana ecclesia primatum habet omnium ecclesiarum
Quod Romanae sedi a tempore apostolorum concessum est et in nicaena synodo confirmatum ut absque eius sententia nullus episcopus dampnetur aut depellatur
43. Quod Romanae sedi a tempore apostolorum concessum est et in nicena synodo confirmatum est ut absque sententia nullus episcopus dampnetur aut depellatur
Vt omnes obseruent quod apostolica sedes obseruat
44. Vt omnes obseruent quod apostolica sedes obseruat
Vt absque apostolica sede nec concilium celebretur nec episcopus dampnetur
45. Vt absque apostolica sede nec concilium celebretur nec episcopus dampnetur
Quod papa Iulius eos increpat qui preter ipsius sententiam concilium fecerant et episcopos dampnauerant quos ipse suscepit et in suas ecclesias restituit
46. Quod papa Iulius increpat eos qui preter ipsius sententiam concilium fecerunt et episcopos dampnauerunt quos ipse suscepit et in suis ecclesiis restituit
Quod irritum sit concilium nisi fuerit apostolici auctoritate firmatum
47. Quod irritum sit concilium nisi fuerit apostolica auctoritate firmatum
Quod apostolicae sedi priuilegia specialiter sunt concessa de congregandis conciliis et iudiciis ac restitutionibus episcoporum et de summis negotiis ecclesiarum
48. Quod apostolicae sedi priuilegia specialiter sunt concessa de congregandis conciliis et iudiciis ac restitutionibus episcoporum et de omnibus negociis summis ecclesiarum
Vt in causis episcoporum sententia papae expectetur
49. Vt in causis episcoporum sententia papae exspectetur
Quod episcopi ab apostolica sede ordinationes dogmata subleuationes debent recipere et de maioribus causis nihil praeter ipsam decernere
annexe
239
50. Quod episcopi ab apostolica sede ordinationes dogmata subleuationes debent recipere et de maioribus causis nihil preter ipsam decernere
Vt apostolicam sedem appellet qui metropolitanum suum uel ceteros episcopos habet suspectos et quod ipsa potestatem habet iniuste dampnatos et excommunicatos restituere et sua eis reddere quia caput est omnium B1 / ecclesiarum B 2
51. Vt apostolicam sedem appellet qui metropolitanum uel ceteros episcopos habet suspectos et quod ipsa potestatem habet iniuste dampnatos et excommunicatos restituere et sua eius reddere quia caput est omnium
Vt accusatores et accusati episcopi coram papa conueniant et ibi causae eorum retractentur et firmentur aut infirmentur sicut antiquis consuetum B1 / est regulis B 2
52. Vt accusatores et accusati episcopi coram papa conueniant et ibi causae ipsorum retractentur et firmentur aut infirmentur sicut antiquis censitum est regulis
Vt contentiones inter clericos et laicos a comprouincialibus episcopis terminentur maiores uero ad sedem Romanam transferantur
53. Vt contentiones inter clericos et laicos a comprouincialibus episcopis terminentur maiores uero ad sedem Romanam transferantur
Dum in fidei ratione dubita tur debent episcopi ad sedem beati Petri hoc referre
54. Cum in fidei ratione dubitatur debent episcopi ad sedem beati Petri hoc referre
Quod papa non per se sed per legatos conciliis prouincialibus solet interesse
55. Quod papa non per se sed per legatos conciliis prouincialibus soleat interesse
Quod de iudicio sedis apostolicae nullus debeat iudicare ipsa uero de omnibus
56. Quod de iuditio sedis apostolicae nullus debeat iudicare ipsa uero de omnibus
Vt siquis iudicio prouincialium episcoporum depositus fuerit papam adeat et ipse si uidetur ei retractet
57. Vt si quis iuditio prouincialium episcoporum depositus fuerit papam adeat et ipse si uidetur ei retracted
Vt difficiliores quaestiones ad sedem apostolicam referantur
240
annexe
58. Vt difficiliores questiones ad sedem apostolicam deferantur
Vt praegrauati a comprouincialibus episcopis uel metropolitano sedem apostolicam appellant et nullam interim molestiam patiantur donec ibi res finiatur
59. Vt pregrauati a comprouincialibus episcopis uel metropolitano sedem appellent apostolicam et nullam interim molestiam patiantur donec ibi res finiatur
Quod metropolitano cum omnibus comprouincialibus episcopis summas ecclesiasticas causas licet discutere sed non definire nec episcopum damp nare nec synodum congregare absque apostolicae sedis auctoritate
60. Quod metropolitano cum omnibus comprouincialibus episcopis summas ecclesiasticas causas licet discutere sed non diffinire nec episcopum dampnare nec synodum congregare absque apostolicae sedis auctoritate
Quod statuta maiorum nullo modo sint neglegenda nec usurpanda quae non sunt concessa
61. Quod statuta maiorum nullo modo sint neglegenda nec usurpanda quae non sunt concessa
Quod episcopi non possint regulariter synodum congregare praeter apostolicam sedem nec appellantem episcopum dampnare
62. Item quod episcopi non possunt regulariter synodum congregare preter apostolicam sedem nec appellantem episcopum dampnare
Vt iudicium renouetur si Romana iudicauerit ecclesia renouandum
63. De eadem re
Sicut inter apostolos fuit discretio potestatis ut unus aliis praemineret sic inter episcopos ordinatum est ut singulis prouinciis singuli B1 / praesint quibus tamen omnibus Romana praeest ecclesia B 2
64. Vt cuius episcopi iuditium renouandum Romana precipit ecclesia renouetur
De inuectione contra remensem archiepiscopum pro Rothardo episcopo quem ipse appellantem apostolicam sedem dampnauit
annexe
241
65. Sicut inter apostolos fuit discretio potestatis ut unus aliis premineret sic inter episcopos ordinatum est ut in singulis prouinciis singuli presint et de subprimates quibus tamen omnibus Romana preest ecclesia
Quod nemo potest ab his qui inferioris sunt dignitatis uel ordinis iudicari
66. Vt cuius episcopi iudicium renouandum Romana precipit ecclesia renouetur
Quod Constantinopolitana ecclesia sicut et ceterae omnes Romanae sedi debet esse subiecta
67. Inuectio papae contra remensem archiepiscopum qui Rothardum appellantem apostolicam sedem dampnare ausus est
Quod quisquam sibimet non assumat honorem sicut et Christus se ipsum non clarificauit sed pater
68. Quod Constantinopolitana ecclesia sicut et ceterae omnes Romanae debet esse subiecta
Quod etiam inferioris gradus clericorum causae apud sedem apostolicam sunt finiendae dum tempus aut res exegerit
69. Nec quisquam sibimet assumat honorem sicut et Christus se ipsum non clarificauit sed pater
Quod apostolicae sedis sententia tanti consilii deliberatione debet proferri un nec retractatione nec immutatione egeat nisi sic prolata sit ut retractari possit
70. Quod etiam inferioris gradus clericorum causae apud sedem apostolicam sunt finiendae dum tempus aut res exegerit
Vt anathema sit quicumque contra papam uerba infamantia composuerit aut quemquam patriarcharum inhonorare temptauerit
71. Quod apostolicae sedis sententia tanti concilii deliberatione debet proferri ut retractatione nec immutatione egeat nisi ipsa sic proferat ut retractari possit
Quod apostolica sedes intra Italiam ac ceteras Hispaniae prouincias et intra totius Illyrici fines consecrationes ordinationes et depositiones patrare antiquitus consueuit
72. Vt anathema sit quicunque contra papam uerba infamantia composuerit aut quemquam patriarcharum inhonorare temptauerit
Quod papa ordinauerit rauennatem episcopum et de obedientia mediolanensis archiepiscopi et de consecratione ticinensis antistitis
242
annexe
73. Quod apostolica sedes intra Italiam ac ceteras Hespe‑ riae prouincias et intra tocius Illirici fines consecrationes ordinationes et depositiones patrare antiquitus consueuit
Vt siquis episcopus a comprouincialibus episcopis condempnatur alius in eius loco non ordinetur dum apostolicam sedem appellat nisi ab ipsa determinetur
74. Quod papa ordinauit ra uen natem archiepiscopum et de obedientia Mediolanensis archiepiscopi
Quod quaedam sunt quae nulla ratione conuelli possunt quaedam uero pro necessitate et aetatum consideratione oportet temperari ut euangelicis praeceptis ac decretis patrum non sit contrarium
75. Vt si quis episcopus a comprouincialibus episcopis condempnatur alius in suo loco non ordinetur dum apostolicam sedem appellat nisi ab ipsa determinetur
Quod nicaenae synodo nullum potuit fieri praeiudicium a multitudine Arimino congregata quia Romana ecclesia nullum ei dedit assensum
76. Quod quaedam sunt quae nulla ratione conuelli possunt quaedam uero pro necessitate et etatum consideratione oportet temperari ut tamen euangelicis preceptis ac decretis patrum non sit contrarium
Quod episcopi debent obser uare quae a Romana ecclesia sunt iudicata
77. Quod nicenae synodo nullum potuit fieri preiditium a multitudine Arimino congregata quia Romana ecclesia nullum ei dedit assensum
Quod accusati episcopi aut condempnandi sunt apostolica auctoritate aut eius auxilio fulciendi
78. Quod episcopi debent obseruare quae a Romana ecclesia sunt iudicanda
Quod nemo praeter apostolicam auctoritatem debet episcopum dampnare
79. Quod accusati episcopi aut condempnandi sunt apostolica auctoritate aut eius auxilio fulciendi
Vt accusatus uel iudicatus a comprouincialibus episcopis licenter papam appellet qui eius causam retractet et in loco eius interim alius non ordinetur
80. Quod nemo preter apostolicam auctoritatem debet episcopum dampnare licet eius possit perscrutari opinionem A1
Quod pulsato si iudicem suspectum habuerit liceat appellare
annexe
243
81. Vt accusatus uel iudicatus et accusatus a comprouincialibus episcopis licenter papam appellet qui eius causam retractet et in loco eius interim alius non ordinetur De eadem re Liber tertius de ordine accusandi testificandi et iudicandi
de ordine accusandi testificandi et iudicandi
1. Quod homicidae adulteri et cunctis criminibus allegati et infames atque laici et quicumque coequales non sunt episcopos accusare et uexare non debent
Quod homicidae adulteri et cunctis criminibus alligati et infames atque laici et quicumque coaequales non sunt episcopos accusare B1 / et uexare B 2 non debent
2. Quod infames sunt qui aduersus patres armantur et sacerdotes uel ecclesias conculcant hi episcopos accusare non possunt
Quod infames sunt qui aduersus patres armantur et sacerdotes uel ecclesias conculcant Hi episcopos accusare non possunt De eadem re
3. De eadem re
Qui a proposito suo ceciderit et apostolicis iussis non obedierit / B1 / infamis est B2
4. Qui a proposito suo ceciderit et apostolicis iussis non obedierit infames est
Enumeratio earum culparum quibus infames notantur
5. Anumeratio earum culparum quibus infames notantur
Item qui sint infames et qui accusare episcopos non possint et quod statuta patrum si labefactari coeperint apostolica denuo / famis essent B1 / auctoritate roborentur B 2
6. Item qui sint infames et quod accusare episcopos non possunt et quod statuta patrum si labefactari caeperint apostolica denuo auctoritate roborentur
Quod infamis accusare non debet et qualiter quis accusare uel iudicare debeat et cetera
244
annexe
7. Quod infamis procurator es‑ se non debet et qualiter quis accusare uel iudicare debet et cetera
Vt qui sanctos patres persequuntur infames habeantur et ab ecclesia usque ad satisfactionem arceantur
8. Vt qui sanctos patres persecuntur infames habentur et ab ecclesia usque ad satisfactionem arceantur
De his qui suscipiendi non sunt et infames censentur / et ipsi infames sunt B1
9. De his qui suscipiendi non sunt et infames censentur
Vt qui suae legis uel religionis normam reliquerit aut recte prohibita neglexerit ad accusationem non admittatur
10. Vt qui suae legis uel religionis normam reliquerit aur recte prohibita neglexerit ad accusationem non admittantur
Quod deteriores sunt morum corruptores quam rerum raptores
11. Quod deteriores sunt morum corruptores quam rerum raptores ipsi et infames sunt
Quod accusatores sacerdotum non debent audiri nisi prius uita eorum et intentio discutiatur
12. Quod accusatores sacerdotum non debent audiri nisi prius uita eorum et intentio discutiatur
Quod episcopi a populis non sunt arguendi et de quibus non sint etiam accusandi
13. Quod episcopi apostolis non sunt arguendi et de quibus etiam accusandi
Quod hi qui hodie aut nudius tercius inimici fuerunt accusare uel testificare non possunt
14. Quod hi qui hodie aut nudius tercius inimici fuerunt accusare uel testificare non possunt
Item de eadem re quod hi sacerdotes accusare non debent qui sacerdotes esse non possunt
15. De eadem re quod his sacerdotes accusare non debent qui sacerdotes esse non possunt
Quod suspecti et inimici et facile litigantes et prauae con uersationis et qui non tenent ac docent rectam fidem accusatores esse non possunt
16. Quod suspecti et inimici et facile litigantes et prauae con uersationis et qui non tenent ac docent rectam fidem accusatores esse non possunt
De eadem re
245
annexe 17. Item de eadem re
Vt nullus alienigena accusator sit uel iudex sed nec seruus aut libertus uel suspectus uel infamis
18. Vt nullus alienigena accusator sit uel iudex sed nec seruus aut libertus uel suspectus uel infamis
Item de his qui ad accusationem et testimonium non admittendi sunt
19. De his qui ad accusationem et testimonium admittendi non sunt
Item de eadem re
20. De eadem re
Item de his quibus accusare non licet et ne accusatus alios habeat iudices praeter quos ipse elegerit aut suo consensu sedes apostolica
21. De his quibus accusare non licet et ne accusatus alios habeat iudices preter quos ipse elegerit aut suo consensu sedes apostolica sibi dederit
Vt accusandi uel testificandi licentia denegetur his qui christianae religionis et nominis dignitatem et suae legis uel propositi normam aut regulariter prohibita neglexerint
22. Vt accusandi uel testificandi licentia denegetur his qui christianae religionis et nominis dignitatem et suae legis uel propositi normam aut regulariter prohibita neglexerint
Vt nemo clericum trahat ad saeculare iudicium sine consensus episcopi
23. Vt nemo clericum trahat ad saeculare iuditium sine consensu episcopi sui
De eadem re
24. De eadem re
Quod infami et sacrilego aduersus christianum non licet dicere testimonium et ut ecclesiastici iudices causam non audiant quae legibus non continetur
25. Quod infami et sacrilego aduersus christianum non licet dicere testimonium et ut ecclesiastici iudices causam non audiant quae legibus non continetur
Vt nec laici nec hi quoscumque saeculi leges non admittunt episcopos uel clericos accusare praesumant
246
annexe
26. Vt nec laici nec hi quoscumque saeculi leges non admittunt episcopos uel clericos accusare presumant
Vt etiam habitantes cum inimicis et omnes laici ab accusatione clericorum amoueantur
27. Vt etiam habitantes cum inimicis et omnes laici ab accusatione clericorum ammoueantur
Vt clericus criminatus sua in prouincia audiatur et ut sententia iudicis quae absente accusato datur irrita sit et proditoris B1 / calumnia non audiatur B 2
28. Vt clericus criminatus sua in prouincia audiatur et ut sententia iudicis quae absente accusato datur irrita sit et proditoris
Quod nec clerici laicos nec laici clericos in sua accusatione debent recipere
29. Quod nec clerici laicos nec laici clericos in sua accusatione debent recipere
Vt si laicus contra clericum causam habeat episcopum adeat
30. Vt si laicus contra clericum causam habeat episcopum adeat
Quod episcopus si in fide errauerit primo est corrigendus si non emendauerit accusandus est ad apostolicam sedem
31. Quod episcopus si in fide errauerit primo est corrigendus si non emendauerit accusandus est ad apostolicam sedem
Quod accusatio episcoporum nonnisi ab idoneis et probatissimis uiris fieri debet
32. Quod accusatio episcoporum nonnisi ab idoneis et probatissimis uiris fieri debet
Vt accusatus episcopus communione non priuetur nisi die statuta uenire noluerit
33. De eadem re quod infames sunt qui a proposito suo recedunt et qui transgrediuntur iussa sedis apostolicae
Quod iudicium subterfugientibus absentia procurata non prosit
34. Quod prauae uitae hominibus non licet episcopos et seruos Dei accusare
Vt detractores et inimicorum fautores ab episcopali amoueantur accusatione neque in re dubia certa detur sententia
35. Vt detractores et inimicorum fautores ab episcopali moueantur accusationem neque in re dubia certa detur sententia
Vt qui causas habet contra pastores uel ecclesias eorum primo caritatiue expectet emendationem quod si ante infestare praesumpserit excommunicetur
annexe
247
36. Vt qui causas habent con- Quo ordine accedendum tra pastores uel ecclesia sanc‑ sit ad accusationem torum primo caritate expectet emendationem quod si ante infestare presumpserit excommunicetur
Quod hi qui culpam suorum produnt praepositorum Cham sententia qui patris pudenda non operuit dampnentur
37. Quod hi qui culpam suorum produnt propositorum sentencia Cham qui patris pudenda non operuit dampnandi sunt
Quod non potest humano condempnari examine quem Deus suo reseruauit iudicio
38. Quod non potest humano condempnari examine quem Deus suo reseruauit iuditio
Quod non passim et facile fieri debent sacerdotum uel pastorum accusationes
39. Fabianus episcopus
De eadem re et pro qui- Vt accusatus episcopus XII bus culpis episcopus sit sibi iudices eligat qui eius accusandus causam iuste decernant finis uero causae ad papam deferatur
40. Quod non passim et facile fieri debent sacerdotum uel pastorum accusationes
Siquis episcopus absque tempore synodi in crimine detentus fuerit a XII episcopis audiatur
41. Vt accusatus episcopus XII sibi testes eligat qui eius causam iuste decernant finis uero causae ad papam deferatur
Vt inferiores gradus superiores non accusent et in quot testibus episcopus presbyter diaconus subdiaconus et ceteri condempnandi sint
42. Quod episcopus aliquem reatum incurrens sip plures congregare non potuernut a XII episcopis audiatur presbyter a VII diaconus a III b
Quod oues pastores reprehendere non possint nisi in fide errauerint et quod expoliati non debeant ad synodum uocari nisi prius eis bona sua fuerint restituta
43. Vt inferiores gradu superiores non accusent et ut episcopus nisi in LXX duobus testibus presbyter in LXIIII diaconus in XXVI subdiaconus et ceteri nisi in septem testibus non condempnentur
Vt nemo episcopum uel quemquam clericorum apud saeculares iudices accuset
248
annexe
44. Quod oues pastorem reprehendere non possunt nisi in fide errauerit et quod expoliati non debeant ad synodum uocari nisi prius eis bona sua fuerint restituta
De eadem re et ut uocato ad synodum congruum spatium detur Aliter non respondebit nisi uoluerit et ut accusatores et accusati aequaliter audiantur
45. Vt nemo episcopum quemquam clericorum apud saeculares iudices accuset et cetera
Vt nullus iudicetur nisi legitimos habuerit accusatores praesentes
46. De eadem re et ut uocato ad synodum congruum spatium detur aliter non respondebit nisi uoluerit et ut accusatores et accusati aequaliter audiantur
Quod nullus metropolitanus absque comprouincialium episcoporum instantia aliquorum audiat causas
47. Vt nullus iudicetur nisi legittimos habuerit accusatores presentes cum scriptis et locum defendendi
De episcopis sine Romana auctoritate expulsis ut sua eis redintegrentur et ut respondeant si necesse fuerit
48. De episcopis sine Romana auctoritate expulsis ut sua eis redintegrentur et tunc respondeant si necesse fuerit
Vt nemo expoliatum episcopum praesumat excommunicare
49. Vt nemo expoliatum episcopum presumat excommunicare
Item ut expoliatis omnia reddantur et tantum spatii quanto expoliati sunt detur ante quam ad synodum uocentur
50. Vt expoliatis omnia reddantur et tantum spatii quanto expoliati sunt detur antequam ad synodum uocentur
Vt accusatus legitime episcopus uocatus ad synodum ueniat si non potest legatum pro se mittat ipse uero a communione non prohibeatur nisi VI uel plures menses uenire distulerit
51. Vt accusatus legitime episcopus uocatus ad synodum ueniat si non potest legatum pro se mittat ipse uero a communione non prohibeatur nisi sex uel plures menses uenire distulerit
Vt iudex ante suam non proferat sententiam quam peractis quae in quaestione sunt ad rei ueritatem perueniatur et induciae non paruae ad inquirendum dentur
annexe
249
52. Vt iudex ante suam non proferat sententiam quam peractis quae in quaestionem sunt ad rei ueritatem perue‑ niant et ut induciae non par uae ad inquirendum dentur
Vt nullius accusatio uel testimonium per scriptum recipiatur sed propria uoce praesente eo qui pulsatur
53. Vt nullius accusatio uel testimonium per scripturam recipiatur sed propria uoce presente eo qui pulsatur
Vt persona fides et conuersatio accusantium Domini sacerdotes diligenter exquiran‑ tur
54. Vt nullus alienigena accusator sit uel iudex set nec seruus aut libertus uel suspectus uel infamis
Quod accusatores omni suspicione et infamia carere et rectae fidei et bonae uitae esse debent
55. Vt persona fides et conuersatio accusantium Domini sacerdotes diligenter exquiratur
Vt ea quae aduersus absentes aguntur euacuentur
56. Vt episcopus accusatus congregata legittime synodo ab omnibus comprouincialibus audiatur si accusatores legittimi sunt sin autem non fatigetur accusatus
Vt inferiores ordines non accusent superiores et in re dubia certa non detur sententia et absens nemo iudicetur
57. Vt ea quae aduersus absentes aguntur euacuentur
De his qui non possunt accusare episopos et quod non debeant episcopi ante reintegrationem omnium rerum suarum ad obiecta respondere
58. Vt inferiores ordine non accusent superiores et in re dubia certa non detur sententia et absens nemo iudicetur
Vt nec falsi nec inimici nec suspecti suscipiantur in accusatione episcoporum
59. De eis qui non possunt accusare episcopos et quod non debeant ante redintegrationem omnium rerum suarum episcopi ad obiecta respondere
Vt hi qui episcopis crimina impingunt per se ipsos faciant si tamen inreprehensibiles ipsi sunt
60. Vt nec falsi nec inimici nec suspecti suspiciantur in accusatione episcoporum
Item de his qui ad accusationem non sunt admittendi
61. Vt hi qui episcopis crimina inpingunt per se ipsos faciant si tamen inreprehensibiles ipsi sunt
Vt nemo sit praeceps ad proferendam sententiam uel passim dictis credere uel iudicare aut dampnare quemquam ante ueram et iustam probationem
250
annexe Vt nihil contra quemlibet accusatum absque legitimo accusatore fiat
62. Item de his qui ad accusationem non sunt admittendi 63. Euaristus papa
64. Eleutherius episcopis omnibus
Quod non sit temere iudicandum et ut passim dicta absque certa probatione quis numquam credat nec precipitando quis aliquid agat episcopus
65. Felix papa
Quod accusatus episcopus non dampnetur nisi apostolica auctoritate aut confessus aut canonice conuictus
De eadem re et de numero legalium testium Vt primates accusatum Quod sacerdos non debet iuepiscopum discutiant dicare quemquam nisi confessententiam uero dam- sum aut conuictum nationis sine apostolica auctoritate non proferant
66. Zepherinus Romanae Ur- De eadem re et de nu- De excommunicatis apud uibis archiepiscopus omnibus mero testium in accusa- cinos episcopos audiendis tionе episcopis 67. Quod sacerdos non debet iudicare quemquam nisi confessum aut conuictum
Quod dampnatio uel absolutio eius irrita est cuius causa non est subtiliter examinata et quod propter extortam confessionem nullus debet dampnari
68. Ex concilio Sardicensi De excommunicatis Quod in ecclesiasticis negotiis cap. XVII apud uicinos episcopos dicta etiam causa recedere licet ac differre si necesse fuerit audiendis sed in saecularibus minime 69. Quod dampnatio uel absolutio eius irrita est cuius causa non est subtiliter examinata et propter extortam confessionem nullus debet dampnari
Quod accusati alios criminari non possunt nisi prius expurgati fuerint
70. Quod in ecclesiasticis negociis dicta etiam causa recedere licet ac differre si necesse fuerit sed in saecularibus minime
Vt nemo simul sit accusator iudex et testis sed singuli sint per se idonei
71. Quod accusati alios criminare non possunt nisi prius expurgati fuerint
Item de his qui accusare sacerdotes non possunt et ut quisque episcopus in sua audiatur prouincia et de libertate appellationis
251
annexe 72. Vt nemo simul sit accusator iudex et testis sed singuli per se sunt idonei
Vt omnis accusatio intra prouinciam terminetur nisi sedes apostolica appellata fuerit
73. Item de his qui accusare sacerdotes non possunt et ut quisquis episcopus in sua prouincia audiatur et de libertate appellationis
De eadem re
74. Vt omnis accusatio intra prouinciam terminetur nisi sede apostolica appellata fuerit
Vt episcopus congregata legitime synodo ab omnibus comprouincialibus audiatur si accusatores legitimi sunt sin autem non fatigetur accusatus
75. De eadem re
Vt iudex ante suam non proferat sententiam quam accusatus ipse aut confiteatur aut iuste conuincatur
76. Vt episcopus accusatus episcopus congregata legittime synodo ab omnibus comprouincialibus audiatur si accusatores legittimi sunt sin autem non fatigetur accusatus
Vt in omnibus diligenter inquiratur causis quae sint quomodo quales sint et cetera
77. Vt iudex ante non proferat suam sententiam quam accusatus ipse aut confiteatur aut iuste conuincatur
De illatione criminis et ut accusator rei poenam incurrat qui quod obiecit probare non potuit
78. Vt in omnibus diligenter inquiratur quae sint cuius sint quomodo sint quales sint
Vt prouinciae suos habeant iudices nisi papa aliter uoluerit
79. De illatione criminis et ut accusator rei poenam incurrat qui quod obiecit probare non potuit
Vt aduersus episcopum nemo conqueratur prius quam eum familiariter conueniat
80. Vt prouinciae suos habeant iudices nisi papa aliter uoluerit
Vt episcopi suis sedibus sine apostolica auctoritate expulsi restituantur et tunc obiectis respondeant Qui uero loca eorum subintrauerint ab ecclesia arceantur
81. Alexander apostolicae ecclesiae episcopus omnibus orthodoxis
Quod iudices et accusatores suspicione debent carere
252
annexe
82. Vt episcopi suis sedibus sine apostolica auctoritate expulsi restituantur et tunc obiectis respondeant qui uero loca eorum subintrauerunt ab ecclesia arceantur
De eadem re et ut hi qui Quod ita nocens iudicium subloca episcoporum subin- terfugit sicut innocens requirtrauerunt ab ecclesia ar- it ceantur
83. Quod iudices et accusatores suspicione debent carere
Sicut nemo debet sine iusto iudicio dampnari sic quae iuste iudicata sunt non debent differri
84. Quod ita nocens iuditium subterfugit sicut innocens non requirit
Quod iniustum iudicium et definitio alicuius potentis metu uel iussu ordinata non ualet
85. Sicut nemo debet sine iu- Vt iuste iudicata non Quod non licet imperatori quicquam agere quod aposto ditio dampnari sic quae iuste differantur licis regulis contrarium sit iudicata sunt non debent defferi 86. Quod iniustum iudicium et diffinitio alicuius potentis metu uel iussu ordinata non ualet
De accusandi testificandique licentia quando et ubi et quomodo
87. Quod non licet imperatori quicquam agere quod apostolicis regulis contrarium est
Commonitorium papae Gregorii Iohanni defensori qualiter agere debeat de quibusdam episcopis iniuste dampnatis et de presbyteris quibusdam et ceteris
88. Vt qui habent negocium contra episcopum prius caritatiue conueniat quam in querimoniam deducat et cetera quaedam collecta capitula
Vt qui habent negocium De Dioscoro episcopo contra episcopum prius caritatiue conueniat quam in querimoniam deducat et cetera de ordinandi accusandi testificandi appellandique licentia quando et ubi a quibus et quomodo numero I
89. De accusandi testificandique licentia quando et ubi et quomodo
De dampnatione Dioscori episcopi qui uocatus ad synodum noluit uenire
90. Commonitorium papae Gregorii Iohanni defensori qualiter agere debeat de quibusdam episcopis iniuste dampnatis et de presbyteris quibusdam et cetera
Quod Dioscorus non est dampnatus propter fidem sed quia in dominum papam Leonem fecit excommunicationem
annexe
253
91. De dampnatione Dioscori De dampnatione Dios- Vt memoria Euthychetis dampcori episcopi et quod netur et Flauiani uenerabilis episcopi synodus non debet fieri recordatio magnificetur absque iussu apostolici 92. De dampnatione Dioscori episcopi qui uocatus ad synodum noluit uenire
De dampnatione Macarii praesidentibus Romanae ecclesiae apocrisiariis
93. Quod Dioschorus non est dampnatus propter fidem sed quia in dominum papam Leonem fecit excommunicationem
De episcopis a Iulio papa restitutis et Liberio in exilium relegato et Felice pro eo consecrato
94. Vt memoria Euticetis dampnetur et Flabiani uenerabilis recordatio magnificetur
Quod Agapitus papa synodum contra theopaschitas Constantinopoli celebrauit in qua Anthimum deposuit et Mennam consecrauit
95.
Quod papa Vigilius uenit Constantinopolim et Mennam excommunicauit
96.
De conciliis ex apostolica auctoritate congregatis contra diuersas haereses
97.
papa defensoribus Quod Agapitus papa sy- Quod nodum contra theopa adiunxit regionarium honorem schitas Constantinopoli et ut inter clericos sederent celebrauit
98.
Quod papa Vigilius ue- Item quod papa Gregorius ronit Constantinopolim et mano defensori adauxit hono Mennam excommuni- rem cauit episcopum
99. De conciliis ex apostolica auctoritate congregatis contra diuresas hereses
Quod episcopi qui Romam conuenerant ob ea quae Symmacho papae ab aduersariis dicebantur noluerunt in illum sententiam proferre sed Dei iudicio commendauerunt
100. Quod papa defensoribus adauxit regionarium honorem et ut intra clericos sederent
De congreganda synodo in Chalcedonensium ciuitate
101. Item quod papa Gregorius Romano defensori auxit honorem
Quod imperatores ad Chalcedonense concilium conue‑ nerunt non ad potentiam ostendendam sed ob fidem confirmandam
254
annexe
102. Quod episcopi qui Romam conuenerant ob ea quae Symmacho papae ab aduersariis dicebantur noluerunt in illum sententiam proferre sed in iudicio commendauerunt
Vt siquis litem habens iudicium expetit episcoporum mox illi concedatur et quod illi firmauerint nullus / uideat B1 / audeat B 2 retractare
103. De congregando sinodo in Calcedonensium ciuitate
Vt episcopi et ceteri ordines ecclesiastici ad publicas leges non pertrahantur
104. Quod imperatores ad Calcedonense concilium con uenerant non ad potentiam ostendendam sed ob fidem confirmandam
Vt administratores saecularium dignitatum dum ab episcopis et ecclesiasticis uiris conuenti fuerint querimonias eorum diligenter examinent et corrigant
105. Vt si quis litem habens iuditium expetit episcoporum mox illi concedatur et quod illi firmauerunt nullus iudex audeat retractare
Vt praesides litteras accipiant communicatorias cum promoti fuerint et sint sub cura episcopi in cuius loco praesidatum tenent
106. Vt episcopi et ceteri ordines ecclesiastici ad publicas leges non pertrahantur
Quod Spiritum sanctum blasphemant qui contra sacros canones proterue agunt
107. Vt administratores saecularium dignitatum dum ab episcopis et ecclesiasticis uiris conuenti fuerint querimonias eorum diligenter examinent et corrigant
Quod in dampnatis quaedam sententia seruata fuit arbitrio papae
108. Vt presides litteras accipiant communicatorias cum promoti fuerint et sint sub cura eius episcopi in cuius loco presidatum gerunt
De Liberio papa et admonitione eius
109. Quod spiritum sanctum blasphemant qui contra sanctos canones proterue agunt
De exilio Liberii papae et Felice eius consilio ordinato
110. Quod in dampnatis quaedam sententia seruata fuit arbitrio papae
De canonica Nestorii
111.
De Iohanne antiocheno et episcopis quos ipse iniuste dampnauit
dampnatione
annexe
255
112.
De exilio Liberii papae Quibus canonibus uel regulis et Felice eius consilio iudicandum sit ordinato
113.
De canonica dampnatio- De clericis a saecularibus non ne Nestorii fatigandis
114.
De Iohanne antiocheno De eadem re et episcopis quos ipse iniuste dampnauit Quod excommunicatus ad accusationem admitti non debet
Liber Quartus De priuilegiorum auctoritate
De auctoritate priuilegiorum
1. Vt priuilegia ecclesiarum et monasteriorum inuiolata permaneant
Vt priuilegia ecclesiarum et monasteriorum inuiolata permaneant
2. Quod priuilegia ecclesiarum et monasteriorum auctoritate sanctorum patrum instituta non debent improbitate conuelli aut nouitate mutari
Quod priuilegia ecclesiarum et monasteriorum auctoritate sanctorum patrum instituta non debent improbitate con uelli aut nouitate mutari
3. Quod priuilegium meretur amittere qui permissa sibi abutitur potestate
Quod priuilegium meretur amittere qui permissa sibi abutitur potestate
4. Quod contra sacerdotalem propositum est monasterii priuilegia confundere et quietem eius perturbare
Quod contra sacerdotale propositum est monasterii priuilegia confundere et quietem eius perturbare
5. Vt priuilegia et ordinationes quae papa presente sunt dispositae a nullo conuellantur uel muttentur
Vt priuilegia et ordinationes quae papa praesente sunt dispositae a nullo conuellantur uel mutentur
6. Quod papa sicut suae ecclesiae priuilegia ita singularum debet ecclesiarum iura defendere ac seruare
Quod papa sicut suae ecclesiae priuilegia ita singularum debet ecclesiarum iura defendere ac seruare
7. Vt ea quae ob religionis quietem ordinata sunt non uio lentur
Vt ea quae ob religionis quietem ordinata sunt non uiolentur
8. Vt monasteria nullus contra uoluntatem fundatorum sibi uendicet
Vt monasteria nullus contra uoluntatem fundatoris sibi uindicet
9. Vt semel ordinata nulla refragatione turbentur
Vt semel ordinata nulla refragatione turbentur
256
annexe
10. Vt Constantinopolitana ciuitas suam habeat gloriam et non ambiat alienam
Vt Constantinopolitana ciuitas suam habet gloriam et non ambiat alienam
11. Vt imperatores obediant episcopis
Vt imperatores obediant episcopis
12. Vt imperatores habeant priuilegia legis publicae et sacerdotes habeant dispositiones uniuersarum ecclesiarum
Vt imperatores habeant priuilegia legis publicae et sacerdotes habeant dispositiones uniuersarum ecclesiarum
13. Vt clerici suis rebus licenter gaudeant
Vt clerici suis rebus licenter gaudeant
14. Vt fideles christiani perpetua securitate pociantur
Vt fideles christiani perpetua securitate potiantur
15. Vt custodes sacrorum locorum nullam molestiam sustineant
Vt custodes sacrorum locorum nullam molestiam sustineant
16. Vt priuilegia ecclesiis facta permaneant inuiolata
Vt priuilegia ecclesiis facta permaneant inuiolata
17. De eadem re
De eadem re
18. Vt qui priuilegia ecclesiae uiolauerit XII libras auri persoluat
Vt priuilegia ecclesiae qui uiolauerit XII libras auri persol uat
19. Priuilegium imperatoris de uenerabilibus locis
Priuilegium imperatoris uenerabilibus locis
20. Item priuilegium de libertate clericorum ac monachorum
Item priuilegium de libertate clericorum ac monachorum
21. Item de quibus necessitatibus ecclesiae singularium urbium habeantur immunes
Item de quibus necessitatibus ecclesiae singularum urbium habeant immunes
22. Vt nemo audeat ab ecclesiis quomodolibet tollere uasa sacra uel uestes aut cetera donaria
Vt nemo audeat ab ecclesiis quomodolibet tollere uasa sacra uel uestes aut cetera donaria
23. Vt procurator prouinciae capitali sententia uindicet iniurias quae ecclesiis uel ecclesiasticis uiris importantur
Vt procurator prouinciae capitali sententia uindicet iniurias quae ecclesiis uel ecclesiasticis uiris importantur
24. Vt episcopi per ecclesias clericos ordinent quotquot unicuique uiderent competere
Vt episcopi per ecclesias clericos ordinent quotquot unicuique uidentur competere
de
257
annexe 25. Vt nemo de fide christiana quaestionem audeat amplius mouere quae reuerentissimis synodis firmata est
Vt nemo de fide christiana quaestionem audeat amplius mouere quae reuerentissimis / uiris B1 B 2 / synodis B1 B 2 confirmata est
26. Qui promulgata ab apostolico pro catholica fide et ecclesiastica disciplina contempserit anathema sit
Vt qui promulgata ab apostolico pro catholica fide et ecclesiastica disciplina contempserit anathema sit
27. Item de eadem re et quod hoc priuilegium statutum Christi est
De eadem re et quod priuilegium statutum Christi est
28. Vt non liceat apostolico predia ecclesiae perpetualiter alienare uel commutare nisi forte domus Urbis pro clericis et captiuis et peregrinis
Vt non liceat apostolico praedia ecclesiae perpetualiter alienare uel commutare nisi forte domus urbis pro clericis et captiuis et peregrinis
29. Vt eadem lege ceteri episcopi et presbyteri astringantur
Vt eadem lege ceteri episcopi et presbyteri / asstringantur qua summus pontifex
30. Vt priuilegia XXX annis possessa a nullo saecularium subtrahantur uel uiolentur
Vt priuilegia XXX annos possessa a nullo saecularium subtrahantur uel uiolentur
31. Vt nemo patrimonia Romanae ecclesiae petat et si quis quomodolibet subtraxerit anathema sit
Vt nemo patrimonia Romanae ecclesiae petat et siquis quomodolibet subtraxerit anathema sit
32. Item de eadem re
Item de eadem re
33. Quod Constantinus imperator papae concessit coronam et omnem regiam dignitatem in urbe Romana et Italia et in partibus occidentalibus
Quod Constantinus imperator papae concessit coronam et omnem regiam dignitatem in urbe Romana et in Italia et in partibus occidentalibus
34. De prouinciis et ciuitatibus quas imperatores Romanae ecclesiae concesserunt et precepto confirmauerunt
De prouinciis et ciuitatibus quas imperatores Romanae ecclesiae concesserunt et praecepto confirmauerunt
35. Item de eadem re
De eadem re
36. Item de eadem re
Item de eadem re
37. Vt nemo beati Petri proprietatem usurpet uel sciens occultet uel debitum reddat seruitium
Vt nemo beati Petri proprietatem usurpet uel sciens occultet uel debitum non reddat seruitium
258
annexe
38. Imperator Iustunianus a De discretione inter De discretione inter diuinum Iuliano prefecto pretorio diuinum ius et publicum ius et publicum ac diuina ac priuata commoda commoda 39. Vt terrae ecclesiarum aut reipublicae quae uenditae uel alienatae sunt absque pretio restituantur
Quod prima sedes a nullo iudicanda est
40. Quod prima sedes a nullo iudicanda est
Vt nullus regum censuram canonum uiolari permittat
41. Vt nullus regum censuram canonum uiolari permittat
Vt ex propria diocesi a clero et populo episcopi eligantur
42. Vt ex propria diocesi a clero et populo episcopi eligantur
Vt res ecclesiis concessae nullam diuisionem uel iacturam patiantur
43. Vt res ecclesiis concessae nullam diuisionem uel iacturam patiantur
Quod papa petit sibi ab imperatore restitui iura et possessiones Romanae ecclesiae
44. Quod papa petit sibi ab imperatore restitui iura et possesiones Romanae ecclesiae
Vt unicuique ecclesiae suus honor seruetur
45. Vt unicuique ecclesiae suus honor seruetur
Quod pannonica dioecesis deputata est priuilegiis apostolicae sedis
46. Quod Pannonica diocesis deputata est priuilegiis apostolicae sedis
Vt constituta apostolicae sedis et sanctorum patrum inrefragabiliter obseruentur
47. Vt constituta sedis apostolicae et sanctorum patrum inrefragabiliter obseruentur
Item de eadem re
48. Item de eadem re
Item de eadem re
49. Item de eadem re
Vt unicuique sacerdotum sui iuris limites sufficiant
50. Vt unicuique sacerdotum sui iuris limites sufficiant
Quod quicquid semel contra aliquam haeresim decretum fuerit / inconuulsum B1B 2 / inconcussum B1B 2 permanere semper debet Vt si quis sacerdotum uel regum uel aliorum constitutiones patrum sanctorum uio lare temptauerit honoris sui dignitate careat
259
annexe 51. Quod quicquid semel contra aliquem heresim decretum fuerit inconuulsum permanere semper debet
Confirmatio priuilegiorum quae sacrosanctis ecclesiis facta fuerunt
52. Vt si quis sacerdotum uel regum uel aliorum constitutiones patrum sanctorum uiolare temptauerit honoris sui dignitate careat
Vt priuilegia catholicis facta non prosint haereticis
53. Confirmatio priuilegiorum quae sacrosanctis ecclesiis facta fuerint
Item confirmatio priuilegiorum quae locis uenerabilibus facta sunt
54. Vt priuilegia catholicis facta non prosint hereticis
De peculio clericorum quasi castrensi
55. Item confirmatio priuilegiorum quae locis uenerabilibus facta sunt
Quod non solum episcopis sed etiam sacerdotibus liceat uerbum praedicationis proferre B1 Quod ueritatis ratio quandoque obfuscatur in clero et obseruatur in populo B1
Liber Quintus De ordinationibus ecclesiarum et de omni iure ac statu illarum
De iure et ordinatione ac statu ecclesiarum
1. Quod ecclesia una est licet diuersa habeat membra
Quod ecclesia una est licet habeat membra diuersa
2. Quod prophanus est qui unitatem non seruat ecclesiae
Quod profanus est qui unitatem non seruat ecclesiae
3. Quod ecclesia uel domus Dei columba appellatur et sponsa et quod potestatem accepit ligandi et soluendi
Quod ecclesia domus Dei columba appellatur et sponsa et quod potestatem accepit ligandi et soluendi
4. Vt nouae basilicae non consecrentur absque auctoritate sedis apostolicae
Vt nouae basilicae non consecrentur absque auctoritate sedis apostolicae
5. Item de eadem re
Item de eadem re
6. Vt publica missa non fiat in ecclesia quae sine consensu papae fuit dedicate
Vt publica missa non fiat in ecclesia quae sine consensu papae fuit dedicate
7. De consecranda ecclesia cum solempni dote in qua fundator nichil proprii iuris retineat
De consecranda ecclesia cum sollempni dote in qua fundator nihil proprii iuris retineat
260
annexe
8. Quod non liceat laico preter papam in ecclesia statuere id est ordinare quicquam
Quod non liceat laico praeter papam in ecclesia statuere id est ordinare quicquam
9. Vt nullam potestatem statuendi in ecclesia aut disponendi facultates eius laicus habeat
Vt nullam potestatem statuendi in ecclesia aut disponendi facultates eius laicus habeat
10.
De eadem re
11. Idem papa licentiam dat consecrandi ecclesiam
Quod papa licentiam consecrandi ecclesiam
12. Quod papa cui cura debet esse omnium ecclesiarum uisitationis uicem in Capuana ecclesia alteri cuidam episcopo committit
Quod papa cui cura debet esse omnium ecclesiarum uisitationis uicem in Capuana ecclesia alteri cuidam episcopo committit
13. De consecratione ecclesiae Quod ecclesia si altare mouetur et cetera consecretur si motum fuerit
dat
denuo De consecratione ecclesiae si altare altare mouetur
14. Vt altaria quibus non sunt reliquiae destruantur
Vt altaria in quibus non / sunt reliquiae destruantur
15. Vt status parrocchiarum nulla ratione mutetur
Vt status parochiarum nulla ratione mutetur
16. Propter tres causas loca sanctorum commutari possunt
Propter tres causas loca sanctorum commutari possunt
17. Quod ligna ecclesiae ad laicorum opera non sunt admittenda
Quod ligna ecclesiae ad laicorum opera B1 non sunt admittenda
18. De penitentia eius qui ecclesiam comburit
De paenitentia eius qui ecclesiam comburit
19. Vt facultates ecclesiarum XXX annis possessae stabiles deinde permaneant
Vt facultates ecclesiarum XXX annos possessae stabiles deinde permaneant
20. Quod ecclesia quae apostolicae predicationis fundamenta non possidet deserenda est
Quod ecclesia quae apostolicae praedicationis fundamenta non possidet / destruantur B1 / destruenda B 2
21. Vt ecclesiae arrianorum catholice consecrentur
Vt ecclesiae arrianorum catholicae consecrentur
261
annexe 22. De eo quod sanctus Gregorius ecclesiam arrianorum iterum consecrauit
Vt dedicationes ecclesiarum et sacerdotum singulis annis sollempniter celebrentur et si de consecratione ecclesiae dubitatur iterum consecretur
23. Vt dedicationis ecclesiarum et sacerdotum singulis annis sollenniter celebrentur et si de consecratione ecclesiae dubitatur iterum consecretur
De eadem re
24. Quod papa duas dioceses uni episcopo committit
Quod papa duas dioeceses uni episcopo committit
25. Item de eadem re
De eadem re
26. Vt oratorium non consecretur absque auctoritate sedis apostolicae
Quod ecclesiarum parochiae uel possessiones per tricennium quiete possessae inconcusse permaneant
27. Quod sacrilegus est qui sacerdotes Dei insequitur et qui ecclesias Dei depredatur
Quod tricennalis possessio territorii conuentum non adimit
28. Quod monasteria uel xenodochia quae ex peccunia pro sacris ordinibus data constru untur mercedi non proficiunt sed nocent
De tricennali possessione intra unam prouinciam
29. Qualiter ecclesiastica peccunia sit seruanda
Vt oratorium non consecretur absque auctoritate sedis apostolicae
30. Quod prouidendum est religiosis ut loca commoda habeant ne pacientes necessitatem desides fiant
Quod sacrilegus est qui sacerdotes Dei insequitur et qui ecclesias depraedatur
31. Quod decimae tributa sunt egentium animarum Augustinus
Quod monasteria uel xenodochia quae ex pecunia pro sacris ordinibus data construuntur mercedi non proficiunt sed nocent
32. Vt sacrilegus habeatur qui predia diuinis usibus tradita subtrahit
Qualiter ecclesiastica pecunia sit seruanda
33. De eadem re et quod res ecclesiae non propriae sed communes debent esse
Quod prouidendum est religiosis ut loca commoda habeant ne patientes necessitatem desides fiant
262
annexe
34. Vt propriis usibus non applicetur quod pro communi utilitate datur
Quod decimae tributa sunt egentium animarum
35. Quod sacrilegium est ea retinere quae sanctis locis relinquuntur
Quod decimae tantum dari plebibus debent
36. De his qui loca sancta infringunt et aliquid exinde abstrahunt
Vt sacrilegus habeatur qui praedia diuinis usibus tradita subtrahit
37. De his qui res alienas uel oblationes ecclesiasticas rapiunt
De eadem re Et quod res ecclesiae non propriae sed communes esse debent
38. Quod licet ecclesiasticis uiris alienata ab ecclesiis cum suis fructibus reposcere
Vt propriis usibus non applicetur quod pro communi utilitate datur
39. Quod basilica uel catholicorum congregatio non debet institui sine nutu apostolicae sedis
Quod sacrilegium est ea retinere quae sanctis locis relinquuntur
40. Vt res ecclesiasticae preter episcopi conscientiam nemo det uel accipiat et qui eas per se aut per potestates retinuerit uel heredibus dimiserit anathema sit
De his qui loca sancta infringunt et aliquid inde abstrahunt
41. Quod si nimia necessitas alicui episcopo incumbit non debet tamen ecclesiae redditus distribuerit nisi primum insinuauerit primati prouinciae
De his qui res alienas uel oblationes ecclesiasticas rapiunt
42. Vt qui domum Dei uiolauerit et inde quid abstulerit communione priuetur
Quod licet ecclesiasticis uiris alienata ab ecclesiis cum fructibus suis reposcere
43. Vt possesiones ecclesiae non alienentur nisi religiosis clericis uel monasteriis aut peregrinis et hoc temporaliter
Quod baptismus in monasterio non fiat
44.
Quod ministeria ecclesiae pro captiuorum redemptione uendenda sunt
Vt res ecclesiae nemo dare uel accipere praesumat praeter episcopum uel eum cui hoc commissum est
annexe
263
45. Vt decimae a laicis non possideantur
Quod si nimia necessitas alicui episcopo incumbit non tamen debet ecclesiae redditus distribuere nisi primum insinuauerit primati prouinciae
46. Quod res sacrae nullius sunt nec alienari debent nisi pro captiuis
Vt qui domum Dei uiolauerit et inde aliquid abstulerit communione priuetur
47. Vt cuicumque conuerti uoluerit medietatem rerum suarum ecclesiae cui subiectus est dimittat sicque ad monasterium uadat
Vt possessiones ecclesiae non alienentur nisi religiosis clericis uel / monachis B1 / monasteriis B 2 aut peregrinis et hoc temporaliter
48. Vt nullus abbas decimas uel primitias teneat sine auctoritate apostolici aut proprii episcopi
Quod ministeria ecclesiae pro captiuorum redemptione uendenda sunt
49. De quodam abbate constituto a papa Gregorio
Vt decimae a laicis non possideantur
50. Vt nullum constituatur monasterium sine conscientia episcopi et ut omnes monachi episcopo sint subiecti
Quod res sacrae nullius sunt nec alienari debent nisi pro captiuis
51.
Quod non liceat monasteria quae consecrata sunt diuersoria saecularis fieri
Vt / qui B1 / quicumque B 2 conuerti uoluerit medietatem rerum suarum ecclesiae cui subiectus est dimittat et sic ad monasterium / inuadat B1 / uadat B 2
52. Vt irritum habeatur si qui res ecclesiae a regibus expetit et ipse communione ecclesiae priuetur
Vt nullus abbas decimas uel primitias teneat sine auctoritate apostolica uel episcopi proprii
53. Si quis ecclesiarum xenodochiorum facultates abstulerit ut mercator pauperum excommunicetur
De quodam abbate constituto a papa Gregorio
54. De libertate monachorum et monasteriorum
Vt nullum constituatur monasterium sine conscientia episcopi sui et ut omnes monachi episcopo sunt subiecti
55. Quod clerici non debent in monasteriis preponi
Quod non liceat monasteria quae sacrata sunt diuersoria saecularia fieri
264
annexe
56. Vt monasteria releuentur a grauamine clericorum
Vt irritum habeatur siquis res ecclesiae a regibus expetit et ipse communione priuetur
57. Vt monasterium nullam paciatur calumpniam in his rebus quas XL annis possedit
Si quis ecclesiarum uel xenodochiorum facultates abstulerit ut necator pauperum excommunicetur
58. Vt episcopi uel ortonomi uel orphanotrophi uel xenodochi nichil hereditarie possideant nisi quod ante ordinationis horam possederunt
De libertate monachorum et monasteriorum
59. Qui contra pacem ecclesiae sunt aut rebus suis expolientur aut uerberibus caesi exilio deputentur
Vt monasteria releuentur a grauamine clericorum
60. Vt de rebus ecclesiae quatuor portiones fiant : una episcopo altera clericis tercia pauperibus quarta restituendis ecclesiis
Quod clerici non debent monasteriis praeponi
61. De eadem re
Vt monasterium nullam patiatur calumpniam in his rebus quas XL annos possedit
62. Item de eadem re.
Vt episcopi uel oeconomi uel orphanotrophi uel xenodochi nihil hereditarie possideant nisi quod ante ordinationis horam possederunt
63.
Qui contra pacem ecclesiae sunt aut rebus suis expolientur aut uerberibus caesi exilio deputentur
64. Vt singulis presbyteris singulae commitantur ecclesiae.
64. Vt de rebus ecclesiae quatuor portiones fiant una episcopo altera clericis tertia pauperibus quarta restituendis ecclesiis 65. De eadem re 66. Item de eadem re 67. Vt episcopi subiectos non opprimant et ecclesiae redditus secundum laborum merita diuidantur
265
annexe 68. De eadem re
69. Vt res ecclesiae non donentur non commutentur non uendantur nisi meliorationis prospectu 70. Vt monasterium nec commutari possit cum alio monasterio 71. Quod episcopo agendum sit si plures heredes contendant de una ecclesia 72. De eadem re 73. Quod monasterium a Domino constructoribus inuiste non auferatur 74. Quod liceat in monasterio missam / cantare B1 / cantari B 2 et mortuos sepeliri 75. Vt ecclesia non consecretur si corpus in ea humatum esse constiterit 76. De his qui documenta ecclesiarum supprimunt aut negant 77. De traditionibus ecclesiasticis obseruandis quae fidei non officiunt 78. Vt de redditibus ecclesiae et antiquis et nouiter acquisitis quartae dentur 79. De diei dominici obseruatione 80. De eadem re 81. De panibus et aliis rebus quae sacris altaribus offeruntur
266
annexe 82. De eadem re 83. De constitutis ecclesiasticis temporis qualitate moderandis
Liber Sextus De electione et ordinatione ac de omni potestate siue statu episcoporum
De electione et ordinatione et de omni potestate siue statu episcoporum
1. Vt papa incolumi nullus ambiat papatum et de electione alterius si ipse adhuc uiuens nichil inde disposuit
Vt papa incolumi nullus ambiat papatum et de electione alterius si ipse adhuc uiuens nihil inde disposuit
2. Vt sanctum esse nemo dubitet quem apostolicae dignitatis apex iuste attollit
Vt sanctum esse nemo dubitet quem apostolicae dignitatis apex iuste attollit
3. Preceptum imperatoris qualiter episcopi sunt eligendi
De eligendis episcopis ut puris mentibus fiat et nullum pretium interueniat
4. Item de eligendis episcopis ut puris mentibus fiat et nullum pretium interueniat
Vt in electione Romani pontificis nullus impedimentum aliquod faciat
5. Vt in electione Romani pontificis nullus impedimentum aliquod faciat
Vt irrita sit omnis electio episcopi uel prebyteri uel diaconi quae a principibus fit
6. Vt irrita sit omnis electio episcopi uel presbyteri uel diaconi quae a principibus fit
De his qui se a populo electos asseuerant
7. De his qui se a populo electos asseuerant
Vt extranei non praeponantur his qui bene seruierunt in ecclesiis suis
8. Vt extranei non preponantur his qui bene seruierunt in ecclesiis suis
Quod non licet populo electionem facere episcoporum
9. Quod non licet populo electionem facere episcoporum
Quod episcoporum electio non ex fauore debet esse sed ex iudicio cautissimi examinis
10. Quod episcoporum electio non ex fauore debet esse sed ex iudicio cautissimi examinis
De quodam electo in episcopum quem beatus papa Gregorius reprobauit et alium fecit eligi atque consecrauit
267
annexe 11. De quodam electo in episcopum quem beatus papa Gregorius reprobauit et alium fecit eligi atque consecrauit
Quod uiuente Romano uel alio pontifice nullus electionem praesumat facere
12. Vt is qui sine concordi electione cardinalium et sequentium clericorum religiosorum apostolicae inthronizatur sedi non apostolicus sed apostaticus habeatur
De electione pontificis
13. De eadem re Vt apostaticum talem cardinales excommunicent et expellant humano auxilio si possunt et alium saltem extra urbem ubi con uenire possunt eligant
Quod inuasorem apostolicae sedis liceat cardinalibus excommunicare et expellere et alium eligere
14. Vt ab ambitione omnes cessent et ille papa permaneat quem clerus cum consensu populi elegerit
Vt ab ambitione omnes cessent et ille papa permaneat quem clerus cum consensu populi elegerit
15. Qui eligendus est episcopus non sit laicus non neophitus non secundae coniugis aut uiduae maritus
Qui eligendus est episcopus non sit laicus non neophytus non secundae coniugis aut uiduae maritus
16. Vt ad electionem metropolitani episcopi omnes prouinciales episcopi conueniant quodsi in duos se diuiserint ille preponatur qui melioribus meritis iuuatur
Vt ad electionem metropolitani episcopi omnes prouinciales episcopi conueniant quod si in duos se diuiserint ille praeponantur qui melioribus meritis iuuatur
17. Quod principatus quem seditio extorsit aut ambitus occupauit etsi non moribus tamen exemplo initii est perniciosus
Quod principatus quem seditio extorsit aut ambitus occupauit etsi non moribus tamen exemplo initii est perniciosus
18. Quod graue sibi parat dampnum qui sublimat indignum episcopum
Quod graue sibi parat dampnum qui sublimat indignum episcopum
19. Vt longa probatione uitam bonam monstrent quibus gubernacula ecclesiae sunt committenda
Vt longa probatione uitam bonam monstrent quibus gubernacula ecclesiae sunt committenda
20. Ne quis laicorum principum uel potentum se interserat electioni uel promotioni episcoporum
Ne quis laicorum principum uel potentum se interserat electioni uel promotioni episcoporum
268
annexe
21. Vt de aliena ecclesia episcopus non eligatur nisi dignus in propria non inueniatur
Vt de aliena ecclesia episcopus non eligatur nisi dignus in propria non inueniatur
22. Admonitio papae de electione episcopi non de altera ecclesia nisi dignus quis non inueniatur in illa
Quod de altera ecclesia episcopus non eligatur si in ea dignus inuenitur
23. Quod mediolanensis episcopus iubente papa ordinatus est
Quod mediolanensis episcopus iubente papa ordinatus est
24. Quod monachi uel laici nisi per gradus ecclesiae non debeant ad summum sacerdotium peruenire
Quod monachi uel laici nisi per gradus ecclesiae non debeant ad summum sacerdo tium peruenire
25. Qui sit neophitus et ut ipse ad summos ordines repente non prosiliat
Quod nullus Romanus eligatur pontifex nisi unus ex cardinalibus praesbyteris aut diaconibus
26. De laicis qui ambitionis causa tonsorantur et fiunt subito sacerdotes
Qui sit neophytus et ut ipse ad summos ordines non prosiliat
27. Quod secundum proprietatem nominis episcopus non est qui dilexerit preesse et non prodesse
De laicis qui ambitionis causa tonsurantur et fiunt subito sacerdotes
28. Quod miserim est eum fieri magistrum qui nunquam fuit discipulus
Quod secundum proprietatem nominis episcopus non est qui dilexerit praeesse et non prodesse
29. Quod ius ordinationis debet ammittere qui neophitum consecrauerit inprouide
Quod miserum est eum fieri magistrum qui numquam fuit discipulus
30. Preceptum de electione Immolensis episcopi et de consecratione Cumensis
Quod ius ordinationis debet amittere qui neophytum consecrauit improuide
31. Vt in electione Romani pontificis nullus se audeat interponere preter eos quos antiqua consuetudo admisit
Praeceptum de electione Imolensis episcopi et de consecratione Cumensis
32.
Vt in electione Romani pontificis nullus se audeat interponere praeter eas quos antiqua consuetudo admittit
269
annexe 33. Vt omnes suffraganei cuiuslibet archiepiscopi ipsum eligant et ordinent
De ordinatione episcopi
34.
Vt omnes suffraganei cuiuslibet archiepiscopi ipsum eligant et ordinent
35. Quod metropolitanus suos subiectos et ipsi debent illum ordinare
Quod non oportet ordinationes episcoporum diu differri
36. Quod episcopus non est qui preter conscientiam metropolitani factus est
Quod metropolitanus suos subiectos et ipsi debent illum ordinare
37. Quod non licet turbis electionem facere sacerdotum
Quod episcopum esse non oportet qui praeter conscientiam metropolitani factus est
38. Qualis esse debeat qui in episcopum eligendus est
Quod non licet turbae electionem facere sacerdotum
39. Vt eligendus episcopus nichil det aut promittat cuiquam
Qualis debet esse qui in episcopum eligendus est
40. Quod domnus papa cuiusdam episcopi consecrationem ideo distulit quia uxorem adhuc et filios habuit per quos ecclesiastica substantia periclitari solet
Vt eligendus episcopus nihil det aut promittat cuiquam
41. Eruditio quod episcopum ordinatum A 2 facere
De episcopo ordinato et in parochiam non recepto
42. Quod ab omni clero et uniuersa turba dignum est deligi episcopum cum assensu episcoporum prouincialium
Quod domnus papa cuiusdam episcopi consecrationem ideo distulit quia uxorem adhuc et filios habuit per quos ecclesiastica substantia periclitari solet
43. De ordinatione consecra- De ordine consecratio- Eruditio quid episcopum orditionis episcoporum nis summi pontificis natum oporteat facere 44. Ex ordine Romano / A1 / De ordinatione episcoporum qualiter qua die qua hora fieri debeat / A 2
Quod ab omni clero et uniuersa turba dignum est eligi episcopum cum assensu episcoporum prouincialium
45. De ordinatione episcoporum qualiter qua die qua hora fieri debeat A1 / Qualiter episcopi ordinentur A 2
De ordine consecrationis summi pontificis
270
annexe niceno
De ordine B1 / ordinatione B 2 consecrationis episcoporum
consecrentur
Item de ordinatione episcoporum qualiter qua die qua hora fieri debet
48. Vt preter conscientiam metropolitani nullus ordinet episcopum sed nec unus solus
Quod non oportet episcopum a paucioribus quam a tribus episcopis ordinari
49. Quotiens ordinantur antistites in principalibus quatuor sedibus debent uicissimas synodicas mittere quibus profiteantur generales synodos custodire
Qualiter consecrentur episcopi
50. De auctoritate quatuor conciliorum synodica sancti Gregorii papae
Vt praeter conscientiam metropolitani nullus ordinet episcopum sed nec unus solus
51. Pelagius Petro episcopo Potentino de ordinatione in sabbato sancto post baptismum
Quotiens ordinantur antistites in principalibus quattuor sedibus debent uicissim synodicas mittere quibus profiteantur generales synodos custodire
52. De ordinatione celebranda sabbato sancto pascae
De auctoritate quattuor conciliorum synodica sancti Gregorii papae
53. Quod non oportet episcopum a paucioribus quam a tribus episcopis ordinari
De ordinatione in sabbato sancto post baptisma
54. Quod episcopus moriens non debet alium pro se tamquam heredem episcopum constituere
De ordinatione in sabbato sancto paschae celebranda
55. De eadem re
Vt electus episcopus siqua contradictio insurexerit quinque episcopis expurgetur
56. Quod ordinato papa ex communi consensu quicum que illo superstite subintrauit prophanus erit
Quod episcopus moriens non debet alium pro se tamquam heredem episcopum constituere
57. Qui ab unitate ecclesiae recesserit nec episcopi potestatem habere potest nec honorem
De eade re
46. Ex cap. IIII
concilio
47. Qualiter episcopi
271
annexe 58. Vt priuilegium amittat qui permissa abutitur potestate Ex decretis Simplicii papae
Quod ordinato papa ex communi consensu quicumque illo superstite subintrauerit profanus erit
59. Ne quis inuitus ordinetur Eiusdem
Qui ab unitate ecclesiae recesserit nec episcopi potestatem haberi potest nec honorem
60. Vt perdat ius ordinandi qui illicitas ordinationes fecerit Eiusdem
Vt priuilegium amittat qui permissa abutitur potestate
61. Vt ab illicitis ordinationibus abstineatur
Ne quis inuitus ordinetur
62. Vt inter episcopos uel abattes non habeantur nec audiantur qui de laicis hanc susceperint dignitatem et idem de inferioribus dignitatibus
Vt perdat uim ordinandi qui illicitas faciet ordinationes
63. Vt laicae potestates ne presumant dare ecclesiasticas dignitates
Vt ab illicitis ordinationibus abstineatur
64.
Vt qui illicitas ordina- Vt inter episcopos uel abbates tiones fecerit perdat ul- non habeantur nec audiantur terius ius ordinationis qui de laicis hanc susceperint dignitatem et idem de inferioribus gradibus
65. Vt inter episcopos non habeantur qui nec a clericis sunt electi nec a plebe expetiti nec canonice consecrati
Vt laicae potestates non praesumant dare ecclesiasticas dig nitates
66. Vt nullus per ambitum accedat ad episcopatum
De sacrificiis episcoporum qui contra Dei uoluntatem fiunt
67. Vt ex laicis non fiant subito sacerdotes nec per symoniacham heresim
Quod plebs a malo praeposito se separare debet
68. De eadem re
Vt inter episcopos non habeantur qui nec a clericis sint electi nec a plebe expetiti nec canonice consecrati
69. De eadem re
Vt nullus per ambitum accedat ad episcopatum
70. Quod ordinati ab hereticis dampnationem potius quam consecrationem accipiunt
Vt ex laicis non fiant subito sacerdotes neque per simoniacam haeresim
272
annexe
71. De eadem re et ut aliae mulieres cum sacerdotibus non habitent nisi quas canones permittunt
De eadem re
72. Quod non solum a munere peccuniae sed etiam a munere obsequii et linguae cessandum est
De eadem re
73. Qui contra symoniacam et neophytorum heresim uehementer non asserit partem habebit cum ipsis a quibus incepit
Vt ordinati ab haereticis dampnationem potius quam consecrationem accipiunt
74. De dampnatione eorum qui donum Dei emunt uel uendunt
De eade re Et ut aliae mulieres cum sacerdotibus non habitent nisi quas canones permittunt
75. De dampnatione heresis symoniacae
Quod non solum a munere pecuniae sed et a munere obsequii et linguae cessandum est
76. Vt omnis qui per pecunias dederit uel acceperit sacrum ordinem a gradu suo decidat
Quod simoniacus est qui pro electione praemia largitur
77. Ec concilio Calcedonensi
De eadem re et ut medi- Qui contra simoniacam et ator similiter deponatur neophytorum haeresim uehementer non arserit partem habebit cum illis a quibus incepit
78. Sicut sacri ordines ita et pallium neque per pretium neque per gratiam uel preces dari oportet
De dampnatione eorum qui donum Dei emunt uel uendunt
79. Vt pro ordinatione uel usu pallii seu cartis atque pastellis nichil commodi detur
De dampnatione simoniacae haeresis
80. Vt si quis metropolitanus infra tres menses consecrationis suae ad fidem suam exponendam palliumque suscipiendum ad sedem apostolicam non miserit commissa sibi careat dignitate Damasus
Vt omnis qui per pecunias dederit uel acceperit sacrum ordinem a gradu suo decidat
81. Gregorius Brunchildae re- Vt honor pallii nisi exi- Quod non oportet episcopos ginae gentibus causarum me- aut quemlibet ex clero per peritis fortiterque postu- cunias ordinari lanti dari non debeat
273
annexe 82. Quod cum usu pallii semper aliqua priuilegia sunt concedenda ab apostolico
Sicut sacri ordines ita et pallium neque per gratiam uel preces dari oportet
83. Quod archiepiscopi non debent uti pallio nisi in missis
Vt pro ordinatione uel usu pallii seu cartis atque pastellis nihil commodi detur
84. Ne absque licentia sedis apostolicae episcopus uel diaconus utatur dalmaticis
Vt siquis metropolitanus intra tres menses consecrationis suae ad fidem suam exponendam palliumque suscipiendum ad sedem apostolicam non miserit commissa sibi careat dignitate
85. De auctoritate Arelatensis episcopi
Vt honor pallii nisi exigentibus causarum meritis fortiterque postulantibus dari non debeat
86. Gregorius Vigilio episcopo Arelatensi
Quod cum usu pallii semper aliqua priuilegia sunt concedenda ab apostolico
87. Quod sanctus Gregorius electionem episcopi affirmat et pallium dat
Quod archiepiscopi non debent uti pallio nisi in missis
88. De eadem re
Ne absque licentia sedis apostolicae episcopus uel diaconus utatur dalmaticis
89. Quod pallium non debet cuiquam dari nisi post consueatm fidei professionem
De auctoritate episcopi
90. Quod mutationes episcoporum communi consilio et utilitate per apostolicam auctoritatem fieri possunt
Quod tantum intra missarum sollempnia pallio utendum sit
91. Quod sacerdotes ad alias ecclesias cupiditatis gratia migrare non debent
Quod sanctus Gregorius electionem episcopi affirmat et pallium dat
92. Quodsi episcopus despecta ciuitate sua ad maiorem migrauerit careat tam propria quam alieno
De eadem re
93. Quod causa necessitatis aut utilitatis mutationes episcoporum fieri possunt
Quod pallium non debet cuiquam dari nisi post consuetam fidei professionem fecerit
Arelatensis
274
annexe Quod papa causa tui- Quod mutationes B1 / mutationis sedes episcopales tores B 2 episcoporum communi consilio et utilitate per mutare possit apostolicam auctoritatem fieri possunt
94.
95. De expulso episcopo in alia ecclesia incardinato et de uitandis ordinationibus illicitis
Quod sacerdotes ad ecclesias cupiditatis gratia migrare non debent
96. Quod papa episcopatus duos possit redigere in unum
Quod si episcopus despecta ciuitate sua ad maiorem migrauerit careat tam propria quam aliena
97. Quod episcopus propria uoluntate in aliam ciuitatem mutatus a papa remotus est et alius ibi ordinatus est
Quod causa necessitatis aut utilitatis mutationes episcoporum fieri possunt
98. Quod episcopo non licet dimittere ecclesiam suam sic ut nec marito uxorem
Quod episcopalis sedes ad alium eiusdem dioecesis locum necessitatis causa transponatur
99. Vt ecclesia non iudicetur nisi a suo episcopo qui si persecutus fuerit in sua fugiat ad aliam aut si utilitatis causa fuerit mutandus non per se hoc agat
De expulso episcopo in alia ecclesia incardinato et de uitandis ordinationibus illicitis
100. Ex cap. XV
niceni
Quod papa duos episcopatus redigere possit in unum
101. Quod in ciuitatibus quibus olim primi flamines erant primates et patriarchas esse sanctus Petrus precepit in quibus archiflamines archiepiscopi essent
Quod episcopus propria uolun tate in aliam ciuitatem mutatus debet remoueri et alius ibi ordinetur
concilio
102. De eadem re
103. Quod prouincia est quae habet X uel XII ciuitates cum episcopis et unum regem
In quibus archiflamines Quod episcopo non licet di archiepiscopi essent mittere ecclesiam suam sicut nec marito uxorem Vt ecclesia non iudicetur nisi a suo episcopo qui si persecutus fuerit in sua fugiat ad aliam Aut si utilitatis causa fuerit mutandus non per se hoc agat
275
annexe 104. Vt metropolitani suas prouincias gubernent salua tamen apostolica auctoritate Eiusdem decretum
Quod non oportet episcopum uel reliquos ordines demigrare
105. Quod primates in maioribus urbibus debent esse ubi et gentiles olim suos propter maiora negocia primates appellabant
Quod in ciuitatibus quibus olim primi flamines erant primates et patriarchas esse sanctus Petrus praecepit in quibus hi flamines archiepiscopi essent
106. Vt episcopi ad comita tum non uadant nisi forma tam a Romana ecclesia acci piant
De eadem re
107. Vt nullus episcopus ad comitatum pergat nisi uocatus a religiosis imperatoribus
Quod prouincia est quae habet X uel XI ciuitates cum episcopis et unum regem
108.
De eadem re
Vt metropolitani suas prouincias gubernent salua tamen apostolica auctoritate
109.
De eadem re
Quod primates in maioribus urbibus debent esse ubi gentiles olim suos propter maiora negotia primates appellabant
110. Item ut episcopi ad commitatum non proficiscantur nisi consulto ante apostolico
Vt episcopi ad comitatum non uadant nisi formatam a Romana ecclesia accipiant
111. Vt nemo subiectus regulae ecclesiasticae adeat imperatorum nisi cum consilio metropolitani uel reliquorum episcoporum
Vt nullus episcopus ad comitatum pergat nisi uocatus a religiosis imperatoribus
112.
Vt qui in canali sunt episcopi euntes ad comitatum sollicite discutiant
113. Ne quis episcopus ordinet aut retineat uel iudicet clericum alterius absque eius uoluntate
De episcopo Sereno inuite ad comitatum pro facti inhumanitate ducto
114. Vt nullus episcopus de alterius parrochia se quicquam intromittat nisi rogatus
Item ut episcopi ad comitatum non proficiscantur nisi consulto apostolico
276
annexe
115. De eadem re
Vt nemo subiectus regulae ecclesiasticae adeat imperatorem nisi cum consilio metropolitani uel reliquorum episcoporum
116. De eadem re
Incipit epistola formata a CCC XVIII episcopis et Attico Constantinopolitanae Urbis episcopo edita De litteris formatarum
117. Ne uniuersalis quisquam uocetur
Ne quis episcopus ordinet aut retineat uel iudicet clericum alterius absque eius uoluntate
118. De eadem re
Vt nullus episcopus de alterius parochia se quicquam intromittat nisi rogatus
119. Quod papa episcopum dampnatum possit restituere
De eadem re
120. Vt episcopi secundum ordinationis suae tempus sedeant in concilio et subscribant
De eadem re
121. Vt nullus presumat ea quae sibi non sunt concessa
Vt episcopus non leuiter cuiquam dimissorias faciat litteras B1 / de eadem re B1
122. Quod doctor uel pastor si a fide exorbitauerit a fidelibus corrigendus erit
Ne uniuersalis quisquis uocetur
123. Quod saepe pastores ecclesiae deprauantur ut magis corruant qui secuntur
De eadem re
124. Quod magis proficimus communibus et alternis ordinationibus quam priuatis et singularibus
Quod papa episcopum dampnatum possit restituere
125. Vt imperitis et rudibus ecclesia non commitatur regenda
Vt episcopi secundum ordinationis suae tempus sedeant in concilio et subscribant
126. Vt episcopi sacrificantes secum habeant testes in solemnis diebus VII uel V uel III diaconos
Vt nullus praesumat ea quae sibi non sunt concessa
annexe
277
127. Vt episcopi semper secum testes habeant sacerdotes et leuitas
Quod doctor uel pastor si a fide exorbitauerit a fidelibus corrigendus erit
128. Vt clerici uel electi monachi cubiculares sint episcopi
Quod saepe pastores ecclesiae deprauantur ut magis corruant qui sequuntur
129. Vt omnis ecclesia habeat episcopatum habeat et oeconomum
Quod magis proficimus communibus et alternis orationibus quam priuatis et singularibus
130. Quod episcopus non de bet prauos homines in socie tate sua habere
Vt imperitis et rudibus ecclesia non committatur regenda
131. Vt omnis episcopus suum habeat uicedominum aut si ipse neglexerit clerus eligat unum
Vt episcopi sacrificantes secum habeant testes in sollempnibus diebus VII uel V uel III diaconos
132. Vt episcopus res ecclesiae Ne laicis commitantur Vt episcopi semper secum habeant testes sacerdotes et saecularibus uiris non com- facultates ecclesiae mittat leuitas 133. Vt res ecclesiae saecularibus uiris non commitantur
Vt clerici uel electi monachi cubiculares sint episcopi
134. Quod episcopalis dignitas ab illa ciuitate subtrahitur quae proprium episcopum interemit Gelasius
Vt omnis ecclesia habens episcopum habeat et oeconomum
135. De tribus personis pastoris mercennarii et furis Augustnus
Quod episcopus non debet prauos homines in sua societate habere
136. Quod filii ex adulterio nati ad sacerdotium possint promoueri
Vt omnis episcopus suum habeat uicedominum aut si ipse neglexerit clerus eligat unum
137. Quod bigamus aut concubinam habens non potest esse episcopus nec presbyter nec diaconus nec cetera
Vt episcopus res ecclesiae saecularibus uiris non committat
138. Quod excelsae sedes episcoporum significant speculationem et potestatem ipsorum
Vt res ecclesiae saecularibus non committantur
139. Quod ualde timenda est sententia episcopi licet iniusta et non communicandum quibus ipse non communicat
Quod episcopalis dignitas ab illa ciuitate subtrahitur quae proprium episcopum interemit
278
annexe
140. Quod pastores placere non possunt lupis partier et gregibus
De tribus personis pastoris mercenarii et furis
141. Quod inferiorum culpae ad neglegentes rectores maximae referuntur
Quod filii ex adulterio nati ad sacerdotium possunt promoueri
142. Vt destruatur quod illicite commissum est
Quod bigamus aut concubinam habens non potest esse episcopus nec presbyter nec diaconus nec cetera
143. Quod christiani principes debent episcopis caput subdere non de eorum capitibus iudicare
Quod excelsae sedes episcoporum significant speculationem et potestatem ipsorum
144. Quod petendum est auxi lium ab imperatore quando fuerit necesse 145. De sacramento synodali Eutichianus papa
Quod ualde timenda est sententia episcopi licet iniusta et non communicandum quibus ipse non communicat
146. Sacramentum episcoporum a scismate redeuntium ad catholicam unitatem
Quod pastores placere non possunt lupis pariter et gregibus
147.
Quod inferiorum culpae ad neglegentes rectores maxime referuntur
148.
Vt sacerdotes et ministri altaris saecularibus curis abstineant
149.
Vt destruatur quod illicite commissum est
150. Vt episcopi qui apostolicae sedis ordinationi subiacent annue Id. Mai sanctorum apostolorum Petri et Pauli liminibus presententur
Quod christiani principes debent episcopis caput subdere non de eorum capitibus iudicare
151. Quod beatus Gregorius se dicit non cognoscere qui canones nolunt custodire arguens neglegentiam cuiusdam episcopi
Quod petendum est auxilium ab imperatore quando fuerit necesse
279
annexe 152. Quod episcopi ad saecularia negocia non ordinantur sed laicis haec cura sit qui a diaconibus instruantur
De sacramento synodali
153. Vt res ecclesiae in sua potestate habeat episcopus et per presbyteros ac diaconos dispenset
De sacramento episcoporum a schismate redeuntium ad catholicam unitatem
154. Vt si episcopus res habet proprias cui uult derelinquat non autem res ecclesiae
Quod Leo episcopus se de quodam sinistro rumore sacramento ad beati Petri sanctissimum corpus expurgauit
155. Quod si presbyteri cum episcopus non est de rebus ecclesiae quid uendiderint ad ecclesiam reuocetur
De fide sanctorum patrum in ecclesia seruanda
156. Vt episcopus dispensandi res ecclesiasticas habeat potestatem et ea non committat domesticis aut propinquis uel fratribus suis
Vt episcopi qui apostolicae sedis ordinationi subiacent annue idibus maii sanctorum apostolorum Petri et Pauli liminibus praesententur
157.
Vt episcopo uisitanti Quod beatus Gregorius se ecclesias prandia innor- dicit non recognoscere qui mia non fiant canones nolunt custodire arguens neglegentiam B1 / cuiusdam episcopi B 2
158. Vt nullus episcoporum uel sacerdotum rem tituli sui usurpare presumat
Quod episcopi ad saecularia negotia non ordinantur sed laici haec procurare debent
159. Vt non liceat episcopo a sacerdote uel alio clerico uel a sanctis locis ultra statuta patrum quicquam exigere
Quod episcopus presbyter et diaconus peccantes fideles uerberare non debeant
160. Quod non debent episcopi a suis clericis uel monachis aliquam peccuniam turpis lucri gratia expetere
Vt res ecclesiae in sua potestate habeat episcopus et per presbyteros ac diaconos dispenset
161. Quod non licet episcopo res in episcopatu adquisitas alienare sed quas ante habuerit cui uult iudicare
Vt si episcopus res habeat proprias cui uult derelinquat non autem res ecclesiae
162. Quod non licet episcopo cimilia et uasa sacrata uel cetera alienare nisi pro redemptione captiuorum
Quod si presbyteri cum episcopus non est de rebus eccle siae quid uendiderint ad ecclesiam reuocetur
280
annexe
163. Vt per singulos gradus ad ordinem suum ascendat episcopus
Vt episcopus dispensandi res ecclesiasticas habeat potestatem et eam non committat domesticis aut propinquis uel fratribus suis
164. De Marcellino papa qui coactus thurificauit et postea martyr factus est
Quod Syracusanus et ceteri Siciliae episcopi a quolibet dioecesis suae presbytero numquam ultra duos solidos B1 accipere debeant
165. Vt omni die dominico et nataliciis martirum Gloria in excelsis dicatur
Vt nullus sacerdotum rem tituli sui usurpare praesumat
166. Quo presbyteri simul cum papa canonem in festis dicunt
Vt non liceat episcopo a sacerdote uel alio clerico uel a sanctis locis ultra statuta patrum quicquam exigere
167. De benedictione crismatis et sacri olei
Quod non debent episcopi a suis clericis uel monachis aliquam pecuniam turpis lucri gratia exigere
168. Quod non licet episcopo abesse per III septimanas ab ecclesia sua
Quod non licet episcopo res in episcopatu acquisitas alienare sed quas antea habuerit cui uult iudicare
169. Quod non licet alicui re licta principali cathedra ad aliquam in diocesi ecclesiam se conferre
Quod non licet episcopo cimelia uel uasa sacrata uel cetera alienare nisi pro redemptione captiuorum
170. Vt episcopus in saecularibus causis non occupetur
Vt per singulos gradus ad ordinem suum ascendat episcopus
171. De eadem re
De Marcellino papa qui coactus turificauit et postea martyr factus est
172. Quod episcopus neglegens non debet esse sed studiosus circa filios et paupers
Vt omni die dominico et nataliciis martyrum gloria in excelsis cantetur
173. De eadem re
Vt presbyteri simul cum papa canonem in festis dicant
174. Quod papae primum colobiis usi sunt qui postea in dalmaticas commutata sunt
De benedictione chrismatis et sacri olei
281
annexe 175. Quod non licet episcopo uel abbati res ecclesiae principibus tribuere aut propinquis nisi ut pauperibus
Quod non licet episcopo abesse per tres septimanas ab ecclesia sua
176. Quod non licet episcopos uel clericos claris uestibus ornari
Quod non licet alicui relicta principali cathedra ad aliquam in dioecesi ecclesiam se conferre
177. Quod nichil facilius sed apud Deum dampnabilius quam sacri ordines si secundum homines agantur si uero secundum Deum nichil difficilius et beatius
Vt episcopus in saecularibus causis non occupetur
178. Quod boni principes ecclesias debent aedificare et sacerdotes tueri et honorare
De eadem re
179 Gregorius Mauricio imperatori
De eadem re
180. Quod episcopi ad saeculares iudices non debent confugere
Quod episcopus neglegens non debet esse sed studiosus circa filios et pauperes
181. Vt laicus episcopum sub digna custodia dirigat
Quod metropolitanus nihil extra parochiam suam agat
182. Vt schismatici per publicas potestates opprimantur
Quod solus episcopus diaconum uel presbyterum deponere non potest
183. Vt cum his qui in clero sunt mulieres non habitent nisi mater uel soror uel amita et in quibus nulla sit suspicio
De his qui in plebes irruunt quas ad se pertinere putant
184. Quod periculosum est sacerdotibus habitare cum sororibus quia quae cum sorore sunt non omnes sunt sorores
Quod papae primum colobiis usi sunt quae postea in dalmaticas commutata sunt
185. Quod lex continentiae eadem est altaris ministris quae episcopis atque presbyteris
Quod non licet episcopo uel abbati res ecclesiae principibus tribuere aut propinquis nisi ut pauperibus
186. De falsis et apocrifis libris ut in usu lectionis non habeantur
Quod non licet episcopis uel clericis claris uestibus ornari
282
annexe
187. Qui libri sunt legendi
Quod nihil facilius sed apud Deum dampnabilius quam sacri ordines si secundum homines agantur si uero secundum Deum nihil difficilius et beatius
188. Quod ideo non sunt recipiendi quilibet apocrifi libri quod aliqua ex eis santi patres exceperunt
Quod boni principes ecclesias debent aedificare et sacerdotes tueri et honorare
189. Vt praeter scripturas catholicas uel canonicas nichil in ecclesia legatur sub nomine diuinarum scripturarum Sunt autem canonicae scripturae Genesis Exodus et cetera
De breui adnexu libro- De eadem re rum in canone sanctarum scripturarum receptorum
190. Pelagius Romanae eccle- Quod licet legi passiones Quod episcopi ad iudices saesiae et apostolice sedis episco- martyrum in festis eo- culares non debent confugere pus uniuersis germaniarum et rum galliarum regionum episcopis Vt laicus episcopum sub digna custodia dirigat Vt schismatici per publicas potestates reprimantur De falsis et apocryphis libris ut in usu lectionis non habeantur Qui libri sint legendi Quod ideo non sunt recipiendi quilibet apocryphi libri quia aliqua ex eis sancti ptres exceperunt De breui annexu librorum in canone sanctarum scripturarum non receptorum Vt in ecclesia praeter canonicas scripturas nihil legatur De plebibus qui numquam episcopos habuerint De his qui in aliena prouincia uel ecclesia audent facere ordinationes Quod bis in anno episcopi in prouincia congregentur quo metropolitanus uoluerit
annexe
283 De episcopo ad ecclesiam sibi commissam ire nolente Si episcopus infirmus fuerit qualiter alius ei succedere possit Vt episcopi quotiens ad consignandos infantes egrediuntur subiectis suis graues non existant Epistula Vrbani papae secundi comprobans ecclesiarum emptores et uenditores esse simoniacos et quod missae sceleratorum sacerdotum sint respuendae B1 De ordinatione presbyterorum diaconorum et reliquorum ordinum
Liber Septimus de communi uita clericorum et qui se continere non possunt 1.
De conuersatione cleri Quod communiter omnibus corum ut in uno con- uiuendum est maxime his qui claui sint Deo irreprehensibiliter militare cupiunt
2.
Quod secundum proprietatem nominis sui cle ricus nihil preter Dominum habere debeat
3 De communi uita clericorum et eorum qui se continere non possunt
De interpretatione uocabuli quod est clericus et quod Dominus pars clericorum est et quod ipsi de sorte sunt Domini De communi uita clericorum et eorum qui se continere non possunt
4.
De communi uita cleri- Item de communi uita clericorum et oblatione fide- corum et quod res ecclesiae in lium alios usus quam ecclesiasticos conuerti non debent
5.
De communi uita cleri- De claustris et officinis clericorum corum
6.
Quod episcopus studere Quod clericis communiter uidebet ut clerici districte uentibus proprium B 2 habere non licet et canonice uiuant
7. De quibus laicis non potest quis ad clericatum peruenire
De diaconis et religiosis personis ut canonice uiuant
284
annexe
8. Vt qui uiduam duxerit uxorem seu ante baptizionem clericus non fiat
Quod adolescentes in clero positi probatissimo seniori deputentur
9. Vt qui secundam duxerit uxorem clericus non fiat
De quibus laicis quis non possit ad clericatum peruenire
10. Vt qui post remissionem peccatorum ad militiam redierit clericus non fiat
Vt qui uiduam duxerit uxorem seu ante baptismum seu post baptismum clericus non fiat
11. Vt clericus uiduam nec eiectam ducat uxorem
Vt bigamus clericus non fiat
12.
Vt qui non uirginem Vt paenitens clericus non fiat uel secundam duxerit uxorem clericus non fiat
13.
Vt illiterati uel memo- Vt clericus nec uiduam nec eirorum damna perpessi ectam ducat uxorem non ordinentur
14. Vt hii qui baptizati uel rebaptizati sunt extra catholicam ecclesiam ad sacros ordines non accedant
Vt qui uxorem uirginem non duxerit ad sacros ordines non aspiret
15. De his qui ad sacros ordines non debent promoueri
Vt inscii litterarum uel membris truncati siue paenitentes ad sacros ordines non acce dant
16. Quod poenitentes quamuis peccato sint mundati clericatus tamen honorem non possunt adipisci
Vt hi qui baptizati uel rebaptizati sunt extra catholicam ecclesiam ad sacros ordines non accedant
17. Quod papa Gregorius penitentibus bigamis et uiduarum maritis gradus quos habebant concessit precipiens ne ultra tales promoueantur
De his qui ad sacros ordines non debent promoueri
18.
19. Vt transmarinum hominem nemo in clericatum suscipiat nisi sub V episcoporum testimoniis
De poenitentibus et Quod paenitentes quamuis auctoritate canonum peccato sint mundati clericatus tamen honorem adipisci non possint Quod uenia paenitentibus bigamis et uiduarum maritis ita olim est concessa ut tales ultra non promouerentur
285
annexe 20. De eadem re
Vt qui inuitus ad agendam paenitentiam in monasterium mittitur ad sacerdotium per uenire non permittatur
21. Quod incogniti et peregrini ad sacros ordines non sunt suscipiendi
Vt transmarinum hominem nemo ad clericatum suscipiat nisi sub quinque episcoporum testimoniis
22. De his qui ad sacros ordines peruenire non possunt
Vt nullus ex paenitentibus ordinetur clericus
23. Vt nullus episcopus alterius seruum nolente domino suo promoueat
Quod incogniti et peregrini ad sacros ordines non / suscipiantur B1 / sunt suscipiendi B 2
24. De mancipiis non ordinandis uel si ordinantur suis dominis restituantur
De his qui ad sacros ordines peruenire non possunt
25. De eadem re
Vt nullus episcopus alterius seruum nolente domino suo promoueat
26. Qui sint poenitentes et ad quos ordines possint peruenire
De mancipiis non ordinandis ut si ordinentur suis dominis restituantur
27. Vt nullus laicus nisi per distinctos gradus ad presbyteratum ascendat
De eadem re
28. Vt nullus laicus ad sacrum ordinem assumatur omissis clericis qui ministrauerunt iam in dominicis castris
Qui sint paenitentes et ad quos ordines peruenire possint
29. Qui laici ad clericatum possint promoueri
Vt nullus laicus nisi per distinctos gradus ad presbyteratum ascendat
30. Quod is qui membrum sibi uolens abscidit ad clerum admitti non debet si casu eue nerit non prohibetur
Vt nullus laicus ad sacrum ordinem assumatur omissis cle ricis qui ministrauerunt iam dominicis castris
31. De eunuchis et qui se ipsos absciderunt
Qui laici ad clericatum possint promoueri
32. Quod presbyteri post susceptum ordinem casu in corpore debilitati ordinem suum amittere non debent
Quod is qui membrum sibi uolens abscidit ad clericatum admitti non debet si casu eue nerit non prohibetur
286
annexe
33. Vt qui preter formas canonum uenerit ad sacerdotium ipse et ordinator eius honore priuentur
De eunuchis et qui se ipsos absciderunt
34. Quod non licet neophytum uel laicum inconsiderate presbyterum uel diaconem ordinari
Quod presbyteri post susceptum ordinem casu in corpore debilitato ordinem suum amittere non debent
35. Vt non fiant ordinationes illicitae
Vt qui praeter formas canonum uenerit ad sacerdotium ipse et ordinator eius honore priuetur
36. Vt ordinatio presbyterorum uel leuitarum congruo tempore sollempnitur fiat
Quod non licet neophytum uel laicum inconsiderate presbyterum uel diaconum ordinari
37. Vt in principio dominicae noctis fiant sacri ordines siue mane eodem die continuato ieiunio
Vt non fiant ordinationes illicitae
38. De diaconorum ordinationibus certis celebrandis temporibus
Vt ordinatio presbyterorum uel leuitarum congruo tempore sollempniter fiat
39. Quod pueri ad sacros non admittantur ordines et nulla sit in ordinatione uenalitas
Vt in principio dominicae noctis fiant sacri ordines siue mane eodem die continuato ieiunio
40. Quod per singulos debent a minimo ascendere gradus qui uolunt in ecclesia militare
De presbyterorum et diaconorum ordinationibus certis celebrandis temporibus
41. Item per quae tempora et per quos gradus ascendendum est ab infantia usque ad summum sacerdotium
Quod pueri ad sacros ordines non admittantur et nulla sit in ordinatione uenalitas
42. Item de eadem re
Quod per gradus singulos debent a minimo ascendere qui uolunt in ecclesia militare
43. De ordine consecrationis ecclesiasticorum ordinum
Per quae tempora et per quos gradus ascendendum est ab infantia usque ad summum sacerdotium
44. 45. Quod presbyter et diaconus ab uno tantum episcopo ordinantur 46.
De eadem re
De ordinatione psalmis De ordine consecrationis ecclesiasticorum ordinum tae
287
annexe 47. 48.
De eodem De ordinatione lectoris
Quod presbyter et diaconus ab uno tantum episcopo ordinantur
49.
Qualiter psalmista id est cantor ordinatur
50.
De ordinatione hostiarii
51.
De ordinatione lectoris
52. De ordinatione diaconorum
De ordinatione exorcistae De ordinatione acolythi
53. Vt diaconi suum seruent ordinem et officiis presbyterorum se non implicent
De ordinatione subdiaconi
54. De ordinatione A1 / ordine A 2 et officio diaconorum
De ordinatione diaconi
55. Quod presbyteris diaconi et diaconibus sequentes clerici honorem debent exhibere
De ordinatione presbyteri
56. Quod obedire debet diaconus presbyteris
Vt diaconi suum seruent ordinem et officiis presbyterorum se non implicent
57. Vt minores ordines maioribus sunt subiecti
De ordine et officio diaconorum
58. Quod diaconi quasi oculi sunt episcopi qui circum lustrare debent ecclesiam et docere laicos
Quod presbyteris diaconi et diaconis sequentes clerici ho norem debent exhibere
59. Quod in unaquaque ciuitate debent esse VII diaconi qui custodiant episcopum
De obedientia diaconorum erga presbyteros
60. Quod ministri sacri altaris cantare non debeant sed praedicationi et elemosinis uacare
Vt diaconus eucharistiam presbyteris subministret
61. Quod Deo non uoce tantum sed corde cantandum est in ecclesia
Vt diaconus iubente presbytero sedeat
62. Item de ministerio dia conorum sine quibus sacerdotes nomen habent officium non habent
Vt diaconus coram presbytero interogatus respondeat
288
annexe
63. Quod papa ordinare precepit quemdam in diaconum qui post uxorem filios habuit de ancilla
Vt diaconus tempore tantum officii alba induatur
64. Vt diaconi calciati compagis non procedant
Vt minores ordines maioribus sint subiecti
65. De quodam archidiacone quem suus episcopus uoluit callide promouendo deponere
Quod diaconi quasi oculi sunt episcopi qui circumlustrare debent ecclesiam et docere laicos
66. Quod archidiaconi res ecclesiae debent artius custodire
Quod in unaquaque ciuitate debent esse VII diaconi qui custodiant episcopum
67. De uicedomino episcopi disponente
Quod ministri sacri altaris cantare non debeant sed praedicationi et eleemosynis ua care
68. Quod in Romana ecclesia ordinatus inde ulterius egredi non debeat
Quod Deo non uoce tantum sed corde cantandum est in ecclesia
69. De quodam quem febit sanctus Gregorius acolitum et remisit ad obsequendum episcopo suo
De ministerio diaconorum sine quibus sacerdotes nomen habent officium non habent
70. Quod papa possit conce dere clericos unius ecclesiae in alia ordinari
Quod quidam necessitate diaconus factus est qui post mortuam uxorem filios habuit de ancilla
71. Quod ab episcopo quod a presbytero quod a diacono suscipi debeat
Vt diaconi calciati compagis non procedant
72. Quod VII diaconi et totidem subdiaconi per ciuitatem Romanam ordinati sunt
De archidiacono quem suus episcopus uoluit callide promouendo deponere
73.
De eadem re
Quod archidiaconi res eccle siae debent artius custodire
74.
Quod uicedomino episcopum est committendum
75. Quod diaconus in sinistro hummero debet stolam ges tare
Quod in Romana ecclesia ordinatus inde ulterius egredi non debet
annexe
289
76. Quod non debet diaconus in presbyterio sedere cum diuina celebrantur neque corpus Domini prerogare presbytero presente
De quodam quem fecit sanctus Gregorius acolythum et remisit eum ad obsequendum episcopo suo
77.
Quod papa possit concedere clericos unius ecclesiae in alia ordinari
78. Quod presbyteri maiores sunt diaconibus et quod olim idem presbyter qui episcopus
Quod ab episcopo quid a presbytero quid a diacono suscipi debeat
79. Quod secundum canonica instituta inquirenda est uita ordinandi presbyteri et quod in omni ecclesia necessarius est presbyter et minister
Quod VII diaconi et totidem subdiaconi per ciuitatem Romanam ordinati sunt
80. Vt personae ad sacros ordines promouendae diligenter inquirantur et presbyteri semper recitent nomina apostolici et ordinatoris sui
De VII subdiaconis qui VII notariis imminerent
81.
Presbyterum minus XXX Quod regiones sicut in urbe annorum non ordinan- Roma per singulas urbes dia dum conibus diuidantur
82. Quod in consecratione presbyteri debet episcopus et omnes presbyteri manus super caput eius ponere
Quod diaconus in sinistro humero stolam gestare debet
83. Item de ordinatione presbyteri ab episcopo siue monachi ab abbate
Quod non debet diaconus in presbyterio sedere cum diuina celebrantur neque corpus Domini praerogare presbytero praesente
84. Quod sacerdotes non propter aetatem sed propter sapientiam presbyteri dicuntur
Quod subdiaconus orario non utatur nec hostiam derelinquat
85. Quod si diaconi nolunt in presbyterii gradum promoueri de acolitis et subdiaconis qui sunt idonei et ordinentur de illis honore atque commodo preferantur
Quod lectores et cantores orariis non utantur
86. De clericis qui non obtemperant suis episcopis dum nolunt eos promouere
Quod presbyteri maiores sunt diaconibus et quod olim id presbyter quod et episcopus
290
annexe
87. Quod reconsecrari nullus possit
Quod secundum canonica instituta inquirenda est uita ordinandi presbyteri et quod in omni ecclesia necessarius est presbyter et minister
88. Vt nemo absolute ordinetur
Vt personae promouendae diligenter inquirantur et presbyteri semper recitent nomina apostolici et ordinatoris sui
89. Quod presbyter in qua ecclesia ordinatus est permanere debet
Quo aetatis tempore presbyterum conueniat ordinari
90. De his qui in ecclesiis quibus prouecti sunt minime perdurant
De eorum promissione qui ad gradus ecclesiasticos promouentur
91. Vt in duarum ciuitatum ecclesiis nullus clericus coascribatur
Quod sacerdotes non propter aetatem sed propter sapientiam presbyteri dicuntur
92.
Vt clericis nichil liceat Quod si diaconi nolunt in preter proprii episcopi presbyterii gradum promouelicentiam agant ri de acolythis et subdiaconis qui idonei ordinentur et illis honore atque commodo praeferantur
93. Vt clericus non connumeretur in duabus ecclesiis
De clericis qui non obtemperant suis episcopis dum uolunt eos promouere
94. Vt singula ecclesiarum officia singulis committantur personis
Quod reconsecrari nullus possit
95.
Vt nemo absolute ordinetur
96. Quod ex monachis presbyteri possunt ordinari in ecclesiis
Quod presbyter in qua ecclesia ordinatus est permanere debet
97. Quod presbyteri ordinati ab his de quibus dubium est an episcopi essent a catholico ordinetur episcopo sit amen utiles sunt
De his qui in ecclesiis quibus prouecti sunt minime perdurant
98. Quod non debent sacerdotes sine sacerdotali ornatu extra domos apparere
Vt in duarum ciuitatum ecclesiis nullus clericus conscribatur
99. Quod officialem libellum debent presbyteri accipere ab episcopo instructi quando per parrochias ordinantur
Quod minime clericos transmigrare oportet
291
annexe 100. Quod ignorantia maxime sacerdotibus uitanda est
Vt clericus non connumeretur in duabus ecclesiis
101. Quod intollerabilis est inscientia in sacerdotibus
Vt singula ecclesiarum officia singulis committantur personis
102. Quod nulli sacerdotum licet canones ignorare
Vt clerici nihil praeter proprii officii licentiam agant
103. Quod libri sacerdotibus sunt necessario discendi
Quod ex monachis presbyteri in ecclesia possint ordinari
104. Vt orationes semper dirigantur ad patrem
Quod presbyteri ordinati ab his de quibus dubium est an episcopi essent a catholico ordinentur si utiles sunt
105.
Quod non debent sacerdotes sine sacerdotali ornatu extra domos apparere
106.
Quod presbyteri parochiae dum ordinantur labellum officialem a suo sacerdote accipere debent
107. De his quibus coepiscopi et presbyteri distant ab episcopis
Quod maxime sacerdotibus uitanda est mater errorum ignorantia
108. Vt corepiscopi de officio quod ad summos sacerdotes pertinet nichil presumant
Quod oportet presbyterum uel diaconum quando per parochias constituitur professionem facere castitatis
109. Vt presbyteri ad episcopale officium non aspirent
Quod intolerabilis est inscientia in sacerdotibus
110. Item de eadem re
Quod nulli sacerdotum licet canones ignorare
111. Vt presbyteri A 2 crismate tangant in fronte ubi episcopi desunt
Qui libri sacerdotibus necessario sint discendi
112. Quod idem olim episcopus qui et presbyter
De precibus et orationibus
113. Quod presbyteri qui Christi corpus perficiunt etiam populum benedicere ac predicare possunt
De praefationibus quas tenet Romana ecclesia
114. Vt episcopi clericos et clerici presbyteros honorent
Quod nullus alterius parochiae terminos aut ius inuadat
292
annexe
115. Qualiter episcopi et presbyteri ligare ac soluere debent
Quod simoniacus est qui ordinem emit et ab ordine sui officii submoueri debet
116. Quod clerici monachis present
De his quibus chorepiscopi et presbyteri distant ab episcopis
117. Quod non licet missam cantare nisi in locis sacratis
Vt chorepiscopi de officio quod ad summos sacerdotes pertinet nihil praesumant
118.
Vt presbyteri ad episcopale officium non aspirent
119. Quod solum sacrati sacerdotes debent missam cantare et non nisi in loco sacrato
De eadem re
120. Quod presbyteri soli non debent missam cantare nec in quolibet loco
Vt presbyteri baptizatos chrismate tangant in fronte ubi episcopi desunt
121. Vt si presbyter conceptum non potest explore officium alius pro eo presbyter expleat
Quod idem olim episcopus qui presbyter
122. Vt preter Domini sacerdotes nullus audeat predicare
Quod presbyteri qui Christi corpus perficiunt etiam populum benedicere ac praedicare possunt
123.
Vt episcopi clericos et clerici honorent episcopos
124. Quod presbyteri et diacones qui per parrochias constituuntur debent episcopo professionem castitatis facere
Qualiter episcopi et presbyteri ligare ac soluere debent
125. Vt presbyteri et leuitae non misceantur cum uxoribus suis
Quod clerici monachis praestant
126.
Vt nullus clericorum Quod non licet missas cantare cum mulieribus habitet nisi in locis sacratis
127. Quod nec habitare cum mulieribus diaconi debent
De eadem re
128. Quod subdiaconi carnale connubium non debent habere
Vt presbyter minus quam duobus missam non celebret
129. Item de eadem re
Quod solum sacrati sacerdotes debent missas cantare et nonnisi in loco sacrato
293
annexe 130. Vt clerici soli ad feminarum tabernacula non accedant nec confabulentur cum eis soli
Quod presbyteri soli non debent missas cantare nec in quolibet loco
131. Vt concubinae clericorum uenundentur clericis uero poenitentia imponatur
Vt si presbyter inceptum non potest implere officium alius pro eo presbyter expleat
132.
Quod feminae cum cleri- Vt praeter Domini sacerdotes cis habitent nullus audeat praedicare
133.
Vt lectores castitatem Quod presbyteri qui bene profiteantur praesunt duplici honore digni habeantur
134.
Vt presbyteri et leuitae cum uxoribus suis non misceantur
135. Quod maior a minore non debet benedici
De subintroductis milieribus
136. Quod non est quaerendum quis predicet sed quem quisque predicet
Quod sacerdotes cum mulieribus non habitent praeter quas canonum censura permittit
137. Quod prepositi sua querentes mercenarii sunt
Quod lex continentiae eadem est altaris ministris quae episcopis atque presbyteris
138. Quod omnia quae episcopi uel presbyteri uel quicumque clerici in qualibet ecclesia ordinati acquisierunt debent esse eiusdem ecclesiae
Quod nec habitare cum mulieribus diaconi debent
139. Vt clerici res ecclesiae non uendant nescientibus episcopis nec episcopi inconsultis presbyteris
Quod subdiaconi carnale coniugium habere non debent
140. Quod sacerdotes cupidi non debent esse
De eadem re
141. Quod clericus nec per se nec per alium fenus debet attemptare
Vt clerici soli ad feminarum tabernacula non accedant nec confabulentur cum eis soli
142.
Vt concubinae clericorum uenumdentur clericis uero paenitentia imponatur
143. Vt clerici usuram non accipiant
Vt in clericorum domibus mulieres non habitent praeter quas synodus nicaena permittit
294
annexe
144. Quod clerici debent papae intimare si uiderint episcopum suum contra ipsius precepta quid agere aut dampnum in ecclesia
Vt clerici ad pubertatem uenerint aut coniugium aut castitatem profiteantur
145. Quod clerici si uiderint uel presbyterum uel diaconum excedere statuta Romani pontificis ipsi debent indicare
Vt clerici uel continentes ad uirgines uel uiduas soli non accedant
146. Quod oportet presbyteros et diacones scire omnia quae sunt ecclesiae
Quod maior a minore non debet benedici
147.
Quod non est quaerendum quis praedicet sed quem quisque praedicet
148. De superbientibus clericis contra episcopum suum et ut monasterium conditiones episcopo reddat quas fundator tempore consecrationis disposuit
Quod praepositi sua quaerentes mercenarii sunt
149. Vt nemo ex ordine clericorum intret in curiam
Quod omnia quae episcopi uel presbyteri uel quicumque clerici in qualibet ecclesia ordinati adquisierunt debent esse eiusdem ecclesiae
150. Quod clericus sui episcopi insidiator curiae sit tradendus
Vt clerici res ecclesiae non uendant nescientibus episcopis nec episcopi inconsultis presbyteris
151. Vt clerici praeter Romanos mapulis non utantur
Quod sacerdotes non debent esse cupidi
152. Ne quis clericum alicuius episcopi illo inuito suscipiat
Quod clericus nec per alium foenus attemptare debet
153. 154. Vt scurriles
De eadem re abiciantur
Quod clerici non sint conductores uel negociatores
clerici
Vt clerici usuram non accipiant
155. Si quis potens clericum expoliauerit et pro episcopo non emendauerit ab omnibus episcopis comprouincialibus excommunicetur
Quod clerici debent papae intimare si uiderint episcopum suum contra ipsius praeceptum agere aut dampnum in ecclesia
annexe
295
156. De ieiunio clericorum ante pascha uel ante natalem Domini
Vt clerici si uiderint episcopum uel presbyterum seu diaconum excedere statuta Romani pontificis ipsi debent indicare
157. De tempore Quadragesimae
Quod oportet presbyteros et diaconos scire omnia quae sunt ecclesiae
158.
Quod sacerdotes ceterique fideles in ecclesia non sedeant quando euangelia leguntur
159. Quare dies tertius septimus trecesimus et quadragesimus pro mortuis celebretur
De clericis superbientibus contra episcopum suum et ut monasterium conditiones reddant episcopo quas fundator tempore consecrationis disposuit
160. Quibus defunctis sacrificia uel orationes prosint uiuentium
Vt nemo ex ordine clericorum intret in curiam
161. Quod non sit nimium de amicis mortuis contristandum
Vt clericus sui episcopi insidiator curiae tradatur
162. Vt episcopia uel monasteria nemo faciat commune diuersorium
Vt clerici praeter romanos mappulis non utantur
163. Quod presbyteri et diaconi non debent monasteriis preesse nisi uitam mutauerint
Ne quis clericum alicuius episcopi illo inuito suscipiat
164. Vt in monasterio non alius eligatur abbas nisi qui dignus sit actibus et moribus
Quod non oportet peregrinos clericos sine commendaticiis ministrare
165. Vt si quis in monasterio conuerti uoluerit prius diligenter probetur
Vt clerici scurriles abiciantur
166. Quod pro suo arbitrio non debent monachi expellere aut ordinare sibi abbatem
Si quis potentum quemlibet clericum expoliauerit et admonente episcopo non reddiderit excommunicetur
167. De abbatis electione qualiter fieri debeat
De ieiunio clericorum ante pascha et de missa in nocte natiuitatis Domini
168. Vt contentiosi monachi etiam a laicis constringantur
De tempore quadragesimae
169. De clericis monachorum appetentibus propositum
Quibus temporibus anni temporalia celebrentur
296 170. Vt seruiles personae in monasteriis non teneantur extra uoluntatem dominorum suorum
annexe Quod quisque pro suis mortuis uere christianis offerat oblationes eorumque presbyter faciat memoriam
171.
Vt in monasteriis nemo Quare dies III VII XXX XL recipiatur nisi proba- pro mortuis celebretur tus nec miles recipiatur sine consensus papae
172.
Vt conuersis in monas- Quibus defunctis sacrificia uel teestrio nulla sit ulteri- oblationes prosint uiuentium us testandi licentia
173. Vt monachi commatres sibi non faciant
Quod non sit nimium de amicis mortuis contristandum
174.
Vt episcopia uel monaseria nemo faciat communia diuersoria
175.
Quod presbyteri et diaconi non debent monasteriis praeesse nisi uitam mutauerint
176.
Vt in monasterio abbas non alius eligatur nisi qui dignus sit actibus et moribus
177.
Vt si quis in monasterio conuerti uoluerit prius diligenter probetur
178.
Quod pro suo arbitrio non debent monachi expellere aut ordinare sibi abbates
179.
Quod paterna deuotio uel propria confessio monachum facit
180.
Vt contentiosi monachi etiam a laicis constringantur
181.
De clericis monachorum appetentibus propositum
182.
Vt seruiles personae in monasteriis non teneantur extra uoluntatem dominorum suorum
183.
Quod conuersi in monasteriis ante biennium non tonsurentur
184.
Quod cum aliquis fit monachus omnes res iuris monasterii fiunt
185.
Vt monachi commatres sibi non faciant
297
annexe 186.
Vt monasteria nemo perturbet sed episcopo loci illius curae sit causas utilitatesque eorum disponere
187.
Vt clerici negotiis saecularibus non illegentur neque ad tutelam uel curam ullo modo nominentur
188.
Quod diaconi et presbyteri nonnisi certo ceteri uero clerici omni tempore ordinantur
189.
De clericis arma sumentibus
190.
Quod episcopo praesente uel presbyteris Urbis in ecclesia ciuitatis presbyteris ruris offerre non licet
191.
Vt ecclesia per saecularem dig nitatem non obtineatur
192.
De rerum uenditione quae ex consecratione proueniunt
193.
Quod missa a talibus nequeant celebrari
194.
De ordinato si ordines sibi usurpauerit
195.
De clericis qui ad saecularia iudicia transeunt
196.
Vt clerici praefecti uel ordinati in parochiis monasteriis atque martyriis in proprii episcopi maneant potestate
197.
De his qui de propria parochia ad aliam deinde omnino demigrant
198.
De his qui propositum monachi reliquerunt
199.
Vt non liceat personam ecclesiasticam ad testimonium dicendum pulsari
200.
De his qui uiduam aut dimissam duxerint uel homicidio consenserint
201.
De uirginibus consecrandis
298
annexe
202.
De uiduis ab episcopis non uelandis
203.
De uotis monachorum ac uirginum praeuaricatis
204.
De clericis non manentibus in suo proposito uel monachis
205.
Quod iuuenculae abbatissae non fiant et uirgo nonnisi sexagenaria ueletur
206.
Quod sacratae Deo feminae uel monachae sacra uasa uel sacratas pallas contingere non debent nec incensum circum altare deferre
207.
Vt oblatio ab omnibus fiat dominicis diebus
208.
De oblatione et pace
209.
De panibus benedicendis Incipiunt capitula Placentinae synodi quae celebrata est a domino papa Vrbano secundo Sunt autem capitula XX B1 De ambitione B1 Oratio simplex eulogii B 2
Liber VIII De lapsis
De lapsis
1. Vt qui ex clero lapsi fuerint pauperrimis monasteriis ubi poeniteant tradantur ipsi et res ipsorum aut si parentes habent ipsi res accipiant ac sufficientiam eis prouideant
Vt qui ex clero lapsi fuerint pauperrimis monasteriis ubi poeniteant tradantur ipsi et res ipsorum aut si parentes habent ipsi res accipiant ac sufficientiam eis prouideant
2. Quodsi ministri altaris post ordinatio- A quibus officiis se ministri altaris continem cum suis uxoribus miscentur sa- neant si post ordinationem cum suis uxoricrarium non intrent nec altare contin- bus miscentur quibusue utantur gant minora tantum officia gerant id est aquam sacerdotibus porrigant et talia 3.
Quod nemo post poenitentiam sit clericus rigore disciplinae non indulgentiae desperatione statutum est
4. Vt uiduarum mariti et numerosa Vt uiduarum mariti et numerosa habentes habentes coniugia ab omnibus ecclesi- coniugia ab omnibus ecclesiasticis officiis asticis officiis arceantur arceantur
annexe
299
5. De eadem re
De eadem re
6. Quod papa poenitentibus bigamis et uiduarum maritis gradus quos tunc habebant concessit precipiens ne ultra tales promouerentur
Quod papa Siricius poenitentibus bigamis et uiduarum maritis gradus quos tunc habebant concessit precipiens ne ultra tales promouerentur
7. Ne sacerdotes uel leuitae uxoribus suis Quod episcopi uel sequentes gradus sacra misceantur quia quotidiano ministerio mysteria contrectantes si se ab uxoribus occupantur non continent ab ecclesiastico officio remouenatur 8. De eadem re
Quod sacerdotes et leuitae suis uxoribus non misceantur quia quotidiano ministerio occupantur
9. Vt clerici excommunicentur qui se post Vt clerici excommunicentur qui se post tertertiam ammonitionem non continue- tiam admonitionem non continuerint a susrint a suspiciosa conuersatione piciosa conuersatione 10. De damnatione incontinentis presbyteri
De dampnatione incontinentis presbyteri
11. De his qui ad presbyterium promouen- De his qui ad presbyterium promouentur tur et ante ordinationem peccatorum et ante ordinationem peccatorum sibi sunt sibi sunt conscii conscii 12.
Quod episcopi fornicantes deponendi sunt
13. De his qui ad honorem presbyterii sine De his qui ad honorem presbyterii sine examinatione prouecti sunt examinatione prouecti sunt 14. Vt presbyteri qui expurgare se forni- Quod liceat episcopo uel presbytero seu qui cationis non possunt a ministerio amo in clero est expurgare se si testes defuerint ueantur B1 / de eadem re B 2 15. Vt conspiratores aduersus episcopos Vt presbyteri qui se expurgare de fornicatione non possunt a ministerio remoueantur suos ab omni gradu abiciantur 16. Vt qui calumpnias uel insidias uel co- Vt conspiratores aduersus episcopos suos ab nuitia suo episcopo intulerit depositus omni gradu remoueantur curiae tradatur 17.
Vt qui calumpniam uel insidias uel conuicia suo episcopo intulerit depositus curiae tradatur
18. De clericis in haeresim lapsis et post co- Quod clericus uel monachus si conspirauerit nuersis uel calumpniam episcopis uel clericis machinatus fuerit proprio cadat gradu 19. Vt ex sacris ordinibus lapsi ad sanctum De clericis in haeresim lapsis et postea coministerium nec post poenitentiam re nuersis uocentur 20. De quodam presbytero si postquam Vt ex sacris ordinibus lapsi ad sacrum midepositus est missam celebrauit com- nisterium nec post poeninentiam reuocenmunione corporis et sanguinis Domini tur usque ad diem obitus sui priuetur
300
annexe
21. De diacono et presbytero lapsis ut ad sacros ordines amplius non redeant et subdiaconi lapsi inter laicos communionem habeant
Vt presbyter qui postquam depositus est missam celebrauerit communione corporis et sanguinis Domini usque ad obitus sui diem priuetur
22. Vt in loco lapsi episcopi alius restitua- De diacono et presbytero lapsis ut ad sacros tur ordines amplius non redeant et subdiaconi lapsi inter laicos communionem habeant 23.
De episcoporum carnis mundicia
24. Quommodo hi qui iniuste depositi sunt De his qui ab haeresi ad ecclesiam reuerab episcopis coram altari debeant ins- tuntur taurari 25. Vt temere quis non communicet lapsis
Vt in loco lapsi episcopi alius restituatur
26. De lapsis quibus pro tempore per poe- Quod presbyter post lapsum in sacro ordine nitentiam et manus impositionem com- nec permanere nec reuocari potest munio periclitantibus concedebatur 27. Quod uigor antiquitatis seruetur in lap- Quomodo hi qui iniuste depositi sunt ab sis usque ad auctoritatem et consilium episcopis coram altari debeant restaurari papae 28. De his qui ex fuga comprehensi sunt Vt temere quis non communicet lapsis et per uim pagani ritus aliquid pertulerunt ut a communione non moueantur 29. Qui a melioribus quae deliberant succum- De lapsis quibus propter poenitentiam et bunt coram oculis Dei ceciderunt manus impositionem communio periclitantibus concedebatur 30. Quod plurimum possunt pro lapsis mer- Quod uigor antiquitatis seruetur in lapsis ita sanctorum presertim cum dies iu- usque ad auctoritatem et consilium papae dicii aduenerit 31. De his qui ideo se ab officio non sub- De his qui ex fuga comprehensi sunt et per trahunt quia occulta sunt crimina quae uim pagani ritus aliquid protulerunt ut a fecerunt communione non moueantur 32.
Qui a melioribus quae deliberant succumbunt coram oculis Dei ceciderunt
33.
Quod plurimum possunt pro lapsis merita sanctorum presertim cum dies iudicii uenerit
34. Qui reparari possunt post lapsum et qui Vt clerici donatistarum in suis honoribus minime suscipiantur Vt lapsi ad suum ordinem non reuocentur Vt hi qui pro deserenda accusatione sacros acceperunt ordines eisdem priuentur ordinibus Qui reparari possint post lapsum et qui minime
annexe
301
De clericis qui sine consensu episcopi sui uxores duxerunt Quomodo recipi debeant qui praeuaricati sunt cum ad ecclesiam redeunt Liber IX De sacramentis
De sacramentis
1. Vt in sacramentorum oblationibus ni- Vt in sacramentorum oblationibus nichil chil offeratur nisi panis et uinum aqua offeratur nisi panis et uinum aqua mixtum mixtum Alexander Urbis Romae episcopus 2. Vt sacrificium altaris in puro linteo Vt sacrificium altaris in puro linteo panno panno ab episcopo sacrato celebretur ab episcopo sacrato celebretur Siluester papa omnibus episcopis 3. Vt a ieiunis sacrificia Deo celebrentur Vt a ieiunis sacrificia Deo celebrentur Ex concilio Africano cap. VIII 4. Quod nec uinum solum nec aqua sola in Quod nec uinum solum nec aqua sola in cacalice offerri debet Cyprianus Cecilio lice offerri debet fratri salutem 5. Quod non hominis consuetudinem sed Vnde calix Domini fieri debeat Dei oportet sequi uoluntatem Eiusdem 6. Quod ad hoc coelestum cibum sumere Quod non hominis consuetudinem sed Dei debemus ut in carnem ipsius qui caro oporteat sequi uoluntatem nostra factus est transeamus Leo episcopus et sancta sinodus quae in urbe Roma conuenit Clero Honoratis et plebi 7. Quod caro Domini uere est cibus et san- Quod ad hoc coelestum cibum sumere deguis eius uere est potus Leo episcopus bemus ut in carnem ipsius qui caro nostra factus est transeamus 8. Quod / Domini A1 Christi corpus edi- Quod caro Domini uere est cibus et sanguis mus ut uitae aeternae participes esse uere est potus possimus Eiusdem 9. Sicut natiuitas Christi ita et corpus na- Quod Christi corpus ideo edimus ut uitae turam et ordinem excedit Eiusdem aeternae participes esse possimus 10. Quod dum dominicum sacramentum De his quibus omnibus dominicis diebus malus acceperit tamen illud malum non communicare licet efficit Augustinus in libro de baptism 11. Vt baptisma non fiat preter pascha aut De eadem re pentecosten nisi cogente necessitate Gelasius omnibus episcopis 12. Quod legittima tempora baptizandi Quod dum dominicum sacramentum malus sunt prefisa id est pascha et pentecoste acceperit tamen illud malum non efficit Leo episcopus omnibus episcopis 13. Concilii Laodicensis
Vt baptisma non fiat praeter pascha et pentecostem nisi cogente necessitate
302 14. Leo episcopus
annexe Quod legitima tempora baptizandi sunt praefixa id est pascha et pentecoste
15. Quod tercio baptizatus mergitur tri- Quod iuxta apostolicam sedem in epiphaduanae sepulturae sacramentum sig nia baptizandum non est natur Gregorius seruus seruorum Dei Alexandro coepiscopo 16. Vt ad suscipiendum de baptismo infan- De redditione baptizandorum tem unus tantum accedat Leo episcopus 17. Quod in catecumino et baptismo et Quod dum tertio baptizatus mergitur triconfirmatione unus pater potest esse duanae sepulturae sacramentum signatur Yginus episcopus 18. Qui in perfidia manens baptizatur aut Vt ad suscipiendum de baptismo infantem nullam accepit remissionem aut ad tem- unus tantum accedat poris punctum Augustinus episcopus in libro de baptismo 19. Nisi regeneratus confirmetur ab epis- Quod in catechumeno et in baptismo et in copo sedem inter perfectos habere non confirmatione unus pater potest esse potest Clemens papa Iulio et Iuliano episcopis 20. Vt omnes fideles post baptismum per Quod si quis ex coniugio filium alterius ad manus impositionem episcoporum ac- aliquod sacramentum tenuerit utique comcipiant spiritum sanctum Urbanus epis- patres habentur copus 21. Quod mox morituros baptisma saluat Si quis in perfidia manens baptizatur aut uicturis autem est necessaria crismatis nullam accepit remissionem aut ad temconfirmatio Melciades episcopus episco- poris punctum pis Hispaniae 22. Quod solis debetur episcopis confirma- Nisi regeneratus confirmetur ab episcopo tio crismatis Innocentius Decentio epis- perfectus christianus esse non potest copo 23. Quod dignius est sacramentum manus Vt omnes fideles post baptismum per maimpositio episcopo quam baptismus nus impositionem episcoporum accipiant Melciades episcopus Maximo Benedicto Spiritum sanctum Leontio 24. Vt sine baptismo nemo potest saluari et Quod mox morituros baptisma saluat uisine ipso non debet quis participare cor- cturis autem necessaria est chrismatis pore et sanguine Domini Innocentius confirmatio papa 25. Quod corpore et sanguine Domini par Quod solis debetur episcopis confirmatio uulus participat cum membrum Christi chrismatis in baptismo efficitur Augustinus episcopus 26. Quod manus impositio repeti potest Ei- Quod magis ueneranda est manus impositio usdem episcoporum quam quam baptismus
annexe
303
27. De renouando chrismate singulis annis Quod sine baptismo nemo potest saluari et et uetere cremando Fabianus episcopis sine ipso quis non debet participare corpore omnibus et sanguine Domini 28. Vt baptizati ab hereticis sola manus im- Quod corpore et sanguine Domini paruulus positione confirmentur Leo episcopus participat cum membrum Christi in baptismo efficitur Nicete 29. De eadem re Augustinus in libro de Quod manus impositio repeti potest baptismo 30. Donum Dei quod est caritas extra ec- De renouando chrismate singulis annis / et clesiam sanctam nec haberi nec dari po- uetere cremando test Eiusdem 31. Quod heretici et schismatici quicquid Vt baptizati ab haereticis sola manus impohabeant caritatem non habeant Eius- sitione confirmentur dem 32. Quod sacramenta tam per malos quam De eadem re per bonos administrentur Augustinus super Iohannem 33. Quod sacramentum baptismatis apud Quod donum Dei quod est karitas extra echereticos et haberi et dari potest Eius- clesiam nec haberi potest nec dari dem 34. Quod eadem sacramenta ubique sunt Quod haeretici et schismatici quicquid habeant karitatem non habent integra 35. Quod remissio per columbae gemitum Quod tam per malos quam per bonos sacramenta administrentur datur quicumque baptizet 36. Eiusdem Quod heretici sacramenta et Quod sacramentum baptisma apud haeretiscripturas habent ad spem non ad sa- cos et haberi et dari potest lutem 37. Eiusdem Quod si per uim sacramenti Quod eadem sacramenta ubique sunt interemissa sit peccatorum sicut auarus ita gra et hereticus si per meritum nec hereticus nec auarus 38. Eiusdem Quod mali sacramentum Quod remissio per columbae gemitum datur quicumque baptizet Christi maculare non possunt 39. Eiusdem Quod sacramenta Dei ubique Quod haeretici sacramenta et scripturas recta sunt habent ad speciem non ad salutem 40. Augustinus Quod sacramentum apud Quod si per uim sacramenti remissio fit hereticos haberi et dari potest effectus peccatorum sicut auarus ita et haereticus si uero sacramenti minime per meritum nec auarus nec haereticus 41. Augustinus ad donatistas
Quod mali sacramentum Christi maculare non possunt
42. Quod parricidalibus manibus se sa- Quod sacramenta Dei ubique recta sunt cra misteria subtrahunt Leo episcopus Leoni augusto
304
annexe
43. Quod non ita nocet perfidia parentum Quod sacramentum apud haereticos haberi paruulis postquam baptizati sunt quem- et dari potest effectus uero sacramenti miadmodum fides profuit cum baptizarea- nime tur Augustinus 44. Quod perceptam in baptismate Christi De eadem re gratiam paruuli non amittunt nisi propria impietate et cetera Augustinus Bonifacio papae 45. Quod ita paruuli per alios credunt sicut Quod parricidalibus manibus se sacra mysab aliis peccata quae in baptismo di- teria subtrahunt mittuntur traxerunt Augustinus ad Bonifacium papam contra pelagianorum heresim 46. Quod mater ecclesia etiam inuitos sanat Quod non ita nocet perfidia paruulis quem Augustinus Festo admodum fides profuit cum baptizarentur 47. Quod heretici errorem acceptum debe- Quod perceptam in baptismate Christi grarent amittere non sacramentum quod tiam paruuli non amittunt nisi propria impietate similiter ut nos acceperunt Idem 48. Idem de eodem
Quod ita paruuli per alios credunt sicut ab aliis peccata quae in baptismo dimittuntur traxerunt
49. Quod nec ante baptismum bigamus or- Quod mater ecclesia etiam inuitos sanat dinetur episcopus Augustinus de bono Augustinus Festo coniugali Quod haeretici errorem acceptum debent amittere non sacramentum quod similiter ut nos acceperunt De eadem re 50. Quod nec ante baptismum bigamus ordinetur episcopus 51. Quod Deus haereticorum sacrificia detestatur 52. De eo qui necessitate / extrema a non catholico communionem susceperit B1
53. Quod Spiritus sanctus procedit a Filio
54. Quod uirtus sacramenti non est in sacramentis quae ab ecclesia segregati ce lebrant 55. De intincta eucharistia 56. Si presbyter infirmum baptizare neglexerit
annexe
305
57. De his de quibus dubitatur utrum baptizati sunt 58. De eadem re 59. Item de eadem re 60. Quod solum baptisma eis qui ab haereticis baptizantur esse permittitur et non cetera mysteria 61. De gentibus ad fidem uenientibus omni tempore si necesse fuerit baptizandis 62. De trina et una immersione baptismatis 63. Quod eos quos post dampnationem baptizauit uel ordinauit Acacius nulla portio laesionis attingat 64. Quod praecisi ab ecclesia Spiritum sanctum non habent 65. Qualiter baptizandi ante baptismum catechizentur 66. De baptismo 67. De confirmation 68. De sacramento altaris Liber X De coniugiis
De coniugiis
1. Quod pactio coniugalis coniugium facit Quod pactio coniugalis coniugium facit Ambrosius episcopus in libro de uirginibus 2. Quod legittimum coniugium est ubi uxor petitur et a parentibus proximis legaliter datur et sponsatur et sacerdote benedicetur Euaristus omnibus episcopis
Quod legittimum coniugium est ubi uxor petitur et a parentibus proximis legaliter datur et desponsatur et a sacerdote benedicetur et cetera
3. Quae sit legittima uxor et quod uiuente Quae sit legittima uxor et quod uiuente uxore adultera uiro non licet ducere uxore adultera uiro non licet ducere aliam aliam Leo papa 4. Quod tercia uxor superflua est Hormis- Quod tertia uxor superflua est da papa 5. De numero maritorum Ieronimus
De numero maritorum
6. Quod desponsata monasterium mo- Quod desponsata monasterium monachanacharum potest eligere Eusebius papa rum potest eligere 7. Quod desponsatam alteri alter non po- Quod desponsatam alteri alter non potest test accipere Syricius papa accipere 8. De eadem re Ex concilio Ancyrano
De eadem re
306
annexe
9. Gelasius papa
De raptu puellae
10. Quod peior est qui nec malo fidem Quod peior est qui nec malo fidem seruat seruant A1 Quod peiores sunt adulteris qui a proposito castitatis ruerunt A 2 Augustinus 11. Quod etiam ex male coniunctis possint Quod etiam ex male coniunctis possint fieri fieri nuptiae Augustinus in libro de bo- nuptiae no 12. Quod coniugium remaneat in separatis Quod coniugium remaneat in separatis sisicut ordinatio in dampnatis Idem de cut ordinatio in dampnatis eodem 13. Quod peiores sunt adulteris qui a proposito castitatis ruerint Augustinus episcopus 14. Quod uiuente uxore adultera non liceat Quod peiores sint adulteris qui a proposito aliam ducere Eiusdem castitatis ruerunt 15. Vt dimissus uel dimissa sic maneant uel Quod uiuente uxore adultera non liceat sibi reconcilientur Ex concilio Africano aliam ducere 16. Dimissus uel dimissa si alteri matrimo- Vt dimissus uel dimissa sic maneant uel sinio copulauerint adulteri sunt Innocen- bi reconcilientur tius 17. Quod separata a uiro adultero non pos- Si dimissus uel dimissa alteri matrimonio sit alium ducere Ieronumus se copulauerint adulteri sunt 18. Quod religionis causa non sint soluenda Quod separata a uiro adultero non possit coniugia Gregorius Theodoristae patri- alium ducere ciae 19. Quod uxori reddendus est maritus si no- Quod religionis causa non sint dissoluenda lente illa etiam tonsoratus sit monachus coniugia Gregorius Adriano panormitano notario 20. Quod religionis causa non sint soluenda Quod uxori reddendus est maritus si illa coniugia Basilius nolente etiamsi tonsuratus sit monachus 21. De eadem re Nicolaus papa
Quod coniugatus non debet fieri monachus nisi coniuge prius castimoniam profitente
22. De coniugiis aliqua necessitate diuisis De eadem re ut ad pristina reuertantur Leo episcopus 23. De separatione eorum qui ob causam De coniugiis aliqua necessitate diuisis ut ad frigidae naturae coire non possunt Gre- pristina reuertantur gorius papa 24. De his qui non possunt coire si possunt De separatione eorum qui ob causam frigidae naturae coire non possunt probare separentur Gregorius papa 25. Quod propter amentiam non sunt so- Vt hi qui coire non possunt si probare posluenda coniugia Nicholaus papa sint separentur
annexe 26. De eadem re Fabianus papa
307
Quod propter amentiam non sunt soluenda coniugia De eadem re
27. Vt omnis homo abstineat se a spirituali Vt omnis homo abstineat se a spirituali filia patris sui filia patris sui Zacharias episcopus 28. Quod nullus filiolam patris sui ducat in Quod nullus filiolam patris sui ducat uxorem Zacharias et Deusdedit papae uxorem 29. De separatione coniugatorum qui filios De separatione coniugatorum qui filios de de fonte susceperunt Deusdedit sanctae fonte susceperunt Romanae et apostolicae ecclesiae episcopus 30. Vt coniugati non separentur si necessi- Vt coniugia non separentur si necessitate tate mortis filium suum baptizauerint mortis filium suum baptizauit Iohannis papa 31. De coniugio quartae generationis De coniugio quartae generationis quondam quondam anglis permisso Gelasius anglis permisso 32. De huiusmodi coniugio deinceps peni- Quod anglis in fide solidatis consanguinitatus uitando Gelasius Felici mesanae tis coniugium penitus uetetur 33. Vt usque ad septimam consanguinitatis Vt usque ad septimam consanguinitatis gegenerationem nemo matrimonium cond- nerationem nemo matrimonium ducat ucat Eiusdem 34. Capitula anathematis sancti Gregorii de Capitula anathematis sancti Gregorii de illicitis coniugiis et quibusdam aliis illicitis coniugiis et quibusdam aliis I. De presbitera
35. De presbytera 36. De diacona
II. De diacona
37. De monacha
III. De monacha
38. De commatre
IV. De commatre
39. De sorore
V. De sorore
40. De nepte
VI. De nepte
41. De nouerca uel nuru
VII. De nouerca uel nuru
42. De cognata uel quam cognatus habuit
VIII. De cognata uel quam cognatus habuit 43. De uirgine non desponsata rapta uel furata IX. De uirgine non desponsata
44. De ariolis
X. De ariolis
45. De his qui res ecclesiae inuaserunt
XI. De his qui res ecclesiae inuaserint
46. De clericis qui comam relaxauerunt
XII. De clericis qui comam relaxauerint
47. De affinibus in coniugio non copulandis
48. De affinibus in coniugio con copulandis 46. De quodam ut ducat uxorem quam corrupit Gregorius
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annexe
49. De quodam ut ducat uxorem quam cor- 47. De his qui rapiunt puellas sub simul harupit Gregorius Felici Sepontino episcobitandi nomine po 50. De his qui rapiunt puellas simul ha- 48. De eo qui propriam uxorem interfecerit bitantes Ex concilio Chalcedonensi cap. XVIII 51. De eo qui propriam uxorem interfecerit 49. Quod magis custodienda est castitas Pius papa fidei quam corporis et quod uiolentia non uiolatur pudicitia 52. Quod magis custodienda sit castitas 50. Iterum quod uiolentia non corrumpit pudicitiam fidei quam corporis et quod uiolentia non uiolatur pudicitia Augustinus Honorato episcopo 53. Item quod uiolentia non corrumpit pu- 51. Quod possit uxor post adulterium redicitiam Augustinus Victoriano conciliari uiro suo 54. Vt possit uxor post adulterium reconci 52. Quod non licet mulierem adulteram occidere liari uiro suo Augustinus ad Polentium 55. Quod non licet mulierem adulteram oc- 53. Vt post adulterium aut uxor recipiatur cidere Augustinus ad eundem aut continentia seruetur 56. Vt post adulterium aut uxor recipiatur 54. Quod mulier non est adultera si nesciens uiro nupserit alieno aut continentia seruetur Augustinus ad eundem 57. Augustinus de fide et operibus
55. De raptoribus mulierum si ad ecclesiam confugerint
58. De raptoribus mulierum si ad ecclesiam 56. De raptoribus uiduarum uel uirginum confugerunt Concilium Aurelianense 57. Quod uidua episcopi uel presbyteri aut diaconi si maritum acceperit in fine tantum communicet 58. A quibus inter coniugatos consanguinitas requiratur 59. De relictis consanguinorum 60. De muliere quae ad secundas transit nuptias 61. Quod presbyteri nuptiis bigami non intersunt 62. Vt uir uxore uiuente aut uxor uiuente uiro nullatenus alteri copuletur B1 63. De propinquorum copulatione cauenda B1 64. Quod infames uocentur qui ex consanguineis nascuntur B1
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65. Vt uir non coniungatur consanguineis uxoris sicut nec suis B1 66. Quod uno modo parentela uiri et mulieris in coniunctione consideranda sunt B1 67. Sacramentum de parentela quomodo inquirenda sit B1 68. Iuramentum testium B1 69. Sacramentum de separandis incestuosis B1 Liber XII (XI) De excommunicatione
De excommunicatione
1. Quod excommunicati sunt omnes qui Quod excommunicati sunt omnes qui contra sanctam Romanam ecclesiam contra sanctam Romanam ecclesiam superbiendo se erigunt superbiendo se erigunt 2. Quod omnes uiolatores decretorum Ro- Quod omnes uiolatores decretorum Romamanorum pontificum sint anathema norum pontificum sint anathema 3. Vt anathema sit quicunque praecepta Vt anathema sit quicumque praecepta sedis sedis apostolicae contempserit apostolicae contempserit 4. Quod raptores et alienatores rei eccle- Quod raptores et alienatores rei ecclesiastisiasticae excommunicati sunt et qui il- cae excommunicari sint et qui illis consenlis consentiunt tiunt 5. Qui consentit peccanti aut defendit Quod qui consentit peccanti aut defendit maledictus erit maledictus erit 6. Quibus ecclesia ab episcopis interdici- Quod his quibus ecclesia ab episcopis intertur his et ianua caelestis clauditur dicitur ianua coelestis clauditur 7. Quod hi ab ecclesia excommunicatur in Quod qui ab ecclesia excommunicatur in caelo ligature et qui ab ecclesia recon- coelo ligatur et qui ab ecclesia reconciliatur ciliatur in caelo soluitur in coelo soluitur 8. Quod Siluerius eos qui ipsum insontem Quod Siluerius papa eos qui ipsum indampnauerunt atque in exilium mise- sontem dampnauerant et in exilium miserunt anathematizauit rant 9. Modus excommunicationis Siluerii in De modo excommunicatione Siuerii in Vigilium Vigilium 10. Excommunicatio Felicis papae in Aca- De excommunicatione Felicis papae in cium praesumptorem Acacium praesumptorem 11. Quod non debet quis ei communicare Quod non debet quis ei communicare quem quem sedes apostolica repellit nisi ab sedes apostolica repellit nisi ab illatis se illatis se mundauerit emendauerit 12. – A1
De eadem re
13. Vt excommunicatis nemo communicet Quod nullus religiosus excommunicatis iunin oratione cibo potu osculo nec aue eis gatur dicat alioquin similiter excommunicatus est
310
annexe
14. Quod hi separati a nobis debent esse Quod excommunicatis nemo communicet in cum quibus nec cibum sumere licet oratione cibo potu osculo nec aue eis dicat 15. Quod cum excommunicato non licet Quod hi separati a nobis debent esse cum orare nec uesci nec loqui nisi de conuer- quibus nec cibum sumere licet sione ipsius 16. Qui cum excommunicato orauerit com- Quod cum excommunicato orare non licet munione priuetur nec uesci nec loqui nisi de conuersione ipsius 17. De eadem re
Quod is qui cum excommunicato orauerit communione priuetur
18. Quod cum excommunicatis non sit com- De eadem re municandum et qui fecerit excommunicetur 19. Vt simili excommunicationi subiaceat Quod cum excommunicatis non sit commuqui excommunicato communicat et in- nicandum et qui fecerint excommunicentur fidelis iudicatur 20. Quod excommunicatus et communica- Vt simili excommunicationi subiaceat qui tor eius aeque debent refutari et puniri excommunicato communicat 21. Quod par culpa est communicare here- Quod excommunicatus et communicator tico uel ei qui coniunctus est illi eius aeque refutari et puniri debent 22. Vt propter propriam iniuriam nullus Quod par culpa est communicare haeretico excommunicare quemquam praesumat uel ei qui coniunctus cum est illi 23. Quod pastores dum pro suis uoluntati- Vt propter propriam iniuriam nullus exbus iniuste soluunt uel ligant ipsa se po- communicare quemquam praesumat testate priuant 24. Item de eadem re
Quod pastores dum pro suis uoluntatibus iniuste soluunt uel ligant ipsi se potestate priuant
25. Quod si excommunicatus sacrum mi- De eadem re nisterium contigerit spem restitutionis ultra non habet 26. De eadem re
Quod si excommunicatus sacrum ministerium contigerit spem restitutionis ultra non habeat
27. De clericis qui infra annum causam De eadem re suam agere non procurauerint 28. Quod audientia denegetur excommuni- Quod schismaticorum nomina inter diuina catis post annum et de eadem ut supra mysteria non sunt recitanda 29. Quod absolutionem quam superstes non De eadem re Et de excommunicatis sine quaesiuit mortuus impetrare non potuit communione defunctis et de his qui excommunicatis scienter communicant 30. Quod nomina scismaticorum inter diui- Quod absolutionem quam superstes non na misteria non sunt recitanda quaesiuit mortuus impetrare non possit
annexe
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31. Vt nomina excommunicatorum publi- Quod schismaticorum nomina inter diuina centur mysteria non sunt recitanda 32. Si quis presbyter contra episcopum Vt nomina excommunicatorum publicentur suum inflatus scisma fecerit anathema sit 33. Quod ecclesiasticae leges praeponendae Si quis presbyter contra episcopum suum sunt legibus imperatorum inflatus schisma fecerit anathema sit 34. Quod manifesta opera accusatione non Quod ecclesiasticae leges praeponendae indigent sunt legibus imperatorum 35. Vt Lotharius rex a sua pelice abstineat Quod manifesta opera accusatione non indigent si excommunicari nolit 36. Quod Innocentius papa imperatorem Quod Lotharius rex a pelice abstineat si excum imperatrice aduersarium sancti communicari nolit Iohannis Chrisostomi accerrime excommunicauit 37. Si quis audet transmutare quod sancti De excommunicatione Innocentii papae in patres et uniuersales synodi statuerunt imperatorem cum imperatrice condemnatus est 38. Si quis in sectam hereticorum atque Si quis quod sancti patres et uniuersales scismaticorum labitur ad ecclesiam re- synodi statuerunt transmutare audet uersus in eo gradu quo erat sine promo- condempnatus est tione permaneat A 2 39. Quod Cornelius papa in synodo LX Vt hi qui ab haereticis ad ecclesiam reuertuntur non sine professione legitime satisepiscoporum damnauit Nouatum factionis habeantur 40. Quod heretici in aecclesia habeant potestatis et iuris
nichil De dampnatione Nouati
41. Quod non est consecratio sed execratio Quod haeretici in ecclesia nihil habeant potestatis uel iuris quae extra aecclesiam sit 42. Quod papa Aquileiensem et Mediola- Quod non est consecratio sed exsecratio nensem episcopum ad principem sub quae extra ecclesiam fit custodia dirigi praecepit et quotiens de uniuersali synodo dubitatur ab apostolica sede ueritas requiratur 43. Quod scismaticus non conficit corpus De custodia Aquileiensis et Mediolanensis Christi cui catholici non debent sociari episcopi Et quotiens de uniuersali synodo dubitatur ab apostolica sede ueritas requiratur 44. Quod aecclesia non persequitur sed di- Quod schismaticus non conficiat corpus ligit cum punit uel prohibet malum et Christi cui catholici non debent sociari diuisi a sede apostolica scismatici sunt et quod comprimendi sunt a saecularibus iniusti episcopi
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45. Quod nullis sacrificium Deo a potestati- Quod ecclesia non persequitur sed dili bus gratius est quam ut scismatici epis- git cum punit uel prohibet malum Et quod copi ad obediendum coerceantur diuisi a Romana sede schismatici sunt et quod comprimendi sunt a saecularibus iniusti episcopi 46. De scismaticis coercendis a saeculari- Quod nullum sacrificium Deo a potestaibus bus gratius est quam ut schismatici episcopi ad obediendum coherceantur 47. Non esse ueram fidem quae cum Roma- Item de schismaticis na ecclesia non conuenit cohercendis
a
saecularibus
48. Quod heresis peruersum dogma habeat Quod non est uera fides quae cum Romana scisma uero dissensionem ecclesia non conuenit 49. Quod heresis graece ab electione dicitur
Quod haeresis peruersum dogma schisma uero discessionem habeat
50. Qualiter fiat quisque hereticus
Quod haeresis graece ab electione dicitur
51. Quod hereticus amittat Spiritum Sanc- Qualiter fit quisque haereticus tum 52. Quod sit hereticus Augustinus ex libro Quod haereticus amittat Spiritum sanctum de utilitate credendi 53. De hereticis per saeculares potestates Quid sit haereticus coercendis 54. Vt excommunicati cohibeantur a saecu- Vt haeretici cohibeantur a saecularibus laribus 55. De malis cogendis ad bonum
De malis cogendis ad bonum
56. Quod scismatici nec diuino iure nec hu- Quod schismatici nec diuino iure nec humamano res ecclesiarum debent possidere no res ecclesiarum debent possidere 57. Vt catholici res possideant excommuni- Quod qui extra ecclesiam sunt nullo iure catorum usque ad conuersionem illorum possunt bona ecclesiae possidere 58. Quod qui extra ecclesiam sunt nullo Quod separatus ab ecclesia quantumcumque laudabiliter uiuat non tamen habebit iure posidere possunt bona aecclesiae uitam aeternam 59. Quod separatus ab ecclesia quantum De schismaticis ad correctionem cogendis cumque laudabiliter uiuat non tamen habebit uitam aeternam 60. De scismaticis ad correctionem cogen- Quinam non sint inter haereticos habendi dis Quod mali bonos non contaminent B 2 61. Qui non sunt inter hereticos habendi
Quando mali tolerandi sunt et quando separandi a nobis
62. Quod mali bonos non contaminent
Quomodo recedere debeamus a malis De eadem re
63. Quando mali tolerandi sunt et quando Quod excommunicatio iniusta ei potius separandi a nobis oberit qui faciat quam qui patiatur
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64. Quomodo recedere debeamus a malis
Quod innocens pro peccato alterius recte excommunicari non potest
65. De eadem re
Quod Acacius iuste et canonice sit dampnatus
66. Quod excommunicatio iniusta ei potius De edicto imperatorum in dampnationem oberit qui facit quam qui patitur haereticorum 67. Quod Acacius iuste et canonice sit dam- Vt omnes haereses et earum ministri natus conquiescant 68. Edictum imperatorum in damnatione Vt adimantur haereticis omnia suarum ce hereticorum lebrationum loca 69. Vt omnes hereses et earum ministri Vt haeretici nihil habeant cum ceteris commune conquiescant 70. Vt adimantur hereticis omnia suarum Vt nullus haereticis ministeriorum pateat celebrationum loca locus 71. Vt heretici nichil habeant cum ceteris De superbis regibus flagiciosis anathematizantibus B 2 commune 72. Vt nullus hereticis ministeriorum locus pateat Liber XIII De iusta uendicta
De uindicta et persecutione iusta B1
1. Quod Moyses nihil crudele fecit quando Quod Moyses nihil crudele fecit quando praecepto Domini quosdam trucidauit praecepto Domini quosdam trucidauit Augustinus contra Faustum 2. De uindicta non odio sed amore facien- De uindicta non odio sed amore facienda da Idem in sermone 3. Quod bella cum beneuolentia sunt ge‑ Quod bella cum beniuolentia sunt agenda renda Idem Marcellino 4. Quod militantes etiam possint esse iusti Quod militantes etiam possint esse iusti et A1 et hostem deprimere necessitas non quod hostem deprimere necessitas non uouoluntas debet A 2 Augustinus Bonifacio luntas debet illustri uiro 5. De eadem re Augustinus
Quod pugnaturo orandum est
6. De persequendo hostes Gregorius Veloci De persequendo hostes magistro 7. Item de eadem re Gregorius ad Mauri- De eadem re tium et Vitalianum magistros militum 8. De praedando hostes ecclesiae Gregorius De praedando hostes ecclesiae Mauritio et Vitaliano magistris militum 9. De habenda obedientia A1 rei publicae De habenda obedientia rei publicae utilitaA 2 Gregorius uniuersis militibus in Ne- tibus apoli 10. Vt temperatur uindicta Augustinus
Vt temperetur uindicta
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11. Sacerdotalis intercessio pro reis Augus- De sacerdotali intercessione pro reis tinus Marcellino 12. Vt mali non occidantur sed corrigantur Vt mali non occidantur sed corrigantur Augustinus Donato 13. Quod inobedientes seuerius sunt cor- Quod inobedientes seuerius sint corrigendi rigendi Calixtus papa 14. Quod ecclesia persecutionem possit fa- Quod ecclesia persecutionem possit facere cere Augustinus 15. De eadem re Augustinus
De eadem re
16. Item de eadem re Augustinus
De eadem re
17. De eadem re Augustinus
Vt non nobis imputetur siquid mali accide rit / per ea quae propter bonum facimus B1
18. Quod nobis A 2 non imputetur siquid Quod qui potest perturbare peruersos et mali acciderit per ea quae propter bo- non facit eorum impietati consentit num facimus A1 Augustinus 19. Qui potest perturbare peruersos et non Quando mali sint tolerandi uel quando defacit eorum impietati consentit Anasta- serendi sius 20. Quando mali sint tolerandi uel quando Quod homini misericordia peccatis persecudeserendi Gregorius in libro dialogorum tio debeatur 21. Quod homini misericordia peccatis per- Quod non imputetur fallax qui quod promisecutio debeatur Augustinus sit superna dispositione praeuentus adimplere praetermisit 22. Quod non imputetur fallax qui quod Quod saeculi potestates a prauis actibus promisit superna dispositione praeuen- malos reuocare studeant tus adimplere praetermisit Gelasius 23. Gelasius Brumchildae reginae franco- De eo quod scriptum est si uos persecuti rum inter cetera A1 Quod saeculi potes- fuerint in una ciuitate fugite in aliam tates a prauis actibus malos reuocare student A 2 24. Augustinus Honorato episcopo inter Quod ecclesiae inimicis omni uiuacitate mentis et corporis sit obuiandum cetera A 2 25. Quod secundum diuinam et humanam De uictoria orationibus praeuenienda et legem sine personarum acceptione rec- bello non appetendo desiderio fundendi torum sententia preferatur A 2 sangunis 26. Quod magis obedientiam est spiritus Quod secundum diuinam et humanam legem sine personarum acceptione rectoquam corporis Domino A 2 rum sententia proferatur B 27. Quod bene uelle non sufficit nec iterum Quod magis obedientiam est spiritus quam bene facere nisi ex bono fonte processerit corporis Domino et de liberalitate probabili A 2
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28. Quod ecclesiae inimicis omni uiuacitate Quod bene uelle non sufficit nec iterum bene facere nisi ex bono fonte preces sint et de mentis et corporis sit obuiandum A 2 libertate probabili 29. De uictoria orationibus praeuenienda et bello non appetendo desiderio fundendi sanguinis A 2
MANUSCRITS EXAMINÉS Arras, Bibliothèque Municipale 644, la « Collection Quesnelliana » Bruxelles, Bibliothèque Royale 18644‑52, le « Sermo de caritate » Einsiedeln, Stiftsbibliothek 191, la « Collection Quesnelliana » Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Ashburnham 53, la « Collection » d’Anselme Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, Plut. 434 XVIII, les œuvres d’Anselme d’Aoste Florence, Biblioteca Medicea Laurenziana, San Marco 499, la « Collection » d’Anselme Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 1454, la « Collection Quesnelliana » Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 3842 A, la « Collection Quesnelliana » Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 3848 A, la « Collection Quesnelliana » Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 12450, la « Collection » d’Anselme Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 12451, la « Collection » d’Anselme Paris, Bibliothèque nationale de France, Lat. 12519, la « Collection » d’Anselme Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Lat. Barberini 535, la « Collection » d’Anselme Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Lat. 1361, la « Collection » d’Anselme Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Lat. 1363, la « Collection » d’Anselme Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Lat. 1364, la « Collection » d’Anselme Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Lat. 4983, la « Collection » d’Anselme Vatican, Biblioteca Apostolica Vaticana, Lat. 6381, la « Collection » d’Anselme
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INDEX Acace, l’évêque de Constantinople 96, 97 Accursius 178 Achery Luc OSB 76 Adelrico 48 Agapit, le pape 133 Agathon, le pape 133 Agnès sainte 203 Alaric II, le roi des Wisigoths 176 Albert, le comte - 66 Alexandre, l’évêque de Bergame 40 n. 17 Alexandre II, le pape (Anselme I de Lucques) 11, 12, 18, 35 n. 3, 37, 38, 43, 47, 48, 49, 50, 53, 64, 153 Alexis I Comnène, l’empereur byzantin 57, 62 Alfonse VI, le roi de Castille 192 Amanieu A. 41, 42 Ambroise de Milan, saint, 40 n. 17, 49, 141, 141 n. 14, 142, 148, 157, 189 Ambroise, le père de Landulfe 48 Ambroise, le troubadour et le chroniqueur 195, 196 Anastase I, l’empereur byzantin 95, 120, 181 Anastase le Bibliothécaire 119, 120, 125, 133 Angelramme 132 Anne Comnène, la princesse byzantine, l’historienne 56, 57, 58, 158, 167 Anno, l’archevêque de Cologne 57 Anselme d’Aoste (Anselme de Canterbury) -31 Anselme, l’archevêque de Canterbury (Anselme d’Aoste) 28, 68, 197 Anselme I, l’évêque de Lucques (Alexandre II, le pape) 47, 49 Anselme II, l’évêque de Lucques 12, 13, 14, 14 n. 10, 15, 16, 17, 18, 19, 21, 23, 24, 25, 26, 27, 28,
29, 30, 32, 33, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 40 n. 17, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 54 n. 28, 55, 56, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 66, 67, 68, 69, 70, 72, 74, 75, 75 n. 24, 76, 77, 79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 86, 87, 89, 90, 91, 91 n. 4, 92, 92 n. 7, 93, 106, 107, 108, 109, 110, 111, 113, 115, 116, 117, 119, 120, 120 n. 22, 121, 125, 126, 127, 128, 129, 131, 132, 133, 134, 135, 136, 137, 139, 140, 141, 142, 143, 144, 146, 147, 148, 149, 150, 152, 153, 154, 155, 155 n. 6, 158, 159, 160, 165, 167, 168, 169, 171, 172, 173, 177, 178, 179, 180, 181, 182, 183, 186, 188, 189, 191, 193, 194, 195, 196, 197, 199, 200, 201, 202, 204, 205, 206, 207, 208, 209, 211, 212, 213, 214, 216, 217 Antoine Augustin 70 Antoine degli Ubaldi, l’évêque de Mantoue 67 Apollinaire de Laodicée 96 Arderico 48 Arialde, le diacre 49 Arialdo, le frère d’Anselme de Luc ques 48 Ariguerne, le majordome 181 Aristote 208 Arius 162 Arndt Wilhelm 26 Arnulf de Milan 60 Athanase, l’évêque d’Alexandrie 96, 117 Attique, l’évêque de Constantinople 92, 96, 106, 161 Atton, l’archevêque de Milan 60 Augustin, le destinataire du pape Grégoire le Grand 143 n. 21 Augustin saint 17, 31, 142, 150, 151, 187, 200, 209
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index
Badde 29 Baggio 47, 48 Ballerini (Girolamo e Petro) 93, 93 n. 10, 104, 110 Balsamon, vid.: Théodore Balsamon Barberini (collection de) 76 Bandini 31 Bardone 23, 67 Baronius César 40, 57 Basdevant-Gaudemet Brigitte 91 Béatrice, la comtesse de Toscane 52, 53, 54, 55, 59 Bedeulfe, le majordome 181 Bellarmin Robert 40 Beneschevič Vladimir 165, 213 Benoît le Levite 133 Benoît de Nursie, saint 187 Benzo de Albi 64 Bérenger de Tours 50, 203, 204 Bernard de Clairvaux 29, 30, 194, 195 Bernhaiem 27 Bernhard Jean 42 Bernold de Constance 62, 65, 100 Bertold de Reichenau 33, 38 Bestès, vid.: Théodore Bestès Binius Severin 156 Blondel David 156 Boniface Ier, le pape 96 Boniface VIII, le pape 214, 215 Bonizone 48 Bonizone de Sutri 73 Burchard, l’évêque de Worms, le canoniste - 13, 17, 74 Cabassut Jean 161, 162 Canisius Henri 27 Cantelli Silvia 28, 202, 203, 213 Catherine de Sienne, la sainte 207 Cécilien 161 Célestin, le pape 96, 162 Césaire d’Arles 138 Charlemagne, l’empereur des Francs 100, 125, 126 Charles le Chauve, l’empereur des Francs 102, 126, 146, 179 Chavasse Antoine 159 Chrétien de Troyes, le troubadour 195
Clément de Rome 154 Clément III, l’antipape (Guibert, archévêque de Ravenne) 26, 31, 39, 61, 62, 64, 127, 136, 137, 138, 139, 140, 143, 146, 149, 153, 188, 189, 193, 197, 199 Clotaire II, le roi des Francs 99, 100 Clotaire III, le roi des Francs 99 Coletti Nicolas 156 Constance, l’empereur romain 125 Constantin, l’empereur romain 134, 158, 180, 182 n. 31 Constantin, le pape 164 Cornelius 147 Cossart Jean 156 Coustant Pierre 104 Crabbe Peter -104, 156 Cushing Kathleen - 12, 14, 14 n. 10, 27, 44, 46, 54 n. 28, 55, 55 n. 32, 69, 72, 73, 74, 76, 82, 83, 83 n. 2, 111, 127, 136, 212 Cyprien, l’évêque de Carthage 39, 117, 126, 135, 139, 142, 147, 150, 153, 169, 187, 209, 211 Cyrille, l’évêque d’Alexandrie 96, 97, 162 Cyrus le Grand, le fondateur de l’Empire des Achéménides 196 Dagron Gilbert 167 Damase, le pape 96, 97, 116, 148, 162, 178, 180 Dante Aliguieri 214, 215 Decence, l’évêque de Gubbio 95 Dekkers Eligius 94 n. 10 Denys le Petit 98, 99, 102, 164 Deshusses Jean 159 Deusdedit, le cardinal 167, 172 Didier, le roi des Langobardes 125 Dioscore, l’évêque d’Alexandrie 133 Donizone 24, 27, 33, 38, 215 Ducange du Fresne Charles 57 Duchesne Louis 93 n. 10, 98 Eberhard, l’évêque de Parme, - 66 Ekkehard de Arauga, le chroniqueur 33, 38, 39 Énantiophane Anonyme 166 Ennodius, - 118, 181
index
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Fabien 147 Faustin, le prêtre 96 Feste, le senateur 181 Filaster, l’évêque de Brescia 40 n. 17 Fliche Augustin 42, 71 Florovsky George 151 Flory Jean 135 Fornassari Giuseppe 53, 187, 189, 191, 199, 201 Fournier Paul 71, 75, 82, 111, 128, 172, 173, 211 François d’Assise 201 Fransen Gérard 13, 44, 45, 74, 75, 82, 111, 134, 142, 211, 212, 214 Frédéric I, l’empereur du Saint-Empire Romain 18 Foweler-Magerl Linda 75, 78, 82, 92 n. 7 Fuenta De La 25
Grégoire VII, le pape (Hildebrand) 11, 12, 13, 18, 19, 26, 28, 30, 31, 32, 35 n. 3, 37, 39, 40, 43, 44, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 66, 67, 72, 75, 76, 77, 81, 85, 91, 91 n. 4, 106, 111, 119, 120, 124, 127, 133, 136, 137, 138, 142, 144, 145, 146, 147, 153, 158, 180, 181, 187, 189, 191, 192, 193, 197, 198, 199, 202, 209, 213, 214, 215 Grégoire, le prêtre 172 Gudila, le majordome 181 Guenter Otto 120 n. 22 Guibert, l’archevêque de Ravenne (Clément III, l’antipape) 26, 61, 62, 63, 64, 136, 145, 181 Guichard Laurent 176 Guido da Montefeltro, le chevalier italien 215 Guido da Velate 35 n. 3 Guidon, le prêtre milanais 49 Guillaume d’Apulie 57 Guillaume le Conquérant, le roi d’Angleterre, le duc de Normandie 32, 67, 191, 193, 196, 197 Guillaume de Malmesbury, le chroniqueur 104 Guillaume IX, le comte de Poitiers, le troubadour 195, 196
Gaius, le jurisconsulte 174, 175 Gallagher Clarence 167 Gaudemet Jean 94 n. 10, 102, 103, 119, 177, 180 Gélase, le pape 93, 95, 96, 97, 98, 111, 119, 120, 131, 139, 168, 180, 181 Gérard, le cardinal 60 Gilchrist John 78, 82, 142 Godefroy, l’évêque de Lucques 24 Golinelli Paolo 44, 46, 199 Gonzague 40 n. 17 Gratien, le canoniste, - 18, 68, 70, 78, 80, 81, 168, 173, 214 Gratien, l’empereur romain 128, 177 Grégoire I le Grand, le pape 118, 132, 134, 142, 143 n. 21, 146, 168 Grégoire II, le pape 125
Hadrien I, le pape 99, 120, 125 Haenel 76 Hamilton Louis 45, 46, 72 Hardouin Jean SJ 156 Hartel J. 126 n. 64 Heimbach Gustav 179 Henri II, l’empereur du Saint-Empire Romain 72 Henri II, le roi d’Angleterre 18 Henri IV, l’empereur du Saint-Empire Romain 11, 19, 26, 39, 40, 44, 50, 52, 54, 56, 57, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 133, 136, 137, 138, 145, 146, 180, 181, 188, 189, 199 Héraclius, l’empereur byzantin 165 Hermanarich, le roi des Goths 182 n. 31 Hermann, l’évêque de Lyon 200
Epictete 96 Erdmann Karl - 32, 191, 197, 198 Errera 25 Étienne, le cardinal 50 Étienne I, le pape 139, 148 Étienne II, le pape 120, 125 Eugène IV, le pape 19 Eutychès 96 Exupere, l’évêque de Toulouse 95
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index
Hermann, l’évêque de Metz 32, 67, 120, 124, 197, 198, 200 Hildebrand (Grégoire VII) 36, 40, 51, 57, 69 Hildebrande de Maon 55 Himerius, l’évêque de Tarragone 96, 157 Hincmar, l’évêque de Reims 120, 131, 132, 179 Hugues, l’abbé de Cluny 59 Hugues, l’évêque de Die 54, 54 n. 28 Hugues, l’abbé de Flavingy, le chroniqueur 32, 33, 38, 39, 51, 54, 54 n. 28, 66, 199 Hugues, l’évêque de Lyon 67 Humbert, le cardinal 40, 57 n. 39, 150 Ignace, l’évêque d’Antioche 154, 167, 168 Ignace, le patriarche de Constantinople 132 Ingilrame 160 Innocent Ier, le pape 95, 142, 155 Innocent III, le pape 208 Irène, l’impératrice byzantine 125 Iziaslav Ier, le prince de Turov et de Novgorod 193 Jacopone (Jacques) da Todi 207, 214, 215 Jacques de Todi, v.: Jacopone da Todi Jean Chrysostome 205, 213 Jean II, le pape 120, 120 n. 22, 125 Jean VII, le pape 149 Jean VIII, le pape 120, 125, 134, 165 Jean, l’évêque d’Antioche 96 Jean, l’évêque de Syracuse 132 Jeanne d’Arc 66 Jérome saint 97, 119, 142 Joannou Periclès 16, 154 Jules, le pape 133 Justinien Ier, l’empereur byzantin 120, 120 n. 22, 125, 128, 133, 159, 166, 166 n. 39, 167, 174, 175, 176, 178, 180 Justinien II, l’empereur byzantin 149, 164
Keller Hagen 47 Kéry Loth 92 n. 7 Kierkegaard Soren 200 Kölzer Theo 43 Labbé Philippe SJ 156 Landau Peter 44, 45, 46, 69, 70, 74, 75, 78, 79, 82, 86, 92 n. 7, 111, 217 Landulfe Cotte, le clerc milanais 49 Landulfe, l’évêque de Milan 48 Lanfranc, l’abbé du Bec 48, 50 Lanzoni de Treviso, le jurisconsulte 49 Laurent, l’antipape 181 Le Bras Gabriel 128 Leclerq G. 73 Léon le Grand, le pape 17, 95 n. 12, 96, 97, 119, 133, 134, 139, 142, 150, 158, 161, 163, 164, 168, 180 Léon III, l’empereur byzantin 125 Léon VI, l’empereur byzantin 179 Léon IV, le pape 153 Léon IX, le pape 56, 153, 158 Libère, le pape 133 Lothaire, l’empereur des Francs 103 Louis le Pieux, l’empereur des Francs 72 Louis VI, le roi de France 18 Lubarsky Jacob 57 Lucifer, le métropolite de Cagliari 148 Lucius III, le pape 35 n. 3 Luther Martin 200 Maasen Friedrich 93, 93 n. 10, 102, 103, 179 Maffei Scipione 40 Magne, le prêtre 147 Mai Angelo, le cardinal 78, 82 Marc, le pape 117 Marcelline 141 n. 14 Marcien, l’empereur de l’Empire Ro main d’Orient 96 Marie d’Alanie, l’imperatrice byzantine 193 Martin l’évêque de Tours, saint 56 Martinez Martinez Fernando 45, 46 Martinus de Magistris 29 Martl Karl 43
index Mateos Juan SJ 146 Mathilde, la comtesse de Toscane 23, 24, 27, 28, 38, 52, 54, 55, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 66, 81, 85, 143, 144, 189, 197, 198, 201, 202, 203, 204, 206, 207, 208, 213 Maxime, l’usurpateur 157 Maxime de Turin 119 Medvedev Igor 179 Meletius, l’évêque d’Antioche 162 Mercati Angelo 199 Menna, le patriarche de Constantinople 133 Menegard, le cardinal 51 Merlin Jean 156 Michel III, l’empereur byzantin 120 Michel VII le Doukas, l’empereur byzantin 192, 193 Michel Cérulaire, le patriarche de Constantinople 57 n. 39 Migne Jacques Paul 29 Mirbt Carl 41 n. 20 Misène, l’évêque de Cumes 97 Moncswell Andrew 104 Mordek Hubert 102 Munier Charles 103, 156, 157 Narbekoff Basile 167 Naz Raoul - 41 Néron, l’empereur romain 63 Nestorius, l’évêque de Constantinople 97, 163 Nicéphore III Botaniatès, l’empereur byzantin 193 Nicolas Ier, le pape 120, 131 Novatien 147 Odon, l’évêque d’Ostie (Urbain II, le pape) 67 Otton Ier, l’empereur du Saint-Empire Romain 120, 126 Panzer Karl 137 Pascal II, le pape 19, 76, 81, 82, 84, 85, 195 Paschasin, le légat 95 n. 12, 133, 161 Pásztor Edith, - 14, 14 n.9, 24, 30, 43, 44, 45, 46, 71, 73, 75, 111, 134,
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135, 138, 139, 140, 143, 144, 152, 189, 211, 212, 213 Paul de Bernried, l’écrivain 31, 37, 144 Pavloff Alexis 158 Perele E. 73 Pélage 95 Pépin III le Bref, le roi des Francs 125 Pertz Georg 25, 199 Petau Denis 103 Petoletti Marco 99 n. 22, 103, 105, 105 n. 38 Philippe, le légat 162 Photius, le patriarche de Constantinople 132, 164, 165 Picasso Giorgio 44, 72 Pierre, le chanoine de Lucques 61 Pierre Cadale, l’évêque de Parme (Honorius II, l’antipape) 50 Pierre Damien 40, 120 Pierre Igneus, le cardinal 60 Ponzio (Ponsio), l’abbé de Frossinora 32, 199, 200, 201 Ponso, l’abbé de Frainet 199 Priscillien 157 Probine, le senateur 181 Pseudo-Alexandre 129 Pseudo-Anaclet 17, 84, 115, 116, 117, 134, 168 Pseudo-Anther 117 Pseudo-Athanase 129 Pseudo-Bardone - 23, 24, 26, 37, 39, 43, 47, 50, 51, 52, 56, 61, 63, 66, 72, 74, 144 Pseudo-Calixte 117 Pseudo-Clément 117, 142 Pseudo-Damase 117, 131 Pseudo-Denys 117 Pseudo-Eusèbe 117, 118 Pseudo-Fabien 117 Pseudo-Gélase 142 Pseudo-Jean 117 Pseudo-Jules 117, 118, 131 Pseudo-Liberius 117 Pseudo-Lucius 117, 118 Pseudo-Marc 117 Pseudo-Marcel 117, 118 Pseudo-Marcellin 117
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index
Pseudo-Pelagius 117, 142 Pseudo-Pius 117, 118 Pseudo-Sixte 117, 129 Pseudo-Soter 117 Pseudo-Vigile 117 Pseudo-Zepheryn 117 Puza Richard 177 Quesnel Pasquier 94, 102, 104 Ranger, l’évêque de Lucques 24, 25, 26, 27, 37, 47, 51, 63, 215 Richard P. 30, 41 Robert Guiscard, le duc d’Apulie 62, 65, 189 Rodolphe, le duc de Souabe 60, 62, 199 Rota Andrea 28, 29, 40 Rotard, l’évêque de Soissons 131, 132 Rufin, le prêtre 95, 116, 153 Rustique, le diacre 133 Sachery G. 101 Saladin, le fondateur de la dynastie ayyoubide 196 Sancho II, le roi de Castille 18 Sancho IV, le roi de Navarre 192 Scheltema Herman Jan 179 Schon Karl Georg 108, 120 Schumacher Jean 36 Schwartz Eduard 99 n. 22, 100 Seiwold, l’abbé de Bath 100 Seneque 105 Severino Giovanni 44 Sigebert de Gembloux, le chroniqueur 32, 35, 36, 57 n. 39, 136, 212 Silva Tarouca Carlo 94 n. 10 Simplicien, l’évêque de Milan 158 Sirice, le pape 96, 116, 148, 155, 157 Sirmond Jacques 156 Sixte, le notaire 97 Soler Emmanuel 179 Sommerville Robert 43, 137, 138, 140, 142 Stickler Alfonso Maria 14, 71, 91 Surius Laurent 156 Sylvestre (Silvestre), le pape 101, 117 Syméon Logothète 208
Symmaque, le pape 130, 181 Szuromi Anselme 14, 44, 46, 69, 73, 91, 92, 93, 173, 176, 212 Tazzone 48 Thaner Friedrich 26, 41, 42, 69, 71, 75, 78, 82, 87, 92, 93, 107, 108, 109, 126 n. 64, 133, 141, 178, 212 Theiner Augustin 40 Théobalde, l’acrhevêque de Milan 60 Théodore Balsamon, le canoniste 158, 167, 169 Théodore Bestès, le canoniste 166, 167 Théodoric, le roi des Goths 181, 182 Théodose I, l’empereur romain 128, 133, 163, 177, 180 Théodose II, l’empereur de l’Empire Romain d’Orient 96 Théophane le Confesseur, le chroniqueur 125 Tholomée de Lucques, le chroniqueur 63 Thomas d’Aquin OP, le théologien, le saint, - 206 Thomas Ebendorfer de Hassenbach, l’historien 65 Thomson Rodney 104 Tribonien, le préfet du prétoire 174 Troianos Stephanos - 179 Trubezkoi Eugène, le prince 189 Turner Charles Hubert 94 n. 12, 94 n. 12, 98, 99, 99 n. 22, 100, 102, 105 n. 38 Ubaldo, l’évêque de Mantoue 49 Ughelli Ferdinando OCist 40 Urbain II, le pape (Odon d’Ostie) 19, 67, 76, 81, 82, 85, 86 Valens, l’empereur romain 128 Valentinien Ier, l’empereur romain 128, 176 Valentinien II, l’empereur romain 128, 177 Valentinien III, l’empereur de l’Empire Romain d’Occident 96 Van Der Wal Nicolas 179 Viazigin Andrei 191, 192 n. 13
index Victor III, le pape 40, 67, 85 Victrice, l’évêque de Rouen 95, 157 Vigile, le pape 133 Villanueva 25 Violante Cinzio 42, 44, 49, 50, 52, 72, 73 Wadding de Luc OFM 29, 40 Waelkens Laurent 174 n. 9 Wido, l’évêque de Ferrare 137 Wilmart André 28, 29, 201, 202, 206, 207, 213
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Wolfram Herwig 182 Wurm Hubert 94 n. 10 Yves de Chartres, le canoniste 135, 149, 173, 212 Zechiel-Eckes Klaus 78, 81, 82, 108, 120, 120 n. 24 Zénon, l’empereur byzantin 182 Zénon, l’évêque de Verone 40 n. 17, 54, 55 Zozime (Zosime), le pape 96