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French Pages [200] Year 1995
Université Catholique de Louvain
PUBLICATIONS DE L'INSTITUT D'ÉTUDES MÉDIÉVALES
GEORGE CHASTELAIN LE MIROIR DE MORT
Edition critique par
Tania VAN HEMELRYCK
LOUVAIN-LA-NEUVE 1995
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Université Catholique de Louvain
PUBLICATIONS DE L'INSTITUT D'ÉTUDES MÉDIÉVALES — Textes, Études, Congrès, vol. 17 —
George CHASTELAIN
LE MIROIR DE MORT
Edition critique par
Tania VAN HEMELRYCK
LOUVAIN-LA-NEUVE 1995
Conformément à la règle établie par l'Institut d'Études Médiévales, le manuscrit du présent volume a été soumis à un comité de lecture composé de Mme C. Storms, de
M. CI. Thiry, professeurs à l'Université Catholique de Louvain, et de Mlle M. Tyssens, professeur ordinaire à l'Université de Liège.
Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation reservés pour tous pays. Copyright ©1995 Institut d'Etudes Médiévales de l'Université Catholique de Louvain
Collège Erasme, Place Blaise Pascal, 1 B 1348 LOUVAIN-LA-NEUVE Dépôt légal : 1995/1739/1
« (...) en matière de critique de textes, il ne faut pas se faire un point d'honneur d'avoir réponse à tout [,] (...) le grand secret est, au contraire, de
savoir déterminer où s'arrête notre pouvoir de connaître. Dire ces choses, ce n'est pas, il s'en faut, préconiser une méthode paresseuse.»
Joseph Bédier
«La mort dont nous ne savons rien posera sa main sur notre épaule dans le secret d'une chambre ou elle nous giflera dans la lumière du monde —c'est selon. Le mieux que nous puissions faire en attendant ce jour est de lui rendre sa tâche légère : qu'elle n'ait presque rien à prendre parce que nous aurions déjà tout donné. Qu'elle n'ait à tenir entre ses doigts que quelques fleurs d'amandier.»
Christian Bobin, L'Inespérée
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AVANT-PROPOS
Avant toute chose, je voudrais remercier toutes les personnes qui m'ont suivie lors de l'élaboration de ce travail dans le cadre de mon mémoire en Philologie romane, puis qui m'ont guidée lors de la révision du manuscrit en vue de la publication. Il était impérieux de le faire «avant» afin que toutes perçoivent dans cette préséance l'expression de ma profonde et sincère reconnaissance.
Tout d'abord, je voudrais remercier Monsieur Claude Thiry, professeur aux Universités de Louvain et de Liège. C'est sous sa direction qu'il me fut permis de faire mes premières armes dans l'école du médiévisme. Il m'y a enseigné la rigueur, l'esprit critique et surtout ce profond sentiment d'humilité que doit cultiver tout chercheur. Ce travail est le fruit de l'enseignement riche et rigoureux qu'il a toujours su dispenser sans aucun impérialisme intellectuel, mais avec cette superbe modestie qui accompagne le vrai savoir. J'adresse également mes plus vifs remerciements aux différents lecteurs de ce travail en tant que mémoire puis en tant que publication. Tous ont contribué par leurs remarques et leurs conseils à l'amélioration de ce travail. Ainsi, je remercie Mademoiselle Madeleine Tyssens, professeur à l'Université de Liège, ainsi que Madame
Colette Storms et Monsieur Michel
Francard, professeurs à l'Université Catholique de Louvain. Ensuite, je désirerais exprimer ma reconnaissance aux bibliothécaires de la Bibliothèque Générale et de Sciences Humaines de l'Université Catholique de Louvain, et tout spécialement à Mademoiselle Christine Moulin,
Madame Véronique Six-Hendrickx et à Monsieur Benoît Muraille. Tous les trois, je les remercie pour leur disponibilité incomparable, leur patience, leurs conseils, leur humour : bref, pour leur «bibliophile complicité».
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INTRODUCTION
CHAPITRE I : l'auteur
Lorsqu'en 1923 Pierre Champion rédige l'avant-propos de son Histoire poétique du quinzième siècle, il note qu'il a «(..) voulu faire un spicilège des biographies de ceux que je considérais comme les plus représentatifs de ce temps»!. Peu de personnes s'étonneront que le nom de George Chastelain ne figure pas dans cette Histoire poétique du quinzième siècle. En effet, George Chastelain, poète? et indiciaire bourguignon, n'est pas connu du grand public. De façon générale, les anthologies? et les présentations de la littérature médiévale ne sont guère prolifiques sur la période du XVe siècle littéraire, si ce n'est pour des figures magistrales, comme celle de Villon; de plus elles ne citent pas, ou peu, George Chastelain comme poète ou chroniqueur.
Ip. CHAMPION , Histoire poétique du quinzième siècle, t. I, Paris, Champion, 1923 Piège du XVe siècle, XXVID, VII. Certes, nous reconnaissons que l'oeuvre poétique de Chastelain n'égale pas l'ampleur de sa Chronique. Néanmoins, cette oeuvre poétique mérite plus d'attention que celle qu'elle a reçue jusqu'à présent. Certains critiques ont déjà comblé cette lacune [Voir note 5]. Deux présentations de la littérature médiévale et une anthologie ont attiré notre attention. La première présentation de la littérature médiévale : A. BERTHELOT, Histoire de la littérature française du Moyen Âge, Paris, Nathan, 1989 (Nathan Université/Série «études linguisti-
ques et littéraires»). Nous y comptons 29 pp. (pour un total de 317 pp.) sur le XVe s., 6 pp. sur «la grande rhétorique», 8 11. sur Chastelain poète [p. 265] et 1 1. pour sa Chronique [citée
p. 281]. La deuxième présentation de la littérature médiévale : M. ZINK, Le Moyen Âge. Littérature française, Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1990 (Phares). Nous y relevons 32 pp. (sur un total de 167 pp.) sur le XVe s., 2 pp. sur «les grands rhétoriqueurs» où Chastelain est cité une fois [p. 134] et il obtient 8 11. en tant que chroniqueur [p. 139]. L'ou-
vrage de Zink paru aux Presses Universitaires de France n'est pas plus fécond en la matière. En effet, Chastelain est cité quatre fois [p. 293, p. 298, p. 308, p. 349] et reçoit un petit développement de 15 11. à la page parlant des chroniqueurs [p.309], cf. M. ZINK, Littérature française du Moyen Âge, Paris, P.U.F., 1992 (ler cycle). L'anthologie : A. LAGARDE et L. MICHARD, La littérature française. 1. Du Moyen Âge à l'âge baroque, Paris, Bordas-Nathan, 1921 (Bibliothèque des connaissances essentielles). Nous dénombrons 301 pp. sur le Moyen Âge (sur 637 pp.). L'ouvrage aborde la littérature médiévale par genre littéraire : Chastelain remporte 7 Il. en «poésie» [p. 170] et au chapitre historique il obtient même une mini-biographie [p. 279]. Notons que celle-ci comporte une erreur grossière. En effet, ce n'est pas Charles le Téméraire qui fit de Chastelain son chroniqueur officiel [cf. p. 279], mais bien son père Philippe le Bon en l'an 1455.
de George
Nonobstant, l'érudit médiéviste connaît, généralement, le nom Chastelain, mais essentiellement comme chroniqueur. En effet,
plusieurs monographies{ ont été rédigées sur Chastelain. Cependant peu de ces études s'étendent sur sa poésie, préférant sa prose historique. Sa poésie est généralement jugée très pauvre par rapport à sa Chronique. Ainsi, son poème didactico-moral, Le Miroir de Mort, est souvent qualifié comme
possédant
«peu de valeur poétique». Notre propos n'est pas de réhabiliter la figure de George Chastelain comme poète ou encore de favoriser l'étude de sa poésie, mais de présenter ce grand auteur trop peu connu du XVe siècle et de sensibiliser le lecteur à une poétique très dense où la gratuité verbale n'a pas de place. En effet, une réhabilitationé de la poésie du «Grand George» ne pourrait s'envisager que sur la base de l'étude de toute sa production poétique, mais nous ne pouvons pas prétendre à une telle entreprise à la seule lumière du Miroir de Mort. Nommer ce premier chapitre «Biographie de George Chastelain» eût été téméraire. Non pas que les renseignements biographiques sur Chastelain fassent défaut, au contraire ceux-ci sont très nombreux par rapport aux quelques conjectures biographiques que nous offre un poète comme Villon, mais les monographies et articles sur la vie et les oeuvres de Chastelain font à ce point autorité qu'une nouvelle biographie aurait fait figure de redite. De plus, les recherches
en cours
de M.
Graeme
Small,
non
encore
publiées,
ébranlent quelque peu la biographie de Chastelain/. Dès lors, le présent chapitre se contentera-t-il d'épingler les dates et faits significatifs de la vie de George Chastelain. Son contenu paraîtra sans doute obsolète après la parution des
travaux de Graeme Small$. 4Comme par exemple : J.-CI. DELCLOS, Le témoignage de Georges Chastellain, historiographe de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire, Genève, Droz, 1980 (Publications romanes et françaises, CLV) / L. HOMMEL, Chastellain 1415-1474, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1945 (Notre Passé. Série 3, 2) / K. URWIN, Georges Chastelain : la vie, les oeuvres, Paris, Impr. Pierre André, 1937, etc.
SK. URWIN, op. cit. p. 55.
6De nombreux travaux ont déjà été effectués sur divers aspects de la production poétique de Chastelain, et plusieurs démontrent explicitement la densité des oeuvres étudiées : cf. MR. JUNG,
«Les "Douze Dames
de Rhétorique"
[Jean Robertet, George Chastelain]», dans Du
Mot au Texte. Actes du Ille Colloque international sur le moyen français, Düsseldorf. 17-19 sept. 1980, publiés par Peter Wunderli, Tübingen, Narr, 1982 (Tübingen Beiträge zur Linguistik, 175), pp. 229-240 - G. CHASTELAIN, Le Temple de Bocace. Edition commentée par Susanna Bliggenstorfer, Berne, Francke, 1988 (Romanica Helvetica, 104) - G. GROS, «"Querant l'un oeil envers les cieulx entendre ..". Etude sur la «Louenge» mariale de Chastelain», dans Le Moyen Age, XCVIII, 1992, pp. 429-445, etc. Un aperçu en a été fourni lors d'une conférence donnée le 29 mars 1993 aux Facultés Uniyersitaires Saint-Louis à Bruxelles. BLes ouvrages précédemment cités de K. URWIN et de L. HOMMEL sont la base essentielle de ce chapitre.
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«Biographie»
George Chastelain? est né en 141510 dans le comté d'Alost. Il se dit «escolier» à Louvain en 143011, Dans les années 1433-1434, il entre au service de Philippe le Bon comme écuyer. En 1435, il est en France. Il reste à la cour de Charles VII jusqu'en 1446. Pendant ces onze années passées à la cour de France il s'adonne aux plaisirs mondains. Durant cette période il aurait considérablement voyagé, ce qui lui valut, comme l'affirme de Reiffenberg!2, le surnom d'«Aventurier». Luc Hommel croit que ce sont les batailles qu'il livra aux côtés de Pierre de Brezé qui lui auraient valu le surnom d'«Aventurier» 13, En 1446 il revient à la cour du duc de Bourgogne pour ne plus la quitter. Il est successivement écuyer panetier, diplomate (il remplit plusieurs missions en France), écuyer tranchant, et est enfin nommé chroniqueur officiel du duc de
Bourgogne en 1455. A partir de cette date sa consécration est assurée : il reçoit
un gîte à l'hôtel ducal de la Salle-le-Comte à Valenciennes!4. Là, il rédige la Chronique, oeuvre qui lui a valu sa postéritél5, Le 13 février 147416 (1475 n. st.) Chastelain meurt à Valenciennes, suivant le receveur de la ville!7.
IComme le signale V. L. SAULNIER, «il serait bon d'écrire ce nom : «George Chastelain», comme l'homme signait. (Voir un acte de 1470 cité par K. Urwin, (...), p. 169).» dans «Sur George Chastelain poète et les rondeaux qu'on lui attribua», dans Mélanges de langue et de littérature du Moyen Âge et de la Renaissance offerts à Jean Frappier, t. I, Genève, Droz, 1970 (Publications romanes et françaises, CXID), p. 987, n. I. Certains allèguent 1405 en vertu de son épitaphe où on lit : «Et au comble de LXX ans décéda de ce siècle, le XX mars MCCCC LXXII» [citée par S. LE BOUCQ, Histoire ecclésiastique de la ville et du comté de Valentienne [sic]. Ed. par A. Dinaux, Valenciennes, A. Prignet, 1844, p. 47.]. Mais cette date véhicule certains non-sens. En effet, Chastelain serait
trop âgé lors de faits où il se déclara «jeusne enfant» [Voir L. HOMMEL, op. cit., p. 25 et K. URWIN, op. cit., p. 7]. Son âge, lors du décès, doit être une faute de copiste qui a peut-être lu LXX pour LX. Luc Hommel affirme que «son nom [Chastelain] ne figure pas sur les matricules de l'Alma Mater» [p. 27]. Dans un compte rendu de l'ouvrage de Luc Hommel
[dans Revue d'histoire
ecclésiastique, t.XLI, 1946, pp. 141-142.], Omer Jodogne déclare avoir trouvé «dans la table conservée de la première matricule : "Gregorius Casteleyn de Gandavo"» et «dans le registre de la Faculté des Arts : "Determinavit 14 novembris 1430 Georgius Casteleyn; Bac. art. 16 martii 1432 Georgius C."'»[p. 142]. Cette découverte pourrait prouver que Chastelain fut «escolier» à Louvain et pourrait même faire penser que Chastelain serait né en 1405, même si 17 ans était un âge normal pour un bachelier. l2de REIFFENBERG, Chronique métrique de Chastellain et de Molinet avec des notices sur ces auteurs et des remarques sur le texte corrigé, Bruxelles, J. M. Lacrosse, 1836, p. 1.
13Voir L. HOMMEL, op. cit., pp. 29-30.
Sur le séjour de Chastelain à Valenciennes voir G. SMALL, «Georges Chastelain à Valenciennes», dans Valentiana, n° 4, décembre 1989, pp. 26-31. Nous ne citons que cette oeuvre magistrale. Pour la chronologie des oeuvres de G. Chastelain il est bon de se référer à K. URWIN, op. cit., pp. 18-22. Notons que dans l'ouvrage de Luc Hommel, une coquille ou le mélange des dates nouveau et ancien style fait mourir Chastelain le 13 février 1473 [p. 36]. Or, le 2 mai 1473 il est présent au douzième chapitre de la Toison d'Or tenu à Valenciennes [p. 35].
17Voir K.d.L. [éd. sc.], op. cit. t. I, XXXVII.
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CHAPITRE II : introduction thématique
D'aucuns reconnaîtront que la thématique de la mort traverse le poème de George Chastelain, ne fût-ce qu'à l'audition ou à la lecture du titre. Cette thématique est un motif récurrent de toute la littérature médiévale en langue vulgaire depuis au moins le XIIe siècle. Au départ, la littérature témoignait de deux sentiments très différents vis-à-vis de la mort : le premier était le \ témoin d'une entière acceptation sereine de la mort. La mort n'était pas crainte,
‘elle était «apprivoisée»!, elle était la voie naturelle qui menait à Dieu et à la vraie vie. C'est ce sentiment à l'égard de la mort que l'on retrouve dans bon nombre de romans arthuriens. Cependant, un second sentiment très différent se développa également, il s'agit d'un mouvement qui naquit d'une littérature édifiante élaborée par le clergé. En effet, ce dernier confectionna nombre d'ouvrages qui visaient à convertir les fidèles; pour ce faire, la peur était le meilleur sentiment à aviver pour obtenir quelque résultat. Dès lors, le clergé se mit en quête d'épouvantails pour effrayer la foule des pauvres hères qui peuplait les paroisses. Il finit par adopter deux figures centrales : la Mort et le Diable. Selon nous, l'alliance de ces deux concepts fondamentaux finit par entacher la mort d'une dimension négative qu'elle ne possédait nullement à l'origine. De ce fait, au fur et à mesure, les sentiments à l'égard de la mort vont subir des mutations radicales pour enfin aboutir à une optique entièrement négative aux XIVe et XVe
siècles. Durant ces deux siècles, le macabre se déploie dans toute
sa splendeur et sur tous les plans de l'expression : aussi bien en littérature (comme en témoigne le Miroir de Mort) que dans les arts plastiques et
architectoniques?. Le thème de la mort est donc inhérent à toute la littérature médiévale. Néanmoins, nous ne pouvons pas prétendre en donner un aperçu complet, car cette ambition périlleuse nécessiterait un trop long développement. De plus, la critique moderne reste encore assez pauvre sur ce sujet. Certes, il existe quelques très bons ouvrages abordant la question, ou du moins une partie de la thématique de la mort?, mais ceux-ci restent assez limitatifs dans leur perspective. 1 Nous reprenons le terme de Philippe Ariès qui sut dégager avec brio les différents sentiments que l'homme développa à l'égard de la mort à travers les siècles; cf. Ph. ARIES, L'homme devant la mort, 2 vol., Paris, Seuil, 1985 (Points. Histoire 82-83) [19771]. 2A ce sujet 1l convient de consulter le superbe ouvrage d'Emile Mâle sur L'art religieux de la fin du Moyen Âge en France : étude sur l'iconographie du Moyen Âge et sur ses sources d'inspiration, 2e éd. rev., Paris, Colin, 1922.
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Songeons au livre, se limitant aux XVe et XVIe siècles, de Christine Martin -Génieys. Cet ouvrage est le seul, avec celui de Claude Blum, qui se soit penché sur l'épineuse question du thème de la mort dans la littérature française. Malheureusement, ce genre d'étude est toujours limitative; dès lors, nous pouvons espérer que la critique trouvera quelques pistes de
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Ce chapitre ne veut pas pallier ce manque documentaire, mais il désire souligner les différents motifs qui accompagnent cette thématique générale de la mort dans le Miroir de Mort. Selon nous, le Miroir de Mort
développe trois thèmes centraux qui accompagnent naturellement la thématique de la mort. Il s'agit tout d'abord‘ de l'ars moriendi, du contemptus mundi, et enfin de l'Ubi sunt. Nous ne tenterons donc pas une approche globale du thème ! de la mort dans le Miroir, mais nous nous attarderons sur ces trois motifs qui sont la parfaite illustration du sentiment éprouvé à l'égard de la mort au XVe siècle dans la littérature édifiante de langue vulgaire. Ces trois points seront abordés successivement; chacun fera l'objet d'un bref aperçu historique et d'un développement de son rôle dans le Miroir de Mort.
1. L'ars moriendi
Ce serait en Allemagne du Sud, chez un Dominicainÿ de Constance que l'ars moriendi aurait vu le jour. Selon les critiques modernes, ce Dominicain aurait travaillé sur la dernière séquence de l'Opusculum triparti-
tum de Jean Gersonf. L'ars moriendi connut un immense succès comme en témoignent les nombreuses éditions xylographiques et typographiques. C'est essentiellement entre les années 1450 et 1530 que ce thème tardif fut l'objet d'une diffusion massive liée au développement de l'imprimerie. Car, bien qu'il existât | des exemplaires manuscrits (assez rares) de l'ars, comme le Dispositorium moriendi de Nider ou encore l'ouvrage précité de Jean Gerson, ceux-ci étaient des opuscules servant aux prêtres et aux prédicateurs. Le succès de l'ars recherche dans cette riche thématique qu'il faudrait encore exploiter. Voir Chr. MARTINEAU-GÉNIEYS,
Le thème de la mort dans la poésie française de 1450 à 1550, Paris,
Champion, 1978 (Nouvelle bibliothèque du Moyen Âge, 6) et CI. BLUM, La représentation de la mort dans
la littérature française de la Renaissance,
2 vol., Paris, Champion,
1989
(Bibliothèque littéraire de la Renaissance. 2e série 23). Signalons la récente parution d'un recueil d'articles sur la mort : D. ALEXANDRE-BIDON
et C. TREFFORT
{s. dir.], À réveiller
les morts. La mort au quotidien dans l'Occident médiéval, Lyon, Presses Universitaires de Lyon, 1993.
Nous énumérons les différents motifs suivant leur importance et non suivant leur ordre d'appusen tout au long du poème. L'importance des Dominicains et des Franciscains fut considérable dans le prêche sur les fins dernières, comme en témoignent les influences indéniables qu'ils eurent sur l'élaboration de la Danse Macabre et de l'ars moriendi. Alors qu'Emile Mâle focalisait toute son attention sur l'origine française de l'ars (imputable à l'influence de Gerson), aujourd'hui celle-ci n'est plus d'actualité. Notons que, selon lui, les gravures devaient aussi être françaises : «Toutefois, comme le texte laisse deviner une in-
fluence de la France, il sera peut-être sage de se demander si les gravures ne seraient pas françaises», op. cit., p. 381.
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en majeure partie, aux différentes gravures qui présentaient en onze |incombe, scènes l'agonie de l'homme : cinq tentations diaboliques, cinq inspirations anl |
| géliques et enfin la bonne mort’. L'ars moriendi fut l'objet d'une large diffusion à travers toute l'Europe, en partant de la Flandre et de l'Allemagne vers la France et l'Italie, puis vers l'Espagne et l'Angleterre. Dans l'histoire du sentiment vis-à-vis de la mort, l'ars moriendi
cette attention obsédante sur les ultimes minutes de la vie de l'homme une passion débordante pour la vie, car il s'agit bien des derniers instants de la vie de l'être. L'ars témoigne de ce changement fondamental de l'eschatologie qui ne place plus le Jugement dernier à la fin des temps. Maintenant, au XVe siècle, chaque homme voit son destin se décider au terme de sa vie, au pied de son lit où apparaissent les deux royaumes qui se partagent l'au-delà : l'Enfer et le Paradis. La mort devient le pivot sur lequel se joue toute l'éternité; une dernière fois l'agonisant est tenté par l'Adversaire qui essaie de s'approprier son âme par un dernier péché, par son abandon à la désespérance, car il se sait voué à l'Enfer; tandis qu'en regard du Diable, l'ange apparaît accompagné de toute la cour céleste. Les cinq inspirations angéliques précèdent toujours la bonne mort. En somme, l'ars moriendi peut se résumer facilement en trois phases : «l'attitude du mourant, l'assaut des Diables, la revanche de la foi»$.
Le Miroir de Mort se base en grande partie sur l'ars moriendi. En effet, les trois moments constitutifs de l'ars apparaissent du vers 345 au vers 648, soit durant trois cent trois vers, ce qui représente près d'un tiers de l'oeuvre. Chastelain suit la même progression, c'est-à-dire l'agonie, l'assaut du Diable et la bonne mort. Alors que selon A. Tenenti dans l'ars moriendi «la douleur ne trouve pas de place (...), elle ne joue aucun rôle»”, dansleMiroir de Mort la douleur est omniprésente : Chastelain insiste tant sur la douleur du
tiellement par souci de contraste, pour montrer au mourant que sa peine égoïste est minime face aux douleurs affreuses que le Christ endura pour nous. Et tandis que dans l'ars le Christ en croix apparaissait avec toute la cour céleste pour sensibiliser l'agonisant, dans le Miroir de Mort il montre au mourant sa
| douleur et son agonie, maïs ici celles-ci n'ont rien de salvateur, elles ne sont que l'expression d'un dolorisme pessimiste.
TPour les gravures nous renvoyons le lecteur à l'ouvrage d'Alberto Tenenti [La vie et la mort à travers l'art du XVe siècle, Paris, A. Colin, 1952 (Cahiers des Annales, 8)] et aux pages 380389 de l'ouvrage d'Emile Mâle. 8A. TENENTI, «Ars Moriendi. Quelques notes sur le problème de la mort à la fin du XVe siècle», dans Annales E.S.C., 6, 1951, p. 436.
Tbidem, p. 437.
14
Ainsi,leMiroir de Mort est foncièrement sombre. Certes, l'ars moriendi montre l'agonie du chrétien comme celle d'un pécheur, mais en dernière instance celui-ci est sauvé par la miséricorde divine grâce à son repentir, alors que dans le Miroir, la bonne mort est véritablement éludée, expédiée en un vers. Chastelain s'appesantit beaucoup plus sur le péché inhérent à l'homme que sur la rédemption finale. De même il insiste plus sur la souffrance du Christ lors de sa Passion que sur la valeur salvatrice de cet acte. /
Pour conclure, malgré la filiation incontestablel® entre le Miroir de Mort et l'ars moriendi, le Miroir de Mort témoigne d'une exploitation
personnelle d'un motif du fond eschatologique du XVe
siècle. Comme nous le
verrons pour le motif de l'Ubi sunt, le mérite de Chastelain est d'avoir adapté des thèmes ancestrauxà sa propre création; jamais il ne devient l'esclave de motifs antérieurs.
2. Le contemptus mundil1
La doctrine du contemptus mundi imprégna toute la pensée religieuse du Moyen Âge. C'est un petit ouvrage qui est à la base de ce mouvement moral important: il s'agit du De miseria humane conditionis souvent
appelé De contemptu mundi'? de Lothaire de Sergi, qui sera lui-même élevé au trône pontifical sous le nom d'Innocent III. Lothaire acheva son oeuvre entre le 25 décembre 1184 et le 13 avril 1195 et dédia l'ouvrage à Pietro Gallocia, évéque de Porto et de Ruffino. Le texte connut un succès considérablel3, comme
en témoignent les quatre cent trente-cinq manuscrits et les quarante-huit éditions recensés. Lorsque Lothaire écrit son livre, son but est d'abattre l'orgueil, racine de tous les vices (cf. Ecclésiastique X, 12-13). Dans la doctrine chrétienne, l'orgueil s'oppose à l'humilité. Cependant, si l'homme se rappelle sa condition humaine misérable, cette image le poussera à l'humilité. La misère de l'homme est triple. En effet, il y a la misère de sa condition humaine, de sa vie 10Celle-ci est imputable aux différentes gravures qui ornaient l'ars et dont le Miroir de Mort se fait l'expression verbale. Nous nous basons essentiellement sur l'article de Robert Bultot «Mépris du monde, misère et dignité de l'homme dans la pensée d'Innocent IP», dans Cahiers de Civilisation médiévale. Xe - XIIe siècle, 4, 1961, pp. 441-456.
Les manuscrits eux-mêmes ne s'accordent pas sur le titre, mais à partir de 1246 la dénomination De contemptu mundi d'Albert de Brescia se fera fréquente. [cf. R. BULTOT, loc. cit.].
Notons l'adaptation française d'Eustache Deschamps, le Double lai de fragilité humaine [cf. Lai 309 bis, dans E. DESCHAMPS, Oeuvres complètes. Publiées d'après le manuscrit de la Bibliothèque Nationale par le Marquis de Queux de Saint Hilaire, vol. 2, Paris, Firmin Didot, 1878].
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morale et enfin la misère de son état cadavérique et du sort réservé aux pé|cheurs. Selon Lothaire, l'homme ne peut être humble que s'il prend conscience de sa condition. De ce fait, pour démontrer à l'homme sa misère et surtout la voie de l'humilité, il articule son oeuvre selon trois principes fondamentaux : la misère, le mépris du monde et l'humilité. Certes, la doctrine du contemptus mundi d'Innocent II [Lothaire] est peut-être vue ici d'une manière quelque peu réductrice, mais notre propos n'est pas de développer celle-ci par plaisir d'érudition. Cette brève explicitation trouve sa place dans une exposition thématique du Miroir de Mort. Dans le Miroir de Mort, la doctrine du contemptus mundi oc-
|cupe une place de choix. En effet, tout le poème développe cette pensée, conformément à la visée morale de l'oeuvre. La pensée du mépris du monde apparaît toujours en toile de fond dans le poème. Il y a une véritable mise en accusation de toute la vie humaine. A ce thème du mépris du monde, et donc de la — vanité des biens terrestres, s'ajoutent celui de l'Ubi sunt et celui de la Danse ( Macabre. Car l'impossibilité de réponse à la question Ubi sunt ? est la preuve de la vanité de notre vie terrestre, étant donné que tous nous mourrons. Quantà
la Danse Macabre, elle est la transposition iconographique et scénique de ce thème, qui apparaît comme topos de la littérature édifiante.
3. L'Ubi sunt\4
Ce thème biblique ancestral apparaît dès le livre de la Sagesse, où il évoque la vanité des biens matériels, et ainsi le mépris du monde. Le lien avec le thème du contemptus mundi est donc évident. La formule de l'Ubi sunt traverse toutes les Ecritures : du livre d'Isaïe (XXXIIT, 18) à Baruch (IL, 16-
19). Ce thème alimenta tous les discours moraux et philosophiques du Moyen Âge, à tel point que la formule devint vite une «banalité théologique» (GILSON, p. 19) aux XIIe et XIIIe siècles. Mais chemin faisant la question s'accompagna désormais de noms d'hommes ou de femmes illustres. C'est sous cette forme que nous retrouvons le thème dans le Miroir de Mort (cf. vv. 108176). Le poème exploite la question de l'Ubi sunt conformément à la thématique du mépris du monde dans lequel il s'englobe.
l4Cf£. E. GILSON, «De la Bible à François. Villon», dans Les Idées et les Lettres, Paris, Vrin,
Fe1032, Essais d'art et de philosophie), pp. 9-30. Pour les différentes références à ce thème “voir ID., «Appendice. Tables pour l'histoire du thème littéraire Ubi sunt ?», dans Ibidem, pp. 31-38. Notons que le Miroir de Mort n'y est pas mentionné. Nous ne développerons pas ce thème, car celui-ci fait l'objet d'une longue note explicative aux pages 115-118.
16
* La Danse Macabre
Cette dernière partie ne sera pas à proprement parler thématique!$, Nous tenterons essentiellement de dissiper certains malentendus en ce qui concerne le prétendu rapport du Miroir de Mort avec la Danse Macabre. En effet, certains rapprochements!6 ont été faits entre le Miroir et la Danse Macabre sur la base d'une représentation à Bruges en 1449 qui aurait été inspirée par le Miroir de Mort. Mais les faits récusent cette hypothèse. Tout d'abord, le poème ne présente pas la structure caractéristique de la Danse Macabre, c'est-à-dire un mort entraînant un vivant. Cependant, certaines confusions ont pu être entretenues par l'énumération de quelques personnages durant six strophes (du vers 265 au vers 312). Certes, l'auteur s'adresse à la dame (O jouvente de belle dame, v. 265), au chevalier (A noble arroy de chevalier, v. 281), à l'abbé (Dampt abbé, v. 297) et au bourgeois (Le
bourgois qui boit du melleur, v. 305), mais cet ordre n'est pas décroissant ou hiérarchique comme dans la danse. De plus, il n'y a ici aucun mort entraînant un vivant dans sa ronde infernale. Il n'y a pas de dimension scénique dans cet extrait qui pourrait faire référence au mouvement de la Danse Macabre. Ensuite, même si une Danse Macabre a effectivement été re-
présentée à Bruges en 1449, aucun texte ne mentionne Chastelain comme source. En effet, les archives de Lille prouvent que Bruges fut bien le théâtre d'une représentation sur le thème de la Danse Macabre. En voici l'extrait : «A Nicaise de Cambrai, painctre, demourant en la ville de Douay, pour lui aidier à
deffrayer au mois de septembre l'an MCCCCXLIX, de la ville de Bruges, quant il a joué devant mondit seigneur, en son hostel, avec ses autres compaignons, certain jeu, histoire et moralité sur le fait de la danse macabre … VIII francs» 17. Rien ne prouve «histoire et moralité sur le fait de Chronique de Chastelain ne nous est manquante. Nonobstant, nous
donc que le Miroir de Mort inspira cette la danse macabre». De plus, signalons que la éclaire pas plus sur ce point, car l'année 1449 pensons pouvoir expliquer cette comparaison
non fondée. En effet, dans un article de 1921, Otto Cartellieril8 énumère une 1Spour plus de précisions à ce sujet, nous renvoyons, entre autres, à l'ouvrage de Joël SAUGNIEUX : Les danses macabres de France et d'Espagne et leurs prolongements littéraires, pre E. Vitte, 1972 (Bibliothèque de la faculté de lettres de Lyon, fasc. XXX).
16Nous pensons à l'article de Tilde SANKOVITCH, «Death and the Mole : two Fifteenth Century Dances of Death», dans Fifteenth Century Studies, vol. 2, 1979, pp. 211-217. 17A. de LABORDE, Les ducs de Bourgogne : étude sur les lettres, les arts et l'industrie pendant le XVe siècle et plus particulièrement dans les Pays-Bas et le duché de Bourgogne, t. I, Ile partie, n° 7399. 8 O. CARTELLIERI, «Theaterspiele am Hofe Herzog Karls des Kühnen von Burgund», dans Germanisch-Romanische Monatschrift, 9, 1921, pp. 168-179.
17
série de pièces qui furent représentées à la cour de Bourgogne. Il cite notamment les pièces sur le thème de la Danse Macabre, jouées à Bruges en 1449. Immédiatement après, il mentionne La Paix de Péronne, pièce écrite par
George Chastelain. Textuellement : «Georges Chastelain schriebf das Stück / "La Paix de Péronne" (...)!%». Nous sommes d'avis que la promiscuité des deux phrases a induit certains lecteurs en erreur. Ceux-ci auront donc attribué la pièce à George Chastelain à cause d'une faute de lecture. Reconnaissons qu'une lecture rapide peut facilement prêter à confusion. C'est elle qui est, selon nous,
responsable de ce rapprochement qui s'est effectué entre le Miroir de Mort et la Danse Macabre.
bide, p. 170.
18
CHAPITRE II : l'oeuvre
1. Le titre
Il peut paraître étrange titre du Miroir de Mort. Néanmoins, devraient dissiper certains malentendus, de l'édition des Oeuvres de Chastelain,
de consacrer une partie de ce travail au les quelques considérations suivantes étant donné que dès le premier volume Kervyn de Lettenhove sème le trouble
[peut-être sans en prendre vraiment conscience]. En effet, il nomme Pas de la
Mort le poème de Chastelain!. Selon lui, «ce poëme paraît avoir porté indifféremment pour titre : Le Pas de la Mort ou Le Miroir de Mort»?. Dans toute la tradition manuscrite, (sauf dans le manuscrit 3521 de la Bibliothèque de l'Arsenal, ms. À, et uniquement dans l'incipit), le texte porte le titre de Miroir de Mort où Le Mirouer de la Mort. Aïnsi, la tradition manuscrite actuelle, seule
garante de la dénomination de l'oeuvre, ne désigne qu'une seule fois (sur un total de douze témoins) l'oeuvre de Chastelain comme Pas de la Morfi: cette unique appellation ne doit pas être l'originale. De plus, nommer ce poème Pas de la Mort ne peut que le faire confondre avec un autre poème qui porte effectivement ce titre. Il s'agit du Pas de la Mort écrit pour Isabelle de Bourbon, comtesse de Charolais, par Amé de
Montgesoie, autre poète bourguignon. Thomas Walton a étudié à plusieurs reprises le poème d'Amé de Montgesoiet. Ce dernier affirme clairement qu'«il 1G. CHASTELAIN,
Oeuvres complètes. Publiées par le baron Kervyn de Lettenhove, t. I,
Bruxelles, Heussner, 1863, (Académie royale de Belgique. Commission pour la publication des oeuvres des grands écrivains), LIL.
Selon nous, K.d.L. fut induit en erreur par l'incipit
[qu'il transforme en explicit] de son premier témoin, le ms. À (Ars. 3521), qui déclare : «Ce traittié cy pour enseignier/Fist George l'Aventurier [-1]/Afin que chascun ay remort/De penser au Pas de la Mort/Ditté en belle retoricque/Afin que chascun s'i applicque.» (ms. À f° 267 r°). Or, comme nous le mentionnons ci-après [pp. 46-49], lors de son édition du Miroir de Mort [ef. t. VI, V-VII (introduction) et pp. 49-65] il utilisera le ms. L (ms. B.R. 21530) comme base
de son édition. Le manuscrit de la Bibliothèque Royale ne possède pas l'incipit présent dans À. En revanche, il comporte un explicit : «Explicit le Miroir de Mort (...)» (ms. L f° 225 r°). Donc, la logique éditoriale de K.d.L. aurait dû lui faire préférer le titre de Miroir de Mort en accord avec le manuscrit de base ! De plus, le texte lui-même ne parle point de «pas», mais bien de «miroir» (cf. vv. 81-88). C'est fausser tout le texte que lui attribuer un titre erroné.
ZIbidem, t. VI, V-VIL.
FNotons que G. DOUTREPONT nomme également l'ouvrage de Chastelain Pas de la Mort. (cf. La littérature à la cour des ducs de Bourgogne (...), Paris, Champion, 1909, (Bibliothèque du XVe siècle, 8), p. 326, n. I).
4Th. WALTON, «Amé de Montgesoie, poète bourguignon du XVe siècle», dans Annales de Bourgogne, t. II, 1930, pp. 134-158. [Résumé dans Medium Aevum, t. II, n°1, mars 1933, pp.
1-33.].
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n'y a aucun rapport entre le Pas (ou, plus correctement, le Miroir) de la Mort de Georges Chastellain [sic] et le poème d'Amé de Montgesoie.»*. De ce fait, appeler le Miroir de Mort de George Chastelain Pas de la Mort ne pouvait et ne peut que prêter à confusiont. Dès lors, nous adopterons le titre de Miroir de Mort pour désigner le poème de Chastelain.
2. La date
Le Miroir de Mort est généralement considéré comme indatable. En effet, l'oeuvre ne contient aucune référence textuelle relative à la vie de Chastelain ou à son époque. Malgré tout, les critiques modernes s'accordent à placer le poème dans la période mondaine de Chastelain, après son poème L'Oultré d'Amour’. Car, bien que ce poème ressortisse à la poésie morale, le | début de l'oeuvre et son motif principal sont courtois. L'Oultré d'Amour est daté d'avant 1450; de ce fait, le Miroir de Mort dut être composé après 1450.
Malgré cette incertitude chronologique, un élément externe permettrait de dater approximativement le Miroir de Mort. Il s'agit de l'oeuvre de François Villon (essentiellement le Testament) qui semble avoir été influenps
cée par le Miroir de Mort de George Chastelain$. Le Testament de Villon pourrait dès lors apparaître comme ferminus ad quem. Car, si Chastelain a influencé Villon, ce dut être avant (ou pendant) la rédaction du Testament. Généralement, les critiques estiment que Villon aurait rédigé celui-ci entre 1461
et 1462. Aïnsi, nous avancerons l'hypothèse que Chastelain aurait composé le Miroir de Mort avant 1461-1462°, mais aussi après 1430 (date à laquelle il est encore à Louvain). Nous pourrions même préciser et estimer qu'il aurait dû écrire le Miroir de Mort lors de son séjour à la cour de Charles VII, ce qui expliquerait la large diffusion du poème en France. Dès lors, le poème aurait pu être composé entre les années 1436 et 1445. STh. WALTON, «Les poèmes d'Amé de Montgesoie (fl. 1457-1478) Le Pas de la Mort et La
complainte sur la mort d'Isabelle de Bourbon», dans Medium Aevum, t. IL, n°1, mars 1933, #1. Notons que ce serait un énorme non-sens. En effet, on s'obstinerait à appeler un poème Pas de la Mort, alors que textuellement on lit : «(...)ay fait et escript de mes mains,/ainsy come je l'ay trouvé,/ce traitié que j'ay compilé/et nommé [nous soulignons] le Miroir de Mort.»(vv. 8487). IC EL HOMMEL, op. cit., p. 41. [«Ce poème est certainement postérieur à L'Oultré d'Amour].
‘
Nous ne développerons pas ici les différents éléments qui nous ont permis d'avancer cette hypothèse, et nous renvoyons le lecteur à notre article, «Villon lecteur de Chastelain ?», dans Les Lettres romanes, 48, 1994, n° 1-2, pp. 1-13. Même avant 1455, car alors il devient historiographe officiel et abandonne ses péchés et son inspiration de jeunesse.
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Penser pouvoir proposer une date plus précise serait un leurre. Seuls des éléments extra-textuels, tels que l'influence de l'oeuvre ou encore sa diffusion, permettent d'avancer prudemment une date, ou plutôt une hypothétique tranche chronologique comprise entre 1436 et 1450.
3. Résumé
Le poème ouvre sur la lamentation de l'acteur dont la maîtresse fut ravie par la Mort (vv. 1-8). Tout d'abord, celui-ci présente l'état maladif
dans lequel l'a plongé cette perte (vv. 9-16). Ensuite, il s'attarde à décrire l'agonie de sa belle (vv. 25-56). Avec beaucoup de pudeur, l'amante s'exprime :
|
elle insiste sur la vanité de notre vie mondaine, car, quoi qu'il en soit, notre
corps pourrira (vv. 32-40). Troublé, le poète se pâme. Sa maîtresse rejoindra le séjour des justes après que l'on a éloigné son ami (vv. 41-56). Cette scène introductive fait place à une réflexion morale du_ poète sur lesfins dernières et sur l'âpreté de la mort (vv. 57-64). Après la mort de sa dame, qui fut un exemple de conduite, il invite le commun à fuir les vils plaisirs de ce monde (vv. 65-80). Pour ce faire, et pour aider les mondains, il a composé le Miroir de Mort (vv. 84-88) afin de les convertir à la doctrine du contemptus mundi et pour leur montrer ce que nous devenons en mourant. Le ,OR miroir est à la fois l'objet qui reflète ce que nous deviendrons quand nous serons morts et l'exemple de la bonne vie qui allège la mort (vv. 89-140). Le discours moralisateur commence, à proprement parler, à partir du vers 105. S'englobant dans la masse, le poète s'interroge sur le devenir des hommes (vv. 106-144) et des femmes illustres (vv. 145-176) de ce monde;
l'éternel thème biblique de l'Ubi sunt ? se déploie tout au long de ces vers (vv. 105-176). «Nous mourrons tous», de ce fait nous ne devons pas succomber au péché d'orgueil qui fut la ruine de Satan et de ses anges (vv. 177-192). L'Enfer et la damnation éternelle sont le salaire de ce crime envers le Seigneur. Sentencieusement le poète conclut qu'il faut éviter de pécher. Le thème biblique du pulvis es (vv. 197-208) et l'exemple de la Passion de notre Seigneur JésusChrist renforcent considérablement son discours moralisateur (vv. 209-224). De plus, étant donné que rien, et sûrement pas la richesse, ne met l'homme à l'abri de la mort subite et prématurée (vv. 225-264), il importe que celui-ci délaisse les plaisirs terrestres qui lui seront superflus une fois mort. Ensuite, le poète s'adresse personnellement à la femme puis à l'homme. Ironiquement, il constate que la Mort a surpris la belle dame (vv. 265-272) et que maintenant il est nécessaire qu'elle abandonne ses parures et ses divertissements futiles (vv. 273-280). De même il questionne le chevalier
21
orgueilleux (vv. 281-288). De toute façon, la vie de ce dernier sera aussi courte que ses vêtements (vv. 289-296). Enfin, il constate que ni l'abbé perverti (vv. 297-308) ni le riche bourgeois (vv. 305-309) ne trouveront de parade à l'attaque de la Mort (vv. 310-312). De ce fait, l'homme doit vivre conformément aux Ecritures, de sorte que la mort lui soit plus douce (vv. 313-320). Pour sensibiliser les pécheurs (vv. 321-336), Chastelain use de l'exemple du bon Lazare qui craignit la mort malgré sa bonté et sa grandeur d'âme.
Après, en vue de persuader son auditoire, le poète relate l'assautde Satan au chevet de l'homme agonisant. Cette scène et celles qui suivront lui ont été inspirées par l'iconographie de l'ars moriendi. D'abord, nous sommes les spectateurs de la dernière heure d'un homme assailli par le Diable (vv. 345-352). L'homme souffre péniblement : son corps se tord de douleur (vv. 353-360) et lui, exsangue, muet (vv. 361-368), est harcelé par la Mort et le Diable (vv. 369-376). Alors, l'Adversaire s'approche de lui et déclare sentencieusement que désormais son âme lui est échue (vv. 377-384). Satan passe en revue tous ses acquis, toutes ses activités mondaines qui nuisent à sa place au Paradis (vv. 385-456). Tout ce qu'il a possédé s'envolera comme la poussière méprisable qu'il est intrinsèquement : ses conquêtes amoureuses (v. 385), ses bijoux (v. 387), ses bâtiments (v. 388), ses oiseaux, ses chiens, ses chevaux, tout cela fondra comme neige au soleil lorsqu'il pourrira en terre et que son âme brûlera en Enfer (vv. 390-392). L'homme subira éternellement les affres de l'infernale loge puisqu'il n'a pas vécu chrétiennement (vv. 401-408). De plus, rien ne pourra apaiser le feu du Léviathan, car son devenir importe peu à ses descendants (vv. 409-416). Aucun de ses proches ne fera de prière d'intercession pour le salut de son âme. De toute façon, il n'aura désormais qu'un tombeau, un suaire et des vers comme seules possessions (vv. 422-424). Satan, au nom de la souffrance future du mourant, remet en cause sa naissance (vv. 425432) : pourquoi être né si ce n'est que pour souffrir éternellement ? (vv. 433440). Ensuite, le Diable parle des indicibles et inimaginables peines infernales (vv. 441-448) pour, dans un dernier élan, forcer le mourant à le suivre (vv.
449-453). Le pécheur est alors plein de désarroi (vv. 454-456) jusqu'à ce que vienne le bon ange, conformément au déroulement de l'ars moriendi (vv. 457-460). L'émissaire divin tient un discours sentencieux au mourant (vv. 460642). Si ce dernier se repent de bonne foi, le Seigneur lui accordera sa miséri-
corde (vv. 461-464). Tout le discours de l'ange est un hymne à la gloire du Christ qui pour nous endura la mort; de ce fait, nous ne pouvons que l'implorer de nous pardonner nos péchés (vv. 465-472). L'ange devise largement de la Passion du Christ (vv. 473-496). II s'attarde sur les douleurs physiques que le Christ a endurées : le coup de lance dans son côté (v. 476), les clous dans ses
mains et pieds (vv. 477-480), les coups de fouet (vv. 481-488) et la couronne
d'épines (vv. 489-490). II rend la scène encore plus pathétique lorsqu'il décrit la douleur de la Vierge Marie, témoin de la souffrance de son Fils (vv. 497-536). Il donne même la parole à celle-ci durant quelques vers (vv. 499-536) pour que
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la détresse de la mère du Seigneur sensibilise le pécheur. La très sainte Vierge retrace toute sa vie de manière elliptique depuis l'Annonciation (vv. 502-504) jusqu'à la Passion de son Fils en passant par la fuite en Egypte (vv. 508-509). Elle souhaite vivement prendre part à la souffrance de son Fils (vv. 513-514) ou même mourir avec Lui (vv. 515-520).
Puis, la Vierge se lamente sur le
destin de Jésus et sur l'horreur de la croix, engin qui Le tourmente pour le rachat de l'humanité (vv. 529-536). Enfin, l'ange reprend la parole et cette fois, il décrit l'angoisse de la Mère face à l'agonie de son Fils (vv. 537-552). La Vierge Marie souffrit autant que le Christ, dès lors la peine du pécheur est peu de chose en face de celle-ci (vv. 553-560). Au moment de mourir le pécheur doit reconnaître tous ses péchés et implorer grâce à Dieu (vv. 569-576). L'exemple du bon larron suffit pour motiver le fait que Dieu pardonne toujours à celui qui se repent. Le pécheur doit louer et adorer le Seigneur (vv. 585-592), de sorte que le Diable soit vaincu (vv. 593-600). Les conduites des saints qui louent le Seigneur en chantant «Te Deum laudamus» (vv. 601-608) sont la preuve de la nécessité de prier et d'adorer Dieu. Puis le récit de l'ange laisse la
place à la prière des saints à la Vierge (vv. 617-636). L'ange conclut qu'au moment de son trépas l'homme doit prier Dieu afin qu'il lui octroie son pardon (vv. 637-658). Ici, prend fin le discours de l'ange suivi par le combat de ce dernier et du Diable au chevet de l'agonisant. Cette lutte se solde par la victoire de l'ange (v. 664).
Le poème se clôt sur une interrogation : si les justes se sauveront avec beaucoup de peine, que fera le pécheur ? (vv. 665-680). Ensuite, dix strophes anaphoriques s'enchaînent du vers 689 au vers 768. Elles résument les thèmes centraux du poème, c'est-à-dire le pulvis es et le contemptus mundi qui doivent logiquement mener à une vie juste en accord avec le Christ et sa Passion. Si nous abandonnons les vanités terrestres et si nous nous repentons de bonne foi, Dieu nous accordera sa miséricorde.
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CHAPITRE IV : les manuscrits du Miroir de Mort
Jusqu'il y a peu, la tradition manuscrite du Miroir de Mort se limitait aux trois manuscrits utilisés par Kervyn de Lettenhove pour son édition de 18641. Mais la récente redécouverte d'un article d'E. Droz et de C. Dalbanne? ainsi que d'un ouvrage d'A. Louant*, jusqu'ici passés inaperçus, porte désormais à onze4 le nombre des manuscrits et à un celui des incunabless.
une description sommaire de tous les manuscrits du Miroir de Mort, c'est-àdire des onze témoins manuscrits
subsistants;
ensuite, nous
détaillerons
les
critères de sélection du manuscrit de base. Nous ne nous attarderons pas à décrire la tradition manuscrite et les différents liens unissant les manuscrits.
ln s'agit des manuscrits suivants : B.R. 21530, B.N. 15216 et Ars. 3521. Notons que dans son ouvrage, paru en 1937, Kenneth Urwin [op. cit., p. 24] ne mentionne que le B.R. 21530 dans la liste des manuscrits qu'il a retrouvés [pp. 23-29]. Pourtant, il cite à plusieurs reprises l'édition des Oeuvres par Kervyn de Lettenhove. Un recensement des différentes bibliothèques et une prospection rigoureuse de l'édition de K.d.L. auraient permis d'établir une liste des manuscrits existants plus exacte. 2E. DROZ et C. DALBANNE, «Le Miroir de Mort de Georges Chastellain» in Gütenberg Jahrbuch, 1928, pp. 89-92. Seule Susanna Bliggenstorfer mentionna cet article dans son édi-
tion du Temple de Bocace de George Chastelain [p.*144] 3A. LOUANT , Le «Livre de Ballades» de Jehan et Charles Bocquet bourgeois de Mons au XVIe siècle, Bruxelles, Palais des Académies, 1954 (Académie royale de Belgique. Classe des lettres et des sciences morales et politiques. Collection des anciens auteurs belges. Textes et études. Nouvelle série n°4). Lors de la parution de l'article en 1928, le nombre des manuscrits se portait à douze (en tenant compte du manuscrit de Mons étudié par A. Louant). Or, un des manuscrits mentionnés [ms. cod. XXI.L.v.9] provenait de la Bibliothèque de Turin (incendiée en 1904) et actuelle-
ment celui-ci ne figure plus dans le catalogue [Dott. Albano SORBELLI, /nventari dei manoscritti delle biblioteche d'Italia, vol. XXVIII, Firenze, Léo S. Olschki, 1923]. Cependant, il dut bien exister un manuscrit du Miroir de Mort à Turin, car nous avons retrouvé sa description dans un catalogue de 1749. [cf. Codices manuscripti Bibliothecae Regii Taurinensis Athenaei (...) recensuerunt et animadversionibus illustrarunt Josephus Pasinus, Antonius Rivautella et Franciscus Berta, pars I, Taurini, 1749, p. 459]. Il y porte la cote cod. II e. III 44 et est attribué à Olivier de la Marche. Lorsque Henri Stein [dans Olivier de la Marche : historien, poète et diplomate bourguignon, Bruxelles, Hayez, 1888, p. 107] récuse l'hypothèse selon laquelle Olivier de la Marche aurait composé le Miroir de Mort, il cite deux incunables. Le premier est celui analysé par E. Droz et C. Dalbanne (ancien n° 2861 de la Bibliothèque de la Vallière, actuellement B.N. Ye 171). Le second aurait été conservé dans la bibliothèque de M. de Kerdonet. Henri Stein renvoie
«les curieux» à une «description très complète et très exacte» de M. de la Villemarqué qui fut publiée par M. Arthur de la Borderie dans le Bulletin du bibliophile breton, pp. 5-7, Rennes, Plihon, 1884. Nous n'avons pas pu consulter cet article.
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1. Les manuscrits
A : Paris, Bibliothèque de l'Arsenal, ms. 3521, f° 267 - f° 275 r° / Papier /
XVe siècle / 285 x 195 / reliure en maroquin rouge à fils d'or / 299 feuillets / Pieds de mouche; lettres d'attente / filigranes : tête de boeuf à yeux et à nez surmontée d'une croix [60-65 mm] (Briquet, 14239, att. 1478-1483; Briquet, 14244, att. 1486-1487), licorne tête baissée [100-105 mm] (pas de correspondance dans Briquet), licorne tête levée [95-100 mm] (pas de correspondance
dans Briquet) / frontispice : «Tout ce volume manuscrit me parait etre d'Alain Chartier à l'exception du ler morceau [il s'agit de L'instruccion d'un josne prince (...) f 1 - f° 29 v°] que j'ay d'ailleurs seul dans un beau manuscrit sur velin avec miniatures que j'ay place à la morale. Il est de Georges Chatelain Flamand mort en 1475 attaché au duc de bourgogne.» / Bibliographie : MARTIN (Henry) et FUNCK-BRENTANO (Frantz), Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de l'Arsenal. Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France : Paris, t. II, Paris, Plon, 1887 - Pour une description complète du volume voir : The Poetical Works of Alain Chartier. Edited by J.C. LAIDLAW, Cambridge, Cambridge University Press, 1974, pp. 115-116.
C : Paris, Bibliothèque Nationale, ms. f. fr. 15216, f° 105 v° - f° 124 v° / Parchemin / XVe siècle / 154 feuillets / 232 x 165 / reliure velours rouge, bois,
ferrure dorée / Miniatures en grisailles parfois rehaussées à la peinture d'or / Initiales rouges et bleues / Pieds de mouche; piqûres / f° 105 v° «Le miroir de mort fait messire Phelippe/de Croy conte de Chimay» / Miniature manquante (acte de vandalisme : cf. trace de coupure) : lacune de 3 strophes / Bibliographie : OMONT (H.), Catalogue général des manuscrits français. Ancien supplément français, t. TI n° 13091-15369 du fonds français, Paris, E. Leroux, 1896.
Ca : Carpentras, Bibliothèque municipale, ms. 410 (L.406), f° 1 - 22 v° / Papier / XVe siècle / 116 feuillets / 260 x 190 / reliure carton, recouvert de soie / f° 1 : frontispice «Le Miroir de la mort de Thomas Gerson XVe
siècle», f° 1 r°
«Le miroir de la mort composé par Thomas de Gerson Chantre de Tours 1463 - Les louanges à la sainte Vierge / le livre de Mathéolus contre la bigamie». [Ecritures du XVIIe siècle]. f° 1 v°, gravure du XVIIe siècle avec un commentaire / Initiales ornées / 13 dessins à la plume rehaussés d'or du maître du Champion des dames ornent le texte / f° 2 r° : l'auteur contemple un mort (la tête est effacée) / f° 3 r° : l'auteur, plus jeune, au chevet de son amie agonisante / f° 4 r° : évanouissement du poète que l'on emmène / f° 6 v° : quatre cavaliers / f° 7 v° : mort d'Agrippine que Néron «fist ouvrir» / f° 9 r° : chute de Satan et des anges rebelles / f° 13 r° : le diable au chevet d'un mourant / f° 14 v° : le diable épouvante le mourant / f° 16 r° : l'ange au chevet du mourant / f° 18 r° :
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Crucifixion / f° 18 v° : percement du flanc du Christ sur la croix / f° 20 v° : combat de l'ange et du diable au chevet du mourant / f° 22 r° : représentation de l'auteur./ Il manque vraisemblablement quatre feuillets au manuscrit, dont un devait être historié (voir plus loin). Bibliographie : MALRAUX (A.) fe. a.], Les manuscrits à peintures en France du XIIIe au XVIe siècle. Exposition à la B.N., Paris, Bibliothèque Nationale, 1955, p. 144. - DUHAMEL
(M.), Cata-
logue
de
général
des
manuscrits
des
bibliothèques
publiques
France.
Départements : Carpentras, t. XXXIV, Paris, Plon, 1901. - LAMBERT
(C.-
G.-A.), Catalogue descriptif et raisonné des manuscrits de la Bibliothèque de Carpentras, t. 1, Carpentras, E. Rolland, 1862 - PORCHER (]J.), «Les peintres de Jean de Wavrin», dans La Revue Française, avril 1956, pp. 17-22. Ch : Chantilly, Musée Condé, ms. 506 (897), f° 29 - f” 44 / Parchemin / XVe
siècle / 44 feuillets / 210 x 143 / reliure de maroquin rouge aux armes de Bourbon-Condé / f° 29 initiales ornées / Deux miniatures. Les monogrammes E.A. et F.R. apparaissent souvent dans les bordures; pour le monogramme FR, il s'agit peut-être de François Bourbon-Vendôme, de la branche cadette de la maison capétienne, mort en 1495 / Bibliographie : Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Paris. Bibliothèque de l'Institut. Musée Condé à Chantilly. Bibliothèque Thiers. Musée JacquemartAndré à Paris et à Chaalis, Paris, Plon, 1928 - RIS-PAQUOT (0. E.), Dictionnaire encyclopédique des marques et monogrammes, chiffres, lettres, initiales, signes figuratifs, Henri Laurens, s.d..
(.…) contenant
12.156 marques
etc., 2 t., Paris,
G : Grenoble, Bibliothèque municipale, ms. 871, f° 56 v° - f° 71 v° / Papier/ XVe siècle / 211 feuillets / Trois manuscrits du XVe siècle réunis : premier ms. feuillets 1-107, deuxième ms. feuillets 108-187, troisième ms. feuillets 188-211
/ 295 x 208 / reliure bois, couvert de basane / Bibliographie : FOURNIER (P.), MAIGNIEN (E.) et PRUDHOMME (A), Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Départements : Grenoble, t. VII, Paris, Plon, 1889. - WALTON (Th.), «Notes sur le manuscrit 871 de la Biblio-
thèque municipale de Grenoble», dans Romania, t. LIV, 1928, pp. 465-475. J : Paris, Musée Jacquemart-André, ms. 11 (686) ancien Lyon 653, pp. 286310 / Parchemin / XVe siècle / 310 pages / 285 x 150 / Reliure veau fauve à compartiments de mosaïque / Bibliographie : Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Paris. Bibliothèque de l'Institut. Musée Condé à Chantilly. Bibliothèque Thiers. Musée Jacquemart-André à Paris et à Chaalis, Paris, Plon, 1928. - Note sur la publication du Catalogue du Musée Jacquemart-André, dans Romania, t. XLIII, 1914, pp. 471-472. DELANDINE (A.-F.), Manuscrits de la Bibliothèque de Lyon (...), t. I, Paris, Renouard, 1812 - The Poetical Works of Alain Chartier. Edited by J.C. LAIDLAW, Cambridge, Cambridge University Press, 1974, pp. 118-119.
26
L : Bruxelles, Bibliothèque Royale, ms. 21530 (4632), f° 220 v° - f° 225 r° /
Papier / XVe siècle / 229 feuillets / Ecriture gothique bâtarde / Décoration
initiale / Deux colonnes f° 220-229; réglures; lettres d'attente; signatures; fili-
granes (Briquet, 1895, att. 1469-1473; Briquet var. 3819, att. 1461-1486; Briquet 8599, att. 1462-1468; Briquet var. 9184, att. 1483) / Propriétaires : Philippe de Lannoy; provient de la Bibliothèque des Bollandistes; Gand; Serrure (C.-P.) / Acquis par la BR. en 1857 / Bibliographie : VAN DEN GHEYN (J.), Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque Royale de Belgique, t.VII Histoire des pays : Allemagne, Angleterre, Autriche, Belgique (Histoire générale),
Bruxelles, Henri Lamertin,
1907 (Ministère des sciences
et des
arts). - Fichier codicologique de la Bibliothèque Royale - The Poetical Works of Alain Chartier. Edited by J.C. LAIDLAW, p. 98. La : Londres, British Museum, ms. Landsdowne 380, f° 93 - f° 109 / Bibliographie : À catalogue of the Landsdowne manuscripts in the British Museum, with indexes of Persons, Places, and Matters, London, 1819 (Reprint Hildesheim - New York, Olms Verlag, 1974) - The Poetical Works of Alain
Chartier. Edited by J.C. LAIDLAW, p. 142. M : Mons, Archives de l'Etat à Mons, ms. divers 114, f° 75 - f° 90 / Papier/
XVIe siècle / reliure : parchemin brouillon d'acte d'homme du fief daté du 18.09.1529 / filigrane : lettre P / Bibliographie : LOUANT (A.), Le «Livre de Ballade» de Jehan et Charles Bocquet bourgeois de Mons au XVIe siècle, Bruxelles, Palais des Académies, 1954 (Académie royale de Belgique. Classe des lettres et des sciences morales et politiques. Collection des anciens auteurs belges. Textes et études. Nouvelle série n°4). Pa : Paris, Bibliothèque Nationale, ms. n. acq. fr. 1541, f° 32 - f° 47 v° / Pa-
pier / XVe siècle / 74 feuillets / 208 x 142 / demi-reliure / pied de mouche; réglures / filigranes relevés : coquille Saint-Jacques, licorne, armoiries avec trois fleurs de lys (Briquet 1685, att. 1471-1480; Briquet 1686, att. 14741480) / provient des Archives nationales sans n° / Bibliographie : OMONT (H.), Catalogue général des manuscrits français. Nouvelles acquisitions françaises, t. 1 n° 1-3060, Paris, E. Leroux, 1899. Pi : Paris, Bibliothèque Nationale, ms. f. fr. 1816, f 1 - f° 16 v° / Vélin / XVIe
siècle/ [cf. illustration de couverture] Miniature f° 1 r° : tableau représentant l'auteur devant le tombeau de sa dame; dans un miroir suspendu à une croix apparaît la Mort et le reflet du poète; une croix est devant le tombeau; petite croix à gauche de l'auteur (?) / bordures géométriques fleuries; réglures; piqûres; lettrines; monogramme
QUOT
/ Bibliographie
«ii» ou «il» ou «h» non identifié dans RIS-PA-
: Catalogue des manuscrits français, t. 1 Ancien
fonds, Paris, Firmin-Didot, 1868. (Bibliothèque impériale - Département des
27
manuscrits) - RIS-PAQUOT (O. E.), Dictionnaire encyclopédique des marques et monogrammes, chiffres, lettres, initiales, signes figuratifs, (...) contenant 12.156 marques etc., 2 t., Paris, Henri Laurens, s.d.
2. L'incunable
Ye 171 : Paris, Bibliothèque Nationale, in-fol. gothique/ 16 feuillets, 24 lignes par page / Nous ne reproduirons pas la description très complète fournie par E. Droz et C. Dalbanne. Bibliographie : DROZ (E.) et DALBANNE (C.), «Le Miroir de Mort de Georges Chastellain», in Gütenberg Jahrbuch, 1928, pp. 89-92. - Le titre et le colophon sont reproduits dans : CLAUDIN (A.), DELISLE (L.) et LACOMBE (P.) [e. a.], Histoire de l'imprimerie en France au XVe et au XVIe siècle, t.IIT, Nendeln, Kraus -Thomson, 1976, p. 178 - H. STEIN, Olivier de la Marche : historien, poète et diplomate bourguignon, Bruxelles, Hayez, 1888, pp. 106-107 - BRUNET (J.-Ch.), Manuel du libraire et de l'amateur de livres, Se éd., t. IT, Berlin, Altmann, 1922, col. 783.
3. Choix du manuscrit de base
Comme nous l'avons déjà signalé au début de ce chapitre, cette édition critique du Miroir de Mort de George Chastelain est établie sur la base du manuscrit L, B.R. 21530. Dans les pages suivantes nous exposerons les raisons de ce choix. Tout d'abord, selon nous, les fautes contre le mètre, c'est-à-
dire la présence de vers hypermétriques ou hypométriques dans un texte versifié, témoignent d'erreurs de la part du copiste. Bien sûr, ce genre de considération suppose un original parfait, mais avouons qu'intrinsèquement la poésie est rimée, rythmée, métrique donc rigoureusement établie. Suivant cette logique, nous considérons que les erreurs de mètre sont le résultat de distractions du copiste ou d'innovations peu heureuses de sa part. Dès lors, la présence de vers hypermétriques et hypométriques nous permet d'évaluer qualitativement la copie d'un texte versifié. Les manuscrits présentant trop d'erreurs métriques ne pourront pas être pris en compte, et nous ne retiendrons que le manuscrit comportant le moins d'erreurs de ce genre, c'est-à-dire le manuscrit L. Ensuite, le choix du manuscrit de base justifié, nous nous
attarderons à relever les leçons que nous jugeons peu ou pas satisfaisantes dans
28
L; et enfin, nous mentionnerons les leçons que nous qualifierons d'erreurs par rapport au texte de notre manuscrit de base. Nous tenterons de juger les leçons des autres manuscrits le plus objectivement possible, c'est-à-dire que pour évaluer les leçons divergentes des autres manuscrits nous nous baserons essentiellement sur des critères syntaxiques et morphologiques, plutôt que sur des critères stylistiques. Voici le relevé des vers hypermétriques et hypométriques de tous les manuscrits du Miroir de Mort; celui-ci est en ordre croissant : L cinq vers hypométriques (243-321-388-637-638), un vers hypermétrique (708) [total = 6] ; À quatre vers hypométriques (115-126-150-710), six vers hypermétriques (19-171-190-601-670-709) [total = 10] ; Pi six vers hypométriques (34-50-157-187-544-606), quatre vers hypermétriques (169-220-509737) [total = 10] ; C six vers hypométriques (157-422-489-537-542-625), six
vers hypermétriques (146-169-246-704-709-716) [total = 12] ; J huit vers hypométriques (37-70-97-157-234-262-277-520), sept vers hypermétriques (169186-291-308-415-724-738) [total = 15] ; M treize vers hypométriques (26-49244-309-341-385-400-410-419-451-456-477-486), six vers hypermétriques (187-392-519-670-672-675) [total = 19] ; Ca : dix vers hypométriques (22-43-
114-230-244-436-441-446-619-713), douze vers hypermétriques (2-18-145146-205-254-425-470-597-717-728-739) [total = 22] ; Ld seize vers hypométriques (30-37-105-155-174-244-319-346-365-422-461-515-555-575-591739), douze vers hypermétriques (60-190-247-309-351-371-389-395-434-664704-708) [total = 28] ; G quinze vers hypométriques (37-137-187-208-244-
319-376-422-456-467-478-492-684-690-723), seize vers hypermétriques (27123-146-169-173-196-302-307-371-436-460-471-488-542-716-741) [total = 31] ; Ch vingt-trois vers hypométriques (26-37-145-155-170-235-301-306319-396-412-416-432-452-474-512-513-532-583-589-633-635-648), dix-neuf vers hypermétriques (38-50-105-169-230-325-392-395-500-546-627-647-665685-704-708-741-749-753) [total = 42] ; Pa quarante-quatre vers hypométriques (6-21-26-27-34-35-37-115-143-145-157-181-193-197-215-224-229-236244-252-255-262-323-353-357-361-364-374-399-510-516-538-540-544-615625-637-667-718-737-741-740-744-761), quatorze vers hypermétriques (48146-184-297-390-425-447-522-560-612-704-708-723-747) [total = 58]. Nous remarquons aisément que le manuscrit L est la meilleure copie. En effet, elle ne présente que six vers métriquement faux. Après une analyse minutieuse du texte, nous remarquons qu'elle ne comporte que onze leçons que nous avons jugées insatisfaisantes. Cinq nuisent au sens (12, 50, 340, 555, 657, 733), deux faussent le schéma des rimes (508, 730) et
enfin, les quatre dernières n'altèrent pas le sens, mais les formes rencontrées ne sont pas attestées ou peuvent prêter à confusion (125, 211, 300, 562). Notons que par rapport aux dix autres manuscrits, L est amputé d'une strophe (vv. 329-336). De plus, par rapport au manuscrit Ch, il lui manque trois strophes.
29
Nous ne considérons pas la lacune des trois strophes (vv. 641-648, vv. 649656 et vv. 681-688) comme une erreur, car seul Ch les possèdef. Quant à ce
manuscrit, il comporte vingt-trois vers hypométriques et dix-neuf vers hypermétriques; de plus, nous dénombrons trois inversions de vers qui nuisent au sens (135-136-143-144-254-256), trois erreurs contre le schéma des rimes (297-460-462). Le nombre total des fautes relevées est de soixante-sept; trentesix d'entre elles sont des fautes grossières : 20-35-58-74-80-82-140-141-164-
233-236-245-262-279-288-298-395-412-422-425-436-438-448-457-474-485519-528-624-627-662-665-716-734-744-765. Les trente et une fautes moins importantes sont les suivantes : 42-61-90-94-97-99-104-113-132-183-187201-219-239-296-302-327-350-373-385-390-399-423-451-485-538-552-601629-674-763. Si nous considérons
les autres manuscrits,
le constat est
parfois plus accablant. Ainsi, bien que À n'ait que dix vers métriquement faux, il est le plus mauvais des onze manuscrits. Effectivement, il manque trente-six strophes, soit deux cent quatre-vingt-huit vers, ce qui représente plus d'un tiers du texte. Les groupes de vers manquants sont les suivants : 241-256 / 321-384 / 401-408 / 425-440 / 449-472 / 497-504 / 521-536 / 545-600 / 641-648 / 649656 / 673-680 / 737-760. Ces nombreuses lacunes nuisent considérablement au poème qui se voit dès lors mutilé dans son unité sémantique primordiale. Notons que ce manque n'est pas dû à une malveillance ou à la détérioration du manuscrit, comme cela a pu arriver pour d'autres copies. De plus, cette copie ne renferme pas moins de septante-quatre leçons insatisfaisantes sur les quatre cent quatre-vingts vers subsistants. Trente-huit d'entre elles peuvent être jugées comme des erreurs : 14-20-28-35-59-74-80-112-115-140-141-145-164-175232-233-259-264-268-278-279-287-288-309-412-422-444-476-492-543-544581-666-696-716-722-728-734;
tandis que les trente-six dernières ne nuisent
pas fortement au sens. Il s'agit des leçons suivantes : 34-40-42-46-61-94-97122-132-184-187-190-201-225-226-239-262-271-272-289-296-302-385-398399-423-485-495-514-537-538-542-579-655-729-763. Le manuscrit Pi présente également dix vers métriquement incorrects; de plus, il possède trois inversions qui altèrent le sens de certains groupes de vers, comme : 135-136-143-144-254-255; cinq fois il entrave le schéma des rimes (284-285-286-287-288). Enfin, ce dernier renferme vingtneuf erreurs grossières, dont vingt introduisent des contresens ou ne satisfont pas assez le sens : 14-35-118-160-164-175-194-199-233-287-378-414-421422-492-516-528-540-624-734. Les neuf moins graves sont les suivantes : 4276-94-132-201-239-399-629-674. La copie C est insatisfaisante, car elle comporte une faute contre le schéma des rimes aux vers 42-43. De plus, en raison d'une malveillance, un feuillet vraisemblablement historié a été arraché, ce qui explique la mutilation de trois strophes au début du manuscrit. Enfin, cette dernière 6Dès lors, nous considérons ces trois strophes comme apocryphes. Elles ne bénéficieront d'aucun commentaire textuel, bien qu'elles intègrent le texte édité.
30
renferme cinquante-quatre fautes, dont trente et une sont des erreurs manifestes: 2-35-92-164-165-187-206-211-233-239-262-271-308-371-422456-461-476-492-518-528-540-579-583-590-598-624-628-661-728-734. Les vingt-trois fautes, moins importantes, sont les suivantes : 34-44-56-61-76-94128-175-201-265-307-362-399-439-484-586-599-601-629-674-739-747-763. Le manuscrit J renferme trente-cinq leçons peu satisfaisantes. Dix-neuf d'entre elles nuisent fortement à l'intelligibilité du texte : 1481-93-126-164-168-171-199-233-278-288-299-308-309-624-564-567-567733; quant aux seize autres, ce sont des erreurs somme toute minimes : 42-61-
94-109-150-187-163-164-201-218-239-296-302-358-362-376. manque trois vers à ce manuscrit, (52-205-272),
De
plus,
et nous dénombrons
il cinq
inversions : 556-557-558-559-560. Quant à M, il possède également trente et une leçons peu satisfaisantes. Ici, dix-huit d'entre elles nuisent à la compréhension du poème : 14-94-80-164-209-288-349-350-354-422-441-520-528-540-577-624-673-716. Les treize moins importantes se retrouvent dans les vers suivants : 42-61-94187-201-239-296-302-399-423-425-674-692. Il y a trois inversions de vers (135-136-143-144-476-480) et deux fautes contre la rime (577-630).
Le manuscrit Ca ne présente que vingt-huit erreurs. Seize introduisent des contresens ou nuisent au sens : 14-35-164-233-288-292-295309-323-429-455-528-624-627-722-734; et les douze autres sont peu importantes : 14-42-61-93-04-187-189-201-239-296-302-629-763. Notons également l'inversion des couples de rimes 135-136 et 143-144, ainsi que la double entrave au schéma des rimes aux vers 526 et 615. L'état actuel de la copie présente une lacune de quatre feuillets qui ont disparu après une dégradation du manuscrit. Cependant, le texte devait être complet auparavant, car certains feuillets subsistants présentent soit des fins de strophes soit des débuts; de plus,
les restes de feuillets (coin de papier, etc.) sont observables dans le pli central du manuscrit. Voici la liste des vers manquants : vv. 381-423 / vv. 483-506 / vv. 545-587 / vv. 673-711. D'après nos calculs ces vers devaient donc se répartir sur quatre feuillets dont un devait être historié (groupe vv. 483-506). La copie Ld possède soixante leçons que nous pouvons considérer comme des erreurs; trente-cinq sont manifestes et nuisent considérablement au sens : 14-20-28-35-74-95-140-141-164-213-220-233-279-288373-387-400-410-412-417-422-512-527-528-568-607-624-627-629-667-671699-716-722-734; quant aux vingt-cinq dernières, ce sont celles-ci : 42-54-61-
69-89-94-97-132-187-190-201-239-258-296-302-385-399-423-448-533-538629-674-747-763. Nous relevons aussi quelques inversions : 135-136-143144-517-518-519-520-667-668-707-708 qui s'accompagnent parfois d'entorse au schéma des rimes comme dans le groupe 517-518-519-520. Notons que cette copie a un vers supplémentaire après le vers 205; nous le nommerons 205*. Comme l'indiquait le relevé susmentionné, le manuscrit G comporte trente et un vers métriquement faux. Nous ajoutons à cela trente-six
31
leçons insatisfaisantes. Vingt-deux sont des erreurs grossières : 14-91-122123-164-169-175-201-233-288-323-374-422-436-482-520-528-548-624-711722-734 et quatorze sont moins importantes. Il s'agit des leçons suivantes : 1442-61-76-94-201-265-399-485-489-629-674-747-763. Nous dénombrons également sept inversions (740-741-742-743-744-766-767) et six entorses au schéma des rimes (460-740-741-742-743-744). Quant à notre dernier manuscrit, Pa, il est le plus mauvais
selon notre critère de sélection, car il renferme quarante-quatre vers hypométriques et quatorze vers hypermétriques, soit un total de cinquante-huit vers faux. A tout cela s'ajoutent quarante-huit leçons considérées comme des erreurs. Vingt-neuf sont des erreurs manifestes qui introduisent des contresens : 14-2035-74-86-160-233-263-288-292-297-299-309-323-371-382-408-422-423425-505-528-568-572-580-610-624-716-734. Les dix-neuf autres, moins importantes, sont les suivantes : 42-61-94-131-184-187-201-216-232-239-265296-298-364-385-399-439-674-763. Ajoutons de nombreuses inversions de vers (vv. 21-22 / vv. 450-451 / vv. 492-493-494 / vv. 505-516 / vv. 548-551 / vv. 707-708) qui nuisent parfois au schéma des rimes, comme dans les exemples suivants : 450-451, 492-493-494 et 548-551.
Ainsi, cette analyse des différents manuscrits du Miroir de Mort et de leurs leçons respectives nous a permis de démontrer que le manuscrit L est de loin le plus satisfaisant de tous. En effet, il ne présente qu'un nombre réduit de vers hypométriques et hypermétriques (six au total), quant aux leçons «fautives» elles ne sont que onze. Bien sûr, nous admettons que le manuscrit L puisse avoir des faiblesses sémantiques; parfois d'autres manuscrits possèdent des leçons plus «heureuses». Dans ce cas, les notes explicatives mentionnent les propositions des autres manuscrits, si celles-ci peuvent apporter un supplément d'explication au texte ou un enrichissement. Nous ne considérons nullement notre manuscrit de base comme une copie parfaite, mais c'est celui qui répond le mieux à nos critères de sélection et qui d'après nous est le plus fiable.
32
CHAPITRE V : étude linguistique de L!
A. PHONETIQUE
1. Vocalisme
a) Graphie -ar- pour la graphie -er- [GOSSEN,
p. 50]. Cette hésitation est
caractéristique en MF, et elle est plus répandue en syllabe initiale. Cette graphie témoigne de la tendance à rapprocher l'articulation de [a] et de [e] devant -r-. MARCH,
pp. 73-74] : darrain (21), darrenier (26).
b) Graphie -aige (< -aticu) à côté de la graphie -age [GOSSEN, p. 54]. En picard ces deux graphies étaient interchangeables. Généralement les mêmes graphies riment entre elles dans le manuscrit L cf. 41 : 43 : 44 et 138 : 141 : 142. On explique la graphie -aige par la palatalisation de a devant [3] et la graphie -age par la réduction de la diphtongue descendante ai qui devait se prononcer avec un fort accent sur le premier élément [MARCH p. 75]. Ymage (41), visage (43), corage (44), sage (208), éage (234), passage (249), avantage (271), mais coraige (117), Cartaige (138), dammaige (141), raige (142, 407), linaige (551), saige (552).
c) Réduction des terminaisons -iée du participe passé féminin (issues de yod + -ata ou de i + yod + -ata [cf. crucifiie, sainctifiie]) à -ie ou -iie en picard [GOSSEN, p. 55] : abaissie- muchie (: annemie, VV. 74-78), lessies (244), chambgie (401 et 504), crucifiie (544) [: partie] , percie (545), sainctifiie (547), esplorie (548).
d) Graphie -an/m- pour -en/m- étymologique [GOSSEN, p. 65] : tamps (2, 277, 290, 383), samble (246), tramble (351), trambler (430, 671, 690), re-
samblant (493). En francien, la prononciation de en est englobée par an dès le XIe siècle. Mais la graphie an ne rend pas compte de la prononciation picarde [£] contrairement aux autres parlers dialectaux, n'a pas fait aboutir les groupes e ouvert + nasale + cons. / e fermé tonique + nasale + cons. / i tonique + nasale + cons. à [ä] par confusion avec an issu de a + nasale + cons. [NYROP, I,
$.215 et MARCH, pp. 78-79] e) Evolution de -e fermé /-i + nasale à -ain en picard [GOSSEN, p. 68] : faint (43), paines (259), paine (405, 501, 528, 560, 673, 692, 738), vaines (4838), plaine (498, 502), Magdalaine (585), alaine (587), vaine (588), plains : 1 Nous adoptons le système de l'A.P.I.
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mains (606). Le picard ignore l'évolution survenue à l'Est et à une échelle nationale dans certains mots qui aboutit à oin : cf. minus > mains (83).
f) Evolution du o fermé libre à ou en picard, puis comme en francien il aboutit à eu. Le o fermé libre a abouti à la diphtongue [ow] graphiée o, ou dans tout le domaine d'oïl. Puis, il y a eu une monophtongaison en [œ]; cette prononciation est rendue par la graphie eu. Cette évolution a lieu aux XIe et XIIe siècles dans le Nord où la graphie eu en était le témoin direct. Néanmoins, la graphie ou est fréquente à côté de eu comme le témoignage d'un stade plus ancien de la langue. [GOSSEN, p. 80] Dolour (348, 352, 514, 741), mais doleur (51, 59, 192, 211 (: ceur), 327, 367), honneur (119, 171, 307, 467, 522, 524, 711), horreur (279, 526), fureur (131), pecheur (335, 454), etc.
g) Les o toniques ont été ouverts dans des mots mi-savants ou dans des emprunts en -oria, -oriu [GOSSEN, p. 82] : glore (402, 609, 640, 764), memore (553), hystore (555, 635), nottore (556).
h) Réduction de -ei roman protonique devant -s à -i- en picard : congnissoit (49), congnissant (52), tresanguisseux (340), anguisseuse (348) mais angoisseusement
(543) [GOSSEN, p. 88].
1) Graphie oe. Cette graphie est le résultat de l'évolution du o ouvert tonique, cf. o>uo>ue XIe s. > monophtongaison en [œ] devant consonne ou en [9] en finale. Ce stade de l'évolution était écrit de différentes manières : eu, oeu, oe, oue : poelt (102, 497, 662), moert (320), soeffre (500), troevent (504, 735), …
2. Consonantisme
a) Evolution de c + -e/-i initial ou postconsonantique, de c + yod interne, et de + yod postconsonantique à [tf] (écrit c ou ch) en picard [GOSSEN, pp. 91-92].
Le problème est essentiellement graphique, car l'affriquée est écrite c ou ch pour [t/], le texte témoigne de ce caractère composite (cf. graphies des démonstratifs). Voici les évolutions rencontrées : Franchois (121), chiel (183, 590, 625), canchon (697), fachon (758). Selon Gossen, les adjectifs et pronoms démonstratifs sont fréquemment écrits avec c : celle (35), ce (36, 38), ceste (42), etc., mais nous rencontrons aussi : che (43, 62, 200, 246, 389), chelly
(107, 115, 137, 179), cheux (109, 233, 412), cheulx (185), ch! (257), chelle (49). b) Evolution de c + yod, f + yod et cons. + ce finaux à c{h) en picard, à côté d'une finale -z en francien [GOSSEN, p. 94]. La graphie -ch se trouve surtout
dans les régions d'Artois, Flandres, Hainaut, St-Quentin et Noyon. Quant à la prononciation, bien qu'elle soit incertaine, Gossen pense qu'il y avait une forte
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tendance à réduire la finale à -s. Cette finale -ch est une graphie picarde des mi-occlusives [ts] ou [tf] : vich (41), euch (44), logich (126), mech (460), voelch (536).
c) Traitement picard de c + a initial et intérieur postconsonantique à [k] (écrit c, k, qu) [GOSSEN, pp. 95-100] : casteté (172), peciet (193, 202, 550) mais pechiet (468), peceur (214, 570, 582, 659, 675) mais pecheur (381, 454), campion (222), trencisons (229), empecement (293), porcier (271), rice (387), cevaulx (395), ocquoison (432), detrencée (484), empecier (536), pecez (565), campyon (572), raccateur (573), canchon (697), etc. Dans un même
texte il est fréquent de rencontrer un mot identique avec une initiale ch- ou une initiale k-. Normalement nous devrions rencontrer k- partout, mais un texte entièrement picardisé n'existe pas comme en témoignent les différents mots avec -ch- : chargat (50), chascun-chascune (60, 88, 173, 285, 406, 613), Charlemaine (121), despiecha (136), chetif (179), entechiet (195), desembuschiet (196), dechèons (226), chault (228 / [verbe] 310, 414), chasteau (251), chier (272, 535), chiere (306), chaulra (386), chasteal (388), chambgie (401, 504), chierement (473), char (481, 484), chief (489), rachat (535), chantent (608), etc.
d) Introduction d'un e svarabhaktique dans les groupes consonnes + liquides [GOSSEN, p.103] : esperit (53, 181, 255, 538, 637). Ce phénomène est fréquent au futur et au conditionnel des verbes de la Ille et IVe conjugaison : perderez (37), vivera (319, connoitera (739). Il est pertinent pour le mètre et
reflète donc la langue de George Chastelain. e) Conservation du f final issu de -atu, -itu, -utu, -ate, -ute qui aboutit à -ef, -it
ou -ut en picard [GOSSEN, pp. 104-106]. Le fait que dans un même texte des mots identiques soient écrits alternativement avec ou sans -f prouverait que ce -t était purement graphique, mais caractéristique de la scripta picarde, entre autres. Le -1 final se rencontre essentiellement dans les participes passés et dans quelques substantifs : 1. Participes passés : volut (47), tuet (143), eubt (151), entechiet (195), desembuschiet (196), heubt (242), matet (344), mesadvenut (419), vescut (420). 2. Substantifs : pitet (141), peciet (193, 202, 550), escut (572), vanitet (723). f) Absence de la consonne intermédiaire (b ou d) dans les groupe /'r, n'r, alors
que cette consonne intermédiaire est toujours présente dans le groupe "'r. [GOSSEN, pp. 116-119] : soubstinrent (124), devinrent (189), devenra (256, 278, 698), prenre (261), chaulra (386), faulra (701), advenra (737) mais voldra (272), fauldra (436), vendra (676). g) Alternance des graphies -(i)gn(i)- / -(i)hng- et -(ijngn(i) pour la représenta-
tion graphique du n mouillé. Ces deux formes sont concurrentes dans la gra-
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phie picarde. [GOSSEN, paignes (122), congnoist viengne (382), mingnon (464), poingnant (490),
p.119] Congnissoit (49), congnissant (52, 82), Es(175, 372), dongnon (251), congnoisse (316), sou(385), doingnon (388), recongnoy (461), daingnez recongnois (570), recongnoistre (684), ygnorance
(734), congnoistre (736). Signalons que ce phénomèné n'est pas exclusivement picard.
3. Lettres sans valeur phonologique ou quiescentes
a) Subsistance -du -/- implosif qui normalement s'est vocalisé depuis le XIIe siècle. Selon BRUNOT, le -/- implosif réapparaît au XVe siècle, mais il n'est pas prononcé [cf. MARCH. pp. 84-85]. Ainsi dans le manuscrit L nous avons les rimes : oyseaux (393) : cevaulx (395) : saulx (396). Il est présent pour
montrer que le groupe voyelle + x qui précède le -/- n'est pas en hiatus [BRUNOT, I, p. 546] : oultrepasse (3), ceulx (15) mais cheux (109, 233, 412), doulceur (20), faulse (24), yeulx (27), coulchiez (27), beaulté (40), mais beauté (169, 294), fault (67, 90, 91), hault (75, 77), vault (94), chault (95), poulrir (112), haulx (134), treshault (153), voelt (285, 313, 358, 360, 377), etc. Parfois le -/- implosif est présent à défaut de la marque de la vocalisation : polvoit (10), bealté (186), volsist (268), voldra (272), maldire (431, 445), etc. Notons que nous ne pouvons expliquer la forme poelt (102, etc.) que par analogie avec la graphie voelt.
b) Résurgence de -b- étymologique qui était tombé devant une consonne autre que / ou r [BRUNOT, I, p. 545] : doibt (88, 654), doubtée (150), eubt (165), debvons (184, 671), doubta (215), heubt (242), debvoit (328), soubz (396), chambgie (401, 504), subtil (408), doibz (430, 587), doibt (431, 670), soubstenir (511), soubstient (664), doibs (694, 713), doubtez (708), doubte (713, 714, 715, 716, 717, 718, 719, 720, 744), redoubtant (747), doubteuse (explicit), obscure (631 et explicit).
c) Résurgence de -d- étymologique qui s'était effacé : adjoindre (23), paradvant (25), admirer (91), advant (125, 167, 357, 517), adfin (222, 501, 591), blédz (262), nud (417), mesadvenut (419), advance (459), rends (468), pied
(478).
d) Réapparition de -p- implosif étymologique qui s'était effacé devant consonne. Ce dernier réapparaît dans des mots savants, mais il ne semble pas articulé. Ainsi dans L nous avons les mots suivants à la rime : dehors (50) : corps (53) : mors (54) / princeps (449) : provinces (451) : minces (452). Voici la liste des mots où -p- est purement graphique : tamps (2, 145, 167, 178, 277, 290, 383, 403), concepvoir (10), dampné (11, 181), corps (36, 53, 99, 698), racompter (57), percepvoir (719), escript (84), princeps (113, 449), dampnés
36
(187), decepvant (247), dampt (297), sepmaine (406), dampnez (415), baptu (480), cops (483), bouptes (574), compte (579, 701), mais comte (373, même sens), decepvoir (716), temptation (731), dampnement (755). [MARCH., P. 85]
e) Le -s implosif qui s'était amuï réapparaît et est même parfois ajouté après e «pour annoncer que c'est un e masculin.» [BRUNOT, I, p. 546 et MARCH, p. 84] : maistresse (5), nostre (7), prist (8), estre (12), desespoir (13), peuyst (14), deffist (17), prist (19), desjoindre (24), trespas (25), desperer (29), fist (30), dist (31), vostre (36), misne (40), ceste (42), estre (47), tantost (51), estoit (59), chascun et chascune (60), tost (77), ceste - estoit (78), chascun (88), choisist (99), tost (104), despuis (109), reconquist (122), soubstinrent
(124), mist (125), etc. f) Présence purement graphique de c dans le groupe cg : doncquez (193), oncquez (326), bracquez (394). Ainsi que dans le groupe occlusif ct et cg : sancté (238), facture (355), sancg (482) et sainctifye (547), tressaincte (583). [MARCH p. 85] g) Présence graphique de qg dans le groupe cg : avoecq (48), seloncq (314), ocquoison (432).
4. Equivalences phonétiques et graphiques a) Finales arbitraires -s et -z. Dans L, -s et -z sont mis l'un pour l'autre, ce qui
peut entraîner des mélectures. Ainsi, nous rencontrons -s pour -Zz dans : cuidiés (267), avés (270) et ariés (296). Et -z pour -s : soubz (19), jusquez (21), touttez (23), aprez (51, 134, 189, 319, 616), autrez (111), ilz (120, 126, 605, 609, 611), certez (150), aultrez (170), angelez (199), doncquez (193), sommez (195), guerez (227), jusquez (235), dittez (266), mesmez (280), aultrez (286), estez (289), oncquez (326), léz (369), guerez (386), bracquez (394), soubz (396), moindrez (398), asquelz (399), jamez (405), filz (411), dampnez (415), jamez (429), doibz (430), povrez (452), daingnez (464), jusquez (490), laissez (533), pecez (565), prez (567), voellez (568), autrez (586), doibz (587), jointez (605), auprez (615), lettrez (626), obscurez (631), chosez (632), lesquellez (633), hystorez (635), jusquez (637), doubtez (708). Depuis longtemps -s et -z représentent le même son, bien qu'au XVe siècle ils ne soient guère plus articulés. L'alternance de ces deux lettres dans la graphie témoigne de l'hésitation à choisir entre -s ou -z. Au départ, le -z était présent étymologiquement dans des mots dont la consonne finale était -f, -d, -n, n mouillé, -/ mouillé, mais ce -z (affriqué) s'est réduit dès le XIIIe siècle à -s. Sous l'influence du francien, où ce
-z était courant même dans des mots où il n'était pas étymologique, le picard adopta cette finale dès le milieu du XIIIe siècle, toujours à côté de la finale -s et
37
surtout à partir du XIVe siècle. Notons que parfois le -z était la marque propre du pluriel des mots à finale en [e] (ex. costéz 371, blédz 362) et du c.s.sg. et c.r.pl. de certains participes passés (ex. coulchiéz 27, tombéz 46, néz 112, demoréz 240, alléz 241, estuvéz 299, crevéz 362, passéz 372, nétz 425). De
sorte que nous accentuons le -e qui précède le z pour les adjectifs, les substantifs et les participes passés afin qu'ils ne soient pas confondus avec les formes verbales de la deuxième personne du pluriel. [NYROP, IL, $ 268 et $ 285 et
GOSSEN, pp. 94-95] b) Graphies
simples ou géminées
[ce phénomène
concerne
uniquement
la
consonne M]:
* M : comme
(11, 97, 120, 135, 242, 308, 418, 527, 535, 632, 702, 712) /
come (83, 85) - graphies géminées : damme (17, 80, 265, 298, 385), lamme (19), famme (20), amme (431, 436, 544, 700, 716), Rommains (130), dammage (141), infamme (267).
B. MORPHOLOGIE
1. Le nom et l'adjectif * Subsistance de la déclinaison. [NYROP, II, $$ 275-276 et BRUNO, I, pp. 431-432]. Bien qu'au début du XIVe siècle la flexion n'existe
plus dans la langue parlée, on rencontre encore le -s désinentiel dans la graphie, mais celui-ci est souvent placé au hasard. Le texte rend compte de la désagrégation du système casuel, principale caractéristique du moyen français. Néanmoins, certains vestiges subsistent : a) c.s.sg. : tombéz (46), riens (47 : biens, 695), Dieux (60, 323), néz (112), estuvéz (299), nétz (425), povrez et minces (452). b) c.r.sg: fil (158, 615). Mais l'ajout de -s peut aussi être fait au hasard comme en témoigne : riens C.r.sg. (165, 302, 456). Remarquons que Dieux garda le plus longtemps sa forme avec -x, au moins jusqu'au XVIe siècle.
* Adjectif épicène. [NYROP, IL $$ 385-386 et MARCH. pp. 101102]. Seul le cas de grant (6, 51, 257, 321, 738) / grand (543, 673, 739) fut relevé. Grant est un adjectif épicène de la deuxième classe dont le féminin ne possède pas de -e. Alors que l'addition d'une terminaison -e analogique s'est produite depuis les XIIe et XIIIe siècles pour les adjectifs épicènes, l'adjectif grant/grand est celui qui garda le plus longtemps son uniformité. En effet, ce n'est qu'à la fin du XVe siècle qu'il s'est systématiquement pourvu d'un -e. La forme grande se retrouve aussi dans une strophe anaphorique où elle est majoritaire pour satisfaire aux exigences métriques.(737, 740, 741, 742, 743, 744
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vs 738, 739). Cette disparité est fréquente jusqu'à la fin du XVe siècle.
* Comparatif et superlatif. [NYROP, IL $$ 451-478] 1. Comparatif organique : moindrez (398). 2. Construction avec omission de l'adverbe «plus» : Mise en torment qui ne fauldra (437). 3. Superlatif absolu : formé par l'emploi de sy ou de tres qui sont joints à l'adjectif ou à l'adverbe. Parfois, sy détermine l'agglutination de tres et de l'adjectif. Treshault roy (153), sy noblement (185), tresamere pation (218), trestous (245), sy infamme (267), sy tresamere (322), tresanguisseux (340), tresamere (347), tresmal (420), sy dolentement (426), tres piteusement (480), sy beau (494), tresamee (505), tresindigne (521), trespistoyable (555), sy nottore (556), tresdoloreux (558), sy amere (560), tressaincte (585), sy doloureux (660).
2. Les déterminants
* L'article défini : formes contractées à + le = au : 21, 89, 97, 209, 252, 311, 330, 358, 553, 554, 557, 604, 659, 674, 741, 750, 753. à + les = as : 409, 595.
364, 370, 453, 467, 486,
en + le = ou : 54, 277.
en + les = es : 334. * Pronoms et adjectifs démonstratifs Le texte renferme une alternance de formes du système picard, c'est-à-
dire avec un ch- initial, et de formes du système francien. Pour l'adjectif démonstratif masculin : ce (36, 73, .…) / che (43, 246) /cest (495), et le féminin : celle (217, 447, 497, 500, 512) / ceste (42, 78, 547, 548, 666, 667). En ce qui concerne le pronom démonstratif masculin singulier : chelly (107, 115, 137,
179) / celly (83, 128, 174, 208, 323) et le pluriel : cheulx (185) / cheux (109, 233, 412) / ceux (92). Le pronom démonstratif féminin : chelle (49) / celle (35, 507), et enfin le neutre : che (62, 200, 389) / ce (38, 56, …). * Les adjectifs et pronoms possessifs La totalité des formes suit notre usage moderne, si ce n'est l'élision du
possessif féminin ma devant un substantif commençant par la consonne h, alors que l'usage moderne emploie une forme masculine, cf. m'honneur (18). Remarquons une forme picarde de l'adjectif possessif féminin de la troisième personne du singulier : se (734). Cet emploi rejoint celui de le comme pronom personnel féminin.
59
* Pronoms personnels Les formes des pronoms personnels ne diffèrent pas de nos formes modernes. Exception faite de la graphie en (710) pour le pronom indéfini on, de la graphie luy (331) ou Ly (95, 109, 164, 307, 363, 449, 464, 583, 661, 678) pour lui, pronom personnel indirect troisième personne du singulier. Ajoutons-y la graphie il (189, …) pour le pronom personnel troisième personne du pluriel ils. Cette forme sans -s rappelle la forme étymologique du c.s.pl. venant de ülli. Jusqu'au XVIIe siècle l'usage hésitera entre les formes i/, iz et ils. Néanmoins,
le texte présente un particularisme picard quant au pronom personnel féminin singulier. En effet, le picard emploie le pronom le pour marquer le sujet et l'objet féminin. Selon Gossen, les textes utilisent une des trois formes; or L utilise majoritairement le pronom féminin la, sauf aux vers 160 : «le fist ouvrir,
qui fu pité» et 763 : «Prions qu'Il le [sa grâce] nous habandonne». Comme nous l'expliquons en note, l'ambiguïté d'interprétation est peut-être voulue. [GOSSEN, pp. 121-122]
3. Le verbe
a) Indicatif présent * mech (460), 1re pers. sg. v. «metre» / voelch (536), 1re pers. sg. v. «voloir».
La désinence épithétique picarde -ch est la marque de l'indicatif quelques verbes. Cette terminaison s'est généralisée dans toutes sons à côté des formes étymologiques. [FOUCHÉ, pp. 185-186] sonantisme). Cette désinence est analogique dans les deux [GOSSEN, pp. 132-133]
présent pour les conjugai(voir 2. Concas précités.
b) Parfait * fisent (540), 3e pers. pl. v. «faire». (< fecerunt). Dans le Nord, avant la chute des voyelles finales, la forme *feiset < fecit a déterminé la réfection de *feirent en feisent devenu fisent à la suite de la généralisation du radical fiz-. [GOSSEN, p. 135 et FOUCHE, pp. 275 et sv.]
* yich (41), re pers. sg. v. «vëêoir» / euch, 1re pers. sg. v. «avoir». Le -ch épithétique se généralise en picard au parfait des Ile, Ille et IVe conjugaisons à côté des formes étymologiques comme faciam > fac(h). [GOSSEN, pp. 132-
133 et FOUCHÉ, p. 273] c) Subjonctif présent *prende (317), 3e pers. sg. v. «prendre». Le subjonctif de «prendre» varie suivant les dialectes, ainsi dans le Nord et dans le Nord-Est on rencontre les formes du subjonctif avec -d-. Etymologiquement la forme prende est correcte,
(< prendat). [FOUCHÉ, pp. 106-108]
40
* crainde (710), 3e pers. sg v. «criembre». Alors que sous l'influence de plaindre (plaigne, etc.) il y a eu réfection des paradigmes de criembre (FM craindre) en craigne, certaines formes avec radical en -d- se rencontrent jusqu'au XVIIe siècle. [FOUCHEÉ, pp. 143-144]
d) Subjonctif imparfait * peüyst (14), 3e pers. sg. v. «pooir». (< potuisset). Après la chute du -e protonique on obtient la désinence -sr. Bien que la réduction de l'hiatus -eü- fut plus précoce en picard (XIIIe siècle pour la subjonctif imparfait) qu'en francien (XIVe-XVe), ici, l'hiatus est maintenu [MARCH p. 58]
C.
SYNTAXE
1. Usage du pronom personnel * Fay tant pour la mere de toy (516) : la forme «de + pronom tonique» tient souvent la place du possessif en MF. [WILMET, $ 272 1°]
2. Confusion entre le relatif «dont» et dont marquant la conséquence *[nitialement dont est adverbe de lieu conformément à son étymologie (< *de unde). Il indique l'origine et se traduit par «d'où» en FM. [MENARD, $ 73 1°]: Vèons dont nous venons naissant (197) et Dont sourt habundance de grasce (576).
* Il peut avoir la valeur d'un relatif précédé de la préposition de et signifie «de laquelle, pour lequel, etc.» : [l'heure] Dont sa povre amme est cremeteuse (376). [MENARD), $ 73 3°] * Dont, adverbe relatif, peut introduire une proposition consécutive et se tra-
duit alors par «si bien qu'à cause de cela» : Dont ilz l'aourent jointez mains (605) et Dont, pour jamez seras en paine (405). [MENARD, $ 73 3° Rem]
* Dont, adverbe correspond à «donc» en FM et est souvent écrit dont. L'adverbe a un sens conclusif comme en FM : Rien n'y vault dont nom dominant (94), Mirons nous dont et remirons (105) et Pourcoy fus tu dont nétz de mere (425).
41
3. Se conjonction hypothétique En AF
et MF,
c'est essentiellement
la conjonction se, rarement
si sauf à
l'Ouest, qui est employée dans les hypothétiques : Se nous en sommez entechiet (195), Se tu vis jusquez en viellesse (235), Ne se tu te dampnez pour eulx (415), Se tu ly daignez demander (464), Se tu n'as Ses commandemens (566),
Lesquellez se sont invisibles (633). Les graphies sy/si renvoient à l'adverbe «si» qui peut être intensif (cf. usage dans les superlatifs), particule de liaison entre des propositions ou encore adverbe de manière. [MENARD),
$ 263 et $
311]. Notons qu'au vers 606 se n'est pas une conjonction introduisant une hypothétique, mais un adverbe de liaison.
4. La conjonction combien que Derrière la conjonction concessive combien que, l'indicatif et le subjonctif alternent sans grande raison. [WILMET, $ 91]. Exemple d'usage avec l'indicatif : Combien que tu ne crains peril (707), Combien qu'il esperoit son mieulx (333); usage avec le subjonctif : Combien que soit la droitte passe (61), Combien que l'en crainde ta main (710), (705, 706, 708, 709, 711).
42
CHAPITRE VI : versification
compose
Le texte du Miroir de Mort contenu dans le manuscrit L se presque uniformément d'octosyllabes, compte tenu de cinq vers
hypométriques
: vers
243,
321,
388,
637
hypermétrique, le vers 708.
et 638,
ainsi
que
d'un
vers
‘
Le poème compte sept cent soixante-huit vers qui se répartissent en quatre-vingt-seize huitains d'octosyllabes construits sur le schéma de rimes abaabbcc. Cette disposition, abaabbcc, du huïitain est inconnue au XIVe siècle. Selon Henri Chatelain, l'invention pourrait être de
George Chastelain, car après lui cette disposition connut un vif succès!. Avant lui, dans son Art de rhétorique, Jean Molinet mentionna une «autre taille de
vers huitain qui se fait par autre croisure, de laquelle monsieur l'Indiciaire fut principal inventeur»?.Chaque huitain est construit sur trois rimes.
a) Qualité de la rime
Nous dénombrons comme rimes suffisantes : 1-3-4, 2-5-6, 1013-14, 15-16, 17-19-20, 25-27-28, 31-32, 33-35-36, 41-43-44, 42-45-46, 4748, 49-51-52, 55-56, 57-59-60, 58-61-62, 66-69-70, 73-75-76, 79-80, 81-8384, 87-88, 97-99-1000, 98-101-102, 113-115-116, 119-120, 127-128, 130-133134, 138-141-142, 143-144, 145-147-148, 154-157-158, 159-160, 169-171172, 170-173-174, 185-87-188, 186-189-190, 193-195-196, 201-203-204, 202-205-206, 207-208, 209-211-212, 215-216, 217-219-220, 218-221-222, 223-224, 225-227-228, 231-232, 233-235-236, 241-243-244, 249-251-252, 255-256, 266-269-270, 265-267-268, 279-280, 282-285-286, 297-299-300, 298-301-302, 305-307-308, 306-309-310, 313-315-316, 322-325-326, 327328, 329-331-332, 335-336, 337-339-340, 338-341-342, 345-347-348, 346349-350, 351-352, 359-360, 361-363-364, 362-365-366, 367-368, 369-371372, 370-373-374, 375-376, 377-379-380, 386-389-390, 393-395-396, 394397-398, 399-400, 401-403-404, 402-405-406, 407-408, 409-411-412, 410413-414, 418-421-422, 423-424, 425-427-428, 426-429-430, 431-432, 439440, 442-445-446, 447-448, 449-451-452, 455-456, 457-459-460, 465-467468, 471-472, 473-475-476, 489-491-4929, 497-499-500, 498-501-502, 506509-510, 511-512, 514-517-518, 521-523-524, 522-525-526, 527-528, 535-
ICf. H. CHATELAIN, Recherches sur le vers français au XVe siècle. Rimes, mètres et strophes, Genève, Slatkine Reprints, 1974, pp. 101 et 103 [Paris, 19081].
2Cf. E. LANGLOIS,
Recueil
d'arts de seconde
rhétorique,
Paris, Imprimerie
Nationale, 1902 (Collection de documents inédits sur l'histoire de France).
43
536, 546-549-550, 551-552, 553-555-556, 554-557-558, 562-565-566, 567568, 569-571-572, 570-573-574, 575-576, 585-587-588, 586-589-590, 593595-596, 601-603-604, 602-605-606, 607-608, 617-619-620, 657-659-660, 665-667-668, 671-672, 673-675-676, 689-691-692, 690-693-694, 695-696, 705-707-708, 711-712, 713-715-716, 714-717-718, 719-720, 721-723-724, 730-733-734, 735-736, 737-739-740, 738-741-742, 753-755-756, 762-765766.
Le poème compte des rimes pauvres : 7-8, 9-11-12, 18-21-22, 26-29-30, 65-67-68, 74-77-78, 82-85-86, 89-91-92, 90-93-94, 105-107-108, 106-109-110, 114-117-118, 121-123-124, 122-125-126, 129-131-132, 137139-140, 146-149-150, 153-155-156, 161-163-164, 162-165-166, 178-181182, 194-197-198, 210-213-214, 226-229-230, 234-237-238, 239-240, 242245-246, 257-259-260, 274-277-278, 281-283-284, 290-293-294, 303-304, 319-320, 321-323-324, 330-333-334, 343-344, 378-381-382, 383-384, 385387-388, 415-416, 417-419-420, 433-435-436, 434-437-438, 441-443-444, 450-453-454, 458-461-462, 463-464, 466-469-470, 474-477-478, 481-483484, 482-485-486, 490-493-494, 495-496, 503-504, 505-507-508, 513-515516, 519-520, 529-531-532, 537-539-540, 538-541-542, 543-544, 545-547548, 561-563-564, 583-584, 594-597-5908, 599-600, 609-611-612, 610-613614, 615-616, 618-621-622, 625-627-628, 658-661-662, 663-664, 666-669670, 674-677-678, 679-680, 689-691-692, 697-699-700, 706-709-710, 722725-726, 727-728, 729-731-732, 743-744, 745-747-1748, 746-749-750, 754757-758, 759-760, 767-768.
Le nombre de rimes riches n'est pas négligeable : 23-24, 3437-38, 39-40, 50-53-54, 63-64, 71-72, 95-96, 103-104, 111-112, 135-136, 151-152, 167-168, 175-176, 177-179-180, 183-184, 186-189-190, 191-192, 199-200, 247-248, 250-253-254, 258-261-262, 263-264, 271-272, 273-275276, 287-288, 289-291-292, 295-296, 311-312, 314-317-318, 353-355-356, 354-357-358, 391-392, 479-480, 487-488, 530-533-534, 559-560, 577-579580, 578-581-582, 591-592, 623-624, 626-629-630, 631-632, 633-635-636, 634-637-638, 639-640, 698-701-702, 703-704, 751-752, 761-763-764.
Dans l'ensemble du poème nous dénombrons nombre de rimes équivoques et de rimes léonines. En voici le relevé :
-les rimes équivoques : passe (58 / v.) - passe (61 / subst.) - passe (62 / subst.) mains (83 / superlatif de peu) - mains (84 / subst.) helas (177 / interj.) - et las (179 / adj.)
las (179 / adj.) - las (180 / subst.) lassus (183 / adv.) - là sus (184 /adv. + prép.) passé (247 ] p.p.) - passé (248 / p.p.) fort (251 / subst.) - fort (252 / adj.) vers (258 / subst.) - vers (262 / adj.) point (266 / subst.) - point (269 / subst.) - point (270 / nég.) court (289 / adj.) - court (291 / adv.) - court (292 / subst.) commune (306 / adj.) - commune (309 / subst.) moyen (311 / subst.) - moyen (312 / subst.) sera (389 / v.) - sera (390 / v.) cousté (475 / p.p.) - costé (476 / subst.)
plaine (498 / adj.) - plaine (502 / adj.) fin (407 / subst.) - fin (408 / adj.) vins (418 / v.) - vins (422 / subst.) point (455 / v.) - point (456 / adv.)
-rimes léonines : concepvoir (10) - voir (14) dampné (11) - né (12) fait (15) - desfait (16) adjoindre (23) - desjoindre (24) vermine (39) - misne (40) assouvie (55) - vie (56) revenir (63) - venir (64) pardurable (71)- durable (72) monde (73)- habonde (75)- onde (es mort (87) -remort (88) mirer (89)- admirer (91) - miner (92) mirant (90) - minant (93) - donimant (94) abregier (95) - bregier (96) face (99) - efface (100) terre (113) - Angleterre (116) passé (135) - trespassé (136) departie (151) - partie (152) roy (153) - desarroy (155) esmervelle (173) - velle (174) helas (177) - las (179) - las (180) mors (199) - remors (200) orgoel (202) - doel (205) - oel (206) pation (218) - compation (221) viellesse (235) - lesse (236) assailly (253) - sailly (254) vers (258) - divers (261) - vers (262)
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porcier (271) - chier (272) atours (273) - tours (275) tousjours (295) - ours (296) vive (313) - avive (315) conscience (314) - patience (317) - science (318) depart (349) - part (350) apalie (361) - faillie (363) - lie (364) eulx (415) - maleureux (416) nud (417) - mesadvenut (420) mere (425) - amere (427) dire (442) - maldire (445) ancelle (506) - cancelle (510) chier (535) - empecier (536) mere (559) - amere (560) desservie (561) - vie (563) comprendre (577) - rendre (579) - aprendre (580) misericorde (578) - recorde (581) - acorde (582) Magdalaine (585) - alaine (587) acors (617) - corps (619) bienfais (745) - fais (747) deslogier (751) - logier (752) pardonne (761) - habandonne (763) - donne (764) face (765) - efface (766)
b) Le compte des syllabes appelle deux remarques : Parfois l'élision du e muet final devant un mot à initiale vocalique n'a pas lieu: 157 Fors l'emperessé Agrappine, 410 N'à messe quë on face dire, 7111 Combien d'honneur quë on te fasse. Certains hiatus ont été maintenus : véons (92, 106, 197), roÿne
(147, 154, 161, 623), Olympias (154), véoir (158), suÿr (175), fuÿr (176, 177), dechèons (226), ëage (234), surgÿen (446), véoit (484), eslëu (598), veüe (601), lÿesse (610), äourer, desäourer.
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CHAPITRE VII : critique de l'édition Kervyn de Lettenhove
1. Introduction
La première édition du Miroir de Mort, due aux soins du baron Kervyn de Lettenhove, fut publiée en 1864 dans le tome VI des Oeuvres complètes de Georges Chastellain!. Kervyn de Lettenhove est le seul à avoir publié la totalité des oeuvres de George Chastelain; aussi, son ouvrage est-il l'unique matériel dont dispose le lecteur moderne pour approcher l'indiciaire et poète bourguignon qu'est Chastelain?. Nous sommes en droit de nous interroger sur la valeur philologique et critique de l'édition des Oeuvres de Chastelain, et plus spécialement sur celle du Miroir de Mort. Dans les pages qui suivent nous analyserons donc critiquement l'édition de Kervyn de Lettenhove.
2. L'édition Kervyn de Lettenhove
Bien que l'édition du Miroir de Mort par le baron Kervyn de Lettenhove soit la seule que nous possédions, cela ne la met pas à l'abri des foudres de la critique. Au contraire, nous ne pouvons que nous interroger sur la valeur de cette édition du dix-neuvième siècle. Mais avant de nous engager dans la critique textuelle proprement dite, penchons-nous quelque peu sur l'éditeur et son édition. Quand en 1863 parut le premier volume des Oeuvres de George Chastelain, K.d.L. définit son travail d'éditeur en ces termes :
1G. CHASTELAIN, Oeuvres complètes. Publiées par le baron Kervyn de Lettenhove, Bruxelles, Heussner, 8 vol., 1863-1868 (Académie royale de Belgique. Commission pour la percer des oeuvres des grands écrivains.) Notons qu'en 1825, M. Buchon fut le premier à se pencher sur la prose historique de Chastelain. Il publia quelques fragments de la chronique de Chastelain dans sa collection Chroniques nationales françaises, Chronique des ducs de Bourgogne par Georges Chastellain publiées pour la première fois par M. Buchon, Paris, Verdière, 2 vol., 1825-1827.[Mais pourquoi transforme-t-il G. Chastelain, indiciaire bourguignon, en chroniqueur français ?]. A propos de cette collection K.d.L. déclare : «(...) collection dont on ne peut dissimuler les défauts,
mais qui rendit toutefois d'incontestables services en excitant et en facilitant les recherches sérieuses.», dans Oeuvres complètes (.….), t. I, 1863, VIII.
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(...) en ce qui concerne notre travail comme édi-
teur, nous nous bornerons à faire observer que nous avons suivi l'orthographe des manuscrits, en adoptant toutefois de préférence, lorsque le même mot était écrit diversement, la forme qui se rapproche le plus de l'orthographe moderne. Quelques notes ont été ajoutées pour éclaircir ou pour compléter la narration de l'auteur. (.….) il nous reste aussi à faire connaître les manuscrits qui nous ont été indiqués ou que nous avons retrouvés. Dans un supplément à cette introduction, qui trouvera sa place dans un autre volume, nous mentionnerons ceux qu'auront pu nous faire découvrir, soit nos recherches ultérieures, soit les obligeantes communications des savants, qui déjà ont bien voulu nous apporter un utile concours et auxquels nous adressons ici un nouvel appel.? En ce qui concerne l'édition du Miroir de Mort, K..d.L. ne fera
rien de ce qu'il déclare dans ce que nous appelons «ses principes d'édition», si ce n'est agrandir le nombre des manuscrits. Reprenons un à un les divers points de ses principes et soumettons-les à une critique rigoureuse. Tout d'abord, K.d.L. prétend avoir conservé l'orthographe des manuscrits, sauf lorsqu'un même mot était écrit de différentes manières; dans
ce cas, il prenait le droit de le ramener à une seule graphie moderne. Or, dans l'édition du Miroir de Mort, rien de cela. En effet, K.d.L semble avoir pris le
manuscrit L comme manuscrit de base. Mais après une collation minutieuse du texte imprimé par K.d.L et du manuscrit L, nous constatons de singulières différences entre ce qu'il aurait dû éditer en conservant l'orthographe du manuscrit et ce qu'il a réellement publié. Ainsi, son édition ne rend-elle aucunement compte du manuscrit L. C'est un savant amalgame des trois manuscrits (avec une prédominance pour le manuscrit À) agrémenté de quelques innovations de son cru. Nous. pensons pouvoir expliquer tout cela. très simplement. En effet, comme nous l'avons mentionné, à la fin de sa préface,
K.d.L. avouait que le nombre de ses manuscrits n'était pas encore défini. Dans ce premier tome de 1863, il ne mentionne qu'un seul manuscrit du Miroir de Mort (le manuscrit A); tandis que dans le sixième tome (de 1864), il note en bas de page:
3K.d.L. [éd. sc.], op. cit., XLVI-XLVIL. Nous pensons pouvoir l'affirmer en vertu de sa note en bas de page :«Publié d'après le ms. de la Bibl. de Bourgogne [L], collationné sur les ms. [sic] de Paris, Bibl. de l'Arsenal, IV, 314
A] et Bibl. imp. 15216 [C}», t. VI. p. 49. K.d.L. [éd. sc.], op. cit., LIT-LIII. Notons qu'il l'intitule Pas de la mort, titre que nous réfutons
(cf. Introduction, Chapitre I : l'oeuvre). De plus, il transforme l'incipit du manuscrit À en explicit : «Ce poëme se termine par les vers suivants : Ce traittié-cy (...)». Nous avouons ne pas avoir saisi la logique de ce changement.
48
Une grande partie de ce volume était imprimée quand j'ai découvert à Bruxelles un texte qui renferme deux cents vers de plus que celui de Paris. Il a fallu recomposer tout ce poëme, et c'est ce qui explique comment des chiffres supplémentaires ont, par suite d'une impérieuse nécessité, été employés dans la pagination. (...) Enfin un manuscrit de la Bibliothèque impériale de Paris, mentionné plus haut, nous a offert, au moment même où ce volume s'achève, un troisième texte, mutilé au commencement, mais différant des deux autres par de nombreuses variantes dont nous avons été heureux de faire usage.6
Aussi, tout s'explique par ce court extrait : K.d.L. avait déjà effectué tout son travail d'édition du Miroir de Mort sur la base du manuscrit À, le plus lacunaire des trois, lorsqu'il découvrit les deux autres manuscrits nettement supérieurs. Cependant, il conserva son travail initial, bien qu'il se soit targué d'avoir «recompos{é] tout ce poëme» sur la base de L. Or nous pensons qu'il n'a qu'ajouté les trente-deux strophes manquantes dans À. Car, après le collationnement de son édition d'après L, nous constatons qu'il effectue un nombre impressionnant de changements. Ces changements sont autant de modernisations ou d'archaïsmes personnels que de variantes empruntées aux manuscrits À et C. Parfois il est même impossible de trancher : prenons le vers 62 «Che n'est pas ju de passe passe» que K..d.L. édite de cette manière : «Ce n'est point jeu de passe-passe»; en ce qui concerne le substantif «jeu», sa graphie est-elle une modernisation ou une variante de À ou de C (car les deux manuscrits attestent cette graphie «moderne») ? Sur les vingt-cinq pages que compte son édition, nous ne dénombrons sn huit notes qui pourraient faire of-
fice d'apparat critique’. K.d.L. ne publie pas le manuscrit L, de plus il affirme que C diffère «des deux autres par de nombreuses variantes dont nous avons été heureux de faire usage®». Or, le manuscrit C est apparenté au manuscrit À, celui qui servit de base à toute l'édition de K.d.L. malgré toutes ses réticences avouées ou non. En somme, cette note [fausse !] concernant C l'excuse scienti-
fiquement de ne pas l'avoir exploité dans le cadre de son édition. Nous ne pouvons qu'avertir le lecteur. Ce texte renferme un nombre impressionnant de variantes, non avouées, empruntées indifféremment aux manuscrits À et C, d'archaïsmes forgés de toute pièce par K.d.L. (par exemple, vers 164 luy /L ly, A lui, € ly), de vers faux soit initialement présents
6K.d.L. [éd. sc.], op. cit. t. VI, VI-VIL n. I. Respectivement : quatre pour le manuscrit €, deux pour L et deux pour À.
8K.d.L. [éd. sc.], op. cit. t. VI, VIL
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dans un des manuscrits soit créés par K.d.L. (par exemple le vers 191 [+1]), de
nombreuses lecture (par dernisations divergences
variantes inexplicables ou à mettre sur le compte d'une mauvaise exemple aux vers 375 et 641, lecture «briesfve») ainsi que des mographiques?. Voici quelques spécimens des grandes catégories de entre le manuscrit L et l'édition de K.d.L. : * * * * * * * * * *
modernisations : 271 g'ung vs qu'un / 480 baptu vs battu leçon de À : 765 voyons vs véons leçon de C : 52 congnissant vs congnoissant leçon commune à À-C : 448 susseance Vs surséance id. ou modernisation : 290 tamps vs temps archaïsme : 45 fut vs fust changement personnel : 281 Ha vs O changement inexpliqué : 573 raccateur vs Créateur création de vers [+1] : vers 601 création de vers [-1] : vers 581
Après avoir «suivi l'orthographe des manuscrits», K.d.L. affirme avoir uniformisé les différentes graphies d'un même mot vers une graphie plus moderne. Certes, nous ne pouvons pas lui reprocher de faciliter la compréhension du texte, car il est vrai que dans les trois manuscrits certains mots ont plusieurs graphies. Prenons par exemple le verbe «être» à la troisième personne du singulier de l'indicatif passé simple, [fy], dans les trois manus-
crits10 : vers 45 : L fut, À fust, C fust, K.d.L. fust vers 80 : L fu, À fist, C fut, K.d.L. fur
vers 112 : L fut, À fut, C fu, K.d.L. fur vers 141 : L fut, À fut, C fu, K.d.L. fut vers 143 : L fu, À fu, C fu, K.d.L. fu
vers 159 : L fu, À fu, C fu, K.d.L.fu vers 160 : L fu, À fut, C fu, K.d.L. fur
Dans ce petit tableau, nous remarquons facilement qu'aucun des trois manuscrits ne présente une seule graphie pour la troisième personne de l'indicatif du passé simple du verbe «être».
Donc,
si nous
suivons
ses
ÎLe relevé exhaustif des variantes par rapport au manuscrit L peut être consulté dans le mémoire
de licence [T. VAN
HEMELRYCK,
Le Miroir de Mort de George
Chastelain.
Edition critique, Louvain-la-Neuve, Université Catholique de Louvain/Faculté de Philosophie et Lettres : mémoire de licence, 1994, I-XXI]. Celui-ci comporte également l'explication de ces changements entre parenthèses ainsi qu'un tableau synthétique des différentes divergences. ous nous limitons à 160 vers.
50
principes d'éditions, K.d.L. devait uniformiser ces diverses graphies quel que fût le manuscrit choisi. Cependant, sur cent soixante vers nous sommes en présence d'un magnifique mélange de trois formes différentes, à savoir fust, fu et
fut, qui sont parfois situées à un vers d'intervalle. Ce n'est pas seulement un défaut d'édition, mais aussi une entorse à la logique la plus évidente. Il est suprenant que cette édition ne présente pas de graphies uniformes des modernisations apportées. L'écart impressionnant entre les principes d'éditions de K..d.L. et son édition nous laisse perplexe et sans explication. Pour conclure, les problèmes majeurs de l'édition de K.d.L. sont, d'une part, de ne pas avoir mentionné explicitement tous les changements qu'il a apportés à ce texte et, d'autre part, de ne pas avoir dirigé cette édition selon une logique implacable.
SE
CHAPITRE VII : principes d'édition
L'apparat critique est donné en bas de la page du texte sur deux alinéas. Le premier donne les leçons rejetées du manuscrit de base accompagnées de la mention des manuscrits qui ont fourni la correction entre crochets droits. Les variantes sont énumérées dans l'ordre de leur apparition et les mots qui les encadrent sont désignés par leur initiale suivie d'un point. Les variantes comportent toutes les divergences entre les différents manuscrits, même les divergences graphiques. Signalons que nous modifions très peu le manuscrit de base. En effet, les changements furent opérés lorsque la leçon proposée par le manuscrit L ne faisait pas sens, mais toujours sur la base d'une autre copie. Parfois, même si la leçon du manuscrit de base n'était pas excellente, nous l'avons conservée en mentionnant dans les notes une leçon alternative supérieure le cas échéant. Quant aux fautes contre le mètre elles furent : résolues soit par l'ajout de syllabes entre crochets droits, [ ], soit par le retrait de syllabes ou mots entre parenthèses, ( ).
Nous n'utilisons la majuscule qu'au début des phrases, non au commencement de chaque vers. La numérotation des vers s'est faite tous les quatre vers. Dans la transcription nous avons respecté les graphies disparates de certains mots. Les abréviations furent généralement résolues grâce à la graphie du mot en toutes lettres que nous avons rencontrée dans le corps du texte. La notation des nombres en chiffre romain a été maintenue. Nous avons accentué les e fermés finaux et nous avons distingué les lettres 1/j et u/v. Nous avons également accentué le à préposition pour le distinguer du a auxiliaire, le là adverbe de lieu pour le distinguer de l'article défini ou pronom personnel féminin et le où pronom et adverbe de lieu pour le distinguer de la conjonction disjonctive ou.
Les notes explicatives se situent après le texte. Elles sont essentiellement thématiques. Effectivement, les faits linguistiques récurrents déjà mentionnés dans l'étude linguistique ne furent pas reproduits, sauf si cela évitait un malentendu. Dès lors, les notes ne comportent que des explications sémantiques. Le glossaire renferme généralement les mots vieillis ou dont le sens diffère du FM. Les mots bénéficiant d'une note explicative sont précédés d'un astérisque.
52
LE MIROIR DE MORT
CHAPTURE VU :prineipes d'édéthome >
d
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©
L
:
Pape Grtèque taf élennt eu bas dés Le page de tte mur deux airs, Le prermier dorme lus bmons mister du fiasco@: base. ahaigriqunus de ta emut.c4 den marectite cart ot fenuni de conwition nine vaches frotte Les anus [B. GUENEE et F. LEHOUX, Les entrées royales françaises de 1328 à 1515, p. 64]. Enfin, dans l'Histoire des neuf Preux et des neuf Preues de Sébastien Mamerot (1460), où elle est la première des Preuses [M. LECOURT, op. cit., p. 530]. La figure de Sémiramis est également présente dans la traduction du De claris mulieribus de Boccace. La traduction
française de cette oeuvre,
Des cleres et nobles femmes,
est
mentionnée par G. Doutrepont dans l'inventaire de la librairie de Bourgogne sous le numéro 97. Ce manuscrit est aujourd'hui à la Bibliothèque Nationale sous la cote f. fr. 12420. La récente édition critique de ce manuscrit permet de considérer le texte même du manuscrit qui a appartenu à la maison de Bourgogne [G. BOCCACCIO, «Des cleres et nobles femmes», Ms. Bibl. Nat. 12420 (Chap. I-LII). Edité par Jeanne Baroin et Josiane Haffen]. La quatrième rubri-
que de l'ouvrage traite de Sémiramis qui «fut une noble royne des Assiriens et est tresancienne» (Il. 3-4, p. 19). Elle est présentée comme une femme guerrière et de «noble et virile courage» (1. 67, p. 20). Mais, elle est aussi décrite comme
luxurieuse et incestueuse, entretenant une relation avec son fils. Après trentedeux ans de règne, elle fut tuée par son fils. Elle est également mentionnée dans la traduction du Factis et dictis mirabilis [Livre IX, chap. IL, étr. 4] de Va-
lère-Maxime faite par Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse. Cette oeuvre
123
décrit essentiellement Sémiramis comme une femme guerrière : alors qu'elle était occupée à sa parure, on lui annonça que Babylone se révoltait. Elle ne continua pas l'arrangement de sa chevelure et partit aussitôt remettre Babylone sous ses lois. Cet épisode est d'ailleurs présent dans le ms. 12420 de la Bibliothèque Nationale. La Bibliothèque Royale possède un: exemplaire de l'oeuvre de Valère-Maxime [ms. 9078] où nous lisons entre autre : «Pour ces tres grantes choses qu'elle fit encore aujourd'ui la nombre l'en entre les .IX. preuses» (F 309 r°). V. 148 : Thamaris, elle est citée dans la liste des Neuf Preuses de Sébastien Mamerot,
«VIIIe Preue, du royaume de Siche» [M. LECOURT,
op. cit., p.
531], et figure également lors de l'entrée royale d'Henri II : la neuvième Preuse est «la royne Thamaris» [B. GUENEE et F. LEHOUX, op. cit., p. 64]. Elle semble donc faire partie de cette pseudo-liste fixe. La quarante-neuvième rubrique du Des cleres et nobles femmes traite de «Thamire la noble, des Sciches, aultrement diz Gechez, [qui] fut dame et royne.» (IL. 3-4, p. 161). Elle est également présentée comme une mère vengeresse de la mort de son fils. En effet, Valère-Maxime parle de Thamaris en ces termes :«Thamyris fit couper la tête à Cyrus, et la plongea dans une outre remplie de sang humain, en reprochant à ce prince d'avoir été insatiable de carnage; elle se vengeait en même temps de la mort de son fils, tombé sous les coups de Cyrus.» [Livre IX, chap. 10, étr. 1] V. 149 : Panthaphillée, Panthesillée. Il s'agit d'une reine des Amazones. Elle est reprise dans les deux listes que nous avons consultées : chez Sébastien Mamerot elle est la «VIIe Preue, pucelle et royne de Siche et d'Amazone» [M. LECOURT, op. cit., p. 531], tandis qu'elle occupe la première place lors de l'entrée royale de 1431 [B. GUENEE et F. LEHOUX, op. cit., p. 64]. Nommée dans le Des cleres et nobles femmes à la trente-deuxième rubrique, elle fut «royne des Amazones et succeda a Orichie et Anthiope (...)» (IL 3-4, p. 101). C'est elle qui «quant elle oy parler de la force et vertu de Hector le Troyen, elle l'ama moult ardamment, combien que oncques ne l'eust veu (...)» (IL 19-22, p. 102). Prototype de la femme chaste et guerrière, elle périt sous les coups d'Achille à Troie. Par ailleurs, elle est représentée sur une tapisserie que l'on peut actuellement admirer au château d'Angers. Cette tapisserie porte le texte suivant : «Au grant siege de Troie Diomedes requit/ A terre l'abatiz tant qu'il cy est memoire/ Avec mon armee tant d'honneur ay acquit/ Que entre les princes suis en bruyt triumfatoire.» [La tapisserie française du Moyen Âge à nos jours, p. 37]. Ce fragment provient, très certainement, d'un groupe d'oeuvres représentant les Neuf Preux et Preuses. [cf. op. cit., p. 36]
V. 153 : Et la mere du treshault roy, il s'agit d'Olympias, mère d'Alexandre le Grand, et femme de Philippe IL, roi de Macédoine. Elle n'est mentionnée sur aucune de nos deux listes.
124
V. 155 : Qui morru par .I. desarroy . Olympias fut exécutée sur l'ordre de Cassandre. Orose relate la mort d'Olympias de cette manière [cf. Historia contra paganos. Texte établi par M. P. ARNAUD-LINDET, Paris, Les Belles-Lettres, 1990, Livre II, 23, 31-32] : «Quamquam et ipsa Olympias continuo meritas crudelitatis poenas luit : nam cum muliebri audacia multas principum caedes ageret, audito adventu Cassandri diffisa Macedonibus cum Roxa nuru sua et nepote Hercule in urbem Pydnam concedit : ubi continuo per Cassandrum capta et interfecta est». Cependant, dans cet état du texte, Orose ne mentionne pas le fait que le corps d'Olympias fut exposé aux bêtes sauvages et oiseaux de proies, comme nous pouvons le lire dans une autre version de l'Historia de preliis (Br4) : « … et si mortua iacens remansit preda feris sevissimis devoranda». [cf. A. HILKA, Der altfranzüsiche Prosa-Alexanderroman, XIX et D.J.A. ROSS, Studies in the Alexander Romance, London, The Pindar
Press, 1985, pp. 174 et 179-181]. V. 156 : La plus dolente que je voy, selon nous le verbe «voir» est ici d'une importance capitale. Il certifie que le poète mire toujours dans le miroir ce que nous devenons lorsque nous mourrons. Mais il pourrait aussi suggérer que le poète regarde quelque tapisserie représentant soit l'histoire d'Alexandre le Grand, soit les Neuf Preux et Preuses. Les ducs de Bourgogne affectionnaient particulièrement les tapisseries qui motivaient leurs élans politiques et affichaient leur grandeur. Ils aimaient beaucoup les tapisseries à sujets romanesques, et G. Doutrepont signale les différents thèmes qui les couvraient; par exemple, le roi Arthur, Charlemagne, les Douze Pairs, les Neuf Preux et Preuses, Alexandre le Grand, Hector et bien d'autres. [Voir M. CHEYNS-CONDÉ,
«La tapisserie à la cour de Bourgogne : contribution d'un art mineur à la grandeur d'une dynastie», pp. 73-89] V. 157 : Agrappine, épouse de Claude en seconde noce, elle permit à son fils Néron de s'unir à Octavia, la fille que Claude avait eue d'un premier lit. A la mort de Claude, Néron fut proclamé empereur après avoir évincé le propre fils de l'empereur défunt, Britannicus. Néron ne supporta guère l'autorité de sa mère et il la fit assassiner en 59. V. 160 : le fist ouvrir, qui fut pité. Le est soit le pronom personnel féminin picard au c.r.sg., soit le pronom personnel masculin au c.r.sg. Dans ce cas, selon nous, le pronom personnel est féminin et se réfère à Agrippine. L'ambiguïté est certainement voulue. Dans
ses Annales,
Tacite ne nous
relate pas ces faits, étant donné
qu'Agrippine fut brûlée la nuit même de son assassinat et reçut une misérable sépulture (Annales, Livre XIV, 9). Tacite raconte qu'au moment où le centu-
rion tirait son épée pour la tuer, elle s'écria : « «Ventrem feri» (...) multrisque vulneribus confecta est.» (Annales, Livre XIV, 8). Ensuite, Néron examina le
125
corps de sa mère avant de le faire brûler : «Haec consensu produntur. Aspexerit ne matrem exanimem Nero et formam corporis eius laudaverit, sunt qui tradiderint, sunt qui abnuant» (Annales, Livre XIV, 9); l'attitude du fils face au
cadavre de sa mère est encore plus équivoque et morbide chez Suétone : «Adduntur his atrociora nec incertis auctoribus : ad visendum interfectare cadaver accurrisse, contrectasse membra, alia vituperasse, alia laudasse, sitique interim oborta bibisse» (Nero, XXXIV) [Notons que chez Dion Cassius, le
passage est nettement plus scabreux,; cf. Histoire romaine, LXII, 13-14]. Au Moyen Âge nombre de légendes fleuriront sur Néron; l'une d'elles, que l'on retrouve dans La légende dorée de Jacques de Voragine, décrit Néron poussé par une curiosité morbide à ouvrir le ventre du cadavre de sa mère afin de voir comment et où il fut conçu. Cette légende serait née de l'attitude controversée de Néron devant la dépouille de sa mère telle que le rapportent Tacite, Suétone et Dion Cassius. [cf. J. M. CROISILLE, 59, Néron a tué Agrippine, Paris, Editions Complexe, 1994, (La mémoire des siècles, 223), pp. 90-93 et 149 / Ce dernier ne mentionne pas la source exacte de La légende dorée]. V. 161 : Hecuba, femme du roi Priam. Pendant la guerre de Troie, elle perdit
presque tous ses enfants et vit Priam massacré sous ses yeux (cf. vv. 163-164). Chez Virgile, elle est emmenée captive par Ulysse. Le sort d'Hécube est clairement décrit dans le Des cleres et nobles femmes à la trente-quatrième rubrique. Elle «a esté congnue et renommee par tout le monde quant la maleureuse et contraire fortune vint contre elle.» (11. 27-29, p. 105). Quant à sa fin, Boccace ne tranche pas, car soit elle finit sa vie folle, hurlant comme un chien, soit elle
fut emmenée en captivité par les Grecs. V. 166 : Elle choisy Troye brullant. Après un verbe de perception, «choisir», les formes en -ant s'emploient «là où le latin mettait un participe présent.» [MENARD), $ 181]. «Elle vit Troie en train de brûler».
V. 169 : Où est d'Elaine la beauté. I s'agit d'Hélène de Sparte, femme de Ménélas. Sa beauté légendaire fut à l'origine de la guerre de Troie. Ici, le thème de l'Ubi est ne se limite plus au personnage féminin, mais il englobe également, et essentiellement, ses qualités premières. Ces qualités sont prises comme des modèles à suivre (cf. suÿr v. 175). A la trente-deuxième rubrique du Des cleres et nobles femmes, il est dit de celle-ci : «Helene, si comme dient aucuns, tant
pour sa joliveté, cointise et mignotise et sa beauté charnelle comme pour la longue bataille qui pour elle fut faite et encommencie, a esté moult congnue, famee et renommee en tout le monde.» (11. 3-7, p. 111). V. 172 : Lucrèce, chaste romaine femme de Collatin. Présente dans Valère-
Maxime (Livre VI, chap. I, 1) et dans Boccace à la quarante-quatrième rubrique (pp. 158-161). Elle est connue pour sa chasteté qu'elle voulut préserver à tout prix. Outragée par Sextus Tarquin, elle se donna la mort. Dans la Cité de
126
Dieu, saint Augustin disserte contre ce suicide qu'il réprouve (cf. Livre I, chap. 19). Ce fait est mentionné dans le Des cleres et nobles femmes en ces mots : «Selon nostre loy crestienne elle fist grant folie, si dapnee [sic], et pour ce la reprent saint Augustin en son livre de La Cité de Dieu» (I. 119-121, p. 161). Alors que dans la vision antique, il est perçu comme légitime, lors de circonstances exceptionnelles où il devient l'expression de l'honneur individuel; JeSuile suicidé était considéré comme la victime du Diable. C'était un être qui avait douté de la miséricorde divine, qui avait succombé à la Desperatio. Le suicidé était dès lors rejeté de la société, son cadavre ne recevait aucune sépulture chrétienne (on enfermait son corps dans un tonneau qu'on laissait au gré des flots), ses biens étaient confisqués (ce qui portait préjudice à ses parents et enfants), et son âme était vouée à la damnation éternelle puisqu'il mourait impénitent en état de péché mortel. [Voir M.-N. LEFAY-TOURY, La tentation du suicide dans le roman français du XILe siècle, et surtout J.-CI. SCHMITT,
«Le suicide au Moyen Âge», pp. 3-28]. V. 176 : Helas, nous ne poons fuÿr, cette phrase exprime le désarroi de l'homme face à son destin qui le conduit irrémédiablement à la mort. Ce vers est répété au vers suivant, v. 177, sous une forme inversée : Nous ne poons
fuÿr, helas ! Comme le déclare Christine MARTINEAU-GÉNIEYS, cette inversion «traduit le poids oppressant de l'angoisse qui, à cette pensée, étreint le coeur du poète.» [p. 199]. V. 178 : tamps passé, métonymie de tous les plaisirs vécus. Dans l'optique du contemptus mundi, puisque, quand nous sommes morts, les plaisirs vécus auparavant sont perdus à tout jamais, mieux vaut les éviter de notre vivant, car ils ne nous suivront pas dans l'au-delà et nous promettent inéluctablement l'Enfer. V. 181 : De l'esperit qui fu dampné, référence à Satan, l'ange déchu. V. 182 : Qui par orgoel fut renversé, référence au péché de Satan, le plus beau des anges, qui se crut supérieur à Dieu. Pour cela il fut damné, renversé c'està-dire, littéralement, ilfut mis la tête en bas pour être précipité directement en Enfer. Seuls les écrits intertestamentaires développent le récit de la chute des anges. Le Livre d'Hénoch (1, VI-XT), en outre, mentionne la déchéance des anges; celle-ci est attribuée au désir de ces derniers pour les femmes des hom-
mes. Ce n'est qu'à partir du IVe siècle que la thèse de l'orgueil et de la jalousie supplantera la première [cf. J BASCHET, Les justices de l'au-delà. Les représentations de l'Enfer en France et en Italie (XIIe - XVe siècle), p. 256]. Le terme renversé s'oppose au sens canonique de la verticalité qui nous met la tête vers le ciel. De même, la Mort en général «enverse» le cours de la vie, elle nous
couche
horizontalement
127
en
terre,
et elle peut
même
nous
«enverser» complètement en nous précipitant la tête vers le bas en Enfer. Cette idée de désordre des positions se rencontre dans les représentations de la chute des anges; alors que les diables sont représentés la tête en bas, les bons anges se tiennent droits [cf. Credo de Joinville, BN, n. acq. fr. 4509 f° 2 (XIIIe
siècle) cité par J. BASCHET, op. cit, n. 82, p. 256 et aussi le f° 9 r° du manuscrit Ca où est représentée la chute des anges, têtes vers le bas].
orgoel. L'orgueil est le principe fondamental du péché, cf. L'Ecclésiastique (X, 12-13) : «Car le commencement de l'orgueil, c'est le péché. / Qui s'y attache fait pleuvoir l'abomination. / Aussi le Seigneur a rendu éclatantes leurs détresses, / Il les a enversés [nous soulignons] jusqu'au bout». En 604, le pape Grégoire donna à l'Occident une liste des péchés capitaux. L'orgueil est la racine du vice et de lui découlent les sept péchés traditionnels que nous connaissons aujourd'hui. [A ce sujet voir, M. W. BLOOMFIELD, The Seven Deadly Sins (...)]. V. 183 : Et tous les siens du chiel lassus. I] s'agit des anges du Diable («Le Diable et ses anges» : Mr, XXV, 41) qui furent damnés avec lui.
V. 185 : quant, conjonction temporelle exprimant la simultanéité. VV.191-192 : nous trouvons toujours cette insistance quasi méthodique sur les peines de l'Enfer, salaire du péché et principalement de l'orgueil qui est l'origine du péché. (cf. Si X, 12-13) VV. 193-196 : doncquez, cette conjonction annonce le mouvement conclusif de la strophe. Celle-ci entretient un lien sémantique étroit avec les précédentes : vu le destin réservé aux pécheurs, gardons nous doncquez de peciet, car le péché offense Dieu (v. 194). Malgré tout, si nous succombons à la tentation (v. 195), purgeons-nous rapidement de tout vice (v. 196), car nous en avons la possibilité, et surtout parce que le péché est une embûche au salut de l'homme. VV. 197-198 : «Voyons ce que nous sommes en naissant et ce que nous devenons en mourant»: poussière nous retournons en poussière ! Ici, se développe le thème biblique du pulvis es qui insiste sur le cours cyclique de la vie, sur le caractère misérable de l'homme. «Tu es poussière et à la poussière tu retourneras.» (Gen. II, 19).Puisque l'homme n'est que poussière, il n'est rien et il ne
peut donc pas prétendre à une vie de fastes en complet désaccord avec ses origines. L'orgueil est en opposition avec l'origine «poussiéreuse» de l'homme. V. 200 : remors, dans le sens d'«action de rappeler une chose». Peut-être pouvons-nous y voir une allusion au Jugement dernier, attendu que l'Archange lisait le liber vitae de chaque trépassé. Dans ce livre, le Liber vitae, étaient consignées toutes les actions de la vie de chaque homme. Et qui plus est, Chastelain mentionne clairement que cela se passera aprez que nous serons
128
mors (v. 199). Ainsi, si le chrétien a mené une vie en parfait accord avec sa condition de poussière, la lecture de son Liber vitae ne peut que lui être agréable (humble remors, v. 200).
V. 201 : Prenons en nous humilité. Importance de l'humilité dans la doctrine chrétienne qui est en opposition radicale avec le péché d'orgueil (cf. v. 202). Cette pensée se déploie naturellement après l'exposition du pulvis es.
VV. 203-208 : Chastelain décrit l'homme s'apitoyant sur son sort, sur la brièveté de sa vie. Face à cette réaction, il conclut sa strophe par un épiphonème sentencieux : Sage est celly qui peu s'y fie. VV. 209-210 : Référence à la Passion du Seigneur Jésus-Christ qui pour nous la mort endura.
VV.212 et 215 : allusion à la prière du Christ à Gethsémani : Le XXII, 39-44 / Mc XIV, 32-37 / Mt XXVI, 36-46. Le Christ a eu peur de la mort, il fut «pris d'angoisse» (Le, XXII, 44).
V. 213 : habundance de (son) sang sua cf. Le XXII, 44. Pendant son agonie au Mont des Oliviers, le Christ fut saisi d'une telle tristesse et d'une si grande frayeur que ces conditions permirent à l'hématidrose de se produire.
[Dictionnaire de la Bible, t. VI, col. 1450 - col. 14551. 4,;eut,,
Aloe
© VV.214-215 : pour inspirer la peur de la mort, Chastelain rappelle l'attitude du Christ devant la mort. En effet, si le Fils de Dieu doubta la mort (v. 216), lui
qui mena une vie exemplaire entre toutes, que fera donc le misérable humain ? Cet argument par l'exemple suprême ne peut qu'inspirer la crainte au simple mortel et le pousser au contemptus mundi. Soulignons que, sans s'être vraiment suicidé, le Christ fut responsable de sa mort puisqu'il avait les moyens de l'empêcher, mais il ne l'a pas fait pour enlever le péché du monde. VV. 217-224 : au moment de notre mort, nous devons songer à la Passion du
Christ, afin que cette pensée vainque la malice de Satan. Cette strophe se réfère à l'ars moriendi. En effet, dans l'iconographie de l'ars, le Christ en croix apparaissait souvent au chevet du mourant, entouré de Marie, des anges et de saint
Jean. Cette scène devait pousser le pécheur au repentir. V. 227 : Il ne nous fault guerez d'assault, ce vers souligne la fragilité de la vie humaine.
Effectivement,
l'homme
s'entoure de biens matériels, pensant ainsi
être à l'abri de tout, mais toutes ces richesses, toutes ces murailles ne le protègent pas de la maladie qui lui ôte la santé (vv. 229-230) et parfois même la vie (v. 231) ! Il suffit d'une variation climatique (un petit de froit ou de chault) pour que cette vie soi-disant bien ancrée chavire. Aïnsi, Chastelain progresse
129
À
inlassablement dans l'exposition du contemptus mundi : les biens matériels ne nous préservent point de la maladie, encore moins de la mort, donc oublionsles.
V. 229 : trencisons < * trinicare, (F.E.W., XIII2, 280b). Ce sont des douleurs
très aiguës dans le ventre appelées communément coliques. Un des remèdes proposés «contre espriensions» que nous trouvons dans une traduction du Circa instans de Platearius [cf. P. MEYER, «Manuscrits médicaux en français», in Romania, XLIV, 1915-1917, p.189 / ms. Sloane, 3525, fol. 177 b
et c, début du XIVe siècle] est le suivant : «Metez la poudre par dessus le fondement avec coton; l'en le puet garder .ij. anz, mais mielz se garde avec (177c) poivre .II. manières en sunt : domesche et salvage . Li salvages a noire color et agüe savor, mais non quant l'en depiece le domesche, il en naissent une branchetes,; li salvages n'est pas autresi». V. 230 : les mules à nos talons, ce sont des engelures aux talons [cf. HUGUET]. Voici ce qu'un manuscrit médical du XIIIe siècle, Recettes variées,
propose contre les engelures [P. MEYER, loc. cit., p. 173 / ms. Sloane 1977, fol. 46b]: «Pour mules. Prenés cras lart et burre de mai et jus de celoigne et jus de racines de parele et confisiez toutes ces choses ensambles sanz metre sus le feu».
V. 233 : Passage au pronom personnel Tu. Le poème devient plus personnel, et la visée didactique se précise nettement. Chastelain veut frapper sa cible. En effet, à ce stade le poète interpelle l'auditeur dans sa réalité individuelle, de sorte qu'il le touche plus intimement. Chastelain a joué avec art de toutes les catégories grammaticales puisque progressivement le poème cible son auditoire. Tout d'abord, il le captive avec ce Je si pathétique, ensuite il sympathise avec ce Nous, et enfin il interpelle chaque auditeur par un Tu moralisateur. La morale devient ad hominem et sensibilise beaucoup plus l'auditeur. V. 235 : se, conjonction hypothétique «si» [MENARD), $ 197f]. Touche d'ironie, car si l'homme vit jusquez en viellesse, il pourra constater l'action dévastatrice de la Mort. Cette proposition subordonnée hypothétique souligne la fragilité de la vie et l'incertitude de son cours. VV. 239-240 : peut-être pouvons-nous voir dans ces deux vers une allusion aux désastres de l'époque ? En effet, non seulement la peste, mais aussi la guerre et les épidémies décimèrent les populations durant le XVe siècle, ce qui rendit la mort quotidienne à tous. De ce fait, on voyait souventesfois assez / Plus de mors que de demoréz. (vv. 239-240).
V. 241 : Regarde où sont allez nos peres. Le retour au «nous» dans ce vers entraîne la rupture de la progression et de l'organisation des catégories gram-
130
maticales. Ce retour au «nous» s'étale sur une strophe qui développe un argument sentimental commun à tous. En effet, il s'agit de la famille représentée par nos aïeux (nos peres, V. 241), nos parens [et] soeres et freres (v. 243). En
somme, Chastelain attise sa critique ad hominem en se mettant au même plan que l'accusé, le «tu». Regarde, à nouveau nous retrouvons un verbe faisant appel à la vue
(cf. vers 233). L'homme doit toujours regarder dans le miroir, «mirer» ce que sont devenus ses prédécesseurs. V. 243 : Nos parens, [et] soeres et freres, ce vers souligne l'importance du lignage et de la parenté dans la société médiévale. L'individu en tant que tel n'existe pas, il est toujours issu d'une souche à laquelle il est lié. Dans ce vers, Chastelain développe un argument affectif, car le sort de sa famille, de ses proches, peut pousser l'homme à réfléchir. En effet, nos aïeux ont lessies ces miseres / Esquelles nous sommez
trestous
(vv. 244-245); donc, faisons de
même et nous serons en communion avec nos ancêtres. soere (< soror, F.E.W., XII, 115b) forme attestée depuis le 13e siècle.
V. 249 : c’, pronom démonstratif ayant pour antécédent le «monde» du vers 246. Le monde n'est que le passage vers la mort. Notre vie terrestre n'est qu'un passage vers notre véritable vie, celle de l'au-delà. De ce fait, ne gâchons pas notre vie future et préparons-nous à mourir. ete! ges E a es us, V.251 : Tu n'as dongnon, chasteau, ne fort. Enumération de bâtiments dont la fonction première fut défensive. En effet, primordialement le chasteau est l'élément défensif d'une ville, d'une contrée. Celui-ci possède un dongnon dont le rôle est protecteur.
Il en
va
de même
du fort,
en
concurrence
avec
«forteresse», qui désigne également un lieu fortifié. Notons que dès le XIIIe siècle fort apparaît comme «la substantivation de l'adjectif «fort» dans des emplois comme château fort». [REY, s.v. «fort»]. Ce vers réunit deux substantifs dont les acceptions sont très proches, mais permet aussi de les unir dans
une même unité lexicale exprimant l'idée de sûreté. Remarquons que dans ce vers Chastelain use de sens disparus ou désuets au XVe siècle. Effectivement, au XVe siècle le château, ainsi que le donjon et le fort, n'incarnent plus la place forte par excellence comme au XIIe siècle. Au contraire, le château se trans-
forme en lieu de plaisance. Alors qu'au XIIe siècle, il était le lieu de protection lors des batailles, au XVe siècle il devient une construction de prestige, car désormais les campagnes militaires se déroulent sur les champs de batailles et non devant les châteaux. Cette fonction de résidence de cour l'emporte dès les années 1450. Ainsi, on observe l'ouverture de l'enceinte, l'agrandissement des
fenêtres, l'apparition du jardin qui transforment le château en lieu de plaisance des grands princes du temps. [J. FAVIER, s.v. «château»].
131
mmrrerentmnt
VV. 249-256 : première phase du contemptus mundi qui consiste à rejeter toutes formes d'habitations luxueuses et défensives puisqu'elles ne mettent pas l'homme à l'abri de la Mort. V. 257 : Ch'est grant folie de parer. Dans un second mouvement, l'auteur attaque la coquetterie. Celle-ci est vue comme une folie puisque l'on pare ce qui deviendra la pâture des vers (v. 258). Le corps est à nouveau vu comme le repas des vers (cf. vers 38-39). V. 261 : abillemens divers, «habillements différents». Il s'agit du linceul, seul
vêtement qui accompagne le corps dans sa dernière demeure. V. 262 : Tu n'aras pour tous tes blédz vers. Les blés désignent toutes les céréales formant l'alimentation médiévale. Une distinction s'opérait, et s'opère encore aujourd'hui, entre les blés d'hiver, froment ou seigle semés en automne et qui subissent le froid de l'hiver, et les blés de printemps constitués d'orge ou d'avoine. [J. FAVIER, s.v. «Blés»]
VV. 265-272 : l'ouverture de la strophe est une interpellation à une jeune dame (O jouvente de belle dame). Celle-ci semble être sur le point de mourir ou, du
moins, être très accablée par quelque maladie (cf. Et que dittez vous à ce point? v. 266). Le poète la questionne ironiquement : aurait-elle pu imaginer la Mort si odieuse au point de l'assaillir aussi subitement ?(vv. 267-269). Cette interrogation oratoire souligne nettement l'attitude moralisante adoptée par Chastelain. Il n'est nullement compatissant; au contraire, la mort est le juste salaire de la vie inconsciente que la jeune femme a allégrement menée. VV. 270-272 : devant la Mort, la belle dame est l'égale du porcher. Cette image est très forte, car elle unit deux termes aux connotations rigoureusement opposées. En effet, la beauté, la propreté et la richesse, qui les séparaient initialement, ont disparu, étant donné que la Mort a aplani toutes les différences.
V. 273 : Il fault laissier vos haulx atours. Les «atours» désignent soit les vêtements en général, soit plus spécialement les coiffures des femmes. De toute façon ce vers rejette toute forme de coquetterie parce qu'il est dangereux que les soins du corps prévalent sur ceux de l'âme. Avec le bouleversement vestimentaire du XIVe siècle (voir vers 289) apparaît la dénonciation morale du vêtir puisque le corps devient sexué. Le vêtement est le miroir de l'orgueil et de la luxure, vu qu'il devient objet de séduction et ne sert qu'à montrer ouvertement les détails du corps qu'il recouvre. [Voir O. BLANC, «Vêtement féminin, vêtement masculin à la fin du Moyen Âge. Le point de vue des moralistes», dans M. PASTOUREAU, Le Vêtement. Histoire, archéologie et symbolique vestimentaires au Moyen Âge, pp. 243-253.].
132
V.274 : Et vos robes à longue queue, le fait d'assimiler les traînes des robes à des queues est courant dans le discours des moralistes. En effet, les moralistes animalisent les parures; ils rapprochent celles-ci du monde sauvage qui ne respecte pas l'ordre divin et qui renvoie donc aux forces sataniques. Depuis toujours le vêtement est l'expression de l'orgueil humain, du défi envers Dieu. De plus, la parure incite à la luxure, car son seul but est d'attirer les regards et de provoquer le désir. Chastelain s'inscrit dans la tradition du discours moralisateur sur l'habillement tant par l'animalisation de l'objet que par les liens implicites qu'il tisse entre l'orgueil et la luxure féminins. V. 277 : Ou tamps que vous faittez la reue. Selon URWIN, lui-même s'appuyant sur J. CORBLET et R. DEBRIE [Glossaire étymologique et comparatif du patois picard, p. 546], «reue» serait un picardisme signifiant «moue». Or, «reue» désigne simplement la roue (celle que fait le paon pour se faire admirer. Bien sûr, le paon est symbole d'orgueil). En effet, étymologiquement le latin rofa aboutit dans certains parlers du Nord à «reue» : [rota > riuode > roe > ruee / reue, puis il y a eu une réfection d'après la série «rouelle». Cf. F.E.W., X, 490a et REY, s.v. «roue»]. Ici aussi, le vêtement est synonyme d'orgueil. Notons qu'URWIN a peut-être simplement reproduit une coquille. Reue est à la rime avec queue (274) et bleue (278); ainsi il est révéla-
teur de la langue de Chastelain. VV. 278-280 : à l'article de la mort, la femme doit abandonner tout ce qui faisait son bonheur et sa beauté. Elle deviendra horrible à voir : Vostre frescheur devenra bleue / vostre regart ferat horreur /mesmez à vostre serviteur. Quel que soit son statut, elle mourra comme un porcher (cf. v. 271). Mesmez à vostre sèviteur : touche d'ironie. La dame fera même peur à son «serviteur», à l'homme qui l'aimait, c'est-à-dire celui pour qui elle seule importait. Soit Chastelain critique l'amour courtois qu'il considère comme superficiel puisque l'amour s'attache seulement aux apparences physiques, soit la dame devient horrible au point que personne ne puisse plus la dévisager. Notons que ces deux strophes s'adressent aux femmes. Dans une certaine optique moraliste, ce sont les femmes qui ont le plus besoin de conseils moraux. En effet, c'est Eve qui est à l'origine de la perdition humaine. De ce fait, lorsque Chastelain
s'adresse
aux femmes,
il espère toucher celles qui
succombent le plus facilement à la tentation. V. 283 : Tu es oultre mesure fier : la caractéristique première du chevalier est la superbia, l'orgueil. Il se croit invincible, et défie en quelque sorte Dieu en s'imaginant invulnérable, alors qu'il est mortel et qu'il devenra abhominable (+. 287). L'homme rejoint la femme dans le péché. V. 284 : Quant tu es dessus ton coursier. Le coursier est une dénomination particulière (relative à son emploi) qui dépasse le terme générique de «cheval».
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C'est un cheval de guerre qui est parfois confondu avec le cheval de lance. Il est plus petit que le destrier et répond, en campagne, aux exigences de la cavalerie légère. [cf. GAY, t. I, s.v. «coursier»].
VV. 287-288 : la déchéance physique est le point ultime de tout être. Les plaisirs mondains ne sont qu'éphémères par rapport à la damnation éternelle qu'ils promettent à celui qui s'y complaît. V. 289 : Vous qui estez vestus de court. Le costume court émerge au XIVe siècle (vers 1340) et remplace les longues tuniques. Il se compose d'un pourpoint court très ajusté et de chausses qui prennent alors une importance considérable. Ce genre de vêtements fut aussi la cible des moralistes. En effet, le pourpoint et les chausses très longues mettent en évidence le corps de l'homme et dévoilent sa nudité. Ainsi, de l'état de culture l'homme régresse vers celui de nature, il se diabolise en quelque sorte.
V. 291 : Pensez que vous le ferez court. La locution «le faire court» signifie «être bref». Cette petite touche ironique de la part de Chastelain rapproche la justesse du vêtement de celle de la vie de cour ….. Il y a un subtil jeu d'homophonies sur le mot [kur] dans un réseau de rimes équivoques. V. 296 : Quant ariés force de cent ours. Quant est une conjonction adversative lorsqu'il y a une opposition entre la subordonnée et la principale. [MENARD), $
236]. Ici se termine la seconde strophe destinée aux hommes. Notons que les femmes et les hommes ont eu droit à deux strophes, dont la construction est à
peu près similaire. Tout d'abord, dans les premières strophes le poète interpelle la dame (vv. 265-272) et le chevalier (vv. 281-288). Remarquons qu'il vouvoie la dame et le courtisan, mais qu'il tutoie le chevalier. Serait-ce par familiarité
avec les gens de son rang qu'il considère comme des égaux ? Ensuite, les secondes strophes développent des similitudes plus nombreuses : premiers vers sur le vêtement (vv. 273-274 vs v. 289), vers sur les «tours de cour» (vv. 275276 vs v. 292) et enfin les vers sur la déchéance physique (vv. 278-279 vs vv. 294-295). Donc, le déroulement des couples de strophes est plus ou moins identique. Chastelain ne sermonne pas plus les unes que les autres, même s'il accorde à celles-ci une place de choix. Parallèlement, le thème de l'Ubi sunt
respectait la symétrie, mais alors que la préséance des hommes les glorifiait, dans un discours moralisateur la première place accordée aux femmes a bien sûr une tout autre incidence ! V.297 : Dampt abbé ne sera lessié : critique du clergé corrompu. Cette image : est très courante dans la littérature médiévale. Et qui plus est, le clergé a toujours été la cible favorite de la littérature profane des fabliaux. Les fabliaux se délectaient de moines paillards et de prêtres concupiscents. Mais dans les
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fabliaux «les conteurs ne font pas reproche au prêtre de manquer à ses voeux de chasteté (...)», car cette conduite est normale et commandée par le genre. [Ph. MENARD, Les fabliaux, p. 123] Or, ici Chastelain dénonce ce travers, ce
qui est conforme à tout discours moralisateur. V. 298 : Avoec la damme de ses biens. L'abbé ne damme de ses biens, c'est-à-dire avec la dame de ses Cette interprétation est toute motivée par le contexte clergé et par l'image des étuves, lieux de débauche, du
sera pas laissé avec la plaisirs, la fille de joie. général de critique du vers 299. Le substantif
biens est du reste attesté dans le sens de «plaisir» [F.E.W., I, 323a]. Dès lors,
biens est vraisemblablement employé de manière antiphrastique dans le vers, étant donné que ce substantif recouvre essentiellement une notion morale satisfaisante (cf. l'emploi métonymique du pluriel les biens dans l'ancienne langue qui sera supplanté par gens de biens), alors qu'ici la damme n'est pas une personne recommandable; locataire des étuves, elle a plus le profil de la fille de joie, la damme de ses biens, de son bon plaisir. [REY, s.v. «bien»].
V. 299: S'il est estuvéz ou baignié, image des étuves. Les étuves ou bains publics étaient souvent présents dans les contes et fabliaux [lelien avec la
critique du clergé se resserre !]. Ces établissements servaient tantà des fins honnêtes que déshonnêtes. On n'y observait pas toujours les règles de la décence et, de ce fait, les autorités réservaient certains jours et heures aux femmes, et d'autres aux hommes. Malgré cela, les étuves accueillaient de nombreuses prostituées et étaient pourvues d'une literie importante face aux quelques bains. [Voir J. ROSSIAUD), La prostitution médiévale, pp. 22-23 et pp. 204-
211.] VV. 302-303 : retour au sermon d'intérêt général. Celui-ci traite du néant de notre vie terrestre qui nous conduit inexorablement vers les douleurs de la mort. (...) en la fin, loc. signifiant «à la fin», «au pas de la mort». [DI STEFANO] V. 304 : Dieux scet qui est bon pellerin, loc. attestée par DI STEFANCO. Ce dernier cite Chastelain (V, 24 / VI, 59 / Chron. 90), Deschamps et Gerson en
exemples. Cette locution désigne l'omniscience de Dieu lors de notre mort, Il reconnaît toujours le bon chrétien. Il y a une relexicalisation ironique, car le clergé ne sort pas de son lit ou des étuves, et donc fait défaut à son rôle (inhérent normalement) de bon pellerin.
V. 305 : Le bourgois, ce nouveau «type humain» apparaît au XIIe siècle avec la renaissance du commerce et le développement de l'infrastructure qui modifient considérablement l'ancienne société tripartite. Le bourgeois est l'habitant du bourg, de la ville. Celui-ci jouit de privilèges dans sa ville et participe aux charges communes.
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(...) qui boit du melleur. Melleur, superlatif absolu désignant le vin. Le vin est la boisson principale de l'époque. Selon J. Favier [s.v. «vin»] le bourgeois consomme par jour un à deux litres de vin. De plus, dès le XIVe siècle il se lance dans la production personnelle qui lui vaut un certain prestige. Les crus les plus renommés restent ceux de Bourgogne, plus spécialement ceux de Beaune et de Chablis. V. 309 : Ou à aultre de la commune. La commune est un phénomène nouveau qui naquit avec la bourgeoisie et ses besoins. C'est une confédération des habitants d'une ville tenus par la garantie d'un serment mutuel. Le nom de commune ne désigne pas la ville, mais l'ensemble des habitants qui avaient prêté serment. Les premières communes se développent avec les agglomérations. Elles vivent de l'échange et de la production de marchandises, c'est-à-dire de besoins inexistants auparavant et auxquels la féodalité ne peut subvenir. «La commune est donc, au début, l'association des bourgeois en vue de parer aux nécessités collectives qui s'imposent à eux.»[H. PIRENNE, Les villes et les institutions urbaines, t. IL, p. 125 et sgg.] V. 310 : en : pronom adverbial dans l'expression impersonnelle (à la forme négative) construite avec le datif de personne : «il ne l'en chault». Les manuscrits A-C-Ca-Ch-G-J-Ld-M-Pa-Pi ont résolu la difficulté en remplaçant le groupe pronom personnel 3e p. sg. + pronom adverbial en par le pronom personnel 3e p. sg. CR indirect seul : A-J-Ld-Pa lui, C-Pi ly, Ca-Ch-G luy, M li. V. 311 : Au grant, au petit, au moyen. Les besoins de la rime empêchent la progression logique de l'énumération du plus grand au plus petit.
V. 313 : Fors qui voelt bien morir bien vive. Fors adverbe possédant un sens adversatif [MENARD), $ 274]. La morale de tout le poème est résumée dans ce vers : celui qui désire bien mourir, c'est-à-dire avoir le salut, doit vivre selon les commandements divins. V. 315 : Et ses commandemens avive. Allusions aux dix commandements du Décalogue. Voir Ex. XX, 1-17 / Ex. XXXIV, 8 et Deut. V, 6-21.
“V. 317 : Prende tout en patience.
«Prendre en pacience», loc. signifiant
«souffrir avec résignation», (F.E.W., VIII, 17b).
VV.318-319 : ceux qui observeront les commandements divins auront une vie pardurable après leur mort. Une conduite juste durant leur vie leur garantit une vie future, c'est-à-dire le Paradis qui les rapprochera de Dieu, tandis que ceux
qui ne se sont pas attachés à observer ces commandements (cf. v. 320) mourront difficilement.
136
V. 321 : merveille. Dans la langue médiévale, le substantif «merveille» a le sens de «chose qui étonne», alors que de nos jours il a essentiellement une connotation positive et insiste plus sur la notion de «chose qui provoque l'admiration». Dès lors, au Moyen Âge une chose «merveilleuse» pouvait autant provoquer la joie que l'horreur. A l'origine le vers est hypométrique en raison de la forme merveil. Le copiste à peut-être adapté la forme de son substantif à la forme graphique de l'adjectif épicène grant. Dès lors, il a fait varier en genre le substantif. V. 323 : Celly que Dieux fist revivant, il s'agit de Lazare de Béthanie que Jésus ressuscita, (/n, XI, 1-44). Il ne s'agit pas du pauvre de La parabole du riche et de Lazare (Lc, XVI,
19-31), comme
le prouve le vers 325 : «Le ladre à la
Marie frère».
V. 325 : Le ladre à la Marie frere. Le substantif ladre signifie «lépreux». Sa première forme Lazre, attestée depuis 1160, trahissait son origine, mais celle-ci
a été modifiée en ladre dès 1170 environ. Ladre est issu de l'anthroponyme latin «Lazarus», de l'hébreu «el'azar» (que Dieu a aidé). Deux hypothèses, quant à l'évolution du nom, se concurrencent : la première renvoie au nom du pauvre rongé d'ulcères qui gît devant la porte du mauvais riche de la parabole de Luc (XVI, 19-27), tandis que la seconde, moins courante, se réfère à Lazare de Béthanie, frère de Marthe et de Marie (cf. /n XI, 1-16), mort d'une maladie
(que l'Ecriture ne détermine pas) et ressuscité par le Christ. Les lépreux étaient souvent considérés comme des cadavres vivants. [cf. REY, s.v. «ladre»]. Dans ce cas-ci, ladre renvoie bien entendu à la seconde hypothèse.
V.327 : Et toutte doleur à penser. Toutte : adjectif. Devant un nom singulier il marque l'expression globale d'un ensemble au sens de «tout entier» ou, devant un singulier collectif (à valeur de pluriel), il indique la totalité. [MENARD,
$
34 1°]. VV. 326-328 : l'auteur insiste sur la peur de Lazare à l'idée de mourir, puisqu'il a déjà vu l'horreur de la mort. [cette idée sera encore développée dans la strophe suivante]. | V. 332 : tant que, conjonction consécutive signifiant «de sorte que».
VV. 323-336 : la mort de Lazare est prise ici à titre d'exemplum. Lui qui était si bon et qui avait déjà sa place aux cieux (v. 334) craignit redoutablement la mort, car il était déjà mort. Lazare devient la preuve «vivante» qu'il faut craindre la mort, de telle sorte que l'auteur conclut : que fera donques le pecheur /
137
Quant le juste en [ la mort] avoit si peur ? (vv. 335-336). Cet exemple de conduite devrait pousser le pécheur à la conversion.
VV.337-339 : le pécheur doit implorer la Vierge Marie (la tresoriere de grasce, V. 338) pour qu'elle intercède (moyene, v. 339) pour lui auprès de JésusChrist (juge, v. 339). Le culte marial s'est développé dès le XIIe siècle (cf. culte de saint Bernard à la Vierge, etc.). Mère, elle écoute les peines. Miséricordieuse, elle est hautement humaine dans sa splendeur divine. De plus, elle
semble plus proche du Père et du Fils. L'image que nous observons ici est celle de la Vierge médiatrice qui apparaît dans le Jugement dernier, car grâce à elle le pécheur peut être secourru / Et Satham matet et vaincu (VV. 343-344). Notons que dans les artes moriendi, elle est toujours présente au chevet du mourant et intervient comme intercesseur avec saint Jean.
VV. 345-346 : apparition de Satan à l'homme agonisant. Ceci nous fait penser aux illustrations de l'ars moriendi où le Diable tente cinq fois le mourant (tentation d'infidélité, de
désespérance, d'impatience, de vaine gloire et enfin
d'avarice). L'ars moriendi se divise en trois parties : l'agonie, l'assaut du Diable et l'apparition de l'ange suivie de sa victoire. Nous pourrions croire que l'ordre est faussé, mais ces deux vers ne sont que l'anticipation de l'assaut diabolique. En effet, vingt-sept vers d'agonie (vv. 350-376) succéderont à cette apparition subite du mal, puis l'attaque du Diable emboîtera le pas. V. 350 : travelle < travelier < tripaliare, «torturer avec le tripalium». En AF, le verbe «travaillier» signifiait, en outre, «souffrir des douleurs de l'agonie» (sens attesté dès 1190); en MF il conserve ce sens. [F.E.W., XIIL 2, 287b et REY, 5.v. «travailler»].
VV. 350-352 : l'agonie du mourant est décrite avec un réalisme surprenant : la douleur écartèle le corps et le torture affreusement. V. 357 : Advant que l'esperit soit hors, nouvelle référence à l'âme qui doit émigrer du corps à la mort de l'homme. (cf. vers 349) : à l'amme qui crient le depart. VV. 358-368 : description de l'agonie. C'est une véritable description médicale que nous donne Chastelain; tout est très réaliste, ce qui corrobore son discours
moral. De plus, il se réfère à quelque chose de connu, c'est-à-dire l'agonie que l'on retrouve, tant dans l'ars moriendi que dans la vie réelle. Cette description est pathétique et insiste sur la vue. Tout d'abord, le visage en général est décrit, son teint est blafard. Ensuite, les yeux attirent directement l'attention; ces yeux sont morts, sans vie (cf. crevéz en la teste v. 362), comme si on les avait véritablement crevés. Enfin, on descend sur la bouche, celle-ci a perdu sa
fonction première, car la parolle ly est faillie (v. 363) : la langue se lie au
138
palais. Puis, le regard descend sur le cou, s'attarde sur les veines jugulaires et voit que le poulx tressault et sy halette (v. 365). En somme, après avoir regardé ce visage, on perçoit clairement que la Vie fuit [et] la Mort est prette (v. 366). V.359 : Haulce et sourlieve la poitrine. Sourlieve : devant / et n la consonne s passe à à et aboutit à r en picard. [GOSSEN, p. 107]
VV. 369-370
: ensuite, toujours en s'attardant sur le devenir corporel de
l'homme, ce sont les os (Les os desjoindent à tous léz, v. 369) et les nerfs (11 n'a nerf qu'au rompre ne tende, V. 370) qui témoignent de l'état précaire du
moribond. Le poète acquiert une vision transparente pour constater le devenir interne du corps. [Voir notre article sur Villon et Chastelain pour ce passage].
eldes
(
V.371 : Assaillis est par tous costéz, nouvelle allusion à l'iconographie de l'ars moriendi, où le mourant est réellement «assailli» (v. 371) par le Diable et ses sbires qui le tentent une dernière fois [voir les illustrations en annexe de l'ouvrage de TENENTI]. Ce combat n'est pas intérieur, mais il est bien présent dans la chambre du mourant.
V. 372 : Et congnoist tous ses fais passéz, nouvelle réminiscence de l'ars moriendi. En effet, l'assaut des diables s'accompagne de l'énumération de tous les méfaits passés de l'homme. Les diables relatent toutes les mauvaises actions de sa vie. V.374 : Et n'a plus loisir qu'il s'amende. Ce vers rend compte d'une certaine optique négative, puisque pour Chastelain le pécheur ne peut plus expier ses fautes, car l'heure est briesve et doloureuse (v. 375). Or, dans l'optique des artes moriendi, le pécheur peut se racheter s'il se repent sincèrement, tandis
que dans le Miroir de Mort Chastelain reste négatif. C'est peut-être parce que le bon ange n'est pas encore présenté et qu'il ne peut pas encore pousser le chrétien au repentir final qui le sauvera. Ici, le poème reste très sombre quant à l'avenir de l'agonisant, il laisse planer le doute sur le salut possible du pécheur, car le mourant est assailli par les diables qui lui expriment clairement que l'ampleur de ses fautes ne pourra jamais le rapprocher d'un Dieu dont il a systématiquement bafoué les commandements. V. 376 : Dont sa povre amme est cremeteuse. Remarquons que c'est l'amme qui craint l'heure de la mort. Ce mouvement de pensée est tout à fait logique, vu que c'est bien l'âme seule qui est concernée par le passage de vie à trépas; c'est bien elle qui subira tous les tourments de l'Enfer, ou qui se délectera au Paradis. Le corps, misérable enveloppe terrestre, pourrira en terre.
139
VV. 377-380 : (...) L'adversaire de nostre foy (...) : intervention du Diable hideux et noir / espoentable oultre pooir (vv. 379-380). Durant dix strophes, le Diable va énumérer toutes les mauvaises actions du mourant et va ressasser ce que Chastelain a déjà développé, c'est-à-dire la vanité des biens de ce monde. Le discours du Diable veut essentiellement montrer au mourant que sa situation est desespérée, et que jamais Dieu ne lui accordera sa miséricorde.
V. 382 : Te souviengne de (..), v. impersonnel au subj. prés. 3e pers. sg. Subjonctif de souhait avec parataxe du «que» utilisé comme un impératif d'ordre. Généralement, ce genre de tournure est employée pour rendre le texte moins abrupt. [MENARD), $ 153 Rem 1]
V. 385 : Et sy n'a damme ne mingnon. A est un verbe impersonnel, 3e pers. sg. ind. prés. Notons que l'omission du pronom i/ est fréquente devant les verbes impersonnels; le FM possède encore quelques-unes de ces formes, par exemple: «reste à savoir», etc.
Sy est adv. [MENARD, $ 197].
de liaison
signifiant «alors»,
«dans
ces
conditions».
damme ne mingnon, condamnation implicite du péché de luxure. Selon
J. Huizinga, ce terme mingnon n'a aucune connotation homosexuelle. Cependant, pour Alain Rey, ce mot est d'abord attesté avec le sens péjoratif d'«homosexuel passif», puis avec le sens d'amant. Il a spécialement été employé pour désigner les jeunes gens de l'entourage de Charles VIL. V. 386 : il importe peu aux partenaires de ses aventures amoureuses hétérosexuelles (damme) ou homosexuelles (mingnon) ce que deviendra l'agonisant après sa mort ! Le Diable souligne que tous l'abondonneront au moment de son trépas. V. 389 : Che qu'à toy fut aultruy sera. Ce vers souligne la vanité des possessions terrestres (Jueal tant soit rice ne bon / Chasteal, palaix,[fort] ne doingnon, VV. 387-388) qui ne durent point puisque che qu'à toy fut aultruy sera (v. 389), alors que l'âme du mourant sera damnée et subira les tourments de l'Enfer. Les possessions terrestres ne nous apportent que la damnation éternelle et, en plus, nous les perdons irrémédiablement lorsque nous trépassons. Le discours du Diable supplante celui de Chastelain et se fait l'écho du prédicateur, le Diable n'est pas effrayant, mais moralisateur. V. 391 : tyson d'Enfer. Tyson < titio (F.E.W., XII, 356 a-b). Jusqu'au XVIe siècle le mot a désigné une pièce de bois (sans doute à brûler). Par figure, au XVe siècle, il désigne ce qui fait naître une passion. Chastelain exploite ironiquement la polysémie de ce terme.
140
V.393 : Il te fault lessier tes oyseaux. Ce vers condamne la fauconnerie, considérée comme un des grands travers aristocratiques. Le discours du clergé rangeait la fauconnerie à côté des plaisirs mondains et il réprouvait la pratique de celle-ci, car cette activité ludique éloignait l'esprit des réalités spirituelles auxquelles tout homme devait consacrer sa vie. Baudouin Van den Abeele remarque judicieusement que dans l'iconographie du Dit des trois morts et des trois vifs, ainsi que dans la fresque du Campo Santo à Pise, les vivants sont souvent représentés faucon au poing. Ces réminiscences iconographiques prouvent que les oiseaux étaient considérés comme le digne attribut des plaisirs mondains dans le registre macabre. [Voir B. VAN DEN ABEELE, La fauconnerie dans les lettres françaises du XIIe au XIVe siècle, p. 66, n. 177] V.394 : Tes chiens, tes bracquez, tes levriers. Ce second vers, lié au vers 393,
fait le procès de la vénerie, autre activité mondaine des riches aristocrates et des nobles médiévaux. Notons que la chasse était très appréciée des ducs de Bourgogne, car Gaston Phébus, comte de Foix, dédia son Livre de la chasse à Philippe le Hardi; cet ouvrage est présent dans l'inventaire de la librairie de Bourgogne [cf. DOUTREPONT n° 240]. V. 397 : La route de tes escuyers. Escuyers est employé au sens d'officiers au service d'un roi ou d'un prince, tels les écuyers tranchant ou de bouche, panetier, de cuisine, etc. Apparemment le Diable a l'air de s'adresser à un noble, peut-être même à un prince ou à un duc … Ces charges d'écuyers étaient très prisées, car elles permettaient d'approcher le prince de très près. Les ducs de Bourgogne privilégiaient les postes d'écuyers panetiers et d'échansons qui commémoraient à chaque repas le sacrifice de la messe parce qu'ils étaient liés au pain et au vin. [cf. M. CHEYNS-CONDÉ, «La tapisserie à la cour de
Bourgogne : contribution d'un art mineur à la grandeur d'une dynastie», p. 75]. V. 398 : les moindrez de tes officiers. Officiers, ce terme désigne toute personne pourvue d'une charge. Notre usage moderne, limité aux domaines policier et militaire, n'apparaît qu'au XVIe siècle. V. 400 : Ne te tiennent ja que pour fiens. Les sujets de tiennent sont les escuyers (v. 397) et les officiers (v. 398). Ces gens, aimables du vivant de l'agonisant, ne sont que des hypocrites, car au moment de sa mort ils le considèrent comme du fumier malgré les biens qu'il leur laisse. Ce vers fait le procès de l'hypocrisie qui est l'apanage de la vie de cour. Aucune bienveillance, aucun souci n'affleure l'esprit des ces personnes en ce qui concerne le devenir post mortem de l'agonisant. Il va sans dire que la comparaison avec le fumier est très éloquente du peu de cas que ces individus feront de l'âme du mourant. VV. 403-404 : Le tamps que Dieu t'avoit presté, métaphore de la vie. La vie de l'homme
résulte exclusivement
de la volonté divine, chose que l'homme
141
oublie toujours. En effet, il se croit maître du monde et de sa vie, se complai-
sant dans le péché originel. Or, Dieu a littéralement prêté la vie à l'homme le temps de son bref passage sur la terre. Dieu lui donne le temps de vivre, lui concède un temps à vivre, mais l'homme en fait un très mauvais usage, car il l'a
perdu et degasté (v. 404). Cf. L'Ecclésiastique (X, 12) : «Le commencement de l'orgueil de l'homme c'est s'éloigner du Seigneur, / Quand son coeur s'est détaché de Celui qui l'a fait.»
VV. 405-408 : le Diable promet les supplices infernaux au mourant en contrepartie de sa vie terrestre misérable en désaccord avec Dieu. En somme, l'Adversaire, comme dans l'ars moriendi, fait peur au mourant, il lui affirme que sa vie fut tellement contraire aux canons de l'Eglise qu'il ne doit que s'attendre à la damnation éternelle. Le Diable ne veut pas que le mourant se repente; il conditionne sa proie et la pousse à perdre confiance en Dieu vu le caractère désespéré de son cas. Mais toute la nuance de l'ars réside dans le fait que Dieu accorde toujours sa miséricorde à celui qui se repent de bonne foi. V. 409 : Euvangilles. Ce terme est emprunté au latin ecclésiastique evangelium et signifie littéralement «bonne nouvelle de la parole du Christ». Le même mot est également emprunté au grec euangelos : «qui apporte la bonne nouvelle». La présente forme, euvangilles, témoigne de cette racine grecque par son préfixe eu-. [REY, s.v. «évangiles»]. V. 410 : il ne doit pas attendre de messes d'intercession que son entourage (vv. 411-412) familial (parenz, ne filz,ne filles) ou professionnel (tous cheux qui ont de tes billes) pourrait faire dire. Les proches du défunt n'ont que faire du martyre qu'il va endurer, seul l'héritage importe. Le mourant ne pourra récolter que des rires de moquerie (v. 413). V. 412 : billes, s.f. «ordonnance», «requête» sens que l'on retrouve dans le terme anglais bill. Cheux qui ont de tes billes, désigne ceux qui ont des responsabilités par rapport au mourant; ce vers affirme la thèse selon laquelle le mourant serait un puissant puisqu'il a à son service des personnes subalternes auxquelles il délègue des billes. Billes peut aussi être un terme argotique désignant l'argent [cf. HUGUET, GOD.]: Dès lors, le mourant se mue en prêteur d'argent. L'usage d'un
terme de bas langage est peut-être motivé par le dédain que Chastelain porte à l'argent. V.416 : Tu en es seul le maleureux. L'argument du Diable est lourd de conséquence puisqu'il doit pousser l'agonisant au désespoir. Tout ce que le chrétien a pu faire de mal durant sa vie ne pourra être racheté par quelques suffrages, ou messes d'intercession (v. 410), car il importe peu aux parents (v. 411) du mourant s'il est damné (v. 415). Cet argument sentimental le place seul devant le
142
péché et le condamne aux affres de l'Enfer. Le Diable insiste implicitement sur le caractère effroyable de la situation en regard de la doctrine chrétienne. VV. 422-424 : ces vers rétablissent un équilibre quelque peu sordide entre les possessions terrestres (biens et vins, v. 422) et le tombeau,
le suaire et la
vermine qui attendent l'homme pour l'éternité après sa mort. Mais ils sont motivés par la doctrine du contemptus mundi et du vanitas vanitatum. vermine pour toy desfaire, réminiscence des vers de l'Ecclésiastique [X, 11] : «Une fois que l'homme est mort, / Il a comme héritage les larves, les
bêtes et les vers.» suaire : au sens de «linceul» le mot est littéraire. Il désignait initialement le linge où l'on pensait que le Christ avait été enveloppé. Ensuite, il désigna tout linge enveloppant les morts. [REY, s.v. «suaire»]
VV. 430-432 : dans ces trois vers, le tu et l'amme semblent être séparés. Tan-
dis que le tu corporel tremble et frémit, l'amme maudit la cause de son martyre éternel. En somme, l'âme maudit le corps de sa vie de débauche qui lui vaut la damnation. Le fu n'est pas concerné par le devenir post mortem puisque son enveloppe physique pourrira en terre, alors que c'est l'âme qui subira le Jugement et les peines infernales.
V.435 : Ta folie desordonée. Expression redondante, car en soi la folie n'a rien d'ordonné, puisqu'elle est l'expression du désordre. Il y a une rupture radicale entre l'âme de l'homme et le fu, son corps. Ce sont les folies terrestres du fu qui plongent l'âme, desesperée (v. 436), dans les tourments du désordre infernal. Il y a un lien intime entre la conduite insensée de l'homme durant sa vie et son séjour dans le royaume du désordre. Tandis qu'une vie ordonnée, ascétique, ne
peut que promettre l'ordre divin, le Paradis. En somme, il perdure dans le désordre. Cette réflexion sur la différence entre l'âme (qui survit) et le corps (qui pourrit) a déjà été amorcée aux vers 430-432. V. 438 : En laquelle vivant morra. Laquelle renvoie à folie; vivant est substantif masculin singulier. Le vivant meurt à cause de sa folie, c'est-à-dire à
cause de sa vie dépravée. VV. 441-443 : ces quelques vers annoncent le caractère indescriptible de ce qui va suivre. L'horreur de ve qui suit dépasse l'entendement humain. En fait, le utilisé par les prédicateurs. Par exemple, Jean Gerson dans son A.B.C. des simples gens parle de l'Enfer et de ses peines en ces termes : «Et si a tant d'aultres painnes que on ne les pourroit dire, nommer ne penser.» [Jean GERSON, Oeuvres complètes, t. VIE I, n. 310, pp. 154-155.] #
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V. 444 : y, adv. de lieu, renvoie implicitement aux Enfers. desäourer, Godefroi [t. II] qualifie ce mot de «douteux». Il le traduit
par «être désarçonné». Nous proposons une explication plus appropriée à notre contexte. Desäourer se composerait d'un préfixe privatif des- et de aourer (
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PI. I. —
B.M. Carpentras, ms. 410 f° 2r° : l’auteur contemple un cadavre.
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PI. IL. — B.M. Carpentras, ms. 410 f° 4r° : évanouissement de l’auteur plus jeune que l’on emmène.
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B.M. Carpentras, ms. 410 f° 6v° : quatre cavaliers.
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B.M. Carpentras, ms. 410 f° 7v° : Agrippine que Néron « fist ouvrir ».
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B.M. Carpentras, ms. 410 f° 14v° : le Diable épouvante le mourant.
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B.M. Carpentras, ms. 410 f° 18r° : Crucifixion de N.-S. Jésus-Christ. )
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PI VII. — B.M. Carpentras, ms. 410 f° 22r° : représen tation de l’auteur. £
GLOSSAIRE SÉLECTIF Nous ne mentionnons que les mots vieillis ou disparus de l'usage. Les mots précédés d'un astérisque font l'objet d'une note.
À abuvrer (abevrer), v. / 3e p. sg. pft abuvra :faire boire abondamment, v. 140. adurer, v. / p.p. aduré : endurci, courageux, v. 110.
afin, adj. subst. : parent, allié, v. 646. agrever, V. / p.p. agrevé : accablé, v. 9. amendement, s.m. : réparation, amélioration, v. 192. ancelle, s.f. : servante, v. 506. [tres]anguisseux, adj. : violent, cruel, Vv. 340, 348.
*äombrer, v. réfl. / 3e p. sg. pft s'äumbra : s'incarner en parlant de JésusChrist, v. 621 apalir, v. / p.p. apalie : pâli, devenu pâle, v. 361. arroy, s.m. : manière qu'on affecte, contenance, V. 281. assouvir, v. / p.p., [par-Jassouvi : qui a les qualités escomptées, parfait, v. 55. *atour, s.m. : parure de femme, v. 273. attemprance, s.f. : modération, tempérance, v. 133.
aviver, v. / 3e p. sg. subj. prés. avive : élever, exciter, V. 315.
B bailler, v. / 3e p. sg. ind. prés. baïlle : donner, octroyer, VV. 592, 762. basset, adv. : à voix basse, v. 31.
beubance, s.f. : faste, pompe / arrogance, v. 723. *bien, s.m : plaisir, VV. 75, 298, 422, 715. *biens, s.pl. : possessions / bonnes actions | aumônes, VV. 48, 75, 130, 399,
HZ TL. *bille, s.f. : terme argotique, argent | ordonnances, v. 412. *blédz, s.m. : blés, v. 262. bonté, s.f. : chasteté | caresse, v. 20.
boupter, v. / 2e p. sg. ind. prés. bouptes : mettre, pousser, v. 574. *bruit, s.m. : renommée ou rut, V. 20.
161
Œ canchon, s.f. : chanson, v. 697. cas, s.m. : crime, V. 7136.
chaloir, v. impers. / 3e p. sg. ind. prés. chault / nt: p. sg. fut. chaulra : importer, VV. 95, 310, 386, 414. chetif, adj.:malheureux, misérable, v. 179. chier, loc. «avoir chier» : aimer, v. 272. chierté, s.f. : bonté, charité, vv. 18, 171. choisir, v. / 3e p. sg. pft choisist, choisy : voir, apercevoir, Vv. 99, 166. comblé, adj. : rempli, v. 9.
combrer, v. / p.p. combré : brisé, v. 660. comparer, v. : égaler, V. 627. compatible, adj. : sensible (?), v. 636.
compiler, v. / p.p. compilé : disposer, rédiger, v. 86. comprendre, v. : s'emparer de, embrasser, saisir, v. 620. confort, s.m. : courage, V. 216. court, «le faire court» : s'exprimer brièvement, v. 291. court, s.f. : cour, v. 292. cremeteus, adj. : craintif, V. 376. crever, V. / p.p. crevéz : mourir, V. 362 ; ouvrir en faisant éclater, v. 358.
2 *dampt, s.m. : titre de dignité équivalant à «maître, seigneur, ….», v. 297. decepvant, p.prés. : obséquieux, v. 247. decevoir [decepvoir], v. : tromper, v. 716. degaster, v. / p.p. degasté : ravager, v. 404. deité, s.f. : divinité, vv. 621, 632.
delitter, v. réfl. / 3e p. pl. ind. prés. se delittent : se réjouir, v. 602. deluge, s.m. : massacre, calamité, v. 340. demesure, «à demesure» : outre mesure, v. 367.
demo(nystrer, v. réfl. / 3e p. sg. pft se demonstrat : se manifester, v. 346. demorant, p.prés. : qui retarde, v. 165. demoré, p.p. subst. : celui qui reste (?), v. 240. departie, s.f. : séparation, départ, v. 151. derrein, [darrain], adj. : dernier, v. 21. derrenier [darrenier], adj. : dernier, v. 26. *desäourer, v. : maudire, v. 444.
desarroy, s.m. : trouble, confusion, v. 155. desembuschier, v. / p.p. desembuschiet : chasser, v. 196. deservir, v. / p.p. desservie : mériter, v. 561. desesperer, v. : perdre l'espoir [la foi en Dieu], v. 29.
162
desfaire, v. / p.p. desfait / 3e p. sg. pft desfist : abattre, consterner, détruire, Vv. 16, 17, 424, 726. despieça : VOIR pieça. desroy, s.m. : vice, défaut, désordre, v. 382. desvier, v. / 3e p. sg. pft desvya : mourir, v. 139. detrencher, v. / p.p. detrencée : trancher, couper, tailler, v. 484. doleance, s.f. : douleur, v. 46. dolent, adj. : douloureux, malheureux, vv. 33, 151, 156, 263, 342. dolentement, adv. : tristement, v. 426.
doubte, s.f. (parfois s.m.) : crainte, Vv. 713, 744. doubter, v. / p.p. doubtée / impér. 2e p. sg. doubte / 3e p. sg. pft doubta : craindre, vv. 150, 708, 720.
droit, adj. : juste, Vv. 61, 644, 746. *duc, s.m. : chef, v. 138.
E emperesse, s.f. : impératrice, v. 157. entechier, v. / p.p. entechiet : affecter, v. 195. entente, s.f. : désir, visée, v. 334. *entremais, S.m. : entremets et divertissements, V. 38. envers, adj. : renversé, V. 46.
envers, prép. : vers, V. 590. enverser, v. / 3e p. sg. pft enversa : renverser, détruire, v. 19. envis, adv. : difficilement, v. 320. *escorée, s.f. : fouet à lanières, v. 483. escut, s.m. : bouclier, V. 572. esmerveiller, v. réfl. / 3e p. sg. prés. s'esmervelle : s'étonner, v. 173.
La fachon, s.f. : construction / visage, v. 758. facture, s.f. : forme, construction, création, v. 355.
faillir, v. / p.p. faillie / 3e p. sg. fut. fauldra : faire défaut, manquer, VV. 363, 437 ;faiblir, succomber, prendre fin, v. 512 ; v. impers. : falloir, v. 589. failly, adj. : terminé, fini, v. 250. faintif, adj. : fautif, v. 316. fais, s.m. : fardeau, poids, v. 61. *famme, s.f. et s.m. : renommée, v. 20.
*faulx, faulse adj. : perfide | païen, vv. 24, 439, 722. ferir, v. / 3e p. pl. pft ferirent : frapper, assener, v. 146. fiens, s.m. : fumier, ordure, VV. 301, 400, 696. fier, adj. : fort, terrible (sens positif ou négatif), VV. 117, 283.
163
flater, v. / p.prés. flatant : séduire, tromper, v. 73. force, s.f. : puissance morale, VV. 730-736.
fors que, loc. conj. : excepté, hormis, v. 696. fors, adv. con]. : hormis, v. 729. fors, adv.. : mais, v. 313. fors, prép. : excepté, v. 157.
fort, loc. «au fort» : au bout du compte, v. 252. *frachons, s.m. : frisson, v. 671. fragilité, s.f. : facilité à succomber aux tentations, v. 82 fureur, s.f. et s.m. : rage, v. 131.
Œ generation, s.f. : race, v. 534. grevance, s.f. : préjudice, tort, tourment, v. 102.
ñ /4 *[h]Jabillemens, s.m. : équipement, habillement, v. 261. honneur, s.m. et s.f. : honneur/ chasteté, vertu / renommée, vv. 18, 119, 171,
307, 467, 522, 524, 711. humanité, s.f. : nature humaine / corruptibilité de la chair humaine, vv. 203,
631. jamais, adv. [à jamais, tout jamais] : toujours, VV. 187, 748.
jamais, loc. «pour jamais» : pour toujours, v. 405. jamais, s.m. : éternité, V. 31.
jouvente, s.f. employé adjectivement : jeunesse, v. 265. *ju, s.m. : jeu, v. 62.
jueal, s.m. : joyau, v. 387.
Œ *ladre, s.m. : lépreux, v. 325. *lamme, s.f. : pierre tombale, v. 19.
las, adj. : misérable, malheureux, VV. 28, 179, 342, 461. las, inter]. : hélas !, vv. 65, 504.
las, s.m. : corde, chaîne / pilier des fourches patibulaires, vv. 180, 660. lassus, adv. : là-haut, v. 183. legier (de), loc. : facilement, vv. 100, 103.
les, [léz] loc. «à tous les» : de tout côté, v. 369. *logich, s.f. : cabane, loge | campement, v. 126. loisir, s.m. : permission / plaisir, oisiveté, VV. 232, 374.
164
M malice, s.f. (parfois s.m.) : méchanceté, v. 223.
mantion, s.f. : demeure / place au Ciel, v. 450. mercy, s.f. : grâce, pitié, Vv. 469, 685.
*merveille, s.f. : chose étonnante (sens positif ou négatif), v. 321. mesadvenir, v. impers. / p.p. mesadvenut : arriver malheur, v. 419. mesel, s.m. : lépreux, v. 493. mestier, loc. «avoir mestier de» : avoir besoin, être utile, v. 216. mettre, v. : élire, v. 125.
mi(s)ner, v. / 3e p. sg. ind. prés. misne / p.prés. minant: menacer/ exterminer, vv. 40, 92, 93. mince, adj. : misérable, v. 452. *mire, s.m. : chirurgien, v. 446.
mirer, v. : regarder dans un miroir/guérir, v. 81. *miroir, s.m. : miroir/exemple, Vv. 80, 87, 89, 97.
moyen, s.m. : intercession, médiation, VV. 312, 337. moyen, s.m. : puîné, v. 311. moyenner, v. / 3e p. sg. sub]. prés. moyene : intercéder, v. 339. mucier, v. / p.p. muchie : cacher aux regards, v. 78.
*mule, s.f. : engelure aux talons, v. 230.
& ocquoison, s.f. : cause, V. 432. ort, adj. : souillé, sale, v. 36. oultre, prép. : au-delà de, VV. 283, 353, 380. oultrecuidance, s.f. : arrogance, v. 724.
oultrepasse, s.m. : nec plus ultra, v. 3.
1par trop, loc. adv.
: avec excès, v. 419. paradvant, prép. : avant, V. 25. parassouvie, p.p. : parfaite, Vv. 5, 610. pardurable, adj. : éternel, vv. 71, 391, 470. parfait, s.m. : accomplissement / perfection, Vv. 600, 661, 677. parler, s.m. : discours, v. 26.
partir (à), v. : prendre part, v. 514. passe passe (jeu de) s.m. : chose peu sérieuse, amusement, v. 62. passe, s.f. : passage, v. 61. pieça, adv. : naguère, v. 136.
165
pité, s.f., loc. «être pité» : être source de pitié, v. 160. pité, s.f. : misère, v. 737.
plenitude, s.f. : perfection / intégrité, VV. 624, 630, 640. poindre, v. / 3e p. sg. ind. prés. point : piquer, éperonner| percer, v. 455. point, s.m. : moment, V. 269 ; sujet, propos, V. 266.
pointer, v. / 3e p. sg. ind. prés. point : frapper de la pointe | piquer un tissu, v. 455. point, loc. «à point» : à juste titre, V. 456. pointure, s.f. : pigûre | tourment moral, souffrance, VV. 347, 667. pois, s.m. : charge, VV. 67, 124.
pompe, s.f. : cortège / parure, VV. 395, 724. povreté, s.f. : malheur, vv. 204, 739. premerain, adj. : premier / printanier, v. 234. premiers, adv. : premièrement, V. 17.
prendre, loc. «prendre en patience» : souffrir avec résignation, v. 317. *prime, adj. : premier (première heure du jour), v. 2. prime, s.f. : printemps, v. 2.
profit, loc. «faire son profit de» : tirer avantage de, v. 658. *pucelle, s.f. : vierge (femme non mariée), v. 509.
É| querre, v. : chercher, v. 128.
EL raccateur, s.m. : rédempteur, V. 573.
rage [faire rage], v. : faire des prouesses violentes, v. 142. rage, s.f. : douleur aiguë, v. 407. ramembrance, s.f. : souvenir / portrait, VV. 42, 120.
recorder, v. / impér. 2e p. sg. recorde : se rappeller, v. 581. recouvrer, v. : rétablir, v. 178.
refuge, s.f. : moyen ou personne qui met en sûreté, V. 331. *remors, s.m. : action de se rappeler quelque chose, v. 200. remort, s.m. : avertissement, V. 88.
requerre, v. / impér. 2e p.sg. requiers : prier, demander, vv. 571, 732. *reue, s.f. : roue, v. 271.
route, s.f. : troupe, v. 397.
S saillir, v. / p.p. sailly : sortir, v. 254. sentir, v. / 3e p. sg. sub]. sente : exhaler, v. 356.
166
serrer, V. / 3e p.sg. ind. prés. serre : étouffer, v. 455. serve, s.f. : servante, v. 521. signe, s.f. : manifestation, VV. 158, 524. *soere, s.f. : soeur, v.243.
soubstenir, v. / 3e p. pl. pft soubstinrent / 3e p. sg. ind. prés. soubstient : supporter, soutenir/alléguer, VV. 124, 511, 664. souffrance, s.f. : trêve, délai, répit, v. 101.
soufisant (suffissant), adj. : considérable, v. 522. sourdre (sourer), v. / 3e p. sg. ind. prés. sourt : prendre son essor, v. 576. *çsuaire, s.m. : linceul, v. 423.
subjuguer, v. / 3e p. sg. pft subjuga : assujettir, v. 132. susseance, s.f. : suspension momentanée, V. 448.
suÿr, v. : suivre, V. 175.
E se tenir de, loc. : s'empêcher de, v. 413. taindre, v. / p.p. tainte : pâlir, v. 361. tantost, adv. : aussitôt, vv. 51, 250, 260, 712, 751.
termine, s.m. : fin, V. 167. terrien, adj. : terrestre, v. 134. tost, adv. : rapidement, V. 247, passim. tost, adv. circonstanciel : aussitôt, v. 77.
transmuer, v. / p.p. transmués : changer totalement, v. 188. *travaillier, v. : tourmenter |souffrir les douleurs de l'agonie v. 350. *trencison, s.m. : colique, v. 229.
tresoriere, s.f. : gardienne (fig.), v. 338. tressaillir, v. / 3e p. sg. ind. prés. tressault : sauter, dépasser, VV. 351, 365. *tribulation, s.f. : tourment moral, v. 453.
# venir, V. : revenir, partir, convenir, V. 64.
vil, adj. : abject, bas, v. 36.
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INDEX DES NOMS PROPRES
Agrappine : Agrippine, v. 157. Alexander d'Aillier : Alexandre le Grand, v. 114. Artus : le roi Arthur, v. 116.
Charlemaine : Charlemagne, v. 121. Elaine : Hélène, v. 169.
Hanibal : Hannibal, v. 138. Hecuba : Hécube, v. 161. Lanselot : Lancelot, v. 118. Lucrece : Lucrèce, v. 172.
Ogier le Danois : Ogier le Danois, v. 123. Olympias : Olimpias, v. 154.
Pantaphillée : Panthesillée, v. 149. Pompee : Pompée, v. 129. Rolant : Roland, v. 123. Samson : Samson, v. 142. Semiramis : Sémiramis, V. 147.
Thamaris : Thamyris, v. 148.
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TABLE DES MATIÈRES
AVANT-PROPOS INTRODUCTION CHAPITRE I : l'auteur CHAPITRE II : introduction thématique
CHAPITRE III : l'oeuvre CHAPITRE IV : les manuscrits du Miroir de Mort CHAPITRE V : étude linguistique de L CHAPITRE VI: versification CHAPITRE VII: critique de l'édition Kervyn de Lettenhove CHAPITRE VIII : principes d'édition
LE MIROIR DE MORT NOTES EXPLICATIVES GLOSSAIRE SÉLECTIF INDEX DES NOMS PROPRES BIBLIOGRAPHIE TABLE DES MATIÈRES
105 161 169 mil 187
187
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COLLECTION «TEXTES, ÉTUDES, CONGRÈS»
publiée par l'Institut d'Études Médiévales de l'Université Catholique de Louvain Volumes parus et disponibles : 1. M.-Th. LACROIX, L'hôpital St-Nicolas du Bruille (St-André) à Tournai. De sa fondation à sa mutation en cloître (+ 1230-1611), 2 vol., 1977, 1044 p., 55 cartes et plans, 64 reprod. photogr. 2000 FB 3. R. CELLI, Pour l'histoire des origines du pouvoir populaire. L'expérience des villes-états italiennes (XIe-XIIe s.), 1980, 70 p. 300 FB 4. Ph. GODDING et J. PYCKE, La Paix de Valenciennes de 1114. Commentaire et édition critique, 1981, 142 p. + graph. 450 FB 6. PIERRE CRAPILLET, Recteur de l'Hôpital du Saint-Esprit de Dijon. Le «Cur Deus Homo» d'Anselme de Canterbury et le «De arrha animae» d'Hugues de Saint-Victor traduits pour Philippe le Bon. Textes établis et présentés par R. BULTOT et G. HASENORR, 1984, 462 p. et 9 ill. h.-t. Cet ouvrage a obtenu le prix de la Grange de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres de France. 2950 FB 8. C. DELUZ, Le livre de Jehan de Mandeville. Une «Géographie» au XIVe siècle, 1988, LIX-511 p., cartes, 21 ill.
h.-t.
2200 FB
9. J. LEMAIRE, Introduction à la codicologie, 1989, XI-265 p., 67 reprod. sur 48 pl. h.-t.
1500 FB
10. Le travail au Moyen Âge. Une approche interdisciplinaire. Actes du Colloque International de Louvain-laNeuve, 21-23 mai 1987, édités par J. HAMESSE et C. MURAILLE-SAMARAN, 1990, VIIT-440 p. et 24 ill. h.-t. 1950 FB 11. Rencontres de cultures dans la philosphie médiévale. Traductions et traducteurs de l'Antiquité tardive au XIVe siècle, édités par J. HAMESSE et M. FATTORI, 1990, VIII-402 p. et 8 ill. h.-t. 1750FB 12. B.-M. TOCK, Une chancellerie épiscopale au XIIe siècle : le cas d'Arras, 1992, XVIII-210 p. et 8 ill. h.-t.
1500 FB
13. Les problèmes posés par l'édition critique des textes anciens et médiévaux, édité par J. HAMESSE, 1992, XIII522 p. et 24 ill. h.-t. 2450FB 14. De l'homélie au sermon. Histoire de la prédication médiévale, Actes du Colloque International de Louvain-laNeuve, 9-11 juillet 1992, édités par J. HAMESSE et X. HERMAND, 1993, VIII-380 p. 1750 FB 15. Les métiers au Moyen Âge. Aspects économiques et sociaux, Actes du Colloque International de Louvain-la-
Neuve, 7-9 octobre 1993, édités par P. LAMBRECHITS et J.-P. SOSSON, 1994, XII-430 p.
2450 FB
16. Manuels, programmes de cours et techniques d'enseignement dans les universités médiévales, Actes du Colloque International de Louvain-la-Neuve, 9-11 septembre 1993, édités par J. HAMESSE, XXII-477 p., 66
reprod. sur 15 pl.
2450 FB
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Institut d'Études Médiévales Collège Erasme-Place Blaise Pascal, 1 B-1348 LOUVAIN-LA-NEUVE
George Chastelain est surtout connu comme le premier indiciaire des ducs de Bourgogne. Mais le chroniqueur de Philippe le-Bon était également un poète salué comme un maître jusqu'à la génération de Clément Marot. Son oeuvre poétique n'égale certes pas l'ampleur de sa Chronique, mais elle est riche en textes où la qualité de la versification va de pair avec la hauteur de la pensée. Dans cet ensemble, le Miroir de Mort est une pièce remarquable et souvent peu remarquée, tant ce versant de sa production a été délaissé par la critique, faute peut-être d'une édition sûre et d'accès aisé. Centré sur le thème de la mort, ce poème didactico-moral se présente
comme la parfaite synthèse des différentes expressions du macabre propre au XVe siècle. Ainsi, le Miroir de Mort brasse les thèmes du contemptus mundi, de l'ars moriendi, du pulvis es, de l'ubi sunt, des Neuf Preux et Preuses avec
une rare ingéniosité.
Ce poème intéressera les philologues et les historiens, mais aussi tous ceux qui sont curieux des attitudes médiévales face à la mort. Il prouve que le «Grand George» possédait une sensibilité qui le range aux côtés des poètes de la densité verbale. Le Miroir de Mort est digne du grand indiciaire, qui fut aussi chef de file des «Grands Rhétoriqueurs». Le Miroir de Mort reçoit ici sa première édition critique commentée, qui recense l'ensemble des onze manuscrits connus.
Tania Van Hemelryck, licenciée en philologie romane, est boursièrechercheuse à l'Université Catholique de Louvain. Après avoir consacré son mémoire de licence à l'édition du Miroir de Mort, elle prépare actuellement une thèse de doctorat sur le thème de la paix dans la littérature française du XVe siècle.
Illustration : B.N. ms. fr. 1816 f° 1 r°