Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus: Volume 5 Les toponymes et les anthroponymes d’origine arabe dans la Péninsule Ibérique 9783110729634, 9783110716146

This volume is dedicated to the study of names of places and people on the Iberian peninsula that are of Arabic origin.

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French Pages 140 [142] Year 2022

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Table of contents :
Colophon à l’Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus
Avant-propos
Table des matières
Système de transcription
Symboles
Sigles bibliographiques
1 Phonologie
2 Morphologie
3 Syntaxe
4 Noms de lieux
5 Noms de personnes
Bibliographie
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Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus: Volume 5 Les toponymes et les anthroponymes d’origine arabe dans la Péninsule Ibérique
 9783110729634, 9783110716146

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Federico Corriente †, Christophe Pereira, Ángeles Vicente Les toponymes et les anthroponymes d’origine arabe dans la Péninsule Ibérique

Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus

Éditée par Federico Corriente †, Christophe Pereira et Ángeles Vicente

Volume 5

Federico Corriente †, Christophe Pereira, Ángeles Vicente

Les toponymes et les anthroponymes d’origine arabe dans la Péninsule Ibérique

Cet ouvrage a été élaboré dans le cadre du projet de recherche Patrimonio sociolingüístico en el Magreb: tradición oral y capital cultural (FFI2014-54495-C2-1-P), financé par le Ministerio de Economía y Competitividad d’Espagne, auquel les trois auteurs participent.

ISBN 978-3-11-071614-6 e-ISBN [PDF] 978-3-11-072963-4 e-ISBN [EPUB] 978-3-11-072977-1 Library of Congress Control Number: 2022932910 Bibliographic information published by the Deutsche Nationalbibliothek The Deutsche Nationalbibliothek lists this publication in the Deutsche Nationalbibliografie; detailed bibliographic data are available on the Internet at http://dnb.dnb.de. © 2022 Walter de Gruyter GmbH, Berlin/Boston Printing: CPI books GmbH, Leck www.degruyter.com

Colophon à l’Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus

Federico Corriente Córdoba (1940–2020) Photographie IEIOP, Zaragoza, 2005

Le Professeur Federico Corriente Córdoba était un arabisant espagnol qui a consacré toute sa carrière universitaire à l’étude de nombreux aspects de la langue arabe ; ses travaux sont des références incontournables pour toute étude scientifique postérieure. Nous pouvons affirmer qu’il a été l’arabisant espagnol le plus reconnu à la fois au niveau national et international et qu’il sera difficile de le surpasser. Tout au long de sa carrière, Federico Corriente a reçu de nombreux honneurs : il a été membre correspondant de l’Académie de la Langue Arabe du Caire (1992) ; il a reçu le prix du Ministère de la Culture de la République Arabe d’Égypte pour la meilleure édition de textes arabes (1995) et la médaille d’or de l’Institut Égyptien d’Études Islamiques de Madrid (2000) ; il a en outre reçu les armoiries de l’Université du Caire (2007) et le certificat d’appréciation du Département de la Culture et de l’Information de l’Émirat d’Ajman (2008). En juin 2014, il a été nommé Docteur Honoris Causa par l’Université de La Laguna. Puis, le 6 avril 2017, il a été élu membre de l’Académie royale espagnole des langues ; il en est devenu membre à part entière après avoir lu https://doi.org/10.1515/9783110729634-001

VI | Colophon à l’Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus

son discours le 20 mai 2018. Rappelons également le volume qui lui a été offert en 2005 par certains de ses amis et disciples, intitulé Sacrum Arabo-Semiticum. Homenaje al profesor Federico Corriente en su 65 aniversario.1 Depuis juin 2020, de nombreuses nécrologies et articles ont été publiés. Ils contiennent des informations variées et complètes sur son parcours académique, singulier et remarquable, et sa longue liste de publications. Il est aisé de s’y référer et nous ne répéterons donc pas ici tous les renseignements que ces nécrologies et ces articles contiennent. Ce texte a plutôt pour but d’insister sur la contribution de Federico Corriente au domaine de la dialectologie arabe et, en particulier, à celui de l’arabe andalou : un colophon à cette Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus qui, comme il le disait luimême, marquerait la fin de son travail et qui, pour cette raison, devait rassembler toutes les données actualisées sur cette variété. Federico Corriente est considéré comme l’initiateur des études de dialectologie arabe en Espagne ; nous ne pouvons donc pas parler du développement de cette discipline dans ce pays sans faire allusion à toute sa contribution au domaine. Cela a commencé par l’étude de l’arabe andalou dans les années 1970. La publication de sa première grammaire a été déterminante, non seulement pour connaître la variété parlée en Al-Andalus, mais aussi pour l’étude de la poésie strophique andalouse : découvrir les caractéristiques de la prosodie andalouse, différente de celle de l’arabe classique, signifiait comprendre l’idiosyncrasie de cette variété d’arabe, qui résulte du contact avec les langues romanes qui ont agi comme substrat et qui ont largement influencé son processus de développement ; la prosodie particulière basée sur l’accent et non sur la quantité vocalique est sa caractéristique la plus particulière par rapport à tous les autres vernaculaires du monde arabophone qui ont existé tout au long de l’histoire de la langue arabe. C’est grâce aux travaux de Federico Corriente que l’arabe andalou est devenu la variété médiévale la plus connue et qu’elle est considérée comme un élément fondamental de l’histoire de la langue arabe et de sa dialectologie. Les quatre projets de recherche menés par Federico Corriente de 1999 à 2011 ont abouti à la formation d’une école formée par ceux qui ont eu l’honneur d’être ses disciples. Les directions de thèses de doctorat, les nombreuses invitations reçues pour présenter ses travaux, les publications sous forme d’articles, d’ouvrages collectifs, de grammaires et de dictionnaires ont élargi la connaissance sur l’arabe andalou, en plus de renforcer son lien avec le reste des variétés parlées au Maghreb. Al-Andalus a ainsi cessé d’être une entité distincte pour être intégrée dans l’empire arabo-islamique comme un territoire de plus, puisqu’il a été démontré que la variété d’arabe qui y était parlée a subi l’influence linguistique du substrat roman

|| 1 Édité par Jordi Aguadé, Ángeles Vicente & Leila Abu-Shams et publié en 2005 par l’Instituto de Estudios Islámicos y del Oriente Próximo de Saragosse.

Colophon à l’Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus | VII

andalou, de la même manière que l’arabe égyptien a été influencé par le copte et l’arabe syrien par l’araméen. Le besoin, par une certaine historiographie espagnole, de doter Al-Andalus de certains éléments autochtones hispaniques, s’est vu réfuté par les preuves scientifiques incontestables présentées dans les travaux de Federico Corriente et l’andalou a, ainsi, grâce à ces derniers, cessé d’être appelé dialecte hispano-arabe ; les travaux de Federico Corriente ont également démontré que la poésie strophique andalouse avait une origine orientale et non provençale. Federico Corriente a été, avec Jorge Aguadé, le créateur de la première revue consacrée à la dialectologie arabe en Espagne : la revue EDNA – Estudios de Dialectología Norteafricana y Andalusí, dont treize volumes ont été publiés entre 1996 et 2009. À partir de 2008, il a codirigé, avec Ángeles Vicente, la première collection de monographies sur le même sujet, intitulée Estudios de Dialectología Árabe, actuellement publiée par les PUZ (Prensas de la Universidad de Zaragoza). À ce jour, 18 volumes sont parus. Au fil du temps, Federico Corriente a ressenti le besoin de rédiger un ouvrage qui actualiserait toutes les données sur l’arabe andalou dispersées dans de nombreuses publications ; ouvrage qui considérerait tous les domaines dans lesquels l’arabe andalou a laissé des traces et qui inclurait certains éléments des variétés parlées au Maghreb. Il nous a, alors, proposé de rédiger, avec lui, une encyclopédie linguistique de l’arabe andalou, en français et en cinq volumes : une grammaire qui mettrait à jour celles de 1977 et de 2013 ; un dictionnaire d’arabe andalou qui actualiserait celui de 1997 ; un dictionnaire des arabismes qui inclurait des données nouvelles par rapport à l’édition de 1999 et celle corrigée et augmentée de 2003 ; un volume qui rendrait compte des conséquences des interférences linguistiques causées par le contact avec le roman et le berbère ; et, enfin, un dernier volume sur les noms de lieux et de personnes d’origine arabe présents dans la Péninsule Ibérique. Nous avons eu l’honneur de participer à cette encyclopédie d’arabe andalou, d’y inclure des données sur l’arabe libyen et marocain et de régler tous les aspects techniques lors de l’édition de chaque livre. Federico Corriente nous a quittés quelques jours avant la parution du quatrième volume. Dès le début, il savait que cette encyclopédie serait son dernier ouvrage. Deux semaines avant sa mort, il travaillait encore sur le cinquième tome. C’est ce dernier livre que nous publions ici à titre posthume, en hommage à tout son savant héritage. Ángeles Vicente & Christophe Pereira

Avant-propos L’étude des noms de lieux et de personnes d’origine arabe relevés dans la Péninsule Ibérique permet d’établir des listes détaillées, d’y repérer des traits diachroniques ou synchroniques de l’arabe andalou, c’est-à-dire des informations sur son évolution et d’ordre dialectologique, mais aussi d’utiliser les graphies anciennes ou modernes de ces noms afin de découvrir ou de confirmer nos informations sur les langues européennes, romanes ou autres utilisées dans cette partie du monde. Parmi ces objectifs, l’établissement de catalogues toponymiques et onomastiques restera très probablement incomplet pendant de nombreuses années car – et cela malgré le grand nombre de publications dressant de telles listes, dont plusieurs sont incluses dans notre bibliographie – la toponymie moyenne et mineure d’origine orientale que nous trouvons en Espagne et au Portugal semble avoir échappé, jusqu’à nos jours, à l’exhaustivité parfaite, notamment à cause des variantes introduites par des copistes moins savants et en raison de l’évolution phonétique des langues hispaniques, ainsi que la contamination par d’autres mots. Le cas de l’onomastique n’est pas si grave, car il s’agit, dans la plupart des cas, de personnages historiques mentionnés dans les traités, mais on trouve aussi bien de tels noms incorporés à la toponymie, ce qui rend cette tâche également compliquée, à cause du nombre et de l’état des sources. Des doutes subsisteront, même dans les cas où nous n’avons pas ajouté un point d’interrogation ; des erreurs, également, malgré notre souhait de contribuer à améliorer la situation dans ce domaine de la linguistique hispanique. Quant au troisième but envisageable pour cette étude, il s’agit de l’exploitation de ces données comme matériaux de recherche linguistique romanistique ou pré-romanistique. Cela a été initié par quelques collègues doués d’une double capacité d’arabisants et de romanistes, mais ce domaine est considérablement limité. Nous sommes, en outre, convaincus du fait qu’il faille d’abord être plus sûrs de nos informations à propos de l’arabe andalou, dont beaucoup sont récentes, afin d’éviter des confusions et des erreurs dans l’interprétation des documents rédigés surtout en langue arabe ou, au moins, avec cette graphie caractéristique et parfois déroutante. Il nous reste donc la possibilité d’examiner les cas les plus sûrs, dont l’étymologie ne soulève aucun doute, afin d’y trouver de nouvelles isoglosses dialectales et des traits grammaticaux, phonétiques et surtout morphologiques, au sein du faisceau arabe andalou. C’est un objectif légitime et possible, encore peu envisagé par les recherches préalables et donc méritant notre attention dans les prochaines pages. Les auteurs

https://doi.org/10.1515/9783110729634-002

Table des matières Colophon à l’Encyclopédie linguistique d’Al-Andalus | V Avant-propos | IX Système de transcription | XIII Symboles | XIV Sigles bibliographiques | XV 1  1.1  1.2 

Phonologie | 1  Vocalisme | 1  Consonantisme | 2 



Morphologie | 17 

3  3.1  3.2 

Syntaxe | 21  Structures syntaxiques particulières | 21  Concordance | 22 



Noms de lieux | 23 



Noms de personnes | 91 

Bibliographie | 109 

Système de transcription Les exemples sont reproduits dans l’orthographe originale des langues utilisant les alphabets latin et grec, pour l’arabe, on a utilisé des italiques ou la transcription graphémique (entre >x
bullānsī< « de Pollensa », chez Ibn Alʔabbār, et Purchena, Archidona et Pedroches, toujours avec un >ǧ< dans les documents andalous en graphie arabe.4

|| 3 Voir Corriente 1977 : 37, 2.6.4, 40, 2.8.4, à propos du /ṭ/ ; p. 44, 2.12, à propos du /ṯ/ ; p. 47, 47, 2.14., à propos du /ḍ/ et du /ḏ̣/ ; p.48, 2.15.2, à propos du /ṣ/ ; p. 54, 2.23.3, à propos du /q/ ; p. 56, 2.25.2, à propos du /ʕ/ ; et p. 57, 2.26.2, à propos du /ḥ/. 4 Parfois avec un signe de gémination, seule représentation possible du phonème /č/, car les andalous n’ont pas connu ou utilisé l’ajout de points diacritiques, inventé par les Persans et imité par les Turcs, comme graphèmes de ce phonème et du /p/ dans leurs langues, ni le trait surmontant le kāf

Consonantisme | 3

1.2.1 La spirantisation en positions implosives du /b/ et du /d/, si caractéristique des romans ibériques, semble avoir produit des noms de lieu comme Vegalatrave (Zamora < /bíqʕat al+aṭrf/ « plaine des limites ») et Jaraba (Zaragoza < /ǧaráwa/ « nom d’une tribu berbère ») ; par ultra-correction, et par affaiblissement, ceux de Audilbar (Granada < /ʕábdi l+bárr/ « nom connu d’homme »), Olocau (Castellón, Valencia < /al+ʕuqáb/ « le vautour ») et Calatorao (Zaragoza < /qaláʕat turáb/ « forteresse de pissat ») ; avec élimination totale dans Benitagla (Almería < /bini táġlib/ « les fils de Táġlib »), Benimodó (Valencia < /bini mawdúd/ « les fils de Mawdúd ») ; et l’hybridé Castilfalé (León < /KASTÉL+ḫallád/ « le château de Ḫallád »). 1.2.2 Une certaine faiblesse articulatoire du /f/, surtout dans le voisinage d’une consonne sifflante, semble avoir existé dans quelques sous-dialectes du faisceau arabe andalou, fréquemment en grenadin, comme dans Haraiçel (Granada < /ḥára[t] issál/ « le quartier inférieur »), reflétant l’arabe classique asfal « plus bas », ainsi transmis par Alcalá à côté d’autres cas semblables du ce parler.5 1.2.3 Le /m/ final est souvent rendu par un /n/ dans les emprunts et les noms de lieux arabes des langues ibéro-romanes occidentales et souvent supprimé dans ses homologues orientaux, comme dans Alfamén (Zaragoza < /búrǧ al+ḥamám/ « le colombier ») et Lecrín (Granada < /al+iqlím/ « le district »), ainsi que Benissili (Alicante < /biní sÍlim/ « les fils de SÍlim ») et Benibrai (Alicante < /biní ibráhim/ « les fils d’Ibráhim ») ;6 ce qui se produit parfois aussi en dehors des régions catalanophones, comme dans Benaque (Málaga < /(a)bin ḥákam/ « le fils de Ḥákam ») et Benamocarra (Málaga < /[a]bin a[l]+mukárram/ « le fils de Mukárram »), mais une telle situation aurait été exceptionnelle en andalou,7 sauf par la chute du /n/ finale en grenadin, possible résultat d’un /m/ dans cette position, comme on le verra plus bas. 1.2.4 Le /w/ arabe, normalement bien préservé en andalou, était parfois rendu dans la phonétique du roman par >v< (dans la plupart des cas une simple variante orthographique du /b/, surtout spirantisé, comme dans Almodóvar (Cádiz, Córdoba,

|| pour le /g/. Le cas du /g/ étant plus difficile à soutenir, comme dans Granada, puisque cette consonne romane avait un allophone postvocalique [ḡ] qui a dû mener à une identification avec le /ġ/ arabe. 5 Mais il y a aussi des emprunts castillans, tels que alazor (> /al+ʕaṣfúr/ « carthame ») et zaquizamí (< /sáqf f+as+samÍ/ » « taudis »), avec une assimilation égale et ne pouvant pas être attribuée exclusivement au grenadin ; voir Corriente 1977 : 36. On peut se demander si la chute totale du /f/ dans des noms de lieu comme Almansa (Albacete) et Almanza (León < /al+mánṣaf/ « la moitié [de la route] » est une autre conséquence de cette faiblesse ou le résultat de l’évolution habituelle dans les romans ibériques du /f/ > /h/ < /Ø/. 6 Voir Barceló 1982 : 8–9. 7 Confirmé par l’emprunt castillan alcotana < arabe andalou /al+quṭána/ « marteau à repiquer », métonymie du nom d’unité de l’arabe classique qaṭām « lanier ».

4 | Phonologie

Ciudad Real, Cuenca < /al+mudáwwar/ « la [ville] ronde »), et par >gucçzthçzs< et >catāfī< « tripode » et corráta < classique /kurrāṯah/ « poireau » et, dans le Glossaire de Leiden, >matāniya< et >taḫīnθ< grec, transcrit en latin par >th< avec soin, était généralement prononcé comme un /t/ par les Romans mais, dans le cas de l’arabe andalou, la description très exacte de cette articulation interdentale par Pedro de Alcalá et les transcriptions assez généralisées avec >thçzs< et >c< suggèrent une préservation presque générale du vieux phonème arabe et sémitique. 15 Voir Corriente 1977 : 46, note 58. 16 Le cas de Beniredrá (Valencia < /bini riḍwán/ « les fils de Rḍwán ») où l’articulation latérale est représentée par >drdltzçczx< conventionnel adopté par l’orthographe bas-latine à cause de leur ressemblance graphique, au lieu du préalable digraphe >scx< a été retenu par toutes les langues ibéro-romanes, sauf le castillan moderne dans lequel, depuis les XVIe et XVIIe siècles, où les phonèmes prépala|| 18 Voir Corriente 1977 : 46–47. 19 Avec de nombreuses exceptions, comme Sama (< /saláma/) et Soeima (< /suláyman/), noms d’homme utilisés dans quelques noms de lieux du Portugal, ainsi que Suflí (Almería < /suflí/ « inférieur »), mais Zucaina (Castellón < /sukáyna/ « le petit lieu de séjour »). Cette hésitation orthographique explique les confusions apparentes entre les graphèmes >s< et >zḫ< arabe, on a remplacé l’ancien graphème >x< par >g< devant une voyelle palatale ou par >j< dans les autres cas et parfois aussi au lieu d’un >gǧ< et donc, obtenu le résultat normal pour cette prononciation, évidemment changée, lorsqu’on abandonna ce trait yéménite, comme dans Turgalium > >turǧāluh< > Trujillo (Cáceres), Urganona > >arǧūnah< > Arjona (Jaén) et Tagus > tāǧuh< > Tajo « Tage ». D’un autre côté, quelques sousdialectes andalous semblent avoir pratiqué une réalisation chuintante sonore du phonème /ǧ/, c’est-à-dire /ž/, courant dans les dialectes néo-arabes, surtout en Afrique du Nord, ainsi qu’en Grande Syrie, ce qui est décelé par des transcriptions ibéro-romanes comme Marzalcadí (Toledo < /márǧ al+qáḍi/ « la prairie du juge ») et quelques emprunts, comme le portugais zorra « chariot », en face du castillan jorro « sentier pour le traînage du bois coupé », tous deux reflétant l’arabe andalou /ǧúrr/ « traîne ».22 1.2.13 Le phonème alvéolaire latéral /l/ s’est transmis régulièrement de l’arabe ancien au faisceau dialectal andalou, puis dans les emprunts et les noms de lieux et

|| 21 Ainsi que dans le nom de lieu Alfaque(s) (Tarragona < /al+ḥágiz/ « la barrière [à l’embouchure de la fleuve Ebre] »), avec l’assourdissement dans une prononciation *alfags. 22 Finalement, il y a aussi eu des cas où la réalisation affriquée a subi un assourdissement et est devenu /č/, surtout dans les positions finales, mais pas toujours, comme dans Almarcha (Cuenca < /al+márǧ[a]/ « la prairie »), Alborache (Albacete, Valencia < /al+buráyyaǧ/ « la petite tour ») et Benitachell (Alicante < /bini táǧir/ « fils d’un commerçant », avec la contamination accentuelle par le préfixe diminutif catalan {+ÉḺ}), à côté des cas avec un résultat /d/ par dissimilation, comme dans Almedíjar et Almedíxer (Castellón < /al+madÍšar/ « les métairies ») et parfois d’autres avec un résultat /y/ par lénification, comme dans Alboraya (Valencia < /al+buráyyaǧ/ « la petite tour »), comme l’emprunt portugais alfaia « bijou » < arabe andalou /al+ḥáǧa/, en face du résultat normal en castillan alhaja.

Consonantisme | 9

de personnes dans les langues ibéro-romanes, comme Algodor (Cáceres, Córdoba, Toledo < /al+ġudúr/ « les étangs »), Alacuás (Valencia < /al+aqwás/ « les arcs ») et Refal (Îles Baléares < /ráḥal / « hameau »). Néanmoins, on l’a parfois remplacé par /r/ ou /n/, par dissimilation ou simple préférence phonétique, comme dans Gibraleón (Huelva < /ǧíbl al+ʕuyún/ « la montagne des sources »), Benioquer (Valencia < /bini ʕuqáyl/ « les fils d’Uqáyl »), Albar (Zaragoza < /al+báʕl/ « le champ de culture sèche ») et plusieurs noms communs, tels qu’alboñón « égout » (< /al+ballúʕa + ÓN/), où la gémination du /n/ a généré sa palatalisation, habituelle dans les romans ibériques orientaux et centraux.23 1.2.14 Les phonèmes occlusifs sourds vélaire et uvulaire de l’arabe ancien /k/ et /q/ ont été généralement bien préservés dans le faisceau dialectal andalou,24 puis confondus en /k/, dans les emprunts et les noms de lieux et de personnes dans les langues ibéro-romanes, comme dans Alconeza (Guadalajara < /al+kunáysa/ « la petite église »), Boquiñeni (Zaragoza < /[a]bu kináni/ « le père de Kináni »), Calatayud (Zaragoza < /qaláʕat ayyúb/ « le château d’Ayyúb ») et Cantaralcadi (Granada < /qánṭara[t] al+qáḍi/ « le pont du juge ») mais, selon ses habitudes phonétiques, ce son s’est souvent sonorisé et devenu /g/, dans les positions intervocaliques ou par assimilation au contact d’autres phonèmes sonores, comme dans Alfándiga (Castellón, Lugo < /al+ḫándaq/ « le ravin », contaminé par le suffixe attributif roman +IK) et Alg/quibla (Murcia < /al+qíbla/ « le côté Sud »). 1.2.15 Le phonème fricatif sourd uvulaire de l’arabe ancien /ḫ/ a été généralement bien préservé dans le faisceau dialectal andalou mais, n’ayant pas existé dans les langues ibéro-romanes, sauf dans le castillan tardif, on l’a transcrit dans les emprunts et les noms de lieux et de personnes par /k/, orthographié >c< ou >qu< selon les normes, bien que ce phonème ait parfois subi la sonorisation décrite dans 1.2.14. Autrefois, il a été perçu comme une variante de /h/ et reflété comme un /f/, transcription habituelle dans les langues ibéro-romanes à cause de la chute généralisée du premier phonème et, finalement, il est parfois tombé dans certaines positions, comme dans Alfa(ca)r (Granada < /[qáryat / ǧábl] alfaḫḫár/ « village ou montagne du potier »), Benicolet (Valencia < /bini ḫuláyd/ « les fils de Ḫuláyd »), Azagra (Navarra < /aṣ+ṣáḫra/ « le rocher »), Ojén (Málaga < /ḫušáyn/ « le petit [terrain] à gros grains »), Calaf (Barcelona, León < /ḫaláf/ « nom d’homme »), Benifaldó (Mallorca < /bini ḫaldún/ « les fils de Ḫaldún »), Almatzen (Valencia < /al+maḫzán/ « le magasin ») et Benialaf (Alicante < /bini ḫaláf/ « les fils de Ḫaláf »). 1.2.16 Le phonème fricatif sonore uvulaire de l’arabe ancien /ḫ/ a été généralement bien préservé dans le faisceau dialectal andalou et transcrit par >g< dans les

|| 23 Il faut aussi remarquer la palatalisation du /l/ initial en catalan, comme dans Llácova (Castellón < /al+ʕáqaba/ « la montée ») et Lleuxa (Castellón < /al+láwš(a)/). 24 Mais voir Corriente, Pereira & Vicente 2015 : 63–64 à propos de quelques cas de confusion de ces deux phonèmes et de sonorisation du /q/ en arabe andalou.

10 | Phonologie

langues ibéro-romanes, à cause de l’allophone intervocalique [ǥ] très similaire à ce phonème-là, comme dans Algaida (Cádiz, Málaga, Mallorca < /al+ġáyḍa/ « la forêt »), Algodor (Cáceres, Córdoba, Toledo < /al+ġudúr/ « les étangs »), Almaguer (Toledo < /al+maġíḍ/ « la mare »), Darabengaz (Toledo < /dár abin ġáz[i]/ « maison d’Abin ġáz[i] ») et Magacela (Badajoz < /úmma ġazála/ « la mère de Ġazála »).25 Mais il semblerait que certains Yéménites ont prononcé ce phonème comme un /ʕ/, généralement omis dans les emprunts et les noms de lieux et de personnes dans les langues ibéro-romanes, comme dans Alarza (Cáceres < /al+ġársa/ « la plantation »),26 dans des noms communs comme le castillan hálara « pellicule interne de l’œuf » (< /al+ġalála/), ainsi que les ultra-corrections Binigomar (Mallorca < /bini ʕumár/ « les fils de ʕumár »), par rapport à Benihomar (Alicante). 1.2.17 Le phonème pharyngal sonore sourd de l’arabe ancien /ʕ/, généralement maintenu dans le néo-arabe, donc aussi en arabe andalou, n’étant pas perçu par l’ouïe romanophone, il ne se reflète aucunement dans les emprunts, les noms de lieux et de personnes de cette origine, comme dans Alcalá (Alicante, Valencia < /al+qaláʕa/ « la forteresse »), Adovea (Toledo < /aḍ+ḍuwáyʕa/ « le petit village »), Aldaya (Valencia < /aḍ+ḍáyʕa/ « le village »), Almadén (Ciudad Real < /al+maʕdán/ « la mine »), Añora (Córdoba < /an+naʕúra/ « la roue hydraulique ») et Villambrán (Lugo et Palencia) < /BÍḺA ʕimrán/ « la ville de ʕimrán »).27 1.2.18 Les phonème fricatifs sourds pharyngal et glottal /ḥ/ et /h/, généralement préservés dans le néo-arabe, donc aussi en arabe andalou, ont été perçus par l’ouïe romanophone comme un /h/ mais, ce phonème ayant commencé à tomber dans le vieux castillan dès les IXe et Xe siècles et plus tard presque partout,28 on trouve dans les emprunts, les noms de lieux et de personnes d’origine arabe des transcriptions avec un >hf< approximatif, comme dans le cas du /ḫ/, selon 1.2.15, comme dans Alhambra (Granada, < /al+ḥámra/ « la rouge », Hambrán (Toledo < /ʕimrán/ « nom d’homme »), Alfamén (Zaragoza < /búrǧ al+ḥamám/ « colombier »), Alfocea (Zaragoza < /al+ḥawzíyya/ « celle du district ») et Benifayó (Valencia /bini ḫayyún/ « les fils de Ḫayyún »). Une autre solution orthographique, au lieu de ce >h< muet dans toutes les langues ibéro-romanes, a été sa disparition totale, comme dans Albu(f/h)era (Almería, Cádiz, Cáceres, Ciudad Real, Badajoz, Alicante, Mallorca, Murcia, Valencia < /al+buḥáyra/ « le lac »), Alo-

|| 25 Voir Corriente 1977 : 73, à propos d’une voyelle de disjonction /a/ dans certains contextes. 26 Par rapport à Dar Algarçe (Granada < /dár alġárs[a]/ « maison de la plantation »). 27 On trouve parfois des transcriptions du phonème arabe avec un >h< ou même >gjqunfūd< = /qunfúd/ « hérisson », chez Ibn Quzmān, >māʕī< = /máʕi/ « avec moi », >taqāʕ< = /taqáʕ/ « elle tombe », etc., chez Azzaǧǧālī, >aǧtamāʕū< = /aǧtamáʕu/ « ils se sont réunis », etc., par rapport aux raccourcissements chez Ibn Quzmān, >yuǧad< = /yuǧád/ « on trouve », chez Azzaǧǧālī, >abu zayd< = /abu záyd/ « nom d’homme », au lieu des graphies classiques >yūǧadabū zaydusquff< = usqūf< « évêque », dans le Glossaire de Leyde >ṯiqqa< = /ṯíqa/ « confiance », >ṣiffa< = /ṣífa/ « qualité », etc.33 Quant à la position de l’accent en arabe andalou, il frappait toujours une dernière syllabe fermée ou qui avait été longue en arabe ancien, comme dans Albalat (Alicante, Castellón, Valencia < /al+balád/ « le bourg»), Alfacar (Granada < /[qáryat / ǧábl] alfaḫḫár/ « village ou montagne du potier »), Binigomar (Îles Baléares < /bini ʕumár/ « les fils de ʕumár »), Guadamesí (Cádiz < /wád an+nisá/ « le fleuve des femmes »), Guadalaviar (Teruel, Valencia < /wád al+abyáḍ/ « le fleuve blanc »), Monfí (Murcia < /munfí/ « exilé ») et Suflí (Almería < /suflí/ « inférieur »), sauf si la voyelle antérieure avait été longue en arabe ancien, comme dans Alcalde (Toledo < /al+qáḍi/ « le maire »), Algimia (Castellón, Valencia < /al+ǧÍmiʕ/ « la mosquée »), Almedíjar (Castellón < /al+madÍšir/ « les métairies »), Almogávar (Córdoba < /al+muġáwar/ « le mercenaire ») et Benigálip (Alicante < /bini ġálib/ « les fils de Ġálib ») ; alors que dans une séquence /KvKKvK(a)/ l’accentuation pouvait être paroxytonne ou préparaxytonne, comme dans Benijófar (Alicante < /bini ǧáwhar/ « les fils de Ǧáwhar »), Almócita (Almería < /al+máwsiṭa/ « celle du milieu »), Almásera (Valencia < /al+máʕṣara/ « le pressoir »), mais Alascar (Valencia < /al+ʕaskár/ « l’armée »), Albornoz (Ávila, Córdoba, Sevilla < /al+burnús/ « le burnous »), Almachar (Cádiz, Granada < /al+maǧšár/) et Guadalmazán (Córdoba < /wád al+maḥṣán/ « le fleuve de la forteresse ») ; ce qui arrivait à l’occasion dans des mots de structure /Kv:Kv:K/ de l’arabe ancien, comme dans Villabráhima (Valladolid < /BÍḺA abráhim/ « la ville d’Ibrāhim »), selon une distribution dialectale à l’attribution problématique.34

|| 33 Voir Corriente 1977 : 60–62, avec beaucoup d’exemples. Il y a eu quand même un dinar frappé sous Almutawakkil dans la Taifa de Badajoz, avec la graphie >ʔlʔndlws