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French Pages 220 [222] Year 1969
LES CLASSIQUES FRAN^AIS DU MOYEN AGE publics sous la direction de Mario Roques
LE ROMAN DE RENART PREMIERE BRANCHE Jugement de Renaxt, Si^ge de Maupertuis, Renart teinturier fiOIT^E D’APRi:S LE MANUSCRIT DE CANg6 PAR
MARIO
ROQUES
PARIS LIBRAIRIE HONORE CHAMPION, EDITEUR 7, QUAI MALAQUAIS (VI*)
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LES CLASSIQUES FRANQAIS DU MOYEN AGE publids sous la direction de Mario Roques
LE ROMAN DE RENART PREMIERE
BRANCHE
Jugement de Renart, Si^ge de Maupertuis, Renart teinturier £dIT£e D’APRiS LE MANUSCRIT DE CANG6 PAR
MARIO
ROQUES
PARIS LIBRAIRIE ANCIENNE HONORfi CHAMPION, £DITEUR 7, QUAI MALAQUAIS (vi*)
1969
© 1969 Editions CHAMPION Paris. Reproduction et traduction, meme partielles, interdites. Tous droits reserves pour tous pays y compris I’U.R.S.S. et les pays scandinaves
INTRODUCTION
Les Romans de Renart. — Vers I’annee 1175, le succ^s d’un amusant poeme ou un auteur, nomme probablement Pierre de Saint-Cloud, contait, en s’inspirant d’un pofeme latin de peu anterieur, VYsengrimus de Nivard (1152), certaines aventures de Renart le goupil et d’Isengrin le loup, mit pour quelque temps k la mode un genre litteraire nouveau en France, les contes ou, comme on a dit de bonne heure, les « branches ^ » de Renart. L’on en composait encore au milieu du XIII® si^cle. Les branches nouveUes imitaient parfois les plus anciennes ou y faisaient allusion ou pretendaient y donner une suite, sans qu’il y eut, entre ces oeuvres d'auteurs differents et de dates diverses, ni hen organique, ni identity de ton. Mais, d^s le xii® sifecle on s’avisa de rassembler ces 1. Ce nom est attests dans le Renart mSme : Un prestre de la Croix en Brie... a mis son estude et s’entente a fere une novele branche de Renart... (IX. 5); Or dirai... une branche... c'est de Renart (IV, 19; cf. VII, 193). 2. L’Alsacien Heinrich der Glichsaere a compost son Reinhart Fuchs 4 I’aide de plusieurs branches fran5aises, dont il est impro-
IV
INTRODUCTION
contes, ou reparaissaient frequemment les memes personnages, en des collections qui re^urent le nom de Roman de Renart) pour les lecteurs du moyen 4ge cela signifiait seulement « Histoires de Renart en franfais », et nous ne devons pas entendre autrement ce titre traditionnel. Nous n’avons en general conserve les contes fran9ais de Renart que sous cette forme de recueii trois collec¬ tions ont ete jusqu’ici determinees avec precision : elles sont toutes trois du xiii® sifecle. La moins etendue (a) est aussi celle dont nous avons le plus grand nombre de copies, qui reunissent de 15 4 18 branches®. La seconde (P), representee seulement par trois manuscrits et par des fragments rassemble 21 ou 22 branches, dont 15 connues de la premiere col¬ lection, mais n’a pas recueilli trois des branches de celle-ci. La plus r^cente' (y), representee elle aussi par trois manuscrits compte jusqu’4 23 branches, mais il lui manque une branche qui figure dans a seul et une autre qui est dans a et P; cette collection resulte de la combinaison des deux premieres. bable qu’il les ait lui-m6me collectionndes; or, il 6crivait dans les dernidres ddcades du xii® sidcle : il existait done, entre 1180 et 1190 par exemple, d6j4 une petite collection de branches de Renart, probablement une demi-douzaine; cette collection se retrouve dans les recueUs conserves, qui sont beaucoup plus 4tendus; elle a pu en former le noyau. Pour Thistoire critique de la naissance et des premiers d4veloppements de ce genre, voir L. Foulet, Le Roman de Renart, chap. VI-XI.
1. Le petit manuscrit a (voir ci-dessous, p. viii) et les mss. bed sont des exceptions; les manuscrits franco-italiens g et i en cons¬ tituent encore une, et on en trouverait une autre dans la branche satirique compos6e par Philippe deNovare (M^motVes, 4d. Kohler, CFMA, § LXiii); mais, dans ce dernier cas, il s’agit d’une compo¬ sition qui n’est jamais entree dans une collection. 2. Ce sont les mss. A D E F G N (sigles de E. Martin). 3. Mss. B K L et fragments e h. 4. Mss. C M et n.
LES ROMANS DE RENART
V
Des combinaisons analogues se retrouvent dans divers manuscrits qui representent comme autant d’4ditions particuli^res II importe de se rappeler que ces diverses collections ne different pas essentiellement entre elles par des legons modifiees, des additions ou des retranchements de vers, comme il arrive entre des manuscrits ou des families de manuscrits. II ne s’agit pas ici de tradition plus ou moins bien conservee, plus ou moins heureusement alt6r6e. Chaque collection represente une elaboration differente de la mati^re de Renart : le nombre des branches y varie, et les differences sont dues k la fois k des addi¬ tions et k des suppressions; la distribution des branches dans I’ensemble de la collection diff^re et surtout la fagon de raccorder les branches ou les parties de branches entre eUes, ou au contraire de les separer, ou meme de les depecer. II est vrai que des differences de redaction se presentent aussi entre les diverses collections, qui apparaissent ainsi subsidiairement comme des families de mg.nuscrits, mais I’originalite des collections reside surtout dans le choix et la disposition relative des branches II reste encore k determiner si ^ n’est qu’un remaniement de a, avec addition de branches nouvelles, ou serait, au moins partiellement, independant de a, ayant ete etabli a I’aide, soit de copies de branches isolees, soit d’une collection anterieure a a et analogue par exemple a celle qu’a pu connaitre le Glichezare Cette multiplicite des remaniements atteste le long succ^s, jusqu’au xv® si^cle, des contes de Renart, mais elle n’a pas ete sans apporter aux textes originaux des 1. Ainsi les mss. H et I, O et le fragment o. 2. Voir par exemple les notes critiques aux vers 657-68 et 1344-1474; mais il se peut que ces variantes n’engagent que lo groupe B H et non toute la collection p. 3. Voir ci-dessus p. nr, n. 2.
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INTRODUCTION
alterations : amplifications de themes plaisants, inter¬ pretations de passages difficiles ou mal transmis, raccords entre les diverses branches que chaque collection ou chaque manuscrit distribue a sa mani^re et relie plus ou moins heureusement, ou depegage, dans une collection, d'une histoire qui, dans une autre, forme une seule braache. Une edition critique degagera peut-etre un jour de ces remaniements divers ce qu’on souhaiterait retrouver des contes de Renart tels qu'ils etaient avant leur entree dans une collection; elle ne devrait pas faire oublier compRtement telle addition savoureuse ou tel raccord ingenieux. Mais ce travail critique pour un ensemble de poemes qui depasse vingt-cinq rnille vers et met en jeu plus de vingt manuscrits ou fragments, exige d’abord des editions exactes au moins des collec¬ tions principales. Nous disposons avec I’edition d’Emest Martin d’une soigneuse reproduction de la collection a; on pent reconnaitre y dans 1’edition plus arbitraire de Meon nous atteignons p pour quelques branches dans les additions de I’edition Martin, mais pour le plus grand nombre seulement k travers les variantes de cette edition. Nous nous sommes done resolu 4 imprimer un manuscrit de la collection p ^ Les manuscrits. — Nous ne connaissons que trois manuscrits donnant I’ensemble ou une partie importante de la collection p; ce sont, avec les sigles qui les designent dans I'^dition Martin et que nous conservons, les manuscrits :
1. Pour les Editions de Martin et de Mdon, voir ci-dessous, BiBLIOGRAPHrE.
2. Nous Comptons imprimer en supplement a. notre dditioil les branches qui manquent a la collection p (on pent en compter six).
MANUSCRITS
VII
B = Paris, Bibliotheque nationale, Fran9ais 371, K = Chantilly, Musee Conde, 472, L = Paris, Bibliotheque de TArsenal, 3335. Dans des conditions qui varient avec chaque branche, nous disposons, en outre, pour I’etablissement et I’etude critique du texte de cette collection, de manuscrits partiels ou composites et aussi de fragments. C’est ainsi que, pour la premiere branche de notre edi¬ tion, nous a.vons 4 considerer les manuscrits : H = Paris, Bibliotheque de I’Arsenal, 3334, I = Paris, Bibliotheque nationale, Fran9ais 12584, a = Paris, Bibliotheque nationale, Nouvelles acquisi¬ tions fran9aises 10035, 0 = Paris, Bibliotheque nationale, fragment dans Nou¬ velles acquisitions fran9aises 5217. Le manuscrit B provient de la bibliotheque de J.P. I. Chatre de Cange, qui I’avait acquis en 1727; entre 4 la Bibliotheque du Roi, il y a porte le n° Cange 68. — C’est un in-4° sur velin; le texte du Renart y occupe 189 feuillets 4 2 colonnes de 30 lignes par page; Cange a inscrit dans les marges ou dans des feuillets annexes le resultat d’une collation avec le manuscrit I. L’ecriture est de la fin du xiii® sRcle. II n’y a au debut ni titre general, ni rubrique pour la premiere branche, mais seulement une grande lettre omee; par la suite il y a des rubriques en tete des diverses branches. — La langue du copiste n’a pas de caractere dialectal tres marque; nous en indiquerons plus loin les particularites. C’est le texte de ce manuscrit (qu’il peut etre aussi commode d’appeler manuscrit de Cange) que nous reproduisons, le ms. K etant tres incomplet et L plus recent et partieUement composite. Le manuscrit K qui, des 1654, etait 4 I’hdtel de
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INTRODUCTION
Conde, forme la demi^re partie d’un recueil conside¬ rable de romans arthuriens : le Renart commence an folio 244 pour finir avec le folio 260 et dernier. — C’est un in-folio sur vdlin du milieu du xiii® si^cle, ayant a la page 3 colonnes de 52 vers. Au debut le titre : De Renart. — La premiere branche ne figure pas dans cette copie dont nous remettons I’examen k un autre volume. Le manuscrit L provient de la bibliothdque de M. de Paulmy (B. L. 17240). — II comporte 124 feuillets de texte sur velin (mais le f. 22 manque) avec 2 colonnes de 42 a 44 vers ^ la page. L’ecriture est du xiv® si^cle. II n'y a au debut ni titre ni rubrique. La premiere branche, qui n’est pas en tete de la collection, com¬ mence au feuillet 49 v® sans rubrique, mais elle se termine par Explicit de R. com il fu tainz en jaune. — Le dialecte appartient k I’Est de la France. Parmi les copies subsidiaires, le manuscrit H provient aussi de la bibliothfeque de M. de Paulmy (B. L. 17250). — II comporte 170 feuillets de texte sur v61in avec 2 colonnes de 41 vers k la page, mais il y a une lacune entre les feuillets 169 et 170. L’ecriture est de la fin du XIII® si^cle. Il n’y a pas de rubrique initiate, ni d’explicit k la fin de la premiere branche. — Le dialecte est picardisant. Le manuscrit I provient de la biblioth^que du due de la VaUi^re; il a appartenu autrefois k la Biblioth^que de Sedan. — Il comporte 157 feuiUets de velin k deux colonnes de 32 vers k la page. L’ecriture est de la fin du XIV® ou meme du xv® siecle. Il n’y a pas de rubri¬ que initiale. — Le dialecte est picardisant. Le manuscrit a presente cette particularity de ne contenir qu’une branche, la premiere; il ne represente pas cependant un etat du texte anterieur k la forma¬ tion des collections. — Il provient de la bibliothyque de lord Ashburnham et il avait appartenu anterieurement a Barrois (n® 242); il est entre en 1901 k la Biblio-
MANUSCRITS
IX
theque nationale. — II comporte 54 feuiUets de v61in a une seule colonne de 30 vers par page. Sans rubrique initiale, il se termine par Explicit le romanz de Renart: L’ecriture est du xiii® siecle. Presque tons ces manuscrits representent, mais dans des conditions variees, des melanges de traditions differentes. La source commune des manuscrits H I avait pris ses seize branches dans des copies tantdt de type a, tantbt de type p, sans qu’il nous soit possible de saisir la raison de ces changements repetes de module ^ : pour la premiere branche ce module etait du type p, mais il n’est pas impossible que le module du type a qui a servi pour d’autres branches ait ete k I’occasion consulte pour celle-ci; de plus le ms. I parait bien avoir ete I’objet d'une nouvelle contamination par un manuscrit du type a. Dans le manuscrit L, il faut, pour la premiere branche distinguer deux parts ^ : la seconde (L^), qui commence entre les vers 1900 et 2000, est, comme I’ensemble du ms. L, nettement du type p, mais il est probable que le copiste de L avait sous les yeux un manuscrit auquel manquaient les feuiUets ou cahiers initiaux, toujours sujets a se deteriorer ou se perdre; il a comble cette lacune k I’aide d’un manuscrit different; celui-ci etait certainement apparente au petit manuscrit a, celui qui nous a conserve isolement la premiere branche; or le texte de a, et par consequent celui de L^, est lui-meme une combinaison continue des deux traditions a et p. On devra aussi se demander si, mcme pour la seconde partie de de la branche I, le copiste n’aura pas con1. Pour la compositioii de cette source de H I, voir H. Buttner, Dit- Vberlieferung des Roman de Renart (voir ci-dessous, Bibliographie), p. 58-80. 2. H. Buttner, 0. c., p. 42-51, a sp^cialement 4tudi6 la consti¬ tution de la copie de la branche I dans le ms. L.
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INTRODUCTION
suite parfois le manuscrit dans lequel il avait trouve la premiere. Ces constatations sommaires sur les rapports des manuscrits utilisables pour la critique du texte de la branche I pourront trouver confirmation dans nos Notes critiques) elles sont exprimees dans le tableau ci-dessous, ou A designe le manuscrit imprime par E. Martin comme le meilleur representant du type a. On notera que la place respective attribuee dans ce tableau aux groupes binaires de manuscrits ne prejuge pas de la succession chronologique de leurs filiations par rapport a la forme originaire du type Le fragment 0 est de classement incertain ; pour la premiere branche, il se rapprochetait plutdt du type y) mais il n'est pas, semble-t-il, sans quelque rapport avec H
I. La num^rotation adopt6e depuis soixante ans pour les branches de Renart est ceUe de I’^dition Ernest Martin; elle corres¬ pond cL une conception, en g6n^ral trSs raisonnable, des conditions oil s'est constitute la collection a, mais elle ne s’accorde, pour la succession des branches, avec aucun manuscrit, mtme pas avec le ms. A reproduit par Meirtin. Nous ne pouvions pas songer i la garder dans une tdition qui veut reproduire la vtritt d’un manus¬ crit. Mais, pour atttnuer les inconvtnients d’un changement de numtrotation, nous indiquerons au titre courant des rectos de notre tdition la correspondance du contenu de chaque double page avec les numtros de branche et de vers de Martin, et nous pourrons ulttrieurement dresser une table de concordance des
MANUSCRITS
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II est clair que I’accord des manuscrits B H I L a permet d’atteindre une forme ancienne du type P; il en est de meme de I’accord de trois d’entre eux, si ceux-ci representent les trois groupes binaires, par exemple B H a. L’accord, frequent, de B H L contre des manuscrits dependant plus ou moins directement du type a, comme I et a, aura une valeur semblable, et de meme I’accord, tr^s frequent, de B H, si Ton admet que L, meme dans sa seconde partie, n’est pas soustrait cl I’influence du type a. Enfin I’accord de B L atteste une forme anterieure, mais analogue, a B. L’ac¬ cord de H a attesterait de meme une forme plus an¬ cienne et differente de la source de B L, mais les exemples en sont rares et peu probants. Nous n’avons pas epuise tous les cas, reels ou pos¬ sibles, d’accord de nos manuscrits par deux ou trois. Le manuscrit I notamment entre dans des combinaisons inattendues qui am^neraient k supposer une in¬ fluence supplementaire du type p sur I. Mais cela ne serait pas de grande consequence pour la critique du texte de B, tant le manuscrit I, souvent tr^s abrege, est arbitrairement remanie. II convient enfin de remarquer que H, bien plus fidele que / a ce qui parait etre la tradition du type p, presente un nombre important de modifications propres qui I’opposent a I’ensemble B I L a; que B a son tour s’oppose frequemment k H I L a, non seulement dans la premiere partie, mais meme alors que L I’a rejoint, apres le vers 1900 ou environ; et que L, dans cette deuxibme partie meme, prend, lui aussi d'assez nombreuses libertes. La popularite des contes de Renart, la ressemblance des situations ou des episodes, le caractere meme du langage k la fois familier, parodique et num^ros de Martin avec ceux qu’impose la distribution des epi¬ sodes dans le ms. de Cang6. Pour la premiere branche, qui vient en tete dans B comme dans A, il n’y a pas de variation de chiffre.
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INTRODUCTION
stylish, donnaient naturellement aux copistes la tentation et le moyen d'apporter k I’auteur leur collaboration personnelle.
Place et composition de la premiere branche, — La premiere branche de notre collection raconte le jugement de Ren art accuse de multiples crimes et sa rebellion apr^s une condamnation pourtant adoucie (br. I de Martin), le si^ge de son chateau fort.-Maupertuis, ou il s’est enferm4 (I» de Martin), puis I’aventure qui foumit k Renart, teint en jaune par accident, le moyen d’6chapper 4 la justice royale, de duper une fois de plus Isengrin et de le faire cruellement mutiler, enfin de remettre ordre k son propre menage trouble par im pr6tendant (I^ de Martin). Cette branche, qui fait d^s le d^but (v. i-io) une allusion precise k tm recit anterieur est singulidrement plac6e en t6te du roman, mais cette place est assuree pour tous les manuscrits du t5q)e a comme pour le manuscrit de Cang4 Si L commence par la branche II de Martin et reporte beaucoup plus loin notre premiere branche, c’est sans doute parce que, son module etant, comme nous I’avons dit, incomplet du d^but, le scribe n’a pu copier la premiere branche que quand il a trouv6 un autre manuscrit et aprfes avoir dej4 transcrit une bonne part de son principal module. La meme explica¬ tion vaudra naturellement pour K, qui commence aussi par la branche II, mais, ce manuscrit etant incomplet, nous ne savons pas si le scribe avait pu combler la 1. Il s’agit du viol d’Hersent par Renart, qui est cont6 dans la derni^re partie de la branche II de Martin, laquelle tient en effet la seconde place dans le ms. A, mais vient plus loin dans la plupart des manuscrits. 2. On trouvera en t6te de I’^tude de H. Buttner cit^e plus haut un tableau commode indiquant pour toiw les manuscrits la pre¬ sence et la succession des diverses branches.
LA PREMIERE BRANCHE
XIII
laciine probable de son models, et replace la premiere branche en un autre endroit de sa copie. II rests vraisemblable que p commengait comme a par la branche qui ouvre le ms. B et par suite notre edition. Nous n’avons pas cru devoir conserver la division en trois parties adoptee par E. Martin pour cette branche, car aucun manuscrit ne signals ici de division interieure; c’est I’ensemble de la branche que les redacteurs des deux collections principals ont connu et adopts, y voyant legitimement une narration coherente qui va du danger couru par Renart et des efforts qu'il multiplie pour y echapper jusqu’^ son retour a une quietude embellie par la confusion de son principal ennemi. Telle etait bien aussi I’opinion de Tauteur dumanuscrit a qui ne contient que cette premiere branche, mais la donne tout entiere, sans division, et la termine par un explicit general : Explicit le romanz de Renart. Peut-etre est-ce justement la cohesion chronologique des diverses parties de la premiere branche qui a fait placer celle-ci en tete de certaines collections comme formant une histoire continue et non un chapelet d’anecdotes eparses. L’on peut penser cependant que la premiere branche se terminait originellement avec le vers 1678, que les vers 1678-2260 (I* de Martin) forment une addition, qui reprend pour se clore les vers de conclusion de la partie precedents 1, mais qui n’a ni la qualite ni le ton de celle-ci. Les vers 2261-3256 (It> de Martin), plusdignes de la premiere partie, pourraient etre une autre addi¬ tion surajoutee a la precedents II resterait que ces 1. Comp, les vers 2257-58 et 1677-78. 2. On peut imaginer encore que la premiere addition (I®) serait venue s’ins^rer dans un ensemble ou la deuxieme partie (I^*) faisait, originairement ou non, corps avec le d^but de la branche (I); des vers de raccord auraient ensuite, a partir du vers 2261, etabli une succession factice. Mais cette hypothese apparait sans fondement precis et sans grande consequence.
XIV
INTRODUCTION
deux additions auraient ete expressement composees pour etre jointes au recit primitif, qu’elles continuent et qu’elles imitent, et que la premiere branche, telle que nous la connaissons, n’est pas un groupement factice constitue apr^s coup par la reunion de recits preexistants et independants. Une recherche minutieuse des allusions historiques possibles dans cette premiere branche et des emprunts que les diverses parties ont faits a d’autres branches de Renart, a conduit M. Lucien Foulet a placer la composition de la premiere partie aux environs de ii8o; il semble en effet y etre question (v. 1581) de Nour-edDin 1, sultan d’Alep, qui regna de 1146 k 1173, et dont le souvenir put durer quelques annees encore 2. La pre¬ miere addition pourrait se placer autour de 1190; la seconde ne foumit pas de moyen de datation : elle pent etre de la fin du siecle ou du debut du xiil®. Sur I’auteur de Tune ou I’autre des parties de la branche, nous n’avons aucun indice; on a suppose que le « Perrot » nomme au premier vers n’etait autre que I’auteur meme, qui se serait presente i la troisieme 1, Voir a I’lndex Loradin : on notera I’incertitude de la tra¬ dition manuscrite pour ce nom. 2. On a aussi voulu faire 6tat de la particularity de comput dvoqu^e par Hersent aux vers 158-60, Piques tombant le i®^ avril, ce qui arriva en 1179 et en 1184, puis seulement en 1263. Cette remarque faite, avec ryserve, par E. Martin (Observations, p. 14) s^duisit Gaston Paris (Melanges de litUraiure frangaise, p. 350, n. 2) et M. Foulet incline i la tenir pour probable. L’avis de ces excellents juges n’entraine pas le mien. Cette allusion pourrait avoir une valeur d’lndication chronologique dans une piece de circonstance ou une revue de fin d’annee : eUe perd tout intdret dans une composition faite pour etre dite ou lue pendant des annees. Si elle a un int6ret dans le conte, c’est parce qu’elle fournit i Hersent une de ces prycisions si avantageuses k des affirmations suspectes, et peu importe alors qu’eUe soit exacte ou inventee. Et si Ton pensait que I’auteur a adopty cette coincidence exceptionnelle parce qu’elle se produisit justement I’annye ou il ycrivait, ce serait donner plus a son automatisme qu’a son imagination.
ETABLISSEMENT DU TEXTE
XV
personne, et qui serait identique a Pierre de Saint-Cloud designe dans une aiitre branche : cela est fort peu vraisemblable et ne nous renseignerait d’ailleurs gu^re. £tablissement DU texte; notes critiques; glos-
Notre edition reproduit le texte du manuscrit de Cange. Un tres petit nombre de cor¬ rections y ont ete apportees a I’aide des manuscrits apparentes H L : ces corrections ne visent pas a etablir un etat plus ancien du texte; elles rectifient seulement les erreurs materielles qui nuiraient a I’intelligence du texte. Toutes les lemons du manuscrit que nous avons modifiees sont exactement relevees dans nos Notes critiques (§ i, p. 110-113). Nous avons indique dans ces Notes (§ iii, p. 114-116) comment est etablie et pent etre utilisee notre collec¬ tion de variantes, a I’aide desquelles le texte de H et celui de doivent pouvoir etre reconstitues, sauf particularites de graphie phonetique ou morphologique. Pour le developpement des abreviations employees par le ms. de Cange, on notera que : les noms de personnages notes par I’initiale seule ont ete completes conformement 4 la forme non abregee la plus frequente dans le manuscrit; Isangrin ecrit en long a le plus souvent un I initial, rarement un Y (3 ex.); par contre I’abreviation est toujours faite par Y., que nous avons considere comme un sigle et developpe en Isangrin] mais les cas d’abreviation par Y. sont notes 4 VIndex des noms; les chiffres n’ont pas ete transcrits en lettres, 4 I’exception de .1. article indefini; sauf au vers i, et' est toujours note par 7; mlt a ete lu mout, et ont ete lus VOS et toz, qui sont les formes dominantes; nous avons maintenu "^ans regularisation les alter nances -as, -aus, -aux, -aiiz] SAIRE ET INDEX. —
LE
ROMAN DE
RENART
b
XVI
INTRODUCTION
Ja bane de nasalisation a ete transcrite par n et le prefixe 9 par con- menae devant labiale. Les litres courants donnent la concordance numerique avec I’edition Martin, qui note de meme sa con¬ cordance avec r edition de M6on : la concordance des trois editions s’etablira ainsi facilement. Notre Index des noms propres est complet; nous y avons ajoute pertains noms ne figurant que dans les Variantes et les nom's communs appliques a des personnages du recit. Nous nous sommes efforce de ne laisser en dehors du Glossaire aucun mot ou forme pouvant faire dif&culte, mais nous n’avons pas pretendu rendre inutile la con¬ sultation des dictionnaires et des grammaires de I’ancienne langue. 'L’Index des mots relatifs d la civilisation et aux mceurs est etabli dans les mSmes conditions que celui de notre edition du Roman du comte d’Anjou de Jean Maillart. Particularit6s grammaticales du manuscrit de
Graphie : 1° Voyelles. — Alternance de : a ei e : gelee : jalee 1073-74, plaissaiz 1637, demage 2206, acotent 2541, juglaor 2822, antarez 3078, garez 3079; a ei ai : domaige 51, gairir 2045; fera ge 2759; a et au : deauble 270, aubre : maubre 439-40, mans (= mas « mets ») 553; abe 1857; a et 0 : desanor 2002; fome 2060; e et i'^: avoutire 30, mais avoutere 83, crie (= cree) 1174: CangI. —
I. Se desi et si de sic sent normalement distinguds; toutefois on a si avec une valeur hypoth^tique certaine aux vers 955, 1018 et 2090, oil Ton peut Tinterprdter comme s'i = se il (on a se il a 1607); nous avons maintenu la forme si pour rdserver la pos¬ sibility d’une confusion de sc et si\ on a d’autre part se au lieu de si dans les formules d’affirmation du type seDieus subjonctif
PARTICULARITES GRAMMATICALES
e e e e
et et et et
XVII
u : ai: id : oi :
musel 1574, mesaumer 3144; baisstesiy, aairi ig$6, mesquerre: ferai i8g-g0‘, tries 2534; charoite : Blanchete 301-302, adroice : chevaleresce, 2165-66; 0 et oi : es vois 1836; 0 et OM : out (= ost) 1657; u et ou : jalus : cous 1371-72; gugleres 2953; . u et ui : huiant 23, lu (= lui) 1337 corr. ai, ei et oi : naiainz (= neienz) 123, daie, s. pr. de devoir, 1131, daiable 1160, iraie 1763, faior 3182; meison 381, repeire 913; porroi: orroi fut. 3 811-12, palois 2254, conseil: paroil 3231-32; voie : esmaie 2377-78; ie et iee : irie : corociee 1833-34, chevauchie : iriee 2095-96; iel, uel, iau : mieuz 4, mieulz 136, miauz 54; diaux 52, viaut 207, siaut 1525, diaust 1526, viaus 2120; ieu et iu : Hue 2967, liuee 2106; ueil et oil : orgeil: oil 247-48; an et en : hatant: atent 2543-44; part. pr. voient 1577, piient 1399, ala menent 2100, dorment 2552; pr. 6 amainant 305, souflant, ronflant 2551; pant 1562, assanblant 2931; anfraite 412, antarez (entrerez) 3078, aen 158, 2500; ain et ein : einz 438, 913; naiainz 123; ian et ien : criant (de criembre) : tient 1603-04. Addition de -e aux groupes ie, ue pour y marquer la di^r^se : vileniee 584 (le second e exponctue); ronpuee 1596, aguees 1624, derompuee 2iz2, tandue : panduee 2593-94. aux vers 146, 191, 1991, 2031, mais aussi relision de si conjonctif, ainsi assimile a se, dans s’alez au vers 3064. Cela pourrait permettre de comprendre au vers 1331, dans le discours assez embarrasse de Grimbert, se vos metez or malement comme Equivalent a si VOS, etc. « et cependant vous agissez mal *.
XVIII
INTRODUCTION
De meme peut-etre pour le groupe oi : roiene (= wine) 1833. Mais ailleurs la dierese n’est pas signalee : traie : esbahie 1855, menjue 535. Mengi part, passe de man555. pourrait etre un essai pour distinguer ie monosyllabique (i6) de ie avec dierese {~ie). 2® Consonnes. — Altemance de : c et s : ce {= se) 483 c, 2565, c’il {= se il) 129 : cf. oil go (pour se oil); faces (= fosses) 162; si {= cil) 567, 1124, 2592, 2594, 2685; de si atant 598, si {— ci) 2565; c et sc : dresce : destresce 379-80, 395, chevesce 1918; cu et qu : quidier 1760, 1851, quisse (de cuire) 1225, qu’il (= cui il) 1556; c et ^ : qar 319; q et qu : qant 3248-3249, etc., qanz 1106 (graphie la plus frequente pour ce mot), qeue 288; g et gu : geule 332, 752; gicJiet 1804; g et j : vengance 391, sergant 547, goint 2312, gurent 2211 (cf. 1776 fur), gugleres 2953, garez 3079. Suppression ou addition de -s- interieur devant consonne : betes 56, remet 498, foretier 599, 645, ureter 912, 1495, pant, subj. pr. 3 de penser, 1562, matin 1618, 2553,2618, out {— ost) 1657, feites 1752, porchat et chat, subj. pr. 3 de porchacier et chacier 2941-42, baton 3071; detre 310, pretre 713; tainieres 1640, mainie 2153, 2189; — avoist^^o, resU 226, faistes 418, 457, ostroier 595,1450, bastoit, goy, Martinest 929, conduist 969, maleoiste 1196, criasture 1455. _ promest 1464, diaust 1526, distes 1987, 1990, afaistiez 1993, atendrist 2568, chaistive 2759, esbaudist 2805; lesdangiez 905. Redoublement ou simplification : n : mannoit 61-62, vainne 3185; r : harez, harrons 68; garez 3079;
PARTICULARITlis GRAMMATICALES
XIX
s : essart (= e s’art) i, taissiez 220, ^743, prisse 391, raisson 782, quisse (de cuire) 1225, consseille 2007, baissier 2838-39,/a?ssoz7 2973; baisstes 17; — mais laisier 255, 413, 678, 1818, eiise 97, cuise 309, 506, paroise 688 corr., croise 930, cousin 988,1670, fuse 1030, fouse 1375, isisiez 1715, 1729. Amuissement, dissimilation, metath^se de -r- : guepist 1251, Tiecelin 1620, femete 1638, coute 1690 corr., gade 2393 corr., foment 3015 corr,; entepris 2779, antarez 3078; Renart : bar at 1385-86 pent etre une asso¬ nance; — abre (= arbre) 1844; aubre : maubre 439-40; — mesquerre 189, Grinbret 989. Non-insertion de -d- entre « et r ; tanres 193, vanras 619, panre 1447, 1609. Proth^se de h- devant ui : huilecome 793, anhui iiii, hui 1658. Incertitude des finales : tot 2977, tos 2607, toz 2608; biax 519, biaus 405, biaux 607; chauz 2960; gentix 221, gentis 1461; pa 1761 corr., etc. et par] essaillil 1830 cory.;tros 820 et trop; tos (tost) dele 1839; volentier 756; en cor (= cort) 1255, Voir, pour les desinences k finale consonantique, ci-dessous Formes. m finale : dam 3038 et dant 1620, 3238, dom (= dont) 2406, 2494, 2689, 3227, 3228, fraim 1544, premeraim 407, trovom 360. Formes : 1° Article, nom et pronoms. —Suppression de -s final de aus : au piez 1598, au porz 2889, pent etre au deauble{s) 270, mais aus 3212; de vos pronom personnel : vo 1036, 1442; du sujet masculin singulier : li or (= ors) 431, cf. I’or r6g. direct 647; — chute de -I dans il : i 1492, 2089; cf. si avec valeur probable de se il 955, 1018 et 2090, et les relatifs qui ou qu’i = que il. Formes dialectales du possessif : me mere 324; no seror 344.
XX
INTRODUCTION’
Relatif ; que (= qui sujet feminin) 1499; que qui {= qui qui) 2481; — qui 764, 3154, 3159 = sans doute qu’i,et 852, 1218, 1485, 2160, 3234 p. ex. = surement que il. 2° Verbes. — Suppression de la consonne finale de la desinence devant sujet postpose ; este vos 745, 2857, eiiste vos 1740, wet tu 2445, saie tu 2914; es ce 2693, 2991, fu ce 3149; — sans sujet postpose : son 1685, on 2856, arestu 2818, es avis 3059. Imparfait: chastiot 3226. Passe : vost 34, 912, 990. Pass6 compose : est esU 933 corr. Futur : fendromes 1410; — averez 398, 461, ferroiz 3201, antarez 3078, mesquerre (de mescroire) 189, harez, harrons 68, mescharra 712, pan a (de ferdre) 711; Conditionnel : gerroit 1427, guenoit 2490, serroit 1429. Syntaxe : Cas de non-accord a la rime : toute plaine : a grant paine 164, as beles trece : forteresce 2035 corr., au porz : soil... tant fort 2889-90; Bruns et Tiberz me demande: li rois commande 1265-66, peut-etre desfansables : deau~ ble, 269-70. Pronom regime : faites me droit, 30, li dormirs lor va hatant 2543; Repetition de pronom : je mie... je n’otroi 1394. Le jargon de Renart jongleur (v. 2403-2580 et 28583034). — Ce jargon franco-anglais, conventionnel sans doute, n’est pas arbitraire : on le retrouve avec des traits semblables dans diverses oeuvres du xiii® si^cle : des mimes, la Paix aux Anglais et les Charles sur le meme theme, un fableau, les Deux Anglois et I’anel, un roman de Beaumanoir, Jehan et Blonde On y remarque en particulier : I. Sur le jargon anglo-francais voir E. Faral, Mimes frangais du XI siirlr (Paris, 1910), pp. -9-51, ct Rccueil general des
TARTICULARITES GRAMMATICALES
XXI
pour les sons, la chute de -e final : sir : dir 2403-4, Bretaing 2409, viel 2420, 2513, novel 2431, lecheri 2511, ermit 3025; la confusion, permettant de grossieres equi¬ voques, de et 6 ; bouse (= espouse) 3^33> de et / : foutre {— votre) 2509, 2909; pour les formes verbales, I’extension des d&inences en -a aux personnes et aux temps les plus divers : dira (fut. i) 2989, avra (passe i) 2410, samhla (pr. 5) 2867, porra (pr. 5) 3024, girra (pr. 3) 2992; la confusion de I’infinitif et du participe passe : cerchii... ne trover 241112, fout avoir 2424 et fout ne 2527; I’extension de I’auxiliaire etre, sous la forme fout, k I’actif comme au passif : fot cerchie 2411 « j’ai cherche » ou « je cherche », fout avoir 2424 «j’ai», fout pelez 2429, 2468, 2475 « est appele », fout portez 2565 « suis emporte »; pour la syntaxe, I’emploi de phrases a I’infinitif : fe savoir dir 2514, ou de verbes k un mode personnel avec sujet au cas regime : savre moi 2859, 2861, 2911; erreur sur les genres ; un viel 2420, 2513, bon lecheri 2511, bon changon 2859, 2911, un chandoil 2995, 2997, ton main 2995, ton moillier 3034; pour le vocabulaire enfin, I’apherese frequente qui entraine la disparition des preverbes : (a)pris 2416, 2860, (a)pelez 2429, 2468, 2475, (em)portez 2565, (a)lumer 2997, (en)gendrer 2998, (de)more 3022, (es)bouse 3033, (a)tandre 3034; I’emploi de mots etrangers iai 2418, 2440, 2577, godehere 2403, godistonnet 2440; la deformation plaisante des noms propres ; Lartu 2437, Olivant et Rolier 2912. fabliaux, piibl. par A. de Montaiglon et G. Raynaud, t. II, p. 178 (Paris, 1877), et cf. J. E. Matzke, Some examples of French as spoken by Englishmen in Old French literatur [Modern Philology, III, 47-60], et Hermann Albert, Mittelalterlicher englisch-franzdsischer Jargon [Studien zur englischen Philologie, LXIII]; Halle, 1922.
XXII
INTRODUCTIOX
Mesure des vers. — II y a lieu de tenir compte des faits suivants : I® enclise de en : jan 3204; de le : jel 1060, 1065, 1073, 1075, nel 1516, 1770, 1990, 1992 et non (= ne le) 108. I49» 387, i359> 2264, 2902, quit 1742, sel 1067, tou (= te le) 2496; de les : jes 1105. 2® fortes contractions telles que qiiil 1556 pour cut il, oil 90 pour se oil ou ce cil (cf. ce = se 483 c et c’il = s'il 129), si pour si i 441 ou se i 1018. 3® non-elision de e final devant voyelle, pour que : 55 (que il), 580 (que avez), etc.; pour les infinitifs en consonne + re : 107 (espandre et) etc,, ou d'autres formes verbales : 986 (giete au), etc.; pour des substantifs et des pronoms : 14 (rose es-pannisoit), 280 (terre aseiiree), 2850 (dame a), 3067 (dame ot), etc., 2167 (ce estoit) :par contre, elision quelquefois attestee par la suppression graphique de Ye final (nous avons en ce cas ajoute une apostrophe) : autr’ 1304, entr‘ 1567, 3242, et meme viv’, subj. pr. 3, 932. 4® liberte dans I’usage de la dierese et de la syner^se pour les groupes -iez, -ii, -ieu; et formes doubles : veez et vez 262.
BIBLIOGRAPHIE
itDITIONS
Le Roman de Renart, public d’apr^s les manuscrits de la Bibliothfeque du Roi des xiii*', xiv® et xv® sRcles, par M. D.-M. Meon; Paris, Treuttel et Wiirtz, 1826, 4 voL; un volume de Supplement, variantes et correc¬ tions, a et6 public par P. Chabaille; Paris, Silvestre, 1835-
Meon avait choisi, comme principale source de son texte, le manuscrit Fr. 1579 de la Biblioth^que natio¬ nal (C) qui appartient a la famille y. combinaison des deux families principales. Son edition garde le merite de nous presenter ainsi un autre type de collection que I’edition Martin. Mais Meon s’est aussi servi d’autres manuscrits pour completer le contenu de C, ce qui diminue la valeur de ce temoignage. Notre premiere branche esl au tome II, pages 1-126, de I’edition Meon, vers 9649-12986; les variantes de cette branche sont aux pages 142-159 du Supplement de Chabaille^ Le Roman de Renart public par Ernest Martin; Stras¬ bourg, Triibner, 3 vol. in-8; tome I, 1882, L’Ancienne collection des branches', tome II, 1885, Les Branches additionnelles', tome III, 1887, Les Variantes. Observations sur le Roman de Renart suivies d’un tableau alphabHique des noms propres. Supplement de
XXIV
BIBLIOGRAPHIE
I’edition du Roman de Renart par Ernest Martin; Strasbourg, Triibner, 1887. Le manuscrit reproduit par E. Martin est le ms. A pour le premier volume. La reproduction en est attentive et gen^ralement satisfaisante. Les variantes sont tr^s soigneusement recueillies. Les Observations sur les manuscrits et sur les diverses branches sont un peu sommaires, mais souvent justes et toujours prudentes. La Table des noms n’est qu’un index sans explications. Notre premiere branche est au tome I, page 1-90 de Tedition Martin; les variantes au tome III, pages 1-86.
Mario Roques, Fragments d’un ms. du Roman de Renart {Romania, XXXIX, 1910, pages 33-43). Edition des fragments conserves dans le volume N. acq. fr. 5237 de la Biblioth^que nationale; ces fragments (0), contenant des parties des branches I et VIII de Martin, proviennent d’un manuscrit qui parait repr6senter une contamination particuliere ou une forme ancienne de la combinaison conservee dans H.
Etudes historiques et critiques.
Leopold Sudre, Les sources du Roman de Renart; Paris, 1892. Sources livresques et folkloriques; les vues de I’auteur paraissent aujourd’hui assez contestables. Gaston Paris, Le Roman de Renart {Journal des Savants, septembre, octobre, decembre 1894, pages 54259. 595-617. 715-30. et fevrier 1895, pages 86-107). R^imprim6 dans Gaston Paris, Melanges de UtUrature frangaise du moyen age, publics par Mario Roques (Paris, 1912), pages 337-423. Examen critique du livre de L. Sudre, qui depasse celui-ci de toutes parts; c’est le premier expose m^tho-
ETUDES
XXV
dique et sans parti pris des probl^mes poses par le Roman de Renart. Sur plusieurs points il a fallu renoncer aux vues de Gaston Paris, mais son memoire reste pr^cieux et vraiment directeur. meme apr^s le livre de L. Foulet. Studien zu den Roman de Renart und den Reinhart Fuchs I. Heft,Die Uberlieferung des Roman de Renart und die Handschrift 0, von Dr. Hermann Buttner; Strasbourg, Triibner, 1891; _ • r II. Heft, Der Reinhart Fuchs und se%ne franzostscne Quellen von Dr Hermann Buttner; Strasbourg, Trubner, 1891. . - * + Ces memoires, surtout le premier, ont conserve toute leur valeur : I’etude et le classement des manuscnts par H. Buttner est une base n^cessaire du travail d edi¬ tion pour les diverses branches, dont Tauteur a bien mis en lumi^re les conditions differentes de transimssion. Le Roman de Renart par Lucien Foulet; Paris, Champion, 1914 [Bibliothfeque de I’ficole des Hautes Ftudes, Sciences historiques et philologiques, deux cent onzi^me fascicule]. Critique minutieuse et convaincante des systemes antdrieurs sur les origines et la formation du Roman', etablissement de la chronologic des branches; etude du contenu et des elements de chacune d’elles; apprecia¬ tion de leur valeur esthetique et historique. Die erste Branche des Roman de Renart nach Shi, Aufbau, Quellen und Einflusz von Dr. phU. Ulrich Leo, Greifswald, Bruncken, 1918 [Romanisches Museum, XVII]. , . , Ltude limitee k la branche I de Martin, sans les addi¬ tions I® et P.
XXVI
BIBLIOGRAPHIE
£tudes de lexique et de critique TEXTUELLE.
Remarques sur le Roman de Renart par Gunnar TilanGoteborg, Blander, 1925. Dans I’ordre des branches de I’edition Martin et des vers pour chaque branche. Les remarques relatives a la premiere branche sont aux pages 9-40. der;
Lexique du Roman de Renart par Gunnar Tilander; Paris, Champion, et Goteborg, Blander, 1924. Lexique alphab^tique, d’environ mille articles sur des mots, formes ou sens, releves dans I’ensemble des branches, et qui manquent ou sont peu attestes dans le dictionnaire de Godefroy. iVotes
sur le texte du Roman de Renart par Gunnar Paris, Champion [extrait de la Zeitschrift fur romanische Philologie, XLIV (1924), pages 658-721]. Les notes relatives 4 la premiere branche occupent les pages 659-664; elles portent essentiellement sur le texte edite par B. Martin, mais tiennent compte aussi des legons de B, Tilander;
LE ROMAN DE RENART
P
JL ERROZ, qui son engin ess’ art mist en vers faire de Renart et d’Isengrin son chier conpere, laissa le mieuz de sa matiere quant il entroblia les plaiz et le jugement qui fu faiz, en la cort Noble le lion, de la grant fornicacion que Renart fist, qui toz max cove, envers dame Hersent la love. Ce dist I’estoire es premiers vers que ja estoit passez 5rvers et I’aube espine florisoit et la rose espannisoit et pres fu de I'Acension, messires Noble le lyon toutes les baisstes list venir en son palais por cort tenir. Onques n’i ot beste si ose qui se tardast por nule chose, fors que Renart tant solement, le mal laron, le sodoiant, que tuit li autre vont huiant;
[i
2
I. — LE JUGEMENT DE RENART
et si le vont mout despisant et encusant devant le roi par son engin, par son desroi. Et Isangrin, qui pas ne I’aime, devant touz les autres se claime et dist au roi : « Biax tres douz sire, faites me droit de I’avoutire que Renart nst a m’espousee. dame Hersant, qu’ot enserree a Maupertuis, son fort repere, qant il a force li vost faire. A force li fist il li rous! dolenz en sui et coro90us; et conpissa toz mes loviaus : icist gieux ne fu mie biaus. Renart prist jor de I’escondire qu’il n’avoist pas fait I’avoutire : qant li saint furent aporte, ne sai qui li ot enhorte, et il se traist mout tost ariere. si se feri en sa taisniere. — Isangrin, laissiez ce ester : VOS n’i porriez riens conquester a ramentevoir vostre honte. Musart et li roi et li conte ' devieiment cop, hui est li jorz, et cil qui tienent les granz corz. Onques de si petit domaige ne fu tiex diaux ne si grant rage. » Dist Bruns li ors : « Biau tres douz sire.
24 [b]
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32
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48
52
V.
24-83
(martin, I,
24-83)
VOS porriez assez miauz dire, que il a fait tantes molestes et conchiees tantes betes. Est Isangrin ne morz ne pris, se Renart a vers lui mespris, que bien n’en soit prise vanjance? Isangrin a bien tel puissance, se Renart pres de lui mannoit et por la pes ne remannoit qui novelement est juree, ja envers lui n’avroit duree. Mais VOS estes prince de terre, si metez pais en ceste guerre; metez pais entre voz barons : cui VOS harez, nos le harrons et manderons de vostre part. S’Isengrins se plaint de Renart, faites le jugement seoir; c’est le mieuz que puisse veoir ;
se Tuns tout I’autre, si li rande et dou meffet li ploit I’amande. Mandez Renart a Malpertuis ; je I’amenre, se je le truis et VOS m’i volez envoier; je I’aprandrai a cortoier. — Sire Bruns, dit Bruianz li tors, maudahez ait, sanz vostre cors, qui ja conseillera le roi qu’il praingne amande dou desroi, de la honte, de I’avoutere,
3
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80
I. — LE JUGEMENT DE RENART
que Renart fist a sa conmere, ne mes ne Ten doit Ten aidier. Conment doit Isangrin plaidier de chose qui si est aperte et conneiie et descoverte? Et je sai bien, que que nus die, que ^’1 qui tot le mont conchie, Renart, icil maves lechierres, cil rous puanz, cil orz trichierres, eiist ma fame si baillie contre son cuer I’eiist saisie, ja Maupertuis nel garantist, ne forteresce qu’il feist que je ne I’euse tue et puis en un conpaing rue. Hersant, dont vos vint cist coraiges Certes, ce fu mout grant damajes c’onques Renart, cil fel, cil rouS, VOS
bati onques le velous,
— Sire Bruianz, dist li taissons, le mal, se ne I’abaissions, porra encor a pis torner; qar tel puet le mal enhorter et espandre et bien semer, qu’il nou porroit pas amander. Se Renart le list par amor, quel plait i a et quel clamor? Piega que il I’avoit amee : ja ceste ne s’en fust clamee, se fait I’eiist; mes par mon chief
V. 84-143 (martin, 1, 84-145)
5
Isangrin I’a pris trop en grief. Devant le roi et le barnaige
[2 a]
sera amendez cist outraige :
116
se li vaissiax est enpiriez et par Renart mal atiriez le vaillant d’une noiz de coudre, prez sui que je li face soudre,
130
lors qairt Renart sera venuz et li jugemenz iert tenuz; mes naiainz est, si con je pans,
124
que blamee est dame Hersans. Hai! quele honor de tel plait? Vostre man^ vos a ce fait a maintes bestes regarder. Certes, Ten vos devroit tuer,
128
c’il vos apele bele suer, se ja mes li portez bon cuer ; il ne vos aime ne resoigne. » Hersant rogist, s’en ot vergoigne,
133
trestoz li paus Ten va levant; si respond! en soupirant : « Sire Grinbert, je n’en puis mais : j’amasse mieulz assez la pais
136
entre mon seignor et Renai r. Certes, onques n’ot en moi part en tel maniere n’en tel guise; j’en feroie bien un jouise
140
en eve chaude ou en feu chant, mais esconduire riens ne vaut, lasse, chaistive, mal ostrue! i.K noMATs' nn
\\i
naht
1
6
I. — LE JUGEMENT DE RENART
que je n’en serai ja creiie,
144
Mes, par les sainz que Ten aeure
[b]
ne se Damedieu me sequeure, onques Renart de moi ne fist que de sa mere ne feist.
148
Por dant Renart nou di ge mie ne por amander sa partie : autretant m’est que Ten li face, qui que Taint ne qui que le hace,
152
con il m’est d’un charbon arsin; mais je le di por Isangrin qui de moi est ausi jalous que toz jorz en cuide estre cous.
156
Foi que je doi Piqart son fil, aen le premier jor d’avril ot .X. anz qu’Isengrin me prist, que Paques fu, si con il dist.
160
Mes noces furent si plenieres que noz foces et noz doieres furent toutes de bestes plaine,
certes voire, que a grant paine
164
poissent tant de vuit trover ou une ouc poist couver. Iliiesques devin ge s’espouse ;
ne me tenoit pas a genglouse
168
n’a soignant ne a beste foie. Or revendrai a ma parole :
onques puis, se Dex me doint joie, qui m’en viaut croire, si m’en croie, ne fis de mon cors lecheric,
172
V.
144-203
(martin,
t, 146-201)
7
ne malvaistie, ne puterie, ne mesfait, ne vilain afaire c’une none ne peiist faire. »
[2 a] i;6
Qant Hersant se fu esconduite et ele ot bien sa raison dite, Bernarz li anes, qui I’oi, dedanz son cuer s’en esjoi,
180
que lors cuida tout a estrous qu’Isengrin ne fust mie cous. « Ai! fait il, gentil barnesse, car fust or si loial m’anesse
184
et chien et leu et toutes bestes, dame Hersant, conme vos estes. Qant vos en avez tant jure, tout m’en avez aseiir^ :
188
ja mes ne vos en mesquerr6; tel sairement vos en ferai que, se Diex me face pardon ne il me laist trover chardon
192
qui soit tanres a ma pasture, que vos onques n'eiistes cure de Renart ne de son deduit ne de s'amor, si con je cuit.
196
Mais li siecles est si mauvais, si mesdisanz et si pugnais, qu’il blame ce que loer doit et tesmoigne ce qu’il ne voit. Ai! Renart, fox, mal senez, con de male eure tu fus nez et engendrez et conceiiz.
200
8
I.
LE JUGEMENT DE RENART
que tu ne seras ja creiiz!
204
Ja estoit la novele issue
[b]
que Hersent aviez foutue et ele en viaut faire un joise ouques ne fu par vos requise;
208
Renart I’ol, mais ne dist rien, de respondre se garda bien, ain9ois se taist, si ne dist plus. Vos savez bien tuit coixe sus :
212
celui qui ne se puet rescorre, ' tuit li autre li corent seure. » Grimbert li taissons se leva; se il puet, Renart aidera,
216
que ses cousins germains estoit. Devant le roi venuz est droit, son chapel oste, si s’escout : « Seignor, fait il, taissiez vos tout.
220
Ha! gentix rois, frans debonaire, car metez pais en cest afaire, si aiez de Renart merci. Laissiez le moi amener ci
224
et 9a venir a sauvete. De ce qu’Isangrins I’a restc tele amandise Ten fera com vostre cort esgardera;
228
et se il I’a fait par despit, le targement et le respit qu’il a fait de venir a cort araandera ainz qu’il s’en tort. — SirCj ce respont li conciles,
232
V.
204-263
(martin, I,
202-247)
onques ne vos ait sainz Giles, se VOS plaist et le conmandez, se ja Renart i est mandez hui ne deraain; se il vos siet, apr6s demain, si ne vos griet, le faites a force amener et puis tel livroison livrer si qu’a une foiz s’en chastit. Maintes foiz a pris tel despit : que une autre foiz s’en recort! » Respont Nobles : « Vos avez tort, qui Renart volez forsjugier. Tout ce poons nos bien laissier, que, se nus de vos maine orgeil, ce meimes li pant a Toil. Renart ne h6 ge mie tant, por ce que tuit le vont nuisant, que je le voille ore honir, se il vers moi viaut obeir. Isangrin, prenez cel joise que vostre fame vos devise, se vos laisier ne Ten volez. — Je Ten prandrai, se vos volez! Se Hersant portoit le juise ou ele estoit arse ou esprise, lors le savroit qui or nel set, liez en seroit qui or vos het; lors diroient tout a estrous ; « Veez le coup, vez le jalous! » Miauz me vient il, selonc ce plait.
10
I. — LE JUGEMENT DE RENART
soufrir la honte qu'il m'a fait tant que je m’en puisse vainer; mais, ainz c’om doie vandangier, cui ge Renart mener tel guerre ne le guerra ne ciel ne terre ne murs ne fossez desfansables. — Or dont, dit Noble, au deauble! Or me dites, sire Isangrin, prandra ja vostre guerre fin? Cuidez i vos riens gaaignier en Renart ansi menacier? Foi que je doi saint Lienart, je connois tant les faiz Renart, ein^ois vos puet il faire anui, honte et vergoigne, que vos lui. D'autre part la pais est juree et la terre aseiiree : qui la fraindra, s'il est tenuz, mout malement sera venuz. » Quant Isangrin oi le roi qui de la pais prenoit conroi, touz fu honteus, ne sot que faire, ne il n’en set a quel chief traire. A la terre entre .ii. eschames s’asist sa qeue entre ses james. Or estoit bien Renart cheii, se Diex li eiist porveii. En tel point I’avoit pris li rois, la pes fust maugre les irois et la guerre preist ja fin
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V.
264-323
(MARTIN, I,
248-309)
eutre Renart et Isangrin, se ne fust Chantecler et Piute, qui avenoit a cort soi quiute, devaut le roi de Reuart plaindre. Or est li feus gries a estaiudre, que sire Chauteclers li cos et Piute qui pout les oes gros et Rouse et Noire et la Blauchete, atraiueut une charroite euuoree d’uue cortiue : dedauz gisoit true geliue qu’eles amaiuaut eu litiere tout autresi cou uue biere. Reuart I’avoit si malmenee et aus danz si desfiguree qu’i li avoit la cuise traite et la detre ele dou cors traite, Qaut li rois ot meugie assez, et de plaidier estoit lassez, ez VOS les geliues a taut et Chautecler paumes batant. Piute s’escrie premeraiue et les autres a louge alaiue ; « Por Dieu, fait ele, geutix bestes et chieu et leu, si cou vos estes, qar couseiUiez ceste chaitive. Je he Tore que je sui vive. .V. freres oi de par mou pere, toz les menja Renart li lere : ce fii grant perte et grant dolors;
12
I. — LE JUGEMENT DE REN ART
de par me mere .v. serors,
324
jones puceles et meschines,
[b]
mout i avoit beles gelines; Girarz dou Fraite les paissoit. qui por pondre les angroissoit;
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li las mar les i angraissa : onques Renart ne Ten laissa de totes .v. vivre une seule. toutes passerent par sa geule. Et
VOS,
332
qui la gisiez an biere,
ma douce suer, m’amie chiere, com
VOS
estiez tandre et grase!
Que fera vostre suer la lasse,
336
qui a grant dolor vos regarde? Renart, la male flame t'arde! tantes foiz nos avras folees et chaciees et tribolees
340
et descirees noz pelices et enbatues en noz lices. ler a none pres de la porte nous gietas tu no seror morte,
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si t’en fois par mi un val; Girarz ii’ot mie isnel cheval, que il ne te pot mie ataindre. Venue me sui de toi plaindre
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et je ne truis qui droit m’en face, que tu ne criens autrui menace, n'autrui corroz, n’autrui paroles. » Pinte la lasse a cez paroles chei pasmee ou pa\’-ement
.3S2
V.
324-383
(martin. I,
310-367)
13
et les autres tout eusement, Por secorre les .1111. dames
[4 a]
se leverent de lor eschames
356
et chien et leu et autres bestes;
I’eve lor versent sor les testes, Quant revinrent de paumoison, si con nos en I’escrit trovom.
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la ou le roi virent seoir toutes li vont as piez cheoir et Chantecler s’aagenoile, de ses lermes les piez li moille.
364
Qant li lions vit Chantecler, pitiez li prist dou bacheler : un soupir a fait de parfont, ne s’en tenist por tout le mont;
36s
de mautalant dresce la teste; puis n’i ot si hardie beste, ors ne sangler, qui poor n’ait qant lor sire fremie et brait.
37-
Tel paor ot Coarz li lievres .nil. jorz Ten pristrent les fievres.
Toute la cort fremist ensanble; li plus hardiz de paor tranble; onques n’orent coroz greignor,
376
qant braire oirent lor saignor. Par mautalant la teste dresce; si se debat par tel destresce que toute en sone la meison. Puis fu itele la raison : « Dame Pinte, dist I’enperere,
380
14
I. — LE JUGEMENT DE RENART
foi que je doi I’ajne moQ pere dont je ne fis aumoue hui, mout me poise de vostre smui, mais je nou puis ore amander. Je ferai ja Renart mander qaut cist cors sera anterrez, si que vos a voz iaux verrez com grant vangance en sera prisse ; j’en ferai faire un grant jomse de la meschine et del desroi. » Qant Isangrin 01 le roi, ilnelement en piez se dresce ; « Sire, fait il, c'est grant proece se VOS Pinte vengier pouez, mout grant honeur i averez, et sa seror dame Coupee que Renart a si devoree, Si nel di je pas par haine : ain9ois le di por la geline qu’il a morte que je ne face por chose que je Renart hace. » Dist I’anperiere : « Biaus amis, cist granz diaux ou Renart m’a mis n’est mie voir le premeraim'. A vos et as autres me claim et plain, si con je faire voil, de I’avotire et de I’orgoil, de la traison qu’il a faite et de la pais qu’il a anfraite. Mais or laispns ceste parole.
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V.
384-443
(martin, I,
368-423)
Sire Bruns, prenez ceste estole, et VOS, sire Bruianz li tors, reconmandez Tame dou cors. La jus an mi cele costure me faistes une sepouture entre ce plain et ce jardin; si parlerons d’autre Martin. — Sire, fait Bruns, vostre merci. » A tant vont I’estole saisir, lui et un autre soulement, et li rois son conmendement et tuit li autre dou concile ont conmenciee I’evangile. Sire Tardis li lime^ons lut par lui seul les .111. le9ons et Roonniaus chanta les vers et le trait Brichemers li cers et Bruns li or dist I’oroison que Diex gart Tame de prison. Qant I’evangile fu finee et ce vint a la matinee, le cors porterent enterrer; mais ain9ois Font fait seeler en un vaissel riche de plon, einz plus riches ne vit nus hon; si I’enfoirent soz un aubre. Par deseure mistrent un maubre, si ont escrit le non la dame et la vie desor la lame neele a sel et a grafe ;
l6
I. — LE JUGEMENT DE RENART
puis out escrit en I’espetafe : « Desoz cel abre, an mi ce plain, gist Coupee, la suer Pintain. Renart, qui chascun jor enpire, en fist as danz tel decepline. » Qui done veist Pintain plorer, Renart maudire et devorer, et Chantecler ses piez estandre, mout grant pitiez Ten polst prandre. Qant le cors ont bien enterre et grant dolor ont demene : « Enperiere, font li baron, car nos vangiez de cest larron qui tantes guiches nos a faistes et tantes pais nos a anfraites, — Volentiers, ce dist I'enperiere; car i alez Brun, biax douz frere : VOS n’averez de lui regart. Mandez Renart de moie part atandu I'ai .111. jorz antiers. — Sire, dist Bruns, mout volantiers. » A tant s’an tome I’enbleure par mi le val d’une couture; Bmns ne cesse ne ne repose. Lors avint a cort une chose qui enpira Renart son plait; que Coupee granz vertuz fait, que messires Couarz li lievres, qui de paor tranbla les fievres, •III. jorz les avoit ja eiies.
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V. 444*50^ (martin, i, 424-483)
17
si les avoit iloc perdues , sus la tonbe dame Coupee;
[5 a]
que, quant ele fu enterree,
476
onques ne s’en vout departir, si ot dornii sus le martir. Si a Isangrin 01 dire que ele estoit vraie mar tire;
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dist qu’il avoit mal en I’oroille, et Roomniax bien le conseille : sor la tombe dormir le fist;
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lors fu garis, si conme il dist,
483
b
mais, ce ne fust bone creance
483
c
dont nus ne doit avoir dotance
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et Roomniax qui le tesmoigne, la cort cuidast ce fust man9onge. Qant a la cort vint la novele, a tex i ot ne fu pas bele;
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mais a Grinbert fu ele laide, qui por Renart a la cort plaide entre lui et Tibert le chat. S’or ne set Renart de barat,
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mal est bailliz, s’il fust tenuz; que Bruns li ors est ja venuz a Maupertuis, a son repaire. tres par mi I’adresce d’une aire.
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Por ce que il fu gros par cors, ce poise lui, remet dehors; trait soi devers la barbacane. Et Renart, devers meriane, por reposer se traist ariere
500
i8
I.
LE JUGEMENT DE EENART
en mi le fonz de sa taisniere : il avoit ja garni sa fouse d’une geline grasse et grosse et avoit mangi6 au matin une cuise d’un gras poucin; si se repose a grant aaise. A tant es vos Brun a la haise ; « Renart, fait il, parole a moi : je sui Brun, mesagier le roi. Venez 9a fors en ceste lande, si VOS dirai que il vos mande. » Renart set bien ce est li ors : bien I’a reconneii au cors; si se conmence a porpanser conment il se porra tanser. En grant paine est d’estudier comment le puisse concMer. « Bruns, fait Renart, biax douz amis, com an grant poine vos a mis qui 9a jus vos fist desvoier! Je m’en devoie a cort aler, mais qu’eiisse mangie ain9ois d’un merveilleus mangier fran9ois. Sire Bruns, mais vos ne savez. Ten dit a cort:« Sire, lavez » au riche home, quant il i vient. Gariz est qui ses manches tient : de premier dou buef a I’^es apres vienent li autre mes, qant li sires en viaut avoir.
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1712
1716
1720
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V.
1702-1761
(martin, I®,
1642-1697)
que onques gre ne m’en seiistes. Et VOS, misires Chantecler, qant je vos fis le chant chanter, que par cele gorge vos ting; VOS m’eschapates par angin. Et a vos di ge, Brichemer, je vos fis ja fol resanbler : par mon anging et par mon los euste vos ost^ dou dous
59 1732
[15 a]
1740
.III. corroies qui mal vos firent;
assez i ot de ceus quil virent. Et vos, sire Pelez li raz, je vos fis ja tenir as chaz, qant vos eiistes mangie I’orgc : il vos estraintrent cele gorge. Et vos, monseignor Tiecelin, et a vos di ge, dant Belin, je vos fis ja mes jeus puir : si bien ne peiisiez fouir, vos i laisisiez vostre gage, con vos feites au fromage que je menjai a rnout grant joie por ce que mestier en avoie. Et vos, Rousiaus li escuriaus, je vos fis ja de mout granz diaus, qant je vos dis qu’estoit juree la pais et bien aseiiree : dou chaine vos fis je descendre; ice vos quidai ge chier vandre, par la qeue vos ting as danz,
^7^
1748
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1756
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6o
I.
LE SIEGE DE MAUPERTUIS
mout futes pres d’estre dolanz. Q’iraie ge faisant lone conte? N’i a celui n’aie fait honte; encor vos en cuit faire assez, eingois que cist ans soit passez, que I’anel ai en ma saisine que me dona ier la roine : bien sachiez que, se Renart vit, tel le conperra q’ainz nel vit. — Sire Renart, dist li lions, mout par est forz vostre donjons, mes n’est si forz ne I’aie pris; n’en tornerai, s’iert en feu mis. D’une rien bien vos aseiir : a mon vivant le siege jur; ne por pluie ne por orage n'en tornerai en mon aage tant que li chastiaus soit randuz et vos par la geule panduz. — Sire, sire, ce dist Renart, ainsi menacent li coarz. Mais, ain9ois que il soit randuz, vos sera il mout chier vanduz, que ceanz a assez vitaille ne cuit devant un an me faille ; si a ceanz maintes gelines et maintes bestes hermelines, si a assez de gras fromages, grosses brebiz et grasses vaches; en cest chastel est la fontaine
1764
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V.
1762-1821 (martin, i», 1698-1757)
qui mout es clere et froide et saine. Et d’une riens me puis vanter : taut ne set plovoir ne vanter, se I’eve dou ciel cheoit toute, n’en enterroit il ceanz goute. Cist chastiaus est si bien asis ja par force ne sera pris. Or VOS seez, je m’en irai : traveilliez sui, si mengerai avec ma fame la cortoise; se jeiinez, pas ne m’en poise. » A icest mot jus s’en avale, par un gichet entre en la sale. La nuit segornent cil de Tost et I’andemain leverent tost. Ses barons fist li rois venir : « Seignor, fait il, del asaillir nos covient a apareillier, que ce larron voil acrochier. » A icest mot se lievent tuit; au chastel alerent de bruit. Li assauz fu molt merveillos, einz nus ne vit si perillos : des le matin jusqu'a la nuit ne finerent d’asaillir tuit. La nuit les a f Oiit departir : vont s’en, si laisent I’asaillir; et I’andemain apres mangier reconmencerent lor mestier, einz ne s’i sorent si pener
6i 1792
[16 a]
iSoo
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IS20
62
I. — LE si^:ge de maupertuis
que pierre en poissent lever. Bien en fu recreiiz li rois, einz n’i perdi Renaxt un pois. Onques ne laissierent nul jor que n’asaillisent a la tor, mes ue la porent enpirier dont el vausist mains un denier. Un soir estoient travoillie et d’essaillir mout annoie; chascuns dormi seiirement en sa loge priveement. Et la roiene estoit irie et vers le roi mout corociee : couchiee estoit a une part. A tant es vois issu Renart de son chastel seiirement; voit les dormir serreement : chascuns gesoit del6 un chaine ou delez fou ou delez fresne. Renart a bien chascun lie ou par le poing ou par le pie; mout par a fait gran deablie ; a chascun abre le suen He, neis le roi par mi la qeue : grant mervoille est s’il la desneue. Apres s'en va par la roine la ou ele gesoit souvine; entre les ganbes li entra. Ele de lui ne se garda, einz quidoit que ce fust le ber
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V. i822-i88i (martin, i»
'
1758-1817)
qu’a lui se vosist acorder. Or poez oir grant mervaille : cil la foutoit, ele s’esvaille; qant sot que Renart I'ot trajie, si s’escria come esbahie, et ja estoit Tabe crevee et jor et grant la matinee. Por le cri sont tiiit estormi cil qni estoient endormi; de Renart le rous s’esbahirent, qant avec lor dame le virent, et, por ce que il la foutoit, sachiez que pas ne lor plaisoit. S’escrient tuit : « Levez, levez, et prejujie larron praiez! » Messires Nobles en piez saut et sache et tire et riens ne vaut; a pou la qeue n’est ronpue, grant demi pie est estandue, Et li autre sachent et tirent, a poi li cul ne lor descirent. Mes dant Tardis li lime^ons, qui dut porter le confanon, oublia Renart a Her : cil cort les autres deslier; trait I’espee, si lor desnoe, a chascun coupe de la coue : dou deslier est si hastez assez i a des antamez; ain9ois qu’il soient desnoe,
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I. — LE SIEGE DE MAUPERTUIS
sont li plusor tuit escoue. Envers Renart s’adrescent tuit, si con il pueent, au grant bniit; et quant Renart les vit venir si s’apareille de fouir. A ce qu’il entre en sa tainiere Tardis le saisi par derriere. par mi les piez a soi le tire : mout se contient bien conme sire. A tant i vint li rois poingnant et tuit li autre esperonnant, et dant Tardis, qui Renart tient, parole au roi qui devant vient; de totes parz le tienent tuit, toz li oz en fremit et bruit. Este VOS Renart qui est pris; mout en sont lie cil dou pais. « Sire, dist Isangrin au roi, por amor Dieu, balliez le moi et j’an ferai tele vangance c’on le savra par tote France. » Li rois n’en vost faire naient, de ce sont il lie et joiant. Les iaux ont fait Renart bander; li rois li prist a demander ; « Renart, Renart, dist li lions, ci a de tiex escrepions qui VOS vendront ore 1’outrage que fait avez en vostre aaige et le deport de la roine
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[bl
1S88
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1904
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V.
1882-1941 (martin, la
1818-1879)
65
que VOS teniez hui sovine : 1912 de ma honte vos vi ge prest, mais or sai bien comment il est. Or VOS metront ou col la hart, si parlerons d’autre Renart. » [17 a] Lors Isangrin en piez se dresce, si prant Renart par la chevesce, dou poing un si grant cop li done que li os del col Ten resonne; 1920 et Brans li ors par le giron ses danz li mest jusqu’au braon; et Raonniaus par mi la gorge .III. torz le fist pandre a une orge; 1924 Tibert li chaz gita les danz et les ongles qu’il ot poignanz, Renart saisi au peligon : bien li valut une frigon; 1928 Tardis, qui porte la baniere, li a donee une cropiere. Tant veissiez bestes venir que li tierz n’i puet avenir; 1932 tant en i vient aval la rue, qui n’i puet avenir s’i rue. Dant Renart, qui maint home engingne, fiert mainte beste et houcepingne; 1936 ne set soz ciel que faire puisse, mout orient que a morir I’esstuisse. Renart n’i avoit nul ami, tuit li estoient anemi. 1940 Bien savez vos certainement
I. — LE SliGE DE MAUPERTUIS ceste parole apertemant que, puis que hom est antrepris et par force liez et pris, bien puet savoir a cel besoing qui I’aime et qui de lui ait soing; por dant Grinbert le di, qui pleure por daut Renart c’om si deveure : ses parauz fu et ses amis. Qant il le vit lie et pris, ue set conment il le rescoue, que la force n’est mie soue. Pelez li raz s’est avanciez; centre Renart s’estoit lanciez, entre ses piez chiet en la foie; Renart I'aairt par mi la goule, entre ses danz si fort restraint morir le fait, si le destraint; onques nus d’aus ne s’i garda, nus ne le vit ne regarda. Ma dame Fiere I’orguellouse, qui mout est fiere et desdaingnose, s’en estoit de sa chanbre issue; d’ire nercist trestoute et sue et por Renart et por I’anui que devant touz li a fait hui. Dou don de I’anel se repant, qu’ele set bien qu'a Toil li pant : contraire en cuide avoir assez, qant cist contraires iert passez, mes el n’en viaut faire sanblant.
V. 1942-2001 {martin, I^ 1880-1937)
Son petit pas souef anblant devant Grinbert iert arestee, si a parle conme senee : « Sire Grinbert, dist la roine, mar vit Renart son mal con vine et sa folie et son outrage : hui en regoit mout grant domage. Je VOS aport ici un brief : nus n’a paor de mort si grief, se I’avoit par bone creance, que ja de mort eiist doutence; se dant Renart I’avoit sor lui, il n’i morroit mie mes hui; ne por droiture ne por tort n’avroit hui mes paor de mort. Distes de par moi le re9oive, basset que nus ne I’apargoive, que grant pitie me prant de lui. Gardez nel distes a nului, Grinbert, se Diex me beneie : je nel di pas par lecherie,
67
1972
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a]
1976
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1984
1988
1992
mes, por ce qu’il est afaistiez,
me poise qu’il est deshaitiez et que tel honte li voi faire, que mout est frans et debonaire. » Grinbert respont : « Dame honoree, franche roine eoronee, cil qui haut siet et tot remire et de toz biens est rois et sire,
qui
VOS a mis a grant honor.
1996
20U0
68
I. — LE SIEGE DE MAUPERTUIS
icil vous gart de desanor, que, s’il en puet eschaper vis, encor sera il vostre amis. » A icest mot le bref li tent et Grinbert volantiers le prant, et la roine li consseille mout priveement en I'oreille, et quant il sera eschapez de la ou il est atrapez, que il ne laist en nule guise, por I’amor que il a anprise, que il a lui parler ne voise priveement et sanz grant noise. A icest mot se departirent. Si anemi Renart mar virent : enz ou col li ont la hart mise. Mout par est pres de son joise, quant Grinbert, ses cousins, i vient, ' trueve Renart qu’Isangrin tient : traire le viaut a force sus; li autre se sont trait en sus. Dant Grinbert parla hautement, oiant trestoz, et sagement : « Renart, sanz nule autre devise, or est venuz vostre joise, par ci VOS en covient aler. Vos VOS deiissiez confesser et faire lais a voz anfanz que VOS avez petit et granz. — Vos distes voir, se Dieu me gart :
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V. 2002-2059 (martin,
69
1938-1999)
droiz est que chascuns ait sa part. Je lais mon chastel a I’aizne, que ja n’iert pris par home ne; ma tor et mes granz forteresces lais ge raa fame as beles treces, et mon fil I’autre, Percehaie lais je I’essart Robert Fresaie ou il a tant souriz et raz, il n’en a tant jusqu’a Araz; a mon petit fil Renartdel lais je I’essart Martin Fauvel et le cortil derriers la granche ou a mainte geline blanche : assez i trovera vitaille, ne cuit que ja mes jor li faille, de ce se porra bien gairir. Ne lor sai plus que departir. — Pres est, dist Grinbert, vostre fins et je sui ci vostres cousins, de vostre avoir aucune rien me laisserez, si ferez bien et si ferez mout grant savoir. » Ce dist Renart : ((Vos distes voir. Foi que devez sainte Marie, se ma fame se remarie, tolez li ce que je li lais, et si tenez ma terre en pais, que mout m'avra tost oublie, qant el me savra devie. Oar qant li horn gist en la biere. LE
ROMAN
DE
RENART
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[18 a] 2036 a 2036 h 2036 c
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I. — LE SIEGE DE MAUPERTUIS sa fome regarde derriere s’ele voit home a son plaisir; ne puet pas son v< loir taisir, qant plus regrete et va plorant, que ne li face aucun sanblant.
Tout autresi fera la moie :
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[b]
jusqu’a tierz jor ravra sa joie.
Se mori'seignor le roi plesoit et une chose me faissoit que il vousist je fusse moines,
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reclus, hermites ou chanoines, et me feist vestir la here, certes, se ce li voloit plaire,
icel mortel siecle et I’anvie lairoie : plus n’an ai an vie. » Dist Isangrin : « Cuivers traitres, ce que est ore que vos dites? Tantes guiches nos avez faites et maintes farlores atraites. Se aviez vestue la gone, en VOS avroit bele persone! Ja Diex au roi ne doint honor, se ne vos pant a deshonor et se il ne vos aseiire que la harz est vostre droisture : qui de mort vos respitera, ja mes mes cuers ne I'amera. » Respont Renart : « Sire Isangrin, or seront vostre li chemin;
encor est Dieux la ou i siaut.
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V. 2060-2119 (martin, i», 2000-2061) si VOS conseillera, si viaut. » Et dist li rois : « Or tost dou pandre! Je ne quier, certes, plus atandre, » Ja fust panduz, que qu’il s’an plaigne, qant li rois garde en la chanpaingne et vit une grant chevauchie ou mairte dame avoit iriee. Ce fu la dame dant Renart, qui vint poingnant tout uu essart et mout venoit hastivement, merveilleus duel ala menent; si troi fil ne s’i atarjoient, avoc li grant duel demenoient : lor point detortent et detirent, lor chevoux et lor dras descirent tel noise font et tel criee q’an les oist d’une liuee. Ne vienent pas trop belement, einz chevauehent isnelement; un somier tout chargi^ d’avoir amainent por Renart ravoir. Ainzgois qu’il deist sa confesse, ont il deronpuee la presse et vindrent a si grant desroi que cheii sont au pie ie roi. La dame s'estoit avancie, qui au pie le roi est lancie : « Sire, merci de mon seignor, por amor Dieu le creator ! Sire, donrai vos cest avoir.
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I. — LE SifeGE DE MAUPERTtJlS
se de lui viaus merci avoir. » Li rois choisi le grant tresor par devant lui d’argent et d’or; de I’argent fu mout couvoitous : « Dame, fait il, foi que doi vos. Renart est si vers moi mesfaiz, tant a anuiz a trestoz faiz, nus ne le vos porroit retraire, si en doit Tan justise faire, que de son mesfait ne s’amande. Bien a deservi c’om le pande : ce me dient tuit li baron aus torches pandent le laron, et por voir, se je ne lor ment, par ceus iert livrez a torment, — Sire, por Dieu en qui tu croiz. pardonez li a ceste foiz. » Li rois respont : « En Dieu amor, je li pardoin par vostre amor : par tel couvent vos iert randuz q’au premier mesfait iert panduz. — Sire, fait ele, je I’otroi: ja n’en sera requis par moi. » A tant le firent desnouer. Li rois le fist o soi monter et il i vint touz desliez, les menuz sauz, joianz et liez. « Renart, fait il, gardez vos mes. De ce avez vos ore pes, mes quant vos remesferez primes.
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V. 2120-2179
(martin,
I®, 2062-2121)
VOS revanroiz a ce meismes. — Sire, fait il, Diex me desfande, que je ne face qu’en me pande. » Grant joie fait a sa mainie, que devant lui ne rit il mie ; cestui baise, cestui anbrace, ne vit mes hui riens qui li place. Qant Isangrin le vit delivre, il vosit mieuz morir que vivre. Grant poor ont trestuit de lui qu’i ne lor face encore annui; si fera il, se Diex li done que il voie vespres ou none. Torner voloit Renart arriere, qant li rois garde en la charriere et vit trestout droit une adroice une biere chevaleresce. Ce estoit Chauve la souriz et Pelez li raz, ses mariz, que Renart avoit estrangl6, qant de desoz lui I’ot git6. Et la conpaigne dame Fauve estoit, la suer ma dame Chauve, et .X. que freres que serors; vienent au roi faire clamors, que filz que filles, bien .XL., autres paranz plus de .lx. De la dolor qu’il demenoient, trestuit ainsi con il venoient, li airs dou ciel retentisoit
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— LE SifeGE DE MAUPERTUIS
et tout li mondes fremissoit. Li rois s'estut un pou a destre por savoir que ce pooit estre; enteut le cri, entent la noise : il n’a talent que il s’envoise. Qant Renart voit le duel venir, de poor conmence a fremir : sa fame en envoia arriere, tel poor a de cele biere, et sa mainie et ses anfanz et il remest li sodoianz. Tout coiement issent de Tost, a lor chastel en vienent tost; Renart remest en avanture. La biere vient grant aleiire; ma dame Chauve par la presse, ou vit le roi, a lui s’eslaisse, si li crie merci en haut; a terre chiet, le cuer li faut; la mere chiet de I’autre part. Trestuit se plaignent de Renart et font une noise si grant que Ten n'i oist Dieu tonant. Lt li rois vost Renart reprandre, mais il ne le vost mie atandre, einz s’en foi, si fist que sage, que pres li estoit son demage. N’avoit que faire de son conte : desus un grant chesne s'en monte; apres lui vont tuit aroute,
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V.
2180-2239
(martin, I^
2122-2181)
souz le chesne sont arest6: le siege gurent en viron : n’en des^andra se par aus non. Li rois li dit et li conmande qu’il vaingne a lui et si des9ande. « Sire, ce ne ferai ge mie. se tes barnages ne m’afie et VOS ne me donez ostage que je n’i avrai nul domage, que je voi ci mes anemis en viron moi, ce m’est avis : se il me tenoient a plain, douroient moi tel frapelain. Or VOS tenez la jus tuit coi. contez d’Auchier et de Lanfroi, qui set noveles, si les cont et je I’orroi de ci amont. « Li rois 01 gaber Renart, de mautalant tressue et art; .11. coignies fist aporter, le chaine pristrent a coper. Renart a grant poor eue. qant ceste chose a queneue; les barons vit iluec rangiez, chascuns atant qu’il soit vangiez; ne set conment s’en puisse aler. Renart conmence a avaler et tint en son poing une roche; vit Isangrin et si I’aproche. Oiez cbm il fist grant merveille ;
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I.
RKNART TEINTURIER
le roi en fiert joste Toroille; por .c. mars d’or ne se tenist li rois qu’a terre ne venist; tuit li baron i acoroient. Endementres qu’il entendoient, saut jus Renart et tome en fuie; et d’autre part chascuns le huie, et dient tuit si con il sont que ja mes ne le chaceront, que ce n’est pas chose resnable, einz est un rain de vis doiable. Or est remes le chaceiz, fuiant s’an va le plaiseiz. Le roi enportent li baron droit ou palois en sa maison. Un jor se fist li rois saingnier et vantouser et bien baignier tant que il vint en la sante ou il avoit devant este; et Renart ensi en eschape, mais or gart bien chascun sa chape! Le roi a fait son ban crier, par tot plevir et afier que, qui porra Renart tenir, que ja nou face a cort venir, ne roi ne conte n’i atende, mes maintenant I’ocie ou pande. De ce fu mout pou a Renart, fuiant s’an va tout un essart; son petit pas s’an va avant
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V.
2240-2299
(martin,
2182-2243)
et en viron lui regardant : n’est mervoilles s’il se regarde, que de toutes bestes a garde. Desor un grant tertre s’areste, vers oriant torna sa teste; lors dit Renart une proiere qui mout fu precieuse et chiere : « Hauz Diex, qui maint en Trinite, qui de tanz periz m’as garde et m’as soufert tant mal a faire que je ne deiise pas faire, garde mon cors avenantment par le tien precieus conmant, et si m’atome en tel guise, en’ tel maniere me devise, ja ne soit beste qui me voie qui sache a dire qui je soie, » Vers oriant sa teste ancline, grant cop se fiert en la,' poitrine, dresce sa poue, si se saingne; en piez se dresce en la montaigne. Mes de fain fu en grant destrece : envers une vile s’adresce en la maison d’un tainturier qui mout savoit de ce mestier. Sa tainture avoit atornee au miaux que pot et destanpree : faite I’avoit por taindre en jaune; si estoit alez querre une aune, dont il voloit un drap auner
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I. — RENART TEINTURIER
q’an la cuve voloit ruer; laissiee I’avoit descoverte, et la fenestre avoit overt€ dont il veoit a sa tanture con ele estoit et neste et pure. Renart en un cortil s’en entre por querre pasture a son vantre; le cortil a trestot cerchie et de toutes parz revcrchi^, ne puet trover que il menguce. Par une fenestre anz se muce; Renart ne vit goute dedanz : il goint les piez et si saut anz. Esbahiz fu, vint a I’essonbre, oiez con li pechiez Tanconbre! maubailliz fu et deceiiz : dedanz la cuve estoit cheiiz; au fonz s’anz va, plus n’i demore, isnelement re vint desore; la cuve ot auques de parfont, par desus noe qu’ii n’afont. A tant este vos le vilain, qui portoit une aune en sa main, et li vilains dresce I’oreille, Renart oi, mout s’emervoille; a terre gite toz ses dras, a lui en vient plus que le pas, choisi Renart en la tainture, a lui en vint grant aleiire; ferir le voloit en la teste
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V.
2300-2359
(martin, Ib,
3244-2307)
qant il connut que ce fu beste; mais Renart forment li escrie : « Biau sire, ne me tiiez mie! Je sui baiste de ton mestier, si te puis bien avoir mestier; souvent en ai este lassez, si en sai plus que tu ne sez, encor t’en cuit assez aprandre de meller tainture avec 9andre : tu ne sez pas conment Ten fait.» Dist li vilains : « Or oi bon plait. Par ou entrastes vos ceanz? par ou venistes 9a dedanz? » Ce dist Renart ; « Por destanprer ceste tainture et atemprer : c’est la costume de Paris et de trestout nostre pais. Ceste tainture tot a droit bien I’ai atornee a son droit. Aidiez moi tant que fors en soie, puis vos dirai que je feroie. » Qant li vilains Renart entent et vit la poe qu’i li tent, par tel vertu i’a sachi6 fors a poi ne li sache dou cors. Qant Renart vit qu’il fn au plain, .11. paroles dist au vilain : « Prodom, entant a ton afaire, que, je n’en sai a nul chief traire; mes en ta cuve ou fui sailliz
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I. — RENART TEINTURIER
a poi n’ai este mal bailliz. Ensi m’aist Sainz Esperiz, noiez i dui estre et periz; grant paor ai eii don cors ; Diex m’a aidie qant j’en sui hors. Ta tainture est bien prenant : jaunes en sui et toz luisanz; ja mes ne serai conneiiz en leu ou aie este veiiz; mout par en sui liez, Diex le set, que trestot li mondes me het, » Qant Renart vit qu’il fu a plain, si se depart de son vilain. A icest mot de lui se part, fuiant s’en va tot ua essart; mout se regarde et se remire, de joie conmanga a rire. Va son chemin tote une voie; vit Isangrin, torment s’esmaie, ou il atandoit s’avanture que fain avoit a desmesure; mout par estoit et grant et forz. « Diex, dist Renart, or sui ge morz Isangrin est et grous et gras et je de faim maigres et las, et si en ai soufert angoise; ne cuit que ja mes me connoisse, mes au parler, ce sai ge bien, me quenoistra sor toute rien : g’irai avant a que que tort,
V.
2360-2419
(martin,
ib, 2308-2371)
s’orrai noveles de la cort. » Si panse et dist en son corage que il cliangera son langage. Isengrin garde cele part, si a veil venir Renart; dresce la poue, si se saingne, ein9ois que il a lui parvaingne, plus de ,c. foiz, si com je cuit; tel paor a par poi ne fuit. Qant il ot ce fait, si s’areste et dist que mes ne vit tel beste : d’estrange terre est venue. Ez VOS Renart qui le salue; « Godehere, fait il, bel sir, ne sai rien de ton raison dir, —• Et Diex VOS saut, fait il, amis, dom estes vos? de quel pais? VOS ne futes pas nez de France ne de la nostre connoissance. — Naie, seignor, mes de Bretaing, s’avra tot perdu mon gaaing et fot cerchie par men conpaing, ne trover neant que m’ansaing. Toute France et tote Angleter font cerchie por mon conpaing quer; si voil Paris torner ain9ois, tant avrai mout bien pris fran9ois. — Et savez vos nul bon mestier? — lai je font mout bon gieugloier, mes si font ier robert batu
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I. — RENART TEINTURIER
et mon viel me fout tolu; ne menjai ver .ii. jorz entiers, or si men jut mout volentiers, — Comment as non? dist Isangrin. — Je fout avoir non Galopin. Et VOS conment, sire proudom? — Sire Isangrin m’apele Ton. — Et VOS fout ne en cest contree? — Oil, maint jor i ai este. — Comment fu pelez cist pais? — II a non France, biaus amis. — Et savez vos dou roi novel? — For coi? tu n’as point de viel. — II fout preudom, mout volentiers recoit la gent de mon mestier. Je fout savoir bon lai breton et de Mellin et de Notun, dou roi Lartu et de Tritan, de Charpel et de saint Brandan. — Et sez tu le lai dam Isset? — lai, iai, dist il, godistonnet; je les savrai mout bien trestouz. » Dist Isangrin : « Tu ies mout prouz et si sez mout, si con je croi. Foi que tu doiz Artu le roi, vei tu ainz, se Diex te gart, un rous gar^on de pute part, un losangier, un tr^tor qui one n’ot cn lui nule amor, qui tot de9oit et tot angingne?
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V.
2420-2479
(martin, i'’,
2372-2431)
Mais, se Diex done je le tingne, sa vie sera mout petite, que de lui iert la terre quite. Avant ier eschapa le roi. tant sot de guile et de desroi, que pris estoit por la roine que desoz li gita souvine et por autres forfaiz assez dont il ne puet estre lassez. Tant m’en a fait que je vodroie que il tornast a male voie. Se je le pooie tenir, tost I’escovandroit a morir : li rois m'en a done congie et conmande et ostroie. » Renart tenoit le chief anclin : « Par foi, fait il, dant Isangrin, mauves lecher font il desvez; comment font il donques pelez? dites moi conment il a non font il dont apelez Anon? » Isangrin rit, qant celui ot. et por le non d’Anon s’esjot. Mout I’amast il ja a savoir. « Volez, fait il, son non savoir? — Oil ver, con font il pelez? — Renart ot non li desfaez qui grant honte et dolor nos maine. Damediex li doint male estraine et male ancontre a son lever.
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I. — RENAKf TEINTURIEK
male mort le pulse acorer! Anui avra, que qui demore, et si ne gardera ja I’eure. — Donques fout 11 njout malmenez, se VOS fout 11 lui ancontrez. Par la foi que do! saint Martin ne saint Tomas de Qantforbir, por tot I’avoir que Diex aver ne voroie lui resanbler. — Vos avez droit, dist Isangrin, ne VOS guerroit Dieu n’Apolin ne toz li ors qui soit en terre que ja mes lor meiissiez guerre. Mais or me di, fait il, amis dou mestier dorn ies entremis, sez an tu si servir a cort que nus gugleres ne tou tort et que n’en soies antrepris par nul home de cest pais? — Par mon saignor saint Jursalen, ne fout itel trove aen. — Donques en vien aveques moi et je te condurai au roi et a ma dame la roine, qui mout est cortoise meschine, et ge te voi et bel et gent, si t’acointerai de la gent; se tu viaux a la cort venir je te feroi mout chier tenir. — Foutre merci, dit Galopins;
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V.
2480-2539
(martin, iI',
2432-2489)
je fout Savoir bons frecopins, je sai vef liii bon lecheri, dont je fout mout a cort chieri; si fout avec moi un viel, je savoir dir bon son novel, si fout il ver dit de changons* por VOS qui resanblez prodons. « Dist Isangrin : « Sez que ferai ? Vien t’en : une viele sai chi6s un vilaint ou tote nuit i asanblent li vilain tuit; a ses anfanz en fait grant joie, n’est nule nuit que je ne I’oie. Par la foi que je doi saint Pere, la viele est et bone et clere; se venez avec moi a cort, celui avrez a que que tort. » Andui se metent a la voie, si s'en alerent a grant joie. Dant Isangrin asez li conte conment Renart lor a fait honte; assez li dit de son ganglois, et il li respont en anglois. Tant sont ale qu’il sont venu tries la meson a un randu, tout droit ou Isangrin savoit celui qui la viele avoit. Dedanz le cortil au vilain s'en alerent andui a plain; le vilain ont mout redoute. / LE ROMAN DE RENAAT
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I. — KKNART TEINTUKIEK
lez la paroi sont acoute; illeuc acotent le deduit que li vilains foit toute nuit. Oant li dormirs lor va hatant, couchier s’en va, plus n’i atent. Isangrin a drecie I’oroille, primes regarde et puis oreille, q’an la paroi un trou avoit, plus a d’un an qu’il I’i savoit, et par une es qui fu fandue vit la viele au do pandue. Souflant et ronflant durement, adont vit que il vont dorment; un matin vit delez le feu, delez la couche a fait son leu, par un pou que au feu ne touche, mais li essonbres de la couche ne laissa veoir Isangrin. « Frere, fait il a Galopin, atent toi ci, g’irai veoir conment nos la porrons avoir. — Font moi dont sol? ce dist Renart. — Conment? ies tu dont si couart? — Couart? nai, nai, mes j’ai paor par ci no passera contor : ce fout si sol, tot fout portez et tot fout je desfigurez. » Isangrin I’ot, durement rit, li cuers forment li atendrist, si li a dit : « Par Dieu amor.
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V.
2540-2599
(martin, lb,
2490-2547)
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00 CO
einz ne vi hardi juglaor ne saige clerc ne saige fame : qant ele plus a, plus forsane, 2573 et tant con ele est plus a aise, [22 a] puis quiert que ele est en mal aise, et qant plus a ce qu’ele veut. 2576 tant quiert ele plus dont se dieut. •— lai, iai, vair, vair, dist il, jel voi, ce dit Renart qui ainz n’ot foi, Se fust or ci icist Renart, 2580 ja fust il touz pandu a I'art. — Laissiez ester, dist Isangrin, jo sai molt bien tot ce chemin. Mais or te couche a ceste terre 2584 et g’irai la viele querre. « Puis en vint droit a la fenestre conme cil qui bien savoit I’estre. D’un bastonet fu apoie, si estoit a clore laissie. Isangrin est montez en haut, par la fenestre leanz saut; illuec ou la viele pant 2593 s’en va tout droit et si la prant, si I’a son conpaingnon tandue et si I’a a son col panduee. Renart porpanse que fera. 2596 con Isangrin conchiera. « Ja bien, dist Renart, ne me vaigne, se ne li vant, conmant qu’il praigne. » A la fenestre droit en vint
I. — RENART TEINTURIER au bastonet qui la soutint, le baston boute et ele clot et Isangrin laianz anclot. Cuida close fust par lui sole; lors a grant paor de sa goule. Au saut que la fenestre prist et a la noise qu’ele fist fu li vilains tos estordiz et sailli sus toz andormiz; sa fame apele et ses anfanz : « Or sus! que larron sont ceanz. » Li vilains saut, c’est sa costume, vint a son feu et si I’alume. Qant Isangrin le vit lever, vit qu’il vost le feu alumer, un petitest se trait arriere, par la nage le prant derriere. Li vilains a gete un cri; li matins I’ot tantost oi : Isangrin a pris par la coille, enpaint et sache et tire et roile, tout erraige ce que il pant. Mais Isangrin mout pres se prant derrier as naches au vilain, mes de ce avoit le cuer vain et sa dolor li angraignoit que li chiens as danz le tenoit, Tant se sont loianz travail!^ que Isangrin ont escoillie. Li vilains huche ses voisins
V. 2600-2659 (martin, Ib, 2548-2607)
89
et ses paranz et ses cousins : « Aidiez, por Dieu I’esperitable!
que ceanz conversent deable. » Isangrin vit les huis overz, et les vilains feus et angres;
a congnies et a ma9ues vienent corant par mi les riies.
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2636
Entre la porte et le vilain
fait Isangrin un saut a plain, si fort le hurte qu’il I’abat
dedanz la boue trestout plat;
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des .nil. piez vient a la terre,
ne set son conpaignon ou querre. Par les vilains s’en va fuiant et cil le vont apres huant; tres devant I’uis en mi la boue truevent le vilain ou il boue,
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trait Ten ont fors a quelque paine;
d’un mois ne fu sa plaie saine.
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Isangrin pas ne s’aseiire, fuiant s’en va grant aleiire :
n'avoit cure de sejorner. Lors conmanga a avesprer, ou bois se met en une sante; mout fu dolanz, mout se demente por ce qu’il a perdu la chose, mes a nuli dire ne I’ose, que, se sa fame le savoit, ja mes de cuer ne I’ameroit. Mes por ce va il si grant erre :
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90
I.
RENART TEINTURIER
or ne se set I’en en qui croire. Tant vient, taut vait daut Isangrins santiers et voies et chemins, et urlant et menant grant rage, a bien petit que il n’enrage; tant fait qu’il vint a sa loviere; par I’uis s'en entre par desriere, sa mainie trove laianz : « Diex sait o vous, fait il, ceant! » Nc par la gaires hautemant, mais tout basset et matement. Dame Hersant estoit a aise, au col li saut, .c. foiz le baise, et si fil saillent, si I’acolent, entor lui ganglent et parolent; mais, s’il seiisent son afaire, autre joie covenist faire. Qant ont mangi6 tout a laisir, si parolent d’aler gesir; lor i ot il, bien le sachiez, paroles, ainz qu’il fust couchiez; mout grant piece s’i arestut, et ne porquant couchier I’estut. Hersant la love face a face jut avec lui et si I’enbrace; si se conmance a raiiser et durement a reculer, mais ne li vaut, si con je cuit ; encor orra tel chose anuit dom il n’eiist or nule anvie.
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[b]
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V. 2660-2719 (martin,
2608-2667)
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qu’il n’a soing de sa conpaignie. Hersaut I’aiibrace, oil se trait en sus, n’a soing de son atrait.
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« Que es ce, fait ele, biau sire? M’avez vos dont coilli en ire?
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— Dame, fait il, et que volez? — Si faites ce que vos savez.
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— Je n’en sui mie ore aaisiez, mes tornez vos, si vos taisiez. » Dist Hersant : « Je ne me puis taire, einz vos covient la chose faire.
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— Quel faire, va? — Ce qui covient et qu’a totes fames avient. — Laissiez nioi tost, n’en ferai mie : or deiisiez estre andormie
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et dire vostre paternostre, que vigile est de saint apoutre. ja n’i avra mestier vegile :
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— Sire, fait ele, par saint Gile, se vos volez m’amor avoir, faites en tost vostre pooir. » Dame Hersant sovant le hate et cil se tome et ele tate
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ileuc ou la coille soloit estre par raison et par droit : ne trova mie de la coille. a Lasse, fait ele, ou est m’andoille
qui ci ileuc vos soloit pandre? Toute la vos covient a randre. ^Dame, fait il, je I’ai prestee ;
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I. — RENART TEINTURIER
a une nonain I’ai prestee
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qui en son cortil me vost prandre, mais bien I’a fiencie a randre. Hersant respont de main tenant : « Sire ce n’est pas avenant :
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s’ele avoit fait .xiii. fiances, don6 ploiges et aliances, si la leroist ele encorre; it;.ais alez, ne finez de corre
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et si dites a la nonain, a I’orde, la male putain, que plus ne demort ne atande, mais tost vostre andoille vos rande.
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Se une foiz I’avoit santie, tost en avroit sa foi mantie, einz que ele la vos randist; si fust droiz que on vos pandist : qant ele I’a en sa baillie,
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n’en avroiz, sachiez, ja mes mie. Mise m’avez ore en esfroi : demain m’en clamerai au roi.
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— Pute vielle, dist Ysangrin, demain aiez vos mal matin! Qar vos taissiez, si ne parlez, que mal jor vos soit ajornez!
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Gardez que vos n’en parlez plus. » A tant Hersant dou lit saut sus ; « Filz a putain, maves traitres, a tant n’en irez vos pas quites : se ne m’estoit par un petit,
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V. 2720-2779 (martin,
2668-2729)
je VOS trairoie fors dou lit, se Diex me doint demain veoir! » Lots s’est alee a I'uis seoir; forment conmence a soupirer et ses cheveus a descirer, ses braz estraint, ses braz detort. plus de .c. foiz jure la mort; .c. foiz se pame en petit d’eure, mout se debat et se deveure : « Que fera ge, lasse, chaistive? mout me poise que je sui vive. Or ai ge perdu toute joie et la riens que je plus amoie; onques n'oi mes si grant esmai. Dolante, lasse, que ferai? Qant j'ai receii tel anui, que ai ge a faire plus de lui? Mais aut ermites devenir. en un bouchage Dieu servir : qui de tel chose est mehaigniez joie en pert toute, ce sachiez, et hardemant, force et color; perdue a tote sa valor. » A icel duel qu’ele demaine, de genz fu totd la cort plaine. En la meson en est antree. au lit s’en va conme desvee : « Or sus, fait ele, danz vilains! Alez VOS an a voz putains; ne sai ou futes entepris.
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I.
RENART TEINTURIER
mes bien en ont le gage pris. Ainsi doit Ton mener celui qui sa fame a et prant Tautrui. Foie est qui enpres lui se couche, autant i vauroit une 90uche : je ne quier mes a lui couchier, n’il ne doit a moi aprochier; quant fl ne puet la chose faire, que ai ge plus de lui que faire? » De lui ne sait mes que reprandre, vers li n’ose un sol mot randre. Dame Hersant fu noble et here et toujorz ot este legiere, cointe et plaine de grant orgueil; les .nil. piez mist sor le soil et a tome le cul au vant : c’est la costume bien sovant; ne prist congie a son baron, nO I’aime mes se petit non. Or vous dirai de I'autre part del felon traitor Renart, que Isangrin engingnie a par son anglois que il parla et s’en torna par le bouchage, qant Isangrin laisa an gage. Mout s’esbaudist, mout se conforte por la viele qu’il enporte; va s’an a tote la viele, n’oi plus d’Isangrin novele. Taut fist Renart qu’en .xv, dis
V. 2780-2839 (martin, Ib, 2730-2782) fu bien de la viele apris : saiges fu et bien esprovez, onques tiex bers ne fu trovez. Ensi se va par la contree. taut qu’il a sa fame trouvee ; 0 lui menoit un jovancel qu’espouser voloit de novel, cousin Grinbert le taison fu. Renart les voit, si s’arestu : sachiez bien les a conneiiz tantost con il les a veiiz. Ja eiist Poincet espouse, s’il eiist juglaor trove; mais la dame n’avoit nul tort : tuit disoient que estoit mort. Tibert li dist, se Diex le saut, que il le vit lever en haut et si li vit ou col la hart (il li senbloit mout bien Renart) et si le vit as torches pandre, Ce fist la dame mari prandre, et si li respondi briement ; « Je ne vos en mescroi noient, que bien sai qu’il avoit tant fait vers son saignor de mauves plet, se nus des barons le puet prandre. ja n’i avra mes que dou pandre,» N’i ont plus tenu parlemant, baissier se vont estroitement, Qant se furent estroit baissie,
95
2812
[24 a] 2816
2820
2824
2828
2832
2S36
96
I. — REN ART TEINTURIER
mout en furent joiant et lie.
2840
Renart ne se pot plus tenir, si eu a gite un soupir, si dist souef autre ses danz : « Espoir tu en seras dolanz. » Grant piece avoit amee I’ot,
Lb]
mais dant Renart n’en savoit mot; ame s’estoient de lone tans, Renart le savra tout a tans :
284S
autel refont, ce m’est avis, tel dame a en cest pais. La dame son novel seignor baise et acole par amor.
2852
Renart virent vers aus venir et la viele au col tenir; mout furent lie, pas nel conurent, salu6 I'on si con ii durent ;
2856
« Qui este vos, font il, biau frere? — Biau saingnor, je fout bon guglere et savre moi mout bon chanson, que je fout pris a Besangoii,
2860
et encor moi bon lai savrai, nul meillor juglaor n’avrai. Je sui mout bon jugler a touz, bien sai dire et chanter bons moz.
2864
Par foi que doie saint Tomas, sanblant ferez de Tholomas et si sanbla bons rois amer. Ou vodras tu ainsi aler? » Sire Poincet li prist a dire :
2868
V.
2840-2899
(martin,
lb, 2783-2841)
97
« La messe volons faire dire. si en alons vers le moutier. Ceste dame voil nogoier :
2872
ses sire est morz novelement, li rois I’ocist vilainement,
[25 a]
mainte foiz li avoit forfait, or li a Tame dou cors trait.
2876
Renart ot a non li lechierres, - mout fu traitres et trichierres, mainte traison avoit faite, s’en est sa gole en haut traite.
2880
.III. fil en sont remes mout bel, qui mout sont cointe damoisel; lor pere quident bien vangier einz que I’an doie vandangier.
288 4
Meii sont ja por querre aie a ma dame Once la haie : touz li mondes est en sa main et toz li monz et toz li plain;
28 S8
il n'en a beste jusqu’au porz tant soit bardie ne tant fort, ors ne lion ne autre beste, qui vers lui ost drecier la teste.
2S92
Por soudees i vont li frere, si que il ont laisie lor mere, qui mout par est cortoise dame. Je la prandrai par tans a fame, ensi est la chose atornee que demain sera m’espousee. » Renart respont entre ses danz :
2896
1. — RENART TEINTURIER
« Certes, tn en seras dolanz. Encor en charas en tel briche non vodroies por une fliche. >< « Certes, sire, ce dit Poinciaris, qui mont fu avenant et biatrs, se VOS aus noces volez estre, or ne nos faut mes que le prestre; je VOS donrai demain assez, se VOS o nos venir volez. — Foutre merci, fait il, bel sir, et je VOS ferai atapir. Moi savroi bon chanson d’Ogier et d’Olivant et de Rolier et de Charlon le viel chanu. — Bien saie tu donques venu. » Entre ses danz dist li maufez : « Et VOS saiez li maux trouvez. » A tant se metent a la voie : Renart viele, et font grant joie, tant qu’il vindrent a la taisniere, qui mout estoit grant et pleniere. Qant Renart vit adeserti son chastel gaste et ermi, ja soit ce qu’il n’en fait sanblant, le cuer en a tritre et dolant : en son cuer pause, se il vit, tiex en plorra qui or en rit. Par le pais et par la terre envoie cil ses amis querre; tant poissiez bestes veoir
V. 2900-2959 (MARTIN; 1^, 2842-29OI)
c’om n’en poist conte savoir; de mout loing i assanblant tuit, par la vile mainent grant bruit. Dame Hersant i est venue, Isangrin est remes en mue : novelement laissie I’avoit par un mehaing que il avoit. Dieu jure et Sainte Patenostre ja mes ne gerra a sa coste : qu’a Ten a faire d’ome en chanbres, puis que il n’a trestoz ses manbres? inais voit a Dieu, si se porchat, droiz est que tot li monz le chat; por tant s’en est de li tornee. Aus noces vint bien atornee, et des autres i ot grant flote, et Renart lor chante une note. A grant joie lor noces firent et Tiberz et Grinberz servirent. Toutes sont plaines les cuisines de raz, de cocs et de gelines; autres viandes i avoit selon ce que chascuns voloit, et li gugleres lor chanta, qui a toz mout atalanta : einz n’oirent mes tel janglois. et il demande en son anglois. Apres mangier se departirent hastivemant, savez que firent; einz n’i remest ne bons ne mans.
09
2933
\25 a\ 2936
2940
2944
2948
2952
2956
xoo
I. — RENART TEINTURIER
fors eus, ne cheveluz ne chauz :
296c
chascun s’en va en son repere; Renart remest son mestier faire. Dame Hersant o I’espousee s’en est dedanz ]a chanbre entree
[b]
et a Poincet a fait son lit, on quide faire son delit. A une Hue d’ileuc ot, si que Renart mout bien le sot,
2968
une tombe d'une martire dont VOS avez bien oi dire, c’est Coupee qui la gisoit. Trestoz li mondes I’i savoit,
2972
qu’ele faissoit apertement a toz vertuz communement : nus horn n’i vient, tant soit enters, ou soit moines ou lais ou clers,
2976
de tot les maux que il eiist isnelement gariz ne fust. Devant i fu Renart venuz, s’avoit ileuc .ii. laz tanduz
2980
et un broion en terre enclous; bien le ferma a .iiii. clous; a un vilein I’avoit amble, ilec I’a repost et hante :
2983 a
bien sot qu il an avroit affaire,
2983 c
qu’il savoit mout de maint afaire.
2984
Qant vit qu’il dut aller gesir, I’espouse fist a lui venir, si li a dit a son langage :
2983 b
V.
2960-3017
(martin,
l'’, 2902-2961)
101
« Poiiicet amis, fai tu que sage :
2988
se tu croiz ce que toi dira, merveilles bien t’en avaudra. Et que es ce je t’os bien dir : 2992
laissus girra un bon martir. por lui fera Diex granz vertuz, se tu i vas 0 les piez nuz
[26 a] 2996
et porte un chandoil den ton main et voillier toute nuit demain. ton chandoil font ileuc lumer, tu fot un fil avoir gendrer. » Ce dist Poincet : « Mout volantiers. » A taut se metent es santiers;
2000
en sa main porte une chandoile qui plus cler art que une estoile; desus un mont en une conbe, 3004
illeuc troverent cele tonbe. Renart s’estut, n’ala avant : « Passez, seignor, dit, va avant! » Cil va souef, mout se redoute;
3008
Renart toujorz avant le boute. tant fort I’ampaint qu’il chiet es laz : par le col et par mi les braz il est cheiiz enz el broion, 1
3012
qui chevilliez est ou cloon. Cil tire fort et le braz froise; li laz li refont grant engoise, forment s’esforce, forment tire;
30T6
Poincez reclaime la martire que li soit verois aidanz, LE
ROMAN
DE RENART
7
102
I. — RENART TEINTURIER
que ci n’a nus de ses paranz; tire et retire, riens ne vaut. Renart le renposne d’an haut : « Poincet, vos a assez ore et VOS fait avez trop more; mout amera vos cel martir. que n’en porra vos departir. Vodrez vos devenir ermit, moiues ou reclus en abit ? Se toi voudra moi servire et je le ferai de bon gre, que hermites fout devenir et 0 vos le martir tenir. Ce sera hui mes mervoilliez, se vous voudra hui mes veilliez et vos futes novel bouse et ton moiller fu mout tandre. » Li jorz en va, vient nuit oscure; a tant ez vos grant aleiire Jill, gaignon et un vilain qui estoit sires dam Bretein; le bouchage avoit bien apris. Poincet troverent entrepris; tant Pont tire et desachie que tout Pont mort et despecie. Renart le vit, mout s’en esmaie; fuiant s’en va lez une haie,\ les granz galoz s’en va arriere, si se refiche en sa taisniere. Sa fame trova souvinec,
3020
3034 [b]
3028
3032
3036
3040
3044
V.
3018-3077
(martin,
lb, 2962-3021)
qui atondoit sa desstinee;
103
3048
mout li poise que tant demeure, ja ne quide venir a I’eure. Qant vit venir le jugleor tout seul, si ot mout grant paor.
3052
Qant Renart I’a gisant trovee : « Or sus! fait il, pute provee, or sus! si tenez vostre voie! gardez que ja mes ne vos voie.
[26 a] 3056
Mout est mauvese vostre sorz : je ne sui mie encore morz, einz sui Renart, ce m’es avis, sains et haitiez et trestoz vis.
3060
Mout avez tost le duel beii que VOS avez de moi eii. Or sus! fait il, levez de ci, s’alez veoir vostre mari;
3064
sachiez conment il se contient, que la martire le detient. » Qant la dame ot la parole, a poi que de duel ne s’afole :
3068
« Lasse, fait ele entre ses danz, este mes mariz 9a dedanz. » Dant Renart prant un grant baton, si li poia sa livroison
3072
et fiert et crie cele part tant qu’el crie : « Merci, Renart! Sire, fait el, merci te cri : lai moi vive aler de ci. — Or fors! fait il, que par mes danz
5076
I. — RENART TEINTURIER
104
mar antarez ja mes ceauz. Ja ne garez mes a ma coste, qant receii avez tel oste. Je
VOS
3080
trancherai le baulevre
et le grant nes sor cele levre, et si
VOS
folerai ce ventre
la bouele qui est on ventre vous saudra fors par le crepon,
3084
[b]
maugre vostre novel baron. Et
VOS,
fait il, dame Hersant,
assez fait mal qui le consant.
3088
Pute orde vielle, dont vos vient? Assez escorche qui pie tient. Ahi! fait il, quex .ii. harnesses! C’estoient or les beles messes
3092
que faissiez por moi chanter de voz croupes faire tiier. Ce sache Dieus et saint Martins, or est venue vostre fins. » Et qant eles .ii. ce oirent,
3096
sachiez que pas ne s’esjoirent. Bien sorent qu’engenniees furent. qant au parler le reconurent,
3100
mais grant mervoille lor est prisse ou si faite coulor a prise; bien cuident estre enchantees. forment en sont espoantees, de paor Tune et I’autre tranble. Mout s’esmaierent, ce me sanble (et Renart si les avoit prisses.
3104
V. 3078-3137
(martin,
I'’. 3022-3085)
fors de la meson les a misses),
103 5108
dame Hersant por son Saignor, qant ot perdue la color et la barbe li est cheiie, puis qu’il ot la coille perdue;
3112
dame Hermeline li raconte que venue li est grant honte. « Qui chaut? ce dit dame Hersant. Mout sera povres notre sans,
[27 a] 31
se nos ne retrovons mariz : dont sera toz li monz failliz. Nos troverons des jovenciaus, d’uns et d’autres, de genz, de biaus,
3120
qui bien feront noz volentez : de folie vos dementez. —• Vos distes voir, ce dist la dame; mais mout est lait de vielle fame
3124
qui ne orient honte et deshonor de li honir et son saignor. Ensorquetout on me dissoit que mes mariz panduz estoit :
3128
se j’avoie autre mari pris, avoie je de riens mespris? J'ai bien ceste chose essaie : « fame mesprant a la foie ».
3^32
— Vos dites voir, ce dist Hersant, mes cist mesprandres n’est pas gent : mespris avez en tel maniere, qar voir vos estes trop legiere; VOS
estes conmune as gar9ons.
3136
loO
I.
—
RENART
TEINTURIER
trestuit vos montent es ar9ons. Mais je ne fis onques folie, ne malvestie, ne lecherie,
3140
fors une par ma mesprison a dant Renart, vostre baron, qui mes loviaus ot conpissiez, mesaiimez et lesdangiez. » Dame Hermeline ot la parole. respont li conme fame foie; jalouse fu et enflamee que ses sires I’avoit amee
3144
[b]
314S
et dist : « Ne fu ce puterie et mauvestiez et lecherie? Grant deshonor et grant put age fe'istes vos et grant outrage.
3152
qant vos soufrites mon baron qui vos bati vostre ort crepon. Pute vieille, pute remese. Ten vos deiist ardoir en brese.
3156
si que la poudre fust vantee, qui a moi vos estes vantee de mon seignor qui vos a fait. Ai! com avez or forfait!
3160
Qui vos meist un fer ou con si chaut con il ist dou charbon, qant vos aviez vostre seignor et vos faissiez tel deshonor! Et est male euvre d’autre pan, qant vostre fil sont tuit batart; tos vos en fu li diaus outrez.
3164
V.
3138-3197
(martin,
3086-3147)
qant les eiistes avoutrez.
107 3168
et meimes vostre. saignor avez VOS fait tol deshonor que ja mes ne sera amez et tout ades iert cous clamez, »
3172
Mout li dist lait et se degrouce, sachiez que formeut se corroce. Hersent li respont an riant : « Mout a en vos pute puant,
[^7 a] 3176
qui vostre seignor aviez et puis un autre preniez. Mout est de cuer vain et eschars, qant il ne vos a le cul ars.
3180
Mout par estes de maves estre, de paior ne poez vos estre, que plus estes pute que mouche qui en este les genz entouche.
3184
Qui que vainne ne qui que aut, vostre tesniere ne li faut : le miaux tenez a vostre part. Se por ce sont mi fil bastart,
3188
foi que je doi sainte Marie, por ce nes giterai ge mie : qui touz les vodroit fors giter les batarz et deseriter,
3192
assez avroit plus de puissance que n'a li miaudres bers de France. Mais vos qui estes bordeliere les av.outrez conme merdiere les voz enfanz, ce set Ten bien :
3i9 la petix est garantie. asne a pont (batre come) 1067, comme on bat un dne pour vaincre sa rdpugnance d pas¬ ser sur un pont. atemprer 2344, mdler, remuer un mdiange. atent toi 2559, reste, demeure. atrainent 302, trainent (une charrette ). aus 1704, sans doute graphic pour oz pluriel de ost, armde. avale 1219, avaler 2236, descendre. avanture (estre en) 1036, courir le risque de. avenantment 2281, gracieusement. avenoit 206, arrivait. avotire 410, avoutere 83, avoutire 30, adultdre.
aagenoile — color B bacon 1068, pUce de lard. bailie 973, enceinte. bJirat 492, 831, 865, 916, 1002, 1082, 1322, 1386; baraz 994, 1411;' ruse, tromperie; 821, sens douteux; Vinterpritation de G. Tilander (Rem., p. 20) par voleur ne convient pas d la suite des idSes. On pourrait penser d un sens voisin de celui de barate : « dSsordre, confusion », et comprendre : « vous 6tes trap dSlicat : des quantitSs de souris et de rats, vous n’y toucheriez pas, je crois ». barbacane 499, fortification avancie dev ant une porte murale. barnesse 183, 3091, noble dame. basset 1515, 1988, tout basset 2670, d voix basse, tout bas. bastonet 2587, 2600, tige de ^ bois qui maintient levi I'abattant d’une fenetre. bati 102, IOS4, 3154, pi's. 3 de batre, bcUtre; cf. crepon, croupe, tuer, velous. baulevre 3081, bcU&vre, 1’en¬ semble des deux livres. belement 2107, tranquillement. biere 306, 333, 2059, 2166, 2188, 2194, ziggvar. Ia,caisse d&couverte pour le transport d’un mort; cf. chevaleresce. bieu (por le cuer) 563, = Dieu, dans un jurement. boise IS3S, pr. 3 ds boisier, tromper. bole 617, pr. 3 de boler, railler. bordelidre 3195, prostitute. bordon 1479, 1484. 155°. iS76, 1594, baton de phlerin.
167
bouchage 2768, 2803, 3039* bois. bouele 3084, tripes. braon 1673, 1922, chair de la cuisse. bresil 1065, bercail. bricbe 2901, pitge, mauvaise situation. broion 2981, 3011, pitge d gros gibier, traquenard.
C cendre servatit de mordant d la teinture. chaceiz 2251, pour suite. chael 1005, petits (durenard); cf. cheaux. chape (garder sa) 2260, plai~ samment : se mtfier, se tenir d I’abri. cheaux 1548, pi. de chael; cf, chael. chemin (or seront vostre li) 2088, vous ferez ce qui vous plaira; — (je sai molt bien tot ce) 2582, je sais me tirer d’affaire. chevaleresce (biere) 2166, bi&re portte comme une litihre par deux chevaux, I’un devant, Vautre derrilre. chevesce 1918, encolure. chievret 1619 var.H, chevr^uil. chose 2655, membre viril; 2700, 2787, acte marital; — essaie (j’ai bien ceste) 3131, fen ai fait la verification, cloon 3012, cldture d claire-voie. coille (la) 886 var. H, 893, 2619, 2713,2715,3112. 3251. les parties. color de rectorique 1317, couleur de rhttorique. 9andre 2338,
i68
GLOSSAIRE
conchiant p. pr. 1400, conchie P*- 3 90. 617, 942, conchiee p. pa 56, conchier 518, conchiera fut. 3 2596, conchiez p. P'1 920, de conchier, troniper. conchiement 1107, tromperie. concile 425, conciles 233, 1349, 1413, assembUe, cour. conpaing 98, bourbter. conpissa 37, urina sur. conseillera 2099, donnera avis, conseilliez vos impSr. 1039, confessez-vous, consseille pr. 3 2007, parle priviment. contor 2564, seigneur. conversent 2632, pr. 3 de converser, s’assembler, Hre rSunis. cop att. pi. 49, V. coup, corbillet 1620 var. H, corbeau. corpe (moie) 1053, coupe (la mole) 563, 1110, mea culpa. corroie 1741, lanihre; (ploier la) 567, tromper, attraper comme au jeu de boute-en-corrrie. cortil 2041, 2305, 2534 var. H, 2537. 2721, jardin potager. cortine 303, tenture sous im dais. cortoier 78, se presenter A la cour royale. costure 417, couture 466, cul¬ tures. 90uche 2784, souche. coulie 1204, pr, 3 de coloier, tendre le cou. coup rig. sg. 262, cop ati. pi. 49, cous suj. sg. 156, 182, 80s, 922, 1720, 3172. rig. sg. 1379, att. sg. 1372, trompi, cocu. coupable (se rendre) iiS9, dire sa coulpe. coupe 563, mo, v. corpe. couture 466, v, costure.
couvine 1976, conduite. covreture 417 var. H, couvert d’arbres; cf. Tilander, Rem., p. II. creance (bone) 483 c, 1981, foi sincire. crepon 1674, 3085, croupion; — (batre le) 3154, couvrir, cf. croupe. crie 1174, pr. 3 de crier, crier. crope 1054, cf. croupe, cropiere 1930, coup sur la croupe. croupe 1212; crope (batre la) 1054, couvrir, cf. crepon, veloux; croupe (faire tuer sa) 3094, V. tuer. cruds 1095, trou, repaire. cui 267, qui 958, pr. i de cuidier, penser, croire. D danree 555, denrie, quantiti d’une marchandise correspondant d un prix de i denier. deablie 1600, 1843, tour de diable. debonaire 221, 1996, de bonne race. decepline 448, 1094, exicution, massacre. defois (metre en) 1489, s'opposer d. degrouce (se) 3173, se fdche. deguerpisse 1487, renonce d. delez 1839, 1840, aupris de. deputaire 1559, de pute aire 638, 747, 1453, malhonnite, mauvais. desachi6 3041, icarti. descirer 2754, descirent pr. 6 2104, arracker, rompre. deseure (estre au) 909, avoir le dessus.
conchiant — csprise desfaiz 1405, exScutS. desfiguree 308, desfigurez 2566, abimS, estropiS. desroi 82, 393, 410 var H, 801, 2113, 2454, disordre, irregtilariti, incorrection. desstinee 3048, ce que chacun pent espirer, ce qui lui revient. destanpree p. pa. 2296, destanprer 2343, faire fondre, mtler dans un liquide. destresce 380, douleur. desvoier 521, dStourner. determine p. pa 1340* conclu. detort 2755 pr. 3, detortent 2103 pr. 6 de detordre, tor dr e. detre 310 ( = destre), droite. deveure 1200, 1948, 2758, w. devorer. devise 2284, pr. 3 de deviser, arranger. devorer 450, deveure pr. 3 1200, 1948, 2758, maudire; devoree p. pa 400, mise en pUces. doiere 162, proprement galerie, id taniire. droit (a son) 2348, comme cela doit ttre; — (faire) 748, 1019, 1335, rigler un litige.
E egr6s 529 (= aigr^s), verjus. embatues 342, repoussees. enangl6 2170 Ha, enengl^ 32i7» coined; cf. aongl6. enborser 1263, empocher. encorre (laissier) 2727, ne pas digager un gage. endanz 1158 (= adenz), face contra terre. endoille 886, v. andoille. enengl^ 3217. v- enangle.
169
enters 2975, malade. engr^s 1402, angr^s 2634, ar¬ dent, enflammi. ennoree 303, ornSe, enrichie. enpaint pr. 3 2620, ampaint pr. 3 3009, anpaint p. pa 1481, de empaindre, pousser. entechiez (estre) de 1048, commettre une faute avec. entepris 2779 (= entrepris), attaint, mis d mat. entouebent 3184, touchent d. entroblia 5, nigligea. enviz 756, malgri soi, de mauvais gri. envoltee 303 var. H, couverte, bdehie. ermi 2922, disert. erraige 2621, arrache. es ap. 602 var. H, 2549 ( = ais), planche. esberuciez 1653, remui, digourdi. eschame 287, 356, escabeau. eschars 3179, faible. esclairier le cuer 1156, soulager son ressentiment. escoilli6 2628, mutili (et non pas « chdtri »). escondire 39, esconduite rifl. 177, se disculper; escondurre 142, 1284, nier, contester. escou6 97 var. H, 1882, privis de leur queue. escout (s’) 219, se secoue. escrepion 1908, scorpion, fouet, instrument de torture. esfroi 975, tumulte; 2739, trou¬ ble. eslieriez 643, sens douteux, peut-itre de eslire, choisir pour quelqu’un. espetafe 444, ipitaphe. esprise 258, mise en flammes.
GLOSSAIRE
170
essonbre 2313, Unibres; 2556, ombre. esstuisse 1938 subj. 3, estut 2682, pas, 3 de estoveir, falloir. esta 614, 632, estant 1459, V. ester. este 3070, este voz 1897, 2321, 3219 var. H, void. ester 1435, 1546, esta^r. 3 614, 632, estant 1459, s’estnt 3 77S, 2i8i, 3005. se tenir, fester; estera fut. 3 814, sera; ester (laissier) 45, 809, 1389, 2581, ne pas s'inquUter de. estormi 1859, rSveillSs, mis en tumulte. estort 1607, pr. 3 de estordre, ichapper. estraint 627, pr. 3 de estraindre, serrer. estraine (male) 2478, malchance. estre {!') 836, 2586, lieu; 3181, extraction. estui S4^,resserre,garde-manger. estut 2682, V. esstuisse. estut (s’) 775, 2181, 3005, V. ester. F faire (le) 34-35, ”3. 3I59, faire Vacte. familleus 1257, afam6. farlores 2078, tromperies. fauve anesse 1323, favernesses 3091 var. L, la fauve anesse, symbole de la tromperie; cf. Langfors, Fauvel, lxxxiv. fert< 641? forteresse; passage obscur, V. variantes. festu (rompre le) 1493; il s'dgit de rendre plus solennel un
engagement, et non pas de U rompre comme c'est aillems le cas avec cette expression; Gros-Reni (D6pit amoureuz, V. 1441) emploie encore rom¬ pre la paiile dans le sens positif : une paiile rompue rend, entre gens d’bonneur, [une adaire conclue. feus 2634, pi. de fel, nUchant, violent, file 557, diformation de blias dans le latin de Brun, fliche 2902, fliche de lard. foler la vandange 1714, faire Vacte; euphimisme pour com¬ puter la syllabe initials de fotre, cf. Tilander.'Lex.. i$$. forches 1415, 2132, 2829, forsane 2572, pr. 3 de forsaner, itre hors de sens. forsjugier 245, condamner irrSguliirement. fout pr. 3 660, foutoit impf. 3 1854, 1863, foutue p, pa. 206, 1052, de foutre, possider une femme. frapelain 2222, coup, frapier 646, fuite. frecopins 2510, ? frigon 1928, frayeur. froise 3013, pr. 3 de froisier, briser. fuisel 609, bout de bois. fusique 1318, midecine. G gaber 2227, railler. gaignon 3037, chien, mdtin ; gaingnon' 766,mauvaisdiable. gairir 2045, entretsnir; gatis 483 b, guiri; garia p. pa
essonbre 528, imp. 1148, garra fut. 3 1518, guerra fut. 3 268, 1548, guerroit cond. 2490, de garir, proUger. ganglois 2531, v. janglois. gar9on 541. valet. garder (ne) I’eure 2482, pouvoir ou devoir s’attendre d quelque chose. garis 483 b, gariz 528, 1148, garra 1518, v. gairir. gas 707, 1585, raillerie. gaudine 1563, hois. genglouse 168, bavarde. geule 332, goule 1956, gueule; geule, gole (pendre la ou par la) 752, 1022, 1780, gorge. gichet 1804, guichet, porte basse. gile83i, guile 1107, 2454, tromperie. giron 1666, dev ant du vHement; 1921, creux du ventre et des cuisses; ■— (sus son) 535, sttr ses genoux. giter 3190, giterai 3191, chasser; gitd (avoit) de 854, avait fait perdre d; git6 (a) 2842, a poussS (un soupir). goce 1634, chienne- (cf. Godefroy, IV, g09on et gou). godehelpe 2403 var. la, expres¬ sion anglaise ou fiamande: Dieu aidel godehere 2403, expression sans doute fiamande: bon seigneur! ou seigneur Dieu! godistormet 2440, pour goditouet (v. variantes), expres¬ sion anglaise : Dieu le sait! gole 1022, goule 1956, V. geule. gourdine 303 var. H, forme alUrSe de courtine, d moins que le mot n’ait un sens plus g6n£ral, tel que rc».r, ladrc. N naches pi. 2623, nage 2616, fesses. naiainz 123, naient 1903, rien. nai 2563, naie 2409, non. naient 1903, v. naiainz. neel6 443, ciseli. nofoier 2872, Spouser. noier 1154, d&nier. noiz de coudre 119, noisette. none 343, 722, 1494. 2162, trois heures aprhs-midi. nonain 2720, 2729, nonnains 1172, religieuse. nore9ons 1175, bHe d I’engrais.
O ocission 1194, meurtre. oisel S. Martin 772, busard S. Martin. oreille 2546, pr. 3 de oreillier, preter Voreille. oroison 431, 764, pribre. ostrue (mal) 143. v. mal ostrue. out 1657, probablement ost, armbe. P pandanz 896, 926, testicules. pant 1562, subj. 3 de penser. pant a Toil 248, 1968, v. pendre. parage 857, bonne race. parissir (au) 114S, au sortir. paroche 688, 927, paroisse. pasture 193, 2306, nourriture; 790, domaine. patre 557, mot latin, cf. fille. paumoison 359, pdmoison.
-
puto
^73
pendre (fairt) 605, poser do bus cn AaMo, 2753, suer 966, 1964, tranbler uk)8,« travoillicz iVj72, 1800, 1829, tressucr I9d4 var. HILa, 2228, ventrez 1071 var. ILa, vivre ap. 320 var. ILa ; croupe (fairo tucr, batre la), gambes (entrer entre les), fairc (lo), foutre, montcr es ar(jons 3138, serdre, vandangc (folcr la), vclous (batre le).
12
i82
INDEX DES MOTS
— Maladi^, hlessures et midocinfi : blechi6s 1994 var. H, devi^ 30.58, escou6, fievres 374, 472, mehaing. muael, movir 2462, 3042, plaie 3648, saiuier 1667; baignier ib7S. 3256, eve sor la teste 358, iafiertd 641 var. H, saigaier 1676, 2,255. sain de chat, vaiBtousex 1676., 2256. — Facultis de Vdme : adolea, afalstiez 1993, afflicion 1162, afoler (soi), amater 777, amer 131, 260 v-ar. H, 1289 var. a, 1660. 2658, 2798, 2845, 2847. 3148, 3234, amor 109, 196, 1389 var. a, 2012, 3709, anut 277, 386, 779, etc., anui^s 1828 var. H, 1830, anvie 3073-74, 2689, atalanter 2954, baraz, conforter (soi) 2805, coraigea 99, 587, 670, 3391, corrouz ap. 44 vai>. ILa, 351, 377, courecier 310 var. H, 1834, 3174, eouYOitons 2123, criembre 1213, 1938, Gwer 406 var ILa, 1496, 1526, 2568, 2924-25, esclairier son c. H56, c. vain ^34, 3179, dementer (soi) 1167, descQajforter 769. 1480, 2566 vm. H, desirrer 561, destresce, dasve© 2776, dolanz 1762, 2654, 2844, 2900, 3924, doloir (soi) 2576, dok>»s 323, 337, 454, 2177. 2477, 2625, doloser i668, duel 38 var. H, 52, 406 var. ILa, 4S-\yar. H, 1128, 1756, I, 967 var. H, 2100, 2102, 2756 var. H, 2773, 3068, 3167, enamer in var. H, entochiez, enviz, esbahir x86i, 2313, eabaudir (soi) 2803, esfroi, esjoir (soi) 2472, 3098,
esmai 2763, esmaier (soi) 1538, 2378, 3043. 3106, esmervellier (soi) 728 var. H, 945 var. H, 2324, espoanti 3104, forsaner, frifon, halne 401, hair 68, 260 var ILa, 320, 803-04. 1120, H22 var. H, 2370, 2942 var. HIL, 3209, ire 2^4, iriez 1719, 1833, irois, jalous 155, 262, 3147. joianz 2146, 2840, joie 1469, 147s. 1753. 2066,2153, etc.,, liez 1531, 1898, 1904, 3146, e/c.,roautalant 369, 379, 738, 2228, orgoil 247, 410, oublier 1186, paor 371, 373, 472, 1009, 1149, 1214, etc., pesance 1438, pitiez 366, 452, 1989, plaindre 1668, plaisir 2061, ce poise 386, 498,, 1536, 1802, 3049, rage 52, 3663, raison 1328, 1441, rancheir, redouter 3539, regart (avoir) 461, regieter 2063, repentir (soi) 1053, 1110, resoigner, savoir (le) 1148, 2051, senee 1974, mal s. 201, sens 1148, 1328, talent (avoir) 2184, tritre 2924, vergoigne 132, volentez 3121, voloir 2062. Art MitiTAiRE. — Armes, pro¬ jectiles, Squvpemerrt: ansaigne 1627, ap. 1630 var. HlLa, baniere 1929, confanon 1874: epee 1877, escuz 1396, hanste 654 var. H, piecoiche 2237 var. H, roche. — Fortifica¬ tions ; bailie, barbacane, chaaane 1692, chastel 1132, 1655, 1680, 1693, 1711. 1779, etc., creniax 1689, destroit 971, donjon 1639, 1655, 1683, 1772, femetd 1638, fertd 641, 978, forteresce 96, 704, 1639, 1656, 1683, 2035,
SCIENCES foss6 1638 var. Hla, 1685, mote 1689, mur 1638 var. HILa, 1682, 1687, plaissaiz, pOnt 1137, 1220, 1380, 1691, p. torneiz 979; porte 1695, roilleiz, tor I'^^var. H, 1640, 1682, 1706, 1826, 2035, tornele 1687. — Troupes, op6rations : agaist 705, apareillier 1809, asaillir 974, asaut 1657, 1701, 1813, chaceiz, chapeleis 2251 var. L, chievetaine 1135 var. HI, envaie 841 var, HILa, 925, eschaper 1446, estordre, gaiter 871 var. H, garder 871, guerre 267. 999. 1017. 1099. 1157. 2492, ost 705, 1630 var. HLa, 1657, 1704 var. HLa, 1805, 1896, 2191 [v. aus, out), as¬ sembler les 02 1106, prendre 1773, randre 1779, 1783, soi r. 2214 var. H, route 1634 var. H/La, saillie (faire une) 841, siege 1776, 2211, soud6e 1105, 2893. Litt^rature ex langues; ARTS. —Anglois 2532, 2802, 2956, Artus 2437, 2444, Auchier 2224, Brandan (3.) 2438, chanson 2515, 2859, 2911, chanter 1734, 2224 var. H, 2946, 2953,. Charlon 2913, Charpel 2438, chavrefud var. Ha, cizel 443 var. HLa, color de rectorique, escrit 360, estoire II, 894, fault 2225 var. H, fran90is 2416, grafe, guglere 2418, 2496, 2570, 2822, 2858, 2863, 2953, 3051, Isset (dam) 2439, lai 2439, 2861, 1. breton 2435, 1. dou muset 2439 var. L, Lanfroi 2224, latin 1125, matiere 4, 960, Mellin 2436, nefel^, note
USAGES
183
2946, Notun 2436, novele 2225, Ogier 2911, Olivant et Roller 2912, romanz 1125, rotroel 2514 wr. la, son novel 2514, Tritan 2437, vers 2, ii, vide 2420, 2432, 2513, 2518, 2524, 2536, 2550, 2560 va. L, 2584, 2591, 2806, 2807, 2810, 2854. Techniques. Agricole : berquerie 1065 var. H, bresil, catoire ap. 608 var. HLa, costure, essart 968, 2036 c, 2040, 2098, 2268, liens 690, nore9ons, vandange, vandangier. -— Pour d’autreS tech¬ niques, voir plus haul I B INDUSTRIE DU VftTEMENT, et IC INDUSTRIE DE L’hABITATION.
IV. — Usages, dicxons. A. — Usages. ficfeMENTS
DU
DIALOGUE, --
Exclamations : ahi 64O, 3091, a'i 201, 917, 1453. aide, aide 880, aidiez 2631, aie 1599, certes 712, 1195, 2900, 2903, dolante lasse 2764, fi 670, ha 221, hai 123, hal laS 14I6, h6! Diex 908, lassfe chaistlve 143. 2759, nienhic 2409 var. H, non fais 586, si feroie 824. — Apostrophes et r£pliques : atent toi ci, bien saiez venuz 796, 2914. eurer bon jor 1530, qui chaut? 3115, de ce n’ai je Cure 1035, di va 615, vos avez droit 2489, godehdpe 24O3 var. la, godehere, godistonnet, goditouet 3440 var. L, huilecome, laissiez ester, laissiez moi tost
184
INDEX DES MOTS
2703, levez, levez 1865, levez de ci 3063, levez sus 911, merci 3074, merci de 2117, vostre m. 421, 2509, 2909, n’en faites plus 3224, por noient est 1188, or me di 1191, or sus 2610, 2768, 305455. 3063. taissiez vos 220, 2698, 3200, si tenez vostre voie 3055, va avant 3006. —• MaUdictions : au deauble, 270, a la hart 1409, male estraine et male ancontre (Damediex li doint) 2478-79, la male flame t’arde 338, vostre male foiz vos parra 711, mal jor vos soit ajornez 2744, mal matin (aiez vos) 2742, male mort le puisse acorer 2480, male oiste I’eure que 1196-97, maudahez ait 80, maux trouvez (saiez li) 2916, maudie (Diex) le musel 1574, onques ne vos ait sainz Giles 234. — Invocations et serments : chief (par mon) 113, 1516, coupe (moie) 563, 1053, 1110, cuer be (par le) 563, 1545 HILa, 1607 I La, cuer et la mort (jurer le) 739, danz (par mes) 3077, Diex (bieu) 563 HLa, Dieu (por) 317, 1026, 1461, 1599. 2135, Dieu (en, por amor) 1900, 2118, 2137, 2569, Diex atort m’ame a garison 1057. Diex m’en desfande 1292, Dieu I’esperitable (por) 2631, Dieu (merci) 474 HLa, Dieu (por) le pere creator 2118 Ha, Dieu et 3. Martins (ce sache) 3095, Dieu salt o vous ceant 2668, Dieu (por le sane) 1278 H, Diex vos saut 2405, foi (en moie) 2577 var. a, foi que je doi Tame
mon pere 384, foi que je doi mon fil 157, 571, foi que je doi s. Israel 956, s. Lienart 275, s® Marie 2053, 3189, s. Martin 2485, s. Pere 2523, foi que doi vos 2124, iex bieu (par les) 1607 var. H Jhesu (par) le vrai creator 2118 var. I, mort (jurer la) 2756, mort (par la) et par les plaies 742, Nomini Patre, Cristum fiUe 557, par le tien precieux conmant 2282, par le t. saint commandemant tiar. a, par les sainz que Ten aeure 145, par toz les sainz de Belleant 1465, par les sainz Dieu 1278, par le bel cors s. Gile 558, se Diex me beneie 1991, se D. me doint bonne escherie var. a, se D. me doint demain veoir 2751, se D. me doint joie 171, se D. me gart 2031, se D. me saut 2825, se Damedieu me sequeure 146. Gestes, attitudes et al¬ lures, MANifeRES. — Gestes: acoler, 661, 2673, 2852, anbracer 2155, 2684, 2691, baiser 1124, 1127 var. HLa, 2155. 2672, 2838, 2852, bufet 1919 var. L, conpisser 37, 3143, cropiere, drecier Toreille 2323. 2545, drescer la poue 2289, 2395, entrebaisier (soi) 2839 var. HI, ferir (soi) en la poitrine 2288, faire la loupe 564, 1109, geter au coi les braz 986, houer, sainguer (soi) 1160, 2289, 2395, saluer 799. 1233, 1495 var. HILa, 2402, 2856. — Attitudes et^ al¬ lures : aagenoilier (soi), acod6 2540 var. L, acout6, aleure (grant) 2328, aseoir (soi) 2583
USAGES
185
var. a, cheoir aus piez 1470,
(cf. Morawski 1575 et 2499)
2114, chief anclin 2465, cors (s’en venir Ic) 649, drescer (soi) en piez 395, 1529, 1917, 2290, esberuciez, s’cscout, es¬ ter (soi). etre en piez, fancier (soi) aus piez 1598, 2116, le¬ ver (soi) em piez 1341, son petit pas 1972, 2269, souef anblant 1972, plus que le pas 2326, paumes batant 314. piez(gointles) 23i2,qeue (sa) cntre scs James 288, saillir, saut a plain 2638, menuz sauz 2146, seoir (faire) 1073, souvine, teste (drescer la) 379, t. (torner la) vers oriant 2274, t. (incliner la) vers o. 2287. — Manidrcs : alainc (a longe) 316, basset (dire, parler), contcnir (soi bicn) 1890, cntre ses danz 786, 2843, 2899, 2915, 3069, dangier (mcner trop grant) 820, dcbatre (soi) 380, descirer chevoux et dras 2104, gas (lancier ses) 707, 1585, haitiez, huchier, huer, janglois, langage 2392, noise 2105, rage (grant) 2663, ranponer, re-
757; fame mesprant a la foie 3132; tiex en gerroit geule baee qui or a la teste levee 1427-28; tiex en plorra qui or en rit (cf. Morawski 2368)
celce (en) 1974 var. L, rire 565, 1742 var. //, 2376, 2567, 3254, urler 2663.
B. — Provcrbcs, dicions, expressions piaisantcs. Proverbes. — Assez
escorche qui pi6 tient (cf. Morawski 137) 3090; assez fait mal qui le consant 3088; chiens familleus en cuisine n’a ‘'ure de beste voisine {cf. Mo¬ rawski 382) 1257-58; convient au sane aler le prestre
2926. Dictons et expressions plmsANTES. —
Qui viaut mais hui aler si aut 1658; plus sec que alcron 542 var. H; onqucs eve n’i beiistes 1718; ne pas priser une cenele 1430: or gart bicn chascun sa chape 2260 (cf. Glossairc); chapel 730, rouge chaperon 715; autretant m’est con d'un charbonarsini53 (cf. Glossairc); plus sec que mil charbon 542 var. a; forfaire une chastaigne 1136; jc sai mout bien tot ce chemin 2582 (cf. Glossaire); or scront vostre li che¬ min 2088 (cf. Glossairc): nc savoir a quel chief traire 286; guepir le chief por la queue 1251; n’avoit que faire de son conte 2207; ploicr la corroie 567, temprer la c. var. la (cf. Glossairc); sauz vostre cors 80; en cuire a 1225; un rain de vis doiable 2250; dont li serez vos bons cscuz 1396; trop savez de la fauve anesse 1323 (cf. Glossairc); soi metre au frapier 646 (cf. Glossairc); et sj ne gardcra ja I’eure 2482 (cf. Glossairc); plus fel que herme^on 542; je vos fi ja mes jeus puir 1749 (cf. Glosautre joie covenist
saire);
faire 2676; il prist, c. cous de livroison 889, 1063, 1716, 1730-31; poier sa livroison a 3072; torner a male voie
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INDEX DES MOTS
24fto; tenir ses manchcs 528 (cf. Glossaire); messes chan¬ ter 3092-93 (cf. Glossaire): por la moche aler fuiant 664; plus estes pute quc moiichc qui en est6 Ics gcnz entouchc 3183-84; ne s’cn tcnist por tout le mont 36S; le vaillant d’une noiz dc coiidre 119 (cf. Glossaire): a Toil li pant 248, 1968 (cf. Glossaire): ou une one poist conver 166; si parlcrons d’autre Martin 420, si p. d’a. Renart 1916
(cf. Index des noms propres, Bernart, Martin); bons pc-
lerins 1582; or oi bon plait 2340; VOS ni’cslicricz poircs moles 643 (cf. Glossaire): oinz n’i perdi un pois >824: metre a raison 1207; faire saillir 1426; Ten n’i oist Dieu tenant 2202; prendre a la trape 700 (cf. Glossaire): foler la vandange 1714 (cf. Glossaire): einz que Ten doie vandangier 2884 (cf. Glo.ssairc): batre le velous 102 (cf. Glossaire): trop fu do viel art 1386 var. //; voideor d'escuelle 666.
TABLE Pages
Introduction. iii-xxii Les romans de Renart. m Les manuscrits. vi Place et composition de la premiere branche .... xii Ltablissement du texte; notes critiques; glossaire et index. xv Particularites grammaticales du manuscrit de Cange..- xvi Le jargon de Renart jongleur.. . . . . xx Mesure des vers.. Bibliographie.XXIII-XXVI Editions. xxiii litudes historiques et critiques. xxiv litudes de lexique et de critique textuclle.xxv LE
ROMAN
DE
RENART.
1-109
Notes critiques et variantes. 110-156 I. Lemons du ms. B non conservees.no II. Lettres montantes et alin^as du ms. B.113 III. Variantes des manuscrits apparent^s k B. . . . 114 Index des noms propres et des personnages anoNYMES. I57‘I65 Glossaire.
166-175
Index des mots relatifs a la civilisation et aux MCEURS. 176-186 I. Vie materielle.. • • • • 176-178 A. — Alimentation.176 B. — Vetement et'parure.176 C. — Habitation.^77 D. — Communications et transports.I77 II. Institutions. 178-180 Droit.^78
i88
TABLE t
Organisation.I78 I Administration.178 ' Mcsurcs et monnaies.178 j Mdtiers.179 ' Justice et police.I79t Religion.i8oJIir. Sciences, arts et techniques. 180-183! Connaissancc de Fhomme et do I'animal .... 180^ Art militairc. 182* Littdrature et langues; arts.183.Techniques.1831 IV. Usages, dictons. 183-186', A. — Usages. 183 1 B. — Provcrbes, dictons, e.xpressions plaisantes. 185 J
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Joseph FLOCH,
Maitre-Imprimeur h Mayenne -
14-1-69 - n'JSlS
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DATE DUE
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GAYLORD
PRINTED IN U.S.A.
1
R661
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v.l
. —x-74Lespages. Poi:srES de Barnard Marti, fed. par Ernest Hoepffnbr ; 62. — Eneas, fed. par J.-.J Salverda de Grave, t. II. 63. Fouke Fitz Warin, fed. par Louis Brandin ; xi-116 pages. 64. — Le Livre de la Passion, pofeme narratif du xiv* sifecle, fed. oar Grace Frank; xxvii-123 pages. 65. — Les Estampies francaises, fed. par Walter O. Streng-RenkoNEN ; xiii-74 pages. 61
.
66 — Lb Charroi de N!mes, chanson de geste du xii* sifecle. fed. par J.-L. Perrier ; viii-78 pages. 67 — Xahan Mailtart. Le Roman du comte d’Anjou, fed. par Mario Roques ; xxxii-296 pages. ' 68 — Lb Jeu de saintb Agn£:s, fed. par Alfred Jeanroy, avec la
.
.
. transcription des mfelodies par Th. G6rold. . . Francis ; xxxii-75 pages. 72. — Cortabarba, Les Trois Avbugles de CoMPiiGNE. fed. par Georges Gougenheim ; xx-35 pages. 73. — La musiqub au moybn age, par Th. G6rold. 74. — Gui da Warawic, fed. par A. Ewert, t. I; xxxvi-207 pages. 75. — Gui da Warawic, t. II, 221 pages. 76. L Atrb pfiRiixEux, roman de la Table ronde, fed. par Brian WOLEDOB ; x-286 pages. ^ 77. D Pont Salnta Maxanca, La vib db saint Thomas Bbckbt. fed. par R. Walberg ; xxiv-265 pages. 78. — Le Roman de Renart, br. I, fed. par Mario Rooubs ; xxvi188 pages. 79. ® Roman de Renart, br. II-VI, fed. par Mario Roques ; xxn127 pages. 80. — Les Romans de Chr6tibn db Troyes, t. I, ^rec et Enide. 6d. par Mario PaOques ; lvii-285 pages* 81. Renart, br. VII-IX, fed. par Mario Roques ; xix-201 pages* * 82. — Lb Chevalier au Barisel, fed. par Ffellx Lecoy, xxvi-54 pages. 83. Roland a Saraoosse, fed. par Mario Roques ; xxviii-64 pages 84. — Les Romans de Chretien db Troyes, t II, CLiofis, fed. p.ir Alexandre Micha ; xxxi-256 pages. * 85. Renart, br. X-XI, fed. par Mario Roques ; xxn-loo pages* ^ * 69 — La Resurrection du Sauveur, fed. par Jean Gray Wright; xvi-94 pages. 70 — Guillauma da Saint Pathus, Les Miracles de saint Louis. fed. par Percivai. B. Fay ; xxix-312 pages. 71 — Waea, La Vie de saints Marguerite, fed. par Elizabeth A.
.
86 T;; CHRfeTiKN DE Troyes, t. Ill, La Chavaliar da la Charrata, fed. par Mario Roques ; XLin-242 pages. 87 MO^pages** ••• Pponea, fed. par Jeanne Lods ; xxviji-
. .
88
Renart, br. XII-XVII, fed. par Mario Roques :
' . xiv*ioo pages. 90. *"■ M.,.o 91. Xi ^ Rom-an de la Rose ou de Guillaume de Dole. fed. par F6lix Lecoy; xxix-231 pages. 92. T ¥* iaan da Maun, Le Roman de la Rose. t. I, fed. par F£lix Lecoy ; lxiii-293. 93. 4a Franca, fed. par Jean Rychner ; xlv94. Roman de Th±bbs, t. I, fed. par Guy Raynaud de Lage: xliv4 pages ' 95. — Guillaume da Lorris et Jaon de Maun, Le Roman de la Rose
89
L II. ed. par FBlix Lecoy ; xlii-303 pages.
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