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French Pages [132] Year 1977
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ROMAN D€ R€NART un thème
SOCléTé ANIMALE €TSOCI€Té HUMAIN€ M.AYM€, J.DG P€5QUIDOUX, FRANGNOHAIN...
L€S CLASSIQU€S
HATIER
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les classiques illustrés Hatier
Collection dirigée par Pol Gaillard et
Georges Sylnès
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L€
ROMAN D€ R€NART un thème
SOCléTé ANIMALE €T SOCI€T€ HUMAINE M.AYMG, J.DG PG5QUIDOUX, FRANGNOHAIN...
présentation de Annik Arnaldi et Noëlle Anglade, AGRÉGÉES DE L'UNIVERSITÉ
£&
/oir
les
Œuvres
volumes des Classiques
et
Thèmes
» qui leur
Hatier
sonl consa-
crés.
Mâtelam campagnard. Cette adaptation, parue en 1861. a été rééditée en 1958 par le Club des Jeunes Amis
du
Livre,
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am/trnic en fàn frmulmc "5c fttinct ne
La
vie
livre
de cour chez
d'heures du
le
XVe
la fin du Moyen Age (Feuillet d'un conservé au Musée du Louvre).
suzerain à siècle
-
.
SOCIÉTÉ ANIMALE ET SOCIÉTÉ HUMAINE Dans
le
Roman
de Renaît,
la
société animale est à l'image de
la
société française de l'époque. Les bêtes parlent, portent des
vêtements, montent à cheval, forment des familles, constituent autour du roi Noble une cour organisée où chacun tient son rang Leur caractère reste conforme à leur nature animale Tours est balourd gourmand, le lion irascible 2 le coq vaniteux, le lièvre peureux. Mais ce sont des « animaux humains ». Pourquoi ce passage d'un monde dans l'autre ? Les auteurs du Roman se moquent ainsi de l'autorité, des institutions du temps, des puissants dont ils soulignent les abus d'une plume railleuse. Faire de Cope, la poule, une martyre qui accomplit des miracles et de Brun, l'ours, un prêtre qui chante la messe des défunts, c'est parodier 3 la religion, ses rites, les su4 perstitions qu'elle peut provoquer. Montrer le jugement inique de Noble qui accapare tout le butin au cours d'un faux partage, c'est critiquer la justice et le pouvoir abusif des suzerains 5 Le e e petit peuple du XII et du XIII siècle s'amuse et prend une revanche lorsque Renart ce hobereau 6 qui vit d'expédients 7 trompe les puissants bornés comme Ysengrin et triomphe d'eux grâce à sa seule malice, lorsqu'il dénonce l'injustice sociale dont le pauvre est victime ou la corruption des dirigeants toujours avides de plus d'honneurs et de plus d'argent. Le mélange des mondes animal et humain prête donc à sourire, mais aussi à réfléchir sous la fourrure de l'ours, sous les plumes du :
1
,
,
.
—
—
:
corbeau, c'est l'homme qui est critiqué
1.
Lourdaud.
2. 3.
Prompt à se mettre en colère. Imiter avec une intention de moquerie.
4.
Très injuste.
et
moqué.
Seigneurs qui dominent toudans un territoire donné 6 Cnàtelam campagnard. 7. Qui « gagne » sa vie par tous les moyens. réguliers ou irréguhers, mais plutôt irréguliers 5.
.
LE ROMAN DE RENART
A toutes les époques
des auteurs ont eu recours à ce procédé ses Fables dont certaines racontent des épisodes du Roman de Renarî représente ainsi 8 la cour du Roi-Soleil Au début du XVIII e siècle, Jonathan Swift dans l'un de ses Voyages de Gulliver 9 parle d'une contrée fabuleuse où les chevaux sont des sages civilisés,... et nos semblables, des bêtes brutes. De nos jours Pierre Boulle imagine une planète dominée par des singes intelligents qui mettent les hommes en cage et trois films américains déjà, repris par la télévision française, ont été tournés sur ce thème tant son succès était grand 10 Quant au Russe Boulgakov, il fait parler un chien pour mieux critiquer certains aspects du régime soviétique Chaque fois que l'auteur fait jouer à l'animal un rôle d'homme cet animal devient en somme pour nous un conseiller pratique, puisque nous prenons conscience grâce à lui des vices de notre espèce et de notre milieu social. Nous pouvons ainsi travailler à les corri-
Au XVII e
siècle
,
— —
La Fontaine, dans .
.
,
.
.
1
]
.
,
ger.
Les aventures de goupil n'ont donc pas seulement pour but de comme les films de Walt Disney par exemple. Elles présentent un tableau, parfois une caricature i: de la société féodale. Elles ne prennent toute leur valeur que si l'on saisit les allusions aux habitudes, aux mœurs, à l'histoire, à la littérature de l'époque. C'est pourquoi, chaque fois que cela sera nécessaire, nous ferons suivre les épisodes du roman d'autres textes contemporains 13 ou de notes explicatives, de distinqui vous permettront d'en comprendre la portée. guer, mieux encore, la vie souvent difficile des hommes du Moyen Age derrière la vivacité et la drôlerie de la comédie animale... Pour ce qui est de la société d'aujourd'hui, il vous suffira sans doute d'ouvrir les yeux et les oreilles. Regardez et écoutez, vous constaterez que le Roman de Renan est toujours distraire les enfants et les adultes,
.
—
actuel.
12.
8.
Louis XIV.
9.
Voyage au pays des chevaux,
Aubier-
Flammarion. 10. La Planète des Singes, Livre de Pocne. 11.
Cœur de
Chien, Gallimard- Folio.
Peinture qui accentue les défauts ou les
pour mieux les dénoncer. même époque [nos contemporains sont les gens qui vivent en même temps que nous; les contemporains de Pierre de Saint-Cloud sont les gens qui vivaient en ridicules 13.
De
la
même temps
que
lui).
DE CURIEUX PERSONNAGES Les uns ont une famille
et
!
une fonction sociale,
comme
les
hommes. Les autres n'en ont pas. Certains ne possèdent (la mésange, par exemple).
même
pas de
nom
propre
LA FAMILLE DU LION Noble,
Dame
le
roi-empereur.
Fière, la reine.
Leur impérial lionceau,
le
prince.
LA FAMILLE DU LOUP Ysengrin, connétable du Primaut, son frère.
Dame
roi
1 .
Hersent, sa femme.
Pinçart, son
fils
aîné.
LA FAMILLE DU GOUPIL Renart,
«
seigneur
Richeut, sa
»
femme,
de Maupertuis qui a pris
le
2 .
nom,
plus noble, de
Dame
Hermeline. Malebranche, Percehaie, Renardel (ou Rovel), leurs entants.
LA FAMILLE DU COQ Chanteclerc, maître du Pinte, sa
compagne
«
gelinier
4 ».
préférée.
Cope, ou Copette, ou Copée, Roussette, Blanche, Noirette, sœurs de Pinte.
1.
Commandant de l'armée
clin est le «
connétable
royale (Du Guésplus cèle-
» français le
bre).
Le terme de « Maupertuis » évoque un château fort, et le terrier de Renart a en effet certaines caractéristiques des châteaux du Moyen Age, en particulier les issues souter2.
rames multiples... mais le sens premier du terme Maupertuis » est mat/vais trou. mauvaise graine branche, 3 Mauvaise [comparez avec Maupertuis) 4. C'est-à-dire du « poulailler » ;ies poules sont des « gélmes »). :
,
LE
ROMAN DE RENART
LES AUTRES BÊTES DU ROYAUME Baucent,
Dame
sanglier
le
Belette
mouton
Belin, le
Bernart, l'âne, archiprêtre Bièvre, le castor Blanchart, le chevreuil
Dame
Blanche, l'hermine Brichemer, le cerf, sénéchal 5 du Brun, l'ours Bruiant,
le
taureau
Chauve,
la
souris
Cointereau.
le
singe
connil ou connin,
Conil,
le
Dame
Corneille
Couart, Courte,
le
lapin
le lièvre
taupe
la
Drouin ou Drouineau, Espinart,
Ferrant
roi
,
le
moineau
hérisson cheval de charge par opposition au cheval de guerre
le
le
,
le destrier
Fouinet,
le
Frémont, Frobert,
putois
la
fourmi
le grillon
Dame
Gente, la marmotte Grimbert, le blaireau, cousin germain de Renart Hubert, le milan, confesseur
La mésange Musart, le chameau 6 Pelé,
,
légat
du pape
le rat
Petitpas, le
paon
Petitpourchas, Platel. le
le
furet
daim
Rooniaus, le veautre, énorme chien de garde Roussel ou Rousselet, l'écureuil Tardif, le limaçon Tiecelin, le corbeau Tybert, le chat. 10
DE CURIEUX PERSONNAGES
Réfléchissons ensemble 1.
Dans
les listes ci-dessus,
différentes
il
y a
des noms de deux catégories très
:
Certains noms rappellent un trait caractéristique de l'animal considéré lesquels ? Distinguez ceux qui marquent un trait physique et ceux qui marquent un trait moral. (Il peut arriver d'ail leurs que le même nom convienne pour le trait physique et pour le trait moral, donnez des exemples.) ils ne b. D'autres noms au contraire sont des noms d'individus semblent pas avoir d'autre fonction que de « désigner ». Concernent-ils en général les personnages les plus importants ? a.
:
;
Relevez également dans la liste des personnages ceux qui ont une fonction sociale nettement précisée. Quelle est l'intention visi-
2.
ble qui a inspiré
exemple, pour
le
l'âne,
choix fait par les auteurs, pour pour le chameau ?
Jouons à inventer des
le
loup par
mots...
Inventez pour les animaux du deuxième groupe des noms qui feraient image comme ceux qui ont été donnés aux animaux du premier... Pour Tybert le chat par exemple, vous pouvez trouver beautrès évocateurs vous pouvez aussi vous amuser à vous rappeler certains noms par lesquels vous l'avez déjà entendu nommer dans des fables ou dans des contes que vous avez lus... Quel nom caractéristique pourriez-vous donner au corbeau 9 à la
coup de termes
;
mésange
? à l'âne ? Inventez aussi des noms drôles et faciles à retenir pour les animaux d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique qui ne figurent pas dans le Roman de Renart. Comment appelleriez-vous l'éléphant ? la girafe ? le kangourou ? la baleine ? le dauphin ? le koala ?
de l'armée ou de la police. Musart, dans certaines branches du Roman de Renart, c'est le chamois De cha5.
Officier
6.
!
meau
à chamois,
il
n'y a pas
différence lorsqu'on écrit à la main. N\ pas que l'imprimerie n'a été découvert»
XV e
siècle.
beaucoup de
h
LE ROMAN DE RENART
Cherchons dans
le
dictionnaire 7
Chez les hommes aussi beaucoup de noms propres actuels très répandus ont été donnés jadis à un ancêtre de la famille en raison de la couleur de ses cheveux, d'un trait de son caractère, de son métier, de l'endroit où habitait, etc. Cherchez les raisons pour lesquelles y a tant de gens qui s'appellent Dupont, Gaillard, Leblond, Camus, il
il
Rousseau, Maréchal, Servant, Filou, Renard... (Mais faites attention. Ces noms ont été donnés y a des siècles. La plupart du temps ils ne correspondent plus du tout aux descendants qui les portent aujourd'hui. Une loi permet d'ailleurs aux gens qui ont un patronyme 8 désagréable de faire modifier leur état civil. est toujours idiot, et injuste, de se moquer de quelqu'un parce qu'il s'appelle Tordu ou Mauvais. En certaines circonstances cela peut le peiner lourdement, pour rien.) il
Il
7. Ne cherchez pas seulement dans votre dictionnaire habituel, mais également, si vous pouvez le consulter à la bibliothèque du collège, dans le Dictionnaire des noms et des prénoms de France par Albert Dauzat, Larousse. 8. Nom de famille.
12
PREMIERE PARTIE
LE
ROMAN
DE RENART
13
V
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Illustration
grave).
14
J
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de Sami ve/ poi/r Les malheurs de Sophie (Editions Delà-
.
If
Comment les
Renart emporta de bacons d'Ysengrin
nuit
1
Renart, un matin, entra chez son oncle, les yeux troubles, 2 hérissée. « Qu'est-ce, beau neveu ? tu parais en mauvais point, dit le maître du logis serais-tu malade ? - Oui je ne me sens pas bien. - Tu n'as pas déjeune ? - Non, et même je n'en ai pas envie 3 - Allons 5 donc Çà 4 dame Hersent, levez-vous tout de suite, préparez à ce cher neveu une brochette de rognons et de rate 5 » il ne la refusera pas Hersent quitte le lit et se dispose à obéir. Mais Renart il voyait trois beaux bacons 10 attendait mieux de son oncle suspendus au faîte de la salle, et c'est leur fumet qui l'avait « Voilà, dit-il, des bacons bien aventurés 6 attiré. Savez-vous, bel oncle, que si l'un de vos voisins (n'importe lequel, ils se valent tous) les apercevait, il en voudraitsapart ? A votre place, je ne perdrais pas un moment 15 pour les détacher, et je dirais bien haut qu'on me les a volés. - Bah fit Ysengrin, je n'en suis pas inquiet et tel peut les voir qui n'en saura jamais le goût. - Comment si 7 l'on vous en demandait ?-Iln'y a demande qui tienne Je 20 n'en donnerais pas à mon neveu, à mon frère, à qui que ce soit au monde. » mangea ses rognons et prit Renart n'insista pas il congé. Mais, le surlendemain, il revint à la nuit fermée devant la maison d'Ysengrin. Tout le monde y dormait. Il la pelisse
;
;
.
!
,
;
.
;
!
!
;
!
;
frais ou salé (le mot anun emprunt à l'ancien français). 2. Vêtement orné ou doublé de fourrure (à la fois manteau - monde humain - et pelage 1.
Quartiers de porc
glais est
monde
animal).
Cette mauvaise mine et ce manque d'appetit de Renart ne sont-ils pas surprenants ? 4. Çà interjection (prend donc toujours l'accent grave). 3.
5
Le loup
fait-il
cette invitation par généro-
site ? 6. Exposés à bien des aventures, en particulier à être dérobés. n'y a demande (de mes bacons) qui 7. je n'ai à en donner à vaille, qui soit justifiée II
;
personne.
:
13
,
LE ROMAN DE RENART 25
monte sur le faîte creuse et ménage une ouverture passe aux bacons, les emporte, revient chez lui, les coupe en morceaux et les cache dans la paille de son lit. Cependant le jour arrive Ysengrin ouvre les yeux ,
,
arrive
:
;
ouvert, les bacons, ses chers bacons « Au secours enlevés au voleur Hersent Hersent nous sommes perdus » Hersent, réveillée en sursaut, se « Qu'y a-t-il ? Oh lève échevelée 8 quelle aventure Nous, dépouillés par les voleurs A qui nous plaindre ? » Ils crient à qui mieux mieux, mais ils ne savent qui accuils se perdent en vains efforts pour deviner l'auteur ser d'un pareil attentat. Renart cependant arrive il avait bien mangé, il avait le visage reposé, satisfait. « Eh bel oncle, qu'avez-vous ? vous me paraissez en mauvais point seriez-vous malade 9 ? - Je n'en aurais que trop sujet nos qu'est cela
30
? le toit
!
!
!
!
!
!
:
!
!
!
35
;
:
!
;
;
40
beaux bacons, tu sais ? on me les a pris répond en riant Renart, c'est bien cela oui, voilà il faut dire on vous les a pris. Bien, très bien trois
!
:
oncle, ce n'est pas tout,
il
faut le crier dans la rue,
voisins n'en puissent douter 10 45
.
-
Eh
!
!
Ah comme -
!
mais,
!
que vos ;on
je te dis la vérité
m'a volé mes bacons, mes beaux bacons. - Allons reprend Renart, ce n'est pas à moi qu'il faut dire cela tel se plaint, je le sais, qui n'a pas le moindre mal. Vos bacons, vous les avez mis à l'abri des allants et venants, vous avez mauvais bien fait, je vous approuve fort. - Comment plaisant, tu ne veux pas m'entendre ? je te dis qu'on m'a !
:
!
so
mes bacons. - Dites, dites toujours. - Cela n'est pas bien, fait alors dame Hersent, de ne pas nous croire. Si volé
ce serait pour nous un plaisir de les savez bien 11 - Je sais que vous connaissez les bons tours Pourtant ici tout n'est pas profit voilà votre maison trouée il le fallait, j'en suis d'accord, mais cela demandera de grandes réparations. C'est par là que les voleurs sont entrés n'est-ce pas ? c'est par là qu'ils se sont enfuis ? - Oui, c'est la vérité. - Vous ne sauriez dire autre chose. - Malheur en tout cas, dit Ysengrin, roulant des yeux, à qui m'a pris mes bacons, si je viens à le
nous
les avions,
partager, vous 55
le
.
:
.
;
,
60
16
1
LE
Renart ne répondit plus il fit une belle en ricanant sous cape. Telle fut la première aventure, les Enfances de Renart. Plus tard il fit mieux, pour le malheur de tous, et surtout de son cher compère 12 Ysengrin.
découvrir
moue,
65
ROMAN DE RENART
»
!
;
et s'éloigna
Réfléchissons ensemble D'après ce loups ?
1.
récit,
quels sont les
traits saillants
du caractère des
En quoi consiste exactement la ruse du goupil ? S'agit-il simplement pour lui de s'approprier les bacons ? se permettra de rire dans la dernière scène. Pourquoi ?
2.
Il
3.
Comment
4.
A
quel
soupçons d'Ysengrin
essaie-t-il d'égarer les
moment Renart
quitte-t-il la
?
place ? pour quelle raison ?
Partageons-nous les rôles ...
pour jouer cette petite comédie à
trois
personnages.
Dessinons Faisons de l'épisode une bande dessinée (une image par séquence).
8.
Les cheveux en désordre.
9.
Comparez ce passage avec
récit ils
;
les rapports
changé
du goupil
faire croire à
et
début du du loup ontle
?
10 Renart feint de penser que le loup, suivant ses conseils, ameutera le voisinage pour
un
décourager ses bacons.
vol imaginaire et
ainsi toute entreprise contre
Pouvons-nous croire ces paroles d'Hersent, si nous les rapprochons de celles d'Ysengrin dans la première scène ? 1
.
12.
Compagnon. 17
,
LE ROMAN DE RENART
Comment
Renart entra dans la ferme de Constant Desnois ; comment il emporta Chantecler et comment il ne le mangea pas
un autre jour, il arriva à Renart de se présenter devant un village au milieu des bois, fort abondamment peuplé de coqs, gelines jars, oisons et canards. Dans le plessis 2 messire Constant Desnois, un vilain 3 fort à 4 Taise avait sa maison abondamment garnie des meilleures provisions, de viandes fraîches et salées. D'un côté, des pommes et des poires de l'autre le parc aux bestiaux formé d'une enceinte de pieux de chêne recouverts d'aubépins touffus. C'est là que Constant Desnois tenait ses gelines à l'abri de toute surprise. Renart, entré dans le plessis, s'approche doucement de la clôture. Mais les épines entrelacées ne lui permettent pas de franchir la Puis,
1
,
,
5
,
;
10
palissade.
15
20
entrevoit les gelines,
Il
ments, mais
où
il
ne
sait
comment
il
suit leurs
les joindre.
même
mouve-
S'il
quitte
ose tenter de bondir au-dessus de la barrière, il sera vu sans aucun doute, et pendant que les gelines se jetteront dans les épines, on lui donnera la chasse, on le happera, il n'aura pas le temps d'ôter une plume au moindre poussin. Il a l'endroit
il
se tenait accroupi et ,
beau se battre
les flancs et,
pour
si
il
attirer les gelines, baisser
cou, agiter le bout de sa queue, rien ne lui réussit. Enfin, dans la clôture, il avise un pieu rompu qui lui promet une entrée facile il s'élance et tombe dans une plate-bande de choux que le vilain avait ménagée. Mais le les bruit de sa chute avait donné l'éveil à la volatile 5 gelines effrayées se sauvent vers les bâtiments. Ce n'était pas le compte de Renart. D'un autre côté, Chantecler le coq revenait d'une reconnaissance dans la haie il voit fuir ses vassales 6 et ne comprenant rien à leur effroi, il les rejoint la plume abaissée, le col tendu. Alors, d'un ton de le
:
25
;
;
,
30
18
LE reproche
de
et
mécontentement
ROMAN DE RENART Pourquoi
«
:
cette
presse 7 à regagner la maison ? Êtes-vous folles ? » Pinte, la meilleure tête de la troupe, celle qui pond les plus gros
œufs, se charge de la réponse « C'est que nous avons eu bien peur. - Et de quoi ? Est-ce au moins de quelque chose ? - Oui. - Voyons. - C'est d'une bête des bois qui pouvait nous mettre en mauvais point. - Allons dit le coq, ce n'est rien apparemment restez, je réponds de tout. Oh tenez, cria Pinte, je viens encore de l'apercevoir. Vous ? - Oui au moins ai-je vu remuer la haie et trembler les feuilles de chou sous lesquelles il se tient caché. Taisez-vous, sotte que vous êtes, dit fièrement Chantecler, comment un goupil, un putois même pourrait-il entrer ici la haie n'est-elle pas trop serrée ? Dormez tranquilles après tout, je suis là pour vous défendre. » Chantecler dit, et s'en va gratter un fumier qui semblait l'intéresser vivement. Cependant, les paroles de Pinte lui revenaient, et sans savoir ce qui lui pendait à l'œil 8 il :
35
!
;
!
-40
;
:
45
;
,
affectait 50
une
tranquillité qu'il n'avait pas.
Il
monte sur
la
un œil ouvert et l'autre clos, un pied crochu et l'autre droit, il observe et regarde çà et là par intervalles Jusqu'à ce que, las de veiller et de chanter, il se laisse involontairement aller au sommeil. Alors il est visité par un songe étrange il croit voir un objet qui de la cour s'avance vers lui, et lui cause un frisson mortel. Cet objet présentait une pelisse rouge engoulée 9 ou bordée de petipointe d'un
toit
;
là,
:
55
tes pointes
blanches
;
il
endossait
la
pelisse fort étroite
d'entrée, et, ce qu'il ne comprenait pas,
1.
Poules.
6
Ensemble de la maison et de ses dépendances, fermé par des haies, des murs ou des 2.
Vassal:
il
la revêtait
ce terme,
le
plaisamment em-
ployé, désignait dans la société féodale celui qui dépendait d'un seigneur ou suzerain.
palissades.
7.
Hâte.
3.
Paysan.
8.
Ce
4.
Presque riche. Ensemble des volailles
9.
Dont l'encolure
5.
ici
par
qui
lui
pendait au nez. dirions-nous. était ornée.
(singulier collectif).
19
LE
ROMAN DE RENART
si bien qu'en y entrant il allait donner de la tête vers naissance de la queue. D'ailleurs, la pelisse avait la fourrure en dehors, ce qui était tout à fait contre l'usage des pelisses 10
collet
60
,
,
la
.
épouvanté
Chantecler 65
tressaille
et
se
réveille
:
en se signant, défends mon corps de » Il saute en bas du toit et va rejoinmort et de prison 11 dre les poules dispersées sous les buissons de la haie. Il demande Pinte, elle arrive. « Ma chère Pinte, je te l'avoue, je suis inquiet à mon tour. - Vous voulez vous railler de nous apparemment, répond la geline vous êtes comme le chien qui crie avant que la pierre ne le touche. Voyons, que vous est-il arrivé ? - Je viens de faire un songe étrange, et vous allez m'en dire votre avis. J'ai cru voir arriver à moi je ne sais quelle chose portant une pelisse rousse, bien taillée sans trace de ciseaux. J'étais contraint de m'en affubler la bordure avait la blancheur la fourrure était en dehors on me et la dureté de l'ivoire la passait en sens contraire, et comme j'essayais de m'en débarrasser, je tressaillis et me réveillai. Dites-moi, vous qui êtes sage, ce qu'il faut penser de tout cela 12 - Eh bien tout cela, dit sérieusement Pinte, n'est que songe, et tout songe, dit-on. est mensonge. Cependant je crois deviner ce que le vôtre peut annoncer. L'objet porteur d'une rousse pelisse n'est autre que le goupil, qui voudra vous en affubler. Dans la bordure semblable à des grains d'ivoire, je reconnais les dents blanches dont vous sentirez la solidité L'encolure si étroite de la pelisse, c'est le gosier de la méchante bête par elle passerez-vous et pourrez-vous de votre tête toucher la queue dont la four«
Saint-Esprit
!
dit-il !
;
-o
75
;
,
;
.
!
85
.
;
10. Chantecler rêve qu'il enfile une pelisse par la tête, ce qui signifie qu'il est happé par le goupil au pelage roux. Le présent, ici, est le
temps de
la réalité
;
l'imparfait
rée imprécise du rêve.
20
exprime
la
du-
11.
Cette prière
les chevaliers
était celle
en grand
sons de geste,
que prononçaient dans les chan-
péril,
LE rure sera en dehors. Voilà 90
sens de votre songe
;
et tout
cela pourra bien vous arriver avant midi. N'attendez
pas, croyez-moi répète, il est là,
95
le
ROMAN DE RENART donc
lâchons tous le pied \ car, je VOUS le dans ce buisson, épiant le moment de l
;
là
vous happer. » Mais Chantecler, entièrement réveillé, avait repris sa première confiance. « Pinte, ma mie, dit-il, voilà de vos terreurs, et votre faiblesse ordinaire. Comment pouvezvous supposer que moi, je me laisse prendre par une bête cachée dans votre parc Vous êtes folle en vérité, et bien fou celui qui s'épouvante d'un rêve. - Il en sera donc, dit Pinte, ce que Dieu voudra mais que je n'aie plus la moindre part à vos bonnes grâces, si le songe que vous m'avez raconté demande une autre explication. - Allons, allons, ma toute belle, dit Chantecler en se rengorgeant, assez de caquet comme cela. » Et de retourner au tas qu'il se plaisait à grattiller. Peu de temps après, le sommeil lui avait de nouveau fermé les yeux. Or Renart n'avait rien perdu de l'entretien de Chantecler et de Pinte. Il avait vu avec satisfaction la confiance du coq, et quand il le crut bien rendormi, il fit un mouvement, mit doucement un pas devant l'autre, puis s'élança pour le happer d'un seul bond. Mais si doucement ne put-il avancer que Chantecler ne le devinât 14 et n'eût le temps de faire un saut et d'éviter l'atteinte, en volant de l'autre côté du fumier. Renart voit avec dépit qu'il a manqué son coup et maintenant, le moyen de retenir la proie qui lui échappe ? « Ah mon Dieu, Chantecler, dit-il de sa voix la plus douce, vous vous éloignez comme si vous aviez peur de votre meilleur ami. De grâce, laissez-moi vous !
ioo
105
uo
:
,
H5
;
!
12.
Voir
page 26.
Hecuions, prenons la tune. 14. Tour inutilement compliqué et maladroit pour « Mais ne put avancer assez douce13.
:
il
ment pour que Chantecler ne
le devinât plaçant l'adverbe la phrase, a voulu insister sur les précautions prises par Renart.
pas»; l'adaptateur, en « doucement » en tête de
21
LE ROMAN DE RENART dire 120
combien je
agile.
suis
heureux de vous voir
si
Nous sommes cousins germains, vous
dispos et savez. »
si
Chantecler ne répondit pas soit qu'il restât défiant, soit le plaisir de s'entendre louer par un parent qu'il avait méconnu lui ôtât la parole Mais pour montrer qu'il n'avait pas peur, il entonna un brillant sonnet 15 « Oui, c'est assez 125 bien chanté, dit Renart, mais vous souvient-il du bon Chanteclin qui vous mit au monde ? Ah c'est lui qu'il fallait entendre. Jamais personne de sa race n'en approchera. Il avait, je m'en souviens, la voix si haute, si claire, qu'on l'écoutait une lieue à la ronde 16 et pour prolonger no les sons tout d'une haleine, il lui suffisait d'ouvrir la bouche et de fermer les yeux. - Cousin, fait alors Chantecler, vous voulez apparemment railler. - Moi railler un ami, un parent aussi proche ? Ah Chantecler, vous ne le pensez pas. La vérité c'est que je n'aime rien tant que la bonne B5 musique, et je m'y connais. Vous chanteriez bien si vous vouliez clignez seulement un peu de l'œil, et commencez un de vos meilleurs airs. - Mais d'abord, dit Chantecler, puis-je me fier à vos paroles ? Éloignez-vous un peu, si vous voulez que je chante vous jugerez mieux, à distance, de l'étendue de mon fausset 17 - Soit, dit Renart, en reculant à peine, voyons donc, cousin, si vous êtes réellement fils de mon bon oncle Chanteclin. » Le coq, un œil ouvert, l'autre fermé, et toujours un peu sur ses gardes, commence alors un grand air. « FrancheM5 ment, dit Renart, cela n'a rien de vraiment remarquable mais Chanteclin, ah c'était lui quelle différence Dès qu'il avait fermé les yeux, il prolongeait les traits au point qu'on l'entendait bien au-delà du plessis. Franchement, mon pauvre ami, vous n'en approchez pas. » Ces mots ,
que
.
.
!
,
!
;
:
i-io
.
;
!
15. 16. 17.
Chanson, chansonnette. Dans un rayon de 4 km environ. Voix de tête, très aiguë. Le mot n'est pas
22
:
!
du tout pris ici en mauvaise part comme l'est en général aujourd'hui. Le coq est fier que sa voix puisse « monter » très haut. li
tgncttr otauc?
mmtcvtc
IcCmatt omcô uSmâtz ï£cwmmt }œuhmufcciamc
DU mai ), des formules et des constructions
compliquées, des inversions inutiles ?
Jean Anouilh, aujourd'hui, a supprimé tous les rêves prémonitoidans l'adaptation de la légende de Roland qu'il a donnée à la télévision. Pourquoi ?
3.
res
29
LE ROMAN DE RENART
Comment
Tiecelin le
à et
corbeau
prit
un fromage
la vieille,
comment Renart
le prit à Tiecelin
Dans une plaine fleurie que bornaient deux montagnes et qu'une eau limpide arrosait, Renart, un jour, aperçut de la rive opposée un fau solitaire planté loin de tout chemin frayé, à la naissance de la montée. Il franchit le ruisseau, gagne l'arbre, fait autour du tronc ses passes ordinaires 2 puis se vautre délicieusement sur l'herbe fraîche, en soufflant pour se bien refroidir. Tout dans ce lieu le charmait 3 tout, je me trompe, car il sentait un premier aiguillon de faim, et rien ne lui donnait l'espoir de l'apaiser. Pendant 1
5
,
,
m qu'il hésitait sur ce qu'il avait à faire, damp 4 Tiecelin, le corbeau, sortait du bois voisin, planait dans la prairie et allait
s'abattre dans un plessis 5 qui semblait lui promettre
bonne aventure. Là se trouvait un millier de fromages qu'on avait exposes, pour les sécher, à un tour de soleil. La gardienne était rentrée pour un moment au logis, et Tiecelin, saisissant l'occasion, s'arrêta sur un des plus beaux et reprit son vol
15
mon beau au moment où la vieille reparaissait. « Ah monsieur, c'est pour vous que séchaient mes fromages » Disant cela, la vieille jetait pierres et cailloux. « Tais-toi, !
!
20
tais-toi, la vieille,
répond Tiecelin
qui l'a pris, tu diras
:
vaise garde nourrit le
1.
Un
2.
Ses
de danse
habituelles
;
Renart est de bonne humeur. 3. Cherchez ce qui fait le charme de la nature pour l'animal qui parait vivre en parfaite har-
Damp
du
latin
elle.
ou danz, dam, dant
dominum).
30
!
Ensemble de la maison et de ses dépendances, fermé par des haies, des murs ou des
5.
petites figures
monie avec
quand on demandera car la mau-
.
hêtre.
4.
;
C'est moi, c'est moi loup 6 »
«
:
seigneur (vient
palissades. « La mauvaise garde nourntleloup » signiqu'une surveillance mal faite favorise les vols et par conséquent nourrit les voleurs.
6.
tie
LE ROMAN DE RENAK
25
I
Tiecelin s'éloigne et s'en vient percher sur le fau qui couvrait damp Renart de son trais ombrage. Réunis paf le même arbre, leur situation était loin d'être pareille. Tiecelin savourait ce qu'il aimait le mieux Renaît, également ;
friand du fromage et de celui qui en était
regardait sans espoir de les atteindre. 30
le
maître, les
Le fromage à demi
séché donnait une entrée facile aux coups de bec Tiecelin en tire le plus jaune et le plus tendre puis attaque la croûte dont une parcelle lui échappe et va tomber aux pieds de l'arbre 7 Renart lève la tête et salue Tiecelin qu'il voit fièrement campé, le fromage dressé dans les pattes. « Oui, je ne me trompe pas ;oui, c'est dampTiecelin. Que le bon Dieu vous protège, compère*, vous et l'âme de votre père, le fameux chanteur Personne autrefois, diton, ne chantait mieux que lui en France. Vous-même, si je m'en souviens, vous faisiez aussi de la musique ai-je rêvé que vous avez longtemps appris à jouer de l'orgue ? Par ma foi, puisque j'ai le plaisir de vous rencontrer, vous consentirez bien, n'est-ce pas, à me dire une petite ritour:
il
;
.
35
!
:
jo
nelle 9
45
.
»
Ces paroles furent pour Tiecelin d'une grande douceur, car il avait la prétention d'être le plus agréable musicien du monde. Il ouvre donc aussitôt la bouche et fait entendre un crah prolongé. « Est-ce bien, cela, damp Renart ? Oui, mais si vous vouliez, vous dit l'autre, cela n'est pas mal monteriez encore plus haut. - Écoutez-moi donc. • Il tait alors un plus grand effort de gosier. « Votre voix est belle, -
:
50
dit
Renart, mais
mangiez pas
7.
Quels
détails,
10 .
dans ce passage, vous pala gourmandise du
raissent propres à exciter goupil ? 8.
encore si vous ne Continuez pourtant, je vous
elle serait plus belle
tant de noix
Compagnon.
9 Air à couplets répétés. 10 Comme les chanteurs qui absorbent du miel ou du vin pour adoucir ou éclairar leur
ne devrait avaler qui améliorent les capacités vocales. Renart fait semblant de croire que les voix, Tiecelin, selon Renart.
que des aliments
croassements rauques du corbeau ne sont irels mais provoqués par son ahmenAttention les corbeaux aoassenUes grenouilles coassent tation...
:
31
.
LE
ROMAN DE RENART
prie. » L'autre, qui veut
55
absolument emporter
le
prix de
chant, s'oublie tellement que. pour mieux filer le son 11 ouvre peu à peu les ongles et les doigts qui retenaient
fromage
et le laisse
Le glouton frémit
,
il
le
tomber justement aux pieds de Renart
alors de plaisir
mais il se contient dans vaniteux chanteur 12 « Ah Dieu, dit-il en paraissant faire un effort pour se lever, que de maux le Seigneur m'a envoyés en ce monde Voilà que je ne puis changer de place, tant je souffre du genou et ce fromage qui vient de tomber m'apporte une odeur infecte et insupportable. Rien de plus dangereux que cette odeur pour les blessures des jambes les médecins me l'avaient bien dit. en me recommandant de ne jamais en goûter. Descendez, je vous prie, mon cher Tiecelin. venez m'ôter cette abomination. Je ne vous demanderais pas ce petit service, si je ne m'étais l'autre jour rompu la jambe dans un maudit piège tendu à quelques pas d'ici Je suis condamné à demeurer à cette place jusqu'à ce qu'une bonne emplâtre 13 vienne commencer ma guéri-
fromage
l'espoir de réunir au
,
;
le
.
!
60
!
;
;
65
70
.
son.
»
Comment
se méfier de telles paroles
accompagnées de
toutes sortes de grimaces douloureuses 75
!
Tiecelin d'ail-
leurs était dans les meilleures dispositions
pour
celui qui
venait enfin de reconnaître l'agrément de sa voix. Il descendit donc de l'arbre mais une fois à terre, le voisinage :
de Renart le fit réfléchir. Il avança pas à pas. l'œil au guet, 14 « Mon Dieu disait et en se traînant sur le croupion Renart. hàtez-vous donc, avancez que pouvez-vous craindre de moi. pauvre impotent 15 ? » Tiecelin s'approcha davantage, mais Renart. trop impatient, s'élance et le !
.
«o
:
11. Tenir longuement la même note, sur une seule respiration, en variant seulement l'in-
tensite. 12. C'est-à-dire
corbeau
et le
32
dans
fromage.
l'espoir
de croquer
le
13.
Pansement
[on
dit
aujourd'nui
un emplâ-
tre).
14. Sur le derrière. qui 15. Impotent: qu'avec difficulté.
ne
peut
se
mouvoir
Renart
et Tiécelin
cher, Le
(Reproduction de bois originaux de Lucien BouRenart, l'artisan du livre (Edition 1942
Roman de
LE
ROMAN DE RENART
manque, ne retenant en gage que
trois ou quatre plumes. Renart dit alors Tiecelin, je devais bien savoir que vous me tromperiez J'en suis pour quatre de mes plus beaux tuyaux 16 mais c'est là tout ce que vous » aurez, méchant et puant larron 17 que Dieu maudisse Renart, un peu confus, voulut se justifier. C'était une attaque de goutte 18 qui l'avait fait malgré lui sauter. Tiece« Garde le fromage, je te l'abanlin ne l'écouta pas donne quant à ma peau tu ne l'auras pas Pleure et gémis maintenant à ton aise Je ne viendrai pas à ton secours - Eh bien, va-t'en, braillard de mauvais augure 19 dit Renart en reprenant son naturel cela me consolera de n'avoir pu te clore le bec. Par Dieu reprit-il ensuite, voilà vraiment un excellent fromage je n'en ai jamais mangé de meilleur c'est juste le remède qu'il me fallait pour le mal de jam«
85
Ah
!
traître
!
!
,
!
,
90
:
.
;
.
,
;
95
!
;
;
bes. » Et, le repas achevé, îoo
il
reprit lestement le
chemin des
bois.
Réfléchissons ensemble Pourquoi est-il intéressant de noter que le corbeau s'est procuré sa nourriture par un vol ? Expliquez le titre. Les moqueries que Tiecelin lance à la vieille ne préparent-elles pas celles dont il sera l'objet? Quels sont les motifs du vol chez les deux animaux ? En quoi ce récit montre-t-il un aspect important de la situation économique et sociale au Moyen Age ? 1.
Pour quelle raison les louanges de Renart s'adressent-elles davantage aux qualités personnelles du chanteur qu'à celles de son père ?
2.
16. Bouts creux des plumes, par opposition aux tiges ici, par extension, le terme a le sens de plumes. ;
17.
Voleur.
34
18.
19.
Douleur très vive des de malheur.
Braillard
articulations,
LE ROMAN DE RENAK Comparez ce passage avec
celui qui
lui
correspond dans
le
conte
précédent. Pourquoi la prétention de Tiecelin paraît-elle plus cule que celle de Chantecler ?
Lorsque le fromage est tombé, quel stratagème pour faire approcher Tiecelin ?
3.
utilise le
Renart subit un échec, Tiecelin lui échappe. Mais plusieurs titres à la fin du récit. Comment ?
4.
il
ridi-
goupil
se venge à
Comparons Voici
la
sage
et
fable
de
la
du fabuliste grec Ésope qui est la source de ce pasfable de La Fontaine, Le Corbeau et le Renard.
« Ceux qui se plaisent aux éloges trompeurs en sont punis honteusement par un repentir tardif. Un corbeau ayant pris un fromage sur une fenêtre se posa, pour le manger, au haut d'un arbre. Un renard l'aperçut et lui dit « Quel n'est pas l'éclat de ton plumage, ô corbeau Quelle grâce est répandue sur ta personne et ton visage Si tu avais de la voix, nul oiseau ne te serait supérieur. » Lui, comme un sot, voulant montrer sa voix, lâcha le fromage. Leste, le rusé renard s'en saisit de ses dents avides. Alors le corbeau gémit de sa stupidité. Ceci montre combien l'intelligence a de valeur. Toujours, même sur le courage, pré:
!
!
vaut
la
sagesse.
»
Distinguez nettement, dans la fable d'Ésope, le récit et la moraAuquel de ces deux éléments semble-t-il attacher le plus d'importance ? A quoi le remarquez-vous ?
1.
lité.
2.
Comparez maintenant
Roman de
les trois récits (d'Ésope, de l'auteur du Renart, de La Fontaine). Lequel est le plus vivant à votre
avis ?
Pourquoi
Dans
lequel
?
Lequel vous
fait
voir le
mieux
les
paroles (totalement inventées paraissent-elles les plus vraisemblables ? les
deux animaux ? pourtant) vous
M
I
LE
ROMAN DE RENART
Comment
Renart ne put obtenir de le baiser
la
mésange
de paix
Renart commençait à se consoler des méchants tours de Chantecler et de Tiecelin quand, sur la branche d'un vieux chêne, il aperçut la mésange, laquelle avait déposé sa couvée dans le tronc de l'arbre. Il lui donna le premier « J'arrive bien à propos, commère salut descendez, je vous prie j'attends de vous le baiser de paix 2 et j'ai promis que vous ne le refuseriez pas. - A vous, Renart ? fait la mésange. Bon, si vous n'étiez pas ce que vous êtes, si l'on ne connaissait vos tours et vos malices Mais, d'abord, je ne suis pas votre commère seulement, vous le dites pour ne pas changer d'habitudes en prononçant un mot de vérité. - Que vous êtes peu charitable répond Renart, votre fils est bien mon filleul par la grâce du saint baptême, et je n'ai jamais mérité de vous déplaire. Mais si je l'avais fait, je ne choisirais pas un jour comme celui-ci pour recommencer. Écoutez bien sire Noble, notre roi, vient de proclamer la paix générale plaise à Dieu qu'elle soit de longue durée Tous les barons l'ont jurée, tous ont promis d'oublier les anciens sujets de querelle. Aussi les petites gens sont dans la joie le temps est passé des disputes, des procès et des meurtres chacun aimera son voisin, et chacun pourra dormir tranquille. Savez-vous, damp Renart, dit la mésange, que vous dites là de belles choses ? Je veux bien les croire à demi mais cherchez ailleurs qui vous baise, ce n'est pas moi qui donnerai l'exemple. 1
:
;
,
;
!
;
!
:
;
!
;
;
;
1.
Au Moyen Age
parrain et
la
et
pelèrent entre eux
mais compère
et
même
compère
commère
voisin, voisine, ami,
36
pendant longtemps
marraine d'un
amie.
et
le
enfant s'ap-
commère
;
signifient aussi
la suite de ce chapitre les indications paix jurée ». 3. Le Dieu des chrétiens étant un Dieu en trois personnes (le Père, le Fils et le Samt-
2.
voira
sur «
la
Esprit), trois était
considéré
comme
un
chiffre
.
LE -
loin
30
En ;
commère, vous pousse/ la défiance un peu m'en consolerais, si je n'avais jure d'obtenir le
vérité,
je
baiser de paix de vous comme de tous les autres. Tenez, je fermerai les yeux pendant que vous descendrez m'embrasser. - S'il en est ainsi, je le veux bien, dit la mésange.
Voyons vos yeux Cependant flocon de mousse rive, »
35
ROMAN DE RENART
Renart. fait
elle,
A
:
sont-ils bien
termes
?
-
Oui.
-
J'ar-
l'oiseau avait garni sa patte d'un petit
déposer sur les barbes de l'attouchement qu'il mésange, mais ce n'était pas
qu'il vint
peine celui-ci
a-t-il senti
un bond pour saisir la il en fut pour sa honte.
«
Ah
!
donc votre paix
voilà
ne tient pas à vous que le traité ne soit déjà rompu. - Eh dit Renart, ne voyez-vous pas que je plaisanté ? je voulais voir si vous étiez peureuse. Allons, recommençons tenez, me voici les yeux fermés. » La mésange, que le jeu commençait à amuser, vole et sautille, mais avec précaution. Renart montrant une seconde « Voyez-vous, lui dit-elle, vous n'y réussifois les dents rez pas je me jetterais plutôt dans le feu que dans vos bras. - Mon Dieu dit Renart, pouvez-vous ainsi trembler Vous supposez toujours un au moindre mouvement piège caché c'était bon avant la paix jurée. Allons une en l'honneur de troisième fois, c'est le vrai compte Sainte Trinité 3 Je vous le répète j'ai promis de vous donner le baiser de paix, je dois le faire, ne serait-ce que pour mon petit filleul que j'entends chanter sur l'arbre votre baiser
Il
!
!
-10
;
:
45
;
!
!
!
:
;
50
.
;
voisin. »
55
Renart prêche bien sans doute, mais la mésange t'ait la sourde oreille et ne quitte plus la branche de chêne. Cependant voici des veneurs 4 et des braconniers', les 7 chiens et les coureurs 6 de damp abbé qui s'embatent de .
sacré. Renart dirait aujourd'hui
:
Deux ne
va
pas sans trois. 4. Personnes qui s'occupent de tout ce qui concerne la vénerie, l'art de la chasse. personnes qui dirigent les 5. Sens ancien chiens braques, chiens de chasse réputés :
;
sens actuel
:
ceux
qui
chassent de façon
illé-
gale.
o Chevaux de selle capables de courir à grande vitesse et utilisés pour la chasse. 7. Qui arrivent en courant, qui se jettent de leur côté
37
LE ROMAN DE RENART
tout à
60
On
son des grailes 8 et des cors, puis le goupil ! Renart, à ce cri terrible, oublie la mésange, serre la queue entre les jambes, pour donner moins de prise à la dent des lévriers. Et la mésange alors de lui dire « Renart pourquoi donc vous éloigner ? La paix n'est-elle pas jurée ? - Jurée, oui, répond Renart, mais non publiée. Peut-être ces jeunes chiens ne savent-ils pas encore que leurs pères l'ont arrêtée - Demeurez de grâce je descends pour vous embrasle temps presse, et je cours à mes affaires. » ser. - Non leur côté.
coup
:
entend
le
Le goupil
!
:
65
,
.
!
!
;
Réfléchissons ensemble 1. De quelle façon la mésange nous est-elle présentée par l'auteur, volontairement, dès le début du récit ? Pourquoi ?
2.
Comment
est obligé
Renart adapte-t-il ses ruses à son interlocutrice ? de céder sur un point. Lequel ?
A partir de quel moment sentons-nous que mène le jeu ?
3.
4.
Au dénouement,
quoi 5.
les
c'est
événements servent bien
la
mésange
Il
qui
Pour-
l'oiseau.
?
Renart perd-il
la
face malgré son échec
Documentons-nous sur
la
total ?
Trêve de Dieu
Au Moyen Age
les guerres étaient très fréquentes, de petites guerres sans doute à côté de nos grandes guerres mondiales, mais des guerres qui causaient quand même beaucoup de morts, de blessés et de souffrances. D'autre part, même pendant la paix, la plupart des gens étaient mal protégés, chacun pouvait être menacé brusquement dans ses biens et même dans sa vie. La violence régnait partout dans ce qu'on appelle la vie économique, c'est-à-dire tout ce qui concerne les moyens de subsister dans presque tous les abus des le droit qui excusait ou légitimait puissants dans les mœurs, dans la morale, car les gens, durcis à :
;
1
;
38
LE ROMAN DE RENAR la
I
peine, étaient peu sensibles au spectacle des souffrances des
autres.
Cependant, peu à peu, un immense désir de paix se fil
Ton
se tourna vers
I*
sentir et
Église. Les premières associations de paix
prirent naissance dans des réunions d'évèques qui tentèrent de fixer des bornes à la violence, d'abord en établissant un inventaire
des actes défendus, des personnes a épargner, des
bâti
ments à ne pas piller, puis en interdisant tout acte de violence les dimanches et jours de fête, et même certains jours de la semaine. C'était/^/ Trêve de Dieu. Les petites gens y axaient bien sur plus d'intérêt que les autres et c'est pourquoi Renart indique qu'ils se réjouissent.
Comment respecter
la
forcer les seigneurs, les chevaliers
trêve ?
et les vilains a
— On exigea d'eux un serment
,
la
paixju
on s'efforça de punir ceux qui manquaient à leurs promesses. C'est pourquoi les premières associations de paix se transi orme rent en mouvements d'action composés souvent de paysans. Mais les très grands seigneurs et le roi, qui avaient en général et
intérêt aussi à voir régner Tordre, se mirent à
associations pacifistes.
Ils
la
tête de ces
se firent assez souvent les défenseurs
des petits contre les moyens. Bien sûr, la paix jurée était souvent rompue, les engagements violés, et l'hypocrisie de Renart dans ce conte reproduit fidèlement l'attitude de nombreux petits seigneurs belliqueux et pillards qui se moquaient des serments et de la paix.
Cherchons dans nos souvenirs l'aide de votre professeur, cherchez des exemples anciens ou récents de trêves rompues, de paix jurées et presque aussitôt violées. Quelles leçons pratiques tirez-vous de ces rappels ?
Avec
ô.
Sortes de trompettes ainsi appelées parce « maïqres ». L'ad-
qu'elles étaient allonqées.
jectif grêle peut sonn
al toî iurjmiflrur
,
mes faut
,
i
i o»fcpurçrofranwjfor vT ommr fc imm maTmur
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J3
c$yu$ fruanr Cob w$lim ~3>rta djaovttr ctum la éntmtrfim œl fow fa fane
tI.iiw
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m iror
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unies
dioual
fina panitul- ufll
Taurque il tiuir a.i.jilmfllt 1
aloiîf li marrijeant laiflic
_
4Xuip: fol t mufr-t fc tmicnt Ptsmmr (iïr ameir vemenct d>r*ik*uimatortrlfcmr u fa mmOucJattrujDif
J>
Une bande dessinée du Moyen Age (Manuscrit conservé à bliothèque Nationale). Renart saute à bas du chariot 1 2 - Colère des marchands
la
Bi-
LE ROMAN DE RENART Réfléchissons ensemble Quelle est la situation de départ de l'épisode ? Justifie-t-elle ou du moins excuse-t-elle, à vos yeux, l'attitude du goupil ? 1.
Vous paraît-il possible que les marchands croient si vite à la mort de Renart ? Si vous répondez oui, vous devez être capable de donner des exemples dans la vie quotidienne d'erreurs souvent aussi grosses, et d'indiquer pour quelles raisons on les commet. 2.
3.
Quelles qualités et quels défauts trouvez-vous à Renart et aux ce récit ?
hommes dans 4.
Relevez les indications de comique léger, d'humour, qui suscinon pas le rire, mais le sourire et la bonne humeur.
tent
Le tableau delafamillede Renart, dans les dernières lignes, vous surprend-il ? Qu'a voulu montrer l'auteur par cette évocation, à votre avis ? 5.
Comparons Lisez ci-dessous
pagnons chands ?
(V,
20).
la
fable
de La Fontaine
Les deux
hommes
:
L'Ours
et les
Deux Com-
ressemblent-ils à nos mar-
L'OURS ET LES DEUX COMPAGNONS Deux compagnons, pressés
A
d'argent
1 ,
leur voisin fourreur vendirent
La peau d'un ours encor
vivant,
du moins à ce qu'ils dirent. C'était le roi des ours au compte de ces gens Le marchand a 1 sa peau devait faire fortune Mais
qu'ils tueraient bientôt,
:
;
Elle garantirait des froids les plus cuisants
On
;
en pourrait fourrer plutôt deux robes qu'une. Dindenaut 3 prisait 4 moins ses moutons qu'eux leur ours Leur, à leur compte, et non à celui de la bête. S'offrant de la livrer au plus tard dans deux jours, Ils conviennent de prix, et se mettent en quête, Trouvent l'ours qui s'avance et vient vers eux au trot.
44
LE ROMAN DE RENART mes gens frappés comme d'un coup de foudre. fallut le résoudre Le marché ne tint pas Voilà
;
il
;
D'intérêts contre Tours, on n'en dit pas un
mot\
L'un des deux compagnons grimpe au faîte d'un arbre L'autre, plus froid que n'est un marbre. Se couche sur le nez, fait le mort, tient son vent 6 Ayant quelque part ouï dire Que l'ours s'acharne peu souvent Sur un corps qui ne vit, ne meut 7 ni ne respire. Seigneur ours, comme un sot, donna dans ce panneau.
;
,
,
11
voit ce corps gisant, le croit privé de vie,
Et, de peur de supercherie,
Le tourne,
le retourne, approche son museau. aux passages de l'haleine. « C'est, dit-il, un cadavre ôtons-nous, car sent. » A ces mots, l'ours s'en va dans la forêt prochaine. L'un de nos deux marchands de son arbre descend. Court à son compagnon, lui dit que c'est merveille Qu'il n'ait eu seulement que la peur pour tout mal. « Eh bien, ajouta-t-il, la peau de l'animal ? Mais que t'a-t-il dit à l'oreille ? Car il t'approchait de bien près, Te retournant avec sa serre. Il m'a dit qu'il ne faut jamais Vendre la peau de l'ours qu'on ne l'ait mis par terre.
Flaire
il
;
»
La Fontaine, Fables, V, 20.
1.
Ayant un pressant besoin d'argent.
Grâce à. fait un éloge Personnage de Rabelais. interminable des moutons qu'il veut vendre à
2
3.
Il
Panurge. 4.
Estimait.
5.
Très ironique.
ché, mais on
i
Il
fallut
bien annuler le mar-
-'damer
ntérêts a l'ours -esponsable de la rupture du contrat 6 Retient son souffle 7 Ne bouge
45
LE ROMAN DE RENART
Où
l'on verra
conduisit son
comment Renart
compère a 1
pêche aux anguilles
la
peu de temps avant Noël, quand on pense à saler bacons 2 Le ciel était parsemé d'étoiles, il faisait un grand froid, et le vivier 3 où Renart avait conduit son compère était assez fortement pris de glace pour que l'on pût 4 en toute sécurité former sur lui des rondes joyeuses. Il n'y avait qu'un seul trou, soigneusement entretenu chaque jour par les paysans du village, et près duquel ils avaient laissé le seau qui leur servait à puiser de l'eau. Renart, indiquant du doigt le vivier « Mon oncle, ditil, c'est là que se tiennent en quantité les barbeaux, les tanches 5 et les anguilles et précisément voici l'engin 6 qui sert à les prendre. » Il montrait le seau. « Il suffit de le tenir quelque temps plongé dans l'eau, puis de l'en tirer quand on sent à sa pesanteur qu'il est garni de poissons. - Je comprends, dit Ysengrin, et pour bien faire, je crois, beau neveu, qu'il faudrait attacher l'engin à ma queue c'est apparemment ainsi que vous faites vousmême quand vous voulez avoir une bonne pêche. - Justement, dit Renart; c'est merveille comme vous comprenez aisément. Je vais faire ce que vous demandez. » Il serre fortement le seau à la queue d' Ysengrin. « Et maintenant, vous n'avez plus qu'à vous tenir immobile pendant une heure ou deux, jusqu'à ce que vous sentiez les poissons arriver en foule dans l'engin. - Je comprends fort bien pour de lapatiencej'enaurai tant qu'il faudra. » Renart se place alors un peu à l'écart, sous un buisson, la tête entre les pieds, les yeux attachés sur son compère. C'était
les
5
.
:
10
;
15
;
20
25
;
1.
Compagnon,
2.
Quartiers de porc
glais est 3.
ami. frais
ou salé
(le
mot an-
un emprunt à l'ancien français).
Bassin, dont l'eau est
46
constamment
re-
nouvelée, pour la conservation ou l'élevage du poisson. 4. Imparfait du subjonctif (à ne pas confondre OIIII|_MV^ \-|VJI MIUIOUUI j^UJJO n'a tl jamais avec l'indicatif «VV^\«> passé simple qui II e d'accent circonflexe à la 3 personne). I
J
LE
ROMAN DE RENART
L'autre se tient au bord du trou la queue en partie plongée dans l'eau avec le seau qui la retient. Mais comme le froid était extrême, l'eau ne tarda pas à se figer, puis à se changer en glace autour de la queue. Le loup, qui se sent pressé 7 attribue le tiraillement aux poissons qui arrivent il se félicite, et déjà songe au profit qu'il va tirer d'une pêche miraculeuse. Il fait un mouvement, puis s'arrête encore, persuadé que plus il attendra, plus il amènera de poissons à bord Enfin il se décide à tirer le seau mais ses efforts sont inutiles. La glace a pris de la consistance, le trou est fermé, la queue est arrêtée sans qu'il lui soit possible de rompre l'obstacle. Il se démène et s'agite, il appelle Renart « A mon secours, beau neveu il y a tant de poissons que je ne puis les soulever viens m'aider je suis las, et le jour ne doit pas tardera venir. » Renart, qui « Comment, faisait semblant de dormir, lève alors la tête bel oncle, vous êtes encore là ? Allons, hâtez- vous, prenez vos poissons et partons le jour ne peut tardera venir. - Mais, dit Ysengrinjene puis les remonter. Il y en a tant, tant, que je n'ai pas la force de soulever l'engin. - Ah reprend Renart en riant, je vois ce que c'est mais à qui la faute ? Vous en avez voulu trop prendre, et le vilain 8 a raison de le dire Qui tout désire tout perd. » ,
30
,
35
;
,
.
40
;
:
!
;
;
:
45
;
!
!
50
:
La
nuit passe, l'aube paraît, le soleil se lève.
La neige
avait blanchi la terre, et messire Constant des Granges, un
honnête vavasseur 9 dont la maison touchait à l'étang, se lève et sa joyeuse mesgnie 10 Il prend un cor, appelle ses chiens, fait seller un cheval des clameurs partent de tous les côtés, tout se dispose pour la chasse. Renart ne les attend pas, il reprend lestement le chemin de Maupertuis. .
55
;
5.
Poissons d'eau douce.
6. 7.
L'instrument. Serré.
8.
Paysan.
« Arrière-vassal »». c'est-à-dire vassal d'un suzerain qui est lui-même le vassal d'un seigneur. 10 Et sa joyeuse maisonnée se lève aussi.
9.
47
LE ROMAN DE RENART 11
pauvre Ysengrin qui tire de queue cruellement sans parvenir à la dégager. Survient un garçon tenant deux lévriers en laisse. Il aperçoit le loup arrêté par la queue dans la glace, et le derrière ensanglanté. « Ohé ohé le loup » Les veneurs 12 avertis accourent avec d'autres chiens, et cependant Ysengrin entend Constant des Granges donner l'ordre de les délier 13 Les braconniers 14 leurs brachets s'attachent au loup 15 qui, la obéissent laissant sur la brèche
le
droite et de gauche, et déchire sa
60
!
!
!
65
.
;
bonne défense. Il mord uns, retient les autres à distance. Alors messire Constant descend de cheval, approche l'épée au poing et pelisse hérissée, se dispose à faire
les
70
pense couper Ysengrin en deux. Mais le coup porte à messire Constant, ébranlé lui-même, tombe sur la tête et se relève à grand-peine Il revient à la charge vise la 16 descend sur la queue qu'il tête, le coup glisse et le glaive emporte tout entière. Ysengrin, surmontant une douleur aiguë, fait un effort suprême et s'élance au milieu des chiens qui s'écartent pour lui ouvrir passage et courir aussitôt à sa poursuite. Malgré la meute entière acharnée sur ses traces, il gagne une hauteur d'où il les défie. Brachets et lévriers tous alors renoncent à leur chasse Ysengrin entre au bois, plaignant la longue et riche 17 queue qu'il s'est vu contraint de laisser en gage, et jurant de tirer vengeance de Renart qu'il commence à soupçonner de lui avoir malicieusement ménagé toutes ces fâcheuses avenfaux
;
,
.
75
,
*o
.
,
tures.
Laissant assiégé, laissant au combat. Officiers d'un prince ou d'un particulier qui s'occupent de la vénerie, de la « chasse à courre ». 13. Détacher. 14. (Sens ancien) ceux qui sont chargés de 11. 12.
48
chiens de chasse appelés brachets ou braques (ligne suivante) (sens moderne) ceux qui chassent de façon illégale, 15. Harcèlent le loup, le pressent.
tenir les
;
16. 17.
L'épée.
Abondante,
touffue.
Ysengrin est pris au piège et Renart emporte les poissons tions
de
S.
(Illustra-
Baudouin pour Le Roman de Renart, Éditions Caster-
man).
49
LE ROMAN DE RENART Réfléchissons ensemble Étudiez attentivement le premier paragraphe du texte (lignes 1 à C'est un très bon exemple pour vos rédactions l'auteur y a réuni de la façon la plus naturelle toutes les indications dont nous avons besoin pour prendre intérêt à l'histoire. Montrez-le. 1.
8).
:
2.
Y
3.
Que pensez-vous des
a-t-il
a-t-il
des invraisemblances dans ce
récit ?
Lesquelles ?
capacités de réflexion d'Ysengrin ? Qu'y d'amusant et de moqueur dans la triple répétition du verbe
comprendre
?
Plusieurs remarques révèlent qu'il ne doute pas un instant de de son système de pêche. Citez ces remarques. A quel moment commence-t-il à se rendre compte du tour que lui a joué 4.
l'efficacité
son compère ? Quels sentiments éprouvez-vous à son égard ? Pourquoi, pour la première fois, Renart nous Qu'auriez-vous aimé le voir faire ?
5.
paraît-il
méchant
?
Inventons Ysengrin, fort penaud de s'être laissé duper une fois de plus par Renart, rentrée la maison. Il est bien obligéd'expliqueràsafemme, à ses louveteaux, à ses voisins, pourquoi est ainsi mutilé. Il essaie d'inventer une histoire mais il n'arrive pas à la rendre cohérente. On 1.
il
le presse de questions et scène.
il
est obligé
de tout avouer. Imaginez
la
Un sergent romain d'occupation, qui s'est fait voler son casque, son ceinturon et son glaive par le maquisard gaulois FFX\ estobligé d'expliquer à César cette regrettable disparition. Imaginez la scène.
2.
Une femme, qui s'est laissé abuser par un démarcheur sans scrupules, est obligée d'expliquer, le soir, à son mari pourquoi elle a
3.
signé des « traites », fort importantes, pour acheter sans garanties un « autofriseur capillaire électromagnétique superluxe» qui ne marche déjà plus. Imaginez la scène.
1.
Les
initiales F.F.I.
désignaient officiellement en 1944 les corces hrança.ses de
l'Intérieur, c'est-à-dire les soldats
50
sans uniforme,
les résistants.
LE
ROMAN DE RENART
Inventez d'autres histoires sur le même thème. (Vous pouvez les raconter soit sous forme de récit, en expliquant un peu les sentiments des personnages, soitsous forme théâtrale. Dans ce dernier cas, vous pouvez, bien sûr, écrire la scène tout seul en imaginant les répliques de tous les personnages, mais vous pouvez aussi l'écrire à plusieurs, après vous être partagé les rôles entre camarades. faut très bien vous entendre et faire beaucoup de répétitions, mais c'est un jeu, un travail très intéressant et très drôle, où l'on comprend vite la nécessité d'être court et l'importance des moindres mots.)
4.
Il
51
.
.
LE ROMAN DE RENART
Comment aussi
Ysengrin ne fut pas
bon partageur que Renart
Noble, Ysengrin et Renart, chassant ensemble, ont capturé un taureau, une vache et un veau en se débarrassant de leur gardien... Mais il s'agit maintenant de partager les proies.
Noble
se tourna d'abord vers Ysengrin
damp connétable chacun
:
1 ,
«
:
C'est vous,
qui déciderez ce qui doit revenir à
vous trouverez aisément moyen de nous conten-
ter tous les trois -
J'obéis, monseigneur, puisque tel est votre plaisir
;
que je mangerai volontiers. De quoi s'agit-il ? d'un taureau, d'une vache et d'un veau... » Il parut hésiter un instant, comme cherchant moyen de tout arranger au mieux car il se rappelait ce que dit le vilain 2 d'ailleurs j'avoue
:
;
Qui le bien voit et le mal prenî Souvent à bon droit se repent.
En tout cas, il se serait fait étrangler plutôt que de rien proposer à l'avantage de Renart. « Monseigneur, reprit-il enfin, mon avis est que vous reteniez pour vous le taureau et la belle génisse. Je me contenterai du veau, et quant au roux 3 que vous avez admis dans votre compagnie, je sais qu'il aime peu ces nous l'inviterons à chercher pâture 4 sortes de viandes ;
ailleurs. »
Oh
que grande chose est Seigneurie 5 Il faut au seigneur donner tout à garder, tout faire à sa guise 6 et surtout
1
!
!
Grand chef des armées
2.
Paysan.
3.
Terme méprisant
4.
Nourriture. L'état de seigneur.
5.
52
qui
royales.
désigne
le goupil.
6.
Comme
il
le veut.
7.
Abandonnez-nous.
8.
Entendre
Entendu
!
signifie
signifie
souvent comprendre. ! D'accord !
Compris
LE
ROMAN DE RENART
En tous pays la coutume connétable Ysengrin pouvait-il oublier une telle vérité Or ce qui devait arriver arriva Noble ne l'avait pas écouté sans branler la tête et sans témoigner une indignation vive. A peine le partageur a-t-il fini, que lui se dresse, fait deux pas, lève sa terrible patte et rétend sur la joue d'Ysengrin d'une telle force qu'il enlève la peau, le cuir du visage, et laisse le coupable couvert de sang. « Ysengrin, dit-il, n'entend rien aux partages, j'aurais dû le deviner, c'est à vous, Renart, plus habile et plus sage, à satisfaire chacun de nous. - Sire, répondit Renart, vous me faites un honneur que je n'osais espérer mais voici ma proposition Prenez, seigneur, ce qu'il vous plaira et nous ne jamais
lui
même
est la
parler de partage. le
;
:
!
25
30
;
:
35
abandonnez 7 le reste. Non, non dit Noble, je ne l'entends pas ainsi 8 je veux que tout soit réglé par jugement, suivant l'équité 9 et de façon que personne n'ait droit de se plaindre. - Eh !
:
,
bien reprit Renart, puisque vous le voulez, mon avis est d'abord, comme Ysengrin l'avait proposé, que le taureau soit à vous c'est la part du roi, il ne peut tomber en mains plus glorieuses. La génisse est tendre, grasse et jeunette elle sera pour madame la reine. Le prince impérial votre 10 fils a, si je ne me trompe, été nouvellement sevré il doit à lui doit revenir ce petit i5 avoir un an, ou peu s'en faut veau, tendre comme du lait. Pour nous autres, ce vilain 11 et moi, nous irons chercher notre chevance 12 ailleurs. » Ces paroles répandent une satisfaction visible sur le fier visage du roi. « Voilà, dit-il, qui est bien parlé aussi bien, Renart, suis content. réclame. C'est je personne ne « Mais, dites-moi, qui vous apprit à si bien faire les parta!
40
;
;
,
;
:
9.
Justice égaie pour tous {équi veut dire
égal pensez aux mots égo/valent, équibbre, équmoxe, etc.). ;
10.
Sevrer
menter au
:
cesser progressivement d'ah-
lait.
11 Ce paysan (le mot est dit ici avec mépris c'est une manière de dire au lion qu'il n'est pas de la même race que le loup, et qu'il n'a pas à partager avec des manants), ;
12
Chercher
fortune.
53
LE
ROMAN DE RENART
répond Renart, le chaperon 13 rouge d'Ysenpour moi de grande autorité Je suis même tenté de croire que la couronne que vous lui avez faite indique un cardinal 14 sinon Tapostole 15 lui-même. Ola belle couleur de pourpre il faut s'incliner devant elle. Maître Renart, maître Renart, fait le roi en lui passant doucement le bras sur l'oreille vous êtes un subtil personnage, et vous savez mieux que votre pain manger 16 Tant pis pour qui refuserait vos bons services vous retenez bien ce qu'on dit, et vous savez profiter à merveilles des sottises cTautrui. Demeurez ici tous les deux et de bonne amitié mais je conseille à Ysengrin, s'il veut s'épargner de grands regrets, de mieux répartir une autre fois. Pour moi, j'ai de grandes affaires qui m'obligent à m'éloigner. Cherchez, parcourez ces bois, et si vous y trouvez votre dîner, je vous permets de le prendre. Adieu, Renart !... Bien partagé, vraiment, bien partagé » ges
?
Sire,
-
grin est
55
.
,
!
,
.
60
;
;
65
!
Réfléchissons ensemble Traduisez en français moderne 10-11, l'exclamation de la ligne 20.
1.
la
maxime en
vers des lignes
Commentez les différentes appellations qui sont loup, lignes 24 à 30.
2.
3.
Pourquoi
le
partage du loup
est-il très
données au
maladroit et celui de Renart roi ? à
habile ? Comment Renart se comporte-t-il à l'égard du l'égard de son compère ? 4.
Pour quelle raison Noble refuse-t-il et accepte-t-il la seconde ?
la
première proposition de
Renart
13.
Capuchon
veux
et
le
à
Rouge). 14. La soutane sont rouges.
54
la
mode
Petit
15.
L'apôtre,
16.
Savoir
tout le et le
ici le Pape lui-même. manger son pain est élémentaire monde sait se servir de ses mâchoires,
che-
Chaperon
qui couvrait les
cou (pensez au
chapeau des cardinaux
;
mais tout le monde ne sait esprit
comme
le goupil.
pas se servir de son
LE
ROMAN DE RENART
Inventons Racontez un partage de billes ou de vêtements de poupée, entre sœurs, entre cinq camarades. (Vous n'êtes pas du tout obligé de raconter un partage fondé ouvertement ou hypocritement sur la force y a aussi, entre gens qui s'entendent bien, des partages équitables, et même parfois des partages qui
trois frères, entre trois
;
avantagent volontairement
il
les
plus faibles.)
55
,
ROMAN DE RENART
LE
Comment
le roi
fit
Le connétable Ysengrin goupil.
Noble
tint
cour plénière
\
comment
Ysengrin une seconde clameur 2 contre Renart et
a
déposé une plainte
officielle
contre
le
femme. Dame Hersent, et louveteaux. Le roi. Noble, convoque les
l'accuse d'avoir outragé sa
Il
couvert d'ordures ses membres de son Conseil, qui lui donnent des avis très différents selon qu 'ils sont amis ou ennemis de Renart qu 'ils en ont peur ou non. Le roi. finalement. « récuse 3 » le témoignage de Dame Hersent, qui risque d'être partial, et ordonne à Renart de jurer solennellement, sur une relique de saint, qu'il n'était pas coupa.
ble.
Ysengrin alors essaie d'amener Renart à prêter serment en mettant la patte droite sur la dent de saint Rooniaus. - un chien solide qui fait semblant d'être mort et que certains ont déjà 4 canonisé pour ses « vertus ». Naturellement le chien happerait alors la patte de Renart la trancherait et celui-ci devenu infirme les témoins qui n'avaient pas osé l'accuser auparavant se décide.
.
raient à l'accabler.
Renart toujours sur ses gardes évente .
.
le
piège à temps mais .
doit s'enfuir sans avoir juré, et Ysengrin réclame contre lui
condamnation «par défaut
». c'est-à-dire
prononcée en
il
une
l'ab-
sence de l'accusé.
Perrot 5 qui mit tout ce qu'il avait d'esprit et d'étude à faire des vers sur Renart et son cher compère Ysengrin, Perrot qui nous a si bien raconté comment sire Noble le lion avait partagé la proie, et comment Renart avait refusé de prêter serment sur la dent de saint Rooniaus a pourtant oublié le ,
1.
Voir page 64.
2.
Accusation publique
comme
valable.
Seigneur. 7. Voleur. D'attaquer sa réputation et de rappeler ses exploits. (Chanson de geste signifie Chanson
saints.
d'exploits.)
6.
non
3.
Refuse
4.
Mis au nombre des
5.
Pierre
officielle.
de Saint-Cloud,
Roman de 56
Renart.
le
premier auteur du
8.
sont des
Les
infinitifs
récit plus vivant.
infinitifs
de
employés avec de
narration qui rendent le
LE ROMAN DE RENART plus beau de sa matière
j'entends le jugement rendu dans cour du roi Noble, sur la grande querelle de cet odieux Renart avec messire Ysengrin et dame Hersent sa noble épouse. ;
la
10
que l'hiver était passé, l'aubépine fleurisrose commençait à s'épanouir on approchait de l'Ascension, quand sire Noble le roi convoqua les bêtes L'histoire dit
sait et la
15
;
dans son palais, pour s'y former en cour. Toutes répondirent à l'appel, toutes à l'exception de damp 6 Renart, le trompeur et le mauvais larron 7 Chacun alors de le diffamer à qui mieux mieux et de rappeler ses gestes 8 Ysengrin ne devait pas être le dernier à saisir l'occasion d'assurer sa vengeance il s'avança jusqu'au faudesteuil 9 du roi et parla en ces termes « Beau très doux sire 10 je vous demande justice de l'outrage commis par Renart à l'égard de dame Hersent ma femme épousée. Il l'avait conduite par surprise dans son château de Maupertuis avant de lui laisser le temps il l'avait outragée de faits et de parode se reconnaître les ;j'arrivai pour être témoin de ses insolences. Quelque temps auparavant, il avait furtivement pénétré dans ma demeure et souillé de ses ordures mes louveteaux, comme pour ne rien épargner de ce que j'avais de cher dans le monde. Sur la plainte que j'en avais portée naguère 12 à votre cour, Renart prit jour 13 pour se justifier, mais, les saints apportés 14 il jugea plus à propos par quels conseils je l'ignore, de reculer précipitamment et de regagner son repaire. Ce fut, comme on le pense bien, à mon grand .
.
;
:
20
,
:
l
!
,
25
30
,
,
regret. »
Fauteuil.
9.
Formule de respect et de politesse emsouvent à la Cour; «beau» et doux » n'y ont plus tout à fait leur valeur
11
10.
elle
ployée
12.
«
13. 14.
primitive.
Lu u.-mps de se retrouver, de savoir où en n'y a guère, y a peu de temps. Accepter une date pour prêter serment. Les reliques, les restes des saints