La linguistique historique et son ouverture vers la typologie: une comparaison entre les structures actancielles du latin et celles du grec ancien élargie par quelques remarques au sujet de la catégorisation métalinguistique 2296278116, 9782296278110

Une approche typologique des langues indo-européennes anciennes permet non seulement d'observer des évolutions ling

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French Pages 422 [417] Year 2002

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La linguistique historique et son ouverture vers la typologie: une comparaison entre les structures actancielles du latin et celles du grec ancien élargie par quelques remarques au sujet de la catégorisation métalinguistique
 2296278116, 9782296278110

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LA LINGUISTIQUE HISTORIQUE ET SON OUVERTURE VERS LA TYPOLOGIE Une comparaison entre les structures actancielles du latin et celles du grec ancien élargie par quelques remarques au sujet de la catégorisation métalinguistique

Collection Langue & Parole Recherches en Sciences du Langage

dirigée par Henri Boyer

La collection Langue & Parole se donne pour objectif la publication de travaux, individuels ou collectifs, réalisés au sein d'un champ qui n'a

cessé d'évoluer et de s'affirmer au cours des derniéres décennies, dans sa diversification (théorique et méthodologique), dans ses débats et polémiques également. Le titre retenu, qui associe deux concepts clés du Cours de Linguistique Générale de Ferdinand de Saussure, veut signifier

que la collection diffusera des études concernant l'ensemble des domaines de la linguistique contemporaine : descriptions de telle ou telle langue,

parlure ou variété dialectale, dans telle ou telle de leurs composantes ; recherches en linguistique générale mais aussi en linguistique appliquée et en linguistique historique ; approches des pratiques langagiéres selon les perspectives ouvertes par la pragmatique ou l'analyse conversationnelle, sans oublier les diverses tendances de l'analyse de discours. Il s'agit donc bien de faire connaître les développements les plus actuels d'une science résolument ouverte à l'interdisciplinarité et qui cherche à éclairer l'activité de langage sous tous ses angles.

Déjà parus

Florence LEFEUVRE, La phrase averbale en français, 1999.

Shirley CARTER-THOMAS, pédagogie de l'écrit, 2000.

Za cohérence textuelle. Pour une nouvelle

Corine ASTESANO, Rythme et accentuation en Frangais, 2001.

Iva

NOVAKOVA,

Sémantique

du futur.

Etude

comparée frangais-

bulgare, 2001.

Valérie BERTY, Littérature et voyage au XIX" siècle, 2001.

Alain COÏANIZ, Apprentissage des langues et subjectivité, 2001.

Langue et Parole

Ursula BECK

LA LINGUISTIQUE HISTORIQUE ET SON OUVERTURE VERS LA TYPOLOGIE Une comparaison entre les structures actancielles du latin et celles du grec ancien

élargie par quelques remarques au sujet de la catégorisation métalinguistique

L'Harmattan 5-7, rue de l'École-Polytechnique

L'Harmattan Hengrie Hargita u. 3

L'Harmattan Italia Via Bava, 37

75005 Paris

1026 Budapest

10214 Torino

France

HONGRIE

ITALIE

du méme auteur :

Intégration des langues indo-européennes anciennes dans la linguistique générale. Le grec homérique et les structures de sa sémantico-syntaxe verbale.

© L'Harmattan, 2002 ISBN : 2-7475-1935-X

J'adresse tous mes remerciements à mon

correcteur Cyrille ROUSSET

excellent

A mes amis Hans-Jürgen SASSE et Werner DROSSARD de l'Université de Cologne

Sommaire 0. Préliminaire........................,.....

eee

1. Aspect-temps....................................................

1.1. Généralités....................................,................

1.2.1. La formation en -ba- : la mise en évidence d’un système aspectuel.................................................. Appendice 1 : Emplois de la formation en -ba-............... 1.2.2. Le systéme tempo-aspectuel nucléaire « présent vs. parfait » et son extension.......................................... 1.2.2.1. La temporalité absolue et relative..................... 1.2.2.2. La reproduction du système nucléaire à l'irréel.... 1.2.3. Le blocage aspectuel du lexéme verbal et sa compensation lexico-dérivationnelle............................. 1.2.3.1. Homogénéité (structure non-évolutive) vs. hétérogénéité (structure évolutive)..............................,.......

1.2.3.1.1. La formation en -6-................................... Appendice 2 : Présents suffixés en -2-.......................... Excursus 1 : Au sujet de la relation entre lexique et grammaire

Partie 1 : Autour de la généralisabilité.......................... 1.2.3.1.2. La formation en -sc-.................................. Appendice 3 : Présents suffixés en -sc-......................... 1.2.3.1.3. Les formations en -2- et -sc-, leurs parfaits et la préverbation...............................,...,.......,............. Appendice 4 : Parfaits appartenant aux présents suffixés

en -8- et -5ο-..«οννννννννννννννννν εν νον ονννκε νον εν εν εν νυ nennen 1.2.3.2. Intensité-itérativité..….................................... 1.2.3.2.1. La formation en -ifa-.................................. Appendice 5 : Présents suffixés en -ita-........................ 1.2.3.2.2. La formation en -fa-..................................

11

Appendice 6 : Présents suffixés en -ta-......................... 1.2.3.2.3. La formation en -a-...................................

173 183

Appendice 7 : Présents suffixés en -a-..........................

187

1.2.3.2.4. Comparaison entre les différentes formations d’intensif-itératif..…...............................,................. 191 1.2.3.3. Les présents en -&-, -sc- et -ita-/-ta-/-a- et leur disponibilité en vue de la formation en -ba-................... 197 Excursus 1 : Au sujet de la relation entre lexique et grammaire Partie 2 : Grammaticalité et défectivité temporelle........... 209 1.2.4. Bilan : Le systéme tempo-aspectuel du latin et celui du grec ancien................................,..,...,......,...... 211 2. Valence...

215

2.1. Généralités...

217

2.2. Les données latines et leur comparaison avec le ΓΗ 2.2.1. Diathèse........................................,,.,.......... 2.2.1.1. La flexion en -r comme diathése primaire.......... Appendice 8 : Lexémes monodiathétiques en -r.............. 2.2.1.2. La flexion en -r comme diathése secondaire........ 2.2.1.2.1. L'orientation marquée et son extension........... Appendice 9 : Emplois de l'orientation marquée. ............ 2.2.1.2.2. Les fonctions ultérieures de la flexion en -r comme diathése secondaire : le témoignage de quelques débris.................................,......,..,.,.,,.,,,..4.. Appendice 10 : op-sono « je fais des commissions»/frustror

221 221 221 229 245 245 251

255

« je trompe »/mendico « je mendie ».............................

263

Appendice 11 : La fréquence de la nuance de l'auto-intérét Excursus 2 : Au sujet de l'émergence du concept............ 2.2.1.3. Le double statut de la flexion en -r comme diathèse à la fois primaire et secondaire........................ Appendice 12 : Formes actives des lexémes monodiathétiques en -7ι....ὅ0ννννννονοννννοννε σεν νενενεννν εν νεεννενε εν κόνονν

265 273

12

271 283

Appendice 13 : L'orientation marquée des lexémes monodiathétiques en -r.................................,,............

291

2.2.2. Le tour à pronom réfléchi................................ 295 2.2.2.1. Préliminaire : Le paramétre de la fusion des actants et ses limites opérationnelles............................ 295 2.2.2.2. Le début de la grammaticalisation du tour réfléchi et son rapport avec l'orientation marquée......................

297

Appendice 14 : Emplois du pronom réfléchi..................

303

2.2.2.3. Une remarque supplémentaire concernant le rapport entre tour réfléchi et voix seconde : le cas de quelques lexémes de la toilette................................... 309

Appendice 15 : Les lexémes de la toilette fléchis en -r et leurs parfaits........................................ Excursus 3 : Au sujet de la notion de « mot »................. 2.2.3. La formation en -facio.............................. esse. Appendice 16 : Présents en -facio............................... 2.2.4. Bilan : L'expression de la valence en latin et en

313 315 321 323

grec 8ΠΟΊθῃ........νοννννενενεν γεν εν σεν νεν εν eee κεν σεν νννενννον

325

3. Corrélations entre aspect et valence.........................

327

3.1. Généralités....................................................

329

3.2. Les données latines et leur comparaison avec le grec.. 3.2.1. Corrélations entre aspectualité statique et affectation..…......................................................... 3.2.1.1. La suffixation en -é- et le codage « impersonnel ». Appendice 17 : Lex&mes « impersonnels »..................... 3.2.1.2. La suffixation en -2- et la voix seconde.............. Appendice 18 : Lexémes à alternance diathétique............

339

3.2.1.3. Les noms verbaux en -πί- et en -to-.................. 3.2.1.4. Augmentation de valence et structure évolutive....

357 359

3.2.2. Corrélations entre aspect imperfectif et affectation. 3.2.2.1. La suffixation en -sc- et la voix seconde. ........... 3.2.2.2. Intensité et valeur itérative.............................

361 361 363

13

339 339 343 345 353

3.2.3. Bilan : Les corrélations entre aspect et valence en latin et en grec ancien.............................................. 365 4. Bilan général : Les structures actancielles du latin et du grec δποίθῃ.......ννννννεννονν εν ον νενν εν κεν nennen nennen eene

369

Index analytique..................................................... Index des passages cités.............................,.............

379 397

Bibliographie..…....................................................... 1. Ouvrages..…................................,...,.................. 2. Editions de textes................................................

411 411 416

14

0. Préliminaire Il saute

entreprises

aux

dans

yeux

le

que

les

domaine

recherches

de

contemporaines

l'actance

s'appuient

essentiellement sur des langues pour ainsi dire exotiques et qu'elles laissent, en face de ces derniéres, presque entiérement de cóté le témoignage, pourtant bien déchiffré et analysé, du type indo-européen ancien. C'est une lacune importante, car il s'agit là d'une famille linguistique sans pareille par l'intérét de son histoire. Celle-ci est non seulement parmi les plus longues qui soient, mais elle est de plus multiple et permet donc de retracer, jusqu'à leurs origines communes, les structures qui divergent entre ces langues, et

ainsi, d'en comprendre - d'une maniére générale et alors réapplicable - les mécanismes d'évolution. A cela s'ajoute, d'un point de vue

actanciel

proprement

dit,

que

les langues

indo-

européennes anciennes représentent ici méme un terrain de recherche particuliérement prometteur. Elles possédent en effet, à ce niveau, des traits typologiques originaux tels que la technique consistant à inscrire une affectation du prime actant à la

morphologie du verbe ou encore l'emploi de certains suffixes aspectuels dans le cadre de la valence. Il semble par ailleurs évident que la mise à l'écart du groupe indo-européen ancien dans les recherches de la linguistique contemporaine reléve, plutót que de la structure de ces langues, des simples aléas de l'histoire. Ceci dit, le type d'analyse qu'on est habitué à appliquer ici est resté basé, dans une mesure trés large, sur l’héritage des grammairiens anciens, qui doivent le rôle

modèle qu’ils ont pu avoir pour la tradition grammaticale de l'Occident à des facteurs essentiellement politiques et historiques. Si

des

langues

récemment,

de

cultures

lointaines,

et

découvertes

plus

ne sont pas sujettes au poids de cette tradition - et

peuplent ainsi en abondance les analyses des typologues - ceci contribue à polariser l'étude du type indo-européen ancien sur son approche traditionnelle, et à renforcer l'idée que ce dernier s'avérerait mal approprié à une approche typologique.

15

On remarquera encore que le fait de restreindre une analyse linguistique à une seule famille de langues, et de se priver ainsi d'un regard sur la variation typologique, doit de toute évidence défavoriser une compréhension des structures. A cela s'ajoute que l'approche « traditionnelle » se fonde sur les catégorisations des locuteurs natifs qu'étaient ici les Grecs et les Romains euxmémes, et qui ne pouvaient ainsi se donner dans leurs réflexions un recul suffisant. Le présent travail fait corps avec un ouvrage antérieur que l'on avait appelé Intégration des langues indo-européennes

anciennes dans la linguistique générale. Le grec homérique et les structures de sa sémantico-syntaxe verbale‘. Ce premier ouvrage,

qui signifiait comme

tel un premier pas, constituait une analyse

des structures actancielles du grec homérique et founit ainsi les

bases à partir desquelles les données du latin plautinien? que présente à son tour La linguistique historique et son ouverture vers la typologie permettent d'ouvrir cette perspective stimulante de contraste que l'on cherchait ici.

! Paris, L'Harmattan, 2000. ? En vue de la comparaison avec le grec, on sélectionne ici le corpus latin d’après les critères d'un état de langue archaïque et d'une appartenance au méme genre littéraire.

16

1.

Aspect - temps

1.1. Généralités La catégorie du temps se rapporte à la temporalité externe

de la situation verbale. Ceci revient à dire qu'elle définit la place que cette derniére occupe dans la succession, ou le déroulement paralléle, de plusieurs situations et parmi lesquelles figure, en régle générale, le moment d'élocution. La catégorie de l'aspect porte sur la temporalité interne de la situation verbale. Il s'agit dans ce deuxième cas de la structuration temporelle que la situation manifeste par rapport à elle-méme. La catégorie du temps apparaít dans ce contexte comme

peu sophistiquée et on ne rappellera plus à son sujet que le fait que la division ternaire « passé - présent - futur », qui semble

s'imposer ici avec naturel, reste bien souvent sans correspondre aux données des langues. Ceci dit, les systémes linguistiques montrent fréquemment,

en face d'un passé et d'un présent qui

relévent de la dimension temporelle proprement dite, un futur qui s’avere issu de celle de la modalité. On a ainsi par exemple l'anglais :

I sing. « Je chante. » (present : temporel)/ I sang. « Je chantais. » (passé : temporel) VS.:

I shall sing. « Je chanterai (lit.: Je dois chanter). » (futur : modal)

d'une

Dans

le domaine

façon

au

fond

de

l'aspect,

récurrente’,

3 Cf. encore ci-dessous p. 21 sqq.

19

des

les

langues

oppositions

présentent,

du

type

« situation verbale envisagée avec vs. sans ses limites » ce qu'on discernera ici sous la forme du couple oppositionnel « perfectif vs. imperfectif ». Une importance particuliére reléve dans ce cadre du phénomène du seuil sémantique. Cette borne inhérente à la situation verbale semble, le cas échéant, imputer à cette derniére ses propres limites, et la rendre ainsi perfective. En face de cela, une situation verbale dépourvue de ce méme type de borne reste sans motiver une délimitation précise et se présente

alors comme imperfective. De ce fait, les situations verbales à seuil sémantique, et donc hétérogènes, se trouvent correspondre à une structure aspectuelle perfective et celles dépourvues d'un tel seuil, et donc homogenes, à une structure aspectuelle imperfective. On illustrera comme suit : Je nage dans l'océan. (dépourvu de seuil sémantique homogene-imperfectif)

et

donc

illimité



limité



vs.: Je sors de l’eau. (pourvu d'un seuil

sémantique

et

donc

hétérogène-perfectif)* On mentionnera ici encore les qualités aspectuelles « évolutif vs. non-évolutif». Celles-ci tiennent compte de la façon que peut avoir la situation verbale de déboucher ou non sur un état des données autre que celui qui marquait son début. Si la structure évolutive se combine a priori aux deux aspects, elle semble toutefois être plus proche de la perfectivité étant donné qu’elle apparaît, sous sa forme imperfective, comme un seuil sémantique étalé. C'est encore d’une manière conforme à ce rapport que la structure non-évolutive montre une affinité évidente avec

* D’après le témoignage du grec homérique, il peut également exister une aspectualité homogène perfective. Ce type reste cependant marginal et apparait, dans la plupart de ses occurrences, comme un concept dérivé (cf.

Intégration ... 11.1.1.1.2. « Excursus »).

20

l'imperfectivité. On indiquera ainsi à titre d'exemple la structure évolutive de :

L'enfant grandit. (imperfectif) VS.

:

La miroir se casse en mille morceaux.

(perfectif)

et, en face de cela, la structure non-évolutive de :

Je joue au tennis.

(imperfectif) Il peut exister dans les langues un troisième aspect, le résultatif qui indique la prolongation de la phase que la situation verbale atteint à son terme. A ce qu'il parait, le résultatif suppose

les deux autres aspects’. On citera à nouveau l'anglais : I have bought a pancake. « J'ai acheté une crépe (et je l'ai maintenant). » (résultatif) vs.

:

Last Tuesday I bought a pancake. « Mardi dernier j'ai acheté une crépe. » (perfectif)/ I buying am a pancake. « Je suis en train d'acheter une crépe. » (imperfectif)

Les distinctions aspectuelles, qui se révélent au fond à travers les langues comme récurrentes, n'en risquent pas moins de se situer, dans les systémes individuels, à des niveaux * On notera que l'aspect résultatif partage, avec l'aspect perfectif, l'achévement de la situation qui précéde, et avec l'aspect imperfectif, la structure bomogène.

21

différents. Ceci dit, on peut avoir affaire ici à des phénomènes

plus ou moins lexicaux ou grammaticaux°. La première de ces configurations se laisse exemplifier par l'opposition lexicale de l'allemand : Ich habe diese Neuigkeit gerade erfahren.

« Je viens d'apprendre cette nouvelle. » vs.:

(perfectif) Ich wusste es schon seit langem. « Je le savais déjà depuis longtemps. »

(imperfectif) et la seconde par l'opposition grammaticale du frangais : Je l'ai connu dans une soirée.

vs.:

(perfectif) Quand nous sommes partis en vacances ensemble, nous nous connaissions déjà depuis longtemps. (imperfectif)

Les catégories aspectuelles sont de plus susceptibles de présenter,

d'une langue à l'autre, des découpages’ différents. Car, dans la mesure oü les membres de l'opposition aspectuelle peuvent se voir attribuer de nombreuses applications — (perfectif : aboutissement, inchoativité etc./imperfectif : mise en suspens des limites, itérativité etc.)*, il arrive que les langues développent ici des catégories découpées plus ou moins larges - et ainsi plus ou moins spécifiques. On opposera ainsi, au niveau de l'aspect perfectif, les données du français et du grec ancien :

$ Cf. encore ci-dessous « Excursus » 1 Partie 1. ? Pour cette notion, cf. Hjelmslev (1971: 113sq.). * On se rapportera à titre d'exemple à la stratification aspectuelle du grec homérique (cf. Intégration... 1I.1.1.).

22

Hier je me suis levé de bonne heure. (situation verbale perfective-hétérogéne) mais :

Je me suis levé et j'ai comunencé à préparer le petit déjeuner.

(inchoativité : aspectualité lexicale)? VS.

:

P649/50 : αὐτίκα δ᾽ ἠέρα μὲν σκέδασεν καὶ dmáoev ὀμίχλην, ἠέλιος δ᾽ ἐπέλαμψε, μάχη δ᾽ ἐπὶ πᾶσα φαάνθη᾽ « il disperse (lit.: dispersa) aussitôt la brume, il écarte (lit.: écarta) le brouillard ; le soleil se met (lit.: se mit) à luire, la bataille toute entière se révèle (lit.: se

révéla). » (inchoativité) opposé à l’imperfectif : 4431/2 : ἀμφὶ δὲ

πᾶσι τεύχεα

ποικίλ᾽

ἔλαμπε « Sur

tous étincellent (lit.: étincellaient) les armes scintillantes »

et, au niveau de l'aspect imperfectif, les données de l'anglais et du russe : I climbing am up the apple tree. « Je suis en train de grimper sur le pommier. » (situation verbale étant précisément dans son cours) mais :

I climb up the apple tree every day. « Je grimpe sur le pommier chaque jour. » (itérativité : aspect non-imperfectif)

9 On précisera que l'incapacité du perfectif français à décrire une donnée inchoative ne relève pas du caractère étroit de son découpage, mais du statut non-marqué que possède cette catégorie - et qui rend sa valeur aspectuelle quasiment inexistante (cf. ci-dessous 1.2.1. p. 36).

23

VS.

;

Oná Ésto piséla pis'ma. « Elle écrivait souvent des lettres. » (itérativité) opposé au perfectif :

Oná napisála pís'mó.

« Elle a écrit une lettre. » Les deux phénoménes ainsi mentionnés, à savoir le statut plus ou

moins lexical ou grammatical des catégories aspectuelles d'un côté et leur découpage plus ou moins large de l'autre, risquent

bien entendu d’être liés entre eux'^. Si l'on veut adopter une perspective

selon laquelle la

situation verbale se construit en plusieurs phases successives!', on concevra que sa valeur aspectuelle risque en effet d'intervenir à des niveaux respectivement différents. L'aspectualité de la situation verbale peut ainsi aussi bien spécifier les fondements conceptuels de cette derniére que son insertion dans le contexte.

On exemplifiera ainsi en ce qui concerne la structure perfective : Je me suis cassé le bras. (perfectivité inférée au niveau conceptuel) VS. : Le technicien est venu, il regardé a l'appareil et il a dit

qu'il n'y avait plus rien à faire. (perfectivité inférée au niveau contextuel) et en ce qui concerne la structure imperfective : J'étais assis sur un banc et je m'ennuyais. (imperfectivité inférée au niveau conceptuel) 10 Cf. encore ci-dessous 1.2.4. p. 212. ! De telles idées fondent, sous une forme fortement développée, les théories de Culioli. Pour une introduction à ce sujet, voir par exemple Danon-

Boileau (1987).

24

VS. : Jean marchait dans la rue. Arrivé à l'entreé du parc, il se baissait pour ramasser quelques châtaignes. Tout d'un coup il entendit un bruit ...

(imperfectivité inférée au niveau contextuel) Tels qu'on les a cernés jusqu'ici, le temps et l'aspect se présentent comme deux catégories distinctes. Toujours est-il que

cette apparente interdépendance à en vertu de son présent, ce qui est appartenir

dualité reconduit inévitablement à une la siamoise. Car si ce qui est imperfectif doit, caractére illimité, appartenir à l'époque du perfectif doit, en vertu de son caractère limité,

à l'époque

du passé.

On

a donc

en quelque

sorte

affaire ici à un phénomène unitaire de tempo-aspectualité qui oppose en bloc les deux catégories respectives de l’« imperfectifprésent » et du « perfectif-passé ». A partir de cette disposition, les langues procédent cependant fréquemment à un croisement qui consiste à transposer une qualité aspectuelle donnée à l'époque temporelle qui s'y oppose. On remarquera que ce genre de croisement semble s'imposer

davantage dans le sens d'un « imperfectif-passé » que dans celui d'un « perfectif-présent ». Ce décalage s'explique par ceci qu'il est plus facile de « déguiser » le présent en passé, et donc de mettre en suspens une limite a priori indiquée, que de «déguiser», inversement, le passé en présent - ce qui exigerait en effet l'adjonction d'une limite jusque-là conceptuellement absente. On trouve ainsi dans de nombreuses langues des systémes tempoaspectuels

types

ternaires

«purs»

qui comportent,

en dehors

de

(perfectif-passé/imperfectif-présent),

leurs deux

un

type

ultérieur et « bâtard » que fait naître la possibilité de greffer la structure aspectuelle du présent sur l'époque temporelle du passé. Tel est entre autres le cas du frangais qui combine à ses types « pDUrS » :

J'ai grimpé sur le Mont Everest. (perfectif-passé) VS.

:

Je grimpe sur le Mont Everest.

(imperfectif-présent) son type « bátard » :

Je grimpais sur le Mont Everest. (imperfectif-passé) Il importe

de souligner que

c'est avec

l'introduction

d'un

tel

troisiéme terme que s'effectue dans la langue une scission de la tempo-aspectualité jusque-là unitaire en une part temporelle et une part aspectuelle. Car la coexistence du type « pur » et du type

« bâtard » à l'intérieur de la méme époque temporelle conduit à la sélection séparée des catégories, dorénavant indépendantes, du

«temps » et de l’« aspect »"?.

12 Si la scission de la tempo-aspectualité restructure ainsi une époque temporelle donnée dans son ensemble, il n'en est pas moins vrai qu'elle se produit au fond uniquement dans le type « bátard», et non pas dans le type « pur ». Car tandis que le type « bätard » permet ici de distinguer les deux parts respectives en vertu de leur caractére alors contradictoire, le type « pur » reste, par définition, sur ce point inanalysable et ne doit ainsi l'apparente transparence de sa constitution tempo-aspectuelle qu'à la seule analogie avec le type « bátard ».

Les phénoménes qui se dégagent ici - à savoir la genése d'une opposition grammaticale à partir de la combinaison inattendue de deux unités significatives, et encore le transfert du caractére analysable par analogie - figurent de toute évidence parmi les mécanismes fondamentaux du langage. Toujours est-il que l'exemple de la tempo-aspectualité se singularise sur ce plan par ceci que les unités significatives alors agencées relèvent toutes deux du domaine de la grammaire, et non pas l'une de la grammaire et l'autre du lexique.

26

1.2. Les données latines et leur comparaison avec le grec 1.2.1. La formation en -ba- : la mise en évidence d'un systéme aspectuel

du

Le fait que la formation en -ba- du latin reçoive, en face parfait, une valeur imperfective a été relevé depuis

longtemps". La situation verbale du passé se trouve en effet envisagée ici, non dans ses limites, mais dans son déroulement.

On se rapportera encore, dans le contexte de cette disposition bien connue, à la teneur de quelques exemples tels que : Ru 956 : Furtum ego vidi qui faciebat « J'ai vu quelqu'un en train de voler (lit. : qui était en train de voler). » (formation en -ba-)

VS. : Am

102/3

: Is prius

quam

hinc

ab-üt

ipsemet

in

exercitum, /gravidam Alcumenam uxorem fecit suam. « En

partant pour l'armée, il a laissé (lit. : rendu) Alcmène enceinte. » (parfait) Où :

As 212/3 : quod nolebam ac votueram, de industria/ fugiebatis « ce que je ne voulais pas, vous évitiez soigneusement de le faire »

VS. : Cu 350 : vocat me ad cenam. Religio fuit, denegare nolui. « et (il) m'invite à souper. C'était un cas de conscience : je n’ai pas voulu refuser. » etc.

13 Cf. ainsi déjà Leumann - Hofmann - Szantyr (1965? : II, 315 sq.)

27

A partir de ces fondements, on abordera ci-dessous la formation en -ba- du latin du point de vue de ses éventuelles

interdépendances avec la structure aspectuelle du lex&me'*. En

vue

de

cette

question,

on

précisera

d'abord

que

l'emploi de la formation en -ba- sert, selon les cas, à déclencher

différentes

interprétations.

Il

importe

ici

en

particulier

de

remarquer que le choix de cette catégorie peut non seulement conférer à la situation verbale la simple structure étalée, mais qu'il peut encore,

structure

à travers ce méme

précisément

itérative".

étalement,

On

relève

renvoyer à une

ainsi

comme

formation en -ba- à valeur étalée (non-itérative) : Ep 239/40 : Nec satis ex-audibam, nec sermonis fallebar

tamen/quae loquerentur. « Sans entendre absolument tout, il m'en revenait assez pour suivre leur conversation. » (lit.: « Je n'entendais pas assez distinctement, mais je ne me trompais pas non plus à propos de la conversation qu'elles tenaient. »)

vs. : Ba

911/2

: Satin est si plura ex me audiet hodie

mala/quam

audivit umquam Clinia ex Demetrio ? « Te

suffira-t-il qu'il entende de moi plus de reproches que jamais Clinias n'en regut (lit.: entendit) de Démétrius ? » etc. et comme formation en -ba- à valeur itérative :

14 Pour le statut gramamtical de la formation en -ba-, cf. encore cidessous 1.2.3.3.

15 On remarquera que la structure itérative se singularise quelque peu par rapport à d'autres structures aspectuelles. Car cette méme structure - qui reste d'ailleurs plus ou moins exclue du lexique (cf. aussi Intégration...

11.1.1.1.6.) - altére la disposition interne de la situation ainsi multipliée, tout en laissant intacts les fondements de ses étapes individuelles.

28

Ep 59 : Quia cottidie ipse ad me ab legione epistulas mittebat

... « Parce gu

m'envoyait

tous les jours de

As 171/2 : Et tibi ego misi mulierem

:/par pari datum

l'armée des lettres.. VS. : hostimentumst,

opera pro pecunia.

« Et moi,

je t'ai

envoyé la belle. Nous sommes quittes : on t'en a donné

pour ton argent. » etc.' On ajoutera encore ici que les situations verbales à signifiant en -ba- tendent, d'une manière générale, à correspondre à l’arrière-

plan d'un « schéma d'incidence »'’. Ainsi par exemple : Mer 753/4 : quam dudum mihi/te amare dixti, quom obsonabas ? « ... celle dont tu me disais étre si amoureux tout à l'heure, en faisant les provisions ? » Vs. : Mer 694/5 : Decem si ad cenam vocasset summos viros, /nimium op-songvit. « Aurait-il invité dix convives, et des plus hauts bonnets,

il a acheté beaucoup trop de

choses. »!* 16 Dans certaines de ces occurrences, la valeur itérative semble à son tour couvrir un signifié conatif. Tel serait par exemple le cas de : Ba

286

: Is lembus nostrae navi insidias dabat.

« La felouqueen

voulait (lit.: dressait des embüches) à notre vaisseau. » VS.

:

St 547 : Ego tibi meam filiam bene quicum cubitare dedi « Je t'ai donné ma fille pour que tu puisses prendre ton plaisir en couchant avec elle. »

17 On se rappellera que ce méme schéma décrit la relation entre deux situations qui apparaissent, l'une en face de l'autre, comme un fait d'incidence ct son arriére-plan. Soit :

Y "5 L'emploi en question, qui se greffe ici sur une forme en -ba- à valeur nom-itérative, peut a priori également relever d'une forme à valeur itérative. - Toujours est-il que les exemples de cc type ne sont pas fréquents.

29

Il se révèle que la formation en -ba-, dont on vient ainsi d'esquisser les emplois, s'applique de préférence à des lexémes verbaux qui disposent déjà d'une structure imperfective à partir de

leur

découpage.

Dans

leurs

occurrences

à valeur

non-

itérative, les formes en -ba- de ce type décrivent alors une structure aspectuelle qui transparalt - en tant que donnée lexicale - déjà dans le parfait. La fonction de la formation en -base réduit ainsi, dans ces cas, à la mise en évidence d'une structure

imperfective qui s'avére déjà existante??!, Soit par exemple : Men

605 : Clanculum te istaec flagitia facere censebas

pote ? « Tu croyais (Tu croyais vraiment) pouvoir faire en cachette tous tes mauvais coups ? »

VS. : Ba 960/1 : ibi occidi Troilum/cum censuit Mnesilochum cum uxore esse dudum militis. « c'est là que j'ai tué Troilus, quand il a cru que Mnésiloque était avec la

femme du militaire. » etc.? En dehors des emplois de ce type, les formes en -ba- des lexémes imperfectifs risquent cependant de marquer une différence conceptuelle par rapport au parfait à partir du moment oü elles reçoivent une valeur itérative. On distingue ainsi :

19 S'il est vrai que les lexémes verbaux du latin ne rentrent pas dans un systéme de classification par rapport à leur structure aspectuelle, et qu'ils restent donc sur ce point a priori indéterminés (cf. encore ci-dessous p. 36), il n'en existe pas moins certains cas où une telle valeur s'impose avec évidence. Pour une éventuelle structure perfective, cf. ci-dessous p. 33.

? On remarquera que ceci reflète, entre la formation en -ba- et le parfait, un rapport entre membre d'opposition respectivement marqué et nonmarqué.

21 Une telle façon de gérer le discours s'observe dans des passages qui apparaissent au fil du texte comme proéminents, et qui font ainsi l'objet d'une description particulièrement soignée. Cf. encore, pour ce même phénomène dans la sphère de la voix moyenne du grec, Intégration... 1.1.2.1. p. 80 et I1.2.1.1. p. 343 sq.

2 Voir appendice 1.1.1.

30

As 212,3

: quod nolebam

fugiebatis

« ce

que

je

ne

ac votueram, voulais

de industria/

pas,

vous

évitiez

soigneusement de le faire » (formation en -ba- : itératif) VS..

Cu 350 : vocat me ad cenam. Religio fuit, denegare nolui. « et (il) m'invite à souper. C'était un cas de

conscience : je n'ai pas voulu refuser. » (parfait : sémelfactif) etc.” Toujours

est-il

que

cette

constatation

ne

vaut

que

pour

les

occurrences dans lesquelles l'expression de la nuance itérative s'effectue à partir de la seule forme verbale. Car, dans le cas

d'un énoncé qui compléte une forme de parfait par un adverbe numérique, on retrouve, entre ce parfait et la formation en -ba-,

le méme rapport fonctionnel que ci-dessus. Ainsi : As 211/2 : usque ad-haerebatis; quod ego iusseram, quod volueram,/faciebatis « Vous me suiviez comme mon ombre. Tout ce que je commandais, ce que je voulais,

vous le faisiez » (formation en -ba-) comparable à :

Ci 504 : Face semel periculum. - Feci saepe, quod factum queror. « Fais encore une épreuve... - Je n'en ai que trop fait (lit.: j'ai fait souvent), et je n'ai eu qu'à m'en repentir. » (parfait -- adverbe numérique) etc. La

grande

majorité

des

lexémes,

qui

restent

en

effet

sans

canaliser le caractére aspectuellement indéterminé que leur impose le système (cf. ci-dessous p. 36), adopte la suffixation en -ba- avec une certaine régularité, sans cependant la montrer autant que les lexémes de structure imperfective. Dans les

2 Voir appendice 1.1.2.

31

lexèmes de ce deuxième type, l'emploi (non-itératif) de la formation en -ba- fait remonter à la surface une des structures aspectuelles alors a priori possibles, mais jusque-là non activées. Conformément à cela, la formation en -ba- signale donc bien, dans ces cas, une nuance aspectuelle que le parfait ne comporte pas,

mais

cette

méme

nuance

ne

se trouve

pas

non

plus,

par

l'emploi du parfait, expressément exclue?^. Autrement dit, la formation en -ba- reste ici à nouveau sans montrer un véritable

impact sur le découpage aspectuel du lexéme. On exemplifiera : Ru 519 : Eas : easque res agebam commodum.

« C'est

justement ce que je faisais tout à l'heure. » vs.: Am 171 : Dedi equidem quod mecum egisti. « En tout cas, j'ai payé le prix dont nous étions convenus (lit.: que tu as

fixé avec moi). » etc.” A partir du moment οὐ la formation en -ba- regoit une valeur itérative, elle entretient ici avec le parfait le méme type de rapport que dans le cadre des lexémes imperfectifs. Soit : Au 114/5 salutabant aimablement

: et me benignius/omnes salutant quam prius. « tout le monde me salue plus qu'autrefois

(lit:

qu'ils

ne

me

saluaient

autrefois). » (formation en -ba- : itératif)

VS.: Am 717 : Tun heri hunc salutavisti? « Tu lui as dit bonjour, hier ? »

(parfait : semelfactif) etc.”

^^ Ceci confirme encore le statut de membre marqué que la formation en -ba- reçoit dans son opposition avec le parfait.

3 Voir appendice 1.2.1. 26 Voir appendice 1.2.2.

32

Etant donné sa valeur imperfective, il faudrait s'attendre à ce que les rapports

que

la formation

en

-ba-

tend

à nouer

avec

la

structure du lexéme se dégagent surtout là oà elle s'applique à des lexémes perfectifs. Il apparaît cependant que dans le système latin de tels lexémes n'existent guére. La raison en est que la structure

perfective

s'avére

à

tout

moment

susceptible

de

subir

un

étalement et qu'elle ne parvient donc pas à s'imposer de la méme

facon que son opposé imperfectif. - Dans le cadre des lexémes qui se rapprochent ici quelque peu, la formation en -ba- reste trés

rare et se restreint, de plus, presque entiérement à son application itérative. Tel serait par exemple le cas de : Men 1116 : nam dentes mihi cadebant primulum. « mes dents de lait commengaient à tomber (lit.: tombaient tout à fait en commengant). » (formation en -ba- : itératif)

VS.: Tri 507 : Sed si haec res graviter cecidit stultitia mea

«Mais

si notre

fortune

est tombée

bien bas par

mes

Il reste à ajouter que la formation en -ba- semble encore,

dans

sottises, ... »

(parfait : sémelfactif) etc.?’ certaines de ces attestations, effectuer un étalement alors consciemment subjectif de la situation. De tels étalements servent cependant d'une maniére trop évidente à produire un effet focalisateur

pour

pouvoir

remettre

en

question

la

structure

aspectuelle que la situation verbale regoit à partir du lexique. On citera dans ce sens :

?' Noir appendice 1.3.1.

33

Mo 1117 : quoiusmodi reliqui, quom hinc ab-ibam, filium? « comment mon fils était-il, au moment oü je l'ai quitté ? » (lit.: « comment est-ce que j'ai laissé mon fils quand je m'en allais d'ici ? ») vs.: Am 102/3 : Is prius quam hinc ab-üt ipsemet in exercitum, /gravidam Alcumenam uxorem fecit suam. « En partant pour l'armée, il a laissé Alcméne enceinte. » (lit. :

« Avant qu'il ne parte pour l'armée il a mis Alcmène

enceinte. ») etc.? N

résulte

des

observations

qui

précédent

que

la

valeur

imperfective de la formation en -ba- du latin ne sert pas à altérer

une éventuelle disposition aspectuelle du lexique”.

- Il aurait

d'ailleurs fallu s'attendre, dans ce cas, à ce que cette méme catégorie s'applique davantage à des lexémes qui présentent une structure à tendance perfective, et qu'il s'agirait alors d'éliminer. - Il apparaît, au contraire, que la valeur aspectuelle de la formation en -ba- est telle qu'elle se fonde de préférence sur des

situations verbales dont la structure interne est déjà de type imperfectif. On saisit ainsi que la valeur aspectuelle de la formation en -ba- se référe, en tant que structure en quelque sorte surajoutée,

à

la

facon

dont

la

situation

verbale

se

trouve

visualisée dans son contexte, mais qu'elle accomplit cette méme fonction sans exercer pour autant un impact sur la structure interne de cette derniére. Ceci revient à dire que la formation en -ba- du latin trouve le niveau de son interférence, non pas dans la structuration aspectuelle interne de la situation, mais dans l'insertion de cet item dans le contexte. Une comparaison avec les données du grec suscitera ici les remarques suivantes :

Les deux langues présentent des systémes tempo-aspectuels ternaires à l'intérieur desquels elles combinent alors à leurs deux ?! Voir appendice 1.3.2. ?? En ce qui concerne la possibilité d'exprimer, à l'aide de la formation en -ba-, une valeur itérative, cf. ci-dessus p. 28.

34

types

«purs»

(latin

: parfait vs.

présent"/grec

: aoriste vs.

présent") un type « bâtard » imperfectif-passé et qu'est également la formation en -ba- du latin et l'imparfait du grec. Si le latin et le

grec se recoupent donc dans leur manière d'opposer, à un présent

à tempo-aspectualité unitaire”, un passé à part temporelle et aspectuelle distincte, les deux langues différent cependant dans l'emploi qu'elles font de la catégorie de l'aspect là oü celle-ci se dégage à l'état isolé. Cela dit, l'imparfait du grec - qui s'obtient,

par l'adjonction des désinences secondaires, à partir du théme de présent - rend la situation verbale imperfective au niveau de sa

structure interne (cf. Integration... 11.1.1.1.3.)?, tandis que la formation en -ba- du latin n'assume une telle valeur aspectuelle

qu'au niveau de cette structure secondaire, située au-delà des bases conceptuelles que la situation finit par recevoir dans son contexte. Dans la mesure où le type « bâtard » amène avec lui la sélection indépendante de l'aspect, ces dispositions mettent en évidence la constitution aspectuelle des deux systèmes. On discernera ainsi, à partir

de

ce

qui

précéde,

l'aspectualité

du

grec

en

tant

39 Cf. ci-dessous p. 36 et note 32. 3 Cf. Intégration... 11.1.1.1.2. et IL 1.1.1.3. 32 On réinsistera sur le fait que le présent du latin et celui du grec restent en effet, dans leur disposition tempo-aspectuelle, superposables. - Il ne s'agit pas ici d'un présent purement temporel, d'un cóté, et d'un présent au fond tempo-aspectuel, de l'autre, et qui ne suspend son aspectualité qu'en raison d'une neutralisation. - Cela dit, dans la mesure οὗ ni le latin ni le grec n'ont jamais procédé à une dissociation de la tempo-aspectualité à l'époque du présent, la différence que les deux langues affichent dans leur fonctionnalité aspectuelle

ne peut se réaliser à ce niveau oü la seule forme d'aspect concevable se limite encore à celle qu'améne avec elle la temporalité. 3 Si ceci devient surtout perceptible dans structure imperfective à une structure perfective (cf. 167 sq.), la disposition des données latines - qui perfectif quasiment inexistant (cf. ci-dessous p. 36) la comparaison dans ce sens.

35

les cas oü l'on passe d'une Intégration... 11.1.1.1.2. p. rend le membre aspectuel - ne permet pas d'enchainer

qu'aspectualité « absolue »** et celle du latin en tant qu'aspectua-

lité « relative »*5, Ces deux types d'aspectualité s'accompagnent inévitablement de certaines dispositions à l'intérieur des systèmes verbaux respectivement concernés. On remarquera ainsi que le grec, qui gère la dérivation de la structure interne comme un phénomène grammatical, attribue par là méme à son lexéme verbal une détermination aspectuelle que le latin ne peut connaitre à force de se soustraire, sur ce point, à la contrainte d'un cadre oppositionnel. A cela s'ajoute que les thémes aspectuels du grec

recoivent, à partir de cette méme disposition, leur statut marqué ou non-marqué exclusivement au niveau du lexéme, tandis que l'aspectualité latine - qui ne peut atteindre ce dernier en profondeur - ne relévera en aucun cas du lexique. C'est ainsi que

le latin confère à sa formation en -ba- le statut marqué* au niveau du systéme, comme en témoigne encore la présence ici à tout moment indispensable de la marque morphologique. Il importe de noter qu'à l'intérieur de ce deuxième schéma, le membre opposé - alors à son tour systématiquement non-marqué - se limite, en dehors

de

sa valeur

tempo-aspectuelle

non-dissociée,

à une

aspectualité qui avoisine le zéro et que tel est le cas du parfait

latin". * Il est vrai que la structure du lexème grec se maintient dans de nombreux cas, tout comme

celle du lexéme latin, conceptuellement intacte à

travers les aspects. Il importe cependant ici de noter qu’une telle modification - qui exige un certain type de disposition lexicale - s'avére dans cette langue a

priori possible.

35 parait en effet que le système aspectuel du latin se serait développé à partir de cette m&me disposition que présente ici encore le grec, et que la différence entre les deux langues s'exliquerait ainsi par une innovation du côté

du latin. Cf. par exemple Leumann - Hofmann - Szantyr (1965? : I, 508-510) etc.

% Cf. en particulier ci-dessus notes 20 et 24. 3 La valeur résultative que présente sporadiquement le parfait périphrastique n'a, de toute évidence, rien de constitutif. Cette méme valeur s'explique le cas échéant par ceci qu'il incombe alors à la copule, et non au nom verbal en -‘0-, de déterminer l'ancrage temporel. On a ainsi par exemple :

36

On précisera enfin que l’aspectualité relative occupe par définition, lors de la genése de la conception aspectuelle, une phase postérieure à celle que se réserve l'aspectualité absolue et qu'elle peut donc, contrairement à cette derniére, facilement rester en suspens. En dépit de ces différences, il parait évident que les fonctions ici assumées, à savoir la structuration interne de la situation d'un côté et son insertion dans le contexte de l'autre, restent étroitement liées entre elles. On observe de la sorte pour le moins, dans les deux systèmes, une tendance à étendre l'aspectualité respective au domaine complémentaire. Ainsi, l'aspectualité du grec qui est de type absolu sert parallèlement

d'aspectualité relative”. - Méme bien installée, cette deuxiéme fonction

apparait

nécessairement,

dans

le cadre

d'un

aspect

anciennement lexical, comme secondaire, et signifie par ailleurs

la progression de la pluriaspectualité du lex@me”. - En face de cela, la formation en -ba- du latin s'applique le plus facilement à des lexémes de structure imperfective et va, au niveau de la Ba 681 : Occisi sumus.

« Nous sommes morts. »

Où :

Ru 207 : Hoc quod induta sum summae opes oppido « Ces vêtements (lit.: Ce que j'ai mis) sont tout ce que je possède au monde » etc. Il en est bien entendu autrement des rares formations anciennes qui continuent encore en latin un équivalent du résultatif grec. Celles-ci n'occupent cependant dans le systéme qu'une place fort marginale. Tel est le cas de : Ba 206 : Ecquidnam meminit Mnesiloqui souvenir de Mnésiloque ? »

? « A-t-elle gardé quelque

ou de :

Au 172 : Novi ; hominem haud malum mecastor. « (... Tu connais... ?) Oui (lit.: Je connais), un brave homme, ma foi. » etc.

3! Cf. Intégration... 11.1.1.1.6. pp. 232 sqq. 9 Cf. Intégration... note 114.

37

structuration interne de la situation, jusqu'à pouvoir exprimer l'itératif*.

Ὁ Cf, ci-dessus note 15.

38

Appendice 1 : Emplois de la formation en -ba1.1. Lexémesà structure imperfective (ca. 5096 des attestations retenues) : 1.1.1. Emploi non-itératif: Men 605 : Clanculum te istaec flagitia facere censebas pote 7 « Tu croyais pouvoir faire en cachette tous tes mauvais coups ? » cf. parfait : Ba 960/1 : ibi occidi Troilum/cum censuit Mnesilochum cum uxore esse dudum militis. « c'est là que j'ai tué Troilus, quand il a cru que Mnésiloque était avec la

femme du militaire. » Tru 201/2 : Celabat metuebatque te, ne tu sibi persuaderes/ut abortioni operam daret « Elle te le cachait ; elle avait peur que tu ne voulusses la contraindre à se faire avorter » cf. parfait : Poe 509 : Scibam aetati tardiores, metui meo amori moram. « (Voyez par exemple ces témoins que j'améene... j'avais évité tout exprès de prendre des vieillards...) Sachant que l’âge les ralentit, j'ai craint que mon amour n'en fût retardé. »

Ba 725 : Euax, nimis bellust atque ut esse maxume optabam l'endroit est charmant et tout à fait commeje le souhaitais. » cf. parfait :

locus. « Bravo!

Au 9-12 : Is quoniam moritur, - ita avido ingenio fuit -/numquam indicare id filio voluit suo,/inopemque optavit potius eum relinquere/quam eum thesaurum commonstraret filio. « Au moment de sa mort - voyez son avarice ! - jamais il ne voulut révéler le secret à son fils, et il a préféré le laisser sans ressources plutót que de lui indiquer l'emplacement du trésor - à son fils ! »

Ps 499 : Pistrinum in mundo scibam, si id faxem mihi. « Je savais que le moulin m'attendait, si je l'avais fait. »

cf. parfait : Ba 1054 : Scivi ego iam dudum fore me exitium Pergamo. « Je savais bien que Pergame succomberait sous mes coups. »

etc.

1.1.2. Emploi itératif: Ba 427

: et discipulus et magister per-hibebantur

disciple encouraient

tous les deux

le bláme

improbi.

général

« précepteur

et

(lit.: étaient nommés

malhonnêtes). » As 212/3 : quod nolebam ac votueram, de industria/fugiebatis « ce que je ne

voulais pas, vous évitiez soigneusement de le faire » cf. parfait :

39

Cu 350 : vocat me ad cenam. Religio fuit, denegare nolui. « et (il) m'invite à souper. C'était un cas de conscience : je n'ai pas voulu refuser. »

As 207 : Tum mihi aedes quoque ar-ridebant, cum ad te veniebam, tuae. « En ce temps-là, ta maison elle-même semblait me sourire, à mon arrivée. » cf. parfait : St 243 : Eu ecastor risi te hodie multum. « Ah ! par Castor, tu m'as fait bien rire (lit.: j'ai beaucoup ri de toi) aujourd'hui. » Mi 851 : Hoc illi crebro capite sistebant cadi. « C'est pour cela que les tonneaux se trouvaient si souvent la tête en bas. » etc.

1.2. Lexémes aspectuellement indéterminés (ca. 3596 des attestations retenues) : 1.2.1. Emploi non-itératif :

Ru 519 : Eas : easque res agebam commodum.

« C'est justement ce que je

faisais tout à l'heure. » cf. parfait : Am 171 : Dedi equidem quod mecum egisti. « En tout cas, j'ai payé le prix dont nous étions convenus (lit.: que tu as fixé avec moi). »

Ep

239/40

: Nec satis ex-audibam, nec sermonis fallcbar tamen/quae

loquerentur. « Sans entendre absolument tout, il m'en revenait assez pour suivre leur conversation. » (lit.: « Je n'entendais pas assez distinctement, maisje ne me trompais pas non plus à propos de la conversation qu'elles tenaient. ») cf. parfait : Ba 911/2 : Satin est si plura ex me audiet hodie mala/quam audivit umquam

Clinia ex Demetrio ? « Te suffira-t-il qu'il entende de moi plus de reproches que jamais Clinias n'en regut (lit.: entendit) de Démétrius ? »/ Ba 298 : Non me fefellit, sensi; eo exanimatus fui. « Je ne m'y suis pas trompé; je l'ai bien vu. J'en avais la mort dans l'áme. » Ru 956 : Furtum ego vidi qui faciebat; noram dominum id cui fiebat. « J'ai vu

quelqu'un en train de voler. Je connaissais le maître de l'objet volé (lit.: le possesseur auquel ceci arrivait). » cf. parfait : Ru 47/8 : Is leno, ut se aequom est, flocci non fecit fidem/neque quod iuratus adulescenti dixerat. « Mais le léno, comme il sied à pareille espèce, n'a tenu compte ni de son engagement, ni de ce qu'il avait promis par serment au jeune homme. »/

Ba 413/4 : Nunc propter te tuamque pravus factus est fiduciam/Pistoclerus. «Maintenant,

à cause de toi, confiant en ton appui,

le voici complétement

dépravé (lit.: il a été dépravé), ton Pistocière. » Ba 469 : Quin ego quom per-ibat vidi « Je l'ai vu de mes yeux tandis qu'il se perdait

»

cf. parfait : Mo 353 : Erus advenit peregre voyage ; s'en est fait de Tranion. Mer 753/4 : quam dudum mihi/te tu me disais étre si amoureux tout

; per-iit Tranio. « Mon maitre est revenu de » amare dixti, quom ob-sonabas ? « ... celle dont à l'heure, en faisant les provisions ? »

cf. parfait :

Men 273 : Bene op-sonavi atque ex mea sententia « Je suis content, j'ai trouvé au marché tout ce queje voulais » (lit.: « J'ai bien fait les commissions et commeje le voulais »)

etc.

1.2.2. Emploi itératif : Ba 426

: hoc etiam ad malum ac-cersebatur malum

« Et cette première peine

était suivie d'une autre sanction » (lit.: « Et à ce mal était appelé un autre mal »),

cf. parfait : Ci 104/5 : Nunc te amabo, ut hanc hic unum triduum hoc solum sinas/esse et hic servare apud me; nam ad matrem ac-cersita sum. « Maintenant, veux-tu me faire le plaisir de permettre à Gymnasie de rester chez moi pendant ces trois jours seulement, pour garder la maison; car ma mère m'appelle auprès d'elle (lit.: j'ai été appelée auprès de ma mère). » Ru 1226 : ita meas replevit auris. Quidquid memorabam, « licet ». « M'a-t-il assez rebattu les oreilles de son « Entendu », à tout ce que je disais ! » cf. parfait : Cap 929 : Satis iam audivi tuas aerumnas ad portum mihi quas memorasti. « j'ai assez entendu le récit de tes peines, que tu m'as racontées tout à l'heure au port.»

Au 114/5 : et me benignius/omnes salutant quam salutabant prius. « tout le monde

me

salue plus aimablement qu'autrefois (lit: qu'ils ne me

saluaient

autrefois). »

cf. parfait : Am 717 : Tun heri hunc salutavisti ? « St 183-5 : Oratio una interiit hominum et scitissuma,/quae ante utebantur... « la bouche des hommes, et c'est grand meilleures,

Tu lui as dit bonjour, hier ? » pessume,/atque optuma hercle meo animo Il y a une façon de parler qui a disparu de dommage, car, par Hercule ! elle était des

à mon sens, et des plus sensées. On disait autrefois :... (lit.: que l'on

utilisait [façon de parler] autrefois) » cf. parfait : Tri 827 : Nam pol placido te et clementi, meo usque modo, ut volui, usus sum in alto. « Vraiment, je t'ai trouvé (lit.: je t'ai eu à mon service) doux et bienveillant à mon gré, et comme je le souhaitais, pendant toute la traversée. » etc.

41

1.3. Lexèmes approximativement perfectifs (ca. 15% des attestations retenues) : 1.3.1. Emploi itératif: As 205 : Longe aliam, inquam, praebes nunc atque olim quom dabam différence avec autrefois, quand je donnais sans compter ! » cf. parfait :

« Quelle

St 547 : Ego tibi meam filiam bene quicum cubitare dedi « Je tai donné ma fille pour que tu puisses prendre ton plaisir en couchant avec elle. » Men 1116 : nam dentes mihi cadebant primulum. « mes dents de lait commencaient à tomber (lit.: tombaient tout à fait en commengant). » cf. parfait : Tri 507 : Sed si haec res graviter cecidit stultitia mea « Mais si notre fortune est tombée bien bas par mes sottises, ... » Ba 438/9 : Nam olim populi prius honorem capiebat suffragio/quam magistro de-sinabat esse dicto oboediens. « Autrefois, on sollicitait les honneurs et les suffrages populaires qu'on n'avait pas cessé d’être sous la coupe de son maître. » cf. parfait :

Mi 120 : Ille qui me cepit dat me huic dono militi.

« Le coquin qui m'avait

capturé me donne en présent à notre militaire. »/

Cas 887-9 : Reppulit mihi manum/neque enim dare sibi/sauium me givit « Elle repousse (lit.: repoussa) donner le baiser. »

ma main, et ne me laisse pas (lit.: ne me laissa pas) lui

Ep 59 : Quia cottidie ipse ad me ab legione epistulas mittebat ... « Parce qu'il m'envoyait tous les jours de l'armée des lettres ... » cf. parfait : As 17172 : Et tibi ego misi mulierem :/par pari datum hostimentumst, opera pro

pecunia. « Et moi, je t'ai envoyé la belle. Nous sommes quittes : on t'en a donné pour ton argent. » As 207 : Tum mihi aedes quoque arridebant, cum ad te veniebam, tuae. « En ce temps-là, ta maison elle-m&me semblait me sourire, à mon arrivée (lit.: quand je venais/arrivais chez toi). » cf. parfait :

Ep 499-501 : Audies :/conducta veni ut fidibus cantarem seni,/dum rem divinam faceret. « Tu vas le savoir : j'ai été engagée pour venir (lit.: je suis venue) accompagner sur ma lyre un vieillard pendant qu'il ferait un sacrifice. »

etc.

1.3.2. Emploi consciemment subjectif : Ba 685 : Quid, ubi red-debas aurum, dixisti patri ? « (Qu'est-ce qui t'a pris pour commettre une action si noire ? - ... dans ma colére, j'ai rendu tout l'or à mon

42

pere.) - Et que lui as-tu dit, en lui rendant (lit.: quand tu rendais) l'or, à ton

Ba 680 : Quia patre

omne cum ramento [ed-didi. « J'ai tout rendu à mon pere,

jusqu'à la derniere raclure. » Mo 1117 : quoiusmodi reliqui, quom hinc ab-ibam, filium ? « comment mon fils était-il, au moment οὗ je l'ai quitté ? » (lit.: « comment est-ce que j'ai laissé mon fils quand je m'en allais d'ici ? »)

cf. parfait : Am 102/3 :

Is

prius

quam

hinc

ab-iit

ipsemet

in

exercitum,/gravidam

Alcumenam uxorem fecit suam. « En partant pour l'armée, il a laissé Alcméne enceinte.

» (lit.

: « Avant

qu'il

ne parte pour

l'armée

il a mis

Alcméne

enceinte.»)

Ba 675 : sic hoc digitulis duobus sumebas primoribus ? « (Quand ma prouesse t'a ménagé l'occasion de prendre autant que tu voulais,) pourquoi te contenter de prendre (lit.: ainsi tu prenais) une pincée, du bout des doigts ? » cf. parfait : Ci 300 : Cave sis cum Amore tu umquam bellum sumpseris. « Garde-toi de jamais entrer en guerre (lit.: n'aies jamais entrepris la guerre) avec l'amour. »

etc.

43

1.2.2. Le systéme tempo-aspectuel parfait » et son extension

nucléaire

« présent

vs.

L'opposition des deux types tempo-aspectuels « purs » qu'est en latin le couple « présent vs. parfait » - et dont la part

aspectuelle reste, à cóté de sa contrepartie temporelle, un phénoméne quasiment imperceptible (cf. ci-dessus 1.2.1. p. 36 et note 32) - représente dans la langue un axe décisif. C'est à ce titre que ce systéme nucléaire subit, dans sa part temporelle, une élaboration ultérieure, et qu'il impose ses structures à la dimension de l'irréel.

1.2.2.1. La temporalité absolue et relative Le systéme tempo-aspectuel nucléaire « présent vs. parfait» du latin montre, dans sa part temporelle, une temporalité

non-différenciée

en une temporalité

respectivement

absolue et

relative ou, autrement dit, en une temporalité respectivement relative ou non au moment d'élocution. Il existe donc, à ce

niveau, un présent qui contracte les qualités d'étre présent et simultané et un parfait qui contracte, inversement, celles d'étre passé et antérieur. Si cette temporalité unitaire laisse a priori son point de référence en suspens, ce dernier coincide cependant, dans les formes verbales finies, le plus souvent avec le moment d'élocution (=

temporalité absolue) et, dans les noms

verbaux

que sont les participes et l'infinitif, avec un moment autre que celui-ci (— temporalité relative)".

*! On notera que le système est resté ici non-différencié.

45

C'est

avec

l'émergence

de

la catégorie

du

plus-que-

parfait" que le système nucléaire est sujet à un élargissement. On remarquera que l'adjonction de ce troisiéme terme s'effectue dans un dédoublement des structures. La langue enchaine ici un membre

oppositionnel

parfait,

le

rapport

l'opposition nucléaire,

doit, par contrecoup,

qui

que avec

répète,

celui-ci

dans

son

contracte

le présent.

rapport

avec

lui-même,

le

dans

Il est évident que ceci

attribuer au parfait en face de la forme

nouvelle, la position que l'opposition nucléaire réservait au présent. Ce dédoublement du nucleus s'accompagne, de plus, de

la mise en place d'une opposition ultérieure, et donc troisiéme, et qu'est celle qui s'établit alors entre les deux oppositions antérieures. Il s'agit là de l'opposition qu'entretiennent, l'un avec

l'autre, les blocs respectifs du présent et du passé et qui se composent, comme tels, chacun à son tour d'un membre simultané et antérieur. On constate ainsi que le parfait assume, dans le système élargi, trois fonctions différentes, à savoir non plus seulement :

- celle du type « pur » d'étre passé et antérieur en face du présent qui est présent et simultané, mais, de plus, celles des deux types « bátards » ici possibles et que sont :

* La valeur du passé antérieur qui incombe à cette catégorie ressort avec évidence et n'a plus besoin d’&tre rediscutée ici. Dans le corpus plautinien, le type apparatt dans des passages tels que : Ru 47/8 : Is leno, ut se aequom est, iuratus adulescenti dixerat. « Mais espéce, n'a tenu compte ni de son promis par serment au jeune homme.

flocci non fecit fidem/neque quod le léno, comme il sied à pareille engagement, ni de ce qu'il avait » etc.

Pour la morphologie de cette formation que la langue dérive du thème de parfait,

cf. par exemple Leumann - Hofmann - Szantyr (19652 : I, 610 et 575). 46

- d'une part, celle d'étre passé, mais simultané en face du plus-que-parfait qui est passé et antérieur

- et d'autre part, dans sa conjonction avec le présent conjonction alors opposée à celle qui le combine, en paralléle, avec le plus-que-parfait - celle d'étre antérieur, mais présent. Avec

cet

élargissement

du

système

nucléaire

-

ou

plus

précisément, les contractions inhabituelles que recouvrent ses types « bátards » - s'effectue ici, tout comme dans la sphère tempo-aspectuelle (cf. ci-dessus 1.1.), la dissociation d’une notion

au départ unitaire en deux parts dorénavant distinctes. Il s’agit, à ce

niveau,

de

la

dissociation

d’une

temporalité

une

en

une

temporalité désormais respectivement absolue et relative. On

parallèles

notera

cependant

se distinguent

dans

que

les

deux

la constitution

scissions

sinon

de

types

leurs

« bâtards ». Tandis que le croisement entre les deux types « purs »

trouve dans le cadre tempo-aspectuel sa réalisation dans un terme directement

formé

comme

tel

(formation

en

-ba-),

ce

même

croisement s’appuie, dans la dimension du temps, sur un des types « purs » (parfait) qui se voit alors, dans une répétition des structures, céder une de ses qualités constitutives (antériorité) au

terme ici nouvellement ajouté (plus-que-parfait). - On relèvera encore le fait que la tempo-aspectualité et la sphère purement temporelle se donnent, l'une et l'autre, comme type « bâtard » un

passé « déguisé » en présent (passé imperfectif/passé simultané) et non pas, inversement, un présent « déguisé » en passé. Il s'agit en effet, dans les deux cas, de cette méme

difficulté d'ajouter à un

présent-imperfectif une limite qu'il n'a jamais possédée et qui le

rendrait, de son point de vue, ou perfectif ou antérieur“. Si

le

grec

développe,

à

son

tour,

une

catégorie

de

temporalité relative, il se distingue ici du latin dans sa démarche. Car le grec ne dérive pas, pour satisfaire ce méme besoin, une

9 Cf. ci-dessus 1.1. p. 25. 47

forme nouvelle^, mais se met à exploiter une catégorie dont il dispose déjà, et qu'est celle de l'aspect. Ceci revient à constater que la langue fait rentrer l'opposition « simultané vs. antérieur par rapport à un moment autre que celui de l'élocution » dans la

gamme des critères qui importent pour le choix de l'aspect ^^. (Cf. Integration... 11.1.1.1., surtout II.1.1.1.6.)

Le latin et le grec, qui se recoupent encore dans la scission tempo-aspectualité unitaire, différent ainsi au niveau de la tempo-aspectuelle sur laquelle ils fondent, l'un et l'autre, catégorie de la temporalité relative. - Il n'en est pas moins

de la part leur vrai

que cette catégorie se dégage dans les deux langues comme une

élaboration ultérieure. Ceci vaut aussi bien pour le latin sur le plan morphologique que pour le grec sur le plan des critéres dorénavant décisifs en vue de la sélection aspectuelle. On approfondira cette comparaison comme suit : Le systéme aspectuel du latin s'avére peu approprié à l'expression de la temporalité relative. La raison en est qu'il attribue d'une

facon catégorique le statut de membre marqué à l'imperfectif qu'est la formation en -ba-, et qu'il prive ainsi le parfait presque entiérement de sa teneur aspectuelle (cf. ci-dessus 1.2.1.). Dans

une telle structure, il n'existe donc pas de terme qui puisse - en vertu de sa valeur perfective - assumer une expression de

+ On notera que la catégorie homonyme du « plus-que-parfait » grec accomplit une fonction différente. Dans la désignation, comme celle du latin, à titre parfait, le décalage entre les deux catégories les « parfaits » respectifs. Or, le « parfait »

mesure οὐ cette formation porte sa d'exprimer ce qui est antérieur au remonte à celui qui existe ici entre du latin est un temps du passé et le

«parfait » du grec un aspect résultatif (cf. Integration... 1I.1.1.2.). De la sorte, le « plus-que-parfait » grec sert à transposer au passé ce qui appartient, en vertude son caractére résultatif, à l'époque du présent.

5 Dans le cadre d'un aspect anciennement lexical, cette fonction se dégage, tout comme celle de l'aspectualité relative (cf. ci-dessus 1.2.1.), comme forcément secondaire.

“6 On a souvent relevé que le grec étend l'opposition aspectuelle jusqu'aux noms verbaux. Or, l'infinitif et le participe dépendent en règle générale d'une forme verbale finie, et constituent ainsi les parties du paradigme

qui exigent le plus une expression de la temporalité relative.

48

l'antériorité, qui constitue nécessairement dans une opposition de

temporalité relative le membre marqué, et qui réclame ainsi une disposition positive. - C'est ainsi que le latin recourt ici, d'une facon parfaitement naturelle, à la catégorie du temps . S'il n'existe en grec aucune structure qui empécherait, inversement, une dérivation de la temporalité relative à partir de la catégorie du temps, c'est dans cette langue la dimension de l'aspect - de type absolu, et ainsi omniprésente - qui s'impose alors avant toute autre catégorie.

Il s'avére ainsi que la catégorisation de la temporalité relative, que le latin et le grec semblent bien effectuer à partir d'un besoin identique, se fonde dans chacune des deux langues

sur

la part

tempo-aspectuelle

déjà

renforce cette prédominance à son tour.

49

prédominante,

et

qu'elle

1.2.2.2. La reproduction du système nucléaire à l'irréel L'irréel du latin semble n'avoir possédé, à une époque ancienne, que les deux thémes que la tradition désigne comme « subjonctif présent » et comme « subjonctif imparfait »". Ces thémes servent à désigner l'ancrage temporel que la situation aurait, le cas échéant, reçu sous sa forme réelle et apparaissent ainsi, dans leur opposition, comme un équivalent exact du

systéme de noter encore, dissociée l'époque

nucléaire « présent vs. parfait » de l'indicatif. Il importe que le « présent » et l'« imparfait » de l'irréel intégrent à ce stade, les proportions d'une temporalité nonet qu'ils contractent ainsi en bloc, l'un, les valeurs de du présent et de la simultanéité, et l'autre, celles de

l'époque du passé et de l'antériorité.

- On remarquera que les

situations décrites à l'irréel du passé se présentent, par définition, comme impossibles alors que celles dont tient compte l’irréel du présent peuvent, elles, afficher des degrés de possibilité différents. - Dans le corpus plautinien, cet état des données est

préservé

au

niveau

du

« subjonctif présent»,

mais

presque

entièrement supplanté à celui du « subjonctif imparfait » (cf. ci-

dessous p. 54). On comparera ainsi les nombreux exemples du type de :

Per

88

: Bene

ut

in

scutris

con-caleant

«

qu'ils

(baguenaudes) chauffent bien dans les bassines » etc.

(irréel ancré dans le présent et la simultanéité, degré de possibilité : élevé)/ Cap 208/9 : Apage ! haud nos id deceat/fugitivos imitari. « Fi ! Imiter les esclaves fugitifs ! Ce serait indigne de

nous. » etc. (irréel ancré dans le présent et la simultanéité, degré de possibilité : peu élevé) Pour la morphologie de ces types, dont le premier comporte en règle générale une suffixation en *-e- ou en *-a-, et le second une suffixation en *-se-, cf. par exemple Ernout (1974: 164-167).

51

aux quelques occurrences résiduelles du type de : Mi 29/30 : per viscera/perque os elephanti trans-mineret bracchium. « ... avec ton bras tu lui aurais traversé le cuir, le ventre, et la máchoire, à cet éléphant. » etc. (irréel ancré dans le passé et l'antériorité, degré de possibilité : nul)

L'irréel du latin doit subir une évolution au cours de laquelle il échange, petit à petit, sa valeur temporelle contre celle

de son degré de possibilité et qui le conduit ainsi à attribuer, à son « subjonctif présent » le signifié d'un potentiel, et à son

«subjonctif imparfait » celui d'un irréel irréalisable®. - Il est évident que le point de départ de cette évolution réside dans le caractère forcément irréalisable de l’irréel du passé, et que le blocage en effet subséquent de l'irréel du présent résulte ici d'une polarisation. - La langue de Plaute présente cette répartition sous

une forme encore

fluctuante,

et ce à plusieurs égards.

«subjonctif présent » combine ici, comme

Si le

on vient de le voir, la

fonction du potentiel à celle de l'irréel irréalisable, le « subjonctif imparfait » posséde par définition cette seconde fonction, mais varie dans sa manière de contracter, ou de détacher, celle-ci de sa valeur de passé. On reléve ainsi, à un premier niveau, de nombreuses attestations dans lesquelles le signifié irréalisable du «subjonctif imparfait » s'accompagne encore de la valeur temporelle qui est à sa base. Ainsi : Per 261 : Stultus, qui hoc mihi daret argentum cuius ingenium noverat « Le sot, de me confier (lit.: qui était, à ce moment-là, prêt à me confier) cet argent, connaissait mon naturel ! » etc.

* Cf. Leumann - Hofmann - Szantyr (1965? : II, 332-334).

52

quand

il

Ceci s'observe notamment dans les configurations syntaxiques oü la forme subjonctive dépend d'un indicatif qui le précéde dans son ancrage temporel. Par exemple :

Per 626 : nimis pavebam ne peccaret « J'avais une peur affreuse qu'elle ne brönchät. » etc. Mais il existe ici, en paralléle, un grand nombre d'occurrences dans lesquelles le « subjonctif imparfait » confère son signifié d'irréel irréalisable à une situation qui ne se trouve pas pour autant ancrée dans le passé. On indiquera ainsi :

Mi 730-32 : Item divos dispertisse vitam humanam aequom fuit :/qui lepide ingeniatus esset, vitam ei longinquam darent, /qui improbi essent et scelesti, is adimerent animam cito. « Les dieux auraient bien dü répartir de la méme facon la vie humaine : à l'homme

aimable et bon, accorder une longue existence; aux méchants et aux coquins, couper promptement le souffle (lit.: à celui qui serait aimable et bon, ils donneraient une longue existence, à ceux qui seraient méchants et coquins, ils couperaient promptement le souffle). » etc.

Il est évident que cette évolution du « subjonctif imparfait » doit priver le « subjonctif présent » de sa contrepartie temporelle. On comprend ainsi que la langue se donne, pour revétir cette fonction, une forme nouvelle et que celle-ci est, en l'occurrence,

le « subjonctif parfait ». Ce nouveau membre se dérive du méme théme que le parfait de l'indicatif et s'oppose à ce titre - d'aprés le modèle de ce dernier - au « subjonctif présent » en tant qu'un

temps antérieur?. - On précisera que cette valeur reléve de la * Si le parfait de l'indicatif se trouve ainsi, dans la dimension de l'irréel, reproduit par deux catégories à la fois, on ne s'étonnera guère que ce soit le «subjonctif parfait» qui emporte ici la désignation de cette correspondance en raison de sa disposition dérivationnelle. Le fait que la tradition répertorie, à cóté de cela, le passé primaire à suffixe *-se- en tant que

53

dimension de la temporalité relative et qu'elle ne bascule pas, en face du « subjonctif présent » qui préserve son ancrage temporel, dans celle de la temporalité absolue (cf. encore ci-dessous). - Le corpus comporte ici des exemples tels que : Am 922 : Ego illum scio quam doluerit cordi meo. « le sais bien pourtant combien mon cœur en a souffert. » Per 55/6 : Nam

numquam

quisquam

meorum

maiorum

fuit, /quin parasitando paverint ventris suos. « Jamais de tous mes ascendants il n'y en eut un qui n'ait empli sa panse par l'industrie parasitique. » etc. Le latin double la création de son « subjonctif parfait » de celle

d'un « plus-que-parfait ». Cette quatriéme catégorie - qui intègre à son tour la morphologie du thème de définit comme un antérieur par rapport au imparfait ». On remarquera que cette différenciation

de l'irréel parfait - se « subjonctif ne figurait

pas dans le système auparavant, et que l'apparition du « subjonctif plus-que-parfait » ne correspond donc pas, contrairement à celle du « parfait », à une compensation. Il s'avére de la sorte que la

langue étend ici, d'une facon positive, des possibilités structurales qu'elle posséde déjà dans la sphére de l'indicatif et du « subjonctif présent », et qu'elle se met en effet à exiger à ces différents niveaux en paralléle. - La valeur antérieure du « plus-queparfait » irréel est a priori un signifié de temporalité relative. Ceci se maintient dans les occurrences oü le systéme de l'irréel irréalisable donne à observer une application temporelle - et oü

«subjonctif imparfait », doit d'ailleurs suggérer une fausse dernier et la formation en -ba- (« imparfait ») de l'indicatif aspect, et qui n'est pas comme tel transposée à l'irréel. qu'une situation irréelle ne se prête pas à être envisagée

Intégration... 1.3.1.1. p. 358 et 1I.3.2.1. p. 376). Cf. encore ci-dessous note 50.

équivalence entre ce qui se révèle être un - Il semble en effet dans son cours (cf.

un éventuel « imparfait » recoit alors, en face du « plus-queparfait », un statut de type « bátard ». On citera : Mer 75-8 : navim, meiretas quae trecentas tolleret,/ parasse atque ea se mercis vectatum undique/adeo dum, quae tum haberet, peperisset bona «... pour acheter (lit. : qu'il aurait acheté) un navire jaugeant (lit. : qui jaugeait) trois cents tonneaux, sur lesquels il avait porté en tous lieux sa marchandise, n'ayant point de cesse qu'il n'eüt

amassé le bien qu'il avait maintenant » etc. En dehors de cela, la disposition temporelle relative du « plus-

que-parfait » bascule cependant vers le fonctionnement d'une temporalité absolue dans de telles occurrences où l’irreel irréalisable apparait sous une forme détemporalisée. Car, en absence d'un ancrage temporel, la valeur antérieure qui caractérise ce théme par rapport au « subjonctif imparfait » doit

alors renvoyer à un passé absolu. Ainsi : Mi 733: Si hoc paravissent, et homines essent minus multi mali « S'ils (les dieux) en avaient ordonné ainsi, les méchants étaient moins nombreux » etc.

On remarquera que le systéme de l'irréel comporte ainsi quatre membres en face du systéme seulement ternaire de l'indicatif. La raison en est que les processus que sont respectivement la dissociation de l'opposition nucléaire, et l'émergence des divers thémes antérieurs, ne se suivent pas, dans l'un et l'autre mode, dans le méme sens. A l'irréel, l'opposition nucléaire évolue d'abord vers une scission conceptuelle de ses deux membres, et dérive alors son « parfait » et son « plus-queparfait » en raison de celle-ci. En face de cela, l'opposition

55

nucléaire de l'indicatif ne subit, elle, le dédoublement

de sa

structure qu'avec l'apparition de son nouveau thème antérieur*. - Ceci revient à constater que seul l'irréel, et non pas l’indicatif, catégorise la valeur antérieure à partir d'une base déjà binaire. A la difference du latin qui a unifié la dimension de lirréel, le grec maintient intacte la vieille distinction entre subjonctif et optatif. Il importe de remarquer que la langue grecque continue ainsi à différencier, par le biais de cette derniére, les diverses attitudes que le locuteur risque d'adopter

par rapport à l'énoncé?'. Si la différenciation que le latin recrée ici entre un irréel respectivement potentiel et irréalisable se laisse considérer comme un phénomène du méme ordre, il paraît significatif que la langue extraie cette nouvelle structure, à nouveau, de la valeur temporelle de son opposition nucléaire.

On remarquera encore que le grec, qui exprime la temporalité relative par l'intermédiaire de l'aspect, n'a ainsi pas besoin de

reproduire cette catégorie à l'irréel. La raison en est que l'opposition aspectuelle du grec - qui se définit à son tour comme le pivot de son systéme verbal - couvre la dimension de l'irréel tout autant que celle de l'indicatif, et que la temporalité relative se catégorise ainsi dans les deux modes à un méme titre. Il est vrai que le grec suspend à l'irréel l'emploi de son augment

temporel”? qui est, de toute évidence, un signifiant de temporalité absolue. Mais dans la mesure où celui-ci renvoie à un ancrage

réel”, et la temporalité absolue du système modal latin à un ancrage virtuel (cf. ci-dessus p. 51), on ne peut en déduire que le

% On se rappellera que le dédoublement de l'opposition nucléaire de l'indicatif doit ainsi scinder le parfait en un type « pur » et un type « bätard » (cf. ci-dessus 1.2.2.1. p. 46 sq.). - Parmi les deux correspondants que le parfait se donne à l'irréel (cf. ci-dessus p. 53), le « subjonctif parfait » se compare en effet au premier, et le « subjonctif imparfait » au second.

5! Pour le spectre fonctionnel des modes grecs, cf. Schwyzer (1953: II, 301 sqq.).

$ Cf. ibidem : I, 651. 55 Cf. Intégration... 1.3.1.2. « Excursus » p. 367 sq.

56

latin dépasserait le grec dans son acceptation de la temporalité absolue à l'irréel.

57

1.2.3. Le blocage aspectuel du lexéme verbal et sa compensation lexico-dérivationnelle

L'impossibilité de modifier la structure du lexéme par le biais de son système tempo-aspectuel nucléaire doit conduire le latin à renforcer, en vue de cette méme pratique, certaines catégories ultérieures.

1.2.3.1. Homogénéité (structure généité (structure évolutive)

non-évolutive)

vs.

hétéro-

1.2.3.1.1. La formation en -e-

Le latin posséde une catégorie de présents qui se trouvent caractérisés par un suffixe -€- et qui décrivent, à l'aide de cette marque,

des

évolutive.

situations

On

verbales

précisera

que

à aspectualité

de

telles

homogéne

situations

non-

s’avèrent

typiquement monoactancielles et dépourvues d'actant agenti. Le corpus plautinien donne ainsi par exemple : Ru 531/2 : Ut fortunati sunt fabri ferrarii,/qui apud carbones adsident ! Semper calent. « Ah ! que j'envie le bonheur des forgerons, qui sont assis prés de leur fourneau ! Ils sont toujours au chaud (lit: Ils sont toujours chauds). » Ou :

Ci 551 : lam horret corpus, cor salit « Tout mon corps

frissonne (lit.: est hérissé), mon cœur palpite. » etc.”

# Cf. ci-dessous 2.1. Pour le lien entre ces diverses dispositions, voir encore ci-dessous 3.2.1.

55 Voir indications complètes appendice 2.

59

La suffixation en -é-, qui affiche ainsi une valeur aspectuelle récurrente, figure dans la langue dans deux types de schémas oppositionnels. Elle apparaít, d'une part, dans un certain nombre de dérivés qui se révèlent bâtis sur des bases sémantiques exemptes du sème en question et qui s'opposent ainsi à d'éventuelles formations verbales parallèles. Parmi les présents en -2- qui permettent d'entrevoir

les données

ici nécessaires,

cet emploi

du

suffixe

concerne 45% des formes. On citera à titre d'exemple : Tru 615

: Si tu ad legionem bellator clues,

at ego in

culina clueo. « Si tu passes pour un héros à l'armée, j'ai méme réputation à la cuisine. » (cf. racine *kel- « entendre », par exemple, dans l'aoriste

grec κλύον) ou bien :

Cu 573 : Meaeque pugnae proeliares plurumae optritae iacent ? « Et faire litiére de mes innombrables exploits,

de tous les combats que j'ai livrés ? » (lit: « Et mes

nombreuses

batailles

guerriéres

restent

en

bas,

écrasées?»)

(cf. à l'intérieur du latin méme, iacio « je lance ») etc.* On remarquera que ce type de schéma reconduit au fonctionnement de l'aspectualité absolue, ce qui revient à dire à cette technique que peut pratiquer une langue de dériver, à partir d'une base lexicale commune, différentes structures de la situation. Cette comparaison s'impose d'ailleurs a fortiori là où de tels dérivés oppositionnels paraissent

- comme

le latin video

«je vois » en face du grec löov « j’apergus » - suffisamment proches l'un de l'autre pour suggérer l'idée d'un lien paradigmatique dont l'absence à l'intérieur du latin méme reste de 56 Voir indications complétes appendice 2.

60

la sorte la seule différence par rapport à un système tel que le possède le grec. Il va ainsi sans dire que la présence de la marque morphologique s'avére dans ces formes indispensable. En dehors

de ce premier

type,

il existe cependant

de

nombreux dérivés qui portent le suffixe -&- sans s'opposer, sur le plan aspectuel, à des formations apparentées ou - tant que la comparaison permet d'en poser une - à la racine qui constitue

leur base sémantique. Du point de vue des dérivés qui peuvent rentrer ici en ligne de compte, ce deuxiéme type recouvre 55%

de la catégorie. On citera, pour l'illustrer, des formes telles que : Mo 331 : Madet homo.

« Il a sa cuite. » (lit.:

« L'homme

est imprégné [de vin]. ») (cf. racine *mad- « étre mouillé ») Où :

Per 312 : Quid hoc hic in collo tibi tumet ? « Quelle enflure as-tu au cou ? » (lit.: « Qu'est-ce qui est enflé à ton cou ? »)

(cf. racine *teh-/tHu- « être enflé ») etc.’ Un tel emploi du suffixe peut relever de deux motivations différentes. La premiere serait un éventuel besoin du locuteur de coder ce qui lui parait marqué au niveau du systéme. - On remarquera

que

la structure

homogène

non-évolutive

doit

en

effet, dans une langue à orientation agentive comme le latin‘, occuper ce méme statut. - La seconde serait une association avec des formations en -Z- qui existent déjà et qui exercent ainsi, dans la mesure de leur nombre croissant, une attraction sur les dérivés

à signifié comparable”.

Il reste à ajouter que cette deuxième

57 Voir indications complètes appendice 2.

5 Cf. ci-dessous note 196. 5? C'est

là ce

qu'on

appelle

traditionnellement

un

codage

par

«analogie». On préfére cependant ici le terme codage « par attraction » qui spécifie davantage le type de pression que subissent alors les structures in fieri.

61

configuration correspond, parmi les mécanismes fondamentaux du langage, à celui qui consiste à attribuer un codage identique à des items qui se ressemblent. Ce méme mécanisme semble se perpétuer ici au delà des besoins constitutifs de la

communication. Il est vrai que ces deux façons d'employer le suffixe se recoupent

en partie entre elles. Car une association avec des formations en -&- qui existent déjà, suppose en effet le statut marqué de leur signifié au niveau du systéme. Le locuteur ne parviendrait pas, autrement, à extraire consciemment cette méme nuance de l'agglomérat amorphe qu'est jusque-là le sémantéme verbal. Toujours est-il que l'emploi de la marque correspondrait à une contrainte plus forte au cas où celle-ci servirait à introduire un signifié inattendu au niveau du systéme, que dans celui oü elle reléverait d'un codage « par attraction ». - L'existence de certains présents qui montrent bien un signifié homogéne non-évolutif, mais pas pour autant le suffixe, témoignerait ainsi plutót d'un codage « par attraction ». Par exemple :

Ci 494/5 : verum tamen/hau metuo ne ius iurandum nostrum quisquam culpitet. « Mais au monde je n'ai pas peur qu'on nous reproche d'avoir trahi nos serments. » etc.

tout comme : Ru 368 : Dum illi timent. « que nous avions (lit.: qu'ils

ont) peur ! » etc. ou bien :

© Toujours est-il qu'un codage qui apparaît ainsi en double avec les données du lexique ne reste pas forcément dépourvu de toute fonction. Pour le caractère simplifié, et ainsi parfois fautif, de ce type d'évaluation que l'on tend

en effet à appliquer trop facilement aux phénomènes « redondants », cf. par exemple Berg (1991).

62

St 310 : vide quam dudum hic a-sto et pulto ! « Voyez combien de temps on me laisse attendre et frapper (lit.:

j attends et je frappe) ! » tout comme : Au 73 : tum autem interdius quasi claudus sutor domi sedet totos dies. « et le jour, il reste chez lui, du matin au soir, sans plus bouger qu'un (lit.: il est assis comme un)

savetier boiteux. » etc.‘ Cette méme idée semble encore trouver une consolidation dans le fait que les présents en -2- se révélent, à plusieurs reprises, comme issus de la recaractérisation d'une forme auparavant non suffixée, et qui existe encore comme telle dans la langue. On indiquera ainsi : Per

177 : amas pol misera

«L'amour

te tourmente,

; id tuos scatet animus.

párbleu

! ton cœur en est tout

débordant. » issu de :

Au 557-9 : Praeterea tibicinam/quae mi interbibere sola, si vino scatat/Corinthiensem fontem [et] Pirenam potest « Sans compter la joueuse de flüte, qui serait capable à elle seule de tarir la fontaine corinthienne de Pirène, s'il

en coulait du vin. » εἴς. On remarquera encore que le codage qui incombe à une catégorie linguistique selon le principe de l’« attraction » - et qui apparaît ainsi initialement comme facultatif - peut en retour suggérer au locuteur le statut marqué de son signifié et, avec cela, le besoin d'une marque morphologique dorénavant indispensable.

*' On

marquera

cependant

la réserve qu'une telle absence

de la

suffixation peut également relever d'une appartenance de la forme à une autre couche chronologique, ou encore de la conceptualisation alors différente de son signifié.

€ Voir indications appendice 2.

63

Il parait probable que le codage «par attraction » des présents en -e- ait eu pour point de départ un créneau de formes qui portaient le suffixe encore à titre oppositionnel. On est ainsi amené à s'attendre à ce que l'emploi fonctionnel du suffixe se dégage le plus parmi les formes les plus anciennes et, vice versa, son occurrence « par attraction » le plus parmi les formes les plus récentes. Or, dans la couche des présents qui disposent d'un correspondant dans une autre langue indo-européenne, le suffixe

semble dans 5596 des cas avoir une valeur oppositionnelle alors que les présents qui se révélent comme étant propres au latin intégrent le suffixe, d'aprés ce qu'il parait, dans 60% des cas selon le principe de l’« attraction ». On illustrera ainsi, au niveau

des présents anciens, le rapport ici numériquement équilibré par : Am 500 : menses iam tibi esse actos yides. « Tu vois toi-

méme que ton terme est proche. » (correspondants v. slave vidèti « idem », got. witan «observer », opposé à l'aoriste grec [6ov « j'apergus ») etc.

en face de :

Men 423 : Neque ego illum maneo neque flocci facio «Ma foi, non ! Je me moque bien de lui. » (lit: « Je ne l’attends pas [ne reste pas en vue de lui] et je ne fais pas le moindre cas de lui. »)

(correspondant av. framanyeinte « persister », cf. racine *men- « rester ») etc. et, au niveau des présents récents, codage « par attraction » par :

la légére prédominance

du

Mer 600 : Pectus ardet. « J'ai le cœur en feu » (lit.: « Le cœur brûle. »)

(dénominatif de aridus « sec ») etc.

en face de :

As 242 : aedes non patent. « la maison reste close. » (bâti sur pando « j'étends » d’après le modèle de « teneo -

tendo ») etc. 9 On précisera encore, dans la perspective des deux types d'emploi, que l'emploi oppositionnel caractérise - parmi les formes qui permettent une évaluation chronologique - dans 70%

des cas un

présent ancien et seulement dans 30% des cas un présent récent et, inversement, le codage « par attraction » dans 45% des cas un présent ancien et dans 55% des cas un présent récent. - Au cas oü les données comparatives seraient sur ce point suffisantes, ceci reviendrait à constater que le codage « par attraction » aurait commencé à évoluer bien avant la synchronie du latin.

En ce qui concerne leur statut dans la langue, on remarquera que les présents en -e- du latin semblent se situer à mi-chemin entre les deux póles que sont ici, l'un en face de l'autre, lexique et grammaire“. Car si la valeur récurrente de leur

suffixation dépasse bien les conditions du lexique, elle n'en exige pas moins un sémantisme verbal trop spécifique (cf. ci-dessus p. 59) pour pouvoir se généraliser jusque dans la sphère

grammatical.

On

désignera

un

tel

statut

de

«

lexico-

dérivationnel ».

$9 Voir indications complètes appendice 2. * Le passage graduel entre lexique et grammaire se laisse encore cerner, sur le plan de la morphologie, en termes d'un rapport entre « dérivation » et « flexion », qui se fonde à son tour sur le critère de la généralisabilité. - S'il est vrai que la notion de « dérivation » s'applique, contrairement à celle de « lexique », à un type de structure qui connait une certaine récurrence (cf. aussi dans ce sens le terme «lexico-dérivationnel »), les catégories discutées cidessous dépassent le simple statut lexical d'une manière trop évidente pour que cette différence puisse, dans leur cas, rentrer en ligne de compte.

55 Cf. ci-dessous « Excursus » 1 Partie 1.

65

Une comparaison avec les données du grec amène à relever les points suivants : Tandis que le latin délimite le signifié de la structure homogène non-évolutive

soit au niveau

lexical (type metuo)

soit à l'aide

d'une marque morphologique d'ordre lexico-dérivationnel - et qui semble, par un mécanisme d'« attraction », évoluer d'une nécessité oppositionnelle (type doleo) vers une redondance par

rapport au lexique (type ardeo)-, le grec procéde ici aussi bien au découpage lexical (type μένω) qu'à la dérivation aspectuelle. Dans ce deuxiéme cas, qui est alors de l'ordre de 18 grammaire, le grec emploie son aspect résultatif (« parfait ») pour convertir à l'homogénéité non-évolutive de tels lexèmes verbaux qui n'intégrent pas cette structure dans leur découpage (type ἔστηκα)

(cf. Intégration... II.1.1.2. et l.1.1.3.)®. On élargira ceci par deux remarques : Si le grec ignore un équivalent du suffixe -€- « à attraction » du

latin, ce décalage s'explique par le fait que la langue grecque confére

l'expression de la structure

homogéne

dans une mesure assez large, à des moyens

non-évolutive,

grammaticaux.

La

partie lexicale, qui risque de générer en elle une telle évolution, reste ainsi en grec numériquement inférieure à ce qu'elle est en latin. Il existe, d'un autre côté, entre les présents en -&- du latin et

l'aspect résultatif du grec une Seul en effet le second, et non du procés antérieur par lequel déclenchée (cf. latin ardeo « je

différence au niveau du signifié. pas les premiers, intègre le sème la situation en question se trouve brüle » vs. grec δέδηα « je brüle à

force d'avoir été mis en feu »). Ce décalage renvoie à la constitution des procédés dérivationnels respectifs, et ainsi à

l'idée que le séme supplémentaire dont dispose le résultatif du 56 Voir aussi à ce sujet la liste de Hocquard (1981: 28) qui énumère des correspondances sémantiques entre des présents latins en -é- et des parfaits grecs. 67 Sur le plan étymologique, le grec montre ici un équivalent exact sous forme de son suffixe -n-. Ce suffixe s'emploie cependant à l'aoriste oü il intervient alors au niveau de la valence (cf. Intégration... 11.1.3.2.1.).

66

grec n'y figure pas en raison de soi, mais seulement en tant qu'il accompagne d'une facon inévitable la dérivation grammaticale ici employée®. On notera cependant qu'une telle structure conditionnée peut, une fois qu'elle existe, se répercuter à son tour sur la conceptualisation du locuteur (cf. encore ci-dessous «Excursus » 2).

8 Le fait que l'état acquis intéresse, d'une manière générale, davantage que sa genése, se trouve encore illustré par le rapport dérivationnel qui existe en

latin entre les présents en -e- et en -sc- (ci-dessous note 73).

67

Appendice 2 : Présents suffixés en -2Légende : gras : formation ancienne (héritée de l’indo-européen)

italique : formation récente (propre au latin) type a : formation portant le suffixe -2- à l'intérieur d'une opposition aspectuelle type b : formation portant le suffixe -2- sans pour autant rentrer dans une opposition aspectuelle (On se base pour ces données sur les analyses de Hocquard 1981.)

2.1. Flexion active (68x [66x] dont 20x plus ancien [11x type a vs. 9x type b] vs. 14x plus récentes [5x type a vs. 7x type b]) : - algeo type b

j'ai froid :

racine *algh- « froid, neige », cf. Hocquard 129 sq. Ru 528 : cum vestimentis postquam aps te abii, algeo. « J'ai beau en être sorti avec des vétements, je suis gelé. » etc.

- ardeo type b?

je brüle :

création latine : dénominatif de aridus «sec »

Mer

600

: Pectus ardet. « J'ai le cœur en feu » (lit.: « Le cœur brûle.

»)

etc

- areo type b

je suis sec :

création latine : dénominatif, cf. Hocquard 236 sq.

Ru 576 : id aret « elle (cape) est sèche » etc.

- audeo type b

jose:

création latine : dénominatif de avidus «qui désire » Cu 502 : Nec vobiscum quisquam in foro frugi consistere audet « Y a-t-il un bonnéte homme qui ose s'arréter et causer avec vous sur le forum ? »

etc.

formation en -ba- :

9 Les présents en -2- qui ont à côté d'eux des parallèles en -scapparaissent dans leurs rapports avec ces derniers comme formes-bases (cf. cidessous note 72).

69

Cap 662 : non occatorem dicere audebas prius ? « tu ne pouvais pas (lit.:

n'osais pas) dire herseur tout d'abord ? » (cf. appencie 1.1.1.) etc.

- caleo je suis chaud : racine *kelRu 531/2 : Ut fortunati sunt fabri ferrarii,/qui apud carbones adsident ! Semper calent. « Ah ! que j'envie le bonheur des forgerons, qui sont assis prés de leur fourneau ! Ils sont toujours au chaud (lit.: Ils sont toujours chauds). » etc.

formes à préverbe : con-caleo

je suis trés chaud :

Per 88 : Bene ut in scutris con-caleant « qu'ils (baguenaudes) chauffent bien

(lit.: soient bien chauds) dans les bassines » (préverbe intensifiant) - calleo je suis instruit :

Per 176 : Memini et scio e calleo et commemini « J'ai tout retenu, je sais, je suis au courant, j'ai bonne mémoire. » etc.

- Careo

je manque de :

création latine ?, cf. grec κείρω « je coupe »?,

cf. Hocquard 134 sq. Cap 357 : Hoc quidem haud molestumst, iam quod collus collari caret. « Je ne

suis pas fáché de me sentir le cou débarrassé du collier. » (lit.: « Il n'est pas embétant que mon cou soit débarrassé du collier. ») etc.

- clueo type a

je suis célèbre :

racine *kel- « entendre », correspondant lette sluvét « idem », cf. grec κλύον «j’entendis »

Tru 615 : Si tu ad legionem bellator clues, at ego in culina clueo. « Si tu passes pour un héros à l'armée, j'ai méme réputation à la cuisine. » etc

- coniveo type b

je me ferme

dérivé d'un doublet

(essentiellement des conivo yeux), d'où : je suis indulgent : Mo 830 : Illud quidem, ut conivent, volui dicere. « Je voulais dire comme ils s'unissent (lit.: comme ils se ferment/dorment étroitement) bien. » - decet type a il convient : racine * He-dek-

(«impersonnel »)”

«adéquation à une norme», cf. grec δέχομαι « je regois »

'? Cf. ci-dessous 3.2.1.1.

70

Am 35

: nam iniusta ab iustis impetrari non decet « En effet vouloir obtenir

d'hommes justes une injustice c'est chose inconvenante » etc.

formation en -ba- :

Mer 983b : Vacuum esse istac ted aetate his decebat noxiis. « A l’âge que tu as, ne devais-tu pas t'abstenir (lit.: ne convenait-il pas que tu t'abstiennes) de pareilies fredaines ? » (cf. appendice 1.1.1.) formes à préverbe : ad-decet

il convient (à) :

Mer 415 : ut matrem ad-decet familias « comme il sied d'en avoir à une mère de famille » (fonction du préverbe ?) etc.

con-decet

Am

722

il convient (il s'accorde avec) :

: capies quod te con-decet.

« tu recevras le fruit qui te revient. »

(fonction du préverbe ?) etc.

- doleo type a

j’eprouve des douleurs :

racine *del- « fendre, partager », cf. grec δαλλει : κακουργεῖ (Hés.), cf. dolo « je fends »

Am 1059 : Caput doles « La tête me fait mal » etc.

- egeo

je manque de :

création latine, étymologie incertaine Cu 142 : Edepol qui amat, si eget, misera adficitur aerumna. « Par Pollux ! un amant sans le sou (lit: qui est en état de manque) est vraiment bien à plaindre.»

etc.

formes à préverbe : ind-igeo

je manque (en moi) de :

Ru 943 : Non edepol piscis expeto quam tui sermonis sum ind-igens. « Ce n'est pas du poisson que je te demande, parbleu ! c'est d'une conversation avec toi que j'ai besoin. » etc.

- ferveo type a (?)

je suis bouillant :

racine *bher-w- «s'agiter avec violence » Am 1030 : Quem pol ego hodie ob istaec dicta faciem ferventem flagris. «Pardieu le dos t'en cuira (lit.: je te rendrai bouillonnant) aujourd'hui pour toutes ces insolences. » etc.

- floreo

je fleuris :

71

Tru 353/4 : Ver vide ;/ut tota floret « Voyez : c'est le printemps méme Quelle fleur de beauté (lit.: Comme tout est en fleur) ! »

!

etc.

- foeteo je pue : cf. Hocquard 153 sq. As 894 : Dic amabo, an foetet anima uxoris ? « Dis-moi, mon chéri, elle a mauvaise haleine, ta femme (lit.: est-ce que l’haleine de ta femme pue) ? »

etc. (- fulgeo type b

je brille)

correspondants lit. ’

blizgéti, v. slave blistati « idem», dérivé d'un doublet fulgo formes à préverbe : con-fulgeo je brille : formation en -ba- : Am 1067 : ardere censui aedis, ita tum con-fulgebant. « J'ai cru que la maison

brülait, tant elle était illuminée par les éclairs. » (préverbe intensifiant)(cf. appendice 1.1.1.) etc.

- gaudeo type b

je me réjouis :

racine * geh;-w- « se

réjouir », formation ? cf. Hocquard 240 sqq. Ba 184 : Venire tu me gaudes « tu te réjouis de mon arrivée » etc.

- habeo type a

j'aÿje tiens :

cf. v. irl. gaibim « je prends »

As 201 : Si aes habent, dant mercedem. « ils ne láchent leur marchandise que s'ils tiennent de l'argent. » etc.

formation en -ba- : Mi 1430 : nam illic qui ob oculum habebat lanam, nauta non erat « Celui qui avait un bandeau sur l’œil n'était pas un marin. » (cf. appendice 1.1.1.) etc.

formes à préverbe :

ad-hibeo

j'applique (je tiens contre) :

Poe 915 : Proba materies datast, si probum ad-hibes fabrum. « Les matériaux sont bons, si tu y mets un bon ouvrier... » etc.

co-hibeo

je tiens ensemble :

Tri 1019/20 : An vero, quia cum frugi hominibus/ibi bibisti, qui ab alieno facile co-hiberent manus ? « C'est sans doute parce que tu buvais là avec d'honnétes gargons, incapables de toucher au bien d'autrui (lit.: qui tiennent

facilement les mains à l'écart du bien d'autrui). » etc.

72

de-beo je dois (j'ai en moins) : Ba 1143 : Si quam de-bes, te condono « Si c'est là ta dette (lit.: Si tu dois celle-ci), je t'en fais cadeau. » etc.

ex-hibeo

je présente (je tiens au dehors) :

Mo 2 : ... qui mihi inter patinas ex-hibes argutias. « ... au lieu de me faire (lit.: qui me montres) de l'esprit au milieu de tes casseroles. »

etc. in-hibeo

je retiens (je tiens dedans) :

Ba 447/8 : Hoccine hic pacto potest/in-hibere imperium magister, si ipsus primus vapulet ? « Comment un précepteur peut-il garder quelque autorité, s'il est lui-méme le premier battu ? » | etc

red-hibeo je retiens : Mo 799/800 : Si male emptae/forent, nobis istas red-hibere haud liceret. « Si nous avions renoncer.

fait une mauvaise

emplette,

nous

n'aurions

pas

le droit d'y

»

etc.

- haereo

je suis attaché :

racine *ghais- « hésiter, temporiser », cf. got. gaisja « j'effraie » ?

Mer 723 : Haeres. « Te voilà bien embarrassé. » (lit.: « Tu es attaché. ») etc.

formes à préverbe : ad-haereo je suis attaché à : formation en -ba- : As 211/2 : usque ad-haerebatis; quod ego iusseram, quod volueram,/faciebatis « Vous me suiviez comme mon ombre. Tout ce que je commandais, ce que je voulais, vous le faisiez » (cf. appendice 1.1.1.) - horreo type b j'ai le frisson : racine *gher-, cor-

hrsyati « être excité » Ci 551 : Iam horret corpus, cor salit « Tout mon corps frissonne (lit.: est hérissé), mon cœur palpite. » etc. formes à préverbe : ab-horreo j'ai le frisson (je ressens un dégoût qui me repousse) : Mer 837 : ab Atticis ab-horreo. « j'ai l'Attique en horreur. » etc.

73

- iaceo type a

je suis couché

:

création latine, cf. iacio « je lance

»

Cu 573 : Meacque pugnae proeliares plurumae optritae jacent ? « Et faire

litiére de mes innombrables exploits, de tous les combats que j'ai livrés ? » (lit.: « Et mes nombreuses batailles guerrières restent en bas, écrasées 7 ») etc.

- lateo type b

je suis caché :

racine *leh, « être caché», cf. grec λάθον

«je fus caché» Mo 5 : quid [ates ? « Pourquoi te caches-tu (lit.: te maintiens-tu en cachette) 7» etc

- libet type a («impersonnel »)

il est agréable :

racine *leu-bh« aimer, désirer », correspondant

v. indien lübhyati Am

«éprouver du désir » 123 : Ita versipellem se facit, quando lubet. « Tant il est habile à changer

de peau, quand l'envie lui en prend (lit.: quand cela lui fait du plaisir) ! » etc.

- licet type a

il est permis

:

(«impersonnel »)

racine ? cf. Hocquard

106

As 12 : Asinariam volt esse, si per vos licet. « Il voudrait l'intituler l'Asinaria, si vous le permettez (lit.: si cela est permis de votre part). » etc.

- liqueo type a

je suis liquide :

racine *leik"« laisser », cf. liquo « je rends

quitte », d'apres le modèle de « teneo tendo», cf. Hocquard 106 sq. Mo 417 : Profecto ut ]igueant omnia et tranquilla sint « ... pour que... tout finisse par s'éclaircir (lit.: pour que tout soit liquide) et par s'apaiser » etc.

- lugeo type a

je suis en deuil :

racine * leu-g- « briser»,

cf. lit. idudiu « je brise » Mer 251 : Ego enim ]ugere atque abductam illam aegre pati. « Moi, désoler, et de pleurer la chèvre qu'on m'a enlevée. »

de me

etc.

- maceo type b

je suis maigre :

racine (nominale) *meh.k- « étre maigre » Au 564 : ita cura macet. « tant sa cure l'a fait maigrir. » (lit.: « il est si maigre suite à sa cure. »)

74

- madeo type b

je suis ivre :

racine *mad- « être

mouillé », cf. v. irl. maidim « je me répands» Mo 331 : Madet homo. « Il a sa cuite. » (lit.: « L'homme est imprégné [de vin]. »)

etc. - maereo

je suis triste :

étymologie incertaine, création latine

Au 727 : Quinam homo hic ante aedis nostras eiulans conqueritur maerens ? «Qui est-ce qui se plaint, gémit et se lamente ainsi devant notre maison ? »

etc. - maneo type b

je reste :

racine *men- « rester », correspondant av. framanyeinte « persister»

Men 423 : Neque ego illum maneo neque flocci facio « Ma foi, non ! Je me moque bien de lui. » (lit.: « Je ne l'attends pas [ne reste pas en vue de lui] et je ne fais pas le moindre cas de lui. »)

etc. - mereo type a

je mérite :

racine *(s)mer- « part », correspondant grec μείρομαι « je recois » As 146 : nihil quicquam meret. « eile n'est nullement coupable. » (lit.: « elle ne

mérite rien. ») etc. formes à préverbe : com-mereo je mérite : Mer 828 : Ut illae exiguntur quae in se culpam com-merent « ... de la même maniére qu'on répudie les femmes qui ont commis quelque faute (lit.: qui

méritent la culpabilité), ... » (préverbe intensifiant) etc. pro-mereo

je mérite (en

particulier) : Tri 641 : Nam retineri nequeo quin dicam ea quae pro-meres. « car je ne puis plus m'empécher de te dire tout ce que tu mérites » (préverbe intensifiant) etc (- mineo type b

je suis saillant)

formes à préverbe : e-mineo

je dépasse :

.

formation en -ba- :

75

racine *men- « étre saillant »

Cap 504 : vix ex gratulando miser iam e-minebam. « quelle peine j'ai eue à me

sauver de (lit.: à dépasser) ce déluge de félicitations ! » (cf. appendice 1.3.1." trans-mineo je suis saillant à travers : Mi 29/30 : per viscera/perque os elephanti trans-mineret bracchium. « ... avec ton bras tu lui aurais traversé le cuir, le ventre, et la mâchoire, à cet éléphant.» (lit: « le bras aurait été saillant à travers les entrailles et la bouche de l'éléphant») - miseret type a il y a de la pitié : («impersonnel») Ba 1044 : Miseret me illius. « Il me fait pitié. » etc.

formation en -ba- : St 329 : nam me quidem harum miserebat « vraiment, j'ai (lit.: j'avais) pitié de cette pauvre porte. » (cf. appendice 1.1.1.) - DAUSCO j’ai le mal de mer : Am 329 : etiam nunc paseo. « J'ai encore mal au cœur. » - niteo type b je brille : racine *nei-/nei-h-/ni-

être éclatant » Ps 161 : Tibi hoc praecipio ut niteant aedes. « Toi, je te recommande de faire briller la maison (lit.: que la maison soit propre) »

etc. formes à préverbe : e-niteo

je brille au dehors :

Tru 159 : Quia qui alterum incusat probri, sumpse e-nitere oportet. « Je vais te l’expliquer : quand on veut blämer les autres, il faut soi-même être sans tache (lit. : briller le plus vers l'extérieur). »

- oleo type a

j'exhale une odeur :

cf. grec

Kw « idem »,

cf. arm. hotim, lit. ildziu

« percevoir une odeur », doublet olo Mo 43 : Non omnes possunt olere unguenta exotica « Tout le monde ne peut pas sentir les parfums exotiques » etc.

formes à préverbe : sub-oleo

j'exhale une odeur (endessous) : Cas 266 : sub-olet, sentio. « je le flaire (lit.: il y a une odeur [en-dessous]), je le sens. » etc.

7 On notera que l'adjonction de l'adverbe vix fait fonctionner la forme verbale e-minebam à la maniére d'un inchoatif. - La valeur itérative de la formation en -ba- semble se réaliser ici de façon conative (cf. ci-dessus note 16).

76

formation en -δα- : Ps 421/2 : atque id iam pridem sensi et sub-olebat mihi,/sed dissimulabam «mais il y a longtemps que je m'en doutais, et que je flairais quelque chose (lit.: et qu'il y avait pour moi une odeur [en-dessous]). Je ne faisais semblant de rien. » (cf. appendice 1.1.1.) - oportet type a il convient : étymologie incertaine («impersonnel »)

Poe 341 : Invendibili merci oportet ultro emptorem adducere « Bon pour la marchandise invendable d'aller au devant de l'acheteur » etc.

formation en -ba- : Men 195 : Nam si amabas, iam oportebat nasum abreptum mordicus. « Si tu l'aimais, tu lui aurais déjà arraché le nez (lit.: il fallait déjà/aurait déjà fallu que tu lui arraches le nez) à belles dents. » (emploi modal, cf. Mellet 1990b)

- paenitet type a

il y a du chagrin :

(«impersonnel »)

création latine

:

dénominatif de *paenis,

adjectif à la base de l'adverbe paene «presque » Tru 430/1

: Ecastor munus te curaturum scio, ut cuius me non paeniteat mittas

mihi. « Par Castor ! Je sais que tu le choisiras de maniére que je sois satisfaite (lit. : Je sais que tu vas prendre soin de l'affaire de sorte à m'envoyer ce qui ne me causera pas de chagrin). »

etc. - palleo type b

je suis päle :

racine *pail- (couleur),

correspondant lit. peléti « moisir »

Mer 373 : Ergo edepol palles. « C'est vrai que tu es pále, ma foi ! » etc

(- pareo

je suis visible/je me

étymologie incertaine

montre)

formes à préverbe : ap-pareo

je suis visible/je me montre (contre) : Am 794 : Haec quidem ap-paret. « Mais elle est toute trouvée. » (fonction du préverbe 7)

etc. com-pareo

je suis visible/je me

montre : Au 629 : nunc cum çom-pares peris. « mais puisque tu t'es montré, mort. » (préverbe intensifiant) etc. formation en -ba- :

7]

tu es

Au 628/9 : I foras, lumbrice, qui sub terra erepsisti modo,/qui modo nusquam com-parebas « Allons, dehors, ver de terre, qui viens de ramper hors de ton

trou. On ne te voyait pas tout à l'heure (lit.: toi qui à l'instant n'étais pas encore visible). » (préverbe intensifiant)(cf. appendice 1.2.1.) etc. - pateo type a je suis ouvert : racine *pet- « étendre»,

cf. pando « j'étends »

(?), d’après le modele de « teneo - tendo » As 242 : aedes non patent. « la maison reste close (lit.: n'est pas ouverte). » etc.

- paveo type a

je crains :

racine *pew-/pHw-/pu«battre avec violence »,

correspondant lit. piduju « je coupe » ?, cf. pavio « je bats »

Cas 877 : atque ita nunc payeo « j'en pälis d'effroi. »

etc. formation en -ba- : Per 626 : nimis pavebam ne peccaret « J'avais une peur affreuse qu'elle ne brónchát. » (cf. appendice 1.1.1.) - pendeo type a je suis suspendu : racine *pen- « tirer », cf. pendo « je suspends », création latine d'apres le modele de « teneo tendo »

As 616/7 : Immo hercle vero/qui pendet multo est miserior. « On est bien plus à plaindre quand on pend au gibet. » etc.

formes à préverbe : de-pendeo

je pèse (je suis suspendu) en moins (vers le bas) :

As 305 : Nec de-pendes nec pro-pendes, quin malus nequamqamque sis. « tu ne péses ni plus ni moins... qu'un méchant vaurien. »

im-pendeo

je suis suspendu (dedans) :

Ep 135 : nunc iam alia cura im-pendet pectori. amour qui pèse sur mon Cœur. »

etc. pro-pendeo

« Maintenant c'est un autre

je pése (je suis

suspendu) pius (en avant) : As 305 : Nec de-pendes nec pro-pendes, quin malus nequamqamque sis. « tu ne

78

péses ni plus ni moins... qu'un méchant vaurien. » - piget type a il y a du chagrin : étymologie incertaine, («impersonnel ») cf. Hocquard 107 sq. Men 1066 : eloquere tuum mihi nomen, nisi piget. « dis-moi ton nom, si tu veux bien. » etc.

- placet type a («impersonnel »)

il plait :

racine *pel-h,- « surface plate », cf. placo « je concilie » d’après le modele de « teneo tendo »

Cap 870 : Nunc tu mihi places. « A cette heure, c'est à toi que je donne

la

préférence (lit.: tu me plais). » etc.

formation en -ba- : $t 130 : nam aut olim, nisi tibi placebant, non datas oportuit « Car ou il ne fallait pas autrefois, si tes gendres te déplaisaient, nous donner à eux... » (cf. appendice 1.1.1.)

- polleo je suis puissant : étymologie incertaine Cap 278 : Quod genus illi est unum pollens atque honoratissumum. « ... la plus puissante et la plus distinguée (famille) du pays, sans comparaison. »

etc - prandeo type b

je déjeüne :

création latine :

dénominatif de prandium « déjeüner », cf. Hocquard 145 Mi 252 : prandet, potat, occupatast « elle déjeüne, elle fait la fête, elle est

occupée » etc.

- pudet type a

il y a de la honte :

(«impersonnel »)

Etymologie incertaine, cf. Hocquard 108 sq.

Cap 203 : At nos pudet, quia cum catenis sumus. « Quelle honte pour nous (lit.: Il nous cause de la honte) d'étreà la chaine ! » etc.

- puteo type b

'

je suis pourri :

racine *pew-(H)«pourriture », correspondant v. ind. püyati « idem » Mo 146 : Atque edepol ita haec tigna umiditate putent « Bien pis encore, ma charpente est désormais pourrie d'humidité » - rideo je ris : étymologie incertaine, correspondant got. reiran « trembler » ?

79

As 841 : Utinam male qui mihi volunt sic rideant ! « Puisse qui me veut du mal ! » rire de ce rire-là etc.

formes à préverbe : je ris (à): ad-rideo Tru 225 : ad-ridere ut quisque veniat blandeque adloqui « qu'elle sache sourire ἃ tout venant, étre aimable dans ces propos » etc.

en -ba- : formation As 207 : Tum mihi aedes quoque ar-ridebant,

cum ad te veniebam, tuae. « En

me sourire, ce temps-là, ta maison elle-méme semblait

» (cf.

à mon arrivée.

appendice 1.1.2.) de-rideo

je me moque (je ris d'en haut): Am 963 : De-rides, qui scis haec iam dudum me dixisse per iocum. « tu te moques. Tu sais bien que tout à l'beure je plaisantais. » etc. - salveo je suis en bonne santé : Cu 16 : Salve ! « Salut ! » (lit.: « Sois en bonne santé ! ») etc. - scateo type b je jaillis (je suis correspondant lit. su-

abondant) :

skate « il sautillait», doublet scato

Per 177 : amas pol misera ; id tuos scatet animus. « L'amour te tourmente, parbleu ! ton cœur en est tout débordant. » etc.

- sedeo type a

je suis assis :

racine *sed- « position assise », correspondants

v. tchèque sedéti, ags. sittan « idem » etc., cf.

grec ἔζομαι « je m'assois

»

Au 73 : tum autem interdius quasi claudus sutor domi sedet totos dies. « et le jour, il reste chez lui, du matin au soir, sans plus bouger qu'un (lit.: il est assis comme un) savetier boiteux. » etc.

formation en -ba- : As 343 : verum in tonstrina ut sedebam, me infit percontarier assis chez le barbier,

quand le jeune homme

appendice 1.1.1.) etc.

formes à préverbe : as-sideo

je suis assis à cóté :

80

« Donc j'étais

se met à me demander...

» (cf.

Ru 531/2 : Ut fortunati sunt fabri ferrarii,/qui apud carbones ad-sident ! « Ah ! que j'envie le bonheur des forgerons, qui sont assis prés de leur fourneau ! » etc. ob-sideo je suis assis en face :

Ru 698/9 : nosque ut hanc tua pace aram ob-sidere/patiare. « souffre que nous prenions place sur cet autel, sans t'en offenser. » etc. prae-sideo je suis assis devant : Mo 1096 : Hic ego tibi prae-sidebo « Ici je te servirai de président » etc. re-sideo je demeure (je suis assis en arrière) :

Cap 468 : Ita venter gutturque re-sident esturialis ferias. « Aussi mon ventre et mon gosier chóment (lit.: demeurent dans) la fête de la faim. » etc.

super-sedeo

je suis assis au-dessus :

Poe 414 : Super-sede istis verbis. « Ne reviens pas sur ce sujet-là. «Tiens-toi au-dessus de ces paroles. »)

» (lit.:

etc.

- sileo type a

je me tais :

racine *se(i)- « laisser

Poe 3 : Sileteque et tacete atque animum silence, et prétez attention. »

tranquille », correspondant got. anasilan « idem », cf. sino « je laisse » advortite « Taisez-vous, faites

etc.

- soleo

j'ai l'habitude :

cf. suesco « je m'habitue», cf. Hocquard 205 sqq. (cf. cependant ci-dessous appendice 3.1.1.1. Suesco)

Men 140 : Ita ego soleo « C'est dans ma manière » (lit.: « Je suis habitué ainsi») etc.

formation en -ba- :

Ep 99 : tuquidem antehac aliis solebas dare consilia mutua. « Autrefois c'est toi qui en avais (lit.: qui avais l'habitude de donner des conseils) au service des autres. » (cf. appendice 1.1.1.)

etc. formes à préverbe :

81

as-soleo

j'ai l'habitude (par

rapport à) : Ep 1 : Quod eo ad-solet « selon la formule ordinaire (lit.: « ce qui se passe habituellement à cette occasion ») : ... » (fonction du préverbe 7) etc. - sordeo type b je suis sale : création latine : dénominatif de sordes «saleté»

Poe 315 : Immo ctiam in medio oculo paullum sordet. « Oui, mais tu as encore un peu de chassie vers le milieu. » (lit.: « Mais au milieu de l'œil c'est encore un peu sale.) »

etc. formation en -ba- : Tru 381

: cum inter nos sordebamus

alter alteri.

« (des temps...)

où nous

n'étions pas bien l'un pour l'autre... » (cf. appendice 1.1.1.) - splendeo je brille : étymologie incertaine,

cf. lit. splendziu,

splendéti « idem » 1 Poe 314 : pleni oculi sorderum qui erant iam splendent mihi. « Mes yeux qui étaient pleins de chassie sont brillants, maintenant. » etc.

- squaleo type b

je suis rude :

création latine : dénominatif de squales luc-esco », « sud-a-0 > sud-asco », « sap-i-o > sapisco » etc. ? On remarquera que la structure aspectuelle des présents en -scconstitue en effet l'antécédent par excellence de l’homogénéité non-évolutive. Cela dit, en vue d'une situation typiquement monoactancielle et dépourvue d'actant agentif, il reste difficile de concevoir une hétérogénéité, et donc un seuil sémantique, autrement que sous la forme étalée sous laquelle il apparait dans ces présents (cf. ci-dessus 1.1. p. 20). - Les rapports morphologiques que l'on vient de mentionner (cf. ci-dessus note 72) semblent indiquer que c'est, dans ce type

d'opposition, la situation à structure l'item fondamental.

non-évolutive qui est ressentie comme

^ C'est à partir de ce même

schéma que le suffixe -sc- reçoit sa

désignation traditionnelle d'« inchoatif ». On évite cependant ici ce terme qui fait trop fortement penser à une structure ponctuelle.

75 Voir appendice 3.2.1.1. 91

classe en -ὅ-. Les dérivés en -sc- de ce type s'opposent à nouveau, dans certains cas, à des formes à signifié non-évolutif, mais répondent, dans d'autres, à des formes-bases de structure évolutive ou méme à prime actant agentif. Le second de ces deux schémas dérivationnels comporte à plusieurs reprises des rapports entre forme-base et forme fondée qui restent, d'un point de vue morphologique et/ou sémantique, quelque peu obscurs. On remarquera qu'une telle disposition caractérise, en régle générale,

une couche de formes déjà plus anciennes et que la dérivation d'un présent en -sc- à partir d'un signifié autre que non-évolutif semble,

en effet,

devenir

dans

la langue

moins

usuelle.

- On

citera ainsi pour illustrer ces deux types, d'une part : Ps 952 : St, tace ; aedes hiscunt. maison s'ouvre. »

« Chut ! tais-toi ; la

vs.: Mer 182 : Qui potuit videre ? - Oculis. - Quo pacto ? Hiantibus. « comment a-t-il pu la voir ? - Avec ses yeux. - De quelle facon ? Grands ouverts (lit.: [avec les yeux]

étant grands ouverts). » (présent-base à structure non-évolutive) etc. et, d'autre part :

Ba 1045/6 : periisse suaviust/quam illud flagitium volgo di-palescere. « il est moins dur d'en passer par là que de voir ce scandale divulgué (lit.: se répandre) partout. » VS.:

Ba 1136 : non vides ut palantes solae liberae grassentur ? « Ne vois-tu pas comme on les laisse vagabonder, seules, en liberté (lit: comme elles s’avancent vagabondant seules et libres) ? »

(présent-base dynamique) etc."

76 Voir appendice 3.2.1.2.

On observe enfin que le type du présent en -sc- à valeur évolutive peut encore s'opposer à un parfait, alors probablement plus ancien, et à son tour homogène non-évolutif. Dans d'autres cas, il

arrive qu'un tel présent en -sc- soit dérivé d'un nom - et ainsi, à nouveau, d'une forme-base en quelque sorte homogéne nonévolutive. Ces deux derniers schémas restent en effet assez rares.

On en exemplifiera le premier par : Cu 608 : Enim vero irascor. « Pour le coup, je me fäche!» VS.:

Am 392 : Tum Mercurius Sosiae iratus siet. « Que la colère de Mercure retombe sur Sosie ! » (lit: « Que Mercure soit en colére contre Sosie ! »)

(forme-base

: parfait à signifié homogéne

non-évolutif)

etc." et le second par : Mer 296 : aiunt solere eum

rursum re-puerascere.

« et,

comme disent les gens, on retombe en enfance. »

(forme base : puer « enfant ») etc.” En

dehors

de

ces

différents

types

dérivationnels,

la

langue

posséde encore un certain nombre de présents en -sc- à valeur évolutive qui apparaissent comme des formations primaires. On remarquera que plusieurs de ces formes semblent étre assez anciennes. Ainsi : Cu 219 : Valetudo de-crescit, ad-crescit labor. « Je sens mes forces décroître et s'accroitre mon mal. » (lit.: « Ma force décroit et mon mal s'accroit. ») (cf. Keller 1992: 153-160)

7 Voir appendice 3.2.1.3. ? Voir appendice 3.2.1.4.

93

Ou €nCOI€

:

Mer 59 : convivium tot me annos iam se pascere. « ... et que depuis trop longtemps il me nourrissait à son foyer » (cf. ibidem: 31-43) etc.” S'il est vrai que la suffixation en -sc- signale ainsi, dans la grande majorité des cas, une structure homogène évolutive, il reste toutefois quelques 20% des formes ici concernées dans lesquelles sa valeur est autre. On distingue à ce niveau deux

groupes. Le premier, qui est fort minoritaire, se compose de trois présents

dans

lesquels

le suffixe

marque,

tout

au

plus,

une

structure alors plus généralement imperfective. On retient ici d'abord, avec une valeur vraisemblablement itérative, le présent primaire posco «j'exige (toujours à nouveau)je cherche à

obtenir? qui se dégage, à en juger d’après son correspondant védique pfechati, comme une formation héritée. Chez Plaute il s'emploie dans des attestations du type de : As 512 : Lingua poscit, corpus quaerit, animus orat, res monet. « La langue demande ; le corps obtient ; le cœur

parle, l'intérét met en garde. » etc. (cf. Keller 1992: 45-62) A ceci s'ajoute le présent fruniscor « je me réjouis », qui s'avére dérivé d'une forme-base fruor de méme sens, et dont la valeur a des chances d'étre durative. La forme apparait, dés le corpus plautinien, comme bien établie. Toujours est-il que rien ne permet de la considérer comme antérieure au latin. On citera :

Ru 1012 : Hinc tu nisi malum frunisci nil potes « ll ne t'en reviendra rien d'autre qu'une raclée » (lit.: « A partir de là, tu ne pourras te réjouir que d'un mal »)

? Voir appendice 3.1.1. Ὁ Cf. aussi ci-dessus note 16.

94

vs.: As 917/8 : ... ut sinat/sese alternas cum illo noctes hac

frui « ... qu'il accorde à son rival (lit.: de se réjouir) une nuit sur deux de sa maitresse. » (cf. ibidem: 272-277)

On indiquera ici encore, en troisiéme et dernier lieu, le présent ulciscor «je me venge». Cette forme, qui ne se laisse pas attribuer de forme-base, n'affiche à premiére vue pas de valeur aspectuelle particuliére. Dans la mesure oà son sémantisme se révèle comme intense, il paraît cependant possible que le présent ulciscor intégre une structure, en effet, imperfective et qui lui revient alors en raison de son intensité". On remarquera d'ailleurs que les deux présents cités ci-dessus semblent, en fin de compte, puiser leur structure aspectuelle dans ce méme type de nuance. - Tout comme fruniscor, la forme ulciscor s'avére dans la langue comme bien établie, mais ne dispose pas pour autant d'un correspondant en dehors du latin. Les textes la comportent dans des passages tels que : Men 126 : Nam si forat cenat, profecto me, haud uxorem, ulciscitur. « Car s'il dine en ville, ce n'est pas sur sa femme, mais bien sur moi qu'il se venge. » etc. (cf. ibidem: 255-257)? Le deuxième groupe comporte un petit nombre de formations en -sc- dont la valeur aspectuelle se dégage méme comme plus ou

moins perfective®. En l'occurrence : Ep 668 : modo

sine me hominem

apisci.

« laisse-moi

seulement le rejoindre. » etc." !! Pour ce rapport, cf. ci-dessous 3.2.2.2.

€ Pour ces trois formes, voir aussi appendice 3.1.2.1., 3.2.2. et 3.1.2.2.

# Cf. ci-dessus 1.2.1. p. 33. * Voir appendice 3.2.3.

95

Un tel emploi du suffixe paraît à première vue aberrant. Il se révèle cependant que ces dérivés ont systématiquement à côté d'eux des parfaits ou des noms verbaux en -to- alors plus usités, et dans certains cas apparemment plus anciens, et qu’il semble donc s'agir ici d'une série de formes destinées à transposer au présent de tels lexémes dont le signifié se restreignait, à une époque encore plus ancienne, à la tempo-aspectualité du parfait. On reléve ainsi des couples du type de :

Mer 939 : Porro pro-ficiscor quaesitum. continue mes recherches. »

« Je pars, je

vs. : Am 733/4 : ut cum exercitu/hinc pro-fectus sum ad Teloboas hostis eosque ut vicimus. « ... depuis mon départ (lit: depuis que je suis parti) pour la guerre, et depuis la victoire qu'avec mon armée j'ai remportée sur

les Téléboens. » etc.” Dans une telle application, une évaluation précise de la valeur du

suffixe reste difficile. Cela dit, au cas oà ces formes seraient suffisamment anciennes pour relever encore d'un systéme aspectuel tel que le présente le grec (cf. ci-dessus 1.2.1. p. 35), le

suffixe

y

servirait

à

dériver

une

structure

alors

en

effet

imperfective“. Dans le cas contraire, la langue n'exprimerait ici,

à l'aide du suffixe, qu'une simple appartenance à la catégorie du présent, et qui laisse ainsi la structure aspectuelle de la situation intacte. Il est vrai que cet emploi pour ainsi dire désémantisé de la suffixation apparait, dans le présent contexte, comme le plus probable. On remarquera cependant qu'un tel emploi a toutes les chances de se fonder sur le modèle de quelques formations

anciennes à l'intérieur desquelles le suffixe a encore dü accomplir

cette même fonction aspectuelle que l'on vient de décrire".

# Voir appendice 3.2.3. 36 Cf. ci-dessous note 94.

#7 Cf. encore ci-dessous 3.2.2.1.

96

La valeur essentiellement homogene évolutive que donne à observer le suffixe -sc- du latin remonte,

d'aprés la théorie

traditionnelle, à un signifié itératif - ce qui s'inspire, de toute évidence, de la valeur en effet itérative que manifeste l'équivalent

de ce suffixe en grec (cf. ci-dessous) et en hittite®®. Cette théorie postule une réinterprétation du suffixe latin à partir d'un lot de formes du type de cresco « je grandis » qui portaient encore,

elles,

le suffixe

en

tant que

marque

d'itérativité,

mais

qui

permettaient, en raison de leur sémantisme, d'y voir le signifiant

d'une évolution graduelle”. Il parait en effet convaincant que la valeur évolutive - et ainsi visiblement restructurée - du suffixe latin ait eu pour point de départ la réalisation spécifique qui se dégageait ici dans un certain nombre de formes anciennes. On se demandera cependant si la structure aspectuelle qui motivait l'emploi du suffixe dans des formes « modèles » du type de cresco était précisément de nature itérative. Cela dit, il faut bien voir que la structure itérative - telle qu'elle serait alors paralléle aux données du grec et du hittite - se définit avant tout par ceci qu'elle permet de distinguer des étapes

et que cette méme disposition fait, dans le type cresco, justement défaut. Il ne semble donc guère possible de répertorier dans ces formes une valeur aspectuelle du suffixe autre que simplement imperfective. Or, c'est là précisément la valeur qui semble caractériser le petit nombre des présents en -sc- du latin qui restent à l'écart de l'emploi évolutif. S'il paraît ainsi que le latin ait fondé le signifié évolutif de son suffixe -sc- sur une fonction auparavant imperfective”, cette spécialisation a dû être favorisée par une mise en opposition avec la classe en -€-. Il y aurait donc eu, dans ce sens, une restriction

du suffixe -sc- à cette zone de l'aspectualité imperfective que son opposé

en

expressément

-#

ne

couvrait

homogène

pas.

non-évolutif

Autrement

du

type

dit,

le

profil

en

-€-

aurait

® Cf. par exemple Bechtel (1936). 35 Cf. par exemple Monteil (1986: 289 sq.). 9? Ceci revient à dire que le grec et le hittite auraient généralisé ici une des réalisations particuliéres.

97

contribué à polariser dorénavant homogéne schéma oppositionnel

son paralléle en -sc- sur une fonction évolutive. - La pression que ce méme exerce en effet sur la classe en -sc-

transparait d'ailleurs également, sous une forme différente, dans les liens dérivationnels que ces présents contractent alors de plus

en plus avec des formes-bases de structure non-évolutive”!. En ce qui concerne la question de leur statut grammatical, on constatera que les présents en -sc- occupent ici la méme

position intermédiaire, et donc lexico-dérivationnelle, que les présents en -2- (cf. ci-dessus 1.2.3.1.1.)?, Ce parallélisme ne surprendra pas étant donné que ces deux catégories - alors de plus en plus coproductives - s'appliquent aux mémes types de situations,

et

partagent

ainsi

entre

elles

le

degré

de

leur

généralisabilité. Toujours est-il que la classe en -sc- se distingue de son parallèle en -£- par ceci que sa suffixation assume,

en

régle générale, à elle seule l'expression du signifié aspectuel, et que l'emploi de cette marque se détache ainsi comme fonctionnellement indispensable. Autrement dit, on ne reléve guére ici le phénomène du codage « par attraction » (cf. ci-dessus 1.2.3.1.1.)”. A partir du moment οὐ le latin spécialise, face à la catégorie des présents en -2-, la valeur imperfective de son suffixe -sc- sur un signifié (homogène) évolutif, il possède ainsi - ne serait-ce qu’à un niveau lexico-dérivationnel - une opposition aspectuelle du type « non-évolutif vs. évolutif ». Dans la sphère 9! Dans ce contexte de la valeur imperfective du suffixe -sc-, voir encore ci-dessous 1.2.3.3.

% On notera en passant que la catégorie en -sc- subit, sur ce plan, une évolution presque cyclique. Car si elle se définit anciennement comme un fait grammatical, mais se trouve à partir de là - avec la perte de l'aspectualité absolue - rejetée vers le lexique, elle se déplace, dans les formations productives à valeur homogène évolutive, à nouveau en direction du pôle grammatical. 53 ]] n'est pas exclu que certains des présents en -sc- qui apparaissent comme des formations primaires - et qui intègrent en effet le signifié du suffixe

d'une fagon particuliérement naturelle - correspondent à leur tour à ce type de codage.

On ne dispose cependant pas, dans le cas de ces quelques formes, des

données nécessaires pour trancher la question.

98

des thémes verbaux qui intégrent en effet les deux catégories de présent à la fois, le latin tend donc à dériver, comme le grec, des situations de structure différente à partir d'une base lexicale unique. On constatera ainsi, en termes d'équivalents précis, que les formations lexico-derivationnelles en -e- et en -sccorrespondent respectivement à ce que sont, dans l'aspectualité absolue

du grec,

l'aspect résultatif (cf. ci-dessus

1.2.3.1.1.) et

imperfectif (cf. Intégration... 11.1.1.). Il reste cependant vrai que les catégories latines, et notamment la classe en -sc-, montrent ici

un découpage plus étroit que leurs équivalents en grec et que l'opposition aspectuelle du latin ne s'emploie ainsi - comme il ressort encore de sa constitution lexico-dérivationnelle - qu'en vue d'une tranche sémantique bien limitée du champs d'application beaucoup plus vaste de l'aspectualité grecque.

Pour ce qui concerne par ailleurs la fonctionnalité que montre le suffixe *-sk- en grec, on précisera d'abord que la valeur imperfective de la marque figure ici dans deux catégories différentes. La langue se donne ainsi, d'une part, à l'aide du suffixe -o«- un certain nombre de présents. Ces formes constituent cependant, d'un point de vue aspectuel, un groupe peu

cohérent et ne permettent donc pas d'imputer à leur suffixation une valeur aspectuelle particuliere”. Autrement dit, le suffixe -σκ- constitue ici, en tant qu'un simple suffixe de présent, une marque d'imperfectivité parmi d'autres. Le grec emploie, d'autre part, la suffixation en -σκ- dans une catégorie verbale que l'on * Parmi les présents en -ox- du grec homérique, on retient notamment un certain nombre de formes dans lesquelles le suffixe semble servir à dériver un présent à partir d'un lexéme de structure aoristophile (cf. Integration... Π.1. p. 163 ). C'est là le type « aoriste (non-caractérisé) óávov « je mourus » — présent (caractérisé) θνήσκω » (cf. ci-dessus p. 95 sq.) à l'intérieur duquel la suffixation en -ox- ne se laisse donc pas interpréter comme la marque d'une structure expressément itérative ou durative. - S'il est vrai qu'un présent tel que γηράσκω « je vieillis » décrit à son tour cette structure homogene évolutive qui est devenue le signifié exclusif du suffixe latin, ceci reste cependant en grec une des diverses réalisations alors occasionnelles de l'aspect imperfectif. On en dira autant de la valeur éventuellement itérative de μίσγω « je mélange » ou encore éventuellement durative de βόσκω « je fais paître ».

99

désigne communément comme «itératif ionien ». Dans cette catégorie, qui sert à donner des itératifs méme à des lexémes de structure « présentophile »”, le suffixe est exploitée avec une fonction purement itérative (cf. Integration... IL.1.1.1.4.5. - Il parait évident que le grec, qui dispose d'une aspectualité de type absolu, n'a pas besoin d'exprimer à l'aide du suffixe une structure aspectuelle qui manquerait autrement en lui d'un signifiant. On observe ainsi que cette langue se sert de la suffixation en -ok- pour perfectionner une catégorie qu'elle possède déjà. Il importera encore de noter que le suffixe -ox- du grec ne peut subir une polarisation du type de celle que subit son équivalent en latin étant donné qu'il n'existe pas, dans cette langue, une catégorie paralléle de présents homogénes non-

évolutifs?",

95 Pour cette terminologie, cf. Intégration... 11.1. p. 163. ** Cf. ci-dessous 1.2.3.2.4. 7?! On se souviendra que la catégorie homogène non-évolutive du grec constitue un aspect à son propre titre et que le suffixe -n- qui correspond ici d'un point de vue étymologique se trouve dans cette langue exploité à l'aoriste (cf. ci-

desssus 1.2.3.1.1.).

100

Appendice 3 : Présents suffixés en -sc3.1. Présents suffixés en -sc- dépourvus de formation parallele (12x) : 3.1.1. Présents suffixés en -sc- à valeur évolutive (10x) : 3.1.1.1. Flexion active (8x) :

(- -cresco

je grandis)

cf. Keller 160)

(1992:

153-

formes à préverbe : AC-CIESCO je vais en m’accroissant : Cu 219 : Valetudo decrescit, ad-crescit labor. « Je sens mes forces décroître et s’accroitre mon mal. » (lit: « Ma force décroit et mon mal s'accroit.») (fonction du préverbe ?)

de-cresco je décrois : Cu 219 : Valetudo de-crescit, adcrescit labor. « Je sens mes forces décroître et s’accroitre mon mal. » (lit.:

- disco

« Ma force décroit et mon mal s'accroit. »)

j'apprends :

cf.

; Am

315

Keller

(1992:

109-

116)

: ferire malam male discit manus.

« Ma main apprend

bien mal à

démolir une mâchoire. » etc.

formes à préverbe : de-disco je désapprends : Am 688 : Qui quod didicit id de-discit. « C'est mal de désapprendre ce qu'on a appris. » (lit.: Celui qui a appris quelque chose le désapprend. ») e-disco j'apprends par cœur/ jusqu’au bout : Au 599 : Erile imperium e-discat « Qu'il apprenne à connaître les ordres de son maître » per-disco j'apprends à fond : Tru 22/3 : Non omnis aetas ad per-discendum sat est/amanti, dum id per-discat

quot pereat modis « Non, toute une vie d'apprentissage ne suffit pas à un amant pour apprendre à fond tous les moyens qu'il a de se ruiner. »

- glisco

je grandis :

cf. Keller 107)

(1992:

103-

Cap 558 : gliscit rabies ; cave tibi. « sa rage augmente. Prends garde à toi. »

etc. formes à préverbe : con-glisco je m'accrois : Tri 678 : Ne scintillam quidem relinques, genus qui con-gliscat tuum. « tu ne laisseras méme pas subsister une étincelle qui permette à ta famille de briller d'un nouvel éclat (lit.: de s’accroître). » (préverbe intensifiant) cf. Keller (7-30) j'apprends à connaître : - n0SCO

101

Am Arg II 9 : Omnem rem noscunt « Toute l'affaire finit par s'éclaircir » (lit.: « Ils apprennent à tout connaître »)

etc. formes à préverbe : ag-n08CO je reconnais : Poe Arg 8 : Suasque ad-gnoscit quas perdiderat filias. « ... et reconnaître ses deux filles qu'il avait perdues. » (fonction du préverbe 7)

etc. formation en -ba- : Ep 597 : quibus de signis ag-noscebas ? « à quels signes l'avais-tu reconnue

(lit.: tu la reconnaissais) ? » (fonction du préverbe ?)(cf. appendice 1.2.1.) je reconnais :

COg-DOSCO

Ci 179 : et eam cog-noscit esse quam compresserat. « ... et (il) reconnaîtsa victime d'autrefois. » (préverbe intensifiant) etc. ig-nosco je pardonne (je méconnais) : Mo 840 : Age, iam mitto ; ig-nosco « Allons, n'en parlons plus, je ne t'en veux pas »

etc. - pasco je nourris : cf. Keller (1992: 31-43) Mer 59 : convivium tot me annos iam se pascere. « ... et que depuis trop longtemps il me nourrissait à son foyer »

etc. - quiesco je me calme : cf. Keller (131-139) Mi 214 : Numquam hodie quiescet prius quam id quod petit perfecerit. « Il n'aura pas de cesse aujourd'hui, qu'il n'ait mis son projet sur pied. » etc.

formes à préverbe : ac-quiesco je me calme : Ep 204 : Immo ad-quiesce. « Oh ! Repose-toi. » (fonction du préverbe ?) etc.

con-quiesco

je me calme :

Ps 123 : De istac re in oculum utrumuis con-quiescito. « Pour ce qui est de ton affaire, tu peux dormir sur tes deux yeux. » (préverbe intensifiant) etc.

re-quiesco je retrouve le calme : Ep 205 : Clementer re-quiesce. « Reprends ton souffle. »

% Dans la mesure où il existe ici un correspondant grec γιγνώσκω qui s'avére dérivé d'un aoriste ἐγνων, le présent nosco semble, à son niveau chronologique, représenter le type dérivationnel de pro-ficiscor (cf. ci-dessus p. 95 sq.).

102

(- -quinisco

je m'accroupis)

cf.

Keller

(1992:

267-

72)

préverbe : à mes for

con-quinisco je m'accroupis: Ci 657 : con-quiniscam ad cistulam. « et tendons m'accroupirai) pour la ramasser. » (préverbe intensifiant)

la

croupe

(lit.:

je

etc.

(- -suesco

je m'habitue)

cf.

Keller

(1992:

141-

152) formes à préverbe : as-suesco

je m'habitue (à) :

As 218 : Aves ad-suescunt. « Peu à peu les oiseaux s'habituent » (fonction du préverbe ?) con-suesco je m'habitue (je me familiarise avec) :

As 222 : Bene salutando con-suescunt, compellando blanditer « On les apprivoise (lit: ils s'habituent) avec des bonjours aimables, des paroles caressantes... » (fonction du préverbe 7)

3.1.1.2. Flexion en -r (2x) :

(- -miniscor

j'invente/je me souviens)

formes à préverbe : com-miniscor

j'invente (je compose)/je

cf. Keller 232)

(1992:

229-

me souviens :

Tri 515/6 : Plane periimus,/nisi quid ego com-miniscor. bien perdus, si je n'invente quelque chose. »

« Nous sommes bel et

etc.

Te-com-miniscor

je me ressouviens :

Tri 915 : Litteris re-com-miniscar « Les lettres vont m'aider à m'en souvenir.» (lit.: « A l'aide des lettres je me ressouviendrai. »)

(- -pergiscor formes à préverbe : ex-pergiscor

je me réveille) je me réveille (je sors du

cf. Keller (1980)

sommeil) :

Poe 321 : Prius quam Venus ex-pergiscatur léve » etc.

103

« Avant même que Vénus ne se

3.1.2. Présents suffixés en -sc- à valeur non-évolutive (2x) : 3.1.2.1. Flexion active (1x) : - posco j'exige : cf. Keller (1992: 45-62) As 512 : Lingua poscit, corpus quaerit, animus orat, res monet. «La langue demande ; le corps obtient ; le cœur parle, l'intérét met en garde. » etc.

formation en -ba- :

Tru 506 : Quin ubi natust machacram et clipeum poscebat sibi ? « A peine était-il né qu'il demandait une épée et un bouclier. » (cf. appendice 1.1.1.) formes à préverbe : eXx-posco

j'exige (je fais sortir par mes questions) : Per 495 : Bene dictis tuis bene facta aures meae auxilium ex-poscunt. « Quels bons effets vont appuyer ces bonnes paroles ? Mes oreilles sont curieuses de l’apprendre.

»

3.1.2.2. Flexion en -r (1x) :

- ulciscor

je me venge :

cf.

Keller

(1992:

255-

257) Men 126 : Nam si forat cenat, profecto me, haud uxorem, ulciscitur. « Car s'il dine en ville, ce n'est pas sur sa femme, mais bien sur moi qu'il se venge. »

etc.

3.2. Présents suffixés en -sc- pourvus de formation parallèle (40x) : 3.2.1. Présents suffixés en -sc- à valeur évolutive (34x) : 3.2.1.1. Opposition avec des présents suffixés en -2- (17x) (uniquement

flexion

active) :

(Pour les attestations des présents en -e-, cf. ci-dessus appendice 2.)

(- -acesco

je m'aigris)

formes à préverbe : per-acesco

je m'aigris (d'un bout à l'autre) : Ba 1099 : hoc est quod cor per-acescit « Voilà, voilà ce qui m'est le plus amer (lit.: ce par quoi le caur s'aigrit) » cf. aceo je suis aigre - ardesco je me mets à brüler: Per 801/2 : caput/ne ardescat « que l'incendie ne gagne pas la téte. » (lit.: «que

104

la téte ne se mette pas à brüler. ») cf. ardeo je brüle - aresco je sèche : Ru 575 : dum arescunt mea

formes à préverbe : ex-aresco

« le temps que sèchent les miens (habits) »

je me dessèche :

Ru 578 : ex-arescent faxo « je les ferai sécher (habits). » (it. : «je feraide sorte qu'ils sèchent ») cf. areo je suis sec

- fervesco je me mets à bouillir : Cap 917 : Cocum percontabatur possentne seriae fervescere « Il demandait au cuisinier si les jarres pouvaient aller au feu. » cf. ferveo

je bouillonne

(- -haeresco je m’attache) formes à préverbe : ad-haeresco je m'attache à : Poe 479 : ne ad fundas viscus ad-baeresceret. « Pour que la glu ne collät pas aux frondes.» cf. haereo je suis attaché - horresco je commence à avoir le frisson : Tru 196 : Horresco misera, mentio quotiens fit partionis « Hélas ! j'ai le frisson (lit.: je me mets à avoir le frisson) chaque fois que j'entends parler d'accouchement »

etc. cf. horreo j'ai le frisson - liquesco je fonds : Ba 16/7 : cum liquescunt/petrae, ferrum ubi fit. « quand on fait fondre le minerai de fer (lit.: quand les pierres fondent) dans la forge. »

etc. cf. liqueo (- -lubescit

je suis liquide il commence à faire du plaisir)

formes à préverbe : al-lubescit Mi 1004 pour elle plaire un cf. lubet - lucesco Am 543

il commence à faire du plaisir: : Hercle vero iam ad-lubescit primulum « Par Hercule, je me sens un petit commencement de caprice (lit.: elle commence déjà à me peu) » (fonction du préverbe ?) il fait du plaisir je me mets àbriller : : Eamus, Amphitruo ; lucescit hoc iam. « Allons, Amphitryon ; le

jour paralt. » etc.

105

formes ἃ préverbe : il-lucesco Am

547

: ut mortalis

je me mets à briller sur : il-Jucescat

luce clara et candida

« pour

qu'il

(jour)

répande sur les mortels sa claire et brillante lumière. » cf. luceo je brille - macesco je maigris : Cap 133/4 : Ego, qui tuo maerore maceror,/macesco, consenesco et tabesco miser « Moi, qui me consume de ton chagrin, qui me sens maigrir, languir,

dépérir de misère. » cf. maceo je suis maigre - miseresco je prends pitié : Ep 526 : Siquid est homini miserarium quod miserescat miser ex animo « S'il est une affliction qui puisse affliger une äme humaine, et l'affliger jusqu'au fond... (lit.: dont l'áme humaine prend pitié, affligée jusqu'au fond) » formes à préverbe : me com-miserescit je prends pitié : Ru 1090 : Unum te obsecro, ut ted huius com-miserescat mulieris « Je ne te demande qu'une gráce, c'est d'avoir pitié d'elle » (préverbe intensifiant) cf. me miseret j'ai pitié

(- -putesco

je pourris)

formes à préverbe : ex-putesco je pourris entièrement : Cu 241/2 : Quin tu aliquot dies/perdura, dum intestina ex-putescunt tibi « Hé bien ! prends patience quelques jours, le temps que tes intestins finissent de pourrir. »

cf. puteo (- -silesco

je suis pourri je me tais [je rentre dans l'état du silence])

formes à préverbe : con-silesco

je me tais :

Mi 582/3 : et me occultabo aliquot dies,/dum haec con-silescunt turbae atque

irae leniunt. « et je me cacherai soigneusement pendant quelques jours, le

temps de laisser s'apaiser l'orage et les coléres se calmer. intensifiant)

» (préverbe

cf. sileo je me tis - tabesco je fonds : Cap 133/4 : Ego, qui tuo maerore maceror, macesco,/consenesco et fabesco miser « Moi, qui me consume de ton chagrin, qui me sens maigrir, languir,

dépérir de misere. » etc. formes à préverbe : : con-tabesco je fonds : miserum meum,/quod cor Edepol : Mer 204/5

106

guttatim con-tabescit « Par

Pollux, mon pauvre cœur se fond goutte à goutte » (préverbe intensifiant) cf. tabeo je suis fondu (- -tacesco

je me tais [je rentre dans

l’état du silence]) formes à préverbe : con-ticesco

je me tais :

Mer 271 : sed con-ticiscam; nam eccum it vicinus foras. « Mais taisons-nous;

voici le voisin qui sort de chez lui. » (préverbe intensifiant) etc. cf. taceo je me tais (- me -taedescit

je commence à éprouver

du dégoût) formes à préverbe : me ob-taedescit

je commence à éprouver un dégoût (qui me repousse) :

St 735 : Ohe, iam satis ; assez maintenant. Je ne maintenant. » (fonction du cf. me taedet (- -timesco formes à préverbe : per-timesco

nolo ob-taedescat ; alium ludum nunc volo. « Holà ! veux pas que le public se lasse ; à un autre jeu préverbe ?) j'éprouve du dégoüt je prends peur) je prend peur (de toute ma personne) :

Ps 1289 : num mea gratia per-timescit magis ? « ma présence l'intimide-t-elle tant soit peu ? » (lit.: « est-ce qu'elle s'intimide en raison de ma présence ? ») etc.

cf. timeo

3.2.1.2.

je crains

Opposition

avec

des

présents

autres

que

suffixés

en

-é-

(12x)

(uniquement flexion active) : (- -dormisco

je m'endors)

formes à préverbe : con-dormisco je m'endors : Cu 359/60 : Ille ebibit,/caput deponit, con-dormiscit. « Il l'avale d'un seui coup, penche la téte, s'endort. » (préverbe intensifiant) e-dormisco je dors jusqu'au bout : Am 697 : paulisper mane, dum e-dormiscat unum somnum « Attends un peu, qu'elle ait seulement fini (lit.: qu'elle dorme jusqu'au bout) son somme. » etc.

per-dormisco

je dors d'une seule traite :

107

Men 928 : Per-dormiscin usque ad lucem traite jusqu'au jour ? »*

7 « Est-ce que tu dors tout d'une

etc.

cf. dormio je dors : Mo 372 : Quis istic dormit ? « Qui est-ce qui dort là ? » etc.

- hisco je m'ouvre : Ps 952 : St, tace ; aedes hiscunt. « Chut ! tais-toi ; la maison s'ouvre. » cf. hio je suis ouvert : Mer 182 : Qui potuit videre ? - Oculis. - Quo pacto ? - Hiantibus. « comment a-t-il pu la voir ? - Avec ses yeux. - De quelle facon ? Grands ouverts (lit.: [Les yeux] étant grands ouverts).» - labasco je m'affaiblis :

Ru 1394 : leno labascit « le léno faiblit» formes à préverbe : col-labasco je m'affaiblis : « les amis se mettent à chanceler con-labascunt. amici 5 522 : itidem

»

(préverbe intensifiant) cf. labo

je vacille :

et chancelante, ... » St 521 : sin res laxe labat « est-elle (fortune) faible

(- -manasco

je parviens un petit peu)

formes à préverbe : je parviens un petit peu (jusqu'à) : Tri 155 : neu quoiquam, unde ad cum id posset per-manascere.

per-manasco

« ... ni à

de qui la moindre nouvelle pourrait lui en revenir. » personne

je parviens (jusqu'à) : cf. per-mano Cap 220 : neu per-manet palam haec nostra fallacia. « ... et que rien ne stratagéme. » de notrepire trans

(- -palesco

je vagabonde)

formes à préverbe : di-palesco

je me répands :

Ba 1045/6 : periisse suaviust/quam illud flagitium volgo di-palescere. « il est

moins dur d'en passer par là que de voir ce scandale divulgué partout. » cf. palor

je vagabonde :

Ba 1136 : non vides ut palantes solae liberae grassentur ? « Ne vois-tu pas comme on les laisse vagabonder seules, en liberté (lit.: comme elles s'avancent vagabondant seules et libres) ? »

% On remarquera que la dérivation d'un présent en -sc- à signifié évolutif reste ici étroitement liée à l'emploi du complément usque lucem.

108

(- -pesco

je retiens)

formes à préverbe : com-pesco

je retiens (je tiens

cf. Keller 65)

(1992:

163-

ensemble) :

Ba 463 : Cave malo et com-pesce in illum dicere iniuste. « Prends garde ! ne te permets pas de dire injustement du mal de mon fils. » etc.

cf. parco j'épargne : Mo 104 : sumptum, ope non ram parcunt suam. « on n'y épargne ni son argent ni ses soins. » etc.

(- -plicisco

je trouble)

cf.

(1992:

241-

44)

formes à préverbe : im-plicisco

Keller

je trouble (à l'intérieur) :

Am 729 : Ubi primum tibi sentisti, mulier, im-pliciscier ? « Alcmène, quand as-tu senti les premières atteintes du mal (lit.: que tu étais troublée) ? » cf. im-plico je plie (à l'intérieur) : Ci 729 : Involuolum, quae in pampini folio intorta im-plicat se « La chenille tordeuse, qui s'enroule et s'entortille dans les feuilles du pampre. » (- -prurisco je commence à éprouver une démangeaison)

formes à préverbe : per-prurisco

je commence à éprouver une démangeaison dans l’ensemble de mon corps : St 761 : Ubi per-pruriscamus usque ex unguiculis. « ... qui nous chatouille (lit.: oà nous commengons à éprouver une démangeaison dans l'ensemble de notre corps) depuis le bout des ongles. » cf. prurio j'éprouve une démangeaison :

Ba 1193 : Caput prurit. « La téte me démange. » etc.

(- -sapisco

je commence à être raisonnable)

formes à préverbe : re-sipisco je reprends mes sens : Mi 1334 : dum re-sipiscit « tandis qu'elle reprend ses sens. » cf. sapio j'ai du sens : Am 311 : Proin tu istam cenam largire, si sapis, esurientibus.

« Tu ferais

mieux de servir (lit.: Si tu as du sens, sers) ton repas à des affamés. »

- SCiSCO

j'apprends à connaître :

109

Am

1069 : accurro, ut sciscam qui velit « J'accours pour savoir ce qu'elle

veut» etc.

formes à préverbe : con-scisco Mi 1241 : con-sciscam re-scisco

je décide (j'apprends à connaltre de prés) : letum « je me donnerai la mort » (préverbe intensifiant) j’apprends à connaltre (à nouveau) :

Mo 540

: ne hoc senex re-sciscat. « ... quele vieux ne soit au courant de (lit.:

n'apprenne) rien. » (préverbe intensifiant) etc.

cf. scio je sais : Ep 613/4 : Senserunt, sciunt,/sibi data esse verba. « Ils ont découvert le pot aux roses ; ils savent que je leur en ai conté. » etc. (- -sentisco je commence à sentir) formes à préverbe : per-sentisco

je commence à sentir (à

travers ce queje perçois): Am 527 : Nunc, ne lenio per-sentiscat « Maintenant, pour que l'armée n'ait vent de rien (lit.: n'ait pas de pressentiments)... »

etc. cf. sentio je sens : Poe 153 : Meae istuc scapulae sentiunt. « Mes épaules en savent quelque Chose. »

etc. (- -sudasco formes à préverbe : ad-sudasco

je commence à transpirer) je commence & transpirer (contre) :

Cas 361 : ad-sudascis iam ex metu « Te voilà déjà qui sues de peur » (fonction du préverbe?)

de-sudasco

je me ruineen transpirant :

Ba 66 : ubi damnis de-sudascitur « où l’on verse sa sueur à se ruiner »!9? cf. sudo

je transpire:

As 289 : pro monstro extemplo est, quando qui sudat tremit. « C'est tout de

10 On remarquera que la valeur évolutive du suffixe se greffe dans cette attestation sur le signifié du préverbe.

110

suite mauvais signe quand on tremble et qu'on sue à la fois. » etc.

3.2.1.3. A οδιό d'un parfait plus usuel de structure homogéne non-évolutive (2x) (uniquement flexion en -7) : - irascor

je me mets en colere :

cf. Flobert (1975: 62)

Cu 608 : Enim vero irascor. « Pour le coup, je me fäche ! » etc

cf. parfait iratus sum je suis en colere: Am 392 : Tum Mercurius Sosiae iratus siet. « Que la colère de Mercure retombe sur Sosie ! » (lit.: « Que Mercure soit en colére contre Sosie ! ») etc.

(- -liviscor

j'oublie)

formes à préverbe : ob-liviscor

j'oublie :

cf.

Flobert

(1975:

62),

Keller (1992: 255) Cap 985 : Quia mos est ob-livisci hominibus « Parce que les hommes sont ainsi faits : ils oublient... » (lit.: « Parce que les hommes ont pour coutume d'oublier ») etc.

cf. parfait ob-litus sum — j'ai oublié/je suis dans l'oubli : Tru 736 : Discant, dum mihi commentari liceat, ni ob-litus siem. « Qu'ils les apprennent, pourvu queje puisse repasser ma leçon, au cas où je l'aurais oubliée. » etc.

3.2.1.4. Dérivé d'un nom (3x)(uniquement flexion active) :

(- -crebresco formes à préverbe :

je crois)

in-crebresco

je m'accrois (à l'intérieur) : Mer 838 : Nam ubi mores deteriores in-crebrescunt in dies « Car une cité où la

corruption des mœurs fait des progrès chaque jour, ... » (lit. : « Car là où les

111

mœurs

évoluent

[ἃ l'intérieur]

vers le mal

chaque jour,

... ») (fonction du

préverbe 2)

cf. creber

fréquent

(- -puerasco

je deviens un enfant)

formes à préverbe : re-puerasco je redeviens un enfant : Mer 296 : aiunt solere eum rursum re-puerascere. « et, on retombe cn enfance. » cf. puer (- -senesco

comme disent les gens,

le jeune garcon je vieillis)

formes à préverbe : con-senesco je vieillis : Cap 133/4 : Ego, qui tuo maerore maceror,/macesco, con-senesco et tabesco miser « Moi, qui me consume de ton chagrin, qui me sens maigrir, languir,

dépérir de misere. » (préverbe intensifiant) etc. cf. senex

le vieillard

3.2.2. Présents suffixés en -sc- à valeur non-évolutive (1x)(uniquement flexion en -r) : - fruniscor

je me réjouis :

cf.

Keller

(1992:

272-

277) Ru 1012 : Hinc tu nisi malum frunisci nil potes « Il ne t'en reviendra rien d'autre qu'une raclée » (lit.: « A partir de là, tu ne pourras te réjouir que d'un

mal») cf. fruor je me réjouis: As 917/8 : ... ut sinat/sese alternas cum illo noctes hac frui « ... qu'il accorde à son rival (lit.: de se réjouir) une nuit sur deux de sa maîtresse. »

10! On relève ici, plus que l'introduction du sème positionnel en soi, le fait que celui-ci soit capté par le présent en -scsa valeur statique.

112

auquel il s'oppose pourtant par

3.2.3. Présents suffixés en -sc- à valeur non-imperfective (5x) : 3.2.3.1. A côté d'un parfait plus usuel de structure perfective (5x) : 3.2.3.1.1. Flexion active (3x [Ox]) : (- -apisco (cf. ci-dessous

3.2.3.1.2.) formes à préverbe : ind-ipisco (cf. appendice 12.)

j'atteins)

j'atteins (à l'intérieur) :

Au 774/5 : neque partem tibi/ab eo cuium est ind-ipisces neque furem excipies? « Et tu n'accepteras pas de partager avec celui qui le détient (lit.: Et de cela tu ne saisiras pas ta part), tu ne recèleras pas mon voleur ? » (fonction

du préverbe ?) etc.

cf. parfait ind-eptus sum — j'ai atteint : Ep 449-51 : Nempe quem in adulescentia/memorant apud reges armis, arte duellica/divitias magnas ind-eptum ? « C'est bien toi qui as été au service des rois dans ta jeunesse, et qui, à ce qu'on dit, as gagné par tes armes et ta valeur guerriére une grande fortune ? » etc.

(- -ficisco (cf. ci-dessous

je me mets en route)

3.2.3.1.2.) formes à préverbe : pro-ficisco (cf. appendice 12.) Mi 1329 : Obsecro, licet permets-tu de t'embrasser cf. parfait pro-fectus

sum

je me mets en route : complecti prius quam pro-ficisco ? « Je t'en prie, me avant de partir ? » je me suis mis en route:

Am 733/4 : ut cum exercitu/hinc pro-fectus sum ad Teloboas hostis eosque ut vicimus. « ... depuis mon départ (lit.: depuis que je suis parti) pour la guerre, et depuis la victoire qu'avec mon armée j'ai remportée sur les Téléboens. » etc.

pacisco

je fais un traité :

(cf. ci-dessous

3.2.3.1.2.) (cf. appendice 12.)

Ba 871 : Pacisce quid vis. « transige au prix que tu veux. » cf. parfait pactus sum j'ai fait un traité : Ps Arg 19 : Senexque argentum quod erat pactus reddidit. « et le vieillard paie la somme pour laquelle il s'était engagé. »

113

3.2.3.1.2. Flexion en -r (5x) :

- apiscor

cf. Keller (1992: 219223), Fiobert (1975: 60)

j'atteins :

Ep 668 : modo sine me hominem apisci. « laisse-moi seulement le rejoindre. » etc.

cf. parfait aptus sum j’ai atteint : Cap 715 : Sine sacris hereditatem sum aptus effertissimam. « J'ai recueilli le plus opulent des béritages sans les charges du culte ! » etc.

formes à préverbe :

nsà): cf. Flobert (1975: 349) (je parviens j’attei ad-ipiscor S 281 : Nunc tibi potestas ad-ipicendist gloriam, laudem, decus « il est pouvoir d'acquérir gloire, louange, honneur » (fonctiondu en ton hui aujourd'

préverbe?) etc

cf. parfait ad-eptus sum — j'ai atteint : Cap 780 : Speroque me ob hunc nuntium aeternum ad-cpturum cibum. « et j'espère bien qu'elle me vaudra (lit.: que j’atteindrai) la table assurée pour l'éternité de mes jours. »

ind-ipiscor

j’atteins (à l'intérieur) : « que de douleur ces

Tri 22A : multum in cogitando dolorem ind-ipiscor.

réflexions m'inspirent ! » (lit.: « réfléchissant j’atteins une grande douleur!») (fonction du préverbe ?) etc.

cf. parfait ind-eptus sum — j'ai atteint

j’atteins à nouveau : red-ipiscor Tri 1022 : Inter eosne homines condalium te red-ipisci postulas ? « Et c'est parmi cette bande que tu voudrais retrouver ton anneau... » (- -ficiscor

je me mets en route)

cf.

Keller

(1992:

212-

213), Flobert (1975: 63)

formes à préverbe : je me mets en route : pro-ficiscor Mer 939 : Porro pro-ficiscor quaesitum. « Je pars, recherches. »

je continue mes

etc. cf. parfait pro-fectus

je me suis mis en route

sum

cf. Flobert (1975: 62) je nais : - nascor Am 481/2 : Alter decumo post mense nascetur puer/quam seminatust, alter mense septumo. « ils naîtront, l'un dix mois, l'autre sept, aprés avoir été congus.»

cf. parfait natus sum

né : je suis

114

St 156 : Nam postquam patus sum,

... « car, depuis ma naissance, ... »

etc.

- nanciscor

j'atteins :

cf. Flobert (1975: 62)

Men 419 : si possum hospitium pancisci. « et je me ferai héberger à ce prix. » (lit.: « si je peux atteindre l'hospitalité. ») etc.

cf. parfait nactus sum j'ai atteint : As 228 : mercedem si eris nactus « quand tu auras trouvé de quoi payer les legons. »

etc. - paciscor

je fais un traité :

cf. Keller (1992: 233237), Flobert (1975: 62), Sommer (1948?^: 501) Ba 865 : Pacisci cum illo paulula pecunia potes. « Peut-étre pourrais-tu transiger avec lui pour un peu d'argent. » etc.

cf. parfait pactus sum

j'ai fait un traité

115

1.2.3.1.3. Les formations en -é- et -sc-, leurs parfaits et la préverbation Le latin applique la suffixation nettement sémantisée en

-&- et en -sc- uniquement au niveau du présent'?, Tant que les lexémes ici concernés se conjugent au parfait, ils se voient régulièrement attribuer des formations en -u-'®. On aboutit ainsi à un

parallélisme

entre

les

deux

schémas

paradigmatiques

que

sont: As 201 : Si aes habent, dant mercedem.

« ils ne lächent

leur marchandise que s'ils tiennent de l'argent. »/ Ep 355 : atque hanc habui orationem. « ... A force d'éloquence, ... » (lit.: « J'ai tenu ce discours ») etc. et :

Cap 133/4 : Ego, qui tuo maerore maceror,/macesco, con-senesco et tabesco miser « Moi, qui me consume de ton chagrin, qui me sens maigrir, languir, dépérir de misère.

»/

St 216 : Prae maerore adeo miser atque aegritudine consenui « Aussi, ai-je vieilli, hélas ! de chagrin et de

tristesse » etc.'* V? Cf. ci-dessus 1.2.3.1.1. et 1.2.3.1.2. - Cette facon de restreindre des catégories de type imperfectif à la tempo-aspectualité du présent constitue

encore un vestige de l'aspectualité absolue dont le latin ne dispose plus (cf. cidessus

1.2.1.).

C'est



l'exemple

d'un

cas



des

structures

initialement

conditionnées subsistent, à elles seules, dans la langue à une époque oü leurs causes ont disparu. On voit, ici encore, se perpétuer au-delà des besoins de la communication un des mécanismes fondamentaux du langage, et qu'est celui du

18 Tel est le type de parfait qui devient, dans une couche plus récente de la langue, le plus productif et qui sert ainsi à donner des formes de cette catégorie à des lexémes verbaux qui n'en possédaient pas auparavant (cf. par

exemple Monteil 1986: 312.). 1% Voir indications complètes appendice 4.

117

Il s'est cependant révélé que la langue développe ici un processus dérivationnel

ultérieur

pour

différencier,

le

cas

échéant,

la

structure aspectuelle de tels parfaits en -u- qui appartiennent à des bases lexicales communes aux deux types de présent (cf. cidessus 1.2.3.1.2. p. 91). Ceci dit, elle oppose dans ces conditions à un simple à valeur non-évolutive tel que : Am 922 : Ego illum scio quam doluerit cordi meo. « Je sais bien pourtant combien mon cœur en a souffert (lit.: combien ceci a été douloureux dans mon, cœur). »

un composé à valeur évolutive tel que : Tru 632 : nam mihi de vento misere con-doluit caput. «l'air m'a donné un affreux mal de tête. » (lit.: « car, en raison du vent la téte a commencé à me faire

affreusement mal. »)!05.105 La fonction aspectuelle qu'accomplit guére étonner. Dans la mesure oü les constituent des relateurs, ils tendent valeur directionnelle et, avec cela,

perfective

ou, du moins,

ici la préverbation ne saura éléments de cette catégorie en effet à introduire une une structure hétérogène-

évolutive”.

I| reste cependant

à

déterminer à quel point la préverbation constitue encore dans ces formes un élément sémantisé ou, au contraire, déjà une marque grammaticale. Dans le corpus plautinien, la quasitotalité des exemples de ce type? permet de justifier l'emploi du préverbe d'un point de vue sémantique. A ceci correspond encore le fait que l'on trouve,

5 Voir indications complètes appendice 4.3. 1% Cf. par exemple Hocquard (1981: 349 sqq.) etc. 10 Pour le rapport entre ces trois qualités aspectuelles, cf. ci-dessus

1.1. p. 20 sq.

106 Cf. ci-dessous note 112. 118

dans ces occurrences, un grand nombre de préverbes différents. C'est là par exemple le cas de : Mi 641 : nequedum ex-arui ex amoenis rebus et voluptariis. « et je ne suis pas encore desséché au point d'avoir renoncé à toutes les joies et à tous les plaisirs. » à cóté de : St 236 : Ad-haesit homini ad infimum ventrem fames. « La faim s'est attachée à lui jusqu'au fond de son ventre. » ou encore de :

Am 321 : Ei, numnam ego ob-olui ? « Hélas ! aurais-je

laissé échapper une odeur (lit.: en face d'autrui) ? »!'? On s’apergoit en effet que le locuteur emploie ici le préverbe pour décrire une directionnalité concréte, et que c'est alors cette directionnalité qui améne avec elle le passage à la structure évolutive. Autrement dit, une forme telle que ci-dessus ex-arui «je me suis desséché » est à comprendre dans le sens de « j'ai été

dans

une

situation

de

sécheresse!!!"

et ceci

en

allant

vers

l'extérieur/jusqu'au bout ». Toujours est-il que la préverbation de ces parfaits subit certaines contraintes. Ainsi, son emploi doit rester exclu des parfaits à signifié non-évolutif ce qui signifie, dans la perspective du préverbe, que celui-ci ne peut recevoir dans ce méme cadre une réalisation autre que directionnelle. Or,

1® A savoir : 1x ad-, 3x con-, 2x de-, 4x e(x)-, 1x in-, 4x o(b)-, 1x per-. Voir indications completes appendice 4.3.

110 Voir indications complètes appendice 4.3. !] On présume qu'un simple du type de arui décrit au départ une situation à structure indéterminée (« étre/devenir sec ») et qu'il regoit alors son sens non-évolutif « étre sec » dans la mesure oü c'est celui-ci qui s'impose ici le

plus (cf. ci-dessus note 73). - Il va sans dire que la dérivation des composés à signifié évolutif contribue à son tour à bloquer le simple sur ce méme signifié.

119

comme en témoignent les présents en -€- (cf. ci-dessous), la réalisation statique du préverbe constitue une configuration a priori possible. - La contrainte essentielle consiste cependant ici dans le fait que la description d'une situation à signifié évolutif oblige le locuteur à dégager, dans celle-ci, une composante directionnelle qui puisse alors fonctionner comme le support de cette structure (cf. encore ci-dessous p.

124). Car,

s'il est vrai

que l'impact aspectuel de la préverbation - qui constitue au départ

un effet secondaire - permet encore dans toutes ses occurrences de retracer son fonctionnement authentique, il n'en paraít pas moins évident que la langue s'est mise ici à rechercher ce méme

effet à dessein (cf. ci-dessous « Excursus » 2)!?. A partir de ces données, on est amené à analyser les rapports qui existent entre ce méme phenomene de |a préverbation et les classes de présent en -£- et en -sc-. Or, au niveau du présent, la préverbation ne se voit pas attribuer la fonction de marquer la structure évolutive, laquelle fonction se trouve ici déjà accomplie par la suffixation. Ainsi, aussi bien les non-évolutifs en -Z- que les évolutifs en -sc- peuvent, sans pour autant modifier leur valeur respective, ou bien recevoir un préverbe ou bien en rester dépourvus.

Il n'en est cependant pas

moins vrai que les deux types de présent se distinguent ici entre eux, et ce méme d'un double point de vue. Il s'agit, premiérement, d'une différence d'ordre quantitatif. Car tout en étant permise aux deux types, la préverbation ne caractérise, en

face de 75% des présents -sc!?-, les présents en -&- que dans 35%'* des cas. Or, d’après les données d'autres catégories verbales c'est ici le taux de la classe en -sc-, et non celui de la

ἘΣ Ce même mécanisme semble transparaître dans l'emploi du parfait préverbé ob-dormivi (voir appendice 4.4.).

13 Soit 25% de formes qui disposent, en parallèle, d'un simple et 50% à préverbation exclusive. Voir indications complétes appendice 3.

"4 Soit 30% de formes qui disposent, en paralléle, d'un simple et 5% à préverbation exclusive. Voir indications complétes appendice 2.

120

classe en -é-, qui diffère de la moyenne!P.

Ceci revient à

constater que les présents en -sc-, qui sont de type évolutif, montrent à leur tour cette affinité avec la préverbation qui

constitue au parfait la base d'un rapport dorénavant exclusif'!5. - Le fait que la forte préverbation de la classe en -sc- soit en effet due à sa valeur évolutive se trouve encore confirmé par les données internes de cette catégorie. Car, en dehors du créneau ici largement prépondérant des présents à signifié évolutif, les quelques dérivés en -sc- qui restent dépourvus de cette structure

(cf. ci-dessus 1.2.3.1.2.) ne s'avérent guére plus ouverts à la préverbation que les membres de n'importe quelle autre classe

verbale!". - On observe, deuxiémement, entre la préverbation des présents en -ὅ- et en -sc- une différence qualitative. Cela dit, le préverbe se réalise, dans les deux cas, en fonction de la structure 5 On retient pour des catégories telles que les présents en -ita- et en -ta-, ou encore les lexémes monodiathétiques en -r :

présents en -ita- : présents en -fa-:

simples :

simples/préverbés : préverbés :

70% 80%

20% -

10% 20%

55%

30%

15%

lexémes monodiathétiques

en-r:

Voir indications appendices 5., 6. et 8.

"6 Cf. encore ci-dessous p. 124. 7 On retient pour les trois types différenciés ci-dessus 1.2.3.1.2. : simples :

simples/préverbés : préverbés :

20%

204

6096

imperfective :

50%

25%

25%

présents en -sc- à valeur nonimperfective :

60%

20%

20%

présents en -sc- à valeur évolutive : présents en -sc- à valeur

Voir indications appendice 3.1., 3.2. et 3.3.

121

aspectuelle du présent auquel il s'attache. Ainsi, la préverbation d'un présent non-évolutif en -e- doit signifier une relation statique et, en face de cela, la préverbation d'un présent évolutif en -scun mouvement graduel. Soit ainsi par exemple le préverbe e(x)«à/ vers l'extérieur » dans : Tru

200

: Nam

equidem

illic

uterum,

quod

sciam,

nunquam ex-umere sensi. « Car en vérité, je ne me suis jamais apergu que sa taille se füt arrondie (lit.: ait été enflée vers l'extérieur), que je sache. »

en face de : Cu 241/2 : Quin tu aliquot dies/perdura, dum intestina ex-putescunt tibi « Hé bien ! prends patience quelques jours, le temps que tes intestins finissent de pourrir (lit.: pourrissent jusqu'au bout). » ou bien le préverbe ad- « à cóté/vers » dans : As 211/2 : usque ad-haerebatis; quod ego iusseram, quod volueram, /faciebatis « Vous me suiviez comme mon ombre (lit.: A tel point vous restiez à côté). Tout ce que je commandais, ce que je voulais, vous le faisiez » en face de : Cu 219 : Valetudo decrescit, ad-crescit labor. « Je sens mes forces décroître et s’accroître mon mal (lit.: « Ma

force décroit et mon mal s’accroît. »)'"? etc.

On remarquera ainsi que la catégorie du préverbe peut en quelque

sorte - tout comme le verbe!'? - avoir des aspects, mais qu'il n'en

118 Voir indications appendices 2. et 3. 119 Il est vrai que des catégories de signifiés comparables peuvent recevoir, à travers les langues, des types de signifiants différents. En ce qui

concerne ici la correspondance entre le verbe et le préverbe/la préposition en

122

ressort pas moins des données

indiquées ci-dessus que c'est la

réalisation évolutive qui s'impose,

dans le cadre du préverbe

latin, en tant que la plus naturelle!!! Il ressort de ce qui précéde que le rapport entre préverbation et structure aspectuelle qui s'observe au parfait, existe comme tel également au niveau du présent, mais ceci sous une forme alors non grammaticalisée

- ou, autrement dit, sous

une forme qui permet encore la sélection indépendante des deux éléments ici impliqués'?. Pourtant, il semble que le présent particulier, on se rapportera encore à des données concrètes telles que celles que propose Hagège (1975) au sujet du chinois.

120 Dans la mesure oü le latin reste exempt de lexémes perfectifs (cf. ci-dessus 1.2.1. p. 33), ses préverbes doivent, à leur tour, ignorer une réalisation de ce type. Ceci explique que c'est alors la structure évolutive - et ainsi en quelque sorte un seuil sémantique/une perfectivité étalée (cf. ci-dessus 1.2. p. 20) - qui constitue, dans cette langue, à elle seule le domaine privilégié de la préverbation. 12! ἢ n’est pas exclu que cette prédisposition du préverbe latin à se réaliser sous une forme dynamique soit à mettre en rapport avec la constitution que posséde le latin en tant que langue à orientation agentive (cf. ci-dessous note

196). 122 Ceci vaut également pour les parfaits qui correspondent,

sans

ambiguïté, soit seulement à un présent en -e-, soit seulement à un présent en -sc-. On renvoie ainsi, d'un point de vue quantitatif, à la répartition suivante :

parfaits de présents en - : parfaits de

présents en-sc-:

simples :

simples/préverbés : préverbés :

70%

30%

-

20%

50%

30%

et, d’un point de vue qualitatif, à la réalisation respective des préverbes dans des attestations telles que :

123

comporte, à parfait On préverbation premier est directionnel qui amène composante

son tour, les amorces d'un systéme tel qu'il existe au attirera l'attention, dans ce contexte de la conditionnée, sur deux emplois particuliers. Le celui des préverbes dont le signifié positionnel ou apparaît dans la situation comme peu constitutif et ainsi à se demander à quel titre cette méme s'y trouve aprés tout intégrée. Or, un tel emploi de la

préverbation peut revenir à un présent en -2-, mais reste dans

cette catégorie, oü il ne concerne que 5% des formes attestées, un phénoméne plutót marginal. Il s'observe cependant avec une certaine régularité dans la catégorie des présents en -sc- dont il

caractérise en effet un taux de 20%. - Il importe de signaler que l'on retient, à ce niveau,

méme

dans la seule perspective des

formes à préverbe un pourcentage plus élevé de présents en -sc(25%) que de présents en -e- (12%). Ceci suggére donc que le

décalage entre les deux types représente ici plus qu'une simple projection des rapports constatés ci-dessus sur une zone oü la préverbation se met à gagner du terrain, lequel processus correspond dans la langue sans aucun doute à une tendance générale. - On reléve ainsi, en face de quelques présents isolés en -e- du type de: Mer 415 : ut matrem ad-decet familias « comme d'en avoir à une mére de famille »

il sied

un bon nombre de présents en -sc- du type de :

Men 1072 : huic etiam ex-hibui negotium. « et je l'ai fait bien enrager

aussi. » (lit.: « je lui ai montré [tenu à l'extérieur] l'affaire ».) en face de : Per 174 : quom interim tu meum ingenium fans atque infans nondum etiam e-didicisti « et pendant tout ce temps, grande ou petite, tu n'as pas encore appris à me connaitre (jusqu'au bout). » Voir indications appendice 4.1. et 4.2.

124

Poe Arg 8 : Suasque ad-gnoscit quas perdiderat filias.

«... et reconnaître ses deux filles qu'il avait perdues. »!? Le deuxiéme type d'emploi est celui qui confere au préverbe une valeur intensifiante. On remarquera que les préverbes que l'on

reléve dans cette rubrique puisent une telle valeur intensifiante dans

une

abstraction

de

leur

disposition

plurielle,

ou

méme

expressément répétitive. Tel est en effet le cas, d'une part, de con- « avec » - qui s'avére ici de loin le plus fréquent - et, d'autre

part,

de re- «à

nouveau».

Il importe

de

remarquer

que

la

préverbation ne regoit plus, dans ces passages, le sens positionnel ou directionnel qui lui revient au départ. Pourtant on trouve à ce niveau, à nouveau, un taux plus élevé de formes en -sc- qu'en -é-

(soit 10% vs. 25% de la catégorie respective). Le corpus plautinien donne ainsi, en dehors de certains présents en -é- du type de : Per

88

: Bene

(baguenaudes)

ut

in

chauffent

scutris bien

(lit.:

con-caleant soient

bien

«

qu'ils chauds)

dans les bassines »

de plus nombreux exemples de présents en -sc- du type de : Mi 582/3 : et me occultabo aliquot dies,/dum haec con-

silescunt turbae atque irae leniunt. « et je me cacherai soigneusement pendant quelques jours, le temps de laisser

s'apaiser l’orage et les colères se calmer. »"?*!2 3 Voir indications appendices 2. et 3. On remarquera d'ailleurs que les attestations que l'on range dans cette rubrique constituent, pour la plupart, des emplois du préverbe ad « à côté/vers » qui décrit en effet un positionnement/ une directionnalité peu déterminée.

"^ Voir indications appendices 2. et 3. 125 Dans la mesure oü les deux types de présent s'appliquent à un méme créneau sémantique (cf. ci-dessus note 73), il ne parait guére probable que ce soit le séme de l'intensité comme tel qui s'impose plus facilement aux présents en -sc- qu'à ceux en -€-. On relève en effet dans un certain nombre

125

Il semble ressortir de ces différentes données que la classe en -sctend d'une facon particuliérement marquée à élargir son emploi de la préverbation, et ce méme en debors du lien qu'elle contracte au départ avec celle-ci en raison de sa valeur aspectuelle. On a en effet l'impression que les présents en -sc- subissent ici le début d'une évolution au cours de laquelle la préverbation deviendra une des qualités fixes de la catégorie. Au cas oà une telle interprétation des faits s'avérerait correcte, ceci reviendrait à constater que la langue se met à établir au présent les mémes structures que celles qui existent au parfait. Il ne ferait alors, dans ces circonstances, pas de doute que ces structures du parfait exercent ici une certaine pression et que cette méme pression s'ajoute à celle qu'exerce, à son tour, la forte préverbation dont

la classe en -sc- dispose déjà. La comparaison avec le grec appelle ici les remarques suivantes :

d'attestations,

à côté d'un présent en -#-, une autre expression de ce méme

Per 626 : nimis pavebam qu'elle ne brónchát. » (adverbe)

ne peccaret « J'avais une peur affreuse

Cap 278 : Quod genus illi est unum pollens atque honoratissumum. «... la plus puissante et la plus comparaison.» (adjectif pronominal, superlatif)

distinguée

(famille)

du

pays,

sans

Am 335 : Timeo, totus torpeo. « J'ai peur ; je suis tout paralysé. » (adjectif pronominal) Ba 1081 : Neque placitant mores quibus video volgo in gnatos esse parentes. « Je n'approuve pas la conduite que je vois la plupart des parents tenir envers leurs fils. » (formation d'intensif) etc.

126

Il est tout d'abord évident que le grec, qui dispose d'un systéme d'aspectualité absolue, n'a pas besoin d'exploiter la préverbation au niveau de son impact aspectuel. Ce phénoméne, qui ne posséde ici ni la méme importance ni la méme expansion qu'en

latin (cf. ci-dessous 4. p. 376)"5,

n'a pas été intégré dans

l'analyse du grec. Tout porte cependant à croire que les rapports entre préverbation et aspect obéissent dans cette langue aux

mémes principes qu'en latin, et qu'une situation verbale dont la description implique une forme à préverbe est donc telle qu'elle

tend à motiver le choix de l'aspect perfectif'””. 126 [| reste cependant à préciser que le grec homérique confond encore dans une large mesure la catégorie du préverbe avec celle de l'adverbe (cf. Intégration... note 48), et que les données des deux langues ne se situent donc ici

pas entièrement sur le méme plan.

1 On illustrera cette tendance par des exemples tels que : 081/2 : τότε

γάρ

pa

κυλίνδετο

πήματος

ἀρχή τρωσί

Te

kal

Δαναοῖσι Διὸς μεγάλου διὰ βουλάς. « au temps oü les conseils du grand Zeus allaient entrainer dans les maux Troyens et Danaens. » (lit.: « quand, selon les conseils du grand Zeus, le début du mal roulait vers les Troyens et les Danaens.») (simple : aspect imperfectif) vS.:

242 : αὐτὸς δ᾽ ἐκ δίφροιο παρὰ τροχὸν ἐξ-εκυλίςθη « tandis que l'homme, lui, roule à bas de son char, à cóté d'une roue » (forme à préverbe : aspect perfectif)

A431/2

: ἀμφὶ

δὲ

πᾶσι τεύχεα

ποικίλ᾽

ἔλαμπε

« Sur

tous

étincellent (lit.: étincellaient) les armes scintillantes » etc. (simple : aspect imperfectif) vs.

:

P649/50

:

αὐτίκα

ὀμίχλην, ἠέλιος δ᾽

δ᾽

ἠέρα

ἐπέλαμψε,

μὲν μάχη

σκέδασεν δ᾽

disperse (lit.: dispersa) aussitót la brume,

ἐπὶ

πᾶσα

καὶ

ἀπῶσεν

φαάνθη᾽

« il

il écarte (lit.: écarta) le

brouillard ; Je soleil se met (lit.: se mit) à luire, la bataille toute entiére

se révèle (lit.: se révéla). » (forme à préverbe : aspect perfectif) Cf. Intégration... note 113.

127

Appendice 4 : Parfaits appartenant à des présents suffixés en -e- εἰ -sc4.1. Parfaits appartenant à des présents suffixés en -e- : (Pour les parfaits appartenant à des presents suffixés en -2- et à alternance diathétique, cf. ci-dessous appendice 18.) - carui cf. careo je manque de simple : Cu 17 : caruitne febris te heri vel nudiustertius ? « Tu n'as pas eu la fièvre hier ou avant-hier ? » etc.

- decuit cf. decet

il convient

simple :

As 577 : Ut meque teque maxime atque ingenio nostro decuit. « Tu l'as fait de la manière la plus digne et de toi, et de moi, et de notre génie naturel (lit.: comme il a été convenable pour moi et toi et notre génie naturel). » etc.

- habui cf. habeo

j'ai

simple : Ep 355 : atque hanc habui orationem. « ... A force d'éloquence, ... » (lit.: «et j'ai tenu ce discours ») formes à préverbe :

ad-hibui cf. ad-hibeo j'applique Poe 1317 : Quor non ad-hibuisti, dum istaec loquere, tympanum ? « Pourquoi n'as-tu pas pris un tambourin pour accompagner ton couplet? »

de-bui cf. de-beo

je dois

Ba 231 : quos hospes de-buit nostro seni. « ... que notre hóte de là-bas devait à mon vieux maítre. » etc.

ex-hibui cf. ex-hibeo

je présente

Men 1072 : huic etiam ex-hibui negotium. « et je l'ai fait bien enrager aussi. » (lit.: « je lui ai montré l'affaire ».) etc.

- jacui cf. iaceo simple :

je suis couché

Cas 242 : ubi in lustra jacuisti ? « Dans quels bouges t'es tu vautré ? » etc.

129

- mansi cf. maneo je reste simple: Mer 686 : Nimium scis sapere, ruri quae non manseris « Tu as eu joliment bon nez, de ne pas être resté à la campagne. »

cf. oportet simple: Am 739/40

oportuit.

il convient : te prodigiali Iovi/aut mola salsa hodie aut ture comprecatam

« Tu aurais dû (lit: II t'aurait fallu) prier Jupiter le dieu des

prodiges, et lui offrir la farine salée ou l'encens. » etc.

- pependi cf. pendeo je suis suspendu simple : Am 280 : verberatus quam pependi perpetem je suis resté suspendu au poteau » - prandi

« ... où après avoir été bâtonné,

.

f. prandeo simple :

je déjeüne

Ps 664 : Quin ubi prandero, dabo operam somno. « lorsque j'aurai déjeüné, je m'occuperai de dormir. » etc.

- risi cf. rideo simple:

je ris

St 243 : Eu ecastor risj te hodie multum. « Ah ! par Castor, tu m'as fait bien rire (lit.: j'ai beaucoup ri de toi) aujourd'hui. » etc.

formes à préverbe :

de-risi cf. de-rideo

je me moque

Cu 555/6 : quid refert me fecisse regibus/ut mi oboedirent, si hic me hodie umbraticus de-riserit ? « Faut-il avoir courbé des rois sous mon obéissance, pour qu'un méchant boutiquier (lit. : si celui-ci), nourri dans l'ombre de son échoppe, se moque ainsi (lit. : se sera ainsi moqué) de moi ? »

- sedi cf. sedeo je suis assis simple: Am 599 : dum apud hostis sedimus « tandis que nous séjournions chez l'ennemi» etc.

130

- tenui cf. teneo simple :

je tiens

Ci 675 : in manibus tenyi « Je la tenais (maitresse) dans mes mains

»

etc.

formes à préverbe : abs-tinui cf. abs-tineo je m’abstiens Mi 1309 : si abs-tinuissem amorem « Si j'avais su me garder de l'amour » etc.

at-tinui cf. at-tineo je tiens Men 589 : ita med at-tinuit, ita detinuit « tant qu'il m'a tenu, retenu et détenu.» etc.

- valui

cf. valeo

je suis en bon état physique

simple :

Ep 17 : perpetuen yaluisti ? « Et cette santé, s'est-elle maintenue ? » (lit.: « Astu continuellement été en bonne santé ? ») etc.

4.2. Parfaits appartenant à des présents en -sc- : (Ne sont pas indiqués ici les parfaits qui risquent de recevoir, en face de leurs présents, un statut de forme-base [cf. ci-dessus appendice 3.2.1.3. et 3.2.3.].) - ad-olevi cf. ad-olesco je deviens adulte formes à préverbe : Men Arg 5 : postquam ad-olevit « Celui-ci, devenu grand... » etc.

- didici cf. disco

j'apprends

simple : Am 687 : Quia vera didici dicere. « Parce qu'on m'a appris (lit.: j'ai appris) de

dire la vérité. » etc.

formes à préverbe : e-dici cf. e-disco j'apprends par cœur Per 174 : quom interim tu meum ingenium fans atque infans nondum etiam €-

131

didicisti « et pendant tout ce temps, grande ou petite, tu n'as pas encore appris à me connaître. » per-dici cf. per-disco j'apprends entiérement As 187 : Per-didici istaec esse vera damno cum magno meo. « Oui, tout cela est vrai. Je ne l'ai que trop appris à mes dépens. »

etc. - novi

cf. nosco simple :

j'apprends à connattre

Au 172 : Novi ; hominem haud malum mecastor. « (... Tu connais... ?) Oui,

un brave homme, ma foi. »

etc. formes à préverbe : ag-novi cf. ag-nosco

j'apprends à connaître

Men 1124 : Signa ad-gnovi « Plus de doute, c'est lui ! » (lit.: « J'ai reconnu les signes. ») (fonction du préverbe ?) etc.

cog-novi cf. cog-nosco j'apprends à connaître Poe 1265 : Nam vostra nutrix primum me cog-novit. reconnu d'abord. » (préverbe intensifiant)

« Votre nourrice m'a

etc.

- pavi cf. pasco je fais paltre simple : Per 55/6 : Nam numquam quisquam meorum maiorum fuit,/quin parasitando

payerint ventris suos. « Jamais de tous mes ascendants il n'y en eut un qui n'ait empli sa panse par l'industrie parasitique. »

etc.

- poposci cf. posco j'exige simple : St 556 : qui cum cibum poposcerit ? « ... réclamer encore (lit.: qui aurait encore réclamé) de la nourriture ? » cf. quiesco je me calme simple: Am 732 : Ibi cenavi atque ibi quieyi in navi noctem perpetem bord, j'y ai dormi la nuit toute entière » etc.

formes à préverbe :

132

« J'ai soupé à

re-quievi cf. re-quiesco je redeviens calme Cap 505 : Ibi vix re-quievi. « Là, à peine ai-je pris le temps de respirer,

... »

etc.

- scivi

cf. scisco j'apprends à connaître simple : Cu 509 : Rogationes plurimas propter vos populus scivit « Le peuple a rendu contre vous des lois sans nombre » etc. formes à préverbe : re-scivi cf. re-scisco j'apprends à connaître Ep 310 : si senex re-sciverit « Mais s'il vient à savoir quelque chose » (préverbe intensifiant) etc.

- senui cf. -senesco je vieillis formes à préverbe : con-senui cf. con-senesco je vieillis St 215/6 : Prae maerore adeo miser atque aegritudine/con-senuj « Aussi, ai-je vieilli, hélas ! de chagrin et de tristesse » (préverbe intensifiant) - suevi cf. -suesco je m'habitue formes à préverbe : con-suevi cf. con-suesco je m'habitue

Ci 86/7 : sed tu enumquam cum quiquam viro/con-suevisti ? « Mais toi, as-tu jamais eu quelque liaison (lit.: t'es-tu jamais (fonction du préverbe ?)

habituée

à un homme)

? »

etc.

4.3. Thèmes de parfait appartenant aussi bien à un présent suffixé en -2- qu'à un present suffixé en -sc- : - acui cf. aceo acesco formes à préverbe Au 468 : ita me

je suis aigre je m'aigris

pectus

per-acuit

«

133

Bref,

ma

bile

s'est

échauffée

(entiéremenud'un bout à l'autre) » (évolutif) - anui cf. areo je suis sec aresco je sèche formes à préverbe : Mi 641 : nequedum ex-arui ex amoenis rebus et voluptariis « et je ne suis pas encore desséché au point d'avoir renoncé à toutes les joies et à tous les

plaisirs. » (évolutif) - calui cf. caleo je suis chaud calesco je me réchauffe formes à préverbe : Am 513 : prius abis quam lectus ubi cubuisti con-caluit locus « Tu t'en vas avant même d'avoir réchauffé (lit.: avant que ne se soit réchauffée) dans notre

lit la place où tu t'es couché. » (évolutif)(préverbe intensifiant) - callui

cf. calleo je suis dur callesco je m’endurcis formes à préverbe : As 419 : Qui latera conteram tua, quae oc-caluere plagis. « Pour en frotter tes côtes, toutes calleuses (lit.: qui se sont endurcies à la surface) des coups reçus!» (évolutif) - dolui cf. dolet/doleo il est douloureux/ j'éprouve une douleur (cf. ci-dessous note 290) (dolescit/dolesco il commence à être douloureux/je commence à éprouver une douleur)

simple : Am 922 : Ego illum scio quam doluerit cordi

meo. « Je sais bien pourtant

combien mon cœur en a souffert (lit.: combien ceci a été douloureux dans mon cœur). » (non-évolutif)

formes à préverbe : Tru 632 : nam mihi de vento misere çon-doluit caput. « l’air m’a donné un affreux mal de tête. » (lit.: « car, en raison du vent la tête a commencé à me faire affreusement mal. ») (évolutif(préverbe intensifiant)

134

- durui cf. dureo je suis dur duresco je m'endurcis formes à préverbe : Tru 916 : Ita miser cubando in lecto hic expectando ob-durui. « A force de l'attendre ici couché sur un lit, j'ai les membres engourdis (lit.: je me suis endurci à la surface) au point d'en avoir mal. » (évolutif)

- haesi cf. haereo je suis attaché haeresco je m’attache simple : Ru 984 : ubi demisi rete atque hamum, quicquid haesit extraho. « Quand j'ai jeté filet et hamegon, tout ce qui s’y prend (lit.: qui s'y est attaché), je le tire.» (évolutif)'*

formes à préverbe : St 236 : Ad-haesit bomini ad infimum ventrem fames. « La faim s'est attachée à lui jusqu'au fond de son ventre. » (évolutif)

- latui cf. lateo latesco simple:

je suis caché je me cache

Am 432 : mira sunt nisi latuit in illac hirnea. « C'est à coire qu'il était là-bas caché dans la bouteille. » (non-évolutif) etc. formes à préverbe :

Ru 466 : de-lituit mala « elle s'est cachée (hors de vue), la coquine. » (évolutif) - liqui cf.

liqueo liquesco

je suis liquide je fonds

formes à préverbe : Cas 399 : Quondam prognatis ista in sortiendo sors de-liquerit

« ... ton sort ait

fondu (a disparu en fondant) dans l'eau pendant le tirage. » (évolutif)

128. Le simple haesi présente en effet un sens évolutif. On notera cependant la morphologie de cette forme qui n'est pas un parfait en -u- (cf. cidessus note 103), mais un parfait sigmatique - et qui appartient ainsi à une catégorie anciennement aoristique (cf. Ernout 1974: 197 sqq.).

135

οἵ. luceo je brille lucesco je me mets ἃ briller formes à préverbe : Per 712 : Ne hic tibi dies in-luxit lucrificabilis.

« Assurément, le jour qui vient

de luire (dedans/dessus) est pour toi un jour de prospérité. » (évolutif) etc.

- olui

cf. oleo (olesco

j'exhale une odeur je commence à exhaler une odeur)

formes à préverbe : Am 321 : Olet homo quidam malo suo - Ei, numnam

ego ob-olui ? « Je sens

une odeur d'homme. Gare à celui-là ! (lit.: Il y a un homme qui exhale une odeur à sa propre perte.) - Hélas ! aurais-je laissé échapper une odeur (en face de moi) ? » (évolutif)

paleo

je suis päle

palesco

je pälis

formes ἃ préverbe :

Cu 311 : Viden ut ex-palluit

? « Voyez comme

il est devenu päle (jusqu'au

bout) ! » (évolutif) - rubui cf. rubeo je suis rouge rubesco je rougis formes à préverbe : Tru 291 : E-rubui mecastor misera propter clamorem tuum. « Hélas ! c'est ta criaillerie, par Castor, qui m'a fait rougir. » (lit.: « A cause de ta criaillerie j'ai rougi [jusqu'au bout]. ») (évolutif) etc.

stipui cf. stupeo je suis insensé stupesco je deviens insensé formes à préverbe : Poe 260/1 : Nil repondes ? lingua huic excidit,

ut ego opinor./Quid

hic,

astans, ob-stipuisti ? « Tu ne réponds rien. On lui a coupé la langue, je pense. Eh, mordieu ! pourquoi restes-tu planté là stupide (lit.: es-tu devenu insensé [en face de moi]) ? » (évolutif)

136

- tacui

cf. taceo je me tais tacesco je me tais simple : Tru 817 : tacui adhuc « J'ai gardé le silence jusqu'ici » (non-évolutif) formes à préverbe : As 447/8 : Tandem, opinor,/con-ticuit « Enfin, je crois, il a consenti à se taire.» (évolutif)(préverbe intensifiant)

etc. - timui cf. timeo je crains timesco je prends peur formes à préverbe : Mi 1272 : Ut tremit atque ex-timuit « Comme elle tremble, comme elle est intimidée à ta vue (lit.: comme elle s'est intimidée jusqu'au bout) ! » (évolutif)

etc.

4.4. Thèmes de parfait appartenant aussi bien à un présent suffixé en -sc- qu'à un présent suffixé autrement : - dormivi cf. dormio je dors dormisco je m'endors simple : Poe 21 : Diu qui domi otiosi dormierunt

« Ceux qui ont dormi

la grasse

matinée chez eux » (non-évolutif)

etc. formes à préverbe : Mo 1122 : Ubi somno sepelivi omnem atque e-dormivi crapulam « Une fois que j'ai cuvé mon vin dans un bon somme et dissipé en dormant toute trace d'ivresse, ... » (évolutif) Am 620 : mum ob-dormivisti dudum ? « ne tantót?» (évolutif) (fonction du préverbe 7)

t'es-tu pas endormi

sapio je suis sensé sapisco je deviens sense formes à préverbe : Mi 1344 : iam re-sipisti ? « Tu as repris tes sens ... » (évolutif)

137

(en face)

1.2.3.2. Intensité-itérativité!? 1.2.3.2.1. La formation en -ifa-

La formation en -ifa- du latin se trouve communément

désignée soit d'« intensif(-itératif) » soit de « fréquentatif »!*, S'il est vrai que cette terminologie renvoie à une fonctionnalité complexe, les deux valeurs qu'elle implique, à savoir celle de l'intensité d'un cóté et celle de l'itérativité de l'autre, présentent entre elles une complémentarité évidente. Car, la densification de la situaiton verbale que signifie l'intensité montrera toujours une tendance naturelle à se répercuter sur la dimension du temps. Cela étant, on cherchera à délimiter ici la zone qu'occupe, à l'intérieur de ce type, la valeur précisément itérative. On constate d'abord que la plupart des attestations de la classe en -ita- montre une valeur purement intensive et, comme telle, exempte d'itérativité. C'est là par exemple le cas de : Ep 350/1 : Nil moror vetera et vulgata verba/« peratum ductare » : at ego follitum ductitabo. « Je ne me soucie pas des expressions anciennes et banales comme « mettre quelqu'un dedans », moi c'est la téte dans le sac que je lui mettrai. »

vs. : Au 162 : Post mediam aetatem qui media ducit uxorem domum « Quand un homme sur le déclin épouse une femme entre deux âges, ... » (forme-base)

129 On classe ici parmi les données de l'aspect les catégories en -ita-, en -ta- et en -a- qui relèvent à la fois de l'aspect et de la valence qualitative, mais qui correspondent, au niveau de la derniére, à une affectation. seulement secondaire (cf. ci-dessous 2.2.1.1.). 10 Cf. par exemple Leumann (1977: 547).

139

ou encore de :

Ru 536 : Quia pol clare crepito dentibus. « Parce que mes dents claquent (lit.: Parce ce que je claque des dents) avec un bruit ! ... »

VS. : Men 925 : Dic mihi hoc, enumquam intestina tibi crepant, quod sentias ? « Dis-moi : tu n'as jamais les boyaux qui

crient ; tu ne l'as jamais remarqué ? »"! Il reste à suffixation seulement également

préciser que cette valeur en -ita- peut trouver son dans la forme verbale dans toute une tranche de

purement intensive de la champs d'application non qu'elle caractérise, mais contexte qu'elle sert de la

sorte à mettre en relief. Cette méme fonction, qui se situe en tant

qu'effet focalisateur au niveau de la pragmatique du discours, s'accompagne souvent d'une négation, d'une structure interrogative ou encore de la description d'un itératif. Si les deux premières de ces dispositions résultent facilement de la méme recherche d'expressivité que l'emploi de l'intensif, la troisième - qu'il importera de ne pas confondre avec la valeur itérative (habituelle) traitée ci-dessous - renvoie, le cas échéant, à un des

facteurs conceptuels qui motivent alors une telle mise en relief. On lit ainsi dans les textes :

Ba 240 : Haud dormitandu« mst Il ne s'agi pas tde

dormir» (négation) vs.:

Mo 372 : Quis istic dormit ? « Qui est-ce qui dort là ? » As 485 : erum nosmet fugitare censes ? « Crois-tu que nous soyons hommes à fuir devant le maitre ? » (structure interrogative)

131 Voir indications appendice 5. 140

VS. : Am 386 : Fugit te ratio. « Tu perds la téte. » (lit.: « La raison t'abandonne. »)

St 167 : Auditavi saepe hoc volgo dicier « J'ai oui dire (Il est vrai que j'ai oui dire) communément que... » (fait d'itération)

vs. :

Am 577 : ecquid audis ? « m'entends-tu ? » 13233.1 Dans d'autres attestations, la forme verbale en -ita- décrit un type d'intensité qui reste indissociable d'une structuration itérative. On reléve ainsi des passages tels que :

Mer 51/2 : Con-clamitare tota urbe et praedicere/omnes tenerent mutuitandi credere. « Il allait crier par toute la ville, et recommander aux gens de bien de se garder de

me consentir le moindre prét. » vs.:

Mi 178 : Ubi abit, con-clamo « En le voyant partir, je m'écrie : ... »

13 Voir indications appendice 5. 73 On remarquera que l'on trouve

les mémes

dispositions,

et

notamment celle de la négation, dans le cadre du signifiant d'intensité que peut être le préverbe (cf. ci-dessus 1.2.3.1.3. p. 125). Ainsi par exemple : Am 397 : Verum, utut es facturus, hoc quidem hercle haud re-ticebo tamen. « Mais tu auras beau faire, par Hercule, c'est là une chose que sürement je ne tairai pas. » Mo 540 : ne hoc senex re-sciscat. « ... que le vieux ne soit au courant de (lit.: n'apprenne) rien. »

(Voir indications appendices 2., 3. et 4.)

134 Un tel fonctionnement d'une formation d’intensif inspire l'idée que le latin limitait - tout comme le français - le rôle que peuvent avoir, au niveau de la pragmatique du discours, des marques suprasegmentales.

141

ou

ERCOTE :

Ba 803/4 : Eheu tu, ... loguitatusne es gnato meo/male per sermonem « Alors, tu n'as pas cessé de tenir à mon fils des propos injurieux» VS.:

Ba 35 : Quid si hoc potis est, ut tu taceas, ego loquar? «Ne vaut-il pas mieux que tu ne dises rien, et que ce soit moi qui parle ? » Dans quelques occurrences rares de ce type, la valeur itérative n'apparait pas seulement comme une réalisation temporelle de cette intensité qu'elle accompagne, mais semble méme se dégager, en face de cette derniére, comme une donnée primaire. Le texte plautinien comporte ainsi les deux exemples : As 33 : Ubi flent nequam homines qui polentam pinsitant « Là où pleurent les mauvais sujets employés à moudre sans cesse la polente (... là oü les hommes vivants sont pourchassés par des bœufs morts.) » vS.:

Mer 416 : Ea molet, coquet, conficet pensum, pinsetur flagro « On la fera moudre le grain, faire la cuisine, filer sa táche ; on la rosseraau fouet » et :

Mo 274 : Nam istae veteres, quae se unguentis unctitant, interpoles « Vois ces vieilles qui se parfument de toute sorte de parfums, qui táchent de se retaper » VS.:

Cas 226 : ubicumque est lepidum unguentum, unguor, ut illi placeam « Je mets sur les dents tous les parfumeurs ;

142

pour plaire à ma belle je me fais asperger des odeurs les

plus fines »'*5 Dans un troisiéme et dernier type d'emploi la suffixation en -itafournit des habituels. Cette valeur se restreint à un petit nombre

de formes à l'intérieur desquelles elle reste alors exclusive'*. On précisera que les présents en -ifa- ici concernés se rapportent presque tous à la vie du corps et que leur prédisposition à un signifié d'habituel paraít ainsi évidente. Soit par exemple : Ps 829/30 : Nam vel ducenos annos poterunt vivere/meas

qui essitabunt escas quas condivero. « Je garantis jusqu'à deux cents ans à qui mangera réguliérement des plats que j'aurai assaisonnés. »

vs.! As 219 : Saepe edunt « Ils (oiseaux) viennent souvent

manger. »

135 Voir indications appendice 5. 1% La seule exception semble être ici le présent vendito « je vends » qui fonctionne chez Piaute à la fois comme habituel et comme intensif. On relève ainsi :

Cu 482 : In Tusco vico ibi sunt homines qui ipsi sese venditant. « Dans la rue des Toscans habitent les hommes qui font commerce de leur COrps.

»

(valeur d'habituel) en face de : St 195 : itaque auctionem praedicem, ipse ut venditem. « et d'annoncer ma vente en présidant moi-même aux enchères. » (valeur d'intensif)

143

ou bien : Am 419 : Pterela rex qui potitare solitus est patera aurea. « La coupe d'or qui servait pour boire au roi Ptérélas. » vs.: Men 792 : Tua quidem ille causa potabit minus « Alors, pour tes beaux yeux, il ne faut pas qu’il boive (lit.: il boira moins) »'? On saisit ainsi que la valeur itérative se dégage dans les présents

en -ita- essentiellement dans sa fusion avec celle de l'intensité, et que son apparition à l'état isolé y reste en effet quelque peu exceptionnelle. En face de la valeur intensive, qui se propage ici réguliérement à elle seule, la fonction expressément itérative semble ainsi, là οὐ elle apparait, constituer le résultat d'une réinterprétation. Ceci revient à dire que la langue se serait, à un moment donné, mise à extraire de la catégorie intensive en -ifala valeur itérative que celle-ci comportait facilement comme effet secondaire,

et ceci

notamment

pour

la transposer

à un

petit

nombre de formes qui nécessitaient fréquemment, en raison de leur sémantisme, la marque d'un tel signifié. - On notera que l'explication inverse, à savoir celle qui partirait d'une valeur unitaire

qui

se serait alors polarisée,

selon

les lex&mes,

soit

comme intensive soit comme itérative, paraît moins satisfaisante. Car, compte tenu du groupe largement majoritaire des lexémes ultérieurs et de leur disponibilité aux deux types de réalisation, il resterait alors étonnant que l'itérativité primaire se soit bloquée, de façon quasiment catégorique, sur les seuls lexémes du corps (cf. encore ci-dessous 1.2.3.2.2.).

On n'observe guère que la dérivation d'une forme en -itas'effectue en fonction d'un certain type de structure aspectuelle. La prédisposition que peut avoir un présent à se donner un tel dérivé semble cependant étre tributaire de sa valence qualitative. Ce méme rapport ressort, en effet, de la répartition entre les

137 Voir indications complètes appendice 5.

144

présents en -ifa- et les différents types de situations, laquelle répartition fait apparaitre une prépondérance des lexémes à prime actant affecté - et notamment des lexémes d'élocution - et, en face

de cela, une quasi-exclusion du type de mouvement? : prime actant agentif : prime actant affecté :

10x 37x

- mouvement :

2x

- processus physique : - voix/bruit : - perception :

9x 14x 2x

- intellect/sensation : - autres : total :

4x 6x 47x

(Cf. encore ci-dessous 1.2.3.2.2.)

La langue peut compléter le paradigme d'un théme de présent en -ita- en en dérivant un parfait en -u- (cf. ci-dessus note 103),

et

la

formation

d'intensif

se

trouve

alors

telle

quelle

transposée au parfait. Il existe ainsi chez Plaute des couples du type de : Tri 261/2 : Fugit forum, fugitat suos cognatos, /fugat ipsus se ab suo contutu « L'amoureux fuit le forum, il cherche

à fuir ses parents, il fuit son propre regard » (présent) VS. : Poe 508 : Atque equidem hercle dedita opera amicos fugita-vi senes « Et pourtant, par Hercule, j’avais évité tout exprès de prendre des vieillards de mes amis. »

(parfait) *°

138 Voir indications complètes appendice 5.

139 Voir indications complètes appendice 5. 145

On relévera que les formes de parfait que se donnent ainsi les intensifs en -ita- intègrent, contrairement à ce qui s’observe dans la sphère des types en -e- et en -sc- (cf. ci-dessus 1.2.3.1.3.), le marquage du présent. Or, la catégorie en -ifa-, qui possède une suffixation plus récente que les thèmes hérités en -é- et en -sc-, développe son parfait selon les structures d'une époque à laquelle le

systéme

nucléaire

recevait

une

valeur

essentiellement

temporelle (cf. ci-dessus 1.2.1. p. 36 et note 32). Dans un tel cadre, le présent constitue forcément le membre non-marqué de l'opposition et impose ainsi, en tant que pivot du paradigme, son marquage comme un des éléments invariables de l'unité lexicale.

Du pointde vue de sa grammaticalité, la formationen -ita- est à considérer comme une catégorie lexico-dérivationnelle. On remarquera ici par rapport aux classes en -e- et -sc-, que le type rejoint dans cette méme position entre lexique et grammaire,

que la dérivation d'un intensif en -ita- se laisse a priori effectuer dans le cadre d'un plus grand nombre de lexémes que celle d'un présent non-évolutif ou évolutif. Car tandis que ces derniers nécessitent une disposition bien spécifique de la situation (cf. cidessus 1.2.3.1.1. p. 59 et note 73), la catégorie en -üa- semble au fond, en dépit de son affinité avec des comportements de type

introverti, n'exiger que la présence d'un prime actant animé!^4!, Si

l'inventaire

des

présents

en

-ifa-

n'est

pas

pour

autant

© Dans le corpus plautinien, ce rapport n'est contredit que par une seule occurrence

:

Ba 1081 : Neque placitant mores quibus video volgo in gnatos esse parentes. « Je n'approuve pas la conduite (lit.: les mœurs ne plaisent pas) que je vois la plupart des parents tenir envers leurs fils. » On remarquera cependant que l'intensité du dérivé placito intervient au niveau de la pragmatique du discours, et que cette nuance ne se réfère donc pas ici au signifié de la forme verbale en particulier.

M! C'est en effet d'une manière conforme à ce lien que l'intensité peut constituer une forme d'affectation (cf. ci-dessous 2.2.1.1.), lequel état incombe avant tout à des actants animés (cf. Gonda 1960a: 34).

146

numériquement supérieur à ceux des présents en -ὅ- et -sc-, il faut bien voir que le processus de l'intensification peut s'obtenir, en paralléle, par l'adjonction de certains éléments lexicaux à une forme verbale, pour ainsi dire, ordinaire (cf. aussi ci-dessus note

125). La raison en est que l'intensification ne restructure pas la situation verbale dans ses grands axes (cf. ci-dessous 1.2.3.2.4. p. 193) et qu'une forme non intensive ne s'oppose donc pas à l'intensité de la facon dont un dérivé en -2- s'opposerait à des

données agentives. - Ceci revient à constater que la catégorie en -ita- voit, comparée

à celles en -2- et -sc-, compenser

sa plus

grande généralisabilité par une moindre nécessité'4. Une derniére remarque concernera les occurrences dans lesquelles une formation en -ita- se substitue à sa forme-base. Ce processus, qui ne peut s'effectuer que là oü le signifié de la suffixation figure déjà dans le découpage du lexéme, illustre à nouveau le mécanisme du codage « par attraction » (cf. ci-dessus 1.2.3.1.1.). Car c'est celui-ci - et donc la tendance à attribuer un

codage identique à ce qui se ressemble - qui l'emporte alors sur la disposition du lexéme individuel qui ne réclame pas, dans ces cas, l'adjonction d'une marque morphologique. Dans le cadre précis de la formation en -ita-, ceci signifie que la langue double d'un intensif morphologique une forme-base à intensité intrinséque et

qu'elle donne petit à petit, entre ces deux dérivés plus ou moins isofonctionnels, la priorité à la premiére. On aboutit ainsi à des doublets du type de :

142 Op précisera que le fait de considérer la classe en -ita- comme étant complémentaire avec celle en -ta- - et de partir ainsi dans l'idée d'une catégorie unitaire, et numériquement plus importante - ne changerait rien à ces proportions

(cf. ci-dessous 1.2.3.2.4. p. 192).

147

As 392 : Sed quid venis ? quid quaeritas 7 « Mais pourquoi viens-tu ? que cherches-tu ? » (présent dérivé) en face de :

Ba 667 : Sed quem quaero, optume eccum obviam mihi est. « Mais voici justement celui queje cherche : quelle heureuse rencontre ! »

(forme-base)' On notera encore que c'est suite à ce méme mécanisme que les langues élargissent dans certains cas leurs catégories déverbatives

sans avoir recours à des formes-bases antérieures!^.

1 Voir indications complètes appendice 5. 14 Pour une comparaison avec les données du grec, voir ci-dessous 1.2.3.2.4.

148

Appendice 5 : Présents suffixés en -itaLégende: gras : présent suffixé en -ita- à valeur d'habituel ! : présent suffixé en -ita- dépourvu de forme-base

5.1. Prime actant agentif (10x) : 5.1.1. Flexion active (10x) :

- ductito

je guide:

Ep 350/1 : Nil moror vetera et vulgata verba/« peratum ductare » : at ego follitum ductitabo. « Je ne me soucie pas des expressions anciennes et banales comme « mettre quelqu'un dedans », moi c'est la téte dans le sac que je lui

mettrai. » (intensif) etc.

parfait :

Ru 584 : Venalis illic ductitavit quisquis est « Il faut que ce soit un marchand d'esclaves... » (lit.: « Un marchand d'esclaves a mené [l'affaire] jusqu'ici, qui que ce soit ») (intensif)

cf. duco

je guide :

Au 162 : Post mediam aetatem qui media ducit uxorem domum « Quand homme sur le déclin épouse (lit. : guide) une femme entre deux âges, ... »

etc. - factito

un

je fais :

parfait : Ba 195 : Sed tu quid factitavisti mandatis super ? « Mais toi, t'es-tu occupé (lit.: qu'est-ce que tu as fait) de sa commission ? » (intensif)

Ep 431-3 : Atque haec stultitiast me illo vitio vortere/egomet quod factitavi in adulescentia/cum militabam « Du reste ce serait sottise de ma part que de lui

reprocher ce que j'ai fait tant de fois dans ma jeunesse, au temps oü j'étais soldat » (intensif [tranche de contexte]/itératif)! cf. facio je fais : As 59 : Bene hercle facitis, et a me initis gratiam. « Vous avez, ma foi, bien raison (lit.: vous faites bien), et je vous en sais gré. »

etc. formation en -ba- : Ep 421 : quasi stolidum,

me faciebam. combardum

« Et moi, pendantce

M5 On précisera que les valeurs de l'intensité et de l'itérativité coexistent dans cette attestation indépendamment l'une de l'autre.

149

temps-là, je faisais la béte et l'imbécile. » (cf. appendice 1.2.1.) etc.

- fundito

je répands:

Poe 273 : Monstrum mulieris ; tantilla tanta verba funditat « Le beau phénomène de femme pour débiter si petite de si grandes sottises (lit.: étant si petite elle répand tantde paroles) ! » (intensif) etc

dif-fundito

je répands:

Mer 58 : amoris vi dif-funditare ac didere « ... se répandre et se gaspiller dans de folles amours » (intensif)

cf. fundo

je répands:

Ps 943 : mera iam mendacia fundes. « car tu vas débiter de purs mensonges. » etc

(Ὁ - irrito

j'excite :

Am 707 : Inritabis cabrones. « Tu irriteras les frelons. » (intensif) parfait :

Ba 888/9 : Qua quidem te faciam, si tu me irritaveris,/confossiorem soricina nenia. « Si tu me mets en colére, je t'en larderai mieux que le ventre d'une

Souris. » (intensif) etc. - pinsito je broie : As 33 : Ubi flent nequam homines qui polentam pinsitant « Là où pleurent les mauvais sujets employés à moudre sans cesse la polente (... là οὐ les hommes vivants sont pourchassés par des bœufs morts.) » (itératif)

cf. pinso

je broie:

Mer 416 : Ea molet, coquet, conficet pensum, pinsetur flagro « On la fera moudre le grain, faire la cuisine, filer sa täche ; on la rossera au fouet »

etc. - quaerito (= doublet) je cherche : As 392 : Sed quid venis ? quid quaeritas 7 « Mais pourquoi viens-tu ? que

cherches-tu ? » (intensif-itératif) etc. formation en -ba- : Ci 759 : Quod quaeritabam, filiam inveni meam. « Enfin ! j'ai découvertce que j'ai tant cherché, j'ai retrouvé ma fille. » (cf. appendice 1.1.1.)

etc. re-quirito je cherche: Mo 1003 : Quid tu ut otiosus res novas re-quiritas ? « Pourquoi t'amuses-tu à

me demander des nouvelles ? » (intensif) cf. quaero

je cherche:

Ba 667 : Sed quem quaero, optume eccum obviam mihi est. « Mais voici justement celui que je cherche : quelle heureuse rencontre ! » etc.

150

formation en -ba- : Ep Arg 7 : Ut ille amicam, haec quaerchas filiam. « ... qui cherchent l'une sa fille, l'autre sa maîtresse » (cf. appendice 1.1.1.) etc. cf. re-quiro je cherche: Ci 72A/5 : Vestigium hic re-quiro,/quae aufugit quaedam « Une trace (lit.: Je cherche une trace) qui m'indique paroü s'est enfui... » (intensif) etc (D - territo

j'effraie:

Ba 885 : quid illum morte jerritas ? « Qu'est-ce que ces menaces de mort 7 » (intensif) etc

Mo 609 : Non edepol tu nunc me istis verbis territas. « Parbleu, tu ne me fais pas peur avec tes injures. » (intensif, tranche de contexte [négation])

etc. - tonsito

je tonds:

Ba 1127 : Rerin ter in anno tu has tonsitari ? « Penses-tu qu'on ait l'habitude de les tondre trois fois l'an? » (intensif, tranche de contexte [question])

cf. tondeo

je tonds:

Ba 242 : itaque tondebo auro usque ad vivam cutem. « Car j'ai bien l'intention de le tondre de son or, et de le raser jusqu'au vif. »

etc. - unctito je mets de l'huile: Mo 274 : Nam istae veteres, quae se unguentis unctitan£, interpoles « Vois ces vieilles qui se parfument de toute sorte de parfums, qui táchent de se retaper »

(itératif) cf. unguor

je mets de l’huile sur moi : Cas 226 : ubicumque est lepidum unguentum, unguor, ut illi placeam « Je mets sur les dents tous les parfumeurs ; pour plaire à ma belle je me fais asperger des odeurs les plus fines » etc.

- vendito je vends : St 195 : itaque auctionem praedicem,

ipse ut yenditem. « et d'annoncerma

vente en présidant moi-même aux enchères. » (intensif)

Mi 312 : Non ego possum quae sese venditat tutarier. garder une femme

« Je ne puis pas, moi,

qui va s'offrir aux galants. » (intensif, tranche de contexte)

Cu 482 : In Tusco vico ibi sunt homines qui ipsi sese yenditant. « Dans la rue des Toscans habitent les hommes qui font commerce de leur corps. » (habituel) cf. vendo je vends :

Ba 976/7

: comptionalem

senem/yendam

mettrai le vieux dans le tas, il est à vendre » etc.

151

ego,

venalem quem

habeo « je

formation en -ba- : Poe 899 : Et ille qui eas vendebat dixit se furtivas vendere « L'homme qui les vendait l’avertit, en les vendant, que c'étaient des enfants volées » (cf. appendice 1.2.2.)

5.2. Prime actant affecté (37x) : 5.2.1. Mouvement (2x) :

5.2.1.1. Flexion active (1x) :

- fugito

je m'enfuis :

Cap 545 : Edepol minime miror si te fugitat aut oculos tuos « Parbleu suis pas étonné qu'il fuie ta personne et tes regards » (intensif)

! je ne

etc. As 485 : erum nosmet fugitare censes ? « Crois-tu que nous soyons hommes à

fuir devant le maître ? » (intensif, tranche de contexte [question]) Tri 261/2 : Fugit forum, fugitat suos cognatos,/fugat ipsus se ab suo contutu «L'amoureux fuit le forum, il cherche à fuir ses parents, il fuit son propre

regard » (intensif-itératif) parfait: Poe 508 pourtant, mes amis. cf. fugo Am 386 :

: Atque equidem hercle dedita opera amicos fugitavi senes « Et par Hercule, j'avais évité tout exprés de prendre des vieillards de » (intensif) je m’enfuis : Fugit te ratio. « Tu perds la tête. » (lit.: « La raison t'abandonne. »)

etc.

5.2.1.2. Flexion en -r (1x) :

- palitor je vagabonde : Ba 1123 : Pastro harum dormit, quom haec eunt sic a pecu palitantes. « Leur berger s'est donc endormi, qu'elles vagabondent ainsi à l'écart du troupeau ? »

(intensif) cf. plor . je vagabonde : Ba 1137/8 : non vides ut palantes/solae liberae grassentur ? « Ne vois-tu pas comme on les laisse vagabonder, seules, en liberté (lit: comme elles s'avancent vagabondant seules et libres) ? »

152

5.2.2. Processus physique (9x) : 5.2.2.1. Flexion active (8x) : - sub-igito je caresse: Mi 652 : Neque ego numquam alienum scortum sub-igito in convivio « Jamais dans un diner il ne m’arrive de caresser une fille qui n’est pas ἃ moi. » etc.

cf. sub-igo je pousse : Tri 140 : Sub-igis maledictis me tuis « Tu me réduis par tes reproches » etc.

(!) - cubito

je me couche:

Cu 57 : At illa est pudica neque dum cubitat cum viris. « Mais elle est pure, et ne couche encore avec personne. » etc.

in-cubito je me couche : Per 284 : iam in-cubitatus es. « on a déjà couché avec toi. » - dormito je dors : Am 807 : te dormitare aibas « Tu avais sommeil, disais-tu » (intensif) etc.

Au 591 : Sin dormitet, ita dormitet, servum sese ut cogitet. « A-t-il sommeil, il ne lui faut pas, en dormant, oublier qu'il est esclave. » (lit.: « S'il dort qu'il dorme de telle sorte qu'il n'oublie pas qu'il est esclave. ») (intensif, tranche de contexte) etc.

Ba 240 : Haud dormitandumst « Il ne s'agit pas de dormir » (intensif, tranche de contexte [négation]) etc. Poe 803/4 : dum leonis familia/dormitat, extis sum satur factus probe. «Pendant que les gens du léno faisaient leur somme, je me suis rempli la panse avec les viandes du sacrifice. » (intensif-duratif)

parfait : As 253 : Ibi tu ad hoc diei tempus dormitasti in otio. « Et là, jusqu'à présent tu n'as fait que dormir sans t'occuper de rien. » (intensif) cf. dormio je dors : Mo

372 : Quis istic dormit ? « Qui est-ce qui dort là ? »

etc.

- esito je mange : Ps 829/30 : Nam vel ducenos annos poterunt vivere/meas qui essitabunt escas quas condivero. « Je garantis jusqu'à deux cents ans à qui mangera réguliérement des plats que j'aurai assaisonnés. » etc.

cf. edo je mange : As 219 : Saepe edunt « Ils (oiseaux) viennent souvent manger. » etc.

153

- gestito je porte : Mi 7 : quia se iam pridem feriatam gestitem porte (épée) oisive à mon côté »

« s'il y a trop longtemps que je te

etc.

parfait: Ci 745/6 : Ego sum illius mater,/quae haec gestitavit. « La mère de celle à qui ces jouets appartenaient (lit.: qui a porté ces choses).»

etc. cf. gero

je porte:

Tru 145 : Plerique idem quod tu facis faciunt rei male gerentes « Tu fais ce que font la plupart des gens dont les affaires vont mal (lit.: dirigeant mal leur affaire)» etc.

formation en -ba- : Tri 901 : Bene rem gerebat. « Fort bien dans ses affaires. » (lit.: « Il menait bien son affaire. ») (cf. appendice 1.2.1.) ! - e-gurgito je crache: Ep 582 : atque argentum c-gurgitem domo prosus ? « et pour cracher (lit.: pour que je crache) ainsi mon argent à droite et à gauche ? » (intensif) in-gurgito je crache : Cu 126/7 : Hoc vide ut in-gurgitat inpura in se merum avariter/faucibus plenis! « Vois cette dégoütante, comme elle s'entonne avidement ce vin pur à plein gosier ! » (intensif)

- potito

je bois :

Am 419 : Pterela rex qui potitare solitus est patera aurea. « La coupe d'or qui servait pour boire au roi Ptérélas. » etc.

parfait : Am 535 : Pterela rex qui potitavit « c'est celle oà buvait le roi Ptérélas » cf. poto je bois :

Men 792 : Tua quidem ille causa potabit minus « Alors, pour tes beaux yeux, il ne faut pas qu'il boive (lit.: il boira moins) »

etc. - victito je vis: Ru 764 : ficis victitamus aridis. « nous vivons de figues sèches. »

etc. formation en -ba- : Mo 152-5 : Disco, hastis, pila,/cursu, armis, equo, vicititabam volup./ Parsimonia et duritia disciplinae aliis eram ;/optumi quique expetebant a me doctrinam sibi. « Le disque, la lance, la balle, la course, les armes, le cheval suffisaient à mon bonheur (lit.: Avec le disque, la lance, la balle, la course, les armes et le cheval je vivais dans la réjouissance) ; ma sobriété et mon endurance faisaient de moi un exemple pour mes camarades. Les meilleurs

154

venaient à l'envi s'instruire auprés de moi. » (cf. appendice 1.1.1.) cf. vivo je vis : Mer 553/4 : id iam lucrumst/quod vivis. « A cet äge, d'étre en vie (lit.: que tu vives) est autant de gagné. » etc. formation en -ba- : Tru 164 : te dum yivebas noveram. « Tant que tu vivais, je te connaissais. » (cf. appendice 1.1.1.)

5.2.2.2. Flexion en -r (1x) : ! - oscitor je baille: Men 834 : Ut pandiculans oscitur ? « Comme il s'étire, comme il baille ! »

(intensif)

5.2.3. Voix/bruit (14x) : 5.2.3.1. Flexion active (11x) : - ac-cusito j'accuse : Mo 712 : nil erit quod deorum ullum ac-cusites « tu n'auras aucun droit de t'en prendre à aucun dieu » (lit.: « il n'y aura rien dont tu puisses accuser qui que

ce soit des dieux ») (intensif, tranche de contexte [négation]) cf. ac-cuso ᾿ j'accuse : Am 869/70 : Simul Alcumenae, quam vir insontem probi/Amphitruo ac-cusat, veni ut auxilium feram. « Et aussi pour prêter mon aide à Alcmène, que son mari accuse injustement de s'étre déshonorée. » etc.

- clamito

je crie :

Au 817/8 : Non quod pueri clamitant in faba se repperisse. « (Qu'est-ce que tu as trouvé ?) - Pas ce que les enfants trouvent dans les fèves, quand ils crient :

J'ai trouvé ! » (intensif) Ps 1276 : Plaudunt, parum clamitant me ut revertar. « On applaudit, on me crie bis ! pour queje rentre en scène. » (intensif-itératif) etc.

con-clamito je crie : Mer 51/2 : Con-clamitare tota urbe et praedicere/omnes tenerent mutuitandi credere. « Il allait crier par toute la ville, et recommander aux gens de bien de se garder de me consentir le moindre prét. » (itératif-intensif)

oc-clamito je crie : Cu 183 : Dormio; ne oc-clamites. « Je dors, ne braille pas à mes oreilles. » (intensif, tranche de contexte [négation])

155

cf. clamo

je crie:

As 390/1 : extemplo ianitorem/clamat « elle crie « Portier »

etc. formation en -ba- : Men 1053 : Tu clamabas deum fidem atque hominum omnium l'aide les dieux et les hommes » (cf. appendice 1.2.1.) con-clamo : je crie:

« Tu appelais à

Mi 178 : Ubi abit, con-clamo« En le voyant partir, je m'écrie : etc. - crepito je fais du bruit : Ru 536 : Quia pol clare crepito dentibus. « Parce que mes dents claquent (lit.: Parce ce que je claque des dents) avec un bruit ! ... » (intensif) Men 926 : Ubi satur sum, nulla crepitant; quando esurio, tum crepant.

« Quand

ils (boyaux) sont pleins, ils se taisent (lit.: ne font aucun bruit) ; quand ils sont

vides, alors ils crient famine. » (intensif, tranche de contexte [négation]) in-crepito j'insulte : parfait : Mo 750 : Numquid in-crepitavit filium ? « A-t-il grondé son fils ? » (intensif) cf. crepo je fais du bruit : Men 925 : Dic mihi hoc, enumquam intestina tibi crepant, quod sentias ? «Dismoi : tu n'as jamais les boyaux qui crient ; tu ne l'as jamais remarqué ? » etc.

in-crepo

j'insulte :

Am 212/3 : magnanimi viri freti virtute et viribus/superbe nimis ferociter legatos nostros in-crepant « les fiers Téléboens, confiants dans leur force et leur valeur,

apostrophent nos ambassadeurs

avec

autant

d'orgueil que

d'insolence» etc.

- culpito

j' accuse :

Ci 494/5 culpitet.

: verum tamen/hau metuo ne ius iurandum nostrum quisquam « Mais au monde je n'ai pas peur qu'on nous reproche d'avoir trahi

nos serments. » (intensif, tranche de contexte (négation]) cf. culpo j'accuse : As 718 : Licet laudem Fortunam, tamen ut ne Salutem culpem. « Je ne puis bien rendre hommage à la Fortune, sans pour cela mépriser la Sauvegarde. »

etc. - dictito

j dis :

Tri 98/9 : Primumdum omnium/male dictitatur tibi volgo in sermonibus. «Tout d'abord, avant toutes choses, on ne fait que dire du mal de toi dans toutes les conversations » (intensif-itératif)

cf. dico Ba 442

je dis : : puero sic dicit pater « le père ne manque pas de dire à son garçon:

...n IC,

156

formation en -ba- : Men 483/4 : mulier quicquid dixcrat,/idem cgo dicebam. « à tout ce qu'elle disait, je disais de même. » (cf. appendice 1.2.2.) etc. (ἢ - flagiso je demande avec insistance : Ps 1145 : Sed tu, bone vir, flagitare saepe clamore in foro « Mais toi, honnête homme, tu es souvent assailli par tes créanciers au forum » (intensif) etc.

dif-flagito je demande avec insistance : Ep 118 : Quin edepol egomet clamore differor, dif-flagitor. « Mais, moimême, morbleu ! je suis assailli de réclamations, étourdi par les criailleries de mes créanciers. » (intensif)

- imperito je commande : Ps 703 : lo, io, te te turanne, te rogo qui imperitas Pseudolo « Io ! io ! C'est soi, prince, que je demande, toi qui as toute puissance sur Pseudolus. »

(imtensif) formation en -ba- : Cap 244 : quod astchac pro iurc imperitabam mco « (je n'ai qu'une prière à te faire... que... je devienne ton compagnon d'esclavage, au lieu de te commander,) comme j’en avais le droit (lit.: comme je commandais selon mon droit) autrefois » (cf. appendice 1.1.1.) cf. impero x E à Cu 497 : alienisque imperatis « ... ni de ceux à qui vous commandez (lit.: vous

Mi 849 : mihi imperabat, cgo promebam postea. « il me commandait d'en prendre, et moi, ensuite, j'en prenais. » (cf. appendice 1.2.2.) - mussito (— doublet) je me tais : Tru 491 : Non placct quem scurrac laudant, manipulares mussitant « Je n'aime mi coh que les badands couvrent d'éloges, mais dont les camarades de manipulc

ne

discit rien.

Rx 1029

: Tu taceto; cgo mussitabo. « Ne parle pas ; je ne soufflerai mot. »

(mtensif) Mi 311

: Hercie quidquid est mussitabo potius quam intercam male. « Ma foi,

quoi qu'il en soit, j'aime micux tenir ma langue que de périr misérablement » (intensif, tranche de contexte) Tru 312 : Egone haec mussitem 7 « Et je garderais cela pour moi ? » (intensif, trasche de contexte [question])

Tru 723/4 : Non mussito/intus bolos quos dat « Je ne puis garder pour moi les boss coups qu'elle fait là-dedans. » (intensif, tranche de contexte [négation]) formation en -ba- :

157

Ps 501

: cum ca mussitabas

7 « ...

quand tu ne me soufflais

mot 2 » (cf.

appendice 1.1.1.) cf. musso je me tais : Au 131 : neque occultum id haberi neque per metum mussari « ... ne rien nous cacher, l'un à l'autre, et n'avoir pas peur de nous parier (lit.: ni de se taire par

peur) » etc.

- negito

je nie :

Mer 50 : abnuere, negitare adeo me natum suum. « et avec un signe de tête significatif, il me reniait pour son fils. » (intensif)

Ba

1193

: vix negito. « je n'ai plus la force de refuser. » (lit.: « je nie à

peine.») (intensif, tranche de contexte [négation]) cf. nego

je nie :

Mi 829/30 : Negas ?/- Nego hercle vero « Tu nies ? - Bien sür, par Hercule » etc.

formation en -ba- :

St 393 : Venales logi sunt illi quos negabam vendere. « Je remets en vente les bons mots que je ne voulais plus vendre. » (cf. appendice 1.2.1.) etc.

- rogito je demande : Au 373 : Venio ad macellum, rogio piscis « (... j'ai voulu me régaler aujourd'hui pour la noce de ma fille.) Je vais au marché, je marchande le

poisson. » (intensif) formation en -ba- : Mi 61 : rogitabant... « (Toutes les femmes t’adorent... - Qu'est-ce qu'elles t'ont dit 7...) - Elles me harceilaient de questions (m'interrogeaient avec insistance et ce toujours à nouveau). » (cf. appendice

1.1.2.)

parfait: Tru 777 : Rogitavi ego vos verberatas ambas pendentis simul. « Je vous ai interrogées toutes deux pendant qu'on vous fouettait au poteau oà vous étiez uspenduet » (intensif)

copio

je demande

:

Cap 951/2 : interibi ego ex hac statua verberea volo/c-rogitare... « tandis que j'interrogerai cette statue taillée à coups de trique pour savoir... » (intensif) cf. rogo je demande : Ps 315 : Face quod te rogamus « Rends-toi à nos demandes » etc.

formation en -ba- : Ci 721 : huic respondi quod rogabat. « je répondais à une question de ma maîtresse (lit.: à ce qu'elle demandait). » (cf. appendice 1.2.1.)

- vocito Mo 876

je crie: : Ubi advorsum ut eant vocitantur ero « Quand

158

on les appelle pour

aller à la rencontre de leur maitre : ... » (intensif)

Cap 984 : Paegnium vocitatust « (... un petit enfant de quatre ans... - Quel était son nom ? ... ) - On l'appelait Pégnium » (intensif, tranche de contexte) cf. voco je crie : Cu 304 : Quis vocat ? « Qui m'appelle ? » formation en -ba- : Men 1123 : illum vocabant Sosiclem. « quant à mon frère, il se nommait (lit.:

ils l’appelaient) Sosiclés. » (cf. appendice 1.2.2.) etc.

5.2.3.2. Flexion en -r (3x) :

- licitor

j'enchéris :

Mer 441 : Potine ut ne licitere advorsum mei animi sententiam ? « Si tu voulais bien ne plus renchérir pour me contrarier ? » (intensif, tranche de contexte

[négation]) pol-licitor

je promets :

Poe 999 : Audin pol-licitarier 7 « Tu l'entends faire sa promesse ? » (intensif)

etc. Mi 1056-8 : quotiens hoc tibi, verbero, ego interdixi,/meam ne sic volgo pollicitere operam ? « Combien de fois t'ai-je défendu, coquin, de disposer de ma personne à tout venant ? » (intensif, tranche de contexte [négation])

cf. liceor j'offre un prix : S 221 : Age, licemini. « Allons, enchérissez. » etc.

pol-liceor Tri 191 : Pol-liceor - loquitor Ba 803/4 : Eheu tu, tu n'as pas cessé de cf. loquor : Ba 35 : Quid si hoc que tu ne dises rien,

je promets : operam. « Je te promets tout mon concours. » je parle : ... loquitatusnees gnato meo/male per sermonem « Alors, tenir à mon fils des propos injurieux » (intensif-itératif) je parle : potis est, ut tu taceas, ego Joquar 7 « Ne vaut-il pas mieux et que ce soit moi qui parle ? »

etc. formation en -ba- : Ba 983 : lacrumans tacitus auscultabat quae ego loquebar « tout en larmes, il écoutait sans rien dire ce queje disais » (cf. appendice 1.2.1.) - minitor (= doublet)

je menace :

Cap 743 : tamen breve spatium est perferundi quae minitas mihi. « cela ne fait que bien peu de temps à endurer les maux dont tu me menaces. » (intensif)

etc. cf. minor

je menace :

159

Men 861 : Sane ego illum metuo, ut minatur, ne quid male faxit mihi. « A

entendre ses menaces (lit: comme il menace), j'ai grand peur qu'il ne me donne quelque mauvais coup. » ec.

5.2.4. Perception (2x) : 5.2.4.1. Flexion active (2x) : - audito parfait :

j'entends :

St 167 : Auditavi saepe hoc volgo dicier « J'ai ouf dire (Il est vrai que j'ai oui dire) communément que... » (intensif, tranche de contexte)

cf. audio j'entends: Am 577 : ecquid audis ? « m’entends-tu ? » etc.

- visito je vois : formation en -ba- : Per 20 : Mihi quidem tu iam eras mortuus, quia non te visitabam. « Je te croyais mort, à force de ne pas te voir (lit.: puisqueje ne te voyais pas). » (cf. appendice 1.2.1.)

parfait :

Ep 539 : Di boni, yisitavi... antidihac ? « Dieux bons ! ce visage ne m'est pas inconnu (lit.: est-ce que je t'ai vu avant ?). » (intensif, tranche de contexte

[question]) etc.

Ps 727 : Atque qui hic non yisitatus saepe sit. « et de plus, qu'on n'ait pas beaucoup vu ici. » (itératif, tranche de contexte [négation]) etc.

Cu 342/3 : Annuo/visitasse. « (Il me demande alors si je connais à Epidaure un

certain banquier, nommé Lycon. Je lui réponds que oui. - « Et le iéno de Cappadox ? » -) Bien sür, fais-je, et je lui ai rendu souvent visite. » (intensif/itératif)'^* cf. viso je vois : Ep 212 : Filios suos quisque visunt. « Chacun s'empresse pour aller voir son fils. » (lit. : « Chacun regarde son fils. ») etc.

formationen -ba- :

6 On précisera que les valeurs de l'intensité et de l'itérativité coexistent dans cette attestation indépendamment l'une de l'autre.

160

St 328 : Ego quid me velles visebam « Moi je venais voir ce que tu me voulais» (cf. appendice 1.2.1.)

5.2.5. Intellect/sensation (4x) :

5.2.5.1. Flexion active (3x) :

- cogito je réfléchis: Am 447 : Sed quom cogito « Mais quand j'y pense » etc. parfait : Mo 85 : Recordatus multum et diu cogitavi « j'ai beaucoup réfléchi et j'ai

longtemps pensé »

re-cogito je réfléchis: Cap 51 : Homunculi quanti sunt, cum re-cogito ! « Pauvres hommes sommes peu de chose, quand j'y pense ! »

! que nous

etc.

cf. cogo je rassemble : Cap 13 : quando histrionem cogis mendicarier. « Ces gens-là auraient vite fait

de réduire (lit.: Quandtu forces) l'acà teur la besace. » etc.

- noscito

je reconnais :

Tri 863 : circumspectat sese atque aedis noscitat « il épie les alentours, il

étudie les maisons. » (intensif-itératif)!* etc.

cf. nosco je reconnais: Am Arg II 9 : Omnem rem poscunt « Toute l'affaire finit par s'éclaircir » (lit.: « Ils apprennent à tout connaître »)

etc.

- sciscito j'apprends : Mer 386 : Paucula etiam sciscitare prius volo. « J'ai encore quelques petites questions à te poser. » (intensif) j'apprends : cf. scitor Cap 263 : nam sunt quae ex te solo scitari volo « j'ai quelques questions à te poser seul à seul. »

! La valeur itérative de la suffixation se laisse interpréter ici dans le sens d'un conatif (cf. ci-dessus note 16).

161

5.2.5.2. Flexion en -r (1x) : - meditor (= doublet)

je pense:

formation en -ba- : Au 550 : Pol ego te ut accusem merito meditabar. « Parbleu, je m'apprétais à te faire des reproches ; tu en mérites. » (intensif) (cf. appendice 1.1.1.) cf. medeor je pense

5.2.6. Autres (6x) :

5.2.6.1. Flexion active (4x) : - latito je suis caché : formationen -ba- : Tri 926/7 : Quid ergo ille ignavissimus/mihi latitabat ? « Pourquoi donc ce maudit láche s'obstinait-il à m'échapper ? » (intensif, tranche de contexte [question]) (cf. appendice 1.1.1.)

cf. lateo

je suis caché :

Mo 5 : quid lates ? « Pourquoi te caches-tu (lit. : te maintiens-tu en cachette)?» etc.

- lusito Cap

je joue:

1002/3 : quasi patriciis pueris aut monerulse/sut anites, aut coturnices

dantur quicum ]ysitent « comme on donne aux fils de patriciens des choucas, des canards, des cailles pour jouer, (tout comme

à eux, dés mon entrée, on

m'a donné ce pic pour m'amuser) » (intensif, tranche de contexte)

cf. ludo je joue: Mo 10890 : Abi, ludis me « Va donc, tu te moques de moi » etc.

- lutito je lutte: Tri 292 : Nam hi mores maiorum laudant, cosdem lutitant quos conlaudant. «Ces gens-là louent les mœurs

de leurs ancêtres ; et tout en les comblant

d'éloges ils les traînent dans la boue. » (intensif) cf. luctor je lutte : Ba 428 : Ibi cursu luctando « Dans cette école on s’exergait à la course »

etc. - placito

je plais :

Ba 1081 : Neque placitant mores quibus video volgo in gnatos esse parentes. «je n'approuve pas la conduite (lit.: les mœurs ne plaisent pas) que je vois la plupart des parents tenir envers leurs fils. » (intensif, tranche de contexte

[négation])

cf. placeo

je phis :

Cap 870 : Nunc tu mihi places. « A cette heure, c'est à toi que je donne la préférence (lit.: tu me plais). » etc.

162

5.2.6.2. Flexion en -r (2x) :

! - bulbulcitor je suis berger : Mo 53 : Decet me amare et te bulbulcitarier « Il sied à moi de faire l'amour, à toi de conduire les bœufs » ! - mutuitor je loue : Mer 51/2 : et praedicere/omnes tenerent mutuitanti credere « ... et recommander aux gens de bien de se garder de me consentir le moindre prét (lit.: de faire confiance à celui qui cherche à louer). » (intensif-itératif)!**

M5 La valeur itérative de la suffixation se laisse interpréter ici dans le sens d'un conatif (cf. ci-dessus note 16).

163

1.2.3.2.2. La formation en -ta-

Du point de vue de sa valeur, la formation en -ta- s’avère sensiblement identique à celle en -ita-. Il s'agit ici, comme dans

le cas précédent, d'une catégorie d'intensif à affinité itérative et qui montre ainsi la méme palette fonctionnelle. Toujours est-il que ces diverses valeurs apparaissent, dans la sphère des présents

en -/a-, dans des proportions légèrement différentes. Il existe en premier lieu, tout comme dans la classe en -ifa-, une

majorité

de

formes

à

valeur

purement

intensive.

Soit

par

exemple :

Cas 850 : Quid tu ergo hanc, quaeso, tractas tam dura manu ? « pourquoi y vas-tu (lit: tu la tires) si brutalement ? » VS.:

Tri 203 : cum illis ibidem traho « je me fourre avec eux

dans le méme

sac » (lit: « je tire au méme

endroit

qu'eux») (forme-base)

ou encore : Per 312 : Vomicast, pressare parce.

« C'est un abcés ;

doucement, ne presse pas trop. » Vs. : As 775 : neque illaec ulli pede pedem homini premat «elle

ne pressera de son pied le pied d'aucun homme » etc.“ On reléve encore ici cette méme application à la pragmatique du discours qui consiste à greffer la nuance d'intensité sur une tranche de contexte, et de mettre celle-ci par ce biais en relief. Ceteris paribus cette technique s'observe cependant dans le cadre

19 Voir indications complétes appendice 6.

165

des présents

en -{a- moins

fréquemment

que

dans

celui des

présents en -ita-'9. - Les textes donnent ainsi : Cas 385 : Quia enim metuo ne in aqua summa natet. « En ce cas j'aurais peur qu'il ne surnage. » (négation) VS.

:

Au 595/6 : Quasi pueri qui nare discunt scirpea induitur

ratis,/qui laborent minus, facilius

ut nent et moveant

manus « Voyez les enfants qui apprennent à nager : on

leur met un radeau d'osier pour qu'ils se fatiguent moins, et pour qu'ils nagent et fassent le mouvement des bras avec plus de facilité » οι.

Ru

251

«Comment

: Sicine hic cum cela

?

vidua

Pourrons-nous

veste grassabimur marcher

avec

? ces

vétements tout trempés ? » (structure interrogative) VS.

:

Poe 632 : Si male dicetis, vostro gradiar limite. « si vous

me dites des injures, je prendrai le même chemin. » etc.^! La valeur intensive-itérative reste, quant à elle, dans le type en -ta- assez rare. On n'en retient en effet que deux occurrences : Am 795/6 : Me captas, quia tute ab navi clanculum huc alia via/praecucurristi « Tu veux m'attraper : tu as quitté secrétement le vaisseau, tu as couru en avant jusqu'ici par un autre chemin » etc. VS.

:

13 Soit seulement 20% des présents en -ta- vs. 50%

des présents en

-ita-. Voir indications complétes appendices 5. et 6. Cf. encore ci-dessous note

169. 151 Voir indications complètes appendice 6.

166

Am 114 : dum cum illa quacum vult voluptatem capit. «tandis qu'il prend son plaisir avec celle qu'il aime. » et :

Mer 75-8 : navim, metretas quae trecentas tolleret,/ parasse atque ea se mercis vectatum undique/adeo dum, quae tum haberet, peperisset bona «... pour acheter un navire jaugeant trois cents tonneaux, sur lesquels il avait porté en tous lieux sa marchandise, n'ayant point de cesse qu'il n'eüt amassé le bien qu'il avait maintenant » VS.

:

Mo 782 : Magni sunt oneris ; quicquid imponas, vehunt. «Ils sont vigoureux ; quelque charge qu'on leur mette sur

le dos, ils la portent. »"*? A ceci s'ajoute que la valeur expressément itérative se réduit ici à une seule forme : Ba 579 : Ut pulsat propudium ! frappe) à la porte, allons, vite. » St 310 : vide quam dudum hic combien de temps on me laisse j attends et je frappe) ! » etc. VS.

« Frappe donc (lit.: qu'il etc./ asto et pulto ! « Voyez attendre et frapper (lit.:

:

Mo 716 : quo dolo a me dolorem procul pellerem. « ... par quel bon tour détourner (lit.: je repousserais) de moi

la tourmente. »?? Il est vrai que les présents en -ta- peuvent fonctionner comme

habituels. Cette derniére valeur du suffixe alterne cependant, dans

13 Voir indications complètes appendice 6.

13 Op notera que la situation pulso/pulto « je frappe » appartient à ce type de situation exceptionnel qui s'impose le plus sous sa forme itérative (cf. cidessus note 15).

167

les quelques formes oü elle apparaít, avec des réalisations parallèles. On observe ainsi par exemple non seulement : Mo 602 : Tu solus, credo, fenore argentum datas. « Tu es le seul, j'imagine, qui prêtes à intérêt ! » (habituel) vs.:

Ba 74 : Equidem tibi do hanc operam. « Tiens, je t’offre mes services. » (forme-base), mais encore :

Au 637 : Id quidem pol te datare credo consuetum, senex. « Tu m'as l'air d'étre habitué à te le faire mettre, le vieux. » (intensif) et non seulement :

Per 172 : Nam equidem te iam sector quintum hunc annum « Il y a cinq ans, bel et bien, que je suis à ton service » (habituel) vS.:

Am 584/5 : lam/sequere sis « Suis-moi, s'il te plaît » (forme-base), mais encore :

Mi 505 : Ibi dum condignam te sectaris simiam « ... en y

poursuivant (lit.: lorsque tu y poursuis) un singe, ta digne

compagnie » (intensif) etc.

1* Voir indications complètes appendice 6.

168

On remarquera ainsi que les dérivés en -ta- limitent davantage

que leurs parallèles en -ita- la valeur itérative que tendent à

dégager les catégories à signifié intensif'*. Tout

langue

comme

semble

dans

sélectionner

le cas

les

de

la formation

lexémes

dont

en

elle

-ita-,

dérive

la

des

presents en -/a- non en fonction de leur structure aspectuelle, mais dans une certaine mesure en fonction de leur valence qualitative. Ceci dit, on observe ici une majorité de lexémes à prime

actant agentif et encore,

prime

actant

mouvement.

affecté,

une

dans le groupe

prépondérance

de

des lexémes

situations

à

de

- Ceux-ci représentent en effet, en raison de leur

prime actant dynamique, le type de situation introvertie qui se rapproche le plus de la configuration agentive. - On retient

ainsi : prime actant agentif :

13x

prime actant affecté : mouvement : processus phys.: perception : intellect/sens. :

19x 7x 5x 1x 4x

autres :

2x

total :

32x Les présents en -ta- s’avèrent dérivés de noms verbaux en

-to- tels que captus « pris » ou gestus « mené », et qui désignent

un état d’affecte'””. On remarquera que ce type de forme-base correspond parfaitement à une catégorie d'intensif qui s'applique à des lexémes

agentifs,

et dont

le concept

risque ainsi de se

fonder sur l'idée d'un tel état*.

555 Voir encore ci-dessous 1.2.3.2.4. p. 192. 156 Voir indications complétes appendice 6. 15! Cf. par exemple Leumann - Hofmann - Szantyr (1965? : I, 547). 18 Pour la corrélation entre les rôles sémantiques du prime et du second actant, cf. ci-dessous 3.1. p. 331.

169

Le lien dérivationnel avec le nom verbal en -ἴο- amène à considérer certains de ces intensifs comme appartenant à une couche de formes secondaires. Tel semble étre le cas de tout dérivé en -ta- dont le présent-base se dégage comme monoactanciel?, et extérieur à la flexion en -r, et qui n'accordera ainsi jamais à un nom verbal en -{o- une fonction centrale dans son paradigme. C'est en effet ce méme type - et non pas le noyau des intensifs agentifs, ou du moins dynamiques - qui montre le taux le plus élevé de formes en -fa- sans présents-

bases'4, Soit ainsi en termes numériques précis! :

prime actant agentif : prime actant affecté : mouvement : processus

pourvu de

dépourvu de

présent-base :

présent-base :

13x

lix

2x

19x (4x -r) 7x (2x -,) 5x (1x

12x (4x -r) 7x Qx -r) 2x (1x

7x

phys.: perception :

-r) Ix

-ἢ ix

intellect/sens.:

4x (1x -) 2x

1x (1x -p) Ix

autres : total :

32x (4x -r)

23x (4x -r)

3x

3x Ix 9x

19 _ ou, plus précisément, comme exempt d'un deuxième actant affecté (cf. ci-dessous 2.2.1.2.1.).

160 On s'appuie ici sur une configuration spécifique et il paraît évident que l'absence d'une forme-base caractérise, dérivés justement anciens pour lesquels une remarquera, d'ailleurs, que les occurrences chances de contribuer à une évolution vers s'amorce ici.

autres cas, des dans de nombreux telle forme a alors disparu. - On de ce deuxième type ont toutes les la dérivation primaire telle qu'elle

161 Voir indications complètes appendice 6. 170

Il apparaît ainsi que les intensifs en -ta- sont en train de se détacher d'un schéma dérivationnel qui leur imposait, en dehors de leur application agentive, un statut de formes fondées. - La perte de la deuxiéme de ces dispositions doit, de toute évidence, obscurcir leur valeur sémantique.

Comme son parallèle en -ita-, la catégorie en -ta- permet la dérivation d'un parfait en -u- qui intégre, à son tour, la suffixation du présent. temporelles du type :

On

aboutit

ainsi

à

des

oppositions

Ep 350/1 : Nil moror vetera et vulgata verba/« peratum ductare » : ego follitum ductitabo « Je ne me soucie pas

des expressions anciennes et banales comme « mettre quelqu'un dedans », moi c'est la téte dans le sac que je lui mettrai.

»

(présent)

vs.: Cap 642 : qui me ut lubitum est duc-ta-vit dolis. « ... qui m'a fait marcher à son gré. »

(parfait)'* En tant qu'ils sont d'une moindre régularité dérivationnelle, les présents en -fa- restent, dans leur positionnement entre lexique et grammaire, plus éloignés du póle grammatical que la catégorie en -ita-. Ill parait cependant évident que cet échelonnement ne résulte que du décalage chronologique qui existe entre les deux

types (cf. ci-dessous

1.2.3.2.4.).

Car,

à

l'époque de leur pleine productivité, les intensifs en -fa- ont dû Occuper ici une position précisément comparable reçoivent dorénavant les intensifs en -ifa-.

162 Voir indications complètes appendice 6.

171

à celle

que

Appendice 6 : Présents suffixés en -taLégende : ! : présent suffixé en -ta- dépourvu de forme-base

6.1. Prime actant agentif (13x) :

6.1.1. Flexion active (13x) : - capto je chasse : Am 7195/6 : Me captas, quia tute ab navi clanculum huc alia via/praecucurristi « Tu veux m'attraper : tu as quitté secrétement le vaisseau, tu as couru en

avant jusqu'ici par un autre chemin » (intensif-it£ratif)'® etc.

formation en -ba- :

Ep 215 : Eos captabant. « Elles leur faisaient la chasse. » (cf. appendice 1.1.1.) cf. capio je saisis : Am 114 : dum cum illa quacum vult voluptatem capit. « tandis qu'il prend son plaisir avec celle qu'il aime. » ec.

formation en -ba- : Ba 438/9 : Nam olim populi prius honorem capicbat suffragio/quam magistro desinabat esse dicto oboediens. « Autrefois, on sollicitait les honneurs et les suffrages populaires qu'on n'avait pas cessé d'étre sous la coupe de son maître.» (cf. appendice 1.3.1.) ! - cito je mets en branle : Men 844 : Quid, si ego huc servos cito ? « Si j'appelais ici des esclaves »

(intensif) etc. - dato je donne : Au 637 : Id quidem pol te datare credo consuetum,

senex. « Tu m'as l'air

d'étre habitué à te le faire mettre, le vieux. » (intensif) Mo 602 : Tu solus, credo, fenore argentum datas. « Tu es le seul, j'imagine,

qui prétes à intérét ! » (habituel) etc.

cf. do

je donne :

Ba 74 : Equidem tibi do hanc operam. « Tiens, je t'offre mes services. » etc.

18 [3 valeur itérative de la suffixation se réalise ici en tant que conative (cf. ci-dessus note 16).

173

formation en -ba- : As 205 : Longe aliam, inquam, pracbes nunc atque olim quom dabam « Quelle différence avec autrefois, quand je donnais sans compter ! » (cf. appendice

1.3.1.) etc.

- ducto

Ep 350/1

je guide :

: Nil moror vetera et vulgata verba/« peratum ductare » : ego

follitum ductitabo « Je ne me soucie pas des expressions anciennes et banales comme « mettre quelqu'un dedans », moi c'est la tête dans le sac que je lui mettrai. » (intensif) etc.

Men 694 : me ductare non potes. « inutile d'essayer ; tu ne m'auras pas. »

(intensif, tranche de contexte [négation]) etc.

Poe 868 : Neque triobolum ullum amicae das et ductas graticis. « et cela sans donner un triobole à ta bonne amie, que tu peux avoir tant que tu veux,

gratis?» (intensif [tranche de contexte)/it£ratif)'* etc. parfait: Cap 642 : qui me ut lubitum est ductavit dolis. « ... qui m'a fait marcher à son

gré. » (intensif) cf. duco Au

je guide:

162 : Post mediam actatem qui media ducit uxorem domum

« Quand un

homme sur le déclin épouse (lit. : guide) une femme entre deux äges, ...» etc.

cf. ductito

je guide

- gesto je porte: St 163 : ego non pausillulam in vetero gesto famem « ce n'est pas une toute petite faim que je porte dans mes entrailles » (habituel) Ps 9/10 : iam hos multos dies/gestas tabellas tecum « ... tenant sans cesse (lit.:

tu portes déjà depuis de nombreux jours) ces tablettes à la main » (duratif) etc.

Ep 617 : in manibus gestant copulas secum simul. « tous les deux ont en mains des cordes... » (duratif exprimant unc intensité)

Ba 375 : Egone ut haec conclusa gestem clanculum ? « Et je garderais le secret sur tout cela ! » (duratif exprimant une intensité [tranche de contexte]) parfait : Ru 1081 : et ea quae olim parva gestavit crepundia « Et les jouets qu'elle portait autrefois » (habituel) etc.

14 On

précisera que

les valeurs de l'intensité et de l'itérativité

coexistent dans cette attestation indépendamment l'une de l'autre.

174

cf. gero je porte : Ba 509 : Sed satine ego animum mente sincera gero « Mais ai-je bien tout mon esprit, toute ma raison... ? » etc. formation en -ba- : Tri 901 : Bene rem gerebat. « Fort bien dans ses affaires. » (lit.: « Il menait bien son affaire. ») (cf. appendice 1.2.1.) cf. gestito je porte - iacto je lance/frappe: Ci 206 : [actor, crucior, agitor « Je suis ballotté, torturé, agité » (intensif) etc. cf. icio je lance : Mer 617 : Montis tu quidem mali in me ardentis iam dudum jacis. « Sais-tu bien que depuis une heure tu entasses sur moi des montagnes de maux dont la flamme me dévore ? » etc. ! - de-lecto je régale :

Poe 191/2 : Oculos volo/meos de-lectare munditiis meretriciis. « Je veux régaler mes yeux des élégances courtisanesques. » (intensif)

etc. ob-lecto je régale : Poe 1258 : Num hi falso ob-lectant gaudio nos ? « Ma chérie, ne nous leurrentils pas d'une fausse joie ? » (intensif) etc.

formationen -ba- : Ru 222 : perdidi spem qua me ob-lectabam. « j'ai perdu l'espérance dont je me bergais. » (cf. appendice 1.1.1.) etc

- presso je presse : Per 312 : Vomicast, pressare parce. « C'est un abcés ; doucement, ne presse pas trop. » (intensif) etc.

cf. premo je presse : As 775 : neque illaec ulli pede pedem homini premat « elle ne pressera de son pied le pied d'aucun homme » etc.

- pulso/pulto je frappe : Ba 579 : Ut pulsat propudium ! « Frappe donc (lit.: qu'il frappe) à la porte, allons, vite. » (itératif)

etc./ St 310 : vide quam dudum hic asto et pulto ! « Voyez combien de temps on me laisse attendre et frapper (lit.: j'attends et je frappe) ! » (itératif) etc.

175

cf. pello je pousse : Mo 716 : quo dolo ἃ me dolorem procul pellerem. « ... par quel bon tour détourner (lit.: je repousserais) de moi la tourmente. » etc.

- quasso

je secoue :

Ep 436 : suam qui undantem chlamydem quassando facit ? « ... et qui fait ondoyer sa chlamyde en se dandinant ? » (intensif)

etc. cf. quatio je secoue : Cu 395/6 : Nam quid id refert mea,/an aula quassa cum cinere «Cela, ou un pot qu'on t'a cassé sur la téte (lit. : un pot ayant qui t'aura crevé l’œil en répandant sa cendre, qu'est-ce que faire?» - 0s-tento je montre : Mo 287 : Quid opust, quod suum esse nolit, ei ultro os-tentarier

effossus siet ? été secou£), et cela peut me

? « A quoi sert

de faire étalage à ses yeux de ce dont il ne voudrait pas pour lui ? » (intensif) etc.

cf. os-tendo je montre : Mo 1070 : Non ego illi extemplo hamum os-tendam « Je ne lui montrerai pas tout d'abord l'hamegon» etc.

- tracto je tire : Cas 850 : Quid tu ergo hanc, quaeso, tractas tam dura manu ? « pourquoi y vas-tu (lit.: tu la tires) si brutalement? » (intensif) etc.

As 161 : quom tu me ut meritus sum non tractas « puisque tu ne veux pas me traiter selons les miens (lit.: comme je l'ai mérité). » (habituel)

etc. parfait : Mi 510 : Tum quod tractavisti hospitam ante aedis meas « ... pour avoir enfin brutalisé devant ma propre maison une femme à quije donne l'hospitalité »

(intensif) etc. cf. traho

je tire :

Tri 203 : cum illis ibidem traho « je me fourre avec eux dans le méme sac » (lit.: « je tire au méme endroit qu'eux »)

etc.

- vecto

je transporte :

Mer 75-8 : navim, metretas quae trecentas tolleret,/parasse atque ea se mercis vectatum undique/adeo dum, quae tum haberet, peperisset bona « ... pour acheter un navire jaugeant trois cents tonneaux, sur lesquels il avait porté en tous lieux sa marchandise, n'ayant point de cesse qu'il n'eüt amassé ie bien qu'il avait maintenant » (intensif-itératif)

176

cf. veho je transporte : Mo 782 : Magni sunt oneris ; quicquid imponas, vehunt. « Ils sont vigoureux ; quelque charge qu'on leur mette sur le dos, ils la portent. » etc.

6.2. Prime actant affecté (19x) : 6.2.1. Mouvement (7x) : 6.2.1.1. Flexion active (5x) :

- cesso j'hésite : As 125 : Sed quid ego cesso ire ad forum... ? « Mais que je m'attarde ; je devrais déjà étre au forum. » (lit. : « Mais qu'est-ce que j'hésite d'aller au forum ? ») (intensif) etc.

parfait : Mi 1432/3 : nihil cessarunt ilico/osculari atque amplexari inter se. « ... qu'ils se sont mis à s'embrasser et à se bécoter sans arrét. » (lit.: « ils n'ont pas hésité de se faire des baisers et de s'embrasser. ») (intensif) cf. cedo je recule : Mi 897 : Lepide hercle ornatus cedis. « Tu te présentes (lit. : Tu t'en vas), ma foi, dans un fort galant appareil. »

etc. - vi-ito

j'évite (je marche dans le sens opposé) : Cu 298 : Proin sese domi contineant, vitent infortunio. « Ainsi, qu'on se tienne enfermé chez soi, pour éviter malheur (lit. : qu'ils marchent à l'opposé du malheur). » (intensif) etc.

cf. eo je vais : Cas 854 : Cubitum ergo ire volt. « Hé bien, c'est qu'elle veut s'aller coucher.» etc.

- nato je nage : Ru 155 : Eiecti ut natant ! « Comme ils nagent apres leur naufrage ! » (intensif) Cas 385 : Quia enim metuo ne in aqua summa natet. « En ce cas j'aurais peur qu'il ne surnage. » (intensif, tranche de contexte [négation])

cf. no je nage : Au 595/6 : Quasi pueri qui nare discunt scirpea induitur ratis,/qui laborent minus, facilius ut nent et moveant manus « Voyez ies enfants qui apprennent à nager : on leur met un radeau d'osier pour qu'ils se fatiguent moins, et pour qu'ils nagent et fassent le mouvement des bras avec plus de facilité »

- repto Cas 98:

je rampe : Quid

in urbe reptas « Qu'est-ce que tu as à rôder dansla ville

177

(... Est-ce que tu ne ferais pas mieux de t'occuper de ton travail, sans te mêler des choses de la ville ?) » (intensif) etc.

cf. ob-repo je rampe : Ps 686 : ut mors ob-repat interim. « ... la mort vient furtivement nous surprendre.» - salto je danse : Men 199 : Si non saltas, exue igitur. « Si tu ne danses pas, Öte-la (mante)

donc. » (intensif) etc.

cf. salio je saute: Cas 414 : cor lienosum, opinor, habeo ; iam iam dudum salit. « On dirait que j'ai le cœur dératé, tant il saute... » etc.

6.2.1.2. Flexion en -r (2x) : - grassor

je marche :

Ba 116-38 : non vides ut palantes/solae liberae/grassentur ? « Ne vois-tu pas comme on les laisse vagabonder, seules, en liberté (lit: comme elles s’avancent vagabondant seules et libres) ? » (intensif, tranche de contexte) Ru 251 : Sicine hic cum vidua veste grassabimur ? « Comment cela ? Pourrons-nous marcher avec ces vétements tout trempés ? » (intensif, tranche de contexte [question]) cf. gradior je marche :

Poe 632 : Si male dicetis, vostro gradiar limite. « si vous me dites des injures, je prendrai le m&me chemin. » eic. - sector je suis : Mi 505 : Ibi dum condignam te sectaris simiam « ... en y poursuivant (lit.: lorsque tu y poursuis) un singe, ta digne compagnie » (intensif)

etc. Per 172 : Nam equidem te iam sector quintum hunc annum « Il y à cinq ans, bel et bien, queje suis à ton service » (habituel)

etc. cf. sequor

je suis :

Am 58415 : lam/sequere sis « Suis-moi, s'il te plait » etc.

178

6.2.2. Processus physique (5x) : 6.2.2.1. Flexion active (4x) :

! - gusto

je goüte :

(valeur intensive neutralisée) Cap 137 : Foris aliquantillum etiam quod gusto, id beat. « et la moindre bouchée prise chez les autres (lit.: à laquelle je goûte) suffit à me combler. » etc.

parfait : Ps 883/4 : ut quisque quicque conditum gustaverit,/ipsus sibi faciam ut digitos praerodat suos. « qu'on ne pourra pas goüter un seul de mes assaisonnements sans se ronger les doigts, j'en réponds. » (lit.: « que quiconque ait goûté à mes assaisonnements, je ferai de sorte qu'il se ronge lui-même les doigts. ») - ab-nuto je fais un signe de la t&te : Cap 611 : Quid me ab-nutas ? « Pourquoi me fais-tu des signes ? » (intensif) etc.

an-nuto je fais un signe de la tête : Mer 436/7 : Ibidem mihi/etiam nunc ad-nutat. « Justement mon client me fait encore un nouveau signe. » (intensif) cf. ab-nuo je fais un signe de la tête : Mer 49/50 : interdum mussans coloqui,/ab-nuere, negitare adeo me natum suum. « il se contentait de bougonner entre ses dents, et avec un signe de tête significatif, il me reniait pour son fils. » etc. an-nuo je fais un signe de la tête : Cu 342/3 : An-nuo/visitasse. « Je lui réponds que oui. » (lit.: « Je confirme l'avoir vu. ») etc. ! - poto je bois : (valeur intensive neutralisée)

Men 302/3 : qui tibi saepissume/Cyathisso apud nos, quando potas ? « Je te verse pourtant assez souvent à boire, quand tu fais bombance chez nous. » etc.

parfait : Men 476 : Prandi, potavi, scortum accubui « J'ai bien mangé, bien bu, avec

une jolie fille attablée à mes côtés » etc.

cf. potito je bois ! - sputo je crache : Mer 138 : iamdudum sputo sanguinem. (intensif)

« je ne fais que cracher le sang. »

etc.

179

6.2.2.2. Flexion en -r (1x) : - am-plexor(= doublet) je serre dans mes bras : Ba 76/7 : te volo/me am-plexari. « je veux que tu m'embrasses » etc.

cf. am-plector je serre dans mes bras : Ru 1175 : Ut te am-plector libens | « Que j'ai de plaisir à t'embrasser | » etc.

6.2.3. Perception (1x) : 6.2.3.1. Flexion active (1x) :

- specto

je regarde :

Tri 861 : Quam magis specto, minus placet mi haec hominis facies « Plus je l'envisage, moins sa mine me revient » (intensif)

etc. cf. spicio je regarde: Mi 694 : Flagitiumst si nil mittetur, quac supercilio spicit. « Ce sera un scandale si l'on n'envoie rien à la voyante qui lit dans les sourcils.» etc.

6.2.4. Intellect/sensation (4x) : 6.2.4.1. Flexion active (3x) : ! - cuncto j'hésite: Ep 162 : Non enim nunc tibi dormitandi neque cunctandi copia est. « Ce n'est pas le moment de t'endormir ni de lambiner... » (intensif)

etc. ! - macto

j'honore/je fais éprouver du mal : Ba 886 : Et ego te et ille mactamus infortunio. « Lui et moi nous t'envoyons tout nos vœux de malheur. » (intensif)

etc. | - opto je désire : Mer 908 : Quid, si optabo ? « Et si je demande ? » (intensif) etc. formation en -ba- :

Ba 725 : Euax, nimis bellust atque ut esse maxume optabam

locus. « Bravo!

(cf. l'endroit est charmant et tout à fait comme je le souhaitais. » (intensif) appendice 1.1.1.) parfait:

180

Tru 859 : Video eccum qui amans tutorem med optavit suis bonis. « Justement j’apergois celui qui, par amour de moi, m'a choisie pour gérer la tutelle de ses

biens. » (intensif) etc.

6.2.4.2. Flexion en -r (1x) :

- com-mentor je médite : Poe 1 : Achillem Aristarchi mihi com-mentari lubet « J'ai envie de vous remettre en mémoire l’Achille d’Aristarque » (intensif) etc. Ci 509 : Quin ne com-mentor quidem. « Bien mieux ; l'idée ne m'en vient méme pas. » (intensif, tranche de contexte [négation]) etc. cf. com-miniscor j'invente : Tri 515/6 : Plane periimus,/nisi quid ego com-miniscor. « Nous sommes bel et bien perdus, si je n'invente quelque chose. » etc.

6.2.5. Autres Qx) : 6.2.5.1. Flexion active (2x) :

! - certo je lutte : Mer 345 : Ita animi decem in pectore incerti certant. contradictoires se heurtent dans mon esprit » (intensif)

« mille pensées

etc.

- manto je reste/j' attends : Poe 264 : Quia erus nos apud aedem Veneris

mantat.

Maneat pol. « C'est que

le maitre nous attend au temple de Vénus. - Hé bien, qu'il attende. » (intensif) etc.

cf. maneo je reste/j' attends : Men 423/4 : Neque ego illum maneo neque flocci facio neque, si venerit,/eum volo intromitti. « Ma foi, non ! (lit.: Je ne l'attends pas.) Je me moque bien de lui. Et même s'il vient, je défends qu'on le fasse entrer. » etc.

181

1.2.3.2.3. La formation en -a-

La formation en -a- s'avére de celles en -ita- et en -1a-. Cette catégorie niveau de son inventaire qu'à celui de sa archaique, qui rend rarement aisée la

loin plus obscure que s'observe mal, tant au vraie valeur. Si ce type comparaison avec une

forme-base,

comporter

semble

en

régle

générale

une

nuance

intensive, on peut se demander au sujet de quelques dérivés précis s'ils ne servent pas à transformer la situation verbale en une donnée imperfective. Tel serait par exemple, en face de :

Mi 229/30 : confidentiast/nos inimicos pro-fligare posse. « il y a bon espoir que nous pourrons mettre l'ennemi en déroute. » (intensif)

vs.: Mi 1330/1 : tene mulierem, /ne ad-fligatur. « soutiens-la ; elle va tomber (lit.: pour qu'elle ne se heurte pas). » (forme-base) etc.,

le cas de : Men 452 : Contionem habere, qui homines occupatos occupat. « ... les assemblées populaires, pour donner de l'occupation aux gens occupés (lit.: qui occupent les gens occupés) ! »

(imperfectif ?) VS.: Tri 1042 : et metuo, si conpellabo, ne aliam rem oc-cipiat loqui. « et j'ai peur, si je l’interpelle, qu'il ne change de propos (lit: qu'il n’entreprenne la conversation d'une autre affaire). »

(forme-base) etc."

16 Voir indications complètes appendice 7.

183

Il n'est donc pas exclu que l'on ait affaire ici à une catégorie - du moins partiellement - aspectuelle. Les quelques parfaits qui apparaissent à côté de dérivés en -a- semblent, le plus souvent, ajouter leur morphéme -u- à la suffixation du présent. On retient ainsi des oppositions temporelles du type de : Men 98/9 : Nam illic homo homines non alit, verum educat/recreatque « Car c'est un homme, voyez-vous, qui ne se contente pas de vous nourrir ; il vous engraisse, il vous remplume » (présent) VS. : Ci 39/40 : illa te, ego hanc mihi e-duc-a-vi/ex patribus conventiciis. « Elle t'a élevée à elle seule, comme j'ai toute seule élevé ma fille, puisque vos pères étaient de rencontre. » (parfait) Il existe cependant ici, en paralléle, une occurrence isolée dans laquelle la marque du parfait se substitue à celle du présent : As 923 : At etiam cubgt cuculus « Il est encore couché, le coucou ? »

VS. : Am 513 : prius abis quam lectus ubi cub-u-isti concaluit locus « Tu t'en vas avant méme

d'avoir réchauffé dans

notre lit la place où tu t'es couché. »"% Il paraít significatif que la formation en -a-, qui se révéle plus ancienne que celles en -ia- et -ἰα-, combine ainsi, dérivation de ses parfaits, le procédé morphologique dernières à celui que montrent encore les présents en -e(cf. ci-dessus 1.2.3.2.1. p. 146).

166 Voir indications complètes appendice 7. 184

comme dans la de ces et -sc-

En tant que formation résiduelle, entiérement rejeté vers le lexique.

185

le type

en

-a- est

Appendice 7 : Présents suffixés en -a7.1. Prime actant agentif (5x) : 7.1.1. Flexion active (5x) :

- OC-CUpO

j'occupe :

Men 452 : Contionem habere, qui homines occupatos oc-cupat. « ... les assemblées populaires, pour donner de l'occupation aux gens occupés (lit.: qui occupent les gens occupés) ! » (imperfectif?) etc

parfait : Tri 1135 : Familiam optumam oc-cupavit. « C'est une excellente famille sur laquelle il a mis la main. » cf. oc-cipio j'entreprends : Tri 1042 : et metuo, si conpellabo, ne aliam rem oc-cipiat loqui. « et j'ai peur, si je l'interpelle, qu'il ne change de propos (lit: qu'il n'entreprenne la conversation d'une autre affaire). » etc.

- e-duco j'élève : Men 98/9 : Nam illic homo homines non alit, verum e-ducat/recreatque « Car c'est un homme, voyez-vous, qui ne se contente pas de vous nourrir ; il vous engraisse, il vous remplume » (imperfectif ?)

etc. parfait : Ci 39/40 : illa te, ego hanc mihi e-ducavi/ex patribus conventiciis. « Elle t'a élevée à elle seule, comme j'ai toute seule élevé ma fille, puisque vos pères étaient de rencontre. » cf. e-duco je méne au dehors : St 762 : Tene tu hoc ; e-duce. « Tiens, prends ça, toi ; avale. » etc.

- pro-fligo je renverse : Mi 229/30 : confidentiast/nos inimicos pro-fligare posse. « il y a bon espoir que nous pourrons mettre l'ennemi en déroute. » (intensif) cf. ad-fligo je frappe contre :

Mi 1330/1 : tene mulierem,/ne ad-fligatur. « soutiens-la ; elle va tomber (lit.: pour qu'elle ne se heurte pas). »

- ap-plico je mets contre : Men 342 : Postilla extemplo se ad-plicant, adglutinant. « Ensuite, sans perdre une minute, elles (courtisanes) s'accrochent, elles se collent à leur homme »

(intensif) etc.

com-plico Ru 938 : Dum hanc

j'enroule : tibi quam trahis redentem com-plico.

187

« Le temps que je

roule ce cordage que tu traînes derrière toi. » (intensif7) etc.

ex-plico je déplie : Ep 444/5 : Non repperisti, adulescens, tranquillum locum,/ubi tuas virtutes explices « Jeune homme, tu as bien mal choisi ton coin pour y étaler tes prouesses » (intensif) etc.

parfait : Poe 750 : Is ex-plicavilt] meam rem postilla lucro « et le dénouement de tout cela, c'est pour moi une bonne affaire. » (lit. : « Il m’expliquait que mon affaire tournerait à l'avantage. ») im-plico je plie dans : Ci 729 : Involuolum, quae in pampini folio intorta in-plicat se « La chenille tordeuse, qui s'enroule et s'entortille dans les feuilles du pampre. » (intensif ?) cf. plecto je tourne :

Mer 826 : si itidem plectantur viri « si on punissait les maris... » etc.

com-plector j'embrasse : Cu 188 : nequeunt com-plecti satis. « Ils n'en finissent pas de s'embrasser... » etc.

- dis-sipo je répands : Fr 1 57 : Dis-sipabo te tamquam folia farfari. feuilles du tussilage » (traduction U.B.)(intensif ?)

« Je t'abattrai comme les

7.2. Prime actant affecté (4x) : 7.2.1. Processus physique (2x) :

7.2.1.1. Flexion active (2x) : - cubo As

923

je suis allongé: : At etiam cubat cuculus « Il est encore couché,

le coucou ? »

(imperfectif) etc.

parfait:

Am 513 : prius abis quam lectus ubi cubuisti concaluit locus « Tu t'en vas avant même d'avoir réchauffé dans notre lit la place où tu t'es couché. » cf. de-cumbo je me couche : As 828 : Age de-cumbamus sis, pater. « Veux-tu que nous prenions place,

père? » - com-paro j'accouple : As 668 : com-para labella cum labellis. « colle tes lévres mignonnes sur mes lèvres mignonnes. »

etc.

188

cf. pario j accouche : Ci Arg 3 : Sicyonia aeque parit puellam. « La Sicyonienne, elle aussi, met une fille au monde. »

etc.

7.2.2. Voix/bruit (1x) : 7.2.2.1. Flexion active (1x) :

- dico

je dicte :

Ps 560 : Quin tibi hanc operam dico. concours. » (intensif)

etc. cf. dico Ba 442

« Bien mieux

; je te promets

mon

je dis : : puero sic dicit pater « le père ne manque pas de dire à son garçon :

»

etc.

7.2.3. Perception (1x) : 7.2.3.1. Flexion en -r (1x) : - su-spicor je soupgonne : Men 1081 : di immortales, spem insperatam date mihi quam su-spicor « Ὁ dieux immortels ! Qu’entrevois-je ? Faites que se réalise cette espérance inespérée (lit.: queje soupconne) ! » etc.

formation en -ba- : As 888/9 : quod ancillas meas/su-spicabar « tandis que je soupgonnais mes servantes » (cf. appendice 1.1.1.) parfait : Mi 401: Atque ut tu su-scipatus es eam vidisse osculantem «... avec tes soupçons, avec tes embrassades que tu as cru voir ! » (lit. : ... et comme tu as soupconné de l'avoir vue en train d'échanger des baisers ») cf. specio je regarde : Mi 694 : Flagitiumst si nil mittetur, quae supercilio spicit. « Ce sera un scandale si l'on n'envoie rien à la voyante qui lit dans les sourcils. » etc.

su-spicio je soupçonne : Ba 1004 : Sat sic su-spectus sum, cum careo noxia. « J'ai été assez soupçonné comme cela, tout en n'étant pas coupable. » etc.

189

1.2.3.2.4.

Comparaison

entre

les

différentes

formations

d'intensif-itératif Les catégories déverbatives en -a-, en -ta- et en -ita- font, de toute évidence, l'objet d'un échelonnement diachronique. Cette relation ressort non seulement du nombre respectif de leurs dérivés, mais encore de la fagon qu'ont ces catégories de recevoir ou non des formes-bases

et d'entretenir avec

celles-ci,

le cas

échéant, des rapports plus ou moins réguliers'?. On se référera encore, dans ce contexte, à la morphologie de plus en plus complexe de la suffixation qui semble révéler que la langue renouvela

à plusieurs

reprises

diverses réalisations perdaient, transparence dérivationnelle. récentes, cette stratification se suffixation enchainée en -t-ita-

un

type

de

catégorie

dont

les

les unes aprés les autres, la Entre les deux classes plus manifeste encore à travers la que présentent ici les formes à

double derivation'®. Dans un état de langue postérieur à la productivité du type en -a- - dont on ne saisit plus la valeur précise -, les formations en -ta- et -ita- fonctionnent toutes deux comme catégories d'intensif. On constate cependant que les deux classes différent, en dehors du décalage chronologique, dans les types de

'€' Pour les types en -ita- et en -fa-, on renvoie ici essentiellement aux données numériques (plus de 80% des présents en -ita- à forme-base attestée vs. 70% des présents en -ta-). - Il semble en effet que le nombre de dérivés sans forme-base se multiplie, dans l'une et l'autre des deux configurations retenues à ce niveau (cf. ci-dessus 1.2.3.2.2. p. 170 sq. et note 160), dans la mesure oü une catégorie s'avére ancienne. - Pour le type en -a-, cf. ci-dessus 1.2.3.2.3.

165 On notera que les trois seules formes de ce type ductito « je mène », gestito « je porte » et potitio « je bois » regoivent des explications différentes. Ainsi, seul ductitabo « je mènerai » en Ep 351 etc. semble - opposé à sa formebase directe ductare « mener » en Ep 351 etc. - exprimer une intensité accumulée alors que gestitem « je porterai » en Mi 7 etc. représente, en face de gesto « je porte » etc./gestant « ils tiennent » en Ep 617 etc., un habituel « pur » et que potitare « boire » en Am 419 etc. dispose, avec potabit « il boira » en Men 792 etc., d'une forme-base exempte de valeur intensive. (Voir indications appendices

5. et 6.)

191

lexémes auxquels elles s'appliquent. Ceci permet de supposer que la langue possédait, dans un premier temps, une catégorie d'intensif en -ta- qu'elle réservait à des lexémes agentifs, et qu'elle doublait seulement à une époque postérieure d'un type en -ita- qui se trouvait, lui, destiné à donner de tels déverbatifs à des lexémes à prime actant affecté, et notamment d'élocution. La distribution complémentaire que l'on pose ainsi a cepedant dü se brouiller trés tôt en faveur du critère chronologique. C'est ainsi que le type en -ita-, qui s’avère alors plus clair et plus productif, tend dorénavant à se répandre au détriment de son prédécesseur en -ta-. On se rappellera dans ce contexte que le type en -ita- présente plus facilement que son parallèle en -ta- la valeur itérative dont tend à s'accompagner le signifié intensif. Dans la mesure oü les deux catégories montrent par ailleurs une fonction quasiment identique, et où il n'y a guère ici de rapport avec leur application respective,

ce décalage

semble

bien s'expliquer à partir de la

dimension chronologique. - On constate de la sorte que la langue progresse ici dans sa mise au point d'une catégorie itérative'9.

Les observations qui précédent permettent d'identifier le sémantisme de l'intensité comme une catégorie que le latin tient à préserver, et qu'il soumet ainsi au renouvellement morphologique. Les différentes réalisations de cette catégorie reçoivent systématiquement dans la langue latine une position intermédiaire entre lexique et grammaire et, avec cela, le type de statut que l'on désigne ici comme « lexico-dérivationnel ». - On remarquera que la généralisabilité a priori assez large des deux classes récentes se trouve, plus que par la contrainte du prime actant animé,

compensée

par

la

coexistence

de

certains

moyens

d'expression comparables. Le grec procéde à son tour à une catégorisation de la valeur intensive. En dehors de ses deux types anciens à suffixe

18 Ceci semble également valoir pour l'emploi que le sème d'intensité se voit attribuer au niveau de la pragmatique du discours (cf. ci-dessus 1.2.3.2.1. p. 140 et 1.2.3.2.2. p. 165 sq.).

192

*-éye/o- et à redoublement intégral, le grec exploite ici la technique dorénavant de plus en plus usuelle de dériver, à partir d'un lexéme a priori actif, une forme de diathése moyenne (cf. Intégration... 1.1.2.2. et I.1.2.3.). Il importe ici tout d'abord de remarquer que seul le grec, et non le latin, fait intervenir à ce niveau la catégorie de la diathèse. - On observe que les deux langues disposent également du modèle de certains lexémes qui adoptent, en vertu de leur signifié

intensif, la voix seconde qu'est en latin la flexion en -r (cf. cidessous 2.2.1.1.), et en grec le moyen (cf. Integration... L1.2.3.).

Mais

au-delà

de ce premier

facteur,

une

éventuelle

réapplication de ce rapport à des lexémes ultérieurs, semble ici rester tributaire des fonctions que la langue attribue à la diathése par ailleurs. En grec cette catégorie intervient essentiellement dans les lexémes à double valence quantitative oü elle permet d'exprimer, à partir d'une base lexicale commune, différentes structures de la situation (cf. Integration... 1.2.1.). On notera qu'il existe encore, dans ce cas, un rapport équilibré entre un signifiant et un signifié qui apparaissent, l'un et l'autre, comme des items « fondamentaux ». Car, si le choix diathétique accompagne obligatoirement l'emploi de toute forme verbale, le nombre des actants constitue bien un des grands axes de la situation. - Une fois que le locuteur

est ainsi habitué à restructurer la valence du lex&me'” par le biais de la diathése, il tend à introduire ce méme outil dans des configurations comparables. C'est là le type de processus qui semble conduire en grec à une intégration du séme d'intensité

dans la sphére fonctionnelle de l'opposition diathétique. Il importe ici de relever que l'adjonction de ce sème ne modifie aucunement la situation dans ses grandes lignes et que le signifiant « fondamental » de la voix subit ainsi, dans ce deuxième

rapport, la contraction avec un signifié d'ordre « périphérique ». On remarquera qu'une telle contraction ne semble pouvoir se IN Ceci revient à dire la valence qualitative. L'expression de la valence quantitative s'appuie en grec, en effet, sur celle des róles sémantiques. Cf. Intégration... 1.2.1.

193

produire qu'à condition que la langue s'inspire d'un codage qu'elle possède déjà, ou qu'elle développe en parallèle. Au niveau du latin, les données sont autres. Dans la mesure οὐ la langue refuse de tirer d'un méme lex&me différentes variantes de la situation (cf. ci-dessous 2.2.1.2.1. et 2.2.4.), elle ne peut utiliser la diathése dans la dimension de la valence quantitative. On observe ainsi le blocage de ce méme outil grammatical sur la catégorie de l'orientation marquée (cf. ci-dessous 2.2.1.2.1.), qui est telle qu'elle ne conduit à aucun moment à une restructuration

du lexéme.

Si l'on est amené

à croire que

le processus

de

l'intensification, qui ne remodèle pas la situation dans ses grands axes, aurait pu s'effectuer dans les limites de cette « rigidité » - et

qu'une expression de la nuance intensive aurait ainsi pu s'obtenir à l'intérieur du lexéme, et par le biais diathétique -, une telle évolution semble se heurter en latin à l'absence d'un modèle. Car aussi longtemps qu'il n'existe pas, dans la langue, une application diathétique à un fait de valence comparable, le locuteur ne parvient pas, à ce qu'il parait, à combiner le signifié «périphérique » de la nuance intensive au signifiant «fondamental» de la voix.

On commentera par ailleurs le fait que les catégories intensives du latin et du grec développent la secondaire de l'itérativité à des degrés inégaux. En données latines exposées ci-dessus, le type grec en comporte ce signifié dans plusieurs de ses occurrences -

diverses valeur ici face des *-éye/otelles que

τρωχάω « je cours » ou φοιτάω « je viens souvent » etc." -, alors que son paralléle à redoublement intégral, et les formes que la

7! Cette

valeur,

qui

n'a pas été explicitement

commentée

dans

l'analyse du grec, ressort dans des exemples du type de : X162/3 : ὡς δ᾽ ὅτ᾽ ἀεθλοφόροι περὶ τέρματα μώνυχες ἵπποι! ῥίμφα μάλα τρωχῶσι᾽ « On dirait des coursiers aux sabots massifs, déjà souvent vainqueurs, qui, à toute allure, contournent la borne. » T449 : ᾿Ατρεΐδης δ᾽ dv’ ὅμιλον ἐφοίτα θηρὶ ἐοικὼς « L'Atride va et vient à travers la foule, tout pareil à un fauve » etc.

194

langue dérive par le biais de la diathése, se réservent une valeur purement intensive. On soulignera que cet apparent décalage par

rapport au latin n'est pas à considérer comme étant lié à la constitution aspectuelle des deux langues. Le latin comme le grec dispose en effet, dans sa part aspectuelle qui se dégage au passé, d'un membre d'opposition qui lui permet d'exprimer le signifié de l'itératif (cf. ci-dessus

1.2.1.). Dans la mesure oü la valeur

itérative que le latin extrait de l'intensité est essentiellement de type habituel, il importe de remarquer ici que le grec développe, avec

son

itératif

«ionien»

à

suffixe

-oxe/o-,

une

catégorie

spécifique de ce méme signifié (cf. ci-dessus 1.2.3.1.2. p. 100 et

Intégration... 1I.1.1.1.4.)'?, - Or, d’après la comparaison avec la catégorie en *-éye/o-, la classe grecque à redoublement intégral semble devoir sa disposition purement intensive aux types de situations auxquels elle s'applique. Celles-ci correspondent pour la plupart

à des

émissions

de

bruit

et laissent,

comme

telles,

moins facilement reconnaitre en elles une structure itérative que les situations de mouvement que comporte dans un certain nombre la classe en *-éye/o-. Le cas des formes qui introduisent

en grec le séme de l'intensité à travers la est autre. Les formes de ce dernier type en elles une valeur qui n'aurait, en tant raison d'étre dans la sphére fonctionnelle la voix moyenne ici employée reste dans en

dépit

de

ses

nombreuses

morphologie du moyen ne développeront guère qu'aspectuelle, pas de de leur signifiant. Car toutes ses occurrences,

applications,

une

l'affectation du prime actant (cf. Intégration... I.). constaté ci-dessus s'explique donc, non pas à conceptualisation différente de l'intensité, mais à nature des catégorie impliquées. Toujours est-il que

marque

de

Le décalage partir d'une partir de la le lien entre

17 On notera en passant que les habituels des deux langues diffèrent en ceci que la formation en -oxe/o- du grec ne s'emploie qu'à l'époque du passé. Si cette restriction se comprend à partir des origines de cet habituel qui représente au départ un itératif discontinu et que le présent temporel ne peut ainsi recevoir dans son entière étendue (cf. Intégration... 11.1.1.1.4.), ceci illustre, à nouveau,

la disposition d'une catégorie grammaticale

histoire.

195

qui prolonge

en elle sa propre

intensité et structure itérative, qui ressort ainsi en latin davantage qu'en grec, risque d'influencer, dans l'une et l'autre langue, les associations des locuteurs dans les proportions de son occurrence. On reviendra, en dernier lieu, sur la répartition entre les différents types de situations que donnent à observer les diverses catégories intensives. Selon les faits retenus, les deux langues semblent évoluer dans le sens inverse. On a vu ci-dessus que le latin possède, avec sa formation en -{a-, d'abord une catégorie

essentiellement agentive et que le type à application introvertie qu'est alors la classe en -ifa-, s'ajoute ici seulement à une époque plus récente. Face à cela, le grec réserve à une période plus ancienne le sème de l'intensité à la sphère du prime actant affecté (cf. Intégration... 1.1.2.2.) - niveau auquel il dispose alors des types anciens en *-éye/o- et à redoublement intégral - et n'introduit une intensification de la situation agentive qu'avec le processus innové de la dérivation diathétique (cf. Intégration... [.1.2.3.). Cela étant, on ne peut cependant évaluer ces faits tant

qu'il reste possible que les deux langues aient possédé, à une

époque antérieure, d'éventuelles catégories complémentaires!^.

173 On ne saisit pas trés bien l'emploi qu'a pu faire le latin de la de vue formation héritée en *-éye/o- à une époque plus ancienne. Le point traditionnel selon lequel les dérivés (lexicalisés) qui subsistent ici accompliraient une augmentation de la valence quantitative, se trouve controversé. (Cf. Redard

1972.)

196

1.2.3.3.

Les

présents

en

-€-,

-sc- et -ita-/-fa-|-a-

et leur

disponibilité en vue de la formation en -baEn vertu de sa large applicabilité, la formation en -bas'avére proche du póle grammatical et dépasse ainsi, à ce niveau, les types en -e-, -sc- et -ita-/-ta- que l'on identifie comme lexico-

derivationnels’”*. On comprend en effet que la catégorie en -baqui reléve de l'aspectualité relative - et qui n'exige ainsi pas de disposition particuliére

sur le plan

des rÓles sémantiques

- se

généralise plus facilement à travers les lexémes que les classes en -€-, -sc- et -ita-/-ta- dont la dérivation reste tributaire d'un type

de situation spécifique,

ou encore de la présence

d'un prime

actant animé. - S'il est vrai que la formation en -ba- s'applique de

loin plus facilement à des lexémes de structure imperfective qu'à des occurrences de type perfectif, on se rappellera qu'elle peut servir, dans ces derniéres, à l'expression de la valeur itérative (cf. ci-dessus 1.2.1. p. 33). - Il importe d'ailleurs de souligner, dans le contexte de sa grammaticalité, que la formation en -ba-

représente anciennement un tour périphrastique!? et que celui-ci

apparaît à l'époque historique sous sa forme figée'*. On visera ici à déterminer les interdépendances que contractent, avec la formation en -ba-, les différentes classes de présent citées ci-dessus qui se révélent proches de celle-ci sur le plan fonctionnel, et qui en différent dans leur degré de grammaticalité.

4 D'une manière conforme aux idées de Bybee (1985), ce rapport entre les diverses suffixations de présent et la marque -ba- ressort encore de l'ordre dans lequel ces éléments se placent, le cas échéant, dans ia forme verbale. C'est, dans ces occurrences, la suffixation de présent qui doit précéder la marque de l'imperfectivité relative. Voir les exemples ci-dessous.

115 Cf. par exemple Ernout (1974: 157). 176 Etant donné que le figement d'un tour périphrastique témoigne à la fois de la fréquence de son emploi et de l'ordre fixe de ses éléments, cette même

évolution constitue forcément un indice de grammaticalité. On notera cependant qu'un tour périphrastique peut, inversement, acquérir ce statut sans pour autant se figer.

197

En tant qu'ils comportent une valeur homogéne nonévolutive, et donc forcément imperfective, les présents en -2relèvent en effet du même pôle aspectuel que la catégorie en -ba-. Cette affinité se réalise par le fait que le type en -2- reçoit la marque de l’imperfectivité relative dans de nombreuses

occurrences'", Les textes donnent ainsi des exemples tels que : Mi 1430 : nam illic qui ob oculum habebat lanam, nauta non erat « Celui qui avait un bandeau sur l’œil n'était pas un marin.» Ps 421/2 : atque id iam pridem sensi et sub-olebat mihi,/sed dissimulabam « mais il y a longtemps que je m'en doutais, et que je flairais quelque chose (lit.: et qu'il y avait

pour moi une odeur). Je ne faisais semblant de

rien. » etc." Dans le cadre des présents en -sc-, la suffixation en -bane s'observe guère. Les seules exceptions sur ce point constituent chez Plaute les deux lexémes ag-nosco « je reconnais » et posco

«j'exige » qui appartiennent au créneau des dérivés dépourvus de formations paralléles et dans lesquels la valeur du suffixe tend ainsi à échapper. En l'occurrence : Ep 597 : quibus de signis gg-noscebas ? « à quels signes l'avais-tu reconnue (lit.: tu la reconnaissais) ? » et :

1" Soit dans le cas de plus de 20% des formes attestées. Comparé à des catégories telles que les monodiathétiques en -r (formation en -ba- attestée dans moins de 10% des cas) ou encore les dénominatifs en -a- à forme-base

adjectivale (type aequo, cf. Leumann - Hofmann - Szantyr (1965! : I, 546) (formation en -ba- attestée dans 5% des cas), ceci apparait en effet comme un taux assez élevé.

18 Voir indications complètes appendice 2.

198

Tru 506 : Quin ubi natust machaeram et clipeum poscebat sibi ? « A peine était-il né qu'il demandait une épée et un

bouclier. »'” La raison de cette incompatibilité semble tenir au parallélisme étroit entre les deux suffixations qui partagent non seulement le mécanisme de l'étalement qu'elles font subir à la situation! mais

encore leur statut d'élément derivationnel'®'. I] paraît ainsi que le locuteur rejette une paraissent identiques.

En facilement fonctionnel formation

accumulation

de

deux

marques

tant qu'ils possédent une valeur intensive, et itérative, les dérivés en -ita- affichent sur une prédisposition évidente à se recouper en -δα-5. On distingue à ce niveaux deux

qui

lui

partant le plan avec la groupes

différents.

Ceux des dérivés en -ita- qui sont devenus de simples doublets de leurs formes-bases - et dont la valeur intensive(-itérative), comme

le lien précis entre celle-ci et le suffixe, tend ainsi à se brouiller semblent adopter la formation en -ba- dans une mesure assez large. Cette disponibilité, qui rappelle en effet celle de la classe en -2-, s'explique par la présence d'une aspectualité imperfective, et précisément d'une telle que le locuteur ne fixe pas, à l'intérieur de la forme verbale, sur une marque dérivationnelle particulière. On reléve ainsi :

19 Voir appendice 3. 180 On remarquera que la classe en -sc- semble, sur le plan fonctionnel, d'autant plus proche de la formation en -ba- qu'elle a dû posséder anciennement une valeur plus généralement imperfective (cf. ci-dessus 1.2.3.1.2.).

81: On emploie ici ce terme dans son sens le plus large, et sans l'opposer au terme « flexionnel » (cf. ci-dessus note 64) qui ne désigne alors qu'un type de dérivation particulière.

12 On se rappellera que la formation en -ba- peut, inversement,

exprimer une valeur intensive à partir de son signifié imperfectif (cf. ci-dessus 1.2.1. p. 33) et que chacun des deux types présente ainsi la fonction primaire de l'autre comme application secondaire. Voir indications appendice 5.

199

Au 550 : Pol ego te ut accusem merito meditabar. «Parbleu, je m'apprétais à te faire des reproches ; tu en mérites. »

Ps 501 : cum ea mussitabas ? « ... soufflais mot ? »

quand tu ne me

Ci 759 : Quod quaeritabam, filiam inveni meam. « Enfin ! j'ai découvert ce que j'ai tant cherché, j'ai retrouvé ma

fille. » etc. '? Dans la sphère des présents en -ia- qui préservent leur caractère déverbatif,

l'emploi de la formation en -ba- reste sensiblement

plus rare. On constate ici tout d'abord que la langue de Plaute s'abstient de combiner le suffixe -ba- à des dérivés en -ita- à valeur (itensive-)itérative. Ceci dit, il n'existe à ce niveau qu'une

seule occurrence à valeur d'habituel laquelle se trouve attestée dans une séquence de formes qui réclament, elles, une mise en évidence de l'imperfectivité relative et auxquelles le dérivé en -ita- semble alors adapter son codage. On évaluera ainsi le passage : Mo 152-5 :Disco, hastis, pila,/cursu, armis, equo, vicititabam volup./Parsimonia et duritia disciplinae aliis eram ;/optumi quique expetebant a me doctrinam sibi. «Le disque, la lance, la balle, la course, les armes, le cheval suffisaient à mon bonheur (lit.: Avec le disque, la lance, la balle, la course, les armes et le cheval je vivais

dans la réjouissance) ; ma sobriété et mon endurance faisaient de moi un exemple pour mes camarades. Les meilleurs venaient à l'envi s'instruire auprés de moi. » Dans le cadre des dérivés en -ita- à signifié intensif, l'emploi de

la

suffixation

en

-ba-

s'impose

davantage.

18 Voir indications complétes appendice 5.

200

Il est

possible,

premiérement, qu'une forme verbale accumule signifiants d'une intensité et d'une disposition produisent dans la situation verbale comme distinctes. Toujours est-il que ces deux valeurs souvent indissociables et qu'un tel emploi reste On ne relève ici qu'un seul exemple :

ainsi en elle les itérative qui se deux données s'avérent le plus ainsi assez rare.

Mi 61 : rogitabant... « (Toutes les femmes t’adorent... Qu'est-ce qu'elles t'ont dit ?...) - Elles me harcelaient de questions (m'interrogeaient avec insistance et ce toujours à nouveau). »

Dans un deuxiéme type de configuration qui s'avére plus fréquent, la formation en -ba- se greffe sur une intensité située au niveau de la pragmatique du discours. On précisera que la structure imperfective que possèdent en effet les dérivés en -itaici concernés - et sur laquelle se fonde alors leur acceptation de l'imperfectivité relative - n'est que celle qui apparaît déjà dans leurs formes-bases. Ainsi : Cap 244 : quod antehac pro iure imperitabam meo « (je n'ai qu'une priére à te faire... que... je devienne ton compagnon d'esclavage, au lieu de te commander,) comme j'en avais le droit (lit.: comme je commandais selon mon droit) autrefois » pourvu de la forme-base : Cu 497 : alienisque imperatis « ... ni de ceux à qui vous commandez (lit.: vous commandez à des étrangers). »

Tri 926/7 : Quid ergo ille ignavissimus/mihi latitabat ? «Pourquoi m'échapper?

donc

ce

maudit

lâche

s’obstinait-il

à

»

pourvu de la forme-base : Mo 5 : quid lates ? « Pourquoi te caches-tu (lit. : te maintiens-tu en cachette) ? »

201

Per 20 : Mihi quidem tu iam eras mortuus, quia non te yisitabam. « Je te croyais mort, à force de ne pas te voir

(lit.: puisque je ne te voyais pas). »'^ pourvu de la forme-base :

Ep 212 : Filios suos quisque yisunt. « Chacun s'empresse pour aller voir son fils. » (lit. : « Chacun regarde son fils.»)'®

Il semble en effet que la suffixation en -ita- possède, dans ce type d'application,

une

certaine

prédisposition à recevoir la marque

-ba-. La raison en est qu'une forme verbale fonctionnant comme support de focalisation tend à décrire son signifié d'une façon particuliérement nuancée et ainsi, plus qu'une autre, à expliciter le séme d'une éventuelle imperfectivité relative. A partir du moment oü on laisse à part les configurations de ce dernier type, les présents en -üa- se révèlent comme une catégorie qui n'adopte guére plus la marque -ba- que les présents

en -sc-. L'emploi de cette marque, dont le recoupement avec la suffixation en -ita- se dégage avec évidence, est ici plus ou moins

restreint à des dérivés à l'intérieur desquels le fonctionnement dérivationnel du suffixe se trouve obscurci. Les intensifs en -:α- contractent, à leur niveau, les mêmes rapports avec la formation en -ba- que leurs parallèles en -ita-. Ceci dit, les dérivés à fonction itérative, et ceux dont la valeur intensive intervient au niveau de la pragmatique du discours, ne

peuvent étre pris en compte ici dans la mesure οὗ leur nombre s’avere trop peu élevé. - On n'observe en effet, parmi ces attestations peu nombreuses, aucun emploi de la suffixation en -ba-. La classe en -ta- restreint ainsi son acceptation de l'imperfectivité relative à quelques rares dérivés dont la disposition suffixale tend à devenir opaque. C'est là, d'une part, le cas de deux occurrences qui ne se voient plus attribuer de formes-bases : !4^ On notera que la structure imperfective réside ici moins dans le lexème verbal que dans le complexe que celui-ci forme avec la négation.

185 Voir appendice 5.

Ru 222 : perdidi spem qua me ob-lectabam. l'espérance dont je me bergais. »

« j'ai perdu

Ba 725 : Euax, nimis bellust atque ut esse maxume optabam locus. « Bravo ! l'endroit est charmant et toutà fait comme je le souhaitais.» On

reléve,

d'autre

part,

une

attestation du lexéme

capto

«je

chasse » qui semble avoir lexicalisé, en face de sa forme-base capio «je saisis», une valeur alors conative (cf. ci-dessus note 16). Ainsi :

Ep 215 : Eos captabant. à cóté de : Am 795/6 : Me captas, alia via/praecucurristi « secrétement le vaisseau, un autre chemin » etc.

constamment

intensive-

« Elles leur faisaient la chasse. » quia tute ab navi clanculum huc Tu veux m'attraper : tu as quitté tu as couru en avant jusqu'ici par

en face de :

Ba 438/9 : Nam olim populi prius honorem capiebat suffragio/quam magistro desinabat esse dicto oboediens. «Autrefois,

on

sollicitait les honneurs

et les suffrages

populaires qu'on n'avait pas cessé d'étre sous la coupe de son maître. »

à côté de: Am 114 : dum cum illa quacum vult voluptatem capit. «tandis qu'il prend son plaisir avec celle qu'il aime. »

etc.!* Il

reste

à ajouter

que

les

rares

présents

en

-a-

ne

permettent pas de déterminer quel est leur rapport précis avec la formation en -ba-. On pourrait cependant s'attendre à ce que ce

186 Voir appendice 6. 203

type - dont le statut dérivationnel se trouve largement obscurci adopte, à partir de sa valeur soit intensive soit imperfective, cette marque avec un certain naturel. Les observations qui précédent confirment, tout d'abord, de nouveau qu'il existe en effet un lien particulièrement étroit entre la structure interne de la situation et son insertion dans le contexte (cf. ci-dessus 1.2.1.). Car parmi les diverses formations

dont on a vu ci-dessus les recoupements fonctionnels, les présents en -é-, -sc- et -ita-/-ta-/-a- confèrent à la situation verbale une imperfectivité interne, et la suffixation en -ba- une imperfectivité externe. On soulignera surtout le fait que les affinités fonctionnelles avec la suffixation en -ba- créent ici, pour certaines de ces formes, une disponibilité particuliére et pour d'autres une incompatibilité. Ce sont là, d'une maniére générale, les deux types de réalisation dans lesquels de telles affinités peuvent transparaitre. Car, tant qu'une base lexicale correspond en raison de sa structure sémantique au signifié d'un membre d'opposition donné, elle risque de manifester, par rapport au signifiant paralléle, soit une force d'attraction particuliére - puisqu'elle adopte celui-ci alors selon les mémes critéres que les lexémes de n'importe quelle structure - soit une incompatibilité puisqu'elle s’avère, en effet, sur ce point déjà suffisamment spécifiée. Or, dans le cadre précis que l'on vient de voir, la réalisation de l'une ou de l'autre de ces deux variantes semble s'expliquer à partir de la disposition suffixale des formes concernées. Cela dit, si les catégories verbales analysées ci-dessus impliquent toutes une structuration aspectuelle favorisant la mise en place d'une imperfectivité relative, ceci n'aboutit que là à un emploi accru de la marque -ba- oü la base en question se détache comme encore dépourvue d'un

suffixe

de

signifié,

et de

fonctionnement

dérivationnel,

comparable. Ceci n'est pas seulement, de facon tout à fait évidente, le cas des diverses formes dont la valeur suffixale est devenue obscure, mais encore celui des présents en -e-, qui ne se voient pas attribuer dans la langue - en dépit du caractère parfaitement analysable de leur suffixation - un statut de formes

204

fondées", On saisit donc ici, et notamment dans la sphère des présents en -sc-, le refus d'un codage dédoublé qui semble méme s'étendre jusqu'à des types d'occurrences à l'intérieur desquels les deux marques auraient pu s'employer avec des valeurs différentes. Ce chapitre se terminera par une analyse corollaire concernant la compatibilité avec la suffixation en -ba- que montrent, à leur tour, les formes verbales à préverbe.

mesure

οὐ

la préverbation

tend

à

impliquer

une

Dans la

structure

aspectuelle hétérogéne-imperfective'**, il faut a priori s'attendre à ce

que

ces

formes

captent

moins

facilement

la

marque

de

l'imperfectivité relative que la moyenne des simples. A une telle répartition correspondrait en effet un lexéme du type de scio « je sais » qui apparaít dans ses nombreux

emplois en -ba-, d'une

manière systématique, en tant que simple et dont les variantes à préverbe qui se lisent par ailleurs n'adoptent, inversement, jamais cette marque. Soit : Ps 499 : Pistrinum in mundo scibam, si id faxem mihi. «Je savais que le moulin m'attendait, si je l'avais fait. » etc. (forme simple à aspectualité en -ba-) VS.: Ep 310 : si senex re-sciverit « Mais s'il vient à savoir quelque chose » etc. (forme à préverbe sans aspectualité en -ba-) Il existe cependant ici de trop nombreux facteurs ultérieurs pour qu'un tel rapport puisse aboutir ne serait-ce qu'à une régularité approximative. Car ni la préverbation ni la marque -ba- ne se bloquent dans la langue sur un seul type d'application, mais se voient au contraire attribuer une palette d'emplois différents. De

V! Pour ces caractéristiques de la classe en -2-, on se rapportera à l'explication de son codage « par attraction » (cf. ci-dessus 1.2.3.1.1.) et encore aux données exposées ci-dessus note 73.

188 Cf. ci-dessus 1.2.3.1.3. p. 118.

205

la sorte la préverbation adapte, comme on l’a vu ci-dessus", son « aspectualité » au lexéme verbal auquel elle s'attache et peut donc se combiner à des formes en -ba- à signifié homogèneimperfectif ou méme, le cas échéant, expressément statique. Soit par exemple : Tri 1100/1

: Thensaurm ef fodiebam

intus dotem filiae/

tuae quae daretur. « J'étais dans la maison en train de déterrer le trésor pour y prendre la dot destinée à ta fille.» etc.

(réalisation imperfective)

Ep 138 : De-sipiebam mentis, cum illa scripta mittebam tibi. « J'avais perdu la tête (lit. : J'étais dans un état de folie/de non-raison) quand je t'envoyais ces lettres. » etc. (réalisation statique)

On précisera d'ailleurs que tous les préverbes n'ont pas forcément un

effet

perfectivisant

et

que

quelques-uns

semblent méme plutót correspondre imperfective. Ce serait le cas de :

à

de

une

ces

éléments

aspectualite

Ps 912 : Ehem, te hercle ego circum-spectabam; nimis metuebam male ne abisses. « Ah Ça ! je te cherchais partout des yeux (lit. : je regardais autour), par Hercule ! J'avais grand' peur que tu n'eusses déserté. » A cela s'ajoute que la préverbation peut, à un niveau abstrait, fonctionner comme signifiant d'intensité et, ainsi, ne plus renfermer en elle de valeur aspectuelle. Dans les configurations

de ce type, le caractére préverbé et la suffixation en -ba- tendent méme à se chevaucher. La raison en est que les situations verbales qui se voient attribuer un préverbe intensifiant sont facilement telles que le locuteur les présente - dans ce méme but 19 Cf. ci-dessus 1.2.3.1.3. p. 122 sq.

206

d'une mise en relief particuliére - comme s'étalant dans la durée. Ainsi : Au 628/9 : I foras, lumbrice, qui sub terra erepsisti modo,/qui modo nusquam com-parebas, nunc cum compares peris. « Allons, dehors, ver de terre, qui viens de ramper hors de ton trou. On ne te voyait pas tout à l'heure (lit.: toi qui à l'instant n'étais pas encore visible),

mais puisque tu t'es montré, tu es mort. » etc. En face de cela, l'emploi de la formation en -ba- ne se limite pas aux seuls lexémes homogénes-imperfectifs méme si ceux-ci semblent, en effet, constituer son créneau majeur'”'. La marque peut ainsi apparaître dans des lexémes d'autres types et ceci notamment dans son application — itérative, ou encore consciemment subjective. Il va de soi que les lex&mes ainsi concernés n'excluent aucunement l'éventuelle adjonction d'un préverbe. On exemplifiera ainsi : Ba 426 : hoc etiam ad malum ac-cersebatur malum « Et cette premiére peine était suivie d'une autre sanction » (lit.: « Et à ce mal était appelé un autre mal ») etc. (itératif)

Ba 685 : Quid, ubi red-debas aurum, dixisti patri ? « Et que lui as-tu dit, en lui rendant (lit.: quand tu rendais) l'or, à ton père ? » etc. (emploi consciemment subjectif) On saisit ainsi que les dispositions à partir desquelles la préverbation et le suffixe -ba- pourraient a priori constituer des affixations incompatibles restent, d'un cóté et de l'autre, trop peu exclusives pour pouvoir déterminer le rapport entre ces éléments. 19 Pour une affinité comparable entre la formation en -ba- et celle en -ita-, cf. ci-dessus p. 202.

11 Cf. ci-dessus 1.2.1. 207

Excursus 1 : Au sujet de la relation entre lexique et grammaire

Partie 2 : Grammaticalité et défectivité temporelle Un type d'élément qui s'avére approprié à combler, dans la langue, un besoin de différenciation autrement non satisfait, se grammaticalise à la mesure de sa généralisabilité. Toujours est-il que ce méme statut grammatical - qui se résume ainsi à une cooccurrence de nécessité et de possibilités de généralisation -

peut encore se mesurer à l'aide de certains facteurs ultérieurs. Car

il existe,

dans

la

sphére

des

unités

linguistiques,

des

dispositions en vue desquelles le statut grammatical constitue, à son tour, une condition indispensable, et qui permettent ainsi de le deduire'”. - On tiendra à préciser ici qu'il ne faut pas compter parmi ces paramètres la restriction d'une catégorie (verbale) à une époque temporelle marquée. Là οὐ elle apparaít, cette facon de considérer le phénoméne de la restriction temporelle comme un indice de grammaticalité s'inspire sans doute de ce qui s'observe dans le

cadre de l'expression du temps'”. Si ce dernier représente, suite à sa vaste applicabilité, une catégorie typiquement grammaticale, il n’intègre

en

effet

que

des

membres

d'opposition

qui

se

restreignent, par définition, à l'époque précise qu'ils servent alors à désigner. Mais il suffit de passer ici de la catégorie du temps à celle de l'aspect pour trouver, sur ces points, des données un peu

plus souples. En raison de son interdépendance possible avec la structure

du

lex&me,

l'aspect

risque

de

comporter

une

applicabilité, et donc une aptitude à la grammaticalité, inférieure à celle du temps. Il s’avère, en outre, plus libre par rapport à une éventuelle restriction temporelle qu'il ne subit que dans le cas oü la dissociation de la tempo-aspectualité reste partielle (cf. ciV? Cf. ainsi par exemple note 176. 19 C'est là l'esprit « dictionnaire » qui aime considérer comme flexionnelles

(cf. ci-dessus

note 64) des formes dont l'emploi

ne couvre

pas

l'ensemble du potentiel différenciateur que la langue offre a priori aux membres de leur catégorie.

209

dessus 1.1. p. 25). On constate donc que les facteurs qui rendent ici moins contraignants le statut grammatical, d'un côté, et la restriction temporelle de l'autre, ne présentent, de fait, pas de lien entre eux. Ceci revient à postuler que ces deux dispositions peuvent se combiner, à l'intérieur d'une catégorie aspectuelle, dans des proportions différentes. Il en résulte que la restriction temporelle à un membre d'opposition marqué - restriction qui affecte en effet, le plus souvent, des catégories grammaticalisées - ne s'accompagne pas nécessairement de ce statut, et qu'il n'en représente ni une condition ni un conditionnement. Autrement dit, le lien qui existe ici entre de simples symptómes paralléles n'est pas à considérer

comme un rapport d’implication'”.

1% On renvoie à titre d'exemple aux deux catégories aspectuelles que sont, d'une part, la formation en -ba- (cf. ci-dessus 1.2.1. et 1.2.3.3.) et, d'autre

part, les parfaits en -u- à préverbe (cf. ci-dessus 1.2.3.1.3.). A moins qu'on ne la seconde, en tant que phénomene d’allomorphisme, à la suffixationde rattache ses présents, celle-ci montre, contrairement à la première, la restriction à l'époque du passé sans comporter pour autant une généralisabilité (thèmes verbaux autres qu'à présent en -2-/-sc-) qui lui permettrait d'atteindre le pôle grammatical.

210

1.2.4. Bilan : Le systéme tempo-aspectuel du latin et celui du grec ancien Le latin et le grec, qui constituent a priori des systémes tempo-aspectuels semblables, se distinguent cependant dans leur facon de gérer la part de l'aspect. L'aspectualité latine est de type relatif, et ne détermine ainsi que la maniére dont la situation verbale - dont les fondements conceptuels n'en restent pas moins intacts - se trouve visualisée dans son contexte. Face à cela,

l'aspectualité du grec se définit comme absolue et assume ainsi, quant à elle, justement de telles modifications qui concernent la

situation verbale dans sa structure La typologie aspectuelle du latin, amène à identifier comme le manifeste essentiellement dans premiére en est le spectre

interne. que la comparaison avec le grec résultat d'une innovation, se trois grandes structures. La

fonctionnel

dela

formation

en -ba-

- qui introduit, comme l'imparfait du grec, la dissociation de la tempo-aspectualité à titre d'étre « bátard » - et qui n'effectue, en aucun cas, une restructuration de la situation verbale dans ses fondements.

La seconde consiste dans la réduction du systéme

nucléaire à des motifs de sélection d'ordre purement temporel, et la troisiéme dans la perte de l'aspect résultatif. Si les systémes aspectuels des deux langues different ainsi dans leur application primaire, il n'en est pas moins évident que leurs niveaux d'interférence respectifs se trouvent étroitement liés entre eux et qu'ils s'avérent donc, l'un et l'autre, prédisposés à évoluer vers le domaine fonctionnel complémentaire. On observe ainsi que la formation en -ba- du latin se greffe de préférence sur des lexémes de structure homogène-imperfective et qu'elle va jusqu'à assumer le passage à la structure itérative. D'une fagon ici comparable, l'aspectualité anciennement lexicale du grec se met à intégrer, en paralléle, cette fonction de l'aspect relatif qui consiste à effectuer une mise en perspective qui n'atteint pas pour autant la situation verbale dans ses fondements. Il est vrai que la perte de l'aspectualité absolue, qui doit signifier le blocage du lexéme dans sa structure interne, se trouve

211

compensée en latin par la genèse et/ou l'expansion de certaines catégories. Parmi les données analysées ci-dessus, ceci vaut cependant uniquement pour la classe lexico-dérivationnelle des présents en -sc-, et encore pour le type de parfait qui marque sa structure aspectuelle par le biais de la préverbation - ce qui revient à dire que l'on ne considère ni les présents en -e-, ni les intensifs-itératifs en -ita- et -1a-, comme de tels moyens compensateurs. Or, les premiers, qui se révélent à leur tour

comme une catégorie lexico-dérivationnelle et dont le signifié se rapproche du résultatif du grec, se restreignent, de plus en plus, à faire coincider leur morphologie avec les découpages du lexique.

En ce qui concerne les seconds, on remarquera que l'aspectualité relative du latin renferme en elle, par rapport à la valeur ici décisive de l'itérativité, les mêmes moyens d'expression qu'une aspectualité absolue du type de celle que possède le grec. - Si le latin restreint ainsi la compensation de l'aspectualité absolue à la sphére de l'hétérogénéisation, on se rappellera que le membre a priori perfectif de son opposition d'aspectualité relative possède, en tant que systématiquement non-marqué, une valeur voisine de zéro.

Les données retenues ci-dessus permettent d'observer que les compensations qui suivent la perte d'une catégorie grammaticale risquent d'entrainer une altération du découpage sémantique et, avec cela, du degré de cette généralisabilité qui confere à la catégorie nouvelle sa position respective entre lexique et grammaire. Il apparait finalement que les deux langues tendent à développer les différenciations qu'elles nécessitent - et qui s'avérent entre elles sensiblement identiques - à partir de catégories qui sont déjà dominantes en elles. Tel est le cas en latin de l'opposition nucléaire « présent vs. parfait » que la langue dédouble pour se

donner une expression de la temporalité relative, et qui détermine encore, à plusieurs égards, la structuration de l'irréel. D'une facon comparable, le signifié de la temporalité relative se trouve en grec intégré dans la sphére fonctionnelle de l'opposition

212

«présent

vs.

aoriste»

qui

s'impose

ici,

en

raison

constitution absolue, dans le cadre de toute forme verbale.

213

de

sa

Valence

2.1. Généralités

La notion de valence se réfère à la répartition des actants que l'emploi du lexéme verbal fait figurer dans la situation. Il existe deux types de valences que sont, respectivement, la valence quantitative et la valence qualitative. La premiére porte sur le nombre des actants et rend la situation ainsi, selon les cas, mono-, bi- ou triactancielle. Soit :

Mon frére est peintre. (monoactanciel)

un leau. Mon frère a peint tab (biactanciel)

voisine. un leau polaur Mon frere a peint tab (triactanciel)

Un lexéme verbal peut posséder une double valence quantitative, et servir ainsi à décrire une situation identique sous deux formes différentes. Celles-ci s'opposent alors en tant que variantes d'une valence quantitative respectivement réduite et augmentée. Ainsi : La bougie s'est éteinte. (variante à valence réduite)

vs.: L'enfant a éteint la bougie. (variante à valence augmentée) (Cf. encore ci-dessous note 198.)

On notera encore qu'il existe un rapport entre la disposition de la

double valence quantitative et le sémantisme du lexéme verbal'*. En face de cela, la valence qualitative confére aux actants

leurs röles sémantiques. Il s'agit ici surtout des róles primordiaux de l'agent et de l'affecté dont le second peut encore, d'une 195 La double valence quantitative semble, avant tout, concerner les situations de changement d'état, et encore les situations de mouvement et d'impact psychique (cf. Haspelmath 1993).

217

manière plus précise, correspondre à un patient ou à un « rôle de datif » (bénéficiairelrécepteur/« experiencer »). On illustrera : Le facteur apporte le courrier.

(agent) La sage-femme rassure lebébé. (patient)

Le parrain achète un cadeau pour sa filleule. (bénéficiaire) La jeune fille donne du lait chat. qu (récepteur)

Les enfants entendent le bruit du feu d'artifice. (« experiencer »)

Il est évident que de telles catégories tendent facilement à se désémantiser, et qu'elles s'affaiblissent alors bien souvent jusqu'à devenir de simples repéres directionnels. C'est dans ce sens que l'on parlera ci-dessous de situations infro- et extraverties, dont les premières portent, pour ainsi dire, en elles le souvenir d'un prime actant (cf. ci-dessous) affecté et les secondes celui d'un prime

actant agentif. On introduira enfin la notion d'orientation. Dans le cadre d'une langue nominative-accusative'®, l'orientation de la situation 1% Les langues de ce type attribuent le statut d'actant « fondamental » à l'actant agentif alors que le principe dit « ergatif » réserve ce méme statut à l'actant affecté. Le codage des situations mono- et biactancielles s'effectue ainsi, d'un cóté et de l'autre, selon les structures suivantes : nominatif-accusatif : monoact.: biact.:

ergatif :

seul actant : codage d'agent

seul actant : codage d'affecté prime actant (non-marqué) : codage d'affecté - second actant (marqué) : codage d'agent

prime actant (non-marqué) : codage d'agent - second actant (marqué) : codage d'affecté

218

verbale est dite non-marquée si celle-ci réserve la position de sujet à son actant agentif et elle est, inversement, dite marquée si

ce méme privilège incombe à son actant affecté!?", Soit : L'éléphant a écrasé le passant. (position

de

sujet

remplie

par

l'actant

agentif

=

Le passanta été écrasé (par l'éléphant). (position de sujet remplie par l’actant

affecté

=

orientation non-marquée) vs.:

orientation marquée) Tout en décrivant les mémes

données

conceptuelles,

ces deux

variantes différent dans leur application. Cela dit, l'orientation marquée qui sert à promouvoir l'actant affecté - et ainsi, en méme temps, à périphériser l'actant agentif - intervient notamment là oà ce dernier se situe, en tant que peu décisif ou méme inconnu, quelque peu ἃ l’arrière-plan. De la sorte l'orientation marquée s'accompagne facilement d'une omission de cet actant, qui n'en reste cependant pas moins présent sur le plan

conceptuel. A cela s'ajoute que l'emploi de l'orientation marquée exige encore, dans de nombreuses langues, une certaine sémanticité au niveau des röles des actants. On citera ainsi l'exemple du français qui refuse la dérivation de l'orientation marquée à partir d'un énoncé du type de : Jean a le cœur gros. (prime actant non agentif/second actant non affecté) VS. : *(Le) caur gros est eu par Jean.

197 Dans ce contexte de la position de sujet, on renvoie encore, d'une part, à la hiérarchie des actants que propose Givón (1984: 139 sqq.) et, d'autre part, au principe « anthropocentrique » de Sasse (1982) qui constate que les langues tendent, d'une manière générale, à privilégier sur ce plan les actants animés.

219

Il est depuis Tesniére (1959) usuel de distinguer les différents actants d'une méme situation verbale à l'aide d'un systéme numérique qui tient compte des deux types de valence à la fois. On oppose ainsi un prime actant (agent), un second actant

(patient) et un tierce actant (bénéficiaire)'?*.

198 Pour le lien entre valence quantitative et qualitative, cf. ci-dessous 3.1. p 209. - C'est à partir d'ici que l'on précisera alors que les lexémes à double valence quantitative (cf. ci-dessus) montrent, dans leur variante à valence réduite, un prime actant affecté et, dans leur variante à valence augmentée, un prime actant agentif. Or, le prime actant affecté de la variante à valence réduite est, sur le plan conceptuel, identique au second actant de la variante à valence augmentée (cf. Haspelmath 1993).

220

2.2. Les données latines et leur comparaison avec le grec!” 2.2.1. Diathése

2.2.1.1. La flexion en -r comme diathèse primaire (Pour le grec, cf. Intégration... 1.)

A l'intérieur de leurs systémes diathétiques, tant le latin que le grec opposent à leur voix active une voix seconde. Ce

sont, de facon équivalente, la flexion en -7?? et le moyen. Il existe ici, dans les deux langues, un certain nombre de lexémes

verbaux qui sélectionnent cette voix seconde comme diathèse primaire, et donc unique, et qui constituent ainsi, en face de l'emploi de plus en plus oppositionnel de cette dernière, une espéce de sous-systéme. Tout comme les media tantum du grec, ces lexémes décrivent en

latin - οὐ ils figurent sous le nom peu approprié de « déponents»P! . des situations verbales à prime actant affecté, à

savoir? : - des situations de mouvement :

Tru 124 : Fer contra manum et pariter gradere. « Donnemoi la main, toi aussi, et approche-toi comme moi. » etc.

19 Dans

le domaine

de la valence,

la flexion en -r (2.2.1.)

relève

précisément de la valence qualitative, et le tour à pronom réfléchi (2.2.2.) et la formation en -facio (2.2.3.) de la valence quantitative. On s'abstient cependant

de généraliser cette différenciation au niveau des chapitres étant donné que la diathèse du grec, qui intervient à chaque fois à titre de comparaison, combine en elle les deux types.

20 On s'appuie ici, pour cette appellation de la voix seconde en latin, sur la morphologie du présent. Pour le tour périphrastique « sum + nom verbal en -fo- » qui en constitue l'équivalent au parfait, voir ci-dessous p. 228, 2.2.2.3. et 3.2.1.3. Voir encore ci-dessus note 37.

9! Cette désignation se fonde sur l’idée tout à fait erronnée que les formes en question auraient « déposé » leur « sens passif ». Cf. l'ensemble des explications encore données ci-dessous.

?? Voir indications complétes appendice 8.1.

221

- de processus physique : Am 481/2 : alter decumo post mense nascetur puer/quam seminatust, alter mense septumo. « ils naîtront, l'un dix mois, l'autre sept, aprés avoir été congus. » etc. - de voix/bruit :

Am 623 : vigilans fabulor « bien éveillé je te parle » etc. - de perception : Ba 181 : Pistoclerum con-spicor. « n'est-ce pas Pistoclére que j'apercois? » etc. - d'intellect/sensation :

Cap 985 : Quia mos est ob-livisci hominibus « Parce que les hommes sont ainsi faits : ils oublient... » (lit.: « Parce

que les hommes ont pour coutume d'oublier ») etc. - de réception : Men 419 : si possum hospitium nancisci. « et je me ferai héberger à ce prix. » (lit: « si je peux atteindre l'hospitalité. ») etc. On soulignera cependant que le latin comporte encore, à la différence du grec, un petit nombre de lexémes qui décrivent un métier ou un róle social tel que : St 637 : Viden ridiculos nili fieri atque ipsos parasitarier ? « Tu vois que les bouffons ne sont plus rien, et que les riches jouent eux-mémes au parasite ? » etc. (cf. ci-dessous p. 226),

222

mais qu'il exclut, d'un autre cóté, presque entiérement le type du changement d'état qui figure amplement en grec. Le corpus n'en offre en effet qu'une seule occurrence :

Tri 243 : ilico res foras labitur, liguitur. champs l'argent coule et va fondant »

« ... sur le

(cf. encore ci-dessous 2.2.1.2.1.). Le parallélisme entre les deux langues s'étend ici jusqu'à cette possibilité de gérer une telle affectation du prime actant comme une donnée d'ordre secondaire, et de la greffer ainsi en

tant que nuance supplémentaire sur une situation de « support »,

le plus souvent de structure agentive"??* Une telle affectation d'ordre secondaire - qui permet en effet d'expliquer la diathése d'un certain nombre de formes - peut relever de deux facteurs différents. On introduira comme tel, premiérement, la possibilité que la situation se déroule, dans son ensemble, en vue d'un bénéfice du prime actant. Cette nuance de 1’ « auto-intérét » apparait en latin, tout comme

en grec, essentiellement dans des

situations oü le prime actant : - cherche à obtenir la bienveillance d'autrui :

Cas 883/4 : Conloco, fulcio, mollio, blandior,/ut prior quam senex nup... « Je l'installe, je l'appuie sur des coussins, je m'amadoue, je la flatte, pour qu'elle m'accorde sur le vieux un droit de priorité... » etc.

2 Pour le grec, cf. Intégration... 1.1.2.3. 24 On se rappellera ici le schéma indiqué ibidem : prime actant (>) «-

Cf. dans ce contexte encore les notions de « sémantisme moyen primaire » et «secondaire ». Il est cependant évident que ces notions, qui ont été forgées en vue des données grecques, ne peuvent étre réutilisées ici.

223

- commet une fraude :

Mi 35 : et adsentandumst quidquid hic mentibitur. « Etil faut opiner à tous les mensonges qu'il lui plait d'inventer (lit.: à tout ce qu'elle mentira). » etc.

- met la main sur un objet ou sur autrui : As 915/6 : ut viginti minas/ei det, in partem hac amanti ut liceat ei potirier. « pour qu'il lui donne vingt mines, et qu'il ait, lui aussi, part aux faveurs de la belle (lit.: le

droit de s'emparer d'elle), puisqu'il l'aime. » etc.?® L'affectation d'ordre secondaire peut, deuxiémement, avoir pour cause l'intensité particuliére que le prime actant manifeste dans la situation. Sous cette forme, elle se dégage - à nouveau en accord avec le grec - essentiellement dans des situations : - de combat/effort :

Mer 441 : Potine ut ne licitere advorsum mei animi sententiam ? « Si tu voulais bien ne plus renchérir pour me contrarier ? » (lit.: « Peux-tu ne pas lutter contre mon opinion ? ») etc. - de soutien/soin :

Mer 834/5 : Di penates meum parentum, familiari Lar pater, /vobis mando meum parentum rem bene ut tutemini. « Dieux pénates de mes parents, vénérable Lare de la famille, protégez bien leur fortune, je les recommande à vous. » etc.

295 Voir indications complètes appendice 8.2.1. 224

- de perception intentionnelle : Ru

1093

scélérat

: Viden scelestus ut aucupatur ; comme

il veut nous

attraper

? « Voyez

le

(lit. : comme

il

guette) ! » εἰς.296 On présentera ici encore la répartition numérique précise entre ces différents types de situations - et qui témoigne, à son

tour, du parallélisme entre les deux langues?" : affectation d'ordre primaire : latin:

grec:

mouvement: processus phys.:

12x

19x

17x

10x

voix/bruit :

13x

lix

perception :

3x

2x

intellect/sens.:

26x

28x

réception : chang. d'état :

ix 1x

3x 22x

métier/rôle SOC.: autres :

8x 6x

5x

total :

87x

100x

affectation d'ordre secondaire : -

latin:

grec:

auto-intérêt: intensité :

29x 27x

23x 24x

total:

56x

47x

Si ce codage d'un róle sémantique du prime actant par la voix seconde constitue, de toute évidence, un héritage commun

aux deux langues - et qui semble, à une époque très ancienne, avoir été destiné à compenser le sémantisme du nominatif (cf.

206 Voir indications complétes appendice 8.2.2. 27 Pour le latin, voir indications complètes appendice 8. et pour le grec, Intégration... appendice 1.

225

Intégration... 1.1.3.) -, ni le latin ni le grec n'exige encore, dans son état historique, la présence d'une telle marque. Malgré cette perte de fonctionnalité, la catégorie des lexèmes monodiathétiques fléchis à la voix seconde semble, du moins en latin, non seulement se conserver, mais méme connaítre une nouvelle expansion"*. Dans la mesure où ces données s’avèrent correctes, on serait tenté de voir dans ce décalage, qui existe donc entre le caractére non-fonctionnel de la marque et sa subsistance,

un

exemple

attraction » (cf. ci-dessus

supplémentaire

1.2.3.1.1.)®.

du

codage

«

par

Ce processus paraît

notamment évident dans le cas des lexémes suivants qui décrivent tous un comportement d'ordre social ou professionnel - et qui correspondent ainsi à ce type de situation précisément qui reste propre au latin (cf. ci-dessus) : Cap 896 : Nam hercle nisi mantiscinatus probe ero, fusti pectito. « Et morbleu, si je n'ai pas été bon prophéte, tu pourras me peigner à coups de trique. » (calque sur vaticinor « je fais le divin » à partir du grec

μάντις) St 637 : Viden ridiculos nili fieri atque ipsos parasitarier? « Tu vois que les bouffons ne sont plus rien, et que les riches jouent eux-mémes au parasite ? » (calque sur le grec παρασιτέω)

?9 Cf. Flobert (1975: 588/9). 2 Dans la synchronie du

grec

homérique,

les

lex&mes

monodiathétiques fléchis à la voix seconde apparaissent comme nettement récessifs (cf. Intégration... 1.1.2.1.). Si une telle régression indique clairement une perte de fonctionnalité - alors que le raisonnement inverse ne se vérifie pas forcément -, ce type flexionnel a pu redévelopper son inventaire à un autre moment de l'histoire du grec. Il manque cependant, pour les données diathétiques de cette langue, une analyse qui porterait sur l'ensemble de ses états chronologiques.

226

Per 62 : Neque quadrupulari me volo « Je ne veux pas étre délateur de profession » (dérivé de quadrupulator)

Tri 787 : Quamquam hoc me aetatis sycophantari pudet. «quoique j'aie honte, à mon áge, de jouer la comédie. » (calque sur le grec ovko$avréo) On mentionnera encore dans ce contexte que la langue semble,

dans de rares cas - et à condition que le critére sémantique soit satisfait -, agrandir le groupe des lexémes monodiathétiques en -r par l'adjonction de dérivés auparavant fléchis à l'actif. Le corpus plautinien juxtapose ainsi, sans un décalage sémantique perceptible, un actif tel que : Au 178 : Prae-sagibat mi animus frustra me ire, quom exibam domo « J'avais le pressentiment (lit.: L'esprit me prévoyait), en sortant d'ici, que j'allais pour rien. » et une forme en -r telle que :

Ba 679 : Animus iam istoc dicto plus prae-sagitur mali. «Voilà des paroles qui ne me présagent rien de bon. » (lit.: « A travers cette parole l'esprit prévoit déjà plus de mal.)»

La seule différence que donnent à observer, sur le plan de la morphologie, les lexémes monodiathétiques en -r par rapport à la voix seconde des lexémes ultérieurs, consiste en ceci qu'ils forment leur nom verbal non pas en -fo-, mais en -ni-. La raison en est que le latin contracte, dans ces formes, la valence (cf. ci-

dessous 2.2.1.2.1.) avec la temporalité relative (cf. encore cidessous 3.2.1.3.) et que les lexémes monodiathétiques - qui ne comportent, dans le domaine de la premiére, aucune ambiguité sélectionnent alors leur nom verbal uniquement en fonction de la seconde. On a ainsi, à cóté de :

227

Tru 145 : Plerique idem quod tu facis faciunt rei male gerentes « Tu fais ce que font la plupart des gens dont les affaires vont mal (lit.: dirigeant mal leur affaire) » etc.

(agentif?'? et simultané) vs.: Mi 258 : Docte tibi illam per-doctam dabo. remettrai doctement endoctrinée. » etc.

« Je te la

(affecté?! et antérieur), la configuration :

Ba 1137/8 : non vides grassentur ? « Ne vois-tu vagabonder,

seules,

en

ut palantes/solae liberae pas comme on les laisse liberté

(lit:

comme

elles

s'avancent vagabondant seules et libres) ? » etc. (affecté, mais simultané)

Il s'avére d'ailleurs tout à fait conforme à ce schéma que les lexémes monodiathétiques en -r ne refusent pas le nom verbal en

-10- d'une manière catégorique, mais qu'ils l’adoptent précisément là où il s’agit d'exprimer une antériorité. - On retient ainsi le tour périphrastique qui est devenu leur parfait : Am 733/4 : ut cum exercitu/hinc pro-fectus sum ad Teloboas hostis eosque ut vicimus. « ... depuis mon départ (lit.: depuis que je suis parti) pour la guerre, et depuis la victoire qu'avec mon armée j'ai remportée sur les Téléboens. » etc.

210 . ou du moins non pas codé en tant qu'affecté, puisqu'il faut tenir compte ici de la désémantisation de l'actif.

?!! Cf. Benveniste (1975: 163-168). Compte tenu de cette valeur du suffixe, on comprendra facilement la constitution du parfait périphrastique (cf. ci-dessous).

228

Appendice 8 : Lexémes monodiathétiques en -r Légende : italiques : lexème parallèlement pourvu de formes actives (cf. appendice 12.)

8.1. Affectation d'ordre primaire (87x) : 8.1.1 Mouvement (12x) : - apiscor (8.2.1.

j'atteins :

type c ?) Ep 668 : modo sine me hominem apisci. « Laisse-moi seulement le rejoindre. » etc. cf. encore : ind-ipiscor

je saisis

(> 8.2.1. type c)

- pro-ficiscor

je me mets en marche :

Cu 1/2 : Quod te hoc noctis dicam pro-ficisci foras/cum istoc ornatu cumque hac pompa, Phaedrome 7 « Οὐ diantre t'en vas-tu à cette heure de la nuit, dans cette tenue et avec ce cortège, dis, Phédrome ? » etc.

- gradior

je marche :

Tru 124 : Fer contra manum et pariter gradere.

« Donne-moi la main, toi

aussi, et approche-toi comme moi. » etc.

- grassor je marche : Ba 1137/8 : non vides ut palantes/solae liberae grassentur ? « Ne vois-tu pas comme on les laisse vagabonder, seules, en liberté (lit: comme elles s’avancent vagabondant seules et libres) ? »

etc. - labor je glisse : Tri 243 : ilico res foras labitur, liquitur. « ... sur le champs l'argent coule et va fondant »

etc. - orior je me lève : | Au 403 : Sed quid hoc clamoris oritur hinc ex proximo ? « Mais qu'est-ce que ces cris qui partent de chez le voisin ? » etc.

- palor je vagabonde : Ba 1137/8 : non vides ut palantes/solae liberae grassentur ? « Ne vois-tu pas comme on les laisse vagabonder, seules, en liberté (lit: comme elles s'avancent vagabondant seules et libres) ? »

229

- palitor je vagabonde: Ba 1122/3 : Pastro harum/dormit, quom haec eunt sic a pecu palitantes. « Leur berger s'est donc endormi, qu'elles vagabondent (lit.: vont en vagabondant)

ainsi à l'écart du troupeau ? » - pandiculor

je m'étire :

Men 834 : Ut pandiculans oscitatur ! « Comme il s'étire, comme il baille ! » - sector je suis : (lit.: te sectaris simiam « ... en y poursuivant Mi 505 : Ibi dum condignam

lorsque tu y poursuis) un singe, ta digne compagnie » etc. cf. encore : in-sector

je suis

- sequor

je suis :

Am 660 : Sequere hac tu me. « Suis-moi de ce côté. » etc.

- vagor je vagabonde: Per 319 : Enim metuo ut possim in bubile reicere, ne vagentur, « C'est que j'ai peur de ne pouvoir les ramener à l'étable, et qu'ils ne courent les champs.»

8.1.2. Processus physique (17x) : - bacchor

je m'enivre:

Mi 856 : ubi bacchabatur aula, cassabant cadi. « Quand le broc faisait son bacchanal, c'est alors que les tonneaux faisaient la culbute ! ... » etc.

je fais la fete : - comissor Mo 989 : Alio credo comissatum abisse. « Ils sont sans doute partis bambocher ailleurs.»

etc.

- de-fessus sum

Am

je suis fatigué:

1014 : sum defessus quaeritando « je suis fourbu à force de la chercher »

etc.

je mène la vie grecque : - per-graecor Mo 22 : dies noctesque bibite, per-graccaminci « Passez vos jours et vos nuits à vivre à la grecque » à boire, continuez etc.

- luxor Ps 1107 : fréquentent - lustror Ps 1107 : fréquentent

je vis dans la débauche: luxantur, lustrantur, comedunt quod habent les mauvais lieux, ils mangent tout ce qu'ils je fréquente les bouges: luxantur, lustrantur, comedunt quod habent les mauvais lieux, ils mangent tout ce qu'ils

230

« ils font la noce, ont »

ils

« ils font la noce, ont »

ils

- morior je meurs : Mer 471 : Qur non morior ? « Pourquoi ne pas mourir ? »

etc. - ΠΆΒΟΟΓ je nais : Am 481/2 : alter decumo post mense nascetur pucr/quam seminatust, alter mense septumo. « ils naitront, l'un dix mois, l'autre sept, aprés avoir été CONÇUS.

»

- odoror je sens : Men 166 : Agedum, odorare hanc quam ego habeo pallam « Eh bien ! renifle un peu cette mante que j'ai là. »

etc. - oscitor Men 834 : Ut pandiculans - osculor Ep 582/3 : quid tu, quac m'appelles ton pére et qui

je suis béant : oscitatur ! « Comme il s'étire, comme il baille ! » j'embrasse : patrem/tuum vocas me atque osculare « Et toi, qui m'embrasses... »

etc.

- palpor je touche : Mer 169 : Hoc sis vide, ut palpatur ! « Voyez-moi, s'il vous plait, comme il sait vous prendre ! » etc.

- ex-pergiscor je me réveille : Poe 321 : Prius quam Venus ex-pergiscatur « Avant méme que Vénus ne se lève »

etc. - am-plector

je serre dans mes bras

:

Ru 1175 : Ut te am-plector libens ! « Que j'ai de plaisir à t'embrasser ! » etc.

- am-plexor je serre dans mes bras : Ba 76/7 : te volo/me am-plexari. « je veux que tu m'embrasses » etc.

- screor

je crache :

Cu 114-6 : Vinipollens, lepidus Liber,/tibi qui screanti, siccae, semisomnae/ adfert potionem et sitim sedatum it. « Le mattre du vin, l'aimable Bacchus, qui pour soulager ta pituite, humecter ta sécheresse, et te réveiller dans ton demisommeil (lit.: pour toi qui craches, pour ta sécheresse et ton demi-sommeil), t'apporte à boire et vient apaiser ta soif. » - tuburcinor je fais bombance : Per 121/2 : Lubido extemplo coeperest convivum,/tuburcinari de suo, si quid domi est. « Il lui prend aussitót envie d'ordonner un festin, de faire bombance ἃ ses frais, s'il a quelques sous à lui. »

231

8.1.3. Voix/bruit (13x) : - argutor

je bavarde:

Am 349 : Pergin argutarier 7 « Que d'esprit ! » (lit: « Tu continues à bavarder?») etc.

- ariolor je prophétise: As 316 : hariolari quae occeperunt sibi esse in mundo malum. « elles (épaules) m’annongaient qu'il y avait dans l'air quelque raciée pour elles. » etc.

- fabulor je raconte: Am 623 : vigilans fabulor « bien éveillé je te parle » etc.

- for

je parle :

Ep 496 : Fando ego istunc hominem numquam audivi ante hunc diem « C'est la premiere fois que j'entends prononcer ce nom-là. »

etc. - fateor

je parle:

Ba 562 : Fateor factum, et repperi. « Oui, et c'est ce que j'ai fait. » (lit.: « Je dis l'acte et je l'ai découvert. »)

etc. - in-fitior je nie : Ci 661 : Omnia in-fitari iam, quae dudum confessa est mihi. « Ne nie-t-elle pas maintenant tout ce qu'elle m'avait avoué ? »

etc. - jocor je plaisante: Mo 1081 : Scio, iocaris tu nunc istuc « Je vois, tu es en train de plaisanter. » etc. - lamentor je me plains: Ba 932 : libet lamentari, dum exeat. « ... si j'entonnais un chant funèbre en l’attendant ? »

etc. - loquitor Ba 803/4 : Eheu tu, tu n'as pas cessé de - loquor Ba 35 : Quid si hoc que tu ne dises rien,

je parle : ... loquitatusne es gnato meo/male per sermonem « Alors, tenir à mon fils des propos injurieux » je parle: potis est, ut tu taceas, ego loquar ? « Ne vaut-il pas mieux et que ce soit moi qui parle ? »

etc. - nugor je badine : Tri 900 : Mihi quoque edepol, quom hic nugator, contra nugari lubet. « Ma

foi, puisqu'il m'en conte, j'ai bien euvie de lui en conter aussi. »

232

- ominor

je prononce une parole prémonitoire : Ru 337 : Melius ominare. « Pas de paroles de mauvais augure ! » (lit.: « Prédis mieux ») - queror je me plains : Mo 217 : in senecta male querere. « tu t'en repentiras amérement dans ta vieillesse. »

etc.

8.1.4. Perception (3x) : - con-spicor j'apercois : Ba 181 : Pistoclerum con-spicor. « n'est-ce pas Pistoclére que j'apergois ? »

etc. cf. encore :

de-spicor (> 8.1.5.)

je méprise

su-spicor (> 8.1.5.) - con-templor

je soupçonne je regarde :

Poe 1129 : mirari noli neque me con-templarier. « cesse de regarder avec cet

air d'étonnement (lit.: de t'étonner et de me regarder). » etc.

- tueor

je regarde :

Cap 1008 : Quia mihi item ut parentes lucis das tuendi copiam. « c'est que, comme mes père et mère, tu me fais voir le jour (lit.: tu me donnes la richesse de voir le jour). » etc.

8.1.5. Intellect/sensation (26x) : - adsentor j’approuve : Am 702 : Etiam tu quoque adsentaris huic ? « C'est cela ! flatte sa manie. » (lit.: « Et toi, tu l'approuves aussi ? »)

etc. - arbitror je pense : Am 60/1 : Nam perpetuo facere ut sit comoedia,/reges quo veniant et di, non

par arbitror. « Car faire d'un bout à l'autre une comédie d'une piéce oü paraissent des rois et des dieux,

c'est chose,

à mon avis (lit.: je pense),

malséante. » etc.

- per-contor (8.2.1. 2) je m'enquéris : Cas 571 : rogitare opportet prius et per-contarier « il faut d'abord ne pas

233

manquer de s'enquérir aupr&s de lui » etc.

- fruniscor (8.1.2. ?)

je me réjouis :

Ru 1012 : Hinc tu nisi malum frunisci nil potes « Il ne t'en reviendra rien d'autre qu'une raclée » (lit.: « A partir de là, tu ne pourras te réjouir que d'un mal»)

- fruor (8.1.2. ?)

je me réjouis :

As 917/8 : ... ut sinat/sese alternas cum illo noctes hac fryj « ... qu'il accorde à son rival (lit.: de se réjouir) une nuit sur deux de sa maîtresse. »

- irascor Cu 608 : Enim

je me mets en colere : vero irascor. « Pour le coup, je me fäche ! »

etc.

- laetor je suis heureux : St 407 : eos nunc lactantis faciam adventu meo. « Je vais aujourd'hui les remplir de joie par mon retour. » - laetificor je me réjouis : Au 725/6 : nunc ergo alii laetificantur/meo malo et damno. « et maintenant d'autres profitent, et se gaussent de mon malheur et de ma ruine... » etc.

- ob-liviscor j'oublie : Cap 985 : Quia mos est ob-livisci hominibus « Parce que les hommes sont ainsi faits : ils oublient... » (lit.: « Parce que les hommes ont pour coutume

d'oublier») etc.

- machinor

j'invente :

(8.2.1. type b ?)

:

Ba 232 : Inde ego hodie aliquam machinabor aujourd'hui machiner quelque bon tour »

machinam

« Je m'en

vais

etc.

- meditor je réfléchis : Au 550 : Pol ego te ut accusem merito meditabar. « Parbleu, je m'apprétais à te faire des reproches ; tu en mérites. » - com-mentor je pense à :

Poe 1 : Achillem Aristarchi mihi com-mentari lubet « J'ai envie de vous remettre en mémoire l' Achille d'Aristarque » etc.

- metior

je mesure :

Ps 1049 : Quin hinc metimur gradibus militaris ? « Vite, détalons au pas militaire. » (lit. : « Pourquoi nous ne mesurons pas [l'espace] à partir d'ici avec des pas militaires ? ») etc.

- com-miniscor j'imagine : Tri 515/6 : Plane periimus,/nisi quid ego com-miniscor.

234

| « Nous sommes bel et

bien perdus, si je n'invente quelque chose. » etc.

- miror je m’&tonne : As 315 : Ergo mirabar quod dudum scapulae gestibant mihi « Je me demandais aussi ce qu'avaient mes épaules à me démanger depuis quelque temps » etc.

- misereor je m'appitoie : Ru 197 : Nam me si sciam fecisse aut parentis sceleste, minus me miserer. « Si je savais que mes parents ou moi eussions commis quelque crime, je me plaindrais moins. » etc.

- opinor je pense : Ru 661 : Audio tumultum : opipor, leno pugnis pectitur. « J'entends du vacarme : m'est avis (lit.: je pense) qu'on peigne le léno à coups de poing. » etc. - ex-perior j'expérimente : Am 637 : Nam ego id nunc ex-perior domo atque ipsa de me scio « J'en fais aujourd’hui l'expérience, sans aller chercher d'exemples au dehors » etc. - inter-pretor j'explique : Ep 552 : Quia tuae memoriae ipfer-pretari me aequom censes. « Tu veux que je serve d’interprète à ta mémoire ? » etc.

- ratiocinor je calcule : St 75 : Principium ego quo pacto cum illis occipiam, id ratiocinor « Comment vais-je entamer la question avec elles, c'est ce que je suis en train de me demander. » - recordor je me souviens : Men 972/3 : Recordetur id, qui nihili sunt, quid eis preti/detur ab suis eris, ignavis, improbis viris. « Il n'oubliera pas (lit: Il se souviendra) les récompenses que les maltres réservent à leurs fripons d'esclaves, quand ils sont paresseux et malhonnêtes. » etc.

- reor je pense : Ep 484/5 : Stulte datum/reor « Tu l'as donné comme un sot, je pense » etc.

- scitor j'apprends : Cap 263 : nam sunt quae ex te solo scitari volo « j'ai quelques questions à te poser seul à seul. » etc.

- ex-tricor

je machine :

(8.2.1. type b?) Ep 152 : Aliqua ope exsolvam, ex-tricabor aliqua. « Je t'en débarrasserai d'une

235

manière ou d'une autre, j'imaginerai quelque expédient... - verecundor je marque de la réserve : Tri 478 : Verecundari neminem apud mensem decet « A table, on ne doit d'égards à personne » - vereor je crains : Tri 1149 : dum sermonem yereor interrumpere« ... par crainte d'interrompre leur conversation»

etc.

8.1.6. Réception (1x) : - nanciscor je reçois : Men 419 : si possum hospitium nancisci. « et je me ferai héberger à ce prix. » (lit.: « si je peux recevoir l’hospitalité. ») etc.

8.1.7. Changement d'état (1x) : - liquor je fonds : Tri 243 : ilico res foras labitur, liquitur. « ... sur le champs l'argent couleet va fondant »

8.1.8. Metier/röle social (8x) : - bulbulcitor je suis bouvier : Mo 53 : Decet me amare et te bulbulcitarier « Il sied à moi de faire l'amour, à toi de conduire les bœufs » - latrocinor je suis mercenaire : Mi 499/500 : An quia latrocinamini, arbitramini/quidvis licere facere vobis, verbero ? « Parce que vous faites le métier des soudards, vous vous imaginez que tout vous est permis, rossard ! »

etc. - mantiscinatus sum

j'ai fait le divin :

Cap 896 : Nam hercle nisi mantiscinatus probe

cro, fusti pectito.

« Εἰ

morbleu, si je n'ai pas été bon prophète, tu pourras me peigner à coups de trique.» - parasitor je vis comme parasite:

St 637 : Viden ridiculos nili fieri atque ipsos parasitarier 7 « Tu vois que les bouffons ne sont plus rien, et que les riches jouent eux-mémes au parasite ? »

etc.

236

- philosophor je fais le philosophe : Mer 147 : philosophari numquam didici neque scio. « je n'ai pas appris à philosopher , je n'y entends goutte. » etc.

- quadrupulor je fais le Per 62 : Neque quadrupulari me profession» - sycophantor je fais le Tri 787 : Quamquam hoc me aetatis A mon áge, de jouer la comédie. »

délateur : volo « Je ne veux pas étre délateur de fourbe : sycophantari pudet. « quoique j'aie honte,

etc. je fais le divin : - vaticinor Ps 363 : Vetera vaticinamini. « C'est de l'histoire ancienne que vous me

chantez-là. »

8.1.9. Autres (6x) : - peri-clitor

je fais un essai/suis en danger (je suis dans une situation incertaine) : Am 688/9 : An peri-clitamini/quid animi habeam ? « Venez-vous tous les deux mettre à l'épreuve mes sentiments ? » etc.

- imitor

j'imite :

Cap 208/9 : Apage ! haud nos id deceat/fugitivos jmitari. « Fi ! Imiter les esclaves fugitifs ! Ce serait indigne de nous. » etc.

(le prime actant adopte un röle/une condition de vie) - liceor j'offre un prix : St 221 : Age, licemini. « Allons, enchérissez. » etc.

(le prime actant s'engage) pol-licitor je promets (le prime actant s'engage)

- moror je m'attarde : Ba 153 : Nil moror discipulos mi esse iam plenos sanguinis « Ah ! foin de ces écoliers (lit.: je ne m'attarde pas sur ces écoliers) qui ont trop de sang dans les veines ! »

etc.

- patior Au 88: Pauper

sum,

je souffre : fateor, patior ; quod di dant fero. « Je suis pauvre, je

237

l'avoue, je m'y résigne : ce que les dieux me donnent, je l'accepte. »

etc. {affectation soit physique [8.1.2.] soit morale [8.1.5.]) - prae-stolor j'attends : Ep 221 : Ea prae-stolabatur illum apud portam. « Elle l'attendait prés de la porte. » etc.

8.2. Affectation d'ordre secondaire (56x) : 8.2.1. Auto-intérét (29x) :

- blandior type a je flatte : Cas 883/4 : Conloco, fulcio, mollio, blandior,/ut prior quam senex nup... « Je l'installe, je l'appuie sur des coussins, je m’amadoue, je la fiatte, pour qu'elle m'accorde sur le vieux un droit de priorité...» etc.

- frustror type b je trompe : Am 830 : Nescioquis praestigator hanc frustratus mulierem. « Il doit y avoir un enchanteur qui lui tourne la tête. » etc.

- furor type b

je vole :

Ba 656/7 : improbus cum improbis sit, harpaget cum furibus,/furetur quod queat. « malhonnéte avec les malhonnêtes gens, voleur (lit.: il volera) avec les voleurs, et les escroquant tant qu'il peut. » etc.

- gratulor type a

je félicite (flatte):

St 386 : Hercules, decumam esse adauctam tibi quam vovi gratulor. « Hercule, la dime que je t'avais promise est bien augmentée, je t'en félicite.» etc.

- insidior type b

je tends un piege :

Ps 1240/1 : ubi cum stimulis aut flagris/insidiantur. « ... οὐ on fait le guet avec des aiguillons ou des étriviéres.» etc.

- lignor type c

je me procure du bois :

238

Cap 658 : Num lignatum mittimur

7 « Est-ce à la corvée de bois qu'on nous

dépêche ? » - ludificor type b je berne : Ci 500/1 : Pol te aliquanto facilius,/quam me meamque rem perire et ludificari filiam. « Ma foi, je m'y résignerai bien plus facilement qu'à voir qu'on me perd, qu'on me ruine, qu'on se moque de ma fille. » etc.

cf. encore : de-ludificor - mentior type b

je berne je mens :

Mi 35 : et adsentandumst quidquid hic mentibitur. « Et il faut opiner à tous les mensonges qu'il lui plait d'inventer (lit.: à tout ce qu'elle mentira). » etc.

- mercor type c je fais du commerce : Per 845 : Hicin Dordalus est leno, qui hic liberas virgines mercabır ? « C'est bien là Dordale le iéno, qui fait ici traffic de filles de condition libre ? » etc.

- morigeror type à j'essaie de plaire : Cap 198 : Nunc servitus ei evenit, ei vos morigerari mos bonust « A présent, si la servitude vous échoit, mieux vaut vous y soumettre » - mutuitor type c je cherche à emprunter : Mer 51/2 : et praedicere/omnes tenerent mutuitanti credere « ... et recommander aux gens de bien de se garder de me consentir le moindre prét. » - pacificatus sum type a j’ai fait la paix :

St 517 : Sed satin ego tecum pacificatus sum, Antipho ? « Mais ai-je bien fait ma paix avec toi, Antiphon ? » - paciscor type a je fais un traité: Ba 865/6 : Pacisci cum illo paulula pecunia/potes. « Peut-étre pourrais-tu transiger avec lui pour un peu d'argent. » - pabulor type c je me procuredu fourrage : Ru 295 : Cottidie ex urbe ad mare huc prodimus pabulatum « Chaque jour nous venons de la ville jusqu'ici chercher en mer notre päture. » - piscor type c je vais à la péche: As 99/100 : Iubeas una opera me piscari in acre/venari autem rete iaculo in

medio mari.

« Autant me demander de pécher dans le ciel ou de chasser à

l'épervier le gibier en pleine mer. » etc.

- potior type c

je m’empare de :

As 915/6 : ut viginti minas/ei det, in partem hac amanti ut liceat ei potirier. «pour qu'il lui donne vingt mines, et qu'il ait, lui aussi, part aux faveurs de la belle (lit.: le droit de s'emparer d'elle), puisqu'il l'aime. » etc.

239

- praedor type c

je fais du butin :

Ru 1242 : Mihi istaec videtur praeda praedanum irier « Ce butin va sans doute nous être butiné» etc.

- precor type a

je prie :

Ru 640 : Bene equidem tibi dico, qui te digna ut eveniant precor. « Et je te réponds de méme, en te souhaitant ce que tu merites. »

etc. - Scortor type c je cours la gueuse : Ps 1134 : Edunt, bibunt, acortantur « ... qui mangent, qui boivent, qui courent

les filles.» etc. - per-scrutor

je fouille :

type c (8.2.2.?) Au 620/1 : Ibo hinc intro ; per-scnuabor fanum, si inveniam uspiam/aurum «Entrons, et fouillons par tout le temple, táchons de dénicher cet or » etc.

- sortior Mer 136b

je re au sort : : At tibi sortito id optigit. « C'est pourtant à toi que le sort s'est

chargé de l'appliquer. » (lit.: « C'est pourtant à toi qui as tiré au sort que ceci etc. (action effectuée en vue du prime actant)

- a-spernor Cap 542 : proque

je repousse: ignoto me aspernari.

«Pourquoi te détourner

de moi (lit:

quasi me numquam

me repousser),

comme

noveris

?

si tu ne me

connaissais pas » etc.

(protection de la propre personne)

- stipulor type c

j'exige un engagement :

Ci 375 : Stipulari semper me ultro oportet a viris « C'est à moi au contrairede toujours exiger des hommes des engagements formels » - con-technatus sum

j'ai machine

:

Ps 1096 : Vide modo ne illi sif con-technatus quippiam.

« Prends garde

seulement que l'autre ne t'ait joué quelque tour. » - testor type c je témoigne/prends comme témoin : Ru 1338 : Venus Cyrenensis, testem te testor mihi « Vénus Cyrénéenne, je te prends à témoin... » - ulciscor je me venge: Men 126 : Nam si forat cenat, profecto me, haud uxorem, ylciscitur. « Car s'il

240

dine en ville, ce n'est pas sur sa femme, mais bien sur moi qu'il se venge. » etc.

(action effectuée dans l'intérêt du prime actant)

- utor j'utilise : Mi 799 : ego recte meas auris ytor « j'ai l'ouie assez fine. » (lit.: « j'utilise mes oreilles conformément. »)

etc. (action de mettre un objet à son service)

- vador type c

je me procure des cautions : Au 318/9 : Infit ibi postulare plorans, eiulans,/ut sibi liceret miluum yadarier. « et le voilà qui lui demande, à grand renfort de pleurs et de gémissements, la permission d'assigner le milan. » etc. - veneror type à je supplie : Ru 305 : Nunc Venerem hanc veneremur bonam, ut nos lepide adiuerit hodie. « Maintenant adressons notre priére à la bonne Vénus, pour qu'elle veuille nous préter aujourd'hui son aimable secours. » etc.

8.2.2. Intensité (27x) :

Légende: type a : combat/effort type b : soutien/soin type c : perception intentionnelle

- aemulor type a je rivalise : Mi 839 : Quoniam aemulari non licet, nunc invides. « Parce que tu ne peux nous imiter, tu es jaloux. » - aucupor type c je guette : Ru 1093 : Viden scelestus ut aucupatur ? « Voyez le scélérat ; comme il veut nous attraper (lit. : comme il guctte) ! » - auxilior type b je préte secours : Tri 377 : neque commodius ullo pacto ci poteris auxiliarier. « et tu ne pourrais trouver meilleur moyen de lui venir en aide. » etc.

- causificor je conteste : type a (8.2.1. ?) Au 755/6 : Ergo quia sum tangere ausus, haud causificor quin eam/ego habeam

241

potissimum. « Eh bien, puisque j'ai osé y porter la main, je ne chicane point et ne demande qu'à la garder, de préférence à toute autre. » - conor type a (8.1.5. ?) j'essaie : Cap 61/2 : Nam hoc paene iniquomst, comico choragio/conari desubito agere une troupe nos tragoediam. « Car ce serait vraiment déplacé de vouloir, avec comique, nous mettre tout à coup à jouer la tragédie. » etc.

- criminor type a j'accuse: Ba 783 : Men criminatust ? « C'est lui qui m'accuse (lit.: m'a accusé) ? » - fabricor type a je travaille : As 102 : fabricare quidvis, quidvis comminiscere « invente ce que tu veux, imagine ce que tu veux » etc.

- fungor type a

je m'acquitte de mon devoir :

Men 223 : nam parasitus octo hominum munus facile fungitur. « Car, le parasite en vaut bien huit à lui tout seul (lit.: accomplit facilement la tâche de huit

hommes). »

etc.

- hortor type b j'encourage: Per 841 : Pol bene facta tua me hortantur tuo ut imperio paream. « Certes, tes bienfaits m'engagent à être soumise à tes volontés. »

etc. cf. encore : de-hortor (antonyme copiant la diathése du simple) - largior type b

je décourage

je donne largement :

Cap 829 : Quae illaec est laetitia quam illic laetus Jargitur mihi ? « Quelle est cette joie dont il veut si joyeusement me faire largesse ? » etc.

- licitor type a je lutte : Mer 441 : Potine ut ne licitere advorsum mei animi sententiam ? « Si tu voulais bien ne plus renchérir pour me contrarier ? » (lit.: « Peux-tu ne pas lutter contre mon opinion ? »)

etc. - de-luctor type a

je lutte :

Per 4/5 : Cum avibus Stymphalicis, cum Antaeo de-luctarj mavelim/quam cum Amore « Pour moi, je préférerais lutter à mort... avec les oiseaux du Stymphale, avec Antée plutôt qu'avec l'Amour » - medicor type b je soigne: Mer 951 : Medicari amicus quin properas mihi 7 « Háte-toi donc de me guérir, si tu es mon ami. » etc.

242

- minitor type ἃ je menace : Ba 850 : Chrysale, quis ille est qui minitatur filio ? « Chrysale, quel est cet homme qui menace mon fils ? »

etc. - minor type à je menace : Men 861 : Sane ego illum metuo, ut minatur, ne quid male faxit mihi. entendre ses menaces

(lit.: comme

« A

il menace), j'ai grand peur qu'il ne me

donne quelque mauvais coup. » etc.

- moderor type a je tiens dans la mesure : Ba 91 : Sumne autem nihili, qui nequeam ingenio moderari meo ? « Faut-il que je sois assez láche, pour n'avoir pas plus de force de caractere (lit.: moi qui ne sais pas imposer une limite à mon propre naturel [dominer mon propre

naturel]) ! » etc.

- molior type a j'accomplis avec peine : Cu 188 : Viden ut misere moliuntur ? « Voyez-vous comme ils s'en donnent, les pauvres ! » etc.

- nitor type Mo 128 : expetant. « l'effort) ils

a je mi’appuie : Sumptu suo et labore gnituntur, ut alii sibi esse illorum similis à force de dépenses et d’efforts (lit.: ils s'appuient sur la dépense et veulent arriver à ce que les autres souhaitent en avoir de pareils. »

etc.

- opitulor type b j'aide : Cu 332 : ut decet velle hominem amicum amico atque opitularier « ... comme doit le faire un véritable ami, et s'est montré tout prét à nous rendre service. » etc.

- ordior type a j'entreprends : Tri 1136 : namque hoc commodum orditur loqui. « Car i] aborde justement un sujet qui m'intéresse. » etc.

- solor type b

je réconforte :

Ep 112 : Nil agit qui diffidentem verbis solatur suis. « Donner pour toute consolation des paroles à un homme aux abois, c'est comme si on ne faisait rien. » (lit.: « Celui qui réconforte un homme désespéré avec des mots ne fait rien. »)

etc. - speculor type c j’observe : Cas 791 : Nil equidem speculor. « Je n'espionne pas. »

etc. - tumultor type a je m'agite : Poe 52415 : Praesertim in re populi placida atque interfectis hostibus/non decet

243

tumultari. « Et surtout en temps de paix, quand les ennemis sont anéantis, il ne

s'agit pas de jeter le trouble dans la ville. » - tutor type b je protège: Mer 834/5 : Di penates meum parentum, familiari Lar pater,/vobis mando meum parentum rem bene ut iuiemini. « Dieux pénates de mes parents, vénérable Lare de la famille, protégez bien leur fortune, je les recommande à VOUS.»

etc. - velitatus sum type a je me suis disputé: Men 778 : Nescioquid vos velitati estis inter vos duos. « Il y aura encore cu entre vous deux quelque escarmouche. » (lit.: « Vous vous êtes disputés entre vous de je ne sais pas quoi. ») - venor type a je chasse :

Cap 184 : I modo, venare leporem « Va toujours. Tâche de lever un liàbvre» — etc. - ad-versor type a je m'oppose: Cas 150 : Quando is mi et filio ad-versatur suo « Puisqu'il entre en guerre contre moi et contre son fils » etc.

2.2.1.2. La flexion en - comme diathèse secondaire 2.2.1.2.1. L'orientation marquée et son extension C'est en l'opposant, à l'intérieur d'un méme lexème, à la

voix active que le latin utilise la flexion en -r pour l'expression de l'orientation marquée. Cette fonction s'explique, de toute évidence, par une regrammaticalisation de la marque à partir de son

emploi

dans

les

lexémes

monodiathétiques

(cf.

ci-dessus

2.2.1.1.??. On comparera ainsi une forme telle que : Au 88 : Pauper sum, fateor, patior ; quod di dant fero.

«Je suis pauvre, je l'avoue, je m'y résigne : ce que les dieux me donnent, je l'accepte (lit. : j'endure). » etc. à un membre d'opposition tel que : Ci 206-9 : lactor, crucior, agitor,/stimulor, vorsor/in amoris rota, miser exanimor,/feror, differor, distrahor, diripior

« Je

suis

ballotté,

torturé,

agité,

transpercé,

tourné et retourné sur la roue de l'amour ; je sens ma misérable vie qui m'abandonne ; je suis emporté, tiraillé, déchiré, dépecé » etc. en face de : Cas 445 : Nam illorum me alter cruciat, alter macerat. «L'un est mon bourreau (lit.: me torture), l'autre me fait sécher de jalousie. » etc. Comme

on l'a mentionné ci-dessus (2.1. p. 219),

l'orientation

marquée sert dans les langues à décrire, à partir de leur actant affecté, méme des situations verbales a priori agentives. Dans ce

contexte, il importe de signaler que l'orientation marquée du latin présente un emploi étendu.

212 On notera que cette évolution du latin semble contredire les idées de Haspelmath (1987: 30) pour qui la fonction de l'orientation marquée présuppose, dans un tel cadre, celle de la réduction de la valence quantitative.

245

On constate ici tout d'abord une certaine désémantisation au niveau des rôles - entre eux corrélatifs - des actants impliqués. La langue postule tout au plus que le lexique fournisse un prime actant à comportement intentionnel, et admet ainsi comme base de transformation des lexèmes tels que canto « je chante », metuo « je crains » ou numero « je compte » etc. A titre d'exemple : Tri 350 : sed civi imuni scin quid cantari solet ? « mais sais-tu le refrain que l'on corne (lit: qui a l'habitude d'étre chanté) au citoyen peu serviable ? » As 835 : nolo ego metui, amari mavolo,

mi gnate,

me abs

te. « De toi à moi je ne veux pas de crainte, mais de l'affection (lit.: De toi je ne veux pas étre appréhendé, mais aimé), mon enfant.»

As Arg 3/4 : itaque ob asinos relatum pretium Saureae/ numerari iussit servulo Leonidae. « Aussi, quand on vient pour payer à Sauréa le prix d'ánes qu'il a vendus, fait-il compter

l'argent

à son

esclave

de

confiance

(lit:

il

ordonna à son esclave Léonida qu'il soit payé). » εἰς. Cette évolution - qui signifie d'ailleurs le passage d'un phénomène de valence à un processus syntaxique - va jusqu'à intégrer quelques lexémes monoactanciels, pour lesquels il n'existe donc méme plus de second actant qui puisse étre promu. Tel est par exemple le cas de : Mer 776 : Ab-ibitur. « On s'en ira. » etc.?'* L'extension de l'orientation marquée se manifeste par ailleurs, toujours au niveau du lexique, dans son application à des lexémes

? Voir indications appendice 9.1. 7^ Voir indications appendice 9.2.

246

qui présentent déjà la flexion en -r comme diathése primaire (cf. ci-dessous 2.2.1.3.).

Lors de son insertion dans le contexte, le latin ne limite aucunement l'emploi de son orientation marquée à des situations verbales dont l'actant agentif reste, pour ainsi dire, quelque peu à

l'ombre??, On trouve ainsi cette structure, non seulement avec l'idée d'un agent anonyme :

Poe 1338/9 : De-cipitur nemo mea quidem sententia, /qui suis amicis narrat recte res suas. « On ne regrette jamais (lit.: Personne n'est dégu), à mon avis du conter franchement ses affaires à ses amis. »

moins,

de

Per 241 : E-dictum est magnopere mihi ne quoiquam hoc homini crederem « On m'a instamment recommandé (lit.: Il m'a été émis instamment) de ne confier mon secret à

áme qui vive » etc., mais encore avec celle d'un agent parfaitement identifié : Ba 609 : neque nummus ullust qui red-datur militi. « et il ne lui reste plus un denier pour rembourser le militaire (lit.: qui puisse étre donné au militaire). » Mi 1349 : Nos secundum ferri nunc per urbem haec omnia « Oui, qu'on ne nous voie par la ville trainer tous ces paquets derrière nous. » (lit: « Toutes ces choses

étant traînées derrière nous par la ville ») etc.?! En ce qui concerne la restriction de l'orientation marquée à des données - ne serait-ce que conceptuellement - agentives, la langue procéde à une extension de nature tout autre. Si elle n'abolit en effet aucunement ce critére, elle montre une tendance à le

215 Cf. encore ci-dessus 2.1. p. 219.

216 Voir indications appendice 9.3. 247

considérer plus facilement comme rempli. C'est ainsi que le locuteur latin parvient à repérer le sème du stimulus extérieur méme dans des situations verbales comme : Ep 239/40 : Nec satis ex-audibam, nec sermonis fallebar tamen/quae loquerentur. « Sans entendre absolument tout, il m'en revenait assez pour suivre leur conversation (lit.: je n'étais pas trompé par rapport à la conversation qu'elles tenaient). »

As 615 : Utinam sic ef-feramur ! « (Oh toi ! mon âme

et

ma vie ! Serre-moi dans tes bras...) Puissions-nous étre

ainsi portés jusqu'au tombeau (lit.: dehors) ! » etc.?? (Cf. encore ci-dessous « Excursus » 2.)

La comparaison avec le grec montre que celui-ci manifeste le méme besoin que le latin de pouvoir réexprimer une situation donnée à partir de l'actant affecté et qu'il y emploie, à

son tour, la voix seconde?'*, Il s'avére cependant que les deux langues différent ici par le degré auquel elles effectuent respectivement la mise à distance du prime actant agentif. Cela dit, en face de la simple périphérisation du latin, le grec pousse cette derniére jusqu'à l'élimination et procéde ainsi - et c'est là une différence décisive - à une modification de la valence quantitative qui dispose alors, à l'intérieur du méme lex&me, d'une forme à la fois réduite et

augmentée?" (cf. Intégration... 1.2.1.). Dans cette perspective, les diverses extensions d'emploi que donne à observer l'orientation marquée du latin - et qui visent entre autre à assouplir la contrainte ici quelque peu lourde du

stimulus extérieur - s'expliquent comme les débuts d'une évolution qui doit mener vers la double valence du lexéme. 217 Voir indications appendice 9.4. 218 On ne parlera pas ici des moyens suffixaux à l'aide desquels le grec complète ce processus à l'aoriste (cf. Intégration... 1I. 1.2.3. et I1.1.3.2.1.). 219 Cf. ci-dessus 2.1. p. 217 et note 198.

248

Toujours est-il que l'orientation marquée du latin et la réduction de valence du grec, qui s'avérent ainsi dans une certaine mesure

aptes à tenir compte des mémes données, impliquent en tant que processus linguistiques distincts une conceptualisation différente de la situation verbale.

Il reste à ajouter que le grec procéde à son tour, et ceci également à l'aide de sa voix seconde, à une catégorisation de l'orientation

marquée. Il ne s'agit cependant là que d'un phénomène marginal et qui occupe

une

place

tout autre

dans

le systéme

que

son

homonyme en latin. Car l'orientation marquée du grec se définit comme une extension d'emploi de la réduction de la valence quantitative

que

la

langue

se

met,

à un

moment

donné,

à

appliquer méme à des lexémes qui refusent sur le plan conceptuel une élimination de l'actant agentif (cf. Integration... 1.2.1. et I.2.1. « Excursus »).

L'occurrence de la double valence quantitative dans le lexéme grec semble pouvoir expliquer le rattachement que subit dans cette langue, et non pas en latin, le type du changement d'état aux situations codées par la voix seconde (cf. ci-dessus

2.2.1.1. p. 223). Si l'affectation qu'exprime cette diathése est

surtout celle d'un actant anime?” alors que les situations de changement d'état comportent le plus souvent des primes actants

inanimés, mais sont par ailleurs les premiéres à recevoir la double valence quantitative (cf. ci-dessus note 195), l'intégration de ce type dans la sphére fonctionnelle de la voix seconde risque de correspondre à un codage de la réduction de valence - et de constituer ainsi une innovation du grec.

20 Cf. Gonda (1960a: 34).

249

Appendice 9 : Emplois de l'orientation marquée 9.1. Orientation marquéc à partir d'un lexéme non agentif : Tri 350 : sed civi imuni scin quid cantari solet 7 « mais sais-tu le refrain que l'on corne (lit.: qui a l'habitude d'étre chanté) au citoyen peu serviable ? » Tru 885 : Verum vetus est verbum quod memoratur « Le vieux proverbe a bien raison de dire : ... » (lit.: « Le vieux proverbe qui est prononcé est vrai »)

As 835 : nolo ego metui, amari mavolo, mi gnate, me abs te. « De toi à moi je ne veux pas de crainte, mais de l'affection (lit.: De toi je ne veux pas étre appréhendé, mais aimé), mon enfant. » St 58 : Qui manet ut moneatur semper servos homo officium suum « Un esclave qui attend toujours qu'on lui rappelle son devoir (lit.: que son devoir lui soit rappelé) » As Arg 3/4 : itaque ob asinos relatum pretium Saureae/numerari iussit servulo Leonidae. « Aussi, quand on vient pour payer à Sauréa le prix d'ánes qu'il a vendus, fait-il compter l'argent à son esclave de confiance (lit.: il ordonna à son esclave Léonida qu'il soit payé). » Mo 233 : Utinam meus nunc mortuos pater ad me nuntietur « Je voudrais qu'on vint m'annoncer la mort de mon propre pere (lit.: que la mort de mon propre père me soit annoncée) » etc.

9.2. Orientation marquée à partir d'un lexéme monoactanciel : Mer 716 : Ab-ibitur. « On s'en ira. » Ru 1017/8 : nisi pars datur,/aut ad arbitrum red-itur, aut sequestro ponitur. « Il faut me donner ma part, ou recourir à un arbitre, ou la mettre sous séquestre. » Men 326 : Iam ergo haec madebunt faxo ; nil morabitur. « Hé bien, je vais

m'arranger pour que tout soit cuit dans un instant. Ce sera vite fait. » Mo 313/4 : Adversum veniri mihi ad Philolachem/volo temperi. « Je veux qu'on vienne me chercher de bonne heure chez Philolaches. » etc.

9.3. Orientation marquée en présence d'un agent identifié :

Am 68 : ut is in cavea pignus capiantur togae. « (S'ils [inspecteurs] voient des partisans embauchés au profit d'un concurrent,) qu'ils leur saisissent (lit.: que leur soit saisie) sur place leur toge, à titre de gage. »

251

Ba 1182 : Satis, satis iam vostrist convivi ; me nihil paenitet ut sim ac-ceptus «J'en ai assez, et plus qu'assez, de votre festin ; vous m'avez régalé (lit.: que j'aie été accueilli) à souhait »

Am Arg I 5 : his Alcmena decipitur dolis.

« (Mercure revêt la forme de

l'esclave Sosie, ...) Alcmène est dupe de ces ruses (lit.: est trompée par ces ruses).»

Ep 662 : Remeabo intro ut ac-curentur advenientes hospites. « Rentrons, pour nous occuper de bien recevoir les hôtes qui nous arrivent (lit.: pour que les hôtes

qui arrivent soient bien accueillis). » Ba 609 : neque nummus ullust qui red-datur militi. « et il ne lui reste plus un denier pour rembourser le militaire (lit.: qui puisse &tre rendu au militaire). » Ep 70/1 : Quia patrem prius se convenire non volt neque conspicari,/quam id argentum quod debetur pro illa denumeraverit. « C'est pour n'étre pas rencontré ni vu par son père, avant d'avoir compté l'argent qu'il doit (lit.: qui est dû) pour 8a belle.»

Mi 1349 : Nos secundum ferri nunc per urbem haec omnia « Oui, qu'on ne nous voie par la ville trainer tous ces paquets derrière nous. » (lit: « Toutes ces choses étant traînées derrière nous par la ville »)

Ba 727 : Quae parari tu iussisti omnia. « (Qu'est-ce que tu apportes ?) - tout ce que tu m'as dit d'apporter (lit.: toutes les choses dont tu as ordonné qu'elles soient apportées). »

Mer 530/1 : Animus rediit,/si mecum servatur fides. « Je renais à la vie, s'il me garde sa foi (lit.: si la foi est gardée avec moi). »

As 683 : (lit.: soit Poe 715 en mains Mi

1401

sis erum tuis factis sospitari « si tu veux que ton maître te doive la vie sauvé par tes actes) » : propere hosce ap-sumi volo. « (Ton esclave va donner de l'or au léno, propres. - ...)je veux qu'ils (philippes) soient lestement expédiés. » : Immo etiam prius verberetur fustibus.

« (Faut-il sauter dessus ?) -

Non, pas tout de suite : qu'on lui donne d'abord la bastonnade (lit.: qu'il soit

d'abord battu avec des balais). » etc.

9.4. Orientation marquée appliquée à des situations verbales a priori dépourvues de stimulus extérieur : Tri 270/1 : Certa est res ad frugem applicare animum,/quamquam ibi animo labos grandis capitur. « C'est chose décidée : je me voue à la sagesse, pour rude que soit la táche qu'elle impose (lit.: bien qu'une grande täche soit prise ici pour l'esprit).» As 615 : Utinam sic ef-feramur ! « (Oh toi ! mon &me et ma vie ! Serre-moi dans ! » étre ainsi portés jusqu'au tombeau tes bras...) Puissions-nous

252

Ep 239/40 : Nec satis ex-audibam, nec sermonis fallebar tamen/quae loquerentur. « Sans entendre absolument tout, il m'en revenait assez pour suivre leur conversation (lit.: je n'étais pas trompé par rapport à la conversation qu'elles tenaient). » Ba 251 : Heu, cor meum et cerebrum, Nicobule, finditur « Hélas ! mon cœur se fend (lit.: est fendu), Nicobule, et ma téte aussi »

Tri 934/5 : Est ; non illa ubi tus gignitur,/sed ubi apsinthium fit atque cunila gallinacea. « Mais oui : non pas celle qui produit l'encens (lit.: οὐ est produit l'encens), mais celle oà poussent l'absinthe et l'origan des poules. » Cu 96 : Flos veteris vini meis naribus ob-iectust « Un bouquet de vin vieux a frappé mes narines (lit.: a été mis à l'encontre de mes narines). » Cu 563 : Bene vocas ; verum locata est... ut male sit tibi. « Trop aimable ; mais moi-même je me suis engagé (lit.: l'affaire a été positionnée)... à ce qu'il t'arrive malheur aujourd’hui. » Ba 288: Interea e portu nostra navis solvitur. « Cependant notre navire lève l'ancre (lit.: est délié) et quitte le port. » Ba 3% : Nunc, Mnesiloche, specimen specitur, nunc certamen cernitur. « C'est maintenant, Mnésiloque, que l'épreuve commence (lit.: est regardée), l'heure est décisive (lit.: le combat est tranché). » Ci 115 : Sine trahi, cum egomet trahor. « Laisse-la trainer, comme je me traine (lit.: suis traînée) moi-même. » Am 329 : Lassus sum hercle e navi, ut vectus huc sum « Je suis encore tout fatigué du voyage de la traversée (lit.: comme j'ai été transporté ici). » Mer 122 : quam restito, tam maxime res in periculo vortitur. « Plus je tarde, plus le péril menace (lit.: plus l'affaire est tournée vers le danger). » etc.

253

2.2.1.2.2. Les fonctions ultérieures de la flexion en -r comme

diathése secondaire : le témoignage de quelques débris Quoique la flexion en -r serve réguliérement, en tant que diathése secondaire, à l'expression de l'orientation marquée, il existe quelques rares occurrences dans la langue dans lesquelles sa fonction semble étre autre.

- ob-sono(r) « je fais des commissions »/frustro(r) « je trompe » : Dans ses attestations à la voix active, le lexéme ob-sono «je fais des commissions » décrit le plus souvent un achat effectué pour autrui : Men 319-21 : Satin hoc quod vides/tribus vobis obsonatumst, an op-sono amplius,/tibi et parasito et mulieri? « Avec les provisions que tu vois là-dedans, penses-tu qu'il y ait suffisamment pour vous trois ; ou

faut-il acheter (lit.: est-ce que j'achéte) quelque chose de plus pour toi, pour ton parasite, et pour ta belle ? » Cas 490/1 : Tene marsuppium./Abi atque ob-sona, propera « Prends cette bourse ; va-t'en au marché, et fais

diligence. » etc.?' S'il est vrai que l'on reléve, en paralléle, quelques attestations dans lesquelles cette méme voix décrit un achat effectué dans l'intérét du prime actant, la nuance en question y reste cependant sans mise en relief :

2! Voir indications complétes appendice 10.1. 255

Mer 753/4 : Haecin tua est amica, quam dudum mihi/te amare dixti, quom ob-sonabas ? « C'est là ta maîtresse, celle dont tu me disais étre si amoureux tout à l'heure, en faisant tes provisions ? » Mo 22-4 : Dies noctesque bibite, pergraecaminei ;/amicas emite, liberate ; pascite/parasitos, ob-sonate pollucibiliter. « Passez vos jours et vos nuits à boire, continuez à

vivre à la grecque, achetez des maîtresses, affranchissezles, engraissez des parasites ; dévastez le marché par vos emplettes ruineuses. » On citera encore les deux exemples suivants dans lesquels le locuteur emploie, en dehors du lexème fléchi à l’actif, un pronom personnel et exprime ainsi une focalisation sur le prime actant à

l'aide de ce dernier : St 440 : Aut egomet ibo atque op-sonabo opsonium. « Ou plutót, j'irai faire mon marché moi-méme. » Poe 1295 : Propemodum hoc op-sonare prandium potero mihi. « Avec cela je pourrai acheter (lit.: pour moi) de quoi déjeuner » En face de cela, les deux seuls passages du corpus plautinien qui présentent le lexéme à la flexion en -r, décrivent des achats effectués dans l'intérét du prime actant et mis en relief comme

St 681 : Stichus ob-sonatust « (je n'ai pas oublié mes bons amis, Stichus et Sagarinus, mon camarade, et j'ai veillé à ce que le diner fût prêt pour eux.) Stichus a fait les commissions » Au 294/5 : Quid ? hic non poterat de suo/senex ob-sonari

filiai nuptiis ? « Alors, le vieux ne pouvait pas faire (lit.:

256

de son propre argent) les frais du repas, pour la noce de sa fille ? » Au vu de ces emplois, on peut se demander si la flexion en -r ne s'oppose pas ici à l'actif en soulignant la nuance de l'auto-intérét. On notera encore, dans ce contexte, le cas du lexéme frustro(r) « je trompe » dont la disposition diathétique se compare tout à fait à celle de ob-sono(r), la répartition entre les voix se trouvant alors inversée.

Cela dit, dans le corpus plautinien ce

deuxiéme lexéme apparait a priori à la voix seconde :

As

727

Fortuna.

: Ut

consuere,

« Comme

homines

toujours,

Salus frustratur

la Sauvegarde

et

leurre les

hommes, et la Fortune aussi. »

Cu 331 : Scires velle gratiam tuam ; noluit frustrarier « Si tu avais vu comme il tient à mon amitié ! Il n'a pas joué

au plus fin » οἷς.22 Si le lexéme s'accompagne, en dehors de ces passages, dans sa seule attestation active d'un pronom réfléchi à l'accusatif, ce

changement diathétique semble refléter une absence du séme de

l'auto-intéré??. On lit ainsi : Ba 548 : Atque i se quom frustrant, frustrari alios stolidi existumant. « Et ils s'attrapent eux-mêmes, les imbéciles, en croyant attraper les autres. » Quoique l'idée d'une telle amorce de grammaticalisation de la nuance de l'auto-intérét ne puisse s'appuyer que sur des

exemples peu nombreux - et donc éventuellement fortuits -, on mentionnera encore en sa faveur l'apparent refus de la langue de 22 Voir indications complètes appendice 10.2. 23 Ceci diffère donc sensiblement de l'interprétation de Flobert (1975: 392) pour qui ce passage comporte une activation déclenchée par l'emploi du

pronom réfléchi (cf. encore ci-dessous note 225).

257

combiner à un lexéme monodiathétique en -r un pronom réfléchi

au datiff4. Etant donné que ce dernier constitue en latin le signifiant régulier du sème de l'auto-intérét, une incompatibilité de ce type - qui signalerait alors le refus d'un codage dédoublé témoignerait d'une transparence morphologique de ces lexémes par rapport à la nuance en question. Ainsi, une accumulation des deux marques tel qu'en : Ci 730 : Itidem haec ex-orditur sibi intortam orationem. «Elle nous fait des discours tout aussi entortillés. » (lit.: «Ainsi elle se trame un discours entortillé. ») reste

dans

le

corpus

exceptionnelle

et,

d’une

facon

complémentaire, l'emploi du pronom s'observe dans certains cas

dans le cadre d'une activation? : Au 774/5 : neque partem tibi/ab eo cuium est ind-ipisces neque furem excipies ? « Et tu n'accepteras pas de partager avec celui qui le détient (lit.: Et de cela tu ne saisiras pas pour toi ta part), tu ne recéleras pas mon voleur ? » Am 980/1 : Volo deludi illum, dum cum hac usuraria/uxore nunc mihi morigero. « Je veux qu'on le

74 Ceci ne concerne a priori que ceux des lexèmes monodiathétiques en -r qui décrivent une affectation d'ordre secondaire. La raison en est que le retour vers le prime actant que signale le pronom réfléchi, ne paralt concevable qu'à partir d'une structure primaire de type extravertie (cf. Intégration...

I.1.2.3.).

25 Selon Flobert (1975: 392), c'est, dans ces cas, la présence du pronom réfléchi qui déclenche le passage à la flexion active. Il paraît cependant peu probable que le locuteur supprime un signifiant donné pour pouvoir en employer un autre à signifié identique. Ceci dit, on verrait ici plutôt le primum movens dans le phénomène de l'activation, qui existe comme tel dans la langue (cf. ci-dessous 2.2.1.3.), et qui crée alors, tant qu'il s'agit d'exprimer un retour vers le prime actant, le besoin d'une marque ultérieure.

258

mystifie, tandis que je prendrai mon plaisir (lit.: je me fais du plaisir

à moi-méme) avec mon épouse d'emprunt.»

Cet emploi de la voix seconde que le latin connait donc tout

au

plus

phénomène

à l'état de

traces,

pleinement

grammaticalisé

apparaít

en

grec

(cf.

comme

un

Integration...

I.1.2.3.). On renvoie, pour cette différence entre les langues - qui

possèdent

pourtant

toutes

deux

le

modèle

monodiathétiques fléchis à la voix seconde données ci-dessus 1.2.3.2.4.

des

lex&mes

-, aux explications

Il reste à préciser que le locuteur grec semble, à partir de son codage diathétique, étre davantage disposé que le locuteur latin à retrouver la nuance de l'auto-intérét dans les situations à décrire (cf.

indications

appendice

11.)79?7,

(Cf.

encore

ci-dessous

«Excursus » 2.)

26 On se base sur une analyse d'environ respectivement 4000 vers du texte plautinien (nuance de l'auto-intérét 1 vers sur 95) et du texte homérique (nuance de l'auto-intérét 1 vers sur 37). Ces tranches différent bien entendu pour

leur contenu, mais n'en peuvent pas moins constituer ici une base de comparaison dans la mesure oü elles comportent, l'une et l'autre, un large amalgame de situations différentes.

27 On tient encore à préciser qu'une éventuelle argumentation à partir de la contrainte métrique - surtout habituelle pour le grec homérique - ne serait pas en contradiction avec ces idées. Une telle explication amènerait seulement à imputer le décalage ici constaté, non plus à la sélection spontanée, mais à une technique alors délibérément recherchée, et ne le priverait pas pour autant de sa teneur.

259

- mendico(r) « je mendie »/ad-sentio(r) « je fais confiance » : Dans

le cas du

lexéme

mendico(r)

« je mendie

», on

reléve, en dehors de plusieurs attestations actives telles que par exemple : Ba 508 : Adeo ego illam cogam usque ut... mendicet meus pater. « Je veux la réduire au point... au point que mon père en soit réduit à mendier. » Mo 229/30 : venibit multo potius/quam te me vivo umquam sinam egere aut mendicare. « je le (pére) vendrai bien plutót que de te laisser, moi vivant, manquer du

nécessaire ou réduite à mendier. » etc.?*,

les deux passages flexion en -r :

suivants dans lesquels le lexéme

adopte

la

Cap 12-4 : Si non ubi sedeas locus est, est ubi ambules,/ quando histrionem cogis mendicarier./Ego me tua causa, ne erres, non rupturus sum. « Si tu n'as pas de place pour t'asseoir, il n'en manque pas pour te promener... Ces gens-là auraient vite fait de réduire l'acteur à la besace (lit.: Quand tu forces l'acteur à mendier). Quant à moi, je ne vais pas me crever à cause de toi, pour éviter que tu ne te trompes. »

Vi 110 : Malim moriri meos quam mendicarier « Je préférerais que les miens meurent à ce qu'ils soient réduits à la mendicité » (traduction U.B.)

? Voir indications complétes appendice 10.3. 260

Il parait que la voix seconde entraine ici, dans son opposition avec l'actif, une diminution du contröle que le prime actant

exerce sur la situation. Ce méme schéma réapparaît éventuellement dans le cadre du lexéme ad-sentio(r) « je fais confiance » oü l'on retient, à cóté des actifs : Ru 975 : Ad-sentio. « (La mer assurément est du domaine du commun.) - D'accord. »

Am 824 : Mihi quoque adsunt testes, qui illud quod ego dicam ad-sentiant. « Moi aussi j'ai des témoins confirmer (lit.: qui confirment) ce que je dis. »,

pour

l'occurrence en -r:

Mer 412 : Hercle qui tu recte dicis et tibi ad-sentior. «Parbleu oui, tu as raison, je suis de ton avis. » Dans la mesure oü le texte interdit cependant d'établir ici le contrôle de la part du prime actant d'une façon univoque, il reste possible que cette forme en -r reléve d'une adaptation aux lexémes en -r monodiathétiques et qu'elle rejoigne ainsi, dans sa disposition flexionnelle, les dérivés du type de prae-sagio « je prédis » (cf. ci-dessus 2.2.1.1.). Si le grec ne montre aucune trace d'une telle fonction (cf. Intégration... 11.1.2.5.), ce décalage ne devra pas surprendre. Car cette langue n'attribue qu'une place marginale à la voix seconde dans son application à l'orientation marquée (cf. cidessus

2.2.1.2.1.

p.

249)

qui

se

trouve,

d'une

maniére

indéniable, à la base de cette deuxiéme amorce fonctionnelle.

29 On notera que

le signifié

de ces formes se présente comme

l'orientation marquée d'une variante à valence augmentée - qui reste cependant dans la langue inexistante.

261

Appendice 10 : op-sono « je fais des commissions »/frustror « je trompe »/ mendico « je mendie » 10.1. Attestations actives de op-sono « je fais des commissions » autres que citées en 2.2.1.2.2. : Ba 97 : Ego op-sonabo. « (toi, tu t’arrangeras pour qu'on nous serve un menu somptueux.) - Je pourvoirai moi-même à la dépense. » Men 273/4 : Bene op-sonavj atque ex mea sententia ;/bonum anteponam prandium pransoribus. « Je suis content, j'ai trouvé au marché tout ce que je voulais ; je pourrai servir à mes dineurs un bon diner. » Au 280-2 : Postquam ob-sonavit erus et conduxit coquos/tibicinasque hasce apud forum, edixit mihi,/ut dispertirem obsonium hic bifariam. « Après avoir fait son marché, loué au forum les cuisiniers et les joueuses de flüte que vous voyez, mon maître m'a chargé de partager ici en deux toutes ses emplettes. » Mer 694/5 : Decem si ad cenam vocasset summos viros,/nimium op-sonavit.

«Aurait-il invité dix convives, et des plus hauts bonnets, il a acheté beaucoup trop de choses. » Mi 749/50 : Si certumst tibi,/commodulum ob-sona, ne magno sumptu ; mihi quidvis sat est. « Puisque tu le veux absolument, au moins sois raisonnable, ne

fais pas de frais : il y en aura toujours assez pour moi. » Mi 738/9 : Nunc volo op-sonare et, hospes, tua te ex virtute et mea/meae domi accipiam benigne, lepide et lepidis victibus. « Je vais aller aux provisions, mon cher hôte, pour te faire une réception digne de toi et de moi : bon accueil, bon visage, et bonne chère. » Cas 500/1 : Aequum oras ; abi./Argento parci nolo ; ob-sonato ampliter. « C'est juste ; va. Je ne veux pas qu'on regarde à la dépense ; fais les provisions largement. » Cf. encore à diathése ambigué : Cas 440/1 : Volui Chalinum, si domi esset, mittere/tecum ob-sonatum « J'aurais voulu, si Chalinus avait été à la maison, l'envoyer avec toi au marché » Mi 749 : Nunc quod occepi ob-sonatum pergam. « Je vais donc faire mon marché, comme je me le proposais. » δὲ 451 : Ea ibo op-sonatum atque eadem referam opsonium « J'irai par là faire mes provisions »

10.2. Attestations en -r de frustror « je trompe » autres que citées en 2.2.1.2.2. : Ba 548 : Atque i se quom frustrant, frustrari alios stolidi existumant. « Et ils s'attrapent eux-mémes, les imbéciles, en croyant attraper les autres. »

263

Am 830 : Nescioquis praestigator hanc frustramus mulierem. « Il doit y avoir un enchanteur qui lui tourne la téte. »

Mo 589 : Multos me hoc pacto iam dies frustramini. « Il y a déjà trop longtemps que vous m'attrapez de cette facon. »

10.3. Attestations actives de mendico « je mendie » autres que citées en 2.2.1.2.2.: Am 1032 : Quia senecta aetate a me mendicas malum. « Parce que, sur tes vieux jours, tu viens mendier prés de moi des coups. » Cf. encore à diathèse ambiguë :

Ba 950/1 : ille mendicans paene inventus interit,/dum ibi exquirit fata Iliorum. «lui, tandis que déguisé en mendiant, il cherchait à surprendre les destins d’Ilion,

il faillit bien être découvert et y laisser la vie. » Cap 323 : ... potius quam illi, ubi minime honestumst, mendicantem vivere. «... que de me voir, pour notre honte, vivre en mendiant chez nous. » Ba 514 : mendicum malim mendicando vincere. « j'aimerais mieux être plus misérable que le dernier des mendiants (lit. : vaincre le mendiant en mendiant). »

264

Appendice 11 : La fréquence de la nuance de l'auto-intérét 11.1.

La fréquence de la nuance de l'auto-intérét dans un extrait du corpus

plautinien : 1 vers sur 95 (c.à.d. 46x sur 4402 vers [Am 1318 vers, As 970 vers, Au 903 vers, Ba 1211 vers]) :

Am Prol. 1, 29 : sibi si prac-timet « s'il appréhende pour lui-même » Am Prol. 1, 74 : quasi magistratum sibi alterive amb-iuerit. « s'ils avaient brigué malhonnétement une magistrature pour eux ou pour autrui. » Am Prol. 1,83 : qui sibi mandasset delegati ut plauderent « et si l'un d'eux monte une cabale pour se faire applaudir » Am Prol. 1,108 : usuramque eius corporis cepit sibi « il prend (lit.: se prend) son plaisir » Am Prol. 1,124 : ego servi sumpsi Sosiae mihi imaginem « Pour moi, j'ai pris (lit.: j'ai pris pour moi) la figure de l'esclave Sosie » Am 327 : Illic homo a me sibi malam rem arcessit iumento suo. « Voiciun homme qui vient au galop chercher (lit.: chercher pour lui-même) de moi son malheur. »

Am 906/7 : cum ea tu sermonem nec ioco nec serio/tibi habcas « tu ne saurais avoir (lit.: avoir pour toi) avec moi d'entretien ni plaisant ni sérieux. » Am 928 : tibi habeas res tuas « garde (lit.: garde-toi) tes biens » Am 930 : comitem mihi Pudicitiam duxero. « j'aurai (lit.: je me conduirai) la Vertu pour compagne. » Am 980/1 : dum cum hac usuraria/uxore nunc mihi morigero. « tandis que je prendrai (lit.: je me prendrai) mon plaisir avec mon épouse d'emprunt. » Am 983 : mihi cum sacrificem. « pendant le sacrifice queje m'offrirai à moiméme. » Am 998 : Capiam coronam mihi in caput « Je vais mettre (lit.: me mettre) une couronne sur ma téte » Am 1028 : quid nunc vis tibi ? « Que veux-tu (lit.: veux-tu pour toi) ? » Am 1113 : mihi formidans « effrayée pour moi-méme » As Prol. 6 : quid mihi voluerim « ... et quel est mon dessein » (lit.: « ce queje voudrais pour moi ») As 72 : et beneficiis me emere gnatum suum Sibi. « ... afin de gagner (lit.: de s’acheter) par ses bontés l'affection de son

fils. »

As 111 : nemo est quem iam dehinc metuam mihi « il n'est plus personne dont je n'aie rien à craindre (lit.: à craindre pour moi) » As 287 : Illic homo socium ad malam rem quaerit quem ad-iungat sibi. « Mon homme cherche un compagnon pour l'associer à la raclette qui l'attend (lit.: qu'il s'attache à lui-méme). » As 674 : et tibi eme hunc isto argento. « fais-en ta chose (lit.: fais des achats pour toi) avec cet argent que tu détiens. »

As 715 : illa sibi quae hic jusserat « ... les honneurs qu'il réclame (lit.: qu'il

265

avait réclamés pour lui-même) »

As 781 : deam in-vocat sibi quam libebit propitiam « Elle invoquera toute déesse qu'elle voudra pour se la rendre propice » As 945 : quin, ubi quicque occasionis sit, sibi faciat bene. « pour renoncer au plaisir (lit.: à se faire du bien), quand l'occasion se présente ? » Au Arg 1, 7 : avari gnatam de-poscit sibi. « (le vieux Mégadorc...) demande en mariage (lit.: postule pour lui-même) la fille de notre avare. » Au Prol. 31/2 : ut hic senex de proximo/sibi uxorem poscat. « je vais la faire demander en mariage par le vieillard » (lit.: « que le vieillard se la postule comme épouse) »

Au Prol. 34 : et hic qui poscat eam sibi uxorem senex « le vieillard qui va

demander sa main (lit.: se la postuler comme épouse) » Au 219 : Filiam tuam mihi uxorem posco. « je te demande de m'accorder (lit. : je demande pour moi) ta fille en mariage » Au 224 : Cur igitur poscis meam gnatam tibi ? « Alors, pourquoi me demander (lit.: me demandes-tu pour toi) ma fille ? »

Au 433 : Utinam mea mihi modo au-feram quae ad tetuli salva. « Pourvu

seulement que je remporte (lit.: que je remporte pour moi) intact tout ce que

j'y ai apporté! »

se préparent Au 492/3 : mores meliores sibi/parent « ... d'acquérir (lit.: qu'ils pour eux-mémes)... plus de vertus » Au 584 : cave sis tibi « ... s'il te plaît, ... » (lit.: « garde-toi dans ton propre

intérét») Au 588 : ne morae molestiaeque imperium erile habeat sibi. « ... et d'exécuter

(lit.: et qu'il ait pour lui-même) sans retard ni mauvaise humeur les ordres de son maltre ? » Au 623 : verum ego mihi bibam « je la boirai (offrande) à ma santé. » Au 636

: quid yis tibi ? « Qu'est-ce que tu as donc (lit.: veux-tu pour toi) ? »

Au 774 : Neque partem tibi ab co cuium est ind-iscipes... ? « Et tu

n'accepteras pas de partager avec celui qui le détient, ... ? » (lit.: « Et de cela

tu ne saisiras pas pour toi ta part ? ») Ba 45 : ne hanc ille babeat pro ancilla sibi. « ... et empêcher le militaire de la de lui comme servante.» garder prés Ba 452 : hau ma-vellem mihi « rien ne pouvait m'être plus agréable » (lit.: « il n'y a rien que je me voudrais davantage) » Ba 455 : qui illum pro-duxit sibi ! « ... d'avoir engendré (lit.: qui s'est

engendré) un tel fils ! » Ba 491 : Satin ut quem tu habeas fidelem tibi « Ainsi donc, on ne peut plus savoir à qui se fier » (lit. : « Il suffit que tu aies pour toi quelqu'un qui soit fiable») Ba 495 : serva tibi sodalem et mihi filium. « Sauve-nous, à toi un ami, à moi un fils.» sibi « il fera, lui, bien de : Ne ille alium gerulum quacrat, si sapiet, Ba 1002

266

chercher (lit.: de chercher pour lui-même) un autre commissionnaire. » Ba 1059 : Cape hoc tibi aurum « Prends (lit.: Prends pour toi) cet or » Ba 1097 : eam 510] hunc annum con-ductam « une fille qu'il avait louée (lit.:

qu'il s'était loué) à l'année » Ba 1103 : minusque id mibi damno ducam « et la perte me semblerait grande. »(lit.: « et je me conduirais ceci moins vers la perte. »)

moins

Ba 1143 : tibi habe « Garde-la pour toi » Ba 1173 : Ei mihi, metuo « j'ai bien peur pour moi. » Ba 1194 : si dum vivis tibi bene facias « que le bonheur qu'on peut se donner

dans la vie... » (lit.: « si, tant que tu vis, tu tc fais du bien »)

11.2. La fréquence de la nuance de l'auto-intérét dans un extrait du corpus homérique : 1 vers sur 37 (c.à.d. 93x sur 3394 vers [chant a 444 vers, chant B 434 vers, chant y 497 vers, chant 6 847 vers, chant e 493 vers, chant ( 332 vers,

chant n 347 vers]) (Cf. Intégration... 1.1.2.3. et I.1.2.3. « Excursus ») : 24132: πὰρ δ᾽ αὐτὸς κλισμὸν θέτο ποικίλον « Pour lui-même il approcha une chaise ornée de mosaiques » a150 : αὐτὰρ ἐπεὶ πόσιος kai ἐδητύος ἐξ ἔρον ἕντο « Puis, le désir du boire et du manger apaisé » (lit.: « Quand ils avaient chassé [pour eux-mêmes] le désir du boire et du manger ») a241 : νῦν δέ μιν ἀκλειῶς “Ἄρπυιαι dvnpépavro: « il a été enlevé sans honneur par les Harpyes » (lit.: « les Harpyes l'ont enlevé sans honneur »)

a261/2 : ὄφρα

οἱ εἴηΛοὺς

χρίεσθαι

χαλκήρεας" « ... chercher un poison

mortel pour le bronze de ses fléches. » (lit.: « pour pour s'oindre les fléches. ») a268 : À κεν νοστήσας ἀπο-τείσεται « peut-être d'eux (lit.: fera-il payer pour lui-méme) » 4310 : ὄφρα λοεσσάμενός τε τεταρπόμενός τε auras pris le bain et fait bonne chère (lit.: t'étant réjoui

a316/7 : δῶρον

δ᾽

ὅττι

κέ

μοι

δοῦναι

φίλον

qu'il [poison] soit à lui reviendra-il se venger φίλον κῆρ « Quand tu le cœur) »

ἦτορ

ἀνώγῃ, αὖτις

ἀνερχομένῳ δόμεναι οἰκόνδε φέρεσθαι « Le présent que ton cœur t'engage à m’offrir, tu me le donneras à un autre voyage, pour que je l'emporte (lit.: me l'emporte) chez moi » a334 : ἄντα παρειάων σχομένη λιπαρὰ κρήδεμνα᾽ « elle tenait (lit.: se tenait) devant son visage un voile moiré » B3 : εἵματα ἑσσάμενος « et (il) endossa ses vétements » (lit.: « ayant mis

[pour lui-même] les vêtements ») B3: περὶ δὲ ξίφος ὀξὺ HET! Guy « puis il passa (pour lui-même) sur son épaule son épée aigué » β4: ποσσὶ δ᾽ ὑπὸ λιπαροῖσιν ἐδήσατο καλὰ πέδιλα« (il) attacha [pour luiméme] sous ses pieds brillants ses belles sandales »

267

819/20 : τὸν δ᾽ ἄγριος ὁπλίσσατο

ἔκτανε

Kócunp/év

omik

γλαφυρῷ,

πύματον

δ᾽

δόρπον. « mais le sauvage Cyclope l'avait tué au creux de son

antre pour un dernier souper (lit.: et se prépara un dernier souper) »

B62 : À τ' Av ἀμυναίμην, εἴ μοι δύναμίς ye παρείη: « Ah ! comme je le ferais (lit.: j'écarterais de moi), si j'en avais le pouvoir. » B94/5 : στησαμένη μέγαν ἱστὸν ἐνὶ μεγάροισιν ὕφαινε,)ωιεπτὸν kal περίμετρον᾽ « elle dressa (lit.: s'étant dressé) dans sa chambre un grand métier pour y tisser un voile fin et long » B105 : νύκτας 6” ἀλλύεσκεν, ἐπὴν δαΐδας mapa-Ociro. « la nuit, elle défaisait son ouvrage, à la lumière des flambeaux (lit.: elle se dressait des flambeaux). » B151 : ἔνθ’ ἐπιδινηθέντε τιναξάσθην πτερὰ πυκνά « ils tournoyèrent à

rapides coups d'ailes » (lit.: «tournoyant ils secouèrent [pour eux-mêmes] leurs ailes denses ») 8153 : δρυψαμένω δ᾽ ὀνύχεσσι παρειὰς ἀμφί déchirèrent avec leurs serres les joues et le cou »

B237/8

: σφὰς

γὰρ

παρϑθέμενοι

κεφαλὰς

τε

δειρὰς

κατέδουσι

« ils se

βιαίως Λοῖκον

Ὀδυσσῆος « Car ils jouent leurs têtes (lit.: s'exposant les têtes), quand, par un abus de force, ils dévorent la maison d'Ulysse »

8261: χεῖρας grise »

νιψάμενος

πολιῆς ἁλός « (il) se lava les mains dans l'eau

B291/2 : ἐγὼ δ᾽ ἀνὰ δῆμον ἑταίρους Λαῖϊψ᾽ ἐθελοντῆρας συλ-λέξομαι. « je me háterai de rassembler (lit.: je me rassembierai) dans le pays un équipage de volontaires. » β357: ἑσπέριος yàp ἐγὼν αἱρήσομαι « je le prendrai moi-même ce soir »

8368 : τάδε 8’ αὐτοὶ πάντα δάσωνται. « et ils se partageront tout ce qu'il y ἃ ΚΙ.»

β410 : δεῦτε, φίλοι, Ma φερώμεθα᾽ « Par ici, amis, allons chercher (lit.: chercher pour nous) les vivres » 8430 : δησάμενοι

δ᾽ dpa

ὅπλα

θοὴν ἀνὰ

νῆα

μέλαιναν « Quand ils eurent

lié (lit.: lié pour eux-mêmes) les agrés sur le vaisseau noir » B431 : στήσαντο κρητῆρας ἐπιστεφέας οἴνοιο « ils déposèrent

(lit.:

déposèrent pour eux-mêmes) des cratères couronnés de vin » y33/4 : ἀμφὶ δ᾽ ἑταῖροι δαῖτ᾽ ἐντυνόμενοι « autour d'eux leurs compagnons, préparent (lit.: se préparant) le festin » y65 : οἱ 8’ ἐπεὶ ὦπτησαν xpe’ ὑπέρτερα kal ἐρύσαντο « Quand les Pyliens eurent róti la surface des viandes et les eurent retirées (lit.: retirées pour eux-mémes) des broches »

y66 : μοίρας

δασσάμενοι

δαίνυντ᾽

ἐρικυδέα

δαῖτα. « ils firent les parts

(lit.: s'étant partagé les parts) et jouirent du glorieux festin. » y67 : αὐτὰρ ἐπεὶ πόσιος καὶ ἐδητύος ἐξ ἔρον ἕντο « Puis, le désir du boire et du manger apaisé » (lit.: « Quand ils avaient chassé [pour eux-mémes] le désir du boire et du manger »)

268

Y74 : οἷά τε ληϊστῆρες

ὑπεὶρ ἅλα, τοί τ᾽ ἀλόωνται ψυχὰς παρ-θέμενοι

«... en pirates qui voguent à l'aventure, jouant leur vie (lit.: s'exposant leurs âmes) »

y154 : κτήματά τ᾽ ἐν-τιθέμεσθα βαθυζώνους τε γυναῖκας. « nous y embarquons (lit.: embarquons pour nous) nos richesses et la femme à la fine taille »

y197 : ἐπεὶ

καὶ κεῖνος

ére(caro

marpo$ovfja « Car celui-ci s'est vengé du

meurtrier (lit.: le fit payer pour lui) »

y203 : καὶ λίην κεῖνος μὲν ἐτείσατο « celui-là certes a tiré une belle vengeance (lit.: fit payer pour lui) » y206 : τείσασθαι μνηστῆρας ὑπερβασίης ἀλεγεινῆς « pour me venger (lit.: faire payer pour moi) des blessants excès des prétendants »

y216 : τίς δ᾽ οἶδ᾽ εἴ κέ ποτέ

σφι βίας ἀπο-τείσεται

ἐλθών « Qui sait si

Ulysse ne reviendra pas un jour leur faire payer (lit.: leur fera payer pour luiméme) leurs violences » y315/6 : μή τοι κατὰ πάντα φάγωσι κτήματα δασσάμενοι « qu'ils ne dévorent tout ton patrimoine, aprés se l'étre partagé » y470 : οἱ δ᾽ ἐπεὶ ὥπτησαν κρέ᾽ ὑπέρτερα kal épócavro « Après qu'ils eurent róti la surface des viandes et les retirées (lit.: retirées pour eux) du feu »

y473 : αὐτὰρ ἐπεὶ πόσιος kal ἐδητύος ἐξ ἔρον ἕντο « Et quand fut apaisé le désir du boire et du manger » (lit.: « Quand ils avaient chassé [pour euxmêmes] le désir du boire et du manger ») y492 : ἵππους τ᾽ ἐζεύγνυντ' « ils attelérent (lit.: attelèrent pour eux-mêmes) les chevaux » 568 : αὐτὰρ ἐπεὶ πόσιος καὶ ἐδητύος ἐξ ἔρον ἕντο « Puis, quand ils furent rassasiés de manger et de boire » (lit.: « Quand ils avaient chassé [pour eux-mémes] le désir du boire et du manger »)

882 : πόλλ᾽

ἐπαληθεὶς

ἠγαγόμην ἐν νηυσὶ

καὶ ὀγδοάτῳ ἔτει ἦλθον «en

quels lieux n'ai-je pas erré pour rapporter (lit.: je rapportai pour moi) ces richesses sur mes vaisseaux ! » 8102 : ἄλλοτε μέν τε γόῳ φρένα τέρπομαι « tantót je rassasie (lit.: me rassasie) mon coeur »

5198 : κείρασθαί 5308

: εἵματα

τε κόμην « couper ses cheveux » ἑσσάμενος

« (il) endossa ses vétements

» (lit.: « ayant mis

[pour lui-méme] les vétements ») 5309 : ποσσὶ δ᾽ ὑπὸ λιπαροῖσιν ἐδήσατο καλὰ πέδιλα « (il) attacha (pour lui-méme) sous ses pieds brillants ses belles sandales » 8359 : ἀφυσσάμενοι μέλαν ὕδωρ. « quand elles ont fait leur provision à

l'aiguade profonde. » (lit.: « ayant puisé de l'eau noire pour eux-mémes ») 8388 : τόν γ᾽ εἴ πως σὺ δύναιο λοχησάμενος λελαβέσθαι « Si tu pouvais lui tendre une embuscade et te saisir de lui » 8408/9 : σὺ δ᾽ ἐὺ κρίνασθαι ἑταίρους τρεῖς « pour toi choisis (lit.: choisistoi) trois compagnons sûrs »

269

δ429 : δόρπον θ᾽ ὁπλισάμεσθ' « nous préparâmes (lit.: le repas du soir »

6451 : Mkro

préparámes pour nous)

5’ ἀριθμόν. « (il) en calcula (lit.: calcula pour lui-même) le

nombre »

8530 : κρινάμενος κατὰ δῆμον ἐείκοσι φῶτας ἀρίστους « Il tria (lit.: choisit pour lui-même) dans le peuple vingt hommes, les plus hardis » 8574 : δόρπον θ᾽ ὁπλισάμεσθ' « nous préparámes (lit.: préparâmes pour nous) le repas du soir » 8601 : ἵππους δ’ els Ἰθάκην οὐκ ἄξομαι « mais je ne pourrai emmener (lit.: je n'emmènerai pas pour moi) de chevaux à Ithaque » 5637 : τῶν κέν τιν’ ἐλασσάμενος δαμασαίμην. « Je voudrais en ramener un (lit.: en ayant ramené un pour moi) pour le dresser. » 8637 : τῶν κέν nv’ ἐλασσάμενος δαμασαίμῃν. « Je voudrais en ramener un pour le dresser (lit.: je me le dresserais). » 5666 : νῆα

ἐρυσσάμενος

κρίνας

« ayant tiré (lit.: tiré pour lui-même)

un

vaisseau à la mer »

6727/8 : νῦν αὖ παῖδ᾽ ἀγαπητὸν ἀνηρέψαντο θύελλαι ἀκλέα ἐκ μεγάρων « Au tour maintenant de mon fils chéri ! Les rafales l'ont enlevé hors du manoir » 8746 : ἐμεῦ δ᾽ ἕλετο μέγαν ὅρκον « il m'avait fait préter (lit.: avait pris pour lui-méme de ma part) un grand serment » $778 : ὡς εἰπὼν ἐκρίνατ' ἐείκοσι φῶτας ἀρίστους « Ayant dit, il choisit (lit.: choisit pour lui-même) une élite de vingt hommes résolus »

6781 :év δ᾽ ἱστόν τε τίθεντο « ils dressèrent (lit.: se dressaient) le mát » 8782/3 : ἠρτύναντο δ᾽ ἐρετμὰ τροποῖσ᾽ ἐν δερματίνοισιλπάντα κατὰ poi pav: « (ils) passèrent (lit.: se passèrent) les rames dans les courroies de cuir le long des bordages » 8786 : ἔνθα δὲ δόρπον ἕλοντο « Ayant pris leur repas sur le rivage » (lit.: «LÀ ils prirent [pour eux-mêmes] le repas»)

e24 : ὡς

À τοι

κείνους

Ὀδυσεὺς

ἀπο-τείσεται

ἐλθών; « pour qu'à son

arrivée Ulysse tire vengeance de ces gens (lit.: fait payer pour lui-même ces gens) ? » €44 : αὐτίκ᾽ ἔπειθ’ ὑπὸ ποσσὶν ἐδήσατο καλὰ πέδιλα « Sans tarder, il lia (pour lui-m&me) sous ses pieds les belles sandales » €52/3 : ὅς τε κατὰ δεινοὺς κόλπους ἁλὸς ἀτρυγέτοιο χθῦς ἀγρώσσων πυκινὰ πτερὰ δεύεται ἄλμῃ᾽ « qui (goéland), dans les replis dangereux de la mer inlassable, chasse les poissons, en mouillant (lit.: et se mouille) ses fortes

ailes dans l'eau salée. » €161/2 : ἀλλ᾽ dye δούρατα

μακρὰ

ταμὼν

ἁρμόζεο

xarkip/elpeiav

σχεδίην « Allons, coupe avec le bronze de longues poutres et construis (lit.: mets ensemble pour toi) un large radeau » «229 : αὐτίχ᾽ ὁ μὲν χλαῖνάν re χιτῶνά τε ἕννυτ' Ὀδυσσεύς « Ulysse revêtit (lit.: mettait [pour lui-m&me]) aussitôt manteau et tunique »

270

ε230 : αὐτὴ 8' ἀργύφεον φᾶρος μέγα ἕννυτο νύμφη « et la nymphe se couvrit (lit.: mettait pour elle-même) d'un grand chäle blanc comme argent » ε23172 : περὶ δὲ ζώνην βάλετ' ἰξυϊ καλὴν χρυσείην « elle se passa autour de la hanche une belle ceinture dorée » €243 : αὐτὰρ ὃ τάμνετο δοῦρα᾽ « il fora (lit.: coupait pour lui-même) donc tous ses bois »

«249/50 ebpelns,

: ὅσσον τίς T’ ἔδαφος νηὸς τορνώσεται duip/hopri6os εὖ εἰδὼς τεκτοσυνάων « Aux dimensions qu'un bon expert en

charpentes donne (lit.: dispose en cercle pour lui-même) à la coque d'un large vaisseau de charge » €252 : τόσσον ἐπ᾽ εὐρεῖαν σχεδίην ποιήσατ' Ὀδυσσεύς. « Ulysse se bätit son radeau. » €255 : πρὸς δ᾽ dpa πηδάλιον ποιήσατο « Il se fit en outre une rame de

gouverne » €257 : πολλὴν δ᾽ ἐπεχεύατο ὕλην. « et (il) répandit (lit.: répandit pour luiméme) sur le plancher beaucoup de feuillages »

€259 : 6 δ᾽ εὖ τεχνήσατο

καὶ τά. « et Ulysse les disposa savamment (lit.:

les disposa savamment pour lui-même) comme le reste. » €325 : ἀλλὰ μεθορμηθεὶς ἐνὶ κύμασιν ἐλλάβετ' αὐτῆς « nageant parmi les vagues, il parvint à s'en saisir » €346 : τόδε κρήδεμνον ὑπὸ στέρνοιο τανύσσαι Λἄμβροτον᾽ « tends (lit.: tends pour toi) ce voile immortel sur ta poitrine » €487 : χύσιν δ᾽ ἐπεχεύατο φύλλων. « et (il) se fit une couverture de feuilles » (10 : καὶ ἐδάσσατ' ἀρούρας. « et (il avait) partagé les terres. »

(27/28 : va

χρὴ καλὰ

μὲν αὐτὴν)έννυσθαι, « il faut que tu sois parée de

beaux atours (lit.: que toi-même tu mettes [pour toi] de beaux atours) »

(58/9

: ἵνα

κλυτὰ

εἵματ’

ἄγωμαιες ποταμὸν

πλυνέουσα,

τά

μοι

ῥερνπωμένα κεῖται; « afin que je porte (lit.: porte pour moi) au fleuve, pour les y laver, les beaux vétements qui restent là tout sales ? »

(90/1:7Tal δ᾽ ἀπ᾽ ἀπήνης εἵματα

χερσὶν ἕλοντο « Elles Ótérent à brassées

(lit.: prirent avec leurs mains) le linge du chariot » (97 : δεῖπνον ἔπειθ᾽ εἵλοντο παρ᾽ ὄχθῃσιν ποταμοῖο « elles prirent (pour elles-mêmes) leur repas près des berges du fleuve »

(159 : ὅς κέ σ᾽ ἐέδνοισι

βρίσας olkóv6' ἀγάγηται. « celui-là qui méritera

par ses riches présents de t'emmener en sa maison (lit.: qui t'emménera pour

lui-même) » « et me donne un haillon à jeter sur moi» : δὸς δὲ ῥάκος ἀμφι-βαλέσθαι ζ178

(218/9 : ὄφρ᾽

ἐγὼ

αὐτὸς ἄλμην

ὥμοιϊν

ἀπο-λούσομαι « que je sois seul

pour me baigner, Óter de mes épaules l'eau de mer (lit.: que je me lave l'eau

de mer des épaules) » άλμην « Alors (224/5 : aïràp ὁ ἐκ ποταμοῦ χρόα vilero δῖος Ὀδυσσεὺς dans l'eau courante du fleuve l'illustre Ulysse se purifia (lit.: se lavait la peau) de l'eau de mer »

271

(227 : αὐτὰρ ἐπεὶ δὴ πάντα λρέσσατο καὶ λίπ᾽ ἄλειψεν « Quand il se fut baigné, puis frotté d'huile » (lit.: « Quand il s'était lavé tout le corps et avait mis de l'huile») (228 : ἀμφὶ δὲ εἵματα ἔσσαθ' d οἱ πόρε παρθένος ἀδμής « quand il eut revêtu (lit.: il mit [pour lui-m&me]) les habits donnés »

n66 : τὴν δ᾽ ᾿Αλκίνοος

ποιήσατ᾽ ἄκοιτιν « Alcinoos en fit (lit.: en fit pour

lui-même) sa femme » 131 : ὅθεν ὑδρεύοντο

πολῖται. « c'est là que les gens de la ville viennent

chercher (lit.:

n286 : ἀμφὶ

chercher pour eux-mêmes) l'eau. »

δὲ φύλλᾳ

ἠφυσάμην᾽ « et (je) me couvris d'un tas de feuilles. »

(lit.: « autour j'entassai pour moi-même des feuilles. »)

272

Excursus 2 : Au sujet de l'émergence du concept

Dans le cadre de la structure homogène non-évolutive (cf. ci-dessus

1.2.3.1.1.),

de l'auto-intérét (cf. ci-dessus 2.2.1.2.2.),

de la préverbation (cf. ci-dessus marquée (cf. ci-dessus et le grec exemplifie certains items dans identification avec des

1.2.3.1.3.) et de l'orientation

2.2.1.2.1.), la comparaison entre le latin que l'intégration ou la non-intégration de le contexte - et, le cas échéant, leur concepts représentés dans la langue - peut

subir une influence ἃ partir des structures linguistiques préexistantes. Ce type de configuration posséde bien entendu, face

au mécanisme

inverse

a priori

attendu

ici, un

caractère

quelque peu exceptionnel. Cela dit, il parait évident que c'est en régle générale la conceptualisation qui exerce un impact sur les structures linguistiques. Dans ces conditions, les données retenues ci-dessus - ou plus précisément la réversibilité dont elles témoignent - amènent à se confronter avec la face du signe saussurien qui est le « concept », et à se rappeler les principes de son émergence. Les concepts établis dans la langue renvoient, de toute évidence,

à la façon dont le locuteur gère,

à un niveau encore

exempt de structures, l'objet de sa perception. Au moins sur un plan quelque peu idéel, on peut poser ici deux étapes successives. La premiére parait vouée à séparer, dans tout ce qui atteint les sens, ce qui est relevé comme digne d'étre exprimé de ce qui ne l'est pas. La seconde, quant à elle, porte sur le découpage de la masse sémantique ainsi retenue, mais jusque-là amorphe””. Si la premiere de ces deux étapes se détache clairement comme un processus de sélection, la seconde - à laquelle on associe en général le nom de Hjelmslev - reléve au fond de ce méme principe. Cela dit, le fait de fixer, à l'intérieur d'une masse sémantique amorphe, certaines limites et non pas d'autres signifie 230 Etant donné qu'elle représente, à son tour, une structuration de ce qui a été relevé auparavant, cette étape correspond - en tant que sa variante in fieri - à l'identification mentionnée ci-dessus des items à décrire et des concepts à ce moment-là existants.

273

qu'on accorde, entre tous les concepts a priori réalisables, une

priorité à ceux qui parviennent ainsi jusqu'à l'état r&alise?'. On précisera encore que c'est en fonction de ce méme type de sélection que certains des concepts alors établis dans la langue regoivent, par rapport à d'autres - qui leur sont pourtant apparentés -, un statut de concept-base. En ce qui concerne par ailleurs une éventuelle décomposition des concepts linguistiques en sémes individuels, il faut bien tenir compte du fait que le découpage décrit ci-dessus se déroule de facon analytique et non pas synthétique, et que de telles tranches sémantiques - qui représentent donc ce qu'il y a jusque-là de plus petit - n'ont jamais été sujettes à une structuration interne. D'une manière parfaitement conforme à ces données, l'image acoustique - qui s'avére, en face de son áme sœur, plus concrète et donc ici moins patiente - refuse entiérement ce type d'analyse. Cette derniére prive ainsi de tout point d'appui une telle ambition de voir se prolonger, jusqu'au cœur du concept, une complexité observée à d'autres niveaux du langage.

Etant donné ce caractére inanalysable du signifiant, il n'existe, inversement, rien non plus dans la langue qui puisse permettre au locuteur d'expérimenter le concept autrement que comme unité primaire. Ceci dit, tout en possédant le savoir intuitif de la présence de chaque sème individuel, le locuteur ne procède ici à

?! On renvoie encore ici aux données de l'aspect qui font apparaître comme perfectifce qui est de structure hétérogéne et, inversement, comme imperfectifce qui est de structure homogène (cf. ci-dessus 1.1. p. 20). Comme indiqué ci-dessus, cette corrélation repose sur ceci que seule la premiére de ces deux structures, et non la seconde, dispose, avec son seuil sémantique, d'un élément qui se détache au point qu'il motive le découpage d'une tranche de situation à l'endroit de ses propres contours. Dans cette méme perspective, la grande quantité quelconque que le locuteur tranche, indécis, en cas de structure homogéne s'explique à partir de l'absence d'une motivation au découpage, précisément identique à celle qui signifie, pour des concepts de structure comparable, une inaptitude à la réalisation.

274

une décomposition - en l'occurrence artificielle - que là oü il

franchit à dessein le seuil d'un premier recul metalinguistique?”.

Les processus sélectifs que sont ainsi, de façon équivalente, les deux étapes décrites ci-dessus ne permettent pas

d'entrevoir l'entiére disposition de leurs criteres?”. La difficulté à saisir ces critéres résulte, de toute évidence, du décalage entre ces derniers et les points de repère que l'esprit se donne au moment

d'une approche délibérément analytique. Dans ces circonstances, on notera cependant que le type de vision que le locuteur montre à plusieurs reprises dans son organisation des stimuli regus, se

présente indéniablement comme une vision en perspective. Autrement dit, les différents items semblent se distribuer ici, comme dans un espace à trois dimensions, entre un avant- et un arriere-plan.

?? Outre le fait mentionné ci-dessus (cf. « Excursus » 1 Partie 1) que les unités lexicales ne regoivent que rarement des partenaires oppositionnels privilégiés, il s'agit là de la deuxiéme raison pour laquelle les tentatives d'une sémantique structurale ne peuvent aboutir. Toujours est-il que l'occurrence de deux sémes qui remplissent dans des concepts sinon identiques le premier de ces deux critéres, entraine d'une facon quasiment automatique l'analysibilité de ces derniers (cf. encore ci-dessus note 12). On a là d'ailleurs le type de configuration à partir de laquelle la sémantique structurale a dû précisément naître - et que l'on trouve, là où celle-ci se pratique, toujours à nouveau citée.

33 La recherche ne semble pas être trés avancée sur ce point. On ne pourra donc ici que renvoyer à des travaux du type de ceux de Avrahami et Kareev pour qui une tranche sémantique donnée suggère son découpage par le fait de sa répétition.

275

2.2.1.3. Le double statut de la flexion en -r comme diathèse à la fois primaire et secondaire La flexion en -r du latin fonctionne, selon les lexémes, soit comme diathèse primaire (cf. ci-dessus 2.2.1.1.) soit comme diathése secondaire (cf. ci-dessus 2.2.1.2.). La langue semble donc combiner ici deux courants opposés. A un premier niveau, la flexion en -r - qui s'avére pourtant fonctionnellement obsoléte - se justifie par son propre usage. Ceci revient à dire qu'elle se maintient et qu'elle tend méme,

selon le

principe du codage « par attraction », à agrandir son inventaire. En dehors de certaines formations nouvelles, on mentionnera ici les rares cas dans lesquels une forme jusque-là active subit, en raison de son sémantisme, une restructuration d'aprés le modele des lexémes en -r (cf. ci-dessus 2.2.1.1.).

Ces processus ne semblent pas entrer en conflit avec l'association qui lie par ailleurs la flexion en -r à l'orientation marquée. Tout se passe ici comme si le locuteur n'avait pas l'idée de mettre en rapport des formes en -r de diathése primaire avec des formes en

-r de diathése secondaire ou, autrement dit, des faits lexicaux avec des faits grammaticaux. Mais il n'en est pas moins vrai que la langue manifeste, à un deuxiéme niveau, une tendance à ramener à la voix active tout ce qui correspond à la diathése primaire et que les lexémes monodiathétiques en -r soient, de ce point de vue-là,

ressentis

comme contradictoires. En tant que codage accessoire, la flexion en -r manque alors d'un ancrage suffisant dans la langue pour étre parfaitement à l'abri d'une telle restructuration, et céde donc sa place dans le cas de certains lexémes à la voix active. Les textes donnent ainsi par exemple, à côté de la forme en -r :

24 Cf. ci-dessus 1.2.3.1.1. p. 61. 277

Per 319 : Enim metuo ut possim in bubile reicere, ne yagentur. « C'est que j'ai peur de ne pouvoir les ramener à l'étable, et qu'ils ne courent les champs. », l'actif: Mi 423/4 : Te adloquor, viti probique plena, /quae circum vicinos vagas.

« C'est à toi que je m'adresse,

vicieuse

éhontée, qui vas courir chez les voisins. » ou, à côté de la forme en -r :

Ru 1315 : largiter mercedis ind-ipiscar. « Je vais récolter une fameuse récompense. » etc.,

l'actif : Au 774/5 : neque partem tibi/ab eo cuium est ind-ipisces neque furem excipies ? « Et tu n'accepteras pas de partager avec celui qui le détient (lit.: Et de cela tu ne saisiras pas pour toi ta part), tu ne recèleras pas mon voleur ? » etc. Il se révéle que la conversion à la flexion active se produit, selon les différents types de situations, de facon plus ou moins fréquente. Ce même phénomène semble - parmi les types bien représentés - concerner essentiellement des lexémes d'auto-intérét et d’intensit€ et encore des lexémes de mouvement et de processus physique alors qu'il reste, dans la sphére des lexémes de voix/bruit et d'intellect/sensation, nettement plus rare?5. On se

rapportera ainsi à la répartition numérique précise? 35 On remarquera encore au sujet des lexémes de perception combinent typiquement structure

biactancielle

maniére générale, à Lazard 1994: 130). formes pour pouvoir En ce qui concerne 226.

avec (cf.

leur

prime sciant affe

ci-dessous

3.2.1.1.)

- que

(« experíncer ceux-ci

tendent,

+) une d'une

subir une assimilation au codage agentif (cf. par exemple La catégorie latine comprend cependant ici trop peu de étre mise en rapport avec ces données. les lexémes de métier/rôle social, cf. ci-dessus 2.2.1.1. p.

26 Voir indications complètes appendice 12.

278

lexémes

monodiath.

lexèmes

monodiath.

en -r:

en -r à formes act. :

mouvement :

12x

3x

processus physique:

17x (18x)?

3x

voix/bruit : perception :

13x 3x (4x)

2x

intellect/sensation : réception : changement d'état :

26χ (28x) ix 1x

4x -

métier/rôle social :

8x

-

autres :

6x (7x)

1x

total :

87x (92x)

13x

auto-intérét : intensité :

29x (30x) 27x (30x)

9x 10x

total :

56x (60x)

19x

total :

143x (152x)

32x

affectation d'ordre

primaire :

affectation d’ordre secondaire :

On

notera

association

que

de

ces

affinités

la flexion

en

relèvent

-r avec

éventuellement

un

comportement

d’une

non-

dynamique du prime actant?*?», #7 Les chiffres entre parenthèses incluent les lexèmes monodiathétiques en -r qui apparaissent dans le corpus plautinien uniquement sous leur forme activée, et ne figurent ainsi pas dans l'appendice 8. 38 Pour une différenciation comparable, cf. ci-dessus 1.2.3.2.2. 29 Voir encore ci-dessous p. 281 pour le rôle que joue ici l'emploi à double orientation.

279

Toujours est-il que de telles activations ne servent aucunement, contrairement au passage à la flexion en -r (cf. ci-dessus 2.2.1.2.2.), à modifier le sémantisme de la situation verbale - et que ceci correspond tout à fait à leur caractére purement | normalisateur. Si l'extension de l'orientation marquée se manifeste encore par ceci qu'elle s'applique également, à partir d'un moment donné, à des lexèmes monodiathétiques dessus 2.2.1.2.1.), cette évolution contribue

accentuer la fragilité de la flexion en -r comme Cette catégorie est alors à son tour envahie par flexion en -r avec l'orientation marquée dont jusque-là par sa structure à orientation unique. donc désormais à :

en -r (cf. ciforcément à

diathèse primaire. l'association de la elle se protégeait La langue oppose

Tri 515/6 : Plane periimus,/nisi quid ego com-miniscor. «Nous sommes bel et bien perdus, si je n'invente quelque chose. » etc. une forme telle que :

Tru 451 : Edepol com-mentum male ! « Le bon tour (lit.: bien inventé) par Pollux ! » ou à :

Ba 153 : Nil moror discipulos mi esse iam plenos sanguinis « Ah ! foin de ces écoliers (lit.: je ne m'attarde pas sur ces écoliers) qui ont trop de sang dans les veines!» etc.

une forme telle que : Men 326 : lam ergo haec madebunt faxo ; nil morabitur. « Hé bien, je vais m'arranger pour que tout soit cuit dans un instant. Ce sera vite fait (lit.: ne sera pas retardé). » etc .

Etant donné que les lexèmes monodiathétiques en -r manifestent, en vue de l'orientation marquée, les mêmes critères d'application

que le type actif - ce qui revient à dire a priori la présence d'un

deuxième actant affecté! - ce sont donc les lexèmes comportant une

affectation du prime

actant d'ordre

secondaire

(types de

situations d'auto-intérét et d’intensité)*! qui sont ici en cause les premiers.

Il n'est ainsi guére surprenant que ce créneau se confonde, du moins en partie, avec celui des lexémes qui présentent le passage occasionnel à la flexion active comme

le cas de apisco(r) « j'atteins » ou - Ce

lien entre

les deux

il arrive, entre autres, dans

de ludifico(r) « je berne » etc.

phénoménes

résulte

bien entendu,

en

méme temps, d'un besoin de lever cette ambiguité qui survient nécessairement avec la double orientation d'un lexéme

monodiathétique. Il paraît enfin parfaitement régulier que l'orientation marquée affecte,

dans

le

cadre

des

lexémes

monodiathétiques

en

-r,

d'abord les noms verbaux qui représentent ici douze des 29 occurrences retenues. Ces formes comportent à elles seules - en

dehors de leur aptitude naturelle à cet emploi?*? - la possibilité du contraste diathétique (cf. ci-dessus 2.2.1.1.). On reléve ainsi, par exemple :

As 196 : Ubi illaec quae dedi ante ? - Ab-usa « Et tout l'argent que je t'ai donné ? - Dépensé, disparu » où : Mer 39 : Illuc revorti certum et conata eloquar. « Je reviens au fait, et j'achéve l'explication commencée (lit.:

tentée). » etc.?? 20 Cf. ci-dessus 2.1. p. 219 et 2.2.1.2.1. p. 246.

#1 Cf. ci-dessus 2.2.1.1. p. 223 sqq. 242 On notera que les noms verbaux s'emploient fréquemment dans un cadre de co- ou de subordination oü la technique du changement d'orientation permet alors de rattacher, à un prime actant identique, des situations de structure

#3 Voir indications complètes appendice 13. 281

Les données que présente sur ce méme plan le grec se dégagent, à un premier niveau, comme identiques à celles du latin. Cela dit, cette deuxiéme langue a, elle aussi, réduit à un fait lexical la fonction que la voix seconde accomplissait, à une époque plus ancienne, dans les lexémes monodiathétiques, et réactive dorénavant cette méme marque dans des oppositions nouvelles et de type bidiathétique. S'il est vrai que le grec superpose ici, face à la seule opposition de l'orientation marquée du latin, les trois oppositions différentes que sont respectivement celle de la double valence quantitative (cf. Integration... L.2.1.), celle de l'auto-intérét (cf. ibique

1.1.2.3.) et celle de l'intensité (cf. ibique), cette disposition n'en apparait pas moins comme plus cohérente que celle du latin. Car, aucune de ces nouvelles fonctions de la voix seconde du grec ne dépasse le signifié de ses lexémes monodiathétiques tandis que la flexion en -r du latin entraîne, en tant que diathèse secondaire, un

changement d'orientation qui s'oppose, comme tel, à son créneau

d’origine“. Toujours est-il que les deux langues ne diffèrent pas entre elles dans leur manière d'éliminer la voix seconde au niveau des lexémes monodiathétiques. Il semble au contraire que cette catégorie devienne, des deux cótés, obsoléte à un méme titre - à savoir en tant que désormais fonctionnellement superflue et, de plus, incohérente dans un systéme à oppositions bidiathétiques.

M On se rappellera que l'orientation marquée que le grec possède à son tour, reste trop marginale pour rentrer ici en ligne de compte (cf. ci-dessus 2.2.1.2.1.).

282

Appendice 12 : Formes actives des lexémes monodiathétiques en -r 12.1. Affectation d'ordre primaire (13x) : 12.1.1. Mouvement (3x) :

- pro-ficisco (1x) je me mets en marche : Mi 1329 : Obsecro, licet complecti prius quam pro-ficisco ? « Je t'en prie, me permets-tu de t'embrasser avant de partir ? » cf. pro-ficiscor (19x) :

Mer 939 : Porro recherches.»

pro-ficiscor

quaesitum.

« Je

pars,

je

continue

mes

etc.

- in-secto (2x)

je poursuis:

Cap 593 : Iam illic hic nos in-sectabit lapidibus « Il va nous poursuivre à coups de pierres» etc

cf. in-sector (4x) : Ru 842/3 : Quid, ego quasi canem/hominem in-sectarer «Poursuivre un homme comme un chien à coups de pierres ? » etc. - vago (1x)

lapidibus

?

je vagabonde :

Mi 423/4 : Te adloquor, viti probique plena,/quae circum vicinos yagas. «C'est à toi que je m'adresse, vicieuse éhontée, qui vas courir chez les voisins. » cf. vagor (1x) :

Per 319 : Enim metuo ut possim in bubile reicere, ne vagentur. « C'est que j'ai peur de ne pouvoir les ramener à l'étable, et qu'ils ne courent les champs.»

12.1.2. Processus physique (3x) : - con-graeco (1x) je mene la vie grecque: Ba 742/3 : Atque id pollicetur se daturum aurum mihi,/quod dem scortis quodque in lustris comedim et con-graeccem, pater. « Et il m'offre à me donner cet argent, pour que je le donne aux filles, pour que je le mange dans les mauvais lieux, à mener la vie grecque. Oui, père. » cf. per-graecor (6x) : Poe 602/3 : ut commostraremus tibi locum et voluptarium,/ubi ames, potes, per-graecere. « ... de t'indiquer un endroit où tu puisses en toute liberté te donner du plaisir, faire l'amour, boire, t'amuser à la Grecque. » etc.

- nicto (4x)

je cligne :

45784 : Neque illa ulli homini

nutet, nictet, annuat. « Elle n'adressera à aucun

283

homme ni signe de tête, ni clignement d'yeux, ni marque d'acquiescement. » etc.

cf. nictor - palpo (1x) : je touche : Poe 357 : Exora, blandire, palpa. « Prie, flatte, caresse. »

cf. palpor (2x) : Mer 169 : Hoc sis vide, ut palpatur ! « Voyez-moi, s'il vous plaît, comme il sait vous prendre ! » etc.

12.1.3. Perception (2x) : - auguro (1x)

j'inspecte :

Ci 693/4 : Halisca, hoc age, ad terram aspice et despice,/oculis investiges, astute augura. « Attention, Halisca, regarde à terre, baisse les yeux, täche de retrouver les traces ; inspecte habilement, comme les augures. » cf. auguror - con-templo (10x) : je regarde : Am 441 : Certe edepol, quom illum con-templo « Vraiment parbleu ! que je l'examine... »

etc. cf. con-templor (3x) :

Per 548 : Taciti con-templemur formam. dire.»

« Examinons sa figure sans rien

etc.

12.1.4. Intellect/sensation (4x) :

- arbitro (2x) je pense : Mo 91 : Novarum aedium esse arbitro similem ego hominem « L'homme, quand il vient de naître, ressemble, selon moi (lit.: je pense), à un bâtiment neuf. »

etc. cf. arbitror (87x) :

Am 60/1 : Nam perpetuo facere ut sit comoedia,/reges quo veniant et di, non

par arbitror.

« Car faire d'un bout à l'autre une comédie d'une pièce où

paraissent des rois et des dieux, c'est chose, à mon

avis (lit.: je pense),

malséante. » etc.

- cuncto (3x)

j'hésite :

Cas 792 : Tu hic cunctas ; intus alii festinant. « Tu lambines ici, et les autres

284

se dépéchent là-bas. » etc. cf. cunctor - opino (11x) je pense : Ba 18 : Praenistinum opino esse « Il doit être Prénestin, j'imagine » etc.

cf. opinor (85x) :

Ru 661 : Audio tumultum : opinor, leno pugnis pectitur. « J'entends du vacarme : m'est avis (lit.: je pense) qu'on peigne le léno à coups de poing. » etc. - sciscito (1x) je demande : Mer 386 : Paucula ctiam sciscitare prius volo. « J'ai encore quelques petites questions à te poser. » cf. sciscitor

12.1.5. Autres (1x) : - ruro (1x) je vis à la campagne : Cap 84 : dum ruri rurant homines quos ligurriant. « tant que villégiaturent aux champs les gens dont ils pourraient se pourlécher. » cf. ruror

12.2. Affectation d'ordre secondaire (19x) : 12.2.1. Auto-intérêt (9x) : - ind-ipisco (2x)

Au 774

je saisis :

: Neque partem tibi ab eo cuium est ind-iscipes...

7 « Et tu

n'accepteras pas de partager avec celui qui le détient, ... ? » (lit.: « Et de cela tu ne saisiras pas pour toi ta part ? ») etc.

cf. ind-ipiscor (4x) : Ru 1315 : largiter mercedis récompense. »

etc. - ludifico (11x)

ind-iscipar.

« Je vais

récolter

une

fameuse

je berne :

Mer 307 : Ludificas nunc tu me hic, opinor, Demipho. « Tu veux te moquerde moi, j'imagine, Démiphon. »

etc. cf. ludificor (20x) : Ci 500/1 : Pol te aliquanto facilius,/quam me meamque rem perire et ludificari

filiam. « Ma foi, je m'y résignerai bien plus facilement qu'à voir qu'on me

285

perd, qu'on me ruine, qu'onse moquede ma fille. »

etc. de-ludifico (1x)

je berne :

Ru 147 : De-ludificavit me ille homo indignis modis. « Ce coquin m'a joué de facon indigne. » cf. de-ludificor (2x) : Mo 1033 : De-ludificatust me hodie indignis modis. « Il s'est aujourd'hui joué de moi d'une abominable facon. » etc.

- morigero (1x) j'essaie de plaire : Am 980/1 : Volo deludi illum, dum cum hac usuraria/uxore munc mihi morigero. « Je veux qu'on le mystifie, tandis que je prendrai mon plaisir avec mon épouse d'emprunt. » cf. morigeror (1x) :

Cap 198 : Nunc servitus ei evenit, ei vos morigerari mos bonust « A présent, si la servitude vous échoit, mieux vaut vous y soumettre » - pacisco (1x) je fais un traité : Ba 871 : Pacisce quid vis. « transige au prix que tu veux. » cf. paciscor (3x) :

Ps 226 : ea pacisci modo scis, sed quod pacta sis non scis solvere « ... mais qui ne sais que promettre, sans jamais savoir tenir ta promesse »

etc. - partio (2x) je partage: Am 1035 : Vos inter vos partite « Arrangez-vous entre vous. »

etc. cf. partior - potio (1x)

Am

je m'empare de :

178 : eum nunc potivit pater servitutis « quand mon père m'a réduit en

esclavage.»

cf. potior (16x) As 915/6 : ut viginti minas/ei det, in partem hac amanti ut liceat ei potirier. «pour qu'il lui donne vingt mines, et qu'il ait, lui aussi, part aux faveurs de la belle (lit.: le droit de s'emparer d'elle), puisqu'il l'aime. »

etc. - per-scruto (1x)

je fouille :

Au 657 : Postremo hunc iam per-scrutavi ; hic nihil habet. « Aprés tout, je l'ai fouillé partout, il n'a rien. » cf. per-scrutor (2x) :

Au 653/4 : Insanis ; per-scrutatus es/tuo arbitratu, neque tui me quicquam invenisti penes. « Tu es fou. Ne m'as-tu pas cherché partout à ta guise, sans rien trouver sur moi qui t'appartienne ? »

etc. - sortio (2x)

je tire au sort :

286

Cas 413/4 : Age, uxor mea, nunciam/sorti « Allons, ma femme ; maintenant fais le tirage. » etc.

cf. sortior (2x) : Mer 136b : At tibi sortito id optigit. « C'est pourtant à toi que le sort s'est chargé de l'appliquer (lit.: à toi qui tires au sort que ceci est arrivé). »

etc. - venero (2x)

je supplie :

Tru 476 : ut venerem Lucinam meam « je veux faire ma priére à Lucine. » etc.

cf. veneror (4x) : Poe 950 : Deos deasque veneror qui hanc villam colunt « Je supplie les dieux et les déesses, qui habitent cette ville »

etc.

12.2.2. Intensité (10x) : - aucupo (6x) je guette : As 881 : Aucupemus ex insidiis clanculum quam rem gerant. « Restons à l'affüt et guettons, sans nous montrer, ce qu'ils font. » etc. cf. aucupor (1x) : Ru 1093 : Viden scelestus ut aucupatur ? « Voyez le scélérat ; comme il veut nous attraper ! » - crimino (1x)

Ps 492/3

: quia nolebam

j'accuse :

ex me

morem

progigni

malum,/erum

ut servos

criminaret apud erum. « c'est que je ne voulais pas créer le fácheux précédent d'un esclave dénonçant son maître à son autre maître. » cf. criminor (1x) :

Ba 783 : Men criminatust ? « C'est lui qui m'accuse ? » - lucto (2x)

je lutte :

Vid IX : quid multa verba ? plurumum luctavimus « à quoi bon de nombreuses paroles ? nous avons acquis la partie décisive par le combat » (traduction U.B.)

etc. de-lucto (1x)

je lutte :

Tri 838/9 : Satis partum habeo,/quibus aerumnis de-luctavi « j'ai assez gagné, au milieu de miséres οὗ je me débattais »

cf. de-luctor (1x) : Per 4/5 : Cum avibus Stymphalicis, cum Antaco de-luctari mavelim/quam cum Amore « Pour moi, je préférerais lutter à mort... avec les oiseaux du Stymphale, avec Antée plutôt qu'avec l'Amour » - medico (1x) je soigne :

287

Mo 387 : ego istum lepide medicabo metum. « je saurai bien te guérir de ta peur, avec un bon reméde.» cf. medicor (2x) : Mer 951 : Medicari amicus quin properas mihi ? « Háte-toi donc de me guérir, si tu es mon ami. » etc.

- minito (1x)

je menace :

Cap 7423 : tamen/breve spatium est perferundi quae minitas mihi. « cela ne fait que bien peu de temps à endurer les maux dont tu me menaces. » cf. minitor (16x) :

Ba 850 : Chrysale, quis ille est qui minitatur filio ? « Chrysale, quel est cet homme qui menace mon fils ? » etc. - munero

(4x)

je fais des cadeaux:

Mi 715 : me certatim nutricant et munerant. « en attendant c'est à qui me nourrira, et me comblera de cadeaux. » (lit.: « ils me nourrissent et me comblent de cadeaux à l'envi. »)

etc. cf. muneror - putrico (2x)

je nourris :

Mer 508/9 : Namque edepol equidem, mi senex, non didici baiiolare/nec pecua ruri pascere nec pueros pntricare. « C'est que, vois-tu, bon vieillard, je n'ai jamais, par Pollux ! appris à porter des paquets, ni à mener paltre les troupeaux dans les champs, ni à faire le métier de nourrice (lit.: à nourrir des enfants).»

etc. cf. nutricor - populo (1x) je ravage: Fr 175 : quae ego populabo probe « que je ravagerai, moi, vertueusement» (traduction U.B.) cf. populor - tumult(u)o (2x) je m'agite : Ru 628/9 : et quid sit mi expedi/quod tumultues. « et explique-moi vite de quoi il s'agit, pourquoi tout ce vacarme ? (lit.: ce pour quoi tu t'agites) »

etc. cf. tumultor (1x) :

Poe 524/5 : Praesertim in re populi placida atque interfectis hostibus/non decet tumultari.

« Et surtout en temps de paix, quand les ennemis sont anéantis, il ne

s'agit pas de jeter le trouble dans la ville. » - tuto (1x) je protege : Mer 864/5 : Invoco/vos, Lares viales, ut me bene tutetis. « Je vous invoque, Lares des voyageurs, protégez-moi bien ! » cf. tutor (8x) :

288

Mer 834/5 : Di penates meum parentum, familiari Lar pater,/vobis mando meum parentum rem bene ut tutemini. « Dieux pénates de mes parents, vénérable Lare de la famille, protégez bien leur fortune, je les recommande à vous.

»

etc.

289

Appendice 13 : L'orientation marquée des lexèmes monodiathétiques en -r Légende : gras : lexéme pourvu de formes actives (cf. appendice 12.)

13.1. Affectation d'ordre primaire (7x) : 13.1.1. Mouvement (1x) :

- apiscor (2x) j’atteins: Tri 367 : Non aetate, verum ingenio apiscitur sapientia. « Ce n'est point le temps, mais le naturel qui donne la sagesse. » (lit.: « La sagesse n'est pas atteinte par l’âge, mais par le naturel. ») Tri 658 : Ita vi Veneris vinctus, otio aptus in fraudem incidi « ainsi enchaîné par la puissance de Vénus, gagné par la paresse, je me suis laissé déchoir. »

13.1.2. Perception (1x) : - de-spicor (1x) je méprise : Cas 189 : Vir me habet pessumis de-spicatam modis « Mon mari ne fait que m'outrager (lit.: me tient méprisée) d'une manière abominable »

13.1.3. Intellect/sensation (4x) :

- arbitror (1x) je pense : Ep 267 : Continuo arbitretur uxor tuo gnato « Sans perdre de temps, il faut choisir (lit.: doit être choisie) à ton fils une épouse » - per-meditor (1x) je pense : Ep 375/6 : Eam per-meditatam meis dolis astutiisque onustam/mittam. « Je l'aurai bien endoctrinée, et mise au fait de mes fourberies et de mes inventions avant de l'envoyer. » (lit.: « Je l'enverrai bien endoctrinée et mise au fait de mes fourberies et de mes inventions. ») - de-metior (2x) je mesure :

δ᾽ 60 : Vos meministis quot kalendis petere de-mensum cibum « Vous n'oubliez pas, à chaque calende, de venir réclamer votre pitance (lit.: la pitance mesurée) »

Men 14 : Nunc argumentum vobis de-mensum dabo « j'en viens maintenant à l'exposé lui-méme, et vous aurez bonne mesure. » (lit: « je donnerai maintenant un exposé bien mesuré. »)

- com-miniscor (1x)

j'invente :

291

Tru 450 : Edepol com-mentum

male ! « Le bon tour par (lit.: bien inventé)

Pollux ! »

13.1.4. Métier/rôle social (1x) : - philosophor (1x) je fais le philosophe: Ps 687 : Sed iam satis est philosophatum « Mais c'est assez philosopher »

13.2. Affectation d'ordre secondaire (9x) : 13.2.1. Auto-intérét (4x) : - ludificor (10x)

je berne :

Ba 1100 : me hoc aetatis ludificari,

immo edepol sic ludos factum

« ... être

berné à mon äge. Morbleu, m'étre laissé jouer de la sorte ! »

etc. - paciscor (2x) je fais un traité : As 735 : Has tibi nos pactis legibus dare iussit. « Il nous a dit de te les donner, mais à certaines conditions (lit.: selon des lois déterminées). »

Au 260 : Pactum non pactum cst, non pactum pactum cst, quod vobis lubet. «ce qui était convenu ne l'est plus, ce qui ne l'était pas le devient, selon votre -

r (1x)

j'use jusqu'à consommation : As 196 : Ubi illaec quae dedi ante ? - Ab-usa « Et tout l'argent que je t'ai

donné ? - Dépensé, disparu » - vador (1x) Ba

180 : Ita me yadatum

je me procure des cautions: amore victumque adtines. « l'amour a fait de moi ta

chose ; tu me tiens pieds et poings liés. »

13.2.2. Intensité (5x) : - conor (1x)

j'essaie :

Mer 39 : Illuc revorti certum et conata eloquar. « Je reviens au fait, et j’achève l'explication commencée (lit.: tentée). » - a-molior (1x) j'écarte : Mo 371 : Iube haec hinc omnia a-molier. « Fais vite déblayer (lit.: Ordonne que soit écarté) tout ceci. » - moror (1x) je retarde : Men 326 : lam ergo haec madebunt faxo ; nil morabitur. « Hé bien, je vais

292

m'arranger pour que tout soit cuit dans un instant. Ce sera vite fait (lit.: ne sera pas retardé). »

(re-moror [1x] je retiens : Cu 352 : Neque diem decet re-morari neque nocti nocerier. « Il ne faut pas

retarder le jour [lit.: que le jour soit retardé], ni faire tort à la nuit. ») - ex-ordior (1x)

je trame :

Ba 350 : Ex-orsa haec tela non male omnino mihi est « n'est pas mal ourdie du tout » - tutor (1x) je protège : Am 650/1 : Libertas, salvus, vita, res et parentes, patria servantur. « Liberté, sécurité, existence, fortune, parents, la valeur qui les protége, qui les défend (lit.: sont protégés

293

Voilà une trame qui

et prognati/tutantur, patrie, enfants, c'est et sauvés). »

2.2.2. Le tour à pronom réfléchi 2.2.2.1. Préliminaire : Le paramétre de la fusion des actants et ses limites opérationnelles Le degré de fusion que présentent entre eux l'agent et l'affecté d'un tour réfléchi, constitue un axe l'évolution au cours de laquelle une telle

décisif dans marque se

grammaticalise en un signifiant de valence réduite (cf. Kemmer, 1993, 1994). - Il n'en est cependant pas moins vrai que ce paramétre reste, dans son opérativité, quelque peu restreint. La

raison en est qu'il ne s'applique qu'à des types de situation dont la conceptualisation s'impose sur ce point avec évidence, et que

le grand nombre des situations, qui n'offrent en effet ici aucun repére, ne peuvent donc étre évaluées ainsi. En termes concrets, ceci revient à dire que l'on saura bien répertorier la conceptualisation biactancielle de la réflexivité - donc encore sémantisée - des situations de : - toilette (répartition des röles sémantiques entre deux parties différentes du corps); - attitude psychique (répartition des róles sémantiques entre le siége du sentiment et la personne dans son ensemble) et

- auto-destruction (scission de l'ego) et, à l'opposé, la conceptualisation monoactancielle réflexivité alors déjà grammaticale des situations de :

de

la

- mouvement (impossibilité d'isoler l'affecté) et

- changement

d'état

(impossibilité

absence d’agent)*,

^5 Cf. les exemples latins ci-dessous 2.2.2.2. 295

d’isoler

l'affecté/

mais qu'il reste impossible de situer ici des occurrences telles que: Ba 428/9 : Ibi cursu luctando, hasta disco, pugilatu pila,/saliendo sese exercebant magis quam scorto aut saviis « Dans cette école on s'exergait à la course, à la

lutte, au javelot, au disque, au pugilat, à la balle, au saut» OU

€nDCOIT€ :

Tri 298 : quibus boni de-decorant se. « ... que tantde gens honorables se déshonorent à suivre. » etc. qui ne permettent pas de déterminer l'application du réfléchi à partir de leur concept actanciel - ni de déduire, inversement, ce dernier de leur disposition syntaxique.

296

2.2.2.2. Le début de la grammaticalisation du tour réfléchi et son rapport avec l'orientation marquée Le degré de grammaticalité que présente le tour réfléchi du latin plautinien doit étre envisagé dans son parallélisme avec l'orientation marquée, avec laquelle il se trouve de toute évidence dans un rapport de distribution complémentaire. Si ces catégories servent en effet toutes deux à décrire la situation verbale à partir de l'actant affecté (cf. ci-dessus 2.1. et 2.2.1.2.1.), l'orientation

marquée s'emploie dans le cas oü cette situation résulte d'un stimulus extérieur et le tour à pronom réfléchi - tant qu'il s’avère encore sémantisé - dans le cas οὐ celle-ci comporte un agent et un

affecté à la fois corréférentiels et distinguables. C'est à cet état des données que correspond l'emploi du tour à pronom réfléchi dans la plupart de ses attestations, oü il fonctionne - ou semble fonctionner - comme un simple accusatif. On citera ainsi des exemples indéniablement sémantisés tels que : Mo 168 : Quidtu te ex-ornas « A quoi bon te parer (lit.: tu te pares)... »

(toilette), Cap 104 : sese omnes amant. « ce sont tous des egoistes.» (lit.: « ils s’aiment eux-mémes. »)

(attitude psychique), Tru 602 : Num, obsecro, nam hariolust, qui ipsus se yerberat ? « Dis-moi. Serait-il devin par hasard, pour se battre lui-méme (lit.: celui qui se bat lui-méme) ? » (auto-destruction),

Ba 952 : item se ille servavit dolis.

« comme lui par sa

ruse avait sauvé sa vie (lit.: s'ést sauvé lui-même). »etc.#?

26 Cf, ci-dessus 2.2.2.1.

2) Voir indications appendice 14.1. 297

et encore des exemples ici quelque peu ambigus tels que : Am 123 : Ita versipellem se facit, quando lubet. « Tant il est habile à changer de peau (lit: Il se fait lui-même changeur de peau), quand l'envie lui en prend ! » As 862 : verum hoc facto sese os-tendit « mais aujourd'hui

il se montre sous son vrai jour » etc.?* Une fois que la langue se voit inverser, par le biais de son réfléchi, la structure a priori extravertie de certains types de situations, elle se met à étendre ce méme emploi jusqu'à de telles occurrences qui ne correspondent, au départ, à aucune des deux dispositions décrites ci-dessus. Ceci est avant tout le cas des lexémes de mouvement qui refusent, en tant qu'exempts d'un stimulus extérieur, le codage par la flexion en -r, mais tolérent,

en dépit de la constitution fusionnée de leur seul actant (cf. cidessus 2.2.2.1.), le codage par le pronom réfléchi qui se dégage alors comme

outil grammatical.

Il s'agit, dans ces attestations,

soit d'un mouvement proprement dit : Mi 762 : sed pro-cellunt se et procumbunt dimidiati, dum appetunt. « Mais ils s'allongent (lit.: se jettent en avant) et se couchent à moitié sur la table, à vouloir saisir les plats.» Ci 88/9 : Opsecro,/quo is homo in-sinuavit pacto se ad te? « Et comment, je te prie, s'est-il introduit auprés de

toi ? » etc.?9, soit d'un mouvement au sens figuré :

?^ Voir indications appendice 14.2. # Voir indications appendice 14.3.1.

298

Au 80] : Ita mihi ad malum malae res plurimae se adglutingnt. « Tous les malheurs fondent sur moi (lit.: se collent à moi) l'un aprés l'autre. » Ps 216/7 : tenes/quo se haec tendant quae loquor. « tu sais ce que je veux dire (lit.: vers oü ce que je dis [se]

tend). » etc.” En dehors des situations de mouvement, l'emploi grammaticalisé du pronom réfléchi ne s'observe chez Plaute qu'à l'état de trace. On citera ici les exemples suivants dans lesquels le contexte exclut - comme dans la configuration du mouvement - la présence

d'un stimulus extérieur, et partant la flexion en -r : Ba 676 : An nescibas quam eius modi homini raro tempus se daret ? « Tu ne savais donc pas combien de pareilles occasions

sont

rares

dans

la

vie

(lit:

combien

une

occasion de ce genre s'offre rarement à un homme) ? » Ba 1063 : Dico ut res se habet. « Je dis la chose comme

elle est (lit.: comme elle se tient). » etc.?*! Il importe cependant de distinguer de ces emplois grammaticalisés les occurrences dans lesquelles le locuteur élabore à dessein, dans la situation verbale, une réflexivité que l’extralinguistique dément. Ce type de décalage - alors visiblement recherché - sert en effet à introduire une certaine expressivité. On reléve ainsi des passages tels que :

2% Voir indications appendice 14.3.2. 251 Voir indications appendice 14.3.3.

299

Ps 831-3 : Nam ego cicilendrum quando in patinas indidi/aut cepolendrum, aut macchidem aut secaptidem,/

eaepse sese patinae fervefaciunt ilico. «Quand j'ai jeté dans mes casseroles du cicilendre, ou du cépolendre, ou de la maccis, ou de la sécaptis, elles se mettent d'ellesmêmes à bouillir aussitôt bouillir elles-mêmes). »

(lit.:

elles

se

font

aussitôt

Mo 276 : ubi sese sudor cum unguentis con-sociavit «mais quand le relent de la sueur se méle à leurs parfums », dans lesquels la représentation d'un prime actant inanimé en tant que dynamique, et donc personnifié, aide à dépeindre un

caractère respectivement vampirique ou envahisseur??. De telles attestations restent d'ailleurs non seulement à l'écart des exemples grammaticalisés, mais certifient méme à travers ce type d'effet que le pronom réfléchi regoit encore, dans la langue de Plaute, une sémanticité considérable. Il parait ainsi que la grammaticalisation que le tour réfléchi subit dans des processus d'introversion, reste corrélative des limites que se donne sur ce méme plan la catégorie de l'orientation marquée qui maintient ici, en dépit de ses divers assouplissements, la contrainte du stimulus extérieur (cf. ci-dessus

2.2.1.2.1.). Toujours est-il que la langue n'exploite pas pour autant le biais du pronom réfléchi jusqu'au bout et que sa grammaticalisation - qui n'atteint pas encore, au delà des situations de mouvement, le type du changement d'état (cf. ci-

dessus 2.2.2.1.) - continue à trouver un contrepoids dans les 25) Voir indications appendice 14.1.4.

15 Ce serait là, dans une application désémantisée, ie cas d'une forme telle que sese fervefaciunt en Ps 833 que l'on cite ci-dessus. - Compte tenu de la dimension de l'aspect, le latin disposerait ainsi d'un systéme du type :

300

moyens d'expression dérivation.

du

lexique,

ou

encore

de

la

lexico-

On précisera encore que le refus de combiner un pronom réfléchi à une forme verbale en -r, que Flobert (1975: 392 544.) constate méme dans la sphére des lexémes monodiathétiques, ne se vérifie

chez Plaute qu'au niveau du datif (cf. ci-dessus 2.2.1.2.2.) et non

pas à celui de l'accusatif?*. Car il existe, dans les textes, de

nombreuses formes en -r qui se donnent des réfléchis déclinés à

ce deuxiéme cas :

Ru 197 : Nam me si sciam fecisse aut parentis sceleste, minus Ine miserer. « Si je savais que mes parents ou moi

eussions commis quelque crime, je me plaindrais moins. » Mer 384 : Quin ego hinc me a-molior ? « Décidément, je

m'en vais. » etc.

alors que le témoignage d'une incompatibilité se réduit ici à une seule occurrence. C'est là le cas d'une forme en -r qui semble déclencher une omission du réfléchi :

monoactanciel :

non-évolutif :

présent en -€-

évolutif :

présent en -sc(lexico-dérivationnel)/ présent en facio + réfléchi (grammatical)

biactanciel :

(lexico-dérivationnel)

présent en -facio (lexico-dérivationnel) (cf. ci-dessous 3.2.1.4.)

#4 Ce décalage tient au fait que le pronom réfléchi reçoit dans la langue de Plaute, selon ces deux cas grammaticaux, un statut respectivement différent. Cela dit, à l'accusatif il évolue vers une expression de la réduction de valence et devient comme tel indispensable, tandis qu'il garde au datif sa pleine sémanticité et se présente ainsi, dans la sphére de ce dernier, comme redondant par rapport aux lexémes ici en cause.

255 Voir indications appendice 14.

301

Ru 598/9 : Ad hirundinium nidum visa est simia/ ascensionem ut faceret ad-molirier « Il m'a semblé voir un singe qui s’efforgait de grimper à un nid d’hirondelles»

grec,

Les raisons pour lesquelles seul le latin, et non pas le se sert dans ses processus d'introversion d'un pronom

réfléchi - et avec cela d'un « mot » supplémentaire (cf. ci-dessous

« Excursus » 3) - ne pourraient étre plus claires. C'est que la voix seconde, qui constitue ici des deux côtés l'outil principal, reste en latin bloquée sur le critére du stimulus extérieur et s'avére ainsi,

contrairement à celle du grec, inutilisable dans les nombreux cas οὗ une introversion de la situation verbale s'accompagne, sous sa forme la plus naturelle, d'une réduction de la valence quantitative.

Appendice

14 : Emplois du pronom réfléchi

Légende :

gras : réflexivité sémantique visant un effet stylistique ! : lexème monodiathétique en -r

14.1. Emploi sémantis du pronom é 14.1.1. Toilette :

réfléchi :

Tri 9T! : Proin tu fc, itidem ut chardimatus es, rursum re-charmida. « Eh bien, comme tu t'es encharmidé, décharmide-t maintenan t. » oi Au 719 : qui vestitu et creta oc-cultant sese « ils ont beau se cacher sous des vétements blanchis à la craie » Mo 168 : Quid tu tc ex-ornas « A quoi bon te parer (lit.: tu te pares)... » -r : cf. flexienon Ba 279/80 : dum circumspecto, atq ego ue lembum conspicor/longum, strigorem, maleficum ex-ornarier. « et tout en promenant mes regards autour de moi, voici que j’apergois une felouque élancée, efilée, maléfique qui était en train d'appareiller (lit.: d'étre préparée)... » Am 308 : Cingitur; certe ex-pedit sc. « Il reléve sa tunique ; pas de doute, il se met

en

tenue. »

Tri 851 : capite ὃς totum tegit. « (Parbleu, il est de l'espèce champignon ;) sa tete le couvre tout entier. » (lit.: « avec la tête il se couvre tout entier. ») Mo 141 : Postilla op-tigere me neglegens fui « Par la suite, j'ai négligé de me recouvrir. »

Mo 274 : Nam istae veteres, quae 86 unguentis unctitant « Vois ces vieilles qui se de parfums sorteen de toute parf um t » etc.

14.1.2. Attitude psychique : Cap 104 : sese omnes amant. « ce sont tous des egoistes. » (lit.: « ils s'aiment eux-mêmes.») cf. flexio en -rn : Tru 912 : Nil fit, non amor, teritur dies « Mes affaires n'avancent guère ; elle ne m'aime pas (lit.: je ne suis pas aimé). Je perds mon temps » ! Ru 197 : Nam me si sciam fecisse aut parentis sceleste, minus me miserer. « Si je savais que mes parents ou moi eussions commis quelque crime, je me

plaindrais moins. »

303

Ps 973 : Nam in foro vix decumus quisquest qui ipsus sese noverit. « car au forum, à peine en trouverait-on un sur dix qui se connaisse lui-méme. »

Ba 417 : iam aderit tempus, quom gese etiam ipse oderit. « Bientôt viendra le moment

οὐ il s'en dégoûtera tout le premier (lit.: où il se déteste déjà lui-

méme).»

Mi 1236

: Ut ipsa sc contemnit ! « Comme elle fait fi d'elle-même

! »

etc.

14.1.3. Auto-destruction :

Ps 350 : Quin tu ted oc-cidis potius ? « Tu n'as qu'à te tuer tout seul » cf. flexion en -r : Au 393 : Nimirum oc-cidor « Je suis un homme assassiné » Ci 644 : ne se inter-emat. « empéchez-le de se tuer. » Ba 548 : Atque i ὃς quom frustrant, frustrari alios stolidi existumant. « Et ils s'attrapent eux-mémes, les imbéciles, en croyant attraper les autres. » Tri 262 : fugat ipsus se ab suo contutu « il fuit son propre regard » (lit.: « il se fait fuir lui-même de son propre regard ») Cap 14 : Ego me tua causa, ne erres, non rupturus sum. « Quant à moi, je ne vais pas me crever à cause de toi, pour éviter que tu ne te trompes. » Men 204 : Qui quidem ad mendicitatem se properent de-trudere. « Oui, tous ceux qui n'ont rien de plus pressé que de courir à leur ruine (lit.: se ruiner euxmêmes). »

Ba 940 se brûle Tru 602 Serait-il même)

: nunc ipsum ex-urit. « c'est lui-même qui brûle. » (lit.: « maintenant il lui-même.») : Num, obsecro, nam hariolust, qui ipsus se verberat ? « Dis-moi. devin par hasard, pour se battre lui-même (lit.: celui qui se bat lui? »

etc.

14.1.4. Autres :

Mi 567 : egomet me de-dam tibi. « je me remettrai moi-même entre tes mains. » Ba 952 : sed dolis me ex-emi « je m'en suis délivré par la ruse » Ps 831-3 : Nam ego cicilendrum quando in patinas indidi/aut cepolendrum, aut macchidem aut secaptidem,/eaepse sese patinae fervefaciunt ilico.

«Quand j'ai jeté dans mes casseroles du cicilendre, ou du cépolendre, ou de la maccis, ou de la sécaptis, elles se mettent d'elles-mémes à bouillir aussitôt (lit.: elles se font aussitôt bouillir elles-mêmes). » (prime actant présenté comme animé, cf. caractère vampirique)

304

Cas

581/2 : Verum hic sodalis tuus, amicus optumus,/nescioquid se suf-flavit

uxori suae « mais ton cher ami, ton excellent camarade, est - je ne sais pourquoi - monté contre (lit.: s’est gonflé contre) sa femme » (présenté comme acte volontaire)

Am 283 : Mira sunt, nisi invitavit sese in cena plusculum. « Je parierais qu'il s’est un peu trop bien traité à diner (lit.: qu'il s'est un peu trop bien invité à

dîner lui-même). » Ba 92 : tibi me e-mancupo

« je suis à toi » (lit.: « je fais cession de moi-même

à

toi»)

Ba 952 : item se ille servavit dolis. « comme

lui par sa ruse avait sauvé sa vie

(lit.: s’est sauvé). »

cf. flexion en -r :

Cap 261 : Ut vos hinc, itidem apud vos meus servatur filius. « Vous êtes gardés ici, comme mon fils est gardé chez vous. »

Mo 276 : ubi sese sudor cum unguentis con-sociavit « mais quand le relent de

la sueur se méle à leurs parfums » (prime actant présenté comme animé, cf. caractère envahisseur) Ba 962 : Ibi vix me ex-solvj « Là, j'ai eu de la peine à me tirer d'affaire » Mi 312 : Non ego possum quae ipsa sese venditat tutarier. « Je ne puis pas, moi,

garder une femme qui νὰ s'offrir aux galants. » etc.

14.2. Emploi éventuellement sémantisé du pronom réfléchi : Ba 493 : ut ipsus sese cruciat aegritudine « ... quel chagrin il en a, quel martyre il souffre ! » (lit.: « comme il se tourmente lui-même par le chagrin ») cf. flexion en -r: Ci 206-9 : Iactor, crucior. agitor,/stimulor, vorsor/in amoris rota, miser exanimor,/feror, differor, distrahor, diripior « Je suis ballotté, torturé, agité, transpercé, tourné et retourné sur la roue de l'amour ; je sens ma misérable vie qui m’abandonne ; je suis emporté, tiraillé, déchiré, dépecé » etc.

*

Tri 298 : quibus boni de-decorant se. « ... que tant de gens honorables se déshonorent à suivre. » Ba 428/9 : Ibi cursu luctando, hasta disco, pugilatu pila,/saliendo sese exercebant magis quam

scorto aut saviis « Dans cette école on s’exergait à la

course, à la lutte, au javelot, au disque, au pugilat, à la balle, au saut » Tru 593/4 : Sed quisnam illic homost, qui ipsus se com-est,/tristis, oculis malis? « Mais quel est cet homme qui ronge son frein (lit.: qui se consomme lui-méme), l'air sombre, l'œil mauvais ? »

Am 123 : Ita versipellem se facit, quando lubet. « Tant il est habile à changer de peau (lit.: Il se fait lui-même changeur de peau), quand l'envie lui en prend ! »

305

Mi 1031/2 : Lamentari/ait illam, miseram cruciari et lacrimantem se ad-flictare «Que sa maltresse se lamente à faire pitié, qu'elle se tourmente, qu'elle pleure et se désole jour et nuit »

cf. flexion en -r : Ru 644/5 : Tum sacerdos Veneria/indigne ad-flictatur. « De plus, la prétresse de

Vénus est indignement maltraitée. » etc. Au 372 : ut bene haberem me filiai nuptiis. « j'ai voulu me régaler aujourd'hui pour [a noce de ma fille. » Mi 724 : qui et rem servat et sc bene habet suisque amicis usui est. « car il sait conserver son bien, se donner du bon temps, et rendre service à ses amis. » cf. flexion en -r : Men 578 : Si est pauper atque haud malus, nequam babetur « Est-il honnête, mais pauvre, il passe pour (lit.: il est tenu pour) un homme de rien» Per 765 : quin lectis nos actutum com-mendamus ? « que tardons-nous à nous

mettre à l'aise sur ces lits ? » As 862 : verum hoc facto sese os-tendit « mais aujourd'hui il se montre sous son vrai jour

»

cf. flexion en -7 :

Mo 287 : Quid opust, quod suum esse nolit, ei ultro os-tentarier ? « A quoi sert de faire étalage à ses yeux de (lit.: que lui soit montré) ce dont il ne voudrait pas

pour lui ? » As 600 : leges ut conscribat, quibus se populus teneat. « ... à rédiger des lois destinées à maintenir le peuple dans le devoir (lit.: à l'aide desquelles le peuple peut se tenir).» cf. flexion en -7 : Cas 236/7 : Oh ! perii./Manufesto miser teneor. « Aïe ! je suis mort. moi, me voilà pris sur le fait (lit.: je suis tenu). »

Misere de

etc. Am 121 : In Amphitruonis yertit sese imaginem « Il s'est métamorphosé en Amphitryon » etc.

14.3. Emploi grammaticalisé du pronom réfléchi : 14.3.1. Mouvement proprement dit :

Mi 762 : sed pro-cellunt se et procumbunt dimidiati, dum appetunt. « Mais ils s'allongent (lit.: se jettent en avant) et se couchent à moitié sur la table, à vouloir saisir les plats. » Ba 593 : Duc te ab aedibus. « Allons vite, détale. » (« Méne-toi en dehors de la maison.»)

306

Men

703 : Im-mersit aliquo sese, credo, in ganeum.

« Il est allé, je parie, se

terrer dans quelque bouge. » ! Mer 384 : Quin ego hinc me a-molior ? « Décidément, je m'en m'écarte moi-méme). »

vais (lit.:je

! Ps 557 : Agite a-molimipi hinc yos intro nunciam « Allons, transportez-vous sans tarder à la maison » ! Tru 630 : Sed ego cesso hinc me a-moliri « Mais que tardè-je à décamper (lit.: ἃ m'écarter) d'ici » ! Poe 924 : sed ego nunc est quom me com-moror. « Mais je suis en train de me faire perdre mon temps. » . Cas 459 : a-page te a dorso meo. « éloigne-toi de mon dos ! » Per 457/8 : Nunc ego lenonem ita hodie intricatum dabo,/ut ipsus sese qua se ex-pediat nesciat. « Je vais aujourd'hui empétrer le léno de telle maniére que luimême ne saura pas comment se dépêtrer. »

Ci 729 : Involuolum, quac in pampini folio intorta in-plicat se « La chenille tordeuse, qui s'enrouleet s'entortille dans les feuilles du pampre. » Cap 533 : Quo illum nunc hominem pro-ripuisse foras se dicam ex aedibus ? «Où diantre notre homme a-t-il pu se sauver de la maison (lit.: s'étre jeté au

dehors) ? » Ci 88/9 : Opsecro,/quo is homo in-sinuavit pacto se ad te ? « Et comment, je te prie, s'est-il introduit auprès de toi ? »

etc.

14.3.2. Mouvement au sens figuré (cf. l'absence de tout stimulus extérieur) :

As 278 : Nam si huic occasioni tempus si se supter-duxerit « Car s'il laisse s’£chapper l'occasion présente, ... » (lit.: « Car si pour cette occasion le moment

s’est dérobé ») Ru 674 : Sed nunc sese ut ferunt res fortunaeque nostrae « Maintenant, dans la détresse oü nous sommes (lit.: comme se portent nos affaires et nos destins), ...» Au 801 : Ita mihi ad malum malae res plurimae se ad-glutinant. « Tous les malheurs fondent sur moi (lit.: se collent à moi) l'un aprés l'autre. » Cap 517 : nunc spes opes auxiliaque a me se-gregant spernunique se. « l'heure oü espoir, ressources, secours me fuient et m'abandonnent (lit.: se séparent et S'éloignent de moi). »

Ci 699 : Hic meis turba oculis modo ge ob-iecit. « Là tout se brouille, et mes yeux n'y voient plus... » (lit.: « Ici un trouble s'est jeté devant yeux à

l'instant ») cf. flexion en -r :

Cu 96 : Flos veteris vini meis naribus ob-iectust « Un bouquet de vin vieux a frappé mes narines (lit.: a été mis à l'encontre de mes narines). » etc.

307

Ps 2167 : tenes/quo se haec tendant quae loquor. « tu sais ce que je veux dire (lit.: vers où ce que je dis [se] tend). » Tru 221 : Verterum scac memoriae « Les rôles sont retournés (lit.: se som tournés) »

etc.

14.3.3. Situations autres que de mouvement extérieur) :

(cf. l'absence de tout stimulus

Ba 676 : An nescibas quam eius modi homini raro tempus ὃς dare£ ? « Tu ne savais donc pas combien de pareilles occasions sont rares dans la vie (lit.: combien une occasion de ce genre s'offre rarement à un homme) ? »

Au 47 : At scin quo modo tibi res ge habet ? « Sais-tu ce qui t’attend (lit.: comment l'affaire se tient) ? » (cf. encore la structure aspectuelle homogène nonévolutivedu lexéme verbal) Ba 1063 : Dico ut res se habet. « Je dis la chose comme elle est (lit.: comme elle se tient). » (cf. idem) cf. flexion en -r : Men 578 : Si est pauper atque haud malus, nequam habetur « Est-il honnête, mais pauvre, il passe pour (lit.: est tenu pour) un homme de rien » etc.

308

2.2.2.3. Une remarque supplémentaire concernant le rapport entre tour réfléchi et voix seconde : le cas de quelques lexémes de la toilette Si les situations de la toilette correspondent à l'application primaire du tour réfléchi (cf. ci-dessus 2.2.2.1.), et présentent donc en latin a priori ce codage, il existe ici cependant un petit nombre de formes dans lesquelles cette méme catégorie sémantique contracte le signifiant de la flexion en -r. On relève ainsi par exemple, en dehors de passages tels que : Tri 977 : Proin tu te, itidem ut chardimatus es, rursum recharmida. « Eh bien, comme tu t'es encharmidé, décharmide-toi maintenant. »

Mo 274 : Nam istae veteres, quae se unguentis unctitant

«Vois ces vieilles qui se parfument de toute sorte de

parfums » etc.5$, les occurrences suivantes :

Per 307 : subnixis alis me inferam atque amicibor gloriose. « Avangons-nous les coudes détachés et enveloppons-nous fiérement. » Am 308 : Cingitur; certe expedit se. « Il reléve sa tunique (lit.: il se ceint) ; pas de doute, il se met en tenue. » etc. Un tel emploi semble à premiére vue aberrant étant donné que cette marque montre, en tant que diathèse secondaire, la fonction

d'exclure la moindre agentivité de la part du prime actant.

356 Voir indications appendice 14.1.1. 37 Voir indications appendice 15.

309

On expliquera ici la flexion en -r de ces lexémes à partir d'un ajustement diathétique à leur noms verbaux en -/o-. Ces derniers sont en effet, dans les lexémes en question,

nettement

plus usités - et probablement plus anciens - que les présents paralléles et tendent à produire, dans leur combinaison avec la copule, une signification résultative (cf. ci-dessus note 37). Soit : Ru 577 : Eodem amictus, eodem tectus esse soleo, si pluvit. « Elle me sert de manteau, elle me sert aussi d'abri

quand il pleut. » (lit.: « Enveloppé de celle-ci je suis, par elle aussi, protégé au cas où il pleut. »)

Ps 163/4 : facite ut offendam parata, /vorsa sparsa, tersa strata, lautaque unctaque omnia uti sint. « Ayez soin qu'à mon

retour

du

forum je trouve

tout

apprété,

balayé,

arrosé, essuyé, dressé, lavé, parfumé. » etc.^* Une telle valeur résultative rend cependant ambigué la structure de la situation qui précède - et que code le nom verbal en -ἴο- - et qui ne peut donc plus étre identifiée ni comme une occurrence d'orientation marquée ni comme une occurrence de réflexivité sémantique. A partir de cette neutralisation des structures, les complexes verbaux ici impliqués captent, comme étant la plus naturelle, l'interprétation de la réflexivité sémantique et il existe ainsi, à ce niveau, des parfaits périphrastiques qui combinent en eux le signifié réfléchi et le signifiant de la voix seconde. - Il parait ainsi parfaitement régulier que les formes de présent que la langue peut bätir sur de tels parfaits, intégrent à leur tour la flexion en -r. L'application de la flexion en -r à ce petit groupe

de

lexémes à signifié réfléchi ne doit de la sorte pas étre considérée comme

une

véritable

extension

fonctionnelle.

L’impact

qu'exerce, dans cette configuration précise, le lien dérivationnel avec le nom verbal en -to- se trouve d'ailleurs, y compris là où il

38 Voir indications appendice 15.

310

apparait, concurrencé par la possibilité du codage habituel. Ce rapport ressort de l'alternance que la flexion en -r subit, dans les lexémes en question, avec l'emploi du pronom réfléchi. On aboutit ainsi à des variantes du type de : Mi 1195 habille-toi.

: Abi cito atque oma

te. « Va-ten

vite, et

»

en face de :

Poe 123 : Ego ibo, ornabor « Je vais m'habiller » etc.””

29 Voir indications appendice 15. 311

Appendice 15 : Les lexèmes de la toilette fléchis en -r et leurs parfaits - amicior

je me drape :

Per 307 : subnixis alis me inferam atque amicibor gloriose.

« Avancons-nous

les coudes détachés et enveloppons-nous fiérement. »

Cas 723 : cesso magnufice patriceque amicirier « qu'est-ce que j'attends pour revêtir (lit.: pour me revêtir de) mon magnifique costume à la patricienne » nom verbal en -to-: Ru 577 : Eodem amictus, codem tectus esse soleo, si pluvit. « Elle me sert de manteau, elle me sert aussi d'abri quand il pleut. » (lit.: « Enveloppé de celleci je suis, par elle aussi, protégé au cas où il pleut. »)

etc. - charmidatus sum je porte une charmide: Tri 971 : Proin tu te, itidem ut chardimatus es, rursum re-charmida. « Eh bien, commetu t'es encharmidé, décharmide-toi maintenant. » cf. actif :

cf. ibidem - cingor je mets une ceinture: Am 308 : Cingitur; certe expedit se. « Il reléve sa tunique (lit.: il se ceint) ; pas de doute, il se met en tenue. » nom verbal en -to- : Cu 220 : Nam iam quasi zona liene cinctus ambulo « Ma rate est comme une ceinture qui m'étouffe quand je marche » (lit.: « Car je marche serré par ma rate comme par une ceinture ») - OrDOr je me pare : Poe 123 : Ego ibo, ornabor « Je vais m'habiller » Mi 251 : Non domist, abit ambulatum, dormit, ornatur, lavat « elle n'est pas à la maison, elle est allée se promener, elle dort, eile fait sa toilette (lit.: elle se pare), elle est au bain »

nom verbal en -to- : Am 119 : Propterea ornatus in novum incessi modum. « voilà pourquoi je parais sous ce nouveau costume (lit.: je suis venu paré par ce nouveau costume). »

etc. cf. actif : Mi 1195 : Abi cito atque orna te. « Va-t'en vite, et habille-toi. » etc.

- unguor je me parfume : Cas 226/7 : ubicumque est lepidum unguentum, unguor,/ut illi placeam « Je mets sur les dents tous les parfumeurs ; pour plaire à ma belle je me fais asperget des odeurs les plus fines » Mo 272 : Etiamne unguentis unguendam censes ? « Ne penses-tu pas que je doive aussi me parfumer ? »

313

nom

verbal en -{0- :

Ps 163/4 : facite ut offendam parata,/vorsa sparsa, tersa strata, lautaque unctaquc omnia uti sint. « Ayez soin qu'à mon retour du forum je trouve tout apprété, balayé, arrosé, essuyé, dressé, lavé, parfumé.»

etc. (cf. actif : Mo 274 : Nam istae veteres, quae se unguentis unctitant « Vois ces vieilles qui se parfument de toute sorte de parfums »)

314

Excursus 3 : Au sujet de la notion de « mot » La problématique de la notion de « mot » consiste en ceci qu'elle échappe, d'une part, à une intégration dans [ἃ terminologie des linguistes et qu'elle constitue, d'autre part, la catégorie métalinguistique par excellence des locuteurs. Ce dilemme résulte, de toute évidence, d'un décalage entre le linguiste et le locuteur qui n'ont pas, l'un et l'autre, la méme maniére d'aborder le phénoméne pourtant identique du langage. Le premier s'efforce d'adopter une vision objective, et intégrale, et va vers le langage dans le but d'en isoler les éléments

individuels et de le transcrire en termes de rapports univoques. Face à lui, le second ne se heurte pas à la subjectivit€ que comporte

sa propre

démarche,

et qui trouve

en effet - dans

l'ignorance des ambitions méthodiques du linguiste - son support essentiel dans l'intuition. On saisit là un type de réflexion linguistique qui reste, dans son recul alors minimal, si fortement

ancré dans la dimension de son propre objet qu'il en constitue à son tour un témoignage authentique.

L'émergence d'une catégorie « mot » dans l'esprit de tous ceux qui possédent le langage est d'ordre symptomatique. Elle reléve d'une des capacités fondamentales que requiert la pratique du langage, à savoir celle de décomposer la masse, autrement amorphe, du son perçu en unités individuelles, et alors réutilisables. Une telle prise de conscience s'effectue, avant tout,

au niveau de la correspondance sémantique^? et n'a donc - aussi peu

que

la problématique

qui en résulte

- pas de véritable

équivalent à celui des unités linguistiques non-signifiantes/9' 29. ?9 Cf. dans ce contexte aussi Silverstein (1981b, 1985b). 261} e locuteur opère, dans ce domaine, essentiellement avec la notion de « lettre » - ce qui révèle que c'est seulement par la graphie qu’il parvient à une approche analytique. S'il est vrai que l'élaboration du système graphique

présuppose à son tour cette derniére, il s'agit cependant là d'une prise de conscience délibérément recherchée.

#

On retrouve là précisément la raison pour laquelle le concept

linguistique s'avére inanalysable - et pour laquelle la créativité du locuteur

315

Toujours est-il que cette qualité d'étre signifiant ne suffit pas, à elle seule, pour que le locuteur perçoive comme « mot » une unité

linguistique donnée. Cette notion ne s'impose que là οὐ une telle unité posséde en parallele, à l'oreille de celui qui l'emploie, le privilége de l'autonomie. C'est au moment de cette deuxiéme sélection parmi les unités jusque-là retenues en vertu de leur caractère significatif, que la notion de « mot » s'oppose à une saisie par les linguistes, qui

voudraient catégoriser ici sous forme d'une équivalence fonctionnelle ce qui se produit en tant qu'effet secondaire et, de plus, en raison d'un ensemble de facteurs qui se révéle ouvert. Il importe ici de se rendre compte que des signifiés comparables se voient bien souvent attribuer, à travers les langues, des signifiants d'un degré fusionnel différent et que l'intuition du statut autonome - que favorisent sans doute des caractéristiques telles que le port de l'accent, le positionnement libre ou l'aptitude de l'unité

à s'employer

à l'état

isolé

- se greffe

ainsi

sur

des

segments qui occupent, dans leurs systémes respectifs, des places en aucune facon identiques. Il n'y a donc pas à chercher, sur ce plan,

une

récurrence

au

niveau

des

fonctions

morpho-

syntaxiques/?^*. I] faut même, pour tracer le contour du « mot », exclure non seulement ce dernier type de critère, mais encore l'idée qu'il puisse y avoir ici un quelconque inventaire de régles catégoriques. Ceci dit, s'il est vrai que les unités significatives sont, avec une récurrence indéniable, prises pour des éléments individuel ne débute qu'avec l'emploi de ce dernier (cf. ci-dessus « Excursus »

2). 23 Cf, ainsi, comme expression de l’auto-intérêt (ci-dessus 2.2.1.2.2.) et de la réduction de valence (ci-dessus 2.2.2.2.), la flexion moyenne du grec (un seul « mot ») vs. l'emploi du pronom réfléchi du latin (deux « mots ») ou

encore le phénomène des marques casuelles : latin Zyrae (un seul « mot ») vs.

français « de (la) lyre » (deux « mots ») etc. 34 Toujours est-il que les unités linguistiques qui se révèlent comme dépourvues d'autonomie relèvent a priori du pôle grammatical. Ceci tient au fait que la perte du statut autonome survient au terme d'une évolution - qui s'avère cyclique - et qui constitue, en effet, un des corrélats de la généralisabilité (cf. cidessus « Excursus » 1 Partie 1).

316

autonomes - et ainsi pour des « mots » - dans la mesure où elles remplissent certains critéres relatifs à la constitution du signifiant (cf. ci-dessus), ces mémes critéres ne permettent pas pour autant de prédire le statut métalinguistique des diverses unités.

Cette

fluctuation reléve de la disjonction que risquent de subir au cours de la telles ainsi degré

diachronie des dispositions pourtant a priori corrélatives, que le port de l'accent ou le positionnement libre. Il existe dans les langues de nombreuses unités significatives dont le d'autonomie apparait comme ambigu et que les locuteurs

- qu'influencent ici bien souvent les structures du passé, et encore le poids de l'analogie - semblent alors, selon les cas, évaluer

différemment, Quoique

le « mot » du locuteur reste donc comme

tel

intraduisible dans la terminologie du linguiste, il n’en est pas moins vrai que cette notion correspond mutatis mutandis au «lexème » de ce dernier. On saisit en effet que la barrière essentielle, qu'est ici de toute évidence le fait d'intégrer ou non d’eventuels morphémes grammaticaux, ne résulte que des approches différentes du langage que l'on a évoquées ci-dessus. Ceci revient à dire que le « mot » et le « lexéme » se rejoignent,

en fin de compte,

dans leur visée d'un phénoméne

identique.

35 Cf. ainsi par exemple en français, à accentuation individuelle et avec l'aptitude à s'employer à l'état isolé, mais sans la possibilité d'intercaler des éléments ultérieurs : « instrument à vent » (un seul « mot » ou trois « mots »? [composé encore analysable, issu d'un groupe de trois « mots »]), avec la possibilité

d'intercaler

des

éléments

ultérieurs,

mais

dépourvu

aussi

bien de

l'aptitude à s'employer à l'état isolé que d'accentuation individuelle : « le (vieux) piano » (un seul « mot » ou deux « mots » 7 [article issu d'un démonstratif à statut

de

« mot

»]),

dépourvu

à la fois

d'accentuation

individuelle,

de

la

possibilité d'intercaler des éléments ultérieurs et encore de l'aptitude à s'employer à l'état isolé : « (je) l'écoute » (un seul « mot » ou deux « mots » ? [pronoms enclitiques issus de pronoms à statut de « mot » ou ressentis de facon analogique à « (j')écoute la sonate » (deux « mots »]) etc.

% S'j] va sans dire que les intuitions des locuteurs alphabétisés subissent sur ce plan une influence importante à partir des usages de la graphie, il n'en est pas moins vrai que ces intuitions se trouvent par là avant tout représentées. Toujours est-il qu'il faut tenir compte ici d'un éventuel décalage par rapport à l'évolution diachronique.

317

Dans cette perspective, il devient méme possibie d'unifier les démarches pourtant différentes du locuteur et du linguiste dont seul le premier traine in vivo, dans son concept, les bagages inévitables des emplois concrets alors que le second se libére ici in vitro au prix de l'abstraction. Car cette présence dans le « mot» de certains éléments supplémentaires se trouve bien compensée par le caractère marginal de ces derniers, qui n'y figurent - comme en témoigne encore la variabilité des « mots » individuels - que par nécessité, et aucunement en tant que recherchés comme tels. Il en résulte que le röle qui incombe à ces éléments dans le « mot » est en effet tel qu'il se rapproche de leur propre absence dans le « lexéme » du linguiste. On comprend ainsi que le décalage entre le « mot » et le «lexéme » relève au fond de la façon différente du locuteur et du linguiste de gérer, dans leurs catégorisations, d'éventuels rapports

hiérarchiques. Pour le locuteur, le langage se présente à la maniére d'un espace à trois dimensions à l'intérieur duquel les phénoménes individuels se trouvent échelonnés entre un avant- et un arriére-plan et oà ces derniers captent ainsi l'attention,

en

fonction de leur positionnement respectif, à des degrés variables. C'est suite à ce type de disposition que seules celles des unités linguistiques qui sont ressenties, en vertu de certains critéres phonologiques, comme autonomes, se détachent dans la conscience du locuteur d'une facon nette, tandis que celles qui ne possèdent pas un tel statut tendent au contraire à s'effacer. Il importe de noter que ces dernières subissent ainsi, à défaut de s'imposer comme des éléments indépendants, une attraction dans

la sphère des unités perçues*?. Le linguiste qui s’efforce, dans le but d’une saisie intégrale, de prêter une attention égale à tout ce qui s’observe, traite le langage comme un espace à deux dimensions, et ainsi privé de perspective. Par rapport à la prise en considération - dans ce contexte décisive - des différents types d'unités linguistiques, une

261 I] s'agit typiquement, dans ce deuxième cas, d'unités grammaticales (cf. ci-dessus note 264).

318

telle approche signifie que la moindre de ces dernières qui se soit manifestée quelque part se trouve, comme n'importe quelle autre, saisie par le procédé de la catégorisation. I] reste à préciser que la problématique qui s'attache encore au « mot » une fois que celui-ci a pu étre délimité dans le flot des unités signifiantes - et qu'est celle de la polysémie - ne rentrera pas dans ce propos. Une telle délimitation ultérieure qui portera

sur le ou les signifiés, éventuellement

multiples donc,

d'un méme signifiant donné, ne relève aucunement de la sphère personnelle

du « mot

», mais concerne

finalement toute unité

signifiante et, avec cela, tout autant le « lexéme » du linguiste. Il suffira donc ici de faire remarquer que les décalages sémantiques qui s'observent entre les divers emplois des signes individuels, s'opposent forcément à la rigidité d'une saisie catégorique, étant donné qu'ils ne peuvent, en fonction du principe de l'extension graduelle, se présenter sous une forme autre que scalaire. Il s'agit

là d'un phénomène qui s'avére dans le cadre du langage, dont il indique en effet l'élasticité, non seulement inévitable, mais méme au contraire consititutif - et dont il faut stricto sensu voir la premiére occurrence dans le moindre changement de référent. Il en résulte que la prétendue problématique de la polysémie n'est pas de celles qui nécessitent une solution.

319

2.2.3. La formation en -facio Le latin posséde une formation verbale en -facio, qui est visiblement issue de la composition, et qui procure, par rapport aux présents qui en fournissent le premier membre, une augmentation de la valence quantitative. On citera ainsi : Ep 655 : Ab intro ac iube huic aquam calefieri « Rentre, et fais-lui chauffer le bain (lit.: et ordonne que l'eau soit faite chauffée pour lui). » vs.: Ru 531/2 : Ut fortunati sunt fabri ferrarii,/qui apud carbones adsident ! Semper calent. « Ah ! que j'envie le bonheur des forgerons, qui sont assis prés de leur fourneau ! Ils sont toujours au chaud (lit: Ils sont toujours chauds). » Mo 111/2 : Venit imber, lavit parietes, perpluunt, /tigna putefacit, perdit operam fabri. « Vient la pluie ; elle détrempe les murs, et l'eau passe à travers ; elle pourrit la charpente, et démolit tout le travail de l'architecte. » vs.: Mo 146 : Atque edepol ita haec tigna umiditate putent «Bien pis encore, ma charpente est désormais pourrie d'humidité » etc.?* Si cette catégorie semble avant tout sélectionner comme formes-

bases des présents à suffixe -e- (cf. ci-dessus 1.2.3.1.1.)/9, c'est %8 Voir indications complètes appendice 16.

29 Parmi les exemples du corpus plautinien, seuls commonefacio « je rappelle » et expergefacio « je réveille » s’opposent à ce schéma. Ces apparentes exceptions confirment cependant, à leur facon, le monopole que les présents en -& reçoivent à l'intérieur de la catégorie. Car, si la première d'entre elles part d'une forme-base en *-éye/o- qui devient alors homophone au type catégorique, la seconde incorpore la morphologie d'un tel présent m&me en dehors d'un appui dérivationnel.

321

là précisément

- sous

sa forme

non-évolutive

(cf.

encore

ci-

dessous 3.2.1.4.) - le type de situation qui apparaît, à travers les langues, comme le premier à recevoir la double valence quantitative (cf. ci-dessus note 195).

En vertu de sa transparence morphologique, la classe en -facio dépasse bien la condition lexicale. Elle ne peut cependant se généraliser au-delà de la classe en -2- qu'elle implique - et

qu'elle est méme loin de couvrir dans toute son &tendue?”. Le type

doit

ainsi

se

définir

comme

une

catégorie

lexico-

dérivationnelle.

Une comparaison avec le grec montre de façon évidente que la formation latine en -facio répond à un besoin qui se trouve déjà, dans cette deuxiéme langue - et dans une mesure plus large encore - satisfait par la catégorie de la diathése, ou plus précisément par le passage à la voix active (cf. Intégration... I.2.1.).

?? On compte chez Plaute douze dérivés en facio en face de 72 en -€-. présents

322

Appendice 16 : Présents en -facio Légende: gras : formation en -facio à forme-base autre que suffixée en -e-

(Pour les présents suffixés en -&-, cf. appendice 2.) - calefacio je chauffe : Ep 655 : Ab intro ac iube huic aquam calefieri « Rentre, et fais-lui chauffer le bain (lit.: et ordonne que l’eau soit faite chauffée pour lui). » etc.

cf. caleo

je suis chaud

- candefacio

je fais blanchir :

Mo 259 : Una opera, era, ebur atramento candefacere postules. « Autant vouloir blanchir l'ivoire avec de l'encre, maîtresse. » cf. candeo je suis blanc - fervefacio je fais bouillir : Ps 831-3 : Nam ego cicilendrum quando in patinas indidi/aut cepolendrum, aut macchidem aut secaptidem,/eaepse sese patinae fervefaciunt ilico. « Quand j'ai jeté dans mes casseroles du cicilendre, ou du cépolendre, ou de la maccis, ou de la sécaptis, elles se mettent d'elles-mémes à bouillir aussitót (lit.: elles se font aussitôt bouillir elles-mêmes). »

cf. ferveo je suis bouillant - per-frigefacio je glace : Ps 1215/6 : Mihi quoque edepol iam dudum ille Surus cor perfrigefacit,/sumbolum qui a hoc accepit. « Moi aussi, par Pollux, je me suis senti le cœur glacé, tout à l'heure, au nom de ce Syrus (lit.: A moi aussi, par

Pollux, ce Syrus me fait glacer le cœur), qui a reçu de cet homme le signe convenu. » cf. frigeo j'ai froid (- per-madefacio j'inonde) parfait : Mo 143 : Is usque in pectus permanavit, per-madefecit cor meum. « Il (amour) s'est coulé jusqu'au fond de ma poitrine, il a imprégné tout mon cœur. » cf. madeo je suis mouillé

- com-monefacio je rappelle : St 63 : vos monimentis commonefaciam bubulis. « Je vous rafraichirai la mémoire à coups de lanière de bœuf. » cf. moneo j'avertis :

As 512: Lingua poscit, corpus quaerit, animus orat, res monet. « La langue demande ; le corps obtient ; le cœur parie, l’intérêt met en garde. » etc.

323

(- olfacio

je sens/fais sentir)

parfait: Men 163/4 : Ecquid tu de odore possis, siquid forte olfeceris,/facere coiecturam cu... ? « Si l'on te faisait fleurer quelque chose, pourrais-tu à

l'odeur deviner... » cf. oleo

je dégage une odeur

(- patefacio

j'ouvre)

parfait :

Mo 1046 : Ostium quod in agiporto cst horti, patefeci fores « la porte du jardin qui donne sur la ruelle, je l'ai ouverte »

cf. pateo

je suis ouvert

- per-pavefacio je remplis de terreur : S 85 : Perplexabiliter earum hodie per-pavefaciam pectora. « j’userai de détours pour jeter aujourd'hui la crainte dans leur cœur (lit.: je remplirai leurs cœurs de terreur) »

cf. paveo - ex-pergefacio

je crains je réveille :

Cu 198 : Flagitium probumque magnum, Phaedrome, ex-pergefacis « Quel scandale et quelie honte tu souléves, Phédrome ! » cf. ex-pergiscor je me réveille : Poe 321 : Prius quam Venus ex-pergiscatur « Avant même que Vénus ne se lève »

etc. - putefacio

je fais pourrir:

Mo 111/2 : Venit imber, lavit parietes, perpluunt,/tigna putefacit, perdit operam fabri. « Vient la pluie ; elle détrempe les murs, et l'eau passe à travers; elle pourrit la charpente, et démolit tout le travail de l'architecte. » cf. puteo je suis pourri

- con-tabefacio

je fais fondre:

Ps 20/1 : Cape has tabellas, tute hinc narrato tibi,/quae me miseria et cura con-tabefacit. « Prends ces tablettes ; par elles tu te raconteras à toi-même les chagrins et les soucis qui me rongent (lit.: quelle misère et quel souci me fait

fondre).» cf. tabeo

je suis fondu

324

2.2.4. Bilan : L'expression de la valence en latin et en grec ancien Aussi bien le latin que le grec garde un créneau de lexémes verbaux qui ne se conjuguent qu'à la voix seconde et dans lesquels cette derniére accomplit encore sa fonction ancienne, et dorénavant obsoléte, de coder l'affectation du prime actant dans un cadre monodiathétique. C'est à partir de ces lexémes que les deux langues procédent, chacune à son tour, à

une regrammaticalisation de cette voix qu'elles font désormais rentrer dans des oppositions de type bidiathétique et situées à l'intérieur du lexéme. Si le latin et le grec partagent, à ce niveau, l'emploi de la voix seconde dans des processus d'introversion - oü celle-ci sert donc à décrire la situation verbale à partir de l'actant affecté - les deux langues différent ici dans leur traitement de l'actant agentif. Tandis que le latin se limite sur ce plan à une simple périphérisation, le grec poursuit cette mise à distance jusqu'à l'élimination et développe ainsi, alternance de la valence quantitative.

dans

ce

processus,

une

Il se révèle cependant que le latin, qui refuse ainsi de dédoubler la valence du lexéme par le biais diathétique, n'en tend pas moins à établir des alternances de ce méme type par ailleurs. De telles évolutions sont, en dehors de l'extension d'emploi de l'orientation marquée, aussi bien la grammaticalisation du pronom réfléchi, apte à exprimer la variante à valence réduite, que la formation lexico-dérivationnelle en facio, apte à exprimer la variante à valence augmentée. Ces processus possèdent d'ailleurs tous deux, en face de d'application

l'outil qu'est la diathése en grec, un restreint et apparaissent, deuxiémement,

champs l'un et

l'autre comme issus de la juxtaposition. On conclura en remarquant que la non-application de la diathése à l'expression de la valence quantitative que laisse observer le latin, empéche à son tour - presque entiérement - les emplois ultérieurs (auto-intérét, intensité) que cette méme catégorie connait en grec (cf. ci-dessus 1.2.3.2.4.).

325

3. Corrélations entre aspect et valence

3.1. Généralités

La recherche linguistique des derniéres décennies a permis d'observer que les langues tendent, toujours à nouveau, à contracter les divers éléments du cadre actanciel sous forme de

certaines corrélations. Ces idées restent fortement liées au nom

des auteurs P. Hopper et S. Thompson?" et à leur fameux article « Transitivity in Grammar and Discourse » paru dans le volume

56 (1980) de la revue Language?" On

présentera

corrélations -

qualitative

et

dans

ce qui suit les plus

importantes

de ces

et qui seront alors cernées en termes de valence

quantitative,

d'aspect,

de

modalité”

et

de

référentialité?^75, F1 Toujours est-il que ces auteurs ont eu un certain nombre

de

précurseurs. Voir indications ci-dessous.

F2 On précisera que Hopper et Thompson présentent leur théorie des corrélations dans le cadre d’une nouvelle approche de la notion de transitivité - que l'on écarte ici, en tant que faux probléme, entiérement de la discussion (cf. ci-dessous note 280 et encore Intégration... 0.2.). Les auteurs remplacent, en effet, cette notion traditionnellement unitaire par un catalogue de dix items individuels («transitivity features ») et dont chacun peut, à son tour, correspondre à une transitivité soit plus forte («high transitivity ») soit plus faible (« low transitivity »). C'est à partir de là que les auteurs posent un principe dit « transitivity hypothesis » selon lequel l'appartenance d'un des « features » à

un pôle donné s'accompagne de l’appartenance à ce méme pôle de tous les « features » ultérieurs qui figurent dans l'énoncé. 73 On se référera ici également au phénomène de la négation.

74 La référentialité constitue cette qualité du signifié de se fixer sur un item particulier. Le signifié dispose alors, dans ces cas, d'un ancrage. Soit par exemple : J'ai écouté chanson une

à la radio.

(article indéfini : aréférentiel) VS.:

J'ai écouté les chansons des marins. (article défini : référentiel)/

J'ai écouté chanson une que j 'aime. (article indéfini, mais spécification par une relative : référentiel)/

329

On se rapportera encore, pour l’ensemble de cette problématique, à des ouvrages

tels que Kleiber (1994, 1997) etc. 75 On restructure ici quelque peu le catalogue des dix paramétres (« transitivity features », cf. ci-dessus note 272) que Hopper et Thompson proposent dans leur article qui demeure en effet encore par certains cótés une

esquisse.

330

- Corrélations

entre

valence

qualitative

et

aspect/modalité/

référentialité/ caractére animé (humain) du second actant

Hopper

et Thompson

donnent

l'exemple

de plusieurs

langues dans lesquelles un marquage casuel du schéma « agent -

affecté »"$ s’emploie uniquement à l'aspect perfectif. Ils citent ici, entre autres, le cas du géorgien : Glexi tesavs agriculteur (nominatif) - il le séme semences (datif)

marcvlebs. (imperfectif)

- des

« L'agriculteur est en train de semer des semences. » vs. : Glexma datesa marcvlebi. agriculteur (ergatif) - il le sema (perfectif) - des semences (nominatif)

« L'agriculteur sema des semences.

»

Ce type de structure révèle que l’affectation d'un second actant - et, d’une façon paralléle, le comportement agentif qui la cause -

n'est ressentie comme telle que là où la situation verbale intègre sa limite finale et ainsi, le cas échéant, son seuil sémantique.

- On précisera qu'un rapport ultérieur, mais au fond apparenté, entre valence qualitative et aspect ressort déjà du classement combinatoire

(structure aspectuelle/type

de situation) de Chafe

(1970). Car si ce classement dégage bien une incompatibilité entre structure statique et agentivité, on retrouve là en fin de compte le méme principe, à savoir la nécessité d'un comportement dynamique en vue d'un impact sur l'entourage. 776 Dans le cadre d'une langue nominative-accusative (cf. ci-dessus note 196),

ce marquage

casuel

correspond

à une structure « nominatif (agent)

-

accusatif (affecté) » et, dans celui d'une langue ergative, à une structure « ergatif (agent) - cas absolu (affecté) ». Il existe dans les deux cas un schéma

biactanciel ultérieur, à savoir, dans les langues nominatives-accusatives, la structure « nominatif - cas oblique/régime prépositionnel » et, dans les langues ergatives, la structure (« antipassive ») « nominatif - cas oblique ».

331

Les auteurs observent encore ce méme effet sur la valence qualitative au niveau de la modalité. Ils s'appuient ici sur les données de plusieurs langues qui permettent seulement à l'indicatif/dans l'énoncé positif, et non pas à l’irréel/dans l'énoncé négatif, de coder deux actants en tant que

respectivement agentif et affecté. Ainsi le finnois^" : neg. - je me souviens - rue - nom (partitif?”) « Je ne me souviens pas du nom de la rue. » VS.:

Muistan kadun nimen. Je me souviens - rue -nom (accusatif) « Je me souviens du nom de la rue. »

On comprendra, en effet, qu'une situation verbale dont le déroulement reste incertain interdit d'identifier ses actants en tant que réellement agentif et affecté. A cette rubrique se rattachent encore les constatations que font Hopper et Thompson au sujet de la référentialité et du caractère animé (humain) du second actant. D’apres les deux auteurs, ces

dispositions constituent des critéres en vue du actant en tant qu'affecté. Ils se réfèrent ici marque de l'affectation a ne peut caractériser à la fois référentiel et animé (humain). On premiérement, à leur exemple :

codage de ce à l'espagnol qu'un second se rapportera

méme où la actant ainsi,

Celia quiere mirar bailarín. un « Celia veut regarder un danseur (quelconque). » vs.: Celia quiere mirar bailarin a un

« Celia veut regarder un danseur (en particulier). » 7" On complete ici les explications de Hopper et Thompson par un exemple concret de la grammaire du finnois de Steiner-Assmann (1986°).

7^ Le partitifdu finnois décrit, en face de l’accusatif, une affectation seulement partielle (cf. ci-dessus note 276).

332

et, deuxiémement, à leur exemple :

Busco mi sombrero. « Je cherche mon chapeau. »

VS. : Busco amigo. a mi

« Je cherche mon ami. »°” En ce qui concerne le critére de la référentialité, on remarquera que la disposition de l'ancrage contribue, d'une manière générale,

à faire figurer un item au premier plan - et ainsi à intensifier ce qui se produit à son égard. En face de cela, le critére du caractére animé (humain) se fonde, de toute évidence, sur la sensibilité accrue dont dispose alors un tel actant.

- Corrélations entre valence quantitative et aspect/référentialité

En vue de la corrélation entre valence quantitative et aspect, Hopper et Thompson se réfèrent à nouveau aux données de l'espagnol. Il existe en effet, dans cette langue, certains adverbes

de

durée

qui

ne

peuvent

s'employer

que

dans

une

structure monoactancielle. Ainsi :

Juan durmiö toda la noche. « Jean a dormi toute la nuit. » (monoactanciel : compatible avec adverbe de durée) VS.

:

* Juan se durmid toda la noche. (biactanciel : incompatible avec adverbe de durée) ?? On notera que l'emploi de la marque a de l'espagnol regoit déjà une interprétation dans ce méme

sens chez

Pottier

(1968).

On

citera encore

ici,

comme précurseurs de Hopper et Thompson, Silverstein (dans Dixon 1976) et Moravcsik (dans Greenberg 1978) qui relévent, l'un pour plusieurs langues ergatives et l'autre pour le hongrois, qu'il existe en effet, dans certains cas, un

rapport entre référentialité et affectation.

333

On retombe ici en fin de compte sur le principe de l'incompatibilité entre structure statique et transfert, qui a déjà été évoqué ci-dessus (p. 331) au sujet de la corrélation entre aspect et valence qualitative. Hopper et Thompson mettent encore la valence quantitative en rapport avec la référentialité du second actant. On reprend, dans ce contexte, leur exemple du Chukchee qui applique une structure biactancielle uniquement en présence d'un second actant

référentiel : Tumg-à

KOPRA-ntówat-g ? AT.

amis (nominatif) - mettre-filet (monoactanciel) « Les amis ont mis des filets. » VS. :

Tumg-e

na-ntówat-ií

kupre-n.

amis (ergatif) - mettre (biactanciel) - filet (absolu) « Les amis ont mis le filet. »

On expliquera ce type d'opposition par le fait que la référentialité d'un item favorise, d'une manière générale, sa conceptualisation en tant qu'entité individuelle.

- Corrélations entre valence quantitative et qualitative Pour mettre en évidence qu'il existe une corrélation entre les deux types de valence, Hopper et Thompson évoquent le cas du Yidin’

(North

Queensland).

Cette langue

possède un suffixe

-:di-n qui sert non seulement à marquer une structure réflexive - et, par conséquent, une réduction de valence -, mais encore, en

parallèle, à effectuer une baisse de l'agentivité et de l’affectation. - On se rendra bien compte que cette corrélation se dégageait déjà

depuis longtemps de la vieille notion de « transitivité ». C'est en effet à partir de l'observation que les lexémes de structure biactancielle comportent, en régle générale, un prime actant agentif, et ceux de structure monoactancielle un prime actant

334

affecté (cf. ci-dessus p. 331 et 334), que les linguistes se sont

donné les catégories de « transitif » et « intransitif »2®. - Corrélations entre reférentialité et aspect/modalité Hopper et Thompson posent encore un certain nombre de corrélations qui restent extérieures au domaine de la valence et qui impliquent, à plusieurs reprises, le phénoméne de la

référentialité. On retiendra dans cette rubrique surtout les rapports que cette derniére tend à nouer avec des données d'ordre aspectuel et modal.

Pour la premiére de ces configurations, Hopper et Thompson renvoient aux subordonnées nominalisées du turc qui regoivent, respectivement, le codage d'un second argument aréférentiel (marque 0) ou référentiel (marque accusative) en fonction de leur

structure imperfective ou perfective :

Galis-mak-0

istiyor.

travailler (imperfectif — nominalisé : O) - il veut « Il veut travailler. » VS.:

Ekmek al-mag-tr unuttu. pain prendre (perfectif > nominalisé : accusatif) il a oublié « Il a oublié de prendre du pain. » La

seconde,

qui

combine

donc

des

qualités

référentielles

et

modales, se trouve chez Hopper et Thompson illustrée par les 280 Si la notion de « transitivité » se révèle pourtant inutilisable, ceci résulte du caractére, malgré tout, quelque peu relatif de ces corrélations. Il paraît d'ailleurs évident qu'une notion qui se fonde sur le modèle d'une structure particuliére ne saura, en retour, tenir compte que de cette derniére - et que les lexémes qui combinent ici les deux types de valence dans le sens opposé

(biactanciel - prime actant affecté/monoactanciel - prime actant agentif) doivent alors poser des problèmes insurmontables.

335

données de l'anglais. Les auteurs se rapportent ici à la régle bien connue selon laquelle le second argument d'un énoncé négatif doit étre précédé d'une marque d'aréférentialité : I see the cat/a cat/some cats. (positif : article défini/indéfini) « Je vois le chat/un chat/des (quelques) chats. » vs.: I don't see any cat(s).

(négatif : marque d'aréférentialité any « quelconque »)

« Je ne vois pas de chat(s). »*! Les corrélations de ce type ne sauront pas surprendre.

trouvent,

d'une maniére

évidente,

Elles

leur raison en ce que la

structure aréférentielle, l'aspect imperfectif rejoignent dans une absence d'ancrage.

et

l’irreel

se

La mise en évidence des corrélations « à la Hopper et Thompson » apparait, dans l'histoire de la linguistique, comme une étape décisive. On remarquera que l'intérét de ce type de recherche se situe, en fin de compte, à un niveau cognitif. Car le fait d'observer les catégories individuelles dans leurs rapports réciproques permet, en effet, de mieux saisir les bases conceptuelles qui les fondent. Les idées de Hopper et Thompson ont été reprises et affinées par un grand nombre de travaux. On ne citera cependant, dans ce contexte, que les noms de trois auteurs dont les contributions paraissent particuliérement importantes. C'est Tsunoda (1981) qui regroupe sous le nom de «tense/aspect/ mode-split » (« T/A/M-split ») les types d'alternances au niveau

du

marquage

(casuel)

qui

se

produisent

en

fonction

d'une

catégorie temporelle, aspectuelle ou modale.

#1 Cet exemple ne figure pas chez Hopper et Thompson qui restent sur ce point théoriques.

336

Comrie (1981b) procède, en raison de ce méme

phénomène,

à

une différenciation entre « orientation A » et « orientation P » dont la premiére signifie une focalisation sur l'agent, et la seconde une focalisation

sur

le

patient

(affecté).

Le

codage

des

diverses

catégories temporelles, aspectuelles et modales s'explique alors, d'aprés Comrie, en raison de leur appartenance respective à l'un ou à l'autre de ces deux póles. En ce qui concerne la stagnation de la situation verbale sur l'actant agentif, l'auteur se réfère à des catégories telles que le futur et l'irréel et, en ce qui concerne la

configuration du transfert pleinement abouti, notamment à l'aspect résultatif. Des idées tout à fait comparables se trouvent chez DeLancey (1982) qui intégre cependant ici, dans sa théorie dite de « point de vue », également la dimension de l'espace. L'auteur aboutit ainsi à un systéme ternaire qui regroupe l'actant agentif, en tant que point de départ, avec la phase initiale de la situation et en face de cela l'actant affecté, en tant que cible, avec son aboutissement.

Dans

la perspective

de l'opposition aspectuelle

entre structure

imperfective et perfective, ceci revient à postuler qu'il existe un rapport privilégié entre l'actant agentif et la premiére et, inversement, entre l'actant affecté et la seconde.

337

3.2. Les données latines et leur comparaison avec le grec 3.2.1. Corrélations entre aspectualité statique et affectation 3.2.1.1. La suffixation en -Z- et le codage « impersonnel » Le latin posséde un certain nombre de lexémes verbaux

que la tradition nomme lexémes « impersonnels ». On dira ici, d'une facon plus précise, que ces lexémes - qui présentent tous un

schéma biactanciel « experiencer - experienced »?% - attribuent à leur actant «experiencer » non pas la position attendue?®, mais le codage par un cas oblique.

de

sujet alors

Ce créneau se partage en deux types différents. Tandis qu'une partie des lexémes réserve la position de sujet, en face de l’'«experiencer

»

dans

ce

cas

exprimé

par

un

datif,

à

l'eexperienced », il y en a d'autres qui restreignent méme ce dernier à un cas oblique. Dans ce deuxiéme cadre, οὗ le codage de l'« experienced » correspond donc à un génitif et -

— appa-

remment par contrecoup - celui de l’« experiencer » à un accusatif?^, la position de sujet semble, d'un point de vue sémantique, rester vacante. On retient ainsi, pour le premier type, des exemples tels que :

Ba 1173 : Non metuo ne quid mihi doleat quod ferias. «Je n'ai pas peur que tes coups me fassent du mal (lit.: que quelque chose me cause de la douleur quand tu frappes).»

etc.

15 Cf. ci-dessus note 235. 283 Cf. ci-dessus note 197.

24. Ceci représente en quelque sorte une inversion du « dative raising »

(cf. par exemple Comrie 1981a: ch. 8).

339

et, pour le second, des exemples tels que : Mo 985 : Edepol ne me eius patris misere miseret « En vérité, par Pollux, j'ai grande pitié du pauvre père (lit.: la

pitié en vue de son père m'atteint) » εἰς. 255.256 On notera que cette facon de tenir compte de l’« experiencer » à l'aide d'un cas oblique, se fonde - plus que le principe

anthropocentrique auquel elle s'oppose?" - sur les données des róles sémantiques. Il importe de signaler que les présents « impersonnels »

montrent tous la suffixation en -e-. Ce morphème, et sa valeur aspectuelle, semble donc constituer un élément indispensable dans le cadre de cette structure, qui s'oppose au schéma habituel, et que la langue doit ainsi signaler par une marque particuliére. Cela revient à dire que la suffixation en -€- sert ici, non seulement à coder une aspectualité homogéne non-évolutive, mais encore à compenser le fait que la position de sujet ne soit pas remplie par l’actant «experiencer ». - C'est en effet, selon le principe anthropocentrique, à ce dernier qu'incomberait autrement cette

position??*, 2335 Ce deuxième type est, dans certains lexémes, concurrencé par la structuration habituelle qui remplit la position de sujet par l'actant «experiencer». On retient ainsi des doublets tels que : Cas 877 : Ita nunc pudeo, atque ita nunc paveo « J’en rougis de honte, j'en pälis d'effroi.» en face de : Tri 912 : Deum hercle me atque hominum pudet. « Par tous les dieux et tous les hommes, je meurs de honte ! » (lit.: « La honte vis-à-vis des dieux et des hommes m'atteint ! ») etc.

Voir indications complétes appendice 17.

216 Voir indications appendice 17. #7 Cf. ci-dessus note 197.

2388 On notera que ces idées ne se trouvent pas en contradiction avec l'hypothèse d'une éventuelle origine nominale des présents en -2- (cf. Hocquard 1981: 430 sqq.). Car même au cas où ce serait ainsi la structure «impersonnelle »

340

Dans la mesure oü la structure « impersonnelle » se recoupe, dans sa disposition non-agentive, avec une affectation du prime actant, on découvre dans la catégorie des présents en -Ἔ- « impersonnels»

l'occurrence d'une corrélation statique et affectation. On

conclura

par

qui lie entre elles aspectualité

la remarque

que

le grec

montre

un

emploi beaucoup plus limité de la catégorie des « impersonnels » que le latin. Cette langue ne comporte aucune trace d'un équivalent du type taedet, et a presque entièrement éliminé les

rares exemples de son type placet (cf. Intégration... 11.1.2.4.). La différence qu’affichent ainsi les deux langues dans leur acceptation des « impersonnels » serait éventuellement à mettre en

rapport avec le fait que seul le latin, et non le grec, dispose d'une classe aspectuelle homogene non-évolutive qui permet précisément la compensation de ce type de structure. Cela dit, l'aspect résultatif du grec, qui parait pourtant fonctionnellement proche des présents en -ὅ- du latin (cf. ci-dessus 1.2.3.1.1. et cidessous et 3.2.1.2.),

devrait dans un tel emploi

entrainer une

scission du régime casuel des différents aspects. On remarquera que c'est là une disposition que la langue tend en effet à éviter (cf. Intégration... 11.1.2.4.).

qui aurait préparé la valeur homogéne

non-évolutive,

une telle hiérarchie ne

serait à imputer qu'à un état de langue antérieur et ne transparaltrait plus, à une

époque où le type a fini par rejoindre le système verbal, que dans cette résistance à Y'élimination de la structure « impersonnelle » que l'on constate ici.

341

Appendice 17 : Lexémes « impersonnels» Légende : ! : lex&me à alternance diathétique (cf. appendice 18.)

17.1. « Experiencer » au datif : - dolet

il est douloureux:

Ba 1173 : Non metuo ne quid mihi doleat quod ferias. « Je n'ai pas peur que tes coups me fassent du mal (lit.: que quelque chose me cause de la douleur quand tu frappes). » etc. cf. dolet gach. est la cause/le siège d'une douleur : Am 1059 : Caput dolet « La téte me fait mal »/ doleo j'éprouve une douleur : Ci 60 : Doico ab animo, doleo ab oculis « Malade est mon cœur, malades sont mes yeux» (lit. : «J'éprouve une douleur venant du cœur, j'éprouve une douleur venant des yeux »)

! - libet

il est agréable :

Ps 253 : At mihi non jubet. « Non, je ne veux pas. » (lit.: « Ceci ne m'est pas agréable ») etc.

! - licet il est permis : Mi 1404 : Non licet mihi dicere ? « Il ne m'est pas permis de m'expliquer ? » etc.

! - placet

il plait:

Tri 861 : Quam magis specto, minus placet mi haec hominis facies « Plus je l'envisage, moins sa mine me revient» etc.

17.2. « Experiencer » à l'accusatif (et « experienced » au génitif) : ! - miseret il cause de la pitié : Mo 985 : Edepol ne me eius patris misere miseret « En vérité, par Pollux, j'ai grande pitié du pauvre père (lit.: la pitié en vue de son père m'atteint) »

etc. cf. misereor j'ai pitié : Ru 197 : Nam me se sciam fecisse aut parentis sceleste, minus me miserer. «Si

343

je savais que mes parents ou moi eussions commis quelque crime, je me plaindrais moins. » ! - paenitet il cause du regret : Tru 430/1 : Ecastor munus te curaturum scio,/ut cuius me non paeniteat mittas mihi. « Par Castor ! Je sais que tu le choisiras de manière que je sois satisfaite (lit.: de manière qu'aucun regret par rapport à cette chose ne m'atteigne). » etc.

! - piget

il cause du chagrin:

Cap 203/4 : At pigeat postea/nostrum erum « Mais quel regret, peut-être, plus tard pour notre maître, ... » (lit.:

« Mais qu'un sentiment de regret atteigne

plus tard notre maître »)

Tri 127 : Factum, neque facti piget. « Parfaitement, et je ne le regrette pas (lit.: il n'est pas regret de cet acte). »

etc. ! - pudet

il cause de la honte :

Tri 912 : Deum hercle me atque hominum pudet. « Par tous les dieux et tous les hommes, je meurs de honte hommes m'atteint ! »)

! » (lit.: « La honte vis-à-vis des dieux et des

etc.

cf. pudeo j'ai honte : Cas 877 : Ita nunc pudeo, atque ita nunc paveo « J'en rougis de honte, j'en pális d’effroi. » etc.

! - taedet

il est dégoütant :

Cas 142 : abeo intro ; taedet tui sermonis. « je rentre ; ta conversation

dégoüte (lit.: il y a le dégoût de ta conversation).» etc.

me

3.2.1.2. La suffixation en -£- et la voix seconde

qui

On reléve en latin un petit nombre de lexémes verbaux opposent à un présent à la voix active un parfait

periphrastique””.

Cette

catégorie

comporte

régulièrement,

au

niveau des présents, des formes à suffixe -2-, et donc à structure aspectuelle homogene non-évolutive (cf. ci-dessus 1.2.3.1.1.). La seule exception à cette récurrence constitue le présent fido « je

fais confiance » qui reste, en dépit de son signifié ici catégorique, exempt de la suffixation (cf. encore ci-dessus note 61).

Il se

révèle

de

plus

que

les

lexèmes

verbaux

en

question

appartiennent pour la plupart à la classe « impersonnelle » (cf. cidessus 3.2.1.1.) - et que cette derniére se compose inversement,

d'une

facon

quasiment

exclusive,

de

présents

à

parfait

periphrastique?”. La catégorie à alternance diathétique combine ainsi de nombreuses occurrences du type de :

239 On évite ici la désignation traditionnelle de « semi-déponent » autant que celle de « déponent » qui la fonde (cf. ci-dessus 2.2.1.1.).

# Voir indications appendice 17. - On remarquera que le lexème dolet, qui maintient ici à lui seul la flexion active, présente une fluctuation entre des emplois plus ou moins « impersonnels » et « personnels ». Les textes offrent ainsi un échelonnement du type : Ba 1173 : Non metuo ne quid tihi doleat quod ferias. « Je n'ai pas peur que tes coups me fassent du mal (lit.: que quelque chose me cause de la douleur quand tu frappes). »/

Am 1059 : Caput dolet « La tête me fait mal (est la cause/le siège d'une douleur)»/

Ci 60:

Doleo ab animo, doleo ab oculis « Malade est mon cœur,

malades sont mes yeux» (lit. : «J'éprouve une douleur venant du cœur, j'éprouve une douleur venant des yeux »)

345

Ba 1044 : Miseret me illius. « Il me fait pitié. » (présent en -Z- « impersonnel ») VS. : Tri 430 : Nam nunc eum vidi miserum et me eius miseritumst. « Mais à ce moment, je l'ai vu dans un état pitoyable, et j'en ai eu pitié. »

(parfait périphrastique) à quelques occurrences isolées du type de : Men 140 : Ita ego soleo « C'est dans ma maniere »

(lit.:

«Ainsi j'ai l'habitude ») etc.

(présent en -e- « personnel ») VS. : Am 261 : qui Pterela potitare solitus est rex. « ... où (coupe) le roi Ptérélas avait coutume de boire. » etc.

(parfait périphrastique)^

Au vu de ces données, Hocquard (1981: 325) pose une ancienne restriction de l'alternance diathétique au type « impersonnel ». Ceci revient à postuler que les lexémes « personnels » doivent, le cas échéant, leurs parfaits périphrastiques à une évolution seulement ultérieure, et au cours de laquelle la langue aurait alors

commencé à réinterpréter le passage à la voix seconde comme

une marque de parfait des dérivés en -e-. Il paraít ainsi que les fluctuations diathétiques que montrent en effet les parfaits des deux types, ne se situent pas sur le méme plan. Car dans la sphére des « personnels », cette disposition semble représenter une évolution inachevée, et dans celle des « impersonnels » un retour au nivellement paradigmatique. On distinguera ainsi les doublets du type de :

51 Voir indications complètes appendice 18.

346

Au 755 : Ergo quia sum tangere qusus « Eh bien, puisque j'ai osé y porter la main, ... » etc.

(parfait « personnel » périphrastique) secondaire à côté de :

Mi 11/2 : Mars haud ausit dicere/neque aequiperare suas virtutes ad tuas. « Mars, auprés de tes prouesses, n'oserait (lit.: n'aurait osé) parler des siennes ni les leur

comparer. » etc. (parfait « personnel » actif) de ceux du type de : Mi 679/80 : nam mihi deum virtute dicam propter divitias meas/licuit uxorem dotatam genero summo ducere « Car ma fortune, gráce aux dieux, me permettait, je ne le cache pas, d'épouser haute naissance » etc.

une

femme

richement

dotée,

de

(parfait « impersonnel » actif) secondaire à côté de : Am 617 : Quin intro ire in aedis numquam

licitum est

«Ah, oui ! on ne m'a pas permis (lit.: il n'a jamais été permis) de mettre un pied dans la maison. » etc.

(parfait « impersonnel » périphrastique)?29? D'un d'abord

que

point

de

vue

fonctionnel,

les idées de Flobert

(1975:

on

remarquera

tout

52) et de Hocquard

(1981: 326), selon qui les parfaits périphrastiques accomplissent ici - en face des actifs - une fonction proprement résultative, ne semblent pas correspondre aux données du corpus plautinien. Il est vrai que la morphologie du parfait périphrastique contracte, d'une manière générale, plus facilement ce type de signifié que sa ?? Voir indications complètes appendice 18.

#3 La tendance au nivellement paradigmatique doit a priori constituer la plus récente des deux évolutions. Il se peut cependant que le modéle que donnent ici les parfaits « impersonnels » réside, dans certains cas, justement dans leur fluctuation diathétique.

347

contrepartie active (cf. ci-dessus note 37). Mais il n'en apparait pas moins que cette méme valeur se réduit dans les formes en question, tout comme dans les parfaits périphrastiques réguliers, à une disposition occasionnelle. On opposera ainsi, parmi les emplois des périphrastiques « impersonnels », des applications en effet résultatives telles que : Am 617 : Quin intro ire in aedis numquam licitum est «Ah, oui ! on ne m'a pas permis (lit.: il n'a jamais été

permis) de mettre un pied dans la maison. » etc. à des applications à valeur de passé telles que : Tri 430 : Nam nunc eum vidi miserum et me eius miseritumst. « Mais à ce moment, je l'ai vu dans un état

pitoyable, et j'en ai eu pitié. » etc. A ceci s'ajoute que le signifié résultatif ne reste pas forcément, là oü il apparalt, réservé à des formes périphrastiques, mais qu'il peut également étre attaché à des parfaits actifs. On comparera ainsi la valeur du périphrastique : Am

635 : ita divis est placitum,

voluptatem ut maeror

comes consequatur « telle est la volonté des dieux (lit.: ainsi il a plu aux dieux) : tout plaisir s’accompagne de

peine » à celle de l'actif :

Ru

727 : Si autem

Veneri com-placuerunt,

argentum dabit. « Si c'est à Vénus qu'elles qu'elle les garde, mais contre argent. » etc.?*

?** Voir indications appendice 18. 348

habeat,

si

ont plu,

Il importe encore de noter dans ce contexte que l'opposition avec l'actif se révéle pour les périphrastiques ici discutés comme secondaire (cf. ci-dessus), et qu'une valeur systématiquement

résultative aurait dû les empêcher de donner à leurs

présents en

-&- - avec lesquels ils auraient alors été plus ou moins isofonctionnels - des thémes de passé. La disposition diathétique des parfaits « impersonnels » semble trouver sa raison d'étre, plutót que dans un facteur aspectuel, dans la morphologie du tour périphrastique. Car celui-

ci impose,

avec

grammatical,

son élément

et

permet

nominal,

ainsi

de

la sélection du genre signaler

la

structure

«impersonnelle » à travers la marque du neutre qui représente l'inanimé, et avec cela le genre non-agentif par excellence. Ceci

revient à poser un rapport fonctionnel du type de : Cas 142 : taed-g-t tui sermonis. degoüte.

« ta conversation me

»

équivalent ἃ : Mo 316 : ita me ibi male convivi sermonisque taes-umst. «le repas et la conversation m'assommaient d'ennui. » Si la commutation entre les deux marques implique ainsi la voix seconde en fin de compte en raison de son signifiant, ceci n'en suppose pas moins que cette catégorie correspond ici, à la base, à

partir de son signifié. Or, la suffixation en -€- semble en effet contracter des affinités fonctionnelles avec la voix seconde, et qui

sont telles qu'elles se manifestent à travers une mise en suspense de l'application diathetique”®. On remarquera ainsi que les présents homogènes non-évolutifs excluent d'une façon quasiment systématique la diathèse en -r comme diathèse primaire?5, et ce

puisqu'ils

en

intégrent

déjà

le signifié

dans

leur

marquage

aspectuel"". A ceci s'ajoute que les membres de cette classe ne

subissent

guére,

à partir

de

leur

disposition

#5 Cf. ci-dessus 1.2.3.3. p. 204.

296 Voir indications appendice 2.

251 Cf. aussi Hocquard (1981: 284 sqq.).

349

sémantique,

le

passage à l'orientation marquée que la voix seconde effectue, dans son emploi comme diathése secondaire, dans une sphére

sémantique a priori opposée?*. - Il va sans dire que le profil ainsi largement monodiathétique de la catégorie la protége, dans ses processus d'alternance entre présent et parfait, d'une éventuelle

ambiguité par rapport à l'orientation. - On se rappellera encore, dans ce contexte, que 18 langue semble disposée à réinterpréter le passage à la voix seconde, qui appartient ici au départ au créneau des « impersonnels », comme une marque de parfait qui répond

alors à l'ensemble des présents non-évolutifs. Sur le plan des corrélations entre aspect et valence, le rapport que l'on vient de relever témoigne à nouveau du lien entre structure

statique et affectation. Car la langue emploie ici la marque de l'aspectualité statique, qui sert alors à signaler une disposition non-agentive, en distribution complémentaire avec celle de l’affectation. Du

cóté

du

grec,

il existe

des

données

tout

à

fait

comparables au niveau de l'aspect résultatif. Celui-ci, qui apparait mutatis mutandis comme l'équivalent des présents en -2du latin (cf. ci-dessus 1.2.3.1.1.), ne nécessite pas de marque morphologique pour désigner une non-agentivité/affectation du prime actant qui se trouve déjà impliquée dans le signifié de sa structure statique (cf. Intégration... 11.1.2.6.). Ceci revient à constater que le latin et le grec renvoient ici, quoique sous forme #8 On citera à cette occasion le cas particulier du lexème clueo(r) « je suis renommé » qui semble devoir son passage à la flexion en -r à une association entre son signifié et la catégorie de l'orientation marquée. Piaute emploie ainsi, en dehors des emplois réguliérement actifs tels que : Ru 285 : ego huius fani sacerdos clueo. « C'est moi qui suis (lit.: qui ai la renommée d'étre) la prétresse de ce temple. » etc., l'hapax : Ps 917 : Quippe ego te ni contemnam,

Straticticus homo qui cluear ?

«Mais si je ne faisais pas l'insolent, comment homme de guerre ? »

350

passerais-je pour un

de deux rapports morphologiques corrélation entre aspect et valence. On

notera

encore

distribution

que

le grec

complémentaire

différents”,

comporte,

entre

ces

de

à son

mêmes

la côté,

même une

morphèmes

qu'implique ici la corrélation du latin, et que sont d'un point de vue

historique

la voix

seconde

et le suffixe

*-e-.

C'est

là, en

grec, la correspondance entre la voix moyenne du présent et la formation en -n- de l'aoriste qui se dégage cependant, dans cette

langue, dans la sphére Intégration... 11.1.3.2.1.).

de

la

valence

quantitative

(cf.

?9 Si les présents en -&- du latin montrent, à leur tour, une mise en suspens de la voix seconde (cf. ci-dessus p. 349), le résultatif du grec, qui constitue ici un thème en soi, ne rend pas nécessaire la transposition dans une autre catégorie aspectuelle.

351

Appendice 18 : Lexémes à alternance diathétique Légende :

! : lexème « impersonnel » (cf. appendice 17.)

- audeo jose: Cu 502 : Nec vobiscum quisquam in foro frugi consistere audet « Y a-t-il un honnéte homme qui ose s'arréter et causer avec vous sur le forum ? » etc.

parfait ausi (12x) : Mi 11/2 : Mars haud ausit dicere/neque aequiperare suas virtutes ad tuas. «Mars, auprès de tes prouesses, n'oserait (lit.: n'aurait osé) parler des siennes ni les leur comparer. » etc.

parfait ausus sum (19x) : Au 755 : Ergo quia sum tangere ausus « Eh bien, puisque j'ai osé y porter la main, ... »

etc. - fido je fais confiance : cf. Flobert (1975: 498) Tru 434-6 : non amantis mulieris,/sed sociae unanimantis, fidentis fuit/ officium facere quod modo haec fecit mihi « Ce n'est pas le fait d'une maîtresse, mais d'une alliée fidèle, et confiante que d'agir comme elle vient d'agir avec moi. »

etc. - gaudeo

je me réjouis :

Ba 184 : Venire tu me gaudes « tu te réjouis de mon arrivée »

etc. ! - libet

il est agréable :

Am 123 : Ita versipellem se facit, quando ]ubet. « Tant il est habile à changer de peau, quand l'envie lui en prend ! » etc.

parfait libitum est (12x) : As 110 : Ubicumque libitum erit animo meo. « N'importe où, au gré de ma fantaisie (lit.: où il aura été agréable à mon esprit). » etc.

parfait libuit (4x) :

Ru 586/7 : Quin abeo hinc in Veneris fanum, ut e-dormiscam hanc crapulam,/quam potavi praeter animi quam libuit sententiam ? « Pourquoi ne

pas aller dans le temple de Vénus pour cuver dans un bon somme l'excés de boisson que j'ai avalé bien malgré moi (lit.: comme il a plu contre l'avis de mon esprit) ? » etc.

353

! - licet

il est permis :

As 12 : Asinariam volt esse, si per vos licet. « Il voudrait l'intituler l'Asinaria,

si vous le permettez (lit.: s'il est permis de votre part). » etc. parfait licitum est (7x) : Am 617 : Quin intro ire in aedis numquam licitum est « Ah, oui ! on ne m'a pas permis (lit.: il n'a jamais été permis) de mettre un pied dans ia maison. »

etc. parfait licuit (2x) :

Mi 679/80 : nam mihi deum virtute dicam propter divitias meas/licuit uxorem dotatam genero summo ducere « Car ma fortune, gráce aux dieux, me permettait, je ne le cache pas, d'épouser une femme richement dotée, de haute

naissance» etc.

- mereo(r) je mérite : cf. Flobert (1975: 199) As 146 : nihil quicquam meret. « elle n'est nullement coupable. » (lit.: « ellene nérite rien ») etc

Cu 185 : Heus tu, mulier, male mereri de immerente inscitia est. « Dis donc, la belle, ce n'est pas bien de faire tort à qui ne vous en fait pas (lit.: d'étre mal

méritant à l'égard de quelqu'un qui ne ie mérite pas). » etc.

parfait merui (17x) :

Per 832 : Nam ego nil merui. « car moi, je ne t'ai rien fait (lit.: je n'ai rien mérité).» etc.

parfait meritus sum (9x) : Am 582/3 : At te ego faciam/hodie proinde ac meritus cs « Mais moi je te

garantis que, pour prix de tes mérites (lit.: et tu as mérité)... » etc.

com-mereo je mérite : Mer 828 : Ut illae exiguntur quae in se culpam com-merent « ... de la méme manière qu'on répudic les femmes qui ont commis quelque faute (lit.: qui méritent la culpabilité), ... » parfait com-merui (3x) :

Mo 516 : Nil ego com-merui, neque istas percussi fores. « Je n'ai rien fait (lit.: mérité) de mal, ce n'est pas moi qui ai frappé à ta porte. » etc.

parfait com-meritus sum (2x) :

Au 738 : Fateor pecavisse et me culpam com-meritum scio « J'ai eu tort, je l'avoue ; je suis coupable,je le sais (lit.:je sais que j'ai mérité la culpabilité).» etc.

pro-mereo

je mérite :

354

Tri 641 : Nam retineri nequeo quin dicam ea quae pro-meres. « car je ne puis plus m'empécher de te dire tout ce que tu mérites » parfait pro-merui (5x) :

Ep 442/3 : Virtute belli armatus pro-merui, ut mihi/omnis mortalis agere deceat gratias. « C'est à moi, à ma vaillance et à mes armes (lit.: Etant en armes j'ai mérité par ma vaillance de la guerre) que tous les mortels doivent des hommages de reconnaissance. » etc.

parfait pro-meritus sum (5x) :

Cap 933 : proinde ut tu promeritu's de me ct filio. « pour le service que tu nous as rendu, à moi et à mon fils. » (lit.: « comme tu l'as mérité de ma part et de la part de mon fils ») etc.

! - miseret il cause de la pitié : Ba 1044 : Miseret me illius. « Il me fait pitié. » etc.

parfait miseritum est (1x) :

Tri 430 : Nam nunc eum vidi miserum et me cius miseritumst. moment, je l'ai vu dans un état pitoyable, et j'en ai cu pitié. » ! - piget il cause du chagrin :

« Mais à ce

Men 1066 : eloquere tuum mihi nomen, nisi piget. « dis-moi ton nom, si tu veux bien (lit.: si cela ne cause pas de chagrin). » etc. ! - placet il plaît : Tri 861 : Quam magis specto, minus placet mi haec hominis facies « Plus je l’envisage, moins sa mine me revient » etc.

parfait placitum est (1x) : Am 635 : ita divis est placitum, voluptatem ut maeror comes consequatur «telle est

la

volonté

des

dieux

(lit:

ainsi

il a

plu

aux

dieux)

: tout

plaisir

s'accompagne de peine » parfait placuit (4x) :

Cap 1035 : et si placuimus neque odio fuimus, signum hoc mittite « et si nous avons su vous plaire et ne pas vous ennuyer, signifiez-le par ce geste » etc.

(com-placet

il plaît)

parfait com-placitum est (2x) : Am

106 : quantusque amator siet quod com-placitum est semel. « ... et comme

il est passionné pour l'objet dont il s'est une fois épris (lit.: qui a plu une fois).» etc.

parfait com-placuit (1x) : Ru 727 : Si autem Veneri com-placuerunt, habeat, si argentum dabit. « Si c'est

355

à Vénus qu'elles ont plu, qu'elie les garde, mais contre argent. » ! - pudet il cause de la honte : Cap 203 : At nos pudet, quia cum catenis sumus. « Quelle honte pour nous d’être à la chaîne ! » etc.

parfait puditum est (2x) : Ba 379 : Neque mei neque te tui intus puditumst factis quae facis « Tu n'as pas eu honte pour moi, tu n'as pas rougi pour toi des excés que tu commets làdedans»

etc. parfait puduit (1x) : As 71/2 : Neque puduit eum id aetatis sycophantias/struere « Il n'a pas rougi, à son âge, de bâtir toute cette fourberie » - soleo

j'ai l'habitude de :

Men 140 : Ita ego soleo « C'est dans ma manière » (lit: l'habitude») etc.

« Ainsi j'ai

parfait solitus sum (10x) :

Am 261

: qui Pterela potitare solitus est rex. « ... oü (coupe) le roi Ptérélas

avait coutume de boire. »

etc. | - taedet il est dégoûtant : Cas 142 : taedet tui sermonis. « ta conversation me dégoûte. » etc. parfait taesum est (1x) :

Mo 316 : ita me ibi male convivi sermonisque iaesumst. « le repas et la conversation m'assommaient d'ennui. »

356

3.2.1.3. Les noms verbaux en -nt- et en -10-

Les noms verbaux en -πί- et en -10- du latin contractent respectivement, et donc sans en permettre la sélection individuelle, la simultanéité et l'agentivité, et, l'antériorité et l'affectation. On aboutit ainsi aux deux types :

Tru 145 : Plerique idem quod tu facis faciunt rei male gerentes « Tu fais ce que font la plupart des gens dont les

affaires vont mal (lit.: dirigeant mal leur affaire) » etc. (simultané et agentif) et :

Mi 258 : Docte tibi illam per-doctam dabo.

« Je te la

remettrai doctement endoctrinée. » etc.

(antérieur et affecté)

En

termes

de

corrélation

entre

aspect”!

et valence,

cette

répartition des valeurs semble à premiére vue attribuer une structure imperfective à l'agentivité et une structure perfective à l'affectation - et s'opposer ainsi au schéma attendu. Il importe cependant ici de remarquer que le nom verbal en -to- renferme en lui une valeur résultative et qu'il ajoute ainsi, à l'état qu'il décrit, l'idée du seuil sémantique qui précéde. On comprend ainsi que le sème d'antériorité qu'implique ce morphéme ne se réfère pas à la phase de l'état affecté, mais à celle de sa cause. Si l'apparent décalage par rapport aux corrélations observées cidessus se révèle ainsi un mirage, ces données trouvent ici méme une illustration supplémentaire. Car on notera que la phase de l'état affecté dont tient compte le nom verbal en -0-, se présente,

en tant que résultative, comme

parfaitement simultanée*?.

En

99 Cf. encore ci-dessus 2.2.1.1. 9! Pour la relation entre simultanéité/antériorité et aspect, voir cf. cidessus 1.1. p. 25 et 1.2.2.1.

9? Cf. ci-dessus note 5. 357

face de cela, le nom verbal en -fo- contracte la valeur de la simultanéité et de l'agentivité - ou plutót de la simultanéité et de l'orientation fondamentale - en tant que les deux membres oppositionnels ici non-marqués.

358

3.2.1.4. Augmentation de valence et structure évolutive Tant que le latin augmente, à l'aide d'une formation compositionnelle en -facio, la valence quantitative d'un présent en -2-, cette forme reçoit, en face du présent en -2- homogène nonévolutif, une structure au moins évolutive - et comme telle liée au

pôle hétérogène-perfectif"®

(cf. ci-dessus

avec exemples). La corrélation que l'on découvre

valence

quantitative

et

1.2.3.1.1.

et 2.2.3.

ici entre l'augmentation de la

l'aspect

évolutif

est

doublement

significative. Car, dans la mesure oü les structures de la valence quantitative et qualitative s'avérent étroitement liées entre elles en raison de leur égale dépendance de l’adjonction ou de l'élimination d'un prime actant agentif”‘, le rapport entre les

présents en -€- et le type en -facio témoigne d'une corrélation réellement complexe. Celle-ci regroupe, d'un côté, l'agentivité, la valence

augmentée

et l'aspectualité évolutive et, de l'autre,

l'affectation, la valence réduite et l'aspectualité statique. La corrélation entre aspect non-évolutif et valence quantitative réduite se retrouve en grec, d'une manière tout à fait banale, au niveau de l'aspect résultatif. Il reste cependant à préciser que la catégorie grecque exclut la valence quantitative augmentée - qui n'est pas ici le pivot du rapport dérivationnel uniquement en tant que corrélat de la structure agentive (cf. Intégration... 11.1.2.6.).

33 Cf. ci-dessus 1.1. p. 20 sq. 3% Cf. ci-dessus note 198et 3.1. p. 334 sq.

359

3.2.2. Corrélations entre aspect imperfectif et affectation 3.2.2.1. La suffixation en -sc- et la voix seconde

La suffixation homogène évolutive en -sc- semble servir, dans une certaine strate de formes, à donner des présents à des lexémes verbaux dont le paradigme se réduisait auparavant à un thème de parfait (cf. ci-dessus 1.2.3.2.2. p. 95 sq.). Il se révèle cependant, d'un point de vue diathétique, que la langue ne sélectionne ici la solution aspectuelle du présent en -sc- que dans

le cadre des lexémes qui se fléchissent à la voix seconde, et qui impliquent ainsi une affectation du prime actant. Le corpus de

Plaute comporte, à ce niveau, des occurrences comme : Ep 668 : modo sine me hominem seulement le rejoindre. » etc./ Cap

775

:

Sine

sacris

apisci.

hereditatem

« laisse-moi sum

aptus

effertissimam. « J'ai recueilli le plus opulent des héritages sans les charges du culte ! » etc. OÙ :

Mer 939 : Porro pro-ficiscor quaesitum. « Je pars, je continue mes recherches. » etc./ Am 733/4 : ut cum exercitu/hinc pro-fectus sum ad Teloboas hostis eosque ut vicimus. « ... depuis mon départ (lit.: depuis que je suis parti) pour la guerre, et depuis la victoire qu'avec mon armée j'ai remportée sur

les Téléboens. » etc.95 Ce lien entre suffixation en -sc- et prime actant affecté - qui se dégage dans le schéma dérivationnel « parfait

— présent

» comme

un phenom£ne en soi - semble résulter du fait que les dérivés qui recoivent la marque de l'homogénéité évolutive, impliquent en effet le plus souvent ce type de disposition actancielle. La raison

% Voir indications complètes appendice 3.2.3.

361

en est que les situations de structure homogéne évolutive se produisent typiquement en l'absence d'une stimulation agentive (cf. ci-dessus note 73), et qu'elles tendent ainsi à attribuer le

statut de prime actant à celui que le processus respectif affecte dans

son état (cf. ci-dessus

note

197).

- S'i] reste vrai que

la

classe en -sc- ne montre pas pour autant, dans son ensemble, une

prédisposition particuliére à la flexion en -r, ceci doit s'expliquer, non seulement par le caractére récessif de ce signifiant (cf. cidessus 2.2.1.1.), mais encore par le fait que les dérivés en

question

adoptent

réguliérement

la diathése

de leurs

formes-

bases". On retient ainsi, dans ce même créneau sémantique, en dehors de quelques présents en - tels que : Cu 608 : Enim vero irascor. « Pour le coup, je me fâchel!» etc.,

de nombreux présents actifs tels que : Cu 219 : Valetudo de-crescit, ad-crescit labor.

« Je sens

mes forces décroître et s’accroitre mon mal. » etc." L'association que la langue effectue ici entre la catégorie en -sc- et celle de la voix seconde - et qui résulte en fin de compte d'un manque d'affinité entre la premiere et le comportement agentif - doit étre envisagée comme l'occurrence

d'une corrélation entre aspect imperfectif et affectation",

35 C'est ainsi que les formes en -sc- qui se trouvent bâties sur des

présents en -€- (cf. ci-dessus 1.2.3.1.2. p. 91 et 3.2.1.2. p. 349) intègrent systématiquement la flexion active. Voir appendice 3.2.1.1.

9" Voir appendice 3. % Pour les données du grec qui ne se prétent pas ici à une comparaison ponctuelle, cf. ci-dessus 3.2.3.

362

3.2.2.2. Intensité et valeur itérative

Si les catégories intensives en -ita- et en -ta- du latin renferment en elles, parallèlement à leur valeur primaire, celle de l'itérativité

(cf.

ci-dessus

1.2.3.2.),

elles

constituent

ainsi

un

exemple ultérieur de la corrélation entre affectation et aspect imperfectif. Ce

dédoublement

au

niveau

du

signifié provient

du

fait que

l'intensité - qui représente une focalisation sur le prime actant””, et partant une stagnation - se caractérise ainsi, dans la sphère des actants, par une absence de transfert précisément identique à celle que montrent, dans la dimension de l'hétéro- et de l'homogénéité,

l'aspect imperfectif et sa réalisation itérative’"°. Pour les données du grec, cf. ci-dessus 1.2.3.2.4. p. 194 sq.

39 On se rappellera qu'aussi bien le latin que le grec peut concevoir l'intensité comme une forme d'affectation. Cf. ci-dessus 2.2.1.1.

310 Cf. encore ci-dessus 3.1. p. 337.

363

3.2.3. Bilan : Les corrélations entre aspect et valence en latin et en grec ancien

Il apparait que les corrélations entre aspect et valence telles que la linguistique typologique les pose depuis Hopper et Thompson (1980), se vérifient en latin à plusieurs reprises. Les deux types d'affinités que l'on trouve ici - à savoir ceux qui lient la structure, premièrement, statique et, deuxièmement, imperfective, à l'affectation - se rejoignent en fin de compte entre eux. Cela dit, il s'agit dans les deux cas de la méme prédisposition d'une aspectualité homogéne, et ainsi stagnante, à

se combiner à un prime actant affecté (cf. ci-dessus 3.1. p. 331). Il est vrai qu'un tel rapport - qui puise sa simple raison d'étre dans une contrainte extralinguistique, et que la langue ne démentira guére - reste au fond quelque peu banal. L'intérét se situe cependant ici au niveau des différentes réalisations que ce méme rapport se voit alors attribuer dans la langue. On

distinguera,

dans

ce

sens,

d'abord

les

occurrences

dans

lesquelles la corrélation met en jeu deux catégories a priori indépendantes - et relevant l'une de l'aspect et l'autre de la valence - et celles oü une seule catégorie donnée développe en elle une valeur seconde qui appartient à la dimension opposée. 1l importe de noter que la corrélation peut, dans les deux cas, aussi bien étre exploitée à un niveau fonctionnel que ne pas l'étre, et se

voir ainsi réduite à un simple effet secondaire". Le latin illustre ces différents types par :

3! On remarquera encore qu'une corrélation qui exige a priori, à l'intérieur d'une invite surtout conditionnement du dans le cadre

des catégories impliquées, une disposition lexicale spécifique, à déterminer à quel point elle se détache alors de ce initial. - Toujours est-il qu'aucune des corrélations retenues ici latin et du grec ne présente un tel profil.

365

- le rapport entre les présents en -e- et le codage «impersonnel »/ la voix seconde (cf. ci-dessus 3.2.1.1. et

3.2.1.2.) (deux catégories distinctes, corrélation exploitée) - le rapport entre les présents en -sc- et la voix seconde (cf. ci-dessus 3.2.2.1.)

(deux catégories distinctes, corrélation non exploitée) - la valeur itérative des formations intensives dessus 3.2.2.2.) (une seule catégorie, corrélation exploitée)

(cf.

ci-

- la structure heterogene des dérivés en -facio (cf. cidessus 3.2.1.4.) (une seule catégorie, corrélation non exploitée) La comparaison avec le grec montre que celui-ci présente, à son tour, une corrélation entre structure statique et affectation qu'il n'exploite cependant pas à un niveau fonctionnel (cf. Intégration...

11.1.2.6.).

En ce qui concerne

la corrélation

entre imperfectivité et affectation, on remarquera que celle-ci reste en grec - sous sa forme catégorique (cf. ci-dessous) - aussi marginale qu'en latin. Cela dit, ce méme rapport se réduit ici, en dehors de la double fonctionnalité des intensifs-itératifs du type τρωχάω

(cf.

ci-dessus

1.2.3.2.4.),

à

une

certaine

affinité

fonctionnelle entre le théme de présent et la voix moyenne et qui ne se pergoit que dans le cadre de quelques réalisations bien spécifiques (cf. Integration... 11.1.2.5.). Le grec comporte cependant une corrélation ultérieure qui contracte bien l'aspect perfectif et

la structure

agentive,

et par

contrecoup

l'aspect

imperfectif et l'affectation, mais qui différe dans ses fondements de celle que postulait la typologie. On notera que ce rapport, qui résulte du caractére peu approprié de l'aspect perfectif - et comme tel expressément non-duratif - à se combiner à un prime

366

actant affecté (cf. Intégration...

11.1.2.2. et 1.1.2.3.), n'a pas

d'équivalent en latin? Les divergences qui apparaissent ici entre le latin et le grec semblent s'expliquer à partir de la catégorisation respectivement différente que les données de l'aspect et de la valence reçoivent dans ces langues. Ainsi seul le latin, et non le grec, peut signaler un fait de valence à l'aide de son aspectualité statique qui reste, en tant que catégorie d'ordre lexico-dérivationnel, exempte de la lourdeur d'un lien paradigmatique tel que le subit le résultatif

d'une aspectualité absolue. De la méme façon, la corrélation entre aspect imperfectif et affectation risque uniquement en latin, et

non

en

grec,

de

se

refléter

dans

la

disposition

alors

typiquement non-agentive de la situation hétérogene gradualisée. La raison en est que seule la premiére de ces deux langues, qui compense ainsi la perte de son aspectualité absolue, dispose ici d'un découpage aspectuel suffisamment étroit. On commentera encore dans ces mémes termes le décalage que les deux langues

donnent à observer sur le plan de la corrélation entre perfectivité et structure agentive. Cela dit, ce type de rapport qui ne s'appuie guére, en raison de son caractére en fin de compte négatif, sur une structuration particuliére au niveau des catégories impliquées,

se réalise sans obstacle dans le découpage aspectuel relativement large du grec. Il reste cependant, à son tour, exclu dans le systéme latin οὐ il se heurte non seulement à l'absence d'une catégorie expressément perfective, mais encore à celle d'un résultatif qui bloquerait alors, par le jeu de l'opposition, une telle catégorie perfective sur le signifié ici opératif.

312 On remarquera encore que la concentration sur la sphère du prime actant affecté que l'on avait observée dans les corrélations du grec (cf. Intégration... 11.4.) se retrouve dans celles du latin. Dans la mesure où il s'agit ici d'une deuxième langue nominative-accusative (cf. ci-dessus note 196), ceci

correspond à l'idée que les corrélations «à la Hopper et Thompson» se manifestent surtout dans le domaine du membre marqué - dont l'emploi exige une sémanticité accrue (cf. Intégration... note 209) et, le cas échéant, un codage

exempt de toute ambiguïté.

367

On comprend ainsi que ce sont beaucoup moins les corrélations comme telles qui différent entre les deux langues que les possibilités de réalisation dont celles-ci disposent dans leurs systémes respectifs. Il s'agit là, comme on vient de le voir, du découpage précis des catégories impliquées et bien entendu, dans la perspective d'une éventuelle exploitation fonctionnelle, du besoin de la langue en marques morphologiques.

368

4. Bilan général : Les structures actancielles du latin et du grec ancien

Une analyse comparative des structures actancielles du latin et du grec ancien démontre que la différence décisive entre ces deux langues réside en ceci que le latin maintient intacte la structure interne du lexéme verbal à travers toutes ses Occurrences tandis que le grec se sert de ce dernier pour en dériver en paralléle, et à l'aide de certains morphémes grammaticaux, des situations de structure différente. Tel est le

cas aussi bien dans le domaine de l'aspect oü il s'agit d'opposer une structure perfective à une structure imperfective, que dans celui de la valence où l'on trouve des données tout à fait comparables par rapport au nombre des actants, et partant à leurs

rôles sémantiques’.

On constate donc ici une différence au

niveau du découpage du lexéme verbal qui ne dispose pas, selon les deux langues, de la méme « souplesse ». Il apparait que toutes les divergences ultérieures entre les deux langues reconduisent à cette méme différence fondamentale. Car,

mis à part un certain nombre de phénomènes qui en constituent méme des manifestations directes - tels que le décalage fonctionnel entre l'imparfait du grec et la formation en -ba- du latin (cf. 1.2.1.) ou encore la nature respectivement différente des systèmes nucléaires (cf. ibidem) -, ces divergences s'expliquent systématiquement comme des effets au moins secondaires. Cela dit, il est évident que le lexéme verbal du latin fait intervenir, à la différence de son équivalent grec, des procédés tels que la lexico-dérivation ou l'extension d'emploi de son orientation marquée puisqu'il s'impose une rigidité qu'il importe alors de compenser. Mais les compensations de ce type conditionnent à leur tour des dispositions ultérieures, et l'on 33 Compte tenu des données exposées ci-dessous, il n'est a priori pas exclu que la « souplesse » que le lexéme verbal du grec connaît dans la sphère de la valence, résulte d'une adaptation à cette « souplesse » qu'il possède déjà au niveau de l'aspect. - La disposition discutée ici se limiterait ainsi, en fin de

compte, à cette deuxiéme catégorie.

369

retrouve de la sorte ici le principe de la réaction en chaîne. Ainsi, les catégories lexico-dérivationnelles ou autres du latin qui équivalent aux moyens aspectuels ou diathétiques du grec, se distinguent facilement de ces derniers dans le découpage de leurs

signifiés - et, avec cela, dans leur degré de grammaticalité - à force de correspondre à des besoins plus spécifiques. On ajoutera encore dans ce contexte que de telles divergences au niveau de la

catégorisation

entrainent,

entre

autres,

une

aptitude

respec-

tivement différente en vue des corrélations que certains éléments

au sein de l'actance ont le don de contracter entre eux. Les divers changements conditionnés que donnent à observer les deux langues, ne différent pas seulement entre eux quant au degré de leur rapport causal avec le phénomène primaire. Ils illustrent encore le fait que la pression qu'exercent les structures linguistiques existantes sur les structures in fieri risque de se faire sentir dans différentes configurations. La plus fréquente est bien entendu celle - déjà suffisamment commentée ci-dessus - de la catégorie grammaticale dont l'apparition, et le découpage précis, trouvent leur raison d'étre dans les lacunes que cette méme catégorie vise justement à satisfaire. Mais mis à part ce type flagrant qui implique les deux faces du signe linguistique à un méme

titre, on retiendra ici, en tant qu'occurrences d'un

ordre plus discret, divers impacts qui concernent l'image acoustique, ou le concept, à un niveau particulier. Une pression sur le choix ou la constitution du signifiant ne s’observe pas seulement là où elle guide la langue dans sa recherche d'une marque morphologique, mais elle intervient encore, dans certains cas, en tant que simple effet secondaire, et

ainsi en dehors d'une fonctionnalité. La premiére de ces deux variantes se présente dans le cadre de l'expression de la temporalité relative, en vue de laquelle chacune des deux langues analysées ici s'inspire d'une catégorie grammaticale déjà prédominante en elle (cf. 1.2.2.1.), et encore au niveau de celle

des nuances de l'intensité et de l'auto-intérét. Cette dernière configuration semble révéler que le codage d'un signifié « fondamental» par un signifiant « périphérique » ne devient

370

envisageable qu'à partir du moment oü la langue peut s'appuyer, à cet

égard,

sur

une

contraction

modéle

(cf.

1.2.3.2.4.

et

2.2.1.2.2.). La deuxième de ces variantes se dégage essentiellement dans des exemples de marques morphologiques au départ facultatives et qui se propagent ensuite, gráce à une association de plus en plus contraignante avec les dérivés qui la portent déjà, jusqu'à un stade oü elles s'imposent alors comme

obligatoires. Ce type d'évolution qui détermine en latin le sort des présents en -é- (cf. 1.2.3.1.1.) et des lexèmes monodiathétiques en -r (cf. 2.2.1.1.) - et ce, selon le concours

d'éventuels facteurs ultérieurs, à des degrés différents - ne reste cependant pas la seule configuration relevée dans cette rubrique. Car on ajoutera ici le refus du locuteur d’enchaîner deux marques morphologiques à la combinaison desquelles il n'a pas eu l'occasion de s'habituer, refus qui ressort de l'absence d'un emploi de la formation en -ba- dans la sphére des présents en -sc-

(cf. 1.2.3.3.). D'une tout autre facon, la pression des structures linguistiques existantes peut se faire sentir dans le domaine du signifié. Ceci dit, on ne parle pas ici de l'influence de certaines structures sur la

saisie du signifié en tant que te^, mais d'un possible impact - sans doute plus difficile à capter

- sur cette identification

qu'effectue le locuteur entre les signifiés dont il dispose et les

stimuli qu'il regoit. Tout comme celles qui précédent, ces occurrences se laissent diviser en deux sous-types selon qu'elles correspondent

ou

non

à un

besoin

fonctionnel.

Le

premier

s'observe dans le cadre de l'orientation marquée du latin ou, plus précisément, de l'assouplissement de ses critéres d'emploi. Car, sous la pression de devoir permettre une extension de cette catégorie à une zone sémantique autrement dépourvue de signifiant, ces derniers se trouvent en effet plus facilement considérés comme remplis (cf. 2.2.1.2.1.). On ajoutera ici

l'exemple de ces parfaits latins à valeur évolutive dont l'emploi 314 Ce serait là par exemple le cas de l'anglais herbal tea qui amène, en face du français tisane, à considérer des « infusions » en tant que des « varietés de thé ».

371

semble obliger à identifier, dans séme directionnel (cf. 1.2.3.1.3.). fréquence particuliérement élevée reléve, suite à son codage « fondamental », la nuance

la situation ainsi décrite, un Le second se manifeste par la avec laquelle le locuteur grec par un signifiant d'ordre

de l'auto-intérét (cf. 2.2.1.2.2.),

et

encore par ceci que seul le grec, et non le latin, intègre, en fonction de son processus d£rivationnel respectif, dans des descriptions de structure homogéne non-évolutive un renvoi à la

situation qui précéde (cf. 1.2.3.1.1.). De tels exemples d'un impact des structures in esse sur la conceptualisation - qui touchent, comme tels, à une strate a priori trés profonde du langage - dépassent la simple sphére des évolutions conditionnées selon un double point de vue.

Premièrement, il se confirme à nouveau que le statut de primum movens que posséde en principe la saisie du concept par rapport à l'émergence de ce dernier parmi les éléments du langage, est dans certains cas susceptible de s'inverser. Il est vrai que ces traces d'une possible influence en retour des structures linguistiques sur la pensée ne relévent ici que de la seule dimension du langage, et qu'elles ne peuvent par conséquent

atteindre le niveau de l'hypothése de Sapir-Whorf^. Toujours est-il qu'elles suffiraient à elles seules, comme on se permettra d'ajouter, pour contredire le Leitmotiv en effet trop catégorique

de Guillaume?'6, Sur

un

second

renvoient

plan,

à la part

les

sélective

configurations

qu'implique,

retenues

ci-dessus

inévitablement,

la

création du concept. Or, les critères de ces processus de sélection restent quelque peu insaisissables et il n'est donc pas facile de dépasser le simple constat d'une vision en perspective selon laquelle certains items se trouvent étre pergus avant d'autres. On remarquera cependant qu'il existe ici une possibilité éventuelle de 313 On se rappellera que l’hypothèse dite de « Sapir-Whorf » consiste dans l'idée qu'une éventuelle influence en retour des structures linguistiques peut affecter jusqu'au comportement non-verbal. Cf. par exemple Whorf (1956).

316 D'après les théories de cet auteur, la structuration linguistique trouve sa seule raison d'étre dans les mouvements positifs de l'esprit.

372

s'inspirer de la catégorisation à laquelle le locuteur procéde luiméme dans un premier recul métalinguistique. Car c'est cette méme vision en perspective qui se dégage à travers la prise de conscience de la notion de « mot », où se détachent comme privilégiées les unités à la fois signifiantes et autonomes. Un tel parallélisme entre la conceptualisation de l'extralinguistique, d'un côté, et celle du langage, de l'autre - qui n'a d'ailleurs, à l'intérieur d'un méme esprit, rien de surprenant - pourrait ainsi enrichir une analyse de la première par des points de repère tirés de la seconde. Cela dit, l'exemple que fournit ici le langage lui-

même,

risque de favoriser une meilleure saisie des critères du

locuteur dans la mesure οὐ il permet, à la différence l'extralinguistique, de délimiter ces mémes critéres dans

de les

termes de ses structures. Subsiste cependant le fait indéniable que ce type de comparaison ne pourra aider à mieux capter la démarche du locuteur qu'à la condition de réussir à transposer les paramétres ainsi obtenus dans la sphére justement non-structurée

de l’extralinguistique?'’. - Il reste donc ici un certain terrain pour des recherches futures. ? On pourrait éventuellement poursuivre ici les idées suivantes : Les critéres du statut de « mot » semblent essentiellement indiquer que le locuteur repère le mieux ce qui correspond à ses yeux à un contraste. Parmi les

critéres d'ordre phonologique, celui du positionnement libre met ainsi en jeu le degré auquel les contours d'un item donné - ce qui revient à dire, les limites de la similitude qui en relie les diverses occurrences - se heurtent à un entourage toujours nouveau. D'une façon comparabie, le critère du port de l'accent se fonde sur la contrastivité que possède, parmi les syllabes faibles, la syllabe forte qui s’avère alors, selon le principe du pars pro toto, représentative du complexe ainsi tranché. Toujours est-il que le repérage de ce type de contraste exige, dans tous les cas de figure, le cadre d'une récurrence. - Un critére supplémentaire en vue de la saisie de l'item semble encore résider dans la qualité qu'a ce dernier de

pouvoir constituer son propre support. Ceci ressort de l'exemple des marques

suprasegmentales qui se révèlent en effet - à un niveau où elles constitueraient un phénomène sui generis - comme difficiles à détecter, guère d'appui à la structuration métalinguistique. Le critére non-phonologique du « mot », qu'est sémantique, s'avére dans ce contexte peu fructueux. qualité - qui renvoie en fin de compte, autant que le

373

et qui ne fournissent ainsi donc celui de sa teneur Car l'attribution de cette positionnement libre et le

L'observation selon laquelle les différences retenues entre les deux langues semblent toutes s'expliquer par une « souplesse » plus ou moins importante du lexéme verbal, doit susciter une double remise en question. La première se rapporte à ce qu'il y a ici de constant, et la seconde à ce qu'il y a de variable. La part constante - et c'est là la conceptualisation sensiblement identique que le latin et le grec montrent à travers les nombreuses

divergences

conditionnées

- ne peut,

en raison du caractère

apparenté de ces langues, être approfondie ici. Il est évident que

l'analyse d'une telle récurrence devrait s'appuyer sur des langues non seulement plus nombreuses mais de plus, et surtout, issues de familles différentes . La part variable qu'est le degré de « souplesse » du lexéme, et qui possède dans la dimension de ce qui précède un statut de primum movens, conduit, elle, à la problématique de sa propre causalité. A partir du moment où l'on envisage ce méme degré de « Souplesse » non plus dans la perspective d'un aprés, mais au contraire dans celle d'un avant, celui-ci se présente de toute évidence comme une disposition sujette à évolution. Car mis à partle fait que ce qui varie entre les langues manque, à un méme titre, de stabilité dans chacune d'entre elles, il existe dans ce cas port de l'accent, au phénomène de l'auto-suffisance - survient dans la dimension du langage justement en fonction de la saisie, alors préalable, de l'extralinguistique. Au moment où l'on cherche à exploiter les critères que le statut de « mot »

implique au niveau de la relation entre le locuteur et son propre systéme linguistique, il se révèle que la disposition en vertu de laquelle l'item parvient à s'imposer à la conscience, ne se réduit pas à la seule qualité contrastive. Cela dit, d’après le témoignage de la notion de « mot », qui n'émerge dans l'esprit du locuteur qu'avec le début de sa créativité individuelle (cf. ci-dessus note 262), il

y a ici une sélection supplémentaire qui tient compte du positionnement de l'item

par rapport au percepteur. Combinées les unes aux autres, ces observations semblent indiquer que la conceptualisation s'appuie dans sa genèse sur un cumul de plusieurs critères. Cette constatation est éventuellement, dans le présent contexte, plus précieuse que celle - au fond peu surprenante - des critères individuels, et il ne paraît pas

exclu que la notion de « mot » puisse encore étre exploitée ici dans la perspective du rapport que ces différents critères contractent entre eux.

374

précis le témoignage de l'aspectualité latine qui se dégage en effet - par rapport à ce qu'améne à poser la Grammaire Comparée -

comme une innovation"! Si la « souplesse » que posséde le lexéme verbal d'une langue particuliére se révéle étre une qualité instable, il importe de savoir en raison de quels facteurs celle-ci va, le cas échéant, en augmentant ou en diminuant. - Il paraît évident que l'une et l'autre de ces deux évolutions correspondent à des mécanismes fondamentaux du langage. La première représente, en tant que phénoméne de grammaticalisation, le principe d'économie selon

lequel la langue tend à réduire le nombre de ses lexémes - et, par contrecoup, à complexifier le spectre fonctionnel du lexéme individuel. La seconde reléve du principe contraire de simplification, et qui tend ainsi à niveler ce qui s'oppose à l'unité du lexéme. - Il reste cependant à déterminer à quel moment, et dans quelles circonstances précises, ces deux tendances complémentaires se convertissent l'une dans l'autre. Car, il est vrai que le lexéme verbal du grec s'avére encore approprié à élargir sa sphére fonctionnelle à un niveau oü le lexéme verbal du

latin apparait comme déjà saturé ou, autrement dit, sur le point de devenir trop diffus. On émettra dans ce contexte une hypothèse qu'on ne pourra cependant - en tant qu'elle ne reléve pas de la dimension de l'actance - indiquer ici que sous une forme nonélaborée. Il parait en effet que le lexème (verbal) du latin possède, au niveau de son sémantisme, une spécificité moindre que celui du grec et qu'il dépasse ainsi ce dernier dans son extension

35 C'est là précisément la raison pour laquelle on n'explique pas ce décalage entre le latin et le grec de la façon inverse, à savoir en partant, au contraire, d'une manière différente de concevoir la relation entre les éventuelles variantes de la situation verbale - qui seraient alors,

selon les deux langues,

considérées comme plus ou moins disparates entre elles. Cela dit, compte tenu de la plus grande instabilité qui caractérise, face à celle du signifié, la dimension du signifiant, ce témoignage du latin semble bien révéler la disposition en question comme étant liée aux moyens d'expression et non pas à une approche

particulière de l'extralinguistique.

375

d'emploi. On mentionnera ici, pour ce qui touche au lexique latin, des caractéristiques telles que sa grande préférence pour des

lemmes de forte généralité*!° et encore sa tendance particulière à la préverbation, qui renvoie de toute évidence à un besoin de

respécification'?, D'une facon tout à fait conforme à ces données, le lexique du latin reste numériquement

inférieur à celui du

grec?!, A partir d'ici on peut se demander si le degré de « souplesse » que le lexéme

verbal manifeste

à l'égard d'une

éventuelle restructuration de sa disposition actancielle, ne risque

pas de rentrer dans un rapport de distribution complémentaire avec une telle « élasticité » au niveau de son application générale. Dans ce sens, on avancera que l'une et l'autre de ces deux extensions permettent à la langue d'alléger son inventaire lexical. La différence entre les deux types se réduit à ceci que les ambiguités alors inévitables sont, dans le cas du premier, levées à 319 On se rappellera cette disposition à l’aide de quelques lignes prises au hasard dans le texte : Am Arg. I, 1-10 : In faciem versus Amphitruonis Iuppiter, /dum bellum gereret cum Telobois hostibus,/Alcmenam uxorem cepit usuriam./ Mercurius formam Sosiae servi gerit/absentis; his Alcmena de-cipitur dolis./Postquam rediere veri Amphitruo et Sosia,/uterque deluduntur [dolis] in mirum modum./Hinc iurgium, tumultus uxori et viro,/donec cum tonitru voce missa ex aethere/adulterum se luppiter confessus est.

« Tandis qu'Amphitryon guerroie (lit. : mène la guerre) contre les ennemis de sa patrie, les Téléboens, Jupiter a pris son visage et lui a emprunté son épouse Alcmène. Mercure revêt (lit. : mène) la forme de l'esclave Sosie, absent lui aussi. Alcmène est dupe de (lit. : est prise

par) ces ruses. A leur retour, le véritable Amphitryon et le vrai Sosie sont bafoués l’un et l’autre d'étrange manière. De là querelle, brouillerie entre le mari et la femme, quand enfin Jupiter, faisant du haut des cieux entendre sa voix (lit. : la voix ayant été envoyée) au milieu du tonnerre, confesse lui-même son adultère. »

32 Cf. ci-dessus 1.2.3.1.3. p. 124.

32! On comparera ainsi le nombre de lemmes qui figurent, d’un côté et de l'autre, dans les dictionnaires de référence. Or, le Dictionnaire Latin Francais de F. Gaffiot ne comporte qu'un équivalent numérique de 80% des lemmes qui se trouvent répertoriés dans le Dictionnaire Grec - Français de A. Bailly.

376

l'aide de morphémes grammaticaux et, dans le cas du second, à partir du contexte. De la sorte celui-ci doit trouver sa limite dans une morphologie devenant trop complexe, et celui-là dans un manque de spécificité. - On reconnait en effet là cette disposition à s'organiser dans des oppositions respectivement binaires ou graduelles qui prédispose ou non les diverses unités significatives à se grammaticaliser (cf. ci-dessus « Excursus » 1 Partie 1). - S'il

est donc vrai que les deux phénoménes en question se recoupent

entre eux en tant que deux manières différentes d'élargir la zone sémantique du lexéme, on pourra penser que ce dernier ne peut,

sous une forme fortement développée, assumer les deux dispositions à la fois. L'unité lexicale viserait, dans ce cas, une cible probablement trop large, et ainsi trop diluée, pour pouvoir encore correspondre à sa fonction de signifié unitaire et spécifique. - Il est évident que ces idées restent provisoires tant qu'elles n'ont pas fait l'objet d'une recherche plus détaillée. On retiendra cependant le fait que la « souplesse » du lexéme verbal qui n’apparait plus, en dehors de la dimension de l'actance, comme

un

primum

movens,

risque

d'étre

corrélative

à

des

dispositions que le lexéme regoit par ailleurs.

qui

On terminera cette analyse en indiquant que les évolutions s'observent dans les langues renvoient, d'une maniére

récurrente, à trois grands principes.

Le premier est le principe

fonctionnel qui assure que la langue permet, à tout moment, de communiquer les différenciations qui importent aux yeux du locuteur. Ce méme principe se manifeste avec évidence dans les configurations où la perte d'une catégorie s'accompagne

de la

réattribution de son signifié à un support nouveau. Le second principe est celui qui délimite le langage en tant que système, et qui oblige ainsi ses divers éléments à se situer sans cesse dans le rapport d'une délimitation réciproque. C'est ainsi que l'émergence ou la disparition d'une catégorie, comme

d'éventuelles modifications de son découpage, doivent aller de pair avec des évolutions ultérieures - en proportion inverse - et qui peuvent concerner le système à un autre niveau.

377

A ces deux premiers principes qui déterminent le langage dans ses rapports externes et internes, s'ajoute en troisiéme celui de la répétition des structures. Ce dernier principe consiste dans la tendance de la langue à reproduire les schémas qu'elle intégre déjà. Si les processus de ce type peuvent correspondre à un des moyens précis que la langue se voit appliquer pour maintenir son équilibre fonctionnel, ils se produisent encore dans des configurations oü les besoins linguistiques sont pourtant satisfaits, et où ils se détachent ainsi comme

un phénomène propre. - On

remarquera ici que cette maniére de prendre pour des données absolues les structures qui nous paraissent familiéres, n'est autre que celle qui devait conduire à l'exclusion des langues indoeuropéennes anciennes de la recherche typologique.

378

- agentif

deuxiéme - (— second -) prime -

331 316, 317, 373, 374 251, 297, 301, 331, 332, 335, 339, 343 15, 370, 375, 377 15, 59, 91, 92, 145, 146, 152, 169, 170, 173, 177, 187, 188, 192, 193, 195, 196, 197, 217, 218, 219, 220, 221, 223, 22A, 225, 237, 240, 245, 246, 247, 248, 249, 255, 256, 258, 261, 278, 279, 281, 295, 297, 298, 300, 304, 305, 309, 325, 331, 332, 333, 334, 335, 337, 339, 340, 341, 350, 359, 361, 362, 363, 365, 367, 369 145, 152, 169, 170, 177, 188, 192, 196, 218, 219, 220, 221, 245, 248, 278, 281, 297, 325, 334, 335, 337, 361, 365, 366, 367 59, 91, 92, 145, 149, 169, 170, 173, 187, 218, 219, 220, 247, 248, 325, 334, 335, 337, 359 170, 281 15, 92, 145, 146, 149, 152, 169, 170, 173, 177, 187, 188, 192, 195, 196, 197, 218, 219, 220, 221, 223, 224, 225, 237, 240, 246, 248, 255, 256, 258, 261, 278, 279, 281, 300, 304, 305, 309, 325, 334, 335, 341, 350, 359, 361, 362, 363, 365, 366, 367 145, 152, 169, 170, 177, 188, 192, 196, 220, 221, 278, 334, 335, 361, 365, 366, 367 92, 145, 149, 169, 170, 173, 187, 218, 220, 248, 334, 335, 359 169, 218, 219, 220, 246, 331, 332, 334 220

379

actif (cf. aussi : diathèse/flexion/voix active) activation

193, 227, 228, 256, 257, 261, 278, 281, 313, 314, 347, 348, 349, 350, 362 257, 258, 280

adjectif/

7]

adjectival (forme-base -e)

198

adverbe - de durée - numérique affectation/

31, 76, 126, 127, 333 333 31 15, 139, 146, 195, 223, 224, 225, 229, 238, 249, 258, 279, 281, 283, 285, 291, 292, 325, 331, 332, 333, 334, 339, 341, 350, 357, 359, 361, 362, 363, 366, 367 145, 152, 169, 170, 177, 188, 192, 196, 217, 218, 219, 220, 221, 228, 245, 248, 278, 281, 295, 297, 325, 331, 332, 335, 337, 357, 361, 365, 367 217, 218, 220, 247, 251, 295, 297, 331, 337 59, 61, 91, 92, 123, 145, 147, 149, 169, 170, 171, 173, 187, 192, 196, 218, 220, 278, 335 341, 349, 350, 367 309, 331, 334, 357, 358, 359 210 26, 61, 317 317 36, 51, 53, 54, 55, 56, 277, 329, 333, 336

affecté (cf. aussi : actant affecté/prime actant affecté)

agent (cf. aussi : actant agentif/prime actant agentif)/ agentif non-/ agentivité allomorphisme analogie/ analogique ancrage - temporel

36, 51, 53, 54, 55

antériorité

146, 192, 197, 219, 249, 304, 305, 331, 332, 333 249, 300, 349 45, 46, 47, 48, 53, 54, 55, 56, 228, 357 47, 49, 51, 52, 228, 357

anthropocentrique (principe -)

219, 340

antipassif aoriste/

331 35, 60, 64, 66, 99, 100, 102, 213, 248, 351 135

animé (actant -) inantérieur/

aoristique/

380

aoristophile aréférentiel : voir référentiel article

£

D

ῳ =

9

t o v

17, 121, 88, 197, 198, 199, 204, 205, 206, 207, 211, 35, 336, 337, 357, 361, 3

127, 201, 274, 362,

2

ΕΣ, Ser SR 5 ΒΞ & ds

Dee

uu ©

SESBSSS Ε E

- illimité - imperfectif

S x 8

Sum.

aspect

66, 99, 211, 212, 337, 50, 351, 359, 367 2A, 35, 36, 37, 48, 59, 60, , 99, 100, 117, 127, 197, 199, , 206, 211, 212, 339, 340, 341, 350, 359, 365, 367, 375 37, 60, 98, 99, 117, 127, 211, 212, 367 37, 48, 197, 212 339, 341, 350, 359, 367

augment (temporel) augmentation de valence (cf. aussi :

valence quantitative augmentée)

15, 20, 21, 22, 1, 32, 45, 48, 56, 59, 95, 96, 97, 98, 122, 123, 126, 195, 198, 204, 212, 308, 331, 341, 345, 349, 56 196, 217, 220, 359

381

23, 2A, 25, 26, 27, 33, 34, 35, 36, 37, 60, 61, 66, 69, 91, 99, 100, 118, 120, 127, 144, 169, 184, 205, 206, 210, 211, 335, 336, 337, 340, 351, 361, 367, 370 248, 261, 321, 325,

« auto-intérét»

223, 225, 238, 257, 258, 259, 265, 261, 273, 278, 279, 281, 282, 292, 316, 325, 370, 372 218, 217, 335, 282,

220 218, 278, 301, 331, 333, 334, 339 325

40, 301, 331, 339 61, 62, 63, 64, 65, 98, 147, 194, 200, 205, 218, 225, 226, 249, 258, 259, 271, 278, 298, 309, 311, 332, 335, 337, 339, 366, 367, 370, 372 61, 62, 64, 65, 98, 147, 205, 226, 271 118, 119, 317 321 29, 76, 161, 163, 173, 203 20, 169, 273, 274, 275, 296, 315, 318, 370, 372 63, 67, 195, 249, 273, 295, 334, 372, 373, 374 261 36, 310 coréférentiel : voir référentiel

corrélations (entre aspect et valence)

169, 274, 329, 331, 334, 335, 336, 339, 341, 350, 351, 357, 359, 361, 362,

D datif « dative raising » découpage

défectivité (temporelle)

défini (article -) indénominatif « déponent »

363,

365,

218, 258, 301, 339 22, 23, 24, 30, 212, 273, 274, 370, 377 207 329, 336 229, 336 64, 69, 77, 79, 221, 345

382

366,

367,

368,

370

331, 339, 343 32, 66, 87, 9, 147, 275, 367, 368, 369,

82, 198

- semidérivation/

dérivationnel/

dérivé

345 36, 49, 66, 67, 146, 170, 171, 199, 219 53, 66, 67, 91, 170, 171, 191, 321, 359, 361, 20, 60, 61, 70,

92, 95, 108, 119, 144, 184, 191, 196, 197, 92, 93, 98, 102, 118, 199, 202, 204, 310, 372 72, 86, 91, 92, 93,

94, 96, 102, 111, 121, 144, 146, 147,

169, 170, 183, 184, 191, 196, 198, 199, 200, 201, 202, 227, 261, 322, 346, 361, 362, 366, 371 désémantisation : voir sémanticité/ déverbatif

diachronie/ diachronique diathèse

148, 317 191, 193, 241, 282,

191, 192, 200 317 194, 195, 221, 223, 242, 245, 249, 255, 263, 264, 277, 280, 309, 322, 325, 349, 350, 362

- active : voir actif/flexion/voix active

- moyenne (cf. aussi : flexion moyenne/moyen/voix moyenne) - primai - secondaire doublet duratif non-/

dynamique nonE enclitique (pronom -) ergatif (langue -ve) évolutif (structure -ve)

non-

193 221, 247, 277, 280, 349 2A5, 255, 277, 282, 309, 350 70, 72, 76, 80, 86, 147, 150, 157, 159, 162, 180, 199, 340, 346 94, 99, 174 366 92, 123, 169, 170, 300, 331 279 317 218, 331, 333, 334 20, 21, 59, 91, 92, 93, 94, 97, 98, 99, 101, 104, 108, 110, 118, 119, 120, 121, 122, 123, 134, 135, 136, 137, 146, 301, 359, 361, 362, 371 20, 21, 59, 61, 62, 66, 91, 92, 93, 97, 98, 100, 104, 111, 112, 118, 119, 120, 122, 134, 135, 137, 146, 198,

383

273, 349, 339, 218, 299, 218,

- active (cf. aussi : actif/diathèse/ voix active)

- moyenne (cf. aussi : diathèse moyenne/moyen/voix moyenne)/ flexionnel focalisation/ focalisateur (fonction -trice)

formation en -a- (cf. aussi : présents en -a-) formation en -ba- (cf. aussi :

suffixation en -ba-/suffixe -ba-)

301, 350, 343 278, 365, 258,

308, 322, 340, 341, 345, 359, 372 339, 340, 343 373, 374, 375 298

65, 69, 85, 101, 103, 104, 107, 111, 112, 113, 114, 149, 152, 153, 155, 159, 160, 161, 162, 163, 170, 173, 177, 178, 179, 180, 181, 187, 188, 189, 193, 221, 245, 247, 255, 256, 257, 258, 260, 277, 278, 279, 280, 281, 282, 298, 299, 303, 304, 305, 306, 307, 308, 309, 310, 311, 316, 345, 350, 362 69, 101, 104, 107, 111, 113, 149, 152, 153, 155, 160, 161, 162, 173, 177, 179, 180, 181, 187, 188, 189, 258, 278, 281, 345, 362 85, 103, 104, 111, 114, 152, 155, 162, 163, 170, 178, 180, 181, 189, 193, 221, 245, 247, 255, 256, 257, 260, 271, 279, 280, 282, 298, 299, 303, 304, 305, 306, 307, 308, 309, 310, 311, 350, 362 316 199, 209, 226, 261 202, 256, 337, 363 33, 140 183, 184 27, 28, 30, 31, 37, 39, 47, 48, 75, 76, 77, 78, 102, 104, 149, 155, 156, 157, 162, 173, 174, 198, 199, 200, 210, 211, 369,

384

32, 54, 79, 150, 158, 175, 201, 371

33, 34, 35, 69, 71, 72, 80, 81, 82, 151, 152, 159, 160, 180, 189, 202, 203,

36, 73, 84, 154, 161, 197 197, 207,

formation en -e- (cf. aussi : présents

59

en -é-/suffixation en -&-/suffixe -£-) formation en -facio (cf. aussi :

221, 321, 323

présents en -facio) formation en -ifa- (cf. aussi : présents en -ita-/suffixation en -ita-/suffixe

139, 146, 147, 169

-ita-) formation en -1a- (cf. aussi : présents en -Ta-/suffixe -fa-) formation en -sc- (cf. aussi : présents en -sc-/suffixation en -sc-/suffixe -sc-)

formation en -n- (cf. aussi : suffixe

n-)

165, 196 91 351

formation en -ox- (cf. aussi : suffixation en -ox-/suffixe -ox-)

195

forme-base

69, 91, 92, 93, 147, 148, 149, 173, 183, 191, 203, 321, 323, 92, 171, 204 139 19, 337

forme fondée « fréquentatif » futur

G génitif geure (grammatical) grammaire/ grammatical/

grammaticalisation/

grammaticalisé/ grammaticalité Guillaume, Gustave

H habituel hapax hétérogène - gradualisé/ hétérogénéisation/

94, 95, 98, 131, 139, 165, 168, 169, 170, 198, 199, 201, 202, 362

339, 343 349 26, 65, 66, 146, 171, 192, 212 22, 24, 26, 36, 65, 66, 67, 87, 88, 98, 118, 171, 194, 195, 197, 209, 210, 212, 277, 295, 298, 301, 316, 317, 318, 349, 369, 370, 377 245, 257, 297, 300, 325, 375 87, 88, 123, 210, 259, 299, 300, 306 87, 146, 197, 209, 297, 370 | 372 140, 143, 149, 151, 167, 168, 173, 174, 175, 176, 178, 191, 195, 200 350 20, 23, 118, 205, 274, 359, 366, 367 367 212

385

97 22 20, 21, 59, 61, 62, 66, 91, 93, 94, 97, 98, 99, 100, 111, 198, 206, 207, 211, 273, 274, 308, 340, 341, 345, 349, 359, 361, 362, 365, 372 91, 94, 97, 98, 99, 361, 363 59, 61, 62 62, 66, 91, 93, 97, 100, 111, 198, 273, 308, 340, 341, 345, 359, 372 20 59, 66, 91, 361, 363 361 66, 91

imparfait imperfectivité (cf. aussi : aspect

« impersonnel » (lex&me -)

- ἃ redoublement intégral - -conatif - -itératif/

intensification/

35, 51, 54, 211, 369 21, 2A, 25, 99, 197, 198, 200, 201, 202, 204, 205, 366 70, 74, 76, 77, 79, 82, 399, 340, 341, 343, 345, 346, 347, 348, 349, 350, 353, 366 23, 76, 91 22, 23 51, 53, 54, 55, 56, 332 45, 48 126, 139, 140, 141, 143, 146, 147, 149, 150, 151, 154, 155, 156, 157, 158, 161, 162, 165, 168, 169, 173, 174, 175, 176, 177, 180, 181, 183, 187, 188, 192, 193, 194, 195, 196, 202, 204, 363, 366 191/2, 194, 195, 196 203 139, 150, 152, 155, 156, 163, 166, 173, 177, 191, 366 147, 194, 196

386

144, 152, 159, 170, 178, 189, 199,

145, 153, 160, 171, 179, 191, 200,

159, 161, 199, 212,

intensité

- -itérativité

interférence (niveau d'-) interrogatif (structure -ve) introversion/

introverti (structure -e) irréalisable (irréel -) irréel itératif

- discontinu - « ionien »/ itérativité

lexéme

- à alternance diathétique - verbal

-5 d'« auto-intérét »

95, 125, 139, 141, 142, 144, 146, 147, 149, 160, 165, 174, 191, 192, 193, 195, 196, 201, 206, 224, 225, 241, 278, 279, 281, 282, 287, 292, 325, 363, 370 139 34, 211 140, 166 300, 302, 325 146, 169, 196 52, 53, 54, 55, 56 45, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 212, 332, 336, 337 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 37, 38,39, 41, 42, 76, 94, 97, 99, 100, 139, 140, 141, 142, 144, 149, 150, 151, 160, 161, 163, 165, 166, 167, 169, 173, 174, 175, 176, 192, 195, 196, 197, 199, 201, 202, 207, 211, 363, 366 195 100, 195 22, 23, 2A, 97, 139, 144, 149, 160, 174, 194, 212, 363

28, 30, 31, 32, 40, 42, 59, 66, 121, 123, 144, 192, 193, 194, 204, 205, 206, 220, 221, 222, 245, 246, 248, 251, 258, 259, 279, 280, 281, 301, 303, 308, 317, 318, 319, 340, 343, 345, 369, 371, 374, 129, 343, 345, 30, 36, 59, 66, 221, 308, 325, 374, 375, 316, 278

387

33, 34, 36, 37, 39, 88, 96, 99, 100, 117, 145, 146, 147, 169, 197, 198, 202, 203, 207, 209, 211, 217, 226, 227, 228, 229, 249, 251, 255, 256, 260, 261, 277, 278, 282, 283, 291, 298, 309, 310, 311, 313, 325, 334, 335, 339, 346, 350, 353, 361, 375, 376, 377 353 117, 202, 206, 217, 339, 345, 361, 369, 371

-8 d'élocution -8 d'intellect/de sensation -s d'intensité -s de métier/rôle social -s de mouvement -s de perception -s de processus physique -s de la toilette -s de voix/bruit/ lexical/

145, 192 278 278, 281 278 145, 278, 298 278 278 309, 313 278 22, 23, 2A, 30, 36, 37, 48, 60, 65, 66, 87, 88, 99, 118, 146, 147 204, 211, 275, 277, 282, 322, 365, 376 196, 203 26, 28, 33, 34, 36, 62, 65, 66, 87, 98, 146, 171, 185, 192, 209, 212, 246, 301, 376 301, 369 59, 65, 66, 98, 99, 146, 192, 197, 212, 301, 322, 325, 367, 370

marquage (morphologique)/

146, 331, 336, 349 36, 59, 61, 62, 63, 66, 88, 97, 98, 99, 118, 141, 144, 147, 184, 195, 197, 198, 199, 202, 204, 205, 207, 226, 245, 258, 282, 295, 309, 316, 332, 333, 335, 336, 340, 346, 349, 350, 361, 368, 370, 371, 373 316, 331, 336 141, 373 . 30, 32, 48, 49, 61, 62, 63, 88, 194, 209, 210, 218, 219, 245, 246, 247, 248, 249, 251, 252, 255, 261, 273, 277, 280, 281, 282, 291, 297, 300, 310, 325, 350, 358, 367, 369, 371 23, 30, 36, 146, 212, 218, 219, 358 221 275, 315, 317, 373 259 19, 329, 331, 332, 335 19, 56, 77, 335, 336, 337 55, 56, 336

marque (morphologique)

388

monoactanciel (structure -le) monodiathétique (lexéme -)

morphéme morpho-syntaxique «mot»

moyen (cf. aussi : diathése moyenne/flexion/voix moyenne)

59, 91, 170, 217, 246, 251, 295, 301, 333, 334, 335 121, 198, 226, 227, 228, 229, 245, 258, 259, 261, 277, 279, 280, 281, 282, 283, 291, 301, 303, 325, 350 184, 317, 340, 351, 357, 369, 377 316 302, 315, 316, 317, 318, 319, 373, 374 193, 195, 221

N

négatif (énoncé -)/ négation

neutralisation/ neutralisé neutre (genre -) nivellement paradigmatique nom propre nom verbal - en -πί-

- en -Ionominal (forme -e) nominatif

nominatif-accusatif (langue -ve)

332, 336 140, 141, 151, 153, 155, 156, 158, 159, 160, 162, 166, 174, 177, 181, 202, 329 35, 310 179 349 346, 347 330 36, 45, 48, 96, 169, 170, 221, 227, 228, 281, 310, 313, 314, 357, 358 221, 357 36, 96, 169, 170, 221, 227, 228, 310, 313, 314, 357, 358 74, 340, 349 225, 331, 334 218, 331, 367

LU oblique (cas -)

optatif orientation

331, 339, 56 61, 123, 247, 248, 273, 277, 297, 300, 37 337 61, 123 194, 219, 252, 255,

389

340 194, 218, 219, 245, 246, 249, 251, 252, 255, 261, 279, 280, 281, 282, 291, 310, 325, 337, 350, 369,

245, 246, 247, 248, 249, 261, 273, 277, 280, 281,

282, 291, 297, 300, 310, 325, 350, 369, 371 219 337

- sigmatique -Sen-u-

᾿

»

i

.

i

participe partitif (cas -)

passé

patient perfectif (cf. aussi : aspect perfectif)/

perfectivisant/ perfectivité

périphrastique (tour -)

phonologique (critère -) pluriaspectualité : voir aspectualité plus-que-parfait polysémie

position de sujet potentiel pragmatique du discours préposition/ prépositionnel (régime -)

48, 145, 146, 170, 361 27, 30, 31, 32, 33, 35, 36, 39, 40, 41, 42, 43, 45, 46, 47, 48, 51, 53, 54, 56, 66, 93, 96, 111, 113, 115, 117, 118, 119, 120, 121, 123, 124, 126, 129, 131, 133, 135, 137, 145, 146, 149, 150, 152, 153, 154, 156, 158, 160, 161, 171, 174, 176, 177, 179, 180, 184, 187, 188, 189, 210, 212, 221, 228, 310, 313, 323, 324, 345, 346, 347, 348, 349, 350, 353, 354, 355, 356, 361, 372 36, 221, 228, 345, 346, 347, 348, 349 135 118, 135, 145, 171, 184, 210 45, 48 332 19, 25, 26, 27, 35, 45, 46, 47, 48, 51, 52, 53, 55, 195, 210, 348, 349 218, 220, 337 20, 21, 22, 23, 2A, 25, 26, 30, 33, 34, 35, 42, 47, 48, 95, 113, 118, 123, 127, 197, 212, 274, 331, 335, 337, 357, 359, 366, 367, 369 206 20, 123, 367 197, 221, 228, 349 318, 373 46, 47, 48 319 219, 339, 340 52, 56 140, 141, 146, 165, 192, 201, 202 122 331

390

-5 en -Q- (cf. aussi : formation en

-a-) -s en -€- (cf. aussi : formation en

-&-/suffixe -2-)

-s en -facio (cf. aussi : formation en

facio) -s en -ita- (cf. aussi : formation en

-ita-/suffixation en -ita-/suffixe -ita-) -8 en -r -s en -sc- (cf. aussi : formation en

-sc-/suffixation en -sc-/suffixe -sc-)

-s en -fa- (cf. aussi : formation en

-ta-/suffixe -ta-) -s en -ox-(cf. aussi : formation en -ax -/suffixation en -ox-/suffixe -oK-)/

présent-base/ présentophile

préverbation/

préverbe

19, 25, 26, 35, 45, 46, 47, 48, 51, 52, 59, 60, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 69, 91, 92, 93, 94, 95, 96, 97, 98, 99, 100, 101, 102, 104, 107, 108, 112, 113, 117, 118, 120, 121, 122, 123, 124, 125, 126, 129, 131, 133, 137, 143, 144, 145, 146, 147, 148, 149, 165, 166, 167, 169, 170, 171, 173, 184, 187, 191, 195, 197, 198, 200, 202, 203, 204, 205, 210, 212, 213, 221, 301, 310, 321, 322, 323, 340, 341, 345, 346, 349, 350, 351, 359, 361, 362, 366, 371 197, 203, 204 60, 63, 64, 65, 120, 121, 123, 184, 197, 198, 322, 340, 341, 359, 362, 366, 301, 323

66, 124, 204, 346, 371

121, 143, 144, 197, 200, 202, 362 67, 91, 92, 93, 121, 123, 124, 197, 198, 202, 301, 361, 366, 121, 125, 165, 191, 197, 204 99

145, 146, 166, 191, 204

92, 170 100 117, 118, 119, 124, 126, 127, 273, 376 70, 71, 72, 73, 81, 83, 84, 85, 104, 105, 106, 111, 112, 113, 121, 122, 123,

391

67, 69, 98, 125, 126, 210, 212, 349, 350,

104, 147, 301, 351,

97, 98, 108, 112, 120, 125, 126, 131, 147, 204, 205, 210, 212, 371 166, 167, 169, 171,

120, 121, 122, 123, 205, 206, 207, 212, 75, 76, 77, 78, 80, 86, 101, 102, 103, 107, 108, 109, 110, 114, 118, 119, 120, 124, 125, 127, 129,

pronom

- personnel

- réfléchi/

pronominal (adjectif -)

130, 137, 221, 299, 311, 256 221, 299, 311, 126

131, 141, 256, 300, 316,

132, 205, 257, 301, 317,

133, 206, 258, 302, 325

134, 135, 207, 210 295, 297, 303

257, 258, 295, 296, 297, 300, 301, 302, 303, 306, 316, 325

R

récepteur redondance/ redondant

réduction de valence (cf. aussi : valence quantitative réduite) référent/ référentialité a-/

référentiel 8coréflexivité - « sémantique » réinterprétation relative résiduel (formation/occurrence -le)

röle (sémantique)

S Sapir-Whorf (hypothèse de -) schéma d’incidence sémantème (verbal)

sémanticité/ sémantisé/

désémantisation/ désémantisé

sémantique structurale sémantisme - « moyen »

218 66 62, 301 245, 249, 301, 302, 316, 334 319 329, 331, 332, 333, 336 329, 330, 332, 334, 329, 335, 336 297 295, 299, 303, 310 295, 303, 310 97, 144, 346, 350 329 52, 185 169, 193, 197, 217, 246, 295, 318, 340,

334, 335 335

218, 219, 225, 369

372 29 62 219, 300, 301, 367 117, 118, 295, 297, 303, 305

signe (linguistique/saussurien) simple

simultané/

simultanéité

223 223 60, 66, 88, 112, 125, 192, 193, 195, 196, 202, 248, 257, 258, 274, 275, 357, 372 20, 91, 123, 274, 331, 357 29, 56, 97, 100, 122, 141, 193, 194, 195, 201, 204, 206, 258, 274, 295, 309, 310, 316, 317, 319, 349, 362, 370, 371, 372, 373, 375 29, 52, 53, 54, 61, 62, 63, 66, 92, 93, 96, 97, 98, 99, 108, 110, 119, 120, 121, 122, 124, 126, 143, 144, 146, 147, 169, 192, 193, 194, 195, 199, 200, 202, 204, 206, 212, 258, 261, 282, 310, 316, 319, 329, 345, 347, 348, 350, 363, 367, 370, 371, 375, 377 87, 273, 319, 370 118, 119, 120, 121, 123, 127, 129, 130, 131, 132, 133, 134, 135, 137, 205, 242 45, 46, 47, 48, 51, 228, 357 51, 357, 358

situation (verbale)

-s d’attitude psychique -s d'auto-destruction -8 d'« auto-intérét »

-8 de changement d'état -s d’intellect/de sensation -s d'intensité -8 de mouvement

-s de perception -s de processus physique -s de réception -s de la toilette -8 de voix/bruit

subjonctif - « imparfait » -« parfait »

- « plus-que-parfait » -«

présent

»

subordination/

295, 297, 303 295, 297, 304 281 217, 249 222 281 196, 195, 217, 222, 225 222 222 295, 297, 303, 222 51, 52, 53, 54, 51, 52, 53, 54, 53, 54, 56 54 51, 52, 53, 54 281

393

221, 299, 300

309 55, 56 55, 56

- en -a/e- (cf. aussi : « subjonctif

335 204, 248 31, 51, 60, 63, 100, 117, 120, 161, 163, 171, 198, 199, 200, 210, 339, 340, 51

- en -ba- (cf. aussi : formation en

31, 198, 200, 202, 204, 205, 206, 349

subordonnée (nominalisée)

présent ») -ba-)

- en 2- (cf. aussi : formation en -2-/ présents en -2-) - en -ita- (cf. aussi : formation en -ita-/présents en -ita-) - en -sc- (cf. aussi : formation en

65, 94, 96, 98, 140, 143, 146, 173, 184, 191, 202, 204, 205, 345, 349, 361

99, 147, 197, 206,

60, 117, 339, 340 140, 143, 202 94, 117, 345, 361

-Sc-/présents en -sc-)

- en *-se- (cf. aussi : « subjonctif

imparfait ») - en -ox- (cf. aussi : formationen

-ox-/présents en -ox-)/ suffixe

- -ba- (cf. aussi : formation en -ba-)

- 2- (cf. aussi : formation en -e-/

59, 61, 66, 69, 133, 321, 345, 351

présents en -e-) - -ita- (cf. aussi : formation en -ita-/ présents en -ifa-) - -SC- (cf. aussi : formation en -sc-/

149 91, 97, 98, 133, 137

présents en -sc-)

- *-se- (cf. aussi : « subjonctif

53

imparfait »)

- -fa- (cf. aussi : formation en -ta-/

173

présents en -fa-)

- -ἡ- (cf. aussi : formation en -n-) - -ox- (cf. aussi : formation en -ox-/

présents en -ox-) sujet (cf. aussi : position de sujet)

superlatif syllabe synchronie

66, 100 99, 100, 195 219, 339, 340 126 373 65, 226

394

$ « théorie de point de vue »

transitif - in/ transitivité/ « transitivity feature »/

à

ΩΡ

SES: δὰ δο δὸὺ δ théme (tempo-aspectuel)

» 45, 47, 48, 49, 51, 54, 55, ‚212, 227, 370 » 95, 56, 57 7, 48, 49, 54, 55, 56, 212, 227,

» 25, 26, 35, 36, 45, 47, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 142, 146, 171, 184, 195, 209, 210, 211, 336, 337 19, 25, 36, 47, 48, 49, 53, 139, 209 35, 36, 46, 51, 53, 54, 55, 56, 91, 99, 133, 137, 145, 146, 210, 349, 351, 361, 366 337 335 335 329, 334, 335 329, 330

« transitivity hypothesis »/ « high transitivity »/ « low transitivity »

- quantitative

- - augmentée (cf. aussi :

augmentation de valence) double - -

15, 66, 139, 144, 169, 193, 194, 196, 217, 220, 221, 227, 2A5, 246, 248, 249, 261, 282, 295, 301, 302, 316, 321, 322, 325, 329, 331, 332, 333, 334, 335, 350, 351, 357, 359, 365, 367, 369 193, 194, 196, 217, 220, 221, 245, 248, 249, 282, 302, 321, 322, 325, 333, 334, 351, 359 . 217, 220, 248, 261, 325, 359 193, 217, 220, 248, 249, 282, 322

395

- - réduite (cf. aussi : réductionde

217, 220, 248, 295, 325, 359, 365

valence)

- qualitative voix (grammaticale)

- active (cf. aussi : actif/diathèse/ flexion active)

- moyenne (cf. aussi : diathèse/

139, 144, 169, 193, 217, 221, 329, 331, 332, 334 30, 193, 194, 195, 221, 225, 226, 227, 245, 248, 249, 255, 257, 259, 261, 277, 282, 302, 309, 310, 322, 325, 345, 346, 349, 350, 351, 361, 362, 366 221, 245, 255, 277, 322, 345 30, 195, 351, 366

flexion moyenne/moyen) - « Seconde

»

193, 257, 325, 362,

396

221, 225, 226, 227, 248, 249, 259, 261, 282, 302, 309, 310, 345, 346, 349, 350, 351, 361, 366

F

; ;

|

376 252 102, 161 71 233, 284 251 27, 34, 43 355 167, 173, 203 313 306 74, 298, 305, 353 32, 40 286 156 84 83 346, 356 130 305 303, 309, 313 109 101 119, 136 265 76, 253 84, 126 2332 141, 152 92, 111 82, 141 144, 154, 191 135 284

16i 114, 222, 231 64, 84 134, 188 110 154 105 106 141, 160 354 168, 178 130 347, 348, 354 137 222, 232 348, 355 235 293 230 131 101 237 107 233 150 32, 41 71 109 132

96, 113, 228, 361 130 77 166, 173, 203 153 261 238, 264 155 265 54, 118, 134

ἃ 8 ἃδ 8 5ὃ ἃ & ë

71 264 286 71, 343, 345 72 110 265

27, 31, 39 103 143, 153 103 115 65, 78 153 307 265 110

398

260 161 304 161 242 285 297, 303 106, 112, 117 179 244 239, 286 79, 356 344 51, 237 108 157, 201 305 161, 235 79, 126 264 70 81 76 133 307

307 140 152 101 283 179 171, 174 239 70 288 159 114, 361 114 242 79, 162 226, 236 105 41) 355 158 159 111, 222, 234 162 86, 233 355

177 83 82, 344, 349, 356 244 291 142, 151 313 306 129 76 110 166, 177 82 135

401

279/80

303

286 288 298 350 375 379 399 413/4 417 426 427 428 1289 436 438/9 44 447/8 452 455 463 469 491 493 495 508 509 514 543 548 562 579 593 609 656/7 667 675 676 679

29 253 40 293 174 356 253 40 304 41, 207 39 162 296, 305 83 42, 173, 203 156, 189 73 266 266 109 40 266 305 266 260 175 264 85 257,263,304 85, 232 167, 175 306 247, 252 238 148, 150 43 308 22

680 681 685

43 36 42, 207

725

727 742/3 783 803/4 850 865 865/6 871 885 886 888/9 911/2 932 940 950/1 952 960/1 962 976/7 983 1002 1004 1044 1045/6 1054 1059 1063 1081 ὀ 1097 1099 1100 1122/3 1123 1127 1136 1137/8 1143 173 1182 1193 1194 400

39, 180, 203

252 283 242, 287 142, 159, 232 243, 288 115 239 113, 286 151 180 150 28, 40 232 304 264 297, 304, 305 30, 39 305 151 159 266 189 76, 346, 355 92, 108 39 267 299, 308 126, 146, 162 261 104 292 230 152 151 92, 108 228, 229 73, 261 267, 339, 343, 345 252 109, 158 267

260 161 304 161 242 285 297, 303 106, 112, 117 179 244 239, 286 79, 356 344 51, 237 108 157, 201 305 161, 235 T9, 126 264 70 81 76 133 307

307 140 152 101 283 179 171, 174 239 70 288 159 114, 361 114 242 79, 162 226, 236 105 4 355 158 159 111, 222, 234 162 86, 233 355

177 83 82, 344, 349, 356 244 391 142, 151 313 306 129 76 110 166, 177 82 135

287 178 263 245 307 255 263 233 305 313 243 284 165, 176 177

401

887-9

42

31 159 136 257 243 160, 179 27, 31, 40 293 107 176 151, 143 157, 201 69, 353 133 130 253 60, 74 93, 111, 234, 362

229 80 129 153 253, 307 331 154 71 155 86, 354 188, 243 324 93, 101, 122, 362 313 106, 122 83, 177

131

70/1

29, 42 83 252

81 243 157 78 206

83 149 149 176 355 188 113 235 232 42 106 160 235 154, 231 102, 198 110 174, 191

180 86 102 102 160, 202 173, 203 238 28, 40, 248, 253 291 133, 205 139, 149, 171, 174 191 117, 129 291

321, 323 252 95, 144, 229, 361

131 281 184, 187 95, 104, 240 81, 346, 356 324 231 77 178 304 242 41 263 179 255 251, 280, 292 187 115, 222, 236 64, 75 181

183, 157 179 157 306, 308 131 30, 39 85 174 307 244 144, 154, 191 85 155, 230, 231 173 160, 243 140, 156 156 108 235 156

79, 355 124, 129 189

33, 42 159 132

281, 292 179 150 141, 155, 163, 239 150 94, 102 55, 167, 176 253 240, 287 179 237 132, 284 92, 108 106 74 107

142, 150 179 159, 224, 242 231 288 252 155 64, 69, 91 175 130 29, 263, 288 73 29, 41, 256 246, 251 188 75, 354 22A, 244, 289 73 111 180 96, 114, 283, 361 242, 288 71

228, 157 151, 189 278, 83 236 168, 176 304 106,

357 305 283 178, 230 125

22 22-4 43 53 69 85 91 104 111/2 128 141 143 146 152-5 168 217 229/30 233 259 272 274

33 55 263 263 263 298, 306 241 158 241 157 40 230

177 105 306 159 311, 313 304 110 137 131 113, 283 183, 187 109 137 247, 252 252 343 72, 198 177

73 74, 162, 201 230 256 76 163, 236 86 161 284 109 321, 324 243 303 323 79, 321 154, 200 297, 303 233 260 251 323 313 142,151,303, 309

300, 305 176, 306 251 349, 356 61, 75 41 292 108, 140, 153 288 74 354 110, 141 264 168, 179 151 84 155 167 156 167, 177 73 70 102

799/800 830 840

405

176 162 232 81 34, 43 137

150 286 324 242, 287 160, 202 54, 132 227, 237 51, 70, 125 231 168, 178 124, 131 70 63, 80 247 52 153 209, 313 102, 181, 81 137 311, 110 175 136 181 150 82 82 103, 77 284 81 105 145, 39

125 234 313

231, 324

152

61, 84, 165, 175 230, 278, 283 307 104 284 53, 78, 126 136

113 174 324 102 76 310, 314 299, 308 286 343 158 304 237 TT, 198 287 39, 205 158, 200 307 189 130 178

40, 46 286 177 86, 235, 301, 303, 343 37 175, 203 166, 178 350 239 241 233 62, 83 86 135 32, 40 69 59, 70, 81, 321 140, 156 105

973 1049 1096 1107 1134 1145 1215/6 1240/1 1276 1289

576 577

310, 313 105 149 353 302 288 240 306 235, 285 154, 307 81 348, 355 154 283 187 71 27, 40 261

984 1012 1017/8 1029 1081 1090 1093

135 94, 112, 234 251 157 174 106 225, 241, 287

1175 1226 1242 1315 1338 1394

St 58 60 63 75 85 130 156 163 167 183-5 195 215/6 216 221 236 243 281 310

251 291 323 235 324 79 115 174 141, 160 4 151, 143 133 117 159, 237 119, 135 40, 130 114 63, 167, 175

328 329 386 393 407 440 451 517 521 522 547 556 637 681 735 761 762

Tri 98/9 127 140 155 184 191 203 224

156 344 133 108 85 159 165, 176 114

298 350 367 377 430 478 507 515/6

243 261/2 262 20/1 292

223, 229, 236 145, 152 304 252 162

641 658 678 787 827

296, 305 246, 251 291 241 346, 348, 355 236 33, 42 103, 181, 234, 280 75, 355 291 10i 227, 237 4l

287 303 180, 161 232 154, 340, 103 162,

343, 355 176 344 201

280 221, 229 154, 228, 357 76 155 105 84, 122 39

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