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French Pages 277 [280] Year 1987
Linguistische Arbeiten
169
Herausgegeben von Hans Altmann, Herbert E. Brekle, Hans Jürgen Heringer, Christian Rohrer, Heinz Vater und Otmar Werner
Devenir bilingue parier bilingue Actes du 2e colloque sur le bilinguisme, Universite de Neuchätel, 2 0 - 2 2 septembre 1984 Edites par Georges Lüdi
Max Niemeyer Verlag Tübingen 1987
O P - K u r z t i l c l a u f n a h m c der Deutschen Bibliothek Devcnir bilingue — parier bilingue : actes du 2e Colloque sur le Bilinguisme, Univ. üc Neuchätcl, 2 0 - 2 2 Septembre 1984 / ed. par Georges Lüdi. — Tübingen : Nicmcycr, 1987. (Linguistische Arbeiten ; 169) NE: Lüdi, Georges [Hrsg.]; Colloque sur le Bilinguisme (02, 1984, N e u c h ä t e l ) ; G T ISBN 3-484-30169-4
ISSN 0344-6727
Ό Max Nicmcycr Verlag Tübingen 1987 Alle Rechte vorbehalten. O h n e Genehmigung des Verlages ist es nicht gestattet, dieses Buch oder Teile daraus photomechanisch zu vervielfältigen. Printed in Germany. Druck: Weihert-Druck G m b H , Darmstadt.
V TABLE DES MATIERES
Lüdi, Georges (Bäle) Presentation. Les marques transcodiques : regards nouveaux sur le bilinguisme Transkodische Markierungen : Neue Einblicke in die Zweisprachigkeit Translinguistic itarkers : new glances at bilingualism ALber, Jean-Luc et Oesch-Serra, Cecilia (NeuchStel)
1 20 21
Aspects fonctionnels desrarquestranscodiques et dynamique d1 interaction en situation d'enquete
23
Funktionen der transkodischen Markierungen und interakticnelie Dynamik in einer Interviewsituation
55
The functions of translinguistic markers and the interaction between interviewers and interviewees
56
Auer, Peter (Constance) Le transfert conre Strategie conversation-
nelle dans le discours en "L2"
57
Transfer als konversationeile Strategie in der "L2"-Rede
75
Transfer as a conversational strategy in second language discourse
76
Dabäne, Louise (Grenoble) Caract&res sp£cifiques du bilinguisms et representations des pratiques langagiferes des jeunes issus de 1' inmigraticn en France
77
Spezifische Merknale der Zweisprachigkeit der Gastarbeiterkinder in Frankreich
96
Specific characters of the bilingualism of the children of inmigrant workers living in France
97
VI
Gardner-Chloros, Penelope (Strasbourg) Code-switching in relation to language contact and convergence
99
Kodewechsel in Verbindung mit Sprachkaitakt und Konvergenz
112
Alternance codique relative au contact de langue et convergence
113
Grosjean, Francois (Boston) Vers une psycholinguistique expdrimentale du parier bilingue
115
Zur Psycholinguistik des zweisprachigen Sprechens
133
Tfcward a psycholinguistics of the bilingual speech
134
Kielhöfer, Bernd (Berlin) Le "bcn" changenent de langue et le "itauvais"raölangede langues Der "gute" Sprachwechsel und die "schlechte" Sprachmischung
154
Code-switching is "good"; code-mixing is "bad"
155
135
Neide, Peter (Bruxelles) Aspects mithodologiques de la determination des langues minoritaires
157
Methodologische Aspekte der Bestinmung vcn Minderheitssprachen
168
Methodological aspects of determination of the minority languages
169
Perdue, Clive (Nijmegen) Understanding and misunderstanding in adult language acquisition : Recent work in the ESF project
171
Verständnis- und Missverständnisphänomene im Zweitspracherwerb Erwachsener : Neueste Arbeiten im ESF-Projekt
188
Phänomene s de catpröhension et d'incomprehension dans 1'acquisition d'une langue seconds par des adultes : travail recent du projet ESF
189
VII Rebaudiäres-Paty, Madeleine (Strasbourg) Etude des marques identificatoires dans le langage de families inmigräes, de diffdrentes origines, dans le Bassin Houiller lorrain
191
Untersuchung der Identitätsnarkierungen in der Sprache van ins lothringer Kohlegebiet eingewanderten Familien verschiedener Herkunft
209
Studies of identificatorv markers in the speech of immigrant families of various origins in the Lorraine coke-mining area
210
Siguan, Miquel (Barcelone) Code switching and code mixing in the bibilingual speaker : a cognitive approach
211
Kodewachsei und Kodemischung beim zweisprachigen Sprecher
225
Alternance de codes et melange de codes che ζ le bilingue
226
Tabouret-Keller, Andräe (Strasbourg) Parier erhole, devenir erhole : le cas catplexe du district de Cayo, ä Belize
227
Kreolisch sprechen, Kreole werden : der konplexe Fall des Cayo-Gebiets (Belize)
240
To speak Creole, to become Creole : the cortplexe case of the Cayo-District (Belize)
241
TSaeschner, Traute
(Rome)
Analyse de quelques interferences produites pair des enfants bilingues
243
Analyse einiger von zweisprachigen Kindern erzeugten Interferenzen
257
Analysis of sane interferences produced by bilingual children
258
Titone, Fenzo (Rome) The psychological roots of code-switching : 1he bilingual personality as a metasystem
259
Die psychologischen Wurzeln des Kodewechels : Die zweisprachige Persönlichkeit als Metasystem
269
Les racines psychologiques de 1'alternance codique : la per scrmalbilingue, un m£tasyst£me
270
1
LES MARQUES TRANSCODIQUES : REGARDS NOUVEADX SUR LE BILINGUISME Georges Lüdi, University de Bale, Suisse
Trois ans aprfes le premier colloque sur le bilinguisme des 14/15 septembre 19811, le Centre de linguistique appliquäe de l'Universitö de Neuchatel et la Chaire de linguistique frangaise de 1'University de Bäle consacrferent ä nouveau deux journ^es de travail ä ce sujet du 20 au 22 septembre 1984. Une vingtaine de chercheurs venus de huit pays eurOppens et des Etats-Unis se röunit dans une atmosphere amicale dans le but de mieux conprendre 1'articulation originale et cr6atrice des langues en contact dans une competence double. Eii 1981, il s'agissait, pour nous, d'amorcer un projet de recherche mandat6 par le Fonds national suisse de la recherche scientifique2. Celui-ci se terminait en septembre 1984 aprfes un travail passionnant et, nous l'esp^rons, fructueux de trois ans, et nous nous proposions de confronter les r^sultats obtenus avec ceux d'autres öquipes travaillant dans des donaines paralleles au nötre et avec lesquelles nous avions dtabli des contacts durant ces ann^es. Les dtudes röunies dans ce volume, parmi lesquelles celle de Jean-Luc Alber et Cecilia Oesch - Serra reflate le travail de notre Equipe, tömoignent des discussions enrichissantes qui cnt eu lieu durant ces annfes de recherche aussi bien que durant les joumöes du colloque. Tout en laissant au lecteur le soin de mesurer l'h6t6rog6n6iti des approches, mais aussi de döceler les convergences sous-jacentes entre les diff6rentes recherches et röflexicns präsentäes, nous voudricns souligner ici trois convictions cotrnunes essentielles : la volonte de ne pas döcrire la ccrp6tence bilingue canme sinple addition de deux competences unilingues; le refus d'insister sur le cöt£ döficitaire des connaissances linguistiques des locuteurs bilingues;
1 2
Cf. Actes du colloque sur le bilinguisme. University de Neuchätel, les 1415 septembre 1981, Travaux neuchätelois de linguistique 4 (mai 1982). Subside n° 1335-0.81. Voir la presentation donn^e par les deux requörants dans G. Lüdi/B. Py 1982.
2 la conviction que la personnalite, la competence comnunicative et le discours des locuteurs bilingues constituent des domaines de recherche autonomes. Nous renvoyons ä ce prcpos au plaidoyer de F. Grosjean pour un point de vue "holistique" du bilinguisme. 1.
Une notion-cie : les marques transcodiques
Dans la perspective de ces preoccupations ccnmunes et afin de donner plus de cohdrenoe au debat, nous avions propose ä nos collfegues de concentrer leurs coninunications sur les caractiristiques originales de la competence bilingue plutot que sur la comparaison de cette derniäre avec la competence unilingue. Dans ce contexte, les manifestations formelles
de la competence bilinoue
revetent un intäret particulier. Nous avons propose de parier ä ce propos de
marques transcodiques, c'est-ä-dire de marques, dans le dis-
cours, qui renvoient d'une maniäre ou d'une autre ä la rencontre de deux ou plusieurs systfemes linguistiques (caiques, enprunts, transferts lexicaux, alternances codiques etc.) (Del Coso/Oesch-Serra/De Pietro 1985; LUdi 1985:32). Nos recherches sur le langage des migrants confirment l'hypothäse de Grosjean que le bilingue essaie - sans reussir, sans doute, ä desamorcer conplätement sa deuxifeme langue - de gonmer toutes les traces de sa conpetence bilingue en situation de communication unilingue. Cependant, en parlant avec d'autres bilingues dans une situation categorisee cotnme appropriee ä un parier bilingue, ces traces apparaitrcmt bien plus noribreuses, cottite le confirment aussi les observations de Μ. Siguan (ci-apräs). Elles temoignent de 1'originalite de la conpetence bilingue et contribuent, par ce fait, ä definir la situation conme bilingue(voir les "idees et principes de base" de F. Grosjean, ci-dessous). II est tentant de conparer ce ρΗέηοπηέηε aux "indicateurs sociaux de creolite" etudies par Andree Tabouret-Keller et dont le taux de realisation varie, lui aussi, selan la nodalite de discours (voir ci-dessous, p. 229). Dans des societes conditionnees par une Ideologie unilinguiste' qui repose sur le principe qu'il est normal et logique qu'une personne η'ait qu'une seule langue (matemelle) , il η'est pas facile de faire accepter l'idee que les marques transcodiques ne sont pas seulement, en situation unilingue, la preuve d'une maitrise insuffisante de l'une ou 1'autre des langues en contact - attitude qui transparait encore dans plusieurs contributions de ce volume -, mais aussi et surtout la marque d'une identity bilingue originale, ä connota-
3 tion potentiellenent positive. Dans la mesure ou une revalorisation de 1'identity bilingue, condition indispensable ä une meilleure integration des migrants plurilingues et pluriculturels, passe par une reconsideration des traces formelles de cette identity, une etude sur les marques transcodiques, leurs formes, leurs fonctions et les operations enanciatives sous-jacentes repr^sente un enjeu reel. Ajoutons qu'il est permis de supposer que les phenomänes düs aux contacts entre langues ne se distinguent que graduellemsnt de ceux que l'on peut observer entre differentes varietes d'une seule et meme langue. Par consequent, des recherches sur les marques transcodiques peuvent aussi contribuer ä une meilleure comprehension de la mise en oeuvre d'une competence langagifere polylectale. Ce fut une raison de plus pour proposer ä nos collfegues d'axer le colloque sur les specificites du parier bilingue - les marques transcodiques en particulier - ainsi que sur les problfemes methodologiques qu'entraine leur etude.
La plupart des textes insires dans le volume present se tiennent ä la lettre ä ces reccumandatiois et approfondissent des aspects linguistiques, psycholinguistiques, sociolinguistiques et ccnversationnels des marques transcodiques - et cela mime si certains auteurs refusent par ailleurs ce terme - dans des situations de contact diverses : migrants d'origine espagnole, italienne ou suisse-aiemanique ä Neuchätel (Alber/Oesch-Serra), enfants migrants d'origine italienne en FFA (Auer), bilingues alsaciens (Gardner-Chloros), bilinguisme frangais-anglais (Grosjean), enfants bilingues allemand-frangais en RFA (Kielhöfer), enfants bilingues italien-allemand en Italie (Taeschner). D'autres eclairent le contexte sociologique, psychologique et cognitif du phenomfene (Titme, SiguSn, Neide, Dabfene, Rebaudiferes-Paty) . Dans une perspective quelque peu differente, Perdue s'interroge sur les processus de comprehension et d'incarprehension chez les bilingues 'en devenir' que sont les travailleurs migrants. Sans toucher directement les marques transcodiques, une telle etude 6c la ire leurs conditions d'eitploi. Enfin, la contribution d'Andr^e TabouretKeller net en valeur les difficultes inherentes ä 1'explication de marques formelles dans un cadre Creole, marques qu'elle refusera en fin de campte de considerer canine transcodiques.
2.
Les marques transcodiques cortme ensemble d'observables
II s'est pourtant reveie dans les discussions que la notion de "mrque trans-
4 codique" est largement polys&nique, qu'elle permet toute une s£rie d'approches et d1 interpretations. C'est peut-etre ce qui la rend aussi suggestive, m i s en raeme teirps ambigue. Les remarques qui suivent se proposent de cantribuer ä mieux la oemer. Les marques transcodiques sent essentiellement des observables du linguiste. Elles prdsupposent l'existence de systfemes langagiers distincts et la faculty du linguiste (dans le role de locuteur-auditeur plurilingue temoin) de se prcncncer, face ä un έηαηοέ, sur 11appartenance d'un element ou d'une construction ä une langue autre que celle consid^rfe corrme langue de base. C'est sur ces mimes presupposes que reposent d'ailleurs des termes mStalinguistiques comte melange, Durenand, minestrone, parole mezze e mezze, emplqy6s par les plurilingues eux-nemes, et auxquels font dcho les notions plus precises des specialistes telles que normes bilingues, discours mixte ou metisse, code-mixing etc. Vues toujours de l'ext£rieur, les marques transcodiques revetent des formes distinctes, classifiables selcai deux critäres majeurs : la longueur de 1'Clement allogäne (unite mininale ou sequence plus lengue, de deuxi&re ou de premifere articulation); le fait que les elements ou regies appartenant ä deux sysbfemes distincts soient carbines par juxtaposition
(code-switching) ou par integration
(code-mixing). C'est notairment Penelope Gardner-Chloros qui s'est pench6e sur ces problfemes. Nous renvoyens ä sen papier3 pour une discussion de cette classification ainsi que pour un ccnpbe-rendu des recherches sur 1' endroit du passage, k l'intärieur d'une phrase aussi bien que dans 1'enchalnenent conversationnel4 recherches qui ncntrent d'ailleurs aussi les limites d'une approche formelle. Nous y reviendrens ä propos de la perspective systemique dans le prochain paragraphe. Qi tant que "construction linguistique" (Auer), la notion de marque trans-
3
4
Ce papier a 6t6 repris et d£velopp4 dans sa thöse de doctorat Choix et alternance des langues ä Strasbourg, brillamment soutenue ä 1'University de Strasbourg le 18 döcembre 1985. Signalons ä cet endroit l'ötude röalisöe par Daböne et Billiez (19Θ6) ä la suite de leur papier inclus dans ce volume et dans laquelle elles prösentent un syst&me de classification des alternances codiques trös convaincant, portant sur les unites discursives susceptibles d'etre affect^es par ce changement.
5 codique est neutre par rapport au Statut (psycho-, socio-, pragma- etc.)linguistique de ces Aliments. Cn insistera par consequent sur le fait que 1'identification d'un element corane marque transcodique - identification qui vöhicule d'une certaine manifere une premifere tentative d'explication - n'est pas pr6judicielle et n'anticipe en rien 1'explication de leur fanctiannement incnciatif et interactif. Nous postulcns au contraire qu'elles se trouvent - ccrrparables, en cela aussi, aux indicateurs de cröolitä - au point de convergence de divers processus (Tabouret-Keller, ci-dessous). Teiles que ncus venons de les definir, les marques transcodiques constituent un ensemble d'observables. Cet ensemble va d'une part servir de point de depart pour une sirie d'analyses et d1 interpretations dans des directions diverses. D'autre part, cette definition "etique" peut permettre de mettre en relation, voire d'articuler diverses tentatives d'interpretation. Ce salt en particulier trois perspectives qui doivent retenir notre interet ici : 1° la dimension systämique, parce qu'elle reprisente la mieux connue des approches de "marques transcodiques" dans la perspective d'une conmunaute unilingue; 2° la dimension encnciative, dans laquelle sent formuiees notantnent des hypotheses sur les operations psycho-linguistiques sous-jacentes aux traces dans le discours; 3° la dimension interacticnnelle, qui ccncerne les fanctions des marques transcodiques dans le cadre de strategies discursives (Gunperz 1982) en situation de conversation en face ä face.
3. La dinension systemique des itarques transcodiques Dans la perspective de la langue, des phencmfenes de contact par substrat, superstrat ou ads trat sont en general trait£s sous l'enseigne emprunt5 . Les mecanismes d'enprunt sent considers catme faisant partie de la dimension du changement linguistique
5
et ccrane n6cessitant un certain temps (axe
Nous employons ce terme avec une definition large comme celle proposSe par Deroy : "Quand un groupe d'hommes parlant une langue d^finie se trouve en relation avec un autre groupe utilisant une langue distincte, il arrive presque toujours que des mots, des Aliments grammaticaux, des significations s'introduisent d'un parier dans l'autre. Cette diversity de formes de l'emprunt justifie la definition suivante (...) : 1'emprunt est une forme d 'expression qu'une communaute linguistique regoit d'une autre communaute" (1958 : 18).
6 diachrcnique) entre le moment du premier contact et le point d'aboutissement du changement, lorsque seul 1' etyrrologiste reccnnait encore l'origine etrangfere d'un element donne. Une riche litterature t&noigne de l'intärgt de la linguistique pour ces phinomfenes, notaiment dans le dctnaine du lexique (p.ex. Deroy 1956, Clyne 1967, Wienold 1968, Schank 1974, Werner 1981, etc.). Cn retiendra en particulier un certain consensus sur 1'existence de trois types d1operations d'assimilation pour une unite lexicale d'origine allogfene : accomodation/integration (=insertion dans le syst&ne de la langue erprunteuse d'un terrae errprunte soit par adaptation du terms emprunte, soit par modification de la langue enprunteuse); stabilisation (Elaboration d'hypotheses stables sur 1' information norphophonologique [signifiant], syntaxique et s&rantico-pragmatique [signifie]; diffusion/reception (=passage d'un idiolecte au langage de groupe
et fi-
nalement ä la langue ooimune) . Ce η'est pas l'endroit, ici, pour discuter en detail ces trois types d'operations . Nous nous limitercns par consequent ä cinq remarques : 1° Ces trois dimensions doivent etre congues comte des axes Continus. 2° L'axe integration se subdivise ä son tour en une s6rie de sous-categories - phonemique, prosodique, morphologique, semntique, syntaxique etc. -, le degre d'integraticn pouvant sensiblement varier d'un niveau ä 1'autre. 3° L'axe diffusion r6pond ä la notion d'usage. II repond ä la distinction, proposee par la linguistique saussurienne, entre emprunt de langue
et
emprunt de parole, sans la conoevoir toutefois comme dichotcmie nette : il s'agit plutot d'une gradation continue, le bascul de la difference quantitative ä la difference qualitative ayant lieu ä un "point de catastrophe" ä emplacement variable6.
6
La meme chose est sans doute vraie pour la distinction proposöe par Peter von Polenz entre F r e m d w o r t ("Fälle (...) in denen einzelne Sprachteilnehmer ein Wort oder eine Wendung einer fremden Sprache nur gelegentlich und wie ein Zitat verwenden, wobei sie beim Gesprächspartner oder Leser die Kenntnis dieser fremden Sprache voraussetzen") et L e h n w o r t ("alle Wörter fremdsprachlicher Herkunft, die mindestens in einer grösseren Gruppe von Sprachteilhabern zum üblichen Wortschatz gehören") (1967 : 75).
7 4° Ce serait une illusion de croire ä un isomorphisrne entre les diffTrents plans. Un
p^rägrinisme
ou mot sauvage ä diffusion z&ro peut etre par-
faitement integre sur le plan formel. D'autres items, largement diffuses, restent instables et/ou non int6gr£s coitne c'est notairmsnt le cas de noitibreux termes du lexique de la mode (cf. Lüdi 1982). 5° Toute tentative de hi6rarchisation paraitra, dans ces conditions, insatisfaisante. Pour les mimes raisons, la tripartition proposes par Clyne (1967) entre transfert
(non integre, individuel, instable), mot Stranger
noyennement integri, langage de groupe, plus ou moins stable) et emprunt (integr6, langue ccmtune, stable) η'est acceptable que si l'on interprets ces trois categories comme regroupements prototypiques de traits caract^ristiques et non pas conme des combinaisons contraignantes. On insistera en particulier sur la n£cessit£ de distinguer soigneusement entre 1'integration formelle et la reception dans la langue commune. Cn peut sch^matiser le r^sultat de ces considerations par un espace variaticmnel canprenant une multitude de sous-categories corrportant elles-memes plusieurs positions ä distance variables entre les poles :
mot de la langue dont seuls les 6tymologues connaissent l'crigine 6trangfere
integration
stability
diffusion
I. HI Ρ •οΗ* e c 0 ΛQ.
a) 3 •5· H Ό 0 01 Ο Μ a
juxtaposition
variation
code-switch
emploi isoli
lexical/transfert
Pour situer chaque "emprunt" sur chacun de ces axes, on s'inspirera des methodes quantitatives proposäes entre autres par Morteza Mahmoudian (1980).
8
Par rapport ä la perspective syst&nique, ση peut cancevoir la marque transcodique de deux naniferes : (a) elle peut designer, dans une acception vaste, tous les observables des linguistes dans le domaine de l'enprunt; (b) elle peut designer, dans une acception plus restreinte, les "enprunts de parole", c'est-ä-dire le sous-ensemble d'^l&nents d'origine ötrangfere ä diffusiai proche de z6ro. Vu ce que nous disions des frantiferes flaues entre enprunts "de langue" et "de parole" - en verra d'ailleurs tout de suite qu'il est mine possible de douter de la l^gitimitä de cette distinction dans une perspective änonciative -, nous opterions övideitment pour la premifere acception. Ajoutons que toutes ces remarques se situent dans la perspective d'une communaute unilingue. On entrevoit ä peine encore quel pourrait etre le Statut des marques transcodiques dans un algorithme de la competence bilingue , concu
come gramraire polylectale (Berrendonner/Le Guern/Puech
1983) voire comte diasystfeme sous-jacent ä un repertoire plurilingue (Heger 1985), ce dernier pouvant etre exploite sociolinguistiquement dans un contexte danne7. 4.
Les marques transcodiques cottite traces d1 operations enonciatives
La schömatisation que nous venons de präsenter correspond bien ä une vision emique de l'enprunt, mais au niveau d'abstraction 'langue' voire 1
Σ. parole' de Klaus Heger. Aborder les marques transcodiques dans une pers-
pective enanciative signifie par contre les consid^rer conre traces des operations d'appropriation de la competence langagifere polylectale par des locuteurs/auditeurs individuels dans des situations de comnunication concretes. C'est done aussi poser la question de leur Statut par rapport au conportenent idiolectal des enonciateurs, unilingues aussi bien que bilingues et apprenants. Certains parleraient d'un modöle de performance. Cri en trouvera des exemples dans les contributions de Titone et de Auer ci-dessous. Illustrons cette approche par un exerrple. L' έηοηοέ suivant a έΐέ produit par "Silvio", un dessinateur neuchatelois francophone; il a appris l'allemand
7
Voir ä ce propos notre remarque sur des textes plurilingues du XVe sifecle dans Lüdi (sous presse).
fribourgeois
ä 1' έοοίβ et däcicte de completer sa formation - linguistique et professionnelle-par un stage en Suisse alömanique, oü il pratique quotidiennement l'allemand depuis deux ans environ au moment de l'enregistrement : Silvio Enquetrice Silvio
Enquetrice Silvio
Enquetrice Silvio
ja. ..ich glaube... sie [sc. sa feirane qui est suisse alömanique] spricht besser Französisch als Schriftdeutsch ja eh.. . manchmal...eh...zum Beispiel...eh...sie musst 1 ...eh...wir haben collegues im Hollande ja Amsterdam und eh...wir sprechen zusammen...eh...Deutsch...sie lernen auch Deutsch in Hollande in Schule...und...eh...meine Frau spricht da im telephone...ich lache immer...eh...das ist comique ja sie spricht langsam...eh...sie musst...eh...Worte suchen wie ein...wie ein welsche..vielleicht mit ein andere accent... das...eh...ist ein andere accent (rires)
(Enregistrement et transcription
: Suzanne Sommerhaider, 1982)
On aura remarquö que les marques transcodiques collegues, Hollande, telephone, comique, welsähe et accent concernent sans exception des lexemes qui ressemblent beaueoup ä leurs correspondants allemands respectifs Kollegen, Holland, Telefon, komisch, Welsch et Akzent, 1'observable rösidant dans leur prononciation selon 1' information irorphophenologique du lexique frangais. Deux explications au moins sont possibles : (a) Les marques transcodiques peuvent reprdisenter des indices de l'£tat actuel du lexique intermädiaire de l'apprenant, qui prcnoncerait des nots pergus conroe allemands
(dans la me sure oü ils sont eirploycäs
aussi
par ses parten^ires
germanophones) selon des rfegles morphophonologiques prösentant de fortes traces de la langue natemelle. Cn serait done en presence d'un fait d' interlangue . (b) Mais les marques transcodiques peuvent aussi r£suiter d'une Strategie autofacilitatrice telles que nous les connaissons en ccnversation exolingue8. Seien cette hypothfese, le locuteur se servirait de mots dont il connait le Statut
8
Nous entendons par c o n v e r s a t i o n e x o l i n g u e une interaction verbale en face ä face entre des locuteurs ne maitrisant pas une langue maternelle commune. Le terme a propose par R6my Porquier (1979, 1984) et fait l'objet d'une nouvelle recherche mandatie par le Fonds national (subside 1.953-084) de la meme ßquipe.
10
frangais parce qu'il sait que des transferts lexicaux d'origine frangaise ont de fortes chances d'etre conpris par les interlocuteurs germancphones suisses (ayant tous suivi des cours de frangais durant plusieurs ann6es). Cn aurait done affaire ä un fait d' interparole. (c) Par ailleurs, la marque
transcodique peut resulter d'une espfece d'auto-
matisme ou etre eitplqyöe plus ou moins conscierment, apräs avoir ete pour ainsi dire admise par 1'instance de controle9. II ne s'agit pas, ici, de trancher. Le problfeme est manifestement insoluble sans information supplinentaire. Toutefois, l'exenple illustre bien que l'enploi de marques transcodiques par un apprenant n'entre pas entiferement dans le sch^na d6velopp6 pour rendre carpte d'emprunts par des locuteurs/auditeurs natifs. Eh outre, si cn voulait bien admettre qu'il s'agit d'un fait d'interlangue, il ne serait pas non plus permis d' interpreter simplement les marques transcodiques cotme traces d'interferences, de transfers nögatifs de la langue maternelle. La linguistique appliqufe ne cansidfere en effet plus les connaissances intermädiaires des apprenants pour ainsi dire "n6gativement" par rapport ä la langue-cible vers laquelle elles se meuvent ou par rapport h la langue premifere came source de transferts, mais aussi et surtout conne systems autoncne, "different de celui de la langue maternelle (meme si l'on en trouve des traces), et aussi de la langue-cible"; ce dernier "ne peut pas non plus etre consider canine un sirrple πιέlange de l'une et de l'autre, mais ccmporte des rfegles qui lui sont prepres" (Frauenfelder et al. 1980:6) . C'est done par rapport ä ce sysfefeme original qu'on va devoir interpreter les operations enonciatives sous-jacentes aux marques transcodiques. Pour une discussion approfondie de cette probiemtique, nous renvoyons en particulier au papier de Auer et ä sa distinction entre "transfert lexical en tant que Strategie interactive" et "transfert se referant ä la competence en tant que Strategie d'acquisition de la langue seconde"(voir aussi Auer 1985) . Ces reflexions ne se limitent pas, et de loin, au seul discours d'apprenants. Elles sant aussi valables en situation de camunication "unilingue". II y a quelques annees, un petit texte de journal ridiculisait le franglais dans les termes suivants :
9
Pour la question a u t o m a t i s m e vs. c o n t r o l e je renvoie ä mes remarques dans le cadre des Rencontres regionales de linguistique, Lausanne, 7-9 juin 1984, publikes dans Lüdi 1984.
11 Ayant consults mon computer, j'ai vidi mon jack-pot rempli par un sponsor et je suis sorti faire du footing qu'on appelle aujourd'hui jogging, revetu du training adöquat et non de mon smoking, et je suis all£ me promener dans le Garden Center proche de 1'hötel Ci ty oü logent les stars et Les girls de passage. (Bulletin officiel de la ville de Neuchatel, 4.3.82).
Cet έηοηοέ nous suggäre les remarques suivantes : 1°
Indöpenderment de la diffusion statistique, on η'est pas en droit de pr£-
supposer que tous les lecteurs ont memorise tous les anglicismes contenus dans ce texte. 2° De telles differences dans la memorisation ne sent pas du tout exceptionnelles, mais corre spondent au contraire au fonctionnement normal du lexique. Vu le nonbre enorme des mots actualisäs (et en laissant de c6t6 le ncmbre infini de mots possibles) dans une langue de culture comre le frangais, l'appropriation ccaitnune de la langue par les interlocuteurs doit tenir conpte, ä 1 1 int£rieur meme de la ccmnunaute unilingue, de divergences codiques
plus
ou moins inportantes seien que les mots ertployis appartiennent ä la zone centrale ou marginale du lexique (Mahmoudian 1980). C'est dire que les dncnciateurs mobilisent toujours, paralΙέlernent ä leur m&noire lexicale, un ensemble de regies operant sur le lexique et engendrant des hypotheses sur des unites lexicales inccruiues ou rral connues, hypotheses qui peuvent faire 1'ob jet de n^gociations entre les interlocuteurs10. 3° Cette conception du lexique inplique qu'une meme unite lexicale peut parfaitement etre m&orisee par les uns et devoir §tre "construite" par les autres, et que la distinction discutäe plus haut entre "eirprunt de langue" et "errprunt de parole" η'est par consequent pas pertinente dans une perspective enonciative (sauf, bien entendu, si on entendait par ces termes respectivemsnt la coirpötenoe idiolectale des locuteurs et leur performance concrete) . 4° On ajoutera que le d^codage des "marques transcodiques" ne depend que partiellement des connaissances en langue source. Certains effets stylistiques sent independants de la memorisation de la signification originale, voire pr6-
10
Voir ä ce propos Lüdi 1983.
12
supposent mate un certain degrd d'opacite du terme enprunte11. Cn devine toutes les difficultäs que cause 11enchevetrement de ces deux types de divergences codiques, ä 1'interieur meme d'une ccrnunautä linguistique et entre apprenants et natifs. Et on conclura de ces reflexions qu'un desideratum majeur de la recherche consists ä faire des hypotheses sur les operations psycholinguistiques sous-jacentes aux marques transcodiques - en fonction du type de carpitence (unilingue, bilingue, approximative) - et ä se donner les npyens de verifier ces hypotheses. C'est dire tout 11intiret des recherches sur les bilingues menses par Grosjean en psycholinguistique exp^rimentale. Ii est permis de penser que ce travail appelle des hypotheses pr4alables trfes fortes sur 1'articulation des langues en contact cheζ 11inonciateur en question. Une suggestion interessante est avanc^e ä ce propos par Siguän, qui postule une instance de contröle (monitor) plus ou moins puissante selon le type de competence bilingue et operant en plus avec des degres variables de rigueur selon le type de situation. Apprendre ά bien employer les marques transaodiques Dans cet ordre d'idees, on insistera sur 1 1 importance des recherches sur les marques transcodiques dans le discours d'enfants bilingues, representees dans ce volume notanment par les papiers de Peter Auer, Bernd Kielhöfer et de Traute Taeschner. Leur apparition ä des mcments precis de 1'acquisition (double) du langage represente un moyen priviiegie pour tester les hypotheses sur la genese et le foncticnnement de la competence bilingue dans le cadre d'etudes lcngitudinales.
11
Cette opacity peut övidemment etre diminuöe par 1'Snonciateur grace ä des explications mötadiscursives comme dans le texte suivant d'un journaliste amöricain sur l'armöe suisse : "Massy, they want to get rid of you ?" "But yes." "But why ?" "I have spent many days in le trou." Le trou - known formally as the local d 'arrets and the arrest-lokal is where soldiers are locked up after they come in late at night, for example, or fail to clean their rifles, or drink themselves to paralysis. . . ( ) Massy yanked at a petard on a lieutenant's chest and got ten days in le trou.(...) Λ petard is a small imitation grenade - basically a firecracker (McPhee, La Place de la Concorde Suisse, 72s.)
13 Ch lira ainsi avec int^ret les reflexions de Traute Taeschner, qui refuse d'expliquer les "marques transcodiques" dans le discours d'enfants bilingues canme de sirtples interferences et präconise de parier de 1
d acquisition du langage,
traces de
strategies
interlinguistiques aussi bien qu'intralinguis-
tiques, explication qui est accept^e - m i s pour une partie des "transferts lexicaux" seulement - par Peter Auer. Le travail sur les enfants prcmet aussi des 6claircissements sur 1'Elaboration de
representations concernant
bilingues.
les situations unilingues et
Dans le contexts europEen, les parents dont les enfants acquiä-
rent simultanement plus d'une langue veillent en general - bien qu'ä des degree variables - ä donner ä ces derniers des enonces-modfeles r^pcndant au normes unilingues. Les enfants bilingues sont avant tout census apprendre ä discriminer leurs deux langues (voir ä ce propos les exemples et reflexions de Kielhöfer, Siguän et Taeschner). La presence de marques transcodiques dans leur discours est alors pergue corrre indice d'une maitrise voire d'une faculte de discrimination insuffisante, dans une sorte de prolongement de 1'attitude normative
caracterisant toutes nos ccirrrrunautes linguistiques unilingues.
Or - et sans contester la legitimite de cette perspective, qui correspond ä une r^alite sociale, et notanment scolaire, evidente -, il ne faut pas oublier de se demander dans quelle mesure l'eirploi de marques transcodiques par 1 'enfant bilingue manifeste un effort pour assimiler la norme bilingue de sa cormunaute, stipulant ä quels endroits et ci quelles fins les marques transcodiques peuvent etre fonctionnelles, c'est-ä-dire "bonnes" dans la terminologie de Kielhöfer. Cette hypothfese presuppose qu'il exists des les bilingues
enonc6s-mode-
dans les donnees linguistiques saisies par 1'enfant (son
in-put) . La construction d'une competence cormunicative bilingue ccnsisterait alors non seulement ä apprendre ä errployer chacune des ccnpetences partielles de manifere appropriöe,
mais aussi ä glisser de l'une ä l'autre, ä "jouer"
avec 1'instance de controle en fonction du contexte social . Cette approche est exenplifiee par Auer, qui demcntre par exenple 1'existence de strategies interactives entre enfants d'iirmigres italiens. Representations sociales du repertoire verbal De telles reflexions resteraient
evidenment lettre morte si elles ne pouvaient
pas se brancher sur des connaissances precises sur la "physioncmie linguistique" (Dabfene) de la population bilingue 6tudiee. Le Statut des marques trans-
14
codiques ne sera ävideiment pas le mime dans les zones chaudes de contact ethnolinguistique £tudi£es par Neide, oü 1' une au moins des langues se trouve menac^e de disparaitre, que dans des situations de diglossie plus ou moins stable. D'oQ 1'intiret, pour bien comprendre le fonctionnement des marques transcodiques, de recherches sociolinguistiques telles que celles menses par Louise Dabfene auprfes de jeunes Espagnols, Portugals et Algeriens issus de l'inmigraticn dans la region de Grenoble et par Madeleine Rebaudiferes-Paty dans le Bassin houiller lorrain. Portant notanmsnt sur les attitudes et representations culturelles et linguistiques, ces etudes sont indispensables pour etayer des hypotheses sur les fonctions interactives de marques transcodiques. De leur cote, Alber/Oesch-Serra peuvent se fonder sur les efforts considerables fournis au sein de notre Equipe pour maitriser les ph&iomfenes relationnels, notamment entre enqueteurs et infornateurs.
5.
Aspects interactionnels
des marques transcodiques
C'est ä ce point qu'intervient la troisiöme dimension explicative des marques transcodiques : leur
Statut conversationnel. C'est en effet dans l'inter-
action que se font et difont les normes - unilingues aussi bien que bilingues et que se decide le sort des rarques transcodiques. Remarqucns d'abord qu'un Statut conversationnel quelconque de la marque transcodique n'est pas lie ci 1'observation du linguists, mais presuppose sa perception par les interlocuteurs, dene sa
saillance
dans le ccntexte.
Cette saillance n'est percevable au chercheur que dans la mesure oQ la marque transcodique provoque, de la part des encnciateurs, des reactions telles que les relfevent les ethnomethodologues (voir p.ex. Schegloff 1982 et Settekom 1985) . Ces demieres peuvent etre de types trfes differents. Nous n'en citerons que deux : les reactions metadiscursives explicites la reaction indirecte par reprise de marques transcodiques du meme genre. Dans le cadre d'un entretien ä la radio suisse aiemanique, je parlais de la n6cessite d'eviter l'eitploi de trop de mots etrangers et notairment des anglicismes en suisse allemand : mer söted is bemühe dere Mode vo eh: möglichscht i jedem Satz es Fremdwort nöd ζ'folge (...) und en Effort ζ'mache um möglichscht tüütsch ζ 1 rede.
15 Aprfes avoir ecoute 1'enregistreraent, la journaliste me reprocha d'etre inconsequent et de pratiquer pröcisöment ce que je denongais : l'emploi d'emprunts non recus par 1'usage. Elle fit l'hypothfese qu'il pouvait s'agir d'une sorte de neologisms involontaire, c'est-ä-dire d'une interference du francais. Son hetjirocorrection aboutit dans la requete de corriger, sur la bande magnitique, Effort par Aschträngig. C'est une reaction beaucoup plus cachöe qui est illustr^e par l'exenple suivant, qui contient le meme terme employe par le mime locuteur dans le cadre d'une interview avec une famille bilingue : Mere
...er [sc. son mari, present lors de 1'interview] hat nid französisch chönne wu mer do hie cho sind Interv. [en se dirigeant vers le pfere] also Sie händ eigentlich am Aafang dr eh: gröschti Effort raüesse läischte ? Mfere das häisst mer sind [XXXX] er hat zerscht emol gschafft wu dr Patron...Tüütschschwyzer gsi isch. de hands zwai Johr no tütscht gredt mitenand [rires] und dann nachhär nodino eifach französisch Interv. de nachäne händ Si eifach umgschalte ins Französische eh:hän; Si die Schtell eh::gno well Si gwüsst händ dass de Patron Tüütschwyzer isch ?
Nous postulons que Patron represents une espfece de röponse ä Effort. Notre hypothfese inplique la saillance de la marque Effort pour la mfere et Celle de Patron pour 1'interviewsur. La calculabilite de ces termes etant totale vu le bilinguisme des interlocuteurs, on peut penser ü une reaction de 1'instance de cantröle, de la conscience normative, qui est censöe proscrire toute forme de "melange" (voir aussi les remarques de Dabfene, ci-dessous, sur la "culpabilisation linguistique" ä propos du "melange familial"). ibis au lieu de declencher une heterocorrection coraie dans l'exenple precedent, la premiere marque transcodique est au contraire sanctionnee ou plutöt enterin0e par une seconde, qui est ä son tour reprise par le premier interlocuteur. Ce n'est qu'une fois admise 1'existence d'un
enchalnement Effort - Patron
- Patron que l'on va pouvoir se mettre ä refiechir aux fonctions possibles de ces marques transcodiques dans le cadre plus vaste de strategies tionnelles.
conversa-
En 1'occurs nee, l'hypothfese la plus vraisemblable est qu'en ce
debut d'interview une espfece de connivence se construit entre la mfere de famille et l'intervieweur, qui se signalent et confintent nutuellement leur appartenance ä la meme ccmnunaute bilingue12. Les marques transcodiques joueraient
12
Ce meme exemple est discuti par Alber/Oesch-Serra, ci-dessous, p. 32 .
16 ainsi ä la fois le role d'instrument et de traces de ces operations de "cadrage" du discours, de definition de la situation catne bilingue, operations sans doute largement pröconscientes. De lä ä insister, comme le fait notaiment Madeleine Rebaudiäres-Paty, sur la "foncticn identificatoire" de certains traits linguistiques marqueurs - et, en particulier, des marques transcodiques
il n'y a qu'un pas. II est en ef-
1
fet permis de supposer que 1 identity des migrants bilingues, leur volonte d'identification ou de demarcation se jouent en grande partie dans le langage et que la valorisation - positive ou negative - des mrques transcodiques exerce une fonction inportante dans le cadre de ces processus. On retiendra aussi, ici, les conclusions de Titone pour lequel du rroins une categorie de mrques transcodiques, le code-switching,"is but a syirptom or a surface sign of the multiple dynamic organization characteristic of a rich personality" (ci-dessous, p. 267). Pour plus de details sur les fonctions des marques transcodiques, qui ant tout particuliferenent attire 1'attention de notre equipe de recherche, nous renvqyons au papier de Jean-Luc Alber et Cecilia Oesch-Serra. Cn insistera sirrplement une fois de plus, ici, sur le fait que ces fonctions salt independantes du Statut psycholinguistique des itarques transcodiques par rapport ä l'enonciateur : ce qui ccnpte dans cette perspective, ce n'est pas ce qui se passe "dans les tetes des participants" (Auer), mais uniquement l'enchainement discursif, la reception de la marque transcodique par 1'interlocuteur (ou coencnciateur). L'interpretation qu'il faut lui donner peut alors bien sür faire l'objet de negociatian entre les partenaires de la ccmrunication tout catire le sens d'un έηοηοέ en general.
6.
Au lieu d'une conclusion
Le but de cette introduction ne peut et ne doit pas etre de presenter des conclusions. Notre objectif etait bien plus d'ouvrir des pistes de reflexions, d'indiquer quelques-unes des directions qu'une recherche sur les marques transcodiques pouvait prendre, d'articuler un certain nombre des approches präsentes dans ce volume. On peut pourtant remarquer une constants dans nos reflexions. Toutesnosobservations convergent en effet sur la constatation qu'il est dangereux de confondre les mrques transcodiques en tant qu'ensemble d'observables formels avec des ensembles de traces d'operations psycholinguistiques voire de marqueurs fonctionnels. II s'agit, pour eirployer une notion d'Andree
17
Tabouret-Keller, d'une "denomination unifiant des processus discontinus". Merre s'il n'est pas exclu que ces trois ensembles se recoupent largement, ils sent essentielleitent diffdrents quant ä leur Statut et demandent d'etre soigneusement distingues dans 1' interpretation.
Ceci nous amfene ä postuler, pour toute
6tude sur les marques transcodiques, la ndeessite d'une definition pr^alable precise de 1'objet de la recherche, de 1'horizon d'interpretation ainsi que des mäthodes pour relier l'un et 1'autre. Ajout.ons que si nous demandons que l'on distingue les trois points de vue : du linguiste, de
l'individu bilingue et
de 1'interaction, nous proposerens aussi de les canbiner, chacune des approches ne livrant, ä eile seule, que des explications partielles (Lüdi/Py 1986 : 115 et passim) . Nous laissons au lecteur le soin de
juger
dans quelle mesure
les räsultats de notre colloque peuvent ccxitribuer ä cette explication
globale
pluridimensionne1le. II nous reste la tache agr^able des remercienents. Notre gratitude va d'abord au Fonds national suisse de la recherche scientifique, qui a permis, grace ä une subvention substantielle, la realisation du colloque, ainsi qu1 h. 1' Universite de Neuchatel, qui a aeeepte de mettre ä notre disposition des locaux appropries. Un grand merci h toute notre 6quipe de recherche pour sa contribution ä 11 organisation et ä Madame Wirz-Broux pour le travail ingrat de preparation du iranuscrit de ce volume. Nous remercions aussi et surtout les ncrrfereux participants ä ce colloque qui ont contribue, par leurs exposes (et la [reiecriture de leurs papiers), leurs questions, leur presence et leur amitie, ä insuffler vie ä cette rencontre et ä ce volume.
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123 1
pidement, par exenple - η atteindrant peut-etre jamais la configuration phonätique de 1'autre langue et restercnt au Stade d'arralgane phcndtique des deux langues (meme si le locuteur desire produire un code-switch et mime si l'auditeur pergoit effectivement le passage ä 1'autre langue). La definition du codeswitching que nous avans prösentöe plus haut (passage momentan^ mais ccnplet d'une langue ä 1'autre) devra done etre revue, au niveau phon^tique tout au noins, si ces premiers r^sultats se ccnfirment dans les Etudes que nous entreprenais en ce mcment. Nous veneris de voir que les il&ents segmentaux d'un code-switch sent influences par la langue de base; en est-il de nerre pour les £l£ments supra-segmentaux ? Dans la fig. 2, nous pr£sentcns les contours d'intcnaticn de deux series de phrases lues par le meme locuteur bilingue anglais-frangais (1'intonation est refl6täe ici par la frequence fcndamentale (F0). Chaque sdrie Fig. 2. Les contours d 1 intonation (representee par la frequence fondamentale (F0) de deux series de phrases lues par un locuteur bilingue anglaisfranQais. Chaque s6rie comporte une version anglaise, une version frangaise et une version avec code-switchs.
A.
λ λ SOAP YOURSELF
ENGLISH
ν
f,r YOU H A V E N ' T USED SOAP
C.
Λ HARC
SAVONNE
FOR A WEEK
-TO I
COOE-SWITCHING
ν» SAVOHNE -TO I
A / YOU IIAVEN' Τ FOR USED SOAP A WEEK
w1-·
TU NE T ' E S P A S S E R V I OE SAVON D E P U I S UNE SEHAINE
124
V CO GET MARC
Κ
Ύ Μ -\ AMD BRIBE HIN
UlΤΗ A HOT CHOCOLATE
C
VA CHERCHER MARC
U I ΤΗ CREAM OH TOP
C.
AVEC UN CHOCOLAT CHAUO
COUVERT DE CREME
f R E N C H AND E N G L I S H CODE-SWITCHING
n
π J
ET T E N T E LE
\
VA CHERCHER HARC
\J AND BRIBE HIH
1
AVEC UN CHOCOLAT CHAUD
\
UITIt CREAM OH TOP
conporte une version anglaise, une version francaise et une version avec codeswitchs. Nous notcais que les scb&ias intonatifs des versions irmolingues sont bien caractiristiques des langues en question : intonation descendants sur chaque syntagme en anglais; intonation rrontante sur les syntagmas ä l'intörieur de la phrase en frangais, mais intonation descendante sur le dernier syntagme. Öiant aux scb&nas des code-switchs, nous notons deux rdsultats diffirents. Lorsque le passage d'une langue ä 1'autre se fait h une coupure syntaxique irrportante, comme dans la phrase Marc,
savonne-toi '. You haven't used soap for a week !
1"intonation est en accord avec le changement de langue. Mais lorsque le changement de langue a lieu ä une coupure syntaxique mains inportante (et ne dure que peu de tenps), conne dans la phrase du bas Va chercher Marc and bribe him avec un chocolat
chaud with cream on top»
nous notons alors 1"influence persistante de la langue de base au niveau de 1'intonation. Le sch&a de and bribe him dans la phrase avec code-switch ressemble plus au schema frangais de et tente-le qu'au schema anglais de and bribe him. II sentolerait done qu'il n'y a pas toujours passage ä 1'autre langue au niveau de 1'intonation, meme lorsque les Aliments segmentaux sont caract&ristiques de
125
cette langue. Eil nous basant sur ess premiers rösultats, nous pouvens conclure que le code-switching n'entraine pas toujours un passage ccmplet d'une langue ä1'autre (mime lorsque le locuteur n'a aucun accent perceptible dans les deux langues), ni au niveau segnental oQ nous trouvens des effets de co-articulation interlangue, ni au niveau prosodique oö parfois 1'intonation reste celle de la langue de base. Nous poursuivons cette recherche en ce moment et etudions, entre autres, l'effet de ces alternances incarplfetes sur la perception et la comprehension des code-switchs. 2.2.
La perception et la ccrrprehension du parier
bilingue
2.2.1. Quelques considerations th^oriques Dans le denaine de la perception et de la coitpr6hensicn des code-switchs et des emprunts, le psycholinguists doit se poser la question suivante : Devant un "input" mixte, content l'auditeur bilingue arrive-t-il ä percevoir et conprendre le message sans prendre de retard sur le locuteur ? Ce dernier peut pr6voir l'altemance lors de la programmation de Ι'έηοηοέ, ma is l'auditeur n'a pas cette possibility. Cornxent fait-il, alors, pour carprendre le message en tenps r6el ? Afin de cormencer ä ripendre ä cette question, nous postulons avec Obler et Albert (1978) 1'existence d' un contröleur qui determine l'origine linguistique du signal et qui dirige celui-ci vers les sous-syst&nes de traitement appropries : granmaire de la langue A ou de la langue B, lexique de A ou B, etc. Ce contröleur est rapide, flexible et autanatique dans le sens qu'il ne fait pas appel ä la conscience du sujet. II utilise toutes les sources d'information possibles dans sa "prise de decision" : infornatiens phonetiques et phonologiques, prosodiques, syntaxiques et semantiques, pragmatiques, situationnelles et ccntextuelles, etc. Si ces sources sont coherentes les unes avec les autres, une decision est prise trfes rapidement; si ce n'est pas le cas, la decision est retardee et mane revue par la suite en fonetien des elements d'information suppiementaires. Ce vacillement du ccntroleur se manifeste, par exenple, lorsqu'une persenne parle la langue Β avec un träs fort accent de la langue A; 1'information que regoit le contröleur dans ce cas est aitbigue car la syntaxe et le lexique sont de la langue Β mais la phonetique est celle de la langue A. A defaut de techniques experimentales appropriees, nous ne sarnies pas encore en mesure de prouver 1'existence du ccntröleur. II faut, ä man avis, garder ä
126
1'esprit la possibility qa'il ne fasse pas partie integrante des έtapes de traitements postuies par les theories de perception et de ccnprähension de la parole : perception des unites phonötiques (phon&nes, syllabes) , accäsau lexique, segnentaticn syntaxique et simantique, regroupement des unites de sens, etc. II se pourrait que le ccntröleur fcnctionne en dehors de ces έtapes et qu'il utilise les infonrations cfotenues ä chacune de celles-ci pour arriver ä une decision qui, eile ncn plus, ne fait pas partie integrants du traitement. Mints si nous postulons que la decision prise par le ccntröleur est une ätape k part entifere du traitement du parier bilingue, nous ne pouvcns affirmer ä quel niveau il intervient : avant 1'identification des unites phonetiques, au cours de cette identification, aprfes celle-ci, mais avant l'accäs au lexique interne, etc. Ne pcuvant encore Studier cet aspect, ncus nous penchons actuellerrent sur les facteurs qui peuvent accdldrer ou retarder la prise de decision du contnSleur, et, s'il η'est pas directement irrplique, des "analyseurs" traditicnnels tels que le systems de perception des unites phonetiques ou le systäme qui permet l'accfes au lexique. C'est oe sur quoi portent nos donnöes pilotes. 2.2.2. Quelques dcnn6es pilotes Nous avcns etudie deux facteurs qui risquent d'affecter la reconnaissance (l'accfes lexical) de mots qui sent des code-switchs. Le premier conceme la specificite linguistique des sons qui composent ce not. Notre hypothfese est la suivante : plus le mot conprend des sons qui sont specifiquesäune langue, plus la reconnaissance sera rapide. A 1'inverse, plus le not possfede des sons qui sent "voisins" dans les deux langues, plus la reconnaissance sera lente. Le deuxl&ne facteur concerns 1'influence de la langue de base. Ici nous postulons que la langue de base predispose l'auditeur k attribuer tout mot ä cette mßme langue, mine lorsqu'il reccnnait clairement que le mot pourrait appartenir ä l'une ou k 1'autre langue. Afin d'etudier ces deux facteurs, nous avans utilise la technique expirimentale dite de "gating" (Grosjean, 1980). Dans celle-ci, un not est pr6sentä en segments de longueurs croissantes. A la premiere presentation, par exenple, l'auditeur η'entend que les 50 premieres millisecondes du not et doit deviner le not en question (dans la Variante que nous utiliscns ici, le sujet devine la langue du mot en question). A la deuxiäne presentation, les 100 premieres milliseccndes du mot lui sont presentees et il donne une nouvelle repense, et ainsi de suite jusqu'ä ce que le not en entier ait
präsente. Dans notre etude pi-
127
pilote, un bilingue anglais-frangais a enregistr£ les non-mots frangais bive et balnve dans un contexts frangais J'ai vu une ... ainsi que dans un contexte anglais I saw a...
(dans ce dernier, bive et balnve sont done des code-switchs)
II a 6galement enregistrd le non-mot anglais beeve dans un contexts anglais I saw a —
. Nous avens ensuite digitalis^ ces phrases ä l'aide d'un ordinateur
(PDP 11/44) et nous avons ainsi pu preparer une sörie de segments que nous avons pr6sent0s ä des sujets bilingues anglais-frangais (six en tout). Nous avons demand^ k ceux-ci de nous indiquer, apr6s la pr£sentation de chaque segment, si le ηαη-mot en question 6tait anglais (non-mot anglais prcnonc^ en anglais) ou s'il £tait frangais (non-mot frangais prononci en frangais). De plus, nous leur avons demand^ d'ajouter leur degrä de certitude en entourant un Chiffre sur une Schelle allant de 1 (träs peu certain) ä 10 (tout ä fait certain). Afin de presenter les donnöes obtenues, nous avons fait pr£c0der chaque degre de certitude d'un signe positif ou n^gatif : si la langue £tait devin^e correctement, le chiffre entourέ par le sujet ätait pr£c£d£ d'un "+"; si la riponse ätait ärrcnäe, le chiffre itait pr£c6d£ d'un "-". Cela a abouti ä une Schelle d'identification de langue allant de -10 (röponse erron^e, grand incertitude) ä +10 (rdpense correcte, grande certitude). Pour plus d'information sur la preparation des stimuli et la proc6dure exp^rimentale, voir Grosjean et Soares (1985) . La fig. 3 präsente quatre courbes d'identification obtenues dans cette itude pilote : en haut, les deux courbes obtenues pour les non-mots monolingues beeve et bive präsentes hors contexte (mots retires du contexte dans lequel ils ait έϋέ lus et pr£sent£s en segments [gates] de longueur croissante); en bas, les courbes d'identification du code-switch bive pr6sent£ hors ccntexte et l'item identique prdsent^ cette fois-ci en ccn texte (ici, les sujets entendent d'abord I saw α et ensuite un fragment du code-switch bive). Eh examinant les courbes du haut, nous notons qu'ä cause de leur ressemblance phon^tique, bive et beeve tardent ä etre pergus correctenent et leurs indices d'identification ne sent jaitais trfes 61ev6s meire lorsqu'ils sent pr£sent£s en entier.
ccrrpa-
rant oes courbes avec Celles du bas oü bive est un code-switch, nous renarquons tout d'abord que bive hors ccn texte n'atteint jaitais les indices obtenus par le bive monolingue. Cela est dans doute dü au fait que bive est probablement teint6 d'anglais (tout au noins ä son d£but) et cela accroit l'anbiguitä phonitique qui 6tait d^jä präsente. Mais le fait remarquable est que le MfiME item, bive, pr0c&J£ de son ccntexte naturel (J saw a ...) , est maintenant pergu caime £tant
128
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