Croquis et schémas de géographie: Réussir les épreuves aux concours et examens 9782200631307, 2200631308

Les productions graphiques, à la main, ont pris une importance croissante dans les épreuves de géographie des principaux

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Sommaire
Introduction
1. Les productions graphiques aux concours et examens
1.1 Les nouvelles épreuves de bac (E3C)
1.2 Les épreuves de géographie de la banque d’épreuves littéraires (BEL)
1.3 Les épreuves aux concours de l’Éducation nationale (CAPES d’histoire-géographie, agrégation d’histoire et agrégation de géographie)
1.4 Épreuves de géographie aux banques des écoles de commerce
1.5 Épreuves de sciences économiques et sociales d’entrée au Bachelor de Sciences Po Paris
2. Des productions graphiques diverses et d’inégale ambition
1 Principes généraux et règles de sémiologie graphique
1. Quelques remarques matérielles
1.1 Un matériel à adapter aux qualités de graphiste de l’auteur et aux conditions de production
1.2 Des sources et références à indiquer
1.3 Un format à adapter et à mettre en valeur
2. Le décor des croquis : les tout premiers choix
2.1 L’échelle et l’orientation
2.2 La projection
2.3 L’emprise et la généralisation
3. Quelques règles de sémiologie graphique
3.1 Les figurés : conventions et significations
3.2 Combien et quels figurés choisir ?
3.3 Une nomenclature explicite et économe
3.4 Le code couleurs et ses conventions
3.5 Pour une production graphique lisible, un impératif de cohérence
4. Quelques règles mathématiques
4.1 Repérer et utiliser différentes unités
4.2 Savoir estimer et calculer des échelles
5. Quelques règles logiques
5.1 Titrer n’est pas si simple
5.2 Organiser et problématiser une légende
5.3 Introduire et commenter les réalisations graphiques
2 Réaliser des croquis
1. Les croquis de synthèse
1.1 Le choix des éléments et la discrétisation
1.2 La réalisation d’un croquis de synthèse pour une argumentation
1.3 La réalisation d’un croquis de synthèse à partir d’une carte topographique
1.4 La réalisation d’un croquis de synthèse à partir d’un texte ou d’un corpus
1.5 La réalisation d’un croquis de synthèse à partir d’un texte type bac (E3C)
2. Les croquis de parcours
2.1 Les croquis simplifiés
2.2 Les croquis de finage
2.3 Les croquis diachroniques
3 Réaliser des schémas
1. Les schémas spatiaux
1.1 Les modèles spatiaux
1.2 Les schémas d’organisation
1.3 Les blocs-diagrammes
2. Les schémas sagittaux
2.1 Les schémas notionnels
2.2 Les schémas systémiques
2.3 Les organigrammes
4 Réaliser des graphiques et des tableaux
1. Les tableaux
1.1 Les tableaux statistiques
1.2 Les tableaux logiques
2. Les graphiques : courbes et autres diagrammes
2.1 Les diagrammes en tuyaux d'orgue ou en pile
2.2 Les diagrammes circulaires à secteurs
2.3 Les histogrammes, pyramides et diagrammes cartésiens
2.4 Les représentations par courbes
3. Les profils topographiques
Au-delà des productions graphiques manuelles : SIG, cartographie et dessins par ordinateur
Le passage à des réalisations graphiques pour une présentation numérique
Des outils numériques spécialisés destinés à la cartographie et au dessin
Éléments de bibliographie
Quelques ouvrages plus techniques pour compléter les conseils proposés
Les classiques
Des ouvrages plus récents
Des sources d’inspiration graphiques et cartographiques
Annexe
Table des figures
Liste des tableaux
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Croquis et schémas de géographie: Réussir les épreuves aux concours et examens
 9782200631307, 2200631308

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Croquis et schémas de géographie

CLARA LOÏZZO CAMILLE TIANO

Croquis et schémas de géographie Réussir les épreuves aux examens et concours

Conception de couverture : Hokus Pokus créations

Cartographie : Clara Loïzzo, Camille Bressange, Floriane Picard

© Armand Colin, 2021

Armand Colin est une marque de Dunod Éditeur, 11 rue Paul Bert, 92240 Malakoff www.armand-colin.com

ISBN  978-2-200-63130-7

Sommaire

Introduction 1. Les productions graphiques aux concours et examens

9 10

1.1 Les nouvelles épreuves de bac (E3C)

10

1.2 Les épreuves de géographie de la banque d’épreuves littéraires (BEL)

10

1.3 Les épreuves aux concours de l’Éducation nationale (CAPES d’histoire-­ géographie, agrégation d’histoire et agrégation de géographie) 1.4 Épreuves de géographie aux banques des écoles de commerce

11 12

1.5 Épreuves de sciences économiques et sociales d’entrée au Bachelor de Sciences Po Paris

2. Des productions graphiques diverses et d’inégale ambition 1  Principes généraux et règles de sémiologie graphique 1. Quelques remarques matérielles

13

13 17 17

1.1 Un matériel à adapter aux qualités de graphiste de l’auteur et aux conditions de production 1.2 Des sources et références à indiquer 1.3 Un format à adapter et à mettre en valeur

2. Le décor des croquis : les tout premiers choix

17 19 20

21

2.1 L’échelle et l’orientation

21

2.2 La projection

21

2.3 L’emprise et la généralisation

3. Quelques règles de sémiologie graphique

24

27

3.1 Les figurés : conventions et significations

28

3.2 Combien et quels figurés choisir ?

31

3.3 Une nomenclature explicite et économe

33

3.4 Le code couleurs et ses conventions

34

3.5 Pour une production graphique lisible, un impératif de cohérence

36

4. Quelques règles mathématiques 4.1 Repérer et utiliser différentes unités

39

4.2 Savoir estimer et calculer des échelles

40

5. Quelques règles logiques

43

5.1 Titrer n’est pas si simple

43

5.2 Organiser et problématiser une légende

45

5.3 Introduire et commenter les réalisations graphiques

49

2  Réaliser des croquis 1. Les croquis de synthèse

51 51

1.1 Le choix des éléments et la discrétisation

51

1.2 La réalisation d’un croquis de synthèse pour une argumentation

55

1.3 La réalisation d’un croquis de synthèse à partir d’une carte topographique

61

1.4 La réalisation d’un croquis de synthèse à partir d’un texte ou d’un corpus

63

1.5 La réalisation d’un croquis de synthèse à partir d’un texte type bac (E3C)

67

2. Les croquis de parcours

72

2.1 Les croquis simplifiés

72

2.2 Les croquis de finage

78

2.3 Les croquis diachroniques

80

3  Réaliser des schémas 1. Les schémas spatiaux

85 86

1.1 Les modèles spatiaux

86

1.2 Les schémas d’organisation

93

1.3 Les blocs-diagrammes

97

2. Les schémas sagittaux

105

2.1 Les schémas notionnels

105

2.2 Les schémas systémiques

108

2.3 Les organigrammes

114

4  Réaliser des graphiques et des tableaux 1. Les tableaux

121 122

1.1 Les tableaux statistiques

122

1.2 Les tableaux logiques

125

2. Les graphiques : courbes et autres diagrammes

6

39

127

2.1 Les diagrammes en tuyaux d’orgue ou en pile

129

2.2 Les diagrammes circulaires à secteurs

133

Croquis et schémas de géographie

2.3 Les histogrammes, pyramides et diagrammes cartésiens 2.4 Les représentations par courbes

3. Les profils topographiques Au-delà des productions graphiques manuelles : SIG, cartographie et dessins par ordinateur Le passage à des réalisations graphiques pour une présentation numérique Des outils numériques spécialisés destinés à la cartographie et au dessin Éléments de bibliographie Quelques ouvrages plus techniques pour compléter les conseils proposés

135 143

146

149 149 151 155 155

Les classiques

155

Des ouvrages plus récents

155

Des sources d’inspiration graphiques et cartographiques

155

Annexe

157

Table des figures

159

Liste des tableaux

163

Sommaire

7

Introduction

Objectifs • Comprendre l’intérêt des productions graphiques. • Comprendre les attentes des jurys. • Connaître les différents types de réalisations possibles.

L

es représentations cartographiques et statistiques se font aujourd’hui de manière massive grâce aux outils informatiques. Le recours aux SIG (systèmes d’information géographiques) s’est généralisé pour les productions institutionnelles, médiatiques, scientifiques et même péda­gogiques. L’enseignement des SIG fait maintenant systématiquement partie des formations post-bac en géographie. Cependant, savoir ­concevoir et réaliser à la main des productions graphiques reste nécessaire. D’une part parce que les logiciels de cartographie permettent de ­réaliser par ordinateur des cartes, croquis, schémas et diagrammes irréprochablement propres et lisibles, mais pas de les concevoir. Les étapes de l’élaboration intellectuelle des productions graphiques que l’on propose de décomposer dans cet ouvrage sont les mêmes que la réalisation soit informatique ou manuelle. D’autre part, parce que les productions graphiques constituent une exigence de la plupart des examens et concours impliquant – à des degrés divers – des raisonnements géographiques. Or les candidats n’ont pas (encore) accès pour ces concours et examens aux outils informatiques.

1. Les productions graphiques aux concours et examens Si les productions graphiques en général, et les croquis en particulier, ont toujours fait l’objet d’attentes spécifiques lors des épreuves de géographie, leur importance s’est renforcée ces dernières années du baccalauréat à l’agrégation, en passant par le CAPES, les écoles de commerces et les Instituts d’études politiques (IEP).  Des réalisations graphiques sont aujourd’hui obligatoires dans la plupart de ces épreuves : s’en passer fait courir le risque d’être sanctionné, tandis qu’en proposer de qualité est fortement valorisé. Voici quelques extraits des programmes officiels et de rapports de jury qui précisent les attentes en matière de productions graphiques.

1.1 Les nouvelles épreuves de bac (E3C) Elles prévoient pour tous les candidats la réalisation d’une p ­roduction ­graphique (en une heure) : « croquis à réaliser à partir d’un texte ­élaboré pour l’exercice qui présente une situation géographique. Le fond de carte est ­fourni. Le titre et l’organisation du texte indiquent de grandes ­orientations pour la réalisation du croquis » en première ; tandis qu’en terminale « le  ­ candidat fait preuve d’une plus grande autonomie pour identifier, ­organiser et ­hiérarchiser les éléments à représenter et construire la légende ».

1.2 Les épreuves de géographie de la banque d’épreuves littéraires (BEL) • Extraits du rapport du jury de l’ENS Lyon 2019

« Le jury est attentif aux qualités formelles des compositions, qu’il s’agisse de la clarté et de la précision du texte ou de l’élaboration des productions graphiques. Ces dernières revêtent une importance particulière dans un devoir de géographie. On attend en effet des candidates et des candidats qu’ils sachent utiliser le fond de carte fourni dans sa totalité ou seulement sur une partie pour un croquis de synthèse ou pour toute autre production cartographique. […] Le texte peut être également très utilement enrichi par différentes productions graphiques adaptées de la littérature utilisée pour la préparation tels que des croquis simplifiés, des schémas modélisant des processus, des graphes, etc. » 10

Croquis et schémas de géographie

• Extraits du rapport du jury de l’ENS Ulm 2018

« Des représentations graphiques personnelles font partie des attentes du jury. Les devoirs sans aucune représentation graphique ont été lourdement pénalisés. Les copies accumulant les petits croquis illisibles, sans légende ou très peu soignés, ne font pas gagner de point et font perdre du temps. Les reproductions graphiques doivent être adaptées au sujet et ne peuvent pas être simplement récitées à partir d’un cours ou d’un corrigé. »

1.3 Les épreuves aux concours de l’Éducation nationale (CAPES d’histoire-géographie, agrégation d’histoire et agrégation de géographie) • Extraits du rapport du jury du CAPES 2019

« La seconde partie de l’épreuve, dite “Exploitation adaptée à un niveau donné” », est un écrit de synthèse fondé sur « l’analyse critique précédemment réalisée et visant à la transmission d’un savoir raisonné à une classe. […] Des objectifs de cours sont ainsi proposés dans cette introduction, lesquels débouchent sur la présentation des ressources que le candidat estime devoir mobiliser en situation d’enseignement, à savoir des notions, des connaissances, et pour la géographie, une production graphique dont on justifie l’utilisation en classe au niveau choisi. » • Extraits du rapport du jury de l’agrégation de géographie 2019

« Le jury rappelle que les illustrations attendues peuvent être de plusieurs types  : carte de synthèse si le sujet le justifie, croquis développant un exemple particulier (permettant de varier les échelles de raisonnement de la région métropolitaine au quartier par exemple) qui nécessite alors orientation et échelle. Il peut s’agir également de schémas, chorèmes, organigrammes, schémas heuristiques ou encore de graphiques. C’est bien l’originalité, la répartition équilibrée dans la copie et la variation des échelles concernées qui sont valorisées par le jury, car la qualité prime sur la quantité. […] les illustrations graphiques […] font partie des exigences de l’épreuve. »

Introduction

11

• Extraits du rapport du jury de l’agrégation d’histoire 2019

« Le jury tient donc à rappeler que les croquis, où qu’ils se trouvent dans la copie (croquis intermédiaires et croquis de synthèse), doivent être clairs, soignés et réalisés dans le respect des règles. […] Le croquis est clairement la partie la plus faible de la composition de géographie (y compris dans les bonnes copies) et le jury invite les candidates et candidats à le travailler sérieusement. » « Le jury a apprécié que certains, trop peu nombreux, synthétisent ou retravaillent l’information proposée (qualitative ou quantitative), en élaborant des tableaux, des graphiques, des croquis, voire des chorotypes. Il est important de savoir retravailler les données statistiques en classe et proposer une information condensée, hiérarchisée et classée. » « Une production cartographique personnelle, à partir des documents du dossier, est attendue. Elle doit figurer dans la présentation Powerpoint et être intégrée au fil de l’exposé. Elle peut être dessinée sur une feuille de papier A4 qui sera scannée, avec une écriture suffisamment grande pour être lisible lors de la projection sur écran. La légende est évidemment indispensable et doit pouvoir être lue en même temps que la carte. Quelques propositions de productions graphiques à partir des documents ont témoigné de bonnes  qualités d’interprétation des candidates et candidats, tel ce croquis à l’échelon mondial sur les parcs à  thèmes. Les croquis purement descriptifs, figuratifs ou de localisation doivent être évités. Il faut s’efforcer de faire apparaître des modes d’organisation et des dynamiques propres aux espaces étudiés, telles que les flux, les limites, les relations et les hiérarchies (entre villes et stations touristiques, par exemple). »

1.4 Épreuves de géographie aux banques des écoles de commerce • Extraits du rapport du jury de l’ESCP 2019

« Notée sur 5 points, [la carte] ne doit pas être pensée comme une simple illustration, mais bien comme un document qui appuie la démonstration. [Elle] est le produit de choix judicieux et raisonnés. » • Rapport ESSEC 2019

« Le jury attend, dans le développement, un traitement rigoureux […] avec des analyses spatiales bien localisées fournissant des preuves à 12

Croquis et schémas de géographie

la démonstration. Ces analyses, à différentes échelles, doivent être accompagnées de productions graphiques soignées, comportant une légende raisonnée. »

1.5 Épreuves de sciences économiques et sociales d’entrée au Bachelor de Sciences Po Paris La première partie de l’épreuve correspond à une « question d’analyse microéconomique ou macroéconomique. Cette question porte sur un mécanisme microéconomique ou macroéconomique du programme qu’il faudra présenter, éventuellement illustrer, et expliquer. Il pourra être demandé au candidat de réaliser une représentation graphique ou de construire un schéma. »

2. Des productions graphiques diverses et d’inégale ambition Loin de se résumer à des exercices ludiques ou esthétiques, les productions graphiques sont, on le voit, indispensables en géographie, et dépassent largement la simple fonction, certes bienvenue, d’illustration au sein d’une copie. Les productions graphiques font partie intégrante du raisonnement géographique, à plusieurs niveaux. Tout d’abord parce qu’elles obligent à spatialiser la réflexion, c’est-à-dire à raisonner dans l’espace, en fixant systématiquement la dimension spatiale des faits abordés, qui fait précisément la spécificité de la démarche géographique. Ensuite, parce qu’elles conduisent à différencier les phénomènes et à les décomposer et les ordonner pour l’analyse. Par exemple, dans une production graphique concernant la globalisation financière, on indiquera en premier lieu les places financières majeures avant d’envisager les places financières secondaires ou spécialisées. Dans le même esprit, on représentera différemment, afin de les distinguer, l’aide au développement au titre de l’aide publique au développement  (APD), de l’aide au développement liée aux transferts financiers des migrants. Enfin, les réalisations graphiques conduisent à hiérarchiser les facteurs explicatifs identifiés pour comprendre les phénomènes géographiques et à donner à voir les contrastes spatiaux. Dès lors, elles deviennent de véritables outils argumentatifs, au service du raisonnement global. Introduction

13

Pour ces mêmes raisons, les productions graphiques constituent un facteur important de différenciation des copies et permettent – tous les rapports de jury le mentionnent – de gagner de précieux points dans le cadre d’un examen et plus encore d’un concours. Outre le fait que croquis, schémas et graphiques attestent de solides capacités à communiquer son raisonnement au travers de langages variés, ils démontrent aussi la maîtrise d’une démarche disciplinaire. Pour finir, les productions graphiques peuvent aussi être mobilisées comme outils d’apprentissage pour les élèves et les étudiants : leurs vertus pédagogiques en font des atouts utiles dans la compréhension des structures spatiales et des dynamiques, et leur construction régulière facilite également la mémorisation de celles-ci, notamment pour les étudiants dotés d’une bonne mémoire visuelle ou kinesthésique. Les productions graphiques que l’on peut inclure dans une copie de géographie sont très diverses. Elles peuvent relever de représentations spatialisées, comme les croquis ou les schémas spatialisés, ou encore de réalisations graphiques plus analytiques comme les schémas fléchés ou blocs-diagrammes, ou enfin de la représentation de données brutes comme les tableaux et graphiques. Elles sont plus ou moins complexes et demandent une élaboration plus ou moins longue. Toutes ne remplissent pas les mêmes fonctions au sein d’un raisonnement. Il faut donc être capable d’utiliser l’outil le plus adapté. Dans tous les cas, ces exercices ne s’improvisent pas. Il n’est pas question de se lancer le jour d’une épreuve, au risque de proposer une production bâclée ou indigente ne répondant pas aux exigences métho­ dologiques. Ces différents exercices doivent être préparés en amont pour être réalisés de façon à la fois pertinente et performante. Sans exiger d’incroyables qualités de graphiste (sinon un soin à la portée de tous), elles demandent néanmoins une certaine maîtrise technique ainsi qu’un bon niveau d’analyse géographique, qui ne s’acquièrent qu’avec la pratique et impliquent des entraînements réguliers. Toutefois, on l’a vu, l’investissement en la matière s’avère payant, aussi bien en termes de notation, qu’en termes de maîtrise croissante du raisonnement géographique.

14

Croquis et schémas de géographie

Les principales réalisations graphiques Représentations spatialisées Complexes Types de Croquis réalisation de synthèse

Simples Croquis de parcours ou intermédiaires Croquis de finage Croquis diachroniques

Fonctions

Traduire graphiquement un raisonnement géographique d’ensemble

Temps de Long : autour réalisation d’une heure

Chapitres

Chapitre 2

Représentations Représentations graphiques de données analytiques Schémas conceptuels Schémas sagittaux ou fléchés Organigrammes

Diagrammes (graphiques et courbes) Tableaux Profils topographiques

Blocsdiagrammes

Traduire de façon visuelle un système Illustrer un point multifactoriel du raisonnement Synthétiser Changer des informations d’échelle complexes Rendre compte Hiérarchiser d’une évolution des informations

Traduire de façon visuelle des données chiffrées

Variable mais plutôt court, tout dépend du degré d’élaboration

Variable mais plutôt court, tout dépend du degré d’élaboration

Chapitre 3

Chapitre 4

Localiser un phénomène

Court : quelques minutes, tout dépend du degré d’élaboration

Trier des données, leur donner du sens Organiser des informations

Introduction

15

16

Croquis et schémas de géographie

Chapitre 1

Principes généraux et règles de sémiologie graphique Objectifs • Savoir faire les choix essentiels en amont du croquis. • Connaître les règles de présentation des productions graphiques. • Maîtriser les principales règles de sémiologie graphique. • Être capable de calculer une échelle. • Apprendre à donner un titre efficace et à construire une légende problématisée.

1. Quelques remarques matérielles 1.1 Un matériel à adapter aux qualités de graphiste de l’auteur et aux conditions de production Il est recommandé de s’en tenir à un matériel limité mais fiable et adapté aux qualités de dessinateur de l’auteur. Si vous êtes aquarel­ liste, vous ­pouvez user de vos talents et de votre matériel spécialisé pour réaliser vos croquis, mais pour le commun des mortels, il est inutile de transporter des dizaines de couleurs différentes, des  feutres

ou des crayons d’épaisseurs variables… Un bon croquis peut  être réalisé a minima avec quatre couleurs (noir, bleu, rouge et vert), sans règle ni normographe. Cependant, on conseille de disposer : ––de 5 ou 6 crayons de couleur afin de faire des aplats de couleur plus légers que les feutres et sur lesquels se superposent facilement d’autres figurés linéaires ou ponctuels ; ––de 4 à 6 feutres fins afin de dessiner des figurés linéaires ou ponctuels dans les 4 couleurs principales que sont le bleu, le vert, le rouge et le noir, ainsi que dans quelques couleurs secondaires comme le marron, le violet, l’orange… ; ––et d’une règle graduée. Quelques conseils techniques, toujours concernant le matériel utilisé : ––L’usage du crayon à papier est à réserver au brouillon  : on peut éventuellement l’utiliser pour tracer les contours dans un premier temps, mais il faut ensuite l’effacer. ––L’usage de couleurs fluo est à proscrire. ––L’usage d’un normographe est tout à fait possible, surtout pour les moins bons graphistes, à condition d’être habitué à l’utiliser. Quel que soit l’examen ou le concours passé, le temps dédié aux réalisations graphiques est compté ; il importe donc de ne pas en perdre en manipulant maladroitement des outils auxquels on n’est pas ­habitué. Quoi qu’il en soit, son usage n’est donc pas indispensable : on peut parfaitement réaliser de très bons croquis sans normographe en travaillant soigneusement. Conseils pratiques • Il existe de nombreux normographes plus ou moins pratiques et plus ou moins coûteux (à partir de 3  €). On signale celui donné par l’association Massilia geographie-Muniga en échange de 8 € de cotisation, qui est particulièrement ­adapté aux réalisations graphiques des géographes. • Si les fluos sont interdits, il existe des surligneurs de couleur plus claire qui peuvent éventuellement constituer une bonne alternative aux feutres épais.

18

Croquis et schémas de géographie

1.2 Des sources et références à indiquer La mention des sources, c’est-à-dire des organismes fournisseurs des données représentées, et des références, des articles ou ouvrages dont la réalisation graphique est inspirée ou reprise n’est pas toujours nécessaire. S’il s’agit par exemple d’un croquis de synthèse entièrement élaboré par l’étudiant car venant spatialiser une argumentation, il est possible de se passer de références et même de sources, surtout si aucune donnée statistique précise n’est mobilisée. En revanche, dès lors qu’il s’agit de la reproduction d’une production graphique réalisée par un autre auteur, ou qu’il s’agit d’un tableau, d’un diagramme ou d’un croquis représentant une série statistique ou un indicateur en particulier, il est nécessaire d’indiquer sous la réalisation graphique la source des données et la référence. Pour les sources des données, il convient autant que possible de préciser : ––l’organisme qui les a fournies, qu’il soit public comme Eurostat, la Banque mondiale, l’OCDE ou l’Insee, ou privé comme les ­compagnies pétrolières, les grands cabinets de conseils financiers ou encore des associations comme Oxfam ou Greenpeace ; ––la date à laquelle les données ont été collectées ; ––et idéalement le contexte de la collecte des données, c’est-àdire le nom de l’enquête qui l’a permise comme le recensement ­général agricole (RGA), les enquêtes « Cadre de vie et sécurité » ou « ­Trajectoires et origines » de l’Insee, ou encore le rapport sur l’état du mal‑logement en France de la Fondation Abbé‑Pierre. Pour les références des figures, elles sont présentées précédées de la mention « D’après… » et il s’agit de rappeler a minima : ––les noms des auteurs de la production graphique reprise plus ou moins fidèlement ; ––la date de publication de la source.

Principes généraux et règles de sémiologie graphique

19

1.3 Un format à adapter et à mettre en valeur La production graphique doit être soignée. Pour cela, au-delà de la fiabilité du matériel, la présentation elle-même compte. La taille de la réalisation graphique est à ajuster à l’envergure et à la nature de l’argument qu’elle sert. On ne saurait trop recommander d’éviter en particulier les croquis de petit format (moins d’un quart de page) qui deviennent vite illisibles. Au contraire, il ne faut pas hésiter à occuper l’espace de la copie. La surface pertinente est de l’ordre d’un tiers à une demi-page légende comprise pour une réalisation simple (croquis de parcours, schéma, tableau, graphique…) à une page quasi entière pour un croquis ou schéma plus complexe. L’encadrement et le centrage du schéma, croquis ou diagramme permettent de le mettre en valeur et de le circonscrire. On conseille de sauter quelques lignes avant et après la production pour aérer la copie et d’encadrer l’ensemble de la réalisation (légende comprise) pour la séparer nettement du développement rédigé. Enfin une écriture lisible, des lignes et traits droits y compris les rectangles encadrant les figurés en légende (même s’ils ne sont pas tracés à la règle), des hachures régulières et parallèles, des couleurs qui ne débordent ni ne bavent, des flèches dont les points de départ et d’aboutissement sont nettement identifiables,  etc. sont des incontournables pour un croquis réussi. Il importe, même en temps limité, d’apporter un certain soin à la réalisation, la clarté graphique étant l’un des critères de lisibilité et d’évaluation : un bon croquis est (aussi) un beau croquis. Il est à noter que la réalisation de la légende demande le même soin : l’écriture doit être lisible, les figurés placés dans des rectangles tracés à la règle et bien alignés sur la gauche. Pour finir, on rappellera que les copies des examens et concours sont de plus en plus fréquemment dématérialisées, c’est-à-dire qu’elles sont scannées à la fin des épreuves pour être envoyées plus aisément aux correcteurs qui les examinent via une interface numérique plus ou moins ergonomique. Si bien que les productions graphiques seront bien plus aisément lues et appréciées si elles sont en format portrait qu’en format paysage, car cela évite à l’examinateur d’avoir à « retourner » la copie sur le logiciel.

20

Croquis et schémas de géographie

Conseils pratiques • Si au moment d’insérer la production graphique il ne reste que peu de place sur la page, on peut parfaitement sauter la fin de la page, éventuellement en insérant un renvoi de type « Voir croquis page suivante ». • On rappelle que, dans le cadre d’un concours ou d’un examen, il est formellement interdit de procéder à des découpages et à des collages, depuis des feuilles quadrillées ou des feuilles de brouillon. C’est un cas de rupture de l’anonymat qui peut valoir à la copie de ne pas être évaluée par les correcteurs.

2. Le décor des croquis : les tout premiers choix Dans le cas particulier des croquis, avant même les figurés qui représentent dans l’espace de la carte des phénomènes spécifiques, la lisibilité dépend du décor, ce qu’on appelle plus communément le « fond de carte », caractérisé par son échelle, son orientation et sa projection, mais aussi son cadrage et son degré de généralisation.

2.1 L’échelle et l’orientation L’échelle est choisie en fonction des données que l’on souhaite représenter. Si elles ne concernent qu’un petit nombre de pays, il serait maladroit de choisir de réaliser un croquis à l’échelle mondiale car il paraîtrait vide, incomplet. De la même manière, si l’on ne dispose que de données à l’échelle régionale, il est inutile de réaliser un croquis faisant apparaître l’échelle départementale car il paraîtrait trop peu détaillé. L’orientation la plus fréquente des croquis correspond au nord en haut de la page, mais même s’ils sont rares, les changements d’orientation sont possibles. Ils permettent notamment d’affirmer le point de vue de territoires excentrés par rapport aux grands foyers de peuplement mondiaux.

2.2 La projection La projection de la carte qui sert de fond au croquis est tout aussi stratégique pour l’intelligibilité du croquis. La projection désigne le procédé par lequel on passe de la sphéricité de la Terre en trois dimensions, à la planéité de la carte en deux dimensions. De très nombreuses projections existent. Par exemple, l’IGN utilise la projection conique conforme de Lambert, Principes généraux et règles de sémiologie graphique

21

qui date de 1778, car elle déforme très peu les territoires situés aux latitudes moyennes. Pour la réalisation de croquis, on utilise le plus souvent la projection de Mercator (figure 1.1) centrée sur l’Europe. Figure 1.1 Projection de Mercator

Figure 1.2 Projection polaire de Buckminster

Source : Éduscol.

Mais d’autres projections existent qui permettent de rendre compte d’autres régions habituellement fortement déformées comme les projections polaires (figure 1.2), et elles permettent de représenter de manière 22

Croquis et schémas de géographie

plus lisible certains phénomènes. C’est notamment le cas de la figure 1.3. Cette projection à la fois centrée sur la Chine, et qui représente plus fidèlement les surfaces des territoires polaires permet de donner à voir l’affirmation de la Chine comme puissance maritime dans les mers qui la bordent, mais aussi dans les mers et océans plus lointains ou moins accessibles parce qu’encore englacés. Figure 1.3 Le monde vu par la Chine

DR

Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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On peut également choisir de réaliser un croquis sans fond de carte afin de mettre en valeur non plus des territoires tels qu’ils se localisent mais tels qu’ils interagissent, comme pour les cartes de flux.

2.3 L’emprise et la généralisation

L’emprise du croquis correspond au cadrage choisi, il inclut mais aussi exclut certains territoires. C’est un élément qui peut contribuer à rendre plus spontanément compréhensible le phénomène représenté. Le changement d’emprise peut dans certains cas fortement modifier l’interprétation du phénomène représenté. Par exemple, sur les trois croquis de la figure 1.4 représentant les réfugiés syriens les variations d’emprise conduisent à des interprétations très différentes de la situation migratoire européenne. Sur le premier croquis, l’emprise réduite à l’UE et ses marges suggère que les ­migrants syriens se trouvent tous en Europe et qu’ils y sont inégaLes cercles de la c lement répartis selon les pays. la légende n’a pas

Figure 1.4 Géographie des réfugiés syriens (2015-2020)

NORVÈGE SUÈDE

ALLEMAG 708

DANEMARK

PAYS-BAS

708 000 180 000 22 000 2 000

L 8 ÉGYPTE 130 000 500km

ALLEMAG 708 300km

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ALLEMAGNE

Croquis et schémas de géographie

LIB 879 ÉGY 130 500km

0

0 0 0

Les cercles de la carte étant trop gros, la légende n’a pas pu être représentée

ALLEMAGNE 708 000

SUÈDE 186 000 TURQUIE 3,6 millions

LIBAN 879 000 ÉGYPTE 130 000 JORDANIE 500km 659 000

IRAK 274 000 ARABIE SAOUDITE 623 000

+ 6 millions de déplacés SUÈDE internes 186 000 en SYRIE

ALLEMAGNE 708 000

TURQUIE 3,6 millions LIBAN IRAK 879 000 274 000 ÉGYPTE ARABIE 130 000 JORDANIE SAOUDITE 500km 659 000 623 000 Sources : d’après Nicolas Lambert ; HCR (chiffres 2016-2020).

Sur le deuxième croquis, l’emprise élargie aux pays voisins de la Syrie laisse plutôt penser que les réfugiés syriens sont marginalement présents dans les pays européens et se répartissent massivement entre les pays frontaliers de la Syrie. Enfin, sur le troisième croquis, il apparaît que les réfugiés syriens sont davantage des déplacés internes que des réfugiés internationaux et qu’ils sont fort peu nombreux en Europe. Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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La généralisation désigne le niveau de précision des tracés du fond du croquis. Si le fond est donné, la question ne se pose guère, mais si l’on souhaite dessiner son propre fond, la généralisation permet de simplifier les tracés pour améliorer la lisibilité. Elle doit donc être adaptée aux différents éléments représentés, et au propos tenu. Mais elle dépend aussi de l’échelle : à grande échelle, une trop forte généralisation rend les contours méconnaissables car trop schématiques. Les croquis de la figure 1.5 ­proposent quelques exemples de généralisation à partir d’un littoral près duquel se trouverait une île. Sa petite taille et sa proximité avec la côte la rendent peu visible. La généralisation des contours peut conduire à : ––la supprimer ou la regrouper si le phénomène représenté ne la concerne pas spécialement ; ––la déplacer, la grossir ou rogner la côte si au contraire il est pertinent de la mettre en valeur ; ––lui donner des contours et une taille aussi abstraite que la côte pour en simplifier la représentation. Figure 1.5 Les différentes modalités de généralisation des contours d’un croquis

Île

Changement de figuré

Suppression

Déplacement

Regroupement

Rognage

Grossissement

Source : Lambert N., Zanin C, 2016, Manuel de cartographie. Principes, méthodes, applications, Paris, Armand Colin.

Ainsi, le « fond de carte » est bien déjà le résultat d’un certain nombre de choix graphiques qui informent sur le phénomène représenté. Des choix auxquels viennent s’ajouter ceux concernant les informations et les figurés choisis.

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Croquis et schémas de géographie

Conseils pratiques Nombreux sont les sites Internet proposant des fonds de carte. Cependant, certains sont mieux dotés ou proposent des fonds mieux réalisés que d’autres. Voici une brève sélection : • La section « éducation » du site de l’IGN propose une grande variété de fonds de  carte téléchargeables pour la France et dans une moindre mesure pour l’Europe : http://education.ign.fr/ressources/fonds-de-cartes • Le site officiel de l’Éducation nationale Éduscol propose une sélection de fonds de carte simplifiés très clairs, sur la France et l’Europe : https://eduscol.education.fr/histoire-geographie/enseigner/ressources-etusages-numeriques/ressources-numeriques/fonds-de-carte.html ainsi que des fonds adaptés au programme de terminale : https://eduscol.education.fr/fileadmin/user_upload/histoire_geo/PDF/Fonds_ de_cartes_telechargeables_Bac_LES.pdf • Le site d-maps est une mine d’une richesse incroyable qui permet de télécharger à peu près n’importe quel fond de carte, quels que soient la région, l’échelle, les repères ou même le format désiré : https://d-maps.com/index.php?lang=fr • Le site de Jacques Muniga propose des fonds de carte adaptés aux programmes du secondaire. Il est notamment intéressant de le consulter pour les  propositions de fonds de carte schématiques, faciles à reproduire grâce à un système de quadrillage : https://geographie-muniga.org/Tous-les-fonds-de-cartes.html

3. Quelques règles de sémiologie graphique Une fois le décor établi, il faut remplir le croquis à l’aide de signes que l’on utilise pour transmettre les informations et qui sont communs à l’ensemble des productions graphiques. L’utilisation de ces signes est régie par un ensemble de règles que l’on appelle la sémiologie graphique. Il faut connaître et comprendre ses principes et ses codes pour construire des croquis, schémas et graphiques à la fois rigoureux et visuellement efficaces.

Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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3.1 Les figurés : conventions et significations Les figurés désignent les signes, lignes, formes et couleurs qui donnent des informations sur la carte. La nomenclature désigne, elle, les mentions manuscrites qui viennent souvent les compléter ou les préciser. Ils se répartissent en trois principaux types (représentés dans le tableau  de la page  30), qui correspondent aux trois formes spatiales élémentaires  : le point, la ligne, la surface. Quelle que soit la forme géométrique ou linéaire choisie, sa taille est par convention proportionnelle à l’ampleur du phénomène r­eprésenté  : plus une ligne est épaisse, plus la discontinuité est forte ; plus un cercle est vaste, plus le phénomène est important, etc. Les figurés ponctuels correspondent aux figures géométriques  : ­carrés, cercles, triangles, losanges, croix, étoiles,  etc. Ils peuvent être simples ou combinés comme une croix dans un carré, un triangle dans un cercle, une étoile dans un losange, des cercles emboîtés pour indiquer une évolution par exemple. Ces formes géométriques ont parfois une signification conventionnelle : par exemple, la vigne est souvent symbolisée par de petits v violets ou verts, les villes par des cercles noirs ou rouges, etc. Ils conviennent pour représenter des phénomènes localisés. Les figurés linéaires correspondent, eux, aux lignes continues ou non, simples ou doubles, dotées ou non de barbules, débutant ou s’achevant ou non par une flèche. Ils ont parfois également une signification conventionnelle : un trait à barbules représente souvent la pente d’un talus, une flèche noire à barbules décalées est le plus souvent utilisée pour représenter les voies ferrées, ou encore une ligne dotée de flèches de part et d’autre représente une interface. Plus généralement, les limites et discontinuités géographiques sont représentées par des lignes  : la frontière d’un territoire, la limite de la ZEE d’un État, le périmètre d’un parc naturel ou ­encore la limite de la périurbanisation. En revanche, les flux et d ­ ynamiques sont plutôt symbolisés par des flèches simples ou doubles. On représentera par exemple par une flèche à sens unique les dyna­ miques souvent centrifuges de la périurbanisation, ou encore les cours d’eau (le sens de la flèche indique ainsi le sens d’écoulement). On ­représentera par exemple par une flèche double les voies de circulation ­empruntées dans les deux sens (autoroutes, voies ferrées, canaux) 28

Croquis et schémas de géographie

ou encore les mobilités pendulaires. En ce qui concerne le cas particulier des axes de communication, il est conseillé d’indiquer leurs principales destinations en bout de flèche, de préférence en dehors du cadre. Ces mentions donnent du sens aux axes : une même flèche peut mener de Paris à Dreux ou Brest, de Tamanrasset à Alger ou vers l’Europe, du Myanmar à la Thaïlande ou à l’Australie. Elles permettent d’intégrer le schéma ou le croquis dans une échelle plus large, ou au contraire de l’ancrer dans une échelle plus locale. Les aplats de couleurs correspondent à des figurés de surface. Ils  concernent des portions d’espaces. Ils sont utilisés pour représenter des phénomènes qui varient dans leur intensité d’une zone à une autre tels que le PIB d’un pays, le solde migratoire d’un territoire ou encore la prévalence d’une maladie dans un périmètre donné. Les figurés de surface peuvent également être utilisés pour mentionner l’appartenance d’un territoire à telle ou telle organisation  : par exemple, les pays membres des BRICS, ou encore les États disposant d’un siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Les hachures et quadrillages, trames de points ou de tirets sont également des figurés de surface, c’est-à-dire qu’ils sont souvent utilisés en substitut ou en complément des aplats de couleurs pour représenter des phénomènes qui varient d’intensité d’une zone à une autre. Ces figurés s’imposent lorsque l’on est amené à superposer des figurés en plages. De manière générale, plus les hachures sont rapprochées ou le quadrillage serré, plus le phénomène est intense. On peut utiliser notamment les quadrillages pour indiquer le degré de fermeture des paysages ruraux. Par exemple, sur un croquis de finage, l’openfield – un paysage o­ uvert – est le plus souvent représenté par des lignes très e­ spacées ou un quadrillage orthogonal très lâche, tandis que le bocage – paysage plus fermé car ponctué par la clôture des parcelles – est représenté par un quadrillage serré aux mailles plus ou moins petites suivant qu’il s’agit de bocage mimétique ou organique. On rappelle aussi que tous les figurés de surface sont à représenter en légende dans des rectangles, quelle que soit la forme qu’ils prennent sur le croquis (par exemple des ovoïdes).

Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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Conseils pratiques • Pour faire apparaître les variations d’intensité ou d’importance d’un phénomène, on hiérarchise visuellement les figurés. Tableau 1.1 Les principaux types de figurés Type d’information Données quantitatives Ex : nombre d’habitants, quantité de véhicules empruntant un axe

Comment faire varier l’importance ou l’intensité ? On fait varier la taille des figurés ponctuels. On fait varier l’épaisseur des figurés linéaires.

Exemple

Remarque

On prendra soin en légende de reprendre au moins deux figurés, accompagnés des signes + et – pour légender le sens de la variation : +

Données qualitatives absolues Ex : niveau de développement

On fait varier l’intensité de la couleur (souvent en adoptant un dégradé).

Données quantitatives relatives (c’est-à-dire par rapport à) Ex : densité de population, taux, pourcentage, indices

-

De façon conventionnelle, plus la couleur est foncée, plus le phénomène est intense. Éviter un nombre de classes trop important : il est raisonnable de s’en tenir à 3 ou 4 catégories ; au‑delà la réalisation comme la lisibilité sont compliquées.

• Les hachures sont souvent des figurés qui attirent fortement l’œil. On ­prendra garde à ne pas surcharger la réalisation graphique en veillant au choix des couleurs et au grain (l’écartement et l’épaisseur des lignes). On peut aussi adopter des trames de points ou de tirets, visuellement plus discrètes, qui conviennent bien à la représentation de certains phénomènes, comme la périurbanisation diffuse ou les espaces de faible densité par exemple.

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Croquis et schémas de géographie

• En dépit de contre-exemples malheureusement fréquents dans les médias et manuels scolaires, on rappelle que les figurés figuratifs sous forme de petits dessins sont à exclure : pas de dessins d’arbres, de valises, d’avions, de symboles nucléaires ou autres bateaux.

3.2 Combien et quels figurés choisir ? Le nombre de figurés à mobiliser varie selon le type de production envi­ sagé. Un schéma peut se présenter comme une production graphique simplifiée, comprenant un très petit nombre de figurés. Par exemple, on peut montrer dans un schéma mondial « des zones de production d’hydrocarbures conventionnels très concentrées » et localiser avec un figuré les principaux bassins de production d’hydrocarbures. À ­l’inverse, un croquis compte un plus grand nombre de figurés. Toutefois, il convient de s’assurer que le croquis reste synthétique et aisément lisible. On  conseille de limiter impérativement le nombre de figurés  : il est raisonnable de travailler sur 10 à 15 figurés. Il ne faut en particulier pas abuser des figurés ponctuels, qui donnent rapidement une impression de confusion. Le choix des figurés dépend de la nature et de la forme spatiale des phénomènes que l’on choisit de représenter. Dans l’élaboration d’un croquis, on commence par analyser le sujet, ce qui permet de sélectionner les informations pertinentes. C’est seulement dans un second temps que l’on attribue un figuré à chaque information. Conseils pratiques • Lorsque de nombreuses informations se superposent, on peut ruser pour faciliter la lecture du croquis. Il est par exemple possible de représenter une organisation non pas par une plage de couleur, mais par un figuré ponctuel : par exemple à New York pour le siège de l’ONU, ou à Bruxelles pour les institutions européennes. • Il est également possible de choisir des figurés qui se combinent. Cela évite de surcharger la légende et le croquis. C’est par exemple le cas des hachures qui peuvent se croiser ou s’intercaler tout en restant lisibles, ou bien des figures géométriques qui s’emboîtent comme des croix dans des carrés ou des étoiles dans des cercles.

Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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• EXEMPLE : Représenter l’inégale pauvreté des Suds

On travaille ici à partir de l’IPM (indice de pauvreté multidimensionnelle), un indice composite élaboré et mesuré par le PNUD (ONU). On peut choisir de représenter : –  La proportion de personnes touchées par la pauvreté au sein de chaque pays du Sud. On choisira pour cela des plages de couleur, dont l’intensité varie en fonction de l’importance relative de la pauvreté. On voit ainsi qu’en valeur relative, l’Afrique subsaharienne est la région la plus fortement touchée par la pauvreté. – Le nombre de personnes pauvres. Dans ce cas, on adoptera un figuré ponctuel, ici un cercle, dont la taille varie en fonction de l’effectif concerné. Ainsi, c’est l’Asie du Sud qui compte le plus de pauvres, car même si la proportion de pauvreté est moyenne, la population est très nombreuse. – On peut enfin combiner ces deux informations et ces deux types de figurés sur la même carte, car il est également révélateur de les confronter. Il suffira, pour des raisons pratiques, de laisser les cercles « vides » pour laisser visible les plages de couleur là où les cercles proportionnels sont très gros. Figure 1.6 L’inégale pauvreté des Suds

Indice de pauvreté multidimensionnelle* (%) 60 50

Population concernée (milliers)

25 10 0

Pays non couverts

2 3 000 15 000

80 000 640 000

* L’indice de pauvreté multidimensionnelle* (IPM) identifie plusieurs privations au niveau du ménage : en matière de santé (mortalité infantile, malnutrition), d’éducation (années de scolarité, déscolarisation des enfants) et de niveau de vie (électricité, eau potable, sanitaires, sol de l’habitat, combustibles de cuisson, biens mobiliers). Source : d’après https://espace-mondial-atlas.sciencespo.fr/fr/rubrique-contrastes-et-inegalites/ article-1A01-riches-et-pauvres.html

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Croquis et schémas de géographie

3.3 Une nomenclature explicite et économe La nomenclature désigne l’ensemble des mentions manuscrites portées sur le fond de carte : il peut s’agir de toponymes comme le nom des océans ou des villes, d’une localisation comme celle du pôle Nord ou de l’équateur, ou encore de chiffres concernant une zone donnée. Par  convention, on note tous les termes d’un croquis à l’horizontale. Ne  dérogent à cette règle que les massifs de montagnes ou les cours d’eau, la nomenclature dans ce cas suit leur forme. Ainsi, on peut écrire le nom des fleuves sibériens, qui sont d’orientation nord-sud, le long de leur cours, ou noter les Alpes en forme de croissant pour suivre la structure du massif. Comme pour les figurés, il est possible de distinguer entre les différentes mentions manuscrites. On peut facilement faire varier la couleur et la taille des caractères, ou encore leur casse (majuscule ou minuscule). On peut aussi encadrer ou souligner certains noms de lieux, ou encore les écrire dans des couleurs différentes. Cela peut constituer un moyen astucieux pour éviter de surcharger une réalisation lorsque l’on a par exemple déjà utilisé des hachures. Ces différences dans la nomen­ clature sont à introduire pour souligner la nature des informations  : par exemple, pour différencier sur un croquis les noms d’États des noms de villes, ou dans un organigramme pour distinguer les acteurs publics des acteurs privés. En ce qui concerne les croquis, on conseille en général de limiter au strict minimum les mentions manuscrites qui viennent souvent les surcharger, et qui ne sont pas toujours bien lisibles car superposées à des figurés. De nombreuses mentions peuvent être reportées en légende. Mais les numéros éparpillés sur le croquis et renvoyant en légende à des noms de territoires sont à exclure. Enfin, il n’est pas nécessaire d’inclure tous les éléments de nomen­ clature dans la légende : seuls ceux utilisés pour indiquer des informations particulières sont reportés.

Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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Tableau 1.2 Quelques exemples de figurés et nomenclatures Figurés ponctuels Quelques exemples de symboles simples

Figurés linéaires Quelques exemples de lignes

Figurés de surface

Nomenclatures

Quelques exemples d’aplats de couleurs

Quelques exemples de variation de la casse NOMENCLATURE

Nomenclature Nomenclature Quelques exemples de symboles combinés

Quelques exemples de flèches

Quelques exemples de hachures et quadrillages

Quelques exemples de variation d’encadrement Nomenclature Nomenclature

Nomenclature

Conseils pratiques Écrivez sur votre croquis ou schéma la nomenclature banale (de localisation) dans les espaces résiduels après avoir reporté les autres figurés  : cela permettra que vos figurés apparaissent comme l’information primordiale, et que le croquis ou schéma ne semble pas saturé par la nomenclature.

3.4 Le code couleurs et ses conventions L’ensemble de ces figurés ponctuels, linéaires ou de surface, de même que la nomenclature, peuvent être déclinés dans de nombreuses couleurs, cependant il faut garder en tête qu’il existe un certain nombre de ­conventions concernant l’utilisation des couleurs. Certaines sont à réserver prioritairement à certaines catégories de phénomènes. ––Le vert est dédié prioritairement aux phénomènes liés à la végétation tels que les paysages ruraux, les bois, forêts et autres espaces dominés par la végétation, mais aussi les parcs et jardins. Dans un tout autre registre, le vert est privilégié pour représenter les phénomènes liés à la religion musulmane. 34

Croquis et schémas de géographie

––Le bleu est utilisé en priorité pour les phénomènes liés à l’eau comme les mers et océans, les lacs et étangs, les cours d’eau, les marécages mais aussi les piscines et autres bassins de lagunage. ––Le rouge est surtout employé pour les zones urbaines, les fortes densités de population ou les axes routiers. ––Le noir est traditionnellement utilisé pour les éléments structurants du relief ou encore pour les axes ferroviaires. De manière générale, le rouge et le noir sont utilisés dans les productions graphiques pour représenter les phénomènes intenses ou menaçants. ––Les autres couleurs sont d’un usage plus libre, mais le violet est souvent employé pour représenter la vigne, le marron pour indiquer des emprises industrielles, le rose ou le violet pour localiser des activités touristiques ou de hautes technologies… Les couleurs sont chargées de significations culturelles et psychologiques : le rouge et le noir sont le plus souvent perçus comme menaçants ; le bleu et le vert comme normalisés, apaisés. Quelles que soient les couleurs choisies, il faut rappeler que conventionnellement, plus les couleurs sont soutenues, plus le phénomène décrit est intense. On peut citer le cas des densités de population  : plus il y a d’habitants au kilomètre carré, plus les territoires concernés sont couverts par une couleur foncée. C’est la raison pour laquelle les couleurs sont souvent choisies pour créer un gradient chromatique : du jaune au rouge, en passant par l’orange et le rose par exemple, ou encore du bleu ciel au bleu marine en passant par un bleu roi. Pour qu’un gradient chromatique soit cependant lisible, on conseille de ne pas excéder quatre tons : au-delà, les différences de couleur sont difficilement perceptibles immédiatement. Conseils pratiques Pour faciliter la lisibilité d’un croquis, on peut aussi choisir d’adopter une ­famille  de couleur par partie dans le cas d’une légende structurée  : l’œil ayant naturellement tendance à rapprocher des couleurs similaires, la lecture du croquis s’en trouve instinctivement facilitée.

Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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3.5 Pour une production graphique lisible, un impératif de cohérence La lisibilité du croquis dépend aussi du choix de chacun des figurés (forme, taille, couleur), mais aussi de leur cohérence d’ensemble. Un  choix cohérent de figurés permet de faire immédiatement apparaître l’homogénéité ou au contraire les variations d’un phénomène. Si bien qu’il est recommandé de choisir un même type de figuré pour représenter un même type de phénomène : cela permet de comparer les situations, de les hiérarchiser. Par exemple, sur la carte qui représente la mortalité infantile en Afrique du Nord à la fin du xxe siècle (figure 1.7), la diversité des couleurs empêche toute comparaison rapide des taux de mortalité, et rend donc très laborieuse la compréhension du phénomène. La carte aurait été bien plus intelligible si la gradation des données avait été représentée par une gradation du figuré : du plus clair au plus foncé, ou du motif le plus aéré ou plus chargé. Figure 1.7 La mortalité infantile en Afrique du Nord à la fin des années 1980 (1985-1990) TUNISIE Mer Méditerranée

MAROC Sahara Occidental

ALGÉRIE

LIBYE

MAURITANIE

LIBAN

ÉGYPTE

SYRIE IRAK

QATAR ÉMIRATS ARABES UNIS

JORDANIE KOWEÏT ARABIE SAOUDITE

SOUDAN

OMAN

YÉMEN DJIBOUTI

Taux de mortalité infantile, pour 1 000 naissances vivantes entre 1985 et 1990 De De De De De

SOUDAN DU SUD SOMALIE

115 à 132 90 à 110 70 à 85 50 à 65 30 à 45

De 10 à 25

Source : d’après une carte extraite de Blin E. et Bord J.-P., La cartographie, théorie et exercices, Sedes, 1995.

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Croquis et schémas de géographie

Sur la carte qui représente la pratique de l’excision en Afrique (­figure 1.8), les choix de figurés rendent les différentes situations difficilement hiérarchisables à première vue. Ce brouillage s’explique par le mélange de deux couleurs tranchées (rouge et gris foncé) et de trois types de figurés différents (aplats de couleurs, hachures, pointillés) pour un même phénomène. Figure 1.8 Les mutilations sexuelles féminines en Afrique

IRAK SÉNÉGAL Mer

MAURITANIE GAMBIE

ÉGYPTE

MALI

NIGER

BURKINA FASO GUINÉE GHANA

ÉRYTHRÉE TCHAD

NIGERIA

SOUDAN

YÉMEN

RÉP. SOUDAN ÉTHIOPIE CENTRAFRIQUE DU SUD CAMEROUN LIBERIA TOGO OUGANDA BÉNIN SIERRAKENYA CÔTE Golfe de G LEONE uin D’IVOIRE ée TANZANIE Océan Atlantique

GUINÉEBISSAU

DJIBOUTI

SOMALIE

Part des mutilations sexuelles féminines, en % Plus de 80 De 51 à 80 De 26 à 50 De 10 à 25 Pas de mutilations Absence de données mortalité Source : d’après uneTaux cartedepubliée parinfantile, le site combattrelexcision.org, données UNICEF 2016. pour 1 000 naissances vivantes

entre 1985 et 1990 Enfin, pour être aisément compréhensible, un croquis doit repréDe 115 à 132 senter chaque phénomèneDe avec 90 à 110 des données comparables. C’est-àDe 70 à 85 dire que les données concernant un même phénomène doivent être De 50 à 65 De 30(même à 45 exprimées de même manière unité, valeurs absolues ou valeurs De 10 à 25 relatives), et avoir été collectées dans des conditions comparables et à époque proche.

Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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Un des plus fameux exemples de carte qui rapproche artificiellement (mais délibérément) des données qui n’ont pas de cohérence logique est la carte du choc des civilisations de Samuel  Huntington (figure  1.9). La carte représente ce que Huntington qualifie de « civilisations ». Or la similarité des figurés (des aplats de couleurs) est à l’origine d’amalgames problématiques. Les figurés ne distinguent pas les « civilisations » géographiquement situées (japonaise, africaine, latino-américaine…) des « civilisations » religieuses (bouddhiste, orthodoxe…). À tel point que la représentation cartographique donne lieu à des aberrations comme la limite entre les civilisations « islamique » et « africaine » qui s’excluraient. Les trois exemples donnés ici sont des exemples de carte ou croquis, mais ces exigences de cohérence valent évidemment pour l’ensemble des productions graphiques, qu’il s’agisse de croquis mais aussi de schémas, de tableaux, ou de diagrammes. Figure 1.9 Carte du « choc des civilisations » d’après Samuel Huntington (1996)

Civilisation chrétienne occidentale

Civilisation chinoise

Civilisation orthodoxe

Civilisation africaine

Civilisation d’Amérique latine

Civilisation bouddhiste

Civilisation islamique

Civilisation japonaise

Civilisation hindouiste

Pays « isolés » Source : d’après Huntington S, 1997, Le Choc des civilisations, Éditions Odile Jacob, Paris.

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Croquis et schémas de géographie

4. Quelques règles mathématiques 4.1 Repérer et utiliser différentes unités Certaines productions graphiques ne présentent pas de données c­ hiffrées, c’est par exemple le cas des croquis de finage, des blocs-diagrammes représentant des paysages ou encore des organigrammes d’acteurs… Cependant, de nombreuses autres utilisent des données statistiques qu’il importe de manier et reproduire avec rigueur. Ainsi, on prendra soin de bien distinguer les valeurs absolues des valeurs relatives. La valeur absolue d’une donnée correspond à la valeur numérique de la variable, elle est uniquement quantitative : par exemple, le montant des investissements directs étrangers (IDE) arrivant dans une région mondiale, le PIB d’un pays, la population totale d’une aire urbaine, le nombre d’espèces végétales endémiques dans une région… Mais les données chiffrées peuvent également être exprimées en valeur relative qui correspond à une proportion, un taux ou un coefficient  : par exemple, le pourcentage d’étrangers rapporté à la population totale, le nombre de médecins pour 1 000 habitants, le PIB par habitant, ou encore le coefficient d’occupation des sols (COS) qui rapporte la surface de planchers construits à la surface du terrain… Ensuite, il convient d’être vigilant sur l’homogénéité des unités dans lesquelles les chiffres sont livrés, et de faire éventuellement les conversions nécessaires. Ces situations sont en fait assez fréquentes. La conversion est nécessaire lorsqu’il s’agit d’unités semblables mais de grandeur variable, comme par exemple des kilogrammes et des tonnes, des millions et des milliards de dollars, des mètres et des kilomètres. Mais c’est aussi nécessaire, par exemple, dans le cas des unités de surface qui sont le plus souvent exprimées en kilomètres carrés ou en hectares, des distances nautiques qui peuvent être exprimées en milles marins ou nautiques ou en kilomètres, ou encore des vitesses nautiques qui peuvent être exprimées en nœuds ou en kilomètres/ heure. C’est également le cas des unités de distance ou de températures qui varient entre le système mondial et le système anglo-saxon : les miles doivent être convertis en kilomètres, et les degrés Fahrenheit (°F) en degrés Celsius (°C). Des conversions sont également nécessaires lorsque les taux ne se rapportent pas aux mêmes diviseurs. Par exemple, un taux de mortalité peut être exprimé en pour cent (%) ou en pour mille (‰), une densité de population en nombre d’habitants au mètre carré ou au kilomètre carré… Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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Le cas des devises est souvent le plus difficile, car la conversion d ­ épend du cours variable des monnaies : si la parité entre le dollar et l’euro est relativement stable ces dernières années, la situation est beaucoup plus chaotique pour ce qui concerne le réal brésilien, le yuan chinois ou le rouble russe. Dans ce cas, il peut être intéressant de préférer – si on en dispose – les chiffres exprimés en dollars en parité de pouvoir d’achat ($ PPA) qui lissent les phénomènes liés à la valeur fluctuante des monnaies. Si ce n’est pas le cas, il est bon d’accompagner la monnaie impliquée de la date de sa valeur (… en $ de 1995, … en € de 2019…). Tableau 1.3 Récapitulatif des conversions les plus fréquentes Surfaces 1 km

2

= 100 ha

1 ha

= 0,01 km2

Distances 1 km

= 0,62 mile

1 mile

= 1,6 km

1 km

= 0,53 mille marin ou nautique

1 mille marin ou nautique

= 1,85 km

Vitesse nautique 1 km/h

= 0,53 nœud

1 nœud

= 1,85 km

Températures 10 °C

= 50 °F

1 kg

= 1 000 t

10 °F

= – 12,2 °C

Poids 1 t

= 0,001 kg

Volumes 1 l

= 0,26 gallon américain

1 gallon américain

= 3,78 l

1 l

= 0,0062 baril

1 baril

= 159 l

1 l

= 0,001 m

1 m

= 1 000 l

3

3

4.2 Savoir estimer et calculer des échelles Dans le cas des croquis, des blocs-diagrammes et de certains schémas, une échelle est nécessaire afin de restituer un ordre de grandeur aux distances et aux volumes. Si l’on dispose d’une carte muette, l’échelle ­apparaît généralement. En revanche, lorsqu’il s’agit d’une production graphique sans fond de carte, il faut l’indiquer soi-même. L’échelle ­attendue n’est pas une échelle arithmétique sous la forme d’un rapport comme 1/25 000, 1/50 000 ou 1/100 000, mais une échelle graphique sous la forme d’un segment surmonté de la distance qu’il représente 40

Croquis et schémas de géographie

sur la carte, de préférence précédé de la mention « environ » de manière à marquer l’approximation d’une échelle plus estimée que précise. L’échelle graphique est traditionnellement placée en bas à droite sous la production graphique. Figure 1.10 Présentation d’une échelle graphique environ 2 km

Pour trouver l’échelle de son propre croquis quand il est tiré d’une carte, il importe d’abord de comprendre l’échelle arithmétique qui y est utilisée. Par exemple, lorsque l’Institut national géographique (IGN) publie ses cartes de randonnée TOP  25 à l’échelle 1/25 000, il faut ­comprendre qu’un centimètre sur la carte représente 25 000 centimètres dans la réalité, soit 250 mètres. Tableau 1.4 Correspondances des échelles les plus fréquentes Échelles

Passage de la carte (cm) à la réalité (en m ou km)

Passage de la réalité (km) à la carte (en cm ou mm)

1/25 000

1 cm représente 250 m = 0,25 km.

1 km est représenté par 4 cm.

1/50 000

1 cm représente 500 m = 0,5 km.

1 km est représenté par 2 cm.

1/100 000

1 cm représente 1 km.

1 km est représenté par 1 cm.

1/1 000 000

1 cm représente 10 km.

1 km est représenté par 1 mm.

Conseils pratiques On propose les étapes suivantes pour calculer l’échelle de sa production graphique : 1. Trouver un élément-repère, c’est-à-dire un objet facilement reconnaissable et mesurable à la fois sur la carte d’origine ou dans la réalité, et sur la production graphique. Cela peut être le cadre du croquis, cela peut-être un élément topographique ou encore un aménagement particulièrement net. 2. Établir la dimension réelle de l’objet en mètres ou kilomètres. S’il se trouve sur une carte, cela peut nécessiter une petite opération : le tableau 1.4 peut vous y aider. 3. Reporter la dimension réelle de l’objet sur le segment servant d’échelle graphique et dont la taille correspond à la dimension de l’élément sur la réalisation graphique. Préciser qu’il s’agit d’une échelle approximative  : « environ 7 km ».

Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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XEMPLE : Calculer l’échelle d’un croquis à partir d’une carte • Etopographique

1. Extrait de la carte IGN de Clermont-Ferrand au 1/25 000 (Source : geoportail)

2. Pour calculer l’échelle du croquis, on choisit comme élément-repère l’aéroport (ovale). – Sur la carte, il mesure en longueur 16 cm, ce qui représente 4 km dans la réalité. – Sur le croquis la longueur de l’aéroport (4 cm) correspond à 4 km ; on a donc 1 cm pour 1 km. On peut donc tracer un segment de 2 cm, qui équivaut à environ 2 km. – Il ne reste plus qu’à tracer une échelle graphique sous le croquis constitué par un segment de 2 cm sur lequel on inscrit « environ 2 km ».

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Croquis et schémas de géographie

5. Quelques règles logiques 5.1 Titrer n’est pas si simple Le choix du titre est crucial. C’est l’identifiant premier de la production graphique. Il est le plus souvent disposé au-dessus du croquis, schéma, tableau, diagramme… Il sert d’entrée à la lecture et assure son identification externe. Il peut être bref, net, technique, ou bien humoristique ou polémique, mais il doit toujours être clair. Il est souhaitable qu’il soit écrit en caractères suffisamment grands et épais, sans être disproportionnés par rapport à la réalisation graphique. Il précise sa lecture en explicitant son thème, son cadre géographique et parfois sa période et l’unité de mesure utilisée. Mais il n’est pas seulement descriptif, il oriente l’interprétation du croquis ou du schéma, et il contribue largement à le problématiser, c’est-à-dire à lui conférer une dimension argumentative. Nombreux sont les rapports de jury qui insistent sur le fait d’utiliser dans le titre de la production graphique les termes du sujet de manière à bien l’intégrer au raisonnement. Dans le cadre d’un croquis de synthèse, on peut utiliser la problématique adoptée pour la dissertation, ou même mieux, la réponse à la problématique à laquelle on parvient à l’issue de la démonstration. Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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Source : Stienne A., Petite géographie du palmier à huile, 23/10/2018, https://visionscarto.net/palmier-a-huile

Figure 1.11 Les importations d’huile de palme

• EXEMPLE : Choisir un titre

La figure 1.11 a été réalisée par la cartographe Agnès  Stienne pour le site ­visionscarto.net. Selon le titre qui lui est donné, le message qu’elle porte varie fortement. Le titre donné par l’auteure est purement factuel : « Les importations d’huile de palme dans le monde ». La carte sert alors surtout à la localisation géographique des principaux pays importateurs d’huile de palme. Mais on peut imaginer au moins deux autres titres qui, sans changer la carte, auraient changé l’argument qu’elle sert : – « La mondialisation alimentaire  : les importations de l’huile de palme »  : la carte aurait alors pu venir illustrer le fait que la mondialisation alimentaire actuelle conduit à ce que partout dans le monde aujourd’hui, on importe et donc on consomme de l’huile de palme. – « La déforestation causée par l’huile de palme : une responsabilité mondiale » : la carte aurait alors pu venir illustrer le fait que la non-durabilité environnementale est une situation à laquelle la plupart des pays du monde participent.

5.2 Organiser et problématiser une légende La plupart des réalisations graphiques doivent être accompagnées d’une légende. Ce n’est souvent pas nécessaire pour les tableaux ou les graphiques, mais cela l’est absolument pour les croquis, les blocs-­diagrammes, les schémas ou les organigrammes. La légende, grâce à son contenu et à son organisation, doit être adaptée à l’argument que la production graphique sert. Il est contreproductif de réutiliser toujours la même légende de croquis ou schéma quelle que soit la réflexion à laquelle ils s’intègrent. Et même si les éléments du croquis ou du schéma varient peu, ils doivent impérativement être décrits et organisés de manière à avoir une portée argumentative adaptée au raisonnement. Un certain nombre de jurys recommande même de réutiliser les termes du sujet pour les titres des réalisations graphiques et pour ceux des parties de la légende. Quelles que soient la longueur et la complexité de la légende, elle doit être exhaustive : il importe que tous les figurés présents sur la production graphique soient référencés en légende. C’est également le cas pour les flèches et la nomenclature qui sont utilisées dans les schémas fléchés ou les organigrammes, et dont la signification nécessite d’être explicitée en légende. À l’inverse, il importe également que tous les figurés indiqués dans la légende apparaissent sur la production graphique. Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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Quelles que soient la longueur et la complexité de la légende, elle doit être : ––organisée parce qu’une légende n’est pas une liste de figurés : c’est une démonstration qui regroupe les figurés en parties (deux à trois le plus souvent) ; ––et problématisée parce que ses parties sont titrées et qu’elles organisent les figurés de manière à leur assigner un rôle argumentatif. Cependant, selon les réalisations graphiques, les figurés peuvent être plus ou moins nombreux, et donc le contenu de la légende est inégalement long. Traditionnellement, les croquis et cartes de synthèse sont les productions graphiques qui nécessitent les légendes les plus étoffées et problématisées, tandis que les schémas, diagrammes ou organigrammes s’accompagnent, eux, de légendes souvent plus courtes et moins hiérarchisées. Lorsque la légende est trop courte pour comporter des parties, les figurés sont décodés dans un ordre logique. Lorsqu’elle est particulièrement étoffée, comme dans le cas d’un croquis de synthèse, les parties de la légende peuvent être découpées en sous-parties si nécessaire.

• EXEMPLES : Problématiser la légende d’un croquis

Exemple 1 : Problématiser la légende du croquis de Clermont-Ferrand Si l’on reprend le croquis qui synthétise l’extrait de la carte IGN de ClermontFerrand, on peut proposer trois légendes (figure 1.13) qui permettent de mieux comprendre ce qu’est une légende organisée et problématisée. Figure 1.12 Croquis de Clermont-Ferrand

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Figure 1.13 Légendes du croquis de Clermont-Ferrand

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– La légende (1) n’est pas satisfaisante car elle n’est ni organisée ni problématisée : c’est plutôt une liste des figurés utilisés sur le croquis. – La légende (2) n’est pas satisfaisante car elle est organisée mais pas problématisée : les figurés sont regroupés en parties titrées, mais elle n’a aucun intérêt argumentatif car les titres sont purement descriptifs et ne permettent pas de saisir les spécificités du territoire représenté. – La légende (3) joue pleinement son rôle car les figurés sont regroupés en parties titrées, et ces titres permettent d’identifier un certain nombre de logiques à l’œuvre dans le territoire représenté. Exemple 2  : Problématiser la légende d’un croquis des routes maritimes de l’Arctique Lorsque l’on réalise un croquis des routes maritimes de l’Arctique, la représentation des quatre routes maritimes existantes (passage du Nord-Ouest, passage du Nord-Est, Pont arctique, et route transarctique) s’impose, d’autant qu’elles contribuent à la structuration de l’espace arctique et de son fonctionnement. Pourtant, la présentation que l’on fera de ces routes maritimes – et donc la formulation de la légende – variera fortement en fonction du sujet. « Routes maritimes arctiques » est un élément neutre, à problématiser et à préciser en légende selon l’intitulé du croquis. Voici trois exemples. Pour un sujet sur le réchauffement climatique en Arctique…

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Pour un sujet sur l’exploitation des ressources en Arctique…

Pour un sujet sur l’Arctique dans la mondialisation…

I. Passage du NordEst et pont arctique : des itinéraires de plus en plus praticables avec le réchauffement climatique.

I. Passage du NordEst et pont arctique : des itinéraires permettant un désenclavement indispensable à la commercialisation des ressources arctiques.

I. Le passage du NordEst : une route maritime empruntée mais encore marginale comparée aux grandes routes maritimes mondiales.

II. Le passage du NordOuest : un itinéraire qui demeure peu praticable même avec le réchauffement climatique.

II. Le passage du NordOuest : un itinéraire envisagé pour permettre la commercialisation des ressources arctiques.

II. Pont arctique et passage du Nord-Ouest : des routes maritimes convoitées mais encore peu empruntées et marginales comparées aux grandes routes maritimes mondiales.

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Pour un sujet sur le réchauffement climatique en Arctique… III. La route transarctique : un itinéraire qui nécessiterait un puissant réchauffement climatique pour devenir praticable.

Pour un sujet sur l’exploitation des ressources en Arctique… III. La route transarctique : un itinéraire qui permettra peut-être un jour de faire transiter des ressources extraites en bordure de l’Arctique.

Pour un sujet sur l’Arctique dans la mondialisation… III. La route transarctique : une route maritime empruntée uniquement de manière expérimentale.

Conseils pratiques On ne présente jamais de légende au dos d’un croquis ou d’un schéma qui doivent pouvoir être lus en même temps que leur légende. Dans le cadre d’un concours ou d’un examen, pour un croquis un peu élaboré dont la légende risque d’être assez longue, il peut être judicieux d’utiliser les deux pages centrales d’une copie double, en dessinant par exemple le croquis sur la page de gauche, et en plaçant la légende en regard sur la page de droite. Si cette disposition oblige à laisser tout ou partie de la première page de la copie vierge, il suffit d’indiquer « Voir croquis page suivante ».

5.3 Introduire et commenter les réalisations graphiques S’il ne s’agit pas d’un exercice en soi (comme pour le baccalauréat), les productions graphiques doivent impérativement être annoncées dans la dissertation et intégrées au propos. L’ensemble des jurys est unanime sur ce point qui réclame une attention particulière. On l’a déjà dit, les réalisations graphiques servent les arguments ou illustrent des situations, si bien qu’il importe qu’elles soient présentées et commentées au ­moment où est développé l’argument ou la situation auxquels elles correspondent. Le nom, le type et l’emplacement de la production graphique doivent être explicitement indiqués dans le texte, de manière à ce que le correcteur puisse la trouver facilement. Commenter ses productions graphiques ne revient pas à les décrire, les paraphraser ou les résumer, mais à expliciter leur rôle argumentatif ou illustratif. On rappelle dans le commentaire la problématique choisie pour réaliser le croquis, schéma ou tableau, et l’on précise ce Principes généraux et règles de sémiologie graphique

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que la réalisation apporte au propos. Le plus souvent, elle joue un rôle de localisation, de spatialisation, d’exemple, de contre-exemple, ou de synthèse. Conseils pratiques • Quelques idées de formulations Les formulations les plus neutres  : « comme le montre le schéma/croquis/­ tableau  XXX… », « comme cela apparaît sur le schéma/croquis/tableau  XXX », etc. Pour introduire une réalisation graphique qui propose une illustration concrète d’un argument générique : « le schéma/croquis/tableau fait bien apparaître que la situation de XXX confirme l’argument selon lequel… » Pour souligner l’écart entre l’argument et la situation représentée : « le schéma/ croquis/tableau XXX permet d’apporter quelques nuances à l’argument selon lequel… » ; ou encore « le schéma/croquis/tableau montre que la situation de XXX contredit l’argument selon lequel… » • Où placer ses productions graphiques dans la copie ? Le mieux est de placer vos productions graphiques au fil du texte, juste après les arguments ou exemples qu’elles concernent. Cela implique de les réaliser au fur et à mesure de la rédaction, et d’avoir une bonne maîtrise du temps ­imparti à l’exercice. En effet, si vous les dessinez à la fin du temps réglementaire, le risque est de vous retrouver avec des vides importants dans le texte car vous n’aurez pas eu le temps de réaliser tous les croquis ou schémas prévus. C’est pourquoi, en cas d’une gestion du temps plus chaotique, on conseille d’introduire les figures dans le texte normalement, mais de ne les réaliser qu’à la fin du temps réglementaire et à part sur une feuille d’annexe dédiée. On prendra alors soin de faire des renvois précis (numéro de la page d’annexe, numéro et titre de la réalisation graphique).

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Croquis et schémas de géographie

Chapitre 2

Réaliser des croquis Objectifs •  Maîtriser les différentes étapes d’élaboration d’un croquis de synthèse à partir d’une argumentation ou d’une carte. • Savoir construire un croquis à partir d’un texte (article de presse, E3C). • Être capable de dessiner des fonds de carte simplifiés. •  Apprendre à réaliser différents types de croquis de parcours ou croquis intermédiaires.

1. Les croquis de synthèse 1.1 Le choix des éléments et la discrétisation Un croquis n’est pas une carte, il ne vise pas à la représentation exhaustive d’un phénomène, mais il cherche à en donner une vision problématisée qui résulte d’une analyse préalable et sert une argumentation. Ainsi, pour construire un croquis efficace, il est primordial d’être synthétique, c’est-àdire d’être capable de dégager les idées principales en fonction d’un sujet donné, voire de les simplifier pour les adapter au propos général. À noter que sur un croquis ne figurent que des éléments généraux, on ne raisonne pas par exemple.

Ainsi, dans un croquis sur la métropolisation en France, on ne notera pas « exemple de métropole régionale » mais on fera figurer l’ensemble des métropoles régionales. Un croquis problématisé suppose de sélectionner les informations pertinentes pour traiter un sujet donné. Il s’agit de procéder de la même façon que pour une dissertation. L’analyse du sujet donne un cadre et dégage un questionnement problématique, lequel permet de choisir un titre et de sélectionner les éléments utiles au traitement du sujet. Le choix d’un titre orientera aussi utilement la formulation de la légende, qui doit elle-même être problématisée pour souligner ­explicitement le lien de chaque élément choisi avec le sujet. La hiérarchisation des informations joue aussi un rôle central. Toutes les informations ne sont pas à placer sur le même plan. Les plus importantes dans la résolution du sujet doivent ressortir nettement, à première vue, sur le croquis. On y associera donc les couleurs les plus vives, les plus voyantes, les figurés linéaires les plus épais, les figurés ponctuels les plus gros, selon les règles de la sémiologie graphique détaillées précédemment. Parfois, un traitement des données statistiques est nécessaire à la réalisation du croquis de synthèse. C’est ce que l’on appelle la discrétisation qui désigne la façon de classer des données statistiques. En ce qui concerne la réalisation de croquis, elle permet de définir les catégories qui vont constituer les différentes classes de figurés dans la légende. Celle-ci implique de prendre des décisions qui ont un impact sur le rendu final du croquis. Ces choix doivent donc être réfléchis en fonction des objectifs.

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Croquis et schémas de géographie

XEMPLE : Discrétiser des données pour un croquis sur la faim • Edans le monde

1. On part d’un ensemble limité de données présentées dans le rapport 2019 de la FAO concernant la prévalence de la sous-alimentation dans le monde. Tableau 2.1 La prévalence de la faim dans le monde (%) 2018 Monde

10,8

Afrique

19,9

Afrique du Nord

7,1

Afrique subsaharienne

22,8

Afrique de l’Est

30,8

Afrique centrale

26,5

Afrique australe

8

Afrique de l’Ouest

14,7

Asie

11,3

Asie centrale

5,7

Asie de l’Est

8,3

Asie du Sud-Est

14,7

Asie de l’Ouest

12,4

Amérique latine et Caraïbes

6,5

Caraïbes

18,4

Amérique latine

5,7

Amérique centrale

6,1

Amérique du Sud

5,5

Océanie Amérique du Nord et Europe

6,2