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L’abbaye féminine de Denain des origines à la fin du XIIIe siècle
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ARTEM (Atelier de Recherches sur les Textes Médiévaux) 10
L’abbaye féminine de Denain, des origines à la fin du XIIIe siècle
Histoire et chartes
Jean-Pierre Gerzaguet
F
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© 2008, Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher. D/2008/0095/08 ISDN 978-2-503-52733-8 Printed in the E.U. on acid-free paper
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Avant-propos
L’abbaye de Denain, implantée sur la rive droite de l’Escaut entre Cambrai et Valenciennes, peut s’enorgueillir de dix siècles de présence religieuse féminine, aux confins de l’Ostrevant et du Cambrésis, entre sa fondation vers 780 et sa suppression en 1790. Son évolution peut s’articuler en trois grandes phases inégales et aux césures imprécises : la phase du monastère « double » (des origines aux environs de 1025), puis la période des moniales se réclamant de la règle bénédictine (de 1025 à la fin du Moyen Age), enfin le temps des chanoinesses à l’époque moderne. Ces grandes articulations chronologiques posées, l’histoire du monastère reste à faire. Les communautés de moniales sont généralement mal connues et n’ont pas été l’objet des soins attentifs des historiens. L’examen de la bibliographie sur ce point est éloquent et montre, à l’évidence, que les moines sont plus étudiés que les religieuses. Quand ces dernières le sont, toutes les phases de la période médiévale ne sont pas servies de la même façon. Le déséquilibre est patent avec des travaux plus nombreux pour la seconde moitié du Moyen Age, exception faite lorsque la communauté a été fondée aux temps mérovingiens, car la fascination pour cette période suscite recherches et études. Le rôle de l’aristocratie dans ces fondations, comme expression et relais de son pouvoir, la place tenue par des abbesses souvent élevées au rang de saintes, la sacralisation de ces lieux, devenus des pôles de la christianisation, autant de champs d’études et d’investigations qui ont retenu l’attention des historiens. Or, paradoxalement, cette dynamique de la recherche ne concerne pas Denain et ce monastère est le parent pauvre dans les bibliographies d’histoire monastique. Tout au plus peut-on citer un article solide de M. Coens (1933) sur le père de l’abbesse réputée fondatrice.
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Quant à l’ouvrage d’A. Jurénil (1936), de conception vieillie et dépassée, il n’obéit pas aux critères scientifiques historiques. Plusieurs raisons ont concouru à ce manque d’intérêt et à cette absence de travaux. D’abord, les religieuses, devenues chanoinesses séculières non pas à un moment précis mais par un long processus évolutif, ont toujours refusé l’accès de leurs archives aux érudits de l’époque moderne et, dans le meilleur des cas, ont livré avec réticence des informations sélectives et parcimonieuses sur l’histoire de leur communauté. Elles rappelaient volontiers à chaque sollicitation le récit de fondation mais diluaient l’évolution du monastère dans des indications ponctuelles et approximatives. Entre la Renaissance et les Lumières, les érudits, tributaires de la mauvaise volonté des chanoinesses, oscillaient dans leurs écrits entre l’opaque, le flou et le faux. Une telle attitude des religieuses nécessite explication. L’ancienneté d’une fondation est un élément essentiel pour valoriser une institution. Aussi le récit de fondation, largement mythique, est-il volontiers rappelé et diffusé dans la mesure où il affirme un passé franc et pippinide, vécu comme prestigieux en raison de son ancienneté et du rang social des acteurs de la fondation ; mais ce récit des premiers temps ne dit rien naturellement sur l’évolution de la communauté et surtout sur la règle suivie. Or la communauté ne pouvait pas ne pas avoir conservé, quelle qu’en soit la forme, la mémoire de son passé. Par conséquent, le silence des religieuses a pour but de masquer tout ce qui pouvait rappeler les pratiques bénédictines des XIe-XIIe siècles. Dès lors, les informations lâchées par les chanoinesses ne doivent pas remettre en cause le statut de chapitre séculier de leur communauté. Le brouillard chronologique est donc indispensable pour maintenir et justifier un statut canonique présenté comme une situation ancienne et par conséquent incontestable. De là découlent à la fois le constant refus des abbesses de l’époque moderne de laisser consulter leurs archives et l’abondance d’informations délivrées, sous des formes diverses, sur les quartiers de noblesse nécessaires pour postuler à une prébende au chapitre de Denain. Les érudits de l’époque moderne ont donc dû plier devant la crispation nobiliaire qui imposait de ne pas révéler et divulguer le passé monastique de la communauté. La disparition du chapitre en 1790 et la dispersion de ses archives n’ont pas favorisé la tâche des historiens. Les érudits locaux du XIXe et du XXe siècle n’ont pu que recopier les indications éparses et les affirmations non vérifiées collectées au cours des siècles précédents. C’est pourquoi, lorsque le monastère de Denain est cité dans tel ou tel article sur les communautés féminines, c’est en reprenant, avec une critique plus moins nette, les informations succinctes glanées au fil d’une trop rare documentation. En effet, à la différence des établissements masculins installés sur le long de la Scarpe (Anchin, Marchiennes, Hasnon, Saint-Amand), Denain souffre d’un handicap majeur pour toute étude scientifique, celui d’une extrême
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Avant-propos
faiblesse documentaire. Le chartrier est particulièrement mince et le recours aux fonds des maisons voisines ne pallie pas cette faiblesse. Tout essai de reconstitution du temporel trouve donc rapidement ses limites. Les livres liturgiques ont disparu, notamment le nécrologe qui, grâce aux inscriptions des défunts, aurait permis d’évaluer l’importance numérique de la communauté et de reconstituer les réseaux de bienfaiteurs. Quant aux sources narratives, constituées d’un récit de fondation et de miracles attribués à la fondatrice, elles sont postérieures d’environ deux cent cinquante ans aux faits. On sait la prudence avec laquelle il faut manier ce type de récit qui organise la mémoire d’une communauté sur un passé reconstruit largement mythique. A cette palette documentaire réduite s’ajoute l’impossibilité de recourir à l’archéologie du site abbatial, celui-ci ayant été saccagé par l’industrialisation des XIXe et XXe siècles. Devant un tel constat, qui n’est pas cependant celui d’un désert documentaire total mais qui s’en rapproche, pourquoi avoir retenu cette communauté ? Trop souvent, les grandes communautés monastiques prestigieuses, très souvent masculines, avec des temporels importants et des abbés omniprésents, occultent l’existence d’établissements plus modestes qui ont vivoté plus qu’ils n’ont rayonné. Les réussites spectaculaires d’établissements nouveaux ou la seconde jeunesse d’anciennes communautés ne doivent pas masquer une réalité bien plus souvent partagée qu’on ne le croit, la difficulté de certaines communautés religieuses à exister face à la présence écrasante d’institutions opulentes, richement dotées et insérées dans des réseaux relationnels complexes, variés et efficaces. A cet égard, les moniales de Denain sur la rive droite l’Escaut ne peuvent en aucun cas rivaliser avec les puissantes communautés confortablement implantées le long de la Scarpe : Marchiennes, Saint-Amand et même Hasnon. Face au « boulevard des moines » que constitue la Scarpe pour reprendre une formule du chanoine Platelle, les moniales de l’Escaut souffrent du handicap d’être les dernières venues dans les créations monastiques franques de la région, dans un espace presque totalement quadrillé par les religieux bénédictins. Les restaurations monastiques du XIe siècle et les fondations ultérieures, comme les bénédictins d’Anchin en 1079 et les chanoines réguliers de Vicoigne en 1129, ne font que renforcer le déséquilibre. Par delà ces handicaps constants, la continuité d’existence de la communauté denaisienne mérite l’attention. Ces moniales, dans un fort environnement monastique masculin, ont réussi à perdurer dix siècles, depuis la fondation autour de 780, en passant par la restauration opérée vers 1025, véritable sauvetage, voire refondation, qui transforme les moniales en bénédictines, avant qu’elles n’évoluent lentement vers un statut de chanoinesses séculières. Le glissement vers un mode de vie religieuse moins contraignant que la règle bénédictine a permis à cette communauté d’éviter l’asphyxie et de maintenir la présence d’un établissement féminin dans une région, l’Os
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trevant, où rayonnent de puissants établissements monastiques masculins, et dans un diocèse, celui d’Arras, qui, au XIIe siècle, ne compte que trois abbayes de femmes canoniquement bénédictines : Denain, Etrun, Avesnes. Malgré l’indigence documentaire, ou plutôt à cause d’elle, rassembler dans une édition obéissant aux exigences scientifiques actuelles les chartes reçues ou émises par Denain est un moyen indispensable pour toute reconstitution de l’histoire de cette communauté religieuse dont les origines s’inscrivent dans le passé franc de l’ancien pagus d’Ostrevant. Compte tenu de leur faible nombre, la petite centaine d’actes édités couvre la période allant de la fondation à la fin du XIIIe siècle. Le terme retenu n’est pas particulièrement significatif mais correspond à la dernière mention d’une abbesse, Marguerite. Aller au-delà des années 1300 n’éclaire pas davantage l’histoire du monastère car à la faiblesse documentaire des siècles retenus succède une véritable indigence archivistique : 10 actes pour les cinq premières décennies du XIVe siècle. La chute documentaire commune à toutes les communautés religieuses pour cette période est d’autant plus sensible à Denain que cette abbaye n’a jamais connu l’inflation documentaire des monastères voisins. Le présent travail s’ouvre tout naturellement par une évocation des grands traits de l’évolution du monastère : les déductions que l’on peut tirer des documents relatifs à la période franque, les effets de la restauration de 1025, le mode de vie de ces moniales. Suit une reconstitution des intérêts matériels de la communauté et de leur défense, ce qui conduit à envisager les relations avec le monde extérieur. Une annexe propose une liste abbatiale dont les lacunes illustrent à l’évidence toute la difficulté à cerner l’histoire de cette communauté. Si les aléas de la conservation d’archives peuvent donner une image tronquée de la réalité denaisienne, l’exploitation de tous les éléments et indices conduit vers un indiscutable constat. Denain est, pour la période retenue, un petit monastère, l’exemple même de l’établissement de second rang, comme il y en eut tant, avec un temporel médiocre qui impose la modestie des effectifs, avec des abbesses souvent inconnues et généralement transparentes, avec un rayonnement réduit. Loin de la brillance et de l’omniprésence des communautés masculines voisines avec leurs puissants temporels, leurs effectifs souvent pléthoriques et leurs scriptoria actifs, l’abbaye de Denain est donc une petite maison qui, malgré les inévitables turbulences, a eu néanmoins le mérite de maintenir une présence religieuse féminine en Ostrevant. Cette constante flamme spirituelle, même si elle fut souvent vacillante, justifie à elle seule l’intérêt de l’historien. Si l’ouvrage présenté ici est le résultat d’un patient travail personnel, il a reçu néanmoins les avis éclairés, les pertinents conseils et les indispensables corrections de B. Delmaire, J.-B. Renault et B.-M. Tock.
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Table des matières
Avant-propos
p. 5
Liste des tableaux Liste des abréviations Liste des sources manuscrites Liste des sources imprimées Bibliographie
p. 11 p. 13 p. 15 p. 19 p. 25
Première partie : Denain, un monastère de moniales des origines à la fin du XIIIe siècle
p. 35
Introduction
p. 37
Chapitre premier : Les grands traits de l’évolution historique jusqu’à la fin du XIIIe siècle 1. Une fondation franque (fin VIIIe – fin Xe siècle) 2. La restauration monastique des années 1025
p. 43 p. 43 p. 56
Chapitre 2 : La communauté monastique 1. Les religieuses : moniales bénédictines ou chanoinesses ? 2. La composition de la communauté
p. 75 p. 75 p. 83
Chapitre 3 : Le temporel 1. Essai de reconstitution du temporel 2. Le temporel aux XIe-XIIIe siècles 3. La défense des intérêts du monastère
p. 87 p. 87 p. 90 p. 102
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Chapitre 4 : Les relations extérieures 1. Les ecclésiastiques 2. Les laïcs
p. 107 p. 107 p. 108
Conclusion
p. 117
Carte : Monastères bénédictins du diocèse d’Arras aux XIIe et XIIIe s.
p. 119
Annexes : 1. Liste des abbesses 2. Les lignages seigneuriaux de Denain : les « Brognart » 3. Les lignages seigneuriaux de Denain : les « Brouche »
p. 121 p. 126 p. 127
Deuxième partie : Les chartes de l’abbaye de Denain Introduction Les chartes
p. 129 p. 131 p. 145
Index nominum
p. 263
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Liste des tableaux
1. Calendrier du culte de Remfroie et de ses parents . . . . . . . . . . . 2. Les miracles de Remfroie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3. Evaluation du temporel primitif selon la valeur du bonnier . . . 4. Evaluation des temporels primitifs des fondations monastiques franques proches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5. Les autels détenus par les monastères bénédictins du diocèse d’Arras . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6. La récupération des dîmes. Modalités et chronologie . . . . . . . . 7. Récapitulation du temporel de l’abbaye de Denain à la fin XIIIe siècle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8. Répartition chronologique des actes édités . . . . . . . . . . . . . . . . 9. Classement des actes par tradition manuscrite . . . . . . . . . . . . .
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p. 65 p. 67 p. 88 p. 90 p. 92 p. 96 p. 99 p. 132 p. 135
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Liste des abréviations
A.D. Nord BHL B.M. B.N.F. GC J.L. MGH SRM MGH SS P.L. Stein ThDipl
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Archives départementales du Nord Bibliotheca hagiographica latina Bibliothèque Municipale Bibliothèque nationale de France Gallia Christiana Jaffé (Philippe), Regesta pontificum Romanorum ad annum post Christum natum MCXCVIII, 2e éd., Leipzig, 18851888. Monumenta Germaniae Historica, Scriptores Rerum Germani-carum Monumenta Germaniae Historica, Scriptores Patrologia latina Stein (Henri), Bibliographie générale des cartulaires français, Paris, 1907 Thesaurus Diplomaticus, Turnhout, 1997.
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Sources manuscrites
Anvers, Archives de la ville Fonds ecclésiastique, K 131 : cartulaire de Saint-Michel d’Anvers, titré Diplomata capituli. Copie datée de 1286 (circa) avec add. du XIVe siècle (Stein 164), parchemin, 136 folios. Anvers, Archives de l’Etat Fonds S. Michiels Antwerpen, register 3 : cartulaire de Saint-Michel d’Anvers, dit Nieuw cartularium, copie du XVIIe siècle (Stein 161), 9 vol. Bruxelles, Bibliothèque des bollandistes ms. 16 : Histoire du chapitre de Denain par Jean d’Arleux, chapelain du chapitre noble de Denain fin XVIe (copie identique dans Cambrai, B.M., ms. 982). Bruxelles, Bibliothèque royale ms. 7748 : Historia monastica de F. de Bar, fin XVIe siècle, papier, 441 folios. Cambrai, Bibliothèque municipale ms. 705 : « Sur l’église de Sainte-Renfroye de Denain » par l’abbé Mutte, XVIIIe siècle, papier, 140 folios ; Denain, folios 121-140. ms. 816 : Recueil de vies de saints, XVe siècle, parchemin, 443 folios, provenant de l’abbaye du Saint-Sépulcre de Cambrai, folios 225-227 : Vita sancte Ragenfredis virginis.
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J.-P. Gerzaguet, L’abbaye de Denain
ms. 982 : Histoire du chapitre de Denain par Jean d’Arleux, chapelain du chapitre noble de Denain, fin XVIe siècle, papier, 93 folios (reprise du récit des Annales de J. de Guise auquel sont ajoutés les miracles de saint Remfroie). ms. 1007 : Mémoires sur les communautés de femmes qui existaient à Cambrai, XVIIe siècle, papier, 160 folios ; Denain (folios 156-160). Douai, Bibliothèque municipale ms. 820 : Historia monastica par François de Bar, fin XVIe siècle, papier, 351 folios : de abbatia Dononiensi, folios 75 à 85. ms. 938 : Histoire des collèges, chapitres, abbayes et autres fondations pour demoiselles de condition…, par Ferdinand Ignace Maloteau de Villerode, trois vol., 1750, 288 folios (Denain, t. 1, f° 144 r°-227 v°). ms. 966 : Recueil des anciens tombeaux, épitaphes et sépultures de la plupart des églises des Pays-Bas, par Ferdinand Ignace Maloteau de Villerode, XVIIIe siècle, papier, 126 folios. ms. 967 : Recueil des anciens tombeaux, épitaphes et sépultures de la plupart des églises des provinces d’Artois, de Flandres, Haynaut, par Ferdinand Ignace Maloteau de Villerode, 1740, papier, 426 pages. Lille, Archives départementales du Nord B 445 : Testament de Marguerite de Flandre (1273). B 1223 : Documents relatifs à l’Ostrevent (XVe siècle). 7 G 313 et 351 : fonds du chapitre Saint-Géry de Cambrai (deux originaux). 10 H : fonds de l’abbaye de Marchiennes (un original). 24 H 1 à 22 : fonds de l’abbaye de Denain (originaux). 24 H 3 : Mémoire sur les chapitres nobles des Pays-Bas, XVIIIe siècle, 60 folios (Denain, f° 17 v°-39 r°). 24 H 6/86 : minute d’un mémoire présenté au roi en février 1685 (récit de fondation). 36 H : fonds de l’abbaye de Saint-Aubert (deux originaux). 36 H 439 : cartulaire factice de l’abbaye de Saint-Aubert, copie du XVIeXVIIIe siècle. 58 H 14 : fonds de l’abbaye de Château-l’Abbaye (inventaire du XVIIIe). 59 H 95 : cartulaire de l’abbaye de Vicoigne, copie du début XIIIe siècle (Stein 4081), parchemin, 100 folios. 59 H 96 : cartulaire de l’abbaye de Vicoigne, copie du XIIIe siècle (Stein 4082), parchemin, 167 folios. Maredsous (Abbaye) fonds Berlière : nécrologe de Saint-Amand (copie de la fin du XIXe siècle d’un ms. du XVIe détruit en 1940). 16
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Sources manuscrites
Mons, Archives de l’Etat Trésorerie des comtes de Hainaut, Recette générale, registre n° 40 : 12651284, parchemin, 232 folios. Paris, Bibliothèque nationale de France Lat. 5995, t. 2 : copie du XVe siècle des Annales Hannoniae de Jacques de Guise. Lat. 9917 : cartulaire du chapitre de Condé, de la fin du XIIIe siècle, avec des additions du XIVe siècle (Stein 1034), parchemin, 114 folios. Lat. 11842 : « Documents sur les monastères de Flandre » dit Monasticum Belgicum, des environs de 1700, papier, 354 folios. Lat. 12827 : Historia rerum gestarum a pontificibus qui ecclesias Cameracensem simul et Atrebatensem annis circiter 562 rexerunt, vers 1587-1589, papier, 47 folios. Lat. 12828 : copie du XVe siècle des Annales Hannoniae de Jacques de Guise, parchemin, 473 folios. Valenciennes, Bibliothèque municipale ms. 673 (ancien 531) : Histoire ecclésiastique de la ville et comté de Valenciennes par sire Simon Leboucq, prevost, 1650, papier, 903 pages (édition par A. Prignet, Valenciennes, 1844). ms. 759 (ancien 569) : Livre de preuve ou rôle du chapitre des DD. chanoynesses de l’illustre collège de Sainte-Rainfroye à Denain, tiré des tiltres, sépulchres, épitaphes et monumens de leur église, par D. P. D. A. R. D. C., 1640, papier, 182 folios. En tête, dédicace signée F. P. D. A., liste des chanoinesses et table des armoiries puis Notice sur saint Aldebert et saint Reyne, son épouse, fondateurs de la noble église et illustre collège de Denain. ms. 769 (ancien 578), tome 2 : Originalia opera P. Guissi minoritae, XIVe siècle, 181 folios. ms. 1023 (ancien 759) : Recueil de la règle intérieure du chapitre de Denain, milieu XVIIIe siècle, sous l’abbesse Chastel de Petrieu (1751-1766), papier, 50 folios. Un feuillet collé sur le plat intérieur de la couverture indique que l’ouvrage fut plutôt rédigé par l’abbesse Jeanne-MarieErnestine de La Hamaide (1689-1729). On y trouve une « table des festes de l’église et festes des mois » (f° 1 v°-3 r°) avec un renvoi aux folios pour le détail des usages. Ce calendrier est sans originalité tant pour les fêtes de l’Eglise universelle que pour les solennités propres à Denain. Figure aussi une liste incomplète des abbesses (f° 46 v°) et copie du règlement fait par l’évêque d’Arras Jean de Bonguisse sur les solennités propres à la communauté (f° 48 v°).
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Sources imprimées
Achery (L. D’), Spicilegium sive collectio veterum aliquot scriptorum qui in Galliae bibliothecis maxime Benedictorum latuerant, 13 vol., Paris, 1655-1677. Acta Sanctorum, Apr., 3, p. 73-74 (De beato Adelberto). Acta Sanctorum, Apr., 3, p. 635-637 (De beata Ava virgine Dononii in Hannonia). Acta Sanctorum, Jul., 1 p. 266-271 (De sancta Regina). Acta Sanctorum, Oct., 4, p. 295-334 (De sancta Ragenfrede abbatissa). Acta sanctorum Belgii selecta…, éd. J. Ghesquière, Bruxelles, 1783-1789. Annales historiae illustrium principum Hannoniae de Jacques de Guise, éd. Fortia d’Urban, Paris, 1826-1838, t. 8, p. 360-392 (Vita Reginae) et 392-424 (Vita Ragenfredis) ; éd. E. Sackur, MGH SS, t. 30, 1896, p. 44-334 (ici, p. 149-154). Annales de Saint-Bertin et de Saint-Vaast, édit. C. Dehaisnes, Paris, 1871. Auctarium Aquicinctinum ad Sigeberti chronographiam (651-1168), éd. G. H. Pertz, MGH SS, t. 6, Hanovre, 1844, p. 392-398. Auctarium Hasnoniense, éd. G. H. Pertz, MGH SS., t. 6, Hanovre, 1844, p. 441-442. Auray (L.), Clémencet (S.), Carolus-Barré (L.) Les registres de Grégoire IX, 4 vol. Paris, 1896-1955. Baluze (E.), Miscellaneorum libri V. Hoc est collectio veterum monumentorum quae hactenus latuerant in variis codicibus ac bibliothecis, t. 5, Paris, 1700. Böhmer (J.-F. ) Regesta imperii, t. 1/2. Die Regesten des Kaiserreichs unter den Karolingern, 751-918, Innsbruck, 1908.
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J.-P. Gerzaguet, L’abbaye de Denain
Brassart (F.), Choix de documents inédits concernant la seigneurie de Lallaing 1168-1727, dans Souvenirs de la Flandre wallonne, 2e sér., 8 (1889), p. 5-134. Brassart (F.), Histoire du château et de la châtellenie de Douai depuis le Xe siècle jusqu’en 1789, 3 vol., Douai, 1877-1887. Bréquigny (L. de), Table chronologique des diplômes, chartes, lettres et actes imprimés concernant l’histoire de France jusqu’en 1314, Paris, 1769-1783. Brial (M.-J.), Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. 14, Paris, 1877-1878. Brousseau (N.), Étude comparée des diplômes de Louis le Germanique et de Charles le Chauve (829-877), th. Ec. Chartes, 2003. Chronicon Hanoniense quod dicitur Balduini Avennensis, éd. J. Heller, MGH SS, t. 25, Hanovre, 1880, p. 414-467. Chronicon Laetiense, éd. J. Heller, MGH SS, t. 14, Hanovre, 1873, p. 487502. Corpus consuetudinem monasticarum, t. I, Initia consuetudinis benedictinae, ed. K. Hallinger, Siegburg, 1963 ; Memoriale qualiter in monasterio religiose ac studiose conversae vel domino militare oportet idipsum cotidie repetendo, saec. VIII fin. et saec X, rec. B.C. Morgand, p. 267-282. Courtois (M.), Chartes originales antérieures à 1121 conservées dans le département du Nord, Nancy, 1981. Coussemaker (I. De), Cartulaire de l’abbaye de Cysoing et de ses dépendances, Lille, 1886. Demay (G.), Inventaire des sceaux de Flandre, 2 vol, Paris, 1873. Delisle (L.), Recueil des historiens des Gaules et de la France, t. 8, Paris, 1871. Devillers (L.), Notice sur un cartulaire de l’abbaye d’Hautmont, dans Mémoires de la Société archéologique et historique de l’arrondissement d’Avesnes, t. 2, 1874, p. 21-124. Devillers (L.), Cartulaires des rentes et cens dus au comte de Hainaut, 12651286, Mons, 1873-1875. Dufour (J.), Recueil des rouleaux des morts (VIIIe siècle- vers 1536), Paris, 2005-2006 (Recueil des historiens de la France, Obituaires, t. VIII). Duvivier (Ch.), Recherches sur le Hainaut ancien (pagus Hainoensis) du VIIe au XIIe siècle, Bruxelles, 1866 (Mémoires et publications de la société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut, 2e série, t. 9). Duvivier (Ch.), Actes et documents inédits intéressant la Belgique, 1ère série, Bruxelles, 1898. Gallia Christiana in provincias ecclesiasticas distributa, 16 vol., Paris, 17151865. Georgisch (P.), Regesta chronologico-diplomata, Francfort-Leipzig, 17401744. 20
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Sources imprimées
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Première partie
Un monastère de moniales des origines à la fin du XIIIe siècle
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Introduction
Les circonstances de la fondation et les débuts d’une communauté religieuse sont, surtout quand il s’agit des temps mérovingiens, souvent obscurs, contradictoires, et pour le moins défigurés par les parures hagiographiques dont on revêt les premiers temps, et pas seulement ces derniers. De plus, à compter du moment où une communauté s’installe dans la durée, l’esprit cartésien s’emploie à distinguer dans l’évolution des phases fastes ou néfastes, clairement bornées afin de mieux opposer les âges d’or et les sombres moments. Or un découpage chronologique ferme qui distingue des temps glorieux et des périodes de difficultés occulte bien souvent la réalité de la vie d’un groupe, celle d’une perpétuelle adaptation aux mutations, si lentes soient-elles. En réalité, les ruptures que l’on voudrait nettes ne sont bien souvent que des longues phases de transition. A ces observations préliminaires s’ajoute une difficulté supplémentaire lorsque la communauté est féminine. L’histoire de la communauté de Denain est la parfaite illustration du cumul de tous ces handicaps. Sans jamais avoir connu un véritable âge d’or ni des temps apocalyptiques, sans jamais pouvoir rivaliser avec les proches et prestigieux monastères d’hommes, l’histoire de cette communauté religieuse ne fut cependant jamais un long fleuve tranquille qui déroule son cours à l’abri des bruits du siècle. Cependant, alors que les communautés d’hommes sont l’objet de la sollicitude des historiens, celles des femmes, et en particulier celle de Denain, ne bénéficient pas des mêmes attentions, sans doute à cause d’un machisme inconscient et d’un indiscutable déséquilibre documentaire.
J. Verdon, Recherches sur les monastères féminins dans la France du Nord ; du même, Recherches sur les monastères féminins dans la France du Sud, et Recherches sur les monastères féminins dans la
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Compte tenu des remarques qui précèdent, l’histoire de ce monastère peut toutefois s’articuler en trois grandes phases aux coupures approximatives. Des origines, sans doute dans le troisième quart du VIIIe siècle, aux environs de 1025 correspond la période franque, carolingienne et post-carolingienne. Ces deux cent cinquante années sont globalement obscures : une fondation embrumée par les légendes donne naissance à un groupe de sorores et de clerici qui se restreint ensuite aux seuls clerici. Ceux-ci disparaissent théoriquement avec la réforme entreprise autour de 1025, faisant alors de Denain une communauté exclusivement féminine canoniquement rattachée à l’ordre bénédictin. La prise de distance avec la règle bénédictine ouvre une troisième période dont les débuts sont difficilement identifiables, signe d’une évolution lente et non d’une mutation spectaculaire, peut-être dès le XIVe siècle : le monastère se transforme alors en chapitre, mais ce dernier n’est véritablement attesté qu’au début du XVIIe siècle, jusqu’à sa suppression en 1790. Nous n’étudierons ici que les deux premières phases. Elles sont très mal documentées : on dispose de récits hagiographiques composés près de trois siècles après la fondation et d’actes en petit nombre. De plus, les ouvrages de la bibliothèque ont disparu ainsi que les livres liturgiques et notamment le nécrologe. Seul a survécu un bréviaire datant de 1280, mais transmis par une édition de 1625. L’affligeante faiblesse documentaire se mesure à la brièveté de la notice faisant état de la documentation disponible établie par Dom Becquet. Pour la première phase, la documentation diplomatique se limite à un diplôme suspect de Charles le Chauve daté de 877. Postérieur d’un siècle à la date supposée de la fondation, cet acte présente des anomalies qui en démontrent la fausseté. Toutefois, ce diplôme est utilisable quant aux infor-
France de l’Ouest ; M. Parisse, Les nonnes ; M. Gaillard, Les fondations d’abbayes féminines ; B. L. Venarde, Women’s Monasticism. Outre les chartes éditées ici, le fonds compte 12 actes pour le XIVe siècle, 20 pour le XVe, 41 pour le XVIe, 48 pour le XVIIe et 30 pour le XVIIIe. Si l’on récapitule, à peine une centaine d’actes jusqu’en 1300 ; 32 pour les deux derniers siècles du Moyen Age ; 119 pour les temps modernes. Officia propria peculiarum sanctorum abbatialis ecclesiae Dononiensis, imprimé à partir d’un manuscrit de 1258 : ex antiquis monumentis ms. ecclesiae Dononiensis cujus breviarum calamo descriptum est anno 1258. J. Becquet, Abbayes et prieurés, p. 48. Concernant l’histoire de cette communauté, l’ouvrage de A. Jurénil, Denain et l’Ostrevent, de conception dépassée, ne présente aucune rigueur scientifique ; les notices du Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiastiques (articles Aldebert, Ava, Denain) sont succinctes ; l’étude de M. Coens, La légende de saint Audebert, manifeste un esprit critique envers la mythologie de la fondation ; on trouve des notices plus récentes : J. Nazet, Crises et réformes, p. 475-476 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 200-201 et 469 ; C. Mériaux, Gallia irradiata, p. 139 et 269.
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Première partie
mations sur le temporel. La critique de cet acte ainsi que le contexte et le lieu de fabrication sont présentés avec son édition. Les sources narratives, de facture inégale et d’exploitation délicate, sont au nombre de quatre. En premier lieu, on dispose d’une courte notice dans les Gesta episcoporum Cameracensium, rédigées vers 1025. Celle-ci évoque la fondation et le nom de la fondatrice et rappelle la restauration opérée par Gérard Ier, évêque de Cambrai : six lignes ou 54 mots dont l’exploitation a des limites évidentes, même si le crédit que l’on peut accorder aux Gesta de Cambrai est grand. L’intérêt de cette courte notice réside dans son antériorité à tous les récits hagiographiques. Reste l’apport hagiographique avec seulement trois compositions : une Vita beatae Reginae, les Miracula S. Ragenfredis et une Vita beati Audeberti10, consacrée à l’époux de celle qu’une tradition fragile présente comme la fondatrice11. La première vita et les Miracula furent composés à l’abbaye de Messines12 sur l’ordre de l’abbesse Frisilde (1065-1075) précédemment abbesse de Denain13. Ces deux œuvres anonymes sont donc largement postérieures aux événements qu’elles s’emploient à relater. Si le ou les auteurs sont inconnus, une hypothèse ingénieuse avancée par dom Huyghebaert dans son étude des débuts du monastère de Messines permet de lever dans une certaine mesure le voile de l’anonymat14. En 1080, pour contrer les prétentions de l’évêque de Thérouanne sur le monastère de Messines, une charte émanant du comte de Flandre et garantissant le statut du monastère est rédigée sur la base d’une fausse charte de 1065 fabriquée à cette occasion. La charte de 1080 contient une formule que l’on trouve dans les Miracula sanctae Ragenfredis composés, comme nous l’avons déjà dit entre 1060/65 et 1070/75. Si l’usage du réemploi abondant, comme les similitudes entre les deux chartes de 1065 et de 1080, est fréquent et banal, la reprise d’un seul
Cf charte n° 1 ; note critique. Gesta pontificum Cameracensium, p. 461, c. 28. E. Van Mingroot, Kritisch onderzoek. AA SS, Jul., 1, p. 266-271 (BHL 7100), cité dorénavant Vita Reginae. AA SS, Oct., 4, p. 295-334 (BHL 7055), citée dorénavant Miracula Ragenfedis. 10 AA SS, Apr., 3, p. 73-74. (BHL Supp. 749b), citée dorénavant Vita Audeberti ; M. Coens, La légende de saint Audebert. 11 La présentation de ces sources par J. Ghesquière (1731-1802) dans les Miracula Ragenfredis, p. 295-334, reste tout à fait pertinente. 12 N. Huyghebaert, L’abbesse Frisilde, montre que les abbesses Frisilde à Messines et Fredessende à Denain sont une seule et même personne. 13 Ce qui se déduit de deux phrases : in vita sua laudari hominem prohibet sapiencia. Ipsa enim vitam sancte Regine et miracula sancte Ragenfredis describi precepit… (J. de Guise, Annales Hanoniae, MGH SS, t. 30, p. 151). 14 N. Huyghebaert, L’abbesse Frisilde, p. 152 ; du même, L’examen, p. 203 ; charte de 1065, édit. M. Gysseling, Diplomata belgica, p. 275-277, n° 160 ; charte de 1080, F. Vercauteren, Actes des comtes, n° 5, p. 11-16.
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membre de phrase, quatre mots (cujus structure videbatur insudare), prend un relief particulier. En effet, cette formule se rapporte au rôle joué par la comtesse Adèle dans la fondation de Messines et vient à point nommé dans cette charte, comme si le rédacteur avait spontanément cette expression à l’esprit. Ce réemploi court mais significatif incline à penser que le rédacteur de la charte de 1080 et des Miracles, ainsi que du faux de 1065, sont identiques mais il reste à l’identifier. Chargé de composer les miracles, l’auteur avait donc toute la confiance de l’abbesse Fredessende. Serait-ce un clerc venu de Denain ? Ce clerc ne pourrait-il pas être le magister Willelmus qui souscrit la charte avant le vice-chancelier ? Hypothèse séduisante, mais qu’il est difficile d’étayer davantage. L’ouvrage, sitôt achevé, a vraisemblablement été envoyé à Denain où Jacques de Guise a pu le recopier dans la seconde moitié du XIVe siècle. Ce franciscain curieux et passionné d’histoire de sa région est fondamentalement un compilateur dont il ne faut pas sous-estimer le travail car, sans lui, bon nombre d’œuvres, aujourd’hui perdues, seraient irrémédiablement ignorées. Au livre XII de ses Annales, chapitres 26 à 35, il relate l’histoire du monastère de Denain et en particulier sa fondation15. A partir du texte donné par le franciscain, E. Sackur, qui a édité les Annales, a montré avec pertinence que plusieurs chapitres, notamment les chapitres 21, 22 et 23 usaient de la prose rimée, technique littéraire en vogue au XIe et XIIe siècle. De ce constat, on peut en déduire que Jacques de Guise n’a fait que recopier la Vita et les Miracula et que l’on est donc en présence de la version primitive de ces compositions. Mais ici de nouveau, il faut rester prudent, car il ne semble subsister aucun manuscrit qui soit indépendant de la compilation tardive que sont les Annales de Jacques de Guise. Par conséquent, on ne peut espérer construire des hypothèses à partir des variantes relevées dans différentes traditions. Quant au troisième texte hagiographique, de nombreux aspects le rendent encore moins utilisable que les deux précédents. D’abord, aucune tradition ne fait remonter cette composition antérieurement au XVe siècle. Si le récit reprend l’essentiel des traditions denaisiennes exposées dans les deux premières sources hagiographiques citées, il ajoute aussi une série d’informations peu crédibles : les érudits du XVIIe siècle l’avaient déjà constaté. L’auteur anonyme n’est pas un clerc attaché au monastère de Denain, mais paraît être plutôt de la région de Tournai. Les causae scribendi sont inconnues et l’ouvrage n’a pas eu grand écho16. Ajoutons enfin, pour ne rien laisser de côté, que l’œuvre de Jean d’Arleux, chapelain des dames de Denain, compo-
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Jacques de Guise, Annales Hanoniae, MGH SS, t. 30-1, p. 148-154. M. Coens, La légende de saint Audebert, p. 110.
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sée à la fin du XVIe siècle, ne fait que reprendre le récit de J. de Guise en y ajoutant des ornementations sans intérêt17. Ainsi donc, les éléments essentiels sur les origines du monastère de Denain proviennent de la Vita beatae Reginae et des Miracula S. Ragenfredis, compositions écrites vers 1070 lors de la restauration du monastère, donnant naissance à une légende de fondation qu’il faut soumettre à une critique rigoureuse. Le handicap que constitue ce maigre corpus de sources écrites largement postérieures aux faits ne peut être surmonté par les informations que des fouilles archéologiques pourraient livrer. Le site du monastère se place sur la rive gauche de l’Escaut, voie fluviale qui traverse le domaine primitif, à environ 10 kilomètres au sud-ouest de Valenciennes, au lieu de confluence avec la Selle. Dans le détail, les bâtiments furent implantés, conformément à une pratique banale, sur une légère hauteur pour se protéger des caprices de la nature18. On retrouve donc ici le principe de la jonction de deux cours d’eau et d’une localisation de fond de vallée. A ces critères souvent rencontrés, s’ajoute pour Denain la présence d’une voie romaine secondaire reliant Lambres (Douai) à Valenciennes. Le monastère se situe donc à la croisée de deux voies, l’une terrestre et l’autre fluviale. Choix judicieux classique d’une position de carrefour qui montre que le retrait du monde n’exclut pas la recherche de commodités naturelles destinées à faciliter les nécessités de la vie quotidienne, même s’il ne faut pas exagérer les atouts économiques du site19. Le site du village qui s’est développé près de l’abbaye a connu une occupation antérieure à la fondation monastique. Des trouvailles archéologiques ont mis à jour des éléments gallo-romains et mérovingiens. Mais le site abbatial lui-même a été totalement saccagé par la construction d’une cité ouvrière ou par le creusement de tranchées de protections contre les bombardements pendant la seconde guerre mondiale. Ces bouleversements effectués en 1924, 1939 et 1944 ont mis à jour quelques rares chapiteaux et inscriptions épigraphiques20. Bref, le néant archéologique rejoint la pauvreté documentaire. Malgré ces handicaps majeurs qui pourraient décourager toute entreprise de recons17
Cambrai, B.M., ms. 982. On retrouve les mêmes précautions pour les sites de Marchiennes ou d’Hasnon. Sur l’abbatiale de Denain, le croquis conservé du XVIIIe siècle représente l’emprise au sol du monastère sans aucune datation des bâtiments et en particulier de l’abbatiale (Lille, 8 B, série 8280). 19 Fl. Mariage, Les portus, qui montre que l’Escaut n’est guère navigable en amont de Valenciennes. 20 R. Jurénil, La chapelle abbatiale ; M. Bruchet, Liste sommaire, p. 191. La plus ancienne pierre tombale retrouvée est celle de l’abbesse Alix de Molembaix, morte en 1426. Quelques rares vestiges sont visibles au musée de Denain. 18
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truction historique, tirer toutes les informations contenues dans les chartes, extraire des récits hagiographiques tous les indices possibles ou probables, comparer avec les établissements voisins ou d’autres communautés de femmes constituent les fondements de la démarche qui conduit à présenter et explorer ici le dossier denaisien.
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Chapitre premier Les grands traits de l’évolution historique jusqu’à la fin du XIIIe siècle
1. Une fondation franque (fin VIIIe - fin Xe siècle) Toutes les communautés religieuses ont reconstruit leur passé, et en particulier les péripéties de la fondation, grâce à des récits édifiants qui, dans le cadre d’une opération destinée à structurer la mémoire du monastère, établissent et fixent les traditions, justifient l’existence du groupe religieux et élaborent la mythologie des premiers temps. Denain, avec les récits hagiographiques évoqués plus haut n’échappe pas à cette pratique. Ces éléments mythiques de la fondation méritent une présentation critique, pour démêler le faux du vrai, le possible du probable. Ce travail d’écriture, à Denain comme ailleurs, est la preuve d’enjeux importants, le premier étant de faire coïncider le passé avec la réalité présente. Construire et reconstruire le passé débouche sur un contrôle de la mémoire et sur une justification du présent. La mise en écrit concerne à la fois les documents de la gestion des biens, mais aussi tout ce qui peut contribuer à pérenniser l’image que chaque communauté veut donner d’elle-même à un moment donné et donc justifier son action dans le présent et pour l’avenir. Mémoire de gestion et mémoire d’histoire mettent à contribution les scriptores des communautés dans une véritable compétition, voire une surenchère. Ces textes, plus que
Sur ce phénomène et ses conséquences, cf. B. Stock, The Implications of Literacy.
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les documents liturgiques ou normatifs, sont révélateurs d’une mentalité monastique et véhiculent, inconsciemment, un ensemble de valeurs sociales. Denain, avec les oeuvres évoquées plus haut, s’inscrit parfaitement dans ce mouvement d’une mise en ordre et en perspective du passé. Aldebert et Reine Une première tradition attribue les origines de l’abbaye à Aldebert, comte d’Ostrevant, et à son épouse Reine (Regina), le tout dans un récit truffé de nombreuses précisions qui ancrent faits et personnages dans un environnement concret destiné à sonner vrai. Elagage et lecture raisonnée s’imposent. D’abord l’historicité d’Aldebert est suspecte car le personnage n’apparaît pas en dehors des sources denaisiennes. Le crédit du récit s’en trouve fortement ébranlé. Quels éléments peut-on retenir des deux vitae, celles de Reine (Regina) et d’Aldebert ? Aldebert, qualifié de fils d’Autebald, serait par conséquent le frère de Jean et Eulalie à qui l’on attribue la fondation de l’abbaye d’Hasnon, ce qui d’un point de vue chronologique est impossible : un siècle sépare les fondations des rives de la Scarpe de celle de l’Escaut. En revanche, l’appartenance à une importante famille aristocratique franque (de parentum nobilium Francorum genere procreatus), possessionnée en Ostrevant, est plausible. Dans cette logique d’une position sociale de premier plan s’inscrit une union entre Aldebert et Reine, nièce (neptem) de Pépin le Bref. De ce mariage sont issues dix filles : Ragenfrède (ou Remfroie), Neptaline, Ambrosine, Ave, Pauline, Célestine, Charlotte, Rose, Frasine, Hélène. Hormis le premier nom, cette liste onomastique est tout à fait inacceptable et ne correspond en rien aux usages francs sur ce point. Pour placer leurs dix filles, qui avaient fait vœu de chasteté, Aldebert et Reine décidèrent de fonder un monastère dans leur domaine de Denain. C’est ce qui se serait passé au milieu du VIIIe siècle, selon une tradition qu’aucune source fiable ne vient établir. Les dix filles du couple franc constituent l’embryon de la communauté religieuse. Pour assurer le service
P. J. Geary, La mémoire et l’oubli ; à compléter par un article stimulant, mais qui suscite des interrogations : S. Vanderputten, « Pourquoi les moines du Moyen Age écrivaient-ils de l‘histoire ? ... ». M. Coens, La légende de saint Audebert. Non retenu par R. Hennebicque-Le Jan, Prosopographia neustrica. En tout cas si l’on en croit la tradition locale d’Hasnon, invérifiable. Voir Delmaire, Le diocèse d’Arras, t. 1, p. 201. M. Coens, La légende de saint Audebert, p. 112. AASS, Jul., 1, p. 268. Aedificaverunt etiam parentes ad Scaldim fluvium in loco Dononium dicitur coenobium ad honorem Dei genetricis itemque ecclesiam in venerationem sancti Martini. Un mémoire du XVIIIe siècle traduit cette affirmation en y ajoutant, sans la moindre justification : « environ l’an 764 » (Lille, A.D. Nord, 24 H 3, f° 21 r°).
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religieux, la présence de clercs était indispensable. Aussi une autre église fut-elle construite en l’honneur de saint Martin. Le choix d’un tel patronage est classique pour les lieux de culte établi par un grand propriétaire foncier sur son domaine. C’est la présence attestée jusqu’à la fin du IXe siècle de quelques hommes (clercs ou moines) dans cette communauté qui a amené les historiens à qualifier celle-ci abusivement de monastère « double », sur le modèle de Marcheinnes, à quelques kilomètres de là. La critique historique a très tôt remis en cause ces traditions au grand dam des chanoinesses du siècle des Lumières. Le rôle d’Aldebert et de Reine, dans la fondation de Denain, a été contesté de façon pertinente par Du Sollier et J. Ghesquière10. De toutes ces traditions invérifiables et suspectes ne sont donc recevables que l’origine aristocratique de la famille et les noms du père et de sa fille. Quant à l’appartenance de Reine à la famille pippinide, elle est invérifiable mais contribue à nourrir le thème d’une fondation monastique royale. Ajoutons enfin une tradition encore plus invérifiable qui au mythe ajoute le flou géographique. Le site originel n’aurait pas été Denain. Un ouvrage de 1650 place le monastère primitif, sur la Sambre, à Bersillies-l’Abbaye11 tandis que la Gallia Christiana, en 1725, indique une fondation à « Berzelles près de Flines »12, donc à proximité de la Scarpe. Si la localisation de la Gallia est fautive, la mention dans l’ouvrage de Brasseur mérite quelque attention. Au XVIIe siècle, une tradition locale, fondée sur un toponyme (un champ de Ragenfrède) et quelques ruines à Bersillies, évoquait une fondation sur la Sambre et un déplacement sur l’Escaut13. Témoignage fragile ou récit imaginaire ? Un élément topographique permet de construire une hypothèse. Dans l’énumération des biens de l’abbaye qui figurent dans le diplôme de 877, un lieu pose de réels problèmes d’identification, Goldeciatas, dont la graphie repose sur la copie de la fin du XIVe siècle des annales de J. de Guise14. La seconde partie du nom permet de penser à une évolution en Cauchies/Chaussée. Compte tenu de la forme
Miracula Ragenfredis, p. 303 : aliam e regione ecclesiam in honore sancti Martini satagunt construere ubi clericalis ordo constitutus… G. Bérings, Les patronages de saints, p. 437-439. 10 Respectivement, Vita Reginae p. 267, n. 4 ; Miracula Ragenfredis, p. 304, n° 46. 11 Ph Brasseur Origines omnium Hannoniae coenobium, p. 123. Sur la communauté établie à Bersillies-l’Abbaye (Belgique, Hainaut, Thuin), cf. H. Hasquin, Communes de Belgique, t. 1, p. 159-160. 12 Gallia Christiana, t. 3, c. 422 : primo conditum fuisse apud Berzellam juxta Flinas ad fluvium Sabim (sic). Aucun lieu-dit dénommé Berzelles près de Flines ne figure sur les cartes actuelles ou anciennes, y compris celle de Cassini. Il peut s’agir d’une confusion avec Bersée à 6 kilomètres au nord-ouest de Flines-les-Râches à moins que le site primitif ne corresponde à un actuel lieu-dit de Flines-les-Mortagne : Berzelle (Nord, Saint-Amand-les-Eaux, Flines-lesMortagne). 13 A.-M. Helvetius, Abbayes, évêques et laïques, p. 125-126. 14 Cf. charte n° 1 ; M. Gysseling, Toponymisch woordenboek, ignore ce lieu.
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de la première partie du lieu, y voir Villers-en-Cauchies (Nord, Cambrai, Carnières) n’est pas convaincant. Ne pourrait-on pas identifier ce toponyme en l’actuel village partagé en deux par la frontière franco-belge : GogniesChaussée (Nord, Avesnes-sur-Helpe, Maubeuge) et Goegnies-Chaussée (Belgique, Hainaut, Mons)15. Dans cette hypothèse, la tradition d’une fondation primitive à Bersillies prend de la consistance car à cinq kilomètres au sud-est de Gognies-Chaussée, on trouve le village de Bersillies à distinguer de Bersillies-l’Abbaye situé un peu plus loin, à quinze kilomètres au sud-est. Dans les deux cas, on est dans la zone territoriale du monastère de Maubeuge. Un déplacement de la fondation aurait été rendu nécessaire par l’impossibilité pour la communauté de se développer à proximité de l’établissement fondé par Aldegonde. Cette argumentation fragile permet de faire le lien entre Denain et Bersillies. Goldeciatas serait alors un des éléments du temporel primitif proto-denaisien, avant un changement de site. Ce déplacement, qui n’a rien d’exceptionnel, pourrait alors correspondre à une expérience monastique lancée par Aldebert et Reine une vingtaine d’années plus tôt, ce qui permettrait d’intégrer le souvenir d’une fondation vers 764, évoquée dans le mémoire du XVIIIe siècle déjà cité16. Au final, malgré les informations suspectes des sources hagiographiques, l’historicité biologique des parents de Remfroie ne peut être contestée. L’anthroponyme du père, Aldebert, correspond aux usages francs. En revanche, celui de Regina est pour le moins curieux. Porter un tel nom et être aussi la nièce (neptis) du fondateur de la dynastie carolingienne apparaît comme un programme politique visant à donner au monastère une origine royale. Toujours est-il que tous deux furent honorés comme saints, respectivement le 22 avril et le 1er juillet17. Remfroie Une seconde tradition plus plausible en apparence attribue la fondation à Remfroie, fille aînée du couple réputé fondateur, qui doit être considérée comme la première abbesse. L’indice déterminant est contenu dans un acte 15
Un lieu-dit de Gognies-Chaussée est dénommé Hröpigairiacas (M. Gysseling, Toponymisch woordenboek, p. 854). 16 Sur l’appartenance d’un lieu-dit selon son appellation et sur la mémoire du fait, donnons plusieurs exemples. Un « pré de Saint Remfroie », situé à Haveluy et appartenant à l’abbaye, est cité dans un acte de 1261 (charte n° 65). Un « fief de Sainte Remfroie », appartenant aussi à l’abbaye et situé au Quesnoy, est attesté en 1267 et 1269 (fonds de l’abbaye de Fontenelles, Lille, A.D. Nord, 32 H 16/186 et 188). Autre exemple concernant une autre abbaye : Lothaire II avait cédé en 860 à Valenciennes un manse, le tonlieu et le rivaticum attachés à ce manse à l’abbaye Saint-Denis. Au XVIIe siècle, à proximité du rivage de l’Escaut, une « cour Saint-Denis » où se dressait l’hôtel de ville est encore citée (cf. Fr. Deisser-Nagels, Valenciennes, p. 68). 17 Ils sont mentionnés dans l’officium Dononiense (Vita Reginae, p. 268).
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de Charles le Chauve de 877 destiné à restaurer le monastère. Cet acte falsifié a été réécrit à partir d’un acte vrai et use d’une formule assurément claire. Remfroie dota l’abbaye ex propriis praediis ac vernaculis18. Les gesta cambrésiens, composés vers 1025, reprennent la même idée : « La bienheureuse Ragenfrède établit sur ses propres biens au village de Denain le long de l’Escaut un couvent dont elle fut l’abbesse »19. Voilà tout pour les informations prises hors du champ hagiographique. Les vitae prennent alors le relais avec une accumulation de précisions édifiantes et invérifiables. Remfroie, vertueuse et charitable, avait fait avec ses neuf sœurs, un pèlerinage à Rome. Cinq d’entre elles décidèrent de pousser jusqu’à Jérusalem et moururent en Terre Sainte ; quatre restèrent à Rome et y moururent aussi. Seule Remfroie revint à Denain. Pendant son absence, son père était mort et sa mère avait pris la direction de la communauté religieuse. A son retour, elle fonda une communauté dont elle devint l’abbesse. La tradition lui attribue un abbatiat de 25 ans et sa mort au 8 octobre, peut-être 80520, ce qui place donc la fondation vers 780. Remfroie fut d’abord ensevelie dans l’église Saint-Martin, oratoire établi par ses parents où ceux-ci étaient déjà inhumés, et ce malgré l’existence d’une église pour les moniales dédiée à Notre-Dame. Plus tard, dans le courant du XIe siècle, les reliques de la fondatrice, récupérées après bien des péripéties que nous évoquerons plus loin, furent installées dans l’abbatiale. Elevée au rang de sainte, Remfroie est l’objet d’un culte attesté dès le IXe siècle dans le sacramentaire composé en 812 sur l’ordre d’Hildoard, évêque de Cambrai21. Ce culte s’est donc manifesté dès la mort de la fondatrice de Denain et a été reconnu très vite par l’autorité épiscopale. Si l’on cherche à donner cohérence aux indications sévèrement triées contenues dans les récits hagiographiques, on peut donc seulement affirmer que, toute chronologie sûre étant impossible à établir, la fondation de Denain illustre une pratique aristocratique bien connue : l’installation d’un monastère familial (un Eigenkloster) par un grand propriétaire foncier laïque sur une partie de ses biens. Par nécessité liturgique, un groupe masculin y est adjoint. Ce collège de clercs au nombre inconnu assure le service divin. Débarrassées de tout l’enjolivement mythique, les certitudes sur les débuts de la communauté sont donc particulièrement menues. 18
Cf. charte n° 1. Gesta pontificum Cameracensium, p. 461 : Rursus quoque in vico Duneng beata Rainfredis ex sui juris rebus cellam fundavit et sanctimonialibus constitutis ipsa etiam abbatissa regimonium duxit. Sur le domaine primitif, cf. infra. 20 Elle est inscrite dans un livre d’heures du XVIe siècle provenant de Messines conservé au British Museum, ms. Egerton 2125 ; description par W. H. J. Weales, dans Le Beffroi, 1872, t. 4, p. 195-197. 21 Cambrai, B.M., ms. 164 (ex 159), fol. 223 v° ; V. Leroquais, Sacrementaires, n° 4, p. 913. 19
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L’élimination des habillages hagiographiques est particulièrement nécessaire car bien des informations fournies sont suspectes, ce qui n’a rien de surprenant, et certains éléments apparaissent comme des réemplois. De fait, on n’est même plus dans le registre des lieux communs mais dans l’imitation d’un modèle, en l’occurrence la première abbesse de Maubeuge, Aldegonde (vers 660-684)22. Examinons le parallélisme entre les destinées des deux abbesses. Aldegonde est la fille du puissant comte Walbert et de la grande aristocrate Bertille, comme Remfroie est celle d’Aldebert et de la « nièce » de Pépin. Aldegonde refuse une demande en mariage du roi d’Angleterre ; Remfroie, lors de son pèlerinage à Rome, refuse une proposition du préfet de Rome. Après une longue période (16 ans), Aldegonde revient à Maubeuge et fonde une double communauté ; Remfroie, de retour à Denain après un temps non précisé mais qui paraît long, fait de même. Ces similitudes ne peuvent être une série de coïncidences mais illustrent à l’évidence un décalque biographique destiné à pallier l’insuffisance d’informations et à hisser le comportement de Remfroie à la hauteur des vertus d’Aldegonde. Dans le cadre des rivalités classiques entre communautés religieuses où chacune cherche à donner d’elle l’image la plus flatteuse, l’abbaye de Denain devait montrer qu’elle ne déméritait pas face aux moniales de Maubeuge. Enfin, risquons une hypothèse fondée sur la mention des dix filles d’Aldebert, réelles ou supposées, dont une seule Remfroie est véritablement attestée. Cet aristocrate n’avait sans doute pas de descendance masculine et la transformation de son domaine en terre monastique était une façon de protéger ses biens des appétits d’aristocrates voisins. Ceci permet alors d’éclairer le côté « archaïque » de cette fondation. Une étude des fondations féminines a mis en évidence deux phases distinctes avant et après 720, avec leurs aspects spécifiques23. Dans la première période, les fondations, nombreuses et concentrées dans le temps et l’espace, illustrent le rôle essentiel des femmes aristocrates dans l’installation, l’organisation et la direction de communautés féminines. Dans la seconde phase, l’action des évêques paraît plus déterminante et le rôle des femmes devient secondaire voire inexistant. Denain, fondée vers 780, n’obéit pas à ces critères puisque Remfroie est représentée comme l’initiatrice de la fondation et que l’évêque de Cambrai n’apparaît pas. Or l’évêque contemporain de la fondation, Albéric (763790), connu pour son souci pastoral24, ne pouvait pas ne pas contrôler les
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A.-M. Helvetius, Sainte Aldegonde. M. Gaillard, Les fondations d’abbayes féminines ; dans cette étude, le monastère de Denain, qui figure sur la carte p. 12-13, n’est jamais cité ; A. Dubreucq, Le monachisme féminin, p. 61, qui conclut un peu vite à la pratique canoniale à Denain. 24 Cf. le recueil des dispositions conciliaires qu’il fit rédiger (Cambrai, B.M., ms. 679 ; D. Muzerelle, Manuscrits datés, p. 87). 23
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fondations monastiques dans son diocèse25. Denain paraît donc se rattacher au courant de piété et de conversion aristocratique du siècle précédent. Dans cette construction, ou cette reconstruction, des temps primitifs mise en forme autour de 1050-1060, n’aurait-on pas voulu donner à la communauté denaisienne une dimension archaïque afin de la vieillir davantage et surtout de gommer le rôle de l’évêque de Cambrai à un moment où le comte de Flandre a des visées sur l’Ostrevant ? Ava Quelles que soient les arrière-pensées des récits exaltant les origines, quelle que soit la distance entre la réalité et sa reconstruction, l’existence d’une communauté religieuse à Denain, au delà des acteurs réels ou supposés, est un fait établi dont les jalons chronologiques ne peuvent être cernés avec précision et certitude. Ce brouillard factuel s’épaissit davantage après la mort de Remfroie en 805. Une obscurité épaisse retombe sur l’abbaye, laissant la place belle à la mythologie. Celle-ci pallie le silence documentaire par le biais d’un récit hagiographique consacré à une certaine Ava, jeune fille riche et aveugle, qui effectuait des pèlerinages sur les tombeaux de divers saints et vint à passer à Denain. Guérie alors qu’elle priait sur le tombeau de Remfroie, elle fit de nombreuses donations en reconnaissance : des domaines, des serfs et serves et des objets. Elle aurait entrepris aussi de faire agrandir l’église des femmes et, vers 845, aurait décidé l’évêque de Cambrai à procéder à l’élévation des reliques de Remfroie afin de les transférer dans la nouvelle abbatiale26. L’événement se placerait donc sous l’épiscopat de Thierry (831-862), fait que les Gesta ignorent27. Devenue moniale ou abbesse, elle fut enterrée à Saint-Martin et son souvenir fut entretenu par un culte réduit à son expression la plus simple. Le calendrier du monastère indique au 29 avril : Sancta Ava, sicut pro defunctis. A l’évidence, aucun office propre n’a été composé et la mention fait penser plutôt à un simple obit. Le rôle de cette Ava est d’autant plus suspect qu’il ressemble à celui attribué à Aya, femme qui aurait succédé à Waudru à la tête du monastère de Mons28. On retrouve ici la pratique du décalque biographique évoqué plus haut destinée à compenser l’absence d’informations. Le premier parallélisme évoqué plus haut entre la fondatrice de Denain et celle de Maubeuge, le second établi entre l’hypothétique seconde abbesse de Mons et l’éventuelle 25
La notice des Gesta, p. 415, est des plus succinctes : De Albrico episcopo. Post cujus [Gondefri] excessum Albricus. 26 De beata Ava virgine Dononii in Hannonia, AA SS, apr., 3, p. 635, d’où la liturgie du 2 septembre. 27 En revanche, est signalée en 852 une translation concernant les reliques de saint Vaast à Arras faite par le même évêque (Gesta pontificum Cameracensium, p. 417). 28 A.-M. Helvétius, Abbayes, évêques et laïques, p. 57-59.
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seconde abbesse de Denain n’est certainement pas dû au hasard et procède de la volonté de se créer un passé aussi digne et prestigieux que celui des deux autres communauté féminines. Toujours est-il que l’existence réelle ou mythique d’Ava n’est en rien étayée par une quelconque autre source et n’éclaire pas la situation du monastère dans cette première moitié du IXe siècle, période particulièrement marquée, dans le monde monastique, par un double phénomène : d’une part les sécularisations et leurs conséquences, d’autre part une législation religieuse visant à unifier le monde monastique autour des mêmes pratiques. Pépin III et Charlemagne avaient bien compris tout le bénéfice que l’on pouvait tirer de la possession des monastères et, dans cette perspective, beaucoup d’abbayes devinrent des abbayes royales. Par ce statut souvent imposé par le souverain, parfois sollicité par la communauté voire le propriétaire du monastère, l’abbaye bénéficiait de la protection royale mais aussi encourait les risques d’une sécularisation. En effet, le roi pouvait aliéner des éléments fonciers et concéder la charge abbatiale à des fidèles. De fait, la communauté perdait une part importante de ses ressources mais aussi le droit de choisir son guide. La communauté denaisienne a-t-elle connu le même sort ? Comme la documentation est muette, l’examen de la situation des monastères voisins peut nourrir la réflexion. Voyons d’abord les monastères proches en terre flamande. Au nord de Denain, à Saint-Amand, un diplôme impérial de 821 crée une mense conventuelle destinée à garantir les ressources des moines ; par conséquent cette décision implique l’existence d’une mense abbatiale et donc d’un abbé séculier voire laïque29. A Marchiennes, les choses sont à la fois moins nettes et plus tardives. Le 11 juillet 877, l’empereur Charles le Chauve, à la demande de Bernon, diacre du palais et ministérial, et par égard aux besoins « des frères et des sœurs » de Marchiennes, confirme et énumère les possessions et droits de l’abbaye. Là aussi, comme pour Saint-Amand, la charte mentionne l’existence d’une mense abbatiale30. Surtout, des affectations précises des revenus sont prévues pour le luminaire, l’hôtellerie. Si aucun abbé ni abbesse ne sont cités dans l’acte, on ne peut exclure que Bernon soit un abbé laïc31. Le même jour, un autre diplôme de Charles le Chauve concerne l’abbaye d’Hasnon, devenue abbaye royale avec pour abbesse sa fille Ermentrude, et les biens répartis en deux manses32. 29
H. Platelle, Le temporel, p. 70-73. G. Tessier, Chartes et diplômes de Charles le Chauve, n° 435. Une part du vin provenant de la villa de Vreny est réservée à l’opus senioris ; les revenus du luminaire proviennent pour partie de l’indominicatum. 31 Par exemple, en 855, un ministérial Adalbert est abbé de Crespin (diplôme de Lothaire II ; C. Duvivier, Recherches, p. 302). 32 G. Tessier, Chartes et diplômes de Charles le Chauve, n° 436 :… fratrum et sororum necessitatibus in coenobio Hasnoniae nuncupato, videlicet sito in comitatu Atrebatensi, in pago Ostrebanto super 30
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A l’est, en Hainaut, la proche abbaye Saint-Saulve est abbaye royale sous Louis le Pieux et il en est de même pour Maubeuge, Hautmont, Crespin et Maroilles33. A l’ouest, en Artois, l’abbaye Saint-Vaast est aussi sous contrôle royal. Compte tenu de cette présence carolingienne, on ne voit pas comment Denain aurait pu échapper à la mainmise royale surtout après le partage de Verdun. C’est par déduction, sur la base du traité de Meersen de 870, que l’on peut attribuer en 843 l’Ostrevant à Charles le Chauve. Cette hypothèse est renforcée par la donation de deux villages situés en Ostrevant faite en 847 par Charles à l’abbaye de Saint-Amand. Comme l’Escaut, limite méridionale de l’Ostrevant, marque la frontière avec la part attribuée à Lothaire, Charles devait s’employer à fidéliser ce pagus en contrôlant les abbayes. Ce contrôle devient indiscutable après les changements liés à la mort de Lothaire II en 869 et au partage de Meersen en 870 lorsque Charles le Chauve obtient le Hainaut. Le diplôme de Charles le Chauve Le diplôme apparemment délivré 12 août 877 par Charles le Chauve en faveur de Denain permet à la fois de cerner le temporel de Denain et d’analyser la politique monastique de l’empereur. Ce document suspect est un diplôme dont la manipulation à partir d’un acte vrai s’est effectuée dans le cadre de la restauration du monastère à compter de 1025. Malgré cela, cet acte contient des informations utilisables pour ce qui concerne les possessions de l’abbaye. Après les destructions de 87034, le souverain, accédant aux insistantes demandes (crebram ammonitionem) de sa sœur Gisèle et de son neveu Raoul restitue les biens à l’abbaye : « …nous assurons vouloir restituer les biens de l’abbaye de la très sainte Mère de Dieu et de la vénérée vierge sainte Ragenfrède qui, de son vivant, l’avait construite dans son propre domaine... ». Cette volonté s’accompagne d’un geste de restitution (reddimus itaque) « pour le plus grand usage des frères et des sœurs qui militent en ce lieu pour la cause de Dieu ». Le roi confirme la possession de Denain, les villae de Haulchin, de Thiant, de Saultain, la forêt d’Amblise et des terres à Goldeciatas. Ces décisions montrent que, malgré les spoliations, une communauté religieuse d’hommes et de femmes subsiste, et que le roi, fluvium Scarbum sub tutela sancti Petri apostolorum principis Deo militantium subvenire cupientes, eorum indigentiis per Ermentrudem filiam nostram abbatissam patefactis, decernimus per ejusdem Ermentrudis deprecationem nostrae altitudinis praecepta eis confirmari … 33 A.-M. Helvetius, Abbayes, évêques et laïques, p. 198-199. 34 La chronologie et la géographie des raids normands ne sont pas aisées à établir. Les annales de Saint-Bertin et de Saint-Vaast (éd. C. Dehaisnes, Paris, 1871, p. 400) mentionnent en 870 la mise à l’abri préventive des reliques de saint Amé transportées de Merville à Douai. La menace normande était donc réelle mais les sources sont muettes sur les ravages effectués (A. D’Haenens, Les invasions normandes, p. 203-204).
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pressé par sa sœur et son neveu, procède à une véritable opération de sauvetage du monastère. A quel titre et dans quels buts Gisèle et Raoul sollicitent-ils l’intervention et la bienveillance royale ? Gisèle, sœur de Charles le Chauve, veuve d’Evrard de Frioul depuis 863/64, s’est retirée à l’abbaye de Cysoing, fondée par le couple vers 85435. Raoul, un de leurs fils, est abbé de Saint-Vaast puis de Cysoing (874-892). Gisèle a fondé aussi une chapelle privée entre 865 et 869 à Somain, à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de Denain36. Enfin, un gendre de Gisèle, Hucbald est qualifié de comte d’Ostrevant (mort en 892). La sollicitude de Gisèle et de son fils pour la communauté denaisienne est donc à replacer dans une politique d’ancrage territorial du lignage, soutenue par Charles. L’acte, lu dans un contexte plus large, prend toute sa signification car il se place entre le fameux capitulaire de Quierzy (12 juin) et le départ de Charles pour l’Italie. Dans le même contexte, deux diplômes de Charles déjà cités du 11 juillet 877 confirment les biens et droits de l’abbaye de Marchiennes et ceux d’Hasnon, distante de 5 km, et elles-mêmes à 15 kilomètres et 10 kilomètres au nord de Denain37. A la même époque, l’abbaye de SaintAmand, 15 kilomètres au nord-est de Denain, était de 867 à 870 aux mains de Carloman, fils de Charles, destitué pour une raison inconnue et remplacé par son neveu Gozelin (870-884), fils du comte du Maine et futur évêque de Paris. Tous ces monastères installés sur la Scarpe (Marchiennes, Hasnon, Saint-Amand) ou sur l’Escaut (Denain) sont donc confiés à des parents proches de l’empereur. Proximité géographique et concordances chronologiques prouvent indiscutablement que Charles, sur le départ, s’emploie à renforcer la fidélité des monastères fixés sur les deux cours d’eau qui enserrent l’Ostrevant. Ces lieux sacralisés sont les points d’ancrage pour contrôler cette région, celle-ci devenant une base pour surveiller les territoires plus à l’est obtenus lors de l’assemblée de Meersen en 870. A Denain, comme à Marchiennes, les diplômes ne citent ni abbesse ni abbé, à la différence de la charte pour Hasnon. Denain devait connaître la pratique de l’abbatiat laïque. Destructions et réformes monastiques du Xe siècle Peu après ce véritable quadrillage carolingien, différentes annales relatent les destructions par les Normands entre 879 et 881 dans les cités d’Amiens,
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Le décès d’Evrard est traditionnellement placé en 867, sans justification. Deux sources donnent des années différentes : 864 (Annales Sangallenses majores, MGH SS, 1, p. 64-65) et 865 (Annales Xantenses, éd. B. von Simson, MGH SRG, 12, Hanovre, 1905, p. 23 ; C. Mériaux, Gallia irradiata, p. 268-269). 36 J.-.P. Gerzaguet, Beaurepaire. 37 Cf. supra, notes nos 30 et 32.
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d’Arras et de Cambrai, puis les ravages faits en remontant l’Escaut et la Scarpe, enfin l’installation d’un camp à Condé, base d’opérations entre 882 et 884. Ces mentions gardent le souvenir d’une destruction générale des abbayes situées sur l’Escaut mais aucune de celles-ci n’est citée par son nom38. Comme le passage destructeur des Normands est attesté à la fois à Cambrai et à Valenciennes39, on voit mal comment le monastère de Denain, situé entre ces deux villes, y aurait échappé. La mention des annales est-elle une généralisation abusive ou le cataclysme fut-il total40 ? A Denain, selon les récits hagiographiques, les religieuses et les clercs sont dispersés, les bâtiments détruits. Le saccage général est présenté selon les images communes habituelles : l’abbaye n’est plus qu’un lieu de désolation, de pillage et d’incendie ; seuls les corps des saints fondateurs que l’on avait transportés en lieu sûr sont sauvés. La communauté a trouvé refuge ailleurs mais n’a pas disparu. La tourmente passée, le retour à Denain s’est effectué sans qu’on puisse le dater. Cette réinstallation laisse entendre, dans la lecture minimaliste des ravages normands, que les dégâts n’étaient pas irréversibles. On peut proposer une autre interprétation. La sacralisation des lieux se doit d’être plus forte que les dégâts opérés. La victoire païenne ne peut être qu’éphémère et le dernier mot doit revenir à ceux qui consacrent leur vie à Dieu. Les impératifs stratégiques, c’est-à-dire tenir la région, nécessitent une réappropriation des lieux, non pas tant par le pouvoir royal carolingien déliquescent que par celui des princes territoriaux. Une tradition invérifiable rapporte que Gisèle, sœur de Charles le Chauve et belle-mère d’Hucbald, comte d’Ostrevant, mourut en 898 en tant que religieuse à Denain41. Au total, les sollicitations des maigres informations, les recoupements et les déductions ne contribuent guère à étoffer nos connaissances sur le sort du monastère de Denain. Entre les indications interpolées du diplôme de Charles le Chauve de 877 et la restauration opérée en 1025, mentionnée uniquement par les Gesta cambrésiens, l’épais silence qui entoure le monastère n’est même pas brisé par une mention en 931. Cette année-là, dans le cadre de la lutte qui oppose le robertien Hugues le Grand à Herbert de Vermandois, le roi Raoul, allié d’Hugues, vient faire le siège du castellum de Denain. Il semble donc que le
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Annales Vedastini, éd. B. de Simson, MGH SS rerum germanicarum in usum scholarum, Hanovre-Leipzig, 1919, p. 46 : Anno Domini DCCCLXXX. Nortmanni vero Tornacam civitatem et omnia monasteria supra Scaldum ferro et igne devastant, interfectis accolis terrae atque captivatis. 39 Fr. Deisser-Nagels, Valenciennes, p. 84-88. Un acte de 914 cite les destructions survenues à Valenciennes trente ans auparavant : un manse toujours ravagé et deux lieux où se trouvaient deux églises à reconstruire. 40 A. D’Haenens, Les invasions normandes, p. 203-204. 41 Sur Gisèle et sa descendance, v. R. Le Jan, Familles et pouvoirs, p. 443.
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site monastique ait été fortifié42. Par qui et à quelle occasion, on l’ignore. La notation du chanoine de Reims est certes trop concise mais, en la rapprochant d’une information donnée par les miracles de Ghislain, elle permet d’envisager une hypothèse sur la situation monastique à Denain. D’abord, ce siège laisse supposer qu’Herbert s’y était réfugié. A quel titre ? Les miracles de Ghislain indiquent qu’Herbert aurait été abbé laïc de Maubeuge et y aurait introduit des chanoines venus de Saint-Quentin. Il y aurait donc eu mainmise par cet ambitieux prince territorial sur deux monastères fondés par des femmes. Si la documentation de Maubeuge permet de dire qu’au milieu du Xe siècle les chanoines sont particulièrement actifs avec la fabrication d’un faux diplôme de Chilpéric attestant l’ancienneté d’une présence masculine aux côtés des moniales, rien de tel pour Denain. A ces perturbations s’ajoutent vraisemblablement les ravages hongrois qui n’ont pas épargné Denain puisque Cambrai fut ravagée en avril 95543. Après le reflux hongrois, les autorités laïques et religieuses se sont employées à restaurer les monastères tant en Hainaut qu’en Flandre. Ainsi, le comte de Hainaut Régnier III a-t-il soutenu une réforme monastique, inspirée par l’abbaye de Gorze et incarnée dans son comté par l’abbé de Gembloux Erluin. En Flandre, par la volonté du comte, furent successivement réformés Saint-Pierre de Gand (941), Saint-Bertin (945), puis SaintAmand (952), Saint-Bavon de Gand (953) et Saint-Vaast d’Arras à la même date. Cette réforme monastique laissait intacte l’emprise princière sur les monastères mais se traduisait cependant par la restauration du temporel des églises et la nomination d’un abbé régulier. De tous les monastères bénédictins proches de Denain, les sources ne signalent le rôle du réformateur Gérard que pour Saint-Amand en 95244 et sont muettes pour les autres communautés proches : Hasnon, Marchiennes et Denain. Mais, au final, tous les historiens s’accordent pour dire que les effets de la réforme de Gérard de Brogne au milieu du Xe siècle paraissent avoir été sans lendemain dans le comté de Flandre comme dans celui de Hainaut45. Enfin, Jacques de Guise rapporte dans ses annales le rôle de l’archevêque de Cologne, Brunon, qui parcourut pendant six ans le Hainaut dévasté, s’activant notamment à
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Annales de Flodoard, 931, p. 49 : Rodulfus rex in Franciam revertitur et, Heriberto comite ab illo deficiente, rex juncto sibi Hugone quodam castellum Heriberti Donincum nomine capit ac diruit ; deinde Atrabatum obsidet. Sur le conflit entre Hugues et Herbert, voir M. Bur, La formation du comté de Champagne, p. 94 ; M. Sot, Un historien, p. 247-248 et 264-265. 43 Gesta pontificum Cameracensium, p. 428-429. Lobbes fut ravagé le 2 avril 955 (Gesta abbatum Lobbiensium, MGH SS, t. 21, p. 65-67). Les Gesta cambrésiens placent les faits en 953, année sujette à caution (A. D’Haenens, Les incursions hongroises). 44 H. Platelle, Le temporel, p. 114-119. 45 Sur l’influence et les caractéristiques de cette réforme, voir Gérard de Brogne ; A. Hodüm, La réforme monastique ; A. Dierkens, Abbayes et chapitres, p. 197-259.
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restaurer les monastères, après la fin de la révolte de Régnier III en 95746. Peut-on en déduire que le comte de Flandre, devenu maître de l’Ostrevant vers 950 par le contrôle de Douai, Saint-Amand et Mortagne, aurait pu marquer les bornes de son expansion méridionale en se préoccupant du sort de Denain ? Le silence ou l’imprécision documentaire ne permettent pas de trancher. Que tirer en effet d’une mention dans le Livre de preuves du chapitre de Denain qui signale une restauration religieuse et l’installation de clercs en 969 et l’attribue au comte Renier au Long col, exilé depuis 95747 ? Cependant, le récit de la récupération des reliques de Remfroie, composé vers 1070, mentionne une translation de reliques intervenue au Xe siècle qui s’apparente à une quête itinérante, indice d’une restauration religieuse. Toujours est-il que, au début du XIe siècle, seule la présence de quelques clercs (pauci canonici) est attestée dans la notice des Gesta de Cambrai. Les sorores de Denain ont à l’évidence disparu ; mais les clercs mentionnés forment-ils un chaînon spirituel permanent depuis les origines ou furent-ils réinstallés au cours du Xe siècle48 ? La minceur documentaire ne permet pas de se prononcer sur les modalités de la continuité et des ruptures de la présence religieuse à Denain. Ainsi Denain s’inscrit dans une même logique et dans une même évolution mal connue comme dix autres établissements du diocèse de Cambrai où coexistent des fratres et sorores puis, pour cinq d’entre eux (Antoing, Condé, Denain, Hamage, Honnecourt), où les religieuses disparaissent au profit d’une communauté d’hommes49. Entre les années 780 et 1025, l’historien scrute quelques 250 ans où les hypothèses et l’obscurité l’emportent sur les rares informations qui émergent d’un océan d’incertitudes. La communauté de moniales, soumise aux diverses vicissitudes, s’est diluée mais la sacralisation de l’espace monastique se maintient par la présence de quelques religieux. C’est dans cette situation de survivance et aux limites de la disparition que va s’opérer un véritable sauvetage du monastère, opération qui s’inscrit dans un vaste contexte nouveau, à la fois politique et religieux.
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Jacques de Guise, Annales Hanoniae, MGH SS, t. 30, p. 182-183. Sur l’hypothétique action de l’archevêque de Cologne dans les monastères de Soignies, Lobbes, Maroilles et Saint-Ghilsain, voir J. Nazet, J.-M. Duvosquel, D. Van Overstraeten, Un problème d’historiographie médiévale. J. de Guise cite aussi comme monastères réformés Mons, Maubeuge, Hautmont, Condé et Valenciennes. 47 Valenciennes, B.M., ms. 759, f° 21 v° (XVIIe siècle) ; sur une restauration au Xe siècle, cf. infra. 48 Aucune intervention des évêques de Cambrai ne semble avoir eu lieu (C. Mériaux, Fulbert). 49 C. Mériaux, Communautés de clercs, p. 256-257.
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2. La restauration monastique des années 1025 La réforme monastique de Richard de Saint-Vanne En effet, au début du XIe siècle, la convergence de soucis spirituels et d’intérêts politiques ouvre la voie, dans le comté de Flandre et dans le diocèse de Cambrai, à une remise en ordre confiée à Richard de Saint-Vanne et ses disciples50. Richard était issu d’une famille noble, ancien chanoine et doyen de Reims, où il avait rencontré et apprécié Gérard de Florennes, futur évêque de Cambrai. Rejetant à la suite d’une conversion ces honores qui le contraignaient à mener une vie séculière, il décida avec son ami Frédéric, comte de Verdun, de devenir moine. Ils optèrent d’abord pour l’abbaye Saint-Vanne de Verdun alors dirigée par l’Irlandais Fingen. Mais, peu satisfaits, ils partirent pour Cluny où l’abbé Odilon (994-1048) les persuada que leur présence serait malgré tout plus utile à Verdun. En 1004, à la mort de Fingen, Richard est nommé abbé de Saint-Vanne par l’évêque de Verdun. Les liens d’amitié entre Richard et Frédéric, qui appartenait à la maison d’Ardenne, permirent au premier d’entrer en contact avec les plus hauts personnages de son temps : l’empereur Henri II, le roi de France Robert, le comte de Flandre Baudouin IV, les évêques de Cambrai et de Liège. Dès lors, l’abbaye devint, dans l’espace lotharingien et aussi en Flandre, un centre de rayonnement monastique où affluèrent les donations laïques et où de nombreux aristocrates désirèrent se faire inhumer51. Depuis le XIe siècle, les historiens ont attribué à Baudouin IV de Flandre (988-1035) une solide réputation de patron de la réforme monastique, faisant venir Richard et lui confiant la remise en ordre des maisons flamandes et, en premier lieu de Saint-Vaast d’Arras. Or les débuts du règne de ce comte ne vont pas véritablement dans ce sens. Baudouin contrebalance sa volonté d’expansion politique par un désir sans doute sincère de comprendre la vie religieuse des moines flamands et le souci de porter remède aux maux les plus criants. Mais dire qu’il est l’introducteur de la réforme richardienne dans sa principauté relève d’une conception historiographique erronée, qui commence paradoxalement avec les informations contenues dans les Gesta cambrésiens écrits vers 1024/25 sous contrôle épiscopal, et qui se poursuit jusqu’à l’ouvrage de H. Dauphin en 1946. Cette approche est à revoir. D’ailleurs, dans une notice sur Gérard Ier évêque de Cambrai, E. Van Mingroot suggérait déjà une autre lecture, reprise de façon pertinente dans un article de Van Meter52. 50
H. Dauphin, Le Bienheureux Richard ; E. Sabbe, La réforme de Richard ; U. Berlière, L’étude des réformes monastiques ; A. Dierkens, Abbayes et chapitres, p. 340-341. 51 F.G. Hirschmann, Verdun im hohen Mittelalter, p. 153. 52 E. Van Mingroot, Gérard Ier de Florennes ; D.C. Van Meter, Count Baldwin IV.
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La remise en ordre à Saint-Vaast puis, par le biais de disciples à Marchiennes et à Saint-Amand, n’est pas alors simplement une affaire de discipline intérieure et de pratique des vertus monastiques. Il s’agit, pour l’évêque, en contrôlant un groupe de religieux dignes, d’exercer son pouvoir sur une communauté réorganisée et de l’utiliser comme relais. La restauration d’un monastère est donc une lutte pour son contrôle. L’appel à Richard, dont l’action à Verdun était connue, se justifiait par les idées qu’il y appliquait. Fondée sur des principes d’ordre et d’obéissance, sa réforme pouvait redonner un second souffle à la vie monastique sans empiéter pour autant sur les droits de l’évêque. La clé, pour comprendre le succès du réformateur et de ses idées, tient dans le respect scrupuleux de la juridiction épiscopale dans une Lotharingie où les survivances carolingiennes en ce qui concerne le rôle et la place de l’évêque sont grandes53. Le recours à Richard pour restaurer des établissements monastiques, tant dans le diocèse de Liège que dans celui de Cambrai, est pour les prélats, pétris de traditions carolingiennes, une garantie. C’est dans cet esprit que les évêques contemporains respectifs Wolbodon (1018-1021) et Gérard Ier (1012-1051) agiront de concert54. Il s’agit fondamentalement d’un retour à la Concordia regularum de Benoit d’Aniane. La réforme de Denain Ainsi donc, la nécessité de réformer l’abbaye de Denain s’inscrit dans la vigoureuse politique religieuse de Gérard Ier, évêque de Cambrai (10121051). Dans cette entreprise, le prélat se fait aider par Léduin, abbé de Saint-Vaast d’Arras (1023-1047) et disciple de Richard de Saint-Vanne, et s’assure de l’appui décisif du comte de Flandre Baudouin IV (1012-1035), soucieux d’avoir dans son comté des établissements dignes55. Pour rétablir l’abbaye de Denain dans son état d’origine, il fallait faire revenir des religieuses afin qu’elles prennent la place des quelques chanoines (pauci canonici) installés là. Dans les Gesta des évêques de Cambrai, les faits sont ainsi relatés : « Enfin, de nos jours, sur les conseils de l’évêque Gérard et de Léduin, le comte Baudouin rétablit dans son état primitif [le couvent de Denain]
53 Sur les conceptions richardiennes, et celles, opposées, de Cluny, cf. J. Wollasch, Mönchtum des Mittelalters, p. 150-151, 156, 158-161. 54 J.-L. Kupper, Liège et l’Eglise impériale, p. 359-360. 55 Le rôle du comte est particulièrement souligné par J. Dhondt, Les origines de la Flandre, p. 67-69. Tour à tour, sous l’action et l’influence de Richard de Saint-Vanne, avaient été restaurées les abbayes d’hommes : Saint-Amand (1013), Hautmont (1016), Saint-Bertin (1021), Bergues-Saint-Winoc (1022), Saint-Bavon de Gand (1024) et Saint-Pierre de Gand (1029) (cf. K. Hallinger, Gorze-Kluny, p. 287-288, 290-291, 300).
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et là, des moniales ayant été établies pour vivre conformément à la règle, il confia la direction à une abbesse du nom d’Ermentrude »56. Si ces décisions sont antérieures à la date de rédaction des Gesta vers 1023/1025, les applications concrètes, compte tenu des intervenants, doivent se situer entre le début de l’abbatiat de Léduin (1023/25) et la mort du comte Baudouin IV en 1035. Une hypothèse permet de la relier à la remise en ordre de l’abbaye de Marchiennes intervenue en 102457. Dans ce monastère des bords de la Scarpe, les religieuses sont expulsées et remplacées par des moines ; à Denain, les quelques chanoines sont remplacés par des moniales. Ne pourrait-on pas envisager que les religieuses de Marchiennes, privées de monastère, aient été envoyées à quelques kilomètres de là, à Denain ? A la préoccupation religieuse du comte s’ajoute alors une nécessité sociale. L’éviction des moniales de Marchiennes rendait nécessaire la réouverture d’un monastère de femmes dans le comté de Flandre. Ainsi, la restauration de Denain, loin d’être un acte isolé d’une sollicitude ponctuelle, apparaît comme un des éléments d’une politique religieuse plus globale voulue à la fois par le comte de Flandre et l’évêque de Cambrai, même si les Gesta donnent au premier le rôle déterminant. Les décisions des années 1025 appliquées à Denain constituent une véritable révolution dans le cadre d’un programme épiscopal de remise en ordre des établissements religieux. La brutalité employée par l’évêque Gérard n’est pas un cas unique et la même détermination se rencontre à Hautmont et à Maroilles58. Denain, aux confins de la Flandre et du Cambrésis, est l’illustration de la convergence d’intérêts bien compris entre le comte et l’évêque. D’ailleurs, plus tard, lorsque le comte Baudouin V (1035-1067) fonde en 1065 à Messines une abbaye de femmes, il trouve l’embryon de la communauté et la première abbesse à Denain59. On détient là la preuve de la réussite de l’opération. L’abbaye de Denain est donc devenue un vivier spirituel avec des effectifs tels qu’il est alors possible de puiser sans risque pour créer une nouvelle communauté religieuse. De la première abbesse du couvent restauré, nous ne savons rien ou presque qui ne soit exprimé en termes convenus donnés par la notice qui la concerne dans les Miracula Ragenfredis60. Ermentrude est de noble nais56
Gesta pontificum Cameracensium, p. 460 : … consilio domni Gerardi episcopi et Leduwini abbatis, moderno tempore Balduinus comes ad pristinum statum restituit, ibique monialibus regulariter institutis, abbatissam nomine Ermentrudem praefecit. 57 On doit abandonner les dates (vers 1029 ou 1035) avancées sans justification par A. Jurénil, Denain et l’Ostrevent, p. 105, ou M. Prévôt, Denain. 58 Gesta pontificum Cameracensium, p. 412 et 425. 59 N. Huyghebaert, L’abbesse Frisilde, p. 154-155. 60 Miracula Ragenfredis, p. 317 : Quibus praeclara abbatissa Ermentrudis nobilis quidem genere sed nobilior moribus et regulae disciplinis, res ipsas ecclesiae auxit et provexit successibus secundis ; puellas
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sance et, bien sûr, plus noble encore par ses mœurs. Le nom est porté dans les lignages aristocratiques, celui des comtes de Flandre notamment. En Flandre et en Hainaut, pour la première moitié du XIe siècle, il est porté par l’épouse du châtelain de Cambrai, morte en 1067. Une Ermentrude de Mons avait épousé Régnier de Chaumont. L’abbesse Ermentrude, cadette sans doute d’un lignage aristocratique, donne à sa communauté la prospérité indispensable et y accueille de nombreuses jeunes filles de nobles lignages61. L’établissement est un élément de la régulation démographique nobiliaire dans les diocèses septentrionaux de la province ecclésiastique de Reims où les monastères féminins n’abondent pas. La remise en ordre spirituelle permet à la maison religieuse d’attirer de nouvelles recrues. Ce retour à la pratique de la vie régulière s’accompagne d’une reconstitution du temporel. Ces deux aspects sont les bases de toute restauration religieuse. C’est probablement dans le cadre de ce premier abbatiat que le diplôme de Charles le Chauve fut falsifié pour attester de l’ancienneté des droits de l’abbaye sur différents biens fonciers et pour pallier des titres disparus. C’est dans ce contexte que s’éclaire la phrase qui révèle la fausseté de ce diplôme : le seigneur du lieu devra fournir généreusement le nécessaire à l’entretien des églises et des bâtiments du monastère62. Qui peut être ce seigneur : le comte de Flandre ou celui de Hainaut ? Denain étant en Ostrevant, plusieurs indications prouvent qu’il s’agit du comte de Flandre. Depuis 1006, le comte de Flandre Baudouin IV est maître du comté de Valenciennes, contrôle impossible si le comte ne tenait pas déjà la zone qui sépare ce lieu du reste de ses terres, c’est-à-dire notamment les castra de Douai et de Mortagne, points stratégiques de l’Ostrevant. En 1061, Baudouin V confirme, en tant que suzerain, la donation du village de Lourches, limitrophe de Denain, à l’abbaye de Saint-Amand. En 1065, la charte de restauration de l’abbaye d’Hasnon montre que les seigneurs essentiels de l’Ostrevant, le châtelain de Douai et Anselme de Ribemont, sont parmi les vassaux flamands et non hennuyers63. La référence au seigneur du lieu, anachronique pour le règne de Charles le Chauve, mais pleine de sens pour le milieu du XIe siècle, est destinée à assurer la viabilité et la pérennité de la communauté par le biais d’une protection efficace. Il s’agit donc d’une forme d’avouerie qui ne dit pas son nom. La deuxième abbesse Fredessende, elle aussi de rang noble, entrée au monastère sous Ermentrude, lui succède vers 1039, en dépit de son jeune quoque nobili procreatas sanguine educavit et erudivit eidem loco in timore Domini et dilectione castitatis. J. de Guise a repris cette notice et ne dit rien de plus (MGH SS, t. 30-1, p. 150). 61 J. de Guise, Annales Hanoniae, p. 150 : puellas quoque nobili procreatas sanguine educavit … 62 Charte n° 1 : Ipsius vero loci senior quidquid ad opus ecclesiarum vel edificiorum prefati cenobii necessarium fuerit ante omnia et super omnia secundum Dei amorem provideat ac providendo largiter suppleat. 63 E. Delcambre, L’Ostrevent, p. 254-256.
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âge. Les termes convenus pour décrire son action (« restaurer les parties en ruines de l’abbaye ») indiquent que la reconstitution du temporel se poursuit. Les revenus réguliers ainsi assurés permettent de lancer un programme de construction de bâtiments, le premier étant bien évidemment une église destinée à remplacer un bâtiment sans doute en fort mauvais état. L’efficacité de sa gestion explique qu’elle devint vers 1065 la première abbesse de Messines. Mais son action à Denain prend tout son sens si on la replace dans la seule action véritablement connue de cette abbesse : la récupération des reliques de la fondatrice. Cette affaire, véritable épopée, donne lieu à une composition élaborée et inscrite dans une stratégie. Certes, ce travail d’écriture peut être appréhendé comme un gisement d’informations sur les origines et l’histoire du monastère. Il faut bien reconnaître que sur ce point les filons factuels sont assez minces. L’intérêt est ailleurs. En effet, au-delà des faits relatés, au-delà des conventions du genre hagiographique qui livrent des considérations sans surprise, l’abbesse Fredessende a ordonné la composition d’une œuvre écrite dont la finalité est d’inscrire le pouvoir de la sainte dans le temps et dans l’espace64. A l’image d’autres monastères, Denain se donne un récit de fondation, et osons le dire, se dote d’une « geste des origines65 ». La « geste des origines » : les reliques de sainte Remfroie Le récit, soigneusement construit, très vivant et coloré, à l’image de bien des textes similaires, se décompose en trois phases, pour ne pas dire en trois actes, d’inégale longueur. Chacun des épisodes, plus ou moins extraordinaires, est marqué par une manifestation de la sainte qui signale aux représentants de la communauté de Denain qu’elle approuve leur action. D’abord, le récit s’ouvre par la découverte de la spoliation scandaleuse et de son contexte. Suit une récupération partielle insatisfaisante. Enfin, sont développées les ruses justifiées par la noblesse de la cause, mises en œuvre par une astucieuse moniale nommée Emma, véritable nouvelle Judith, pour récupérer la totalité des reliques. Il convient donc d’étudier plus en détail ce récit qui constitue véritablement l’âme de la restauration monastique initiée autour de 1025. Lors des invasions normandes, la communauté avait, comme tant d’autres, mis à l’abri son bien le plus précieux : les ossements de Remfroie. Le monastère aurait connu une restauration au cours du Xe siècle. Celle64
P. Henriet, Texte et contexte. Bien sûr ces écrits n’ont pas la même ampleur que ceux de Cluny mais ils obéissent aux mêmes démarches et aux mêmes préoccupations, cf. D. Iogna-Prat, La geste des origines. Pour la composition de vitae et de miracula dans les abbayes proches, lorsqu’elles connaissent une réforme au XIe siècle, cf. A.M. Helvetius, Abbayes, évêques, p. 307-310.
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ci nécessitant des moyens financiers importants, quatre clercs avaient été chargés de susciter la générosité des fidèles en organisant une ostension des reliques dans le cadre bien connu d’une quête itinérante. Ils allèrent ainsi jusqu’à Neufchâtel-sur-Aisne66 où le comte, qui veut absolument garder ces reliques, offre aux clercs, d’abord réticents mais qui finalement se laissent faire, cent livres et une prébende dans la ville. Ces clercs peu scrupuleux rentrèrent à Denain avec une châsse vide et ne remirent même pas la totalité des offrandes reçues. Cette scandaleuse affaire et ses détails ne furent découverts qu’un siècle plus tard à la faveur d’un voyage de l’abbesse Fredessende. L’abbesse était partie à Reims pour une affaire ecclésiastique qu’on ignore, peut-être la participation à un synode provincial. Elle s’arrête à Neufchâtel, ou plus exactement fait le détour par ce lieu, car le castrum n’est pas situé sur la route qui relie Laon à Reims. La châtelaine l’accueille et, sur sa demande, conduit l’abbesse à l’église pour prier. Fredessende, qui met la main sur un psalteriolum dont elle tourne et retourne les folios, tombe sur une litanie des saints où figure en rouge le nom de Remfroie, signe d’un culte rendu ici-même. Cette découverte est bien sûr perçue comme un signe providentiel de la sainte qui attire l’attention et condamne la présence de ses reliques dans un lieu qui n’est pas le sien. Fredessende s’étonne et questionne la châtelaine. Celle-ci confirme que les reliques de Remfroie sont bien là et relate l’achat opéré par son ancêtre. Elle apprend alors que Remfroie est la fondatrice du monastère que dirige Fredessende. L’abbesse indignée est prête à exiger la restitution immédiate des pieux restes, mais elle est invitée à se maîtriser par Emma, sa compagne de voyage, une religieuse plus âgée (maturior aetate). La trame factuelle peut être approximativement située. Dans les péripéties de récupération des reliques, mention est faite des ravages des guerres dans la région de Neufchâtel. En 1037, après la mort d’Eudes II de Champagne, un conflit oppose au roi de France Henri Ier les deux fils du comte, Thibaud et Etienne67. Vers 1049, le roi fit le siège de cette place-forte, située sur l’ancienne voie romaine qui reliait Reims à Bavay et tenue par les comtes de Roucy68. Le récit se situe donc après 1050 fait intervenir la comtesse du lieu. Il pourrait s’agir de Béatrice de Hainaut, épouse d’Ebles de Roucy, fille de Rainier Ier et petite-fille d’Hugues Capet69. On est donc dans un environnement aristocratique de haut niveau. L’origine très noble de l’abbesse et l’accueil de la comtesse sont les indices d’appartenance à un même monde et
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Aisne, Laon, ch. l. de cant. M. Bur, La formation, p. 194-197. 68 Ibidem, p. 256. 69 Ibidem, tabl. généalogique, p. 138. 67
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il est probable que les deux femmes se connaissaient70. De retour à Denain, Fredessende devait avertir ses religieuses de la scandaleuse spoliation et, en tout état de cause, s’employer à récupérer les reliques, opération délicate qui se fit donc au milieu du XIe siècle et constitue un des moments forts, voire primordiaux, de la remise en ordre du monastère. Si la nouvelle de la disparition des reliques de la fondatrice se répand, la communauté religieuse n’a plus sa raison d’être et la terre de sainte Remfroie n’est plus protégée. L’absence des reliques est perçue comme un abandon et détruit les vertus d’intercession de la sainte. Commence alors le second acte avec le récit de cette récupération. Deux clercs de passage avec leurs reliques, à l’occasion d’une quête organisée par une communauté religieuse inconnue de Senlis71, reçus au monastère mais hébergés chez le chapelain de la communauté et informés par celui-ci des soucis des religieuses, affirmèrent savoir où étaient les reliques et s’engagèrent, contre récompense à les récupérer. Ils passèrent par Neufchâtel, où, on ne sait comment, ils récupèrent deux os qu’ils déposèrent à Senlis par précaution, avant d’aller conter le succès de leur entreprise à Denain. Là, ils obtinrent le dédommagement prévu. Deux clercs de Denain partirent alors pour Senlis et se firent remettre les précieux restes qui furent solennellement installés dans l’église. Se place alors la seconde manifestation de la sainte : la guérison d’un des deux clercs, celui qui, malgré de grandes difficultés à marcher, avait rapporté les reliques à bon port, du moins une partie (majora ossa). Aussi, cette restitution était-elle vécue comme inachevée, car il manquait les « petits os » (minora ossa) et les religieuses voulaient récupérer la totalité des reliques de leur fondatrice. La protection efficace de la sainte ne se concevait que par la possession complète des précieux restes. Est-ce à dire que si les reliques sont particulièrement prestigieuses, une partie même infime suffit pour bénéficier de l’intercession du saint ? Dans le cas contraire, la totalité est-elle nécessaire ? La démarche des religieuses ouvre, mine de rien, un vaste débat entre matérialité et spiritualité, entre restes concrets et intercession efficace. C’est alors que se déroule la troisième phase, avec dans le rôle principal, la moniale Emma déjà rencontrée. Partie en mission commandée pour Neufchâtel et accompagnée d’un paysan et d’une paysanne, elle va déployer des trésors d’astuce pour un résultat heureux. L’auteur du récit se plaît à décrire cette ingéniosité féminine en deux formules, reflet de la misogynie
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Cette noblesse affirmée par le récit hagiographique est confortée par la carrière future de Fredessende, choisie comme première abbesse de Messines par la comtesse de Flandre Adèle, épouse de Baudouin V, et fille du roi Robert le Pieux. 71 S’agit-il du chapitre cathédral ou de la collégiale Saint-Frambourg ou d’une des deux communautés fondées récemment par la reine Anne de Kiev : l’abbaye Saint-Vincent en 1059 ou l’abbaye Saint-Rémi, des bénédictines, en 1062 ?
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cléricale, dont il faut apprécier le suc : « aucun animal n’est plus audacieux qu’une femme » et « ce que mille hommes n’osent entreprendre, l’inspiration d’un petit bout de femme l’entreprend et le mène à terme »72. Accueillie par la comtesse et invitée à se reposer, la moniale préfère se rendre à l’église, avec ses deux accompagnateurs auxquels elle ajoute une servante de l’aumônerie du lieu pour ne pas éveiller les soupçons. Pour se rendre à l’église, il fallait traverser un cours d’eau, solution rapide qu’elle décline au profit d’un chemin plus long, afin de repérer les lieux pour la fuite qu’elle prévoit, une fois les reliques récupérées. Dans l’église, elle fait durer sa méditation et lasse ainsi la servante de l’aumônerie qui s’en va. La voie est donc libre pour opérer. L’intrépide Emma charge ses deux compagnons terrorisés de faire le guet et, tout à la fois tremblante et réjouie, ouvre la châsse, probablement installée sur l’autel, et vide son contenu dans un petit sac. Elle reprit aussitôt, comme si de rien n’était, ses prières. Il était temps car une femme atteinte de fièvre, conduite à l’église, demanda à la religieuse un remède contre ses maux. Emma lava les reliques et fit boire l’eau à la malheureuse qui s’en trouva guérie. Première manifestation des trois approbations par la sainte du comportement d’Emma. Celle-ci mit le petit sac dans son sein et alla se reposer dans la chambre qu’on lui avait préparée. Prétextant une indisposition, elle demanda une lampe qu’elle maintient allumée devant son lit, en hommage à la sainte. Mais, veillant sur le trésor récupéré, elle ne put dormir. Le lendemain, dans le même souci de ne pas éveiller les soupçons sur son « noble vol » (nobile furtum), Emma prétendait toujours être indisposée et craignait les guerres qui ravageaient la région. Elle repartit enfin pour Denain, indiscutablement anxieuse, avec le précieux sac sur elle et un panier rempli de pains qu’elle aurait présentés si on avait exigé d’elle qu’elle rende ce qu’elle avait pris. Mais rien de fâcheux ne se produisit. Seconde approbation du comportement d’Emma. Une nuit, comme elle avait parcouru une bonne distance et se croyait ainsi plus en sécurité, elle s’endormit épuisée, les reliques à ses côtés. Un rat en profita pour ronger le pain, « garde et protecteur » du sac. Remfroie punit immédiatement le rongeur qui mourut avant d’avoir avalé une miette. Au réveil, Emma culpabilisait face à sa faiblesse mais se réjouissait de la protection efficace de Remfroie qui ainsi manifestait pour la troisième fois son soutien. Elle arriva enfin à Denain où, telle une nouvelle Judith, elle fut accueillie avec joie et enthousiasme par l’abbesse, les sœurs, les clercs et le peuple. Et l’auteur de conclure : « ainsi l’artifice fut déjoué par l’artifice. Le vol fait par des clercs fut réparé par un vol fait par des clercs ». La châsse en argent de Remfroie est solennellement installée sur l’autel, encadrée par celle de son père Aldebert, à droite, et celle de sa mère Reine, à gauche. Les parents et la fille sont l’objet d’une même ferveur. Une commémoration liturgique 72 Jacques de Guise, Annales Hanoniae, MGH SS, t. 30, p. 152 : nullum animal audacius est muliere… ; et quod mille viri non auderent incipere, incipit et perficit unius muliercule ingenium.
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établie le 11 juin fixe ce moment essentiel dans l’entreprise de restauration du monastère. L’arrivée des reliques à Denain marque en apparence le terme de l’épopée. En réalité, l’accueil réservé par les religieuses, les clercs et le peuple, est un cérémonial structuré, un adventus, c’est-à-dire un véritable retour triomphal de la sainte fondatrice, accueillie aux limites de son territoire et conduite solennellement à l’abbatiale. Par l’acclamation, la procession et l’installation des reliques, la communauté denaisienne rappelle, notifie et marque ainsi le territoire de la sainte. Cette récupération est à la fois un aboutissement mais aussi un point de départ car c’est l’occasion de relancer le culte de la fondatrice et de l’étoffer en mettant en place un cycle liturgique autour de Remfroie et de sa famille comme l’attestent différents manuscrits liturgiques. La date essentielle est celle du 8 octobre où l’on commémore le décès de la fondatrice. La mention la plus ancienne du culte de Remfroie figure dans le sacramentaire d’Hildoard composé par l’évêque de Cambrai en 812 sur l’exemplaire de la chapelle palatine à Aix dans le cadre de la diffusion dans son diocèse de la liturgie romaine. On y trouve le déroulement de la messe selon le sacramentaire grégorien mais aussi tous les textes relatifs aux ordinations, les prières concernant les infirmes, les pénitents, les mourants, la consécration des vierges. Ouvrage d’innovations qui respecte cependant les traditions locales en reprenant les litanies des saints locaux : Vaast, Amand, Médard, Géry, Achaire, Bertin, Wasnon, Rictrude, Eusébie et Remfroie73. A cette solennité du transitus de la sainte s’ajoute donc le 11 juin une relatio corporis Ragenfredis, rappelant le retour des reliques à Denain, et le 2 septembre une elevatio, commémoration d’une translation des reliques, liée à la reconstruction de l’abbatiale effectuée soit au milieu du IXe, soit au milieu du XIe siècle. Parallèlement, un culte se met en place autour des parents. La mort de Regina, la mère, est célébrée au 1er juillet avec un office propre ; son elevatio corporis au 17 mars74. Aldebert, le père, au 22 avril75. Son culte local connaît une extension lors de la procession annuelle à Valenciennes76. Toutes ces solen-
73 Cambrai, B.M., ms. 164, fol. 223v° (D. Muzerelle, Manuscrits, p. 33-34 ; M. Coens, Les anciennes litanies, p. 280). 74 Vita Reginae, p. 266-271. 75 Vita Audeberti, p. 73-74. 76 Il s’agit de la procession du « grand cordon » du 9 septembre, liée à la légende de la délivrance miraculeuse de la ville lors d’une épidémie de peste en 1008. Toutes les reliques locales, dont celles de Denain, participent à cette manifestation comme le rapporte H. D’oultreman, Histoire, p. 435 : De Denain l’on apporte quatre belles châsses. Les fiertes de Saint Aldebert, comte d’Austrevent, et celle de Sainte Roine, son espouse, fondateurs de l’église et abbatiale de Denain, père et mère de dix filles toutes sainctes et vierges. La troisième fiertre contient le corps de Saincte Refroy,
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nités figurent dans un bréviaire romain en usage à Denain, imprimé en 1625 à partir d’un manuscrit daté de 125877. Denain, à l’image de Marchiennes78, se dote d’un cycle liturgique structuré autour de la fondatrice et de sa famille, dans lequel l’élément féminin est prédominant puisque les femmes occupent cinq des six fêtes. Les récits hagiographiques consacrés à Remfroie et à ses parents trouvent alors leurs prolongements dans les offices propres composés en leur honneur. En effet, les lectures, prières et invocations reprennent la plupart des éléments des récits cités et leur confèrent la force de la vérité. L’utilisation liturgique de ces traditions, historiques pour quelques unes, mythiques pour beaucoup, permet alors de passer du souvenir à l’acte de foi. A cela s’ajoute naturellement la dédicace de l’abbatiale. La date fixée « au dernier dimanche d’août » laisse perplexe en raison de l’aspect mouvant de la commémoration mais aussi parce qu’aucune mention antérieure au XVIIIe siècle ne l’atteste79. Tableau 1. Calendrier du culte de Remfroie et de ses parents 17 mars 22 avril 11 juin 1er juillet 2 septembre 8 octobre
Regina, mère de la fondatrice Aldebert, père de la fondatrice Ragenfredis, fondatrice Regina, mère de la fondatrice Ragenfredis, fondatrice Ragenfredis, fondatrice
Elevatio Dies natalis Relatio corporis Dies natalis Elevatio corporis Dies natalis
La réorganisation et la promotion du culte de Remfroie sont postérieures à la dédicace de l’abbaye du Saint-Sépulcre de Cambrai (25 ou 28 octobre 1064). En effet, participent à la cérémonie vingt-deux reliques d’abbayes du diocèse de Cambrai dont huit de saintes mais les pieux restes denaisiens n’y sont pas80. En revanche, ils sont présentes en 1070 lors la dédicace de l’abbaye d’Hasnon81. Fredessende est donc l’organisatrice de la memoria
aisnée de ces dix sœurs, et première abbesse de Denain. La quatrième est pleine de reliques des onze mille vierges. 77 Cf. introduction, n. 3. 78 B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 369. 79 Valenciennes, B.M., ms. 1023, fol. 48v°. 80 Selon la notice d’un moine de Vaucelles composée en 1131 (MGH SS, t. 30, p. 867-868), avaient été apportées les reliques de Maxelende (Cateau), Aldegonde, Adeltrude et Maldeberte (Maubeuge), Gudule (Bruxelles), Hiltrude (Liessies), Pharaïlde et Reinelde, Waldetrude (Mons). 81 La consécration solennelle eut lieu le 3 juin 1070 en présence de 26 corps de saints qui, faute de place, sont installés sous des tentes, et 20 prélats (trois évêques, quinze abbés et deux
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denaisienne centrée sur le culte des reliques de la fondatrice et sa famille et sur les récits qui vont ancrer cette fondation dans un passé reconstruit. La satisfaction d’avoir récupéré les reliques de la fondatrice, preuve du zèle de l’abbesse, n’est qu’un moment fort dans une politique plus large. Cette étape essentielle est le prélude à la nécessaire publicité des vertus toujours efficaces de la sainte. Afin que la ferveur des religieuses mais aussi des fidèles ne tiédisse pas, afin de lutter contre le risque de lutter contre l’oubli, il est indispensable de consigner par écrit des péripéties vécues. Le travail de mémoire réaffirme et garantit la sacralité du lieu. Toutes les compositions hagiographiques s’emploient à exalter les liens spécifiques entre un saint ou une sainte et un lieu déterminé. Les récits denaisiens se conforment à cette perception de l’espace82. La mobilisation de la communauté denaisienne autour de son passé reconstruit et de son présent vécu permet d’instrumentaliser la fondatrice du monastère de Denain et d’asseoir ainsi la domination du monastère sur un territoire défini83. S’y ajoute aussi la volonté de montrer que l’efficacité de ces reliques n’est en rien inférieure à celles des autres saints du diocèse. Le culte sort ainsi du monastère et les reliques denaisiennes entrent dans le concert des intercessions des saints cambrésiens. Tout naturellement, la renommée et la virtus de la sainte se structurent et se perpétuent dans des miracles consignés à la suite du récit de la récupération de ces reliques. Cet enchaînement est significatif car promotion et surenchère sont les deux armes qui permettent l’essor d’un culte. Les récits conservés appartiennent à trois strates chronologiques : deux épisodes, en latin soutenu, remontent au IXe siècle, quatorze récits consignés à la suite de la récupération des reliques dans un latin simple, soit après la seconde moitié du XIe siècle sans que l’on puisse être plus précis, enfin six épisodes miraculeux survenus aux XVe et XVIe siècles84. Seuls les deux premiers groupes, soit seize miracles, nous intéressent ici. Présentons-les dans un tableau synthétique.
abbesses). Cf. Historia monasterii Hasnoniensis, p. 157 et l’Auctarium Hasnoniense, seul à citer la présence des abbesses de Denain et de Maubeuge (p. 442). 82 A.-M. Helvetius, Le saint et la sacralisation. 83 B. Rosenwein, Negociating Space. 84 Vita Ragenfredis, p. 327-329.
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Tableau 2. Les miracles de Remfroie N° Datation Bénéficiaire
Cause
Miracle
Prolongements religieuse
1
IXe s.
Ava
aveugle
guérison
2
e
IX s.
Abbaye
vol
châtiment
3
Après 1070 ?
Abbaye
foudre
abbatiale épargnée
décisions liturgiques
4
Après 1070 ?
Abbaye
vol
avertissement par la cloche
exécution du voleur
5
Après 1070 ?
Régnier, charpentier
blessure guérison
6
Après 1070 ?
Yolande junior
paralysie vision et guérison en trois jours
7
Après 1070 ?
Havide mulier
paralysie vision et guérison
famula de l’abbaye
8
Après 1070 ?
Puer
infirme guérison et débile
clerc
9
Après 1070 ?
Junior mulier
muette
guérison
10 Après 1070 ?
Mulier
aveugle
guérison
11 Après 1070 ?
Hersende puella
infirme
vision et guérison
12 Après 1070 ?
Tresotte mulier
blessure guérison
13 Après 1070 ?
Puella, fille de Robert Bataille
noyade
14 Après 1070 ?
mulier
paralysie guérison et aveugle
15 Après 1070 ?
Puella, fille d’un notaire du Saulzoir
aveugle guérison pendant 8 ou 9 jours
16 Après 1070 ?
juvenis
aveugle
famula de l’abbaye
résurrection
offrandes
guérison
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Les deux récits du premier groupe sont destinés à amplifier un culte existant rendu à Remfroie. Si aucun miracle n’est attribué à Remfroie de son vivant, son inscription citée plus haut dans le sacramentaire d’Hildoard de Cambrai atteste la pratique d’un culte confirmé par le premier épisode miraculeux connu. Il concerne Ava déjà évoquée plus haut et peut se situer autour de 84085. Une très riche et jeune noble nommée Ava, aveugle de naissance, qui avait visité en vain les tombeaux de tous les saints du pays, se rend à Denain en raison de la réputation de la sainte dans l’espoir d’une guérison qui intervient à la suite d’une vision. En remerciement, elle fait des donations, prend le voile et organise le transfert des reliques de l’église paroissiale Saint-Martin vers l’abbatiale. Ce premier récit miraculeux constitue l’étape fondatrice par laquelle la communauté s’approprie les reliques de celle qui est à l’origine du monastère. Cet épisode apparaît indiscutablement comme le point de départ et la justification d’un recentrage de la communauté autour de la fondatrice sans qu’on puisse en dire davantage sur une éventuelle réorganisation du monastère. Cependant le transfert des reliques depuis l’église jusqu’à l’abbatiale est à l’évidence un signe de la cléricalisation du culte de Remfroie, c’est-à-dire une volonté de récupération et de canalisation de celle qui devient la fondatrice de la communauté. La réputation de Remfroie qui avait provoqué la démarche d’Ava, puisque la vision avait eu lieu hors du sanctuaire, est la preuve d’un culte préexistant et suffisamment important pour drainer du monde au point que l’Eglise s’emploie à contrôler les ferveurs populaires en organisant le culte dans le sein du monastère. Cet épisode trouve sa consécration liturgique par la fête du 2 septembre. Le second miracle est lié à une translation des reliques de Remfroie. Les faits figurent dans le récit de Jacques de Guise et posent un problème pour l’identification des lieux car les événements sont supposés se dérouler en Saxe (apud Saxones). Or le monastère ne détenait pas de possessions dans cette contrée mais en pays rhénan dans les environs de Xanten86 où des biens fonciers appartenant à Remfroie avaient été spoliés. On peut donc imaginer une confusion entre Saxones et Xantenses. Dans cette affaire, le spoliateur restant sourd aux plaintes des religieuses, celles-ci transportèrent le corps de la sainte sur les lieux. A l’évidence, les religieuses entendent faire le circuit de leurs biens et ainsi redéfinir le territorium de la sainte. Prévenu, l’homme s’empressa de faire disparaître avec sa charrue (aratrum) les limites qui séparaient son bien de celles des moniales. C’est alors que s’enchaînèrent une série de faits extraordinaires destinés à faire triompher les droits de la 85 Les informations qui suivent combinent celles données par la Vita Ragenfredis (p. 312) et celle de la Vita Avae (AA SS, apr., 3, p. 635). 86 J. de Guise, Annales Hanoniae, p. 148 ; sur les biens rhénans, cf. infra. Sur les translations de reliques en Saxe, voir H. Röckelein, Reliquientranslationen…
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sainte. D’abord, les sanctions. Elles frappent ce nouveau Pharaon (alterius Pharaonis). Au cours d’un repas, le voleur devient aveugle, la viande servie redevient saignante et le vin se transforme en sang. Les réminiscences des images de la passion ont une dimension symbolique et pédagogique. Les spoliations dont est victime la sainte sont comme une nouvelle crucifixion. D’autres prodiges réaffirment les droits de Remfroie. Alors que les reliques avaient fait solennellement le tour des biens, la terre se fendit, dessinant ainsi un fossé infranchissable qui marquait nettement la limite des biens respectifs. Le conflit étant réglé par le triomphe des droits de Remfroie, les reliques sont rapportées avec grande ferveur à Denain. Ainsi se clôt le premier groupe de miracles, deux récits au déroulement classique destinés à manifester le pouvoir et la sainteté de Remfroie. Une seconde phase de miracles s’ouvre à partir de la récupération des reliques. Les faits qui peuvent être situés au-delà de la seconde moitié du XIe siècle, sans plus de précision, sont consignés dans quatorze récits parmi lesquels il convient de faire une place particulière aux deux premiers. Alors que les douze autres récits sont construits sur un même schéma classique d’une intercession bienfaisante de Remfroie envers des fidèles affligés d’une maladie, les deux premiers miracles concernent non des fidèles mais l’abbaye elle-même. Le miracle inaugural intervient un 21 avril, avec la foudre qui frappe sur l’abbatiale sans la détruire, Dieu voulant ainsi dénoncer l’absence de luminaire permanent devant les reliques. L’avertissement est compris et l’abbesse décide que dorénavant un cierge brûlera en permanence. Rien ne permet de dater ce récit car la référence au transfert très ancien des reliques depuis l’église Saint-Martin jusqu’à l’abbatiale n’est d’aucun secours87. Si le phénomène météorologique est réel, car la tradition a gardé la mémoire du jour, l’interprétation est malaisée. La foudre apparaît comme une opportunité pour relancer un culte qui faiblissait, signe vraisemblable d’un affadissement de la pratique monastique. Quant au second miracle, il permet, grâce aux tintements spontanés de la cloche, de surprendre par deux fois un voleur dérobant du blé à l’abbaye. Est-ce à dire que l’on entrait dans l’abbaye sans le moindre contrôle ? Dans cette hypothèse, ce récit, comme le premier, a donc un usage interne et vise une communauté dont le zèle liturgique et la vigilance matérielle faiblissent. Remfroie sanctionne, sous forme d’avertissement sans frais, un attiédissement de la ferveur religieuse. En revanche, les autres récits ouvrent le monastère et le culte de Remfroie sur le monde extérieur, lui donnant ainsi une assise populaire, avec les manifestations attendues d’une sainte envers les fidèles. Les douze récits ont tous la forme d’une notice miraculeuse et obéissent à une identique structure narrative dans un latin simple, sans effet et sans 87
Vita Ragenfredis, p. 327 : ...postquam longissimo jam tempore sacra horum pignora ex Martini ecclesia Dononiensi ad ecclesiam Dononiensem Beatae Mariae sacra translata fuissent...
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recherche, ce qui plaide pour un auteur unique. Quelques mots présentent le bénéficiaire du miracle, son sexe, éventuellement son nom et la tranche d’âge à laquelle il appartient (puer, puella, juvenis) ; puis l’infirmité est exposée de façon très générale sans détails ni descriptions des pathologies. Cet ancrage concret, sans être développé, est suivi de la démarche auprès de la sainte, de la guérison et des manifestations de remerciements. On retrouve la trame générale des démarches connues pour ce type de situation88. L’éventail de miracles proposés par l’hagiographe, malgré le petit nombre de cas relatés, présente un panorama connu : les cécités et affections des yeux, la mutité, les affections mentales, les affections neurologiques et une résurrection. Difficile avec ce petit échantillon de faire des déductions sur la fréquence des pathologies de la population locale. Si la guérison des infirmités motrices domine, il semble que Remfroie soit plutôt spécialisée dans le soulagement des affections des yeux grâce à l’eau d’une fontaine située devant l’abbaye89. Le nombre de récits miraculeux est donc réduit à la différence, par exemple, de ceux attribués à Rictrude de Marchiennes. Cette discrétion est un des signes du peu de rayonnement de l’abbaye, aspect sur lequel nous reviendrons. Une rapide observation du corpus permet de dégager quelques remarques et d’établir quelques classements simples. On sait que dans ce genre de récit, pour faire adhérer l’auditoire, il faut des garanties d’authenticité données par le témoignage personnel du narrateur ou la caution de témoins. Ici rien de tel. Jamais l’auteur ne s’implique en attestant de sa présence lors de tel ou tel miracle ; jamais il ne fait intervenir de garants, religieux ou laïcs. En revanche, pour donner corps et épaisseur aux récits, ce sont les bénéficiaires qui sont les témoins idéaux grâce à quelques notations précises, et parmi celles-ci, à cinq reprises, la dénomination dans cinq cas qui les insère dans un contexte social général. Le nom cité est la preuve de la réalité des miracles. Malgré ces indications, la sécheresse des récits laisse à penser que le scribe a exécuté comme à regret une commande dont il se débarrasse au plus vite. Aucun élan, aucun souffle, aucune exaltation ne parcourent les miracles de la deuxième campagne de rédaction. Pas de prose rimée, pas d’effets de rhétorique, pas de suspense ni de rebondissements spectaculaires. Paradoxalement, on pourrait qualifier notre auteur d’hagiographe positiviste. A l’évidence, le clerc commis à cet office n’a pas la fibre littéraire mais il connaît les usages hagiographiques qu’il expose dans un service minimal. Aussi les interventions miraculeuses relatées prennent-elles trois formes : deux miracles d’avertissement, un miracle de sanction, treize miracles de récompense (douze guérisons et une résurrection). 88
P.-A. Sigal, L’homme et le miracle, p. 118, 145, 148. C’est ce qui ressort des miracles de la fin du Moyen Age et de la période moderne. La fontaine salvatrice était encore visible dans les années 20 du XXe siècle.
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Remfroie s’inscrit de façon classique et convenue dans les manifestations du pouvoir des saints. Les bénéficiaires se répartissent entre la communauté monastique et une douzaine de laïques (trois hommes et neuf femmes). Les prolongements des miracles sont aussi sans surprise lorsqu’ils sont signalés. Les décisions liturgiques révèlent la volonté de raviver le culte de Remfroie par la présence d’un luminaire perpétuel, ce qui est tout à fait classique. En revanche, plus intéressante est la pendaison du voleur. Il est en principe exclu que l’abbesse ait ordonné une telle sentence. Le voleur fut nécessairement remis à la justice laïque pour l’exécution mais, hélas, le texte ne cite pas de seigneur laïc, ce qui aurait pu permettre de connaître le puissant local, protecteur de l’abbaye. Ne peut-on pas établir un lien entre la pendaison du voleur et la mention du senior cité dans le diplôme falsifié de Charles le Chauve et dont le rôle est de protéger l’abbaye ? Quant aux miracles de guérisons, les plus nombreux, signes d’une attente voire d’une exigence des fidèles, ils sont source de publicité et de reconnaissance. Trois des laïcs guéris s’offrent au monastère, illustrant ainsi le phénomène connu de dédition à une abbaye. La pauvreté documentaire denaisienne n’a conservé aucune charte d’assainteurement et il est donc impossible d’apporter le moindre éclairage sur l’importance du phénomène90. Mais, il faut bien le reconnaître, l’ensemble des manifestations miraculeuses de Remfroie sont très en deçà de celles des saints des monastères voisins. Rien de comparable avec l’efficacité et le dynamisme de Rictrude ou d’Amand dans leurs abbayes respectives, revivifés par des campagnes de composition de miracula ou de réécriture de Vitae, en particulier au XIIe siècle91. Cette discrétion denaisienne n’empêche toutefois pas le culte de Remfroie de se pratiquer en dehors de Denain. Son nom figure en effet au 8 octobre dans les calendriers liturgiques d’abbayes voisines, conservés ou cités dans des éditions anciennes. Ainsi Remfroie figure-t-elle dès le IXe siècle dans les litanies amandinoises92. Le mauvais état d’un psautier-hymnaire de Marchiennes, probablement du début du XIe siècle, ne permet pas d’y trouver le nom de l’abbesse de Denain93. Pour le XIIe siècle, les mentions figurent dans un calendrier de la cathédrale de Cambrai94, un codex perdu du prieuré d’Aymeries95, dans les martyrologes de l’abbaye du Cateau, de 90
Sur ce phénomène, dans une bibliographie abondante, citons une étude précise de cas, A.M. Helvetius, Les sainteurs de l’abbaye de Crespin . 91 H. Platelle, Crime et châtiment ; H. Platelle, Le temporel, p. 126-127. 92 M. Coens, Les anciennes litanies, p. 273-274. 93 Douai, B.M., ms. 170 ; M. Coens, Les anciennes litanies, p. 275-276. 94 Cambrai, B.M., ms. 229 ; martyrologe-nécrologe (J.-L. Lemaître, Répertoire, n° 1836) ; datation entre 1095-1113 (D. Muzerelle, Les manuscrits datés, p. 49). 95 Il se trouvait au XVIIe siècle au monastère de Saint-André du Cateau et contenait les litanies d’Aldegonde, Maxelende, Remfroie, Rictrude, Amalberge (Miracula Ragenfredis p.
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l’abbaye de Foigny96, dans celui de Notre-Dame d’Utrecht réalisé en 113897 ainsi que dans trois bréviaires de Marchiennes, Anchin et Saint-Amand98. Au XIIIe siècle, le culte est encore attesté dans quelques manuscrits liturgiques : un Liber ordinarius, réalisé sous l’évêque Godefroi en 121999, un du Saint-Sépulcre100, un d’Anchin101. Ce petit inventaire, auquel on peut ajouter les psautiers qui citent Ragenfredis102, révèle des dévotions pratiquées surtout à l’intérieur du monde monastique dans une aire géographique restreinte. Aucune dédicace d’église en Flandre ou en Hainaut n’honore la fondatrice du monastère de Denain alors que l’on trouve un tel patronage dans la région de Xanten où l’abbaye a détenu des biens jusqu’en 1240. A cela s’ajoutent deux autres lieux en Belgique : Oret et Pry-lès-Walcourt (au sud de Charleroi), sans que l’on puisse en établir l’origine. L’abbatiat de Fredessende apparaît donc comme une période novatrice de remise en ordre tant matérielle que spirituelle. Pour le premier aspect, pas la moindre information au contraire du second. L’œuvre menée, plus qu’un sauvetage ou une restauration, est une véritable refondation du monastère. La personnalité de Fredessende nous échappe mais ses compétences et son dynamisme sont certains. Aux responsabilités à Denain s’ajoutent, à compter des environs de 1065, la prise en charge de Messines car, sur la volonté de la comtesse Adèle, Fredessende en devient la première abbesse103. Ce cumul est sans doute l’indice qu’à Denain la politique menée depuis 40 ans ne peut plus être remise en cause. Fredessende a dû partir pour exercer ses nouvelles fonctions et confier la direction de Denain à une personne sûre, sans doute la prieure, sur laquelle nous ne savons rien. On pourrait imaginer que ce fut l’intrépide moniale Emma, celle qui avait œuvré à la récupération des reliques de la fondatrice. Fredessende, arrivée à Messines, ordonne alors la rédaction de la Vita et des Miracula de Ragenfredis104. Sa nouvelle charge 297). 96 Ouvrages perdus mais les mentions sont données en commentaires dans les Miracula Ragenfredis, p. 297. 97 Miracula Ragenfredis, p. 297. 98 Douai, B.M., ms. 134, 152, 153. 99 Les Miracula Ragenfredis (p. 297) citent un Liber ordinarius non retrouvé. 100 Cambrai, B.M., ms. 861 (J.-L. Lemaître, Répertoire, n° 1850) ; datation entre 1211-1222 (D. Muzerelle, Les manuscrits datés, p. 95). 101 Douai, B.M., ms. 541. 102 Le décompte fait apparaître six mentions dans des psautiers de communautés cambrésiennes (cathédrale de Cambrai, Saint-Géry, Saint-Sépulcre, cf. V. Leroquais, Psautiers, p. n° 87, 89, 97, 99) ; plus inattendues sont les mentions dans un psautier de Saint-Pierre de Lille ou de Saint-Fuscien d’Amiens, ibidem, n os 5 et 479). 103 J. de Guise, Annales Hanoniae, p. 151 : utrumque locum nobiliter rexit. 104 Ibidem : Ipsa [Fredessendis] enim vitam sancte Regine et miracula sancte Ragenfredis describi precepit corpusque sancte Ragenfredis, tam diu ecclesie sue sublatum, tali ordine Dononio restituit.
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Histoire de l’abbaye
ne l’empêche pas de parachever son action denaisienne par cette composition qui offre à la communauté restaurée un récit de fondation élaboré, la dotant ainsi du monument et de l’instrument qui garantiront la pérennité de l’œuvre entreprise. Ainsi donc, les causae scribendi, après les péripéties d’une remise en ordre, ont pour but naturel de lutter contre l’oubli et de graver dans les mémoires les vertus de la fondatrice, mais aussi de fixer les droits de « la terre de sainte Remfroie ». Le couronnement d’une telle entreprise passe par la « scripturalité » : les récits hagiographiques, leurs prolongements liturgiques et la falsification du diplôme de Charles le Chauve. Au total, Ermentrude et Fredessende qui exercèrent la charge abbatiale pendant quarante ans, de 1025 à 1065, sont un peu plus que des noms dans la liste abbatiale et ont porté véritablement la seconde naissance du monastère de Denain. L’insuffisance de la documentation ne permet pas de voir ce que fut la reconstitution du temporel. Les récits hagiographiques laissent entrevoir une remise en ordre spirituelle, centrée sur les reliques et la mémoire de la communauté. Grâce à l’action continue de ces deux abbesses conduite pendant près d’un demi-siècle, le monastère connaît un « nouvel âge d’or après un temps de fer »105, formule stéréotypée où les temps difficiles furent réels mais où l’idéalisation de la tranquillité retrouvée ne doit pas occulter d’autres difficultés. Les agressions extérieures sont terminées mais pas les tensions et les troubles internes, révélateurs indiscutables de l’enjeu fondamental : l’organisation de la communauté.
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Miracula Ragenfredis, p. 318 : ut ferreis temporibus ergo suos aurea succederent.
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Chapitre 2 La communauté monastique 1. Les religieuses : moniales bénédictines ou chanoinesses ? S’intéresser à une communauté religieuse, c’est notamment tenter d’en apprécier la composition et l’organisation, et par conséquent déterminer la règle suivie. Les récits hagiographiques relatifs au monastère de Denain ne sont guère prolixes sur ces points. Bien des récits de fondation insistent sur l’afflux des personnes venues grossir les effectifs, signe de l’approbation divine et Denain n’échappe pas à ces lieux communs. Il en va de même pour l’organisation concrète exprimée par une formule balancée mais sans grande information. La certitude sur la composition de la communauté primitive est qu’elle était, pour reprendre un adjectif commode mais à nuancer, double : des sorores et des clerici, situation fréquente que l’on trouve ailleurs, notamment dans les monastères voisins de Marchiennes et d’Hasnon. En effet, les parents de Remfroie, conformément aux pratiques de l’aristocratie franque, avaient établi sur leur domaine de Denain une église dédiée à saint
Par exemple, le monastère de Maubeuge se caractérise par une turba non modica (Vita Ursmarii, p. 458). Vita Reginae (p. 268) : ubi numerosum sanctimonialium numerum ; Vita Ragenfredis (p. 303) : … ut virginum amplificatio coronarum fieret amplificatio… Miracula Ragenfredis, p. 303 : Ecclesia construitur, coenobium instituitur, congregatio monialium constituitur… Sur ce phénomène, M. Parisse, Doppelkloster, dans Lexikon des Mittelalters, 3, München, 1986, c. 1257-1259 ; K. Elm et M. Parisse, Doppelklöster ; C. Mériaux, Gallia irradiata, p. 137142. C. Mériaux, Communautés, p. 257, a dénombré, pour le IXe siècle, onze établissements avec frères et sœurs dans les diocèses d’Arras, Cambrai, Thérouanne et Tournai.
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Martin qui fut rattachée après leur décès, à la communauté fondée par leur fille. La présence de quelques clercs, liés à cette église Saint-Martin pour assumer le service liturgique, exécuter les travaux jugés trop durs pour des femmes et assurer une nécessaire protection, est encore attestée en 877. Ces hommes étaient donc en nombre limité et ne formaient pas un groupe masculin symétrique de celui des moniales. Compte tenu de leurs fonctions liturgiques, ces hommes devaient être prêtres, au moins pour l’un d’entre eux, ou diacres. Toutefois la prédominance du groupe féminin explique que la direction du monastère soit assurée par une abbesse. Ces clercs, éliminés en théorie lors de la réforme de 1025, subsistent encore au milieu du XIIe siècle, moment où ils sont remplacés par deux chapelains. Ce groupe d’hommes est donc subordonné à celui des femmes. Avec une fondation vers 780, on pourrait penser que des éléments de la législation issue des conciles tenus par les Carolingiens ont pu être intégrés dans l’organisation du monastère. Mais les fréquents rappels de ces prescriptions révèlent les réticences globales du monde monastique. Il y a loin de la norme définie à son application. De même, rien d’unifié ou en voie de l’être ne peut être assuré dans la décennie qui suit les décisions théoriques de 816-81710. Compte tenu des pratiques aristocratiques dans les fondations monastiques du type Eigenkloster, Denain n’a pas opté pour une règle, mais vraisemblablement pour un compromis entre les usages qui relèvent du bon sens dans le cadre d’une vie en groupe et les pratiques qui ont fait leur preuve dans les monastères voisins11. La présence d’hommes et de femmes permet de penser à une influence colombanienne, à l’image des monastères de Marchiennes, Mons ou Maubeuge. On pourrait croire que les pratiques se clarifient à partir des décisions du concile d’Aix-la-Chapelle de 816-817. Les religieux doivent alors opter pour l’ordo monasticus, structuré par la règle de Benoît de Nursie, ou l’ordo canonicus, régi par les préceptes de Chrodegang de Metz. Pour les moniales, la distinction dans le mode de vie est similaire car elles doivent choisir entre la règle bénédictine ou les consignes contenues dans le De institutione sanctimonialium, adaptation aux femmes du mode de vie des chanoines, avec
Cf. chap. 1, n. 8. Miracula Ragenfredis, p. 303 : Aliam e regione ecclesiam in honore S. Martini satagunt construere, ubi clericalis ordo constitutus missas et cetera suppleret quae sexus femineus minus valebat… Charte n° 1 : Charles le Chauve restitue les biens du monastère ad utilitatem fratrum sororumque. Cf charte n° 12. 10 Les fouilles effectuées dans le monastère de femmes voisin (Hamage) ont montré l’application de ces décisions, avec la construction d’un cloître, dans les années 820-830, conformément aux prescriptions d’Aix. Cf. E. Louis, Sorores ac fratres. 11 A. Dierkens, Abbayes et chapitres, p. 286-287.
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quelques rares pratiques de la vie monastique12. Sur ce premier choix s’est greffée la transformation de nombreux monastères de femmes en chapitre séculiers. A la proposition simple des décisions de 816-17 répond donc une situation complexe car les termes pour désigner les religieuses sont identiques quelle que soit l’option prise : sanctimoniales, sorores. Quand on passe de prescriptions générales au cas qui nous intéresse, les informations relatives à l’organisation de la communauté de Denain sont inexistantes pour la période carolingienne, hormis la mention des fratres et sorores du diplôme de 877 qui ne préjuge en rien du mode de vie pratiqué, canonial ou monastique13. De plus, comme, à partir du XVIIe siècle, la documentation cite le « noble et illustre chapitre »14 de Denain, le moment de cette transformation a donné lieu à des affirmations chronologiques hasardeuses. Dom Misonne situe le fait au XIe siècle15, vraisemblablement sur la foi d’une affirmation d’un mémoire de 178016, d’autres le placent en 128017, les religieuses ayant alors mis à profit les deux années bien comptées de vacance épiscopale à Arras pour changer le statut de la communauté18. Ce laps de temps me paraît bien court. Comme aucune preuve n’étaie ces affirmations, il faut donc pratiquer d’autres pistes. L’examen de la dénomination du monastère et de ses religieuses dans les chartes s’impose pour pointer les usages, déceler une éventuelle évolution et tenter de déterminer le moment où l’abbaye est devenue un chapitre. Une telle mutation, si elle était attestée au XIIe ou au XIIIe siècle, serait particulièrement intéressante en raison de la localisation
12 Corpus consuetudinem monasticarum, t. I, p. 267-282 ; les chapitres 7 à 28 ne s’adressent plus à des moniales pratiquant la vita monastica mais, compte tenu de la possibilité d’avoir des biens (c. 9) ou des servantes (c. 21) à des religieuses menant la vita canonica. 13 M. Parisse, La tradition du monachisme féminin, p. 112-115. 14 En 1660 (Lille, A.D. Nord, 24 H 14/203) ; en 1664 (24 H 15/216) ; en 1680 (24 H 19/250). 15 Album de Croy, Hainaut I, t. 4, p. 150. 16 Lille, A.D. Nord, 24 H 2/16, Mémoire au comte de Maurepas et à Y. A. de Marbeuf, évêque d’Autun : Des religieuses nobles de l’ordre de saint Benoît dont les constitutions étoient semblables à celles des maisons d’Avesnes, d’Estrun et de Bourbourg ont desservi ce monastère jusqu’au Xe siècle. Elles l’abandonnèrent alors pour se retirer dans leurs familles et se soustraire aux dangers de la guerre qui dévastoit le pays. Le calme étant rétabli, quelques religieuses rentrèrent dans leur maison, mais étant en trop petit nombre pour y célébrer l’office divin, elles admirent parmi elles à titre de postulantes leurs nièces et d’autres parents qui pratiquèrent les observances régulières mais sans vouloir obliger à faire des vœux de religion. Les religieuses étant décédées, le monastère se trouva par ce fait et sans l’intervention des autorités ecclésiastiques et civiles converti en chapitre régulier. Les souverains l’ont ensuite reconnu pour tel en autorisant ses abus. 17 Cette affirmation figure dans le Recueil de la règle du chapitre de Denain (Valenciennes, B.M., ms. 1023, f° 44 r°-46 r°). Elle est reprise par les érudits cambrésiens Mutte et Tranchant (cf. annexe 1 : Liste des abbesses). 18 Vacance entre la mort de Pierre de Noyon en 1279/80 et la nomination par le pape de Guillaume d’Issy en 1282 (B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 167).
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du monastère sur la rive gauche de l’Escaut, fleuve qui sert de frontière avec l’Empire où des abbayes de chanoinesses connaissent un grand essor19. Les chartes du XIIe siècle citent Denain comme une congregatio ou un monasterium20, celles du XIIIe préférant les termes d’ecclesia ou conventus. La règle bénédictine est attestée en 1118 et 117521, les religieuses étant des sanctimoniales en 1127, 1153, 117922, terme habituel pour désigner celles qui suivent ou prétendent suivre la règle de Benoît. Les chartes du XIIIe siècle rappellent l’appartenance du monastère à l’ordre de Saint-Benoît, et ceci jusqu’au XVIe siècle23, citent des religiosae mulieres, des venerabiles mulieres ou des virgines prudentes24. La supérieure du lieu est généralement appelée abbatissa, parfois ministra. Lorsque les actes sont en langue vulgaire, on ne relève que les termes d’abbesse, de religieuse dame abbesse, convent, nonains25. Une autre piste, celle de l’emploi du terme capitulum, ne fournit pas plus d’indication26. L’approbation du groupe des religieuses n’est signalée que trois fois27 et le chapitre denaisien n’est jamais qualifié de séculier alors qu’à Maubeuge et à Mons le statut canonique est défini sans ambiguïté par l’expression capitulum secularis. Tout ce vocabulaire est d’un emploi commun tant pour les moniales que pour les chanoinesses séculières. Ajoutons que le concile de Latran IV en 1215, reprenant ainsi les prescriptions du concile d’Aix de 816-817, avait de nouveau obligé tous les monastères à opter pour la règle de saint Benoît ou celle de saint Augustin. Or, fières de leurs origines bénédictines, les chanoinesses choisirent la première, sans nécessairement l’appliquer. Le seul élément déterminant à Denain est l’absence de mentions qui, dans d’autres communautés comme à Maubeuge, attestent de la pratique de la vita canonica28. Jamais les chartes denaisiennes ne contiennent les expressions d’ecclesia secularis ; jamais les religieuses ne sont désignées par les termes de canonica ou domicella ; quant au terme de domina accolé à l’abbesse, il est le 19 G. Despy, Les chapitres de chanoinesses ; M. Parisse, Les chanoinesses séculières ; id., Les chanoinesses dans l’Empire ; A.M. Helvetius, Du monastère double au chapitre noble. 20 Chartes nos 4, 5, 10, 16. 21 Chartes nos 5 et 16. 22 Chartes nos 7, 10, 17. 23 En 1259 (n° 64) ; 1279 (n° 78), 1296 (n° 86) ; pour les autres siècles : 1350 (24 H 10/127) : l’église Madame Saincte Rainfroie de Denaing de l’ordene Saint Benoit de le diocèse d’Arras ; 1397 (J. Dufour, Rouleaux des morts, t. 2, p. 624, n° 285/300 ; cf. infra, chap. 4, n. 3) : titulus ecclesie Beate Ragemfredis ordinis sancti Benedicti ; 1533 (24 H 5/22) : monasterii monialium Beate Ragenfredis de Dononio ordinis Sancti Benedicti ; 1567 et 1598 (24 H 14/196 et 198) : eglise et abbaye Saincte Ramfroye de Denaing de l’ordre Saint Benoit. 24 Chartes nos 16, 45, 51, 57, 65, 68. 25 Chartes nos 62, 69, 74, 76, 81, 82, 85, 86, 89. 26 G. Despy, Note sur le sens de capitulum. 27 Chartes n° 29 (1220), 33 (1221) et 41 (1240). 28 Voir les formules dans E. Matthieu, Chartes…Maubeuge.
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symétrique de dominus qui qualifie un abbé. Jamais ne sont mentionnées des prébendes distinctes, élément caractéristique du mode de vie des chanoinesses séculières. Pour la période étudiée, si les moniales de Denain ne sont plus des bénédictines, elles ne sont pas encore des chanoinesses. Mais, ce qui est sûr, c’est l’abandon patent de la règle bénédictine au milieu du XVIe siècle puisque Charles Quint exige le retour à cette règle en 1546 et que cette injonction vise un état de fait plus ancien29. La remise en ordre fut-elle effective ? Toujours est-il que la dernière mention de l’appartenance à l’ordre bénédictin est de 1621 : « eglise et abbaye de Sainte Rainfroy de Denain de l’ordre de Saint Benoist »30. A partir de 1622, les actes citent le « très noble et illustre chapitre de Denain »31 et le terme de chanoinesse apparaît en 162932. Si la transformation officielle en chapitre noble est tardive et ne s’impose qu’au XVIIe siècle et si, jusque-là, la règle suivie est en théorie celle de saint Benoît, plusieurs chartes du XIIe siècle montrent que les religieuses avaient tendance à s’éloigner des prescriptions bénédictines, perçues comme inadaptées à un univers féminin. Le fait n’a rien d’exceptionnel. On connaît la lettre d’Héloïse, abbesse du Paraclet, demandant à Abélard de lui écrire une règle, celle de saint Benoît étant inadaptée à des moniales33 : les dispositions ne concernent que les hommes (vêtements, vie liturgique) ; l’obligation de l’hospitalité conduit, non sans risques, à recevoir hommes et femmes ; le noviciat est trop court34. Les religieuses de Denain pouvaient sans aucun doute faire état des mêmes difficultés sans qu’aucune source ne l’atteste. Cependant, en 1153, le pape Eugène III, inquiet de ce qu’il a appris sur le fonctionnement du monastère, enjoint l’évêque d’Arras d’y remettre bon ordre. La lettre pontificale dénonce un retour à une situation antérieure (retrorsum abire), l’abandon des vœux, un laxisme général, une diminution de la vie spirituelle et du temporel35. Les contournements de la règle sont devenus patents et la sécularisation, sans doute rampante à l’origine, est devenue 29
Miraeus, Opera diplomata, t. 4, p. 301-302 : Statuta et ordinata regia data Bruxellis anno 1546 ad restaurandam disciplinam monasticam in abbatia Dononiensi nobilium domicellarum quae olim erant sub regula sancti Benedicti. L’ordonnance dit en substance que l’abbesse et les religieuses devront accepter la remise en ordre, sous peine de dispersion, et que les religieuses devront vivre en commun, renoncer à leurs chambres, prébendes et autres usages. 30 Lille, A.D. Nord, 24 H 7/93. 31 Lille, A.D. Nord, 24 H 6/85. 32 Lille, A.D. Nord, 24 H 1/5. 33 J. T. Muckle, The letter of Heloise on the Religious Life and Abaelard’s First Reply. Il s’agit des lettres 6 et 7 écrites entre 1135 et 1142. 34 D. Luscombe, Abélard, p. 216-218. 35 Charte n° 10 : quoniam, sicut relatione quorundam audivimus, ita laxis habenis post vestra desideria curritis, ut vestri voti memoria videatur a vobis penitus excidisse, et videamini retrorsum abire, cum ad anteriora deberetis totis viribus anhelare.
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évidente. Le pape, dans des propos sévères, reproche l’abandon d’une restauration disciplinaire. S’agit-il de celle opérée en 1025 ? Cela paraît bien loin. Ne peut-on y voir une allusion à une reprise en main plus récente, opérée à la fin du XIe et début du XIIe siècle sous l’impulsion de Lambert de Guînes (1094-1115), premier évêque du diocèse d’Arras restauré en 1094 ? Ce prélat à poigne avait entrepris d’appliquer les principes de la réforme grégorienne et d’affirmer son autorité sur les monastères inclus dans son nouveau diocèse en exigeant le serment d’obéissance, la participation aux synodes et une remise en ordre interne des communautés. Une telle politique est attestée par exemple pour les anciennes abbayes masculines de Saint-Vaast d’Arras36 et de Marchiennes37 comme pour la récente communauté féminine d’Etrun38. Pourquoi pas Denain ? D’autant que Lambert prit soin de gratifier Denain de la donation d’un autel, mais en insistant selon une de ses formules habituelles sur l’obligation pour l’abbesse de fréquenter désormais son synode39. Toujours est-il que le pape dénonce en termes virulents un glissement vers un mode de vie canoniale caractérisé par le non-respect des vœux et donc la possibilité de quitter l’abbaye pour se marier. Le déclin de la vie spirituelle doit-il s’expliquer par des contacts trop fréquents avec l’extérieur ? La diminution du temporel est-elle le résultat de la création de prébendes ? A l’évidence, le pape veut arrêter une sécularisation rampante. Face à cette situation, l’évêque se voit tracer un programme de rétablissement strict de la discipline bénédictine dont les maîtres mots sont : reformare, emendatio, correctio pour, en définitive, reducere monasterium ad frugem melioris vitae. A suivre les injonctions pontificales, les religieuses de Denain en prenaient à leur aise. Un tel programme de reprise en main s’inscrit dans l’application des décisions du concile de Reims tenu en mars 1148 sous la présidence du pape Eugène III40, elles-mêmes reprenant des injonctions prises au concile de Rome de 1059 et de Latran II (1139) pour enrayer la pratique des prébendes distinctes conduisant à la transformation des abbayes en chapitres de chanoinesses. Les atteintes au temporel auxquelles la lettre d’Eugène III fait allusion visent-elles le développement des prébendes à Denain ? Impossible à dire. Le calendrier et les modalités de la remise en ordre nous échappent. Un seul acte nous est parvenu sur ce sujet, émanant du peu combatif évêque 36
J.-F. Lemarignier, Le prieuré d’Haspres. J.-P. Gerzaguet, Les confraternités. St. Vanderputten, Fulcard’s pigsty, p. 103-110. 38 Id., La fondation d’une communauté à Étrun. 39 Charte n° 4. 40 Mansi, Sacra concilia, t. 21, Venise, 1776, col. 714-715 : ut sanctimoniales et mulieres quae canonicae nominantur et irregulariter vivunt, juxta beatorum Benedicti et Augustini rationem vitam suam in melius corrigant et emendant, superfluitatem et inhonestatem vestium recidant, et in claustro sint assidue permanentes, choro, refectorio et dormitorio sint contentae et relictis praebendis et aliis propriis, earum necessitatibus de communi provideant. 37
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d’Arras Godescalc41. En 1157, à la demande de l’abbesse Berthe, bono zelo inflammata, il permet le remplacement des deux chanoines par deux vicaires révocables. Des chanoines avaient donc été maintenus après la restauration de 1025 pour les nécessités du service liturgique. Leur remplacement par deux vicaires, révocables en cas d’indignité, est la dénonciation nette d’une vie liturgique non régulière. Compte tenu des pratiques courantes de fusion des postes, peut-être ces deux vicaires vont-ils se substituer à quatre chanoines. Un troisième document éclaire la situation agitée du monastère. En 1166, le pape Alexandre III annule une double élection survenue à la suite de la mort de la zélée abbesse Berthe et charge les évêques de Tournai et de Thérouanne de procéder au choix de sa remplaçante. Les élections doubles sont fréquentes et toujours révélatrices des tensions et des conflits internes dans une communauté42. La disparition de l’abbesse Berthe, soucieuse d’une pratique de la vie régulière comme l’a montré l’éviction des chanoines, en est l’occasion et l’illustration. C’est à l’issue de cette politique globale de remise en ordre qui s’étale sur une vingtaine d’années que le monastère obtient du pape Alexandre III une bulle de confirmation détaillée de ses possessions en 1175. Grâce à ces quelques lueurs sur une situation interne difficile, on peut affirmer sans risque de se tromper que les passages de troupes aux abords du monastère ont nécessairement perturbé la quiétude des moniales. Rappelons que Denain, situé sur la rive gauche de l’Escaut, se trouve sur la frontière qui sépare l’Ostrevant du Cambrésis et que les ambitions princières soumettent le monastère aux aléas des opérations militaires et des dominations successives. En parcourant diverses chroniques, on peut dresser un relevé non exhaustif de la présence guerrière à Denain et des combats qui en résultent. Ainsi en 1076, le comte de Hainaut Baudouin, frère d’Arnoul tué à la bataille de Cassel en 1071, affrontait à Denain l’armée de son oncle Robert le Frison43. En 1102, les troupes conduites par l’empereur Henri V contre le comte de Flandre Robert s’emparaient de Bouchain et de Lécluse tandis que le comte faisait de nombreuses incursions en Cambrésis et fortifiait plusieurs localités dont Denain44. Au milieu du siècle, la poussée flamande vers le Cambrésis et les opérations militaires inhérentes à ces visées expansionnistes45 ont nécessairement affecté la vie de la communauté denaisienne, comme celles de la fin du siècle, entre 1181 et 1184, quand Baudouin V, comte de Hainaut, fit détruire plusieurs villages proches de Denain 41
B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 162. U. Berlière, Les élections abbatiales, qui ne cite pas ce cas. 43 Auctarium Aquicinense, MGH SS, t. 6, p. 393. 44 Annales necrologici Prumenses, MGH SS, t. 13, p. 223. 45 Annales Cameracenses, MGH SS, t. 16, p. 531. 42
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(Emerchicourt, Dechy, Roeulx) 46. Ces activités belliqueuses ont-elles un lien éventuel avec un dérèglement interne que l’on croit entrevoir au début du XIIIe siècle ? On songe ici à la célèbre diatribe contre la vie scandaleuse des chanoinesses dressée par Jacques de Vitry pour le Hainaut et le Brabant. Le réquisitoire du célèbre prédicateur sur l’amollissement de la ferveur de certains ordres est sans appel, mais également sans précision47. Qui vise-til ici dans ces vifs reproches ? Les communautés féminines de Maubeuge, Denain, Mons ou Nivelles ? Les seules informations sûres émanent d’une bulle d’Honorius III (1217-1226), dans laquelle le pape exige l’accord de la majorité du chapitre pour recevoir une moniale, ce qui peut laisser supposer des candidatures imposées, et fixe à trente le nombre des moniales denaisiennes, effectif qui ne pourra être dépassé que si les ressources suffisantes sont garanties48. Le but est donc de définir des conditions plus sévères dans le recrutement, avec une vérification de la réalité de la vocation religieuse et un numerus clausus, garant de la stabilité de la communauté. Cette décision pontificale est la réponse à une demande émanant du monastère. Or, compte tenu de la rareté des interventions pontificales à Denain, la démarche du monastère prend un relief particulier et révèle un réel problème de sureffectif. La nécessité d’adapter le nombre des moniales aux ressources du monastère est sans doute à rapprocher de décisions concernant le prieuré voisin de Beaurepaire, où, à compter de 1208, est programmée la disparition progressive des religieuses qui coexistaient avec un groupe de chanoines49. La communauté denaisienne a-t-elle voulu canaliser un afflux exceptionnel de candidates, d’autant qu’il n’y avait pas d’autres maisons pour femmes en Ostrevant en ce début du XIIIe siècle ? Au total, l’observance pratiquée à Denain, si elle n’était pas la stricte règle bénédictine, ne devait pas en être encore trop éloignée. Tout au long du XIIIe siècle, aucun rappel à l’ordre n’émane des évêques d’Arras, de même qu’aucun document ne fait état pour les moniales de Denain d’un statut de chanoinesses à l’image de celui que l’on trouve pour Maubeuge en 125450. La règle, si l’on peut dire, est l’ambiguïté. Si canoniquement, les moniales étaient des bénédictines, concrètement il est impossible de mesurer les entorses aux prescriptions et les accommodements pratiqués. Cependant la sécularisation lente et insidieuse était effective lors du coup de semonce de Charles Quint en 1546. Seule une étude des XIVe et XVe siècles
46
Gislebert de Mons, Chronicon, p. 133-134. Jacques de Vitry, Historia occidentalis, c. 31, trad. p. 189-192. 48 Charte n° 24. 49 A 8 kilomètres à l’ouest de Denain, cette dépendance de l’abbaye de Cysoing, elle-même affiliée à Arrouaise, a connu une communauté double, avec chanoines et sorores, des environs de 1160 à 1260 (J.-P. Gerzaguet, Beaurepaire). 50 G. Despy, Note sur deux actes pontificaux. 47
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permettrait peut-être de déterminer les paliers successifs de cette évolution. Encore l’insuffisance documentaire ne permet-elle pas d’en être sûr.
2. La composition de la communauté Quelques actes apportent des informations parcimonieuses sur la composition de la communauté aux XIIe et XIIIe siècles. Au mieux, on relève quelques informations chronologiques sur les abbesses, mais rien ou presque sur leurs origines sociales51. Avec onze noms retrouvés pour les XIIe et XIIIe siècles, la durée moyenne des abbatiats est de dix-huit ans, ce qui, au regard des communautés religieuses masculines voisines, constitue une période un peu plus longue puisque les calculs montrent que les abbés tenaient en moyenne leur maison une douzaine d’années. On ne peut exclure que la longévité féminine soit plus grande, mais l’explication de cette différence tient sans doute au caractère incomplet de cette liste pour Denain, notamment pour la fin du XIIe et le début du XIIIe siècle. Quant aux dignitaires de l’abbaye et aux moniales, les actes, notamment ceux du XIIe, n’offrent pas, à l’image des monastères masculins, de listes nominatives de témoins qui permettent de donner un état a minima des effectifs ou, en fonction de l’étalement des mentions dans le temps, d’évaluer la durée d’une vie religieuse. Cependant, quatre exceptions sont à noter. Un acte de 1173 donne la hiérarchie tout à fait classique du monastère avec quatre fonctions citées : abbesse, prieure, sous-prieure, prévôte52. Dans deux actes de 1217 figurent, pour le premier, les noms de l’abbesse, de la prieure et de six moniales, et, pour le second, deux autres moniales et un chapelain53. Donc, cette annéelà, il y avait au minimum huit religieuses et un clerc. On est donc loin de l’effectif maximal fixé par le pape. En 1238, sont citées nominativement l’abbesse, la trésorière et la sous-prieure54. Enfin en 1256, sont citées l’abbesse et deux moniales nobles55. Mais d’une façon générale, les actes sont établis sous l’autorité de l’abbesse, sans que son nom soit toujours précisé ; parfois sont signalées l’apposition d’un sceau abbatial56 ou l’approbation unanime du couvent. Quelques chartes de la seconde moitié du XIIIe siècle signalent la présence d’hommes liés à l’abbaye et auxquels on confie telle ou telle mission de défense des intérêts du monastère ou de représentation :
51
Voir la liste abbatiale. Charte n° 15. 53 Chartes nos 25, 26. 54 Charte n° 39. 55 Charte n° 58. 56 Sceau d’Hélvide en 1227 pour un acte qui ne concerne pas Denain (Lille, A.D. Nord, 36 H 68/755) ; sceau abbatial en 1244 (n° 50) ; sceau d’Eusilie en 1244 (n° 51). 52
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des clercs et un convers57. Tous ces éléments sont donc très ponctuels. Comme le nécrologe est perdu, il est impossible à partir de ces maigres indications de cerner ni les effectifs, ni leur évolution, ni le recrutement du monastère58. La communauté, quelle que soit sa règle, est placée sous l’autorité de l’évêque du lieu. Depuis la mort de l’évêque Gérard II en 1092, un schisme divisait le diocèse de Cambrai, aggravé par la restauration du diocèse d’Arras en 1093. Le démembrement du diocèse de Cambrai, dont deux archidiaconés, celui d’Arras et celui d’Ostrevant forment le nouveau diocèse, provoque un front du refus. Le pape Urbain II enjoint les monastères situés dans ces deux archidiaconés à se soumettre à la nouvelle géographie ecclésiastique, et cite Denain59. Cette injonction s’éclaire par une obligation liée à la réforme dite grégorienne : la présence au synode diocésain imposée par l’évêque. L’abbesse de Denain, en raison des six autels détenus dans le diocèse d’Arras, ne pouvait se soustraire à cette réunion annuelle, occasion pour l’évêque de réaffirmer son autorité et de s’informer sur la situation de la communauté religieuse. Si la convocation au synode arrageois est fluctuante aux XIe et XIIe siècles, le choix de l’automne, entre le 10 et le 16 octobre, s’impose au XIIIe siècle60. Des sept chartes épiscopales arrageoises des XIe et XIIe siècles où figure une abbesse de Denain, aucune n’est formellement promulguée pendant le synode61. Sa présence obligatoire se déduit du rang qu’elle doit occuper à cette occasion : le douzième, juste après l’abbaye bénédictine d’Etrun62. Cette position est inattendue, car chaque communauté religieuse est soucieuse de montrer son ancienneté, son antiquitas, par des signes visibles de préséance. En l’occurrence, avec ses racines franques de la fin du VIIIe siècle, voire la restauration du milieu du XIe, Denain aurait dû l’emporter sur la récente communauté d’Etrun fondée vers 108863. Rappelons qu’un tel débat sur la place d’honneur dans les synodes avait opposé au début du XIIIe siècle l’antique Marchiennes, fondée vers 640 à la plus récente Anchin (1079) et que l’évêque d’Arras avait tranché en faveur d’Anchin64. Les critères de l’évêque furent-ils le dynamisme spirituel, la puissance économique ? Pour ces abbayes masculines, Anchin additionne les deux aspects. Pour les communautés féminines, Etrun paraît être une communauté plus riche que Denain, signe d’une attraction et d’un rayonnement plus vigoureux dus 57
Chartes nos 58, 63, 91, 96, 97. Sur l’exploitation des nécrologes, cf. B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 216-229. 59 Cf. charte n° 3. 60 B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 181. 61 Cf. chartes nos 4, 5, 6, 12, 13, 18, 19. 62 B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 179, tabl. n° 33. 63 J.-P. Gerzaguet, La fondation … Étrun. 64 J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 142-143. 58
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peut-être à son implantation à proximité d’Arras. Mais il est possible aussi qu’à travers cette question de préséance, on ait une indication sur la règle suivie. Les moniales d’Etrun sont considérées comme réellement bénédictines tandis que celles de Denain ne le seraient plus vraiment.
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Chapitre 3 Le temporel 1. Essai de reconstitution du temporel L’assise temporelle de la communauté denaisienne, à l’image des autres maisons religieuses, est constituée par deux éléments chronologiquement distincts : une dotation primitive et des compléments postérieurs. Sur le temporel primitif, les informations sont pour le moins vagues, comme il a déjà été dit : Remfroie dota la communauté ex suis propriis. Cette dotation est rappelée dans le diplôme de Charles le Chauve de 877 qui, bien que falsifié, est utilisable pour définir la composition du temporel denaisien, même si certains lieux posent des difficultés d’identification. Il résulte des décisions de Charles que l’abbaye récupère (reddimus) 53 manses à Denain, 34 à Thonville, 24 à Haulchin, 14 à Saultain, 7 à Goldeciatas, soit un total de 132 manses auxquelles s’ajoute la forêt d’Amblise dont la superficie n’est pas indiquée. Le manse carolingien était de 12 bonniers, mais on ne sait quelle était la valeur du bonnier : environ 1,2, 1,5 ou 1,8 hectare. A 1,5 hectare le bonnier, l’ensemble représente un minimum de 2376 hectares auxquels s’ajoute la forêt d’Amblise qui représentait encore au XVIIIe siècle 473 hectares. Pour les lieux cités, le diplôme précise
Sur ce lieu, cf. supra chap. 1, n. 14. Sur la taille du bonnier, J.-P. Devroey, Economie rurale et société, p. 63, et C. Petillon, A. Derville, B. Garnier, Atlas historique et statistique. Cette vaste forêt s’étendait à la période mérovingienne sur les territoires de Crespin, Quarouble et Thivencelle. Sa limite nord-est était formée par un affluent de la Haine, la rivière Honnenau. Une partie fut donnée à saint Landelin pour fonder l’abbaye de Crespin, l’autre à l’abbaye de Denain. Au début du XIIIe siècle, cette dernière partie était aux mains de Yolande de Hainaut (acte de juillet 1209, Lille, A.D. Nord, B 1582, premier cartulaire de Hainaut, pièce 92). Dans une enquête de 1750, cette part comptait encore 388 bonniers à la mesure de
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que l’abbaye possède les deux premières villae intégralement : Denain et Thonville. Compte tenu de la permanence des limites territoriales ou de leurs faibles changements, comparer les superficies données à celles des communes actuelles est une démarche qui s’est révélée parfois fructueuse, au moins à titre indicatif. Hélas, les résultats sont loin de coïncider, quelle que soit la valeur affectée au bonnier. Tableau 3. Evaluation du temporel primitif selon la valeur du bonnier Localité
Nb de Bonnier Bonnier à Bonnier à Superficie manses à 1.2 ha 1.5 ha 1.8 ha actuelle de la commune en ha
Denain : Thonville/Thiant Haulchin : Saultain Goldeciatas Amblise (forêt) Total
53 34 24 14 7 ? 132
763 489 345 201 100 473 1945
954 612 432 262 126 [473] 2849
1145 735 518 302 151 [473] 3324
1152 839 515 645 794 ? disparue 3345
Les écarts constatés dans cette comparaison de superficies peuvent s’expliquer par des variations de territoires. Ainsi à Théonville, la villa primitive semble s’être scindée en deux, une partie a été rattachée à Denain, en conservant le nom primitif, l’autre est devenue le village de Thiant. Ensuite doit être prise en compte la valeur attribuée au bonnier carolingien. Par rapport à une moyenne de 1,5 hectare, l’examen de cas voisins de Denain permet de nuancer les équivalences en mesures actuelles. L’abbaye de Saint-Amand, qui possède de nombreux biens autour de Denain, use d’un bonnier de 1,2 Saint-Amand (à 1 ha 22 a le bonnier : 473 ha) ; le défrichement et la mise en culture se firent à partir des années 1780 (Lille, A.D. Nord, Intendance de Hainaut, C 815). Elément de la forêt charbonnière, il n’en subsiste qu’un morceau réduit sur le territoire de Crespin : le bois d’Amblise. Villa que dicitur Teonis (Teonville ou Thonville) est Thiant, avec peut-être un déplacement du site. En effet, existent encore sur la rive droite immédiate de l’Escaut une ferme et un lieudit Thonville, alors que le village actuel de Thiant en est éloigné. Thiant (Tiens) est mentionné pour la première fois en 1076 lors de la cession de l’autel à Saint-Aubert de Cambrai par l’évêque Lietbert (Lille, A.D. Nord, 36 H 62/660, éd. Duvivier, Recherches sur le Hainaut ancien, n° 60).
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hectare. Si l’on applique ce chiffre à Denain, les 53 manses représentent 763 hectares, ce qui est loin du compte. En effet, pour que la superficie de ces manses corresponde à celle de la commune actuelle, il faut envisager un bonnier de 1,8 hectare, ce qui ne cadre pas avec les valeurs pratiquées dans les villages voisins. Selon les trois valeurs hypothétiques attribuées au bonnier, la dotation primitive s’élève à 1945, 2846 ou 3321 hectares. Comme aucune des valeurs envisagées ne permet de faire coïncider les superficies anciennes avec celles des actuelles communes, on peut, par prudence, retenir une solution médiane d’un temporel de 2500 hectares, accru de quelques biens dont l’importance et l’origine sont inconnues. En effet, Denain détenait des biens dans la région de Bruxelles qu’elle vend en 1256 et des terres en Allemagne à Hönnepel et Husen qui apparaissent trois fois dans la documentation. Ces possessions éloignées sont signalées dans les Miracula de Regina à l’occasion d’une ostension. Les reliques furent apportées sur place pour régler un litige impossible à dater, rappeler les droits de l’abbaye et sanctionner sévèrement un spoliateur. Episode d’autant plus plausible que la mobilisation des reliques dans un tel contexte de défense des droits est banale. La seconde mention est de 1175 dans la grande bulle de confirmation d’Alexandre III qui précise qu’il s’agit, pour le premier cas, de terres, de bois et de revenus ; dans le second lieu, Denain possédait notamment des vignes. La troisième mention est de 1240 lorsque l’abbaye vendit ses terres lointaines au chapitre de Xanten. La somme obtenue n’est pas indiquée mais doit aller intégralement à l’usage du monastère. Si ces biens proviennent de la dotation primitive, ils indiquent un ancrage géographique germanique de la famille fondatrice. S’ils sont entrés dans le temporel après la fondation, c’est donc non seulement après 877, voire bien après 1025, car ils ne figurent pas dans le diplôme de Charles le Chauve falsifié dans le courant du XIe siècle. On se heurte alors à une autre difficulté, celle d’acquisitions lointaines faites au cours du XIe ou au début du XIIe siècle par un établissement modeste. Toujours est-il qu’un souvenir de ces possessions lointaines subsiste encore de nos jours par la persistance d’un culte rendu à Remfroie à Hönnepel (aujourd’hui un quartier de Kaltar), Emmerich et Rees, soit des localités groupées à une vingtaine de kilomètres au nord de Xanten. Afin d’apprécier la place tenue par les biens fonciers de Denain parmi les autres maisons religieuses, ont été rassemblés quelques éléments chiffrés concernant les temporels primitifs d’établissements plus ou moins proches mais qui ont un point commun, celui d’une fondation à la période franque.
Jacques de Guise, Annales Hanoniae, MGH SS, t. 30, p. 148-149. L’épisode est repris dans l’office propre de Regina. S. Boesch Gajano, Reliques et pouvoirs.
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Tableau 4. Evaluation des temporels primitifs des fondations monastiques franques proches Monastères
Superficie (ha)
Crespin Hamage Hasnon Hautmont Marchiennes Maroilles Maubeuge Mons St-Amand
4500 2200 1600 4300 4200 5500 5000 4000 12000
Denain, avec environs 2500 hectares, se classe dans les dernières places avec Hamage et Hasnon. Si Hamage est absorbé vers 1120/1130 par Marchiennes en devenant son unique prieuré, Hasnon avait bénéficié, comme Denain, des largesses de Charles le Chauve. Mais, des fondations en Ostrevant, Denain apparaît donc, malgré la sollicitude royale, comme la communauté la moins bien servie et la mainmise carolingienne ne lui a pas été particulièrement bénéfique. L’importance de la dotation foncière des établissements cités dans le tableau détermine une hiérarchie dans la richesse qui n’est pas sans effet sur l’influence et le rayonnement exercés car la surface foncière détermine les ressources et par conséquent l’attraction. Au regard de ces observations, le handicap de Denain est structurel et la mobilisation des reliques au XIe siècle pour tenter de créer un flux de donations destinées à pallier la modestie ou les insuffisances des revenus ne donnera jamais les résultats escomptés.
2. Le temporel aux XIe-XIIIe siècles La politique de restauration du monastère, opérée à partir de 1025, n’est documentée par aucune confirmation de biens émanant d’une autorité laïque
Les évaluations proviennent des études suivantes : A.-M. Helvetius, Abbayes, évêques et laïques, p. 54, 63, 79, 100 ; E. Louis, Sorores ac fratres, p. 20 ; J.-M. Duvosquel, Le domaine de l’abbaye de Maroilles à l’époque carolingienne, p. 11-12 ; H. Platelle, Le temporel, p. 42 ; pour Hasnon, dossier personnel : à la dotation primitive s’ajouteront en 877 les donations de Charles le Chauve qui portent l’ensemble des biens fonciers à hauteur de 2700 ha.
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ou ecclésiastique à l’image de la remise en ordre opérée à Marchiennes. Une seule mention attribue en 1069, de façon plus que douteuse, au roi Henri IV la récupération d’un bien modeste aux environs de l’abbaye. Quant à la petite dizaine de chartes du XIIe, elles sont pour moitié des dévolutions d’autels. Le document majeur est l’unique confirmation pontificale du pape Alexandre III en 1175. Les autels L’essentiel des acquisitions se fit dans la première moitié du XIIe siècle, période où l’abbaye obtint de l’évêque d’Arras plusieurs autels. Depuis 877, si ce n’est depuis sa fondation, l’abbaye détenait l’église paroissiale SaintMartin. A celui-ci s’ajoutent quatre autels cédés par les évêques d’Arras : Haveluy en 1113, Lauvin et Prouvy en 1118, Erquinghem en 112410. En 1127, l’abbaye reçoit de l’évêque de Tournai l’autel d’Haubourdin et d’Hallennes-lez-Haubourdin, le singulier employé signifiant l’unité paroissiale à ce moment11. A ces lieux, la bulle pancarte du pape Alexandre III de 1175 en ajoute huit sans que l’on sache à quel moment ces autels sont entrés dans le patrimoine de l’abbaye ; certains de ces autels ne sont d’ailleurs pas identifiables12. Ainsi l’autel d’Hochezel (aujourd’hui Nederokkerzeel, quartier de Bruxelles) dans le diocèse de Cambrai est détenu par l’abbaye bien avant 1154, sans que l’on puisse être plus précis13. Périers est un village disparu près de Valenciennes. Verchain, attribué à Denain, est pourtant attesté comme possession de Saint-Vaast d’Arras14. De même que nous avions comparé le temporel primitif de Denain avec celui d’autres communautés, nous pouvons comparer le nombre d’autels détenus par les monastères bénédictins du diocèse d’Arras à la fin du XIIe siècle.
Voir par exemple l’acte du comte de Flandre de 1046 (B. Delmaire, L’histoire-polyptyque, p. 97-99). Cf. charte n° 16. 10 B.-M. Tock, Les chartes des évêques d’Arras, nos 20, 28, 39. 11 Charte n° 7. La partition en deux paroisses est intervenue entre 1220 et 1236 (chartes nos 28 et 37). 12 Charte n° 17. Forieres ne peut être identifié à Ferrières-la-Grande ou La-Petite, car les deux autels sont tenus par l’abbaye d’Hautmont depuis au moins 1110 (L. Devillers, Notice sur un cartulaire de l’abbaye d’Hautmont, p. 57, n° 50). Thier n’a pas été identifié. 13 Aucun acte des évêques de Cambrai ne mentionne la cession de l’autel à Denain avant 1154 (cf. charte n° 11). 14 A. Longnon, Pouillés, p. 294.
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Tableau 5. Les autels détenus par les monastères bénédictins du diocèse d’Arras
Anchin Denain Etrun Hasnon Marchiennes St-Amand Saint-Vaast
Dans le diocèse d’Arras
Autres diocèses
Total
27 7 8 5 16 21 53
46 8 2 8 1 25 21
73 15 10 13 17 46 74
Avec ses quinze autels, l’abbaye s’inscrit dans le mouvement général bien connu de l’incorporation dans le temporel monastique, phénomène lié aux effets de la réforme grégorienne. Dans les six chartes de cession conservées, la situation juridique de l’autel attribué à l’abbaye est celle du sine persona, ce qui permet au monastère de disposer de la partie du bénéfice paroissial appelé autel, soit un tiers des revenus, et de pouvoir nommer le desservant qui exerce la fonction pastorale. L’autel est cédé aussi liberaliter, dispensant de la redemptio altaris, le droit de mutation à verser à chaque changement de persona. Comme le curé en titre est une communauté religieuse, une personne morale en quelque sorte, il ne meurt pas. Les droits de mutation, perçus comme une pratique simoniaque par les grégoriens, n’ont pas lieu d’être. Ainsi, et moyennant l’abandon des deux autres tiers des revenus, était freiné le droit de propriété des laïcs15. L’abbaye, en la personne de l’abbesse, présente à l’évêque le desservant souhaité. Pour entériner le choix et octroyer la cura animarum, l’évêque vérifie les capacités du postulant qui doit faire profession et promettre l’obéissance16. C’était pour la communauté religieuse l’occasion de fixer la part des revenus attribués au desservant et, éventuellement, de la modifier pour se ménager un bénéfice plus important. Détenir l’autel était donc une source de revenus appréciables : les biens de la dîme, les offrandes faites lors des messes, les oblations à l’occasion des sacrements. Face à une situation 15
Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 112-118. Charte n° 4 : Presbitero vero de loco predicto defuncto, sive rationabiliter remoto, provideat abbatissa sanctę Ragenfredis et procuret alium idoneum presbiterum Atrebatensi episcopo presentare, cui professionem faciat, et obedientiam promittat, et sic in populo Dei curam gerendam de manu episcopi gratis accipiat 16
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aussi privilégiée, l’évêque sauvegarde alors ses droits par le versement d’une redevance, annua obsonia, honorée à l’occasion du synode diocésain annuel auquel l’abbesse doit assister17. Evolution du temporel primitif Cet inventaire détaillé des possessions denaisiennes permet un premier constat majeur sur les transformations du temporel primitif. Sur les six lieux cités dans le diplôme de 877, trois ont disparu et l’implantation des biens fonciers n’apparaît plus qu’à Denain, Thonville et Haulchin. Si l’on reprend les superficies de la dotation d’origine, celles-ci ont fondu de 30 % à cause de la perte de Saultain, de Goldeciatas et de la forêt d’Amblise. Cette contraction foncière, où l’essentiel reste concentré à proximité du monastère, est bien sûr due au phénomène général des spoliations dénoncées dans les sources narratives monastiques. Il est de bon ton, pour certains historiens, de minimiser la réalité des plaintes des moines pour n’y voir qu’exagération et rhétorique larmoyante destinées à justifier une entreprise de mainmise foncière de la part des gens d’Eglise. C’est oublier qu’ils écrivent sous le regard de Dieu et la crainte de son jugement. D’ailleurs, on peut mesurer dans une certaine mesure le bien fondé de ces récriminations. Si l’on compare l’évolution des temporels primitifs d’établissements voisins, les pertes sont de même grandeur, que ce soit pour la puissante abbaye de Saint-Amand18 ou le modeste prieuré de Beaurepaire19. A l’évidence, les invasions normandes ont été une catastrophe et les appétits aristocratiques ainsi que le comportement des chevaliers pillards ne sont pas des mythes. Denain, comme d’autres communautés, a perdu entre la fin du IXe siècle et le premier quart du XIe un tiers de son capital foncier. Aussi, la restauration entreprise à compter des années 1025 s’appuie-t-elle, non pas sur la reconstitution de la dotation foncière d’origine, mais sur la formation d’un nouveau temporel incluant les biens anciens sauvegardés. Trois groupes de possessions peuvent être alors distingués. Le premier ensemble est formé des biens situés en Ostrevant, sur la rive gauche de l’Escaut, dans un rayon de dix kilomètres autour de l’abbaye. On y retrouve les éléments du temporel primitif, mais avec un accroissement qui répartit les biens dans cinq localités : Denain, Prouvy, Trith, Hérin, Haveluy. Il faut y ajouter sur la rive droite : Haulchin et Thiant. Ces biens fonciers présentent un ensemble
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Ibidem : Tu autem honorabilis soror et abbatissa Heldiardis, omnesque futurę per gratiam Dei abbatissę, in eo quo nunc et loco et ordine preesse dinosceris, Atrebatensi sinodo interesse non negligatis nisi forte aliqua vestrum cum benivolentia episcopi relaxata fuerit. 18 H. Platelle, Le temporel, p. 157, qui calcule que 60% du temporel a survécu au début du XIIe siècle. 19 J.-P. Gerzaguet, Beaurepaire, p. 523.
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groupé et presque cohérent, interrompu cependant par une seule anomalie : le territoire d’Oisy (257 hectares) détenu par Hasnon20. Restent la deuxième et la troisième zone de possessions, éloignées toutes deux du centre monastique. Elles présentent des aspects différents. Le second ensemble, beaucoup moins vaste que le premier, se situe en Artois avec des biens à Esquerchin et Lauwin-Planque. Le troisième groupe est en Flandre avec Erquinghem-sur-la-Lys, Haubourdin et Hallenes-lez-Haubourdin. Dans les deux cas, ces biens fonciers furent acquis après le IXe siècle car ils ne figurent pas dans le diplôme de 877 et constituent les éléments du second temporel mis en place lors de la restauration évoquée plus haut ou au début du XIIe dans le cadre de probables largesses familiales. Pour les biens en Artois, risquons une hypothèse. Les comtes de Flandre, qui contrôlent de région de Douai jusque vers 1070, et ont participé à la restauration de Denain à compter de 1025, ont pu soutenir un monastère, favorable à la Flandre, en favorisant un ancrage d’intérêts à proximité du castrum douaisien. Mais cette explication est affaiblie par le caractère épisodique de la présence flamande à Douai, entre 1070 et la fin des années 1080, qui a donné lieu à bien des interprétations. Par conséquent, j’incline volontiers pour une implantation de Denain à Esquerchin et Lauwin une fois le contrôle comtal rétabli sur Douai, donc après 108921. Pour le dernier groupe de possessions, celui de Flandre, des donations familiales sont probables. Rappelons que l’abbesse Fredessende (1035-1065), transférée à Messines, était d’origine aristocratique et que l’abbesse Marie (…1118-1127…) était fille et sœur des châtelains de Lille. A Haubourdin, dont les seigneurs sont les châtelains de Lille, nous avons déjà dit que l’autel était détenu par l’abbaye depuis 1127. Mais les accroissements de la présence denaisienne au cours du XIIIe siècle ne sont éclairés que par quatre chartes relatives à la récupération de dîmes ou au dédommagement en terres suite aux opérations de canalisation de la Deûle22. Les cours L’une des marques caractéristiques de l’organisation des temporels pour les abbayes, notamment celles de la vallée de la Scarpe, est une polarisation des terres autour de curtes, centres d’exploitation agricoles. L’originalité de Denain sur ce point en est le petit nombre : deux ou trois23. La pancarte de 20
B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, notices paroissiales, p. 535. La date de la perte du contrôle de Douai par les comtes de Flandre donne lieu à des opinions différentes ; E. Delcambre, L’Ostrevent ; C. Verlinden, Souveraineté flamande ; G. Koch, F.D. Demeyer, Douai à la fin du XIe siècle. 22 Chartes nos 28, 43, 53, 74. 23 Par comparaison, à la fin du XIIIe siècle, on en compte 51 pour Saint-Amand (H. Platelle, Le temporel, p. 253-254), 75 pour Anchin (J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 257), 21
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1175 en cite deux : curtem Teonville et Lauvin, villa cum curte qui in eadem est. La première n’apparaît plus comme curtis dans les documents postérieurs, non pas tant par disparition physique que par disparition documentaire24. A la seconde curtis, attestée trois fois au XIIIe siècle25, s’ajoute celle d’Erquinghem, citée tardivement en 1275 par la mention d’un manoir. Pour les deux cours citées en 1175, tout semble démarrer avec l’acquisition de l’autel, respectivement en 1118 et 1124. Mais la documentation lacunaire ne permet pas de reconstruire avec précision les étapes et le rythme de formation de ces pôles fonciers. La documentation ne permet pas non plus de cerner le mode de gestion de ces dépendances. Sans doute l’abbaye plaçait-elle dans ses centres agricoles des convers, mais aucune mention n’est parvenue jusqu’à nous26. Les dîmes Tous ces éléments révèlent un ensemble territorial modeste, comme si la communauté continuait à être marquée par sa situation matérielle de départ où la dotation initiale a été notablement inférieure à celle d’autres établissements. Certes, à ces biens fonciers s’ajoutent quelques terrages et autres modestes redevances, mais surtout Denain détient des dîmes dans toutes les localités des trois zones citées plus haut et dans deux autres (Auberchicourt et Aniche), soit au total une quinzaine de villages. Si la première moitié du XIIe siècle est le temps pour Denain, comme pour d’autres communautés, de l’incorporation des autels dans le patrimoine foncier, la première moitié du XIIIe est celui de la récupération de dîmes. L’essentiel de la documentation denaisienne, qui conforte sur ce point les observations faites pour les diocèses d’Arras, de Liège et pour la Picardie27, présente deux des trois grandes formes de cession : donations et ventes, avec la même concentration chronologique (1210-1240), mais avec un prolongement encore pendant la décennie suivante. Il manque toutefois la pratique de l’engagère.
8 pour Hasnon et une dizaine pour Marchiennes (B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 587588). 24 Cf. supra, chap. 3, n. 1. 25 En 1243, mention des nonnains de Lauwin (Arras, A.D. Pas-de-Calais, G, Lens, 17) ; le terrier du troisième tiers du XIIIe siècle (charte n° 80) et en 1293 (n° 85). 26 Un seul nom de convers, à demeure à l’abbaye, est cité (charte n° 97). 27 B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 132-133 ; C. Renardy, Recherches ; R. Fossier, Remarques sur la dîme.
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Tableau 6. La récupération des dîmes. Modalités et chronologie Donation 1201-1210 1211-1220 1221-1230 1231-1240 1241-1250 1251-1260 1261-1270 1271-1280 1281-1290 1291-1300 Total
Achat
Total
4
4
1 3
1 3
1
1
1
1
5
10
5
Sur dix chartes traitant de cet aspect, en excluant donc les confirmations en cascade de ces transactions, huit se placent entre 1217 et 1247 et deux sont plus tardives (1264 et 1285). On peut en déduire deux observations. Sur 85 dîmes récupérées par les sept abbayes bénédictines d’hommes et de femmes du diocèse d’Arras au cours du XIIIe siècle28, les trois abbayes de bénédictines du diocèse (Etrun, Denain, Avesnes-le-Comte) en ont acquis 16, soit 19 %. Sur cette petite part, Denain compte pour 63 % 29. Ainsi s’éclaire la hiérarchie de richesse des communautés, au travers des liquidités dont elles disposaient pour acheter des dîmes. Les établissements masculins ont plus de moyens que les monastères de femmes, ce qui n’est pas une surprise. Des trois maisons féminines, la modeste communauté de Denain est relativement la plus à l’aise et a su saisir des opportunités. C’est dire si les deux autres, pour lesquelles il n’existe pas encore d’étude, devaient connaître des difficultés financières chroniques. Aucune des trois maisons de femmes n’a pratiqué l’engagère. Malgré le petit nombre de chartes conservées, un évident souci de gestion préside à l’acquisition des dîmes. Dans les dix cas, l’abbaye de Denain a fait valoir son droit de préemption car elle détenait déjà le droit de patronat. 28
B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 134, tab. n° 24. Anchin totalise 40 % des dîmes récupérées ; Saint-Vaast 18 %. 29 Noter toutefois que les archives de l’abbaye d’Etrun sont lacunaires.
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Une stratégie de longue haleine lui a permis de récupérer plusieurs dîmes à Prouvy, en 1217, 1220, 1238 ; de même à Haubourdin et à Hallesne en 1220 et 1241. Ces dîmes, détenues par des nobles (8 cas) ou par des clercs (2) furent cédées pour des motivations qui nous échappent car, lorsqu’elles sont exprimées dans les chartes, elles figurent en termes convenus (salut de l’âme, dévotion, aumône) qui précisent le résultat de la transaction mais occultent tout des tractations. Les deux hommes d’Eglise ont cédé des dîmes en 1220. Si rien n’éclaire la cession faite par le prévôt d’Arras, celle provenant d’un chanoine cathédral de Cambrai est liée à la fondation d’un obit. Les motivations apparentes des laïcs, dont la sincérité spirituelle ne doit pas être minimisée, révèlent de leur part un concret besoin d’argent. Naturellement vient à l’esprit le coût d’équipement pour entrer en chevalerie, sans que rien ne permette de le démontrer. De même, on songe au contexte guerrier avec les conséquences de la bataille de Bouvines. Gilles fut retenu en captivité et dut payer une rançon30. Est-ce l’explication de la cession de la dîme de Prouvy en 1217 par le chevalier Gilles de Trith qui procède à une autre cession à la même époque31 ? Les modalités de la récupération de ces dîmes se font sous la forme de dons et de ventes. Si dans les cinq cas recensés à compter de 1241, le terme de venditio et la mention d’une somme sont sans équivoque sur le processus, les cinq premières opérations, de 1217 à 1238, usent de termes ambigus : conferre, resignare contre une rente. La clarification des notions et des pratiques entre don, contre-don et vente n’est pas encore faite et ce flou se répercute naturellement sur les mobiles du bienfaiteur et du bénéficiaire32. Toujours est-il que, pour se prémunir de toute contestation, l’abbaye se fait confirmer ces cessions par l’autorité compétente, soit l’évêque, soit le seigneur si la dîme était inféodée33. Les biens éloignés Le même souci d’une gestion saine, concentrée en quelques lieux, explique deux types d’opérations foncières pratiquées par l’abbaye : la vente de biens 30
Th. Luykx, Johanna van Constantinopel, p. 134. En 1218, en faveur du chapitre de Condé (B.N.F., ms. lat. 9917, f° 35 v°-36 r°, éd. A. Miraeus, Opera diplomata, t. 2, p. 738). 32 Le modèle du don et du contre-don a été formulé en 1923 (M. Mauss, Essai sur le don : le don ne vise pas seulement le contre-don, mais crée un lien social entre les deux acteurs). Pour l’usage fait par les historiens, cf. G. Duby, Guerriers et paysans, p. 60-69 ; A. Gourevitch, Les catégories de la culture médiévales, p. 219-241 ; B. Rosenwein, To be the neighbor of Saint Peter. p. 125-143. L’application à la société médiévale de ce système emprunté aux anthropologues a suscité critiques et restrictions notamment par M. Godelier, L’énigme du don ; dans une perspective synthétique et problématique, voir A.-J. Bijsterveld, The Medieval Gift. 33 Pour la dîme de Prouvy, cf. chartes nos 31 à 33. 31
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éloignés et des échanges de terre34. Ainsi en 1240, la communauté vend au chapitre Saint-Victor de Xanten les biens qu’elle détenait en Rhénanie dans deux localités, à Hönnepel et à Husen. Outre ses terres et forêts, l’abbaye renonce à ses vignes. Rien dans la documentation denaisienne ne permet de dire comment, depuis ces terres lointaines, le vin arrivait jusqu’à l’abbaye35 et si celle-ci possédait des vignes ailleurs, par exemple dans le Soissonnais comme l’abbaye de Marchiennes ou le chapitre de Maubeuge36. Toujours est-il que l’éloignement constituait un handicap évident. Denain, comme d’autres établissements, a sans doute jugé plus pratique, en raison de l’accroissement global des échanges, d’acheter le vin nécessaire pour faire face aux besoins de la liturgie et de l’hospitalité. Aucune source ne nous renseigne sur cet approvisionnement. Notons simplement dans cette attitude le retard de Denain qui adopte au milieu du XIIIe siècle seulement les comportements de rationalité mis en œuvre au siècle précédent par les moines noirs37. Si aucune motivation n’est invoquée dans l’acte de vente de 1240, l’échange de terre auquel procède l’abbaye en 1299 se justifie par le peu d’intérêt que constitue la terre échangée. On retrouve donc le souci d’un établissement aux moyens réduits qui s’emploie à mettre fin aux dispersions foncières et donc aux difficultés de gestion, de contrôle et de surveillance engendrées par l’éloignement. Une autre affaire de cession de biens éloignés mérite attention car elle relève du renoncement face à la politique d’acquisition déterminée d’une communauté concurrente, les chanoines de Saint-Michel d’Anvers. Il s’agit des biens que Denain détenait dans les environs de Bruxelles, à Hochziele, aujourd’hui Nederokkerzeel. Quatre actes éclairent le processus38. En 1154, l’évêque confirme quelques biens acquis en ce lieu par les chanoines et rappelle les droits de patronat détenus par Denain. Une vingtaine d’année plus tard, en 1175, les droits denaisiens sont encore rappelés dans la grande bulle de confirmation d’Alexandre III. Mais en 1173, l’abbaye de Denain avait déjà cédé, au terme d’un litige avec les chanoines, trois bonniers de terre dans cette paroisse. En 1256, les moniales vendent aux chanoines le droit de patronat. Si l’éviction de la présence denaisienne est évidente, rien ne permet de reconstituer les mobiles, même si une phrase de l’acte de vente laisse perplexe. L’abbesse souligne, un peu trop peut-être, qu’il n’y a pas eu de manoeuvres de la part des chanoines et que, si l’affaire n’avait pas été
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Cf. chartes nos 44, 60-63, 93-94. H. van Werveke, Comment les établissements belges. 36 Marchiennes (Lille, A.D. Nord, 10 H 1/1) ; Maubeuge (Lille, A.D. Nord, 25 H 1). 37 Dès 1103 pour l’abbaye de Liessies ; en 1180 pour celle d’Hautmont, cité par G. Sivery, Les comtes de Hainaut, p. 41. 38 Chartes n os 11, 16, 17 et 60. 35
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conclue, les choses auraient pu être pires pour sa communauté39. Les quatre cents livres versées étaient peut-être une occasion à saisir pour renflouer les caisses denaisiennes. Les dynamiques chanoines ont dû opérer d’ecclésiastiques pressions envers les moniales pour les amener à vendre. Bilan global La modestie globale du temporel éclaire la détermination des abbesses à défendre les biens proches du monastère, à réaffirmer constamment les droits de la communauté et à opérer des regroupements de bon sens. Cette politique cohérente se traduit par une présence plus ou moins importante dans une cinquantaine de localités. Dans huit cas seulement, l’emprise denaisienne a une réelle ampleur lorsque l’abbaye détient à la fois la paroisse, les dîmes, des biens fonciers et des droits divers : naturellement à Denain et dans les environs, à Haubourdin et Erquinghem. Mais au total, force est d’admettre que les moniales ne disposent ni d’une large assise foncière, ni de revenus importants. Le monastère ne connaissait pas l’opulence de ses voisins masculins. Tableau 7. Récapitulation du temporel de l’abbaye de Denain à la fin XIIIe siècle (en italique, les localités non identifiées) Localités
Autels Biens fonciers
1
Aniche
2
Angrau
3 4 5
Artres Auberchicourt Avesnes-le9 courtils Sec (1175) Azincourt Buet Bury 1175
6 7 8
Dîmes
Autres droits
5 rasières Vente (1244) (1175) Terre et courtils (1175) Terrage (1175) Vente (1244) Terrage (1175) Vente (1244) Terrage (1175)
39
Charte n° 60 : In qua venditione nos non esse circumventas confitemur sed, si hoc mercatum non faceremus, nos deterius facere oporteret.
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Localités 9
Autels Biens fonciers
Cambrai
10 Denain
877
Maisonnette (1175) Villa (877)
11 Erquinghem 1124 alleu (1179), 1 bonnier (1244), 1 manoir et 18 cents (1275) 12 Esquerchin Terre (1179) 13 Forières 1175 14 Frasnoit 15 Fressin 15 rasières (1175) 16 Gommegnies 17 Hallenes-lez- 1127 H. 18 Haubourdin
1127 Soiestés
19 Haulchin
Villa (877, 1175), Terres (1243, 1259, 1298)
Dîmes
60s/an 1175
18 d./an (1175)
5 s./an (1175) Achat (1220, 1241, 1264) Achat (1220, 1241) 1175 Seigneurie (1296)
1113
21 Hocheziele
1154 Terre (1154) vendue en 1173 et 1256 Villa (1175) vendue en 1244 Vignes (1175) vendues en 1244 1118 Cour (1175) 1175
23 Husen 24 LauwinPlanque
eau, moulins, fours
Achat (1244)
20 Haveluy
22 Hönnepel
Autres droits
Achat (1238, 1299)
Céréales, volailles (1175) Terrage (1175)
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Localités
Autels Biens fonciers
25 Lhomme
Dîmes
9 rasières (1175)
20 rasières de froment (1175) 4 rasières de froment (1175)
26 Marche 27 Masengarbe 28 Mastaing 29 Monchaux 30 Monchecourt 31 Oras 32 Périers 33 Preux 34 Prouvy 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46
Quérénaing Request Roeulx Rollancourt Roucourt Saultain
Autres droits
Terre (1175) 4 courtils (1175) 1 terre (1175) 1175 2 courtils (1175) 1175 Villa (1175)
Terrage (1175) 1175 2 muids céréales (1175)
1118 Terre (1175)
Achat (1217, 1220, 1285) 1175 2 sous (1175)
Terre (1175) Terrage (1175) 1175
1175
14 manses (877) Saulx 6 héritages (1138) Thiant Courtils (1175) Achat (1285) Thier 1175 1175 Thonville Villa (877) Trith 1175 1175 1175 Valenciennes Brasserie (1175)
3 sous (1175)
4 s./an 4 s, 8 chapons vente (1242)
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Localités 47 VerchainMaugré 48 Walincourt
Autels Biens fonciers 1175
Autres droits 5 s. (1175)
1 charruée ; 2.5 courtils (1175) 5.5 courtils (1175)
49 ? (sans nom) Total
Dîmes
15
3. La défense des intérêts du monastère Un temporel, surtout quand il est modeste comme nous l’avons montré, exige une vigilance constante pour le maintien de son intégralité. Une dizaine de documents font état de litiges qui opposent les desservants à l’abbaye à propos de la répartition des dîmes, phénomène classique. Le conflit avec le prêtre d’Erquinghem A cet égard est symptomatique le long conflit, particulièrement bien documenté, qui oppose celui d’Erquinghem-sur-la-Lys aux moniales entre 1189 et 125040. Ce village, situé dans le comté de Flandre et relevant du diocèse d’Arras, est à 15 kilomètres au nord-ouest de Lille sur la Lys et à environ 12 kilomètres au nord-ouest d’Haubourdin et Hallennes-lezHaubourdin, où l’abbaye est également implantée. A Erquinghem, qui fait donc partie des possessions éloignées de l’abbaye, environ une soixante de kilomètres à vol d’oiseau, Denain détient l’autel depuis 112441. Cette concession faite liberaliter assure à la communauté le droit de patronat, c’est-à-dire le choix du desservant et la perception de la dîme paroissiale. L’abbaye ne semble pas avoir d’autres biens et revenus en ce village avant 124442. Mais, à partir de 1189, un conflit super proventibus altaris oppose le desservant du lieu à l’abbesse Helvide. L’évêque d’Arras, après enquête, tranche et décide que l’abbaye et le prêtre se partageront les oblations de pain, de beurre, œufs et autres par moitié, sauf pour quelques cas qui correspondent à peu près à des solennités liturgiques appelées « nataux » dans le nord de
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Chartes nos 19, 54-57. Charte n° 6. 42 Chartes nos 46, 47. 41
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la France : Noël, Pâques, Pentecôte, la Purification de la Vierge43. Dans ces quatre cas, l’abbaye percevra les 2/3 des oblations, le prêtre un tiers. Si les autres revenus provenant des animaux ou du lin sont partagés à part égale, les deux tiers de la dîme vont à l’abbesse, l’autre tiers au prêtre. Un demi-siècle plus tard, le conflit resurgit et, en 1240, l’abbaye avait renouvelé l’accord de 1189 avec le curé du lieu. Mais en 1250, le conflit, reparti de plus belle, donne lieu à une nouvelle intervention épiscopale. Depuis 1244, l’abbaye détient dans le village une dîme, cédée par Jean, châtelain de Lille, sur laquelle le curé percevait un muid de froment. Le curé d’Erquinghem se plaint de ne pas l’avoir reçu depuis sept ans et réclame son dû : un muid de blé sur la dîme de l’autel et 1/9e de la grosse dîme et les arriérés. Pour l’abbaye, les nouveaux revenus ne peuvent faire l’objet d’une répartition. Dans cette logique, le procureur de l’abbaye s’oppose aux prétentions du desservant. Une confrontation est ordonnée par l’évêque en présence des parties. L’importance du litige se mesure à la longueur de l’acte épiscopal d’octobre 1250 qui rappelle toutes les étapes de la procédure et reprend toutes les décisions antérieures : la décision de l’évêque d’Arras de 1189, l’accord entre le curé et l’abbesse en 1240, les mesures arrêtées en mai 125044. L’évêque accorde finalement au curé le muid réclamé et les sept muids d’arriérés évalués à trente livres parisis. La documentation postérieure faisant défaut, on ne sait si le litige fut définitivement clos. On a de bonnes raisons d’en douter. En effet, quelle nécessité, si ce n’est la reprise du conflit, aurait justifié en 1589 la traduction en français de la totalité de l’acte de 1250 ? L’aménagement de la haute-Deûle La défense des intérêts de l’abbaye dans ce village s’illustre par un autre fait, celui de l’aménagement de la haute-Deûle, vaste opération technique et financière démarrée en 1271 qui devait relier Haubourdin à La Bassée. En 1275, le monastère obtient du châtelain de Lille des terres, libres de tous droits, situées à Erquinghem en compensation de celles requises à Haubourdin pour des travaux de canalisation. Opération financière intéressante mais aussi opération géographique pertinente puisque l’échange se
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Les nataux étaient au départ Noël, Pâques et la Pentecôte, auxquelles s’est ajoutée, depuis les temps carolingiens, la Toussaint. D’une paroisse à l’autre, on peut noter des variantes et la mention d’une cinquième fête, la Purification de Marie. Cf. B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 370-371. 44 Charte n° 55.
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fait au profit de terres plus judicieusement situées, à côté du « manoir » de l’abbaye, encore attesté en 129945. Les chapellenies Toujours dans le même village, en 1279 une chapellenie est fondée au château. La fondation de chapellenies, phénomène relativement courant même si cette pratique est moins développée que la fondation d’obits, répond à une demande personnelle46. Cette pratique, apparue vers 1180 et expression majeure de la religiosité médiévale, est un phénomène mal connu car son étude est malaisée47. Des nobles, des seigneurs ou des bourgeois fondent des chapellenies pour le salut de leur âme. Le principe est de recourir à des messes célébrées par des chapelains dans le cadre de chapelles privées, contrairement aux obits généralement célébrés dans les églises de communautés religieuses ou de paroisses. Ici, il s’agit d’une chapellenie castrale, établie par le châtelain de Lille48. Mais une création de chapellenie, quelle que soit son implantation, nécessite une double autorisation. D’abord celle du patron et persona de la paroisse où la fondation va se trouver. L’abbaye de Denain étant patron de la paroisse d’Erquinghem, son accord est nécessaire. Aussi, dans un premier temps, le fondateur Jean, châtelain de Lille, demande l’autorisation et en expose la raison, celle de répondre aux souhaits (darraines volontés) de son grand-père (taion), Jean de Brai, qui fut aussi châtelain de Lille. Le fondateur prend bien soin de rappeler, mais de façon générale, que les droits paroissiaux ne souffriront pas de cette initiative49. Six mois plus tard, l’abbaye ayant donné son accord, l’évêque donne son approbation et précise le contenu de cette fondation. D’abord, et c’est fondamental, les revenus affectés à cette fondation (20 livres), ensuite son fonctionnement selon une réglementation minutieuse. L’abbaye de Denain détient le droit de présenter son candidat à l’évêque qui doit le confirmer et éventuellement l’ordonner prêtre. L’évêque détaille les obligations du chapelain qui définissent ses relations avec le curé du lieu. Le chapelain devient un auxiliaire du curé qu’il doit assister le dimanche et lors des offi-
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Charte n° 74. En 1299, Philippe le Bel ordonne au comte de Hainaut de remettre à son bailli un bourgeois de Lille, Jean du Castel, que le comte avait fait arrêter dans la maison de l’abesse de Denain à Haubourdin (Lille, A.D., Nord, B 1063). 46 J. Avril, En marge du clergé paroissial. 47 J. Queguiner, Recherches sur les chapellenies ; N. Beriou, Les chapellenies. 48 B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 392-396, a recensé 226 chapellenies jusqu’au milieu du XIVe siècle, dont une vingtaine dans des châteaux, manoirs et maisons. 49 Charte n° 76.
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Le temporel
ces quotidiens50. Il doit célébrer deux messes par semaine. Le curé peut le réquisitionner pour l’aider à visiter les malades, administrer les sacrements, le remplacer en cas d’absence ou d’empêchement. Les oblations des fidèles sont partagées. Le respect de toutes ces prescriptions est garanti par un serment du chapelain. La charge devient d’ailleurs un véritable bénéfice et est comme tel taxée par la fiscalité pontificale51. Ces prescriptions précautionneuses, visant à définir les compétences d’un clergé supplétif, ne sont pas originales et se retrouvent notamment dans les actes de fondation de chapellenies dans les vastes paroisses situées au long de la vallée de la Lys. Mais le cas présent paraît être le modèle des dispositions futures. En effet, la fondation, de peu antérieure à celle du châtelain à Laventie en 1277, n’oblige le chapelain que sur sa participation aux messes et offices du curé52. Les fondations ultérieures reprennent l’ensemble des dispositions prescrites par l’évêque d’Arras en 1279 où les contraintes pour le chapelain sont plus lourdes53.
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Charte n° 78 : in parrochiali ecclesia horis debitis tenebitur interesse cantando legendo cum aliis et psallendo. 51 A. Longon, Pouillés de la province de Reims, t. 1, Paris, 1908, p. 237 : en 1356, 20 livres. 52 Arras, A.D. Pas-de-Calais (fonds Saint-Vaast), 1 H 90/60. 53 Sailly-sur-la Lys en 1312 (Arras, A.D. Pas-de-Calais, 1 H 90/58).
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Chapitre 4 Les relations extérieures
Toutes les études menées sur des communautés religieuses ont mis en évidence les ententes, les affrontements, les rivalités et les connivences qui rythment les relations avec tous ceux qui exercent un pouvoir, personnages importants ou secondaires, laïques ou ecclésiastiques. Denain ne peut avoir échappé à ce banal phénomène. L’originalité sur ce point réside dans le silence documentaire et la nécessité de traquer les moindres indices.
1. Les ecclésiastiques Aucun document faisant état d’une association spirituelle entre Denain et une autre maison religieuse n’a été retrouvé ni dans les archives denaisiennes, ni ailleurs. Les actes de confraternité des monastères voisins ou leurs listes énumérant les établissements liés par ce genre d’association ne citent pas Denain. Est-ce parce que les maisons masculines étaient réticentes à s’associer avec des monastères de moniales ? Il ne semble pas, car ailleurs la pratique est attestée. Marchiennes compte parmi les monastères associés deux établissements féminins, Anchin trois ; Saint-Vaast était en confraternité avec les moniales d’Etrun. Une seule attestation du passage à Denain d’un rouleau des morts, en dehors de la période étudiée ici puisque
J.-P. Gerzaguet, Les confraternités ; id., L’abbaye d’Anchin, p. 200-210. Un acte du 30 août 1742 ravive les liens conclus vers 1130 avec les moniales d’Etrun. (Arras, Pas-de-Calais, 1 H 58/9-10).
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datée de 1397, a été retrouvée. Il s’agit du rouleau de Jean de Marigny, abbé de Saint-Etienne de Dijon. Mais l’absence de documents ne veut pas dire absence de la pratique. Une indication dans un ouvrage du XVIIIe siècle signale que les abbesses Eusilie et Helvide II figurent dans le nécrologe de Ghislenghien. Une association spirituelle unissait donc les deux communautés. Certes, d’autres unions existaient car Denain, comme les autres abbayes, a dû se constituer un réseau spirituel indispensable pour bénéficier de l’universalité des prières mais aussi pour disposer d’un vivier d’intermédiaires susceptibles de régler les inévitables litiges. Si, d’un point de vue spirituel, Denain devait être uni à Messines car Fredessende, première abbesse de Messines en 1065, avait auparavant présidé aux destinées de Denain, des liens aux finalités plus utiles devaient exister avec les communautés proches. Cependant les nécrologes d’Anchin et de Marchiennes ne citent aucune religieuse de Denain. Une seule figure dans le nécrologe de Saint-Amand. Quelques actes épiscopaux illustrent les nécessités de se faire confirmer telle donation ou de se voir notifier telle sentence. Cette pratique banale, la plus documentée même si les actes sont peu nombreux, reflète bien la modestie des intérêts temporels. Rien ne subsiste des interventions éventuelles des archevêques de Reims. Est-ce à dire que l’arbitrage du métropolitain ne fut jamais sollicité ? Même les papes qui, par l’activité de leur chancellerie, sont de plus en plus présents aux XIIe et XIIIe siècles dans toute la chrétienté et dans le diocèse d’Arras en particulier, n’ont guère manifesté de sollicitude pour Denain : six bulles en tout dont une seule grande bulle de confirmation délivrée en 1175 par Alexandre III.
2. Les laïcs Les comtes A cette quasi-absence de la hiérarchie ecclésiastique correspond un mutisme semblable des laïques. Si un accord relaté par une charte du comte Baudouin IV en 1164 fut élaboré à Denain, il ne concerne pas cette
J. Dufour, Rouleaux des morts, t. 2, p. 624, n° 285/300 et carte p. 723. Notons que l’ouvrage recense le passage de nombreux rouleaux dans les monastères des bords de la Scarpe ou de l’Escaut, en particulier celui d’Hugues de Solignac (n° 186). Cf. liste abbatiale. Abbaye de Maredsous, fonds Berlière ; au 11 juillet, dans la colonne des familiares : Elisabeth sancte Rigenfredis. Charte n° 16.
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abbaye mais celle d’Hasnon. Cependant elle atteste la présence du comte chez les moniales sans que l’on en connaisse la raison. La documentation ne mentionne aucune intervention des comtes de Flandre tant qu’ils tenaient l’Ostrevant ; rien ne provient des comtes de Hainaut avant la fin du XIIIe siècle où Jean d’Avesnes règle des droits d’eau et cède la seigneurie d’Haulchin. Même la mainmise du roi de France sur la garde de l’abbaye en 1297, consécutive à une décision du Parlement de Paris qui plaçait sous la suzeraineté du roi toute la région, n’a pas laissé le souvenir de la nomination d’un garde royal comme à Anchin ou à Hasnon. En tout cas, les archives n’en ont pas gardé trace. Tout ceci reflète bien le rang tout à fait secondaire que tient cette communauté. Son rayonnement ne sort guère de l’espace de ses possessions concentrées en Ostrevant et le contrôle de l’abbaye ne suscite pas les âpres luttes que : l’on peut trouver ailleurs. Les lignages de Denain De ce fait, l’impact de cette communauté est donc géographiquement circonscrit à un réseau de relations structuré autour des seigneurs locaux, les chevaliers de villages où l’abbaye a quelques intérêts à défendre (Haubourdin, Haveluy, Lauwin, Prouvy) et, en premier lieu, avec ceux de Denain. Les sources, à compter des années 1080, tant celles de l’abbaye que celles d’autres institutions, contiennent les noms de personnages désignés ainsi : N. de Denain. La démarche qui suit est donc de proposer, en s’appuyant sur les informations et les indices tirés de sources variées, une ébauche de reconstitution des lignages seigneuriaux denaisiens. Le pluriel s’impose car, s’il serait tentant de voir dans ces individus les membres d’une même famille chevaleresque, le qualificatif géographique « de Denain » est polyphylétique ; il n’est pas signe d’unicité familiale puisque deux lignages distincts sont assurés, sans que l’on puisse exclure ni établir des relations entre eux, car les pratiques onomastiques révèlent l’usage de mêmes « prénoms » dans les deux cas, notamment avec Gilles et Mathieu. L’existence de ces deux souches se déduit en combinant les indications de parenté tirées des chartes avec des informations sigillographiques, onomastiques et toponymiques. D’abord, les quelques sceaux conservés sont de deux types. Le premier type représente un écu à croix engrelée et figure sur les sceaux de Gilles Le comte confirme à l’abbaye d’Hasnon un ancien droit d’usage contesté par Thierry de Wallers (Ch. Duvivier, Actes et documents, t. 1, p. 124-126). L’enquête sur les droits du roi en Ostrevant fait état d’un droit de garde sur quatre abbayes sans les nommer (salvo eo quod quatuor abbatiarum dicte terre remaneat in manu nostra) ; or l’Ostrevant compte cinq monastères : Anchin, Hasnon, Denain, Château l’Abbaye et Vicoigne ; cf. E. Delcambre, Les relations, p. 74 et 200. Voir les deux tableaux généalogiques qui donnent pour chaque individu les références nécessaires.
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Brognart de Denain (1229) et de son fils Mathieu de Denain (1257) auquel on peut ajouter le dessin de l’écu qui figurait sur le tombeau de Jean, fils de Mathieu, mort en 1280 et inhumé dans l’abbatiale de Denain. Le second type de sceau représente un écu billeté au croissant et se trouve sur un sceau de Gilles Brouche de Denain (1227). On distinguait donc deux lignages denaisiens, réalité confirmée par les surnoms attribués à ces personnages dans les chartes : les Brognart et les Brouche. A ces données sigillographiques s’ajoutent des survivances toponymiques. Il y avait à Denain deux lieux fortifiés, l’un appelé « La motte », l’autre « Le vivier », pour lesquels aucune investigation archéologique ne peut être menée en raison des bouleversements des sites liés à l’industrialisation10. Rien dans la documentation ne permet de dire qui occupait chacun des deux lieux. Les Brognart Sur le premier lignage, on peut utiliser, avec toutes les précautions nécessaires, les informations données par l’érudit généalogiste du XVIIIe siècle, Ferdinand Ignace Malotau de Villerode, chef du Magistrat de Valenciennes et conseiller au Parlement de Flandre de Douai, qui rattache ce lignage aux comtes d’Ostrevant et plus précisément à Hugues, second fils d’Anselme II d’Ostrevent et frère cadet de Godefroid II. Hugues est d’abord dit de Valenciennes. Mais à la suite de la cession des possessions en Hainaut de son neveu Godefroid d’Ostrevant à son demi-frère Baudouin IV, comte de Hainaut11, il prend le nom de Denain qui est son bien propre. Villerode attribue deux fils à Hugues : Jean et Etienne. Jean, mort en 1202, fut inhumé dans l’abbatiale de Denain, où l’on pouvait encore voir au milieu du XVIIIe siècle la pierre tombale avec les armes d’or à la croix engrêlée de gueules, ce qui correspond au premier type de sceau cité plus haut. Face à ces maigres informations, la difficulté réside dans l’espace chronologique qui sépare le père du fils avec Hugues, attesté jusqu’en 1103, et Jean mort un siècle plus tard. Une, voire deux générations manquent dans la documentation. Le second fils, Etienne de Denain, épousa Rixa de Mons, fille du châtelain de Mons Gossuin et de Béatrix de Rumigny. De ces affirmations sans référence de l’érudit des Lumières, les sources écrites, chartes et chroniques, confirment cependant l’existence d’Etienne, son mariage avec Rixa mais ajoutent l’existence d’un autre frère Gérard. D’Etienne et de Rixa est issu au moins un fils, Gossuin de Denain, témoin dans une charte en faveur de l’abbaye en 1217. Ce dernier, en épousant une fille du lignage des Jauche, a sans doute concentré son action du côté des terres venues de sa femme, et donc plus en Hainaut qu’en Ostrevant où la descendance de ce Gossuin est citée sous la 10 11
Demolon (P.), Louis (E.), Ropital (J.-F.), Mottes et maison-fortes, p. 60. C. Duvivier, Recherches, n° 86 ; L. Vanderkindere, La formation, p. 137.
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forme de Haynin. En revanche, la présence des « Brognart de Denain » est attestée au long du XIIIe siècle avec Gilles Brognart (1229), son fils Mathieu (1257) et son petit-fils Jean. Mais la difficulté ici est de déterminer de qui Gilles Brognart est le fils car aucun indice n’a été trouvé. Si Gilles Brognart apparaît peu dans les chartes, il se signale toutefois, avec son frère Baudri, en faisant partie du groupe de nobles hennuyers qui, face à la comtesse légitime Jeanne de Constantinople, a soutenu en 1225 l’imposture du faux Baudouin, cet ermite qui se fit passer pour le comte mort à la quatrième croisade en 120412. A l’évidence, Gilles est un noble de haut rang. En dépit des lacunes de la reconstitution généalogique, on peut donc considérer que ce lignage seigneurial constitue une branche cadette de la puissante famille des Ribemont qui à la fin du XIe et au début du XIIe siècle contrôlait l’Ostrevant. Dans les années 1100, avec Godefroi à Bouchain et son frère Hugues à Valenciennes, on conçoit que le lignage se soit aussi implanté à Denain dans l’un des deux points fortifiés cités plus haut. Mais, force est de constater que ce lignage n’a pas manifesté sa sollicitude envers l’abbaye. Aucune trace de donation n’a été retrouvée alors que deux membres au moins de cette famille ont été inhumés dans l’abbatiale denaisienne : Jean en 1202 et Jean en 1280. Les Brouche L’autre lignage, celui des « Brouche », n’est documenté véritablement qu’à compter des années 113013 et peut être reconstitué au moins de façon partielle jusqu’à la fin du XIIIe siècle. Les premiers cités sont Amand de Denain et ses deux frères Siger et Gérard. Amand, outre les mentions dans plusieurs actes entre 1138 et 1174/83, est présent lors de la dédicace de Vicoigne en 1139, où il est qualifié de vir illustris et soutient activement Gérard de Saint-Aubert, son suzerain, dans la lutte qui oppose ce dernier à l’évêque de Cambrai14. Amand et son fils Mathieu n’ont pas manifesté de sollicitude pour l’abbaye de Denain mais ont fait des donations à Marchiennes pour le premier, à Cysoing pour le second. De cet Amand, une charte de 1174/83 cite quatre fils et deux filles. C’est de cette progéniture masculine que descendent vraisemblablement les « Brouche » du XIIIe siècle : trois individus portant le même prénom de Gilles. Gilles Ier Brouche, attesté de 1198 à 1227, est le fils d’un Mathieu, sans qu’il 12
Th. Luykx, Johanna van Constantinopel, p. 230-231 ; pour une mise en perspective du phénomène d’imposture, voir G. Lecuppre, L’imposture politique, passim et notamment p. 377378. 13 Deux individus sont qualifiés « de Denain » à la fin du XIe et au début du XIIe siècle, mais rien ne permet de les rattacher à ce second lignage : Hugues, fils de Yde, est attesté en 1097 (H. Platelle, Justice, p. 425) ; Guillaume est cité en 1081 dans une charte pour l’abbaye de Crespin (A. Miraeus, Opera, 4, p. 188) et 1107 pour St-Jean de Valenciennes (C. Duvivier, Actes, 2, p. 25). 14 Gesta episcoporum Cameracensium continuata. De Nicholao episcopo, p. 236, vers 202.
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soit possible de déterminer si ce Mathieu est fils ou petit-fils d’Amand ; Gilles II, attesté de 1238 à 1248, et Gilles III cité à partir de 1261. Des informations lignagères de ce petit corpus documentaire, retenons un acte de 1227 qui ne concerne pas l’abbaye de Denain mais celle de Saint-Aubert de Cambrai. Gilles Brouche de Denain fait une donation en faveur de la communauté cambrésienne, approuvée par sa femme Damison qui, n’ayant pas de sceau, fait apposer celui de l’abbesse de Denain15. Cette démarche suppose entre les deux femmes un lien particulier, peut-être de parenté, qui nous échappe. Le prénom de la bienfaitrice, Damison, fait écho à celui que l’on trouve dans un acte de mars 1215 où l’évêque d’Arras notifie que Gilles Brouche, miles de Denain et dominus d’Azincourt, a renoncé en faveur de l’abbaye de Marchiennes à toute prétention sur une terre dans ce village aujourd’hui disparu. Parmi les témoins figure Damison, fille de Jean d’Azincourt, cadet des seigneurs de Bruille16. Il est tentant d’y voir l’épouse future de Gilles. Mais en tout état de cause, ces liens confirment que les « Brouche » constituent un lignage chevaleresque modeste lié aux autres familles seigneuriales de villages voisins. A l’inverse du premier lignage, d’origine prestigieuse mais globalement absent des chartes denaisiennes, la présence plus importante des « Brouche », lignage local, confirme le rang secondaire de l’abbaye de Denain. Cette reconstitution généalogique partielle des deux lignages denaisiens ne permet pas cependant de caser tous les individus qualifiés du patronyme « de Denain » mentionnés dans diverses chartes : Herman en 1174/8317, Guillaume en 121718, Gérard en 1236 et 123719, Alexandre en 1258 et 1264 et son fils Thierry en 126620. Etienne Brognart et son fils Thomas cités en 1239 sont bien sûr membres du premier lignage sans qu’il soit possible de les situer21. De même, Simon Brouche, cité en 1243 et 1247 avec son épouse Aelidis, peut être attribué au lignage de ce nom sans qu’il ait été possible de déterminer de qui il est le fils ou le frère22. Les autres lignages D’autres familles seigneuriales, extérieures à Denain, apparaissent ponctuellement dans les chartes de la communauté religieuse : les sires de Trith, Lille, A.D. Nord, 36 H 68/755 : … conjux mea que sigillum proprium non habebat per se fecit sigillum venerabilis domine Helvidis abbatisse de Denaing ibidem apponi…
15 16
Lille, A.D. Nord, 10 H 146/2256. Il n’existe aucune étude sur les seigneurs de Bruille-lèsMarchiennes. 17 B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, n° 194. 18 I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, n° 72. 19 Lille, A.D. Nord, 59 H 96, n° 41, 69 bis et 70. 20 Charte nos 63, 69 et A.D. Nord, 59 H 69. 21 Lille, A.D. Nord, 59 H 97, n° 73. 22 Charte n° 45 et Lille, A.D. Nord, 40 H 586/1554.
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de Prouvy et d’Enghien. Le premier lignage a une réelle importance, étant sans doute issu à la fin du XIe siècle d’un cadet des comtes de Hainaut et possédant une des plus grosses terres du comté de Valenciennes ; le seigneur de Trith est pair de ce comté23. Ce n’est qu’au XIIIe siècle que les sires de Trith apparaissent dans la documentation denaisienne lorsque Gilles de Trith en 1217 cède des dîmes à l’abbaye, peut-être par besoin de liquidités pour payer sa rançon après Bouvines24. Là aussi, comme dans les manifestations seigneuriales évoquées plus haut, l’intérêt pour Denain est occasionnel à la différence des relations que ce lignage entretenait avec d’autres monastères. Les ancêtres de Gilles avaient été avoués de l’abbaye de Marchiennes dans la seconde moitié du XIIe siècle et aussi avoués de l’abbaye de Saint-Pierre de Gand pour les biens que celle-ci détenait à Douchy, village voisin de Denain. Les sires de Trith avaient mené la vie dure aux abbés de ces deux monastères et les conflits et arbitrages sont largement présents dans les chartes marchiennoises ou gantoises25. Or curieusement, rien de tel à Denain. D’abord, on ignore qui était l’avoué du monastère car aucun individu en charge de cette fonction n’est cité dans les chartes denaisiennes. Il est pourtant inconcevable que les moniales n’aient pas eu de « protecteur », à l’image des abbayes bénédictine voisines. Ce silence, qui ne veut pas dire absence, est peut-être la preuve que les biens des moniales ne suscitaient pas d’âpres convoitises et que les éventuels conflits n’ont pas donné lieu à des règlements écrits. Les sires de Prouvy sont aussi pairs du même comté de Valenciennes26. Deux membres de ce lignage, portant le même nom de Gérard, vraisemblablement le père et le fils, interviennent en faveur de l’abbaye à une trentaine d’années d’intervalle27. Là aussi manifestation occasionnelle. Enfin, deux membres cadets d’un lignage seigneurial important, les sires d’Enghien : Arnoul, sire de Blaton, et son fils du même nom, constituent les deux seuls cas où un âpre conflit portant sur des droits d’usage de l’eau, en l’occurrence l’Escaut, a opposé ces deux seigneurs à l’abbaye dans les années 1260 puis à la fin du XIIIe siècle, L’affaire fut d’importance, perdura pendant deux générations et nécessita la confection de chartes par lesquelles les droits d’eaux furent vendus à l’abbaye28. Les raisons des revendications d’Ar23 E. Grar, Famille des seigneurs de Trith ; travail tout à fait insuffisant et dépassé. La pairie est indiquée en 1184 par Gislebert de Mons (Chronicon, p. 169-170) ; sur les pairs, voir en dernier lieu J.-F. Nieus, Du donjon au tribunal. 24 Chartes nos 25, 26 ; cf. supra, chap. 3, n. 29. 25 B. Delmaire, Histoire-polyptyque, passim. 26 Alman de Prouvy, cité en 1095 (A. D’Herbomez, Chartes de Saint-Martin de Tournai, n° 2) ; la pairie est citée en 1184 par Gislebert de Mons, Chronicon, p. 169-170 ; P. Demolon, E. Louis, J.-F. Ropital, Mottes et maison-fortes, p. 118. 27 Chartes nos 29, 31, 62, 69. 28 Chartes nos 67, 81, 88, 89, 90.
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noul sont sans doute à chercher dans la défense des intérêts de son épouse, une fille des seigneurs de Thiant, terre située sur la rive droite de l’Escaut ; quant à son fils, il avait épousé Isabelle de Denain, fille de Gila, qui paraître être l’héritière de la seigneurie denaisienne des Brouche. Au total, cette enquête sur les lignages chevaleresques locaux se heurte à toute une série d’obstacles et de handicaps. L’indigence documentaire ne permet pas de pousser bien loin les reconstitutions familiales qui se limitent à des esquisses généalogiques qui ne pourront donc qu’être complétées et améliorées. Si la verticalité reconstituée des lignages permet peu ou prou de couvrir les XIIe et XIIIe siècles, la reconstitution horizontale qui permet donc de donner de l’épaisseur et de la consistance à un lignage se réduit trop souvent pour chaque génération à un seul nom masculin. On aurait aimé trouver quelques filles, connaître les époux éventuels et ainsi imaginer des stratégies matrimoniales ou bien découvrir qu’elles étaient devenues religieuses à Denain. Les trop rares donations faites par ces chevaliers locaux sont peut-être liées à l’entrée en religion d’une sœur ou d’une fille mais les chartes n’en soufflent mot. L’impact et l’influence de ces lignages, qu’ils soient implantés à Denain ou ailleurs, apparaissent de façon pointilliste. Les interventions sont occasionnelles et n’obéissent pas à une politique construite sur le long terme, visant à faire de l’abbaye un élément d’une stratégie de pouvoir. L’attraction de Denain aurait pu se mesurer de façon plus précise si le nécrologe avait été conservé. Grâce aux inscriptions identifiées, révélatrices de la quête des prières des moniales pour le repos des défunts, il aurait été alors possible de reconstituer l’aire de rayonnement et d’attraction du monastère. Les études sur les nécrologes l’ont abondamment démontré29. Cette perte du nécrologe de Denain est préjudiciable car les actes conservés ne peuvent suppléer cette disparition. En effet, rares sont les documents qui font explicitement référence à la fondation d’obits et attestent cette quête des suffrages spirituels. Malgré cette minceur documentaire, les cercles des bienfaiteurs que l’on peut reconstituer révèlent une stratification sociale attendue puisqu’elle va de la famille comtale hennuyère aux lignages chevaleresques de village. Cependant, si la présence du haut niveau aristocratique est réelle, elle est modeste avec deux legs testamentaires, l’un par la comtesse Marguerite de Flandre en 127330, et l’autre en 1285 par Florent 29
J.-P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 210-211. Par testament, la comtesse de Flandre organise ses dernière volontés et prévoit pour de nombreux établissements religieux dont Denain la distribution de sommes d’argent destinées au repas d’anniversaire de son obit : …Encore doins je pour Deu et en aumosne a noires nonains et a chanoniesses a rente achater pour faire pitance chascun an au couvent le jour de mon obit : [énumération de neuf communautés de moniales et de chanoinesses] a Denaingn, vint livres… (original sur parchemin. Lille, A.D. Nord, B. 445, éd. E. Hautcoeur, Cartulaire de Flines, n° 182, p. 197). 30
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de Hainaut, frère du comte de Hainaut Jean d’Avesnes31. Cette sollicitude aristocratique appartient aux pratiques convenues et attendues des princes envers les institutions religieuses de leur principauté et ne révèle en rien une attention particulière pour le monastère de Denain. A ces deux exemples tardifs de la fin du XIIIe siècle, on ne peut ajouter qu’un autre cas. En 1221, le chanoine Gautier de Condé cède sa dîme de Prouvy à l’abbaye contre un anniversaire célébré annuellement pour l’âme de son frère Gérard. Il y ajoute comme pitance destinée aux moniales un muid de blé et un demi-muid d’avoine. Le recoupement avec d’autres sources permet d’esquisser une brève notice biographique de ces deux personnages, d’entrevoir ainsi l’attraction du monastère et par conséquent d’imaginer son recrutement. Gautier, attesté de 1200 à 1245, exerça différentes responsabilités à Cambrai, notamment comme prévôt de Saint-Géry puis trésorier du chapitre cathédral32. Son frère Gérard, sire de Prouvy, est cité entre 1200 et 122233. Comme il est le fils de Roger, Gérard et Gautier sont donc les frères de l’évêque de Cambrai Godefroi (1220-1237/8). Leur tante Rixa, fille de Gossuin de Mons, avait épousé Etienne de Denain, le chevalier cité plus haut34. Ces éléments épars permettent de penser, sans pouvoir être plus précis, que certaines moniales de Denain provenaient de ces familles. Au milieu du XIIIe siècle, après 1244, deux chevaliers de Denain, Jean et Gilles Brouche, fondent un obit perpétuel35. Vers 1300, Gilla, dame d’Azincourt, veuve de Gilles Brouche, sire de Denain et mère de Gilles Brouche, fait don de quatorze sous de blancs pour son obit et celui de son mari36. Les familles comtales de Flandre et de Hainaut ont toutes deux manifesté ponctuellement leur générosité envers Denain dans deux testaments. Au total, trois obits, deux legs testamentaires et deux mentions d’épitaphes constituent donc les seules traces documentaires de l’attraction denaisienne qui paraît en définitive bien pâle.
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Florent de Hainaut, sire de Braine, fonde par testament un obit auprès de vingt-huit communautés religieuses dont l’abbaye de Denain. L’original perdu n’est connu que par une analyse (Saint-Génois, Droits primitifs des anciennes terres et seigneuries du pays et comté de Hainaut, Paris, 1782, p. 233) : Testament en françois et en parchemin scellé des sceaux un peu rompu de Florent de Hainaut, chevalier, sire de Braine, et de son frère Guillaume, évêque de Cambrai, …par lequel testament ledit Florent de Hainaut ordonne le paiement de ses dettes, faits quelques legs à ses domestiques et à quelques abbayes et maison pieuses en Hollande et donne les rentres ci-après marquées aux abbayes et maisons qui suivent à charge d’un obit par an : … Denain, 40 sols de rente… 32 1200 (A. Miraeus, 1, Opera omnia, p. 725 et 738) ; 1245 (A. Bocquillet, Les prévôts, n° 60). 33 1200 (cartulaire de Condé, Paris, B.N.F., ms. 9917, fol. 27 v°-28 r°) ; 1209 (Lille, A.D. Nord, 10 H 146/2255) ; 1221 (actes nos 30 et 32). 34 D. Schwennicke, Les familles féodales, t. 13, n° 135 b. 35 Cambrai, B.M., ms. 966, fol. 109 r°. 36 Charte n° 96.
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Un élément, certes plus tardif mais significatif, confirme cette situation médiocre : celui de la fiscalité pontificale notamment, par le biais des comptes de décimes. La décime est une taxe de 10% portant sur les revenus nets d’un bénéfice ecclésiastique. L’impôt ainsi exigé est une somme négociée entre le bénéficier et les services fiscaux pontificaux. Mais le montant fixé est révélateur de la richesse estimée du siège abbatial et donc de l’abbaye. Certes, les chiffres concernent le milieu du XIVe siècle (comptes de 1362) mais ils gardent toute leur signification si on les compare aux établissements voisins. Avec une taxation à 552 livres, Denain arrive certes devant Maubeuge (480 livres) mais fait pâle figure au regard des sommes exigées pour Hasnon (1000 livres), Marchiennes (3906 livres) ou Anchin (4500 livres)37. A l’évidence, l’abbesse de Denain ne connaissait pas l’aisance financière de ses collègues voisins. En définitive, la faiblesse en terres et en ressources conditionne un rayonnement et un impact globalement terne. L’abbaye est fondamentalement préoccupée par les nécessités de sa subsistance. Cette loi motive sa détermination dans la défense de ses intérêts concentrés en Ostrevant. Faut-il en déduire une pratique de l’autosuffisance ? Certainement pas. En effet, même si l’implantation urbaine de cette communauté est faible, Denain avait une maison à Valenciennes avec une brasserie38 et une autre à Cambrai où l’on vendait de la viande39. De plus, le monastère ayant vendu ses vignes en 1240, il fallait bien qu’il se procure du vin. Mais les échanges avec l’extérieur sont restés limités comme on peut le déduire de l’unique dispense des droits de péage connue par une mention dont la formulation ne permet d’assurer qu’elle concerne l’abbaye40.
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A. Longnon, Pouillés, t. 1, p. 250, 254. Cette maison avec brasserie est attestée en 1175 (charte n° 16) et dans la seconde moitié du XIIIe siècle (1265-1286) car l’abbaye doit pour cela au comte de Hainaut une rente de deux capons et huit deniers (L. Devillers, Cartulaires des rentes, p. 20.). : …Por le maison l’abbeesse de Denaing et por le cambe sainte Ramfroie, II capons et VIII deniers. 39 Charte n° 17 : in foro Cameracensi quandam domunculam in qua venditur caro …, Valencenis cambam unam… 40 En 1171, Baudouin IV, comte de Hainaut, gravement malade, fait remise de droits de vinage probablement en faveur de l’abbaye, bien que le monastère ne soit pas expressément cité : Ipse eciam comes [Balduinus], eadem detentus infirmitate, quedam winagia apud Morcinpont et apud Denen prorsus remisit (Chronicon Hanoniense, éd. L. Vanderkindere, p. 105). 38
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Conclusion
Au terme de cette étude, force est de déplorer que la documentation rassemblée n’offre pas la moisson d’informations nécessaire pour reconstituer de façon satisfaisante l’organisation, les transformations et l’impact de la communauté denaisienne jusqu’à la fin du XIIIe siècle. Les rares certitudes sont noyées dans un environnement d’impressions, de tendances et de déductions. Petite communauté et pauvreté documentaire vont ici de pair. Denain a subi un handicap originel : celui d’une création, certes aristocratique comme il y en a eu tant à la période franque, mais qui n’a pas bénéficié d’une assise foncière substantielle. On est loin des largesses accordées par Rictrude à Marchiennes ou par Aldegonde à Maubeuge. Le temporel denaisien fut indiscutablement inférieur à celui des monastères voisins. Ce handicap n’a pas été gommé par un accroissement significatif de biens ni lors de la restauration de 1025 qui apparaît plutôt comme une refondation, ni au cours du XIIe siècle, à l’occasion des restitutions de biens usurpés par les laïques. Denain grappille ici ou là quelques lopins et obtient quelques autels. Ce capital modeste a alors conduit les abbesses à mener une politique temporelle prudente et efficace, fondée sur la détermination à défendre les droits du monastère face aux appétits des seigneurs laïques proches mais surtout envers les desservants de ses paroisses. Le phénomène n’est pas original mais il est particulièrement vif à Denain. Au cours de l’abbatiat d’Eusilie (vers 1240 - vers 1250), décennie de gestion et de restructuration du temporel, la communauté procède à la fois à un élargissement mesuré des biens détenus là où l’abbaye était déjà implantée et à la vente des biens éloignés, de peu de rapport et au contrôle difficile. Les mêmes préoccupations se retrouvent à la fin du siècle lorsque l’abbesse
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Marguerite (…1296-1300…) procède à des échanges locaux de terres, comme si l’abbaye se repliait davantage sur son environnement immédiat. Ce recentrage sur quelques pôles fonciers conditionne le rayonnement limité de la communauté qui n’a guère dépassé l’Ostrevant. Les donations, modestes pour l’essentiel, proviennent de petits seigneurs locaux ; celles de seigneurs de haut rang sont exceptionnelles comme la cession de la seigneurie d’Haulchin par le comte de Hainaut à la fin du XIIIe siècle. L’horizon de la communauté est donc bien étroit et l’existence de deux cours, près de Douai et dans région lilloise, donc en dehors de l’espace denaisien immédiat, fait figure d’exception voire d’anomalie. Si quelques lueurs éclairent la situation matérielle du monastère, en revanche la sollicitation des sources documentaires ne permet guère de déterminer le mode de vie des religieuses denaisiennes. Moniales ou chanoinesses ? Mais poser la question dans cette alternative est sans doute inadéquat car c’est vouloir appréhender un mode de vie mesuré à l’aune des pratiques religieuses masculines où l’on est moine ou chanoine. Si la règle bénédictine fut la norme officielle de cette communauté de femmes à compter des années 1025 jusqu’à la fin du XVIe siècle, la réalité fut à l’évidence plus floue comme le montre le coup de semonce pontificale de 1156 avec des entorses et des accommodements à la pratique bénédictine que la documentation ne révèlent pas. Les moniales de Denain étaient des bénédictines de nom mais mulieres religiosae de fait. Vouloir les faire entrer dans une catégorie clairement définie procède plus de nos mentalités contemporaines que des pratiques médiévales. La communauté de Denain apparaît donc repliée sur elle-même, globalement confinée à l’Ostrevant, peu insérée dans un solide réseau de relations spirituelles et sans liens privilégiés et denses avec le monde aristocratique. Faute d’appuis et de relations, c’est une communauté qui vivote dans une région où la densité de l’implantation monastique masculine au nord le long de la Scarpe (Anchin, Marchiennes, Hasnon, Saint-Amand) et la puissance épiscopale cambrésienne au sud n’a laissé à ces religieuses que de rares interstices disponibles à combler. En définitive, Denain donne l’image d’un petit monastère de femmes, comme il en a existé beaucoup. Son handicap temporel initial maintenu au fil du temps ne lui a sans doute pas permis d’opter clairement pour un statut de chanoinesses beaucoup plus attractif qu’une pratique bénédictine même édulcorée. Denain ne put alors rivaliser avec la concurrence des maisons prestigieuses plus ou moins proches, mais en terre d’Empire, comme Mons, Nivelle ou Maubeuge.
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Conclusion
Carte : Les monastères bénédictins du diocèse d’Arras aux XIIe-XIIIe siècles
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Annexe 1 : Liste des abbesses
Si l’établissement de la liste abbatiale d’une communauté religieuse constitue une démarche élémentaire pour en reconstituer l’histoire, la mise au point fiable d’un tel catalogue dépend de la qualité de la documentation. Dans le cas présent, le résultat ne peut être à la hauteur des ambitions tant les sources sont muettes, incomplètes ou contradictoires, notamment pour toute la période qui nous retient. Les éléments plus sûrs dans la succession abbatiale ne se manifestent qu’à partir du XIVe siècle. A la difficulté de dresser une simple liste nominative des abbesses s’ajoute l’impossibilité quasi totale de déterminer la durée des abbatiats. Il en résulte une imprécision globale avec des lacunes que l’indigence de la documentation ne permet pas de combler. Les différentes listes actuellement disponibles non seulement ne sont pas concordantes, mais révèlent des lacunes, des incohérences et des erreurs. Tous les érudits des temps passés, même les plus sérieux, ont manqué d’attention et d’esprit critique. Si quelques abbesses figurent dans toutes les listes, certaines citées dans l’une sont omises dans une autre ; d’autres, bien réelles dans des actes originaux, ont échappé au pointage. L’élément commun à la bonne dizaine de listes actuellement disponibles est donc l’absence de crédibilité. Ce constat sévère nécessite quelques explications. Les érudits des temps modernes se sont heurtés à une constante opposition des religieuses de Denain qui ont très souvent refusé de communiquer les informations nécessaires. A la requête de François de Bar, grand prieur d’Anchin (1574-1606) qui s’était lancé dans une vaste composition sur l’histoire des monastères de Flandre et de Hainaut, l’abbesse Ghislaine de Nédonchel (1575-1595) lui indique dans une lettre non datée le grand intérêt que revêt « notre livre du chapitre là où il est escript tout les obiz et les noms del abbesses précédent
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», poursuit par un rappel de la tradition de la fondation et l’invite à venir sur place pour le reste. Cette proposition équivalait en fait à une fin de non-recevoir. Les Mauristes n’eurent pas plus de chance. Ils déplorent dans leur notice sur Denain le refus de l’abbesse Jeanne de La Hamaide (16891729) de communiquer les renseignements demandés, malgré leur insistance et l’intervention de personnes influentes. Aussi la Gallia Christiana propose-t-elle une liste tout à fait succincte avec sept noms seulement qui ne dépassent pas le XIIIe siècle (nos 1, 2, 4, 5, 9, 10 et 11). Denain étant devenu un chapitre de chanoinesses, les abbesses ne voulaient sans doute pas que l’on puisse faire état de l’origine bénédictine du monastère. Ces obstacles conduisent l’érudit généalogiste Malloteau de Villerode, au milieu du XVIIIe siècle, à dresser une liste nominative et chronologiquement peu précise qui commence en 1240. En 1775, Dutems publie une liste de 31 noms tout aussi peu fiable. Toutefois, une histoire de l’abbaye de Denain, composée au XVIIIe siècle, avec une liste des abbesses et des chanoinesses intitulée « Liste des preuves des chanoinesses du très noble collège Sainte-Remfroie à Denaing tiré des registres, titres, sépulchres, épitaphes et monuments de leur église » est très prometteuse. Mais l’intérêt suscité par cette annonce est vite déçu. Si la liste abbatiale (f°22 r°- 25 r°), est relativement complète pour le XVe siècle et l’époque moderne avec parfois des renseignements supplémentaires comme le nom des parents, la durée de l’abbatiat ou la date de décès des abbesses, l’imprécision est totale pour la période antérieure : on passe directement de Remfroie dans la seconde moitié du VIIIe siècle à Eusilie au milieu du XIIIe siècle. Les deux manuscrits des abbés cambrésiens Tranchant et Mutte présentent une liste identique. L’abbé Mutte, doyen du chapitre cathédral, rédigea une vingtaine de folios sur Denain intitulés « Eglise Sainte-Remfroie de
Douai, B.M., ms. 820, lettre insérée au folio 78. Gallia Christiana, c. 423 : Sequentium abbatissarum seriem, qualibet adhibita diligentia, quibusvis precibus obtineret ab iis quae monialibus successerunt dominabus nobis non fuit integrum. Ils essuyèrent le même refus de la part des chanoinesses de Maubeuge (ibidem, c. 146). Douai, B.M., ms. 938, f° 143 v°-154 r°, en titre : Liste des abbesses de Denain depuis l’an 1240, celles ayant succédé à sainte Remfroy jusqu’à ce temps n’ayant pu se recouvrer. Cet érudit rencontra la même difficulté pour établir les listes de moniales, f° 156 r°-189 v° : Liste des chanoinesses du chapitre de Denain depuis l’an 1381, celles avant n’ayant pu se recouvrer. J.-F. Dutems, Le clergé de France ou tableau historique et chronologique des archevêques, évêques, abbés, abbesses, chefs des chapitres principaux du royaume depuis la fondation des eglises jusqu’à ce jour (Paris, 1775), tire fierté d’avoir été plus complet que la Gallia : Nous avons été plus heureus que Denys de Saint-Marthe qui se plaint de n’avoir pu obtenir des dames de Denain la liste de leurs abbesses. Lille, A.D. Nord, 24 H 3, mémoire du XVIIIe siècle sur les chapitres nobles des Pays-Bas, le chapitre de Denain étant aux folios 20 v°-38 r°. Ce document, pour ce qui concerne Denain, est identique à celui conservé par la B.M. de Valenciennes (ms. 759). Cambrai, B.M., ms. 705 et 1007.
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Conclusion
Denain » (f° 121 à 140), où figurent notamment une copie de la charte de Charles le Chauve de 877, la transcription de quelques épitaphes et une liste lacunaire des abbesses (f° 125 à 140). Le manuscrit de l’abbé Tranchant, intitulé Mémoires sur les communautés de femmes qui existaient à Cambrai, dresse lui aussi un inventaire incomplet avec quelques épitaphes dont la plus ancienne est celle de Magdeleine d’Esne, dernière abbesse du XIVe siècle, morte en 1398. Les deux auteurs cambrésiens ont travaillé à partir des notes envoyées par M. Moreau, avocat-conseil des chanoinesses de Denain, qui avait pu consulter le livre du chapitre grâce à l’autorisation de l’abbesse Marie Du Chastel de Pétrieu (1751-1766). Le juriste corrigea alors un recueil d’épitaphes, aujourd’hui perdu, établi par J. Pitpan de Montauban, prévôt de Valenciennes au milieu du XVIIe siècle. Ce dernier avait consigné, de façon très fautive à en croire l’avocat Moreau, les inscriptions lues sur les pierres tombales des abbesses. C’est donc la copie des notes complétées et rectifiées par l’avocat que l’abbé Mutte envoya à Ghesquière qui les exploita pour les pages consacrées à Denain dans les Acta Sanctorum. Le Bollandiste, conscient du caractère insuffisant des informations reçues, dresse une ébauche de catalogue des abbesses en insistant sur les lacunes chronologiques. Le XIXe et le XXe siècle n’offrent pas de résultats plus satisfaisants. La liste figurant dans l’un des douze volumes offerts par Camille de Sars à la bibliothèque de Valenciennes est semblable à celle de Dutems. Celle d’A. Le Glay, archiviste du Nord, est totalement fautive pour la liste figurant dans son Cameracum car y sont confondues et mélangées des abbesses de Denain et de Maubeuge. Enfin la liste de A. Jurénil est tout à fait contestable comme celle de la notice du Dictionnaire d’Histoire et de Géographie Ecclésiastiques (M. Prévôt). Aussi l’objectif modeste du travail qui suit est-il d’établir un catalogue abbatial encore lacunaire mais fiable car justifié par des sources : les chartes de la présente édition, les rares chartes extérieures à Denain, les sources hagiographiques avec les précautions qui s’imposent. Alors que tous les érudits précédemment cités signalent entre la fondation de l’abbaye et 1300 une dizaine d’abbesses, la liste qui suit recense seize abbatiats. La période franque 1) Regina (Reine). Elevée au rang de sainte, elle est considérée de façon erronée comme fondatrice et parfois comme la première abbesse de Denain ; elle fut l’objet d’un culte le 1er juillet (Vita sanctae Reginae).
Valenciennes, B.M., ms. 604. Ainsi attribue-t-il à Denain trois abbesses indiscutablement de Maubeuge, même si pour ce chapitre la liste abbatiale manque aussi de certitude : Fredescende (1147-1171), Emma (1172), Ermengarde (1175). A. Jurénil, Denain et l’Ostrevent avant 1712, p. 313-314.
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2) Ragenfredis (Remfroie). Considérée plus généralement comme la réelle première abbesse. Elle serait décédée vers 805 et fut l’objet d’un culte le 8 octobre (charte n° 1 et Miracula sanctae Ragenfredis). 3) Ava. Bienfaitrice et sainte, elle aurait été abbesse au milieu du IXe siècle. Son obit se célébrait le 29 avril (AA SS, apr. 3, p. 635). Depuis la restauration de 1025 4) Ermentrudis (1029 - vers 1035). Première abbesse du monastère restauré (Gesta Cameracensium, p. 460 ; Annales Hanoniae, p. 150). Elle ne figure dans aucune charte. 5) Fredescendis (1035-1065/75). Connue pour avoir ordonné la rédaction des Miracula Ragenfredis, elle devint conjointement abbesse de Messines (1065-1075) (Annales Hanoniae, p. 151). Elle ne figure dans aucune charte. 6) Heldiardis (…1113…) n’est attestée que par un acte (n° 4). 7) Marie Ière (…1118-1127…). Citée dans trois actes (nos 5, 6, 7) ; celui de 1127 (n° 7) indique que son frère Robert de Lille est archidiacre de Tournai (1114-1138). Par conséquent, elle est la fille de Roger Ier, châtelain de Lille, et sœur de Roger II (cf. J. Pycke, Le chapitre cathédral, p. 329 ; E. Warlop, Vlaamse Adel, n° 185/5). 8) Berthe (…1157-[1166?]). Elle n’est citée qu’en 1157 (n° 12). Une bulle de 1166 mentionne une double élection (n° 13), ce qui laisse supposer que Berthe est morte au plus tard cette année-là. 9) Helvide Ière (…1173-1189…). Huit actes mentionnent une abbesse de ce nom de 1173 à 1238 (nos 15, 19, 25, 29, 33, 35, 37, 39) auxquels s’ajoutent deux mentions comme témoin (un acte de 1174/83, B.-M. Tock, Chartes des évêques, n° 194 ; en 1227 dans une charte de SaintAubert, avec sceau, 36 H 68/755) soit un long abbatiat de soixante cinq ans. Le hiatus chronologique entre les nos 19 et 25 (1189 et 1217) incline à croire à l’existence de deux abbesses homonymes, sans exclure la possibilité d’autres abbatiats intercalaires. 10) Helvide II (...1217-1238...). Voir la notice précédente. 11) Eusilie d’Enghien (…1240-1250…). Elle est citée dans sept chartes (nos 41, 44, 46, 48, 50, 51, 56) Fille de Sohier d’Enghien et d’Ide de Mons (Douai, B.-M., ms 938, f° 148 v°), elle ne figure pas dans la généalogie 124
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de cette famille (D. Schwennicke, Les familles féodales de France, t. 13, n° 78 et 79). Elle était inscrite au 5 juin dans le nécrologe de Ghislengien (Gallia Christiana, t. 3, c. 149). 12) Marie II (…1256-1264…), citée trois fois (nos 58, 62, 69 ; le n° 80, sans date, concerne Marie II ou Marie III). 13) Helvide III d’Ithe (ou d’Ittre ou d’Estrées) (…-1268). Elle ne figure dans aucune charte. On ne connaît que l’année de son décès en 1268 : « fille d’Estienne seigneur d’Ittre et de dame Alix de Grimberghe… comme d’une bienfaitrice aux patentes de quelques dames dans le martyrologe des religieuses de Gillenghien comme aussi madame Eusilie sa devancière » (A.D. Nord, 24 H 3, f° 22 v° ; Douai, B.M., ms. 938, f° 149 r°). Elle était inscrite au 24 octobre dans le nécrologe de Ghislengien (Gallia Christiana, t. 3, c. 149). Mais une confusion avec Helvide Ière ou Helvide II n’est pas impossible. 14) Marie III (…1272…), citée deux fois (nos 72, 73 ; le n° 80 sans date, concerne Marie II ou Marie III). Parente de Jean d’Avesnes. 15) Jeanne (…1275-1287…), citée deux fois (nos 74, 84). 16) Marguerite (…1296-1300…), citée dans sept chartes (nos 86, 87, 89, 90, 91, 95, 97).
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Deuxième partie
Les chartes de l’abbaye de Denain
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Introduction
Sont réunis dans ce volume tous les actes donnés ou reçus par l’abbaye de Denain : plus donc que la seule édition des archives de l’abbaye, mais moins que l’édition de tous les actes dans lesquels l’abbaye est citée. On commencera par une brève présentation de ces actes.
1. Classement chronologique des actes conservés Avant de présenter la répartition chronologique des chartes, il convient de dire un mot sur le Thesaurus diplomaticus, magnifique instrument de travail à partir duquel démarre toute quête documentaire dans la zone géographique qui nous retient ici. L’examen des ressources documentaires liées à Denain permet plusieurs observations. D’abord, aucune charte antérieure à 1200 ne manque et la recherche de copies de la période moderne, pour éventuellement compléter le corpus, n’a donné aucun résultat. Cependant, pour le XIIe siècle, on peut simplement ajouter trois mentions de chartes sans avoir pu retrouver le moindre texte. Enfin, signalons une erreur dans
Le Thesaurus Diplomaticus, un CD-Rom, Turnhout, 1997, constitue un immense corpus d’actes relatifs à la Belgique, y compris le Nord/Pas-de-Calais (parce que ces territoires ont fait partie des comtés de Flandre ou de Hainaut), jusqu’en 1200, et donne le texte et/ou le cliché photographique d’un grand nombre d’entre eux. Voir Ph. Demonty, Le Thesaurus Diplomaticus, un instrument de travail pour une nouvelle approche en diplomatique médiévale, dans La diplomatique urbaine en Europe au Moyen Age [Actes coll. Gand, 1998], éd. W. Prevenier et Th. de Hemptinne, Louvain-Apeldoorn, 2000, p. 123-132. Cette base documentaire informatisée n’est cependant pas totalement exhaustive pour la région Nord-Pas-de-Calais. Chartes nos 8, 9, 20.
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le Thesaurus liée à une confusion géographique. Un acte de 1173 ne concerne pas la léproserie de Denain mais celle de Doisnaing. Tableau 8. Répartition chronologique des actes édités Période 871-880 881-1060 1061-1070 1071-1080 1081-1090 1091-1100 1101-1110 1111-1120 1121-1130 1131-1140 1141-1150 1151-1160 1161-1170 1171-1180 1181-1190 1191-1200 1201-1210 1211-1220 1221-1230 1231-1240 1241-1250
Nombre total d’actes 1 0 1 0 0 1 0 2 2 2 0 3 1 4 2 2 1 7 5 8 15
3
6
12
36
ThDipl W 12061 (Lille, A.D. Nord, 59 H 95, f° 79 v°-80 r°, n° 125). Doisnaing est le nom ancien de Maugré aujourd’hui rattaché à la commune de Verchain-Maugré (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Sud), cf. J. Gennevoise, 2, p. 170-171. L’abbé de Vicoigne permet à la léproserie récemment fondée de disposer d’un cimetière, d’être exemptée de toute dîme, sauf celle des moutons élevés dans la léproserie pour le compte d’autrui et sauf celles des futures terres acquises.
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Introduction à l’édition des chartes
1251-1260 1261-1270 1271-1280 1281-1290 1291-1300 Total
8 5 8 6 13 97
40
97
L’originalité du corpus réside dans sa faiblesse numérique et sa répartition chronologique. On est très loin de la richesse des chartriers des abbayes bénédictines voisines. D’un point de vue statistique, en tenant compte de la rigidité de l’approche, on arrive, sur deux siècles, à une moyenne d’un acte tous les deux ans à Denain alors que l’abbaye d’Anchin atteint presque sept documents annuels et Marchiennes plus de deux. Ce calcul donne un indice très significatif sur la petite place de Denain dans le concert monastique régional, sur le petit nombre d’actions juridiques, comme bénéficiaire ou comme auteur, sur la faiblesse des moyens financiers, car faire établir une charte coûtait cher, même si on ignore les prix pratiqués par les diverses chancelleries. Naturellement, cette minceur documentaire se caractérise par une répartition inégale et inattendue. Alors que généralement le nombre de chartes s’accroît régulièrement avec une accélération à partir de la seconde moitié du XIIe siècle, ici petit nombre et irrégularité sont de mise. Toujours le reflet des moyens modestes ou des aléas documentaire ? L’augmentation du nombre des chartes, même si elle reste modérée, se voit mieux si l’on compte par demi-siècle à partir du XIIe, les trois actes antérieurs étant statistiquement négligeables. Dès lors, la première moitié du XIIIe siècle se distingue avec, notamment, la décennie qui correspond à l’abbatiat d’Eusilie d’Enghien (vers 1240 - vers 1250) où s’opère, on l’a vu plus haut, une restructuration du temporel. L’état singulier du corpus soulève plusieurs remarques. D’abord, les archives du monastère sont fondamentalement peu importantes, en particulier pour la période médiévale. Si les vicissitudes auxquelles la communauté fut confrontée expliquent sans doute cette caractéristique, il est manifeste que les chartes n’ont jamais dû abonder dans cette maison, comme permettent de le déduire les mentions dorsales portées sur les parchemins. Quatorze documents orignaux (un du XIIe, les autres du XIIIe siècle) comportent une mention dorsale dans une écriture de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle. Ces notations succinctes, réduites au nom du lieu
Sur la base de dossiers personnels, je compte de 1101 à 1300 : 1376 actes pour Anchin, 434 pour Marchiennes, 122 pour Hasnon, 731 pour Saint-Vaast. Il s’agit des nos 17, 37, 47, 50, 51, 57, 62, 65, 69, 70, 74, 79, 85, 92.
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concerné par l’acte, n’appartiennent pas à une opération d’archivage mais à des interventions de plusieurs scribes au gré des nécessités. A l’évidence, la documentation à maîtriser n’était pas immense. Aucun souci de classement cohérent n’est perceptible avant le XVe siècle, ce qui semble signifier que le besoin ne s’en était pas fait sentir. A moins que, au contraire, il y ait eu, à ce moment, une mise en ordre des archives avec un tri destiné à éliminer tout ce qui aurait pu rappeler qu’à l’origine le monastère est une communauté bénédictine et non un chapitre séculier. Toutefois, cette hypothèse se heurte à la présence de quelques actes originaux qui mentionnent l’appartenance à l’ordre de saint Benoît. Cette référence canonique qui perdure jusqu’au début du XVIIe siècle montre l’attachement, au moins formel, aux racines du monachisme et à l’ancienneté de la communauté. Jusqu’au XVe siècle, les rares mentions hors teneur se résument à une évocation succincte du sommaire avec un nom de lieu. Même la grande lettre pontificale de 1175, détaillant les biens de l’abbaye, ne porte pas d’informations dorsales anciennes. Ce n’est qu’au XVe siècle que des analyses plus précises des chartes sont composées, précédées souvent, mais pas toujours, d’une lettre de classement. A un moment précis mais non datable, la nécessité de classer les archives du monastère s’est fait ressentir et une personne s’est attelée à cette campagne d’archivage, comme le prouve la belle homogénéité d’écriture de ce scribe, avec des analyses substantielles en français. Mais pourquoi la bulle de 1175 a-t-elle échappé aux notations de ce scribe ? Est-ce à dire, vu l’importance du document, seule grande confirmation pontificale du monastère, que cette bulle n’était pas conservée dans le même coffre que les autres titres de l’abbaye, mais peut-être dans la camera de l’abbesse ? Le document pontifical a donc échappé au pointage du XVe siècle mais pas à l’inventaire du siècle suivant. En effet, au XVIe siècle un numéro d’ordre en chiffre arabe est attribué selon une logique qui échappe car plusieurs actes peuvent porter la même cote, sans que cela corresponde à un critère hiérarchique, chronologique ou géographique. Ce classement résulte d’une ordonnance du 12 mai 1546 de Charles Quint qui, dans le cadre d’une remise en ordre interne exigée, imposait aux religieuses d’inventorier les privilèges et titres de leur monastère et d’établir une copie authentique de l’inventaire, qui d’ailleurs n’a pas été retrouvée. On imagine l’intérêt majeur que constituerait la découverte de ce document. Quant aux indications mentionnées au XVIIIe siècle, il s’agit uniquement de datations.
Citons parmi l’analyse les plus longues le n° 68 (13 lignes de 16 cm). Ainsi portent une cote n° 2 les chartes 17 et 62 ; cote n° 3 pour les chartes 18, 32, 76 : cote n° 5 pour les chartes 31, 84, 85 ; cote n° 10 pour les chartes 39 et 70 ; cote n° 12 pour les chartes 27, 45, 65, 78 ; cote n° 32 pour les chartes 63 et 96. A. Miraeus, Opera diplomatica, t. 4, p. 301-302.
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2. Classement par type de document L’ensemble du corpus est constitué par une écrasante majorité de chartes, ce qui n’est pas fait pour surprendre. On y trouve aussi une demi-douzaine de notices et un extrait de terrier. Tableau 9. Classement des actes par tradition manuscrite Période
Nb Originaux Vidimus Falsifi- Copie Edition d’accation ancienne tes
871-880 881-1060 1061-1070 1071-1080 1081-1090
1 0 1 0 0
1091-1100 1101-1110 1111-1120 1121-1130 1131-1140 1141-1150 1151-1160 1161-1170 1171-1180 1181-1190 1191-1200 1201-1210 1211-1220 1221-1230 1231-1240 1241-1250 1251-1260
1 0 2 2 2 0 3 1 4 2 2 1 7 5 8 15 8
1 1
1 1 2
1 2 3
2 2
1
1 1
1 3 3 4 9 2
3 1 2 5
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1 1 1 1 4
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Période
Nb Originaux Vidimus Falsifi- Copie Edition d’accation ancienne tes
1261-1270 1271-1280 1281-1290 1291-1300 Total
5 8 6 13 97
4 4 5 12 53
1 1 1 13
1
15
3 1 3
12
Les originaux (53, dont 7 seulement pour le XIIe siècle) représentent 55% du corpus. A cela s’ajoutent les copies qui sont de deux types (29%). D’une part, dix actes figurent dans les cartulaires d’établissements ayant eu à régler des litiges avec Denain : les cartulaires de Vicoigne (5) et de Saint-Michel d’Anvers (5). Deux actes sont connus grâce à l’érudit de la seconde moitié du XVIe siècle François de Bar, prieur d’Anchin mort en 1606. D’autre part, treize actes sont connus par une copie contemporaine sous forme d’un vidimus (13,4 %). Une douzaine de mentions, quelques notices et un extrait de terrier viennent compléter l’ensemble. Enfin on relève, aux deux extrémités du corpus, une charte falsifiée de Charles le Chauve et un seul chirographe de 1299 en trois parties dont subsiste l’élément central. L’examen des fonds et inventaires anciens des différents établissements proches n’a révélé que deux mentions provenant du monastère de Château-l’Abbaye.
3. Les différentes actions juridiques Après la présentation externe du corpus de documents, il convient d’en établir une typologie en fonction de la teneur des documents. La répartition est sans surprise : les chartes liées aux intérêts fonciers du monastère (donations, achats, ventes ; contestations diverses réglées par des accords ou des jugements ; soucis de gestion manifestés par des échanges ou des énumérations de droits) représentent 70 % des documents, proportion qui grimpe à 92 % si on y ajoute les actes de confirmation en cascade qui sont fondamentalement des garanties des biens et des droits du monastère. Si quelques chartes de fondations d’obit ou de chapellenies contiennent des dispositions spirituelles, révélant de façon stéréotypée des inquiétudes pour l’au-delà, leur présence dans le chartrier tient plus aux donations concrètes inhérentes à ce genre de largesses qu’aux soucis spirituels qu’elles expriment. En définitive, la surprise dans cette typologie vient du nombre de documents disciplinaires émanant de l’autorité pontificale directement ou par mandement. Ces rappels à l’ordre qui révèlent les dissensions internes, 136
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dénoncent l’affadissement la ferveur religieuse ou condamnent les manquements à l’obéissance ecclésiastique n’offrent donc pas une image positive de la communauté concernée. Aussi de tels actes sont-ils rapidement détruits. Or, si à Denain on rapporte le nombre de ces actes (7) à la minceur globale du corpus, on ne peut qu’en être étonné. Comment se fait-il que dans cette communauté religieuse où le tri des archives a été opéré bien avant la disparition du monastère, on n’ait pas envoyé au pilon ces preuves peu glorieuses d’une pratique conventuelle attiédie ? On est d’une certaine manière en présence d’une négligence paradoxale de la part de celles qui, au cours des siècles, ont eu en charge la gestion des archives du monastère et ont laissé subsister des documents peu flatteurs. 4. Classement des actes par auteurs Papes (6) Urbain II Eugène III Alexandre III Honorius III Alexandre IV
1 1 2 1 1
Souverains (2) Henri IV (Empire) Charles le Chauve
1 1
Evêques (24) - Arras (15) Lambert Robert Godescalc André Pierre Raoul Asso Jacques Pierre Guillaume
1 2 1 1 2 3 1 2 1 1
A titre de comparaison, voir à Anchin la destruction des bulles compromettantes (excommunications, élections doubles), J.-P. Gerzaguet, Privilèges et lettres, p. 767768.
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Cambrai (4) Nicolas Godefroi Nicolas Tournai (5) Simon Evrard Gautier
1 1 2 1 1 3
Officiers épiscopaux (3) Archidiacre Brabant (Gérard de St-Omer) Official de Tournai
2 1
Doyens de chrétienté (2) Lille (Jacques) Maubeuge (Gaucher)
1 1
Prêtres (7) Erquinghem (Gautier) Erquinghem (Hugues) Erquinghem (Pierre) Hallennes (Joseph) Roucourt (Alexandre) Valenciennes, St-Géry (Jean) Valenciennes, St-Vaast (Mathieu)
1 1 1 1 1 1 1
Chapelain (1) Gilbert de Beaumont
1
Clerc (1) Douai (Mathieu)
1
Abbés, Abbesses et autres dignitaires ecclésiastiques (33) 1 Arras, chap. cath. (Guillaume, prévôt) Cambrai, St-Aubert (Guillaume, abbé) 1 Cambrai, St-Géry (Gérard d’Oisy, doyen) 2 Cambrai, St-Géry (Anselme, chanoine) 1 Denain (Helvide, abbesse) 5 Denain (Eusilie, abbesse) 4 Denain (Marie, abbesse) 4 Denain (Jeanne, abbesse) 2 Denain (Marguerite, abbesse) 2 Denain (X, abbesse) 2 138
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Lille, St-Pierre (Guillaume, prévôt) Loos (Guillaume, abbé) Marchiennes (Gilles, abbé) St-Saulve (Elie, prieur) Seclin (Gérard d’Oisy, chantre), 1 Valenciennes, N-D-la-Gde (Jean, prévôt) Valenciennes, St-Jean (Thierry, abbé) Valenciennes, St-Jean (P., prieur) Wallencourt (Gilles, prévôt)
1 1 1 1 1 1 1 1
Comtes, comtesses (8) Artois (Robert) Flandre (Jeanne) Flandre (Marguerite) Flandre (Gui) Hainaut (Baudouin IV) Hainaut (Jean d’Avesnes)
1 1 1 1 1 3
Châtelains (5) Lille (Guillaume) Lille (Jean)
1 4
Prévôt laïque (2) Saint-Amand (Rénier)
2
Seigneurs (22) Auberchicourt (Baudouin) Azincourt (Gilla) Avesnes (Baudouin) Bailli de Hainaut (Pierre) Brouche (Gilles) Caudry (Mathieu) Denain (Collinet) Denain (Gilles) Denain (Jean) Emmerin (Jean) Enghien (Arnould) Hamel (Aumand) Oisy (Jean) Prouvy (Gérard) Prouvy (Philippe) Roeulx (Hugues)
1 1 1 2 1 1 1 1 1 1 1 1 1 3 1 1 139
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Saulx (Guillaume) Trith (Gilles)
2 1
Notices (6) Denain Erquinghem (prêtre) Procureur de Denain Vicoigne
3 1 1 1
De la répartition de ces actes, quelques observations s’imposent. D’abord, faible est le nombre d’actes émanant des autorités suprêmes : deux actes de souverains dont l’un est une falsification et l’autre une mention. Les six lettres pontificales représentent à peine 6 % du corpus. Parmi elles, quatre traitent de questions disciplinaires, une seule énumère les possessions de l’abbaye. On est loin de la pratique des abbayes voisines qui se sont fait confirmer régulièrement par les papes l’ensemble détaillé de leurs possessions. Avec une seule pancarte pontificale en 1175, Denain fait pâle figure au regard des cinq bulles sollicitées par l’abbaye d’Anchin entre 1104 et 1176, des sept pour Marchiennes entre 1123 et 1195, mais rejoint le cas de la bulle unique délivrée à Hasnon en 114710. Toutefois Hasnon obtint une autre confirmation détaillée en 1246. Si l’on compare avec Etrun, l’autre monastère de moniales du diocèse d’Arras, ce dernier reçut au cours du XIIe siècle quatre bulles de confirmation. De cet unique exemplaire de confirmation pontificale pour Denain se déduisent deux remarques. L’ensemble des biens de l’abbaye n’a pas connu une évolution telle que de nouvelles garanties pontificales soient nécessaires. De plus, en raison des sommes à payer à la chancellerie pontificale pour l’obtention de ce type de document, Denain, compte tenu de ses revenus, ne pouvait se permettre de solliciter Rome pour des confirmations chères et inutiles. Il est vrai cependant que des problèmes de conservation des actes peuvent expliquer cette faiblesse du nombre de bulles de confirmation générale. Quant aux interventions épiscopales, elles sont en lien avec les zones d’implantation du patrimoine foncier de l’abbaye, l’essentiel étant dans le diocèse d’Arras (15 actes sur 24). Les manifestations des évêques de Cambrai et de Tournai sont tout à fait occasionnelles, en lien avec les rares possessions denaisiennes situées en dehors du diocèse d’implantation. Notons un grand absent, l’archevêque de Reims : aucun acte n’émane de la chancellerie archiépiscopale pour garantir une possession ou trancher un conflit bien que quelques actes fassent allusion à des recours auprès de la curie rémoise. Les mêmes raisons de proximité géographique, de relations de voisinage 10
Par comparaison, pour ces deux siècles, Anchin a reçu 178 bulles ; Marchiennes 51 ; Hasnon 46.
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ou de responsabilités administratives éclairent les interventions d’autres notabilités ecclésiastiques ou laïques. Relevons la vingtaine de seigneurs locaux qui sont intervenus pour arbitrer un conflit, procéder à un échange, faire une donation ou un legs pieux. Leurs origines géographiques, à proximité de l’abbaye, attestent bien de l’influence exclusivement locale de la communauté denaisienne.
5. La langue des actes Sur les 85 actes connus, donc en excluant les douze mentions, 68 sont en latin et 17 en français. Le plus ancien document dans cette langue est une notice de 1250 et la première charte est de 1258, ce qui ne constitue pas une particulière précocité au regard des abbayes voisines : Anchin en 122511, Marchiennes en 123012, 1233 pour Vicoigne13 et Flines en 124014. Archaïsme ou hasard documentaire ? Impossible de trancher. A compter des années 1260, la répartition générale entre les deux langues correspond au phénomène constaté ailleurs : les actes en latin émanent des ecclésiastiques et ceux en français des laïques. Notons cependant deux exceptions. En 1261-1262, un acte promulgué conjointement par l’évêque de Cambrai et la comtesse de Flandre est en français ainsi que deux chartes de 1299 et 1300 émanant de l’abbesse de Denain.
6. Les sceaux Des quatorze chartes émises par l’abbaye, une au XIIe et le reste au siècle suivant15, treize ont été scellées, si on en croit les clauses finales. Sur les cinq chartes conservées en original, deux sont encore munies de leurs sceaux ; pour deux autres ne subsistent que des fragments de deux sceaux ; une charte ne fut jamais scellée16. Les sceaux, symboles et expression du pouvoir, sont donc ici véritablement des reliques avec un sceau de l’abbesse et un autre de l’abbaye. Malgré cette pauvreté sigillographique, on peut affirmer qu’à Denain il existait donc, de façon tout à fait classique, le sceau de la communauté, celui que les chartes désignent sous l’expression de sigillum nostrum. A Denain, comme ailleurs, la légende est établie au nom du patron sans aucune référence à l’ecclesia, ni à une implantation géographique : 11
Lille, A.D. Nord 1 H 50/580 (24 septembre 1225, original, éd. M. Gysseling, Les plus anciens textes français, n° 29). 12 Lille, A.D. Nord, 10 H 193/3052 (3 octobre 1230, original). 13 Lille, A.D. Nord, 59 H 97, n° 27 (cartulaire). 14 Décembre 1240 (éd. Hautcoeur, Cartulaire de Flines, n° 25). 15 Chartes nos : 15, 29, 33, 35, 41, 44, 48, 50, 56, 58, 73, 92, 95, 97. 16 Chartes nos : 48, 50 ; 95, 97 ; 92.
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Sigillvm Sancte Ragenfredis Virginis. La sainte est présentée debout, coiffée d’un voile et couronnée, tenant une palme et un livre ouvert. Compte tenu de l’unique exemplaire de sceau commun conservé, il est impossible d’envisager la moindre hypothèse d’évolution dans la légende, et notamment de déterminer le moment où le sceau fait mention de l’ecclesia. Comme dans les autres maisons religieuses, l’abbesse disposait d’un sceau personnel et nominal. Deux preuves matérielles subsistent avec un exemplaire du sceau personnel de l’abbesse Helvide II (…1217-1238…), apposé au bas d’une charte de 1227 qui ne concerne pas Denain : + S. Helvidis Abbatisse de Dononio17. L’autre cas est le sceau de l’abbesse Eusilie (…1240-1250…) apposé sur une charte de 1244 : + S. Evsilie Abbatisse Dononiensis Ecclesie. Dans les deux cas, l’abbesse est présentée debout, portant un voile, tenant une crosse et un livre18. Une charte de 1240 mentionne l’existence d’un sigillum capituli apposé à côté de celui de l’abbesse Eusilie19. Il s’agit d’un sceau conventuel, distinct du sceau commun à l’abbesse et à la communauté. Son apparition est conforme aux statuts réformant l’ordre bénédictin imposé par Grégoire IX en 1235 qui exige pour la validité des décisions l’apposition du sceau du chapitre20. Aucun exemplaire de ce sceau conventuel n’est conservé. Il est donc impossible d’imaginer son aspect et sa légende. Si le dédoublement du scellement devient banal dans les monastères, rien dans les chartes denaisiennes ne permet de mesurer une telle pratique21. Ce médiocre dossier sur les sceaux denaisiens laisse entrevoir que le monastère s’inscrit dans des pratiques observées ailleurs. Aucune documentation ne permet d’entrevoir dans le long terme l’emploi du sceau abbatial et du sceau capitulaire. Rien non plus sur les précautions pour conserver ces instruments d’authentification des actes, ni sur le devenir du sceau abbatial à la mort de l’abbesse. Au total, le dossier sigillographique est particulièrement médiocre et ne contribue pas à éclairer notre connaissance de la communauté denaisienne.
7. Principes d’édition Afin de donner un état complet des informations relatives à chaque charte, les règles pour cette édition sont les suivantes. Chaque acte comporte Lille, A.D. Nord, 36 H 68/755. Gilles Brouche fait don à l’abbaye Saint-Aubert de Cambrai d’un hommage à Avesnes-le-Sec que lui devait Thomas Tortiaus d’Haspres. Domison, femme de Gilles, approuve cette donation et, n’ayant pas de sceau, fait apposer celui de l’abbesse de Denain (G.Demay, Sceaux de Flandre, n° 7235).
17
18
Charte n° 48. Charte n° 41. 20 L. Auray, Registres de Grégoire IX, n° 2548. 21 U. Berlière, Le sceau conventuel. 19
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une analyse. Dans le tableau de la tradition, la description de l’original précise s’il s’agit d’un chirographe avec sa légende, donne les dimensions et le mode de scellement, présente le sceau et le contre-sceau éventuel (forme, couleur de la cire, dimensions, légende) et fournit la cote d’archives. Vient ensuite le relevé des mentions dorsales de l’acte : analyses et cotes anciennes d’archives. La paléographie a permis de distinguer les siècles dans les différentes annotations. Cet ensemble de données est présenté selon un ordre chronologique avec une indication de siècle entre parenthèses. Le tableau de la tradition se poursuit par la présentation chronologique des copies, avec toutes les indications utiles. On trouvera ensuite les mentions des éditions. Pour les copies et les éditions, on a donné dans la mesure du possible les filiations. Puis viennent les indications dans les catalogues anciens, dans des ouvrages, dans les supports informatisés des fonds de l’Artem22 et du Thesaurus Diplomaticus. Enfin, le cas échéant, on trouvera une note sur la datation, bien souvent établie par la présence de personnages identifiés, pour lesquels on trouvera les références dans l’index, et une note critique exposant les remarques nécessaires sur l’acte. Aux identifications des personnes et des lieux à la suite de chaque acte, on a préféré la réalisation d’un index. Selon les informations recueillies, ces personnes font l’objet d’informations plus au moins importantes. Toutes les indications d’ouvrages sont signalées de façon écourtée mais suffisamment claire pour que les références complètes puissent être retrouvées dans la bibliographie. Chaque acte conservé est édité intégralement. Lorsqu’un acte est indiqué dans le corps d’un autre, cette mention est extraite et trouve sa place chronologique avec la mention d’acte perdu. Si l’original est conservé, sa publication peut signaler en note une éventuelle correction en cas de faute évidente. Quand une seule copie subsiste, son édition comporte la ou les corrections éventuelles qui s’imposent ; dans ce cas, le texte fautif est indiqué en apparat critique. Dans le cas où la tradition serait assurée par plusieurs copies, l’une sert à l’édition, avec les variantes indiquées en apparat critique. Lorsque l’acte n’est connu que par une analyse dans un inventaire ancien ou une mention, le texte en est donné. Pour la mise en forme des textes, ont été appliquées les règles habituelles avec une ponctuation et un usage des majuscules conformes aux normes actuelles.
22
Sur l’Artem, voir M. Courtois et M.-J. Gasse-Grandjean, La diplomatique française du Haut Moyen Age. Inventaire des chartes originales antérieures à 1121 conservées en France, 2 vol., Turnhout, 2001 (Artem).
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Les chartes
1 877, 12 août. – Paris (falsifié). Charles le Chauve, à la demande de sa sœur Gisèle et de son neveu Raoul, restaure l’abbaye de Denain fondée jadis par Remfroie et restitue les biens injustement détournés situés en Hainaut : les villae de Denain, d’Haulchin et de Thiant, des manses à Saultain et la forêt d’Ambelise, des manses au lieu-dit Goldeciatas. Les dîmes provenant de la manse abbatiale ou des parts du domaine abbatial concédés en bénéfice seront affectées à l’entretien de la communauté religieuse et le seigneur du lieu devra veiller largement à l’entretien du monastère.
A. Pseudo-original perdu.
B. Copie de la fin du XIVe siècle. Copie des Annales Hannoniae de Jacques de Guise, livre 12, c. 35. Valenciennes, B.M., ms. 769, f° 121 v°-122 r°. - C. Copie du XVe siècle. Autre copie des Annales Hannoniae de Jacques de Guise. Paris, B.N.F., ms. lat. 12828, f° 351. - D. Copie du XVe siècle. Autre copie des Annales Hannoniae de Jacques de Guise. Paris, B.N.F., ms. lat. 5995, t. 2, f° 90 v°. - E. Copie du XVIe siècle. Bruxelles, Bibliothèque royale, ms. 7748, f° 416 r°- 418 r°. - F. Copie du XVIe siècle. Douai, B.M., ms. 820, f° 80 r°-v°. - G. Copie du XVIIe siècle par Simon Leboucq dans l’Histoire ecclésiastique de la ville et comté de Valentienne. Valenciennes, B.M., ms. 676, d’après a. - H. Copie du XVIIIe siècle. Cambrai, B.M., ms. 705, f° 125, d’après G.
a. A. Miraeus et J.-F. Foppens, Opera diplomatica, t. 1, p. 246, sans référence. - b. Dom Bouquet, Recueil des historiens de la France, t. 8, p. 673, n° 286, d’après a. - c. Acta sanctorum, oct., 4, p. 313-314, d’après a. - d. S. Leboucq, Histoire ecclésiastique, p. 291, d’après G. - e. Fortia d’Urban, Annales Hanoniae de J. de Guise, t. 8, p. 425, d’après C et D. - f. E. Sackur, Annales Hanoniae de J. de Guise, MGH SS, t. 30-1, p. 154 (fragment). - g. A. Jurénil, Denain et l’Ostrevant, p. 87-88, d’après a. - h. G. Tessier, Recueil des actes de Charles le Chauve, p. 657-660, n° 501, d’après C, D, a.
Indiqué : P. Georgisch, Regesta, t. 1, p. 146 ; L. de Bréquigny, Table chronologique, t. 1, p. 311 ; A. Wauters, Table chronologique, t. 1, p. 293 et 648 ; J.-F. Böhmer, Regesta, n° 1825 ; N. Brousseau, Étude comparée des diplômes ; C. Mériaux, Gallia irradiata, p. 269 ; ThDipl W 3882/ D 4188.
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Faire la critique d’un document suspect pour lequel la tradition la plus ancienne remonte à la fin du XIVe siècle nécessite de faire la part entre ce qui peut être imputé à des fautes de copies et ce qui est impossible au regard de la date supposée du document original, hélas perdu, si tant est qu’il ait jamais existé. L’aspect formel du texte présente une série d’anomalies. Les formules protocolaires ne sont pas celles de la chancellerie de Charles le Chauve. Si les décisions annoncées sont plausibles, la clause relative aux obligations du seigneur du lieu est inconcevable pour le IXe siècle. L’acte fut sans doute forgé lors de la restauration du monastère à partir d’un acte vrai dans lequel le faussaire a puisé des informations et, de façon maladroite, des usages de chancellerie comme le nom mal lu du notaire Nutacer qu’il faut corriger en Audacer, à moins que la lecture fautive soit due aux copistes (B, C, D). L’un des problèmes liés à ce document est de déterminer le nom de l’auteur. Les trois plus anciennes copies (B, C, D) donnent comme datation : Actum est hoc annis ab incarnatione Domini nostri Jhesus Xristi DCCCCV, II ydus augusti, indictio X, anno XXXVII regni Karoli regis in Francia et imperii ejus secundo. L’incohérence est flagrante car si en 905 règne bien un Karolus, il s’agit de Charles le Simple, sacré roi des Francs en 893 et roi effectif depuis 898, qui ne peut donc pas être dans sa 37e année de règne. De plus, il ne fut jamais empereur. A partir de cette évidente impossibilité, tous les éditeurs, dans des notes critiques plus ou moins argumentées, se sont livrés à d’astucieux exercices de correction portant sur le millésime et le nombre des années de règne. En conservant les 37 années mais en corrigeant 905 en 805, Charlemagne devient alors l’auteur du diplôme. Mais cette solution ne peut être retenue car elle ne prend pas en compte la mention de la seconde année impériale qui serait donc 802. Une autre hypothèse est de conserver les 37 ans mais de corriger 905 en 920. Le diplôme est alors attribué de façon erronée à Charles le Simple car il ne porta jamais le titre impérial. Toutes ces acrobaties chronologiques n’apportent aucune solution acceptable et ne tiennent pas compte de deux éléments objectivement plus solides, car communs à toutes les copies, celui d’une indiction 10 et d’une deuxième année de règne impérial. Ces deux informations combinées induisent une promulgation en 877 et font alors de Charles le Chauve l’auteur du diplôme. L’indication du millésime résulte du calcul erroné fait par un érudit. Quant au lieu de promulgation, il est lui aussi malmené dans les différentes copies : Pontiliacum (Pontailler, Côte d’Or, Dijon, ch. l. c. ) ou Pandiacum (?). La délivrance à la même date par Charles le Chauve d’un diplôme en faveur de l’abbaye Saint-Denis permet d’opter pour Paris. Un autre élément qui éveille de sérieux soupçons est la phrase qui concerne un seigneur du lieu : Ipsius vero loci senior quidquid ad opus ecclesiarum vel edificiorum prefati cenobii necessarium fuerit ante omnia et super omnia secundum Dei amorem provideat ac providendo largiter suppleat. Une telle formule est tout à fait incongrue dans le contexte du dernier quart du IXe siècle. Sa place dans le texte, juste avant la corroboration, permet d’envisager l’hypothèse d’un ajout, peut-être sur grattage. Si l’absence d’original exclut tout affirmation tranchée, la comparaison avec un diplôme de Charles le Chauve de juillet 877 en faveur de Marchiennes donne de la consistance à cette éventualité. Le diplôme marchiennois conservé en original contient lui aussi en fin de texte une formule, pas la même, mais tout aussi curieuse écrite sur un indiscutable grattage. Une telle similitude n’est pas à exclure pour Denain. On est donc en présence d’un original refait, peut-être falsifié. Dans les deux cas, peut-on dater le moment de la fabrication ou de la manipulation du diplôme ? Annonçons d’emblée les conclusions sur la tradition avant d’en exposer les méandres reconstitués. Ce texte, maintes fois publié, dépend au bout du compte de deux traditions (B et a), mais le lien ou l’indépendance entre elles ne peuvent être établis. Selon
G. Tessier, Chartes et diplômes de Charles le Chauve, n° 435 : Nulla ibi praeponatur per violentiam persona, sed ad episcopum ducatur electa.
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Tessier (h), la source unique est la copie de J. de Guise (B) et les variantes constatées dans toutes les autres traditions ne sont que des corrections. La question est donc de savoir si l’acte fut fabriqué ou manipulé au XIVe siècle ou avant. Il convient donc de pister le diplôme en remontant le temps. Dans les années 1780, les chanoinesses de Denain, qui affrontèrent dans un procès l’évêque d’Arras, firent valoir leurs droits dans un placard de 80 pages édité en 1783. Elles y rappellent les circonstances de la fondation du monastère, c’est-à-dire toute la mythologie denaisienne, et indiquent que l’établissement avait récupéré des biens grâce à Charles le Chauve « dont la charte existe ». Un peu plus tôt, en 1771, l’abbesse Du Chastel de Petrieux envoya à l’abbé Mutte « un catalogue [des Dames] ainsi que le diplôme de Charles le Chauve ». On peut difficilement croire, compte tenu des réticences constantes des abbesses à laisser consulter leurs archives, que l’abbesse se soit séparée d’une telle pièce. D’ailleurs, dans l’ouvrage manuscrit de l’abbé Mutte, on lit en marge : Copie tirée du ms. de sire Simon Leboucq de Valenciennes (cf. G et H). Dans le ms de Leboucq, terminé vers 1650, la charte est dite avoir été copiée dans la première édition d’Aubert Lemire de ces Notae, publiées en 1630, texte repris par Foppens en 1723 (a). Or ces éditions ne concordent pas. Les droits sur les moulins sont omis en a alors qu’on les trouve en B. Le texte le plus complet et le plus ancien est donc B. Fut-il fabriqué au temps de Jacques de Guise ? Sans doute pas. En effet, dans l’élaboration d’un faux, les religieuses auraient eu tout intérêt à faire disparaître la présence de « frères et de sœurs » dans le monastère, et donc de gommer l’existence d’une communauté double à l’origine de leur établissement. Par conséquent, J. de Guise, dont le texte cite cet aspect, a certainement consulté dans la seconde moitié du XIVe siècle un document antérieur. Ceci posé, subsistent toutefois bien des interrogations. Le document pseudo-carolingien fut-il exploité en 1336 dans l’enquête ordonnée par Philippe VI de Valois pour définir les limites de l’Ostrevent ? Rien ne permet de l’affirmer car la référence aux diplômes de Charles le Chauve par les enquêteurs royaux est pour le moins vague puisque aucun nom d’abbaye n’est cité : « Trouve-t-on chartes en plusieurs églises scellées de l’anel du roy Charles le Chauve... ». Faut-il voir dans cette expression allusive des commissaires du roi la preuve de l’inexistence du faux ou, au contraire, la mise à l’écart d’un document dont la fausseté révélée aurait nui aux prétentions des princes en compétition ? De même, presque un siècle plus tôt en 1246, cette charte fut-elle consultée lors de l’enquête conduite par les envoyés de Louis IX pour déterminer les droits des héritiers de Marguerite de Flandre, et par conséquent définir les terres relevant du Hainaut et celles relevant de Flandre ? La répartition opérée fut reprise par le « dit » de Péronne en 1256. A ces remarques s’ajoute un autre constat portant sur le conflit qui, à la fin du XIIIe siècle, oppose les religieuses au comte de Hainaut et au sire d’Enghien, à propos de droits d’eau et d’usage de moulins. Les religieuses n’ont pas produit le diplôme carolingien, particulièrement clair sur leurs droits, mais ont fait état d’une charte de 1262 émanant de l’évêque de Cambrai et de la comtesse de Flandre (acte n° 88). Etaient-elles conscientes
J. Viard, L’Ostrevent, p. 323 ; sont conservés un original pour Marchiennes (G. Tessier, Recueil des actes, n° 435), une copie pour Hasnon (ibidem, n° 436), tous deux datés de 877, et quatre diplômes pour Saint-Amand, connus par copies et datés de 847, 864, 867, 872 (ibidem, nos 233, 303, 357, 361). Le texte du « dit de Péronne » ignore ce diplôme (L. A. Warnkoenig, Histoire du comté de Flandre, t. 1, p. 370-384). Aucune étude ne mentionne une utilisation de ce diplôme, cf. C. Duvivier, La querelle des d’Avesnes et des Dampierre ; E. Delcambre, Les relations de la Flandre avec le Hainaut.
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de la fausseté du diplôme et donc du risque de le voir contester ou voulaient-elles impressionner le comte et obtenir une sentence favorable en lui présentant des décisions de sa mère ? Au total, si ce diplôme n’est jamais mentionné avant le XIVe siècle, celui-ci, ou du moins, des éléments de sa teneur figurent dans la confirmation pontificale de 1175 conservée en original (acte n° 16). Or, les biens qui sont cités dans la bulle mais que l’on ne trouve pas dans le diplôme auraient trouvé place dans ce dernier si celui-ci avait été confectionné après le document pontifical. Denain aurait eu tout intérêt à vieillir ses droits de possession et à les faire remonter au temps de Charles le Chauve. Placer l’élaboration du document au cours du XIIe siècle, mais avant 1175, serait aussi une possibilité que rien dans l’histoire interne du monastère ne permet d’étayer. En revanche, situer cette forgerie dans le mouvement de la restauration de l’abbaye dans le courant du XIe siècle est conforme aux pratiques monastiques connues par ailleurs. Pour rappeler et garantir ses droits, la communauté supplée la documentation défaillante ou perdue par l’élaboration d’une charte fondée sur des éléments vrais, garantis par un auteur prestigieux. Le document alors produit reflète peut-être la réalité, pour tout ou pour partie, du monastère en 877 mais surtout correspond aux prétentions de la communauté au moment où il fut fabriqué. Les indications temporelles qu’il contient sont donc particulièrement précieuses car elles renvoient à une situation ancienne que les moniales veulent établir ou rétablir, en tous cas garantir. Reste à déterminer le lieu de fabrication de ce diplôme. Naturellement on pense au monastère bénéficiaire, ce qui suppose des compétences en composition écrite et en falsification. Aucune source ne mentionne un scriptorium à Denain. En revanche, ceux des abbayes voisines sont actifs et réputés pour leur production de codices mais aussi, les études récentes le montrent, pour leur maîtrise dans la fabrication de faux. Imaginer que le diplôme carolingien provienne de Saint-Amand ou de Marchiennes est tentant. Mais l’officine amandinoise produit ses faux essentiellement au Xe siècle, celle de Marchiennes au XIIe. De plus, on voit mal les religieuses solliciter les bons offices des monastères voisins, des concurrents et des rivaux. Pour identifier un lieu probable de fabrication, il faut rappeler que le travail écrit majeur sur le monastère, un récit de fondation élaboré autour de 1065-1075, fut composé à l’abbaye de Messines, sur l’ordre de l’abbesse Fredessende, précédemment et en même temps abbesse de Denain. Penser que le diplôme de Charles et le récit de fondation, tous deux formant un ensemble cohérent sur les temps anciens du monastère, ont été mise en œuvre au même moment et au même endroit est une hypothèse plus consistante que celle des monastères voisins de Denain. Pour des raisons évidentes de discrétion, il fallait que l’affaire soit menée de façon interne. Or, à Messines, les chartes relatives à la fondation en 1065 ont subi des extrapolations et des manipulations autour des années 1080. Le monastère flamand pratique, maîtrise et manipule l’écrit. En définitive, placer une falsification plus tardive, au XIIe ou au XIIIe siècle, ne peut être justifié par aucun argument. En revanche, envisager une telle opération à Messines, abbaye dont les premières religieuses et la première abbesse venaient de Denain, en un lieu où se trouvaient des compétences pour le faire et avec un commanditaire qui connaissait la situation denaisienne, est une hypothèse plus solide. On peut donc soutenir que la sollicitude denaisienne pour le diplôme carolingien se place entre 1065 et 1075. Pour conclure, je pense qu’un diplôme caroligien a existé. Peut-être était-il dans un état déplorable, ce qui imposait sa réécriture au milieu du XIe siècle. On n’est donc pas en pré
G. Declercq, Centres de faussaires. Cf. introduction. F. De Simpel, L’abbaye de Messines, une officine de faussaires.
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sence d’un faux mais d’un diplôme falsifié à l’image de ce que l’on constate à Marchiennes pour le diplôme délivré par Charles le Chauve à cette abbaye. Au cours de la décennie 1065-1075, on a au sein de la communauté denaisienne, non pas fabriqué, mais redonné vigueur et actualité à cet acte impérial.
In nomine sanctea) et individueb) Trinitatis. Carolusc) misericordia Dei imperator augustus omnibus Christicolisd) pax et salus. Pree) timore et amore Dei multa loca sanctorum, Deo propitiantef), alia nova construximus, alia lapsa recuperavimusg). Quapropter sciat omnium sancte Dei ecclesieh) fidelium, tam presentiumi) quam futurorumj) industria quoniam per carissime sororis nostre Gislek) scilicet nomine, crebram ammonitioneml) ac perm) dilecti nepotis nostri supplicem postulationem quin insuper et pro anime nostre perpetua salute abbatiam sanctissimen) Dei genitricis Marie necnon venerandeo) virginis sancte Ragenfredisp) quam ex suis propriis prediis acq) vernaculis ipsar) vivens construxit, sitam super Scaldiss) fluvii ripamt) in prediou) quod nuncupaturv) Dononium ad pristinum certamus restituere statum. Decrevimus igitur, Dei timoris causaw) necnon et per deprecationem jam dictorum, has res reddere et confirmare perx) nostram magnificentiam ad utilitatem fratrum sororumque inibi Deoy) militantium ut perpetualiter possideant que inferius scripta habentur. Reddimus itaque cum nostra omni confirmatione fratribus et sororibus memorati cenobii ipsumz) videlicet Dononium cum omni integritate, mansis scilicet LIII, cum molendinis et campis, pratis valde uberrimis et in pago Hainogiensea) villam que dicitur Halcimab) cum omni similiter integritate, mansos videlicetac) XXIIII cum molendinis et pratis, etiamque cum omnibus familiis inibi degentibus, in eodem quoque pago villam que dicitur Theonisad) cum omni integritate, mansos videlicet XXXIIII, in villa vero que dicitur Saltemae) ejusdem pagi mansos XIIII, cum silva que vocatur Ambligia, in prefato quoque pago in villa Goldeciatasaf) nuncupata mansos VII necnon et terram arabilem. Quin insuper statuendo sancimusag) omnemah) decimam tam de villis indominicatis quam de beneficiisai) ex omni abbatia ad usus fratrum et sororum eternaliter largiendam. Ipsius vero loci senior quidquid ad opus ecclesiarum vel edificiorum prefati cenobii necessarium fuerit ante omnia et super omnia secundum Dei amorem provideataj) ac providendo largiter suppleat. Et ut eternaliter conserventurak) inviolabiliter, manu propria subter firmavimus et annulial) nostri impressione insigniri jussimusam). Actum est hoc annisan) ab incarnatione Domini nostri Jhesuao) Christiap) DCCCVaq), IIar) ydusas) augusti, indictioat) X, anno XXXVIIau) regni Karoli regis in Francia et imperii ejus secundo. Signum Karoliav) gloriosissimi imperatoris. Signumaw) Robertiax). Signumay) Gerlonis. Signumay) Willelmi. Signumay) Radulphi ejus nepotis. Signumay) Bernardi. Nucateraz) notarius scripsi Parisiacoba) palatio regali. Amen.
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a) Sauf indications contraires, Miraeus (a) imprime ae pour e. – b) individuæ a. – c) Karolus B. – d) Xpisticolis BCD. – e) Pro a. –f) propitiante C. – g ) restauravimus a. – h) Ecclesiæ a. – i) tam presentium om. Gd. – j) et futurorum a. – k) Gille BCD ; Gislae a. – l) admonitionem a. – m) per om. D. – n) sancte C. – o) venerandæ a ; ac venerande C. – p) Ragenfrediis D. – q) et D. – r) ipsamque BC ; ipsaque D. – s) Scaldii C. – t) rippam BC. – u) predium BC. – v) nominatur D. – w) caussa CD. – x) et per D. – y) Domino D. – z) ipsum om. C. aa) Haynogiense D ; Hainoginense a. – ab) Halchim D. – ac) videlicet mansos D. – ad) Teonis Ba. – ae) Salcem a. – af) Galdeciatas a. – ag) sanctimus CD. – ah) omnimodam a. – ai) beneficiis CD ; corr. en beneficiatis b. – aj) prevideat C ; puideat D ; provideat a. – ak) conserventur Cda ; corr. conservetur b avec ajout de hoc devant eternaliter. – al) anulli BC. – am) et annuli… jussimus om. Gd. – an) anno a. – ao) Jesu a. – ap) Xpisti BCD. – aq) DCCCCV BCD ; DCCCLXVII a. – ar) II om. a. – as) idus a. – at) indictione a. – au) XXXVIII a. – av) Caroli BC. – aw) Santi pour Signum C. – ax) Noberti a. – ay) Sancti pour Signum C. – az) plusieurs points pour Nucater a. – ba) Pandiaco a ; Pontiliaco c.
2 1069. – Cologne (faux). Henri IV, empereur, restitue à l’abbaye la vallée de Denain. Acte perdu connu par une mention dans une enquête hainuyère du début du XIVe siècle (connue par une copie du XIVe siècle : Lille, A.D. Nord, B 1223/158753), éditée par A. Le Glay, Documents …Ostrevant, p. 543 et E. Delcambre, L’Ostrevent du IXe au XIIIe siècle, p. 256, note 3 (édition reprise par A. Gawlik, Heinrici IV. Diplomata, p. 275, n° 216). Voir aussi ThDipl W 5073. Bien que cette enquête soit généralement fiable (cf. J. Viard, L’Ostrevent), il faut relever qu’aucune autre trace de ce diplôme n’a été repérée et que l’abbaye de Denain n’est jamais citée dans les diplômes impériaux. Henri IV n’est pas attesté à Cologne en 1069. A cette date d’ailleurs, il n’est pas empereur (1084) mais seulement roi des Romains (1053) et roi de Germanie (1056). La mention renvoie donc à un acte faux, dont il n’est pas possible de dater la fabrication.
Texte de la mention : Premiers par une charte de l’empereur Henri ki a cel tamps estoit qui restitua les possessions a l’abbesse et a l’eglize de Denaing que aucunes gens ly avoient empechiés, c’on appeloit adont le walve de Denaing, et dient li aucun ke l’on apielle maintenant le Val qui est entre Denaing et Ecsaudaing, et le confrema par se chartre donnée a Coulongne l’an de grace MLXIX.
3 [1094, 25 mars. – Rome]. Le pape Urbain II invite les abbés et abbesses de l’évêché d’Arras à reconnaître pour évêque Lambert qu’il a sacré en cette qualité. Sont cités les abbés Alold de SaintVaast, Richard de Marchiennes, Albert d’Hasnon, Aimeric d’Anchin et, sans leurs noms, les abbesses de Denain et d’Etrun. 150
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A. Original perdu.
B. Copie de la fin du XIe s. Boulogne, B.M., ms. 84, f° 147 v°, d’après A. – C. Copie du XIIIe s. Cartulaire du chapitre cathédral d’Arras (Stein 214). B.N.F., ms. 9930, f° 56 r°-v°. – D. Copie vers 1587-1589 par Jean de Thélus. B.N.F., ms. lat. 12827, f° 106 v°-107. – E. Copie de 1690. Arras, B.M., ms. 1051, p. 31-32. – F. Copie du XVIIe s. Arras, B.M., ms. 1062, f° 13 r°-13 v°. G. Copie du XVIIIe s. Cambrai, B.M., ms. 841 (copies diverses), p. 26-28, d’après D
a. L. d’Achéry, Spicilegium, t. 5, c. 552-553. – b. Ph. Labbé, Sacrosancta concilia, t. 10, c. 452, d’après a. – c. E. Baluze, Miscellanea, t. 2, c. 133. – d. J.-B. Mansi, Conciliorum amplissima collectio, t. 20, c. 674, d’après a. – e. P.L., t. 151, c. 382-383, d’après a. – f. R.H.G.F., t. 14, p. 749, d’après b. – g. L. Kéry, Die Errichtung des Bistums Arras, p. 179-180, n° 37. – h. J.-P. Gerzaguet, Les chartes de l’abbaye d’Anchin, n° 9. – i. C. Giordanengo, Le registre de Lambert, n° G29, p. 146-148.
Indiqué : Arras, B.M., ms. 964, f° 27 v° (analyse de la fin du XIIe s.) ; JL 5514 ; A. Wauters, Table chronologique, t. 1, p. 585 et 7, p. 173 ; A. de Loisne, Le cartulaire du chapitre d’Arras, n° 3, sous la date erronée du 24 février 1094 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 55 ; ThDipl W 8139.
Cette bulle a fait l’objet de nombreuses copies complètes ou partielles, dont la filiation a été minutieusement reconstituée avec un stemma commode par Kéry, op. cit., p. 147. La datation résulte d’une bulle de teneur identique, datée du 25 mars 1094, et adressée aux deux archidiacres du diocèse restauré (cf. L. Kéry, op. cit., p 178-179, n° 36). Baluze (c) indique d’ailleurs datum ut supra, en renvoyant au document adressé aux deux archidiacres, c’est-à-dire Data Romae VIII kal. Aprilis. L’année est celle du voyage à Rome effectué par le nouvel évêque pour se faire consacrer par le pape.
Urbanusa), episcopus, servus servorum Dei, dilectis filiisb) Aloldo Sancti Vedasti, Richardo Marciensic), Alberto Hasnonensid), Hamerico Aquicinensie) abbatibus, item abbatissę Sanctę Ragenfredisf) et abbatissę Strumensi, salutem et apostolicam benedictionem. Apostolicę sedisg) nos compellit auctoritas universis per orbem terrarum ęcclesiis providere et sua jura poscentibush) paterna compassione succurrerei). Quoniamj) igitur Atrebatensis ęcclesia multis jam temporibus propria carens dignitate Cameracensis ęcclesię jugum pertulitk), dignum profectol) duximus, ut ejusdem ęcclesię filiis amissam repetentibus dignitatem, nostrę benignitatis inclinaremus assensum. Nequem) enimn) subjectionem Atrebatensis ęcclesię aliquodo) Romanę auctoritatisp) cyrographumq) Cameracensibusr) vendicat et Atrebatensis urbis populositas longe illam cui hactenus subdita fuerat antecedit. Et kanonum itaque decretis et predecessorum nostrorum exempliss) freti nunc tandem annuente Domino Atrebatensium votis justist) et petitionibus importunis effectum dedimus, et venerabilem virum Lambertum quem communi assensuu) electum ad nos cum communi decreto deduxerantv) in episcopum consecravimus et quęquew) ad Atrebatensem parochiam antiquitus pertinuisse noscuntur ipsi et ipsius successoribus perpetuo regenda etx) episcopali jure possidenda firmavimusy), nominatimz) archidiaconias duasaa) 151
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quarum una Atrebatensis, altera dicitur Obstrevandensisab). Vestram ergo dilectionem litteris presentibus ammonemus atque precipimus ut ei deinceps tanquam cardinali episcopo, tanquam beati Petri manibusac) consecrato subesse et obędire curetis, unde et vos et clericos universos qui in predictis archidiaconiis sunt, a professione Cameracensis ęcclesię absolvimus. Si qui vero inter vos hujus nostręad) constitutionis tenore prospectoae) predicto confratri nostro Atrebatensi episcopo obędire contempserint, quamcumque in eos sententiam ipse episcopali moderationeaf) dictaverit firma permaneatag). a) précédé de Urbanus monet hac epistola quosdam abbates et abbatissas Lamberto obtemperare, EG. – b) précédé de suis b. – c) Marchiensi C ; Marchian. D ; Marchiansi, FG ; Marcianensi a. – d) Hannonensi C ; Hasnoniensi G. – e) Aquichinensi C ; Aquicinetensi FG. – f) Reagenfredis F. – g) omis a de nos compellit à dignum profecto duximus. – h) presentibus b. – i) surcurrere B. – j) quia FGab ; en b le texte s’arrête ainsi : cetera que de hac epistola restant, require in Atrebatensis ecclesia monumento, inquit mss codex : verum non alia videntur ab iis quę in precedenti habentur epistola. – k) omis a. – l) omis a. – m) nec C. – n) omis en a de subjectionem à episcopali jure. – o) aliquando C. – p) dignitatis G. – q) chyrographum EG. – r) Cameracensis C. – s) exemptis G. – t) justis votis EGd. – u) sensu d. – v) deduxerunt FGa. – w) quecumque C. – x) etc, jusque dictaverit firma en a. – y) firmamus C. – z) omis a. – aa) suas G. – ab) Ostrevandensis EGd. – ac) manibus beati Petri C. – ad) nostrę hujus FGa. – ae) perspecto CEGd. – af) omis a. – ag) Datum ut supra a.
4 1113, 14 juin. – Arras. Lambert, évêque d’Arras, concède l’autel d’Haveluy à Hildegarde, abbesse de Denain, et rappelle l’obligation d’assister au synode qui se tiendra à Arras.
A. Original sur parchemin, hauteur 270 mm (dont repli 50 mm), largeur 410 mm ; sceau pendant perdu. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/97. Mentions dorsales : I A. Lettre de l’evesque d’Arras qui fait mention del autel de Havelui et ossi que seli prestre doudit lieu estoit nostre pour aucune cause raisonnable et trepassés que li abbesse de Denaing en doit pourveir un aultre ydone et celli presenter audit evesque liquel priestre recevra doudit evesque le cure doudit lieu si qu’il appert par ceste lettre (XVe) – Haveluy n° 24 (XVIe). – 1113, 14 juin (XVIIIe).
a. M. Courtois, Chartes originales… du Nord, p. 207, d’après A. b. B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 30-31, n° 20, d’après A.
Indiqué : B.-M. Tock, Chancellerie, p. 26, 80, 106 ; Artem 467 ; ThDipl W 6959.
In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, unius, veri ac summi Dei, Amen. Ego Lambertus, Dei miseratione Atrebatensis episcopus, pro humili et diutina petitione tua, necnon et pro tibi commissę congregationis Sanctę Ragenfredis virginis Domniensis monasterii et sororum dilectione, 152
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concedo tibi locoque tuo successuris, venerabilis abbatissa Heldiardis, altare de Haveluit, sine personatu, salvo in omnibus jure et cathedraticis redditibus episcopi et consuetudinibus archidiaconi et ministrorum ejus. Presbitero vero de loco predicto defuncto sive rationabiliter remoto, provideat abbatissa Sanctę Ragenfredis et procuret alium idoneum presbiterum Atrebatensi episcopo presentare, cui professionem faciat et obedientiam promittat et sic in populo Dei curam gerendam de manu episcopi gratis accipiat. Tu autem, honorabilis soror et abbatissa Heldiardis, omnesque futurę per gratiam Dei abbatissę in eo quo nunc et loco et ordine preesse dinosceris, Atrebatensi sinodo interesse non negligatis, nisi forte aliqua vestrum cum benivolentia episcopi relaxata fuerit. Ut autem nostrę paginę scriptum inconvulsum et stabile permaneat, fideles et idoneos testes fratres nostros subnotare procuravimus. Signum Clarembaldi Atrebatensis archidiaconi. S. Roberti Ostrevandensis archidiaconi. S. Drogonis ęcclesię Sanctę Marię Atrebate civitatis decani. S. Odonis ejusdem ęcclesię prepositi. S. Anastasii cantoris. S. Roberti magistri. S. Evrardi capellani. S. Balduini presbiteri. S. Rogeri diaconi. S. Petri diaconi. S. Anselli subdiaconi. S. Gerardi subdiaconi. S. Andreę lectoris. S. Lamberti acoliti. S. Guarneri decani. S. Amalrici decani. S. Ebroini presbiteri. S. Maionis presbiteri. S. Guiberti diaconi. Ego Lambertus, Dei miseratione Atrebatensis episcopus, hujus vestrę paginę scriptum relegi, subscripsi et in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, propria manu confirmavi (signum crucis). Actum Atrebate anno Dei Christi MoCoXIIIo, XVIII kalendas julii, indictione VI, pontificatus autem domni Lamberti Atrebatensis episcopi anno XX.
5 1118, 22 septembre. Robert, évêque d’Arras, concède à Marie, abbesse de Denain, et à sa communauté les autels de Lauwin et de Prouvy et lui rappelle l’obligation d’assister au synode diocésain.
A. Original perdu.
B. Copie du XVIe siècle par François de Bar, dans son Historia monastica. Bruxelles, Bibliothèque Royale, ms. 7748, f° 424-425. - C. Copie du XVIe siècle par François de Bar. Douai, B.M., ms. 820, f° 84 r°-v°.
a. Acta Sanctorum, oct., 4, p. 322, d’après B. - b. B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 41-42, n° 28, d’après B.
Indiqué : A. Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 93 ; B.-M. Tock, Chancellerie, p. 26, 80, 106 ; ThDipl W 8237.
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In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti, unius veri ac summi Dei, amen. Ego Robertus, Dei miseratione Attrebatensis episcopus, dulcissimis petitionibus tuis et ecclesiae cui preæsse dignosceris satisfaciens, dilectissima soror et filia Maria abbatissa venerabilis congregationis beatæ Ragenfredis virginis Dononiensis monasterii, pro peccatorum nostrorum redemptione, tibi tuisque succedentibus in eo quo es loco et ordine abbatissis sub regula sancti Benedicti Deo militantibus, sine aliqua turpis lucri exactione, altaria de Laugvinga) et de Provi non solum concedimus, verum etiam quab) præsidemus auctoritate liberaliter in perpetuum confirmamus, salvo in omnibus Atrebatensis episcopi jure et redditibus ejus et archidiaconi ministrorumque ejusdem. Si quis autem post hanc nostram diffinitionem manu sacrilega ab ecclesia cui Deo disponente annuimus auferre attemptaverit vel ingeniosis machinamentis contra ea ire præsumpserit, cum Symone mago anathema sit. Adicimus etiam ut et vestra vestrarumque succedentium abbatissarum providentia idoneos presbyteros Atrebatensi episcopo præsentet, cui professionem de honestate vitæ eorum et castimonia, sicut canonicum est, faciant atque obedientiam promittant ac deinde curam de manu episcopi in prædictis ecclesiis de Laugvingc) et de Provi in populo Dei gerendum gratis accipiant. Abbatissa autem Dononiensis monasterii, vos videlicet honorabilis in Christo soror Maria et succedentes vestræ abbatissæ, Atrebatensi synodo interesse non negligant, nisi cum benevolentia episcopi relaxatæ fuerint aut archidiaconi ejus si vices pontificis exequendo synodum tenuerit. Ut autem hujus nostræ constitutionis scriptum stabile et inconvulsum permaneat, fideles testes fratres nostros annotare procuravimus. Signum Drogonis Attrebatensis archidiaconi. S. Roberti Ostrevandensis archidiaconi. S. Odonis præpositi. S. Mascelini decani. S. Anastasii cantoris. S. Gualberti diaconi. S. Bertuldi, Bernardi, Roberti canonicorum, clericorum domus episcopi Guenemari sacerdotis, Guiberti diaconi, Hugonis acoliti. Ego Robertus, Dei miseratione Atrebatensis episcopus, hoc libertatis donativum relegi, subscripsi (Crux) et in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti propria manu confirmavi. Actum anno incarnati Verbi M°C°XVIII, X calendas octobris, indictione XII, anno vero pontificatus domini Roberti Atrebatensis episcopi IIII. a) Laugmug C. – b) om. ab. – c) Laugmug C.
6 1124, 5 janvier. – Arras. Robert, évêque d’Arras, concède à l’abbaye de Denain l’autel d’Erquinghem-surla-Lys.
A. Original sur parchemin, hauteur 410 mm (dont repli 50 mm), largeur 335 mm ;
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sceau pendant perdu. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/98. Mentions dorsales : Confirmation del autelage d’Erkinghem faicte a l’eglise de Deinaing par Robert adonc evesque d’Arras (XVe). – 1124, 5 janvier (XVIIIe).
a. B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 55-56, n° 39, d’après A.
Indiqué : B.-M. Tock, Chancellerie, p. 89, 106 ; ThDipl W 9717.
In nomine summę et individuę Trinitatis, Patris et Filii et Spiritus Sancti, Amen. Ego Rotbertus, Dei miseratione Atrebatensis episcopus, venerabilium fratrum nostrorum petitione et consilio fretus, tibi honorabilis in Christo michi soror abbatissa Maria dea) Donniaco, et per te succedentibus in eo quo nunc es loco et ordine abbatissis regulariter electis et canonice promovendis, altare de Erchingehen non solum concedimus, verum etiam qua presidemus auctoritate liberaliter imperpetuum confirmamus, salvo in omnibus Atrebatensis episcopi jure et redditibus ejus et archidiaconi ministrorumque ejus. Si quis autem post hanc nostram diffinitionem manu sacrilega ab ęcclesia cui Deo disponente annuimus auferre attemptaverit vel ingeniosis machinamentis contra ea ire presumpserit, cum Symone mago anathema sit. Nos siquidem hujus paginę auctoritatem ratam et inconvulsam permanere volentes, in presentia subscriptorum testium eam consignavimus. Signum domni Drogonis Atrebatensis archidiaconi. S. domni Rotberti Ostrevandensis archidiaconi. S. Odonis prepositi. S. Anastasii cantoris. S. canonicorum Bertulfi, Bernardi, Rotberti. S. Stephani Betuniensis decani. S. Amolrici decani. S. Hugonis filii Balduini. S. Sasgualonis de Monte Sancti Eligii canonici. Ego Rotbertus, Dei miseratione Atrebatensis episcopus, hoc libertatis donativum relegi, subscripsi (signum crucis) et in nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti propria manu confirmavi. Actum Atrebati, anno Dei Christi MCXXIIII, indictione prima, nonas januarii, anno autem pontificatus domni Rotberti Atrebatensis episcopi decimo. a) de ajouté en interligne.
7 1127 [avant le 2 mars]. – Lille. Simon, évêque de Noyon-Tournai, à la demande de son archidiacre Robert, frère de l’abbesse Marie, donne à l’abbaye de Denain, les autels de Haubourdin et de Hallennes.
A. Original sur parchemin, hauteur 570 mm (dont repli 80 mm), largeur 400 mm ; sceau pendant perdu. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/99. Mentions dorsales : Habordin
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(XIIIe). – A. Confirmation del evesque de Tournai et de Noyon ottroiiée a l’abesse de Denain a tenir le autel de Habourdin et de Hallennes a l’encontre des nonnains la demorant (XVe). – N° 60 (XVIe). – 1127 (XVIIIe).
Indiqué : ThDipl W 10349.
Note sur la datation : mention du comte Charles le Bon, assassiné le 2 mars 1127.
(Crux), In nomine sanctę et Individuę Trinitatis, Patris et Filii et Filiia) et Spiritus sancti, Amenb). Symon, per misericordiam Dei Tornacensis ac Noviomensis episcopus, Marię Sanctę Rainfredis venerabili abbatissę suisque successoribus in perpetuum. Quia largiente Domino pastoralis curę regimina suscepimus in pascendis ovibus Christi vigilantiam adhibere gregemque dominicum debita sollicitudine confovere debemus, sane de regularibus ęcclesis locisque religiosis majoris nobis cura sollicitudinis incumbit, quibus nimirum annuente Domino et spiritualia ministrare et temporalia conferre subsidia nobis injunctum est. Quamobrem soror Maria Sanctę Rainfredis venerabilis abbatissa, loci tui caritate atque laudabili religione considerata, altare de Habordin et de Halesnes tibi et ęcclesię tuę ad usus sanctimonialium ibidem degentium in perpetua deinceps libertate tenendum concedimus nostrique archidaconi Roberti fratris tui, petitione clericorumque nostrorum assensu presenti pagina testibus subassignatis confirmusc). Singulis annis episcopo Tornacensi et archidiacono sive eorum ministris pontificalia jura atque synodalia, tu et successores tuę, juxta morem antiquum persolvetis, debitam quoque reverentiam pariter exhibentes. Presbiter qui ad vestrum arbitrium ibidem constituetur, si idoneus fuerit, ab archidiacono seu decano curam suscipiet quibus et ipse debitam perferat obedientiam. Hoc ut firmum vobis deinceps et inconvulsum permaneat, episcopali auctoritate confirmamus atque sigilli nostri impressione signamus. Si quis vero his nostris elemosinis aliqua temeritate detrahere voluerit, anathematis sententia feriatur donec ad emendationem venerit. Signum domni Symonis episcopi. S. Roberti archidiaconi. S. Goteri decani. S. Teoderici prepositi. S. Tetberti cantoris. S. Henrici. S. Mainardi presbiterorum. S. Henrici. S. Erbaldi. S. Radulfi, diaconorum. S. Gualteri. S. Petri. S. Balduini subdiaconorum. S. Guirici. S. Movini. S. Hugonis canonicorum. S. capellanorum episcopi Guidonis, Odonis Bufoit, Hugonis de Roia. S. Radulfi Insulensis decani. S. Wenemari. S. Stepanid). S. Radulfi canonicorum. Actum Insulę ane). Actum Insulę, anno dominice incarnationis millesimo centesimo vicesimo septimo, regnante rege Lodovico, episcopante domino Symone, Karolo Flandrensium marchiam gubernante. Ego Hugo cancellarius subcripsi. a) sic A. – b) Invocation partiellement en lettres hautes. – c) sic A pour confirmamus. – d) sic A pour Stephani. – e) sic A : le scribe a commencé la datation, puis s’est ravisé et l’a recommencée à la ligne après un espace blanc de quelques centimètres.
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8 1132. Guillaume de Saulx, avec l’accord de sa femme Idate de Haveluy, donne des biens à l’abbaye de Denain. Donation mentionnée par A. Jurénil, Denain et l’Ostrevant, p. 137, sans référence.
Texte de la mention : En l’an 1132, Guillaume de Saulch, approuvé par sa femme Idate d’Haveluy, donna des biens à l’abbaye de Denain.
9 1138. Guillaume de Saulx donne à l’abbaye de Denain six héritages qu’il avait à Saulx. Donation mentionnée par A. Jurénil, Denain et l’Ostrevant, p. 137, sans référence.
Texte de la mention : En l’année 1138, Guillaume de Saulx donne à l’abbaye de Denain six héritages qu’il avait à Saulx.
10 [1153], 5 février. – Rome, Saint-Pierre. Le pape Eugène III rappelle aux religieuses de Denain le nécessaire respect des vœux monastiques et ordonne à l’abbesse de procéder à une réforme de l’abbaye sous le contrôle de l’évêque d’Arras Godescalc.
A. Original perdu.
B. Copie vers 1587-1589 par Jean de Thélus. Paris, B.N.F., ms. lat. 12827, f° 129 v°-130 r°. C. Copie du XVIIIe siècle. Cambrai, B.M., ms. 841 (copies diverses), p. 108-109, d’après B.
a. E. Baluze, Miscellearum, t. 5, c. 428-429. - b. Acta Sanctorum, oct., 4, p. 322-323, d’après a. - c. A. Miraeus et J.-F. Foppens, Opera diplomatica, t. 3, c. 338, d’après a. - d. G. Mansi, Conciliorum amplissima collectio, t. 21, c. 688, d’après a. - e. J.-P. Migne, P. L., t. 180, c. 1580, d’après d. - f. A. Jurénil, Denain et l’Ostrevent, p. 140, d’après c.
Indiqué : J-L, n° 9689 ; A. Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 363 et t. 7, p. 257 ;
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J.-P. Gerzaguet, L’abbaye de Denain
L. Kéry, Die Errichtung des Bistums Arras (1093/1094), p. 28 ; ThDipl W 7682.
Note sur la datation : Godescalc est évêque d’Arras à compter de l’été 1151. Comme le pape est attesté à Segni en février 1152 et est mort le 8 juillet 1153, la seule année possible est 1153.
Eugenius episcopus, servus servorum Dei, sanctimonialibus Dinyacensibus salutem et apostolicam benedictionem. Quod vos apostolicae benedictionis alloquio salutamus, non ex vestris meritis fieri, sed ex apostolicae sedis consueta benignitate credatis. Non enim de conversatione vestra nobis talia referuntur, quae nostrum animum incitent ut vobis apostolicae benedictionis gratiam conferamus ; quoniam, sicut relatione quorundam audivimus, ita laxis habenis post vestra desideria curritis, ut vestri voti memoria videatur a vobis penitus excidisse, et videamini retrorsum abire, cum ad anteriora deberetis totis viribus anhelare. Sane caritatis igniculus qui fomes et nutrimentum honestatis esse dignoscitur, peccatis exigentibus, adeo in vobis refriguit quod monasterium vestrum tam in spiritualibus quam etiam in temporalibus est plurimum imminutum. Nos igitur, quoniam statutum vestrum in melius cupimus, auxiliante Domino, reformari, venerabili fratri nostro Godescalco Attrebatensi episcopo, de cujus utique honestate ac religione confidimus, quoniam in his plenius instructus esse dignoscitur, dedimus in mandatis, ut gratam Deo religionem in vobis studeat reformare, et monasterium vestrum ad frugem melioris vitae reducere. Ideoque per praesentia vobis scripta mandamus atque praecipimus quatenus in his quae ad emendationem vitae vestrae et correctionem monasticae disciplinae spectaverint, supradicto fratri nostro humilitate debita pareatis et ipsius monita et salubria mandata benigne suscipiatis et irrefragabiliter observetis ; scientes quia, si de cetero salubribus monitis ipsius contempseritisa) obedire, nos sententiam quam propter hoc in vos ipse dictaverit, auctore Deo, ratam habebimus. Datum Romae apud sanctum Petrum, nonis februarii. a) contempsitis a, c, f.
11 [25 décembre 1153 - 19 décembre] 1154. Nicolas, évêque de Cambrai, à l’occasion de la confirmation à l’abbaye SaintMichel d’Anvers de la donation d’un alleu situé à Nederokkerzeel, rappelle les droits possédés par l’abbaye de Denain et le prêtre du lieu. Les chanoines verseront chaque année quatorze deniers en monnaie de Louvain au villicus de l’abbesse de Denain. L’abbesse possède l’autel et sa dotation de six bonniers de terre et une censive tenue par le prêtre pour laquelle les religieuses verseront aux chanoines la dîme accoutumée.
A. Original perdu.
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B. Copie du XIVe siècle. Cartulaire de Saint-Michel d’Anvers. Anvers, Archives de la ville, Fonds eccl., K 131, p. 67-68. - C. Copie du XVIIe siècle. Cartulaire de SaintMichel d’Anvers. Anvers, Archives de l’Etat, t. 6, p. 162
a. P. J. Goetschalckx, De abdij van Sint-Michiels te Antwerpen, p. 48. - b. P. J. Goetschalckx, Oorkondenboek der Witheerenabdij van S. Michiels, n° 12, p. 24-26.
Indiqué : M. Hayez, Catalogue des actes des évêques de Cambrai, n° 432 ; ThDipl. W 3079.
Note sur la datation : la charte est datée par le millésime et la 18e année de l’épiscopat de Nicolas (20 déc. 1153-19 déc. 1154). Note sur l’édition : n’est retenu que ce qui concerne l’abbaye de Denain.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Ego Nicholaus, Dei gratia Cameracensium episcopus, tam futuris quam presentibus in perpetuum […] Hoc autem predictum allodium et omnes possessiones cum omnibus pertinentiis suis videlicet terris cultis sive incultis cum pratis, pascuis, nemoribus, decimis et aquarum decursibus introitus et exitus districtione et advocatia sicut prefatus Eppo et liberi sui per omnia tenuerunt predicta ecclesia Sancti Michaelis ammodo ab omni exactione et debito libere et quiete in perpetuum possidebit, exceptis XIIII denariis Lovaniensis monete quos annuatim in festo sancti Stephani villico abbatisse de Donenc pro quadam terra trium bunariorum et dimidio in eadem villa de Hockesele persolvet. Habet etiam predicta abbatissa in prefata villa altare et dotem ejus liberam videlicet VI bunaria terre que sacerdos ibidem tenet. Habet et aliam terram censualem sibi in elemosinam datam que ad casam ville spectat et hec consuetam decimationem sicut alia terra ville solvere debet supradicte ecclesie. […] Hec autem acta sunt anno dominice incarnationis M°C°LIIII°, indictione IIa, presulatus domini Nicholai anno XVIII°. Ego Gerumboldus cancellarius recognovi, legi et recensui.
12 1157. – Arras. Godescalc, évêque d’Arras, suite à la demande pressante de Berthe, abbesse de Denain, excédée par les pressions des puissants cherchant à obtenir des prébendes canoniales pour leurs enfants, l’autorise à remplacer dans son église les chanoines par deux vicaires révocables.
A. Original disparu.
B. Copie du XVIe siècle par F. de Bar. Douai, B.M., ms. 820, f° 85 r°-v°. - C. Copie du XVIe siècle par François de Bar, dans Historia monastica. Bruxelles, Bibliothèque Royale, ms. 7748, f° 425-426 v°.
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a. Acta Sanctorum, oct., 4, p. 323, d’après C. - b. B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 136-137, n° 118, d’après C.
Indiqué : A. Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 408 ; B.-M. Tock, Chancellerie, p. 83 ; ThDipl W 8238.
In nomine sanctae et individuae Trinitatis. Ego Godescalcus, Dei gratia Atrebatensis episcopus, praesentibus et futuris in perpetuum. Cum omnibus nobis subjectis, exigente pastorali sollicitudine, in his quæ juste querunt, exhibenda sit pro posse benevolentiaa), illorum tamen applicationi haud dubium quin specialiter sit favendum qui, spretis secularibus pompis, optimam partem, quæ non auferetur, eligere maluerunt. Quapropter cunctis volo legentibus innotescat quod venerabilis Berta abbatissa Dononiensis, bono zelo inflammata, præsentiam nostram adiit et, ut in ecclesia sua nullum amplius in canonicatu posset statuere, nostro se imperio constringi atque auctoritate corroborari humiliter exoravit, causam hujus postulationis idonea satis ratione subnixam intimans, quia videlicet nonnullorum sæcularium et in sæcularibus præpotentium filiis suis præbendas dari cupientium et in petento vicissim sibi succedentium, dum assentire renueret, offensam incurrebat, adeo ut interdum ecclesiasticum negligerent officium, dum quibus pace omnium præbendæ concedi possent aut vix aut nullatenus reperirentur. Quod quamvis mentis intuitu id quod scriptum est qui hominibus placent confusi sunt1 assidue contempletur non ignorat, tamen imo experimento didicit quanta modernis temporibus religiosi quique ab hujus sæculi filiis temporalibus dumtaxat bonis detrimenta sustineant si eos placare seu placatos habere contempnantur. Unde, sapienti usa consilio, petitioni sue hoc quoque addere voluit, ut nostro assensu ac favore duos vicarios loco canonicorum tali tenore subrogare queat, quatenus, si per eos vel propter eos aliquod scandalum aliquando, quod absit, emerserit, illis amotis, alios libere substituere possit. Paci igitur atque utilitati tam ejus quam ecclesiae sibi commissæ consulentes, præcem ejus eo gratiori affectu suscepimus, quo a justo non deviare imo vacare Deo cupientibus utillimam fore adjucavimus. Itaque assensu capituli nostri ac religiosarum personarum consilio ab ecclesia Dononiensi canonicos amovendos adhuc superstitibus ex hac luce subtractis statuimus viceque eorum duos vicarios constituere ac, quoties justa occasio poposcerit, immutare in arbitrio abbatissae jam dictæ ecclesiæ relinquimus. Quod ut firmum ac stabile in perpetuum omni sopita jurgiorum occasione conservetur, præsentem paginam sigilli nostri impressione atque idonearum personarum subnotatione confirmari præcipimus. Signum Theoderici Ostrevandensis archidiaconi. S. Nicholai decani. S. magistri Frumaldi. S. Hugonis abbatis Sancti Amandi. S. Fulconis abbatis Hasnoniensis. S. Gerardi abbatis de Casa Dei quæ est Viconia. S. Hermani. S. Hugonis canonicorum et præsbyterorum. S. Gisleni diaconi. S. Herberti subdiaconi. Actum Atrebati anno dominicæ incarnationis M°C°LVII°. 160
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1. Ps. 52, 6. a) benevolentiam sic B, C.
13 [1166], 14 mai. – Rome, Latran. Alexandre III informe Henri, archevêque de Reims, qu’il a chargé les évêques de Tournai et de Thérouanne de terminer le conflit qui oppose les religieuses de Denain au sujet de l’élection simultanée de deux abbesses et l’engage à faire respecter la décision qu’ils prendront.
A. Original perdu.
a. E. Martène et U. Durand, Veterum scriptorum et monumentorum... amplissima collectio, t. 2, c. 735, lettre n° 115. - b. J.-P. Migne, Patrologie latine, t. 200, c. 416-417, d’après a.
Indiqué : J-L, n° 11277 ; A. Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 471 ; ThDipl W 7833.
Note sur la datation : elle résulte de l’itinéraire d’Alexandre III (D. Lohrmann, Papsturkunden in Frankreich, p. 9).
Alexander, episcopus, servus servorum Dei, venerabili fratri Henrico Remensium archiepiscopo, salutem et apostolicam benedictionem. Ex litteris fraternitatis tuae ad nos directis accepimus quod, cum sorores Dodonienses inter se divisae duas personnas in abbatissam nominassent, longe major pars in unam quam in aliam convenit. Nos vero tam ex litteris quam ex relatione diversorum audivimus, quod cassata electione utriusque illarum quae nominatae fuerant, sorores electionis suae auctoritatem arbitrio Atrebatensis episcopi contulerunt. Unde, quia id nobis liquido non constabat, nos ratione cogente in eo scilicet quod certificatum nobis fuerat, quod sorores ab utraque electione recesserint, causam ipsam venerabilibus fratribus nostris Tornacensi et Morinensi episcopis commisimus audiendam et sub certa forma fine congruo terminandam. Quapropter fraternitatem tuam monemus atque mandamus quatenus quod praefati episcopi super his statuerint, ratum habeas et firmum facias observari. Data Laterani, II idus maii.
14 1171, [avant le 8 août]. André, évêque d’Arras, confirme l’accord conclu entre les abbayes de Vicoigne et de Denain attribuant à Vicoigne l’église de Raismes et la villula d’Aubry.
A. Original perdu.
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J.-P. Gerzaguet, L’abbaye de Denain
B. Copie du XIIIe siècle ; titre : de Ramis et Aubriu. Cartulaire de Vicoigne. Lille, A.D. Nord, 59 H 95, n° 139, f° 86 r°-v°. - C. Copie du XIIIe siècle ; titre : Andree episcopi Attrebatensis de altari de Raimes et de Aubriu. Cartulaire de Vicoigne. Lille, A.D. Nord, 59 H 96, n° 6, f° 3 v°- 4 r°. -D. Copie du 15 novembre 1771 par Dom Queinsert. Paris, B.N.F., Collection Moreau, t. 77, f° 93-94, d’après A.
a. B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 178-179, n° 160, d’après B et C.
Indiqué : J. Gennevoise, L’abbaye de Vicoigne, 1, p. 23 et 2, p. 30 ; ThDipl W 9780 et 12681 (le lien entre ces deux références n’est pas établi).
Note critique : la datation peut être précisée grâce à la mort de l’évêque André. Pour l’édition, noter que B a respecté les e cédillés.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Ego Andreas, Dei gratia dictus episcopus Attrebatensis, notum esse volumus instantibus et futuris, quia, cum locus, qui Ramis appellatur, primum cepisset construi, antecessor meus pie memorie Gosdescalcus Attrebatensisa) episcopus diligenter a vicinis circummanentibus facta questione, didicit quod predictus locus ad nullius parrochie spectabat subjectionem. Erat enim antiqua silva, in qua nemo, qui tunc temporis viveret, nec edificium nec habitatorem sed neque pater aut avus vel proavus ejus viderat. Hac igitur ratione, judicio personarum tam capituli nostri quam religiosorum qui sunt in nostra diocesi, adjudicatum est quod ad jus memorati predecessoris mei locus ille pertineret. Quocirca venerabilis presul Godescalcus locum de Ramis quiete possedit, possessum ęcclesię Viconiensi pro amore Dei, pro remedio animę suę et antecessorum suorum dedit et caractere sigilli sui cartam quam super hoc fieri decreverat, testibus adhibitis, confirmavit. Postmodum vero contigit, quod in constructione pauperis villulę, quę Aubrius dicitur, quę contingua est parrochie de Ramis, orta est controversia inter abbatem de Viconia et abbatissam de Dononio. Sed comperta veritate, quod abbatissa nichil juris habebat in loco memorato, ipsum locum consilio personarum mearum ęcclesię Viconiensi perpetuo concessi possidendum, salvo in omnibus jure episcopi et ministrorum ejus, ita ut ęcclesia de Ramis in numero matricium ecclesiarum computetur et, secundum consuetudinem Ostrevandensium ecclesiarum, ecclesia de Ramisb) de omnibus redditibus episcopo et archidiacono tanquam matrix ęcclesia respondeat, ęcclesia de Aubriu tanquam filia. Presbiter quoque per manum archidiaconi episcopo presentetur et ab ipso curam recipiat. Ut autem hoc nostre liberalitatis donum ratum et inconvulsum permaneat, presentem paginam fieri, factam impressione nostrę imaginis confirmari et testium subscriptione roborari precepimus. Signum Clarebaldi Attrebatensis archidiaconi. S. Frumaldi Ostrevandensisc) archidiaconi. S. Rogeri prepositi. S. Nicholai decani. S. Anselli cantoris. S. magistri Gilleni. S. Petri Betuniensis. S. Galteri, Roberti, Anastasii canonicorum presbiterorum. S. Guidonis, Johannis Duacensis, Hugonis, 162
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Sagualonis, Mathei canonicorum diaconorum. S. Henrici Lochars, Martini, Guidonis, Johannis, Sigeri canonicorum subdiaconorum. Et alii quamplures aderant. Datum anno Domini millesimo C°LXX°I°. a) Attrebatens. BC. – b) In numero … de Ramis, omis BC. – c) Ostrovandensis BC.
15 1173 Helvide, abbesse de Denain, met fin au litige qui opposait son monastère à celui de Saint-Michel d’Anvers en vendant à ce dernier trois bonniers et demi de terre à Nederokkerzeel contre un cens annuel de dix-huit deniers.
A. Original perdu.
B. Copie du XIVe siècle. Cartulaire de Saint-Michel d’Anvers. Anvers, Archives de la ville, Fonds eccl., K 131, p. 73. - C. Copie du XVIIe siècle. Cartulaire de Saint-Michel d’Anvers. Anvers, Archives de l’Etat, t. 6, p. 179.
a. P. J. Goetschalckx, De abdij van Sint-Michiels te Antwerpen, p. 56. - b. P. J. Goetschalckx, Oorkondenboek der Witheerenabdij van S. Michiels, n° 23, p. 44-45.
Indiqué : ThDipl. W 3088.
In nomine sancte et individue Trinitatis. Notum sit tam futuris quam presentibus quod ego Helvidis, Dei miseratione abbatissa de Doneinc, assensu capituli nostri terram trium boneriorum et dimidii de qua inter nos et abbatem Antwerpiensem controversia extitit sub censu XVIII denariorum Brusellensis monete annuatim persolvendorum in festo sancti Stephani in villa de Hockensele liberam ab omni exactione perpetuo possidendam concessimus, retenta tamen decimatione que ad ecclesiam predicti loci pertinet. Ut autem hoc ratum et inconcussum permaneat, sigilli nostri impressione et testium subscriptione corroborari precepimus. S. Helvidis abbatisse. S. Marie priorisse. S. Alidis subpriorisse. S. Eremberge preposite. S. Lamberti abbatis Sancti Gilleni. S. Godefridi prioris Viconiensisa). S. Anselmi decani fratris ejus. S. Walteri de Dico. S. Bertholomei canonici. S. Walteri clerici. Actum anno dominice incamationis millesimo centesimo septuagesimo tertio. a) Nicon BC.
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16 1175, 24 décembre. – Anagni. Le pape Alexandre III confirme les biens et possessions de l’abbaye de Denain qu’il énumère.
A. Original sur parchemin, hauteur 745 mm (dont repli 35 mm), largeur 580 mm ; bulle de plomb sur lacs de soie rouge et verte. Lille, A.D. Nord, 24 H supplément 1. Mentions dorsales : N° 6 (XVIe). – Denain a copier (XVIIe). – 1175, 24 décembre (XVIIIe). Document en très mauvais état (parchemin déchiré et rongé aux pliures, nombreux trous, signalés par des crochets). B. Copie du XVIe siècle par F. de Bar dans son Historia monastica. Douai, B.M., ms. 820, f° 81 r°-83 r°, d’après A, avec dessin de la bulle ; ajout final : cum sigillo plumbeo ex filis sericis rubeis pendente. - C. Copie du XVIe siècle par François de Bar dans son Historia monastica. Bruxelles, Bibliothèque Royale, ms. 7748, f° 419 v°.
a. Acta sanctorum, oct., 4, p. 324, d’après B (extrait).- b. J. Ramackers, Papsturkunden in Niederlanden, p. 302-304, n° 160, d’après A et C.
Indiqué : J-L, n° 12527 ; A. Wauters, Table chronologique, t. 7, p. 312 ; Neues Archiv, t. 7, p. 102 ; ThDipl W 5763.
Note critique : l’état déplorable du document original explique que J. Ramackers, malgré le recours à C, ait mal déchiffré certains noms de lieux qui, de ce fait, sont souvent non identifiables. L’édition des Acta n’est d’aucun secours car l’énumération des biens est omise. Les rectifications ont été faites ici à partir de B. Sont signalées en note les lectures fautives de b.
Alexander, episcopus, servus servorvm Dei, dilectis in Christo filiabus abbatisse Dodoniensis m[ona]st[erii ejusque] sororibus tam presentibus quam futuris regularem vitam professis in perpetuum. Prudentibus virginibus que accensis lampadibus obviam Christo Domino venire desiderant et sibi per opera charitatis humili devotione placere, tanto lubentius apostolicum suffragium debemus impendere, quanto minus pro fragilitate sexus et assumptae religionis proposito sua possunt jura tueri. Quapropter, dilecte in Christo filie vestris justis postulationibus clementer annuimus et ecclesiam vestram in qua divino estis obsequio mancipate, sub beati Petri et nostra protectione suscipimus et presentis scripti privilegio communimus, statuentes ut quascumque possessiones, quaecumque bona idem monasterium inpresentiarum juste et canonice possidet aut in futurum concessione pontificum, largitione regum vel principum, oblatione fidelium seu aliis justis modis prestante Domino poterit adipisci, firma vobis vestrisque successoribus et illibata permaneant. In quibus hec propriis duximus exprimenda vocabu[lis : villam D]ononii cum pratis, aquis et molendinis, cum terris cultis et incultis, cum altari, [decimis et terragiis, cum] servis et ancillis et universis possessionibus que in ea [continentur] et aliam villam que dicitur Halcinis [et curtem] quandam 164
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que dicitur Teonvillea) [cum appendiciis suis, decimam que] est in villa que dicitur [Tiansb) et quandam] decimam aliam ad eandem villam pertinentem [que] est in territorio de K[ermai]m, [et aliam villam que dicitur Lang]inis cum curte que in eadem est et [altare]c) et decimis et terra]giis et universis appendiciis, [in villa que dicitur Hommis novem raserias terre arabilis et redditus viginti] raseriarum frumenti, et [in villad) quinque curti]lia et dimidium, [quandam terram in villa que dicitur Masengarbee), et quindecim raserias terre arabilis in villa que] dicitur Fressens, et in villa que dicitur Wandelaincors carrucatam terre arabilis et [duo cu]rtilia et dimidium, et in villa Avesnes quoddam terragium et novem curtiliaf), [et in villa que] Anis dicitur quandam decimam et quinque raserias terre arabilis, et in villa que dicitur Buetg) quoddam terragium, et in villa que dicitur Augeriaux terram arabilem et plura curtilia terre pertinentia, et in villa que dicitur Monciaush) quandam [terram arabilem], et in villa que dicitur Ruet quandam terram arabilem, et in villa que dicitur Mastainsi) quattuor curtilia, et in villa que dicitur Ar[te]us quoddam terragium, et in villa que dicitur Havelieu altare cum appendiciis suis, et in villa que d[icitur Prov]is altare cum appendiciis suis et terram arabilem, et in villa que dicitur Trisj) altare cum [appendiciis] suis, et altare de Wercink) cum appendiciis suis, et in villa que [dicitur Mauci]corsl) quandam decimam, altare de Haburdin et altare de Halenes cum appendiciis suis et altare [de Forgen]gheham cum appendiciis suis, in villa que dicitur Hartrem) [quoddam terragiu]m Galt[eri], et in villa que dicitur Hocheziele altare cum app[en]d[icii]s suis et terram arab[ilem quam emit a rustico quodam], altare de Ruocurt et altare de Burin) cum appendiciis, et in villa que dicitur [Forieres] altare cum appendiciis suis, aliam villam que dicitur Periers et altare ejusdem ville cum decima, altare de Thier cum decima, [in v]illa que dicitur Marche quattuor raserias frumenti, et in villa que dicitur [Hanepeule]o) servos, ancillas, terram arabilem, silvas, pascua et redditus quamplures, in villa que dicitur Hizep) proprias [vineas et redditus vinearum et] frumenti et avene et caponum et nummorum, in foro Camera[censi] quandam domunculam in qua venditur caro que reddit singulis annis sibi sexaginta solidos, in villa que dicitur R[ollaincort] terragium quoddam, in villa que dicitur Pereus duos modios frumenti singulis [a]nnis et duos modios avene de terragio, habet etiam quoddam ter[ragi]um in villa que dicitur Oras et duo curtilia, Valencenis cambam unam, quattuor etiam ibidem solidos et octo capones singulis annis, pro censu ville de Salten tres solidos et ad Fraisnot decem et octo de[narios] annis singulis, de Requestr) duos solidos, de advocato de We[rcin] singulis annis quinque solidos et ab advocato de Gomenies similiter singulis annis quinque solidos. Sepulturam quoque ipsius liberam esse [decernimus, ut] eorum devotioni qui se illic sepeliri deliberaverint, nisi forte excommunicati sint vel interdicti, nullus obsistat, salva tamen justitia illarum ecc[lesiarum a quibus] mortuorum corpora assumuntur. Sane novalium vestrorum quae propriis manibus aut 165
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sumptibus colitis sive de nutrimentis animalium vestrorum [nullus a vobis] decimas presumat exigere. Cum autem generale interdictum terrae fuerit, liceat vobis, clausis januis, non pulsatis tintinabulis, exclusis excommunicatis et interdictis, [suppressa] voce divina officia celebrare. Obeunte vero te nunc ejusdem loci abbatissa vel tuarum qualibet succedentium, nulla ibi qualibet subreptionis astutia seu [violentia] preponatur, nisi quem sorores communi consensu vel sororum pars sanioris consilii, secundum timorem Dei et beati Benedicti regulam providerint eligendam. Decernimus ergo ut nulli omnino hominum liceat prefatum monasterium temere perturbare aut ejus possessiones auferre vel ablatas retinere, minuere seu quibuslibet [vexa]tionibus fatigare, sed illibata omnia et integra conserventur eorum pro quorum sustentacione et gubernatione concessa sunt usibus omnimodis profutura, salva sedis aposto[lice auc]toritate et diocesani episcopi canonica justitia. Si qua igitur in futurum ecclesiastica secularisve persona, hanc nostrae con]stitutionis paginam sciens, contra eam tem[ere] venire tentaverit, secundo terciove commonita, si non presumptionem suam, digna satisfactione correxerit, potestatis honorisque sui dignitate careat reamque se divino judicio existere de perpetrata iniquitate cognoscat et a sacratissimo corpore ac sanguine Dei ac Domini redemptoris nostri Jesu Christi aliena fiat atque in extremo examine districte ultioni subjaceat. Cunctis autem eidem loco sua jura servantibus sit pax Domini nostri Jesu Christi, quatenus et hic fructum bonae actionis percipiant et apud districtum judicem premia eterne pacis inveniant. AMEN. AMEN. AMEN. [Rota] Ego Alexander ca[tho]lice ecclesie episcopus subscripsi. [Benevalete]. † Ego Bernardus [P]ortuensis et sancte Rufine episcopus subscripsi. † Ego Gualterius Albanensis episcopus subscripsi. † Ego Johannes presbiter cardinalis sanctorum Johannis et P[auli ti]tulo P[am]ach[ii] subscripsi. † Ego Johannes presbiter cardinalis titulo [sancte Anastasie subscripsi]. † Ego Albertus presbiter cardinalis [sancti Laurentii in Lucina subscripsi]. † Ego Guillelmus presbiter cardinalis sancti Petr[i a]d vinc[ula] subscripsi. † Ego Boso presbiter cardinalis sancte Pudentiane titulo Pastoris subscripsi. † Ego Johannes presbiter cardinalis titulo sancti M[arci subscripsi]. † Ego Theodinus presbiter cardinalis sancti Vitalis titulo Vestine subscripsi. † Ego Manfredus presbiter cardinalis titulo sancte Cecilie subscripsi. † Ego Petrus presbiter cardinalis titulo sancte Susanne subscripsi. † Ego Vivianus presbiter cardinalis titulo sancti Stephani in Celio monte subscripsi. 166
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† Ego Iacinctus diaconus cardinalis sancte Marie in Cosmidyn subscripsi. † Ego Arditio diaconus cardinalis sancti [Theodori subscripsi]. † Ego Cinthyus diaconus cardinalis sancti A[driani] subscripsi. † Ego Hugo diaconus cardinalis sancti Eustachii juxta templum Agrippe subscripsi. † Ego Laborans diaconus cardinalis sancte Marię in porticu subscripsi. † Ego Raynerius diaconus cardinalis sancti Georgii ad velum aureum subscripsi. Datum Anagnie per manum Gratiani sancte Romane ecclesie subdiaconi et notarii VIIII° kalendas januarii, indictione VIIIIa, incarnationis dominice anno M° C° LXXV°, pontificatus vero domni [Alexa]ndri pape [III], anno septimodecimo. a) Thomigile b. – b) Tiaus b. – c) déchirure ancienne A ; espace blanc B, C ; pour la restitution, B. Delmaire, Diocèse d’Arras, p. 512. – d) il manque le nom de la localité ; déchirure en A, espace blanc B, C. – e) Wasengarbe b. – f) et in villa Avesnes …curtilia, om. b. – g) espace blanc B, C. – h) Wourians b. – i) Onstains b. – j) Tras b. – k) Wetem b. – l) Wauticors b. – m) Hitre b. – n) Bari b. – o) Hanepeuer b. – p) Hate b. – r) Roquest b.
17 1179, 13 octobre. – Tournai. Evrard, évêque de Tournai, notifie, suite à un mandement pontifical, une sentence au sujet du litige qui opposait l’abbaye de Denain à Ancher de Lauvin à propos de la dîme de Lauvin et d’un alleu à Prefosset, situé à Esquerchin.
A. Original sur parchemin, hauteur 290 mm (dont repli 20 mm), largeur 310 mm ; sceau pendant perdu, courroie de cuir. Lille, A.D. Nord, 24 H 17/225. Mentions dorsales : De Lanwin (XIIIe). – Lettre seelée de l’evesque de Tournai comment messire Anskris de Lanwin recongnut par devant [effacé] ammonestès del auctorité dou pape commise audit evesque que la disme de le terre de Prefosset et des cortils de Lanwin n’avoit nul droit ainsy i renonchoit et tant que a le disme que li abbesse de Denaing et sen convent possessoient en le parroche d’Eskierchin lidit ne veult baillir response lai sur u qu’il interrogiet doudit evesque por lequelle cose il ammonesta lesdits Anscrit que desoremais il ne presestime rechiust que ledite disme de Prefosset, des courtils et alloes d’Eskierchin dessudit ne n’en travailla l’abbesse et le convent ainsi que fut le pacte contenu en ceste lettre. – N° 2 (XVIe). – Lettre seellée de l’evesque de Tournay contenant la renonciation faite au proffit de le chapitre par Anskerins chevalier de Lauwain de la dime, de la terre de Prefossez et de courteliages de Lauwain et sur un fief alloet d’Esquerchin ains deffense audit chevalier de Lauwain d’y plus rien pretendre sour les peines apostoliques, le 3 octobre 1179. – 1179, 13 octobre Lauwin farde 4e C (XVIIIe). – Denain Saint-Pierre de Lille N° 25 (XIXe, sur une étiquette collée).
Indiqué : C. Vleeschouwers, Chronologische problemen, p. 26 ; ThDipl W 11042.
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E[verardus], Dei gratia Tornacensium humilis minister, universis quibus pręsentium tenor innotuerit salutem. Noverit caritas vestra quod a domino papa mandatum atque preceptum nobis injunctum suscepimus ut Anskerium militem de Languin cum omni districtione prohibitionis atque justicie coherceremus ne decimarum de terra de Prefosset vel de curtilibus de Languin vel etiam quarumlibet decimarum exactione abbatissam et moniales de Dononio quarum super his conquestionem dominus papa receperat, de cetero fatigaret. Ante nos igitur utraque parte citata dieque constituto presentata, memoratus Anskerius super hoc ammonitus decimis de terra de Prefosset et curtilium de Languin ultro renuntiavit. Cum autem interrogaretur, si decimam de alodio quod jamdicta abbatissa et moniales in parrochia de Skercin possidebant sibi vendicaret, responsionem distorsit sicut videbatur in dolo, nec sic vel non ab eo potuimus elicere. Cum igitur apostolico precepto teneremur sepedictum militem districte cohercere ne prefatam abbatissam et moniales ejus quarumlibet decimarum exactione gravaret, eidem militi sub anathematis interminatione apostolica auctoritate prohibuimus ne de cetero decimas videlicet de terra de Prefosset et curtilium de Languin vel de alodio quod abbatissa et moniales ejus in parrochia de Skercin habebant nullatenus perciperet. Et si quid contra prohibitionem nostram apostolica auctoritate factam deinceps attemptaret, eadem auctoritate ipsum Anskerium militem de Languin excommunicationi subjecimus et nomina eorum qui interfuerunt subnotavimus. Signum domni Everardi Tornacensis episcopi. S. Gunteri decani. S. magistri Gualteri diaconi. S. magistri Gileberti. S. magistri Gossuini subdiaconorum. S. Bartholomei de Dononio et Arnulfi de Buri presbiterorum. S. Balduini presbiteri de Sancto Piato. Actum Tornaci, anno Domini M°C°LXX°IX°, III idus octobris.
18 1188, novembre. – Arras. Pierre, évêque d’Arras, notifie que Baudouin de Lauwin, Amauri de Bapaume et son fils Amauri ont renoncé en faveur de l’abbaye de Denain à toute prétention sur la mairie de Lauwin.
A. Original sur parchemin, hauteur 190 mm (dont repli 20 mm), largeur 175 mm ; sceau pendant perdu, double queue de parchemin. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/100. Mentions dorsales : Lettre del evesque d’Arras qui rend a l’abbaye de Denaing le droit de le maire de Lamwin après que Baudouin de Lamwin et li fil Amauri le eurent resignet en se main (XVe). – N° 3 (XVIe). – 1188, au mois de novembre (XVIIIe).
a. B.-M Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 236, n° 212, d’après un cliché photographique de A.
Indiqué : B.-M. Tock, Chancellerie, p. 34, 53, 111, 220 ; ThDipl W 9810.
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Petrus, divina patientia Atrebatensis ecclesie minister humilis, omnibus quibus litteras istas videre contigerit, eternam in Domino salutem. Suscepti officii sollicitudo nos ammonet ut que in presentia nostra sunt ecclesiis erogata nos eisdem sigilli nostri testimonio confirmemus, ne in posterum illi maliciose reclament qui jus suum ecclesiis integre resignarunt. Eapropter notum facimus universis quod venientes ad nos Balduinus de Lamwin, Amalricus Bapalmiensis et Balduinus filius ejus, majoriam de Lamwin, super qua Dononiensem ecclesiam impetebant, in manus nostras libere resignarunt et in ea se nichil juris habere publice sunt confessi, promittentes quod nunquam amplius exinde reclamabunt. Nos vero eandem majoriam libere memorate ecclesie abbatisse reddidimus. Quod ut ratum maneat et inconvulsum, sigilli nostri est testimonio roboratum, testium suppositis nominibus, qui concessioni isti fuere presentes. Signum Johannis Atrebatensis. S. Radulfi Ostrevandensis archidiaconorum. S. Elemberti, magistri Petri, Roberti Duacensis canonicorum. S. Drogonis decani Harnensis. S. Alulfi de Corieres militis. S. Alulfi filii ejus. S. Walteri de Eskerchin. Actum Atrebati anno dominice incarnationis M°C°LXXX° octavo, mense novembri, feliciter.
19 1189, décembre. – Arras. Pierre, évêque d’Arras, règle le différend qui oppose l’abbaye de Denain à Arnoul, prêtre d’Erquinghem, au sujet des revenus paroissiaux. Les oblations seront partagées en deux moitiés tout au long de l’année, sauf les jours de Noël, de Pâques, de Pentecôte et de la Purification de la Vierge, où l’abbaye en percevra les deux tiers. Le partage égal concerne aussi les aumônes faites au prêtre. L’abbaye se réserve les deux tiers des dîmages. A. Original sur parchemin, hauteur 260 mm (dont repli 15 mm), largeur
225 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie rouge. Lille, A.D. Nord, 24 H 20/258. Mentions dorsales : B. Lettre del evesque d’Arras qui accorda l’eglise de Denaing et Ernoul curet d’Erquinghem des proventions del autel de le dite ville ensi qu’il sensuit. C’est a savoir que lidite eglise a le moitié en toutes oblations venues a l’autel d’Erkinghem par an et li curet l’autre moitié. Item a lidite eglise les II pars en toutes oblations dou jour de Noel, de Pasques, de Penthecoste et de le Purification Notre Dame et li curet l’autre tierche part. Item a ledite eglise le moitié a l’encontre du curet des terres, des biestes a IIII pies, de linchiuls, de kiutes et de toutes aultres coses données audit curet. Et ossi a lidite eglise les II pars de tous dismage et li curet le tierch (XVe). – N° 26 (XVIe). – 1189 au mois de décembre (XVIIIe).
B. Copie du 8 octobre 1250 dans une confirmation de l’évêque d’Arras. Lille, A.D. Nord, 24 H 20/260 (acte n° 57).
a. B.-M. Tock, Chartes des évêques d’Arras, p. 244-245, n° 217, d’après A.
Indiqué : B.-M. Tock, Chancellerie, p. 34, 53, 111, 220 ; ThDipl W 9814.
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J.-P. Gerzaguet, L’abbaye de Denain
Petrus, divina patientia Atrebatensis ecclesie minister humilis, omnibus in Christo fidelibus tam presentibus quam futuris in perpetuum. Jura ecclesiarum, sicuti divisa sunt, scriptorum expedit adnotatione firmari, ne ea que firme decisionis exitum sunt sortita processu temporis in dubietatem iterum relabantur. Eapropter omnibus fieri volumus manifestum quod, cum inter dilectam nostram Hawildem abbatissam Dononiensem et Ernaldum presbiterum de Erchingehem super proventibus altaris ejusdem ville querela fuisset exorta, nos veritatem super hoc diligentius inquiri precepimus et quid juris abbatissa in eodem altari habebat tam ex ipsius parrochie testimonio quam ex ejusdem presbiteri recognitione comperimus in hunc modum. De universis oblationibus, que per annum veniunt ad altare tam de panibus et butyris et ovis quam de aliis, abbatissa medietatem, presbiter vero reliquam percipit medietatem, exceptis tantummodo die Natalis, die Pasche et Penthecosten et die Purificationis, in quibus due partes omnium oblationum abbatissam, tercia vero memoratum sacerdotem contingit. De terris et animalibus quadrupedibus, de marca et supra de omnibus quadratis, veluti lintheaminibus et culcitris, que presbitero in elemosinam contigerit erogari, medietas provenit abbatisse, reliqua sacerdoti et de universis decimationibus abbatissa duas partes, presbiter vero terciam percipit partem. Super quo ut nulla posset deinceps questio suscitari, scripto adnotatum sigilli nostri duximus testimonio roborandum, subscriptis testium nominibus qui recognitioni a memorato presbitero ante nos et prescriptis omnibus facte fuere presentes : Johannes archidiaconus, Johannes prepositus, magister Petrus de Corbeia canonici nostri, Johannes abbas Sancti Vedasti, Johannes abbas de Monte Sancti Eligii, Drogo decanus de Harnes, Robertus decanus de Avions. Actum Atrebati anno dominice incarnationis M°C°LXXX°IX°, mense decembri, feliciter, amen.
20 1200. L’abbaye de Denain, en raison de son droit de patronage, confirme la cession de la dîme de Roucourt à l’abbaye de Château par Gossuin Flamand, chevalier du lieu.
Acte perdu, mentionné dans un Inventaire des titres et autres papiers trouvés au chartrier de l’abbaye de Château en 1790 (Lille, A.D. Nord, 58 H 114, non folioté). Le donateur, Gossuin Flamand, est identifié dans l’analyse précédente.
Texte de l’inventaire : 1200. Une autre lettre de l’an 1200 contenant la donation de la disme de Roucou par G. en présence de l’archevêque (sic) de Cambray et du consentement du chapitre de Denain. Cottée avec copie RG.
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21 s.d. [vers 1200 ?] Notice rapportant un accord par lequel l’abbaye de Denain doit à celle de Vicoigne un cens annuel de cinq muids de froment et autant d’avoine pour la dîme de Quérénaing.
B. Copie du XIIIe siècle ; pas de titre. Cartulaire de Vicoigne. Lille, A.D. Nord, 59 H 95, f° 62 v°, n° 89 quater.
Indiqué : ThDipl W 12045.
Note sur la datation : cette notice est copiée entre deux autres, datées respectivement de 1189 et de 1202. En marge est indiqué d’une écriture moderne : 1199.
Ecclesia de Denain debet nobis singulis annis V modium frumenti et V avene pro quadam querela que inter nos erat super decima de Kirinain.
22 1206. Collinet de Denain et son épouse Agnès de Buissy, font une donation de terres à l’abbaye de Denain.
Acte perdu, cité par A. Jurénil, Denain et l’Ostrevant, p. 154, sans référence.
Texte de la mention : En 1206, on avait vu Collinet de Denaing, chevalier, et sa femme, Agnès de Buissy, faire à l’abbaye de Denain une importante donation de « biensfonds ».
23 1217, 11 avril. – Latran. Honorius III confirme le statut pris par l’abbaye de Denant, fixant à trente le nombre des moniales. Cet effectif ne pourra être dépassé que si les ressources du monastère sont suffisantes.
A. Original perdu.
B. Copie contemporaine. Vatican, Archivio Segreto Vaticano, Reg. Vat. 9, f° 96 r°, epistula 386. -C. Copie du XVIII e siècle. Paris, B.N.F., coll. Moreau, t. 1178.
Indiqué : P. Pressutti, Regesta Honorii pape III, n° 492, t. 1, p. 87 ; C. A. Horoy,
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Registres, n° 293, t. 2, p. 359.
Abbatisse et conventui Bononiensibusa) Atrebatensis diocesis. Cum a nobis petitur etc. usque assensu. Statutum quod de tricesimo numero monialium de cetero in monasterio vestro servando fecistis, sicut provide ac humiliter factum est, auctoritate apostolica confirmamus et presentis scripti patrocinio communimus nisi forte ipsius monasterii in tantum excreverint facultates quod plures ex illis valeant sustentari, salvo tamen in omnibus apostolica sedis mandato. Nulli ergo etc. Nostre confirmationi etc. Si quis autem etc. Datum Laterani, III idus aprilis, pontificatus nostri anno primo. a) Sic BC pour Doniniensibus.
24 1217, 16 avril. – Maubeuge. Guillaume, prévôt d’Arras, Gaucher, doyen de Maubeuge, et Gilbert de Beaumont, chapelain, notifient qu’ils ont mis fin au litige qui opposait l’abbaye de Denain à Udo, prêtre de Périer, et à Th., bénéficier de Périer, au sujet de la dîme d’Haverec. Ils ont débouté ces derniers de leur demande, et leur ont imposé le paiement de 10 livres pour leur arbitrage et les dépenses de l’abbaye.
A. Original perdu.
B. Copie dans une confirmation du 30 août 1217 par l’abbé de Saint-Jean de Valenciennes, le prieur de Saint-Saulve et le prévôt de Notre-Dame-la-Grande de Valenciennes. Lille, A.D. Nord, 24 H 17/226 (acte n° 27).
Willelmus prepositus Attrebatensis, Walcherus decanus de Malbodio, omnibus presentium inspectoribus in Domino salutem. Noverint universi presentem inspecturi paginam quod, cum arbitri essemus cause quam habere se dicebant Udo, presbiter, et Th., investitus de Perier, contra abbatissam et conventum de Dononio super decima de Haverec, olim a Gilleberto et Waltero fratribus possessa, cujus terciam partem petebant predicti presbiter et investitus dicentes ipsam ad suum presbiterium pertinere, unde compromissum erat in nos et tercium collegam nostrum presbiterum de Pulchro Monte sub certa forma et sub pena quadraginta librarum Valencenensis monete si qua partium a nostro vellet arbitrio resilire, tandem prehabito consilio, testibus et instrumentis diligenter inspectis, et cognitis ut decuit cause meritis, cum dicti presbiter et investitus licet quotcumque debuissemus vel etiam plures dilationes indulsissemus eisdem nichil probassent, per quod deberent dicte abbatissa et conventus a predicte decime possessione repelli, ipsas presente tercio collega nostro presbitero de Pulchro Monte ab 172
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impetitione dictorum presbiteri et investiti duximus absolvendas, ipsis scilicet presbitero et investito super prelibata causa silentium imponentes, nisi penam solvere voluerint que superius est expressa. Adjecimus etiam decem libras monete Valencensis, sacramento procuratoris in animas abbatisse et conventus prestito, cum nostra taxatione declaratas eisdem abbatisse et conventui a dictis presbitero et investito expensarum nomine persolvendas. Quod ut ratum et firmum habeatur, presens scriptum sigillorum nostrorum munimine fecimus roborari. Actum apud Malbodium, anno Domini millesimo ducentesimo septimo decimo, presentibus Rogero et Johanne canonicis Malbodiensibus, et J. magistro scolarum ejusdem loci, B. clerico et Waltera) converso et Johanne laico, sexto decimo kalendis maii. a) sic.
25 1217, 25 juin. – Denain. Gilles de Trith et son épouse Elisabeth donnent au monastère de Denain plusieurs dîmes en différents lieux-dits à Prouvy.
A. Original perdu.
B. Copie dans une confirmation du 14 juillet 1217 par l’évêque d’Arras. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/101 (acte n° 26).
Omnibus quibus litteras istas videre vel audire contigerit, Egidius, dominus de Trit et Elyzabeth, uxor sua, in Domino salutem. Noverint universi quod ego Egidius, dominus de Trit, et Elyzabeth, uxor mea, pro animarum nostrarum et antecessorum nostrorum salute in elemosinam contulimus ecclesie Dononiensi totam decimam et quicquid habebamus in ipsa decima, quinque modiatarum terre vel eo amplius scilicet : in Hasoit quinque otollatas in piro de Provi, ad Crucem circiter decem otollatas, in campo de Boviers circiter viginti duas otollatas in quibus habet communis decima quartam partem, in Wimarcais circiter quinque otollatas subtus viam et supra viam semi modium. Et ad majorem cautelam in periculo christianitatis nostre fide interposita et juramento prestito firmavimus libere et absolute perpetuo possidendam. Quod ut ratum et inconcussum permaneat, ego Egidius presens scriptum sigillo meo et Elyzabeth uxor mea, cum proprium non haberet sigillum, sigillo Th[eoderici] decani de Provi fecimus sigillari. Actum apud Dononium, presentibus domina Helvide abbatissa, B. priorissa, Deminna, Rissende, Agnete de Avesnes, Maria de Sancto Salvio, Helvide de Tulin, Usilia monialibus Dononiensibus, Theoderico decano de 173
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Provi, Lieberto de Trit, Nicholao de Oisi, Alardo de Thions, Theoderico de Havelui presbiteris, Johanne de Maucicort, Gossuino de Donaign, Gerardo Rufo, Theoderico de Thions, Broignardo, Renardo de Vendougies, Guifrido de Estruem, Radulfo de Paillencort, Egidio Brouche, Waltero de Hartaign, Matheo de Thions, Symone de Thions, Egidio de Erin, Waltero de Haspre, Theoderico Casier de Hartaign, Hugone de Wallers, Theoderico Tribol de Wallers militibus, Alulfo Lokan, Johanne de Loialcort, Renero Busket scabinis de Trit et pluribus aliis. Datum apud Dononium anno Domini M°CC°XVII°, mense junio, in crastino sancti Johannis Baptiste.
26 1217, 14 juillet. – Vicoigne. Raoul, évêque d’Arras, confirme la donation précédente faite par Gilles de Trith et son épouse Elisabeth.
A. Original sur parchemin, hauteur 235 mm (dont repli 25 mm), largeur 200 mm ; sceau de cire verte partiellement détruit pendant sur lacs de soie rouge ; légende : […]LVM RA[…] TREBA[…] ; contre-sceau : + CVSTO... I (semblable à G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 5796). Lille, A.D. Nord, 24 H 8/101. Mentions dorsales : R. Confirmation faicte par l’evesque d’Arras a l’eglise de Denaing du don que fist a la dicte eglise en ausmone li sire de Trith et se femme, c’est asavoir de le disme de V modiée de terre assis au Hasoit, au pire de Provy, a le voie et en aucuns autres lieux (XVe). – N° 9 (XVIe). – 1217, 25 juin (XVIIIe).
R[adulphus], divina permissione Attrebatensis episcopus, omnibus quibus litteras istas videre contigerit, salutem in vero omnium salutari. Scire volumus presentes pariter et futuros quod nos donationem et elemosinam quam vir nobilis Egidius, dominus de Trit, miles, et Elyzabeth uxor sua ecclesie Dononiensi fecerunt, sicut in autentico eorum inde confecto et a nobis inspecto plenius continetur, ratam habemus et gratam et ad majorem securitatem predicti seriem autentici de verbo ad verbum huic nostre confirmationis pagine duximus inserendam hoc modo. (Suit l’acte n° 25). Sciendum preterea quod sepedictus Egidius dominus de Trit in nostra apud Viconiam presentia tam pro se quam pro sepefata E[lizabeth] uxore sua propter hoc constitutus premissam donationem decime spontaneus recognovit eamque in manu nostra ad opus ecclesie Dononiensis libere et legitime resignavit. Et nos ipsam eidem ecclesie reddidimus libere et quiete sine exactione ac servicio in perpetuum possidendam presentibus Pontio Attrebatensi et Symone Ostrevandensi archidyaconis nostris, Fromundo capellano nostro, Barthelomeo capellano Attrebatensi, Th[eodorico] decano 174
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nostro de Provi, Egidio Brouche milite et multis aliis. In cujus rei geste memoriam, presens scriptum fieri fecimus sigilli nostri testimonio roboratum. Datum anno gratie millesimo ducentesimo septimodecimo, pridie idus julii.
27 1217, 30 août. – Valenciennes, abbaye Saint-Jean. Thierry, abbé de Saint-Jean-de-Valenciennes, Elie, prieur de Saint-Saulve, et Jean, prévôt de Notre-Dame-la-Grande, confirment que Guillaume, prévôt d’Arras, Gaucher, doyen de Maubeuge, et Gilbert de Beaumont, chapelain, ont mis fin au litige qui opposait l’abbaye de Denain à Udo, prêtre de Périer, et à Th., bénéficier de Périer, au sujet de la dîme d’Haverec.
A. Original sur parchemin, hauteur 250 mm (dont repli 20 mm), largeur 220 mm ; trois sceaux pendants perdus, lacs de soie rouge. Lille, A.D. Nord, 24 H 17/226. Mentions dorsales : Sentence comment le prestre curet de Periers et sen compaignona) a cause de le disme de Haverech qu’il disoit estre appartenant sen presbitaire dont il fut jugiet que non et appartenir devoit a l’eglise de Denaing (XVe). – N° 12 (XVIe). Sur le repli : le 3 des kalendes de septembre 1217 N° 12. 1217, 30 août (XVIIIe).
Th[eodericus] Sancti Johannis abbas, Elyas prior Sancti Salvii, et Johannes prepositus Beate Marie Valencensis, omnibus quibus litteras istas videre vel audire contigerit, salutem in Domino sempiternam. Scire volumus presentes pariter et futuros quod, cum causa verteretur coram nobis inter ecclesiam Dononiensem ex una parte, et Udonem presbiterum de Periers, et Th. investitum ejusdem loci ex altera, tandem, post multos dies, bonis et discretis viris intervenientibus compromiserunt in Willelmum prepositum Attrebatensem, Walcherum decanum Malbodiensis ecclesie, et Gillebertum de Pulchro Monte capellanum, fide interposita et sub pena quadraginta librarum alborum promittentes se stare eorum arbitrio vel compositioni. Qui legitime cognoscentes de causa, duo scilicet Willelmus prepositus Attrebatensis et Walcherus decanus Malbodiensis, tercio collega eorum presente, arbitrum protulerunt in hunc modum. (Suit l’acte n° 24) Nos igitur, ad petitionem arbitrorum et ecclesie Dononiensis, confirmavimus auctoritate apostolica nobis injuncta arbitrium memoratum, presentibus Willelmo quondam abbate Sancti Johannis, Egidio canonico ejusdem loci, Nicholao presbitero de Bossu, Goberto monacho Sancti Salvii, Alardo capellano de Dononio, magistro Wichardo, Jacobo burgense Valencense, Vincentio, Maria et Mathildi sanctimonialibus Dononiensibus, et multis aliis. In cujus rei testimonium, presens scriptum fieri fecimus sigillorum 175
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nostrorum munimine roboratum. Datum Valencenis, in ecclesia Beati Johannis, anno Domini millesimo ducentesimo septimo, tertio kalendas septembris. a) et sen compaignon barré.
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1220, 1 novembre. Gautier, évêque de Tournai, confirme à l’abbaye de Denain la donation de la dîme d’Haubourdin et d’Hallenes-lez-Haubourdin faite par le regretté Guillaume, prévôt d’Arras. L’abbaye aura les deux tiers de la dîme et le prêtre le dernier tiers.
A. Original sur parchemin, hauteur 130 mm (dont repli 20 mm), largeur 140 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie verte. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/102. Mentions dorsales : B. Confirmation de l’evesque de Tornai a cause de le disme de Hallesnes vendue jadis a l’abbesse et couvent de Denaing et au prestre de Hallesne ou non dou presbitage par Willeme arbitre prevost d’Arras (XVe). – de le collation Hallennes n° 117 (XVIe ). – 1220, 1er novembre (XVIIIe).
Walterus, divina miseratione Tornacensis episcopus, universis presentium inspectoribus in Domino salutem. Noverit universitas vestra quod nos collationem decime quam vir venerabilis Willelmus bone memorie, quondam Attrebatensis prepositus, tenuit in territorio de Habordin et de Halesnis, ab ipso Willelmo factam ecclesie Dononiensi in cujus jacet altari et presbiterio dictarum villarum, salvo in omnibus jure nostro gratanter concedimus, ita quod predicta Dononiensis ecclesia duas ipsius decime partes et presbiterium vero terciam habeat sicut in ecclesiis antedictarum villarum de eis que ad altare pertinent est hactenus observatum. Ipsam quoque collationem ratam habentes et firmam quantum ad nos pertinet, presentis scripti testimonio confirmamus. Actum anno gratie millesimo ducentesimo vicesimo, die kalendarum novembrium.
29 1220. Helvide, abbesse, et tout le couvent de Denain notifient que Gautier de Condé, chanoine de Cambrai leur ayant donné la dîme de Prouvy qu’il tenait d’eux, ils lui ont cédé une redevance annuelle de cinq muids de froment et quatre muids d’avoine. Un autre muid, moitié froment, moitié avoine, sera distribué en pitance le jour anniversaire de la mort du frère de Gautier, Gérard, chevalier de Prouvy.
A. Original perdu.
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B. Copie dans une confirmation du 29 janvier 1221 par l’évêque d’Arras. Lille, A.D. Nord, 24 H 17/227 (acte n° 32).
Ego H[elvidis], divina miseratione ecclesie de Deneign humilis ministra, totumque ejusdem loci capitulum notum facimus omnibus presentes litteras inspecturis quod, cum Walterus de Condato, Cameracensis canonicus, quandam decimam in territorio de Provi existentem ad ecclesiam nostram spectantem detineret, ad opus nostrum in manu domini episcopi Attrebatensis resignavit. Nos autem, tam devotionem quam liberalitatem predicti Walteri et etiam utilitatem nostre ecclesie attendentes, de consensu nostro et capituli nostri, et auctoritate domini Attrebatensis interveniente, dicto Waltero quinque modios frumenti quales in ipsa decima percipientur et quatuor modios avene quamdiu vixerit, concessimus annuatim et predictum bladum, infra nativitatem Domini, eidem tenemur reddere Valencenis. Insuper die anniversarii Gerardi quondam fratris sui militis de Provi, unum modium bladi medietatem frumenti et medietatem avene nomine pitancie capitulo nostro conferre tenemur. Si autem infra terminum pretaxatum solutio predicti bladi facta non fuerit, nos predicto Waltero expensas, si quas ipsum propter hoc facere contigerit, tenemur in integrum resarcire. Ut autem predicta firmiora permaneant, litteras nostras eidem contulimus sigillorum nostrorum munimine rorobatas. Actum anno Domini M°CC° vigesimo.
30 1221 (n. s.), 29 janvier. – Cambrai. Godefroi, évêque de Cambrai, notifie à Raoul, évêque d’Arras, l’abandon de la dîme de Prouvy par Gautier, prévôt du chapitre Saint-Géry de Cambrai, et s’engage à ne rien réclamer.
A. Original perdu.
B. Copie dans une confirmation du 29 janvier 1221 par l’évêque d’Arras. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/103 (acte n° 31).
Reverendo patri ac domino R[adulpho], Dei gratia venerabili Attrebatensi episcopo, G[odefridus], eadem gratia Cameracensis episcopus, salutem et paratam ad obsequia voluntatem. Sciat vestra paternitas quod nos ratum habemus et gratum quicquid dilectus frater noster Walterus, prepositus Sancti Gaugerici Cameracensis, ordinaverit de decima de Provi coram vobis vel ejus procurator, nec in dicta decima quicquam volumus de cetero reclamare. Datum Cameraci, anno Domini M° CC° XX°, feria IIIIa ante purificationem beate Marie. 177
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31 1221 (n. s.), 29 janvier. Raoul, évêque d’Arras, confirme à l’abbaye de Denain la donation d’une dîme à Prouvy, faite par Gautier de Condé, chanoine de la cathédrale de Cambrai.
A. Original sur parchemin, hauteur 100 mm (dont repli 10 mm), largeur 290 mm ; sceau pendant perdu. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/103. Mentions dorsales : R. Lettre de confirmation de l’evesque d’Arras du droit le disme que Wattiers de Condet canoine de Cambrai tenoit ou terroit de Provi appartenant a l’eglise de Denaing lequelle disme, comment resignée fu par ledit Wattiers en le main dou dit evesque. Il le rendi a le dicte eglise et sur telle fourme que li abbesse doit rendre a sen convent en non de pitance un mui de fourment et otan d’avesne le jour et a cause d’un obit perpetuel con doit faire pour Grard jadis frere doudit Wattiers (XVe). – N° 5 (XVIe). – 1220, 29 janvier (XVIIIe).
R[adulphus], divina permissione Attrebatensis episcopus, universis Christi fide-
libus ad quos littere iste pervenerint, salutem in omnium salutari. Noverit universitas vestra quod dilectus in Christo Walterus de Condato, canonicus Cameracensis, quandam decimam jacentem in territorio de Prouvi pertinentem ad ecclesiam sanctimonialium Dononiensium quam ipse Walterus tenebat, per manum Hugonis procuratoris sui clerici, in manu nostra ad opus jamdicte ecclesie libere resignavit, et nos eandem decimam Helgoto presbitero nostro de Provi ex parte ejusdem monasterii ad hoc misso ad usum ipsius ecclesie reddidimus, ab eadem ecclesia libere et quiete in perpetuum possidendam, ita quod, in die anniversario obitus Gerardi, quondam fratris ipsius Walteri, in ipsa Dononiensi ecclesia perpetuo celebrandi unus modius medietas frumenti et medietas avene conventui distribuetur titulo pitancie. Sciendum etiam quod ad majorem securitatem litteras reverendi patris ac domini Godefridi venerabilis Cameracensis episcopi de rati habitatione confectas, hiis litteris nostris inseri fecimus in hunc modum. (Suit l’acte n° 30) Datum anno dominice incarnationis millesimo ducentesimo vigesimo, IIII° kalendas februarum.
32 1221 (n.s.), 29 janvier. Raoul, évêque d’Arras, confirme et vidime l’acte par lequel Helvide, abbesse, et tout le couvent de Denain notifiaient que Gautier de Condé, chanoine de Cambrai leur ayant donné la dîme de Prouvy qu’il tenait d’eux, ils lui cédaient une redevance annuelle de cinq muids de froment et quatre muids d’avoine. Un autre muid, moitié froment, moitié avoine, sera distribué en pitance le jour anniversaire de la mort du frère de Gautier, Gérard, chevalier de Prouvy. 178
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A. Original sur parchemin, hauteur 200 mm (dont repli 20 mm), largeur 220 mm ; sceau pendant perdu. Lille, A.D. Nord, 24 H 17/227. Mentions dorsales : S. Confirmation dou ministre d’Arras a tous de le disme de Prouvi qui resignée fu en le main del evesque d’Arras par Wattier de Condet canone de Cambray pour le raison de lequelle li abbesse de Denaing ottria par an audit Wattier se vie durant V muis de fourment tel que de le disme vient et le jour del annuel de monseigneur Grart chevalier de Prouvi frere doudit Wattier est tenue ladite abbesse de bailler et rendre a sen convent en non de pitance I mui de grain moitié fourment et moitié avene si qu’il appert par ces lettres esquelles les lettres de le dite abbesse de ce fais meut sont incorporées (XVe). – N° 3. – 1220, 29 janvier (XVIIIe).
R[adulphus], divina permissione Attrebatensis ecclesie sacerdos humilis, omnibus quibus litteras istas videre contigerit, in Domino salutem. Sciat fidelium universitas quod karissime in Christo . . abbatissa et moniales Dononiensis ecclesie quoddam nobis autenticum presentarunt cujus tenor talis erat de verbo ad verbum. (Suit l’acte n° 29). Nos igitur tam premissam decime resignationem a supradicto Waltero de Condato, Cameracensi canonico, per Hugonem procuratorem ejus clericum, in manu nostra factam quam preassignatam bladi ex eadem decima pensionem a jamdicto Dononiensi capitulo ipsi Waltero, ut prescriptum est, concessam ratam habemus et gratam, hoc adjuncto quod, si idem capitulum in solutione deficeret, nos de ipso justiciam faceremus usque ad satisfactionem debitam et condignam. Post decessum vero sepedicti Walteri, ecclesia Dononiensis ab ista omnino liberabitur pensione. Quod ut memorie ac firmitati debite commendetur, presentem paginam inde factam nostri appensione sigilli duximus muniendam. Datum anno gratie millesimo ducentesimo vigesimo, IIIIto kalendas februarum.
33 1221, avril. Helvide, abbesse, et tout le couvent de Denain reconnaissent devoir annuellement à l’abbaye de Vicoigne un muid de blé pour un four à Denain, ainsi qu’un demi-muid de blé et un demi d’avoine pour un fief à Quérénaing.
A. Original perdu.
B. Copie du XIIIe siècle ; titre rubriqué : Abbatissa et conventus de Deneng de hiis que debent ecclesiae Viconiensi pro furno de Kerinain. Cartulaire de Vicoigne. Lille, A.D. Nord, 59 H 96, f° 12 v°, n° 39.
Ego Helvidis, ecclesie Dononiensis humilis ministra, et qui mecum est conventus. Presentibus et futuris volumus innotescat quod nos ecclesie 179
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Viconiensi, pro jure quod habebat in furno apud Dononium sito in pratis, unum modium Valencensem bladi singulis annis in perpetuum in die festo Omnium sanctorum persolvere tenemur. Preterea debemus similiter eidem ecclesie Viconiensi dimidium modium bladi et dimidium avene singulis annis in pretaxata die solvendum pro beneficio quod ab eadem tenemus ecclesia apud Kerinain. Et ne hoc possit aliqua calumpnia infirmari, accepit a sigilli nostri appensione firmamentum. Actum anno Domini M°CC° vicesimo primo, mense aprili.
34 1230, juillet. Guillaume, prévôt du chapitre Saint-Pierre et châtelain de Lille, notifie l’engagement de sa dîme d’Erquinghem à l’abbaye de Loos et au chapitre Saint-Pierre. Après six ans, il pourra la racheter pour 700 livres. S’il ne le fait pas, chaque année l’abbaye aura la possibilité de la racheter, et lui-même pourra la racheter à l’abbaye de Denain.
A. Original sur parchemin, hauteur 160 mm (dont repli 20 mm), largeur 110 mm ; deux sceaux perdus, double queue de parchemin. Lille, A.D. Nord, 24 H 13/174. Mentions dorsales : O. Lettre comment Wuillaume prevos de Saint Piere et castellains de Lille obliga se disme d’Erkinghen a l’eglise de Los et a l’eglise saint Piere a tenir l’espasse de VI ans jusques adonc que rechiut en wissent une grande somme de monnoi (XVe). – 1230, au mois de juillet (XVIIIe).
W[illelmus], prepositus Beati Petri et castellanus de Insula, omnibus presentes litteras inspecturis, salutem. Noveritis quod decimam nostram de Erkinghen et quicquid juris habemus in tota decima ejusdem parrochie monasterio de Los et ecclesie Beati Petri de Insula pro septingentis libris Flandrensium pignori obligavimus per sex annos tenendas, medietatem scilicet uni ecclesie, et medietatem alteri, ita quod fructus ejusdem decime infra parrochiam de Erkinghen in quocumque voluerint loco includant. Elapso autem termino sex annorum pro septingentis libris de anno in annum redimere poterimus decimam memoratam. Alioquin si a nobis redempta non fuerit, abbatisse et conventui Dononiensi concedimus ut, post sex annos, pro septingentis libris de anno in annum redimere possint decimam sepedictam. Nos autem eandem decimam de prefata abbatissa et conventu suo de anno in annum redimere poterimus sicut de predictis ecclesiis de Insula scilicet et de Laude. Datum anno Domini millesimo CC° tricesimo, mense julio.
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35 1236 (décembre au plus tard). Helvide, abbesse, et tout le couvent de Denain, notifient à Gautier, évêque de Tournai, que Siger de Hocron et son épouse Mathilde ont engagé la dîme de Hallesneslez-Haubourdin auprès de l’abbaye de Loos pour un montant de 200 marcs. Si Siger et Mathilde ne rachètent pas la dîme, l’abbaye de Denain pourra le faire.
A. Original perdu. B. Copie dans une confirmation de décembre 1236 par l’évêque de Tournai. Lille, A.D. Nord, 24 H 14/188 (acte n° 37).
Note sur la datation : cette charte est nécessairement antérieure à l’acte n° 37, qui la confirme.
Reverendo patri ac domino W[altero], Dei gratia Tornacensi episcopo, H[elvidis], Dei permissione dicta abbatissa de Denaing, et ejusdem loci
conventus, salutem cum debita reverentia et honore. Paternitati vestre notum facimus quod Sygerus de Hokeron et Mathildis, uxor ejus, decimam quam tenebant de Walchero Doublet in personatu nostro in parrochia de Halennes, que decima descendit de castellano Insulensi, pro ducentis marchis Artisiensibus abbati et conventui de Laude, Cisterciensis ordinis, impignoraverunt. Quam impignorationem fecerunt de assensu et permissu nostro, ita tamen quod, si predicti S[igerus] et M[athildis] ejus uxor nollent redimere eandem decimam, nos a predictis abbate et conventu de Laude pro ducentis marchis predictam decimam redimere poterimus ab anno in annum, a festo beati Remigii usque ad festum beati Johannis Baptiste, et tenere libere ac firmiter donec ipsam decimam sepedicti S[ygerus] et M[athildis] redimere voluerint. In cujus rei memoriam et firmitatem, presentes litteras sigillorum nostrorum munimine fecimus roborari. Datum anno Domini M° CC° XXX° sexto.
36 1236, décembre. Guillaume, abbé, et tout le couvent de Loos notifient le même engagement dans les mêmes termes.
A. Original perdu.
B. Copie dans une confirmation de décembre 1236 par l’évêque de Tournai. Lille, A.D. Nord, 24 H 14/189 (acte n° 38).
Universis presentes litteras inspecturis, frater W[illelmus], dictus abbas et conventus de Laude, salutem in Domino. Noveritis quod Sygerus de 181
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Hokeron et Mathildis, uxor ejus, decimam quam tenebant de Walchero Doublet in personatu abbatisse et conventus de Denaing in parrochia de Halennes pro ducentis marchis Artisiensibus nobis impignoraverunt. Quam impignorationem fecerunt de assensu et permissu dictarum abbatisse et conventus de Denaing, ita tamen quod, si predicti S[ygerus] et M[athildis], ejus uxor, nollent redimere eandem decimam, dicte abbatissa et conventus pro ducentis marchis Artisiensibus predictam decimam a nobis redimere poterunt ab anno in annum, a festo beati Remigii usque ad festum beati Johannis Baptiste, et tenere libere ac firmiter donec ipsam decimam sepedicti S[ygerus] et M[athildis] redimere voluerint. In cujus rei testimonium, presentes litteras sigilli nostri appensione fecimus roborari. Datum anno Domini M°CC°XXX° sexto, mense decembri.
37 1236, décembre. Gautier, évêque de Tournai, notifie le même engagement en vidimant l’acte de l’abbaye de Denain.
A. Original sur parchemin, hauteur 205 mm (dont repli 35 mm), largeur 190 mm ; sceau pendant perdu, lacs disparus. Lille, A.D. Nord, 24 H 14/188. Mentions dorsales : De decima de Halennes (XIIIe). – D. Confirmation faite par l’evesque de Tournai a cause de la disme de Hallenes qui descendoit du castellain de Lille qui fu fierfiée et enwagiée a l’abbet et convent de Los par l’assent de l’abbesse et convent de Denaing lequelle se racatée n’estoit par Sohier dou Hokeron et Mehault se feme. Li abbesse et convent de Denaing dessus dits le pooient racater pour IIc marcs dartiziens adont convenus et par an tant leur devoit ledite disme demorée (XVe). – n° 91 (XVIe). – 1236, au mois de décembre (XVIIIe).
Walterus, Dei gratia Tornacensis episcopus, universis presentes litteras inspecturis eternam in Domino salutem. Noveritis nos venerabilium mulierum H[elvidis] abbatisse et conventus de Denaing litteras sigillis suis sigillatas diligenter inspexisse quarum tenor talis est. (Suit l’acte n° 35) Nos igitur predicte decime impignorationem, sicut superius plenius continetur, ratam habentes approbamus et pontificali auctoritate confirmamus. In cujus rei memoriam et firmitatem presentes litteras predictis abbati et conventui de Laude contulimus sigilli nostri munimine roboratas. Datum anno Domini millesimo ducentesimo tricesimo sexto, mense decembri.
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38 1236, décembre. Gautier, évêque de Tournai, notifie le même engagement en vidimant l’acte de l’abbaye de Loos.
A. Original sur parchemin, hauteur 130 mm (dont repli 10 mm), largeur 270 mm ; sceau pendant perdu, lacs disparus. Lille, A.D. Nord, 24 H 14/189. Mentions dorsales : Lettre de l’evesque de Tournai qui certeffie avoir veu uns lettre de l’abbet et convent de Los faisant mention que Sohier de Hokeron et Mehauls se feme enwagierent leur disme qu’il tenoit de Wattier Doublet on personage del abbesse et convent de Denaing on le parroche de Hallenes por le somme de IIc marcs d’artiziens a racater dedens certain terme lequelle disme lidite abbesse et convent poent racater por les IIc mars dessudits et tenir franquement en cas que ledit convent racatée ne l’avoiet. (XVe). – N° 94 (XVIe). – 1236, au mois de décembre (XVIIIe).
W[alterus], Dei gratia Tornacensis episcopus, abbatisse et conventui de Denaing, salutem in Domino. Noveritis nos litteras venerabilium virorum W[illelmi] abbatis et conventus de Laude, Cisterciensis ordinis, inspexisse quarum tenor talis est. (Suit l’acte n° 36) Nos igitur paginam presentem, ad preces dictorum abbatis et conventus de Laude, sigilli nostri appositione curavimus communire. Datum anno Domini millesimo ducentesimo tricesimo sexto, mense decembri.
39 1238 (n. s.), mars. Rénier, fils d’Agnès, prévôte de Saint-Amand, après que Gilles d’Haspres lui ait remis la dîme d’Haveluy, notifie qu’il la cède à l’abbaye de Denain.
A. Original sur parchemin, hauteur 255 mm (dont repli 35 mm), largeur 220 mm ; sceau pendant perdu, lacs disparus. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/105. Mentions dorsales : E. Lettre comment Gilles fils jadis monseigneur Wattiers de Haspre, venut par devant Reniers, fil noble dame damea) Agnies prevoste de Saint-Amand et dame de Havelui et la raporta le disme qu’il tenoit en fief a Havelui doudit Reniers comme hoir de le dame de Havelui se mere et tout li droit qu’il avoit en ledite disme au profit de l’eglise de Denaing liquel Reniers le donna et mist en le main de Helvis abbesse de ledite eglise en aumosne a ycelli possesser a tous jours perpetuement tout ensi que ledicte droit se mere avoit sour si qu’il appert par les lettres de ledicte dame faisant mention de le disme chi dedans contenu (XVe). – N° 10 (XVIe). – 1237, au mois de mars (XVIIIe).
Indiqué : A. Bocquillet, Les prévôts laïques, p. 173.
Ego Renerus, filius et heres nobilis mulieris Agnetis, preposite Sancti Amandi in Pabula et domine de Havelui, notum fieri volo tam presenti183
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bus quam futuris quod Egidius, filius bone memorie quondam Walteri de Haspre militis, constitutus in presentia mea, decimam quam de matre mea predicta, cujus heres sum, tenebat in feodum apud Havelui, in manibus tam predicte matris mee quam meis, ad opus ecclesie Dononiensis libere reportavit, guerpiendo omne jus quod in ipsa decima habebat et habere poterat, promittens fide et juramento corporaliter prestitis quod in dicta decima nichil juris ipse vel alius ex parte ipsius de cetero reclamabit nec ipsam ecclesiam super ipsa decima molestabit et quod contra omnes volentes stare juri et legitimam ipsi ecclesie parabit garandiam. Ego vero dictam decimam una cum matre mea supradicta dicte ecclesie in perpetuam elemosinam contuli et concessi jure perpetuo possidendam, reportans eam in manu venerabilis domine Helvidis, abbatisse ecclesie sepedicte, ad opus ipsius ecclesie et promittens quod super decima prenotata eidem ecclesie legitimam contra omnes prestabo garandiam. Hoc autem factum fuit presentibus Alexandro del Rosuiel milite, Egidio de Horneng et Egidio de Ellouge qui super hoc in testimonium tamquam pares dicti Egidii fuerunt convocati, presentibus etiam Amando priore, Eustachio dicto magistro, Odone, Sigero canonicis Viconiensibus, Helgoto presbitero de Prouvi, Gossuino de Helemmes milite, domina Helvide abbatissa de Deneng, Eusebia thesauraria, Ibria suppriorissa et multis aliis. Quod ut ratum et firmum permaneat, presentes litteras sigilli mei appensione communivi. Actum anno Domini M°CC°XXX° septimo, mense martio. a) sic.
40 1238 (n. s.), [1er – 3] avril. Jeanne, comtesse de Flandre et de Hainaut, confirme à l’abbaye de Denain la donation d’une dîme à Haveluy par Rénier, fils d’Agnès, prévôte de Saint-Amand.
A. Original sur parchemin, hauteur 210 mm (dont repli 20 mm), largeur 190 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie rouge. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/104. Mentions dorsales : F. Lettre seelée de Jehanne contesse de Flandre et de Hainaut contenant comment li prevoste de Saint Amand en Peule avoit ahireté Renier sen fil de le disme qui gist en le parroche de Havelui tenue en fief de la dite contesse ou quel lieu li eglise de Denaing avoit et a le patronage et comment Renier le reporta en le main de ledite contesse au profit de ledite eglise si qu’il appert par ces lettres, presens ces homs [effacé] – N° 11 (XVIe). – 1237, au mois d’avril (XVIIIe).
Cet acte, forcément postérieur au précédent, date donc d’avril 1238, mais avant Pâques puisqu’il est encore daté de 1237.
J[ohanna], Flandrie et Hainonie comitissa, omnibus tam presentibus quam futuris, salutem. Noverint universi quod, cum Agnes nobilis mulier, preposita Sancti Amandi in Pabula, de nobis teneret in feodum decimam 184
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jacentem in parrochia de Havelui, ubi Dononiensis ecclesia jus obtinet patronatus, et ex ipsa decima, nobis assentientibus, Renerum filium suum per judicium nostrorum hominum legitime heredasset, ipse Renerus, de eadem decima heredatus per legem, presente et consentiente dicta matre, ipsius eamdem decimam guerpiens, absolute ipsam ad opus jamdicte ecclesie in manus nostras libere reportavit. Nos vero, nostrum in hiis adhibentes consensum, decimam ipsam concessimus et reddidimus ecclesie memorate ab omni jure feodali exemptam et dominio temporali libere et quiete perpetuo possidendam, hominibus nostris astantibus qui super hiis poterunt judicare dicentibus per judicium quod tam guerpitio quam reportatio supradicte quam nostra concessio et alia prenotata bene et legitime facta erant, et quod jamdicti Renerus et mater ejusdem tantum ex decima fecerant pretaxata quod ipsi vel heredes eorum nichil in ea de cetero poterant reclamare, et quod prefata ecclesia legitime ipsam erat adepta decimam et bene ac secure intraverat in eamdem. Ut autem hec perpetue commendata memorie robur obtineant firmitatis, presentes litteras jamdicte dedimus ecclesie nostri sigilli appensione munitas. Actum anno Domini M°CC° tricesimo septimo, mense aprili.
41 1240. Eusilie, abbesse, et le couvent de Denain, vendent au chapitre de Xanten les biens possédés à Honepelle et Husen.
A. Original perdu.
a. Molanus (J.), Usuardi martyrologium, p. 220-221. Mention du sceau du couvent : Sigillum sanctae Ragenfredis virginis. - b. Acta sanctorum, oct., 4, p. 325-326, d’après a.
Indiqué : Locrius, t. 1-3, p. 403 ; Brasseur, Origo omnium Hannoniae coenobiorum, p. 126 ; A. Wauters, Table chronologique, t. 4, p. 342 ; D. Lohrmann, Kirchengut, p. 290.
Universis paginam hanc visuris Eusilia, Dononiensis ecclesiae abbatissa, et ejusdem loci conventus, Atrebatensis dioecesis, salutem in Domino. Notum facimus universis quod nos bona nostra de Honepele et de Husen cum omnibus suis attinentiis, terris, agris, pascuis, pratis, hominibus, nemoribus, vineis et cum omnibus suis juribus ecclesiae Xanthensi vendidimus. Quam pecuniam profitemur nos recepisse ad plenum et ipsam pecuniam ad utilitatem ecclesiae nostrae totaliter esse conversam. Et praedictorum bonorum dominium quod nostra habebat ecclesia in dictam ecclesiam Xanthensem unanimi consensu transtulimus et in veram ac corporalem 185
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possessionem misimus. Et hoc est factum de licentia et consensu dioecesani nostri, vuarandiam legalem super praemissis praestiturae. In cujus rei testimonium, praesentes literas sigillorum nostrorum munimine, videlicet sigillo meo, ego Eusilia abbatissa et conventus sigillo capituli fecimus roborari. Actum anno millesimo ducentesimo quadragesimo.
42 1240. Gérard, abbé de Vicoigne, et deux autres prêtres rendent un arbitrage entre l’abbaye de Denain et celle de Château-l’Abbaye au sujet de deux parts de la dîme de Roucourt.
Acte perdu, connu par un Inventaire des titres et autres papiers trouvés au chartrier de l’abbaye de Château en 1790 (Lille, A.D. Nord, 58 H 114, non folioté), mais absent des cartulaires de Château- l’Abbaye.
Texte de l’inventaire : 1240. Une sentence arbitraire rendue par Gérard, abbé de Vicoigne et deux autres prêtres au sujet d’une contestation menée entre le chapitre de Denain et l’abbaye de Château pour la disme de Roucou. Cottée TC.
43 1241, août – Haubourdin. Jean, châtelain de Lille, notifie l’achat des deux tiers de la dîme d’Haubourdin et d’Hallesnes-lez-Haubourdin par l’abbaye de Denain à Alide, veuve de Gautier d’Haubourdin pour la somme de 200 livres moins 40 deniers.
A. Original perdu.
B. Copie dans une confirmation du 24 avril 1247 par l’évêque de Tournai. Lille, A.D. Nord, 24 H 15/204 (acte n° 53).
Universis presentes litteras visuris Johannes, castellanus Insulensis, salutem. Notum facio universis quod venerabiles et religiose domine abbatissa et conventus Dononiensis ecclesie bene et legitime secundum legem patrie in presentia mea et hominum meorum emerant a domina Aelide, relicta Walcheri de Hasbourdin, et ab heredibus ipsorum Walcheri et Aelidis, duas partes decime quam habebant in parrochia de Hasbourdin et de Halenes et omne jus quod habebant et habere poterant in eadem, que decima de me tenebatur in feodum. Et tam dicta Aelidis quam prefati heredes ipsam decimam et omne jus quod habebant in ipsa decima ad opus ecclesie Dononiensis pro duabus partibus in manu mea reportaverunt et werpierunt 186
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in presentia hominum meorum per quos dicta decima debebat judicari et per ipsorum judicium. Et ego eandem decimam et homagium meum et jus quod habebam in eadem in manu dicte abbatisse ad opus ecclesie sue pro duabus partibus reportavi et quitavi, hoc salvo quod, si dicte ecclesie aliquis super dicta decima injuriam inferret de quo ipsam eqlesiama) apud laicalem justiciam vellet deponere querimoniam, primo apud me querimoniam deponere teneretur, et ego ipsi ecclesie justiciam tenerer exibere debitam et maturam. Et tam dicta Aelidis quam dicti heredes fidem interposuerunt corporalem quod nichil de cetero in dicta decima reclamabunt nec dictam ecclesiam super ipsa decima molestabunt, nec permittent molestari. Et homines mei predicti per me adjurati judicaverunt quod bene et legitime et per legem patrie dicta abbatissa et conventus erant in ipsa decima. Et tam sepedicta Aelidis quam dicti heredes tanquam venditores et ego tanquam dominus et successores mei dicte abbatisse et conventui super ipsa decima legitimam debemus prestare garandiam. Pretium autem dicte venditionis fuit ducente libreb) Flandrensis monete quadraginta denariis minus de quibus tam michi quam sepedicte Aelidi et heredibus supradictis in numerata pecunia plenarie est satisfactum. Hec autem omnia acta fuerunt in presentia mea tanquam coram domino et coram predictis hominibus meis. Ut autem omnia predicta firma et inconcussa permaneant, presentes litteras ecclesie Dononiensi tradidi sigillo meo communitas. Actum apud Hasbourdin, anno Domini millesimo ducentesimo quadragesimo primo, mense augusto. a) sic. B. – b) libere B, le e superflu étant exponctué.
44 1242 (n.s.), février. Eusilie, abbesse de Denain, notifie qu’elle a vendu pour douze livres d’argent aux religieux de Vicoigne des revenus annuels à Valenciennes estimés à vingt sous. La somme reçue est totalement versée à l’usage de la communauté.
A. Original perdu.
B. Copie du XIIIe siècle ; titre rubriqué : de XX solidis alborum quos emmimus ab ecclesia de Denaing. Cartulaire de Vicoigne. Lille, A.D. Nord, 59 H 96, f° 22 v°-23 r°, n° 72.
Universis presentes litteras visuris, Eusilia, Dononienis ecclesie abbatissa, et ejusdem loci conventus in Domino salutem. Noverint universi quod nos bene et legitime vendidimus viris venerabilibus et religiosis abbati et conventui Viconiensibus viginti solidos alborum annui redditus quos habebamus infra Valencenas et omne jus quod habebamus in eisdem. Pretium autem dicte venditionis est duodecim libre alborum de quibus nobis ad ple187
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num in pecunia numerata satisfactum et ipsa pecunia in usus et utilitatem ecclesie nostre totaliter est conversa. Et de ipsis viginti solidis eisdem abbati et conventui legitimam adversus omnes volentes stare juri debemus portare guarandiam, et si alias litteras dicti abbas et conventus de dicta venditione a nobis voluerint juri consonas obtinere, nos eisdem haberi faceremus. In cujus rei testimonium, presentes litteras sigillorum nostrorum appensione roboravimus. Actum anno Domini millesimo CC° quadragesimo primo, mense februario.
45 1243 (n s), janvier. Aumand de Hamel, chevalier, notifie que Simon Brouche a vendu à l’abbaye de Denain, pour 120 livres, des terres situées entre Denain et Haulchin. Ces terres étant prises sur le domaine d’Alice, épouse de Simon, celui-ci lui donna en compensation des droits sur son vinage à Haspres.
A. Original sur parchemin, hauteur 200 mm (dont repli 35 mm), largeur 270 mm ; sceau pendant perdu, lacs disparus. Lille, A.D. Nord, 24 H 16/223. Mentions dorsales : Letre comment Simons Brouche vendi par devant monseigneur de Hamiel a l’eglise de Denaing IIII muis de terre entre Denaing et Hauchin (XVe). – N° 12 (XVIe). – 1242, au mois de janvier (XVIIIe).
Universis presentes litteras visuris, Aumandus de Hamiel miles, salutem. Noverit universitas vestra quod Symon Brouche, in presentia mea tamquam coram domino et hominum meorum, propter hoc constitutus, bene et legittime secundum legem patrie, de assensu meo et dictorum hominum, vendidit religiosis mulieribus abbatisse et conventui Dononiensis ecclesie tres modiatas terre site inter Dononium et Hauchin, sexies XX libris albarum, quam terram idem Symon de me tenebat in feodum, et ego, in presentia hominum meorum et de eorum assensu, ipsam terram ab omni jure feodali exemptam concessi liberaliter eisdem abbatisse et conventui inperpetuum possidendam, renuntians expresse omni juri quod habebam vel habere poteram in eadem. Noverint etiam universi quod idem Symon, pro dote quam domina Aelidis, uxor dicti Symonis, habebat in dicta terra, de assensu et spontanea voluntate ejusdem Aelidis excambium et assignamentum fecit eidem Aelidi ad wiennagium suum de Haspra in recompensationem dicte dotis. Et ipsa Aelidis dictam venditionem spontanee non coacta laudavit et approbavit. Et tam ipsa quam dictus Symon fide corporali et juramento interpositis promiserunt quod de cetero contra dictam venditionem non venient nec ipsas abbatissam et conventus super dicta venditione seu etiam super dicta terra aliquatenus molestabunt nec permittent vel procurabunt molestari, sed eisdem super dicta venditione legittimam adversus omnes 188
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portabunt garandiam. Idem vero Symon in manu mea ad opus dictarum abbatisse et conventus dictam terram reportavit. Et ego eisdem ipsam terram reddidi jure hereditario tamquam prefate ecclesie allodium inperpetuum possidendam, et deinde homines mei per quos dicta terra debebat judicari, judicaverunt quod prenominate abbatissa et conventus bene et legittime erant hereditario in possessionem dicte terre. Recognovit autem dictus Symon sibi satisfacta esse ad plenum de precio venditionis antedicte, renuntians expresse exceptioni non numerate pecunie. Ut autem predicta inperpetuum rata et inconcussa permaneant, eisdem abbatisse et conventui presentes litteras tradidi sigilli mei munimine roboratas. Actum anno Domini M°CC° quadragesimo secundo, mense januario.
46 1244 (n.s.), janvier. Jean, châtelain de Lille, et Mathilde, son épouse, vendent à l’abbaye de Denain une dîme et un bonnier de terre à Erquinghem contre une rente annuelle de quatre deniers.
A. Original sur parchemin, hauteur 280 mm (dont repli 20 mm), largeur 460 mm ; sceau rond incomplet (diamètre 70 mm) de cire rouge pendant sur lacs de soie rouge ; légende quasi détruite : S. IOHANNIS …. ; contre-sceau ; légende : SIGILLVM CASTELLANI. Lille, A.D. Nord, 24 H 13/176. Mentions dorsales : F. Lettre sellée de Jehan adonc castelain de Lille et de Peronne contenant le vendage qui fait avoir a l’eglise de Denaing de toute le disme que il et Mehauls se feme avoient en le parroche d’Erquinghem sur le Lis en lequelle parroche lidite eglise de Denaing avoit le patronnage et d’un bonnier de terre en ledite parroche lequel vendage avoec pluisieurs aultres devises apperent plus plainement par ces presentes (XVe). – Abbaye de Denain 1243, au mois de janvier (XVIIIe).
B. Copie dans une confirmation de juin 1244 par l’évêque d’Arras. Lille, A.D. Nord, 24 H 13/177 (acte n° 47).
Nos Johannes, Insulensis et Peronensis castellanus, et Mathildis, uxor nostra, notum facimus tam presentibus quam futuris quod nos vendidimus, concessimus et werpivimus in perpetuum ecclesie Dononiensi totam nostram decimam sitam in parrochia de Erkingheem supra Lisiam, in qua parrochia dicta ecclesia jus obtinet patronatus, et unum bonarium terre site in eadem parrochia pro quo dicta ecclesia nobis et nostris successoribus quatuor denarios Flandriensium monete annuatim, in festo beati Remigii, apud Erkingheem reddere tenetur. Que omnia tenebamus in feodum a viro illustri Thoma, Flandrensi et Hainonensi comite, et Johanna, uxore ejus, Flandrensi et Hainonensi comitissa, tali quidem conditione quod nos dictam decimam et bonarium supradictum vendidimus et reportavimus spontanea voluntate in manus Thome, ballivi Insulensis, qui super hoc a dictis comite et comitissa plenariam habebat potestatem, a quibus predicta tenebamus coram hominibus dictorum comitis et comitisse, paribus nostris, 189
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ad opus ecclesie memorate, promittentes sub fidei religione quod nos et heredes nostri decetero in predictis nichil juris reclamabimus vel poterimus reclamare, excepto censu dicti bonarii et justicia in dicto bonario inferius nominata. Et quod predicte ecclesie in posterum nullam inferemus vel inferri faciemus molestiam vel gravamen, et etiam recognovimus sub eadem religione juramenti quod, si hoc mercatum non faceremus, nos facere deterius oporteret. Et super hoc, homines dictorum comitis et comitisse pares nostri sufficiens testimonium audierunt. Quibus ut supradictum est peractis, homines dictorum comitis et comitisse, pares nostri, ad submonitionem dicti ballivi per legem et judicium dixerunt quod de predictis decima et bonario terre tantum feceramus, quod nichil juris habebamus in predictis vel habere poteramus in futurum, excepto similiter censu dicti bonarii et justicia in dicto bonario inferius nominata et quod eramus bene exheredati de predictis et ad legem. Quo facto, predictus ballivus predictam decimam et dictum bonarium terre Eusilie, Dononiensis abbatisse, nomine sue ecclesie reddidit exemptam ab omni jure, servitio feodali et dominio seculari ab ipsa ecclesia in perpetuum possidendam, exceptis censu et justicia superius nominatis. Et sciendum est quod, si uxor nostra contra juramentum suum in predictis decima et bonario terre dotem suam repetierit, dampna et expensas que occasione uxoris nostre dicta ecclesia sustineret nos et successores nostri super planum verbum dicte abbatisse absque alterius onere probationis reddere tenemur ecclesie memorate. Insuper notandum est quod, si infra dictum bonarium terre aliqua pugna vel aliquod forefactum inter familiam dicte abbatisse evenire contigerit, nos et nostri successores nec domum, nec bona, nec familiam dicte abbatisse propter hoc poterimus saisire vel arrestare nisi homicidium, mutilationem membri vel furtum commiserint, et tunc in personis delinquentibus et bonis ipsorum tantum habebimus potestatem. Si vero nos vel nostri successores aliqua bona delinquentium infra dictum bonarium esse crediderimus et ratione delicti ea reclamaverimus, quicquid abbatissa in verbo veritatis et absque fraude dicet suum esse proprium libere retinebit. Et si aliquis extraneus aliquod forefactum in predicto bonario commiserit vel aliquis malefactor ad dictum locum confugerit, nos dictum malefactorem poterimus capere in predicto bonario justiciam exercendo. Et sciendum est quod dicta abbatissa vel ejus censarii panem, vinum et talia venalia in dicto bonario vendere non valebunt. Insuper renuntiamus expresse omni auxilio juris tam canonici quam civilis, omni exceptioni dotis, doli mali, non numerate pecunie, omni privilegio indulto vel in posterum indulgendo et omni exceptioni que posset obici contra instrumentum vel factum in eodem contentum. Hec autem omnia supradicta fide interposita creantavimus fideliter observanda. Quod ut ratum et firmum permaneat, presentem paginam sigillorum nostrorum munimine duximus roborandam. Actum anno Domini millesimo ducentesimo quadragesimo tercio, mense januario. 190
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47 1244, juin. Asson, évêque d’Arras, approuve la vente de la dîme d’Erquinghem par Jean, châtelain de Lille, à l’abbaye de Denain.
A. Original sur parchemin, hauteur 420 mm (dont repli 40 mm), largeur 360 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie rouge. Lille, A.D. Nord, 24 H 13/177. Mentions dorsales : Hechingehem (XIIIe). – H. Lettre comment li evesques d’Arras tesmoigne qu’il a veu les lettres noble homme Jehan castellain de Lille, de Pieronne saines et scelles faisant mention que lidit castellain et Mehauls se feme avoient vendut et werpit a l’eglise de Denaing toute leur disme située en le parroche d’Erkinghem sur le Lis en lesquelle li eglise devant dite a le patronnage et I bonnier de tiere en celli paroche si qu’il appert par les lettres doudit castellain chi incorporée parlans plus plainement doudit dits vendage lesquelles ledit evesques approeve par sen scellet en confirmant ledit vendage (XVe). – 1244, au mois de juin (XVIIIe).
A[sso], miseratione divina Attrebatensis ecclesie minister humilis, universis presentes litteras inspecturis, salutem in Domino. Noverit universitas vestra nos litteras viri nobilis domini Johannis Insulensis et Peronensis castellani sigillo suo sigillatas non cancellatas, non abolitas nec aliqua parte sui viciatas vidisse in hac forma. (Suit l’acte n° 46) Nos vero dictam emptionem memorate decime quantum in nobis est approbantes nostrum eidem consensum prebuimus et assensum. In quorum omnium testimonium et munimen, presentem cartam sigilli nostri munimine duximus roborandam. Datum anno Domini millesimo ducentesimo quadragesimo quarto, mense junio.
48 1244, juin. Gilles, abbé, et le couvent de Marchiennes, notifient que le monastère de Denain leur a fait donation de sa dîme située à Aniche, Auberchicourt et Azincourt et de deux rasières de terre à Aniche contre un cens annuel de 28 rasières de blé et 27 d’avoine à prendre en la grange d’Abscon.
A1. Original sur parchemin, hauteur 230 mm (dont repli 20 mm), largeur 280 mm ; deux sceaux pendants sur lacs de soie verte et rouge ; à gauche, sceau en navette de cire verte (55 mm x 30 mm) représentant l’abbesse debout, en voile, tenant crosse et un livre ; légende : + S. EVSILIE ABBATISSE DONONIEN[SIS] ECC[LESI]E ; à droite, sceau en navette en cire verte dans une coque (73 mm x 50 mm) représentant sainte Remfroie debout, coiffée d’un voile et couronnée, tenant une palme et un livre ouvert : SIGILLVM SANCTE RAGENFREDIS VIRGINIS ; contre-sceau : une aigle déployée ; légende effacée (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 6819). Lille, A.D. Nord,
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J.-P. Gerzaguet, L’abbaye de Denain
10 H 146/2260. Mentions dorsales : Abbatissa et conventus Dononiensis de quibusdam decimis (XIIIe s.). – de Aniche, Obrechicourt et Azincourt (XVIIIe s.). – B II (en rouge).
A2. Original sur parchemin, hauteur 240 mm (dont repli 30 mm), largeur 260 mm ; fragments de deux sceaux sur lacs de soie rouge et verte. Lille, A.D. Nord, 24 H 11/134. Mentions dorsales : K. Letre seelée de abbet et convent de Marchiennes que il ont rechut de annuele cense perpetuel toute li disme que li eglise de Denaing avoit donnée et dehors li ville et terroit d’Anich tant en courtils, terres et maisons comme en quelconques aultre cos es tierois d’Obrechicourt et de Hazencourt et II rasieres de terre ou tieroit d’Anich et ce parmi XXVIII rasieres de blet des communs tas de la terrage d’Ascons et XXVII rasieres d’avene a paier annuellement a ledite eglise de Denaing par lesdit abbet et convent par le main de le warde de leur maison et et grange d’Ascons (XVe). – Lettre d’Ascon (XVIIe). – 1244 au mois de juin. Repose au greffe de la gouvernance de Douay le 8 février 1719 par maitre Trachant (XVIIIe).
B. Copie authentique de 1676. Lille, A.D. Nord, 10 H 146/2259, d’après A1.
Universis presentem paginam inspecturis, Egidius, divina permissione abbas Marchianensis, et conventus ejusdem loci, salutem in Domino. Noverint omnes presentes pariter et futuri quod nos recepimus ab ecclesia Dononiensi ad annuam censam perpetuam totam decimam in integrum quam ipsa habebat sive infra sive extra villam et territorium de Anich tam in curtilibus, terris et domibus quam in aliis quibuslibet rebus, et in territoriis etiam de Obrichicort et de Hasencort duas insuper raseriatas terre paulo plus aut paulo minus, jacentis in territorio de Anich, pro viginti octo raseriis bladi de communibus tassis grangie de Asconio, sicci et sani et pro viginti septem raseriis avene solvendis eidem ecclesie annuatim in nostra grangia de Asconio, infra festum omnium sanctorum, per manum custodis domus nostre de Asconio. Et hec omnia sub tali pacto libere concessit, dedit et werpivit nobis dicta ecclesia Dononiensis jure perpetuo et hereditario in posterum possidenda, sicut prius possidebat. Quod ut perpetuam obtineat firmitatem, cartam istam inde confectam sigillorum nostrorum munimine fecimus roborari. Actum anno Domini M°CC° quadragesimo quarto, mense junio, temporibus domine Eusilie abbatisse Dononiensis.
49 [juin 1244 ?]. Jean et Gilles de Brouches, chevaliers de Denain, fondent un obit perpétuel au monastère de Denain.
Acte perdu, connu par une mention dans le Recueil des anciens tombeaux, épitaphes et sépultures de la plupart des églises des Pays-Bas, de Ferdinand Ignace Maloteau de Villerode, XVIIIe siècle(Douai, B.M., ms. 966, f° 109 r°). Cette fondation fait référence à une charte de juin 1244 (acte n° 48) ; dans une charte de 1260-1261, Gilles est cité comme mort (cf. n° 66).
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Texte de la mention : Jean et Gilles de Brouches, chevaliers de Denain, ont donné pour fonder un obit à perpétuité aux dames de Denain trois rasières de bled mesure de Douay prise en vingt-huit rasières que doit au chapitre l’abaie de Marchiennes suivant la convention faite entre eux du mois de juin 1244 tous les ans. Il est porté en recettes audit chapitre suivant les comptes du chapitre de Denain spécialement dans celui des distributions dans le chapitre des fondations. Il paroit que Gilles Bronche ou Brouche était prévôt de Walcourt lequel y a un fief à Denain apartenant aux dames qu’on nomme la seigneurie de Bronchain.
50 1244, novembre. Eusilie, abbesse, et le couvent de Denain, notifient que, avec [Guillaume], abbé de Saint-Aubert de Cambrai, ils s’engagent à se soumettre à l’arbitrage de [P.], prieur de Saint-Jean de Valenciennes, d’Anseau, chanoine de Sainte-Croix de Cambrai, et de Mathieu, prêtre de Saint-Vaast de Valenciennes pour le litige qui les oppose au sujet des dîmes de divers courtils amasés à Thiant, au lieu-dit Hape-Grenée.
A. Original sur parchemin, hauteur 170 mm (dont repli 15 mm), largeur 260 mm ; sceau en navette de cire verte (55 mm x 30 mm) sur double queue de parchemin représentant l’abbesse debout, en voile, tenant crosse et un livre ; légende : + S. EVSILIE ABBATISSE DONONIEN[SIS] ECC[LESI]E ; contre-sceau représentant une aigle déployée (G. Demay, Sceau de Flandre, n° 7236). Lille, A.D. Nord, 36 H 338/4914. Mentions dorsales : I. IX. Abbatissa et conventus de Dononio pro curtilibus de Thyans (XIIIe). – Cum domo nostra compromissio M° CC° XLIIII (XIVe). – 1244 Abbatissa et conventus de Dononio pro decimis curtilium compromissio cum domo nostra pro Thians (XVIIIe).
B. Copie du 29 octobre 1708. Cartulaire de Saint-Aubert. Lille, A.D. Nord, 36 H 439, f° 79 r°-v°, n° 34.
Universis presentes litteras visuris, E[usilia], Donionensis ecclesie abbatissa totusque ejusdem loci conventus, salutem et orationes in Christo. Noverit universitas vestra quod, cum controversia verteretur inter nos ex una parte et religiosos viros, abbatem Sancti Auberti Cameracensis et ejus conventum, ex altera super decimis curtilium amasatorum sitorum apud Thians, in loco qui dicitur Hapegrenee, secundum quod in petitione eorum super hoc formata coram viro venerabili . . cantore Cameracensi continetur et super dicta controversia diutius fuisset altercatum inter nos et dictos abbatem et conventum coram dicto cantore tamquam arbitro et postmodum ex ordinaria jurisdictione coram officiali Cameracensi et etiam in curia Remensi, tandem pro bono pacis nos et dicti abbas et conventus super dicta controversia seu contentis in dicta petitione compromisimus in viros dis193
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cretos priorem Sancti Johannis in Valencenis, domnum Anselmum canonicum Sancte Crucis Cameracensis et domnum Matheum presbiterum Sancti Vedasti in Valencenis sub fide et juramento interpositis. Nos dictis abbati et conventui obligantes ad observationem dicte compromissionis et etiam arbitrii seu dicti quod dicti arbitri sive duo ipsorum dixerint judicio seu ordinatione eorundem qui arbitri de plano et absque strepitu advocatorum debent inquirere jus utriusque partis et bonam veritatem super premissis tam per probationes quas utraque pars producere voluerit quam etiam per acta dictorum processuum, si hoc dicti arbitri sibi viderint expedire, et veritate inquisita sicut eis videbitur expedire dictam etiam deberent terminare infra Resurrectionem Domini proximo venturam judicio vel ordinatione seu etiam amicabili compositione, nisi inter nos et partem adversam dictus terminus fuerit prorogatus. Et conditum est inter nos et partem adversam quod, si medio tempore aliquis dictorum arbitrorum decedat vel etiam exire patriam contingat, nichilominus dicta compromissio rata remanebit et firma, et processus medio tempore factus et in loco decedentis seu etiam absentis, ut dictum est, in alium nos et pars adversa tenemur consentire qui procedet in causam secundum ante acta cum aliis et ad hoc etiam sub predicto vinculo nos obligamus. Insuper cum occasione supradicte controversie seu etiam compromissionis facte in dictum cantorem questio esset inter nos et dictam partem adversam hinc inde super commissione pene quam nosa) tam nos quam etiam dicta pars adversa dicebamus esse commissam tandem nos et dicta pars adversa hinc inde ad invicem nos quitavimus super dicta pena, promittentes hinc inde quod super eadem pena vel occasione ejus neutra pars alteram decetero molestabit. In cujus rei testimonium et perpetuam firmitatem, presentes litteras munimine sigillorum nostrorum duximus roborandas. Actum anno Domini M°CC°XL° quarto, mense novembri. a) quam nos, nos barré A.
51 1244, 23 novembre. Guillaume, abbé, et le couvent de Saint-Aubert de Cambrai, notifient qu’avec [Eusilie], abbesse de Denain, ils s’engagent à se soumettre à l’arbitrage de [P.], prieur de Saint-Jean de Valenciennes, d’Anseau, chanoine de Sainte-Croix de Cambrai, et de Mathieu, prêtre de Saint-Vaast de Valenciennes pour le litige qui les oppose au sujet des dîmes de divers courtils amasés à Thiant, au lieu-dit HapeGrenée.
A. Original sur parchemin, hauteur 245 mm (dont repli 25 mm), largeur 190 mm ; fragments de deux sceaux sur double queue de parchemin ; à gauche, sceau brisé en navette de cire verte (50 mm) ; légende : + S. W […] AB […] CAM[…] ; contre-
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sceau : intaille représentant un chien ; légende : + SECRETV[M]. W . ABB[AT]IS (semblable à G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 6895) ; à droite, fragments de sceau en navette de cire verte. Lille, A.D. Nord, 24 H 17/229. Mentions dorsales : B. Lettre de compromis de l’abbé de Saint Aubert et de l’abbesse et du convent de Denain a cose des dismes des courtils amasés a Thians ou lieu dit Hapengrenee (XVe). – N° 4 (XVIe). – 1244, 23 novembre (XVIIIe).
Indiqué : A. Le Glay, Mémoire…Saint-Aubert, p. 76.
Universis presentes litteras visuris, W[illelmus], abbas Sancti Auberti Cameracensis totusque ejusdem loci conventus, salutem et orationes in Christo. Noverit universitas vestra quod, cum controversia verteretur inter nos ex una parte et religiosas mulieres, abbatissam et conventum de Dononio, ex altera super decimis curtilium admasatorum sitorum apud Thians, in loco qui dicitur Hapegrenee, secundum quod in petitione nostra super hoc formata coram viro venerabili cantore Cameracensi continetur et super dicta controversia diutius fuisset altercatum inter nos et dictas abbatissam et conventum coram dicto cantore tamquam arbitro et postmodum ex ordinaria jurisdictione coram officiali Cameracensi et etiam in curia Remensi, tandem pro bono pacis nos et dicta abbatissa et conventus, super dicta controversia seu contentis in dicta petitione compromisimus in viros discretos priorem Sancti Johannis in Valenchenis, dominum Anselmum canonicum Sancte Crucis Cameracensis et dominum Matheum presbiterum Sancti Vedasti in Valenchenis sub fide et juramento interpositis. Nos dictis abbatisse et conventui obligantes ad observationem dicte compromissionis et etiam arbitrii seu dicti quod dicti arbitri sive duo ipsorum dixerint judicio eorundem seu ordinatione qui arbitri de plano et absque strepitu advocatorum debent inquirere jus utriusque partis et bonam veritatem super premissis tam per probationes quas utraque pars producere voluerit quam etiam per acta dictorum processuum, si hoc dicti arbitri sibi viderint expedire, et veritate inquisita sicut eis videbitur expedire dictam etiam debent terminare infra Resurrectionem Domini proximo venturam judicio vel ordinatione seu etiam amicabili compositione, nisi inter nos et partem adversam dictus terminus fuerit prorogatus. Et conditum est inter nos et partem adversam quod, si medio tempore aliquis dictorum arbitrorum decedat vel etiam patriam exire contingat, nichilominus dicta compromissio rata remanebit et firma, et processus medio tempore factus et in locum decedentis seu etiam absentis, ut dictum est, in alium nos et pars adversa tenemur consentire qui procedet in causam cum aliis secundum ante acta et ad hoc etiam sub predicto vinculo nos obligamus. Insuper, cum occasione supradicte controversie seu etiam compromissionis facte in dictum cantorem questio esset inter nos et dictam partem adversam, hinc inde super commissione pene quam tam nos quam etiam dicta pars adversa dicebamus esse commissam tandem nos et dicta pars adversa hinc inde ad invicem nos 195
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quitavimus super dicta pena, promittentes hinc inde quod super eadem pena vel occasione ejus neutra pars alteram decetero molestabit. In cujus rei testimonium et perpetuam firmitatem, presentes litteras munimine sigillorum nostrorum duximus roborandas. Actum anno Domini M°CC°XL° quarto, in die beati Clementis.
52 1245, 27 septembre. P., prieur de Saint-Jean de Valenciennes, Anseau, chanoine de Sainte-Croix de Cambrai et Mathieu, prêtre de Saint-Vaast de Valenciennes, arbitres choisis par les parties, tranchent le litige intervenu entre les abbayes de Denain et de Saint-Aubert au sujet des dîmes de divers courtils amasés à Thiant, au lieu-dit Hape-Grenée. Ces dîmes devront être partagées par moitié entre les deux parties.
A. Original sur parchemin, hauteur 150 mm (repli 15 mm), largeur 140 mm ; trois sceaux perdus jadis pendants sur double queue de parchemin (débris du troisième à droite). Mentions dorsales : Arbitrium de curtilibus de Thians contra abbatissam de Denaing (XIIIe s.) – Arbitrium de curtilibus de Thians contra ababtissam de Denain (XVIIIe s.). Lille, A.D. Nord, 36 H 338/4915.
B. Copie authentique du 3 novembre 1708. Lille, AD. Nord, 36 H 439, f° 81 r°-v°, n° 35, d’après A.
Universis presentes litteris inspecturis, P., prior Sancti Johannis in Valencenis, Anselmus canonicus Sancte Crucis Cameracensis, et M[atheus], presbiter Beati Vedasti in Valencenis salutem in Domino. Noverit universis quod, cum controversia inter ecclesiam Sancti Auberti Cameracensis ex una parte et ecclesiam Dononiensem ex altera super quibusdam decimis quorumdam curtilium amasatorum apud Thians, in loco qui dicitur Hape Grenee, de quibus prius litigatam fuerat inter ipsas partes in Cameracensi curia et postmodum in curia Remensi, tandem dicte partes in nos compromiserunt, promitentes sub sacramento prestito quod quicquid a nobis judicio seu ordinatione vel amicabili compositione fuerit terminatum firmiter observabunt. Unde cum jus utriusque partis ad plenum nobis non liqueret ita quod possemus ipsum jus arbitrio terminare, nos ad ordinationem de concensu partium procedere volentes ita ut duximus ordinandum quod ecclesia Sancti Auberti in predictis curtilibus medietatem decimarum ipsorum curtilium in perpetuum percipiat, ecclesia medietate ecclesie Dononiensi in perpetuum remaneret. In cujus rei testimonium presentes litteras sigillorum nostrorum appensionibus duximus roborandas. Datum anno Domini millesimo ducentesimo quadragesimo quinto, mense septembri, feria quarta ante festum beati Remigii. 196
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53 1247, 24 avril. Gautier, évêque de Tournai, rappelle et confirme l’acte de Jean, châtelain de Lille, qui notifie l’achat des deux neuvièmes de la dîme d’Haubourdin et d’Hallesnes-lezHaubourdin par l’abbaye de Denain à Alide, veuve de Gautier d’Haubourdin.
A. Original sur parchemin, hauteur 210 mm (dont repli 20 mm), largeur 380 mm ; sceau pendant perdu, lacs de soie jaune. Lille, A.D. Nord, 24 H 15/204. Mentions dorsales : H. Confirmation faitte par l’evesque de Tournai des II pars de le disme de Habourdin vendue par le vesve Wattier d’Habourdin et ses hoirs (XVe). – N° 66 (XVIe). – 1247, 24 avril (XVIIIe).
W[alterus], Dei gratia Tornacensis episcopus, universis presentes litteras inspecturis, salutem in Domino. Noverit universitas vestra nos litteras viri nobilis Johannis castellani Insulensis inspexisse in hec verba. (Suit l’acte n° 46) Nos autem venditionem duarum predictarum partium decime prenominate que sunt due partes tercie partis tocius decime dictarum duarum villarum de Hasbourdin et de Halenes quam fecerunt dicti Aelidis, relicta Walcheri de Hasbourdin, et eorum heredes, de consensu dicti Johannis castellani Insulensis, abbatisse et conventui Dononiensi, secundum quod facta est et in litteras ejusdem Johannis prescriptis et super hoc confectis plenius continetur, ratam habentes et gratam approbamus et dictas duas partes tercie partis tocius decime predictis abbatisse et conventui, pontificali auctoritate, confirmamus ab eisdem in perpetuum possidendas. In cujus rei testimonium, litteras istas sigillo nostro fecimus roborari. Datum anno Domini millesimo ducentesimo quadragesimo septimo, mense aprili, in vigilia Marchi evangeliste.
54 1250, 21 mai. Extrait du libelle déposé par l’abbaye de Denain dans le procès l’opposant au prêtre d’Erquinghem, avec la liste des donations faites par les paroissiens d’Erquinghem, et, selon l’abbaye, injustement détenues par le prêtre.
A. Original perdu. B. Copie dans une confirmation du 8 octobre 1250 par l’évêque d’Arras. Lille, A.D. Nord, 24 H 20/260 (acte n° 57).
Li anciestres Jehain Biekin dona II mencaudées de tere. Li anciestres Tumas de Le Feulie dona I quartier de tere. Li anciestres Jehain Murgale 197
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dona Vc quartiersa) de tere petit plus petit mains. Li ancestres Hurteleu et Loskenol donerent III quartiers qui sont devers le voie dou muelin. Li ancestres Habelet I quartier de pré ki siet en grant pré. Si a Vc de tere qui sient deriere le maison Jehan Wisplet, li feme Robert du Camp IIII sols, Galans et se feme II mencaus de blé ; Boides li Sages et se feme VII havos de blé et IIII sols ; Estievenes dou Gardin LIIII sols ; li mère Jehan Pelinghel III sols ; Hellines Caurois XX sols ; Bauduins des Prés X sols ; Hellins Truie et se feme III mencaus de blé ; li feme Jehan Sarii I rasiere d’avaine ; li feme Jehan Cauroi I sourcot de bleu de VII sols ; Juliane li Bues une cotiele de bleu de XXXIIII deniers ; Baudes li Piers I sourcot de bleu roiet et une pieche de blanket de XI sols ; Aelis Longe Ganbe encor X sols ; Ouede Chirions I mencau de blé ; Bauduins Ciereuse VIII sols ; Maroie de Fergne XII deniers : Jehans de le Haie un havot d’avaine par an ; li feme Rogier de Bruges I mencau de blé ; li feme Wautier Haucant II sols ; Mahaus Pelingiaus encor XVI sols ; Adam Fase II sols ; li feme Grart de le Crois I havot de pumes ; Oliviers du Mes, li feme Wisplet et ses fiex, li feme Adan Fase, li feme Estievenon le Cuvelier, Pieres de Lohes, Lambers li Blans et mout dautre i dounèrent pluisieurs coses ke on declaerra en lieu et en tans. a) rayé.
55 1250, 21 mai. Libelle dans lequel Gautier, prêtre d’Erquinghem, émet ses demandes dans le cadre du litige qui l’oppose à l’abbaye de Denain. Il demande à percevoir un muid annuel sur la dîme d’Erquinghem ; les arriérés, à savoir sept muids ou 30 livres ; à pouvoir racheter à l’abbaye le tiers de la dîme d’Erquinghem pour le tiers du prix qu’elle l’a payée ; la neuvième part du congruinus, puisqu’il paie la neuvième part des dépenses de la collecte ; le tiers de la dîme sur les terres novales ; 60 livres de frais de procédure ; l’obligation pour l’abbaye de le laisser copier les actes utiles à son église.
A. Original perdu.
B. Copie dans une confirmation du 8 octobre 1250 par l’évêque d’Arras Lille, A.D. Nord, 24 H 20/260 (acte n° 57).
Dicit Walterus, presbiter de Erkingeham, pro se et ecclesia sua cujus est minister, contra . . abbatissam de Dononio et ejusdem loci conventum quod ipse pro se et fabrica sue ecclesie est et fuit a centum annis et circa in quasi possessione percipiendi unum modium frumenti de annuo redditu super decimam de Erkingeham que fuit castellani Insulensis et predecessorum ejus. Quem redditum ipsi predecessores super dicta decima contulerunt et 198
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solverunt et ipsum presbiterum et predecessores ejus percipere permiserunt de predicta decima a temporibus antedictis et a quibus memoria jam non extat. Unde, cum dicta . . abbatissa et dictus conventus decimam teneant antedictam, petit dictus presbiter pro se et ecclesia sua quod vos, domine, condempnetis dictam abbatissam et ejus conventum ut super predictam decimam dictum redditum eidem presbitero et ejus successoribus pro se et pro dicta ecclesia de Erkingheham exolverant in perpetuum. Item, cum dicta abbatissa et ejus conventus per septem annos continuos proprie retroactos dictam decimam tenuerint nec dictum redditum solverint eidem presbitero et ejus ecclesie nec ipsum presbiterum dictum redditum capere permiserint super dicta decima, petit dictus presbiter pro se et ecclesia sua quod vos, domine, dictos abbatissam et conventum in septem modios frumenti condempnetis et eidem presbitero et ecclesie sue adjudicetis vel in valorem dicti frumenti quem estimat triginta libras Parisiensium. Item, excepta predicta decima, omne jus decimationis et omnes decime in parrochia de Erkingeham consistentes pertinent et pertinere solebant ad dictas . . abbatissam et conventum pro duabus partibus et pro tercia parte ad presbiterum dicte ecclesie de Erkingeham. Unde, cum jure illius decimationis et ratione juris percipiendi dictas decimas admissi fuerint et de jure ad id debuerunt admitti dicti abbatissa et conventus ad comparationem seu redemptionem dicte decime que fuit castellanorum Insulensium, petit dictus Walterus presbiter quod vos adjudicetis sibi nomine ecclesie sue ut prorata pretii a dictis abbatissa et conventu propter redemptionem dicte decime ipsi comparare seu redimere liceat a dictis abbatissa et conventu dictam decimam pro partem terciam ipsum nomine ecclesie sue contingente et ut dictos abbatissam et conventum condempnetis ut vendant partem terciam dicte decime pro parte tercia pretii ob redemptionem dicte decime a dictis abbatissa et conventu exoluti. Item, cum dictus presbiter habeat nonam partem decimationis de Erkingeham et nonam partem expensarum solvat pro colligenda et habenda dicta decima, petit quod vos, domine, adjudicetis ipsi presbitero nonam partem congruini ex dicta decima provenientis vel ante garbarum partitionem vel in partitione earum. Item, ex quadam ordinatione facta inter dictos abbatissam et conventum ex una parte et predecessores dicti presbiteri ex altera a bone memorie Petro quondam Attrebatensi episcopo, omnes decime et omne jus decimationis, post aliam ordinationem, emergentes in parrochia de Erkingeham pertinere debent ad dictos abbatissam et conventum pro duabus partibus et ad dictum presbiterum pro tertia. Et post illam ordinationem, quedam maneria et quedam terre de novo redacte sunt ad culturam de quibus idem presbiter paratus est facere ostentionem et ex illis terris decime percipiuntur a dictis abbatissa et conventu. Quare petit dictus presbiter quod vos, domine, ipsi 199
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adjudicetis terciam partem omnium decimarum contra ipsos abbatissam et conventum que decime percipientur in terris antedictis. Petit etiam dictus presbiter quod vos, domine, ipsi faciatis exhiberi a dictis abbatissa et conventu predicte ordinationis litteris ob communem utilitatem ecclesie sue et ecclesie de Dononio factas ut eas possit et transcribere et sub sigillo vestro transcriptum earum in formam publicam redigere ad eternam rei memoriam. Item, super premissis aut altero eorum premissorum, dicta abbatissa alias bis in vos, domine, compromisit et dictus presbiter sub pena sexaginta librarum parti observanti arbitrium reddendarum a parte que ab arbitrio resiliret, unde cum dicta abbatissa ab arbitrio resilierit antedicto et per ipsam steterit quominus dictum arbitrium terminaretur, petit dictus presbiter a dicta abbatissa sexaginta libras Parisiensium sibi reddi maxime cum in tantum vel circiter dampnificatus fuerit occasione dicti arbitrii ab ipsa abbatissa non servari.
56 1250, 14 septembre. Eusilie, abbesse, et le couvent de Denain, et Gautier, prêtre d’Erquinghem déclarent confier à l’arbitrage de Jacques, évêque d’Arras, le litige qu’ils ont au sujet des quadrupèdes, de l’argent, des dîmes et à propos d’un demi muid de blé que le prêtre disait avoir à Erquinghem.
A. Original perdu.
B. Copie dans une confirmation du 8 octobre 1250 par l’évêque d’Arras. Lille, A.D. Nord, 24 H 20/260 (acte n° 57).
Universis presentes litteras inspecturis, Eusilia, humilis abbatissa de Dononio, totusque ejusdem loci conventus et Walterus, presbiter de Erkingehem, supraliberam salutem et orationes in Christo. Noverit universitas vestra quod, cum contentio esset inter nos abbatissam et conventum ex una parte, et me, Walterum, ex altera, super certis animalibus quadrupedibus, pecunia, linteaminibus, culcitris et quibusdam aliis que dicto presbitero in parrochia de Erkingehem contigeret erogari et super dimidio modio bladi quem dictus presbiter dicebat se habere in decima de Erkingehem, tandem post multas altercationes, nos abbatissa et conventus noster ex una parte, et ego, Walterus presbitera) ex altera, pro bono pacis compromissimus in reverendum patrem Jacobum, episcopum Attrebatensem, firmiter promittentes juramento a nobis, abbatissa et conventu per procuratorem nostrum et a me Waltero personaliter prestito et sub pena centum librarum Parisiensium 200
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reddendarum a parte resiliente ab arbitrio seu dicto parti arbitrium seu dictum observanti quod quicquid dictus episcopus super hiis et super omnibus juris que una pars nostrum contra alteram sive ab altera petere posset usque in diem hodiernum dixerit arbitrando seu etiam ordinando, nos inviolabiliter servaturos et etiam super expensis quas facere contigerit seu fecisse occasione arbitrii seu ordinationis predictorum. In cujus rei testimonium, presentes litteras sigillis nostris fecimus sigillari. Datum anno Domini M°CC° quinquagesimo, in die inventionis sancte Crucis. a) suscrit.
57 1250, 8 octobre. Jacques, évêque d’Arras, arbitre choisi par les parties, tranche le litige pendant entre l’abbaye de Denain et le prêtre d’Erquinghem. Il attribue au prêtre le muid sur la dîme achetée au châtelain de Lille, les sept muids ou 30 livres d’arriérés et le tiers de la dîme contre un tiers du prix payé. Il déboute le prêtre de ses autres demandes. Il attribue à l’abbaye la moitié de toutes les offrandes, mais les deux tiers à Noël, Pâques, la Pentecôte et la Purification, avec quelques exceptions.
A. Original sur parchemin, hauteur 560 mm (dont repli 30 mm), largeur 305 mm ; sceau pendant perdu, lacs disparus. Lille, A.D. Nord, 24 H 20/260. Mentions dorsales recouvertes d’un badigeon blanc : De Erkingeham (XIIIe). – Lettre de sentence renduee par l’evesque d’Arras sur le discord d’entre l’abbesse et convent de Denain d’une part et messire Wattier prestre d’Erkinghen sur le Lis po lui et sen eglise d’aultre part pour et a cause de tieres, biestes a IIII pies, pecune et as encore aultres cose convrengnable audit prestre a Erkinghem et d’un mui de bled que ledit prestres disoit avoir en le disme d’Erkinghem. En fut jugié tant de droit […] a ledite eglise de Denaig comme des droitures ledit prestre en le […] est en ces lettres sellées dou seel (XVe). – N° 13 (XVIe). – Erquingem (XVIIIe).
B. Traduction de 1589. Lille, A.D. Nord, 24 H 20/259.
Jacobus, miseratione divina humilis Attrebatensis episcopus, universis presentes litteras inspecturis in Domino salutem. Noveritis quod hec sunt acta inter religiosas mulieres abbatissam et conventum de Dononio ex una parte, et Walterum presbiterum de Herkiangehem pro se et ecclesia sua cujus est minister ex altera, habita coram nobis in quo exstitit compromissum prout inferius est notatum. (Suit l’acte n° 56) Dicit abbatissa et conventus de Dononio contra . . presbiterum de Erkingeham quod, cum ipse sit persona parrochie de Erkingeham et ad 201
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ipsas ratione personatus dicti loci de universis oblationibus que per annum veniunt ad altare dicti loci, tam de panibus, butiris, ovis quam aliis medietas pertineat et eandem habere debeat, exceptis tamen modo die natalis Domini, die Pasche, die Pentecostes et die Purificationis, in quibus due partes sunt ipsarum, tercia vero dicti presbiteri et cum ipse . . abbatissa et conventus debeant habere de omnibus terris, animalibus quadrupedibus et de omnibus linteaminibus, culcitris et aliis que presbitero in elemosinam contingerit erogari, medietatem habere debeant et dictus presbiter impedit et perturbat quominus ipse possint habere predicta sicut decet eadem detinendo minus juste in prejudiciarum earundem et congruamen videlicet terras, prata et alia que petunt ab eodem presbitero sibi reddi, salvo sibi juris beneficio in omnibus. Ea vero que dicte abbatissa et conventus petunt sunt hec. (Suit l’acte n° 54) Et super hiis est dies assignata dictis partibus coram nobis vel officiali nostro, si absentes fuerimus, ad deliberandum feria tercia post Trinitatem et oblatus est libellus. Datum anno Domini M°CC° quinquagesimo, feria sexta in Pentecostes. (Suit l’acte n° 55) Hec dicit et petit, salvo sibi juris beneficio in omnibus et super hiis, est dies assignata dictis partibus ad deliberandum coram nobis vel officiali nostro, si absentes fuerimus, feria tercia post Trinitatem et oblatus est libellus. Datum anno Domini M° CC° quinquagesimo, feria sexta in Penthecosten. Ad petitionem domini Walteri, presbiteri de Erkingeham, editam contra abbatissam et conventum de Dononio respondit dominus Hugo presbiter procurator ipsarum litem sollempniter contestando quod ea que in dicta petitione continentur non sunt vera ; et econverso ad petitionem dictarum abbatisse et conventus respondit Walterus antedictus presbiter quod ea que in dicta petitione continentur non sunt vera ; et sic hinc inde lite sollempniter contestata est dies assignata dictis partibus ad jurandum hinc inde de calumpnia seu de veritate dicenda et ad procedendum prout de jure fuerit procedendum feria quinta post Trinitatem. Datum anno Domini M° CC° L°, feria tercia post Trinitatem. Tenor carte bone memorie Petri Attrebatensis episcopi facte super controversia quondam habita inter . . presbiterum de Erkingeham et Dononiensem abbatissam. (Suit l’acte n° 19). 202
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Cum igitur in nobis fieret compromissio a predictis partibus volentibus et consentientibus ut super dubiis interpretari possemus et arbitrari et ordinare super omnibus de quibus controversia erat inter partes predictas, nos auditis et intellectis eis que fuerunt proposita a predictis partibus coram nobis, omnibusque rite actis, per diffinitivam sententiam, abbatissam et conventum de Dononio presbitero de Erkingeham pro se et fabrica ecclesie sue condempnamus ad solvendum modium frumenti eidem presbitero et fabrice ecclesie singulis annis quamdiu tenebunt decimam que fuit castellani Insulensis de qua actum est coram nobis et in septem modiis frumenti vel tringinta libras Parisiensium pro valore, pro arreragiis dicti redditus. Item dicimus et ordinamus quod presbiter admittatur ad terciam partem decime empte a castellano, site in parrochia sua, refusa tercia parte precii pro dicta decima soluti cum custibus et expensis et hujusmodi refusio infra terminum fiat et dictus presbiter ultra non audiatur super aliis in petitione dicti presbiteri contentis, . . dictas abbatissam et conventum per eandem sententiam absolventes. Super hiis autem que in petitione dictarum . . abbatisse et conventus continentur et in carta bone memorie Petri Attrebatensis episcopi dicimus, ordinamus et interpretamur quod de universis oblationibus que per annum venient ad altare tam de panibus, butiris et ovis quam de aliis, abbatissa medietatem presbiter vero reliquam medietatem percipiant, exceptis tantummodo die Natalis, die Pasche, die Penthecosten et die Purificationis beate virginis, in quibus due partes omnium oblationum abbatissam, tercia vero memoratum presbiterum contingat. Item dicimus et interpretamur quod de terris et animalibus quadrupedibus. Item de pecunia numerata que valorem unius marche attingit vel excedit. Item de omnibus quadratis veluti linteaminibus et culcitris choopertoriisa), sargiis, pannis et telis non consutis et aliis hujusmodi quadratis que presbitero contingerit erogari, dicta . . abbatissa et conventus medietatem, dictus presbiter aliam medietatem percipiat. Tunicam vero, supertunicale, camisiam, pallium et similia sub numero quadratorum dicimus intelligi non deberi. De universis autem decimationibus, excepta decima que dicitur castellani fuisse de qua observabitur quod superius dictum est, abbatissa et conventus duas partes, presbiter vero terciam percipiant. Super aliis in petitione dictarum abbatisse et conventus contentis contra dictum presbiterum, ipsum presbiterum absolvimus utramque partem ab expensis in lite factis absolventes. Actum anno dominice incarnationis M° CC° quinquagesimo, sabbato ante festum beati Dyonisii. a) sic.
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58 1256, 24 juin. Marie, abbesse, et tout le couvent de Denain, vendent pour 400 livres parisis à l’abbaye Saint-Michel d’Anvers les quinze bonniers de terre et treize sous annuels qu’ils possédaient à Nederokkerzeel, et cèdent en pure aumône les dîmes et le droit de patronat.
A. Original perdu.
B. Copie du XIVe siècle. Cartulaire de Saint-Michel d’Anvers. Anvers, Archives de la ville, Fonds eccl., K 131, p. 85. - C. Copie du XVIIe siècle. Cartulaire de Saint-Michel d’Anvers. Anvers, Archives de l’Etat, t. 6, p. 169.
a. P. J. Goetschalckx, Oorkondenboek der Witheerenabdij van S. Michiels, n° 126, p. 152-153.
Universis presentes litteras visuris Maria, Dei permissione Dononiensis ecclesie humilis abbatissa, et ejusdem loci conventus salutem et orationes in Domino salutares. Noverit universitas vestra quod nos quindecim bonnaria terre arrabilis, site in parrochia de Hockensele inferiori, in qua jus patronatus ad plenum obtinemus, que quidem bonnaria ad ecclesiam nostram Dononiensem ab antiquo spectare dinoscuntur, et tredecim solidos Lovaniensis monete annui redditus, paulo plus sive minus, in premissis cum universitate temporalium que ad nos et nostram ecclesiam infra dictos limites spectare dinoscuntur, pro quadringentis libris Parisiensis monete vendidimus bene et legitime ecclesie beati Michaelis in Antwerpia, ordinis Premonstratensis. In qua venditione nos non esse circumventas confitemur sed, si hoc mercatum non faceremus, nos deterius facere oporteret. Insuper omnes decimas, tam grossas quam minutas, infra dictos limites, ecclesiam nostram contingentes, et jus patronatus dicte parrochie nos contingens, in puram et perpetuam elemosinam contulimus ecclesie beati Michaelis de Antwerpia memorate cum universalitate temporalium predictorum. Et sciendum est quod nos ipsi ecclesie Antwerpiensi, secundum legem patrie de Brabantia, tenemur premissa garandire contra omnes juri parere volentes in premissis, renuntiantes expresse omni juris auxilio tam canonici quam civilis, omni exceptioni doli et fraudis, non numerate peccunie, omni privilegio indulto seu in posterum nobis indulgendo, omni constitutioni, defensioni seu statuto cujuslibet patrie et omnibus que possent obici contra presens instrumentum vel factum contentum in eodem, et omnibus aliis que nobis et ecclesie nostre possent prodesse et ecclesie de Antwerpia nocere. Hiis autem venditioni et elemosine, tanquam testes ad hoc vocati interfuerunt fratres Johannes de Bruxella tunc celerarius et Arnoldus de Lira, canonici ecclesie beati Michaelis de Antwerpia supradicte, Alexander, presbyter ecclesie de Hockensele, Egidius, clericus ecclesie Dononienis, Wilhelmus de Bliki, Petrus de Duaco armigeri, Margareta de Comines, Gertrudis de 204
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Wandeke et Johanna de Gentang, moniales de Dononio, et alii quam plures. In cujus rei testimonium et munimen presentes litteras dicte ecclesie beati Michaelis de Antwerpia sigillorum nostrorum munimine dedimus roboratas. Actum et datum anno Domini millesimo ducentesimo quinquagesimo sexto in festo beati Johannis Baptiste.
59 1256, 1er juillet. Jacques, évêque d’Arras, confirme en la vidimant la charte par laquelle l’abbaye de Denain vendait à l’abbaye Saint-Michel d’Anvers ses biens à Nederokkerzeel.
A. Original perdu.
B. Copie du XIVe siècle. Cartulaire de Saint-Michel d’Anvers. Anvers, Archives de la ville, Fonds eccl., K 131, p. 85.
a. P. J. Goetschalckx, Oorkondenboek der Witheerenabdij van S. Michiels, n° 127, p. 153-154.
Jacobus, miseratione divina Attrebatensis epsicopus, omnibus presentes litteras visuris salutem in Domino. Noverint nos anno Domi M°CC°LVI°, sabbatho post festum apostolorum Petri et Pauli, litteras abbatisse et conventus de Dononio, earum sigillis sigillatas, vidisse in hec verba. (Suit l’acte n° 58) Nos igitur hiis supradictis benignum impertientes assensum, omnia supradicta volumus, laudamus et approbamus et auctoritate nostra confirmamus. In cujus rei testimonium presentes litteras sigillo nostro fecimus sigillari. Datum anno Domini M°CC°LVI°, sabbatho post festum apostolorum Petri et Pauli suprascripto.
60 5 octobre 1256. Nicolas, évêque de Cambrai, confirme en la vidimant la charte par laquelle l’abbaye de Denain vendait à l’abbaye Saint-Michel d’Anvers ses biens à Nederokkerzeel.
A. Original perdu.
B. Copie du XIVe siècle. Cartulaire de Saint-Michel d’Anvers. Anvers, Archives de la ville, Fonds eccl., K 131, p. 78 et 80.
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a. P. J. Goetschalckx, Oorkondenboek der Witheerenabdij van S. Michiels, n° 135, p. 160-161.
Nicolaus, Dei gratia Cameracensis episcopus, omnibus presentes litteras visuris salutem in Domino. Noveritis nos anno Domini M°CC°LVI°, feria quinta post festum beati Remigii, litteras abbatisse et conventus de Dononio, eorum sigillis sigillatas, vidisse in hec verba. (Suit l’acte n° 58) Nos igitur episcopus, hiis supradictis benignum impertientes assensum, omnia supradicta volumus, laudamus et approbamus et ea auctoritate nostra confirmamus. In cujus rei testimonium presentes litteras sigillo nostro fecimus sigillari. Datum anno Domini M°CC°LVI°, feria quinta post beati Remigii in capite octobris.
61 [avant le 27 février 1258]. Marie, abbesse de Denain, et la communauté de cette abbaye, reconnaissent devoir à Gérard, seigneur de Prouvy, vingt livres pour lui permettre de s’acheter un bien en accroissement du fief qu’il tient d’eux. Acte perdu mentionné dans un acte du 27 février 1258 (n° 62). Texte de la mention :
Des quels XX libvres a metre en iritage, li abeesse et li convens m’ont donées leur letres seelées de leur saiaus, lesqueles letres je leur doi rendre si tost con eles aront mis les XX libvres en iretage et je, les XI ke jai recheus de par eles por metre en l’iretage devandit.
62 1258 (n s.), 27 février. Gérard, chevalier et seigneur de Prouvy, mis en demeure de prêter hommage à l’abbesse de Denain pour un pré situé entre Haulchin et Prouvy, accepte de le faire après avoir obtenu en accroissement de fief une rente de quatre chapons et quatre deniers qu’il devait à l’abbaye et une somme de trente et une livres pour acheter un bien. Onze livres lui ont déjà été versées, vingt sont encore dues.
A. Original sur parchemin, hauteur 240 mm (dont repli 20 mm), largeur 220 mm ; sceau pendant perdu. Lille, A.D. Nord, 24 H 10/122. Mentions dorsales : Cartula de hommagio domni de Prouvi (XIIIe). – P. Chartre des hommages de Prouvy appartenen a l’eglise de Denaing et comment Gras sire de Prouvy a rechut de l’eglise de Denaing XXXI libvres blans
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par profit a mettre en hiretage ou tenement de ledite eglise en le accroissement dou fief que ledit sire tient de le devant dite eglise dont il est l’om lige (XVe). – N° 2 (XVIe). – 1257 au mois de fevrier le 25 (XVIIIe).
Jou Gerars, chevaliers, sires de Provi, fac savoir a tous chiaus ki sunt et ki a venir sunt ke, comme dame Marie, abeesse de Donaig, el non del eglise sainte Rainfroie de Donaig, requesist a mi ke je li fesisse hommage del preit au pont ki siet entre Hauchin et Provi ke je tieg en fief de l’eglise devant dite, de quoi mi ancisseur, signeur de Provi, ont ester homme de l’eglise, u je rendisse et aquitasse a l’eglise le preit devant dit tout delivre, si con j’avoie convent par mes letres seelees de men seel ke j’avoie donees a l’eglise ; apries molt de plais et de debas, je rewardai en mi et trouvai en consel de bones gens ke je devoie hommage faire a l’abeesse devant nommee u rendre le preit a l’eglise si con deviseit est devant. Mais, por chou ke li preis ne me sanloit mie bien soffisans a chou ke j’en fesisse hommage, je requis al abeesse devant dite k’ele m’acroissist cel fief s’ele tant amoit ke je fuisse hom de l’eglise. A darrains, li abeesse, par le volentei del convent de Donaig, dona a mi et a mon oir en acroissement del fief deseure dit quatre capons et quatre deniers blans ke je devoie de rente chascun an au Noel a l’eglise por un sauchoit c’on apiele le Sauchoit d’outre Escaut ki siet dalés men manoir a Provi, ke je tenoie de l’eglise parmi le rente devant dite, et trente une livres de blans por akater iretage del tenement de l’eglise devant dite, desquels deniers, j’ai rechiut XI livres de blans, si les doi metre en iretage devant nommet et l’eglise en i doit metre le remanant, si loist a savoir XX livres de blans, et cel iretage me doit ele frankir, sauf chou k’ele i ara le justice et le disme. Et de toutes ces choses, sui jou devenus hom amples de mains a l’abeesse et a l’eglise de Denaig devant nommee, sauve me justice dou preit deseure dit et en tel maniere le doivent i estre mi oier, signeur de Provi, s’il tant aiment le preuta) a tenir et l’accoissement devant dis. Des quels XX livres a metre en iretage, li abeesse et li convens m’ont donees leur letres seelees de leur saiaus, lesqueles letres je leur doi rendre si tost con eles aront mis les XX livres en iretage et je, les XI ke j’ai recheus de par eles por metre en l’iretage devantdit. Et awec chou leur doi je doner mes letres seelees de mon seel parlans en ceste maniere, sauf cou ke, leu on parole, des deniers on metra le nom del iretage ki en sera akatés et je rarai ces presentes letres. A cest hommage et ces coses faire et deviser furent : mesire Alissandres de Denaig, chevaliers, Mahius Carpins de Rovigni, Jehans de Saint Sauve et Bertremius Dousins com omme de l’eglise, Jakes de Rovingni, Gilles de Walecort, clers l’abeesse, Watiers de Courgies, Jehans Chastaigne et pluiseur autre kon crestien. Et por chou ke ce soit ferme chose et estable et ke nus ne puist jamais aler encontre ces coses, j’ai dounet a l’eglise devant dite ces presentes letres seelees de men seel. Ce fut fait et douné a Donaig en le cambre l’abeesse, l’an del incarnation Nostre Signeur M CC et LVII, le demierques devant miquaremme, el mois de fevrier. 207
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a) sic A pour preit.
63 1259, 5 juin. L’official de Tournai notifie que Jacques Graillos, clerc, et sa femme Marie ont donné en aumône à l’abbaye de Denain 1/5e de quatre muids et demi de terre à Haulchin.
A. Original sur parchemin, hauteur 275 mm (dont repli 15 mm), largeur 170 mm ; sceau en navette (50 mm) en partie brisé, pendant sur double queue de parchemin représentant un buste d’évêque de trois-quart ; légende : […]LVM SEDIS TORNACEN[…] ; contre-sceau : un destrachère tenant une crosse et accompagné à senestre d’une croix fleuronnée au pied fiché ; légende : […] SEDIS . TORNACEN[…] (semblable à G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 5979). Lille, A.D. Nord, 24 H 8/106. Mentions dorsales : XX. Lettre del official de Tornai comment Jakemes Graillos et Marie se feme donerent par devant lui en aumosne a l’eglise de Denaing IIII muis et demi de terre ou tieroit de Hauchin et au lieu con dist Puchemaingne (XVe). – n° 32 (XVIe). – 1259, 5 juin (XVIIIe ).
Universis presentes litteras visuris, . . officialis Tornacensis in Domino salutem. Noverit universitas vestra quod in nostra presentia propter subnotata personaliter constituti Jacobus, dictus Graillos, clericus et Maria, uxor ejus, recognoverunt se contulisse et contulerunt bene et legittime in puram elemosinam abbatisse et conventui de Denaing, Attrebatensis dyocesis, quintam partem quatuor modiorum et dimidii terre ad mensuram Valencensem, site in territorio de Hauchin ad locum qui dicitur Puchemaingne. Quam terram quondam Sohierus Perriches, pater dicte Marie, emit a domino Amando de Hamiel milite et que ad dictam Mariam, uxorem dicti Jacobi, ex morte dicti Johannis patris sui devoluta erit, sicut recognoverunt dicti Jacobus et Maria uxor ejus in jure coram nobis, promittentes fide et juramento interpositis ab eisdem se contra dictam collationem decetero per se vel per alium non venturos nec quod in dicta terra aliquid juris sibi vendicabunt in futuro, immo promittent dictos abbatissam et conventum terram hujusmodi pacifice possidere et habere tamquam suam propriam et fructus suos facere in eadem sine aliqua reclamatione ab ipsis facienda. Concedentes si contra venirent, quod absit, se a nobis per excommunicationis sententiam ad desistendum et ad observandum et tenendum premissa, prout superius est expressum, posse compelli ubicumque commorentur quoniam ad hec se nostre juridictioni supponendo. Renuntiaverunt etiam expresse prefati sacerdos et Maria uxor ejus exceptioni doli, deceptionis, fraudis aut quo non valeat eis si dicant collationem hujusmodi non esse legittime factam et ceteris omnibus exceptionibus ac si essent hinc expresse que possent obici contra presens instrumentum necnon privilegio certis sumpte vel etiam 208
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assumende. Juraverunt insuper predicti Jacobus et Maria quod dictam collationem non fecerant, nec faciebant in fraudem nec propter fortiorem adversarium seu exheredationem aliquorum. In cujus rei testimonium, presentibus litteris ad instantiam Jacobi et Marie predictorum sigillum sedis Tornacensis duximus apponendum. Actum anno Domini M°CC°L° nono, feria quinta post Pentecosten.
64 [1259], 24 juin. – Anagni. Alexandre IV rappelle à l’abbesse de Denain et aux religieuses qu’il est interdit d’ériger des chapelles dans les paroisses dans lesquelles elles détiennent le droit de patronat, sans l’accord préalable de l’évêque et le leur.
A. Original perdu.
B. Copie du XVIe siècle par François de Bar dans son Historia monastica. Douai, B.M., ms. 820, f° 84 r°. - C.. Copie du XVIe siècle par François de Bar dans son Historia monastica. Bruxelles, Bibliothèque Royale, ms. 7748, f° 423 v°. - D. Copie du XVIIIe siècle. Lille, A.D. Nord, 24 H 1/1, d’après A. A la suite du texte, on lit : Original en parchemin scellé sur le milieu du replis d’un scel de plomb a deux faces pandant a des lacs de soyes cramoisie et jaune et signé en l’extremité gauche dudit remplis, le tout comme il en ci dessous figure (reproduction des deux faces de la bulle). Au dos d’icelle bulle est ecrit ce qui suit, exhibitum per Le Tellier die 26a junii 1589. Mention marginale : Bulle du pape qui deffend d’établir aucune chapelle ou oratoire dans la paroisse de Denain sans le consentement du chapitre et du diocesain.
a. Acta Sanctorum, oct., 4, p. 324, d’après C (bulle attribuée à Alexandre III).
Indiqué : A. Wauters, Table chronologique, t. 2, p. 546 (daté de 1174) et t. 7, p. 286 (daté de 1164) ; ThDipl. W 8239.
Note critique : en D, la reproduction de la bulle (ALEXANDER PP. IIII) et la mention sur le repli de Vitalis m, scriptor de la chancellerie pontificale attesté entre 1259 et 1265 (J.-P. Gerzaguet, Privilèges, p. 889) excluent toute attribution à Alexandre III.
Alexander episcopus, servus servorum Dei, dilectis in Christo filiabus abbatisse et conventui monasterii de Dononio, ordinis sancti Benedicti, Attrebatensis diocesis, salutem et apostolicam benedictionem. Devotionis vestre precibus benignum impertientes assensuma) auctoritate presentium inhibemus, ut intra fines parrochiarum vestrarumb) ecclesiae nullus, sine assensu diocesani episcopi et vestro, capellam seu oratorium de novo construere audeat, salvis privilegiis pontificum Romanorum. Nulli ergo omninoc) hominum liceat hanc paginam nostre inhibitionis infringere vel ei ausu temerario contraire. Si quis autem hoc attemptare presumpserit, indi209
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gnationem omnipotentis Dei et beatorum Petri et Pauli apostolorum ejus se noverit incursurum. Datum Anagnie, VIII° kalendas julii, pontificatus nostri anno quinto. a) imperpetuum inclinati vobis D. – b) parrochialis vestre D. – c) om. C, a
65 1260, juillet – 1261, 1er décembre. Rénier de Saint-Amand, chevalier, et Berthe, son épouse, notifient l’arbitrage rendu entre l’abbaye de Denain et eux, aboutissant à un un échange de biens en différents lieux-dits avec la communauté religieuse.
A. Original sur parchemin, hauteur 310 mm (dont repli 30 mm), largeur 460 mm ; deux sceaux : à gauche, sceau rond sur lacs de soie verte (52 mm) représentant un écu portant une fasce au lambel de cinq pendants : + S. RENERI PREPOSITI S[AN]C[T]I (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 5355) ; à droite, sceau en navette de cire brune à moitié brisé sur lacs de soie rouge, représentant une femme tenant un livre ; légende quasi détruite : […] BERT[…]. Lille, A.D. Nord, 24 H 17/230. Mentions dorsales : De scambio de Havelui (XIIIe). – B. Letre sellée de monsigneur Renier de Saint Amand et Bierte se feme faisant mention del escange fait entre yauls et l’abbesse et convent de Denaing dudit I pret et de pluiseurs aultres coses estans en le pret et tieroit de Haveluy lesquelle estoient a moitiet entre yauls (XVe). – N° 12 (XVIe). – 1261, 1er decembre (XVIIIe).
Note critique : l’actum eut lieu à Denain en juillet 1260 en la camera de l’abbesse ; le datum se fit le 1er décembre 1161.
Universis presentes litteras visuris vel audituris, Renerus de Sancto Amando miles ac Berta, ejus uxor, salutem in Domino sempiternam. Cum controversia seu discordia esset inter nos Renerum de Sancto Amando militem et Bertam uxorem nostram, ex una parte, et religosas mulieres, abbatissam et conventum Dononiensis ecclesie, ex altera, super quodam prato sito in parrochia de Havelui, quod vulgariter pratum Sancte Ragenfredis nuncupatur, cujus prati medietas ad dictos abbatissam et conventum jure dominii pertinebat, alia vero ad dictos Renerum et Bertam nostram uxorem medietas pertinebat, tandem nos, dicti Renerus et Berta, et dicti abbatissa et conventus Dononiensis ecclesie dictam controversiam ad concordiam revocare cupientes, de permutando dictum pratum et quasdam alias res dictorum abbatisse et conventus ad quasdam res nostras tam mobiles quam immobiles prout inferius continetur, in arbitros seu etiam arbitratores, videlicet in viros providos et honestos Walterum dictum Huret, Geradum Fabrum, Godefridum, scabinos ecclesie Dononiensis, Hugonem dictum Le Mie, Willelmum dictum Le Ombrage et Walterum dictum Wauchet, scabinos de Havelui, et Amorricum dictum Diex Iviegne de Wavrechin, de nostro et dictorum abbatisse et conventus assensu, a predictis arbitris arbi210
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trioniis assumptum unanimiter convenimus sub hac forma quod quicquid dicti arbitri super premissis dicerent seu ordinarent de alto et basso, et nos dicti Renerus et Berta ex una parte, dicti abbatissa et conventus ex altera immobiliter servare proposuimus et tenere sub pena centum librarum alborum veterum quorum sexaginta libere reddi debent parti dictum arbitrium observanti a parte dictum arbitrium recusante et residuum domino Hanoniensi debet applicari, qui pro hoc dictum arbitrium recusantem ad solvendum dictas sexaginta libras compellere debet parti dictum arbitrium observanti. Dicti vero arbitri onere arbitrii in se suscepto pro bono pacis et amicabili compositione cum plena et firma deliberatione et habito super hiis bonorum virorum et jurisperitorum consilio pronunciaverunt atque laudaverunt in hunc modum quod dicti Renerus et Berta ac eorum heredes habebunt, tenebunt atque in feodum possidebunt in futurum totum pratum predictum, fructus dicti prati et quicquid ex eo poterit provenire libere, pacifice et quiete, nullo illud aliquatenus reclamante. Habebunt etiam et possidebunt, modo superius enarrato, duas modiatas terre arabilis dictorum abbatisse et conventus jacentis juxta dictum pratum ad locum qui dicitur es Sars. Habebunt etiam et possidebunt dicti Renerus et ejus uxor seu eorum heredes terragia et omnia jura que habebant dicti abbatissa et conventus in terris dictorum Reneri et ejus uxoris ubicumque sint et a solutione eorum erunt decetero immunes atque liberati. Habebunt iterum atque possidebunt terragia et omnia jura que habebant dicti abbatissa et conventus in terris domine Gile, relicte domini Egidii dicti Brouche militis, jacentibus ad locum qui dicitur Ardane. Habebunt etiam atque possidebunt dicti Renerus et ejus uxor ac eorum heredes omnes redditus et omnes hospites quos dicti abbatissa et conventus habebant in villa de Havelui et sex denarios alborum veterum quos habebant dicti abbatissa et conventus de annuo redditu supra quoddam pratum quod vulgariter appellatur li pres Wauchet. Habebunt etiam dicti Renerus, ejus uxor ac eorum heredes et in futurum possidebunt libere, pacifice et quiete quatuor solidos alborum veterum in quibus tenebantur dictis abbatisse et conventui annuatim pro quadam petia terre dictorum Reneri et ejus uxoris, jacentis in parrochia de Havelui, nec eosdem dictis abbatisse et conventui solvere tenebuntur imposterum. Habebunt iterum et possidebunt, modo superius dicto, prenominati Renerus, ejus uxor ac eorum heredes unam obolatam terre arabilis dictorum abbatisse et conventus jacentis juxta atrium de Havelui. Omnia vero superius dicta, dicti Renerus, ejus uxor ac eorum heredes perpetuo habebunt, tenebunt atque possidebunt in feodum ab illustri domina M[argarita] Flandrie ac Hayonie comitissa, que dicti abbatissa et conventus possidere solebant et tenere in purum allodium atque merum. Dicti vero abbatissa et conventus, pro permutatione dictarum rerum et ob compensationem earumdem, habebunt, tenebunt atque in purum allodium possidebunt perpetuo libere, pacifice et quiete, nullo imperpetuum reclamante, omnia terragia et omnia 211
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jura que habebant dicti Renerus et ejus uxor in terris que fuerunt les Cretons, jacentibus juxta locum qui dicitur Presiaus. Habebunt et possidebunt dicti abbatissa et conventus modo superius expresso omnia terragia cum omni jure quod habebant dicti Renerus et ejus uxor in terris domine Gile, relicte domini Egidii Brouche militis, jacentibus ad locum qui dicitur Presiaus et ad locum qui dicitur Li Vaus Saint Martin. Habebunt etiam et possidebunt, modo superius dicto, abbatissa et conventus prenotati terragium et omne jus quod habebant dicti Renerus et ejus uxor in terra Egidii dicti Le Franchomme, jacente ad locum qui dicitur Coromiaus. Habebunt iterum dicti abbatissa et conventus terragium et omne jus quod habebant dicti Renerus et ejus uxor in terra ecclesie Sancti Gaugerici Cameracensis, jacente juxta locum qui dicitur Presiaus. Habebunt iterum terragium et omne jus quod habebant dicti Renerus et ejus uxor in terra Johannis majoris ecclesie Dononiensis, jacente ad fontem cum terragio et omni jure quod habebant dicti Renerus et ejus uxor in terra Walteri de Herin, jacente in valle Sancti Martini. Habebunt etiam et possidebunt dicti abbatissa et conventus libere, pacifice et quiete, nullo infuturum repetente, in purum et merum allodium decem et octo octolatas et unum boistellum terre arabilis dictorum Reneri et ejus uxoris, jacentis ad locum qui dicitur communiter li marliere damme Yda. Omnia vero ista que tenere atque possidere solebant dicti Renerus et ejus uxor in feodum a predicta illustri domina comitissa, tenebunt et possidebunt dicti abbatissa et conventus in perpetuum et merum allodium libere, pacifice et quiete, nullo ea aliquatenus reclamante, et nos dicti Renerus et Berta, dicti abbatissa et conventus, nos vero prelibati Renerus et Berta ex una parte, dicti abbatissa et conventus ex altera, dictas permutationem et ordinationem valere et confirmare cupientes eas benigne, prout superius continentur, per presentes litteras corroboravimus unanimiter et expresse omnes res predictas per ordinationem dictorum arbitriorum in manus Martini de Cierisi, per illustrem dominam M[argaritam] Flandrie ac Hayonie comitissam, ad hoc specialiter deputati qui de rebus que fuerunt de allodio dictorum abbatisse et conventus, nos Renerum, Bertam ac nostrorum heredes adheredavit legittime et in nostro reposuit feodo. De rebus vero nostris que de nostro fuerunt feodo dictos abbatissam et conventus imperpetuum adheredavit legitime et allodio eorum coadunavit easdem, omnia in eis contenta acceptando, promittentes fide et juramento super hoc corporaliter interpositis omnia et singula in eisdem contenta servare et inviolabiliter custodire, et quod contra ea vel eorum alterum non veniemus, per nos vel per alium in futurum, et quod non procurabimus seu queremus artem, ingenium seu machinationem quibus dicte permutatio et adheredatio impediri valeant sive retractari, promittentes etiam adversus omnes, si necesse fuerit, plenam guarandiam ferre de premissis secundum quod jus dictaverit et ordo postulaverit racionis. Renunciantes quantum ad premissa omni exceptioni dotis, fori, doli, mali, omni beneficio restitutionis in inte212
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grum tam majoribus quam minoribus indulte, omni lesioni et deceptioni ultra medium justi precii, omni implorationi officii judicis, omni constitutioni nove et veteri, omnibus actionibus tam realibus quam personalibus, omnibus litteris et instrumentis, omnibus privilegiis et indulgentiis a domino papa seu alio quocumque crucesignatis aut quibuscumque aliis indultis aut imposterum indulgendis et specialiter exceptioni de predictis rebus non permutatis, omni juris auxilio tam canonici quam civilis et omnibus aliis exceptionibus seu defensionibus que presens instrumentum infringere possent seu et violare et nobis Renero et Berta predictis prodesse, dictis abbatisse et conventui obesse vel econverso. Hec autem omnia et singula universis presentes litteras visuris tenore earum volumus esse nota. In cujus rei testimonium et ut dicta permutatio robur obtineat firmitatis, nos Renerus de Sancto Amando et Berta nostra uxor, pro nobis ac nostrorum heredibus, presentes nostras litteras dictis abbatisse et conventui Dononiensis ecclesie sigillorum nostrorum munimine dedimus roboratas. Huic autem permutationi superius habite illustris M[argarita] Flandrie ac Hayonie comitissa suum prestitit assensum tanquam domina feodalis dicti Reneri et ejus uxoris, de rebus predictis per Martinum de Cierisi suum ballivum ad hoc specialiter deputatum. Hec autem permutatio facta fuit anno incarnationis dominice M°CC°LX°, mense julii apud Dononium in camera in qua moram facere consueverunt abbatisse ecclesie Dononiensis, presentibus hominibus feodalibus illustris comitisse prenotate et paribus dictorum Reneri et ejus uxoris ad hoc specialiter evocatis ut de permutatione predicta testimonium et guarandiam ferrent tempore oportuno videlicet domino Theoderico de Tyans milite, domino Balduino de Pontibus milite, domino Gerardo de Herin milite, Sandironno de Bielaing et Watemero dicto le Vilain. Datum anno Domini M°CC° LX° primo, in crastino beati Andree apostoli.
66 [avant le 23 mai 1261] Lettre de l’évêque d’Arras dans laquelle ce dernier approuve l’accord intervenu entre l’abbaye de Denain et Gilla, dame de Denain, Arnoul d’Enchien, Isabelle son épouse et Agnès, la mère de celle-ci. Acte perdu, mentionné dans l’acte n° 67.
Texte de la mention : Et tantost com il l’aroient ainssi fait, li paine devant dite seroit nule et promisent li abbesse et li convens devant dit a doner a l’autre partie les lestres l’eveske d’Arras leur ordonarie overtes par lesqueles i loe ceste mise... 213
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67 1261, 23 mai (actum) – 1262, 2 mai (datum) . Nicolas, évêque de Cambrai, Marguerite, comtesse de Flandre, et Baudouin d’Avesnes, arbitres choisis par les parties, tranchent le litige opposant, au sujet d’un droit de fournage, d’un droit de pêcherie et du contrôle des hôtes de Denain, l’abbaye de Denain à Gilla, dame de Denain, à son fils Gilles, à Arnoul d’Enghien, à Isabelle, son épouse et à Agnès, la mère de celle-ci.
A. Original perdu.
B. Copie dans une confirmation du 17 avril 1283 par l’évêque d’Arras. Lille, A.D. Nord 24 H 12/135 (acte n° 79).
Note sur l’établissement du texte : les paragraphes sont destinés à faciliter la lecture de ce long texte.
Nous Nicholas, par le grassie de Dieu, evesques de Cambrai, Margherite, contesse de Flandres et de Haynau, et Bauduins de Avesnes, sires de Beaumont, ses fius, faisons savoir a tous ceaus ki ces lestres veront que, com contens fust entre l’abbesse et le convent de Denaign d’une part et medame Agnies, medame Gillain, monseigneur Ernoul de Aenghien et Ysabeau sa fame, fille Agnies devant dite d’autre part, sour ce ke li abbesse et li convens disoient ke Agnies, Gille, Ernous et sa fame devant dit devoient faire cuire leur pain aus fours a l’abbesse et le convent devant dis et a eles paier fornage pour ce ke il tienent leur mes de l’abbesse et dou convent devant dis aussi cum li autre hoste del abbie ; et sour ce ke li abbesse et li convens devant dit demandoient le peskerie en le pooste de Denaign, en le grant ÿawe ke on appiele l’Escaut ki vient sour les molins et le peskerie des autres ÿawes, hors dou cours del ÿawe devant dite ke on appiele Escaut, sour le trefons del abbie et sour le justice de le vile de lekele debas estoit entre les parties devant dites ; et sour ce ke li abbesse et li convens devant dit disoient ke les dames devant dites et mesire Ernous destraignoient les hostes de l’eglise de Denaign a tort a ce ke il leur fesissent homages et paaisseent dousaines et sour une masure u un courtil ki gist devant le porte del abbie ke li abbesse et li convens devant dis disoient ki apartient a leur abbie. A la parefin, les parties devant dites, par consant de boenes gens, de tous ces debas et de tous ces contens se misent sur nous en tel maniere ke les parties devant dites promisent a tenir en boene foit pour eles et pour leur successeurs perpetuement ce ke nous diriens u ordeneriens de haut et de bas u termineriens par droit de ces contens tous et de ces debas et de tous les debas ki ont esté u poerent estre entre les parties devant dites en court de crestienté u en court seculere tres lies a ore et nous donerent de retenir devers nous pooir u devers d’eus de nous determiner saukuns articles demoroit par aventure a terminer apriés no 214
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dit ki apartiegne as contens devant dis et de declarier saukune chose j’avoit a esclarier apriés no dit. Et promisent les parties devant dites, chascune sour paine de cinc cens mars, ke no dit et no ordenance tantos ke nos l’ariemes dit, il loeront et greeront expresseement et prometeront a tenir en bone foy et mettront en tesmoignage de ce leur seaus avoec les nostres as lestres ki seroient faites de no dit u de no ordenance. Et tantost com il l’aroient ainssi fait, li paine devant dite seroit nule et promisent li abbesse et li convens devant dit a doner a l’autre partie les lestres l’eveske d’Arras leur ordonarie overtes par lesqueles i loe ceste mise. Et Gilles ki souage a, si ke reconnu fu en court, et Watiers ses freres ki quatorse ans a, fil Gillain devant dite, promisent ke no dit et no ordenance il warderont. Et renonchierent les parties devant dites de tant ke a ces choses niote a toutes exceptions et actions personaus u autres restitutions, lesions, deceptions, coustumes, estatus et privileges de persone u de cause, exception de court u de jurisdiction et de maise boisdie, et a toutes les choses generaument et especiaument par quai ces choses devant dites poroient estre enpeeschiees u forlongiés. Et nos, par le consant de boenes gens, a le requeste des parties presentes par devant nos et requerans ke nos desissaens no dit, disons et ordenons dendroit l’article des fours ke se chevaliers, ne feme de chevalier, ne fius de chevalier desous vint et cinc ans, signeur des mes devant dis u leur propre mesnie, ki soient a leur pain et a leur dras demorent es devant dis mes, il pueent quire es maisons devant dites sanz paier fornage ; mes se autres i maint, il sera tenu de cuire au four l’abbesse et le convent et de paier fornage tel com li hoste de l’abbie paient ; ne autre ne poront cuire as fours des maisons devant dites ke les persones devant nomees. Et dendroit le peskerie, disons nos et ordenons ke li peskerie de le grant ÿawe, ke on appiele Escaut, ki vient sour les molins de Denaign, demeure al abbesse et au convent devant dis le giet de VII martiel dessous les molins et desseure, et toute li autre peskerie de cele mesme ÿawe en son droit cours en le poosté de Denaign demeure as dames et a monsigneur Ernoul devandis et a leur hoirs, sauf ce ke li abbesse et li convens pueent lever et abessier les venteles des molins et faire autres se mestiers est, mes ke ce ne soit en grevance de autrui. Et pueent les herbes de cel ÿawe faukier quant eles cuideront ke boen sera et cele ÿawe fourbir et nier a leur volenté, et le terre geter sour les escluses et sour le leur d’une part et d’autre, et la coper et planter et faire toute leur autres asies a leur volenté, sauf le peskerie devant dite et sauf ce ke li cours del ÿawe devant dite n’en soit empiriés. Et des peskeries des autres ÿawes hors dou cours del ÿawe devant dite ke on appiele Escaut, ki sont et seront sour le trefons del abbie, nos disons et ordenons ke eles demeurent al . . abesse et au convent devant dis fors des manages u les dames et mesire Ernous devant dis demeurent. 215
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Et se disons ke les dames et mesire Ernous devant dit n’ont point de justice sour le terre l’abbesse et le convent ne sour le terre ke on tient del abbé soit en le vile soit es cans. Et si disons et ordenons ke mesire Ernous, ne les dames devant dites, ne leur hoir ne autre de par eaus, ne destraignent mie des ore en avant les hostes de le eglise de Denaign a faire homage a eaus, ne a paier dousaines sauf ke il les pueent mener en l’ost et en chevauchie, ensi com il ont fait de ci a ore. Et si disons ke li masure u li courtius ki est devant le porte del abbie demeure al abbesse et au convent. Et parmi toutes ces choses devant nomees, disons nous, ordenons et prononchons ke des ore en avant soit boene pais de tous les debas ki sont et avoent esté en nostre court, . . contesse de Flandres et de Haynau devant dite, en le court le evesque de Arras u allieurs et poroient estre en avant entre les dites parties pur l’ocoison des choses devant dites. Et ce disons nous, sauf a nous Margherite contesse devant dite, no droit en ces choses de ce ke a justice apartient. Et est asavoir ke li troi u li doi de nous del assens des parties devant dites, retenons pooir de declarier no dit, se debas en sordoit, en avant entre les parties devant dites. Et les parties seront tenues de tenir no declaration. Et se aukuns articles demeure a terminer ki apartiegne as contens ki estoient entre les parties devant dites dont plais fu en le court de Arras, nous u li doi de nous retenons pooir del assens des parties dou terminer. Et les parties devant dites sont tenues de tenir ce ke nous u li doi de nous en dirons u ordonerons. En tesmoignage de laquel chose, nous avons fait seeler ces letres de nos seaus, et nous li . . abbesse et li convens devant dis d’une part, et nous Agnies, Gille de Denaign, Ernous de Aenghien chevaliers, Ysabeaus se feme, Gilles et Watiers, fil Gillain devant dite deseure nomé d’autre part. Cest dit et ceste ordenance, si com deseure est contenu, loons et greons et prometons a tenir en bone foi fermement pour nous et pour no successeurs a tous jours. Et requerons a notre chiere dame Margherite, contesse de Flandre et de Haynau deseure dite, ke ele nous destrainde comme dame de le terre a tenir fermement le dit et le ordenance deseure dis. Et est asavoir ke nous li arbitre desimes et disons et ordenons ke des despens et des mises ki ont esté fait d’une part et d’autre pour l’ocoison de ces debas, si une partie ne puet riens demander al autre, ains est tout quite d’une part et d’autre. Et nous les parties devant dites, cest dit et ceste ordenance, loons et greons si come deseure est dit, et quittons si une partie a l’autre expresseement ces mises et ces despens. Et est asavaoir ke nous Gilles et Watiers, fil ainé dame Gille devant dite, nous oblejons e sommes oblejet expresseement a tenir cest dit et ceste ordenance, si comme deseure est escrit de tout en toust. Et avons juré ke pour ocoison de minorité ne de deffaute de age, nous ne venrons encontre ne pur autre chose. Aussi ceste mise fu faite l’an del incarnation mil deus cens sisseante et un, le deluns aprés le Trinité. Et li dis et li ordenance devant dit furent rendu l’an del incarnation mil deus cens sisseante et deus, lendemain del premier jour de may. 216
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1264, 1 août.– Haubourdin. Jacques, doyen de chrétienté de Lille, Jean, prêtre de Saint-Géry de Valenciennes et Joseph, prêtre d’Hallennes, rendent un arbitrage entre l’abbaye de Denain et Mathilde, veuve de Siger de Hocron, sur la répartition de la dîme d’Hallennes-lezHaubourdin. La dîme est attribuée à l’abbaye, mais celle-ci doit au préalable payer à Mathilde seize livres par livre de dîme, estimée à 31 livres.
A. Original sur parchemin, hauteur 390 mm (dont repli 20 mm), largeur 170 mm ; quatre sceaux pendants sur double queue de parchemin dont subsistent les débris de trois ; à gauche, sceau en navette (30 x 20 mm ), représentant le Christ de face, nimbé du crucifère, assis sur un arc-en-ciel, élevant les mains ; légende détruite ; contresceau représentant une fleur de lys ; légende : + SECRETVM (semblable à G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 6502) ; au milieu et à droite, débris de sceaux. Lille, A.D. Nord, 24 H 14/190. Mentions dorsales (recouvertes par un badigeon) : E. Sentence arbitrale sur le discord qui fu entre l’abbesse et convent de Denain d’une part et Mehault vesve Sohier dou Hokeron, Willaume et Jehan ses enfans d’aultre et a cause de le disme de Hallennes en lequel lidite vesve et enfans disoient avoir le tierche partie dont il fu jugié que lidite abbesse et li prestres de Hallenes y avoient cascuns se portion a yauls appartenans sur tel fourme que ledite disme fut prisiée par les arbitres a XXXI libvres par an monnoie de Flandre et lidite abbesse et priestres de Hallennes durent rendre a ledite vesve et enfans pour cascun denier des dites XXXI libvres XVI d. C’estoit pour cascun libvre, XVI libvres monnoie dicte c’esti pour ce il en devoit faire advestir et aliener lesdits abbesse, convent et prietsre et eurent en convenant ladite vesve et enfans de faire ladite advestiture […] par les […] desquel […] ledicte disme estoit […] que de ledite somme de deus cens mars devront estre descomptés esquels lidite vesve et enfans obligent a tous par devant ledite abbesse, convent et prietsre de Hallenne si comme u et aultres devisé apparent plus plainement par ledite sentence (XVe). – 1261, 1er aout (XVIIIe).
Universis presentes litteras inspecturis, Jacobus, decanus christianitatis Insulensis, Johannes, presbiter Sancti Gaugerici Valencensis, et Joseph, pres-
biter de Halennes, salutem in omnium salvatore. Noverint universi tam presentes quam futuri quod, cum controversia verteretur inter religiosas mulieres, . . abbatissam et conventum Donionensis ecclesie ex una parte, Mathildim, relictam Sygeri de Hokeron, Johannem et Willelmum ejus liberos ex altera, super decima de Halennes, de qua decima dicta Mathildis et ejus liberi ad se terciam partem dicebant pertinere, ac in ipsa controversia seu causa aliquantulum esset processum, tandem dicte partes de consilio bonorum et fide dignorum pro bono pacis in nos J[acobum], J[ohannem] et J[oseph] antedictos et etiam in dominum Thomam, presbiterum de Segiun, amicabiliter de alto et basso compromiserunt sub pena centum marcarum Flandrensis monete, de quibus medietas reddetur et reddi et persolvi debebit, si contingat eandem penam committi parti observanti arbitrium sive dictum nostrum a parte resiliente ab eadem, et alia medietas cui vel quibus nos arbitri antedicti decreverimus aut ordinaverimus esse reddendam. Et si aliqua dictarum partium a dicto nostro seu arbitrio resiliret, quod absit, nichilominus dictum nostrum seu arbitrium stabile remaneret et firmum 217
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et debet remanere indilate secundum compromissum a dictis partibus in nos factum. Et promiserunt dicte partes, videlicet dicta abbatissa pro se et conventu suo bona fide tanquam persona ecclesiastica et dicta Mathildis, ejus liberi heredes et successores, fide et juramento ab eisdem coram nobis corporaliter prestitis, tam penam predictam, secundum quod superius est expressum, reddere et persolvere si eandem penam committerent quam dictum nostrum seu arbitrium tenere et observare, ista etiam conditione adjecta et apposita quod, si discordia esset inter nos arbitros, quod absit, dicte partes illud quod tres nostrum dicerent, arbitrarent seu etiam ordinarent sub pena predicta tenebantur observare inviolabiliter et inconcusse. Nos autem, arbitri antedicti a partibus electi onere dicti arbitrii in nos suscepto prius super hoc a partibus specialiter requisiti, eisdem partibus coram nobis presentibus et arbitrium a nobis super dicta discordia ferri et etiam recordari instanter petentibus, dictum nostrum sive arbitrium protulimus et proferimus in hunc modum videlicet quod dicte abbatissa et conventus Dononiensis ecclesie dictam decimam pro portione ipsa in eadem decima contingente et Joseph, presbiter de Halennes, pro sua etiam portione contingente ipsum in ipsa decima prenotata habebunt, tenebunt et possidebunt pacifice, libere, quiete et absolute sub tali videlicet modo quod dicta decima extitit et est apportata per nos annuatim ad valorem triginta et unius librarum Flandrensis monete et quod pro quolibet denario dicte pecunie dicte abbatissa et conventus et dictus presbiter de Halennes reddent et persolvent et reddere et persolvere tenebuntur dictis Mathildi et ejus liberis per dictum et arbitrium nostrum sive ordinationem nostram factam pro bono pacis pro quolibet denario sexdecim denarios sive pro qualibet libra sexdecim libras monete prenotate. Et hoc mediante, dicta Mathidis et ejus liberi prius debent ipsis abbatisse et conventui et presbitero de Halennes werpire dictam decimam et quittare quicquid habent actionis, juris et proprietatis sive possessionis in dicta decima, et dictos . . abbatissam et conventum et presbiterum de Halennes facere investiri et adheredari de ipsa decima bene et legitime secundum legem et consuetudinem patrie et etiam libere et absolute absque omni onere feodatus sive census et etiam absque omni jugo servitutis, et per dominos sub quorum potestate, districtu seu judicio dicta decima consistit sive a quibus dominis dicta decima monetur et tenetur et suis sumptibus et expensis facere ab eisdem dominis ratificari. Et hoc mediante, dicta Mathildis et ejus liberi erga dictas abbatissam, conventum et presbiterum in pace remanebunt et quieti erunt de fructibus dicte decime ab eisdem Mathilde et ejus liberis absportatis de anno Domini millesimo ducentesimo sexagesimo tertio, et de expensis inde exortis. Et dicte abbatissa et conventus et presbiter de Halennes dictam decimam et fructus ejusdem decime percipere debent et habere et possidere pacifice et quiete tanquam suum vadium bonum et legitimum quoad usque dicta Mathildis et ejus liberi adimpleverint prenotata et de dicto pagamento 218
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emptionis dicte decime debent primitus disconputari ducente marche pro quibus dicta decima erga ipsas . . abbatissam, conventum et presbiterum de Halennes erat obligata et residuum tenent solvere dicte abbatissa, conventus et presbiter predictis Mathildi et ejus liberis cum premissa per ipsos fuerint adimpleta. Hec omnia supradicta protulimus et recordati sumus sic esse prolata a nobis coram probis et fide dignis, dicentes et decernentes per nostram sententiam arbitralem partem contra dictum seu arbitrium nostrum venientem dictam penam, prout superius est expressum, commississea) dicto seu arbitrio nostro nichilominus in suo robore permanente. In cujus rei testimonium et munimen ad petitionem dictarum partium, presentes litteras sigillorum nostrorum munimine fecimus roborari. Datum anno Domini millesimo ducentesimo sexagesimo quarto, in die beati Petri ad vincula. Et ad omnia prout superius sunt notata tandem facienda et observanda, predicte partes juridictioni curie Tornacensis se obligaverunt ubicumque commorarentur et debent predicti Mathildis et ejus liberi omnia instrumenta que habent titulo pignoris occasione dicte decime facti erga predictos abbatissam et conventum reddere indilate. Datum anno et die predictisb). a) sic A pour commisisse. – Et ad omnia … predictis d’une autre main et d’un module plus petit.
69 1264, 9 août. Gérard, chevalier et seigneur de Prouvy, notifie que Marie, abbesse de Denain, a acheté cinq muids un witel de terre situées à Haulchin à Baudouin Caron qui la tenait d’elle en fief, et elle en a rendu deux muids en fief à Marotain, belle-soeur de Baudouin Caron. La vente s’est faite au prix de neuf livres par witelée.
A. Original sur parchemin, hauteur 220 mm (dont repli 10 mm), largeur 270 mm ; deux sceaux pendants perdus, une double queue de parchemin. Lille, A.D. Nord, 24 H 16/224. Mentions dorsales : des V muis ki furent acquis a monseigneur Karon (XIIIe). – N. S. Lettre comment Bauduins li Caron et Gillon se feme ont vendu a l’eglise de Denaing V muis et I witel de tiere pau plus pau mains qui sont de VII muis et un witel de tere qu’il tenoit a l’abbesse et convent de ledite eglise en fief et en hommage lige gisant en cele terre pluisieurs lieux et pierée si comme entre Tians et Hauchin, a Laire, as Fossiaux, au sentier en le voie asunc Haucin, en Gerlaincort, a Cauchonfontaine, au Praiel, au Rascat Nostre Dame, a Espinette, au Pret, a Vilkiere, a Warleme et a le voie de Haspre et ou Tilloit (XVe). – Auchain N° 63 (XVIe). – 1264, 9 août (XVIIIe).
A tous chiaus ki cest escrit verrunt u orunt, jou, Grars, chevaliers sires de Prouvi, salus en Jhesu Crist. Je vous fac asavoir ke, cumme Marie, par le grassie de Diu abbeesse de Denaing, el nom de l’eglise de Denaing ait eu convennance a Bauduin Caron d’endroit ciunc muis de tiere ahanauele et un witel, pau plus pau mains, ki sunt des siet muis de tiere et un witel, 219
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pau plus pau mains, ke Bauduins Carons tenoit de l’eglise devant dite en fief et en hommage lige ki de par Gillotain se femme mouvoient, liquel tiere gist ou tieroir de Haucin, entre Tians et Haucin, si loist a savoir a Glaire, as Fossiaus, au sentier en le voie asunc Haucin, en Gerlaincort, a Cauchonfontaine, au Praiel, au Racat nostre Dame, al Espinete, au Pret, a Vikiere, a Warlainmes, a le voie de Haspere et ou Tiuloit, lequele tiere devant dite Bauduins Carons et Gillote se femme devandite ont vendue toute, juskes a deus muis, a le devant dite abbeesse parmi nuef livres cascune witelee de tant kil en i a et ont raporté en le main de l’abbeesse devant dite a oues l’eglise de Denaig toute le tiere devant dite, si cum ele s’estent et de lonc et de lé, et k’il le tenoient en fief et en hommage lige. Et li abbeesse de deus muis a receut a homme lige Marotain, le sereur Gillotain le devant dite, le femme Bauduin Caron le devant dit, et Alart de Makembierge, sen baron. Et il ont fait hommage al abbeesse devant dite et l’ont repris de li en fief et en hommage lige, par si ke, se de Marotain defaloit sans hoir de se car, li doi mui de tiere devant dite revenroient a Gillotain et a ses oirs en autel point cum il le tenoient. Et le remanant de cele tiere devant dite de quoi il i doit avoir ciunc muis et un witel, pau plus pau mains, li abbeesse l’a retenue cumme sires parmi l’acat devant dit. Douquel pris Bauduins Carons et Gillote se femme li devant dit se sunt tenut asous et apaiet et quitet, l’ont entirement, il et se femme et Marote, se suer, et Alars, ses barons, parmi les deus muis de le tiere devant dite, l’ont otroiet et ont creantet par foi et juret sour sains tout quatre, sil loist a savoir Bauduins Carons et Gillote, se femme, et Alart et Marote, se femme, li devant dit, k’il en lairont goïr l’abbeesse et le glise devant dite a tous jours mais sans calenge et sans contredit, ne ne querront art, ne engien par aus, ne par autrui, par quoi li abbeesse et li glise en aient destourbier ; et welent et ont otroiet tout quatre ke, se nus d’aus aloit encontre chou ki chi est deviset, ke li abbeesse devant dite ait sour celui et sour ses biens ki contre iroit atainct ciunc cens livres de blans deniers valenciennois u de monnoie corsable el pais a vaillant ; et si ont obliget a cou aus et leur oirs et tous leur successeurs ke nus cele tiere ravoir ne puist jusk’adonc ke li abbeesse et li glise devant dite, aient recut les ciunc cens livres devant dis et en aient estet sousses et paies. Et tous les fruis des ciunc muis et un witel de le tiere devant dite u de tant k’il en i a, ont il otroiet, donnet et clamet quite tout quatre, sans jamais reclamer par foi, par serement por Diu et en aumosne al abbeesse et a l’eglise devant dite jusk’adont k’on leur ara sous et paiet les ciunc cens livres devant dis. Et awec tout cou, ont il encore enconvent ceste cognissance a recognoistre a le cort de Cambrai et loer et greer a avoir ces letres cum li abbeesse vaura et boin li samblera au coust l’abbeesse devant dite. Et awec tout chou, ont il enconvent loiaument de cou l’abbeesse et l’eglise devant dite faire aïretet jusk’a loi de quele eure k’il aient oir de car par quoi faire le puissent. A ces convenances faire furent cum homme de l’eglise jou Grars, chevaliers, sires 220
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de Prouvi, messire Alixandres de Denaig chevaliers, medame Gille, Jehans Frotaus et Jehans Li Vailians. Et si i furent apiellé cumme boin crestien mesires Jehans, priestres de Saint Geri de Valenciennes, mesire Tieris, capellains de Denaing, Stievenes Li Clers, Jehans Castaigne, Jehans Li Mandes et Watiers d’Ansain. Et ou tiesmognage de ces choses, jou Grars, chevalier, sires de Prouvi, et jou Alixandres de Denaig, chevalier, a le requeste des parties devant dites, avons ces presentes letres seelees de nos saiaus. Ce fu fait et donné l’an del Incarnation Jesu Crist M° CC° et sissante et quatre, el mois d’aoust, le vigilie saint Leurenc le martyr.
70 1264, 24 août. – Haubourdin, au cimetière. Jean dit Rex d’Emmerin notifie à l’abbaye de Denain la vente de la dîme d’Hallenes-lez-Haubourdin faite par Mathilde, veuve de Sohier de Hocron, pour cinquante livres moins cinquante sous. L’abbaye tiendra les deux tiers de cette dîme, le prêtre le reste.
A. Original sur parchemin, hauteur 380 mm (dont repli 20 mm), largeur 270 mm ; fragments de deux sceaux ronds de cire brune pendant sur double queues de parchemin. Lille, A.D. Nord, 24 H 14/191. Mentions dorsales : Cest li chartre de le dime de Hokeron qui gist a Hallenne achatée (XIIIe). – Lettre plane de Mehault vesve Sohier du Hokeron et aultres hoirs qui vendu avoient le disme de Hallennes u le tierche partie de ledite disme qu’il tenoit en fief de Jehan d’Amerin et l’abbesse et convent de Denaing et au prestres de Hallennes en non de le presbitaire et ce pour le somme de Lte libvres monnoie de Flandre, L sous moins. Liquelle disme fut rapportée en le main dudit d’Amerin qui le reporta en le main Wattier de Habourdin de qui ledit d’Amerin le tenoit. Chou fait, ledit Wattier le reporta en le main de Jehan castellain de Lille de qui ledit Wattier le tenoit. Et ledit Jehan le reporta en le main dou bailli de Lille comme souverain et a le main de la comtesse de Flandre liquel bailli en ahireta ledite abbesse et convent et prrestre, c’est assavoir ledite abbesse de II parts et le prestre de la tierche partie si qu’il appert par ces presentes qui sont sellées de Jehan d’Amerin et dou bailli de lille approuvées (XVe). – Achat de la disme d’Hallenes (XVIe). – N° 10 (XVIe). – 1264, 24 aout (XVIIIe).
Universis presentes litteras inspecturis, Johannes dictus Rex de Amerin salutem in Domino. Noverint universi tam presentes quam futuri quod Mathildis, relicta Sygeri de Hokeron, Johannes et Willelmus, ejus liberi, et alii heredes ipsius Mathildis decimam de Halennes seu terciam partem dicte decime, quam tenebant a nobis in feodum in parrochia de Halennes, vendiderunt et quitaverunt bene et legitime de ascensu nostro ac voluntate nostra . . abbatisse et conventui de Dononio et presbitero de Halennes, nomine presbiteratus dicti loci, ad opus ejusdem et facta fuit dicta conditio pro certo pretio videlicet pro quingentis libris Flandrensis monete quinquaginta solidos minus. De qua pecunie summa, dicta Mathildis et ejus liberi et heredes recognoverunt sibi esse satisfactum ab eisdem . . abbatissa 221
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et conventu et presbitero antedicto in pecunia numerata eidem Mathildi et ejus liberis et heredibus pro dicto mercato ab . . eisdem abbatissa et conventu et presbitero tradita et persoluta. Et dictam decimam reportaverunt dicta Mathildis et ejus liberi et heredes in manu nostra ad opus earumdem . . abbatisse et conventus et presbiteri sive presbiteratus antedicti. Et nos eandem decimam reportavimus in manu Walcheri de Habourdin domini nostri quantum ad hoc de quo quidem Walchero dictam decimam tenebamus. Et idem Walcherus de Habourdin eandem decimam, sic a nobis in sua manu reportatam, reportavit in manu Johannis castellani Insulensis de quo idem Walcherus dictam decimam tenebat et dictus castellanus in manu baillivi Insulensis tanquam superioris loco domine . . comitisse Flandrensis existentis, cum sine assensu et voluntate comitis Flandrensis seu comitisse secundum consuetudinem sive statutum comitatus Flandrensis non permittatur, ut dicitur, ecclesias de redditibus, feodis seu hereditatibus adheredare seu etiam investire. Et facta fuit totalis reportatio predicta et receptio de dicta decima ad opus ipsarum abbatisse et conventus et presbiteri antedicti sive presbiteratus de Halennes pro portionibus ipsis in dicta decima contingentibus videlicet pro duabus partibus ad opus dictarum abbatisse et conventus et pro tertia parte ad opus presbiteri sive presbiteratus antedicti. Dicti vero Mathildis et ejus liberi et heredes videlicet Johannes, Willelmus, Sigerus, Oliverus clericus et Petrus, domicelle Maria et Ysabella renunciaverunt expresse coram nobis omni juri proprietatis et possessionis quod habebant seu habere poterant quoquo modo in dicta decima ab eisdem, ut est dictum, vendita bene et legitime et coram nobis werpita et etiam omnibus exceptionibus et defensionibus sibi contra premissam venditionem et werpitionem competentibus seu in posterum competere valentibus. Promittesa) dicti Mathildis et ejus liberi et heredes fide prestita corporaliter quod contra dictas venditionem et werpitionem bene et legitime ab eis pro earum voluntate coram nobis factas pro precio antedicto per se vel per alterum non venient seu venire procurabunt in futurum nec ipsas . . abbatissam et conventum et presbiterum antedictum super possessione dicte decime molestabunt seu molestare procurabunt aliquo modo in futurum. Post hec vero dictus baillivus dictas abbatissam et conventum et presbiterum antedictum ad opus presbiteratus dicti loci de dicta decima sic vendita, werpita et etiam in manu ipsius baillivi, ut superius est expressum, reportata investivit et adheredavit eosdem de dicta decima bene et legitime, libere et absolute in presentia hominum fidelium nostrorum ad hoc specialiter vocatorum videlicet Johannis de castello d’Amerin, Johannis Bosket, Roberti dicti Parent, Clabandi de Amerin, Willelmi de Cruce, Hannebandi de Amerin et Walcheri de Habourdin et domicelle Marie de Bello Prato coram quibus hominibus predictis tanquam judicatoribus facta fuerunt prenotata. Qui homines conjurati werpitionem et quitationem ex parte Mathildis et ejus liberorum et heredum coram ipsius hominibus et coram nobis, ut dictum 222
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est, bene et legitime factas et etiam investionem et adheredationem de dicta decima factas per judicium suum legitimum approbarunt et ratas et gratas habuerunt ac legitimas et bene et legitime esse factas judicarunt. Dicentes etiam iidem homines in dicta decima dictam Mathildim et ejus heredes nullum jus habere et hiis omnibus interfuerunt tanquam homines domine comitisse Flandrensis : Johannes castellanus Insulensis, dominus Gerardus de Avelin miles, Walcherus de Habourdin. Et nos Johannes de Amerin antedictus ut premissa majorem importarent firmitatem ea approbantes et legitime, bene, libere et absolute esse facta reputantes ac etiam dicti homines domine comitisse nos et alii quicquid dominii, juris, potestatis, servitutis seu feodi in dicta decima habebamus dictis . . abbatisse et conventui et presbitero memorato, quitavimus bene et legitime, libere et absolute absque homagio sive censu seu aliquo alio onere servitutis ab eisdem abbatissa, conventu et presbitero in perpetuum possidendam et tenendam maxime cum nobis Walchero castellano et etiam baillivo ex parte dicte Mathildis et ejus liberorum et heredum pro voluntate nostra fuerit satisfactum propter quod premissis nostrum prebuimus assensum. Promittentes dictis abbatisse et conventui et presbitero sive presbiteratu dicti loci de dicta decima legitimam prestare garandiamb) et contra omnes juri et legi parere volentes defensare. Insuper noverint universi quod homines nostri antedicti conjurati ad submonitionem nostram premissa rite et legitime esse facta judicarunt in quorum omnium premissarum testimonium et munimen, et ut hiis appareat nos consensisse, nos Johannes de Amerin antedictus tam pro nobis quam pro Walchero ab ipso super hoc specialiter requisiti et rogati, presentes litteras tradidimus sigilli nostri munimine roboratas. Nos vero Johannes castellanus Insulensis quia premissis personaliter interfuimus et etiam nostrum prebuimus assensum ad petitionem dicti Johannis de Amerin, Mathildis et ejus liberorum seu heredum cum ex parte ipsorum Mathildis et liberorum seu heredum esse pro premissis ratificandis ad voluntatem nostram satisfactum et etiam ad instanciam dictarum abbatisse et conventus et presbiteri jam memorati easdem presentes litteras litterasc) fecimus sigilli nostri munimine roborari. Promittentes tam pro nobis quam pro nostris successoribus dictam decimam dictis . . abbatisse et conventui et presbitero de Halennes nomine presbiteratus garandizare et eos contra omnes juri et lege parere volentes defensare. Datum et actum anno Domini millesimo ducentesimo sexagesimo quarto, in die beati Bartholomei apostoli, in cimeterio de Habourdin. Super receptionem approbamus que est guarandia visa ut supra. a) sic A pour promittentes. – b) garadiam suscrit. – c) sic A.
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71 [avant le 16 mai 1272]. L’abbaye de Denain et Mathieu de Caudry chargent Gérard d’Oisy, chantre de Seclin, Alexandre, recteur de Roucourt, et Mathieu, clerc de Douai, de rendre un arbitrage dans le litige les opposant au sujet d’un droit de four exigé par l’abbaye des hôtes de Mathieu installés à Denain. Acte perdu, cité dans la sentence arbitrale (acte n° 72).
Texte de la mention : ...prout in compromisso super hoc confecto sigillis ipsorum abbatisse et conventus et Mathei sigillato continetur ...
72 1272, 16 mai. Gérard d’Oisy, chantre de Seclin, Alexandre, recteur de Roucourt, et Mathieu, clerc de Douai, rendent un arbitrage entre l’abbaye de Denain et Mathieu de Caudry au sujet d’un droit de four exigé des hôtes de Mathieu installés à Denain. Le droit de four est acquis à l’abbaye qui doit verser à Mathieu un cens annuel de deux deniers.
A. Original sur parchemin, hauteur 260 mm (dont repli 20 mm), largeur 320 mm ; six sceaux pendants en mauvais état ; de gauche à droite : sceau en navette (48 mm) représentant dans une niche gothique le chantre debout, de profil gauche, tête nue, en chape, appuyé sur le bâton cantoral, accosté de deux étoiles ; légende ébréchée : GERARDI DE OISIACO CA[…] S S ; contre-sceau représentant une tête de femme de face coiffée d’un voile : + SECRETVM MAGISTRI GERARDI (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 6226) ; fragment de sceau en navette ; sceau rond de cire brune (diamètre 20 mm) représentant un écu au lion contourné ; légende : + S. MATHEI . DE . FAGETO (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 6675) ; sceau en navette de cire brune (62 mm) représentant une abbesse debout en voile et en guimpe, tenant crosse et livre ; légende détruite (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 7237) ; fragment de sceau rond de cire brune ; fragment de sceau rond de cire brune ; sceau rond (diamètre 50 mm), représentant un écu billeté au lion contourné ; légende ébréchée : + S. MAHIV . DE . CAVDE[…] (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 695) ; trois sceaux ronds de cire brune en miettes. Lille, A.D. Nord, 24 H 12/136. Mentions dorsales : FF. Sentence arbitrale sur le discors qui a cause des fournieres et coustumes du pain adont estoit entre les hostes et manans Mahieu de Caudri et a Denain et l’eglise d’icelli lieu (XVe). – N° 82 (XVIe). – 1272, 15 mai (XVIIIe).
Universis presentes litteras inspecturis, magistri Gerardus de Oysiaco, cantor ecclesie Sicliniensis, Alexander, rector ecclesie de Rouecort, et Matheus clericus dictus de Duaco, arbitri seu arbitratores in causa que vertitur seu vertebatur coram officiali Attrebatensi inter abbatissam et conven224
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tum ecclesie Dononiensis ex una parte, et Matheum de Caudri ex altera, electi super furniatura seu coctura panum hospitum ipsius Mathei manentium, degentium seu commorantium apud Dononium prout in compromisso super hoc confecto sigillis ipsorum abbatisse et conventus et Mathei sigillato continetur, nos, assumpto honere arbitrandi, disponendi, dicendi seu ordinandi inter dictas partes super discordia et causa predicta, auditis et consideratis que circa premissa erant consideranda, communicato proborum consilio dicimus, ordinamus, pronunciamus et etiam arbitramur quod abbatissa et conventus qui nunc sunt et eisdem succedentes dicto Matheo et ejus heredibus occasione hospitum ipsius Mathei inferius contentorum et pro jure, si quod ei conpetit seu quoquomodo competere posset in futurum super furniatura et solutione furniagiorum pro furniatura eorumdem hospitum, duos denarios Valencenensis monete singulis annis in festo nativitatis Domini reddent in perpetuum et solvent, et ecclesia Dononiensis in sua perpetua et pacifica possessione remanebit tali videlicet quod hospites ipsius Mathei nunc degentes, commorantes seu habitantes vel qui commoraturi seu habitaturi sunt in posterum in terra ipsius M[athei] apud Dononium in locis inferius annotatis videlicet : in manso Gerardi Anglici, Johannis Bees et in manso qui fuit Johannis Castaigne, Egidii dicti Cornet, Walteri de Biernes, Marie Balduini, Roberti dicti Toulet clerici, Johannis Panificis, Hugonis Hustart, Havuidis Zoutebarbe, et in manso dicti Panificis sito juxta domum dicte Havuidis, Gilloti de Haucin, Stephani clerici, Juliane de Fossato, Richardi quondam clerici, Andree Carpentarii, Johannis quondam villici nunc Walteri Hure ; in manso qui fuit Tyrelaine juxta domum Domisie relicte Andre clerici, in manso predicte Domisie, in manso qui fuit Johannis de Avesnes, Johannis ad oculum et in nova domo que fuit quondam Hugonis de Puteo tenentur et tenebuntur furniare et panea) suum coqui facere ad furnum predicte ecclesie Dononiensis et furnagia eidem ecclesie solvere pro sua furniatura vel coctura. Dictusque Matheus et ejus heredes et successores non impedient, pertubabunt seu etiam molestabunt per se vel per alium seu per alios quominus ipsa ecclesia predicta valeat premissorum possessione gaudere, contradictores predictos nunc hospites suos et futuros in dictis locis et mansis commorantes. Et si qui rebelles fuerint ad furniandum ad furnum dicte ecclesie et furniaga pro furniatura solvendum sicut alii, idem Matheus et ejus coheredes compellere tenebuntur. Et sciendum est quod, si census predictus termino prenotato non fuerit persolutus et abbatissa Dononiensis semel vel pluries fuerit in defectu solutionis dictorum denariorum, non propter hoc erit pena commissa ex parte abbatisse et ecclesie supradicte, sed dictus Matheus abbatissam monere tenetur et tenebitur sub testimonio competenti de solutione infra octo dies post ipsam monitionem de dictis duobus denariis facienda, quibus diebus elapsis dicta abbatissa et conventus sub pena predicta solvere tenebuntur duos denarios antedictos. Ordinamus etiam et dicimus quod dictus Matheus ab episcopo 225
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seu officiali Attrebatensi presentem ordinationem petat et faciat confirmari ita tamen quod nichil de scriptura confirmationis et sigillo solvere teneatur. In cujus rei testimonium et memoriam perpetuam, nos, arbitri seu arbitratores predicti, presentibus litteris sigilla nostra duximus apponenda. Et nos M[aria], divina permissione abbatissa Dononiensis, totusque ejusdem loci conventus, et ego Matheus de Caudri predictus dictum arbitrium, ordinationem seu dispositionem aut sententiam arbitralem arbitrorum seu arbitratorum predictorum, prout in presentibus litteris quibus sigilla nostra una cum sigillis dictorum arbitrorum sunt appensa, continetur ratas et firmas habentes presentibus litteris sigilla nostra apposuimus in hujus rei testimonium et munimen. Actum anno Domini M°CC° septuoagesimob) secundo, feria secunda post dominicam qua cantatur Jubilate. a) sic A pour panem. – b) sic A.
73 1272, 25 juin. Marie, abbesse, et le couvent de Denain, fixent à quatre sous la redevance annuelle due par l’abbaye de Vicoigne au titre des dîmes, suite à la construction par les religieux de la cour d’Heurtebise à Trith.
A. Original perdu.
B. Copie du XIIIe siècle ; titre rubriqué : De IIIIor solidis quos debemus abbatisse de Dononio pro decima de Hurtebise. Cartulaire de Vicoigne. Lille, A.D. Nord, 59 H 96, f° 10 v°-11 r°, n° 155.
Universis presentes litteras inspecturis, soror Maria, divina permissione humilis abbatissa, totusque conventus ecclesie Dononiensis ac Johannes, curatus parrochie de Trith, salutem in Domino. Noverit universitas vestra quod, cum viri religiosi abbas et conventus ecclesie Viconiensis, infra fines parrochie de Trith que in personatu dicte ecclesie Dononiensis consistere prohibetur, quandam curtem, que vulgariter Hurtebise noncupatur, duxerint construendam, volentes imposterum ab omni decimarum exactione dictam curtem fore liberam et immunem, nos, pro bono pacis cum dictis Viconiensibus sic duximus componendum quod dicti Viconienses annis singulis, infra octavas Nativitatis sancti Johannis Baptiste, ad solvendos nobis quatuor solidos alborum imperpetuum creantur. Et per hoc manentes in dicta curte a solutione decimarum omnium que in dicta curte seu infra muros constructos dicte curtis pervenire poterunt de cetero erunt liberi vel immunes, nec deinceps nomine vel ratione aliquarum decimarum aliquid exigere poterimus a dicta curte vel manentibus in eadem. In cujus rei testimonium et munimen, presentibus litteris sigilla nostra duximus appo226
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nenda. Datum anno Domini millesimo ducentesimo septuagesimo secundo, in crastino beati Johannis Baptiste.
74 1275, 19 mai. Jean, châtelain de Lille, et Mahaut, son épouse, notifient un échange de pré entre lui l’abbaye de Denain et eux. Après estimation des échevins d’Erquinghem, 18 cents de terre, situés à Erquinghem entre le manoir de l’abbaye et le moulin à vent, sont cédés à l’abbaye libres de tous droits en compensation des terres prises sur des soestés à Haubourdin pour réaliser des travaux de canalisation.
A. Original sur parchemin, hauteur 160 mm, largeur 240 mm ; deux sceaux incomplets pendants sur simple queue de parchemin ; à gauche, sceau en navette en cire brune brisé (82 mm) représentant une dame debout en robe et en manteau, coiffée d’un chapel recouvert d’un voile, un oiseau sur le poing, accostée de deux écus au plain sous un chef ; légende quasi détruite : + SIGILLVM […] [.]ASTELLA[…] ; contresceau usé ; à droite, fragment de sceau rond en cire brune. Lille, A.D. Nord, 24 H 13/178. Mentions dorsales : de Hierkingheham de l’escange des soiestes de Habourdin pour le cours de la navie le castelaing (XIIIe). – Lettre seellée de Jehan castellain de Lille et de Mahaut se femme faisant mention de l’escange des soiesteit que li eglise de Denaing a a Habourdin a cause dou cours du navie […] (XVe). – Erquingehem N° 1 (XVIe). – 1275, 19 mai (XVIIIe).
Nous Jehans, chastelains de Lille, et Mehaus se femme, faisons savoir a tous que, com ensi fuist que li abeesse et li covens de Denaing euissent et aient preis ou tieroir de Habordin, ki sunt apieleit communement soesteis, lesqueis elles tienent et ont tenu en franc alluef ki sunt por le pitanche de leur covent, et nous de ches preis euissiens et aiens pris une partie por faire le cours de l’euwe a no navie, nous, en restor de chou que nous aviens et avons pris de leur preit devant dit, par prisie des eskevins d’Erkinkehem et d’autres boines gens ki a chou faire et prisier furent esliut et eswardeit par nous et par l’abeesse et le covent devant nommeis, rendons et avons rendu en nom d’eskange et en eskainge a l’eglise de Denaing et al covens dis et wit cens de tiere, pau plus pau mains, lequeile tiere nous teniens a rente de Jehan Kiekin, no homme, tenant al manoir . . l’abeesse et le covent devant dis a Erkinkehem et a le voe de no muelin a vent, et volons qu’elles le tiere devant nommee tiengnent a tous jors mais des ore en avant frankement et en franc alluef et delivre. Et renonchons et avons renonchiet a tout le droit ke nous avons et poiens avoir en le tiere devant dite et le quittons a l’eglise et al covent devant dis et nous en sommes desireteit et avons le tiere devant dite reportee en le main l’abeesse Jehenain de Denaing por l’eglise et le covent, et promettons et avons covent que nous leur warandirons le tiere devant ditte encontre tous chiaus ki a droit et a loi vorront venir. Et pour ches coses tenir et faire et warder a tous jors fermement, obligons nous et 227
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avons obligiet nous et nos oirs ; et jou, Mehaus devant ditte, renonche et ai renonchié a toute bare et exception de doaire se je point en ai en le tiere devant nommee. Et pour chou ke che soit ferme cose et estaule, nous devons cheste cose faire loer et confermer monsigneur le conte de Flandres par ses lettres pendans saelees de sen saiel ; et ou tiesmoingnaige de cheste cose nous avons ches lettres saelees de nos saiaus ki furent faites et donees l’an del Incarnation mil CC et siettante cinc, le diemenche devant le Assension.
75 [au plus tard en mai 1279]. Gui, comte de Flandre et marquis de Namur, et Jean, châtelain de Lille, notifient que le second a créé à Erquinghem une chapellenie et a pourvu celle-ci d’une rente suffisante.
Acte perdu, connu par une mention dans un acte de Jean, châtelain de Lille de mai 1279 (acte n° 76) et dans un acte de Pierre, évêque d’Arras du 2 octobre 1279 (acte n° 78).
Mention de l’acte du châtelain : ... si comme il apert clerment es lettres seelees dou seel men chier seigneur Guion conte de Flandre et marchis de Namur et dou mien. Mention de l’acte épiscopal : ...prout in litteris dicti Johannis, armigeri nunc castellani Insulensis, super hoc confectis et sigillo suo ac etiam sigillo nobilis viri domini Guidonis, comitis Flandrensis, sigillatis plenius continetur.
76 1279, mai. Jean, châtelain de Lille, demande à l’abbaye de Denain d’approuver la fondation d’une chapellenie à Erquinghem, conformément à la volonté de son grand-père et de son père, et le choix de Jean de Chièvres son chapelain.
A. Original sur parchemin, hauteur 140 mm, largeur 220 mm ; sceau pendant perdu. Lille, A.D. Nord, 24 H 20/261. Mentions dorsales : R. Lettre de pryere de Jehan castellain de Lille a medame l’abbesse de Denaing que elle nomme patrons de la cappellerie dou castiel de Erkinghem sur le Lis voeille, loer et approuver et presenter monseigneur Jehan de Chierue prestre a l’evesque d’Arras pour deservir noelle cappielle jadis ordenée par monseigneur Jehan de Brai tayon audit castellain (XVe). – N° 3 (XVIe). – 1279, au mois de mai (XVIIIe).
A religieuse dame et sage, par le gracie de Diu, abbesse de Denaing, Jehans, castelains de Lille, salus et boene amour en Diu. Dame, je vous faich 228
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asavoir ke je, pour aemplir les darraines volentés de mes chiers seigneurs Jehan de Brai, jadis castelain de Lille men taion, et de men chier peire sen fil, ai estauli une kapelerie a Hierkinghehem sour le Lis dedens vo personage et assingnee rente souffissant, si comme il apert clerment es lettres seelees dou seel men chier seigneur Guion, conte de Flandre et marchis de Namur, et dou mien. Si vous pri, dame, tant comme je puis et sai ke vous, pour Diu et pour l’amour de mi et de ceus pour cui li kapelerie est estoree si comme dit est, voeilliés greer, loer, otriier et approuver che ke fait en est, car je connois ke c’est salves vos drois et les drois de le parroche. Et saciés dame, ke jou ai donnee le kapelerie, si ke dou premier don, a monsigneur Jehan de Cierve, men kapelain, porteur de ces lettres, salves vos drois et les drois de la parroche, si ke dit est. Si vous pri, dame, aussi ke vous ceste dounison voelliés greer et otroier et presenter monsigneur Jehan devant dis a reverent peire l’evesque d’Arras. Pour Diu, dame, si en voeilliés tant faire ke Dius vous en face grei et ke mes kapelains se sence ke me priiere li ait valut a vous ; et nostre sires soit warde de vous. Ce fu donnei en l’an del Incarnation nostre signeur Jehsu Crist mil CC soissante dis et noef, el mois de may.
77 [avant le 2 octobre 1279]. L’abbesse de Denain approuve la fondation d’une chapellenie à Erquinghem.
Acte perdu, cité dans une charte de Pierre, évêque d’Arras, du 2 octobre 1279 (acte n° 78).
Texte de la mention : ... prout in litteris ejusdem abbatisse vidimus contineri ...
78 1279, 2 octobre. Pierre, évêque d’Arras, rappelle que la fondation d’une chapellenie à Erquinghem par le châtelain de Lille a reçu l’approbation de l’abbaye de Denain. L’évêque précise que tout chapelain lui sera présenté par l’abbaye. Il réglemente aussi le service religieux et prévoit la répartition des revenus entre le chapelain et la paroisse.
A. Original sur parchemin, hauteur 370 mm (dont repli 30 mm), largeur 360 mm ; moitié inférieure d’un sceau en navette de cire rouge (hauteur 63 mm) pendant sur lacs de soie verte, représentant un évêque vêtu des ornements épiscopaux ; légende partiellement détruite : + […]DEI GR[ATI]A ATTREBATEN[…] ; contre-sceau représentant une tête mitrée de profil gauche ; légende ; + CVSTOS SECRETI (semblable à G. Demay, Sceau de Flandre, n° 5798). Lille, A.D. Nord, 24 H 20/262. Mentions dorsales : V. Lettre del evesque d’Arras qui consent que une cappielle soit fondé en
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castiel d’Erkanghem ensi que messire Jehan chevaliers adont castellain de Lille l’ordona en sen testament et ce par l’accord et assens del abbesse de Denaing patron dou dit lieu. Et fait ledite lettre mention del assenne de XX libvres pour le capellain qui en sera gouverniere et ossi de ses aultres proffis et des nataux du curet et quelle cose lidis capellains sera tenu dou faire a cause de le dite cappielle (XVe). – N° 12 (XVIe). – 1279, 2 octobre (XVIIIe).
Universis presentes litteras inspecturis, Petrus, miseratione divina Attrebatensis ecclesie minister humilis, salutem in Domino sempiternam. Cum, sicut intelleximus, bone memorie Johannes de Brai, miles quondam castellanus Insulensis, condens ultimam suam voluntatem inter cetera voluerit et mandaverit quamdam capellaniam valoris viginti librarum Artisiensium Flandrensis monete annui et perpetui redditus in tunc castello suo de Hierkinghehem nostre diocesis pro remedio anime sue et successorum suorum institui et fundari, Johannem, militem quondam etiam Insulensem castellanum, ultimo defunctum ejus liberum et heredem ad premissa principaliter obligando, et idem Johannes ultimo defunctus in ipsius etiam ultima voluntate dictam capellaniam institui et fundari voluerit, prout superius est expressum, voluntatem testatoris scilicet dicti Johannis de Brai, patris sui, desiderans adimpleri et Johannem, armigerum ejus filium et heredem nunc Insulensem castellanum ad hoc faciendum principaliter et specialiter supponens loco sui, qui quidem Johannes, nunc castellanus Insulensis, ultimas voluntates predictas pie volens effectui mancipare pro dicta capellania fundanda et instituenda concessit et contulit viginti libras Artisiensium Flandrensis monete annui et perpetui redditus a capellano qui pro tempore canonice fuerit institutus in capellania predicta et successoribus ejus capiendas et habendas super nemora et redditus avene de Ploicio, Tornacensis diocesis, ipsas assignando et a suis aliis redditibus et proventibus abdicando quoadusque dictas viginti libras Artisiensium alibi contingerit assignari competenter et acquiri prout in litteris dicti Johannis, armigeri nunc castellani Insulensis, super hoc confectis et sigillo suo ac etiam sigillo nobilis viri domini Guidonis, comitis Flandrensis, sigillatis plenius continetur. Nos quidem dictas voluntates pias et laudabiles esse attendentes, consensu patroni seu patrone dicti loci scilicet religiose mulieris . . abbatisse de Dononio, ordinis sancti Benedicti nostre diocesis, accedente prout in litteris ejusdem abbatisse vidimus contineri ac etiam presbiteri parrochialis ejusdem loci in premissis expresse coram nobis consentientis, institutionem predicte capellanie volumus, laudamus ac etiam approbamus, statuentesque quod quandocumque facultas se obtulerit super dicta capellania conferenda nobis ad ipsam capellaniam per patronum seu patronam persona idonea presentetur. Que, si promota in presbiterum non fuerit, se faciet quamcitius poterit in presbiterum ordinari, nisi de licentia nostra vel successorum nostrorum ejus promotio differatur. Tenebitur siquidem capellanus dicte capellanie in castello de Hierkinghehem ipsam deservire. Si tamen contingat dominum et dominam dicti castelli abesse aut eosdem in villa de 230
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Hierkinghehem predicta non esse, tenebitur in qualibet ebdomada celebrare in ecclesia parrochiali dicte ville duas missas, unam videlicet die martis et aliam die jovis, si dicti dies non fuerint feriati. Que, si fuerint feriati, in aliis diebus non feriatis celebrabit, ita tamen quod nonquam contra voluntatem presbiteri parrochialis ejusdem loci in dicta ecclesia debeat celebrare nec parrochianis ipsius presbiteri aliqua sacramenta ecclesiastica ministrare. Item, si dominus et domina dicti castelli sint absentes diebus dominicis et festivis in castello predicto seu capella dicti castelli, dictus capellanus nulletanus celebrabit nisi de licentia presbiteri parrochialis hoc procedat sed in parrochiali ecclesia horis debitis tenebitur interesse cantando, legendo cum aliis et psallendo. Item, si dictus presbiter curatus sit adeo infirmus quod non possit ea que pertinent ad officium suum adimplere ipsi succurrere quater in anno per octo dies tenebitur capellanus antedictus si totiens in anno contingat ipsum presbiterum egrotari. Item, tenebitur per octo dies in Adventu Domini et per quindenam ante Pascha et per octo dies ante diem Penthecostes dictum presbiterum in confessionibus audiendis adjuvare si ipse presbiter ad hoc ipsum vocaverit capellanum. Item, tenebitur dictus capellanus in Natali Domini, in die Parascheves, in vigilia et die Pasche, in vigilia et die Penthecostes, si dominus et domina dicti castelli sint absentes, ipsum curatum in hiis que ei ex officio suo incumbunt adjuvare. Item, si contingat dictum curatum abesse causa peregrinationis vel synodi vel pro negociis inevitabilibus ecclesie sue de quibus, si oportuerit, fidem faciat juramento, succurrere ipsi per octo dies quater in anno tenebitur capellanus antedictus si totiens ipsum curatum ex causis predictis in anno abesse contingat. Item, si curatus sit minutus per tres dies minutionis sue, ei succurret et cavebit capellanus predictus ut sibi minui non faciat scienter cum dictus curatus erit minutus ne sic succursus debitus eidem curato subtrahatur. Statuimus etiam ut omnes obventiones et oblationes que fient vel venient ad manum capellani vel alibi in capella dicti castelli sint ipsius presbiteri parrochialis ita quod capellanus predictus in hiis penitus nil habebit sed omnia fideliter dicto curato reservabit nec ut aliquid de predictis habeat privilegium domino temporali a papa vel legato concessum poterit allegare. Item, in legatis a parrochianis ecclesie de Hierkinghehem predicte dicto capellano relinquendis, presbiter curatus medietatem et ipse capellanus aliam medietatem obtinebit nisi relinquentes legata hujusmodi ipsi capellano consanguinitate vel cognatione sint conjuncti et nisi aliquid relinquatur in augmentum dicte capellanie ut inde redditus perpetuus comparetur, tunc enim presbiter curatus in hiis nichil sibi vendicabit. Notato insuper quod quicquid dictus capellanus recipiet aliquod officium pro presbitero parrochiali exercendo restituere eidem curato tenebitur, hoc excepto quod de eo quod oblatum vel datum fuerit predicto capellano in baptisandis pueris et in ungendis infirmis usque ad valorem duorum denarorium pro qualibet persona, si tantum vel plus offerri contingat, sibi poterit retinere. 231
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Predicta autem omnia capellanus quicumque dicte capellanie in receptione sua ad ipsam capellaniam bona fide promittet se fideliter servaturum ac etiam impleturum. Ut autem premissa robur obtineant perpetue firmitatis presentes litteras sigilli nostri munimine fecimus roborari. Datum anno Domini millesimo ducentesimo septuagesimo nono, mense octobri, in crastino beati Remigii.
79 1284 (n. s.), 3 janvier. Guillaume, évêque d’Arras, confirme la charte par laquelle Nicolas, évêque de Cambrai, Marguerite, comtesse de Flandre, et Baudouin d’Avesnes, arbitres choisis par les parties, tranchaient le litige opposant, au sujet d’un droit de fournage, d’un droit de pêcherie et du contrôle des hôtes de Denain, l’abbaye de Denain à Gilla, dame de Denain, à son fils Gilles, à Arnoul d’Enghien, à Isabelle, son épouse et à Agnès, la mère de celle-ci.
A. Original sur parchemin, hauteur 325 mm (dont repli 25 mm), largeur 500 mm ; sceau pendant perdu. Lille, A.D. Nord, 24 H 12/135. Mentions dorsales : De Enghien medame Agnes et medame Gillaine (XIVe). – N° 40 (XVIe). – GG Confirmation faite par l’evesque d’Arras des letres de Denaing en laquelle est contenu une lettre de l’evesque de Cambrai et encore une qui fait mention de l’ordre destiné par l’evesque de Cambrai du droit des fours de Denaing, peskeries et autres coses. 1262, 2 mai (XVIIIe).
Universis presentes litteras inspecturis, Guillermus, miseratione divina Attrebatensis ecclesie minister humilis, eternam in Domino salutem. Notum facimus nos anno millesimo ducentesimo LXXXmo tercio, die lune post Circumcisionem ejusdem vidisse, legisse et diligenter inspexisse litteras infrascriptas, sigillis personarum quarum nomina subsequuntur prout prima apparebat facie sigillatas, formam que sequitur continentes. (Suit l’acte n° 67) Nos autem, diligenti inquisitione facta super premissis, invenimus ea que facta sunt et ordinata prout in predictis litteris continetur utilia esse monasterio antedicto et ideo eadem auctoritate nostra ordinaria prout gesta seu acta sunt laudamus, approbamus et etiam confirmamus. In cujus rei testimonium presentibus litteris sigillum nostrum duximus apponendum. Datum anno et die supradictis.
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80 [vers 1259 - 1284]. Déclaration de rentes foncières à Lauwin dues à l’abbaye de Denain.
A. Original sur parchemin composé de deux feuilles cousues, hauteur 760 mm, largeur 245 mm. Lille, A.D. Nord, 24 H 17/233. Mentions dorsales : Lauwin tres ancien cartulaire des rentes de Lauwin sans doute 14e siècle (XVIIIe).
Note critique : l’écriture est manifestement de la seconde moitié du XIIIe siècle. Le texte mentionne Roger, prêtre de Lauvin [14], sans qu’il soit possible de le situer dans le temps. Est citée aussi l’abbesse Marie [46], ce qui peut s’appliquer à deux abbesses différentes (voir liste abbatiale) : l’une attestée en 1258, l’autre en 1272. Enfin, le document nomme Hellin de Wavrin [71], dont la famille a fourni à la Flandre ses sénéchaux. Hellin Ier étant mort vers 1196 et Hellin II vers 1210, il ne peut s’agir que d’Hellin III, attesté de 1259 à 1284 (E. Warlop, De Vlamsee Adel, n° 228). Le document fut donc rédigé vers 1259 au plus tôt et 1284 au plus tard. Au sujet de l’aspect formel du document, noter que chaque article est introduit par un pied-de-mouche en forme de C majuscule.
[1] Biertous d’Aubi : VIII deniers, II k., I rasiere d’avaine, I cope de blé, de VI copes ki sient au Brachuel Moienri et si les doit au Noel. [2] Watiers li Flamens : IIII deniers et I k., demi rasiere d’avaine et I cope de blet au Noel, d’une rasiere de tiere ki siet a le crois de Moienri. [3] Jehans des Avesnes : IIII deniers et I k., demi cope de blé, demi rasiere d’avaine au Noel sor sen mes ki tient as Avesnes et, s’il a brebis, il doit doner l’agniel. [4] Mahius li Chevaliers : VIII deniers, II k. et I rasiere d’avaine et cope de blé au Noel de le tiere a le voie dou Pauchiel. [5] Henris de Bouvines : VIII deniers, II capons, I rasiere d’avaine et I cope de blé au Noel de le tiere a Moienri. [6] Andrius de Lauwin : XII deniers de herbegage a le Saint Jehan et le Saint Remi, II cope d’avaine et VI parts et au Noel II pains et II k. et II deniers obole et II corovées de le tiere a le fosse. [7] Andrius de Lauwin : demi cope d’avaine et III oboles a le Saint Remi et au Noel I obole et I pain et V partis de sen mes et demi corovée. [8] Gillos ses fiex autant de sen mes. [9] Andrius de Lauwin : VI copes de blé a le Saint Remi de se tiere au camp Oisson. [10] Freessens de Lespaut : II k., XII deniers et I cope de blé et I quartier d’avaine ; et se les doit ou porter a Lauwin, et che doit ele de le tiere ki tient au riés de Prefossé. Fressens de Lespaut : II rasieres d’avaine et II de blé et VII sous et IIII deniers et VIII capons au Noel, de le tiere ke ele tient a Prefossé, s’en i a IX rasieres. 11] Jehans li Hubiert : I quartier d’avaine et VI deniers a le Saint Remi et II pains et II capons et II deniers obole au Noel ; et si les doit porter a 233
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Lanwin de le tiere a Moienri. [12] Symons Caupedoit I quartier d’avaine et VI deniers a le Saint Remi et II pains et II k. et II deniers obole au Noel ; et si les doit aporter a Lauwin de le tiere a Burivaus. [13] Bierte Frongiete : de le tiere de Prefossé et dou Moienbracuel III copes d’avaine et cope et demi de blé et III k. et XIII deniers et obole juskes […]a) ces choses dou tenement d’Eskierchin ; et se les doit on au Noel. [14] Mesire Rogiers li priestres en doit : II copes d’avaine a le Saint Remi et VI partis au Noel, II pains et II k. et II deniers et obole de le tiere au camp de Bruille. [15] Mehaus et Eve de Douay : XII deniers de hierbegage a le Saint Jehan et a le Saint Remi, II copes d’avaine et VI partis au Noel et II k. et II pains et II deniers et obole de le tiere de Bruille a l’Aubiel et II corovées. [16] Robiers li Walon : I cope d’avaine a le Saint Remi et I pain et I k. au Noel de sen mes. [17] Robiers Frossars : I cope d’avaine a le Saint Remi et au Noel, I pain et I k. de sen mes et III deniers a le Saint Remi et I denier et I parti au Noel et I corovée. [18] Mesire Rogiers li priestres : III deniers a le Saint Remi et au Noel, I denier et I parti et I corovée de sen courtil de Bruille. [19] Grous : XII deniers de hyerbegage a le Saint Jehans et a le Saint Remi, I quartier d’avaine et VI deniers au Noel, II pains et II capons, II deniers obole et II corovées de le tiere a le Fosse. [20] Grous : VI deniers a le Saint Jehan de hyerbegage et a le Saint Remi, I cope d’avaine et III deniers et au Noel I k. et I pain et V partis et I corovée de le tiere a le bouke du maires. [21] Grous : II copes d’avaine et VI deniers a le Saint Remi. [22] Grous : XII deniers de hierbegage a le Saint Jehan de sen mes au Cordela, et au Noel II k. et III pains et II deniers obole et le moute de II deniers obole et II corovées et demi de sen mes. [23] Emme de Gamans : XII deniers de hyerbegage a le Saint Jehan et a le Saint Remi, I quartier d’avaine et VI deniers, et au Noel II pains et II k. et II deniers obole et II corovées de le tiere a le Fosse ; et si doit a le Saint Remi I cope d’avaine et III deniers et au Noel I pain et I k. et VI partis et I corovée de sen mes. [24] Hues dou Maires doit de sen mes autant ke Emme doit dou sien. [25] Symons Caupedoit II copes d’avaine a le Saint Remi et VI deniers, et au Noel II capons et II pains et II deniers obole de le tiere ki fu Grous a Burivaus. [26] Watiersb) doit a le Saint Jehan XII deniers de hierbegage et a le Saint Remi II copes d’avaine et VI pars et au Noel II k. et II pains et II deniers obole et II corovées de le tiere au Viés Puch. [27] Watiers de Bouchain doit encorec) a le Saint Jehan XII deniers de 234
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hierbegage et II copes d’avaine a le Saint Remi et VI parts, et au Noel II pains et II k. et II deniers obole et II corovées de le tiere a l’Aubiel. [28] Gaudumiaus doit cope et demi d’avaine a le Saint Remi et IIII deniers obole, et au Noel cope et demi et III oboles et le moitiet de III oboles de sen mes. [29] Hellins li Froissart doit cope et demi d’avaine a le Saint Remi et III deniers oboles, et au Noel k. et demi et III oboles et le moitiet de III oboles de sen mes. [30] Jakemes de Biaumont doit VI copes de blé et II k. a le Saint Remi de le tiere ki siet as courtius de Lauwin. [31] Robiers de Gamans doit au Noel II capons et II pains et II corovées dou courtil au four. [32] Jakemes de Biaumont : VI copes de blé et I k. a le Saint Remi de sen mes. [33] Adans li Autais : II copes de blé a le Saint Remi de le tiere au Viés Puch. [34] Pieres li Raoul : II copes de blé de le tiere que il tient au Vieés Puch. [35] Symons de Gamans : I rasiere de blet et I k. de le tiere au Viés Puch et se doit de se tiere a l’Oliverue I rasiere de blé et II k. [36] Symons de Gamans : III deniers de hierbegage a le Saint Jehan et a le Saint Remi, demi cope d’avaine et III oboles au Noel et demi k. et pain et le motié de V partis de le tiere au Viés Puch. [37] Anscris de Lauwin : II deniers dou mes ki fu Tieri ki tient a mes Grous. [38] Sainte de l’Atre : de le tiere au Viés Puch demi pain et demi k. et le moitiés de V partis et demi cope d’avaine et I obole a le Saint Remi, et au Noel demi k. Et demi pain et le moitiet de V partis et demi corovée et III denier de hierbegage a le Saint Jehan ; dou camp Everart : I k. et I pain et V partis et I cope d’avaine et III deniers a le Saint Remi et VI deniers de hierbegage a le Saint Jehan. [39] Jakemes de Biaumont : II copes d’avaine et VI partis a le Saint Remi et II k. et II pains et II deniers obole au Noel et I corovée de le tiere a le Fosse. [40] Hues Dieus : II k. et I corovée de sen mes. [41] Raoul Li Carpentier I cope d’avaine et III deniers a le Saint Remi de sen mes. [42] Mikius de l’Atre : demi k. et obole au Noel de sen mes. [43]d) Adans li Anscais, demi cope au Noel de sen mese). [44] Gerars li Ses : I k. et I pain et V partis au Noel et I corovée de le maison au four. [45] Masengarbe : III rasieres de blé a le Saint Remi et III k. au Noel. [46] Vilains Fier : III sous parisis au Noel, s’en est hom l’abbeesse et a 235
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le Saint Jehan VI partis et de chou tient il par an XVIII rasieres de grain de blet et IX d’avaine, et ce reconut il a Denaing devant medame Marie l’abbesse en se cambre. [47] Li hoirs d’Aubi : III sous parisis au Noel et s’en est hom l’abbesse. [48] Jehans li Baude : III deniers de racat de III rasieres de tiere k’il tient a le val Hargiet. [49] Anscris de Lauwin tient XII rasieres et demi de tiere ki doit racat ; s’en i a II copes a l’Olivierrue, et a le Turiele VI copes, et a le piece Hubaut II rasieres, et en Burivaus VI rasieres et demi, et en le piece Amant VII copes. [50] Herenbours Hokès : I rasiere et si siet d’alés le piece Amant. [51] Wautiers : I rasiere ki doit racat et si siet a Soistes. [52] Simons Caupe doit I rasiere ki doit racat et si siet a le piece Huet. [53] Raicouars : demi rasiere ki doit racat et si siet au camp de Bruille. [54] Robiers li Froissart : II copes et demi ki doit racat et si siet au camp de Bruille. [55] Li provoste : XIIII copes si sient au camp de Bruille et a le piece Huet et a le piece Paou. [56] Li fosses Jehan Coullon : II copes et demi de tiere si doit racat. [57] Andrius : I rasiere, Flaman I rasiere, Andrius I rasiere, Biertous d’Aubi VI copes, Henris de Bouvines VI copes, Freessens de Lespaut IX rasieres, Bierte Frongnete XIX copes, prestre Vauchiel VII rasieres ; en ces tieres devant dites a li cours de Lauwin les II pars et le disme. [58] Boine Chiere : II copes. [59] Riflars : II copes. [60] Anscris : V copes. [61] Grous : I rasiere. [62] Andrius : I rasiere. [63] Eme de Gamans : VIII rasieres. [64] Jehan li Clarembaut : III copes. [65] Bernars Madee et Raimfroit : II copes ; Anscris : I rasiere, li cours II rasieres. [66] Watiers : II rasieres ; Robiers Froissars : une rasiere ; ou camp des Plankes XI copes ; Andrius trois copes ; Gillos II copes ; Flokés II copes ; Jakos Mulars II copes ; Amourris Moriaus : II rasieres. [67] Adans li Autais : I rasiere. [68] Simons et Grous : I cope. [69] Segars Cornés : III rasieres au Noel et a le Saint Jehan III rasieres de le blé. [2e feuille] [70] Ysabiaus de Beli : III rasieres de blé. 236
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[71] Mikius Flamens : III rasieres de blé ; Gillon le Priestre VI copes de blé ; Brandain VI copes de blé ; Hambonnet XI copes ; Jehan dou Temple IX copes. Ceste rente devant dite doit on a monsegneur Hellin de Wavrin le jour dou Noel IIII deniers et IIII pains et IIII k., et a mi marc demi muid d’avaine, et a Pasques II deniers, et a le Saint Jehan XX deniers et II copes de blé, et a le Saint Remi VIII deniers. [72] Robiers li Walon doit le keute. [73] Jakemes de Biaumont doit le keute de sen mes et li le doit dou mes Diu. [74] Anscris doit le keute. [75] Grous doit le keute. [76] Gillos li Andriu doit le keute. [77] Robiers Froissart doit le keute. [78] Flokés doit le keute. [79] Raous li Carpentiers doit le keute [80] Emme de Gamans doit le keute. [81] Jakemes Beisevile de Hennin doit I denier de rente de IX copes de tiere ki tient a le couture Pierron de Balelet a le voie d’Arras. [82] A le Val Hargier : VII rasieres et VI quarentain en le rasiere a XVII quarantaines. [83] A le soisté Pieron VII rasieres et quarantaine et Biertain Frongnette II rasieres et II quarantains s’en i a medame li abbeesse li moitié et a le piece Bridoce rasiere cope I quariel mains. [84] A le piece Aumant V rasieres et II quarentaines a le soisté tenant a celi IX rasieres demi cope mains et a Burivaus tenant a celi XVI rasieres et demi et quarentaine et demi. [85] Au camp dou Mui, XI rasieres et demi et I quarentaine ; au sentier de Courtieles et a camp a Marc en le couture a l’Olivierrue XVI rasieres et IX quarentains de le keu de le couture desci au marés VIII rasieres et I cope mains. [86] A le Couture, XII rasieres et demie et IIII quarentaine tenant a le voie d’Aubi ; a camp Buisson, XIII copes et II quarentaine. [87] A le voie d’Hennin a le Turiele, XV rasieres et demie I quariel mains. En l’autre les, IX copes ; a camp dou Mui, XII rasieres et demi, demie quarentain mains. [88] En l’Anglee, II rasieres et demie cope. [89] En l’autre Anglee, V copes et demi. [90] Au camp Evrart, V copes I quarentaine mains. [91] A le Turiele, IX copes ; a Croket, XIIII copes et IX verges. [92] A Priestre Vauchiel, VII rasieres et demi cope et demif) . [93] A le soisté Raoul, VII rasieres et demi et les II vars d’une cope. [94] Watiers Fauviaus : XIII quarentaines de soisté, s’en est medame 237
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l’abbeesse s’en sires. [95] Watiers de Bouchain : II sous de hierbegage a le Saint Jehan. [96] Mehaus et Eve li Kaisne : IX deniers des hyerbegage a le Saint Jehan. [97] Grous : XVIII deniers a le Saint Jehan ; Andrius : XII deniers de hierbegage. [98] Emme de Gamans : XII deniers de hierbegage. [99] Sainte de l’Atre : IX deniers de hierbegage. [100] Simons de Gamans : III deniers de hierbegage. [101] Hiernous Emmechin : VI deniers de hierbegage, et tous ces deniers de hierbegage doit on a le Saint Jehan. [102] Grous : XII deniers de hierbegage sour sen mes ki fu Tieri. [103] Wautiers de Bouchain : XII deniers de hierbegage de le tiere au Viés Puch a le Saint Jehan et se doit XII deniers de hierbegage de le tiere a l’Aubiel. [104] Biaucamp de le Flekiere : IX copes et demi ; a le piece Malet : IX copes ; a l’Aubiel V copes. A l’Olivierrue XVI quarentaines. a) déchirure. – b) si doit barré et remplacé par Watiers suscrit. – c) suscrit. – d) croix signalant une omission ajoutée en marge. – e) Adans … sen meis, ajout en marge gauche. – f) effacé.
81 1285, mai. – Valenciennes, salle comtale. Jean d’Avesnes, comte de Hainaut, rend un arbitrage sur le conflit de droits de justice et de droits d’eau sur l’Escaut qui oppose à l’abbaye de Denain les chevaliers Arnoul d’Enghien et Gilles Brouche. Le monastère n’a aucun droit de justice au lieu-dit Daybiert et les deux chevaliers n’ont aucun droit de justice sur les terres et « tenances » de l’abbaye. Dans la warescaix, un droit de justice leur est accordé sur la moitié du chemin du côté de la « tenance » du monastère.
A. Original sur parchemin, hauteur 250 mm (dont repli 30 mm), largeur 310 mm ; sceau pendant perdu. Lille, A.D. Nord, 24 H 12/137. Mentions dorsales : S. Lettre de sentence arbitrale rendue par Jehan d’Avesnes comte de Haynau sur le discord qui adonc estoit entre l’eglise de Denain d’une part, monseigneur Ernoul d’Enghien, et monseigneur Gillon Brouche dendroit diverses tenances et justices et appartenance devant dite énummerées […] et ensi ordené par ledit comte comme contenu est en ces lettres (XVe). – N° 75 N° 76 (XVIe). – 1285 au mois d’avril (XVIIIe).
Nous Jehans de Avesnes, cuens de Haynnau, faisons savoir a tous ke, comme debas et controversie fuissent meut entre l’abbesse et le couvent del eglize de Denaing, d’une part, et Ernoul d’Anghien et Gilion Brouce, chevaliers, d’autre part, de diverses tenances et justices ke li une partie demandoit enviers l’autre, a le pardefin, par conseil de boine gens, les parties devant dites, 238
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pour bien de pais, se sont mis de haut et de bas sour nous des debas devant dis tant comme en arbitre u aimable composeur, et promisent les dites parties en boine foit, par devant nous comme arbitreur et souverain de le tiere et par devant de nos hommes de fief et autres pluiseurs, a tenir chou ke nous diriemes et ordeneriemes entre eles des debas devant dit, apriés cou ke nous ariemes fait enquere les raisoins et oïr les tiesmoins de l’une et de l’autre partie. Et furent esliut de cou enquerre et raporter a nous, par l’assens des parties devant nomees, no chier foiaule Nicholes sires de Lalaing, chevaliers, et Jehans de Mainleuriel, adont nos baillius de Haynau. Le quelle enqueste faite et raportee a nous par les enquereurs devant dis, en le presensce des parties devant dites ki a nous requisent ke nous sour le dite enqueste prononcissiemes no dit, nous, par conseil de grant plenté de preudomes et boines gens, veues et consideres deligeument les raisoins et les proeuves de l’une partie et de l’autre, disons, pournonchons et ordenons par sentensce arbitral ke li chartre jadis faite et donnee sour ces debas u sour aucuns d’iaus entre les parties souvent nommees par reverent pere de boine memoire Nicholon, jadis evesque de Cambray, noble dame medame Margarite, jadis contesse de Flandre et de Haynnau, no tayen, et no chier oncle monsigneur Bauduin d’Avesnes, soit et demeure en toutes choses sauve entre les dites parties, sauve no justice et nos droitures. Apriés nous disons et ordenons ke li dite eglize de Denaing n’a droit en demander justice on liu c’on dist le Daybiert1) et ke li dit chevalier l’ont mieus useit. Et pour che ke li dite eglize a useit a prendre tierre ou dit Daybiert pour ses escluses haucier et doit mener cele tiere par le fosseit dou Daybiert, nous disons ke li eglize demeure en son usage tant ke drois u lois l’en roste. Apriés, nous disons ke li cevalier devant dit n’ont droit de justicier sour les terres ne les tenances de le dite eglise. Et s’il eskiet justice es kemins u es wareskais u li tenance est le dite eglize d’une part et d’autre, li dit chevalier n’i ont nient. Et se li tenance est ledite eglize a l’un des leis dou kemin u dou wareskais et nient a l’autre, li chevalier devant dit n’ont nient de justice dusques a le moyene du kemin u dou wareskais deviers le tenance de le dite eglize ; et en autele maniere le disons nous de le dite eglize encontre les tenances des dis cevaliers. Et ce dit et ordenance si com deseure est devisee prononciet par nous en le presensce des dites parties, eles le loerent et greerent et promisent a tenir de kemun assens sens venir encontre. En tiesmoingnage et seurteit de ces chozes, nous, a le requeste des parties, avons mis no saiel a ces presentes lettres dounees l’an del incarnation Jhesu Crist mil deus cens quatre vins et cuink, le mois d’avril, en no Sale de Valenchienes. 1) Lieu-dit encore existant à Denain : le marais du Débers, c’est-à-dire du déversement des eaux.
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82 1285, mai. Jean d’Avesnes, comte de Hainaut, notifie la vente d’une dîme située à Trith par Jean Vredel. Celui-ci a d’abord acheté cette dîme à Karon d’Engliemares puis l’a vendue à l’abbaye. Cette dîme étant tenue en fief du comte, celui-ci libère l’abbaye de toute obligation à son égard sauf un cens annuel de douze sous de blancs.
A. Original sur parchemin, hauteur 150 mm (dont repli 20 mm), largeur 365 mm ; sceau rond (diamètre 75 mm) de type équestre incomplet de cire rouge pendant sur cordelette ; légende : SIGILLVM . IOHANNIS . DE . AVESNIS . COMITIS . HAYNONIE (H. Laurent, Sceaux des princes, p. 363, n° 28) ; contre-sceau représentant un écu au lion ; légende : + CLAVIS SIGILLI. (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 199 ; empreinte vide aujourd’hui). Lille, A.D. Nord, 24 H 17/228. Mentions dorsales : Amortissement fait a l’eglise de Denaing par Jehan d’Avesnes, comte de Haynau, dendroit le disme de Trit tenue en fief de lui que Jehans Vrediauls avoit a ledite eglise (XVe). – de Verdiel N° 7 (XVIe). – 1285, au mois de mai (XVIIIe).
Nous Jehans d’Avesnes, cuens de Haynnau, faisons savoir a tous, comme Jehans Vrediaus, nos foiales serjans, eust acatee a monsigneur Karon d’Engliemares le disme de Trit c’om tenoit de nous en fief et cele disme cius Jehans l’ait vendue bien et loialment, si com il recouneut par devant nous, al . . abbesse et au convent de Denaing a tenir hiretaulement et perpetulement, nous, le vendaige devant dit, pour nous et pour nos hoirs, greons, loons et confremons a ledite eglise de Denaing. Et, pour Dieu et le salut de no ame et des ames de nos ancisseurs, nous avons amorti et amortissons a ledite eglize le fief devant dit et l’avons donei et donons a ledite eglize a douze deniers blans par an de cens ke lidite eglise doit paier a nous u a no recheveur de Haynnau cascun an, a le feste de la nativité Saint Jehan Baptiste, et parmi ce cens rendre si com dit est. Nous, pour nous et pour nos successeurs, deskierkons et quittons a ledite eglise le disme devant nommee de tous services, debites et exactions ke nous i poriemes demander par raison de fief, sauve a nous le justice et le souveraineté de no comtei. Et pour chou ke ce soit ferme choze et estaule, nous en avons donées nos presentes lettres a ledite eglise, saielees de no propre saiel. Ce fu dounei l’an de l’Incarnation Jhesu Crist mil deus cens witante et cink, ou mois de may.
83 [avant le 2 janvier 1287]. Sentence arbitrale arrêtée par Gérard de Saint-Omer, archidiacre de Brabant, entre Jeanne, abbesse de Denain, et le recteur de Thiant au sujet de la dîme de deux lieux-dits de Thiant.
Acte perdu, cité dans la notification faite par Gérard de Saint-Omer le 2 janvier 1287 (acte n° 84).
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Texte de la mention : ... prout in litteris compromissi super hoc confectis et sigillis parcium sigillatis plenius continetur.
84 1287 (n.s.), 2 janvier. Gérard de Saint-Omer, archidiacre de Brabant, rend, au sujet de la dîme de deux lieux-dits de Thiant (Waskiet et Happegrenee), un arbitrage entre l’abbaye de Denain et le recteur de Thiant qui contestait depuis quatre ans les droits du monastère. La dîme litigieuse est confirmée à l’abbaye et le prêtre est condamné à lui verser un dédommagement de 40 livres parisis pour l’avoir indûment perçue.
A. Original sur parchemin, hauteur 250 mm (dont repli 30 mm), largeur 180 mm ; fragment de sceau en navette de cire verte pendant sur double queue de parchemin où l’on distingue deux personnages dans un décor gothique. Lille, A.D. Nord, 24 H 17/231. Mentions dorsales : D. D’aucunes dimes de Tyans de quoi plais fu entre l’eglise de Denaing et le curet de Thians dont il en fu sentencié et ordonnet comme contenut est en cestre lettre (XVe). – N° 5 (XVIe). – 1286, 2 janvier (XVIIIe).
Universis presentes litteras inspecturis, G[erardus] de Sancto Odomaro, archidiaconus Cameracensis in Brebantia, salutem in Domino sempiternam. Noverit universitas vestra quod, cum inter religiosas mulieres Jehannam, abbatissam ecclesie Dononiensis, et ejusdem loci conventum ex una parte, necnon rectorem ecclesie de Tyans ex altera, coram Jacobo et Waltero, canonicis Beate Marie Wallecurtis, subdelegatis a viro discreto Balduino, canonico Antoniensi, judice unico a domino pappa delegato, questio verteretur super eo quod, cum dicti abbatissa et conventus, ut dicebant, essent et fuissent in possessione vel quasi juris percipiendi decimas et habendi in quibusdam terris sitis in territorio de Tyans, videlicet in loco qui dicitur a Waskiet ubi constructa est domus que fuit quondam Egidii de Tyans, et in loco qui dicitur Happegrenee quondam Willelmi dicti Despres pro tercia parte ; idem rector easdem abbatissam et conventum possessione vel quasi juris percipiendi et habendi dictas decimas in locis antedictis spoliarat asportando dictas decimas de predictis locis a quatuor annis citra easdem decimas minus juste detinendo in ipsarum prejudicium et gravamen, contendens ipsas decimas tamquam minutas ad ipsum et ejus ecclesiam ratione cujusdam edificii in eadem terra de Waskiet de novo constructi pertinere ; tandem abbatissa et conventus et rector ecclesie de Tyans memorati, pro ipsis et eorum ecclesiis in hac parte freti consilio saniori in nos tamquam in arbitrum, arbitratorem, ordinatorem seu amicabilem compositorem, super premissis compromittere curaverunt prout in litteris compromissi super hoc confectis et sigillis parcium sigillatis plenius continetur, promittentes partes supradicte, videlicet abbatissa et conventus supradicti necnon 241
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presbiter de Tyans memoratus, de consensu et auctoritate reverendi patris ac domini Guillelmi, Dei gratia Cameracensis episcopi, prestito ab eisdem partibus super hoc corporali juramento quicquid super hiis omnibus et singulis a nobis arbitratum, ordinatum, dictum seu amicabiliter compositum extiterit se inviolabiliter servaturos. Nos igitur rationibus utriusque partis auditis, fide dignorum ac juris peritorum communicato consilio et super hiis tractatu habito diligenti, personales decimas que personarum humanaruma) contemplatione solvuntur seu debuntur ad rectorem parrochialis ecclesie de Tyans in locis supradictis arbitrando pronunciamus et dicimus pertinere. Attendentes autem ex altera parte quod non debeat una et eadem terra duplici jure censeri jus percipiendi decimas et habendi prediales et reales tam majores quam minutas necnon fructuum, ovium, agnorum et aliorum animalium fetuum, sicut pro dimidia parte decime tocius terre de Waskiet antequam domus in terra construeretur memorata, percipiebat ecclesia Dononiensis et etiam in loco qui dicitur Happegrenee predicto pro tercia parte, dicimus, ordinamus et ordinando pronunciamus ad predictas abbatissam et conventum et eorum Dononiensem ecclesiam tam reales quam prediales necnon ovium, agnorum et aliorum animalium fetuum, prout supradictum est, tam in domo in eadem terra constructa quam in ipsa terra cum integritate pertinere. Et ad restitutionem decimarum tam ovium quam agnorum et aliarum decimarum ab eodem presbitero, in dictis domo et terris ab eodem presbitero perceptarum et asportatarum, immo ad restitutionem quadraginta solidorum Parisientium pro valore decimarum earundem condempnamus presbiterum supradictum super perceptione decimarum exceptis supradictis eidem presbitero perpetuum sillentiumb) imponentes. In cujus rei perpetuam firmitatem ad instantiam parcium predictarum, presentibus litteris sigillum nostrum duximus apponendum. Actum anno Domini ducentesimo octuagesimo sexto, crastino Circumcissionis Domini. a) suscrit. – b) sic.
85 1293, 11 novembre. – Mont-Saint-Eloi. Robert II, comte d’Artois, accorde protection à l’abbaye de Denain pour les biens qu’elle possède à Lauwin, dans le comté et le bailliage de Lens.
A. Original sur parchemin, hauteur 230 mm (dont repli 30 mm), largeur 235 mm ; sceau pendant perdu. Lille, A.D. Nord, 24 H 1/2. Mentions dorsales : R (XIIIe). F (XIVe) – M. Lettre de sauvegarde de Robert conte d’Artois du droit l’eglise de Denaing et des biens que elle a a Lanwing en le baillie de Lens et es aultres lieux en le contet d’Artois (XVe). – N° 5 (XVIe). – Lettre et sauvegarde de Robert comte d’Artois pour les lieux que ce chapitre a a Lauwin. 1293, 11 novembre (XVIIIe).
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Note critique : cet acte ne figure pas dans la reconstitution de l’itinéraire du comte (A. de Loisne, Itinéraire, p. 376).
Robert, conte d’Artois, a tous ses baillis, provos, menistres et serjans en sa conté d’Artois establis, ses devos salut. Comme a la priere et a la requeste de […]a) dames et honestes, l’abbaesse et […]a) de l’esglise de Denaing, por Dieu et por estre parcionnier de leur prieres et de leur oroisons, aions prins en nostre garde et en nostre protection tous les biens que elles ont en nostre conté d’Artois et le ville de Lanwin et ens apartenances en le baillie de Lens et en autres lius en nostre conté, nous vous deffendons tant com plus poons que nuns de vous soit si hardis qui a la devant dite abbaesse et convent, a leur gens ou a leur serjans face ou sueffre a faire grieté ou damage sans raison et encontre justice. Et volons et expressement vous commandons que leur biens, leur choses et leur justice et tout ce qui apartient a leur eglise et toutes leur possessions que elles ont et tiennent a droit et a raison en nostre conté d’Artois, sauve tous drois, maintenés, gardés et deffendés envers tout gent qui mal, grieté, damage, despis et vilenies feroient ou vorroient faire a l’esglise devant dite, a leur mainnie et a leur gent. Et, se il avenoit que aucuns griés leur fust fais sans raison, que vous le faciés amender et adrecier hastivement et ce faites si soingneusement qu’il ne esconviengne pas que par vostre defaute elles aient recours a nous, et que elles se puissent apercevoir que la bonne volenté que nous avons envers leur eglise leur soit porfitable, par coi elles soient plus tenues de prier Dieu por nous et por nos ancesseurs. Et por ce que vous teingniés cest nostre commandement et aemplissiés nostre volenté, nous leur avons donné ces lettres seelees de nostre seel qui furent faites en l’an de grace mil et deus cens quatre vins et treize, le jor de feste saint Martin, ou mois de novembre, au Mont Saint Eloy. a) grattage.
86 1296, juin. – Mons. Jean d’Avesnes, comte de Hainaut, dans un souci d’apaisement face aux revendications de possession de la seigneurie d’Haulchin par l’abbaye de Denain, fait à celle-ci donation en aumône de cette seigneurie contre un cens de douze deniers.
A. Original perdu.
B. Copie de juin 1296 dans une confirmation des hommes de fief du comte de Hainaut. Lille, A.D. Nord, 24 H 10/123 (acte n° 87).
Nous Jehans d’Avesnes, cuens de Haynnau, faissons savoir a tous ke, comme debas fust entre nous d’une part et religieuses dames Margerite, 243
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par la pacience de Dieu abbesse de Denaing, le couvent de ce meisme liu et leur eglise, del ordene saint Benoit, del eveskiet d’Arras d’autre part, sour chou que nous disiens et disons que li pasturages en fons et en comble et en justice c’on dist du pont Haynnuier par devant Tahonville jusques a le raisse dou Cailliel et entre le Seis et l’Escaut jusque au preit Bruniel et li pasturage aussi de Hauchin, tout ensi com il s’estendent et de lonc et de let en le pourchainte de Hauchin et es apendances, et li peskeries en Escaut juskes a le moitiet del Escaut dou leit et dou lonc, des plankes de Provi jusques au pont Haynnuier devant dit au les devers Hauchin, et toute li pesquerie ou Seis jusques a le raisse dou Cailliel, partenissent et partiennent a nous et a no contet de Haynnau ensi comme nous disiens et disons, et i eussiemes mise no main par le raison de souverainnitet et pour no droit et en fuissiemes en possession, si comme nous disiens et disons, lequele possession li abbesse, li couvens et li eglise devant dit debatoient et disoient que a elles, par le raison et le droit de leur eglise devant dite, partenoient et partiennent toutes ces coses deseure dites em proprieteit et en possession, fors le peskerie et le haute justice en le ville de Hauchin, nous, pour bien de pais et de concorde, les pasturages, les peskeries deseuredites, le pontenage, ausi les rentes, les tailles, les corvees, les amendes toutes grandes et petites en quel maniere que ce soit, le haute justice et le basse et tout chou generaument et especialment que nous avons, avoir devons et poons en ledite ville de Hauchin, es apendances, en le pourchainte, ou tieroir et es lius devant nommes, avons aumosneit et reportet en le main religieuse dame Margerite, par le grasse de Dieu abbesse de Denaing, por li et pour sen eglise de Denaing devant dite, pour bien de pais et pour le aumentation del eglise devantdite, avons donnet pour Dieu en pure aumosne et perpetuel tout le droit et toute le action que nous aviens, avons et avoir poons, si com dit est en ces coses et en cascune d’eilles. Et volons et otrions pour nous, por nos hoirs et por nos successeurs, que li eglise devantdite puist faire et faice sen preut en fons et en comble es lius deseurdis a tous jours perpetuelment sans debat de nous, de nos hoirs et de nos successeurs, ensi comme dou propre hiretage del eglise absoluement et frankement parmi douse deniers blans de cens a rendre et a paier a nous u a nos recheveurs de Haynnau cascun an, a le nativité saint Jehan Baptiste. Et amortissons les coses devant dites, que li eglise les puist tenir frankement sans nulle debite et sans nule servitute, sauf a nous le cens de douse deniers par an deseurdis, et le souverainnitet de no conteit de Haynau en toutes coses, ensi com nous l’avons sour tous les autres de no dite conteit qui ont toutes justices hautes et basses sour le leur et sauf a l’eglise, et a nous les coses deseur nommees. Et avons en convent et prometons loiaument tous ces lius et ces coses deseur nommees et cascune d’elles faire bien et bonsner et souffisamment et loiaument et desevrer dou tenement d’autrui. Et sommes dehireteit des coses devant dites et avons ahireteit l’eglise bien a loy par devant nos hommes de Haynnau, selonc les coustumes et les usages 244
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de no conteit de Haynnau ; et disent li homme et jugierent par no conjurement et par no requeste, se loist assavoir mesires Gilles dis Rigaus, sires dou Rues, mesires Jakemes, senescaus de Haynnau, mesires Gilles, sires de Bellainmont, mesires Rasses de Winti, mesires Sohiers de Bevene, castellains de Mons, mesires Tyeris dou Rues, mesires Bauduins de Monteigni, mesires Nicholes, sires de Houdaing, mesires Gilles Povretés, mesires Jehans Sausses, sires de Boussoit chevaliresa), Willaumes de Perfontainne, Willaumes de Ressais escuier et Jehans de Biaufort, nos clers, que nous en sommes bien dehireteit et a loy des coses et del heritage deseur dis et li eglise de Denaing devant dite bien ahiretee et a loy, as us et as coustumes de no conteit de Haynnau devant dite. Et pour chou que toutes ces coses et chis deshiretemens et li ahiretemens et cos devisees deseur dites et escrites et cascunne d’elles et li aumosne deseur dite demeurent fermes estaules et bien tenues loiaument et perpetuement et a tous jours, nous prometons par foi et par sairement en le presense de nos hommes devant nommés a ledite eglise pour nos hoirs et pour nos successeurs expressement que jamais desore en avant contre ces coses et ces convenances ne venrons, ne en tout ne en partie ne ferons venir, ne ne querrons art, engien, maniere, ne okoison par nous ne par autrui ne ferons querre par quoi ces coses toutes ensi com elles sont chi deseure devisees soient retraities, amneries, empechies, epirees ne destourbees. Et les avons en convent bien et loiaument a warandir a le dite eglise a tous jour comme sires soverains de le tiere et dou pais. Et a tout chou tenir, warder et aemplir paisiulement, quittement et perpetuelment, oblegeons nous, nous, nos hoirs et nos successeurs contes de Haynnau, et renonchons quant a toutes ces coses et a cascune d’elles pour nous, pour nos hoirs et por nos successeurs, a toute aiuwe de droit escrit et non escrit de fait de loy et de coustume, de usage de liu, de ville et de pais et a toutes barres et a toutes autres deffenses, raisons, plais de crestienteit et de loy mondainme et a toutes autres coses qui nos poroient aidier et valoir, nos hoirs et nos successeurs, et a ledite eglise grever es coses devant dites. Et pour chou que toutes ces coses devant dites soient fermes et estaules, nous avons ces presentes lettres seelees de nos propre saial et delivrees a l’eglise devant dite, ki furent faites et donnees a Mons en Haynnau en l’an de grasse mil deus cens quatre vins et seze, ou mois de juin. a) sic B.
87 1296, juin. – Mons. Treize hommes de fief de Jean d’Avesnes, comte de Hainaut, confirment que ce dernier a fait donation en aumône à l’abbaye de Denain de la seigneurie d’Haulchin contre un cens de douze deniers et vidiment l’acte donné à ce sujet par le comte. 245
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A. Original sur parchemin, hauteur 430 mm (dont repli 20 mm), largeur 270 mm ; sur 13 sceaux, 8 subsistent dont 4 complets. De gauche à droite : sceau rond de cire brune (diamètre 80 mm), type équestre ; légende S . EG[...] [...]ODIO ; contre-sceau représentant un écu à trois lions ; légende : + CONTRA . SIGILLI . DOMINI . DE . RODIO (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 1521) ; sceau rond de cire brune (diamètre 63 mm) représentant un écu fascé de vair et de gueules de six pièces ; légende : + SIGILLVM . EGIDII . DOMINI . DE . BERLANOMONTE (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 560) ; un sceau rond de cire brune (diamètre 45 mm), type équestre ; légende : + S . SOHIER . DAINGIEN [.]ASTELAIN . DE . MONS ; contre-sceau représentant un écu fruste ; légende : + S . SECRETI (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 5560) ; sceau rond de cire brune (diamètre 40 mm) représentant un écu portant trois lions au lambel de quatre pendants ; légende : + S . TERRICI . DE . RIODIO . MILITIS (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 1522) ; sceau rond de cire brune (diamètre 40 mm) représentant un écu burlé au franc canton ; légende : + S . BAVDVIN . DE . MONTINI . CHEVALIER . SIRES . DAIBES (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 1349) ; sceau rond de cire brune (diamètre 40 mm) représentant un écu portant aigle à queue fleurdelisée à la bande denchée brochant dans une rose à six feuilles ; légende : + S . NICHOLAI . DE . HOVDAING . MILITIS ; contre-sceau représentant un écu aux armes de la face ; légende : + S . NICOLES . DE . HOVDAIN . CEVALIER (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 1109) ; sceau rond de cire brune (diamètre 40 mm) représentant un écu portant une croix recercelée accompagnée de trois dragons dans le champ ; légende : + […] IOH[…] AVSAIT . M[I]LIT[I]S . D[OMI]NI . DE . BOVSOIT (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 641) ; sceau rond de cire brune (diamètre 25 mm) représentant une tête d’homme de profil ; légende : […]IOHANNIS . DE . BELLOFORTI CL[ERIC]CI (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 6309). Lille, A.D. Nord, 24 H 10/123. Mentions dorsales : Lettre seellée de plusieurs chevaliers et aultres faisant mention qu’ils furent presents com homme de fief a Jehans d’Avesnes comte de Hainaut la u il lidit conte dona et ottria en aumosne a l’eglise de Denain les pasturages, peskeries et le pontenage, les rentes, les tailles, les corvées, les amendes grandes et petites de Haulchin, haute justice et le basse et tout ce qu’il avoit en le pourchainte et terroir d’Haulchin et s’en deshirta et en fit lidite eglise par le jurement de ses hommes adireté ensi qu’il appert par ces lettres seelées (XVe). – N° 20 (XVIe ). – 1296 au mois de juin (XVIIIe).
Nous Gilles dis Rigaus, sire dou Rues, Jakes, senescaus de Haynnau, Gilles sires de Bierlainmont, Rasse de Winti, Sohiers de Bevene, castellains de Mons, Tyeris dou Rues, Bauduins de Montingni, Nicholes sires de Housdain, Gilles Povretés, Jehans Sausses, sire de Boussoit chevalier, Willaume de Perfontainne, Willaume de Ressais escuier, et Jehans de Biaufort, clers, homme de fief et tres noble Jehan, conte de Haynnau, faisons savoir a tous chiaus ki sont et a venir sont que nous fumes present et pour chou apielet a Mons en Haynnau ou mois de jun comme homme de fief no tres noble et chier signeur devant dit conte de Haynnau, en l’an del incarnation de no chier signeur nostre Signeur Jhesu Crist mil deus cens quatre vins et seze, la u nos tres chiers sires devant dis donna et ausmona pour Dieu en pure ausmone et perpetuel al eglise de Denaing, pour lui et pour ses hoirs et pour ses sucesseurs, les pasturages, les peskeries, le pontenage, les rentes, les tailles, les corvees, les amendes toutes grandes et petites en quel maniere que ce soit, le haute justice et le basse et tout chou generaument et 246
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especialment que il avoit, avoir devoit et pooit en le ville de Hauchin et es apendances en le pourchainte et ou tieroit de Hauchin devant dis, et la u il l’aumosna et reporta en le main religieuse dame Margerite, par la grasse de Dieu abbesse de Denaing, pour li et pour sen eglise de Denaing devant dite et se desireta nos chiers sires devant dis par devant nous, bien et a loy, des coses devant dites et aherita l’eglise de Denaing. Et desimes et jugames par le conjurement et par le requeste de no tres chier signeur conte de Haynnau devant dit que il en estoit bien desiretés et a loy des coses et del hiretage deseure dis et li eglise de Donaing devant dite bien ahiretée et a loy ensi com il est plus plainement contenu es lettres et en le chartre qui de chou et pour chou sont faites et escrites et saielées dou saiel nostre chier signeur Jehan, conte de Haynnau devant dit, lesquelles lettres nous veismes pendans et le saiel sans visse et nient cancelées, ne mal mises, ne corrompues en nule parties d’elles et toutes entires en le forme qui chi apries s’essuit. (Suit l’acte n° 86). Et nous li homme devant dit, a le requeste de nos tres chier et noble signeur Jehan, comte de Haynnau souvent nommet, en tiesmoingnage, en seurté et en fermeté de ces coses deseur dites et en verité, avons pendus nos saiaus a ces presentes letres faites et données l’an de grasse mil deus cens quatre vins et seze, ou mois de juin.
88 1297, 22 avril. Baudouin d’Auberchicourt et Pierre Li Jumiaus, bailli de Hainaut, rendent un arbitrage entre l’abbaye de Denain et Arnoul d’Enghien qui accuse les religieuses de ne pas respecter l’accord conclu au temps de son père et de ne pas avoir produit un acte de l’évêque d’Arras qui justifiait leurs droits sur l’Escaut et les moulins de Denain. Les religieuses ont pris de la terre au Daybiert pour rehausser leurs écluses en usant d’une barque pour ce faire. Elles ont emprisonné un homme pris dans l’Escaut, là où Arnoul affirme avoir droit de justice. Elles ont aussi mobilisé des hommes qui dépendaient de lui. Elles ont abaissé les ventailles de leurs moulins et établi des clôtures qui ralentissent le débit du fleuve. Elles se sont aussi approprié plusieurs lieux plantés de saules qu’elles ont fait couper. Arnoul est finalement débouté. En cas de non-respect des décisions, une amende de deux cents livres sera versée, moitié au comte, moitié à la partie lésée.
A. Original sur parchemin ; hauteur 450 mm (dont repli 50 mm), largeur (630 mm) ; à gauche, sceau rond de cire brune pendant (diamètre 25 mm) représentant un écu portant un chef d’hermine à la bordue engrêlée ; légende usée (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 441) ; à droite, sceau perdu. Lille, A.D. Nord, 24 H 12/138. Mentions
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dorsales : C. Letre seele de monsigneur Bauduin d’Aubrechicort, de Pieres li Jumel bailli de Haynau, arbitres sur le discord d’entre monseigneur Ernoul d’Enghien, seigneur de Blaton, fil monseigneur Ernoul et le glise de Denaig du droit des ventailles des moulins qu’on avoit abaissiet, den droit aussi qu’il disoit a lui devoir appartenir vues les lettres de l’evesque d’Arras si qu’il appert par l’ordenance et autre lettre par l’evesque de Cambrai et le contesse Marguerite encore qu’il disoit que li eglise avait plaint sur les devant li cours de l’euwe estoit empechié. Et den droit plusieurs coses a le cure desquelles ledit sire de Blaton mettoit empechement de […]n le possession de ledite eglise. En fu dit et sentenciet par lesdits arbitres qu’ils conservoient les lettres de sentence dudit evesque d’Arras et de Cambrai et aultre sur ce rendu et que il devoit goir de ces possession et que a tort lidit sire les enverchoit ensi que ce et nulle cose devisiée apparent plus plainement par ces […] (XVe). – N° 106 (XVIe). – 1297, 12 avril (XVIIIe).
Nous, Bauduins de Aubrechicourt chevaliers, sires de Berniersart, et Pieres li Jumiaus, adont baillius de Hainau, faisons savoir a tous chiaus ki ces presentes lettres verront u orront ke, comme debas et controversie jadis fuissent meut entre religieuses dames medame l’abbesse et le convent de Denaing d’une part, et medame Aniés, medame Gillain, monsigneur Ernoul d’Ainghien, medame Ysabiel se femme, fille medame Aniés devant dite, d’autre part, liquel debat et content furent esclarchit et determinet par tres nobles persones monsigneur Nicholon, par le grace de Dieu adont eveske de Cambrai, medame Margerite, contesse de Flandres et de Hainau, et monsigneur Bauduin d’Avesnes, signeur de Beaumont, fil medame Margerite devant nommee, ensi com il est clerement contenut es chartres ki faites en sont, sailees des saiaus les devans dis arbitres et les parties devant nommees, mesires Ernous d’Ainghien chevaliers, sires de Blatton, fius monsigneur Ernoul devant nommet, de nouvel leur mouvoit debas et enpechemens contre le chartre et l’acorde devant dite ; de chou ke il disoit ke li abbesse et li convens davant dit lui devoient livrer unes lettres sailees dou saiel l’eveske d’Arras par le vertu dou premerain dit devant nomme dont il disoit ke li eglise et elles en estoient enkeues en le paine de chiunc cens mars, de chou ke il disoit ke li eglise devant dite avoit les ventailles de ses moillins abassiés ou prejudisse et ou damage de lui et de ses gens ; sour chou k’il disoit ke lidite eglise avoit planté et clos sur les rivieres, pour quoi il disoit ke li cours de l’iaue en estoit empechiés et les rivières estraintes et assanties de tiere et de plantins dont lidite eglise gouoit et coupoit ; de chou ke il disoit ke li eglise avoit menés et fait mener leur hommes en ost et en chevauchie, ke faire ne pooient, si com il disoit, ains les i devoit mener ; sour chou ke li devant dis mesires Ernous disoit ke li eglise avoit pris un homme en l’iawe del Escaut, leur il disoit k’il avoit le signerie et le justice s’en demandoit a estre resaisis ; de chou ke il disoit ke li eglise ne pooit prendre point de terres ou marés des vaskes, tout ensi com il s’estent deseure les moillins duskes au ponchel des vakes et tout au les devers Douci pour retenir et refaire leur escluses dont li eglise usoit et esploitoit ; de chou ke li eglise avoit tous jours uset de mener leur navie et leur terre et leur croon pour refaire leur escluses devant dites, parmi un fosset ki est et a estet tous jours ou marés k’on apele 248
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Daybert et le pooient niier et fourbir a leur volenté pour leur navie maintenir, lequele chose mesire Ernous leur debattoit ; et de chou ke lidite eglise avoit pluisseurs saus entre le riviere et le maison ki fut monsigneur Jehan Bede, lesqueles mesire Ernous leur debatoit et disoit k’a lui apertenoit. En le part de fin, les parties devant dites se misent sour nous de haut et de bas et promisent, sur le paine de deus cens livres de Parisis, ke il tenroient no dit et no ordenanche, en tele manire ke cis ki iroit encontre no dit et no ordenanche seroit atains des deus cens livres devant dites dont mesires li cuens de Hainau aroit les cens livres et li partie ki no dit tenroit les autres cens livres et pour chou ne demoroit mie ke li dis ne fust tenus. Aprés, nous, arbitre devant nommé, consilliet et enformet de le droiture des deus parties, et en le presence d’elles requerans ke nous desisiens no dit, disons, prononchons et ordenons, selonc le loial aprise ke nous en avons faite, ke li devant dis mesire Ernous, les debas et empeechemens k’il mouvoit et avoit meus contre ledite eglise, a tort les avoit fais et sans cause raisnaule, car c’est clerement li droiture et li iretages del eglise et ke, en tous ces lius et les apertenanches, li eglise puet user, esploitier, justichier et faire tous leur pourfis et leur aesemens, haut et bas, en fons et en conble, perpetuelment sans jamais riens dire encontre de monsigneur Ernoul, de ses hoirs ne de ses successeurs. En sur ke tout, toute le charte entirement et les articles, cascun a par lui, ki est sailee des saiaus des nobles persones devant nommees, liquelle fait expresse mention des choses devant dites, nous le aprovons et confirmons pour ledite eglise et prononchons k’a sen droit, li eglise devant dite en usoit et esploitoit et ke li devant dis mesire Ernous leur debattoit sans cause et sans raison. Et s’il avenoit ke li devant dis mesire Ernous u aukuns de ses tenaules s’estendesist u avanchast sur les rivieres u sur aukunes des choses devant dites u les apertenances en faisant closin u quelconkes autre empechement plus avant ke ore ne soit, nous disons ke ce soit ostet et mis a nient, car che seroit contre le droiture del eglise ; pour chou ke li eglise devant dite avoec le droit kemin k’elle a pour li et certains poins de chartre, ki leur droiture leur aproeve et aiage a uset, gouit et esploitiet pasiulement de toutes les choses deseure dites par tel tans ki leur doit valoir a avoir aquis droite proprieté et souffissant saisine. Et temoingnons au devant dit monsigneur Ernoul ke il, si oir ne si successeur, jamais ne viengnent ne ne mechent empeechement contre les choses devant dites ne aukunes d’elles car, en toutes les choses deseure dites et es apartenances, il n’a droiture ne raison pour lui ne pour ses hommes. Et tantost ke nous euismes dit no dit en le manire k’il est deseure contenut, les parties deseure nommées le greerent, loerent et otroirent et s’en tienrent a bien paiet et nous requisent et prirent ke nous vousisiens pendre nos saiaus a ces presentes lettres pour loial souvenanche. Et nous, Bauduins de Aubrechicort chevaliers, sires de Berniersart, et Pieres li Jumiaus, adont baillius de Hainau, arbitre devant nommet, faisons savoir a tous ke toutes ches choses deseure dites sont loiaus 249
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et droiturires et, pour chou ke elles ne puissent estre empirees, violees ne amenries, nous avons ches presentes lettres sailees de nos propres saiaus ki furent faites et donnees l’an de grace mil deus cens quatrevins dis et siet, le lundi apres le octave de Paskes.
89 1297, 9 mai. Arnoul d’Enghien notifie la vente à l’abbaye de Denain des droits d’eau et de pêche qu’il détenait sur l’Escaut, sur son affluent la Selle et sur les bras qui alimentent les moulins de Denain.
A. Original sur parchemin ; hauteur 450 mm (dont repli 60 mm), largeur 630 mm ; sceau rond de cire brune (diamètre 45 mm) d’Arnoul d’Enghien pendant sur double queue de parchemin, représentant un écu gironné de dix pièces, cinq girons chargés chacun de deux croisettes au lambel de quatre pendans ; légende : IERNOVL DAINGIEN (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 820) ; contre-sceau. Lille, A.D. Nord, 24 H 12/139. Mentions dorsales : H. Lettre dou vendage par monsigneur Ernous d’Enghien a l’abbesse et couvent de Denaing du droit toutes les yauwes et peskeries qu’il avoit en le riviere d’Escault en sen droit cours et hore ossi dessous et dessus les molins de Denaing devant ledite ville (XVe). – 1297, 4 mai (XVIIIe).
Jou, Ernous d’Ainghein chevaliers, sires de Blatton, fach savoir a tous cheaus ki ces presentes lettres veront u oront ke jou, pour men grant pourfit apparant, sans nulle dechevanche, ai vendu et clamet quite bien et loiaument par juste pris et par loial vendage dont je me tient bien asols et apaiet a religieuses dames et honestes medame Margerite, par le grasse de Dieu abbesse de Denaing, et au convent de che meisme liu, toutes les iawes et les peskeries ke jou avoie u avoir pooie en le rivire d’Escaut, en sen droit cours et hors de sen droit cours, desous les moillins de Denaing et deseur, dedens le vile de Denaing et dehors, en le droite rivire et es bras de le rivire et generaument tout si avant comme jou u mi predecesseur l’avons uset, maniet et esploitiet en quelconkes lius ke ce soit. Et se ens es dis lius je avoie aukune autre droiture quele ke elle soit en fons, en justice u en signerie, en deuves, en escluses apertenans as iawes devant dites u en queconkes autre manire ke ce soit, se doit il demorer tout al eglise devant dite par non del achat devant dit. Et doit on encore savoir ke, comme debas fust entre le dite eglise d’une part et mi d’autre part d’endroit le rivire de Seies leur je demandoie en aukune partie le peskerie, je fach savoir a tous ke toute le droiture ke jou i avoie u pooie avoir en quelconkes manire ke ce fust, soit ou cours de l’iawe, en peskerie, en trefons, en justice, en signerie u en quelconkes autre manire ke che soit, doit demorer et estre pasiulement a l’eglise devant dite avoec les autres choses devant nommees comme leur boins iretages. Et a toutes les choses devant dites et chascune d’elles, je renonche et 250
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ai renonchiet expreseement a tous jours, pour mi et pour mes hoirs et pour mes successeurs, de men boin gret et de me boine volenté, sans forche et sans constrainte et pour men grant pourfit apparant, et les ai werpies, reportees et m’en sui desiretés bien et a loy en le main tres noble prince et men chier signeur monsigneur le conte de Hainau, une fie et autre et tierche, et di ke droit n’i ai puis che jour en avant. Et promech et ai enconvent loiaument et en boine foi ke jamais contre les choses devant dites je ne venrai, contredirai, molesterai, empecherai ne ensoingnierai par mi ne par autrui. Et voel et m’assenc et drois est ke li dite eglise, en tous les lius devant nommés et les apertenanches des rivières devant dites, puist faire tous ses aesemens et ses pourfis haut et bas, en fons et en comble, tout a se volente sans jamais demander i droiture pour mi, pour mes hoirs, ne pour mes successeurs. Et est asavoir ke mi hoste et mi tenauele puent retenir les deuves des iawes encontre leur tenances ensi comme elles sont ore et ne doit li devant dite abbesse faire chose ki grieve a mes hostes ne a mes tenaueles. Et se il avenoit ke aucuns, ki ke che fust, a le devant dite eglise mesist u fesist debat u empechement es choses devant dites u en aukune de elles, je leur promech et ai enconvent a conduire et a warandir et faire porter pasiuele duskes a le loy et le coustume dou pais. Et a toutes les choses deseure dites et cascune de elles, en tous poins et en chascun article, tenir et aemplir fermement a tous jours sans jamais empechement metre ensi com il est deseure contenut, jou oblige mi, mes hoirs et mes successeurs et mes biens et les biens de mes hoirs et de mes successeurs, par tout u ke il soient, et prie et requier a tres noble prince et tres poissant et men chier signeur monsigneur le conte de Hainnau ke il, comme sovrains de le tiere, me destraingne mes hoirs et mes successeurs a tenir toutes les choses devant dites et chascune d’elles, se nous en estiens en defaute u encontre. Et pour chou ke toutes ches choses ensi comme elles sont deseure devisees et ordenees, toutes ensanle et chascune, a par li demeurechent permanauelement sainnes et en leur vertu et ke elles, par aukun engien, ne puissent estre empechies, violees ne amenries, je renonche expresseement pour mi, pour mes hoirs et pour mes successeurs, a tous jours a toutes exceptions, a toutes dilations, a toutes fuites, a tous engiens, a toutes actions personneles u reeles, restitutions, lesions, a toutes coustumes et estatus de vile u de païs, a tous privileges de personne u de cause, a toutes indulgences, a toutes grasses empetrees u a empetrer, a tous estatus venus u a venir, a tous privileges de crois prises u a prendre, a chou, ke je ne puisse mie dire ke j’ai de riens estet dechus au droit ki dist ke generaus renonciations ne soufist mie a tous respis de roi u d’autre prince, d’apostole u d’autre prelat et generaument et especiaument a toutes raisons, allegations ki poroient estre dites ne proposees de droit, de loy u de fait ki mi, mes hoirs et mes successeurs poroient aidir u tenser contre le teneur de ces lettres et le devant dite eglise grever u nuire. Et pour chou ke toutes ches choses soient fermes et estaules, j’ai ces presentes lettre sailees de men 251
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propre saiel, en confirmation et en tesmoingnage de verité, donnees et otroiies l’an de grasse mi deus cens quatre vins et dis siet, le diwes aprés le invention de sainte Crois.
90 1297, 9 mai. Pierre Li Jumiaux, bailli de Hainaut, notifie la vente à l’abbaye de Denain des droits d’eau et de pêche qu’Arnoul d’Enghien détenait sur l’Escaut, ses bras et son affluent la Selle, à la hauteur des moulins de Denain.
A. Original sur parchemin ; hauteur 350 mm (dont repli 50 mm), largeur 550 mm ; quatre sceaux sur double queue de parchemin ; de gauche à droite : sceau rond de cire brune (diamètre 25 mm) ébréché, représentant un écu portant un chef d’hermine à la bordue engrêlée ; légende effacée : […] JVMIAV […] (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 441) ; sceau rond de cire brune usé (diamètre 25 mm) ; sceau rond de cire brune (diamètre 45 mm), type équestre ; légende : + S . SOHIER . DAINGIEN [.]ASTELAIN . DE . MONS ; contre-sceau représentant un écu fruste ; légende : + S. SECRETI (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 5560) ; fragment de sceau rond de cire brune ; sceau rond de cire brune (diamètre 25 mm), représentant un écu portant chevron ; légende détruite : […] COLAR[…]. Lille, A.D. Nord, 24 H 12/140. Mentions dorsales : A. Lettre contenant que monseigneur Ernoul d’Enghien sire de Blaton venu pardevant Pierre le Jumiel bailli de Hainaut et les hommes de fief a monseigneur de Hainau et […] d’un fief qu’il tenoit dudit seigneur de Hainaut gisant en pluisieurs parties telles que en euwes, peskeries, treffons, justices et signouries que lidit sire Ernoul en le riviere d’Escaut a ce bras de celui riviere courant desous et dessus les moulins de Denaing et en le riviere de Seys et en plusieurs membres et les raporta en le main doudit bailli liquele tantost en advesti et ahireta l’abbesse de Denain ou non de sen eglise si qu’il appert par ces lettres.
Nous, Pieres li Jumiaus, adont baillius de Hainnau, faisons savoir a tous chiaus ki ces presentes lettres veront u oront ke nous, par le commandement especial de tres haut prince et tres noble et no tres cier signeur monsigneur Jehan d’Avesnes, conte de Hainnau, ki nous donna plain pooir par ses lettres pendans sailees de sen propre saiel ensi comme de rechevoir en sen liu et en sen non et de par lui les desiretemens de toutes les iawes et les peskeries, le treffons, le justiches et le signerie et toutes les appendances et les apertenanches ke nobles cevaliers mesire Ernous d’Ainghein, sires de Blatton, tenoit, avoit et avoir pooit de tres noble prince monsigneur de Hainnau devant nommé en le riviere d’Escaut et es bras de celi riviere, courant deseure les molins de Denaing et desous, et es toutes les appendances de celi aiwe et de rekief de le peskerie des iawes, de le justiche de le signerie, dou treffons et de toutes autres droitures ke il avoit u avoir pooit en le riviere de Seys, en quelconques maniere ke ce fust, ensi com il est clerement contenut es lettres ki de chou sont faites, sailees des saiaus noble homme monsigneur Baudouin d’Aubrechicourt chevalier, et le no, ki fumes arbitre des choses 252
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devant nommees, et es lettres ki sont sailees des saiaus monsigneur le conte et monsigneur Ernoul deseure nommés, et de aïreter et de reporter le devant dit yretage en le main de religieuse dame et honeste medame Margeriete, par le grasse de Dieu abbesse de Denaing, pour sen eglise et de mander et commander par ses hommes ki requis en seroient, ke il fuissent avoec nous Pieron, bailliu devant dit, et obéissent a nous pour faire le besoingne devant dite ausi avant com il feroient a lui, se il en estoit presens, tant ke li eglise devant dite en fust bien et loiaument ayretee de le peskerie et des iawes et de le justiche et des appendanches deseure dites a tous jours sans venir encontre. Et nous Pieres li Jumiaus devant nommés, par le vertu et le auctorité dou commandement devant nommé, ensi com il est contenut es lettres monsigneur de Hainnau devant dit, sailées de sen propre saiel ke nous fesimes lire et monstrer pendans et overtes par devant ses hommes de fief, c’est a savoir monsigneur Bauduin d’Aubrechicourt, monsigneur Soier d’Ainghein, monsigneur Willame d’Auterive chevaliers et Colart le Tailleur escuier, li quel homme, conjuré de par nous, disent ke bien poiens et doiens rechevoir le deseritement de le peskerie et des iawes et de le justiche et des appendanches devant dites de monsigneur Ernoul devant nommé. Apres l’ensaignement et le dit des hommes devant dis, mesire Ernous devant nommés reporta en no main le yretage, les iawes, les peskeries, le justiche et les apertenanches devant dites et se desireta bien et a loy. Et apres chou, nous conjurames les hommes devant dis ke il desissent se mesire Ernous en estoit bien deserités et a loy, li quel respondirent ke mesire Ernous en estoit bien desiretés et a loy et ke tant en avoit fait ke il ne avoit mes nul droit, ne il, ne si oir, ne successeur. Et disent encore conjuret par nous, ke bien en poiens medame l’abbesse devant dite pour li et pour sen eglise de Denaing aïreter des choses deseures dites. Et aprés chou, nous, le yretage devant dit et les apertenanches entirement reportames en le main medame Margariete, abbesse devant nommee, pour li et pour sen eglise devant nommee, et l’en aÿretames bien et a loy. Aprés li homme devant dit conjuret de par nous ke il desissent et nous ensignassent se li dite abbesse, pour li et pour sen eglise devant nommee, en estoit bien aÿretée et a loy, disent et reportèrent ke li abbesse et li eglise devant dites en estoient bien aÿretées et a loy. En tesmoingnage de la quele chose et en seurté, nous Pieres li Jumiaus, adont baillius de Hainnau devant nommés, avons pendu no saiel a ces presentes lettres et prions et requerons de par monsigneur le conte devant nommet as hommes devant dis ke il voillent pendre leur saiaus a ces presentes lettres avoec le no en connisance et en tesmoingnage de verité. Et nous Bauduins d’Aubrechicourt chevaliers, sire de Bierniersart, Soiers d’Ainghein chevaliers, castelains de Mons, Willames d’Auterive chevaliers et Colars li Taillieres escuirs, homme monsigneur de Hainnau devant nommet, a le requeste et a le priiere dou bailliu et des parties devant nommés, avons pendus nos saiaus a ces presentes lettres en connisanche et en tesmoingnage de 253
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verité. Donnees l’an de grasse mil deus cens quatre vins et dis siet, le diews aprés le invention de sainte Crois ou mois de mai.
91 1298 (n. s.), 6 février. Notification de la cession en fief à l’abbaye de Denain par Jacques de Haunines et sa femme Jakemarde de cinq muids et un huitel de terre en différents lieux-dits entre Haulchin et Thiant.
A. Original sur parchemin, hauteur 305 mm (dont repli 70 mm), largeur 290 mm ; six sceaux de cire brune pendant sur double queue de parchemin ; de gauche à droite : sceau rond usé (25 mm), représentant un écu ; légende détruite : [...] GILLE [...] ; fragment de sceau en navette ; fragments de deux sceaux ronds ; sceau rond (25 mm) représentant un écu ; légende ébréchée : [...] HVON RVET[...]. Lille, A.D. Nord, 24 H 10/124. Mentions dorsales : […] par devant le bailli et hommes de l’eglise de Denaing li abbesse de Denaing en nom del eglise fu ahirté d’un fief on tieroit de Hauchin contenans V muis et I witel de terre pau plus pau mains qui giust entre Tians en plusieyrs lieux si come a Gaire, as Fossiaus, au sentier on lke voie asson a Hauchin, en Gerlaincort, a Cauchon fontaine, au Racat Notre Dame, a l’Espinette, au prêt a Wikiere, a Wahrines, en le voie de Haspres et ou Tilloit. – N° 15(XVIe).
Nous Gilles Brouche, chevaliers, maistres Gilles, provos del eglise le mere Dieu de Wallecourt, Phelippes de Prouvi, escuiers, homme medame . . l’abbesse de Denaing, Mahius de Caudri, chevaliers, Jehans d’Oisi, chevaliers et Hues de Ruet, escuiers, homme tres noble prince monsigneur Jehan d’Avennes, conte de Haynau, prestet comme homme a medame l’abbesse devant dite de par Pieron le Jumiel, adont bailliu de Haynau, qui le pooir en avoit par le vertut de se baillie, faisons savoir a tous chiaus qui ces lettres veront et oront ke Jakemes de Hannines et medame Jakemarde, se femme, fille monsigneur Bauduin Caron d’Engliemares, jadis chevalier, et fille de medame Gille, se femme, se fesissent droit hoir especiaument de V muis et I witel de terre, pau plus pau mains, liquelle terre gist ou tieroit de Hauchin entre Tyans et Hauchin, c’est assavoir a Glaire as fossiaus, au sentier en le voie assonc Hauchin, en Gerlaincort, a Cauchonfontaine, au Racat Nostre Dame, a l’Espinette, au pret a Viskiere, a Warlimés, a le voie de Haspre et ou Tiulloit entre le court del eglise de Denaing, par devant medame l’abbesse et nous, hommes devant nommés, et la s’aparussent comme droit hoir et offrirent cors et mains pour le fief et le terre devant dite a medame l’abbesse Marguerite, adont abbesse de Denaing, et nous, hommes devant nommés, et requisent a li qu’elle receust en se foi et en sen hommage et qu’elle le mesist en sasinne et en possession de l’iretage devant dit comme drois hoirs. Et sour chou, medame li abbesse, consellie pour li et por se glise, rechut en se foi et en sen hommage les devant dis medame 254
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Jakemarde et Jakemon de Hannines, sen baron, de tout l’iretage devant dit et les mist en le saisinne dou dit hiretage bien et a plain, selonc les us et les coustumes dou païs. Et apriés chou, li devant dite medame Jakemarde, de par cui li hyretages venoit, et Jakemes, ses maris, saisi et viesti et em possession paisiule mis, furent requis de medame l’abbesse, pour li et por l’eglise, qu’il werpesissent, raportassent en se main le terre devant dite, et li devant dite medame Jakemarde et ses maris werpirent, reporterent, une fie et autre et tierce, de leur bon gret et de leur boine volentet, sans force et sans constrainte, toutes V muis et I witel de le terre devant dite en le main medame l’abbesse Margerite, pour li et pour sen eglise ahireter comme de leur bon hiretage, et conneurent que nul droit n’i avoient puis ce jour en avant. Et le raport fait en ceste maniere bien et a loi, li devant dite medame l’abbesse conjura nous, hommes devant dis qui pour chou i fumes especiaument apiellet, que nous desissiens se li devant dite dame Jakemarde et Jakemes de Hannines, ses barons, en estoient bien et a loi desiretet, et se nous i saviens raison ne empeechement, about ne assenne en l’iretage ne ens es persones par quoi li devant dite eglise ne peuist i estre ahiretee bien et a loi. Et nous, homme sour chou conjuret, de signeur certainement nommet, enformet, desimes par jugement que li devant dit medame Jakemarde et ses maris avoient oirs vivans de leur propre char, estoient bien et a loi desiretet de tout l’iretage devant dit por medame l’abbesse devant dite ahireter, pour li et por sen eglise, et que nous n’i saviens raison ne empechement en l’iretage, ne ens persones devant dites, par quoi on n’en peuist bien et a loi ahireter l’eglise devant dite, ensi que dit est, et que tant en avoient fait medame Jakemarde et ses maris qu’il n’i avoient nul droit des ore en avant, et dont en fu medame l’abbesse et li eglise ahiretee, bien et a loi et saisie, selonc le jugement devant dit. Et de rekief nous, li homme devant dit, fumes conjuret se, selonc le raport et les jugemens devant dis, se li eglise en estoi bien ahiretée et saisie et a loi pour goïr et emporter permenaulement a tous jours comme de leur bon hiretage. Et nous, sour chou conjuret conselliet, desimes et raportames par jugement que medame li abbesse et li eglise devant dite en estoit bien ahiretee et a loi et saisie selonc les us, le loi et le coustume dou païs. A toutes ces coses faire fu comme sires medame li abbesse de Denaing devant dite, et si i fumes nous deseure nommet comme homme del eglise ensi com il est deseure contenut : messires Gilles Brouche chevaliers, maistres Gilles, provos del eglise Nostre Dame de Wallecourt, Phelippes de Provi ; et comme no per Jehans Frotaus de Ruet et Bauduins de Douai ; et comme bon crestien Robiers de Bermerain, Tieris dou Casteller, Jehans ses freres de Mafles, Tumas de Caudri, Sohiers de Bleki, Gilles li Clers, Willaumes li Panetiers, maires medame, Lambiers Courtesie, Sandrars des Moulins, Jehans li Vallans, Jakemes Qualle et Jehans dou Fait. Et pour chou que toutes ces coses soient fermes et estaules, nous Gilles Brouche chevaliers de Denaing, maistres Gilles provos de Wallecort devant 255
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dis, Phelippes de Provi, homme medame l’abbesse devant dite, Mahius de Caudri chevaliers, Jehans de Oisi chevaliers et Hues de Ruet escuiers, qui a toutes ces coses fumes apiellet a le priere et a le requeste des parties devant dites, avons pendus nos saiaus a ces presentes lettres pour loial souvenance et en confirmation de verité, qui furent faites et donees en l’an del Incarnation nostre Signeur Jhesu Crist mil deus cens quatre vins et dis siet, le diuues de la purification Nostre Dame.
92 1299, 28 mai. L’abbesse de Denain notifie la donation de quatre huitels de terre à Denain contre un cens annel de quatre livres faite au profit de Jeanne et de son frère Mathieu d’Escaudain.
A1. Original (chirographe) non retrouvé. A2 Original (chirographes en haut et en bas ; partie basse en haut, partie haute en bas ; légende : CHIRO) sur parchemin, hauteur 160 mm, largeur 175 mm ; non scellé. Lille, A.D. Nord, 24 H 12/141. Mentions dorsales : Ce contre escrit wardent eskievin medame l’abbesse de Denaing en leur huge de IIII witelees de terre arente as enfans Gillon Leveske d’Escaudaing seans ou Quaihel [effacé] (XIVe) et se fit Huars dou Panis leur pere par devant eskevins (XVe). – 1299, 28 mai (XVIIIe). A3. Original (chirographe) non retrouvé.
Sachent tout chil qui sont et qui avenir sont que medame li . . abbesse de Denaing et li convens de ce mesme liu ont arentet et donnet a rente a Jehennain et a Mahiu se frere, emfans Gillion c’om dist l’Eveske d’Escaudaing, quatre witelees de tiere, a le mesure d’Ostrevant, qui est l’eglise sainte Raimfroie de Denaing, seans ou Quailliel, c’om dist as Causfours, tenant an kemin au les devers le maison Colart le Panetier, par tel maniere qu’il ne pueent devenir bourgois de franke ville, de bourk ne de castiel. Et se c’estoit cose qu’il le devenissent, il ne autre qui le manoir tenroient, il aroient fourfait l’iretage et le manoir, et le poroit medame et li eglise reprendre comme se bon yretage. Et pour ces quatre witelees de tiere devant dites, doient et ont en convent a rendre et a paier Jehenne et Mahius devant dit, caskun an, au jour de grandes Paskes a medame l’abbesse et au couvent devant dit quatre livres de blans u monnoie au vallant. Encore pueent Jehanne et Mahius avoir leur four devens le manoir s’il vellent pour iaus, sans paier fournage ne autres gens n’i pueent quire et, se c’estoit cose qu’il quisissent que cil qui mainnent devens l’iretage, il aroient fourfait le four et le quisage. Encore est assavoir que tout cil qui mainront ens ou manoir devandit seront tenut de paier toutes dimes et toutes droitures a l’usage des autres hostes medame, ne ne pueent, ne ne doivent il ne autre vendre, n’enwagier, donner ne arenter l’iretage devant dit a nullui qui soit, se ce n’est par le gret et le volentet 256
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de medame l’abbesse et dou convent. A cel arentement et a ces devises chi deseure nommees, furent apiellet comme maires del eglise et comme eskievin Willaumes li Panetiers, Lambiers Courtoisie, Jehans li Vallans, Jehans dou Fait, Gilles li Frans Hom, Thieris Pierekins et Jakeme Qualle, et par non d’eskievin et par non de tiesmoing em furent apiellet. Ce fu fait en l’an de grasse mil CC quatre vins et dis nuef, le jour del Ascension.
93 1299, mai. Le chapitre Saint-Géry de Cambrai autorise son doyen, maitre Gérard d’Oisy, à procéder avec l’abbaye de Denain à un échange de terres au lieu-dit la Motte Creton. A. Original sur parchemin, hauteur 110 mm (pas de repli), largeur 210 mm ; sceau perdu, simple queue de parchemin. Lille, A.D. Nord, 7 G 351/6028. Mentions dorsales : Littera super mutationem pratis Mote de Dononio (XIVe). – N° 13 1299 (XVIIIe).
Universis presentes litteras inspecturis, capitulum ecclesie Beati Gaugerici Cameracensis salutem in Domino. Cum de venerabilis viri et discreti magistri de Oysiaco decani nostre ecclesie discretione geramus fiduciam pleniorem, nos predicto magistro Gerardo decano nostro faciendi permutationem cum religiosis dominabusa) abbatissa et conventu monasterii de Denonio, ordinis Sancti Benedicti, Atrebatensis dyocesis de quadam portione et parte quam habet et habebat nostra ecclesia in quadam mota que dicitur Mota le Creton, in tenamento dicti monasterii pro utilitate ecclesie nostre et vicariarum ab ipso in ecclesia nostra de novo institutarum prout ei melius visum fuerit expedire, plenam concedimus tenore presentium potestatem, et ipsum quantum ad hoc constituimus procuratorem nostre ecclesie supradicte, promittentes ratum et gratum habituri quicquid per ipsum super hoc actum fuerit et etiam procuratum. In cujus rei testimonium presentibus litteris sigillum ecclesie nostre duximus apponendum. Datum anno Domini millesimo ducentesimo nonagesimo nono, mense maiio. a) sic A.
94 1299, juillet. Gérard d’Oisy, doyen de Saint-Géry de Cambrai, notifie l’échange de biens en différents lieux-dits entre son chapitre et l’abbaye de Denain. La part de la motte dite Mota Creton à Haveluy, tenue par le chapitre, est cédée à l’abbaye contre des terres sises au lieu-dit Tornibuisson près d’Oisy, ainsi que des revenus en nature (avoine et 257
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volailles) et une rente annuelle de neuf deniers.
A. Original sur parchemin, hauteur 250 mm (dont repli 30 mm), largeur 180 mm ; sceau en navette de cire brune incomplet (hauteur 45 mm) pendant sur double queue de parchemin, représentant le doyen debout, tête nue, en chasuble et tenant un livre des deux mains ; légende partiellement détruite : [..]AGRI G. DOY[…..] NI S. GAUG CA[...] (G. Demay, Sceaux de Flandre, n° 6160) ; contre-sceau représentant un animal couché ; légende détruite. Lille, A.D. Nord, 24 H 17/232. Mentions dorsales : Escange fait entre le chapitre de Denain et le chapitre de Saint Gery a Cambray de quelques rentes seigneuriales et terres dites la motte de Creton et le Buisson Tourné du mois de juillet 1299 (XVIIe). – Denain 1299 au mois de juillet (XVIIIe).
Universis presentes litteras inspecturis, Gerardus de Oysiaco, decanus ecclesie Sancti Gaugerici Cameracensis, salutem in Domino. Cum ecclesia nostra Sancti Gaugerici haberet in tenemento et districtu religiosarum mulierum abbatisse et conventus de Dononio quamdam portionem sive partem in quadam mota que ab antiquo dicebatur Mota Creton, nos, de proborum virorum consilio videntes in hoc pacem et non modicam utilitatem nostre ecclesie et monasterii de Dononio predicti, dictam portionem sive partem dicte mote permutando, ad tres octolatas terre arabilis vel circiter sitas ultra riscum de Havelui, item ad dimidiam octolatam similis terre sitam ad locum qui dicitur Tornibuisson versus Oysi, item apud avesnas Wasberti ad mencaldum et dimidium avene, item ad quinque capones ibidem, item ad sex pullos ibidem, item ad novem denarios et obolum Parisienses annui redditus, abbatisse et conventui dicti monasterii auctoritate nobis a capitulo nostro, per suas patentes litteras presentibus hiis annexas, commissa concessimus libere ac pacifice in perpetuum possidendam. In cujus rei testimonium, presentes litteras abbatisse et conventui predictis sigillo nostro tradidimus sigillatas. Datum anno Domini millesimo ducentesimo nonagesimo nono, mense julio.
95 1299, juillet. Marguerite, abbesse de Denain, notifie l’échange de biens en différents lieux-dits entre son abbaye et le chapitre Saint-Géry de Cambrai.
A. Original sur parchemin, hauteur 135 mm (dont repli 15 mm), largeur 300 mm ; deux débris de sceaux pendants sur double queue de parchemin. A.D. Nord 7 G 351/6029. Mentions dorsales : Commutatio quedam facta inter nos et abbatiam de Dononio de quibus terris pertinentibus ad vicarum ecclesie nostre (XIVe). – 1299 (XVIIIe).
Universis presentes litteras inspecturis, Margareta, Dei permissione humilis abbatissa monasterii de Dononio, ordinis sancti Benedicti Attrebatensis dyocesis, totusque ejusdem loci conventus salutem in Domino. Cum eccle258
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sia Sancti Gaugerici Cameracensis haberet in nostro tenamento et districtu quamdam portionem sive partem in quadam mota que ab antiquo dicebatur Mota le Creton, que portio sive pars pertinebat ad quasdam vicarias dicte ecclesie per quam portionem sive partem licet modica fuisset utilitas nostra et nostri monastariia) non modicum turbatur, nos de proborum virorum consilio videntes in hoc pacem et non modicam utilitatem nostri monasterii, permutationem fecimus cum ecclesia Sancti Gaugerici predicta de tribus octolatis terre arabilis vel circiter sitas ultra riscum de Havelui, item de dimidia octolata simul terre sita in loco qui dicitur Tournibuisson versus Oysi, item apud avesnas Wasberti de mencaldo et dimidio avene, item de quinque caponibus ibidem, item de VI pullis ibidem, item ibidem de novem denariis et obolo Parisiensibus annui redditus, quas terras et redditus permutando libere concessimus ecclesie Sancti Gaugerici predicte pro portione sive parte quam habebat dicta ecclesia in mota predicta ad opus vicariarum quibus dicta portio sive pars erat cum aliis bonis in territorio de Dononio sitis deputata absque aliqua servitute in perpetuum possidendum et dicta ecclesia Sancti Gaugerici eodem modo per procuratorem suum ad hoc specialiter deputatum portionem sive partem quam habebat in predicta mota nobis et ecclesie nostre libere concessit in perpetuum absque aliqua servitute tenendam pro omni nostra et nostri monasterii utilitate facienda. In cujus rei testimonium et munimen sigilla nostra presentibus litteris duximus apponenda. Datum anno Domini millesimo ducentesimo nonagesimo nono, mense julio. a) sic A.
96 [seconde moitié du XIIIe s.]. Gilla, dame d’Azincourt, pour la fondation de son obit et de celui de son mari, donne quatorze sous de rentes foncières à l’abbaye, autant pour les pauvres, et dix sous au de Denain.
A1. Original sur parchemin, hauteur 280 mm, largeur 365 mm ; non scellé. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/107. Mentions dorsales : Donation faite a l’abbaye de Denaing et a l’eglise Saint Martin (XVIe). – N° 32 (XVIe). – sans date 14e siècle (XVIIIe). A2. Original sur parchemin, hauteur 280 mm, largeur 365 mm ; non scellé. Lille, A.D. Nord, 24 H 8/107. Mentions dorsales : Donation faite a l’abbaye de Denaing et a l’eglise Saint Martin (XVIe). – N° 32 (XVIe). – sans date 14e siècle (XVIIIe). Note critique : le texte est copié en deux versions sur le même parchemin, avec des différences orthographiques mineures. Aucune légende de chirographe ne sépare les deux versions et le parchemin n’a pas été partagé. Pour la datation, il faut noter que Gilla, dame d’Azincourt, est l’épouse de Gilles de Denain au plus tard depuis 1244 (Hautcoeur, Cartulaire de Flines, n° 39 et 40). Gilles est encore vivant en 1247-
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1248, puisque un de ses fils Gautier, encore cité ici, est âgé de quinze ans en 12611262, année où Gilla, veuve depuis 1260-1261, est citée avec ses deux fils, Gilles et Gautier (cf. actes nos 66 et 67).
Sacent tout cil ki sont et ki a venir sont ki ces lettres veront u oront ke medame Gille, dame de Hasencourt et mere monsigneur Gille Brouche, signeur de Denaing, acata bien et loialment en se veveit, pour faire se boinea) volentet, a Jehan Hanneuse witel et demi de pret, pau plus pau mains, et a le fille Ernaut et a sen baron I witel de pret, pau plus pau mains, ki gisent ou bruile d’en coste d’Amiete, et ke on tient de monsigneur de Denaing devant nommet, s’en fu aïretée bien et a loy et par le gret de monsigneur Gillon, sen fil, signeur de Denaing devant nommet, et en tel maniere k’elle en poroit faire se boinea) volentet et a mort et a vie. Lesquels prés, medame Gille devant nommee, par le gret du signeur, mist en la main de ses testamenteurs, c’est a savoir monsigneur Gillon Brouche, signeur de Denaing, monsigneur Wautier sen frere, cevaliers et enfans a le devant dite dame, monsigneur Wautier, curet de Denaing, Bauduin Porant et Jehan de Felines, clerc medame Gille devant nommee, pour faire le pourfit de l’arme le monsigneur Gillon, sen baron, et ses anciseurs. Sur lesquels prés, li devant dit testamenteur, pour le pourfit de l’arme medame Gille devant nommee, le monsigneur Gillon, sen baron, et ses anciseurs, ont donet a medame l’abbesse et au convent de Denaing XIIII sols de blans de rente par an, a tous jours a paier d’en en an, a deus termes del an, c’est a savoir a le Devision des apostles l’une moitiet, pour faire son obit et le monsigneur sen baron ensamble, et l’autre moitiet a payer a le saint Martin, pour faire son obit et le monsigneur sen baron, tout en autel maniere. Et ont donet sur ces meismes prés as povres de Denaing, XIIII sols de blans par an, et au prestrage de Denaing, X sols de blans par an, u monoie coursable ou païs au vaillant, pour cascun des paiemens deseure dis, pour faire sen obit en l’eglise monsigneur saint Martin deus fies l’an, tout en autel maniere et a tes jours k’on fera en l’abieb). Lesquelsc) prés, Jakemes Haudecuers et Genars du Pont ont arentet as devant dis testamenteurs et ont obligiet par devant le justice monsigneur de Denaing devant nommet, aus et le leur, par tout et leur successeurs ki aprés eaus ces devant dis prés tenront, pour paiier le devant dite rente as termes ki deseure sont deviset. Et doit cascuns de Jakemart et de Genart deseure dis amender sen pret XL sols. Et se medame li abbesse et li convens, li povre et li curés de Denaing devant nommet, n’estoient paiiet as termes deseure nommés bien et souffissalment d’en en an de le devant dite rente, cascuns d’eaus poroit doner V sols de don a cascun paiement a le justice monsigneur de Denaing devant nommet sur cascun de Jakemart et de Genart devant nommés et sur leur successeurs ki aprés eaus ces devant dis prés tenront sans le deted) nient amenrir pour eaus constraindre a paiier le devant dite rente as persones devant nommees ensi ke il est deseure ordenet. La fu Gerars de Sauch com maires et Amourise) li Poles, Druars Dasin, Hues 260
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Danis, Mahiu li Wete et Louvés com escevins monsigneur Gillon Brouche, signeur de Denaing devant nommet. a) boene A2. – b) abbie A2. – c) lesques A2. – d) dette A2. – c) Amourris A2.
97 1300 (n. s.), 10 janvier. Marguerite, abbesse de Denain, et tout le couvent notifient un échange fait avec le chapitre Saint-Géry de Cambrai de leurs rentes d’Avesnes-les-Aubert et de biens détenus par le chapitre à Denain.
A. Original sur parchemin, hauteur 135 mm (pas de repli), largeur 180 mm ; fragments résiduels de six sceaux sur une double queue de parchemin. Lille, A.D. Nord, 7 G 313/5550. Mentions dorsales : Permutatio quarumdem terrarum facta inter ecclesiam nostram et abbatissam de Denaing (XIVe). – 1299 (XVIIe). – Abbaye de Denain et chapitre St Géry N° 10 (XVIIIe).
A tous chiaus qui ces lettres veront et oront, Margerite par le grasse de Dieu abbesse de Denaing et li convens de ce meisme liu salus en Jehsu Crist. Nous faisons savoir a tous chiaus ki ces lettres veront et oront que tous les rentes et tout chou que on nos devoit caskun an a Avesnes le Waubiert, nous et no eglise avons escangiet et transmuet a l’eglise de S. Geri de Cambrai pour autres rentes et autres possessions qu’il tenoient en no tieroit a Denaing de no eglise et le quitons a l’eglise de S. Geri devant dite, de quoi il ont, li cannone, nos lettres pendans saiellees de nos saiaus et envoions pour nous et pour no eglise frere Jehan no conviers et Gillot no clerc pour ceste besougne sommer et fermer et dire de par nous qu’ensi est fait et ordenet entre no eglise et l’eglise de S. Geri. Ou tiesmongnage de laquel cose, nous avons ces presentes lettres saiellees de nos saiaus. Donnees l’an de grasse mil CC quatre vins et disnuef, le dimanche apres le jour des Rois.
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Index
Les noms de lieux sont identifiés par le département, l’arrodissement et le canton, et éventuellement la commune ; pour les toponymes belges, par la province et l’arrondissement. Pour les noms de personnes, le classement alphabétique est soumis aux critères suivants : les personnes à un nom unique ; les personnes dont la qualité ou la fonction est connue, qu’elles soient à non simple ou à nom double ; les personnes à nom double sans qualité ou fonction connue ; les personnes pour lesquelles des liens de parenté sont indiqués. En fonction de l’état des connaissances et de recherches personnelles, les personnes sont l’objet de précisions chronologiques plus ou moins détaillées, justifiées par des références bibliographiques, abrégées mais suffisamment claires, ou archivistiques (avec précision du lieu de dépôt quand il ne s’agit pas de celui du département du Nord). Liste des abréviations utilisées ab. abb. archev. archid. card. cath. chan. chap. DHGE doy. ép.
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abbé, abbesse abbaye archevêque archidiacre cardinal cathédral chanoine chapitre Dictionnaire d’histoire et de géographie ecclésiatiques doyen époux, épouse
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évêque GC prév. s.-diacre St., Ste SV v.
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év. Gallia Christiana prévôt sous-diacre Saint, Sainte Strubbe et Voet, De chronologie voir
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Index
A le Fosse, lieu-dit de Lauwin : 80.
Abscon (Nord, Valenciennes, Denain) : 48. Ad Crucem, v. Croix. Ad oculum, v. Jean. Adam, Adans, – Fase : 54. – li Anscais : 80. – li Autais : 80. Adélaïde, Aelidis, – sous-prieure de Denain : 15. – ép. de Gaucher d’Haubourdin : 43, 53. – ép. de Simon Brouche : 45. – fille de Gaucher d’Haubourdin : 43. Aelis, v. Alice. Aenghien, v. Enghien. Agnès, Agnes, – d’Avesnes, moniale de Denain : 25. – prév. de St-Amand, attestée de 1218 à 1242 ; fille et héritière du prév. Gérard, ép. de Gossuin de Jauche, veuve en 1238 (fondation d’un obit pour son mari : 1 H 53/610 ; A. Bocquillet, p. 172-173) : 39, 40. – de Buissy, épouse de Collinet de Denain : 22. – mère d’Isabelle de Denain : 67, 88. Aimeric, Hamericus, ab. d’Anchin (sept. 1088 - 19 oct. 1102 ; J.P. Gerzaguet, L’abbaye d’Anchin, p. 302) : 3. Ainghein, Ainghien, v. Enghien. Alard, Alardus, Alart, – chapelain de Denain : 27. – de Makembierge : 69. – de Thiant, prêtre : 25. Albert, Albertus, Alebertus, – ab. d‘Hasnon (1090 - 21 mars 1109 ; J. Dewez, Histoire, p. 109-113 ; première mention en 1090, E. Van Drival, Cartulaire, p. 146-149 ; dernière mention le 17 juil. 1108, B.M. Tock, Chartes, n° 13) : 3. – card.-prêtre de St-Laurent in Lucina (1158-1187 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 57-58) : 16.
Alembertus, chan. d’Arras, magister (chap. cath.), attesté de 1162 à 1191 (B.-M. Tock, Chartes, nos 133, 227) : 18. Alexandre, Alexander, – curé de Nederokkerzeel : 58. – curé de Roucourt : 72. – III, pape (7 sept. 1159 - 30 août 1181) : 13, 16. – IV, pape (12 déc. 1254 - 25 mai 1261) : 64. – de Denain, chevalier : 62, 69. – del Rosuiel, chevalier : 39. Alice Longe Ganbe : 54. Alidis, v. Adélaïde. Alissandres, v. Alexandre. Almaricus, v. Amaury. Aloldus, ab. de St-Vaast (1068-1104 ; A. de Cardevacque, L’abbaye, p. 114124 ; dernière mention en 1103, B.M. Tock, Chartes, n° 9) : 3. Alulfus, – de Courières, chevalier, attesté de 1161 à 1188 (B.-M. Tock, Chartes, n° 128 et ici) : 18. – Lokan, échevin de Trith : 25. – fils d’Alulfus de Courrières : 18. Amalricus, v. Amaury. Amand, prieur de Vicoigne, sans doute le cellérier cité de 1214 à 1229 (J. Gennevoise, 1, p. 231) : 39. Amant, lieu-dit de Lauwin : 80. Amaury, Amalricus, – doy. de Mastaing, attesté de 1097 à 1115/31 (B.-M. Tock, Chartes, nos 5, 53) : 4, 6. – li Poles, échevin de Denain : 96. – de Bapaume : 18. – Diex Iviegne de Wavrechin : 65. – Moriaus : 80. Ambligia, v. Amblise. Amblise, forêt (Nord, Valenciennes, Condé-sur-Escaut, Crespin) : 1. Amerin, v. Emmerin. Amiete, lieu-dit de Denain : 96. Amolricus, Amoricus, Amouris, Amourris, v. Amaury. Anagni (Italie, Frosinone) : 16, 64.
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J.-P. Gerzaguet, L’abbaye de Denain
Anastase, – chan. d’Arras (chap. cath., prêtre), attesté de 1153 à 1178 (B.-M. Tock, Chartes, nos 115 et 175) : 14. – chantre du chap. cath. d’Arras (1097 16 oct. 1135 ; R. Berger, Archidiacres, p. 519) : 4, 5, 6. Anchin (Nord, Douai, Marchiennes, Pecquencourt), v. Aimeric. André, Andreas, Andrius : 80. – saint : 65. – chan. d’Arras (chap. cath., lecteur) : 4. – clerc : 72. – év. d’Arras (nov./déc. 1163 - 8 août 1171 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166) : 14. – Carpentarius : 72. – de Lauwin : 80. Anglée, lieu-dit de Lauwin : 80. Anglicus, v. Gérard. Angreau (Belgique, Hainaut, Dour) : 16. Aniche, Anich, Anis (Nord, Douai, Douai-Sud) : 16, 48. Aniés, v. Agnès. Anscris : 80. –de Lauwin, chevalier : 17. –de Lauwin : 80. Ansellus, v. Anselme. Anselme, Anselmus, – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre) : 4. – chan. de Cambrai (Ste-Croix) : 50, 51, 52. – chantre du chap. cath. d’Arras (1146 - 26 mai 1181/82 ; R. Berger, Archidiacres, p. 519) : 14. – doy., frère du prieur Godefroi : 15. Anskerius, v. Anscris. Antoing, Antoniensis (Belgique, Hainaut, Tournai), – chap. St-Pierre, v. Baudouin (chan.). Antwerpensis, v. Anvers. Anvers (Belgique, Antwerpen, ch. l. prov.), abb. St-Michel (Prémontré) :
11, 15, 58 ; chan., v. Arnoul de Lira, Jean. Anzin (Nord, Valenciennes, ch.l.c.), v. Gautier. Aquicinensis, v. Anchin. Ardane, lieu-dit d’Haveluy : 65. Arditio, card.-diacre de St-Théodore (1157-1186 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 58) : 16. Arnaldus, curé d’Erquinghem : 19. Arnoldus, v. Arnoul. Arnoul, Arnulfus, – de Lira, chan. de St-Michel d’Anvers : 58. – de Bury, prêtre (chapelain de Denain ?) : 17. – d’Enghien (mort en 1295 ; D. Schwennicke, Les familles féodales, t. 13, n° 79) : 67, 81, 88. – d’Enghien, sire de Blaton (mort en 1315), sénéchal de Hainaut, fils du précédent, ép. d’Isabelle de Denain (D. Schwennicke, Les familles féodales, t. 13, n° 79) : 88, 89, 90. Arras (Pas-de-Calais, ch. l. dép.) : 3, 4, 6, 12, 18, 19. – abb. St-Vaast (O.S.B.) : ab., v. Aloldus, Jean. – achidiaconé : 3. – archid., v. Clarembaud, Drogon, Jean, Pons. – chan. : Alembertus, Anastase, André, Anselme, Baudouin, Bernard, Bertulfus, Galbert, Gautier, Gérard, Ghilsain, Gui, Guibert, Henri Lochars, Herbert, Hermannus, Hugues, Jean, Jean de Douai, Lambert, Martin, Mathieu, Pierre, Pierre de Corbie, Robert, Robert de Douai, Roger, Saswalon, Siger. – chantres du chap. cath., v. Anastase, Anselme. – chapelains épiscopaux, v. Barthélémi, Evrard, Fromond. – clercs épiscopaux, v. Guenemarus, Guibert, Hugues. – curie : 67.
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Index
– diocèse : 41, 63, 64, 86, 93, 95. – doy. du chap. cath., v. Drogon, Mascelin, Nicolas. – église : 3. – év. : 13, 29, 66, 67, 72, 76, 88 ; v. André, Asson, Frumaud, Godescalc, Guillaume, Jacques, Lambert, Pierre, Raoul, Robert. – magistri, v. Alembertus, Ghislain, Pierre, Pierre de Corbie, Robert. – official : 72. – prév. du chap. cath., v. Guillaume, Jean, Odon, Roger. – route : 80. Arteus, v. Artres. Artisiensis, v. Artois. Artois, – comte, v. Robert. – comté : 85. – monnaie : 35, 36, 78. Artres (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Sud) : 16. Atre (de l’), v. Mikius, Sainte. As Fossiaus, lieu-dit d’Haulchin : 69. Asconium, v. Abscon. Asson, év. d‘Arras (sept-déc 1231 - 22 mars 1246 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166) : 47. Atrebatensis, Attrebatensis, v. Arras. Auberchicourt (Nord, Douai, DouaiSud) : 48 ; v. Baudouin. Aubiel, lieu-dit de Lauwin : 80. Aubrechicourt, v. Auberchicourt. Aubrius, v. Aubry. Aubry [-du-Hainaut] (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Nord) : 14. Auby, Aubi (Nord, Douai, Douai-Est), v. Biertous ; route : 80. Audacer (871-877), notaire de Charles le Chauve : 1. Augeriaux, v. Angreau. Aultais, v. Autais. Aumand d’Hamel, cité en 1227 (36 H 68/755) : 45, 63. Aumant : 80. Auterive, v. Guillaume de Perfontaine.
Avelin (Nord, Lille, Pont-à-Marcq), v. Gérard. Avesna Wasberti, v. Avesnes-lèsAubert. Avesne de Ploicio, lieu-dit non identifié : 78. Avesnes, lieu-dit de Lauwin : 80. Avesnes, v. Baudouin, Jean (comte). Avesnes-lès-Aubert (Nord, Cambrai, Carnières) : 94, 95, 97. Avesnes-le-Sec (Nord, Valenciennes, Bouchain) : 16 ; v. Agnès, Jean. Avesnes le Waubiert, v. Avesnes-lesAubert. Avion, Avions (Pas-de-Calais, Arras, ch. l. c.), doy. de chrétienté, v. Robert. Azincourt (Nord, Douai, Douai-Sud, village disparu près d’Aniche) : 48 ; v. Gilla. B., – clerc de Maubeuge : 24. – prieure de Denain : 25. Badelet, v. Pierre. Balduinus, v. Baudouin. Bapaume, Bapalmiensis, (Pas-deCalais, Arras, ch. l. c.), v. Amaury, Baudouin. Barthélemi, saint : 70. – chanoine : 15. – chapelain épiscopal d’Arras, attesté de 1195/96 à 1200 (B.-M. Tock, Chartes, nos 252, 287) : 26. – prêtre (chapelain ?) de Denain : 17. Baudes li Piers : 54. Baudins, v. Baudouin. Baudouin : – chan. d’Antoing (3 chan. de ce nom en 1294/95 ; P. de Lattre, Chanoines, p. 166) : 84. – chan. d’Arras (chap. cath., prêtre) : 4. – chan. de Tournai (chap. cath., s.diacre), attesté de 1126 à 1169 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 163) : 7. – curé de St-Piat : 17.
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– d’Auberchicourt, attesté de 1289 à 1302, a pour femme Yolande de Roisin ; tué à la bataille de Courtrai (10 juil. 1302 ; P. Feuchère, Les vieilles familles) : 88, 90. – d’Avesnes, sire de Beaumont (sept. 1219 - 10 avril 1295 ; fils de Bouchard d’Avesnes et de Marguerite de Flandre ; D. Schwennicke, Les familles féodales, t. 3, n° 50) : 67, 81, 88. – Caron, époux de Marotain : 69. – Caron d’Englimares, père de Jakemarde : 82, 91. – Ciereuse : 54. – de Douai : 91. – de Lauwin, cité en 1219 comme neveu de Baudouin de Cuincy (M. Gysseling, Les plus anciens textes français, n° 8) : 18. – de Montigny : 86, 87. – de Pont, chevalier : 65. – Porant : 96. – des Près : 54. – fils d’Amaury de Bapaume : 18. – père d’Hugues : 6. – v. Marie. Beatus Petrus, v. Lille, St-Pierre. Beaufort (Nord, Avesnes-sur-Helpe, Hautmont), v. Jean. Beaumont ([-en-Cambrésis ?] ; Nord, Cambrai, Le Cateau-Cambrésis) ou (Belgique, Hainaut, Ath) : 24 ; v. Baudouin d’Avesnes, Gilbert, Jacques. Bede, v. Jean. Bees, v. Jean. Beisevile, v. Jacques. Beli, v. Isabelle. Bellaing (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Nord), v. Sandironnus. Bellainmont, v. Berlaimont. Bellum Pratum, v. Beaupré. Benedictus, v. Benoît. Benoît, saint : 5, 16, 64, 78, 86, 93, 95.
Berlaimont (Nord, Avesnes-surHelpe, ch. l.c.), v. Gilles. Bermerain (Nord, Cambrai, Solesmes), v. Robert. Bernard, Bernardus, Bernars : 1. – Madee : 80. – card.-év. de Porto (1158-1176 ; DHGE, t. 8, c. 726-727) : 16. – chan. d’Arras (chap. cath.), attesté de 1117 à 1129/42 (B.-M. Tock, Chartes, nos 25, 47 et 74) : 5, 6. B erniersart , B erniesart , v. Bernissart. Bernissart, v. Baudouin d’Auberchicourt. Berta, Bertain, v. Berthe. Berthe, – ab. de Denain (...1157-[1166?]) : 12. – Frongiete : 80. – [de Rongy ?], ép. de Rénier de StAmand, citée en 1257 (A. Bocquillet, p. 175) : 65. Bertholomeus, v. Barthélemi. Bertremius Dousins : 62. Bertuldus, Bertulfus, chan. d’Arras (chap. cath., diacre), attesté de 1097 à 1129 (B.-M. Tock, Chartes, nos 1, 48) : 5, 6. Béthune, Betuniensis, (Pas-de-Calais, ch. l. ar.), doy., v. Etienne ; Pierre. Bevene, v. Siger d’Enghien. Beuvry[-la-Foret] (Nord, Douai, Orchies), v. Thomas. Biaumont, v. Beaumont. Biekin, v. Jean. Bielaing, v. Bellaing. Bierlainmont, v. Berlaimont. Bierne, Biernes (Nord, Dunkerque, Bergues), v. Gautier. Bierniesart, v. Bernissart. Biertain, v. Berthe. Biertous d’Auby : 80. Blaton, Blatton (Belgique, Hainaut, Ath), v. Arnoul d’Enghien. Bleki, Bliki (Belgique, Brabant, Steenokkerzeel), v. Guillaume, Siger.
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Boides li Sages : 54. Boine Chiere : 80. Bononiensis, pour Dononiensis. Bosket, v. Jean. Boson, card.-prêtre de Ste-Pudentienne (mort en 1178 ; DHGE, t. 9, c. 1319-1320) : 16. Bossu, v. Boussu. Bouchain (Nord, Valenciennes, ch. l. c.), v. Gautier. Bouke du maires, lieu-dit de Lauwin : 80. Boussoit (Belgique, Hainaut, Roeulx), v. Jean Sausses. Boussu[-lès-Mons] (Belgique, Hainaut, Mons), curé, v. Nicolas. Bouvines, v. Henri. Boviers, lieu-dit de Prouvy : 25. Brabant, Brabantia, archid., v. Gérard de St-Omer. Brachuel Moienri, lieu-dit de Lauwin : 17, 80. Brandain : 80. Brebantia, v. Brabant. Bridoce, lieu-dit de Lauwin : 80. Broignardus, chevalier : 25. Bronchain, terre de Denain : 49. Brouche, v. Gilla, Gilles, Jean, Simon. Bruges (Belgique, Flandre occidentale, ch. l. prov.), v. Roger. Bruille, lieu-dit de Lauwin : 80. Bruniel, lieu-dit de Denain : 86. Bruxelles, Brusellensis (Belgique, Brabant), monnaie : 15 ; v. Jean. Buet, lieu non identifié : 16. Bufoit, v. Odon. Buissy (Pas-de-Calais, Arras, Marquion), v. Agnès. Burivaus, lieu-dit de Lauwin : 80. Bury, Buri (Belgique, Hainaut, Tournai) : 16 ; v. Arnoul. Busket, v. Rénier. Cailliel, v. Quaihel. Cambrai, Cameracensis (Nord, ch. l. ar.) : 16, 30.
– abb. St-Aubert (O.S.A.) : 50, 51, 52 ; ab., v. Guillaume. – chancelier, v. Gerumboldus. – chan., v. Gautier de Condé. – chantre : 50, 51. – chap. Ste-Croix ; chan., v. Anselme. – chap. St-Géry : 30, 65, 93, 94, 95, 97 ; doy., v. Gérard d’Oisy. – curie : 52, 69. – église : 3. – év., v. Godefroi, Guillaume, Nicolas. – marché : 16. – official : 50, 51. Camp Buisson, lieu-dit de Lauwin : 80. Camp Everart, lieu-dit de Lauwin : 80. Camp de le Flekiere, lieu-dit de Lauwin : 80. Camp a Marc, lieu-dit de Lauwin : 80. Camp du Mui, lieu-dit de Lauwin : 80. Camp Oisson, lieu-dit de Lauwin : 80. Caron, Carons, v. Baudouin. Carpentarius, v. André. Carpins, v. Mathieu. Casa Dei, v. Vicoigne. Casier, v. Thierry. Castaigne, v. Jean. Cauchon, Cauchonfontaine, lieudit d’Haulchin : 69, 91. Caudry, Caudri (Nord, Cambrai, Clary), v. Mathieu, Thomas. Caupedoit, v. Simon. Cauroi, Caurois, v. Hellin, Jean. Caus fours, lieu-dit de Denain : 92. Charles, – comte de Flandre (1119 - 2 mars 1127 ; SV, p. 392) : 7. – le Chauve, empereur (840 - 6 oct. 877) : 1. Chastaigne, v. Jean. Château-l’Abbaye (Nord, Valenciennes, St-Amand) : 20, 42. Chiere v. Boine. Chièvres (Belgique, Hainaut, Ath), v. Gérard, Jean.
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Chirions, v. Ouede. Ciereuse, v. Baudouin. Cierisi, v. Martin. Cierve, v. Chièvres. Cinthyus, card.-diacre de St-Adrien (1158-1178 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 59) : 16. Clabandus d’Emmerin : 70. Clarembaud, Clarembaldus, archid. d’Arras (1160 - 31 déc. 1175 ; R. Berger, Archidiacres, p. 509) : 4, 14. Clément, saint : 50, 51. Colart le Panetier : 92. Colart le Tailleur, écuyer : 90. Collinet de Denain : 22. Cologne (Allemagne, Rhénanie du Nord-Westphalie) : 2. Comines (Nord, Lille, Quesnoy-surDeule), v. Marguerite. Condatum, v. Condé. Condé[-sur- l’Escaut] (Nord, Valenciennes, ch.l. c.), v. Gautier. Corbie, Corbeia (Somme, Amiens, ch.l.c.), v. Pierre. Cordela, lieu-dit de Lauwin : 80. Corières, v. Courrières. Cornés, v. Segars. Cornet, v. Gilles. Coromiaus, lieu-dit d’Haveluy : 65. Coullon, v. Jean. Coulongne, v. Cologne. Courgies, v. Curgies. Courrières (Pas-de-Calais, Lens, ch.l. c.), v. Alulfus. Courtesie, Courtoisie, v. Lambiers. Courtieles, lieu-dit de Lauwin : 80. Couture, lieu-dit de Lauwin : 80. Cretons, lieu-dit d’Haveluy : 65. Croix de Moienri, lieu-dit de Lauwin : 80. Croix, lieu-dit de Prouvy : 25. Croix, v. Guillaume. Croket, lieu-dit de Lauwin : 80. Crux, v. Croix. Curgies (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Est), v. Gautier.
Danis, v. Hugues. Dansain, v. Anzin. Dasin, v. Druars. Daubi, v. Biertous. Daybert, Daybiert, lieu-dit de Denain : 81, 88. De Fergne, v. Maroie. De le Crois, v. Gérard. De le Haie, v. Jean. De Puteo, v. Hugues. Demmina, moniale de Denain : 25. Denain, Denaig, Denaing, Deneign, Denen, Deneng (Nord, Valenciennes, ch. l. c.), – abb. (O.S.B.) : 1, 25, 92, 93 ; ab. : 3 ; v. Berthe, Eusilie d’Enghien, Heldiardis, Helvide, Jeanne, Marguerite, Marie ; clercs de l’abbesse, v. Gilles de Walincourt, Jacques de Rouvignies ; convers, v. Jean ; moniales, v. Agnès d’Avesnes, Demmina, Gertrude de Waideke, Helvide de Thulin, Jeanne de Gentang, Marguerite de Comines, Marie, Marie de St-Saulve, Mathilde, Rissende, Usilia ; prévôte, v. Erembergis ; prieures, v. B., Marie ; procureur, v. Hugues ; sous-prieures, v. Adélaïde, Ibria ; trésorière, v. Eusébie. – chapelains, v. Alard, Arnoul de Bury, Barhélémi, Thierry. – échevins, v. Amaury li Poles, Druars Dasin, Gautier Havet, Gérard Faber, Gilles li Frans Hom, Godefroi, Hugues Danis, Jacques Qualle, Jean dou Fait, Jean li Vallans, Lambiers Courtesie, Louvés, Mathieu li Wete, Thierry Pierekins. – lieux-dits : Amiete, Bruniel, Causfours, Daybert, Ponchel des vaches, Pont Hainnuyer, Quailliel, Thonville. – maires, v. Guillaume li Panetiers, Jean. – moulins : 67, 89, 90. – seigneurs et famille, v. Alexandre, Agnès, Collinet, Gautier, Gilla,
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Gilles Brouche, Gossuin, Jean Brouche, Isabelle, Simon Brouche. Denis, saint : 57. Denonium, v. Denain. Des Moulins, v. Sandrars Des Près, v. Baudouin. Despres, v. Guillaume. Dico, v. Gautier. Dieus, v. Hugues. Diex Iveigne, v. Amaury. Dinyacensis, v. Denain. Diu, lieu-dit de Lauwin : 80. Dodoniensis, v. Denain. Domisia, veuve d’André : 72. Domniensis, Donaig, Donaign, Doneinc, Doneins, Donenc, Donniacum, Dononiacum, Dononiensis, Dononium, v. Denain. Dou Castellet, v. Thierry. Dou Fait, v. Jean. Dou Maires, v. Hugues Dou Pauchiel, lieu-dit de Lauwin : 80. Dou Temple, v. Jean. Douai, Douay (Nord, ch.l. ar.), – mesure : 49. – v. Baudouin, Eve, Jean (chan.), Mathilde, Mathieu, Pierre, Robert (chan.). Doublet, v. Gaucher. Douchy[-les-Mines], Douci (Nord, Valenciennes, Denain) : 88. Dou Gardin, v. Estievenes. Dousin, v. Bertremius. Drogon, – archid. d’Arras (1119 - 24 fév. 1131/32 ; R. Berger, Archidiacres, p. 508) : 5, 6. – doy. de chrétienté d’Harnes, attesté de 1181 à 1192/93 (B.-M. Tock, Chartes, nos 182, 234) : 18, 19. – doy. du chap. cath. d’Arras (11111115 ; puis archid. ; R. Berger, Archidiacres, p. 516) : 4. Druars Dasin, échevin de Denain : 96. Du Camp, v. Robert. Du Châtel d’Emmerin, v. Jean.
Du Mes, v. Olivier. Du Pont, v. Genars. Duacensis, Duacum, v. Douai. Dyaniacensis, v. Denain. Dyonisius, v. Denis. Ebroinus, prêtre, attesté en 1111 et 1113 (B.-M. Tock, Chartes, n° 17 et ici) : 4. Ecsaudaing, v. Escaudain. Egidius, v. Gilles. Elembertus, v. Alembertus. Elias, Elyas, prieur. de St-Saulve, cité en 1218 (B.N.F., ms. lat. 9917, f° 28 v°) : 27. Elisabeth, Elyzabeth, ép. de Gilles de Trith : 25, 26. Elouge, Ellouge (Belgique, Hainaut, Mons), v. Gilles. Eme, v. Emma. Emma, Emme de Gamans : 80. Emmechin, v. Hiernous. Emmerin (Nord, Lille, Haubourdin), v. Clabandus, Hannebandus, Jean dit Rex, Jean du Châtel. Enghien (Belgique, Hainaut, Soignies), v. Arnoul ; Isabelle de Denain. Engliemares, Englimares, v. Baudouin Caron. Eppo : 11. Erbaldus, chan. de Tournai (chap. cath., diacre), attesté de 1100 à 1127 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 53) : 7. Erchingehem, Erchingehen, Erchinghem, v. Erquinghem-Lys. Erembergis, prévôte de Denain : 15. Erkhineghem, Erkingeham, Erkingehem, Erkingheem, Erkinghen, Erkinkehem, v. Erquinghem-sur-la-Lys. Erin (Pas-de-Calais, Arras, Heuchin), v. Gilles. Ernaldus, v. Arnaldus. Ernaut : 96. Ernoul, v. Arnoul.
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Erquinghem-sur-la-Lys (Nord, Lille, Armentières) : 6, 16, 19, 34, 56, 46, 55, 56, 57, 74, 76, 78. – curés, v. Arnaldus, Gautier. – échevins : 74. Escaudain, E scaudaing (Nord, Valenciennes, Denain) : 2 ; v. Gillon L’Evêque. Escaut, fleuve : 1, 62, 67, 86, 88, 89, 90. Eskerchin, Eskierchin, v. Esquerchin. Espinete, lieu-dit d’Haulchin : 69, 91. Esquerchin (Nord, Douai, DouaiOuest) : 17, 80 ; v. Gautier. Estievenes Dou Gardin : 54. Estievenon Le Cuvelier : 54. Estruem, v. Etrun. Etienne, saint : 11, 15. – chan. de Tournai (chap. cath.), attesté de 1087/88 à 1126 (J. Pycke, Répertoire biographique, nos 126 et 158, qui ignore cette charte) : 7. – clerc :72. – doy. de Béthune : 6. Etrun (Nord, Cambrai, Cambrai-Est), v. Guifridus. Etrun (Pas-de-Calais, Arras, ArrasNord), abb. (O.S.B.) ; ab. : 3. Eugène III, pape (15 fév. 1145 - 8 juil. 1153) : 10. Eusébie, trésorière de Denain : 39. Eusilie d‘Enghien, ab. de Denain (...1240-1250...) : 41, 44, 46, 48, 50, 51, 56. Eustache, magister, chan. de Vicoigne : 39. Eve, – de Douai : 80. – li Kaisne : 80. Evrard, – chapelain épiscopal d’Arras (n’est attesté qu’ici) : 4. – év. de Tournai (1171-1191 ; J. Pycke, Le chapitre, p. 327) : 17. Faber, v. Gérard.
Fase, v. Adam. Fauviaus, v. Gautier. Felines, v. Flines. Fier, v. Vilain. Flaman : 80. Flamand, v. Gossuin. Flamens, v. Mikius. Flandre, – comtes, comtesses : 70, 74 ; v. Charles, Gui, Jeanne, Marguerite, Thomas. – monnaie : 34, 43, 46, 68, 70, 78. Flandrensis, Flandria, v. Flandre. Flines[-lez-Râches] (Nord, Douai, Douai-Nord), v. Jean. Flokés :80. Forgengheham, v. Erquinghem. Forieres, lieu non identifié : 16. Fossato, v. Juliana. Foulques, ab. d’Hasnon (1140 - 15 avr. 1179 ; J. Dewez, Histoire, p. 116 et 137-139) : 12. Frasnoy, Frainoit (Nord, Avesnes-surHelpe, Le Quesnoy-Ouest) : 16. Freessens de Lespaut : 80. Fressin, Fressens (Nord, Douai, Arleux) : 16. Fromond, chapelain épiscopal d’Arras : 26. Frongiete, Frongniete, Frongnette, v. Berthe. Frossart, v. Robert. Frotaus, v. Jean. Frumaud, Frumaldus, – écolâtre, ensuite archidiacre, enfin évêque d’Arras (1142-1183 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166) : 12, 14 Fulco, v. Foulques. Galans :54. Galbert, chan. d’Arras (chap. cath., diacre), attesté de 1099/1115 à 1118 (B.-M. Tock, Chartes, n° 21 et ici) : 5. Galterus, v. Gautier. Gamand, Gamans, lieu-dit de Lesquin, v. Emma, Robert, Simon.
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Garnier, doy. de chrétienté (? ; 11111123 ; B.-M. Tock, Chartes, nos 19, 38) : 4. Gaucher, – doy. de Maubeuge, encore attesté en 1222 (A. Jennepin, Maubeuge, 2, p. 563) : 24, 27. – Doublet : 35, 36. – d’Haubourdin : 43, 53, 70. – fils du précédent : 43. Gaudumiaus : 80. Gautier : 16, 80. – card.-év. d’Albano (115-1177 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 60) : 16. – chan. d‘Arras (prêtre), attesté de 1157 à 1171 (B.-M. Tock, Chartes, n° 112 ; ici) : 14. – de Condé, chan. de Cambrai, prév. de St-Géry, attesté en 1220 (ici et 7 G 58/881) ; un prév. Th est cité en 1230 (7 G 57/879) : 29, 30, 31, 32. – [d’Atrio], chan. de Tournai (chap. cath., diacre), magister, attesté de 1150 à 1196 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 177) : 17. – [de Saint-Piat] (?), chan. de Tournai (chap. cath., s.-diacre), vers 11231138 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 68) : 7. – chan. de Walencourt : 84. – clerc : 15. – convers de Maubeuge : 24. – curé de Denain : 96. – curé d’Erquinghem : 55, 56, 57. – Wauchet, échevin d’Haveluy : 65. – [Marvis], év. de Tournai (1218 - 16 fév.1252 ; J. Pycke, Le chapitre, p. 327) : 28, 35, 37, 38, 53. – d’Anzin : 69. – de Biernes : 72. – de Bouchain : 80. – de Curgies : 62. – de Denain, fils de Gilla et frère de Gilles : 67, 96. – de Dico : 15. – d’Esquerchin : 18. – Fauviaus : 80.
– d’Haspres, chevalier, père de Gilles : 25, 39. – Haucant : 54. – Havet, échevin de Denain : 65. – d’Herin : 65. – d’Hertaing, chevalier :25. – Hure, villicus : 72. – Huret : 65. – li Flamens : 80. – frère de Gilbert : 24. Genars du Pont : 96. Gentang, lieu non identifié, v. Jeanne. Gérard, – ab. de Vicoigne (1151-1168, déposé ; B. Ardura, p. 571) : 12. – [de Chièvres], ab. de Vicoigne (1235 - 10 mai 1258 ; B. Ardura, p. 571) : 42. – de St-Omer, archid. de Brabant, attesté de 1273 à 1287 (3 G 328/7506 ; 7 G 61/914) : 84. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre), attesté de 1097 à 1120/27 (B.-M. Tock, Chartes, nos 1, 44) : 4. – d’Oisy, chantre de Seclin (attesté qu’ici ; T. Leuridan, Histoire de Seclin, p. 53) : 72. – d’Oisy, doy. de St-Géry ; son prédécesseur Hugues de Parme est encore cité en 1287, année où Gérard apparaît comme chanoine (7 G 61/913) ; est cité comme mort le 7 sept. 1304 (36 H 18/272) : 93, 94. – Faber, échevin de Denain : 65. – de Saulx, maire : 96. – Anglicus : 72. – d’Avelin, chevalier : 70. – d’Hérin, chevalier : 65. – de le Crois : 54. – de Prouvy, chevalier et frère du chanoine Gautier de Condé : 29, 31. – de Prouvy, fils du précédent (?) : 61, 62, 69. – li Ses : 80. – Rufus, chevalier : 25. Gerars, v. Gérard. Geri, v. Géry.
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Gerlaincourt, Gerlaincort, lieu-dit d’Haulchin : 69, 91. Gerlo : 1. Germanie, roi, v. Henri IV. Gertrude de Waideke, moniale de Denain : 58. Gerumboldus, chancelier épiscopal de Cambai (1100-1154 ; M. Courtois, Chartes, p. 166 et ici ) : 11. Ghislain, Gislenus, chan. d’Arras (chap. cath., diacre), magister, attesté de 1157 à fév. 1175 (R. Berger, Archidiacres, p. 522) : 12, 14. Gilbert [de Schorisse], chan. de Tournai (chap. cath., diacre), magister (11651186 ; J. Pycke, Répertoire biographique, n° 192) : 17. – de Beaumont, chapelain : 24, 27. – frère de Gautier : 24. Gilla, Gillain, Gille : 67, 69, 88. – dame d’Azincourt, ép. de Gilles Brouche de Denain en 1244 (E. Hautcoeur, Cartulaire de Flines, n° 39 ; dot, B 1217) : 65, 96. – épouse de Baudouin Caron d’Engliemares : 91. Gillebertus, v. Gilbert. Gilles : 80. – [d’Haisnes], ab. de Marchiennes (1225 - 3 mars 1247 ; J.-P. Gerzaguet, Les confraternités) : 48. – chan. de St-Jean de Valenciennes : 27. – de Walincourt, clerc de l’abbesse de Denain : 58, 62, 91, 96. – li Frans Hom, échevin de Denain : 92. – prév. de Walincourt : 91. – III de Berlaimont, fils de Gilles II, attesté à partir de 1265 (1 H 399/3665 ; Chronique de B. d’Avesnes, p. 432) : 86, 87. – Ier Brouche, cité de 1198 à 1227 ; fils de Mathieu de Denain (59 H 96, f° 11 v° ; B.N.F., ms. lat. 9917, f° 27 v°-28 r° ; I de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, n° 73) ; marié
en 1227 à Doumison (36 H 68/755) : 25, 26. – II Brouche, chevalier (1238 - mort ap. 1247/48) ; première mention en 1238 (vente de 2 muées de terre à Azincourt à ND des Prés de Douai : 30 H 25/48) ; en 1244, marié à Gila (E. Hautcoeur, Cartulaire de Flines, n° 39) : 49, 65. – III Brouche, chevalier, attesté de 1261 à la fin du siècle : 67, 81, 91, 96. – Cornet : 72. – d’Elouge : 39. – d’Erin, chevalier : 25. – d’Hornaing : 39. – L’Eveske d’Escaudain : 92. – Le Franchomme : 65. – li Andrieu : 80. – li Priestre : 80. – Povretés, Povertés : 86, 87. – Rigaut, sire du Roeulx (1284-1308 ; T. Lejeune, Recherches, p. 230-232) : 86, 87. – de Thiant : 84. – de Trith, chevalier, fils de Gérard ; attesté en 1211 (1 G 602/3044), 1214 (T. Luyck, Johanna van Constantinopel, p. 134), 1218 et 1220 (B.N.F., ms. lat. 9917, f° 35 v°-36 r° ; I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, n° 81) : 25, 26. – fils d’André de Lauwin : 80. – fils de Gilles d’Haspres : 39. – fils de Gilla : 67. Gillion, Gillon, Gillos, v. Gilles. Gillot d’Haulchin : 72. Gillotain, Gillote, ép. de Baudouin Caron : 69. Gisèle, soeur de Charles le Chauve : 1. Gislenus, v. Ghislain. Glaire, lieu-dit d’Haulchin : 69, 91. Gobert, moine de St-Saulve : 27. Godefridus, v. Godefroi. Godefroi, – échevin de Denain : 65. – [de Fontaines], év. de Cambrai (12191236/37 ; SV, p. 265) : 30, 31.
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– [de Tongres], prieur de Vicoigne (1173-1177 ; J. Gennevoise, 1, p. 212) : 15. Godescalc, Godescalcus, év. d’Arras (été 1151 - nov./déc. 1163 ; mort le 7 août 1170 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166) : 10, 12, 14. Gognies-Chaussée (Nord, Avesnessur-Helpe, Maubeuge) ou GoegniesChaussée (Belgique, Hainaut, Mons) : 1. Goldeciatas, v. Gognies-Chaussée ou Goegnies-Chaussée (?). Gommegnies, Gomenies (Nord, Avesnes-sur-Helpe, Le Quesnoy) : 16. Gontier, doy. (de chrétienté ?), attesté de 1170 à 1201 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 196) : 17. Gossuin, – chan. de Tournai (chap. cath., s.diacre), attesté de 1159 à 1185 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 185) : 17. – de Denain, chevalier, cité en 1210 et 1219 (3 H 143/1983 ; 10 H 146/2257 ; 4 G 1/10) : 25. – Flamand, chevalier : 20. – d’Hélesmes, chevalier : 39. Goterus, doy. du chap. cath. de Tournai, attesté de 1103 à 1138/40 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 4) : 7. Graillos, v. Jacques. Grars, Grart, v. Gérard. Gratien, notaire pontifical, s.-diacre de l’Eglise Romaine (1168-1178 ; DHGE, t. 21, c. 1233-1235) : 16. Grous : 80. Gualbertus, v. Galbert. Gualterius, Gualterus, v. Gautier. Guarnerus, v. Garnier. Guenemarus, clerc épiscopal (prêtre) : 5. Gui, – chan. d’Arras (chap. cath., diacre), attesté de 1097 à 1111 (B.-M. Tock, Chartes, nos 2, 17) : 14.
– chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre) : 14. – chapelain épiscopal de Tournai : 7. – comte de Flandre (29 déc. 1278 - 7 mars 1305 ; SV, p. 394) : 75, 76, 78. Guibert, Guibertus, clerc épiscopal et chan. d’Arras (chap. cath., diacre), attesté de 1111 à 1115/1130 (B.-M. Tock, Chartes, nos 17, 51) : 4, 5. Guido, v. Gui. Guifridus d’Etrun, chevalier : 25. Guillaume : 1. – [de Carnin], ab. de Loos (? –1251 ; GC, t. 3, c. 303) : 36, 38. – [Midis], ab. de St-Aubert (12291244 ; J. Voisin, Liste des abbés) : 50, 51. – card.-prêtre de St-Pierre-aux-liens (1158-1176 ; DHGE, t. 22, c. 982983) : 16. – de Bleki, chevalier : 58. – Le Ombrage, échevin d’Haveluy : 65. – [d’Issy], év. d’Arras (1282 - 20 sept. 1293 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166) : 79. – [de Hainaut], év. de Cambrai (avr. 1286 - 8 août 1296 ; SV, p. 265) : 84. – li Panetiers, maire de Denain : 91, 92. – prév. de St-Pierre de Lille et châtelain (1222-1235 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, n° 185/21) : 34. – prév. du chap. cath. d’Arras (12071220 ; R. Berger, Archidiacres, p. 515) : 24, 27, 28. – de Croix : 70. – Despres : 84. – de Perfontaine, écuyer : 86, 87, 90. – de Ressais : 86, 87. – de Saulx : 8, 9. – fils de Siger d’Hocron : 68, 70. Guion, v. Gui. Guiricus [d’Igny], chan. de Tournai (chap. cath.), attesté jusqu’en 1136
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(J. Pycke, Répertoire biographique, n° 96, qui ignore le présent acte) : 7. Gunterus, v. Gontier. Habelet : 54. Habordin, Haburdin, v. Haubourdin. Hainaut, – baillis, v. Jean de Mainleuriel, Jean Verdeau, Martin de Cierisi, Pierre li Jumeau. – comtes et famille : 88, 89 ; Jean II ; Baudouin d’Avesnes, Guillaume (év.). – pagus : 1. – receveur : 82, 86. – sénéchal, v. Jacques. Hainnau, Hainogiensis, v. Hainaut. Halcim, Halcinis, v. Haulchin. Hallennes-lez-Haubourdin, Halenes, Halesnes, Halesnis (Nord, Lille, Lomme) : 7, 16, 28, 35, 36, 43, 53, 68, 70. – curé, v. Joseph. Hambonnet : 80. Hamel, lieu-dit d’Haulchin, v. Aumand. Hamericus, v. Aimeric. Hamiel, v. Hamel. Hanepeule, v. Hönnepel. Hannebandus d’Emmerin : 70. Hanneuse, v. Jean. Haunine, v. Jacques. Hapegrenée, Happegrenée, lieu-dit de Thiant : 50, 51, 52, 84. Hargiet, v. Val Hargiet. Harnes, Harnensis (Pas-de-Calais, Lens, ch.l.c.), doy. de chrétienté, v. Drogon. Hartaign, v. Hertaing. Hartre, v. Artres. Hasbourdin, v. Haubourdin. Hasencort, Hasencourt, v. Azincourt. Hasnon, Hasnonensis, Hasnoniensis (Nord, Valenciennes, St-Amand), abb. (O.S.B.) ; ab. v. Albert, Foulques. Hasoit, lieu-dit de Prouvy : 25.
Haspres, Haspre (Nord, Valenciennes, Bouchain) : 45, 69, 91 ; v. Gautier. Haubourdin (Nord, Lille, ch.l.c.) : 7, 16, 28, 43, 53, 74. – cimetière : 70. – lieu-dit, v. Hocron – v. Adélaïde, Gaucher. Haucant, v. Gautier. Hauchin, Haucin, v. Haulchin. Haudecuers, v. Jacques. Haulchin (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Sud) : 1, 16, 45, 62, 63, 69, 86, 87, 91. – lieux-dits : As Fossiaus, Cauchonfontaine, Espinette, Gerlaincourt, Glaire, Hamel, Praiel, Puchemaigne, Racat Notre-Dame, Tuiloit, Vikiere, Warlimés. – v. Gillot, Jacques d’Hannines. Haveluy, Havelieu, Haveliu, Havelui, Haveluit (Nord, Valenciennes, Denain) : 4, 16, 39, 40, 65, 94, 95. – cimetière : 65. – dame de, v. Agnès, prévôte. – échevins, v. Gautier Wauchet, Guilllaume Le Ombrage, Hugues Le Mie. – lieux-dits : Ardane, Coroniaus, Cretons, Li Marliere, Li Vaus StMartin, Mota Creton, Presiaux, Sars, Vallis Sancti Martini, Wauchet. – prêtre, v. Thierry. – v. Idate. Haverec, v. Havré. Havuidis Zoutebarbe : 72. Havré (Belgique, Hainaut, Mons) : 24. Hawilda, v. Helvide. Haynau, Haynnau, Hayonie, v. Hainaut. Heldiardis, ab. de Denain (...1113...) : 4. Hélesmes, H elemmes (Nord, Valenciennes, Denain), v. Gossuin. Helgotus, curé de Prouvy : 31, 39. Hellin, Hellines, Hellins, Hellinus, – Caurois : 54.
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– li Froissart : 80. – Truie : 54. – de Wavrin, attesté de 1259 à 1284 (E. Warlop, De Vlaamse Adel, n° 228/28) : 80. Helvide, – Ière, ab. de Denain (...1173-1189...) : 15, 19. – II, ab. de Denain (...1217-1238...) : 25, 29, 33, 35, 37, 39. – de Thulin, moniale de Denain : 25. Hénin [-Beaumont] (Pas-de-Calais, Lens, ch.l.c.), route de : 80. Henin, v. Jacques Beisevile. Hennin, v. Henin. Henri, – archev. de Reims (14 janv. 1162 - 13 nov. 1175 ; Lexikon des Mittelalters, t. 4, c. 2134-2135 et DHGE, t. 23, c. 1129-1152) : 13. – Lochars, chan. d’Arras (chap. cath., s.diacre), attesté de 1161 à 1181 (B.M. Tock, Chartes, nos 128, 180) : 14. – chan. de Tournai (chap. cath., diacre), attesté de 1089 à 1127 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 134) : 7. – chan. de Tournai (chap. cath., prêtre), attesté de 1082 à 1127 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 2) : 7. – IV, roi de Germanie (1056-1106) : 2. – de Bouvines : 80. Herbert, chan. d’Arras (chap. cath., s.diacre), attesté de 1141 à 1171 (B.M. Tock, Chartes, nos 70, 161) : 12. Herenbours Hokés : 80. Herkingehem, v. Erquinghem. Hermannus, chan. d’Arras (chap. cath., prêtre), unique mention : 12. Hertain, Hertaing (Belgique, Hainaut, Tournai), v. Gautier, Thierry Casier. Heurtebise, cour de Vicoigne à Trith : 73. Hierkinghehem, v. Erquinghem. Hiernous Emmechin : 80. Hize, v. Husen. Hocheziele, Hockensele, Hockesele, v. Nederokkerzeel.
Hocron, Hokeron, lieu-dit d’Haubourdin ; v. Guillaume, Isabelle, Jean, Marie, Mathilde, Olivier, Pierre, Siger. Hokés, v. Herenbours. Hommis, v. Lomme. Honepele, v. Hönnepel Hönnepel (Allemagne, Nordrhein, Westfalen, Kaltar) : 16, 41. Honorius III, pape (18 juil. 1216 - 18 mars 1227) : 23. Hornaing, Horneng, (Nord, Douai, Marchiennes), v. Gilles. Houdeng, Houdaing (Belgique, Hainaut, Soignies), v. Nicolas. Hubaut, lieu-dit de Lauwin : 80. Hues, v. Hugues. Huet, lieu-dit de Lauwin : 80. Hugues, – II, ab. de St-Amand (1150-12 sept. 1169 ; H. Platelle, Le temporel, p. 163-164) : 12. – card.-diacre de St-Eustache (1166 - nov./déc. 1177 ; DHGE, t. 25, c. 176) : 16. – [de Péronne], chancelier épiscopal de Tournai, attesté de 1109/10 à 1128/29 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 51) : 7. – chan. d’Arras (chap. cath., diacre), attesté de 1141 à 1170 (B.-M. Tock, Chartes, nos 71, 155) : 14. – chan. d’Arras (chap. cath., prêtre), attesté de 1141 à 1163 (B.-M. Tock, Chartes, nos 71, 138) : 12. – chan. de Tournai (chap. cath.), attesté vers 1123 jusque 1147 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 6) : 7. – de Roye, chapelain épiscopal de Tournai, attesté de 1119 à 1146 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 81) : 7. – clerc épiscopal et chan. d’Arras (chap. cath., acolyte), attesté de 1117 à 1120 (B.-M. Tock, Chartes, nos 25, 30) : 5. – Danis, échevin de Denain : 96.
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– Le Mie, échevin d’Haveluy : 65. – procureur : 31, 32, 57. – Dieus : 80. – Hustart : 72. – dou Maires : 80. – de Puteo : 72. – de Roeulx, écuyer : 91. – de Wallers, chevalier, attesté en 1217 (I. de Coussemaker, Cartulaire de Cysoing, n° 72) : 25. – fils de Baudouin : 6. Hure, Huret, v. Gautier. Hurtebise, v. Heurtebise. Hurteleu : 54. Husen (Allemagne, Nordrhein, Westfalen, Xanten) : 16, 41. Hustart, v. Hugues. Hyacinthe, card.-diacre de Ste-Marie in Cosmedin (1144-1191 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 52) : 16. Iacintus, v. Hyacinthe. Ibria, sous-prieure de Denain : 39. Idate d’Haveluy : 8. Insula, Insulensis, v. Lille. Isabelle, – de Beli : 80. – de Denain, ép. d’Arnoul d’Enghien : 67, 88. – fille de Siger d’Hocron : 70. Iviegne, v. Amaury. J., magister de Maubeuge : 24. Jacques, – bourgeois de Valenciennes : 27. – chan. de Walencourt : 84. – Graillos, clerc : 63. – de Rouvignies, clerc de l’abbesse de Denain : 62. – doy. de chrétienté de Lille : 68. – Qualle, échevin de Denain : 91, 92. – [de Dinant], év. d’Arras (4 oct. 1247 17 avr. 1259 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166) : 39, 56, 57, 59. – sénéchal de Hainaut : 86, 87. – de Beaumont : 80. – Beisevile de Hennin : 80.
– d’Haunines : 91. – Haudecuers : 96. Jakemarde, ép. de Jacques d’Hannines : 91. Jakemes, v. Jacques. Jakes, v. Jacques. Jakos Mulars : 80. Jean Baptiste, saint : 25, 35, 36, 58, 73, 80, 82, 86. Jean, – II, ab. du Mt-St-Eloi (1181 - 5 fév. 1191 ; O. Barubé, L’abbaye du MontSt-Eloi, p. 201) : 19. – III, ab. de St-Vaast (1186 - 18 juil. 1190 ; L. Devillers, Cartulaire d’Hautmont, n° 80 ; D. Haigneré, Chartes de St-Bertin, n° 370) : 19. – archid. d’Arras (1181-1191; R. Berger, Archidiacres, p. 509) : 18, 19. – de Mainleuriel, bailli de Hainaut (1283-1290 ; M. Bruwier, Baillis et prévôts, p. 102) : 81. – Verdeau, ancien bailli de Hainaut (1270-1281), attesté comme châtelain de Bouchain en 1284 et prévôt de Valenciennes en 1286-87 (M. Bruwier, Baillis et prévôts, p. 101) : 82. – card.-prêtre de Ste-Anastasie (11581179 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 55-56) : 16. – card.-prêtre de St-Marc (1168-1190 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 59) : 16. – card.-prêtre des SS.-Jean et Paul (1151-1180 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 55) : 16. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre), attesté en 1171 (B.-M. Tock, Chartes, n° 161) : 14. – de Douai, chan. d’Arras (diacre), peut-être le chantre de Douai attesté de 1164 à 1174/83 (B.-M. Tock, Chartes, nos 147, 194) : 14. – chan. de Maubeuge : 24. – de Bruxelles, chan. et cellerier de StMichel d’Anvers : 58.
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– de Chièvres, chapelain : 76. – II, châtelain de Lille (1235 - 17 nov. 1244 ; E Warlop, De Vlaamse Adel, n° 185/25) : 43, 46, 47, 53, 76, 78. – III, châtelain de Lille (1256 - 24 oct. 1276 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, n° 185/30) : 70, 74, 75,78. – IV, châtelain de Lille (1277-1291/92 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, n° 185/35) : 76, 78. – de Monchecourt, chevalier, attesté en 1249 (Lille, A.D. Nord, 1 H 53/617 ; inscrit au 21 février dans le nécrologe d’Anchin) : 25. – d’Oisy, chevalier : 91. – II d’Avesnes, comte de Hainaut (10 fév. 1280 - 11/12 sept. 1304 ; SV, p. 366) : 81, 82, 86, 87, 90, 91. – convers de l’abb. de Denain : 97. – curé de St-Géry de Valenciennes : 68, 69. – curé de Trith : 73. – dou Fait, échevin de Denain : 91, 92. – de Loialcort, échevin de Trith : 25. – li Vallans, échevin de Denain : 91, 92. – maire de Denain : 65. – prév. de N.-D.-la-Grande de Valenciennes : 27. – prév. du chap. cath. d’Arras, attesté de 1189 à 1197 (B.-M. Tock, Chartes, nos 217, 263) : 19. – villicus : 72. – ad oculum : 72. – d’Avesnes : 72, 80. – de Beaufort, clerc, cité en 1298 comme receveur du Hainaut (62 H 2/20) : 86, 87. – Bede : 88. – Bees : 72. – Biekin : 54. – Bosket : 70. – Brouche, chevalier : 49. – Castaigne : 69, 72. – Cauroi : 54. – Chastaigne : 62. – du Châtel d’Emmerin : 70.
– Coullon : 80. – de Flines, clerc : 97. – Frotaus : 69. – Frotaus de Ruet : 91. – de le Haie : 54. – Hanneuse : 96. – Kiekin : 74. – li Baude : 80. – li Clarembaut : 80. – li Hubiert : 80. – li Mandes : 69. – li Vailians : 69. – de Mafles : 91. – Murgale : 54. – Panificus : 72. – Pelinghel : 54. – dit Rex d’Emmerin : 70. – de St-Saulve : 62. – Sarii : 54. – Sauses, Sausses, sire de Boussoit, cité en 1298 (62 H 2/20) : 86, 87. – dou Temple : 80. – Wisplet : 54. – fils de Siger d’Hocron : 68, 70. – père de Marie : 63. – laïque : 24. Jeanne, – ab. de Denain (...1275-1287...) : 74, 84. – comtesse de Flandre et de Hainaut (1205, ap. 14 avril - 5 déc. 1244 ; SV p. 393) : 40, 46. – de Gentag, moniale de Denain : 58. – soeur de Mathieu : 92. Jehain, Jehan, v. Jean. Jehanain, Jehanna, Jehannain, Jehanne,Jehenain, Jehenne, v. Jeanne. Jehans, v. Jean. Joseph, curé d’Hallennes : 68. Juliana de Fossato : 72. Juliane li Bues : 54. Karolus, v. Charles. Karon, v. Caron. Kerinain, Kermaim, v. Quérénaing. Kiekin, v. Jean. Kirinain, v. Quérénaing.
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J.-P. Gerzaguet, L’abbaye de Denain
Laborans, card.-diacre de Ste-Marie in Porticu (1173-1179) puis card.-prêtre de St-Calixte (1180-1189 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 63-64) : 16. Lallaing, Lalaing (Nord, Douai, Douai-Nord), v. Nicolas. Lambers, v. Lambert. Lambert, Lambertus, – ab. de St-Ghislain (1170 - 1er avril 1191 ; Monasticon, 1, p. 56) : 15. – chan. d’Arras (chap. cath., acolyte), attesté de 1110 à 1123 (B.-M. Tock, Chartes, nos 16, 37) : 4. – [de Guînes], év. d’Arras (1093 - 16 mai 1115 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 39-60) : 3, 4. – li Blans : 54. Lambiers Courtesie, échevin de Denain : 91, 92. Lamvin, Langinis, Languin, Lanwin, v. Lauwin. Latran, v. Rome. Laugmug, Laugving, v. Lauwin. Laurent, saint : 69. Laus, v. Loos. Lauwin-[Planque] (Nord, Douai, Douai-Est] : 5, 16, 17, 80, 85. – curé, v. Roger. – lieux-dits : A le Fosse, Amant, Anglée, Aubiel, Avesnes, Bouke du maires, Brachuel Moienri, Bridoce, Bruille, Burivaus, Camp Buisson, Camp Everart, Camp de le Flekiere, Camp à Marc, Camp du Mui, Camp Oisson, Cordela, Courtieles, Couture, Croix de Moienri, Croket, Diu, Dou Pauchiel, Hubaut, Huet, Masengarbe, Malet, Oliverue, Paou, Plankes, Prefosset, PrêtreVauchel, Soiesté Pierron, Soiesté Raoul, Soistes, Turiele, Val Hargiet, Viés Puch. – v. André, Anscris, Baudouin. L’Evêque, v. Gilles, Mathieu. Le Cuvelier, v. Estievenon. Le Feulie, v. Thomas.
Le Franchomme, v. Gilles. Le Mie, v. Hugues. Le Ombrage, v. Guillaume. Le Panetier, v. Collart. Le Tailleur, Le Taillieres, v. Colart. Le Vilain, v. Watemerus. Lens (Pas-de-Calais, ch.l. ar.), bailliage : 85. Lespaut, v. Freessens. Lesquin (Nord, Lille, Seclin), v. Gamand. Leurenc, v. Laurent. Leveske, v. L’Evêque. Lhomme, v. Lomme. Li Andrieu, v. Gilles. Li Anscais, v. Adam. Li Autais, v. Adam. Li Baude, v. Jean. Li Blans, v. Lambert. Li Bues, v. Juliane. Li Carpentier, v. Raoul. Li Chevaliers, v. Mathieu. Li Clarembaut, v. Jean. Li Clers, v. Gilles, Stievenes. Liebertus de Trith, prêtre : 25. Li Flamens, v. Gautier. Li Frans Hom, v. Gilles. Li Froissart, v. Hellin, Robert. Li Hubiert, v. Jean. Li Jumeau, Jumiaus, Jumiel, v. Pierre. Li Kaisne, v. Eve. Lille (Nord, ch.l. dép.) : 7. – bailli : 70 ; Thomas. – chap. St-Pierre : 34 ; prév., v. Guillaume. – châtelains : 35, 55, 57 ; v. Guillaume (aussi prév. de St-Pierre), Jean. – doy., v. Jacques, Raoul. Li Mandes, v. Jean. li malière, lieu-dit d’Haveluy : 65. Li Panetiers, v. Guillaume. Li Piers, v. Baudes. Li Poles, v. Amouris. Li Priestre, v. Gilles. Lira, v. Arnoul. Li Raoul, v. Pierre. Li Sage, v. Boides.
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Li Ses, v. Gérard. Lisia, v. Lys. Li Tailieres, v. Le Tailleur. Li Vailians, v. Jean. Li Vallans, v. Jean. Li Vaus St Martin, lieu-dit d’Haveluy : 65. Li Walon, v. Robert. Li Wete, v. Mathieu. Lochars, v. Henri. Lodovicus, v. Louis. Lohes, v. Pierre. Loialcort, v. Jean. Lokan, v. Alulfus. Lomme (Nord, Lille, ch.l.c.) : 16. Longe Ganbe, v. Alice. Loos, Los, (Nord, Lille, Haubourdin), abb. (O.S.C.) : 34, 35, 36, 37, 38 ; ab., v. Guillaume. Loskenol : 54. Louis VI, roi de France (1108 - 1er août 1137) : 7. Lourches (Nord, Valenciennes, Bouchain), v. Saulx. Louvain (Belgique, Brabant), monnaie : 11, 58. Louvés, échevin de Denain : 96. Lovaniensis, v. Louvain. Lys, affluent de l’Escaut ; v. Erquinghem. Madee, v. Bernard. Mafles, v. Jean. Mahaus, v. Mathilde. Mahiu, Mahius, v. Mathieu. Mainard, chan. de Tournai (chap. cath., prêtre), attesté de 1126 à 1145 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 161) : 7. Mainleuriel, v. Jean. Maio, prêtre : 4. Makembierge, v. Alard. M albodiensis , M albodium , v. Maubeuge. Manfred, card.-prêtre de Ste-Cécile (1173-1176 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 64) : 16.
Marc, Marchus, saint : 53. Marche, lieu non identifié : 16. Marchiennes, Marcianensis (Nord, Douai, ch.l.c.), – abb. (O.S.B.) : 49 ; ab., v. Gilles, Richard. Margariete, Margarita, Margeriete, Margerite, Margherite, v. Marguerite. Marguerite, – ab. de Denain (...1296-1300...) : 86, 87, 89, 90, 91, 95, 97. – comtesse de Flandre et de Hainaut (5 déc. 1244 - 10 fév. 1280 ; SV, p. 366 et 394) : 65, 67, 81, 88. – de Comines, moniale de Denain (inconnue de E. Warlop, De Vlaamse Adel, n° 122) : 58. Marie, sainte : 1, 30. – I, ab. de Denain (...1118-1127...) : 5, 6, 7. – II, ab. de Denain (...1256-1264...) : 58, 62, 69, 80 (?). – III, ab. de Denain (...1272...) : 72, 73, 80 (?). – moniale de Denain : 27. – de St-Saulve, moniale de Denain : 25. – prieure de Denain : 15. – de Beaupré : 70. – ép. de Jacques Graillos : 63. – fille de Siger d’Hocron : 70. Marie Baudouin : 72. Maroie de Fergne : 54. Marotain, soeur de Gillotain et épouse de Bauduin Caron : 69. Marote, épouse d‘Alard de Makembierge : 69. Martin, Martinus, saint : 85, 96. – de Cierisi, bailli de Hainaut, attesté qu’en 1260 (M. Bruwier, Baillis et prévôts, p. 100) : 65. – chan. d’Arras (chap. cath., s.-diacre), attesté de 1164 à 1200 (B.-M. Tock, Chartes, nos 150, 285) : 14. Mascelin, doy. du chap. cath. d’Arras, attesté de 1116 à 1118 (B.-M. Tock,
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Chartes, n° 24, et ici ; inconnu de R. Berger, Archidiacres) : 5. Masengarbe, lieu-dit de Lauwin : 80 ; v. aussi Mazingarbe. Mastaing (Nord, Valenciennes, Bouchain) : 16 ; doy., v. Amaury. Matheus, v. Mathieu. Mathieu, – chan. d’Arras (chap. cath., diacre), attesté de 1161 à 1176, puis doy. (B.-M. Tock, Chartes, nos 128, 171) : 14. – de Douai, clerc : 72. – curé de St-Vaast de Valenciennes : 50, 51, 52. – li Wete, échevin de Denain : 96. – Carpin de Rouvignies : 62. – de Caudry : 71, 72. – de Caudry, chevalier : 91. – de Thiant, chevalier : 25. – li Chevaliers : 80. – fils de Gilles L’Evêque : 92. Mathilde : 80. – moniale de Denain : 27. – de Douai : 80. – Pelingiaus : 54. – [de Béthune], ép. de Jean II, châtelain de Lille (E. Warlop, De Vlaamse Adel, n° 185/25) : 46. – [de Tournai], ép. de Jean III, châtelain de Lille (E. Warlop, De Vlaamse Adel, n° 185/30) : 74. – ép. de Siger d’Hocron : 35, 36, 68, 70. Maubeuge (Nord, Avesnes-sur-Helpe, ch.l.c.) : 24. – chan., v. Jean, Roger. – clerc, v. B. – convers, v. Gautier. – doy., v. Gaucher. – magister, v. J. M aucicors , M aucicort , v. Monchecourt. Mazingarbe (Pas-de-Calais, Lens, Liévin-Nord) : 16. Mehaus, v. Mahaut. Mikius,
– de l’Atre : 80. – Flamens : 80. Malet, lieu-dit de Lauwin : 80. Moienbracuel, v. Brachuel Moienri. Moncheaux (Nord, Lille, Pont-àMarcq) : 16. Monchecourt (Nord, Douai, Arleux) : 16 ; v. Jean. Monciaus, v. Moncheaux. Mons (Belgique, Hainaut, ch.l. de prov.) : 86, 87. – châtelain, v. Siger de Bevene. Montigny[-en-Ostrevent], Montingni (Nord, Douai, DouaiSud), v. Baudouin. Mont-St-Eloi (Pas-de-Calais, Arras, Dainville) ; – abb. (O.S.A.) : 85 ; ab., v. Jean ; chan., v. Saswalon. Morcinpont, v. Marchipont. Moriaus, v. Amourris. Morinensis, v. Thérouanne. Mota Creton, lieu-dit d’Haveluy : 93, 94, 95. Movinus, chan. de Tournai (chap. cath.), attesté de 1101 à 1152 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 69) : 7. Mulars, v. Jakos. Murgale, v. Jean. Nederokkerzeel (Belgique, Brabant, Bruxelles) : 11, 15, 16, 58, 59, 60 ; curé, v. Alexandre. Nicholas, Nicholes, Nicholon, v. Nicolas. Nicolas, – curé de Boussu : 27. – doy. du chap. cath. d‘Arras (11381171 ; R. Berger, Archidiacres, p. 516) : 12, 14. – Ier [de Chièvres], év. de Cambrai (mars 1136 - 1er juil. 1167 ; SV, p. 264) : 11. – III [de Fontaine], év. de Cambrai (9 avr. 1249 - 17 mai 1272 ; SV, p. 265) : 60, 67, 81, 88. – d’Oisy, prêtre : 25.
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– d’Houdaing, cité en 1298 (62 H 2/20) : 86, 87. – de Lallaing, attesté à partir de 1255 (F. Brassart, Choix de documents) : 81, 87. Noviomensis, v. Noyon. Noyon, v. Tournai, év. Nucater, v. Audacer. Obrichicort, v. Auberchicourt. Odon, – chan. de Vicoigne : 39. – Bufoit, chapelain épiscopal de Tournai : 7. – prév. du chap. cath. d’Arras (10971123 ; R. Berger, Archidiacres, p. 514) : 4, 5, 6. Oisi, v. Oisy. Oisson, v. Camp Oisson. Oisy (Nord, Valenciennes, ValenciennesSud) : 94, 95 ; v. Gérard, Jean, Nicolas. Oliverue, Olivierrue, lieu-dit de Lauwin : 80. Olivier, Oliviers, – clerc, fils de Siger d’Hocron : 70. – du Mes : 54. Oras, lieu non identifié : 16. Ostrevandensis, v. Ostrevant. Ostrevant, pagus : – archid. : 3 ; v. Frumaud, Raoul, Robert, Simon, Thierry. – coutume : 14. – mesure : 92. Ouede Chirions : 54. Oysi, Oysiacum, v. Oisy. P, prieur de St-Jean de Valenciennes : 52. Pabula, v. Pévèle. Paillencort, v. Paillencourt. Paillencourt (Nord, Cambrai, Cambrai), v. Raoul. Panificus, v. Jean. Paou, lieu-dit de Lauwin : 80. Parent, v. Robert.
Paris, Parisiacum, Parisiensis : 1. Parisis, monnaie : 55, 56, 57, 58, 84, 88, 94, 95. Pauchiel, v. Dou Pauchiel. Paul, saint : 59, 60, 64. Pelinghel, v. Jean. Pelingiaus, v. Mahaus. Pereus, v. Preux-au-Sart. Perfontaine, v. Guillaume. Perier, Periers (village disparu près de Valenciennes ; M. Gysseling, t. 2, p. 790) : 16, 24, 27 ; investitus, v. Th. Peronensis, v. Péronne. Péronne [-en-Mélantois] (Nord, Lille, Cysoing), v. Jean, châtelain de Lille. Perriches, v. Siger. Pévèle, pagus : 40. Phalempin (Nord, Lille, Pont-àMarcq), lieu-dit, v. Plouich. Phelippes, v. Philippe. Philippe de Prouvy, écuyer : 91. Pierekin, v. Thierry. Pieres, v. Pierre. Pierre, – saint :3, 16, 59, 64, 68. – li Jumeau, bailli de Hainaut (12961299 ; M. Bruwier, Baillis et prévôts, p. 102-103) : 88, 90, 91. – card.-prêtre de Ste-Suzanne (11731187 ; J.-M. Brixius, Die Mitglieder, p. 65-66) : 16. – chan. d‘Arras (chap. cath., diacre), attesté de 1110 à 1113 (B.-M. Tock, Chartes, n° 10, ici) : 4. – chan. d’Arras (chap. cath.), magister, attesté de 1160 à 1181 (B.-M. Tock, Chartes, nos 126, 179) : 18. – de Corbie, chan. d’Arras (chap. cath.), magister, attesté de 1186 à 1196 (B.M. Tock, Chartes, nos199, 257) : 19. – chan. de Tournai (chap. cath., s.diacre), attesté de 1119 à 1126 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 155, qui ignore cette charte) : 7.
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J.-P. Gerzaguet, L’abbaye de Denain
– de Douai, chevalier (1252-1280 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, n° 61/21) : 58. – év. d’Arras (1184 - 19 oct. 1203 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166) : 18, 19, 55, 57. – [de Noyon], év. d’Arras (23 mai 1259 - 1279/80 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166) : 78. – de Badelet : 80. – de Béthune : 14. – de Lohes : 54. – li Raoul : 80. – fils de Siger d’Hocron : 70. Pieron, Pierron, v. Pierre. Plouich, lieu-dit de Phalempin : 78. Ponchel des vaches, lieu-dit de Denain : 88. Pons, archid. d’Arras (1205-1221 ; R. Berger, Archidiacres, p. 509) : 26. Pons, v. Pont. Pont Hainnuyer, Haynnuier, lieudit de Denain : 86, 92. Pont, v. Baudouin. Porant, v. Baudouin. Povretés, Povertés, v. Gilles. Praiel, lieu-dit d’Haulchin : 69. Prefosse, Prefosset, lieu-dit de Lauwin : 17, 80. Presiaus, lieu-dit d’Haveluy : 65. Prêtre Vauchiel, Priestre Vauchiel, lieu-dit de Lauwin : 80. Preux[-au-Sart] (Nord, Avesnes-surHelpe, Le Quesnoy-Ouest) : 16. Prouvy, Provi, Provis (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Sud) : 5, 16, 25, 29, 30, 31, 62, 86. – curé, v. Helgotus. – doy., v. Thierry. – écuyer, v. Philippe. – lieux-dits : Boviers, Croix, Hasoit, Wimarcais. – v. Gérard. Puchemaigne, lieu-dit d’Haulchin : 63. Pulcher Mons, v. Beaumont. Puteum, v. Hugues.
Quailliel, lieu-dit de Denain : 86, 92. Qualle, v. Jacques. Quérénaing (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Sud) : 16, 21, 33. Racat Notre-Dame, lieu-dit d’Haulchin : 69, 91. Radulphus, v. Raoul. Ragenfredis, v. Remfroie. Raicouars : 80. Raimfroit, Rainfroie, v. Remfroie. Raismes, Ramis, (Nord, Valenciennes, St-Amand) : 14. Ramfroie, v. Remfroie. Ramis, v. Raimes. Raoul, Raous, – archid.d’Ostrevant (1175-1204 ; R. Berger, Archidiacres, p. 512) : 18. – chan. de Tournai (chap. cath.), attesté de 1101 à 1127 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 150) : 7. – chan. de Tournai (chap. cath., diacre), attesté de 1101 à 1127 (J. Pycke, Répertoire biographique, n° 150) : 7. – doy. de Lille : 7. – [de Chapeau-Cornu, dit de Neuville], év. d’Arras (1204/05 - 26 mars 1221 ; B. Delmaire, Le testament) : 26, 30, 31, 32. – de Paillencourt, chevalier : 25. – li Carpentier : 80. – neveu de Charles le Chauve, mort en 892 (R. Le Jan, Famille et pouvoir, p. 443) : 1. Rasse de Winti, peut-être le fils de Rasse (1280-1291 ; E. Warlop, De Vlaamse Adel, n° 161/20) : 86, 87. Raynerus, v. Rénier. Reims, Remensis (Marne, ch.l.ar.) – archev., v. Henri. – curie archiépiscopale : 50, 51, 52. Remfroie : 80. – sainte : 1, 4, 5, 7, 62, 92. – brasserie, v. Valenciennes. – pré : 65. – v. Denain, abb.
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Remi, saint : 35, 36, 46, 51, 52, 60, 78, 80. Renardus de Vendegies, chevalier : 25. Renerus, v. Rénier. Rénier, – card.-diacre de St-Georges au voile d’or (1176-1182 ; J.-M. Brixius, Die Mitglieder, p. 66) : 16. – Busket, échevin de Trith : 25. – de St-Amand, prév. de St-Amand ; fils de Gossuin de Jauche, il est attesté de 1246 à 1281 (A. Bocquillet, p. 173-176) : 39, 40, 65. Request, lieu non identifié : 16. Ressais, v. Guillaume. Rex d’Emmerin, v. Jean. Richard, – ab. de Marchiennes (31 déc. 1091 - 29 août 1102 ; GC, t. 3, c. 395) : 3. – ancien clerc : 72. Riflars :80. Rigaus, Rigaut, v. Gilles. Rissende, moniale de Denain : 25. Robert : 1. – archid. de Tournai (1114-1138 ; J. Pycke, Répertoire biographique, n° 24) : 7. – archid. d’Ostrevant (1119-1141/42 ; R. Berger, Archidiacres, p. 511) : 4, 5, 6. – chan. d’Arras (chap. cath.), attesté de 1118 à 1146 (B.-M. Tock, Chartes, n° 87 et ici) : 5, 6, 14. – de Douai, chan. d’Arras (chap. cath.), attesté de 1181 à 1188 (B.-M. Tock, Chartes, nos 185, 212) : 18. – Toulet, clerc : 72. – II, comte d’Artois (sept. 1250 - 11 juil. 1302) : 85. – doy. d’Avion, attesté de 1187 à 1191 (B.-M. Tock, Chartes, n° 207 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 435) : 19. – év. d’Arras (mai-juin 1115 - 22 avr. 1131 ; B. Delmaire, Le diocèse d’Arras, p. 166) : 5, 6.
– magister, écolatre d’Arras (1097-1111 ; puis archid. d’Ostrevant ; R. Berger, Archidiacres, p. 522) : 4. – de Bermerain : 91. – du Camp : 54. – Frossars : 80. – de Gamans : 80. – li Froissart : 80. – li Walon : 80. – Parent : 70. Robiers, v. Robert. Roeulx (Nord, Valenciennes, Bouchain) : 16 ; v. Gilles Rigaut, Hugues, Thierry. Roger, Rogerus, Rogier, – chan. d’Arras (chap. cath., diacre) : 4. – chan. de Maubeuge : 24. – curé de Lauwin : 80. – prév. du chap. cath. d’Arras (11601167 ; R. Berger, Archidiacres, p. 514) : 14. – de Bruges : 54. Roia, v. Roye. Rollaincort (en Cambrésis, non localisé ; M. Gysseling, t. 2, p. 856) : 16. Rome : 10. – card., v. Albert, Arditio, Bernard, Boson, Cinthyus, Gautier, Guillaume, Hugues, Hyacinthe, Jean, Laborans, Manfred, Pierre, Rénier, Theodinus, Vivien. – Latran : 13, 23. – papes : Alexandre III, Alexandre IV, Eugène III, Honorius III, Urbain II. – St-Pierre : 10. Rongy, v. Berthe. Rosuiel v. Alexandre. Rotbertus, v. Robert. Roucourt, R oucou, Rouecourt (Belgique, Hainaut, Tournai) : 16, 20, 42. – curé, v. Alexandre. Rouvignies, R ovigny , R ovingi , Rovingni (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Nord), v. Jacques, Mathieu, Mathieu Carpin.
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J.-P. Gerzaguet, L’abbaye de Denain
Roye, Roya (Somme, Montdidier, ch.l. c.), v. Hugues. Rues, v. Roeulx. Ruet, v. Jean Frotans. Ruet, v. Roeulx. Rufus, v. Gérard. Ruocurt, v. Roucourt. Sagualo, v. Saswalon. Saint-Amand[-les-Eaux] (Nord, Valenciennes, ch. l.c) abb. (O.S.B.) : ab., v. Hugues. – prév. laïques, Agnès, Rénier. Sainte de l’Atre : 80. Saint-Ghislain (Belgique, Hainaut, Mons), abb (O.S.B.) : ab, v. Lambert. Saint-Jean de Valenciennes, v. Valenciennes Saint-Martin, v. Li Vaus. Saint-Michel d’Anvers, v. Anvers, abb. St-Michel. Saint-Omer (Pas-de-Calais, ch.l.ar.), v. Gérard. Saint-Piat, v. Tournai. Saint-Saulve (Nord, Valenciennes, Anzin), – abb. (O.S.B.) : moine, v. Gobert ; prieur, v. Elias. – v. Jean, Marie. Saint-Vaast, v. Arras. Saltem, v. Saultain. Sancta Crux, v. Cambrai, Ste-Croix. Sancta Ragenfredis, v. Denain et Remfroie. Sanctus Amandus, v. St-Amand. Sanctus Gericus, v. Cambrai, St-Géry. Sanctus Gillenus, v. Saint-Ghislain. Sanctus Johannes, v. Valenciennes, St-Jean. sanctus michaelis, v. Anvers, StMichel. Sanctus Odomarus, v. St-Omer. Sanctus Piatus, v. Tournai, St-Piat. Sanctus Salvius, v. St-Saulve. Sanctus Vedastus, v. Arras, St-Vaast. Sandironnus de Bellang : 65.
Sandrars des Moulins : 91. Sarii, v. Jean. Sars, lieu-dit d’Haveluy : 66. Sasgalo, Sasgualo, v. Saswalon. Saswalon, – chan. d’Arras (chap. cath., diacre), attesté de 1157 à 1174 (B.-M. Tock, Chartes, nos 117, 166) : 14. – chan. du Mt-St-Eloi (1122-1125/31), attesté dans différentes dignités et responsabilités de 1106 à 1143 (B.M. Tock, Chancellerie, p. 174-179) : 6. Sauch, v. Saulx. Saultain (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Est) : 1, 16. Saulx (village disparu sur la commune de Lourches) : 9. – maire, v. Gérard. – v. Guillaume. Sauses, Sausses, v. Jean. Scaldis, v. Escaut. Seclin (Nord, Lille, ch.l.c.), – chantre, v. Gérard d’Oisy. – curé, v. Thomas. Segars Cornés : 80. Segiun, v. Seclin. Seies, Seis, v. Selle. Selle, Seys, affluent de l’Escaut : 86, 89, 90. Sicliniensis, v. Seclin. Siger, Sigerus, – chan. d‘Arras (chap. cath., s.-diacre), attesté de 1164 à 1174/83 (B.-M. Tock, Chartes, nos 150, 194) : 14. – chan. de Vicoigne, cité entre 1209 et 1221 (J. Gennevoise, 1, p. 255) : 39. – Bevene ou d’Enghien, châtelain de Mons (1293-1311; D. Schwennicke, Les familles féodales, t. 13, n° 78) : 86, 87, 90. – de Bleki : 91. – d’Hocron : 35, 36, 68, 70. – Perriches : 63. – fils de Siger d’Hocron : 70. Simon :80.
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– le Mage : 5, 6. – archid. d’Ostrevant (1205-1224 ; R. Berger, Archidiacres, p. 512) : 26. – [de Vermandois], év. de Tournai (1123 - 10 mars 1146 ; J. Pycke, Le chapitre, p. 326) : 7. – Brouche : 45. – Caupedoit : 80. – de Gamans : 80. – de Thiant, chevalier : 25. Skercin, v. Esquerchin. Sohier, Sohiers, Sohierus, Soier, v. Siger. Soiesté Pierron, lieu-dit de Lauwin : 80 Soiesté Raoul, lieu-dit de Lauwin : 80. Soissons (Aisne, ch. l. ar.), – chan., v. Wenemarus. Stepanus, Stephanus, v. Etienne. Stievenes Li Clers : 69. Strumensis, v. Etrun. Sygerus, v. Siger. Symon, Symons, v. Simon. Teodericus, v. Thierry. Teonville, v. Thonville et Thiant. Tetbertus, chantre du chap. cath. de Tournai (1120-1126 ; J. Pycke, Répertoire biographique, n° 67, qui ignore cette charte) : 7. Th., investitus de Perier : 24, 27. Thaonville, v. Thonville et Thiant. Theodericus, v. Thierry. Theodinus, card.-prêtre de St-Vital (1166-1179) puis card.-év. de Porto (1179-1186 ; J.-M. Brixius, Die Mitglieder, p. 66) : 16. Thérouanne (Pas-de-Calais, St-Omer, Aire-sur-la-Lys), év. : 13. Thiant (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Sud) : 1, 16, 50, 51, 52, 69, 84, 86, 91. – lieux-dits : Hapegrnée, Waskiet. – prêtre, v. Alard. – v. Gilles, Mathieu, Simon, Thierry. Thier, lieu non identifié (inconnu de M. Gysseling) : 16.
Thierry : 80. – ab. de St-Jean de Valenciennes (12171224 ; 59 H 34/167 ; son successeur Guillaume est cité en 1224, GC, t. 3, c. 158) : 27. – archid. d’Ostrevant, attesté en 1157 (B.-M. Tock, Chartes, n° 115 et ici ; chez R. Berger, Archidiacres, p. 509, Thierry est archid. d’Arras entre 1155 et 1157) : 12. – chapelain de Denain : 69. – doy. de Prouvy, attesté en 1214 et 1217 (1 H 344/3466 ; 10 H 222/3606) : 25, 26. – Pierekins, échevin de Denain : 92. – d’Haveluy, prêtre : 25. – prév. du chap. cath. de Tournai (1118-1143 ; J. Pycke, Répertoire biographique, n° 54) : 7. – Casier d’Hertaing, chevalier : 25. – de Thiant, chevalier, cité en 1245 (bailli de Hainaut ; M. Bruwier, Baillis et prévôts, p. 99), 1257 (10 H174/2807) : 25, 65. – dou Castellet : 91. – du Roeulx, frère de Gilles Rigaut (T. Lejeune, Recherches) : 86, 87. – Tribol de Wallers, chevalier : 25. Thions, v. Thiant. Thomas, – [de Beuvry], bailli de Lille (sept. 1235 - fév. 1250 ; H. Nowé, Les baillis, p. 405) : 46. – comte de Flandre (1237 - 1er fév. 1259 ; SV, p. 394) : 46. – curé de Seclin : 68. – de Caudry : 91. – de Le Feulie : 54. Thonville, lieu-dit de Denain : 16, 86. Thulin (Belgique, Hainaut, Mons), v. Helvide. Tians, v. Thiant. Tieri, Tieris, Tierri, v. Thierry. Tornacensis, v. Tournai. Tornbuisson, lieu-dit près d’Oisy : 94, 95.
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J.-P. Gerzaguet, L’abbaye de Denain
Toulet, v. Robert. Tournai (Belgique, Hainaut, ch.l. ar.) : 17. – archid., v. Robert. – chan. : Baudouin, Erbaldus, Etienne Gautier, Gilbert, Gossuin, Guiricus, Henri, Hugues, Mainard, Movinus, Pierre, Raoul. – chancelier épiscopal, v. Hugues. – chantre du chap. cath., v. Tetbertus. – chapelains épiscopaux, v. Gui, Hugues de Roye, Odon Bufoit. – curie : 68. – dioc. : 78. – doy. de chrétienté ( ?), v. Gontier. – doy. du chap. cath., v. Goterus. – év. : 13 ; v. Evrard, Gautier de Marvis, Simon. – magistri, v. Gautier, Gilbert. – official : 63. – paroisse St-Piat, curé, v. Baudouin. – prév. du chap. cath., v. Thierry. Tournbuisson, v. Tornbuisson. Toussaints : 33, 48. Tribol, v. Thierry. Tris, Trit, v. Trith. Trith [-St-Léger] (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Sud) : 16, 73, 82. – curés, v. Gilles, Jean, Liebertus. – échevins, v. Alulfus Lokan, Jean de Loialcort, Rénier Busket. – lieu-dit, v. Heurtebise. – v. Gilles. Truie, v. Hellin. Tuiloit, Tuilloit, lieu-dit d’Haulchin : 69, 91. Tulin, v. Thulin. Tumas, v. Thomas. Turiele, lieu-dit de Lauwin : 80. Tyan, Tyans, v. Thiant. Tyeris, v. Thierry. Tyrelaine : 72. Udo, curé de Periers : 24, 27. Urbain II, pape (12 mars 1088 - 29 juil 1099) : 3. Usilia, moniale de Denain : 25.
Valenciennes, Valencenis, Valenchenis, Valenciennes (Nord, ch.l.ar.) : 29, 44, 81. – abb. St-Jean (O.S.A.) : 27 ; ab., v. Jean, Thierry ; chan., v. Gilles ; prieurs : 50, 51, v. aussi P. – bourgeois, v. Jacques. – brasserie : 16. – mesure : 33, 63. – monnaie : 24, 72. – paroisse St-Géry, curé, v. Jean. – paroisse St-Vaast : 50, 51 ; curé, v. Mathieu. – prévôté ND-la-Grande, prév., v. Jean. Val Hargiet, lieu-dit de Lauwin : 80 Vallis sancti Martini, lieu-dit d’Haveluy : 65. Vauchiel, v. Peltre. Vendegies [sur-Ecaillon], V endougies (Nord, Cambrai, Solesmes), v. Renardus. Verchain-Maugré (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Sud) : 16. Verdeau, v. Jean. Vicoigne, V icognia , V iconia , Viconiensis (Nord, Valenciennes, Valenciennes-Nord, Beuvrages) : 12, 14, 26, 33, 44, 73. – ab., v. Gérard, Gérard de Chièvres. – chan., v. Eustache, Odon, Siger. – cour, v. Heurtebise. – magister, v. Eustache. – prieurs, v. Amand, Godefroi. Viés Puch, lieu-dit de Lauwin : 80. Vikiere, Viskiere, lieu-dit d’Haulchin : 69, 91. Vilain, Vilains Fier : 80. Vincent : 27. Vivien, card.-prêtre de St-Etienne in Celio Monte (1175-1184 ; J. M. Brixius, Die Mitglieder, p. 67) : 16. Vrediaus, v. Verdeau. Wadelincourt, v. Walincourt.
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Waideke (huit possibilités en Belgique), v. Gertrude. Walcherus, v. Gaucher. Walincourt, Walcourt, Walecort, W alencourt , W allecourt , Wallecurtis (Nord, Cambrai, Clary), abb. (O.S.A.) : 16, 49 ; chan., v. Gautier, Jacques ; prév., v. Gilles. Wallers (Nord, Valenciennes, StAmand-les-Eaux), v. Hugues, Thierry Tribol. Walterus, v. Gautier. Wandeke, v. Waideke. Wandelaincors, v. Walincourt. Warlainmes, Warlimés, lieu-dit d’Haulchin : 69, 91. Waskiet, lieu-dit de Thiant : 84. Watemerus le Vilain : 65. Watier, Watiers, v. Gautier. Wauchet, lieu-dit d’Haveluy : 65. Wauchet, v. Guillaume. Waurin, v. Wavrin. Wautiers, v. Gautier. Wavrechin [-sous-Denain] (Nord, Valenciennes, Denain), v. Amaury Diex Iviegne. Wavrin (Nord, Lille, Haubourdin), v. Hellin.
Wenemarus, chan. (de Soissons ?; chap. cath.; pas de Tournai, inconnu de J. Pycke, Répertoire biographique) : 7. Wercin, v. Verchain-Maugré. Wichardus, magister : 27. Wierge, v. Wiers. Willame, Willaumes, Willelmus, Willermus, v. Guillaume. Wimarcais, lieu-dit de Prouvy : 25. Winti, auj. Scheldewindeke (Belgique, Flandre orientale, Gand), v. Rasse. Wisplet, v. Jean. Xanten, Xanthensis (Allemagne, Nordrhein, Westfalen) : – chap. St-Victor : 41. Yda : 65. Ysabella, Ysabeau, Ysabiau, v. Isabelle. Zoutebarbe, v. Havuidis.
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