La Tradition sans peur [Servir ed.]


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French Pages 347 [362] Year 2000

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La Tradition sans peur [Servir ed.]

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Réalisation : Dominique Molitor La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux tennes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, que les« copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, « que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration», "toute représentation ou repro­ duction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur et ou de l'éditeur ou de leurs ayants droit ou ayants cause, est illicite", (alinéa I" de l'article 40). Celle représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 el suivants du Code pénal.

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Tous droits réservés pour tous pays y compris la CEL Crédit photo : Jean-Paul Duarte Servir 15, rue d'Estrées - 75007 - Paris. Téléphone : 01 53 69 00 10 -Télécopie: 015369 00 JO.

Abbé Paul Aulagnier

La Tradition sans peur Entretiens avec l'abbé Guillaume de Tanoüarn sur la crise de l'Eglise

Editions Servir 15, rue d'Estrées 75007 Paris Téléphone: 01 53 69 00 10 Télécopie: 01 53 69 00 10

« Il est dans le trésor de la Révélation des points essentiels, dont tout chré­

tien, par le fait même de son titre de chrétien, a la connaissance nécessaire et la garde obligatoire (...) Les vraisfidèles sont des hommes qui puisent dans leur baptême l'inspiration d'une ligne de conduite, non les pusillanimes qui, . sous le prétexte spécieux de la soumission aux pouvoirs établis, attendent pour courir à l'ennemi ou s'opposer à ses entreprises, un programme qui n'est pas nécessaire et que l'on ne doit point leur donner» Dom Guéranger, L'année liturgique « Je ne dis point que les catholiques libéraux sont hérétiques. Ilfaudrait pre­ mièrement qu'ils voulussent l'être. De beaucoup d'entre eux,j'ajfinne le contraire ; des autresje ne sais rien, et ce n'est pas à moi de lesjuger... Mais quelles que soient leurs vertus et quelque bon désir qui les anime, je crois qu'ils nous apportent une hérésie, et l'une des plus carrées que l'on ait vues» Louis Veuillot, L'illusion libérale

Avertissement Il y a plusieurs livres clans ce volume : l'abbé Aulagnier, qui a été penaant 18 ans supérieur au ais­ trict ae France ae la Fraternité Saint-Pie X nous offre ct'abora, au fil ae ses souvenirs personnels, un témoi­ gnage inéait et ae première main sur plus ae 30 ans ae crise aans l'Eglise, en commençant par les années sombres, autour ae 1968, où il se trouvait a u Séminaire français ae Rome. Membre fonaateur ae la Fraternité Saint-Pie X, il a été chargé par Mgr Lefebvre ae créer et ae aévelopper l'apostolat traaitionaliste en France : en 18 ans, il fonae plus ae 40 prieurés, sans compter chapelles et centres ae Messe, et 23 établissements d'enseigne­ ment. Son activité inlassable, aont il établit ici le bilan, a créé en France un pôle incontournable de résis­ tance catholique. Il n'esquive aucune question et offre une réflexion sereine sur ces années ae labeur apostolique. At(iourd'hui, deuxième assistant au supérieur général, organisateur au grana pèlerinage ae la Traaition catho­ lique à Lisieux, airecteur au Bulletin Saint-]ean-Euaes, animateur a'un site internet universellement consulté, il s'est résolument campé aans l'avenir en élaborant ici, pour la première fois en France, une synthèse aoctrinale I

des positions de la Fraternité Saint-Pie X. On sent à chaque page., en même temps que la lucidité ae l'homme d'action en prise sur le monde, une sorte ae aétache­ ment sacerdotal qui s'en remet sans phrase au aécret de celle que son cher Péguy appelait

1 . A toutes fins utiles, voici l'adresse du site Internet de I' Abbé Aulagnier : http://www.le-combat-catholique.com/

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• Rome de nouveau

L'une de vos initiatives récentes les plus étonnantes reste votre participation au pèlerinage des catholiques Ecclesia Dei à Rome du 24 au 26 octobre 1998...

J'ai effectivement tenu à m'y rendre en tant qu'auditeur libre, • car il y a des événements qu'il est bon de voir par soi-même. Beaucoup de prêtres, membres des communautés Ecclesia Dei, s'y étaient donné rendez-vous, dix ans après les sacres d'Ecône et dix ans après la fondation de la Fraternité Saint­ Pierre, pour faire le point en quelque sorte. Ils devaien� rencontrer les plus hautes autorités romaines, et, à cette occa­ sion, ils souhaitaient dire leurs actions de grâce au pontife suprême, pour l'accueil qu'ils avaient reçu, tout en ayant bien l'intention de se plaindre de l'attitude négative des épiscopats locaux. Je crus opportun d'y participer. Dom Gérard, que j ' avais informé, m'invita volontiers ; j'ai raconté tout cela dans le Bulletin Saint Jean Eudes //). Le cardinal Ratzinger devait donner une conférence, le 24 octobre à 1 1 heures 30, au Palace Ergife, via Aurelia 619. Je me présente, un peu en avance, et croise quelques fidèles, heureux, me disent-ils, de voir ici l'abbé Aulagnier. Dans la grande salle au sous-sol, je retrouve tous mes anciens confrères ; je salue dom Gérard, le père de Blignières, monseigneur Wach, M. l'abbé Pozzetto, très digne, petit sourire, M. l'abbé Péquigney, que j'avais connu au Séminaire 229

Chapitre 19

français, à Rome justement, qui, aujourd'hui, se fait appeler le père Wladimir. Je note le visage renfrogné de l'abbé Denis Le Pivain - il est vrai qu'autrefois, je m'étais opposé à son entrée à Ecône, je ne m' étais pas trompé -, mais tous les autres m' accueillent avec gentillesse. Je m'installe au premier rang tout naturellement. Le cardinal arrive ; sa belle cheve­ lure blanche est chaleureusement accueillie par les congres­ sistes. Il prend la parole, et se prononce fermement en faveur de la libre célébration de l'ancienne liturgie. Il met en cause la résistance des épiscopats à l'application du Motu proprio : théologiquement, ajoute-t-il, cette attitude n'a aucun fonde­ ment. Une véritable ovation salue sa conclusion. Puis, c'est au tour de dom Gérard. Dans son exposé, il revient à sa fameuse concélébration avec le souverain pontife dans le nouveau rite ; il en donne la raison : il voulait montrer par là que ceux qui souhaitaient le maintien de l'ancien rite soute­ naient toutefois la validité du nouveau et sa parfaite ortho­ doxie. Le mot était lancé ; et à travers ce terme, le père abbé du Barroux reprenait toute la dialectique de l'indult de 1984. Cette affirmation laissa le parterre silencieux. Quant à moi, j 'en fus ému, j'ai dû être le seul, j'imagine. Le rite nouveau est valide, d'accord, puisqu'il est promulgué par le pape, mais qu'il soit orthodoxe, et qu'il le soit parfaitement, il y a une marge. Je repense en cet instant au Bref examen critique de la nouvelle messe et à ses auteurs, à Mgr Lefebvre, au père Guérard des Lauriers, à dom Gu'illou. Que ces gens, si paisibles dans cette salle de congrès, sont loin de leur premier combat ! Dom Gérard se perd ensuite dans des considérations cano­ niques, dont on sent bien qu'elles lui échappent en partie. Il 230

Rome de nouveau

souhaite un renforcement de la Commission Ecclesia Dei, suggère la création d'un délégué apostolique, la création d'églises personnelles. Il va jusqu'à proposer d'insérer le rite ancien dans les livres de la liturgie réformée. Une telle naïveté me stupéfie. Elle aurait quelque chose de pervers : si l'on suit la pensée de dom Gérard, l'ancien rite aurait un droit de cité dans l'Eglise, par le véhicule des livres liturgiques réformés. Le rite romain ancestral, éternel serait ainsi à la remorque de l a réforme liturgique, instable, modulable, évolutive. Comme il a changé ! pensais-je. Ce n'est pas de l'opportunisme, c'est une nouvelle orientation qu'il déve­ loppe. A propos de cette nouvelle orientation de dom Gérard, je repensais à une communication téléphonique que nous avions eue quelque temps auparavant, lui et moi, grâce à des amis communs à Caen : au cours de la conversation, il m'avait expliqué que, selon lui, la nouvelle messe avait acquis un droit de prescription. Je lui avais répondu que la légitime propriété d'un bien par prescription suppose comme condi­ tion nécessaire, une possession paisible et une absence de contestation. Or, qu' avons-nous fait depuis trente ans, sinon contester ce droit d'un nouveau rite sur l'ensemble de l'Eglise latine ? La conversation s'était arrêtée là. La conférence s'est poursuivie. Michael Davies, écrivain anglais, champion de la tradition catholique là-bas, parla ensuite et, finalement, le cardinal Ratzinger reprit la parole, d'une manière improvisée, dans un français tout à fait clair : il n'approuvait pas totalement les considérations de dom Gérard, trop canoniques, dit-il. Il continua en expliquant : Ce n 'est pas de cette façon qu 'on améliorera la situation en 231

Chapitre 19

faveur de l'ancienne messe ; notre effort doit donc s 'appli­ quer ailleurs, il faut changer les cœurs, agir sur les intelli­ gences, voilà l'urgence. Et il conclut en propres termes : « Nous devons faire notre possible pour former une nouvelle génération de prélats. » Cette formule, dans la bouche d'un cardinal, me sembla énorme, j'applaudis le premier, et bientôt ce fut un tonnerre d'ovation, toute la salle m'avait suivi. Le cardinal se montra comme déconcerté par cette réaction si forte, il se reprit, et, comme s'il était allé trop loin il ajouta : « Les évêques ne sont pas des personnes de mauvaise volonté, ils manquent peut-être de formation . . . » En fait, c' était pour lui une manière de sceller son propos, en affir­ mant : je persiste et signe... Pour conclure, le Salve Regina retentit. Dès les dernières notes, je montai sur l'estrade et me présentai au cardinal, qui me sourit. Il me reconnut et prit le pli que je lui tendais : c'était la lettre ouverte que je lui avais adressée peu de temps auparavant et qui s'intitule Plaidoyer pour Mgr Lefebvre. 0 > A la sortie, il y eut de nouveau accolades et poignées de main. Mais il fallait reprendre quelque force. Je partis avec l'abbé Bisig, le père de Blignières flanqué d'un frère qui resta muet, et que je surnommais in petto son penseur. L'abbé Bisig connaissait une bonne table. A l' arrivée, surprise : monsei­ gneur Wach s'y trouvait déjà, avec Patrice de Plunkett, encore au Figaro Magazine à l'époque.« Si Wach y est, ce doit être bon », dis-je assez fort à mes trois commensaux. De fait, le gouleyant frascati aidant, les échanges allèrent bon train, sans ménagement de part et d' autre, mais avec cordialité . Je sentais que les propos de dom Gérard sur l 'orthodoxie du nouveau rite n'avait pas vraiment réjoui mes compagnons. En 232

Rome de nouveau

tout cas, ils n' auraient sans doute pas été si loin dans les concessions. Pourquoi refuser une liturgie, si on reconnaît qu'elle est orthodoxe ? Et pourquoi donner, à Rome même, ce témoignage de faiblesse intérieure ? Votre faiblesse décelée, leur dis-je, Rome a vu que le fruit est mûr. Il n'y aura plus qu'à presser le citron, et l'esprit de résistance aura disparu. Avez-vous trouvé un endroit pour dire votre messe à Rome même ou bien avez-vous dû vous contenter, en « sans papier de l'Église » que vous êtes, de la célébrer à Albano, au prieuré de la Fraternité ?

La basilique Saint-Pierre était bien sûr le premier but de mon pèlerinage ... Dès le premier après-midi, je décidais d'aller me recueillir sur le tombeau de l' apôtre. En entrant dans l' immense édifice, je m'arrête devant la grande plaque de marbre, rappelant les noms de tous les évêques présents lors de la proclamation du dogme de l' Assomption de la Vierge Marie en 1 950. Parmi eux, je suis fier de déchiffrer de nouveau le nom vénéré de Marcel Lefebvre, prélat merveilleux de foi et de prudence théologale. Deo gratias ! Je pénètre dans la nef, je repense au Concile, qui y a tenu ses assises et je me revois, jeune séminariste, prenant des photos, fasciné déjà par la gloire de Rome. Je m' approche du grand baldaquin (signé par Le Bernin) qui orne l' autel papal, et je prie devant la Confession, un bon moment, pensant au tombeau de saint Pierre qui est sous nos pieds. On sonne ; il est 1 8 heures. Il faut partir ; je passe à la sacristie et je m' inscris sans problème pour la célébration de la messe du lendemain. Il faut être là avant huit heures, me recommande233

Chapitre 19

t-on... J'y serai bien sûr ! Avant de partir, je vais me recueillir devant la statue de Pie XII et près du tombeau de saint Pie X, dont la chapelle était en réparation. Enfin je sors, retrouvant le ciel romain. La pénombre approche. Les fenêtres du bureau du pape sont éclairées. Au pied de la colonnade portant une relique de la sainte Croix, je m'arrête, garde les yeux levés vers le palais, pense au pape, prie pour lui. Le bruit de la foule me ramène à une réalité plus prosaïque. Le métro m'a reconduit jusqu'à Albano. Et le lendemain vous étiez à huit heures du matin dans la sacristie de Saint-Pierre-de-Rome, prêt à dire votre messe... Il se trouvait que c' était dimanche, fête du Christ-Roi dans le calendrier traditionnel. Un symbole : Pie XI avait institué cette fête en 1 925 pour rappeler la doctrine sociale de l'Eglise, toute centrée sur le Christ, roi des cœurs bien sûr mais aussi roi des familles, roi des sociétés, roi des Etats, inspirateur de leur législation et de leurs institutions. Un jeune garçon m'accompagne pour me servir la messe. Dès 7 heures, nous sommes partis d' Albano. Dans Rome, le bus 64 est plein de monde. Gare aux pickpockets ! pensais-je en moi­ même. Trop tard. En descendant la Via della Conciliazione, je m'aperçois que je n'ai plus de portefeuille, plus de permis, plus de carte de crédit. Une catastrophe ! Je dois faire opposi­ tion sur le champ. Un poste de carabinieri s' occupe de mon cas, je fais une déclaration, j' accomplis les démarches néces­ saires pour faire opposition. Le préposé prend son temps. Comble de malchance, l' informatique m arche mal. Le gendarme s'y est repris à plusieurs fois. Enfin ça y est ! Mais 234

Rome de nouveau

avec tout cela, il est bien dix heures, et j'avais rendez-vous à huit heures ... Le sacristain va-t-il accepter ce contretemps ? La basilique est comble, la place de Saint-Pierre est remplie, Jean Paul II procède à une béatification. La police, les gardes suisses sont aux aguets. Je contourne Saint-Pierre pour arriver directement à la sacristie. Tout est calme, bien rangé, le silence règne. Trop tard, me dit le sacristain. Je lui explique mes mésaventures du matin, il se laisse fléchir, prépare le nécessaire. Je dis la messe dans un bel oratoire privé. Au­ dessus de l' autel, un tableau représente saint Pierre avec saint Paul mon patron. Je suis sensible à cette coïncidence. Le sacristain arrive ; c'est pour s'excuser, parce que, me dit-il, il n'a pas de missel français et qu'il est obligé de me donner des livres en latin. Je le remercie. Il se retire. Je remets bon ordre à tout, enlève son livre en latin pour poser, du bon côté, le missel romain. J'envoie mon enfant de chœur réclamer un voile pour le calice et je peux enfin célébrer, ici, à Saint­ Pierre, la messe en toute paix. Vous imaginez mes intentions, immenses comme le monde ! Après la messe, le sacristain dûment remercié pour sa diligence, je sors par le côté de la basilique. Le pape est en train de chanter le Credo, en latin. Je le chante avec lui. Mais la Prière universelle commence ; je m'éclipse et fonce à San Ignazio, la belle église des jésuites, où devait avoir lieu, ce dimanche, une messe pontificale à l' attention des pèlerins et des communautés Ecclesia Dei. J'entends la voix de monseigneur Perl, qui fait le sermon : en fait, il lit un texte de Mgr Felici, préfet de la Commission Ecclesia Dei. Quelle piètre allocution pour le Christ-Roi, pas un mot sur la royauté réelle du Christ aujourd'hui, dans les sociétés humaines. Il magnifie une royauté toute spirituelle, 235

Chapitre 19 reportée au loin, très loin, à la fin des temps. Il n'y a plus rien à voir entre le discours de la Rome d' auj ourd' hui et le • discours romain. Le discours de l a Rome d ' auj ourd' hui, même lorsqu ' il est adressé aux c atholiques de tradition, oublie la Royauté du Christ. Le discours romain, c'est le discours que tenait Pie XI contre le laïcisme, lorsqu'il a insti­ tué cette fête du Christ-Roi, c'est le discours de Rome en tous les temps sauf le nôtre, discours centré sur le Christ-Roi. Je regarde la foule. Ils sont tous fascinés par la gloire de Rome, nulle réprobation dans leur attitude ; j e reconnais des visages, je peux mettre des noms sur certains d'entre eux. Tous ces gens en cet instant se croient sans doute très romains. Mais de quelle romanité s'agit-il ? Celle des dorures et de la pompe ou celle de la doctrine et de l'esprit ? Je me retire, j ' en avais assez vu ! Le lendemain, ces pèlerins seront reçus au Vatican par le pape Jean Paul II au cours d'une audience publique. Je prends l'avion dans l'après-midi et, le surlendemain, reçois à Gavrus en Normandie par fax le texte de l'audience. C'est M. l'abbé Bonneterre qui me l'envoie. Jean Paul II ne les a pas ména­ gés. Il ne reste rien des ouvertures faites par l e cardinal Ratzinger : « Je confirme le bien fondé de la réforme litur­ gique, voulue par le Concile Vatican Il et mise en œuvre par le pape Paul VI. » Autrement dit : silence dans les rangs, vous autres traditionalistes ; les critiques de la nouvelle messe ne sont pas de mise. Néanmoins « l'Église donne un signe de compréhension aux personnes attachées à certaines formes liturgiques et disciplinaires antérieures ». Quel contraste avec le discours - prudent pourtant - du cardinal Ratzinger ! Ici, il n'est question que de tolérance au sens le plus restrictif du 236

Rome de nouveau

terme. La messe traditionnelle n'est pas un bien qu'il faut promouvoir pour la vie de l'Eglise. On dirait que c'est un mal qu'il faut restreindre autant que possible ! Seules, les personnes qui ne peuvent vraiment pas faire autrement (pour des raisons affectives ou émotionnelles uniquement) pourront assister à cette messe. Quel fut le résultat de ce pèlerinage pour les communautés Ecclesia Dei ? Ils repartirent tous heureux de cet accueil romain ; ils croyaient avoir gagné peut-être. Ils avaient l' impression d'avoir trouvé à Rome une forme de reconnaissance. C'est alors que les événements se bousculèrent. Peu après ce pèleri­ nage, dom Gérard accepta dans un accord privé avec les congrégations bénédictines que les moines visitant son abbaye puissent dire la nouvelle messe. Il estimait sans doute qu'il n'y avait pas là grave dommage, protégé qu'il était par la clôture du monastère. Mais c'était sa deuxième concession doctrinale, qui n' échappa nullement à Rome. La Fraternité Saint-Pierre, de son côté, ne partageait pas ce laxisme. Elle continuait à ne vouloir célébrer que l'ancienne messe ; elle alla même - c'est l'abbé Coiffet qui en prit la responsabilité en accord avec l'abbé Bisig - jusqu'à destituer un confrère qui, à Perpignan, invité par l'évêque, avait accepté la concélé­ bration du Jeudi saint. L'évêque s'en émut auprès de la commission romaine et monseigneur Perl intervint, trouvant la chose inacceptable. Il savait que dans le sein de la Fraternité Saint-Pierre certains, déjà, acceptaient le principe de la nouvelle messe, et c'est alors que fut manigancé, de 237

Chapitre 19 Rome, avec le soutien de quelques prêtres, les dernières attaques contre les structures de la Fraternité Saint-Pierre. Mais nous verrons sans doute cela plus tard.

(1) il existe un tiré à part à commander aux éditions Saint-Jean-Eudes, 14210 Gavrus.

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L'appel de Lisieux Monsieur l'abbé, vous organisez, depuis quatre ans déjà, un pèlerinage à Lisieux, sur les pas de sainte Thérèse. Vous avez créé un collectifdes pèlerins pour faire de cette manifestation l'un des grands rendez-vous de la Tradition. Quel est votre message aux catholiquesfidèles ?

Je voudrais leur dire que le combat pour la messe n'est pas terminé. On pourrait affirmer qu'il commence. Les fidèles de rite latin ont un droit imprescriptible à jouir de la liturgie traditionnelle, dite de saint Pie V. C'est une institution bi­ millénaire dans l'Eglise. Aucune loi ne peut nous en priver ! Le message est simple, et il faudra bien qu'il passe dans toutes les instances de l'Eglise de France ou des dicastères romaines. Nous voulons la liberté inconditionnelle pour le rite traditionnel de la messe. C'est le plus beau combat qui soit, au ciel et sur la terre, le combat pour le Testament de Notre Seigneur Jésus-Christ, comme dit Mgr Lefebvre dans le sermon de son jubilé, le combat pour la messe, cœur de notre foi. C' est pour cela que nous allons à Lisieux, pour dire fermement et gentiment à l'autorité ecclésiastique que nous ne nous laisserons pas dépouiller de ce bien et que chaque prêtre de la chrétienté latine doit jouir, sans préjudice, du droit strict de célébrer cette messe. Le temps n'y fera rien. Par définition, la tradition liturgique est imprescriptible. On voudrait aujourd'hui que l'autorité ecclésiastique soit juge de 239

Chapitre 20 la liturgie à utiliser, mais c' est le contraire qui est vrai : c'est l'institution liturgique, c'est la tradition, c'est l'antiquité du rite sacré qui juge l'autorité ecclésiastique ... Revenons à Lisieux : que se passe-t-il lorsque vous arrivez devant la basilique avec vos pèlerins? Avez-vous été reçus à l'intérieur de l'édifice ?

La première année, nous étions en 1997, tout s'est passé dans l'ordre et le calme le plus parfait. J'ai téléphoné pour déclarer notre pèlerinage à l' Accueil des pèlerins. C'était une demoi­ selle, qui, après que je me sois présenté, n'a fait aucune diffi­ culté pour m'inscrire. Quelle aubaine ! Incrédule, j 'insiste - nous étions en pleine affaire du Chamblac, même si ce n'était pas le même diocèse -, je lui dis que nous sommes rattachés à Mgr Lefebvre, lui demande un écrit. Elle persiste : pas besoin d' écrit ! Vous direz la messe dans la crypte qui vous sera ouverte de 15 h à 17 h. Ce qui fut fait ; vous pouvez imaginez la joie des fidèles . . . Dans la crypte . . . la messe. La deuxième année, 1998, après la pacification du Chamblac, nous étions plus de mille, mais l'évêque avait juré que nous n'entrerions pas dans la basilique, et pour s'en assurer, il avait fermé le domaine tout entier. Sainte Thérèse n'eut pas un pèlerin pour son sanctuaire ce jour-là. Nous avons donc réalisé la cérémonie à l'extérieur. C'était du plus mauvais effet pour Mgr Pican. Le père Zambelli, recteur de la basi­ lique était furieux. La troisième année, 1999, nous avons été reçus à l'avance par Mgr Pican dans son bureau diocésain à Caen. Nous nous sommes mis d' accord sur une solution : la messe serait dite 240

L'appel de Lisieux

sur la tombe des parents de sainte Thérèse, derrière la basi­ lique, et nous aurions le salut du saint sacrement à l'intérieur. L' évêque devait nous confirmer tout cela par écrit mais il n'y eut aucun courrier de sa part. Je m'étais donc disposé à dire la messe sur l'esplanade. Arrive au dernier moment un prêtre supérieur des eudistes, qui, sans s'être annoncé, venait de la part de l'évêque, un missel romain sous le bras, soi-disant pour nous dire la messe. Je le renvoie chez les eudistes puisqu'il ne s'était pas annoncé, et, un quart d'heure avant la cérémonie, je rencontre le responsable du service d'ordre qui me dit que nous pourrions avoir un salut du saint sacrement dans la crypte. Et la messe ? lui demandai-je. - La messe aussi, si vous voulez... Je laissai podiums et installations exté­ rieures, et la grande crypte de Lisieux déborda d'une foule chaleureuse, qui eut sa messe dans les règles. Enfin, cette année, pour l'an 2000, nous avons eu une magni­ fique cérémonie, avec plus de trois mille fidèles. Mgr Pican avait d' abord eu l'intention de fermer le domaine, comme er 1998, mais, à Lisieux, tout le monde s'est opposé à cette mesure si bêtement répressive, recteur de la basilique en tête. Au terme d' une négociation honnête, nous avons pu rentrer dans la basilique (et la remplir) pour demander l' indulgence plénière de l'année jubilaire. Ensuite, conformément à ce qui avait été convenu - il m'a fallu de la vertu croyez-moi ! nous sommes ressortis pour avoir la messe sur l'esplanade. Magnifiquement sonorisée, cette cérémonie restera comme un des grands moments de notre combat. Nous avons démontré qu'il fallait créer un pèlerinage offensif pour la liberté inconditionnelle de la célébration de la messe tradi­ tionnelle. 241

i

Chapitre 20

Comment ce pèlerinage est-il reçu par le public traditiona­ liste ? Je dois dire que la dernière édition, le 14 octobre 2000 a suscité, comme les autres et plus encore que les autres, un enthousiasme formidable. Les gens qui se sont trouvés présents à Lisieux étaient heureux et fiers de contribuer, chacun pour sa part, à la réussite de ce rassemblement. Ne peut-on pas voir dans ce pèlerinage de Lisieux le symbole d'une stratégie ? Vous employez le terme « stratégie ». C'est justement celui . qui était tombé sous ma plume dans le Bulletin Saint Jean Eudes, il y a deux ans : une stratégie, avais-je écrit, qu 'on se le dise ... Je crois que nous sommes effectivement à la croisée des chemins. En effet, les temps ont changé. En 1969, Jean Madiran donnait cette consigne : « Ceux qui ont la possibilité de maintenir, fût-ce à l 'écart, en petits groupes, en catacombes,. en ermitages, la liturgie romaine et le chant grégorien, en tiennent le sort historique entre leurs mains : ils ont la responsabilité d'en assurer, tout au long de ce long hiver où nous sommes entrés, la transmission vivante et ininterrompue ». Une telle formule ne serait plus de mise aujourd'hui, car on ne peut pas faire comme s'il ne s' était rien passé depuis trente ans, comme si le combat public pour la messe traditionnelle et la protestation publique des fidèles spoliés de leur bien spirituel par une autorité arbitraire n'avait pas eu lieu. Comme si Mgr Lefebvre, successeur des apôtres et assistant au trône pontifical, n' avait pas fait entendre cette 242

L'appel de Lisieux

critique publique du Concile, qui d' ores et déjà a sauvé l' Église universelle du déshonneur. Il s'agit bien pour nous de résister, mais les catacombes et les ermitages prônés en 1969 n'ont aucun sens aujourd'hui alors qu'existe cet extraordi­ naire instrument qui s' appelle la Fraternité Saint-Pie X. Il y a désormais une autre possibilité, celle que nous offre notre adhésion à la Tradition, sans peur. Le texte que je viens de citer me donne l'occasion de vous livrer ici, a contrario, ma profession de foi : membre fondateur de la Fraternité Saint-Pie X, assistant du supérieur général, je suis un prêtre catholique sans épithète. Je crois avec saint Paul que la parole de Dieu n 'est pas enchaînée. Je répète ·avec lui : la charité du Christ nous presse. Nous avons fait de grandes choses en trente ans, alors qu'à Fribourg nous n'étions qu'une poignée de jeunes, autour d' un grand évêque. La Tradition catholique a troublé l' Eglise conciliaire, David contre Goliath, au point de la faire douter de ses certitudes mal acquises. Vous expliquez vous-même, monsieur l'abbé, dans la revue Fideliter, que le cardinal Ratzinger essaie de répondre aux critiques de Mgr Lefebvre. Il y parvient plus ou moins bien ; là n' est pas la question. Mais en tout cas, l' action publique entreprise par la Fraternité Saint-Pie X a obligé l' autorité ecclésiastique à revenir sur ses doctrines, à recentrer son discours et sa pratique, et c' est tant mieux ! Nous sommes là pour "traditionaliser" l' Église universelle. Mais, comme le dit M. l' abbé Duverger, dans votre lettre Pacte du mois d' octobre 2000, « il ne faut pas nous arrêter en chemin ». De grandes choses nous restent à faire pour le service de l'Eglise. Regardez l' abbé de La Rocque et sa merveilleuse lettre à tous les prêtres de France : il rencontre 243

Chapitre 20 un écho réel dans les consciences sacerdotales, comme le prouve l'abondant courrier qu'il reçoit. Mais il ne faut pas oublier les fidèles, et tel est le sens de notre appel de Lisieux, de notre appel à sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, pour qu'elle réchauffe tous les cœurs en nous obtenant de Rome la recon­ naissance de notre droit imprescriptible à la messe tradition­ nelle. Il faut sortir de nos tranchées, de nos ghettos, il faut, je le répète, sans peur, nous mettre au service de l' Eglise universelle, en utilisant notre liberté pour critiquer les nouvelles orientations, dans la mesure où elles ne représen­ tent encore que des replâtrages qui ne sont pas appelés à durer, et aussi pour souligner tout ce qui va dans le bon sens, sans nous perdre dans l'opposition stérile et dans la critique systématique. Je l ' ai dit, à l ' occasion d e l ' affaire d u Chamblac, nous ne devons pas avoir peur du corps à corps : ne les lâchons pas, c'est ainsi que nous nous garderons de toute tentation intérieure de schisme. Le temps n'est plus aux ermitages ni à la petite Eglise. Le temps est au service de l'Église, par le témoignage public rendu au droit de la liturgie traditionnelle et par le combat doctrinal. Je voudrais terminer en répétant quelque chose que je dis souvent : les sacres de 1988 ne sont pas la ligne de partage des eaux. Il faut arrêter de juger les gens en fonction de leur attitude à ce moment-là. Que tous ceux qui veulent lutter pour la Tradition, avec la même passion, sans concession, mais aussi sans peur, puissent nous rejoindre. Cela fait presque quinze ans que ces événements ont eu lieu : les faits ont démontré et démontrent chaque jour la nécessité de ce bastion imprenable que forment nos quatre évêques, qui, ce faisant, sont au service de la Fraternité Saint-Pie X et de toute 244

L'appel de Lisieux

l'Église, dont ils sont les paratonnerres antimodernistes. Il faut que la puissance de la Fraternité Saint-Pie X augmente toujours, pour faire reculer la ténèbre conciliaire et que se lève un jour nouveau, celui qui appartient à ce Dieu qui réjouit la jeunesse de tous les temps.

245

Sixième partie Positions

Pourquoi nous ne sommes p as libéraux

Monsieur l 'abbé, nous avons abondamment parlé du passé ; reste à évoquer le présent. Comment voyez-vous le combat de la Fraternité Saint-Pie X aujourd'hui ? Quel est son rôle dans l'Église ? Est-ce que le retour à la Tradition que nous apercevons un peu partout ne tend pas à rendre son action inutile ? Laissez-moi prendre un exemple : le diocèse de Paris est revenu à des formes beaucoup plus traditionnelles. Si vous voulez du latin, vous en trouvez de plus en plus. Si vous cherchez un vrai sermon, bien théologique et pas poli­ tique, c 'est de plus en plus courant. L'usage de l'encens se généralise. Les prêtres sont en tenue stricte de clergyman... Bref, on pourrait croire que l'on n 'a plus besoin de Saint­ Nicolas-du-Chardonnet. Deuxième exemple extrêmement récent, venu de Rome : la Congrégation pour la doctrine de la foi a publié, le 5 septembre dernier, un texte extrêmement strict sur l 'œcuménisme e t le dialogue interreligieux, Dominos Jesus : on y retrouve certainement une réponse à la plupart des critiques de Mgr Lefebvre après le Sommet inter­ religieux d'Assise. Donc, est-ce que la Fraternité ne sert plus à rien, là encore ? Tout se passe comme si le rôle historique de votre congrégation était achevé. N'est-il pas temps, après avoir bien bataillé, de s 'incliner en disant : Dieu nous a donné la victoire, mais maintenant que notre tâche est accomplie, ilfaut nous effacer. .. Qu 'en pensez-vous ? Faut-il déposer les armes ? 249

Chapitre 21 Mgr Lefebvre, alors qu'il réunissait un jour les prêtres du district de France à Saint-Nicolas-du-Chardonnet, concluait son allocution par ces mots : « Préparez-vous pour un combat de longue durée ». C'était dans les dernières années de sa vie, après qu'il eut sacré des évêques pour le remplacer. Il nous avait alors tout donné, mais il nous prévenait. De fait, la crise qui agite l'Église semble interminable. Elle s' éternise ... Et l'on peut avoir la tentation de dire que c'est parce qu'on n'y comprend rien et qu'en réalité tout est fini ... Certains esprits brillants se livrent à cet exercice. Arrêtons de rêver et essayons de nous colleter avec les faits. D'abord, voyons la situation de l'Église telle qu'elle est. Je voudrais reprendre vos deux exemples : le premier, que vous connaissez bien, je crois, Paris. Il est vrai qu'on peut y constater, d'une manière plus générale que dans le reste de la France, un retour à certaines formes de la Tradition. Si notre combat traditionaliste avait été purement sentimental, nous aurions dû nous satisfaire de ce retour apparent. Le problème, c'est que le combat des traditionalistes catholiques depuis le Concile, le combat de Mgr Lefebvre, le combat de l' abbé Dulac, de Dom Guillou, de l'abbé Coache et des grands noms qui nous ont précédés a toujours été un combat doctrinal. On ne supprime pas un conflit doctrinal avec quelques grains d'encens ...

Mais justement, le deuxième exemple que je vous citais, Dominus Jesus, ce document de la Congrégation pour la doctrine de la foi, ne manifeste-t-il pas la fin des errements doctrinaux ? Lorsque j'ai lu ce texte, je me suis dit : eh bien ! voilà la réponse aux légitimes inquiétudes de Mgr Lefebvre... 250

Pourquoi nous ne sommes pas libéraux

Vous avez raison de parler de ce document très important ; je l'ai lu sur Internet dès sa publication. Il montre bien que Rome essaie de serrer les boulons sur le plan de la doctrine, en mettant en jeu son autorité. Il ne faudrait pas que, nous autres traditionalistes, face à un signe comme celui-là, nous fassions de l'opposition à tout prix. Il est incontestable qu'on prend conscience, à Rome, des difficultés que porte avec lui le texte du concile Vatican II, et c'est tout spécialement le cardinal Ratzinger, avec la puissance intellectuelle qu'on lui connaît, qui essaie de "recatholiciser" le texte du Concile. La première partie du document est particulièrement intéressante ; la seconde sur la théologie de l'Eglise est plus approximative, mais l'ensemble marque un effort de retour à la tradition. Notez d'ailleurs que les efforts du préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi se sont intensifiés, depuis une certaine conférence qu'il a donnée à Santiago du Chili, en 1989. Il y faisait abondamment référence à la condamnation, alors toute récente, de Mgr Lefebvre et il exhortait les catho­ liques à ne pas interpréter l'excommunication de l'évêque traditionaliste comme un encouragement à se livrer à toutes les espèces d'un relativisme oublieux de la Tradition. On voit ensuite cette critique du relativisme dans plusieurs encycliques de Jean Paul II, dont la plus célèbre est Veritatis splendor en 1 993. Lorsque Rome défend la morale naturelle, lorsque Rome exalte la Vérité avec une majuscule, qui est Jésus­ Christ, nous sommes d'accord. Mais Vatican II est un trauma­ tisme dont on ne se remet pas en deux pages d'encyclique. Mgr Lefebvre a eu le courage, dès 1974, de refuser « toutes les réformes qui en sont issues ». Nous nous réj ouissons que Rome rappelle la loi morale. Nous nous réjouissons encore 251

Chapitre 2 1

plus lorsque Rome rappelle la loi de la foi, mais nous persévé­ rons dans une opposition globale à Vatican Il. Il est vrai que Rome rappelle la loi de la foi dans certains documents. Cela ne date pas d'hier. En 1 993, la congrégation qu' il dirige publie un document intitulé L'Eglise comme communion. On explique dans ce texte que l'Eglise univer­ selle (c' est-à-dire Rome et le pape) est antérieure à l'Eglise locale (le diocèse et la conférence épiscopale), alors que Vatican Il, dans l a constitution Lumen gentium, dit le contraire. Pour ce qui est du document qui vient de sortir Dominus Jesus, on y explique que les Eglises protestantes ne peuvent pas revendiquer le nom