La société varoise à l'âge du Fer (French Edition) 9782343143767, 2343143765

L'évolution interne de la société varoise lors de l'âge du Fer se caractérise par une certaine stabilité et un

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Table of contents :
Avant propos
I Introduction
II Historique
III Les ouvrages fortifiés de l’habitat groupé de hauteur
IV L’habitat regroupé dans l’enceinte fortifiée
V Interprétation et chronologie de l’habitat groupé et fortifié de hauteur
VI L’habitat ouvert à l’âge du Fer
VIII L’aménagement du territoire
IX Environnement de l’habitat
X Productions et échanges dans la société indigène
XI.1. Généralités
XI Les pratiques cultuelles des populations indigènes
XIII Inventaire des sites de l’âge du Fer dans le Var
XV Références bibliographiques
Table des matières
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La société varoise à l'âge du Fer (French Edition)
 9782343143767, 2343143765

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Le docteur Jacques Bérato a exercé comme rhumatologue libéral. Parallèlement il a pratiqué l’archéologie dans le cadre du Centre Archéologique du Var dont il est devenu Président. Ses investigations de terrain, tant fouilles que prospections et ses publications concernent principalement l’âge du Fer, mais aussi l’Antiquité et le Moyen Âge. En anthropologie il a diagnostiqué le premier cas de syphilis pré-colombienne sur un squelette d’époque gallo-romaine.

Photographie de couverture : Taradeau. Le Fort. ISBN : 978-2-343-14376-7

42 €

Jacques Bérato

L’évolution interne de la société varoise lors de l’âge du Fer se caractérise par une certaine stabilité et un indubitable isolement. Les habitants sont des Celtes, des Salyens qui pratiquent l’incinération. L’esprit de créativité endogène lors du début de l’âge du Fer a su concevoir et élaborer les oppidums, ouvrages en pierres sèches innovants. Le Var restera hors des grands axes routiers et en marge des grands circuits commerciaux méditerranéens. Il ne reste toutefois pas totalement isolé et on trouve des produits importés jusque dans l’hinterland. Les habitats groupés et fortifiés de hauteur du littoral et certains habitats ouverts côtiers collectent les produits locaux à échanger et sont les premiers maillons, les gateway communities, entre les marchands qui atterrissaient leurs navires et les indigènes. L’étude du mobilier importé confirme la « soif de vin » des autochtones. Les contacts entre Marseillais et indigènes n’ont pas influencé l’évolution propre de la société autochtone varoise.

Jacques Bérato

La société varoise à l’âge du Fer La société varoise à l’âge du Fer

La société varoise à l’âge du Fer

La société varoise à l’âge du Fer

© L’Harmattan, 2018 5-7, rue de l’Ecole-Polytechnique, 75005 Paris www.editions-harmattan.fr ISBN : 978-2-343-14376-7 EAN : 9782343143767

Jacques Bérato

La société varoise à l’âge du Fer

Avant - propos

A Nicole mon épouse, sans le soutien de laquelle ce travail n’aurait pu être mené à bien. A mes enfants et mes petits enfants. La base documentaire de l’étude de la société varoise à l’âge du Fer a fait appel aux travaux de nos prédécesseurs, mais elle est aussi l’aboutissement de la collaboration des membres du Centre Archéologique du Var durant ces trois dernières décennies. De nombreuses investigations de terrain, tant des fouilles que des prospections, ont abouties à de nouvelles découvertes. La synthèse présentée donne une représentation plus complète de l’âge du Fer dans le Var. Ma dette est grande envers Jean - Pierre Brun, Michel Pasqualini, Henri Ribot, Jean - Michel Théveny qui, en m’intégrant aux activités du Centre Archéologique à Toulon dans les années 1980, m’ont fait découvrir l’archéologie. J’exprime mon amicale reconnaissance à tous ceux qui m’ont accompagné sur le terrain et ont collaborés à ce travail : Franck Dugas, Marc Borréani, Françoise Laurier, Françoise Brien, Gaëtan Congès qui a eu la courageuse amitié de relire le texte, Philipe Aycard toujours présent pour les illustrations, Richard Vasseur, Vincent Krol, Jean - Marie Michel, Martine Leguilloux, Jean - Paul Thoury, Jean - Luc Demontès, Louis et Michelle Berre, Jacques Gautier, Louis Imbert, Pierre Salicetti, Michel Cruciani, Jean Reynier, Gilbert Galiano, Pierre Gayrard, Charles Clairici, Claude Babillaud, Patrick Digelmann, André Falconnet, Jean - Yves Thiant, Laurent Lagrue, Chérine Gebara, Didier Martina - Fieschi, Philippe Hameau et François Carrazé. 7

Je suis redevable aux Conservateurs Régionaux de l’Archéologie, Marc Gauthier, Jean Guyon, Jean - Paul Jacob, Xavier Gutherz et Xavier Delestre, pour la confiance qu’ils m’ont témoignée. J’adresse mes amicaux remerciements à Patrice Arcelin, Bernard Dedet, Dominique Garcia, Olivier Dutour, Frédéric Magnin, Philippe Columeau, Philippe Marinval et Frédéric Degaugue qui m’ont apporté leur caution scientifique.

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De l'oppidum du Ménier à Sainte-Maxime vue sur la pointe des Sardinaux

I Introduction

I.1. Le cadre naturel actuel du Var Il est singulier de constater que l’aire du faciès culturel varois de l’âge du Fer correspond encore dans son ensemble aux limites de l’actuel département, massif de la Sainte - Baume à l’ouest et le cours du Verdon au nord. Mais vers l’est, elle déborde sur la partie occidentale des Alpes Maritimes actuelles, car le fleuve Varus qui marquait la frontière entre les Celtes et l’Italie (Strabon, IV, 1, 1) n’est plus actuellement dans le département qui porte son nom.

Valensole

Manosque

MoustiersSainte-Marie

Lac de Sainte-Croix

84 VAUCLUSE

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1 715 m Mont de Lachens

Rians

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la-Napoule

Salernes

DRAGUIGNAN

Cotignac

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AIX-EN-PROVENCE Saint-Maximinla-Sainte-Baume

Le Luc

Aubagne

Golfe de Fréjus

Le Beausset

Six-Fours-les-Plages

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TOULON La Seyne-sur-Mer Saint-Mandriersur-Mer

Golfe de Saint-Tropez

Grimaud

Saint-Tropez

Collobrières

Solliès-Pont

La Ciotat Ollioules

Bessesur-Issole

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La Roquebrussanne

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1 147 m

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Fréjus Saint-Raphaël

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BRIGNOLES

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Baie du calvaire

La Crau Hyères

Rade de Borme

Rade d'Hyères Presqu'île de Giens

Cap Sicié île de Porquerolles

11

île du Levant île de Port-Cros

Antibes

Vallauris Le Cannet Cannes

Golfe de Les îles de Lérins la Napoule

Esterel

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Lorgues

Gardanne

Cap de l'Aigle

Lac de Saint Catien Mandelieu-

Callas

Cagnessur-Mer

Mougins

Aups

Barjols

13 BOUCHESDU-RHONE

Fayence

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Peyrollesen-Provence

MARSEILLE

Vence Le Bar-sur-Loup

GRASSE Sia

1 173 m Montagne de Barjaude

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Saint-Vallierde-Thiey

Comps-sur-Artuby

Pertuis

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06 p ALPES- L o u MARITIMES

A r t ub y

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04 ALPES-DEHAUTE-PROVENCE

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Méditerranée

NICE SaintLaurentdu-Var

Le département du Var a une superficie de 6 032 km2. Son cadre géographique correspond à trois zones spécifiques que nous rappelons succinctement (Brun 1999, 64 - 78). Au bord de la méditerranée le massif cristallin primaire des Maures et le massif plus récent de l’Estérel. La variation du niveau de la mer ne semble avoir eu que peu d’effet sur l’occupation du rivage à l’âge du Fer. La plaine alluviale de la Dépression Permienne qui joint Toulon à Fréjus. Les reliefs calcaires du Centre et du Haut Var au sud du Verdon, dont les caractéristiques se résument en un relief très segmenté. La dissolution karstique des calcaires a favorisé à l’holocène des dépôts travertineux dans les cours d’eau qui ne sont navigables qu’à leur embouchure pour l’Argens et le Gapeau. Les contextes environnementaux protohistoriques seront évoqués lors de l’étude diachronique, mais on peut déjà relever que le caractère torrentiel de l’âge du Fer est suivi à la fin de cette période par une réduction des écoulements concentrés dans les talwegs au profit de dépôts de colluvions dans les pentes et les piedmonts. Le Var est soumis à un climat estival sec et chaud et à des précipitations d’automne qui favorisent l’érosion. Signalons que la qualité de la végétation forestière actuelle ne permet pas d’évaluer les conséquences écologiques à long terme de l’occupation des sols lors de la Protohistoire (Dupouey, Dambrine 2006). I.2. Les sources écrites antiques. Les textes des auteurs anciens qui concernent le Var sont peu nombreux, parfois ambigus et d’interprétation délicate. Leur interprétation apporte cependant certaines indications géographiques et ethniques et permet de fixer des repères historiques à partir de quelques événements survenus dans notre département. 12

Les textes nous apprennent que ce sont les Phocéens qui ont donné leur nom aux populations du territoire où ils avaient accosté. L’étymologie du terme Keltiké / Celtique, « terre abordée », proviendrait des Grecs qui auraient désigné ainsi le territoire des Barbares, qu’ils avaient abordé vers 600 av. n. è. lors de la création de Massalia (Garcia 2004, 15 - 18). Les populations de la bande littorale méridionale de la Celtique sont alors désignées sous l’ethnonyme de Ligyens / Ligures. Un sobriquet, « les piailleurs » ou « les braillards », serait à l’origine de l’ethnonyme (Arnaud 2001, 330 - 331). Les Celtes salyens occupent selon Strabon le territoire qui s’étend du Rhône à Antipolis. Strabon, géographe grec de la seconde moitié du Ier s. av. n. è., appelle Celtes, les habitants de la Celtique ultérieure / Transalpine qui s’étend en bord de mer de Massalia au Var, fleuve qui marque la limite avec l’Italie (Géographie, IV, 1, 1) et il précise : les « peuples qui habitent la province de Narbonitis, ceux que les auteurs anciens appelaient du nom de Keltai » (Strabon, Géographie, IV, 1, 14 ; Thollard 2009, 37). « Sextius, celui qui vint à bout des Salyens … expulsa les barbares de tout le littoral qui conduit de Massalia en Italie, alors que les massaliotes ne parvenaient pas à les tenir définitivement en respect.  Il ne put, d’ailleurs, en triompher lui - même complètement et ne fut que juste assez fort pour les obliger à reculer jusqu’à 12 stades (2220 m) de la mer, là où la côte offre de bons ports, et jusqu’à 8 stades (1480 m), là où elle est rocailleuse, mais il fit cadeau aux massaliotes du terrain  ainsi évacué » (Strabon, IV, 1, 5). « D’Antipolis, maintenant, à Massalia, voire même un peu au delà, les Alpes qui bordent la côte sont habitées par les Salyens ; la côte elle - même sur certains points nous offre des Salyens mêlés aux Grecs.   Dans les anciens auteurs grecs les Salyens sont appelés Ligyens et le nom de Ligystique désigne tout le territoire dépendant de Massalia ; les auteurs plus modernes nomment les Salyens Celtoligyens et leur attribuent tout le pays de plaine qui s’étend jusqu’à Luerion et au Rhône, ajoutant qu’ils tiraient de ce pays non seulement de l’infanterie, mais aussi beaucoup de cavalerie, et qu’ils l’avaient partagé en dix cantons. 13

  De  tous  les  peuples  de  la  Gaule  Transalpine  celui  -  ci  fut  le  premier soumis par les Romains ; toutefois, pour le réduire, les Romains avaient dû lui faire une longue guerre, en même temps qu’aux Ligyens [proprement dits] qui leur fermaient la route de l’Ibérie le long de la mer. Ces derniers en effet exerçaient leurs brigandages sur terre  comme sur mer et disposaient de forces si considérables que ladite route était devenue presque impraticable même pour de grands corps d’armée. Ce ne fut qu’après quatre - vingts ans de guerre que les Romains obtinrent d’eux, et encore à grande peine, de laisser sur une largeur de 12 stades le long de la côte le passage libre au public. mais  ayant réussi depuis à réduire la nation tout entière ils lui ont imposé un tribut et se sont réservé à eux - mêmes l’administration du pays » (Strabon, Géographie, IV, 6, 3). En fait nous ignorons l’appellation que se donnaient les populations autochtones de l’âge du Fer dans le Var. Le nom des tribus qui occupent le Var et leur localisation approximative, bien que problématique, ne sont connus que tardivement pour les IIe - Ier av. n. è. grâce à Strabon, à Pline et aux emprunts à leurs devanciers, Polybe (210 - 118), Poseidonios (135 - 50) et Artémidore (100). « A ces tribus ou divisions de la nation Ligyenne (Polybe au IIe s. av. n. è. ajoute) la tribu des Oxybiens » (Strabon Géographie VI, 2). « Le promontoire Zao, le port Citharista ; la région des Camatulliques, puis les Sueltères; et au - dessus les Verrucins ; sur la côte elle - même, Athénopolis des marseillais; une colonie de la huitième légion, Forum Julii [Fréjus],  ou  Pacensis,  ou  Classica  ;  il  y  passe  un  fleuve  appelé Argenté ; la région des Oxubiens et des Ligaunes, au - dessus desquels sont les Suètres, les Quariates » (Pline, Histoire naturelle, 3, 31 - 35). On peut donc localiser vers la fin de l’âge du Fer les Camactulici dans la région de Toulon, les Tritolli au sud - ouest du Verdon vers Rians et Saint - Maximin, les Suelteri dans les Maures, les Verucini dans la zone au nord de l’Argens, les Oxubii dans l’Estérel et les Ligauni dans le territoire autour de Fayence et Comps (Barruol 1975, 210 - 215 et 1976). 14

Aucun texte ne parle d’invasions de celtes continentaux en Provence orientale, alors qu’elles sont connues en Cisalpine et les recherches de terrain ne mettent pas en évidence dans le Var des traces d’un renouvellement ethnique exogène, que ce soit à la suite d’invasions ou d’infiltrations s’intégrant dans le fond autochtone locorégional. Les seuls documents onomastiques gallo - grec dans le Var ont été découverts à l’Acapte à Hyères dans un sanctuaire dédié au dieu Aristée, en relation avec le comptoir massaliète d’Olbia, daté de la fin du IIe s. av. n. è. - début du Ier s. de n. è. Des récipients votifs portent des dédicaces inscrites en grec, dont vingt - deux dédicants étaient des ligures / des celtes / gaulois hellénisés (Giffault 1983 ; CAG 83 / 1, 475 - 476). La tradition littéraire antique rapporte un itinéraire mythique protohistorique, la via Heraclea, qui correspond en fait à un faisceau de voies déjà utilisées par les indigènes et qui aurait permis la pénétration grecque en Occident (Barruol 1975, 62 - 65). Quatre passages sont connus pour franchir les Alpes, dont « le premier par le territoire des Ligyens, tout près de la mer Thyrrhénienne » (Strabon, Géographie, IV, 6, 12). Cette branche sud aurait emprunté la dépression permienne en suivant la vallée de l’Argens pour rejoindre celle de l’Arc. Il est tentant d’en identifier un tronçon avec la voie de direction est - ouest datée du Ve s. av. n. è., découvert au Petit Campdumy à Flassans. Large de six à neuf mètres elle est suivie sur trois cent mètres (Bérato et al. 2000). Elle est à proximité de la Grande pièce 1 à Cabasse, qui deviendra la station routière antique de Matavo. Sur le tracé de ce qui sera la via per Alpes Maritimas, existent déjà en 43 av. n. è. Forum Julii et Forum Voconii (Gascou, Janon 1985). Dans la liste des Oppida latina, Pline cite Forum Voconii (N H, III, 4, 36). Le nom de Forum Julii est mentionné dans une lettre de Plancus à Cicéron en 43 av. n. è. (Cicéron, ad. Fam., X, 15, 3). Ces deux stations routières jalonnent donc déjà à cette date ce chemin terrestre. Cette voie est alors suffisamment importante pour permettre en 43 av. n. è. aux légions de Plancus, Lépide et Marc - Antoine de s’y déplacer rapidement 15

avec armes et bagages. Cet axe de circulation dans le prolongement de la via Julia Augusta ligure, prendra l’appellation à l’est de via per Alpes Maritimas en 13 av. n. è. Le caractère structurant sur le plan politique des populations autochtones du Var repose dès le VIe s. av. n. è. sur un système d’aristocratie tribale : « Les régimes aristocratiques étaient (autrefois) majoritaires - ils choisissaient chaque année (dans les temps jadis) un chef unique … mais aujourd’hui ils appliquent les ordres des Romains, pour l’essentiel » (Strabon, IV, 4, 3 ; Thollard 2009, 51). L’organisation des tribus du Var et de celle des Ségobriges sur le territoire de la quelle est fondée Marseille, repose sur ce modèle. La manifestation de ce pouvoir politique s’exprime matériellement à travers les fortifications, certains objets, les sépultures, la statuaire anthropomorphe et le culte des têtes coupées. Nous ne rentrerons pas dans les discussions sur l’éthnogénèse des populations du sud de la Gaule qui ont fait l’objet de nombreuses publications (Arnaud 2003, Bats 2003, Py 2003, Garcia 2004 et Thollard 2009). I.3. Historique de la recherche sur l’âge du Fer dans le Var Nous ne nous étendrons pas sur les polémiques stériles de la fin du XIXe s. et des débuts du XXe s. concernant la localisation de Forum Voconii et de la bataille de Marius contre les Teutons (Brun 1999). Le Duc de Luynes (1868) fait des fouilles sur l’oppidum de Saint - Michel - de - Valbonne à Hyères (Gory 1868). Casimir Bottin (1842 - 1918) pratique des fouilles stratigraphiques à Saint Estève (Brun 1984) et sur l’oppidum de la Courtine. Le baron G. de Bonstetten rédige la première Carte archéologique du département du Var (époques gauloise et romaine) en 1873. 16

Adrien Guébhard (1905 - 1915) et le commandant Laflotte (1919, 1923 et 1929) dressent les premiers inventaires d’oppidums, complétés par les prospections aériennes d’Antoine Reymondon en 1974 et 1983. Jean Layet (1889 - 1963) fait des fouilles sur Saint - Estève (où interviennent aussi Adrien Durand et Maurice Veraldo) et sur les oppidums du Mont - Garou et de La Courtine. Pierre Boyancé fouille au Brusc (1946 - 1947). A. - H. Amannn intervient en 1967 à La Fouirette au Luc avec l’Abbé Boyer et au Théron au Cannet - des - Maures en 1968. Patrice Arcelin, Charlette - Arcellin Pradelle et Yves Gasco reprennent les fouilles de J. Layet au Mont - Garou en 1971 - 1973. Christian Goudineau prolonge en 1974 - 1976 les recherches de J. Amann sur l’oppidum du Fort à Taradeau, avec la collaboration de Gaëtan Congès, Jean - Pierre Brun, Michel Pasqualini, Chérine Gébara, Henri Ribot et Anne Roth. L’étude de l’âge du Fer dans le Var semble alors se résumer principalement à « la civilisation des oppidums ». Les interventions sur les sites de hauteur se poursuivront avec Jacques Bérato, Marc Borréani, Françoise Brien, Guy Désirat, Didier Martinat - Fieschi et Henri Ribot. Les interventions sur des sites ouverts de plaine et de piedmont vont élargir le champ d’intervention avec Jacques Bérato, Marc Borréani et François Carrazé. I.4. Préliminaires L’étude de l’histoire de la société de l’âge du Fer dans le Var, fait donc principalement appel à l’analyse des vestiges de la culture matérielle laissés par les populations autochtones, en particulier tous les artefacts humains, dont les constructions, les objets échangés ou ceux relevant de leur savoir - faire. Notre démarche consiste à étudier l’évolution matérielle diachro17

nique de la société. mais au - delà du simple inventaire des faits observés, nous essayons de reconstituer, en partant de ces caractéristiques matérielles, l’identité culturelle des groupes de populations à travers leur comportement, c’est - à - dire leurs relations sociales et économiques, la structuration humaine du territoire et l’aménagement du cadre naturel. Dans l’interprétation socioculturelle des données archéologiques objectives, nous retenons les hypothèses les plus plausibles, en référence aux théories anthropologiques et en nous dégageant de la préconception de résultats espérés. Compte tenu de la dualité culturelle induite par la proximité des cultures indigènes et des civilisations méditerranéennes, nous évitons l’écueil qui serait de privilégier la continuité vis - à - vis des périodes antérieures ou l’acculturation des populations au contact du monde extérieur. Une nouvelle occupation des sols va se dessiner dès le début de l’âge du Fer au VIIIe s. av. n. è. On est alors dans une problématique de changement et de rupture avec la période précédente. Le faciès de la céramique modelée change alors (Bérato 2008). La métallurgie du fer, apparue sporadiquement au Bronze moyen, autour du XVe s. av. n. è. (Roussot - Larroque, Queffelec 2014) se répend à cette période. Sa diffusion est une révolution technologique dans la fabrication des outils et le développement de l’agriculture. La population se structure et se hiérarchise avec comme corollaire, indépendamment de toute influence méditerranéenne, la réalisation accrue d’activités communautaires, dont la création et le développement de l’habitat groupé et fortifié de hauteur. Pour qualifier cette organisation on utilise le terme d’oppidum d’usage courant, bien que son sens soit plus large, puisqu’il concerne aussi des agglomérations non fortifiées et non perchées dans l’inventaire des Oppida latina (Pline, N H, III, 4,37). Les populations sont alors plus aptes à mener des entreprises communes sociales, politiques et économiques. Corrélativement l’occupation rurale ouverte se poursuit et les formes de cet habitat sont mul18

tiples, qu’elles soient isolées et dispersées ou groupées. Sur un même lieu, l’habitat du début de l’âge du Fer peut succéder à celui de l’âge du Bronze final, après une phase d’inoccupation comme en plaine au Touar aux Arcs (Bérato, Magnin  et  al. 1989) ou sans hiatus en piedmont à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume (Bérato et al. 2001). Une poussée démographique explique que les gisements soient alors plus importants et plus nombreux. La distribution géographique de l’habitat, quelle que soit la période, ne semble pas répondre à la seule logique d’un déterminant démographique et sociologique. D’autres facteurs, le relief et le terroir en regard, mais aussi les moyens de communications, les points d’échanges avec les commerçants méditerranéens ont dû jouer un rôle indéniable. Pour l’ensemble de la période de l’âge du Fer, mille deux cent sites ont été recensés dans le Var, dans le cadre d’un Programme Commun de Recherche sur l’habitat de l’âge du Fer dans le Var (Bérato et al. 1999). Sous le terme de site nous entendons la localisation géographique d’indices archéologiques traduisant une occupation humaine (Nuninger, Raynaud 1998, 10), mais sans préjuger de sa forme, de son importance et de sa destination. La majorité des sites n’a été l’objet que de prospections. La rareté des éléments déterminants et la disparité des documents n’autorisent souvent que des datations assez lâches, avec des durées d’occupation réelle difficiles à appréhender. L’état de conservation des ouvrages n’est pas un argument dans la détermination de leur datation. Parmi les sites datés, la synthèse chronologique met en évidence que la période de la fin de l’âge du Fer est la plus représentée (108 sites) et qu’il existe une légère diminution des occupations au milieu de l’âge du Fer par rapport au début de l’âge du Fer, 59 pour 67 sites. L’habitat groupé et fortifié de hauteur concerne deux cent 19

soixante sites explorés et il est vraisemblable que ce chiffre n’est plus très loin de la réalité, peu de sommets ayant pu échapper à la perspicacité des chercheurs. Les sites ruraux ouverts sont au nombre de six cent quatre - vingt - deux et l’habitat des morts, dont les tombes sous tumulus, avoisine cent cinquante sites. Il est incontestable que de nouvelles structures de piedmont ou de plaine cachées, car recouvertes par d’épaisses colluvions, seront encore mises au jour à la suite de terrassements en vue de constructions. L’occupation troglodytique n’a plus qu’un rôle secondaire. Il faut préciser que les inventaires chiffrés que nous exposons sont liés à l’état actuel de la recherche. Ils ne marquent qu’une étape de nos connaissances et ne sont que des moyens aléatoires de comparaison qui doivent être interprétés avec réserves, car ils n’autorisent le plus souvent que des hypothèses et ne sont pas des réponses aux questions que l’on pourrait se poser. La céramique importée sur les sites est rare, mais reste précieuse car elle permet d’affiner leur datation. La céramique modelée tant en prospection qu’en fouille est la catégorie la plus fréquemment rencontrée, qu’elle soit seule ou associée à des productions tournées. Sa typologie diachronique a été affinée (Bérato 2008) et nous autorise maintenant lorsqu’elle est retrouvée isolée, à fixer trois larges périodes d’occupation des sites : début de l’âge du Fer, du VIIIe au milieu du Ve s. av. n. è., avec un premier âge du Fer antérieur à la création de Marseille ; milieu de l’âge du Fer, du milieu du Ve à la fin du IIe s. av. n. è. ; fin de l’âge du Fer, de la fin du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. Nous proposons une étude diachronique de la société varoise en présentant pour chaque période une notice des principaux types d’habitats. Aux constatations matérielles nous associons une réflexion portant sur les populations indigènes, leur démographie, leurs pratiques cultuelles et funéraires, leurs productions, leurs échanges, les influences subies éventuelles et leur environnement.

20

II Historique

II.1. Le Bronze final 3 dans le Var II.1.1. Généralités Au Bronze final 3 la douzaine d’habitats troglodytiques encore connus sont des lieux de vie sédentaires ou temporaires, qui se répartissent dans les vallées où la nature géologique se prête à la présence de cavités naturelles, dont le Verdon (Lagrand 1968), le Destel, La Reppe et le Caramy. La découverte de fumier d’ovins dans la grotte / abri B des Eissartènes au Val, traduit qu’au Bronze final 3 / premier âge du Fer, elle a été utilisée temporairement comme bergerie (Acovitsioti Hameau, Hameau 1990). Ces abris vont céder la place à l’habitat de plein air. La localisation géographique de la trentaine de ces gisements ouverts qu’ils soient isolés ou groupés, en plaine ou en hauteur, se répartit indifféremment sur l’ensemble du Var (Bérato 2005). Cet habitat ouvert, qui demeure encore le plus souvent semi sédentaire et saisonnier, va progressivement s’installer de façon permanente. Les structures des maisons au sens générique du terme, sont en matériaux périssables, clayonnages enduits de torchis sur poteaux porteurs. Les surfaces d’occupation fouillées sont réduites à quelques centaines de m2. Les communautés sont de taille réduite, vivant en autarcie, sans manifestation d’un travail collectif organisé. L’activité agro - pastorale, où domine l’élevage, reste modérée, sans excédents comme 21

l’évoque l’absence de grandes structures de stockage. Elle ne semble pas avoir modifié de façon intense le paléo - environnement immédiat de l’habitat par rapport aux périodes antérieures où il s’était déjà dégradé. La pratique funéraire demeure exclusivement l’inhumation qu’elle soit en grotte ou à la fin de cette période sous tumulus isolé. Deux habitats qui ont été fouillés et dont le milieu dans lequel ils évoluent a été renseigné par des études paléo - environnementales, illustrent cette période et vieillissent sensiblement la chronologie traditionnelle, les limites du Bronze final 3 européen étant comprises conventionnellement entre 1250 / 1200 et 725 / 700 av. n. è. II.1.2. Le Touar, les Arcs La datation radiocarbone obtenue : Ly – 4542 = 3010 + / – 75 BP, soit après correction dendrochronologique : 1400 à 1030 av. n. è. cadre bien avec le faciès transition Bronze final 2 / 3a de la céramique modelée (Bérato, Magnin et al. 1989, Bérato, Magnin, Dugas 1990). L’habitat ouvert saisonnier d’été est situé sur la pente d’une petite butte résiduelle dans la plaine de la dépression permienne qui est aujourd’hui remblayée par des formations tourbeuses et limoneuses holocènes qui ont sédimenté en arrière de barrages de travertin fréquents sur le cours de l’Argens. L’installation de l’habitat s’est faite en bordure d’un biotope humide, un marécage qui se rétracte à ce moment - là et devient temporaire. La végétation arborée diminue alors brutalement et le milieu devient plus humide. Les formations végétales sont ouvertes, prairies humides et roselières. Après son abandon le site est occupé par une roselière temporairement inondée. Il n’y a pas recolonisation par la végétation forestière ou arbustive. L’environnement ne semble favorable qu’à une occupation de saison sèche, donc estivale. Deux petites terrasses ont été aménagées afin de régulariser le sol. Deux zones indépendantes riches en débris anthropiques s’y organisent autour de deux foyers A et B, l’un constitué d’une sole d’argile à surface supérieure lissée (fig. 1), l’autre simple tas de charbon et de cendres à même le sol, les deux étant séparés par une zone de passage. Les charbons prélevés autour d’un foyer sont représentés par du chêne caducifolié, de l’orme, du frêne, de l’arbousier et de la bruyère arborescente. 22

Ces essences ne proviennent pas du site qui est alors couvert d’une prairie humide, mais de milieux peu éloignés, ripisylve ou piedmonts des massifs voisins encore relativement boisés et humides. La présence de torchis dans ces deux maisons évoque la technique de construction en matériaux légers, torchis sur armature de bois calée au sol par des pierres. La pierre ponce traduit des contacts avec le littoral. La faune est composée de moutons et de chèvres, de porcs et de sangliers de grande taille, de bœufs Fig. 1 Les Arcs, le Touar, domestiques et d’aurochs, d’un foyer de la maison A cheval dont la hauteur au garrot correspond à un animal de grande taille, de cerf, de chevreuil, de chat sauvage, de chien de grande taille, d’ours brun, de lapin de garenne et de tortue terrestre. L’ours brun et le cerf suggèrent aux environs de vastes espaces encore vides d’hommes. L’aurochs aime les prairies humides. Le ravitaillement en viande est fourni à 45,90 % par la chasse. Les paléosemences attestées sont l’orge polystique nue, l’amidonnier et l’épeautre. Ce blé se développe à l’âge du Bronze final, surtout dans la partie orientale de la France ce qui pourrait traduire d’éventuels rapports avec l’Allemagne ou la Suisse (Bérato, Magnin et al. 1989 ; Bérato, Magnin, Dugas 1990). III.1.3. Le Bastidon, Sillans - la - Cascade La céramique de faciès Bronze final 3a est confirmée par deux analyses radiocarbone après correction dendrochronologique : Ly - 8333 : 1153 à 919 av. n. è. pour la première occupation et Ly - 8334 : 1102 à 848 av. n. è. pour la seconde. Cet habitat de plein air sur des dépôts de travertin de la rive droite de la Bresque, affluent de l’Argens, 23

Fig. 2. Sillans la Cascade, le Bastidon, radier de pierres et foyer

en milieu marécageux, comporte deux maisons, dont une seule a pu être fouillée. Signalons qu’à quatre mètres au - dessous du niveau du sol actuel une couche contenant des débris anthropiques, céramique, faune et charbon, est séparée par une couche de limons sableux stériles de deux mètres d’épaisseur, du premier état du Bronze final 3a. Elle n’a pu être fouillée en raison des risques d’éboulement. Dans le premier niveau d’occupation il n’y a pas de structure identifiable, mais de l’argile crue en abondance, qui doit être interprétée, ainsi que pour l’occupation suivante, comme étant un matériau de construction. L’habitat du deuxième niveau était temporaire, saisonnier de période sèche estivale. La maison fouillée construite en matériaux périssables et argile, comportait un radier de pierre (fig. 2), une plaque de foyer en argile à bord rectiligne reposant sur un hérisson de tessons superposé à un amas de blocs de travertins dans la couche 3 et une fosse. Une tuyère en argile et un fragment de bracelet non ébarbé évoquent la présence d’un petit atelier de fondeur. Les espèces sauvages représentent encore un fort pourcentage de l’alimentation carnée, 32,70% des restes osseux, dont cerfs, aurochs, sangliers et lapins, ce qui apparaît normal compte tenu de l’occupation saisonnière. Le cheptel domestique, 67,30%, se répartie entre caprinés, bovins, porcs et chiens. La présence d’un murex évoque des relations avec le littoral. Les habitants s’installent donc 24

dans un milieu humide où se côtoient roseaux, joncs et prairie humide, dans un environnement proche encore fermé (Bérato et al. 1997a et b ; Bérato, Degaugue 1999). Un gisement du Bronze final, avec des vestiges de fond de maison, avait été antérieurement signalé par A. Taxil à 400 mètres au nord de ce gisement (Rigoir et al. 1978, 203). Ce site ne sera pas réoccupé. La fouille de ces deux habitats de plaine du centre Var a permis la reconnaissance de la phase Bronze final 3a, cette subdivision du Bronze final 3 est une avancée récente en Provence. Le faciès céramique (fig. 3) de ces deux sites comporte de nombreuses correspondances avec celui du Languedoc oriental et se retrouve dans l’ensemble du midi, des Alpes aux Pyrénées. On a proposé pour ces communautés un modèle d’organisation « tribal acéphale » (Garcia 2004, 38). Chaque entité familiale vise à la satisfaction de ses propres besoins. La société est égalitaire, sans chef pouvant organiser des Fig. 3. Sillans la Cascade, le Bastidon, plat décoré travaux collectifs. II.2. L’âge du Fer varois avant la création de Marseille Les nouvelles données de datation vieillissent sensiblement la chronologie traditionnelle des périodes culturelles protohistoriques. Depuis deux décennies les datations par C14 calibré placent certains sites du midi méditerranéen du premier âge du Fer dans le VIIIe s. av. n. è., donc avant la création de Marseille (Guilaine et al. 1989). Les Etrusques ont précédé les Phocéens sur les côtes provençales (Bats 1992, 268 - 271), mais aucune structure bâtie ne peut leur être attribuée et les objets importés antérieurs à 600 av. n. è. sont rares dans le Var. 25

Six bassins en alliage cuivreux d’origine étrusques, datables dès le VIIe s. av. n. è., ont été découverts isolés dans l’hinterland varois (Bouloumié, Lagrand 1977, Bouloumié 1990). Dans le tumulus de Lambruisse 2 à Rians, la tête du sujet inhumé était recouverte par un bassin à bord perlé et ombilic ; dans le tumulus de Lambruisse 1 à Rians un bassin à bord simple à ombiFig. 4. Aups, aven Plérimond, bassin étrusque lic accompagnait l’inhumation ; dans le tumulus 27 des Ayaux à Pourrières, un bassin à bord simple accompagnait une inhumation ; dans le tumulus 28 des Ayaux / la Fosse à Pourrières, un bassin à bord simple était associé à une inhumation ; un bassin à rebord perlé est présent dans l’Aven Plérimond à Aups, avec des inhumations multiples (fig. 4) et un bassin à bord simple contenant une incinération lors de la réutilisation du tumulus des Béguines à Nans - les - Pins. Ces bassins qui ne sont pas accompagnés de céramique importée, sont dans des sépultures à inhumation, pratique funéraire qui disparaît au début du VIe s. av. n. è. Ces tombes appartiennent à des membres de la classe dominante. Cette pénétration de biens de prestiges dans l’arrière - pays, a dû utiliser des voies naturelles terrestres facilement accessibles à partir de la vallée du Rhône, du moins pour les localisations proches de la vallée de l’Arc. Le bassin, objet de qualité, pourrait être interprété comme un gift trade, un cadeau direct en relation déjà avec le vin. L’hypothèse d’une tentative d’exploration d’itinéraires, de voies de portage, vers des centres de pouvoirs locaux, chieftain’trade (Gras 2004) est plausible. L’impact culturel est resté localisé, ne concernant que ces quelques rites funéraires. C’est au début du premier âge du Fer qu’apparaît dans le Var l’habitat groupé et fortifié de hauteur suite à une évolution endogène de la société, véritable rupture avec le Bronze final 3, car ce type d’habitat n’y est alors pas connu, du moins dans le Var. La société se réorga26

nise et se hiérarchise et permet des activités collectives, en particulier de créer des surplus qui permettront ces constructions en dur, qui traduisent la sédentarisation de l’habitat. Ce phénomène permettant de dépasser la quantité vivrière indispensable à la survie de la collectivité, a dû prendre du temps et se place bien avant les premiers contacts avec les commerçants méditerranéens. Le changement du faciès de la céramique modelée locale par rapport au faciès de l’âge du bronze Final 3, lui est concomitant. La céramique modelée locale va seule singulariser cette période. Le mode de vie reste principalement autarcique tourné vers des activités vivrières. Seulement une vingtaine d’habitats a été identifiée. Ils sont proches ou éloignés du littoral, groupés et fortifiés de hauteur ou ouverts. Ils sont antérieurs à la création de Marseille et donc sans liens avec la cité phocéenne. Ils permettent de singulariser cette période dont la datation repose sur la présence exclusive de céramique modelée. Sur l’oppidum de Baudouvin - la - Bigoye à La Valette, seule une couche sans structures bâties a pu être fouillée, car préservée par l’éboulement de l’enceinte primitive, dont un court segment de mur en pierres sèches, épais de 0,80 m et à deux parements, est encore en place (fig. 5). Le matériel céramique est uniquement constitué de cé-

Fig. 5. La Valette, Baudouvin - La Bigoye, enceinte primitive

27

enceinte talus

fossé

Nord

Fig. 6. Le Muy, Les Planettes 1, à - pic simple

ramique modelée qui conserve quelques caractères morphologiques et décoratifs du faciès du Bronze final 3. Des fragments en argile cuite d’une sole perforée de four associés à une boule d’argile crue évoquent une production locale de céramique modelée (Arnaud 1996). L’occupation cessera dans le dernier quart du VIe s. av. n. è. Les Planettes 1 au Muy est une enceinte unique de type éperon barré de 350 m2 dans laquelle a été trouvée uniquement de la céramique modelée du premier âge du Fer. Cet éperon rocheux de petite dimension qui domine la rive droite de l’Argens, a son accès barré par un talus (fig. 6) d’environ 12 m de longueur, épais d’environ 2 m et mêlant petites pierres et terre. Il précède d’environ 7 m les vestiges d’un mur d’enceinte long d’enFig. 7. Le Muy, les Planettes, viron 15 m qui barre l’accès blocs de chant 28

ech. : 1/800

avec un retour à 120° vers le nord - est de 6,80 m. L’enceinte est montée partiellement en gros blocs posés de chant, de 0,25 m de largeur, 1,40 m de longueur et 0,60 m de hauteur environ (fig. 7). A l’intérieur sur environ 350 m2, l’habitat se dispose sur des replats de petites dimensions adossés à des reliefs rocheux. Une concentration de fragments de torchis brûlés et de céramique modelée indique l’emplacement d’une habitation dont deux murs utilisent comme solins deux parois rocheuses à 90°, hautes de 0,30 m / 0,40 m. Sur l’oppidum de Thèmes Est à Besse - sur - Issole (fig. 8), proche de la dépression permienne, la prospection n’a mis en évidence que de la céramique modelée du premier âge du Fer. L’enceinte unique en pierres sèches est de type appui sur à - pic, une falaise à l’est. De plan trapézoïdal de 15 000 m2, elle est située à l’extrémité orientale du plateau calcaire de Thèmes qui présente dans sa partie centrale une résurgence le Trou du Boeuf. Une porte frontale large de 4 m s’ouvre au nord - ouest. L’enceinte en élévation, épaisse de 5 m environ, a un double parement extérieur dans ses portions nord - ouest et sud - ouest,

Fig. 8. Besse, Thèmes Est

29

avec un léger fruit. Dans ces secteurs les parements sont en pierres plates calcaires de moyennes et grandes dimensions, avec calage de petites pierres. De gros blocs longs de 1,20 m, larges de 0,45 m et épais de 0,10 m sont placés en boutisse. Le blocage est en moyennes et grosses pierres. Les segments sud et nord - est de l’enceinte alors en soutènement, sont constitués d’un mur simple, épais de 2,20 m / 2,90 m, avec des blocs internes plantés de chant. Les changements d’orientation sont curvilignes, sauf à l’extrémité nord, où le mur fait un angle droit, avec une épaisseur de 1,60 m. A l’intérieur du site l’absence de vestiges de bases de mur ou de blocs de construction évoque des maisons en matériaux périssables. L’architecture est simple, mais la technique du bloc planté de chant et le double parement du mur sont déjà présents. Par sa superficie il est parmi les 17% d’oppidums de grande taille. Il ne sera pas réoccupé après un rapide abandon. Le Meinier à Sainte - Maxime est dans une position exceptionnelle, en dominant la mer avec à environ un kilomètre, une anse à l’abri du mistral côté Nartelle et une autre du vent d’est côté Sainte - Maxime, La céramique modelée y est exclusivement du premier âge du Fer et il n’y a pas de matériel importé. On ne peut préciser ses structures, son importance et ses fonctions (Bérato, Falconnet 2012). Dans la première phase d’occupation du Mont - Garou à Sanary au VIIe s. av. n. è. avant la construction de l’enceinte, l’habitat fouillé est ouvert et peut - être déjà groupé. La céramique modelée qui y conserve certaines caractéristiques du faciès Bronze final 3 n’est pas associée à des structures bâties (Arcelin et  al.  1982, 57, fig. 15 à 17). Parmi les habitats ouverts, le Touar aux Arcs situé dans la dépression permienne est daté par C14 [Ly 4992] de 1013 à 799 av. n. è. (Bérato, Magnin et al. 1989 ; Bérato, Magnin, Dugas

Fig. 9. Les Arcs, le Touar, maison A

30

Fig. 10. Les Arcs, le Touar, maison C

1990, 250). Il couvre une superficie d’au moins 10 000 m2. Des sondages ont mis en évidence des maisons. Dans la maison A (fig. 9) de 12 m2 le sol est en galets avec présence de nombreuses graines de céréales. Un foyer implanté dans son centre et délimité par une couronne de galets de 0,35 m de diamètre est associé à une fosse à déchets. La maison C (fig. 10 et 11) est trapézoïdale de 14 m2 environ de superficie. Elle est délimitée par des alignements de petits blocs de grès calant les supports des élévations en torchis et un trou de poteau porteur du clayonnage. Un foyer de 1 m de diamètre, recouvert de cendres est installé au centre à même le sol rubéfié à son contact. Un second foyer lenticulaire est installé à l’extérieur, délimité par les blocs de pierre de la paroi. Dans la maison D de 9 m2 le sol de galets sur lequel reposent des graines carbonisées et le foyer sont bouleversés par les labours. La céramique est uniquement modelée. L’habitat est ouvert et groupé. Il est séparé des vestiges du Bronze final 3 par une couche de sédiments de 0,20 m d’épaisseur, qui confirme que le site n’était alors plus habité, mais livré à des activités agropastorales. Les constructions en matériaux périssables sont ici semblables à celles du Bronze final 3. La superposition de ces deux états permet de mieux apprécier les évolutions. Le remblaiement palustre semble être achevé par rapport aux périodes précédentes. Le milieu est sensiblement plus sec et le marécage devient intermittent. L’Argens qui recommence à creuser son lit favorise le drainage. La présence de phalaris indique toutefois que les céréales ont poussé dans un endroit encore humide. 31

0

1m

Fig. 11. Les Arcs, le Touar, plan de la maison C

La couverture forestière ne se modifie pas sur le plan des essences et le chêne caducifolié est toujours présent. Les terres cultivées et l’activité pastorale n’ont pas encore rompu l’équilibre naturel de la végétation forestière environnante. Les activités agricoles évoluent. L’orge n’est plus retrouvée, le blé amidonnier prédomine sur le froment en raison des conditions édaphiques, le blé rustique poussant mieux sur des terrains où le froment viendrait mal. L’ers est fréquent. Les meules à céréales nombreuses sont toujours du type archaïque à va - et - vient. La vie pastorale est mieux organisée. La proportion d’ovi - caprinés augmente et prend le pas sur le porc, mais le ravitaillement en viande est toujours 32

fondé sur le bœuf. L’abattage d’animaux jeunes est l’indice d’une meilleure maîtrise du cheptel. La faune sauvage ne fournit plus que 21,5% du poids de viande, ce qui est un indice de la sédentarisation des populations. La richesse des sols en rebuts céramiques et osseux évoque déjà une population importante. Sur le grand ensemble ouvert du plateau de Quicule au Lavandou, associé à l’oppidum de même nom et qui regroupe des maisons à murs en blocs de chants associés à des enclos, la céramique modelée est seule présente (Quicule G, K et U et Sauvaire C). Le littoral est déjà occupé par des atterrissages de pécheurs ou de marins indigènes pratiquant le cabotage. L’Anse du Liserot / plage du Titan 14 / Le Levant à Hyères est occupée au premier âge du Fer, la céramique modelée indigène y est exclusive. L’îlot de La Redonne à Giens à Hyères est occupé au premier âge du Fer puis au IIe - Ier s. av. n. è. (Bonifay, Pasqualini 1978, 58, note 4 ; Pasqualini 2003, 17). II.3. Les premiers contacts avec le monde méditerranéen du VIe s. au milieu du Ve s. av. n. è. II.3.1. Généralités Durant cette phase apparaissent, associées à la céramique modelée, des importations de céramiques tournées principalement étrusques, massaliètes et puniques. Les communautés indigènes qui se sont socialement structurées avec une hiérarchie dès le début du premier âge du Fer, sont alors capables de créer des surplus qui permettront d’avoir des contreparties en échange des importations provenant du monde méditerranéen. Ce phénomène permettant de dépasser la quantité vivrière indispensable à la survie de la collectivité a dû prendre du temps. Les sites sont plus nombreux, ce qui traduit une plus grande densité de peuplement qu’aux périodes antérieures. Cet essor démographique est lié aux meilleures conditions de vie. Plusieurs sites ont été 33

fouillés, mais pas de façon exhaustive. Certaines occupations peuvent perdurer au - delà du milieu du e V s. av. n. è., dans le second et même durant tout l’âge du Fer. Pour éviter des redites nous les étudions ici sur toute la durée de leur occupation. II.3.2. L’habitat groupé et fortifié de hauteur On dénombre soixante - dix sites. L’oppidum de Baudouvin - La Bigoye à La Valette qui a un champ de vision de 180° sur la mer distante d’environ quatre kilomètres, illustre bien ce mécanisme. Sur une première occupation purement indigène se greffe au VIe s. av. n. è. un second état, où une nouvelle enceinte de type appui sur à - pic vient s’appuyer sur l’antérieure (fig. 12) et délimiter une superficie de 20 000 m2. Elle est épaisse de 4 à 4,50 m et ne possède pas de tour. Elle est marquée de coups de sabre et présente des blocs en boutisse de 2 m de long (fig. 13). Un habitat s’appuyait contre l’enceinte et à l’intérieur du site des éléments de murs avec blocs plantés de chant sont visibles.

Fig. 12. La Valette, Baudouvin, enceinte secondaire

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Fig. 13. La Valette, Baudouvin, bloc en boutisse

La forte proportion d’amphores et de grands récipients de réserve, atteste que ce site est un centre d’interface, un premier maillon dans les échanges avec Marseille. La richesse en grands conteneurs modelés peut s’expliquer par des surplus de céréales stockés, qui serviront de contrepartie aux amphores vinaires importées, dont certaines seront réparées. Les amphores représentent en effet 46,7% de l’ensemble des récipients. Elles comprennent 45% d’amphores étrusques Py 1 / 2 et Py 3A, 27 % d’amphores massaliètes Py 1, 13 % d’amphores ibéropuniques et 12 % de grecques (Arnaud 1996, 74 - 76). Les grands récipients de réserve modelés Bérato F1390 concernent 25%. La céramique fine massaliète importée qui ne comporte que des récipients à boire (14,4 %) est plus importante que le reste de la céramique modelée (9,1 %.). Elle atteste une certaine hellénisation de la population. Les fragments de meule à va - et - vient en basalte sont nombreux. L’abandon du site a lieu dans les premières années du Ve s. av. n. è. (Arnaud et al. 1986). Au Mont - Garou à Sanary à 3 km de la mer, l’habitat indigène au VIe s. av. n. è. s’installe sur des terre - pleins artificiels (fig. 14). Dix - sept maisons larges de 3 m et longues de 3,5 à 5 m, s’appuient sur une même terrasse. Les parois sont en torchis sur armature en bois. La brique crue y est attestée vers la fin du Ve s. av. n. è. L’enceinte munie 35

grotte du Garou

grotte des masc

10 m

t

e

V

grotte

P

i

s

Fig. 14. Sanary, Mont - Garou

d’une tour est construite vers 400 av. n. è. La surface intérieure est de l’ordre de 7000 m2. La céramique modelée est toujours majoritaire, sauf en 480 / 380 av. n. è., où l’ensemble des importations représente 50 % du total des céramiques. Les grands récipients de réserve représentent 20 % de la céramique dans les trois derniers quarts du Ve s. av. n. è. Les amphores étrusques, majoritaires dans la seconde moitié du VIe s. av. n. è. représentent entre 20 et 25 % des amphores jusque vers 400 av. n. è. Les amphores marseillaises deviennent majoritaires dès le milieu du Ve s. av. n. è. et le resteront jusque vers 150 av. n. è., avec un maximum peu avant 400 av. n. è. Le site est pratiquement abandonné de 390 / 380 av. n. è. à 170 / 175 av. n. è. La part des amphores de Marseille vers 170 / 150 s. av. n. è. est de 70 % pour 26,1 % pour les amphores d’Italie. Vers 120 / 100 av. n. è. les produits d’origine italiques représentent alors 80,3 % contre 36,5 % pour Marseille. Les amphores puniques apparaissent après 550 av. n. è. (7%) et disparaissent après 475 av. n. è. Le site a donc joué longtemps un rôle d’interface et il est abandonné vers 100 / 80 av. n. è. Au VIe s. av. n. è. l’élevage du bœuf, du cheval, des ovi - capridés et du porc prédomine. La viande est principalement fournie par le bœuf. La chasse, chien et cerf, représente 20%. Ultérieurement l’apport de la chasse devient faible et paradoxalement 36

celui des poissons et des oiseaux. Au IVe s. av. n. è. il y a diversification des ressources avec une part plus grande du cerf. Au IIe s. av. n. è. la consommation du bœuf est rattrapée par celles des ovi - capridés et du porc. La chasse devient négligeable. La couverture forestière est composée essentiellement au VIe s. av. n. è. de chênes pubescents et de pins d’Alep présents jusqu’à la fin de l’occupation. L’orme est présent vers 400 av. n. è. Le chêne vert, le chêne pubescent et le kermès disparaissent vers 350 av. n. è. du fait d’une surexploitation du terroir. Le juniperus sp. (le genévrier) qui colonise les sols squelettiques est trouvé dans la deuxième moitié du IVe s. av. n. è. Le pin pignon est présent au IIe - Ier s. av. n. è. (Arcelin et al. 1982). Le Montjean à Cavalaire / La Molle, enceinte unique de type appui sur à - pic, d’une superficie interne de 5 800 m2, est occupé dès le début de l’âge du Fer. L’enceinte est construite avant le milieu du Ve s. av. n. è. Son épaisseur varie de 2 à 4 m et sa hauteur résiduelle est de 3 m (fig. 15). Elle comporte de nombreux parements internes. La porte à recouvrement en couloir ouvre à droite, large de 2,50 m et longue de 3 m. A l’ouest un avant - mur épais de 1,70 m, long de 230 m, est situé à 9,20 / 13 / 15 m de l’enceinte et permet de visualiser l’accès dès la mer par le col des Tuiles (fig. 16). Au nord quatre avant - murs. A l’est existe

Fig. 15. Cavalaire, Montjean, enceinte

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une source. Une maison de 4,5 x 3 m appuyée à l’intérieur de l’enceinte, présente dans l’angle de la base des murs en pierres, deux trous de calage de poteau rectangulaires de 0,20 m de côté avec charbons. Les élévations sont en terre crue / torchis, le toit devant être en torchis. Le sol en argile «cuite» est lissé. Un appentis, de 2 m x 1,5 m, mitoyen, est ouvert au nord. Du blé et des vesces sont calcinés dans des récipients écrasés sur le sol. La céramique modelée représente 98% des récipients, amphores exclues et 20% sont de grandes urnes de réserve plus hautes que 0,40 m. La population est indigène. Les amphores forment 52% de l’ensemble du matériel céramique importé (amphore étrusque Py 3 et 4 ; ibéro - punique ; massaliète Py 1, 2, 3, 4, 5 / 6, 7 et 8) (Wallon 1967, 1973, 1979, 1985 ; Brun 83 / 1, 324). Le pourcentage d’amphores et de grands récipients de réserve pour le stockage de surplus atteste que le site a eu un rôle d’interface. Les échanges Fig. 16. Cavalaire, Montjean devaient se faire à partir de l’atterrissage contemporain du Port de Plaisance à Cavalaire, situé en piedmont à environ trois kilomètres. Le site est abandonné au cours du IIIe s. av. n. è. La Courtine à Ollioules, à environ 5 km de la mer, est un habitat ouvert du VIe - Ve s. av. n. è. La première enceinte interne de type géométrique fermé de 10 000 m2 ne sera construite que vers 375 av. n. è., épaisse de 2 / 2,50 m et encore haute de 1,50 m. Contre son parement ex38

Fig. 17. Ollioules, la Courtine, habitat interne

terne s’appuient deux tours carrées pleines. Un drain large de 0,20 m, à parois de lauzes de chant et couvert de dalles aboutit à une chantepleure sous l’enceinte. Deux maisons sont construites à la fin du IVe s. av. n. è., puis elles sont réunies en une seule de 48 m2 (fig. 17). Les murs en pierres de chant ne sont pas liés. Elle présente au centre une base de poteau monolithique pyramidale, haute de 0,60 m. Sous un foyer externe reposant sur une couche de tessons était enfoui un trésor de drachmes / oboles massaliètes. Lors d’un remaniement vers 300 av. n. è. sont construites à leur place quatre maisons mitoyennes entre deux passages. Après un hiatus d’occupation entre 250 et 200 av. n. è., sont élevées vers 200 av. n. è. des maisons plus petites de 12 m2 dont les murs ne sont pas liés. Un foyer de 0,20 m de diamètre est installé dans une fosse tapissée de cailloux et de terre rubéfiée. Vers 175 / 150 av. n. è. des foyers lenticulaires ou rectangulaires sont constitués de fragments de basalte recouverts d’argile. Vers 140 / 125 av. n. è. l’habitat est abandonné et des tranchées de culture s’installent dans les couches d’argile issues de l’effondrement des murs. Une enceinte externe de type appui sur à - pic est construite au IIe s. av. n. è. limitant une superficie de 60 000 m2. Elle est épaisse de 3 à 4 m, elle possède quatorze tours pleines carrées dont les formes et les mesures sont variables (fig. 18). Large de 4,9 m et profonde de 3,8 m ; large de 7,1 m, profonde de 5,5 m ; large de 4,5 m, 39

0

100 m

P

puits Première enceinte

P

P

P

P

Sondage I

Sondage VII -IX

Site 2

PlanPlan Schématique d' après M. Jean Fig. 18. Ollioules, La Courtine. shématique d’après JeanLayet Layet

profonde de 4,7 m avec une saillie de 1,1 m en dehors (l’enceinte s’appuie alors contre la tour) ; tour à face externe convexe avec parement externe - externe de 1 m, large de 4,6 m, profonde de 6 m ; large de 9 m, profonde de 9,3 m à l’est et de 6,1 m à l’ouest. La dernière tour à l’est qui est large de 7,3 m, profonde de 12 m présente un double parement externe de 0,60 m, l’enceinte étant épaisse de 3 m. A l’est, dans l’enceinte épaisse de 3 m, une porte frontale large de 2,4 m est protégée à 3 m par une tour à droite (large de 4 m, profonde de 5 m) et par un redan. Une trentaine de maisons aux murs à deux parements de blocs posés de chant étaient adossées à l’enceinte nord. Sur le plateau intérieur un puits d’environ 2,50 m de diamètre traverse la couche de basalte, qui a été exploitée comme carrière de meules. De la statuaire a été découverte. Cet oppidum a joué un rôle d’interface comme l’indique la thésaurisation de monnaies et de métal précieux : un lingot d’argent de 20 cm sur 2 cm de large ; un lot de vingt - sept monnaies anépigraphes du Ve s. av. n. è. dont deux apparentées au trésor d’Auriol et cent soixante - quinze monnaies s’étalant chronologiquement de 40

460 / 455 av. n. è. au Ier s. av. n. è. (Arcelin, Bérato, Brien 1988) ; un trésor enfouie dans le deuxième moitié du IIIe s. av. n. è. (seize tétroboles lourdes, quatre mille neuf cent quarante oboles (MA, douze à D, les autres à G, avec ou sans corne), deux imitations d’Ampurias datées de 241 - 212 av. n. è., des oboles d’Apollon au m, oboles du Lacydon, douze tétroboles, trente - cinq oboles, un moyen bronze, quatre - vingt huit petits bronze (Bérato et al. 1997). Les grands récipients de réserve sont nombreux. La céramique fine importée représente 61 % en 375 / 350 av. n. è., 38 % en 350 / 310 av. n. è., 55 % en 300 av. n. è., 59 % en 290 / 250 av. n. è., 37 % en 200 / 175 av. n. è., 41 % en 175 / 150 av. n. è. et 31 % en 150 / 140 av. n. è. Le pourcentage important de céramique importée par rapport aux autres sites indigènes s’explique par le rôle de marché ouvert aux influences extérieures. Au IIe s. av. n. è. la présence de formes du service de vaisselle modelée empruntées au répertoire du matériel importé est en relation avec la présence de citoyens hellénisés sur le site. Le taux des amphores à 25 % en 375 / 350 av. n. è. qui va osciller ultérieurement autour de 10 % peut s’expliquer par l’échange de monnaies d’argent qui a pu alors partiellement remplacer l’importation de vin. L’oppidum de la Gache à Saint - Cyr dans un hémicycle qui domine le golfe des Lecques est un habitat ouvert du VIe au IVe s. av. n. è. (amphore étrusque et amphore massaliète Py 2). Deux grandes terrasses soutenues par des murs de pierres sèches aménagent la pente naturelle. Une enceinte unique de type appui sur à - pic (falaises au nord et à l’est) construite au début du IIe s. av. n. è. barre la partie la plus accessible de 40 000 m2. Elle est épaisse de 1,50 / 1,80 m au sud et à l’ouest. Une voie de circulation empierrée dans l’axe ouest / est du vallon, franchit la barre rocheuse par une trouée naturelle qui a pu servir de porte. De larges escaliers relient les parties basse et haute. Une maison de 10 m2 au moins, adossée à enceinte, a des murs de 0,60 m d’épaisseur. Dans un angle une plaque / foyer rectangulaire de 0,60 x 0,40 m en argile, est posée sur des éclats de pierre. Il est adjacent à une banquette d’argile et de moellons large de 1,70 m. Un four circulaire à sole, est construit en appui sur un mur et le substrat. Au troisième tiers du IIe s. av. n. è., à l’emplacement de la voie est édifiée une pièce en briques crues comportant un poteau calé dans un sol dallé. La charpente y a été retrouvée calcinée à la suite d’un incendie. Les structures bâties sont remplacées alors par des constructions reposant sur cinq poteaux dans des trous de calage. 41

N

0

50 m

Fig. 19. Hyères, Costebelle

A Hyères, Costebelle est une enceinte unique de type géométrique fermé (fig. 19) à moins de 2 km du bord de mer, où l’amphore massaliète prédomine. Elle a un rôle d’interface du début de l’âge du Fer à son abandon au IVe s. av. n. è. lors de la création d’Olbia. II.3.3. Les habitats ouverts Leur nombre qui est de cent quarante - trois, est donc supérieur à celui des oppidums. Les Vaugreniers au Muy, gisement dans la vallée de l’Argens de 2 700 m2, sur une formation géomorphologique de type humide, voire palustre, dans sa partie sud, est un site de consommation. Il comporte une structure empierrée domestique ; un foyer de galets chauffés, large de 0,80 m, long de 1,10 m, en fosse comblée de pierres de grès, calcaire et tuf portant des traces de chauffe ; des fosses ovales ou rondes d’extraction d’argile, de 0,50 à 1,25 m de diamètre ; trois fours de potier avec chambre de chauffe de formes ovales à rondes d’1 m de diamètre, profonds de 0,40 m, avec alandiers / tuyères en pente vers les foyers, l’ensemble pouvant mesurer 3,50 m de long (fig. 20). Le placage d’argile des parois s’est fait en deux reprises avec rubéfaction, puis rechapage. La combustion intense a été atteinte rapidement et correspond au schéma de combustion en atmosphère confinée avec apport important d’oxygène comme dans un four à alandier (Pelissier 2008, 56). Un seul four présente un aménagement intérieur constitué par une dalle, puis un lit de cailloux et de galets chauffés. Des fragments de terre cuite 42

Fig. 20. Le Muy, Vaugrenier, four de potier

évoquent au - dessus des fours une chambre de cuisson aérienne en terre cuite. Il n’y a pas de scories, mais de nombreux tessons de modelée surcuits ou brûlés de type urne Bérato F1300 (701 dans un four) ; un fossé dégagé sur 10 m et un autre en L ouvert, long de 74 m, sont liés à des écoulements d’eau ; deux aires de trous de poteaux dont six répartis en deux lignes de trois, formant un rectangle de 5,21 m sur 2,11 m peuvent correspondre à un édifice. Ont été pratiquées deux datations 14 C, l’une de 2410 + / - 35 BC et après calibration 540 - 400 BC (95,4 %) et 590 BC (77,5 %) et l’autre de 2480 + / - 35 BP et après calibration 530 BC (95,4 %) et 770 BC (89 %). L’ensemble évoque un habitat groupé de potiers (Pellissier 2006, 171 - 172 ; Pelissier 2008). Le Petit Candumy 3 à Flassans - sur - Issole, d’une durée de vie brève au milieu du Ve s. av. n. è. est un ensemble linéaire de 300 m sur 50 m installé sur un plateau, soit 15 000 m2. Il s’organise sur une voie, large de 6 / 9 m, bordée par deux murs fondés, épais de 0,80 m / 1 m, à parements de blocs de chant et blocage de pierraille (fig. 21). Le sol de circulation est le substrat rocheux régularisé. Au nord cinq enclos irréguliers sont perpendiculaires à la voie, chacun d’une superficie de 180 m2 (enclos A à l’ouest, 10 m x 18 m), 540 m2 (enclos B à l’est, 18 m x 30 m). Au sud quatre enclos. L’un de 510 m2 (enclos C au centre, 30 m 43

A 11,00 m

S3

m 11,50

B

D

A

S1

S4

S5 D

C

10,0

C

8,00

0 m

S2

m 10 m

B

S1

Sondage

C

Fig. 21. Flassans - sur - Issolle, le Petit Candumy

x 17 m) a un accès sur la voie, large de 3 m avec des piédroits de blocs en boutisse. Une maison dans l’angle nord - ouest de l’enclos C, de 7,5 m2 (1,90 m x 3,90 m), a des murs épais de 0,40 / 0,50 m, fondés en blocs de chant, un sol en argile tassée avec des blocs à plat et une porte au sud (fig. 22). Les élévations de toutes les maisons sont en argile crue, sur clayonnage. Une autre maison est située dans angle nord - est de l’enclos C. Une maison dans l’enclos D, de 8,20 m2 (2,65 m x 3,10 m), a des murs en blocs de chant et une porte large de 0,80 m au sud - ouest en blocs de chant, qui donne dans un appentis bordant la voie (fig. 23). Elle possède un foyer au centre et un devant la porte qui repose sur un radier de tessons. Une maison en matériaux périssables est effondrée contre un mur de l’enclos B (Bérato et al. 2000). Le site des Hautes - Roques Nord / La Bergerie à Roquebrune sur - Argens, en piedmont de la face nord du rocher de Roquebrune, de 700 m2 environ, est implanté entre deux petits ruisseaux. Deux maisons datées du début et du milieu de l’âge du Fer (céramique monochrome grise, claire massaliète et modelée F1400) sont limitées par un mur

Flassans - sur - Issolle, le Petit Candumy. fig. 22. enclos D - fig. 23. enclos C

44

1

2

Nord

0

10m

3

Fig. 24 et fig. 25, Roquebrune - sur - Argens, la Bergerie

d’enclos au sud (fig. 24). Au sud - ouest au - delà du ruisseau des terre - pleins sont aménagés avec de gros blocs formant soutènement. De la maison 1, subsistent deux murs avec des blocs plantés de chant, sur une seule rangée épaisse de 0,30 m / 0,40 m, de 20 m2 environ de superficie. Espacée de 6,20 m au sud, la maison 2 dont persistent trois murs dont deux en blocs plantés de chant, épais de 0,70 m / 0,80 m, a une superficie d’environ 30 m2 (fig. 25). A 12,80 m au sud, un mur en soutènement de 22 m de long occupe tout l’espace entre les deux ruisseaux. Il est épais de 1,10 m, en gros blocs cyclopéens en double parement. Il correspond à une limite d’enclos ou à un soutien de terre - plein, mais réalise aussi une protection contre les chutes de blocs rocheux de la falaise instable qui s’élève au sud. Beauvillard à Ollières est une maison de plan rectangulaire associée à un enclos qui est datée du VIIe - VIe s. av. n. è. (céramique monochrome grise, claire massaliète et modelée F1300). Les longs côtés orientaux et occidentaux mesurent environ 7 m et les petits côtés nord et sud environ 6,50 m (fig. 26). Leur élévation est conservée sur 0,80 m. L’épaisseur du mur oriental est de 1,85 m et de 1,45 m pour le mur sud. Il existe un parement interne et externe, avec un blocage interne de moyennes et petites pierres. Le montage est à sec. La base des murs est formée sur 0,30 m de hauteur de blocs de module moyen. Au - des45

Au Muy, l’enclos des Planettes 3 est occupé au début de l’âge du Fer et sera fréquenté à la fin du IIe - fin du Ier s. av. n. è. Il s’agit d’un enclos quadrangulaire de 300 m2 sur un replat de colline (fig. 27). Les murs sud et ouest sont montés avec des parements interne et externe en gros blocs posés à plat ou de chant. Le mur sud, qui mesure environ 20 m de longueur, a une épaisseur de 0,90 m / 1 m. Il s’appuie à l’est sur un rocher. Le mur ouest à une longueur d’environ

n i

m e h

c

sus les blocs sont de grandes dimensions : 0,50 m x 0,30 m x 0,20 m ; 0,50 m x 0,30 m x 0,33 m et 0,43 m x 0,45 m x 0,33 m. Un bloc est en forme de coin : face interne 0,53 m, face externe 0,17 m, profondeur : 0,36 m, hauteur 0,26 m. Un bloc de calcaire froid anépigraphe à extrémité supérieure en bâtière pourrait correspondre à une stèle cultuelle réemployée. Le mur d’enclos est retrouvé sur environ 110 m de longueur.

Fig. 26. Ollières, Beauvillard, maison avec enclos

Fig. 27. Le Muy, les Planettes ; fig. 28. Vue du mur sud enclos 3

46

rd

No

15,30 m (fig. 28). Des murs est et nord ne subsistent que deux blocs. L’intérieur est en légère pente de l’est vers l’ouest et le rocher y affleure par endroit. On observe sur 4 à 5 m2 en dedans et en regard de la partie moyenne du mur ouest un abondant matériel céramique et du torchis brûlé, qui évoquent la présence d’une maison en matériaux périssables. Cet enclos est associé à 120 m en aval et au nord - ouest, à un autre enclos dont ne subsiste qu’un mur à parements de blocs plantés de chant de direction est - ouest d’environ 21 m de longueur et 0,90 m d’épaisseur. A son extrémité ouest retour à angle droit d’un mur épais de 0,80 m et long de 6 m. L’ensemble a une superficie d’un hectare environ. A Pourrières, le Chemin des Contrebandiers a fait l’objet de divers sondages : La Font de l’Hermitan 1, 2 et 3, un fond de case ; Roquefeuille 4, est un habitat ouvert comportant au moins quatre maisons aménagées par creusement du substrat dans une forte

E D

C

piste

Site 20

0

20m

Site 19 A B

Fig. 29. Pourrières, Roquefeuille

47

pente (fig. 29). Les murs sont en en matériaux périssables et les sols sont constitués d’une terre charbonneuse tassée, sur un léger empierrement, dans laquelle se trouvent à plat de gros fragments de céramiques. La présence de céramique modelée suggère l’existence d’autres cabanes sur la pente au sud. La maison C est datée par le C14 : 2215 + / - 50 BP, Ly - 6831 = 374 - 126 av. n. è. Elle mesure 5 m sur 0,70 m conservé. La maison D est quadrangulaire de 14 m sur 1,50 conservé (claire massaliète Bats 321 / 322 et modelée du premier âge du Fer). Dans la maison E conservée sur 2 m x 0,50 m, il y a uniquement de la céramique modelée. Dans la continuité de l’ensemble précédent, Roquefeuille 5 présente deux fonds de maisons A et B quadrangulaires espacées de 3 m et qui sont conservées sur 0,50 m de large et une profondeur de 3 m. La maison B est datée par C 14 : 2400 + / - 40 BP, Ly - 6830 = 745 - 398 av. n. è. (Bérato, Borréani, Laurier 1994). Un enclos quadrangulaire du premier âge du Fer est implanté sur la pente de La Lieutenante 1 à Roquebrune - sur - Argens. Il mesure hors - œuvre 16,90 m au sud, 16,40 m à l’est, 14,70 m à l’ouest, 13,40 m au nord. L’entrée se situe dans l’angle nord - est. Le mur, épais de 1,45 / 1,50 m, présente des parements intérieur et extérieur constitués de gros blocs bruts de rhyolite, de 0,90 m sur 0,60 m, posés de chant. A proximité, l’enclos de La Lieutenante 2 ne conserve qu’un mur long de 42 m, épais de 1,50 m, avec parements intérieur et extérieur constitués de gros blocs bruts de rhyolite plantés de chant. Sur le sommet et les pentes de la colline des clapiers épars suggèrent des effondrements de maisons (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 11). L’habitat ouvert du Touar aux Arcs, situé dans la dépression permienne, est toujours un site de de consommation de près de 10 000 m2 qui est abandonné au début du Ve s. av. n. è. (Bérato, Magnin, Dugas 1990). Sur le plateau de Quicule au Lavandou à moins de deux kilomètres de la mer, d’une superficie près de 100 000 m2, des maisons dont les murs sont en blocs de chant et qui sont associés à des enclos sont datées du premier et second âge du Fer. L’ensemble Léoube / L’Estagnol à Bormes - les - Mimosas correspond à un habitat larges mailles, de 100 000 m2, avec des phases de 48

discontinuité selon les diverses localisations, mais occupé globalement durant tout l’âge du Fer. Situé en bord de mer il a été un lieu de contact pour les échanges avec le monde méditerranéen. Les grands ensembles ouverts et groupés des Escaravatiers à Puget - sur - Argens en retrait de l’estuaire de l’Argens et des Paluns occidentaux et orientaux à La Cadières d’Azur sont sur une large voie de passage vers l’intérieur. II.3.4. La société Les sites proches du littoral sont les premiers maillons, les premiers relais, les gateway communities, entre les indigènes et les Marchands qui abordent avec leurs navires les plages du littoral. Le cheminement vers l’hinterland des produits importés se fait alors par la prise directe de relais par des indigènes dès le littoral, l’intervention directe des marseillais se limitant à l’atterrissage. En contrepartie des importations des réserves sont stockées en quantités suffisantes. Les contenants, grands récipients de réserve, urnes hautes de plus de 0,40 m, doliums ou récipients en torchis, sont des documents matériels qui permettent de discriminer la qualité des sites à type d’interface ou de consommation. Ainsi au Montjean à Cavalaire les grands récipients de réserve plaident pour un site d’échanges. Les grands axes et les voies secondaires vers l’intérieur semblent commandés par des habitats fortifiés de hauteur. Les cheminements et les lieux de passages dans le centre et le nord du département, région aux reliefs cloisonnés et aux cours d’eau souvent encaissés, laissent penser que le transfert des marchandises vers l’hinterland, se faisait par indigènes interposés, de communautés à communautés. De même des oppidums en marge de l’extrémité ouest de la dépression permienne, dont le Castelas des Solliès, y commandent le débouché de la vallée du Gapeau. Certains oppidums sont placés en des lieux stratégiques, ainsi Bron à Carnoules contrôle un rétrécissement de la dépression permienne. Certains ont dû jouer le rôle de relais secondaires dans la circulation de produits importés vers l’hinterland. 49

On peut s’interroger sur certains gisements du littoral qui pourraient être des points de mouillage pour les commerçants marseillais. Le Cap de Léoube, l’Ilot de Léoube et L’Estagnol à Bormes - les - Mimosas, sont des atterrissages utilisés durant tout l’âge du Fer. Le port à Cavalaire - sur - Mer, est un point de mouillage du début de l’âge du Fer et du dernier tiers du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è., en relation avec l’oppidum du Montjean pour la période la plus ancienne (Brun et al. 1989). L’îlot de La Redonne à Giens à Hyères est occupé au premier âge du Fer et au IIe - Ier s. av. n. è. (Bonifay, Pasqualini 1978, 58, note 4 ; Pasqualini 2003, 17). La Tour Fondue 1 / pointe de Canouvié / île des Embiez à Six - Fours - les - Plages, point de mouillage à l’abri du mistral, occupé du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Le fort pourcentage de céramique importée par rapport à la céramique modelée locale (16 %) évoque la présence de navigateurs grecs, en relation vraisemblable pour le Ve s. av. n. è. et la première moitié du IVe s. av. n. è. avec le Mourret, puis avec Tauroeis (Roth, Brun 1978). Au large de Boulouris à Agay les nombreuses amphores massaliètes de type 1, 2 et 4 découvertes vers 30 / 40 m de profondeur correspondent à un mouillage d’importance stratégique pour les navigateurs marseillais (Long 1990, 31). La baie du Brusc à Six - Fours - les - Plages, est un mouillage de la fin Ve - troisième quart du Ier s. av. n. è. (Raphael 1994 ; Peretti, Ribot 2007, 76 - 79) en relation avec le comptoir de Tauroeis. L’Anse du Liserot / plage du Titan 14, île du Levant à Hyères, occupée du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. La maison du début de l’âge du Fer y est en matériaux périssables avec deux trous de calage de poteau dont un avec des pierres en place et dans l’alignement deux trous de pieux, dont un joint à un trou de poteau. Le sol est fait de galets et de pierres. Il existe une fosse à l’extérieur. La maison de la fin du VIe - Ve s. av. n. è. se superpose à la précédente avec des murs en blocs posés de chant et un sol en terre tassée et pierres. L’occupation est continue mais se déplace, le réaménagement dans le dernier tiers du IIe s. av. n. è. est constitué de remblais et de fosses (Borréani 1989). 50

La céramique tournée importée est présente au début de l’âge du Fer sur des sites de consommation indigènes, même éloignés de la côte au cœur de l’hinterland. Ces produits ont dû emprunter des pistes qui existaient antérieurement entre les diverses communautés autochtones et qui ont favorisé la mise en place précoce de réseaux d’échanges entre les autochtones et les commerçants méditerranéens. Les récipients importés concernent principalement ceux contenant du vin. Les amphores étrusques sont présentes sur soixante - quatorze sites, dont trente - huit oppidums, trente habitats ouverts, trois mouillages et trois grottes, mais les récipients en bucchero nero sur six sites seulement. Ces produits sont toujours associés, même pour les formes les plus anciennes, à des productions massaliètes ou à de la céramique grise monochrome. Leur diffusion a pu se faire toutefois avec des circuits qui étaient propres aux navigateurs étrusques. Argument en faveur de cette hypothèse, l’épave étrusque du Grand Ribaud F naufragée entre 525 et 475 av. n. è., qui comportait des amphores étrusques Py 4, sans aucune amphore grecque, mais qui étaient accompagnées de bassins en bronze et pourrait provenir de la zone de Pyrgi - Caere (Long, Delauze 2002, 68 - 71). L’épave de l’Ecueil de La Love à Antibes, datée du milieu du VIe s. av. n. è., chargée d’amphores étrusques Py 3A et 3 B avec quelques amphores grecques, est d’origine étrusque et témoigne du rôle des négociants étrusques dans la commercialisation de produits grecs (Pomey, Long 1992, 190). Marseille va jouer à son tour un rôle dans la redistribution des amphores étrusques. Sur l’épave de Bon Porté 1 à Ramatuelle naufragée au troisième quart du VIe s. av. n. è. les amphores étrusques de type Py 3A, qui coexistent avec des amphores grecques et massaliètes, confirment la part jouée par la cité phocéenne dans la redistribution du vin étrusque, ici un petit navire de sept à dix mètres de longueur (Long 1990, 51 - 53). L’épave du Dattier au Cap de Cavalaire, chargée d’amphores massaliètes du troisième quart du VIe s. av. n. è., est l’un des plus anciens témoignages du commerce par mer du vin de Marseille (Long 1990, 49 - 51). 51

Le chargement de l’épave 1 B de la Pointe Lequin à Porquerolles à Hyères ne comporte que des amphores massaliètes de type 2 du début du Ve s. av. n. è. et marque l’affirmation du négoce marseillais par cabotage le long des côtes. On ne connaît pas d’exemple de fréquentation terrestre par des marseillais. L’amphore étrusque, associée à de la céramique monochrome grise ou de l’amphore massaliète, est retrouvée sur soixante - seize sites varois, mais elle diffuse mal au nord des vallées de l’Argens et de l’Arc, dont une seule forme Py 1 / 2 au Gros - Bessillon à Pontévès. L’amphore massaliète présente sur cent soixante - trois sites, atteint seulement Rians et Le Bourguet dans le nord - ouest du département. La présence exclusive de monnaies marseillaises, qu’elles soient isolées, sous forme de petites cachettes ou de trésors, atteste la mainmise de Marseille sur les échanges, dès le début de l’âge du Fer et jusqu’au plus profond de l’hinterland. Ainsi à Saint - Etienne - du - Clocher à Carcès deux monnaies du type d’Auriol ont été découvertes sur ce site de plaine du Centre Var (Bérato, Thiant 2012). Leur dispersion évoque la présence d’intermédiaires indigènes en interface. La faible quantité de monnayage sur les sites de l’intérieur pourrait cependant suggérer que pendant longtemps, le troc pouvait être encore à la base de certains échanges. Si les échanges massaliètes sont en position de quasi - monopole, l’évolution culturelle de la société indigène échappe à la cité phocéenne, en particulier l’écriture qui sera absente durant tout l’âge du Fer. Il n’y a pas eu de colonisation ethnique, bien que la présence de quelques sujets grecs ou hellénisés jusqu’au plus profond de l’hinterland varois soit vraisemblable, en particulier dans les ateliers de potiers de céramique grise monochrome, de la fin VIe à la fin du Ve s. av. n. è. Au début de l’âge du Fer, la dynamique endogène du monde autochtone, marque une rupture brutale avec le Bronze final, avec le changement sociétal d’une communauté inorganisée qui passe à un modèle structuré hiérarchisé et aristocratique initiant l’habitat groupé et fortifié de hauteur. Elle marque le pas ultérieurement, l’évolution culturelle stagnant sans impact visible de Marseille. 52

Des conflits inter - communautaires sont évoqués par la présence d’une soixantaine de squelettes d’hommes adultes, adolescents et jeunes hommes formant 60 % de l’effectif, jetés avec armes offensives et défensives dans l’aven Plérimond à Aups, au deuxième quart du VIe s. av. n. è. (Boyer, Dedet, Marchand 2006). Ce site est situé dans une large zone de plateaux à vocation pastorale, par où devait passer une piste reliant les plaines d’Aups au nord et de Salernes au sud. Le plus proche habitat connu est, à environ 4 km, l’oppidum Les Infirmières daté d’une large fourchette dans l’âge du Fer. S’il y a eu conflit guerrier, des autochtones y ont participé, car il fallait bien connaître les lieux pour y trouver l’étroite entrée de l’aven qui va servir de sépulture. Le grand nombre de sujets a dû créer un lourd déficit démographique pour les populations concernées. La présence de nombreuses armes (fig. 30) contraste avec la Fig. 30. Aups, aven Plérimond, cnémide pauvreté des découvertes dans le reste du département et étonne, car nous sommes en plein hinterland, à une période où les conditions d’échanges devaient rendre difficile aux indigènes d’acquérir un tel équipement. Il pourrait aussi s’agir d’une incursion de marseillais qui aurait mal tournée.

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secteur 1

secteur 2

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25 m

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Fig. 31. Six - Fours - les Plages, le Mourret

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II.4. Milieu du Ve au troisième quart du IIe s. av. n. è. Nous abordons les occupations qui apparaissent à partir du milieu du Ve s. av. n. è. et dont certaines peuvent perdurer jusqu’à la fin du Ier s. av. n. è. II.4.1. La présence grecque Le Mourret à Six - Fours - les - Plages est occupé de la fin du Ve av. n. è. à la première moitié du IVe s. av. n. è. (Brien - Poitevin 2001). Il s’agit de la première tentative structurée de Marseille pour s’établir sur la côte varoise. Le Pseudo - Scylax au IVe s. av. n. è. signale qu’après la ville grecque de Marseille « il y a ensuite des colons de Massalia » (Bats 2003, 148). Les colonies d’Olbia et de Tauroeis n’existant pas encore, cette mention correspond bien à l’habitat grec du Mourret. Installé au sommet d’une falaise dominant un mouillage (fig. 31), sa position lui permettait aussi de surveiller les bateaux entrant dans la baie du port du

Fig. 32. Hyères, Olbia, maquette

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Brusc à Six - Fours - les - Plages. Au Mourret les amphores sont à 99 % d’origine massaliète et représentent 24,12 % de l’ensemble du mobilier. La céramique modelée indigène n’y représente que 14%. La création de ce comptoir marseillais coïncide avec la période d’activité maximale du proche habitat groupé et fortifié de hauteur indigène du Mont - Garou à Sanary et son abandon correspond à la récession de ce dernier (Arcellin, Arcellin - Pradelle, Gasco 1982, 121 - 126). Les marseillais implantent ultérieurement deux colonies maritimes, Olbia à Hyères vers 330 av. n. è. (fig. 32 et 33) et Tauroention au Brusc dans le courant du IIIe s. av. n. è. afin de « se protéger des barbares installés juste au - dessus. Ils voulaient assurer au moins la liberté de la mer puisque les autres contrôlaient le pays … Les parties occidentales sont occupées par les Salyes, les parties orientales par les Ligyes qui confinent à l’Italie » (Strabon, Géographie, IV, 1, 9 ; Thollard 2009, 29). Les habitats indigènes dans l’environnement immédiat d’Olbia, dont Costebelle, la colline du Château et le castrum du Fenouillet tous à Hyères, connaissent alors une période d’abandon temporaire. On ne connaît pas d’établissements ruraux indigènes contemporains en péri-

Fig. 33. Hyères, Olbia, croisement de deux rues

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phérie. Sous la proche ferme de Costebelle / Jardins d’Arcadie, trois fosses de la fin du IIIe - première moitié du Ier s. av. n. è., sont remplies de gravats provenant de la destruction d’une maison : pierres, fragments de torchis sur clayonnage, scories et mobilier. Le mobilier, 92% de céramique importée, mais 8 % seulement de céramique modelée locale, atteste des habitants grecs ou hellénisés (Borréani, Brun 1990). Il faudra attendre la fin de l’âge du Fer pour que de nouvelles implantations indigènes apparaissent aux alentours d’Olbia. Les habitats groupés et fortifiés de hauteur de La Courtine à Ollioules et du Mont - Garou à Sanary, proches de Tauroention, continuent eux leurs activités commerciales. Au Mont - Garou, les traces d’occupation sont ténues entre 380 et 170 / 150 av. n. è., mais dans le deuxième quart du IIe s. av. n. è. la fréquentation est évidente. Sur La Courtine il existe un hiatus entre 250 et 200 av. n. è., mais ultérieurement ce site ne semble pas avoir souffert de cette proximité. Un trésor de drachmes / oboles massaliètes y est même enfoui dans la seconde moitié du IIIe s. av. n. è. (fig. 34). La baie du Brusc à Six - Fours - les - Plages, qui est le port au pied de Tauroention est riche en mobilier du Ve s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. ce qui traduit une activité commerciale ré- Fig. 34. Olioules, la Courtine, drachme d’argent gulière (Raphaël 1994). La présence de quelques récipients en céramique modelée imitant des productions importées de la région de Marseille sur des sites indigènes, en particulier mortiers F5711 et F5712 à La Courtine, Ollioules ; mortier F5713 au Pain de Munition, Pourrières ; faitout F6131, F1632 et F6134 à la Courtine, Ollioules ; faitout F6133 à l’Olivette, Le Castelet ; faitout F6133 à Costebelle / Jardins d’Arcadie, Hyères ; faitout F6137 à Valescure à Fréjus, peut évoquer l’immersion isolée de grecs ou des mariages mixtes avec des femmes indigènes en milieu autochtone. Ce métissage n’a pas abouti à un mélange ethnique, même sur les sites du littoral, car la présence ponctuelle étrangère n’y a pas modi57

fié les manifestations matérielles de la vie quotidienne. On peut penser que certains sites du littoral ont pu correspondre à des mouillages de navigateurs grecs. Les petites occupations sur les îles Stoechades, les « îles des marseillais », aujourd’hui îles d’Hyères peuvent être en relation avec l’installation au IIIe - IIe s. av. n. è. de garnisons contre les pirates (Strabon, IV, 1,10), ou des atterrissages de pêcheurs et de navigateurs marseillais : Port - Man, à Port - Cros ; vallon Notre - Dame à Port - Cros ; La Pointe du Pin à Porquerolles et la plaine du Brégançonnet à Porquerolles à Hyères. Sur l’Anse du Liserot / plage du Titan 14 / Le Levant à Hyères qui est occupée au milieu de l’âge du Fer la céramique modelée ne représente que 16 % par rapport au mobilier tourné importé. L’hypothèse la plus plausible est celle d’un mouillage de navigateur, plutôt que celle de pirates ligures. Le Cap de Léoube, l’Ilot de Léoube et L’Estagnol à Bormes - les - Mimosas et le Port de plaisance à Cavalaire - sur - Mer, sont des atterrissages toujours utilisés. Des amphores massaliètes de type Py 2 sont présentes à 5 m de profondeur dans l’épave de Brégançon à Bormes les - Mimosas. L’Anse du Bon Renaud à Hyères, est un mouillage du IIIe au troisième quart du IIe s. av. n. è. L’Esplanade de la Mer / port de Sanary à Sanary - sur - Mer est un lieu de relâche et d’approvisionnement en eau douce, « aygade », du IIIe au Ier s. av. n. è. Le site qui se situe à l’embouchure de la Reppe, est à mettre en rapport avec un mouillage, bien qu’une fouille n’ait pas révélé d’épave à cet endroit - là (Ribot 2004). Agay, la Tour - Fondue 1 / pointe de Canouvié / île des Embiez à Six - Fours - les - Plages et la baie du Brusc à Six - Fours - les - Plages sont encore un point de mouillage. La Vieille Ville à Toulon, est un mouillage du dernier tiers du IIeau Ier s. av. n. è. (CAG 83 / 2, 788 - 819). 58

II.4.3. Le monde indigène On note une relative raréfaction des habitats groupés et fortifiés de hauteur par rapport au début de l’âge du Fer, soixante - et - un pour soixante - dix, ainsi que des habitats ouverts. La rareté du matériel du IVe s. et du IIIe s. av. n. è. est notée dans la dépression permienne et ses abords (Bérato et al. 1995, 71) ainsi que dans l’ensemble de la région à l’ouest de Toulon (Martina - Fieschi 1994, 155), en particulier à Saint - Estève à Ollioules qui est temporairement abandonné au cours du IVe s. jusqu’au IIe s. av. n. è. (Brun 1984, 10). Dans la région d’Aix - en - Provence un vide dans l’occupation des sites entre le milieu du IVe et le milieu du IIIe s. av. n. è. est aussi perçu, lié par les auteurs à la défaillance des marqueurs chronologiques (Mocci, Nin 2006, 68). mais d’autres facteurs peuvent être évoqués. Un appauvrissement des échanges, et de ce fait des importations et des marqueurs chronologiques, serait en relation avec une diminution de l’activité agropastorale liée à un appauvrissement des sols, tel qu’on le rencontre au Mont - Garou (Arcelin et al. 1982, 125 - 126). Des populations se redistribueraient sur d’autres habitats avec une moins grande concentration humaine. Un déficit démographique temporaire lié à des épidémies ou à des famines pourrait participer à ce phénomène. Ce constat peut être aussi en partie lié aux hasards des découvertes. Pour l’environnement immédiat d’Olbia, l’absence de sites indigènes coïncide avec sa création. L’oppidum du Montjean à Cavalaire est abandonné au e III s. av. n. è., mais les autres établissements littoraux sont occupés jusqu’à la fin de l’âge du Fer. L’oppidum de La Gache à Saint - Cyr, qui domine le port de La Madrague à trois kilomètres de la mer, est un habitat indigène avec 65 / 80 % de céramiques modelées. Il est occupé au IVe et IIIe s. av. n. è. mais son enceinte est datée du début du IIe s. av. n. è. Il commande le passage vers l’arrière - pays, mais on ne peut, en l’absence de matériel suffisant, préciser son rôle dans les échanges. Le Plateau de Pourrières à Sainte - Maxime, est un ensemble de 6000 m2 de superficie, occupé de la fin du IIIe au dernier quart du 59

Clapier Rocher Charbons

Fig. 35. Sainte - Maxime, Pourrières 6

Ier s. av. n. è. Il associe des maisons dispersées sur les plateaux de Pourrières et de l’Eaubre (Bertoncello, Gazenbeek 1997, 607 - 609). La maison fouillée, Pourrières 6, a une superficie d’environ 10 m2 (fig. 35). Elle est appuyée contre un rocher dont les interstices sont obturés par des pierres. La base d’un mur, long de 2 m, large de 0,50 m avec double parement de pierres, la limite à l’ouest, perpendiculairement au rocher. A l’intérieur deux trous de poteaux et un foyer (Gazenbeek 1993, 19). 60

Cet habitat s’insère dans une zone cultivable qu’il partage avec d’autres unités de vie. Un enclos quadrangulaire du début de l’âge du Fer est implanté sur la pente de La Lieutenante1 à Roquebrune - sur - Argens. Il mesure hors - œuvre 16,90 m au sud, 16,40 m à l’est, 14,70 m à l’ouest, 13,40 m au nord. L’entrée se situe dans l’angle nord - est. Le mur, épais de 1,45 / 1,50 m, présente des parements intérieur et extérieur constitués de gros blocs bruts de rhyolite, de 0,90 m sur 0,60 m, posés de chant. A proximité de l’enclos de La Lieutenante 2 ne persiste qu’un mur long de 42 m, épais de 1,50 m, avec parements intérieur et extérieur constitués de gros blocs bruts de rhyolite plantés de chant. Sur le sommet et les pentes de la colline des clapiers épars suggèrent des effondrements de maisons. Les grands habitats groupés et ouverts des Escaravatiers, de Léoube et des Paluns occidentaux et orientaux jouent toujours leurs rôles de distributeurs. La céramique importée en milieu indigène souligne la continuité du monopole des navigateurs marseillais, qui continuent à se concilier dans le cadre des échanges les faveurs du monde indigène. Mais dès le IIIe s. av. n. è. les amphores gréco - italiques apparaissent. L’épave de la Tour Fondue de la Presqu’île de Giens à Hyères est un navire de tonnage modeste n’excédant pas 8 / 10 m de long, dont la cargaison était composée d’amphores massaliètes de type Py 4 tardif de la première moitié du IIIe s. av. n. è. et d’amphores gréco - italiques redistribuées par Marseille (Long 1990, 63). Durant l’âge du Fer les rapports avec les négociants marseillais ont dû inciter les autochtones à une plus grande production des produits échangeables, permettant une plus forte consommation et une augmentation des échanges, que l’on constate bien sur les sites côtiers, ainsi à La Courtine ou au Mont - Garou. Ces contacts s’accompagnent d’une grande consommation de vin, que l’on connaît à travers le contenant des amphores. L’apparition de l’arboriculture au IIe s. av. n. è., de l’oléiculture à La Courtine à Ollioules, est un simple transfert, une appropriation technique et non une acculturation. 61

A l’intérieur des terres il existe une moindre ouverture au marché. Les marseillais n’y sont pas physiquement présents et la circulation des produits devait toujours se faire par l’intermédiaire des autochtones, d’autant que : « les massaliotes ne parvenaient pas à les tenir (les Salyens) définitivement en respect » (Strabon, Géographie, IV, 1, 5). Les importations diminuent en s’éloignant du littoral. Les amphores y sont plus fréquentes que la vaisselle importée, ce qui traduit une certaine indifférence des populations indigènes à l’acculturation au monde hellénisé, à l’exception de la « soif celtique » en vin.   « Les Gaulois … ont pour le vin et la bonne chère une passion  déraisonnable » (Polybe, Histoire, II, 19). Ce vin importé n’a pu que renforcer au fil du temps l’emprise des élites sur les populations Le monnayage marseillais est toujours seul présent : à La Courtine présence d’un trésor de drachmes (fig. 34) ; d’un trésor d’oboles à la tête juvénile et à la roue à Vautorade à Tourves ; d’un trésor à Aille à Gonfaron de soixante oboles à la tête juvénile à gauche et roue à quatre rayons au moyeu pointé, MA dans les cantons, rétrogrades dans trois. Certaines sont des imitations de facture indigène. Les produits importés italiens commencent à s’imposer au IIIe s. av. n. è. L’amphore gréco - italique est retrouvée sur quarante et un sites, mais son extension ne dépasse pas vers le nord la vallée de l’Argens et celle de l’Arc, alors que les premières amphores massaliètes y étaient représentées, certes sur seulement quelques sites. Le commerce extérieur n’a pas développé le nombre d’habitats indigènes et n’a pas modifié les critères techniques de construction des ouvrages. Il est difficile, en l’absence d’une quantité suffisante de mobilier récolté, de différencier un habitat ayant une fonction de redistribution, d’un habitat récepteur et simplement consommateur. La signification socio - économique du faciès mobilier qui est établi dans la plupart des cas à partir de prospections, justifie donc une grande prudence. 62

II.5. Dernier quart du IIe - dernier quart du Ier s. av. n. è. La société varoise va être soumise à l’influence grandissante de Rome au cours de la fin de l’âge du Fer. On a vu qu’en 122 av. n. è., C. Sextius Calvinus, qui fonde Aquae Sextiae Salluviorum, pour combattre la piraterie côtière des celto - ligures vient à bout des Salyens. Aucun vestige sur le littoral ne peut être effectivement relié à cet épisode. Une poussée démographique fait que le nombre des habitats, qu’ils soient groupés et fortifiés de hauteur ou ouverts, augmente dès la fin du IIe - début du Ier s. av. n. è. L’oppidum du Fort à Taradeau implanté sur un plateau sommital en pente de 10° vers l’ouest, est une enceinte unique de type figure géométrique pentagonale fermée de 9 500 m2 (fig. 36).

Fig. 36. Taradeau, Le Fort

63

L’enceinte est constituée d’un mur simple épais de 2,10 à 2,35 m, à parements intérieur et extérieur, de grand et moyen appareil calcaire brut d’extraction, sans assise ni plan de réglage régulier. Le mur a dû être monté par tranches, car on retrouve des coups de sabre. Le blocage interne est constitué de pierraille et d’argile blanche. Trois chantepleures, larges de 0,20 m et hautes de 0,40 m, sont percées dans la base de l’enceinte ouest pour faciliter le drainage des eaux d’infiltration et de ruissellement. La face nord, la plus accessible, est renforcée par trois tours creuses ouvertes à la gorge, d’environ 5 m de large sur 1,50 m de profondeur, dont les murs latéraux se continuent par des épis de 3 m environ à l’intérieur de l’oppidum et sur lesquelles s’appuie l’enceinte. Quatre portes frontales charretières et une piétonnière existent dès l’origine. Celle du nord - ouest de 2,25 m de large, la plus vulnérable, était de ce fait protégée à droite par un redan de 5 m. Dans une seconde phase, trois d’entre elles ont été murées et une rétrécie en porte piétonne. Il ne persiste donc qu’une porte charretière à l’est de 2,50 m de large et une porte piétonne à l’ouest, dont la largeur initiale de 3,20 m a été réduite à 1,50 m. L’enceinte nord est protégée par un avant - mur, qui présente une porte à recouvrement en couloir, lui - même précédé d’un fossé large de 8,50 m environ et profond de plus de 4 m. L’habitat intérieur est composé de trente - trois maisons uniques mitoyennes, à une seule porte large de 1,20 / 2 m parfois avec un seuil de pierres, de superficie intérieure de 18 à 25 m2, parfois précédées d’un auvent, et qui s’appuient contre le rempart sans plan directeur. A la fin de l’occupation des remaniements font communiquer entre elles plusieurs maisons. Le centre du site est seulement occupé par deux maisons. Les foyers sont posés à même le sol contre un mur, devant une porte. A l’intérieur d’une maison une plaque de foyer en argile est décorée d’un quadrillage incisé. L’extrémité libre d’une cloison de pierres plantées de chant est maintenue par un poteau. Quatre trous de poteau soutiennent le toit. Des pierres à plat forment un socle pour des ustensiles. Une couche sous l’enceinte au nord - ouest atteste une fréquentation à la fin IIIe - IIe s. av. n. è. L’enceinte est construite fin IIe - début Ier s. av. n. è. et les maisons s’appuieront sur l’enceinte. Six habitats ouverts de bas de pente sont créés simultanément. Le Fort est abandonné en 30 / 20 av. n. è. Il en est ainsi pour l’habitat groupé et fortifié de type appui sur à - pic avec deux avant - murs d’Englugi à Ampus (fig. 37 et 38) et celui de Mont Major à Rians de type appui sur à - pic avec un avant - mur (fig. 39). 64

Fig. 37. Ampus, Les Clapuires - Englugi

A La Courtine apparaissent les premiers indices de l’oléiculture, maie et contrepoids (fig. 40 et 41). Les habitats ouverts sont eux aussi en forte expansion. Six habi-

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Fig. 38. Ampus, Les Clapuires - Englugi

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Fig. 39. Rians, Mont - Major

tats sont créés en piedmont de l’oppidum du Fort à Taradeau et sont occupés de la fin du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. : fig. 42, Pont d’Argens (1), Saint Pierre / les Laurons (2), le Touar (3), la Combe (4), la Clémensane (5), le Clos du Dragon (6), le Pigeonnier (7), le Nouguier d’Esquier (8), Tout Egau (9), Reynier (10), la Lombarde (11), le Castelard (12), le Fort (13), l’Ormeau (4) ; Saint - Martin (15), la Pouponne (16), Plan Guillet (17), gué Saint - Martin (18), Coua de Can (19), Pont d’Astros (20), source de Gayepan (22).

Fig. 40. Ollioules, la Courtine, maie de pressoir et fig. 41. contrepoids de pressoir

66

Fig. 42. Taradeau, habitats ouverts au pied du Fort

Saint - Martin est un habitat ouvert et groupé implanté en piedmont du plateau calcaire en périphérie de la Dépression Permienne, sur la rive gauche de l’Argens. Il comporte un secteur d’habitation et une zone artisanale indépendante (fig. 43). Quatre maisons groupées et mitoyennes s’implantent au nord d’une cour de 90 m2 enclose par un mur épais 0,62 / 0,80 m, avec entrée à l’ouest. Les murs non liés et montés à l’argile avec parements, épais de 0,47 / 0,49 m, 0,50 / 0,57 m et 0,70 m., ont des élévations en argile crue. La superficie des pièces est de 5,20 / 15 m2. Une seule porte est visible entre deux pièces. Dans une pièce un sol en terre est posé sur un hérisson de pierres, ailleurs le substrat est simplement régularisé. Une plaque de foyer d’argile de 1 m de diamètre est posée sur un sol rubéfié. Au nord, deux pièces mitoyennes, 67

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numéro d'espace numéro de structure

5m

Phase I

Fig. 43. Taradeau, Saint - Martin, phase 1

Fig. 44. Tardeau, Saint - Martin, pressoir à huile

68

Fig. 45. Tardeau, Saint - Martin, forge

dont un mur à blocs de chant et l’autre en blocs à plat. Deux pièces mitoyennes aux murs en parpaings, limitent un sol constitué de petites pierres. Une maie de pressoir entourée d’une couronne de pierres de chant est reliée à un canal long de 5,5 m, large de 0,25 / 0,30 m, profond de 0,17 / 0,20 m et entourée d’un sol de galets (fig. 44). Un atelier de forgeron (fig. 45) est limité par deux murs, avec une forge et un fond de dolium pour le trempage. Des murs sont isolés au sud - ouest dont un associé à une fosse. Des structures creuses sont présentes au nord - ouest. Cinq fosses cylindriques espacées de 6 / 10 m, de 0,60 / 1 m de diamètre, profondes de 0,30 / 0,55 m, d’un volume de 0,55 / 1,70 m3. Trois autres grandes fosses irrégulières ont des trous de calage en périphérie. Vingt - six trous de calage ont 0,10 / 0,25 m de diamètre et sont profonds de 0,10 / 0,30 m. Quatre sont alignés, trois sont alignés perpendiculairement et un est isolé. Ils évoquent l’implantation de poteaux porteurs de murs de maisons. Six sont associés par paire. Trois petites excavations oblongues longues de 0,30 m, large de 0,20 m et profondes de 0,10 m sont associées aux trous de poteaux (Bérato 2004). La Bergerie / le Clos du Dragon est un habitat ouvert de pente caractérisé par du matériel, dont un denier de la République et un bracelet en alliage cuivreux de section quadrangulaire et décor de bosses. 69

sol en galets

0

m

5

Etat 1 Nord

Fig. 46. Taradeau, Tout Egau

Le Pigeonnier, du Ier s. av. n. è. où seul du matériel a été découvert en prospection. Tout Egau - Le Rocher, habitat ouvert et groupé de bas de pente est riche en monnaies : petits et moyens Bronze de Marseille ; drachme légère de Marseille ; as (150 av. n. è.) et demi as de la République ; quinaire de la République ; petit Bronze d’Antipolis (43 - 42 av. n. è.). Quatre maisons incomplètes au moins, ont des bases de murs fondés, épais de 35 x 45 cm, en blocs plantés de chant avec des élévations en argile crue et des sols en terre battue (fig. 46). A l’est persiste le mur curviligne d’une maison, au nord - est deux murs rectilignes perpendiculaires d’une autre et au sud - ouest un mur limite un sol de galets. Un bloc de pierre de 0,60 x 0,40 m est planté à plat dans le substrat et 70

calé en périphérie par de petites pierres (Bérato 1993, 12 ; Bérato et al. 1993 ; Bérato 1994 a et b). La Cléménsane / La Combe (Varoquaux 1978) est une ferme dont persistent trois murs en pierres sèches et un riche mobilier dont une drachme légère, un petit Bronze de Marseille, un potin gaulois, un as et un demi - as de la République, un as ibérique, un petit Bronze d’Antipolis et une fibule de Nauheim, à double pied en alliage cuivreux dont un pied terminé par un disque perforé (Ve - IIe s. av. n. è.) L’Ormeau est un habitat ouvert et groupé sur la rive gauche de l’Argens, caractérisé par deux sols de maisons distantes de 25 m. La maison A, comporte un mur en moellons de grès liés à l’argile associé à deux sols superposés, dont le plus ancien est formé d’un cailloutis régulier posé sur le substrat. Le second sol présente un foyer délimité par des pierres de grès et des galets de rivière. Dans la maison B les élévations des murs devaient être en argile crue comme l’évoque la présence de fragments de pisé accidentellement cuits. Sur le sol en terre battue un foyer est bordé d’une couronne de pierres (Brun, Congès, Pasqualini 1993). La Roquette aux Arcs est aménagée en piedmont de L’Eouvière, sur des terrains en restanques. Il existe une occupation du VIe - Ve s. av. n. è. caractérisée par une couche de 2 m2 en place. Un habitat groupé composé de deux ensembles de deux maisons mitoyennes est construit au troisième tiers IIe - troisième quart Ier av. n. è. (fig. 47). Au sud, une maison de 20 m2, dont les murs sont fondés de 0,10 / 0,15 m, épais de 0,50 à 0,60 m, à double parement de blocs posés de chant calés par de petites pierres, blocage de petites pierres et de terre (fig. 48). L’élévation est en terre crue. Les plaques de torchis sur clayonnage cuit sont nombreuses. Le seuil large de 1,50 m est en pierres plates. A l’intérieur, trois trous de poteaux avec des pierres de calage. Au centre, entre les trous de poteau et face au seuil, un foyer / plaque d’argile lissée et rubéfiée, circulaire, de 0,35 m de diamètre. Dans l’angle nord - ouest une fosse à combustion piriforme de 1,60 m x 1 m, aux parois rubéfiées et présence de branches carbonisées. Une case mitoyenne large de 4 m, aux murs de pierres à plat, avec un seuil en terre large de 1,60 m et un foyer dans une fosse devant le seuil. Au nord à 30 m base d’un mur de maison et son retour, à double parement de gros blocs 71

1m

2

2

e

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n

a

b

fosse

foyer

10 m

1

foyer seuil

fosse

1

foyer

seuil

1m

Fig. 47. Arcs, la Roquette

posés de chant. Près de l’angle et contre le mur, un foyer / plaque d’argile rectangulaire mêlée à quelques fragments de céramique, de 0,60 m x 0,80 m, est posé sur un radier de petites pierres. Elle s’appuie sur l’extrémité d’une banquette en pierres de moyennes dimensions qui est aménagée contre le mur. Un trou de poteau avec calage de pierres et 72

Fig. 48. Les Arcs, la Roquette

une petite fosse ovale enduite d’argile sont aménagés dans le sol de la pièce. Une maison mitoyenne est constituée de deux murs espacés de 3,50 m, en blocs plantés de chant et calés par de petites pierres. Contre un des murs un socle est en dallage de pierres et au centre existe un trou de calage de poteau (Bérato et al. 1995a). L’augmentation du nombre des habitats s’explique vraisemblablement par à une poussée démographique. Il s’ensuit une plus grande diversité des sols cultivés et vraisemblablement une augmentation des espèces cultivées. Les échanges entre le monde méditerranéen et la société indigène augmentent, si on se réfère au matériel céramique découvert sur les sites. La même observation est faite aussi sur l’échantillonnage plus réduit que constituent les épaves vinaires. Du VIe au IIIe s. av. n. è. on compte douze épaves massaliètes sur la côte provençale. Ultérieurement la majorité de quatre - vingt épaves italiennes chargées d’amphores Dressel I, sont datées entre la seconde moitié du IIe et les trois premiers quarts du Ier s. av. n. è. (Long 1990, 64). 73

Il existe une forte croissance du nombre d’habitats groupés et fortifiés de hauteur, soit cent treize. Ils se distribuent dans tout le Var, dans l’Estérel pratiquement inoccupé jusqu’alors (Bérato 2012) et autour des axes de pénétration, en particulier autour du tracé que reprendra ultérieurement la via per Alpes Maritimas. Le nord - est du département et l’intérieur des Maures restent des zones à faible implantation. Les pentes des collines sont toujours occupées par de petites exploitations agropastorales caractérisées par des enclos associés à l’habitat, ainsi dans la zone orientale des Maures. A la fin du IIe s. av. n. è. est créé sur le littoral des îles d’Hyères le village grec de La Galère. L’anse de la Galère accueille une agglomération structurée tournée vers le large et abritée du mistral (fig. 49). La présence de plombs de filets de pêche et une aire de foulage du blé et l’importance de l’amandier dans les charbons de bois, qui s’explique par sa mise en culture, évoque un habitat de pêcheurs et d’agriculteurs. La population est certainement d’origine massaliète. La céramique modelée locale ne représente que 9,72 % du mobilier. La Galère est fondée vers 100 / 90 av. n. è. après que les Romains aient attribué une bande côtière à Marseille (Brun 1991).

Fig. 49. Hyères, Porquerolles, anse de la Galère

74

A l’emplacement du village actuel de Porquerolles, la céramique indique une population hellénisée dans le dernier tiers du IIe s. av. n. è. Sa baie, orientée vers le continent, offre au mouillage un bon port naturel. Les Stoechades, les îles d’Hyères, qui appartiennent à Marseille doivent alors assurer une surveillance des côtes contre les pirates (Strabon, IV, 1, 10). Antérieurement, les îles étaient déjà fréquentées par des populations hellénisées (Pasqualini, Arnaud, Varaldo 2003), mais la piraterie ligure florissante ne devait pas permettre d’implantation permanente. Plage du Grand Langoustier 1 / Porquerolles à Hyères, mouillage de la fin du IIe - fin du Ier s. av. n. è. (Borréani et al. 1992). La Sablière à Grimaud à l’embouchure de la Giscle est une plage de débarquement à la fin du IIIe - trois premiers quart du Ier s. av. n. è. (CAG 83 / 1, 435). La Plage de l’Aygade à Hyères, est un atterrissage près d’un point d’eau de la fin du IIe à la fin du Ier s. av. n. è. (CAG 83 / 1, 476). L’îlot de La Redonne près de Giens à Hyères est occupé au premier âge du Fer et au IIe - Ier s. av. n. è. (Bonifay, Pasqualini 1978, 58, note 4 ; Pasqualini 2003, 17). Plage Saint - Joseph / Port - Cros à Hyères, mouillage du IIe Ier s. av. n. è. (CAG 83 / 1, 487). Le Clos du Pêcheur à Six - Fours - les - Plages, atterrissage du er I s. av. n. è. à proximité de l’embouchure antique du fleuve côtier La Reppe (Brien 1982).

Des ports indigènes Salyens qui devaient jouer un rôle d’interface au IIe - Ier s. av. n. è., sont connus par les textes, dont celui des Oxubii, Aegitna pour Polybe, Oxybios pour Strabon (Strabon, Géographie, IV, 1,10). Il n’a pas été localisé dans l’Estérel. Les indigènes sont présents dans les deux marchés de Forum Julii et Forum Voconi lorsqu’ils sont créés par les romains, mais on ne sait quelle était leur place. 75

Fig. 50. Hyères, l’Acapte, autel à Aristée

Les seuls exemples d’écriture celto - grecque sont ceux relevés sur des ex - voto de L’Acapte à Hyères, qui est un sanctuaire / lieu cultuel rural dédié au dieu Aristée, en relation avec le comptoir massaliète d’Olbia. Daté de la fin du IIe s. av. n. è. - début du Ier s. de n. è., il est constitué de dépôts votifs au pied d’un rocher émergeant d’une zone marécageuse (fig. 50). Il s’agit de fragments de six cents récipients en céramique avec des dédicaces inscrites en grec, dont vingt - deux dédicants étaient des gaulois hellénisés qui utilisent le grec pour graver leurs vœux (Giffault 1983 ; Brun et al. 1999, CAG 83 / 1, 475 - 476). Des traces matérielles ténues d’acculturation dans la façon de manger se manifestent à partir du dernier tiers du II e s. av. n. è. avec l’augmentation de la vaisselle importée. Du mobilier imitant des formes tournées importées, traduit une hellénisation de certains membres de la communauté autochtone ou la présence de grecs sur certains sites proches du littoral (Bérato 2008). Ainsi à La Courtine à Ollioules, présence de mortier F5711 imitant la forme Bats 633 ; de mortier F5712 imitant Bats F623b (fin du IIIe - fin du IIe s. av. n. è.) ; faitouts F6130 imitant des productions grecques ou de la région de Marseille (fin du IIe - Ier s. av. n. è.) et marmite F7300 imitant des productions grecques ou de la région de Marseille (fin du IIe - Ier s. av. n. è.). 76

Les amphores italiques prédomineront à partir du IIe s. av. n. è. Ainsi au Mont - Garou à Sanary au IIIe s. av. n. è., les amphores de Marseille représentent 70 % pour 26,1 % pour les amphores italiques. Vers 120 / 110 av. n. è. la part des amphores italiques est inversée à 80 %. Les amphores massaliètes Bertucchi 6A, qui cohabitent avec les amphores italiques au troisième quart du Ier s. av. n. è. sur onze sites, dont Saint - Martin à Taradeau, traduisent une certaine reprise des échanges avec Marseille, à moins qu’elles ne soient transportées par les commerçants italiens. L’abandon de la majorité des habitats groupés et fortifiés de hauteur en cette fin du Ier s. av. n. è. est lié à plusieurs facteurs. Rares sont ceux qui ont été détruits de façon violente durant le IIe s. av. n. è., suite à des événements guerriers liés à l’intervention romaine. C’est le cas de la Courtine à Ollioules ainsi détruite en 110 / 100 av. n. è. comme le suggère l’armement découvert, qui ne peut être celui d’assaillants indigènes (Arcelin, Bérato, Brien 1988). Pour la majorité d’entre eux, la difficulté d’accès à l’habitat et au ravitaillement en eau, la pénibilité et l’incommodité de la vie quotidienne, qui n’avaient pas été un obstacle lors de leur création, devient certainement un argument défavorable, mais pas le principal pour leur abandon au quatrième quart du Ier s. av. n. è. Le besoin sécuritaire est alors devenu obsolète. C’est surtout l’adhésion culturelle avec l’assimilation progressive au mode de vie romain, en particulier des élites, qui sera le facteur déterminant et l’emportera sur le poids des traditions. Le droit latin va conférer la citoyenneté romaine aux notables pérégrins qui accomplissent une magistrature locale. Les populations se déperchent, descendent dans la plaine sur des terres plus facilement cultivables et qui présentent des rendements plus importants. Elles se rapprochent des voies de communication, dont la via per Alpes Maritimas, où sont localisées les deux grands marchés occupés en partie par des romains. C’est là dans les agglomérations, où se font les affaires, où sont présents les artisans et où siège le nouveau pouvoir, que vont vivre les anciennes élites du monde indigène, qui se 77

sont romanisées pour conserver le pouvoir. De même l’habitat ouvert de hauteur, de pente, de sommet, de plateau, est pratiquement déserté. Des commerçants romains ont dû faire rentrer dans de fructueux circuits d’échanges les indigènes. Les textes rapportent en effet que dès la première moitié du Ier s. av. n. è. : «  des  citoyens  romains  …  font  des  affaires  en  Gaule.  …  La  Gaule est remplie de trafiquants et de citoyens romains. Aucun gaulois  ne fait d’affaires que par l’intermédiaire d’un citoyen romain. … des  colons, des publicains, des agriculteurs, des éleveurs de bétail … » (Cicéron, Pro m. Fonteio, V, 11 - 12). Toutefois dans l’état de nos connaissances aucun indice matériel archéologique ne permet de corroborer l’hypothèse de l’implantation d’Italiens en milieu rural varois dans la première moitié du Ier s. av. n. è. Les premières implantations rurales romaines, ne sont en fait certaines dans le Var qu’approximativement dans le dernier tiers du Ier s. av. n. è. à la suite des déductions des colonies d’Arles et de Fréjus et des implantations de colons qui spolient les biens indigènes. Ainsi sur l’habitat autochtone ouvert de piedmont et de plaine succède sans hiatus une occupation romaine (Bérato 2006 et 2009). A Taradeau à Saint - Martin un habitat colonial, confirmé par deux inscriptions funéraires, s’installe sur les vestiges indigènes (Bérato 2004). Ces événements marquent la fin du monde celtique et de la civilisation de l’âge du Fer. L’assimilation au monde romain est alors achevée. Les occupations d’habitats groupés et fortifiés de hauteur postérieures à l’âge du Fer sont peu fréquentes et correspondent à de brèves et simples fréquentations lors de l’Antiquité. Les réoccupations de l’Antiquité tardive, très minoritaires (moins de 10%) sur l’ensemble des habitats groupés et fortifiés de hauteur de l’âge du Fer, interviennent après un abandon continu entre le 78

Ier et le IVe s. de n. è., à l’exception de San Peyre au Plan de la Tour occupé sans discontinuité jusqu’à l’Antiquité tardive (Bérato, Gautier 2014). Cette réoccupation pourrait être en relation avec des incitations royales. « Nous avons décidé, que le castrum à côté de vous doit être une bonne fois pour toutes fortifié…Construisez - y de bonnes maisons dans  lesquelles vous serez abrités » Dass. Variae, I, 17 (communication J. - A. Segura). Nous mentionnons : - Artigues, Colle Pélade 1 / Le Signal : Antiquité tardive, moyen Age (Brun 1999, 230). - Bagnols - en - Forêt, Bayonne : période romaine, Antiquité tardive (Désirat 1980). - Camps - la - Source, Saint - Quinis : période romaine / Antiquité tardive, moyen Age (Brun 199, 297 - 298, Bérato et al. 2009). - Carnoules, Bron : Antiquité tardive (Bérato 2002). - Cuers / La Crau, La Bouisse : réoccupation antique (Bérato et al. 1995, n° 129 ; Brun 1999, 369, Bérato et al. 2009). - Cuers, Camp Aurélien / Clos d’Aureillan : Antiquité tardive (Bérato et al. 1995, CD, n° 126 ; Brun 1999, 370, Bérato et al. 2009). - Evenos, Saint - Estève : Age du Bronze final 3a, âge du Fer, hiatus de quatre siècles, Antiquité tardive, moyen Age (Brun 1984). - Hyères, Saint - Michel - de - Valbonne : Haut - Empire, Antiquité tardive, moyen Age (Brun 2008, Bérato et al. 2009). - La Roquebrussanne, Peybouloun : Antiquité tardive (Brun 1999, 618). 79

- Le Revest - les - Eaux / La Valette - du - Var, La Vieille Valette / castrum de Tourris : période romaine / Antiquité tardive, moyen Age (Brun 1999, 592, Bérato et al. 2009). - Roquebrune - sur - Argens, Hautes - Roques : Antiquité tardive (Bérato et al. 2009). - Rougiers, Le Piégu : Antiquité tardive (Démians d’Archimbaud 1980, 78 - 81, Brun 1999, 628 - 632). - Le Val, Le couloir des Eissartènes : Antiquité tardive (Acovitsioti - Hameau, Hameau 1988). - Vidauban, Les Mures : Antiquité tardive (Brun 1999, 858 859, Bérato et al. 2009).

80

III Les ouvrages fortifiés de l’habitat groupé de hauteur

Il existe une certaine continuité dans la chronologie des ouvrages fortifiés durant l’âge du Fer, aussi pour éviter les répétitions nous regroupons les caractéristiques communes dans un même chapitre. III.1. Le mur d’enceinte III.1.1. Généralités sur le mur d’enceinte Lors de la construction d’un habitat groupé et fortifié de hauteur, les ouvrages défensifs et la surface réservée à l’habitat vont devoir s’adapter au relief. Cette implantation est inséparable et conditionnée à l’appropriation d’un territoire environnant facilement accessible et indispensable à la survie vivrière de la population. L’enceinte est implantée en hauteur par rapport au proche environnement qu’elle domine, avec un champ de vision souvent égal ou supérieur à 180°, avec parfois une vue Fig. 51. Camps - la - Source, Saint - Quinis

81

panoramique voisinant les 380° : Camps - la - Source, Saint - Quinis, (fig. 51). C’est principalement cette localisation qui fait sa force, car elle utilise les conditions défensives naturelles du terrain pour en tirer le maximum de profit, la falaise au Muy de la Fille d’Isnard (fig. 52), et les Enfers au Muy (fig. 53).

Fig. 52. Le Muy, la Fille d’Isnard

L’habitat fortifié est le plus souvent primitif, mais il peut succéder à un habitat ouvert de hauteur. Il existe rarement une occupation du Bronze final. Saint - Estève à Evenos, Bronze final 3a (Brun 1984) ; castrum du Fenouillet à Hyères, fréquentation du Bronze final 3 (Brun 1984, ; Bérato et al. 1995b) ; San - Peyre au Plan de la Tour, occupation néolithique et du Bronze final (Bérato, Gautier et al. 2013 / 2014) ; Sainte - Maxime à Quinson, qui bien que situé sur la rive gauche du Verdon, est rattaché administrativement aux Alpes - de - Haute - Provence, occupation du Bronze final 2 / 3 (Bérato, Michel 2011, 94) et La Courtine à Ollioules, habitat ouvert de plateau au Chalcolithique - Bronze final 3 - premier âge du Fer (Arcelin, Bérato, Brien - Poitevin 1988), la première enceinte est du IVe s. av. n. è. Au Fort à Taradeau une occupation ouverte du IIIe - début IIe s. av. n. è. précède la création de l’enceinte (Brun et al. 1993). 82

Le mur peut entourer un sommet ; s’implanter sur un sommet aplani ; sur un sommet et un replat adjacent (Le Muy, Rebéquier, fig. 55) ; sur et sous une crête rocheuse ; sur un replat à flanc de colline ; sur un piton rocheux plus ou moins escarpé et / ou chaotique (les Enfers, fig. 52) ; s’établir en bord de falaise (fig. 53) ou d’abrupt sur un plateau ou une pente de colline.

Fig. 53. Le Muy, les Enfers

Comme l’enceinte s’adapte aux formes du relief et que le terrain présente chaque fois des caractéristiques propres et uniques, chacune a de ce fait un tracé qui apparaît foncièrement différent des autres. Ainsi à Rians, cinq oppidums se succèdent d’ouest en est sur la crête d’une colline sur environ 4300 m de longueur à vol d’oiseau (fig. 54). Lambruise est une enceinte unique sur à - pic avec des retours angulaires (fig. 54, 782) ; à 245 m La Coste / Les Hubacs est une enceinte double sur à - pic avec des retours angulaires (fig. 54, 785) ; à 1150 m Vacon 2 est une enceinte unique de type géométrique fermé oblongue (fig. 54, 784) ; à 217 m Vacon 1 est une enceinte unique sur à - pic en forme de cercle outrepassé (fig. 54, 783) et à 2350 m Saint - Pierre (fig. 54, 799) est une enceinte unique de type géométrique fermé (Bérato, Congès et al. 2010). 83

Fig. 54. Rians, oppidums alignés sur une crête

Le choix de la localisation de l’enceinte est aussi fonction du terroir environnant. Des sommets à forte potentialité défensive ne sont parfois pas occupés car trop éloignés de terres exploitables. La proximité et la possibilité d’accès à une réserve agropastorale est donc primordiale. Cette entité vivrière correspond à un territoire, une aire géographique aux limites non définissables avec nos moyens actuels, qui dépend politiquement de la communauté humaine qui l’habite. Les potentialités agropastorales doivent répondre aux besoins du groupe humain et ne doivent pas être sous - estimées, ce qui pourrait expliquer certains abandons. Cet espace essentiel à l’auto - subsistance, qu’il est difficile de délimiter, d’autant que nous manquons d’études paléo - environnementales, devait théoriquement être accessible en moins d’une demi - heure / une heure de marche, pour rendre possible une activité agricole journalière, à moins que des habitats ouverts de plaine ou de piedmont aient pu servir de relais à l’extension de ce domaine. Les enceintes contrebalancent la facilité d’accès. Ainsi aux Clapuires / Englugi à Ampus, le site s’appuie sur une haute falaise inacces84

Fig. 55. le Muy, Rebequier

sible en limite d’un vaste plateau, dont les sols exploitables sont proches de l’habitat et facilement accessibles. L’enceinte est double pour compenser l’absence de défenses naturelles vers le plateau et deux avant - murs complètent les ouvrages de défense (Bérato, Clairici 2013). A La Colle à Saint - Julien - le - Montagnier, triple éperon barré sur un plateau, l’enceinte externe épaisse de 3,10 m / 3,50 m est confortée par six tours imposantes (fig. 68). Le fait de se fortifier sur un point haut, fait dominer le paysage, en particulier des chemins de circulation ou des zones littorales (Le Méinier, Sainte - Maxime, domine le cap des Sardinaux qui possède une anse à l’abri du mistral côté Nartelle et du vent d’est du côté de Sainte - Maxime). mais le fait de dominer n’est pas toujours exercer

Fig. 56. le Muy, la Fille d’Isnard

85

un contrôle et empêcher de passer, car il faut alors descendre vers l’assaillant et perdre ainsi son avantage. Certains de ces habitats peuvent se voir les uns les autres, mais on ne sait s’ils ont fonctionné en réseau. Rébéquier au Muy est vu de la Fille d’Isnard (fig. 55) et réciproquement (fig. 56). Ces conditions de situation sont subordonnées à une logique propre au monde indigène, mais peuvent signifier aussi la volonté de contrôler les passages et de ce fait les échanges, le commerce méditerranéen en particulier. III.1.2. Typologie des enceintes La morphologie des enceintes est difficilement réductible en une typologie, du fait des contraintes naturelles et des initiatives individuelles, qui aboutissent dans leur élaboration à un résultat toujours différent. Cependant pour faciliter la description, nous retenons quelques critères signifiants, qui permettent de distinguer trois grands types d’enceintes (Arcelin, Dedet 1985). Enceinte de type appui sur à - pic L’enceinte ouverte s’appuie par ses deux extrémités sur des défenses naturelles, une falaise ou une pente abrupte. Elle peut être simple (fig. 57 à 62). Elle entoure l’habitat implanté en bord de plateau ou de pente de colline et peut aussi siéger sur un sommet ou une crête rocheuse. Un de ses côtés est toujours un à pic qui réalise une défense naturelle et ne justifie donc pas l’adjonction de fortifications artificielles. Le tracé peut être courbe plus ou moins oblong, avec des raccords arrondis ou angulaires ; constitué de segments rectilignes avec des raccords angulaires en nombre variable, réalisant un tracé en équerre, en U ou une figure trapézoïdale ou pentagonale ; de tronçons rectilignes et curvilignes qui alternent et se raccordent avec des angles vifs ou arrondis ; multi - segmentaire, c’est - à - dire que le mur est interrompu en plusieurs tronçons par des massifs rocheux qui s’intercalent et sur lesquels il s’appuie. Ce dernier type de mur segmenté, dont plus d’une vingtaine ont été singularisés, se retrouve en terrain accidenté et chaotique (fig. 53) ou sur des pitons rocheux. 86

Plan CAV Toulon, M.Borréani et F.Laurier.

10 m

Fig. 57. Le Lavandou - Quicule 3

Les enceintes de type appui sur à - pic peuvent être doubles en gardant généralement des tracés indépendants et en rejoignant individuellement l’à - pic avec un espacement variable (fig. 63 à 66). D’autres schémas sont plus rares : une enceinte externe de tracé angulaire s’emboîte dans l’enceinte interne ovalaire, qui entoure partiellement un sommet et leurs extrémités se rejoignent. Deux enceintes curvilignes s’emboîtent et s’accolent à chacune de leurs extrémités. Une enceinte externe quadrangulaire s’accole par une extrémité à l’enceinte interne et l’autre se perd sur un abrupt ou un à - pic. Castel Diaou à Bagnols - en - Forêt est un ensemble original où deux enceintes sur à - pic situées sur deux petits sommets de collines séparées par un vallon, sont reliées entre elles par des avants - murs (fig. 67). Les enceintes de type appui sur à - pic sont plus rarement triples (fig. 68 et 69). 87

Enceinte de type géométrique fermé L’enceinte qui se ferme sur elle - même, entoure le plus souvent un sommet. L’enceinte peut être simple (fig. 70 à 73). Le tracé est plus ou moins arrondi, oblong, quadrangulaire ou polygonal, avec alternance de segments rectilignes ou courbes. L’enceinte peut s’interrompre sur de courtes distances lorsqu’elle s’appuie sur de courts ressauts rocheux, comme par exemple à Saint - Pierre à Rians.

abrupt

Fig. 58. Le Luc, la Fouirette

Les enceintes à type géométrique fermé peuvent être doubles (fig. 74 à 76) et sont généralement plus ou moins concentriques et espacées de façon plus ou moins égale. Une enceinte externe concentrique vient s’appuyer sur l’interne, qui peut alors

20 m

Nord

Fig. 59. Le Muy, La Fille d’Isnar

88

canive

au

REMPA

RT NO R

D

EST REMPART

Tour de Victor MARGUERITE

légende falaise

2m

emprise de l'enceinte murs d'habitations trou de poteau

Fig. 60. Sainte - Maxime, Le Ménier

entourer un sommet. Le mur d’une enceinte unique peut dans son parcours buter sur des reliefs rocheux et en boucher des failles. Une seule enceinte triple est connue au Pain de Munition à Pourrières (fig. 77). 89

30 m courbes de niveau équidistantes d'1 m Plan CAV Toulon, M.Borréani et F.Laurier

Fig. 61. Solliès - Ville, Baus - Rouges

30m

0

Nord

Nord 0

30m

Fig. 63. Aiguines, Serrières - de Lagne, à - pic, double Fig. 62. Vidaubauban, Châteauneuf

Une enceinte entourant un sommet peut présenter une expansion rectiligne qui va se perdre sur un abrupt. Une enceinte principale, Bron à Carnoules (fig. 78), est accompagnée d’une deuxième petite enceinte fermée (fig. 79) située en contrebas sur la crête militaire, qui donne alors une bonne vision sur le piedmont de la colline (Bérato 2002). Il existe des variantes, ainsi l’espace qui entre une enceinte unique fermée et un avant - mur est segmenté en deux par un long mur interne. 90

Fig. 64. Châteauvert, Mérindol 2

falaise rocheuse

courbes de niveau équidistantes d'un mètre

zone rocheuse emprise de l'enceinte

10 m

5m

0

emprise du rempart rocher abrupt murs de cases

Fig. 65. Les Arcs, le Castelard

91

N

Zone 3 50 m

0

S1 F1

bagnol en foret 1/3000

Zone 4

Zone 1

P F2 Zone 2

Fig. 66. Plan de la Tour, San Peyre 30 m 30 m Nord

Nord

Fig. 67. Bagnols - en - Forêt, Castel Diaou

Fig. 68. Saint - Julien - le - Montagnier, le Pas de la Colle

Nord

20 m

Fig. 69. Taradeau, Castelar

92

20 m

emprise du rempart Plan CAV Toulon, M.Borréani et F.Laurier

Habitat fortifié de hauteur de la Colette, commune de Carnoules, Var.

Fig. 70. Carnoules, La Colette, fermée simple

Nord

12m

Nord

30 m Fig. 72. Montferrat, les Cadenières

Fig. 73. Taradeau, le Collet Redon

93

emprise du rempart cases 15m

2

1 2 1

détail des cases

détail de la porte 1m

1m foyer

Fig. 71. Les Arcs, la Cabredor

Nord

30 m Nord

30 m Fig. 75. Montferrat, Beaudron

Fig. 74. Comps - sur - Artuby, Chamay

94

enceinte état 1

50 m

courbes de niveau équidistantes de 1m

emprise probable de l’enceinte

agrandissement état 2

Fig. 76. Solliès - Pont, Le Castelas, fermée double

Fig. 77. Pourrières, Pain de Munition

95

20 m

Nord

Fig. 78. et fig. 79. Carnoules, Bron, fermée double

96

Enceinte de type éperon barré L’enceinte rectiligne, plus rarement curviligne, ferme l’isthme plus ou moins large qui rattache une avancée du relief au reste d’un massif. L’enceinte peut présenter un tracé curviligne ou multi - segmentaire avec des tronçons rectilignes se raccordant avec des angles variables. Elle est simple (fig. 80 à 82), double (fig. 83) ou triple (fig. 84).

Fig. 81. Mazaugues, Tête du Baou

Fig. 80. Le Muy, les Gourbières

Fig. 82. Rougiers, le Piégu

97

20 m Nord Fig. 83. Callas, Pennafort, éperon barré double

4

Nord

3

20 m

2

1 5

6

Fig. 84. Le Muy, Rébéquier

98

Enceinte complexe L’enceinte interne peut être une type géométrique fermé et l’enceinte externe un appui sur à - pic (Cuers, la Bouisse, fig. 85). Le Destel à Evenos est plus complexe (fig. 86). L’espace entre les enceintes d’un même site La distance entre deux enceintes peut varier sur le même site. Les structures ayant été soumises avec le temps à des déformations, les dimensions relevées sont d’une précision toute relative, mais permettent toutefois d’établir des ordres de grandeur comparatifs. La nature de l’espace entre les enceintes dépend du relief : terrain plat avec une faible inclinaison, en pente avec des replats ou en forte déclivité toujours vers l’extérieur. Sur le sol parfois dénudé et le plus souvent irrégulier et broussailleux, ne sont visibles généralement ni structures d’habitat en place, ni matériaux de construction. Il en est ainsi au Castelard aux Arcs (Bérato, Borréani, Dugas 1994) où l’espace est fortement déclive vers l’extérieur. Les différences d’altimétrie entre les enceintes multiples dépendent du relief. L’enceinte externe est toujours en contrebas de l’enceinte interne, plus rarement au même niveau lorsqu’elles sont implantées sur un plateau. Répartition typo - chronologique Nous excluons de notre inventaire vingt - trois sites de hauteur où l’habitat fortifié est vraisemblable, mais où les remaniements ultérieurs ont rendu le tracé de l’enceinte indéfinissable et où le matériel archéologique n’est pas évocateur. Une typologie a pu être cernée pour deux cent soixante sites. Sans tenir compte de leur datation, les deux cents enceintes uniques sont les plus nombreuses et représentent 76 % de l’ensemble, les quarante - neuf enceintes doubles 19 % et les neuf enceintes triples 5 %. Les cent quarante - sept enceintes de type appui sur à - pic représentent 57 % de l’ensemble, les soixante dix - huit enceintes de type géométrique fermé 30 %, les trente 99

- deux enceintes de type éperon barré 12 % et les trois enceintes doubles mixtes 1 %. Les différents types d’enceinte n’ont pas de répartition géographique préférentielle dans le Var. En fonction de la chronologie, le nombre d’enceintes diminue légèrement au second âge du Fer et augmente fortement à la fin de l’âge du Fer. Le type appui sur à - pic reste toujours le plus fréquent, ce qui peut s’expliquer par un moindre coût humain pour la construction de seulement trois côtés, pour une surface enclose égale ou supérieure. Les enceintes fermées sont toujours uniques au premier âge du Fer. Les enceintes multiples sont plus fréquentes à la fin de l’âge du Fer.

30 m

Fig. 85. Cuers - La Crau, La Bouisse

100

barre rocheuse mur rocher taillé falaise

0

10m

L a R pe ep gro tte

gro tte

Le

D

te l es

Fig. 86. Evenos, le Destel

50 m

Nord

Fig. 87. Cannet - des - Maures, Méren Sud et Nord

101

Signification des enceintes multiples. Elles sont conçues le plus souvent, dès le départ du projet architectural. Les créations secondaires peuvent correspondre à une extension de la surface habitable par adjonction d’une enceinte supplémentaire, suite à une poussée démographique. Dans seulement quatre cas de l’inventaire, des vestiges d’un habitat sont signalés entre enceinte primitive et secondaire. Elles se justifient aussi par une nécessité de défense avec ins150 m tallation d’une enceinte nouvelle sur la crête militaire, afin d’avoir une vision panoramique plus large et de mieux contrôler le piedmont du site. Nous l’avons vu à Bron à Carnoules (fig. 78) (Bérato 2002). Nord Au Montjean à Cavalaire (fig. 16) ce rôle est joué par un avant - mur qui permet ainsi de couvrir l’accès par un petit col, trajet non Fig. 88. Pontevès, visible à partir de l’oppidum. Au Gros Besillon - Roche - Percée Cannet - des - Maures deux oppidums Méren Sud et Méren Nord de la même période, sont situés sur une crête, espacés d’environ 700 m, la création de Méren Sud se justifiant par la vue sur la dépression permienne (fig. 87). Au Gros Bessillon à Pontevès une extension d’environ 200 m2 est accolée au nord - ouest de l’enceinte principale (Bérato, Michel 2011) et pour la fin de l’âge du Fer un nouvel ensemble complexe avec un avant - mur et une enceinte fermée donne une bonne vision sur le piedmont nord (fig. 88). L’oppidum de Châteauneuf à Vidauban qui n’a pas de vue sur la dépression permienne est complémenté à la fin de 102

20 m

Emprise du rempart courbes de niveaux équidistante d’1 m

Fig. 89. Rians, Mont - Major

l’âge du Fer par l’oppidum de Châteauneuf / Matheron qui domine cette plaine (fig. 62). Une autre raison est l’adjonction d’un large espace pour accueillir des activités agropastorales ou le parcage du bétail : aux Clapouires / Englugi à Ampus (fig. 37), le premier avant - mur délimite une superficie de 57 600 m2 pour 10 000 m2 pour l’enceinte proprement dite (Bérato, Clairici 2013) ; à Correns, l’avant - mur Mérindol 1 délimite une superficie de 22 000 m2 englobant l’oppidum de Mérindol 2 de 1 300 m2 de superficie et celui de Mérindol 3 de 8 800 m2 (Michel 2007) ; à Mont - Major à Rians (fig. 89), l’avant - mur délimite une superficie de 25 000 m2 au - delà de l’habitat de 9 000 m2 ; à Saint - Hubert / La Tourne, Solliès - Toucas, l’avant - mur délimite une superficie de 150 000 m2 sur la crête militaire du plateau en contrebas de l’habitat de 30 000 m2. Lors de la création d’une nouvelle enceinte aux Fara103

rempart état 1 agrandissement du rempart état 2 10 m

rocher abrupt

courbes de niveau équidistantes de 1m

Fig. 90. Solliès - Toucas, Les Faraches

ches à Solliès - Ville, la tour accolée à l’enceinte primitive n’est pas détruite, mais elle est simplement englobée dans le nouvel espace délimité, perdant de ce fait sa fonction de protection (fig. 90). III.1.3. La technique de construction de l’enceinte III.1.3.1. Matériaux La construction de l’enceinte et des ouvrages annexes est d’une grande homogénéité pétrographique et fait toujours appel au maté-

Fig. 92. Carnoules, Bron

Fig. 91. Canjuers, Chamay

104

Fig. 93. Pierrefeu, le Castelas

Fig. 94. Plan de la tour, San Peyre

riau local. La pierre est extraite du substratum, la situation en hauteur sur des surfaces souvent dénudées, facilite le prélèvement. Un fossé en avant de l’enceinte du Castelas à Cotignac correspond à la carrière d’extraction des blocs en calcaire pour la construction des murs. Au Collet - Redon / La Bouverie à Roquebrune - sur - Argens un front de taille protohistorique de blocs est visible à l’extérieur de l’enceinte. Le calcaire prédomine dans le centre et le nord du Var (Chamais, Canjuers, enceinte interne en élévation, fig. 91 ; Sérrières - de Lagnes, mur en élévation, Canjuers ; Val - Longue, Cotignac, enceinte en soutènement en calcaire). Sont plus rarement utilisés la rhyolite (Bron, Carnoules, fig. 92) ; les micaschistes (Le Montjean, Cavalaire ; le Castelas, Pierrefeu, fig. 93) ; le granite dans les massifs des Maures (San Peyre, le Plan - de - la - Tour, fig. 94) et l’Estérel ; le grès Saint - Michel - de - Valbonne, Hyères, fig. 95) ; l’arkose (La Flute, Roquebrune - sur - Argens, fig. 96) et le basalte (la Courtine, Ollioules, fig. 97). A Saint - Michel - de - Valbonne à Hyères les plaques de schiste qui se fragmentent facilement et glissent les unes sur les autres sont utilisées

Fig. 95. Hyères, Saint - Michel - de - Valbonne

Fig. 96 Roquebrune sur Argens, le Castelas

105

dans le mur d’enceinte, mais la tour qui justifie une plus grande stabilité est construite en grès (fig. 95). Des matériaux allogènes à la nature géologique du sol, dont le tuf, peuvent se rencontrer, mais en faible quantité. Les blocs utilisés sont bruts d’extraction, non taillés, non dégrossis, simplement éclatés plus ou moins soigneusement au marteau (Le Castelas, Roquebrune - sur - Argens, appareil irrégulier d’un mur à parement externe - extérieur, fig. 96 ; La Courtine, Ollioules, fig. 97). Il n’y a pas de retouche au marteau, à la broche ou au ciseau droit et pas de régularisation des surfaces visibles sur le nu du mur. Les dimensions et les formes des blocs dépendent le plus souvent de la nature géologique du sol, en particulier pour les calcaires, de la régularité et de l’épaisseur des strates géologiques. Le micaschiste quant à lui se débite en larges plaques plus ou moins épaisses. III.1.3.2. Structure des murs Généralités Les enceintes ont été exécutées d’une façon sure et précise et c’est l’usure du temps et des hommes qui fait qu’elles sont conservées de façon inégale. Ainsi un abri de chasseur est construit dans l’enceinte de la Tête du Baou à Mazaugue. Des coups de sabre sont parfois visibles (Aire des Masques à Carcès, ; Saint Clément à Figanières ; le Fort à Taradeau, fig. 98). Toutefois leur construction, comme celle de tous les ouvrages annexes et des habitations à l’intérieur des sites, ne répond pas à une métrologie précise. Aucune unité de mesure n’a pu être dégagée des multiples dimensions prises. L’épaisseur des murs, l’espacement, la profondeur et la largeur des tours, la position des portes et leur largeur, ont toutes des valeurs fluctuantes. Le cordeau ne semble pas avoir été utilisé systématiquement, les ouvrages se pliant plutôt Fig. 97 Ollioules, la Courtine au relief. Le fil à plomb a pu être 106

Fig. 98. Taradeau, Le Fort

employé, notamment dans les murs avec fruit (la Garduère à Vidauban, fig. 99 ; Méren Nord au Cannet - des - Maures). Il n’y a pas de volonté esthétique dans l’appareillage des murs (fig. 98). Positionnement de l’enceinte L’enceinte se positionne selon le relief en élévation ou en soutènement.

Fig. 99. Vidauban, la Garduère

107

Fig. 100. Cuers, le Clos d’Auréllian

Fig. 101. Saint - Maximin - la - Sainte - Baume, Berne

Lorsqu’elle est en soutènement (Bron, Carnoules ; Cuers, Clos d’Aurélian, fig. 100 ; Rébéquier, le Muy ; les Mures, Vidauban), indépendamment de sa fonction défensive, l’enceinte peut servir à asseoir en arrière d’elle une terrasse plus ou moins étendue sur laquelle s’implantera l’habitat. Elle possède alors le plus souvent un seul parement tourné vers l’extérieur, vers l’aval, en arrière duquel on trouve un blocage de pierres de module très varié et d’épaisseur souvent supérieure à 1 m. Toutefois, elle peut présenter un parement interne, en particulier quand seule la base du mur est en soutènement et que le mur est en élévation au - dessus du sol de circulation interne à l’enceinte. Le choix du soutènement ou de l’élévation est aléatoire et ne tient pas compte du type d’enceinte. Ces deux méthodes de construction peuvent d’ailleurs coexister sur une même enceinte selon la configuration du terrain. Le mur en élévation se retrouve plus fréquemment en terrain plat ou en pente, où il est alors parallèle au sens de la pente (Castel Diaou à Bagnols - en - Fôret ; Serrières - de - Lagnes, Canjuers ; Rébéquier, le Muy ; Berne, Saint - Maximin - la - Sainte - Baume, fig. 101).

Fig. 103. le Muy, les Enfers

Fig. 102. Solliès - Toucas, Saint Hubert

108

Le mur en soutènement suit plutôt les courbes de niveau, perpendiculaire au sens de la pente. Le mur en soutènement est fréquent dans les formes géométriques fermées entourant un sommet. Dans les apuis sur à - pic où la surface enclose est en pente, on le retrouve lors de changements de direction quand le tracé suit les courbes de niveau. Le mur s’arrête sur un à - pic (Saint - Hubert, Solliès Toucas, fig. 102). Le mur ferme des failles (les Enfers, le Muy, fig. 103 ; Fille d’Isnard, Le Muy, fig. 104 ; Saint Hubert, Solliès Ville). Il peut surélever un à - pic (Mont - Major, Rians, fig. 105, Rocher de Roquebrune, le Muy).

Fig. 104. le Muy, la Fille d’Isnard

La technique de construction fait appel à deux catégories de murs montés à sec. Le mur simple possède deux parements intérieur et extérieur avec entre les deux un blocage de pierres de différents modules en vrac et sans liant (Baudinard, les Mauniers ; Bron, Carnoules, fig. 106, le Castelas, Cuers ; la Croix Bérard, la Roquebrusane ; Berne, Saint - Maximin - la - Sainte - Baume, fig. 101 ; les Faraches, Solliès - Ville ; Saint Quinis, Camps - la - Source). Exceptionnellement les blocs sont

Fig. 105 Rians, Mont - Major

109

disposés en lits superposés irréguliers au Montjean à Cavalaire et au Fort à Taradeau le blocage intérieur est lié avec une argile jaunâtre que l’on ne retrouve pas sur le site. Le mur à parement interne, dans lequel outre les deux parements des faces extérieure et intérieure, un ou plusieurs parements internes sont noyés dans la masse du blocage interne de la construction ou directement collés aux parements intérieurs ou extérieurs.

Fig. 106. Carnoules, Bron

En prospection ils sont visibles sur le sommet du mur dérasé. Il s’agit d’un parement interne / extérieur quand sa face parementée regarde vers l’extérieur (Castéou Sarin, Cabasse, fig. 107 ; Pennafort, Callas, triple, fig. 108 ; San Peyre, le Plan - de - la - Tour, fig. 109 ; Castelard, Taradeau) et d’un parement interne / intérieur quand elle est tournée vers l’intérieur du site (Arcelin, Dedet 1985, 17 - 21). Au Castelard aux Arcs (fig. 110) le parement interne / extérieur et le parement extérieur, tous deux formés d’une seule rangée de blocs, sont directement accolés. Ce procédé raidit l’ensemble de la construction et renforce la cohésion de la masse du blocage en répartissant les poussées. L’utilisation de cette technique se fait d’un seul jet lors de la construction initiale du mur. Elle peut être aussi utilisée dans une deuxième phase pour consolider un tronçon de mur fragilisé, en doublant ou en triplant le parement extérieur préexistant (Beaudouvin, la Valette, fig. 5). A Saint

Fig. 107. Cabasse, Castéou Sarin

Fig. 108. Callas, Pennafort

110

Fig. 109 le Plan de la Tour, San Peyre

- Michel - de - Valbonne à Hyères, l’enceinte épaisse de 1,70 m va être renforcée par un mur qui est bâti sur le mur d’une maison qui s’appuyait perpendiculairement contre la face interne de l’enceinte. Suite à cette construction secondaire l’épaisseur de l’enceinte passe à 2,30 m (Brun 2008, 337). Le mur à parement interne a été observé sur cinquante - huit enceintes et il n’y a pas de spécificité pour un type d’enceinte ou pour une période chronologique. Il peut être suivi de façon continue sur plusieurs mètres, rarement sur plus de 10 m. On peut le retrouver par courts segments discontinus dans une même enceinte. Le parement interne / extérieur unique est le plus fréquent, trente - quatre fois dans notre inventaire. Au Montjean à Cavalaire, dans l’enceinte épaisse de 2,50 m du premier âge du Fer, un parement interne / extérieur de 1,50 m alterne avec un parement interne / intérieur de 1 m. Le parement interne / extérieur double n’est présent que quatre fois. Aux Clapuires / Englugi à Ampus l’enceinte interne épaisse de 3 m présente un double parement interne / extérieur de 0,90 m et de 2 m. Le parement interne / intérieur est présent sur quinze sites. 111

Sur l’enceinte, épaisse de 6,50 m, de l’éperon barré de Pennafort à Cabasse, un parement interne / intérieur de 3,30 m est associé à un triple parement interne / extérieur respectivement épais de 0,30 m, 0,30 m et 0,80 m (fig. 108). Au Castelard aux Arcs dans l’enceinte externe le parement extérieur est collé directement contre le parement interne / extérieur, les deux rangées de blocs étant en grand appareil (fig. 110). Aux Clapuires / Englugi à Ampus sur l’enceinte externe épaisse de 4 m, un parement interne / intérieur de 1,30 m est associé à un parement interne / extérieur de 0,50 m. Au Montjean à Cavalaire le parement interne / intérieur de 2 m est inclus dans un tronçon de l’enceinte épaisse de 4,20 m.

Fig. 110. Les Arcs, le Castelar

Le parement interne est primitif sur trente - trois sites et il n’est secondaire que quatre fois. Un parement interne / extérieur primitif a été noté sur la face latérale de huit tours pleines accolées à une enceinte, dont La Colle à Saint - Julien - le - Montagnier et un parement interne / extérieur secondaire une seule fois. Le parement interne primitif est présent dès le premier âge du Fer. 112

Le murus gallicus Un poutrage interne renforce la construction en pierres sèches. A La Fouirette au Luc une tour pleine présente les négatifs de quatre poutres en bois, deux dans les parements externes latéraux et deux traversant le remplissage de la tour, selon la technique du murus gallicus. Aucune fiche en fer servant à fixer les pièces en bois n’a été retrouvée. Il paraît difficile de parler dans ce cas unique d’apports exogènes continentaux (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 61 ; Brun 1999, CAG 83 / 2, 502 - 503). Un rempart «vitrifié» à la suite d’un incendie avait été anciennement et faussement décrit sur l’oppidum de la Fille d’Isnard au Muy. Il s’agit en fait de calcaire coquillier pris dans une faille de rhyolite. Parements internes transversaux Ces parements sont inclus dans la masse de l’enceinte. Ils relient au travers du blocage interne les deux parements du mur. Une face parementée est ainsi perpendiculaire au grand axe de l’enceinte (Montferrat, Baudron, fig. 111, Flassans - sur - Issolle, fig. 112, Berne, Saint - Maximin - la - Sainte - Baume, Mont - Major, Rians, fig. 113). Il est présent sur au moins quatorze enceintes et trois avant - murs. Ce procédé devait assurer une meilleure cohésion à la construction en la raidissant. Il ne peut y avoir de confusion avec un piédroit de porte obturée, l’appui d’une enceinte secondaire contre l’enceinte primitive (les Faraches, Solliès - Ville, fig. 114), un coup

Fig. 111. Montferrat, Beausoleil

Fig. 112. Flassans / Issole, les Mauniers

113

Fig. 113. Rians, Mont - Major

Fig. 114. Solliès - Ville, les Faraches

de sabre marquant un stade de la construction, avec un arrêt temporaire (Aire des Masques à Carcès ; Le Fort à Taradeau, fig. 98). Cet élément de construction se rencontre aussi bien au début qu’à la fin de l’âge du Fer. A l’Eouvières / Le Castelas à Baudinard - sur - Verdon / Bauduen, un piédroit raidisseur interne dans l’enceinte unique de type géométrique fermé est associé à un double parement externe, au début de l’âge du Fer ; à l’Aire des Masques à Carcès, dans l’enceinte double externe de type appui sur à - pic, un piédroit de renforcement est daté du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. ; au Monjean à Cavalaire, dans l’enceinte unique de type appui sur à - pic, un piédroit de renforcement interne est associé dans d’autres tronçons de l’enceinte à des parements internes - extérieurs et intérieurs, au début de l’âge du Fer ; aux Mauniers à Flassans - sur - Issole, dans l’enceinte unique à figure de type géométrique fermée du début de l’âge du Fer, un piédroit de raidissement transversal est visible dans un mur sur une très forte pente, l’épaisseur du mur à son niveau est de 3,50 m et n’est plus que de 2,30 / 2,40 cm sur le reste de ce tronçon ; à Beaudron à Montferrat, dans l’enceinte externe six raidisseurs successifs sont espacés de 1 m à 1,50 m dans une forte pente ; au Pain de Munition à Pourrières, du dernier tiers du IIe av. n. è., un raidisseur est présent dans l’enceinte externe de la triple enceinte fermée ; à l’une des extrémités de l’avant - mur de Mont - Major à Rians, un raidisseur dans une forte pente s’accompagne d’un rétrécissement de l’épaisseur du mur, qui passe de 3,50 m à 2,80 m dans sa partie distale. 114

Fig. 115. Cuers, le Clos d’Auréillan

III.1.3.3. L’appareil des murs. L’ouvrage est monté majoritairement en pierres sèches, directement sur le sol naturel, généralement sans tranchée de fondation. Il peut reposer sur le rocher qui est sommairement régularisé (Clos Aurélian, Cuers, fig. 115). L’irrégularité de la surface d’appui peut aussi être rattrapée par une couche de terre et de pierraille (Le Castelard aux Arcs ; Le Castelas à Solliès - Pont). Dans la base d’un tronçon de l’enceinte du Rocher de la Fille d’Isnard / Dina au Muy, le rocher naturel a été régularisé en marches d’escalier avec de courts méplats sur lesquels s’appuient et s’imbriquent les premiers blocs du mur. Exceptionnellement une assise de base déborde extérieurement sur le nu du mur. L’appareil est irrégulier du fait de la disparité des blocs 115

utilisés (la Colette, Carnoules ; Castel Diaou, Bagnols - en - Fôret ; Clos Aurélian, Cuers ; Monjean, Cavalaire ; La Flute, Roquebrune - sur Argens ; Gros Bessillon, Pontévès). Quelques lits de pose peuvent être horizontaux, mais toujours sur de très courtes distances (Bron, Carnoules ; le Neiron, Draguignan). Les joints verticaux et horizontaux sont irréguliers et n’alternent pas régulièrement. Dans les changements de direction angulaire de l’enceinte les murs ne sont pas liés entre eux, chacune des deux extrémités de murs s’accole et s’adosse l’une contre l’autre (la Fouirette, le Luc ; Saint - Vincent, Vins - sur - Caramy). Des changements de direction de l’enceinte peuvent être arrondis avec continuité des parements (Coste des Hubacs, Rians, fig. 116 : Castel Diol, les Arcs). De gros blocs sont empilés les uns sur les autres dans les angles des ouvrages en particulier dans les tours, ainsi à la Fouirette au Luc et à la Croix de Bérard à la Roquebrusanne (fig. 117). Dans les retours angulaires d’enceintes ou dans des piédroits de portes, des blocs semblent placés en carreau et en panneresse, mais il ne s’agit que d’une impression, d’un simple empilement lié au hasard. Les blocs ont des dimensions très variables sur la même enceinte. Du fait de leur irrégularité ils sont souvent calés avec de plus petites pierres. Les modules des blocs sont divers, parfois en grand appareil (0,25 m x 0,50 m x 0,50 m au Grand Fort des Agaux à Pourcieux).

Fig. 117. la Roquebrusane, la Croix Bérard

Fig. 116. Rians, la Coste des Hubacs

116

L’appareil peut être cyclopéen : 1,40 m x 0,80 m à Costebelle à Hyères ; 2 m x 0,65 m x 0,55 m, 1,60 m x 0,50 m x 0,40 m, 1,70 m x 1,20 m x 0,50 m, 1,20 m x 0,70 m x 0,65 m, 1,50 m x 0,70 m dans l’avant - mur de la triple enceinte de type appui sur à - pic à Sainte Croix à Nans - les - Pins ; 1,30 m / 1,50 m x 0,30 m / 0,40 m x 0,80 m / 1,20 m à La Déidière à Pierrefeu - du - Var (fig. 118) (Bérato, Borréani 1993) ; 1,10 m x 0,44 m x 0,20 m, 0,90 m x 0,47 m x 0,16 m, 1 m x 0,45 m x 0,25 m aux Ayaux 1 à Pourrières (fig. 119) ; 0,85 m x 0,70 m x 0,35 m, 0,90 m x 0,55 m x 0,60 m dans l’enceinte fermée de La Croix de Bérard à La Roquebrussanne ; 1 m x 0,70 x 0,35 m, 1,20 m x 0,80 m x 0,40 m à Cinq - Ponts à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume ; 1,10 m x 0,65 m x 0,45 m au Matheron à Solliès - Ville. La dimension des blocs du parement extérieur peut être plus grande, ainsi sur l’enceinte unique de type géométrique fermé de Bron à Carnoules. Les blocs plantés de chant Ils se retrouvent dans le parement d’une cinquantaine d’enceintes. Ils concernent en général les deux parements intérieurs et extérieurs.

Fig. 118. Pierrefeu, la Dédière

117

Fig. 120. Carcès, l’Hubac des Teyes

Fig. 119. Pourrières, les Ayaux

Les blocs sont toujours en grand appareil, parfois de module cyclopéen (la Dédière, Pierrefeu, fig. 118 ; les Ayaux, Pourrieres, fig.119 ; Hubac des Teyes, Carcès, fig. 120 ; Les Planettes, le Muy, fig. 121; Rébéquier, le Muy, fig. 122). Ils représentent un facteur de bonne stabilité du mur et peuvent s’accompagner parfois d’une moindre épaisseur de l’enceinte, ainsi dans la porte à recouvrement de la Barre de Saint - Quinis à Camps - la - Source, le mur interne en blocs cyclopéens est épais de 1,90 m, l’externe de 2,10 m. Le fait que les blocs plantés de chant apparaissent plus fréquemment sur les enceintes à type géométrique fermé et les éperons barrés, semble lié aux aléas des prospections. Ils sont présents dès le début de l’âge du Fer. Les boutisses On trouve fréquemment de gros blocs placés en boutisse : enceinte unique de type géométrique fermé de La Cabredor aux Arcs à la fin du IIIe - IIe s. av. n. è., où l’enceinte épaisse de 1,20 m est réduite

Fig. 122. Le Muy, Rebéquier

Fig. 121. le Muy, les Planettes

118

Fig. 124. Cavalaire, le Montjean

Fig. 123. Carcès, l’Hubac des Teyes

à ce niveau à 0,90 / 1 m ; enceinte unique sur à - pic épaisse de 5 m de Thèmes Est à Besse - sur - Issole au début de l’âge du Fer (blocs longs de 1,20 m, larges de 0,45 m et épais de 0,10 m) ; Hubac des Teyes, Carcès, bloc de 1,20 m de longueur (fig. 123) ; enceinte unique de type appui sur à - pic au Monjean à Cavalaire, blocs de 1 m de longueur de la fin de l’âge du Fer (fig. 124) ; enceinte unique de type appui sur à - pic au Bonnet de Capelan à Saint - Raphaël / Fréjus à la fin du IIe s. av. n. è. ; enceinte unique de type appui sur à - pic au Grand Fort des Agaux à Pourcieux où les blocs mesurent de 0,50 x 0,50 x 0,25 m ; à La Flute à Roquebrune - sur - Argens, dans l’enceinte interne fin IIe fin Ier s. av. n. è. boutisse de 0,50 / 0,70 m ; sur l’enceinte sur à - pic du Matheron à Solliès - Ville de l’âge du Fer (1,10 m x 0,65 m x 0,45 m) , sur l’enceinte secondaire de type appui sur à - pic de Baudouvin / La Bigoye à La Valette - du - Var du dernier quart du VIe s. av. n. è., des blocs mesurent 2 m (fig. 13) (Arnaud et al. 1986). Elévation en argile crue Une élévation en argile crue peut surmonter la base en pierre de l’enceinte. On ne peut préciser s’il s’agit de pisé ou d’adobe, bien que des briques en argile crue aient été utilisées dans des murs de maisons après le milieu du Ve s. av. n. è. au Mont - Garou à Sanary - sur - Mer (Arcelin, Arcelin - Pradelle, Gasco 1982, 122). La destruction de l’élévation en argile crue forme un dépôt ho119

Fig. 125. Les Arcs, le Castelar

mogène, sans présence d’éléments lithiques de construction, localisé au pied du mur, mais qui peut s’étendre plus largement à l’intérieur des maisons, lorsqu’elles sont adossées à l’enceinte. Quelques bases en pierres, primitivement surmontées d’une élévation en argile crue ont pu être fouillées : enceinte unique de type appui sur à - pic de l’Apié de Raybaud aux Arcs, de la fin IIIe / début IIe s. av. n. è., épaisse de 1 / 1,30 m, à double parement de pierres et blocage interne de pierraille, les deux liés à l’argile ; enceinte unique de type géométrique fermé de La Cabredor aux Arcs datée du IIe s. av. n. è., épaisse de 1,20 m, dont le blocage de pierrailles est lié à l’argile jaunâtre ; enceinte interne de l’enceinte double de type appui sur à - pic du Castelard aux Arcs datée du milieu du IIIe s. av. n. è., qui possède une base en pierres épaisse de 2,50 m et haute d’environ 1,50 m (fig. 125) ; enceinte unique de type géométrique fermé de La Déidière à Pierrefeu - du - Var du dernier tiers du IIe s. av. n. è., épaisse de 1,80 m. Ces enceintes, plutôt de faible épaisseur, ont été construites 120

du milieu du IIIe au début du IIe s. av. n. è. Ces transferts technologiques sont peut - être liés au retour chez eux de mercenaires celto - ligures, qui ont participé aux conflits de Rome. III.1.3.4. Les dimensions de l’enceinte L’épaisseur des enceintes Nous avons mesuré deux cent soixante - dix - sept murs d’enceintes. Leur épaisseur varie de 0,70 m à 9,70 m. Deux cent vingt huit mesures, soit 72 %, se situent entre 1,50 m et 3 m. L’épaisseur des murs ne varie pas en fonction de la typologie des enceintes ou de leur chronologie, sauf à la fin de l’âge du Fer pour quelques enceintes avec élévations en terre crue plus étroites. L’épaisseur du mur est rarement identique sur les différents segments d’une même enceinte et elle peut varier du simple au double. A titre d’exemple au Montjean à Cavalaire l’épaisseur de l’enceinte unique varie de 2,50 m à 4,20 m et mesure 1,70 m pour l’avant - mur interne ; à La Barre de Saint - Quinis à Camps - la - Source, sur l’enceinte unique l’épaisseur varie de 1,60 m, 1,70 m, 1,87 m / 1,90 m à 2,10 m ; au Pain de Munition à Pourrières, sur l’enceinte interne 1,75 m à 2 m, sur la deuxième enceinte de 1,40 m, 2,10 m, 2,20 m, 2,30 m à 2,80 m et sur l’enceinte externe 1,75 m / 1,80 m, 1,85m / 1,90 m, 2,40 m, 2,50 m à 3,30 m. La grande épaisseur, 6,70 m pour une hauteur de 4 / 5 m, d’un tronçon en soutènement de l’enceinte du Camp Aurélien / Le Clos d’Aureillan à Cuers, est liée à des réfections / consolidations réalisant trois parements internes / extérieurs successifs appliqués contre le mur primitif. Une plus grande épaisseur que le reste de l’enceinte peut être liée à la présence d’un parement interne sur un court tronçon. Aux Clapuires / Englugi à Ampus entre le mur épais de 5 m au nord et de 4 m au sud, un tronçon de l’enceinte externe mesure 7 m d’épaisseur et présente un parement interne - extérieur de 2,20 m. 121

La présence de blocs de grandes dimensions, en boutisse ou plantés de chant peut quelquefois s’accompagner d’une moindre épaisseur. Sur les enceintes multiples l’épaisseur n’est qu’exceptionnellement identique. Nous n’avons retrouvé que trois sites de type appui sur à - pic double où les épaisseurs des deux enceintes étaient égales. La hauteur primitive des enceintes Nous avons retenu un échantillon de quarante - trois mesures égales ou supérieures à 1,30 m qui nous semble représentatif. La hauteur initiale n’est jamais conservée dans sa totalité car elle a été soumise aux aléas des conditions atmosphériques et surtout à l’action de l’homme et des animaux. Sa sauvegarde est aussi liée à la qualité du matériau. Ainsi dans le massif des Maures les enceintes construites en plaques de schiste sont fortement détériorées, ne conservant que peu d’assises en place, seulement une ou deux le plus souvent. En tenant compte des hauteurs conservées et du volume des éboulis adjacents, tant internes qu’externes, la majorité des hauteurs primitives ne devaient pas être supérieures à 3 m / 4 m. Les hauteurs conservées égales ou supérieures à 3,80 m correspondent toutes à des enceintes en soutènement. Au Castelard aux Arcs la hauteur de la base en pierres sèches de l’enceinte a pu être restituée à 1,50 m avec une élévation sus - jacente en argile crue non mesurable. Au Bron à Carnoules, un tronçon de mur haut d’environ 6 m s’appuie contre un rocher et se poursuit par une tour arrondie qui protège l’entrée de la porte à recouvrement. Au Camp Aurélien à Cuers, l’enceinte en soutènement dans la partie sommitale du site mesure 5 et 6 m de hauteur avec un triple parement interne - extérieur lié à des réfections successives. A Saint - Ferréol à Lorgues, la dernière marche d’un escalier engagé dans l’angle interne de l’enceinte donne le niveau de cheminement sur le chemin de ronde à 2,50 m de hauteur. L’épaisseur du mur, 3,50 m, pouvait autoriser un parapet en pierre assez haut, ce qui permettrait dans ce cas particulier de restituer la hauteur primitive de l’enceinte à environ 3,50 m / 4 m. 122

Le fruit du mur d’enceinte Les parements se développent d’un seul tenant de la base au sommet de façon rectiligne. Le fil à plomb a été sûrement utilisé. Le parement externe présente assez souvent un fruit. Nous avons pu le mesurer sur une vingtaine d’enceintes dès le début de l’âge du Fer : Thèmes Est à Besse - sur - Issole, 20° ; Monjean à Cavalaire - sur - Mer / La Môle, 20 / 30°. Cette technique de construction est toujours utilisée au milieu et à la fin de l’âge du Fer : Les Clapuires / Englugi à Ampus ; La Cabredor aux Arcs ; Le Castelas à Brignoles ; Méren Nord et Méren Sud au Cannet - des - Maures ; Le Sérail à Châteaudouble ; Les Enfers au Muy et la Garduère à Vidauban (fig. 99), où les valeurs oscillent entre 20 et 30°. La face interne du mur reste verticale le plus souvent. Au Mont - Garou à Sanary, un mur de terrasse haut de 1 m mesure à sa base 1,50 m et au sommet 0,80 m et l’enceinte conservée sur 1,25 m, est épaisse à sa base de 3,15 m / 3,40 m et de 3 m au sommet. III.1.3.5. Les particularités du mur d’enceinte Le redan Le redan, qui est un ouvrage de fortification à deux faces formant un angle saillant ouvert, a été observé sur quatorze sites, dont un avec deux redans. Le redan a un double rôle.

Nord

30 m

Fig. 126. Châteaudouble, le Sérail

Fig. 127. Cotignac, Val - Longue

123

Fig. 128. Taradeau, le Fort, tour carrée pleine et redan C’est un ouvrage de défense qui permet le flanquement de l’enceinte, bien que statistiquement la tour lui ait été préférée. Les Clapouires / Englugi à Ampus où le plus externe des deux avant murs présente un redan d’environ 8 m ; le Sérail, Châteaudouble, redan d’environ 6 m ; Val - Longue, Cotignac, redan de 3 m (fig. 127) ; le Castelas à Cuers, redan de 8 / 9 m sur le segment sud - ouest de l’enceinte ; le Neiron à Draguignan, un redan de 3,20 m dans l’enceinte au sud ; l’Auriasque 1 à Fréjus un redan dans l’enceinte qui ne présente pas de tour. Le Rocher de la Fille d’Isnard / Dina, au Muy, un redan de 5,50 m protège sur la gauche une porte à recouvrement et un autre redan marque l’extrémité de l’enceinte sud à sa jonction avec le mur transversal qui segmente en deux le site ; la Courtine à Ollioules, un redan protège à droite une porte frontale en association à une tour ; la Coste / Les Hubacs à Rians, un redan large de 1,70 m et profond de 1,80 m sur l’enceinte interne, se situe à sa jonction avec l’enceinte externe ; le Castelard Nord, Roquebrune - sur - Argens, un redan de 5 m rompt la continuité de l’enceinte nord - est rectiligne ; la Croix - Solliès à Salernes un redan est associé à une tour ; le Matheron à Solliès - Ville, un redan de 5,10 m dans le tiers oriental de l’enceinte nord ; le Fort à Taradeau, un redan saillant de 5 m protège sur la droite une porte frontale (fig. 128) ; les Mures à Vidauban, dans un tronçon en soutènement de l’enceinte unique de type géométrique fermé, un redan de 5,25 m. Le redan a aussi une fonction architectonique en cassant le tracé rectiligne d’une enceinte sur une forte pente, soulage la poussée de la masse du mur sur sa partie inférieure, tout en gardant son 124

Fig. 129. Sainte - Maxime, le Ménier

rôle de défense en flanquant l’extrémité inférieure de l’enceinte : aux Mauniers à Flassans - sur - Issolle un redan de 4 m de long stabilise un segment fortement en pente de l’enceinte unique à figure de type géométrique fermée ; à Casteou Sarrin / Les Défens à Cabasse un redan long de 4 m interrompt le tracé en pente de l’enceinte unique de type appui sur à - pic. Les contreforts Un contrefort externe peut conforter un retour angulaire de l’enceinte. Au Pain de Munition à Pourrières, le changement de direction angulaire de l’enceinte externe est conforté sur un côté par un contrefort externe de 5,80 m de longueur sur 1 m d’épaisseur, qui s’appuie contre le mur dans la pente. A Saint - Vincent à Carcès un contrefort épais de 0,90 m et long de 11 m conforte un angle de l’enceinte en forte pente à ce niveau. 125

Les repentirs A la Croix de Bérard à La Roquebrussanne l’enceinte unique fait un retour angulaire vers l’intérieur sur une distance de 6 m. Après ce repentir, l’enceinte se continue dans l’axe du tronçon primitif en s’appuyant contre le retour du mur. Au Ménier à Sainte - Maxime un bloc en boutisse de l’épaisseur de l’enceinte marque un rétrécissement net du mur, avant le changement angulaire du tracé de l’enceinte (fig. 129), sans que l’on puisse dire s’il s’agit d’un repentir ou d’une reprise ultérieure du mur. L’accès au chemin de ronde On accède au chemin de ronde de l’enceinte par un escalier construit dans un angle à Saint - Ferréol à Lorgues et par un contrefort en pente correspondant au prolongement d’un des côtés d’une tour à gorge au Fort de Taradeau. Chantepleures Pour faciliter le drainage des eaux d’infiltration et de ruissellement vers l’extérieur des sites, des ouvertures ont été prévues à la base des enceintes.

Fig. 130. Six - Fours, le Brusc, le Mourret

126

Elles traduisent un plan préétabli avant la construction de l’enceinte. Des comparaisons sont connues. A la fin du Ve - début du IVe s. av. n. è. au Mourret au Brusc à Six - Fours habitat fortifié massaliète (fig. 130, Brien 2001) et à la fin de l’âge du Fer à Entremont à Aix - en - Provence (Mocci, Nin 2006, 139) et dans l’enceinte du Castillon à Paradon qui est traversée par un égout au IIe - Ier s. av. n. è. (Gateau, Gazenbeek 1999, 242). Nous en avons retrouvé sur six sites, mais il est vraisemblable qu’un certain nombre nous a échappé, masqué par les éboulis externes ou les colluvions internes : Fig. 131. Draguignan, les Tuilières, une dans l’enceinte unique de type chantepleure géométrique fermé des Tuilières à Draguignan (fig. 131) du dernier tiers du IIe s. av. n. è., longue de 2,80 m et large de 0,50 m ; une dans l’enceinte unique de type géométrique fermé de l’âge du Fer à Pifouquet / Sainte - Hélène au Luc ; une dans l’enceinte primitive interne de type géométrique fermé de La Courtine à Ollioules datée vers 375 av. n. è., où aboutit un drain de 0,20 m de large, à parois de lauzes de chant couvert de dalles ; six à La Croix de Bérard à La Roquebrussanne (fig. 132) de la fin du IIe s. av. n. è., dont cinq dans l’enceinte (0,75 m x 0,75 m ; 0,20 m x 0,20 m ; 0,15 m x 0,20 m ; 0,25 m x 0,45 m ; 0,45 m x 0,35 m) et une dans l’angle sud - ouest de la tour sommitale large de 0,13 m en

Fig. 132. La Roquebrussanne, la Croix de Bérard

Fig. 133. Taradeau, le Fort

127

bas / 0,25 en haut et haute de 0,30 m ; une dans l’enceinte du Ménier à Sainte - Maxime du IIe s. av. n. è. ; trois dans l’enceinte du Fort à Taradeau (fig. 133) de la fin du IIe s. av. n. è. de 0,20 m de large sur 0,40 m / 0,50 m de haut. A La Vieille - Valette au Revest / La Valette, occupé durant tout l’âge du Fer, une chantepleure au nord, mesure 0,30 m de large sur 0,40 m de hauteur. La chronologie des chantepleures dans notre inventaire se situe entre 375 av. n. è. et la fin du IIe av. n. è.

Fig. 134. Taradeau, le Fort, porte frontale

III.2. La porte frontale III.2.1. Généralités La porte frontale est une simple ouverture bordée de deux piédroits dans le mur de l’enceinte. Son axe de pénétration est perpendiculaire à celui de l’enceinte. Nous avons retrouvé des portes frontales dans seulement soixante - sept habitats groupés et fortifiés de hauteur. En effet les accès ont pu être masqués par la création de pistes modernes qui les empruntent, par des postes de chasse qui remanient les enceintes ou tout simplement par l’éboulement des murs qui les effacent (fig. 134 à 137). Leur absence réelle que l’on peut évoquer devant la continuité de quelques enceintes, soulève l’hypothèse de moyens de 128

franchissement des murs par des éléments périssables, par exemple des échelles mobiles en bois, dont aucun exemple n’est toutefois rapporté dans la littérature. La présence de plusieurs portes sur un même site explique le nombre de quatre - vingt - deux portes dénombrées. Des portes frontales et des portes à recouvrement coexistent sur certains sites dont Le Rocher de Roquebrune au Muy. Il existe une grande dispersion des mesures de la largeur des portes, dont vingt - six se situent entre 1,50 m et 3 m, soit 65 %. Trois poternes ont une largeur inférieure ou égale à 1,10 m. A Maravieille, La Môle, la poterne large de 0,80 m, qui s’ouvre dans l’enceinte épaisse de 5 / 6 m, était munie de marches. Une poterne avec marches est connue au Garlaban à Aubagne (Rothé, Tréziny 2005, 761). Des portes charretières ont pu être rétrécies en portes piétonnières, ainsi au Fort à Taradeau, la largeur initiale d’une porte a été réduite de 3,20 m à 1,50 m (fig. 137). La profondeur des portes correspond à l’épaisseur des enceintes ou à la profondeur des tours qui en forment les piédroits. Il n’y a pas de relation entre la largeur des portes et la profondeur des piédroits. Ainsi à Sainte - Croix à Nans - les - Pins la porte frontale large de 2 m à 3 m s’ouvre entre deux tours profondes de 7,50 m et de 8,50 m. La porte frontale se situe généralement dans un seg-

Fig. 135. La Roquebrusanne, la Croix de Bérard

Fig. 136. Ollioules, la Courtine

129

Fig. 137. Taradeau, Le Fort, piédroit de porte frontale

ment d’enceinte plus ou moins rectiligne. Dans quatre cas, comme à La Flute à Roquebrune - sur - Argens et à La Croix de Bérard à La Roquebrussanne, une porte frontale respectivement large de 5 m et de 1,80 m, s’ouvre dans un retour angulaire de l’enceinte unique de type géométrique fermé (fig. 135). Les piédroits des portes sont souvent en plus grand appareil que celui du reste de l’enceinte, ainsi à la Courtine à Ollioules (fig.136) et à Méren Nord et Sud au Cannet - des - Maures pour les portes larges d’environ 4 m de l’enceinte unique de type appui sur à - pic ou à La Croix de Bérard à La Roquebrussanne où le côté de la tour pleine qui forme le piédroit gauche de la porte, haut de 1,80 m est construit avec cinq blocs cyclopéen. Le seuil des portes est constitué par le substratum régularisé. A La Fouirette au Luc le seuil d’une porte large de 2,25 m est formé d’un bloc monolithe. Selon les textes grecs les battants des portes qui ouvraient en dedans étaient maintenus fermés par une barre transversale horizontale, qui coulissait dans deux trous symétriques ménagés dans les piédroits de la porte (Enée le Tacticien, IV, 2). Quelques rares vestiges permettent d’envisager les moyens de fermeture des portes. Selon leur largeur les battants en bois des portes 130

devaient être uniques ou doubles. Dans la couche correspondant à la combustion de la porte B du Fort à Taradeau (fig. 137), sept clous en fer étaient tous repliés à la distance de 0,07 m de la tête, donnant l’épaisseur des pièces de bois assemblées. On peut imaginer que les battants étaient maintenus fermés par une barre transversale horizontale, mais on ne retrouve pas les trous des piédroits, mais un trou dans le sol à l’intérieur de deux portes qui devait servir à caler la barre de fermeture placée alors obliquement. A l’Apié de Raybaud aux Arcs, un piédroit de la porte de la tour creuse qui ouvre vers l’intérieur du site, large de 1,30 m, présente dans son angle interne une feuillure carrée de 0,10 m de côté. Le battant de la porte qui ouvrait vers l’intérieur devait venir buter contre elle. A moins que cette encoche n’ait reçu l’axe du battant qui pivotait dans une crapaudine disparue aujourd’hui. III.2.2. Particularités morphologiques de certaines portes III.2.2.1. La porte occupe un espace réservé entre une extrémité de l’enceinte qui forme un piédroit et la falaise ou un abrupt rocheux. Elle est présente sur huit sites : La Cabrière à Ampus entre une extrémité de l’enceinte unique de type appui sur à - pic et l’abrupt rocheux ; Les Clapouires / Englugi à Ampus entre l’extrémité nord de l’avant - mur externe et la falaise, de 5 m / 6 m de large (fig. 37) ; Peyro - Baroun à Artignosc - sur - Verdon où l’enceinte unique de type éperon barré est par ailleurs renforcée par une tour au niveau de la porte ; La Madeleine / La Retrache au Luc ; au Rouissasson au Bourguet sur l’enceinte nord d’un éperon barré double où la porte mesure 3 m et la falaise est renforcée par un mur ; au Piégu à Rougiers à l’extrémité ouest de l’enceinte unique de type éperon barré avec un abrupt ; Croix - Solliès à Salernes un redan interne au niveau d’une tour pleine qui saille vers l’extérieur protège une porte frontale au niveau de l’à - pic ; Tête du Baou à Mazaugues une porte de 4 m / 5 m est réservée aux deux extrémités de l’enceinte externe d’un éperon barré double.

131

III.2.2.2. Une faille naturelle est utilisée dans des parois rocheuses On la rencontre à Bayonne à Bagnols - en - Forêt, ou à Gournié au Muy pour une poterne large de 1 m. A La Forteresse à Bagnols - en - Forêt l’entrée s’effectue entre l’extrémité de l’enceinte qui forme un piédroit et une tête de rocher. Au Pic de Rebéquier au Muy le cheminement extérieur vers la porte frontale se fait entre de gros rochers et il est dominé par l’enceinte. III.2.2.3. Des moyens de défenses complémentaires des portes Ils peuvent être associés à des portes, sans que ce soit systématiquement le cas, même si leur ouverture est de grande dimension. Les tours Ces ouvrages de flanquement protègent une vingtaine de portes. Onze tours uniques et pleines sont adossées à la face externe de l’enceinte à proximité immédiate de l’entrée. Les piédroits de quatre portes sont constitués par des tours qui peuvent faire saillie en dehors et en dedans de l’enceinte et qui forment le couloir d’accès. A Mauvasque à La Martre une porte frontale large de 2,50 m environ est défendue par deux tours externes profondes de 3 m ; à Sainte - Croix à Nans - les - Pins une porte frontale large de 2 à 3 m, s’ouvre dans l’enceinte principale encadrée par deux tours intérieures quadrangulaires pleines qui forment ses piédroits, celle du nord profonde de 7,50 m et celle du sud profonde de 8,50 m ; au Grand Fort des Agaux à Pourcieux, une porte frontale de 5 m de large, est encadrée de chaque côté par les éboulis de deux tours externes larges de 2 à 3 m ; à La Colle à Saint - Julien - le Montagnier, une porte frontale s’ouvre entre les éboulis de deux tours externes. Les redans Ils sont rarement utilisés. A La Courtine à Ollioules sur l’enceinte secondaire une porte frontale large de 2,40 m est protégée à 3,10 m par 132

une tour à droite et par un redan (fig. 18) et au Fort à Taradeau une porte large de 2,25 m est flanquée à droite d’un redan de 5 m (fig. 128). A Château - Panier à Signes une pièce, peut - être une tour creuse, adossée à la face interne de l’enceinte double de type appui sur à - pic, forme par un de ses côtés un des piédroits de la porte large d’environ 3 m. A Maravieille à La Môle, une poterne frontale large de 0,80 m et munie d’un escalier axial, est ouverte dans l’enceinte primitive épaisse de 5 / 6 m. A L’Aubède 2 à Collobrières, au pied de la falaise, une rampe soutenue par des murs permet d’accéder à la porte de l’enceinte unique de type appui sur à - pic. III.3. La porte à recouvrement III.3.1. Définition La porte à recouvrement est formée par le prolongement, sur une distance variable, de l’extrémité des deux segments de murs de l’enceinte, qui se décalent au niveau de leur interruption pour constituer l’entrée. Cet agencement en couloir, détermine l’axe de l’entrée, parallèle à au moins un des murs de l’enceinte. Ce type d’entrée expose un assaillant éventuel aux coups des défenseurs, en particulier les flancs non protégés par un bouclier, le droit généralement. En permettant de mieux contrôler l’accès à travers la porte, qui est l’un des points sensibles de l’enceinte, elle améliore l’efficacité des moyens de défense. La porte est dite ouvrir à droite lorsque la personne qui entre présente au mur interne du couloir sur lequel se trouvent les défenseurs, son côté droit non protégé par le bouclier, qui se porte à gauche (Enée le Tacticien, 2, note 1). Ce couloir peut avoir deux murs parallèles ou prendre la forme d’un entonnoir qui se rétrécie au niveau de l’ouverture interne. Une variante rare en tenaille est représentée par un simple décalage, avec un court recouvrement de l’extrémité des deux segments de mur de l’enceinte qui forment les piédroits de la porte, le cheminement pour entrer dans le site reste alors toujours parallèle à l’enceinte. 133

Fig. 138. Cavalaire, le Monjean

III.3.2. Inventaire chronologique III.3.2.1. Début de l’âge du Fer Onze sites sont recensés. Quatre enceintes uniques de type appui sur à - pic : Montjean, Cavalaire - sur - Mer / La Môle, la porte en couloir ouvre à droite, large d’environ 2,50 m et longue d’environ 3 m (fig. 138) ; Maravieille à La Môle, une porte ouvre à gauche, en forme d’entonnoir angulaire, longue d’environ 15 m, ouverture externe de 3 m et interne de 1,80 m, protégée par un bastion à droite, associée à une poterne frontale ; Le Rocher de la Fille d’Isnard / Dina au Muy, la porte en couloir, ouvre à gauche, longue d’environ 8 m, large d’environ 2,20 m, protégée à gauche par un redan et à droite par une prolongation du mur, avec un accès en forte pente dans un chaos rocheux ; Rocher de Roquebrune au Muy / Roquebrune - sur - Argens (fig. 139), une porte en couloir, longue d’environ 12 m, large d’environ 2,50 m, ouvre à gauche, associée dans un autre segment de l’enceinte à une porte frontale et dans 134

Fig. 139. Le Muy, Rocher de Roquebrune

135

10 m

légende:

structure

barre rocheuse

enceinte

2 1 3 4

En

tré

e

Entrée de l'habitat fortifié de hauteur de Bron

empa talus for mé par le r

10 m

rt

Fig. 140. Carnoules, Bron

l’avant - mur externe à une porte à recouvrement en couloir, longue d’environ 20 m, large de 4 m, qui ouvre à gauche et utilise une faille rocheuse comme ouverture interne. Une enceinte double de type appui sur à - pic, Mérindol 3 à Châteauvert, avec sur l’enceinte externe, une porte en couloir en plan incliné, qui ouvre à gauche, large de 4 m, longue de 6 m et sur l’enceinte interne, en regard de la première une porte en couloir, qui ouvre à gauche, large de 3 m et longue de 6 m. Quatre enceintes uniques de type géométrique fermé :

Fig. 141. Flassans, les Mauniers

Fig. 142. Solliès - Toucas, le Castelas

136

Le Bron à Carnoules, une porte en entonnoir, ouvre à gauche (fig. 140), large de 7 m à l’origine externe, puis 10 m, et 5 m à son ouverture interne, longue de 27 m et protégée par une tour arrondie à gauche ; Les Mauniers à Flassans - sur - Issole, une porte en entonnoir, ouvre à droit (fig. 141), large à l’ouverture externe de 2,60 m et 2,90 m à l’ouverture interne, longue de 26 m et associée à une porte frontale ; Les Tourettes à Ollières, une porte à recouvrement ; Le Castelas à Solliès - Pont / Solliès - Toucas (fig. 76 et 142), sur l’enceinte primitive au nord, une porte à recouvrement en couloir, ouvre à droite, large de 2 / 2,50 m, protégée à gauche par une tour et au sud - ouest une porte en entonnoir ouvre à droite, longue de 4 m, large de 2 m, puis réduite à 1 m et enfin obturée. Deux enceintes de type éperon barré : Le Tour à Comps - sur - Artuby, sur l’enceinte unique une porte ; Le Rouissasson au Bourguet, enceinte double avec trois avant - murs, une porte sur le premier avant - mur nord et une porte en couloir sur le second avant - mur nord interne, qui ouvre à droite et qui est large de 1,50 m. III.3.2.2. Milieu de l’âge du Fer Sept sites sont recensés. Quatre enceintes de type appui sur à - pic. Deux enceintes simples : Cinq - Ponts à Saint - Maximin - la Sainte - Baume, une porte ouvrant à gauche, est protégée par une tour et une seconde porte en entonnoir, ouvre à droite, large de 4,80 m est aussi protégée par une tour ; Saint - Jean à Villecroze, une porte en couloir, large d’environ 3 m. Une enceinte double : Le Castelard aux Arcs, une porte avec décalage des axes des deux extrémités des murs, large de 2,90 m, longue de 0,10 m, s’ouvre à droite sur l’enceinte externe et sur l’enceinte interne un espace large de 1,90 m, long de 2 m, laissé libre entre deux parois rocheuses, forme une porte en couloir, qui ouvre à droite. 137

Fig. 143. Les Arcs, la Cabredor, porte à recouvrement

Une triple : Sainte - Croix à Nans - les - Pins, est dotée d’un avant mur avec une porte en couloir qui ouvre à gauche, large de 4 m et longue de 10 m environ. Trois enceintes de type géométrique fermé : La Cabredor aux Arcs, enceinte unique, une porte en couloir, ouvre à droite, longue et large de 1,10 m / 1,20 m (fig. 143) ; Le Castelas à Solliès - Pont / Solliès - Toucas, à l’est sur l’enceinte secondaire porte en couloir, qui ouvre à droite, large de 2 m, longue de 7 m et protégée à gauche par une tour ; Le Castelar à Taradeau, sur l’enceinte externe, porte en couloir qui ouvre à droite, large d’environ 1,50 m, longue d’environ 7,60 m et protégée à droite par une tour. III.3.2.3. Fin de l’âge du Fer Dix - neuf sites sont recensés. Huit enceintes de type appui sur à - pic. Quatre enceintes uniques : Le Castelas à Brignoles, porte complexe, la partie couvrante de l’enceinte épaisse de 2,30 m est en forme de L, l’autre segment d’enceinte, renforcé par une tour pleine, vient 138

20 m abrupt murs de cases

rempart

Fig. 144. Solliès - Toucas, La Guiranne

s’encastrer dans le L et pour pénétrer dans le site il faut suivre un trajet en L en exposant son flanc droit à la tour ; La Barre de Saint - Quinis à Camps - la - Source, une porte en entonnoir, ouvre à droite, large 3,40 m en dedans, 3,60 et 3,80 m en dehors et longue de 4,70 m ; Le Barban à Fréjus, une porte en couloir, qui ouvre à droite, est complétée par un système défensif original constitué de monolithes plantés verticalement ; La Guiranne à Solliès - Toucas, deux tours protègent à gauche une porte en entonnoir ouvrant à droite (fig. 144), longue de 24 m, large de 4 m vers l’extérieur, 5 m avant l’entrée et réduite à 2,50 par les piédroits de la porte interne, dans le couloir de la porte au droit de la porte interne dans l’enceinte interne une poterne, large de 1 m a été obturée ultérieurement, une seconde porte en couloir, ouvre à gauche, large de 2 m, longue de 6 m ; le Castelas à Cotignac ouvre à droite, large de 3 m et longue d’environ 10 m. Trois enceintes doubles ont une porte sur l’enceinte externe : l’Aire des Masques, Carcès une porte en couloir, large de 2,50 m, ouvre à gauche ; Les Faraches à Solliès - Toucas / Solliès - Ville, porte en couloir ouvrant à gauche, large de 1,5 m, longue de 9 m, protégée par une tour interne à gauche et une porte sur un avant - mur, qui ouvre à droite ; Saint - Hubert / La Tourne à Solliès - Toucas, sur l’avant - mur la porte en couloir ouvrant à gauche est protégée par une tour. Une enceinte triple à Saint - Zacharie a une porte à deux extrémités. Neuf enceintes de type fermé. 139

Fig. 145. la Roquebrussanne, la Croix de Bérard

Huit enceintes uniques : Les Pierres Sèches à Correns, une porte en entonnoir ouvre à gauche, longue de 16,30 m et large de 8 m à l’extérieur, puis 3,20 m et 4,20 m à l’intérieur ; Les Tuilières à Draguignan, entre l’enceinte et l’avant - mur interne, une porte en entonnoir ouvre à gauche, large de 6,50 m et longue d’environ 10 m ; Le Gros Bessillon à Pontevès, sur l’annexe une porte en couloir, ouvre à gauche ; Petit Fort des Agaux à Pourcieux, une porte en couloir ; Le Castelard Nord à Roquebrune - sur - Argens, porte en couloir, aménagée en plan incliné, s’ouvre à gauche, large de 3 m, longue de 9 m ; La Croix de Bérard à La Roquebrussanne, une poterne en couloir ouvrant à droite, longue de 3,50 m, large de 0,80 m, est associée à une porte en couloir ouvrant à gauche, longue de 2,90 m, large de 4 m, protégée à gauche par une tour (fig. 145) et associée à une porte frontale ; Le Deffend 2 à Sainte - Maxime une porte ; Le Fort à Taradeau, un avant - mur est doté d’une petite porte en couloir ouvrant à gauche. Une enceinte triple : Pain de Munition à Pourrières, sur l’enceinte interne, porte en couloir ouvrant à droite, large de 4,80 m, longue 140

de 3 m et associée à une porte frontale et sur la seconde enceinte une porte en couloir ouvrant à droite, longue de 7,50 m, large de 4,50 m, est protégée par une tour à droite, enfin sur l’enceinte externe, une porte en couloir, large de 2,10 m, qui ouvre à gauche, est protégée par le retour vers l’intérieur du site à 90° de l’enceinte sur environ 5 m et à droite par une tour pleine. Une enceinte double mixte de type appui sur à - pic externe et figure géométrique interne : La Bouisse à Cuers / La Crau, sur l’enceinte externe, une porte en couloir, ouvre à droite, large de 2,50 m, longue de 4 m et sur l’enceinte intérieure, une porte en entonnoir ouvre à gauche, longue de 8,80 m et large de 2 m à l’intérieur et 4,40 m à l’extérieur. III.3.2.4. Sans précision dans l’âge du Fer Quinze sites sont recensés. Sept enceintes de type appui sur à - pic : Trois enceintes uniques : La Gardiette à Bagnols - en - Forêt, une porte ; Le Petit Rougiers 2 à Fox - Amphoux, une porte ; L’Auriasque 1 à Fréjus, une porte complexe en entonnoir, avec une extrémité de l’enceinte en tracé en baïonnette et l’autre qui lui est perpendiculaire en laissant une ouverture de 2,50 m. Trois enceintes doubles : Serrière - de - Lagnes à Aiguines / Ampus, sur l’enceinte interne, repentir de porte ; L’Hubac des Fourques à Bargème / Seillans, sur l’enceinte externe, une porte ; Chastillon à Trigance, sur l’enceinte interne, une porte. Une enceinte triple : Le Collet Redon / la Bouverie à Roquebrune - sur - Argens, sur l’enceinte externe, porte en couloir ouvrant à droite, large de 2,80 m et longue de 10 m. Six enceintes uniques de type géométrique fermé : La Colette à Carnoules, une porte en couloir ouvrant à gauche, large de 1,60 m, longue d’environ 10 m de long, est renforcée à droite par un bastion ; Beausoleil à Châteaudouble, sur le second avant - mur externe une 141

porte ; Le Neiron à Draguignan, une porte en couloir ouvrant à droite, large de 5,40 m, longue de 8 m environ, est protégée à droite par une tour ; Grand Fort des Agaux à Pourcieux, une porte associée à une porte frontale ; Le Collet - Redon à Taradeau, une porte en couloir ouvrant à droite, large de 2,80 m et longue d’environ 8,60 m ; Candoux à Tourves, une porte. Deux enceintes de type petit éperon barré : Une enceinte unique à Barosse à Mons avec une porte. Une enceinte triple le Pic de Rebéquier au Muy a sur la seconde enceinte, la porte en couloir ouvrant à gauche, large de 2,50 m et longue d’environ 5 m et une porte frontale s’ouvre dans l’enceinte externe. III.3.3. Caractéristiques des portes à recouvrement Cinquante - deux portes sont recensées. La présence d’une porte n’est pas liée à l’importance de la superficie enclose par l’enceinte. L’échelle de grandeur des sites où elle est présente, se superpose en effet à celle de l’ensemble des sites, dont 83 % ont moins de 10 000 m2. Paradoxalement elle n’est pas toujours située sur le côté le plus facilement accessible. Les dimensions des portes en couloir à murs parallèles, varient pour la longueur de 1,20 m à 20 m et pour la largeur de 0,80 m pour une poterne, 1,10 m / 1,20 m à 5 m, sans valeurs remarquables intermédiaires. La longueur de la porte en entonnoir, située entre 4 et 27 m, est dans la plupart des cas supérieure à celle des couloirs à murs parallèles. La largeur varie entre 1,80 m et 7 m. Les portes sont généralement uniques. Deux portes sont toutefois présentes sur une enceinte de type appui sur à - pic datée pour l’une du début de l’âge du Fer et pour l’autre du milieu de l’âge du Fer. L’épaisseur des murs des portes est identique à celle des enceintes, avec les deux tiers des mesures entre 1,50 et 3 m. Les deux murs ont généralement une épaisseur identique. 142

Sur la Barre de Saint - Quinis à Camps - la - Source, le mur interne en gros blocs cyclopéens est épais de 1,90 m, alors que le mur externe en blocs moyens mesure 2,10 m. Au Castelas à Solliès - Toucas l’épaisseur du mur sud est de 2 m et celle du mur nord de 3 m. Dans cette porte un massif quadrangulaire accolé à l’enceinte nord va secondairement réduire le passage à 1 m et l’entrée sera ultérieurement obturée. A Mérindol 3 à Châteauvert, dans l’enceinte externe en soutènement, la porte à recouvrement en gros blocs de 0,70 m x 0,50 m, est en plan incliné, ainsi qu’au Castelard Nord à Roquebrune - sur - Argens. A La Guiranne à Solliès - Toucas, des éléments architecturaux permettent d’envisager la reconstitution de la fermeture interne de la porte. L’ouverture interne de l’entrée en entonnoir angulaire est réduite de 5 m à 2,50 m de largeur par la saillie des deux piédroits, dans l’angle desquels devait pivoter l’axe d’une porte à deux battants ouvrant vers l’extérieur. Dans le couloir, à droite en entrant juste avant la porte interne, une poterne qui ouvrait vers l’intérieur a été obturée secondairement. Au Castelard aux Arcs, la porte de l’enceinte interne, large de 1,90 m et longue de 2 m, utilise comme mur interne un petit abrupt rocheux (fig. 65). Dans les fortifications il était de première importance de protéger le côté droit qui était découvert (Enée le Tacticien, I, 2, 119, note 1). Logiquement les portes devraient ouvrir à droite pour que l’assaillant soit le plus exposé possible. En fait seulement vingt - cinq portes ouvrent à droite et vingt - trois à gauche, sans que la configuration du terrain l’explique. L’accès à la porte est déjà rendu difficile dans la plupart des cas par une forte pente qui la précède, mais des moyens de protection complémentaire peuvent être adjoints. Une tour est associée à quinze portes à recouvrement. Au Castelas à Solliès - Pont / Solliès - Toucas sur l’enceinte externe de type géométrique fermé, la porte qui ouvre à droite est protégée à gauche par une tour, large de 8 m et profonde de 7 m, qui renforce l’extrémité du mur qui recouvre l’entrée (fig. 76). Au Barban à Fréjus, en avant de la porte à recouvrement, un système défensif original sur une dizaine de mètres gêne et retarde le 143

passage d’un éventuel assaillant. Il est constitué d’une soixantaine de gros blocs de pierres parallélépipédiques plantés verticalement sur deux rangées principales dans un sol stérile et ils barrent le passage entre deux pitons rocheux. A Roquefavour à Ventabren, en avant d’une porte frontale, un dispositif comparable est formé de blocs implantés en avant d’un fossé artificiel (Gateau 1996, 332). La porte à recouvrement s’ouvre préférentiellement au milieu d’un tronçon d’enceinte, mais des localisations sont originales. A L’Hubac des Fourques à Bargème / Seillans et au Collet - Redon à Roquebrune - sur - Argens la porte à recouvrement se situe au point de raccordement de l’enceinte avec la falaise. Au Castelas à Cotignac, sur une enceinte unique de type appui sur à - pic, la porte à recouvrement se situe au niveau d’un changement d’orientation de l’enceinte. La chronologie de la porte à recouvrement couvre toute la période de l’âge du Fer. Déjà bien représentée dès le début de l’âge du Fer, elle est encore utilisée à la fin du IIe s. av. n. è. III.4. Les tours III.4.1. Les tours pleines III.4.1.1. Caractéristiques

Fig. 146. Taradeau, le Fort

144

Nous entendons par tours, tous les ouvrages de la fortification qui font saillie sur le nu du mur de l’enceinte. Cette technique de construction permet le flanquement des courtines, en recoupant les observations et les tirs des défenseurs qui touchent ainsi l’adversaire de face et de flanc. L’état de déraseFig. 147. Ollioules, la Courtine, appui de l’enceinte sur une tour ment de ces structures ne permet pas de définir de combien de mètres les tours dominaient l’enceinte, de les dissocier des bastions dont la hauteur est identique à celle de l’enceinte, ou de savoir s’il existait des tours directement implantées sur l’enceinte et qui ne faisaient pas saillie sur le nu du mur. Seuls quelques segments d’assises de tours sommitales autorisent de dire, qu’elles étaient plus hautes que l’enceinte, du fait de leur position sur le relief. Toutes les enceintes ne sont pas renforcées par une tour. Sur les pitons rocheux chaotiques, la saillie de masses rocheuses permet le flanquement des défenses naturelles, telles des falaises, ou des courts tronçons de murs qui bloquent des failles et rendent inutile la présence de tours, ainsi sur les oppidums Les Enfers et Les Tilleuls au Muy. Au Montjean à Cavalaire il n’y a pas de tour mais plusieurs avant - murs et à Val - Longue à Cotignac, pas de tour mais deux avant - murs. Pour ces deux enceintes de type appui sur à - pic situées sur des plateaux dont l’accès est facile, le choix dans les moyens de défense s’est porté sur l’avant - mur. La tour est retrouvée sur soixante - dix - sept sites (fig. 146 à 153). Elle est unique trente - neuf fois, soit pour la moitié des enceintes. Deux tours sur une même enceinte sont présentes dix - huit fois, soit 23 % ; trois

Fig. 149. Ollioules, la Courtine

Fig. 148. Nans - les - Pins, Sainte Croix

145

Fig. 150. Pourrières, le Pain de munition

Fig. 151. Rougiers, le Piégut

tours sept fois ; quatre tours trois fois ; cinq et huit tours deux fois et quatorze et dix - sept tours une seule fois. La tour est présente sans préférence pour un type d’enceinte, mais le nombre de tours est important sur les enceintes à type géométrique fermé plus ou moins arrondies, ce qui semble logique en raison d’un périmètre plus long à protéger et du manque de flanquement du fait du tracé sans saillie. Il ne semble pas y avoir de relation entre la superficie des sites et le nombre de tours. A La Fouirette au Luc, d’une superficie de seulement 3200 m2, chacune des trois portes est protégée par une tour pleine, en raison d’un accès facile. Les tours sont généralement disposées face au secteur le plus accessible. Ainsi les trois tours peu profondes du Fort de Taradeau (fig. 146) ou les cinq des Eouvières / Le Castelas à Baudinard - sur - Verdon / Bauduen. A Lambruisse à Rians, site à cheval sur une arête, les deux tours sont situées aux deux extrémités de l’enceinte allongée coupant les accès les plus faciles. La majorité des tours pleines est simplement accolée à la face externe de l’enceinte. Dans une douzaine de cas la tour est construite dans un premier temps et l’enceinte viendra secondairement s’appuyer contre elle (la Courtine, Ollioules, fig. 147). A Saint - Michel - de - Valbonne à Hyères alors que l’enceinte est en dalles de schiste, la tour pleine trapézoïdale est construite en blocs de grès (fig. 95) et saillante dans un angle obtus de l’enceinte épaisse de 1,70 m, dont les parements viennent s’appuyer contre elle (Brun 2008, 337). La tour fait une saillie externe et interne par rapport à Fig. 152. Carcès, l’Hubac des Teyes 146

l’enceinte sur cinq sites, dont un site avec deux tours (La Courtine). Au Piégu à Rougiers la tour centrale quadrangulaire, large de 6 m, profonde de 8,40 m, saille en dehors de 5,20 m et de 0,50 m en dedans de l’enceinte, dont l’épaisseur est de 2,70 m. A Sainte - Croix à Nans - les - Pins, une porte frontale est encadrée par deux tours quadrangulaires pleines qui forment ses piédroits, au nord large de 8 m et profonde de 7,50 m, au sud large de 8,50 / 8,80 m et profonde de 8,50 m. L’enceinte, qui est épaisse de 1,80 m, s’appuie sur les deux tours qui saillent à l’intérieur du site. La tour peut être située en dedans de l’enceinte. A La Croix - Bérard à La Roquebrusanne la tour pleine Fig. 153. Le Bron, Carnoules sommitale est construite à l’intérieur et contre un angle de l’enceinte. Le parement d’une seule tour trapézoïdale pleine se continue avec celui de l’enceinte dans un segment rectiligne de celle - ci, réalisant un simple épaississement du mur. A Peyro - Baroun à Artignosc - sur - Verdon, construit au IIe s. av. n. è., les fouilleurs signalent une chaîne d’angle dans les tours de l’enceinte unique de type éperon barré, technique non retrouvée ailleurs. A La Fouirette au Luc, la technique du murus gallicus est évoquée. Les tours sont de forme quadrangulaire et six sont nettement trapézoïdales. Seulement quatre ont un tracé curviligne : en quart de rond aux Faraches à Solliès - Ville ; grossièrement circulaire à Bron, Carnoules (fig. 153) et au Piégu à Rougiers ; curviligne sur la tour interne des Baus Rouges à Solliès - Ville. Sur l’oppidum de Lambruisse à Rians une tour quadrangulaire pleine a des angles arrondis. La majorité des tours est pleine. Les tours sont construites en majorité au milieu de segments rectilignes ou curvilignes, mais dans sept cas elles s’accolent à la face externe d’un des côtés de l’angle que fait l’enceinte lors d’un changement de direction. Nous avons vu que des portes frontales et à recouvrement, structures les plus fragiles de l’enceinte, sont protégées par des tours. Lors de l’évolution de l’Aire des Masques à Carcès et des Faraches à Solliès - Toucas, une tour sera incluse dans une enceinte secondaire et perdra ainsi sa fonction défensive (fig. 90). 147

148 fig. 154. Taradeau, Le Fort, tours creuses

III.4.1.2. Les dimensions La valeur moyenne de la largeur est située entre 5 et 8 m et celle de la profondeur est d’environ 5 m, mesurées sur soixante - dix tours. La largeur a été prise cinquante - neuf fois : vingt - cinq mesures sont inférieures ou égales à 5 m, vingt - cinq sont supérieures à 5 m mais inférieures ou égales à 8 m, neuf sont égales ou supérieurs à 10 m et deux ont des valeurs extrêmes de 13 m et 38 m, peut - être alors un bastion. La profondeur a été mesurée soixante - neuf fois : treize fois inférieure ou égale à 3 m, trente et une fois inférieure ou égale à 5 m, douze fois égale ou plus grande que 5 m, sept fois égale ou supérieure à 6 m et six fois égale ou supérieure à 8 m. Les tours sont toutes de forme irrégulière, une seule est strictement carrée. La plupart du temps elles sont légèrement trapézoïdales. Par exemple à Saint - Michel - de - Valbonne à Hyères, la tour est large de 5 m et profonde de 4 m et 4,80 m. Il n’y a pas de rapport entre la largeur et la profondeur. Seules dix tours sont plus profondes que larges. Les cinq tours situées sur les trois enceintes fermées du Pain de Munition à Pourrières, ont toutes une largeur inférieure à 3,60 m et une profondeur inférieure ou égale à 3 m. Ce fait est vraisemblablement lié à l’existence de trois enceintes qui devaient assurer par leur seule présence une défense suffisante. La dimension des tours est indifférente des types d’enceintes. Une structure originale, qui est constituée de cinq murs larges de 0,35 m, longs de 1,20 / 1,40 m et espacés de 1 m environ, est accolée et liée à la face interne d’une tour pleine protégeant une porte à Croix - Solliès à Salernes.

Fig. 155. Les Arcs, l’Apié de Raybaud tour creuse

Fig. 156. Pourrières, Les Ayaux

149

III.4.2. Les tours creuses Les tours creuses sont au nombre de six, dont quatre ouvertes à la gorge. A l’Apié de Raybaud aux Arcs (fig. 193) du IIe s. av. n. è. la tour large de 7,50 m, saille à l’extérieur de 3,50 m d’un côté et de 7 m de l’autre, ce qui entraîne un décalage en baïonnette dans le tracé de l’enceinte. Les murs de la tour sont épais de 1 m / 1,30 m, comme ceux de l’enceinte. Un mur de refend central épais de 0,80 m conforte cette tour. Aux Ayaux 1 à Pourrières (fig. 156), du milieu de l’âge du Fer, une tour quadrangulaire asymétrique creuse et ouverte à la gorge, est large hors œuvre de 6,30 m et profonde de 5,30 m / 4,30 m. Elle ménage une surface interne large de 4,10 m. Les murs sont en grand appareil (1 m x 0,45 m ; 0,90 m x 0,47 m x 0,16 m ; 1,10 m x 0,40 m x 0,25 m). Les murs de ces deux tours sont en continuité avec ceux de l’enceinte. Au Fort à Taradeau de la fin IIe - Ier s. av. n. è. les murs des trois tours creuses ouvertes à la gorge sont larges de 2 m et saillent de 1,50 m à l’extérieur et de 3 m à l’intérieur. L’enceinte épaisse de 2,10 m s’appuie secondairement sur les tours, qui sont espacées de 16 m et 27 m (fig. 36 et 154). A Château - Panier à Signes du II e s. av. n. è. une tour creuse quadrangulaire est adossée à la face interne de l’enceinte. Un de ses murs forme un des piédroits d’une porte. Ces méthodes de construction exceptionnelles dans le Var, sont des transferts technologiques liés au retour chez eux de mercenaires celto - ligures, qui les avaient connues ailleurs en participant aux conflits de Rome. III.4.3. Les tours sommitales Au point le plus élevé de dix - sept habitats groupés et fortifiés de hauteur, on rencontre une tour pleine sommitale, qui bénéficie ainsi d’un panorama très large sur le territoire environnant, mais dont la position permet aussi de bien contrôler l’intégralité de l’habitat implanté en contrebas.

150

III.4.3.1. Tour indépendante à l’intérieur de l’enceinte A Cardéou à Brignoles, au point culminant interne du site, éboulis d’une tour sommitale ; La Bouisse à Cuers / La Crau, au point culminant, un éboulis d’environ 10 m de diamètre, correspond à une tour sommitale avec encore visibles deux parements externes perpendiculaires ; Le Camp Aurélien / Clos d’Aureillan à Cuers, au sommet et à l’intérieur de l’enceinte (fig. 157 et 158) base d’une tour pleine de 5,80 m de large sur au moins 8,10 m de long en grand appareil ; Le Neiron à Draguignan, dans la partie sommitale interne du site, une tour pleine d’environ 5 m de côté domine la porte à recouvrement (Bérato, Clairici 2013, 13, fig. 5) ; La Colle du Mouton à Lorgues, au point culminant interne rocheux, une tour sommitale ; La Madeleine / La Retrache, Le Luc, tour pleine quadrangulaire en grand appareil, domine la partie sommitale du site ; Le Rocher de la Fille d’Isnard / Dina au Muy, au point culminant dans la partie centrale et septentrionale rocheuse, une tour sommitale ; le Pilon Saint - Clément à Néoules, au point culminant interne, un grand éboulis de 15 m de diamètre pourrait correspondre aux vestiges d’une tour sommitale ; Malaurie à Saint - Julien - le - Montagnier, sur le petit mamelon formant le point culminant interne, s’élève une tour sommitale. III.4.3.2. Tour englobée dans l’enceinte en continuité Les Ayaux 1 à Pourrières, tour quadrangulaire sommitale creuse ouverte à la gorge, large de 4,10 m, profondeur conservée de 2 m, aux murs en grand appareil chemisés à l’extérieur par l’enceinte ; La Croix de Bérard à La Roquebrussanne (fig. 159) une tour sommitale intérieure pleine,

Fig. 157 et fig. 158. Cuers, le Clos d’Aureillan

151

Fig. 159. La Roquebrusane, la Croix de Bérard

en grand appareil et carrée, longue de 6,35 m, profonde de 6,30 m, munie d’une chantepleure dans l’angle sud - ouest, d’aspect monumental, est englobée dans l’angle de l’enceinte, ses deux murs internes s’accolant à la face interne de l’enceinte ; l’oppidum de Lambruise à Rians une tour pleine profonde de 4 m (fig. 160). III.4.3.3. Tour accolée à la face externe de l’enceinte. A l’Aire des Masques à Carcès, une tour quadrangulaire pleine, large de 4,20 m et profonde de 2,10 m, est accolée à la face externe de l’enceinte sommitale dans la partie la plus élevée du site ; Castelard Nord / la Flute à Roquebrune - sur - Argens, dans la partie la plus haute du site, une tour pleine, large de 6 m, profonde de 3,80 m, s’appuie à l’ouest sur la face externe de l’enceinte ; Baus Rouges à Solliès - Ville, une tour pleine à face externe curviligne d’environ 5 m, s’accole à l’extrémité sommitale de l’enceinte externe en s’appuyant contre la crête rocheuse ; Les Faraches à Solliès - Toucas / Solliès - Ville, une tour pleine large de 6,50 m et profonde de 3,60 m, est accolée au segment nord de l’enceinte (fig. 90) ; Berne à Saint - Maximin - la - Sainte Baume, une tour sommitale est accolée à la face externe de l’angle nord 152

Fig. 160. Rians, Lambruisse

- ouest l’enceinte, large de 6 m et profonde de 3,30 m ; Cinq - Ponts à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume, dans la partie la plus haute de l’avant - mur, une tour quadrangulaire pleine, en grand appareil, longue de 5,90 et profonde de 5,35 m est accolée à la face externe. III.5. Les avant - murs Les avant - murs sont des ouvrages de défense complémentaires situés à l’extérieur et en avant de la fortification principale (fig. 161). Leur rôle est de ralentir l’avancée d’un éventuel attaquant en le détournant vers un terrain moins accessible. Il peut aussi se situer sur la crête militaire et dominer l’accès par le piedmont qui n’est pas visible à partir de l’enceinte principale (Montjean à Cavalaire, fig. 161 ; Saint - Hubert à Solliès - Toucas, fig. 162). Il peut protéger une extension à visée agropastorale (Saint - Hubert à Solliès - Toucas la superficie de l’habitat de 9400 m2 passe à 370 000 m2) ou une expansion de l’habitat hors du mur primitif (Casteou Sarrin / Les Défens à Cabasse ; Plateau Lambert à Collobrières ; La Caillade à Cotignac ; La Coste / Les Hu153

Fig. 161. Cavalaire, le Montjean

120 m

Nord Fig. 162. Solliès - Toucas, Saint - Hubert,

154

Fig. 163. Ampus, les Clapuires

bacs à Rians ; Cinq - Ponts à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume). Un seul avant - mur délimite une zone de 22 000 m2 en avant des deux oppidums voisins de Correns, Mérindol 1 de 8800 m2 et Mérindol 2 de 1300 m2. L’habitat de Mont - Major à Rians de 8800 m2, présente un avant - mur limitant une surface de 28 000 m2, fig. 89). Les avant - murs sont présents sur soixante - sept habitats groupés et fortifiés de hauteur, soit 25 %. Leur localisation est sans préférence notable pour un type d’enceinte principale. Ils sont présents dès le début de l’âge du Fer. Leur épaisseur a été mesurée quarante et une fois. Vingt - trois mesures, soit 56 %, se situent entre 2 et 3 m. Onze mesures, soit 27 %, sont inférieures à 2 m. Sept mesures, 17 %, sont supérieures à 3 m. Aux Clapouires / Englugi à Ampus elle est exceptionnellement de 5,3 m (fig. 37 et 163), car l’implantation du site en limite d’un large plateau en rend l’accès très vulnérable et justifie de puissantes défenses. Comme pour les enceintes la majorité des épaisseurs des murs est inférieure à 3 m, mais il y a moins de valeurs inférieures à 2 m. Les 155

avant - murs n’ont pas mieux résisté aux dégradations du temps et des hommes que les enceintes. La technique de construction des avant murs est identique à celle des enceintes. Aux Planettes 1, au Muy, un talus long de 12 m, mêlant petites pierres et terre, précède de 7 m l’enceinte de type éperon barré, longue de 15 m. Les avant - murs uniques sont présents sur quarante - deux sites, l’avant - mur double sur quatorze, l’avant - mur triple sur cinq, l’avant - mur quintuple sur un et dans deux cas l’état de dégradation n’a pas permis de les comptabiliser. Il n’y a pas de relation entre le type de site et la présence ou le nombre d’avant - murs. Le tracé du mur est rectiligne, curviligne ou complexe. La disposition par rapport à l’enceinte est variable. Ils sont plus ou moins éloignés, de 5 m à 50 m. Certains peuvent être accolés à l’enceinte par une de leurs extrémités, l’autre allant s’appuyer sur une falaise, un abrupt ou se perdre plus ou moins bas dans la pente ou dans le fond d’un vallon. Un deuxième avant - mur peut venir s’accoler par une de ses extrémités au premier, lui - même appuyé sur l’enceinte. Ils peuvent englober la totalité de l’accès au site, par exemple en s’appuyant par leurs deux extrémités sur des à - pic loin en avant de l’enceinte ou n’être présents que sur de courtes distances. Ils sont toujours en contrebas ou plus rarement au même niveau que la fortification principale sur les plateaux. Ils assurent une défense complémentaire dans les secteurs névralgiques, c’est - à - dire les plus facilement accessibles. Ils barrent une crête rocheuse, ferment un talweg, l’accès à partir d’un col, bouchent des failles rocheuses. Les tours des avant - murs sont toujours pleines, quadrangulaires et adossées. A Cinq - Ponts à Saint - Maximin - la Sainte - Baume, l’habitat fortifié, situé sur une avancée de colline, est dominé par le massif principal, sur la pente duquel s’implante l’avant - mur qui est alors exceptionnellement en contre - haut pour assumer sa fonction de protection. La tour trapézoïdale accolée à l’avant - mur est large de 7,40 m et profonde de 2,20 m (fig. 164 et 165). Un seul redan de 8 m est signalé sur l’avant - mur externe de l’enceinte double de type appui sur à - pic, des Clapouires / Englugi à Ampus. Nous avons observé dix portes frontales, dont une seule est protégée à droite par une tour quadrangulaire pleine accolée. Six portes à recouvrement siègent sur des avant - murs. A Sainte - Croix à Nans - les - Pins, elle est large de 4 m et constituée de blocs cyclopéens ; au Fort à Taradeau, elle est 156

Fig. 164 et fig. 165. Saint - Maximin - la - Sainte - Baume, Cinq Ponts

large de 8,50 m, longue de 4 m et précédée d’un fossé ; au Rocher de Roquebrune au Muy, la porte à recouvrement large de 4 m et longue de 20 m, utilise dans la partie terminale interne de son trajet un couloir rocheux. La porte à recouvrement peut être associée sur le même avant - mur à une porte frontale. Les avant - murs, qui par hypothèse ont dû être construits en même temps que l’enceinte principale, sont attestés du début à la fin de l’âge du Fer. III.6. Les fossés Un fossé renforce les moyens de défense sur vingt - trois sites, soit 3,3 % des habitats groupés et fortifiés de hauteur. Il s’agit le plus souvent d’un artefact humain, en particulier son existence peut être liée aux prélèvements de blocs ayant servi à construire l’enceinte (Le Castelas à Cotignac où il est surmonté d’un mur (fig. 166, Bérato, Michel 2011, 71). D’origine naturelle, ses dimensions ont pu être améliorées par l’homme. Le fossé peut alors utiliser un talweg, une faille rocheuse. Un fossé coupe dans cinq cas l’accès à l’enceinte par une crête (La Cabredor aux Arcs, Bérato, Borréani, Dugas 1994). Son rôle est de ralentir l’avancée d’éventuels assaillants. Sous le site de hauteur du XIe s. de Cadrix, Saint - Maximin - la - Sainte - Baume des traces d’un fossé entourent des maisons aux murs en pierres sèches datées antérieurement à l’apparition de la céramique arétine (Fixot 1985). 157

Fig. 166. Cotignac , le Castelas

Les dimensions des fossés sont difficiles à prendre du fait de leur comblement par des colluvions qui entraînent de ce fait une riche poussée arbustive ou par disparition dans les pentes en raison d’une érosion active. Pour les rares valeurs retenues, la largeur varie de 3 m à 12 m, la profondeur oscille autour de 5 m. La longueur va d’une dizaine à plusieurs centaines de mètres. A Méren Nord au Cannet - des - Maures un fossé long d’une vingtaine de mètres, large de 8,50 m, profond de 8 m, situé entre l’enceinte et l’avant - mur à environ 7 m en dehors de l’enceinte, utilise une faille rocheuse naturelle régularisée. Le glacis interne peut être surmonté d’un muret, au Fort à Taradeau un avant - mur surmonte le glacis interne du fossé (fig. 36). Au Castelas à Cotignac à environ 40 m de la porte le prélèvement de blocs pour la construction de l’enceinte a laissé un fossé dont le bord interne est surmonté d’un mur.

158

IV L’habitat regroupé dans l’enceinte fortifiée

IV.1. Généralités Les vestiges de l’occupation à l’intérieur de l’enceinte ont subi au cours du temps, l’action destructrice des conditions atmosphériques et de l’activité humaine, ce qui en rend difficile leur approche. L’érosion, les incendies de forêt qui aggravent le lessivage des sols, spécialement sur les terrains en pente, effacent les aménagements humains en mettant le substratum à nu. Les sommets sont nettoyés et souvent seule l’ossature rocheuse déchiquetée persiste. Le rocher affleure en effet sur de très nombreux sites et les couches en place sont rares et de faible puissance. La végétation touffue après l’abandon économique de la forêt et la repousse de la végétation secondairement à un incendie, créent de véritables murs végétaux et rendent impénétrables certains sites. L’action prédatrice de l’homme s’est concomitamment manifestée à toutes les époques lors de mises en cultures avec épierrements, de constructions de restanques et de divers bâtiments tels les castrums, les églises ou les maisons d’habitation modernes. Du fait de ces bouleversements l’organisation interne de l’habitat est donc difficile à définir. Nous utilisons le terme de maison dans son sens générique et indifféremment celui de pièce. La configuration générale du relief va déterminer la structuration interne de l’habitat qui s’adapte au terrain. 159

Fig. 167. Le Muy, Rocher de Roquebrune, maison 17 fouillée avec vue générale du site

Nous en donnons quelques exemples. Sommet aplani à l’Apié de Raybaud aux Arcs, au Bonnet de Capelan à Saint - Raphaël / Fréjus, Maravieille à La Môle et au Pain de Munition à Pourrières et Les Mures à Vidauban ; sommet plan et flanc nord pentu au Bron à Carnoules ; sommet plat au nord - ouest et flanc sud en très forte pente aux Mauniers à Flassans - sur - Issole ; large talweg au Rocher de Roquebrune au Muy (fig. 167) ; surface plate sommitale au sud et pente très forte vers le nord à Cinq - Ponts à Saint - Maximin - la - Sainte Baume ; plateau sommital en faible pente au nord - ouest au Fort à Taradeau ; large plateau sommital au Castelas à Solliès - Pont / Solliès - Toucas ; sommet et flanc de colline vers le sud à La Tête du Baou à Mazaugues ; longue crête aplanie aux deux extrémités séparées par un large talweg à Méren Nord et Méren - Sud au Cannet - des - Maures ; deux petits massifs rocheux séparés par un espace plan à Castel Diaou à Bagnols - en - Forêt ; plateau des deux côtés d’un éperon rocheux naturel qui le sépare transversalement aux Eissartènes au Val ; surface plane en bord de plateau à La Roquette à Gonfaron et à La Fouirette au Luc ; flanc de colline avec appui sur à - pic sur falaise dans le sens de la pente 160

à La Madeleine / La Retrache au Luc ; piton rocheux chaotique avec espaces habitables réduits aux Tilleuls au Muy ; dans la surface enclose la saillie du relief rocheux ne peut laisser que quelques zones planes pour l’habitat, couloirs, replats étagés à La Forteresse à Bagnols - en - Forêt. Dans le cas de l’occupation d’un large flanc de colline à partir d’un sommet, le choix de l’implantation de l’habitat ne tient pas compte de l’orientation. Il y a presque autant d’exposition à l’adret, bien exposé au soleil, qu’à l’ubac, zone qui est aussi soumise au vent dominant, le mistral qui souffle en rafales du nord - ouest, au froid et à l’humidité avec présence de mousses vigoureuses (Castelas à Brignoles, Casteou Sarrin / Les Défens à Cabasse et de la Barre de Saint - Quinis et Saint - Quinis à Camps - la - Source). L’organisation groupée de l’habitat avec des maisons serrées les unes contre les autres, devait former un obstacle qui pouvait atténuer les effets du mistral. Dans le choix de caractéristiques climatiques optimales, l’axiome moderne d’après lequel les villages perchés ont un hiver moins rigoureux que celui des bassins et que l’été y est plus supportable du fait d’une ventilation plus accentuée (Livet 1962, 210 - 212), était peut - être déjà un des arguments pour le choix des habitats. IV.2. La superficie enclose par l’enceinte L’évaluation des superficies encloses dans l’enceinte est souvent approximative et n’autorise qu’avec réserve une échelle de grandeurs. Une évaluation de la superficie enclose a été définie pour deux cent vingt sites. Elle varie de 350 m2 à 67 000 m2. La majorité des sites est de petite taille : cent dix - huit sites, soit 54 % de l’ensemble ont une superficie inférieure ou égale à 5000 m2, soixante - quatre sites soit 29 % ont une superficie supérieure à 5000 m2 et inférieure ou égale à 10 000 m2. Cent quatre - vingt - deux soit 83 % ont une superficie inférieure ou égale à 10 000 m2. Seulement trente - huit sites, soit 17 %, ont une superficie supérieure à 10 000 m2. S’il est évident que la présence d’une enceinte supplémentaire majore la superficie de l’habitat, la superficie de l’habitat enclos par des enceintes multiples n’est pas obligatoirement plus importante que celle d’une enceinte unique. La typologie, la localisation géogra161

phique ou la chronologie des enceintes n’influencent pas la superficie enclose. La présence d’un avant - mur peut majorer de façon appréciable la superficie d’un site. Au Montjean à Cavalaire l’avant - mur le plus interne qui permet de surveiller l’accès par un col, double la superficie enclose. A Saint - Hubert à Solliès - Toucas la superficie délimitée par l’avant - mur est de 370 000 m2. Mérindol 1 (8800 m2) et Mérindol 2 (1300 m2) à Correns sont situés dans une zone de 22 000 m2 délimitée par un avant - mur. IV.3. Structuration interne de l’habitat IV.3.1. Les accès L’accès à l’habitat se fait par des portes souvent charretières, mais certaines ne laissent qu’un passage muletier et / ou piétonnier. Elles régulent le passage au travers de l’enceinte et c’est à partir d’elles que vont s’établir les mailles des voies de circulation internes de l’habitat, qui régissent la vie de la communauté. Comme pour les structures défensives il existe dès le début de l’organisation un plan directeur indéniable, qui pourra subir des variations au cours de l’occupation. Ainsi au Fort à Taradeau il existe au départ cinq portes frontales dont quatre charretières de 2 m de large. Au cours de l’occupation, une seule porte charretière est conservée, une autre réduite en largeur par la construction d’une maison (fig. 134), les autres sont bouchées dont celle qui était protégée par un redan. Au Castelas à Solliès - Toucas (fig. 142) le couloir d’une porte à recouvrement long de 4 m et large de 2,80 m, est réduit à 1,10 m par une construction rectangulaire qui s’appuie contre l’enceinte externe large de 2,80 m, puis il est obturé. A partir de ces ouvertures la circulation dans l’intérieur de l’enceinte s’organise selon diverses modalités, toutefois sans véritable plan d’urbanisme rigoureux. 162

IV.3.2. Un espace libre court le long du parement intérieur de l’enceinte Cette disposition retrouvée dans une quinzaine d’enceintes, facilite les déplacements en périphérie et les accès à l’enceinte. Sa largeur varie de 4 à 9 m (4 m / 5 m – 4,50 m – 5 m – 6 m x 2 – 7 / 8 m - 8 m x 2 – 9 m). Des passages se greffent sur cette rocade pour desservir les habitations à l’intérieur du site. A Englugi à Ampus, une lice de 7 m / 8 m court à la face interne de l’enceinte interne ; à La Cabredor aux Arcs, sur la lice, large d’environ 5 m, qui suit la courbe de niveau, viennent se greffer perpendiculairement les passages en pente qui sont situés entre les îlots de maisons encochées en escalier sur la pente (fig. 71) ; à Castel - Diol aux Arcs, un espace libre de 12 m court entre le mur d’une terrasse et l’enceinte ; au Castelas à Brignoles, l’espace est vide entre la falaise et une rangée de maisons construites sur une terrasse soutenue par un mur ; à la Barre de Saint - Quinis à Camps - la - Source, sur un passage nord - sud large d’environ 4 m / 5 m bordé par quatre maisons mitoyennes qui s’appuient par leur petit côté contre l’enceinte, se greffe perpendiculairement vers l’est, un espace de circulation limité par des maisons au nord et au sud par une falaise ; à Recoux au Cannet - des - Maures un espace libre se situe entre l’enceinte interne et une maison, dont le grand axe lui est parallèle ; à Bron à Carnoules, une lice large de 4,50 m, entre le mur interne de la porte à recouvrement et une maison, est dallée irrégulièrement de pierres plates ; au Pain de Munition à Pourrières, une rocade, entre l’enceinte interne et deux maisons non mitoyennes, est large de 6 m ; à Mont - Major à Rians, une série de maisons laisse un espace libre en dedans de l’enceinte ; au Mont - Garou à Sanary sur - Mer, l’enceinte est séparée par une lice, d’une rangée de maisons qui s’appuient contre un mur de soutènement long de 100 m et épais de 1,50 m et deux maisons s’élèvent sur la terrasse en arrière de ce mur parallèle à l’enceinte ; au Castelas à Solliès - Pont / Solliès - Toucas, au IIe s. av. n. è. les portes indépendantes d’une rangée de quatre maisons mitoyennes adossées à un mur construit sur le rocher, de 6,70 m de profondeur sur une longueur de 17,60 m, s’ouvrent sur un espace libre large de 8 m / 9 m en dedans de l’enceinte ; à La Guiranne à Solliès - Toucas, un espace libre suit l’intérieur de l’ensemble de l’enceinte. Cette disposition peut être respectée jusqu’à l’abandon du site. 163

IV.3.3. Disparition de la lice Aux Arcs, au Castelar, la lice initiale de 4 m, disparaît au cours de remaniements laissant la place à des habitations avec foyer lenticulaire posé sur le sol contre le mur d’une case, disparaît lors de l’agrandissement de la maison qui vient alors s’appuyer contre l’enceinte (fig. 168) ; au Castelas de Solliès - Toucas une rue, avec deux niveaux successifs évoquant un rechapage, qui se dirigeait vers le centre de l’oppidum en passant entre deux maisons, est obturée par la construction d’une pièce d’habitation (Excoffon 2008) ; au Fort à Taradeau (fig. 36) dans la phase suivant immédiatement la construction de l’enceinte il n’y a pas de maisons appuyées contre elle, mais cet espace sera rapidement obturé par des constructions (Brun et al. 1993). IV.3.4. Circulation à partir d’un axe central Le sens de la circulation peut se faire aussi à partir d’un axe central dans l’habitat. Des maisons mitoyennes prennent appui directement sur le parement interne de l’enceinte, vraisemblablement dans

1m blocage du rempart

rempart

foyer

rocher

Fig. 168. Les Arcs, le Castelard, plan de la maison

164 Commune des Arcs-sur-Argens

un but d’économie pour construire les habitations et peut - être aussi pour renforcer les murs qui supportent les toits. Les principales voies de circulation sont alors centrales avec des embranchements allant vers la périphérie, sans trame de voirie régulière. Deux schémas se dégagent. IV.3.4.1. Maisons en rangées contre l’enceinte Les maisons sont appuyées en rangées contre l’enceinte et leurs portes s’ouvrent vers l’intérieur du site sur des voies ou des espaces vides parallèles à l’enceinte. A La Barre de Saint - Quinis à Camps - la - Source, une voie large de 4 à 5 m, dans le sens d’une forte pente, est bordée par une rangée de cinq maisons étagées en escalier qui s’appuient par un petit côté contre l’enceinte. Des portes donnent sur le passage par l’autre petit côté interne. Au moins deux autres voies s’articulent perpendiculairement à elle et suivent les courbes de niveau dans le site. A Mérindol 3 à Châteauvert, l’habitat est installé sur quatre larges terrasses en escalier à l’intérieur de l’enceinte interne, contre laquelle s’appuient par un petit côté une rangée de maisons de 8 à 12 m2. A La Bouisse à Cuers, des maisons sont adossées à l’enceinte interne, ainsi qu’à Castel d’Aou aux Mayons - du - Luc et à Maravieille à La Môle. A Saint - Michel - de - Valbonne à Hyères, les murs d’une maison bâtie perpendiculairement et initialement contre l’enceinte sont détruits lors du renforcement interne de l’enceinte par un mur (Brun 2008, 337). A La Croix de Bérard à La Roquebrussanne l’intérieur très pentu est aménagé dans sa partie ouest en trois terrasses en escalier, larges de 5,20 m, 4,90 m et 3,70 m, sur des murs en moyen appareil perpendiculaires à l’enceinte. Elles portent des maisons d’environ 20 m2, en gros blocs calcaires, adossées à l’enceinte. Au Fort à Taradeau, trente - trois maisons forment une rangée continue contre l’enceinte et s’ouvrent sur un large espace intérieur, pratiquement vide de construction (fig. 36 et 169). 165

Fig. 169. Taradeau, Le Fort, maisons intérieures contre l’enceinte

emprise du rempart murs de cases 50 m échelle 1/2000

Chapelle

Ermitage

Fig. 170. Tourves, Saint Probace

166

A Saint - Probace à Tourves, des maisons mitoyennes sont adossées à l’enceinte. A l’intérieur du site des maisons mitoyennes sont disposées sur des voies qui se recoupent en s’organisant globalement dans le sens de la pente ou en suivant les courbes de niveau, mais sans que s’en dégage une trame de voirie régulière (fig. 170). IV.3.4.2. Impasses Les maisons s’organisent sur un passage en cul - de - sac perpendiculairement à l’enceinte. L’accès par des impasses, où s’ouvrent les portes des habitations est rare.

Fig. 171. Pierrefeu, la Dédière, porte d’une maison

167

A la Dédière à Pierrefeu, deux maisons situées dans un angle de l’enceinte s’ouvrent sur une impasse qui bute perpendiculairement à son extrémité externe contre l’enceinte (fig. 171). Un plan identique se retrouve au Verduron, Marseille, Bouches - du - Rhône, au niveau des deux angles sud de l’enceinte (Badie, Bernard 2008, fig. 4 et 5). A La Courtine à Ollioules dans un état du IVe s. av. n. è. deux passages, qui encadrent une rangée de maisons, se terminent en cul de sac perpendiculairement contre l’enceinte primitive, sous laquelle passe un caniveau d’écoulement des eaux. Au IIe s. av. n. è. à l’occasion de remaniements et de la construction d’une nouvelle enceinte des maisons s’adossent en rangées continues contre elle (fig.18). IV.3.5. Les rues Le croisement des rues est angulaire, constitué par les murs des maisons adjacentes. Dans les terrains en pente la jonction entre les différentes rues est le plus souvent en plan incliné. A Gournié au Muy un escalier en blocs de pierre irréguliers est construit dans une faille rocheuse entre deux terrasses. A La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer deux grands axes de circulation perpendiculaires desservent le site, avec de larges escaliers qui relient les parties basse et haute du site aménagées en deux terrasses. Le sol des rues ne présente pas d’aménagement particulier. Il repose directement sur le substratum, où le rocher peut affleurer. Il est fait de terre tassée par la circulation dans laquelle peuvent se retrouver des tessons et de la cendre charbonneuse de foyers (Le Mourret à Six - Fours). Un dallage irrégulier est présent à Bron à Carnoules. A La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer, la voie qui franchit la porte frontale de l’enceinte est empierrée / caladée. Des structures de la vie domestique se retrouvent dans ces espaces libres : foyer lenticulaire contre un mur de maison au Castelard aux Arcs ; foyer en fosse de 0,20 m de profondeur, tapissé de cailloux et de terre rubéfiée, associé à une fosse dépotoir à La Courtine à Ollioules. 168

IV.4. L’implantation des maisons Les modes d’implantation des habitations diffèrent selon la configuration du terrain. IV.4.1. Assainissement préalable des sols Des structures permettent d’éliminer les eaux de ruissellement ou les remontées d’eau. A la Courtine à Ollioules, au début du IVe s. av. n. è. des drains aux parois de blocs dressés de chant et couverture de dalles, sont créés préalablement à la construction des maisons et des rues et se rejoignent en un collecteur unique qui passe sous l’enceinte primitive (fig. 172). Au Fort à Taradeau, à la fin du IIe s. av. n. è. en regard d’une chantepleure, un espace est laissé libre entre deux maisons en dedans de l’enceinte pour permettre l’élimination des eaux de pluie qui courent en surface des sols de circulation, le centre du site présentant un dénivelé de plusieurs mètres.

Fig. 172. Ollioules, la Courtine, caniveaux de drainage passant sous l’enceinte

169

IV.4.2. Aménagements internes Le relief se prête plus ou moins facilement à des aménagements pour obtenir des surfaces habitables. En raison de la présence fréquente de rochers ou de petits abrupts, d’importantes surfaces sont inutilisables. Les pièces selon qu’elles sont isolées ou groupées s’implantent sur des surfaces plus ou moins grandes et planes naturellement ou qui sont régularisées en faisant appel au creusement des sols en pente ou à des murs de soutènement qui suivent généralement les courbes de niveau et derrière lesquels le nivellement par remblaiement du sol permet l’installation de terrasses. Au Castelard aux Arcs, des terrasses sont aménagées sans murs de soutènement visibles, par simple nivellement du terrain légèrement bombé. A Castel - Diol aux Arcs, deux terrasses sont aménagées à 7 m et 12 m en dedans de l’enceinte. A Colle Pélade à Artigues, un replat est aménagé en arrière de l’enceinte qui suit le flanc nord de la crête sur plus de 100 m. A Colle Pelée à Bargemon, sur un ressaut de la colline, l’habitat s’implante sur quelques replats à l’intérieur de l’enceinte. Aux Eouvières / Le Castelas à Baudinard - sur - Verdon / Bauduen, sur le sommet bombé et érodé, de larges replats supportent des vestiges de maisons. Au Castelas à Brignoles, au sommet, à environ 25 m / 30 m d’une falaise, un mur de soutènement délimite une terrasse plane où s’implantent des pièces, dont une de 3,50 m sur 5 m. A Casteou Sarrin / Les Défens à Cabasse l’habitat dans une forte pente est segmenté en trois secteurs, plus ou moins plans, par deux murs transversaux internes, le plus élevé étant épais de 1,30 m. 170

Fig. 173. Camps la Source, Saint - Quinis, maison aux murs en blocs de chant

A la Barre de Saint - Quinis à Camps - la - Source un habitat encore bien structuré en îlots s’implante à l’intérieur, plat à l’est, très en pente au nord - ouest. Quatre maisons mitoyennes aux murs de blocs plantés de chant, s’appuient du sud au nord par leur petit côté contre l’enceinte ouest, implantées sur la pente en terrasses dénivelées de 0,35 / 0,50 m de hauteur. Les dimensions en sont de 6,30 m x 4,20 m ; 5,90 m x 3,10 m (x 2) ; 5,80 m x 3,50 m. A l’est des maisons, sur un espace libre d’environ 4 m / 5 m, orienté nord - sud, se greffe un passage perpendiculaire, large de 1,85 m / 2,10 m, avec dans l’angle sud une maison de 4,50 m x 5,60 m, en blocs cyclopéens de chant. Au sud une rangée de maisons est séparée par un passage large d’environ 2 m de la falaise. Une d’elles de 4,60 m / 4,60 m x 4,10 m a des murs épais de 0,40 m faits d’une unique rangée de blocs de chant (fig. 173) et une autre mitoyenne mesure 5,10 m de longueur. A l’intérieur du site sur une zone plane, d’autres murs de maisons se dressent, dont un avec double parement de blocs de chant, ainsi que des angles de maisons avec rangée unique de blocs cyclopéens de chant (1,45 m x 1,40 x 0,40 m ; 1,65 m x 0,80 m x 0,27 m). L’habitat est en îlots irréguliers, avec des espaces libres orthonomés parallèles et perpendiculaires à l’enceinte. 171

A Méren - Sud au Cannet - des - Maures, l’intérieur du site qui est en pente, est aménagé en au moins six terrasses, parallèles aux courbes de niveau. Sur l’une d’elles une maison de 3,40 m de long est encochée dans la pente. A l’Aire des Masques à Carcès, l’enceinte primitive en soutènement assure une surface plane avec implantation de maisons perpendiculaires au grand axe du site. L’enceinte secondaire englobe une surface plane vide de tout vestige, qui pourrait correspondre à un espace public. A l’Hubac des Teyes à Carcès, un mur de terrasse est parallèle à l’enceinte en soutènement qui suit la courbe de niveau et dans une partie plane un mur de maison est perpendiculaire à l’enceinte. A Banari / La Chautarde à La Celle, des murs de soutènement sont perpendiculaires à la pente sud - nord. A Mérindol 3 à Châteauvert, l’habitat est installé sur quatre larges terrasses à l’intérieur de l’enceinte interne, contre laquelle s’appuient par un de leur petit côté des maisons de 8 à 12 m2. Aux Pierres Sèches à Correns le plateau en pente présente des replats avec du matériel. A Mauvasque à La Martre, plusieurs petites terrasses de formes irrégulières sont aménagées en procédant à des encoches dans le substrat calcaire et sont construites en grossiers murs de soutènement. Au Castel des Maures aux Mayons - du - Luc, en bas de pente contre l’enceinte qui forme soutènement, est aménagée une terrasse d’une dizaine de mètres de large. Au Sommet de Cuguyonte à Moissac - Bellevue, l’habitat s’implante sur des replats sur la pente du sommet collinaire. A Sainte - Croix à Nans - les - Pins, l’enceinte interne sommitale en soutènement, délimite un habitat sans plan régulier. A l’intérieur de l’enceinte externe, le relief en forte pente est segmenté en deux par un mur de soutènement important qui suit la courbe de niveau. Au - des172

sus de lui plusieurs murets soutiennent des terrasses et en bas de pente un large replat est situé en arrière de l’enceinte externe. A Hautes - Roques à Roquebrune - sur - Argens, la pente est aménagée en terrasses avec sept maisons individualisées, dont trois sont mitoyennes. A la Croix de Bérard à La Roquebrussanne, dans une forte pente trois terrasses perpendiculaires à l’enceinte ouest sont maintenues par des murs en moyen appareil. Longues d’environ 5 m et larges de 5,20 m, 4,90 m et 3,70 m, elles supportent des maisons étagées en escaliers adossées à l’enceinte et mitoyennes d’environ 20 m2 chacune, en gros blocs calcaires. A l’intérieur très pentu, des maisons sont disposées sans plan régulier sur des murs de soutènement sans parement interne. A La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer, le site en large hémicycle est aménagé par des murs en deux terrasses, reliées par un escalier. A Berne à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume, des murs perpendiculaires à l’enceinte construite dans le sens d’une forte pente et qui utilisent dans leur base le rocher, maintiennent des terrasses. A Cinq - Ponts à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume, au moins trois terrasses sont maintenues dans la pente par des murs en soutènement qui s’appuient sur le rocher et qui sont perpendiculaires à l’enceinte. Larges d’environ 5 m elles supportent des maisons dont un long côté s’appuie contre le mur de soutènement de la terrasse supérieure. A Casteou - Maoulin à Signes, l’intérieur, en forte pente et très rocheux, est aménagé en terrasses reposant sur des murs. Au Castelar à Taradeau, le terrain est plan dans l’enceinte interne. Entre les enceintes interne et externe distantes d’une vingtaine de mètres, la surface en pente est régularisée en terrasses par deux murs de soutènement espacés d’une dizaine de mètres et qui courent parallèlement à l’enceinte extérieure. A La Cîme de Biach à Trigance, l’habitat est implanté sur des replats aménagés sur la pente. 173

A Baudouvin / La Bigoye à La Valette - du - Var, dans la seconde phase de l’occupation, l’intérieur est divisé en deux terrasses par des murs en gros blocs, afin d’implanter des maisons adossées perpendiculairement à l’enceinte. IV.4.3. Relief accidenté interne Le relief, très accidenté à l’intérieur de certains sites, ne laisse que quelques espaces exigus pour l’habitat. A La Forteresse à Bagnols - en - Forêt, les zones habitables sont aménagées dans des failles rocheuses naturelles, dont une de 2,50 m de large sur une vingtaine de mètres de longueur. Au Siounet à Comps - sur - Artuby, quelques parties planes entre les rochers sur un petit replat de la colline ont pu autoriser un habitat. A La Gardiette à Fréjus, sur l’éperon rocheux très escarpé seuls quelques replats très exigus au sommet, séparés par des barres de rocher, permettent un habitat (Bérato 2012). A La Mène à Grimaud, dont le sommet est constitué d’un chaos rocheux dont les brèches sont barrées par des tronçons de mur, l’habitat ne dispose que de petits emplacements disposés irrégulièrement. Au Fenouillet à Hyères, le relief est très accidenté et seuls quelques replats autorisent un habitat. Au Rocher de la Fille d’Isnard / Dina au Muy, c’est seulement dans des couloirs et des replats entre de gros blocs naturels de rhyolite, qu’ont pu se dresser des maisons en matériaux périssables. Aux Tilleuls au Muy, la surface enclose sur le piton rocheux chaotique est en forte pente et ne laisse que quelques replats exigus dans le chaos rocheux. Aux Enfers (fig. 52) et à Gournié au Muy, seuls quelques petits replats étagés sont dégagés pour l’habitat. 174

IV.4.4. Espace entre enceintes interne et externe L’espace enclos par une enceinte construite secondairement peut être occupé. Il en est ainsi à Pierrascas à La Garde ; La Madeleine / La Retrache au Luc ; Théméré à Rocbaron ; Les Faraches à Solliès - Ville ; Le Castelas à Solliès - Toucas ; Le Castelar à Taradeau. Il n’en est pas de même pour les enceintes multiples primitives, où on retrouve rarement du matériel et / ou des vestiges de construction entre les enceintes internes et externes : espaces stériles larges de 10 à 30 m au Castelard aux Arcs ; La Cadenière à Bormes - les - Mimosas ; Recoux au Cannet - des - Maures en forte pente. IV.4.5. Vestiges d’occupation découverts en dehors de l’enceinte. A Casteou Sarrin / Les Défens à Cabasse, céramique modelée entre l’enceinte et l’avant - mur ; Plateau Lambert à Collobrières, mur et tessons entre l’enceinte et l’avant - mur ; Siounet à Comps - sur - Artuby, tessons à l’extérieur de l’enceinte lorsque l’on remonte vers le sommet ; Mérindol 3 à Correns, murs de maisons entre l’enceinte extérieure et l’avant - mur ; Le Seiran à Draguignan, une maison et du matériel en dehors de l’enceinte ; La Caillade à Cotignac, modelée et meule entre l’enceinte et l’avant - mur ; Les Campestres à Mons, murs de maisons en dehors de l’enceinte ; Le Castelas à Pierrefeu - du - Var, vestiges d’aménagements sous la falaise sur laquelle s’appuie l’enceinte ; La Coste / Les Hubacs à Rians, céramique en arrière de l’avant - mur ; Cinq - Ponts à Saint - Maximin - la - Sainte Baume, murs de maisons et matériel entre enceinte et avant - mur ; Le Serre / La Bouissière à Salernes, maisons à proximité et en dehors de l’enceinte. Différentes hypothèses sont plausibles pour expliquer ces localisations « extra muros » : un habitat extérieur est concomitant avec la construction de l’enceinte et n’est pas protégé par elle dès l’origine ; en raison d’une poussée démographique l’espace habitable intérieur n’étant pas extensible, les constructions débordent l’enceinte et s’installent « hors les murs » ; l’habitat s’est créé en deux temps. Au début l’habitat primitif qui est étendu, peut être ouvert ou défendu par une fortification non recon175

nue, puis le nouvel habitat fortifié est créé avec une superficie plus réduite et des bâtiments peuvent rester hors l’enceinte. IV.5. Les maisons IV.5.1. Implantation des maisons sur le substratum L’implantation des maisons varie en fonction de la nature du substratum. Des maisons sont construites directement sur le substratum naturellement plan (le Castelard, les Arcs, fig. 183) ; ou régularisé et aplani par des remblais s’il persiste des irrégularités ou une pente à rattraper. Les sols d’occupation présentent fréquemment une certaine déclivité, de 0,10 m dans la maison 17 au Rocher de Roquebrune. Des maisons s’implantent sur une terrasse soutenue par un mur avec un parement externe doublé en dedans par de la pierraille et le plus souvent sans parement interne. La maison 17 au Rocher de Roquebrune au Muy se dresse individuellement sur une plate - forme remblayée et maintenue par un podium en appareil cyclopéen à l’ouest, la moitié orientale est creusée dans le substratum (fig. 174). Des fonds de pièces sont complètement ou partiellement creusés dans le rocher : Castel - Diaou, Bagnols - en - Forêt (fig. 175) ; Le Pont Neuf à Cabasse ; Mérindol 2 à Châteauvert, de 5,5 m x 9,5 m ; La Bouisse à Cuers / La Crau ; Saint - Estève à Evenos ; La Fouirette au Luc, de 4,30 m x 4,25 m ; Mont - Garou à Sanary - sur - Mer. Des maisons sont encochées dans le substratum en pente : maison adossée à l’enceinte à l’Apié de Raybaud aux Arcs et à Méren - Sud au Cannet - des - Maures.

A

B

Us 101

Us 400

Us 102

Us 200

Us 300

Us 103 Us 105

Us 104

50 cm

Fig. 174. Le Muy, Rocher de Roquebrune, coupe est - ouest de la maison 17

176

Fig. 175. Bagnols - en - Forêt, Castel Diaou

IV.5.2. Répartition des maisons dans l’espace enclos La trame de l’implantation des maisons est irrégulière, jamais pleinement orthogonale. Si l’organisation générale a pu être l’objet d’un projet préalable, l’implantation des murs des maisons reste en apparence sans cohérence. IV.5.2.1. Maisons indépendantes les unes des autres et de l’enceinte. A la Cabredor aux Arcs (fig. 176), trois maisons individuelles sont étagées dans le sens de la pente, espacées de 0,30 m à 0,60 m et séparées d’un autre groupe de deux maisons par un vide de 0,60 m. De part et d’autre de ces deux rangées de maisons un passage en pente où s’ouvrent les portes des maisons, permet d’accéder à la lice qui court à l’intérieur de l’enceinte. Au Rocher du Palay à Roquebrune - sur Argens huit maisons individuelles sont disposées au centre du site sans plan directeur (fig. 177). Au Camp Aurélien à Cuers une construction isolée en grand appareil, d’au moins 5 m de long sur 1,10 m de largeur 177

Fig. 176. Les Arcs, la Cabredor, îlot de maisons

conservée, est visible en bord de falaise. A Gournié au Muy une maison est isolée sur une plate - forme sommitale plane d’environ 50 m2. IV.5.2.2 Maisons à mur mitoyen indépendantes de l’enceinte. Le mur mitoyen témoigne de la maîtrise technique, de l’esprit d’économie du constructeur et de la préexistence d’un plan directeur. A Bron à Carnoules, dans la partie centrale du site, les portes de deux maisons mitoyennes par leur petit côté (fig. 178), s’ouvrent sur un passage perpendiculaire au grand axe du site. A Mont - Major à Rians des maisons sont disposées selon des axes plus ou moins orthogonaux, sans s’appuyer sur l’enceinte. Aux Hautes - Roques à Roquebrune - sur - Argens les maisons quatre et cinq sont mitoyennes sur des terrasses individuelles au centre du site. Au Mont - Garou à Sanary, elles sont disposées sur une rangée, contre un mur de soutènement qui sert de base pour le mur de façade des maisons construites sur la terrasse supérieure et leurs portes ouvrent sur le passage situé en arrière de l’enceinte.

178

Nord

Fig. 177. Roquebrune - sur - Argens, Rocher du Palais

179

case 2

1m

1

foyer

2

S e u i l

Fig. 178. Carnoules, Bron, maisons mitoyennes

IV.5.2.3. Maisons mitoyennes adossées à l’enceinte. A l’Apié de Raybaud, les Arcs, maisons en appui sur l’enceinte (fig. 154). A la Barre de Saint - Quinis à Camps - la - Source, les portes donnent sur un passage en pente s’ordonnant dans un réseau de voirie plus ou moins orthonormé. A Costebelle à Hyères une rangée maisons s’adosse contre l’enceinte du début de l’âge du Fer. A la Courtine à Ollioules une trentaine de maisons s’appuient contre l’enceinte au IIe s. av. n. è. (fig.179). Au Meinier à Sainte Maxime, au IIe s. av. n. è., deux pièces sont adossées par leur petit côté dans un angle de l’enceinte (fig. 60).

Fig. 179. Ollioules, la Courtine, maison en appui sur l’enceinte

180

Au Fort à Taradeau, au IIe s. av. n. è., les portes des habitations s’ouvrent sur un large espace libre intérieur et la ligne des façades donnant sur les espaces libres y est irrégulière (fig. 36), ainsi qu’à La Courtine à Ollioules. IV.5.2.4. Maisons mitoyennes, parallèles et séparées de l’enceinte, par un espace vide et fermé

N

A La Déidière à Pierrefeu - du - Var, daté du dernier tiers IIe troisième quart Ier s. av. n. è., le mur de la maison 3, est construit en laissant un espace libre d’environ 0,20 m avec le parement interne de l’enceinte, à laquelle il est parallèle (fig. 180). Un autre espace clos de 1,30 m sur 3,40 m est présent contre l’angle interne de l’enceinte

0

1,00 m

Foyer

Fig. 180. Pierrefeu, la Dédière

181

entre les deux maisons 3 et 1, cette dernière s’adosse par un autre côté à l’enceinte sans mur propre à son niveau (Bérato, Borréani 1993, 188, fig. 3). Au Grand Courrent au Muy, daté du IIIe - premier quart du Ier s. av. n. è., le mur mitoyen de deux maisons est parallèle à l’enceinte mais espacé d’elle de 0,50 m (Gazenbeek 1993, 23 - 28). IV.5.3. Le plan des maisons La conception de la maison est simple, sans normalisation et elle est étroitement liée à la morphologie du terrain. Il n’y a pas de standardisation des dimensions des pièces. Aucun module ne semble avoir été mis en œuvre. malgré cela une apparente uniformité, une grande monotonie ressort de la conception des pièces. Les pièces sont en majorité de plan quadrangulaire irrégulier (Bron, Carnoules, maison 1 et 2, fig. 178 ; Rocher de Roquebrune, le Muy, fig. 181 ; Hautes Roques, le Muy).

Fig. 181. Le Muy, Rocher de Roquebrune, maison 17 et fig. 182. maison à couloir et abside

Un des petits côtés de cinq maisons est curviligne / absidal au Rocher de Roquebrune au Muy (fig.182). Les pièces uniques sont majoritaires et n’ont généralement qu’une seule ouverture sur l’extérieur. Certaines communiquent entre elles dès leur création (deux pièces en enfilade au Fort à Taradeau) ou lors de remaniements qui concernent chronologiquement la fin de l’âge du Fer (trois ensembles de deux pièces et un de quatre au Fort à Taradeau). 182

A La Courtine à Ollioules deux pièces mitoyennes communiquent par une porte interne. La destruction des élévations n’a laissé en place aucune base d’ouverture autre que celle des portes. Les pièces sont toutes en rez - de - sol. Aucun vestige ne permet d’envisager la présence d’un étage. Au Fort à Taradeau, l’hypothèse que deux poteaux de la pièce 12 soutiennent un plancher d’étage est fragile. Un auvent, un porche extérieur prolonge la pièce au niveau de la façade où s’ouvre la porte. Elle est délimitée par deux antes latérales qui prolongent les murs de la case. Une de ses fonctions devait être d’éliminer du devant de la porte les eaux de ruissellement du toit. Plusieurs maisons présentent un porche et l’appentis 18 est construit dans l’angle d’une ante et d’une façade. Au Castelard aux Arcs, un auvent est profond de 1,50 m et large de 3,80 m (fig. 183). Sous lui, s’ouvre la porte de la maison large de 1,50 m et à gauche en entrant. Au Montjean à Cavalaire - sur - Mer / La Môle un appentis de 2 m sur 1,5 m est accolé à une maison adossée à l’enceinte. A La Courtine à Ollioules un porche de 12 m2 précède une maison de 25 m2.

Fig. 183. les Arcs, le Castelard, maison avec auvent

183

Au Meinier à Sainte - Maxime, en avant du petit côté ouvert d’une maison aux murs en blocs posés de chant, deux trous avec pierres de calage de poteaux devaient supporter un auvent. IV.5.4. La superficie des pièces La superficie interne des maisons se situe entre 2,34 m2 et 72 m2 pour une série de cent vingt mesures : 66 % des valeurs sont inférieures ou égales à 20 m2 ; 30 % sont supérieures à 20 m2 et inférieures ou égales à 40 m2 et 4 % se situent entre 48 et 72 m2. Les dimensions des pièces ne sont pas toutes identiques sur un même site. A La Barre de Saint - Quinis à Camps - la - Source : 18,30 m2 (x 2), 20 m2, 26,46 m2 et 30 m2 ; à Mérindol 3 à Châteauvert toutes sont de petites superficie de 8 à 12 m2 ; au Rocher de Roquebrune au Muy pour une trentaine de maisons, les superficies se distribuent entre 17 m2 et 35 m2 ; à La Courtine à Ollioules les quinze maisons contre l’enceinte au nord - ouest ont en moyenne 20 m2 avec une seule de 25 m2 ; au Mont - Garou à Sanary les mesures de sept maisons varient entre 11,50 m2 et 17,60 m2 ; au Castelard à Solliès - Toucas dans une rangée de quatre maisons mitoyennes : 14 m2 , 26 m2 , 28 m2 et 30 m2 ; au Fort à Taradeau la superficie interne de la majorité des trente - trois maisons se situe dans la fourchette comprise entre 18 et 25 m2, mais d’autres mesurent 7 m2, 8,25 m2, 14 m2 et 62,25 m2, cette dernière mesure correspondant à un remaniement avec agrandissement et communication de pièces entre elles. IV.5.5. Les murs des maisons La construction des murs fait appel à différentes techniques, qui sont celles rencontrées dans le midi méditerranéen (Boissinot, de Chazelles 1989, 60 - 63). Les textes antiques nous renseignent sur le torchis sur clayonnage, le pisé banché, les briques en terre crue ou adobe, le montage direct à la motte et la confection des toits pour la fin de l’âge du Fer (Lequément 1985).

184

IV.5.5.1. Techniques de construction en matériaux périssables avec poteaux porteurs et clayonnage enduit de torchis Sur une vingtaine de sites on ne retrouve ni vestiges de structures, ni matériaux de nature lithique ayant pu être utilisés pour la construction en dur de la base des murs des maisons, l’érosion ou l’épierrement ne pouvant expliquer cette absence. Les trous de calage de poteaux porteurs ne sont pas visibles en prospection. Par contre les fragments de torchis cuits et rubéfiés portant des empreintes de clayonnage brûlé y sont souvent nombreux, parfois en importants amas : Thèmes Est à Besse - sur - Issole ; Val - Longue à Cotignac avec abandon du site à la suite d’un incendie ; Quicule au Lavandou ; Mauvasque à La Martre ; Maravieille à La Môle ; Les Enfers, Les Planettes 1 (où les négatifs de tiges de végétaux de diamètres très variés et de petites branches entrecroisées étaient encore bien visibles), le Pic de Rebéquier et Le Rocher de la Fille d’Isnard / Dina au Muy ; Thèmes Ouest à Rocbaron ; Collet - Redon à Taradeau ; Les Eissartènes au Val ; Baudouvin / La Bigoye à La Valette - du - Var dans la première phase de l’occupation. On peut admettre que les techniques de construction de ces habitats de hauteur pour la plupart du début de l’âge du Fer, faisaient appel aux mêmes matériaux périssables que pour les sites ouverts de plaine du Bronze final et du premier âge du Fer (Le Touar aux Arcs, Bérato, Magnin et al. 1989). L’usage de la terre qui est partout présente et facile à modeler, présente les inconvénients d’être sensible à l’eau, de se transformer en poudre lors des périodes sèches, de se fissurer et de nécessiter régulièrement des réfections. Au Mont - Garou à Sanary - sur - Mer des murs en torchis sur clayonnage sont présents au Ve s. av. n. è. Au Rocher du Palay à Roquebrune - sur - Argens les maisons en matériaux périssables du IIIe s. av. n. è. ont brûlé et du torchis brûlé, voire fondu, se retrouve en grande quantité dans les remblais de l’occupation ultérieure. A La Forteresse à Bagnols - en - Forêt une vingtaine de trous de calage de poteaux cylindriques de 0,10 m / 0,25 m de diamètre, profonds de 0,06 m / 0,20 m, disposés en quinconce et espacés d’environ 1,20 m sont creusés au sommet des parois rocheuses latérales qui forme le soubassement des parois construites, dont les superstructures ne pouvaient être qu’en matériaux périssables et argile. 185

Fig. 184. Cuers, le Castelas, mur à deux parements Fig. 185. Le Muy, Rocher de Roquebrune, podium de la maison 17

IV.5.5.2. Les solins en pierres des murs de maisons La base des murs est ultérieurement le plus souvent formée d’un parement intérieur et extérieur, qui limite un blocage interne de pierraille (le Castelas, Cuers, fig. 184 ; Hautes Roques, le Muy). L’épaisseur du mur est parfois irrégulière du fait de l’inégalité des blocs de pierre. Les blocs, bruts d’extraction, sans trace de travail préparatoire de taille, sont posés sur le substratum, même s’il est moins

Fig. 186. et fig. 187, Carnoules, Bron

186

Fig. 188. Cuers, Le Castelas, blocs de chant d’un mur en appui sur l’enceinte

consistant que du rocher. La base d’une ou de plusieurs parois peut être constituée par le substratum qui a été plus ou moins régularisé. Au Rocher de Roquebrune au Muy, dans la maison 17 datée du Ve s. av. n. è. et creusée en partie dans le sol en pente (fig. 174), les blocs de chant d’un mur sont disposés sur le « front de taille » en terre haut de 0,40 m. L’autre long côté s’appuie sur un podium de blocs cyclopéens (fig. 185). Il n’y a pas de fondation nette, mais une simple recherche d’un sol stable pour asseoir le mur avec des creusements peu profonds d’environ 0,05 m, au plus 0,10 m, souvent dans un remblai lié à l’aménagement préalable du sol. Les parements intérieur et extérieur sont souvent montés en pierres dressées de chant dans le sens de leur longueur, parfois calées par de petites pierres : Rocher de Roquebrune au Muy au début de l’âge du Fer ; Bron à Carnoules (fig. 186), le Castelas à Cuers, la Cabredor, les Arcs, le Meinier à Sainte - Maxime), le Castelas à Solliès - Pont / Solliès - Toucas à la fin de l’âge du Fer. Ce procédé est très fréquent dans le Var et spécifique pour tout l’âge du Fer. Les parements sont aussi montés en blocs posés à plat et / ou en boutisse. Sur un même mur peuvent alterner blocs à plat et de chant, ces 187

Fig. 189. les Arcs, Castel Diol, mur appuyé sur un rocher

derniers sont alors placés en pied du mur. Le relevé pierre à pierre au Castelas, Solliès - Toucas, montre bien l’hétérogénéité des murs. Le volume des blocs de pierres de parement est aussi bien de petit, que de moyen et grand module et sur un même mur leurs dimensions sont très inégales, longueur de 0,20 m à 1,65 m, épaisseur de 0,08 m à 0,40 m et hauteur de 0,06 m à 0,80 m. Un seul bloc peut constituer toute l’épaisseur du mur (0,45 m à Bron à Carnoules, fig. 187 ; Castelas à Cuers, fig. 188 ; la Guiranne, Solliès - Toucas). A La Barre de Saint - Quinis à Camps - la - Source un angle de maison est formé de deux blocs cyclopéens, l’un long de 1,45 m, haut de 1,40 m, épais de 0,40 m et l’autre long de 1,65 m, haut de 0,80 m, épais de 0,27 m. Au Rocher de Roquebrune au Muy, les murs sont en blocs cyclopéens plantés de chant sur une ou deux rangées. A La Flute à Roquebrune - sur - Argens un mur est construit avec une seule rangée de gros blocs plantés de chant. 188

Le mur peut s’appuyer contre un rocher (Castel Diol, les Arcs, fig. 189). Du fait de l’irrégularité des blocs il n’y a pas d’assises régulières avec lit de pose horizontal et de petites pierres servent à boucher les interstices. Il n’y a pas de débord de la semelle du mur. La base interne des blocs des murs peut être calée avec de petites pierres. Les murs ne sont pas liés entre eux, mais seulement accolés. Les murs en majorité montés à sec (Saint - Probace à Tourves), peuvent être liés à l’argile à l’Apié de Raybaud, à Castel - Diol et au Castelard aux Arcs et à La Dédière à Pierrefeu. L’argile est jaune au Camp Aurélien à Cuers et au Fort à Taradeau. L’épaisseur des murs varie de 0,25 / 0,30 m à 0,90 m pour trente mesures, la majorité étant située entre 0,40 et 0,50 m. Certains murs mitoyens de maisons sont plus larges que ceux des façades (Le Fort à Taradeau). La hauteur conservée dépasse rarement l’équivalent de deux à trois assises. Exceptionnellement au Piégu à Rougier un mur à deux parements est conservé sur 0,50 m de hauteur dans une couche d’effondrement. Les murs ont pu être recouverts d’un enduit argileux, mais ce dernier a pu disparaître avec les agressions atmosphériques. Au Castelas à Solliès - Pont / Solliès - Toucas la base d’un mur protégée par l’effondrement de la case, est recouverte d’un enduit argileux jaune. Comme nous l’avons vu pour les enceintes, la pierre est d’extraction locale. On peut rencontrer de rares éléments allogènes, dont des blocs de tuf, dont certains semblent avoir été taillés. Au Fort à Taradeau, le tuf plus ou moins régularisé a été employé dans des angles, dont un dans le piédroit oriental de la porte de la pièce 13. A La Courtine à Ollioules on retrouve une couche de schiste partiellement désagrégé sur le sol d’au moins deux maisons et dans une autre maison une couche de calcaire blanc, ces deux matériaux sont étrangers à la nature géologique du site. 189

Lorsque le soubassement en dur du mur est associé pour les superstructures à une technique mixte de construction, il joue le rôle de solin qui isole le reste de la construction des remontées d’humidité par capillarité et de protection contre l’érosion de la base du mur par les eaux de ruissellement et celles tombées des toits. Les blocs posés de chant réalisent une protection bien adaptée. IV.5.5.3. Les élévations des murs au - dessus des bases en pierre La construction des superstructures des murs fait appel à différentes techniques. Les murs porteurs en pierres Les contraintes se répartissent alors sur l’ensemble du sommet des murs. Au Piégu à Rougiers à la fin de l’âge du Fer, un mur de maison est encore en place protégé par les effondrements de matériaux. Il est haut de 0,55 m et constitué d’un double parement. Il pourrait s’agir d’un mur porteur dont l’élévation était entièrement montée en blocs de pierre. Cette technique est utilisée à Olbia, établissement massaliète, dès la fin du IVe s. av. n. è. (Excoffon 2001, 123). Ce type de construction se rencontre aussi au Fort à Taradeau où les murs de la pièce 14 sont conservés sur plus d’un mètre. La base des murs, épaisse de 0,45 m à 0,90 m, autorise cette technique. La rareté des blocs sur les sites peut s’expliquer par l’épierrement après l’abandon, en vue de fournir des matériaux à un four à chaux antique fonctionnant comme celui du Fort à Taradeau dans l’emplacement d’une maison. Aucun autre exemple n’a été mis en évidence, en raison de l’état de dérasement des murs, dont ne subsistent au plus que trois hauteurs de rangées de pierres. Les élévations en argile crue sur des solins en pierre Contrairement aux idées reçues l’architecture domestique est en fait très rarement en pierre et le plus souvent en terre crue. Cette 190

Fig. 190. Les Arcs, le Castelard, trou de poteau contre un mur

terre est prélevée directement sur le site. Les murs sont porteurs et les contraintes se répartissent sur toutes les limites verticales. Une constatation fréquente est la rareté des blocs de pierre dans les couches d’effondrements de bâtiments. A l’inverse à l’intérieur des maisons, sur la couche d’occupation, d’épaisses couches d’argile homogène et stérile évoquent l’effondrement d’élévations en argile crue : La Cabredor et Le Castelard aux Arcs ; argile jaune allogène au site à Bron à Carnoules ; Mont - Garou à Sanary - sur - Mer une couche d’argile stérile de 0,12 / 0,15 m ; Le Castelas à Solliès - Pont / Solliès - Toucas ; argile jaune allogène au site dans les couches d’effondrement des pièces 12, 20 / 21 et 27 du Fort à Taradeau, bien que le site soit en pente et soumis à une forte érosion (Congès 1993, 63). Au Castelard aux Arcs un fragment de structure architecturale en pisé cuit, de dimensions résiduelles de 0,10 m x 0,04 m x 0,03 m, porte des empreintes ligneuses en surface. Ces murs pouvaient être porteurs, mais des poteaux dressés dans ou contre les murs peuvent conforter les élévations en argile crue pour supporter le poids du toit (Castelard aux Arcs, fig. 190). Au Montjean à Cavalaire - sur - Mer / La Môle, dans les deux angles des murs en pierre d’une maison appuyée contre l’enceinte, 191

deux trous rectangulaires de calage de poteau de 0,20 m de diamètre contiennent du charbon de bois (Wallon 1973 et 1979). A Saint - Estève à Evenos, dans les murs d’une maison de la fin du IIe s. av. n. è. sont laissés des trous pour caler des bases de poteaux, qui supportaient un toit en clayonnage, dont de gros fragments carbonisés ont été découvert sur le sol d’occupation (Brun 1984). A l’extrémité de deux murs latéraux d’une maison au Castelas à Solliès - Toucas, deux blocs posés à plat comme des antes devaient recevoir la base de soutiens verticaux en bois (Excoffon 2008) et au Ménier à Sainte - Maxime (fig. 191) (Bérato, Falconnet 2012). Au Castelard aux Arcs, distants de 4 m deux trous de poteau avec calage sont creusés aux deux extrémités de la face interne d’un mur de maison, constituée d’une seule rangée de moellons liés à l’argile crue et épaisse de 0,40 m. Aucun trou n’a été retrouvé contre l’autre long mur parallèle (Bérato, Borréani, Dugas 1994, 167). Au Fort à Taradeau l’extrémité d’une cloison dans la pièce 4 est maintenue par un poteau avec trou de calage (Congès 1993, 36, fig. 20). La recherche de trous de poteau est le plus souvent infructueuse, aussi bien dans les bases de murs, en particulier lorsque les deux parements sont en blocs dressés de chant, que dans le sol des maisons. Cet argument est en faveur de l’existence de murs porteurs uniquement en argile. L’épaisseur des murs autorise des élévations en pisé qui peut être banché ou en façonnage direct avec des mottes de terre. Des murs de 0,50 m permettent de Monter jusqu’à 7 m de hauteur et l’épaisseur peut être diminuée pour des constructions plus basses (CRAterre 1979, 25). Dans les constructions utilisant le façonnage direct du pisé en Afrique, les murs de 2 à 3 m de haut, épais de 0,10 m à 0,30 m à la base et de 0,05 m à 0,15 m au sommet, reposent sur un soubassement de pierre et de bois isolant de l’humidité (CRAterre 1979, 95). 192

Il est difficile d’individualiser le pisé de l’adobe dans une fouille. Quelques exemples d’adobe sont connus. Au Mont - Garou à Sanary - sur - Mer, entre 480 et 410 av. n. è., sont utilisées dans les murs des briques crues qui contiennent des gravillons, longues de 0,25 m, large de 0,12 m et épaisse de 0,06 m. Au Mourret à Six - Fours - les - Plages, dans la phase antérieure à la construction de l’enceinte datée de la seconde moitié du Ve s. av. n. è., des briques crues sont présentes. Dans la construction des murs de l’habitat sont utilisées des briques crues de 0,32 cm de long sur 0,08 cm d’épaisseur avec sur une face lissée de petits cailloux très damés (Brien - Poitevin 2001, 8 et 10). L’adobe se rencontre sur des habitats ouverts. Aux Bœufs au Castellet, au e e V - IV s. av. n. è., sont mentionnés deux bâtiments en briques d’argile crue. A Saint - Mitre 2, des briques crues et au Chemin Herbous à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume des blocs d’argile cuite sont présents au début de l’âge du Fer. Au Pas Redon à Cuers, daté du début de l’âge du Fer / première moitié Ve s. n. è., puis du dernier tiers du IIe au troisième quart Ier s. av. n. è., des briques crues sont hors stratigraphie. Au Castelard aux Arcs, au milieu du IIIe - premier quart du Ier s. av. n. è., des fragments parallélépipédiques et d’autres incomplets d’adobe cuite, dont les dimensions résiduelles sont de 0,16 m x 0,097 m x 0,043 m, ont deux grandes faces lissées. A La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer au troisième quart du IIe av. n. è. les élévations sur la base des murs en pierres sont en briques crues. 193

Fig. 191. Sainte - Maxime, le Ménier, bloc à plat en avant d'un mur de chant

L’utilisation de cette technique en milieu grec a pu inspirer des constructeurs indigènes. Elévations en clayonnage enduits de torchis au - dessus des solins en pierre et poteaux porteurs Les contraintes se répartissent alors, soit directement sur les murs porteurs soit sur des poteaux verticaux. Au Mont - Garou à Sanary - sur - Mer, 400 av. n. è., des bases de mur en blocs plantés de chant supportent des structures bâties en argile de type torchis sur armature de branchage. A Castel - Diol aux Arcs les grandes plaques de torchis, épaisses de 0,06 m portant des empreintes de clayonnage carbonisé, qui ont été retrouvées sur le sol, pourraient appartenir aussi bien aux murs qu’au toit.

Fig. 192. les Arcs, Apié de Raybaud, trou de poteau

Le clayonnage pouvait être noyé dans le montage en terre crue du mur et s’appuyer sur des poteaux porteurs du toit. Un bloc posé à plat en avant d’un mur monté en blocs plantés de chant pourrait correspondre à une base de poteau (le Ménier, Sainte - Maxime, fig. 191 ; le Castelas, Solliès - Toucas). IV.5.6. Les toits Les toits devaient être en pente pour faciliter l’écoulement des eaux de pluie et pour éviter leur infiltration. Dans les maisons adossées à une enceinte, les toits à une seule pente devaient être orientés vers l’intérieur du site sur lequel ouvre la porte de façade, ce qui pourrait expliquer la présence d’un auvent. Des trous de poteau (fig. 192) en ligne 194

plus ou moins parallèles aux murs pourraient évoquer un toit en bâtière à double pente (Apié de Raybaud aux Arcs, Bérato et al. 1995a). La largeur des pièces qui varie autour de 4 à 5 m, autorisait une charpente transversale pour supporter un clayonnage de branches ou de roseaux enduit de torchis lissé en surface. Des poteaux intermédiaires pouvaient servir de support complémentaire pour alléger le poids du toit sur les murs. A l’Apié de Raybaud aux Arcs, la fouille a mis au jour une rangée de quatre trous de poteaux dans le grand axe d’une pièce et un isolé dans une pièce adjacente. A La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer, au troisième quart du IIe av. n. è. un trou de poteau central dans une pièce incendiée est associé à des bois de la charpente calcinés sur le sol (Martina - Fieschi, Ribot 1995). Au Fort à Taradeau, sur une trentaine de maisons qui sont adossées à l’enceinte, seule la maison n° 12 a le toit soutenu par deux poteaux complémentaires avec trous avec calage. Une pierre plate qui pouvait servir de support était posée au centre de la pièce 15. A La Courtine à Ollioules, au centre d’une case, un monolithe en forme de pyramide tronquée de 0,70 m de hauteur devait servir de base à un poteau. Au Mont - Garou à Sanary - sur - Mer, un socle en pierre au centre de deux maisons, ainsi qu’à La Cabredor aux Arcs, est interprété comme support intermédiaire de toit. En l’absence de clous en fer dans les couches d’effondrement des toits, l’assemblage des pièces en bois de la charpente devait faire appel à un système élémentaire de tenons et de mortaises ou à des liens en fibres végétales, à des nœuds d’écorce mouillée (Arcelin, Buchsenschutz 1985). Sans que l’on puisse dire s’ils étaient destinés exclusivement à la confection des toits, des clous ont été découverts en particulier à l’Apié de Raybaud aux Arcs (fig. 193) ; à Saint - Probace à Tourves ; à Château - Panier à Signes ; à La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer ; au Mont - Garou à Sanary - sur - Mer ; au Pain de Munition à Pourrières ; dans la maison 17 au Rocher de Roquebrune à Roquebrune - sur - Argens ; au Bonnet de Capelan à Saint - Raphaël / Fréjus et à 195

10 m

Fig. 193. Les Arcs, Apié de Raybaud, à - pic simple, double - porte

196

Fig. 194. Pierrefeu, La Dédière, maison d’angle

La Tête du Baou à Mazaugues. Au Fort à Taradeau aucun clou en fer n’a été retrouvé dans l’effondrement des maisons. L’utilisation de clous en fer reste une hypothèse plausible pour l’assemblage de pièces en bois au Rocher de Roquebrune au Muy, où ont été découverts aux deux extrémités de la maison 17, deux clous identiques et repliés à la même longueur de 0,11 m, épaisseur qui pourrait correspondre à l’assemblage de deux planches équarries. IV.5.7. Les portes La majorité des pièces s’ouvrent par une porte unique, mais il peut en exister deux (Apié de Raybaud, fig. 193). Les portes, qui sont généralement situées au milieu du mur de façade, peuvent être latéralisées dans un angle de la façade (Castelard aux Arcs ; Fort à Taradeau) ou à l’extrémité d’une cloison. Les piédroits sont constitués de blocs empilés, plus gros que ceux utilisés dans les murs adjacents. Deux blocs superposés donnent parfois l’illusion d’une chaîne d’angle en besace. Dans l’angle interne du piédroit de la porte intérieure de la tour creuse de l’Apié de Raybaud aux Arcs une feuillure carrée devait recevoir le battant ouvrant en dedans (fig. 193). Au Fort à Taradeau les deux 197

Fig. 195. Le Muy, Rocher de Roquebrune, maisons à couloir

piédroits des portes des maisons 27 et 31 présentent un décrochement interne réalisant deux larges feuillures contre lesquelles la porte qui ouvrait en dedans devait venir s’appuyer. Le seuil n’est pas bâti dans la majorité des cas. Il prolonge le sol de la pièce tassé par la circulation. Quelques aménagements particuliers sont à noter. Un monolithe de 1,90 m de long et 0,50 m de large forme le seuil de la porte large de 1,90 m d’une maison à Bron à Carnoules (fig. 178). Des seuils sont dallés en pierres plates disposées irrégulièrement. A La Dédière à Pierrefeu - du - Var, le seuil de la porte large de 1 m, est limité en dedans par un alignement de petites pierres plantées de chant (fig. 194). Au Fort à Taradeau, le dénivelé entre le sol de deux pièces communicantes est rattrapé au niveau du seuil par une marche formée de plusieurs pierres alignées. Un seuil donnant sur un passage est surélevé et construit avec quatre gros blocs de pierre pour empêcher la pénétration de l’eau de pluie dans la case. A La Cabredor aux Arcs le soubassement du mur ininterrompu au niveau de la porte lui sert de seuil. La largeur des portes varie de 198

Case 17

Case 14

1m

Case 20

Case 19

Case 13

Case 16

Fig. 196. Le Muy, Rocher de Roquebrune, maisons à couloir 14 à 20

199

Fig. 197. Le Muy, Rocher de Roquebrune, maison 19 à porte en couloir

0,60 m à 2,20 m. Six mesures sont inférieures à 1 m et cinq sont entre 1 m et 1,90 m. Certaines plus larges (2,10 m, maison 10 et 2,20 m, maison 13 au Fort à Taradeau) pourraient correspondre à des entrées de charrettes. Les portes en forme de couloir Elles sont présentes au Rocher de Roquebrune au Muy dans neuf maisons, toutes individuelles et regroupées dans la partie orientale du site (fig. 195 à 197). Les piédroits des portes, situées au milieu ou latéralement sur un petit côté des pièces, sont prolongés en dehors de l’habitat par un couloir d’accès perpendiculaire à la façade, constitué de gros blocs plantés de chant, long d’environ 2 m / 2,50 m et large de 0,80 m à 1,50 m. Ce type de structure très original du Ve s. av. n. è. est inédit, inconnu ailleurs dans le Var et dans la littérature (Bérato 2016).

200

Fig. 198. Solliès - Toucas, le Castelas, sol en pierres

IV.5.8. Les sols Il s’agit le plus souvent du substratum en terre battue ou du remblai damé ayant servi à niveler le sol de la pièce. Peuvent y être mêlés de l’argile allogène, des cailloux, des petites pierres, des tessons de céramiques, de la cendre et des charbons. Sur le sol on retrouve les déchets de la vie quotidienne. A l’Apié de Raybaud aux Arcs, le sol est caillouteux et charbonneux. Au Castelas à Solliès - Toucas (fig. 198), à Castel - Diol et au Castelard aux Arcs, le sol en argile tassée est établi sur un hérisson de pierraille égalisant le sol rocheux. A Peyro - Baroun à Artignosc - sur - Verdon, le sol comporte des poches cendreuses. Au Montjean à Cavalaire - sur - Mer / La Môle, le sol d’une maison est en argile lissée cuite vraisemblablement par des foyers posés à même le sol. 201

Us 500

Us 300 Us 400

B

A

Us 200

1m

Cabane 17

Fig. 199. Le Muy, Rocher de Roquebrune, maison 17

Dans la maison 17 du Rocher de Roquebrune le sol en terre battue présente des zones durcies et rougies par des foyers ou des dépôts cendreux. Un sol est constitué de dalles à plat à La Forteresse à Bagnols 202

en - Forêt ; à La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer au troisième quart du IIe av. n. è., au Piégu à Rougiers avec des dalles de 0,07 m d’épaisseur. IV.5.9. L’aménagement intérieur des pièces IV.5.9.1. Foyer Les structures de chauffage à usage domestique ne sont pas toujours conservées dans les pièces. Au Fort à Taradeau un foyer existait seulement dans neuf maisons sur les trente - trois qui ont été dégagées. Les foyers situés dans les pièces sont le plus souvent uniques. Quelques fois ils sont doubles, mais il est alors difficile de dire s’ils sont contemporains, en particulier pour les foyers lenticulaires. A Castel - Diol aux Arcs, deux foyers de 0,50 m de diamètre, espacés d’un mètre, sont posés sur le sol dont l’argile est rubéfiée sur 0,03 m. A La Cabredor aux Arcs, deux foyers sont disposés dans l’axe de la porte, un est constitué d’un radier de pierres rubéfiées de 0,25 m de diamètre et l’autre lenticulaire en argile est posé sur le substrat de 0,50 m de diamètre au centre de la pièce. Dans la maison 17 du Rocher de Roquebrune deux foyers sont disposés au fond de la pièce (fig. 199). Les foyers peuvent être situés en dedans et dans l’axe du seuil (Le Fort à Taradeau), contre un mur (Le Castelard aux Arcs), dans un angle de mur (maison 1 à La Déidière à Pierrefeu - du - Var ; La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer ; dans un des angles en appui sur l’enceinte pour toutes les pièces de La Courtine à Ollioules). Des foyers peuvent se situer à l’extérieur des pièces, isolés ou en association à des foyers à l’intérieur de maisons (un foyer lenticulaire localisé dans un passage au Castelard aux Arcs ; à l’extérieur de l’habitation une plaque - foyer en argile rubéfiée au Piégu à Rougiers). La structure des foyers est diverse. 203

Fig. 200. Le Muy, Rocher de Roque- Fig. 201. Le Muy, Rocher de Roquebrune, maison 17, foyer 200 brune, maison 17, foyer 300

Foyer à plat ou lenticulaire Une couche cendreuse et charbonneuse est posée à même le sol, qui est durci et rougi par la chaleur. A Bron à Carnoules, le foyer cendreux de 0,60 m sur 1 m, appuyé contre le mur à gauche de la porte, est limité par un empierrement curviligne. Foyer / plaque à feu en argile lissée construit sur radier Le radier, qui a une fonction mécanique et qui forme une masse réfractaire, peut être composé de gros tessons de céramique modelée, d’amphore ou de dolium et peut aussi reposer sur une couche de cailloutis (Montjean à Cavalaire - sur - Mer / La Môle ; La Courtine à Ollioules ; Saint - Estève à Ollioules ; Le Mont - Garou à Sanary ; Le Fort à Taradeau). Au Piégu à Rougiers un petit foyer est construit à partir du sol d’occupation dans une fosse contenant des charbons sur des fragments de dolium. Ils peuvent être situés en dedans et dans l’axe du seuil (Le Fort à Taradeau), contre un mur (Le Castelard aux Arcs), dans un angle de mur (maison 1 à La Déidière à Pierrefeu - du - Var ; La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer dans l’angle d’une pièce, un foyer rectangulaire de 0,60 m x 0,40 m est formé d’une chape d’argile posée sur des éclats de pierre ; dans un des angles en appui sur l’enceinte pour toutes les pièces de La Courtine à Ollioules).

204

Dans la maison 17 du Rocher de Roquebrune la chape d’argile du foyer Us 300, est constituée d’une couche d’argile cuite plane à surface supérieure lissée, très dure, aux bords irréguliers liés à l’action taphonomique et épaisse de 0,04 / 0,047 m. La surface inférieure, qui s’est modelée sur les fragments de tessons ou de pierre du radier sous - jacent, se délite selon les zones où elle a moins chauffé. Elle a durci sous l’effet de la chaleur et présente une couleur brun - rouge - brique. Cette argile qui est constituée par délitement de l’arkose du substratum et qui a dû être soumise de façon répétée à une grande chaleur, reprend grossièrement la texture de cette roche. Elle devait mesurer 0,40 m sur 0,60 m de côté et ses bords rectilignes, épais de 0,040 / 0,047 m, étaient plus hauts que le centre de la plaque (0,040 cm). La face externe de la bordure, qui devait être en saillie sur le sol d’occupation Us 103, était décorée de deux tores encadrant un cavet. Un angle de la plaque, légèrement obtus, est épais de 7 cm et présente une cupule large de 3,60 cm, longue de 5,70 cm et profonde de 2,50 cm, qui interrompt les deux tores. La sole est posée sur le radier, épais de 0,09 m, constitué d’argile cuite dans laquelle sont disposés des tessons à plat et une pierre plate en grès de récupération, d’environ 0,20 cm de côté, épaisse de 0,020 m et dont un bord arrondi a été taillé volontairement. Sur le côté ouest les tessons du radier étaient bien alignés de façon rectiligne (fig. 200). Le foyer 200 présente la même structure (fig. 201). La plaque peut être décorée sur sa face supérieure lissée : décor imprimé en forme de rainure en bordure au Castelard aux Arcs. Foyer en fosse Profond de 0,20 m et tapissé de cailloux et de terre rubéfiée, il est associé à une fosse dépotoir à La Courtine à Ollioules. Four culinaire domestique en dôme Un four culinaire domestique en dôme avec ouverture arrondie basse n’a été retrouvé qu’au Castelard aux Arc et au Fort à Taradeau. 205

Fig. 202. les Arcs, Apié de Raybaud, banquette

Fig. 203. Les Arcs, Cabredor, banquette

Fig. 204. Le Muy, Rocher de Roquebrune, maison 17, banquette Us 500 Fig. 205. le Muy, Rocher de Roquebrune, banquette

206

Four circulaire à sole Il est appuyé sur le substrat et contre un mur à La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer. IV.5.9.2. Banquette Cette construction est un banc, un support pour des objets, en particulier des récipients contenant des denrées alimentaires à isoler de l’humidité. Elle pouvait soutenir des éléments en matériaux périssables, des étagères. A l’Apié de Raybaud aux Arcs, une banquette intérieure, de 1 m sur 0,40 m, délimitée par des blocs posés de chant avec blocage interne de pierraille liée à l’argile, est accolée à un mur entre deux portes (fig. 202). A la Cabredor aux Arcs, une banquette en pierres liée à l’argile de plan carré, de 0,90 m de côté, occupe un angle à l’opposé de la porte dans trois pièces (fig. 203). A La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer, une banquette d’argile et de moellons de 1 m x 1,70 m est construite sur le substrat à côté d’un foyer. Au Castelas à Solliès - Toucas, une banquette est taillée dans le rocher supportant le mur nord de la pièce (fig. 198). Elle servait de support à un dolium, qui dans sa chute s’est écrasé à son pied, le bord se retrouvant vers le centre de la pièce. Dans l’angle nord - est de la maison 17 au Rocher de Roquebrune, au Muy, une rangée de blocs plantés de chant longue de 2,90 m, délimite un caisson large de 0,20 / 0,30 m à l’est et de 0,50 m à l’ouest avec un bloc faisant retour au nord, qui limite une banquette haute de 0,20 m (fig. 204). Dans la maison 12 à droite de l’entrée, une banquette est limitée par des blocs de chant (fig. 205).

207

IV.5.9.3. Socle / support en pierre A La Déidière à Pierrefeu - du - Var un bloc long de 0,70 m sur 0,20 m de large et de hauteur, est posé de chant, parallèlement au mur à droite de la porte (fig. 194).

N

0

1m

Fig. 206. Tourves, Saint Probace

208

A Saint - Probace à Tourves une élévation du substrat calcaire régularisé, longue de 0,70 m, large de 0,60 m et haute de 0,10 m, perpendiculaire à un mur, forme un réduit dans l’angle de la pièce à gauche de la porte (fig. 206). Ces deux structures devaient servir de support à une étagère en bois, l’autre extrémité s’appuyant contre un mur. Des dalles de pierres posées à plat dans le sol peuvent correspondre à des supports de récipients : une dalle près d’une banquette à l’Apié de Raybaud aux Arcs et une autre dans une pièce mitoyenne ; trois dalles dans un angle de pièce à Saint - Probace à Tourves qui ont dû servir de socle à sept doliums qui y ont été découverts brisés (fig. 206) ; des pierres à plat au Fort à Taradeau dans les maisons 4, 27 et 31 ; deux blocs posés à plat dans une pièce à La Cabredor aux Arcs. De grands récipients de réserve, qui ne sont pas disposés dans des fosses de calage, sont placés sur le sol : un dolium dans un angle au Castelard aux Arcs et au Fort à Taradeau, un de 245 litres dans la pièce 27, ainsi qu’une amphore décolletée dans la pièce 21. Il semble que le stockage aérien des produits agricoles soit ainsi privilégié au sein des pièces aux dépens des structures enterrées. IV.5.9.4. Les fosses Sur les sites de hauteur aucun silo de stockage n’est connu, les réserves semblent se faire dans des contenants aériens, à l’exception, d’un dolium enterré dans une fosse dans une maison appuyée contre l’enceinte de Méren Sud au Cannet - des - Maures. IV.5.9.5. L’éclairage Aucun vestige ayant pu servir à l’éclairage, tant des lampes au suif de bœuf ou de mouton, que des torches à poix, n’a été découvert.

209

IV.5.10. Destination des pièces Les signes de différenciation sociale dans l’habitat sont absents. Il n’y a pas d’éléments architecturaux sortant de la normale qui permettent d’identifier un habitat privilégié aristocratique. Au Camp Aurélien / Clos d’Aureillan à Cuers, des bases de murs d’une construction isolée en grand appareil régulier, d’au moins 5 m de long sur 1,10 m de largeur conservée, sont visibles en bord de falaise. Dans le centre de l’oppidum de La Barre de Saint - Quinis à Camps la - Source, deux angles de maisons sont en blocs cyclopéens plantés de chant sur une rangée (1,45 m X 1,40 m X 0,40 m et 1,65 m X 0,80 m X 0,27 m). Ces techniques utilisées qui contrastent avec le type de construction rencontrée habituellement, pourraient traduire l’habitat plus luxueux d’un édile. Il n’y a pas de signe ostentatoire de richesse, si ce n’est que certaines pièces sont de plus grandes dimensions et que d’autres pouvaient posséder des décors en matériaux périssables, par exemple des boiseries, aujourd’hui disparues. L’appartenance à l’aristocratie a dû se traduire, autrement que par l’architecture, au travers de biens de consommation dont le vin, ou par des détails vestimentaires et des parures non durables ou encore par des objets métalliques dont on peut retrouver certains dans les sépultures Les pièces correspondent dans leur majorité à des lieux de vie, à des habitations. La présence fréquente dans les maisons de meules difficiles à déplacer, rend compte des activités domestiques de mouture des céréales. Les lieux de vie étaient partagés avec le stockage des denrées alimentaires à visée domestique. En témoignent la présence dans les pièces de banquettes supportant les récipients (L’Apié de Raybaud, La Cabredor et La Roquette aux Arcs), de supports d’étagères (La Dédière à Pierrefeu ; Saint Probace à Tourves), de grands récipients de réserve (Le Castelard aux Arcs ; Saint - Probace à Tourves) et de dolium enterré (Méren Sud). La séparation de la vie domestique de celle liée à des activités artisanales de production et de stockage apparaît à la fin de l’âge du Fer, dans un site de plaine ouvert, à Saint - Martin à Taradeau, où huilerie et forge sont indépendantes de l’habitat à la fin IIe - début du Ier s. av. n.è. 210

Des traces de métallurgie hors de toute structure, caractérisées par des loupes en fer ont été découvertes : une au Castelas et une associée à des scories à Val - Longue à Cotignac (Bérato, Michel 2011, 71 - 73) et trois à la Tête du Baou à Mazaugues. IV.5.11. Les ressources en eau potable Il ne semble pas que l’approvisionnement en eau ait été la préoccupation primordiale lors du choix de l’emplacement de l’oppidum, ceci était d’ailleurs encore vrai pour certains villages perchés du Var lors des temps modernes (Livet 1962, 208 - 210). C’est en contrebas de l’enceinte que les habitants trouvaient l’eau de boisson, dans des puits, des sources en pied ou à flanc de colline et dans des cours d’eau, accessibles à moins de trente minutes de marche. Collefrat 1 à Ampus, domine une petite dépression où coule la source dénommée Font du Pommier (CAG 83 / 1, 208) ; La Cabredor aux Les Arcs, IIe / première moitié Ier s. av. n.è., à 50 m en contrebas à l’est, une source pérenne au fond d’un petit talweg (Bérato, Dugas et al.1990, 22 - 28) ; Le Bron à Carnoules, occupé durant tout l’âge du Fer, une source pérenne sur le flanc nord - ouest de la colline (Bérato 2002) ; Le Montjean à Cavalaire - sur - Mer / La Môle, début de l’âge du Fer,

Fig. 207. Ollioules, la Courtine, citerne - puits

211

Fig. 208. Solliès - Toucas, Saint Hubert - Morière, la Tourne, source

source en contrebas, à l’est (Wallon 1967) ; Basson à Correns, oppidum occupé du début à la fin de l’âge du Fer, avec une source en piedmont ; Le Camp Aurélien à Cuers, la rivière de La Foux coule en contrebas à 800 m vers l’ouest ; Le Puits du Val d’Aren à Evenos, IIe s. av. n.è., le puits, assez étroit de 0,75 m, profond de 5 à 6 m, était en relation avec l’oppidum du Mont - Garou (Martina - Fieschi 1994, 66, n° 40) ; Le Barban à Fréjus, oppidum du IIe - Ier s. av. n.è., proche de la source des Rosiers (Gébara et al. 1996 - 1997, 201 - 204.) ; Le Rocher de la Fille d’Isnard / Dina au Muy, début de l’âge du Fer - milieu de l’âge du Fer, une source en contrebas au nord - est (CAG 83 / 2, 530) ; Sainte - Croix à Nans les - Pins, IIIe - fin âge du Fer, domine la source de l’Huveaune à l’ouest (CAG 83 / 2, 537) ; La Courtine à Ollioules, deux puits pérennes dans l’enceinte, dont un d’environ 2,50 m de diamètre (fig. 207) (Martina Fieschi 1994, 82 - 83, site n° 54 ; Bérato et al. 1996 ; Bérato et al. 1997) ; 212

San Peyre au Plan - de - la - Tour, tout l’âge du Fer, une source à 500 m au nord (CAG 83 / 2, 564) ; Thèmes Est à Rocbaron, début de l’âge du Fer, au centre du plateau une doline comporte une source et un étang qui a été vidé au moyen Age (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 124) ; Vallon du Garou à Sanary - sur - Mer, source à 200 m dans le vallon menant à l’oppidum du Mont - Garou (CAG 83 / 2, 705) ; Château - Panier à Signes, oppidum du début de l’âge du Fer puis du IIe - troisième quart Ier s. av. n.è., deux sources à 200 / 300 m (Martina - Fieschi 1994, 14 - 16) ; Saint - Hubert / La Tourne à Solliès - Toucas, occupé durant tout l’âge du Fer, en contrebas à l’ouest, source pérenne de la Tourne (fig. 208) (Bérato et al. 1995, n° 148, CD) ; Paracol au Val, oppidum de l’âge du Fer, une source dite de Font - Féraud en piedmont (CAG 83 / 2, 847). La conservation de l’eau collective On connaît seulement trois citernes. Au Collet - Redon / La Bouverie à Roquebrune - sur - Argens, une citerne était creusée à l’intérieur de l’enceinte interne (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 13). A La Tour de Cauvin au Plan d’Aups une citerne cylindrique, qui pourrait être d’origine protohistorique, est réutilisée au moyen Age. A la Courtine à Ollioules creusé dans la couche de basaltique, un large puits devait aussi recueillir l’eau de ruissellement (fig. 207). L’emmagasinement de l’eau au niveau de la cellule de vie

Fig. 209. Le Cannet - des - Maures, Recoux, maison avec silo

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Elle est stockée vraisemblablement dans de grands récipients en céramique modelée ou dans des amphores réemployées. Le toit plat à une seule pente devait faciliter le recueil de l’eau de pluie. A Recoux au Cannet - des - Maures à l’intérieur d’une maison près d’un mur, une fosse rectangulaire (fig. 209) longue de 0,70 m, large de 0,50 m et profonde de 0,30 m creusée dans la roche imperméable, pourrait correspondre à une réserve d’eau d’environ 1 m3. IV.5.12. La gestion des eaux de ruissellement Un plan prévoyant l’élimination des eaux de ruissellement, dont des chantepleures traversant le mur d’enceinte, est prévu sur certains oppidums avant leur construction. A La Cabredor aux Arcs, au IIe s. av. n. è., des espaces vides larges de 0,30 / 0,60 m sont réservés pour l’écoulement des eaux entre deux îlots de maisons juxtaposées et étagées dans le sens de la pente et entre les maisons d’une même rangée (fig. 176). A La Courtine à Ollioules, dès le IVe s. av n.è. des caniveaux conduisent l’eau de ruissellement à une chantepleure passant sous l’enceinte du IVe s. av. n. è. (fig. 172). Aucune structure, par exemple un sol caladé, permettant de recueillir et d’acheminer l’eau de ruissellement vers des conteneurs enterrés, n’a été retrouvée. IV.5.13. Les espaces publics Des espaces vides, se rencontrent rarement, sans que l’on puisse en déterminer leur destination. On ne retrouve pas d’élément architectonique exprimant de façon ostentatoire le pouvoir politique ou les pratiques religieuses. A l’Aire des Masques à Carcès, dans la deuxième enceinte construite secondairement, un large replat artificiel n’est occupé par aucun vestige construit. Au Rocher de Palay à Roquebrune - sur - Argens, de larges aires ouvertes s’intercalent entre les maisons. Au Fort à Taradeau, hormis la rangée des maisons périphériques adossée à l’enceinte et de deux maisons mitoyennes par leur long côté construites au centre du site, la majorité des 9500 m2 enclos, est vide de toute autre construction. L’espace public, si on peut ainsi considérer la lice qui court à l’intérieur de l’enceinte, n’est pas toujours respecté. Des foyers domestiques peuvent l’occuper et l’espace libre peut même disparaître à l’occasion de l’expansion d’une maison (Le Castelard aux Arcs). 214

V Interprétation et chronologie de l’habitat groupé et fortifié de hauteur

V.1. Motivations pour le regroupement en hauteur de l’habitat et l’élaboration des structures défensives La décision de se percher et de se fortifier est une démarche volontaire de la part de la communauté qui va s’installer, mais une réponse simple et unique ne peut en expliquer les motivations. L’habitat groupé et fortifié de hauteur n’existe pas au Bronze final dans le Var. Son apparition au début de l’âge du Fer correspond à un fait de société. De profondes modifications touchent alors la communauté indigène qui se hiérarchise, avec la conquête du pouvoir par une élite, dont le dirigisme sera apte à penser, rationaliser des opérations publiques, comme la construction et l’entretien de l’enceinte et des ouvrages de fortification. Cette installation est inséparable de l’appropriation d’un territoire environnant indispensable à la survie vivrière de la population. Elle peut alors consolider son emprise sur le terrain environnant conquis. Ce sont des entités communautaires, des territoires qui se créent ainsi et qui veulent affirmer leur indépendance en faisant l’effort de s’identifier et de se magnifier par une enceinte. La classe dirigeante en s’enrichissant regroupe les ressources dans un même lieu et permet de faciliter les échanges.

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Le facteur démographique joue indiscutablement. La population doit être suffisamment nombreuse pour supporter la contrainte de la construction. Dans les îles d’Hyères, en particulier à Porquerolles, il n’y a pas d’habitat groupé et fortifié, car la communauté sédentaire insulaire devait être réduite et la mer était considérée comme une défense naturelle. Le rôle de l’enceinte est doublement structurant. D’une part il s’agit d’une barrière concrète et d’un moyen physique de contrôle, d’autre part la fortification matérialise aussi une idée abstraite affirmant et donnant une consistance symbolique à la puissance de la communauté et / ou au pouvoir de sa classe dirigeante. Elle peut aussi revêtir une signification cultuelle. Les populations autochtones étaient turbulentes et belliqueuses et des communautés voisines devaient s’opposer parfois violemment. Chez les Celtes de Narbonnaise, les Salyens, « les hommes sont plutôt guerriers » (Strabon, Géographie, IV, 1, 2). Les « Massaliotes… avaient fondé toutes ces places fortes (Olbia et Tauroeis) pour se défendre contre les barbares de l’intérieur » (Strabon, Géographie, IV, 1, 9). «  Les  Salyens  …exerçaient  leur  brigandage  sur  terre  et  sur mer » (Strabon, Géographie, IV, 6,3). En réponse au sentiment d’insécurité, une organisation concrète et défensive de la communauté met à l’abri les habitants dans une clôture collective. L’ensemble de l’enceinte avec ses divers ouvrages fortifiés qui sont faits pour être vus de l’extérieur, a donc une utilité militaire, une valeur stratégique. Sa puissance avait aussi un rôle de dissuasion, d’intimidation en diminuant l’ardeur d’éventuels assaillants (Ducrey 1982). Les techniques de construction sont maîtrisées, mais ces règles de la poliorcétique s’adaptent au seul monde indigène. Malgré leur aspect imposant, ces fortifications sont inadaptées au monde militaire grec et romain. 216

L’enceinte protège donc, mais sépare aussi les communautés. Elle accompagne l’appropriation d’un territoire par la construction d’une structure collective. Chacun des lieux fortifiés assure la protection des indigènes résidant dans un territoire plus ou moins bien défini ou participe à un plus large maillage défensif. L’enceinte délimite aussi l’espace entre le milieu urbain doté de propriétés particulières et le milieu extérieur rustique. L’habitat fortifié n’est pas représentatif de l’ensemble de la population. Certaines communautés, vivent en effet dans des habitats ouverts et dispersés et devaient pouvoir se réfugier en urgence dans un ensemble fortifié proche. L’enceinte, qui délimite un espace collectif, introduit à travers la notion d’une défense armée, l’idée de communauté soumise à une organisation sociale hiérarchisée. Pour sa construction elle a justifié une organisation et des contraintes communautaires complexes. Sa mise en place est un geste politique fort. L’enceinte, structure emblématique pérenne façonne le paysage et sa représentation symbolise dans l’imaginaire social, l’ordre et le pouvoir. L’enceinte traduit ainsi une des manifestations des relations sociales. Elle suggère une masse de travail, un engagement collectif non seulement pour sa construction mais aussi pour l’entretien ultérieur des ouvrages défensifs. Pour répondre ensuite au besoin de défense, la communauté doit aussi prévoir l’établissement de corvées, l’organisation du guet, la surveillance de l’enceinte et de la porte. Cette dernière, qui est le lieu de passage obligé, régule la vie quotidienne collective tant en ce qui concerne les hommes que le cheptel et les marchandisess. Son rôle de contrôle est ainsi de ce fait aussi économique. Elle est une protection des biens accumulés par la classe dirigeante. La vie groupée dans l’enceinte impose des contraintes qui supposent un pouvoir d’encadrement social et de décision. L’enceinte est aussi un symbole cultuel. Son tracé devait suivre un rituel de fondation et matérialise le « pomerium », qui délimite un espace consacré. Ceci est d’autant plus vrai, si des ascendants ont déjà vécu sur les lieux. Elle matérialise l’ancienneté de la communauté et la place sous la protection des ancêtres. 217

A La Courtine à Ollioules du matériel du début de l’âge du Fer est présent, mais la première enceinte est du IVe s. av. n. è. Au Fort à Taradeau une occupation ouverte du IIIe - IIe s. av. n. è. précède la création de l’enceinte. Cet engagement communautaire sous - entend une coordination par des dirigeants plutôt qu’un engagement collectif volontaire de tous les habitants. La société a dû être structurée par une élite indigène représentant une autorité hiérarchique. La création d’une enceinte, en devenant un obstacle à la libre circulation des hommes et des marchandises, dénote l’impuissance ou du moins la difficulté pour une autorité à maîtriser un groupe humain. Le regroupement dans un lieu spécifique nécessaire à son fonctionnement, l’oppidum, suggère ainsi une société hiérarchisée avec un pouvoir centralisateur puissant et astreignant. Le coût humain du travail nécessaire à l’édification des fortifications qui est prélevé sur l’activité vivrière, la mobilisation du volume de pierres nécessaires aux ouvrages, la construction des murs en des lieux escarpés et dangereux, le manque d’eau, nécessitaient une surveillance contraignante, arguments d’une hiérarchie, évoquée par ailleurs par les sépultures richement garnies d’objets que l’on rattache à des chefs, alors qu’aucune découverte de constructions luxueuses ou d’objets exceptionnels, ne viennent l’illustrer dans les habitats. L’habitat groupé et fortifié semble avoir été le siège du pouvoir politique et économique où se concentrent les richesses, bien qu’archéologiquement on ne puisse formellement l’identifier. La création d’un habitat fortifié doit enfin correspondre à une poussée démographique et / ou à l’arrivée d’une population importante qu’il va falloir maîtriser. Aux Clapouires / Englugi à Ampus ou à Saint Hubert à Solliès - Ville la superficie enclose dans les avant - murs, respectivement de 57 600 m2 et 370 000 m2, peut se justifier par la volonté d’accueillir des populations en offrant un large espace protégé. 218

Autre exemple de site refuge, l’oppidum du Fort à Taradeau au er I s. av. n. è. qui a une superficie enclose de seulement 9500 m2, mais

dont l’organisation spatiale, avec un habitat permanent construit en périphérie contre l’enceinte et un espace central vide, permet d’accueillir ponctuellement des personnes supplémentaires (Congès 1993).

Ces considérations ne doivent pas masquer les inconvénients entraînés par l’habitat perché sur l’exécution des travaux quotidiens, en particulier agricoles. La pénibilité de la vie devait en être amplifiée. Il fallait descendre sur les terres cultivables en contrebas et remonter. Rentrer vraisemblablement sur des bâts les récoltes pour les abriter dans l’habitat. L’aménagement de chemins accessibles à des chariots nous échappe encore. Les ressources en eau étant le plus fréquemment à l’extérieur de l’enceinte et en contrebas, faire boire le bétail et accéder à l’eau potable quotidienne des individus, même si elle était réduite à l’époque par rapport à nos besoins actuels, étaient malaisés. V.2. Datation des habitats groupés et fortifiés de hauteur V.2.1. Généralités Les sites fouillés ne l’ont jamais été de façon exhaustive. La majorité n’a été l’objet que de prospections. La rareté des éléments déterminants et la disparité des documents n’autorisent souvent que des datations assez lâches, avec des durées d’occupation réelle difficiles à appréhender. L’état de conservation des ouvrages n’est pas un argument dans la détermination de leur datation. L’inventaire a été établi en fonction de trois larges périodes d’occupation qui ont été définies plus haut au chapitre I.4. L’occupation a pu être permanente et continue durant tout l’âge du Fer, ou temporaire et ne concerner qu’une ou deux périodes, avec ou sans des discontinuités entre elles. Seulement cent trente et un oppidums ont pu être datés, mais en raison de l’étalement de l’occupation d’un même site sur plusieurs périodes, les phases d’occupation sont plus nombreuses, deux cent trente - quatre. 219

V.2.2. Datation des structures architecturales défensives On sait que la technique de construction en pierres sèches est bien maîtrisée par les populations autochtones du midi méditerranéen. L’habitat ceinturé par une enceinte simple constituée d’un mur à parement intérieur et extérieur est déjà connu dans le midi méditerranéen dès le Chasséen, puis au Chalcolithique et à l’âge du Bronze au Camp de Laure, Le Rove, Bouches - du - Rhône (D’Anna, Gutherz 1985, 7 - 9). Au Baou - Roux à Bouc - Bel - Air, Bouches - du - Rhône, un mur de soutènement est construit en bordure du plateau au Bronze final 3b (Rothé, Tréziny 2005, 124). A Saint - Blaise, Saint - Mitre - les - Remparts, Bouches - du Rhône, la première enceinte archaïque de l’habitat indigène est datée de la seconde moitié du VIIe s. av. n. è. (Gateau 1996, 289 et 296). Le premier état de l’enceinte de la Bourse à Marseille est de la fin du VIe s. av. n. è. (Rothé, Tréziny 2005, 535). La première enceinte en contexte indigène du bassin de Marseille apparaît au Baou de Saint - Marcel vers 560 / 540 av. n. è. (Rothé, Tréziny 2005, 701). Les Mayans à Septèmes - les - Vallons possède une enceinte confortée par huit tours quadrangulaire pleines datée de la fin du VIe - début Ve s. av. n. è. (Rothé, Tresiny 205, 569 - 570). Douze tours renforcent l’enceinte du Grand Clapier à Céreste, Alpes - de - Haute Provence datée du VIe - Ve s. av. n. è. (Boissinot, Peyric 2009). Le regroupement des communautés en des lieux perchés et fortifiés est caractéristique du premier âge du Fer dans le Var, ce phénomène n’y étant pas connu lors du Bronze final III. L’apparition des ouvrages architecturaux défensifs est précoce dans le VIIe s. av. n. è. Leur diffusion est rapide et extensive dans tout le territoire, en particulier dans l’hinterland varois. Cette évolution technologique ne naît pas spontanément, mais d’une volonté initiatrice en réponse aux changements sociaux autochtones, qui s’accompagne 220

concomitamment d’une évolution du faciès de la céramique modelée autochtone, dont la typologie n’emprunte pas à la céramique d’importation. Il s’agit d’une dynamique propre au monde indigène, qui est indépendante et antérieure à toute influence véhiculée par Marseille. La cité phocéenne en plein démarrage économique après sa création, n’aurait pas eu les moyens humains et technologiques pour diffuser aussi rapidement et extensivement un tel modèle. Par ailleurs les marseillais qui pratiquaient dans le Var un commerce maritime et non terrestre, ne semblent avoir été qu’exceptionnellement présents physiquement dans l’hinterland. La présence exclusive de céramique modelée dans les premières phases d’occupation au tout premier âge du Fer de Thèmes Est à Besse - sur - Issole et de Baudouvin - la - Bigoye à La Valette (Arnaud et al. 1986) atteste que la création de ces habitats est antérieure à tout contact avec Marseille. A Baudouvin - la - Bigoye la construction de la seconde enceinte est accompagnée de produits importés du VIe s. av. n. è. Cette présence s’explique par le dynamisme des autochtones qui structurés et regroupés ont pu produire des biens échangeables, en particulier des surplus agricoles. La porte à recouvrement est un ouvrage qui apparaît aussi comme une initiative indigène. Elle est bien représentée en Grèce de la période mycénienne à l’époque hellénistique, mais ces modèles semblent cependant géographiquement bien lointains pour servir de comparaison. Notons la porte nord de Mycènes (Adam 1982, 77) ; Mantinée en Arcadie, vers 370 av. n. è. (Adam 1982, 83, fig. 45 et 46) ; Xanthos en Lycie, fin IVe - début IIIe s. av. n. è. (Adam, 1982, 241 - 243) et Stymphale en Arcadie (Adam 1982, 62, 64 et 78). Des exemples plus proches de nous sont connus. Une porte est contrôlée par un bastion quadrangulaire au 221

Garlaban à Aubagne au début de l’âge du Fer (Rothé, Tréziny 2006, 761). Une porte est protégée par deux tours latérales au Tonneau à Belcodène, où a été trouvé de l’amphore étrusque (Mocci, Nin 2006, 510, 691). Une porte à recouvrement au Baou de l’Agache à Belcodène est associée à du matériel du VIe - Ve s. av. n. è. (Mocci, Nin 2006, 508 - 509). Une porte longue de 2 m et large de 1,06 m est présente aux Fourques à Châteauneuf - les - Martigues au IIe - Ier s. av. n. è. (Gateau 2006, 162). A Coudouneu à Lançon, l’entrée de la deuxième moitié du e V s. av. n. è. peut être assimilée à une porte à recouvrement (Gateau 2006, 210). Dans l’Ile de Martigues, une porte dans le village primitif est antérieure à la fin du Ve s. av. n. è. (Chausserie - Laprée, Nin 1990, 36 à 38 et 128 - 129, note 1). A la Tête de l’Ost à Mimet, la porte datée du IIe s. av. n. è. mesure 4,20 m de largeur sur 6 m de longueur (Roth - Congès 1985, 125 - 128 ; Mocci, Nin 2006, 597). Sont aussi signalées une porte au Mitronet / Peiroulas à Puyloubier (Mocci, Nin 2006, 615), une poterne à recouvrement du Ve s. av. n. è. à Saint - Blaise à Sainte - Mître - les - Remparts (Gateau 1996, 290) ; une porte à recouvrement réduite lors de l’occupation à 1,20 / 1,50 m aux Mayans, à Septèmes (Rothé, Tréziny 2005, 869), une porte à recouvrement à L’Infernet au Tholonet (Mocci, Nin 2006, 685) ; une porte à recouvrement large de 2,80 m du Ve s. av. n. è. au Pas de la Couelle à Trets (Mocci, Nin 2006, 691) et au Mont Olympe à Trets, une porte à recouvrement du VIe Ve s. av. n. è. sur l’enceinte interne large de 2,80 m et une autre du IIe - Ier s. av. n. è. sur l’enceinte externe large de 3 m environ. 222

La carte archéologique des Alpilles et de la Montagnette ne mentionne pas de porte à recouvrement (Gateau, Gazenbeek 1999). Les modalités de construction des structures défensives sont assez stéréotypées et seront d’une grande stabilité durant tout l’âge du Fer. Les caractéristiques générales n’évolueront pas lorsque les échanges, les contacts avec Marseille, seront plus développés. A la fin de l’âge du Fer l’utilisation de la terre crue pour les élévations de certaines enceintes et les tours creuses sont des techniques à mettre toutefois en relation avec une influence extérieure, peut - être liée au retour au pays de mercenaires celto - ligures. V.2.3. Datation des techniques de construction des habitations L’évolution des techniques de construction de l’habitat est concomitante de celle rencontrée ailleurs en Provence (Arcelin 1989, 64 - 74). Les constructions en matériaux périssables, héritage de l’âge du Bronze final 3, disparaissent dans le courant du VIe s. av. n. è. Les élévations des murs sur des solins en pierre apparaissent fin VIe - début Ve s. av. n. è., dès le début des importations massaliètes (Baudouvin - la - Bigoye à La Valette). Les murs peuvent être porteurs en argile crue, en clayonnage enduit de torchis ou le toit reposer sur des poteaux. L’adobe, la brique en argile crue est adoptée dans des murs de maisons après le milieu du Ve s. av. n. è. (Mont - Garou à Sanary - sur - Mer : Arcelin, Arcelin - Pradelle, Gasco 1982, 122). L’inventaire de structures bien datées est limité et bien que souvent la destruction des phases antérieures lors des réaménagements rende difficile leur interprétation, il existe une grande stabilité dans la construction des habitations et dans leur organisation. 223

Les caractéristiques générales de l’organisation interne des habitations, restent traditionnelles et sont stables durant tout l’âge du Fer. La pièce unique demeure exclusive jusqu’à la fin de l’âge du Fer. Quelques unités de vie avec plusieurs pièces communicantes apparaissent au Ier s. av. n. è. (Le Fort à Taradeau). Le mortier de chaux et les éléments de construction en terre cuite dont les tuiles n’apparaîtront pas avant le dernier quart du Ier s. av. n. è. V.3. Evolution de l’habitat groupé et fortifié de hauteur Des changements marquent l’habitat fortifié lors de son évolution. La construction en torchis sur clayonnage est sensible au feu et il n’est pas étonnant de découvrir des vestiges d’incendie circonscrits à une maison ou touchant plus largement l’habitat et pouvant éventuellement expliquer son abandon partiel ou total. A Val - Longue à Cotignac l’abondance du torchis sur clayonnage brûlé montrent à l’évidence que le site a été détruit par un incendie au début de l’âge du Fer. Il en est de même aux Planettes 3 au Muy. A Saint - Estève à Evenos dans une maison de la fin du IIe s. av. n. è. la présence de cendres et de nombreuses grosses branches carbonisées effondrées sur la couche d’occupation traduit un incendie localisé (Brun 1977, 216). A La Courtine à Ollioules dans la couche de destruction des maisons lors la dernière phase d’occupation, on retrouve des cendres et de nombreux charbons de bois, en particulier dans la « maison des fileuses », où de gros fragments de bois carbonisés sont mêlés à des clous et à des anneaux en fer. L’abandon du site est vraisemblablement lié à un incendie et peut être lié à un fait de guerre. Ont en effet été retrouvés à l’intérieur et à l’extérieur de l’enceinte sous les éboulis, des boulets de 0,15 m de diamètre et de 3,810 kilos en porphyre, en grès, mais aucun en basalte (matériau du substratum local), une dizaine de balles de fronde en plomb en forme d’olive, des projectiles en pierre de 0,08 m à 0,10 m de diamètre, ainsi que de l’armement dont une extrémité de fer 224

de catapulte de 0,13 m de longueur, deux pointes de flèche en fer dont une foliacée. Au Rocher de Palay à Roquebrune - sur - Argens un incendie détruit l’habitat au IIIe s. av. n. è. et on retrouve le torchis sur clayonnage brûlé ou fondu des maisons dans les remblais lors de la réoccupation. A La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer la charpente d’une pièce dont les murs sont en argile crue et comportant un poteau calé dans le sol dallé, a été retrouvée calcinée à la suite d’un incendie. Au Mont - Garou à Sanary - sur - Mer des maisons ont brûlé de façon isolée (maison 17, fin VIIe - début VIe av. n. è. et maison 16, en 520 - 480 av. n. è.) et des traces importantes d’incendie précèdent une phase d’abandon dans la première moitié du IVe s. av. n. è. Un agrandissement de la surface habitable justifie la création d’une nouvelle enceinte. La surface habitable passe à 21 000 m2 à 50 000 m2 au Castelas à Solliès - Toucas et de 10 000 à 60 000 m2 à La Courtine à Ollioules. Les Faraches à Solliès - Ville passe de 900 m2 à 5000 m2. L’habitat peut s’implanter hors de l’enceinte sans moyens de protection. L’enceinte n’est pas modifiée mais la réorganisation interne ne reprend pas le schéma primitif. Sous de nouvelles habitations on retrouve des traces désorganisées des constructions précédentes (Bron à Carnoules, Bérato 1992). L’extension d’une pièce peut se faire aux dépens de l’espace libre entre l’enceinte et la construction antérieure, ainsi au Castelar aux Arcs (fig. 168) (Bérato, Borréani, Dugas 1991). A La Courtine l’emprise globale d’un îlot d’habitation ne bouge pas, alors que de nombreux et successifs remaniements modifient la morphologie et l’organisation interne des pièces (Bérato et al. 1996). Au Fort de Taradeau l’obturation d’une porte de l’enceinte s’accompagne de l’appropriation de l’espace de circulation interne par des 225

pièces avec remodelage des constructions adjacentes (Brun et al. 1993). Les raisons de l’abandon d’un habitat groupé et fortifié de hauteur restent le plus souvent inexpliquées. La fin de l’occupation de l’oppidum de Costebelle à Hyères coïncide avec la création massaliète d’Olbia. Le castrum du Fenouillet à Hyères est abandonné lui aussi au milieu de l’âge du Fer. La justification de ces deux abandons est peut - être liée à des raisons de sécurité de la part des grecs, qui expulsent les indigènes pour créer une zone tampon autour de leur comptoir. L’abandon peut être lié à un déficit démographique qui peut s’exprimer par la faible superficie de l’enceinte. La disparition des petits oppidums des Planettes 1 et de La Croix Bœuf au Muy peut être liée à un manque de ressources vivrières ou suivre l’absorption de leur population par le proche Rocher de Roquebrune au début de l’âge du Fer. La disparition vers le troisième - quatrième quart du Ier s. av. n. è. de la majorité des oppidums du Var est en relation avec l’acculturation des autochtones à l’influence romaine.

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VI L’habitat ouvert à l’âge du Fer

VI.1. Généralités Les travaux agricoles ont favorisé la connaissance de l’habitat protohistorique et ont facilité l’identification des caractéristiques architecturales des établissements ruraux ouverts. Par contre déterminer l’activité et la nature des établissements, qualifier des catégories fonctionnelles est rendu plus complexe, même si on peut bénéficier de l’aide de la conservation partielle du bâti, des vestiges de matériaux de construction périssables tel le torchis, des objets de la vie quotidienne dont le matériel céramique et métallique, les meules ou l’outillage, de la faune ou encore des résultats des sciences de l’environnement. Les liens entre les différents habitats et leur éventuelle hiérarchisation ne sont pas évidents. On ne sait si la dispersion sur les terres d’exploitation de l’habitat ouvert est libre ou dirigée. Il est difficile de trancher entre fermes autonomes modestes, annexes agricoles et dépendances d’habitats ouverts plus importants ou d’habitats groupés et fortifiés de hauteur. Il doit exister une série de catégories fonctionnelles dont les caractéristiques et la chronologie nous échappe, du simple bâtiment d’exploitation à la grande et riche demeure rurale, éventuellement aristocratique, si elle est présente dans le Var. L’agencement des habitations est malaisé à définir du fait de la mauvaise conservation du bâti et de l’organisation interne de l’habitat. On peut toutefois envisager structurellement des unités domestiques 227

autonomes, lorsque chaque pièce dispose d’un foyer et éventuellement de meules. La notion du statut social des occupants est malaisée à idenifier, car les éventuels vestiges qualifiants sont absents. Pour un grand nombre de sites, nous n’avons pu caractériser le type de l’occupation, peut - être parce qu’elle n’a été que ponctuelle et / ou brève. Les documents n’étant de ce fait pas toujours probants, nous n’avons pas retenu un nombre important de découvertes. Nous qualifions d’habitat ouvert isolé, celui dont les structures correspondent à une unité de vie et qui apparaît actuellement comme isolé. Rappelons que l’examen des vestiges n’étant jamais exhaustif, il pourrait s’agir aussi d’un site plus étendu ou correspondre à une unité de vie d’un habitat groupé ouvert. L’habitat groupé est la juxtaposition dans l’espace de plusieurs unités de vie indépendantes contemporaines, qu’elles soient mitoyennes ou séparées par des zones vides plus ou moins grandes. Leur détermination est facilitée lors de fouilles extensives. Pour les prospections l’hypothèse se fonde sur l’étendue de la dispersion du mobilier et sur sa qualité, ainsi que sur des concentrations de matériel séparées parfois par des espaces vides ou de moindre densité de mobilier. Dans tous les cas l’identification et l’évaluation des superficies sont à prendre avec de grandes réserves. La dynamique agraire n’a jamais fait l’objet d’études dans le Var. On dénombre pour toute la période de l’âge du Fer six cent quatre - vingt - douze sites ouverts : cent quarante - trois au premier âge du Fer, soixante - deux durant le milieu de l’âge du Fer et trois cent quarante - quatre durant la fin de l’âge du Fer. Dès le début de l’âge du Fer, les sites ouverts sont plus nombreux que les habitats groupés et fortifiés de hauteur, ce qui est une notion nouvelle pour le Var, où l’âge du Fer est resté longtemps celui de « la civilisation des oppidums ». L’écart est un peu moindre au milieu de l’âge du Fer. A la fin de l’âge du Fer le nombre des sites ouverts est très nettement supérieur à celui des habitats groupés et fortifiés de hauteur et l’ensemble des sites de cette période représente plus de la moitié des sites datés de l’âge du Fer. Une occupation sur un même lieu pouvant s’étendre sur plusieurs périodes, nous avons comptabilisé cinq cent quarante - neuf phases d’occupation, chiffre qui est donc plus élevé que celui des sites retenus. Il est impossible de dire comment sur le plan démographique se répartissent les populations concernées. 228

VI.2. Localisation de l’habitat ouvert en fonction du relief Les implantations se font sur tous les types de relief. La localisation sur une pente est la plus fréquente : deux cent quarante, soit 35 %. Avec les sites de sommet (quatre - vingt - trois / 12 %) et de plateau (quarante - trois / 6 %) ils représentent 56 % de l’ensemble. Les populations occupent donc les collines tant en habitats ouverts qu’en habitats groupés et fortifiés de hauteur. Les sites de plaine (cent quatre - vingtquinze / 28 %) et de piedmont (quatre - vingtneuf / 13%) sont en proportions moindres (deux cent quatre - vingtquatre sites, soit 44%), alors que classiquement ces implantations sont considérées comme les plus nombreuses. Le climat a joué un rôle important. Le début de l’âge du Fer est caractérisé par des paysages palustres et par de fortes pulsions torrentielles avec péjoration climatique fraîche et humide (Jorda, Provansal 1996, 166). A partir du IIIe s. av. n. è. et jusqu’à l’Antiquité tardive, les talwegs connaissent un apaisement hydrologique qui pourra permettre aux habitants de s’installer dans l’axe même des anciens écoulements (Provansal 1992, 22 et 25). Les habitats du premier âge du Fer, sont fréquemment implantés en limite de milieu palustre. Cette localisation est liée en partie aux ressources halieutiques et aux roseraies. Le Touar aux Arcs, habitat groupé d’au moins 10 000 m2 daté du début de l’âge du Fer, entoure en piedmont le tertre du Touar en bordure d’une zone palustre (Bérato, Magnin et al. 1989) ; Saint Etienne - du - Clocher à Carcès (Bérato, Thiant 2012), site étendu sur 40 000 m2 en limite de milieu palustre vers l’ouest, est occupé durant tout l’âge du Fer ; les Vaugreniers au Muy, site d’au moins 2 700 m2 du début de l’âge du Fer, est de formation géomorphologique de type humide, voire palustre, dans sa partie sud (Pellissier 2006, 171 - 172) ; la ZAC Garnier à Saint - Maximin - Sainte - Baume, au début de l’âge du Fer, est une occupation estivale de type pâturage d’un milieu palustre qui est inondé l’hiver ; au quartier Saint - Pierre à Signes, l’habitat se trouve à proximité d’un marécage du début de l’âge du Fer jusqu’à la 229

fin du Ier s. av. n. è. / début du Ier s. de n. è. (Martina - Fieschi 1994, 17 ; CAG 83 / 2, 720) ; à la fin du IIe - Ier s. av. n. è. du matériel est découvert à L’Etang 2 / 3 à Figanières, sur un hectare en bordure d’une petite dépression partiellement occupée par un marécage, qui peut encore se transformer en véritable étang lors de fortes pluies. Une occupation ouverte précède un habitat groupé et fortifié de hauteur. A La Courtine à Ollioules un habitat groupé et fortifié de hauteur succède au début du IVe s. av. n. è. au site ouvert du début de l’âge du Fer ; à La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer et à Château - Panier à Signes, au site ouvert du VIe - IVe s. av. n. è. succède, avec un hiatus, un habitat groupé et fortifié au IIe s. av. n. è. ; au Fort à Taradeau, un site ouvert du IIIe - IIe s. av. n. è. précède la construction de l’oppidum fin IIe s. av. n. è. ; à la Citadelle du Brusc à Six - Fours - les - Plages, une occupation indigène du début de l’âge du Fer au début du IVe s. av. n. è. précède la création par Marseille à la fin du IIIe av. n. è. du comptoir de Tauroeis / Tauroentum. Une fréquentation d’un habitat groupé et fortifié de hauteur peut se rencontrer postérieurement à son abandon. Sur le site fouillé de Baudouvin / La Bigoye, La Valette et à Val - Longue , Cotignac, après un long hiatus où l’habitat groupé et fortifié de hauteur du début de l’âge du Fer n’est plus occupé, la céramique campanienne A suggère une fréquentation non définissable au IIe - Ier s. av. n. è. VI.3. Superficie des sites ouverts L’estimation de la surface des sites ouverts est toujours approximative. Les structures d’habitation ne sont pas toujours fouillées de façon exhaustive et en l’absence de décapages extensifs pour la majorité d’entre elles, seule la surface du bâti est partiellement appréhendée et non pas l’assiette du domaine. Les structures agraires environnantes échappent à nos investigations. En prospections, l’évaluation de la superficie des sites est encore plus problématique. Les colluvions masquent les sites profondément enfouis. Les travaux agricoles 230

ou forestiers, les terrassements, les constructions, en particulier les lotissements, peuvent modifier par réduction ou dispersion la surface où sont présents des vestiges archéologiques. Le couvert végétal dense peut aussi interdire l’appréciation de l’étendue des vestiges. L’estimation des superficies demeure donc très aléatoire. Seule la superficie de 329 sites ouverts a pu être évaluée sur l’ensemble des 692, mais elle est pratiquement toujours sous - estimée. Les trois quarts des mesures sont en moyenne inférieures à 5000 m2. Au début de l’âge du Fer les superficies supérieures à 5000 m2 représentent 40 %. Au milieu de l’âge du Fer la proportion de superficies inférieures ou supérieures à 5000 m2 s’équilibre. A la fin de l’âge du Fer le pourcentage des superficies supérieures à 5000 m2 n’est plus que de 28 %. Les habitats groupés ont une superficie supérieure à celle des habitats isolés. Au premier âge du Fer les habitats groupés, tel le Touar aux Arcs, occupent de plus grandes superficies que ceux de la fin de l‘âge du Fer, dont le modèle d’occupation du type hameau à Taradeau au IIe - Ier s. av. n. è. est de moindre étendue. VI.4. Les formes de l’habitat VI.4.1. Généralités sur l’implantation spatiale de l’habitat Nous entendons sous le terme d’habitat groupé la juxtaposition dans l’espace de plusieurs unités de vie indépendantes, qu’elles soient mitoyennes ou séparées par des zones vides plus ou moins grandes. Leur détermination est facilitée lors de fouilles extensives. Pour les prospections l’hypothèse se fonde sur l’étendue de la dispersion du mobilier et sur sa qualité, ainsi que sur des concentrations de matériel séparées parfois par des espaces vides ou de moindre densité de mobilier. Dans tous ces cas l’identification et l’évaluation des superficies sont à prendre avec de grandes réserves. Le nombre moins important d’habitats isolés par rapport aux 231

habitats groupés inventoriés confirme leur fragilité et le fait qu’ils échappent plus facilement à nos investigations. Il n’y a pas un modèle unique de structuration dans la conception de l’implantation des unités de vie, bien que l’organisation spatiale ne soit perçue que partiellement, même pour l’habitat groupé. De même les éléments nécessaires à la reconstitution planimétrique des habitations sont aussi le plus souvent partiels. Une enceinte ou un fossé pour délimiter un habitat de plaine n’ont été qu’exceptionnellement utilisés. Sur le plateau des Escaravatiers à Puget - sur - Argens, occupé durant tout l’âge du Fer, deux enclos de 60 000 m2 sont révélés par la photo - interprétation sous la forme de deux fossés autour desquels s’organise un maillage pouvant matérialiser des voies, des limites de parcellaires, des fossés, mais sur le terrain, aucun vestige matériel ne vient confirmer cette observation. A Vaugrenier au Muy un fossé dégagé sur 10 m semble limiter l’habitat du début de l’âge du Fer et un autre en L ouvert, long de 74 m, est lié à des écoulements d’eau. Dans la vieille ville de Draguignan, associé à des fonds de maison du premier âge du Fer un fossé a été suivi sur 44 m. VI.4.2. Habitat ouvert isolé Ce type d’habitat est limité à un simple espace de vie. Il échappe facilement à l’investigation et de ce fait l’inventaire est réduit. L’habitat ouvert isolé au Premier âge du Fer se présente sous des formes variables. En prospection seul du matériel isolé peut signaler une maison, ainsi à Mouton - Gautier à Carcès, sont observables de la céramique grise monochrome et de la céramique modelée dont F3110. Une couche d’occupation isolée peut indiquer lors d’une fouille la présence d’une maison. A La Roquette aux Arcs, une couche de 2 m2 est en place avec du matériel sous la réoccupation de la fin de l’âge du Fer.

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Maison en matériaux périssables. Aux Toulons / La Vicairie à Rians, une maison comporte des trous de poteaux et des tranchées pour sablières en bois dans l’état 1 de la villa gallo - romaine (CAG 83 / 2, 598 - 599). Le Théron 1 au Cannet - des - Maures, au début de l’âge du Fer - début du IVe, puis dernier tiers IIe - Ier s. av. n. è., sur un coteau, en aval de sources, sur 1000 m2, un abondant mobilier et un foyer associé à un trou de poteau évocateur d’une maison (Amann 1968). Maison isolée et construite en dur. La base des murs est à parements en pierres. Elle est le plus souvent de forme quadrangulaire. Dans la Forêt de Colobrère aux Arcs à la fin de l’âge du Fer, elle mesure 12 m sur 5 m et a des murs en moellons montés à sec et conservés sur une assise (CAG 83 / 1, 212). Aux Tassys 1 à Evenos, l’angle nord - est d’une maison, constitué d’un mur en pierre sèche, est adjacent à un fond de silo / fosse à dolium de 1,30 m de diamètre, rempli de terre charbonneuse (Bonhomme, Ribot 1987, 91 - 93 ; Martina - Fieschi 1994, 63 - 64, fig. 17). Au Chemin d’Aix / les Fontaines à Saint - Maximin - la Sainte - Baume, un mur en pierres sèches est à proximité de traces d’un foyer avec charbons de bois, boulettes d’argile orange rubéfiées et nombreux fragments de céramique modelée qui peuvent évoquer un atelier de céramique modelée familial (Bérato et al. 1995 b, 120 - 121). Au Petit Bessillon 3 à Pontevès, une maison quadrangulaire de 11 m sur 14 m, aux murs à double parement épais de 0,90 m, conserve deux assises. A la fin de l’âge du Fer à La Bergerie / Le Clos du Dragon à Taradeau, du matériel céramique est épars (Bérato 1997 a, 12). Le site de Germain à Correns caractérisé par un abondant matériel en prospection du milieu de l’âge du Fer - fin Ier s. av. n. è. est situé en contrebas de l’habitat groupé et fortifié de Basson, occupé durant tout l’âge du Fer. A Par233

Fig. 210. Cavalaire, Pardigon 1, maison à solin de pierres et trou de poteau

digon 2 / Lei Boutigo à La Croix - Valmer (fig. 210), une maison à murs en pierres sèches avec trois trous de poteau correspondant à des piliers de bois supportant une charpente, a un sol en terre battue et un fragment de four à pain en terre cuite sur armature d’osier (CAG 83 / 1, 358 - 364). VI.4.3. Habitat ouvert et groupé en matériaux périssables L’habitat groupé aux maisons en matériaux périssables et sans plan directeur est encore présent au premier âge du Fer. Les maisons tiennent uniquement compte du relief et sont isolées les unes des autres par des espaces vides sans organisation évidente. Aucune trame de voirie n’est retrouvée, la circulation se fait dans les espaces laissés libres entre les unités domestiques. La pièce de vie est limitée par les pierres servant au calage des parois et / ou par des trous de poteaux. A l’intérieur le sol est recouvert par la couche d’occupation caractérisée par les rejets domestiques, les foyers et les fosses. On retrouve cet habitat au premier âge du Fer au Touar aux Arcs (Bérato, Magnin, Dugas 1990) ; à La Font de l’Hermitan / Roquefeuille à Pourrières (fig. 211) (Bérato, Borréani, Laurier 1994) ; à Vaugreniers au Muy (Pellissier 2006, 171 - 172 ; Pelissier 2008) et à Vaucron à 234

Fig. 211. Pourrières, la Font de l’Hermitage - Roquefeuille, maison 2

La Garde - Freinet, daté par de l’amphore étrusque, situé sur le sommet d’une terrasse soutenue par un mur à deux assises, qui comprend des maisons en torchis et adobe, un sol d’habitat s’appuyant contre un rocher et des objets cultuels dont des plaquettes percées en alliage cuivreux et des anneaux (CAG 83 / 1, 424). En piedmont en limite de milieu hydromorphe, au Chemin d’Aix et à la ZAC Garnier à Saint - Maximin, une occupation du premier âge du Fer s’étend de façon dense sur 10 000 m2. Sur des terrasses soutenues par des murs en pierres sèches, sont installées plusieurs unités d’habitations construites avec murs en matériaux périssables, sols, fours circulaires, foyers, galets rubéfiés, blocs de calcite, fosses de vidange charbonneuses, tranchées et trous de poteau (Martin et al. 2008). Ces aménagements sont en continuité avec la dense occupation de piedmont de tout l’âge du Fer, diagnostiquée ponctuellement sur plusieurs kilomètres en limite ouest de la plaine de Saint - Maximin (Bérato et al. 1995 b). A Saint - Pierre aux Arcs, un lambeau de sol et une base de foyer tous deux érodés, s’articulent avec une fosse et quelques alignements de trous de poteaux (Conche, Ortiz - Vidal 2007, 175 ; Conche, Richarté, Bracco 2008, 183). Ces vestiges groupés sont à une centaine de mètres de tombes à incinération du début de l’âge du Fer à Gros - Ped (Bérato, Dugas, Dutour 1991) et d’un ensemble de foyers à pierres chauffées aux Laurons (Dubesset et al. 2014). 235

Au Chemin des Contrebandiers à Pourrières (fig. 29 et 211), des fonds de maison en matériaux périssables sont alignés sur un kilomètre de longueur (Bérato, Borréani, Laurier 1994). Les trois sites Chemin Herbous (Brun et  al. 1999, 662), ZAC Garnier (Paone, Thomas 2005, 226), Chemin d’Aix 3 (Dufraigne, Martin, Sargiano 2004, 192) de Saint Maximin - la - Sainte - Baume sont dans la continuité de ceux qui forment une large bande occupée durant tout l’âge du Fer, de façon plus ou moins continue en piedmont, en marge sud et ouest du milieu marécageux de la plaine de Saint - Maximin - la - Sainte - Baume. En contrebas de l’oppidum contemporain de La Croix de Bérard, le Grand Loou - Le Sambuc à La Roquebrussanne, du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è., sur 200 m2 environ on rencontre des trous de poteau, neuf tranchées de logement de sablières en bois (trois rangées de trois), de nombreuses fosses dont une interprétée comme un grenier au plancher supporté par des poteaux de bois surmontant une fosse jouant le rôle de vide sanitaire. A la fin de l’âge du Fer à Saint - Pierre / Les Laurons 1 aux Arcs, sous la partie agricole d’une villa gallo - romaine, un habitat ouvert de plaine est caractérisé par des vestiges en creux (fig. 212). Deux rangées parallèles de trois et deux fosses allongées sont associées à d’autres vestiges disposés sans plan directeur ; deux fosses plus ou moins carrées reliées par une rigole ; deux fosses rectangulaires dont une aux parois rubéfiées contenait des cendres ; deux petites fosses oblongues ; deux trous de poteau. Ces aménagements ne sont pas tous contemporains : la fosse 2 recoupe la fosse 6 (Bérato, Borréani, Leguilloux 1990).

Fig. 212. Les Arcs, Les Laurons - Saint Pierre, sablières

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VI.4.4. Habitat ouvert et groupé à solins en dur Maisons mitoyennes ou isolées. Sur le sommet du Petit Bessillon à Pontevès (fig. 213), quatre pièces du milieu de l’âge du Fer, d’une superficie de 9 m2 (x 2) et 24 m2, sont alignées, mitoyennes par un côté, avec des murs en pierres sèches, appuyées au nord sur le rocher et au sud sur un mur de soutènement, avec des ouvertures au sud. Ce site est proche de l’enclos du Petit Bessillon 3. A La Roquette aux Arcs deux ensembles de deux maisons mitoyennes du troisième tiers du IIe - troisième quart du Ier av. n. è. (fig. 214) (Bérato et al. 1995a). A Saint - Michel à La Garde sur environ 20 m2, sous une villa gallo - romaine, au dernier tiers du IIe - troisième quart Ier s. av. n. è., trois murs en gros blocs liés à l’argile se rejoignent sur un gros bloc et limitent deux maisons, aux élévations en argile crue et au sol en terre remblayée (Brun 1989). Aux Blaïs / Forum Voconi au Cannet - des - Maures, sous l’agglomération romaine, des structures organisées du Ier s. av. n. è. ont été dégagées. Des maisons quadrangulaires aux murs dérasés liés à l’argile, dont le plan évoque deux ensembles en ailes perpendiculaires enserrent

Fig. 213. Pontevès, Petit Besillon, maisons mitoyennes

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Fig. 214. Les Arcs, La Roquette, maisons mitoyennes

un espace non bâti, qui est proche d’une autre pièce carrée isolée au sol en terre battue (Congès, martos 2000 et 2005, 39 - 40). Sur la pente du Rocher de Roquebrune à Roquebrune - sur Argens, ROQ 220 et 228, à la fin de l’âge du Fer, sont aménagées des terrasses sur lesquelles sont édifiées des maisons. Un ensemble de 6000 m2 de superficie à Sainte - Maxime à la fin du IIIe - dernier quart du Ier s. av. n. è., associe des maisons à bases de murs de pierres dispersées sur les plateaux de Pourrière et de Léaubre (Bertoncello, Gazenbeeh 1997). Dans l’habitat groupé du complexe Léoube / L’Estagnol à Bormes–les - Mimosas qui s’étend sur le littoral et les proches collines sur environ 100 000 m2, sans plan directeur, alternent des fragments de torchis cuit, des fosses dépotoir, des murs à parements montés à sec et un riche matériel archéologique. Au moins dix secteurs espacés de zones vides sont occupés de façon concomitante durant diverses périodes de l’âge du Fer. Les prospections ont mis en évidence de grands ensembles. 238

Fig. 215. Taradeau, Saint - Martin, îlot de l’âge du Fer

Les Paluns Occidentaux et Orientaux à La Cadière - d’Azur forment un vaste habitat groupé d’environ 50 000 m2 du premier âge du Fer. Peyneuf à La Cadière - d’Azur et La Pinède au Castellet constituent un complexe de 40 000 m2 du IIe - Ier s. av. n. è. A Saint - Etienne - du - Clocher à Carcès sur 4 000 m2 un riche mobilier est mis en évidence, qui évoque un habitat groupé du premier et second âge du Fer. A La Clémansane à Taradeau sur une pente de colline, trois murs en pierres sèches délimitent des maisons de la fin de l’âge du Fer, sous des thermes gallo - romains (Varoqueau 1978, 11 - 15, A, C et F). Sous les deux fermes gallo - romaines A et B de l’Ormeau à Taradeau un habitat ouvert et groupé de plaine (Brun et al. 1993). A Saint - Martin à Taradeau (fig. 215 et 216) un habitat ouvert et groupé est implanté en piedmont à la fin de l’âge du Fer (Bérato 2004).

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Fig. 216. Taradeau, Saint - Martin, maison

A Tout Egau à Taradeau (fig. 217) un habitat ouvert et groupé de bas de pente de la fin II e - I er s. av. n. è. (Bérato et al. 1993). A l’Abbaye de la Celle à La Celle, deux alignements de pierres et un four culinaire en torchis en forme de cloche (fig. 218) qui est daté par le C14 de - 2085 + / - 30 et en âge calibré du I er s. av. n. è. (Ardagna et al. 1999).

Fig. 217. Tardeau, Tout Egau, mur absidal en blocs de chant

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Fig. 218. La Celle, Abbaye, four culinaire

VI.4.5. Maison associée à un enclos Une maison peut être associée à un mur à parements avec blocage interne, épais de 1 à 2 m, qui délimite un enclos de superficie variable de quelques dizaines à plusieurs centaines de m2. Il est adapté à l’exploitation d’un troupeau domestique que l’on peut ainsi contrôler. Il n’exclut pas la possibilité du recours à l’agriculture. Cette forme d’habitat peut être isolée ou plusieurs ensembles peuvent se regrouper. La maison peut être en matériaux périssables. Deux enclos quadrangulaires à solins en pierres avec une maison en matériaux périssables du premier âge du Fer sont espacés de 120 m sur une pente de colline aux Planettes 3 au Muy (fig. 27 et 28). Ils sont proches de l’oppidum de même nom et de restanques sur lesquelles on trouve du mobilier protohistorique (Vasseur, Bérato 2008, fig. 219). Un ensemble d’enclos quadrangulaires du premier âge du Fer 241

est implanté sur la pente de La Lieutenante à Roquebrune - sur - Argens. Sur le plateau du Petit Candumy 3 à Flassans - sur - Issole (fig. 21, 220 et 221), un ensemble de 300 m sur 50 m du milieu du Ve s. av. n. è., est parfaitement organisé sur une voie (Bérato et al. 2000).

Fig. 219. Le Muy, Les Planettes, mur de restanque

Fig. 221. Flassans, Petit - Campdumy, voie sur le substratum

1m

Sondage 2

Sondage 1

Fig. 220. Flassans, Petit - Candumy, maisons à murs en blocs plantés de chant

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Des maisons isolées de 10 à 20 m2, des enclos isolés et des maisons associées à des enclos de 80 à 400 m2 coexistent durant tout l’âge du Fer sur le plateau de Quicule (fig. 222) au Lavandou formant un ensemble de 700 000 m2, dont on n’a pas pu malheureusement faire un relevé complet avant destruction. Deux maisons et un enclos sont datés du début et du milieu de l’âge du Fer aux Hautes - Roques Nord / la Bergerie à Roquebrune - sur - Argens (fig. 24 et 25). Une maison et un enclos à Beauvillard à Ollières du premier et début du second âge du Fer (fig. 26).

Sauvaire B

Sauvaire C

2 m N

Fig. 222. le Lavandou, Quicule, maisons avec enclos Sites du plateau de Sauvaire (Lavandou)

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Des maisons dont les murs reposent sur des solins en pierres associées à des enclos sont signalées à Bormes - les - Mimosas (Petite Berthe et La Gourre,) ; au Lavandou (Vallon de Gangui) ; à La Londe (Petite Berthe) ; à La Péguière au Muy, où quadrangulaire il mesure 74,40 m sur 19,30 m, un de ses côtés étant formé par un rocher et son mur est épais de 0,75 m avec des parements en gros blocs plantés de chant, à Sainte - Maxime (Grand Courrent) et à Villecroze Castelard). Un enclos peut être isolé comme à malamort à Correns, la seule présence de céramique modelée traduit une occupation précaire. VI.4.6. Les mouillages et les points d’eau Aucun vestige de construction d’un port protohistorique indigène n’est connu sur le littoral varois. On sait toutefois par les textes que de petits ports indigènes ligures existaient. « Les ports … sont de petites dimensions ; citons celui d’Oxybios, auquel les Ligyens Oxybiens ont donné leur nom » (Strabon, Géographie, IV, 1, 10). « Les Stoechades … sont cultivées par les massaliotes. Ils y entretenaient autrefois un poste de garde construit pour lutter contre les incursions des pirates, à l’époque où les ports y étaient nombreux (sur le littoral varois) »  Strabon, Géographie, IV, 1, 9). Les Salyens qui : « exerçaient leur brigandage sur terre et sur mer » (Strabon, géographie, IV, 6, 3) devaient avoir des ports, au moins des points de mouillages, pour pratiquer échanges et piraterie. Nous avons envisagé dans le chapitre II les sites de littoral qui ont pu être utilisés comme point de mouillage par des caboteurs pratiquant un commerce à courte distance, par des bateaux de pêche ou qui correspondent à de simples aygades. Leur espacement autorise un atterrissage quotidien lors de la navigation par 244

cabotage. Les textes antiques sur la navigation côtière donnent une distance d’une cinquantaine de kilomètres pouvant être parcourus par jour (Garcia 2004, 171). VI.5. Techniques de construction de l’habitation VI.5.1. Généralités Les techniques de construction sont similaires à celles utilisées sur les habitats groupés et fortifiés de hauteur du Var et à celles connues dans le midi méditerranéen (Arcelin 1989 ; Boissinot, de Chazelles 1989). Aucune maison à étage n’a été authentifiée. VI.5.2. Bâtiment en matériaux périssables VI.5.2.1. Généralités Des bâtiments en matériaux périssables ne subsistent que les traces des structures en négatif, en creux, du torchis sur clayonnage cuit qui remplissait les interstices entre les branches ou les poteaux et de simples alignements de blocs de pierre posés sur le substratum, qui matérialisent le calage de la base des parois en matériaux périssables. Au Touar aux Arcs au début de l’âge du Fer à l’extérieur d’une maison une couche cendreuse d’un foyer venait buter contre les pierres matérialisant la paroi. VI.5.2.2. Trou de calage de poteau Au Touar aux Arcs les poteaux entrent dans la constitution de bâtiments en matériaux périssables du VIIe - VIe s. av. n. è. De forme cylindrique le diamètre des trous est de 0,25 m et leur profondeur de 0,20 m (la Roquette, les Arcs, fig. 223). Les poteaux ne devaient pas être équarris. 245

Fig. 223. Les Arcs, la Roquette, trou de poteau avec calage

Cette technique sera encore utilisée ultérieurement à La Font de l’Hermitan / Roquefeuille à Pourrières, dans une maison datée au 14C de 374 - 126 av. n. è. Ils comportent souvent en place les pierres de calage qui entourent le vide colmaté du poteau en bois qui a disparu ou s’il a brûlé des charbons. Alignés ils délimitent les parois et de ce fait la forme des pièces. Ils peuvent s’associer à des trous de pieux de diamètre inférieur, au Liserot, au Levant à Hyères, dans une maison du premier état (Borréani 1989). A Vaugreniers au Muy, vers 540 av. n. è., des trous de poteaux sont regroupés en deux aires, dont une avec six trous qui sont répartis en deux lignes de trois, formant un rectangle de 5,21 m sur 2,11 m, soit une maison d’environ 11 m2. A Saint - Martin à Taradeau, fin IIe - Ier s. av. n. è., vingt - six trous de calage de poteau, ont un diamètre de 0,10 / 0,25 m et sont profonds de 0,10 / 0,30 m. Deux alignements disposés à 90° de quatre et de trois trous, marque l’implantation de poteaux porteurs de murs de maisons de plan rectangulaire. Un trou reste isolé (fig. 224) et six autres sont associés par paire (fig. 225), proches de trois petites excavations / sablières oblongues longues de 0,30 m, larges de 0,20 m et profondes de 0,10 m (Bérato 2004, 44 - 45, fig. 4). 246

Fig. 224. Taradeau, Saint - Martin, trou de poteau

Fig. 225. Taradeau, Saint - Martin, trou de poteau

Des trous de calage de poteaux sont creusés dans un rocher, qui forme une limite d’une maison, à Entre la Colle à Bormes - les - Mimosas. A Saint - Pierre 4 aux Arcs, deux trous de poteau dont un dans la tranchée 4 est circulaire, de 0,35 m de diamètre et organisé avec quatre blocs de calcaire et de grès, l’autre dans la tranchée 5, est circulaire, de 0,30 m de diamètre, avec cinq blocs de tuf en blocage. VI.5.2.3. Sablière Dans quatre sites datés de la fin du IIe - Ier s. av. n. è. des fosses allongées, devaient recevoir des sablières / des solins en bois supportant des élévations de parois de bâtiments en matériaux périssables. Elles sont associées à d’autres vestiges en creux qui sont disposés sans plan directeur. Deux rangées parallèles de trois et deux fosses, longues de 1,20 m en moyenne et larges de 0,25 m, à Saint - Pierre / Les Laurons aux Arcs (fig. 212) (Bérato, Borréani, Leguilloux 1990, fig. 1 à 5) ; une rangée de fosses allongées à La Grenache aux Arcs (Michel 2009) ; des tranchées pour sablières en bois aux Toulons à Rians ; trois rangées de trois tranchées identiques, associées à des trous de poteau et des fosses, dont une est interprétée comme un grenier au plancher supporté par des poteaux de bois, surmontant une fosse qui devait jouer le rôle de vide sanitaire, au Grand Loou I - Le Sambuc à La Roquebrussanne ; trois petites excavations oblongues, longues de 0,30 m, larges de 0,20 m, profondes de 0,10 m qui sont associées à des trous de poteaux à Saint - Martin à Taradeau (Bérato 2004). 247

A titre de comparaison, dans la plaine des Contras à Lapalud dans le Vaucluse, des structures en creux de forme semblable datées du IIe s. av. n. è. correspondent à des trous de poteaux aménagés dans un même creusement ovale, qui appartiennent à des constructions de plan rectangulaire (structures 1252, 1477 et 1244, cette dernière de 0,95 m sur 0,35 m : Dufraigne, Escallon, Sargiano 2008, fig. 7, 354 et fig. 15). VI.5.2.4. Toit Ils devaient reposer directement sur les poteaux de bois des parois. Ces derniers supportaient eux même un clayonnage sur lequel était appliqué du torchis, dont la surface supérieure devait être lissée pour faciliter l’écoulement de la pluie. Des trous de poteau sont visibles à l’intérieur de certaines maisons, dont les bases de mur sont en blocs de pierre plantées de chant. A La Roquette aux Arcs, à la fin de l’âge du Fer, trois trous alignés dans une maison de 20 m2, évoquent un support complémentaire de toit, ou la présence d’un toit à double pente en bâtière. VI.5.2.5. Superficie de la maison en matériau périssable Elle est de taille réduite, de 9 à 12 m2 au Touar aux Arcs au début de l’âge du Fer. A La Font de l’Hermitan / Roquefeuille à Pourrières, daté du début de l’âge du Fer, une maison mesure au minimum 21 m2, les autres sont incomplètement conservées. VI.5.3. Maison à base en solin en pierres VI.5.3.1. Datation du solin Le mur à solin, à base en pierres apparaît au premier âge du Fer à La Lieutenante 1, aux Planettes 3 au Muy et au Chemin d’Aix 3 à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume (Dufraigne, Martin, Sargiano 2004, 192) ; à la fin du VIe - début Ve s. av. n. è. dans la maison du second état du Liserot au Levant à Hyères (Borréani 1989). Il est présent dans la deuxième moitié du Ve s. av. n. è. au Petit Candumy 3 à Flas248

sans. Une maison est excavée dans le rocher avec un mur en pierre au IVe - IIe s. av. n. è. à la Pointe du Pin à Porquerolles à Hyères. VI.5.3.2. Solin à double parement construit en blocs posés de chant Il est retrouvé dès le premier âge du Fer, sur le plateau de Quicule au Lavandou et à Hautes - Roques Nord / La Bergerie à Roquebrune - sur - Argens, où l’appareil est cyclopéen. Cette technique est caractéristique de l’ensemble de l’âge du Fer. S’il est rencontré en prospection il signale une construction protohistorique. Dans les angles des maisons, les murs ne sont jamais liés entre eux. Les élévations étaient porteuses en argile crue ou en clayonnage enduit de torchis. On n’a pas retrouvé de poteaux pouvant renforcer les parois. Si l’argile des parois est importée sur le site, elle forme une couche d’effondrement reconnaissable. Ainsi une couche d’argile verdâtre allogène épaisse de 0,20 m recouvrait le sol d’une maison au Touar aux Arcs. Les murs de deux maisons mitoyennes sont montés en briques crues aux Bœuf au Castelet au début - milieu de l’âge du Fer ; en torchis et adobe au premier âge du Fer à Vaucron à La Garde - Freinet et une large concentration de fragments cuits d’argile pourraient attester de murs en adobe à Redounet 4 au Muy (Gazenbeek 1993, 15, site 184). On retrouve des fragments de briques crues à Pas Redon à Cuers et à Sainte - Mitre 2, ainsi que des blocs d’argile cuite au Chemin Herbous à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume au premier âge du Fer. VI.5.3.3. Largeur du solin du mur Aux Hautes - Roques Nord / La Bergerie à Roquebrune - sur Argens au premier âge du Fer les murs de la maison 1 sont en blocs plantés de chant sur une seule rangée large de 0,30 / 0,40 m et dans la maison 2 deux rangées de blocs de chant épais de 0,70 / 0,80 m (fig. 25 et 26) ; à La Roquette aux Arcs au troisième tiers du IIe - troisième quart du Ier av. n. è. les murs en blocs plantés de chant sont épais de 0,60 / 249

Fig. 226. Taradeau, Saint - Martin, mur à deux parements

0,80 m ; à Saint - Martin à Taradeau les murs avec parements intérieur et extérieur montés à l’argile avec blocage interne sont épais de 0,47 / 0,49 m, 0,50 / 0,57 m et 0,70 m au troisième tiers du IIe s. av. n. è. (fig. 226) ; les murs fondés en blocs plantés de chant sont épais de 0,35 m et 0,45 m à Tout Egau à Taradeau à la fin IIe - Ier s. av. n. è. ; les murs sont épais de 0,50 m à Pourrières à Sainte - Maxime et de 0,90 m au Petit Bessillon à Pontevès. VI.5.3.4. Superficie de la maison à solin de pierre La superficie varie de 10 à 20 m2 sur le plateau de Quicule ; de 20 et 30 m2 aux Hautes - Roques Nord / La Bergerie à Roquebrune - sur - Argens ; sur le plateau de Pourrières à Sainte - Maxime fin IIIe - dernier quart du Ier s. av. n. è. , une maison Pourrières 6, mesure environ 10 m2 (Gazenbeek 1993, 19) et une autre à Léaubre 11 / Pourrières 6, 10 m2 ; à La Roquette aux Arcs une maison mesure 20 m2, au troisième tiers du IIe - troisième quart du Ier av. n. è. à Saint - Martin à Taradeau la superficie des pièces est de 5,20 / 15 m2 au troisième tiers du IIe s. av. n. è. ; au Sommet du Petit Bessillon à Pontevès la superficie est de 9 m2 x 2 et 24 m2 ; une maison à murs à double parement a une 250

superficie de 60 m2 (12 m sur 5 m) à la Forêt de Colobrère aux Arcs et de 30 m2 à Brégançon à Bormes ; une maison de superficie de 10 m2 à Pourrières, ; à Sainte - Maxime au IIIe s. av. n. è. ; une maison de 15 m2 à L’Auriasque à Fréjus à la fin de l’âge du Fer ; une maison ou plus vraisemblablement un enclos de 154 m2 (11 m sur 14 m) avec des murs épais de 0,90 m au Petit Bessillon à Pontevès ; une maison de 20 m2 à Attanoux à Sainte - Maxime et une maison de 40 m2 à Couraou à Sainte - Maxime. VI.5.3.5. Porte Une porte large de 0,50 m dans un mur mitoyen fait communiquer deux pièces de 2,50 m sur 1,80 m au Puits de Massacan / La Guérarde au Beausset / Evenos. Une porte est visible entre deux pièces à Saint - Martin à Taradeau. Un seuil en terre tassée mesure 1,20 m à La Roquette aux Arcs et un autre de 1,50 m est construit en pierres posées à plat (fig. 227). VI.6. Organisation interne de la pièce d’habitation

seuil

seuil

foyer

1 N

fosse

0

1m

Fig. 227. Les Arcs, la Roquette, maisons 1 et 2

La Roquette

251

détail

2

foyer

VI.6.1. Généralités L’aménagement interne de l’habitat se superpose à celui rencontré sur les habitats groupés et fortifiés de hauteur du Var et ceux du midi méditerranéen (Garcia, Rancoule 1989 ; Nin 1989). Seuls des lambeaux de sols, de quelques décimètres à quelques mètres carrés, qui correspondent à un substratum plus ou moins rectifié et damé sont parvenus jusqu’à nous. VI.6.2. Sol Un sol d’habitat peut se traduire simplement par la présence de fragments de céramique, de meules ou de torchis cuit sur un substratum où se mêlent charbons de bois et cendres. Le sol de circulation correspond le plus fréquemment à une simple rectification du substratum rocheux ou à de la terre battue ou tassée et / ou mêlée de pierres, de fragments d’objets divers, de cendres et de charbons de bois. L’épaisseur est variable de 0,05 / 0,10 m à 0,40 m à La Roquette aux Arcs. Le sol est en terre remblayée à Saint - Michel à La Garde (Brun 1989). Le sol peut être mieux organisé, fait d’un radier de galets ou de pierres de moyen module au début de l’âge du Fer au Touar aux Arcs (fig. 228), ce dernier devait supporter un contenant de céréales carbonisées. A la fin de l’âge du Fer le sol est en argile tassée sur un radier

Fig. 229. Taradeau, Saint - Martin, sol dallé

Fig. 230. Taradeau, Saint - Martin, sol en pierres

252

Fig. 228. Les Arcs, le Touar, sol en pierres

Fig. 231.Taradeau, Tout Egau, sol de galets limité par un mur

de galet épais de 0,40 m à Gros - Ped aux Arcs et à Saint - Martin à Taradeau un sol en terre est posé sur un hérisson de pierres dans deux pièces (fig. 229 et 230), ailleurs le substrat est simplement régularisé. A la fin du IIe - début du Ier s. av. n. è. à Tout Egau à Taradeau un sol est en galets (fig. 231, Bérato et al. 1993) et à l’Ormeau A à Taradeau, deux sols sont superposés. Le plus ancien est formé d’un cailloutis régulier posé sur le substrat. Le second sol est en terre battue. VI.6.3. Foyer et four Les bases de foyers posées directement sur le substratum rubéfié à leur contact, sont composées uniquement d’une couche de cendres et de charbons, sans limites organisées, parfois stratifiées et évoquant alors des foyers successifs superposés. La forme arrondie ou oblongue et les dimensions sont variées. Le diamètre est de 1 m au Touar aux Arcs. Des foyers peuvent coexister, sans que l’on puisse dire s’ils ont fonctionné de façon concomitante ou s’ils se sont succédés dans le temps : un oblong de 0,50 m sur 1 m et un autre circulaire de 0,24 m de diamètre au Touar aux Arcs. Leur épaisseur est très variable de 0,010 m à 0,040 m. 253

Un foyer cendreux est établi dans une fosse devant une porte à La Roquette aux Arcs. Un foyer circulaire de 0,35 m de diamètre est délimité par une couronne de galets de grès et de calcaire et un autre oblong de 1,10 m sur 1,20 m est ceinturé par des galets noircis et rubéfiés au Touar aux Arcs. A l’Ormeau A à Taradeau un foyer est délimité par des pierres de grès et des galets de rivière au Ier s. av. n. è. A l’Ormeau B à Taradeau sur le sol en terre battue un foyer est bordé d’une couronne de pierres (Brun, Congès, Pasqualini 1993). Des blocs de grès rubéfiés retrouvés dans un foyer remanié peuvent correspondre à ses parois effondrées à Sainte - Mitre à Saint Maximin. La plaque à feu peut être simplement en argile cuite sans délimitation précise à La Gourre à Bormes. Une plaque d’argile lissée et rubéfiée, ronde, de 0,35 m de diamètre et une autre rectangulaire de 0,60 m sur 0,80 m, sont construites sur un radier de petites pierres à

Fig. 232. Les Arcs, la Roquette, foyer lenticulaire

254

La Roquette aux Arcs (fig. 232). A Saint - Martin à Taradeau à la fin de l’âge du Fer une plaque en argile cuite de 1 m de diamètre est posée sur un sol rubéfié. Dans une dizaine de sites, dont le Chemin d’Aix et Peyrecède au début de l’âge du Fer à Saint - Maximin, à proximité de certains foyers lenticulaires sont présentes des boulettes d’argile pétrie, orange et rubéfiée, pouvant correspondre à des résidus de fabrication domestique de céramique modelée. Fig. 233. Réguse, le Peyrard, A l’abbaye de la Celle, un four à pierres chauffées four culinaire en torchis en forme de cloche (fig. 218) est daté par le C14 : - 2085 + / - 30 : âge calibré : - 196 à - 1 av. n. è. : maximum de probabilités : - 65, - 92, - 105, - 145 (Ardagna et al. 1999).

Un four à pain en terre cuite sur armature d’osier de la fin de l’âge du Fer a été découvert à Pardigon à La Croix - Valmer. Des fragments de parois épaisses de four en argile cuite montées sur clayonnage sont présents à Gaston à Vidauban et des soles de fours circulaires du début de l’âge du Fer au Chemin d’Aix et à la ZAC Garnier à Saint - Maximin. Des foyers sont construits à l’extérieur des maisons contre leurs parois : un oblong de 2 m2 au Touar aux Arcs. Au Touar aux Arcs, un four à pierres chauffées est daté du début de l’âge du Fer. Le fond de la fosse qui mesure 0,55 m sur 0,65 m est creusée dans le substratum. Il était recouvert d’une couche de charbons de bois, surmontée elle - même de pierres calcaires. De même un autre four de 1,10 m de long sur 0,80 m de large à Vaugreniers au Muy. 255

Au Peirard à Régusse, vingt - neuf structures de combustion à pierres chauffées du premier âge du Fer sont disposées en plaine en milieu humide, hors de toute trace d’habitat, sur quatre lignes parallèles de sept foyers chacune, orientées sud - ouest / nord - est, sauf un foyer isolé qui est orienté nord - ouest / est (fig. 233). Les parois des fosses sont rubéfiées. Les dimensions moyennes sont de 1,20 m / 2,09 m de longueur, 0,30 m / 1,80 m de largeur et 0,13 m / 0,74 m de profondeur. Chacune comporte quatre à cinq niveaux de pierres calcaires avec des traces de chauffe diverses. Ces fosses ont fait l’objet d’un usage unique. Le nombre de pierres calcaires par structures varie de cinquante - huit à mille deux cent trente - huit. Au fond des blocs sont explosés sur des restes de bûches carbonisées. De la faune carbonisée ou calcinée est présente dont une dent et un talus droit de bœuf et certains os portent des traces de découpe avant combustion. Deux foyers sont associés : un rond de 0,70 m de diamètre, l’autre ovale mesure 1 m de long, 0,84 m de large et 0,23 m d’épaisseur (Pelissier 2007, 201) Si ces fours à pierres chauffées n’ont qu’une vocation culinaire, ils pourraient correspondre à un unique banquet collectif. La disposition relativement régulière sur quatre rangées de sept fours fait que l’agencement de chacun a pu se faire aussi dans un temps réduit afin que le précédent soit toujours visible. Leur fonctionnement a donc pu être concomitant ou se succéder dans un laps de temps très court. Une cérémonie cultuelle est aussi une hypothèse plausible avec offrandes animales à une divinité. Une ligne de trente et un fours à pierres chauffées du début de l’âge du Fer, dont une interprétation cultuelle a été proposée, est connue à Eyrein en Corrèze (Beausoleil, Poirier et al. 2006 / 2007). VI.6.4. Fosse Des fosses / silos, associées à un habitat, ont pu contenir des réserves alimentaires, dont des céréales. Une fosse isolée de 0,80 m de diamètre et 0,40 m de profondeur est creusée à proximité d’un mur de maison à la fin du IIe - Ier s. av. n. è. à Saint - Martin à Taradeau (fig. 234). Sur le même site cinq autres fosses cylindriques, espacées de 6 à 10 m, de 0,60 à 1 m de diamètre, profondes de 0,30 / 0,55 m, d’un volume résiduel de 0,55 à 1,70 m3, sont associées à trois grandes fosses irrégulières avec des trous de calage en périphérie qui pourraient correspondre à des greniers aériens sur poteaux (fig. 235). 256

Des fosses ont pu servir à caler des doliums, dont un de 1,50 m de diamètre aux Tassys à Evenos. Trois fosses sont comblées de fragments de récipients en modelée et une seule est recouverte par un lit de galets à Cascaveou à Aups. A Entre - la - Colle à Bormes - les - Mimosas, à l’âge du Fer, deux trous sont creusés dans le rocher et semblent avoir servi de réceptacle pour des récipients de réserves. Des fosses, avec des résidus de foyers avec cendres et charbons, des détritus domestiques (récipients brisés, os de faune alimentaire …) ont servi de dépotoir. Ces fosses ont pu antérieurement servir de carrière de terre lors de la construction des murs des pièces.

Fig. 234. Taradeau, Saint - Martin, fosse cylindrique 81

Fig. 235. Taradeau, Saint - Martin, fosse irrégulière

257

Une fosse ovale aux parois enduites d’argile est creusée dans une maison à La Roquette aux Arcs. Des fosses à l‘extérieur des pièces sont comblée de cendres et charbons au Liserot, au Levant à Hyères au VIIe - VIe s. av. n. è. VI.6.5. Trou de poteau Des trous, uniques ou multiples, sont creusés dans le sol à l’intérieur de maisons. Ils devaient servir à soutenir le toit ou une structure interne en matériau périssable, telles des étagères en bois. Leur forme et leurs dimensions sont variables. Au Méinier à Sainte - Maxime les trous de calage sont de forme quadrangulaire avec quatre pierres sur chaque face. Des trous alignés selon le grand axe de la maison devaient supporter la poutre faîtière d’un toit en bâtière à La Roquette, les Arcs. VI.6.6. Support A la fin du IIe - Ier s. av. n. è. une banquette en pierres à La Roquette aux Arcs est construite contre un mur de maison et un socle en dallage de pierres contre un mur dans une autre maison et à Tout Egau à Taradeau un bloc de pierre de 0,60 m sur 0,40 m est planté à plat dans le substrat et calé en périphérie par de petites pierres (Bérato et al. 1993). VI.6.7. Récipient de réserve Une urne remplie de graines carbonisées (blé, vesce, pépins de raisin) était posée dans une maison de la fin de l’âge du Fer près d’un foyer à Clavier au Cannet - des - Maures. Les nombreux fragments de doliums découverts dans les couches de destruction des maisons y évoquent la présence de grands récipients de réserve.

258

VI.7. Evolution de la maison Nous avons vu que les structures en matériaux périssables cédaient au VIe s. av. n. è. rapidement la place aux structures en dur. Les mêmes techniques de construction vont perdurer durant tout l’âge du Fer et les matériaux en terre cuite, les tuiles, et le mortier de chaux n’apparaîtront qu’au dernier quart du Ier s. av. n. è. Une nouvelle organisation dans la distribution des pièces apparaît à la fin de l’âge du Fer. A Saint - Martin à Taradeau, l’habitat qui comporte quatre pièces mitoyennes qui communiquent entre elles et qui s’ouvrent sur une cour clôturée de 90 m2 pourrait être celui d’un édile. Les pièces à vocation artisanale sont indépendantes de l’habitat à cette époque. VI.8. Activité artisanale La séparation de la vie domestique de celle liée à des activités artisanales de production et de stockage apparaît à la fin de l’âge du Fer. Une huilerie et une forge sont indépendantes dans l’habitat de Saint Martin à Taradeau, à la fin du IIe - Ier s. av. n. è. Une maie de pressoir à olives en place est entourée d’une couronne de pierres plantées de chant, reliée à un canal long de 5,5 m, large de 0,25 / 0,30 m, profond de 0,17 / 0,20 m et entourée d’un sol de galets à la fin de l’âge du Fer (fig. 236). Un atelier de forgeron délimité par deux murs, comporte une forge (fig. 237). Dans la cendre du foyer était conservée une pince à feu, une alvéole pour le soufflet était creusée en avant du foyer, des trous de poteau entouraient le foyer pour supporter un toit, une fosse à rebuts contenait des objets en fer, un fond de dolium était posé sur le sol pour le trempage des pièces forgées. Un four de potier ayant produit de la céramique modelée fonctionne à La Glacière à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume au premier âge du Fer, isolé de tout habitat. De forme ovalaire, il est orienté nord - est / sud - ouest, long de 2,60 m, large de 2,30 m et profond de 0,58 m. La chambre de chauffe, creusée dans le substrat, est divisée en 259

Fig. 236. Taradeau, Saint - Martin, maie de pressoir inondée

deux dans le sens de la longueur, par un muret irrégulier en moellons calcaires, large de 0,20 m et qui s’avance jusqu’à la gueule du four. Il est traversé par deux trous permettant la circulation de la chaleur. Les parois de la fosse sont rubéfiées sur 0,04 / 0,10 m et recouvertes d’une couche d’argile badigeonnée. La sole s’appuyait sur un retrait du bord de la fosse et sur le muret. Le sol des deux alandiers remonte légèrement vers la gueule du four encadrée par deux blocs calcaires. L’aire de chauffe creusée dans le substrat, est longue de 9 m environ, large de 4 m et profonde de 1,50 m. Une couche de cendres et de charbons de bois recouvre le fond du four (Ollivier, Aycard, Laurier 2007). Deux fours adjacents de potier ayant produit de la céramique modelée fonctionnent à Saint - Jean au Puits - de - Marine à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume au début de l’âge du Fer, isolé de tout habitat. Les deux structures sont conservées sur 0,20 / 0,30 m profondeur. Les fonds ovalaires des deux fours sont adjacents et perpendiculaires, orientés nord - sud et est - ouest, d’environ 1,15 / 1,45 m de long, 1,15 / 1 m de large. Les parois verticales sont rubéfiées, le fond est arrondi. Les alandiers, en forme de cuvette allongée de 1,30 / 1,50 de long sur 1,30 / 1,20 m de large, donnent dans une aire de chauffe commune. 260

Fig. 237. Taradeau, Saint - Martin, forge

Les fours sont comblés avec des charbons de bois, des fragments d’argile brûlée ou rubéfiée, des fragments de sole perforée, trois blocs de quartz rubéfié, quartz que l’on retrouve sous forme de dégraissant dans la céramique modelée retrouvée sur le site et qui n’est pas micacée. La chambre de cuisson est façonnée en torchis. Deux fosses circulaires d’extraction d’argile sont associées à 1,50 / 2 m à l’est et au sud - est, et contiennent des nodules épars de calcite. Une troisième fosse est creusée à 10 m au nord - est, avec deux autres structures en creux (Reynaud, Bérato, Georges 2006 ; Ollivier 2008). Trois fours de potiers ayant produit de la céramique modelée sont présents à Vaugreniers au Muy au début de l’âge du Fer, dans un habitat ouvert de plaine, mais à distance de la maison d’habitation. Les trois fours sont constitués d’une chambre de chauffe de forme ovale à ronde, d’un mètre de diamètre, profonde de 0,40 m, avec un alandier / tuyère en pente vers le foyer, l’ensemble pouvant mesurer 3,50 m de long (fig. 20). Les parois ont été plaquées avec de l’argile à deux reprises, avec rubéfaction puis rechapage, à la suite d’une combustion intense atteinte rapidement. Ce schéma de combustion en atmosphère confinée avec apport important d’oxygène est celui rencontré dans un four à alandier. Des fosses ovales ou rondes d’extraction d’argile, de 261

0,50 à 1,25 m de diamètre, y sont associées (Pellissier 2008, 56). Des fosses d’extraction d’argile de la fin de l’âge du Fer sont connues au Golf des Planes à Roquebrune - sur - Argens. Des scories en fer en grand nombre et des loupes en fer, dans de nombreuses zones où géologiquement le minerai de fer est présent, traduisent des traces de sidérurgie. On ne sait si cette transformation répondait à des besoins locaux où à un but d’échange. Des traces de fours de métallurgie hors de toute structure d’habitat ont été signalées. Des vestiges de trois fours proches, marqués par des fragments de parois d’argile cuite avec traces de clayonnage sont répandus sur de petites surfaces d’environ 10 m2, avec présence de quelques scories métalliques à Sigaloux 3 à La Crau, à l’âge du Fer. Un four de métallurgie de l’âge du Fer est caractérisé par des scories et des blocs de fer aux Menques à Esparron. Dans certains secteurs d’un habitat groupé d’environ deux hectares au Jas 6 au Plan - de - la - Tour à la fin du IIe - troisième quart Ier s. av. n. è., existent des traces denses d’activités métallurgiques avec scories, crasses et fragments de four (CAG 83 / 2, 564). A La Lioure à Claviers, un dépôt de fondeur du Ve s. av. n. è., qui contenait de nombreuses pièces métalliques, a été découvert dans une grotte : fibule à double pied dont une en alliage cuivreux et une alliant argent (arc, deux pieds avec plaque circulaire terminale sur laquelle est posée une hémisphère en corail) et alliage cuivreux (ressort) ; un fragment de coupe métallique en argent ; des objets en alliage cuivreux dont une agrafe de ceinturon, une chaînette avec cent vingt - trois maillons, seize bracelets de section semi - circulaire ou aplanie avec bossettes et décors de fines incisions (Amann 1977 b, 223 - 227). VI.9. Ressource en eau potable La situation en plaine des habitations facilite l’accès aux ressources en eau. Aux Clarettes 1 aux Arcs, des trois premiers quarts du Ier s. av. n. è., une source jaillit à proximité du site de plateau (CAG 83 / 1, 218) ; La Magnagnière 1 aux Arcs, de la fin du IIe - troisième quart 262

du Ier s. av. n. è. est près du Vallat de l’Arène et d’une source (Bérato, Dugas, Galliano 1991) ; Saint - Pierre 2 / Eglise Saint - Pierre aux Arcs, est voisin de sources pérennes et du ruisseau de Saint - Martin (CAG 83 / 1, 219 - 221) ; A Mousque 1 à Aups, du Ier s. av. n. è. l’habitat de sommet et de pente domine la source de la Bresque (CAG 83 / 1, 234) ; Le Puits de Massacan / Guerarde / La Guerarde au Beausset / Evenos, du IIe - premier quart du Ier s. av. n. è. aurait alimenté l’habitat de carriers en eau potable (Martina - Fieschi 1994, 68, n° 42) ; au Mont des Roses à Bormes - les - Mimosas, du dernier tiers du IIe - Ier s. av. n. è. la source est bordée d’un muret de pierres sèches (CAG 83 / 1, 258) ; Au Théron 1 au Cannet - des - Maures, l’habitat du premier âge du Fer - début IVe puis du dernier tiers du IIe - Ier s. av. n. è. est en aval de sources (Bérato et al. 1995) ; A Gayassu à Correns, l’habitat ouvert de plateau, de la fin du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. est proche de la source dite «Rainouard» ; Saint - Germain à Correns, le site de bas de pente du IIe - Ier s. av. n. è., est proche d’une source ; La Colle 4 à Evenos, l’habitat est proche d’un puits (CAG 83 / 1, 393) ; la Fontaine du Mûrier / Fouan Croutado du château Evenos, l’habitat du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. est proche de la source à flanc de coteau (Martina - Fieschi 1994, 70, n° 44) ; Léaubre 23 à Sainte - Maxime, est une source riche en matériel céramique (Gazenbeek 1993) ; Fonferaud / Font - Féraud au Val, l’habitat de l’âge du Fer, s’étend autour d’une source (CAG 83 / 2, 847).

263

Fig. 238. Ollioules Le Destel grotte 2

264

VII Les occupations en grottes et sous abris

Les sites recensés sont au nombre de quarante et un, les grottes sépulcrales étant exclues. En l’absence de vestiges de structures construites, la définition planimétrique exacte des lieux est difficile à établir. Les foyers lenticulaires et les fosses - dépotoir traduisent un lieu de vie sans que l’on puisse en déterminer la durée d’occupation. Ces vestiges ténus et le peu de mobilier retrouvé évoquent toutefois des occupations temporaires ou saisonnières par des groupes numériquement peu importants. Ces habitats temporaires pouvaient être en marge d’habitats permanents dont la localisation nous échappe la plupart du temps. L’argumentation de proximité topographique et de concordance chronologique semblent des éléments suffisants pour relier parfois un oppidum et une grotte. Les grottes du Destel (grotte christianisée, fig. 238) et Saint - Estève à Evenos ; oppidum de Lamanon à La Roquebrusanne et la Baume du Muy à Mazaugues, située en contrebas, sans vestiges des structures et tous deux occupés au début et milieu de l’âge du Fer (Acovitsioti - Hameau 1983, fig. 2) ; l’oppidum et l’abri sous roche de San Luen au Muy à la fin de l’âge du Fer ; la grotte et l’oppidum de Théméré 265

à Rocbaron au début de l’âge du Fer ; la grotte et l’oppidum du Mont Garou à Sanary au début de l’âge du Fer. La localisation géographique reste aléatoire et elle est conditionnée par la nature géologique du terrain dans lequel sont creusées naturellement des grottes. Un nombre important de sites se rencontre à Baudinard - sur Verdon avec douze sites sur le Verdon et à Evenos, avec neuf sites sur le Destel et la Reppe. La conjonction grotte et cours d’eau semble être un des facteurs favorisant pour servir d’abri à des pasteurs, car il facilite l’abreuvement des troupeaux. L’habitat en grottes et sous abris sous roche réutilise la plupart du temps des sites déjà occupés antérieurement. Il est surtout présent au début de l’âge du Fer. Il y a ultérieurement une désaffection pour ce type d’habitat.

266

VIII L’aménagement du territoire

VIII.1. Les moyens de communication La vie communautaire justifie des voies de communication, dont certaines sont mentionnées dans des textes antiques. Nous avons vu dans le chapitre II.2 qu’une voie protohistorique, la via Heraclea a précédé la via per Alpes Maritimas Nous en avons identifié une partie dans la voie découverte au Petit Candumy à Flassans et datée du Ve s. av. n. è. (Bérato et al. 2000). Il en est de même pour l’habitat du Pas de la Loube, de la Font de l’Ermitan et de Roquefeuille sous le Mont Aurélien, dont les maisons implantées en bordure d’une piste dominant la vallée de l’Arc, forment un ensemble linéaire long d’environ 1 km, occupé du premier âge du Fer au IVe - IIIe s. av. n. è. (Bérato, Borréani, Laurier 2000). Cette hypothèse est également évoquée pour une voie entourée d’un habitat protohistorique du Ve s. av. n. è. au lieu - dit Peyrouse, à marguerittes dans le Gard (Py, Vignaud 1998). « La route du littoral, d’abord massaliotique, puis ligystique, est plus longue, mais les cols qu’elle franchit pour entrer en Italie sont plus faciles parce que la Montagne est plus basse à cet endroit » (Strabon, IV, 1, 12). Un tronçon, où le matériel découvert est daté postérieurement à 49 av. n. è., a été trouvé dans la nécropole de Saint - Lambert à Fréjus (Gébara 1993). Il se dirigeait ensuite vers Saint - Raphaël, Agay, 267

Le Trayas, mandelieu et La Turbie. Ce tracé pré - romain était toutefois dangereux en raison de l’hostilité des tribus indigènes locales et difficile à parcourir à cause du relief. Les Romains empruntaient plutôt la voie Domitienne plus au nord ou utilisaient un moyen de transport maritime. Les moyens de communication entre les habitats n’ont laissé que peu de vestiges. Des traces de chemins avec ornières se rencontrent à proximité de certains habitats groupés et fortifiés de hauteur, sans qu’il existe une preuve formelle de leur origine protohistorique. Un chemin à ornières est proche de Castéou dei Damas à Diou au Cannet - des - Maures (Sivan 1885) ; un chemin à ornières, partant du col de Barral, traverse le plateau de Sauvaire et se dirige vers l’est en suivant la ligne de crête au Lavandou (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 87) ; trois chemins se croisent autour du Castelard Nord à Roquebrune - sur - Argens, dont deux en direction de l’est et de l’ouest conservent des traces d’ornières vers l’ouest, à la fin du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 17 ; C.A.G. 83 / 2, 610) et un chemin à ornières provenant du sud pénètre à l’intérieur de Roquerousse Sud à Sillans - la - Cascade (Senés 1981, 65 - 67 ; CAG 83 / 2, 725). A La Gache à Saint - Cyr - sur - Mer une voie de circulation empierrée franchit une porte. A titre de comparaison une voie à ornières protohistorique est connue au bois de Concors à Peyrolles - en - Provence (Mocci, Nin 2006, 603 - 604). Aucun vestige de franchissement de cours d’eau n’est connu alors que les textes mentionnent : « … des cours d’eau que l’on franchit soit par des bacs, soit par des ponts de bois ou de pierre … » (Strabon, IV, 1, 12). La circulation des produits locaux et les échanges méditerranéens ont dû faire appel à des réseaux d’habitats groupés et fortifiés de hauteur, scandant des pistes aujourd’hui abandonnées ou dont on ne peut actuellement prouver l’origine protohistorique. Les vallées reliant les différents bassins du centre et du nord du Var, sont étroites et peu propices à l’installation de chemins, qui devaient plutôt emprunter les 268

Fig. 239. La plaine de La Roquebrusanne dominée par l’oppidum de La Croix de Bérard

plateaux ou les hauts de pentes. Les oppidums du Castelas et de La Guiranne de la fin de l’âge du Fer sont implantés chacun sur une rive du Gapeau juste avant son débouché sur la partie orientale de la dépression permienne, qui s’ouvre sur la mer méditerranée par la baie de Toulon et celle de Hyères. Ils commandaient les voies qui rejoignaient au nord la plaine de La Roquebrusanne dominée par l’oppidum de La Croix de Bérard (fig. 239), avant de gagner la plaine de Tourves sur le tracé de la future via per Alpes Maritimas. Le Castelard Nord domine à l’est le début de la dépression permienne et La Flute surplombe l’embouchure de l’Argens et le golfe de Fréjus à la fin de l’âge du Fer. Distants de moins d’une heure de marche, ils sont bien visibles l’un de l’autre et leur rôle devait être complémentaire. Méren Sud et Méren Nord sont situés sur la même crête espacés de 700 m par un collet à la fin de l’âge du Fer. Dans ce système binaire, le premier domine la dépression permienne, le second commande l’intérieur des terres et l’accès à l’oppidum de Recoux. Leur plan est identique, un simple rectangle, bien que la superficie soit plus grande dans celui du nord. Cette similitude et leur proximité est en faveur de leur appartenance à la même communauté, d’autant qu’ils sont complémentaires sur le plan stratégique, car aucun ne peut contrôler seul l’ensemble du territoire. Par ailleurs construire une seule enceinte en continuité aurait posé des problèmes techniques du fait de la présence du collet qui les sépare. Le Bessillon / La Pierre Percée à Cotignac, est situé à environ 269

un kilomètre sur une position dominante à l’extrémité orientale de la crête sur laquelle est aussi implanté vers l’ouest le Gros Bessillon à Pontevés, « aveugle » vers l’est, mais qui est protégé par un avant - mur oriental et un complexe fortifié au nord. Il pourrait être un satellite de ce dernier (fig. 88). A la fin du IIe s. et aux trois premiers quarts du Ier s. av. n. è. l’oppidum de Cardéou à Brignoles et celui des Adrets à Camps - la - Source sont distants de 300 m sur une même crête, dominant la plaine de Brignoles au nord et celle de Camps - la - Source au sud. On ne sait s’ils sont compétitifs ou complémentaires. L’oppidum de Colle de Gagnore à Fayence daté du milieu et de la fin de l’âge du Fer et celui de L’Eouvières de Caille à Seillans sans datation précise, sont situés sur deux sommets espacés de moins d’un kilomètre. Ils ont pu se succéder pour commander le col qui les sépare. Dans la partie nord des Maures, sur la commune des Arcs, des oppidums de la fin de l’âge du Fer semblent disposés sans ordre, tous distants à moins d’une heure de marche, Le Castelar sur la rive gauche de l’Argens et plus à l’intérieur du massif La Cabredor et l’Apié de Raybaud sur la rive droite. Ils sont difficiles d’accès à partir de la dépression permienne. Leur terroir semble actuellement peu propice à l’agriculture. Ils peuvent être de simples occupations vivrières liées principalement au pastoralisme ou des étapes sur des pistes de crêtes reliant la dépression permienne à la côte dans le golfe de Saint - Tropez. VIII.2. L’organisation de la société La société indigène durant l’âge du Fer est inégalitaire. Elle est dirigée par une classe dirigeante restreinte, une aristocratie tribale (Strabon, IV, 4, 3) dont on peut penser qu’elle résidait dans les habitats groupés et fortifiés de hauteur. Cette classe transparaît dans l’expression monumentale du pouvoir à travers les fortifications et les tours sommitales, dans la statuaire et le culte des héros, ainsi que dans les pratiques funéraires. 270

Fig. 240. De Solliès - Toucas, le Castelas vue sur le Castelas, Cuers

On rencontre paradoxalement dans les oppidums une uniformisation des constructions, qui pourrait évoquer un même niveau social pour tous les habitants. mais les critères d’une différenciation sociale pouvaient être immatériels ou périssables et échapper à notre observation. De même dans les habitats ouverts, on ne connaît pas de riches bâtiments traduisant la présence d’une famille aristocratique (Arcelin 1999 et 2001 ; Garcia 2003). L’habitat ouvert de piedmont de Saint - Martin à Taradeau à la fin du IIe - début du Ier s. av. n. è. qui est un ensemble architectural complexe avec quatre pièces mitoyennes communicantes centrées sur une cour délimitée par un mur, pourrait être celui d’un membre de l’élite. Il existe une grande hétérogénéité dans l’implantation de l’habitat quelles que soient les périodes. Les habitats sont en relation avec l’espace qui les environne et c’est à partir d’eux que s’exerce le contrôle du territoire. Dans la partie nord du département la plupart des oppidums sont isolés dans un environnement de collines, où les voies de communication ne sont pas évidentes. La majorité des habitats sont proches les uns des autres, espacés de moins de vingt - cinq kilomètres, distance parcourue en un jour par 271

Fig. 241. De Cuers, Le Castelas, vue sur le Castelas de Solliès - Toucas

des chars à bœufs (Garcia 2004, 171). Certains habitats de hauteur sont visibles entre eux : Castelas des Solliès et Castelas de Cuers (fig. 240 et 241) ; Rébéquier et la Fille d’Isnard tous deux au Muy (fig. 55 et 56) ; Cabredor et Castel Diol aux Arcs ; Rocher de Roquebrune et la Flute ; Collet Redon à Roquebrune - sur - Argens et les Enfers ; Berne et le Déffend à Saint - Maximin - la - Sainte - Baume ; Vieille Valette et Baudouvin à la Valette. Ils pouvaient ainsi communiquer facilement par des signaux de feu la nuit et de fumée le jour (Enée le Tacticien, VI, 4 et 7, VII, 4). Par ailleurs Végèce mentionne que des poutres au sommet de tours dessinaient en se mouvant des hiéroglyphes (Rebuffat 1978, 829 - 830), mais seuls des avis prévus pouvait ainsi être transmis (Rebuffat 1978, 842). Si nous avons vu qu’une communauté locale est hiérarchisée pour penser et mener à bien une activité collective, par exemple la construction d’une enceinte, on ne peut que spéculer pour un échelon spatial plus large. La modestie de 80% des oppidums et leur nombre, reflètent l’image d’un pouvoir morcelé. On ne peut se prononcer sur un centre politique puissant qui pouvait regrouper autour de lui des satellites déjà organisés en réseau. 272

  « … cette région (des ligyens), divisée en dix districts, fournissait une armée comportant non seulement de l’infanterie, mais aussi de la cavalerie » (Strabon, IV, 6, 3). On ne peut interpréter à partir de ce texte l’organisation politique salyenne comme de type confédéral, car le texte exprime la division d’un tout et non la réunion d’éléments séparés (Thollard 2009, 142 - 143). Dans les tribus il devait de toute - façon exister plusieurs niveaux hiérarchiques dans lesquels étaient inclus des habitats tant groupés qu’ouverts. Si les six tribus qui sont connues à partir du IIIe - IIe s. av. n. è. se partagent l’espace varois, ce processus ne s’accompagne pas d’une individualisation culturelle matérielle spécifique à chacun des territoires concernés. La superficie, la situation sur un axe de pénétration ou la grandeur hypothétique du territoire d’un oppidum ne sont que des hypothèses pour évoquer un statut particulier. Remarquons que seuls trente - huit oppidums ont une superficie supérieure à 10 000 m2, soit dix - sept pour cent de l’ensemble. La grande superficie peut traduire une hiérarchie, le siège d’un pouvoir organisant un territoire plus vaste et pouvant comporter d’autres oppidums de plus petite taille. La domination hiérarchique politique devait aller de pair avec la puissance économique. La superficie de La Courtine, Ollioules renforcée par des tours est de 60 000 m2 lors de son agrandissement. Il joue un rôle d’interface dans la circulation des importations et il a été détruit militairement, peut - être en raison de son importance économique et politique. mais il a un proche concurrent, le Mont - Garou, Sanary, de 10 000 m2 de superficie, qui a aussi un rôle d’interface. Tous deux semblent bien placés pour contrôler la pénétration des produits vers la plaine du Beausset et l’hinterland. Le Castelas à Solliès - Toucas, 50 000 m2, protégé par dix sept tours, contrôle à l’est le débouché de la vallée du Gapeau sur la partie de la Dépression Permienne en relation avec le littoral et Ol273

bia par la vallée du Réal Martin. La Guiranne, 5 000 m2, qui domine au même niveau le Gapeau sur la rive droite pouvait jouer un rôle complémentaire. L’oppidum de Bron à Carnoules, 39 000 m2, domine au sud un rétrécissement de la dépression permienne et semble avoir un rôle prépondérant dans le contrôle de cette plaine. En vis - à - vis et au nord de ce site on ne connaît pas le rôle de l’oppidum de la Colette de 20 000 m2, dont l’enceinte est renforcée par huit tours. Le Montjean qui n’a que 5800 m2 de superficie, domine le port de Cavalaire et joue un rôle d’interface et peut - être politique. Dans l’hinterland, Val - Longue à Cotignac de 9 000 m2, est un centre de redistribution comme l’atteste la grande quantité de vases de réserves et d’urnes de grand module et plus de cent cinquante fragments de meules à va - et - vient en rhyolite. Quicule, 2000 m2, est le seul habitat fortifié sur le plateau de Sauvaire, qui semble contrôler un ensemble d’habitats ouverts de type maison avec enclos de près de 70 000 m2. Des conflits devaient opposer les communautés. « … les hommes plutôt guerriers… » (Strabon, Géographie, IV, 1, 2). Les squelettes décharnés de jeunes hommes jetés avec des armes offensives et défensives brisées dans l’aven Plérimond à Aups, au deuxième quart du VIe s. av. n. è., pourraient correspondre à un fait guerrier inter - communautaire (Boyer, Dedet, Marchand 2006). Le statut politique des habitats n’est pas argumenté sur le plan archéologique. Seuls les objets de qualité trouvés dans les tombes autorisent à singulariser des sujets aisés de la classe dominante. La société indigène ne montre pas dans le temps de signes évoquant une progression socio - économique. L’aristocratie tribale reste en place organisant la vie communautaire, en particulier dans l’utilisation 274

des surplus agro - alimentaires. Avec le développement des échanges on peut subodorer l’apparition d’une classe de marchands, peut - être des Italiens. La présence de très nombreux fragments d’amphore italique sur deux petites éminences non fortifiées à la Sermette 1 et 2 dans la plaine de Pierrefeu, proches du petit oppidum de La Déidière (Brun 1999, 550), pourrait traduire des entrepôts commerciaux sur l’axe de pénétration de la vallée du Réal - Martin entre la rade d’Hyères et la dépression permienne, où devait exister au proche Castelas de Solliès Toucas un deuxième point de rupture de charge vers l’intérieur. VIII.3. Relation de l’oppidum avec l’habitat ouvert VIII.3.1. Généralités Des habitats ouverts apparaissent autonomes. Au début de l’âge du Fer l’habitat ouvert et groupé de plus de 10 000 m2 de superficie du Touar aux Arcs est isolé sur la rive droite de l’Argens. Un autre habitat groupé et ouvert à Saint - Pierre - Gros Ped lui fait face sur l’autre rive de l’Argens, mais il n’existe aucun proche habitat groupé et fortifié de hauteur. L’habitat ouvert et groupé de L’Hermitan / Roquefeuille à Pourrières est isolé pour la même période. Au Petit Candumy à Flassans - sur - Issole au Ve s. av. n. è. des enclos avec des maisons sont centrés sur une longue voie, sans contact avec un oppidum. VIII.3.2. Inventaire des oppidums et des habitats ouverts contemporains Des habitats ouverts sont situés à proximité et / ou en piedmont, à moins d’une heure de marche, d’habitats groupés et fortifiés de hauteur contemporains. VIII.3.2.1. Au début de l’âge du Fer Le mouillage du Port de Plaisance à Cavalaire - sur - Mer, du début de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe - troisième quart du 275

Ier s. av. n. è., est dominé par l’habitat groupé et fortifié de hauteur du Montjean occupé du premier âge du Fer au IIIe s. av. n. è. (Brun et  al. 1989 ; Congès, Wallon 1988). Ce binôme illustre les points de cheminement des échanges entre le lieu d’atterrissage des marchands et la première prise de relais par les autochtones pour la diffusion vers l’hinterland. Le plateau de Quicule au Lavandou, habitat ouvert groupé et dispersé d’environ 70 000 m2 est en relation avec l’oppidum de Quicule du début de l’âge du Fer et du dernier tiers du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 97). Au Planettes 3 au Muy, l’enclos de pente du début de l’âge du Fer, est proche des trois habitats groupés et fortifiés de hauteur Les Planettes 1 (fig. 242), La Croix Bœuf et le Rocher de Roquebrune, tous occupés au début de l’âge du Fer. Les habitats ouverts La Blada et Haut Reverdit au Plan - de - la Tour, du début de l’âge du Fer, sont en piedmont de l’oppidum contemporain de San Peire (CAG 83 / 2, 564 ; Bérato, Gautier 2014). A Théméré 2 à Rocbaron, l’habitat ouvert du début de l’âge du Fer est en piedmont de Théméré 1, oppidum du début de l’âge du Fer (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 123). Aux Hautes - Roques Nord / La Bergerie à Roquebrune - sur Argens, l’habitat ouvert et groupé du début et milieu de l’âge du Fer, est en piedmont au nord du massif du Rocher de Roquebrune au Muy / Roquebrune - sur - Argens, qui est occupé durant tout l’âge du Fer. Le Plateau des Pétignons, Les Bas Petignons, Sausses 2 et Haute Rouquaire 2 au Muy / Roquebrune - sur - Argens, sont des habitats ouverts sur le plateau en piedmont sud du Rocher de Roquebrune, qui est occupé durant tout l’âge du Fer. Attanoux 1 et 2 et l’Aire de Peigros 1 à Sainte - Maxime, habitats ouverts de l’âge du Fer sont en contrebas de l’oppidum de Peigros du début de l’âge du Fer (Leeuw, Audouze 1993). 276

3

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m

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N

1

l ' A r g e n s

Fig. 242. Le Muy, Les Planettes, plan général des sites

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A Saint - Maximin - la - Sainte - Baume les oppidums de Berne et du Défens sont contemporains au début de l’âge du Fer d’un vaste habitat ouvert et groupé de piedmont. La Calabro à La Valette - du - Var, l’habitat ouvert du début de l’âge du Fer est situé en piedmont de l’oppidum de Baudouvin / La Bigoye, du début de l’âge du Fer (Arnaud et al., 1996, 47 - 94). VIII.3.2.2. Milieu de l’âge du Fer Saint - Etienne du Clocher à Carcès, habitat ouvert et groupé, occupé durant tout l’âge du Fer et Mouton - Gautier, habitat isolé du début et du milieu de l’âge du Fer, sont en piedmont de l’oppidum de l’Hubac des Teyes, du milieu de l’âge du Fer. Saint - Germain à Correns, site ouvert de piedmont du milieu de l’âge du Fer - fin du Ier s. av. n. è., est en contrebas de l’habitat groupé et fortifié de Basson occupé durant tout l’âge du Fer. Le Grand Courrent 125 à Sainte - Maxime, habitat ouvert de l’âge du Fer, est distant d’environ 700 m de l’oppidum Le Grand Courrent 4 / le Nid d’Aigle au Muy, du IIIe - premier quart du Ier s. av. n. è. (Bertoncello, Gazenbeek 1997, 607). VIII.3.2.3. Fin de l’âge du Fer Le Collet de Chaume à Besse - sur - Issole, habitat ouvert du dernier tiers du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è., est en piedmont de l’oppidum de Saint - Quinis à Camps - la - Source, occupé durant tout l’âge du Fer. Les Campaux 1 à Bormes - les - Mimosas, habitat ouvert du dernier tiers du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è., est en piedmont de l’oppidum Les Campaux 2, occupé à la fin de l’âge du Fer (Brun 1999, 257 et 258). Coste Plane à Bras, l’aven sanctuaire / lieu cultuel du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. est en piedmont de l’oppidum Le Signal (Brun 1999, 261). 278

Forum Voconi au Cannet - des - Maures, occupé dès l’extrême fin du IIe - début du Ier s. av. n. è., est en piedmont de l’oppidum de Châteauneuf / Matheron du dernier tiers du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. (Congès, martos 2000). A Cuers, La Foux, habitat des trois premiers quarts du er I s. av. n. è., est situé en piedmont de l’oppidum Le Clos d’Aureillan / Camp Aurélien, occupé du IIIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. (Bérato et al. 1995, CD, n° 126).

Le Puits du Val d’Aren à Evenos, utilisé au IIe s. av. n. è., est en piedmont et au nord de l’oppidum du Mont - Garou, à Sanary - sur Mer, occupé durant tout l’âge du Fer (Arcelin et al. 1982). La Sermette 1 et 2 à Hyères, habitats ouverts du dernier tiers du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. sont proches de l’oppidum La Déidière occupé à la même période (Bérato, Borréani 1993). Saint - Michel - de - Valbonne 2 à Hyères, habitat ouvert du dernier tiers du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è., est situé en piedmont de l’oppidum Saint - Michel - de - Valbonne, occupé de façon concomitante (Brun 2008). Les Guirannes au Luc, occupé durant tout l’âge du Fer, La Petite Lauzade / Domaine de La Lauzade, de la fin du IIe à la fin du Ier s. av. n. è. et Les Oliviers, de la fin du IIe - fin du Ier s. av. n. è., sont des habitats en piedmont de l’oppidum de La Madeleine / La Retrache, occupé du dernier tiers du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 62). Le Grand Loou I / Le Sambuc à La Roquebrussanne, habitat e du II - troisième quart du Ier s. av. n. è. est en piedmont de l’oppidum de La Croix de Bérard du dernier tiers du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. (Brun 1999, 618 ; fig. 239). Villa du château des Baumelles / Baumelles 2 à Saint - Cyr - sur - Mer, habitat du dernier tiers du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è., est en piedmont de l’oppidum de la Gache, occupé du premier âge du Fer au IIIe puis du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. (Martina 279

Fieschi 1994, 21, site n°8 ; Martina - Fieschi, Ribot 1995, 109 - 113 ; Ribot, Martina - Fieschi 1996, 39 - 41 ; Brun 1999, 652). Le Vallon du Garou à Sanary - sur - Mer, un puits est utilisé au début de l’âge du Fer à 200 m en piedmont et au sud de l’oppidum du Mont - Garou (Brun 1999, 705). La Colle 1 à Sanary - sur - Mer, est un habitat de l’âge du Fer sur un replat en contrebas de l’oppidum du Mont - Garou (Brun 1999, 705). La Piole 1 / La Piola à Sanary - sur - Mer, est un habitat du IIIe e - II s. av. n. è. sur la pente en contrebas de l’oppidum du Mont - Garou (Martina - Fieschi 1994, 78, site n° 50). Le Lançon 1 à Sanary - sur - Mer, est un habitat de la fin du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. en contrebas de l’oppidum du Mont Garou (Martina - Fieschi 1994, 79, site n° 51). La Bergerie / le Clos du Dragon à Taradeau, matériel épars du Ier s. av. n. è. ; La Clémensanne / La Combe, habitat du Ier s. av. n. è. ; l’Ormeau A / B, de la fin du IIe - troisième quart du Ier s. avn. è. ; Le Pigeonnier 1 et 2, du Ier s. av. n. è. ; Saint - Martin, de la fin du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. ; Tout Egau - Le Rocher, du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è., sont des habitats en piedmont de l’oppidum du Fort occupé de la fin du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. (fig. 52, Bérato 1997 ; Brun, Congès, Pasqualini 1993, 15 - 104). Aux Arcs, la Caisse de Cauvin 2, Saint - Jean Occidental, Saint Jean 2 et 3, sont en piedmont de l’oppidum de La Garduère à Vidauban, occupé du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. (Bérato et al. 1995). VIII.3.2.4. Contemporanéité oppidum et habitat ouvert La proximité et la contemporanéité d’habitats groupés et fortifiés de hauteur et d’habitats ouverts pose le problème de leurs relations et de leur hiérarchisation. La création d’un oppidum est inséparable de l’appropriation d’un territoire environnant facilement accessible et indispensable à la survie vivrière de la population. La communauté pos280

sédant des droits sur les espaces qui l’entourent va maîtriser l’élevage et l’agriculture. La notion de territoire peut s’appliquer à ce contexte. La hiérarchisation entre habitat ouvert et habitat fortifié pencherait pour une prédominance de l’oppidum. L’habitat groupé et fortifié de hauteur pourrait occuper le premier rang hiérarchique ou être seulement la résidence épisodique d’une communauté qui échappe à la sédentarité, en se déplaçant dans un large territoire à la recherche et à l’exploitation de terres agricoles ou de pastoralisme. La taille différente des oppidums suggère que tous ne regroupent pas le même nombre d’habitants et qu’ils n’ont pas le même degré de développement social et économique. Ils demeurent toutefois le point central d’une communauté d’ampleur certaine, mais variable. Le nombre des habitats traduit la dispersion en petites communautés de la population indigène. Les habitats ouverts en contrebas des oppidums s’intègrent dans cette entité et jouent sûrement un rôle dans la mise en valeur des sols, en élargissant ainsi le périmètre de mise en culture à de nouveaux territoires plus facilement accessibles et autorisant des cultures plus diversifiées. La dispersion des sites est révélatrice de la diversité des sols cultivés et des ressources vivrières. L’habitat ouvert peut être une simple annexe, un établissement rural à vocation agropastorale rapprochant temporairement l’agriculteur de son terroir et l’oppidum restant le lieu de vie sécurisé habituel. L’habitat ouvert peut être aussi un établissement rural indépendant, avec une activité autonome et sa proximité avec un oppidum fortuite. A la fin de l’âge du Fer les sites ouverts proches d’un oppidum deviennent plus nombreux. A Taradeau, l’oppidum du Castelard est abandonné et le proche oppidum du Fort est créé, en même temps que six habitats ouverts de piedmont fin du IIe - début du Ier s. av. n. è. 281

(fig. 42). Cela traduit une poussée démographique, mais aussi une volonté des populations de se rapprocher des terres cultivables, phénomène facilité par le changement des structures sociologiques induit par la présence romaine et le fait que les contraintes sécuritaires deviennent alors obsolètes. Les classes dominantes indigènes sont déjà sensibles à la présence romaine. Le binôme, mouillage du Port de Plaisance à Cavalaire - sur - Mer et habitat groupé et fortifié de hauteur du Montjean a une autre signification. Il illustre les points de cheminement des échanges entre le lieu d’atterrissage des marchands et la première prise de relais par les autochtones pour la diffusion vers l’hinterland. VIII.4. Evolution du territoire Les communautés ne sont pas immuables. Lors de l’abandon du Castelar à Taradeau à la fin de l’âge du Fer, succède la création du Fort à Taradeau, qui semble mieux positionné pour contrôler la dépression permienne et éventuellement communiquer avec La Garduère situé sur l’autre rive de l’Argens. Six habitats ouverts se créent en même temps au sud de l’oppidum. Sur le plateau au nord de l’oppidum moins propice à l’agriculture il n’y a aucune création d’habitat et les terres ont dû être dévolues au pastoralisme. A Sainte–Maxime, à l’oppidum de l’Aire Bradier / Règue Malade 1, occupé au milieu de l’âge du Fer, succède en piedmont plusieurs petits habitats ouverts sur le plateau de Léaubre / Pourrières à la fin du IIe - Ier s. av. n. è. Certains oppidums de petite taille, donc de faible démographie, sont vraisemblablement absorbés au cours du temps par un oppidum plus important. Au début de l’âge du Fer, Les Planettes 1 et La Croix Bœufs sont abandonnés aux dépens du Rocher de Roquebrune, qui seul sera habité ultérieurement. L’oppidum de La Courtine à Ollioules est le seul à avoir disparu, victime d’un événement militaire brutal de la part des Romains autour de 110 / 100 av. n. è., comme le suggère l’armement découvert, qui ne peut être celui d’assaillants indigènes (Arcelin, Bérato, Brien - Poitevin 282

1988). Ses habitants ont pu s’installer dans l’oppidum du Mont - Garou ou dans de proches petits sites ouverts de piedmont tels La Colle, Le Lançon, La Piole, Sainte Ternide. La création du comptoir massaliète de Tauroeis ne semble pas avoir porté préjudice à La Courtine à Ollioules ni au Mont - Garou à Sanary au IIIe s. av. n. è. Par contre Costebelle à Hyères est abandonné lors de la création d’Olbia à la fin du IVe s. av. n. è. Aux Arcs dans les Maures, on ne connaît pas l’origine des occupants des oppidums du Castelar, de la Cabredor et de l’Apié de Raybaud. Il n’y a pas à proximité de sites occupés antérieurement et qui auraient pu être lors de leur abandon à l’origine d’un transfert de population. L’oppidum de Castel Diol, qui est peut - être lié au transfert de la population de l’habitat ouvert de plaine du Touar aux Arcs à la suite de son abandon, n’est plus occupé à la fin du Ve s. av. n. è. L’hypothèse de réfugiés, de populations migrantes à la suite de contacts guerriers avec les Romains, ne repose sur aucun argument, car on ne connaît pas d’habitats de plaine abandonnés alors. Une mauvaise évaluation du potentiel d’exploitation des ressources vivrières dans le terroir initialement approprié ou l’appauvrissement et la dégradation des sols, accélérés sur les terrains en pente, par une surexploitation et des cultures sur brûlis, justifient certains abandons, en réduisant les productions vivrières. Au Mont - Garou à Sanary l’appauvrissement des sols et la chute des productions agricoles expliqueraient une occupation réduite du site au IVe s. av. n. è. (Arcelin et al. 1982, 125 - 126). Nous avons vu plus haut que certains sites sont agrandis par création d’une nouvelle enceinte. Des sites ouverts de la fin de l’âge du Fer seront réoccupés dès la fin du Ier s. av. n. è. sans hiatus appréciable par des Italiens ou par des populations autochtones acculturées à Rome. Ne pouvant être exhaustif, nous citerons Les Clarettes (Pasqualini, Régnier 1983), La Roquette (Bérato et al.1995a), Saint - Jean (Bérato et al. 1989), Saint - Pierre / Les Laurons (Bérato, Borréani, Le Guilloux 1990) aux Arcs ; Barresse 283

au Muy (Bérato, Vasseur, Dugas 2012) et La Clémensanne / La Combe (Varoquaux 1978), l’Ormeau (Brun et al. 1993), Saint - Martin (Bérato 2004a) où sont présents des vétérans romains et Tout Egau (Bérato et al. 1993) à Taradeau. VIII.5. Contemporanéité d’oppidums et de la via per Alpes maritima VIII.5.1. Présentation La situation d’une quinzaine d’habitats groupés et fortifiés de hauteur, créés à la fin du IIe s. av. n. è. ou déjà existant à cette date et qui sont tous occupés jusqu’au troisième quart du Ier s. av. n. è., est une constatation étonnante. Ils dominent en effet le tracé d’une piste en contrebas dans la plaine qui relie Fréjus à Aix - en - Provence (fig. 243). Ce chemin, qui emprunte une voie de pénétration naturelle vers le centre du département, existe très vraisemblablement dès la protohistoire. Les légions romaines l’empruntent lors de la création d’Aix - en - Provence à la fin du IIe s. av. n. è. et celles d’Antoine et Lépide la parcourent rapidement lors des événements historiques survenus à la suite de l’assassinat de César. Forum Julii et Forum Voconii sont signalés en 43 av. n. è. sur son tracé (Cicéron, Ad familiares, X, 17,1) et préexistent donc à cette date. Ce tracé, qui ne sera structuré qu’ultérieurement, prendra le nom de via per Alpes Maritimas en 13 av. n. è. Outre le large point de vue que leur position élevée autorise sur cet itinéraire de première importance, ils n’en sont éloignés que d’un à deux kilomètres à vol d’oiseau, soit à moins d’une heure de marche, compte tenu parfois du caractère accidenté du parcours. VIII.5.2. Inventaire A Roquebrune - sur - Argens, le Castelard Sud / La Flute domine l’embouchure de l’Argens et le futur site de Forum Julii, à partir de la fin du IIe s. jusqu'au troisième quart du Ier s. av. n - è. Il pouvait y contrôler l’entrée des navires (fig. 243, 2). A la même période Le Castelard Nord 284

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surplombe le début de la dépression permienne (fig. 243, 3). Le Rocher du Palay et Hautes - Roques, sont tous deux occupés de la fin du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. (fig. 243, 4). Le Rocher de de Roquebrune au Muy / Roquebrune - sur Argens, est occupé du premier âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. (fig. 243, 5). Au Muy, San - Luen / castrum de Marsens, est occupé de la fin e du II au troisième quart du Ier s. av. n. è. (fig. 243, 7). Aux Arcs, le Castelard du milieu du IIIe au premier quart du Ier s. av. n. è. (fig. 243, 8). A Taradeau, le Fort est occupé de la fin du IIe au troisième quart er du I s. av. n. è. (fig. 243, 9). A Vidauban, la Garduère du IIIe au Ier s. av. n. è. (fig. 243, 10). Châteauneuf / Matheron à Vidauban, domine Forum Voconi de la fin du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. (fig. 243, 11). Au Cannet - des - Maures, Méren Sud est occupé à la fin de l’âge du Fer (fig. 243, 12). A Flassans - sur - Issole, Les Mauniers, domine le futur Matavo de la fin du IIe au troisième quart du Ier s. av n. - è. (fig. 243, 14). A Brignoles, le Castelas à domine le site de La Lieue où un milliaire de Néron a été érigé, du dernier tiers du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. (fig. 243, 15). A Saint - Maximin - la - Sainte - Baume, Cinq - Ponts est occupé de la fin IIIe / IIe au début du Ier s. av. n. è. (fig. 243, 16). A Pourcieux, la Croix de Pourcieux / La Coquille et le Petit Fort des Agaux sont occupés du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. (fig. 243, 17 et 18). 286

Le Camp Aurélien à Pourrières, de la fin du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. (fig. 243, 19). VIII.5.3. Interprétation La coexistence des oppidums et de la voie pose le problème du statut des oppidums et des relations qui ont existé entre les classes dirigeantes des populations autochtones qui les occupent et les romains qui viennent de fonder en 122 av. n. è. Aquae Sextiae Salluviorum / Aix - en - Provence (Guyon et al. 1998, 17). Dès lors les Romains ont dû améliorer les structures de ce parcours et sécuriser l’utilisation de cette indispensable voie de communication entre cette cité et Forum Julii. Comment imaginer et expliquer la cohabitation de communautés indigènes, que les textes des auteurs anciens disent belliqueuses, et des voyageurs, aussi bien des commerçants que des officiels et des militaires, qui empruntent cet itinéraire. Le IIe s. av. n. è. en Provence est caractérisée par l’intervention militaire des Romains (Barruol 1975, 222 - 223). Nous avons rapporté au chapitre II.2 ces événements. Rappelons que Q. Opimius en 154, bat les Oxubii et les Déciates et qu’en 122, C. Sextius Calvinus, après avoir battu les Salyens, fonde Aquae Sextiae Salluviorum / Aix en - Provence. Toutefois on ne retrouve pas que des conflits militaires entre Rome et les Salyens dans les sources littéraires antiques. « Les hommes (de la Narbonnaise sont) plutôt guerriers ou agriculteurs. Aujourd’hui, il est vrai, ils ont dû déposer leurs armes et  se mettre au travail de la terre » (Strabon, Géographie, IV, 1, 2). «… les barbares de l’intérieur du pays, sont de plus en plus accessibles à la civilisation et abandonnent la guerre pour se tourner désormais vers les occupations urbaines et vers l’agriculture sous l’influence de la domination romaine » (Strabon, Géographie, IV, 1, 5). 287

On sait que Craton et neuf cents de ses concitoyens collaborent avec Rome lors de la prise d’Entremont. «Sextius  ayant  pris  la  ville  des  Gaulois  et  faisant  vendre  aux  enchères ceux qu’on y avait trouvés, un certain Craton, qui était partisan des Romains, et qui à cause de cela avait eu à souffrir beaucoup  d’insultes et de mauvais traitements de la part de ses concitoyens qui s’étaient  soulevés,  fut  amené  enchaîné  avec  les  autres  prisonniers.  Voyant le consul qui présidait à l’opération, il fit connaître qui il était  et combien il avait encouru de dangers de la part de ses compatriotes à cause de ses sentiments romains. Non seulement il fut mis en liberté  avec toute sa famille et recouvra ses biens, mais en récompense de son bon vouloir pour les Romains, on lui donna le droit de délivrer de la servitude neuf cents de ses concitoyens. Le consul, en effet, se comporta  avec lui avec plus de grandeur d’âme qu’il ne s’y attendait, pour bien montrer aux Gaulois jusqu’où irait, envers chaque parti, la reconnaissance ou la vengeance des Romains » (Diodore de Sicile, XXXIV, 23). Il n’y a donc pas eu une unanimité de la part des autochtones contre les étrangers. En 51 av. n. è. la Province de Narbonnaise ne s’associe pas avec les Gaulois dans leur lutte contre Jules César. « Il lui était en effet très facile de se rendre compte des sentiments de chacun envers Rome pendant le soulèvement général de la Gaule, auquel la fidélité et les secours de la dite Province lui avaient  permis de tenir tête » (Guerre de Gaules, VIII, 46). Des alliances, des pactes de non hostilité avec Rome ont dû être noués par des tribus indigènes. La persistance de l’occupation de ces oppidums a pu être un des éléments assurant la libre circulation sur l’axe de la future via per Alpes Maritimas. Une motivation complémentaire a pu être la défense de leur territoire contre l’hostilité de tribus voisines ou par peur de l’invasion de peuples barbares, tels les Cimbres et les Teutons, anéantis par Marius en 102 av. n. è., hypothèse qui a été évoquée à propos de la création du Fort à Taradeau (Brun et al. 1993, 102). 288

IX Environnement de l’habitat

IX.1. L’environnement Le système d’érosion méditerranéen fait que tout relief, si faible soit - il, tend à se dénuder et ce phénomène n’a pu que s’accentuer durant la protohistoire. Le gel délite en petits blocs les surfaces rocheuses. La déflation éolienne va contribuer au balayage des petits débris. La dissolution karstique burine les surfaces calcaires. Les gouttes de pluie en percutant le sol déplacent les graviers et les précipitations torrentielles vont entraîner dans les pentes un abondant matériel. Le défrichement des sols trop meubles, les sols fragilisés par l’essartage fondent, emportés par les pluies torrentielles. L’humus n’arrive pas à structurer les sols. L’ensemble de ces forces destructrices du relief varois explique que les pentes soient nettoyées et les plateaux balayés, jusqu’à ce que le substratum rocheux apparaisse. La majorité de ces zones sont actuellement abandonnées par les agriculteurs, rares sont celles encore vouées au pastoralisme. Durant la Protohistoire l’érosion toutefois a laissé en place des sols, peut - être minces, mais exploitables avec les moyens rudimentaires de l’époque (Livet 1962, 55 - 85). Au Rocher de Roquebrune au Muy, la couche de terre retenue par le mur de la maison 17 ne se retrouve pas aux alentours, où l’érosion a dégagé le rocher. L’environnement n’a été l’objet que d’études ponctuelles et les données sur l’économie végétale provençale à l’âge du Fer sont pauvres. 289

Au premier âge du Fer en piedmont des collines non habitées, le milieu naturel échappe à l’agression humaine. Au Touar au Arcs, C14 (Ly 4992) : 1013 - 799 av. n. è., des charbons de chêne caducifolié, orme, frêne, arbousier, bruyère arborescente, présents sur le site de plaine couvert par une prairie humide, proviennent de milieux peu éloignés, ripisylve ou massifs voisins et traduisent un milieu relativement humide et boisé (Bérato, Magnin et al. 1989, 34). Le milieu est déjà dégradé et ouvert au Ve s. av. n. è. à Peigros à Sainte - Maxime. L’environnement végétal à partir de la séquence de pollens correspond à une association de type maquis à chêne - vert (Quercus t. ilex), ciste (Cistus), arbousier (Arbutus), bruyère arborescente (Erica arborea), asphodèle (Asphodelus) en particulier. La présence de taxons hygrophiles (Cypéracées, rubanier (Sparganium), massette (Typha), ficaire (Ficaria), indiquent l’existence d’une zone humide à proximité du site. Une source subsiste encore de nos jours, à 100 m en dessous du sommet du Peigros, côté nord. Des cours d’eau actuellement temporaires, ont pu approvisionner en eau les populations. Des espaces pâturés existaient également comme le montre le groupe des herbacées constitué par les Cichoriées, les Anthémidées et le plantain, dont les fréquences élevées se rencontrent dans les espaces fréquentés par le bétail. La quasi - absence d’espèces rudérales pourrait indiquer que le site n’a pas été habité intensément ou bien que les déchets azotés ont été déposés assez loin du point de prélèvement. Diverses causes peuvent expliquer que les fougères (Filicales monolètes, Polypode) s’amenuisent au cours du temps : fermeture sensible du milieu perçue par la réduction des herbacées, mais aussi diminution de l’humidité. Peigros se situe au début du Subatlantique caractérisé dans la région par une très forte atteinte du milieu. L’origine de la profonde modification de l’environnement végétal, défrichements, mises en culture et installation plus ou moins prononcée du maquis, est antérieure à l’occupation du Peigros car il s’observe dans le gisement des Esclapes (4700 BP [cal = 2750 BC cal]) Les plantes sauvages, spontanées sont représentées par fort peu 290

d’individus : une folle - avoine (Avena  sp.), une ivraie (Lolium  sp.), un baldingère / phalaris (Phalaris type), ainsi qu’une légumineuse sauvage. Toutes appartiennent à des mauvaises herbes des champs, notamment des cultures céréalières (Audouze et al. 2014). Au Mont - Garou à Sanary - sur - Mer on trouve au VIe s. av. n. è. le chêne pubescent (Quercus pubescens Willd.), le pin d’Alep (Pinus Halepensis mill.), qui seul constant durant toute l’occupation du site, traduit une dégradation ancienne, et le pin (Pinus sp.). Vers 400 av. n. è. sont présents l’orme (Ulmus campestris L.), le chêne kermès (Quercus coccifera L.), le chêne vert (Quercus ilex L.), le chêne pubescent Quercus pubescens Willd.) et le pin pignon. L’exploitation du milieu naturel conduit entre 400 et 350 av. n. è. à la destruction probablement définitive de la chênaie mixte, au profit de la couverture actuelle très clairsemée de pins d’Alep, de pins pignons, de genévrier (Juniperus sp.) et de prunier (Prunus sp.) à la fin du IIe s. av. n. è. (Arcelin et al. 1982). A Château - Panier à Signes au IIe - troisième quart Ier s. av. n. è. l’approvisionnement en bois des foyers est local et se pratique dans un environnement proche des conditions actuelles du versant sud de la Sainte - Baume : chêne pubescent - vert (Quercus caducifolié), chêne vert (Quercus ilex), chêne vert ou kermès (Quercus ilex - coccifera), érable de Montpellier (acer Monspessulanum), nerprun des rochers (Rhamnus saxatilis), filaire à larges feuilles (Phillyrea latifolia) (Martina - Fieschi 1994). Au hameau des Laurons aux Arcs le matériau de chauffage de fosses à combustion utilisées entre le Ve et le IIIe s. av. n. è. concernait du chêne à feuillage caduc, du chêne à feuillage persistant, de la bruyère, de l’arbousier, du genévrier et de l’alaterne / filaire (Dubesset et al. 2014). IX.2. L’agriculture   « La Celtique (transalpine) produit partout les mêmes fruits que  l’Italie, alors que si l’on monte vers le nord l’olivier et le figuier disparaissent …et que la vigne a de la peine à arriver à maturité … elle produit du blé en abondance, du millet et des glands, et toutes les espèces 291

de bétail d’élevage y prospèrent. » (Strabon, Géographie, IV, 1, 2). «Les massaliotes occupent un territoire dont le sol, favorable à la culture de l’olivier et de la vigne, est, en revanche, par sa nature âpre, beaucoup trop pauvre en blé» (Strabon, IV, 1, 5). En Celtique « les hommes plutôt guerriers ou agriculteurs. Aujourd’hui, il est vrai, ils ont dû déposer les armes et se mettent au travail de la terre ». (Strabon, IV, 1, 2) « … les Barbares … sont de plus en plus accessibles à la civilisation (romaine) et abandonnent la guerre pour se tourner vers l’agriculture »  (Strabon, IV, 1, 5). Les productions agropastorales se sont toujours inscrites durant l’âge du Fer dans une économie dite de subsistance. Les techniques agricoles à l’échelle d’un individu ou d’une famille n’autorisaient la mise en culture que de petites parcelles de terres, d’où un émiettement du foncier, à moins qu’il y ait eu une organisation communautaire des sols. Il est vraisemblable que les paysans dans leur majorité devaient produire pratiquement les mêmes denrées agricoles dans tout le Var, leurs besoins étant les mêmes. Le mode de vie était quasiment autarcique du fait de l’isolement des habitats, mais une fois qu’avait été prélevés sur la production totale les besoins de subsistance en particulier familiaux, le surplus devait être collecté au niveau de la communauté pour servir aux échanges. L’économie n’était donc pas totalement fermée et devait être régulée par la classe dirigeante, ce qui est peut - être une des raisons de la création des habitats groupés, organisation qui permettait un meilleur contrôle de la population et des échanges. Le surplus des productions locales, qu’il est difficile de qualifier et pratiquement impossible de quantifier, devait être prélevé et réservé aux échanges avec le monde méditerranéen en contrepartie des produits importés. Des murs de restanques soutenant une terrasse à vocation agricole ne sont vraisemblablement envisageable qu’aux Planettes au Muy 292

(fig. 240, 2). Quant aux larges talwegs, aux petites cuvettes, aux bordures des larges dépressions que les sites dominent, ils ont dû être remplis par des colluvions depuis la protohistoire. Le fond des dépressions correspondait à des milieux palustres, mais on a vu que des habitats s’étaient installés en limite des zones marécageuses qui découvertes en été sont favorables au pastoralisme (Le Touar aux Arcs, Bérato, Magnin et al. 1989). Aucun vestige d’aménagement des terres palustres ou de dessèchement de marécages, n’a été mis en évidence. Les traces agraires nous échappent en l’absence de fouilles extensives. Une petite zone agricole, avec tranchées de culture pratiquées dans les couches d’argile issues de l’effondrement de murs de maisons, occupe vers 140 / 125 av. n. è. l’emplacement d’un ancien habitat dans l’enceinte de l’oppidum de La Courtine à Ollioules, alors que d’autres zones y sont encore habitées (Bérato et  al. 1996). Aux Clots à Tavernes des traces agraires de l’âge du Fer en plan en forme « d’amandes » sont associées à des drains (Martin, Fournier 2006, 183). Les études carpologiques sont rares mais autorisent la connaissance des espèces cultivées. L’activité agricole principale devait concerner les céréales. Au Touar aux Arcs, au début de l’âge du Fer (C14 (Ly 4992) : 1013 - 799 av. n. è.) blé amidonnier (Triticum dicoccum : furca), épeautre (Triticum cf. spelta : furca), blé tendre - hérisson (Triticum oestivo - compactum), ers (Vicia ervilia), avoine (Avena sp.), phalaris (Phalaris sp.), ivraie (Lolium sp.). La part de l’amidonnier, qui est un blé rustique, est importante et s’explique parce qu’il pousse là où le froment viendrait mal. La présence de phalaris indique que les semences ont poussé dans un endroit humide (Bérato, Magnin et al. 1989, 35, fig. 18). Au Peigros à Sainte - Maxime dans le Ve s. av. n. è. sont présentes des mauvaises herbes des champs, notamment des cultures céréalières. Ces adventices sont courantes à l’époque. La baldingère / phalaris (Phalaris sp.) est une graminée qui exige une certaine humidité. Une espèce (Phalaris aquatica) est même typiquement riveraine. Il est considéré comme un bon indicateur de sols argileux. On peut donc es293

timer qu’une partie des champs devait se trouver en contrebas de l’oppidum sur des terrains relativement humides. La carpologie témoigne d’une agriculture relativement rudimentaire, adaptée sans doute au substrat composé de gneiss et aux qualités des terrains avoisinants relativement pauvres et de nature acide. Les conditions édaphiques ne permettent pas l’exploitation d’espèces exigeantes, situation qui se retrouve également sur le site contemporain de l’oppidum du Montjean. Les grains de pollen de céréales se perçoivent pratiquement tout au long de la stratigraphie du site. Des champs céréaliers ont donc été établis dans le voisinage du site mais il est difficile d’évaluer leur importance. L’orge à grains vêtus (Hordeum vulgare) est la céréale prépondérante en nombre de restes. Elle représente 77% des exemplaires de céréales à gros grains. L’amidonnier (Triticum diccocum) arrive en second, mais assez loin derrière puisqu’il ne totalise que 19% des vestiges. Quant au froment / blé dur (Triticum aestivum / durum), il n’est représenté que par quelques individus. Si la présence de ces trois individus est classique pour la période, comme la domination de l’orge, en revanche la proportion d’amidonnier est plutôt inattendue. L’espèce ne parvient qu’exceptionnellement à des taux aussi élevés dans le midi de la France pour cette époque. En général, c’est le blé à grains nus, le froment / blé dur qui se place en seconde position, voire à égalité avec l’orge. Cependant dans un niveau contemporain de l’oppidum du Montjean, daté du VIe Ve s. av. n. è. l’amidonnier est également le blé dominant. De même il est très rare de constater qu’une céréale à grains de petite dimension, le millet italien ou millet des oiseaux (Setaria italica) constitue le seul millet cultivé sur le site. Réputé pour sa rusticité il s’accommode de tous types de terrains, pourvu que ceux - ci soient relativement humides, émiettés et bien préparés. Les légumineuses occupent une place de choix dans l’agriculture de l’âge du Fer. Dans les terres du Peigros, ce sont trois espèces qui sont ensemencées. La féverole (Vicia faba) se rencontre sur de nombreux gisements contemporains. Les attestations de pois chiche (Cicer arietum) et de vesce cultivée (Vicia sativa) sont moins fréquentes. La présence de ces dernières plantes est intéressante. Le pois chiche est une légumi294

neuse méditerranéenne, adaptée à la chaleur et qui résiste pour le mieux à la sécheresse. Aussi est - il possible de la cultiver en plein champ car elle ne réclame d’autres soins qu’un binage pour éliminer ses concurrentes. La vesce cultivée (Vicia sativa) s’accommode de toutes sortes de climats et affectionne les terrains bien ameublis siliceux pourvu que l’humidité ne lui fasse pas défaut. Elle est mentionnée sur l’oppidum du Montjean dans un horizon contemporain et à Clavier au Cannet - des - Maures. Au Peigros si sept taxons domestiques sont attestés, seules des céréales, l’orge, l’amidonnier et le millet des oiseaux ainsi que des légumineuses donnaient des récoltes acceptables (Audouze et al. 2014). A Clavier au Cannet - des - Maures, au Ier s. av. n. è., dans une maison avec foyer, une urne était remplie de graines carbonisées de blé, de vesce et pépins de raisin (CAG 83 / 1, 300). Au Montjean à Cavalaire - sur - Mer / La Môle, du blé amidonnier et des vesces calcinées collent au fond de récipients écrasés sur le sol d’une case. Les moyens technologiques de mise en culture étaient limités à la pioche / la houe et à l’araire. «  Un  homme  suffit  pour  huit  jugères  (un  jugère  =  un  arpent  = vingt - cinq ares) ; il doit les bêcher pendant quarante - cinq jours,  quoiqu’il puisse faire chaque jugère en quatre journées de travail, mais il en laisse treize pour la mauvaise santé, le mauvais temps, la paresse, la négligence … un jugère en quatre journées de travail est, pour un seul ouvrier, une tâche à accomplir suffisante » (Varron, Economie rurale, livre I, 18). A la fin du XVIIIe s. en Corse le calcul des possibilités journalières de labour à la pioche est assez proche, trois ares en terrain plat et un are et demi en pente par jour, soit entre soixante et quatre - vingt - quatre jours pour un hectare. L’araire permet le labour d’un hectare en vingt - cinq jours environ (Casanova 2005, 83, tabl. 9). 295

La superficie des zones cultivables était donc limitée et les ressources procurées réduites, d’autant que le rendement à l’hectare par rapport aux semences était lui aussi faible. Au voisinage immédiat des habitats groupés et fortifiés de hauteur certains aspects du relief laissent présager des possibilités de mise en culture ou de pâture, tels les piedmonts en marge de zones palustres, les larges replats, les pentes montagneuses adoucies, les plateaux, qui sont de nos jours répulsifs pour les agriculteurs. IX.3. L’arboriculture «Dans  toute  la  Narbonnaise,  en  effet,  les  productions  du  sol  sont identiquement les mêmes qu’en Italie, tandis qu’en avançant vers  le nord et dans la direction du mont Cemmène on ne rencontre déjà plus de plantations d’oliviers ni de figuiers ; les autres cultures, il est  vrai, continuent de prospérer, mais, pour peu qu’on avance encore dans la même direction, on voit la vigne, à son tour, ne plus réussir qu’avec peine» (Strabon, IV, 1, 2) Ce sont les Grecs qui ont appris aux indigènes à tailler la vigne et planter l’olivier (Justin, XL III, 4, 2). Des vestiges de viticulture ont été mis au jour dans la région marseillaise dès l’époque hellénistique. Dans le Var les vestiges matériels du transfert technique grec dans le domaine de l’arboriculture sont tardifs. Le début de l’arboriculture doit être en fait plus ancien, mais les instruments pour élaborer l’huile et le vin, qui étaient alors en matériaux périssables, comme le fouloir et le pressoir en bois (tel qu’ils sont figurés sur un cratère de la nécropole d’Aléria au musée Matra en Corse) n’ont pas laissé de vestiges. Quelques traces agraires fossiles évoquent l’arboriculture dans le Var. Des trous de plantation quadrangulaires alignés sont associés à un fossé de drainage du milieu de l’âge du Fer, ainsi qu’à des fosses oblongues présentant des indices de provignage à Gros - Ped aux Arcs (Reynaud, Chapon 2012, 176 - 177). 296

Fig. 244. Ollioules, La Courtine, contrepoids de treuil de pressoir

Au Chemin de Saint - Etienne à Barjols au IIe s. av. n. è. deux aménagements sont reliés par une tranchée perpendiculaire et deux fosses quadrangulaires pourraient attester de la plantation de vignes et de fruitiers (Voyez, Aubourg 2009, 170). Sur le site de Clavier au Cannet - des - Maures, au Ier s. av. n. è. on ne sait si les pépins de raisin carbonisés découverts dans l’urne d’une maison avaient été consommés comme des fruits ou s’il s’agissait de résidus de vinification. (Brun 1999, 300). L’arboriculture est inconnue sur l’oppidum de Peigros comme d’ailleurs au Montjean. Il est vrai que l’échange de vin par les marseillais contre des céréales en particulier, n’a pas dû inciter les populations locales à développer la viticulture. Les pourcentages d’amphores massaliètes, qui sont moins importants au IIe s. av. n. è. qu’au début et au milieu de l’âge du Fer, pourraient être un indice indirect d’une production locale 297

répondant alors partiellement aux besoins. Mais à partir du dernier tiers du IIe s. av. n. è. les amphores vinaires italiques sont présentes sur trois cent quinze sites, alors que les amphores massaliètes ne l’étaient que sur cent soixante - deux sites. Cette partie de la Provence orientale laisse entrevoir un certain retard par rapport au Languedoc, où l’exploitation d’espèces pérennes est manifeste à la même période. L’introduction des cultures arbustives de bons rapports, qui nécessite un investissement et une activité agricole bien maîtrisée, car productives seulement après plusieurs années, apparaît en milieu indigène pour l’olivier durant le IIe s. av. n. è. sous l’influence de Marseille. Les plus anciens vestiges d’installation oléicole, maie de pressoir en basalte, contrepoids de pressoir à treuil parallélépipédique ou pyramidal en basalte, datent du IIe s. av. n. è. sur l’oppidum de La Courtine à Ollioules (fig. 244). Une maie de pressoir en calcaire est connue aux Esclavaux 3 à Pontevès dans un contexte du IIe - Ier s. av. n. è. (Bérato, Michel 2011, 86, fig. 57) et une seconde en grès dans une ferme à Saint - Martin à Taradeau fin IIe - début Ier s. av. n. è. On ne sait si cette production était destinée à la consommation de la ferme ou si elle participait aux échanges locaux - régionaux, éventuellement avec les commerçants méditerranéens. IX.4. La faune Bien que les conditions taphonomiques ne semblent pas favorables à la conservation du matériel osseux dans le Var, il semble qu’il existe un statut privilégié d’une espèce par époque et que cette situation change selon les périodes chronologiques, mais cette interprétation de la production du cheptel et de la consommation de viande, n’est basée que sur un faible nombre de résultats. Le ravitaillement en viande au début de l’âge du Fer est fondé pour la plus grande part sur l’abattage du bœuf. La part des ovi - caprinés augmente au milieu de l’âge du Fer et devient dominante au IIe - Ier s. av. n. è. L’apport de la chasse est alors négligeable et n’est plus une activité indispensable pour les ressources alimentaires en viande, 298

qui font alors appel à une diversification des ressources. Les bovins perdent la prédominance qu’ils avaient jusqu’au début du IIe s. av. n. è. et sont alors destinés vraisemblablement aux travaux agricoles. Au Touar au Arcs, C14 (Ly 4992) : 1013 - 799 av. n. è. sont présents ovi - caprinés (moutons et chèvres : 53 % des individus), suidés (porcs et sangliers 10,6 %), boeufs domestiques (15,1 %, mais 52,6 % en poids de viande), âne, cerfs, chevreuils, chien de grande taille, lapin de garenne. Le cheptel domestique représente 78,50% et la chasse 21,50 % dont le cerf 6%, le chevreuil 4,5 % et le sanglier 3 % (Bérato, Magnin et al. 1989, 34 - 35, fig. 27). Au Mont - Garou à Sanary - sur - Mer, de la fin VIIe au tout début du VIe s. av. n. è., l’essentiel de la viande est fourni par le bœuf, puis par les ovi - capridés, le porc et la chasse (cerfs et chien). Au VIe s. av. n. è., il y a moins de bœuf toujours prédominant et d’ovi - capridés et une faible présence d’oiseau et poisson. Au Ve s. av. n. è. même représentation des espèces qu’au VIe s. av. n. è. avec lapin et oiseau en complèment. De la Fin Ve au début IVe s. av. n. è. large prédominance du bœuf, suivi des ovi - capridés, des porcs et faible apport de la chasse (cerf). Dans la seconde moitié du IVe s. av. n. è. les ovi - capridés augmentent ainsi que les suidés au détriment du bœuf qui représente toujours un tiers de la viande consommée, le cerf reprend sa place du début VIe s. av. n. è. Du IIIe s. au milieu du IIe s. av. n. è. la diversification des ressources est de règle avec le bœuf qui est toujours le plus important à 38 % par rapport aux ovi - caprinés à 22 % pratiquement à égalité avec le cerf. Les suidés et le poisson sont présents. A la fin du IIe s. av. n. è. l’apport de la chasse devient négligeable et ne représente plus que 5% de l’approvisionnement en viande, mais le nombre d’espèces augmente : cerf, chevreuil, renard, perdrix, lapin de garenne (Arcelin et al. 1982). A Saint - Estève à Evenos la faune dans une maison du e II s. av. n. è. comporte ovidés, suidés et poissons (Brun 1984). A Château - Panier à Signes le mouton et le bœuf sont présents 299

au début de l’âge du Fer (Martina - Fieschi 1994). A Saint - Probace à Tourves le nombre de segments anatomiques des ovicaprinés et des porcs (dont un de moins ou égal à 5 mois d’âge et un de plus ou égal à 5 ans) est plus élevé que celui des bovins (un de plus ou égal à 5 ans d’âge) (Bérato, Borréani, Hameau 2000). A La Courtine à Ollioules on trouve des coquillages et des poissons dont des vertèbres de grande taille (Bérato et al. 1999). Au Fort à Taradeau (Brun et al. 1993) quelques fragments osseux ne sont pas identifiables. La présence d’une valve de Cardium, cerastoderma  edule  L. est peut - être en relation avec l’alimentation, la coque servant ultérieurement de simple outil pour décorer des récipients. L’archéozoologie pourrait fournir certains marqueurs du statut social des habitants, quand par exemple à l’intérieur des terres sont présents poissons et / ou coquillages qui voyagent mal. La présence de coquillages et de pierre ponce au Touar, aux Arcs, atteste que les habitants avaient des contacts avec le littoral au début de l’âge du Fer (Bérato, Magnin et al. 1989, 34). Sur les sites fouillés de Tout Egau, Le Fort, L’Ormeau et Saint - Martin à Taradeau ; L’Apié de Raybaud, La Cabdedor et Le Castelard aux Arcs ; Peyro - Baroun à Artignosc - sur - Verdon et au Rocher de Roquebrune au Muy, la faune est absente ou n’est pas identifiable.

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X Productions et échanges dans la société indigène

X.1. La monnaie On sous - estime la part de la monnaie dans les échanges indigènes, car les pilleurs en font disparaître impunément le plus grand nombre. Par exemple à Bron une seule monnaie a été découverte à l’occasion de plusieurs interventions archéologiques, alors qu’un numismate y signale de très nombreuses oboles de Marseille à tête juvénile d’Apollon (Bérard 1998). On ne connaît pas dans le Var de monnaie étrusque. La monnaie est un moyen d’échanges entre Marseille et les indigènes dès le premier âge du Fer. Le monnayage de Marseille diffuse en effet même dans l’hinterland varois dès les premières émissions au Ve s. av. n. è. : obole du type du trésor d’Auriol à La Verrerie à Bras, à La Courtine à Ollioules, à Saint - Etienne du Clocher à Carcès (fig. 245 et 246), Les Cannebières à Correns, à Châteauneuf à Vidauban. Ultérieurement les monnaies marseillaises deviennent nombreuses et dominent jusqu’à la fin de l’âge du Fer. Les trésors monétaires sont rares. A La Courtine à Ollioules (Bérato et al. 1996), une coupelle comportait cent quarante - quatre oboles de la fin du IVe s. av. n. è., un autre récipient un lot de seize drachmes de Marseille et deux imitations d’Ampurias du IIIe s. av. n. è., dans d’autres vases un lot de neuf mille quarante - deux oboles et un autre de mille huit cent dix oboles (fig. 247). A Gonfaron, un pot contenait 301

Fig. 245 et fig. 246. Carcès, Saint - Etienne - du - Clocher, obole d’Auriol

Fig. 247. Ollioules, la Courtine, trésor monétaire

Fig. 248. Carcès, Saint - Etienne - du - Clocher, obole et fig. 249. obole scyphate

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soixante - huit oboles du Ier s. av. n. è. (Bérard 1998). Ces lots monétaires homogènes (Carcès, Saint - Etienne - du - Clocher, fig. 248) qui sont de vraisemblables dons aux dirigeants locaux pour assurer le libre passage des importations massaliètes, pourraient correspondre aussi au coût des transactions. Les indigènes Salyens vont s’approprier de façon modeste ce moyen d’échange en imitant les monnaies massaliètes dès le Ve IVe s. av. n. è. et jusqu’au IIe - Ier s. av. n. è., mais toujours en moindre nombre : obole indigène à la tête casquée et obole skyphate salyenne aux Cannebières à Correns ; oboles skyphates à Saint - Etienne - du - Clocher à Carcès (fig. 249), à Béouvé à Correns, à Camparoux à Pontevès et Ploungue à Fox - Amphoux, à l’Aille à Gonfaron. Seules de petites dénominations circulent, Marseille ayant dû s’adapter aux faibles possibilités d’échange des populations autochtones, en particulier celles de l’hinterland varois. La dispersion des monnaies indique que leur possession n’était pas limitée aux seuls aristocrates. Le faible volume des monnaies n’est pas en faveur d’une valeur fiscale du monnayage. On ne peut affirmer un commerce purement monétaire. Certaines marchandisess importées, le vin principalement, relevaient très vraisemblablement du troc en nature. La pénétration de Rome dans les échanges avec les autochtones est marquée par la circulation du monnayage italien et les importations d’amphores italiques, ces dernières peut être véhiculées au début par les marseillais. Ces monnaies restent minoritaires par rapport à celles de Marseille et se retrouvent en petit nombre : as de la République romaine daté de 211 - 89 av. n. è., à la Plaine Saint - Jean à Bras ; monnaies républicaines romaines à l’Acapte ; monnaies républicaines de Jules César à Saint - Jean à Gonfaron ; denier républicain à Pioule au Luc ; monnaies d’argent et de bronze de la République au Collet du Gapeau à Signes. On connaît peu de monnaies d’ateliers périphériques, potin des Séquanes IIe - Ier av. n. è. à Clastre à Fox - Amphoux ; monnaie à la croix des Volques tectosages du Ier s. av. n. è. aux Thermes au Cannet des - Maures et à Toulon. 303

X.2. La céramique X.2.1. La céramique modelée L’un des critères du caractère indigène d’un site est le pourcentage toujours très élevé de récipients en céramique modelée locale. Il traduit les pratiques alimentaires des indigènes tant dans le choix des aliments que dans leur façon de les cuire. Ils identifient une culture différente de celle des Grecs et des Romains.

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Fig. 250. Céramique modelée varoise

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Fig. 251. Pourrières, Roquefeuille, céramiques dont urne F1300

La céramique modelée reste durant tout l’âge du Fer une production locale, réalisée en milieu domestique ou à un niveau déjà spécialisé (fours de potiers de Saint - Maximin). Elle circule peu, c’est plutôt le modèle dont elle s’inspire qui diffuse. Lorsque l’échantillon céramique d’un site est suffisant large, la typologie reste globalement la même pour une période donnée, mais les réalisations différent par des détails. Nous présentons succinctement les formes principales de la céramique modelée classée en trois larges périodes (fig. 250), renvoyant à l’étude typologique complète (Bérato 2008). La première période couvre le début de l’âge du Fer jusqu’au milieu du Ve s. av. n. è. avec les urnes F1300 (fig. 250, 1 et 2, fig. 251 et 252), les plats F2000 (fig. 253) et les bols / coupes F3000 (fig. 250, 3 et 4). La seconde période correspond à l’apparition dans le milieu du Ve s. av. n. è. du nouveau type d’urne F1420, qui va perdurer jusqu’au dernier tiers du IIe s. av. n. è. (fig. 250 , 5 et 254). La dernière phase correspond au dernier tiers du IIe s. av. n. è. qui coïncide avec l’importation de l’amphore italique Dressel 1A et aux trois premiers quarts du Ier s. av. n. è. Durant le dernier quart 305

Fig. 252. Pourrières, Roquefeuille, urne F1300, coupes F3000

du Ier s. av. n. è. le nouveau type d’urne F1500 remplace les formes précédentes (fig. 250, 6 et 255) et le bol / coupe F3145 apparaît (fig. 250, 7 et 256). Le répertoire décoratif des récipients modelés est limité en motifs qui se rencontrent des Alpes aux Pyrénées. Les thèmes empruntés au Bronze final disparaissent à la fin du premier âge du Fer. Ulté306

Fig. 253. Pourrières, Roquefeuille, plat F 2000 reconstitué

rieurement le décor est identique durant tout l’âge du Fer, traduisant la transmission d’une tradition récurrente non modifiée par les modèles de Marseille. Le besoin d’imiter des récipients tournés ne se retrouve que dans quelques productions. A Olbia les Grecs utilisent en 200 - 100 av. n. è. des formes de marmite en céramique modelée locale F7311, F7321, F7322, F7323 et F7331 qui imitent des productions modelées de la région de Marseille (Bérato 2008). A La Courtine on trouve au IIIe et

Fig. 254. Ollioules, la Courtine, urnes F1420 du trésor

Fig. 255. Porquerolles, céramique modelée, urne F1500

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Fig. 256. Taradeau, Fort, céramique modelé, coupe F3145

Fig. 257. Verdon, céramique peinte

IIe s. av. n. è. des mortiers en céramique modelée F5711 et 5712, imitant des formes massaliètes à pâte claire, qui auraient pu être utilisés par des Grecs ou des sujets hellénisés. Quelques mortiers, faitouts ou marmites imitant des céramiques importées se rencontrent de façon anecdotique sur des sites indigènes à la fin de l’âge du Fer. Au Ier s. av. n. è. des coupes en céramique modelée Bérato F3131, qui présentent une pâte saumon et une couverte noire lissée ou polie, évoquent une imitation de céramique campanienne. On ne sait si la céramique modelée peinte du début de l’âge du Fer (fig. 257), retrouvée en faible nombre dans le Var, est une production importée ou locale. X.2.2. La céramique grise monochrome La céramique grise monochrome tournée apparaît à la fin du VIe s. av. n. è. Elle est présente à Vaugrenier, Le Muy (Pelissier 2008), daté par le C14 : 2410 + / - 35 BP : 540 BC 68,2%), 400 BC (95,4 %) - 590 BC (77,5%) 390 BC et 2480 + / - 35BP : 530 BC (95,4%). Elle disparaît à la fin du Ve s. - début du IVe s. av. n. è. Elle est également répartie dans tout le Var, à l’exception du massif des Maures et du nord - est du département. Sa facture de qualité atteste qu’elle relève de potiers grecs, qui ont été relayés ultérieurement par des potiers autochtones formés à leur contact, comme l’évoquent sa large diffusion et les variations dans la qualité de la pâte qui correspondent à de multiples ateliers. Mais il ne s’agit que d’un bref emprunt technologique du tour, qui ne sera plus utilisé dans le Var durant tout le reste de l’âge du Fer. 308

X.2.3. La céramique d’importation La présence d’importations sur un site est un indice permettant de mesurer les échanges en qualité et quantité. Elle correspond à des besoins secondaires que la société autochtone ne peut satisfaire. Ainsi la manière de boire le vin est associée à l’adoption du service à boire grec importé, les potiers indigènes ne produisant pas ce type de récipients (fig. 258) . La consommation concerne du vin de Marseille, ville qui est le seul partenaire du Ve au milieu du IIIe s. av. n. è., mais cette soif de vin ne traduit pas une acculturation de la société ni l’adoption d’un nouveau mode de vie. La céramique tournée importée n’est jamais en grande proportion sur les sites, ce phénomène s’inversera à la fin de l’âge du Fer avec l’importation des productions d’Italie. C’est aussi seulement vers 50 av. n. è. qu’apparaissent sur des

Fig. 258. Sanary, le Mont - Garou, coupe attique

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sites indigènes, le Fort à Taradeau par exemple, des formes de bols / coupes en céramique commune tournée à pâte claire micacée des productions de la vallée de l’Argens imitant la céramique à pâte claire massaliète (Bérato 2008). X.2.4. Le Verre Quelques petites perles en verre découvertes sans contexte sont peut - être d’origine locale. Les autres objets en verre sont des importations. Cinq pendentifs en verre coloré sur noyau d’origine phénicienne (fig. 259), datés du IIIe - IIe s. av. n. è., ont été trouvés à Ollioules, La Courtine (Bérato et al. 1996). Un anneau en verre polychrome de 2 cm de diamètre, peut correspondre à une bague à Saint - Etienne - du - Clocher, Carcès (fig. 260). L’anneau, large de 0,7 cm et épais de 0,3 cm, est en verre bleu avec des filets bleus incrustés. Il est rehaussé d’une bossette jaune de 0,4 cm de diamètre, comportant un filet bleu sombre disposé en hélice. Il s’apparente à l’exemplaire attribué au IIe s. av. n. è. trouvé à Saint - Pierre - les - Martigues, Bouches - du - Rhône, au contact des couches 4 / 5 de la cabane 9 (Lagrand 1979, 91, fig. 11, 17).

Fig. 259. Ollioules, la Courtine, figurines phéniciennes en pâte de verre Fig. 260. Carcès, bague en pâte de verre

310

X.3. Les meules domestiques X.3.1. Généralités Dans le monde indigène des échanges inter - communautaires existent et la diffusion des meules domestiques l’illustre bien. Des fragments de meules domestiques pour broyer le grain ont été retrouvés sur deux cent dix - sept habitats ouverts et cent trente - huit habitats groupés et fortifiés de hauteur. Il faut signaler qu’en prospection ce type de mobilier a été longtemps négligé et que la description morphologique compte tenu de l’état fragmentaire des individus ne porte que sur des critères typologiques simples, meule de type à va - et - vient, à trémie ou rotative. Le catalogue est donc incomplet, mais permet toutefois une approche globale de l’utilisation et de la circulation de ce produit. Dans l’inventaire nous n’avons pas fait le total de tous les fragments de meules découverts sur chaque site. Nous n’avons retenu que le type de meule et la qualité du matériau. Des meules de type et de matériaux différents peuvent se rencontrer sur un même site. Les meules en rhyolite sont les plus nombreuses (deux cent vingt - deux sites, soit 55 %), suivies par les meules en basalte (cent trente - neuf, soit 33 %), les meules en grès local (cinquante - deux, soit 12 %), les autres matériaux sont anecdotiques.

Fig. 261. Les Arcs, Castel Diol, meule à va - et - vient

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La plus grande fréquence des meules à va - et - vient (cent cinquante - huit sites, soit 38 %), à table plus ou moins rectangulaire ou oblongue et molette ovale proche du type Py A2 (fig. 261), traduit la persistance durant tout l’âge du Fer de l’utilisation de techniques archaïques remontant au néolithique. Le nombre des meules à trémie de type Py A3 (fig. 262) n’est pas négligeable Fig. 262. Cuers, le Castelas, (vingt - six, soit 6 %), d’autant meule à fente que certains fragments de tables recensés avec les meules à va - et - vient pourraient appartenir à ce type. Sa présence atteste l’adoption de techniques importées du monde hellénisé et aucune n’apparaît avant le IVe s. av. n. è. Aucune meule basse rotative de type Py B2, dont la face supérieure de la meta est bombée et la face supérieure du catillus creuse

Fig. 263. Le Beausset, Rocher - de - l’Aigue, meule rotative

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(fig. 263), n’est présente avant le IIe s. av. n. è. L’introduction tardive de cette technique explique la faible représentation de la catégorie (trente - quatre, soit 8 %), le grand nombre de sites de la fin de l’âge du Fer ne compensant pas la brièveté de son utilisation par rapport aux périodes antérieures. Les meules sont communément d’un usage domestique, pour fabriquer la farine à partir des céréales. Compte tenu d’un état de conservation le plus souvent fragmentaire il est impossible d’éliminer d’autres utilisations, moulin à sel, mouture de tout autre produit par exemple concassage du minerai de fer. X.3.2. Les ateliers de meules domestiques Des ateliers de meules domestiques à grains sont connus dans le Var. Un atelier, utilisant comme matériau le basalte sur lequel est construit l’habitat groupé et fortifié de hauteur de La Courtine à Ollioules, fonctionne durant tout l’âge du Fer, comme le démontre les déchets de taille en remploi dans les structures et le grand nombre de meules, en particulier celles à trémie de type grec, découvert sur le site : quatre tables et quarante - huit parties mobiles de meules à trémies, cent soixante - deux fragments de meules à va - et - vient et soixante - dix - huit molettes, quatre - vingt - douze fragments de catilus, quatre - vingt - six de meta de meules rotatives basses (Arcelin, Bérato, Brien 1988, 61). Sur les meules à trémie un dispositif destiné à rendre plus efficace l’action de mouture est caractérisé par deux incisions « en patte d’oie » de part et d’autre de la fente sur la surface inférieure d’utilisation. Cet aménagement présent sur certaines productions de La Courtine, se retrouve à Saint - Estève, Evenos, site de consommation. Leur diffusion sur de grandes distances, par voie maritime pour les plus lointaines, est confirmée par l’étude pétrographique. Le Rocher de l’Aïgue au Beausset produit des meules rotatives basses en basalte de la fin du IIe s. av. n. è. jusqu’au IIe s. de n. è. (Bérato et al. 1986). Sur le site les ébauches de meules rotatives sont nombreuses ainsi que les cavités d’extraction. L’analyse pétrographique ne permet pas de dissocier le basalte du Rocher de L’Aïgue de celui de La 313

Courtine. Sa diffusion lointaine pour la fin de l’âge du Fer est inséparable de celle de La Courtine. Au village d’Evenos, sur le sommet d’un massif basaltique, un habitat groupé et fortifié de hauteur a été détruit. Des meules en basalte y ont été découvertes, mais l’hypothèse d’un atelier de meules est invérifiable. Sur l’oppidum de Maravieille à La Môle, installé sur le sommet d’un massif basaltique, des meules rotatives en basalte ont été extraites du substratum après la fin de la première occupation protohistorique. De nouveaux éléments archéologiques permettent de dater du Ier s. av. n. è. au Ier s. de n. è. cette production. Sur l’oppidum de La Forteresse à Bagnols - en - Forêt une taillerie de meules en rhyolite fonctionne au milieu de l’âge du Fer, comme l’atteste des négatifs d’extraction de meules dans le substratum rocheux et la présence de meules à trémie (Désirat 1980, 68, fig. 33). A la Meulière du Défens Sud, Bagnols - en - Forêt, une carrière de meules est attestée par de très nombreux amas de déchets de taille et des fragments de meules ébauchées et détachées à trémie ou de forme circulaire en rhyolite. A Bayonne à Bagnols - en - Forêt, un habitat de tailleurs de pierre et un atelier de taille de meules en rhyolite, dont des rotatives, est postérieur à l’abandon de l’occupation du début de l’âge du Fer. Au Rocher de la Fille d’Isnard / Dina, Le Muy, dans la Colle du Rouet, des meules à trémie et à va - et - vient en rhyolite, ainsi que de nombreux déchets de taille, au nord - ouest de l’habitat évoquent une carrière de meules. Au Pic de Rebéquier, Le Muy, il est possible que les affleurements de rhyolite aient été exploités. Sur l’habitat groupé et fortifié de hauteur du massif de Roquebrune au Muy / Roquebrune - sur - Argens, occupé durant tout l’âge du Fer, la découverte d’une seule ébauche de meule rotative en arkose, 314

peut évoquer une tentative de taille de meule. Le site volcanique triasique de Rougiers est impropre à la confection de meules (Reille 1998, 239) X.3.3. Diffusion des productions La seule source de basalte dans le Var étant la région toulonnaise on peut admettre que les meules taillées dans ce matériau en proviennent. Par contre, en l’absence d’analyse pétrographique, la diffusion dans le Var des meules en rhyolite des différents sites de production ne peut être précisée. La rhyolite est une roche adaptée à la mouture des matières premières, ainsi que le basalte, toutefois plus difficile à travailler. Leur usure est plus lente que celle des meules en grès qui, plus tendres, se délitent plus facilement aux frottements. Sur les lieux de production par exemple à Bagnols - en - Forêt, il y a uniquement des meules en rhyolite et sur l’oppidum de La Courtine, uniquement des meules en basalte. Les meules en basalte diffusent par voie terrestre dans la dépression permienne jusqu’à Puget - sur - Argens ; dans l’ouest et le centre du Var sans dépasser vers le nord Rians, Saint - Julien, Salernes et Figanières. Elles sont très vraisemblablement transportées par cabotage côtier à courte distance sur le littoral vers l’est, car on sait que le cabotage massaliote arrivait jusqu’à Monoecos (Strabon, Géographie, IV, 6, 2), mais on n’en retrouve pas au - delà de Sainte - Maxime. Elles sont absentes dans l’Estérel, le nord et l’est du département. La diffusion maritime lointaine liée alors au commerce hauturier massaliète concerne principalement les productions archaïques en basalte de La Courtine. La présence de meules en basalte sur les abords du tracé de la future via per Alpes Maritimas peut y faire évoquer la préexistence d’une piste de communication dès le début de l’âge du Fer. Les meules en rhyolite qui proviennent de l’est varois, de la région du Muy - Roquebrune - sur - Argens, Bagnols - en - Forêt, 315

les Maures et l’Estérel se répartissent principalement dans l’est, le nord - est, le centre, la dépression permienne et ses abords, ainsi que dans les Maures autour de Sainte - Maxime, mais ne diffusent qu’en petit nombre dans l’ouest varois. Leur diffusion terrestre semble prédominante dans le département. L’utilisation du grès, qui laisse beaucoup de particules dures dans la farine, est retrouvée sur cinquante - deux sites soit dans 12 %. Il doit traduire un artisanat local capable de fabriquer des meules avec le matériau rocheux trouvé sur place, lorsque les besoins locaux ne sont pas assurés par le commerce à longue distance. Le granite, le porphyre, l’arkose et le calcaire coquillier ont été utilisé à titre anecdotique. En conclusion, l’étude des meules dans le Var, bien qu’incomplète en raison du petit nombre d’études pétrographiques, met en relief l’impact du commerce de Marseille, avec une des contreparties des produits indigènes aux importations massaliètes. Leur répartition visualise bien les échanges conduits par voie terrestre par les populations indigènes, à courtes et moyennes distances, à l’intérieur du département et par cabotage sur le littoral, où les indigènes conservaient des ports. A Val - Longue à Cotignac, dont l’occupation principale du début de l’âge du Fer cesse très vraisemblablement après un incendie, l’abondance des fragments de meules à va - et - vient en rhyolite, plus de cent cinquante au minimum, est en faveur d’un centre de redistribution de produits, dont des meules. Autre argument, les nombreuses urnes de grand module, les grands récipients de réserve F1394 à bord triangulaire individualisés au Touar (type Touar 90.1, F1390), les doliums à bord allongé et collé et les récipients de réserve en torchis, qui évoquent de grande capacité de stockage pour des surplus de produits agricoles à échanger. Une autre hypothèse, qui n’exclut pas la première et qui est liée aux nombreuses scories et à deux loupes en fer, serait que certaines meules aient pu servir à broyer du minerai de fer dans le cadre d’une petite activité métallurgique locale. 316

Fig. 265. Carcès, Saint - Etienne - du - Clocher, bracelet d’enfant

Fig. 264. Carcès, Saint - Etienne - du - Clocher, fibule Tendille 9

X.4. Les métaux Les objets métalliques bien conservés sont rares. Signalons le dépôt de l’aven Plérimond à Aups, les objets accompagnant les défunts à Gros - Ped aux Arcs, un ensemble à Saint - Etienne - du - Clocher à Carcès (fibule de type Tendille 3 et 9 (fig. 264), fibule de Nauheim type Feugère 5a, bracelet de section ovalaire (fig. 265), bracelet moulé orné sur sa face externe de godrons en relief, anneau en bronze, pendeloque du type Baou de Saint - Marcel (fig. 266), bouton - applique (fig. 267, Bérato, Thiant 2012) et des fragments de lance en fer à Saint - Estève à Evenos ou à La Courtine à Ollioules. Sur les sites des fragments d’objet en fer sont le plus souvent non identifiables. Les objets métalliques étaient vrai- Fig. 266. Carcès, Saint - Etienne semblablement récupérés pour être du - Clocher, pendeloques fondus. Le dépôt de fondeur de bronze 317

du Ve s. av. n. è. découvert à La Lioure à Claviers atteste la circulation des métaux à travers la récupération des rebuts. Des scories en fer en grand nombre et des loupes en fer, dans des zones où géologiquement le minerai de fer est présent, traduisent des traces de sidérurgie. On ne sait si cette transformation répondait à des besoins locaux où à un but d’échange. Des traces de métallurgie hors de toute structure de four sont présentes sur des oppidums, caractérisées par des loupes en fer au Castelas et à Val - Longue à Cotignac, au Castelas à Cuers, à la Tête du Baou à Mazaugues et à La Croix Bérard à La Roquebrussanne.

Fig. 267. Carcès, Saint - Etienne - du - Clocher, boutons d’applique

Des scories métalliques et des traces de fours de métallurgie ont été signalées à Sigaloux 3 à La Crau, aux Menques à Esparron, ainsi qu’au Jas 6 au Plan - de - la - Tour. Des objets d’orfèvrerie en fer avec des décors de corail découverts dans les tombes du VIe s. av. n. è. à Gros Ped aux Arcs et qui n’ont pas d’équivalents connus dont une applique de fibule (fig. 268),

Fig. 268. Les Arcs, Gros Ped, fibule décorée de corail

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traduisent un artisanat de qualité, qui a pu faire circuler ses productions. Les fibules à double pied en alliage cuivreux rencontrées dans le Var du Ve au Ier s. av. n. è. avec des décors caractéristiques, sont des objets de parure de fabrication locale qui ont circulé jusqu’à Marseille au II e s. av. n. è. (Amann 1977b). X.5. Les échanges technologiques X.5.1. Le tissage Les fusaïoles qui servent à lester les fuseaux lors du filage de la laine sont fréquentes sur les sites indigènes du Var depuis le néolithique. Par contre les pesons en céramique modelée qui servent à tendre les fils de la chaîne sur le métier sont exceptionnels avant la période romaine (Ugolini 2010, 435 - 436). On ne les rencontre qu’au Touar 1 aux Arcs (C14 : 1013 - 799 donc antérieur à la création de Marseille), au Ménier à Sainte - Maxime et au Fort à Taradeau à la fin de l’âge du Fer. Les indigènes ne semblent pas avoir adopté systématiquement la technique du métier à tisser vertical grec. Ils devaient utiliser des méthodes différentes, de petits métiers à tisser mobiles horizontaux. X.5.2. L’éclairage Dans le domaine de l’éclairage les Grecs ne semblent pas avoir influencé les usages locaux (Ugolini 2010, 436 - 439). On ne retrouve pas de lampes à huile en céramique modelée sur les habitats indigènes. Parmi les dépôts votifs du sanctuaire gréco - massaliète de l’Acapte à Hyères ont été déposées des lampes. Une lampe hellénistique est présente aux Platanes à Saint - Tropez, un bec de lampe à la Tour Fondue sur l’île des Embiez à Six - Fours sur un mouillage grec et une lampe attique à vernis noir au Mourret à Six - Fours (fig. 269), mais il s’agit d’un comptoir grec de la fin Ve - début IVe s. av. n. è. L’huile d’olive fabriquée localement et utilisée dans les luminaires est d’apparition tardive et on ne connaît pas la destination de celle qui était importée. L’éclairage devait faire appel à la graisse animale et à des bûchettes de bois gras. 319

Fig. 269. Six - Fours, le Brusc, le Mourret, lampe attique

X.6. La contrepartie des importations X.6. 1. Les hommes Les marseillais ont pu acheter des esclaves provenant de Gaule, comme les Romains le feront plus tard. « … qui lui amenait de Gaule des esclaves à vendre … » (Cicéron, Pro P. Quinctio, VI, 24). V.6.2. Les meules domestiques Des meules en basalte, dont les études pétrographiques confirment qu’elles proviennent de la région toulonnaise, de la Courtine, du Rocher de l’Aïgue au Beausset, qui ne produit que des meules rotatives basses à partir du Ier s. av. n. è. (Bérato et al. 1986) et vraisemblablement du village d’Evenos, ont été diffusées sur de grandes distances, par voie maritime pour les plus lointaines. On retrouve en effet, liées au commerce maritime massaliète, des meules principalement archaïques 320

sur des sites éloignés des lieux de production varois. A Lattes, au IVe s. av. n. è., quatre éléments de meules à va - et - vient proviennent de la région toulonnaise (Reille 1999, 521). Sur l’oppidum protohistorique de Montlaurès à Narbonne, Aude (Reille 2001, 203), sont attestés entre 540 et le milieu du Ier av. n. è. deux exemplaires, une table et un fragment de type à va - et - vient, soit 8 % des meules en basalte du site. Aucune des meules rotatives, qui apparaissent dans cette région vers le milieu du IVe s. av. n. è. et jusqu’en 200 av. n. è., n’est en basalte. Notons l’absence de meules en provenance de la région toulonnaise à Pech Maho au IIIe s. av. n. è. ainsi qu’à l’oppidum du Cayla à Mailhac du Ve au IIe s. av. n. è. (Reille 2000). Sur les sites protohistoriques de Martigues, Bouches - du - Rhône (Reille 1998), les meules archaïques du type à va - et - vient Py A2 (Py 1992, 184) du VIe au IIIe s. av. n. è. qui proviennent de la région toulonnaise représentent 82 % de l’échantillon de 23 individus. Cette origine disparaît totalement au IIe - Ier av. n. è. Par contre sur l’oppidum de La Cloche, aux Pennes - Mirabeau, Bouches - du - Rhône (Reille 2000, 281), deux exemplaires toulonnais représentent 8 % des vingt - six meules rotatives en basalte importées aux IIe - Ier s. av. n. è. par le commerce massaliète sur le site. A Entremont à Aix - en - Provence, deux individus proviennent de la région toulonnaise au IIe s. av. n. è. (renseignement G. Congès). Paradoxalement dans le comptoir grec d’Olbia de Provence à Hyères, (Reille 2001), les exemplaires en basalte, qui pouvaient parvenir facilement par voie terrestre de La Courtine distante seulement d’une vingtaine de kilomètres, représentent moins du quart des meules basaltiques et 6 % seulement des meules à trémies. La stricte dépendance de ce port vis - à - vis de la métropole massaliète, explique que la majorité du matériel soit importée du Cap d’Agde. X.6.3. Les productions locales agropastorales Après la part réservée à la subsistance et aux non - producteurs, le surplus des productions locale, qu’il est difficile de qualifier et pratiquement impossible de quantifier, devait être prélevé et réservé aux échanges avec le monde méditerranéen, en contrepartie des produits importés. 321

X.6.3.1. Les céréales Elles devaient constituer la plus grande partie des productions échangeables avec les marseillais. «La Celtique toute entière…, produit du blé en abondance » (Strabon IV, 1,2). On sait que les massaliotes possèdent « une contrée plantée d’oliviers et de vignobles mais très pauvre en céréales à cause de son sol rocailleux » (Strabon, Géographie, IV, 1, 5). Les besoins en blé de cette ville sont donc certains. On peut considérer qu’une partie des céréales produites en milieu indigène est exportée vers Marseille en contrepartie à l’importation du vin. Une partie de cette économie d’échange qui concerne le blé, peut s’évaluer en fonction des lieux et des moyens de stockage des surplus, dégagés des ressources vivrières, bien qu’il soit impossible de discriminer dans le stockage ce qui revient aussi à l’alimentation des habitants et à ce qui servira à l’emblavement. Seule une gestion dirigée des producteurs, un pouvoir centralisateur peut répartir et négocier avec des commerçants méditerranéens. Un petit nombre d’individus concentre le pouvoir et les richesses, système inégalitaire que reflète bien par ailleurs la différenciation funéraire avec les tumulus aristocratiques au début de l’âge du Fer. Le catalogue varois des divers moyens structurels de stockage encore en place est réduit. Les silos creusés dans le substratum sont exceptionnels. A Saint - Martin à Taradeau, fin IIe - trois premiers quart du Ier s. av. n. è., cinq fosses cylindriques (fig. 234) qui sont espacées de 6 m à 10 m, ont un diamètre de 0,60 m à 1 m, une profondeur de 0,30 m à 0,55 m et un volume résiduel qui varie de 0,55 m3 à 1,70 m3. Elles sont associées à trois grandes fosses irrégulières, dont une avec des trous de 322

calage en périphérie qui évoquent un grenier surélevé (fig. 235). Les grands récipients de réserves, qui au début de l’âge du Fer sont dans la lignée typologique des grandes urnes indigènes F1394 (fig. 270), avec un bord spécifique modelé à partir de l’encolure, sont posés sur le sol, parfois par l’intermédiaire d’un socle. Le dolium, imitation du pithos grec apparaît plus tardivement, avec un bord épais replié à partir de l’encolure, puis avec un bord plus ou moins arrondi collé sur l’encolure. Les pithoi marseillais se retrouvent à La Courtine, Ollioules et au Mont - Garou, Sanary. Au Castelard aux Arcs, au IIe - Ier s. av. n. è., lors de l’extension d’une maison à 30 m2, un dolium est appuyé sur le sol dans un angle de la pièce contre l’enceinte. Des doliums sont aussi enterrés dans des pièces. A Méren Sud au Cannet - des - Maures, dans une maison de la fin de l’âge du Fer, appuyée à l’enceinte, un dolium à bord en quart de rond collé est enterré dans un angle contre l’enceinte. Aux Tassys à Sainte - Anne - d’Evenos dans une maison isolée, une fosse contenait un dolium du VIe - V e s. av. n. è., de 1,50 m de diamètre. Sur le plateau de Quicule C, au Lavandou, dans une maison isolée de la fin de la fin du IIe / fin du Ier s. av. n. è. de forme rectangulaire, de 8 m sur 3 m, aux murs à parements de blocs posés de chant et blocage de cailloux, la présence d’une dizaine de doliums évoque un grenier. Les silos aériens en torchis ne sont qu’exceptionnellement conservés et alors de façon très fragmentaire. A La Courtine, Ollioules, des fragments sont décorés de motifs circulaires. Ces données ne permettent pas de calculer les volumes des céréales échangeables d’un site. Seules quelques réserves vraisemblablement domestiques sont approximativement évaluables. Les récipients isolés en terre cuite (fig. 270), qui sont quantifiables, peuvent être utiles. Au Montjean à Cavalaire, au Ve IVe s. av. n. è. l’oppidum est le premier relais après le mouillage de Cavalaire. Sont en faveur du statut de centre de redistribution, 323

Fig. 270. Cavalaire, Montjean, grand récipient de réserve

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sept cent cinquante bords de récipients en céramique modelée dont environ cent sont de grands récipients de réserve. Ils sont associés à cinq cent trente - trois bords d’amphore massaliète, soit 42% de l’ensemble du mobilier. Ces récipients pouvaient contenir environ 16 000 litres de vin. A Val - Longue à Cotignac, au début de l’âge du Fer, une centaine de grands récipients de réserve attestent, sans que l’on puisse quantifier le volume des denrées contenues qui pourraient être du blé, un centre de stockage pour des échanges. A Saint - Probace, Tourves, une maison de la fin du II e - trois premiers quart du Ier s. av. n. è., de 20 m2, au sol en terre damée avec trois dalles servant de socle et une élévation du substrat calcaire perpendiculaire à un mur conservé sur 0,10 m de haut pour appuyer une étagère (fig. 206), sept doliums évoquent une fonction de stockage, de grenier domestique (Bérato, Borréani, Hameau 1998 - 1999. X.6.3.2. La faune « La Celtique…toutes les espèces de bétail y prospèrent » (Strabon, IV, 1, 2). Mais la viande non traitée d’élevage ou de chasse ne se conserve pas et ne peut donc être commercialisée à distance Seuls les produits transformés, par exemple, la charcuterie de porc ou les viandes fumées, pouvaient voyager. «Si abondants sont les ovins et les porcins qu’ils fournissent quantité de sagums et de salaisons non seulement à Rome mais encore à la plupart des régions de l’Italie» (Strabon, IV, 4, 3). X.6.3.3. L’apiculture L’autel au dieu Aristé à l’Acapte à Hyères témoigne de l’apiculture. Le miel, qui est à la base d’une boisson l’hydromel, est un produit échangeable. 325

X.6.3.4. Les métaux On ne sait si les traces de métallurgie répondaient à des besoins locaux ou avaient un but d’échange. X.6.3.5. Le liège Les troncs de chêne - liège soutenant le quai de Telo  Martius portaient des traces de déliégeage. Le liège exploité à la fin du Ier s. av. n. è., a pu être exporté (Guibal 1991 ; Guibal, Serre - Bachet 1987 et 1993). X.6 3.6. Les grenats Certains gemmes commercialisés par la cité phocéenne les « escarboucles … on en importe aussi de Marseille » (Pline L’Ancien, Histoire Naturelle, XXXVII, 97), pourraient provenir du vallon de Sarvengude à Collobrières dans les Maures, où des chloritoschistes contiennent des grenats (renseignement G. mari et J. - L. Bertola). X.6.3.7. Le corail Du corail travaillé est connu dans le Var, décor sur des bijoux en fer des tombes du VIe s. av. n. è. à Gros Ped aux Arcs (Bérato, Dugas, Dutour 1991), ainsi que deux fragments percés découverts à La Courtine à Olllioules. La pêche du corail a été pratiquée en méditerranée et Marseille a pu en coordonner le commerce (Rondi - Costanzo 1997). X.6.3. 8. La céramique Il n’y a que très peu de céramique modelée varoise exportée dans les régions voisines, en particulier dans la région de Marseille. 326

XI Les pratiques cultuelles des populations indigènes

XI.1. Généralités Chez les gaulois « les Vates font les sacrifices et étudient la nature, tandis que les  druides, s’ils étudient la nature, s’adonnent aussi à la philosophie morale » (Strabon IV, 4, 4) et «  des  maîtres  du  savoir,  les  druides  …  (qui)  …  déclarent  connaître … les mouvements du ciel et des astres ainsi que la volonté des dieux » (Pomponius Mela, Chorographie, III, 2, 18). Les traces que ces prêtres ont pu laisser au travers des pratiques cultuelles collectives, ainsi que celles liées au monde domestique, sont limitées en nombre et d’une faible valeur heuristique. L’inventaire des constructions et des lieux cultuels dans le Var est réduit. A défaut de constructions spécifiques, les lieux cultuels sont caractérisés par des dépôts d’objets, reconnus en tant qu’offrandes. Les récentes études sur ce sujet n’autorisent que des rapprochements hypothétiques pour le Var (Arcelin, Brunaux 2003 ; Arcelin, Gruat et al. 2003 ; Gruat, Agogué, Garcia 2009). Le culte d’Artémis ne semble pas avoir diffusé de Marseille vers 327

le Var à l’âge du Fer. La sculpture d’Artémis d’Ephèse conservée à Toulon qui semble destinée à un sanctuaire public, pourrait remonter au début du Haut - Empire et serait plutôt d’origine exogène liée à une importation moderne (Lemoine 2006). XI.2. Les lieux cultuels en relation avec des oppidums A Saint - Michel - de - Valbonne à Hyères, dans l’habitat groupé et fortifié de hauteur daté du dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è., des monolithes ont été découverts sur le sommet de la colline dominant la vallée de Sauvebonne, qui est un axe de circulation et constitue ainsi un point sensible du territoire (Golosetti 2016, 374 - 375). On ne sait si le site était fortifié antérieurement à cette date. Une de ces stèles gravées de style primitif, de 2,25 m de haut présentait cinq têtes humaines et un cheval identique à celui de Mouriès (fig. 271) ; quatre autres stèles quadrangulaires portaient une figure ovalaire (fig. 272). Ces dessins frustes représentent tous des têtes humaines détachées du tronc et isolées. Ces représentations symboliques de la survie des âmes des ancêtres vénérés de la communauté des Celtes méridionaux sont liées au culte des ancêtres. Elles sont datées du premier âge du Fer (Arcelin 2008, Brun 2008).

Fig. 271. Hyères, Saint - Michel - de - Valbonne, monolithe avec têtes coupées

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Fig. 272. Hyères, Saint - Michel - de - Valbonne, monolithe avec têtes gravées

Ces motifs ne sont pas liés au symbolisme plus tardif des têtes coupées qui répond à un rite de victoire, à une présentation honorifique de la tête d’un sacrifié. « Je pense à cet usage (gaulois) qui consiste à suspendre à l’encolure de leur cheval les têtes de leurs ennemis lorsqu’ils reviennent de la bataille et à les rapporter chez eux pour les clouer devant les portes… ils embaumaient à l’huile de cèdre les têtes des ennemis de marque » (Strabon, Géographie, IV, 4, 5). Un sanctuaire romain dédié à Mars / Rudianus attesté par quatre inscriptions, dont une qui marque les limites entre les cités d’Arles et de Fréjus y sera édifié ultérieurement (Brun 2008). Par un raisonnement récurrent cet espace a pu être considéré comme marqueur d’une limite dans la structuration territoriale des populations protohistoriques locales, Camactulici à l’ouest dans la région de Toulon et Suelteri dans le massif des Maures à l’est (Barruol 1975, 211). Des objets ou des offrandes découverts isolés dans des habitats groupés et fortifiés de hauteur évoquent des pratiques cultuelles, propitiatoires individuelles ou dans un cadre domestique. Ainsi sont présents sur le site de Saint - Estève à Ollioules un récipient cultuel F9415 (Brun 1984) et sur celui de Castel Diol aux Arcs un brûle parfum F9414 (Bérato, Dugas, Régnier 1988). Sur chacun des oppidums de Basson 1 à Correns, daté du dernier tiers du IIe s. av. n. è. au troisième quart du Ier s. av. n. è. et de Val - Longue à Cotignac, daté du début de l’âge du Fer et réoccupé à la fin de l’âge du Fer, une plaquette carrée perforée 329

en alliage cuivreux a été découverte isolée. A 10 m à l’est en dehors de l’enceinte de l’oppidum de Saint - Vincent à Carcès / Vins daté de la fin de l’âge du Fer, deux plaquettes perforées en alliage cuivreux ont été découvertes près d’un aven. Dans l’oppidum de Châteauneuf à Vidauban plus de trois cents anneaux en bronze, une quarantaine de plaquettes perforées volontairement et des oboles MA à tête d’Apollon à gauche (c. 82 - c. 49 av. n. è.) sont dispersées sur l’ensemble du site et évoquent un lieu de culte collectif de sommet, sans vestiges de construction cultuelle. Sur le proche oppidum de Châteauneuf / Matheron, à Vidauban occupé du début de l’âge du Fer au milieu du Ier s. av. n. è. des plaquettes perforées et des anneaux en alliage cuivreux découverts dans le site et sur la pente à l’est peuvent évoquer des usages cultuels individuels ou collectifs. XI.3. Les espaces naturels ouverts cultuels Des lieux censément marqués par l’empreinte d’une divinité, hauteurs, rochers, avens, rivières …, jouent un rôle dans la pratique des cultes. « Les forêts furent les temples des divinités » (Pline l’Ancien, HN, XII, II, 1). Des interfaces entre les dieux et les hommes se retrouvent dans des sanctuaires ruraux (Lucain, Phars., I, 453 - 454), qu’ils soient isolés ou proches d’un habitat. Dans ces lieux dispersés sur le territoire se pratiquent des rites naturalistes propitiatoires qui concernent aussi bien les individus et leurs activités dans la vie quotidienne, que les communautés pour la conservation de leurs structures et de leurs délimitations territoriales. Ce sont les offrandes qui caractérisent ces lieux, les aménagements structurés pour la pratique des rituels n’étant plus visibles, à l’exception de rochers insolites ou de vestiges de foyers. Des lieux de cultes qui s’implantent sur des hauteurs rapprochent l’homme de la bienfaisance des puissances ouraniennes. L’absence dans les agglomérations d’aires ouvertes ou de bâtiments collectifs suggère que les populations se réunissaient principalement dans des espaces extérieurs.

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Fig. 273. Cuers, la Pierre de l’Autar, sanctuaire de plein air

A Cuers, la Peire de l’Autar, située à 750 m au nord de l’habitat groupé et fortifié de hauteur contemporain du Clos d’Aureillan (Brun, Chodorge 1998), est un sanctuaire de plein air / lieu cultuel du IIe - Ier s. av. n. è. Un monolithe naturel donne dans son ensemble, l’impression d’un autel (fig. 273). Un gros bloc de rocher parallélépipédique, d’environ 2,60 m de long sur 1,80 m de large et 1,30 m de hauteur est formé de deux parties adhérentes. La partie supérieure peut représenter la table de l’autel et elle déborde de 0,20 m environ tout autour de la partie inférieure qui en figure la base. Les offrandes étaient situées presque en surface (fig. 274) et aucun aménagement ancien n’a été constaté. Ces objets en alliage cuivreux, sont similaires aux dix mille anneaux et cinq mille plaques percées qui ont été découvertes dans l’oppidum du Chastellard à Lardiers dans les Alpes - de - Haute - Provence (Bérard 1997), dans le sanctuaire avec temple, portique et voie sacrée, aux plaques en bronze perforées de l’oppidum d’Entremont (Wuillaume 1987, 134) et aux tôles perforées d’alliage cuivreux et anneaux coulés de l’oppidum de La Cloche, Bouches - du - Rhône, découverts dans une dépression sans structure d’une zone rituelle datée du IIIe s. av. n. è. (Chabot 1996, 245, fig. 16). La Cadenière au Cannet - des - Maures, est un lieu cultuel ouvert de la fin de l’âge du Fer, avec des anneaux et une monnaie du type 331

Fig. 274. Cuers, Pierre de l’Autar, dépôt votif métallique

petit bronze de Marseille, sans structure associée. A Saint - Jean - de - Cagnosc - Les Capelles à Gonfaron, ont été découverts des anneaux en bronze et des monnaies pliées (CAG 83 / 1, 432), associés à de la céramique campanienne A, de la céramique modelée et de l’amphore italique Dressel 1A. Le sanctuaire des Cannebières à Correns, est un lieu cultuel situé sur le sommet d’une colline sur 170 m2 environ et fonctionnant de 560 / 550 av. n. è. au Ier s. av. n. è. Le matériel archéologique piégé par les anfractuosités rocheuses comprenait une trentaine de monnaies d’argent et de bronze, dont une obole de Marseille du type d’Auriol et des oboles au casque et à la tête juvénile, des imitations indigènes d’oboles, des monnaies indigènes de la vallée du Rhône et un petit bronze de Marseille ; deux rondelles d’argent avec une face lisse et une portant une croix en relief ; soixante - huit jetons en plomb circulaires ou polygonaux taillés au ciseau avec croix et traits sécants incisés pouvant correspondre à des symboles solaires ; une pointe de flèche en alliage cuivreux à soie plate et aileron à encoche ; une bossette perforée en alliage cuivreux. Les particularités du mobilier, l’absence de struc332

ture bâtie, ainsi que la situation de ce gisement sur la limite actuelle de communes reprenant une limite de diocèse, ont conduit à émettre l’hypothèse récurrente qu’il s’agissait vraisemblablement d’un lieu de culte sacralisant une limite territoriale (Barruol 1975,211 - 212 ; Brun, Michel 2000) entre les deux oppidums des Pierres Sèches et de Basson à Correns de la peuplade des Verucini. A Vaucron à La Garde - Freinet au premier - second âge du Fer sept anneaux en alliage cuivreux bruts de coulée sont associés à six plaques perforées en alliage cuivreux. Au Collet du Gapeau à Signes la présence de monnaies de la République et de céramique campanienne A dans le lit même du Gapeau, à proximité de sa source, fait supposer, avec les réserves liées à l’ancienneté de la découverte, l’hypothèse d’un culte rendu aux divinités des sources à proximité d’un habitat ouvert (CAG 83 / 2, 722 - 723). L’aven est un lieu favorable de rencontre entre l’homme et les divinités chthoniennes. Des offrandes peuvent y évoquer une pratique cultuelle : à Coste Plane à Bras, à l’entrée d’un aven présence isolée de céramique campanienne et de céramique modelée (CAG 83 / 1, 261) ; à Saint - Vincent à Carcès / Vins, autour d’un aven à 10 m de l’enceinte orientale de l’oppidum Saint - Vincent occupé au début de l’âge du Fer, puis dans le dernier tiers du IIe s. av. n. è. présence de deux plaquettes perforées en alliage cuivreux ; à l’Aven du Ragage, Ollioules, a été récolté une abondante céramique datée du Ve au troisième quart Ier s. av. n. è. (Martina - Fieschi, 1994, 86, n° 57). Aux Laurons aux Arcs dix - neuf foyers en creux avec pierres chauffantes qui sont datés du Bronze final 3 et entre le Ve et le IIIe s. av. n. è. pour neuf d’entre eux, sont associés à un chemin. Deux blocs de travertin analysés ont eu un rôle culinaire et ont servi au chauffage de produits alimentaires d’origine animale (ruminants) et végétale (feuillus). Ils sont proches de l’espace funéraire de Gros - Ped (Bérato, Dugas, Dutour 1991) et peuvent ainsi revêtir un caractère symbolique et sacré, en relation avec de vraisemblables repas des classes dominantes lors d’activités cérémonielles ou funéraires (Dubesset et al. 2014). L’absence de restes osseux évoque que la consommation des aliments s’est faite ailleurs. Ces structures forment un grand ensemble 333

avec les proches foyers à pierres chauffantes découvertes à Saint - Pierre (fig. 275, Michel 2009) et Gros - Ped (Reynaud, Chapon 2012). Comme nous l’avons vu plus haut à Régusse, Le Peirard, vingt - neuf structures de combustion à pierres chauffées du début de l’âge du Fer sont associées à de la faune carbonisée (Pelissier 2007, 201). Elles indiquent aussi un banquet collectif ou une cérémonie cultuelle. Fig. 275. Les Arcs, Saint Pierre, L’Acapte à Hyères, est un fosse à combustion sanctuaire / lieu cultuel dédié au dieu Aristée, en relation avec le comptoir massaliète d’Olbia. Daté de la fin du IIe s. av. n. è. - début du Ier s. ap. n. è. il est constitué de dépôts votifs au pied d’un rocher émergeant d’une zone marécageuse (fig. 50). Il s’agit de fragments de six cents récipients en céramique avec des dédicaces inscrites en grec, dont vingt - deux dédicants étaient des gaulois hellénisés ; de la céramique campanienne A et à pâte claire massaliète, des amphores italiques et des monnaies de Marseille (Giffault 1983 ; CAG 83 / 1, 475 - 476).

XI.4. La statuaire anthropomorphe La statuaire réaliste en ronde - bosse en pierre se rapporte à des représentations de personnages importants héroïsés, qu’ils soient des ancêtres ou des contemporains et / ou que ce soit dans le cadre de cultes familiaux ou communautaires. Dans les habitats groupés et fortifiés ces images valorisantes de l’aristocratie devaient être exposées afin de conforter le rôle des élites vis - à - vis de leur clientèle. Les morts continuaient ainsi à participer à la vie de la communauté. La chronologie pour l’élaboration des œuvres et la durée de leur utilisation sont imprécises. 334

Fig. 276. Fox - Amphoux, torse de guerrier

Au Château de Cormeil 1 à Fox - Amphoux, un torse de guerrier indigène en calcaire a été découvert lors d’un labour au sud Fig. 277. Ollioules, la Courtine, est du château, près des sources de statue acéphale avec torque La Bresque, hors de tout contexte archéologique, mais dont la facture et la représentation debout évoquent la fin de l’âge du Fer (Benoit 1969, 45, pl. 40). Il porte un torque et il est revêtu d’un pourpoint en cuir ou d’une cotte de maille, maintenue par un ceinturon fermé à droite par une boucle, avec un cardiophylax à six rayons qui est fixé par deux agrafes Un bouclier tenu à gauche est décoré de cercles ocellés (fig. 276). 335

Fig. 278. Sanary, le Mont - Garou, tête féminine avec boucle d’oreille

Fig. 279. Olllioules, la Courtine, main posée sur une tête coupée

A La Courtine à Ollioules, dans le mur d’enceinte du e II s. av. n. è. a été réutilisé un monolithe en basalte présentant sur deux de ses faces des traits parallèles avec des restes de peinture que le fouilleur rapproche pour sa forme des stèles de Mouriès. Des fragments de statuaire sculptés dans du calcaire tendre vacuolaire, qui évoque une origine locale, ont été mis au jour sans stratigraphie dans les décombres d’un local dallé, qui pourrait être en fait un enclos cultuel où étaient exposées les statues. Un buste acéphale avec torque, chevelure striée sur la nuque, cardiophylax, bras droit collé au corps, coude en flexion, bras gauche collé au tronc et arraché (Layet 1954, pl. XLIX et L). La pose hiératique raide et les bras collés au corps sont des arguments en faveur d’une datation haute, vraisemblablement du début de l’âge du Fer (fig. 277). La décapitation pourrait traduire un conflit inter - com336

munautaire, la destruction de l’image des élites, du pouvoir politique antérieur. Une tête féminine voilée avec une boucle d’oreille en étoile très corrodée (fig. 278) et un avant - bras gauche avec la main reposant sur une tête humaine coupée (fig. 279), qui est à rapprocher des statues de personnages masculins assis jambes croisées, que l’on rencontre à Entremont par exemple, sont plus tardifs. Cette statuaire traduit la présence d’une élite sociale qui a le pouvoir décisionnel et qui tire profit du foncier et du commerce. Elle atteste le poids de l’agglomération dans l’économie. La réalisation de cette statuaire pourrait se placer lors de la création de la seconde enceinte au IIe s. av. n. è. et la destruction doit être contemporaine de l’abandon du site vers 110 / 100 av. n. è. Au Mont - Garou à Sanary - sur - Mer, dans l’habitat groupé et fortifié de hauteur occupé durant tout l’âge du Fer, ont été découverts en position secondaire des éléments de statuaire dont une tête sculptée féminine très corrodée, voilée avec une boucle d’oreille à bord dentelé de 4,5 cm de diamètre et au moins trois statues de guerrier assis : deux fragments de torse au niveau de l’épaule avec cotte de maille, quatre fragments de jambes repliées dont un d’un personnage assis sans socle et un fragment de bras masculin avec brassard ondulé (Arcelin et al. 1982 ; Arcelin 2004). L’apport de cette statuaire dans l’habitat abandonné au IVe et IIIe s. av. n. è., peut remonter à sa période de restructuration vers 175 av. n. è. et sa destruction vers la fin du IIe s. av. n. è. La statuaire réaliste de La Courtine et du Mont - Garou, expression culturelle de la société salyenne, associe à la démarche spirituelle du culte du héros protecteur, l’image de la domination de l’élite, de l’aristocratie avec sa composante féminine. XI.5. Stèles isolées liées à une pratique cultuelle Des stèles sont liées à des pratiques cultuelles (Gruat, Agogué, Garcia 2009). Aux Couzes à Grimaud, trois monolithes en rhyolite à quatre faces ont été découverts en 1966, dont deux aniconiques. Le troisième, de 2 m de hauteur (fig. 280), présente à la partie supérieure d’une de ses faces une tête gravée en réserve de forme oblongue et sans bouche. Les 337

contours du nez se terminent par deux yeux ponctiformes. A Catalugno à Sainte - Maxime, a été mis en évidence, réutilisé dans le mur d’un bâtiment antique, un bloc de rhyolite à quatre faces dont l’une porte une tête humaine gravée en réserve (fig. 281). Ses dimensions maximales sont de 14 cm de largeur et 20 cm de hauteur. La périphérie de la tête de forme oblongue est délimitée par un trait gravé. Une entaille dans la surface de la pierre délimite le nez triangulaire et les orbites. La bouche est une incision effilée aux extrémités. Quatre monolithes à quatre faces d’environ 2 mètres de hauteur ont été découverts disséminés sur les terrains de la Z.A.C. des Veyssières à Saint Raphaël, dont trois sont aniconiques. Sur la face du quatrième, à son extrémité supérieure, est reproduite une figure humaine sans bouche (fig. 282). Un trait gravé circonscrit une tête réservée de forme oblongue. Le contour du nez est bien délimité par trois lignes. Les yeux ne sont pas représentés. Un serpent à tête ogivale et corps ondulé est lui aussi gravé en réserve sur la même face du monolithe et semble se diriger vers la tête. Ce monolithe est actuellement implanté dans les jardins du musée archéologique de Saint - Raphaël. Les trois autres ont été laissés sur le lieu de découverte. Ces trois stèles sont du premier âge du Fer (Gautier, Falconnet, Bérato 2015 / 2016).

Fig. 280. Grimaud, les Couzes, tête gravée

Fig. 281. Sainte - Maxime, Catalugno, tête gravée sur un monolithe

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Le culte de certaines divinités topiques au nom celtique, Rudianus, Trittia et Roquetius (Cabasse, fig. 283), est connu par des stèles funéraires dans le Var (Borréani, Gascou 1998) ou par la statuaire (Olbia Hyères). Aux Brouardettes / Robernier à Montfort - sur - Argens, une stèle fragmentée en calcaire, haute de 0,60 m, large de 0,24 m, épaisse de 0,10 m, a été découverte isolée. Sur une face, elle est décorée de quatre cercles concentriques gravés, avec au - dessous une swastika et un quadrupède assis tournant la tête en arrière. Sur le profil une jument et son poulain et au - dessous d’une ligne gravée, deux groupes de trois cercles concentriques gravés (Benoit 1969, 30 - 31, pl. IV, fig. 1 et 2 ; CAG 83 / 2, 525). Sur l’oppidum de Collet - Redon à Roquebrunne - sur - Argens, daté sans précision de l’âge du Fer, ont été découverts dans l’éboulis de l’enceinte externe deux blocs anépigraphes en rhyolite (fig. 284). Ils sont taillés en forme de pyramide tronconique. Un long de 0, 95 m, large à sa base de 0,39 m et à son sommet de 0,35 m est épais de 0,25 m, l’autre long de 0,85 / 0,90 m, large de 0,35 m est épais de 0,25 m (fig. 284).

Fig. 282. Saint Raphaël, menhir avec tête et serpent gravés

Fig. 283. Cabasse, la Grande Pièce, autel à Roquetto

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Fig. 284. Roquebrune - sur - Argens, Collet Redon

Fig. 285. Ollières, Beauvillard

A Beauvillard à Ollières un bloc de calcaire froid à l’extrémité supérieure en bâtière (fig. 285) a été remployé dans le mur d’une maison associée à un enclos du début de l’âge du Fer. L’hypothèse de stèles cultuelles est plausible. XI.6. Une structure énigmatique A une dizaine de mètres au nord - ouest de l’oppidum de Sainte - Croix à Nans - les - Pins, daté du IIIe au troisième quart

Fig. 286. Nans les Pins, Sainte Croix, structure énigmatique

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du Ier s. av. n. è., une structure quadrangulaire, de 2 m sur 2,10 m est taillée dans une faille rocheuse qui forme ses deux faces latérales (fig. 286). Un mur monté à sec, qui est conservé sur 2,10 m de haut, ferme l’espace au sud. Le départ d’une couverture en encorbellement est visible sur le pourtour. Devant l’ouverture au nord - ouest une zone plane est dégagée. Elle est limitée à l’ouest par la continuation du rocher curviligne. A l’est un mur rectiligne se dirige vers le nord, puis fait un retour angulaire vers l’ouest pour refermer l’espace, tout en laissant une ouverture. Pillée anciennement, aucun élément datant n’a été découvert. Sa destination, chambre tumulaire ou lieu de culte reste hypothétique. XI.7. Les rites funéraires XI.7.1. Généralités Le comportement des populations protohistoriques est loin d’être uniforme. Les pratiques changent avec le temps : traitement du corps du mort par l’inhumation ou l’incinération ; variété de construction de la tombe ; différences de dépôt dans les sépultures ; objets accompagnant le défunt … XI.7.2. Les inhumations Généralités L’inhumation est la règle au Bronze final 3b dans le midi méditerranéen (Dedet 2004). Le Var demeure fidèle à cet usage au début de l’âge du Fer et on rencontre encore des défunts non incinérés dans la première moitié du VIe s. av. n. è. Les inhumations se font en grotte ou sous tumulus.

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Fig. 287. Pourrières, tumulus en rupture de pente

XI.7.2.1. Inventaire Nous envisageons succinctement quelques tumulus du Var qui ont déjà fait l’objet d’une publication (Bérato, Digelmann 2002) et nous ne revenons pas sur le plan structurel qui est un amas artificiel de pierres ou de terre d’ordonnance variable élevé au - dessus d’une sépulture (Pourrières, tumulus en rupture de pente, fig. 287 ; Pourrières, tumulus 17, parement externe, fig. 288). Ampus : Tumulus de La Grange, sept à huit squelettes disposés selon les rayons d’un cercle (CAG 83 / 1, 208). Aven Plérimond, deuxième quart du VIe s. av. n. è. (Boyer, Dedet, Marchand 2006), inhumations à la suite d’un fait de guerre d’adultes jeunes de sexe masculin prédominant, vraisemblablement des guerriers comme l’évoque les nombreuses pièces d’armement qui sont dégradées, peut - être des cavaliers comme l’évoque des pièces d’harnachement de cheval (fig. 289 et 290), à moins qu’il ne s’agisse d’un aven - sanctuaire avec des dépôts de type cultuel, voire sacrificiel comme pourrait l’évoquer le décharnement des corps avant qu’ils ne 342

Fig. 288. Pourrières, parement externe du tumulus 17

soient jetés dans l’aven. Grotte de Taurenne, inhumations du milieu de l’âge du Fer (Boyer, Dedet, Marchand 2006, 205). Bargème : Tumulus de L’Estang, VIe s. av. n. è. (CAG 83 / 1, 242 - 243). Châteauvieux, grotte des Fées / grotte 7 des Baumes de Costevieille, début de l’âge du Fer (Lagrand 1968, 239 - 242 ; Vindry 1978, 22 - 24, fig. 23 - 24). Evenos : Grotte de L’Hauberte 1, le matériel est du début de l’âge du Fer (Martina - Fieschi, 1994, 59 ; CAG 83 / 1, 386). Flassans - sur - Issole : Aire de Repos de Candumy, dans un tumulus ovale de 14,50 m sur 10 m et 0,80 m de haut, réductions d’inhumations dans des loculus aménagés dans la pierraille (Bérard et al. 1993).

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Mazaugues : Aven Raphaël, inhumation associée à du matériel du début de l’âge du Fer (Acovitsioti - Hameau 2001, 159). La Roque - Esclapon : Aven du Verdillon 1 / Aven du Cerf, Mons, inhumation de l’âge du Fer (Fulconis 1992, 176). Nans - les - Pins : Tumulus les Béguines, VIIe s. av. n. è., tumulus à inhumation réoccupé dans la partie supérieure par une incinération secondaire du VIIe - VIe s. av. n. è. (CAG 83 / 2, 537). Plan - d’Aups - Sainte - Baume : Tumulus Les Adrets, VIIe s. av. n. è., inhumation primitive du début de l’âge du Fer, réoccupée par une sépulture secondaire à incinération en surface, datable du début de l’âge du Fer (Bouloumié 1990, 126 ; CAG 83 / 2, 560 - 561 ; Bérato, Digelmann 2002, 49). Tumulus Le Gros Clappier, VIIe s. av. n. è. (CAG 83 / 2, 561 ; Bérato, Digelmann 2000, 49.). Tumulus Le Grand Cassien, VIIe s. av. n. è., tumulus à inhumation réoccupé en surface par une incinération (Lagrand 1987, 51, fig. 13 ; CAG 83 / 2, 561 - 562 ; Bérato, Digelmann 2002, 49), Pourrières : Tumulus 27 des Ayaux / tumulus 3, fin VIIe - début VIe s. av. n. è. (Bouloumié 1990, 127 ; CAG 83 / 2, 573). Tumulus 13 des Ayaux / tumulus de la « Route de Rians », fin e VII - début VIe s. av. n. è. (Lagrand 1968, 297, pl. LXIVb ; Lagrand 1987, 51, fig.14 A ; CAG 83 / 2, 573). Tumulus 28 des Ayaux / tumulus « à la fosse », fin VIIe - début e VI s. av. n. è. (Lagrand 1987, 49, fig. 4 A et 6 ; CAG 83 / 2, 574). Rians : Tumulus 1 de Lambruisse (800), début de l’âge du Fer, inhumation d’un sujet masculin dans un caisson central avec un bassin en bronze à ombilic à bord simple, d’une armille en bronze ornée de stries transversales, d’une épée, d’une bouterolle à cabochon d’ambre et des éléments de la chaîne de suspension en fer (CAG 83 / 2, 596). 344

Fig. 289. et fig. 290. Aups, aven Plérimond, mors et harnachement de cheval

Tumulus de Lambruisse 2, fin VIIe - début VIe s. av. n. è. est une sépulture à inhumation d’un sujet féminin (Bouloumié, Lagrand 1977, 11 ; Bouloumié 1990, 136, faussement indiqué sur Vauvenargues ; C.A.G. 83 / 2, p. 596). Ces deux inhumations sont en relation avec l’oppidum de La Coste / Les Hubacs du début de l’âge du Fer, distantes à vol d’oiseau d’environ 300 m avec un dénivelé d’environ 100 m.

Fig. 291. Les Arcs, Gros Ped, urne cinéraire et fig. 292. Fibule décorée de corail

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Vinon - sur - Verdon : Lineau, tombe à inhumation vraisemblable de l’âge du Fer (CAG 83 / 2, 863). XI.7.2.2. Discussion Dès le VIe s. av. n. è., au plus haut dans la seconde moitié de ce siècle, les tombes vont abriter des incinérations. L’inhumation va devenir ultérieurement une exception de l’usage funéraire des populations celto - ligures. Elle concerne des sujets grecs ou hellénisés et des populations sous l’influence du PiéMont dans le centre et le nord du département (Dedet 2004, 201). Il est étonnant de ne pas trouver de tombes à inhumation autour des comptoirs massaliètes d’Olbia et de Tauroeis. On soupçonne toutefois à La Tour - Fondue B à Six - Fours - les - Plages, la présence d’une tombe à inhumation d’un navigateur grec (Roth, Brun 1978, note 5 ; Martina - Fieschi 1994, 97, site 66). Aux Négadis / LEP Léon Blum à Draguignan, des ossements humains ont été trouvés à une profondeur supérieure à 11 m, lors de la construction d’un puits : un adulte mature, homme probable avec séquelles de traumatisme au niveau du frontal et un adulte jeune de sexe indéterminable. La datation au C14 a fourni une chronologie vers 400 av. n. è., après calibration entre 764 - 262 av. n. è. (Bailet, Grévin et Quatrehomme 1993 - 1994). On ne peut dire s’il s’agit d’une inhumation de défunts hellénisés ou d’une mort violente lors d’un ensevelissement accidentel n’ayant pas alors autorisé un rite funéraire. Si on admet que, comme à Marseille et en Gaule continentale, l’inhumation a pu être pratiquée dans le Var, elle ne l’a été que de façon très épisodique. L’absence de découverte de tombes à inhumation pourrait aussi être liée à l’hypothèse anecdotique de l’exposition des corps, pratique, qui ne laisse pas de vestiges. Un exemple de plate - forme en bois au niveau du sol servant pour l’exposition du défunt, qui a été préservée grâce au milieu humide, est connu à Bonneuil - en - France, Val - d’Oise (Le Bechennec, Le Forestier, Marion 2008, 46).

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XI.7.3. Les incinérations XI.7.3.1. Généralités Le passage durant le VIe s. av. n. è. de la méthode de l’inhumation à celle de l’incinération semble correspondre à une évolution interne aux populations autochtones, bien que l’on ne puisse expliquer la transformation des mentalités religieuses, qui s’exprime dans la mutation du traitement du corps du défunt. Cette évolution ne s’accompagne pas de changement matériel dans le domaine culturel de la vie quotidienne. XI.7.3.2. Inventaire Les Arcs : Gros - Ped, deux tombes, l’une d’un guerrier, l’autre d’une adolescente, du VIe s. av. n. è., avec incinération déposée dans un récipient, (fig. 291 à 297) puis dans un loculus, sont associées à un ustrinum (Bérato, Dugas, Dutour 1991). Elles sont proches de l’habitat ouvert de plaine contemporain de Saint - Pierre aux Arcs. Il s’agit d’une tombe isolée en fosse, à moins que ce soit une tombe sous un tumulus qui aurait été dérasé. Bormes - les - Mimosas : Les Campaux 5, coffre quadrangulaire constitué de blocs posés de chant avec couvercle en dalle, est une possible tombe à incinération. La Rougne, quatre blocs en schiste, placés de chant, qui forment un caisson, orienté nord / est - sud / est, évoquent une tombe à incinération (CAG 83 / 1, 258). Brignoles : Pied de Bœuf / Les Adrets 4, réoccupation d’un dolmen par une incinération au début de l’âge du Fer (Gallia Information 1987 / 1988, 267 - 268 ; Hameau 1988, 119 - 120). Cabasse : La Guérine 1. D’un premier tumulus du VIe s. av. n. è., n’est conservée qu’une fosse circulaire de 2,50 m de diamètre, qui contenait 347

charbons, cailloux calcinés et terre rubéfiée. Dans une petite fosse de 0,70 / 0,80 m de diamètre des restes osseux, des cendres, avec à côté trois urnes, deux coupes dont une contenait un ressort de fibule et deux anneaux en alliage cuivreux. Le second tumulus à 6 m du premier, intact, du VIe s. av. n. è., formait un tertre de 7,50 m de diamètre circonscrit par un muret de trois à quatre assises de pierres et signalé par un monolithe retrouvé en surface au centre du tumulus. Le remplissage de terre et de cailloux recouvrait une aire d’incinération, un ustrinum de 5 m environ de diamètre, dans laquelle était creusée une fosse de 0,60 m de diamètre et profonde de 0,35 m, qui contenait une urne cinéraire et diverses offrandes dont deux urnes, trois coupes, une fibule Tendille 3 en fer, une épingle en fer à tête enroulée avec un fil passant dans l’œil et maintenant une perle en tôle d’alliage cuivreux, un bracelet d’enfant, un anneau d’oreille en fer et alliage cuivreux, une plaque en alliage cuivreux au décor repoussé, un couteau à soie à un rivet, une pince à épiler, de nombreuses armilles fragmentées, des éléments de tabletterie (Bérard 1980, 56, 61, 64 ; Bérard et al. 1993). Les Côtes, six incinérations en petites fosses sont situées au pied de la falaise limitant le plateau où est installé l’oppidum de Casteou Sarrin / Les Défens occupé du dernier tiers IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. (Bérard et al. 1993). Cuers : Dolmen des Antiquailles, réoccupation d’un dolmen à inhumation par une incinération (Barge 1978, 51 - 52, n° 51 ; Roudil, Bérard 1981, 147 - 151). Flassans - sur - Issole : Aire de Repos de Candumy, un tertre du début de l’âge du Fer, de 4,25 m de diamètre contenait une pierre levée dans son centre et une incinération avec deux urnes, un anneau en alliage cuivreux et un fragment filiforme en fer. Un second tertre de 10 m de diamètre, identique à celui de La Guérine, contenait une incinération dans un loculus avec un bracelet en fer, deux tessons et dans un autre loculus un squelette d’âne. (Bérard et al. 1993). Fox - Amphoux : Les Basses Rayères, l’aménagement de forme quadrangulaire 348

en pierres sèches, de 0,80 m de côté, placé au sommet d’une petite butte, pourrait correspondre à une sépulture à incinération. Fréjus : Le Capitou, dans une fosse isolée de la fin du Ve s. av. n. è. sur une superficie de 17 ha sondée, résidus d’une incinération dans une urne brisée Bérato F1420 dans une fosse cendreuse en pleine terre de 0,50 m de diamètre, isolée. Datation 14C : Poz - 26093 : 2490 + / - 35 BP (Excoffon 2009, 184). Il peut s’agir d’une tombe en fosse ou sous un tumulus en terre qui aurait pu être dérasé. Hyères : Porquerolles / Béarlieu / La Courtade, île de Porqueroles, incinération contenue dans une urne modelée type Bérato F1515 du Ier s. av. n. è. dans un contexte céramologique fin IIe - fin Ier s. av. n. è. (CAG 83 / 1, 482). La Garde - Freinet : Les moulins, huit incinérations en fosse du VIe s. av. n. è. sont disposées autour d’un mégalithe, marqueur de leur emplacement (Sendra 2014, 174). La Londe - les - Maures : Dolmen de Gotteaubry / Rouay de la Chêvre, réoccupation du dolmen par une incinération de l’âge du Fer (Barge 1978, n° 113, 141 142 ; Roudil, Bérard 1981, 139 - 142 ; Jacob 1990, 229 - 230). Nans - les - Pins : Les Béguines, une incinération secondaire du VIIe e VI s. av. n. è. réoccupe la partie supérieure du tumulus à inhumation (CAG 83 / 2, 537), Plan - d’Aups - Sainte - Baume : Les Adrets, une sépulture secondaire à incinération en surface du tumulus à inhumation, les deux datables du début de l’âge du Fer (Bouloumié 1990, 126 ; CAG 83 / 2, 560 - 561 ; Bérato, Digelmann 2002, 49). Le Grand Cassien, une incinération installée près de la surface du tumulus à inhumation primitive (Lagrand 1987, 51, fig. 13 ; Boulou349

mié 1990, 126 ; CAG 83 / 2, 561 - 562 ; Bérato, Digelmann 2002, 49). Pourrières : Eglise Saint - Barthélémy, des tombes ont été signalées à proximité, livrant des «bracelets en bronze à dessins géométriques» (Gérin - Ricard, Arnaud d’Agnel 1907, 208 ; Martinelli 1979, 174). Toulon : Trou du Duc, incinérations en grotte du début de l’âge du Fer (CAG 83 / 2, 788). XI.7.3.3. Discussion Plusieurs hypothèses peuvent expliquer le faible nombre de découvertes de sépultures à incinération. Simple hasard lors des découvertes fortuites, des prospections ou à l’occasion de fouilles. Si les sépultures des habitats de hauteur étaient disposées sur la pente en contrebas, leur disparition pourrait être liée à la forte érosion des sols. Par contre pour les sites de plaine on peut penser que certaines sont encore enfouies sous d’épaisses colluvions. Il faut espérer que de larges décapages de surface aideront à résoudre ce problème dans les plaines. Les tombes à incinération, surtout si elles sont en pleine terre, sans réceptacle et sans objets d’accompagnement échappent à tout contrôle. D’autant qu’elles peuvent être isolées. A Fréjus une seule tombe à incinération dans une urne modelée du second de l’âge du Fer a été découverte lors d’un décapage de dix - sept hectares (Excoffon 2009, 184). Les résidus de l’incinération peuvent être placés dans des contenants en matières périssables (Le Goff, Laperle, Millerat 2006) ou tout simplement épandus et dispersés, comme cela se pratique de nos jours, et bien entendu ne laisser aucune trace. Seules les huit incinérations de la Garde - Freinet, les Moulins, étaient signalées par une stèle (Benoit 2014, 174). 350

XI.8. Signification sociologique des sépultures XI.8.1. Signification sociologique de la construction tumulaire Le tumulus a une signification sociologique. Sa construction justifie en effet un investissement en temps de travail prélevé sur le temps alloué à la production vivrière. Même s’il est impossible de dénombrer les populations de cette période, on constate que les tumulus ne sont pas nombreux et ne correspondent qu’à une petite partie des sujets décédés. La quantité de travail mobilisé pour la construction d’un tumulus traduit un engagement collectif vis - à - vis d’une personnalité au statut social élevé. Il existe une sélection des individus relevant de ce type de sépulture et seuls les membres d’une classe supérieure, d’une aristocratie dominante devaient y accéder. Le tertre ostentatoire par sa forme et son volume, symbolise et concrétise le statut social et juridique du sujet enseveli. Il magnifie et perpétue l’image d’un notable, qu’il soit édilitaire ou guerrier. La disposition particulière des tumulus de Pourcieux et Pourrières, en un long alignement en sommet de colline et en rupture de pente, qui fait face à l’habitat de pente du Mont Aurélien au - delà de la vallée et où devait passer la voie hérakléenne, pourrait symboliser la volonté de continuer à dominer, en restant sous la vue des populations du pourtour de la plaine de l’Arc (fig. 287). XI.8.2. Le mobilier des tombes reflet des croyances, du statut social du défunt et de l’activité économique Les objets placés dans les tombes attestent la conception dualiste de l’homme : le corps visible mortel et « l’âme » qui va survivre à la mort dans le monde des divinités. Les doubles des objets détruits par l’incinération rejoindront l’âme du défunt dans l’au - delà. Le mobilier déposé dans certaines sépultures peut aussi symboliser le statut des sujets avant leur mort (Dedet 2011) et témoigner de l’activité économique de la société.

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Fig. 293. Les Arcs, Gros Ped, bracelet en fer décoré de corail

Fig. 294. Les Arcs, Gros Ped, bracelet décoré (détail)

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Fig. 295. Les Arcs, Gros Ped, fibule Tendille 4

Les Adrets : Plan d’Aups, début de l’âge du Fer pince à épiler en faveur d’une inhumation d’un sujet féminin aisé (Bérato, Digelmann 2002, 49). Les Arcs : Gros - Ped 1. L’urne F1380 de la tombe 1 du VIe s. av. n. è.), contient les restes osseux d’un homme, accompagnés de deux fibules avec cache ressort décoré en fer (fig. 268 et 292), d’un bracelet en fer portant une plaque décorée de petites sphères d’argent et de corail (fig. 293 et 294), d’une plaque cintrée en fer, d’une fibule Tendille 4 en fer (fig. 295), de fragments de couteau et de coutelas, et d’une dent de cheval. A côté était déposé un coutelas en fer à pommeau en alliage cuivreux décoré au repoussé (fig. 296 et 297). La présence d’une dent de cheval, qui est rare dans les sépultures, renvoie à un statut de prestige. Il s’agissait vraisemblablement d’une tombe de cavalier de la classe dirigeante, compte tenu de la qualité des objets d’orfèvrerie sans équivalents connus. Ce matériel métallique témoigne par ailleurs d’une maîtrise technique peu commune d’un artisanat local, qui sait en particulier utiliser le corail, dont on retrouve ici l’exemple le plus ancien du midi de la France. L’important mobilier métallique dont une fibule à double disque en fer, une fibule Tendille 8 et une épingle à tête enroulée en 353

Fig. 296. Les Arcs, Gros Ped, pommeau d’épée en bronze décorée de corail

Fig. 297. Les Arcs, Gros Ped, objets de la tombe

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Fig. 298. Rians, tumulus de Lambruisse 2 vu de l’oppidum de La Coste / Les Hubacs

alliage cuivreux, des plaquettes de tabletterie retrouvées dans la couche de charbons et de cendres de l’ustrinum, atteste son utilisation pour incinérer d’autres sujets de la classe dirigeante. La tabletterie témoigne d’un artisanat de l’os déjà développé (Bérato, Dugas, Dutour 1991). Aups :

Aven Plérimond, VIe s. av. n. è. (Boyer, Dedet, Marchand 2006). L’importance des pièces d’armement, une épée, une frette de fourreau, dix - huit pointes de lance à flamme convexe et nervure longitudinale, à douille ronde creuse, avec deux décors damasquinés de fils d’argent, quatorze talons de lance conique en creux, un pilum, un javelot, une pointe de flèche avec barbelures et sept cnémides atteste que certains des sujets inhumés étaient des guerriers, d’autant que certains des squelettes sont ceux d’adultes jeunes de sexe masculin. Ces armes sont associées à d’autres objets, deux fibules, une serpette en fer, un bracelet ouvert avec extrémités pourvues d’un disque, un bracelet, un bracelet de jambe, un bracelet armille, quatre anneaux et surtout un bassin étrusque à rebord perlé en alliage cuivreux. L’ensemble traduit des personnalités ayant eu les moyens de procéder à de tels échanges. 355

Cabasse : La Guérine 1. Le mobilier des deux tumulus du début de l’âge du Fer est important tant par la céramique que par les objets métalliques et de tabletterie. Il traduit une certaine richesse des sujets incinérés qui devaient appartenir à la classe dirigeante. Les éléments de tabletterie attestent encore un artisanat développé (Bérard 1980, 56, 61, 64 ; Bérard et al. 1993). Nans - les - Pins : Les Béguines, début de l’âge du Fer, une incinération contenue dans un bassin en alliage cuivreux, avec tige en alliage cuivreux courbée et striée, atteste un chef guerrier (CAG 83 / 2, 537). Rians : Tumulus 2 de Lambruisse, sépulture d’une personnalité féminine importante du début de l’âge du Fer, avec bassin étrusque en bronze à bord perlé et bracelet filiforme en bronze (Bouloumié, Lagrand 1977, 11 ; Bouloumié, 1990), Tumulus 1 de Lambruisse (fig. 298), du début de l’âge du Fer, un bassin en bronze à ombilic à bord simple, d’une armille en bronze ornée de stries transversales, d’une épée, d’une bouterolle à cabochon d’ambre et des éléments de la chaîne de suspension en fer, atteste un chef guerrier appartenant à l’aristocratie du proche oppidum de La Coste / Les Hubacs à Rians (CAG 83 / 2, 596.). XI.8.3. Relation entre les sépultures et l’habitat La majorité des lieux sépulcraux de l’âge du Fer ne peut être mise formellement en relation avec un habitat qu’il soit ouvert ou groupé et fortifié de hauteur. La tentative de rapprocher des sépultures et des habitats plus ou moins proches et contemporains est délicate, mais il est évident que les sépultures ne peuvent pas être déconnectées d’un habitat et de son territoire. Les arguments de proximité topographique et de concordance chronologique nous paraissent toutefois indiscutables pour deux ensembles associant sépulture et habitat. Rians : Les tumulus de Lambruisse 1 et 2, sont en contrebas d’environ 356

100 m et distant de 300 m à vol d’oiseau de l’habitat groupé et fortifié de hauteur La Coste / Les Hubacs à Rians, d’où ils sont bien visibles (fig. 298), l’ensemble étant daté du début de l’âge du Fer. Les Arcs : Gros - Ped, les incinérations du VIe - Ve s. av. n. è. (Bérato, Dugas, Dutour 1991), sont au - delà d’un petit ruisseau et à environ 100 m de l’habitat ouvert et groupé de plaine de Saint - Pierre 6 du début de l’âge du Fer (Conche, Ortiz - Vidal 2007, 175 ; Conche, Richarté, Bracco 2008, 183 ; J. - M. Michel, A. Dumont 2009) et de Saint - Pierre 4 un peu plus éloigné. Cabasse : Les Côtes, un lien ténu a été évoqué pour six incinérations en petites fosses qui ont été découvertes au pied de la falaise limitant le plateau où est installé l’oppidum de Casteou - Sarrin / Les Défens occupé du dernier tiers IIe s. au troisième quart du Ier s av. n. è. (Bérard et al. 1993). La Sainte - Baume : L’hypothèse de la relation de la nécropole tumulaire avec un habitat en grotte du début de l’âge du Fer a été évoquée (Bouloumié 1990, 126).

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XII Conclusion sur la société autochtone varoise et ses rapports avec la méditerranée

XII.1. La démographie Une étude quantitative des populations varoises n’est pas possible. Nous n’avons aucun cimetière complet qui permette une étude démographique. On sait que le pays est peuplé : « … surabondance de population (en Celtique) … car les femmes sont fécondes et bonnes nourrices » (Strabon, IV, 1, 2). A défaut d’autres textes, seules les données archéologiques concernant l’habitat peuvent être utilisées pour tenter d’évaluer l’importance des communautés. L’habitat indigène est complexe. Il est dispersé sans cohérence visible sur l’ensemble du territoire, que ce soient des habitats groupés et fortifiés de hauteur ou des habitats ouverts. Une méthode d’estimation de la démographie consiste à calculer le nombre de feux d’un site. Un indice est calculé à partir de la surface d’une unité domestique d’un habitat corrigée par un pourcentage d’espace collectif partagé (Py 1999). En divisant la surface totale de 359

l’habitat par l’indice on obtient le nombre de maisons. En multipliant ce chiffre par le nombre d’habitants présumés vivre en permanence dans chaque unité, on obtient une évaluation démographique très aléatoire, qui n’a qu’une valeur comparative pour différentes périodes d’occupation d’un même site ou pour comparer entre eux différents habitats (Garcia, Isoardi 2010). Avec cette méthode, les données exploitables dans le Var sont trop fragmentaires, mais on peut l’appliquer éventuellement au Fort à Taradeau qui présente une courte occupation à la fin de l’âge du Fer avec une population évaluable à environ 200 habitants. La démographie a - t - elle été influencée par la proche présence de Marseille ? Certains auteurs ont appliqué le modèle centre - périphérie au monde indigène (Garcia, Isoardi 2010). La région centrale plus peuplée inciterait à la production les régions périphériques. Le prélèvement des surplus destinés aux échanges aurait comme corollaire une réduction des produits alimentaires pour les populations indigènes et de ce fait induirait une stabilité démographique. Les indigènes seraient alors subordonnés à Marseille, hypothèse que l’on ne peut vérifier. Les cartes de répartition des sites selon leur chronologie mettent en évidence qu’il existe par rapport au début de l’âge du Fer une faible baisse de leur nombre durant le milieu de l’âge du Fer, mais une forte augmentation à la fin du IIe et dans les trois premiers quarts du Ier s. av. n. è. Ces changements traduisent des variations globales de population dans leur répartition, sans que l’on puisse quantifier le nombre d’individus. Pour la fin de l’âge du Fer, le nombre des amphores vinaires italiques et le service à boire correspondant, augmente sur chaque site et le nombre de sites où ils sont présents est aussi en forte croissance. La variation du volume des échanges pourrait se corréler à une augmentation démographique, mais aussi à une augmentation des surplus échangeables. Aucun pôle démographique helléno - indigène ne se dégage dans le paysage varois, comme on en rencontre en Provence Occidentale. 360

XII.2. Evolution interne de la société L’évolution interne de la société varoise lors de l’âge du Fer se caractérise par une certaine stabilité et un indubitable isolement. Si l’esprit de créativité endogène lors du début de l’âge du Fer a su concevoir et élaborer des ouvrages en pierres sèches innovants, les formes et les modes de construction de l’habitat évolueront peu ultérieurement. Quelques nouveautés architecturales apparaîtront vers la fin du IIe - début du Ier s. av. n. è., dont les tours creuses ou les élévations d’enceinte en terre crue, mais sans généralisation du processus ou autres innovations. Les petites dimensions des surfaces cultivables et les rendements faibles des récoltes, n’ont pas facilité une productivité agricole capable de fournir des surplus échangeables en grande quantité. Le territoire du Var est isolé géographiquement, fermé à l’est par la barrière des Alpes. « … les Salyens …les Lygiens … barraient la route menant en Ibérie par le littoral. Ces deux peuples exerçaient leur brigandage sur  terre et sur mer et se montraient si puissants que la route était à peine praticable pour de grandes armées, les romains obtinrent à grand peine que le passage fut laissé libre sur une largeur de 12 stades aux voyageurs en mission officielle » (Strabon, IV, 6, 3). Le Var, fermé à l’est, reste hors des grands axes routiers et en marge des grands circuits commerciaux méditerranéens. Il n’est toutefois pas totalement isolé. La présence de produits importés dans l’hinterland reste modeste, car la zone nord calcaire est très segmentée avec des voies d’accès difficiles. Le relief accidenté du Var explique que durant tout l’âge du Fer l’occupation du sol se caractérise par de petites communautés agro pastorales difficilement accessibles. Les commerçants méditerranéens n’ont pas transporté eux même leurs produits à l’intérieur des terres. 361

Les habitats groupés et fortifiés de hauteur du littoral et certains habitats ouverts côtiers où sont collectés les produits à échanger, sont les premiers maillons, les premiers relais, les gateway communities, entre les marchands qui atterrissaient leurs navires et les indigènes. Le cheminement vers l’hinterland des produits importés se faisait alors par la prise directe de relais par des indigènes dès le littoral, l’intervention directe des marseillais se limitant à l’atterrissage. Les sources antiques mentionnent de petits ports indigènes, comme nous l’avons vu plus haut. Une approche de l’importance des échanges peut être donnée grâce aux proportions des produits importés. Il faut tenir compte toutefois des pourcentages élevés de la céramique modelée locale, qui diminuent d’autant ceux des produits importés, sans que ceux - ci soient négligeables. Il faut préciser que la céramique ne peut jamais être quantifiée de façon rigoureuse et que les cartes de répartition sont incomplètes. Les amphores vinaires attestent que le vin est le principal produit importé. Sa consommation qui est rituelle, évergétique et politique, s’évalue grâce à la présence d’amphores vinaires et complémentairement à celle du service à boire en céramique tournée importée qui les accompagne. Les Etrusques ont précédé les Phocéens sur les côtes provençales (Bats 1992, 268 - 271). Dans le Var les amphores vinaires étrusques sont présentes sur soixante - quatorze sites, dont trente - huit oppidums, trente habitats ouverts, trois mouillages et trois grottes, et les récipients en bucchero nero sur six sites seulement. mais ces productions sont toujours associées dans nos recherches, même pour les formes les plus anciennes, à des productions massaliètes ou à de la céramique grise monochrome (Bérato et  al. 2009). Leur diffusion a pu se faire toutefois grâce à des circuits qui étaient propres aux navigateurs étrusques. Un des arguments en faveur de cette hypothèse, est l’épave étrusque du Grand Ribaud F naufragée entre 525 et 475 av. nè., qui comportait des amphores étrusques Py 4, sans aucune amphore grecque. Elles étaient accompagnées de bassins en bronze qui pourraient provenir de la zone de Pyrgi - Caere (Long, Delauze 2002, 68 - 71). L’épave de l’Ecueil de La Love à Antibes, datée 362

du milieu du VIe av. n. è., chargée d’amphores étrusques Py 3A et 3 B avec quelques amphores grecques, est d’origine étrusque et témoigne du rôle des négociants étrusques dans la commercialisation de produits grecs (Pomey, Long 1992, 190). Marseille va jouer à son tour un rôle dans la redistribution des amphores étrusques. Sur l’épave de Bon Porté 1 à Ramatuelle, un petit navire de sept à dix mètres de longueur (Long 1990, 51 - 53) naufragé au troisième quart du VIe s. av. n. è., les amphores étrusques de type Py 3A, qui coexistent avec des amphores grecques et massaliètes, confirment la part jouée par la cité phocéenne dans la redistribution du vin étrusque. Marseille fabrique des amphores pour exporter son vin dès 540 av. n. è. L’amphore massaliète se retrouve actuellement dans le Var sur cent soixante - deux sites grâce aux prospections (Bérato et al. 2009), alors que seulement quarante - trois étaient antérieurement répertoriés (Bats 1990). Les premières importations, formes Py 1 et 2 sont présentes sur le littoral (Saint - Cyr - sur - Mer, Sanary - sur - Mer, Six - Fours - les - Plages, Hyères, Léoube à Bormes - les - Mimosas, Cavalaire, Sainte Maxime) et dans l’île du Levant. Une redistribution est immédiate dans l’arrière - pays du littoral (La Cadière - d’Azur, La Valette - du - Var, Solliès - Ville, Solliès - Pont / Solliès - Toucas, Carnoules, La Môle). Elle va suivre les axes de pénétration fluviaux de la vallée de l’Argens (Les Escaravatiers à Puget - sur - Argens, Le Muy et Les Arcs) et de l’Arc (Saint - Maximin - la - Sainte - Baume), mais exceptionnellement en centre Var (région de Draguignan). Le principal moyen de diffusion de ces premières productions est maritime par cabotage côtier, seul le territoire de Saint - Maximin - la - Sainte - Baume a pu avoir un approvisionnement terrestre par la vallée de l’Arc. Ultérieurement l’amphore massaliète diffuse jusqu’à la fin du IIe s. av. n. è. dans une grande partie du département, le sud et le centre autour de Draguignan, mais dans la zone nord seules deux localisations sont connues au Bourguet et à Rians. L’habitat des Escaravatiers au Puget - sur - Argens peut - être encore accessible par bateaux doit diffuser encore vers la vallée de l’Argens et le centre du Var. La dizaine de sites où sont présentes des amphores tardives Bertucchi 6A, traduit une faible réapparition des produits massaliètes dans la seconde moitié du Ier s. av. n. è., période où les amphores italiques prédominent. 363

Si l’étude du mobilier importé confirme la « soif de vin » des Salyens, on note durant le IVe s. av. n. è. une nette diminution des importations en particulier au Mont - Garou, pour le milieu de l’âge du Fer dans le Centre Var et de façon générale pour la deuxième moitié du IIIe s. av. n. è. Ce phénomène a également été bien mis en évidence à Lattes (Py 1999, fig. 6). Cette baisse des échanges peut être liée au monde indigène, ce qui expliquerait que les périodes de « crise » soient variables d’un site à l’autre (baisse démographique, repli communautaire, baisse de productivité des terres limitant les surplus échangeables ou prélèvement excessif de surplus pour les échanges entraînant à moyen terme une baisse démographique par diminution de la part vivrière) ou à Marseille (difficulté d’acheminer les produits à l’intérieur des terres). L’activité commerciale du Mont - Garou à Sanary a pu être suivie durant toute son occupation (Arcelin et  al. 1982). La Courtine à Ollioules est en plein essor économique au IVe s. av. n. è. où l’oppidum est un centre de répartition, ultérieurement le matériel évoque plutôt un habitat de consommation (Bérato et al. 1996). L’augmentation des importations se manifeste dès la fin du IIe s. av. n. è. avec un changement dans la provenance du vin. La banalisation de la présence d’amphores italiques vinaires sur trois cent quinze sites pourrait traduire une consommation moins édilitaire, plus populaire. Le mobilier est en effet un des éléments qui permet la mise en évidence du statut social de ses utilisateurs et de leurs habitats. Les récipients de cuisine et la vaisselle de table traduisent les pratiques culinaires qui maintiennent l’identité ethnique. Durant tout l’âge du Fer la base de l’alimentation reste le bouilli. La façon de cuisiner reste un des derniers usages à disparaître. La substitution alimentaire marquera au dernier quart du Ier s. av. n. è. la pénétration de la romanité dans les mœurs indigènes. Il est aussi un traceur des échanges, tant internes aux communautés indigènes, qu’avec le monde extérieur méditerranéen. La quantification des marchandises importées échappe à nos recherches car le matériel provient de fouilles partielles ou de prospections. 364

Au Montjean à Cavalaire qui joue un rôle d’interface, dans la petite surface fouillée, il y a neuf cent bords d’amphores dont environ huit cent trente - trois d’origine massaliètes soit 52 % du mobilier de la fin VIe s. au IVe s. av. n. è. A La Courtine à Ollioules dans une zone restreinte, vingt - neuf amphores soit 25 % de l’ensemble du mobilier entre 375 et 350 av. n. è. évoquent encore un site jouant le rôle d’interface. Ultérieurement le pourcentage qui oscille entre 12 et 8 %, atteste un habitat de consommation. Au Mont - Garou à Sanary les amphores marseillaises constituent entre 480 - 380 av. n. è. 43 % des céramiques importées qui elles même représentent 50 % du total des céramiques. Cette proportion est en faveur d’un centre d’interface, vraisemblablement en relation avec Le Mourret qui est alors occupé. Sur l’oppidum du Fort de Taradeau, site de consommation, les vingt - sept amphores représentent 6,30 % du matériel de la fin de IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. A Saint - Martin à Taradeau, site de consommation de piedmont ouvert, lors de son occupation de la fin du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. les amphores vinaires ne représentent que 2,4 % du matériel. Le volume des échanges et la consommation du vin restent bas. De même qu’il y a eu regroupement de populations dans des habitats fortifiés de hauteur, on retrouve des habitats ouverts groupés, sans qu’y apparaisse une structuration spatiale évoquant une organisation politique. Aucune grande agglomération structurée indigène et hellénisée de plaine ne s’est développée avant la création dans la première moitié du Ier s. av. n. è. et à l’initiative romaine des deux centres commerciaux de moyenne importance, Forum Julii et Forum Voconi sur la voie de communication reliant Fréjus à Aix - en - Provence. XII.3. Marseille et la société indigène varoise XII.3.1. Généralités A la suite de la création par les Phocéens de Marseille vers 600 av. n. è., les massaliètes ont dû se rapprocher des communautés environnantes et y fréquenter des lieux stratégiques essentiels à leurs échanges. Des indigènes ont dû aussi voyager dans la chora marseillaise. 365

Toutefois il semble que les contacts entre marseillais et indigènes n’aient pas influencé l’évolution propre de la société autochtone varoise (Bérato 2012). La proximité de Marseille et la présence des produits véhiculés par les échanges avec les communautés indigènes, n’ont pas été en effet des facteurs suffisamment stimulants pour provoquer une évolution profonde de la société, si ce n’est la satisfaction primaire des besoins vinaires des indigènes. Les aspects matériels de la vie quotidienne, manifestations de la vie culturelle de la société autochtone, sont proches sur l’ensemble des sites varois. Il existe une grande stabilité dans le temps de ces critères qui ne semblent pas avoir été modifiés par les contacts avec le monde méditerranéen. La société varoise se démarque de Marseille et conserve son individualité, tout en entretenant des échanges commerciaux. XII.3.2. La place de Marseille dans la société autochtone XII.3.2.1. La création de comptoirs Le Mourret, au Brusc à Six - Fours - les - Plages est une première tentative précoce d’implantation marseillaise, qui sera d’une brève durée, de la fin du Ve à la première moitié du IVe s. av. n. è., comme nous l’avons vu plus haut. Tardivement deux comptoirs sont créés, dont les sources antiques ont conservé les noms : «la côte comprend plusieurs villes massaliétes : Tauroentium,  Olbia … et le port Forum Julii. La côte...appartient aux massaliotes,  car ceux - ci avaient fondé toutes ces places fortes pour se défendre contre les barbares de l’intérieur, voulant laisser libre la mer, quittes à leur laisser la maîtrise du pays » (Strabon, IV, 1, 5). 366

Olbia de Provence, à Hyères est un comptoir créé vers 325 av. n. è. (Bats 1989). Des marmites en céramique modelée locale qui imitent des productions modelées de la région de Marseille pourraient y traduire la présence de potiers indigènes (Bérato 2008). Le proche oppidum indigène de Costebelle créé au début de l’âge du Fer, est alors abandonné, vraisemblablement sous la pression des grecs. On ne connait pas d’établissements ruraux indigènes contemporains en périphérie, la proche ferme de Costebelle / Jardins d’Arcadie n’étant construite qu’à la fin du IIIe - IIe s. av. n. è., par des habitants grecs ou hellénisés (Borréani, Brun 1990). Tauroeis / Taurentum, au Brusc à Six - Fours - les - Plages, est le deuxième comptoir créé au IIIe s. av. n. è. (Brien - Poitevin 1982). Des échanges ont dû s’établir avec deux proches oppidums indigènes, Le Mont - Garou, où la reprise économique reste modeste au IIe s. av. n. è. (Arcellin, Arcellin - Pradelle, Gasco 1982, 126 - 127) et La Courtine (Bérato et al. 1996, 73 - 74) où après un semi - abandon au IIIe s. av. n. è. l’activité reprend au IIe s. av. n. è. XII.3.2.2. La présence de marseillais chez les autochtones La bande côtière méditerranéenne En 122 av. n. è., C. Sextius Calvinus, qui fonde Aquae Sextiae Salluviorum, réserve une bande côtière à Marseille (Strabon, Géographie, IV, 1, 5). Des marseillais ont dû alors se mélanger au fond communautaire local, mais aucun vestige sur le littoral ne peut être relié à cet épisode. Les marseillais sont présents dans les îles d’Hyères « … les îles des Stoechades … sont cultivées par les massaliotes.  Ils  y  entretenaient  autrefois  un  poste  de  garde  construit  pour  lutter contre les incursions de pirates, à l’époque où les ports y étaient nombreux … » (Strabon, Géographie, IV, 10).

367

Présence ponctuelle de grecs immergés en milieu indigène. La présence de quelques récipients en céramique modelée imitant des productions importées de la région de Marseille sur des sites indigènes comme nous l’avons vu plus haut, peut évoquer l’immersion isolée en milieu autochtone de grecs ou des mariages mixtes avec des femmes indigènes. Ce métissage n’a pu aboutir à un mélange ethnique, même sur les sites du littoral, car la présence étrangère ponctuelle n’y a pas modifié les manifestations matérielles de la vie quotidienne. Une intervention marseillaise guerrière ponctuelle en milieu indigène peut être évoquée à propos du dépôt de squelettes en majorité d’hommes jeunes dans l’Aven sépulcral de Plérimond à Aups lors du deuxième quart du VIe s. av. n. è. Des objets militaires détériorés lui sont associés (Boyer, Dedet, Marchand 2006). Cet ensemble est unique dans le Var et le mode funéraire diffère de celui sous tumulus rencontré à cette époque. Ce site est situé dans une large zone de plateaux à vocation pastorale, par où devait passer une piste reliant les plaines d’Aups au nord et de Salernes au sud. Le plus proche habitat connu est, à environ 4 km, l’oppidum Les Infirmières sans datation précise dans l’âge du Fer. S’il y a eu conflit guerrier, des autochtones devaient y participer, car il fallait bien connaître les lieux pour y trouver l’étroite entrée de l’aven qui va servir de sépulture. La présence des armes et des ornements de char contraste avec la pauvreté des découvertes de ce type de matériel dans le reste du département et étonne, car nous sommes en plein hinterland, à une période où les conditions d’échanges devaient rendre difficile d’acquérir un tel équipement par des indigènes. Il pourrait s’agir ainsi d’une incursion exploratrice en milieu inconnu de marseillais qui aurait mal tourné. Les marseillais n’ont jamais pu ou voulu administrer une seule partie du territoire varois. Ne s’appuyant pas sur les communautés indigènes, leurs élites n’ont pas été intégrées dans la notabilité marseillaise. Il existe une coupure culturelle entre Marseille grecque et les communautés indigènes du Var. Les pratiques funéraires, marqueurs culturels des communautés autochtones, n’ont pas été influencées par celles des grecs. 368

XII.3.2.3. Influence de Marseille Les réalisations architecturales monumentales sont à mettre hors - champ de l’influence marseillaise. Les habitats fortifiés de Thèmes Est à Besse - sur - Issole et Baudouvin - la - Bigoye à La Valette sont antérieurs à la création de Marseille. Pour les sites du VIe s. av. n. è. les schémas architecturaux ne sont pas grecs. La cité phocéenne alors en plein démarrage économique après sa création, n’aurait pas eu les moyens humains et technologiques pour diffuser rapidement et extensivement ses modèles. Les blocs de pierre des constructions ne sont pas parementés, ni assisés et les joints sont irréguliers durant tout l’âge du Fer. Emprunt à Marseille des briques en argile crue ont été utilisées dans des murs de maisons après le milieu du Ve s. av. n. è. au Mont - Garou à Sanary - sur - Mer (Arcelin, Arcelin - Pradelle, Gasco 1982, 122). mais il n’y a pas d’autres terres cuites architecturales connues. Les autochtones n’ont pas adopté les critères d’urbanisme grecs. Contrairement à Marseille l’unité de vie reste la pièce unique mêlant éventuellement réserves alimentaires et activités artisanales. Dans le Var les vestiges du transfert technique grec dans le domaine de l’arboriculture sont tardifs. Les plus anciens vestiges d’installation oléicole, maie de pressoir en basalte, contrepoids parallélépipédique ou pyramidal en basalte, datent du IIe s. av. n. è. On ne connaît pas de vestiges archéologiques de viticulture durant l’âge du Fer, à l’exclusion de traces de vignobles au IIe s. av. n. è. Dans le domaine de l’éclairage les Grecs ne semblent pas avoir influencé les usages locaux (Ugolini 2010, 436 - 439). On ne retrouve pas de lampes à huile sur les habitats indigènes, à l’exclusion d’une lampe hellénistique aux Platanes à Saint - Tropez. Parmi les dépôts votifs du sanctuaire gréco - massaliète de l’Acapte, Hyères des lampes ont été déposées. Un bec de lampe est présent à la Tour Fondue, île des Embiez à Six - Fours, sur un mouillage grec et une lampe attique à vernis noir est présente au Mourret à Six - Fours, mais il s’agit d’un comptoir grec de la fin Ve - début IVe s. av. n. è. Les pesons en céramique modelée qui servent à tendre les fils de la chaîne des métiers à tisser sont exceptionnels avant la période ro369

maine (Ugolini 2010, 435 - 436). Les autochtones devaient tisser avec de petits métiers mobiles horizontaux. La céramique grise monochrome est initialement due à la présence de potiers grecs. La fabrication deviendra ultérieurement autonome, suite à un transfert technologique. Cette technique grecque du tournage des objets céramiques sera abandonnée au IVe s. av. n. è. et jusqu’à la romanisation seul le modelage traditionnel sera utilisé. Le culte d’Artémis n’a pas diffusé de Marseille vers le Var. Une statue en marbre en ronde bosse de l’Artémis d’Ephèse a été découverte à Toulon remployée dans un rempart, mais elle paraît être d’origine exogène (Lemoine 2006, 104 - 117). Une statue en pierre drapée à la grecque a été découverte à La Courtine et remonte au premier âge du Fer (Layet 1954, pl. XLIX et L). Le mode funéraire de l’inhumation à Marseille n’a pas modifié la pratique de l’incinération qui est exclusive dans le Var. L’usage de l’écriture n’a pas pénétré en milieu indigène. Les seuls exemples d’écriture celto - grecque sont ceux des ex - voto de L’Acapte à Hyères. Il existe donc une coupure culturelle entre Marseille grecque et les communautés indigènes du Var. La façon de vivre des autochtones n’a pas été influencée par Marseille et aucune agglomération hélléno - indigène n’a été créée. S’il y a eu une sensibilisation à satisfaire des besoins secondaires, le vin, la civilisation autochtone n’a pas été déstructurée. Le changement sera rapide, en moins d’un quart de siècle à la fin du troisième quart du Ier s. av. n. è., non pas sous une pression militaire, mais sous l’effet des élites indigènes qui pour ne pas perdre leurs privilèges se sont acculturées sous l’influence romaine.

370

XIII Inventaire des sites de l’âge du Fer dans le Var

XIII.1. Les habitats groupés et fortifiés de hauteur Les numéros de site renvoient à l’inventaire du Centre Archéologique du Var. 152 1131 293

103 537

879

1036

1071 785

579

691 311

766

410

264

618 695

301

263

893

602

1152

388

887

816

1063 815

356

353

631

955

967

426 656

112

286

227

329

283 479

1090

778

49

543

1087 1089 1046

204

206

864

952

835

586 610

225

1133

875

70 71 72

338

1034

477

1092 1139

437

457 10 km

440 1073

Fig. 299. Répartition des oppidums du début de l’âge du Fer

371

XIII.1.1. Oppidums du début de l’âge du Fer (fig. 299) Cette période comprend soixante - dix sites occupés du début de l’âge du Fer jusqu’au milieu du Ve s. av. n. è., mais qui peuvent aussi avoir été habités postérieurement. Les numéros de site du catalogue renvoient aux cartes de répartition. Il existe des blancs dans la répartition des sites, en particulier au nord - ouest, à l’ouest, dans les Maures, à l’est et dans l’Estérel (fig. 299). Carcès / Vins - sur - Caramy : Saint - Vincent (225), enceinte unique de type géométrique fermé, 1190 - 3500 - 3900 m2, début de l’âge du Fer et fin IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. Carnoules : Le Bron (227), enceinte unique de type géométrique fermé, 35 300 m2, du début de l’âge du Fer jusqu’au troisième quart du Ier s. av. n. è. Cavalaire - sur - Mer / La Môle : Montjean (257), enceinte unique de type appui sur à - pic, 5800 m2, début et milieu de l’âge du Fer. Châteauvert : Mérindol 2 (263), enceinte unique de type éperon barré, 1300 m2. Mérindol 3 (264), enceinte double de type appui sur à - pic, 8800 m2, début et milieu de l’âge du Fer. Collobrières : Plateau Lambert 1 / Fauguières (286), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2, du début de l’âge du Fer au milieu du IIIe s. av. n. è. La Sauvette (283), enceinte triple de type appui sur à - pic, 10 000 m2, du début de l’âge du Fer jusqu’au milieu du IIIe s. av. n. è. Comps - sur - Artuby : Le Tour (293), enceinte unique de type éperon barré, 6150 m2, début de l’âge du Fer puis Ier s. av. n. è. Correns : Basson 1 (301), enceinte double de type éperon barré, 1500 m2, 372

début et milieu de l’âge du Fer jusqu’au tout début du Ier s. av. n. è. Cotignac : Val - Longue (311), enceinte double de type appui sur à - pic, 5500 - 9000 m2, début de l’âge du Fer puis fréquentation du IIe s. au Ier s. av. n. è. Cuers : Le Castelas (329), enceinte unique de type géométrique fermé, 16 000 m2, début de l’âge du Fer, puis IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Draguignan : Le Seiran (338), enceinte unique de type appui sur à pic, 3700 m2, début de l’âge du Fer, puis de la fin du IIe à la fin du Ier s. av. n. è. Evenos : Saint - Estève (353), enceinte unique, non continue, segmentaire de type appui sur à - pic, 50 000 m2, du début de l’âge du Fer jusqu’au troisième quart du Ier av. n. è. Village d’Evenos / Château (356), forme de l’habitat non définissable, du début de l’âge du Fer au Ier s. av. n. è. Flassans - sur - Issole : Mauniers (388) enceinte unique de type géométrique fermé, 5000 m2, début de l’âge du Fer, puis dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Fréjus : La Gardiette (410) enceinte unique de type appui sur à - pic, 5000 m2, début de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. Gonfaron : La Roquette (426), enceinte double de type appui sur à - pic, 4000 - 10 000 m2, du début de l’âge du Fer, puis dernier tiers du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. 373

Hyères : Castrum du Fenouillet (437), enceinte unique de type appui sur à - pic, 15 000 m2, début / milieu de l’âge du Fer, jusqu’au IVe s. av. n. è. Colline du Château (457), forme de l’habitat non définissable, début de l’âge du Fer, puis dernier tiers du IIe au troisième quart du Ier s. av. n. è. Costebelle / Notre - Dame de Consolation (440), enceinte unique de type géométrique fermé, 15 000 m2, début et milieu de l’âge du Fer jusqu’au IVe s. av. Le Lavandou : Quicule (477), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2000 m2, début de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. La Pignoué / Murène (479), enceinte unique de type figure géométrique, 2000 m2, début de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Moissac - Bellevue : Les Cugulons 1 / L’Aigle (537), enceinte double de type appui sur à - pic. La Môle : Maravieille (543), enceinte unique de type appui sur à - pic, 9000 m2. Le Muy : La Croix - Boeuf (586), enceinte unique de type géométrique fermé, 500 m2, début et milieu de l’âge du Fer. Les Planettes 1 (602), petit éperon barré unique, 350 m2. Le Rocher de la Fille d’Isnard / Dina (579), enceinte unique de type appui sur à - pic multi - segmentaire, 15 000 - 20 000 m2, début et milieu de l’âge du Fer. Le Muy / Roquebrune - sur - Argens : Rocher de Roquebrune (610), enceinte unique de type appui sur à - pic, multi - segmentaire, 40 000 m2, début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Ollières : Les Tourettes (618), enceinte unique de type géométrique fermé. 374

Ollioules : La Courtine (631), enceinte interne fermée, enceinte externe appui sur à - pic, 10 000 - 60 000 m2, du début de l’âge du Fer à fin IIe s. av. n. è. Plan - de - la - Tour : San Peire (656), enceinte unique de type appui sur à - pic multisegmentaire, 7000 m2, du début de l’âge du Fer à la fin du Ier s. av. n. è. Pontevès : Le Gros Bessillon (691), enceinte unique multi - segmentaire de type appui sur à - pic, 100 000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIe au Ier s. av. n. è. Pourcieux : La Croix de Pourcieux / La Coquille (695), enceinte unique de type géométrique fermé, début de l’âge du Fer, puis de la fin du IIe s. à la fin du Ier s. av. n. è. Pourrières : Les Ayaux 2 (766), enceinte unique de type éperon barré, début et milieu de l’âge du Fer. Le Revest - les - Eaux / La Valette - du - Var : La Vieille Valette / castrum de Tourris (778), enceinte unique de type appui sur à - pic, 8500 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Rians : Oppidum de La Coste / Les Hubacs (785), enceinte double de type appui sur à - pic, 6000 m2. Rocbaron : Théméré (815), enceinte triple de type appui sur à - pic, 3500 m2 enceinte interne et 50 000 m2, début de l’âge du Fer, puis IIe s. au Ier s. av. n. è. Thèmes Ouest (816), enceinte unique de type appui sur à - pic, 4000 m2. Roquebrune - sur - Argens : Hautes - Roques (835), enceinte unique sur à - pic, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. 375

La Roquebrussanne: Le Muy Haut (864), enceinte unique sur à - pic, 2000 m2, début et milieu de l’âge du Fer. Saint - Cyr - sur - Mer : Oppidum de La Gache (875), enceinte unique de type appui sur à - pic, 40 000 m2, début de l’âge du Fer - troisième quart du Ier s. av. n. è. Saint - Julien - le - Montagnier : La Colle (879), éperon barré triple, 4500 - 39 000 - 43 000 m2. Saint - Maximin - la - Sainte - Baume : Berne (886), enceinte unique appui sur à - pic, 5000 m2. Le Défens (893), enceinte unique de type appui sur à - pic, 4000 m2. Sainte - Maxime : Péigros (955), enceinte unique de type géométrique fermé, 2600 m2, début et milieu de l’âge du Fer. Le Meinier (967), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Saint - Zacharie : Castrum d’Orgnon (952), enceinte de type non définissable. Salernes : Croix - Solliès (1034), enceinte unique de type éperon barré, 67 000 m2. Gandelon (1036), enceinte unique de type appui sur à - pic, 14 000 m2, début de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe s. à la fin du Ier s. av. n. è. Sanary - sur - Mer : Mont - Garou (1046), enceinte unique type appui sur à - pic, 10 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Signes : Château - Panier (1063), enceinte double de type appui sur à pic, 2000 m2, début de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. 376

Sillans - la - Cascade : Roquerousse Sud (1071), enceinte double de type appui sur à - pic, 10 000 m2. Six - Fours : Le Mourret (1073), enceinte de type appui sur à - pic, fin Ve première moitié IVe s. av. n. è. Solliès - Pont / Solliès - Toucas : Le Castelas (1087), enceinte unique de type géométrique fermé, 21 000 - 50 000 m2, du début de l’âge du Fer au premier quart du Ier s. av. n. è. Solliès - Toucas / Solliès - Ville : Les Faraches (1090), enceinte double de type appui sur à - pic, première enceinte 900 m2, deuxième enceinte 1100 m2, 5000 m2 au total, début de l’âge du Fer, puis du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Solliès - Toucas : Saint - Hubert / La Tourne (1089), enceinte double de type appui sur à pic, 9400 - 370 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Solliès - Ville : Les Baus Rouges (1092), enceinte double de type appui sur à - pic, 5000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Trigance : Cîme de Biach, (1131), enceinte unique de type appui sur à - pic, 5000 m2. La - Valette - du - Var : Baudouvin / La Bigoye (1139), enceinte unique de type appui sur à - pic, 20 000 m2. Le Val : Les Eissartènes (1133), enceinte unique de type éperon barré, 10 000 m2, début de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier av. n. è. Vidauban : Châteauneuf (1152), enceinte unique de type appui sur à - pic, 40 000 m2, du début de l’âge du Fer à la fin du IIIe s. av. n. è. 377

XIII.1.2. Oppidums du milieu de l’âge du Fer Cette période regroupe soixante et un sites occupés entre le milieu du Ve et le dernier tiers du IIe s. av. n. è. et qui peuvent aussi avoir été habités antérieurement et / ou postérieurement. Les blancs dans la répartition se superposent à ceux du début de l’âge du Fer, avec apparition de quelques sites proches du littoral (fig. 300).

103 1193

777

192

794

1182

779

579 197

745 264

766

569 506

301

887

886

1150 1152

1125

951

21 586

1099

222

1151

18

614

835

590

426

862

277

71

610 836

956

204 864

19

81 70

955

967

283

328 10 km

239

1089

286

1087 875

1046 356 353

1090 778

118

1078

499

437

631 1074

257

440 466

Fig. 300. Répartition des oppidums du milieu de l’âge du Fer

Les Arcs : l’Apié de Raybaud (18), enceinte unique de type appui sur à pic, 1600 m2, de la fin du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Cabredor (19), enceinte unique de type géométrique fermé, 1600 m2, du IIe s. à la première moitié du Ier s. av. n. è. 378

Le Castelard (21), enceinte double pentagonale de type appui sur à - pic, 2800 / 6200 m2, du milieu du IIIe s. au premier quart du Ier s. av. n. è. Bagnols - en - Forêt / Callas : Castel Diaou (81), enceinte unique complexe de type appui sur à - pic, 15 000 m2. Bagnols - en - Forêt : Bayonne (70), enceinte unique de type appui sur à - pic, multi segmentaire, 48 000 m2, début et milieu de l’âge du Fer. La Forteresse (71), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2400 m2, début de l’âge du Fer au Ier s. av. n. è. Baudinard - sur - Verdon / Bauduen : Les Eouvières / Le Castelas (103), enceinte unique de type géométrique fermé, 30 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Bormes - les - Mimosas : Notre - Dame de Constance (118), enceinte multi - segmentaire de type appui sur à - pic, 2000 m2, de la fin du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Callas : Eglise Saint - Auxile (192), enceinte de type non définissable, du milieu de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Pourcieux (197), enceinte unique de type éperon barré. Camps - la - Source : Saint - Quinis (204), enceinte triple de type appui sur à - pic, 40 000 / 50 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Carcès : Hubac des Teyes (222), enceinte unique de type géométrique fermé, 1800 m2. Carnoules : Le Bron (227), enceinte unique de type géométrique fermé, 379

40 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Cavalaire - sur - Mer / La Môle : Montjean (257), enceinte unique de type appui sur à - pic, 6800 m2, début et milieu de l’âge du Fer. Châteauvert : Mérindol 3 (264), enceinte double de type appui sur à - pic, 8800 m2, début et milieu de l’âge du Fer. Collobrières : Plateau Lambert 1 / Fauguières (286), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2, du début de l’âge du Fer au milieu du IIIe s. av. n. è. La Sauvette (283), enceinte triple de type appui sur à - pic, 5000 - 10 000 m2, du début de l’âge du Fer au milieu du IIIe s. av. n. è. Correns : Basson 1 (301), enceinte double de type éperon barré, 1500 m2, début et milieu de l’âge du Fer et début du Ier s. av. n. è. Cuers : Castelas (239), enceinte unique fermée, 16 000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIIe à la fin du Ier s. av. n. è. Camp Aurélien / Clos d’Aureillan (328), enceinte unique de type appui sur à - pic, 5600 m2, du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Evenos : Saint - Estève (353), enceinte unique, non continue, segmentaire de type appui sur à - pic, 50 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier av n. è. Village d’Evenos / Château (356), forme de l’habitat non définissable, du début de l’âge du Fer au Ier s. av. n. è. Fayence : Colle de Gagnore (1193), enceinte unique de type appui sur à pic, 2000 m2, fin du IIIe s. au troisième quart du Ier av. n. è. Gonfaron : La Roquette (426), enceinte double de type appui sur à - pic, 4000 380

- 10 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Hyères : Costebelle / Notre - Dame de Consolation (440), enceinte unique de type géométrique fermé, 15 000 m2, du début de l’âge du Fer au IVe s. av. n. è. Castrum du Fenouillet (437), enceinte unique de type appui sur à - pic, 15 000 m2, début et milieu de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier s. av n. è. Le Lavandou : Castel Maou (499), enceinte unique de type appui sur à - pic. Lorgues : Saint - Ferréol (506), enceinte unique de type géométrique fermé, 6000 m2, de la fin du IIIe à la fin du IIe s. av. n. è. Le Muy : Le Grand Courrent 4 / le Nid d’Aigle (590), enceinte triple de type appui sur à - pic, 5 000 m2 interne - 10 000 m2 au total, du IIIe s. au Ier quart du Ier s. av. n. è. La Croix - Boeuf (586), enceinte unique de type géométrique fermé, 500 m2, début et milieu de l’âge du Fer. Le Rocher de la Fille d’Isnard / Dina (579), enceinte unique de type appui sur à - pic multi - segmentaire, 15 000 - 20 000 m2, début et milieu de l’âge du Fer. Le Muy / Roquebrune - sur - Argens : Rocher de Roquebrune (610), enceinte unique de type appui sur à - pic, multi - segmentaire, 40 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Nans - les - Pins : Sainte - Croix (614), enceinte triple de type appui sur à - pic, 20 000 m2, du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Ollioules : La Courtine (631), enceinte double mixte, interne de type géométrique fermé et externe de type appui sur à - pic, 10 000 m2, du milieu 381

de l’âge du Fer à 110 / 100 av. n. è. Pourrières : Les Ayaux 1 (745), enceinte unique de type géométrique fermé, 2000 m2. Les Ayaux 2 (766), enceinte unique de type éperon barré, début et milieu de l’âge du Fer. Régusse : Castrum de Coutelas (777), éperon barré unique. Le Revest - les - Eaux / La Valette - du - Var : La Vieille Valette / castrum de Tourris (778), enceinte unique de type appui sur à - pic, 8500 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Rians : Castillon 1 (794), enceinte unique de type géométrique fermé, 5000 m2, milieu de l’âge du Fer - milieu du IVe s. av. n. è. Saint - Pierre 2 (779), enceinte double de type appui sur à - pic. Roquebrune - sur - Argens : Hautes - Roques (835), enceinte unique sur à - pic, 20 000 m2, début de l’âge du Fer au début du IIIe s., puis du milieu du IIe au milieu du Ier s. av. n. è. Rocher Le Palay (836), enceinte unique de type éperon barré, 3000 m2, du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. La Roquebrussanne : Croix de Bérard (862) enceinte unique de type géométrique fermé, 15 800 m2, de la fin du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Le Muy Haut (864), enceinte unique de type appui sur à - pic, 1000 / 2000 m2, début et milieu de l’âge du Fer. Saint - Cyr - sur - Mer : Oppidum de La Gache (875), enceinte unique de type appui sur à - pic, 40 000 m2, début de l’âge du Fer - troisième quart du Ier s. av. n. è. 382

Saint - Maximin - la - Sainte - Baume : Berne (886), enceinte unique appui sur à - pic, 5000 m2. Cinq - Ponts (887), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2, de la fin du IIIe s. au début du Ier s. av. n. è. Saint - Zacharie : Castrum d’Estusse (951), enceinte triple de type appui sur à - pic, 5000 m2. Sainte - Maxime : Aire Bradier / Règue Malade 1 (956), enceinte unique de type appui sur à - pic, 1500 m2, du Ve au IIe s. av. n. è. Le Meinier (967), enceinte unique de type géométrique fermé, 3000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Peigros (955), enceinte géométrique fermée unique, début et milieu de l’âge du Fer. Sanary - sur - Mer : Mont - Garou (1046), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Six - Fours - les - Plages : Vieux Six - Fours (1074), forme de l’habitat non définissable. Solliès - Pont / Solliès - Toucas : Le Castelas (1087), enceinte unique de type géométrique fermé, 50 000 m2, du début de l’âge du Fer au premier quart du Ier s. av. n. è. Solliès - Toucas / Solliès - Ville : Les Faraches (1090), enceinte double de type appui sur à - pic, 900, deuxième enceinte 1100 m2, 5000 m2 au total, début de l’âge du Fer, puis du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Solliès - Toucas : Saint - Hubert / La Tourne (1089), enceinte double de type appui sur à - pic, 9400 - 370 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Taradeau : Le Castelar (1099), enceinte double de type géométrique fermé, 383

2800 - 6200 m2, du Ve s. à la fin du IIe s. av. n. è. Tourves : Saint - Probace (1125), enceinte unique de type appui sur à - pic, 20 000 m2, du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Vidauban : Châteauneuf (1152), enceinte unique de type appui sur à - pic, 40 000 m2, du début de l’âge du Fer à la fin du IIIe s. av. n. è. La Garduère (1151), enceinte unique de type géométrique fermé, 3000 m2, du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Les Mures (1150), enceinte unique de type géométrique fermé, 10000 m2, de la seconde moitié du IVe s. à la fin du IIe s. av. n. è. Villecroze : Saint - Jean (1182), enceinte unique de type appui sur à - pic. XIII.1.3. Oppidums de la fin de l’âge du Fer Les cent treize habitats occupés entre le dernier tiers du IIe s. et le troisième quart du Ier s. av. n. è. et qui peuvent aussi avoir été habités antérieurement, sont recensés dans cette période. Des blancs sont toujours présents comme précédemment (fig. 301), mais l’Estérel est occupé (Bérato 2012). Ampus : Les Clapouires / Englugi (11), enceinte double de type appui sur à - pic, 10 000 / 24 500 / 57 600 m2. Les Arcs : l’Apié de Raybaud (18), enceinte unique de type appui sur à pic, 6000 m2, de la fin du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Cabredor (19), enceinte unique de type géométrique fermé, 1600 m 2, du IIe s. à la première moitié du Ier s. av. n. è. Le Castelard (21), enceinte double pentagonale type appui sur à - pic, 2800 / 6200 m2, du milieu du IIIe s. au premier quart du Ier s. av. n. è. 384

523

50

878

1051

11

1036

338

950

301 302

1133

695 162

863

870

643

1063 1060

1061 1088

875

1046

356

353

1092 778

631

1078

329

1087 1090

418

511

455

1100

527

426

227

334

71 72

582 21

410 409

835

388 948 587

836 610 826 213 18 19 1151 827 590 212 1149 962

656

967

429

635

328 1089

515

113

815

862

214

204

207

861

530

223 388

205

1105

179

225

165

258

1125 614

192

339 569

506

315

694 887

1193

193 691 311

763

377

1142

54

553

85

1143

786

762

293

296

103

10 km

502 118

477

437 457 466

Fig. 301. Répartition des oppidums de la fin de l’âge du Fer

Artignosc - sur - Verdon : Peyro - Baroun (50), enceinte unique de type éperon barré, 10000 m2. Artigues : Colle Pélade 1 / Le Signal (54), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2000 m2. Bagnols - en - Forêt : La Forteresse (71), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2400 m2, du début de l’âge du Fer au Ier s. av. n. è. Pic de La Gardiette (72), enceinte unique de type appui sur à pic, 500 m2, au début de l’âge du Fer, puis IIe - Ier s. av. n. è. Bargemon : Villevieille (85), enceinte unique de type fermée, 5000 m2. 385

Baudinard - sur - Verdon / Bauduen : Les Eouvières / Le Castelas (103), enceinte unique de type géométrique fermé, 30 000 m2, début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Besse - sur - Issole : Pératier (113), enceinte unique de type appui sur à - pic, 1500 m2. Bormes - les - Mimosas : Notre - Dame de Constance (118), enceinte multi - segmentaire de type appui sur à - pic, 2000 m2, de la fin du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Brignoles : Cardéou (162), enceinte unique de type géométrique fermé, 10 000 m2. Castelas (165), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2. Cabasse : Casteou Sarrin / Les Défens (179), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2. Callas : Pennafort (193), enceinte de type éperon barré double, 7400 m2. Eglise Saint - Auxile (192), enceinte de type non définissable, du milieu de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Camps - la - Source : Les Adrets (205), enceinte double de type appui sur à - pic, 5000 m2. Barre de Saint - Quinis (207), enceinte unique de type appui sur à - pic, 5000 / 10 000 m2. Saint - Quinis (204), enceinte triple de type appui sur à - pic, 40 000 / 50 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Le Cannet - des - Maures : Méren Nord (213), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2. Méren - Sud (212), enceinte unique de type appui sur à - pic, 6500 m2. Recoux (214), enceinte double appui sur à - pic, 4000 m et 8000 m2. Carcès : Aire des Masques (223), enceinte double de type appui sur à pic, 2000 / 5000 m2. 386

Carcès / Vins - sur - Caramy : Saint - Vincent (225 - 1190), enceinte unique de type géométrique fermé, 3500 / 3900 m2. Carnoules : Le Bron (227), enceinte unique de type géométrique fermé, 40 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. La Celle : Banari / La Chautarde (258), enceinte unique de type appui sur à - pic. Comps - sur - Artuby : Le Tour (293), enceinte unique de type éperon barré, 6150 m2, début de l’âge du Fer, puis Ier s. av. n. è. Vieux Saint - Bayon (296), enceinte unique de type appui sur à - pic, 1251 m2. Correns : Basson 1 (301), enceinte double de type éperon barré, 1500 m2, du début de l’âge du Fer au tout début du Ier s. av. n. è. Les Pierres Sèches (302), enceinte fermée, 11500 m2. Cotignac : Le Castelas (315), enceinte unique de type appui sur à - pic, 500 / 700 m2. Val - Longue (311), enceinte double de type appui sur à - pic, 9 000 m2, début de l’âge du Fer, puis fréquentation au IIe s. au Ier s. av. n. è. Cuers / La Crau : La Bouisse (334), enceinte double mixte, de type appui sur à - pic externe et figure de type géométrique fermé interne, 10 000 / 15 000 m2. Cuers : Camp Aurélien / Clos d’Aureillan (328) type appui sur à - pic, 5600 m2, du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Le Castelas (329), enceinte unique de type géométrique fermé, 16000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Draguignan : Le Seiran (338), enceinte unique de type appui sur à - pic, 3700 m2, 387

début de l’âge du Fer, puis de la fin du IIe s. à la fin du Ier s. av. n. è. Les Tuilières (339), enceinte unique de type géométrique fermé, 5000 m2. Evenos : Saint - Estève (353), enceinte unique, non continue, multi - segmentaire de type appui sur à - pic, 500 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier av. n. è. Village d’Evenos / Château, (356), forme de l’habitat non définissable, du début de l’âge du Fer au Ier s. av. n. è. Fayence : Colle de Gagnore, (1193), enceinte unique de type appui sur à pic, 2000 m2, de la fin du IIIe s. au troisième quart du Ier av. n. è. Figanières : Saint - Clément / castrum de Saint - Blaise, 377, enceinte unique de type appui sur à - pic. Flassans - sur - Issole : Mauniers (388), enceinte unique à figure de type géométrique fermée, 5000 m2, début de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Fréjus : Le Barban (408), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2000 m2, 3000 m2 avec l’avant - mur, fin IIe - Ier s. av. n. è. Le Castelas (409), enceinte double de type géométrique fermé, 2000 et 6000 m2. La Gardiette (410), enceinte unique de type appui sur à - pic, 5000 m2, début de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. La Garde : Pierrascas (418), enceinte double concentrique de type appui sur à - pic, 4400 / 17 000 m2, du IIe s. au Ier s. av. n. è. Gonfaron : La Roquette (426), enceinte double de type appui sur à - pic, 4000 - 10 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. 388

Grimaud : La Mène (429), enceinte double de type appui sur à - pic, 2 0000 m2. Hyères : Castrum du Fenouillet (437), enceinte unique de type appui sur à - pic, 15 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Colline du Château (457), forme de l’habitat non définissable, début de l’âge du Fer puis du dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Saint - Michel - de - Valbonne (455), enceinte unique de type appui sur à - pic, 4200 - 4800 m2. Le Lavandou : Quicule (477), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2000 m2, début de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. La Londe - les - Maures : Les Vanades (502), enceinte unique de type géométrique fermé, 800 m2. Lorgues : Saint - Ferréol (506), enceinte unique de type géométrique fermé, 6000 m2, de la fin du IIIe s. à la fin du IIe s. av. n. è. Le Luc : La Madeleine / La Retrache (511), enceinte double de type appui sur à - pic, 10 000 m2. Pifouquet / Sainte - Hélène (515), enceinte unique de type géométrique fermé, 15 000 m2. La Martre : Signal de Taulane (523), enceinte unique de type appui sur à - pic. Les Mayons - du - Luc : Castel d’Aou (527), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2. Le Muy : San Luen (582), éperon barré. 389

Mazaugues : La Tête du Baou (530), enceinte double de type éperon barré, 5000 m2, du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Mons :

Valbouissole (553), enceinte unique de type éperon barré.

La Motte : Meyas / La Colle (569), enceinte unique de type fermée, 7500 m2. Le Muy : Le Grand Courrent 4 / le Nid d’Aigle (590), enceinte triple de type appui sur à - pic, 5 000 m2 interne - 10 000 m2 au total. Le Muy / Roquebrune - sur - Argens : Rocher de Roquebrune (610) enceinte unique de type appui sur à - pic, multi - segmentaire, 40000 m2, début de l’âge du Fer - troisième quart Ier s. av. n. è. Nans - les - Pins : Sainte - Croix (614), enceinte triple de type appui sur à - pic, 20 000 m2, du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Ollioules : La Courtine (631), enceinte mixte, interne de type géométrique fermé, externe de type appui sur à - pic, 60 000 m2, du milieu de l’âge du Fer à 110 / 100 av n. è. Pierrefeu - du - Var : La Déidière (635), enceinte unique de type géométrique fermé, 1000 m2. Plan d’Aups : La Tour de Cauvin / Baou Redon (643), enceinte unique de type éperon barré, 600 m2. Plan - de - la - Tour : San Peire (656), enceinte unique de type appui sur à - pic multisegmentaire, 7000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIe s. à la fin du Ier s. av. n. è. 390

Pontevès : Le Gros Bessillon (691), enceinte unique multi - segmentaire de type appui sur à - pic, 100 000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIe s. au Ier s. av. n. è. Pourcieux : La Croix de Pourcieux / La Coquille (695), enceinte unique de type géométrique fermé, début de l’âge du Fer, puis de la fin du IIe s. à la fin du Ier s. av. n. è. Petit Fort des Agaux (694), enceinte unique de type géométrique fermé, 7000 m2. Pourrières : Camp Aurélien, (763), enceinte unique de type géométrique fermé, 10000 m2. Pain de Munition (762), enceinte triple de type géométrique fermé, enceinte interne 1630 m2 / 8670 m2 total. Le Revest - les - Eaux / La Valette - du - Var : La Vieille Valette / castrum de Tourris (778), enceinte unique de type appui sur à - pic, 8500 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Rians : Mont - Major (786), enceinte unique de type géométrique fermé, 8800 - 28 000 m2. Rocbaron : Théméré 1 (815), enceinte triple de type appui sur à - pic, 3500 m2 et 50 000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIe s. au Ier s. av. n. è. Roquebrune - sur - Argens : Castelard Nord (826), enceinte unique de type géométrique fermé, 19 500 m2. La Flûte / Castellard Sud (827), enceinte double de type géométrique fermé, 15 000 m2. Hautes - Roques (835), enceinte unique de type sur à - pic, 20 000 m2, du début de l’âge du Fer au début du IIIe s. puis du milieu du IIe s. au milieu du Ier s. av. n. è. Rocher de Palay (836), enceinte unique de type éperon barré, 3000 m2, du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. 391

La Roquebrussanne : La Baume du Muy (863), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2000 m2. Croix de Bérard (862), enceinte unique de type géométrique fermé, 5800 m2, de la fin du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Peybouloun (861), enceinte unique de type éperon barré. Rougiers : Le Piégu (870), enceinte unique de type éperon barré, 23 500 m2. Saint - Cyr - sur - Mer : Oppidum de La Gache (875), enceinte unique de type appui sur à pic, 40 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Saint - Julien - le - Montagnier : Gourdane (878), enceinte de type non définissable. Saint - Maximin - la - Sainte - Baume : Cinq - Ponts (887), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2, de la fin IIIe s. au début du Ier s. av. n. è. Saint - Raphaël / Fréjus : Bonnet de Capelan 1 (948), enceinte unique de type appui sur à - pic multisegmentaire, 1000 m2. Saint - Raphaël : La Péguière / côte172 / Bonnet de Capelan 2 (587), enceinte unique multi - segmentaire de type appui sur à - pic, 4000 m2. Saint - Zacharie : Montvert (950), enceinte triple de type appui sur à - pic, 5000 m2. Sainte - Maxime : Le Deffend 2 (962), enceinte unique de type géométrique fermé, 1000 m2. Le Meinier (967), enceinte unique de type géométrique fermé, 2000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Salernes : Gandelon (1036), enceinte unique de type appui sur à - pic, 14 000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIe s. à la fin du Ier s. av. n. è. 392

Sanary - sur - Mer : Mont - Garou (1046), enceinte unique type appui sur à - pic, 10 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Seillans : Ouest Malbousquet / Le Gros Hubac (1051), enceinte unique de type appui sur à - pic, trois derniers quarts du Ier s. av. n. è. Signes : Casteou - Maoulin (1060), enceinte unique de type appui sur à - pic, multisegmentaire, 2000 m2, du IIe s. av. n. è. Château - Panier (1063), enceinte double de type appui sur à pic, 2000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. La Vaucrette (1061), enceinte unique type appui sur à - pic, 3000 m2. Solliès - Pont / Solliès - Toucas : Le Castelas (1087), enceinte double de type géométrique fermé, 50 000 m2, du début de l’âge du Fer au premier quart du Ier s. av. n. è. Solliès - Toucas / Solliès - Ville : Les Faraches (1090), enceinte double de type appui sur à - pic, 900 m2 interne, deuxième enceinte 1100 m2, 5000 m2 au total, début de l’âge du Fer, puis du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Solliès - Toucas : La Guiranne (1088), enceinte unique de type appui sur à - pic, 7000 m2. Saint - Hubert / La Tourne (1089), enceinte double de type appui sur à pic, 9400 - 37 000 m2, du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Solliès - Ville : Les Baus Rouges (1092), enceinte double de type appui sur à - pic, 5000 m2, début de l’âge du Fer, puis du IIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. Taradeau : Le Fort (1100), enceinte unique de type figure géométrique pentagonale fermée, 9500 m2. 393

Le Thoronet : Sainte - Marie Vieille 2 / Fort Saint - Victor (1105), enceinte double de type appui sur à - pic, 6000 m2. Tourves : Saint - Probace (1125), enceinte unique de type appui sur à - pic, 20 000 m2. Le Val : Les Eissartènes (1133), enceinte unique de type éperon barré, 10000 m2, début de l’âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe s. au troisième quart du Ier av. n. è. Varages / La Verdière : Bousque Boulène (1143), enceinte double de type éperon barré. Varages : Montmayon 1, (1142), enceintes doubles concentriques de type géométrique fermé. Vidauban : Châteauneuf / Matheron (1149), enceinte unique de type appui sur à - pic, 6 000 m2. La Garduère (1151), enceinte unique de type géométrique fermé, 3400 m2, du IIIe s. au troisième quart du Ier s. av. n. è. XIII.1.4. Oppidums sans datation précise dans l’âge du Fer Les cent vingt - neuf sites répertoriés dans ce groupe sont ceux dont le mobilier, le plus souvent de la céramique modelée isolée ou associée à des productions à pâte claire importées non identifiables, ne permet pas de dissocier une période précise dans l’âge du Fer. Ils ne sont pas cartographiés. Les numéros de site renvoient à l’inventaire du Centre Archéologique du Var. Adrets - de - l’Estérel : Collet du Sarde (1), enceinte unique de type appui sur à - pic, 1800 m2. Vallon de Maraval (2), enceinte unique de type éperon barré, 1500 m2. 394

Aiguines : Sardon (6), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2394 m2. Aiguines / Ampus : Serrière - de - Lagnes (8), enceinte double de type appui sur à - pic, 1190 / 3990 m2. Ampus : La Cabrière (15), enceinte unique de type appui sur à - pic, 500 m2. Chaudoin (14), enceinte unique de type géométrique fermé, 10 000 m2. Collefrat 1 (9), enceinte double de type géométrique fermé, 7500 m2. Dessus de la Ville (10), enceinte unique de type éperon barré. Les Arcs : Le Peynier, (30), enceinte unique de type géométrique fermé, 2000 m2. Artignosc - sur - Verdon : Terrisse (52), enceinte unique de type géométrique fermé, 3500 m2. Aups :

Les Gipières / Le Castelas (60), enceinte double de type géométrique fermé, 3500 m2. Chapelle Saint - Marc / Castrum d’Aups ancien (62), enceinte unique de type appui sur à - pic, 1500 m2. Les Infirmières 2 (64), enceinte unique de type géométrique fermé, 1200 m2. Sommet de Cuguyonte (67), enceinte unique de type géométrique fermé, 5000 m2. Aups / Vérignon : La Grande Colle (69), enceinte unique de type géométrique fermé, 2000 m2. Notre Dame de Liesse (1146), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2500 m2. Bagnols - en - Forêt : La Gardiette (77), enceinte unique multisegmentaire de type appui sur à - pic, 2000 m2. Bargème / Seillans : L’Hubac des Fourques (84), enceinte double de type appui sur à - pic, 5000 m2. 395

Bargemon : Colle Pelée (86), enceinte unique de type appui sur à - pic, 1000 m2. Barjols : Le Castelas (88), enceinte unique de type appui sur à - pic, 3500 m2. Bauduen : Roche - Tramas (104), enceinte unique de type appui sur à - pic, plusieurs hectares. Sur Château (105), enceinte unique multisegmentaire de type appui sur à - pic. Bormes - les - Mimosas La Cadenière, enceinte double, externe en appui sur à - pic, enceinte interne en éperon barré, 30 000 - 40 000 m2. Les Campaux 2 (121), enceinte unique de type géométrique fermé, 1500 m2. Bras :

Le Signal (155), enceinte unique de type géométrique fermé, 4000 m2.

Brenon / La Martre : Les Queyrons (161), enceinte multisegmentaire de type appui sur à - pic. Cabasse : Le Pont Neuf / castrum de la Roquette / église Saint - Michel (177), enceinte unique de type éperon barré. Carnoules : La Colette (226), enceinte unique de type géométrique fermé, 20000 m2. Châteaudouble : Beausoleil (261), enceinte unique de type géométrique fermé, 5135 m2. Le Sérail (260), enceinte unique de type géométrique fermé, 8300 m2. Claviers : Le Puy / Sainte - Anne (272), enceinte unique de type géométrique fermé, 3000 m2. Sainte - Anne de Claviers (273), enceinte unique de type éperon barré. 396

Cogolin : Le Verger / La Gavotte (275), enceinte unique de type géométrique fermé, 10 000 m2. Collobrières : L’Aubède (282), enceinte unique de type appui sur à - pic, 5000 m2. Peigros (284), enceinte unique de type appui sur à - pic multi segmentaire. Comps - sur - Artuby : L’Ambourrée (291), enceinte double de type appui sur à - pic, 6960 - 20 444 m2. Chamay (290), enceinte double de type géométrique fermé, 4950 / 8650 m2. Les Fourches / Le Castelas (294), enceinte double de type appui sur à - pic. La Montade / Monthiver (292), enceinte unique de type appui sur à - pic, 5000 m2. Siounet (297), enceinte unique de type appui sur à - pic, 1000 m2. Cotignac : Le Bessillon (312), enceinte unique de type appui sur à - pic, 5000 m2. La Caillade (313), enceinte unique de type géométrique fermé, 10 000 - 20 000 m2. Draguignan : Le Neiron (340), enceinte unique de type géométrique fermé, 7000 m2. Le Puits (337), enceinte double de type géométrique fermé, 3900 m2. Entrecasteaux : Sainte - Anne (345), enceinte unique de type appui sur à - pic, 1000 m2. Evenos : L’Estrèche 2 (363), enceinte unique de type géométrique fermé. Fayence : La Péjade (1197), enceinte unique de type appui sur à - pic. 397

Figanières : Colle Pelade (376), enceinte double concentrique de type géométrique fermé, 500 m2. Le Piol de Saint - Blaise (378), enceinte unique de type géométrique fermé, 1000 m2. Flayosc : Castellard - Saint - Lambert (394), enceinte triple de type appui sur à - pic, 10 000 m2. Le Grain de Paille (396), enceinte unique de type appui sur à - pic. Varon - Le Clos de Florieye (395), enceinte unique de type figure géométrique fermé, 8000 m2. Fox - Amphoux : Le Petit Rougiers (398), enceinte unique de type appui sur à - pic, 3500 m2. Fréjus : L’Auriasque (406), enceinte unique de type appui sur à - pic, 3000 m2. Garéoult : Le Pavillon (422), enceinte unique de type géométrique fermé. Gassin / Ramatuelle : Barri de Gassin / Castelas (423), enceinte double de type géométrique fermé, 10 000 m2. Lorgues : La Colle du Mouton (509), enceinte unique de type géométrique fermé, 5000 m2. Le Luc : La Fouirette (512), enceinte unique de type appui sur à - pic, 3200 m2. La Mirayette (518), enceinte unique de type appui sur à - pic. La Martre : Le Marripey / castrum de Pierrelongue (524), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2. Mauvasque (522), enceinte unique de type appui sur à - pic. 398

Les Mayons - du - Luc : Castel des Maures (528), enceinte unique de type géométrique fermé, 5000 m2. Mazaugues : La Mérigue / Pey Reniou (532), enceintes triples concentriques en appui sur à - pic, 2500 m2. Moissac - Bellevue : Les Courts 4 (540), enceinte unique de type géométrique fermé, 30 000 m2. Sommet de Cuguyonte (541), enceinte unique de type géométrique fermé, 5000 m2. Mons :

Barosse (554), enceinte unique de type petit éperon barré. Les Campestres (556), enceinte unique de type géométrique fermé, 500 m2. Ouest - le - Moulinet (550), enceinte unique de type géométrique fermé, 1500 m2. Saint - Peire (555), enceinte unique de type appui sur à - pic, 1200 m2. Le Villard (557), enceinte double de type géométrique fermé, 1520 - 3660 m2. Montferrat : Les Cadenières (561), enceinte double de type géométrique fermé. Notre - Dame de Beauvoir / castrum de Montferrat (563), enceinte unique de type éperon barré. Le Piol / Beaudron (562), enceinte double de type appui sur à - pic. Montauroux : Collet Redon (559), enceinte double de type appui sur à - pic. Le Muy : Les Enfers (581), enceinte multi - segmentaire de type appui sur à - pic, 3500 m2. Pic de Rebéquier (580), enceinte triple de type éperon barré, 190 000 m2 Les Tilleuls (568), enceinte unique multi - segmentaire de type 399

appui sur à - pic, 10 000 m2. Vallon des Gourbières (608), enceinte unique de type éperon barré, 10 000 m2. Le Muy / Callas : Gournié (583), enceinte unique multi - segmentaire de type appui sur à - pic, 6000 m2. Nans - les - Pins : Le Peyvalier (613), enceinte unique de type éperon barré, 2000 m2. Néoules : Pilon Saint - Clément (617), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2000 m2. Pierrefeu - du - Var : Le Castelas (634), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2000 m2. Plan d’Aups : Le Plan des Vaches (644), enceinte unique de type éperon barré. Pourcieux : Grand Fort des Agaux (693), enceinte unique à type de type géométrique fermé, 4000 m2. Pourrières : Gourd de la Tune (726), enceinte unique de type appui sur à pic, multi - segmentaire, 400 m2. Puget - Ville : La Blaque (774), enceinte unique de type géométrique fermé. Saint - Adrien (772), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2. Rians : Haut Vacon 1 (783), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2300 m2. Haut Vacon 2 (784), enceinte unique de type géométrique fermé, 6000 m2. Oppidum de Lambruisse (782), enceinte unique de type appui sur à - pic. 400

Saint - Pierre (787), enceinte unique de type géométrique fermé avec appui sur à - pic multi - segmentaire, 1500 m2. Vautubière 1 (781), enceinte unique de type géométrique fermé, 2300 m2. Roquebrune - sur - Argens : Le Coulet - Redon / Le Collet - Redon / La Bouverie (823), enceinte triple de type appui sur à - pic, 3500 m2. Le Muy Haut / Lamanon II (864), enceinte unique de type appui sur à - pic, 2000 m2. La Roque - Esclapon : La Trépière (819), enceinte unique de type appui sur à - pic. Saint - Julien - le - Montagnier : Malaurie 2 (880), enceinte unique de type éperon barré. Saint - Martin - des - Pallières : Collet de Biaou (881), enceinte double de type appui sur à - pic, 20 000 / 30 000 m2. Saint - Raphaël : Pic du Perthus 2 (944), enceinte unique de type éperon barré. Salernes : Le Serre / La Bouissière (1037), enceinte unique de type géométrique fermé, 2850 m2. Le Lauron (1038), enceinte unique de type géométrique fermé, 1000 m2. Seillans : Aïsse (1057), enceinte unique de type appui sur à - pic. L’Eouvière de Caille (1053), enceinte unique de type appui sur à - pic, 10 000 m2. La Pigne 1 (1052), enceinte unique de type appui sur à - pic, 5000 m2. La Pigne 2 (1054), enceinte unique de type géométrique fermé, 2000 m2. Signes : La Tête de l’Evêque / plateau de Siou - Blanc (1067), enceinte double de type appui sur à - pic. 401

Sillans - la - Cascade : Roquerousse Nord (1070), enceinte unique de type éperon barré, 15 000 m2. Solliès - Ville : Le Matheron (1091), enceinte unique de type appui sur à - pic, 4800 m2. Tanneron : Castel de Guiol (1093), enceinte unique de type appui sur à - pic, 5000 m2. Taradeau : Collet - Redon (1101), enceinte unique de type géométrique fermé, 1300 m2. Tourrettes : La Blacassière (1115), enceinte unique de type appui sur à - pic. Tourves : Candoux (1126), enceinte unique de type géométrique fermé, 5000 m2. Trigance : Chastillon (1130), enceinte double de type appui sur à - pic, 10 000 m2. La Serrière du Preil (1193), enceinte unique de type appui sur à - pic. La Verdière : Notre - Dame de la Salette (1145), enceinte unique de type appui sur à - pic. Le Grand - Blé (1144), enceinte unique de type appui sur à - pic. Vérignon : La Grande Colle (1148), enceinte unique de type géométrique fermé, 6000 m2. Notre Dame - de - Liesse (1146), enceinte de type appui sur à - pic, 2000m2. Vinon - sur - Verdon : Saint - Pierre (1184), enceinte unique de type éperon barré. Vins - sur - Caramy : Mauvéu (1189), enceinte unique de type appui sur à - pic.

402

XIII.2. Les sites ouverts Les cartes de répartition de ces sites (fig. 302 à 304), montrent des regroupements dans un paysage ouvert : la Dépression Permienne, le bassin de Saint - Maximin - la - Sainte - Beaume, la vallée de l’Arc et la frange littorale. Ces localisations diffèrent de celles des habitats groupés et fortifiés de hauteur qui sont plus dispersés (fig. 299 à 301) XIII.2. 1. L’habitat ouvert et groupé XIII.2.1.1. Début de l’âge du Fer (fig. 302)

780 336 821 601 910 911 712

909

894 897 921

224 1208

l' A rge n

s

1093

1203 44

1201

31 37

856

l 604 ' A r g

769

ens 1220

211 420 106

10 km 255

186 239

481 357

875

631

114

site ouvert isolé du premier âge du Fer site ouvert groupé du premier âge du Fer

1079

54

107

Fig. 302. Répartition des sites ouverts du début de l’âge Fer

Les Arcs : Saint - Pierre (44 et 1203), un lambeau de sol et une base de foyer 403

tous deux érodés, s’articulent avec une fosse et quelques alignements de trous de poteaux (Conche, Ortiz - Vidal 2007, 175 ; Conche, Richarté, Bracco 2008, 183). De la céramique grise monochrome coexiste avec des traces de foyers excavés dans le grès (Michel 2009). Ces vestiges groupés sont à une centaine de mètres des tombes à incinération du début de l’âge du Fer de Gros - Ped (Bérato, Dugas, Dutour 1991). Le Touar I (37), dans la dépression permienne en piedmont d’un petit tertre (Bérato, Magnin et al. 1989). Le Touar II (40), couche de 500 m2, épaisse de 0,10 m, riche en cendres, charbons et pierres noircies par le feu, avec des lambeaux de sol en terre battue et galets (Bérato, Palfi, Dugas 1996, 10). Le Touar III (38), début et milieu de l’âge du Fer (une urne modelée F1421), 600 m2. Sondage 1 : couche charbonneuse épaisse de 0,15 / 0,20 m, sans structure en place. Sondage 3 : couche charbonneuse épaisse de 0,30 m, sans structure en place. Sondage 4 : couche charbonneuse épaisse de 0,15 m, recouvrant un lambeau de sol de maison de 2,40 sur 0,70 m, constitué de galets et de petites pierres calcaires posé sur le substrat, avec à l’est deux gros blocs plantés. Sondage 5 : zone charbonneuse épaisse de 0,15 m, entourant un alignement de blocs, recouvert par une couche d’argile verdâtre exogène, de 0,40 m de diamètre, épaisse de 0,20 m, vestige de l’effondrement d’un mur constitutif d’une maison. Sondage 6 : couche charbonneuse épaisse de 0,15 m. Sondage 8 : couche charbonneuse épaisse de 0,05 / 0,15 m, recouvrant un foyer de pierres chauffées : fosse de 0,55 / 0,65 m de diamètre, creusée dans le substrat sur 0,10 m de profondeur, comblée de charbons et couverte de pierres calcaires brûlées (Bérato, Krol 1997). Le Touar IV (47), début de l’âge du Fer, 900 m2. Sondage 1 : zone charbonneuse épaisse de 0,05 m et de 0,40 m de diamètre. Sondage 4 : zone charbonneuse oblongue, épaisse de 0,05 m, de 0,50 / 0,90 m de diamètre. Sondage 5 : couche charbonneuse épaisse de 0,05 m. Sondage 9 : couche charbonneuse épaisse de 0,10 / 0,20 m. Sondage 9 : couche charbonneuse épaisse de 0,10 / 0,20 m (Bérato, Demontès, Krol 1999). Les sondages Touar I, II, III, IV et V font partie d’un même ensemble et couvrent la même période lors du début de l’âge du Fer, dès le VIIIe s. av. n. è., avec abandon vraisemblable dans la deuxième moitié du Ve s. av. n. è. Il s’agit d’un village de plaine, situé au piedmont de la petite butte du Touar qu’il entoure, mais dont le sommet ne semble pas avoir été occupé, en limite d’un marécage en voie de régression, bâti en matériaux périssables, sans plan directeur d’ensemble, couvrant au moins 10 000 m2. 404

Bormes - les - Mimosas : Cap de Léoube / L’Estagnol / Cap de Léoube 2 (138), occupé du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Le matériel découvert sur le chemin d’accès à la plage de Léoube, le torchis et un mur visible sur la colline, font partie d’un habitat ouvert et groupé sur les collines entre le Cap de Léoube, la plage de Léoube et de l’Estagnol, réparti sur au moins 100 000 m2 (Borréani 1993, 42 - 43, n° 30). Cap de Léoube / L’Estagnol / Cap de Léoube 1 (139), du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è., matériel et fosse dans une coupe de terrain le long du chemin d’accès à la batterie du Cap de Léoube et au - dessus sur la pente (Borréani 1993, 42 - 43, n° 30). Léoube 21 (129), début de l’âge du Fer puis Ier s. av. n. è., sur une butte en arrière de la plage de Léoube (Borréani 1993, 42, n° 25). Cap de Léoube 11 / L’Estagnol (141), du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è., un mur et du matériel éparpillé sur le replat au sud d’un sommet collinaire dominent la plage de l’Estagnol. Du matériel apparaît également au départ d’un proche vallonnement (Borréani 1993, 42 - 43, n° 30). Cap de Léoube 7 / 8 / L’Estagnol (145), du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è., du matériel dont du torchis est éparpillé sur le sommet de la colline ainsi que sur les pentes jusqu’au bas de la colline (Borréani 1993, 42 - 43, n° 30). Cap de Léoube / L’Estagnol / Plage du cap de Léoube (146), du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è., matériel et torchis sur un replat en retrait de la plage du cap de Léoube, en bordure d’un léger vallonnement (Borréani 1993, 42 - 43, n° 30). Cap de Léoube / L’Estagnol / Cap de Léoube 4 / 9 / 10 (114), du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av n. è., du matériel sur le sommet et les pentes de la colline dominent à l’est la plage de Léoube (Borréani 1993, 42 - 43, n° 30). L’ensemble Léoube / L’Estagnol correspond à un habitat groupé à larges mailles, de 100 000 m2, avec des phases de discontinuité selon les diverses localisations, mais occupé globalement durant tout l’âge du Fer. Il a été un lieu de contact pour les échanges avec le monde méditerranéen. La Cadière - d’Azur : Les Paluns Orientaux et Occidentaux (186), forment un site très étendu qui prolonge le site de la Pinéde au Castellet, lui - même proche 405

de Peyneuf, soit un habitat de 100 000 m2 occupé durant tout l’âge du Fer, dans une plaine zone de passage vers l’intérieur des terres. Le Cannet - des - Maures : Le Théron 1 (211), au début de l’âge du Fer - début du IVe, puis dernier tiers IIe - Ier s. av. n. è., sur un coteau, en aval de sources, sur 1000 m2, un foyer et un trou de poteau évocateur d’une maison et un abondant mobilier (Amann 1968). Carcès : Saint - Etienne - du - Clocher (224), est un site étendu sur 40 000 m2 en limite de milieu palustre vers l’ouest occupé durant tout l’âge du Fer. Castellet : Les Boeufs (239), du début de l’âge du Fer au IIIe s. av. n. è., en plaine, deux petits bâtiments décalés parallèlement et reliés par un de leurs angles. Les murs semblent avoir été faits de briques crues (Gauthier 1986, 461). Draguignan : Vieille - Ville (336), trois fonds de maisons et un foyer avec du mobilier du VIe s. av. n. è. La Garde - Freinet : Vaucron (420), vestiges avec amphore étrusque, sur le sommet d’une terrasse avec mur de soutènement sur deux assises et maisons en torchis et adobe, un sol d’habitat s’appuie contre le rocher (CAG 83 / 1, 424). Lavandou : Plateau de Quicule K (481), matériel épars sur un replat en limite de plateau et répandu sur les pentes ouest et sud Plateau de Quicule E / Sauvaire C (489), au début de l’âge du Fer puis fin du IIe - Ier s. av. n. è., 3000 m2, portions de murs d’enclos, dont un de 300 m2, avec des blocs plantés de chant, qui forment dans certains cas un double parement, avec remplissage de pierres. Des clapiers sont disséminés, liés ou non aux murs. A peu de distance au sud, en bord de plateau, deux murs de maison en gros blocs de pierres posées de chant, s’appuient sur le rocher : plateau de Quicule T (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 90). 406

Plateau de Quicule G (491), début de l’âge du Fer puis fin IIe - troisième quart Ier s. av. n. è., matériel épars sur 300 m2 (CAG 83 / 2, 493). Plateau de Quicule U (495), du début de l’âge du Fer au IIIe puis fin IIe - troisième quart Ier s. av. n. è., matériel épars sur 400 m2 (CAG 83 / 2, 493). Les quatre sites du Plateau de Quicule font partie d’un vaste ensemble original d’environ 700 000 m2 qui comporte des maisons de 10 à 20 m2 de superficie interne et des murs d’enclos de 80 à 400 m2 qui peuvent ou non s’ordonner sur des maisons. Tous les vestiges ne sont pas contemporains, il existe une discontinuité d’occupation, mais globalement le plateau est régulièrement utilisé durant tout l’âge du Fer (Bérato et al. 2000, 154 - 155). Le Muy : Les Vaugreniers (601), site de 2700 m2 de formation géomorphologique de type humide (Pellissier 2006, 171 - 172 ; Pelissier 2008). Les Planettes 3 (604), enclos quadrangulaire sur un replat collinaire occupé au début de l’âge du Fer puis simple fréquentation de la fin IIe - fin Ier s. av. n. è. Ollioules : La Courtine (631), habitat ouvert du VIe - Ve s. av. n. è. avant la création de l’oppidum (Arcelin, Bérato, Brien 1988). Pourrières : Chemin des Contrebandiers (Bérato, Borréani, Laurier 1994). Puget - sur - Argens : Les Escaravatiers (769), occupé durant tout l’âge du Fer, il s’étend sur 60 000 m2 sur un plateau, centré sur deux enclos révélés par la photo - interprétation sous la forme de deux fossés autour desquels s’organise un maillage pouvant matérialiser des voies, des limites de parcellaires, des fossés. Le plateau oriental et la butte sud - est sont occupés de la fin du VIe s. av. n. è. jusqu’au premier quart du Ier s. av. n. è. Le plateau occidental est lui occupé de la fin du IIe s. av. n. è. à l’époque romaine. Il existe donc un déplacement de l’habitat avec un léger chevauchement chronologique (Fiches et al. 1996). 407

Roquebrune - sur - Argens : La Lieutenante 1 (821) (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 11). Les Hautes - Roques Nord / La Bergerie (856), en piedmont, de 700 m2 environ, sur la pente. Saint - Cyr - sur - Mer : Oppidum de La Gache (875), habitat ouvert du VIe au IVe s. av. n. è. avant la création de l’oppidum (Martina - Fieschi 1996, 39 - 41). Saint - Maximin - la - Sainte - Baume : Chemin d’Aix 3 (921), en piedmont en milieu hydromorphe occupation, caractérisée par des limons bruns, et étendue et lâche de 6000 m2, aménagements en terrasses soutenus par des murs en pierres sèches. Plusieurs unités d’habitation avec sols, trois fours circulaires, foyers, galets rubéfiés, blocs de calcite, fosses de vidange ou avec charbons, tranchées, trous de poteau (Dufraigne, Martin, Sargiano 2004, 192). ZAC Garnier (922), aménagement en terrasses sur une pente, soutenues par des murs en pierres sèches, supportant un habitat ouvert comportant des fours circulaires, des foyers, des tranchées et des trous de poteau (Paone, Thomas 2005, 226). Le Chemin Herbous (897), fosse contenant des petites pierres, quelques charbons de bois, une hache polie, des boulettes d’argile cuite et de la céramique modelée. A 40 m à l’est une fosse large de 1,80 m. est tapissée de pierres sur le fond et contient de la céramique modelée. Proche un foyer et une fosse, des foyers avec ossements et céramique modelée, une fosse contenant des galets, de la cendre, des charbons, de la céramique modelée et une fosse, de 2 m de diamètre, creusée dans la terre jaune sableuse et remplie de limon noir, contenant des blocs d’argile peu cuite (brique ?) (CAG 83 / 2, 662). Ces trois sites de Saint - Maximin - la - Sainte - Baume associées à ceux étiquetés sites ouverts isolés en l’absence de dégagement expansif, forment une large bande occupée durant tout l’âge du Fer, de façon plus ou moins continue en piedmont, en marge sud et ouest du milieu marécageux de la plaine de Saint - Maximin - la - Sainte - Baume. Signes : Château - Panier (106), habitat ouvert du VIe au début du IVe s. av. n. è. avant la création de l’oppidum (Martina - Fieschi 1994, 14 - 16). 408

Six - Fours - les - Plages : La Citadelle / le Brusc (107), est occupée par un habitat indigène du début de l’âge du Fer - début IVe s. av. n. è., attesté par le matériel résiduel, qui précède Tauroeis / Tauroentum, comptoir fondé par Marseille au IIIe s. av. n. è. (Brien - Poitevin 1982). XIII. 2.1.2. Milieu de l’âge du Fer (fig. 303)

1206

894 908

714

23

110

301

769 856

224

38

178

211

387

965

1220 965

514

106

10 km

186 875

495

239

site ouvert isolé du second âge du Fer

114

441 1084 1079

485

site ouvert groupé du second âge du Fer 54

1078 463

Fig. 303. Répartition des sites ouverts du milieu de l’âge Fer

Les Arcs : Le Touar III (38), occupé au début de l’âge du Fer, est le seul à l’être encore au milieu de l’âge du Fer (urne modelée F1421), 600 m2. Bormes - les - Mimosas : Le Cap de Léoube / L’Estagnol / Cap de Léoube 2 (138), le Cap de Léoube / L’Estagnol / Cap de Léoube 1 (139), le Cap de Léoube 11 / L’Estagnol (141), le Cap de Léoube 7 / 8 / L’Estagnol (145), le Cap 409

de Léoube / L’Estagnol / Plage du cap de Léoube (146) et le Cap de Léoube / L’Estagnol / Cap de Léoube 4 / 9 / 10 (114), sont tous occupés du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Cannet - des - Maures : Le Théron 1 (211), est occupé du début de l’âge du Fer au début e du IV s., puis du dernier tiers du IIe - Ier s. av. n. è. Carcès : Saint - Etienne - du - Clocher (224), est occupé durant tout l’âge du Fer. Le Castellet : Les Boeufs (239), est occupé du début de l’âge du Fer au IIIe s. av. n. è. La Cadière - d’Azur : Les Paluns Orientaux et Occidentaux (186), qui prolonge le site de la Pinéde au Castellet, lui - même proche de Peyneuf est occupé du début de l’âge du Fer au début du IVe s. av. n. è. Flassans - sur - Issole : Le Petit Candumy 3 (387), daté du milieu du Ve s. av. n. è. est un ensemble linéaire de 300 m sur 50 m installé sur un plateau. Il s’organise sur une voie (Bérato et al. 2000). Le Lavandou : Plateau de Quicule U (495), occupé du début de l’âge du Fer au IIIe, puis fin IIe - troisième quart Ier s. av. n. è. Le Plateau de Quicule R / Sauvaire R (485), du milieu de l’âge du Fer, présente sur une légère éminence, au milieu de rochers, des traces de soubassement de murs de maisons ou d’enclos en pierres posées de chant ou en gros blocs (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 95). Ces deux sites font partie d’un vaste ensemble original d’environ 700 000 m2 occupé dès le début de l’âge du Fer (Bérato et al. 2000, 154 - 155). Le Luc : Le Paradis (514), est une concentration en plaine de matériel du milieu de l’âge du Fer, séparé par un espace vide du site de Pioule, du IIe - fin Ier s. av. n. è. (CAG 83 / 2, 505 - 506). 410

Pontevès : Le Sommet du Petit Bessillon sud / est (1206), du milieu de l’âge du Fer, est constitué de quatre pièces entre 9 m2 x 2 et 24 m2, mitoyennes, avec des murs en pierres sèches, appuyées au nord sur le rocher et au sud sur un mur de soutènement, ouvertures au sud. Cette construction protohistorique est reprise à l’époque médiévale. Du matériel est présent sur la pente sud. La source de l’Oube est à 1200 m à l’est et des terres cultivables situées au piedmont nord, est et sud. Il est contemporain de l’enclos du Petit Bessillon 3. Pourrières : Roquefeuille 4 (714), est la maison D, en matériaux périssables datée par le C14 : 2215 + / - 50 BP, Ly - 6831 = 374 - 126 av. n. è. Puget - sur - Argens : Les Escaravatiers à (769) est occupé durant tout l’âge du Fer. Roquebrune - sur - Argens : Les Hautes - Roques Nord / La Bergerie (856), est occupé du début au milieu de l’âge du Fer. Sainte - Maxime : Le Plateau de Pourrières (965, 966, 983,987 à 989), est un ensemble de 6000 m2 de superficie, occupé de la fin du IIIe au dernier quart du Ier s. av. n. è. Il associe des maisons dispersées sur les plateaux de Pourrières et de l’Eaubre (Bertoncello, Gazenbeek 1997, 607 - 609). La maison fouillée, Pourrières 6, a une superficie d’environ 10 m2. Elle est appuyée contre un rocher dont les interstices sont obturés par des pierres. La base d’un mur, long de 2 m, large de 0,50 m avec double parement de pierres, la limite à l’ouest, perpendiculairement au rocher. A l’intérieur deux trous de poteaux et un foyer (Gazenbeek 1993, 19). Cet habitat s’insère dans une zone cultivable qu’il partage avec d’autres unités de vie, dont Léaubre 11 / Pourrières 6, qui possède une maison de 10 m2 appuyée contre le rocher et limitée à l’ouest par un mur en pierres sèches. A l’intérieur un sol charbonneux et deux trous de poteau qui évoquent un soutien de toit. Saint - Cyr - sur - Mer : L’Oppidum de La Gache (875), est un habitat ouvert du VIe au IVe s. av. n. è. 411

Signes : Château - Panier (106), est un habitat ouvert du VIe au début du IVe s. av. n. è. Six - Fours - les - Plages : La Citadelle / le Brusc (1078), est occupée du début de l’âge du Fer au début du IVe s. av. n. è. Taradeau : Le Fort (110), une couche sous l’enceinte au nord - ouest traduit une fréquentation à la fin du IIIe - IIe s. av. n. è. XIII.2.1.3. La fin de l’âge du Fer (fig. 304)

336

301

890

224

883

178 210

390

259

211

1094 837 44 31 593 1097 1095 604 1098 27 24 838 1096 28 35 26 32

216

965

983

219

658 860

435

433

407 769

845 968 1017

430

278

636

277

186

323

1 487

359 625 1047

1080 1084

1114

419

114 441

10 km

255

site ouvert isolé de la fin de l'âge du Fer

460

site ouvert groupé de la fin de l'âge du Fer 54

459

451

464

Fig. 304. Répartition des sites ouverts de la fin de l’âge Fer

412

Les Arcs : Saint - Pierre / Les Laurons 1 (24), sous la partie agricole d’une villa gallo - romaine, un habitat ouvert de plaine est caractérisé par des vestiges en creux. Deux rangées parallèles de trois et deux fosses allongées (Bérato, Borréani, Leguilloux 1990, fig. 1 à 5) sont associées à d’autres vestiges disposés sans plan directeur ; deux fosses plus ou moins carrées reliées par une rigole (fig. 6 et 7) ; deux fosses rectangulaires dont une aux parois rubéfiées contenait des cendres (fig. 8 et 9) ; deux petites fosses oblongues (fig. 10 et 11) ; deux trous de poteau (fig. 12 et 13). Ces aménagements ne sont pas tous contemporains : la fosse 2 recoupe la fosse 6. Les fosses 1 à 5, dont la même disposition est observée au Grand Loou à La Roquebrussanne, pourraient correspondre à des tranchées de fondation pour des sablières en bois, à moins qu’il ne s’agisse de trous de calage de plusieurs poteaux utilisant la même fosse. Cette occupation est à rattacher à celles proches de Saint - Pierre 2 / église Saint - Pierre (25), de Saint - Pierre 4 et de Gros - Ped (27) au - delà d’un ruisseau à 500 m, l’ensemble formant un vaste habitat groupé de la fin IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. Saint - Pierre 4 (44), ensemble composé de deux fosses (dans la tranchée 14 à 80 cm de profondeur, de 2,10 m sur 0,80 m et dans la tranchée 16, à 0,80 m de profondeur, de 1,10 m sur 0,40 m, avec de la céramique modelée) ; de deux trous de poteau (dans la tranchée 4, à 1 m de profondeur, circulaire, de 0,35 m de diamètre, organisé avec quatre blocs de calcaire et de grès et dans la tranchée 5, à 1 m de profondeur, circulaire, de 0,30 m de diamètre, avec cinq blocs de tuf) ; d’un foyer (dans la tranchée 46, de 0,55 m sur 0,45 m, avec à l’intérieur cinq blocs de tuf rubéfiés, des charbons, de la céramique modelée et d’un alignement de blocs en calcaire montés à sec, épais de 0,12 / 0,18 m et long de 2,25 m. La Grenache, des fosses allongées et disposées en ligne, sont comblées avec de la céramique campanienne Lamboglia 25 et 31 et de la céramique modelée de genre Bérato F1500. Ces fosses doivent correspondre à des sablières sur lesquelles devaient s’appuyer les parois d’habitations (Michel 2009). La Roquette (31), habitat groupé de piedmont comporte deux ensembles de deux maisons mitoyennes, du troisième tiers du IIe - troisième quart du Ier av. n. è. (Bérato et al. 1995a). Saint - Jean 1, 2 et 3 (32, 33 et 34), est un habitat groupé de piedmont. Saint - Jean Occidental aux Arcs (35) et La Caisse de Cauvin, constituent un habitat groupé de piedmont. 413

Beausset / Evenos : Le Puits de Massacan - Guerarde / La Guerarde (110), composé d’une douzaine de maisons aux murs en pierres sèches, dont l’une d’elle comprenait deux pièces de 2,50 m sur 1,80 m reliées par une porte large de 0,50 m, est à rattacher à l’atelier de meules du Rocher de l’Aïgue, qui pourrait produire dès fin du IIe - début du Ier s. av. n. è. (CAG 83 / 1, 253). Bormes - les - Mimosas : Le Cap de Léoube / L’Estagnol / Cap de Léoube 2 (138), le Cap de Léoube / L’Estagnol / Cap de Léoube 1 (139), le Cap de Léoube 11 / L’Estagnol (141), Cap de Léoube 7 / 8 / L’Estagnol (145), le Cap de Léoube / L’Estagnol / Plage du cap de Léoube (146), le Cap de Léoube / L’Estagnol / Cap de Léoube 4 / 9 / 10 (114), Léoube 21 (129), forment un ensemble occupé du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. dans lequel s’intègrent des sites occupés à la fin de l’âge du Fer : le Cap de Léoube 6 / L’Estagnol (144), avec du matériel sur un replat au nord du sommet (Borréani 1993, 42 - 43, n° 30) , Léoube 5 (120), avec matériel épars sur un replat collinaire (Borréani 1993, 40, n° 16) et Léoube 14 (126), en plaine, avec du matériel épars sur 100 m2 dont du torchis, de la terre rubéfiée et une meule. Cabasse : Enclavier (182), en plaine, présente deux concentrations de matériel de 1000 et 2500 m2 (Bérard et al. 1993). La Grande pièce 1 / Matavo (178), est un habitat de plaine d’environ 5000 m2, où dans les sondages 9, 18, 49, une couche protohistorique présentait un trou de calage de poteau (Borréani et al. 1999, 17). La Cadière - d’Azur : Les Paluns Orientaux et Occidentaux (186), qui prolongent le site de la Pinéde au Castellet, lui - même proche de Peyneuf, du premier âge du Fer au début du IVe, puis au IIe - troisième quart Ier s. av. n. è. Le Cannet - des - Maures : Le Théron 1 (211), occupé du début de l’âge du Fer - début IVe puis au dernier tiers IIe - Ier s. av. n. è. Les Blaïs / La Trinité / Forum Voconi (216), en plaine, centre commercial / Forum créé dans la première moitié du Ier s. av. n. è. 414

caractérisé par des maisons quadrangulaires aux murs dérasés liés à l’argile, dont le plan évoque deux ensembles en ailes perpendiculaires, enserrent un espace non bâti, proches d’une autre pièce isolée carrée au sol en terre battue (Martos, Congès 2005, 39 - 40). Les Termes (219), du mobilier est dispersé sur 3600 m2 en plaine (CAG 83 / 1, 304). Carcès : Saint - Etienne - du - Clocher (224), occupé durant tout l’âge du Fer. Le Castellet : Le Camp de la Figuière 1, 3 et 6 (241) et Le Brûlat 2 (242), présentent du matériel éparpillé sur plus de 5000 m2 en plaine. Cogolin : Les Carmagnoles 1 (277), le matériel est abondant sur 2000 à 3000 m2 en piedmont et en moindre quantité sur environ 500 m2, dans une parcelle voisine, de l’autre côté d’un ruisseau. En fait, la zone comprise entre Le Canadel, Les Carmagnoles et Le Rayol présente un épandage continu de matériel protohistorique. Portonfus 5 / 6 (278), sur la pente de la colline, plusieurs murs en pierres liés à la terre, d’une épaisseur de 0,45 m, appartiennent à un petit habitat de 100 à 200 m2 où a été trouvée une meule à trémie en rhyolite. Le mur le mieux dégagé, perpendiculaire au sens de la pente, a une longueur visible d’une dizaine de mètres. L’étendue du site, 20 000 / 30 000 m2, plaide pour un habitat groupé. Draguignan : Vieille - Ville (336), des céramiques du Ier s. av. n. è. et des meules sont associées à un fossé. Evenos : Haute Venette 1 et 2 (360) et Fontaine du Murier - Fouan Croutado du Château (359), trois premiers quarts Ier s. av. n. è., sur une pente, deux concentrations de matériel espacés de 100 mètres (Martina - Fieschi, 1994, 71). Flassans - sur - Issole : La Grande Pièce 2 / 3 / la Seigneurie (390), l’occupation qui 415

commence dans le Ier s. av. n. è. et fait partie du même ensemble que le site de La Grande Pièce à Cabasse, correspond à l’agglomération routière de Matavo. La Garde : Saint - Michel (419), vestiges posés sur le substrat sur environ 20 m2. Trois murs en gros blocs liés à l’argile se rejoignent sur un gros bloc et limitent deux maisons, avec élévation en argile crue. Le sol est en terre remblayée (Brun 1989). Grimaud : Vallon de la Tourre (433), au moins 5000 m2, deux murs parallèles, des murs de soutènement effondrés, quelques tas de pierres et du matériel abondant plaident pour un habitat groupé, en relation probable avec l’habitat fortifié de La Mène, qui domine le site. Hyères : Village de Porquerolles (464), vestiges épars sous l’agglomération gallo - romaine. Le Lavandou : Plateau de Quicule E / Sauvaire C (489), Quicule T, Plateau de Quicule G (491), Plateau de Quicule U (495) sont occupés du début de l’âge du Fer puis à la fin IIe - Ier s. av. n. è. Plateau de Quicule C / Sauvaire B au Lavandou (487), 500 m2, maison de forme rectangulaire, 8 m sur 3 m, murs à parements de blocs posés de chant et blocage de cailloux. Grenier / lieu de réserve vraisemblable compte tenu de la dizaine de doliums. Au sud est accolé un enclos au mur de blocs plantés de chant de 50 m2 (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 89 ; Bérato et al. 2000, 154). Plateau de Quicule D (488), matériel épars sur une petite surface au milieu de clapiers (CAG 83 / 2, 494). Plateau de Quicule F / Sauvaire D (490), à l’extrémité est du plateau, deux murs à double parement en blocs plantés de chant, épais de 0,90 m, haut de 0,80 m, sont construits à angle droit. L’un d’eux de 3 m de long se termine contre un rocher naturel vers le sud, formant ainsi une maison de plusieurs mètres carrés. Le second mur de plus de 20 m de long semble s’éloigner vers l’est pour former un enclos d’environ 200 m2. De nombreux tessons sont éparpillés autour sur une surface 416

de 200 m2. D’autres segments de murs sont situés au nord et en contrebas (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 91 ; C.A.G. 83 / 2, p. 494 ; Bérato et al. 2000, 154). Muy :

Les Déguiers 1 / 2 / 3 / 5 / 8 (593), deux concentrations de matériel sont espacées d’environ 500 m (CAG 83 / 2, 533). Les Planettes 3 (604), début de l’âge du Fer puis fréquentation e fin II - fin Ier s. av. n. è. Ollioules : La Tourelle 1 (625), trois premiers quarts du Ier s. av. n. è., une concentration de matériel sur 10 000 m2 en plaine, est séparée de seulement 300 m de la Tourelle 2, Sanary, (Martina - Fieschi 1994, 89, site n° 60). Pierrefeu - du - Var : La Sermette 1 (636), concentration sur 400 m2 de matériel sur un sommet et en contrebas sur les replats et les pentes de la colline, proche de La Sermette 2 (637), où sur 200 m2 du matériel est aussi épars sur les pentes du mamelon oriental de la même colline (CAG 83 / 2, 550). Le Plan - de - la - Tour : Le Jas 6 (658). La superficie de ce gisement de pente, et la découverte d’une quarantaine de fragments de meules domestiques suggèrent la présence d’un véritable habitat groupé. Au sein de la vaste concentration de mobilier, certains secteurs livrent des traces denses d’activités métallurgiques avec scories, crasses et fragments de four (CAG 83 / 2, 564). Puget - sur - Argens : Les Escaravatiers (769), occupé durant tout l’âge du Fer. Roquebrune - sur - Argens : La Gaillarde 2 et 4 (845), deux concentrations de matériel sont espacées sur une pente. Rocher de Roquebrune (ROQ 220), (838), la pente est aménagée en terrasses sur lesquelles sont édifiées des maisons. Rocher de Roquebrune (ROQ 228 et 837), des maisons en pierres sèches sont aménagées sur des terrasses. Ces deux sites do417

minent la dépression permienne où se trouvent les terres cultivables. La Roquebrussanne : Le Grand Loou I - Le Sambuc (860), IIe - troisième quart du er I s. av. n. è. sur 200 m2 environ, trous de poteau, neuf tranchées de logement de sablières en bois (trois rangées de trois), nombreuses fosses dont une interprétée comme un grenier au plancher supporté par des poteaux de bois surmontant une fosse jouant le rôle de vide sanitaire. En contrebas de l’oppidum de La Croix de Bérard contemporain. Au proche Grand Loou III, présence de céramique campanienne A. Saint - Maximin - la - Sainte - Baume : La Courtoise (882), un mur large de 60 cm est construit sur une couche de graviers, proche d’une large fosse contenant de la céramique modelée (Bérato et al. 2001, 115). Sainte - Maxime : Acate de Vaillas 7 (968), concentration sur 100 m2 de céramiques de la fin de l’âge du Fer au sein d’un épandage plus vaste de pente, proche de l’Acate de Vaillas 1 (969), où du matériel est épandu sur 300 m2. Plateau de Léaubre (983), une dizaine de zones espacées et riches en céramique sur 100 à 1500 m2, dont Léaubre 11 / Pourrières 6, une maison de 10 m2 limitée à l’ouest par un mur en pierres sèches, ailleurs appuyée contre le rocher. A l’intérieur un sol charbonneux et deux trous de poteau évoquent un soutien de toiture (Bertoncello, Gazenbeek 1997, 608). Catalugno 140 (1017), matériel assez abondant éparpillé sur une pente. Taradeau : La Clémansane (1097), trois murs en pierres sèches (Varoqueau 1978, 11 - 15, A, C et F) sont recoupés par les structures des thermes gallo - romains. L’Ormeau A et B (1098), habitat ouvert et groupé de plaine caractérisé par deux sols de maisons (Brun, Congès, Pasqualini 1993). Saint - Martin (1096), habitat ouvert et groupé implanté en piedmont, qui comporte un secteur d’habitat et une zone artisanale indépendante (Bérato 2004). Tout Egau (1095), habitat ouvert et groupé de bas de pente de 418

quatre maisons (Bérato 1993, 12 ; Bérato et al. 1993 ; Bérato 1994 a et b). Toulon : Vieille Ville (1114), matériel épars résiduel sous l’habitat du port gallo - romain. XIII.2.1.4. Habitats ouverts sans datation précise dans l’âge du Fer La céramique modelée qui est isolée sur ces sites sans formes identifiables, ne permet pas de préciser une période distincte dans l’âge du Fer. Bormes - les - Mimosas : Cap de Léoube 3 / L’Estagno l1 (40), matériel et torchis sur un sommet (Borréani 1993, 42 - 43, n° 30). Cap de Léoube / L’Estagnol 3 (142), matériel et foyers sur un sommet et les pentes des crêtes s’avançant entre la plage de l’Estagnol et la petite plage du Cap de Léoube (Borréani 1993, 42 - 43, n° 30). Cap de Léoube 5 / L’Estagnol (143), matériel sur le sommet (Borréani 1993, 42 - 43, n° 30). Le Cerisier (124), vestiges de plusieurs maisons en pierres sèches construites contre le rocher, exposées au sud. Présence de deux murs en soutènement de 1 m de haut dont les blocs sont posés de chant (CAG 83 / 1, 258). Entre la Colle (133), sur la ligne de crête, au moins deux petites installations distantes d’une centaine de mètres sont caractérisées par de gros fragments de céramique modelée à plat dans des déblais. Le site le plus à l’est est à proximité d’un rocher dans lequel sont creusés plusieurs trous qui semblent avoir servi de trou de calage de poteaux et pour les deux plus gros, pour des récipients de réserves. En contrebas, les murs d’une maison sont en pierres liées à la terre. Ilot de Léoube (149), matériel sur l’îlot. Ces cinq sites font partie d’un habitat groupé complexe évoluant durant tout l’âge du Fer (voir supra). Callas : Prignonet (198), vestiges de maisons autour de rochers avec meules en rhyolite. 419

Lavandou : Plateau de Quicule m (482), sur un replat, au milieu des rochers, fragments épars de céramique modelée et traces de deux aménagements de maisons, l’un en pierres posées en épis entre deux rochers, l’autre en pierres posées de chant. Plateau de Quicule O (483), une base de mur en grosses pierres posées de chant, s’appuie à ses deux extrémités sur des rochers, avec une ouverture / porte dans sa partie moyenne. Plateau de Quicule Q / Sauvaire Q (484), un soubassement de maison fait de gros blocs de pierres, uniquement parementé vers l’extérieur, s’appuie contre un amas de rochers (CAG 83 / 2, 494). Plateau de Quicule B / Sauvaire A (496), du matériel est épars sur 100 m2 (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 88 ; CAG 83 / 2, 495). Muy :

Redounet 4 (595), une large concentration de matériel sur 2000 m2, qui est bien préservée, comporte de la terre argileuse et des fragments cuits d’argile qui pourraient attester des vestiges de murs en adobe. Ce site est distant de 200 m environ de Redounet 2 (598), de 100 m2 et de Redounet 5 (599), de 3000 m2. L’ensemble est daté de l’âge du Fer (Gazenbeek 1993, 15, site 184). Pourrières : Station de Pinchinat (751), fonds de maisons et plusieurs concentrations de céramique modelée. Rians : Chemin de la Grande Bastide / Plan de Valavès 1 (791), plusieurs maisons à murs en pierres sèches, dont une, quadrangulaire de 5 m sur 4 m, présente des soubassements de murs, en gros blocs disposés en double parement, avec une épaisseur moyenne de 0,60 m (CAG 83 / 2, 597). Saint - Maximin - la - Sainte - Baume : Chemin Herboux (912), une fosse tapissée de petites pierres, est associée à deux foyers et à un mur, avec de la céramique modelée (Carrazé 1989, 26, site n° 13 à 15 ; Carrazé 1989, 28, n° 25 à 29). Sainte - Maxime : Le Bernard / La Planète 1 (992), maisons écroulées, exposées au 420

sud (Jean - Marie Michel). Le Bernard Est 1 (993), murs de maisons (Jean - Marie Michel). Le Bernard Est 2 (994), murs de maisons (Jean - Marie Michel). Grand Courrent 125 (103), habitat ouvert rectangulaire constitué de deux pièces, une plus petite et carrée, l’autre oblongue contre laquelle s’appuie un enclos semi - circulaire associé à d’autres murs (Gazenbeek 1993, 16, site 125). Sommet de Font - Rouge 1 (1010), murs de maisons appuyées à des rochers. Villecroze : Le Castellar (118), plusieurs maisons et enclos, sont disséminés sur le plateau. Une maison située en bordure nord - est du plateau sommital est de plan parallélépipédique orienté nord - ouest / sud - est, d’une longueur hors œuvre de 13,30 m et une largeur de 3,60 m, de 41 m2 de surface totale. Elle est divisée en deux parties. Une cloison est placée à 6,50 m de la paroi sud - est, la superficie de cette partie atteint 23,4 m2, et celle de la pièce nord - ouest 18,30 m2. D’une épaisseur de 0,70 m, elle est conservée partiellement sur une assise, à son extrémité sud - ouest un bloc de forme rectangulaire est planté verticalement. Cet élément fait office d’angle à la jonction de la cloison et du mur sud ouest de façade, ainsi que de piédroit sud à un seuil. Les dimensions de ce montant qui a probablement été retouché sont de 0,90 m de hauteur, 0,70 m de largeur et 0,45 m d’épaisseur. Les parois sont conservées sur une assise de 0,30 m à 0,60 m de hauteur. Elles sont construites à double parement de blocs bruts sans liant et posées de chant avec un blocage interne, dont l‘épaisseur mesure 0,90 m. Le peu d’éboulis retrouvés fait penser à des élévations et un toit en torchis. XIII.2.2. Sites ouverts isolés XIII.2.2.1. Début de l’âge du Fer (fig. 302) Arcs :

La Roquette (31), une couche de 2 m2 est en place et du matériel résiduel est présent dans les couches de la réoccupation à la fin de l’âge du Fer. 421

Cannet - des - Maures : Le Hameau des Blaïs (1201), un fossé remblayé est isolé (Marina Valente). Carcès : Mouton - Gautier (1208), présence de céramique grise monochrome et de céramique modelée dont F3110. Evenos : Les Tassys 1 (357), l’angle nord - est d’une maison, constitué d’un mur en pierre sèche, est adjacent à un fond de silo / fosse à dolium de 1,30 m de diamètre, rempli de terre charbonneuse (Bonhomme, Ribot 1987, 91 - 93 ; Martina - Fieschi 1994, 63 - 64, fig. 17). Hyères : L’Anse du Liserot / plage du Titan 14, île du Levant (54), occupée du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. La maison du début de l’âge du Fer est en matériaux périssables avec deux trous de calage de poteau dont un avec des pierres en place et dans l’alignement deux trous de pieux, dont un joint à un trou poteau. Le sol est fait de galets et de pierres. Il existe une fosse à l’extérieur. La maison de la fin du VIe - Ve s. av. n. è. se superpose à la précédente avec des murs en blocs posés de chant et un sol en terre tassée et pierres. L’occupation est continue mais se déplace, le réaménagement dans le dernier tiers du IIe s. av. n. è. est constitué de remblais et de fosses (Borréani 1989). Rians : Les Toulons / La Vicairie (780), une maison comporte des trous de poteaux et des tranchées pour sablières en bois dans l’état 1 de la villa gallo - romaine (CAG 83 / 2, 598 - 599). Saint - Maximin - la - Sainte - Baume : Les Aiguilles 2 / la Péade Martinelli (894), occupation du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Une fosse avec cendre, charbon de bois et céramique modelée, est à proximité d’un lambeau de sol tassé comportant des pierres, de la céramique campanienne A et de la céramique modelée, sous un foyer (Bérato et al. 2001, 115). Chemin d’Aix / les Fontaines (909), occupation du premier âge du Fer, puis du dernier tiers du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. Un mur en pierres sèches orienté nord - est / sud - ouest est à proximité de traces d’un 422

foyer avec charbons de bois, boulettes d’argile orange rubéfiées et nombreux fragments de céramique modelée (Bérato et al. 1995 b, 120 - 121). Peyrecède / La Plaine / Peyrecède (911), un foyer avec charbons de bois, boulettes d’argile cuite orangées et céramique modelée du début et du milieu de l’âge du Fer (Bérato et al. 2001, 115). Sainte - Mitre / Peyrecède (910), fosse de 2 m de diamètre, contenant des charbons de bois, des cendres, de l’argile rubéfiée, des ossements de faune et de gros fragments de céramique modelée. Proche, un foyer a livré deux épingles en alliage cuivreux, des blocs de grés rubéfiés et de la céramique modelée (CAG 83 / 2, 662). Taradeau : Le Pigeonnier (1093), du matériel céramique modelé est épars (Bérato 1997 a, 9). Saint - Raphaël : Agay / Boulouris (1220), mouillage avec épave de la fin du VIe s. à la fin du fin Ve s. av. n. è. XIII.2.2.2. milieu de l’âge du Fer (fig. 303) Les Arc : l’Eouvière, (23), une structure arrondie et pleine de 8 m de diamètre est montée en moyen appareil sans liant, sans que l’on puisse différencier s’il s’agit d’un habitat ou d’un tumulus (CAG 83 / 1, 210). Cabasse : Grand Candumy 1 (181), une obole d’imitation massaliète du IVe s. av. n. è. est en place sous le sol d’une maison isolée du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. (Bérard et al.1993). Correns : Saint - Germain (301), site de piedmont du milieu de l’âge du Fer - fin Ier s. av n. è. Un riche mobilier, est situé en contrebas de l’habitat groupé et fortifié de Basson, occupé durant tout l’âge du Fer. Hyères : Costebelle / Jardin d’Arcadie (441), trois fosses de la fin du IIIe 423

- première moitié du Ier s. av. n. è., sont remplies de gravats provenant de la destruction d’une maison : pierres, fragments de torchis sur clayonnage, scories et mobilier. Le mobilier, 92% de céramique importée mais 8 % seulement de céramique modelée locale, atteste une population hellénisée en relation avec le proche comptoir massaliète d’Olbia. L’Anse du Liserot / plage du Titan 14, île du Levant (54), occupée du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. La Pointe du Pin, île de Porquerolles (463), le rocher est excavé pour implanter un habitat, caractérisé par un mur et un niveau archéologique du IVe - IIe s. av. n. è. (CAG 83 / 1, 479). Saint - Maximin - la - Sainte - Baume : Les Aiguilles 2 / la Péade Martinelli à (894), occupation du début de l’âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Chemin des Fontaines 2 (908), un mur orienté nord - sud du e II s. av. n. è. au premier quart du Ier s. av. n. è. (Bérato et al. 2001, 117 - 118). Sainte - Maxime : Pourrières 6 (965), maison de la fin du IIIe - troisième quart du Ier s. av n. è., adossée à des rochers avec vestiges d’un mur en pierres, long de 2 m, épais de 0,50 m, fouillée sur 10 m2 avec trou de poteau et sol de terre charbonneuse (Gazenbeek 1993 b, 19 - 22). XIII.2.2.3. Fin de l’âge du Fer (fig. 304) Les Arc : Forêt de Colobrère 2 (26), maison quadrangulaire de 12 m sur 5 m, avec murs en moellons montés à sec et conservés sur une assise (CAG 83 / 1, 212). Gros Ped (27), un sol d’argile à 0,40 m de profondeur, sur un lit de cailloux est daté des trois premiers quarts du Ier s. av. n. è. La Magnanière (28), matériel épars du Ier s. av. n. è. Cannet - des - Maures : Clavier (210), une maison avec un foyer et une urne remplie de graines carbonisées : blé, vesce, pépins de raisin (CAG 83 / 1, 300). 424

La Celle : Abbaye de la Celle (259), deux alignements de pierres et un four culinaire en torchis en forme de cloche. C14 : - 2085 + / - 30 : âge calibré : - 196 à - 1 av. n. è. : maximum de probabilités : - 65, - 92, - 105, - 145 (Ardagna et al. 1999). Correns : Saint - Germain (301), site de piedmont avec abondant matériel du milieu de l’âge du Fer - fin Ier s. av. n. è. La Croix - Valmer : Pardigon 2 / Lei Boutigo (323), une maison à murs en pierres sèches avec trois trous de poteau correspondant à des piliers de bois supportant une charpente, un sol en terre battue et un fragment de four à pain en terre cuite sur armature d’osier (CAG 83 / 1, 358 - 364). Fréjus : L’Auriasque 3 (407), un mur simple d’enclos circulaire en pierres sèches occupe le sommet de la bute, s’appuyant au nord - est sur un à - pic rocheux. Il délimite une aire de 8 m de diamètre. Son parement extérieur est conservé et composé de blocs bruts allant jusqu’à 0,60 m d’épaisseur. Une lacune existe au nord - ouest de la structure, là où elle s’appuie contre le rocher. On ne peut déterminer la destination exacte, habitat, lieu de culte ou sépulture. Grimaud : Cuguyon (435), une maison en pierres sèches est adossée au rocher. Hyères : Costebelle / Jardin d’Arcadie (441), trois fosses de la fin du IIIe à la première moitié du Ier s. av. n. è. Giens 2 (459), petite structure faite de deux pierres posées à plat sur une pierre plantée de chant (CAG 83 / 1, 476). L’Anse du Liserot / plage du Titan 14, île du Levant (54), est occupée du premier âge du Fer au troisième quart du Ier s. av. n. è. Saint - Maximin - la - Sainte - Baume : Le Plantier (890), plusieurs foyers contenant des ossements, des charbons, de la céramique modelée ainsi que deux fragments de meule 425

dans l’un d’entre eux (Bérato et al. 2001, 117.). Verdagne (883), une grande fosse contient de nombreux tessons. Léaubre 11 / Pourrières 6 à Sainte - Maxime (983), une maison de 10 m2 limitée à l’ouest par un mur en pierres sèches, est appuyée ailleurs contre le rocher. A l’intérieur un sol charbonneux et deux trous de poteau évoquent un soutien de toiture (Bertoncello, Gazenbeek 1997, 608). Pourrières 6 à Sainte - Maxime (965), une maison est de la fin du IIIe au troisième quart du Ier s. n. è.). La Bergerie / Le Clos du Dragon à Taradeau (1094), du matériel céramique est épars (Bérato 1997 a, 12). Le Pigeonnier à Taradeau (1093), présence de matériel céramique (Bérato 1997 a, 9). XIII.2.2.4. Habitats sans datation précise dans l’âge du Fer Artigues : Colle Pélade 2 à (55), une maison sur un replat du flanc ouest de la colline du Vieil Artigues, grossièrement rectangulaire, longue d’environ 20 m, de largeur non mesurable, avec une extrémité légèrement arrondie. Les murs épais de l’ordre de 0,80 m, sont réalisés avec un double parement de gros blocs calcaires. Aups :

Cascaveou (63), deux petites fosses et une grande avec du matériel, recouverte par un lit de galets et coupée par la construction d’une route, sont associées à une grande fosse contenant des pierres, des fragments de céramique modelée dont de grands récipients de réserve type Touar, des doliums et des fragments de sole de foyer formée de panses de grands récipients en céramique modelée brûlée. Bormes - les - Mimosas : La Petite Berte 1 (132), des maisons et des murs d’enclos entre les rochers (CAG 83 / 1, 258). Brégançon (122), une maison de forme quadrangulaire de 30 m2 (CAG 83 / 1, 258). La Gourre (135), trois murs de maison avec une plaque foyère d’argile cuite et murs d’enclos, dont un lié à la maison. 426

Callas : Prignonet (91), effondrement de maisons avec des tessons de céramique modelée et des fragments de meules en rhyolite groupés autour de plusieurs rochers. Cannet - des - Maures : Castéou dei Damas à Diou (208), structure éboulée de forme rectangulaire de 25 m de diamètre et 1,50 m de haut, composée de blocs bruts d’extraction de modules variés, avec un parement au nord sous l’éboulis (Sivan 1885). Châteauvert : Les Florens 1 (267), murs écroulés d’une maison et enclos en pierres sèches. Correns : Malamort (305), enclos en pierres sèches sur une falaise. Fréjus : Gué de la Cabre (413), une assise d’un mur long de 2 m en pierres sèches accolé au versant est d’un rocher. Hyères: La Tuilerie 3 (467), vestiges d’une maison avec fragments de torchis portant des traces de clayonnage. Lavandou : Plateau de Quicule m (482), deux maisons, l’un en pierres posées en épis entre deux rochers, l’autre en pierres posées de chant. Plateau de Quicule O (483), deux bases de murs en grosses pierres posées de chant, encadrent une ouverture et s’appuient de part et d’autre sur des rochers. Plateau de Quicule Q / Sauvaire Q (484), contre un amas de rochers, base d’une maison faite de gros blocs de pierres, uniquement parementée vers l’extérieur. Vallon de Gangui (480), maison en pierres sèches dans un enclos quadrangulaire accolé au rocher de 13 m de long sur 6 m de large (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 98). 427

La Londe - les - Maures : La Petite Berthe (505), mur d’enclos fermant un espace rocheux où se trouve une maison (Michel 1991). La Môle : Biscarre 2 (546), une maison en pierres sèches au sud - ouest d’un plateau (Bérato et al. 1995 b, CD, n° 85). Muy :

La Péguière 2 (587), un grand enclos de forme quadrangulaire, orienté nord - sud, dont le côté sud est constitué par un rocher. Le mur, qui mesure 74,40 m au nord et 19,30 m à l’est, est épais de 0,75 m. Il est constitué de deux parements de gros blocs bruts, plantés de chant et d’un blocage interne de pierraille (Gébara, Michel 1992 ; CAG 83 / 2, 532). Pontevès : Le Petit Bessillon 3 (689), murs de maison / enclos, de 11 m sur 14 m, à double parement de gros blocs, épais de 0,90 m, sans liant, conservé sur une ou deux assises. Saint - Maximin - la - Sainte - Baume : Les Aiguilles (907), une fosse avec des traces de foyer et de la céramique modelée (Carrazé 1989 - 1990, 11, site n° 6 ; Carrazé 1989, 9, site n° 1). Les Bauquières (895), boulettes d’argile cuite orange et céramique modelée proche d’un important dépôt d’argile cuite dans une couche de limon noir correspondant à des soles de foyers (Carrazé 1989, 13, site n° 6). Boucard (902), foyers et céramique modelée (Carrazé 1989 1990, 6, sites n° 9 et 10). Le Chemin de Barjols (916), un foyer et de la céramique modelée (Carrazé 1990, 5 et 6, sites n° 3 et 7). Madon (905), une fosse proche d’un foyer avec de la céramique modelée (Carrazé 1989 - 1990, 9, sites n° 11 et 12). Petit Saint - Mitre (906), un mur de pierres sèches long de 1,40 m et de la céramique modelée (Carrazé 1989 - 1990, 11, site n° 1). Les Quatres Platanes 2 (888), un foyer avec charbons de bois, céramique modelée, boulettes d’argile cuite orangée, recouvert partiellement par une couche de limon noir (Carrazé 1989, 25, site n° 6 à 10). Saint - Mitre 1 (896), céramique modelée, petits blocs de grès rose 428

et boulettes orangées d’argile cuite (Carrazé 1989, 17 et 18, sites n° 2 et 3). Les Suies (915), foyers et céramique modelée (Carrazé 1989, 28, n° 3). Verdagne 2 (900), deux murs en pierres sèches et de la céramique modelée (Carrazé 1989 - 1990, 17, sites n° 19 et 20). Saint - Raphaël : Valbonnette 3 (937), murs épais de 0,80 / 0,90 m, à double parement de gros blocs posés de chant, ainsi que des murs de soutènement en gros blocs. Sainte - Maxime : Attanoux 2 (959), une maison quadrangulaire en partie détruite, d’environ 20 m2, construite en blocs non liés, orientée est - ouest (Bérato et al. 1995, n° 66, CD). Gouraou 1 (1008), une maison quadrangulaire d’environ 40 m2 en pierres sèches (Bérato et al. 1995, n° 67). Le Fournel 2 (995), bases de murs d’une maison. Léaubre 19 (976), une maison en pierre sèche avec concentration de matériel céramique modelé. Léaubre 21 (974), une maison en pierre sèche. Le Quilladou Est (1025), une maison en pierre sèche. Sommet des Moulières 1 (1009), une maison en bordure de plateau exposée au sud. Les Suils 2 (1028), concentration de torchis et de céramique modelée. Vidauban Gaston (1168), fragments de parois d’un four en terre cuite, épaisses avec traces de clayonnage et scories (Bérato et al. 1993, 110, n° 26). XIII.3. Les occupations en grottes et sous abris Les sites recensés, après en avoir exclu les grottes sépulcrales, sont au nombre de 41. Bargème : Grotte au nord - est de l’oppidum de La Colle (83), du début de l’âge du Fer. 429

La Bastide : Sainte - Magdeleine 2 (89), céramique modelée dans un abri sous roche / éboulis en pied de falaise de l’âge du Fer. Baudinard - sur - Verdon : Grand Abri de la Plage (95) du début de l’âge du Fer (Lagrand 1968, p. 223 - 226 ; D’Anna 1980, 67 - 69 ; CAG 83 / 1, 246 - 247). Grotte C (92), foyers du début de l’âge du Fer (Lagrand 1968, 226 - 228, pl. 2, B, 1 - 2 ; Arcelin - Pradelle 1984, 110). Grotte de l’Eglise / réseau moyen (93), du début de l’âge du Fer (Lagrand 1968, 228 - 229. Baudinard - sur - Verdon, Grotte F (101), du début de l’âge du Fer - début IVe s. av n. è. (Arcellin - Pradelle 1984, 52). Grotte G / porche supérieur (91), du début de l’âge du Fer (D’Anna 1980, 79 - 80, n° 35 ; CAG 83 / 1, 247). Grotte G2 (100), du début de l’âge du Fer (Lagrand 1978, 49). Grotte H (96), de l’âge du Fer (D’Anna 1980, n° 36, 80). Grotte J (97), du début de l’âge du Fer (Arcellin - Pradelle 1984, 110). Grotte N (99), de l’âge du Fer (D’Anna 1980, 81, n° 40). Grotte de Siffrein (102), du début de l’âge du Fer - début e IV s. av. n. è. (Lagrand 1987, 49 ; Arcellin - Pradelle 1984, 110). Grotte X (98), du début de l’âge du Fer (D’Anna 1980, 81, n° 39). Châteauvieux : Grotte des Fées / grotte 7 des Baumes de Costevieille (269), du milieu de l’âge du Fer (Lagrand 1968, 239 - 242 ; Vindry 1978, 22 24, fig. 23 - 24 ; Massi 1990, 43 - 44). Claviers : La Lioure (271), dépôt de fondeur en grotte du Ve s. av. n. è. (Lagrand 1968, 244 ; Amann 1977 b, 223 - 227 ; CAG 83 / 1, 341 - 342). Draguignan : Castrum du Dragon (341), un abri sous roche, fin du IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. ouvre sur une esplanade au pied de la falaise supportant le castrum médiéval (Bérato, Gayrard 1998).

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Evenos : Grotte du Bord de l’Eau / grotte n° 6 de Bottin (371), du début et milieu de l’âge du Fer, où la grotte sert de bergerie (Martina - Fieschi 1994, 53 - 54 ; CAG 83 / 1, 387). Grotte Christianisée / Grotte n° 1 de Bottin (370), du début de l’âge du Fer (Martina - Fieschi, 1994, 1 - 52 ; CAG 83 / 1, 386). Grotte de Gaspard de Besse (374), du milieu de l’âge du Fer. Grotte des Mascs (375), du début et milieu de l’âge du Fer. Grotte Monier / grotte des Deux Entrées / des Deux Porches / du Portique, (369), de la fin du IIe - Ier s. av. n. è. (Martina - Fieschi, 1994, 58). Petite Grotte du Cimay (365), de l’âge du Fer (CAG 83 / 1, 388). Grotte de la Stalagmite / grotte du Chef / grotte n°1 de Bottin (365), du début de l’âge du Fer (Martina - Fieschi, 1994, 55 - 56 ; CAG 83 / 1, 387). Grotte dite Trou de Gaspard de Besse (372), de l’âge du Fer (Martina - Fieschi 1994, 49, n° 28 ; CAG 83 / 1, 386). Mazaugues : La Baume du Muy (534), du début et milieu de l’âge du Fer (Acovitsioti - Hameau, Hameau 1983, 70 - 73). Le Muy : Saint - Trou / Notre Dame de la Roquette (584), abris sous roches avec céramique campanienne A et céramique modelée de la fin du IIe - fin du Ier s. av. n. è. (Gassin 1986, n° 204, 195 - 196). Abri sous roche de San Luen (606), céramique modelée dont F1431 du IIe - Ier s. av. n. è. Les Tilleuls (578), abris sous roche peu profonds dans l’enceinte de l’habitat groupé et fortifié de hauteur de l’âge du Fer (CAG 83 / 2, 530). Plan d’Aups : Grotte des monnaies (651), début de l’âge du Fer (Lagrand 1968, 293 - 294 ; CAG 83 / 2, 560). Grande Draille (655), début de l’âge du Fer (CAG 83 / 2, 561). Pourrières : Grotte des Ayaux / des Deux Gamins (754), âge du Fer (CAG 83 / 2, 574). 431

Rocbaron : Grotte de Théméré (814), début de l’âge du Fer (Brun 1979). Salernes : Baume de Fontbrégoua (1035), début de l’âge du Fer (CAG 83 / 2, 693). Sanary - sur - Mer : Grotte du Garou / de Gaspard de Besse (1044), début de l’âge du Fer (CAG 83 / 2, 705). Grotte des Mascs (1048), début de l’âge du Fer. Signes : Mauregoun / Vieux Mounoï (1065), début de l’âge du Fer (Martina - Fieschi 1994, 10 - 11). Toulon : Abri sous roche des Lierres (1113), modelée F1342, début de l’âge du Fer (Barge 1978, n° 103, 130 - 132). Le Souzy (1109), site de plein air en contrebas de la grotte Tour de l’Huba dont pourrait provenir l’amphore étrusque, début de l’âge du Fer (Barge 1978, n° 99, 123 - 124). Trou du Duc (1110), début de l’âge du Fer puis IIe - troisième quart du Ier s. av. n. è. (Barge 1978, 127 - 130, CAG 83 / 2, 788), avec en pied de falaise, l’éboulis de BeauMont (1111), début de l’âge du Fer (CAG 83 / 2, p. 787 - 788). Le Val : Saint - Blaise / La Poudrière (1134), âge du Fer (CAG 83 / 2, 848).

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Rothé, Tréziny 2005 : ROTHE (M. - P.), TREZINY (H.) – Marseille et ses alentours, CAG 13 / 3. Académie des Inscriptions et Belles - lettres, Paris, 2005, 925 p. Roudil, Bérard 1981 : ROUDIL (O.), BERARD (G.) – Les sépultures mégalithiques du Var. Edition du CNRS, 1981, 222 p. Roussot - Larroque, Queffelec 2014 : ROUSSOT - LARROQUE (J.), QUEFFELEC (A.) – Le plus vieil objet de fer d’Europe occidentale est - il landais ? Bulletin de l’Association Française pour  l’étude de l’âge du Fer, 32, 2014, pp. 73 - 84. Sénès 1981 - 1982 : SENES (G.) – Recherches sur les enceintes de l’âge du Fer dans le nord du département du Var.Mémoire de maîtrise, Université Aix - Marseille, Faculté de Lettres, 1981 - 1982, dact., 102 p., 22 pl. Sillano 2004 : SILLANO (B.) – Saint - Maximin - la - Sainte - Baume. La Laouve. Bilan  Scientifique  PACA  2003. Ministère de la Culture et de la Communication, 2004, 244 p. Sivan 1885 : SIVAN (H.) - Histoire du Cannet - des - Maures. Vidal, Brignoles, 1885, 218 p. Strabon - Géographie, T. II (livres III - IV). Texte établi et traduit par F. Lasserre. Paris, les Belles Lettres, 1966, 242 p., 3 pl. Tendille 1978 : TENDILLE (C.) – Fibules protohistoriques de la région nîmoise. Documents d’Archéologie Méridionale, 1, 1978, pp. 77 - 112. Tendille 1979 : TENDILLE (C.) – Mobiliers métalliques protohistoriques de la région nîmoise : les bracelets. Documents d’Archéologie Méridionale, 2, 1979, pp. 61 - 79. Tendille 1982 : TENDILLE (C.) – Mobiliers métalliques protohistoriques de la région nîmoise : instruments et outils divers (V). Documents d’Archéologie Méridionale, 2, 1982, pp. 33 - 52. Thollard 2009 : THOLLARD (P.) – La Gaule selon Strabon.  Du  texte  à  l’archéologie.  Géographie,  livre  IV. Traduction et études. Bibliothèque d’Archéologie Méditerranéenne et Africaine – 2 Editions Errance / Centre Camille Jullian, 2009, 261 p. Trésiny 2001 : TRESINY (H.) – Les fortifications de Marseille dans l’Antiquité. In : Marseille. Trames et paysages urbains de Gyptis au Roi René. Actes du colloque de Marseille 1999. Aix - en - Provence, 2001. Etudes massaliètes 7, pp. 45 - 57. Ugolini 2010 : UGOLINI (D.) – De la vaisselle au matériau de construction : techniques et emplois de la terre cuite en tant que traceur culturel (VIe - IVe s. av. n. è.). In : Grecs et indigènes de la Catalogne  à la mer Noire. Actes des rencontres du programme européen Ramses 472

2 (2006 - 2009). Bibliothèque d’Archéologie Méditerranéenne et Africaine – 3. Ramses 2, 2010, pp. 433 - 454. Varon – Economie rurale. Livre premier. Texte établi, traduit et commenté par Jean Heurgon. Les Belles - Lettres, Paris, 1978, 189 p. Varoqueau 1978 : VAROQUEAU (Cl.) - Les thermes gallo romains de Taradeau. Annales du Sud - est Varois, III, 1978, pp. 11 - 15. Vasseur, Bérato 2008 : VASSEUR (R.), BERATO (J.) – Le Muy, Les Planettes. Bilan Scientifique de la Région Provence - Alpes - Côte  d’Azur 2007. Ministère de la Culture et de la Communication. mission archéologique 2008, pp. 215 - 216. Vindry 1978 : VINDRY (G.) – Un siècle de recherches préhistoriques et protohistoriques en Provence Orientale. La Protohistoire. Documents d’Archéologie Méridionale, 1, 1978, pp. 7 - 76. Voyez, Aubourg 2009 : VOYEZ (Chr.), AUBOURG (C.) – Barjols, chemin de Saint - Etienne. Bilan Scientifique PACA 2009. Ministère de la Culture et de la Communication, 2009, p. 70. Wallon 1967 : WALLON (D.) – L’oppidum protohistorique de Montjean (Var). Cahiers Ligures de Préhistoire et d’Archéologie, 16, 1967, pp. 86 - 106. Wallon 1973 : WALLON (D.) – L’oppidum de Montjean (Var). Apport des dernières fouilles. Revue d’Etudes Ligures, XXXIV, Hommage à Fernand Benoit, 1973, pp. 216 - 236. Wallon 1979 : WALLON (D.) – Les cols d’amphores « massaliètes » de l’oppidum Montjean (La Môle, Var). Revue Archéologique de Narbonnaise, 12, 1979, pp. 43 - 54. Wallon 1984 : WALLON (D.) – Un oppidum côtier du massif des Maures : le Montjean. Le problème des ses relations avec Marseille. mémoire de maitrise, Université de Paris I, Panthéon Sorbonne, 1984, 119 p. Wuillaume 1987 : WUILLAUME (M.) – Les objets de la vie quotidienne. In : Archéologie d’Entremont. musée Granet, 1993, pp. 107 - 141.

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Table des matières

Avant propos, p. 7 I. Introduction, p. 11 I.1 Le cadre naturel actuel du Var, p. 11 I.2 Les sources antiques, p. 12 I.3 Historique de la recherche sur l’âge du Fer dans le Var, p. 16 I.4 Préliminaires, p. 17 II. Historique, p. 21 II.1. Le Bronze final dans le Var, p. 21 II.1.1 Généralités, p. 21 II.1.2 Le Touar, les Arcs, p. 22 II.1.3 Le Bastidon, Sillans - la - Cascade, p. 23 II.2. L’âge du Fer varois avant la création de Marseille, p. 25 II.3. Les premiers contacts avec le monde méditerranéen du VIe s. au milieu du Ve s. av. n. è. , p. 33 II.3.1. Généralités, p. 33 II.3.2. L’habitat groupé et fortifié de hauteur, p. 34 II.3.3. Les habitats ouverts, p. 42 II.3.4. La société, p. 49 II.4. Milieu du Ve s. au troisième quart du IIe s. av. n. è., p. 55 II.4.1. La présence grecque, p. 55 II.4.2. Le monde indigène, p. 59

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e er II.5. Dernier quart du II s. au dernier quart du I s. av. n. è., p. 63 III. Les ouvrages fortifiés de l’habitat groupé de hauteur, p. 81 III.1. Le mur d’enceinte, p. 81 III.1.1. Généralités sur le mur d’enceinte, p. 81 III.1.2. Typologie des enceintes, p. 86 III.1.3. La technique de construction de l’enceinte, p. 104 III.1.3.1. Matériaux, p. 104 III.1.3.2. Structure des murs, p. 106 III.1.3.3. L’appareil des murs, p. 115 III.1.3.4. Les dimensions de l’enceinte, p. 121 III.1.3.5. Les particularités du mur d’enceinte, p. 123 III.2. La porte frontale, p. 128 III.2.1. Généralités, p. 128 III.2.2. Particularités morphologiques de certaines portes, p. 131 III.3. La porte à recouvrement, p. 133 III.3.1. Définition, p. 133 III.3.2. Inventaire chronologique, p. 134 III.3.3. Caractéristiques des portes à recouvrement, p. 142 III.4. Les tours, p. 144 III.4.1. Les tours pleines, p. 144 III.4.2. Les tours creuses, p. 150 III.4.3. Les tours sommitales, p. 150 III.5. Les avant - murs, p. 153 III.6. Les fossés, p. 157 IV. L’habitat regroupé dans l’enceinte fortifiée, p. 159 IV.1. Généralités, p. 159 IV.2. La superficie enclose par l’enceinte, p. 161 IV.3. Structuration interne de l’habitat, p. 162 IV.4. L’implantation des maisons, p. 169 IV.5. Les maisons, p. 176 IV.5.1. L’implantation des maisons sur le substratum, p. 176 IV.5.2. Répartition des maisons dans l’espace enclos, p. 177 IV.5.3. Le plan des maisons, p. 182 IV.5.4. La superficie des pièces, p. 183 IV.5.5. Les murs des maisons, p. 184 IV.5.6. Les toits, p. 194 IV.5.7. Les portes, p. 197 IV.5.8. Les sols, p. 201 IV.5.9. L’aménagement intérieur des pièces, p. 203 IV.5.10. La destination des pièces, p. 201 IV.6. Les ressources en eau potable, p. 211 IV.7. La gestion des eaux de ruissellement, p. 214 IV.8. Les espaces publics, p. 214

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V. Interprétation et chronologie de l’habitat groupé et fortifié de hauteur, p. 215 V.1. Motivations pour le regroupement en hauteur de l’habitat et l’élaboration des structures défensives, p. 215 V.2. Datation des habitats groupés et fortifiés de hauteur, p. 219 V.3. Evolution de l’habitat groupé et fortifié de hauteur, p. 224 VI. L’habitat ouvert à l’âge du Fer, p. 227 VI.1. Généralités, p. 227 VI..2. Localisation de l’habitat ouvert en fonction du relief, p. 229 VI.3. Superficie des sites ouverts, p. 230 VI.4. Les formes de l’habitat, p. 231 VI.4.1. Généralités sur l’implantation spatiale de l’habitat, p. 231 VI.4.2. Habitat ouvert isolé, p. 232 VI.4.3. Habitat ouvert et groupé en matériaux périssables, p. 234 VI.4.4. Habitat ouvert et groupé à solins en dur, p. 237 VI.4.5. maison associée à un enclos, p. 241 VI.4.6. Les mouillages et les points d’eau, p. 244 VI.5. Techniques de construction de l’habitation, p. 245 VI.5.1. Généralités, p. 245 VI.5.2. Bâtiment en matériaux périssables, p. 245 VI.5.3. Maison à base en solin en pierres, p. 248 VI.6. Organisation interne de la pièce d’habitation, p. 251 VI.7. Evolution de la maison, p. 259 VI.8. Activité artisanale, p. 259 VI.9. Ressource en eau potable, p. 262 VII. Les occupations en grottes et sous abris, p. 264 VIII. L’aménagement du territoire, p. 267 VIII.1. Les moyens de communication, p. 267 VIII.2. L’organisation de la société, p. 270 VIII.3. Relation de l’oppidum avec l’habitat ouvert, p. 278 VIII.4. Evolution du territoire, p. 282 VIII.5. Contemporanéité d’oppidums et de la via per Alpes Maritima, p. 285 IX. Environnement de l’habitat, p. 289 IX.1. L’environnement, p. 289 IX.2. L’agriculture, p. 291 IX.3. L’arboriculture, p. 296 IX.4. La faune, p. 298 X. Productions et échanges dans la société indigène, p. 301 X.1. La monnaie, p. 301

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X.2. La céramique, p. 304 X.3. Les meules domestiques, p. 311 X.4. Les métaux, p. 317 X.5. Les échanges technologiques, p. 319 X.6. La contrepartie des importations, p. 320 XI. Les pratiques cultuelles des populations indigènes, p. 327 XI.1. Les lieux cultuels. Généralités, p. 327 XI.2. Les lieux cultuels en relation avec des oppidum, p. 328 XI.3. Les espaces naturels ouverts cultuels, p. 331 XI.4. La statuaire anthropomorphe, p. 334 XI.5. Stèles isolées liées à une pratique cultuelle, p. 337 XI.6. Une structure énigmatique, p. 340 XI.7. Les rites funéraires, p. 341 XI.7.1 Généralités, p. 341 XI.7.2 Les inhumations, p. 341 XI.7.3 Les incinérations, p. 347 XI.8. Signification sociologique des sépultures, p. 351 XII. Conclusion sur la société autochtone varoise et ses rapports avec la méditerranée, p. 359 XII.1. La démographie, p. 359 XII.2. Évolution interne de la société, p. 361 XII.3. Marseille et la société indigène varoise, p. 366 XIII. Inventaire des sites de l’âge du Fer, p. 372 XIII.1. Les habitats groupés et fortifiés de hauteur, p. 371 XIII.2. Les sites ouverts, p. 402 XIII.2.1. L’habitat ouvert et groupé, p. 403 XIII.2.2. Sites ouverts isolés, p. 421 XIII.2.3. Occupations en grottes et sous abris, p. 429 XIV. Bibliographie, p. 432

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Contributions

Maquette et infographie : Philippe Aycard Couverture : Le fort de Taradeau, image drone de Ph. Aycard et Bernard Kalef Dos de couverture : Jean - Paul Thoury Jacques Bérato : Toutes illustrations sauf indication contraire Philippe Aycard : n° 8, 18, 27, 128, 133, 134, 137, 146, 154 et 218 Ph. Aycard et J. Bérato : n° 250 Ph. Aycard, J. Bérato et J. - P. Thoury : n° 6, 24, 38, 59, 62, 63, 67 à 69, 72 à 75, 78, 83, 87, 88, 126, 162, 177 et 239 Ph. Aycard, J. Bérato et J. Gautier : n° 66 Ph. Aycard, J. Bérato et Jean - Pierre Gérard : n°174 et 199 Ph. Aycard, Guilhem Chapelin et F. Lambert - Osombaeva : n° 32 Marc Borréani et Françoise Laurier : n° 14 , 16, 19, 21, 26, 29, 31, 43, 46, 47, 57, 58, 60, 61, 64, 65, 70, 71, 76, 84 à 86, 89, 90, 139, 140, 144, 154, 168, 170, 178, 180, 193, 196, 220, 227 et 242 Jean - Pierre Brun : n° 4, 30, 77, 272, 273, 274 et 276 A. Carrier : n° 36 Jean Courtin : n° 257 Michel Gazenbeek : n° 35 Jacques Gautier : n° 280

Google Earth : 82

Philippe Hameau : n° 206 Fr. Laurier : n° 42, 54, 213, 242 et 299 à 304 Dominique Lerat : n° 71 Henri Ribot : n° 34, 247, 258 et 259 Jean - Yves Thian : n° 245, 246, 248, 249, 260 et 264 à 267 J. - P. Thoury : n°269

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Structures éditoriales du groupe L’Harmattan L’Harmattan Italie Via degli Artisti, 15 10124 Torino [email protected]

L’Harmattan Sénégal 10 VDN en face Mermoz BP 45034 Dakar-Fann [email protected] L’Harmattan Cameroun TSINGA/FECAFOOT BP 11486 Yaoundé [email protected] L’Harmattan Burkina Faso Achille Somé – [email protected] L’Harmattan Guinée Almamya, rue KA 028 OKB Agency BP 3470 Conakry [email protected] L’Harmattan RDC 185, avenue Nyangwe Commune de Lingwala – Kinshasa [email protected] L’Harmattan Congo 67, boulevard Denis-Sassou-N’Guesso BP 2874 Brazzaville [email protected]

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Le docteur Jacques Bérato a exercé comme rhumatologue libéral. Parallèlement il a pratiqué l’archéologie dans le cadre du Centre Archéologique du Var dont il est devenu Président. Ses investigations de terrain, tant fouilles que prospections et ses publications concernent principalement l’âge du Fer, mais aussi l’Antiquité et le Moyen Âge. En anthropologie il a diagnostiqué le premier cas de syphilis pré-colombienne sur un squelette d’époque gallo-romaine.

Photographie de couverture : Taradeau. Le Fort. ISBN : 978-2-343-14376-7

42 €

Jacques Bérato

L’évolution interne de la société varoise lors de l’âge du Fer se caractérise par une certaine stabilité et un indubitable isolement. Les habitants sont des Celtes, des Salyens qui pratiquent l’incinération. L’esprit de créativité endogène lors du début de l’âge du Fer a su concevoir et élaborer les oppidums, ouvrages en pierres sèches innovants. Le Var restera hors des grands axes routiers et en marge des grands circuits commerciaux méditerranéens. Il ne reste toutefois pas totalement isolé et on trouve des produits importés jusque dans l’hinterland. Les habitats groupés et fortifiés de hauteur du littoral et certains habitats ouverts côtiers collectent les produits locaux à échanger et sont les premiers maillons, les gateway communities, entre les marchands qui atterrissaient leurs navires et les indigènes. L’étude du mobilier importé confirme la « soif de vin » des autochtones. Les contacts entre Marseillais et indigènes n’ont pas influencé l’évolution propre de la société autochtone varoise.

Jacques Bérato

La société varoise à l’âge du Fer La société varoise à l’âge du Fer

La société varoise à l’âge du Fer