Églises et abbayes remarquables 2067249185, 9782067249189

Romanes, gothiques, classiques ou résolument modernes, nos églises et abbayes sont les chefs-d'oeuvre de notre patr

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French Pages 544 [497] Year 2021

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Table of contents :
Frontispice
Le mot de Lorànt Deutsch
Carte de la France
Sommaire
L’art du sacré
Le fonctionnement des abbayes
Lexique
Paris. Île-de-France. Centre
Bretagne
Normandie
Hauts-de-France
Grand Est
Pays de la Loire. Poitou. Charentes
Bourgogne. Franche-Comté
Auvergne. Limousin
Aquitanie. Occitanie
Provence. Rhône-Alpes. Côte d’Azur. Corse
Index thématique
Index alphabétique
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Églises et abbayes remarquables
 2067249185, 9782067249189

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France Collection Patrimoines

__ glises &abbayes remarquables

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MICHELIN

Lorànt Deutsch « Votre attention s'il vous plait: par mesure de précaution, vous n'êtes pas autorisé à vous déplacer au-delà d'un rayon d'un kilomètre maximum ... » Horreur ! C'était hier, ce sera peut-être demain.

Le confinement imposé par ce satané coronavirus a révélé combien la liberté de bouger, de voyager, de s'évader était un bien précieux, essentiel. « On reconnaît le bonheur au bruit qu'i l fait quand il s'en va » disait Jacques Prévert. C'est si vrai. Dès les mesures de restriction levées, je me suis précipité sur les routes ; peu m'importait où j'allais, je désirais juste repartir, faire tomber la barrière, la limite, aller au-delà. L'important, ce n'est pas la destination, mais le départ. Le voyage est déjà dans le chemin qui nous fait tourner le coin pour aller plus loin . Chartres et ses éblouissants vitraux, Reims et son ange au facétieu x sourire, Beauvais et sa hauteur vertigineuse, La Brigue et ses saisissantes fresques gothiques ... A nous chemins creu x ou grandes routes, à nous villages et châteaux au x noms mystérieux et pleins de promesses ! A lors merci à Michelin qui, tel Thésée et son fil d'Ariane, a été le premier, il y a plus d'un siècle, à nous orienter en nous offrant guides et panneaux, transformant les chemins de France en une carte aux trésors recelant mille et une merveilles. Sonnez le boute-selle et égayez-vous sur les chemins du pays ! Vous y avez rendez-vous avec l'histoire de France, manifeste sublime de notre identité commune. Bon voyage! 3

PARIS, CENTRE, ILE-DE-FRANCE HAUTS-DE-FRANCE

PAYS DE LA LOIRE. POITOU, CHARENTES

AUVERGNE, LIMOUSIN

PROVENCE, Rl:JÔNE-ALPES, COTE D'AZUR

CORSE AQUITAINE, OCCITANIE

OMMAIRE 3

LE MOT DE LORÀNT DEUTSCH

6

L'ART DU SACRÉ

22

LEXIQUE

24

REPÈRES

26

PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

108

BRETAGNE

132

NORMANDIE

186

HAUTS-DE-FRANCE

226

GRAND EST

262

PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

310

BOURGOGNE, FRANCHE-COMTÉ

362

AUVERGNE, LIMOUSIN

408

AQUITAINE, OCCITANIE

-176

PROVENCE, RHÔNE-ALPES, CÔTE D'AZUR, CORSE

536

INDEX THÉMATIQUE

540

INDEX ALPHABÉTIQUE

/

5

' ART DU SACRE ,

Sacré destin que celui du christianisme, culte oriental né dans une obscure contrée de Judée au début de notre ère, et qui allait en quelques siècles conquérir toute l'Europe occidentale ! En Gaule. les premiers évangélisateurs remontent vraisemblablement la vallée du Rhône à partir du 2e s. ap. J.-C. Leur secte mal considérée dans le monde romain prospère pourtant au creux de ses déchirements, bientôt attisés par les invas~s barbares. Quand le roi franc Clovis se fait baptiser à Reims en 499, un nouveau royaume advient, appelé à remplacer les structures politico-religieuses de l'ancien monde. Ainsi s'initie, pour les quinze siècles à venir, une profonde révolution dont l'architecture va porter le triomphe. Nombre de lieux de culte chrétiens naissent sur les ruines des temples païens. puis, de siècles en siècles, impriment dans leurs pierres les évolutions esthétiques et techniques des bâtisseurs. au gré des métamorphoses de la société. Les églises et les abbayes de France sont un véritable palimpseste ...

6

'Les termes suivis d'un astérisque sont expliqués dans le lexique p. 22. "Les noms en gras se réfèrent à des édifices décrits dans le guide; ils sont indexés p. 540. Ill ustrations: Rodolphe Corbel/Michelin

Le haut Moyen Âge (6e-tor s.) L'ART MÉROVINGIEN (6•-s• S.) Les édifices rel igieux de !'Antiquité tardi ve (qui s'achève à la fin dus• s.) et de l'époque mérovingienne (de 496 à 800) réa lisent une synthèse entre les apports ant iques, barbares et chrétiens. L'église est le plus sou vent de plan allongé dit « basilical » - hérité des basiliques romaines, ces vastes espaces cou verts qui accueillaient au cœur des villes les acti vités civiles (commerciales, fi nancières et ju diciaires), mais nullement religieuses - et s'ou vre à l'ouest par une sorte de vestibule appelé narthex. Le transept, apparu en Gaule au s• s. , est peu fréquent, de même que la cr ypte. Les cathédrales, ég lises où un évêque célèbre les offices, sont précédées d 'u n baptistère réservé au x catéchumènes (fidèles qu i ne sont pas encore baptisés). M oins co ura nt , le plan centré dit « en cro ix grecque », insp iré du Saint-Sépulcre de Jérusalem, est en principe lié

à un culte funéraire. De rares exemples d 'archi tecture m érovingienne nous sont parven us. Le baptistère\ Saint-Jean à Poitiers et les cryptes de Jouarre en Seine-et-Marne comptent parmi les pl us remarquables .

L'ART CAROLINGIEN (8•-10• S.) La période de renou veau artistique baptisée Rena issance carol ingienne est marquée par un retour délibéré aux formes de l'art ant ique romain. Les plans des édifices relig ieux sont simples et les constructions, en pierres grossièrement taillées, rudimentaires. La fa veur croissante pour les saintes re liqu es et l'augmentation du nombre d'officiants entraînent la multiplication des autels et la constructi on de vastes transepts pou vant les contenir. Une tour-lanterne est édifiée à la croisée de la nef et du transept.

A la fin

de la période, les raids normands et sarrasins entraînent la multiplication des cryptes où sont mises à l'abri les précieuses reliques.

L'arch itecture carolingienne n'a laissé que peu de témoignages : l'oratoire de Germignydes-Prés, l'un e des églises plus anciennes de France, magnifique sanctuaire en croix grecque et dont la voûte est ornée d'une belle mosaïque; la croisée et le transept de la collégiale SaintMartin d'Angers, l'ancienne crypte de SaintBénigne à Dijon; la crypte de la cathédrale de Clermont ... D'admirables fresques de cette époque ont aussi été mises au jour, notamment à Saint-Germain d'Auxerre.

L'art roman (1te-13e s.) L'an mil correspond à un élan nouveau dans le désir de bâtir, qu 'expl iquent la fin des invasions, l'essor de la féoda lité et du monachisme, la découverte de nouveau x procédés de construction et la croissance démographique. Inspiré de modèles orientaux véhiculés par les croisades, ainsi que de modèles byzantins, celtiques et antiques, l'art roman (de romanus, « romain ») conqu iert l'ensemble de la France, avec cependant des disparités stylistiques et chronologiques. Apparu très tôt dans les zones méridiona les et en Bourgogne, il ne s'impose que tardivement dans l'est.

LE PREMIER ART ROMAN (11" S.) Le premier art roman se caractérise par la simplic ité du plan, l'aspect massif des volumes et la rusticité de la construction. C'est d'abord à leur appare il grossier qu 'on reconnaît les premières églises romanes : l'abbaye Saint-Martin-duCanigou, si belle en son austérité, est faite de murs en petits moellons mal équarris. De nom breux aspects des édifices de l'époque précédente sont par ailleurs conservés : persistance du narthex (Saint-Philibert de Tournus), présence de tours de part et d'autre du chevet, etc. Les églises, de dimensions modestes, possèdent rarement un transept, ont une nef unique voûtée en berceau en plein cintre et une abside en cul-de-four. La voûte en berceau exerce des poussées sur les murs latéraux de la nef. Pour ne pas affaiblir ces murs, que l'on cherche à voûte r, le cintre peut être renforcé par L' ART DU SACRÉ

des arcs dou bleaux, et les parois par des piliers forman contreforts. Par ailleurs, les ouvertures se 1m ent généralement à quelques petites ba ,es collatérales qui éclairent le vaisseau en un subtil clair-obscur. Certa ines régions comme la Normandie préf èrent le plafond en charpente, plus léger, à la lourde voûte en berceau : leurs églises, où la clarté règ ne, apparaissent ainsi d'une hardiesse surprenante, avec leurs deux ou trois niveaux de baies superposés . La décoration extérieure est réduite : bandes et arcatures aveugles décoratives dites « bandes lombardes » (Saint-Philibert de Tournus, ancienne basilique Saint-Martin d'Aime), corniches ornées de festons. Le tympan est fréquemment laissé vierge, et ses voussures sont rarement historiées. Lorsqu 'il s'exprime, l'art du sculpteur demeure quelque peu rude et naïf : les figures sont ramassées, hiératiques et riches en symboles. \

LE 12• S. ET LE DÉBUT DU 13• S. Le 12• s. et le début du 13• s. voient le plein épanouissement de l'art roman, qui tend à privilégier l'équilibre des masses, la proportion des ouvertures, l'élégance des courbes, tandis que l'utilisation de la pierre de taille se répand.

..,. CROIX LATINE ET BERCEAU BRISÉ

8

Si l'art roman à ses débuts doit beaucoup aux influences étrangères, méditerranéennes surtout, la période suivante voit avec Cluny le triomphe d'une formule nouvelle, un art opulent dont les caractères vont se répandre dans l'en semble du royaume et au-delà. Les vestiges de l'abbatiale Saint-Pierre-etSaint-Paul - Cluny Ill-, encore impressionnants par leur ampleur, permettent de dégager les caractères généraux de cette « école ». La voûte est en berceau brisé, véritable innovation par rapport au plein cintre : en diminuant les poussées, les arcs brisés (a igus) permettent d'alléger les murs et d'é lever ainsi les voûtes à une très grande hauteur. Les murs latéraux de la nef peuvent alors être percés de grandes arcades, au-dessus desquelles court un faux triforium (arcature aveugle); des fenêtres hautes

surmontent l'ensemble, alors qu'auparavant la lumiè re venait des tribunes et des bas-côtés. Le plan en « croix latine » (nef avec bascôtés ou collatéraux, séparée du chœur par un bras transversal, ou « transept », plus ou moins saillant) prédomine. Transept et nef se rejoignent à la croisée du transept qui forme maintenant un carré parfait. Le chevet révèle une grande vari été formelle : il peut être plat, muni d'absidioles, ou souvent en hémicycle avec des chapelles rayonnantes ou avec des chapelles orientées (tournées vers l'est) et échelonnées (ouvertes sur les br;is du transept). Certains édifices doivent leur particularité à leur fonction. Le plan des églises de pèlerinage (chœur muni d'un déambulatoire, transept à col latéraux, nef à double collatéral) facilite le culte des reliques; Sainte-Foy de Conques et Saint-Sernin de Toulouse constituent les principaux édifices de ce type sur la route de SaintJacques-de-Compostelle, conçus pour accueillir une grande foule de fidèles et pour abriter une importante communauté religieuse.

..,. LA COUPOLE : UN LEGS DES CROISÉS? Importée d 'Orient selon les uns, création orig inale de l'art français selon les autres, la coupole permet de mieux répartir le poids de la voûte sur les murs latéraux. Très répandue dans le sud -ouest , où elle couronne sou vent la croisée du transept, elle a aussi été utilisée du Périgord à la Toura ine sur toute la longueur de la nef, cette dernière étant divisée en plu sieurs tra vées carrées surmontées chacune d'une coupole. La cathédrale d'Angoulême et l'abbatiale de Fontevraud comptent parmi les plus beaux fleurons de ce type d'architecture.

..,. LA SCULPTURE Une des grandes nouveautés du 12• s. est la généralisation du décor sculpté. Tympans, voussures, piédroits, trumeau x se couvrent de sculptures à thèmes religieux ou profanes. Il en va de même pour les chapiteaux, dont l'iconograph ie peut devenir complexe (Autun, SaintBenoît-sur-Loire, églises de Poitiers).

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Arcades en plein cintre avec bai es géminées Baies gém inées : groupées par deux

Chevet : extrémité extérieure du chœur d'une église, le terme d'abside dés,gne l'extrémité intérieure Lauzes

Crypte : église ou chapelle souterraine destinée à recevoir une relique, une sépulture ...

-

AIM E Basilique Sain t-Martin

(11 ' s )

Arcature aveugle

Un art délicat voi t le jour. Groupés dans des ateliers, les artistes empruntent leurs sujets à !'Antiquité (aigles, sirènes, centaures, serpents, génies), à l'Orient (griffons affrontés, oiseaux buvant dans une coupe), aux scènes de l' Évan gile et aux traditions médiévales (saints locaux, singes enchaînés, ânes musiciens, anges et démons, vertus et vi ces). En Po itou, Angoumois et Sa into nge, la façade, au portail richement sculpté et enca dré d 'arcatures latérales aveugles également ornementées, est souvent peuplée de statues et de bas- reliefs : le fronti spice de Notre-Dame-

la-Grande à Poitiers est exemplaire de ces « façades-écrans » s'ordonnant en une « page sculptée » où la Bible se lit à livre ouvert. .,. FRESQUES ET MOSAÏQUES Les fresq u es, pe intures murales exécutées à l'eau sur une co uche de mortier frais, à laquelle elles s'incorporen t, décorent l'intérieur de nombreuses églises, dont les parois ne sont pas encore évid ées pa r les grandes ouvertures

gothiques. Ces compositions sont remarquables tant par la beauté des coloris, l'unité d'ensemble et la perfection de la techniq ue, que par l'inten sité de vie qui s'en dégage. Œuvres de pi été des populations locales attachées à leurs croyances en des temps parfois difficiles, el les offrent aussi de merveilleux défilés de mode de la gent sei gneuri~t paysanne de l'époque. L'abbatia le de Saint-Savin-sur-Gartempe réunit l'ensemble le plus extraordina ire de peint ures murales de cette époque . Saint-Julien de Brioude et la basilique de Paray-leMonial recèlent aussi de très bea ux exemp les de fre sques romanes. Le monast ère de Ganagob ie possèd e quant

à lui l'une des plus importantes mosaïques polychromes du 12• s., aux motifs inspirés des somptu eux ti ssus rapportés de Terre sainte par les croisés.

.,. TRÉSORS D'ÉGLISE Les trésors d'église se constituen t , ras semblant obj ets liturgiques en orfèv rerie,

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L'ART DU SACRÉ

Oculus Pinacle

Marmouset : figure

grotesque décorant un culot ou un support

Toit polygonal

Fenêtre bilobée : d1v1sée en deux compartiments. par

une colonnette médiane

Pignon

Arcature aveugle

Gargoui ll e

MARMOUTIER Fa çade romane de l'église Saint-Étienne (vers 1140)

1

Arc en plein cintre

Lésène ou bande lombarde : décoration enfa,ble saillie, faite de petites arcades aveugles reliant des bandes vertteales.

Colonne monolithe

Chapiteau cub ique portant un gros tailloir (plateau de couronnement)

manuscrits, étoffes précieuses et reliquaires. Un e Vierge en majesté, en bois polychrome ou en métal repoussé et orné de pi errer ies, en fait so uvent partie . Miraculeusement préservé, le t résor de l'abbatiale Sainte-Foy à Conques rassemble d'extraordinaires pièces d'orfèvrerie, exécutées en partie par un atelier local et appartenant à toutes les périodes du Moyen Âge .

.,.. INFLUENCE DE L'ART CISTERCI EN Expression de la volonté de saint Bernard (voir p. 27), l'a rt cistercien s'oppose avec passion à la théorie des grands constructeurs des 11 • et 12• s. qui estiment que rien n'est trop riche pour le culte de Dieu. Considérant comme nuisible tout ce qui n'est pas indispensable à la bonne marche de la vie monacale, les cisterciens imposent un plan quasi unique à toutes les constructions de l'ordre. Ni ornements, ni

10

peintures, ni scu lptures ne doivent troubler le recueillemen t. L'observation de cette règle se t raduit par l'exécuti on de monuments d 'une remarquable puret é.

Joyau de l'art cistercien, l'abbatiale de Fontenay montre la disposition habituelle des églises de l'ordre, qui s'est répandue à travers l'Europe. Une façade simple sans portail ni clo cher (nul besoin d'appeler les fidèles : les cisterciens vivent à l'écart des routes fréquentées), une nef aveugle couverte d'un berceau brisé, des bas-côtés voûtés de berceau x transversaux, un transept qui déborde largement et un chœur carré et peu profond, se terminant par un chevet plat éclairé par deux rangées de fenêtres. Enfin, cinq fenêtres sont percées au-dessus de l'arc triomphal, et chaque travée des bas-côtés est éclairée par une fenêtre.

.,.. LES ÉGL ISES FORT IFIÉES Elles occupent une place importante dans l'histoire de l'architecture militaire. Lieux de paix et de recueillement, les églises deviennent aux 1 et 11" s., avec les Trêves de Dieu - ces jour-

o•

nées où toute entreprise guerrière ent raîne l'excommunication -, des aires d'asile inviolables . Avec leur architecture robuste et leu r clocher

tout désigné comme poste de guet, elles représentent dès lors un refuge pour les populations menacées par les assaillants. Avec leur ceinture de mâchicoulis, leurs parapets crénelés, leurs fenêtres rares et étroites, leurs archères, leurs tours défensives et leur donjon -clocher, les églises fortifiées relèvent tant de l'architecture militaire que religieuse.

L'art gothique (12e.15e s.) À l'origine de l'art gothique, on trouve la tentative des architectes d'alléger le voûtement des églises dans le but de construire des édifices toujours plus vastes, plus hauts et surtout plus clairs. L'idée naît alors de répartir le poids de la voûte grâce à des arcs en nervure se croisant, les ogives, qui en supporteraient la charge. Les murs n'étant mis à contribution qu'aux points de retombée des ogives, le reste de la structure architecturale pourrait être évidé sans danger et faire entrer la lumière.

Le goth ique est, par excellence, l'art des cathédrales, symbole de l'élan religieux de la popu lation et de la prospérité grandissante des villes. Apparu en Île-de-France, le style s'est ensuite principalement développé en Normandie, en Picardie, en Champagne et en Bourgogne. Jusqu'au 16• s., le style s'est appelé « travail à la française » ou « mode française ». Les Italiens de la Renaissance, réfractaires à cet art parisien, lui donnèrent le nom de « gothique », fort péjoratif dans leur esprit. Perdant sa signification méprisante, cette appellation s'est maintenue par la suite.

PRINCIPALES INNOVATIONS ~

L'OGIVE

Vers la fin du 11 • s., des architectes franciliens prirent l'habitude de renforcer les arêtes des voûtes en plein cintre qui couvraient les bas-côtés des églises romanes, pour les empêcher de se lézarder. Ils découvrirent bientôt

Girouette

Croix antéfixe

Tuiles canal ou creuses Toit en pavillon : pyramidal

Transept Mur-pignon

Lanternon

Toit en poi vrière : conique

Toit en croupe ronde : en cône

surbaissé

-

MELLE Chevet de l'ég lise SaintHila ire (12' s)

Toit à deux versants

Contrefort : renfort extérieur d'un mur, faisant sa ill ie et engagé da ns la

maçonne ne

Chapelle rayonnante

Chapelle orientée

11

L'ART DU SACRÉ

qu'en construisant d'abord ces renforts ou ogives, il suffisait de recouvrir l'ossature ainsi formée d'un léger appareillage pour obtenir une voûte à la fois solide et légère . L'art ogival était né . Son premier emploi en France date de 1125, dans l'abbatiale romane de M orienval (voûte qui couv re le déambu lato ire)

.,.. L'ARC-BOUTANT Les premiers a·rc._tiitec t es goth iques sou tiennent d'abord les piliers de la nef par des maçonneries dissimulées dans les tribunes. Au cours du 12• s., ils réduisent ces murs à de simples arcs épaulés par de robustes culées. Peu après, les tribunes elles-mêmes sont remplacées par une rangée d'arcs-boutants et la nef peut être ainsi éclairée par des baies très hautes. Désormais, l'ossature d'une église est devenue une cage de pierre formée de colonnes supportant les ogi ves et épaulée par deux ou trois étages d'arcs - boutants légers retombant sur de hauts piliers. Cette disposition renforce l'effet de ver t icalité propre au goth ique.

.,.. LES VOÛTES La voûte sur croisée d'ogives est d'abord établie sur le croisement de deux ogives, concentrant ainsi les poussées sur les quatre piliers porteurs. Elle était facile à monter sur une tra vée carrée, disposition adoptée vers 1140 pour couvrir l'avant-nef et le chœur de la bas ili que de Sai nt-Denis, ou la tribune du narthex de la basilique de Vézelay. Mais au cours du 12• s., l'élargissement des nefs ne permit plus de bâtir des tra vées carrées : les piliers qui arment les murs auraient été trop espacés. Les architectes con t ournèrent la difficulté en couvrant deux travées rectangulaires à la fois, en ajoutant une ogive intermédiaire transversa le, qui repose elle aussi sur des piliers. Ces voûtes portées par trois arcs d'ogives sont appelées sexpartites en raison du nombre de leurs divisions.

12

Lorsque l'ogive perfectionnée put porter des voûtes couvrant des t ravées rectangulaires, la structure se simplifia en perdant son appui interméd iaire.

.,.. PI LIERS ET COLONNES Les colonnes, qui, à l'i ntérieur, suff isent à soutenir l'église, se transforment éga lement. D'abord cylindriques et coiffées de chap iteaux, elles sont ensuite cantonnées (garn ies) de co lonnes engagées, puis formées de faisceaux de co lon nettes. Fi na lement, les piliers sans cha piteau se prolongent d'un seul jet dans les arcs .

.,.. LES VERRIÈR ES Grâce au squelette composé des ogives et des piliers, les murs sont amincis et font place, sur de plus grandes surfaces, à des baies garnies de vitraux qui dispensent une luminosité subtile, fluctuante selon l'intensité et la direction de l'éclairage extérieur. Les premiers vitraux du 12• s. sont de dimensions réduites, et les bordures encadrant les sujets sont assez importantes. Il y a peu de décor autour des personnages. Un siècle plus tard, le célèbre bleu de Chartres fait son apparition. La couleur s'impose jusqu'à ce que les verriers de la seconde moitié du 14• s. découvrent que le jaune d'argent, employé en rehaut, permet de jeter des taches lumineuses dans les compositions : jaune sur fond blanc, vert clair sur bleu, orangé sur rouge. Mais déjà, par économie, la surface des grisailles s'accroît. Au 15• s., les verriers emploient souvent des verres plus clairs, les couleurs sont moins vives que par le passé et les grisa illes occupent parfois les deux tiers du vi trage.

LE PREMIER ART GOTHIQUE (SECONDE MOITIÉ DU 12• S.) Les innovations décrites ci-dessus se retrouvent dans un groupe d 'édifices en île -de-France et au nord de la France, dans la seconde moitié du 12• s. (Sens - première grande cathédrale gothique, édifiée à partir de 1135 -, Noyon , Laon). La voûte sexpartite, qui répond au plan rectangulaire des travées, entraîne l'a lternance pile forte -pile faible au niveau des supports des grandes arcades. La pile forte reçoit trois éléments d'ogive, ta ndis que la pile faible ne sup porte que la seu le ogive intermédiaire. Outre la voûte sexpartite avec alternance des supports,

Arc·boutant

Chevet : extrémité extérieu re du chœu r d'une église. Pour désigner l 'extrém ité intérieure, on emp loie le terme d' abside. Remplage : réseau

Galerie de circulation

léger de pierre découpée garnissant des fenêt res en leur pa rt ie supér ieure

-

LE MANS Chevet de la cathédrale Saint-Julien (13e s.)

Chapelle absidale Contrefort . renfort extérieur d'un mu r, faisan t saillie et

engagé dans la maçonnerie

ou axiale. Dans les églises non dédiées Culée : massif de maçonnerie qui contient la poussée des arches

le premier art gothique se caractérise par une élévation à quatre étages - grandes arcades, tribunes, triforium, baies hautes - et une nouvelle organisation du décor sculpté, au sein duquel apparaissent les statues-colonnes. La cathédrale la plus célèbre du premier art gothique est Notre-Dame de Paris dont les travaux débutèrent en 1163 et dont le chœur, le transept à peine saillant et les sombres tribunes appartiennent à cette période. La recherche d'éclairage, encore réduite, se limite à de petites fenêtres hautes dans la nef, surmontées d'ou vertures rondes, ou oculi, visibles à la croisée du transept. Dans les années 1180-1200, ses voûtes surhaussées sont renforcées à l'extérieur par des arcs-boutants. A l'intérieur, l'alternance des supports disparaît.

LE GOTHIQUE LANCÉOLÉ (FIN DU 12 e S.-l '"e MOITIÉ DU

13 e S .)

Les règnes de Philippe Auguste (1180-1223) et de Saint Louis (1226-1270) voient l'apogée du style gothique en France. La reconstruction de

à la Vierge, cette chapelle. dans l"axe du monument, lu i est souven t consacrée

la cathédrale de Chartres (vers 1210-1230) donne un modèle, adopté par les édifices de Reims, Amiens, Beauvais: voûte sur plan rectangu laire, élévation à trois étages (sans tribunes, rendues inutiles par les arcs-boutants), arcs-boutants à l'extérieur. Le chœur à double déambulatoire et les transepts munis de collatéraux aménagent un volume intérieur grandiose. Les fenêtres hautes de la nef centrale sont divisées en deux lancettes surmontées d'une rosace. Les façades se subdivisent en trois registres, par exemple à Laon ou à Amiens : la zone des portails, aux porches profonds unifiés par des gâbles, est surmontée d'une rose ajourée enserrant des vitraux. Sous l'étage des tours--' court une galerie d'arcatures. La statuaire illustre les progrès du naturalisme et du réalisme. Les statues-colonnes des portails, encore hiératiques au 12e s., témoignent dès le 13e s. de plus de liberté et d'expressivité (Amiens, Reims et son fameux Ange au sourire) De nouveaux thèmes

13

L'ART DU SACRÉ

s'imposent : le Couronnement de la Vierge, traité à Senlis pour la prem ière fois (1191), devient un sujet privilégié. Le « trava il à la française » gagne les régions de l'ouest et du centre de la France. En Normandie, une fusion s'opère avec les traditions architectura les locales marquées par la pureté des'f)mportions, le caractère altier et dépouillé de l'ouvrage; la cathédrale de Coutances en est le plus bel exemple. Au sud de la Loire, où la croisée d'ogives est introduite à la fin du 12' s. (voûtes de l'abbatiale de Noirlac), les plus belles manifestations d'art gothique sont la cathédrale de Bourges, édifiée de 1195 à 1260, et la cathédrale de Clermont, commencée en 1248; ces purs chefsd'œuvre offrent des agencements de détails très originaux, inconnus dans le Nord.

..... LE STYLE PLANTAGENÊT (12° S.) Le style Plantagenêt, dit aussi angevin, tient son nom d'Henri Plantagenêt (1133-1189), roi d'Angleterre (1154-1189) et aussi duc d'Aquitaine grâce à son mariage avec Aliénor. Il s'agit d'un style à tendance gothique qui connaît son apogée au début du 13• s. et s'éteint avant la fin du siècle. Son originalité réside surtout dans la « voûte angevine » bombée, probablement issue de la coupole. Née dans les pays de la Lo ire (cathédrale d'Angers, Notre-Dame-dela -Couture au Mans), elle sera aussi employée en Vendée, Poitou (cathédrale de Poitiers), Saintonge et jusque dans les pays de la Garonne.

LE GOTHIQUE RAYONNANT (2° MOITIÉ DU 13° S.-14° S.) Le gothique rayonnant s'impose en France du nord, de la fin du 13• s. aux années 1370 (chœu r de Beauvais, transept nord de la cathédrale de Rouen) quand la guerre de Cent Ans suspend presque totalement l'essor des bâtisseurs médiévaux.

14

Le perfectionnement technique des voûtes, et notamment l'emploi d'arcs de décharge et l'utilisation d'une armature de fer, permet de réduire les murs au minimum, comme à la Sainte-Chapelle (1248), chef-d'œuvre · - - - - - - - -·-·----- - - - - - - - - -------

du style rayonnant à Paris avec le chevet de Notre-Dame. Les édifices deviennent de plus en plus hauts. De fines colonnettes soutiennent la voûte, renforcées à l'extérieur par de discrets contreforts ou des arcs-boutants. Le style innove encore en prolongeant les arcs-boutants par un col destiné à rejeter les eaux pluviales loin des fondations : ce sont les gargouilles. Quand le chœur n'a pas de déambulatoire, les fenêtres hautes, le triforium et les fenêtres du rez-de-chaussée ne forment plus qu'une seule immense verrière laissant entrer la lumière à profusion. Les vitraux de Chartres, de Bourges, de la Sainte-Chapelle à Paris, en grande partie intacts, constituent de précieux témoignages de cet art. La sculpture envahit l'intérieur des édifices : jubés, clôtures de chœur, retables monumen taux et statues de dévotion. Sous l'influence d'artistes souvent originaires des Flandres, tels Claus Sluter (v. 1350-1406) et son neveu Claus de Werve, elle s'oriente vers une manière toute nouvelle : les statues cessent de faire corps avec l'architecture, et la physionomie est traitée de façon naturaliste, n'hésitant pas à accuser les aspects de la laideur ou de la souffrance.

LE GOTHIQUE FLAMBOYANT (15° S.) Le chant du cygne du gothique s'amorce avec l'apparition du style flamboyant, où la surabondance et la virtuosité du décor sculpté tendent à masquer les lignes essentielles des monuments. Dès la fin du 14° s., les grands principes architecturaux n'évoluent plus, mais le vocabulaire décoratif multiplie arcs lancéolés (dont la forme évoque un fer de lance), pinacles, choux frisés; les remplages des baies et des roses prennent des formes tourmentées, telles des flammes, d'où le nom donné à ce style. Le triforium disparaît, annexé par les fenêtres hautes. Les piliers, sans chapiteaux, lancent leurs nervu res ramifiées en liernes et tiercerons, puis en étoiles et en réseaux, jusqu'au plafond (déambu latoire de Saint-Séverin à Paris) d'où pendent des clefs de voûte monumentales (église SaintÉtienne-du-Mont à Paris). Les portails sont coiffés de gâbles ajourés, les balustrades surmontées de pinacles, etc.

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Arc doubleau Formeret : arc latéral d'une voûte Voûte sexpartite : voûte sur croisée

d'ogives embrassant deux travées séparées fn~~~~é~fa~~~~d~limitant six comparti ments

Voûtain ou quartier: portion de voûte délimitée par des arêtes ou par des nervures Nervure

Grande arcade: sépare la nef des bascôtés

Triforium: galerie de circulation pratiquée dans l'épaisseur du mur

Lustre

-

Pil ier flanqué de colonnes engagées

BOURGES Nef de la cathédrale Saint-Et ienne (fin 12• début du 13' s.)

Chœur, presque toujours orienté, c'està-d1re tourné vers l'Est

Ce style caractérise nombre d'édifices religieu x (façades de Saint-Maclou à Rouen, de la cathédrale de Meaux, de la Trinité de Vendôme, basilique Notre-Dame-del'Épine .. .) et s'étend au mobil ier liturgique (clôture du chœur et jubé de Sainte-Cécile d'Albi ). Il a produit de ravissantes décorations (cloîtres, chapelles comme celle du Saint-Esprit à Rue, véritable dentelle de pierre), une brillante statuaire (thème de la Mise au tombeau) et de très belles fresques (Jugement dernier d'lssoire, Danse macabre de La Chaise-Dieu). L'art gothique est abandonné au 16e s. sous l'influence italienne. L'un des derniers chefsd 'œu vre du style flamboyant sera la magnifique église de Saint-Nicolas-de-Port (fin du 1se s.-début du 16· s.).

LE GOTHIQUE MÉRIDIONAL S.)

(13 e-16e

Les architectes du Midi, attachés au x formes romanes, n'adoptèrent qu 'avec réticence les innovations du Nord, et les appliquèrent à un nombre restreint d 'édifices (cathédrale de Rodez, chœurs de la cathédrale de Narbonne et de Saint-Nazaire de Carcassonne). Leurs propres recherches les menèrent vers une variante méridionale de l'architecture gothique, riche d 'un passé roman qu 'elle métamorphosait, et qui s'affirme avec les puissantes voûtes au x robustes ogives de la catnédrale de Fréjus. L'art gothique méridional, qui se développe au 13• s_, se caractérise par une nef unique très large, sans bas-côtés, se terminant par une

15

L'ART DU SACRÉ

Fleuron . ornement ~il;o~~~t'~~sie)

amortissement

Gargouille : (l' écouleme nt des eaux de pluie)

Galerie des Ro is qui orne la façade occidentale de

nombreuses cathédrales , comprend 22 statues (la lignée royale des ancêtres du Christ)

Gâb le : f ignon décorati aigu

surmontant portails et fenêt res, ici orné de crochets

AMIENS Façade de la cathédrale Saint-

Registre : bande d'ornement sculptée Tym pan formé de

quatre registres historiés

Etienne (1 3' s.) Voussures : arcs concentriques couvrant l'embrasure d'une baie; l'ensemble

des voussures forme l'archivolte

Ébrasement orné de statues en

ronde·bosse Vantail

Trumeau : souvent orné d'une statue (Ki, le Beau Dieu)

16

abside polygonale, et la subsist ance de contreforts massifs, entre lesque ls se logent des chapel les peu profondes, pou r assurer la butée des voûtes (dans le Nord, les arcs-boutants jouent ce rôle). Dans le Tou lousa in, il se démarque par l'emploi de la brique légè re et par la présence d'un clocher-tour ajouré d'a rcs en mitre (triangu laires), imité des cloc hers de l'église des Jacobins et de la basilique Saint-Sernin à Toulouse .

Dais : baldaquin richement décoré placé au -dessus d'une statue

A l'intérieur des sanctuaires, les vastes surfaces aveug les des murs appellent la décora tion peinte. La cathédrale d'Alb i constitue l'exemple le plus achevé de l'art gothique méridional. Commencé en 1282, l'édifice ne sera achevé que deux siècles plus tard . Le recours à la brique et la f idél ité au système des contreforts dessinent un éd if ice d'une très grande indépendance par rappo rt aux modè les du nord de la France.

Les styles Renaissance, classique et baroque (16e·t8e s.) LE STYLE RENAISSANCE (16• $.-DÉBUT DU 17• S.) Si l'art gothique est purement français, l'art du 16• s. vient d'Ital ie. Ce sont les guerres d'Ital ie qui introduisent cet intérêt pour !'Antiquité : le s voûtes en berceau ou à caissons remplacent le plus souvent les croisée s d 'ogives, où triomphent les lignes ho rizontales et l'emploi des ordres antiques . Des baies en plein cintre (église Saint-Eustache à Paris) retombent sur des chapiteau x ion iques et corinthiens qui coiffent des pilastres cannelés. On intègre dans les fa çades des médail lons à l'antique, des bustes en haut-relief, et les sujets religieux font place à des sujets profanes. La surface occupée par les verrières di mi nue. L'ensemble du vi trail tend à devenir un tableau transparent, soigné dans les déta ils, la composition des scènes, la perspective. Le caractère religieux des thèmes développés est parfois perdu de vue et des scènes profanes apparaissent dans les compositions . ~ ASPECTS RÉGIONAUX

En Normandie où l'archevêque et mécène de Rouen Georges I·' d'Amboise a introduit les « usages et modes d'Italie », les nouveaux motifs (arabesques, rinceaux, médaillons, coquilles, vases, etc.) s'intègrent à l'art flamboyant. Parmi les œuvres religieuses de cette période, le chevet de Saint-Pierre de Caen, chef-d 'œuvre d'exubérance, est une pièce importante, de même que le portail de la cathédrale de Rouen, muni d'un gâble remarquable. En Champagne, la Renaissance trou ve une forte résonance dans la région de Troyes où l'on peut admirer des façades et des porches décorés de cartouches, de corniches et de frontons . La sculptu re y connaît un essor exceptionnel dans la première moitié du 16• s., de même que I'« industrie » de la peinture sur verre qui produit une explosion de couleurs,

pa rticulièrement spectaculaire dans les fenêtres hautes de la cathédrale de Troyes. Dans le duché de Savoie et le comté de Nice fleurissent des écoles de peinture inspirées de la Renaissance italienne. Jusqu'au milieu du 16• s., des artistes itinérants, souvent d'origine piémontaise, exécutent des fresques aux coloris remarquablement préservés, dans un style de transition où la dernière période de l'art gothique se mêle au x prémices de l'art de la Renaissance . A la chapelle Notre-Dame-desFontaines, près de La Brigue (Alpes-Maritimes), Jean Canavesio et son élève Jean Baleison ont laissé une œuvre exceptionnelle. ~

LES ENCLOS PAROISSIAUX BRETONS

Les enclos paroissiaux qui ont surgi en basse Bretagne à la Renaissance s'ouvrent habituelle ment par une porte triomphale donnant accès à l'église, au calvaire et à l'ossuaire. Généralement très décorée, la porte triomphale ou « porte des Morts » est traitée en arc de triomphe pour symboliser l'entrée du Juste dans l'immortalité. L'ossuaire élevé contre l'église pour entasser les ossements du minuscule cimetière est devenu au 16• s. un bâtiment isolé, et son exécution s'en est trouvée plus soignée. Érigé pour conjurer la peste de 1598, ou en action de grâces après sa disparition, le calva ire groupe autour du Christ en croix des épisodes de la Passion. Les plus célèbres sont ceux de Guimiliau (200 personnages) et de Pleyben.

LE STYLE CLASSIQUE (17• S.) L'affirmation de la monarchie absolue, dans le dernier quart du 17• s., conduit à une unité dans les règles de l'art. Se devant d'allier religion et Antiquité, celles-ci mènent à son apogée l'art classique, expression du triomphe de la raison sur le désordre des passions. L'architecture religieuse devient dès lors savante, et s'efforce à la majesté : rigoureux équilibre des formes, superposition des ordres grecs (dorique, ionique, corinthien), portes surmontées d'un fronton, encadrements à volutes et dômes imposants s'élevant à la croisée du transept. Un péristyle à colonnes précède souvent la nef.

17

L'ART DU SACRÉ

L'église du Dôme des Invalides à Paris, édifiée entre 1677 et 1706 par Jules Hardou inMansart, et la cathédrale Saint-Louis à Versailles, achevée en 1757 par Mansart de Sagone, petit-fils de Jules, offrent d'excellents exemples d'architecture classique. De ces monuments se rapprochent les églises de style dit « jésuite », dont l'archétype parisien serait Saint-Paul-Saint-Louis (1627-1641 ). Leur architecture profuse s'inspire des églises romaines des premiers temps de la Contre-Réforme, mouvement de l'Église catholique roma ine acté par le concile de Trente (1545-1563), prenant le contrepied de la Réforme protestante, adepte d'une extrême sobriété.

L'ART BAROQUE (17e-1ge S .) L'art baroque (du portugais barroco, perle irrégulière), né à Rome des expériences artistiques de la Renaissance, est d'abord un art sacré qui

expri me un rejet profond de l'austérité protestante . C'est ainsi qu'il utilise avec virtuosité la perspective et le trompe- l'œil au service d'une nouvel le sensibilité religieuse. C'est un art de la mise en scène qui aime l'exubérance des formes, l'abondance des courbes et des contre-courbes, les couleurs vives ou délicates, les perspectives inattendues, le foisonnement de personnages aux poses exagérées. Rare en France où a très tôt triomphé le style classique, l'art baroque s'est solidement implanté au 17• s. dans le Roussillon, en Corse, dans le comté de Nice et en Savoie où la ContreRéforme est suivie de la création d'une quantité impressionnante d'églises et de chapelles de ce style. En Lorraine, c'est sous le règne du roi Stanislas (1737-1766) que l'art baroque atteindra sa plénitude (église Saint-Jacques à Lunéville). L'église baroque est édif iée le plus souvent selon un plan sommaire dont l'objectif

To it en terrasse

Boule quillée

Abat-son

Dé : élément de construction séparant

à intervale régulier les balustres

AUCHFa çad e occi dentale de la cathéd ral e Sainte- Marie (15' -16' s.)

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Piédestal : socle

Portail d'axe

fo rmant le soubassement d'une colonne ou d'une statue

Arc en anse de panier

Médaillon soutenu par deux putti (figure nue d'ange ou d'enfant)

Fronton triangulaire

est de concentrer l'attention des fidèles vers le retable et la cha ire du prédicateur. Elle révèle en part icul ier des caractéristiques venues de l'Autriche, de l'Italie du Nord ou de la Bavière, tel le clocher à bu lbe. C'est à l'intérieur de l'éd ifice que le baroque donne toute sa mesure, par la jubi lation d'un décor qui transfigure les volumes. Retables, statues, lambris et baldaquins d'une grande richesse envahissent les vaisseaux. Le retable baroque brille de l'accumulation de ses motifs. Dans la séduction des ors et des couleurs vives, il se présente comme un fond de scène aux multiples personnages, un spectacle destiné à provoquer l'émotion du fidèle et à lui enseigner les vérités de l'Église. Les colonnes torses à feuilles de vigne et grappes de raisin, la multitude des angelots nus aux ailes déployées, les peintures et sculptures en bois polychromes, donnaient, par le clinquant de leurs dorures, un air de fête, une sensation de merveilleux, d'un paradis à venir alors qu'au-dehors la vie était dure et pleine de dangers. La représentation de grandes scènes religieuses autour du Christ ou de la Sainte Vierge servait de catéchisme populaire. Le retable de Saint-Jean-Baptiste à Saint-Jean-de-Luz, celui du Rosaire à SaintThégonnec, et de la cathédrale Saint-Front à Périgueux comptent parmi les chefs-d'œuvre de la sculpture baroque.

LE NÉOCLASSICISME (2• MOITIÉ DU 18• S.-DÉBUT 19• S.) Le retour du goût pour l'antique à partir de 1750-1760 suivi, sous la Révolution et l'Empire, de la volonté de produire un art très politisé, aboutissent au néoclassic isme qui se maintiendra jusqu'au début du règne de Louis-Philippe. La façade de l'église Saint-Sulpice à Paris, élevée au mi lieu du 18• s. par les architectes Chalgrin et Servandoni, et l'église NotreDame de Guebwiller, construite de 1760 à 1785, illustrent ce second temps fort du style classique. La monumentale église Sainte Geneviève (Paris), dess inée par l'architecte Soufflot et devenue par la su ite le Panthéon, est l'un des chefs-d'œuvre les plus aboutis du

néoclassicisme. L'église de la Madeleine marque quant à elle la résurrection du temp le antique dans la capitale révolutionnaire, et avec lui des fières vertus de l'Ancien ne Rome ...

De la Révolution française à l'époque contemporaine (19e.2oe s.) RENOUVEAU DE L'ART RELIGIEUX AU 19• S. Au sortir des temps troublés de la période révolutionnaire, qui ne favorisèrent guère le développement de l'art sacré, l'architecture religieuse se libère du carcan classique et s'inspire de toutes les époques en donnant libre cours à son imagination. De 1815 à 1848, deux gr,andes tendances traversent la production artistique. D'une part, l'épuisement de la veine néoclassique; d'autre part, l'éclosion de l'historicisme. Ce dernier style multiplie les références à l'architecture du passé, notamment médiévale : néogothique, néo-byzantine, etc. La façade de la cathédra le Saint-Vincent à Châlon -sur-Saône, reconstruite en 1825, est la prem ière à adopter le style néogothique. La nouve lle abbaye de Hautecombe (1824-1843), élevée à l'init iative des souverains sardes Charles-Fél ix et MarieChristine, inaugure quant à elle le style goth ique troubadour. Avec l'avènement de Napoléon Ill, l'éclect isme domine. Les références aux styles du passé (16•, 17• et 18• s.) sont omniprésentes. Toutefois, l'introduction de nouveaux maté riaux comme le fer, le verre et la fonte (église Saint-Augustin à Paris, bâtie de 1860 à 1871 par Ba lta rd) témoigne de l'apport des doctrines rationa li stes et du progrès technologique. Au mi li eu du 19• s, la basilique NotreDame-de-la-Garde à Marseille est élevée dans un sty le romano-byzantin o rig inal. D'autres églises majeures seront bâties dans le même goût, au début de la Ill" République : l'église du Sacré-Cœur à Paris et la basilique Notre-Dame de Fourvière à Lyon.

19

L'ART DU SACRÉ

Rangée d' antéfixes (motifs placés à

l'extrémité d'une toiture pour la masquer ou l'orner)

Couronnement Pseudo-mâchicoulis

Sculpture en haut-

rel ief en forte saillie

Fronton

Oculus

Statues-colonnes représentant des anges

Façade harmonique : possédant deux tours jumelles

Galerie

• Portique

Tétramorphe : symboles assoetés des quatre évangélistes

LYON ..,._ Basilique Notre-Dame de Fourvière (19' s.)

Bandeau orne d'une frise

LE 2oe S. Au tournant des 19• et 20• s., de nouveaux matériaux, dont la plasticité permet une plus grande diversité de formes et d'aménage ments, renouvellent les concepts de l'architecture sacrée, qui connaît toutefois un profond recul avec la laïcisation croissante de la société. L'église Saint-Jean-de-Montmartre, édifiée à Paris entre 1894 et 1904, sera le premier édifice religieux construit en béton armé. Dans les années 1950 et 1960, d 'importantes créations architecturales voient le jour : église Saint-Joseph au Havre, due à auguste Perret; chapelle Notre-Dame-duHaut à Ronchamp, œuv re de Le Corbusier; église Notre-Dame-de-Toute-Grâce au plateau d'Assy ... La volonté de mett re en valeur la

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Édicule servant d'entrée pour l' égl ise basse

spiritualité de ces lieux est souvent sensible dans l'élan plastique des formes, la simplicité du décor intérieur et la maîtrise des effets décoratifs de la lumière, considérée comme très importante dans la liturgie rénovée du concile Vatican Il. Dans le même esprit, de nombreux artistes tels Manessier, Bazaine, Lurçat, Max lngrand, Marc Chagall, Jean Cocteau ou Fernand Léger contribuent à faire vivre ou revivre des édifices grâce à leurs vitraux, sculptures, mosaïques et tapisseries. Dernière née des cathédrales françaises (1995), la cathédra le de la Résurrection à Évry marie les influences byzantine et romane d'Ita lie du Nord au style contemporain « néoréaliste » dont son architecte, le Suisse Mario Botta, est l'un des chefs de file.

E FONCTIONNEMENT DES ABBAYES Une abbaye est une communauté d'hommes ou de femmes groupés sous l'autorité d'un abbé ou d'une abbesse pour vivre suivant une règle de vie approuvée par le pape. Cette règle partage généralement l'emploi du temps des religieux, d'une part en activités matérielles assurant l'existence commune, d'autre part en activités spirituelles et liturgiques correspondant au but essentiel de l'association : louer et prier Dieu le plus fréquemment possible pour tous les chrétiens. L'abbé a, en général, rang d'évêque. Il est le chef spirituel et temporel de l'abbaye. À partir du 16e s., le pape concède au roi de France le droit de nommer directement des abbés et abbesses. Quelquefois, pour gérer de nouveaux domaines ou pour répondre au vœu d'un donateur qui désire avoir des moines sur ses terres, les abbés créent un prieuré, petite communauté dont les moines sont placés sous la direction d'un prieur, qui dépend de l'abbaye.

Les bâtiments monastiques Les bâtiments de l'abbaye s'organisent autour d'un cloître central, espace à ciel ouvert bordé de quatre galeries. Celles-ci permettent aux moines ou aux religieuses de circuler et de méditer à l'abri des intempéries. Un des côtés du cloître est adossé à l'église abbatiale, un autre à la salle capitulaire où les re lig ieux se réunissent pour discuter des intérêts de la communauté lors des« chapitres», sous la présidence de l'abbé. Les moines y écoutent aussi la lecture d'un court fragment ou chapitre de la règle. Tout proche, le scriptorium ou salle de trava il est réservé au travail intellectuel.

Sur le troisième côté s'ouvre le réfecto ire et sur le quatrième le chauffoir. C'est la seule pièce chauffée dans l'abbaye; les religieux y étud ient ou se livrent à des travaux manuels. Le dortoir est généralement au-dessus de la salle capitulaire; il communique avec l'église par un escalier direct afin que les moines puissent se rendre facilement aux offices de la nuit ou de l'aube.

Saint Benoît et saint Bernard La règle de saint Benoît (v 480-547) domine le monachisme occidental, notamment grâce à l'essor de l'abbaye de Cluny, fondée au 1oe s. Elle s'articule autour d'une vie communautaire structurée sous l'autorité d'un père spi ritu el, l'abbé, et d'une devise, « Prie et travaille ». Les moines observent des grands princ ipes: chasteté, jeûnes, obéissance, silence. Leur journée s'organise autour de trois activités: l'office divin à plusieurs heures de la journée (matines, messe, laudes au lever du sole il, vêpres à son coucher, complies), la lecture divine accompagnée de la méditation et le trava il manuel. Au tournant des années 1100, la vie monastique connaît un renouveau avec saint Bernard. En lutte contre le relâchement des moines clunisiens, il édicte dans la Charte de charité (1119) les grands principes de sa règle. Mise en œuvre à Citeaux, pu is à Clairveaux, la règle cistercienne se caractérise par sa simplicité. Les travaux des moines sont durs, et la nourriture, frugale, n'a d'autres fins que de reconstituer leurs forces. L'architecture, aisément identifiable (voir p. 70), reflète les principes mêmes de la règ le cistercienne : une beauté sobre, dépou ill ée, fa ite pour la prière et la charité .

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LE FONCTIONNEMENT DES ABBAYES

EXIQUE

- Ab si de : extrémité généralement arrondie d'une ég lise qu i contient le chœur.

la profondeur décroît à mesure qu'on s'éloigne du chœur.

-Absidiole : petite chapelle greffée sur l'abside.

- Chapelles rayonnantes : chapelles ouvrant

- Arc- boutant : portion d'arc reposant sur

tout autour de l'abside, sur un déambulatoire.

une culée (pilier), qu i s'appuie sur le mur extérieur d'un édifice pour contrer les poussées de la voû t e.

- Chapiteau : pierre généralement scu lptée ou

- Arc triomphal : dans une église, arc monu ment al qui sépare la nef du chœur.

posé de la façade; le chevet peut être plat, polygonal ou semi-circulaire.

- Arch ivolte : ensemble des voussures couron-

- Chœur : partie de l'église réservée aux clercs,

nant une porte ou une baie.

- Baies géminées : groupées par deux.

située entre le jubé et le chevet, presque toujours orienté, c'est-à-dire tourné vers l'est.

- Bandes lombardes (ou lésènes) : décoration

- Clef de voûte : pierre taillée placée au som -

en faible saillie faite de petites arcades aveugles reliant des bandes verticales.

met de l'arc ou de la voûte, qui permet de faire tenir la structure.

- Baptistère : bâtiment consacré au sacrement

- Collatéral : se dit du bas-côté de la nef lorsqu'il

du baptême.

est de la même hauteur que celle -ci .

- Be rceau : couvrement par une voûte ou un

- Contrefort : bloc de maçonnerie édifié en sail -

lambris.

lie sur un mur pour le renforcer ou neutraliser la poussée des voûtes.

- Bras du transept : chacune des deux ailes

22

moulurée couronnant une colonne ou un pilier.

- Chevet : extrémité extérieure de l'ég lise à l'op-

du transept, de part et d'autre de la croisée. Éga lement appelés« cro isillons ».

- Corniche : ornement mouluré en saillie, cou-

- Brisé : se dit d'un arc dont les deux segments

- Coupole : voûte hémisphérique; l'extérieur

ronnant le sommet d'un mur.

concaves se rejoignen t en pointe.

porte le nom de dôme.

- Cathédra le : ég lise où un évêque célèbre les

- Croisée d'ogives : arcs diagonaux soutenant

offices.

- Cha ire : tribun e élevée dans la nef d'une église,

la voûte; par extension, système de voûte repo sant sur des nervures appe lées og ives.

souvent ouvragée et pourvue d'un abat-voix.

- Cro isée du transept : point central d'une

- Chapelles échelonnées: chapel les orien -

ég lise cruciforme entre la nef et le tra nsept.

tées, ouvertes sur les bras du transept, et dont

- Croisillons : voir Bras du transept.

- Crypte: chapelle construite sous une église et destinée à recevoir une relique, une sépulture ...

- Piédroits : montants verticaux sur lesque ls retombent les voussures.

- Déambulatoire : galerie tournant autour du chœur, desservant généralement des chapelles rayonnantes.

- Pilastre : pi lier engagé dans un mur, sur lequel il fait saillie.

- Doubleau: arc perpendiculaire à la nef ou aux collatéraux. - Enfeu : niche abritant un tombeau. - Flèche: pyramide effilée qui couronne un clocher. - Fleuron : ornement isolé, couronnant un pinacle, gâble ou pignon. - Fresque : peinture murale exécutée sur un enduit encore frais. - Fronton : couronnement souvent triangulaire qui comprend un tympan et un cadre mouluré. - Gâble : pignon décoratif très aigu, souvent ajouré et surmonté d'un fleuron, ornant les fenêtres et la base des clochers. - Galerie des Rois: rangée de statues repré sentant les ancêtres du Christ, ornant la façade occidentale de nombreuses cathédrales . - Gargouille : dégorgeoir saillant servant à l'écoulement des eaux de pluie. - Grandes arcades : arcades séparant la nef des bas-côtés ou collatéraux. - Jubé: clôture souvent richement sculptée séparant le chœur de la nef centrale. - Lancette : arc brisé allongé, en forme de fer de lance. - Lésènes: voir Bandes lombardes. - Linteau : bloc horizontal d'un portail, surmontant les vantaux et supportant le tympan. - Modillon : petite console décorative soutenant une corniche.

- Pinacle: petite pyramide ou cône, souvent orné, couronnant un arc-boutant. - Plein cintre: en demi-cercle. - Remplage: réseau léger de pierre découpée divisant l'ouverture d'une baie. - Retable: panneau décoratif placé au-dessus et derrière l'autel. - Rose ou rosace : grande baie circulaire éclairant les églises et décorant leurs façades. - Stalles : sièges de bois réservés aux clercs, regroupés dans le chœur. - Transept: vaisseau transversal coupant la nef et donnant à l'église la forme d'une croix. - Travée : division transversale de la nef comprise entre deux colonnes ou piliers. - Tribune : galerie haute. - Triforium : petite galerie de circulation aménagée dans l'épaisseur du mur au-dessus des bas-côtés d'une église. - Trumeau : partie d'un mur entre deux baies, supportant le linteau. Dans les portails des églises, il est souvent orné d'une statue. - Tympan : partie haute d'un portail, comprise entre le linteau et les voussures, généralement sculptée. - Vantail : battant d'une porte. - Verrière : baie garnie de vitraux ou grand vitrail. - Voussures : arcs concentriques couvrant l'embrasure d'une baie.

- Narthex: vestibu le intérieur d'une église.

- Voûtains: portion de voûte délimitée par des arêtes ou par des nervures.

- Nef : espace compris entre l'entrée et le chœur de l'église.

- Voûte d'arêtes : voûte formée de deux berceaux se croisant à angle droit.

- Oculus : petite baie circulaire. - Ogive : arc diagonal soutenant une voûte.

- Voûte en berceau: voûte de profil semi-circulaire.

- Ove : ornement de chapiteaux en forme d'œuf.

- Voûte en cul-de-four : en quart de sphère.

- Pendentif: surface triangulaire et courbe qui fait la jonction entre une coupole et un espace de plan carré (on parle de coupole sur pendentif).

- Voûte sexpartite : voûte sur croisée d'ogives embrassant deux travées séparées par un arc doubleau intermédia ire, délimitant 6 voûtains.

23

--- - - - - - LEXIQUE

~

EPERES ... Types d'édifices & cotations

Les édifices sont classés en cinq périodes architecturales: Haut Moyen Âge et art roman (S'· -13e s.) Art gothique (12°-1.5" s.) Renaissance. cla ssiqu e et baroque (16e-18' s.) Style éclectiq ne ou néo- (19·· s.)

Contemporain (20·· s.)

24

Ils sont cotés de 1 à 3 étoiles :

*** ** *

Vaut le vo,-aae . 0 .\1érite un détour intéressant

Églises & abbayes~ remarquables 25

Paris Île-de-France Centre

**

St-Germain-l'Auxerrols

**

26

St-~tienne-du-Mont

Sacré-Cœur

**

ARIS ILE-DE-FRANCE CENTRE

A

Bourges, cathédrale Saint-Étienne

i

27

Paris. Île-de-France. Centre

28

Paris p. 30

Bourges p. 64

Cha r tres p. 68

Cléry-SaintAndré p. 74

'

'

'

'

Abbaye de Noirlac p. 83

Orléans

Abbaye de Royaumont

Sa in t-Aignan p. 93

p. 86

p. 88

Évry p. 75

Abbaye de Fontgombault p. 76

'



Saint-Benoîtsur-Loire p. 94

Crédits photographiques: les phoros ci-contre wm exrro,res des pages du chaplrre

'



Saint-Denis p. 98

Loches p. 77

Mantesla-Jolie p. 78

Meaux p. 80

'

'

'



Tours p. 103



Vendôme p. 105



Versailles p. 107

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Paris Paris (75)

Cathédrale Notre-Dame*** UN PEU D'HISTOIRE

Paris demeure la ville la plus visitée du monde : on s'y attache et on la chér it partout. Preuve en est l'immense émotion qui a saisi la planète quand la cathédrale NotreDame, cœur intime de la capitale française, s'est enflammée le 15 avril 2019. La solidarité internationale devrait permettre de restaurer le monument en un temps record. www.notredamedeparis.fr

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Une grande flamme désordonnée et furieuse

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Le lundi 15 avril 2019, vers 18h15, débute l'incendie qui va embraser la charpente de la cathédrale, âgée de huit siècles, et mobiliser durant plus de 15h jusque 600 pompiers et 18 lances. À 4h du matin, le feu est maîtrisé; à 9h50, il est éteint. Difficile de se dire que le pire a été évité ... La toiture est ravagée, la charpente en bois (12-13· s.), surnommée« la forêt», complètement détruite, tout comme la flèche de Viollet-le -Duc (19• s.), sans compter les dommages causés à l'intérieur par l'effondrement de la voûte . Et pourtant, l'héroïque mobilisation des sapeurspompiers a permis de sauver l'édifice : la structure du bâtiment et les deux tours ont résisté; les reliques et les trésors exposés ont pu être mis à l'abri ; les orgues, les plus importantes de France, ont souffert mais seront restaurées. Et ensuite ? Les travaux de restauration ont démarré tambour battant, portés par l'afflux des dons internationaux, et un concours international d'architecture a été lancé. Objectif affiché au plus haut niveau de l'État: achever la restauration pour 2024 !

850 ans en arrière ... Il y a vingt siècles que l'on prie en ce lieu : temple gallo-romain, basilique chrétienne et église romane s'y sont succédé avant que Maurice de Sully, vers 1163, entame la construction du monument que l'on connaît aujourd'hui . Placé à la tête du diocèse en 1160, où il reste trente-six ans, Maurice de Sully veut donner à la capitale une cathédrale digne d'elle. À côté de ressources épiscopales et des offrandes royales, l' humble peuple participe avec ses bras: tailleurs de pierre, charpentiers, forgerons, sculpteurs, verriers travaillent au 13· s. sous la direction de Jean de Chelles et de Pierre de Montreuil, l'architecte de la Sainte-Chapelle. Les travaux sont achevés vers 1300. Notre-Dame est la dernière des grandes églises à tribunes et l'une des premières à arcsboutants; idée neuve, on les prolongea par un col destiné à rejeter les eaux pluviales loin des fondations : ce sont les premières gargouilles.

Cérémonies

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Notre-Dame est le théâtre de grands événements religieux et politiques du pays. Saint Louis y dépose la couronne d'épines en 1239 en attendant la consécration de la Sainte-Chapelle. En 1302, Philippe le Bel y ouvre les premiers états généraux du royaume. Puis les cérémonies,

Notre-Dame est encore aujourd'hui le témoin des grandes heures de l'histoire de Paris. Ai nsi, le Te Deum du 26 août 1944, interrompu par un attentat contre le général de Gaulle, l'émouvante messe de requiem à la mémoire de ce dernier (12 novembre 1970), le magnificat du 31 mai 1980, suivi de la messe solennelle sur le parvis célébrée par le pape JeanPaul Il (parvis qui porte dorénavant son nom) ont réuni d'impressionnantes assemblées.

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actions de grâces et services funèbres s'y succèdent: couronnement du jeune roi d'Angleterre Henri VI comme ro i de France (1431 ) ; ou verture du procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc (1455); couronnement de Marie Stuart; curieu x mariage entre Marguerite de Valois, seule dans le chœur, et le huguenot Henri de Navarre, qui doit rester à la porte (1572) : il reconnaîtra plus tard que « Paris vaut bien une messe » et assistera dans le chœur à l'office d'action de grâces pour la reddition de la capitale.

Destructions et restaurations L'histoire de Notre-Dame est aussi - l'incendie récent nous l'a rappelél'histoire de muti lations successives: démolition du jubé sou s prétexte de modernisation en 1699, dépose des vitrau x originau x pour donner au vaisseau plus de clarté au 18• s., destruction du portail central en 1771 pour facil iter le passage du dais des proce ssions, puis ravages de la Révolution. Les statues sont brisées et l'église devient temple de la Ra ison; les cloches sont fondues, sauf le gros bou rdon . Des réserves de fourrage et de vivres s'entassent sous les voûtes. Le 2 décembre 1804, la cathédrale, recouverte de tentures pour masquer son délabrement, accueille le pape Pie VII pou r le sacre de Napoléon . Critiquées mais salutaires, les restauratio ns entreprises par Eugène Vi ollet-le-Duc et Jean-Baptiste-A ntoine Lassus en 1841 se poursui vent jusq u'en 1864 : révisi on de la st atuaire et des vitrau x, éli m ination des

placages et des parties ajoutées, restauration des comb les et des parties hautes, réfection des portails et du chœur, et adjonction d'une sacristie. Mais le grand geste de Viollet-leDuc demeure la reconstruction, à la croisée du transept, de la flèche détruite à la Révolu t ion : un chef-d'œuvre de 500 tonnes de chêne et 250 tonnes de plomb, élevé à 90 m au-dessus du sol, devenu l'icône de la cathédrale ... jusqu'à sa disparition en 2019.

Parvis Dans la seconde moitié du 19• s., les travaux d'Haussmann, en quadruplant l'espace libre, ont à la fois dégagé la façade mais aussi amoindri l'impression d'envolée qu'elle don nait jadis, enserrée entre des maisons. Le « kilomètre zéro » des grandes routes nationales de France se matérialise par une petite dalle de bronze scellée au centre de la place.

Crypte archéologique• www.crypte.paris.fr Sous le parvis ont été dégagés, sur une longueur de 118 m, les vestiges de monuments anciens du 3• au 19• s. : salles gallo-romaines chauffées par hypocauste, fondations du rempart du Bas- Empire, caves des maisons de l'ancienne rue Neuve-Notre-Dame, soubassements de l'hospice des Enfants-Trouvés et une partie de ceux de l'église Sainte-Geneviève-des-Ardents.

Façade L'ordonnance est majestueuse et équilibrée. Les trois portails ne sont pas identiques: celui du milieu est plus haut et plus large que les autres; celui de gauche est surmonté d'un gâble. Au Moyen Âge, leur aspect était tout autre : les statues polychromes se détachaient sur un fond d'or. Les portails composaient une Bible de pierre où les f idèles pouvaient apprendre l'histoire pieuse et la légende des saints.

Portail de la Vierge -À gauche. Son très beau tympan a se rvi de modèle aux imagiers pendant tout le Moyen Âge. Au niveau inférieur, l'arche d'alliance est entourée par les prophètes. Au-dessus, émouvante Dormition de la Vierge, en présence du Christ et des Apôtres. Dans la pointe, le Couronnement de Marie : dans une attitude pleine de noblesse, le Christ tend un sceptre à sa mère, qu'un ange couronne. Portail du Jugement dernier -Au centre. Au-dessus de la scène de la Résurrection a li eu la Pesée des âmes, sujet trad itionnellement représenté sur les portails des églises médiévales : les élus sont emmenés au ciel par des anges, tandis que les réprouvés sont conduits en enfer par des démons. Dans la pointe, le Christ, juge suprême, est assis sur son tribunal. La Vierge et saint Jean, à genoux, intercèdent pour les hommes.

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Portail du Jugement dernier

Portail de Sainte-Anne - À droite. A la pointe du tympan, la rigide Vierge en majesté trône de face et présente !'Enfant Jésus, selon la tradition romane. Ces sculptures, exécutées vers 1160, sont les plus anciennes de Notre-Dame. Au milieu est évoquée la vie de la Vierge; en bas celle de ses parents, sainte Anne et Joachim. Les voussures de chaque portail présentent une cour céleste d'anges, de rois et de patriarches. De part et d'autre des portes figurent aux ébrasements des rois, des saints et des apôtres.

Galerie des Rois -Au-dessus des portails, 28 statues figurent les rois de Juda et d'Israël, ancêtres du Christ. En 1793, la Commune, les prenant pour des rois de France, les fit décapiter sur le parvis (on peut les voir au musée national du Moyen Age - hôtel de Cluny). Violletle-Duc les a refaites. Grande rose - Avec près de 10 m de diamètre, elle fut longtemps la plus vaste qu'on ait osé percer. Son dessin est si parfait qu'aucun de ses éléments n'a joué depuis plus de sept siècles. Elle forme comme une auréole à la statue de la Vierge à !'Enfant, encadrée par deux anges. Devant les baies latérales se dressent Adam (à gauche) et Ève (à droite).

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Grande galerie - Cette superbe ligne d'arcades relie la base des tours. Sur la balustrade qui surmonte la galerie, Viollet-le -Duc a posé des gargouilles en forme d'oiseaux fantastiques, de monstres et de démons.

Tours - Elles s'élèvent à 69 m au-dessus du sol. Des baies étroites et très hautes (plus de 16 m) leur donnent de la légèreté. La tour de droite porte le bourdon Emmanuel, qui pèse 13 t, et son battant de 500 kg, en place depu is la fin du 17• s. Du sommet des tours s'offre la vue*** la plus be ll e sur le cœur de la capitale.

fi'la nrs nord et sud Sur le côté nord de Notre-Dame s'élevait autrefois le cloître des chanoines. Le magnifique portail du Cloître a été élevé vers 1250 par Jean de Che lles. Avec 13 m de diamètre, la grande rose du transept, très ouvragée, est un peu plus large que la rose de la façade, son modèle. Elle repose sur une claire-voie avec laquelle elle forme une baie haute de 18 m, d'une hardiesse et d'une légèreté sans précédent. En bas, le grand porche présente plusieurs gâb les, contrastant ainsi avec les portails du parvis, exécutés trente ans plus tôt. Sur le tympan sont figurées des scènes de la vie de la Vierge (en bas) et l'histoire du diacre Théophile (niveaux supérieurs), sauvé par la Vierge après avoir vendu son âme au diable. La superbe Vierge du trumeau a malheureusement perdu son Enfant Jésus à la Restauration, mais son fin sourire et son attitude pleine de noblesse en font un pur chef-d'œuvre de la statuaire du 13• s. Sur le flanc sud (côté Seine), près de la sacristie élevée au 19• s., s'élève le portail Saint-Étienne, richement sculpté . Commencé vers 1258 par Jean de Chelles et terminé par Pierre de Montreuil, il présente un magnifique tympan, qui raconte la vie et la lapidation du diacre Étienne. Au dessus, la magnifique rose sud, assemblée vers 1260, se déploie sur presque 13 m de diamètre, dans une ensorce lante légèreté.

Ce sont pour ainsi dire des miraculées: cinq jours avant l'incendie du 15 avril 2019, les 16 statues en cuivre dont Viollet-leDuc avait orné la base de sa flèche étaient déposées en vue de leur restauration . Elles ont ainsi échappé au sinistre! Parm i ces statues des douze apôtres et des quatre évangélistes, Viollet-de-Duc a prêté ses tra its à saint Thomas , le patron des architectes, représenté avec son équerre et... le regard tourné vers la flèche, preuve de la fierté qu 'en tirait son auteur!

Che\Cl li reçut, au début du 14• s. , la prodigieuse parure de ses grands arcsboutants de 15 m de volée qui, enjambant le double déambulatoire et les tribunes, viennent épauler le vaisseau au point même de la poussée des voûtes.

Intérieur L'élancement et la hardiesse de l'élévation de la nef témo ig nent du talent et de la prééminence de l'école française au début du 13• s. Aux 13• et 14• s., pour écla irer les chapelles, on agrandit les fenêtres que masquaient les hautes tribunes; celles -c i furent aba issées. Pour sou tenir la poussée de la nef et des voûtes, on eut alors l'idée de lan cer des arcs-boutants d'une seule volée. Ainsi tout l'effort de la construction repose sur l'extérieur, tandis que l'intérieur dispose du max imum d'espace et de lumière. Les formidables piliers qui soutiennent les tours atte ignent 5 m de diamètre. Aux vi traux du Moyen Âge ont succédé des verrières blanches à fleurs de lys (18• s.), puis des grisailles (19• s ). Les vitraux modernes de Le Cheva li er, posés en 1965, reprennent les procédés et les coloris méd iévaux.

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Normalement préservé dans la sacristie du chapitre (construite par Viollet-le-Duc), le trésor de Notre-Dame est précieux : outre des manuscrits enluminés, des ornements et des pièces d'orfèvrerie reli gieuse du 19' s., il recèle les célèbres reliques de la Passion - la couronne d'épines, le saint Clou et un fragment de la Vraie Croix - achetées par Saint Louis au 13' s.

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Chapelles - Notre-Dame est entourée de chapelles, ajoutées entre les contreforts au 13• s. pour répondre au x fondations des confréries et des riches familles . On dut alors allonge r les bras du transept qui se trou vaient en retrait des chapelles. Transept - Grâce à la so li dité assurée par les prog rès gothiq ues, les adm irables verrières du transept sont exceptionnellement larges et légères. La rose nord, au-dessus du portail du Cloître, montre des personnages de l'A ncien Testament entourant la Vi erge. Su r la rose sud , du côté du portail Saint-Éti enne, le Ch rist trône au mil ieu des anges et des saints . A l'entrée du chœur, saint Denis, par Nicolas Coustou , répond à la belle Vi erge à !'Enfant, dite « Notre -Dame de Paris » (14• s.), qu i provient de la chapel le Saint-A ignan. Chœur - Sa clôture de pierre fut tronquée au 17• s. : les bas-reliefs du 14• s., restaurés par Vi ollet-le-Duc, comportent des scènes de la vie du Christ (à gauche) et de ses apparit ions (à droite). Après vingt-trois ans de mariage, Louis XIII, n'ayant pas d 'enfant, consacre la France à la Vierge (1638), vœu symbolisé par une nouvelle décoration du chœur de Notre-Dame que réalise Robert de Cotte. Il en subsiste les stalles et une Pietà de Gu il lau me Coustou flanquée de Louis XIII, du même art iste, et de Lou is XIV pa r Coysevox. Au t an t de chefs-d 'œuvre heu reusement rescapés de l' incen die !

La Sainte-Chapelle*** UN ÉCRIN POUR LES SAINTES RELIQUES En 1237, Louis IX reço it la visitf de Baudouin Il, empereur latin de Constantinop le qu i, aux prises avec de graves problèmes f inanciers, songe à se séparer de la couronne d'épines du Christ. Le roi décide de s'en porter acquéreur. En 1241, Louis IX achète en outre un morceau de la Vra ie Croix et la lance qui a piqué le corps du Christ après sa mort. Il s'agit désormais de donner à ces reliques un cadre digne de les accueillir. C'est ainsi que naît la Sainte-Chapelle. Consacrée le 25 avril 1248, Juste avant le départ du roi pour la septième croisade, elle est élevée en 33 mois au se in du palais royal (devenu Palais de la Justice de Paris après la Révolution). La chapelle haute est réservée au souverain et à sa famille et communique avec les appartements royaux; c'est là que sont exposées les reliques. La chapelle basse accueille les la"fcs, serviteurs et soldats du palais. A partir de 1837, la Sainte-Chapelle bénéficie d'une restauration d'envergure qui dure 30 ans. Les reliques du Christ, qui ont en partie échappé à la destruction révolutionnaire, sont dorénavant conservées par l'arche vêché de Paris: couronne d'épines, lance de la Passion et fragment de la Vraie Croix.

Bâtie au 13e s. par Saint Louis au cœur de la Cité pour accueillir les reliques de la Passion, la Sainte-Chapelle touche à la perfection. Sobriété, élégance et lumière sont les maîtres mots de ce chef-d'œuvre du style gothique rayonnant. sainte-ch ape lle.monu mentsnation aux .fr

Extérieur Vis-à-vis de Notre-Dame, l'évolu tion architecturale est saisissante. Quatre - vingts ans seulement séparent ces deux monuments et déjà l'ordonnance de la cathédrale est dépassée par la légèreté et la clarté de la chapelle. L'architecte Pierre de Montreuil a poussé jusque dans ses applications les plus hardies la logique du style gothique et, servi par les dimensions restreintes de l'édifice, a réussi à en assurer l'équilibre par de simples contreforts lestés de p inacles. Pour la première fo is, les murs sont presque entièrement ajourés: des verrières de 15 m de hau t remplissent les vides. La flèche s'élance jusqu'à 75 m au-dessus du sol. Sa charpente en bois est recouverte de plomb. PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

La cha pelle était d'abord isolée au milieu de la cour du palais royal. Un e petite galerie reliai t l'étage supérieur du porche aux appartements de Saint Louis. Lors des réfections du palais, au 18' s., on accola fâcheusement au sanctuaire une aile de la cour du Mai. Au siècle suivant, la SainteChapelle a bénéficié d'une prestigieuse restauration de 1841 à 1867, sous la direction de Du ban et Lassus.

1. La Genèse - Adam et Ève - Noé - Jacob . 2 . L' Exode - M oise et le Sinal 3. L' Exode - La loi de Moise. 4 . Deutéron ome - Josué - Ruth

et Booz. 5. Les Ju ges - Gédéon - Samson. 6 . lsale - L'arbre de Jessé . 7. Sai nt Jean l' Éva ngé liste - V ie de

Chapelle basse Sa largeur (17 m) est d'autant plus impressionnante qu 'elle n'est haute que de 7 m. Les colonnes qui soutiennent la voûte étoilée (décorée lors de la restauration du 19e s.) alternent les fleurs de lys et les tours de Castille, emblèmes de Blanche de Castille, mère de Saint Louis. Au sol, les dalles recou vrent des tombes de chanoines.

Chapelle haute Tout visiteur se retrou ve sans voix lorsqu'il pénètre sous cette immense verrière. Si le soleil est au rendez-vous, le moindre de ses ra yons est capté. Tout le vaisseau est entouré d'arcatures, dont les chapiteau x finement sculptés reprodu isent des motifs végétau x. À chaque pil ier est adossée une statue d'apôtre tenant une des douze croix rituelles de consécration de l'église. Six d'entre el les sont d'origine (en beige-rosé sur le plan) ; les autres statues origina les sont conservées au musée national du Moyen Age. · Deux petites niches, dans la 3e travée, étaient réservées au roi et à sa famille. Dans la travée suivante, on voit la porte de l'oratoire bâti par Louis XI : une petite baie gril lagée lui permetta it de suivre l'office sans être aperçu. Au milieu de l'abside s'élève une tribu ne, surmontée du baldaquin en bois qui abritait la châsse. Deux petits escaliers tournants, enfer més dans des tourelles , condu isent à la plate-forme. Celu i de gauche date de l'origine. Saint Louis l'a souvent monté pour aller ouvrir lui-même, devant les assistants, les panneaux de la châ sse, étincelants de pierreries.

la Vierge - Enfa nce du Christ.

\.itrau"-***

8 . La Passio n du Ch rist . 9. Sai nt Jean-B apt iste - Dani el. 10. Ézéch iel. 11 . Jérémie - Tobie.

12. Judit h - Job . 13. Esther. 14. Les Rois : Sa muel, David, Salomo n. 15. Sai nte Hélèn e et la Vrai e

Croix - Saint Lou is et les rel iq ues de la Pass ion. 16. Rose fla mboya nte (15' s.) !'Apocalypse.

Terrasse

En beige- rosé . st at ues d 'o rigine.

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CHAPELLE HAUTE

Ce sont les plus anciens de Paris. Il s couvrent 670 m 2 , comptent 1 134 scènes, dont 720 sont encore d'orig ine. Quand, en 1240, les vitraux de Chartres sont achevés, le roi appe lle logiquemen t leurs maîtres verriers pour garnir le fenestrage de sa chapelle. Ain si s'explique la parenté des deu x réal isations . Les restaurations , effectuées au mil ieu du 19e s. d'après les cartons du peintre Steinheil, so nt difficiles à déceler.

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Vitraux de la Sainte-Chapelle : le baptême du Roi

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Nous ne connaissons la rose rayonnante d'origine que par une minia ture des Très Riches Heures du duc de Berry. La rose actuelle, com mandée par Charles VII à l'époque flamboyante, illustre l'Apocalypse de saint Jean. Les sujets ont pour thème l'exaltation de la Passion, son annonce par les grands prophètes et Jean-Baptiste, et les scènes bibliques qui la préfigurent. Les verrières doivent être lues chacune de gauche à droite et de bas en haut, sauf les n°' 6, 7, 9 et 11 qu'il faut lire lancette par lancette.

Église Saint-Eustache** C'est le marché qu i préside à la fondation de l'ég lise puisque, pour rembourser sa dette à un bourgeois, le roi Philippe Auguste avait autorisé son créancier à pré lever un denier sur chaque panier de poisson vendu aux Halles. L'homme s'enrichit si rapidement qu'il décide d'utiliser l'excédent de fonds pour édifier une chapel le au début du 13e s., ce que rappel le le poisson sculpté au -dessus de l'entrée de la crypte Sainte-Agnès (7 rue Montmartre). Le développement du marché et des habitations alentour est tel que la chapelle doit être agrandie pour accuei ll ir le nombre cro issant de paroissiens. Saint-Eustache est alors édifiée, entre 1532 et 1640, sur les plans de Notre-Dame, dans un style gothique flamboyant rehaussé du vocabulaire décoratif de la Renaissance . Les corporations des Halles y célèbrent leurs fêtes votives jusqu'à la Révolution. Après un important incendie en 1844, l'église est restaurée par Baltard, qui signe une partie du nouveau mobilier. Saint-Eustache a bénéficié d'une vaste campagne de restauration de 2016 à 2018.

Façade

À l'époque du marché des Halles. le gigantesque vaisseau de Saint-Eustache voguait sur un océan de fleurs. de choux. de laitues ... Aujourd'hui, l'église est l'une des plus visitées de Paris. et son décor Renaissance reste unique! www.saint-eustache.org

La façade principale a été rebâtie dans un style classique (1754) sans rapport architectural avec le reste de l'édifice, et sa tour sud est restée inachevée. Côtés nord et sud, en revanche, les façades du Croisillon* conservent leur belle composition Renaissance, flanquées chacune de deux tourelles d'escaliers terminées par des lanternons.

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Intérieur

TRANSEPT

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NEF

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1. Martyre de saint Eustache (Simon Vouet, 17' s. 2 .Adoration des Mages (Rubens, copie). 3. Banc d 'œuvre, offert par le Régent (1720) 4 . Le départ des fruits et des légumes

du cœur de Paris le 28 février 1969 (R. Masan). 5. Tobie et /'Ange (Santi di Tito, 16' s. ). 6. Extase de sainte Madeleine (Manetti,

17' s.). 7. Les Pèlerins d'Emmaüs (atelier de Rubens). 8 . Tombeau de Colbert(dessin de Le Brun , sculpture de Coysevox et Tuby). 9. Statue de la Vierge (Pigalle, 18' s.). Fresques de Thomas Couture (19' s.). 10. Statue de sai nt Jean l'Évangéliste (16' s.).

Le va isseau s'avance majestueusement avec ses piliers et ses voûtes (ce rtaines de style flamboyant) richement décorés. Une petite galerie Renaissance court au-dessus des arcades, et l'on peut admirer de beaux vitraux du 17• s. réalisés d'après des cartons de Philippe de Champaigne. La 4• chapelle de la nef nord (à gauche) dévoile une surprenante sculpture polychrome de Raymond Mason, intitulée Le Départ des fruits et légumes du cœur de Paris le 28 février 1969, commémorant le déménagement du marché des Halles de Baltard, vouées à la démolition . A l'opposé, en diagonale, la s• chapelle du chœur sud abrite un vitrail offert en 1944 par le Souvenir de la charcuterie française, un autre vestige de l'époque des Halles . La dernière œuvre de l'artiste new-yorkais Keith Haring, mort du sida en 1990, orne la troisième chapelle de l'église (après la sacristie). Il s'agit d'un triptyque de bronze, créé par l'artiste après la connaissance de sa séropositivité. Au centre du retable, un Dieu le père très stylisé étend ses bras sur l'humanité. Sur les axes médians, des anges planent au-dessus des hommes. L'acoustique de l'orgue, dont le buffet a été réalisé par Baltard, est très réputée : l'église accueille des concerts fréquents.

L'église de SaintEustache a accueilli de nombreuses personnal ités historiques : Armand Du Plessis, futur cardinal de Richelieu, JeanBaptiste Poquelin , futur Molière, et Jeanne Poisson, future marquise de Pompadour, ont été baptisées en ses murs. L'église vit aussi les funérailles de La Fontaine, de la mère de Mozart (alors en tournée avec son fils à Pa ris) et de Mirabeau . Enfin, Colbert et Rameau y sont enterrés.

11 . Buste de Jean-Philippe Rameau, mort en 1764. 12. Épitaphe du lieutenant général Chevert attribuée à d 'Alembe rt.

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Église Saint-Germain-l'Auxerrois**

Fondée au 7e s.. SaintGermain-l'Auxerrois devient la paroisse des rois de France à partir du 14e s., quand les Valois s'installent au Louvre voisin. Depuis le 19e s.. sa belle façade domine la place du Louvre, face à la colonnade du célèbre palais.

Devant l'église, sur le site de l'actuelle place du Louvre, se trouvaient le camp romain de Labienus (52 av. J -C.), puis celui des Normands assiégeant Paris en 885. Les origines de l'église proprement dite remontent à l'époque mérovingienne, mais il ne reste aucune trace de cette époque. Jusqu'au Second Empire, le Louvre et l'église Saint-Germain-l'Auxerrois étaient séparés par de beaux hôtels, parmi lesquels le Petit-Bourbon (disparu en 1660). Au nord de l'église se dressent le bâtiment néo Renaissance élevé par Hittorff (mairie du 1er arrondissement) et le beffroi néogothique de Ballu, haut de 38 m. L'édifice résume cinq siècles d'arch itecture: clocher roman (12• s.), chœu r rayonnant, porche et nef flamboyants (13• s.), portail Renaissance. La profonde restauration de Baltard et Lassus entre 1838 et 1855 a encore accentué cet aspect composite. En outre, les rois de France ont contribué à décorer et fait de nombreux présents à leur église paroissiale.

Ex téri eur www.saintgermainauxerrois.fr

De la rue de l'Arbre-Sec s'offre la meilleure vue sur le chevet et le clocher roman, adossé au transept. Les bas-côtés du chœur ont pour cou verture une série de petits combles où l'on entassait les ossements retirés des tombes du cloître qui entourait Saint-Germain. La chapelle absidiale, don des Tron son, montre une frise qui rappelle les armes parlantes de cette famille, des tronçons de carpe! Le porche est la plus grande originalité de l'édifice : de style gothique flamboyant, c'est le seul de Paris avec celui de la Sainte-Chapelle. Il a été construit de 1435 à 1439. Les statues des piliers sont du 19• s., sauf celles de saint François d 'Assise et sainte Marie !' Égyptienne (16• s.). Les travées extrêmes du porche, plus basses, sont surmontées de petites salles, couvertes en ardoise, où le chapitre plaçait ses archives et son trésor. Les trois travées du centre ont des voûtes flamboyantes à nombreuses nervures. Le portail central, le plus intéressant, date du 13• s. Dans l'ébrasement droit on remarque sainte Geneviève tenant un cierge qu'un diablotin tente d'éteindre. Le Jugement dernier sculpté sur le tympan a été mutilé en 1710 ; une fresque de Victor Mottez l'a remplacé à partir de 1842, aujourd'hui cou verte d 'un badigeon.

Saint-Germainl'Auxerrois reste associée à un terrible épisode de !'Histoire : le massacre de la Saint-Barthélémy. Dans la nuit du 23 au 24 août 1572, c'est du cl ocher de l'église qu'est sonné le tocsin donnant le signal du massacre des chefs protestants, sur ordre royal.

Intérieur Tout de suite à droite en entrant, ne manquez pas la chapelle du SaintSacrement et son impressionnant retable Renaissance. Dans la nef, le buffet d'orgues (18' s.) provient de la Sainte-Chapelle. Face à la chaire, le banc d'œuvre de 1684 était, croit-on, réservé à la famil le royale. La 4' chapelle (bas-côté gauche) comporte un retable flamand en bois, du début du 16' s., qui offre une profusion de détai ls sur la société de l'époque. Dans le transept, des vitraux anciens (16' s.) ornen t les fenêtres et les deux roses. La voûte du croisillon droit est un be l exemple de style flamboyant. Le chœur est entouré d'une grille (18' s.) devant laque lle on peut voir deux statues polychromes du 15' s. : saint Germain, à gauche, et saint Vincent. Enfin, la chapelle de la Vierge cache une élégante statue de sainte Marie !'Égyptienne* qu i ornait le porche de la façade gothique de l'église (à droite en entrant, remplacée par un moulage). Outre les poètes Jode lle et Malherbe, de nombreux artistes, qui logeaient au Louvre, ont été enterrés dans l'église : les peintres Coypel, Boucher, Nattier, Chard in, Van Loo, les scu lpteurs Coysevox et les deux Coustou, les architectes Le Vau et Soufflot.

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Église Saint-Paul-Saint-Louis**

Édifiée entre 1627 et 1641 sur le modèle du Gesù de Rome, l'église Saint-Paul-Saint-Louis est un bel exemple de style jésuite à Paris, combinant classicisme à la française et baroque italien de la Contre-Réforme.

C'est, après l'église des Carmes, le plus ancien exemple de style jésu ite à Paris. En 1580, la Compagnie de Jésus installe dans l'actuel lycée Charlemagne une maison professe pour les re li gieux qui ont déjà prononcé leurs vœux. Louis XIII offre les terrains nécessaires pour la nouve lle église, que l'on dédie à Saint Louis. Le plan est inspiré de l'église du Gesù, à Rome, un modèle d'architecture baroque. Au 17e s., les cérémonies religieuses, sous la direction musicale de Marc Antoine Charpentier et devant les fidèles qui faisa ient assaut d'élégance, y prenaient un caractère théâtral. Cependant, le père jésuite Bourdaloue (dont le corps repose dans la crypte) ne ménagea it pas les rudes vérités. « Il frappe comme un sourd ... Sauve qui peut 1 », disait Mme de Sévigné. Mais les jésuites sont expulsés en 1763. Le couvent devient École centrale de 1795 à 1804, pu is lycée. Après la démolition de l'église Saint-Paul, les deux vocables Saint-Paul et Saint-Louis sont réunis dans l'édifice (1802).

Façade Les ordres classiques y étagent leurs colonnes. Cette façade cache le dôme, qui est la grande nouveauté du style jésuite. Dans les églises postérieures, comme celles de la Sorbonne, du Val-de-Grâce et des Invalides, les architectes corrigeront ce défaut et mettront, au contraire, en valeur la beauté des dômes.

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Intérieur Pas de bas-côtés, mais des chapelles communiquant entre elles. La voûte en berceau laisse passer largement la lumière. La croisée du transept est cou verte d'une belle coupole surmontée d'un lant ernon . De hauts pilastres corinthiens montent le long des murs. Dans cet ensemb le lumineux, les sculptures, les ornements sont répandus à profusion. Saint-Paul eut un très riche décor, dispersé à la Révolut ion . Les reliquaires contenant les cœurs de Louis XIII et de Louis XIV furent fondus. Quant aux cœurs, le peintre Saint-Martin les acheta pour les broyer avec de l'huile. Cette matière sombre, la mumie, do nnait aux toiles un glacis merveilleux . L'artiste n'utilisa qu'une part ie du cœur de Louis XI V qui, paraît-il, était le plus gros. À la Restauration, il rend it les restes à Louis XVII I et reçut en dédommagement une tabatière en or.

L'église possédait un des plus beaux maîtres-autels de Paris. Son retable de 10 m de haut comportait quatre toiles de Simon Vouet, parmi lesquelles la« Présentation au Temple» et« L'Apothéose de Saint Louis» (aujourd'hui respectivement conservées au Louvre et à Rouen). Une figure de Dieu le Père, des marbres polychromes et des sculptures de Jacques Sarrazin complétaient l'ensemble, détruit à la Révolution.

À la croisée du transept, trois tableaux du 17e s. illustrent la vie de Saint Louis. Le quatrième, perdu, a été remp lacé par le Christ au jardin des oliviers** de Delacroix (1827). Dans la chapelle, à gauche du maître-autel, la statue en marbre de la Vierge de douleur* est une œuvre de Germa in Pilon (1586), commandée pour la basilique de Saint-Denis par Catherine de Médicis (la terre cu ite est au Louvre). Les deux coqu illes du bénitier, à l'entrée, ont été offertes par Victor Hugo lorsqu'il habitait place des Vosges.

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Le Panthéon** UN PE U D'HISTOIRE

Bâtie par Soufflot au point le plus élevé de la rive gauche, l'église Sainte-Geneviève est un chef-d'œuvre de l'architecture religieuse néo-classique ... avant que le destin ne la choisisse pour devenir le sanctuaire des grands hommes de !'Histoire de France. www.paris-pantheon.fr

Louis XV, tombé gravement malade en 1744, fait le vœu, s'il guérit, de remplacer l'église Sainte-Geneviève à demi ruinée par un magnifique édifice au point le plus élevé de la rive gauche. Le roi rétabli, l'architecte Soufflot est chargé des plans. li dessine un gigantesque édifice long de 110 met large de 84 m. Les fondations sont posées en 1758, mais des difficultés de financement ralentissent les travaux. Après la mort de Soufflot en 1780, un de ses élèves, Rondelet, termine le gros œuvre en .. . 1789. En avril 1791 , la Constituante ferme l'église au culte pour y accueillir les « cendres des grands hommes de l'époque de la liberté française », le Panthéon . Voltaire et Rousseau y sont inhumés. L'édifice est complètement achevé en 1812. Égl ise sous l'Empire, nécropole sous Louis-Philippe, rendu au culte par Napoléon Ill, quartier général de la Commune, il devient définitivement temple 1a·1que en 1885 pour recevoir les cendres de Victor Hugo.

Façade Au sommet des onze marches, le péristyle aligne ses colonnes corinthiennes qui soutiennent un fronton triangulaire, le premier du genre à Paris. Les bas-reliefs sous le péristyle illustrent l'instruction publique (par Lesueur, à gauche) et le Dévouement patriotique (par Chaudet, à droite)

Dôme•• Culminant à 83 m de hauteur, il domine toute la rive gauche . Soufflot a imaginé une triple coupole et une armature de fer afin d'assurer sa solidité. Le dôme du Capitole de Washington en est l'une des plus fameuses copies. Depuis sa récente restauration, on peut y grimper (206 marches) et jouir, à 35 m de hauteur, d'une vue superbe sur Paris.

Intérieur Sommet de monumentalité, il adopte un plan en croix grecque, à l'antique. Les colonnes qui soutiennent la grande coupole centrale sont englobées dans

une imposa nte maçonne rie, ce qu i provoque un effet de lourdeur. La seconde ca lotte est ornée de la fresque de !'Apothéose de sainte Geneviève de Gros (1811 ). Les murs sont décorés de peintures• exécutées à partir de 1877; les plus célèbres, celles de Pu vis de Cha vannes, retracent l'histoire de sainte Geneviève.

Crypte S'éte ndant so us tout l'édifice, elle est, depuis 1791, le cœur de ce « temple de la Renommée ». Face au tombeau de Rousseau s'élève le monument « aux mânes » de Voltai re, précédé d'une statue attribuée à Houdon , près du tombeau de Souffl ot. Dans les galeries suivant es, on vo it les tombes des grands hommes de la nation , parmi lesquels Sad i Carnot, Jean Moulin, les écriva in s Victor Hugo, Émile Zola et Alexa ndre Duma s, Louis Braille, Paul Painlevé, Jean Jaurès, Jean M o nnet, Pierre et Marie Curie, ou encore André Malraux. En 2015 , Pierre Brossolete, Jean Zay, Germain e Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthon ioz les ont rejoints, sui vis en 2018 par Simone Veil et son épou x.

Sous la coupole est reconstituée l'expérience de Léon Foucault en 1851: son pendule, une boule de laiton de28kgsuspendueparun câble d'acier de 67 m, dévie de son axe au cours de son oscillation . C'est à la fois la preuve de la rotation de la Terre (la déviation s'exerce en sens contraire dans les hémisphères nord et sud) et de sa sphéricité (elle est nulle à l'équateur, s'accomplit en 36h par 45° de latitude et en 24h au pôle).

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Église Saint-Étienne-du-1\lont••

Installée sur la montagne SainteGeneviève. l'église Saint-Étienne-du-Mont abrite le dernier jubé de Paris, un chef-d'œuvre sculpté dans la pierre dans les années 1530.

L'église est à l'origine la paroisse des serviteurs de l'abbaye SainteGeneviève, construite au 13• s. et rebâtie entre le 15• s. (tour-clocher et abside) et le 17• s. La façade** est très originale : trois frontons superposés occupent son centre. Le clocher allège cet ensemble imposant. C'est sa structure gothique qui explique la luminosité de l'église : grandes baies des bas-côtés. du chœur et du déambulatoire, fenêtres style Renaissance de la nef. Le splendide jubé** séparant la nef du chœur, finement sculpté par Biart le Père (années 1530), est le dernier de Paris, les autres ayant disparu en raison des nouvelles règles liturgiques du Concile de Trente (16• s.), selon lesquelles le chœur devait désormais être visible par les fidèles. La chaire* date de 1650. Dans le bas-côté droit, remarquable vitrail* de la Parabole des Conviés de 1586 (3• chapelle) et Mise au tombeau du 17• s. W chapel le). Les orgues de Saint-Étienne-du-Mont sont les plus anciennes de Pari s. Le philosophe Pascal et le dramaturge Racine ont été inhumés dans l'église (bas-côté droit).

Cloître

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«

des Charniers »

Deux cimetières bordaient autrefois l'église. Le cloître est contigu au déambulatoire; de beaux vitraux colorés* évoquent des sujets de prédication (17• s ). Baltard a ajouté la chapelle des Catéchismes en 1859.

Église Saint-Séverin** Au 6• s. viva it ici un sol itaire du nom de Séverin qu i fit prendre l'habit à Clodoald (petit-fils de Clovis). Les Normands brûlèrent l'orat o ire qui lui avait été élevé. L'église qui lui succéda pr it le nom d'un autre saint Séverin, abbé he lvète. Cette église servait au 11 • s. de paro isse à toute la rive gauc he. Le porta il principal est du 13· s. Les fenêtres, balustrade et rose de l'étage supér ieur appartiennent au style flamboyant du 15• s., ainsi que le couronnement et la flèche de la tour. L'église, agrandie latéralement (par manque de place) aux 14• et 15• s., est aujourd'hui presque aussi large que longue. Les travées passent du style rayonnant au flamboyant, qui est aussi celui du double déambulatoire**, dont les mult iples nervures retombent en spirale le long des colonnes gainées de marbre et de bois. Le pilier d'axe, dont la forme torsadée lui a valu le surnom de « pilier palmier », est remarquable. Greffée sur le chevet, la chapelle Mansart, dessinée par Jules Hardouin Mansart (1673), est ornée de gravures du peintre Georges Rouault (1871-1958). Les vitraux* datent de la fin du 15• s. Des verrières multi colores du peintre Jean Bazaine (1904-2001) éclairent les cha pelles du chevet. Également mosaïste, Jean Bazaine a réalisé en 1987 la décoration de la station de métro toute proche de Cluny-La Sorbonne. Dans le petit square mitoyen, le charnier Saint-Séverin, ensemble de constructions gothiques évoquant un cloître, remonte à la fin du 15• s. C'est le seul charnier subsistant à Paris.

Saint-Séverin recèle bi en des trésors : un pilier palmier dans un chœur flamboyant. des vitraux multicolores de Jean Bazaine et un cloître propice à la méditation, à l'écart de l'agitation de la ville.

PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

Le Val-de-Grâce** Élevée par la reine Anne d'Autriche en remerciement de la naissance de son fils Louis XIV, l'église du Val -de-Grâce illustre le baroque à la française, dressant sa magnifique coupole peinte à 40 mètres de haut.

Cette ancienne abbaye a conservé tous ses bâtiments du 17• s. En 1611, le cardinal de Bérulle installe rue Saint-Jacques la congrégation de l'Oratoire. Anne d'Autriche achète l'hôtel pour les bénédictines. La reine, qui rend souvent visite aux religieuses, fait le vœu d'y bâtir une église si el le a un fils. Son vœu est exaucé en 1638. Sept ans plus tard, le jeune ro i pose la première pierre tandis que François Mansart dirige les travaux, poursuivis par Lemercier. En 1793, le cou vent est transformé en hôpita l militaire, lequel reste en fonction jusqu'en 2016. Les anciens bâtiments conventuels, au cœur d'un parc de 2,7 ha, attendent une nouvelle destination.

Église•• www.ecole-valdegrace.sante. defense.gouv.fr

Elle est inspirée des églises de la Contre-Réforme, en particulier celles de Saint-Pierre et du Gesù à Rome : nef à trois travées, voûte en berceau, consoles, pilastres aux angles, double fronton triangulaire. Haut de 40 m, son dôme est très décoré, avec une profusion de statues, génies, médaillons et pots-à-feu.

A l'intérieur, le baroque règne dans le pavage polychrome, dans le baldaquin à colonnes torses du maître-autel. Dessiné par Gabriel le Duc, celui ci forme un dais au-dessus du groupe sculpté de la Nativité, œuvre de Michel Anguier rappelant la maternité d'Anne d'Autriche. La coupole** peinte par Mignard (en 14 mois) représente le Séjour des bienheureux. Y figurent plus de 200 personnages. Elle inspira à Molière son unique poème : la Gloire du Val de Grâce. Les sculptures sont signées Anguier et Buyster. Ancien couvent

A droite de l'église, le cloître* comprend deux étages de galeries classiques. On accède aux jardins après la seconde voûte . Un porche à colonnes baguées marque le pavillon où résidait Anne d'Autriche.

Musée du Service de santé des Armées•

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Reliquat de l'ancien hôpital militaire, il renferme documents et souven irs sur les grands praticiens militaires et sur l'histoire du service de santé, dont le grand chirurgien Ambro ise Paré a été le premier à doter l'armée. Du matériel san itaire, des modèles réduits et des vidéos évoquent le transport des blessés, les soins et les progrès de la recherche. PARIS, ÎLE-DE-FRANCE , CENTRE

Église Saint-Germain-des-Prés** On oublie souvent que le célèbre quartier de Saint-Germain-desPrés, centre de la vie intellectuelle parisienne, doit son nom à une puissante abbaye dont l'origine remontait à l'époque mérovingienne. II en subsiste une belle église des 11 e et 12e S.

L'église Saint-Germain-des-Prés est l'une des plus anciennes de la capitale, et l'un des rares vestiges de l'art roman à Paris. Son origine remonte au 6• s. En 542, Childebert, fils de Clovis, rapporte d'Espagne un fragment de la Croix et la tunique de saint Vincent. Pour les abriter, il fait construire un monastère au milieu des prés et y est enseveli, auprès du tombeau de saint Germain, évêque de Paris. L'église, qui a pris le vocable de Saint-Germain-des-Prés, reçoit les restes des souverains mérovingiens jusqu'à la mort de Dagobert qui choisit de reposer à Saint-Denis. À l'extérieur, l'édifice est dominé par la tour massive de la façade (11• s.)

dont la flèche date du 19• s. Le porche d'origine est caché par un portail extérieur de 1607. De belles suites d'arcs-boutants renforcent les contreforts du chœur. L'origine conventuelle de l'église explique ses dimensions moyennes à l'intérieur. La grande restauration du 19• s. a couvert les voûtes, les murs et les chapiteaux d'une superbe décoration polychrome**· à laquelle une ambitieuse rénovation a récemment redonné tout son éclat. À nouveau le ciel étoilé de la voûte réhausse les dimensions de la nef. Le chœur et le déambulatoire ont conservé à peu près intacte leur architecture de style gothique primitif du 12• s. : leurs croisées d'ogives comptent parmi les premières réalisées en Île-de-France. À droite de l'entrée, la chapelle Saint-Symphorien était un petit sanc11 • siècle tuaire mérovingien qui reçut le corps 12• siècle de saint Germain ses fondations 17· siècle remontent au 6• s. r

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1. Grilles modernes de Raymond Subes. 2. Notre-Dame de Consolation (1340) 3. Monument du cœur des frères Castellan par Girardon (17' s) 4. Mausolée de Jacques Douglas (17' s) 5. Da lles funéraires de Descartes et des savants bénédictins Mabillon et Montfaucon . 6. Dalle funéraire de Boileau . 7. Statue de saint François-Xavier par Coustou. 8. Tombeau de Jean Casimir, roi de Pologne, abbé commendataire de Saint-Germain -des-Prés. 9. Chapel le Saint-Symphorien. Place St-Germain-des-Prés

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____________ E CENTRE S ÎLE·DE·FRANC , PARI ,

Église Saint-Sulpice•• Fondée par l'abbaye de Saint-Germain -des-Prés pour servir de paroisse

à des paysans de son domaine, l'église a été rebâtie plusieurs fois et

Deuxième église de Paris par sa taille, après la cathédrale NotreDame, Saint-Sulpice abrite un riche décor, le plus grand buffet d'orgues de France et de remarquables peintures de Delacroix.

largement agrandie aux 16• et 17• s. (six architectes se succéderont en 134 ans). Saint Sulpice fut évêque de Bourges et aumônier du roi mérovingien Clotaire Il. Il mourut en 644.

Ex térieur La façade principale a été dessinée par le Florentin Servandoni en 1732, mais le fronton monumenta l a été supprimé et les lanternons Renaissance qui devaient coiffer les clochers ont été remplacés par des balustrades (la tour de gauche est plus haute et plus ornée que sa consœur, inachevée). La façade du transept (côté rue Palatine) est de style jésuite.

Intérieur Les proportions sont imposantes. La chapelle de la Vierge• (dans l'axe du chevet) a été décorée sous la direction de Servandoni. Dans la niche de l'autel, la Vierge à l'Enfant est de Jean-Baptiste Pigalle. Le beau buffet d'orgues• est une œuvre de Chalgrin (1776). Recon struit par Aristide Cavaillé-Coll en 1862, c'est l'instrument le plus grand de France (102 jeux répartis sur 5 claviers), et l'un des meilleurs. L'organiste Daniel Roth en tient aujourd'hui les clavi ers chaque dimanche et jours de fête, et des concerts ont lieu régulièrement.

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Saint-Sulpice cache, dans son transept gauche, une curiosité rarissime: un gnomon du 18' s., formé d'un obélisque de marbre blanc d'où part une baguette de cuivre incrustée dans le sol. Par le biais d'un trou percé dans la fenêtre haute du croisillon droit, l'instrument astronomique est frappé chaque jour à midi par un rayon du soleil, la hauteur du point d'impact variant avec les saisons.

Les peintures** de Delacroix, tout en fougue romantique (1849-1861 ), décorent la chapelle des Saints-Anges (première à droite) • à la voûte, Saint Michel terrassant le démon; sur les murs • Héliodore chassé du Temple et Le Combat de Jacob avec /'Ange. Deux bénitiers, accolés aux deuxièmes piliers de la nef, sont des coquilles géantes offertes à François 1er par la République de Venise, puis données par Louis XV à Saint-Sulpice . Pigalle en a sculpté les rochers qui servent de supports .

57 PARIS, ÎLE- DE-FRANCE, CENTRE

Invalides*** U

Ayant été success ivement un hospice, un hôpital , une caserne et un couvent, les Invalides sont à la fois synonyme de prestige et d'élégance classique. Ancienne chapelle roya le, l'église du Dôme forme un écrin raffiné au tombeau de Napoléon Jer. www.m usee-a rm ee.fr

PE

D'HISTO IRE

La fondation de l' hôtel des Invalides En 1670, Louis XIV fonde l'hôte l des Inva li des, destiné à accue illir 6 0 0 0 soldats à la retraite - ce nombre sera finalement ramené à 4000. Le chantier débute su r les plans de Libéral Bruant. Autou r d 'une vaste cour d'honneur, les bât iments sont terminés en 1678, mais il faut attendre 1706 pour pouvoir admirer le dôme de Jules HardouinMansart, chapelle royale qui vient compléter au sud l'église Saint-Louisdes-I nvalides, réservée aux pensionnaires.

Une voca tion multiple Le 14 juillet 1789 au matin, des émeutiers se rendent aux Invalides pour y chercher des armes. 28 000 fusils y sont saisis . La Révolution est en marche . En 1793, l'église est transformée en temple de Mars, puis el le devient nécropole militaire, après le transfert du tombeau de Turenne (1800). En 1840, les cendres de Napoléon i•' sont provisoirement transférées dans la chapelle du Dôme; ce n'est qu'en 1861 que

le tombeau de !'Empereur est édifié sur les dessins de Visconti . Au début du 20• s., l'hôtel retrou ve sa vocation initiale : soigner les grands blessés dans un ensemble hospitalier rénové et humanisé. Diverses administrations militaires, ainsi que le Musée de l'Armée occupent également l'hôtel.

Église du Dôme*** Avec son dôme doré icon ique et sa façade (dans l'axe de l'avenue de Breteuil) exemp laire du classicisme français, c'est une architecture fa ite majesté. L'église fut édifiée entre 1677 et 1706 par Jules Hardouin - Mansart sur les plans du mausolée pour le tombeau des Bourbons, conçu par son grand -oncle François Mansart pour la basilique Saint-Denis . Deux coupoles s'emboîtent tandis qu 'une « lumière cachée » vient les éclairer. Acette beauté épurée répond la rigueur du carré de la base, conçu sur le modèle d'une croix grecque. L'intérieur a subi plusieurs transformations au 19• s., avec la mise en place de la grande verrière en 1873 (afin d'isoler le mausolée et l'ég lise Saint- Louis), mais la décoration a gardé sa magnificence (coupoles peintes, pavement en marqueterie de marbre). Tombeau de !'Empereur - La majesté du lieu s'accorde avec l'image de l' homme. La « crypte » est à ouverture circulaire; le sarcophage de porphyre rouge se trouve au fond. Deux grandes statues en bronze montent la garde : l'une porte le globe, l'autre le sceptre et la couronne impériale. Douze Victoires, œuvres de Pradier, l'entourent. Lors de l'ouverture du cercueil, après l'exhumation de Napoléon I·' à SainteHélène, !' Empereur, décédé 19 ans plus tôt, apparut parfaitement conservé. Le Dôme abrite également le mausolée de Vauban, les sépultures de Napoléon Il dit !'Aiglon, de Joseph et Jérôme Bonaparte, des généraux Bertrand et Duroc, et des maréchaux Foch et Lyautey.

1. Maître-autel à colonnes torses et à baldaqu in de Visconti, sous la voûte décorée par Coypel. 2 . Tombeau du général Duroc. 3. Tombeau du général Bertrand .

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Sacré-Cœur** Bâtie sur la colline de Montmartre. au nord de Paris. l'élégante silhouette blanche de la basilique du Sacré-Cœur fait partie du paysage parisien. avec son dôme. ses coupoles et son campanile. Mais la visite se mérite : il faut monter! www.sacre-coeur-montmartre.com

Après le désastre de la guerre franco-prussienne en 1870, des catholiques font vœu d'élever une égl ise consacrée au cœur du Christ. L'Assemblée nationale déclare l'église du Sacré-Cœur d 'utilité publiqu e en 1873 . L'architecte Paul Abadie (1812-1884) lance les tra vaux en 1876; ils ne sont achevés qu 'en 1914. Depuis la consécration en 1919, les fidèles y assurent, jour et nuit, le relais in interrompu de !'Adoration perpétuelle. C'est au calcin (substance sécrétée, lorsqu'il pleut, par la pierre calcaire de Château-Landon utilisée pour sa construction) que le SacréCœur doit cette blancheur immuable. L'édifice est bâti dans un style romano-byzantin. Ses coupoles sont dominées par le dôme et le cam panile (80 m). L'intérieur est décoré de mosaïques. A la voûte du chœur, LucOlivier Mersa n a évoqué la dévotion de la France au Sacré-Cœur.

Dôme De la galerie intérieure, on jouit d'une vue plongeante sur l'intérieur de l'église. Mais c'est la galerie extérieure, accessible au terme d'une montée raide de 300 marches, qui offre le plus impressionnant panorama*** : par temps clair, on découvre Paris sur un rayon de 30 km. Dans le campanile, la Savoyarde est l'une des plus grosses cloches connues (19 tonnes). Elle fut fondue à Annecy en 1895 et offerte à la basilique par les diocèses de Savoie.

Cr~ ptc Accessible par l'extérieur de la basilique, elle contient le trésor, et un audiovisuel présente l'histoire de la basilique et du culte du Sacré-Cœur.

Terrasse

A 100 m au-dessus de la Seine, elle offre un point de vue magnifique sur Paris et son tapis de toits gris. Sur la gauche du square Willette, le petit square Saint-Pierre est le site d'où Gambetta, le 7 octobre 1870, quitta Paris en ballon pour rejoindre le gou vernement de la Défense nationale à Tours.

Église Notre-Dame-du-Travail• Le visiteur qu i pousse la porte de cette église à la façade toute toute traditionnelle ne s'attend pas à découvrir ... une étonnante nef métal lique de 135 tonnes de fer et d'acier! Soutenue grâce à des piliers rythmés par des arcs d'une grande légèreté, elle fut construite entre 1899 et 1901 par les travailleurs du quartier avec des matériaux provenant de !'Exposition universelle de 1855. Ses plans sont dûs à l'architecte français Jules-Godefroy Astruc. La cloche est une prise de guerre de Sébastopol (18 54), offerte par Napoléon Ill aux habitants de l'ancienne commune de Plaisance.

Hommage au monde ouvrier. Notre-Dame-du Travail est une formesens : son architecture est fruit de l'industrie.

PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

À VOIR AUSSI

Église Saint-Roch•

Église Saint-Roch

La première pierre est posée en 1653 par Louis XIV. Les fonds manquant bientôt, une loterie permet de reprendre les travaux en 1705. On entreprend, dans l'axe du chevet, une série de chapelles s'em boîtant les unes dans les autres qu i portent de 80 à 125 m la longueur de l'édifice. C'est d'abord la chapelle de la Vierge• (due à Jules Hardouin-Mansart), dont la haute coupole est richement décorée, puis celle de la Communion, à la coupole écrasée, enfin, la chapelle du Calvaire, reconstruite au 19• s. Robert de Cotte exécute la façade dans le style jésuite en 1736. Par tradition, Saint-Roch est l'église où sont célébrées les funérailles des artistes de la capitale. Parmi les personnalités qui y sont inhumées: Pierre Corneille, Le Nôtre, l'abbé de l'Épée, Diderot, Fragonard .

I~glisc Saint-1\/icolas-des-Champs• Elle date du 12• s., est reconstruite au 15• s., puis agrandie aux 16• et 17• s. D'où une façade et un clocher de style gothique flamboyant et un portail Renaissance (flanc droit). L'intérieur abrite un bel ensemble de peintures des 17•, 18• et 19• s., dont le retable du maître-autel peint par Simon Vouet en 1629. Consacré à !'Assomption, il est l'un des chefsd'œuvre de la peinture religieuse française de la Contre-Réforme.

Église Saint-Louis-en-l'île• Son horloge de fer est curieuse, sa flèche ajourée est originale. Commencée en 1664 sur les plans de Le Vau, habitant de l'île, elle n'a été achevée qu'en 1726. L'intérieur• est de style jésuite et d'une grande richesse décorative. L'église abrite depuis 2005 un nouvel orgue fabriqué par le facteur Bernard Aubertin, un événement dans la mesure où Paris n'avait pas acquis d'instrument de ce type depuis le 19• s.

Église de la l\ladeleine•

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Destin mouvementé que celui de la Madeleine I En 1764, l'église est commencée par Contant d'Ivry, auquel succède Couture. La Révolution suspend les travaux. On envisage pour l'édifice les utilisations les plus diverses: palais législatif, bibliothèque, bourse, tribuna l de commerce, puis temple consacré à la glo ire de la Grande Armée. En 1815, Louis XVIII redonne au chantier sa vocation religieuse; l'église est inaugurée en 1842.

Une majestueuse colonnade fait le tour de l'égl ise : 52 colonnes hautes de 20 m supportent une frise sculptée. Le péristyle offre une vue* parfaite sur !'Obélisque de la Concorde et le Palais-Bourbon, dont le fronton répond exactement à celui de la Madeleine (lequel est frappé d'une sculpture de Lemaire représentant le Juge ment dernier). A l'intérieur, la disposition est simple : un vestibule, une nef couverte par trois coupo les et un chœur en hémicycle. Au maître-autel, admirez le groupe de sainte Madeleine enlevée au ciel.

l~glisc Sél int-i\ugustin Construite de 1860 à 1871 par Victor Baltard - connu pour être l'architecte des halles de Paris, démolies dans les années 1970-, qui employa pour la première fois dans une église une armature méta ll ique, la dissimulant sous un parement de pierre, cette ég lise ne présente donc pas les habituels contreforts extérieurs.

Église Saint-Jean-dc-1\lontmartrc Bâtie sur la tranquille place des Abbesses, elle est le premier édifice religieux construit en béton armé (1894-1904), habillé de brique et de céramiques, dont on peut apprécier la hardiesse de l'armature et la finesse des piliers et poutrelles.

Église Saint-Jean -deMontmartre · le portail

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Bourges Cher (18)

Cathédrale Saint-Étienne*** UN PEU D'HISTOIRE

La cité de l'argentier Jacques Cœur, où vint étudier Calvin , recèle bien des trésül's : prom enez-vous près des remparts de la vi lle ancienne, et admirez l'une des plus belles cathédrales de France. www.bourges -cathedrale .fr

La construction de la cathédrale se déroula en deux campagnes. De 1195

à 1215 furent édifiés le chevet et le chœur. Le manque de place obligea à construire l'église basse hors du mur d'enceinte. La seconde campagne, qui dura 35 ans (1225-1260), porta sur la nef et la façade, ainsi que sur l'impressionnant programme iconographique: vitraux historiés, sculptures des portails et du jubé. La cathédrale fut consacrée le 13 mai 1324. Au cours du 14• s., il fallut étayer la tour sud par une puissante arcade : le pilier-butant. La façade ouest fut remaniée, et le duc Jean de Berry offrit le « grand housteau » (grande verrière). Le 15• s. vit s'ajouter des chapelles latérales et la sacristie du chapitre, due à la libéralité de Jacques Cœur. Au 16• s. commencent les malheurs : en 1506, la tour nord s'écroule et doit être reconstruite; en 1562, une armée protestante pille la cathédrale et détruit les statues de la façade; deux cents ans plus tard, les chanoines suppriment le jubé et les 18 verrières autour du chœur. Des travaux entrepris au 19• s. empêchent la ruine de l'édifice qui doit faire face, au 20• s., aux ravages de la pollution. Une campagne de sauvegarde a été mise en place pour combattre cet ennemi chimique qui ru ine les sculptures.

Façade occidentale

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Sous la verrière du grand housteau apparaissent, abrités par des gâbles, les cinq portails de dimensions très différentes. Le portail central**, illustrant le Jugement dernier, est considéré comme l'un des chefs-d'œuvre de la sculpture gothique du 13• s. À droite se trouvent les portails de saint Étienne (épisodes de la vie et du martyre du patron de la cathédrale) et de saint Ursin (histoire du premier évêque de Bourges). À gauche, le portai l de la Vierge et celui de saint Guillaume (offrandes

à l'archevêque de Bourges pour la construction de la cathédrale) ont été reconstruits au 15e s. Entre les deux étages de niches court une frise de bas-re liefs racontant la vie du Christ et des épisodes de la Genèse.

Jardins de

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Tours À droite, la tour Sourde (ainsi nommée car privée de cloche), d'une architecture sobre, est restée inachevée. Elle diffère de sa puissante soeur de gauche, dite tour de Beurre (allusion aux dispenses perçues sur les fidèles autorisés à consommer du beurre et du lait en carême), qui s'élève à 65 m. Après l'effondrement survenu en 1506, sa reconstruction fut conduite par l'architecte Guillaume Pelvoysin; elle permit d'introduire une ornementation nou velle, de style Renaissance. Un escalier à vis (396 marches) conduit au sommet, d'où se révèle une vue** panoramique sur la ville.

Flancs nord et sud Dédié à la Vierge, le portai l du flanc nord remonte au 12e s. Dans les parties latérales sont représentées plusieurs scènes: Annonciation et Visitation à droite, Rois mages à gauche. Au sud, le tympan du portail* du (13e s.) est illustré par un Christ en majesté entouré des symboles des évangélistes. Les colonnes sont richement décorées, leurs chapiteau x surmontés de dais aJourés symbolisant la Jérusalem céleste.

Chevet

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CATHÉDRALE ST-ÉTIENNE 30m

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de1195à1215

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14' siècle

Comme le long de la nef, la pente aiguë des arcsboutants, superposés et à double volée, atténue la saillie des collatéraux et transforme les trois étages courbes de l'abside en une structure unitaire avec, en contrepoint, les si lhouettes originales des chapelles ra yonnantes coiffées de tourelles.

de 1225 à 1260 -

lS' siècle

16' siècle

Intérieur Avec 124 m de longueur, 41 m de largeur et une hauteur sous voûte de 37, 15 m (piliers de 17 m; 21,30 m sous clé), Saint-Étienne est la plus large cathédrale gothique de France, et l'une des plus grandes. L'absence de transept accroît l'unité et la cohérence du vaisseau prin cipal . Un double déambu latoire fait suite aux doubles bas-côtés du choeur. Cinq petites chape lles rayonnantes, de plan semi-circula ire, s'ouvrent dans l'abside. Le buffet d'orgues date de 1663. L'instrument a été restitué en 1985 dans sa conception classique par le facteur Alfred Kern. 3 500 tuyaux répartis en 50 jeux sont action- nés par quatre claviers. Visiter la cathédrale au moment d'une répétition est un moment fort!

65 PARIS, ÎLE-DE-FRANCE , CENTRE

Depuis 1992, la cathédrale de Bou rges est classée au Patrimoine mondial. Cette reconna issance, décernée par l'Unesco, a précédé de trois ans le huitièm e centenaire de ce majestueux vai sseau de pierre qui, depui s 1994, a re t rouvé une partie de son jubé.

Chapelle Jacq ues-C œur, Vitrail de !'Anno nci at ion.

vitraux••• Avec son ensemble de vitraux du 12• au 17• s., la cathédrale abrite l'une des plus riches collections de vitraux de France. Les cinq chapel les absi diales sont ornées de ve rrières à découpage ort hogonal, et les fenêt res intercalaires de vitraux à médaillons, exécutés pour la plupart de 1215 à 1225. Les œuvres offertes par des corporations (qui n'hésitaient pas à s'y fa ire représenter) sont traditionnel lement attribuées à tro is ateliers adoptant des styles différents. Les chapelles latérales (chapelle du Breui l, chapelle Jacques-Cœur, sur le flanc nord, et chape lle des Tul lier, sur le flanc sud) marquent trois périodes de création : le début du 15• s., dominé par l'influence des atel iers travaillant pour le duc de Berry (notamment celui d'André Beauneveu), le milieu du 15• s. et la Rena issance. Attardez-vous dans la chapelle Jacques-Cœur qui abrite la splend ide verrière de !'Annonciation (1451), considérée comme un chef-d'œuvre du milieu du 15• s. Dans la chapelle du Breuil, la verrière figure saint Jean-Baptiste présentant les donateurs, et un roi mage. La chapelle est ornée de deux fresques datant de la fin des années 1460, redécouvertes entre 1990 et 1995 et montrant la Crucifixion et la Résurrection. Dans la chapelle des Tullier, sur les beaux vitraux Renaissance de Lesécuyer, les donateurs en prière sont protégés par saint Pierre, saint Jean l'Évangéliste et sa int Jacques le Majeur.

Crypte•• Elle a été construite à la fin du 12es. pour comb ler le dénivelé du rempart et du fossé gallo-romains . Les culs-de -lampe (motifs libertins) de la galerie et les marques au sol laissées au pied d'énormes pil iers (dia mètre : 2, 10 m) indiquent que ce lieu servait d'atelier et de logement aux ouvriers bâtisseurs. L'église basse, éclairée par douze grandes fenêtres (vitraux du 14e s.), abrite le gisant en marbre blanc du duc de Berry, seul vestige d'un grand iose mausolée (1422) autrefois placé dans la Sainte-Chapelle de Bourges, et des éléments du jubé (construction séparant la nef du chœur) détruit au 17e s. La Marmite de l'Enfer est particulièrement spectaculaire. Adossé au mur de l'enceinte gallo-romaine, l'ensemble de dix statues sous un baldaquin représente la Mise au tombeau (16e s.). Derrière le groupe sculpté, un escalier mène à une petite galerie voûtée en berceau, vestige d'un sanctuaire construit au 11 e s.

La M ise au tombeau, dans la crypte

Horloge astronomique• Conçue par le chanoine mathématicien et astronome Jea n Fusor is en 1424, et décorée par Jean Grangier, cette magnif ique ho rloge de 6,20 m de haut est logée dans un bahut carré, surmonté d'un to it concave et d 'une cloche. Le cadran inférieur est un ensemb le comp lexe qui révèle à l'initié 7 indications précises, dont 6 par une seule aiguil le. Le cadran extérieur (1 tour/24 heures) donne l'heure équ inoxiale. Celui du dessous (1 tour/1 mois) représente le cycle luna ire indiquant le nombre de jours passés depuis la dernière pleine lune et sa forme du moment. Le cadran central (1 tour/1 an) comporte les 12 signes du zodiaque divisés en jours. Ce dernier disque supporte une partie composée d'un élément opaque symbolisant la nuit (en bas) et de tiges dorées convexes symbolisant le jour (en haut) Un so leil, glissant de bas en haut sur l'aigui ll e, marque sa position par rapport à l'horizon suivant les solstices. Les 12 espaces du jour donnent l'heure tempora ire.

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Chartres Eure-et-Loir (28)

Cathédrale Notre-Dame*** UN PEU D'HISTOIRE

La capitale de la Beauce possède un véritable trésor : sa cathédrale, dont les flèches se signalent de très loin sur la plaine. Celle que Rodin appelait « !'Acropole de la France » est renommée pour son unité architecturale, la beauté de ses portails sculptés et de ses vitraux. Œuvre particulièrement représentative du Moyen Âge français, NotreDame de Chartres reste un lieu de pèlerinage et de spiritualité. www.cathed rale-chartre s.org

Un lieu prédestiné L'influence religieuse du site s'est exercée dès !'Antiquité. La découverte d'un puits gallo-romain au sommet du plateau chartrain a révélé la présence d'un culte païen, transformé en culte chrétien par les premiers évangélisateurs . Le premier évêque connu , Ad ventus, a vécu au milieu du 4• s. Un document du 7• s. évoque déjà un culte marial. Le don de la tunique de la Vierge à la cathédrale par Charles le Chau ve, en 876, semble confirmer l'existence du pèlerinage à Notre-Dame. Chartres fut aussi un important centre intellectuel au x 11 • et 12• s., avec la création de !' École de Chartres sous l'impulsion de l'évêque Fulbert. Jusqu 'au 14• s, le rayonnement de Chartres ne cesse de croître . Trois images de la Vierge restent de nos jours l'objet d 'un culte particulier: NotreDame-de-Sous-Terre, Notre-Dame-du-Pilier et Notre-Dame -de-laBelle-Verrière, mais on a pu dénombrer 175 figurations de Marie dans l'iconographie de la cathédrale.

Une construction claire, rapidement menée Enfermant quelques vestiges de maçonnerie d'un édifice plus ancien (crypte Saint-Lubin), la souche de l'édifice est la cathédrale romane de l'évêque Fulbert (11 •-12• s.) dont subsistent la crypte, les tours, la base de la façade ouest avec son portail Royal et une partie du vitrail de Notre-Dame-de -la-Belle-Verrière. Le reste de la cathédrale actuelle est construit au lendemain de l'incendie de 1194: princes et bourgeois font assaut de largesses, les moins bien munis prêtent leurs forces. Cet élan permet à la cathédrale d'être achevée en vingt-cinq ans et d'ajouter les porches nord et sud vingt ans plus tard, ce qui assure au gros œuvre et à la décoration une homogénéité presque unique dans le style gothique. Par une rare chance, les guerres de Relig ion, la Révolution et les deu x guerres mondiales ont épargné le monument, que Rodin appelait « !'Acropole de la France » pour sa haute signification esthétique et spirituelle. Seu l un incend ie, en 1836, ravagea la « forêt » de la cathédrale, la magnifique charpente des combles, qui fut remplacée par une charpente métallique.

Extérieur Façade principale - Elle forme l'un des plus beau x ensembles de l'art religieu x français . Le clocher Neuf, à gauche, fut en réalité commencé le premier. Sa partie inférieure date de 1134. Il prit son nom actuel quand Jehan de Beauce lan ça, au 16• s., à 115 m de hauteu r, une flèche de pierre remplaçant la flèche de bois détruite en 1506. Le clocher Vieu x (1145 à 1164 environ), à droite, haut de 106 m, contraste par sa sobriété romane avec la richesse de la flèche gothique. Sur le flanc du clocher Vieux se distinguent I'« Âne qui vielle », sym bole ironique de l'homme incapable de tout maîtriser, et, à l'angle, la longue silhouette de l'Ange au cadran solaire. La montée au clocher* (300 marches) donne accès à la galerie inférieure du clocher Neuf, 70 m au-dessus du parvis . Elle offre de belles vues sur le clocher Vieux, les arcs-boutants et les gargouilles. Le portail Royal***, l'une des merveilles de l'art roman parvenu à son terme (1145-1170), présente la vie et le triomphe du Sauveur. Le Christ du tympan central et les statues-colonnes sont célèbres. Rois et reines de la Bible, prêtres, prophètes ou patriarches, leurs longues et minces figures s'alignent dans l'embrasure des portes . Contrastant avec les corps roides, les visages vi vent intensément. Cette rigidité, qui s'oppose à la vivacité des personnages des voussures et des chapiteaux, fut voulue. Les statues sont des colonnes avant d'être des personnages. Au ni veau supérieur, les trois grandes fenêtres (12 • s. ) sont surmontées d'une rose (13• s.), de la galerie des Rois (rois de Juda, aïeux de la Vierge) et d'un pignon où la Vierge présente son fils à la Beauce, présumés du 14• s.

Les 4 000 figures sculptées qui peuplent la cathédrale et les 5 000 personnages de ses vitraux ont demandé toute une vie aux spécialistes qui les ont étudiés. Le plus célèbre est sans doute Étienne Houve!, gardien et guide la cathédrale (1868-1949), qui photographia les mille détails de l'édifice et constitua une collection d'un incomparable intérêt.

69 PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

Dans la chapelle Saint-Cœur-deMarie est conservé le Voile dit de la Vierge, que Marie aurait porté lors de !'Annonciation. C'est en 876 que Charles le Chauve fit don à la cathédrale de cette relique, qui fit l'objet d'une immense dévotion. La légende rapporte qu'au 10' s., les Normands qui assiégeaient la ville se seraient enfuis devant l'évêque brandissant le vêtement comme étendard.

Vaisseau - Très haut, il est aussi exceptionnellement large. Son éta iem ent a été réso lu, avec une maîtrise souveraine, par le lancement d'arcs-boutants à triple étage; les deux arcs inférieurs assurant la sta bilité des voûtes sont reliés par des colonnettes. Près du clocher Neuf, l'élégant pavillon de l' Horloge est l'œuvre de Jehan de Beauce (1520). Porche et portail nord - Les personnages, traités avec plus de liberté et de vie que dans le portai l Royal, montrent un réel progrès du réa lisme, notamment dans l'élégance des drapés à plis fluides. La décoration des trois portes montre les héros bibliques (porte de droite), la Vierge et les Prophètes ayant annoncé la venue du Messie (au centre), et les scènes de !'Annonciation, la Visitation et la Nativité (à gauche). Chevet - La hardiesse des arcs-boutants à double volée (ils doivent passer ici au-dessus des chapelles et nécessitent un contrefort intermédiaire), l'étagement des absidioles, du chœur et des bras du tran sept sont d'un superbe effet. La chapelle Saint-Piat, du 14• s., d'abord séparée de la cathédrale, lui a été reliée par un élégant escalier. Porche et portail sud - Ici, le thème est celui de l'Église du Christ et du Jugement dernier. Le Christ préside au tympan du centre. Il se dresse, surtout au trumeau, encadré par la double haie des douze apôtres aux traits d'ascètes, drapés dans leurs longues robes aux plis souples. Le programme sculpté du porche touche à la fantaisie la plus gracieuse dans les médaillons qui s'étagent de part et d'autre des baies : vie des martyrs, Vices et Vertus, etc. Parmi les martyrs, deux statues occupent symétriquement le premier plan : saint Georges et saint Théodore, admirables figures de chevaliers en armes du 13• s. Ces personnages sont nettement détachés des colonnes - les pieds à plat au lieu d'être inclinés - et n'assument plus qu'un rôle décoratif.

1. Notre-Dame-de-la - BelleVerrière (12' s.). 2 . Vitrail de saint Fulbert (atelier François Lorin, 1954). 3. Vitrail de la Paix (1971). 4 . Verrière du 15' s. dans la chapelle Vendôme. 5. Buffet d'orgues (16' s. ). 6. Notre-Dame-du-Pilier, statue de bois polychrome (vers 1510). 7. Chapelle Saint-Martin : originaux de statues du portail Royal. 8 . Crypte Saint- Lubin. 9. Mur gallo -romain. 10. Puits des Sts-Forts. 11 . Chapelle Notre-Dame-deSous-Terre.

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Gallo-romain D lil's. O

11 ' -12's. B•s. PORTAIi ROYAL***

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Intérieur Après une lo ngue campagne de rest auration, la nef et le chœur, autrefois très assom bris, ont retrouvé leur clarté et leur badigeon ocre jaune (à faux-joints d'appareillage blancs) du 13e S. La longueur intérieure de l'édifice atteint

130 m et ses voûtes s'é lèvent à 37 m. La nef, majestueuse avec ses bas-côtés simples, est large de plus de 16 m entre les piliers, dépassant toutes celles des autres cathédrales françaises (Paris : 12 m, Amiens : 14 m). C'est une nef caractéristique du style gothique du 13• s., dit lancéolé ; la tribune fait ici place à un triforium aveugle . Dans cette église de pèlerinage, le chœur et le transept doi vent se prêter au déroule ment des grandes cérémonies. Ils ont donc plus d 'importance que la nef. L'ensemble formé par le chœur à double déambulatoire et le transept atteint 64 m entre la porte nord et la porte sud . Au milieu de la nef, une énorme figure géométrique circulaire inscrite à même le sol forme un tracé noir et blanc long de 294 m. Ce rarissime exemple de labyrinthe ou « chemin de Jérusalem » symbolisait le parcours spirituel menant l'homme à la rencontre de Dieu. Les pèlerins suivaient jadis à genoux ce dédale jusqu 'à la rose de lumière, dalle emblématique au centre du labyrinthe.

Vitraux*** La cathédrale de Chartres possède un ensemble incroyablement com plet de vitraux (176 au total ). La somptueuse parure de vitraux des 12• et 13• s. constitue la plus importante collection de France, avec ce lle de Bourges. La Vierge à l'Enfant, les scènes de !'Annonciation et de la Visitation s'imposent immédiatement dans les fenêt res ha utes du fond du chœur.

Façade ouest - Les trois verrières du 12• s. proclament l'accomplissement des prophéti es : à droite l'Arbre de Jessé, au centre l'enfance et la vie publique du Christ, à gauche la Passion et la Résurrection (les scènes se lisent de bas en haut). La grande rose de la façade, du 13• s., est consacrée au Jugement dernier. Notre-Dame-de-la-Belle-Verrière* (1) - D'une finesse extraordinaire, ce célèbre vitra il représente la Vierge à l' Enfant (12• s.). Cette œuvre dé licate, su r laque lle Marie, tout en bleu, et l'enfant Jésus se détachent sur fond rouge, se compose de trois panneau x de verre épargnés par l' incendie de 1194, et qui furent enchâssés dans un vitrai l du 13• s.

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Marque distinctive des vitraux du 12' s., le fameux« bleu de Chartres», limpide et profond, transmet des radiations situées dans la gamme des rouges et la lumière du soleil couchant l'exalte particulièrement. Il avait longtemps été considéré comme un secret de fabrication perdu. Les examens en laboratoire ont établi que ces verres, riches en composés sodiques et en silice, avaient mieux résisté à la corrosion et à la crasse que les verres d'autres compositions et d'autres époques.

Autres vitraux - Dans le transept, l'ensemble du 13• s., constitué par les deux roses, est complété par des vitraux à lancettes à grands personnages. La rose nord offerte par Blanche de Castille, régente de France (1226 -1236), et appelée pour cela rose de France, est centrée sur la Vierge à l'Enfant. Dans la rose sud, rayonnant autour du Christ glorieux, apparaissent, dans deux couronnes de 12 médail lons, les Vieil lards de !'Apocalypse. Les bas-côtés de la nef et les chape lles du déambulatoire sont éclairés par de nombreux vitraux « légendaires » du 13• S.

Clôture du chœur** La fermeture du chœur des édi f ices rel igieux devint une pratique courante au Moyen Âge. Cela permettait non seulement aux fidèles de se recueillir, mais aussi de se protéger du froid. La plupart des clôtures ayant été détruites durant la Contre-Réforme, celle de Chartres fait figure de référence en matière de sculpture religieuse. Commencée en 1514 par Jehan de Beauce, parachevée au 18• s., elle comprend 41 groupes sculptés illustrant, du sud au nord, les vies de la Vierge et du Christ. Des médaillons évoquent !'Histoire sainte, l'histoire locale, la mythologie. Le contraste de cette statuaire Renaissance avec celle des portails gothiques est saisissant.

Crypte* C'est la plus vaste crypte de France (environ 220 m de long). Dans l'ensemble, elle remonte au 11 • s. et présente des voûtes d'arêtes romanes. Sa forme est curieuse : deux longues galeries réunies par un déambu latoire passent sous le chœur et les nefs et desservent sept chapelles. L'espace central, remblayé, est encore inexploré. Sur les sept chapelles rayonnantes, trois seulement sont romanes. Les autres ont été ajoutées par le maître d'œuvre de la cathédrale gothique pour établir les fondations du chœur et l'abside du vaste édifice prévu. Crypte Saint-Lubin (8) - Elle formait l'assise de l'église du 1 s. Une grosse colonne ronde, dont la base a été dégagée, s'appuie à un mur gallo-romain (9) dont on reconnaît l'appareil à lits de brique et mortier alternés. La crypte permettait de mettre en lieu sûr les trésors de la cathédrale; ainsi, le voile de la Vierge, qui y avait été placé, fut épargné lors du grand incendie de 1194. Puits des Saints-Forts (1 O) - Profond de 33 m, il présente dans sa partie inférieure une section carrée, caractéristique des puits galloromains. Les corps des martyrs chrétiens chartrains, massacrés lors d'une incursion normande en 858, y auraient été jetés, d'où son nom consacré par la tradition. Chapelle Notre-Dame-de-Sous-Terre (11)- Cette chapelle, où les pèlerins vivent des moments de prière intense, forme, depuis le 17• s., en continuité avec la galerie nord de la crypte, une ég li se en réduction. Elle avait succédé à une simple excavation ou « grotte » où les fidèles venaient déjà vénérer la Vierge. L'aménagement et le décor ont été rafraîchis en 1976. La statue, du 19• s., a été par la même occasion remplacée par une Vierge plus hiératique, inspirée de modèles romans.

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Cléry-Saint-André In dre-et-Loire (37)

Basilique Notre-Dame* L'élégante silhouette de Notre-Dame de Cl ér y se découpe à l'horizon. sur la ri ve gauche de la Loire. Recon struite sous les auspices de Louis XI. après que les Anglais l'eurent incendiée. la ba silique abrite la tombe du roi Valois et de sa femme Charlotte de Savoie.

La basilique doit l'essentiel de sa splend eur à Louis XI. Alors qu'il est dauphin, il fait un vœu au siège de Dieppe : s'il est victorieux, il offre à Notre-Dame de Cléry son pesant d'argent. Exaucé, Louis XI tient sa promesse. Devenu roi, il se voue à la Vierge et s'attache Cléry, qu'il choisira pour abriter sa sépu lture .

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Notre-Dame de Cléry fut édifiée au 15° s., sauf la tour-clocher du 14° s. qui a échappé à la destruction anglaise . L'intérieur est sobre, parfaitement homogène, d'une extrême clarté et d 'une élégance un peu froide : grandes arcades, haut mur nu qu'il faut imaginer paré de ses tapisseries de l'époque. Le cénotaphe de Louis XI est orienté vers l'autel de la Vierge. La statue du roi en marbre (1622) remplace la statue primitive en bronze, fondue par les huguenots . Les ossements du ro i et de sa femme, Charlotte de Savoie, sont encore dans le caveau qui ou vre sur la nef près du cénotaphe. Les deu x crânes, sciés pour l'embaumement, sont déposés dans une vitrine. Adroite de la nef, une dalle recou vre l'urne qui contient le cœur de Cha rles VIII. Dans le bas-côté droit, la chapelle Saint-Jacques*, élevée pour serv ir de tombeau à Gilles de Pontbriand, doyen de l'église, et à son frère, est richement décorée, dans le style gothique. Dans le chœur, le maître-autel du 19° s. supporte une statue en bois de Notre-Dame de Clér y. A la fe nêtre haute centrale, un beau vi tra i l du 16 ° s. représente Henri Ill instituant l 'ordre du Saint-Esprit. Les sièges des stalles offertes par Henri Il sont sculptés de masques humains très variés. Dans la 2° travée du déambulatoire, à droite, la porte de la sacristie est de style gothique flamboyant. Au-dessus, une ou v erture donne sur un ora~ toire d'où Louis XI suivait l'office; on y accède par un i ~ escalier à vis depuis ~ la sacristie.

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Evry Essonne (91)

Cathédrale de la Résurrection• Consacrée en 1996, la dernière-née des cathédrales française surprend par sa forme de cylindre, coupé au sommet par un plan oblique et couronné de 24 tilleuls argentés . Son matériau, constitué de 800 000 briques, est également inhabituel dans l'architecture religieuse. Sa conception originale, que l'on doit à l'architecte suisse Mario Botta, insiste sur le rassemblement avec le cercle et privi légie la lum ière (modulable) qui pénètre largement par les deux grandes verrières en arc. L'intérieur, d'une grande sobriété, reprend les techniques du théâtre pour l'acoustique. L'autel et le baptistère sont en marbre de Carrare. Remarquer l'imposante« volute » de brique au-dessus de l'autel. Une petite crypte, éclairée par un puits de lumière, accueille la chapelle du Saint-Sacrement. La croix, le tabernacle et la statue de la Sainte-Vierge ont été réalisés par Gérard Garouste.

Il y a deux bonnes raisons de passer par Évry : le panorama que la ville offre sur l'évolution architectural e de ces dernières années, et la cathédral e moderne due à Mario Botta. ht t ps ://cathed ra Ie · evry. catholique. fr

A l'arrière

de la cathédrale se trou ve le musée Paul-Delou vrier. Il conserve le trésor du diocèse d' Évry-Corbe il-Essonnes, une collection d'art sacré éthiop ien et une col lection d 'art des années 1980.

PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

Abbaye de Fontgombault* Indre (36)

Fondée au 11 • s., abandonnée à la Révolution, l'abbaye connaît une nouvelle vie depuis 1948 en accueillant des moines bénédictins de la Congrégation de Saint-Pierre de Solesmes. Seule l'église abbatiale est donc ouverte au public.

Sur la rive droite de la Creuse, au nord-ouest du village du même nom , l'élégante abbaye de Fontgombault s'intègre parfaitement au paysage berrichon.

Ruinée en 1569, la nef primitive de cet édifice fut restaurée à la fin du 19• s.; le transept et le chœur romans sont parfaitement conservés. Le vaisseau, de nobles proportions, est flanqué de collatéraux voûtés d'arêtes, tandis qu'une vaste coupole sur trompes coiffe la croisée du transept. Une grille clôture l'espace réservé aux moines, qui ouvre sur le majestueux chœur** entouré d'un élégant triforium à colonnettes jumelées. C'est de l'extérieur que l'on apprécie le mieux l'harmonie de ses volumes, avec ses cinq chapelles rayonnantes. Dans la nef, on peut voir le gisant de Pierre de l'Étoile (1114), et dans le bas-côté droit, une statue de pierre de Notre -Dame-duBien-Mourir (12• s.).

Loches Indre-et-Loire (37 )

Collégiale Saint-Ours•• La col légia le Notre - Dame, devenue église paroiss iale en 1802, est dédiée à sa int Ours, évangélisateur du Lochais au 5e s. Le porche de type angevin abrite un portail roman polychrome sculpté de personnages et d'animaux fantas- tiques, caractéristiques du besti aire roman. Il est considéré comme l'un des mieux conservés de Touraine, même si la partie haute, consacrée à !'Adoration des Mages a été t rès mutilée.

A l'entrée, le bénitier est creusé dans la colonne d'un temple galloromain . La nef est couverte par les célèbres « dubes » (appellation ancienne des couvercles de fonts baptismaux de forme conique), édifiées par le prieur Thomas Pactius au 12e s. Ces deux pyramides octogonales, dressées entre les tours, sont d'un type habituellement employé pour les clochers, les cuisines ou les lavabos monastiques. La collégiale abrite le gisant d'Agnès Sorel**· Née au château de Fromenteau en Touraine vers 1420, la jeune femme devient la favorite du roi Charles VII en 1444, année où elle se fait octroyer le fief de Beauté -sur-Marne. Extravagante et dispendieuse, elle est détestée par le dauphin, futur Louis XI, et doit fuir Chinon, où est installée la Cour, pour Loches en 1449. Elle meurt le 9 février 1450 à Jumièges où elle a rejoint Charles VII en campagne. Sculpté dans l'albâtre, son gisant semble éclairé d'une grâce intérieure, paisible et poétique : deux anges soutiennent la tête d'Agnès, qu'un demi -sourire illumine, tandis que deux agneaux - rappel de son prénom et symbole de douceur couchent à ses pieds. Les visages expressifs sont encadrés de che velures onduleuses, les vêtements sont tra ités en fins drapés . De l'œuvre émanent douceur et paix, tant par l'expressio n des visages et la grâce des postures que par le remarquable traitement des détails. A la Révolution, des so ldats prirent la favorite pour une sainte, t ai lladèrent la statue, profanèrent son tombeau et dispersèrent ses restes. Le monument fut restauré à Paris sous le Prem ier Empire. Les restes, dont la tête, sont rassemblés sous le monument.

Sur un promontoire escarpé se dressent les 36 mètres du colossal donjon de Loches où l'obscurité dissimule cachots et salles de torture. Cette sévérité médiévale est adoucie par le sourire d'Agnès Sorel dont l'émouvant gisant occupe la collégiale Saint-Ours et dont le souvenir habite encore les rues de la belle cité royale.

PARIS, ÎLE·DE·FRANCE, CENTRE

Mantes-la-Jolie Yvelines (78)

Collégiale Notre-Dame•• Fine et majestueuse. surprenante avec ses tuiles vernissées. la belle collégiale de Mantes-la-Jolie peut rivaliser avec certaines cathédrales : sa nef élégante et claire. qui achève la transition du roman au gothique, est presque aussi haute que celle de Notre-Dame de Paris.

Cette église a inspiré l'une des plus belles toiles de Corot (exposée au musée des Beaux-Arts de Reims). Elle fut bâtie par le chapitre d'une collégiale qui possédait d'importants domaines dans la région. La construction, qui débuta en 1170, s'étendit jusqu'au 13• s. pour les nefs et le chœur. Les chapelles furent ajoutées au 14• s.

Façade C'est la partie la plus ancienne de l'édifice, hormis la tour de gauche et la galerie gracile qui la relie à la tour de droite, refaites entre 1851 et 1855. Troi s portails très mutilés s'ouvrent à la base. Le portail central, dédié à la Vierge, fut exécuté entre 1170 et 1195. On y remarque, comme dans le portail nord, à gauche, la perfection décorative des motifs en rinceaux, à l'antique, sculptés sur les piédroits et sur les soubassements des colonnettes. Sur le flanc droit, formant saillie, la chapelle de Navarre fut élevée au 14• s. Admirez le magnifique chevet et son architecture complexe, très élaborée, dans laquelle s'imbriquent des absides ornées de gâbles et couronnées d'une galerie, accolées à un haut mur qui délimite le déambulatoire. On peut s'étonner de la présence d'un mur, percé de grandes baies rondes, auquel se soudent de puissants contreforts. Au-dessus de cette muraille, suggérant l'idée d'un bastion, partent de robustes arcs-boutants soutenant la partie haute du chœur.

Intérieur La nef est presque aussi haute (33 m) que celle de Notre-Dame de Paris (35 m). On y découvre une succession de grandes arcades, de tribunes largement éclairées et de fenêtres hautes. La belle rose de la façade représente le Jugement dernier (début du 13• s.). La nef se distingue par son dispositif de voûtes sexpartites: les supports les plus chargés, ceux des extrémités, retombent sur de gros piliers, les moins chargés sur des colonnes rondes. Au-dessus des bas-côtés, les profondes tribunes bien éclairées, héritage du style roman, s'ouvrent sur la nef par des triples baies. On remarque la structure archaïque des tribunes de l'abside et du côté nord du chœur, couvertes de voûtes en berceau.

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Annexée au côté droit du chœur, la chapelle de Navarre (chapelle du Saint-Sacrement) forme un ensemble à part, une sorte de châsse il luminée par des fenêtres à réseau rayonnant (début du 14• s.). Son nom proviendrait des rois de Navarre de la maison d'Évreux (les comtes d'Évreux furent seigneurs de Mantes de 1328 à 1364). Quatre délicates statuettes du 14• s. se font face. Les femme s couronnées, portant un

modèle d'église, seraient les fondatrices : Jeanne de France, comtesse d' Évreux (1312-1349), et Jeanne d'Évreux, reine de France par son mariage avec Charles IV le Bel en 1324. Les deux autres jeunes femmes pourraient être les filles de Jeanne de France : Blanche, reine de France par son mariage avec Philippe VI de Valois, et Agnès, épouse du fameux Gaston Phébus, comte de Foix. Les grandes verrières sont du 19• s.

79 PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

Meaux Seine-et-Marne (77)

Cathédrale Saint-Étienne* «

ô nuit désastreuse! ô nuit effroyable où

retentit tout à coup comme un éclat de tonnerre cette étonnante nouvelle : Madame se meurt! Madame est morte! » Cette oraison funèbre d'Henriette d'Angleterre fut prononcée à SaintDenis en 1670. C'est à la découverte de son auteur, Bossuet. que nous invite la visite de Meaux. et de sa cité épiscopale.

Sa construction, commencée vers 1180, ne s'acheva qu'en 1540. Les différentes phases du gothique se sont épanouies dans une remarquable unité, avant d'importantes restaurations extérieures au 19• s.

Façade De style gothique flamboyant (14•-16· s.), elle a subi nombre de mutilations. Aux guerres de Religion sont venus s'ajouter les effets des intempéries, et la pierre calcaire de Varreddes s'est beaucoup effritée . Côté sud, la façade du croisillon est très endommagée, mais elle garde toute son élégance avec son portail de style rayonnant, consacré à saint Étienne. La tour de gauche (68 m) est la seule terminée. Celle de droite, simple clocher de charpente, est appelée la tour Noire à cause de son revêtement de bardeaux sombres.

Intérieur Contrastant avec l'extérieur, si fortement érodé, l'intérieur n'a pas été restauré depuis le 18• s. Le vaisseau, très lumineux, est impressionnant. Les doubles collatéraux sont d'une hauteur exceptionnelle, atteignant la moitié de celle de la nef principale (31,5 m à la croisée du transept). En effet, les tribunes qui les surmontaient à l'origine ont été supprimées vers le milieu du 13• s. et les bas-côtés ont été surélevés d'autant. Les deux travées de la nef voisines du transept sont d'un gothique naissant assez sobre (début du 13• s.). Le reste, côté façade, résulte d'un allongement au 14• s. Les piliers furent repris au 15• s. Deux monuments dédiés à Bossuet, célèbre évêque du 17• s. surnommé « l'Aigle de Meaux », se font face de part et d'autre de la nef. Le fond des bras du transept, particulièrement de celui du sud, est percé d'une immense verrière, magnifique composition du 14• s. Le chœur est fort beau avec ses doubles bas-côtés et les cinq chapelles de son abside. Le style gothique rayonnant y triomphe dans sa richesse élégante : sous les fenêtres hautes court un triforium, si finement ajouré qu'il ne coupe pas la perspective des lancettes. Dans le chœur côté sud, une dalle de marbre noir marque la sépulture de Bossuet.

Vieu;\ Chapitre

A gauche du chevet de la cathédrale, ce bâtiment du 13• s., destiné aux

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réunions du chapitre cathédral, servit vraisemblablement de grange aux chanoines qui y stockaient les dîmes : grains, vin, bois de chauffage. Son escalier couvert extérieur date de la Renaissance. Le rez-dechaussée est relié à la cathédrale par une galerie de bois.

Ancien palais épiscopal - Musée Bossuet

www.musee- bo ssu et .fr

Bâti au 12• s., puis modifié au 17• s., l'ancien palais épiscopal présente une juxtaposition de structures d'époques différentes . Sur la place, la façade sud (début du 16• s.) et sa tour centrale présentent un mélange harmonieux de pierre et de brique. Côté nord, vous découvrirez la façade d'apparat, embellie au 17• s., donnant sur le jardin.

Salles basses - Au rez-de-chaussée, côté jardin, la sal le capitulaire et celle de l'officialité, magnifiquement voûtées, sont de style gothique primitif et abritent des expositions temporaires. Elles sont accolées à une chapelle palatine à deux niveaux où se trouvent des pierres tombales du 14• s. Une étonnante rampe en brique dessert le 1er étage. Construite au début du 16• s , elle permettait aux mulets chargés des grains de la dîme de monter jusqu'aux greniers.

Collections permanentes - Elles regroupent un bel ensemble de peintures et scu lptures, et des objets du culte. Le parcours conduit à tra vers les grandes époques artistiques : maniérisme, class icisme, orientalistes et paysagistes du 19• s., romantisme, et quelques peintures d'artistes régionaux (20• s.). On s'arrêtera devant le portrait de Bossuet par Mignard. A travers les fenêtres de la salle du Synode s'ouvre une

81 PARIS, ÎLE-DE-FRANCE , CENTRE

Homme d'Église et de lettres, maître de l'éloquence française, Bossuet (1627-1704) est chargé de l'éducation du Dauphin, fils de Louis XIV. Le 8 février 1682, il devient évêque de Meaux. Dans la vaste bibliothèque qu'il a installée au palais épiscopal, ou dans son cabinet de travail au fond du jardin, il prépare ses plus grandes oraisons funèbres (celle de Marie-Thérèse, épouse de Louis XIV, et celle du Grand Condé en 1687), rédige divers ouvrages consacrés à la défense de l'orthodoxie. Il meurt à Paris le 12 avril 1704. Selon ses vœux, son corps est ramené à Meaux où il repose toujours, dans le chœur de la cathédrale.

vue sur le jardin Bossuet, avec ses rosiers et sa double rangée de tilleuls; ce jardin à la française fut sans doute dessiné par Le Nôtre. L'aile est correspond à l'appartement de Bossuet; celui-ci n'a conservé que ses dispositions d'ensemble, la décoration ayant été remaniée dans le style Louis XV. L'aile ouest correspond aux Petits Appartements.

Anciens remparts Par le chemin de ronde des anciens remparts gallo-romains et méd iévaux, on atteint le modeste pavil lon (17• s.) qui servait de cabinet de travail à Bossuet. Du milieu de la terrasse, belle vue* sur le jardin, l'évêché, la cathédrale. 82

Abbaye de Noirlac** Bruère-Allichamps - Cher (18)

UN PEU D'HISTOIRE

La fondation En 1136, une douzaine de moines suivwent l'abbé Robert de Clairvaux, proche parent de saint Bernard, et fondent une communauté à La Maison - Dieu-sur-Cher, au milieu des marécages. La construction de l'abbaye commence en 1150. Les moines, adeptes de la pauvreté, s'inspirent du modèle architectural cistercien particu lièrement austère. Après des débuts difficiles, l'abbaye devient prospère. En l'espace d'une cinquantaine d'années, le monastère acquiert un vaste domaine. En 1290, l'abbaye prend le nom de Noirlac. Ses moines portent une tunique blanche et une chasuble noire, d'où leur nom de« moines blancs».

Destruction et résurrection Après l'élan des 12e et 13e s., Noirlac voit son recrutement se tarir au 14e s. L'exploitation directe du domaine est peu à peu abandon née. En 1423, l'abbaye se fortifie avec un donjon et des douves pour résister aux bandits qui dévastent la région. En 1530, l'abbaye est mise en commende. L'abbé, désormais nommé par le roi, n'est plus qu'un lointain percepteur. Durant les guerres de Religion, les bâtiments sont endommagés; ils sont remis en état dès 1730. À la veille de la Révolution, il ne reste plus que six moines : ils étaient cinquante au 12es. Déclarée Bien national, l'abbaye est vendue en 1791. Revendus en 1820, ses bâtiments sont modifiés: ils abritent alors une manufacture de porcelaine. Prosper Mérimée découvre l'abbaye en 1838, mais c'est seulement en 1909 que le département du Cher l'acquiert. Sa restau ration, commencée en 1950, prend fin en 1980. Depuis 2007, No irlac accueille un Centre culturel de rencontre qui mène des actions culturelles et artistiques destinées à tous les publics.

Bâtiments conventuels Ils ont été édi f iés en p lus ieurs étapes: fin du 12e s. (a ile orientale et bâtiment des convers), première mo it ié du 13es. (réfectoire), seconde moitié du 13es. et du 14es. (ga leries du cloître). Des aménagements sont intervenus au 1s es., comme l'esca li er à rampe de fe r forgé du réfectoire (1) et les chambres du dort o ir.

Construite en belle pierre blanche du pays dans un site isolé, conformément à l'esprit de l'ordre de Cîteaux, l'abbaye de Noirlac constitue l'un des ensembles monastiques les mieux conservés et les plus complets de France. www.abbayedenoirlac.fr

ÉGLISE

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ABBAYE DE NOIRLAC 20m

PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

Cell ier - Élevé entre le 12• et le début du 13• s., il représentait le centre économique du monastère. Sa vaste salle, divisée en deux nefs par une rangée de quatre piliers, présente des murs très épais et des fenêtres étroites jad is fermées avec du papier huilé. A l'origine, le sol était en terre battue. Les convers (laïcs menant une vie religieuse et assurant l'autosubsistance de l'abbaye) y conservaient les denrées telles que le grain, les pois, les fèves, les fruits, le vin.

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Cloître - Cœur de l'abbaye, il en dessert toutes les parties . Il f ut construit en plusieurs étapes. D'abord, les galeries nord et ouest avec des arcades surmontées d'oculi et des chapiteaux décorés de feuilles de vigne et de chêne. Sur certains chapiteaux, on remarque des petits moines sculptés . Les galeries de l'est et du sud ont de belles voûtes d'ogives de style gothique épanoui et une riche ornementation qui tranche avec la sobriété de l'église : tympans évidés de roses, chapiteaux avec têtes humaines. Dans la galerie sud, un armarium contenait les livres pieux. Salle capitulaire ou salle du chapitre - C'est dans cette salle du 13• s. que se réun issaient les moines de l'abbaye pour écouter la lecture d'un chapitre de la règle et entendre le père abbé sanctionner ceux qui s'accusaient de leurs fautes devant la communauté réunie. Salle des moine s - Elle servait aux activités manuelles telles que la copie de manuscrits. Le chauffoir est voûté d'arêtes surbaissées; sur le mur est se dresse la grande cheminée (2), sculptée de deux crosses d'abbé accolées, emblème de l'ordre des cisterciens. Réfectoire - C'est une haute salle (9 m) couverte de huit voûtes ogivales dont les arcs retombent en palmier sur trois colonnes. Les repas étaient frugaux et pris en silence, ponctués par la lecture faite par un moine d'un extrait de la Bible ou de la Règle. Au 18• s., le réfectoire coupé à mi-hauteur servait d'appartement aux hôtes. La cuisine médiévale qui le jouxtait fut rasée à cette époque. Dortoir des moines - Dans ce vaste espace communautaire, les moines dormaient sur des paillasses. Au 18• s., les six religieux qui demeuraient seuls dans l'a bbaye s'y aménagèrent de confortables chambres avec lit en alcôve, table, cha ises et coffre, tandis que le prieur s'organisa un appartement côté sud. Dortoir des convers - Située au-dessus du cellier, en surplomb du cloître, cette vaste salle fut convertie en grenier à grain dès le 13• s. Sa charpente magnifique est plus tardive. Le dortoir sert aujourd'hui de salle d'exposition.

Église Bâtie à partir de 1150, achevée un siècle plus tard (i l aura fallu trois campagnes de travaux), elle illustre le passage de l'art roman à l'art gothique . Son plan en croix latine et son chevet plat sont caractéristiques des édifices cisterciens. Les travaux commencèrent par le chœur et se terminèrent par la nef et les collatéraux. L'ensemble est d'une grande austérité : la simplicité des lignes s'ajoute à la blan cheur de la pierre pour mettre en valeur la beauté de l'architecture et la sérénité du lieu . Conformément à l'esprit de Cîteaux, tout décor sculpté est banni : les chapiteaux sont nus et les vitraux sont uniformément gris. Le chœur, bien moins élevé que le transept, est la partie la plus ancienne. Ph. Michel/age fo rostock

PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

Orléans Loiret (45)

Cathédrale Sainte-Croix••

Ancienne capitale de la France médiévale, Orléans est l'une des trois grandes villes du Val de Loire. avec Tours et Angers. Amateurs de châteaux. vous serez déçus : Orléans n'en possède aucun ... mais cette grande ville vous offrira bien des consolations. À commencer par sa cathédrale. d'une élégance toute royale ...

L'édifice, commencé à la fin du 13• s. et poursuivi jusqu'au début du 16• s., fut en partie détruit par les protestants en 1586. Henri IV, en témoignage de gratitude pour la ville qui s'était ralliée à lui, entreprit sa reconstruction dans un style gothique composite. Les travaux se poursuivirent aux 18• et 19• s.

Façade Elle compte trois grands porches surmontés de rosaces, elles-mêmes coiffées d'une galerie ajourée. La pierre y est travaillée avec une extrême finesse; à la base des tours, les escaliers extérieurs en colimaçon, sculptés à jour, flanquent chaque angle. Le porche, de très vastes dimensions, abrite quatre statues gigantesques, qui représentent les évangélistes.

Intérieur Dans la chapelle du centre de l'abside, la magnifique Vierge en marbre (début 17• s.) est une œuvre de Michel Bourdin, sculpteur né à Orléans. De splendides boiseries** du début du 18• s. décorent le chœur et les stalles. Réalisées d'après Jacques V Gabriel, elles sont l'œuvre de Jules Degoullons, l'un des décorateurs de Versailles et l'auteur des stalles de Notre-Dame de Paris.

Flanc nord et chc, el Au pignon du croisillon nord, la grande rosace porte, au centre de ses rayons, la devise de Louis XIV. À ses pieds, des fouilles ont mis au jour la base des murailles gallo-romaines. Du chevet rayonnent des arcsboutants très ajourés ornés de pinacles, visibles du jardin de l'ancien évêché (17• s.) devenu bibliothèque municipale.

Campo Santo• Sur le flanc nord de la moderne école des Beaux-Arts, le jardin rectangulaire est bordé de galeries à arcades du 16• s. Il s'agit d'un ancien cimetière, installé ici hors les murs dès le 12• s.

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PARIS , -IL E-DE-FRAN ------

CE, CENTRE ----

Ruines de l'église

Abbaye de Royaumont** Asnières-sur-Oise - Val-d'Oise (95)

L'abbaye cistercienne fut baptisée Royaumont en l'honneur du roi Saint Louis qui l'avait fondée en 1228. Elle donne une idée palpable de la prospérité de certaines grandes abbayes du Moyen Âge, au sein d'un écrin des plus bucoliques. aux portes de l'agglomération parisienne.

Après avoir connu plusieurs destins, dont celui de filature après la Révolution, les bâtiments conventuels accueillent aujourd'hui des artistes en résidence et des concerts . Le parc, où jars et oies évoluent en liberté, séduit par ses petits canaux, opportunément utilisés par l'ancienne filature .

Contrairement au plan cistercien traditionnel, l'église de Royaumont, consacrée en 1235, est particulièrement spectaculaire de par ses dimen sions, proches de celles d 'une cathédrale (106 m de longueur), qui reflètent davantage son origine royale que l'austérité de son ordre religieux. Le chœur, à chapelles rayonnantes, s'écarte de la formule cistercienne classique à chevet plat. Depuis la destruction de l'église en 1792, il n'en reste que le mur sud, les bases des colonnes et une tourelle d'esca lier haute de 37,5 m (1). Quoique modeste, ce vestige du transept nord donne un aperçu de son élévation (la clé de voûte du chœur s'élevait à 28 m du sol).

www.roya umont.com

88 PARIS , ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

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Cloître Le cloître gothique enserre un beau jardin, dessiné en 1912 par le paysagiste Achille Duchêne. Sa galerie ouest se double en arrière d'un étroit passage à l'air libre, la « ruelle des Convers » : les frères convers circulaient ainsi dans l'aile qui leur était affectée et gagnaient l'église sans emprunter le cloître, réservé aux moines de choeur.

Sacristie Accolée à l'église, sous une voûte en berceau brisé, la sacristie présente une intéressante statuaire médiévale, ainsi que des éléments lapidaires, comme la clé de voû te du choeur de l'église, des carreaux de pavement et des tuiles vernissées.

Réfectoire Cent vingt moines de choeur pouvaient prendre place dans ce vaisseau

à deux nefs, chef-d'oeuvre de construction gothique (fûts de colonnes monolithes). Saint Louis y servit lui-même les religieux qui écoutaient en silence la voix du lecteur, debout dans la chaire ménagée dans le mur.

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Aujourd'hui, on vient y écouter des concerts. L'orgue date de 1864 et est composé de 2 573 tuyaux. Il fut installé à Royaumont en 1936 et sa restauration a nécessité 10 000 heures de travail.

Anciennes cuisines Plus rien ne rappelle que des cuisines occupaient cet espace, encore pendant la Première Guerre mondiale. On y admire la Vierge (2) de Royaumont, du 14e s., rare exemple sculpté de Vierge allaitant.

Jardin médiéval Ce beau jardin a été cree dans l'esprit du Moyen Âge : neuf carrés surélevés et délimités par des bordures de branches de châtaignier tressées contiennent diverses plantes médicinales , potagères, tinctoriales et textiles. Autour court une palissade d'osier vivant tressé. À l'ouest se trouve le verger.

Bâtiment des latrines À cheval sur le petit canal, le bâtiment est assis sur 31 arcs en plein cintre ; il abritait 60 latrines, une prouesse technique pour l'époque. Une roue à aubes a été conservée. Il s'agit d'une réplique de celle du 1ge s., utilisée par les religieuses qui succédèrent aux industriels en créant à Royaumont un noviciat.

Palais abbatial* On aperçoit le palais de la route qui longe l'abbaye à l'ouest, derrière le bâtiment principal. Cette construct ion cubique toute blanche, commandée à Louis Le Masson en 1785, est inspirée du Petit Trianon de Versailles. Sa façade se reflète dans un étang du côté de la route de Chantilly. PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

Saint-Aignan Loir-et-Cher (41 )

Église Saint-Aignan• Cette belle collégiale romane date des 11 • et 12• s. Une tour imposante surplombe le transept, et une tour-porche l'entrée. La nef, haute et claire, révèle des chapiteaux sculptés de feuilles d'acanthe et d'animaux fantastiques . Dans le chœur et le déambulatoire, on reconnaît, parmi les chapiteaux historiés, la Fuite en Égypte (dans le déambulato ire, au nord), le Sacrifice d'Abraham et le roi David (côté sud)

Église basse** Autrefois appelée église Saint-Jean, ou église des Grottes, elle fut utilisée comme étable ou cellier durant la Révolution. De même plan que le chœur, elle possède un ensemble de fresques remarquables (12•-15• s.) • dans le déambulatoire, celle de la chapelle axiale figure saint Jean l'Évangéliste (15· s.), celle de la chapelle sud illustre la légende de saint Gilles. Dans le cul -de-four du chœur, un grand Christ en majesté dans une double mandorle (1200) répand ses grâces sur des infirmes prosternés, par l'entremise de saint Pierre et de saint Jacques. La voûte du carré du transept est décorée d'un Christ du Jugement dernier reposant sur un arc-en -ciel.

Dans une région de coteaux et de vignobles, la collégiale et son clocher surplombent avec emphase la rive droite du Cher. Elle abrite de belles fresques romanes .

PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

Saint-Benoît-sur-Loire Loiret (45)

Basilique de Saint-Benoît** UN PEU D'HISTOIRE

Éblouissant témoignage d'art et de spiritualité, la basilique de Saint-Benoît séduit par l'harmonie de ses proportions, la délicate richesse de ses sculptures et la douce lumière dorée qui nimbe ses voûtes et ses colonnes. Non loin de là, la charmante petite église de Germigny-desPrés, rarissime joyau d'art carolingien, recèle une mosaïque dont l'or et l'argent évoquent l'antique Byzance.

Les reliques de saint Benoît Fleury, ancien nom de Saint-Benoît, tient son appellation d'un propriétaire gallo-romain. Vers le milieu du 7• s., une abbaye y est fondée et attire d'importantes donations. On décide alors d'y transférer les reliques de saint Benoît, le fondateur de l'ordre bénédictin. Mort en 547, il était enseveli sous les ruines de l'abbaye du Mont-Cassin en Italie. Les précieuses reliques, sources de miracles et de guérisons, ne manquent pas d'attirer les foules et valent un succès croissant à l'abbaye.

L'ami de Charlemagne Charlemagne donne Fleury à son conseiller et ami, le brillant évêque d'Orléans Théodulphe . Celui-ci crée deux écoles monastiques de renom, l'une pour les prêtres séculiers, l'autre pour les futurs moines. Le scriptorium de l'abbaye produit de belles copies de livres enluminées. La disgrâce de Théodulphe, à la mort de Charlemagne, et les invasions normandes entraînent un déclin du domaine.

Études et livres Au 1o• s. s'opère un redressement spectaculaire. En 930, Odon, moine tourangeau devenu abbé de Cluny, impose l'observance clunisienne à Fleury et relance l'école abbatiale. Saint-Benoît retrouve la prospérité: les écoliers affluent tandis que les rois et les princes offrent dons et protection. La fin du 10• s. est dominée par la figure d'Abbon, qui devient chef des études vers 975. Conseiller très influent du roi Robert 11, excellent organisateur de la vie monastique, il enrichit encore la bibliothèque et développe les études. L'abbaye devient un des tout premiers foyers intellectuels d'Occident, rayonnant en particulier sur l'ouest de la France et l'Angleterre.

Dégâts de la commende, choc de la Réforme

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Au 15• s., Saint-Benoît est placé sous le régime de la commende : les revenus de l'abbaye sont attribués par les rois à des abbés commendataires, souvent laïques, qui n'ont pas de rôle actif dans la vie religieuse de la communauté. Pendant les guerres de Religion, une succession d'événements engendre le déclin de l'abbaye. En dépit de la conversion au protestantisme de l'un de ses abbés, Odet de Châtillon-Coligny, frère de l'amiral de Coligny, Saint-Benoît est pillé par les troupes huguenotes de Condé en 1562. Le trésor est fondu, la bibliothèque vendue, et ses précieuses collections (environ 2 000 manuscrits) sont dispersées.

Coup de grâce et restauration La congrégation de Saint-Maur, introduite à Saint-Benoît en 1627 par le cardinal de Richelieu, lui donne un nouveau souffle. L'abba ye est fermée à la Révolution, ses archives sont transférées à Orléans, ses biens dispersés. Au début du Premier Empire, les bâtiments monastiques sont rasés. L'église se délabre, avant d'être restaurée à partir de 1836. La vie monastique reprend pourtant ses droits en 1865 et, surtout, à partir de 1944 avec l'arrivée d'une dizaine de moines bénédictins.

Tour-porche•• Primitivement isolé, c'est un des plus beaux monuments de l'art roman. Les chapiteaux de type corinthien en particulier sont ornés de plantes stylisées. De souples feuilles d'acanthe alternent avec des animaux fantastiques, des scènes tirées de !'Apocalypse ou encore des épisodes de la vie du Christ et de la Vierge . Sur la façade du porche (2• pilier en partant de la gauche), l'un des chapiteaux porte la signature du sculpteur et maître d'œuvre Umbertus: « Umbertus me fecit. » Le portail latéral nord* conserve également de remarquables sculptures du début du 13• s.

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Au début du 11' s., sous la houlette de l'abbé Gauzlin, un fils naturel présumé d'Hugues Capet, un manuscrit d'apparat est commandé à un artiste lombard pour l'abbaye. Cet Évangéliaire de Gaignières, fait de parchemin, de pourpre et d'or, assurera le rayonnement de l'abbaye de Fleury.

Nef L'abside fut d'abord édifiée jusqu'aux transepts, entre 1060 et 1108, puis continuée à partir de 1160 par cette nef dont la couverture s'apparente au premier art gothique. Avec sa pierre blanche et ses hautes voûtes qui laissent largement pénétrer le jour, elle est inondée de lumière. Au revers de la façade, la tribune d'orgue fut ajoutée vers 1700.

Transept Comme le chœur, il fut terminé en 1107. La coupole construite sur trompes superposées porte le clocher central. A la croisée du transept subsistent de belles stalles datées de 1413, ainsi que les restes d'une clôture du chœur en bois sculpté, offerte en 1635 par Richelieu, abbé commendataire de Saint-Benoît. Dans le croisillon nord, on vénère la précieuse statue de Notre-Dame-de-Fleury (albâtre, 14' s.).

Chœur•• Le chœur roman, profond, fut édifié de 1065 à 1107; son décor d'arcatures aveugles à chapiteaux sculptés forme un triforium. Le déambulatoire à chapelles rayonnantes est caractéristique d 'une église construite pour les foules et les processions; ce plan se retrouve dans la plupart des églises bénédictines. Le sol est revêtu de la belle mosa·1que venue d'Italie que le cardinal Duprat fit compléter en 1531. Le gisant de Philippe 1er (4' Capétien), mort en 1108, se cache sous l'autel, dans l'axe de la nef.

Crypte• Puissant chef-d'œuvre de la seconde moitié du 11 ' s., elle conserve sa physionomie primitive . Ses grosses piles rondes forment un double déambulatoire à chapelles rayonnantes autour du large pilier central contenant la châsse, moderne, de saint Benoît, dont les reliques sont vénérées ici depuis le 8' s.

À PROXIMITÉ

Oratoire carolingien de Germigny-des-Prés• Sous Charlemagne, Théodulphe possédait, non loin de Fleury, un domaine rural dont subsiste l'oratoire, paré de superbes mosalques exécutées vers 806 : l'église de Germigny. Rare et précieux témoin de l'époque carolingienne, cet oratoire est considéré comme l'une des églises les plus anciennes de France. On la compare même à la rotonde impériale d'Aix-la-Chapelle, également de plan centré . Avant l'adjonction de la nef actuelle au 1ses., l'édifice primitif comportait en effet quatre absides semblables, semicirculaires et distribuées sur les côtés d'un carré. Il faut les imaginer tout ornées de mosalques et de stucs, le sol pavé de marbre et de porphyre. L'abside orientale est la seule qui soit d'origine. Elle a conservé sur sa voûte une remarquable mosaïque**· Celle-ci fut découverte en 1840 : des archéologues, voyant des enfants jouer avec de petits cubes de verre coloré trouvés dans l'église, mirent au jour le chef-d'œuvre jusque-là préservé par un épais badigeon. Composée de 130000 cubes de verre assemblés, elle représente l'Arche d'alliance, surmontée de deux chérubins, encadrée de deux archanges; au centre apparaît la main de Dieu. L'emplo i de mosalques d'or et d'argent dans le dessin des archanges rattache cette œuvre à l'art byzantin de Ravenne. Les arcatures de stucs et les chapiteaux qui la supportent dénotent les influences simultanées des arts omeyyade, mozarabe et lomba rd. Au centre, une tour-lanterne carrée aux vitraux d'albâtre translucide (la technique des vitraux de verre n'était pas encore répandue) éclaire l'autel.

97 PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

Saint-Denis Seine-Saint-Denis (93)

La basilique*** UN PEU D'HISTOIRE

Dans cette ville populaire et très animée, les siècles se télescopent ... D'un semis de rues basses émerge la basilique, nécropole des rois de France depuis les Capétiens : elle abrite une collection, unique en Europe, de gisants et tombeaux du 12e s. au 16c s. www.saint-denis- ba silique .fr

Le temps des pèlerins Au nord de Lutèce se développe depuis le 1er s. une cité romaine, Catulliacus. Saint Denis, évangélisateur et premier évêque de Lutèce, décapité à Montmartre, est inhumé en ces lieux, vers 250, dans un cimetière gallo-romain. Vers 475, la tradition attribue à sainte Geneviève l'édification d'une première église, but d'un pèlerinage extrêmement populaire. En 630, Dagobert devient le bienfaiteur du monastère qui s'y est implanté. Il en fait une abbaye royale, et y installe une communauté bénédictine qui prend en charge les pèlerins.

Le cimetière des rois Dagobert est le premier souverain qui se fait inhumer à Saint-Denis. En 754, Pépin le Bref s'y fait sacrer roi par le pape. Les liens de l'abbaye avec le pouvoir royal s'amplifient : les rois mérovingiens, pour la plupart, étaient enterrés à Paris, mais à partir d'Hugues Capet, tous les souverains seront inhumés à Saint-Denis - sauf cinq d'entre eux. Si les rois se font enterrer à Saint-Denis, c'est à cause de la présence des reliques du saint. Au Moyen Âge, on considère qu'elles protègent le corps et l'âme des rois défunts, mais aussi les objets du sacre, qui font partie du trésor de Saint-Denis : sceptre, main de justice ...

Suger, moine et homme d'État Homme aux dons exceptionnels (vers 1081-1151), Suger confère à Saint-Denis un éclat sans précédent. Élu abbé de Saint-Denis en 1122, il redessine lui-même les plans de l'église, dans le style gothique. Ministre de Louis VII, il est régent pendant que le roi participe à la seconde croisade. Sa sagesse, son souci du bien public sont tels que le roi, à son retour, lui donne le nom de « père de la Patrie ».

La colère révolutionnaire

98

En 1793, l'abbaye est transformée en temple de la Raison. Barrère demande à la Convention de démonter les statues, symboles de la monarchie. Certains tombeaux royaux sont détruits, les corps profanés sont déposés dans des fosses communes. Les tombeaux les plus précieux sont transportés au musée des Monuments français à Paris. En 1817, ces monuments seront ramenés à la basilique. Deux ans plus tôt, les corps de Louis XVI et Marie-Antoinette ont été transférés depuis le cimetière de la Madeleine.

La restauration Après la Révolution, la basilique est en piteux état. Entamée en 1813, la restauration est conduite par François Debret, avec une méconnaissance du Moyen Âge qui soulève l'indignation. En 1837, la foudre tombe sur la flèche (1219), provoquant un incendie qui dévaste la tour. Reconstruite avec des pierres trop lourdes, elle s'affaisse si dangereusement qu'il faut l'abattre en 1846. Viollet-le- Duc, qui remplace Debret en 1847, s'attache à rassembler des documents pour opérer des restitutions fidèles. De 1858 à sa mort, en 1879, il fournit un travail considérable: l'église apparaît telle que nous la voyons aujourd'hui. L'aventure se poursuit aujourd'hui avec un chantier exceptionnel qui devrait durer jusqu'à la fin des années 2020: le remontage à l'identique de la tour nord et de la flèche d'origine!

E,térieur La basilique actuelle est essentiellement l'œuvre de Suger au 12es. et de Pierre de Montreuil au 13e s. Premier manifeste de l'art gothique pour le chevet, ce fut un modèle pour les cathédrales de la fin du 12es., comme celles de Chartres, Senlis et Meaux.

99 PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

À partir du 14' s., on préleva sur le cadavre des rois, lors de l'embaumement, le cœur et les viscères. Le cœur, les entrailles et le corps avaient chacun leur monument, qui n'étaient jamais placés dans le même lieu. La basilique de SaintDenis recevait les corps.

Le tympan du portail central représente le Jugement dernier; celui de droite, la dernière communion de saint Denis; celui de gauche, le supplice du saint et de ses compagnons. Aux piédroits des portails apparaissent les Vierges folles et Vierges sages (au centre), les travaux des mois (à droite), les signes du zodiaque (à gauche). Sur le côté gauche de la basilique, des arcs-boutants doubles contrebutent la nef. La façade du transept, ornée d'une très belle rose, devait comporter deux tours, mais la construction s'est arrêtée au 1•r étage.

Intérieur Longue de 108 m, large de 39 m au transept et haute de 29 m sous voûte, la basilique montre des dimensions légèrement inférieures à celles de Notre-Dame de Paris. Le narthex est formé par les deux travées établies sous les tours. Leurs voûtes d'ogives, soutenues par de massifs piliers, datent en partie de l'époque de Suger. La nef, due à Pierre de Montreuil, est d'une élégance remarquable avec les baies du triforium qui s'ouvrent sur l'extérieur-c'est l'un des premiers exemples de cette disposition. Les vitraux de la nef sont modernes.

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Gisants et tombeaux***

0

10m

A Saint-Den is reposent 42 rois, 32 reines, 63 princes et princesses et 10 grands serviteurs de la Couronne, comme Du Guesclin (1). Depuis la Révolution, leurs tombes sont vides. Au Moyen Age, la sculpture des tombeaux ne comporte que des gisants. Ainsi, le gisant de Clovis (2) et la dalle de Frédégonde (3), réalisée (12• s.) en mosaïque cloisonnée de fi lets de cui vre. Vers 1260, Saint Louis fait exécuter les gisants de calcaire de tous ses prédécesseurs depuis le 7• s. Tous ont le visage idéalisé, les yeux ouverts. Ils sont couronnés et tiennent le sceptre : cette représentation magnifiée des personnages royaux est caractéristique de l'époque. On remarque l'imposant tombeau de Dagobert (4) aux scènes sculptées pleines de verve, les gisants de Charles Martel (5) et de Pépin le Bref (6), ainsi que la gisante en pierre de Tournai d'une prin cesse non identifiée (7). Avec le tombeau d'Isabelle d'Aragon et Philippe Ill le Hardi (8), mort en 1285, le souci de représenter la réalité de l'individu apparaît, ainsi qu'un nouveau matériau, le marbre : blanc pour le gisant, sur une dalle de marbre noir.

A partir

du milieu du 14• s., quelques grands personnages font exécuter leurs tombeaux de leur vivant : on se trouve en présence de portraits authentiques. Ainsi Charles V (9) par Beauneveu, Charles VI et Isabeau de Bavière (1 O).

A la Renaissance, les mausolées, très imposants, s'ornent d'une décoration somptueuse. A l'étage supérieur, le roi et la reine sont figurés en costume d'apparat, dans une posture de prière qui symbolise l'attente de leur résurrection. A l'étage inférieur, ils sont représentés en défunts, sans vêtements, dans une rigidité cada vérique rendue avec un réalisme minutieux. Ainsi le double monument de Louis XII D12•s. et Anne de Bretagne (11 ), et celui de François 1er et Claude de France (12) par Philibert Delorme et Pierre Bontemps : magnifique témo ignage de l'art funéra ire à la Renaissance, c'est un tombeau en arc de triomphe; l'un des basreliefs du soubassement illustre la bataille de Marignan. Catherine de Médicis, qui mourut trente ans après Henri Il, eut le temps d'élever le tombeau de son mari. Quand elle se vit représentée en défunte, comme le voulait la tradition, elle défai llit d'horreur. Dans la nouvelle effigie qu'elle commanda, le sommeil a été substitué à la mort. Le visiteur pourra comparer ces deux œuvres, la première exécutée sous la direction du Primatice (13), la seconde due à Germain Pilon (14).

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TRANSEPT

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Avant chœur



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101 PARIS, ÎLE-DE-FRANCE, CENTRE

Rien ne subsiste des édifices qui cernaient la basilique. Au nord, un cimetière se développa dès le 6' s. Au nord-ouest, un grand bâtiment fut édifié au a• s. - peutêtre un palais destiné à Charlemagne. Au sud, le cloître médiéval fut détruit au 18' s. par les moines qui vendirent certaines sculptures. Une dizaine d'ent re elles ont été récupérées par de grands musées, notamment le Louvre et le musée de Cluny, à Paris.

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Chœur Les belles stalles pré-Renaissance (15) de l'avant-chœur proviennent du château normand de Gaillon . A droite, remarquable Vierge* romane en bois polychrome (16), datant du 12• s. Le trône épiscopal (17) qui lui fait pendant reproduit la chaise de Dagobert. Au fond, la châsse moderne des saints Denis , Rustique et Éleuthère (18) borde le déambulatoire* de Suger aux arcs épais et aux minces colonnes. Des fragments de vitrau x (transition entre roman et gothique, 12• s.) et plusieurs retables (13• s.) ornent les chapelles de l'abside.

Crypte** Elle abrita les reliques de saint Denis et de ses compagnons jusqu'au 12• s. Le déambulatoire inférieur, construit par Suger en style roman, a été beaucoup restauré par Viollet-le-Duc (chapiteaux à motifs végétau x). Au centre, la chapelle d'Hildu in, nom de l'abbé qui la fit bâtir au 9• s., accueille le caveau collectif des Bourbons, notamment les corps de Lou is XV I, Marie-Antoinette et Louis XV III. Ils ont été rejoints en 2004 par le jeune Louis XVII, mort au Temple à l'âge de 10 ans, et dont le cœur a pu être authentifié par des tests ADN. En 1817, l'ossuaire a recueilli, pêle-mêle, les reste s de rois et reines, altesses et princes du sang, Mérovi ngiens et Capétiens, Orléans et Valois.

ours Cathédrale Saint-Gatien** Commencée au milieu du 13• s. et terminée au 16• s., elle expose ainsi toute la panoplie du style gothique: le chevet en montre l'origine; le transept et la nef, l'épanouissement; la façade flamboyante, la fin. Malgré ce mélange de styles, la façade s'élance de façon très harmonieuse. Une légère asymétrie des détails év ite toute monotonie. Assise sur une muraille gallo-romaine, la base des tours est romane comme en témoignent les puissants contreforts latéraux. Le riche décor de la façade a été ajouté au 1s• s. : tympans ajourés, archivoltes en feston, gâbles ornementés de feuillages aux portails.

Capitale de la Touraine et ancienne cité royale, Tours est également un grand centre religieux fondé au 4c s. par saint Martin et un foyer intellectuel et artistique durant le Moyen Âge, comme en témoigne sa cathédrale Saint-Gatien.

103 PARIS, ÎLE-DE-FRANCE , CENTRE

La partie supérieure de la tour nord, du 15• s., est prolongée par un élégant dôme à lanternon de la première Renaissance, tout comme le clocher sud, construit au 16• s. directement sur la tour romane. L'intérieur de la cathédrale frappe par la pureté de ses lignes. La nef des 14• et 15• s. s'harmonise parfaitement au chœur** : ce dernier est l'une des plus belles réalisations du 13• s. et rappelle la fameuse Sainte-Chapelle de Paris. Les verrières*** sont l'orgueil de SaintGatien. Celles du chœur, aux chauds coloris, sont du 13• s.; la rose sud du transept, légèrement losangée, et la rose nord, coupée d'une épine de soutènement, du 14• s.; les vitraux de la 3• chapelle latérale sud et la grande rose de la nef, du 15• s. Leurs iconographies se réfèrent à la Genèse, l'Alliance, !'Enfance et la Passion du Christ, la fuite en Égypte .. . et comme il se doit, un cycle de plusieurs verrières est consacré au saint patron de la ville, saint Martin (évêque de 371 à 397). Dans la chape lle qui donne sur le croisillon sud, le tombeau* des enfants de Charles VIII est une œuvre gracieuse de l'école de Michel Colombe (16• s.), édifiée sur un socle finement ouvragé de Jérôme de Fiesole .

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Vendôme Loir-et-Cher (41)

Ancienne abbaye de la Trinité• C'est une belle réalisation de l'art gothique flamboyant. On pénètre dans l'e nceinte par la rue de l'Abbaye, où subsistent de part et d'autre les baies romanes des anciens greniers de l'abbaye, intégrées dans les habitations actuelles: dès le 14• s, les moines avaient autorisé les commerçants à y adosser leurs boutiques.

Église abbatiale** Extérieur- À droite, isolé, s'élève l'harmonieux clocher du 12• s., haut de 80 m. Notez les dimensions croissantes des baies et des arcatures, aveugles au départ, puis de plus en plus ébrasées; le passage du plan carré à l'octogonal se fait par l'intermédiaire de clochetons d'angle ajourés. À la base des corniches grimacent des masques et des animaux. L'étonna nte façade flamboyante que l'on a parfois attribuée à Jean de Beauce, auteur du clocher neuf de la cathédrale de Chartres, fouillée et ajourée comme une dentelle, contraste avec la sobre tour romane. Intérieur - La nef, commencée depuis le transept au milieu du 14• s., n'a été achevée qu'au début du 16• s. Le transept, seul vestige de l'édifice du 11 • s., précède le chœur doublé d'un déambulatoire ouvert sur cinq chapelles rayonnantes. Contrairement à la nef, la croisée du transept, plus ancienne, a gardé ses chapiteaux primitifs surmontés de statues polychromes (13• s.) de l'ange et la Vierge de !'Annonciation, de saint Pierre et de saint Eutrope, qui était vénéré dans l'abbatiale. Les voûtes du transept aux jolies clefs historiées ont été refaites au 13• s., en style angevin. Également des statues de saint JeanBaptiste (14• s.) et de la Vierge (16• s.).

Enserrée entre deux bras du Loir, la vieille ville de Vendôme s'adosse sur la pente. Remarquable réalisation de l'art gothique, l'abbatiale de La Trinité se mire dans les canaux de cette petite Venise.

Le chœur du 14• s., éclairé par des vitraux SOm de même époque, Ancien logis Parties d isparues est garni de bel les mônier sta ll es* de la fin du 15• s.; les miséricordes ~ An cien logis s'agrémentent de ~ du sacristain scènes naïves racontant la vie de tous de les jours à travers les métiers et les signes du zodiaque. En faisant le tour du chœur, on longe la clôture, de la première Renaissance. Les chapelles du pourtour sont ornées de vitraux des 14• et 16• s., très restaurés : le meilleur, représen tant le Repas chez Simon, se trouve dans la première chapelle à gauche de la chapel le axiale. Cette dernière abrite le fameux vitra il * datant de 1140 appelé Majesté Notre-Dame. Il s'agit du plus ancien vitrail où apparaît Marie en tant que Vierge mère ; il est antérieur à celui de Notre-Dame de Chartres.

ABBAYE DE LA TRINITÉ

Rue Notre-Da

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1. Chapelle des fonts baptismaux · belle cuve Renaissance sur un pied sculpté provenant des jardins du château de Blois. 2. Stalles. 3. Clôture . 4 . Majesté Notre-Dame (vitrail, 1140).

Bâliments conventuels Du cloître (16• s.), seule subsiste intacte la galerie qui borde l'église. Dans la salle capitulaire (14• s.) ont été mises au jour des peintu res murales* du 12• s. relatant des épisodes de la vie du Christ. A l'extérieur, un beau bâtiment, perpendiculaire à la salle capitulaire, a été élevé par les bénédictins de 1732 à 1742. Les frontons de sa façade monumentale portent les fleurs de lys royales, la devise (Pax) et l'emblème (agneau) de l'ordre de Saint-Benoît.

Musée* Il occupe le bâtiment des moines de La Trinité, desservi par un majestueux esca li er. Le rez-de -chaussée est consacré à la pe inture murale* dans le Val de Loire et à l'a rt religieux* . Il renferme les vestiges du mausolée de Marie de Luxembourg et de François de BourbonVendôme (16• s.), et quelques fragments des gisants de Catherine et Jean VI I de Bourbon . Un Cent re d'interprétation de l'architecture et du patrimoine y a été récemment installé, avec une resti tu t ion 3D de l'abbaye.

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Versailles Yvelines (78)

Cathédrale Saint-Louis• Achevée en 1754 par Jacques Hardouin-Mansart de Sagonne, petitfils de Jules, cette église est un bel exemple d'architecture rocaille . La façade est composée d'un niveau où règne l'ordre dorique et d'un second niveau avec des colonnes corinthiennes, couronné par un fronton triangulaire et encadré par deux volutes. La façade est entourée de deux tours carrées, coiffées d'un dôme en forme de bulbe. À l'intérieur, assez sobre, la nef est éclairée par de larges fenêtres au- dessus des grandes arcades, les deux niveaux étant séparés par une corniche fortement saillante; un soin particulier a été apporté à la réalisation des cartouches qui marquent la clé de chacune des arcades, encadrées de guirlandes de roses. Les chapelles conservent de nombreuses toiles du 18• s.

À VOIR AUSSI

Église Notre-Dame• Élevée en 1686 par Jules Hardouin-Mansart, elle était la paroisse du roi et de la Cour. La façade offre un exemple d'architecture classique, superposant les ordres dorique et ionique, couronnés par un fronton triangulaire. L'ordre dorique règne à l'intérieur. Au-dessus de l'entrée de la chapelle du Saint-Sacrement (19• s. ), tableau de Michel Corneille le Jeune, L'Assomption (1686).

À côté du château. la ville de Versailles forme un ensemble unique, conçu pour loger les courtisans qui ne voulaient pas s'éloigner du roi. Le quartier Saint-Louis, construit sous Louis XV, est dominé par le bulbe de son élégante cathédrale.

Cathédrale Saint-Louis

Chapelle du lycée Hoche Œuvre de Richard Mique (architecte de Marie Antoinette pour son Hameau de la Reine), la chapelle du lycée Hoche (1767-1772) est un petit joyau néoclassique. Elle se distingue par la délicatesse de son décor sculpté et de sa coupole peinte, qui contraste avec la rigueur de son architecture à l'antique.

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Bretagne

• 50 MORBIHAN

108

Rennes*

35 ILLE-ET-VILAINE

RETAGNE

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Bretagne

110

Dol-deBretagne p. 112

Le Faouët p. 113

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Quimper p. 121

Quimperlé p. 123

Le Folgoët p. 114

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Rennes p. 124

Guimiliau p. 11 5

Kernascléden p. 117

LampaulGuimiliau p. 118

Pleyben p. 120

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Sa int-Polde-Léon p. 125

SaintThégonnec p. 127

Tréguier p. 129

Vannes p. 131

Crédin phorographiques: les phoros ci-contre sont extraites des pages du chopirre.

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Dol-de-Bretagne Ille-et-Vilaine (35)

Cathédrale Saint-Samson** Ancienne cité épiscopale, Dol est située sur le bord d'une falaise que le flot venait encore battre, dit-on, au lOC s. Aujourd'hui, son sommet offre une vue dégagée de la région, de Cancale jusqu'au Mont-SaintMichel. À mi-chemin entre cette merveille et SaintMalo, la ville offre aux visiteurs de passage un patrimoine architectural de grande qualité.

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Ce très vaste édifice de style gothique, qui porte le nom du premier évêque de Dol, mort en 565, fut bâti aux 12• et 13• s. puis complété jusqu 'au 16· s. Il donne une idée de l'importance qu'avait alors l'évêché de Dol. A l'extérieur, côté sud, s'élèvent le grand porche* (14• s.) et le petit porche (13• s.). Au nord, la cathédrale offre l'aspect d'une forteresse.

A l'intérieur, le vaisseau atteint 100 m de long. Dans le chœur, on admire la verrière** à médaillons du 13• s. qui a été restaurée, les 80 stalles (14· s.) et le trône épiscopal en bois sculpté (16• s.). Dans le croisillon gauche, on remarque le tombeau de l'évêque Thomas James, gouverneur du château Saint-Ange à Rome, exécuté par les Florentins Antoine et Jean Juste (16• s.).

Le Faouët

Chapelle Saint-Fiacre• La façade offre l'un des plus beaux exemples bretons de clocherpignon. A l'intérieur, le jubé** (1480) retient l'attention• côté nef, des statues figurent les scènes de la Tentation d'Adam et Ève, de !'Annonciation et du Calvaire; d'autres, côté chœur, personnifient le vo l (un homme cueillant des fruits sur un arbre), l'ivresse (un homme vomissant un renard), la luxure (un couple), la paresse (un sonneur breton). A voir également, les beaux vitraux du 16• s. • dans le chœur, la Passion; dans le bras droit du transept, la vie de saint Jean-B aptiste; dans le bras gauche, !'Arbre de Jessé et la vie de saint Fiacre .

Au nord de Lorient, la chapelle SaintFiacre du Faouët (15• s.) abrite un magnifique jubé en bois polychrome de style flamboyant.

113

BRETAGNE

Le Folgoët Finistère (29)

Basilique Notre-Dame** L'ORIGINE DE L'ÉDIFICE La magnifique basilique Notre-Da me du Folgoët dresse son impressionna nt clocher au nord de Brest et de Landerneau, dans un village qui lui doit toute sa renommée.

Au milieu du 14e s., un pauvre innocent nommé Salaün vi t dans un bois, près d'une source située aux environs de Lesneven . Il ne connaît que quelques mots qu'il murmure sans cesse : « ltron Gwerc'hez Vari » (Dame Vierge Marie) Après sa mort, un lys pousse sur sa tombe; le pistil dessine en lettres d'or « Ave Maria». En creusant la terre, on s'aperçoit que la plante sort de la bouche de Salaün. On se trouve alors en pleine guerre de Succession. Le prétendant Montfort fait le vœu, s'il triomphe, d'élever à la Vierge une somptueuse chapelle. Après sa victoire d'Auray, il fait bâtir l'édifice : l'autel sera placé au-dessus de la source où buvait le fol. Les travaux sont terminés en 1423. La chapelle est saccagée à la Révolution. Pour la sauver de la pioche des démolisseurs, douze paysans se cotisent et l'achètent. Rendue au culte à la Restauration, elle a été peu à peu remise en état.

E,térieur La basilique montre une forme en équerre inhabituelle : du chœur se détache la chapelle de la Croix dont le mur oriental prolonge le chevet plat. Cette chapelle possède un beau porche* orné des statues des apôtres. La fontaine de Salaün, où viennent boire les pèlerins, s'ouvre contre le mur du chevet, à l'arrière de l'édifice. Elle est alimentée par la source située sous l'autel.

Intérieur La basilique abrite un chefd'œuvre de l'art breton du 1ses. : le jubé**· admirablement sculpté dans le granit. De belles roses du 1ge s. ornent la chapelle de la Croix et l'abside. La statue de NotreDame-du-Folgoët date du 1Ses.

Guimiliau Fm1stere (29)

Enclos paroissial** Ca lvaire•• Dressé vers 1581-1588, il comprend plus de 200 personnages. Sous une grande croix portant la Vierge, saint Jean, saint Pierre et saint Yves, pas moins de 17 scènes déclinent la Passion. Un motif original illustre l'histoire de Katell-Gollet, ou Catherine la Perdue, une jeune servante damnée pour avoir donné une hostie consacrée au diable, qui avait pris l'apparence de son amoureux illégitime. Aux extrémités des contreforts se trouvent les évangélistes. Quant aux personnages de la frise, ils composent, sans ordre chronologique, les épisodes de la vi e de Jésus.

Ce village doit sa célébrité à son remarquable enclos paroissial. qui compte parmi les plus riches du Finistère.

115 BRETAGNE

Église* Témoins de la ferveur religieuse et de la prospérité des ports du 15' au 17' s., les enclos paroissiaux sont une réalisation originale de l'art breton. D'autres exemples se trouvent à Lampaul-Guimiliau (voir p.118), Pleyben (voir p. 120) et Saint-Thégonnec (voir p. 127).

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Cet édifice du 16• s. a été reconstruit dans les styles gothique flamboyant et Renaissance au début du 17• s. Élément remarquable: le porche méridional**· dont les voussures constituent une intéressante imagerie de la Bible et de l'Évangile. La statue de saint Miliau, patron du lieu, couronne le fronton. L'intérieur du porche offre également un bel exemple de décoration bretonne : au-dessous des statues des apôtres, la frise égrène rosaces, tresses et scènes de l'Ancien Testament Sur le côté gauche, près de la date 1606, on peut voi r la Création de la femme. A l'intérieur, à gauche de l'entrée, se dresse un magnifique baptistère** baroque, en chêne sculpté (1675). A la tribune d'orgue, trois bas-reliefs* du 17• s. : face au baptistère, le Triomphe d'Alexandre; du côté de la nef, David jouant de la harpe et Sainte Cécile à l'orgue. La chaire* (1677) est ornée, aux angles, des statues de quatre sibylles. Le chœur, dont le vitrail central date de 1599, est fermé d'une balustrade du 17• s. On trouve de droite à gauche : le retable de saint Joseph, avec saint Yves, patron des avocats, entre le riche et le pauvre, et saint Hervé, accompagné de son loup; le retable de saint Miliau; enfin, le retable du Rosaire aux quinze mystères en médaillon, surmonté d'une Trinité.

Kernascléden Morbihan (56)

Église Notre-Dame•• Bien que l'église ait été consacrée en 1453, au moins trente ans avant la chapelle Saint-Fiacre du Faouët (voir p. 773), la légende rapporte qu 'elles ont été bâties par les mêmes ou vriers, les anges transportant les compagnons et leurs outils d 'un chantier à l'autre. L'intérêt de cette égl ise réside dans le souci de perfection apporté au x moindres détails. Le clocher, très fin, les pinacles à fleurons, les roses, au délicat réseau, contribuent à décorer l'édifice sans surcharge inutile. Sur le flanc droit s'ou vrent deux porches . Le porche* de gauche, le plus vaste, est orné des statues des apôtres. A l'intérieur, les voûtes et les murailles surmontant les grandes arcades sont décorées de fresques** (15• s.) représentant des épisodes de la vie de la Vierge et du Christ. Les plus belles sont Je Mariage et !'Annonciation (côté gauche du choeur) et les Funérailles de la Vierge (côté droit). Au-dessus de l'arc triomphal (côté choeur) est figurée la Résurrection du Christ. Dans le bras gauche du transept sont peints huit anges musiciens. Sur les murailles du croisillon droit, on peut encore voir les fragments d 'une danse macabre et d 'une représentation de l' Enfer (face à l'autel), oeuvre originale par la variété des supplices imaginés, et unique dans Je Morbihan pour l'association des deux thèmes. Également, quelques statues du 15• s. : Notre-Dame de Kernascléden à gauche du maître-autel, un saint Sébastien et une Pietà dans la nef.

Cette église du 15e s. abrite de magnifiques fresques qui justifient à elles seules le détour par ce coin reculé de !'Argoat.

fabrication flamande où l'on voit, dans les huit compartiments, des personnages en haut-relief d'un réalisme saisissant de vie. Deux panneaux encadrent l'autel. Ils évoquent, à gauche, la Nativité de la Vierge - scène rare en Bretagne - et à droite, le martyre de saint Miliau : ce roi de Cornouaille eut la tête tranchée par son frère, ja loux du trône. Les quatre autres retables sont dédiés à sainte Anne, saint Mathurin, sainte Marguerite et sa int Laurent (avec le gri l de son su pplice).

Lampaul-Guimiliau Finistère (29)

Enclos paroissial* Facilement reconnaissable à la flèche tronquée de son clocher, cette comm une a la chance de posséder un enclos paroissial complet. Si le ca lvaire n'est pas aussi spectaculaire que d'autres du voisinage, l'église sédui t par l'incroyable richesse de sa décoration et de son mobilier qui forment un ensemble très harmonieux.

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Il recèle une porte triomphale en plein cintre, surmon t ée de trois croix (1669). L'anci en ossuaire appe lé chap elle funéraire (1667) est accolé à l'arc et possède des contreforts couronnés de lanternons. A l'intérieur, on peut voir l'autel de La Trinité, les statues de saint Roch, de saint Sébastien, de sa int Pol et de son dragon. Plus ancien, le calvaire date du début du 16• s.

Dans le bas-côté gauche se tient une remarquable pietà du 16• s. dont les six personnages sont taillés dans un seul bloc de bois. Un e vitrine abrite les bannières qui sont exhibées lors du pardon de La mpaul, en mai, et du pardon de Sainte-Anne, en août.

A voir aussi: la touchante Mise au tombeau* (1676) en tuffeau polychrome, due à un sculpteur de la Marine, Anthoine (Antoine de Chavagnac); interpelle particulièrement l'expression du Christ.

Église•• Saint Pol-Aurélien , premier évêque du Léon , trône sur son pignon . L'abside et la sacristie, ajoutée en 1679, forment un bel ensemble où se mêlent les styles gothique et classique. Sur le flanc droit se dressent les statues des douze apôtres. La flèche de la tour-clocher du 16• s. a été tronquée par la foudre en 1809. En entrant dans l'église, on remarque les entraits sculptés, mais aussi et surtout la très belle poutre de gloire* du 16• s. qui traverse la nef; elle porte un crucifix, entre les statues de la Vierge et de saint Jean. Les faces sont ornées de sculptures : côté nef, épisodes de la Passion; côté chœur, douze sibylles (prêtresses d'Apollon qui auraient annoncé la venue d'un Sauveur) séparées par le groupe de !'Annonciation. Au bas du bas-côté droit, le baptistère*, richement décoré, date de 1651 ; plus haut, un bénitier du 17• s. représente deux diables se débattant dans l'eau bénite ! Mais ce qui frappe le plus dans l'église est certainement la présence de six retab les dont les plus importants et les plus riches sont placés de chaque côté du chœur. A droite, l'autel de saint Jean-Baptiste* est décoré de bas-reliefs dont le plus intéressant, à gauche, représente la Chute des anges, une scène inspirée de Rubens. A gauche du chœur, l'autel de la Passion** est orné d'un retable de

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{ :. BRETAGNE

Pleyben Finistère (29)

Enclos paroissial** Calvaire•• La grande curios ité de Pleyben est son enclos paroissial, le plus imposant de Bretagne, qui montre une maîtrise artistique d'autant plus impressionnante qu'elle s'appuie sur un matériau difficile à travailler : le granit.

Construit en 1555 près du porche latéral de l'église, il fut déplacé en 1738 et prit l'aspect du monument actuel en 1743. Entre-temps, de nouveaux motifs vinrent l'enrichir: la Cène et le Lavement des pieds datent de 1650. L'énorme piédestal aux portes triomphales met en valeur les personnages de la plate-forme, qui se détachent sur le ciel en une très belle ordonnance.

Église• Ce vaste édifice est dominé par deux clochers dont le plus remarquable, à droite, est une tour** Renaissance, couronnée par un dôme à lanternons. L'autre clocher, de style cornouaillais, porte une flèche gothique reliée à la tourelle d'angle par une galerie aérienne. A l'intérieur, la nef présente une voûte* lambrissée du 16• s. : ses nervures et sa remarquable sablière sont sculptées et peintes de sujets mythologiques ou sacrés. Au centre du chevet, le vitrail* de la Passion date du 16' s. Sont également intéressants : la chaire, le buffet d'orgues, le groupe du Baptême du Christ (au-dessus des fonts baptismaux) et de nombreuses statues polychromes.

Quimper Finistère (29)

Cathédrale Saint-Corentin** L'histoire de ce bel édifice débute au 13• s. avec la construction du chœur. Le transept et la nef sont ajoutés au 15• s. La première flèche brûle au 17• s. Deux flèches de granit la remplacent en 1854-1856, époque où l'on surélève les tours. Superbement restaurée, jusqu'à ses orgues et ses vitraux, la cathédrale a retrouvé la luminosité du style gothique flamboyant. Entre les flèches, on aperçoit la statue d'un personnage à cheval : le roi Gradlon.

Nef Sur la droite, la rampe d'escalier de la chaire (1679) est ornée de basreliefs retraçant la vie de saint Corentin.

Chœur Il présente une déviation accusée, qui a suscité bien des hypothèses : elle symboliserait la tête penchée du Christ sur la croix, ou serait due à l'instabilité du sol sur les rives de l'Odet ... Plu s probablement, les bâtisseurs de la cathédrale y ont intégré la chapelle de la Victoire : ce petit sanctuaire antérieur, décalé sur la gauche, a été rattaché au nouveau chœur. A gauche du chœur, le décor d'une chapelle relate la légende de saint Corentin, premier évêque de Quimper (5• s.) qui se serait retiré en ermite sur les pentes du Ménez-Hom. Il man geait chaque jour une part du poisson qu'il trouvait dans la fontaine. Le lendemain, le poisson était miraculeusement entier ..

Les flèches de la cathédrale Saint-Corentin jaillissent au cœur de Quimper, ancienne capitale de la Cornouaille. Elles ombragent d'étroites venelles. bordées de maisons à colombages. dont les noms évoquent les corporations du Moyen Âge.

Vitratia• Ils garnissent les fenêtres hautes, principalement dans la nef et le transept où ils ont été restaurés au 19• s. On remarque une nette évo lution entre les vitraux ~ du chœur et ceux de la nef et du transept, respectivement exécutés au début et à la fin du 15• s. .2 A cette époque, dessin et modelé a'

j

t BRETAGNE

Les églises romanes étaient entièrement peintes, à l'intérieur comme à l'ext érieur. Prolongeant cet te tradition, les maîtres d'œuvre du 1s• s. parèrent les voûtes d'un flamboi ement de couleurs, qui f urent malencontreusement effacées au 19' s. selon l'austère parti pris de l'époque. Grâce à une minutieuse restau ration, parements et piliers ont retrouvé leur décor polychrome.

atteignent une grande maîtrise. Au x couleurs basiques des premiers vitrau x - rouge et bleu , gris et jaune d'argent - s'ajoutent des teintes vives et très nuancées : des bruns, des pourpres, des verts ... Ils représentent des chanoines, des seigneurs et des châtelaines de Cornouaille, à genoux, entourés de leurs saints patrons.

Chapelles latérales

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En faisant le tour de la cathédrale, longue de 92 m, on découvre des œu vres intéressantes, dont quatre gisants des 15• s. et 16• s. Dans la première chapelle à gauche, le saint Jean-Baptiste en albâtre est une œuvre anglaise du 15• s. Quant à la première chapelle à droite, elle abrite une M ise au tombeau du 18• s., réplique de celle de la cathédrale de Bourges.

Quimperlé Finistère (29)

Église Sainte-Croix•• Élevée au 11 es. selon un plan circulaire et cruciforme s'inspirant de celui du Saint-Sépulcre de Jérusalem, elle a dû être réédifiée (sauf l'abside et la crypte) en 1862, quand son clocher s'est effondré. L'abside•• (chœur), avec ses arcatures, ses colonnes, ses chapiteaux et ses fenêtres, est un très bel exemple d'art roman en Bretagne. S'y distingue, adossé à la façade, le retable• Renaissance en pierre, partie d'un ancien jubé. On aperçoit dans la première crypte (19e s.) une émouvante Mise au tombeau de 1500. De son côté, l'ancienne crypte**, vestige de l'église primitive, possède de remarquables chapiteaux et deux tombeaux du 1ses. à gisants, dont celui de saint Gurloës que l'on invoquait pour guérir les maux de tête.

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Au nord de la forêt de Carnoët, Quimperlé conserve bon nombre de ses maisons médiévales et une belle église, remarquable par son plan circulaire et ses vastes dimensions.

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Rennes Ille-et-Vilaine (35)

Cathédrale Saint-Pierre*

Entre ruelles médiévales et façades classiques. la cathédrale de Rennes surprend : c'est l'une des seules de style néoclassique en France.

Elle fut achevée en 1844, après cinquante-sept ans de travaux. Menaçant de s'effondrer, le précédent édifice fut démoli à partir de 1762, à l'exception des deux tours (16e-17e s.), de style classique, qui encadrent la façade. Les ducs de Bretagne s'y faisaient couronner. À l'intérieur*, le visiteur est frappé par l'aspect austère de la nef. Celle-ci est bordée de 44 colonnes ioniques et couverte d'une voûte en plein-cintre décorée de blasons. Dans la chapelle précédant le croisillon droit, le retable** en bois sculpté et doré mérite attention. Par ses dimensions et son exécution, cette œuvre flamande du 16e s. est l'une des plus importantes du genre. Les scènes représentent la vie de la Vierge.

Saint-Pol-de-Léon Finistère (29)

Chapelle du Kreisker• Le beau clocher**· haut de 78 m, fait la célébrité de cette église du 14•-15• s. Il est inspiré de la flèche de Saint-Pierre de Caen, mais l'édifice breton, réalisé dans le granit, surpasse son modèle. Vauban a dit son admiration pour « cette merveille d'équilibre et d'audace ». La partie haute, avec sa flèche, relève du style normand; la partie basse, avec le quadrillage de ses meneaux et la balustrade de son balcon en surplomb, témoigne du style perpendiculaire anglais. A l'intérieur, l'église est couverte de berceaux de bois; la seule voûte de pierre réunit les quatre énormes massifs qui soutiennent le clocher, dans le carré du transept. On peut monter à la tour (179 marches). De la plateforme se dégage un très beau panorama** sur la ville, l'île de Batz, la côte et les monts d'Arrée.

« Toute la ville est une immense église », dit Mérimée au 19e s.

Ancienne cathédrale Saint-Paul-Aurélien• Les fondations datent du 12• s.; la nef, les collatéraux, la façade et les tours des 13• et 14• s.; les chapelles latérales, le chœur et l'abside des 15• et 16• s. Les arch itectes se sont inspirés de la cathédrale de Coutances et ont employé du calcaire normand pour la nef; le reste est en granit. La ma rque bretonne se retrouve dans les clochetons à la croisée du transept ainsi que dans les porches. Du côté nord, entre l'ég li se et les bâtiments de l'ancien évêché (mairie), un jardin public permet de voir le mur du transept nord avec des éléments d'époque romane. Le flanc sud possède un beau porche; au -dessus de la rosace, on aperçoit une sorte de chai re d'où étaient lues les sentences d'excommunication. La façade est dominée par deux tours hautes de 50 m. De la terrasse qui surmonte le porche était donnée la bénédiction épiscopale. La petite porte, sous la tour de droite, était réservée aux lépreux.

125 BRETAGNE

Le pays de Léon, territoire qui couvrait le nord du Finistère actuel jusqu'à Brest, avait pour capitale et évêché la ville de Saint-Pol-de-Léon, dont le premier évêque au 6' s. fut saint Paul, d it !'Aurélien . li a donné son nom à la ville .

126

À l'intér ieur, on remarquera le sarcophage roman qui sert de bénitier, un vitrail de 1560, la grande rosace du 15• s., les tombeaux d 'évêques du Léon et deux retables du 17• s. Mais ce sont les stalles• sculptées du chœur (16• s ) qui retiennent l'attention. Au-dessu s des enfeus contre le chœur, à droite da ns le déambulatoire, 34 « boîtes à chef » en bois abritent des crânes exhumés de l'ég lise ou du cimetière.

Saint-Thégonnec Finistère (29)

Enclos paroissial** Les habitants de Saint-Thégonnec, fortune faite dans l'é levage de chevaux et la manufacture de toile, ont initié l'implantation d'artisans spécialisés dans la réalisation d'ouvrages religieux. Pendant deux siècles, du 15• au début du 18• s., ils n'auront de cesse d'enrichir leur enclos paroissial pour en faire l'un des plus imposants de Bretagne. On pénètre dans l'enclos par la porte triomphale•. En plein cintre, elle est couronnée de lanternons superposés (1587).

Chapelle funéraire• Souvent appelée ossuaire, elle fut construite de 1676 à 1682. Dans la crypte, sous l'autel, le Saint Sépulcre• à personnages sculptés dans le chêne et peints (1699-1702) est une œuvre du Breton Jacques Lespaignol. Au fond de l'ossuaire, le trésor comporte des pièces d'orfèvrerie, dont une croix processionnelle en vermeil (161 O).

Calvaire** Il fut élevé en 161 O. Sur le socle, des groupes de personnages figurent des scènes de la Passion . Au-dessous, une niche abrite la statue de saint Thégonnec avec le loup qu'il attela à sa charrette, après que son âne eut été dévoré par une meute. La légende dit que c'est cet attelage inhabituel qui charria les pierres nécessaires à la constructi on de l'église. La plate-forme est surmontée d'une croix à deux traverses portant des personnages et de deux croix plus simples pour les larrons. Scène délicate : les anges recueillant le sang qui s'écou le des plaies du Christ.

Ce village possède un magnifique enclos paroissial, fleuron du patrimoine breton par son caractère monumental. Le calvaire et l'église en sont les pièces maîtresses, mais chaque élément de ce riche ensemble Renaissance des 16e et 17c s. mérite la visite, ne serait-ce que pour en observer les détails.

Église* Le seul vestige de l'église d'origine est le clocher (1563) du pignon situé à gauche de la tour Renaissance couronnée d'un dôme. Au-dessus du porche se dresse la statue de saint Thégonnec. Dans les niches des contreforts d'angle, les statues figurent !'Annonciation, saint Jean et saint Nico las. Sous le porche, il reste quatre statues d'apôtres. L'intérieur, en partie ravagé par un incendie en juin 1988, a été magnifiquement restauré. La chaire•• est l'un des chefs-d'œuvre (1683) de la sculpture bretonne. Les angles de la cuve sont ornés des vertus cardinales (prudence, tempérance, force, justice). Sur les quatre panneaux figurent les évangélistes. Sur le méda illon du dossier, Dieu donne à Mo·ise les Tables de la Lo i.

Moine originaire du pays de Galles, saint Thégonnec s'installa en Armorique au 6• s. en vue de son évangélisation, et légua son nom à la bourgade.

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BRETAGNE

L'abside et les deux bras du transept sont couverts de boiseries* des 17• et 18• s.; celles du retable du Rosaire*, à gauche, représentent la Vierge et l'Enfant remettant le rosaire à saint Dominique et à sainte Catherine (a u cent re et en bas), ainsi que la Vierge et saint Laurent présentant au Christ une âme délivrée des flammes du purgatoire (au -dessus).

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Tréguier Cô es-d Armor (22)

Cathédrale Saint-Tugdual** Ce monument porte le nom du premier évêque qui occupa, au 6• s., l'un des sièges épiscopaux les plus importants de la Bretagne médiévale. Moine originaire du pays de Galles, il avait fui les Pictes et les Saxons pour fonder un monastère dans la région. C'est pour l'honorer que les Trégorrois ont construit l'une des plus belles cathédrales bretonnes (14•-15• s.). Trois tours reposent sur le transept. Celle du croisillon sud (18· s.) s'élève à 63 met s'ouvre par le« porche des Cloches» (1438) surmonté d'une belle fenêtre* flamboyante. Inachevée, la tour du Sanctuaire, de style gothique, occupe la croisée . La tour Hastings, romane, est le seul témoin de la cathédrale du 12• s. Avec ses arcades gothiques élégamment travaillées dans le granit, la nef paraît lumineuse. Une frise, sculptée en tuffeau plus tendre, court sous le triforium. Les voûtes nervurées « à la Tudor» sont éclairées par des fenêtres hautes. Les vitraux de Hubert de SainteMarie, maître verrier de Quintin, illustrent des thèmes bibliques (scènes de l'Ancien Testament à gauche, au nord, et l'Évangile à droite, au sud). Le tombeau de saint Yves, saint patron des avocats, date de 1890 : il reproduit le monument érigé au 15• s. par le duc de Bretagne Jean V - le gisant de Jean V, sculpté en 1945, se trouve dans la chapelle du Duc. Le bras gauche du transept est limité par la tour Hastings. Les beaux arcs romans partent d'un lourd pi lier acco lé de colonnes aux chapiteaux sculptés. En dessous apparaissent les portes de la sacristie et du cloître. Dans le déambulatoire, la 3• chapelle abrite un Christ du 13• s., en bois, dit « de Trémel ». Le chœur contient 46 stalles* Renaissance aux miséricordes sculptées. Le bras droit du transept est magistralement éclairé par la Grande Verrière* : la vigne mystique se mêle aux fondateurs des sept évêchés bretons, aux saints du terroir et aux métiers bretons. Un intéressant groupe en bois du 15• s., Saint Yves entre le riche et le pauvre, se trouve près du porche sud. Dans le bas-côté droit, on notera encore les enfeus sculptés de cheva liers en armure, du 15• s.

Lové au fond d'un estuaire des Côtesd'Armor, Tréguier étage au flanc d'une colline sa cathédrale, ses ruelles et ses maisons à pans de bois. L'ancienne cité épiscopale forme un ensemble très séduisant, à quelques encablures de la superbe côte de Granit rose .

Trésor Il présente, entre autres, le reliquaire du chef de saint Yves. Cette châsse en bronze doré du 19· s. s'appuie au mur de fondation de la tour Hastings, que certains est iment du 11 • s. 129 BRETAGNE

Dans ses Souvenirs d'enfance et de jeunesse, Ernest Renan qualifie la cathédrale de Tréguier de« paradoxe architectural» et de« chef-d'œuvre de légèreté, fol essai pour réaliser en granit un idéal impossible».

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Cloître• Adossé à l'évêché, il forme un bel ensemble du 15• s. encadrant une croix de calvaire. Derrière ses 40 arcades flamboyantes en granit de l'île Grande et de Pluzumet, des voûtes à charpente boisée et sablière abritent des gisants (15•-17• s.) et des personnages sculptés . Sous l'Ancien Régime, les galeries étaient louées à des marchands ambulants à l'occas ion des fo ires.

Vannes 56)

Cathédrale Saint-Pierre* Érigée du 13• au 19• s., la cathédrale n'a conservé de la construction d'origine que la tour gauche, surmontée d'une flèche moderne. Mais la chapelle* en rotonde, qui fait saillie sur le mur de la nef, offre un exceptionnel témoignage de la Renaissance en Bretagne ; elle a été construite en 1537. Les murs extérieurs développent deux étages d'une belle décoration sculptée où alternent, au rez- de-chaussée, des niches à frontons curvilignes et triangulaires. On pénètre dans l'église par le beau portail du transept (gothique flamboyant, avec niches Renaissance). A l'entrée à gauche, un tableau évoque la mort de saint Vincent Ferrier en présence de la duchesse de Bretagne. L'intérieur de la chapelle en rotonde, dont le dôme est orné de caissons, (bas-côté gauche) accueille son tombeau, tandis que la chapelle absidiale et les chapelles de la nef découvrent de nombreux autels, retables, tombeaux et statues des 17• et 18• s. La nef (15• s.) a perdu une part de son caractère d'origine : les lourdes voûtes du 18• s. ont réduit son élévation tout en masquant la charpente lambrissée.

Lovée au fond du golfe du Morbihan, Vannes associe de superbes maisons à colombages, des remparts fleuris et ... une animation intense en été. Sa robuste cathédrale vaut alors comme un refuge loin de l'agitation .

BRETAGNE

Normandie

76 SEINE-MARITIME

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ORMANDIE

133

Normandie

134

Alençon p. 137

Bayeux p. 138

Caen p. 140

Ancienne abbaye de Cerisy-l a-Forêt p. 144

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Le Havre p. 156

Honfleur p. 158

Abba ye de Jumièges p. 160

Lessa y p. 164

Coutances p. 146

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Lisieux p. 166

p. 149

Évreux p. 150

Fécamp p. 152

Abbaye de Hambye p. 154

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Eu



Abbaye du MontSaint-Michel p. 168



Rouen p. 174



Abbaye SaintGeorges-deBoscherville p. 182



Sées p. 184

Crédin photographiques. les photos cl-contre

som extraites des pages du chapitre

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A·ençon 0

e 61)

Basilique Notre-Dame• La construction de ce beau monument de style flamboyant a déb uté pendant la guerre de Cent Ans, sous l'occupation anglaise, à l'emplacement d'une ancienne église romane. La tour, le transept et le chœur furent reconstruits au 18• s. Le sanctua ire a rang de basilique depuis 2009 . Véritable dentelle de pierre, le porche* à trois pans est une œuvre de Jean Lemoine qui l'éleva de 1490 à 1506. Au milieu du gâble se trouve une Transfiguration : le Christ ayant à ses côtés les prophètes Moïse et Élie ; au-dessous, les apôtres Pierre, Jacques et Jean, ce dernier tournant le dos à la rue, attitude très rare dans la statuaire religieuse. D'après la légende, le saint se serait retourné, frappé d'horreur, pendant les guerres de Religion ! Dès l'entrée, l'envolée de la nef vous saisit. Les ogi ves sont abondamment décorées. Un joli triforium vient se confondre avec les dessins des fenêtres hautes pour former un ensemble très homogène.

La capitale de l'Orne cultive l'art du détail : de sa célèbre dentelle réalisée à l'aiguille depuis Colbert aux dentelles de pierre de sa basilique NotreDame, l'ancien fi ef ducal marie la finesse à la bonhomie normande.

A regarder absolument : les vitraux* exécutés vers 1530 par des maîtres verriers d 'Alençon et du Ma ine pour les fenêtres hautes. La 1'· chapelle du bas-côté gauche, fermée par de belles grilles modernes, est celle où fut baptisée Thérèse Martin, future sainte Thérèse de Lisieux, née à Alençon le 2 janvier 1873 (sa maison natale, au 50 rue St-Blaise, se visite). Les vitraux illustrent l'événement et, la robe de la sainte est visible au-dessus des fonts baptismaux.

137 NORMANDIE

Bayeux Calvados (14)

Cathédrale Notre-Dame••

Bayeux, capitale du Bessin, offre le charme d'une agréable cité médiévale et épiscopale. La cathédrale continue à veiller sur les vieilles ruelles , les hôtels particuliers bayeusains et la tapisserie dite « de la reine Mathilde », témoignage d'une valeur unique, brodée à la fin du 11 •s. pour orner sa vaste nef.

La cathédrale est le siège de l'ancien évêché de Bayeux, créé par saint Exupère au 4• s., devenu diocèse de Bayeux-Lisieux en 1855. Le chevet de ce très bel édifice roman et gothiq ue normand se développe harmonieusement. Des arcs-boutants étayent le chœur flanqué de deux clochetons. La tour centrale date du 15• s. mais son couronnement, « le bonnet », a été refait au 19• s. suite à une campagne de restauration lancée par Viollet-le -Duc. La façade est pourvue de deux tours romanes. Le portail représente, au tympan, l'histoire de saint Thomas Becket, archevêque de Canterbury, assassiné dans sa cathédrale sur l'ordre d'Henri Il Plantagenêt.

A l'intérieur, les fenêtres hautes et les voûtes sont du 13• s. mais les grandes arcades appartiennent au plus beau style du 12• s. Leur décoration est un exemple typique de la sculpture romane normande. La chaire baroque a été sculptée en 1786 par le Bayeusain Jean -Louis Mangin. Dans le croisillon droit les murs sont ornés de deux peintures intéressantes du 15• s., figurant la Vie de saint Nicolas et la Crucifixion. Le chœur, à trois niveaux, avec son déambulatoire et sa couronne de chapelles rayonnantes, est un magnifique exemple d'architecture gothique normande. Les stalles sont l'œuvre d'un artiste caennais de la fin du 16• s. Le maître -autel, dont les six candélabres en bronze ciselé, le tabernacle et la croix ont été exécutés par Caffieri aîné, est une œuvre majestueuse du 18• s. Aux voûtes du chœur, remarquer les peintures représentant les premiers évêques de Bayeux. Les 3· et 4• chapelles, à droite, abritent des fresques du 15• s.

Crypte La crypte (11 • s.) s'étend sous le chœur. El le est divisée en trois petits vaisseaux, chacun comprenant six travées. Au-dessus des chapiteaux, d'une remarquable finesse, les fresques du 15• s. représentent des anges musiciens. A gauche, un enfeu (tombe encastrée dans un mur) abrite une statue gisante de chanoine (15• s.).

Salle capitulaire

Page de droite: la chaire du 18' s.

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Cette belle construction gothique date de la fin du 12• s. Les voûtes, refaites au 14• s., reposent sur des consoles décorées de personnages grotesques ou de monstres. Le pavage de la sa lle, fait de brique émaillée (1 5· s.), forme un labyrinthe au centre. Au fond de la salle, le carrelage de la contremarche laisse voi r des scènes de chasse. Sur le bureau a été signé le procès de béatification de sœur Thérèse de l'Enfant-Jésus. - - - - · - - - - - - - - - - - - - - - - - - - ~--

NORMANDIE

en plein cintre et de trois portes romanes. On retrouve ici la sévérité de l'art de Ravenne et de Lombard ie transmis par Lanfranc. L'austérité de la façade est cependant atténuée par les deux tours (11 • s.) fusant vers le ciel. Elles sont coiffées de flèches octogonales ajoutées au 13• s., entourées de clochetons et de lucarnes, dans le style gothique normand .

Caen Calvados (14)

Abbaye-aux-Hommes** Capitale administrative et technologique. Caen n'oublie pas sa prestigieuse histoire. celle d'une cité choisie comme résidence par Guillaume le Conquérant. Terrib lement éprouvée par les bombardements de la Seconde Guerre mondiale, la ville aux deux abbayes offre aujourd'hui un visage rayonnant.

Magnifiquement restauré, l'édifice, qui a servi de refuge à des milliers de Caennais lors des terribles bombardements de 1944, n'a rien perdu de son charme: l'église et les bâtiments conventuels constituent, malgré leurs styles différents, un remarquable ensemble historique et architectural.

Église Sa int- Éti enne** C'est l'église de l'ancienne abbaye fondée par Guillaume le Conquérant qui nomma son bras droit, Lanfranc, comme premier abbé. Lanfranc inspira probablement les plans de l'abbatiale. Commencée dans le style roman vers 1066 - année de la conquête de l'Angleterre -, elle est consacrée en 1077; son admirable cheveH* est reconstruit au 13• s. L'art roman a produit peu d'œuvres plus saisissantes que la façade occidentale, dominant aujourd'hui la petite place Monseigneur-desHameaux. Pas de porche ciselé, pas de rosace, mais un mur-pignon soutenu par quatre puissants contreforts, percé de deux rangées de baies

L'immense nef aux larges arcades en plein cintre est très peu ornée. La construction des voûtes sexpartites au 12• s. a modifié l'ordonnance des fenêtres hautes. Au revers de la façade, les orgues, exécutées en 1747, sont encadrées par deux atlantes. A gauche en entrant, on remarque dans la chapelle Halbout !'Adoration des Mages de Claude Vignon. A la croisée du transept, la tour-lanterne, élevée au 11 • s., a été refaite au début du 17• s. Dans le croisillon gauche, la tribune est occupée par une grande horloge du 18• s. entourée de boiseries. Au 13• s., un chœur gothique fut substitué au chœur roman. Avec son déambulatoire et ses chapelles rayonnantes, il est le premier en date des chœurs gothiques normands, auxquels il servit de modèle. Avec le style gothique apparaissent des motifs décoratifs nouveaux : chevrons, rosaces dans les écoinçons des arcades latérales, trèfles ajourant le tympan des baies des tribunes, chapiteaux à crochets et à feuillages. On est impressionné par l'ampleur des tribunes qui surmontent le déambulatoire et l'élégance des arcades centrales.

Né près de Pavi e, Lanfranc du Bec (1 010-1089) entre à l'abbaye d u Bec-Hellouin en 1042. Proche conseiller du d uc Guillaume, cet homme auss i cult ivé qu'éloq uent fut nommé par celui-ci abbé de Saint-Étienne de Caen, avant de suivre son maître en Angleterre . Là , il fait déposer l'archevêque de Canterbury et prend sa place en 1071, entreprenant alors de réformer l'église d'Angleterre et de faire reconstruire sa cathédrale . Lanfranc sera béatifié après sa mort.

Devant l'autel se trouve une dalle avec épitaphe. Elle marque l'emplacement où a été inhumé le seul reste de Guillaume le Conquérant : un fémur. Au 16• s., l'église fut en effet mise à sac par les huguenots, qui profanèrent la sépulture du duc-roi, à l'origine située sous la tour-lanterne, en dispersant son squelette aux quatre vents.

Bâtim ents conventuels Donnant sur les jardins à la française de l'esp lanade Louvel, ils abritent l'hôtel de ville depuis 1965. Reconstruits au 18• s., ils conservent de très belles boiseries**· En entrant dans l'aile est, on visite d'abord le chauffoir des moines, puis l'ancienne salle du chapitre, garnie de remarquab les boiseries en chêne clair: elle conserve des peintures du 17• au 19• s.

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Un vestibule, d'où s'élève un escalier à rampe en fer forgé (18• s.), donne accès au cloître (18• s.), aux voûtes d'arêtes ornées de caissons octogonaux. A l'angle des galeries sud et

141 NORMA NDIE

est du cloître, se révèle une très belle vue** sur les deux tours de Saint-Étienne et le flanc sud de l'église. Par une porte chantournée, on pénètre dans le parloir, grande salle ova le couverte d'une curieuse voûte elliptique. Sur le cloître ouvre également le réfectoire aux somp tueuses boiseries de chêne de la fin du 18• s. L'escalier d'honneur est d'une surprenante hardiesse, avec sa rampe en fer forgé ornée de motifs floraux, et qui est comme suspendu dans le vide. Dans la cour, la salle gothique, dite salle des Gardes*, sert actuellement de salle de réunion.

Abbaye-aux-Dames* Fondée en 1062 par la reine Mathilde, épouse de Guillaume le Conquérant, cette abbaye constitue le pendant « féminin » de l'Abbaye-aux-H ommes.

Église cle la Trinité** Cette ancienne église abbatiale de style roman, élevée au 11 • s., adoptait à l'origine le plan bénédictin classique à absidioles. La vaste nef de neuf travées en est un bel exemple. Le transept est très ample. La jolie chapelle (13• s.) qui se greffe sur le croisillon droit était utilisée comme salle capitulaire. Au centre du chœur repose le tombeau de la reine Mathilde. Au début du 18• s., la voûte en cul-de-four a été décorée d'une fresque. La crypte est admirablement conservée. Les voûtes d'arêtes reposent sur 16 colonnes serrées qui séparent cinq vaisseaux. Parmi les remarquables sculptures des chapiteaux, on peut voir des éléphants, ou encore un Jugement dernier.

Bâtiments abbatiaux C'est depuis le jardin à la française situé dans la cour d 'honneur que l'on peut admirer le mieux les façades des bâtiments abbatiaux, aujourd'hu i siège du conseil régional de Normandie. Le cloître, dont le quatrième côté ne fut jamais construit, est la réplique de celui de l'Abbaye -auxHommes. Il donne accès à une petite pièce ova le, le lavabo . Dans le réfecto ire, des pilastres à chapiteaux ioniques et deux colonnes qu i encad raient le siège de la mère abbesse subs istent. On passe ensuite dans le Grand Vestibule, véritable carrefour de l'abbaye qui dessert l'abbatiale et d'où part un harmonieux esca lier à double volée.

Église Saint-Pierre* Cet édifice frappe par le luxe de son ornementation. Commencé au 13e s., il a été terminé au 15e s. dans le style Rena issance. Son imposant clocher (78 m de haut) avait été abattu en 1944; mais le« roi des clochers normands» a été reconstruit, de même que la partie de la nef qu'il avait écrasée. Le cheveH* (1518-1545) est remarquable par la richesse de son décor Renaissance. L'intérieur est très composite et on remarque immédiatement l'orgue moderne (Jean-François Dupont, 1997) suspendu à gauche au milieu de la nef. Les cinq premières travées (14e s.) sont couvertes de simples croisées d'ogives. Certains chapiteaux* sont décorés de sculptures représentant des scènes tirées des bestiaires du Moyen Âge et des romans de chevalerie. Sur le 3e pilier de gauche sont ainsi figurés Aristote menacé du fouet par Campaspe, maîtresse d'Alexandre, le Phénix au milieu des flammes (symbole de Résurrection), Samson brisant la mâchoire du lion, ou encore le pélican nourrissant ses petits, évocation de l'Amour divin. Vers le chœur, chaque ogive est agrémentée d'une clef de voûte* pendante finement ouvragée. La plus étonnante, celle de la cinquième ogive au-dessus du maîtreautel, haute de 3 m, supporte une statue de saint Pierre dont on peut voir l'original dans le bas-côté droit. Le chœur est fermé par quatre arcades surmontées d'une frise** de style gothique flamboyant au décor exubérant de fleurs et de f eu ill ages. Jusqu'à 2,75 m du sol, le style est encore gothique ma is, à mesure que le regard s'élève, l' influence de la Renaissance s'accentue pour triompher aux voûtes** dues à Hector Soh ier. Chaque chapelle possède une voûte très ouvragée : leurs clefs pendantes donnent l'impression de véritables stalactites.

Outre ses deux abbayes. Caen possède une remarquable église gothique et Renaissance , l'église Saint-Pierre, dont le décor sculpté est exceptionnel.

Ancienne abbaye de Cerisy-la-Forêt** Manche (50)

f;glise abbatiale**

Il faut découvrir ce chef-d'œuvre de l'art roman normand en venant de l'est, après avoir traversé la forêt de Cerisy. L'église semble surgir, majestueuse et inattendue, dans un écrin de verdure. li convient de prendre son temps pour découvrir le site : l'édifice, d'une grande beauté, mérite que l'on s'en imprègne. www .abbaye-ce ri sy.fr

L'imposante silhouette de l'ab baye se détache particulièrement bien au-dessus du plan d'eau qui la met en va leur. Il est difficile d'imaginer qu'elle est un des premiers témoins de l'art roman en Normandie, fondé en 1032 par Robert le Magnifique, père de Guillaume le Conquérant En approchant, on cherche la façade que l'on croit cachée par les bâtiments conventuels. Et la surprise est grande, car ne se dresse qu'un simple mur aveugle : en 1811 ont été détruits quatre des sept travées de la nef et l'ancien porche gothique ajouté au 13e s. ; sur le parvis, en subsistent les vestiges sur un pan de mur sur la droite, qui attestent la longueur de l'édifice originel. La façade actuelle reprend la cloison qui séparait l'église des moines de celle des paroissiens. Bien qu'amputée, l'église reste un trésor d'architecture, admirable par son élévation. Son principal atout est sa luminosité, ainsi que l'incroyable harmonie qui impressionne le visiteur dès l'entrée. Les grandes arcades de la nef du 11° s. sont surmontées d'une galerie; des colonnes reliées par des arcs en plein cintre formant coursière encadrent les fenêtres hautes. Le chœur (stal les exécutées vers 1400) et l'abside reproduisent la disposition à trois étages de la nef : l'œil est irrésistiblement attiré par les fines nervures de la voûte de l'abside* qui sont d'u ne extrême élégance. Une exposition permanente sur l'art roman en Normandie est installée dans le bas-côté droit À l'extérieur, il faut contourner l'église pour découvrir l'ensemble remarquable formé par le cheveb avec l'étagement de l'abside, du chœur et du clocher.

Bâtiments conventuels

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Leur origine remonte au 13es. Ils ont été achetés sous la Révolution comme bien national et leurs pierres malheureusement vendues pour construire des maisons ou paver des chemins. Musée lapidaire - Installé dans une salle basse voûtée d'ogives, on y voit des fragments de statues et une collection de pavements décorés des 14e et 1SeS.; au fond, restes d'un cachot avec des graffitis des 1Seet 16eS. Chapelle de !'Abbé - Construite au 13es. à la suite d'un don de Saint Louis, c'est une très belle réalisation de l'art gothique en Normandie. Se distinguent, à droite, le double lavabo sous deux arcs géminés en plein cintre et, au-dessus de l'autel, les fresques du 1ses. Une armoire préserve une belle collection d'ornements sacerdotaux : étoles, chasubles, chapes. Salle de Justice - Elle regroupe le mobilier des moines, des documents et des manuscrits.

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Coutances Manche (50)

Cathédrale Notre-Dame*** Du haut de sa colline. Coutances veille sur le bocage alentour. dominée par la cathédrale coiffée de ses deux hautes flèches. Par l'heureux équilibre de ses proportions et la pureté de ses lignes. cet édifice constitue une merveille d'architecture gothique.

Geoffroy de Montbray, une de ces grandes figures des prélatschevaliers dont le duc Guillaume avait su s'entourer, achève la première nef romane de la cathédrale en 1056. Puis, grâce à la générosité des fils de Tancrède de Hauteville, conquérants de la Sicile, il fait bâtir le chœur, le transept, la tour centrale et la façade flanquée de deux tours octogonales ... avant que l'ensemble ne soit entièrement repris dans le style gothique normand au 13• s. ! La nef actuelle est élevée dans la première décennie (sur la base romane), puis le transept achevé vers 1225, et le chœur une quinzaine d'années plus tard. L'édifice, tout en verticalité, constitue « le plus fameux fleuron de l'art gothique en Normandie ».

Ex téri eur La façade porte, au-dessus de la grande fenêtre, un couronnement qui s'achève par une superbe galerie. Cette profusion de lignes ascendantes, admirable dans les détails, mène à l'envolée finale des flèches en écailles (78 m). L'audacieuse tour-lanterne de la croisée du transept, encadrée de tourelles en poivrière, est remarquable par la finesse de ses nervures et l'étroitesse de ses ouvertures.

Intéri eur

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Du fond de la nef, la vue sur l'ensemble de l'édifice est exceptionnelle: la sobre élégance des lignes montantes lui confère une rare distinction. De chaque côté de la nef, les grandes arcades sont couronnées de tribunes dont les baies, surmontées de rosaces aveugles, ont été bouchées. Au-dessus, à la base des fenêtres hautes, court une autre balustrade d'un dessin différent. Dominant la croisée, l'exceptionnelle ~ tour-lanterne*** octogonale, dite le i « plomb », haute de 41 m sous voûte, est la ~ plus remarquable de ce type en Normandie. ~

Dans le croisillon nord, on remarquera les trois plus anciens vitraux de la cathédrale (13• s.). Dans le croisillon sud, un vitrail du 14• s., très sombre, représente le Jugement dernier. Au pied du gros pilier droit de la croisée du transept, la belle statue de Notre-Dame de Couta nces (14• s.), particulièrement vénérée par les Coutançais, a été sauvée du bombardement de l'église Saint-Nicolas en 1944. Le chœur est plus large que la nef. li offre le même exemple de simplicité architecturale. Les chapelles rayonnantes sont peu profondes, et chacune de leurs voûtes se combine avec la voûte correspondante des travées du déambulatoire pour n'en former qu'une. La chapelle du chevet, la « Circata », diffère totalement des autres chapelles. Reconstruite et agrandie dans la seconde moitié du 14• s. par Sylvestre de la Cervelle, elle présente des colonnettes peintes et des chapiteaux ornés de feuillages d'où émergent des animaux et des figurines .

Parties hautes•• Proposée par l'office de tourisme de la ville, cette promenade remarquable à l'intérieur d'une tour de façade et dans le grenier d'un bascôté se termine par les galeries du troisième étage et le sommet de la tour-lanterne. Le panorama, immense, englobe Granville, les îles Chausey, Jersey et, par temps très clair, le mont Pinçon à 60 km.

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Eu Seine-Maritime (76)

Collégiale Notre-Dame-et-Saint-Laurent• Elle est dédiée à la Vierge et à saint Laurent O'Toole, primat d'Irlande, mort à Eu en 1180 et dont les restes sont conservés dans la collégia le. C'est un bel édifice gothique (12•-13• s) dont l'abside a été refaite au 15• s. Viollet-le-Duc a procédé à une restauration généra le au 19• s. Extérieurement, le chevet et les bas-côtés, aux nombreux contreforts surmontés de clochetons et de pinacles, attirent l'attention . L'intérieur se signale par l'ampleur et l'harmon ie des proportions. La nef conserve un très bel orgue en chêne somb re sculpté et orné de statues, datant de 1614. Dans la chapelle absidiale se trouve la statue de Notre-Dame d'Eu attribuée à l'un des frères Anguier. Une belle statue de la Vierge (16• s. ) se dresse dans la chapelle du croisillon gauche. Dans la 2• chapelle du déambulatoire, à droite (chapelle du Saint-Sépulcre), un dais flamboyant couvre une Mise au tombeau* du 15• s. En face, magnifique tête de Christ de douleur (15• s.). Juste sous le chœur, la crypte, antérieure

à la collégiale et voûtée d'ogives, a été restaurée en 1828 par les soins du duc d 'Orléans, futur Louis-Philippe, qui y regroupa les mausolées des comtes d'Eu et de la maison d'Artois (14•-1 5• s.), profanés à la Révolution. Contre le mur à gauche, on remarque le gisant de saint Laurent O'Too le (12• s.).

À une encablure de la mer et à deux pas de la forêt, la charmante petite ville d'Eu , où Louis-Philippe installa ses quartiers d'été à la fin du 19• s. , s'étale au pied de sa belle collégiale.

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Evreux Eure (27)

Cathédrale Notre-Dame** Capitale religieuse et administrative du département de l'Eure, Évreux mérite une visite approfondie pour la qualité de son patrimoine historique, architectural etarLl sLlque, dont le joyau est la cathédral e Notre-Dam e.

Elle est le miroir des heures sombres et glorieuses d'Évreux. De la cathédrale primiti ve du 10• s., refaite entre 1119 et 1193 puis incend iée, subsistent les grandes arcades de la nef. Le chœur s'élève en 1260; au 14· s. viennent s'ajouter les chapelles des bas-côtés et du déambulatoire. A nouveau brûlée en 1356, l'église n'est restaurée que sous Louis XI, dans la seconde moitié du 15• s. La tour-lanterne, les croisillons du transept (sauf la façade nord) et la chapelle de la Mère-de-D ieu datent de cette époque. Début 16• s., le maître d 'œuvre Jean Cossart élève la magnifique façade du croisillon nord et son portail. La campagne de construction se termine par le remaniement de la tour sud, dans le style Henri Il, et l'achèvement- au 17• s. seulement- de la tour nord. Au 20• s., les parties hautes ont gravement souffert. En juin 1940, tandis que le « clocher d 'argent », flèche de plomb, se consumait, les tours ouest perdaient leur tête. Leur reconstruction a été menée à bien et la tour sud a retrouvé sa balustrade et ses pinacles. Enfin, la flèche de la cathédrale a été remplacée en 1973.

Extéri eur Les fenêtres des bas-côtés ont été refaites au 16• s. dans le st yle flamboyant. Le portail nord compose un ensemble très homogène où l'art flamboyant, à son apogée, déploie toute sa maîtrise de décoration.

Intérieur À l'entrée de la nef on peut voir le grand orgue avec ses volets verticaux. Conçu et réalisé par l'architecte Bruno Decaris et le facteur d'orgue Pascal Quoirin , il a été inauguré en 2007.

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La nef, entièrement restaurée, conserve ses robustes arcatures romanes où s'appuient un triforium rythmé de baies gothiques. Les bases de la tour-lanterne, œuvre d'une belle envolée, offrent un décor flamboyant. Fermé par une superbe grille de fer forgé (18• s.), le chœur forme un ensemble harmonieux où règne la lumière. Les vitraux* de l'abside, au dire du grand spécialiste du Moyen Âge Émile Mâle, sont « les plus beaux du 14• s. et d'une limpidité délicieuse ». De jolies clôtures de bois* Renaissance desservent le déambulatoire dont l'entrée sud est surmontée d'un vitrail montrant Louis XI agenouillé devant Notre-Dame. La première chapelle à droite, la chapelle du Trésor (15• s.), est - chose unique - close par de grosses barres de fer terminées par des crochets et des piquants, auxquels se greffe une armature qui se fixe aux murs à la hauteur de la fenêtre. Les ferrures des portes sont remarquablement ciselées. La clôture* de la quatrième chapelle est un véritable chef-d'œuvre de composition et d 'exécution. En particul ier les figures en haut-relief de la partie inférieure. Les vitraux sont qua nt à eux du début du 14• s.

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Dans l'axe de l'édifice, la chapelle de la Mère-de-Dieu, construite grâce aux largesses de Louis XI, renferme une belle série de verrières (15• s.). Les pairs de France ayant assisté au sacre du roi sont représentés dans les parties hautes. La fenêtre centrale porte un Arbre de Jessé; la Vierge s'entoure de nombreux personnages. Deux fenêtres plus loin, côté droit, se tient Louis XI lui-même. Charmante et vénérée, la statue de la Mère-de-Dieu (fin 15• s.) orne l'autel.

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Fécamp Seine-Maritime (76)

Abbatiale de La Trinité• UN PEU D'HISTOIRE

Établi au 1Üe S. par l'abbé clunisien Guillaume de Volpiano, le monastère de Fécamp rayonna dans tout le duché de Normandie. La belle abbatiale de La Trinité témoigne de ce riche passé monastique.

Dès le 7• s., un monastère abrite l'insigne relique du Précieux Sang, miraculeusement échouée à Fécamp. A la fin du 10• s., le duc de Normandie Richard I·' fait de Fécamp une résidence ducale. Une communauté de chanoines s'y établit En 1003, Guillaume de Volpiano, abbé qui a déjà appliqué la réforme issue de Cluny à plusieurs monastères, se fixe à Fécamp avec une colonie monastique. La nouvelle abbaye prend une importance considérable et rayonne sur tout le duché. Avant le développement du Mont-Saint-Michel, Fécamp est le premier pèlerinage de Normandie. Les ducs viennent traditionnellement y faire leurs pâques. Dès le 11 • s., trouvères et jongleurs, objets d'une protection spéciale de la part des abbés du lieu, contribuent à propager la gloire du Précieux Sang et de La Trinité de Fécamp.

Extérieur

LA TRINITÉ

L'église de la fin du 1o• s., incendiée par la foudre, est reco nstruite aux 12•-13• s. Des remaniements ont été menés du 15• au 18• s. L'hôtel de ville, accolé au flanc nord, occupe les bâtiments monastiques . Par sa longueur (127 m), l'abbatiale peut rivaliser avec nos grandes cathédrales (Notre -Dame de Paris : 130 m). La façade est de style classique, tandis que les flancs de la nef frappent par leur aspect sévère. Sur le côté sud se distingue le portail latéral; le tympan de la porte intérieure offre un excellent exemple de décoration gothique normande. La tour-lanterne, de plan carré, haute de 65 m (tours de Notre-Dame : 69 m), s'élève sur la croisée du transept, dans la tradition normande.

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Intérieur La nef, située en contrebas, compte dix travées aux proportions majestueuses. La belle tour-lanterne s'élève d'un seu l jet à 40 m au -dessus du sol. Deux groupes de personnages provenant de l'ancien jubé encadrent l'autel. Le croisillon droit abrite l'admirable Dormition de la Vierge* (fin du 15• s.) (1). A droite de celle-ci, un reliquaire sculpté (15 • s.) abrite le « pas de l'ange ». En 943, lors de la consécration de l'édi fice, un ange pèlerin apparaît tandis que les évêques délibèrent sur le patronage à donner à l'église. Il ordonne de dédier le sanctuaire à la Sainte et Indivisible Trinité et laisse l'empreinte de son pied sur la pierre ici conservée. Le chœur est magnifique par ses dimensions. Les stalles (2), le baldaquin et le maître-autel (3), dessinés par l'artiste rouennais Defrance, sont de belles œuvres du 18• s. Derrière le maître-autel on découvre l'autel Renaissance (4). Les chapelles des bas-côtés du chœur et les chapelles rayonnantes ont reçu au 16• s. de magnifiques clôtures* sculptées. Dans la quatrième chapelle à droite est placé le tombeau de l'abbé Thomas de Saint-Benoît* (5), mort en 1307; le soubassement est décoré de scènes évoquant les légendes de l'abbaye. La chapelle de la Vierge*, refaite au 15• s., forme un ensemble indépendant de style flamboyant. Ses boiseries à médaillons (18• s.) sont les anciens dorsaux des stalles du chœur. Les vitraux datent du 13• au 16• s. Face à la chapelle, adossé au chœur, le tabernacle du Précieux Sang* (7), en marbre blanc.

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15m

1. Dormition de la Vierge (fin du 15' s.). 2. Stalles. 3. Maître-autel. 4. Autel Renaissance. 5. Tombeau de l'abbé Thomas de Saint-Benoît 6. Tombeaux d'abbés 7. Tabernacle du Précieux Sang 8. Tombeau de Guillaume de Volpiano

Les deux chapel les rayonnantes suivantes sont les seuls vestiges de l'église romane incendiée par la foudre. La chapelle du Sacré-Cœur abrite le tombeau (17• s.) de Guillaume de Volpiano, premier abbé de Fécamp (8)

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Abbaye de Hambye** Manche (50)

Église abbati ale**

À partir du moment où Napoléon la fit vendre. l'abbaye de Hambye, que la Révolution avait épargnée, eut à subir des mutilations de toutes sortes. Et pourtant, ce remarquable édifice construit au début de la période gothique n'a rien perdu de sa beauté : ses ruines sont d'une majesté sobre et sereine qui inspire le recueillement, sentiment que le paysage environnant ne peut que renforcer.

L'abbaye a été fondée par Gui llaume Payne!, seigneur du lieu, vers 1145. L'étroite nef date en revanche du 13• s. Seule sa dernière travée était dotée de collatéraux. La nef fut prolongée au 14· s. de trois travées dépourvues de bas-côtés. L'a spect sévère du monument est atténué par la finesse des baies à lancettes. Au-dessus de la croisée du transept, autrefois surmontée d'une voûte d'ogives à huit branches dont le départ est encore visible, s'élève un clocher carré percé, à l'étage supé rieur et sur chaque face, de deux baies en plein cintre. Le choeur gothique, avec ses arcades aiguës, son déambulatoire et ses chapelles rayonnantes, est de dimensions exception ne 11 es . Au centre, deux dalles funéraires marquent la sépulture de Jeanne Payne! et de son mari, Louis d'Estouteville (15• S.).

est évoquée l'histoire de l'abbaye. On visite, autour de l'ancien cloître, plusieurs salles dont les plus remarquables sont: la cuisine, avec sa cheminée monumentale; le scriptorium ou chauffoir, dont le mur est creusé d'un potager servant à maintenir les plats au chaud ; la sa lle des Morts ou parloir, abritant une pietà en bois polychrome du 15• s. Fleuron du gothique normand du 13• s., la lumineuse salle capitulaire, bâtie en pierre de Caen, conserve de son décor peint une scène du Lavement des pieds. A l'étage de la porterie, belle collection de toiles de Hambye du 19• s. utilisées pour la décoration des lits-alcôves.

Bâtiments conventuels

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Édifiés dans un schiste austère, ils ont traversé les siècles sans dommages. Le réfectoire des convers accueille des expositions temporaires, tandis que dans le dortoir, à l'étage, NORMANDIE

Le Havre Seine-Maritime (76)

Église Saint-Joseph•• Construite après la Seconde Guerre mondiale, cette église aux allures de cathédra le constitue le chef-d'œuvre d'Auguste Perret.

En 1945, la ville ancienne au plan en damier, créé en 1541 par l'italien Bellarmato (quartier Saint- Franço is), est dévastée. Tout en conservant le tracé des rues, la reconstruction a suivi un plan d'urbanisme moderne conçu par Auguste Perret (1874-1954), le« magicien du béton armé ». Au cœur de ses préoccupations: la lumière, l'espace et la qualité de vie . C'est dans cet esprit qu'il reconstruit la ville en proposant aux Havrais une alternance de petits ensembles de quelques étages et de tours avec de nombreuses places aérées, plantées d'arbres. On lui doit aussi l'hôtel de ville, sa place et l'église Saint-Joseph. C'est l'ensembl e de cette œuvre, pour son unité et son intégrité et parce qu'elle a su associer les structures historiques encore existantes aux idées nouvelles d'urbanisme et de construction, qui vaut au Havre de figurer aujourd'hui au patrimoine mondial de !'Unesco. Véritab le phare vu de la mer, l'église Saint-Joseph est sans nul doute l'écho havrais des gratte-ciel new-yorkais. Construction des années 1950, en béton brut, surmontée d'un clocher octogonal haut de 107 m, l'édifice caractérise bien l'a rt d'Auguste Perret par la sobriété de ses lignes. L'église est le fruit de la collaboration du maître et de Marguerite Huré, artiste verrier qui imagina et joua la partition de la lumière naturelle grâce aux 12 700 verres colorés an imant sa façade et son clocher.

Intéri eur*** De plan carré, l'espace intérieur est traité avec une saisissante économie de moyens, est aussi grandiose que fu t uriste. Seize piliers en béton, groupés par quatre, supportent la tour lanterne, entièrement ajourée. Les petits vitraux multicolores s'éclaircissent vers le sommet du clocher, accentuant le formidable élan vertical de la structure. Leurs couleurs se reflètent, au rythme du mouvement du so lei l, sur les 800 sièges t ype« cinéma » tournés vers le maître -autel central.

Honfleur Calvados (14)

Église Sainte-Catherine** Sur l'estuaire de la Seine qu'enjambe l'impressionnant pont de Normandie, aux portes du pays d'Auge et de la Côte de Grâce si bien nommée, Honfleur distille toute l'année le parfum des vacances. On flânerait des heures le long du Vieux Bassin , à travers les vieilles rues pleines de charme et de colombages, et autour de Sainte-Catherine.

C'est au 15• s., après la guerre de Cent Ans, alors qu'on s'arrachait maçons et architectes pour la « reconstruction », que les « maîtres de hache » de Honfleur, impatients de remercier Dieu du départ des Anglais, décidèrent de construire eux-mêmes l'église, presque entièrement en bois. Un chef-d'œuvre de menuiserie ! L'intérieur se compose de nefs jumelles et de deux bas-côtés. Chaque nef se recouvre d'une voûte de bois à charpente apparente soutenue par des piliers de chêne, en forme de carène renversée. Les panneaux sculptés ornant la tribune sont du 16• s. Les belles orgues datent du 18• s.

Clocher Sa inte-Catherine* www.musees-honfleurfr Cette robuste construction de chêne, recou verte d'essences de châtaignier, repose sur un large soubassement qui abritait la maison du sonneur (en silex taillé, briques et pans de bois). Le clocher est isolé de l'église, car la charpente en bois n'aurait pu supporter le poids des cloches. C'est aujourd'hui une annexe du musée Boudin. Des œuvres religieuses y sont exposées, principalement des objets d'art sacré (statue de moine en bois polychrome du 16• s., Christ en verre), des ornements et des torchères utilisés par les confréries de charité.

NORMANDIE

Abbaye de Jumièges*** Seine-Maritime (76)

UN PEU D'HISTOIRE

Dans le paysage enchanteur de la vallée de la Seine. Jumièges reste l'« une des plus admirables ruines qui soient en France » (R. de Lasteyrie). L'imagination suffit pour reconstruire les tribunes. le bas-côté droit, la charpente de la nef. le carré du transept, l'hémicycle du chœur, les galeries du cloître ...

www.abbayedejumieges.fr

Au 10• s., le duc Guillaume Longue Épée relève de ses ruines l'abbaye de Jumièges, fondée par sa int Philibert au 7• s. et incendiée par les Vikings La nouvelle abbaye bénédictine s'adonne à l'étude et son savoir accroît sa renommée. L'église abbatiale est consacrée en 1067, après la conquête de l'Angleterre, par l'archevêque de Rouen, en présence de Guillaume, le nouveau conquérant. Les derniers moines se dispersent à la Révolution. En 1793, l'abbaye est adjugée aux enchères publiques à un marchand de bois de Canteleu qui l'utilise comme carrière et fait sauter, à la mine, la tour-lanterne de la magnifique église. Les ruines actuelles ont été sau vées en 1852 par leur propriétaire, M. Lepel-Cointet.

f;g lise abbaliale i\otre-Dame Deux tours de façade carrées, puis octogonales, hautes de 46 m, encadrent le porche d'entrée en saillie. Leurs flèches de charpente ne disparurent que vers 1830. La nef entière, haute de 25 m, est restée debout avec une partie du transept et du chœur. Au revers du porche, une large tribune s'ouvre sur la nef. Celle-ci, magnifique, est rythmée par l'alternance des piles fortes carrées, cantonnées de colonnes, et des piles faibles formées de colonnes; des collatéraux surmontés de tribunes voûtées d'arêtes soulignent son harmonie. La restauration récente a mis au jour des traces de polychromie, en particulier à la naissance du collatéral droit. Le transept a été en grande partie détruit au 19• s. De la tour-lanterne ne subsiste que le pan ouest, soutenu par un arc d'entrée dont la hauteur et la portée produisent un effet grandiose. Une mince tou relle au toit en poivrière y est accolée. Le chœur primitif, sur le pourtour duquel on a trouvé quelques vestiges du déambulatoire, a été agrandi aux 13• et 14• s. Il ne reste plus aujourd'hui qu'une chapelle voûté e.

f;glise Sa int-Pierre

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Le passage voûté, dit passage Charles-VII, dessert la petite église Saint-Pierre dont le porche et les premières travées de la nef illustrent bien l'architecture normande carolingienne, avec ses oculus et arcatures géminées. Les autres vestiges datent des 13• et 14• s. Le porche d'entrée, percé d'une arcade, s'encadre de deux petites portes suivies d'escaliers desservant les tours de galerie. Les deux premières travées forment un rare spécimen de l'architecture normande du 1o• s. Au -dessus des arcs en plein cintre, des médaillons étaient autrefois décorés de fresques. La ga lerie qui les surmonte ouvre sur la nef par de petites baies jumelées en plein cintre.

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Grand [Il;•_[j j Bâtiments conventue ls Un vieil if a grandi au centre du cloître, dont les quatre galeries comptaient 26 tra vées. Le réfectoire occupait le côté sud. À l'est, la salle capitulaire (début du 12e s.) ouvrait sur le cloître. Sa travée carrée et son abside se cou vraient d'ogives. À côté, la sacristie des reliques était voûtée en berceau et renforcée de contreforts. À l'ouest, le grand cellier date de la fin du 12e s. Son parement extérieur montre des baies encadrées d'arcades ou de tympans trilobés.

Parc Après un palier, un escalier du 17e s. à double révolution aboutit à une grande terrasse et aux jardins. Au-delà d'un grand parterre de gazon s'élève le logis abbatial, un majestueux bâtiment du 17e s. qui abrite quelques œuvres sculptées provenant de l'abbaye et accueille des expositions temporaires.

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Prisée des artistes romantiques au 19' S. , l'abbaye n'a cessé de se réinventer. Le monument est aujourd'hui tourné vers l'art et la création contemporaine, et se découvre dans toute sa splendeur grâce à une application 3D sur tablette et smartphone.

161 NORMANDIE

La légende raconte que pendant l'absence du roi Clovis Il (639-657) parti en Terre sainte, ses deux fils furent appelés à gouverner le royaume. D'abord sages, ils se révoltèrent bientôt contre leur mère, sainte Bathilde. Après le retour du roi, la reine les châtia en les faisant «énerver », c'està-dire sectionner les tendons des genoux. Mais Clovis 11 prit ses enfants en pitié et les confia au Seigneur, dans une embarcation lâchée sur la Seine, qui aboutit à Jumièges. Recueillis par saint Philibert, les deux Énervés y mèneront une vie de pénitence.

163 NORMANDIE

Lessay Manche (50)

Abbatiale Sainte-Trinité••

En bordure de sa lande, dont Barbey d'Aurevilly a célébré l'âpre poésie. Lessay réserve une agréable surprise au voyageur : son abbaye constitue l'une des expressions les plus parfaites de l'art roman en Normandie.

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Deux étapes marquèrent sa construction. Ala mort d'Eudes au Capel en 1098, on construisit l'abside, le chœur, le transept et deux travées de la nef avec les voûtes correspondantes. Quelques années plus tard on acheva les dernières travées de la nef. La magnifique ég lise romane fut reconstruite, avec beaucoup de soin, après la Seconde Guerre mondiale, en réemployant les matériaux anciens encore utilisables. L'abside, appuyée à un mur-pignon plat. apparaît dans toute la pureté de ses lignes. On remarquera le beau clocher carré et les toitures en schiste de La Hague.

Intéri eur En entrant par le portail du bas-côté sud, on est frappé par le plan, l'harmonie des pierres, la sobriété de la nef et du chœur. Barbey d'Aurevilly aurait déploré les verrières blanches de l'abbatiale lors d 'une visite en 1864. Les nouveaux vi traux, qui s'inspirent de manuscrits irlandais et dont l'esprit se retrouve dans certains chapiteaux, diffusent une lumière faiblement colorée. La galerie de circulation qui passe devant les fenêtres hautes contourne tout l'édifice dans l'épaisseur des murs. Le chœur précède une abside en cul-de-four éclairée de deux étages de fenêtres. Le mobilier, très sobre, contribue à la sérénité du lieu. Le maîtreautel est constitué d'une large dalle monolithe reposant sur deux supports massifs; derrière l'autel se dresse un Christ en bois de Lambert-Rucki . A droite du chœur, le baptistère occupe une chapelle du 15• s. La cuve baptismale, tirée d 'un monolithe blanc, repose sur un sol de galets. L'orgue date de 1994.

NORMANDIE

Lisieux Calvados (14)

Cathédrale Saint-Pierre•

C'est à sainte Thérèse que Lisieux doit sa notoriété actuelle. On se mêle donc aux pèlerins du monde entier pour visiter la basilique qui lui est dédiée. Mais la cité a également préservé une partie de son patrimoine médiéval , à l'instar de la cathédrale Saint-Pierre.

L'édifice, commencé vers 1170, a été terminé au milieu du 13• s. Sa façade surélevée aligne trois portails que dominent deux tours. Celle de gauche, inachevée, séduit par ses baies et ses colonnes d'angle. Sur le côté droit, au croisillon sud, s'ouvre le portail du Paradis. Les contreforts massifs, reliés par un arc surmonté d'une galerie, ont été ajoutés au 15• s. À l'intérieur, le transept est d'une grande simplicité; la tour-lanterne s'élève d'un seul jet au-dessus de la cro isée. La nef, très homogène, s'orne de baies aveugles; de robustes piliers cylindriques à chapiteaux circulaires supportent les grandes arcades. Contournant le chœur (13• s. ) par le déambulatoire, on gagne la vaste chapelle axiale où Thérèse Martin assistait à la messe. Cette chapelle a été remaniée dans un st yle flamboyant sur l'ord re de Cauchon (dont la tombe est encastrée à gauche de l'autel), devenu évêque de Lisieux après le procès de Jeanne d'Arc.

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Ci-contre: Cathédrale Saint-Pierre.

Page de gauche : Basilique Sainte-Thérèse

Basilique Sainte-Thérèse• L'imposante basilique néo-byzantine, inspirée du Sacré-Cœur de Montmartre, fut élevée entre 1929 et 1954. Construite pour accueillir les pèlerins venant prier sainte Thérèse, elle est l'une des plus grandes églises du 2oe s. (4 500 m 2 ; dôme de 95 m) Le campanile, dont la construction a été interrompue en 1975, s'élance à 45 m. Demeuré inachevé et terminé par une terrasse, il renferme le bourdon, six autres cloches et un carillon de 45 pièces. Au tympan du portail, des sculptures montrent Jésus enseignant les Apôtres, dues à Robert Coin. Des statues de la Vierge et de saint Joseph, protecteurs de l'ordre du Carmel, encadrent la porte centrale. L'immense nef, très colorée, se pare de marbres, vitraux et, sur le moindre centimètre carré, de mosaïques chatoyantes, œuvre de Pierre Gaudin .. Un reliquaire (croisillon droit), don du pape Pie XI, contient les os du bras droit de la sainte. La crypte à trois nefs (entrée à l'extérieur, sous les galeries) est entièrement décorée de mosaïques (vie de sainte Thérèse). Derrière le chevet de la basilique se trouvent les tombes des parents de la sainte, également béatifiés, et le chem in de croix monumental. Dans le cloître nord, un diorama retrace la vie de sa inte Thérèse.

Née en 1873, Thérè se Martin entre dès l'âge 15 ans au Carmel de Lisieux, où elle rédige« Histoire d'une âme», le« manuscrit de sa vie». Elle meurt en 1897, à l'âge de 24 ans, après une lente agonie. Elle est béatifiée en 1923 et canonisée en 1925. Le pèlerinage sur sa tombe prend alors toute son ampleur. Aujourd'hui, près de 800 000 visiteurs viennent chaque année à Lisieux.

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Abbaye du Mont-Saint-Michel*** Manche (50)

UN PEU D'HISTOIRE

Fondation et premiers pèlerinages Pourquoi le Mont-SaintMichel fascine-t-il autant? Certainement parce qu'au-delà de la beauté de son architecture et de la richesse de son histoire, un mystère s'en dégage, lié au rythme des marées, à la tombée du jour, au cri des mouettes rieuses. au sable mélangé aux herbus ... On ne peut aimer le Mont-SaintMichel sans prendre la mesure de l'immensité sauvage qui l'entoure. Le rocher et la baie ne font qu'un. C'est la raison pour laquelle l'un comme l'autre sont classés comme sites du patrimoine mondial par l'Unesco.

www.a bbaye-mo nt -sa int -michel.fr

L'archange saint Michel lui étant apparu trois fois en songe, Aubert, évêque d'Avranches, fonde vers l'an 708 un oratoire sur l'îlot granitique appelé alors le mont Tombe. Le lieu de culte est bientôt remplacé par une abbaye carolingienne, qui devient bénédictine en 966 . Peu de temps après la fondation du sanctuaire, les fidèles affluent au Mont, même pendant la guerre de Cent Ans . Les Anglais, alors maîtres de la région, accordent, moyennant finances, des saufconduits aux fidèles . L'hôtellerie et le commerce des « souvenirs » sont déjà florissants . Les pèlerins, appelés les « Miquelots », prennent des risques : la traversée de la baie n'allait pas sans enlisements ou noyades . C'est pourquoi le Mont fut également dénommé Saint-Michel-au -Péril -de-la-Mer.

De l'abbaye à la prison Au 17• s., les mauristes, religieux de Saint-Maur, sont chargés de réformer le monastère. Certains bâtiments sont rognés. La transformation de l'abbaye en prison, à partir du 18• s., ajoute encore aux déprédations. En 1874, l'abbaye et les remparts sont confiés au service des Monuments historiques. Ce n'est qu 'en 1963 que le site retrouvera en partie sa vocation d'origine avec l'installation de quelques religieux, qui assurent depuis une présence spirituelle permanente.

Les étapes de la construction Apporter des blocs de granit et les hisser à pied d'œuvre ne fut pas une petite affaire. L'arête du sommet étant fort étroite, on dut chercher appui sur les flancs du rocher.

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11 •-12• s. - Une église est bâtie (1017-11 44) au sommet du rocher. L'édifice carolingien antérieur est utilisé comme crypte (Notre-Damesous-Terre), pour soutenir la plate-forme où s'élèvent les trois dernières travées de la nef romane. 13°-16• s. - Édification de l'abbaye gothique (entrée à l'est). Les bâtiments conventuels sont élevés sur le flanc ouest du Mont et de part et d'autre de la nef. Sont également construits à cette époque : au nord, les bâtiments de la Merveille (1211 -1228) affectés aux moines, aux pèlerins, à la réception des hôtes de marque; au sud, les bâtiments abbatiaux consacrés à l'administration, au logement de l'abbé, à la garnison; à l'est, le châtelet et les défenses avancées (14• s.) qui protègent l'entrée. Le choeur roman de l'église, qui s'était écroulé, est rebâti (1446-1521) sur une nouvelle crypte. Plus magnifique encore, il est de style gothique flamboyant.

18•-19• s. - En 1780, les trois dernières travées de la nef sont démolies, ainsi que la façade romane. En 1897, on édifie le clocher actuel : surmonté d'une belle flèche que termine le saint Michel sculpté par Frémiet, il culmine à 157 m.

LE MONT-ST-MICHEL

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Les grands travaux du 21" S. Après une longue phase d'études, les travaux de désensablement du Mont-St-Michel se sont déroulés de 2006 à 2015. Le Couesnon a été doté d'un barrage dont l'action, conjuguée à celle des marées, doit chasser le sable et empêcher la prolifération des herbus. Le parking a été déplacé sur la côte, et des navettes assurent les liaisons jusqu 'au Mont. Enfin, l'ancienne digue, qui gênait la circulation naturelle des courants, a fait place à un pont-passerelle qui s'achève au pied du Mont, sur un gué aménagé en béton, afin de faciliter le passage des marées . Le Mont a bien récupéré son caractère maritime!

Défenses avancées Terrasse de l'Ouest

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La découverte du sanctuaire s'effectue à travers un dédale de couloirs et d 'escaliers, par étage et non par bâtiment ou par époque. On atteint le Grand Degré, escalier qui conduit à l'abbaye et que fermait une porte pivotante. Passé l'arche d'une ancienne porte, on pénètre dans une cour fortifiée domi née par le châtelet. Il se compose de deux hautes tours en forme de bombardes, dressées sur leur culasse et reliées par des mâchicoulis. Même dans cet ouvrage militaire, on retrouve le sens artistique du constructeur : la muraille est bâtie en assises alternées de granit rose et gris, d'un bel effet. De là part un escalier voûté en berceau surbaissé, peu éclairé : ce passage abrupt est appelé l'escalier du Gouffre.

Sallr cles Garcles ou porterir C'était la plaque tournante de l'a bbaye. Les pèlerins indigents étaient dirigés, en passant par la cour de la Merveille, vers l'aumônerie, tandis que les visiteurs de l'abbé et les fidèles se rendaient à l'église par l'escalier abbatial.

/\umônrrir Cette salle gothique, partagée en deux par une rangée de colonnes, a conservé ses voû tes romanes.

Grane! clegré intérieur Cet imposant escalier se développe entre les bâtiments abbatiaux et l'église. Il était défendu par un pont fortifié. Il aboutit à une vaste terrasse créée par l'arasement des trois dernières travées de l'église: la vue* s'étend sur la baie du Mont-Saint-Michel.

l~gli se•• Le chevet, avec ses contreforts, arcsboutants, clochetons et ba lustrades, est un chef-d'oeuvre de grâce et de légèreté. À l'intérieur, le contraste entre la nef romane, sévère et sombre, et le choeur gothique, élégant et lumineux, est saisissant.

Merveille••* Ce nom désigne les superbes bâtiments gothiques qui occupent la face nord. La partie est de ces constructions (1211-1218) comprend , de bas en haut, l'a umônerie, la sal le des Hôtes et le réfectoire ; dans la partie ouest (1218-1228) leur correspondent le cellier, la salle des Chevaliers et le cloître. Extérieurement, la Merveille a l'aspect puissant d'une forteresse, tout en accusant, par la noblesse et la pureté de ses lignes, sa destination religieu se. À l'intérieur, on se rend compte de l'évolution accomplie par le style gothique, depuis les salles basses qui expriment une simplicité presque romane jusqu'au cloître, chefd'oeuvre de finesse, de légèreté et de goût, en passant par l'élégance de la salle des Hôtes, la majesté de la salle des Chevaliers et la luminosité mystérieuse du réfectoire. NORMANDIE

Cloître***

Réfectoire**

Il est comme suspendu entre mer et ciel . Dans son espace clos, les arcades des galeries sont soutenues par de ravissantes colonnettes, disposées en qu inconce pour accentuer l'impression de légèreté. Leur ornementation comporte des sculptu res remarquablement fouillées, dans un décor de feui llage orné çà et là de fo rmes humaines et d'animaux. On y découvre également des motifs poét iques illustra nt l'art sacré. La teinte même des divers matériaux emp loyés ajoute à l' harmonie de l'ensemble. A droite de l'entrée, le lavatorium (lava bo) évoque la célébration du « lavement des pieds » qui se renouve lait tous les jeudis à l'abbaye.

L'impression est étonnante : il règne une belle lumière diffuse qui, à l'évidence, ne peut provenir des deux baies percées dans le mur du fond; l'acoustique y est remarquable. En avançant, on découvre l'artifice de l'architecte : pour éclairer la salle sans affaiblir la murai lle soumise à la forte pression de la charpente, il a ménagé des ouvertures très étroites et très hautes au fond d'embrasures. Une voûte lambrissée coiffe l'ensemble.

Sa lle des Hôtes* L'abbé y accueillait les rois (Saint Louis, Louis XI, François I•') et les visiteurs de marque. L'élégante salle (35 m de longueur), aux voûtes gothiques, présente deux nefs séparées par de fines colonnes. Lors des fastueuses réceptions, cette salle était divisée en deux par un grand rideau de tapisseries. Une partie servait de cuisine (deux cheminées) et l'autre, de salle à manger (cheminée d'ambiance).

Cryptes Des trois cryptes qui supportent les croisillons et le chœur de l'église abbatiale, la plus émouvante est Notre-Dame -sous-Terre. L'édifice carolingien, qui s'élève à l'endroit même où saint Aubert avait officié, est un simple rectangle de 8 m sur 9, divisé en deux petites nefs par deux arcades retombant sur un pilier central. Le lieu est saisissant, tant par le silence absolu qui y règne que par le souvenir des événements survenus il y a plus d'un millénaire. En revanche, la plus impressionnante est la crypte des Gros-Piliers* (15• s.), merveille de force et de grâce, avec ses dix piliers de 5 m de tour, dont le granit provient des îles Chausey.

Ancienne abbaye romane

Dans l'ancien ossuaire, la grande roue rappelle l'époque où l'abbaye faisait office de prison. Mue par cinq ou si x prisonniers qui marchaient à l'intérieur, cette roue servait à fa ire monter provisions et matériaux.

Après la petite chapelle Saint-Étienne, le grand escalier nord-sud conduit au promenoir des moines, longue salle à double nef dont les voûtes à croisées d'ogives marquent la transition entre le roman et le gothique.

Sa lle des Chevaliers* Majestueuse et très vaste (26 m sur 18 m), la pièce est divisée en quatre vaisseaux par trois rangs de robustes colonnes. Chauffée par deux grandes cheminées, elle était le scriptorium consacré aux travaux d'enluminure, à la copie de manuscrits, à la lecture et l'étude des textes re ligieux ou profanes.

Cellier Il est divisé en trois pa r deux lignes de piliers carrés qui soutiennent des voûtes d'arêt es . C'ét ait le magasin d'approvisionnement.

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Jardins de l'abbaye* Ils permettent d 'apercevoir la façade occidentale du Mont ainsi que la chapelle Sa int-Aubert.

173 NORMANDIE

Rouen Seine-Maritime (76)

Cathédrale Notre-Dame*** Capitale économique de la région et siège de l'archevêché de Normandie, Rouen est surnommée « la vi lle aux cent clochers». Dominant tous les autres, la cathédrale NotreDame est l'un des sommets de l'art gothique français. Immortalisé sur une trentaine de toiles du célèbre peintre Monet, l'édifice n'a rien perdu de sa légendaire beauté.

Commencée au 12• s., reconstruite au 13• s. suite au terrible incen die de 1200, la cathédrale est embellie au 15• s. par le maître d'œuvre Guillaume Pontifs, puis au début du 16• s. par Roland Leroux, qui lui donne sa physionomie définitive. Au 19• s., une flèche de fonte coiffe la silhouette bien reconnaissable de l'éd ifice. Très endommagée entre 1940 et 1944, l'église a été rendue au culte, mais les travaux de restauration se poursuivent.

Extérieur La cathédrale doit son charme à la variété de sa composition et à la richesse de son décor sculpté. La façade a servi de thème à la célèbre série imp ressionniste des Cathédrales de Rouen (1892-1894), peintes par Monet et composant une séquence continue de l'aube au crépuscule. Façade ouest - Cette immense façade hérissée de clochetons, prodigieusement ajourée, s'encadre de deux tours d'allure et de style différents : la tour Saint-Romain à gauche (12• s.), de style gothique primitif, et la grandiose tour de Beurre à droite. Commencée au 15• s. par Guillaume Pontifs dans le style flamboyant, cette dernière est achevée au 16• s. par Roland Leroux. Par manque de fonds, elle ne sera pas surmontée d'une flèche, mais simplement d'une couronne octogonale. Les portails Saint-Jean (à gauche) et Saint-Étienne (à droite) sont délicatement sculptés. Les deux tympans sont du 13• s. Ils sont surmontés de longues et étroites niches ornées de statues (14•-15• s.). Le portail central (début du 16• s.), flanqué de deux puissants contreforts pyramidaux, est dû à Roland Leroux. Ses ébrasements sont ornés de statues de prophètes et d'apôtres. Le tympan montre un Arbre de Jessé. Un gâble immense coupé par une galerie à claire-voie rehausse ce portail. Flanc sud -Avec un peu de recul, on aperçoit la tour centrale portant la flèche. Construite au 13• s., elle a été surélevée au 16• s. Celle d'aujourd'hui, en fonte, remplace depuis 1876 la flèche en charpente recouverte de plomb doré foudroyée en 1822. C'est la plus haute de France (1 51 m). Le portail de la Calende, chef-d'œuvre du 14• s., s'ouvre entre deux tours carrées (13• s.) dans le bras droit du transept. Les soubassements des ébrasements sont décorés de médaillons à quatre feuilles.

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Flanc nord - On le découvre en longeant la cour d'Albane fermée à l'est par une galerie de cloître. Un peu plus loin s'ouvre la cour des Libraires que ferme une splendide clôture de pierre de style gothique flamboyant (1482). Au fond de cette cour, le portail des Libraires, surmonté par deux hauts gâbles ajourés, possède un magnifique décor

sculpté.On s'arrêtera sur les médaillons à quatre lobes qui ornent les soubassements des ébrasements, ainsi que sur le détail des sujets : la plupart, tirés des bestiaires du Moyen Âge, sont traités avec ver ve et fantaisie. Ils prennent des formes extravagantes pour remplir les lobes des quatre-feuilles. Une grande rose et une claire-voie à fine balustrade s'inscrivent entre les deux élégants gâbles . L'ensemble dessert le bras gauche du transept. Le tympan (fin 13• s.) montre un Jugement dernier avec, au registre inférieur, la Résurrection des morts, d'une grande puissance de mouvement, et, au registre supérieur, la Séparation des bons et des méchants, où le sculpteur s'est complu dans des détai ls terrifiants.

La tour de Beurre (à droite) est ainsi nommée car elle a été en partie édifiée grâce aux «dispenses» perçues sur les fidèles autorisés à consommer du lait et du beurre en période de carême.

Intérieur Il dégage une impression de simplicité et d'harmonie en dépit des différences de style entre la nef et le chœur.

Nef - De style gothique primitif, elle se compose de onze travées à quatre étages : grandes arcades, « fausses » tribunes, galerie de circulation (triforium) et fenêtres hautes. Les chapiteaux sont à crochets

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Ci-contre, l'escalier de la Librairie

et à feuil lages . Les bas-côtés sont très élevés, car les tribunes, prévues à mi-hauteur ainsi qu 'en témoignent de curieux faisceau x de colonnettes, n'ont pas été exécutées.

Transept - Dominant la croisée du transept (5 1 m du sol à la clé de voûte), la saisissante tour-lanterne (1) est une œuvre remarquable de hardiesse. Les énormes piles, dont chacune ne compte pas moins de 27 colonnes, jaillissent jusqu'au sommet. Les revers des portails de la Calende et des Li braires ont reçu de beaux décors sculptés (14• s.). L'ornementation est la même pour les deux pignons : quatre grands fenestrages surmontés de gâbles à cro chets encadrent la porte et tapissent le mur. Des statues surmontées de dais sont placées sous les arcatures et entre les gâbles. Le croisillon nord, des Libraires, porte une grande rose aux vitraux du 14• s. Dans un angle s'é lève l'escalier de la Librairie* (2), œuvre de Guillaume Pontifs, s'ouvrant par une porte surmontée d'un gâble.

1. Tour-lanterne. 2. Escalier de la Librairie. 3. Christ de Clodion. 4 . Chape lle de Jeanne d'Arc. Vitraux de Max lngrand. 5. Déambulatoire. 6. Chapelle de la Vierge. 7. Tombeau de Louis de Brézé. 8. Retable.

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Portail St-Étienne

Chœur - Édifié au 13• s., c'est la partie la plus noble de la cathédrale, par ses lignes simples et la légèreté de sa construction. Son ordonnance présente un étage de grandes arcades très élevées et au tracé aigu, un triforium et un étage de fenêtres hautes dont trois sont ornées de vitraux du 15• s. représentant le Calvaire. Les piliers qui supportent les grandes arcades montrent de robustes chapiteaux circulaires (13• s.) à crochets ou à plantes stylisées. Le maître-autel, formé d'une dalle de marbre de la vallée d'Aoste, est dominé par le Christ de Clodion (3) en plomb doré (18• s.). De chaque côté de l'autel, les deux anges adorateurs de Caffieri proviennent de l'église Saint-Vincent détruite en 1944. Sous le chœur, la crypte du 11 • s. appartenait à la cathédrale romane. Elle garde encore son autel et son puits à margelle, profond de 5 m, toujours alimenté par une eau courante. Des fragments de colonnes, des chapiteaux romans trouvés au cours des fouilles y sont réunis. Le cœur de Charles X y est conservé dans un coffret encastré dans le mur de chevet. Le déambulatoire (5), qui comporte trois chapelles rayonnantes, abrite les gisants de Rollon, de Richard Cœur de Lion (fin du 13• s.), de Henri le Jeune (13• s.) et de Guillaume Longue Épée (14• s.). Également remarquables, les cinq verrières* du 13• s. La Vierge, saint Jean-Baptiste, saint Romain et divers prélats occupent le fond de la chapelle de la j Vierge (6) (14• s.) où saint Georges, au centre, terrasse le dragon. A gauche, le tombeau de Louis de ~ ~ Brézé* (7), sénéchal de Normandie et mari de Diane ~ de Poitiers, est une œuvre de la seconde Renaissance, exécutée de 1535 à 1544. Le retable comprend un beau tableau de Philippe de Champaigne de 1643, L'Adoration des bergers (8).

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Église Saint-Maclou**

Redevenue pimpante suite à sa restauration , l'église Saint-Maclou est une ravissante construction de style gothique flamboyant. 178

L'édifice, très homogène, est bâti entre 1437 et 1517. Fait notable: en pleine Renaissance, le style gothique a été conservé. Seule la flèche du clocher est moderne. Un grand porche à cinq arcades disposées en éventail et trois portails animent la magnifique façade. Le portail central et celui de gauche portent des vantaux** Renaissance. Chacun se divise en deux parties : le vantail proprement dit, orné de petites têtes de lion (bronze) et de dessins païens, et le panneau supérieur, où s'inscrit un médaillon. Les médaillons du portail central représentent la Circoncision (à gauche) et le Baptême du Christ (à droite); le dessus des battants montre Dieu le Père avant la Création (à gauche) et après la Création

(à droite). Celui du po rtail gauche représente le Bon Pasteur à l'entrée de la bergerie. Des statuettes (Samson, David, Mo.Ise et Salomon) soutiennent ce motif; les figures humaines en arrière évoquent l'Erreur : paganisme gréco-romain, religion égyptienne, islam .

A l'intérieur, le buffet d'orgues* (1521 ) se pa re de bel les boi series Renaissance; des colonnes de marbre le soutiennent, dues à Jean Goujon. L'escalier à vis* (1517), magnifiquement sculpté, vient du jubé de l'église . Dans le chœur, la chapelle Notre-Dame-de-Pitié (à gauche) aux boiseries du 13e s. abrite le Christ et les deux anges, éléments de la « Gloire » ornant le rond-point du 13e s.

NORMANDIE

Abbatiale Saint-Ouen** Le chantier de construction de l'abbatia le s'ouvre en 1318. Ralenti par la guerre de Cent Ans, il s'achève au 16• s.

L'ancienne abbatiale du 14e s., dédiée au Normand sa int Ouen, compte par mi les joyaux du gothique rayonnant.

Extérieur Le cheveb*, au x chapel les rayon nan t es au x toitures indépendantes, s'anime de fins arcs-boutants et pinacles. À la croisée du transept, la tour cent rale* flanquée aux angles de tourelles est surmontée d'une couronne ducale. Sur la façade du croisillon sud, au-dessus de la grande rose, s'alignent dans les remplages d'un pignon flamboyant des statues de sa ints, de rois et de reines de Juda . En dessous, le gracieux porche des Marmousets étonne par les ogi ves de la voûte qui retombent d'un côté, non sur des colonnettes , mais dans le vide, sur deux audacieux pendentifs .

Intéri eur La nef, d'une architecture légère, frappe par l' harmonie de ses proportions. Dès l'entrée, une très forte impression d'équilibre se dégage de la construction en croix latine, longue de 144 m. Peut-être faut-il y voir l'influence du fameux « nombre d 'or », ici défini par le rapport de 1 à 3 entre l 'écartement des piles (11 m) et la hauteur sous voûtes (33 m). Ce qui caractérise encore cette nef admirable, c'est son éléva tion à trois niveaux: les grandes arcades, le délicat triforium* à cla ire -voie et les fenêtres hautes. Cette architecture élan cée est mise en valeur par la chaude ambiance lumi neuse que dispensent les grandes verrières** · Les plus anciennes, antérieures à 1339, res t en t en place dans les chapelles autour

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du chœur. Dans la nef, au nord, les fenêtres hautes (16• s.) se consacrent aux Patriarches; au sud ce sont les Apôtres. Les deux roses (15· s.) des bras du transept représentent une cour céleste (nord) et un Arbre de Jessé (sud). La baie axiale est occupée par une Crucifixion (1960) de Max lngrand. La grande rose ouest, avec ses beaux co loris bleu, rouge et or, est due à Guy Le Chevallier (1992) Des grilles** dorées (1747) ferment le chœur. L'imposant buffet d'orgues date de 1630, mais l'instrument lui -même (4 clav iers, 64 jeux et 3 914 tuyaux) est dû au facteur Arist ide Cavai llé-Coll (19• s.). Les tuyaux en chamade (à l'horizontale) s' inspirent des orgues d'Espagne. C'est en 1800 que la mairie de Rouen s'est insta llée dans l'ancien dortoir des moines de l'abbaye St-Ouen.

Église Sainte-Jeanne-d'Arc•• L'édifice, achevé en 1979 sur le site où Jeanne d'Arc fut brûlée le 30 mai 1431, a la forme d'un drakkar renversé; les principes de la construction nava le se retrouvent dans la couverture faite d'écailles en ardoise et en cuivre. A l'intérieur, 13 vitraux Renaissance proviennent de l'ancienne église Saint-Vincent détruite en 1944. Ils forment une verrière** de 500 m 2, éclatante illustration de la foi des croyants du 16• s. L'Enfance, la Passion, la Crucifixion et la Résurrection du Christ côtoient des épisodes de la vie de saint Pierre, sainte Anne, saint Antoine de Padoue ..

Cette église très moderne, signée Louis Arretche , est sertie de magnifiques vitraux du 16e s.

NORMANDIE

Ancienne abbaye Saint-Georges-de-Boscherville** Saint-Martin-de-Boscherville - Seine-Maritime (76)

Fondé vers 1114, cet ensemble abbatial fait partie des « châteaux de Dieu » , ces monastères qui à partir du 5e s. ponctuent la vallée de la Seine, christianisée depuis le 3e s. À l'instar de Jumièges, SaintGeorges-de-Boschervi l le témoigne de cet extraordinaire élan religieux, intellectuel et économique.

Guillaume de Tancarville fonde l'abbaye Saint-Georges-de-Boscherville sur l'emplacement d'une collégiale bâtie vers 1050 par son père Raoul, grand chambellan de Guillaume le Bâtard. Au 11 • s., une communauté de chanoines s'installe sur le site, remplacée plus tard par des moines bénédictins de Saint-Évroult. L'abbaye ne compta jamais plus d'une quarantaine de moines, chassés à la Révolution.

Église abbatiale L'édifice, bâti de 1113 à 1140, sauf les voûtes de la nef et du transept qui datent du 13• s., frappe par l'unité de son style et l'harmonie de ses proportions. La façade est très simple. Les voussures du portail sont ornées de motifs géométriques, dans le style des églises romanes normandes; les chapiteaux historiés, remarquables par leur finesse, sont l'œuvre d'artistes de l'Île -de-France ou du pays chartrain. A l'intérieur, la nef de huit travées, flanquée de bas-côtés, a été voûtée à l'époque gothique. A la place des tribunes règne un faux triforium. Chaque bras du transept se termine par une tribune découverte reposant sur une colonne monocylindrique. Un confessionnal monumental (18• s.) occupe le croisillon sud. Le chœur (d eux travées) et ses bas-côtés sont voûtés d'arêtes. De lourdes nervures renforcent la voûte de l'abside en cul-de-four. L'acoustique exceptionnelle des lieux favorise l'expression musicale, d'où les concerts organisés chaque année en juin et septembre.

Domaine abbatial www.abbaye-saint-georges.com

182

La salle capitulaire du 12• s. est surmontée d'une construction du 17• s. Elle desservait le cloître (aujourd'hui détruit) par trois baies romanes que supportent des faisceaux de colonnettes aux chapiteaux historiés. A l'intérieur, une belle frise hispano-mauresque court au-dessus de l'ancien emplacement des stalles des moines. Dans la cour du cloître, des fouilles ont révélé les vestiges de temples gaulois et gallo-romain et d'une église funéraire mérovingienne, matérialisés en surface par des pavements. Le bâtiment conventuel, édifié par les mauristes en 1690, en partie démoli à la Révolution, puis restauré en 1994, conserve de belles voûtes de pierre, notamment au 1er étage. La chapelle des Chambe llans fut érigée à la fin du 13• s. pour les chambellans de Tancarville. Les se igneurs y accédaient par le 1°' étage et assistaient aux offices depuis une tribune. Bâtiment agricole jusqu'en 1987, elle a depuis été restaurée. Une maquette restitue l'ampleur des bâtiments conventu els de l'abbaye au 17• s. et permet de mieux saisir la vie au monastère.

Jardin Ce rare et superbe exemple de jardin monastique a été restauré dans l'esprit du 17e s. avec son potager fleuri et ses plantes médicinales, son verger, son jardin des senteurs*, ses parterres et ses bosquets. Sa visite donne l'occasion d'apprécier l'architecture extérieure du flanc nord de la nef et de découvrir la massive tour-lanterne.

183 NORMANDIE

Sées Orne (61)

Cathédrale Notre-Dame** La petite vi lle de Sées est couvée par ce pur joyau de l'art gothique normand qu'est sa cathédra le, va isseau de pierre posé au milieu d'un sédu isant ensemble de ruelles et de places.

Sées est une ville épiscopale depuis l'an 400, date de son évangélisation par saint Latu in qui en devint le premier évêque. La cathédrale, qui connut de multiples vicissitudes, reste l'un des plus beaux édifices de l'école gothique normande des 13• et 14• s. La façade principale est percée d'un vaste porche; mais les fondations du monument repo sant sur un sol trop instable, et la façade s'étant inclinée d 'une façon inquiétante au 16• s., on dut procéder à des travaux de consolidation : de lourds contreforts furent maçonnés contre le porche qui s'en trouva défiguré. A l'intérieur, un triforium court audessus des grandes arcades de la nef. Dans le chœur** et le transept** , le triforium, d'un dessin différent, est ajouré. Toute cette partie de l'église n'est qu'une immense claire- voie, illuminée, dans le transept, par de magnifiques verrières** et des roses de la fin du 13• s. Dans le transept sud, face à une statue de Notre-Dame de Sées (14• s.), se dresse le Salvator Mundi, buste en marbre de Carrare de l'atelier du Bernin (1678). Le beau maître-autel double de marbre turquin, d'époque Loui s XVI, a été exécuté par Brousseau, l'architecte de l'évêché. Il présente, du côté de la nef, un bas-relief en bronze doré représentant la Mise au tombeau; du côté du chœur, la scène sculptée sur marbre a trait à la découverte des corps des sa ints Gervais et Protais.

184 NORMAND IE

Hauts-de-France

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Hauts-de-l;irance

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Amiens p. 190

Beauvais p. 196

Abbaye de Chaalis p. 199

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Rue p. 210

Sa int- Omer p. 212

Sa int-Qu entin p. 214

Laon p. 202

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Lille p.

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Morienval p. 206

Noyon p. 208

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Saint-Riquier

Senlis

Soissons

p. 216

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p. 220

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Abbaye de Valloires

p. 224

Crédirs phorogroph1ques: les phoros ci-contre sont extroires des pages du chapitre

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Amiens Somme (80)

Cathédrale Notre-Dame*** LE «CHEF » DE JEAN-BAPTISTE

Capitale de la Picardie, Amiens possède la plus vaste cathédrale gothique de France. longue de 145m et deux fois plus grande que Notre-Dame de Paris ! Les soirs d'été, une mise en lumière polychrome rend son éclat médiéval à ce joyau inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1981, et qui vient de fêter ses 800 ans en 2020.

Wallon de Sarton, chanoine de Picquigny, rapporte en 1206, de retour de la quatrième croisade, la «face» de saint Jean - Baptiste, qui avait baptisé le Christ dans le Jourdain et qui fut décapité sous le règne du roi Hérode. En 1218, l'incendie du sanctuaire roman d'Amiens donne l'occasion à l'évêque Évrard de Fouilloy de construire un édifice digne de la précieuse relique. L'édification de la cathédrale débute en 1220. Ses plans sont confiés à Robert de Luzarches auquel succèdent Thomas de Cormont, puis son fils Renaud. La cathédrale est rapidement construite, ce qui explique l'homogénéité de son architecture : le gros œuvre, entrepris en 1220, est terminé en 1269; les chapelles latérales sont bâties en 1375. Il faut néanmoins attendre le 15• s. pour achever le couronnement des tours. Restauré en 1849 par Viollet-le-Duc, l'édifice est miraculeusement épargné en 1940.

Extérieur La façade, superbement restaurée à partir de 1992, a révélé à cette occasion une partie de ses couleurs originelles, et s'est imposée comme une référence pour l'étude de la polychromie des portails gothiques. D'une grande légèreté, elle est rythmée par l'étagement que forment les trois porches, les deux galeries, dont celle des Rois aux effigies colossales, la grande rose flamboyante refaite au 16• s., encadrée de baies géminées ouvertes sur le ciel, et la petite galerie des Sonneurs surmontée d'une arcature légère entre les tours. Au portail principal, les Vierg es sages et les Vi erges folles sur le chambranle, les apôtres et les prophètes sur les piédroits escortent le célèbre Beau Dieu, Christ au visage noble et serein foulant l'aspic et le basilic. Il est le point central de cette immense Bible sculptée. Le tympan représente le Jugement dernier présidé par un Dieu plus sévère et plus archaïque sous des voussures où se succèdent vierges, martyrs, anges ou damnés. Les soubassements comportent des bas-reliefs en quatre-feuilles, encadrant les Vertus (femmes portant un écusson) et les Vices.

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Le portail de gauche est dédié à saint Firmin, évangélisateur d'Amiens, et à la Picardie . Le portail de droite est sous le vocable de la Mère Dieu. Au trumeau, la Vierge couronnée domine des scènes de la Genèse. Dans les ébrasements sont figurées des scènes de la vie de la Vierge et de l'Ancien Testament.

HAUTS-DE-FRANCE

Pillé pendant ta Révolution , le trésor• de la cathédrale conserve aujourd'hui 150 pièces. Parmi les plus remarquables : la croix reliquai re (13' s.), le vase re liquaire (14' s.) et la couronn e votive (14' s.) provenant de l'abbaye du Paraclet ; le chef de saint Jean -Baptiste (cristal de roche du 13' s., plat reliquaire du 19' s.) et la châsse de saint Firmin (13' s.). Une belle Vi erge de !'Apocalypse (15' s.) complète la collection .

En co ntournant l 'éd ifice par la dro ite , on pas se devant un saint Christophe géant (1), une Annonciation (2) et, entre les 3• et 4· chapelles, un couple de marchands de w aide avec leur sac (3). Le portail sud, appelé portail de la Vierge dorée à cause de la statue qui ornait autrefois le trumeau, est consacré à sa int Honoré, évêque de la vi lle. Sont admirables l'él évatio n du chevet au x arcs-boutants ajourés et l'en volée de la flèche en ch âtaignier. Recou verte de feuilles de plomb, celle-ci s'élève à 112,70 m. Sur le flanc nord , une statue de Charles V (4) décore le contrefort (14• s.) épaulant la tou r. Tours - La montée dans la tour sud permet d'atte indre, en passant par la galerie de la Ro se, la tour nord (307 marches) : vue sur les combles, la flèche, la ville et les environs.

Intérieur

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Dès l'entrée, on est saisi par la luminosité et l'ampleur des proportions de la nef : longue de 54 m, c'est la plus haute de France (42,50 m). Élevée sur trois niveaux, elle comporte de grandes arcades, d 'une hauteur exceptionnelle, surmontées d'un cordon de feuillage très fouillé , d 'un triforium aveugle et de fenêt res hautes. Au ni veau de la 3• t ravée sont disposés les gisants en bronze* (13• s.) des évêques fondateu rs de la cathédrale : Évrard de Fou ill oy (5) et Geoffroy d' Eu (6).

Ce dernier fait face à la chapelle Saint-Sauve qui abrite un Christ en longue robe d'or (12e s.). Les architectes de la cathédrale, Robert de Luzarches, Thomas et Renaud de Cormant, ont inscrit leurs noms sur le labyrinthe, au centre de la nef. Autrefois, les fidèles qui ne pouvaient se rendre à Jérusalem ou à Saint-Jacques-de-Compostelle le parcouraient à genoux. Le transept nord est percé d'une rose (14e s.) à remplage central, en forme d'étoile à 5 branches. La cuve baptismale (8) est une « pierre à laver les morts » de 1180. Une sculpture polychrome (1520), Jésus et les marchands du Temple (9), décore le mur ouest. Le transept sud, à rose flamboyante, porte sur le mur ouest un relief qui relate en quatre scènes (1511) la conversion du magicien Hermogène par saint Jacques le Majeur (1 O). En tournant le dos au chœur, on apprécie l'élégance du vaisseau et la hardiesse de la tribune soutenant le grand orgue (11) aux arabesques d'or (buffet du 15e s.) que couronne la rose occidentale. Une belle grille (18e s.) due à Jean Veyren ferme l'entrée du chœur. Les Place St-Michel 110 stalles*** (12) en chêne ont été CJ·IEVEr sculptées de 1508 à 1522 par les huchiers Arnould Boulin, Antoine Avernier et Alexandre Huet. Sous la dentelle de bois, chef-d'œuvre de l'art gothique flamboyant, plus de 4 000 figures évoquent la Genèse et !'Exode, la vie de la Vierge, et des sujets de fantaisie • métiers, fabliaux, vices ... Sur l'une des stalles, un ouvrier s'est représenté maniant le maillet et a gravé son nom, Jehan 12 • 1 1 • Tu rpin. C: 0 11 STALLES E Dans le déambulatoire, à droite, sur la 0 · 1s/ J 13 • u clôture du chœur, au-dessus de deux gisants, 8 groupes polychromes remarquables, tail·~~~ lés dans la pierre (1488), sont placés sous de TRANSEPT Portail fins dais gothiques • ils représentent la vie de Sud saint Firmin (13), son martyre et son exhuma8 9 10 tion par saint Sauve, trois siècles plus tard. Les personnages, très expressifs, portent les • r--'\. costumes du 15e s. • notables en somptueux atours, humbles pauvrement mis et bourreau en curieux hauts-de-chausses.





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Derrière le maître-autel, l'Ange pleureur (1628) (14), dû à Nicolas Blasset, trône sur le tombeau du chanoine Lucas. Il doit sa renommée aux soldats alliés qui, pendant la Première Guerre mondia le, envoyèrent à travers le monde des cartes postales à son effigie . La clôture nord du chœur est sculptée de scènes (1531) relatant la vie de saint Jean (15) ------------------·--------------·~-- ------------------------·-- -----------

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HAUTS-DE-FRANCE

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Cathédrale Saint-Pierre***

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Pour découvrir un beau point de vue sur Beauvais. il faut arriver par le pont de Paris : la masse vertigineuse de la cathédrale, épaulée par sa forêt d'arcs-boutants. surgit alors des toits. Ce chef-d'œuvre est resté inachevé, faute à l'esprit de démesure de ses bâtisseurs. héros prométhéens de l'architecture gothique !

Une première cathédrale, dite la Basse-Œuvre, est bâtie autour de l'an mille. En 1225, le comte-évêque Milon de Nanteuil et le chapitre décident d'ériger sur le même emplacement la plus vaste église de l'époque, un Nouvel-Œuvre dédié à saint Pierre. Les travaux du chœur sont un défi pour les architectes. La hauteur sous clef de voûte est de 48 m, ce qui donne aux combles une élévation de 68 m - celle des tours de Notre-Dame de Paris ... à un mètre près. Mais les piliers sont trop espacés, les culées des contreforts trop légères. Un éboulement se produit en 1284. Le chœur est sauvé au prix de 40 ans de labeur. On renforce les culées et les grandes arcades des travées droites du chœur, on multiplie les arcs-boutants. Interrompu par la guerre de Cent Ans, le chantier reprend en 1500 sous la direction de Martin Chambiges. Le transept est achevé en 1550. Au lieu d'ériger la nef, on élève une tour à sa croisée, surmontée d'une flèche dont la croix, posée en 1569, se perche à 153 m de hauteur ! Mais la nef fait défaut pour contrebuter les poussées, et les piliers cèdent en 1573, le jour de !'Ascension, alors qu'une procession vient de quitter l'église. Les efforts ne permettent de restaurer que le chœur et le transept. La cathédrale inachevée, privée de flèche et de nef, reste un symbole d'humilité pour les hommes!

BASSE-

CEUVRE

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Tour César

Extérieur Le cheveH (13es.) est contrebuté, comme les croisillons flamboyants, par des arcs-boutants portant sur de hautes culées qui s'élèvent jusqu'aux combles. La façade du croisillon sud est richement décorée. Le portail Saint-Pierre, flanqué de deux hautes tourelles et surmonté d'une belle rose, est orné de niches aux dais ajourés.

Intérieur*** Le vert ige gagne en pénétrant sous ces voûtes d'une hauteur prodi gieuse (48 m). Le transept mesure 58 m de long . Le chœur, lum ineux et dépouillé, est très élégant. Le triforium est à claire-voie, et les fenêtres font 18 m de haut. Sept chapelles s'ouvrent sur le déambulato ire. La première à droite abrite une statue en bois polychrome du 16es., cel le de Sainte-Angadrème, très bien conservée. Les vitraux•• écla irent magnifiquement le transept. Le Père éternel préside le médai llon centra l de la rose sud (1551). En dessous et sur deux registres, d ix prophètes et dix apôtres. En face (crois ill on nord), dix sibylles répondent aux prophètes (1537). Dans la chapelle du Sacré-Cœur, le vitrai l « de Roncherolles » (1522) permet d'étudier de plus près la techn ique du vitrail Renaissance (1). Une chapelle latérale est ornée d'un intéressant retable po lychrome du 16e s. (3).

197 HAUTS-DE-FRANCE

Horloge astronomique• - Réalisée entre 1865 et 1868 par l'ingénieur Lou is-Auguste Vérité, elle comporte 68 statues et 90 000 pièces, et est animée par 50 automates. Dans la partie inférieure, 52 cadrans indiquent la longueur des jours et des nuits, les saisons, l'heure du méridien de Paris ... La scène du Jugement dernier se déroule cinq fois par jour dans la partie supérieure de l'horloge. A droite de l'horloge astronomique, une ancienne horloge du 14• s. (2) carillonne des cant iqu es correspondant aux différentes époques de l'année. L'une des galeries du cloître est surmontée de la salle du chapitre (4). Basse-Œuvre - De la cathédrale originelle, bâtie en moellons gallo-romains de récupération, ne subsistent que trois travées de la nef, le chœur et le transept ayant été détruits au 13• s. pour édifier la nouvelle cathédrale .

Église Saint-Étienne• Cette église présente une belle juxtaposition de styles architecturaux. La tour qui flanque la façade fut érigée de 1583 à 1674 : elle servait de beffroi municipal. La nef et le transept sont romans. Le chœur (début du 16• s.) est de stylé gothique flamboyant épuré. Le bas-côté gauche présente un portail roman au tympan et au x voussures finement ciselés. Au fond à gauche, un beau retable pol ychrome du 16• s. représente le Christ, entou ré de Marthe et Marguerite. Le chœur est écla iré par de magnifiques vitraux•• de style Renaissance (16• s.), dont il faut prendre le temps d'admirer le dessin et les coloris, notamment dans l'Arbre de Jessé***, chef-d'œu vre d'Engrand Le Prince.

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Abbaye de Chaalis** Oise (60)

UNE ABBAYE ROYALE Abbaye de l'ordre de Cîteaux, Chaalis est fondée en 1136 par le roi Louis VI le Gros. Les moines vivent là une existence pieuse et champêtre. Saint Louis leur rend fréquemment visite. Au 16e s., l'abbaye tombe en commende : c'est maintenant le roi qui nomme l'abbé . Le premier est le cardinal Hippolyte d'Este, plus connu sous le nom de cardinal de Ferrare. Ce grand amateur d'art fait orner sa chapelle privée de peintures murales et tracer des jardins. Au 18e s., le neuvième abbé commendataire, petit-fils du Grand Condé, entreprend une reconstruction ambitieuse. L'abbaye s'y ruine et, alors qu'un côté seulement du quadrilatère prévu (l'actuel château musée) est bâti en 1739, les chantiers s'arrêtent Devant la débâcle financière, Louis XVI prend la décision de faire fermer l'abbaye en 1785. Survient la tourmente révolutionnaire : Chaalis est pillée et détruite en grande partie. Le domaine passe de main en main. En 1850, M me de Vatry acquiert les ruines. Elle transforme en château la construction du 18e s., fait remettre le parc en état, donne des fêtes brillantes. La dernière propriétaire, Nélie Jacquemart-André, lègue, à sa mort en 1912, les collections et le palais abbatial à l' Institut de France, selon le vœu de son mari.

Le domaine de Chaalis a gardé l'empreinte d'un recueillement monastique nuancé de romantisme, qui émane des belles ruines de l'abbaye. Il a suscité, jusqu'en 1912 . la ferveur de ses dernières propriétaires, qui y ont rassemblé des collections d'art de qualité remarquable. www.ch aal is .fr

Vestiges de l'église• Consacrée en 1219, l'église est le premier édifice cistercien où ont été appliqués les procédés gothiques. Du bâtiment d'origine, il reste une tourelle d'escalier, le croisillon nord du transept entouré - disposition exceptionnelle - de chapelles rayonnantes, une partie du chœur et la table de l'autel.

Chapelle Sa inte-~Jarie-de-l'Abbé• Édifiée vers 1255-1260, elle s'élève derrière l'abside de l'abbatiale. Avec la Sainte-Chapelle de Paris, elle est l'une des plus be lles productions de l'art gothique au nord de la Seine. Les hautes baies de son vaisseau sont garnies de vitraux en grisaille. Son décor intérieur, réa li sé vers 1543-1545 sur les dessins du peintre bolonais Primatice, appelé par François 1er pour transformer la chapelle de Fontainebleau, a fa it l'objet d'une minutieuse restauration. Les fresques, peintes par l'atelier de Primatice, représentent au revers de la façade la scène de !'Annonciation : au-dessus de l'archange Gabriel et de la Vierge Marie, le Père éternel dans sa gloire, entouré d'anges, présente un esprit très michelangelesque. A la voûte trônent les figures des apôtres, des évangélistes et des pères de l'église ainsi

199 HAUTS-DE-FRANCE

Roseraie et parc A côté de la chapelle,

derrière un curieux mur crénelé couronné d'un fronton, se trouve l'ancien cimétière des moines transformé en jardin italien, puis, au début du 20• s., en roseraie par Nélie JacquemartAndré. Au nord du château se développe la perspective du parc, reconstituée au 19• s. , avec ses parterres à la française et son miroir d'eau.

Château-musée•• Dès l'entrée apparais-sent les goûts de Nélie JacquemartAndré . Le château a conservé son décor et ses riches collections de meubles, tapisseries, peintures et sculptures, du 14• au 18• s. Dans la salle des Moines, deu x fameu x

panneaux pei nts de Giotto** représentent saint

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que des angelots portant des instruments de la Passion. Les fausses draperies au bas des murs datent du 19• s. Devant elles se détachent le tombeau de Nélie Jacquemart-André et sa statue de bronze par Denis Puech (1927). A l'extérieur, les gargouilles donnent à l'édifice toute son originalité.

Jean l'Évangéliste et saint Laurent. La galerie du rez-dechaussée, rythmée de bustes, de coffres et de vitrines, ouvre sur la salle à manger (scènes de chasse d 'Oudry et de Desportes, scène mythologique de Boucher), la bibliothèque (mobilier Boulle), le vestibule Médicis (tapisseries et mobilier Renaissance aux armes des Médicis), la salle de billard (toiles de Martin des Batailles), le Grand Salon (portraits par Nicolas de Largil lière et Van Loo) et l'étonnant salon Indien (coffres, autels, armes .. .). L'escalier d'honneur conduit aux appartements privés de M m• André. Au premier étage, une galerie est consacrée à la peinture et au mobilier du 15• s. au 18• s. Une seconde galerie présente la collection Jean-Jacques-Rousseau, cédée à l'Institut en 1923, et permettant de mieux comprendre le culte qui se développa autour de la personnalité du philosophe.

D'origine modeste, Nélie Jacquemart (1841-1912) séjourne durant son enfance à Chaalis, alors domaine de Mm• de Vatry. Elle mène ensuite une carrière de portraitiste à la mode. En 1872, Édouard André, héritier d'une grande fortune, lui commande un portrait. Ils se marient en 1881. Le couple se consacre à rassembler des œuvres d'art, principalement d' Italie, dans leur somptueux hôtel du boulevard Haussmann. Nélie complète cette collection à la mort de son mari et consacrera au domaine de Chaalis les dernières années de sa vie.

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Laon Aisne (02)

Cathédrale Notre-Dame** Aux portes de la Champagne, entre Thiérache et Soissonnais. Laon surplombe la plaine. perché sur son rocher haut de plus de 100 m. La viei lle cité carolingienne a tout pour plaire : ses demeures anciennes. ses remparts médiévaux et surtout sa splendide cathédra le gothique.

Commencée dans la seconde moitié du 12• s., achevée vers 1230, c'est l'u ne des plus anciennes cathédrales gothiques de France. Très homogène, la façade comporte trois porches profonds ornés d'une majestueuse statuaire (refaite au 19• s.) et surtout deux illustres tours (56 m) attribuées à Villard de Honnecourt, qui vantait son œuvre en ces termes: « J'ai été en beaucoup de terres, nulle part n'ai vu plus belles tours qu'à Laon. » Imposantes mais légères, elles sont ajourées par de longues baies et encadrées par de graciles tourelles . Elles portent aux angles de grands bœufs. Les deux tours des croisillons, bâties sur le même modèle, culminent à 60 met à 75 m.

Intérieur Ses dimensions sont impressionnantes : 110 m de long, 30 m de large, 24 m de haut. Couverte de voûtes sexpartites, la nef*** offre une magnifique élévation à quatre étages : grandes arcades, tribunes, triforium aveugle, fenêtres hautes. Elle se prolonge par un chœur, très développé, que termine un chevet plat comme dans les églises cisterciennes. La croisée du transept ouvre une parfaite perspecti ve sur la nef, le chœur, les croisillons et la tour-lanterne d'influence normande haute de 40 m. Des vitraux du 13• s. garnissent les baies lancéolées et la rose de l'abside consa crée à la glorification de l'Église. Ceux de la rose du croisil lon nord illustrent les arts libéraux. Dans le croisillon gauche, l'icône de la Sainte Face de Laon, originaire des pays slaves, est vénérée depuis le milieu du 13• s. On notera aussi la grille du chœur et l'orgue du 17• s. Dans le croisillon gauche, l'icône de la Sainte Face de Laon, originaire des pays slaves, est vénérée depuis le milieu du 13• s.

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Lille Nord (59)

Cathédrale Notre-Dame-de-la-Treille* Achevée en 1999, la cathédrale de Lille, qui sert d'écrin à une statue miraculeuse de la Vierge, offre un étonnant contraste entre l'extrême modernité et l'art religieux de la fin du 19es.

Page de droite · détail du portail

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En 1854, les catholiques lillois décident d'édifier une église monumentale pour y honorer la statue miraculeuse de Notre-Dame de la Treille (12• s.). Charles Leroy en sera l'architecte. La première pierre est posée au cœur du Vieux Lille. En 1913, avec la création de l'évêché de Lille, elle devient cathédrale. Elle n'est achevée qu'en 1999 par l'architecte Pierre-Louis Carlier, qui conçut une façade moderne, sobre à l'extérieur et translucide à l'intérieur. La rosace dessinée par l'artiste Ladislas Kijno illustre la Résurrection. Le portail en bronze**, œuvre ultime de Georges Jeanclos (1996), est à la fois épuré et émaillé de corps ployés, arc-boutés. Dans le chœur, la statue de Notre-Dame de la Treille domine l'autel. Autour de la nef se succèdent plusieurs petites chapelles richement décorées, à l'image de la chapelle Sainte-Jeanne-d'Arc avec son autel de marbre en forme de forteresse, la chapelle Sainte-Anne et ses verrières colorées, la chapelle Saint-Jean-l'Évangéliste ornée de mosaïques figurant les arts libéraux. La Sainte Chapelle s'illumine de onze verrières consacrées à la vie de la Sainte Vierge. Au sous-sol, la crypte accueille le Centre d'Art sacré, riche en œuvres contemporaines.

HAUTS-DE-FRANCE

Morienval Oi se (60)

Église Notre-Dame•

Entre les massifs forestiers de Compiègne et de Retz. dans ce hameau de la va llée de !'Automne. le temps a ralenti son cours. Morienval est. avec Saint-Denis. l'une des premières expressions de l'architecture gothique en France.

Le sanctuaire dépendait d'une abbaye de femmes fondée par Dagobert au 7• s., pourvue richement par Charles le Chauve au 9• s. et détruite par les Normands en 885. A partir du 11 • s. commence la reconstruction de l'église et du monastère. L'abbesse Anne Il de Foucault opéra au 17• s. de nombreux remaniements, marqués de son chiffre (sur les clefs de voûte de la nef). L'abbatiale, qui doit être vue du nord-est (arrière de l'édifice), n'a pas changé depuis le 12• s., sauf la partie haute du chœur: les étroites baies actuelles datent de la restauration de la fin du 19• s. Sa silhouette est caractéristique, avec la tour nord légèrement plus courte que celle du sud. La base du clocher-porche est la partie la plus ancienne (11 • s.), avec le transept, la travée droite du chœur et les deux tours est. Il faut se représenter le clocher-porche non point empâté dans le prolongement des bas-côtés (disposition du 17• s.), mais se détachant en avancée sur une façade romane. Au chevet, le déambulatoire est plaqué contre l'hémicycle du chœur (12· s.) pour en assurer la stabilité. A l'intérieur, le déambulatoire constitue la partie la plus originale. Ses arcs, montés vers 1125, comptent parmi les plus anciens de France. Pour la première fois, les ogives ont été employées pour couvrir la partie tournante d'un édifice. Cependant, elles sont solidaires des quartiers de voûtes qu'elles supportent. On assiste ici à la transition entre voûtes d'arêtes et voûtes sur croisée d'ogives. Au 17• s., la nef et le transept ont été également voûtés d'ogives. Les chapiteaux de la nef (a, b, c, d) sont du 11 • s. : spirales, étoiles, masques, animaux sont les seuls témoins sûrs de l'église romane, tandis que les chapiteaux du chœur, également intéressants, sont un peu plus récents. Dans le bas-côté gauche se trou ve 0 une série de dalles funéraires, dont NEF celle de l'abbesse Anne Il Foucault (1596 -1635 ) (1). L'église conserve 4 des statues remarquables, parmi lescÔ quelles Notre-Dame de Morienval Porche (17• s.) (2), un groupe (3) de la Crucifixion (16• s.) provenant d'une D 12• ,. poutre de gloire déposée, un saint D 11 • ,. D 1r s. et restauration du 19e s. Christophe (4) en terre cuite (17• s.).

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Noyon Oise (60)

Cathédrale Notre-Dame** Cité de Calvin, ville d'art et d'histoire. Noyon est dominé par son imposante cathédrale, l'une des premières grandes églises gothiques de France. Bien conservés. les bâtiments canoniaux restituent l'atmosphère de l'époque.

Les évêques de Noyon, comtes et pa irs de France, ont fait bâtir l'une des premières grandes égl ises gothiques de France; quatre édifices l'avaient précédée. La construction débuta en 1145 par le chœur et s'acheva en 1235 par la façade. La cathédra le conserve la sobre robustesse du style roman, mais atteint la mesure et l'harmonie caractéristiques des grands maîtres d'œuvre de l'âge d'or.

Ext éri eur L'église s'élève sur la place du Parvis, qui est bordée en demi -cercle de maisons canoniales aux portails surmontés de chapeaux de chanoine. La façade de la cathédrale comprend un porche à trois travées (13• s.) épaulé par deux arcs-boutants. La baie centrale, surmontée d'une galerie à hautes colonnettes, est encadrée par deux clochers aux contre forts d'angle saillants. La tour sud, plus ancienne (1220), est aussi plus austère. La tour nord, un des plus beaux clochers du nord de la France élevés au 14• s., est finement décorée de moulures et bandeaux de feuillage . Le projet initial prévoyait des flèches pour les deux tours, qui ne furent jamais réalisées.

En contournant la cathédrale par le sud, on découvre l'hémicycle qui clôt le transept. Laissant à droite les ruines de la chapelle de l'évêché, on atteint le chevet, entouré de jardins. L'étagement des chapelles rayonnantes, du déambulatoire et des fenêtres hautes est d'un bel effet, malgré quelques adjonctions du 18• s. A droite, l'ancienne bibliothèque du chapitre est un beau bâtiment à pans de bois du 16• s. On distingue difficilement le transept nord, englobé en partie dans les bâtiments canoniaux.

Intérieur** Les proportions de la nef et du choeur sont harmonieuses. La nef s'élève sur quatre étages: grandes arcades, tribunes à double arcature impressionnantes, triforium et fenêtres hautes. Parmi les chapelles des bas-côtés, celle de Notre- Dame-de - Bon -Secours, richement décorée, possède une voûte en étoile à clefs pendantes finement sculptées. Les voûtes du choeur sont aussi élevées que celles de la nef. Les huit nervures de l'abside rayonnent autour d'une clef centrale et retombent sur des faisceaux de colonnettes. Neuf chapelles s'ouvrent sur le déam bulatoire. Le maître-autel Louis XVI prend la forme d'un t emp le. Des grilles de fer forgé (18• s.) ferment le choeur et les chapelles de la nef. Les bras du transept, de même ordonnance que le choeur, sont arrondis à leur extrém ité. Cette particularité, que l'on retrouve à Soissons et à Tourna i, serait due à l'influence rhénane. Dans le bas-côté gauche, l'ancien cloître ne conse rve qu'une galerie, ouvrant sur le jardin par de grandes baies de style rayonnant. Le mur opposé est percé d'une porte qui donne accès à la salle capitu laire (13• s.). Une rangée de colonnes reçoit les retombées des voûtes d'ogives.

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Rue Somme (80)

Chapelle du Saint-Esprit•• Cette chapelle de style gothique flamboyant doit son raffinement aux dons faits par les fidèles lors du pè lerinage du crucifix miraculeux, qui se serait échoué sur la grève de Rue en août 1101. Elle se distingue pour sa sculpture décorative des 1se et 15es., qui forme ici une dentelle de pierre d'une rare délicatesse.

Port de mer au début du Moyen Âge, Rue fut une place forte du comté de Ponthieu jusqu'au 17e S. Sa chapelle, chefd'œuvre flamboyant, abrite une relique liée à une mystérieuse légende.

Extérieur Sur les contreforts saillants, des statues grandeur nature superposées représentent des effigies royales (à droite), la Visitation, saint Jacques et saint Jean (au centre), les Pères de l'Église et les évangélistes (à gauche). Les voussures du portail évoquent la Passion du Christ. Le tympan est découpé en niches à dais très fouillés qui abritent des hauts-reliefs refaits au 1ge s., illustrant les sept douleurs de la Vierge. Les portes du 1ses. ont des vantaux sculptés en plis de serviette (motif décoratif utilisé en menuiserie).

Intérieur

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La voûte du narthex, très élancée, présente une énorme clef en pendentif. Le mur droit est orné d'arcatures lancéolées. Les portes de la trésorerie sont surmontées de représentations de la Sainte Face et de l'Esprit saint. Celle de droite conduit à la salle basse, où un escalier à vis mène à la salle haute; celle de gauche donne sur un autre escalier desservant aussi la salle haute, ce qui permettait aux pèlerins de défiler suivant un sens unique. La salle haute (visite guidée uniquement), au fin décor sculpté, abrite le retable de l'ancien autel. De bas en haut se succèdent une galerie flamboyante, une frise de feuilles de chêne où se glissent escargots, coqs, oiseaux, et des scènes, dont !'Annonciation, les Adorations des bergers et des Mages, la Circoncision. A gauche du retable, la porte du second escalier séduit par son gâble, son couronnement à jours et ses vantaux (16e s.) en chêne. Dans le narthex, une porte donne accès à la chapelle. Ses voussures figurent la légende du Crucifix miraculeux. Au-dessus des piédroits nichent les statues des bienfaiteurs de la chapelle, Isabelle du Portugal et Louis XI. La nef du 16es., qui conserve la relique, surprend par ses voûtes : les nervures y dessinent un réseau arachnéen autour de clefs sculptées avec une étonnante virtuosité. Trois peintures (19es.) retracent la légende du Crucifix miraculeux.

HAUTS-DE-FRANCE

Saint-Omer Pas-de-Ca lais (62)

Cathédrale Notre-Dame** La cathédrale de Saint-Omer. un des plus beaux édifices religieux de la région. étonne par la majesté et l'ampleur de ses formes. Elle conserve l'un des plus riches mobiliers de France.

Son chœur date de 1200, son transept du 13• s., sa nef des 14• et 15• s. Sa tour de façade (50 m de haut) est couverte d 'un réseau d'arcatures verticales à l'anglaise et surmontée de tourelles de guet du 15· s. Le trumeau du portail sud porte une Vierge du 14• s., et le tympan un Jugement dernier où les élus sont peu nombreux. Dans l'ang le du chœur s'élève une tour octogonale romane. L'intérieur est vaste (100 m de long, 30 de large, 23 de haut). Son plan, très développé, comprend une nef à trois étages (arcades, triforium aveugle élancé, fenêtres hautes) flanquée de bas-côtés, un transept à collatéraux, un chœur à déambulatoire et chapelles rayonnantes : de riches clôtures à jours, en marbre polychrome, témoignent de l'opulence des chanoines auxquels elles étaient dévolues. Au centre du chœur, le labyrinthe forme un pèlerinage en raccourci, dont les fidèles suivaient le tracé en blanc. C'est une copie de celui de l'abbatiale Saint-Bertin (13• s.), dont les ruines subsistent au nord de la ville. L'ég lise conserve de nombreuses œuvres d'arb*. On remarque le cénotaphe (13· s.) de saint Omer (1) et le mausolée d'Eustache de Croy (2), prévôt du chapitre de Saint-Omer et évêque d 'Arras : c'est une œuvre saisissante de Jacques Dubroeucq (16• s.) qui a représenté le défunt agenouillé, en costume épiscopal, et gisant, nu, à la manière antique.

CATHÉDRALE NOTRE-DAME 20m

Ma usolée d ' Eust ache de Croy, œuvre de Jacques Dubrœucq (16' s )

TRANSEPT

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Buffet d'orgues





Enclos Notre -Dame Madone au chat

Descente de Croix de Rubens

Non moins ad mirables sont les dalles funéraires gravées du 15e s. et la Descente de Croix de Rubens (1'e travée du bas-côté droit). Les monuments funéra ires sont du 15e s., et les albâtres sculptés des 15e et 17e s. À voir encore: la Madone au chat (bas-côté droit) ; la statue (13e s.) de Notre-Dame des Miracles (3) qui fait l'objet d'un pè lerinage tous les ans en septembre; la Nativité du 13e s. (4) et le tombeau (Ses.) de saint Erkembode (5). L'horloge astronomique (1558) est surmontée d'un jacquemart qui sonne les heures (bras gauche du transept), et, au-dessus, d'une rosace flamboyante.

Le futur saint Omer, aidé de Bertin et Momelin, fonde le monastère de Saint-Bertin sur une île du marais de l'Aa. Devenu évêque, il fait bâtir en 662, sur la colline dominant l'île, une chapelle autour de laquelle se formera un bourg.

Le Grand Dieu de Thérouanne (groupe sculpté, 13e s.) était placé

à 20 m de haut au -dessus du portail de la cathédrale de Thérouanne, détruite par Char les Qu int Les silhouettes paraissent déformées : elles ont été raccourcies par l'artiste pour les adapter à l'effet de perspective. 213 HAUTS·DE·FRANCE

Saint-Quentin Aisne (02)

Basilique Saint-Quentin* UN SAINT ÉVANGÉLISATEUR

Dans la capitale économique de la haute Picardie, la basilique a été construite pour abriter les reliques de saint Quentin. Par son ampleur, l'édifice gothique peut rivaliser avec maintes cathédrales.

A la fin du 3• s., Quentin vient évangéliser la région. La légende du saint précise qu'il subit de nombreux et atroces supplices avant d'être décapité et jeté dans la Somme. Son corps est retrouvé intact cinquante-cinq ans plus tard, suscitant une dévotion renouvelée. Le lieu de sa sépulture prend son nom, et une première église carolingienne recueille ses reliques. Relevée dans le style gothique aux 13•-15• s., la collégiale Saint-Quentin, devenue basilique en 1876, est éprouvée pendant le siège de 1557, puis en 1669 par un incendie. Bombardée en 1917, elle échappe de peu à la destruction totale en octobre 1918.

à l'époque gothique; les voûtes, au droit du déambulatoire, reposent sur deux colonnes, selon une disposition champenoise. La chapelle axiale conserve des vitraux anciens; à l'entrée de la chapelle de gauche se dresse une statue de saint Michel (probablement du 15• s.). Les sculptures de la clôture du chœur, refaite au 19• s., illustrent la vie de saint Quentin. Le sacrarium en pierre (1409), ou armoire du trésor (côté gauche), abritait les vases sacrés. Se distinguent aussi les vitraux à grandes figures hiératiques dans les fenêtres hautes; au centre et dans le bras nord du petit transept, deux verrières du 16• s. figurent le martyre de sainte Catherine et celui de sainte Barbe . Depuis l'extrémité du chœur, on admire avec le recul nécessaire le buffet d'orgues (1690-1703) dessiné par Bérain. L'instrument de Clicquot a été détruit en 1917. Il est remplacé par un orgue moderne de 75 jeux et 6 430 tuyaux.

Ex térieur La façade ouest présente une tour-porche massive (vestige de l'église carolingienne) dont les parties basses remontent au 12• s. et les derniers étages au 17• s. Le couronnement a été refait après 1918. Depuis 1976, une flèche culmine à 82 m, comme autrefois. Après avoir contourné la collégiale par la gauche, on pénètre dans le square Winston-Churchill, avec son puits en fer forgé. Il offre une vue* sur le grand et le petit transept et sur le chevet. Plus loin, on découvre d'autres perspectives sur le monument avant d'arriver à hauteur du bras sud du petit transept, où se tient la chapelle Saint-Fursy (15• s.).

Intérieur

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Hardie, la nef du 15• s. atteint 34 m de hauteur. Sur le sol est tracé un labyrinthe, long de 260 m, que les fidèles parcouraient à genoux. Au tout début du bas-côté droit s'é lève l'Arbre de Jessé sculpté (début 16• s.) et, dans la seconde chapelle, des peintures murales du 16• s. Les parties hautes révèlent une vue sur les pinacles et les contreforts. D'une ampleur impressionnante, le chœur** (13• s.) comprend un second transept et un double collatéral. Le déambulatoire à chapelles rayonnantes répond à un plan radioconcentrique unique

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Saint-Riquier Somme (80)

Église abbatiale** Ce bourg du Ponthieu est issu d'une très ancienne abbaye bénédictine, réputée à l'époque carolingienne. Il en subsiste une église abbatia le gothique, qui se distingue par sa magnifique façade, son ordonnance intérieure et son décor flamboya nt. www.abbaye-saint-riquier.fr

Rebâtie plusieurs fois, l'église, dont l'intérieur a été entiè rement restauré, est en majeure partie de style gothique flamboyant (1 5•-15• s.), mais conserve des éléments du 13• s. (parties basses du transept et du chœur). Elle a été restaurée au 17• s. par l'abbé Charles d'Aligre, qui changea le mobi lier. L'abbaye survit à la période révolutionnaire et son abba tiale devient église paroissiale au 19• s. Les bâtiments ont servi d'hôpital militaire durant les deux dernières guerres.

Extérieur Tout en verticalité, la magnifique façade présente une grosse tour carrée (50 m de haut) flanquée de tourelles d'escalier. Elle est revêtue d'une ornementation sculptée très abondante et délicate. Au-dessus du portail central, le gâble porte une sainte Trinité encadrée par deux abbés et des apôtres. Plus haut est figuré un Couronnement de la Vierge. Entre les deux baies du clocher, on voit la statue de saint Michel. Au-dessus des voussures du portail droit, sainte Geneviève tient un cierge. On raconte que le diable l'éteignait et qu'un ange le rallumait toujours ...

1ntérieur** Saint-Riquier se nomme Centule lorsque, vers 645, l'ermite Riquier, qui a évangélisé la région, meurt. Sa sépulture, transportée à Centule, devient l'objet d'un pèlerinage. Un monastère bénédictin est fondé, qui sera l'un des plus importants de l'Empire carolingien.

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On admire la beauté et la simplicité de l'ordonnance. La nef est large de 13 m, haute de 24 met longue de 96 m . Ses étages sont séparés par une frise et une balustrade . Le chœur a conservé le décor et le mobilier du 17• s. : ~ grille* de fer forgé, lutrin et stalles des moines, clôture de ]

marbre surmontée d'un grand christ en bois de Girardon.

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Le déambulatoire ouvre sur des chapelles rayonnantes. La première à droite, après l'escalier de la trésorerie, conserve j un tableau de Jouvenet, Louis XIV touchant les écrouelles. "' Dédiée à la Vierge, la chapelle axiale montre des voûtes en étoile aux nervures retombant sur des culs-de -lampe historiés, représentant la vie de la Vierge; à l'entrée, Apparition de la Vierge à sainte Philomène (1847) est une œuvre de Ducornet, artiste sans bras qui peignait avec ses pieds . Dans la chapelle Saint-Angilbert, les cinq statues de saints polychromes sont typiques de la sculpture picarde du 16• s. Le bras droit du transept présente une disposition originale : l'extrémité en est coupée par trois travées de la galerie du cloître, occupées par la sacristie et la trésorerie, dont le mur est orné de sculptures . Le bras gauche abrite un baptistère Renaissance; sa base est sculptée de bas-reliefs illustrant la vie de la Vierge et le baptême de Jésus.

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Trésor C'était la chapelle privée de l'abbé. Les murs de cette salle voûtée (16• s.) sont ornés de peintures murales, dont la meilleure illustre la« rencontre des trois morts et des trois vifs » (1528), symbole de la brièveté de la vie. Le trésor contient un Christ byzantin (12• s.), des reliquaires (13• s.), un retable en albâtre (15• s.) et un curieux chauffe-mains (16• s.).

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Senlis Oise (60)

Cathédrale Notre-Dame** On part à Senlis pour un itinéraire romantique au fil de rues sans âge qui gardent encore le souvenir des dynasties franques, des évêques et des abbés bâtisseurs. On s'immerge dans l'atmosphère médiévale du vieux centre, à l'ombre de sa vénérable cathédrale et, la visite terminée, on n'a qu'une hâte ... revenir!

Sa construction commence en 1153 et se poursuit lentement, faute de fonds. Vers 1240, on ajoute un transept qui n'était pas prévu dans le plan primitif et on élève la flèche. La foudre incendie l'édifice en 1504. La reconstruction des parties hautes et des façades du transept, l'addition des seconds bas-côtés ont donné à la cathédrale son aspect actuel. Les deux tours étaient semblables à l'origine. C'est au milieu du 13• s. que celle de droite fut surmontée de la magnifique flèche** qui a inspiré tant de clochers du Valois. Son sommet s'élève à 78 m au-dessus du sol. Le Grand Portail** - consacré à !'Assomption de la Vi erge - a retrouvé sa polychromie d'origine. Les deux bas-reliefs de son linteau, figurant la Dormition de la Vierge et son Assomption, sont célèbres; leur sculpture présente un réalisme et une liberté d'attitude rares au 12• s. : ainsi l'empressement des anges pour soulever et emporter leur souveraine. Les huit personnages de l'Ancien Testament qui garnissent les ébrasements ont beaucoup de vie; leurs têtes, brisées pendant la Révolution, ont été refaites au 19• s. Contre la porte, à gauche, Abraham se prépare à sacrifier son fils Isaac : un ange retient le glaive. Sur les socles des statues des ébrasements, les panneaux figurant les travaux des mois sont sculptés avec beaucoup de verve.

Flan c sud La façade du croisillon** , œuvre de Pierre Chambiges (16• s.), contraste avec la façade principale. On peut mesurer le chemin parcouru par l'art gothique depuis le 12• s., où la sobriété est encore de mise, jusqu'au 16• s., quand la décoration flamboyante jette ses derniers feux, déjà influencée par l'art de la Renaissance que les guerres d'Italie viennent de révéler. Les parties hautes du ~ vaisseau, percées de grandes J_- fenêtres flamboyantes, sont - également du 16• s.

Le chevet a conservé sa partie basse du 12e s., avec ses chapelles rayo nnantes . Seu le la chapelle axiale a été remplacée au 19e s. par une chapelle plus grande. Comme à Notre- Dam e de Paris, les tribunes, héritage roman, étayent la nef et le chœur avec le renfort d'arcs-boutants gothiques.

Flanc nord Moins monumental, égayé de verdure, ce côté de la cathédrale est très pittoresque. La façade latérale nord est semblable à cel le du sud, mais avec une décoration moins chargée. Sur le gâble qui couronne le portail apparaît la salamandre et le F de François 1e•, rappelant les grands tra vaux de reconstruction du 16e s.

Intérieur Le vaisseau est long de 70 m, large de 19,20 m, haut de 24 m. Au -dessus des orgues, la voûte du 12e s. a échappé à l'incendie de 1504, et reste un témoin de la hauteur primitive: 17 m. La nef et le chœur, étroits pour leur hauteur, donnent une impression d'envolée. Les tribunes qui surmontent les bas-côtés comptent parm i les plus belles de France. La 1re chapelle à droite de la porte sud possède une belle voûte à clefs pendantes et des vitraux du 16es., les seu ls vitraux anciens de la cathédrale, ainsi qu'une Vierge en pierre du 14e s. Dans le déambulatoire, du côté droit, la statue de Saint Louis date du 14e s. La chapelle du cro isi llon nord abrite un Christ du 1se s., en bois de mélèze. Dans le bas-côté, à gauche, vei lle une élégante sainte Barbe de la f in du 16e ou du début du 17• s.

R.Matres/hem1s.fr

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Soissons Aisne (02)

Abbaye Saint-Jean-des-Vignes•• Capitale des premiers rois mérovingiens, célèbre pour son vase brisé, la ville de Soissons a été reconstruite après 1918, mais conserve sa cathédrale gothique, simple et pure, et les vestiges d'un monastère qui fut l'un des plus riches du Moyen Âge.

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Fondée en 1076, l'abbaye fut l'une des plus riches du Moyen Age. Les libéralités des rois de France, des évêques, des seigneurs et des bourgeois permirent aux moines de construire, aux 13• et 14• s., une église abbatiale et des bâtiments monastiques. En 1805, un décret impérial, pris en accord avec l'évêché de Soissons, ordonna la démolition de l'église, dont les matériaux devaient servir à réparer la cathédrale. Devant les protestations, la façade fut sauvegardée.

Façade Les portails à redans sont finement découpés et surmontés de gâbles (fin du 13• s.). Le reste est du 14• s., à part les clochers (15• s.) Une galerie à claire-voie sépare le portail central de la rose, qui a perdu son réseau d'arcatures. Aux contreforts des tours sont accolées, deux à deux, des statues de la Vierge et des saints. Le clocher nord, plus large, est le plus élevé et le plus orné : dais finement travaillés des contreforts, clochetons ajourés et surmontés de flèches à crochets, arêtes et crochets saillants; à ses pieds, les statues de saint Jean et de la Vierge.

Bâtiments conventue ls Il ne reste du grand cloître* que deux galeries édifiées au 14• s. Les arcades en tiers-point, séparées par des contreforts ouvragés, possédaient une arcature dont les travées sud conservent des restes . Les chapiteaux sont ornés de délicats motifs de fleurs et d'animaux. Le petit cloître présente deux travées Renaissance. Dans le prolongement de la façade, au dos du grand cloître, le

réfectoire* (13• s.) comporte deux nefs voûtées d'ogives et conserve sa chaire de lecteur. Sept fines colonnes coiffées de chapiteaux à feuillage reçoivent la retombée des doubleaux et des nervures. Huit grandes roses à lobes percent les murs est et sud . Sous le réfectoire dont il rep roduit le plan, le cellier est voû té d'ogives retombant sur de robustes piles octogonales. En face, l'ancien logis de l'abbé (16• s.) est occupé par le Centre d'interprétation de !'Architecture et du Patrimoine, qui présente l'histoire et l'évolution architecturale du site et de la ville.

221 HAUTS-DE-FRANCE

Arsenal Progressivement désaffectée au cours du 18• s., l'abbaye sert de caserne après la Révolution . Un arsenal est construit au 19• s. Des expositions tem poraires d'art contemporain et des concerts y sont régulièrement organ isés.

Cathédrale-basilique Saint-Gervais-et-Saint-Protais** La pureté de ses lignes et la simplicité de son ordon nance en font l'un des plus beaux témoins de l'art gothique. Sa construction débute au 12• s. par le croisillon sud. Le 13• s. voit s'élever le chœur, la nef et les bas-côtés . Le croisillon nord et la partie haute de la façade sont du 14• s. La guerre de Cent Ans interrompt les travaux, et le clocher nord reste ina chevé. Après la Grande Guerre, seuls le chœur et le transept sont restés intacts.

Ex téri eur La façade asymétrique ne laisse pas présager la beauté intérieure de l'édifice . Au 18• s., des remaniements, corrigés en partie en 1930, ont défi guré les portails qui n'ont conservé que leurs profondes voussures. La rose, surmontée d'une galerie, s'inscrit dans un arc ogival. De la rue de l' Évêché, on aperçoit l'étagement du bras sud du transept qui se termine en hémicycle, et, de la place Marquigny, le chevet. A l'est du croisillon nord s'ouvre un portail à gâble élancé, épaulé par deux contreforts; l'art décoratif du 14• s., plus ouvragé, s'y manifeste. La façade du croisillon est ornée d 'arcatures rayon nantes (14• s.). Percée d 'une grande rose, inscrite dans un arc en tiers-point, elle s'achève par un pignon flanqué de deux pinacles.

Intérieur*

222

La cathédrale, longue de 116 m, large de 25,6 met haute de 30,33 m, est absolument symétrique. Aucun déta il ne rompt l'harmonie de ce vaisseau . Des colonnes cylindriques séparent les travées de la nef ou du chœur. Leurs chapiteaux, sobrement décorés, reçoivent la retombée des grandes arcades en tiers-point. Ils servent de point d'appui à cinq fûts qui soutiennent la voûte et sont prolongés jusqu'au socle par une colonne engagée. Les grandes arcades sont surmontées d'un triforium et de hautes fenêtres géminées. Le croisillon sud** est une merveille de grâce, due en partie à son déambulatoire. S'y ouvre une chapelle à deux étages . Une belle clef réunit les nervures de la voûte : elles retombent sur des

8. Gordel!hemisJr

colonnettes encadrant les fenêtres et sur les deux colonnes monolithes de l'entrée. Le chœur est un des premiers témoins du style gothi que la ncéolé. Les fenêtres à cinq lancettes sont ornées de vit raux d es 13• et 14• s. L'autel est encad ré de statues de marbre blanc représent ant l'Annonciation. Les voûtes d'ogives des chapelles rayonnantes se combinent avec celles du déambulatoire; les branches d'ogives s'entrecroisent à la même clef. Le croisillon nord présente la même ordonnance que la nef. Le mur du fond est occupé par une rose avec des vitraux anciens (14• s.). A gauche, L'Adoration des bergers fut exécutée par Rubens pour les cordeliers, en remerciement des soins que ceux-ci lui avaient prodigués. HAUTS·OE· FRANCE

Abbaye et jardins de Valloires** Argoules - Somme (80)

Au creux du val d'Authie. parmi les bois et les prairi es, Valloires est réputée être la seule abbaye cistercienne du 18c s. encore entière en France. Son église baroque, au décor raffiné , trône dans des jardins invitant à la flânerie. www.abbaye-valloires .com

Fondé au 12• s. par Guy Il, comte de Ponthieu, le monastère cistercien accueille en 1346 les dépoui lles des chevaliers tués à la bataille francoangla ise de Crécy. Les bâtiments incendiés au 17• s. sont reconstruits au milieu du 18• s. sur les plans de Raoul Coignart. La décoration est l'œu vre du baron de Pfaffenhoffen, dit Pfaff (1715-1784), Viennois fi xé à Sa int-R iquier à la suite d 'un duel qui l'avait obligé à quitter sa ville d'origine. Depuis 1922, l'abbaye et les jardins sont la propriété de l'Association de Valloires, créée par Thérèse Pap illon , infirmière de la Croix-Rouge ; le site accueille aujourd 'hui une ma ison d 'enfants à caractère social et une hôtellerie.

Logis abbatia l Il est situé au -delà du colombier (16• s.), sur la façade est. Le grand sa lon est décoré de boiseries* en chêne, de style rocaille Louis XVI. La galerie du cloître est voûtée d'arêtes. Au rez-de-chaussée de l'aile est se trou vaient le réfectoire et la salle capitula ire, à l'étage les appartements de l'abbé et les cellules. La sacristie conserve des to iles de Parrocel et de l'école de Boucher.

Église• « Elle ferait les délices de Mm• de Pompadour mais saint Bernard n'y trou verait rien à redire » : cette rema rque d 'un voyageur témoigne de l'accord entre la sobriété de l'architecture et la finesse du décor.

Une tribune* sculptée de chutes d'instruments musicaux supporte l'orgue (1) De chaque côté, les statues symbolisent la Relig ion. La balustrade et le petit buffet sont ornés de putti et d'angelots musiciens. Des cariatides soutiennent le grand buffet, couronné par une statue du roi David entouré d'anges musiciens. Les grilles** du chœur (2) comportent les armes de Va lloires et le serpent d'airain de Moïse. Elles ont été forgées par Jean Veyren dit « le Vivarais » : ce serrurier de Corbie exécuta aussi les grilles de la cathédrale d'Amiens et celles du château de Bertangles . Deux anges adorateurs en plomb doré sont placés de part et d'autre du maître-autel (3), que domine une suspension eucharistique de Jean Veyren en forme de crosse abbatiale. Deux anges blancs en papier mâché planent au-dessus de l'autel. Enfin, dans le croisillon droit se trouvent les gisants d'un comte et d'une comtesse de Ponthieu (4), datant du 16• s.; dans le croisillon gauche, on aperçoit la baie par laquelle les moines malades pouvaient suivre l'office. Les stalles (5) sont sculptées de divers trophées religieux; celles de l'abbé et du prieur, ornées de boiseries, encadrent l'entrée de la chapelle absidiale.

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,Jardins** En 1981, le pépiniériste Jean-Louis Cousin décide de présenter au public sa collection de végétaux. Le paysagiste Gilles Clément dessine le domaine : en France, c'est le premier « jardin libre » où les plantes ne sont pas classées par espèces, mais selon leurs caractéristiques décoratives. En toute saison, ces jardins de 8 ha offrent des surprises, avec leurs 5 000 va riétés de plantes et d'arbustes. Jardin bleu, roseraie, jardin de marais, jardin des Cinq Sens, etc, sont une invitation au dépaysement et à la rêverie.

225 HAUTS-DE-FRANCE

Grand Est

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RAND EST

Reims, Cathédrale Notre - Dame

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Grand Est - - ------ - --------- - - - - - -----------

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Avioth p. 230

Châlons-enChampagne p. 232

Guebwiller p. 236

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Reims p. 244

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Saint-Nicolasde-Port p. 250

Strasbourg p. 252

Marmoutier p. 237

Metz p. 238

Mouzon p. 242

Murbach p. 243

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Tou l

Troyes p. 258

Vignory

Thann p. 256

Crédits photographiques · les photos ci-contre sonr exrra1tes des pages du chapirre

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257

p. 261

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Avioth Meuse (55)

Basilique Notre-Dame** Apparition insolite et tout à fait inattendue, dans un petit village près de la frontière belge, d'une magnifique basilique gothique. Un monument unique J'accompagne, destiné à recevoir les offrandes des pèlerins : la Recevresse.

La légende veut que deux anges aient sculpté en une nuit une statue de la Vierge, qui devint l'objet d'un pèlerinage au début du 12• s. C'était une « église de répit » où l'on venait prier pour les enfants mort-nés, espérant un miracle. L'afflux des pèlerins entraîna la construction de la basilique en pierre dorée dès la 2• moitié du 13• s. Elle s'est poursui vie jusqu 'au début du 15• s. dans le style gothique flamboyant. Viollet-le-Duc la restaura au 19• s.

E,térieur Le portail ouest a de belles proportions avec ses voussures ornées de 70 figures. Au-dessus du portail, près du gâble, est figurée une scène du Jugement dernier : parmi les statues placées dans les contreforts, des anges sonnent les trompettes . Le portail sud est consacré à la Vierge et à l'enfance du Christ. On reconnaît le style champenois dans les soubassements ornés de draperies sculptées. La Recevresse*, élégant petit édifice flamboyant, est à gauche du portail sud, attenant à la porte du cimetière. Elle est destinée à recevoir les offrandes des pèlerins, qui affluent chaque année le 16 Juillet.

Intérieur Très lumineux, il suit la disposition champenoise. Il comporte une coursière (très exceptionnelle dans la région) et un déambulatoire sur lequel donnent des chapelles peu profondes établies entre les contreforts . Dans le chœur, le maître-autel est décoré des symboles des quatre évangélistes. A gauche de l'autel, posée sur un trône de pierre du 15• s. et tout de blanc vêtue, Notre-Dame d'Avioth a été sculptée dans du t illeul vers 1100. Tout autour, 14 statues pol ychromes adossées en hauteur aux piliers du sanctuaire forment une curieuse cour silencieuse à la Vierge miraculeuse . A droite de l'autel, le tabernacle gothique du 15• s. possède un pinacle qui touche presque le sommet de l'arcade dans laquelle il s'inscrit. Des travaux ont fait apparaître sur la clôture et les voûtes du chœur des peintures des 14• et 15• s. La gracieuse chaire de 1538, en pierre finement sculptée d'un décor Renaissance, porte aussi des traces de polychromie; son panneau central représente le Couronnement de la Vierge. Tout à côté, l'Ecce homo est flanqué d 'un Pilate en costume de cour du Saint-Empire.

230

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GRAND EST

Châlons-en-Champagne Marne (51)

Cathédrale Saint-Étienne•• Chef-lieu de la Marne, cette ville dynamique a conservé un charme indéniable, avec ses belles maisons à pans de bois, ses vieux ponts enjambant deux canaux et ses vastes jardins où il fait bon flâner. On y vient également pour ses beaux édifices religieux, qui témoignent d'un riche passé.

Avant la Révolution, el le s'élevait au centre d'un quartier canonial dont le cloître « processionna i » se trouvait à l'emplacement du square actuel. Deux fastueux mariages princiers s'y déroulèrent au 17e s.: celui de Philippe d'Orléans, frère de Louis XIV, avec la princesse Palatine, et celui du Grand Dauphin avec Marie-Christine de Bavière.

Extérieur Le flanc nord est d'un style gothique très pur. Il est rythmé par de hauts contreforts supportant des arcs-boutants à double volée, et par d'immenses verrières aux fines lancettes. Le bras du transept, percé d'une rose au dessin harmonieux, est flanqué d'une tour dont la base romane est un vestige de la cathédrale précédente, incendiée en 1230. A l'ouest s'ouvre un grand portail massif du 17e s.

Intéri eur La nef, inondée de lumière, donne une sensation de légèreté avec son triforium délicat et surmonté de vastes baies. Les deux travées les plus proches de la façade ont été élevées en 1628, et copient le style gothique, à l'exception des feuillages de leurs chapiteaux.

De beaux vitraux* témoignent de l'évolution de cet art du 12e au 16e s. : le vitrail des Mégissiers, corporation des pelletiers (13e s.), dans la 1re travée du bas-côté nord (à gauche); dans le bras nord du transept, des vitraux illustrant deux prophètes et les deux donateurs et, plus loin, saint Étienne et Pierre de Hans (13e s.); dans le bas-côté sud (à droite), le vitrail de !'Enfance du Christ (7e travée) et celui des saints et saintes avec la Vierge et !'Enfant (15e s., 6e travée). Dans une chapelle du déambulatoire, à droite de la chapelle axiale, une peinture sur bois (15e s) montre la consécration de la cathédrale en 1147 par le pape Eugène Ill. Dans la chapelle suivante, on peut admirer un Christ au tombeau, bas-relief du 17e s. Quelques œuvres d'art sont réparties dans le transept et le chœur : un majestueux maître-autel à baldaquin du 17e s. (chœur), un Christ aux liens (ou Christ de pitié) du 15e s. (bras nord du transept) et, dans le déambulatoire, de superbes dalles funéraires gothiques.

TréSOl' Trois précieux vitraux du 12e s. sont restaurés dans la salle basse de la tour, parmi lesquels une Crucifixion entourée de scènes bibliques et la Découverte des reliques de saint Étienne, rehaussée d'un bleu lumineux. À voir aussi: une cuve baptismale (12e s.) sculptée d'une Résurrection des morts; un fragment de la natte de jonc de saint Bernard; la mitre et le brodequin épiscopal (12e s.) de saint Malachie, ami de saint Bernard.

Église Notre-Dame-en-Vaux** cette ancienne collégiale, classée au patrimoine mondial de !'Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle, a été édifiée vers 1150 dans le style roman, mais les voûtes, sa nef et son transept furent surélevés à l'époque gothique et son chœur reconstruit (fin du 12e s.-début du 13e s.)

Extérieur L'austère façade romane, avec ses deux tours surmontées de flèches couvertes de plomb, se reflète dans les eaux du Mau. Le chevet à déambulatoire et les chapelles rayonnantes sont mis en valeur par deux tours romanes (on a la meilleure vue d'ensemble en se plaçant au fond de la place Mgr-Tissier). Le porche sud (15e s.) précède un portail roman : ses statues-colonnes ont été mutilées à la Révolution mais les chapiteaux ont été épargnés. Le carillon comprend 56 cloches . Au nord de l'église, un jardin (non accessible hors saison) marque l'emplacement de l'ancien cloître.

Intérieur** La nef, avec son élévation à quatre niveaux, témoigne d'un style de transition entre art roman et art gothique primitif. Le chœur, entièrement reconstruit à la fin du 12e s.-début du 13e s., a conser vé cette élévation par souci d'harmonie.

233 GRAND EST

Cathédrale Sa int-Étienne

L'édifice est éclairé par une harmonieuse série de vitraux• champenois. Les plus beaux (16• s.) ornent le bas-côté gauche. Depuis le portail ouest, on peut ainsi voir la légende de saint Jacques, qui raconte la bataille de 844 opposant les chrétiens aux Maures (2• travée), la Dormition et le Couronnement de la Vierge (3• travée), les légendes de sainte Anne et Marie et l'enfance du Christ (4• et 5• travées), la Compassion de la Vierge (6• travée).

Musée du Cloître de Notre-Dame-en-vaux* Il abrite de remarquables sculptures provenant d'un cloître roman jouxtant Notre-Dame-en-Vaux, dont les premières fouilles importantes remontent à 1963. Bâti au 12• s., il avait été démoli en 1759 par les chanoines eux-mêmes, pour construire leurs maisons canoniales. Une grande salle présente, parmi les pièces de va leur, une série de 55 statues-colonnes•• : les plus belles représentent de grandes figures bibliques (Mol"se, Daniel, Pau l. .. ). Des chapiteaux relatent également des épisodes du Nouveau Testament. Sur les quatre faces de l'un d'eux se su ivent la Présentation au Temple, la Fuite en Égypte, le Baptême du Christ et la Résurrection de Lazare . Sur un autre se déroulent les Noces de Cana.

À PROXIMITÉ

Basilique Notre-Dame-de-l'Épine**

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S'élevant sur une légère émine nce, 8 km à l'est de Châlons, la basilique, classée au patrimoine mondial au titre des chemins de SaintJacques-de-Compostell e, s'aperço it de loin. Insp irée de la cathédrale de Reims par certains éléments architecturaux et ornementaux, elle est le siège de grands pèlerinages depuis le Moyen Âge : selon la légende,

des bergers découvr irent une statue de la Vierge dans un buisson d'épines enflammé, à proximité de la chapelle prim itive. Des pèlerins illustres sont venus vénérer l'image miraculeuse, dont une copie est exposée sous le j ubé: Charles VII, Louis XI et le roi René d 'Anjou. Un pèlerinage y a toujours lieu le dimanche suivant le 8 Mai, et le 15 août.

E\térieur

Tout autour de l'égli se, on peut encore voir des anneaux fixés aux murs : ils permettaient autrefois d'y attacher son cheval.

La basilique du début du 15e s. a été progressivement agrandie. Elle présente une façade de style gothique flamboyant; Claude l évoquait ce « brasier ardent, bu isson de roses épanou ies ». Trois portails sont surmontés de gâbles aigus dont le plus haut porte un crucifix. En se plaçant près des portai ls, on découvre une perspective ascendante sur l'étagement fantastique des pinacles, des clochetons et des gargouilles* très réalistes, qui étonnèrent Hugo et Huysmans. Elles symbolisent notamment les vices et les esprits mauvais, chassés du sanctuaire par la présence divine. Les gargouilles jugées trop obscènes furent démolies au 1ge s. et remplacées. Le portail du bras sud du transept est orné de draperies sculptées analogues à celles du portail principal de la cathédrale de Reims. Son linteau porte diverses scènes de la vie de saint Jean-Baptiste. A proximité, une inscription gothique s'adresse aux voyageurs : « Bonnes gens qui ici passez, priez Dieu [pour les trépassés]. » La flèche de droite, haute de 55 m, présente une couronne mariale à fleurs de lys; celle de gauche, arasée en 1798 pour permettre l'installation d'un télégraphe Chappe, a été rétablie en 1868.

Basil ique Notre-Dame-de-l'Ép ine

Intérieur D'un style très pur, il exprime la perfection de l'architecture gothique. Le chœur est clos par un élégant Jubé (fin du 15e s.) dont l'arcade droite abrite la statue vénérée de Notre- Dame (14e s.) et par une clôture de pierre, gothique à droite, Renaissance à gauche. Au-dessus du jubé, une poutre de gloire (16e s. ) porte le Christ en croix entre la Vierge et saint Jean. En contournant le chœur par la gauche, on observe dans le déambu latoire un tabernacle-reliquaire de structu re got hique mais dont le décor mê le éléments gothiques et Renaissance. L'espace situé derrière la grille permettait aux f idèles de toucher les rel iques, dont un fragment de la Vraie Croix. Les chapel les rayo nnantes sont du début du 16e s. L'une d'elles abrite une be ll e Mise au tombeau (m il ieu du 15e s.) dont on ne connaît ni l'auteur, ni l'atel ier. GRAND EST

Guebwiller Haut-Rhin (68)

Église Notre-Dame•

Au 18c s., le chapitre de chanoines de l'abbaye de Murbach vient résider à Guebwiller où les princes-abbés avaient déjà établi leur château. La ville voit alors fleurir un opulent ensemble de bâtiments religieux.

La place Jeanne-d'Arc est occupée par la belle église néoclassique élevée de 1760 à 1785 par le dernier prince-abbé de Murbach. La façade de grès rouge est décorée de statues représentant les vertus théologales et cardinales.

A l'intérieur**, les deux bras du transept s'achèvent par des absides semi-circulaires qui forment avec celle du chœur un jeu trinitaire d'esprit baroque. Le maître-autel** (1783) présente une exceptionnelle composition en haut-relief sur le thème de !'Assomption, où le sculpteur Fidèle Sporrer, aidé par sa fille Hélène, a laissé libre cours à ses dons de metteur en scène. On lui doit aussi les stalles et le buffet d'orgues.

Église Saint-Léger• C'est un très bel édifice dans le style roman rhénan tardif en grès rose. La façade ouesb*, encadrée de deux hautes tours, comporte un porche ouvert sur trois côtés. Les bandes d'arcatures dénotent quant à elles une influence lombarde. Le transept dépourvu d'absidioles est surmonté d'une tour de croisée octogonale; il date, comme la nef, la façade et les bas-côtés, des 12• et 13• s.

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Marmoutier Bas-Rhin (67)

Église abbatiale** Bâtie en grès rouge des Vosges, la façade occidentale** montre d 'admirables proport ions avec son clocher carré et ses deux tours d'angle octogonales . Formant l'une des rares ouvertures dans cette paroi tout en lignes verticales, le porche dévoi le une voûte d'ogives centrale, entre deux voûtes en berceau. Le narthex, surmonté de coupoles, est la seule partie intérieure romane. Dans les bras du transept, des monuments funéraires ont été élevés en 1621 et très abîmés pendant la Révolution. De belles boiseries ornent le chœur : les stalles Louis XV et quatre dais surmontés de feuillages et de branches d'arbres . De petits anges charmants couronnent les stalles. Les orgues authentiques de Silbermann, construites de 1709 à 1745, comptent parmi les plus belles d'Alsace. Des vestiges d'une église précarolingienne ont été découverts sous le transept (accès par la crypte, entrée dans le bras sud du transept).

Sur la route de Saverne, l'église abbatiale de Marmoutier est un véritable joyau de l'art roman alsacien. Pour le plus grand bonheur des mélomanes, elle détient un prestigieux orgue Silbermann, sur lequel Albert Schweitzer aimait à venir s'entraîner.

L'Alsace est la région de France qui conserve le plus d'orgues. On comprend ainsi la création du Point d'Orgue-Centre d'interprétation du patrimoine de Marmoutier, dans l'ancienne grange dîmière du monastère, qui permet de découvrir l'instrument de façon ludique et interactive.

237 GRAND EST

Metz Mose lle (57)

Cathédrale Saint-Étienne*** Metz mérite son titre de « Ville Lumière ». À elles seules, les splendides verrières de sa cathédrale justifient cette appellation, formant un ensemble somptueux qui a valu à l'édifice le surnom de « lanterne de Dieu ». htt p://cathedrale -met z.fr

Un sanctuaire dédié à saint Étienne se trouvait au cœur de la ville; au 1o• s., l'évêque Thierry I•' décide de le reconstruire et, en 1220, son successeur entreprend l'édification d'une cathédrale de style gothique. L'église Notre -Dame-la-Ronde qui se trouvait devant le terrain de la future cathédrale est englobée dans le projet : il y a donc deux églises en une. Au 18• s., les travaux du maréchal de Belle-Isle, gouverneur des Trois- Evêchés, ne sont pas sans conséquence pour la cathédrale: il fait démolir le cloître et les trois églises attenantes, reconstruire le grand portail et aménager la place d'Armes par Blondel. En 1877, un feu d'artifice tiré depuis le toit de la cathédrale provoque un incendie qui détruit la charpente de bois et la couverture en ardoise. La toiture est remplacée cinq ans plus tard par une construction métallique plus haute que l'ancienne. A la même époque, les Allemands détruisent le grand portail du 18• s., reconstruit par la suite dans un style néogothique par Tornow.

Exlérieur

Comme sa voisine, la tour de Mutte date du 13' s. C'est la fameuse cloche « dame Mutte » qui lui donna son nom: il vient du mot «ameuter», c'est-àdire «convoquer».

La cathédrale Saint-Étienne s'impose par l'harmonie de ses élévations, encore que la surélévation de sa toiture ait été préjudiciable à l'envol des tours. Bâti en pierre de Jaumont, l'édifice a subi diverses influences lors de sa construction. Le portail nord de Notre-Dame -la-Ronde (2• travée du flanc sud) est orné de draperies sculptées d'i nspiration champenoise et de petits bas-reliefs du 13• s. Des figures d'animaux fantastiques, des scènes de la vie du roi David, de sainte Marguerite et de saint Étienne l'animent. La surface des verrières est caractéristique du style gothique d'Île-de-France. Les tourelles qui encadrent le chevet sont d'inspiration rhénane. L'entrée de la cathédrale se fait par le portail de la Vierge, sur la place d'Armes. Celle-ci, bien dégagée, offre une belle vue sur la façade latérale de l'église.

Intérieur

238

Ce qui frappe d'emb lée, c'est la hauteur de la nef (41, 77 m, ce qui en fait le plus haut vaisseau de France, après le chœur de Beauvais et la nef d'Amiens) et la surface occupée par les vitraux (6 496 m 2). Cet élan est rendu plus sa isissant encore par l'abaissement volontaire des col latéraux. Une frise garnie de draperies et de feuillages, à l'i mitation des décorations habituelles des jours de fêtes, court tout autour, sous les fenêtres hautes.

GRAND E~~-------------

1. Orgue de chœu r (1537) 2. Vitrail du 13' s. 3. Verrière de Théo bald de Lyx hei m. 4 . Œuvre de Valent in Bau sch. 5. Vit raux modern es de Pie rre Gaud in, Jacq ues Vi ll on, Roger Bissière . 6. Le Parad is terrestre et le péché originel , de Marc Chagall. 7. Vitraux de M arc Chaga ll. 8 . Trône épi scopal de saint Clément 9. Scè nes de la vie de sa int Pau l (13' s.).

CATHÉDRALE ST-ÉTIENNE -

Dans le chœur, le trône ép iscopal de saint Clément (8) a été taillé à même le fût en marbre d'une co lonne romaine.

Ancienne ég lise N.-D.-l a-Ronde

Verrières***

Rue du Vivier

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Dans le bas-côté gauche, près du Grand Portail , se trouve l'imposante baigno ire en porphyre provenant des thermes et qui servait de fonts baptismaux. Un petit orgue de chœur Renaissance en nid d 'hirondelle (1), conçu en 1537, est suspendu sur le côté droit de la nef, au point de rencontre avec le transept. Cet emplacement inhabitue l lui confère des performances acousti ques remarquables.

15m

Place de la Cathédrale

4

Elles forment un ensemble somptueu x. Œu vres de maître s verriers illustres ou anon yme s, elles sont de t ypes et d 'époques trè s varié s (13• s.-20• s.). La fa çade est percée d'une magnifique rosace du 14• s., œuvre d'Hermann de Munster. La rose a été amputée de sa partie inférieure par la construction du Grand Portail en 1766, réali sé en sou ven ir de la guérison de Louis XV (celui-ci était tombé gravement malade lors de son passage à Metz en août 1744).

A l'entrée dans le bas-côté gauche, vitrail du 13• s. (2) et quelques travées plus loin, œu vres modernes de Pierre Gaudin, Jacques Villon et Roger Bissière (5). Dans le t ransept (6), un vitrail de Marc Chagall représente le Paradis terrestre et le péché originel. En face, le vitrail présen tant des bouquets florau x et des animaux fantastiques est le plus récent (1970). A côté, dans la pa rtie la plus aj o urée du bâtiment qui fut reconstruite vers 1600, la verrière de gauche de Théobald de Lyxheim est ornée de trois roses (3). Dans le déambulatoire, on retrou ve deux vitraux de M arc Chagall (7): sur le premier, on reconnaît le sacrifice d 'Abraham, la lutte de Jacob avec l'ange, le songe de Jacob, Moïse devant le bu isson ardent; sur le second figurent Moïse recevant les tab les de la Lo i, David jouant de la harpe et le prophète Jérémie. Le transept droit abrite les vit rau x les plus anciens de la cathédrale (13• s.), qui représentent des scènes de la vi e de sa int Paul (9). A ses côtés, les vitraux sont dus au Strasbourgeois Valentin Bausch (4), qui a également réalisé ceu x du chœur. Dans la chapelle du Saint-Sacrement, les vitraux de Jacques

Villon exécutés en 1957 représentent au centre la Crucifixion, à gauche la Cène et à droite les noces de Cana.

Crypte Elle date du 15• s. mais présente des éléments de la crypte romane du 1o• s. On y trouve le tympan mutilé du portail de la Vierge du 13• s., des objets de fouilles et de culte soustraits au trésor ou encore une Mise au tombeau du 16• s. Une maquette représentant le quartier de la cathédrale en 1754 permet de comprendre l'agencement de la cathédrale avant les travaux du maréchal de Be lle-Isle. On note, suspendue au plafond, une effigie du « Graoully », animal mi-dragon mi-serpent attaché à une légende ancienne : dévastant les environs, il aurait été soumis par saint Clément, premier évêque de la ville (280).

Trésor Il renferme l'anneau épiscopal en or de saint Arnoult, un reliquaire en émail limousin du 12• s., des objets cultuels, etc. Le « Gueulard », tête en bois sculptée du 15• s., provient des grandes orgues : il ouvrait la bouche quand elles jouaient la note la plus grave.

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Mouzon Ardennes (08)

Abbatiale Notre-Dame• Bourg harmonieux établi entre deux bras de la Meuse, Mouzon abrite une impressionnante abbatiale gothique, qui domine de sa masse imposante les vieilles maisons de calcaire jaune serrées sur les rives du fleuve.

L'abbaye bénédictine est fondée en 971 par Adalbéron, évêque de Reims. Après la construction d'une première église, l'abbatiale fut bâtie vers 1190 et achevée en 1231, sauf la tour nord (1 Ses.) et la tour sud (16es.). Des restaurations très visibles ont été effectuées à la fin du 19e s. Les 46 contreforts, d'une grande sobriété, contrastent avec le tympan richement sculpté, où l'on peut voir des scènes de la vie de la Vierge. À l'intérieur, l'élévation du chœur (fin 12e s.) et de la nef (13e s) repose sur de gros piliers ronds, comme à Laon dont Mouzon reproduit le plan primitif. Les galeries qui surmontent le déambulatoire et les chapelles rayonnantes forment une ligne harmonieuse. L'une des chapelles du chœur conserve des fragments de peintures médiévales sur le thème de !'Assomption. À gauche s'ouvre la cellule d'une recluse qui consacra la fin de sa vie à prier Dieu dans ce logis minuscule. Le mobilier du 18e s. est intéressant: l'orgue et buffet d'orgue en bois sculpté (1725) constituent le seul témoignage de l'œuvre de Christophe Moucherel dans le nord de la France. À gauche de l'église, les anciens bâtiments abbatiaux (1660) présentent une belle ordonnance.

Murbach Haut-Rhin (68)

Église Saint-Léger•• LES GRANDES HEURES DE L'ABBAYE L'abbaye de Murbach fut fondée en 727 par l'évêque Pirmin. Celui-ci était pérégrin, c'est-à-dire qu'il ne souhaitait pas s'installer longuement quelque part, si bien que le monastère prit d'abord le nom de Vivarius Peregrinorum, le « vivier des Pérégrins ». En 850 est constituée la bibliothèque de l'abbaye. Ses manuscrits contribuent grandement à sa renommée. En outre, l'abbaye possède des biens dans plus de 200 localités, de Worms dans le Palatinat à Lucerne en Suisse . Aux 16e et 17e s., on en vient même à battre monnaie dans ses ateliers. Les abbés avaient le titre de prince du Saint-Empire et les moines devaient justifier de quatre générations d'ancêtres nobles. Ils firent du sanctuaire de Murbach l'un des joyaux de l'art roman en Alsace.

Extérieur L'ancienne abbatiale du 12e s. est réduite au chœur et au transept: la nef a été démolie en 1738. Le chevet** est la partie la plus remarquable. Son mur plat légèrement en saillie porte des sculptures disposées apparemment avec fantaisie dans le large triangle du haut (figure de Samson, lièvre jouant de la harpe, chien jouant de l'épinette, etc). Le tympan du portail sud rappelle certains ouvrages orientaux, avec sa composition en faible relief : deux lions s'affrontent dans un encadrement de rinceaux et de palmettes.

Intérieur Il recèle le sarcophage des sept moines tués par les Hongrois en 926. Le croisillon sud abrite, dans un enfeu, le gisant du comte Eberhard (14e s.).

Installée dans un vallon verdoyant, propice à la promenade et à la méditation, l'église de Murbach est le vestige de l'une des plus puissantes abbayes bénédictines de la région .

Reims Marne (51)

Des pierres et des bulles ! Malgré une histoire mouvementée, la capitale du champagne conserve de splendides chefsd'œuvre architecturaux classés au patrimoine mondial de l'Unesco, comme la cathédrale Notre-Dame et la basilique Saint-Remi.

UN PEU D'HI STOIRE Une vocation religieuse Sous l'épiscopat de Remi (440-533), la vocation religieuse de Reims prend une importance décisive. Un peu avant l'an 500, l'évêque baptise Clovis le jour de Noël, scellant l'union des Fran cs et du christian isme. La ville pavoise: une procession se déroule de l'ancien palais impérial jusqu 'a u baptistère situé près de la cathédrale. En octobre 816 a lieu un événement marquant: le sacre impérial de Louis le Pieu x dans la vi ei lle cathédrale. Sous les épiscopats d' Ebbon et d ' Hincmar (9• s.), le rayonnement artistique de l'éco le de Reims, experte dans l'enluminure, atteint son apogée, tandis qu'une nouvelle cathédrale s'élève. Du 11 • au 13• s., la ville se développe et s'embellit de prestigieux édifices, comme l'abbatiale Saint-Remi et la cathédrale Notre-Dame.

Reims confirme définit ivement sa vocation de vil le du sacre. Celui de Charles VII, le 17 ju illet 1429, est le plus émouvant. Jeanne d'Arc assiste à la cérémon ie, son étendard à la main : « Il a été à la peine, il était juste qu'il fût à l'honneur. »

Le cérémonial du sacre Réglé dès le 12• s., il sera observé pour les 25 sacres, de Lou is VI II à Charles X (1223 à 1825). Le jour du couronnement, deux évêques vont chercher le roi au palais archiépiscopal, qu'une galerie de bo is ornée de tapisseries relie à la cathédrale, et le mènent à la cathédrale. Ayant prêté serment, le roi monte à l'autel où les dignita ires le ceignent de son épée et lui fixent ses éperons . Avec une aigui lle d'or, l'archevêque prend dans la sainte ampoule une goutte du saint chrême qu'il mélange avec les huiles consacrées sur la patène de sa int Remi; il procède ensuite à l'onction du roi. Celui -ci revêt alors le manteau, reçoit l'anneau, le sceptre et la main de justice. Avec l'assistance des pairs, l'archevêque le couronne, le mène au trône, l'embrasse et crie : « Vivat Rex êf:ternum. » Enfin, le roi regagne l'archevêché et la cérémonie se conclut par un banquet. Le lendemain, il se rend à l'abbaye de Corbeny pour vénérer les reliques de saint Marcoul qui donnent le pouvoir de guérir les écrouelles .

Cathédrale Notre-Da me*** Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, elle est l'une des plus importantes cathédrales du monde chrétien par ses dimensions, son unité de style, sa statuaire et les souvenirs qui la lient à l'histoire des rois de France. Sa longueur totale atteint 138 m; la hauteur sous voûte est de 38 m. Une première cathédrale avait été élevée en 401 par saint Nicaise. Elle fut remplacée au 9• s. par un édifice plus vaste, détruit lors d'un incendie en 1210. L'archevêque Aubry de Humbert décida alors la construction d'une cathédrale gothique à l'image de celles qui étaient en chantier depuis la fin du 12• s. à Paris, Soissons et Chartres. Les plans furent confiés au maître Jean d'Orbais et la première pierre posée en 1211. En 1285, l'intérieur était achevé; les tours se dressèrent au cours du 15• s. Le projet était de bâtir quatre autres tours et sept clochers, mais en 1481 un incendie ravagea les combles. La cathédrale souffrit de quelques modifications au 18• s. (suppression du jubé, de vitraux et du labyrinthe), mais ell e passa la Révolution sans grand dommage. Au 19• s. fut menée une campagne de consolidation et de restauration. Elle s'acheva it à pe ine lo rsque la guerre de 1914-1918 frappa la cathédrale de plein fouet.

L'Ange au sourire veille sur la cathédrale de Reims, l'une des plus vastes et des plus belles de France. Il faut la contempler de préférence en fin d'après-midi, quand le soleil effleure sa grande rosace et ses milliers de sculptures ... ww w.cathedrale- reims.fr

Extérieur De nombreuses statues sont nichées dans chaque recoin. On en a dénombré plus de 2 300, mais certaines, trop abîmées par la guerre et les intempéries, sont désormais exposées au pala is du Tau. La plupart ont été remplacées par des cop ies.

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Durant la Première Guerre mondiale, Reims fut détruite à 80 % par les bombardements allemands. Le 19 septembre 1914, l'un d'eux mit le feu à la charpente de la cathéd rale: l'énorme brasier fit fondre les cloches et les plombs des verrières, et éclater la pierre. Des obus atteignirent ensuite l'édifice tout au long des affrontements ... Cependant, les murs tinrent bon et, à la fin de la guerre, une restauration fut entreprise. L'architecte Henri Deneux conçut alors une charpente en béton ininflammable.

Façade - C'est l'une des plus belles qui soient en France. Son ordonnance est semblable à celui de Notre-Dame de Paris, mais ses lignes sont magnifiées par le mouvement vertical que créent les tympans, les gâbles et les pinacles aigus, les colonnettes élancées et les gigantesques effigies de la galerie des Rois . Les trois portails, surmontés d'un gâble, correspondent aux trois nefs. Les sculptures sont caractéristiques du style champenois au 13• s., par la variété des attitudes, la simplicité des vêtements, et le réal isme qu i s'en dégage. Au portail central, consacré à Marie, la Vierge au trumeau sourit. Au-dessus de la rosace, la galerie des Rois compte 56 statues dont chacune mesure 4,50 m de haut et pèse 6 à 7 tonnes. Au centre, on découvre le Baptême de Clovis. Contreforts - Les façades latérales de la nef, avec leurs contreforts et arcs-boutants, ont conservé leur all ure d'origine, aucune chapelle n'ayant été construite ultérieurement. On surnomme Notre-Dame de Reims la « Cathédrale des anges », car les contreforts sont surmontés de niches dont chacune abrite un grand ange aux ailes déployées, parmi lesquels le célèbre Ange au sourire (portail de gauche, le, ., à gauche de la porte). Façade du transept nord - Elle est dotée de trois portails dont la statuaire est plus ancienne que celle de la façade occidentale. Celui de droite provient de l'ancienne cathédrale romane : son tympan, orné d'une Vierge en majesté sous une arcade en plein cintre, est encadré de beaux entrelacs de feuillages. Le porta il du milieu figure, au trumeau, saint Cal ixte pape. Ce lui de gauche montre, dans les ébra sements, six belles statues d'apôtres encadrant le Beau Dieu, qui a retrou vé sa tête . Le t ympan présente des scènes du Jugement dernier aux détails pittoresques. Parmi les damnés du premier registre, on reconnaît un roi , un évêque, un moine et un juge. Au-dessus, les morts se contorsionnent pour sortir de leurs tombes. Chevet - Du cours Anatole -France s'offre une belle vue* sur le chevet de la cathédrale. La multiplicité des chapelles rayonnantes, avec leurs toits surmontés de galeries à arcatures, et les deux séries superposées d'arcs-boutants créent une harmonieuse association de volumes.

Intérieur

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L'impression d'élancement est accentuée par les dimensions de la nef, étroite par rapport à sa longueur, et par le tracé des doubleaux formant des arcs très aigus. Nef - Elle s'élève sur trois niveaux. Au -dessus des arcades étayées de piliers cylindriques, le triforium aveugle correspond à l'appui des toitures des bas-côtés : il court sous les hautes baies, divisées en lancettes par un meneau. Les chapiteaux englobent dans leur pourtour les quatre demi-colonnes engagées dans le pilier : ils sont ornés d'une décoration florale plus ou moins élaborée selon l'étape de la construction . Les plus anciens (en partant du chœur) dessinent des feuilles d'acanthe traitées en crochet, des monstres et même deux vignerons portant un pan ier de raisin (6• pilier de la nef à droite). Les plus récents illu strent avec fidélité et délicatesse la flore locale. Le revers de la façade**, œuvre de Gaucher de Reims, est unique dans l'histoire de l'architecture gothique. Le mur est creusé de niches -----------------·---·------------·----·----

dans lesquelles ont été sculptées des statues. se déroule (de bas en haut) la vie de la Vie rge (conclue par le massacre des Innocents et la fuite en Égypte), à droite celle de saint Jean Baptiste. Les différents registres sont séparés par une luxuriante décoration florale, évoquant celle des chapiteaux de la nef. Au-dessus, la grande rose (12 m de diamètre) surmonte le triforium qui découpe ses arcatures sur des verrières de même forme. Au-dessous, dans le revers du portail dont le tympan est ajouré, s'inscrit une rose plus petite. Le revers du portail central est le mieux conservé. Chœur - Il ne comporte que deux travées, mais la partie réservée au culte déborde très largement sur la nef : le déroulement des sacres et l'importance du chapitre exigeaient un vaste espace. Autrefois, un jubé clôturait le chœur et servait d'élévation pour le trône royal. Les piliers diminuent de section et se resserrent à chaque travée, accentuant l'effet d'élévation. Les chapelles rayonnantes, qui s'ouvrent sur le déambulatoire, sont reliées entre elles par un passage à la base des ouvertures, typique de l'a rchitecture champenoise.

A gauche

Vitraux•• Créés au 13• s., ils ont beaucoup souffert. Certains ont été remplacés par du verre blanc au 18• s. D'autres ont été détruits pendant la Première Guerre mondiale. Il subsiste ceux de l'abside représentant, au centre, Henri de Braine le donateur (partie inférieure de la lancette de droite) et, de part et d 'autre, les évêques dépendant de l'archevêque de Reims avec leur église : Soissons, Beauvais, Noyon, Laon, Tournai, Châlons, Senlis, Amiens et Thérouanne. La grande rosace de la façade, chef-d'œuvre du 13• s., est dédiée à la Vierge : au centre, la Dormition, et dans les corolles qui l'entourent, les apôtres puis des anges musiciens. Les maîtres verriers Simon travaillent depuis plusieurs générations à la restauration des verrières. Jacques Simon a refait, entre autres, les vitra ux des Vignero ns (fond du transept sud). Sa fille Brigitte SimonMarcq a exécuté une série de verrières abstraites, dont les Eaux du Jourdain, à droite des fonts baptismaux (transept sud). Depu is 1974, la chapelle absidale est ornée de vitraux de Chagall qui frappent par leur dominante bleue et par leur luminosité : dessinés par l'artiste, ils furent réalisés par les ateliers Simon. Au vitrail central, le Sacrifice -----------

L'Ange au sourire

La cathédrale a conservé une horloge astronomique du 15' s. Chaque heure déclenche deux cortèges de figurines, représentant l'adoration des Mages et la fuite en Égypte.

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R Matres/hemis.fr

d'Abraham (à gauche) fait pendant au Sacrifice de la Croix (à droite) La fenêtre de gauche figure L'Arbre de Jessé et celle de droite, les grands moments de la cathédrale : baptême de Clovis, sacre de Saint Louis.

Basilique Saint-Remi**

Née d'une puissante abbaye, la basilique romano-gothique n'est qu'harmonie et élancement. Elle sert d'écrin au tombeau de saint Remi, célèbre archevêque de Reims au 4c S.

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En 533, saint Remi fut inhumé dans une petite chapelle dédiée à saint Christophe. Peu après, une basilique fut édifiée. Dans la seconde moitié du 8• s., une communauté bénédictine s'instal la ici à la demande de l'archevêque Tilpin : l'abbaye Saint-Remi était née. En 852, une nouvelle église fut consacrée, tandis que les reliques du saint étaient transférées dans une nouvelle châsse. La construction de la basilique actuelle débuta vers 1007, mais le projet de l'abbé Airard, trop grandiose, fut abandonné par son successeur, l'abbé Thierry (1035 -1044). Ce dernier entreprit la démolition de l'église carolingienne, fit élever les murs et construire le chœur au-dessus de la tombe de saint Remi. C'est sous l'abbé Hérimar que les travaux s'achevèrent par le transept et la couverture charpentée. L'église fut consacrée en 1049 par le pape Léon IX. Une nouvelle campagne intervint de 1162 à 1181 sous la direction de l'abbé Pierre de Celles. Le porche fut abattu, remplacé par une façade et une double travée gothique, et un nouveau chœur gothique à déambulatoire fut créé. La façade du bras droit du transept fut refaite de 1490 à 1515 à l'in itiati ve de Robert de Lenoncourt, qui fut abbé de Saint-Remi avant d'être titulaire de l'archevêché : une

statue de saint Michel surmonte le pignon. Enfin, la nef fut cou verte par une voûte d'ogives. Quelques transformations minimes eurent lieu aux 16• et 17• s. Transformée en magasin de fourrage sous la Révolution, la basilique fut restaurée au 19• s., puis après la guerre de 1914-1918 qui la laissa gravement endommagée. De nombreux archevêques de Reims et les premiers rois de France y furent inhumés; la sainte ampoule y était conservée. Le site est aujourd'hui classé au Patrimoine mondial de !'Unesco.

Intérieur*** Les dimensions de la basilique, longue de 122 m pour une largeur de 26 m seulement, créent une impression d'infini qui est renforcée par la pénombre. La sobre nef (11 es.) comporte onze travées à arcades en plein cintre que supportent des colonnes à chapiteaux, sculptés d'animaux ou de feuillages. La couronne de lumière, percée de 96 jours symbolisant les 96 années de la vie de saint Remi, est une copie de celle qui fut détruite à la Révolution. Entouré d'une clôture du 17• s., encore d'esprit Renaissance, le chœur gothique, d'une structure harmonieuse et légère, est éclairé par des baies qui conservent leurs vitraux du 12• s. : ils représentent la Crucifixion, des apôtres, des prophètes et les archevêques de Reims.

Le tombeau de saint Rem i

Derrière l'autel, le tombeau de saint Remi a été réédifié en 1847. Cependant, les statues des niches proviennent du tombeau antérieur et sont du 17• s.: elles figurent saint Remi, Clovis et les douze pairs qui participèrent au sacre. Au pourtour du chœur flanqué d'un double collatéral, d'élégantes colonnades séparent le déambulatoire des chapelles rayonnantes, selon une disposition qui a fait école en Champagne. Les chapelles présentent des chapiteaux ayant partiellement conservé leur polychromie d'origine et des statues des 13• et 18• s. Dans la 1re travée du bas-côté gauche, 45 dalles à incrustations de plomb dessinant des scènes bibliques (13• s.) viennent de l'ancienne abbaye Saint-Nicaise.

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Saint-Nicolas-de-Port Meurthe-et-Moselle (54)

Basilique Saint-Nicolas** .. ll k1f

Ce qui attire pèlerins et touristes depuis près de dix siècles à SaintNicolas-de-Port, c'est avant tout sa formidable basilique flamboyante. monumental reliquaire d'une phalange de saint Nicolas.

UN PEU D'HISTOIRE Saint Nicolas fut évêque de Myre, en Lycie (actuelle Turquie) au 3• s. Les miracles qui lui furent attribués étendirent son aura jusqu'en France dès le 1o• s. Au 11 • s., son corps fut transféré à Bari, en Italie du Sud. L'arrivée d'une de ses reliques rapportée de Bari par un croisé bouleverse la cité de Port (appe lée ainsi à cause de son activité fluviale sur la Meurthe). Une première église est bâtie en 1101, puis une seconde, plus vaste, en 1193, autour de la phalange de saint Nicolas. Le culte attire les pèlerins et accroît, presque miraculeusement, le développement commercial de la ville, désormais appelée « Saint-Nicolas-de Port ». Dès 1120, les ducs de Lorraine font de Nicolas le saint patron de la Lorraine.

Extérieur Les travaux de l'édifice actuel, la « Grande Église», sanctuaire national des Lorrains, s'engagent en 1491 et s'achèvent, avec la construction des deux tours, en 1544. La façade comprend trois portails surmontés de gâbles flamboyants. Les remplages des fenêtres dessinent des courbes et contre-courbes formant les flammes dansantes caracté ristiques de cette dernière période du gothique. Le portail central a conservé la statue qui figure le miracle de saint Nicolas (niche de la pile centrale) attribuée à Claude Richier, frère de Ligier, le célèbre sculpteur lorrain. Les tours s'élèvent à 85 et 87 m. Sur le flanc gauche, à hauteur du transept et du chœur, six niches en anse de panier abritaient les boutiques lors des pèlerinages.

Intérieur

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La nef est un lumineux va isseau extrêmement élancé, couvert de belles voûtes à liernes et tiercerons culminant à 32 m, comme à Strasbourg, et dont les ogives retombent sur de hautes colonnes. Les bas-côtés relèvent d'une arch itecture ana logue; dans le transept, leurs voû tes soutenues par des piliers extrêmement hardis (les plus hauts de France : ils mesurent 28 m) s'élèvent à la hauteur des voû tes de la nef centrale et déterminent un transept inscrit, à la mode champenoise . En regardant la nef depuis le fond de la basil ique, on constate qu'elle n'est pas droite. Cette déviation de six degrés est due à l'inclinaison naturelle du terrain lors de la construction : pour éviter un basculement de l'édifice, les appuis du côté nord ont été légèrement surélevés pour déplacer le centre de gravité des voûtes.

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Les magnifiques vitraux de l'abside ont été exécutés entre 1507 et 151 O par un verrier lyonnais, Nicole Droguet, ceux du col latéral et des chapelles nord par le verrier strasbourgeois Va lentin Bousch, à la même époque. Les invent ions décoratives de la Re naissance trans paraissent déjà. En contrebas du chœur, la chapelle des Fonts abrite des fonts baptismaux du 16• s. et un beau retable de la première Renaissance française surmonté de pinacles ajourés. Une série de délicats panneaux peints sur bois (16• s.) illustrent des scènes de la vie de saint Nicolas. Le trésor comprend notamment un bras- reliquaire de saint Nicolas en vermeil (19· s.), un reliquaire de la Vra ie Cro ix en argent (15• s.), et le « vaisseau du cardinal de Lorra ine », une précieuse nacre de nautile ornée de vermeil (1579).

C'est en 1950 que Pie XII conféra à l'église le titre de basilique: témoin, le parasol rouge et jaune sur le côté gauche du chœur.

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Strasbourg Bas-Rhin (67)

Cathédrale Notre-Dame*** Capitale économique de l'Alsace, éminente ville universitaire, siège du Parlement européen et du Conseil de l'Europe, Strasbourg a su conserver une taille humaine. C'est surtout une riche ville d'a rt, autour de sa célèbre cathédrale, qui doit une grande part de son charme à ce grès rose des Vosges dont elle est faite.

Pourquoi l'édifice n'a-t-il qu'une seule flèche? Conçu sur le modèle de Notre-Dame de Paris, avec deux tours , le projet n'a jamais abouti. Les historiens pensent que c'est en raison de fondations trop fragiles, du fait d'une fluctuation de la nappe phréatique. Au 19' s., des architectes allemands ont dessiné des projets pour une seconde tour, restés sans suite.

Sur l'emplacement d'un temple d'Hercule, le chantier de la cathédrale débute en 1015 selon le style roman. L'art gothique, nouveau venu en Alsace, influencera ensuite les architectes . En 1365, les tours à peine terminées, on les réunit entre elles, jusqu'au niveau de la plate-forme. Puis la tour nord seule est surélevée. Enfin, en 1439, Jean Hültz, de Cologne, prolonge cette tour par la célèbre flèche. Pendant de longues années, catholicisme et protestantisme luttent pied à pied dans la cathédrale, à la porte de laquelle les propositions de Luther ont été affichées . Le culte protestant finit par l'emporter. La cathédrale ne redevient catholique que sous Louis XIV, en 1681, lorsque le roi prend possession de la ville. Les obus prussiens de la guerre de 1870 et les bombardements anglo-américains de 1944 endommageront plusieurs parties de l'édifice, qui seront restaurées. A insi, la tour surmontant la croisée du transept est reconstruite par Gustave Klotz en 1878. Comme le centre historique de Strasbourg, la cathédrale a été classée par l'Unesco au patrimoine mondial de l'humanité.

Façade*** C'est depuis la rue Merc ière que l'on en a la meilleure vue. Erwin de Steinbach en dirigea la construction jusqu'au-dessus de la galerie des Apôtres, qui surmonte la grande rose de 15 m de diamètre. Le portail central est le plus richement décoré. Son tympan comprend quatre registres : les trois premiers, du 13• s., sont remarquables par leur réalisme. Le quatrième est moderne. On peut y lire des scènes de l'Ancien Testament (création du monde; histoire d'Abraham, Noé, Moïse, Jonas et Samson ... ) et du Nouveau (baiser de Judas; Jésus crucifié, au-dessus du cercueil d'Adam, entre la Synagogue et l'Ég lise ; miracles ... ). Au portail de droite, la parabole des Vierges sages et des Vierges folles est illustrée par de célèbres statues, dont certaines ont dû laisser place à des copies (orig inaux au musée de l'Œuvre Notre-Dame). Au portail de gauche, les statues (14• s.) représentent les Vertus : sveltes et majestueuses dans leurs longues tuniques flottantes, elles terrassent les Vices. Durant la Révolution, on donna l'ordre d'abattre toutes les statues : 230 furent détruites, mais l'administrateur des Biens publics parvint à cacher 67 statues de la façade.

Flèche***

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Octogonale à la base, la flèche de Jean Hültz élève ses six étages de tourelles ajourées, qui contiennent les escaliers . Durant la Révolution, un habitant a l'idée de coiffer l'aiguille de pierre d'un immense bonnet

phrygien, en tôle pe inte d'un rouge ardent, sauvant ains i ce chef-d'œuvre de grâce et de légèreté. La plate-forme qui surmonte la façade est à 66 m de hauteur. La tour s'élève encore de 40 m, puis se termine par une flèche dont le sommet est à 142 m au -dessus du sol (9 m de moins que la flèche en fonte de la cathédrale de Rouen). De cette plate-forme (accessible par un escalier de 328 marches), le point de vue* est spectaculaire sur Strasbourg, en particulier sur la vieille ville, dont les toits percés de plusieurs étages de lucarnes présentent un aspect très pittoresque.

Façades latérales Le flanc droit (sud) offre les beautés du portail de l'Horloge, le plus ancien de la cathédrale (13e s.). Il est composé de deux portes romanes accolées. Entre les deux ouvertures, la statue de Salomon est appuyée sur un socle qui rappelle son fameux jugement. A gauche du portail, l'Église, puissante et fière sous sa couronne, tient d 'une main la croix et de l'autre le calice. A droite, la Synagogue s'incline, triste et lasse, essayant de rete nir les débris de sa lance et les Tables de la Loi qui s'échappent de ses mains . Le bandeau qui couvre ses yeux symbolise l'erreur. Dans le tympan de la porte de gauche se trouve l'admirable Mort de la Vierge**· La figurine que Jésus tient dans sa main gauche représente l'âme de Marie. On remarque, plus haut sur la façade, le cadran extérieur de l'horloge astronomique qu i donne son nom au portail. Sur le flanc gauche (nord), le portail Saint-LaurenH, de la fin du 1ses., a pour sujet principal le martyre de saint Laurent (refait au 19e s.). A gauche de la porte se voient les statues de la Vierge, des Ro is mages et d'un berger; à droite, cinq statues, dont celle de saint Laurent (originaux au musée de l'Œuvre Notre-Dame). -----

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Intérieur Les vitraux***· des 12•, 13• et 14• s., sont superbes, mais ont souffert au cours des âges. Nef - La nef, commencée au 13• s., comprend 7 t ravées. Les vitraux des fenêtres hautes datent des 13• et 14• s., ainsi que ceux des bas-côtés. Dans la nef, on pourra détail ler la cinquantaine de statuettes mises en scène sur le corps hexagonal de la chaire** (1), type parfait de gothique flamboyant, qui fut dessinée par Hans Hammer pour le prédicateur Geiler de Kaysersberg. L'orgue** (2), accroché en nid d'hirondelle au triforium, déploie son buffet gothique (14•15• s.) en bois sculpté polychrome. De part et d'autre de sa tribune en pendentif ornée d'un Samson sculpté, deux statues représentent un héraut de la ville et un marchand de bretzels en costume d'époque. Ces personnages articulés s'animaient parfois pendant les sermons pour distraire les fidèles, avant que la cathédrale ne devienne protestante. La chapelle Sainte-Catherine Accès à la plate-forme occupe les deux travées du bascôté droit touchant au transept. Son épitaphe décorée de la Mort de la Vierge (3) date de 1480. Croisillon droit - Au centre se trouve le pilier des Anges, ou du Jugement dernier** (4), du 13• s. A ses côtés, l'horloge astronomique* (5) constitue la grande curiosité populaire de la cathédrale. Conçue par des mathématiciens et réalisée par des horlogers suisses entre 1550 et 1574, elle s'est arrêtée en 1780. Le Strasbourgeois Schwilgué l'a auscultée pendant trente ans et en a reconstitué le mécanisme · de 1838 à 1842 . Les sept jours de la semaine sont représentés par des chars que conduisent des divinités, apparaissant dans une ouverture au-dessous du cadran : Diane le lundi, puis Mars, Mercure, Jupiter, Vénus, Saturne et Apollon . Une série d'automates frappent deux coups tous les quarts d'heure. Les heures sont sonnées par la Mort. A 12h30, un grand défi lé se produit dans la niche, au sommet de l'horloge : les apôtres passent devant le Christ qui les bénit, tandis que le coq, perché sur la tour de gauche, bat des ailes et lance trois fois son cocorico en souvenir du reniement de saint Pierre. A gauche de l'horloge, un vitrail du 13• s. représente un saint Christophe u ~ de 8 m de haut. C'est le plus grand personnage 1 de vitrail connu. ~

NOTRE-DAME Cha~elle St-Jean-Baptiste

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•+·+• FAÇADE***

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Place de la Cathédrale

254

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Croisillon gauche - On y voit de magnifiques fonts baptismaux (6) de style gothique flamboyant. En face, un groupe en pierre de 1498 représente Jésus au mont des Oliviers (7). Les vitraux des 13• et 14• s. représentent des empereurs du Saint-Empire romain germanique. Chapelle Saint-Jean-Baptiste - Datant du 13• s., elle contient le tombeau de l'évêque Conrad de Lichtenberg (8) qui fit commencer la façade. L'œuvre est at tribuée à Erw in de Steinbach. Chœur - Rénové en 2004, il a été doté d'un nouveau mobilier et d'une grande croix dorée qui orne le fond de l'abside. Au -dessus, le vitrail de la Vierge dû à Max lngrand fut offert à la cathédrale par le Conseil de l'Europe en 1956, en remplacement du vitrail détruit par les bombardements de 1944. Les peintures de Steinle (1877) qui décorent les murs et les voûtes de l'abside sont d'inspiration byzantine. Devant le chœur, des escaliers mènent à la crypte (fermée au public). Tapisseries** - La cathédrale possède 14 magnifiques tapisseries du 17• s. que l'on suspend entre les piliers de la nef pendant l'avent et Noël. Elles représentent des scènes de la vie de la Vierge, exécutées d'après les cartons de Philippe de Champaigne, Charles Poerson et Jacques Stella.

i.J~ll-1!!111 GRAND EST

Thann Haut-Rhin (68)

Collégiale Saint-ThiébauL**

Selon un vieux dicton alsa cien. « le clocher de Strasbourg est le plus haut, celui de Fribourgen-Brisgau le plus gros. celui de Thann le plus beau » ! Thann possède. en effet, une des plus riches églises gothiques d'Alsace.

Son architecture gothique (14•-début 16• s.), qui témoigne d'une évolution vers le style flamboyant, est remarquable. La façade ouest est percée d 'un magnifique portail**· Haut de 16 m, son tympan très élancé surmonte deux portes munies chacune d'un petit tympan. Le portail nord, flamboyant, est rehaussé de belles statues du 15• s. Le chœur aux lignes élancées est cou vert d 'une haute toiture de tuiles verni ssées. La flèche, véritable dentelle de pierre, s'élève à 78 m. A l'intérieur sont conser vées de belles statues polychromes : la Vierge des vignerons, sculptée vers 1510, est fixée sur un contrefort dans la chapelle pentagonale; une statue de saint Thiébaut en bois (1520) est placée sur l'autel de la chapelle du même nom. Très profond, le chœur est orné de statues des douze apôtres* du 15• s., en pierre polychrome. A l'entrée est suspendu un grand Christ en croi x (1894) du Colmarien Klem. La lumière pénètre par huit belles verrières* (15· s.). Mais la principale richesse de la collégiale reste les 51 stalles•* en chêne du 15• s. Toute la fantaisie du Moyen Âge s'y donne libre cours. Ce ne sont que feuillages, gnomes et personnages comiques d'une verve remarquable et d'une grande finesse.

Toul Meurthe-et-Moselle (54)

Cathédrale Saint-Étienne** Commencée au début du 13e s., elle ne fut achevée qu'au 16e s. La magnifique façade** qui s'élève sur la place du Parvis a été édifiée de 1460 à 1496 dans le style flamboyant. Sa statuaire a été saccagée par les révolutionnaires. La tempête qui a balayé la France en décembre 1999 n'a pas épargné les toitures, alors que la cathédrale commençait à se remettre de l'incendie de 1940. L'intérieur montre des traces du gothique champenois : galeries de circulation hautes et basses au-dessus des grandes arcades et des bas-côtés, arcades très aiguës, absence de triforium. La nef. haute de 36 m, est la plus belle partie de l'édifice. Dans le transept gauche, les vitraux de 1503 représentent le couronnement de la Vierge. Dans le chœur, les verrières figurent des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament. Dans le bas-côté droit une belle chapelle Renaissance est surmontée d'une coupole à caissons. L'orgue monumental (1963) est porté par une tribune de style Louis XV Au sol, de nombreuses pierres tombales, du 14e au 18e s., forment le dallage de l'édifice, notamment dans le transept.

Cloître• Pour y accéder, il faut entrer par le petit portail, sur la place des Clercs. Datant des 13e et 14e s., il possède trois galeries percées de vastes baies au réseau rayonnant. Les chapiteaux sont sculptés de feuillages. Quelques gargouilles ornent les contreforts qui séparent les baies. Les murs sont agrémentés d'arcatures trilobées, caractéristiques de la disposition champenoise.

À VOIR AUSSI

l~glise et cloître•• Saint-Gengoult Ancienne collégiale de chanoines, édifiée du 13e au 1ses., l'église Saint-Gengoult est une manifestation de l'école gothique champenoise. Le cloître** date du 16es. Le long des galeries, dont la décoration extérieure est Renaissance, des gâbles accentuent l'é lévation des arcades. Les voûtes en étoile ont des clés en forme de médaillons, décorées avec fantaisie.

Ceinte d'une forteresse tracée par Vauban , Toul protège ses trésors épiscopaux. Car, comme ses voisines Metz et Verdun, la ville devint le siège d'un important évêché dès le 4e s. et se développa activement à la Renaissance. Sa cathédrale témoigne aujourd'hui de ce passé prestigieux.

Troyes Aube (10)

Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul••

Ancienne capitale de la Champagne, dont les célèbres foires entretenaient déjà la prospérité, Troyes est une ville d'art. avec ses hôtels particuliers, ses musées et ses dix églises classées regorgeant de vitraux datant du 12e S. au 20e S. www.cathedraledetroyes.com

Construite du 13• au 17• s., c'est un édifice remarquable par ses dimensions (30 m de hauteur, 115 m de long et 50 m de large), la richesse de sa décoration et la beauté de sa nef.

E\térieur Très ouvragée, la façade (début 16· s.) est due en partie à Martin Chambiges, constructeur du transept de la cathédrale de Beauvais, qui travailla également à la cathédrale de Sens. Elle est ornée d'une belle rose flamboyante. Les trois portails sont surmontés de gâbles ouvragés. Sculptures et statues ont été détruites à la Révolution. Deux tours étaient prévues, mais seule celle de gauche, haute de 66 m, a été achevée au 17• s. A sa base, une plaque rappelle le passage de Jeanne d'Arc à Troyes, le 10 juillet 1429. En contournant la cathédrale par la gauche, on admire le portail du transept nord (13• s.) dont la statuaire (disparue à la Révolution) lui valut le nom de Beau Portail. La partie supérieure est remarquable : une immense rose, qui inscrit ses 12 rayons en ogives dans un carré, est accompagnée de quatre rosaces.

Intérieur Une impression de puissance et de légèreté s'en dégage. L'élégance de l'architecture, l'harmonie des proportions et l'éclat des vitraux soulignent l'admirab le perspective de la nef et du chœur. Les verrières** permettent de comparer la technique du vitrail à des époques différentes. Ceux du chœur et du déambulatoire datent du 13e s. D'un dessin primitif qui se soucie peu de la perspective, ils charment par la chaleur et l'intensité de leurs co loris : il s représentent surtout de grands personnages isolés (papes et empereurs) et des scènes de la vie de la Vierge. Les verrières de la nef (début du 16e s.) sont d'une autre facture : la pureté des tons, où dominent les rouges, et la souplesse de la composition forment de véritables tableaux peints sur verre. On remarque, au nord, l'histoire de la Vraie Croix, la légende de saint Sébastien, l'histoire de Job et celle de Tobie; au sud, l'histoire de Daniel, celle de Joseph, la parabole de l'Enfant prodigue et un magnifique Arbre de Jessé. La rose de la façade, œuvre de Martin Chambiges, a été terminée en 1546 et décorée d'une verrière exécutée par Jehan Soudain : Les Patriarches entourent Dieu le Père. Elle est partiellement masquée par le buffet d'orgue du 18e s. provenant de l'abbaye de Clairvaux. Le célèbre vitrail du Pressoir mystique (4e chapelle du bas-côté gauche) fut exécuté en 1625 par Linard Gontier. On y voit le Christ étendu sous les montants du pressoir, le sang qui s'échappe de la plaie de son flanc, remplissant un calice. De sa poitrine s'élance un cep de vigne dont les rameaux supportent les douze apôtres.

Trésor* Dans une salle voûtée du 13es. sont exposées des œuvres d'art religieux du Moyen Âge, parmi lesquelles un coffret d'ivoire teinté de pourpre (11 es.), un psautier dit du comte Henri (9es.), la châsse de saint Bernard (12e s.) et des émaux mosans du 12e s.

Église Sainte-Madeleine* C'est la plus ancienne église de Troyes. L'église primitive (milieu du 12e s.) a été très remaniée au 16e s. : elle reçut une nouvelle abside (de 1498 à 1501) ainsi que la tour Renaissance de la façade ouest. Dans la nef gothique, reconstruite dans la seconde moitié du 1ge s., un trifor ium aveugle est surmonté de fenêtres géminées, mais toute l'attention est attirée par le remarquab le jubé** de pierre. De style flamboyant, ce dernier fut exécuté de 1508 à 1517 par Jean Gailde, sculpteur et architecte troyen. Une ba lustrade fleurdelisée le surmonte. Côté chœur, un escalier atteint la ga lerie : sa rampe repose sur une corniche ornée de figures grotesques et de choux frisés. Sur la face col latérale nord, on peut voir un groupe de bo is peint, doré et délicatement sculpté (œuvre flamande). Le chevet est orné de grandes verrières** Renaissance aux coloris éclatants (fin 15e-début 16e s.): de gauche à droite, la Vie de Saint Louis (1507), la Créati on du Monde (1500), la Légende de Saint Éloi (1506),

259 GRAND EST

Vitrail de l'église Sainte -Madele ine

l'Arbre de Jessé (vers 1500), la Passion (vers 1490), la Vie de sainte Madeleine (1506) et le Triomphe de la Croix. Notons aussi les statues* : dans le bas-côté droit contre un pilier de la nef, la belle sainte Marthe*, œuvre du maître de Chaource, est représentative de l'école troyenne du 16• s. En face, dans le bas-côté gauche, la statue en bois de saint Robert (15• s.) porte dans chaque main les abbayes de Molesmes et de Cîteaux, qu'il a fondées. Devant le vitrail de la Passion se dresse une très bel le statue de saint Sébastien (16• s.).

À VOIR AUSSI Basilique Saint-Urbain•

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Construite de 1262 à 1286, par ordre du pape Urbain IV orig inaire de Troyes, elle témo igne de l'art gothique champenois du 13• s. Sous le porche, le portail du 13• s. représente, au tympan, le Jugement dernier. Côté chevet, on admire la légèreté des arcs-boutants, l'élégance des fenêtres, la grâce des pinacles, des gargouilles et des autres éléments décoratifs. A l'intérieur, tout l' intérêt se concentre sur le chœur, édifié d'un seul jet. Exemple rare pour le début du gothique, les verrières occupent une surface considérable, réduisant les murs à une simple ossature de pierre. Dans la cha pelle à droite du chœur se trouve la souriante Vierge au raisin* .

Vignory - - - - - - - - - - - -~· ---------

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Haute-Marne (52)

Église Saint-Étienne* Bâtie vers l'an 1000 par Guy 1er, seigneur de Vignory, l'église est un précieux témoignage de l'architecture du milieu du 11 e s. La tour du clocher, de plan rectangulaire, montre sur chacune des faces des deux étages supérieurs deux couples de baies géminées et, au-dessous, un étage de baies murées assez profondes . Elle est coiffée d'un cône de pierre que recouvre un toit octogonal.

Intérieur•

Une belle église romane distingue ce village niché dans un vallon verdoyant. entre Mame et forêt.

Bien que remaniée, l'église a conservé son aspect primitif avec sa charpente apparente, sa nef de neuf travées séparée des collatéraux par un mur qui s'élève sur trois étages: grandes arcades, claire-voie et fenêtres hautes. À l'étage inférieur, les grandes arcades reposent sur des piles rectangulaires; au-dessus, chaque baie géminée est séparée par une colonne à fût trapu dont le chapiteau montre des influences celtes et orientales: chevrons, triangles, feuillages et animaux stylisés. Le chœur, réuni à la nef par un arc triomphal très élevé, se divise en deux parties : un avant-chœur à deux étages et une abside en cul-de-four séparée du déambulatoire par sept colonnes, alternativement rondes et trapézo'1dales. Certaines présentent des chapiteaux ouvragés (lions, gazelles). L'église est riche en sculptures des 14e, 15e et 16e s. provenant d'ateliers provinciaux . Dans la chapelle axiale, la grande statue de la Vierge portant /'Enfant Jésus, un oiseau à la main, date du 14e s. Dans la première chapelle du bas-côté, on découvre un retable ainsi qu'un devant d'autel : il représente le Couronnement de la Vierge, entre saint Pierre et saint Paul. Dans la 4e chapelle est conservée une série de petites scènes de la Nativité (fin du 14e s.-1 ses.).

261 GRAND EST

Pays de la Loire Poitou Charentes

re-sur-Dronne

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AYS DE LA LOIRE POITOU CHARENTES

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Pays de la Loire, Poitou, Charentes

Le Mans p. 282

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Angers p. 266

Angoulême p. 268

Aubeterresur-Dronne p. 270

Aulnayde-Saintonge p. 272

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Maillezais p. 288

Melle p. 290

Nantes p. 292

Poitiers p. 294

Civray p. 274

Cunault p. 275

Évron p. 277

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Royan p. 300

Créd,rs phorogroph,ques · tes photos o-conrre

sont extraites des pages du chapitre.



Saint-Savin p. 301



Sa intes p. 306

La FertéBernard p. 278

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Sa int -Jouinde-Marnes p. 308

Abbaye de Fontevraud p. 280

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Solesmes p. 309

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Angers Maine-et-Loire (49)

Cathédrale Saint-Maurice•

Dominés par la silhouette massive du château des comtes d'Anjou, les quartiers anciens d'Angers témoignent de l'époque où la cité était la résidence de princes. Sa cathédrale est un fleuron de l'art religieux angevin.

La façade de ce bel édifice des 12• et 13• s. est surmontée de trois tours. Deux sont coiffées de flèches de 70 m de haut (15· s.); celle du milieu fut ajoutée au 16• s., de même que la galerie de huit chevaliers en costume Renaissance figurant saint Maurice et ses compagnons martyrs. Au rez-de-chaussée s'ouvre le portail* : mutilé par les protestants et par les révolutionnaires, il a subi aussi les atteintes des chanoines qui, au 18• s., supprimèrent le trumeau et le linteau pour faciliter le passage des processions. On remarque la finesse des statues, la grâce des plissés, notamment dans les ébrasements et au tympan*, où est représenté le Christ en majesté entouré des symboles des évangélistes (traces de polychromie).

Intéri eur

Le vaisseau unique est couvert d'une des premières voûtes gothiques nées en Anjou (mi lieu du 12• s.). D'un type particulier, la clef des ogives est située à plus de 3 m au-dessus des clefs des formerets et htt p://cath e d ra le-a ng e rs. fr des doubleaux, alors que dans les autres voûtes gothiques toutes ces clefs sont sensiblement à la même hauteur. Cette forme bombée a reçu le nom de voû te angevine. Celles de Saint-Maurice couvrent la plus large nef qui ait été élevée à l'époque : 16,38 m, alors CATH~DRALE ST-MAURICE la largeur courante était de 9 à 12 m. Les chapiteaux et les que 30m modillons, sculptés de frises végétales, supportent une galerie à rampe de fer forgé. I Dans le transept, les voûtes angevines sont d'une époque plus avancée que celles de la nef : les nervures, plus nombreuses, ~CHÉ sont aussi plus légères et gracieuses. Des vitraux** illuminent le chœur (13• s.), le transept et la nef. On admire les plus anciens (b, 12• s.) à gauche en entrant, puis les rosaces de !'Apocalypse (d, 1453) et les belles tonalités bleues et rouges des verrières du chœur (g, 13• s.). Dans le chœur, des peintures murales du 13• s. et les tombeaux des ducs d'Anjou, dont les fragments de celui du roi René, ont été découverts derrière les stalles. L'ensemble n'est pas accessible mais quelques-unes sont visibles au-dessus des boiseries. Le mobilier est de grande qualité: grandes orgues du 18• s. soutenues par des atlantes (a), chaire monumentale du 19• s. (c), maître-autel (e) surmonté de colonnes de marbre et d'un baldaquin de bois doré (18• s.), tapisseries (en saison), stalles sculptées du 18• s. (f) et statue de sainte Cécile en marbre, par David d'Angers (h) 266

PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

Angoulême Charente (16)

Cathédrale Saint-Pierre** L'imposante cathédrale interpelle le visiteur du haut de son rocher et de ses 800 ans avec sa façade sculptée. son dôme et son haut clocher romans. Son trésor. conçu comme une œuvre d'art totale. est fascinant.

Cet édifice du 12• s., endommagé pendant les guerres de Religion en 1562 et 1568, fut restauré en 1634 et surtout, à partir de 1866, par le célèbre architecte Paul Abadie. Ce dernier fit d'importants travaux sur la haute tour à six étages qui s'élève à l'extrémité du croisillon gauche.

Façade••• Sur ce grand tableau sculpté de style poitevin, plus de 70 personnages, statues et bas-reliefs, illustrent le thème du Jugement dernier. Un Christ en majesté, entouré des symboles des évangélistes, d'anges et de saints dans des médaillons, préside l'ensemble. Les archi voltes et les frises des portails latéraux sont sculptées de feuillages, d'animaux et de figures d'une grande finesse. Au linteau du premier portail latéral aveugle, à droite, les curieuses scènes de combat sont tirées d'épisodes de la Chanson de Roland. Les deu x clochetons de style poitevin furent ajoutés au 19• s. par Abadie.

Chevet L'abside est cantonnée de quatre absidioles. Les proportions de la cou pole écrasent un peu l'ensemble qui reste imposant, avec notamment l'élévation du clocher roman, haut de 59 m . Dans le square aménagé autour du chevet, on peut voir les restes Renaissance de la chapelle Saint-Gelais, ornés de rinceaux et d'angelots délicatement sculptés.

Intérieur Il en impose par son ampleur et a retrouvé sa blancheur d 'origine. Son envolée de coupoles sur pendentifs est d'une grande hardiesse. A l'extrémité du croisillon gauche, on entre dans la vaste chapelle de la Vierge qui supporte la tour. On remarquera les chapiteaux, et à gauche dans la nef, les orgues du 18• s. Le chœur se distingue par des chapiteau x à décor végétal provenant de la cathédrale élevée au 1o• s. par Grimoald de Mussidan . La lanterne et la coupole de la croisée du transept ont été refaites au 19· s. dans un esprit néobyzantin .

Trésor••

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Déployé depuis 2016 dans la chapelle St-Thibaud, la chapelle Haute et la salle du Clocher, le Trésor est désormais l'un des hauts lieux de la cathédrale. Jean-Michel Othoniel, sculpteur et magicien du verre natif de Saint-Étienne, a imaginé un flamboyant écrin pour exposer l'étincelante collection de pièces d 'orfèvrerie, de vêtements liturgiques - - - --·------------------ - - - - - - - - - - - - - ·

et de lapidaires, datant pour la plupart de la seconde moitié du 19• s. Dans un dialogue permanent entre l'ancien et le contemporain, les trois salles forment une œu vre d'art immersive dans laquelle le vis iteur découvre ces objets illustrant cette période méconnue de l'hi stoire de l'art, dans laquelle la modernité revisite avec brio les form es du Moyen Age

269 PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

Aubeterre-sur-Dronne Charente (16)

Église souterraine Saint-Jean** À mi-chemin entre la Charente et l'Aquitaine, ce village aux murs de pierre crayeuse prend déjà des allures de Sud-Ouest, avec ses ruelles pentues encadrées de maisons à balcons de bois. Merveille des merveilles, Aubeterre possède une saisissante église monolithe, à découvrir absolument ...

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Réalisée par évidement d'une seu le masse de pierre, l'ég lise rupestre Saint-Jean est l'une des plus grandes églises monolithes d'Europe, et la plus haute de France. Ceux qui la taillèrent au 12• s. dans la pierre calcaire de la colline du château profitèrent de grottes et d'excavations plus anciennes, utilisées par les premiers chrétiens pour y pratiquer leur culte . L'origine et la vocation du site restent énigmatiques , mais l'église actuelle fut probablement bâtie pour accueillir les reliques du Saint-Sépulcre de Jérusalem, rapportées de croisade par Pierre de Castillon, alors propriétaire du château. Après avoir longé un couloir bordé de niches funéraires, on pénètre dans la salle principale, cavité de plan rectangulaire aux dimensions impressionnantes : 27 m de long sur 16 m de large, avec des voûtes taillées en plein cintre atteignant près de 20 m de haut. Cet immense espace se compose d'une nef centrale bordée d'un seul bas-côté et d'une abside. Cette dernière abrite un monument hexagonal de style roman de 6 m de haut, taillé en forme de Saint-Sépulcre, qui aurait jadis servi de reliquaire. Au centre de la nef, creusée à même le sol, la piscine baptismale circulaire (4•-9• s.), scu lptée en croix grecque, fut utilisée pour le baptême par immersion ou peut-être comme fosse à reliques. A l'autre extrémité de la nef, un entassement chaotique de sarcophages de toutes

tailles, eux aussi creusés à même le sol, forme le décor d'une émouvante nécropole* dont il serait difficile de préciser l'époque. L'église recèle d'autres mystères, notamment celui de la crypte, sous le nef centrale, où des adeptes de Mithra auraient, selon certains, pratiqué leur culte. Elle fut découverte fortuitement en 1961 lors de l'effondrement d'une partie de la voûte . L'autel monolithe qui s'y trouve fut mis au jour en 2008. On peut également gagner la partie supérieure de la nef : un petit esca lier taillé dans le roc mène à une galerie suspendue d'où, perché à 15 m de haut, on jouit d'une superbe vue* d'ensemble de ce lieu de culte chargé de spiritualité.

PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

Au Inay-de-Sa intonge Charente-Maritime (17)

Église Saint-Pierre** Extérieur Au nord-ouest du village d'Aulnay-de-Saintonge, l'église Saint-Pierre (12e s.) apparaît solitaire dans le cadre mélancolique des cyprès de son vieux cimetière. Ce chef-d'œuvre de l'art roman poitevin exhibe des lignes harmonieuses et un somptueux décor sculpté.

L'église est inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco au titre des che mins de Saint-Jacques-de-Compostelle. La façade ouest comprend, au centre, un portail* en arc légèrement brisé, jadis surmonté d'une statue équestre de l'empereur Constantin. Ses voussures historiées, ornées de sculptures souples et gracieuses, illustrent les thèmes favoris des imagiers poitevins. La 1re voussure (en partant du bas) représente les Anges adorant l'Agneau, l'agneau symbolisant le Christ. Sur la 2• voussure est sculpté le combat des Vertus et des Vices : figures armées de boucliers, les Vertus foulent aux pieds les Vices, sous les traits de dragons et démons. La 3• voussure est occupée par les Vierges sages et Vierges folles. Enfin, sur la 4• sont figurés les signes du zodiaque, les travaux des mois et les apôtres. Ce portail est entouré de deux arcades brisées aveugles : à gauche, le tympan est dominé par saint Pierre crucifié la tête en bas; à droite, le Christ en majesté s'entoure de deux personnages, sans doute les apôtres Pierre et Paul.

Le transept est très développé. Le clocher carré, qu i servait de repère aux pèlerins et aux voyageurs, en surmonte la cro isée. Le portail du croisillon droiH* est un véritable joyau . Ses voussures sont couvertes d'un décor minutieusement sculpté. La 1re voussure est ornée d'animaux (griffons, centaures) et de rinceaux en léger relief, d'inspiration orientale. Sur la 2e voussure, soutenue à l'intrados par des atlantes assis, figurent les apôtres et disciples du Christ. On reconnaît, sur la 3e voussure, les vieillards de !'Apocalypse, tenant chacun une fiole à parfum et un instrument de musique; à l'intrados de la voussure, autres atlantes, cette fois agenouillés. Enfin, parmi les person nages et animaux de la 4e voussure se cachent l'âne musicien, le bouc, le cerf, la chouette ou encore la sirène. En partie haute de la façade s'ouvre une grande baie dont la voussure médiane est décorée de quatre belles effigies de Vertus terrassant les Vices. Enfin, de chaque côté de la fenêtre centrale du chevet, des rinceaux de style oriental encerclent des f igures énigmatiques.

Intérieur La nef, voûtée en berceau brisé, est tenue par ses collatéraux élevés. On notera la profondeur des ouvertures, plus étroites au nord qu'au sud, et les piliers massifs coupés de deux niveaux de chapiteaux. La croisée du transept est couverte d'une coupole sur pendentifs, dont les nervures rayonnent autour d'une ouverture circulaire par où l'on hissa it les cloches. Les chapiteaux* constituent un adm irable ensemble, notamment ceux du transept : éléphants aux oreilles minuscules (croisil lon droit); Samson endorm i attaché par Dalila, tandis qu'un Philistin lui coupe la chevelure avec d'énormes ciseaux (pilier nord-ouest de la croisée); diablotins tirant la barbe d'un pauvre homme (croisil lon gauche), etc.

Ci-contre· portail du croisillon droit

273 PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

Civray Vienne (86)

Église Saint-Nicolas• Simple forteresse devenue une cité commerçante, propriété des princes de sang érigée en comté sous François 1er, puis en sous-préfecture bien des années plus tard, Civray a gardé de son passé une superbe église romane.

De style roman, elle présente une façade historiée d'inspiration poitevine alors que son clocher octogonal dénote plutôt une influence limousine. L'édifice fut restauré par deux fois, non sans dommages: en 1858, un tympan fut ajouté au portail central. Du jardin du presbytère, on peut admirer le chevet, renforcé de colonnes aux chapiteaux à palmettes ou ornés d'animaux.

La remarquable façade** rectangulaire est solidement renforcée sur les côtés par des faisceaux de colonnes. Les thèmes du décor sculpté sont conformes aux traditions poitevines. Dans les voussures du portail central sont représentés, de bas en haut, le Christ honoré par les anges, les Vi erges sages et les Vierges folles, !'Assomption, les travaux des mois accompagnés des signes du zodiaque. Les arcades latérales abritent des arcatures géminées. Dans l'arcade de gauche se trouve la statue mutilée d'un mystérieux cavalier qui pourrait être l'empereur Constantin. Dans l'arcade de droite, saint Nicolas sauve trois jeunes filles; en haut sont représentés les quatre évangélistes; la voussure porte les douze vieillards de !'Apocalypse.

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Quant à l'intérieur, de proportions trapues, il se rétrécit d'ouest en est et s'orne d'une tour-lanterne octogonale édifiée sur la croisée du transept. La décoration peinte, surabondante, est moderne (1865), sauf dans le croisi llon sud où une fresque du 14• s. illustre trois épisodes de la légende de saint Gilles.

Cunault Maine-et-Loire (49)

Église Notre-Dame•• Le monastère de Cunault fut fondé au 4• s. En 847, il accueille les moines de Noirmoutier chassés par les Normands, lesquels obligent la communauté à fuir plus loin, en 862, jusqu'à Tournus en Bourgogne . Le calme revenu, le site devient un riche prieuré bénéd ictin dépendant de l'abbaye de Tournus. Seule l'égl ise des 11 •-13• s. nous est parvenue, avec son clocher massif (11 • s.) couronné d'une flèche de pierre (15• s.).

A l'intérieur, on demeure saisi par l'ampleur et la hauteur des piliers caractéristiques du style gothique angevin : construite dans la lignée des grandes abbayes bénédictines, l'église de Cunault fut conçue pour s'ouvrir aux foules qu'attirait, le 8 septembre, son pèlerinage à Notre Dame; autour du choeur, le déambulatoire et les chapelles rayonnantes se prêtaient aux processions, comme les larges bas-côtés qui encadrent la nef; le choeur surélevé permettait aux fidèles de voir l'officiant.

Vestige du prieuré bénédictin de Cunault, l'église Notre-Dame surprend le visiteur par l'élancement de son architecture intérieure et la richesse de ses chapiteaux sculptés.

PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

L' édifice frappe par le dépouillement de ses lignes et par la richesse de ses 223 chapiteaux finement ouvragés (11 •-12• s.). Deux seulement, à l'entrée du chœur, sont à portée de regard sans jumelles : à droite, neuf moines debout, et, à gauche, saint Philibert accueillant un pécheur. Les autres, hauts placés sous les voûtes, ne dévoilent pas à distance leur décor raffiné . Dans les chapelles du déambulatoire sont conservés (en commençant par la gauche) une Pietà du 16• s. , un chap ier en frê ne du 16• s. (meuble de range ment pour les chapes) et, plus loin, la très rare châsse de sa int Ma xenceul qu i avait évangélisé Cunault au 4• s. (en noyer polychrome du 13• s. ). Un beau saint Christophe et quelques fragments subsistent des fresques polychromes du 15• s. Dans le clocher se trou vent quatre cloche s provenant de la cathédrale de Constantine (Algérie).

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Evron Mayenne (53)

Basilique Notre-Dame•• L'abbaye d'Évron fut fondée au 7• s. et rétablie au 1o• s. après sa destruction par les Normands. Lieu de pèlerinage important, elle fut sans cesse remaniée jusqu'au 18· s. La tour carrée romane du 11 • s., partie la plus ancienne du monument, a gardé ses mâchicoulis et ses hourds (galeries de bois), peu courants dans l'Ouest de la France. Elle relie la partie romane de la nef aux vastes bâtiments conventuels du 18• s. Les quatre travées romanes de la nef primitive contrastent avec le reste de l'édifice refait au 14• s., dans le style gothique rayon nant. On y remarque un très beau buffet d'orgues de la fin du 16• s. et les vestiges d'une fresque, représentant la Vierge allaitant, dans un trilobe. Le dépouillement des travées romanes rend plus saisissantes l'ampleur, la hauteur sous voûte, la luminosité et la décoration de la partie gothique. À la croisée du transept, les arcs retombent sur des culs-de-lampe ornés de belles sculptures. La légèreté des colonnes ainsi que la finesse de la décoration font du chœur un ensemble élégant que rehaussent encore cinq verrières du 14• s. La réfection des pavés du chœur a permis de découvrir une crypte et des sarcophages dont le plus ancien remonte au 10• s. La chapelle Saint-Crespin** (12· s ) s'ou v re au nord sur le déambulatoire. Supportée par des doubleaux, sa voûte en berceau brisé est d'une grande sobriété. Trois statues de terre cuite du 17• s. figurent les saints Benoît, Placide et Maur. L'autel supporte une statue de Notre-Dame-de-l'Épine, en bois lamé d'argent (13• s.). Sous une remarquable Crucifixion (13• s.), une armoire forte renferme deux chefs-d'œuvre d'orfèvrerie : une ravissante Vierge en argent (15• s.) et un reliquaire (16• s.).

Il n'est pas difficile de savoir à quoi Évron doit sa notoriété : l'une des plus belles églises de la Mayenne vous attend dans cette petite ville. honorée par le passage de Saint Louis en 1236.

La Ferté-Bernard Sarthe (72)

« Petite Venise de l'Ouest », La FertéBernard est sillonnée de ca naux . Ses maisons Renaissance, sa fontaine et ses halles se serrent autour de la superbe et très flamboyante église Notre-Da me-des-Marais .

Les chapelles de l'abside* sont remarquables. Celle de droite est couverte d'un étonnant plafond à caissons; ses vitraux sont du 16• s., comme ses délicats cartouches sculptés et sa piscine. Dans la chapelle axiale, les voûtes entre les ogives sont décorées de stalactites et de nids d'abeille (16• s.); à gauche, un vitrail Renaissance évoque le repas de Béthanie avec Madeleine aux pieds du Christ.

Église Notre-Dame-des-Marais**

Dans le collatéral à gauche du chœur, un retable figure les instruments de la Passion.

La nef, le transept et la tour carrée furent bâtis de 1450 à 1500; entre 1535 et 1544, Mathurin De laborde travailla à l'église et, de 1550 à 1590, les frères Viet dirigèrent la construction du chœur (achevé en 1596), dont le décor sculpté extérieur comporte des éléments Renaissance : rinceaux et bustes d'empereurs romains . Le chevet révèle également une ornementation à l'italienne : une balustrade présentant en lettres décorées de feuilles, d 'anges ou d'animaux deux chants à la Vierge : « Regina CêEli » et « Ave Regina CêE/orum ».

Dans la sacristie est exposée une collection de panneaux d'albâtre polychromes illustrant les Cinq Joies de la Vierge (15• s.).

Intérieur

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Au revers de la façade principale se distinguent les bénitiers Renaissance originaux et, dans la ne( le cul-de-lampe flamboyant soutenant le buffet d'orgues. D'une élégance recherchée, le chœur s'élève au travers d 'arcades élancées surmontées de statuettes sous dais, puis d'un triforium Renaissance d'un dessin pur et léger, et de fenêtres hautes garnies de lumineuses verrières (16•-17• s.). La galerie basse repose sur une corniche sculptée de coquilles et de bustes en relief. Ses balustres présentent les statuettes du roi de France et de ses douze pairs. PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

Abbaye de Fontevraud*** Maine-et-Loire (49)

UN PEU D'HISTOIRE

La fondation de l'abbaye (1101)

Dernière demeure des Plantagenêts, l'abbaye de Fontevraud reste l'un des plus importants ensembles monastiques subsistant en France. Elle conserve une superbe abbatiale aux voûtes aériennes, des gisants polychromes et de très impressionnantes cuisines romanes.

L'ordre fontevriste est fondé par Robert d'Arbrissel qui reçut du pape Urbain Il la mission de prêcher dans l'ouest de la France. Il choisit Fontevraud pour y installer une abbaye atypique. La communauté double de moines et de moniales partagent le même site tout en vivant dans quatre monastères distincts: Saint-Jean-de-l'Habit regroupera les prêtres et les frères lais (chargés de l'autosubsistance de l'abbaye), Sainte-Marie les contemplatives, Sainte-Marie-Madeleine les converses, et Saint-Lazare les moniales chargées d'encadrer les lépreux. Tous sont placés sous l'autorité d'une abbesse - prééminence féminine qui persistera jusqu'à la Révolution. Un ordre aristocratique

Ce nouvel ordre connaît un rapide succès et prend très vite un caractère aristocratique; les abbesses, de haute lignée, procurent à l'abbaye des dons importants et de puissantes protections. Les Plantagenêts choisissent l'église abbatiale pour lieu de sépulture; une dizaine d'entre eux y seront inhumés. Trente-six abbesses, la moitié de sang royal, dont cinq

Bourbons, s'y succèdent de 1115 à 1792. Au 13es., 75 prieurés et environ 100 domaines re lèvent de Fontevraud, qui compte alors une centaine de re li gieuses et vingt frères.

Aliénor, reine de Fontevraud

&?

La présence de leur g isant au milieu de l'ég lise témoigne St-Michel* du lien étroit qui unit le couple d'Aliénor et Henri Il à Fontevraud. Née vers 1122, Logis Bourbon Aliénor d'Aquitaine épouse d'abord le futur roi Louis VII, unissant le duché d'Aquitaine au royaume de France. Après dix ans de mariage, les deux époux, brouillés, obtiennent ABBAYE DE FONTEVRAUD l'annulation de leur union. Sitôt 200m libre, sitôt convoitée: Aliénor ne tarde pas à épouser le futur Henri Il, héritier de la Normandie, de l'Anjou et roi d'Angleterre. Aliénor met alors au monde huit enfants dont Richard Cœur de Lion (1157) et Jean sans Terre (1166). Chaque événement heureux est célébré par une donation à l'abbaye de Fontevraud. Mais la brouille s'insinue dans le couple. Accusée de complot contre son époux, Aliénor est emprisonnée par son mari pendant près de quinze ans. À la mort de ce dernier en 1189, la reine, libérée par Richard, s'empresse de le faire couronner avant son départ en croisade. Pendant l'absence de son fils, elle assume le pouvoir puis se retire à Fontevraud, où elle s'éteint le 31 mars 1204.

1~

www.fon te vraud.fr

De la prison au centre culturel Après les actes de vandalisme des huguenots en 1562, les révolutionnaires détruisent entièrement le couvent en 1793. Napo léon t ransforme ensuite le monastère en prison, situation qui perdura jusqu'en 1963. Depuis 1975, l'abbaye est investie d'une mission culture lle. Le centre culturel de l'Ouest gère et anime le monument en y organ isant concerts, spectacles, expositions, conférences, co lloques et sém ina ires. En 2014, un luxueux hôte l-restaurant a également été créé au se in de l'ancien prieuré Saint-Lazare.

Cour d'entrée Parmi les bâtiments qui la bordent, dont la plupart datent du 19es., on remarque sur la gauche la « fannerie », vastes écuries du 13e s., et sur la droite le logis abbatial (17e_ 13e s.) décoré de guirlandes et de basreliefs. L'entrée se situe dans la caserne qu i abrita it au 19e s. les milita ires chargés de garder la prison. Au 1er étage, des expos itions temporaires sont consacrées aux artistes en résidence.

281 PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

Inauguré en 2020 dans les anciennes écuries de l'abbaye, le musée d'art moderne de Fontevraud est né de la donation faite par Martine et Léon Cligman à l'État. Leur collection, fortement axée sur l'École de Paris et les artistes de Montparnasse (Soutine, Kars), compte une centaine de toiles et de sculptures, certaines signées de grands noms (Rodin, Degas, Corot, ToulouseLautrec, Derain, Dufy, Vlaminck, Delaunay, Richier ... ).

Église abbalia le•• Divisée au temps du pénitencier en plusieurs étages de dortoirs, la vaste église du 12' s. a retrouvé son ampleur et sa pureté originelles. La façade a subi plusieurs remaniements au fil des siècles. Sa porte romane a été rétab lie au début du 20• s. par l'arch itecte Lucien Magne, élève de Viol let-le-Duc. Longue de 60 m et large de 15 m, la nef, dont les chapiteaux délicatement sculptés relèvent des styles angoumois et saintongeais, est coiffée de quatre coupoles à pendentifs sous lesquelles sont étendus quatre gisants•• polychromes : celui d'Henri Il Plantagenêt (1133-1189), roi d'Angleterre, qui fit de Fontevraud une abbaye royale, celui de son épouse Aliénor d'Aquitaine (vers 1122-1204) et ceux de leur fils Richard Cœur de Lion (1157-1199) et d'Isabelle d'Angoulême (vers 1188-1246), femme de leur autre fils, Jean sans Terre (roi d'Angleterre de 1199 à 1216). Fontevraud constitue l'exemple le plus septentrional de l'architecture angoumoise et démontre les liens unissant au 12• s. les possessions aquitaines et angevines à l'empire Plantagenêt. Légèrement antérieurs à la nef, le transept, le chœur et, à l'extérieur, le cheveb•, s'inscrivent dans la grande tradition de l'art roman du 12• s. Ils suivent le modèle des abbayes bénédictines à déambulatoire et chapelles rayonnantes, où l'abondance de la lumière et la multiplication des lignes verticales - hautes colonnes, arcatures et piliers - symbolisent l'élan vers Dieu. Dans la salle capitulaire, de belles peintures murales du 16• s. illustrent la vie du Christ.

Cloître Sainte-'.\larie ou cloître du Grand-t\louticr

Gisant d'Isabelle d'Angoulême

Le superbe cloître du couvent des religieuses est couvert de voûtes gothiques présentant des façades Renaissance, à l'exception de la galerie méridionale qui est purement gothique. De la galerie orientale, une

porte richement scu lptée ouvre sur la salle capitulaire* : les peintures murales du 15e s., dues à l'artiste angevin Thomas Pot, f igurent des scènes de la vie du Christ et incluent des représentations de certaines abbesses de Fontevraud.

Chauffoir La seule salle de l'abbaye qui fût chauffée était utilisée par les religieuses pour des travaux manuels comme la broderie. Au 2oe s., alors que Fontevraud était lieu de réclusion, le chauffoir fut transformé en cuisine.

Ph. Body/hemis.fr

Cour Saint-Benoît Dès l'époque médiévale, elle desservait l'infirmerie de l'abbaye. L'aile nord inclut la chapelle Saint-Benoît, édifiée au 12e s. dans le style gothique Plantagenêt.

Réfectoire Longue de 45 m, cette belle salle aux murs romans est couverte d'une voûte gothique (1515). La table de l'abbesse se trouvait sur une estrade, à l'extrémité du réfectoire. Du haut d'une chaire, une semainière lisait la Bible aux religieuses qui se devaient de garder un parfait silence.

Cuisines romanes** Ce sont les plus belles cuisines romanes (12e s.) parvenues Jusqu'à nous. D'inspiration byzantine, elles sont célèbres pour leur toiture de pierre taillée en écail les de poisson et ponctuée de nombreuses cheminées, reconstituée en 1904 par Lucien Magne. Emb lémat iques de Fontevraud, ces cuisines, qui servaient aussi de fumo ir, témoignent par leur beauté et leur amp leur de l'importance de l'abbaye . L'ensemb le, de forme oc t ogonale, initialement isolé, compo rte cinq absidioles (huit à l'origine), chacune abritant un foyer. Le tout est surmonté d'une hotte se prolongeant en une chem inée centrale qu i culmine à 28 m .

Prieuré Saint-Lazare Cet ensemb le, qui accueillait jad is les lépreux, abrite aujourd'hui l'hôtel de Fontevraud, tandis que le cloître, de faible dimens ion, son restaurant d'été. Il est poss ible d'accéde r à la chapel le Sa int-Lazare (1 2e s.) et au bel escalier à vis du 13e s. situé dans l'ai le ouest du cloître.

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PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

Le Mans Sarth e ( 72)

Cathédrale Saint-Julien*** Extérieur

Le Mans satisfera les amateurs d'art : outre sa vieille ville avec ses ma isons à pa ns de bois, sa cathédrale est grandiose, avec son chevet, ses portails, ses vitraux, ses voûtes et ses tombeaux.

Dédié au prem ier évêque du Ma ns, Sa int-J ulien dresse fièrement audessus de la place des Jacobins so n cheveb** goth ique, admirable par son système enveloppant d'arcs-boutants à double volée qui crée un e dynamique d'une rare rigueur. L'édifice actue l comprend une nef romane, un chœur gothique et un transept rayonnant flanqué d'une tour. Sur la place du Cardinal -Grente, bordée de demeures Renaissance, s'élève la façade principale, de style roman archa·1que. Sur la place Sa int-Michel, le porche sud abrite un superbe portail** du 12• s., contemporain du Portail royal de Chartres. De chaque côté s'al ignent de hiératiques statues-colonnes, personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament. Les apôtres occupent les niches du linteau t andis que le Christ trône au tympan. Vers la droite, perspective sur la tour 1. Vitrail roman

CATHÉDRALE ST-JULIEN

de !'Ascension.

30m

2 . Buffet d 'orgues

***CHEVET

(16' s ) 3. Légende de



*Chapelle des Fonts

r

TOUR



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• • FAÇADE

Pl. du Cardina l-G rent e

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saint Julien (tapisseries, 16' s.). 4 . Tombeau de Charles IV d'Anjou . 5. Monument à la mémoire de Guillaume Du Bellay. 6. Tombeau du cardinal de Grente (1965). 7. Histoire des saints Gervais et Protais (tapisseries, 16' s.). 8 . Mise au tombeau en terre cuite (17' s ) 9. Porte des chanoines (14' s.) avec tympan à l'effigie de saint Julien. 10. Arbre de Jessé (vitrail, 13' s.).

(12e-14e s.) haute de 64 m. Sur la place du Cardinal-Grente s'élève la façade principale, de style roman archaïque. On remarque le pignon du 11e s., encastré dans celui ajouté au siècle suivant, lorsque l'on construisit les voûtes.

Intéri eur Le vaisseau roman repose sur de grandes arcades (11e s.), renforcées par des arcs brisés. Les chapiteaux, d'une grande finesse dans le détail, soutiennent des voûtes bombées. Dans le bas de la nef, huit vitraux sont romans, dont le plus connu est celui de !'Ascension (1). Tout ajouré par son triforium et ses immenses verrières, le transept (14e-15e s.) contraste avec la nef par sa légèreté et l'audace de son élévation. Dans la chapelle des fonts*, qui donne sur le croisillon nord, se font face deux remarquables tombeaux** Renaissance. Celui de gauche (4), sculpté par Francesco Laurana, fut élevé pour Charles IV d'Anjou, comte du Maine, frère du roi René d'Anjou; le gisant repose, à la mode italienne, sur un sarcophage antique; réaliste, le visage est dessiné avec une extrême finesse. A droite, le monument (5) à la mémoire de Guillaume Du Bellay, cousin du poète, le représente tenant son épée et un livre, accoudé à la manière antique sur un sarcophage qu'orne une frise de divinités nautiques. Entouré d'un double déambulatoire à chapelles rayonnantes haut de 34 m, le chœur (13e s.) compte parmi les plus beaux de France. D'une magnifique envolée, il s'élève sur deux étages séparés par une galerie de circulation et terminés par des arcs brisés très pointus, d'influence normande. Aux fenêtres hautes du chœur et du premier déambulatoire, comme aux fenêtres basses des chapelles rayonnantes, flamboient les vitraux** du 13e s., à dominantes rouges et bleues. Au-dessus des stalles (16e s.) est ménagé l'espace réservé à la célèbre suite de tapisseries du 16e s., consacrées à l'histoire des saints Gervais et Protais (7), aujourd'hui présentées ponctuellement. La chapelle du chevet (13e s.) est décorée d'un très bel ensemble de vitraux du 13e s., en particulier l'Arbre de Jessé (10). Un ensemble pictural* (14e s.) couvre les voûtes : d'une élégance et d'une finesse rares, il représente le concert céleste. Quarante-sept anges musiciens et chanteurs, rayonnants de lumière, de couleurs et d'harmonie, proclament la gloire de la Vie rge. Parmi les instruments de musique, un rarissime « échiquier », ancêtre (très) lointain du piano.

N. Th1bau r! Phorononsrop

Origines mystérieuses que celles du menhir* adossé à la façade de la cathédrale du Mans. Surnommé« pierre au lait» (sans doute une déformation de « pierre levée»), haut de 4,55 m et classé monument historique depuis 1889, il témoigne de l'occupation ancienne de la région . La tradition veut que l'on plante son pouce dans le« nombril du Mans» pour témoigner d'avoir visité la ville.

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Église abbatiale

Abbaye de Maillezais* Vendée (85)

UN PEU D'HISTOIRE

En plein cœur du royaume aquatique du Marais poitevin se découpent les ruines majestueuses de l'abbaye Saint-Pierre de Maillezais. Depuis l'aube du 11e s.,ces lieux ont vécu une histoire mouvementée, entaillée de guerres, de mises à sac, mais aussi du séjour des illustres Agrippa d'Aubigné et Rabelais.

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Il faut imaginer Maillezais comme une île battue par la mer, à la fin du 1o• s., lorsque Guillaume Fier-à-Bras, comte de Poitou, y fonde l'abbaye Saint-Pierre pour la confier à des bénédictins. Agrandi dans les premières années du 11 • s., le monastère connaît un développement fulgurant. Au 13• s., il est en partie détruit par un Lusignan, soi-disant fils de Mélusine, Geoffroi la Grand-Dent, que Rabelais aurait transposé en ancêtre du vorace Pantagruel : le moine écrivain passera cinq ans à Maillezais à partir de 1525. En 1317, le pape français Jean XXII fait de Maillezais un évêché, mais autorise les moines à rester sur place. Pendant les guerres de Religion (1562-1598), les bâtiments sont dévastés. Richelieu, nommé évêque de Luçon en 1606, fera transférer le siège épiscopal à La Rochelle. L'abbaye cessera son activité en 1648. Le site servit de carrière de pierres à la Révolution.

Monastère Face au Marais, un élément fortifié en forme de proue de navire, surmonté d'une échauguette, est accolé à la gauche de l'entrée de l'abbaye aujourd'hui en ruine: dirigé vers le sud, il servait de cadran solaire. Le monastère datait en majeure partie du 14• s. On a retrouvé les bases des murs du cloître, son pavage, son puits et le lavabo des moines, un cellier du 12• s., ainsi que des tombes d'abbés ou d'évêques. Des bâtiments conventuels subsiste une aile qu'il est possible de visiter : au sous-sol, la cave à sel ; à l'étage, le dortoir des hôtes (infirmerie), avec sa grande cheminée centrale ; au rez-de-chaussée, la cuisine octogonale ainsi que le réfectoire où sont exposés quelques chapiteaux de colonnes et des éléments sculptés exhumés lors des fouilles. Le même réfectoire sert également de cadre à une très belle projection• qui met en scène quelques pensionnaires de l'abbaye dont les pierres tombales sont dressées contre les murs . A la beauté des images mêlant miniatures médiévales et reconstitutions de synthèse s'ajoutent des commentaires et une inter- j prétation très sensibles qui immergent totalement , le visiteur dans l'histoire contée.

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Elle fut édifiée au début du 11 • s. Le narthex était encadré de deux tours carrées suivant une disposition courante d'origine germanique. Ici, la façade a été murée lors des travaux menés par d'Aubigné. La nef avait été modifiée au 13• s. Les bas-côtés étaient surmontés de tribunes comme dans les abbatiales normandes. Du transept, ajouté au 14• s., il ne reste qu'une partie du croisillon gauche, de style gothique. Le chœur, très vaste et dont on voit encore l'emplacement, avait été rebâti au 16• s. par Geoffroy d'Estissac. L'évolution du plan de l'abbatiale au cours des siècles est figurée au sol par des tracés de marbre. Au cours du circuit extérieur, qui longe un moment un petit canal, on remarque à terre des éléments de statues dont une énorme tête : c'est celle de Geoffroy de Lusignan, dit la Grand'Dent, qui attaqua l'abbaye au 13• s. Elle a été sculptée en 2000 pour les besoins d'un spectacle, puis laissée sur place.

Ardent protestant et fougueux poète, Agrippa d'Aubigné (1552-1630)fut condamné à mort quatre fois pour ses opinions. Guerrier autant que lettré et savant, il résida un temps à l'abbaye de Maillezais avec ses troupes de protestants qui en fortifient les murs.

Melle Deux-Sèvres (79)

Église Saint-Hilaire**

Prospère cité au Moyen Âge , la pittoresque cité de Melle conserve trois églises romanes. dont Saint-Hilaire, qui servait d'étape sur la route de Saint-Jacques-deCompostelle.

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Ce sanctuaire, bâti au 12• s. dans le plus pur style roman poitevin, dépendait autrefois de l'abbaye bénédictine de Saint-Jean-d'Angély. Elle est classée au patrimoine mondial de l'Unesco au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle. L'ensemble formé par le chevet à étagement et la façade flanquée de clochetons coniques est d'une grande sobriété. Le portail latéral gauche est surmonté de son célèbre cavalier**· figure énigmatique dans laquelle on a cru reconnaître Charlemagne, le Christ écrasant !'Ancienne Loi, ou encore l'empereur Constantin triomphant du paganisme. Au cheveb, trois absidioles rayonnantes, à contreforts-colonnes et modillons sculptés, se greffent sur un déambulatoire accolé au transept. Ce dernier est pourvu de deux chapelles orientées et supporte une tour de croisée (le clocher). A l'intérieur, l'envergure des trois nefs et du déambulatoire est celle d'un sanctuaire de pèlerinage. Les chapiteaux sculptés* de la voûte sont magnifiques: le 3• à droite en entrant par la façade principale montre une chasse au sanglier. Dans le bas-côté droit, l'archivolte du portail est décorée d'une scène montrant le Christ et les saints terrassant des animaux fantastiques. Un chœur contemporain, œuvre du designer Mathieu Lehanneur, trône depuis 2011 à la croisée du transept. Les strates, rappelant les couches sédimentaires, sont en marbre blanc de Namibie. Le baptistère évoque la source de la Béron ne (petit cours d'eau passant au chevet de l'église). L'autel et l'ambon sont en albâtre, créant une harmonie colorée entre la construction médiévale et l'œuvre moderne.

PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

Nantes Loire-Atlantique (44)

Cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul** Ancienne capitale des Ducs de Bretagne, antes est aujourd'hui une grande ville. Le cœur historique et ses richesses patrimoniales va lent comme un point de ra lliement, à commencer par son imposante cathédrale, durement éprouvée par le temps.

Commencé en 1434 mais achevé seulement en 1891, l'édifice surprend par l'austérité de sa façade: deux tours sans fantaisie encadrent une grande baie flamboyante . Les trois portails, en revanche, présentent des voussures finement sculptées. Une statue de saint Pierre se dresse au milieu du portail central.

intérieur**

A l'intérieur,

le tuffeau remplace le granit des cathédrales bretonnes. Moins lourde, cette pierre blanche a permis d 'é lever des voûtes jusqu'à 37,50 m de hauteur - elles sont plus hautes qu 'à Notre-Dame de Paris . Il en résulte un vaisseau de style gothique, aux lignes très pures . Rien ne rompt l'harmonie de la perspective : les nervures des piliers forment des lignes verticales qui fusent jusqu'aux clés de voûte où elles s'entrecroisent. ~

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Dans le croisillon droit, le tombeau de François Il ** ~ est l'œuvre maîtresse de la cathédrale et l'une des grandes ~ productions de la Renaissance. Il fut commandé par Anne de Bretagne à Michel Colombe (1502-1507), en hommage à son père, le duc François Il (1435-1488), et à sa mère, Marguerite de Foix. Le duc et la duchesse sont allongés sur une dalle de marbre noir. Le lion couché aux pieds du duc est l'emblème de la Puissance; le lévrier de Marguerite, celui de la Fidélité . Des anges soutiennent leur tête. D'autres, plus grands, personnifient les vertus cardinales : la Justice (couronne en tête, glaive en main) et la Force (casque, armure, arrachant un dragon d'u ne tour) reviennent au duc ; la Prudence et la Tempérance, à la duchesse. La Prudence, qui s'inspire du passé pour envisager l'avenir, a deux visages : une jeune fille au miroir et un vieillard. La Tempérance tient un mors rappelant la retenue des passions, et une horloge qui symbolise la mesure. Au-dessous des gisants, douze niches abritent les statuettes des apôtres, auxquelles s'ajoutent celles de saint Fran çois d'Assise,

de sainte Marguerite, de Charlemagne et de Saint Louis. Au niveau inférieur, se ize pleureuses, en partie mutilées, symbolisent la douleur du peuple. Ce magnifique ensemble est éclairé par une verrière moderne de Chapuis, haute de 25 m et consacrée aux évêques et saints de Bretagne. Dans le bas-côté droit, une toile triptyque du Nantais Alain Thoma s figure une Adoration des Mages dans un style assez naïf. C'est ici qu 'était conservé le tableau néoclassique d'Hippolyte Flandrin, Saint Clair guérissant les aveugles (1836). Dans le croisillon gauche, en face, on découvre le cénotaphe de Lamoricière*, exécuté en 1879. Grand soldat d'Afrique, ce général captura Abd el-Kader avant d 'être exilé par Napoléon Il l. Le sculpteur Paul Dubois l'a représenté couché sous un linceul. Quatre statues en bronze symbolisent la Méditation, la Charité, le Courage et la Foi .

Dur destin que celui de la cathédrale de Nantes! Victime des bombardements de juin 1944, elle est encore en chantier quand, le 28 janvier 1972, un incendie ravage sa charpente de bois. Sa reconstruction, en béton, ne sera achevée qu 'en 1985, et la restauration du bâtiment parachevée seulement en 2013 ! Mais le 18 juillet 2020, un nouvel incendie, criminel, détruit les grandes orgues baroques (17• s.), la verrière principale de la façade (15' s.), et plusieurs œuvres d'art, dont un tableau de Flandrin, à jamais perdus ...

Cr yptes Les cryptes ont été restaurées. La crypte romane du 11 • s. abrite le trésor de la cathédrale (ornements liturgiques et orfèvrerie).

Ci-dessus: le tombeau de François Il

293 PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

Poitiers Vienne (86)

Église Notre-Dame-la-Grande** L'ancienne « Limonum », capitale de la tribu gauloise des Pictaves, séduit aujourd'hui par sa jeunesse et son dynamisme culturel. Des chemins pentus vous entraînent à la découverte d'une floraison d'églises romanes, parmi lesquelles NotreDame-la-Grande et sa magnifique façade du 12e s.

Bâtie à l'emplacement d'un ancien temp le païen gallo-romain, NotreDame se dresse sur la place Charles-de-Gaulle, dans le cadre charmant d'un petit marché.

Façade*** L'œil est immédiatement attiré par cette façade du 12• s. superbement restaurée. Caractéristique de l'architecture romane poitevine, bien qu'influencée par l'art saintongeais, elle présente un décor sculpté animé d'une vie intense. Il faut la lire de gauche à droite et de bas en haut. A J'étage inférieur apparaît un portail à quatre voussures, encadré de deux arcades en arc brisé montrant à l'intérieur des arcatures jumelles. Au-dessus des arcs, des bas-reliefs figurent : Adam et Ève; Nabuchodonosor sur son trône; les prophètes, Moïse, Jérémie, Isaïe et Daniel; !'Annonciation; l'arbre de Jessé; à droite, la Visitation, la Nativité, le bain de !'Enfant Jésus et la méditation de saint Joseph . Au-dessus du portail s'inscrit une baie, encadrée d'une double rangée d'arcatures, entre lesquelles se situent les apôtres et, aux deux extrémités, les effigies présumées de saint Hilaire et de saint Martin. Les voussures des arcades et arcatures sont ornées d'un décor végétal et d'un bestiaire fantastique, traités avec virtuosité. Le pignon présente, dans une gloire en amande, un Christ en majesté entouré des symboles des évangélistes et surmonté d'une palme de lumière (le soleil) et d'un croissant (la lune), symboles d'éternité à l'époque romane. La façade est flanquée de part et d'autre d'un faisceau de colonnes supportant un lanternon ajouré.

Flanc gauche Deux chapelles ont été ajoutées contre le chœur au 15• s. et le long du collatéral au 16• s. Le clocher, qui date du 12• s., a une silhouette originale : sa tourelle ajourée est coiffée d'un toit conique à écailles en forme de pomme de pin.

Intérieur

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De type poitevin, mais dépourvu de transept, il fut repeint en 1851 dans un style chargé. La nef, voûtée en berceau, est encadrée de bascôtés voûtés d'arêtes. Dans le chœur, la statue de Notre-Dame-des-Clefs (16• s.), derrière le maître -autel, symbolise un miracle advenu en 1202 : un traître allait remettre les clés de la ville aux Anglais, lorsqu'elles lui furent mystérieusement subtil isées.

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Les six puissantes colonnes rondes qui forment l'hémicycle du chœur portent la voûte en cul-de-four décorée d'une fresque du 12' s. représentant la Vierge en majesté et le Christ en gloire. A droite du déambulatoire, l'absidiole primitive a été remplacée par une chapelle (aujou rd 'hui chapelle Sainte-Anne) fondée en 1475 par Yvon du Fou, sénéchal du Poitou, dont on voit les armes au-dessus du bel enfeu flamboyant qui abritait sa sépulture. A la place de la sépulture, on peut voir une Mise au tombeau du 16' s., en pierre polychrome, venant de l'abbaye de la Trinité de Poitiers, et œuvre d'artistes italiens.

Église Saint-Hilaire-le-Grand** Extérieur Un peu à l'écart du centre-ville, cette remarquable église romane appartenait au monastère du même nom édifié entre le 7e et le 11 e s. Elle est dédiée à saint Hilaire de Poitiers qui fut inhumé ici dans une chapelle funéraire de la nécropole antique, remplacée en 1049 par l'église actuelle.

Il faut contourner l'église et atteindre le chevet pour observer les chapelles greffées sur le transept et le déambulatoire. Elles sont ornées de colonnes portant des chapiteaux très ouvragés. Leurs corniches sont décorées de modillons sculptés (têtes de chevaux, feuillages, petits monstres). Le clocher de 33 m de haut s'est effondré en 1590. Dévastée à la Révolution, l'église fut consolidée et reconstruite dans le courant du 19' s. La façade occidentale date de cette époque.

Intérieur Au 11 ' s., les trois nefs de Saint-Hilaire étaient couvertes de charpentes de bois. Pour se prémunir contre la redoutable éventualité d'un incendie, les architectes décidèrent de la voûter en pierre, en étayant l'ouvrage avec des piliers qui englobent aujourd'hui le clocher du 11 ' s. De même, on éleva dans la nef principale une rangée de colonnes qui se raccordent de façon très ingénieuse aux murs d'origine et portent la série des coupoles sur pendentifs. Ainsi sont nés les sept vaisseaux de l'église actuelle. Le chœur, lieu du culte, et le transept sont considérablement surélevés par rapport à la nef. L'avant-chœur est orné au sol d'une belle mosaïque et, aux piliers, de chapiteaux intéressants dont, à gauche, celui de la mise au tombeau de saint Hilaire. Le chœur est fermé par un demi-cercle de huit colonnes à la base desquelles on observe des grilles de ferronnerie du 19' s., dessinées par l'architecte Jean-Camille Formigé. Les fresques de !'Apocalypse•, dans le chœur, sont du même atelier que celles de Saint-Savin (voir p. 301). Dans les absidioles, d'autres fresques relatent des épisodes de la vie de saint Quentin et de saint Martin. Une statue originale de la Trinité est adossée au mur du déambulatoire, dans l'axe de l'église: Dieu le Père coiffé d'une tiare présente son Fils en croix; au sommet de la croix, la colombe du Saint-Esprit. Dans la crypte, un coffret du 17' s. contient les reliques de sa int Hilaire.

Cathédrale Saint-Pierre*

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Son chantier fut lancé par Aliénor d'Aquitaine et Henri Il Plantagenêt entre 1155 et 1160, et presque achevé à la fin du 14' s., date de sa consécration. Le monument surprend par l'ampleur de ses dimensions: 100 m de longueur et 50 m de largeur au niveau du transept.

Extérieur

Église Saint-Hilaire-le-Grand

Sa large façade, ornée d'une rosace et de trois portails• du 13e s., est flanquée de deux tours dissymétriques; celle de gauche conserve, sur un support de colonnettes engagées, un étage octogonal surmonté d'une balustrade. Uniformément plat, le chevet se dresse telle une muraille vertigineuse (49 m de haut), mise en va leu r par la déclivité du sol. Elle porte les impacts de boulets de canon qu i datent du siège de la ville par les troupes protestantes de l'amira l de Coli gny en 1569.

Intérieur•• Dès l'entrée s'impose la puissance architecturale du large vaisseau divisé en trois nefs de hauteur presque égale; l'impression d'une perspective fuyante vers le chevet est accentuée par le rétrécissement progressif de la largeur des nefs et l'abaissement de la voûte centrale à partir du chœur. Vingt-quatre voûtes ogivales bombées, dénotant l'influence du style Plantagenêt, coiffent les huit travées de chaque nef. Le che vet, plat à l'extérieur, est creusé de tro is absidio les. La cathédrale est éclairée par des verrières en partie anciennes, comme le grand vitrail de la Résurrection. Au chevet, dans l'axe du chœur, on remarque le superbe vitrail de la Crucifixion• (f in 12e s.),

297 PAYS DE LA LOIRE, POITOU, CHARENTES

au centre duquel rayonne un Christ en croix entouré de la Vierge et de saint Jean; de part et d'autre s'inscrivent la Crucifixion de saint Pierre et la Décollation de saint Paul (au -de ssous), les apôtres aux visages levés vers le Christ en gloire, figuré dans une mandorle (au -dessus). Dans le chœur, les stalles• du 13e S. passent pour être les plus viei lles de France. Sur leurs dosserets, les écoinçons scu lptés évoquent la Vierge et l'Enfant, des anges porteurs de couronnes, l'architecte au travail.

Portail central de la cathédrale Saint- Pierre

Dans le transept sud, de très belles fresques gothiques, aux couleurs magnifiques, remontent également au 13• s. Installées sur une tribune-coquille, les orgues (1791 ) sont parmi les plus célèbres du pays. Elles sont l'œuvre du grand facteur d'orgue parisien François-Henri Clicquot.

Baptistère Saint-Jean••

Édifié au milieu du 4e s., ce baptistère serait le plus ancien témoignage de l'architecture chrétienne en Europe occidentale.

Aménagé dans une vil la romaine vers 360, le bâtiment est conçu autour d'une cuve baptismale. Il fut ensuite transformé en basilique, et maintes fois remanié au cours des siècles. À l'origine, il comprenait deux salles rectangulaires, la salle baptismale et le narthex, que précédait un couloir d'entrée encadré de deux vestiaires. Il présente actuellement une salle baptismale rectangulaire, à laq uelle sont accolées une abside quadrangulaire à l'est, datant des 6• et 7e s., et deux absidioles jad is de plan carré, transformées vers le milieu du 1ge s. en absidioles semi-circulaires. L'ancien narthex, restauré au 1 s., a pris une forme polygonale. On observe, sous les fenêtres en partie bouchées et percées d'oculi, des traces d'un petit appareil romain cubique et, sous les pignons, de curieu x pilastres à chapiteau x sculptés en faible relief.

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Intérieur

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Il renferme un important musée lapidaire, en particulier une belle collection de sarcophages mérovingiens découverts à Poitiers et dans ses environs, des stèles et bas-reliefs, une ancienne mesure dîmière taillée dans la pierre, et des mou lages de la décoration sculptée extérieure du baptistère. Le narthex est relié à la salle baptismale par trois

grandes arcades, percées dans le mur édifié en retrait du portail d'entrée. Des voûtes en cul-de-four couvrent l'abside principale et les deux absidioles. On admire le décor de colonnes de marbre et de colonnettes soutenant les arcatures, et les chapiteaux sculptés de feuilles, tresses et perles, à la mode antique. Alimentée par un aqueduc dont on aperçoit les vestiges à travers une dalle vitrée, la petite cuve baptismale octogonale au centre de l'édifice servait jadis au baptême par immersion : dépouillé de ses vêtements dans les vestiaires, le catéchumène descendait dans la piscine où l'évêque procédait aux onctions rituelles. Au 7• s., on boucha la cuve sur laquelle furent installés des fonts baptismaux pour procéder au baptême par aspersion (eau versée sur la tête). En partie recouvertes par des peintures des 13• et 14• s., de superbes fresques romanes* (11 • s.), animent les murs du baptistère : Ascension au-dessus de l'abside principale, Christ en majesté au cul-de-four de cette même abside. Sur les murs de la salle rectangulaire sont représentés les apôtres, l'empereur Constantin à cheval; sur le mur de gauche, des paons, symboles d'immortalité; sur le mur de droite, un combattant et un dragon.

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Royan Charente-Maritime (17)

Église Notre-Dame** Détruite à 80 % par les bombardements alliés de 1945, la « perle de l'Océan » a été reconstruite dans un style moderniste inédit, avec l'église Notre-Dame pour point d'orgue.

Cet impressionnant édifice en béton armé, classé Monument historique, est une belle illustration du renouveau de l'architecture sacrée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. L'ég lise a été construite de 1955 à 1958 par l'architecte Guillaume Gillet qui eut l'honneur d'y être enterré en 1996. L'objectif, fixé par le maire de Royan Max Brusset, était de construire l'ég lise la plus grande et haute possible, avec des moyens limités. C'est grâce au système de piliers en béton en V, mis au point par l'ingénieur Bernard Laffaille, que Gillet put élever la nef à près de 30 m de hauteur, et le clocher à 56 m. De la place Notre-Dame, située en contrebas, la perspective ascendante du chevet formant une proue est accentuée par le clocher culminant à 65 m. Il faut se décaler sur la droite pour découvrir l'étonnante toiture paraboloïde hyperbolique, mince voile de béton également dit en « selle de cheval ».

L' intérieur**, remarquablement envolé, est éclairé par 500 m 2 de vitraux, mais on remarque surtout le vitrail triangulaire de la Vierge, créé par Claude ldoux et réalisé avec des dalles de cristal coloré de Baccarat, derrière le maîtreautel. Les grandes orgues en étain martelé, dues au Poitevin Robert Boisseau, sont renommées pour leur musicalité.

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Abbaye de Saint-Savin*** Vi enne (86)

UN PEU D'HISTOIRE

Les étapes de la construction La légende racon t e que, vers le milieu du s• s., en Macédo ine, deux frères, Sav in et Cyprien, sont condamnés à mort pour leur refus de l'idolâtrie. Insensibles aux supplices, ils sont emprisonnés, s'échappent et partent pour les Gaules. Mais leurs bourreaux les reJoignent sur les rives de la Gartempe et les décap itent. Savin est inhumé sur le mont des Trois Cyprès. Près de ce lieu sacré est élevée au 9• s. la première abbatiale bénédictine placée sous le vocable du martyr. Pillée par les Normands en 878, l'abbaye n'est reconstruite qu'à partir du 11 • s. Le décor peint recouvrait complètement l'intérieur de ce nouvel édifice.

Déclin et renouveau La guerre de Cent Ans met un terme à la prospérité de l'abbaye. Puis les guerres de Religion voient catholiques et huguenots se disputer sa possess ion. Ensuite commence la démolition de la plupart des bâti ments, dont l'entretien était trop onéreux. L'arrivée, en 1640, de re ligieux de la congrégation de Saint-Maur met un terme à trois siècles de profanations. Les fresques ont souffert des restaurations qu'ils entreprirent, mais les moines sauvèrent les bâtiments d'une ruine complète ... C'est Prosper Mérimée, jeune inspecteur des Monuments historiques, qui classe l'église en 1836 et entreprend de sauver les fresques, le combat d'une vie contre l'habitude d'a lors de restaurer en repe ignant.

À Saint-Savin, il faut

lever les yeux vers le ciel, ou plutôt vers la haute voûte de la nef, surnommée « la Sixtine del~poqueromane» par André Malraux. La découverte de son cycle de peintures bibliques du 11 e s., miraculeusement préservées. est spectaculaire. Et l'on réalise la prouesse qu'a pu représenter leur exécution, sur une voûte perchée à 16 m de hauteur... www .abbaye -sa int-savin .fr

Église abbatiale*** Elle all ie harmonie et sobriété et frappe par l'amp leur de ses dimen sions • longueur totale 76 m, longueur du transept 31 m, hauteur de la flèche 77 m.

A l'intérieur, on admire les fameuses peintures murales, ainsi que les chapit eaux de la nef • ceux ornés de feuillages et parfois d'animaux faisant saill ie sur la pierre profondément ciselée; ceux du chœur, décorés de feuil les d'acanthe et de lions. A mi -hauteur des murs, la fr ise dans les tons de bleu est une extrapolation du 19• s. Comme on le constate sur les fresques, cette couleur éta it peu utilisée au Moyen Âge. La crypte, fermée au public pour des ra isons de conservation, abrite de sa isissantes scènes de la vie et du martyre de Savin et Cypr ien dont on peut vo ir la reconstitut ion lors du parcours scénographique.

301 PAYS DE LA LOIRE , POITOU, CHARENTES

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